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HISTOIRE
DU CANADA
HISTOIRE
DU
CANADA
DEPUIS SA DÉCOUVERTE JUSQU'A NOS JOURS
PAB
F.-X GARNKAU
QUATRIÈME ÉDITION
V 1 ?HH H 3
Notice biographique par M. Chauvbau et Table analytique
ENJ. Sl'lte, précédéeë do Notre
poéiiie de M. Locifi FHÈcuKrta
yvAt M. Bknj. Sl'lte, précédéeë do Notre Hist04r« Çl > .^ q
MONTREAL
C O. BEAUCHEMIN& FILS, Libkaires-Imprimeurs
256 et 258, rue Saint-Paul
1883
NOTRE HISTOIRE
A LA MlblOIIlK DE F.X. (JARXEAU
O noln» Histoire, <^crin de perles ignorées,
Je baiso avec amour tes pages véuérée» I
O registre immortel, poème éblouissant
Que la France écrivit du plus pur de son sang.
Drame ininterrompu, bulletins pittoresquoi>,
De hauts faits surhumains récit« chevaleresques.
Annales de géants, archives où l'on voit,
A chacun des feuillets qui tournent sous le doigt,
Resplendir d'un éclat sévère ou sympathique
Quelque nom de héros ou d'héroïne antique !
Oii l'on voit s'embrasser et se donner la main
Les vaillants de la veille et ceux du lendemain;
Où le glaive et la croix, la charrue et le livre,
— Tout ce qui fonde joint à tout ce qui délivre, —
Brillent, vivant trophée où l'on croit voir s'unir
Aux gloires d'autrefois celles de l'avenir !
NOTRE HISTOIRE
Lesgloiros d'autrefois, comme elles sont Hernines
Et pures devant vous, vertus coutomporainos 1^
Chênes au front pensif, grands pins mystérieux,
Vieux troncs penchés au bord des torrontj» furieux,
Dans votre rêverie éternelle et hautaine,
Songez- vous quelquefois à l'époque lointaine
Oii le sauvage écho des déserts canadiens
Ne connaissait encor que la voix des Indiens,
Dans le creux des ravins ou sur les sommets chauves,
Mêlant leur chant de guerre au hurlement des fauve»?
Parfois, au bruit des flots, quand les vents assidu*
Balancent dans la nuit vos longs bras éperdus,
Songez- vous à ces temps glorieux où nos pères
Domptaient la barbarie au fond de ses repaires ?
Quand, épris d'un seul but, le cœur plein d'un seul voeu,
Ils passaient sous votre ombre en criant : Dieu le veut J
Défrichaient la forêt, créaient de» métropoles.
Et, le soir, réunis sous vos vastes coupoles
Toujours préoccupés de colossals travaux,
Soufflaient dans leurs clairons l'esprit des jours nouvt«ux 7
Oui, sans doute ; témoins vivaces d'un autre âge,
Vous avez survécu tout seuls au grand naufrage
Où les hommes se sont l'un sur l'autre engloutis ;
Et, sans souci du temps qui brise les petits,
Votre ramure, aux coups des siècles échappée,
A tous les vents du ciel chante notre épopée 1
Notre épopée ! où donc chercher sous le soleil
D'exploits prodigieux enchaînement pareil ?
Dans quelle autre légende humaine trouverais-je
De modestes héros plus glorieux cortège ?
Salut d'abord à toi, Cartier, hardi marin,
Qui le premier foulas de ton pas souverain
NOTRE HISTOIRE
Les bords inexpIoréB de notre immense fleuve 1
Salut à toi, Champlain ! à toi , de Maisonneuve,
Illustres fondateurs des deux fières cités
Qui mirent dans ses flots leurs rivales beautés!^
Ce ne fut tout d'abord qu'un groupe, une poignée
De Bretons brandissant le sabre et la cojrui'e,
Vieux loups de mer bronzés au vent de Siiint-Malo.
Bercés depuis l'enfance entre le ciel et l'eau,
Hommes de for, altiors de cœur et de stature,
Ils ont, sous l'œil do Dieu, fait voile à l'aventure.
Cherchant, dans les secrets de l'Océan brumeux.
Non pas les bords dorés d'eldoradoH fameux,
Mais un sol où planter, signes de délivrance,
A côté de la croix, le drai^eau de la France I
Sur leurs traces, bientôt, de robustes colons,
Poitevins à l'œil noir. Normands aux cheveux blonds,
Aust<ires travailleurs de la sainte corvée,
Viennent otirir leurs bras à l'œuvre inachevée...
Le mot d'ordre est le même ; et ces nouveaux venus
AflVontent à leur tour les dangers inconnus.
Avec des dévoûments qui tiennent du prodige.
Ils ne comptent jamais les obstacles; que dis-je?
Ils semblent en cliercher qu'ils ne rencoutn^nt pas.
En vain d'aflreux périls naissent-ils sous leurs pas,
Vainement autour d'eux chaque élément cunspiro
Ces enfants du sillon fonderont un empire 1
Et puis, domptant les flots des grands lacs orageux,
Franchissant la savane et ses marais fangeux,
Pénétrant jusqu'au fond des forêts centenaires.
Voici nos découvreurs et nos missionnaires!
Apôtres de la France et pionniers de Dieu,
Après avoir aux bruits du monde dit adieu.
10 NOTRE HISTOIRE
Jusqu'aux confins perdus de l'Occident iinmenaa^
Ils vont de l'avenir jeter l'âpre semence,
Et iMjrtor, messagers des ^-ternuls décrets,
Au bout de l'univers le flambeau du progrès i
Appuyé sur son arc, en son flegme farouche,
L'enfant de la for^t, l'amertume à la bouche,
Un éclair fauve au fond de S(3S regards perçants,
En voyant défiler ces étranges passants,
Embusqué dans les bois ou carajjé sur las grèves,
Songe aux esprits géants qu'il a vus dans ses réveat
Pour la première fois il tressaille, il a peur...
Il va sortir pourtant de ce calme trompeur;
Il bondira poussant au loin son cri de guerre^
Défendra pied à pied son sol vierge naguère,
Et, féroce, sanglant, tomahawk à la main.
Aux pas civilisés barrera le chemin 1
Bien plus : prêtes toujours à s'égorger entre ellM.
Et trouvant l'ancien monde étroit dans leurs quereUen,
Pour donner à leur haine un plus vaste champ cloè,
Les vieilles nations ont traversé les flots.
Albion, de la Gaule éternelle rivale,
Albion contre nous s'allie au cannibale.
Et, durant tout un siècle, ô mon noble pays,
Veut ravir la victoire à tes destins trîthis I
N'importe ! sur la vague, au fond des gorges sombres,
Par les gués, sous les bois, jusque sur les décombres
Des villages surpris, combattant corps à corps.
Avec la solitude et le ciel pour décors,
Mêlant, prêtre ou soldat qu'un même but attire,
Les lauriers de la gloire aux palmes du martyre.
Le bataillon est là, toujours ardent et fier !
Et, jaloux aujourd'hui des prouesses d'hier,
NOTRE HISTOIRE 11
Il ne veut s'arrêter dans sa lutte immortelle
Qu'au jour où le drapeau de la France nouvelle
Flottera libre et calme, étalant dans ses plis
Le légitime orgueil des saints devoirs remplis.
Mais le nombre devait triompher du couraga
Un roi lâche, instrument d'un plus lâche entourage,
Satyre au Parc-aux-Cerfe, esclave au Trianon,
Plongé dans les horreurs de débauches sans nom,
Au gré des Pumpadours jouant comme un atome
Le sang de ses soldats et l'honneur du royaume,
De nos héros mourants n'entendit pas la voix.
Montcalm, hélas ! vaincu pour la |»remière fois.
Tombe au champ du combat, drapé dans sa bannière;
Lévis, dernier lutteur de la lutte dernière.
Arrache encor, vengeant la France et sa fierté,
Un suprême triomphe à la fatalité !
Puis ce fut tout Au front de nos tours chancelantes
L'étranger artxtra ses couleurs insolentes ;
Et notre vieux drapeau, trempé de pleurs amera,
Ferma sou aile blanche... et repassa les mersl
L'enfant avait donné tout son sans goutte à ^iitte :
On lui fit du calvaire alors prendre la route.
Trompée en son amour, blt>ssée en son orgueil,
La pauvre nation, sous son voile de deuil,
Les yeux toujours tourné* vers la France envolée,
ierça de souvenirs son âme inconsolée.
Il lui fallut vider la coupe des douleurs...
Comme aux jours du succès, noble dans ses malheurs,
Elle i>leura longtemps, victime résignée.
Mais, un jour, on la vit se roidir indij^née,
Et défier soudain du geste et de la voix
Les tyrans acharnés aux lambeaux de ses droits.
12 NOTRE HISTOIRE
La liilte, qu'ils croyaient à jamais conjurée^
Renaissait plus terrible et plus désespérée:
Il fallait renier la Franco, on bien mouriri
Alors, las do porter le joug et de souffrir,
Ces nides paysans, les yeux brûlés de larmos,
Ces opprimés, sans cliofs, sans ressources, sanK armes,
Osèrent, au grand jour, pour un combat mortel,
Jeter à l'Angleterre un sublime cartel !...
O Dieu, vous qui jugez et réglez toutes chose»,
Vous qui devez bénir toutes les saintes causes,
Pourquoi permîtos-vous, sinistre dénoûment,
Après cette victoire un tel écrasement?
Après cette aube vivo un lendemain si sombre?
Après ce rêve, hélas ! tout cet espoir qui sombre ?
Tant do sang répandu, tant d'innocents punis ?
Pourquoi tant d'écbafauds ? pourquoi tant de bannis ?
Pourquoi ?... Mais n'est-ce pas la destiné>e humaine?
N'est-ce pas là toujours l'étemel phénomène
Qui veut que tout s'enfante et vienne dans les pleurs ?
Le froment naît du sol qu'on déchire ; les fleurs
Les plus douces peut-être éclosont sur les tombes ;
L'Eglise a pris racine au fond des catacombes :
Pas une œuvre où le doigt divin s'est fait sentir,
Qui n'ait un peu germé dans le sang d'un martyr 1
Nos franchises, à nous, ^^ennent du sang des nôtres.
Oui, ces persécutés ont été des apôtres.
Quoique vaincus, ces preux ont pour toujours planté
Sur notre jeune sol ton arbre, ô Liberté I
Ils furent les soldats de nos droits légitimes ;
Et, morts pour leur pays, ces hommes — les victimes
De ces longs jours de deuil pour nous déjà lointains —
Ont gagné notre cause et scellé nos destins 1.
NOTRE HISTOIRE 13
Et maintenant, cinglant vers la rive nouvelle,
Voyez bondir là-bas la blanche caravelle,
Toujours le pavillon de France à son grand mât I
Elle navigue enfin sous un plus doux climat;
Une brise attiédie enfle toutes ses voiles ;
A sa proue un flot clair jaillit, gerbe d'étoiles ;
Les reflets du printemps argentent ses huniers;
Sur sa poupe, au soleil, paisibles timoniers,
— Car la concorde enfin a complété son œuvre,—
Consultant l'horizon, veillant à la manœuvre,
Se prêtent tour à tour un cordial appui
Les ennemis d'hier, les frères d'aujourd'hui !
Deux vaisseaux de haut bord à la vaste carène,
Promenant sous les cieux leur majesté serwine.
Avec son équipage échangent, solennels,
De moments en moments des signaux fraternels.
Du haut de la vigie un mousse a crié : Terre /
Et, sous les étendards de France et d'Angleterre,
Fiers d'un double blason que rien ne peut ternir,
\'o8 marins jettent l'ancre au port de l'avenir !
ENVOI
£t toi, Garneau, salut ! Salut à ta mémoire,
Fidèle historien île toute cette gloire !
Poète enthousiaste et modeste érudit.
Au-dessus de ce cadre immense et poétique.
Ainsi qu'un médaillon antique
Ton mâle profil resplendit !
14 NOTRE RtBTOtRB
Tu chantes nos exploits ; nos h<'-ro8 tu les compte»,
Avec quel Bontimont d'orgueil tu nous riu.-outes
Le passé de ce peuple héroïque et chrétien !
Mais, parmi les grands nonjs exhumés par ta plum^
Il eu manque un dans ton volume,
Et ce nom, Gameau, c'est le tiea 1
Eh bien, nous l'y mettrons, nous, tes humblee dÎBcipleBl
Ton génie a tressé des couronnes multiples
Pour tous nos Marins et pour tous nos Gâtons :
Nous voulons, — droit sacré, dettes nationales 1 —
Que ton nom vive en nos annales,
Et brille sur tous nos frontons I
I-ouis FRicBvnm,
Montréal, mai 1883.
FRANÇOIS-XAVIER GARNEAU
SA VIE ET SES (EmTlES
Enregistré, conformément à l'acte du i>arlement du Canada, pat
l'honorable Pibrrb-J. -0. Chauvbac, au bureau du ministre d»
rAgriculture, à Ottawa, en 1883.
FRANÇOIS-XAVIER GARNEAU
SA VIE ET SES ŒUVRES.
Les années qui virent s'accomplir Tunion législative du
Haut et du Bas-Canada furent une époque cruelle dans
notre histoire. Elle lut diilicile à traverser pour les cœurg
généreux, pour les esprits imbus d'idées patriotiques.
Les Canadiens-Français avaient été vaincus dans une
lutte d'autant plus déplorable qu'il leur avait été imposBi-
ble d'y donner toute la mesure de leurs forces ; nous
étions, pour ])it'n diro. au b'iub'inMÎu d'une '-('coiitlt' coi..
quête.
De sauvagcri vengeuncc^, de^s actes arbitraire*, une k'gi.s-
lation exceptionnelle avaient préparé les rigueurs de la
nouvelle constitution ; ni les protestations et les remon-
trances du clergé catholique, qui par ses prédications
venait, comme en 1775 et en 1812, de conserver le Canada
j\ l'Angleterre, ni l'opposition do plusieurs de nos hommes
publics qui s'étaient tenus éloignés du mouvement insur-
rectionnel et qui, pour cette raison, ainsi que le clergé
auraient dû jouir de quelque crédit, ni les voix éloquentes
du duc de Wellington, de lord Ellenborough, d'OX'onnell,
de lord Gosford, de Hume, de Roebuck dans le parlement
anglais, rien de tout cela ne but empêcher le succès des
complots ourdis contre notre autonomie sociale et poli-
tique.
Tandis que le Haut-Canada avait eu son insurrection,
presqu'aussi formidable et bien moins excusable que la
nôtre, cette province, alors moins importante que le Bas-
Canada, fut seule consultée, et les deux partis qui se dis-
putaient le pouvoir rivalisèrent d'injustice à notre égard.
Si le parlement britannique avait écouté les modestes
demandes du Haut -Canada et celles de l'oligarchie
Vi FRANÇOIS- XAVIER GAKNEAU,
anglaise du Bas-Canada, les Canadiens-Français auraient
tt6 réduits à un état d'ilotisme politiciue ; mais le projet
de lord Durham, modifié par M. Poulett Thompson aprèfl
consultation avec le parlement de Toronto, établissait
encore une assez grande difïérence entre les deux races
pour que l'on sentît A chaque page de la nouvelle consti-
tution, que l'épée de Brennus pesait de tout son poids
dans la balance, pour que l'on entendît retentir comme
un écho du fatal vk rictÎH !
Ce qui était i\ redouter, c'était surtout l'effet moral pro-
duit par la proscription de notre langue comme langue
olîk'ielle, et par les autres dispositions injustes du nou-
veau statut impérial.
L'arrogance de la faction oligarchique était plus grande
que jamais; en présence de ses jubilations il y avait à
craindre un profond découragement. Ceux qui parmi
nous avaient abjuré leur nationalité, ceux qui do tout
temps avaient méprisé leurs compatriotes, crurent que
tout était fini ; ils triomphèrent d'autant plus qu'ils espé-
raient, comme le font toujours les transfuges, voir cesser
leurs craintes et leurs remords, avec l'anéantissement de
la cause qu'ils avaient trahie.
La prison, l'échafaud, l'exil avaient fait leur œuvre ;
beaucoup d'anciens patriotes avaient disparu ; d'autres
renonçaient i\ la vie publique ; d'autres enfin luttaient en
vain contre la corruption, la violence et l'effet de circons-
criptions électorales établies d'une manière tout à fait
arbitraire.
Le seul fait de l'union des Canadas en nous mettant en
minorité dans la nouvelle province, lorsque nous avions
déjà été si peu nos maîtres sous l'ancien régime, quoique
formant une imposante majorité, aurait suflS pour ébran-
ler bien des courages, modifier bien des convictions.
On ignorait alors ce que ferait pour nous, plus tard, le
véritable gouvernement constitutionnel, qu'il fallut bien
accorder aux exigences du parti réformiste du Haut-
Canada.
Mais en dehors de la politique la question nationale se
joosait plus redoutable que jamais. Ce n'était plus seule-
SA VIK KT SES ŒUVRK.S. Vil
ment avec inqui^-tude, c'était avec une grande crainte,
c'était pres(|u'avec désespoir que l'on fg demandait ce qui
allait advenir de tout ce qui nous était cher. Quelques-
uns disaient tout haut que l'on ne pouvait plus être rien
dans ce pays à moins de se faire anglais ... d'autres ajou-
taient à demi voix : et 'protestant.
Les gens qui voulaient décorer leur lAcheté d'un prétexte
demandaient que l'on considén\t la question au point de
vue pratiipie ; ils déclaraient qu'il était inutile de se faire
illusion, qu'il valait mieux envisager le danger en face,
qu'en supposant même que l'usage de notre langue fût
toléré dans les documents ofliciels, nous aurions bien de
la peine â nous faire entendre dans un parlement où nous
serions toujours eu si petit nombre. De là ils concluaient
il la déchéance graduelle de la langue française dans toutes
nos maisons de haute éducation, et pour être plus sûrs d'y
arriver, ils recommandaient de faire de l'anglais la langue
enseignante, au moin^ pour une partie du cours d'études.
Nos lois et nos us' 'nient-ils, n'étaient aprts tout
que des vestiges du . : nous avions tout îl gagner en
les échangeant pour des institutions plus en harmonie
avec les besoins do la société moderne. Ils ne voulaient
pas attaquer le catholicisme — ils ne l'auraient pas osé
quand même — mais il est bien à craindre que, pour quel-
ques-uns au moins, l'apostasie religieuse n'eût suivi de
près l'apostasie nationale, si ce mouvement n'eût été
promptement arrêté. *
Heureusement, jamais il n'exista chez une générati»>ii
d'hommes un patriotisme plus ardent que celui de la jeu-
nesse canadienne à. cette époque. Elle se rallia autour du
clergé, qui, malgré tous les obstacles, sut unir les intérêts
de la religion à ceux de la nationalité, et autour de quel-
ques hommes éminents restés debout après la tempête.
MM. La Fontaine, Viger, Taché, Morin et Parent par-
* Oa trouve daiis les journaux et les écrits du temps peu de
traces de co mouvement ; mais on entendait fréquemment exprimer
des opinions do ce genre, yi. Garneau, dans sa préface et dans quel,
ques passages de son ouvrage, fait allusion à cet état de choses.
Viii FRANÇOIS-XAVIER GARNEAU,
vinrent à se faire (-lire au nouveau parlement ; les deux
derniers surtout furent les initiateurs du niouvoment
national et littéraire au sein de la jeunesse, tandis que Ift
premier qui, après pa défaite î\ Terre))onne, fut élu par des
rcformistes du Haut-Canada, devenait notre chef politique,
La jeunesse brûlait do se distinguer dans la carrière où
elle voyait de nombreux vides tl remplir : tout ce qui
venait de se passer avait surexcité les imaginations, et il
n'y avait pas un collégien arrivé aii terme de ses études
qui ne se crût de bonne foi appelé à sauver la patrie.
Chacun cherchait les moyens de conserver ou jdutôt de
raviver le patriotisme ; les uns jetaient dans des strophes
plus ou moins naïves le trop plein de leurs cœurs ; d'au-
tres, dans des articles écrits avec une chaleureuse convic-
tion, démontraient que tout n'était pas encore perdu, et
qu'avec de la persévérance et du courage une nation jeune
encore peut résister à l'oppression et triompher de tous
les obstacles. Quelques autres étaient d'avis qu'il fallait
prouver la vitalité de notre race de la môme manière que
le philosophe avait prouvé le mouvement, et ils se disaient
qu'en se distinguant chacun dans une carrière nouvelle
ils en imposeraient à nos détracteurs, qui ne cessaient de
nous accuser d'ignorance et d'incapacité.
Parent et Morin étaient, pour l>ien dire, les pères de ce
mouvement intellectuel au profit du patriotisme. Tous
deux avaient passé par la rude école du malheur, tous deux
avaient souffert pour la grande cause, le premier un empri-
sonnement assez long et assez dur, l'autre une sorte de
proscription qui l'avait fait errer de réduits en réduits
jusqu'au fond des bois. Tous deux étaient alors tout à fait
dépourvus de moyens pécuniaires, et bien éloignés de
rêver aux grandes charges qu'un changement complet
dans les affaires du pays devait bientôt leur donner.
Ils encourageaient les talents naissants, ils poussaient
les jeunes gens par leurs écrits, leurs exemples et leurs
conseils dans les voies de la science, de la littérature et du
patriotisme ; en un mot, ils faisaient école.-
Etienne Parent, esprit solide, vigoureux, hardi, mais
contrôlé par une grande finesse et par un rare bon sens,
SA ^^E ET SES ŒUVRES. IX
était non moins dévoué que M. Morin à la cause de la
nationalité. Il écrivit dans son journal le Canadien, dans
les moments les plus critiques, des articles remarquables,
affirmant l'idée nationale avec autant de courage que d'a-
dresse. * M. Morin, qui possédait une plus grande variété
de connaissances, un esprit plus contemplatif, plus méti-
culeux et cependant plus enthousiaste, formait avec lui
un contraste assez piquant, et bien qu'en politique ils ne
suivissent pas toujours la même voie, ils furent toujours
liés d'amitié.
Les écrits de M. Parent et ceux de M. Caillardet, qui
vint ù, la rescousse dans le Courrier dca Etats- Unis, contri-
buèrent puissamment à raffermir notre foi nationale.
Mais une œuvre plus sérieuse et qui devait avoir un plus
grand retentissement et de plus grands résultats se prépa-
rait alors dans le silence et le recueillement de l'étude.
Ce fut en effet îl cette époque difficile et tourmentée, à la
suite des catastrophes qui mirent fin H la constitution de
1791 et au commencement d'une ère nouvelle, dont il
semblait que l'on avait tout à redouter, que François- Xavier
Garneau entreprit d'écrire l'histoire de son pays.
Plus jeune que M. Murin et que M. Parent, plus âgé que
ceux qui débutaient alors dans la carrière des lettres et do
la politique, M. Garneau pouvait servir de trait d'union
entre les hommes d'avant 1837 et ceux do la nouvelle
génération.
On peut dire de lui en .se servant au moi ctkbre do
Bossuet : un homme se rencontra, qui au moment le plus
critique se chargea d'une œuvre capitale pour notre natio-
nalité.
* Ce fut M. Etienne Parent qui fit entrer M. Cauchon dans le
journalisme en le chargeant de la rédaction du Conadit-n pendant
son absence lorsqu'il siégeait au iiarlenient à Kingston. Il accueillit
avec bienveillance mes premières poésies, et M. Gaillardet lui ayant
demandé de lui trouver un correspondant canadien, il me mit en
rapport avec lui. Combien d'autres ont éprouvé les effets de sa bien-
veillance ! Sa maison a toujours été le rendez-vous des jeunes ora-
teurs, des jeunes écrivains, des jeunes artistes. Trois de nos littéra-
teurs les plus distingués, MM. Gériu-Lajoie, Gélinas et Suite, sont
devenus ses gendres.
X 1' KAN<,()1S-XAV1J.H GARNEAl".
L'histoire d'un pays ont la Boiirce naturelle du patrio-
tisme le plus vivace; celle du ('anada, mal connue à cette
époque et de nous-mêmes et des étrangers, avait grand
besoin d'être mise en lumière pour que nous pussions
nous apprécier nous-mêmes et nous faire apprécier.
Charlevoix, le plus remarquable et lo j>Iub autorisé de
nos historiens, s'arrête nécessairement assez longtemps
avant la conquête ; son livre est rare et ne se trouve que
dans des bibliothèques d'amateurs ; Smith, qui écrivit en
anglais, nous est hostile et sur bien des choses peu véridi-
que ; enfin Bibaud père, qui n'est point sans mérite et qui
a poussé son second volume jusqu'à 1830, jienche trop du
côté bureaucratique. Bien qu'il ait quelquefois raiaon, son
parti pris froisse à chaque page nos sentiments. * D'ail-
leurs ces écrivains n'avaient pas s\ leur disposition les
renseignements et les documents cjue M. Garneau a i>u ?c
procurer.
Une histoire vraiment nationale était donc à laire. ^i
I\[. Garn,eau a pu donner prise à la critique sous plusieurs
rapports, il possédait éminemment les qualités qui font
l'historien national : l'inspiration patriotique et le dé-
vouement absolu, on peut dire héroïque à la tâche qu'il
s'était imposée.
L'avenir de notre race sur ce continent fut sa préoccupa-
tion constante ; cette préoccupation fut la cause première
de sa grande entreprise, et à mesure qu'il avançait dans
son travail, elle semblait l'absorber tout entier.
On peut dire que c'est cette idée qui a illuminé toute
son existence, qui l'a fait ce qu'il est devenu. Il avait d'a-
bord cherché à l'exprimer dans le langage des dieux ; mais,
sans abandonner tout à fait la poésie, il concentra ses
forces intellectuelles sur son livre. Il est résulté de cette
double manifestation de son patriotisme que ses poésies
sont presque toutes de petits poèmes historiques, et que
son Histoire du Canada est revêtue d'une teinte poétique
qui lui donne un grand charme.
* Un troisième volume (i^osthume) vient de paraître, et continue
cette histoire de 1830 à 1837.
SA VIE ET SES ŒUVRES. XI
Du reste, l'homme qui a accompli cette grande tâche ne
semblait pas, au premier abord, destiné à une telle gloire.
N'ayant reçu qu'une instruction, pour bien dire, élémen-
taire, obligé de se livrer pour vivre à des occupations très
prosaïques, il nous a prouvé par son succès qu'une volonté
opiniâtre mise au service d'une noble cause peut triompher
des plus grands obstacles.
François-Xavier Garneau naquit â Québec, le 15 juin
1809, d'une famille originaire du diocèse de Poitier8. Le
fondateur de cette famille au Canada, Louis GanmiUty
épousa à Québec, le 23 juillet 16G3, Marie Mazoué, native
de La Rochelle. Le père de notre historien, François-
Xavier, était le cinquième héritier du nom dans le pays-
C'était, comme on le voit, une famille assez ancienne dans
la colonie, et elle était originaire de deux villes assez célè-
bres en France. *
Son aïeul, Jacques Garneau, était cultivateur à Saint-
Augustin. Il avait été témoin de la chute de la puissance
française en Amérique, et ses récits ne lurent ]>oii!t -inii
effet sur l'imagination de son petit-fils.
" Mon vieil aïeul, dit ce dernier, dans son \oyayt lu An-
gleterre et en France, f courbé par l'âge, assis sur la galerie
de sa longue maison blanche, perchée au sommet de la
butte qui domine la vieille église de Saint-Augustin, nous
montrait de sa main tremblante le théâtre du combat de
VAtalante contre plusieurs vaisseaux anglais, combat dont
il avait été témoin dans son enfance. Il aimait à raconter
comment plusieurs de ses oncles avaient péri dans les
luttes héroïques do cette époque, et à nous rappeler le nom
des lieux où s'étaient livrés une partie des glorieux com-
bats restés dans son souvenir."'
* Dictioniuiire gênéalof/ique de M. l'abbé Tanguay cité par M.
l'abbé Casgrain.
t J'aurai souvent l'occasion do citer cet ouvrage. M. Garneau
avait publié le récit de son voyage dans le Journal de Québec. U l'a-
vait ensuite reprotluit en un i«tit volume in-18 de 250 {>ages; mais
dans un aocùs do dt'couragoment il tit détruire presque toute l'édi-
tion. Il n'en existe (jue sept ou huit exemplaires. Le Foyer canadim
en a reproduit uiie partie.
xii FRANÇOIS-XAVIER GARNEAU,
Le fils aîiio, qui s'appelait Jac<iues connue raïeul, hérita
de la terre paternelle, le cadet François-Xavier prit -X
Québec l'état de sellier et épousa, en 1808, Gertrude Aniiot,
aussi de .Saint-Augustin.
Au bout de quelques années — le m<?tier rapportant peu
de chose — il acheta une goélette et se livra au commerce
dans les établissements de la jiartie inférieure du Saint-
Laurent. Il fut encore moins heureux dans cette nouvelle
carrière. Quoique pauvre, il ne négligea point l'éducation
de son fils aîné, et l'envoya de bonne heure A l'école, ce
qui n'arrivait pas à tous les enfants à cette époque. Le
premier instituteur de notre historien fut un vieillard du
nom de Parent. "Il tenait sa classe, dit M. labbé Cas-
grain, à l'entrée de la rue Saint-Laurent (coteau Sainte-
Geneviève). Cette maison existe encore: c'est la seule,
paraît-il, qui ait échappé à l'incendie du faubourg Saint-
Jean en 1845. Bien des fois, lorsque M. Garneau descen-
dait avec ses enfants la côte d'Abraham, il leur indiquait
du doigt, en souriant, cette modeste maison où il avait
appris les premiers rudiments de la grammaire. '" *
De cette humble école, il passa à l'école mutuelle tenue
sous les auspices de M. Perrault, protonotaire, ce philan-
thrope d'un esprit si original, qui a laissé tant de souve-
nirs dans le liarreau et la société de Québec, t
M. Perrault s'était épris du système de Lancaster et
avait fondé, à ses frais, des écoles pourvues de tout le ma-
tériel nécessaire. Grave, intelligent, prenant son rôle très
au sérieux, le petit Garneau devint Ijien vite moniteur
général. M. Perrault l'ayant remarqué, lui offrit une place
dans ses bureaux, et il le recevait souvent chez lui le soir
avec un autre jeune homme qu'il hébergeait. Le bon \âeil-
lard donnait lui-même des leçons à ses deux clercs et leur
prêtait des livres.
Un jDeu timide et réservé, comme il l'a toujours été de-
* F.-X. Garneau, par l'abbé H, R. Casgrain. Québec, 1866. Duquel.
t ]M. Perrault a publié son autobiographie, écrite sm^s lunettes à
l'âge de 85 ans. II a laissé un grand nombre de traités élémentaires
sur la jurisprudence, l'enseignement, et surtout l'agriculture. Il a
aussi écrit une petite Histoire du Canada.
SA VIE ET SE5 ŒUVRES. XUl
puis, le jeune Garneau devait paraître un bon Bujet pour
le sacerdoce. Mais lorsqu'on lui offrit de lui faire faire ses
études au petit séminaire de Québec, s'il avait l'intention
de se destiner il l'état ecclésiastique, il déclara franche-
ment qu'il ne s'y croyait pas appelé.
Voulant étudier le notariat, il quitta les bureaux de M.
Perrault et trouva un second protecteur dans la personne
de M. Archilxdd Campbell. Ce dernier, qui aimait passion-
nément la littérature et les beaux-arts, lui prêtait des
livres et l'encourageait fortement à faire par lui-même les
études qu'il ne pouvait suivre au colir^a».
" Son père, dit encore M. Casgrain, demeurait alors dans
une maison située au côté nord de la rue Saint-Jean, non
loin de l'église actuelle du faubourg. Les citoyens des en-
virons ont gardé le souvenir des habitudes studieuses du
jeune Garneau. Toutes les nuits, disent-ils, on voyait une
petite lumière briller il une fenêtre do la mansar' • "
tait la lampe de l'étudiant."
Ces goûts et ces habitudes studieuses, ce double culte
qu'il vouait déjîl à l'histoire et A la poésie (car il m'a sou-
vent répété que sa lecture favorite dès sa première jeunesse
était celle des poètes et des historiens), devaient exalter
son imagination, surtout dans un lieu comme Québec, où
les plus beaux paysages, modifiés chaque jour par un cli-
mat des plus variables, portent naturellement à la rêverie,
où les souvenirs historiques surgissent, pour bien dire, à
chaque pas. Mais c'était surtout sur ces grands théâtres
de l'histoire qui se trouvent dans le vieux monde, que par
une transition bien naturelle se reportaient ses pensées et
sa curiosité. Un voyage d'Europe était â cette époque
une chose difficile, dangereuse et coûteuse. On ne traver-
sait pas l'Atlantique aussi promptement qu'on le fait au-
jourd'hui, et les hommes qui avaient vu le vieux monde
étaient clairsemés parmi les Canadiens, surtout parmi
ceux d'origine française.
Une assez longue excursion qu'il fit aux Etats-Unis en
compagnie d'un Anglais îl qui M. Campbell l'avait recom-
mandé, ne fit qu'accroître le désir qu'il nourrissait au fond
de son cœur. Chaque somme qu'il pouvait épargner sur
xiv FRANÇOIS-XAVIER OABXEAU,
les appointements ir^ndroux que lui fuisait son patron, il
la mettait {\ part pour l'exécution de son projet. Admi» à
la profession de notaire en 18.'>U, il partit le 20 juin 18J31
pour Londres, où il ne resta i[uc peu de temps, l^a 27 juil-
let, il touchait le sol de la France, la vieille patrie qu'il
aimait tant. " J'avais hAte, dit-il, do fouler cette vieille
terre de Franco dont j'avais tant entendu \>:f<' no»
pères, et dont le souvenir, se prolongeant de g' i m en
génération, laisse après lui cet intérCt do tristesse qui a
quelque chose de l'exil."
Arrivé îI Paris i)cndant les fêtes du premier anniversaire
des trois fameuses journées, il fut ébloui par le 8i>ectacle
grandiose et nouveau ({ui se présentait il ses regards, et il
décrit naïvement l'impression qu'il en rerut.
Son projet étant de retourner à Québec dans Fautomne,
il visita rapidement les princiimux monuments de Paris
et repartit bientôt pour Londres.
Sa première visite en arrivant fut p<jur JL Viger, (|u'il
avait déjîl vu une première fois à son passage. A sa grande
surprise et aussi il sa grande joie, l'agent diplomatique de
la i^rovince, ou si l'on veut, comme on disait alors, notre
envoyé lui ofî'rit de le garder auprès de lui comme son
secrétaire. C'était une bonne fortune inespérée; il allait
vivre dans un monde beaucoup plus élevé, toucher de près
aux clioses de la politique, se trouver en contact avec
quelques-uns des hommes les plus marquants de l'Angle-
terre; enfin la seule société de M. Viger, cet homme si
savant et si distingué, allait être pour lui une excellente
occasion de s'instruire et de se former.
On peut s'imaginer avec quel empressement ^L Garneau
écrivit à son père et à ses amis pour leur apprendre Fheu-
reuse circonstance qui le retenait à Londres. " Je croyais
encore, dit-il, mon pauvre père bien portant, et une pleu-
résie nous l'avait enlevé un mois après mon départ du
Canada. Malheureux dans ses entreprises, il n'avait réussi
en rien. Il emporta seulement avec lui dans la tombe la
réputation d'un citoyen honnête et religieux, comme l'a-
vaient été ses pères."
La première poésie publiée dans le Répertoire ncUional
SA VtE ET SES ŒUVRES. XV
SOUS la signature de M. Garneau est datée de Paris, la
seconde est datée de Londres. Dans cette dernière on
remarque ces vers :
Hélas ! j'ai tout quitté, imrents, amis, chaumière ;
Chaumière où j'ai reçu la vie et la lumière.
Ingrat, j'ai déserté le seuil de mon enfance,
Seul un furtif adieu fut ma reconnaiissance.
D'une mère éplorée oubliant les regrets,
Je la quittais, ijeut-ètre itour jamais.
Non... je vous reverrai, lieux «jui m'avez vu naître ;
Champs, lx)cages, riants valK»ns ;
J'y réi»éterai mes chansons ;
De tristes souvenirs do la flûte chami»ètrc<
Attendriront les sons.
Ah ! combien il est doux après un long orage
De rentrer dans le ixirt, de baiser le rivage
Que l'autan furieux semblait nous disputer !
Tn l>onheur toujours pur devient froid à goûter.
I )t'jà jo vois au loin venir sur la colline
Mou i)ère à cheveux blancs, que la vieillesse incline.
Ses cheveux que zc'phire ajrite mollement,
Couvrent son front joyeux de kmrs Ijoucles d'argent.
De ses pas l'âge, en vain, ralentit la vitesse,
II me voit, il m'atteint, sur son sein il me presse.
Une mère, une sœur, des frères, des amis !
Je revois donc eutln ix« objets tant chéris
Mais que dis-jo? Peut-être un funèbre silence
Règne au toit i)atornel témoin de mon enfant"e ;
(Qu'une mère, (pi'un i»ère envié i«ir les dieux
Ke|)ose maintenant dans la splendeur dos cieux;
Et ses tristes enfants vont pleurer sur sa tomlje,
Quand de l'humide nuit le voile éi>aib retombe.
Ils disent : Notre frère est encor loin de nous ;
Il quitta \yoxiT un rêve un asile si doux !
Il ne réi>ondit jms à la voix de son i>i:n\
Lorscju'à ses yeux la mort déroba la lumière.
Errant en d'autres climats,
Il n'a lias entendu l'airain impitoyable
Sonner ni dans le deuil s'avancer le trépas
Tenant le sablier dans sa main redoutable,
Et notre seuil frémir sous s«s pas.
xvi FRANÇOIS-XAVIER GARNEAU,
Mais iwiirquoi de mon cœur aiigiiiontor la tristeiiBe?
De coM illu»ionH, iioirH enfant» de la nuit,
ChassouH l'ombre <iiii tue jKjurNuit ;
Lyre, rt-itC-to enoor tes aci-ontH d'alIt'-pr^HW! !...
Kt d<5rol)e mon Ame à l'eimui.
Oui, je verrai ces cliampH où r(!'vait ma U^rgcro;
J)u limpide ruisseau j'écouterai la voix ;
Kt Hous le pin touffu qui vit naître mon père
Je chanterai mes refrains d'autrefois.
Aux premiers rayon» de l'aurrjpe
(iui brilleront à l'orient.
Je f>our8uivrai de l'œil cncfiro
L'astre des nuit* dans l'occident
L'airain sonore au clocher du villat;;oi,
En r(''ix)ndant à l'hymne du matin, •
Réveillera par son divin langage
Ces sentiments qui charmaient tant mk-h s»iii
Et sous l'ormeau voisin du toit chanijit-trc.
Aux pas léfrers qu'accorderont mes chants
Je mêlerai les récits que fait naître
Le dieu jaloux du bonheur des amants.
De la rive où le tlot expire
J'écouterai le vieux jiécheur.
Sa voix que le silence inspire
A des airs qui charment le cœur.
Mes doigts harmonieux animeront ma lyre,
Dont les cordes souvent chanteront nos exploits.
Et quand l'âge viendra refroidir mou délire.
Assis à l'ombre d'un bois,
Mes chants plus doux plairont au folâtre zéjîhire.
N'y a-t-il pas quelque chose de bien touchant dans ces
premiers chants consacrés à la douleur filiale ? Et ne voit-
on pas aussi dans ces deux vers comme un pressentiment
de l'œuvre importante que le jeune poète allait entrepren-
dre dix ans plus tard :
" Mes doigts harmonieux animeront ma lyre,
Dont les cordes souvent chanteront nos exploits."
SA VIE ET SES ŒU\'RES. XVll
M. Garneau envoyait cette pièce à M. Winter, aujour-
d'hui juge en retraite de la cour pupérieure, dans une
lettre en date du 29 décembre 1832, et s'excusait de n'a-
voir pas répondu plus promptement à la sienne du 25
juillet: "J'attendais, dit-il, que tout fût terminé pour
t'envoyer cette élégie." Il connaissait donc alors la mort
de son père, malgré la forme dubitative qu'il a cru devoir
donner à ce petit poème.
Dans une autre lettre qu'il adressait à cet ami, le 11 avril
1832, il disait:
" Je vois, par les papiers, que tu as i)erdu ton patron, M.
Romain. La mort fauche partout. Je vais trouver beau-
coup de changement à mon arrivée à Québec. Je n'ai
appris que des nouvelles bien tristes depuis que j'en suis
parti. Notre ami Faucher* a aussi subi ce que nous de-
vons tous subir tôt ou tard."
Toute sa correspondance prouve combien il avait su &i>
précier la situation qui lui était faite par l'agent de notre
assemblée législative.
Dans une première lettre à M. Wintor. en date du l--'
septembre 1831, il s'exprime ainsi:
" Je pensais m'en retourner dans le ,'>(r<iiisui ; mais .M,
Viger me retient. Nous travaillons, M. Viger et moi, de-
puis trois semaines, comme des enthousiastes de la patrie.
Je pense passer l'hiver à Londres. Il y a trois semaines
que je suis de retour de Paris, où j'ai passé une dizaine de
jours. Je m'y suis bien amusé. J'ai vu presque tout ce
qu'il y a de plus intéressant à voir
"Au théâtre de la porte Saint-Martin, j'ai vu représenter
un drame intitulé " Napoléon." L'acteur qui représentait
le héros se trouve ressembler, dit-on, beaucoup i\ Napo-
léon Ce pas pressé, cette voix brève, ces mots laconi-
ques, cette prise de tabac souvent répétée, ce petit cha-
peau, cette rcdinirote grise j'ai pre.=:que vu le héros
lui-même.
" Je me suis horriblement ennuyé les premiers jours de
* M. Honoré Faucher, avocat, jeune homme de grandes espéran-
ces, et onde de l'auteur do Tribord- à MbonL
Xviii KUANÇOIS-XAVIÉK «AKNEAU,
ma résidence à Londres ; mais je commence A m'y fairo.
Londres est sombre ; tout le monde y paraît accablé 80u«
les affaires ou la misi-ro. Mais cependant Londres est la
plus riche et la plus commerçante des villes de l'Europe.
M. V'igcr m'a déjà présenté à deux ou trois de ses amis et
parle de m'en iïiiro connaître <iuelque8 autre», de sorte
que je jouirai un peu de leur société en attendant que je
revoie notre grand Canada. La nature est sublime chez
nous; mais elle a avorté dans le peu que j'ai vu de
l'Europe. Avant de plier ma lettre il faut que je te
raconte un trait. Etant à Paris, je fus un jour il l'hôtel des
Invalides. Un ancien hussard de Wagnim vint à moi et
me demanda si je voulais voir l'intérieur do l'hôtel. En
y allant il s'arrêta subitement, et se retournant vers moi,
il me dit avec emphase: "N'est-on pas, monsieur, glo-
rieux d'être soldat français ? " Ce bon brave me fit voir
tout l'édifice, la biblioth(^que, l'église, etc."
Le travail auquel le jeune secrétaire se livrait avec M.
Viger, c'était surtout la grande affaire des plaintes portées
par l'assemblée législative contre le procureur généml
James Stuart. Il en parle dans toutes ses lettres.
Dans celle du 11 avril 1832, on lit ce qui suit: " Depui.s
ce moment nous avons été engagés dans un travail vrai-
ment opiniâtre. M. Vigér, dans ses observations sur les
pétitions, mémoires, etc., etc., de M. Stuart, a voulu en-
trer dans tous les détails, et à l'occasion, faire allusion à
la manière dont le gouvernement du Canada a été admi-
nistré, pour faire sentir aux ministres tous les moyens ini-
ques qu'on a employés chez nous ; la conduite de M.
Stuart, qu'il a su, d'après les rapports du comité, mettre
sous le jour le plus clair, doit nous faire espérer le triom-
phe de la justice."
La partie était difficile. James Stuart — depuis sir Ja-
mes — n'était pas un adversaire ordinaire. Les mémoires
de part et d'autre étaient volumineux, et le procureur
général avait pour lui les sympathies bien naturelles du
gouvernement anglais. Lord Goderich, le ministre des
colonies, très prévenu d'abord contre les accusateurs, avait
été cependant frappé de l'accent de franchise de M. Viger,
8A VIE ET SE8 Œr\'RE.<. XIX
et avait apporté à cette cause difficile la plus scrupuleu-
se attention. Si le combat fut long et périlleux, la vic-
toire fut éclatante. Des contemporains m'ont assuré que
les amis de M, Viger au Canada désespérèrent du succès.
Ce qui faisait l'importance de cette lutte, ce n'était point
tant l'animosité personnelle contre M. Stuart que le désir
de frapper un grand coup contre le système arbitraire que
cet homme à la fois habile, savant et audacieux, avait su
si longtemps couvrir du voile d'une légalité artificieuse.
Dans sa lettre du 29 décembre, déjà citée, M. Garneau
annonçait à son ami, en môme temps que le résultat des
élections, le succès de M. Viger. Cette petite page d'his-
toire, écrite sur le fait,*_mérite tVHre conservée. Ce qu'il dit
des whigs, qui en général se sont montrés moin.s favora-
bles aux libertés populaires dans les colonies que les
tories, est très remarquable.
" Je pense retourner au Canada le printemps procliain.
Je m'ennuie dans la sombre Angleterre.
" Les élections, qui ont absorbé pendant qu<i(|ui' umivs
l'attention publique, sont terminées ou près de Tétre en
faveur du ministère. * Aussi les tories sont tombés jiour
jamais. Le bill de réforme a renversé une puissance qui a
régné pendant plusieurs siècles. Si les hommes n'étaient
pas guidés par l'intérêt, si la justice était leur sentier,
nous pourrions espérer de grands avantages de ces chan-
gements ; mais ceux qui aiment le plus la justice i>our
eux-mômes, sont souvent les plus tyranniques pour autrui.
Je crains que ce caractère ne soit celui des hommes qui
nous gouverneront sous ce nouveau ministère. Le même
bras d'airain a toujours pesé sur les colonies anciennes ou
modernes.
"J'ai su que les affaires ont en Canada une apparence
assez sombre. On dit aussi que les députés canadiens
* Il s'agit dxi socouil ministère île lonl CTrey,qui, après une défait© et
une tentative infrnctneuse du duo do Wellington de former un gouver-
nement tory, avait repris le iwuvoir. On trouvera dans le second
volume du Journal de GreriUe, des renseignements très curieux sur les
intrigues qui tirent échouer le due et sur le rôle que jouèrent lord
Lvndhurst, wr Rol>ert Peel et Manners Sutton dans cette affaire.
XX FRANf;OIS-XAVIEU GAUNEAU,
ont refusé d'aller aux dîners du gouverneur. Cette absence
doit lui faire sentir que le sang canadien est précieux et
(ju'on no le répand pas impunément
" La domination étrangère est le plus grand mal dont
un peuple puisse être frappé.* Plusieurs do nos griefn ras-
semblent A, ceux dont les braves et malheureux Polonais
avaient A se plaindre. Mais courage ! La cause de la justice
et do la liberté est trop sainte pour ne pas triomplier; si
ce triomphe est lent et i»éniljle, il n'en sera que i»lu8 cer-
tain et plus durable. L'Angleterre elle-même a gémi des
siècles sous le joug étranger. Qu'on oublie vite son mal-
heur et sa misère ! La justice qu'elle invoqua si longtonqH,
elle l'oublie aujourd'hui pour nous.
" Les Français sont maîtres de la citadelle dAiivt-r.-. La
garnison e:>i prisonnière de guerre. Les Hollandais, au
nombre de deux mille, protégés par environ deux cents
canons d'un fort et de leurs vaisseaux, ont voulu débar-
quer pour chasser les Français d'un poste qu'ils occu-
paient; mais environ huit cents de ceux-ci les ont repous-
sés glorieusement à la baïonnette. Plusieurs Hollandais
se sont noyés en voulant regagner leurs embarcations.
"Tu sauras sans doute que la suspension de M. Stuart
a été confirmée par le roi. C'est une victoire qui a été
bien disputée ; on l'a arrachée des mains d'un parti qui
ne deviendra que plus furieux par une défaite sans exem-
ple dans l'histoire coloniale Mais nos armes, la
liberté et la justice, seront invincibles. Marchons toujours
en avant, nous vaincrons nos ennemis, nous les disperse-
rons dans la carrière."
Il y a dans cette lettre un peu de ce qu'on appellerait
aujourd'hui du chauvinisme ; les phrases à l'adresse de
lord Aylmer ne sont pas justes ; maLs il faut se reporter à
l'époque et songer combien la lutte entre les patriotes et
l'oligarchie exaspérait les esprits, surtout à la suite de
cette sanglante bagarre du 21 mai,t dont la politique du
jour tira tout le parti possible. Du reste tout semblait
* On retrouve cette phrase dans V Histoire du Canada.
t Les trois victimes se nommaient Billette, Languedoc et Chauvin !
SA VIE ET SES ŒUVRES. XXrl
contribuer à exalter riniagination du jeune Garneau. La
révolution française de 1830, celle de la Belfçique, les
succès qu'avaient, à Londres, O'C'onnell jdaidant de sa voix
éloquente la cause de l'Irlande, et les exilés polonais avec
lesquels notre compatriote s'était lié d'amitié, formaient
autant d'aliments propres à surexciter son patriotisme. Il
ne pouvait s'empêcher de comparer les Canadiens aux
Irlandais et aux Polonais, bien que notre sort fût difle-
rent de celui que subissaient ces deux nations. Nous
avions plutôt à nous débarrasser des langes et des bande-
lettes de l'enfance coloniale, serrés étroitement autour de
nous par une bureaucratie avide et jalouse, qu'à briser
des fers comme ceux qui étaient rivés aux membres en-
sanglantés de la Pologiv -"'v MMiin»^ .1.'. b ivh.'hs ('{ sup-
pliantes de l'Irlande.
Un jour, ^L (Jarneau vil oX'oiUitll ù uiu- .scauce de la
Société des Ainin de la Pi>l()(jiu\ L'Irlande et la Pologne se
trouvèrent il fraterniser, dans un milieu où il semble que
la Russie aurait pu donner une triomphante féi>lique aux
reproches ipie les philanthropes anglais lui adressaient. Il
lui aurait sutti de montrer O'Connell à côté de Czartoryski.
La réception <iui fut faite au grand tribun irlandais
frappa vivement notre jeune compatriote.
" C'est h\, dit-il, que j'eus l'occasion de voir jusqu'à quel
degré le vrai talent est respecté en Eurojie. Il y avait une
réunion d'une quarantaine de personnes. C'étaient le
prince C/artoryski, le général Pac, le célèbre poète Ursin
Niemcewicz, exilés, des n)embres de la chambre des lords
et de la chambre des communes, des hommes de let-
tres. O'Connell est annoncé. I^orsqu'il fut introduit, tout
le monde se leva spontanément pour rendre hommage
au grand orateur, hommage «ju'on ne rendit qu'à lui
seul."
Les séances de la S^tciété lUtéraire de» Amis de la Pologne
se tenaient chez lo poète Campbell, qui en était le prési-
dent, et qui occujmit alors un appartement dans un édi-
fice autrefois habité par Cromwell.* C'était sur la propo-
* Sussex Chambers, Duke street, St. James.
sitîon de Campbell que M. (îsirneau ^tuit tlevenu inenibre
de cette soci<'t<î conipos^-e <riM»iiinicH <lY*lite-
Le 7 septembre, aniiiveiHuin! de lu prise de Varsovie, le«
Polonais firent célébrer une messe jxjur le repos des ànies
de leurs frt'res tombés dans cotte fatale journée. Après le
service, il y eut un «léjeuner cbez le j/résident. Le I)f
Schirma y porta la parole en anglais et en polonais, et cita
de beau:<*vers do Campbell lui-m<'-me sur la malheureuse
Pologne. Puis notre compatriote eut l'honneur de lire une
pièce qu'on l'avait prié de composer pour la circonstance.
Quoique inférieure, malheureusement, i\ la plupart de ses
autres productions, cette ode renferme quelques belles
strophes. *
" On nous disait : Son rùgno re<"onimoii<'0,
La Lil)ert<'' partout renverw) k« tyrans,
Comme lY'dair on voit briller sa lance,
Ciui flans leurs chars iioursuit kw monanjue^ errans.
Le guerrier de Nassau, sur son r-oursier fidèle,
Pour la patrie a ressaisi son clanl;
Et dôià le clairon résonne en la tourelle
(Kl sommeillaient les satrajxis du czar.
O Liberté ! ne serais-tu (ju'un songe.
Et par toi notre espoir se verrait-il trompé?
Seuls les tyrans régnent par le mensonge,
Monstre dans une nuit toujours enveloppé.
Mais non ; de l'Eternel tu i»artagcs l'osi^iice..-.
Je vois aux cieux briller son trône d'or.
Peuples, écoutez tous; vous rois, faites silence.
J'entends sa voix vers nous descendre encor.
Il règne encor ce nom qui dans Byzance
Fit trembler autrefois l'orgueilleux musulman ;
Il règne encore, et, comme un flot immense,
Il refoule au désert le-s peuples du Balkau.
Eu vain le« rois ont dit : que j)érisse sa gloire 1
Que de la terre on l'efface à jamais 1
La Pologne déjà, volant à la victoire,
A ses tyrans fait payer leurs forfaits.
* On ne la trouve point dans le Répertoire national ; mais elle a été
publiée dans la Polonki, revue mensuelle qui s'imprimait à Ljudres.
SfA VIE ET eErf ŒtVliEs. XXIU
L'association polonaise n'est pas la seule où M. Garneau
fut accueilli à Londres. Il avait fréquenté un de ces dehating
clubs où déjeunes avocats et déjeunes hommes de lettres
s'exercent à l'art de la parole. Il avait été aussi admis
dans plusieurs salons littéraires, entre autres dans ceux de
niadanie McGregor et de madame Gore.
"Je trouvais, dit-il, la société la plus délicieuse dans
les hommes de lettres, ou les hommes qui, comme le colo-
nel Home, avaient vu beaucoup de choses, et j'étais heu-
reux de les entendre et d'être témoin des égards dont ils
me paraissaient entourés. Cette espèce de culte venant de
toutes les classes, surtout des classes les plus élevées,
semblait élever à son tour le domaine de l'esprit, et mar-
(juer la place ([u'occupent les hautes intelligences dans
une grande nation.
" Je voyais dans ces cercles littéraires et scientifiques
les hommes des rangs les plus divers, se réunir comme
des frères jmur scruter les secrets de la nature ou apprécier
les œuvres du génie. Une noble ambition étouflait les
eflbrts de la jalousie, que l'opinion publique, du reste,
savait bientôt désarmer par sa toute- puissance, lorsque
cette jalousie se manifestait avec trop peu de réserve. Il
me semblait que chaque nation en Europe, craignant d'être
dépassée par une autre dans les armes, dans les lettres,
dans les arts, dans les sciences, n'avait pas assez de paroles
d'encouragement pour ceux qui marchaient les premiers
dans toutes ces carrières de la gloire et du génie."
Pendant que se discutait la grande affaire du procureur
général Stuart, M. Viger s'était donné un congé qu'il était
allé passer à Paris, au grand plaisir de M. Garneau, qui
l'accompagna. Celui-ci avoue ne pas avoir été tout à fait
étranger à la résolution qu'avait prise notre agent. La
capitale de la France, si gaie et si brillante, ses environs si
charmants et si remplis de grands souvenirs historiques,
fornuiient une agréable diversion aux rives brumeuses de
la Tamise. Il est même permis de croire que le jeune secré-
taire, si grave et si laborieux qu'il fût, préférait les boule-
vards et les théâtres français aux interminables mémoires
de M. Stuart ou de M. Viger.
X\1V KKAN(,()1H-XAV1EK GAUNKAl',
M. McClregor, l'auteur tl'uu excellent ouvrage hut le
('anada, publié à lAindreH à cette époque, et à la BCcoiule
édition duquel M. Viger avait contribué en fourniKHant
des notes et des corrections, M. McCîrogor était de la par-
tie. Ils trouvèrent à. Taris M. Ilcrtlielot, «jui a été /\ long-
temps membre du j)arlement, et M. Isidore Hédard, (pie
M. (iarneau avait vu souvent à Londres.
M. Isidore Lebrun, autour du premier ouvrage (pii ait
été jniblié à Paris sur le Canada depuis la cession du pays,
et M. Paulin Cîuérin, qui avait eu pour élève notre artist*
distingué M. Antoine Plamondon, étaient encore pour le
jeune sccréiairc i\v^ connaissaiHcs aussi utib-s (uraLrn'a-
bles.
Peu de temps ai)rcs le retour de M. Niger a l^undres
(la grande aflaire de M. Stuart était décidée, comme nous
Pavons vu), M. Garneau recevait de sa mère, dont la santé
déclinait rapidement, des in\ntations très pressantes. La
})auvre femme, depuis la mort de son mari, n'avait plus
qu'une préoccupation, revoir son fils avant de mourir.
'' M. Morin, dit M. Garneau, arrivait, il est vrai, avec de
nouvelles représentations sur d'autres (luestions de p<jliti-
que coloniale ; mais comme la solution pouvait s'en faire
attendre longtemps, puisque celle de l'affaire de M. .Stuart
avait mis deux ans à venir, je résolus de retourner à
Québec au printemps."
"Au commencement de l'biver, ajoute-t-il, nous vîmes
arriver plusieurs de nos compatriotes. C'étaient pour la
plupart des marchands. Il suffisait que M. Viger fût au
London Oiff'ee House, pour qu'ils s'y donnassent rendez-vous.
Nous nous trouvâmes là pendant quelque temps huit ou
dix Canadiens à la fois, sans mentionner le délégué du
Haut -Canada, M. McKenzie. En nous comptant, nous
croyions compter les progrès que faisait notre pays. Nous
étions fiers d'être en aussi grand nombre dans un seul hôtel
anglais, et nous partions de là pour faire des calcubs sur
l'avenir que la fortune réservait au Canada et que nous
basions sur sa vaste étendue et sur sa grande nature."
Ainsi à cette époque déjà assez éloignée, il se publiait
en Anglçterre et en France des livres sur notre pays, et les
SA VIE ET SES ŒUVKE.S. XXV
Canadiens qui se rencontraient en Europe devisaient de
notre avenir et entrevoyaient les progrès qui s'accomplis-
sent aujourd'hui !
Tandis qu'il se préparait à partir, à la tin d'avril, M, Gar-
neau reçut de Paris la nouvelle de la mort prochaine de
l'auteur de ce chant patriotique: Sol canadiea^ terre chéi-ie !
qui résume si bien nos origines et nos aspirations.
Pauvre Isidore Bédard ! C'est tout ce qui restera de lui.
M. Garneau était intimement lié avec ce jeune compa-
triote, et c'est avec une vive émotion qu'après bien des
années il vmchiiIc l'eflV't {\\w cette nouvelle |»ro(luisit '^ur
lui.
" M. Bédard, dont lu vie était tranchée si pnuiaturé-
ment, avait le plus hel avenir devant lui. La réputation
de son père avait été une recommandation qui Pavait
porté bien jeune au parlement. Ses talents ajoutés à cela
auraient pu le eoiuluire à une position éminente. Il avait
une élocution facile et une voix mâle et agréable qui le
taisaient rechercher comme orateur.
'' Tout cela est enfoui pour jamais dans la tombe sur
une terre étrangère. Les délices et les tentations de l'Eu-
rope avaient ouvert sous les pas du jeune Canadien un
al)îme qu'il n'avait pas su éviter, et dans lequel il s'était
précipité avec toute l'ardeur d'un tempérament fougueux
qui s'abandonne îl ses passions. Le voyage qui devait for-
mer le plus bel épisode de sa vie, était ainsi devenu la
cause de sa perte."*
* La lettre suivante, écrite à M. Ganieaii lors d'un de sres retours à
Lc>mlres, fait voir (\\w ^I. BtHtard n'ignorait jvas la gravité de sa ma-
ladie.
" Cher Garneau,
" J'apprends i^ matin que vous éte.s déjà de retour, ce qui m'a
causé un plaisir infini. C'ewt un Canadien qui viendra à mon enterre-
ment si je ne reviens pas de la maladie dont j'ai été subitement et
violommont attaqué. J'ai eu une rechute il y a huit jours; je suis
mieux, niais très faible. Je sors de mon lit pendant quelques heures
depuis doux jours. Je n'ai pas encore recouvré la voix le moindre-
ment, moi qui avais, comme dit Fiset, une voix d'aninuil! Si vous
jiouviez venir me voir, que vous me causeriez de plaisir ! Sinon,
XXVI FUAN(;OIH-XAVIKK UAKNEAU,
Parti le 10 mai de Liverpool, M. (îarneau n'arrivait à
Québec que le 30 juin. C'en cinquante journ de navigation
furent des plus pénibles. Une tempête intermittente bal-
lotta le malheureux navire, et de» vents contraires 8enï-
blèrent Rejouer de lui. Dan» sa premirre traverHéo, notre
voyageur avait lu Byron et Prior ; à LondrcH, il li.'îait
Lamartine et Campbell, Il paraît qu'aucun poète n'adoucit
les misères du retour. " L'ennui, dit-il, me prenait au mi-
lieu de cette orageuse immobilité. I/imuge du Canada
m'apparaissait comme ces mirages trompeurs (jui Hattent
les regards du voyageur au milieu du rlésert. Je voyais la
fortune, l'avenir, le bonheur, au delà des mers, dans cette
sauvage contrée où l'espérance avait autrefois conduit mes
ancêtres, vains songes que les événements se sont plu
ensuite à démentir en détail."
De ce voyage, cependant, M. Garneau avait rapporté bien
des choses, bien des choses (jui lui procurèrent de grandes
joies et une grande gloire, dont il ne paraît pas avoir tenu
assez de com^^te lorsqu'il écrivait les phrases mélancoli-
ques par lesquelles se termine son récit.
Il revenait vivement frappé de tout cet éclat que jetaient
la littérature, les arts, la politique dans le vieux monde;
il avait entendu à la chambre des communes O'Connell,
Hume, Roebuck et bien d'autres orateurs éminents ; au
théâtre, Kean s\ Londres, et A Paris M'"*' Mars ; il avait
assisté à une séance de l'Académie des sciences; le.<? grands
édifices, les galeries, les bibliothèques, les musées, les
sociétés littéraires et scientifiques des deux grandes capi-
tales, l'avaient rempli d'enthousiasme et avaient augmenté
dans son âme cette noble ambition d'être utile à son pays
et à sa race qu'il avait déjà et qu'il a si bien suivie.
écrivoz-moi. Est-ce jjar quelque accident que vous êtes de retour, ou
votre voyage était-il terminé? ^I. Viger est-il avec vous? Vous me
ferez le plaisir de porter cette lettre à son adresse au plus tût dans la
cour de Somerset House ; on prend une petite rue qui descend à
droite, n" 8 ou 9. Si M. Viger est de retour, vous ne porterez pas cette
lettre. Vous la garderez par devers voils jusqu'à mon retour. Adieu,
eher Garneau.
■ Is. Bédarp."
SA VIE ET SES ŒrVRÈf. XXVÎi
De 1833 à 1840, (îpoque où M. Garneau commenta à
écrire son Histoire du Canada, la situation politique, déjà
fort tendue lors de son voyage, s'était assombrie chaque
année. Quelles que fussent les aspirations patriotiques du
jeune homme, quelque effet qu'eût produit sur son esprit
le grand spectacle de la vie politique en Europe, dans un
temps où en Angleterre et en France s'agitaient les ques-
tions sociales les plus importantes, il ne se laissa pas en-
traîner dans le tourbillon et suivit humblement la voie
(^ue lui traçaient la prudence et le bon sens.
C'était un des traits les plus heureux de son caractère
et de son esprit, que ce mélange de bon sens et d'enthou-
siasme, que ces qualités poétiques et ces aptitudes prati-
ques qui lui permettaient de mener de front les travaux
nécessaires au soutien de sa famille et ceux qui devaient
illustrer son nom.
Il avait perdu sa mère peu de temps après son retour,
et deux ans plus tard, il faisait un mariage d'inclination,
qui lui assurait, au moyen du travail et de l'écono-
mie, les éléments d'une modeste aisance. Il suivit \^\i
de temps sa profession de notaire et devint en 1835 com-
mis à la Banque de Québec. Quehiues années plus tard,
il fut nommé traducteur à la chambre d'assemblée. Cette
dernière charge lui procurait des rapports fréquents avec
M. Etienne Parent, M. Morin et plusieurs autres hommes
éminents. Elle lui ouvrait de plus l'accès quotidien de la
bibliothèque du parlement, qui, grâce aux soins de M.
Faribault, contenait déjà une très belle collection de livres
sur l'Amérique. Il devint aussi, plus tard, membre de la
Société littéraire et historique de Québec, et se lia avec
quelques-uns des littérateurs et des savants qui la compo-
saient, et dont la plupart étaient d'origine britannique.
Dans les commencements, cette société comptait un bon
nombre de Canadiens- Français, et il n'y avait alors aucune
autre association de ce genre à Québec.
Quoiqu'il ne prît pas une part active à la politique, ses
sympathies, disons mieux, ses opinions très prononcées
n'étaient un mystère pour personne. Il était patriote, comme
on disait alors, et admirateur de M. Papineau et de son
XXVin FRANÇOIS-XAVIER OARNEAU,
parti. Lorsque se forma lu iiremiôrc HciBsion notable dans
nos ranps, rolln de M. Neilson, de M. Cuvillicr et de M.
Quesnel, M. (îarnenu resta attacha'' au parti de la majorit*'-.
Dans les petites com<jdies publi^'cs dans la Gazette de Québer,
sous le pseudonyme d'un Aini du dntu (pio, le futur lii f
rien est raille assez finement sur Tenthousiasme r»'\ , ;
tionnaire qu'on l'accuse d'avoir rapporté d'Euroj>e. ♦
Dans son livre, cependant, il parle avec impartialité' de
ces <''vénements, et paraît aflmettre que les fameuses (pintre-
ringt-(h)uze résolutvmft, <|ui furent la cause immédiate de
cette premi^re <lissidence et la cause éloignée de nos deux
insurrections, auraient pu être ré<ligées avec plus d'habi-
leté et de modération.
Il y avait, au sein du parti, dès avant les (juatre-vingt-
douze résolutions, «le graves difficultés ; dans le clergé et
dans une partie de la députation Ton trouvait <{ue M,
Papineau allait trop loin. M. Garneau dit A ce sujet :
" Depuis quelque temps, M. Neilson, voyant l'entraîne-
ment de la majorité des repré.«!entants, s'était séparé de M.
Papineau. Plusieurs Canadiens influents, pluseurs mem-
bres de la chambre, entre autres MM. Quesnel et Cuvil-
lier, en avaient fait autant. Ces hommes éclairés, dont
l'expérience et le jugement avaient un grand poids, recon-
naissaient toute la justice des droits réclamés jmr la majo-
rité; mais ils craignaient de risquer dans une lutte pas-
sionnée ce qui avait déjà été obtenu. Lord Goderich avait
fait des concessions et des réformes dont il fallait lui
tenir compte, si l'on faisait attention aux préjugés enra-
cinée du peuple anglais contre ce qui était français et
catholique
* Ces j)etites comédies, très bien écrites, ont été attribut-es à diver-
ses personnes. Dans nne autre pièce, qui en était la contre-partie et
qui avait pour titre: Ije ,^'t>ihi i[uo fu f/érowfc', on fait jouer les rôles
les plus insignifiants précisément aux véritablas auteurs des écrits
signés Un ximi du Mntu r/iio, c'est-à-dire à M'SÎ. G.-B. Faribault et
David Roy. Tous deux sont devenus depuis les amis intimes de M.
Garneau. Le premier, bien connu par ses savantes recherches, a
rendu pleine justice aux travaux de notre historien, et l'on verra
plus loin que le second a été son collègue dans la rédaction d'un
journal littéraire et scientitîque.
SA VIE ET ?ES ŒUNTtES. XXIX
" La séparation de M. Neilson et de M. Papineau était
un vrai malheur pour le pays. L'éloquence, l'enthousiasme
de l'un étaient tempérés par le sang-froid et la modéra-
tion de l'autre, qui, d'ailleurs, étant d'origine écossaise, ne
pouvait être blessé personnellement de Tinfériorité dans
laquelle on voulait tenir les Canadiens- Français. Tous
deux avaient l'âme grande et fière. Tous deux étaient des
amis d'enfance; ils avaient toujours combattu l'un à côté
de l'autre pour la même cause. MM. Cuvillier et Quesnel
étaient, de leur côté, des hommes libéraux modérés,
aimant leur pays et jouissant iVnn r:ir:i(iriv (|ui faisait
honneur à leurs compatriotes.
"M. Papineau, en se séparant de tant il himinios sages
pour se lancer dans une lutte contre rAnfrlctorrr». se char-
geait d'une grande re»ix)nsabilité."
Lors«iue plus tard une seconde scission eui iicu, lorsque
MM. Bédard, Parent, Caron, DeBartch et ce que l'on appe-
lait le parti de Québec ou la petite famille, abandonnèrent
M. Papineau et grossirent le nombre des modérés, quelles
furent les opinions de ^l. (Jarneau? Il est probable que le
vif sentiment des injustices commises par l'oligarchie ne
lui permit guère plus cette fois que la première, de se
livrer à des réflexions comme celles que l'on trouve darts
VHistoire du Canada sur les événements qui précipitèrent
la crise et mirent lin a notre constitution. Même à côté de
ces réflexions, il y en a d'autres qui font voir que le jeune
patriote dut écouter beaucoup plus la logique du cœur que
celle de l'esprit, aux approches de cette lutte qui nous fit
alors tant de mal et qui, cei^endant, a été comme la san-
glante aurore de nos nouvelles destinées.
On sent dans ces pages le souffle de l'insurrection,
et l'en peut juger des sympathies du témoin de ces
événements, par l'indignation mal contenue de l'historien.
L'excuse est partout îl côté du blâme, et après cette lec-
ture, malgré l'évidence navrante du résultat, l'esprit hésite
encore. L'astuce du gouvernement anglais et de ses agents,
les pièges tendus à la lionne foi de lord Aylmer et de lord
(iosford, et par les dépêches du ministère anglais, et par
leur entourage dans la colonie, les sinistres projets de nos
XXX FRANVOIH-XAVIEK (iARSKAl',
ennemis traditionnels, la violence de leurs journaux, enfin
la r^'action pouss^-e trop loin par ceux des nf»tre« qui sV-
taient convertis — un peu tard — à la niod^'-ration, tout cela
forme encore, à distance, comme autant de réponses aux
reproches que l'on est en droit d'adresser il M. l'apineau
et tl ceux qui le poussi'^rent ou le suivirent «lans une voie
si funeste.
Du reste, pendant toute la p«'ri<Hlo (jui s't'tend de 1832 à
1845, M. Garneau ne fut gu«'^re connu du public que comme
po(He, et cY'tait alors dans ce piiv^ un titre peu j»rofit:»l'l«\
j'oserais mr*nie dire peu recomniandjildc. liion <iu(' !<• 7.'/-
pertoire national contienne des jjoésies de M. Viger et de M.
Morin, qui ne sont pas sans mérite, ces hommes distingués
les avaient publiées d'abord sous le voile de l'anonyme,
et c'était alors l'usage presque général. Notre historien
fut un des premiers à signer ses productions de ses initia-
les, et quelquefois de son nom.
Il y a eu même, jusqu'à tout dernièrement, un préjugé
contre la littérature du cru, et par suite, une grande timi-
dité chez les écrivains. D'un autre côté, les hommes pré-
tendus positifs, qui, il bien des égards, ne sont souvent
que des hommes néyatifs, ont toujours affecté, ici comme
ailleurs, et plus encore ici qu'ailleurs, de considérer un
brevet do capacité littéraire comme l'équivalent d'un
brevet d'incapacité politique, professionnelle et adminis-
trative. M. Garneau, qui avait besoin de gagner la vie de
sa famille dans des carrières où des aptitudes de plus d'un
genre étaient requises, avait donc un double mérite à
braver l'un et l'autre préjugé : le préjugé littéraire et celui
que j'appellerai anti-littéraire. Un coup d'oeil rapide sur
les deux premiers volumes du Répertoire national * donnera
une idée du mérite relatif des poésies de M. Garneau, car
la critique, pour être juste, doit se reporter à l'époque où
les œuvres qu'elle étudie ont été publiées.
Le travail de formation d'une littérature est toujours
intéressant ; mais vu à distance, il laisse aux productions
* Le Répertoire national ou Recueil de littérature canadienne, com-
jTÎIé et publié par J. Hnstou. 4 vol. in-S. Montréal, 1S4S-18Ô0. îxivell.
SA VIE ET SES Œtn'RES. XXXI
de la pens<je humaine les plus vigoureuses et les plus
puissantes, quelque chose trincertain dans la forme, de
disparate, d'incohérent, d'inachevé. Et c'est le cas même
lorsqu'il s'agit d'une littérature qui parle dans un pays
nouveau une langue parvenue à son plein développement,
à son apogée, dans la vieille contrée où elle s'est formée.
Telle est l'impression qu'ont produite en Angleterre les
premiers livres publiés aiuc Etats-Unis, et il a fallu tout le
talent et toute l'originalité de Washington Irving et de
Feniniore Cooper pour en triompher.
Dans les deux premiers volumes du Répertoire, qui con-
tiennent toutes les poésies de M. Garneau, on peut suivre
le progrès de la forme chez nos écrivaiiu» et particulière-
ment chez les poètes. Assez singulièrement c'est dans les
pièces 001 l'on remar«iuo le plus d'originalité et de vigueur,
que se trouvent le plus de vers faibles à côté de vers bien
frappés, le plus d'expressions triviales ou bizarres, de
chutes prosaïques.
On pourrait diviser les poètes de la première moitié du
Répertoire national en trois catégories : la première se com-
})Oserait des classitiues, comme Michel Bibaud, imitateurs
plus ou moins heureux de la poésie du dix-septième siècle;
la seconde, d'un groupe qui procède de la littérature <le la
fin du dix-huitième siècle et de celle de l'empire, et dont
]\I. Joseph Quesnel serait la figure principale ; enfin la
troisième comprendrait ceux qui ont plus ou moins subi
l'influence de l'école de 1830, et MM. Turcotte, Real
Angers, Barthe, Derome et Garneau en seraient les meil-
leurs types. Il faudrait rejeter dans une quatrième caté-
gorie M. Joseph Lenoir et quelques autres plus décidé-
ment romantiques et qui furent comme les précurseurs de
la petite pléiade qui brille aujourd'hui.
M. Bibaud et en général les poètes qui se peuvent ran-
ger autour de lui, ont peu d'originalité ; mais sauf quel-
ques vers durs, quelques archaïsmes, et aussi quelques
expressions canadiennes dont je ne serais pas disposé i\
trop blâmer l'emploi, on trouve là une prosodie assez cor-
recte, des alexandrins qui marchent bravement sur leurs
pieds et marquent bien la me-'ure.
XXXll FRANÇOIfi-XAVlKK GAKNEAU,
Du reste, comme Ta «lit M. Isidore Lebrun dans son
ouvrage sur le Canada, M. Bibaud a entrevu le parti que
l'on pouvait tirer d'un yniya neuf, d'une nature encore
vierge; il a senti que ce rjui lui inanquait, cNHait ce que
r<in n'ap})eljiit pas encore de son temps, la couleur locale.
("est avec raison (pi'il se fait dire par un interlocuteur
imaginaire:
" Des hor(l« <lu Saguenay pei);no3^noUH la hauteur,
Kt (lo son larjîc lit IVnorniw profoiKleiir,
Ou du Montnioreucy l'adiiiiraMo (■aHca4lo,
Ou (lu rap Diamant lY'tonnant© evtplanaile."
Le second groupe, dont plusieurs portes ^'•taient n<'*s en
France, comme M. Mermet et M. Quesnel lui-mAine,* a g<'n^-
raloment traité des sujets légers, et semble une i)etite colonie
d'agréal)les versificateurs qui continuent sur les bords du
Saint- Laurent des vaudevilles, des ariettes, des madrigaux
et des épigrammes commencés sur les bords de la Seine.
C'est surtout de leurs disciples que j'ai dit ailleurs: " De
petits écrits anonymes, qui sans doute intriguaient l>eau-
coup le public d'alors et faisaient les délices du cercle des
initiés, de petites pièces de vers,- des bouquets A Chloé,
signés de quoique pseudonyme doux et transparent, et
jetés d'une main timide dans la boîte aux correspondan-
ces, faisaient tous les frais de notre littérature." f
Alais ce n'est pas seulement dans le Répertoire que se
trouvent ces premières fleurs assez modestes de notre
Hélicon, c'est dans les journaux, les magazines, les alma-
naclis et surtout dans les albinns des demoiselles, alors à la
mode, dans des recoins de tiroirs avec des tresses de che-
veux et mille autres souvenirs, qu'il faudrait les chercher.
Mais hélas ! où sont les neiges d'antan ?
La muse patriotique ne date guère que de 1830; ses
accents sont sincères et touchants, s'ils ne sont pas tou-
jours entraînants; la tristesse, tout au moins la mélan-
colie forme la note dominante ; les différentes phases de
* M. Mcrmet a cependant traité quelquefois de.s sujets canadien)» :
sa pièce sur la victoire de Chateauguay a été souvent reproduite,
t L'IvMnict ion publique au Canada. 1 vol. in-S. Qurbeo. 187R.
SA VIE ET ftES lELVKE^. XXXlll
notre politique s'y trouvent indiquées, et à part le mérite
incontestable d'un bon nombre de ces productions, toutes,
même en apparence les plus insignifiantes, ont une double
valeur ; d'abord au point de vue de l'histoire politi(iue
ensuite au point de vue de l'histoire littéraire.
those assez remarquable, plusieurs des hommes politi-
ques eux-mêmes qui ont charmé leurs loisirs en cultivant
la poésie, ont choisi des thèmes tout difl'érents et peuvent
se classer parmi les poètes de la seconde ou de la première
catégorie. M. Morin figure, au Répertoire^ pour deux pièces
seulement : la chanson Riches citîtt, gardez votre opulence,
qui a eu de la vogue en son temps, et une autre jolie
pièce, la Baie de Québec.* M. Denis-Benjamin Viger a écrit
quelques épigrammes bien tournées ; mais elles n'ont au-
cun caractère politique.
Je l'ai déjà dit, une forte i)roportion des poésies que
j'appellerai patriotiques ou politiques, ont été publiées
sous l'anonyme. Cette circonstance peut expliquer les
imperfections que l'on y rencontre. Le sentiment de la
responsabilité est comme l'œil du maître ; il voit ou fait
voir bien des choses qui échappent aux autres regards.
Et cependant quelques-unes de ces productions en disent
plus que des volumes sur l'état de société qui les a fait
naître.
Qui ne serait touché, jtar exemple, des sentiments expri-
més dans ces vers, qui terminent une pièce anonyme inti-
tulée Plainte et espair, et publiée à la date de ISSl ?
*' Peuple isolé, qui n'as d'appui que toi,
Que tes vertus et le dieu de tes pères,
Peuple chéri, si, comme je le croi,
De tes malheurs un jour tu te libères,
»Si d'Albion la justico entin luit,
Redis c"es vers que la douleur m'inspire;
Quand je serais dans l'étemelle nuit,
Mon ombre encor reviendrait te stairire."
* I^ne petite pièce intitulée /«• Bi nji r nuilhi timu est signée A N. M.,
et indé}»endamment de la coïncideni'e des initiales, la tournure et
l'esprit de ces vers me porteraient à les attribuer à M. Morin, qui,
cependant, n'aurait eu à la date qu'ils portent (16'20) que seize ou
dix-sept ans.
XXXIV l-i:.V.N«,Olt-AA\ ItK «.Alt.M.Al
La ijiôinc teinte luélaiicoliiiue se retrouve daii« une uutn-
pièce anonyme intitulée le VoUûjcur, houh la rubrique th-
cette même année 1831.
*' Sombre et ponsif, dolwut sur lu frontiiïro,
Un voltijimir allait finir >vm ciuart;
L'antro «lu j<<ur ailievait ^a rarrièro,
l'ii ruin au loin arp'ntait lo nmipart.
H«'laH! <lit-il, qncllw cwt «lonc ma ••oiiHigne?
l'n nidt anglais tju« j« no coniprttnflh [>&h :
Mi>n iiÎTo était du pays ily la vigno ;
Mon poHlo, non, je ne te laÏHwe pan !
" Un bruit «oudain vient frapper son oreillu :
Qui vive... rion. Mai.s j'entends le taml>our.
Au forps de ^rarie est-ro <jue l'on «<jninieille?
l.'aigle., déjà, plane aux bois d'alentour.
llélasi dit-il, etc
" C'est l'enneuii, je vois une victoire !
Feu ! mon fusil... Ce t-oup t«st bien jKjrtt';
Un Canadien défond le territoire,
Comme il saurait venger la liberté.
Hélas! dit-il, etc
" Quoi I l'on voudrait assiéger ma guérite?
Mais quel rordon! ma foi, qu'ils sont nombreux!
Un voltigeur déjà prendre la fuite?
11 faut eufor que j'en tue un ou deux.
Hélas! dit-il, etc
Un plomb l'atteint; il pâlit, il chancelle;
Mais son coup part, puis il tombe à genoux.
Le sol est teint de son sang qui ruis.selle ;
Pour sou pays de mourir qu'il e.st doux !
Hélas! dit-il, etc
Ses compagnons, courant à la victoire,
Vont jusqu'à lui pour étendre leur rang.
Le jour déjà désertait sa paupière.
Mais il semblait dire encor en mourant :
" Hélas ! c'est fait ; quelle est donc ma consigne ?
Un mot anglais que je no comprends pas ;
Mon père était du pays de la vigne ;
Mou poste, non, je ne te lai.sse pas I "
«A VIE ET SES ŒLVKES. XXXV
Je cite ce petit poème iiu long, parce qu'il résume trèï^
heureusement les sentiments des Canadiens - Français :
la fidélité résignée et courageuse au nouveau drapeau,
«'alliant au touchant souvenir de la vieille mère patrie.
Un mot anglais que je ne comprends pas !
Tout est Jà, ce me semble ! Et l'on meurt pour cette
consigne absurde, en se souvenant du pays dont on a tant
entendu parler, du jtays où règne la .seule langue que l'on
aime et que Ton comprenne !
Un usage qui s'était introduit en même temps que le
journalisme, a contribué d'une manière assez curieuse à
donner une certaine inipulsiim à notre littérature. Plu-
sieurs des pièces anonymes ou signées qui figurent dans
ce recueil et beaucoup d'autres qui n'y figurent point,
furent des chansons dxL nouvel an, destinées à obtenir de
l'abonné bénévole les étrennes du petit yazetier, et tel de nos
poètes en renom a ' fait ses débuts de cette manière et a
révélé ses talents par l'entremise de ce troubadour d'un
nouveau genre. Celui-ci ne chante pas précisément sous le
ciel de la Provence ; c'est souvent au milieu d'un ouragan,
à travers la neige ou la grêle qu'il vient de grand matin
frapper Ti notre porte. Autrefois on faisait entrer le pauvre
petit mes.siiger de la nouvelle année, tout transi par le
froid; on lui faisait chanter sa chanson — car on prenait
son rôle au sérieux — et on le récompensait par queKpies
gâteaux ou même par un verre de liqueur en sus des
étrennes obligées. Cet usage remplaçait celui de la guU-
lonnée que l'on a tenté dernièrement de rétablir à Montréal
et îi Québec.
Le chant patriotique dont j'ai parlé plus haut, .S<)/ cana-
dien, fut une chanson du jour de l'an; comme Isidore Bé-
dard, M. Barthe, M. Garneau, M. Aubin, * M. Angers
payèrent leur tribut il cette coutume que M. Fréchette, M.
Lemay, M. Legendre ne dédaignent pas encore aujour-
* M. Aubin a éi-rit quelques-unes des plus jt>lies pièces qui se trou-
vent dans le lié/» rtoirc. Comme M. l^uesnel, M. Mermet et plusieurs
autres de nos auteurs, il est né et a été élevé en EuroiJO.
XXXVl !• UA N M)J h- X A \'1KU (iAUMIAl,
d'Jiui. M. Deroine parait avoir cté le ]RHte luuréut de»
étrcnnes. Il n'a {)a8 moins de cinq pièces de ce genre à
son crédit; en 1841, il on <'onipoHa deux et runc d'elles
contenait une protcHtati(^n énergique contre l'union légis-
lative imposée aux deux i)rovince8 par l'Angleterre et par
son agent lord Sydenliani.
Jx)r8(iuo HÏ'tahlit la léte de la Saint- Jean- Haptiste, nos
poètes trouvèrent lit jwur bien dire un autre sujet de con-
cours. La chanson de sir (îeorges Cartier, Onmnc nous dit un
vieil adufje, si })Opulaire encore aujourd'hui, fut chantée au
second banquet îl Montréal (l8Ji5). Celles qui ont été com-
posées il Québec, en 1843 par M. Angers et en 1844 par
M. Derome, sont peut-être les plus remarquables. Leurs
refrains :
•' I^ Canadien t'a<l<>ptant innir patron,
rarnti Itw ixjuple* prend un nom,
An ciel un saint (jui fK)ur lui veille et prie,
et
" Saint Jean-Baptiste nous protège,
11 nous entend de l'immortel séjour;
Sous sa bannière un iKjupIe est son cortège.
Chantons ! sa fête est notre jour."
se font encore entendre dans nos joyeuses célébrations.
A mesure que l'on approchait de la catastrophe de
1837, la muse patrioti(jue prenait un ton plus vigoureux et
plus mena(;ant. Les poèmes pour les anniversaires du 21
mai, les poésies de nouvelle année, les odes à Papineau
accusaient plus de colère et de haine. Un dithyrambe de
M. Turcotte, adressé en 1835 au grand patriote, présente
d'une manière très saillante les qualités et les défauts
communs aux poésies canadiennes de cette époque. Le
début en est fort remarquable.
•
" Pourquoi te prodiguer l'outrage?
Pourquoi cette impuissante rage.
Ces mots de traître, d'imposteur.
Vomis par l'esclave cohorte,
Quand d'un peu^ile la voix si forte
Te proclame libérateur ?
SA VIE ET SES ŒUVRES. XXXVU
C'est que sur le globe où nous sommes,
Dieu nous a «lit : Vouh serez hommes.
C'est (luo la terre ne produit
Qu'en dénaturant la semem-e,
I^ grain (jui renferme l'essence
D'où germe et naît le nouveau fruit.
C'est que la noire calomnie
S'acharne toujours au génie:
Colomb, de chaînes accablé,
Le graml Colomb fut sa victime !
Dites: quel était donc son crime?
Par lui le monde avait doublé !...
De leur joug ta main nous déUvre.
Mais nous avons, conmie au grand Livre,
Nos docteurs «le l'ancienne loi ;
Dans leur tendre sollicitude,
Kt i)our sauver la multitmle.
Criant : "11 veut se faire roi ! "
Après 1837 une teinte plus soinhre encore se répand sur
toutes ces productions. I^s élégies adressées aux exilé*
politiques sont nombreuses, et l'on y parle assez ouverte-
ment de revanche ; on y maudit les tyrans, sans trop de
précautions. M. Barthe, Tauteur d'une de ces pièces, eut à
subir un assez long emprisonnement ; M. Angers et M.
(Jarneau lui-même eurent à se féliciter de ce que leurs
poèmes ne furent pas lus en haut lion, ou de ce que l'on
ne sut pas bien en saisir la portée.
Le Répertoire ne contient pas moins de dix-neuf poeîjies
signées par M. (îarneau, et Ton m'assure qu'il n'en a écrit
que deux ou trois qui ne s'y trouvent point. La plupart
sont au-dessus de la moyenne, et quelques-unes sont parmi
les plus belles du recueil.
Le même sentiment patrioti^iue , les mêmes mouve-
ments alternatifs de crainte et d'espoir que l'on rencontre
partout dans VHîstoirc du Canada, forment le caractère de
son œuvre poétique. Soit en prose, soit en vers, M. Gar-
neau n'avait pour bien dire qu'une pensée, qu'une préoc-
cupation, celle de la lutte nationale. Constamment il
interroge le sphinx de nos destinées, et son imagination,
c
XXXVlll KUANÇ0I8-XAVIKK UAHNfc-AL,
imprcssionnoe par les événements du jour, interprète trèu
diversement ses réponsen.
QuehpmH-unes de ses i)itces ont unnez la facture de
Béranger, dont il était un grand admirateur. Telle est
entre autres colle qui a jmur titre rElranger (18.*Î3). *
" Il ne vient |K)int doH ImrdH qui m'ont vu nattnv
(M'i «i M>uvent jo t-hantaiH noK oxploitH.
Il n'a jKont vu CarouKO, où jiour un tnaitnt
Touiliaiont noK tilx, ijuo traliiHHaiunt Iom rolH.
l>'un jonjr à l'antrB, ln'laH ! on lo« transporte,
l'rouez f-eK forn, dit-on à «Iom héros !..."
— Pauvro étranjrrir, l<Mir hra« vainqueur lot* jxirte.
A V(w ennui» api)ort(iz du ropoH.
" Déjà le» <'hainj»s où reiKMwnt no« pC-rew
A tl'antres mains ont livré lourn nioissfiUN,
Kf sons u«w toits dw> lan^rues «'•trangi-nw
Chassent l'édio de nos douces rhansons.
Un or})heliii quête un pain d'indigenœ
Au seuil sacré..., trahi par ses sanglots ! "
— Pauvre étranger, j'y ft^tai sa naissance :
A vos ennuis ajiiK^rtez du roi>os.
Plusieurs des essais poétiques de M. Garneau sont d'as-
sez longue haleine, ce sont : la Pologne (1835), où il est
revenu sur le thème déjà traité Ti Londres ; Av Canndti
(1837), le Rêve du soldat (1838), où il passe en revue les
l^rincipaux événements de l'histoire de France; la Presse
(1834), poésie de la nouvelle année, Louise, légende cana-
dienne (1840), et les Exilés (1841).
Malgré des imperfections qui ne seraient pas difficiles à
corriger, malgré aussi les défauts qui sont particuliers à
l'auteur, l'abus de l'ellipse, et une certaine incohérence
d'où naît l'obscurité, ces pièces se rachètent par l'éléva-
tion constante des idées et par la noblesse des sentiments.
Mais le poète a été plus heureux dans des essais d'un
* On retrouve la même facture dans la pièce le Vultlgnir, repro-
duite phis haut, et dans une autre intitulée Chant du Vifillurd nir
retrait ger. Quoique non signées de M. Garneau, je serais a*-.sez enclin
à les lui attribuer.
«A Vl£ KT ^^LS ŒLVUtb. XXXIX
genre moins ambitieux ; il y a trouvé une note plus juste
et s'est soutenu avec moins d'effort. Telles sont les pièces
qui ont pour titres : A mon jih (1838), Ic^ Oiseaux blancs
(1839), V Hiver (1840) et le Papillon (1841).
Dans la première se trouve très marquée l'influence de
Béranger et de son école dans ce qu'elle a de plus heu-
reux. Les plus nobles sentiments s'y traduisent en vers
souvent harmonieux, toujours attendrissants.
Je crois devoir la reproduire en entier.
Lors(iuo tu dors sur lo min de ta mère,
0 Souvent mes yeux s'arrêtent sur te« traits.
Où les /-éphyrs .sous la jraîse UV^'re
Portent clt<s chan)}>s les |)arfum8 toujours frais.
Mais qui peut dire, en quittant le rivage.
Que les zéphyrs t© suivront jusqu'au port ?
Dors, mon enfant ; le ciel est sans nuage,
Et l'aquilon ne souflle pas ent-or-
Des rêves d'or berceront ton enfance ;
Insoucieux, tout te semblera Iteau.
Tu grandiras, avec toi resjx/ranto,
Pri.snie trom}teur «jui nous suit au toudjeau.
Plus tartl entin le tem|>s impitoyable
Détruira tout, plaisirs, projets, bonheur.
Dors, uutn enfant ; ton rêve ast agréable,
' Bientôt viendront des })en8ers de douleur.
81 ton gcnie à la lyre sonore
Prête des chants inspirés par les dieux.
Comme l'oiseau qui chante avec l'aurore.
Ils n'auront plus d'écho que dans les deux.
Ces doux refrains qui charment mon oreille
Vont s'oublier pour des sons inconnus.
Dors, mon enfant ; jx^ur toi ta mère veille,
Et de sa voix les chants sont suspendus.
Si lo de.stin sur la terre étrangère
Guide tes pas bien loin de ton pays.
Tu verseras plus d'une larme amère
Au souvenir de œs bords trop chéris.
Le haut ran^r même où tu semblerais être
Perdra soudain à tes yeux sa splendeur.
Dors, mon enfant ; le sol qui t'a vu naître
Sera totijours le pays de ton coiur.
Xl FRANÇOIS-XAVIER UAKNkAU,
H\ fler, enfin, doM exploiU de noh père»,
Tu to plaiHaiH au niiliou <1<^h roiiihatM,
l'iiiswi lo ciol rtMnlr« teis joutn i»roKj>c'reM
Kt loin (lu toi condiiiro I<» tn'jtaM.
MaÏM là <lti moins l'iioniiiui tombe ave<' ((luire,
Kt «on pays lui doit nn Hoiivenir.
Dorh, mon enfant ; ni tu vin danH l'hiiitoire,
LaiMHe un nom cher aux tilg <le l'avenir.
Mais l'avnnir ne vjnwnit do nua>f«i> ;
l'our hion des HIm le^ Iojjh «eront nan^lant»:
Ki je ixnivaiH conjurer ceH orage»,
Avec plaisir je verrais ton printemps.
Non, le pa«K<'' n'a iH)int l>ri«<!- ww armes, •
Chacun se dit : \Vashinj.'ton ronaitrn.
Dors, mon enfant -, car lo tandHiur d'alaruieh
Trop tôt pour toi peutn-tre sonnera-
Moi, je voudrais, mon (ils, qu'à ton anile
Ccrès brillât au milieu (Uw neuf Soeurs,
Et (]ue la paix, à leur appel d<KMle,
Y i)r«''sidi'it, le front orn»'' de Heurs;
Content du sort que mon cœur te souhaite.
D'amis choisis toujours environne,
(,)n vît les arts eml»ellir ta retraite
Dans (juelque lieu champêtre et fortuné.
IjCh Oiseaux blancs et h Papillon sont deux gracieuses
poésies qui prouvent que le talent de l'auteur pouvait se
prùter à plus d'un genre, même à ceux pour lesquels on
ne lui aurait point soupçonné d'aptitude. Il y a là une
souplesse et une facilité qui trop souvent lui font défaut.
Salut, petits oiseaux, qui volez sur nos têtes.
Et de l'aile en pas-sant effleurez les frimas ;
Vou.s qui, 1)ravant le froid, berc-és par les tempêtes,
Venez tous les hivers voltiger sur nos pas.
La voyez-vous gli.s.ser, leur légion rapide,
Dans les plaines de l'air comme un nuage blanc,
Ou le brouillard léger que le soleil avide
A la cime d'un mont dissipe en se levant ?
Les petits oiseaux, que l'on croit voir et entendre, vien-
nent autour de la grange, où bondit le van du villageois.
SA \aE ET SES ŒUVRES. xli
Ils volent au milieu (Vépais flocons de neige, au sein des
giboulées.
Ils coiivrejit lo janiin, iiioïKieiit Ih.s allée»,
Kt d'arV)re en arbre ils vont, toujours en voltij|;eant.
Mais la main du perfide oiseleur leur a tendu des
pièges ; un imprudent est victime. Alors c'est merveille
de voir les sentiments que le poète sait prêter à ses petits
amis, et comme il sait aussi les partager !
Poussant des c-ris plaintifs, ils s'en vont dans la plaine,
Mes yeux les ont suivis derrière les coteaux ;
Mais ils avaient déjà, le tuAr, perdu leur haine,
Et je les vis encor passer sous aies vitraux.
Dans la seconde pièce, le poète historien envelopi)e
d'une forme légère les plus graves pensées.
Papillon
Que l'aurore
Fit éclorw
Au gason,
.le cours, voltijîe.
Dans mon nianttir,
Ik* ti|îe tm tijfe
Jiis4|ues au soir.
Dans la m?*,
Doux st'jour !
Je reiMjwe
Jusqu'au jour.
Si l'hirondelle
Tente souvent
Route nouvelle
Au tiruiauient.
Ah ! moins 8U|)erlie,
Moins (glorieux.
Sur un brin d'Iierln^
•Te suis heureux.
Et la tempête
Suivant son cours,
Loin de ma tête
Passe toujours.
xlii FRAN(;0IH-XAV1ER GARNEAU,
On vit ('liez rhutntne
Au<Iariuux
Le front de Ilonie
Toucher le» cieuz.
Main Hur la terre
l'aHMe Attila,
DanK la i>fniM«ôre
Home croula.
Sans (jue je m'inquiète,
Oui, di^jù j'aiiorçoiH
Ma {)ouHHicre iniliHcriMo
Ave<' r-ollo den roi».
Le Dernier Huron (1840) et le Vieux chhu (1841) parais-
sent être comme deux échos d'une m^'-me pensée. C'est
dans ces deux pièces que M. CJarneau a donné toute la
mesure de son talent ; et si l'on doit entendre par poésie
autre chose qu'un certain ramage qui plaît îl l'oreille, si
pour le poMe, comme pour l'orateur, l'inspiration, le;>fc^/«
doit passer en première ligne, le Dernier Huron restera
comme l'une des plus belles pages de notre littérature.
Du reste il y a de l'ampleur, du nombre et de l'harmonie
dans la plupart de ces strophes, qui tiennent à la fois de
l'école classique et de l'école romantique.
La lutte pour la vie entre les peuples, la disparition de
certaines races, exterminées, asservies ou absorbées par
d'autres plus fortes et plus heureuses, forment le thème
des deux productions ; mais le retour sur nous-mêmes, la
crainte que tel ne soit un jour notre sort, sont plus fran-
chement accusés dans la seconde que dans la première, où
la préoccupation constante de l'auteur est déguisée, pour
bien dire, sous le voile de l'allégorie.
L'idée du Dernier Huron est due à un tableau de notre
artiste M, Plamondon, cet élève de Paulin Guérin dont il
a été question plus haut. Il avait peint le portrait du chef
sauvage Vincent, dont le nom de chef était Tariolin, le
dernier Huron de pure race. * L'artiste ne s'était pas con-
* Les Hurons de Lorette ont un nom patronymique et un nom de
famille, ce qui n'était point le cas chez leurs ancêtres ; mais ils pren-
SA VIE ET SES ŒUVRES. xliii
tente de faire une ressenablance, il avait idéalisé son mo-
dèle.
Le tableau de M. Plamondon obtint le grand prix de
peinture offert au concours en 1838 par la Société litté-
raire et historique de Québec, et lord Durham en tit l'ac-
quisition.
Dans une notice qui se trouve dans le C'a»wirftV/i du 30
avril 1838, j'avais essayé de rendre compte de l'impression
que cet événement avait produite.
" Le dernier des Hurons ! C'est là un sujet bien inté-
ressant, bien artistique et bien canadien. M. Plamondon
en a tiré tout le i)arti possible. Il nous a représenté son
sauvage del)Out, dans une attitude imposante et médita-
tive, les bras croisés sur la poitrine, le front levé vers le
ciel ; il l'a placé au milieu de ses bois auxi^uels il semble
dire un dernier et solennel adieu pour lui-même et pour
toute sa race ; en un mot, il a vraiment peint le dernier
des Hurons. Lorsqu'on contemple ses longs cheveux noirs
bouclés et flottants sur ses épaules, ses traits éminemment
caractéristiques, son teint cuivré, sea yeux étincelants, sa
belle draperie de couverte, sa ceinture i\ laquelle est sus-
pendu son coutelas, on reconnaît bien le fils des hommes
libres, le chasseur et le guerrier de nos vastes forêts, le
canotier des grands lacs, le dernier rejeton d'une nation
noble et intrépide qui a disparu devant nous, comme les
castors de nos rivières, les élans de nos bois ; et comme
nous-mêmes, peut-être, nous disparaîtrons devant une
nation plus puissante. Le fort chasse le faible ; c'est en
lient de phin, les rhefs surtout, un nom jiersonnel, «^ui a toujours une
signitication. Vincent avait un jïraml talent naturel pour la jiein-
turo. Il se fit donner dos levons par M. Plaujondon et tit de nom-
Vareuses copies de son iiortrait, qu'il vt>uilait aux étrangers. De là ces
vers do mon Epîtte à M. (/f I^tibuaijtw, que M. de I^motlie et M. Iso-
lai vre ont bien voulu citer :
Surtout dites-leur bien
Qu'on n'est point tatoué pour être Canadien,
Que le dernier Hurou est vivant à Ixjrette,
Qu'il a peint son portrait et que chacun l'achète.
xliv FRANÇOIS-XA^^ER GARNEAU,
doux inot8 toute l'histoire de» fil» d'Ailain, et le tnltleau
de M. Plamondon nous en di'roule un petit coin.
" Il faut espérer que notre artiste n'eu restera po* là,
et que notre pays lui fournira d'autres sujets, I^uisHcnt
tous nos compatriotes travailler ainsi, chacun dans son
genre ! Puissions-nous élever (juelques monuments dignes
de notre race avant d'être engloutis par les flots de lY-mi-
gration ! Alors on ne se demanderait plus: quand donc
viendra le jour où le C.'anada sortira de son obscurité,
où les arts et les sciences y fleuriront comme ils fleuris-
sent ailleurs ? Avouons-le franchement, si d'un côté notre
avenir national est des plus incertains, plus d'une étoile
commence à poindre ; qui sait si un jour nous ne compte-
rons j)oint comme les autres i)euples, nos gloires de litté-
rateurs, de savants et d'artistes ? Courage donc, et en
avant la jeunesse canadienne ! "
M. Ciarneau avait été frappé, lui aussi, du côté poétique
et légendaire de cette œuvre d'art, et deux ans après il pu-
bliait son Dci-nier Huron.
Fidèle aux vraies traditions de la poésie lyrique, le
poète se plonge in médias res :
" Triomphe, destinée ! Enfin ton heure arrive ;
O iieui)le, tu ne seras plu».
Il n'errera bientôt de toi sur cette rive
(iue des niAne8 inconnu».
En vain, le soir, du haut do la montagne
J'appelle un nom ; tout est silencieux.
0 guerriers, levez-vous ; couvrez cette campagne,
Ombres de mes aïeux ! "
Mais la voix du Huron se perdait dans l'espace
Et ne réveillait plus d'échos.
Quand, soudain, il entend comme une ombre qui passe,
Et sous lui frémir des os.
Le sang indien s'embra-se en sa poitrine ;
Ce bruit qui passe a fait vibrer son cœur.
Perfide illusion ! au pied de la colline
Cest l'acier du faucheur !
Après la seconde stance, le poète cède encore la parole à
son héros.
SA \'IE ET SES ŒUVRES. xlv
"Encor lui, toujours lui, serf an rogard Inuesto
Qui me {Kjursuit ou trionipliant.
Il convoite déjà du chêiu'. (jni me reste
L'ombrage rafraÎL-hishant.
Homme servile! il rampe sur la t*»rre;
Sa iTu-he main, profanant des tombeaux,
Pour un salaire impur va tnjnliler la ixiUK-iit're
Du sajre et du héros.
" II triomphe, eit, Hemblal)le à son trou{jeau timide,
Il redoutait l'u'il du Huron;
Et quand il entendait le bruit d'un pas rapide
Descendant vers le vallon.
L'effroi, soudain, s'emparait de son jlme;
Il croyait voir la mort devant ses yeux.
Pourquoi dès leur enfance et le glaive et la tlammu
N'ont-ils passé sur eux ?
La parole est encore au poète, et de nouveau à son
héros. Les transitions sont peut-être un j)eu brusques,
mais elles sont tout à fait dans les procédés de la poésie
antitjue.
Le Huron raconte les exploits de ses pères, leurs chasses
leurs pèches, leurs combats, leurs voyages, leurs tounum
sur les ondes limpides, otl comme îles cyffius, se jouaient leurs
esquifs capricieux.
Puis il s'écrie :
" Hélai; ! puis-je, joyeux, en l'air brandir ma lance
Et clianter aussi mas exploits ?
Ai-je bravé comme eux, au jour de la vaillance,
I^ hache des Irotjuois ?
Non, je n'ai point, sentinelle furtive,
Près de leur camp siirpris de-s ennemis.
Non, je n'ai pas vengé la «lépouille plaintive
De parents et d'amis.
Puis enfin, oubliant l'ancienne alliance de ses ancêtres
avec l'un des peuples qui ont acquis son héritage, le der-
nier Huron s'en prend également aux uns et aux autres,
et lance contre eux un prophétique anathème, suivi d'une
prosopopée on ne i^eut plus étrange, mais aussi on ne peut
plus poétique :
xlvi KRAN(;0I»-XAVIER GAUNEAU,
" Tcm« ces proux dosoenduM «lans la toinlx} /'tonutllo
Dormont couchén woum U^t* guéretH ;
De leur pa.VH ch<''ri la graiidour «olennello
Tombait uvo*- 1«m f(»r<^t«.
I^urH noniH, lourn jnux, lourx A'iom, leur hÏMtoire,
Hont avi»c eux onfoiiiK j)Our toujour»,
Et je tnÙH rent^; houi firnir «lire leur ui^tnoire
Aux {«upleH (le non jour».
" Ort^ueilleux aujdurd'liui qu'ilw ont mon h^-ritage,
CoH pimploH font rouler louru cliarM
OCl jadi.s H'aKNemblait, m>um le Maon* feuillaiy:e,
I^ conseil do non vieillard».
Avec fracas kuirM somptueux <'ortèKeH
Vont envahir et profaner ccx lieux î
Et les éclats bruyants de» rires sacriU^eH
Y montent jusqu'aux cieux !...
" Mais il viendra ixinr eux le jour de la venj^eance,
Et l'on brisera leurs toml)eaux.
Dos peuples inconnus, comme un torrent immense,
Ravajferont leurs coteaux.
Sur tes débris de leurs cités j»onif>eus(vs
liO pAtre assis alors no saura pas
Dans ce vaste désert quelles cendres fameuses
Jaillissent sous ses pas.
" Qui sait ? peut-être alors renaîtront sur ces rives
Et les Indiens et leurs forêts ;
Eln reprenant leurs corps, leurs ombres fugitives
Couvriront tous ces guérets;
Et se levant comme après un long rêve,
Ils reverront partout les mêmes lieux,
Les sapins descendant jusqu'aux flots sur la grève,
En haut les mêmes cieux.
La pièce intitulée le Vieux chêne est comme une conti-
nuation du Dernier Hvron ; elle lui est presque égale par le
souffle poétique ; elle lui est supérieure sous le ra{)port <le
la forme.
C'est le développement d'une idée que l'auteur avait
conçue dans l'autre j^oème, et qui s'y était trouvée trop à
rétroit.
Le Huron n'avait-il pas dit ?
SA VIE ET SES ŒUVRES. xlvîi
" Encor lui, toujours lui, serf au regard funeste,
Qui me poursuit eu triomphant.
Il convoite déjà du chêne qui me reste
L'ombrage rafraîchissant ! "
Et parlant de son héros, le poète n'avait-il pas ajout»'?
" Comme le chêne isolé dans la plaine,
D'une forêt noble ot dernier di-brit».
Il ne reste que lui sur l'antique domaine
< Par ses i>ères conijuis."
Les deux premières stances de la seconde élégie sont
très riches d'harmonie et d'expressions.
Naguère, sur les Iwrds de l'onde murnmrante.
Un vieux chêne élevait sa tête dans les rieux;
Et do ses rameaux verts l'ombre rafrait-hissaute
I*rotêgoait l'humble fleur qui naissait en «es lieux.
I.«s brises s«:)ui)iraient, le st»ir, dans son feuillage
Argenté jMir la lune, et dont plus loin l'image
Ondoyait sur les tlots coulant avec lenttnir ;
Les oiseaux y dormaient, la tête kous leur aile,
Comme, la nuit, sur l'eau rei»»so ht miit-llti
Immobile du pêcheur.
Des siècles à ses pieds reposait la itoussière.
Que d'orages affreux pas.scrent sur son front
Dans le cours varié de sa longue carrière !
Que do i>euples toniKs sans laisser même un non» !
Imjiassible témoin do leur vaste naufrage.
Que j'aimais à prêter l'oreille à ton langage
Si plein do s«iuvenirs des âges révolus !
Lui seul i»ouvait encoi*e évo(|uer sous son ombre
L'imago du jwissé, les fantêtmet» sans nombre
Des i)euple8 qui n'étaient plus.
Les souvenirs historiques se pressent en foule, les peu-
ples anciens et les peuples modernes, les sauvages et les
hommes civilisés, passent rapidement au pied de l'arbre
séculaire, et le poète se compare au voyageur qui jadis,
au pie<l d'une colonne
Assis, les yeux fixés sur des débris épars.
Dans son rêve crut voir s'animer Babylone,
xlviii FKANÇ0I9-XAVIER OARNEAU,
Les oiseaux qui font leurs nids et gazouillent danB
les l>ranches, les amunts f|ui ne gazouillent pas nidins
tendrement sous l'ombrage épais, les danses joyeuses
des villageois, au pied du vieil arbre, le vieillard qui
vient H'y asseoir et raconter aux jeunes gens les hauts
faits des ancêtres, tout cela est (k'crit avec fraîcheur, avec
grAce, avec une mélancolie bien vraie et que le lecteur ne
peut s'empt'cher de partager. Le vieillard est évidenunent
un souvenir jxTSonnel ; c'est ce bon aïeul d«)nt il ent parlé
plus haut.
Mais le moment vient où l'arbre doit aller, sebm l'ex-
pression d'un po^-te français \)e\i connu,
" Au gouffre dévorant où vont avec non jours
Feuilles et jeunes gent*, chênes et hanteH tour»»."*
Cependant M. CJarneau n'a pas voulu que son arbre
chéri tombî'it de vétusté; il a choisi pour lui une fin plus
tragique, plus symbolique aussi de celle qu'il voudrait
pour notre nationalité, si elle doit disparaître un jour.
Mais depuis a pass»' le vent de la tempête ;
La foudre u di«l»er^«• te.s débris glorieux :
l^e hameau t-herrlie on vain ta vénérable tête
De loin se dessinant sur la voûte des deux.
Il n'aperyoit plus rien de<lan8 l'eHpace vide.
An jour de la colère une Hamme rapide
Du vieux roi des forêts avait tf>ut effacé.
Hélas ! il avait vu naître et mourir nos jx-res;
Et l'ombre qui tombait de ses bras sé<'ulaires,
C'était l'ombre du passé.
Comme on a pu le voir, les dernières et les plus remar-
quables poésies de M. Garneau ont été écrites dans les
années 1840 et 1841. Il a montré à cette époque une très
grande activité d'esprit ; c'est alors qu'il a commencé son
Histoire du Canada ; et il faisait au Canadien — quelquefois
sous ses initiales — une collaboration importante. C'étaient
généralement des recherches historiques ou statistiques.
Un de ces articles, écrit au moment de la sanction de l'acte
* Polydore Bounin, Au château de Jtdhan.
ï>A VIE ET S£â (KL'VHEH. xlix
d'Union, a pour but de montrer l'intérêt que le pays tout
entier avait à conserver l'usage de la langue française.
Cet article paraissait le 22 février 1841 ; l'auteur avait
pris pour épigraphe ces vers de Victor Hugo :
" Aux chohi08 dont tu fiais le moule
Tout l'univers travaille en foule;
Ta chaleur en ses veines roule;
Il t'olx'it ave<- orjjueil;
Il marche, il for^e, il tente, il fonde.
Toi, tu penses, jjrave et féconde
I^ France est la tête du monde."
" Le représentant de la reine d'Angleterre, disait M.
Garneau, vient de proclamer la réunion des provinces
du Canada et la déchéance de la langue française. La
croisade méditée dei)uis tant d'années contre tout ce que
peut aimer la population canadienne qui parle cette lan-
gue est commencée, et la hache de la destruction est déjà
levée pour saj^er l'édifice des lois et des constitutions
garanties au.x Canadiens par le traité de 17G3 et par l'acte
constitutionnel de 1791. Mais les traités et les K»is n'ol>li-
gent que les faibles, car qui les fera observer par les ft.rfs ''
Les intérêts ont fait taire la justice à notre égard.
" Puisque l'intérêt est la divinité qui domine aujour-
d'hui en Canada, je viens faire valoir devant son tril)unal
des titres reconnus irrécusables i)ar le monde entier ; et
les hommes sages et impartiaux diront en les voyant : Ne
détournons pas de nous la lumière de l'un des phares les
plus brillants qui éclairent le monde, de cette nation dont
le poète a dit :
*' Toi, tu I>t^ns^^s, grave et It con u>
" En abolissant la langue française, on prive le Canada
des moyens de profiter, directement dans l'avenir, des pro-
grès que les arts, les sciences et la littérature feront en
France, sans augmenter l'avantage que fournira l'usage de
la langue anglaise pour l'acquisition des lumières nou-
velles, qui seront le fruit de progrès pareils en Angleterre.
Si les hommes voulaient se mettre au-dessus des préjugés,
1 KHANVOI»-XAVIEK OARNEAU,
s'ils voulaient 6tre justes, quels avantages le. Canada ne
retireruit-il pas de la connaissance des langues que jmr-
lent les deux preniif-res nations du monde ? Nous le
deinundons uux hommes instruits : ceux qui savent plu-
sieurs langues, ne croient-ils pas avoir un avantage sur
ceux (jui n'en savent «ju'une seule? Notre objet est de
mettre devant tous les yeux le tort immense que Ton fait
au pays par cotte disposition de l'acte d'Union, et que
chacun parmi nous pourrait apprécier, si on l'obligeait
d'oublier entièrement une des langues qu'il sait, la fran-
çaise ou l'anglaise."
L'écrivain donne une longue liste de toutes les décou-
vertes faites par des Français dans les sciences ou dans les
arts ; il re))roduit les glorieux états de service de la France
dans la civilisation de l'EuroïKî et du monde entier; il
parle avec amour de l'impulsion qu'elle a donnée aux
beaux-arts et îI la littérature.
Cette longue et savante énumération remplit plusieurs
colonnes du journal, et l'auteur termine ain.si :
" Voilà la liste des principales inventions dues au génie
français. N'est-elle pas grande et belle ? Ne contient-elle
pas des motifs bien fondés de l'empressement avec lequel
les hommes instruits de tous les pays apprennent la lan-
gue française, dont l'ignorance parmi les [personnes bien
élevées est si rare en Europe? Et c'est cette langue, jugée
utile par tous les peuples, qu'on veut proscrire dans ce
pays ! N'est-ce pas une des anomalies de la politique de
notre gouvernement ? Car on ne peut pas prétendre qu'elle
soit incompatible avec l'allégeance que nous devons à
l'Angleterre, puisque les habitants des îles de Jersey et de
Guernesey, qui la parlent encore, sont les plus fidèles
sujets de cette puissance. En outre, c'est la langue de la
Belgique et d'une partie de la Suisse et de la Savoie, toutes
nations indépendantes les unes des autres.
" Nous pouvons donc dire que la connaissance des lan-
gues anglaise et française est, et serait encore plus dans la
suite, d'un immense avantage pour le Canada, en ce qu'elle
est propre à faciliter nos relations avec d'autres peuples,
et à favoriser le commerce et le progrès dans les arts et
SA VIE ET SES ŒLVKES. H
dans les sciences. Les inconvénients de l'usage de deux
langues dans ce pays, ne seraient pas plus grands que dans
la Suisse, où l'on parle le français et ralleuuind ; et il faut
que ces inconvénients y soient bien légers, puisqu'il ne s'é-
lève point de plaintes à cet égard. Kspérons que nos légis-
lateurs, plus sages que la métropole, laisseront subsister la
langue française en ce pays, et n'y détruiront point un
des plus puissants véhicules par lesquels les bienfaits de
la civilisation se répandent dans le monde." *
* I)e nuiiibreiix artirles (lan« le ménui îiens j»ariirent à fette époque
dans nos journaux. Un (.'(.Ti va in qui si^înait" M," àprop<j,stlu pr(>t<|i©c-
tus du JuuriKil fff» F(unlUiif, énumérait aussi les avantages que nous
otlre notre nationalité et faisait un tuiu-hant appel aux Franvais du
monde entier. Voici la tin de c-et article, publié dans le Canuditn du
11 novoml)re 1840 .. "Où ixjurrons-nous jiniserdes prin<ii>e« plu» purs,
des exemples plus frappants, des motifs plus honorai >les ix.iur notre
avancement matériel ? Mais tout en nous gloritiant d'être sujets
britAnnitpies et nous api)uyant sur la protection à laquelle nous
avons droit c«)mme tels, il est un autrt^ titre qui doit exalter no»
sentiments. Im voile derrière l6<juel nous avaient placés, aux yeux de
l'univers, notre existence obscure et le coin rtx-ulé <|ue nous habitons,
est tomlx*. I^ cri de notre nationalité menacée, attaqué©, persécutt'-e,
a traversé les mers; il s'est fait entendre en France, et a trouvé de
l'écho partout où il y a dos Franvais...
" La corvette, sur des mers él<ii;-'né'©s, s'est vue entourée de gros
vaisseaux ennemis ; ses démarches ont été éjtiées, ses mouvements
fîénés, sa course rasserrée; toutes les issues sont fermé-es, et un trijile
ranji de vaisseaux convoitent le {«uvre atome; mais le canon dé-
sesi.)éré de la résistam-e éclate et va réveiller dos âmes à l'horizon ! ...
" Ce sont l'es relations que nous devons entretenir ; nous y trou-
verons un nouvel aliment au feu sacré de la nationalité ; nous y
retromixirons des sentiments émoussés jiar une longue s«*paration...
" Et certe-^, notre nationalité tVanvaise vaut bien la i>eine qu'on la
défende et (ju'on n'en rougisse j>as. Klle n'est pas incompatible avec
notre titre lie sujet biitHUiiitiue; mais pour nous, dans notre situa-
tion, l'un et l'autre nous s(mt néi-essaires, pui.sijue, si jamais l'An-
gleterre, i)ar une ix)litique erronée, nous retirait la protection que ses
lois nous ont promise, les liens du sang nous feraient trouver dans
les Français autant de frOras qui nous tendraient les bras. Ainsi
doue, prêtons une obéi-^sance pleine et entière aux lois qui nous
régissent ; mais que nos imroles, que nos pensées, que notre coeur,
fassent voir que nous sommes Français. Dans nos chagrins domesti-
lii FRANÇOIS-XAVIER GARNEAU,
Dans cette môme ann^'-e 1841, M. Garneau entreprenait,
avec M. David Roy, la publication d'un journal litt^Taire
et 8cientifi(iue, Vlnutitnt. Depuis une «-ouple d'années, il se
faisait un mouvement en faveur de la culture des sciences
et des lettres, mouvement que vint augmenter le projet du
système d'«'chanjçes internationaux que M. Vattemare, de
Paris, voulait établir et jwur le succès duquel il était venu
l)r(*'(lier en Amérique une espèce de croisade.
Il fut proposé de créer dans chacune de nos grandes
villes, de grandes institutions avec musées, bibliothèques,
salles de conférences et cabinets de lecture, les musées et
les bibliothèques devant surtout être alimentés à l'aide du
système d'échanges. Les deux sections de la ))opulation
parurent s'entendre, et le clergé catholique entra dans
le mouvement. A Montréal, il fut chanté une messe solen-
nelle pour le succès de l'entreprise, et Mgr Bourget écrivi-
une lettre très remanjuable à M. Vattemare. Les diflét
rentes institutions littéraires avaient promis de se coaliser
pour le succès de l'entreprise, et de grandes assemblées
publiques où se trouvèrent les citoyens les plus mar-
(piants des deux origines, s'étaient prononcées en faveur
(lu jirojet.
D'un autre côté, lord Sydenham, qui voyait là une
diversion à la politique et qui espérait par ce moyen apai-
ser les Canadiens-Frnnyais et les rapprocher de l'élément
anglais, favorisait l'établissement des deux Instituts Vntte-
qiies, dans nos malheurs politiques, cherclions notre consolation dans
notre nationalité, car en elle est toute notre force, et elle n'est pas
au pouvoir de nos ennemie."
Eu feuilletant ce volume du Canadien,}^ ta aussi retrouvé une série
de questions sous une forme assez liumoristique, que je publiais le
14 août 1840, et dans latjuelle j'indiquais, entre autres choses, la
fondation de collèges industriels et l'établissement d'une va.>^te
société de colonisation, sur le plan <le l'a-ssociation pour la ]»ropaj^a-
tion de la foi, comme moyens de nous maintenir dans le Ba.«5-
Canada et niêinr dans le Hant-Canado. "Dan» le Havt-Qinado" cela.
devait paraître un peu fort ; mais à vingt ans, on n'y va pas de main
morte ! Ce qui était alors luie utopie, se n'alise cependant aujour-
d'hui en bien des endroits, et plus particulièrement sur la rive sud
de l'Ottawa.
SA VIE ET SES ŒUVRES. liii
mare qui devaient être fondés à Montréal et à Québec, et
qui n'ont jamais eu d'existence.
Le titre du nouveau journal était donc tout trouvé; il
était, pour bien dire, dicté par le sentiment public ; mais
aussi les deux œuvres partag^rent le même sort.
Cependant, pour être tout à fait juste, il faut dire que si
le projet de M. Vattemare n'a pas été mis à exécution,
tandis que, d'un autre côté, l'entreprise de MM. Garneau
et Roy a échoué, l'un et l'autre ont ouvert la voie à de
nouvelles tentatives qui se sont succédé depuis avec plus
ou moins de succès, et ont conservé jusqu'ici le feu sacré à
travers bien des obstacles.
1j Institut, dont la première livraison parut le 7 mars
1841 et la dernière le 22 mai, n'a eu que trois mois d'exis-
tence. Ses douze livraisons hebdomadaires font voir ce
que pourrait être ici une publication scientifique et litté-
raire en langue française. Elles contenaient des comptes
rendus de séances des sociétés littéraires et scientifiques
du Canada et des pays étrangers, des articles bibliographi-
ques, des reproductions ou des traductions de mémoires
lus devant les sociétés savantes, notamment de ceux de
la Société littéraire et historique de Québec, des nouvelles
des sciences et des lettres, des extraits ou des analyses
d'articles sur l'instruction publique, l'industrie, les arts et
les beaux-arts, des poésies, etc. Nul doute que si le public
avait mieux accueilli le nouveau journal, les travaux sur
l'histoire du Canada n'y eussent aussi occupé une place
importante. La partie scientifique l'emportait de beaucoup
sur la partie purement littéraire. Il y avait là évidemment
un noble effort pour doter le pays d'une publication utile
et sérieuse, pour diriger l'ambition de notre jeunesse dans
une voie nouvelle et malheureusement aujourd'hui encore
trop peu fréquentée.
M. Garneau se consola de l'insuccès d'une entreprise à
laquelle il tenait beaucoup, en reportant toute son énergie
sur son œuvre de prédilection, sur la grande tâche qu'il
s'était imposée avec l'intention bien arrêtée de relever le
courage de ses compatriotes et de les faire respecter par
leurs concitoyens anglo-saxons.
D
liv FRANÇOIS-XAVIER GARNEAU,
Ses collaborateurs — car il en avait plusieurs, et l'/n^rfi/u/
n'<îtait que la transformation d'un autre projet — ses colla-
borateurs prirent chacun leur parti, et continuèrent isolé-
nient ce qu'ils avaient projeta- de faire en commun.*
Ce ne fut que quatre ans plus tard, en 1845, que parut
le premier volume de VHutoire du Canada^ imprimé chez
M. Au])in. Pendant tout ce temps l'auteur s'était livré à
un travail opinifttre, dont la continuation devait être ren-
due plus ditlicile encore par les devoirs de la nouvelle
charge qu'il avait acceptée, celle de greffier du conseil
* Au mois d'octobre 1840, M. Delorme, imprimeur, avait lancé le
prosjXH'tUH du Jdfunml de» JaviilUt, qui devait avoir pour r/'-ilaftoure
MM. Deronie et Soulard, ot pour collaborateurH .MM. M«»rin, Ii<^>y,
(iarnoau ot Chauveau. J'ai tl«'jà parlé pluH haut «le M. Morin; c'owt
une do8 pluH jrrandes figuroH de notre IiiNtoiro ixjlitiquo et littéraire.
M. Roy a été un des hommes do sa vfénération (jui ont eu le plu»
d'aptitude et de dévouement jxmr le« science» et les lettre*»; une
trop grande modestie, voire une exc-easive timidité l'ont empêché do
se distinguer, aux yeux du public, comme il aurait pu le faire. Va lx)ta-
nique était son étude favorite et il avait formé un très bel her-
bier qui fut mallienreusoment détruit, à Québec, dans l'incendie de
1845. Longtemps juge de la cour supérieure, il avait pris .sa retraite
il y a quelques années et n'avait cessé depuis de se préparer à la
mort par une vie toute d'ascétisme et de charité. Il est dé-cédé le
31 juillet dernier, à l'âge de 73 ans.
;M. Soulard était un des avocats les plus spirituels du barreau do
Québec. Il y avait en lui l'étoffe d'un poète et d'un critique. Il a
laissé deux charmantes poésies et une petite nouvelle historique, qui
se trouvent dans le Répertoire. Il est mort en 1852, à l'âge de 33 ans.
M. Derome est mort quelques jours seulement avant le juge Roy.
Il cultivait encore les lettres, et venait d'écrire plusieurs poésies et
quelques articles en prose dans Y Album des familles, publié à Ottawa.
Je suis, hélas ! le seul survivant de ce petit groupe.
Le Journal des familles ne parut point, l'imprimeur s'étant con-
vaincu que le plan, qui était très vaste, serait d'une exécution trop
coûteuse pour le nombre d'abonnés qu'il pouvait obtenir. Il y sub-
stitua le Journal des étudiants, qui fut rédigé par M. Derome, du 14
décembre 1840 au 7 mars 1841. L'Institut, également imprimé par
M. DeloYme, succéda à cette publication, et la première livraison
porte pour titre V Institut ou Journal des étudiants, publication scientifi-
que, industrielle et littéraire. Les mots " Journal des étudiants " dispa-
rurent dès la seconde livraison.
8A VIE ET SES ŒUVRES. Iv
municipal de la cité de Québec. Plus lucrative que l'em-
ploi de traducteur au parlement, elle comportait plus
de soucis divers et un genre de travail moins facile à con-
cilier avec les études auxquelles il devait se livrer.
Un simple coup d'oeil sur le nouveau volume, qui, du
reste, était impatiemment attendu par tous nos lettrés,
révélait une tentative hardie tant au point de vue litté-
raire qu'au point de vue matériel. Ecrire et faire impri-
mer une histoire du pays dans ces proportions et conçue
dans cet esprit, c'était donner le démenti à ceux qui pro-
clamaient notre déchéance sociale et politique. Ju?que-h\
une seule œuvre canadienne aussi considérable s'était pro-
duite: le grand ouvrage topographique do Bouchette, et
encore avait-il été publié à Londres et en langue anglaise.*
Le nouvel historien, rempli de courage et décidé à vain-
cre tous les obstacles, n'avait pas été sans inquiétude sur
l'accueil qui serait fait à son travail. Il avait communiqué
les épreuves des premiers chapitres à quelques amis, et
bien que ceux-ci l'eussent beaucoup rassuré, il se deman-
dait encore avec un certain effroi quel serait le sort de son
œuvre aux yeux d'une critique moins bienveillante, f
La première impression fut toute favorable, et l'auteur
dut se sentir récompensé au moins en partie de ses veilles
et de ses efforts par l'enthousiasme que souleva l'apparition
* Il s'agit iri du grand ouvrage en 3 vol. in-i", publié à Londres en
1831, The British Douiinious in North AtiUTÏca. M. Bouchette avait
publié à Londres en 1815, et en français, un gros volume in-8, Dts-
cription topoyraphujtu' du Bas-Canada. Ce dernier ouvrage a été aussi
publié en anglais.
t La lettre suivante de M. Morin, publiée par M. Casgrain, ne sera
pas lue sans intérêt.
" Montréal, 22 janvier 1845.
" Cher Monsieur,
" Jo voudrais pouvoir vous écrire moins à la hâte, iKinir vous
exprimer combien j'ai été satisfait de V IntroihuHon de votre histoire
que vous ayez bien voulu me commimiquer. Vous vous placez dès
l'abord à un point de vue élevé, qui promet uue grande utihté et un
immense intérêt ; je suis sûr que l'ouvrage tiendra i\i que promet la
préface. Voilà pour le fond. M. Chauveau, qui vient de lire les pages
que vous m'avez transmises, et dont il avait, au reste, déjà vu une
Ivi FRANÇOIS-XAVIER OARNEAU,
do son livre. Tout ce que les sceptiques et les jaloux — il y
en a toujours — trouvèrent à dire, ce fut de se demander à
eux-nifmes si l'écrivain Haurait V)ien po- soutenir à cette
hauteur dans les deux ou trois autres vctluinos dont divait
se composer son ouvrage.
La pr<*face et l'introduction avaient un \rv^ ^^rand air; la
première était une jjrofession de foi nationale sans rénerve,
la seconde faisait de l'histoire de la découverte de l'Arnéri-
quo par Christophe Colomb, et de celle du Canada par
Jacques Cartier, comme un portique imposant au grand
monument dont on jMJUvait déjà admirer les belles pro-
portions. A mesure que l'on avançait, on se disait que le
luxe des détails serait subordonné à la beauté de l'ensem-
ble, que suivant le conseil de Boileau, les festons et les
astragales ne déroberaient point aux regards les nobles
formes de l'édifice.
Colomb et Jacques Cartier ne sont pas les seuls voya-
geurs dont il parle dans cette introduction. Il y passe en
revue tous les grands voyages de découverte au nouveau
monde et notamment ceux qui se firent au profit de la
France. La sanglante histoire des premiers étalilinseinenlH
de la Floride attire surtout son attention.
L'historien a agi sagement en groupant au premier plan
de son travail, les résumés de toutes les tentatives de
colonisation faites par la France en Amérique avant l'éta-
blissement de l'Acadie et du Canada. Il dégage ainsi le
berceau de la Nouvelle- France des longs et laborieux
efforts qui ont précédé sa naissance, et avec ce coup d'œil
d'ensemble et cet esprit philosophique qui ne l'abandon-
nent jamais dans tout son ouvrage, il nous fait envisager
les causes et les conséquences du grand mouvement qui
pousse les populations européennes vers le nouveau conti-
nent,, mou^'^ment auquel les luttes religieuses du quin-
partie à Québec, en est très satisfait. Je verrai l'ami Parent à la pre.
mièr© occasion. Quant à la forme, les chapitres distincts que vous
annoncez faciliteront beaucoup la lecture profitable de l'ouvrage.
Continuez, et vous ne pouvez manquer de faire un ouvrage digne du
nom canadien et de passer avec lui à la postérité "
A.-N. MoEis.
SA VIE ET SES ŒU\'RES. Ivii
zième, du seizième et même da dix-septième siècle don-
nèrent une si.vi\e impulsion.
Une fois la route déblayée, le premier livre s'ou^Te donc
avec les nobles efforts de Chauvin, de de Chaste, de Pont-
gravé, de de Monts et de Champlain, efforts qui furent
couronnés de succès en Acadie et en Canada par la fonda-
tion de Port- Royal dans la première de ces régions et par
celle de Québec dans la seconde.
A peine l'auteur a-t-il fini de raconter l'établissement de
ces deux villes, qu'il lui faut commencer l'histoire des luttes
de l'Angleterre contre la France en Amérique, dire les for-
tunes diverses de l' Acadie et du Cu}> Breton, l'établisse-
ment de la Nouvelle- Ecosse par le chevalier Alexander, la
création si originale et presque don-quichottique de Tordre
des baronnets de la Nouvelle- Ecosse, la noble et heureuse
résistance du jeune de La Tour à la tentative impie de
son père, membre de cet ordre, de s'emparer du fort qu'il
commandait au Cai> Breton, la prise de Québec par le
huguenot Kirtk, puis la restitution de la colonie exigée
par Richelieu dans le traité de Saint-Germain-en-Laye.
Ce ne fut pas sans peine que Champlain obtint du gou-
vernement français cet acte de vigueur et de haute politi-
que. On peut dire qu'il fut deux fois le père de la colonie
en la fondant d'abord, en la recouvrant ensuite. On est
frappé de la similitude des prétextes que donnèrent ses
adversaires avec ceux qu'opposèrent plus tard les ministres
pusillanimes de Louis XV aux généreuses objurgations de
Montcalm et de Vaudreuil. Pour les premiers, Québec n'é-
tait qu'un rocher, pour les seconds la Nouvelle- France
tout entière qu'un désert sans valeur..., " quelques arpents
de neige," selon Voltaire.
Le second livre traite de la géologie et de l'ethnographie
de notre pays. Ce dernier sujet était de nature à tenter les
dispositions poétiques de notre auteur, et le chantre du .
Deimier Huron s'étend avec complaisance sur les mœurs et
l'histoire des aborigènes, sans toutefois leur donner une
place trop considérable, laissant aux événements qui vont
se dérouler et dans lesquels ces terribles enfants de la forêt
ont joué un si grand rôle, le soin de nous les peindre
Iviii FRANÇOIS-XAVIER GARNÊAU,
mieux encore que ne jiourrait !<• T'ii*- li- f:il)l<'!iu ir«'jisiir»-
ble le plus habilement esquiset
Le trui8i<"'-me livre commence pur lu rcntrtc dch FruiK.ai»
ù Québec après trois ans d'occu])ation par Kertk. Le 13
juillet 1632, Eméry de Caën et Duplessis Bochart pre-
naient possession du fort Saint-Louis, et, Taiinée suivante,
Champlain, nommé de nouveau gouverneur, revenait diri-
ger lui-même les destinées de sa chère colonie. Les jésuites
remplaçaient les récollets, qui avaient été les missionnaires
sous sa première administration, et, l'année même de sa
mort, ils jetaient les fondements de ce collège de Québec,
qui, converti en casernes par le gouvernement anglais,
vient d'être démoli après deux siècles et demi d'exis-
tence.
M. Garneau fait un portrait sympathic^ue mais très sim-
plement esquissé du grand voyageur, du savant, du chré-
tien zélé et héroïque, de l'homme d'Etat habile et i)er8évé-
rant à qui non seulement Québec, mais le Canada civilisé
doit son existence.
Six ans seulement après la mort de Champlain, un
homme doué d'une fervente piété et d'un courage héroï-
que, M. de Maisonneuve, commença l'établissement de
^lontréal aux portes mêmes de la nation iroquoise, et
alors que ces barbares venaient poursuivre nos alliés les
Hurons jusque sous le canon du fort de Québec.
L'historien groupe halnlement tous les événements qui
rendent si remarquable l'administration de M. de Mont-
magny, dont le nom traduit en langue sauvage (Ononthio)
a toujours été appliqué depuis à ses successeurs ; puis il
raconte celles de MM. d'Aillebout, de Lauzon, d'Argenson,
d'Avaugour, de IVÎésy, de Tracy, (vice-roi) de Courcelles,
de Frontenac, de La Barre, de Denonville, et s'arrête au
second et glorieux avènement de M. de Frontenac, que l'on
peut considérer comme le point culminant de la domination
française en Amérique. Tous ces noms font très grande
figure, et l'on dirait une page de l'histoire des croisades ;
mais ceux qui les portaient n'étaient pas tous également
habiles, ou du moins ne furent pas tous également heureux.
Dans cette période, la plus intéressante peut-être de
sa' VIE ET SES ŒUVRES. Hx
toute notre histoire, l'auteur nous montre les progrès lents
de la colonie, les revers qui sont au moment de l'anéantir,
l'indifférence et l'ineptie de la fameuse compagnie des
Cent-Associés dont on avait d'abord auguré tant de bien,
les eflorts hardis et presque téméraires de M. d'Argenson
et de M. d'Avaugour, ceux non moins vigoureux et
mieux appuyés par les circonstances de M. de Mésy et de
M. de Frontenac, les uns et les autres contrastant avec la
faiblesse et l'incapacité de quelques autres gouverneurs.
L'auteur ne traite point de cette période de notre his-
toire, que lord Elgin a si justement appelée Vâge héroïque
du (Janadd, absolument dans Tordre chronologique. D'a-
près la méthode qu'il a adoptée, il prend chaque sujet,
chaque ordre de choses séparément et revient volontiers
sur ses pas, ou devance l'ordre naturel des événements,
selon les besoins de chacjue thèse particulière. J'ai iieut-étre
tort d'employer cette expression, qui peut paraître une
critique et qui en serait une très sévère, si je ne restreignais
le sens du mot à celui qu'il avait dans l'origine. Mais il
est vrai de dire que bien que M. Garneau ne manque pas
d'impartialité, et qu'il l'ait poussée même un peu trop loin
en certaines circonstances, il avait aussi sur les principaux
événements de notre histoire des opinions arrêtées, autour
desquelles il a, pour bien dire, groupé les faits propres à
les faire ressortir.
Il y a sans doute dans une exégèse de cette nature quel-
ques inconvénients, et le moindre n'est pas celui de brouil-
ler quelquefois avec la chronologie le lecteur peu attentif;
mais au point de vue de l'intelligence des événements, de
la connaissance des mobiles qui ont fait agir les hommes,
de l'étude des destinées providentielles des peuples, cette
méthode est préférable à une aride et méticuleuse narra-
tion. Elle élève l'Ame tout en nourrissant la mémoire, elle
grave mieux dans l'esprit les traits distinctifs du caractère
d'une nation, elle jette une lumière plus vive sur les
grandes époques de sa vie sociale et politique.
C'est ainsi que M. Garneau consacre plusieurs chapitres
à l'organisation sociale, judiciaire et ecclésiastique de la
colonie, et qu'il rend justice à la fois au système féodal que
Ik FRANÇOIS-XAVIER OARNEAD,
Ton a dû abolir plus tard, parce qu'il était devenu on obsta*
cle à notre développement après avoir été dan» l'origine un
puissant moyen de colonisation, et i\ cette bonne vieille
Chutinne de Paris et à cette célèbre ordonnance de 1667
qui jusqu'il tout dernièrement encore étaient notre code
civil et notre code de pnx-édure civile.
Il raconte toutes les diftîcultés entre le j>ouvoir civil et le
pouvoir ecclésiastique, il nous fait siéger au conseil souve-
rain que Louis XIV, par une susceptibilité hiérarchique qui
il cette distance peut nous |>araf tre puérile, mais ({ui avait sa
raison d'être, avait transformé en conseil supérieur. On fait
la connaissance de l'intendant, du procureur du roi, du con-
seiller clerc, des autres conseillers, du lieutenant-général et
du lieutenant- particulier de la prévôté, des h ' ' fé-
rieurs, du syndic des habitations, du maire ■ uxb
de Québec, enûn tout un monde de fonctionnaires et de ma-
gistrats ; on assiste à une tentative de gouvernement repré-
sentatif et municipal promptement abandonnée; on voit
une assemblée de notables ; on voit lutter contre l'autorité
civile et même entre eux l'évéque, le chapitre, le séminaire,
les ordres religieux: jésuites, récollets, sulpiciens; on ad-
mire ces femmes intrépides qui, de Dieppe, de Tours, de
Troyes, viennent continuer dans un pays barbare lœuvre de
paix et de charité commencée dans lanière patrie, enfin l'on
peut contempler déjà sur les rives du Saint-Laurent toute
une France en miniature représentée par quelques milliers
de personnes, microcosme où s'agitent les germes de nos ins-
titutions présentes, et hélas ! aussi ceux des dissensions qui,
sous une forme ou sous une autre, nous ont fait tant de mal
et viennent de se réveiller plus malfaisantes que jamais.
Dans un autre chapitre l'auteur raconte l'histoire des
guerres de l'Acadie. On y voit, à part des entreprises riva-
les des Anglais et des Français, les combats fratricides que
se livrent entre eux des feudataires à qui le gouvernement
français avait fait des concessions de territoire plus ou
moins vagues, car on taillait comme en plein drap dans de
vastes contrées que l'on connaissait peu. On y voit aussi
l'intervention des Anglais du Massachusetts sollicitée tour
à tour par chacun de ces belligérants au petit pied, inter-
6A VIE ET SES ŒUVRES. Ixi
vention que la pauvre Acadie devait payer bien cher plus
tard.
Rien ne ressemble plus aux luttes du moyen âge que
la guerre que se firent La Tour et de Charnizé, guerre que
le souverain, malgré son omnipotence, ne put empêcher.
Rien non plus n'est plus héroïque que la défense du fort
Saint-Jean par madame de La Tour, lorsqu'il fut deux fois
attaqué en l'absence de son mari, ni plus navrant que
la fin tragique de cette noble et courageuse personne.
On la fit assister, la corde au cou, à la pendaison de ceux
de ses défenseurs qui avaient été faits prisonniers, et l'im-
pression de cette scène humiliante et cruelle la conduisit
en peu d'années au tombeau.
M. Garneau fait aussi séparément l'histoire de la décou-
verte du Mississipi. C'est une des pages les plus glorieuses
de nos annales.
En ces temps-lù Tapôtre, le prêtre marchaient toujours
de pair avec les représentants du roi. Des jésuitee et des
récollets partagent avec Jolliet et La Salle l'honneur de
la découverte du Mississipi. Je dis plusieurs jésuites, car
le père Allouez et le père Dablon eurent une part aux
})réliminaire8 du voyage de Jolliet et de Marquette.
"Allouez, Marquette et Dablon, dit M. Garneau, s'illus-
trèrent moins encore par les services qu'ils rendirent à la
religion que par ceux qu'ils ont rendus à la science. Ce
dernier fut le premier auteur de l'expédition du Missis-
sipi ; les termes dans lesquels les naturels parlaient de la
magnificence de ce fleuve ayant excité puissamment sa
curiosité, il avait résolu d'en tenter la découverte en 1669 ;
mais il en fut empêché par ses travaux évangéliques,
quoiqa'il s'approchât assez près de ce fleuve. Allouez et
Dablon pénétrèrent dans leurs courses, entre 1670 et 1672,
jusque dans le Ouisconsin et le nord de l'Etat de l'IUinoîs,
visitant les Mascoutins (ou nation du feu), les Kikapous
et les Outagamis, sur la rivière aux Renards, qui prend sa
source du côté du Mississipi et se décharge dans le lac
Michigan. L'intrépide Dablon avait même résolu de péné-
trer jusqu'à la mer du Nord pour s'assurer si l'on pouvait
passer de li\ à la mer du Japon."
Ixii FRANÇOia-XAVIER GARNEAU,
Jusque danfl la découverte du MisaiBsipi He retrouvent
les deux courants d'opinion ou, si l'on veut, lefl «1« ux
réseaux d'influences qui se disputaient le jîouvoir. Joliiet
est favorisé par révC'<iue, par les jésuites, par Tintondant
Talon ; un jésuite l 'accompagne. La Salle est le favori do
M. de Frontenac ; plusieurs récollets, et parmi eux le célè-
bre pore Hennepin, sont ses compagnons de voyage.
Les voyages et les aventures de ces hardis pionniers du
christianisme et de la civilisation sont racontés en quel-
ques pages qui en font bien saisir l'importance et nous
laissent remplis d'admiration.
Tout cela se imssait au milieu de nos guerres avec les
sauvages ; le terrible cri de combat des Irwiuois reten-
tissait en même temps que les pieux cantiques de» mis-
sionnaires et les gaies chansons de nos voyageurs. Il y a
des scènes d'une sublimité terrible et d'autres d'une gra-
cieuse et touchante familiarité : c'est une Odys.sée doublée
d'une Iliade.
On a discuté et l'on discute encore A «jui revient la plu»
grande gloire, si c'est à JoUiet ou à La Salle. Il semble
qu'il n'est pas bien difficile de faire la part de chacun, et
le récit très simple de M. Garneau semble courir au-devant
du procès qui s'instruit en ce moment à grands renforts
de vieux titres, de vieilles corresi>ondance8, de vieux mé-
moires exhumés des archives publiques et privées.
JoUiet a très certainement découvert le premier les
sources du Mississipi et le fleuve lui-même, mais il n'a
point poussé plus loin que la rivière des Arkansas;
La Salle a complété la découverte jusqu'à la mer, il a
rendu certain ce qui n'était que probable, il a donné à la
France la Louisiane, il a traduit en un fait politique et
social ce qui n'était jusque-là qu'une découverte géogra-
phique. Sa part n'est-elle pas assez belle, sans vouloir
enlever à son rival le mérite de la première heure, sans
vouloir le lui faire supplanter devant l'histoire comme il
l'avait déjà supplanté dans les faveurs du gouvernement ?
Du reste, ni l'un ni l'autre n'ont recueilli les fruits de
leurs rudes labeurs, de leurs héroïques aventures. Jolliet
n'a reçu que des récompenses illusoires, il est mort relati-
SA VIE ET SES ŒUVRES. Ixiii
vement pauvre et ignoré. La Salle périt tristement, mas-
sacré par deux de ses gens dans sa seconde expédition.
La découverte du Mississipi par Jolliet et par le père
Marquette a fourni à M. Bancroft quelques-unes des plus
belles pages de sa grande histoire des Etats-Unis, et la
partie la plus touchante de son récit, comme de celui de
M. Garneau, se trouve dans les extraits de la narration
originale du pieux missionnaire.
On ne peut se détendre d'une vive émotion lorsque, une
fois embarqué sur le Ouiscunsin, le bon père fait ses
adieux au Canada. " Nous quittons, dit-il, les eaux qui
vont jusqu'à Québec pour prendre celles qui nous condui-
ront désormais vers des terres étrangères ; nos deux guides
s'en retournent, nous laissant i^^ul- <n «h n;iv^ é-ntre les
mains de la Providence."
L'entrée des voyageurs dans le» " vu6tcà eaux " est
saluée par un cri de joyeuse, naïve et sublime admira-
tion ; leur longue navigation au milieu d'une splendide
solitude, dans le silence et l'absence de toute trace de
créatures humaines, nous fait partager cette espèce de
terreur vague que la grande nature inspire toujours lors-
(ju'on se trouve seul en sa présence. Mais quelle scène
charmante et digne de ranti«iuité, lorsqu'après avoir par-
couru soixante lieues, les voyageurs se décidèrent à
suivre une piste de pas humains entrevue sur la rive du
fleuve !
" Prenant le sentier, dit M. Garneau, ils marchèrent six
milles et se trouvèrent devant une bourgade située sur la
rivière "Moïngona," qu'on appelle " Des Moines" par
corruption. Ils s'arrêtèrent et appelèrent à haute voix.
Quatre vieillards sortirent au-devant d'eux portant le
calumet de paix ; ils reçurent les étrangers avec distinction.
" Nous sommes des Illinois, dirent-ils, soyez les bienvenus
dans nos cabanes " Les Franyais, après s'être reposés
quelques jours chez ce peuple, qui leur donna un grand
festin, continuèrent leur route. Le chef de la tribu, suivi
de plusieurs centaines de guerriers, vint les reconduire sur
le rivage, et pour dernière marque de son amitié, il passa
dans le cou de Marquette un calumet orné de plumes de
Ixiv FRANÇOIS-XAVIER OARNEAU,
diverses couleurs, passeport assuré chez les nations indien-
nes."
Ne dirait-on pas une page de la liible ou de l'Odyssée?
Ecoutez maintenant la fin d'un de cea deux héroR et
dites si ce n'est pas celle d'un do ces projjhètes qui, aprè«
avoir accompli leur mission, s'en .ill-iicnr un d.'-cri rtiulrr'
leur ,tme A Dieu, seuls avec lui
" Marciuette resta deux ans dau.s uctlo iiii.-.-n»ii, et i>arlit
en 1075 pour Mackina, à l'entrée du lac Miehigan. Dans
la route il fit arrêter son canot à l'embouchure d'une
petite rivière du côté oriental du lac, pour y " m
autel et y célébrer la messe. Ayant prié ses con^ ns
de voyage de le laisser quelques instants seul, ils se reti-
rèrent à quelque distance, et quand ils revinrent il n'exis-
tait plus. Le découvreur du Mississipi fut enterré en
silence dans une fosse que ses compagnons creusèrent dans
le sable sur la lisière de la forêt et sur le bord de la petite
rivière dont on a parlé et à. laquelle on a donné son
nom." *
* On a célébré ù. Québec, le 17 juin 1873, le deux centième anni-
versaire de la découverte du Mississipi par une soirée littéraire
donnée à l'université Laval. Un excellent discours y fut prononcé
par M. l'abbé Verroau, doux cantates de circonstance, avec des
paroles compofjées par deux de nos poètes les plus distingué», M. Fise*
et M. LeMay, furent exécutét^s par le.s premiers artistes du pays '
deux autres poètes, MM. Fréchette et Routhier, lurent des poèmes
d'un grand mérite. Tous, du reste, parurent frappés des conséquen-
ces de ce grand événement au point de vue religieux.
M. Routhier nous a représenté le père Manjuette dans l'extase et
contemplant dans une ^^sion sublime les destinées du Canada et
des vastes régions que cette découverte venait d'y ajouter.
Diamants merveilleux de l'écharpe étemelle.
Astres qui vous bercez dans les mers de saphir.
Si vous avez une âme, elle n'est pas pliLs belle
Que l'âme de nos saints à leur dernier soupir.
L'apôtre conserva le sourire de l'ange
En regardant la ]X)rte étemelle s'ouvrir;
Et ses yeux, éblouis d'une vision étrange,
Virent se dérouler les siècles à venir.
BA VIE ET BE8 ŒUVRES. Ixv
J'ai dit plus haut que ces grands voyages de découverte
86 faisaient au milieu des guerres contre les sauvages ;
chaque voyageur était doublé d'un missionnaire, chaque
missionnaire, d'un diplomate. *
Mais le rôle du missionnaire ne se bornait point là : il
avait souvent un dénouement terrible. Quelles scènes tra-
giques que le martyre des pères Brebœuf et Lallemand, que
celui du père Jogues, qui, après un premier et cruel sup-
plice, et un voyage en France, revint au Canada, se dévoua
encore à la conversion des Iroquois et reçut cette fois la
couronne sanglante tant désirée ! Que de glorieux et tristes
souvenirs rappellent les noms des pères Daniel, Garnier
et plusieurs autres encore, ainsi que ceux de braves coad-
juteurs laïcs, comme le sieur Guillaume Couture, qui eut
part au premier supplice du père Jogues, fut employé
comme négociateur à Albany. et laissa dans la province
une nombreuse postérité ! Quelle singulière aventure que
l'évasion presque miraculeuse de Dupuis et de ses compa-
gnons du milieu des Iroquois, chez qui ils s'étaient établis
et où se tramait une de ces afl'reuses trahisons dont cette
nation avait le secret ! Quelles magnifiques résistances,
dignes d'être chantées dans une épopée, que celles de Mlle
La découverte du Mississipi est en ce moment un sujet de reoher-
clies et do discussions assez fécond en publications nouvelles. Tandis
tiue M. Margry vient de donner i\ Paris »iuatre volumes de Mémoire»
et lie docuiiunts sur La Salle, M. John Gilmary 8hea, à qui l'on devait
déjà un ouvrage sur le même sujet, publie avec le plus grand luxe
tyiKtgraphique uuo nouvelle éilition anglaise des œuvres de Henne-
pin. Un trouve daus la notice qu'il a écrite en tête de son livre un
nouveau trait de ressemblance entre La Salle et Jolliet. iL Verreau
nous apprend que ce dernier avait porté l'habit ecclésiastique et
qu'il avait été attaché à la personne de Mgr de Laval comme secré-
taire à l'âge de 17 ans; on voit d'après ce que dit Hennepin que La
Salle de son côté avait été régent dans im collège de jésuites.
Ou célébra aussi à Saint- Louis du Missouri, en 1878, la découverte
du Mississipi et M. Shea prononya un discours en cette circonstance.
* " L'histoire des travaux des missionnaires, dit M. Bancrofl cité
par M. Garneau, se rattache à l'origine de toutes les villes célèbres
de l'Amérique française ; pas un cap n'a été doublé, pas une rivière
n'a été découverte sans qu'un jésuite en ait montré le chemin."
Ixvi FRANÇOIS-XAVIER OARNEAU,
de Verchôres et de sa m5re, au fort de ce nom, du nieur
Closse à Montr<îal, et plus tard, de l'h^-roïque Daulac !
Dans toutes ces circonstances, des hordes d'Iroquois furent
tenues en échec par une poignée de Français, et dans
l'affaire do Dauhxc, (juoique lui et ses conijiagnons fusnent
péri jusqu'au dernier, l'impression que produisit leur cou-
rage fut telle, que les barbares retournèrent sur leurs pas
et que la petite bourgade franvaise de Ville-Marie, aujour-
d'hui la métropole du Canada, fut nauvée d'une destruc-
tion qui sans cela eût été certaine.
Enfin quel terrible et sanglant épisode que cet affreux
massacre de I^achine par les Iroquois I
" L'on était rendu au 24 août (1689), dit M. Garneau,* et
rien n'annon(,ait qu'il dût se ])aHser aucun événement extra-
ordinaire, quand soudainement quatorze cents Irocjuois tra-
versent le lac Saint- Louis dans la nuit, au milieu d'une
tempête de pluie et de grêle (lui favorise leur dessein, et
débarquent en silence sur la partie supérieure de l'île de
Montréal. Avant le jour ils sont déjà placés par i)elotonB
en sentinelles à toutes les maisons, sur un espace que des
auteurs portent à sept lieues. Tous les habitants y étaient
plongés dans le sommeil, sommeil qui devait être éternel
pour un grand nombre. Les barbares n'attendent plus que
le signal, qui est enfin donné. Alors s'élève un terrible cri
de mort ; les maisons sont enfoncées et le massacre com-
mence partout ; on égorge hommes, femmes et enfants ;
et on met le feu aux maisons de ceux qui résistent, afin de
les forcer à sortir ; ils tombent entre les mains des sau-
vages, qui exercent sur eux toutes les cruautés que la
fureur peut inspirer. Ils déchirent le sein des femmes
enceintes pour en arracher le fruit qu'elles portent ; ils
mettent des enfants tout vivants à la broche et forcent leurs
mères à les tourner pour les faire rôtir. Ils s'épuisent pen-
dant de longues journées à inventer des supplices. Quatre
cents personnes de tout sexe et de tout âge périrent ainsi
sur la place, ou sur le bûcher dans les cantons où on les
* M. Ferland dit le 5 août. M. Garneau dans sa troisième édition
dit : dans les premiers jours d'août.
SA VIE ET SES ŒUVRES. Ixvîi
emmena. L'île fut inondée de sang et ravagée jusqu'aux
portes de la ville de Montréal."
C'est par ce lugubre récit que se termine le premier
volume de V Histoire du Canada. Heureusement que l'au-
teur annonce en même temps le retour de M. de Frontenac
et nous fait pressentir la manière habile avec laquelle cet
homme remarquable va réparer les revers qu'ont amenés
l'ineptie de M. de La Barre et de M. de Denonville.
Sur toute cette époque planent trois grands noms que
l'on peut considérer comme des types de la France de
Louis XIV : Mgr de Laval, l'intendant Talon et M. de
Frontenac.
" Si la lutte vigoureuse que Mgr de Laval soutint contre
les gouverneurs qui se succédèrent pendant sa longue
carrière épiscopale, ai-je dit ailleurs, * ne put extirper le
mal (la traite de l'eau-de-vie) aussi complètement qu'il le
désirait, elle servit du moins il le diminuer et à l'empêcher
de détruire la colonie. On ne saurait nier tout ce que M.
de Frontenac fit pour raffermissement de la puissance
française, et l'on peut dire (ju'après sa seconde adminis-
tration, grâce à ses expéditions contre les Iroquois, à sa
campagne contre la Nouvelle- Angleterre, aux exploits
d'Iberville ù Terreneuve et t\ la baie d'Hudson, à la belle
défense de Québec contre l'amiral Phipps, au prestige que
le gouverneur sifS'ait exercer, la Nouvelle-France était
pour bien dire une seconde fois fondée et la nationalité
française en Amérique établie de manière à pouvoir plus
tard résister même aux effets de la conquête, vivre de sa
vie propre et se développer au point où elle en est aujour-
d'hui. Aussi ces deux hommes, malgré les conflits d'au-
torité et tout en se querellant, ou si l'on veut, en se faisant
contrepoids, s'aidaient l'un l'autre et ils étaient complétés
par un troisième, le célèbre intendant Talon.
" L'homme d'Eglise, l'homme d'épée et l'homme de loi
se rencontrèrent à un moment de leur vie, et ce fut préci-
sément à cette grande époque dont nous nous occupons.
* DexLX'ihne centenaire de Vérection du diocèse de Québec. — Québec,
1S74, Blumhart & Cio. (Dans rintroduction.)
Ixviii FRANÇOIS-XAVIER OARNEAU,
Le dernier était près de terminer sa carrit'^re adniinifltra-
tive, d^jii interrompue une i(renii<"''ro foi.M. Savant écono-
miste, homme intègre, j)atriote zélé, administrateur sagaoe
et infatigable, il n'avait rien négligé de ce qui pouvait
contribuer A lu prospérité du ])ay8 ; et lorsque Mgr do
Laval prit possession du siège de Québec, Louis XIV
venait de donner à celui qui était, pour bien dire, son mi-
nistre dans la colonie, une nouvelle preuve de «a satisfac-
tion, en le créant comte d'Orsainville et en étendant l'héré-
dité de ce titre à sa postérité même féminine.
" M. de Frontenac en était alors à la troisième année de
son gouvernement. Brave, actif, honnête, intelligent, maii
hautain et nullement exempt de ces petitesses qui font
contraste dans la vie des hommes les plus remarquables,
il^était bien décidé à tenir tète au prélat, qui passait j)Our
avoir humilié, gouverné ou fait rappeler quatre de ses
prédécesseurs. S'il n'était point d'une aussi grande famille
que le descendant du premier baron chrétien, il n'était paa
non plus sans crédit, et la hardiesse et Tindépendai
son caractère lui dormaient un prestige fort redoui
Grand devait être l'embarras des courtisans, des adorateurs
du succès — et il s'en trouve dans les plus petites sociétés —
en voyant deux hommes de cette force aux prises l'un
avec l'autre.
" Quant à l'évéque, il était à Tapogée de sa puissance et
de ses succès. La colonie le regardait à bon droit comme
son père. Tous les secours qu'elle avait obtenus de France
pouvaient justement lui être attribués; il était le dispen-
sateur à la fois et des faveurs célestes et des faveurs roya-
les. Mais jamais plus de pouvoir ne fut tempéré aux yeux
de la foule inquiète et jalouse par plus d'humilité et d'hé-
roïque dévouement."
Tel est en peu de mots le cadre de ce premier volume
de V Histoire du Canada; et je ne pouvais mieux rendre
compte de l'impression qu'il produisit qu'en donnant une
idée des grandes choses qu'il contenait et de la manière
dont elles étaient présentées aux lecteurs.
Mais il y a un point surtout qu'il ne faut pas perdre de
vue, c'est que, si, grâce au mouvement historique et patrie-
SA VIE ET SES ŒU\'RES. Ixix
tique dont l'œuvre de M. Garneau a été, pour bien dire, le
signal, les beaux faits de notre histoire sont aujourd'hui
connus de tous, son livre avait à l'époijuc où il parut tout
le caractère d'une révélation.
Les grandes actions d'Alexandre, de César et de Napo-
léon étaient beaucoup plus familières à la jeunesse cana-
dienne que les luttes de nos ancêtres. On n'avait de
celles-ci qu'une vague idée, car le voile que la conquête
avait jeté sur toute cette émouvante série de succès et de
revers, n'avait pas encore été déchiré.
On croira donc sans peine, comme je l'ai dit plus haut,
que ce brillant début fut salué avec enthousia.sme. ('ei>en-
dant une impression pénible s'était fait sentir chez un
grand nombre d'admirateurs de l'ouvrage, et si elle était
comprimée en quelque sorte par la joie patriotique (jue
l'on éprouvait, le sentiment du devoir obligeait d'y donner
cours.
L'auteur avait beaucoup insisté sur la faute que, d'après
ses convictions, le gouvernement français avait commise
en ne permettant pas aux huguenots l'entrée de la colo-
nie. Il avait en même temps paru plus sympathique à M.
de Frontenac (ju'à Mgr de Laval ; enfin, en maint endroit,
surtout dans le discours préliminaire, on avait cru entre-
voir un reflet des idées de tSismondi, de Michelet, do
Thierry et de quelques autres écrivains qu'il admirait
beaucoup et qui lui avaient plus ou moins servi de mo-
dèles. Bien que, en général, ces critiques, ou plutôt ces res-
trictions, fussent exprimées d'une manière toute bienveil-
lante, il ne laissa pas que d'y être très sensible, et nous
verrons plus loin comment il entendait re justifier et aussi
comment il céda à quelques observations qui lui furent
faites.
Le second volume de Vllistoire du Canada fut imprimé
en 1816, chez M. Aul)in, et le troisième en 1848, chez Fré-
chette et frère. Cette première édition, plus grande de
marge et d'un caractère plus fort de corj\<5 que celles qui
ont suivi, fait honneur à la typographie canadienne. Elle
conduisait les événements jusqu'à l'établissement de la
constitution du Bas-Canada, en 1792. M. Garneau n'avait
B
IXX FRANÇOIS-XAVIER OARNEAU,
rien épargna* pour la rendre aussi parfaite que possible. Il
obtint l'autorisation d'étudier à Albany les documents
que l'Etat de New- York avait fait copier en France et qui
mettaient plusieurs faits historiques sous un jour nouveau-
Il fut aidé dans ses recherches par le Dr O'Callaghan,
autrefois rédacteur du Vindicator ii Montréal, et qui, réfugié
aux IÎ)tats-TJnis en môme temps <iue M. Pa pineau, après
l'insurrection de 1837, s'y était fait une <x;cupation cons-
tante de l'étude de l'histoire de l'Amérique. Notre histo-
rien se livra aussi à d'autres recherches dans nos archives,
tant t\ Québec qu'à Montréal, et l'on peut dire que cette
première édition était un grand pas de fait i)Our la restau-
ration de la vérité historique.
Le premier chapitre du second volume est consacré en
entier aux colonies anglaises, et l'auteur, reprenant encore
les choses ab oro, montre comment ces colonies, de faibles
qu'elles étaient dans l'origine, ont pu se développer, et
présenter, à l'époque où la Nouvelle-France, ayant M. de
Frontenac à sa tête, devait lutter corps à corps avec elles,
le chiffre imposant de 260,000 Ames, tandis que les popula-
tions réunies du Canada et de l'Acadie ne dépassaient pas
15,000 âmes. Il fait l'histoire des trois espèces de gouver-
nements qui existaient dans ces provinces, fondées presque
toutes par des réfugiés politiques : le gouvernement des
colonies il chartes, celui des colonies royales, et enfin
celui des colonies de propriétaires.
Les guerres civiles et religieuses qui affligèrent l'Angle-
terre au dix-septième siècle, firent que des hommes des
divers partis eurent tour à tour à prendre le chemin de
l'exil ; ainsi des catholiques fondèrent le Maryland, des
puritains une partie du Massachusets, et des royalistes
persécutés par Cromwell s'établirent dans la Virginie.
M. Garneau nous révèle ici une chose très curieuse, c'est
que Cromwell lui-même fut sur le point d'émigrer en
Amérique, et que ce fut sur un ordre du roi, qui s'alar-
mait du départ d'un si grand nombre de mécontents, que
le futur Protecteur fut empêché d'exécuter un projet qui
eût peut-être sauvé la dynastie. Cromwell, à son tour,
vit avec une très grande jalousie les progrès de ces colo-
SA VIE ET SES ŒU\'^RES. Ixxi
nies, dont il eût été sans doute un des plus vigoureux
champions, s'il eût émigré. *
L'Angleterre, du reste, après quelque hésitation, favorisa
l'émigration de tous les mécontents ; mais si notre auteur
ne peut s'empêcher de faire contraster sa conduite avee
celle de la France, qui voulait l'unité religieuse en Amé-
rique comme dans la mère patrie, il admet aussi que la
Grande-Bretagne fut plus jalouse de l'expansion de ses
colonies, et mit les plus odieuses restrictions à leur com-
merce. M. Garneau fait à ce sujet un curieux parallèle
entre le fameux Randolph, agent anglais qui fit révoquer
les chartes du Massachusets et des autres provinces de la
Nouvelle-Angleterre, et essaya d'y établir un gouverne-
ment despotique, et lord Sydenham, qui venait de nous
imposer le régime de l'union législative. Il paraît aussi,
naturellement, très scandalisé du peu de logique des
puritains réclamant la liberté religieuse pour eux-mêmes,
s'en faisant les martyrs, et persécutant à leur tour tous
ceux qui ne pensaient point comme eux. Mais n'a-t-il pas
dû songer que les huguenots, s'ils fussent parvenus à se
rendre maîtres dans quelque colonie française, eussent
agi de la même manière envers les catholiques ?
Cette intéressante étude se termine par un double por-
trait très bien esquissé du colon anglais et du colon
canadien, lesquels devaient hériter de la haine tradition-
nelle de leurs ancêtres respectifs.
Dans son ouvrage Old Régime, M. Parkman semble avoir
calqué de semblables tableaux sur ceux de M. Garneau,
et il y a ajouté quelques réflexions qui aggravent encore ce
qu'ils pouvaient avoir d'injuste pour la France de Louis
XIV, qui, somme toute, a montré pour la colonisation plus
de zèle et de bon vouloir que l'Angleterre. Les deux écri-
vains s'exagèrent la puissance du régime populaire et mu-
nicipal, et perdent de vue, surtout, le fait que chaque nation
doit être gouvernée d'après ses habitudes, on peut dire
d'après ses instincts propres. Du reste, l'un et l'autre
admettent que l'influence de l'organisation paroissiale et
Ce fait a été contesté depuis.
Ixxii FRANÇOIS-XAVIER GARNEAU,
féodale a contribué A donner à cette poignée d'homraes
épars sur l'incommensurable surface de la Nouvelle-
France, l'énergie nécessaire pour lutter contre des forces
décuples et concentrées.
" La vie, dit M. Garneau, A la fois insouciante et agitée,
soumise et indépendante du Canadien avait une teinte
pluH chevaleresiiue, plus i)oéti(pie, h'\ l'on peut parler ainKÎ,
((ue celle de ses voisins. Cutholiiiue ardent, il n'avait pas
été jeté en Amérique par les persécutions, il ne demandait
pas une liberté contre laquelle peut-être il eiU combattu.
("était un aventurier in«juiet, qui chorcbait une vie nou-
velle, ou un vétéran bruni par le soleil de la Hongrie, qui
avait vu fuir le croissant sur le Raab, et pris part aux
victoires des Turenne et des Condé. La gloire militaire
était son idole, et fier de marcher sous les ordres de «on
seigneur, il le suivait partout et ris(iuait sa vie avec joie
pour mériter son estime et sa consiflération ; c'est ce r|ui
faisait dire ;\ un ancien militaire : Je ne suis pas surpris
si les Canadiens ont tant de valeur, puisque la plupart
descendent d'officiers et de soldats qui sortaient d'un des
plus beaux régiments de France.
" L'éducation que les seigneurs et le peuple recevaient
des mains du clergé, presque seul instituteur au Canada,
n'était point de nature à éteindre cet esprit militaire qui
plaisait au gouvernement et qui était néce.'îsaire, jusqu'à
un certain point, au clergé lui-même pour protéger plus
efficacement les missions catholiques, lesquelles redoutaient
par-dessus tout la puissance et les principes protestants de
leurs voisins. Ainsi, le gouvernement et le clergé avaient
intérêt à ce que le Canadien fût un guerrier. A mesure que
la population augmentait en Canada, la milice, avçc ce
système, devait y devenir de plus en plus redoutable.
C'était, en effet, presque une colonie militaire ; dans les
recensements, on comptait les armes comme dans les rôles
d'armée. Tout le monde en avait.
" Tels étaient nos ancêtres ; et comme Témigration fran-
çaise a toujours été peu considérable, ce système était
peut-être ce qu'il y avait de mieux, dans les circonstances,
pour lutter contre les forces des coionres" anglaises. Pen-
SA VIE ET SES ŒUVRES. Ixxiii
dant près d'un siècle, leur vaste puissance vint se briser
contre cette milice aguerrie, qui ne succomba, en 1760, que
sous le nonibre, après une lutte acharnée de six ans, et
après avoir honoré sa chute par de grandes et nombreuses
victoires. C'est à elle que le Canada doit de ne pas faire
partie aujourd'hui de l'Union américaine, et elle sera pro-
bablement la cause première, quoique éloignée, de l'indé-
pendance de ce pays, s'il cessait d'appartenir à l'Angleterre,
en ce qu'elle l'a empêché de devenir complètement amé-
ricain de mœurs, de langue et d'institutions."
De son côté, M. Parkman dit:
" Quant à l'issue suprême de la lutte, il y avait un grand
contraste dans l'attitude des deux puissances rivales : l'une
était inerte et en aiiparence indiflerento, et l'autre pleine
d'activité. Les colonies anglaises étaient éloignées les unes
des autres ; hostiles à la couronne, elles se jalousaient et
aussi elles étaient incapables d'agir de concert. Vivant de
l'agriculture et du commerce, elles pouvaient prospérer
dans une étendue limitée, et elles n'avaient pas un besoin
actuel de se répandre au delà des Alléghanys ; chacune de
ces colonies était une agrégation d'individus occupés de
leurs propres intérêts et qui ne prenaient aucun soin de ce
qui ne les regardait point personnellement. Leurs chefs,
choisis par eux-mêmes ou appointés par l'Angleterre, ne
pouvaient les déterminer à des entreprises dans lesquelles
le sacrifice était présent et le succès à venir ; et l'indiffé-
rence de la cour anglaise, quoique utile sous certains
rapports, les rendait incapables d'une action agressive; car
elles n'avaient ni troupes, ni commandants, ni organisa-
tion, ni habitudes militaires. Dans des communautés si
affairées, où le peuple gouvernait tout, il n'était pas facile
de faire la guerre, à moins que ce même peuple ne la jugeât
absolument nécessaire.
" Au Canada, tout était différent. Vivant du commerce
des fourrures, les colons avaient besoin de mouvement et
d'espace ; leur position géographique déterminait une vie
d'expéditions ; et cette vie d'expéditions développait les
dispositions aventureuses et remuantes de ce peuple qui,
vivant sous une règle militaire, pouvait être dirigé à telle
Ixxiv FRANÇOIS-XAVIER GARNEAU,
fin que le gouverneur voulait. Le flyetème d'extension du
territoire n'avait pas été conçu i\ la cour ; il aortit du boI
canadien et fut développé par les chefs de la colonie, qui,
étant 8ur le terrain, virent la possibilité et la nécessit/* de
ce système ; et généralement ils avaient un intérêt per-
sonnel il le réaliser." ♦
Du reste, si la France, à certaines époques, a i>ou8sé trop
mollement l'étaVilissement de la colonie, et ne lui a donné
que de faibles secours en hommes et en munitions, il est
d'autres époques aussi où il s'est fait un mouvement très
marqué et très généreux, eu égard aux circonstances.
En tout temps, il s'est trouvé des partisans et des protec-
teurs de la Nouvelle-France à Paris et îl Versailles, excepté
dans les dernières années du règne de Louis XV, et de
l'influence de Mme de Pompadour, qui fut si funeste à la
nation toute entière. Depuis le grand amiral Philippe
de Chabot, engageant François I«'f ù envoyer Jacques
Cartier en Amérique, jusqu'il Colbert donnant Talon à
la colonie, que de personnages illustres ont droit à notre
reconnaissance ! C'est Richelieu et son admirable nièce, la
duchesse d'Aiguillon, faisant elle-même les plus grandes
largesses il nos communautés religieuses, tant î\ Québec
qu'à Montréal ; ce sont tous ces grands seigneurs, toutes
ces dames de la cour, tous ces hommes de bien, de la
finance et de la magistrature, s'intéressant aux œuvres
des jésuites, à celles de Maisonneuve et des Sulpiciens,
à celles de Mgr de Laval ; et c'est surtout Mgr de Laval
lui-même, issu de la plus grande famille nobiliaire de
France, donnant tout ce qu'il possédait pour les admi-
rables institutions qu'il fonda et qui subsistent encore
aujourd'hui.
Ce ne fut pas seulement au point de vue religieux, mais
encore au point de vue de la colonisation, du commerce
et de l'industrie, que Richelieu, Mazarin et Colbert s'occu-
* Cette traduction est empruntée à un ouvrage que nous citons
plus loin : Colbert et le Canada, Paris, 1879, par M. Desmazuree,
prêtre de Saint-Sulpice. Cet ouvrage contient une excellente réfuta-
tion de certaines assertions de !M. Parkman. Voir aussi, sur la même
question, M. Kameau et M. l'abbé Casgrain.
SA VIE ET SES ŒUVRES. IxXV
pèrent du Canada, et l'on peut dire que ce dernier, aidé
de Talon, a pourvu jusque dans les moindres détails, à
tout ce qui pouvait développer les ressources de ce qui
formait alors la Nouvelle-France, et n'était rien moins
que les trois quarts de l'Amérique du Nord. Du reste,
rien ne doit surprendre de la part de ce grand génie, dont
Mazarin avait dit à Louis XIV en mourant : "Je voua
dois tout, sire, mais je crois m'acquitter en vous donnant
Colbert ! "
Quant à la disproportion entre les populations euro-
péennes de la Nouvelle-France et celles de la Nouvelle-
Angleterre, cause principale du triomphe de cette der-
nière, elle peut s'expliquer par l'objet bien différent
que les deux gouvernements avaient en vue dès le prin-
cipe. Sans doute que la France avait des visées trop désin-
téressées, et dans notre siècle, surtout après le résultat
obtenu, on peut même les traiter de chimériques. Qui
n'admirerait cependant de pareils projets au point de vue
de la véritable philanthropie?
" Le but des deux établissements, dit M. l'abbé Desma-
zures, n'était pas le même, et le gouvernement français ne
songeait pas tant à augmenter la population qu'à la main-
tenir dans ses premières vertus. D'ailleurs, cette dispro-
portion n'aurait jamais eu d'inconvénient, si les principes
qui aviiient présidé à l'établissement de la Nouvelle-
France avaient été conservés. Le gouvernement avait en
vue de n'envoyer que des sujets décidés i\ gagner les sau-
vages à la vérité, et à leur donner l'exemple d'une société
vraiment chrétienne. Pour cela, il fallait une population
bien choisie et il n'était pas nécessaire qu'elle fût nom-
breuse. Cela eût été contraire à la fin même de l'établisse-
ment, qui était de laisser aux peuples sauvages la posses-
sion de leurs domaines, de les civiliser et de leur faire
connaître et pratiquer l'Evangile. La sévérité que l'on
déploya à l'égard des Iroquois, ne fut qu'un incident, qui
cessa dès qu'ils eurent renoncé à leurs incursions, et cette
sévérité ne fut jamais déployée à l'égard des autres nations,
plus pacifiques et plus morales. Combien en était-il autre-
ment pour les colonies anglaises ! Leur but était de s'em-
Ixxvi FRANf;ol8-XAVIER GARNEAU,
parer de tout le littoral, d'en chaflser les indigènes et do
sYtahlir à leur place."
SaiiB jiartager en toutes choses la manière de voir de
M. Garneau dans ces grandes questions, on doit tenir
coni])te de la sinc^'rit^; du regret qu'il éprouve en voyant
lu Nouvolle-Frunce plac^'e Hur un j»ied d'infôriorlK'- numé-
rique (pli lui fut si funeste, et imputer ù la vivacité de
son patriotisme les reproches qu'il adresse j\ Louis XIV
à lY'gard des huguenots.
AprCs cette étude des deux colonies, M. Garneau jette
un coup d'œil sur l'état de l'Europe au moment où allait
surgir en Amérique la lutte qui, avec des intennittences
]>lus ou moins prolongées, ne s'est terminée que par la
cession du Canada à, la Grande-Bretagne. Jacques II,
l'allié de Louis XIV, venait de jKîrdre sa couronne, et son
gendre, le ])rince d'Orange, lui avait succédé sous le
nom de Guillaume ITT. La (Jrande-Bretagne se déclarait
l'ennemie acharnée de la France, qui eut à la fois à com-
battre la Hollande, l'Allemagne et presque tout le reste de
l'Europe.
Jusque-là la Nouvelle-France n'avait eu directement
affaire qu'aux Iroquois, plus ou moins soutenus et poussés
par les Hollandais ou par les Anglais. En ce moment ces
derniers, qui s'étaient substitués aux autres, se trouvaient
appelés i\ prendre les armes au lieu d'en fournir aux sau-
vages.
Le ministère îl Paris, et M. de Frontenac à Québec,
décidèrent qu'il fallait suivre la politique des anciens
Romains, qui fut aussi plus tard celle de Napoléon I**"",
attaquer l'ennemi chez lui quoiqu'il parût incomparable-
ment plus fort. Il fut donc entendu qu'en même temps
que l'on irait s'emparer des établissements des Anglais à
la baie d'Hudson et à Terreneuve, on détruirait par des
expéditions simultanées les postes les plus voisins de la
frontière du Canada, et l'on ravagerait les côtes de l'Atlan-
tique jusqu'à la Nouvelle- York, que des vaisseaux de
guerre et une expédition de terre attaqueraient à la fois.
Ce programme, tout hardi qu'il était, fut exécuté pres-
que en entier, et la Nouvelle- York n'échappa que grâce
SA VIE ET SES ŒUVRES. IxxVU
à un de ces malheurs — qu'on me pardonne l'expression —
à un de ces guignons dont la marine française était alors
si fréquemment victime.
Les exploits d'Iberville à la baie d'Hudson sont un
des traits les plus brillants de notre histoire, et ce héros
paraissait vraiment doué d'ubiquité, car à peine avait-il
terminé cette campagne qu'on le voit faire partie des expé-
ditions dirigées contre la Nouvelle-Angleterre. Ces incur-
sions furent une terrible revanche du massacre de Lachine,
dont on imputait l'instigation au gouvernement de la
Nouvelle-Angleterre ; la surprise de Bclienectady surtout
jeta une terreur qui mit du temps à s'effacer ; et de même
qu'aujourd'hui on parle encore, dans nos campagnes, de
" l'année du massacre," de même dans les Etats voisins
subsiste la légende de cette autre année terrible.
Ce retour hardi vers l'offensive fut couronné de succès,
et tourna la fortune de la guerre et aussi celle du com-
merce en faveur de la France. Les Iroquois étaient au
moment de détacher toutes les autres nations de notre
alliance, et de diriger la traite des fourrures vers
la Nouvelle-Angleterre. Frontenac tira immédiatement
parti de ses triomphes militaires; il envoya le célèbre
voyageur Perrot îl Michillimakinac avec un grand convoi
de marchandises et de présents. Les sauvages n'étaient
point de l'avis de Caton ; comme beaucoup de mo-
dernes civilisés, ils préféraient le parti des vainqueurs
A celui des vaincus. *' Ils s'attachèrent, dit M. Gar-
neau, plus étroitement que jamais aux intérêts de la
France. Bientôt après, cent dix canots, jwrtant pour cent
mille écus de pelleteries et conduits par plus de trois
cents sauvages de toutes les tribus, partirent pour Mont-
réal où ils furent reçus aux acclamations de toute la
ville."
Mais ces revers ne firent point qu'effrayer les colons de
l'Angleterre ; ils les décidèrent îi en finir avec ces Français
demi-barbares, disaient-ils, plus terribles et plus féroces que
les sauvages eux-mêmes ; et, d'un autre côté, les Iroquois,
fâchés de voir s'évanouir le beau rêve qu'ils avaient fait
de dicter la loi à la fois aux Européens et aux autres sau-
Ixxviii FRANÇOIS-XAVIER OARNEAC,
vages, fie réunirent en un grand conseil où il y avait
quatre-vingts chefH et un délégua du gouverneur de la
Nouvelle-Angleterre. La même année avait lieu un autre
grand conseil, celui dos difîCrrntes colonies anglaises, et
cette réunion prit le nom de congrès, devenu depuis m
fameux. Là fut prononcé le (Iclenda est Carthago contre la
Nouvelle-France. Mais l'Ai .-, à qui l'on demanda
d'envoyer une expédition < ^uébec, ne se trouva pas
en état d'en faire le sacrifice, à raison des désastres qu'elle
venait d'éprouver et des craintes qu'elle rc- " '" ro.
Les colons donnèrent alors une grande preu '^t
de confiance en eux-mômes. Ils résolurent d'entreprendre
seuls la conquête de la Nouvelle- France ; l'expédition de
Phipps, qui vint échouer si piteusement devant Québec,
celle de Winthrop, que les maladies décimèrent avant
qu'elle eût pu entrer dans le pays, furent les résultats peu
encourageants de cette levée de boucliers.
M. Garneau décrit avec un talent remarquable toutes
ces expéditions, tous ces combats, toutes ces escarmouches
et même toutes ces batailles rangées à la lisière d'une
forêt, ou sous les murs d'un petit fort, car il y en eut plu-
sieurs, bien que le nombre des combattants ne fût pas con-
sidérable. Il raconte aussi, avec une verve toute patriotique,
la défense de Québec contre [la flotte de Phipps. On est,
pour bien dire, présent à la scène du parlementaire reçu
en grande pompe au château Saint- Louis et renvoyé si
dédaigneusement avec la fameuse réponse promise et
si promptement donnée par la bouche des canons ; on croit
voir ce pauvre diable, trébuchant, les yeux bandés en véri-
table colin- maillard, à travers les chevaux de frise, les
affûts de canons, les obstacles de tout genre, multipliés à
dessein sur son passage, arriver étourdi et ahuri par tout
le tapage que l'on avait fait autour de lui, dans la grande
salle du château où M. de Frontenac l'attendait au milieu
d'une cour brillante, quoique improvisée ;' on le voit lire
en hésitant et comme tout efifraj'é de tant d'audace, l'arro-
gante sommation que son maître avait mise entre ses
mains et s'en retourner berné et humilié, mais s'estimant
heureux d'avoir encore tous ses membres en leur place.
SA VIE ET 6ES ŒUVRES. Ixxix
Vient ensuite la description des combats livrés sur la
plage entre Beauport et la rivière Saint-Charles, et le bom-
bardement de la ville par la flotte, toutes choses qui étaient
comme une étude préparatoire du drame que Wolfe devait
jouer plus tard avec plus de succès. " Ce combat dans
le magnifique bassin de Québec, dit notre auteur, présen-
tait un spectacle grandiose. Les détonations retentissaient
de montagne en montagne, d'un côté jusqu'à la cime des
Alléghany et de l'autre jusqu'à celle des Laurentides,
tandis que des nuages de fumée où étincelaient des feux,
roulaient sur les flots et le long des flancs escarpés de
Québec hérissé de canons."
Les canons de la ville eurent plus d'efiet que ceux des
vaisseaux, et si elles perdirent plusieurs otticiers distin-
gués, entre autres M. Le Moyne de Sainte- Hélène, frère de
d'Iberville,les troupes françaises et les milices canadiennes
eurent un avantage marqué dans les engagements sur
terre. Ces succès étaient obtenus avec des forces et des
moyens d'action bien inférieurs à ceux de l'ennemi, et dus
uniquement à l'habileté du chef et au courage des soldats.
Aussi, en lisant ce récit, on comprend la joie de nos
ancêtres, lorsqu'ils virent l'ennemi promptement décou-
ragé abandonner son artillerie sur le rivage pour se réfu-
gier dans ses vaisseaux, et ceux-ci mettre à la voile avec la
plus grande précipitation. Cette joie fut partagée par la
France et par son souverain, qui fit frapper une médaille
en l'honneur de ce glorieux événement. *
M, Garneau se livre ensuite à une étude spéciale, et, sui-
vant son habitude, rétrospective des entreprises faites par
* M. de Frontenac commanda en jiersonne au dernier combat qui
eut lieu près delà rivière Saint-Charles. La médaille est ime des plus
remarquables parmi celles qui furent frappées sous le règne de Louis
XIV. Le castor y imraît pour la première fois comme emblème du
Canada, ^l. de Puibusque, il y a une trentaine d'années, tit frapper
des exemplaires de cette médaille à la Monnaie et en envoya à
quelques-uns de ses amis au Canada. Le musée de l'université
Laval en possède une que l'on croit être de la première émis-
sion.
IXXX FRANÇOlS-XAVIEIt GARNEAU,
les Français et les Anglais, les uns contre les autres, à
Terrencuve et il la baie d'Hudson. Que du fois cch contr^-es
du Nofrd, aujourd'hui rincontcHtablu jiatriuioine du la
Grande-Bretagne, ont été prises et reprises ! C'est tout un
enchevêtrement de succ^'H et de revers, et l'auteur a pres-
(juc autant de mérite j\ 8e tirer de ce dédale (jue len vais-
seaux engagés au milieu des banquises en ont A se guider
dans les étroits passages où ils riHijuent d'être écrasés par
ces masses formidables.
La baie d'Hudson surtout intéresse notre historien, et
les exploits d'Iberville lui ont fourni queloiw-nu.s dos
l)ages les plus brillantes de son ouvrage.
" Cette contrée adossée au p«Me, dit-il, et à peine h;ii)i-
tal)le, était également recherchée jtar la F'rance et par
l'Angleterre pour ses riches fourrures. Les traitants deg
deux nations en avaient fait le théAtre d'une lutte con-
tinuelle, aux vicissitudes de laquelle la trahison avait
sa part."
Le combat livré par d'Iberville avec un seul vaisseau
contre trois, occupe plusieurs pages, parmi lesquelles se
trouve la suivante :
" D'Iberville trouva l'entrée de la baie d'Hudson cou-
verte de glaces, au milieu desquelles ses vaisseaux, séparés
les uns des autres et entraînés de divers côtés, coururent
les plus grands dangers durant plusieurs jours. La navi-
gation a quelque chose de hardi, de grand même, mais de
triste et de sauvage dans les hautes latitudes de notre
globe. Un ciel bas et sombre, une mer qu'éclaire rarement
un soleil sans chaleur ; des flots lourds et couverts, la plus
grande partie de l'année, de glaee-dont les masses immenses
ressemblent à des montagnes ; des côtes désertes et arides
qui augmentent l'horreur des naufrages; un silence qui
n'est interrompu que par les gémissements de la tempête,
voilà quelles sont les contrées où M. d'Iberville a déjà
signalé son courage et où il va le signaler encore. Ces mers
lui sont familières, elles furent les premiers témoins de sa
valeur. Depuis longtemps son vaisseau aventureux les
sillonne. Plus tard, cependant, il descendra vers des climats
plus doux; et ce marin qui a fait, pour ainsi dire, son
SA \aE ET SES ŒUVRES. Ixxxi
apprentissage au milieu des glaces polaires, ira finir sa
carrière sur les flots tièdes et limpides des Antilles, au
milieu des côtes embaumées de la Louisiane; il fondera
un empire sur des rivages où l'hiver et ses frimas sont
inconnus, où la verdure et les fleurs sont presque éter-
nelles."
Cependant, la guerre en Europe et en Amérique, et les
dépenses fastueuses du grand monarque avaient épuisé les
finances de la France, et les ministres qui avaient écrit à
M. de Frontenac de pousser ses avantages, lui enjoignirent
bientôt de restreindre ses opérations et d'abandonner ce
qu'on appelait alors les pays d'en haut. Le gouverneur
donna la mesure de la sûreté de son jugement et de la
fermeté, de l'audace même qu'il y avait en lui. Il prit
sur lui de désobéir aux ordres positifs du roi. M. Gar-
neau se joint à Charlevoix pour approuver cette grande
mais hasardeuse résolution. " Nous n'aurions pas eu plus
tôt évacué ces postes, dit-il, que les Anglais s'en seraient
emparés, et que nous aurions eu immédiatement pour
ennemis tous les peuples qui s'y étaient établis à notre
occasion et qui, une fois réunis aux Anglais et aux cantons,
auraient, dans une seule camivagne, obligé tous les Fran-
çais il sortir du Canada."
Ce fut le contraire qui arriva ; et tandis qu'il promenait
le fer et la flamme dans les cantons, M. de Frontenac
entretenait ses relations avec les nations de l'Ouest et du
Sud-Ouest, et remplissait de son prestige toute l'Amérique.
Aussi les Iroquois, à qui il avait su inspirer autant d'estime
que de terreur — car il avait en général très bien accueilli
leurs chefs et s'était fait des amis de ceux qu'il avait
ramenés de France, où ^L Denonville les avait envoyés
chargés de chaînes — les Iroquois furent prompts à traiter
avec lui après la paix de Ryswiek et cela malgré tous les
efforts des Anglais. Ceux-ci montrèrent moins d'halàleté
que M. de Frontenac et s'aliénèrent une grande partie des
cantons convertie au catholicisme par les missionnaires,
en voulant proscrire ces derniers. En même temps,
tous les peuples de l'Ouest voulurent être les amis du
grand Ononthio, et Montréal vit, en 1701, le plus étrange
Ixxxii FRANÇOIS-XAVIER GARSEAU,
spectacle qu'on ait peut-être jamais contemplé sur ce con-
tinent : une réunion de députés de toutes les nations sau-
vages depuis le golfe Saint- Laurent jusqu'aux vastee
plaines de l'Ouest, et depuis ces régions jusqu'à la partie
inférieure du Mississipi.
Mais il semble qu'une loi providentielle interdise aux
grands hommes la jouissance paisible du fruit de leur»
travaux, soit que les revers viennent les humilier et
détruire leur œuvre de leur vivant même, soit que la mort
les enlève à la veille de leur triomphe.
Ce ne fut point M. de Frontenac, ce fut son lieutenant et
son successeur, M. de Calliùres, qui présida à l'assemblée
du 4 août 1701, et apposa sa signature à côté des hiérogly-
jjhes des nombreux sachems venus des quatre points
cardinaux.
Déjà depuis plus de deux ans, M. de Frontenac était
dans la tombe, et dans l'acte solennel qui consacrait les
résultats de sa brillante administration, on put se permettre
sans inconvenance les réjouissances ordinaires en pa-
reille occasion. Cependant, il était dit que le congrès
bizarre et grandiose qui siégeait en plein air sous les rem-
parts de Montréal, serait attristé par la mort d'un autre
des acteurs principaux dans le drame qui allait se dénouer
avec accompagnement de Te Deum, de salves d'artillerie,
de festins et de feux de joie. Le fameux chef huron
Kondiaronk (le Rat)', pendant le discours d'un autre chef,
eut une syncope ; revenu à. lui-même, il demanda la parole,
et, assis dans un fauteuil, il raconta tout ce qu'il avait fait
pour amener une paix si désirée. Il parla avec une tou-
chante modestie et une grande habileté. " Il exhorta toutes
les nations réunies à conserver cette paix si difficile à
obtenir, démêlant avec une adresse étonnante, dit M. Gar-
neau, les intérêts des uns et des autres. Puis se tournant
vers le gouverneur général, il le conjura de justifier par
sa conduite la confiance que l'on avait en lui. Sa voix s'af-
faiblissant, il cessa de parler. Doué d'une grande éloquence
et de beaucoup d'esprit, il reçut encore, dans cette circons-
tance si grave et si imposante, ces vifs applaudissements
qui couvraient sa voix chaque fois qu'il l'élevait dans les
SA VIE ET SES ŒUVRES. Ixxxiii
assemblées publiques, et qu'il arrachait même à ses enne-
mis, pour ainsi dire malgré eux.''
Ce testament politique de l'orateur, du diplomate de la
forêt ne fait-il pas songer i\ lord Chatham se faisant porter,
presque mourant, au parlement et dictant aucsi lui ses
dernières volontés à l'illustre assemblée, émue de tant de
courage et de patriotisme ? Il y a cette différence, cependant,
que l'homme d'Etat anglais venait exhorter ses compatriotes
à continuer la lutte contre leurs colonies révoltées, tandis
que l'orateur huron prêchait" la paix aux peuples du nou-
veau monde.
Le chef mourut le lendemain ; le récit de ses funérailles,
son éloge, qui suit à peu do distance celui de M. de Fron-
tenac, terminent ce livre de VHistoire du Canada. *
L'auteur repart ensuite, suivant son haVùtude, pour faire
le tour de l'Amérique. Il raconte l'établissement de la
Louisiane, les dernières guerres de l'Acadie, et la coloni-
sation du Cap-Breton.
Avant de décrire les travaux de d'Iberville à l'embou-
chure du Mississipi, il revient sur les entreprises de l'infor-
tuné La Salle, et la manière dont il explique cette étude
rétrospective mérite d'être reproduite :
" Nous nous sommes étendu sur cette expédition infor-
tunée, parce qu'elle servait de prélude à celle de notre
compatriote (d'Iberville était né au Canada) dans la Loui-
siane proprement dite ; d'ailleurs l'histoire du Canada
français devait cette marque de reconnaissance à l'homme
qui a sacrifié sa fortune et sa vie pour la cause de la colo-
nisation française en Amérique ; car s'il n'a pas fondé, il a
du moins accéléré beaucoup l'établissement de la Loui-
siane, aujourd'hui si florissante. Chaque jour ajoute aussi
* Membertou, chef souriquois catholique; Garakontbié, Iroquois
converti ; Ouréouharé, run dos chefs ramènes de France jwir M. de
Frontenac, et plusieurs autres sauvages, ont été, comme Kondiaronk
et le célèbre Pontiac, de grandes personnalités historiques. Sur les
transparents de l'illumination du vieux collège des jésuites, à la fête
du deuxième centenaire de l'érection du diocèse de Québec, parmi
les noms fameux de noti-e histoire se lisaient ceux de Meml^ertou,
Kondiaronk et Pontiac. Voir aussi VOde d<s grands chef», par
Bibaud père.
Ixxxiv FRANÇOIS-XAVIER OARNEAr,
à l'intérêt de l'histoiro de ces pères du nouTcau monde. A
iriosure (juo ce continent se peuple, que les anciennes colo-
nies, si pauvres, si Iiun)l)les îl leur origine, se changent en
P3tats, en empires indépendants, le nom de leurs fondutcurs
grandit; les omhres de ces nouveaux Romulus n'élèvent
sur l'Araéri<]Ue où ell<'« rdinutif pour niu-i din- i mnti.o
les bornes du passé."
Le système do Law attira a la Lcmi.sianc une loulc
d'aventuriers; mais ses colons les plus sérieux et les plus
permanents, ceux qui ont fait souche, furent surtout des
Canadiens.
"('e petit peuple qui habite l'extrémité septentrionale
du nouveau monde, dit M. (iarneau, sans avoir eu presque
le temps de s'asseoir sur la terre qu'il avait défrichée, cou-
rait déjà A l'aventure vers des contrées nouvelles; ses
enfants jalonnaient les rives du Saint- Laurent et du Misais-
sipi dans un espace de près de douze cents lieues! Une
partie disputait les bords glacés de la baie d'Hudson aux
traitants anglais, tandis qu'une autre guerroyait avec les
E.spagnols jusque sous le ciel brûlant des tropiques. La
puissance française dans rAraérique continentale semble
reposer sur eux. Ils se multiplient pour faire face au
nord et au sud. Partout pleins de dévouement et de bonne
volonté, ils manient aussi bien l'aviron du traitant voya-
geur que la hache du défricheur, que le fusil du soldat.
On aime à voir ce mouvement continuel qui les entraîne
dans toutes les directions, au milieu des forêts et des nom-
breuses tribus sauvages, qui les regardent passer avec éton-
nement. Ils furent, dans le nouveau monde, comme ces
tirailleurs qui s'éparpillent dans un combat en avant d'une
colonne dont ils annoncent la charge."
L'effondrement du système de Law, dont notre auteur
expose habilement les diverses péripéties, laisse la Loui-
siane dans le plus triste état. Cette période de l'histoire
de la colonie est assombrie par les tristes résultats de la
conspiration des Chickasas et des Natchez, le massacre de
deux cents Français par ces derniers, et l'extermination de
cette nation, qui vit encore, cependant, dans les œuvres
immortelles de Chateaubriand.
SA VIE ET SES ŒTS'RES. IxXXV
La fondation de la Nouvelle-Orléans par le frère de
d'Iberville, M. de Bienville; celle de Louisbourg, par M.
de Costebelle; l'établissement de l'île Saint-Jean (aujour-
d'bui l'île du Prince-Edouard); celui du Détroit, par de
LaMothe-Cadillac ; tout cela est dit en son lieu et place, et
sert à montrer la simultanéité des efforts qui se firent pour
fonder et conserver la Nouvelle-France, et le courage
avec lequel on se retnit à l'œuvre après les plus grands
désastres; car on ne songea à coloniser le Cap-Breton et
l'île Saint-Jean (jue lorsque le traité d'Utrecht eut enlevé
à la France l'Acadie, Terreneuve et la baie d'Hudson.
C'était alors le déclin de la splendeur de Louis XIV, et
le commencement du déclin de la monarchie à travers les
honteuses années de la régence, et celles du règne de Louis
XV, lequel, à son début, cependant, ne fut pas sans gloire.
L'historien est sévère pour le grand roi, plus sévère
encore pour madame de Maintenon. Il semble attribuer t\
la révocation de l'édit de Nantes, dont elle ne fut certai-
nement pas la seule inspiratrice, tous les malheurs do la
France et de ses colonies, tandis que l'on devrait plutôt
reprocher aux fanatiques sectaires leur manque de patrio-
tisme et leurs intrigues, qui furent, au moins autant que le
sentiment religieux, la cause des persécutions.
L'auteur suit avec anxiété, et comme aurait pu le faire
un contemporain, tous ces événements de la politique
euro[)éenne, ces guerres et ces traités de paix plus ou moins
illusoires dont les colons de la France et de l'Angleterre
sont alternativement les victimes, se disant à lui-même
avec le poète: Quklquid délirant reges plectuntur Aehivi.
Assez souvent aussi ce sont les colons qui allument en
pleine paix la torche incendiaire et entraînent les métro-
poles à leur suite.
Le sort fut surtout cruel à l'égard de ces braves Acadiens,
qui combattirent longtemps encore après qu'ils eurent été
abandonnés, et pour leurs alliés, les Abénaquis, qui prome-
nèrent dans les établissements anglais la hache de guerre
et le couteau à scalper. Comme plus tard le célèbre Pontiac
dans les régions de l'Ouest, ils ne pouvaient se résoudre à
croire que le grand Ononthio délaissait ses enfants.
F
IxXXvi FRANÇOIS-XAVIEIt OARNEAl',
Cette triste page d'histoire se termine par le récit de
l'assassinat du Père Rawle par les Anglais.
"Ceux-ci, dit M. (Jarnejiu, qui attribuaient aux conBeilM
du missionnaire tout ce (juc faisaient les sauva^çcs, fonuè-
rent un nouveau projet pour s'emparei de lui, mort ou vif.
(Ils avaient échoué dans une première tentative.) Sacliant
l'attachement que ses néophytes lui portaient, ils envoy-
èrent, en 1724, onze cents hommes pour le prendre et pour
détruire Narantsouaek, grande bourgade qu'il avait formée
autour de sa chapelle. Cerner le village entour' "' "-«e»
broussailles, et le livrer aux flammes fut 1 .t i un
instant. Au premier bruit, le vieux missionnaire était «orti
de sa demeure. Les assaillants jetèrent un grand cri en
l'apercevant et le couchèrent en joue. Il tomba sous une
grêle de balles avec sept sauvages, qui voulurent lui faire
un rempart de leurs corps. Les vainqueurs épuisèrent
ensuite leur vengeance sur son cadavre. Ayant exécuté
leur assassinat — car une expédition entreprise pour tuer
un missionnaire n'est pas une expédition de guerre — ils se
retirèrent avec précipitation. Les sauvages rentrèrent aus-
sitôt dans leur village et leur premier soin, tandis que le«
femmes cherchaient des herbes pour panser les blessés, fut
de pleurer sur le corps de leur infortuné missionnaire.
" Ils le trouvèrent percé de mille coups, la chevelure et
les yeux remplis de boue, les os des jambes fracassés et
tous les membres mutilés d'une manière barbare. Voilà,
s'écrie Charlevoix, de quelle manière fut traité un prêtre
dans sa mission au pied de la croix, par ces mêmes hommes
qui exagéraient si fort, en toute occasion, les inhumanités
prétendues de nos sauvages, qu'on n'a jamais vus s'acharner
ainsi sur les cadavres de leurs ennemis. Après que ces
néophytes eurent baisé et lavé plusieurs fois les restes d'un
homme qu'ils chérissaient, ils l'inhumèrent à l'endroit
même où était l'autel avant que l'église fût brûlée."
De retour de cette longue excursion à la Louisiane et
en Acadie, l'auteur nous raconte ladministration de M. de
Vaudreuil, successeur de M. de Callières, qui mourut
après quatre ans de gouvernement, et celle de M. de Beau-
harnois. M. de Vaudreuil était, comme M. de Callières,
6A ^^K ET BE8 Œrv'^REs. Ixxxvii
un habitant du Canada, où il avait servi longtemps avant
d'être nommé gouverneur général. Jusque-là les grands
fonctionnaires, gouverneurs et intendants, avaient toujours
été envoyés d'P^urope; et comme M. de Vaudreuil, bien
que né en France, avait épousé une Canadienne, on hésita
pour cette raison à le charger des destinées de la colonie,
tant était vif le préjugé des gens d'outre-mer contre les
colons, que l'on appelait des créoles, ici comme aux Antilles
et à la Louisiane. Il est vrai que l'on donnait pour prétexte
qu'un homme du pays ou marié dans le pays, y avait trop
de parents et de relations et pouvait être exposé à l'accu-
sation de népotisme. Les Romains tenaient pour le même
principe et ne permettaient i)oint aux gouverneurs de leurs
provinces d'épouser une de leurs administrées. Chez eux
comme chez les Français et chez les Anglais, l'esprit de do-
mination, une injuste défiance envers les colons, un mépris
également injuste de tout ce qui était étranger au sol métro-
politain, étaient pour beaucoup dans cette manière d'agir.
Notre liistorien proteste avec énergie contre ces tendances,
sur lesquelles il aura l'occasion de revenir lorsqu'il s'agira
du second Vaudreuil, le premier Canadien appelé à gou-
verner son pays ; et, en attendant, il s'applique à faire res-
sortir les talents remarquables, l'honnêteté et l'habileté
du successeur de M. de Callières. Dans ses rapports avec
les sauvages, M. de Vaudreuil montra un tact admirable,
une connaissance approfondie de leur caractère, une fer-
meté habile et pleine de modération. Comme l'intendant
Talon, il s'appliqua aux intérêts matériels de la colonie,
protégea l'agriculture, et, le premier peut-être de nos gou-
vernants, il favorisa l'instruction primaire et fit nommer
un certain nombre d'instituteurs. Il fit faire une nouvelle
division des paroisses dans les trois gouvernements de
Québec, des Trois- Rivières et de Montréal ; il fit opérer un
recensement et voulut même qu'il fût renouvelé tous les
ans, ce qui ne fut pas exécuté. Enfin, il s'occupa sérieuse-
ment des finances, du commerce, de la traite avec les sau-
vages, si difficile à réglementer. M. Garneau entre là-dessus
dans de grands détails et consacre au commerce un cha-
pitre remarquable, dans lecjuel il nous laisse voir, comme
y
IxXXviii FRAN(;01»-XAV1ER OARNEAU,
historien, le côté pratique de «on caracttreet de son talent,
que j'ai <îéJ!l eu l'occasion do «i^naler A plu ' 'on.
Sous M. do Beauharnois, les pn'jugés et 1 ut
je viens de parler eurent des conp<''(iuence« qui auraient
dû éclairer le gouvernement métropolitain sur l'inanité du
machiavélisme qu'il mettait en «ruvre. L'évéque, le gou-
verneur et l'intendant avaient été placés sur le mT-nje pied,
ou A peu pn's, dans le conseil supérieur où ils siégeaient.
L'oltjet était de les faire se contrôler les uns les autrea et
d'empêcher qu'ils ne se liguassent enscmhle dans les intérêts
de la colonie contre ceux de la métropole. Cela est claire-
ment indiqué dans certaines dépêches et l'on ne saurait, à
la vérité, imaginer une application plus exorbitante et, en
même temps, plus malheureuse de la fameuse maxime
(livide, et iinpera.
En plusieurs rencontres, et notamment sous M. de Fron-
tenac, ce système avait déjà produit la discorde et avait
même été la cause du rappel de ce gouverneur, et, par
conséquent, des déploral)les administrations de M. de La-
Barre et de M. de Denonville. M. de Beauharnois se que-
rella avec M. Dupui-s, le nouvel intendant, bel esprit,
philosophe et parlementaire, qui prit la part de M. de
Lotbinière dans les difficultés qui eurent lieu à propos de
préséance entre cet archidiacre et le chapitre, lors des funé-
railles de Mgr de Saint- Valier. M. (iarneau est le premier
historien qui ait raconté ce singulier épisode; lequel a
fourni à un spirituel ecclésiastique du temps le thème
d'un poème héroï-comique imité du Lutrin, de Boileau.
M. Dupuis fut rappelé et M. de Beauharnois resta long-
temps encore gouverneur, jusqu'à ce qu'il fût remplacé par
M. de la Galissonnière, homme versé dans les sciences et
les lettres et dont le célèbre naturaliste suédois Kalm, qui
fut son hôte, a fait l'éloge. Deux autres gouverneurs, M.
de la Jonquière et M. Duquesne, précédèrent M. de Vau-
dreuil, second du nom, qui fut le dernier représentant de
la France au Canada.
Dans le récit des événements de la plus grande partie de
cette époque — jusqu'à la guerre de sept ans — le système
adopté par M. Garneau laisse voir plus d'inconvénients
SA VIE ET SES ŒUVRES. Ixxxix
pour le lecteur que dans le reste de l'ouvrage. On se
débrouille mal à travers les vicissitudes qu'endurent les
colons sous ces paix douteuses pendant lesquelles l'orage
gronde toujours quelque part.
Quoique la paix d'Utrecht fût de longue durée, la lutte
se continuait toujours dans les pays sauvages. On parais-
sait jouer dans l'Ouest une gigantesque partie d'échecs;
si les Français s'avanyaient d'un côté et y élevaient un fort,
vite les Anglais poussaient d'un autre côté, de manière à
mater leurs adversaires, et construisaient une autre for-
teresse. Dans l'Acadie, comme dans l'Ouest, des doutes
existaient sur l'interprétation des traités, et la question
des frontières, que l'Angleterre a eu à discuter plus tard
en sens inverse avec les Etats-Unis, semblait à chaque
fois être laissée dans le doute, comme à dessein, et pour se
ménager un prétexte pour une n(»uvelle rupture.
M. Cîarneau dit, à ce sujet: "Quant à la délimitation de
cette frontière, que le Père Aubry avait proposé de fixer en
tirant une ligne de Beaubassin à la source de la rivière
Hudson, il paraît qu'il n'en fut plus question jusqu'après
la guerre de 1744. Ce missionnaire canadien, illustré par
la plume de Chateaubriand dans Atala, et par le pinceau
de Girodet, dans un tableau remarquable, était dans cette
contrée en 1808. Il écrivait que l'Acadie se bornait à la
péninsule, et que si on abandonnait les sauvages, les
Anglais étendraient leurs frontières jusqu'à la hauteur des
terres près de Québec et de Montréal. L'humble prédica-
teur avait prévu les prétentions de Londres trente ans
avant leur énonciation. La faute du gouvernement français
fut de n'avoir pas distingué par une ligne de division
chacune de ses provinces."
Le môme état de choses existait dans l'Ouest ; comme je
l'ai dit, tout le temps de cette longue paix d'Utrecht se
passa en récriminations, en négociations, en entreprises
réciproquement jalousées et contestées. Après quatorze ans
de cette paix et sans qu'elle fût officiellement révoquée, le
bruit du tambour retentit encore dans les murs de Québec.
C'était une expédition qui se préparait contre les Outa-
gamis, nation que les Iroquois avaient lâchée 'contre nos
XC FRANÇOIS- XAVIEIl GARNEAU,
posteH avancés do TOuest, ce h (luoi ils étaient pousKt» i>ar
les Anglais, (jui voulaient j\ tout prix chasser leurs con-
currents de COR régions.
Les Outagamis méritaient bien le nom de Renarde dont
nos voyageurs les avaient affublés. C'était une nuée d'a»-
saillants iusaisisfables, (jui se trouvaient partout lor»<|u'il
s'agisnait de mal faire, et qu'on ne trouvait nulle part lor»-
(ju'on voulait ao venger de leurs méfait». Déjà deux foin
ils avaient été attaqués et chAtiés par les Fran^-ais et leurs
alliés; cette fois, il s'agissait d'en finir avec eux. l/ex\)é-
dition, envoyée par M. de Beaubarnois et commandée par
M. de fjigncris, en vint A bout ou A peu près; ce fut un
grand prestige pour la France dans ces vastes régions de
l'Ouest qu'elle avait A cœur d'acquérir et de conserver.
Et pour preuve de sa détermination, elle ne se contentait
point des territoires dont l'Angleterre lui contestait la
possession ; après avoir perdu ses Etats de l'Atlantique,
elle voulait s'étendre jusqu'au Pacifique, que l'on appelait
alors la grande mer de l'Ouest. M. Gaultier de la Vérendrye
fit «leux expéditions dans ces contrées, que le gouvernement
du Canada vient seulement d'ouvrir A la colonisation, et y
établit une chaîne de petits postes ou forts pour contenir les
indigènes et faire la traite des pelleteries. Si l'on songe
qu'on en construisit trois A de grande? distances les uns des
autres, bien à l'ouest du lac Winnipeg, on a droit de s'é-
tonner de l'audace et du génie aventureux de nos ancêtres.
De la Vérendrye appela les pays quil avait découverts
'' Pays de la grande mer de l'Ouest." " Le gouvernement,
dit M. Garneau, avait l'intention de prolonger la ligne des
postes jusqu'à la mer. Les regards des Européens, sans
cesse tournés vers l'Occident, semblaient chercher cette
terre promise qui avait embrasé le génie de Colomb, ce
ciel mystérieux et qui fuit toujours, vers lequel, comme
une puissance magique, pousse continuellement la civi-
lisation."
On croyait alors cette mer beaucoup plus rapprochée
qu'elle ne l'est réellement, et la forme de l'Amérique du
Sud portait à croire que l'Amérique septentrionale se
rétrécissait aussi vers son extrémité.
SA VIE ET SES ŒTVRES. XCl
De son côté, l'Angleterre s'appliquait davantage à s'as-
surer la suprématie des mers, certaine que, par là, elle
régnerait sur toutes les côtes de l'Atlantique, isolerait sa
rivale et saperait par la base le grand empire que la France
était en voie de créer.
Louisbourg, seule forteresse que celle-ci possédât dans le
golfe Saint-Laurent, était l'écueil qui pouvait faire échouer
les projets du cabinet de St. James; la France l'entendait
bien ainsi et elle y tenait d'autant plus que l'exécution
de cette heureuse conception militaire lui avait coûté
davantage.
" Les colonies anglaises, dit notre auteur dans son style
imagé, voyaient avec une espèce de terreur ces sombres
murailles de Louisliourg, dont les tours s'élevaient au-
dessus des mers du Nord comme des géants menaçants."
C'était donc là le point où devaient se concentrer, à la
premii're occasion, tous les efforts des deux nations et de
leurs colonies respectives.
Une coalition s'étant formée contre Marie-Thérèse, et la
France y ayant pris part, TAngleterre jeta le poids énorme
de sa puissance en faveur de Tillustre souveraine. La guerre
éclata de nouveau, en 1744, entre nos deux belli(iueuse8
mères patries. De suite les colons de la Nouvelle-Angleterre
demandèrent au gouvernement anglais d'envoyer une flotte
pour s'emparer de Louisbourg, et, ne recevant point de
réponse, ils firent comme ils avaient déjà fait du temps de
Frontenac, ils organisèrent eux-mêmes une expédition. Le
Commodore Warren et le général improvisé Pepperell
furent plus heureux que l'amiral Phipps ne l'avait été
devant Québec. Louisbourg fut pris, grâce surtout à la
discorde qui régnait depuis quelque temps dans la gar-
■ ni s on.
C'était au lendemain de la célèbre victoire de Fontenoy ;
et rendons cette justice à Louis XV et à son ministre, M.
de Maurepas, ils comprirent que tout n'était pas gagné par
cette victoire et se rendirent promptement aux représenta-
tions de M. de Beauharnois. On organisa l'expédition la
plus remarquable que la France ait mise sur pied pour
venir au secours de ses colonies d'Amérique ; onze vaisseaux
XCll FKAN<;0I8- XAVIER GAKNEAU,
de ligne furent mi» sous le commandement du duc d'An-
ville, trois mille hommes de d^-biiniuement sou» celui de
M. de Pommeril. L'arm<5e devait (trc renforcée par un
contingent de Canadiens et de sauvages. IjC» ordres étaient
de s'emparer de Louishourg et d'Annapolis, de détruire
Boston, de ravager les côtes de la Nouvel le- Angleterre,
enfui de pousser jusqu'aux Antilles anglaises. Des deux
côtés, en Amérique, on s'émut ; les colont; anglais furent
effrayés; les Canadiens, qui brûlaient de se distinguer,
piqués par le succès que les Américains avaient eu à Louia-
hourg, apros avoir craint (jue Québec n'eût bientôt le même
sort, furent remplis d'espérance et de joie.
Mais cette joie fut de courte durée: "Le tableau de la
fin de cette expédition, dit M. Garneau, présente les traita
les plus son)bres et les plus tragiques. On était à la vue du
port de Chibouctou (Halifax), et chacun commentait à se
livrer î\ ses espérances et à oul>lier les fatigues d'une lori^ue
traversée, lorsqu'une tempête furieuse nurprend les vais-
seaux et les disi)erse ; une partie est obligée de relâcher
dans les Antilles, une autre en France ; «luelques transports
périssent sur l'île de Sable, et le reste, battu par les vents
pendant dix jours, ne peut pénétrer qu'avec yte'ina au port
qu'il avait été si près de toucher avant la tempête, et où il
entre maintenant avec une épidémie causée par le long
séjour des troupes dans les entreponts... La mort empor-
tait soldats et matelots par centaines, par milliers. Peut-on
rien imaginer de plus lugubre que cette flotte enchaînée à
la plage par la peste; que ces soldats et ces équipages
encombrant d'immenses baraques érigées à la hâte sur
des côtes incultes, inhabitées et silencieuses comme des
tombeaux, en face de l'immense Océan, qui gémis.sait à
leurs pieds et qui les séparait de leur patrie, vers laquelle
ils tournaient en vain leurs regards expirants?... La conta-
gion se communiqua aux fidèles Abénaquis, qui étaient
venus pour joindre leurs armes à celles des Français."
Les ennemis efifrayés n'osaient s'approcher; cependant
des lettres interceptées annonçaient l'arrivée d'une flotte
anglaise. A la suite d'un conseil de guerre, le duc d'An-
ville meurt subitement ; M. d'Estournelle, qui lui succède
8A VIE ET SES ŒUVRES. XCUl
dans le commandement, ne pouvant s'entendre avec M. de
La Jonquière, tombe malade, et, dans le délire de la fièvre,
se perce de son épée.
N'y a-t-il pas là quelque chose qui rappelle la fatalité
antique, et notre auteur, toujours frappé du côté poétique
des événements, n'a-t-il pas raison de comparer ces dé-
sastres à ceux de la retraite des Grecs après la prise de
Troie ?
M, de La Jonquière — le même qui fut plus tard gouver-
neur général — voulut donner suite à sa détermination de
ne pas abandonner la i)artie. Il entreprit avec quatre vais-
seaux d'assiéger Annapolis ; mais une nouvelle tempête
éclata sur ce dernier débris de la flotte et l'obligea de faire
route pour la France.
Les puritains de la Nouvelle-Angleterre virent dans ces
événements l'intervention directe de la Providence, et en
rendirent au ciel des actions de grâces comme avaient fait
aussi nos ancêtres, à Québec, lorsqu'en 1711 la flotte de
Tamiral Walker fit naufrage sur l'île aux Œufs, naufrage
qui sauva le Canada d'une attaque combinée, par terre et
par mer, bien plus formidable que celle de Phipi)s. Telle
était la confiance de Walker dans le succès de son entre-
prise, que sa plus grande préoccupation était de savoir
comment il pourrait hiverner dans la rade de Québec !
Nombreuses furent, comme on le voit, les entreprises
des deux nations l'une contre l'autre. Quels progrès eût
faits notre continent à cette époque, si, se le partageant à
ramiable, elles avaient mis, pour le coloniser et le chris-
tianiser, la moitié seulement des dépenses en hommes et
en argent qu'elles faisaient pour s'y disputer la suprématie !
M. de Maurepas ne se laissa pas décourager par le triste
sort qu'avait eu l'expédition du duc d'Anville: "Quand
les éléments commandent, avait-il dit, ils peuvent bien
diminuer la gloire des chefs, mais ils ne diminuent ni
leurs travaux ni leur mérite."
Une nouvelle flotte de trente bâtiments chargés de
troupes et de provisions, escortée de six vaisseaux de ligne
commandés par M. de La Jonquière, fut envoyée pour rem-
placer celle qui avait péri ; elle fut capturée en mer par les
XCIV FRANÇ0I8-XAV7ER OARNEAl',
Anglais, après s'être vaillamment défendue contre des forces
bien supérieures. En môme temps, M. de Ilamesay infli-
goait A nos ennemis une défaite «ij^nalée, et la victoire do
(irund-Pré fut suivie d'un ^rand nonibre d'incursions qui
portèrent encore une fois la terreur au milieu des colonies
anglaises. "Les partis (jui allaient en guerre, dit M, (îar-
ncau, se succédaient de mani^rc quMl y en eût toujours sur
les terres de l'ennemi."
Cependant, le combat naval de Belle- Isle achevait d'écra-
ser la marine française, déjj\ décimée par ceux qui avaient
précédé, et la paix d'Aix-la-C'bajMîlle, qui fut imposée aux
alliés par les victoires continentales du maréchal de Haxc,
laissait la France presque sans vaisseaux. Faut-il s'étonner
(|uc cette paix, qui avait rendu T^ouiH})Ourf; aux Franrais,
ne fut qu'une. trêve et cncnif une tr^vc trrs mal o],-<ivéf.
surtout en Amérique ?
".Situation étrange, peut-être uni(}ue dan.- 1 lii.-.toire I
s'écrie M. de Bonnechose.* Depuis deux années le sang
français et le sang anglais rougissaient l'herbe des forèta
d'Amérique, et les amba.S8adeurs des deux nations étaient
de toutes les fêtes jI Versailles et il 8t. James. Hélas ! le
gouvernement français, qui sentait son incurable faiblesse,
se rattachait désespérément même à une ombre de paix.
Mais un jour, au mépris du droit des gens, de la foi des
traités et des coutumes des nations, à un signal parti de
l'amirauté de Londres, de tous les coins de l'horizon les
vaisseaux anglais fondent sur nos navires de commerce et
de guerre, sur nos bateaux pécheurs, sur nos baleiniers,
sur nos caboteurs. En un mois, trois cents bâtiments, avec
huit mille hommes d'équipage, tombaient au pouvoir de
l'ennemi et étaient remorqués en triomphe dans les ports
* Montcalm et h Canada français, par M. de Bonnechose — e*sai
lii.stoi-ique, couronné par l'Académie française, et qui en est rendu
à sa cjuatrième édition ; celle-ci e.st illustrée et fait partie de " la
Bibliothèque des famille* et de« écolef^," publiée par M. Hachette.
Grâce à elle, dans chaque hameau de France, on rapprendra cette
belle p-'ge d'histoire depuis longtemps oubliée, et Ton verra ce que
I^eut l'amour de la patrie, même dans le.s circonstances les plus
désespéi^ées.
SA VIE ET SES ŒUVRES. XCV
de la Grande-Bretagne. Le glorieux écusson de l'Angle-
terre en est resté marqué d'une tache que ne saurait laver
toute l'eau de l'Occ-an, théâtre de ces pirateries. Louis XV
lui-même ressentit l'affront et redevint un instant le roi
de Fontenoy. Il écrivit à George II une lettre indignée
pour lui demander réparation, et cette paix mensongère,
qui n'abritait que des guets-apens, fut officiellement rom-
pue le 18 mai 1756."
C'est sur ce grave événement que se ferme le second
volume de V Histoire du Canada. AL Garneau, dans les pre-
mières pages du troisième, fait de main de maître le
tableau de la situation en Europe et en Amérique, au mo-
ment où va commencer sur ce continent la lutte suprême
entre les deux nationalités. Il semble que le talent de
l'écrivain grandisse avec la tâche qu'il s'est imposée. L'é-
motion sincère du patriote remplit d'une solennelle tris-
tesse les pages qui racontent la chute de la domination
française ; le lecteur, même étranger, même anglais d'ori-
gine, ne peut s'empêcher de partager cette angoisse à la-
quelle se mêle un sentiment d'indignation contre la cour
de Versailles, contre Bigot et son hideux entourage, contr*
tout le système corrompu du sommet à la base, qui a con-
duit la France aux abîmes, qui lui a fait perdre ses colo-
nies, et ([ui mieux que toutes les théories politiques ou
philosophiques, explique le grand cataclysme survenu
trente ans plus tard. Cela se résume en deux mots : fripons
et courtisanes !
Aussi notre auteur va droit au but ; dès la première page
il prend il partie l'audacieuse intrigante qui changeait
alors les généraux et les ministres au gré de ses caprices
et qui, flattée des attentions de Marie-Thérèse, poussa Louis
XV à s'allier avec l'Autriche qu'il avait toujours combat-
tue, et à se mettre sur les bras une nouvelle guerre con-
tinentale au moment où il n'avait pas trop de ttmtes ses
ressources pour faire la lutte en Amérique. Tous ses
efforts auraient dû se porter vers la marine, seule protec-
tion efficace des colonies. C'était pour l'avoir trop négligée
depuis un demi-siècle, que la France avait été obligée de
lutter sans cesse contre des forces supérieures et de pro-
XCVl FRANÇOIS-XAVIER GARNEAU,
(liguer sans aucun résultat des prodiges de valeur et d^ha-
Itiiot/'. Si, au contrjiiro, elle se ffit ai»i)li«iu«'e A ^tre une
grande puissance maritime — et elle le j^ouvait facile-
ment avec son immense littoral sur la M(;diterranée et sur
rAtlantique, avec ses nombreux ports de mer, avec ses
l'r(»ven<;aux, ses liascpics, ses IJretons et ses Normands,
naturellement navigateurs, avec Terreneuve, TAcadic et
le golfe Saint- Laurent, une i)artie des Antilles et la Nou-
velle-Orh'ans eu sa puissance — elle serait aujourd'hui la
maîtresse du monde.
Les colonies anglaises poussaient plus que jamais leur
m^-tropole à chasser les Français de toute rAni»'ri<iue. Déjà,
cependant, se montraient chez elles les hommes (jui de-
vaient venger la France et chasser, à son tour, l'Angleterre
de la plus grande partie de ce continent. P]n 1754, dans le
territoire contesté de l'Ohio, un jeune colonel tonjbait sur
un parti de Canadiens qui allaient lui porter une sommation
de la part de M. de Contrecœur; le chef de ce parti, Jumon-
ville, quoiqu'il eût un pavillon de parlementaire, fut mas-
sacré avec neuf des siens. Le colonel se nommait George
Washington. Jamais carrière plus glorieuse ne fut com-
mencée par un acte j)lus regrettable.
D'un autre côté, l'honime politique qui se faisait l'organe
des autres colons auprès de la métropole se nommait Ben-
jamin Franklin. "Celui, dit M. Garneau, que Paris, vingt-
cinq ans plus tard, vit s'acharner à soulever l'opinion de
la France et de toute l'Europe contre l'Angleterre, celui
que le Canada vit venir pour révolutionner ses habitants
en 1776, fut, en 1754, le promoteur de l'entreprise contre
les possessions françaises. Point de repos, disait-il, point
de repos à espérer pour nos treize colonies, tant que les
Français seront maîtres du Canada! "
Mais Ton comprenait bien que l'Acadie, et l'île du Cap-
Breton avec sa redoutable forteresse, étaient les clefs du
Canada du côté de la mer. L'espèce de neutralité que l'on
avait imposée aux Acadiens laissait toujours subsister beau-
coup d'inquiétude à leur égard ; eux et leurs alliés, les
Abénaquis, avaient déjà ménagé plus d'une terrible sur-
prise aux ennemis de la France. Quoiqu'en général ils
SA VTE ET SES ŒUVRES. XCVU
fussent résignés au rôle qui leur était dévolu et vécussent
paisiblement sur leurs riches domaines, leur sort fut vite
décidé : ce fut la déportation en masse, accompagnée de
toutes les circonstances qui pouvaient rendre cet acte en-
core plus odieux.
L'historien fait précéder le récit de cette sinistre exécu-
tion du tableau des mœurs douces et patriarcales des popu-
lations acadiennes, tableau emprunté îI Raynal. C'est une
idylle suivie d'une tragédie.
A l'époque où écrivait M. (iarneau, on était loin de
prévoir l'importance que prendraient les débris épars de
cette nationalité dans les provinces maritimes. Comme il
eût été fier et heureux s'il eût pu voir la grande manifes-
tation acadienne de l'été dernier ! *
Tandis que ces événements se passaient, le général
Braddock s'avançait pour chasser les Français de l'Ohio.
M. Garneau raconte avec un talent remanjuable la bataille
de la Monongaliéla ; le vainqueur, de Beaujeu , et le
vaincu, Braddock, y périrent, comme plus tard Wolfe et
Montcalm aux plaines d'Abraham. Il donne aussi une
excellente description du combat du fort Edouard, où le
général Dieskau, que l'on avait envoyé pour prendre le
commandement de toutes les forces, fut blessé et fait pri-
sonnier. Cette bataille avait été précédée d'un engagement
dans lequel les Anglais avaient été vaincus. C'était donc
seulement une demi-victoire à opposer à la grande dé-
route de la Monongahéla, où presque tous les officiers an-
glais avaient été tués ou blessés. Washington, qui était
au nombre des survivants, écrivait "après cette dernière
bataille : " Nous avons été battus, honteusement battus
par une poignée de Français qui ne songeaient qu'à inquié-
ter notre marche. Quelques instants avant l'action, nous
croyions nos forces presque égales à toutes celles du Ca-
* IVuir tout co qui concerna l'iiistoire des Aoadiens, on lira avec
avanta^'o les deux excellents ouvrajres de M. Rameau: " /xt France
en Amér'u/iie — ActulUna tt Canadieiit," et " Une colonie féodale tn
AmérUju" M. Pamphile I^may, poète canadien, a publié une très
belle trailuction en vers du célèbre poème de Ix)ngfellow , " Emn-
géline"
XCviii FRANÇOIS-XAVIER OAUNKAU,
nada; et cependant, c<mtro toute probabilité', nous avons
été comi)lètement défaits, et nous avoiiK tout ï>erdu."
Washington avait déjil éprouvé une sanglante défaite
pour son propre compte au fort Nécessité, où de Villieri
était allé venger la mort de son frire Junionville. *
Cette campagne, entreprise en pleine paix, n'avait jmis
beaucoup réussi aux colonies anglaises. Des quatre expé-
ditions qu'elles avaient comlânées, une seule, celle de l'A-
cadie, avait eu un demi succès ; les trois autres, qui
avaient respectivement pour objet d< " ' N»rts
Duciuesne, Saint- Frédéric et Niagara, i i-^gez
misérablement. La déroute de Braddock et sa mort, Tin*
action de Johnson aprt-ssa victoire au fort Edouard, Ijumi-
liaient nos ennemis. " Mais, de i>lus, la bride fut lâchée,
dit M. CJarneau, aux bandes canadiennes et sauvages,
qui dévastèrent les étal>lis8ements anglais depuis la Nou-
velle-Ecosse jusqu'il la Virginie, avec l'esprit de vengeance
que leur inspirait la guerre injuste que l'on faisait au
Canada. Plus de mille habitants furent massacrés ou traî-
nés en caj/tivité par ces guerriers redoutables, qui, comme
un torrent dévastateur, ne laissaient que des ruines sur
leur passage. Les populations épouvantées abandonnè-
rent leurs foyers, et allèrent chercher un asile dans les
l)rovinces méridionales et sur les bords xle la mer."
Tel était l'état des aflaires en Amérique ; en Europe, même
avant les déclarations de guerre qui, de part et d'autre, ne
furent que de pures formalités, la France avait pris Mi-
norque et infligé une terriljle défaite à l'amiral Byng, que
son gouvernement fit pendre, suivant le mot de Voltaire,
pour encourager les autres.
Les choses étant rendues à cette extrémité, les deux
nations se préparèrent à faire les plus grands sacrifices.
La France recevait les demandes de secours les plus
pressantes de la part de tous les fonctionnaires de la colonie
* La mort de Jumonville produisit une grande sensation en Europe.
Thomas, le célèbre auteur de tant d'éloges académique^*, écrivit sur
ce sujet un poème qui n'était pas du tout élogieux pour le père de la
grande républiqua Celui-ci a toujours soutenu qu'il y avait eu mé-
prise, qu'il avait cru à une attaque et non pas à une sommation.
SA VIE ET SES ŒUVRES. XCIX
et de tous les officiers de l'armée; non seulement on vou-
lait des hommes, des munitions, des vivres, mais on pres-
sait surtout l'envoi d'un officier expérimenté pour remplacer
le général Dieskau.
Les ministres envoyèrent deux nouveaux bataillons, des
recrues, des vivres et un million trois cent mille livres en
numéraire ; cet envoi d'argent, fait remarquer notre auteur,
porta, contre toute attente, un préjudice grave à la colonie,
en ce que sa circulation fit baisser le papier-monnaie et
les lettres de change.
Un nouveau général et plusieurs officiers supérieurs
d'un grand mérite s'embarquèrent avec ces renforts. Le
général s'appelait le marquis de Montcalm, et parmi ceux
qui l'accompagnaient on remarquait le chevalier de Lévis
et le colonel de Bourlamaque. Ainsi s'avançaient vers les
régions lointaines de l'Amérique ceux qui devaient être les
princi})aux acteurs dans les scènes les plus émouvantes de
notre histoire. Ils avaient, du reste, l'intuition du çôle
périlleux autant qu'honorable qui leur était échu. Les
lettres de Montcalm, citées par M. de Bonnechose ou par
le père Sommervogel, font voir qu'il ne se fit guère illusion
sur le sort qui l'attendait. *
L'Angleterre et les colonies anglaises, de leur côté, fai-
saient les plus grands armements et s'assuraient la supé-
riorité du nombre. Dès le début de la campagne de 1756,
leurs forces présentaient un effectif plus que double de
celui qu'on pouvait leur opposer.
Non seulement nos ancêtres avaient contre eux le
nombre ; mais leur cause eut bientôt à souffrir de la mésin-
telligence entre les chefs. A cela se joignirent la disette
qui devint presque la famine, et la petite vérole, qui fit de
terribles ravages, surtout parmi leurs alliés sauvages, et
décima cruellement les Acadiens réfugiés dans le pays,
qui auraient pu être un excellent renfort pour nos troupes.
Si l'on ajoute le trouble porté dans les finances, et les
exactions sans nombre dont les colons étaient victimes,
par les manœuvres de Bigot et de ses complices, on aura
* Sommervogel, Comme on strmit autrefois.
r FRANÇOIPi-XAVTER OARNEAO,
un tableau bien sombre mais nullement chargé des der-
nii'^ros années de la colonie mous le f^ouvernement franc/aJH.
Tl y avait alors ici maiheureusenjent deux partin, celui
des Français et celui des Canadiens. M. de Vaudreuil était
Canadien, et, pour avoir une idée des sentiments qui ré-
gnaient, il sufTit de citer un mot aussi injuste que cruel
par lequel se termine une dé|)^<'ho de M. Doreil, aide de
cani]) de Montcalm. Comparant ce dernier au gouverneur,
il (lisait: "Quand M. de Vaudreuil aurait de pareils Uilents
on partage, il aurait toujours un défaut originel, il est
Canadien." On le voit, ce terrible péché originel dont nous
avons tant souffert sous le gouvernement anglais, n'a pas
été inventé par les conquérants, il existait déjsl avant la
conquête et alors même que nos pères sacrifiaient tout pour
la mère patrie.
M. (Jarneau se pose résolument en défenseur de M. de
Vaudreuil; il est même sévère pour le général français, et
ne se laisse pas éblouir ni détourner de ce qui lui semble
un devoir patriotique par l'auréole de gloire qui entoure le
vaincu des Plaines d'Abraham.
Voici d'abord comment l'historien présente le héros à
ses lecteurs :
"C'était un vieil officier qui comptait trente-cinq ans de
service, ayant embrassé l'état militaire en 1721, à l'âge de
quatorze ans. 11 avait servi en Italie et en Allemagne, et
assisté à la bataille de Plaisance et au sanglant combat de
l'Assiette où il était colonel. Il avait reçu cinq blessures
dans ces deux actions. Il s'était aussi distingué, sous le
maréchal deBelle-Isle, dans la fameuse retraite de Prague.
Mais il avait tous les défauts des généraux de son temps;
il était à la fois rempli de feu et de nonchalance, timide
dans ses mouvements stratégiques et audacieux au combat
jusqu'à négliger les règles de la plus commune prudence;
du reste, il était d'une bravoure personnelle à toute
épreuve."
Pour compléter ce portrait, qui n'est certainement point
trop flatté, ajoutons que Montcalm avait un haut senti-
ment d'honneur, une intégrité à toute épreuve, un esprit
sincèrement religieux , un cœur tendre et sensible aux
SA VIE ET SES ŒUVRES». Cl
saintes émotions de la famille, enfin des goûts et des apti-
tudes littéraires servis par de fortes études, bien qu'à qua-
torze ans il dût quitter l'école pour l'armée. Du camp
d'Otrebach, il écrivait à son père : " J'apprends l'alle-
mand... et je lis plus de grec, gnlce à la solitude, que j'en
avais lu depuis quatre ans."
On sait qu'il composa une inscription en vers latins qu'il
fit graver sur une croix au champ de bataille de Carillon, et
que, d'un autre côté, dans la nuit du 12 au 13 septem-
bre, dans la rade de Québec, Wolfe lisait avec émotion
la célèbre élégie do CJray, disant qu'il donnerait toute
la gloire militaire du monde pour celle de l'auteur. N'y
a-t-il pas quelque chose de bien toudiant, et aussi de bien
honorable pour les lettres humaines, dans cette conformité
de goût chez ces deux héros qu'un courage, une mort et
une gloire semblables attendaient sur les Plaines d'Abra-
ham, comme le dit si élégamment Tiiiscription latine de
l'obélisque de Quél)ec?
A peine Montcalm était-il arrivé (juil se signala par la
prise du fort Oswégo, exploit que, selon notre auteur, il
aurait accompli un peu malgré lui et qui aurait été la
première cause de ses dissentiments avec M. de Vaudreuil.
Le général terminait la lettre qu'il écrivait au ministre
pour lui rendre compte de cet important succès, par des
excuses sur la témérité de l'entreprise. ''La conduite que
j'ai tenue en cette occasion, dit-il, et les dispositions que
j'avais arrêtées sont si fort contre les règles ordinaires, que
l'audace qui a été mise dans cette entreprise doit passer
pour de la témérité en Europe; aussi je vous supplie, mon-
seigneur, pour toute gn\ce, d'assurer Sa Majesté que si
jamais elle veut, comme je l'espère, m'employer dans ses
armées, je me conduirai sur des principes différents.
Ce scrupule, ou si l'on veut ce remords d'avoir vaincu
contrairement aux principes de l'art, fait songer involon-
tairement à la convenance qu'il y avait, selon les médecin»
de Molière, à mourir dans les fin-mes. M. Garneau n'y voit
que de la mauvaise humeur. "Montcalm, dit-il, parut
mécontent et morose, comme s'il eût regretté une victoire
obtenue contre ses prévisions."
6
ni FRANÇOIS- XAVIER OARNEAU,
La correspondance du général fait voir qu'il n'otait pas
indiff<jrent à ce premier succès, et «juo ses excuses étaient
plutôt une précaution pour éviter le hlâme que les tacti-
ciens rigoureux infligent nn'ine aux vaincpieurs, lorsqu'ils
ont trop risqué. Avant de quitter le rivage, il fit élever une
colonne avec l'écusson do France et cette inscription clas-
sique: Manihu» date lUia pleni». *
'' La guerre du Canada a deux phases, dit M. de Bonne-
chose, la première presque offensive, de 1756 à 1758 ; la
seconde toute défensive et de désespoir, de 1758 à 1760.
Le théâtre des opérations se déplaça avec la fortune ; la
frontière fut le premier champ de bataille ; puis quand
cette ligne fut forcée par l'invasion, le Saint-Laurent de-
vint le témoin de la lutte."
Si l'on en croit M. Garneau, Montcalm aurait voulu de
suite se borner A la défensive, et M. de Vaudreuil aurait
* Los «extraits suivants, empruntés au livre de M. de Bonne-
chose, cité plus haut, font voir l'hez Montcalm le bon chrétien et le
bon pèro do fauiUle :
" Les hurlouionts do nos sauvages, écrit Montcahn à «a mère, les
firent prouiptement so d^-cider. JIb se .*f>nt rendus pri.sonniers de
guerre au nombre do mille sept cent quatre-vingt», dont quatre-vingts
officiers, deux régiments de la vieille Angleterre. Je leur ai pri.'^ cinq
drapeaux, trois cai.sses militaires d'argent, cent vingt et une bouchow
à feu, y compris quarante-cinq pierriers, un amas de provision» pour
trois mille hommes durant un an, six barques armées et jxjntées de-
puis quatre jusqu'à vingt canons. Et comme il fallait dan» cette
expédition user de la plus grande diligence jiour envoyer les Cana-
diens faire les récoltes et ramener les troupes sur une autre frontière,
du 15 au 21, j'ai démoli ou brûlé trois forts, et amené artillerie,
barques, vivres et prisonniers. "
En même temps il écrivait à la marquise son éjjouse :
" Voilà une assez jolie aventure, ma très chère, je vous prie d'en
faire dire une messe dans ma chapelle ; j'ai encore un bout de cam-
pagne à faire. Je pars pour aller rejoindre, avec un renfort de
troupes, le chevalier de Lévis au lac Saint - Sacrement , à quatre-
vingts lieues d'ici. Je n'écris qu'à vous, à notre mère, aux Môle, à
Chevert et aux trois ministres, à i)ersonne d'autre ; ma foi, suppléez-y,
je suis excédé de travail : qne ma mère et que vous m'aimiez, et que
je vous rejoigne tous l'année prochaine ! J'embrasse mes filles. On ne
peut vous aimer plus tendrement, ma très chère."
SA VIE ET SES Œl'VRES. Clll
eu quelque peine à le décider aux entreprises qui lui ont
fait le plus d'honneur.
La prise d'Oswégo fut le plus grand événement de l'été
de 1756. Elle fut célébrée par des Te Deum, et l'on sus-
pendit aux voûtes de la cathédrale de Québec les drapeaux
pris sur les Anglais.
L'hiver qui suivit fut, malgré la disette et la gène,
un hiver de gaieté et de fêtes ; car Montréal et Québec,
cette .dernière ville surtout, imitaient de leur mieux
Versailles et Paris, et Bigot déployait ici le luxe insolent
que se permettaient les intendants et les fermiers géné-
raux en Europe. L'oisiveté, presque inévitable durant
cette longue saison, a toujours été et est encore plus ou
moins une excuse ou un i)rétexte pour ce genre de vie.
"Voici, dit M. de Bonnechose, l'hiver venu, tel qu'il se
montre dans ce rude climat : toutes les eaux gelées, partout
sur terre la neige durcie, monde de cristal et de marbre
blanc étincelant au soleil. Avant six mois nulle Houvelle
possible de la France ni d'ailleurs. Que faire dans cette
grande prison, sinon se divertir? — On danse A Québec, tl
Montréal, partout. Le général écrit à sa femme : "Pour ma
part, trois grands beaux bals jusqu'au carême ; outre les
dîners, de grands soupers de dames trois fois la semaine ;
les jours des prudes, des concerts; les jours des jeunea,
des violons de hasard, parce qu'on me les demandait; cela
ne menait que jusqu'à deux heures après minuit, et il se
joignait, après souper, compagnie dansante, sans être priée,
mais sûre d'être bien reçue, à celle qui avait soupe "
"En ce joyeirx hiver de 1756, sur les bords glacés du
Saint- Laurent, quelle étrange apparition de la France du
dix-huitième siècle, frivole et gaie, de la France à la mode,
poudrée à blanc, "spirituelle et galante à Québec, joueuse
à Montréal," et partout insoucieuse du lendemain ! Là-bas,
venant des monts Alleghanys, s'avance un grand nuage
sombre. Ce n'est rien, répondent les violons, c'est le brouil-
lard des lacs que va dissiper le soleil du printemps."
M. Garneau a reproduit tputes les péripéties de la guerre
de la conquête avec une grande habileté. Ses descriptions
de la prise de William-Henry, du siège de Louisbourg, de
CIV FRANÇOIS-XAVIER r.ARNKAU,
la bataille de Carillon, du siège de Qu^^bec, de la bataille
de lieauport, de celle des Plaines d'Abraham, enfin de la
bataille de Sainte- Foye, seraient dignes des historiens mo-
dernes les plus familiers avec la tactique militaire. Il n'a
point nCfgligé non plus le côté pittoresque de ces cam-
pagnes ; les combats de moindre importance, les escar-
mouches, où les sauvages et les milices canadiennes jouaient
un rôle si important, sont peintes avec talent et vérit»';.
L'auteur suit avec une patriotique émotion, mais en
môme temps avec un coup d'u-il sûr et plein de discerne-
ment, la marche A la fois sinistre et glorieuse de toutes ces
victoires, qui épuisaient les forces de la Nouvelle-France,
tandis que celles de la Nouvelle-Angleterre semblaient
augmenter en proportion des défaites qu'essuyaient ses
armées. Cependant les demandes adressées A la France
étaient fréquentes et pressantes ; celle-ci n'envoyait que
des secours insullisants, et encore, le malheur se mettant
de la partie, tantiit les vaisseaux étaient interceptés par
des flottes anglaises, tantôt ils étaient dispersés et jierdus
dans des tempêtes. D'un autre côté, Pitt, parvenu au pou-
voir, comprit que c'était en Amérique qu'il fallait frapi>er
la France; il décida le peuple à faire les plus grands sacri-
fices ; il semblait que les flottes et les armées ne coûtassent
rien au parlement et à la nation. Chasser les Français du
nouveau monde à tout prix, 'telle était la devise du mi-
nistre: " Le succès, observe avec raison M. de Bonnechose,
était i)lus facile qu'il ne le semblait. En Canada, l'Angle-
terre avait trois alliées qui la servaient sans subsides : la
discorde, la famine, la concussion; son allié d'Europe, le
grand Frédéric, lui coûtait plus cher."
Chacune des étapes de cette guerre, qui a été encore plus
importante en Amérique qu'en Europe, est marquée par
quelque circonstance mémorable qui l'a rendue célèbre
dans l'histoire. Ainsi la prise de William-Henry a donné
lieu au massacre d'une grande partie de la garnison an-
glaise par les sauvages, malgré tous les efforts de Montcalm
et des autres commandants français. Ce tragique incident
est comme la contre-partie du massacre de Jumonville et
de ses compagnons, et de même que Thomas a fait un
SA VIE ET SES ŒUVRES. CV
poème sur ce dernier événement, Fenimore Cooper, dans
un de ses romans, a pris le général français à partie pour
ce qui avait été le résultat de l'imprudence des Anglais. *
M. Garneau fut un des premiers à rétablir la vérité histo-
rique sur ce fait comme sur bien d'autres.
La prise de Louisbourg a décidé du sort de notre con-
tinent; c'était, je l'ai déjà dit, la clef de la situation mili-
taire. A part cela, le siège de la forteresse du golfe sera à
jamais célèbre par la belle défense de la garnison française,
par le courage et l'habileté de Wolfe, qui y commença sa
courte et glorieuse carrière, enfin par l'héroïsme de madame
de Drucour, qui prend i)lace, dans la galerie des femmes
illustres du C'anada, à côté de madame de La Tour et de
madame et de mademoiselle de Verchères.
La plus brillante de toutes les inutiles victoires que le
sort nous accordait comme autant d'ironies sanglantes, la
bataille de Carillon, où Montcalm triompha d'une armée
cinq fois plus nombreuse que la sienne, fut célébrée à Paris
par un feu d'artifice tiré en face de l'Hôtel de ville, le l*""^
octobre 1758. Hélas! le pauvre général qui écrivait dans
ses dépêches: "que l'on m'envoie au moins de la poudre;
sans les munitions enlevées aux Anglais, nous eii aurions
déjà manqué," le pauvre général devait bien regretter
celle qui se brûlait en son honneur, si loin de lui !
De nos jours, un poète canadien, M. Crémazie, a célébré
cette glorieuse journée dans un poème qui restera l'une
des plus belles pages de notre littérature. Il est permis de
croire, cependant, que ce chant sublime n'eût jamais existé
si M. (Jarneau n'avait pas mis en lumière l'événement qu'il
rappelle.
La tragédie des Plaines d'Abraham, grâce à la mort des
deux principaux acteurs, eut un grand retentissement
dans le monde entier. L'Europe, pendant longtemps, ne
connut de nous rien autre chose ; bien des gens encore ne
savent de toute notre histoire que ce duel héroïque. Avant
M. Garneau, les péripéties du siège, la bataille de Beau-
* Voir à ce sujet la brochure de M. James M. LeMoiue, Ut Mé-
moire de Mo/ntcalm tvngée.
CVl KHANÇOIS-XAVIER GARNEAU,
port OU de Montmorency et celle de Sainte- Foye étaient
peu connue^', ou du moins très insuffiMamment appréciécu
m^me dans notre payp.
La situation de la colonie, envahie de tous côtéfl par
trois arm<'es, C-iuh bien terrible. Vnudreuil, Montcnlni,
L<jvi.s, Bourlamaque, Bougainville, ne savaient sur (juel
point se jeter. D^jà le fort Duquesne, pour la conserva-
tion duquel avait Hù livrée la brillante bataille de la
Monongahéla, avait été évacué et détruit après une nou-
velle victoire remportée sur le général Cirant, et cela
uniquement h cause de la faiblesse numérique de la gar-
nison et du manque de secours. Le fort Niagara devait
avoir Itientùt le môme sort. Concentrer assez de troupes à
Québec pour défendre cette ville contre la flotte et l'armée
de débarquement qui s'avançaient, en laisser cependant
assez dans la région de Montréal et des grands lacs pour
tenir en échec Amherst, général habile qui avait succédé
à, l'inepte comte de Loudoun, * c'était là un problème
l)ien cruel à résoudre. M. Garneau en fait vf»ir toutes les
diflîcultés, et c'est avec un grand serrement de cœur que,
même à la distance où nous sommes de ces événements,
nous sentons le fatal réseau étendu autour de la Nouvelle-
France se rapprocher de toutes parts.
En môme temps l'historien nous montre Montcalm orga-
nisant la défense de Québec, se retranchant avec le gros
de l'armée sur les hauteurs de Beauport, Wolfe arrivant
au pied de l'île d'Orléans avec sa flotte noml^reuse et fonni-
dable — près de cent voiles, dit M. Garneau — débarquant
une partie de ses troupes sur cette île, leur faisant f>rendre
position à l'extrémité supérieure, puis hésitant devant
l'attitude de l'ennemi et les difficultés qui l'attendaient de
toutes parts, traversant à la Pointe- Lé vis, bombardant
la ville dont il ne fait qu'un monceau de ruines ; faisant
dévaster les campagnes dans toutes les drrections, au-des-
sus et au-dessous de Québec, au nord et au sud du Saint-
* On a dit du comte de Loudoun : " Il est comme Saint-George«
sur les enseignes, toujours à cheval, mais ne chevauche jamais." —
" He is like St. George on the signs, always on horse back, but ne ver
rides on." {FrankUn's Auiobiography, Sparks.)
SA VIE ET SES ŒITS'RES. CVU
Laurent, pillant, brûlant, massacrant, et du 25 juin au
18 juillet, n'osant ni attaquer Montcalm, ni passer avec
ses vaisseaux devant les batteries de la ville. Du camp
de Beauport on apercevait à la fois l'embiasement de
Québec et celui des villages de l'île d'Orléans, de la côte
de Beaupré et d'une partie de la rive droite du fleuve.
Montcalm cependant ne bougeait point. Après avoir con-
duit deux vaisseaux de ligne et autant de transports et de
chaloupes canonnières au-dessus de la ville, et s'être assuré
qu'un débarquement au nord du Saint- Laurent était chose
trop périlleuse, Wolfe se décida enfin à livrer combat sur
la plage de Beauport ; il établit des batteries sur la rive
gauche de la rivière Montmorency, et attaqua, le 31 juillet,
la gauche de l'armée française. Le récit de cette bataille,
conmie tous ceux que fait M. Garneau, frappe vivement
riniagination. Il fait ressortir le contraste entre les belles
troupes de Wolfe et les milices canadiennes, qui cependant
furent victorieuses ; car ce furent elles qui décidèrent du
succès de cette journée. " Les grenadiers, dit-il, s'arrê-
tèrent et se formèrent en colonnes d'attaque pour assaillir
les retranchements qui étaient à une petite portée de fusil,
tandis que toutes les batteries ennemies, redoublant de
vigueur, faisaient pleuToir depuis midi sur les Canadiens
qui défendaient cette partie de la ligne française, une grêle
de bombes et de boulets, que ceux-ci essuyaient avec la
plus grande fermeté. Lorsque les assaillants furent formés,
ils s'ébranlèrent, la baïonnette au bout du fusil, pour
aborder les retranchements. Leur costume et leur attitude
contrastaient .singulièrement avec l'apparence de leurs ad-
versaires, enveloppés d'une légère capote fortement serrée
autour des reins, et n'ayant pour suppléer à la discipline que
leur courage et la justesse remarquable de leur tir. Ceux-ci
attendirent froidement que l'ennemi atteignît le i>ied du
coteau, à quelques verges seulement de leur ligne, pour le
coucher enjoué. Alors ils lâchèrent des décharges si meur-
trières sur les deux colonnes anglaises, qu'en peu de temps
elles furent mises en désordre, et malgré les efforts des
officiers, elles prirent la fuite pêle-mêle, pour aller cher-
cher un abri derrière la redoute et ensuite derrière le reste
CVlll KKANÇOIS-XAVIER UAHNKAU,
(le l'armée, qui était en ligne» développée», un \te\i plu§
loin. Au même moment, survint un orage furieux de pluie
et de tonnerre, qui déroba le» comhattantH à la vue les
uns des autres et dont le liruit plus imposant fit taire
celui de la bataille. Lorsque la t«'njp(te lut finie et que le
brouillard se fut dissipé, les Franvais ajjervurent lea enne-
mis (jui se rembarquaient avec leurs iilessés, ») ' ir
mis le feu aux <leux transports étrboués, se retiraii ■•;
ils étaient venus, les uns dans leurs berges, et les autres
par le gué de Montmorency. Ia: feu de leur nombreuse
artillerie, à laciuelle on n'avait pu répondre qu'avec une
dizaine (fë^pi^ces, qui avaient cejKjndant beaucoup incom-
modé les troupes au débarquement, le feu de leur artillerie
dura sans discontinuer jus<iu'au soir, et l'on estime qu'elle
tira trois mille coups de canon dans cette journée."
Cette défaite était un coup terrible pour Wolfe ; chargé
aussi jeune d'une expédition si importante, tous les yeux
étaient fixés sur lui, et il devait avoir laissé en Euroi»e
bien des envieux. Il essaya encore une fois de séparer
Montcalm des troupes qui s'opposaient aux armées du Sud
et de rOuest, et d'établir une communication avec celles-ci.
Il envoya donc Murray avec des forces considérables dans
la direction des Trois - Rivières , nais ce général revint
sans avoir fait autre chose que d'incendier quelques vil-
lages au sud du fleuve.
Le général anglais eut alors une de ces défaillances phy-
siques et morales auxquelles les héros comme les simples
mortels sont sujets. Une maladie faillit le mettre au tom-
beau, et les dépêches qu'il écrivit à son gouvernement,
font voir qu'il désespérait du succès de son entreprise.
Cependant, il ne voulut point l'abandonner sans une der-
nière et suprême tentative. Il consulta ses lieutenants
Monckton, Townshend et Murray, tous comme lui jeunes,
de grande famille et pleins de talent, de patriotisme et
d'ambition.
Porter les opérations au-dessus de la ville, sans savoir
encore au juste en quel endroit, tel fut le Houveau plan
des assiégeants. Cette intention fut indiquée as.sez claire-
ment aux yeux de Montcalm, par l'évacuation du camp
SA VIE ET SES ŒUVRES. CIX
que Wolfe avait laissé sur la rive gauche de la rivière
Montmorency et le transport de toutes les troupes à Lévis.
Le g^înéral français envoya donc des renforts à M. de
Bougainville, qui, d'après M. Garneau, se trouva avoir
sous ses ordres, 3,000 hommes répartis depuis Sillery
jusqu'à la Pointe-aux-Trembles.
Mais ici notre auteur suspend, au moment décisif, le
récit du siège, pour s'occuper de ce qui se passait sur nos
frontières.
Le général Amherst, à la tète d'une puissante armée, ne
s'avançait que lentement, se rappelant la Monongahéla et
Carillon. Bourlamaque reculait devant lui, et, après avoir
évacué et détruit les forts Carillon et Saint-Frédéric, il
s'était retiré à l'Ile-aux-Noix. Un désastre terrible fut
celui qui arriva au fort Niagara. Le commandant Pouehot
s'y défendait avec uii rare courage contre Prideaux, qui
fut tué, et contre Johnson, (jui le remplaça, et il avait Tes-
poir d'être secouru par les garnisons des forts de l'Ouest
appelées à son secours, lors<|u'une partie de celles <iui
étaient en route tomba dans une embuscade et fut massa-
crée. Epuisé de ressources, et le fort étant presque dé-
mantelé, il obtint iei)endant de Johnson une capitula-
tion honorable.
" Niagara, dit*M. Garneau, était le poste fortifié le plus
important dans la région des grands lacs à cause de sa
situation. 8a perte sépara les lacs supérieurs du bas de
la province, et les Français se trouvèrent, par cet évé-
nement, refoulés d'un côté jusqu'au Détroit, et de l'autre
jusqu'aux rapides du Saint- Laurent au-dessus de Mont-
réal, le fort Frontenac, faute de temps, n'ayant pas été
relevé. La position sur le lac Ontario aj)partint dès ce
moment aux ennemis."
M. de Vaudreuil, ne voulant pas abandonner la lutte de
ce côté, envoya le chevalier de Lévis avec 800 hommes à
Montréal et le chargea d'organiser une défense qui pût au
moins retarder la marche des envahisseurs. On ne saurait
blâmer cette mesure, bien qu'il soit très possible qu'elle
ait été pour beaucoup dans la défaite du 13 septembre.
Qui sait, en efl'et, ce qu'aurait pu faire le coup d'œil, l'acti-
ex KKANÇ0I8-XAVIEK OARNEAU,
vite et l'inHuence de Lévis s'il eût 6té auprès de Moutcalm
dans cette fameuse journ(îe?
Du reste, la iatalité /tait partout. Lorwju'on lit avec
attention toute cette partie de notre histoire, on rencontre,
à cliu(|ue page, des situations où ce que l'on est convenu
d'appeler le hasard joue un grand nMe. îl a tenu à «i iteu
de chose, par exemple, que Wolfe, malade et décourago,
n'abandonnftt son entreprise ou ne fût mis hors d'état de
pouvoir la continuer ! .Ses lettres, publiées par son bio-
graphe, en fournissent la preuve. ♦ D'un autre côté, si un
détachement un peu considérable eût occupé le haut de
l'escarpement de l'anse du Foulon, le général anglais eût
été t^^s probablement incapable de réaliser un projet dont
il admettait lui-même toute la témérité. Enfin, si Mont-
calm eût pris avec lui une plus grande partie de son armée,
en sui)i)osant même qu'il n'eût pas de suite culbuté l'en-
nemi, il aurait pu au moins lui tenir tête assez longtemps
pour être rejoint par Bougainville, qui se présenta au mo-
ment où la bataille venait de finir.
M. Garneau raconte Itrièvement cette bataille, qui fut
courte autant que fatale ; il nous montre Montcalm arrivant
à la hâte h la rencontre de Wolfe ; son armée h \)e\ne formée
et sans corps de réserve, attaquîuit l'armée anglaise; celle-
ci attendant de sang-froid ; la première ligne couchée par
terre, se relevant et lAchant îl (juarante pas une terrible
décharge ; Wolfe, qui avait parcouru les rangs, faisant met-
tre deux balles dans les fusils, blessé une i)reraière fois,
puis une seconde fois, à mort, lorsqu'il chargeait à la tête de
ses troupes l'ennemi en désordre ; Montcalm s'eflforçant en
vain de rallier les réguliers qui formaient le centre et -l'aile
droite, blessé à mort et rentrant dans la ville sur son che-
val ; enfin, dans la déroute générale où avaient péri M. de
Sénezergues et le baron de Saint-Ours, les Canadiens épar-
* Tlie Life of Major General James Wolfe, uriiteii from original drjcu-
ments, by Robert Wright ; London, 1864. Cet ouvrage est postérieur
à la dernière édition de VHintoire du Canada. S'il en eût été autre-
ment, M. Garneau n'aurait pas manqué de réfuter certains racontars
absurdes qu'on y lit au sujet des officiers français et de« " Cunadian
peatants."
. SA VIE ET SES ŒUVRES. CXI
pillés sur l'aile droite combattant toujours quoique en
retraitant, forçant plusieurs corps ennemis à plier, et en-
gageant tellement dans la lutte trois cents montagnards
écossais, que les chefs anglais durent envoyer deux régi-
ments au secours de ceux-ci.
Quelle triste scène que la mort des deux généraux en
chef, l'un si jeune encore, l'autre dans toute la force de
l'âge ; l'un sentant la vie lui échapper au sein de la victoire,
l'autre vaincu pour la première fois et sans ressource, sans
revanche possible au moins pour lui-même; l'un au mo-
ment de cueillir les lauriers les plus chers à son cœur et
qu'il désespérait d'atteindre quelques jours auparavant,
l'autre voyant toute une vie d'études, de travaux et de suc-
cès perdue par une imprudence qui tenait certainement
quelque chose du vertige et de la fatalité !
" Quoi qu'il en soit des fautes de Montcalm, dit M. CJar-
neau, il sembla qu'il les avait suthsamment expiées par
sa mort; et, devant ses dépouilles, on les oublia toutes
pour ne se rappeler que ses triomphes et sa bravoure. Les
Canadiens comme les Français pleurèrent sa perte comme
un malheur public. Il rendit le dernier soupir le lende-
main matin au chiiteau Saint-Louis, * et fut enterré le
même soir, à la clarté des jlambeaux, dans l'église conven-
tuelle des Ursulines en présence de quelques officiers."
Vaudreuil ayant résolu de se retirer du côté de Montréal
avec toutes les troupen, après avoir renforcé la garnison de
cent cinquante hommes seulement, rencontra, le 17, à la
* L'eiulroit précis do la mort de llontoalm est encore un sujet do
discussion parmi nos arcliéologucs. Il est tK's probable cependant,
comme lo dit M. (Jarnoau, qu'elle eut lieu au chAteau Saint-Ix)ui8.
Quant à la légende du trou de bombe, consacrée par l'inscription de
l'Académie des Inscrijitions et l^elles-lettres, elle est aussi très vrai-
semblable. Ia>s vues de l'intérieur des églises des Récollets et des
Jésuites, qui font partie de la série de gravures publiées par un offi-
cier de la flotte de l'amiral Saunders, montrent de nombreuses
excavations faites dans le plancher de ces églises jiar des bombes.
Il est très probable qu'il en était de mémo Sl la cliapelle des Ursu-
lines: la tradition couservt'e dans lo monastère confirme aussi la
légende.
Cxii FRANÇ0I»-XAV1ER OARNEAU,
rivière Jacques-Cartier, le chevalier de Lévia, qui décida de
Buite d'attaquer de nouveau les Anglais sur le m^me
champ (le iKitaillc des l'iainc-s (rAbrahanj,
Quel ne fut pas le désespoir du nouveau g^'nt'ral en chef
en ai)prcnant «juc Québec avait capitula'- ! M. Chameau
s'indigne avec raison contre M. de Raniczay et tous ceux
qui ont i)ris part au conseil de guerre, et il signale à
la vén^/ration de la postérité le nom d'un jeune oflicier, M.
de Fiedmont, * qui seul protesta contre cet acte de désespoir
d'autant plus inexplicable que la garnison ne manquait
j)oint de ressources, et que M, de V'audreuil venait de faire
connaître au commandant ses intentions et celles du
général.
(^hose importante toutefois, et dont il faut tenir compte
A ce conseil de guerre ; par les termes de la capitulation les
habitants conservaient leurs biens, leurs privilèges, t C'é-
tait un premier pas qui dut faciliter l'obtention des garan-
ties accordées, plus tard, par la capitulation de Montréal
et reproduites dans le traité de cession.
Les deux armées furent alors considérablement réduites;
l'armée anglaise par le départ de la flotte et d'une partie
des troupes, l'armée française par la dispersion de la
l)rcsque totalité des milices canadiennes, fjui étaient déjà
rentrées ou (jui rentrèrent dans leurs foyers, si toutefois
l'on peut appeler ainsi les habitations ravagées et détrui-
tes par les troupes de Wolfe sur une si grande étendue de
pays.
Un sombre voile de deuil et de misère s'étendit sur
* Le nom de ce jeune héros qui a su dire aussi lui :
" N'en restât-il qu'un seul, je serai celui-là! "
n'est pas encore tiré au clair. M. Garneau dit " de Piedmont" On
trouve ailleurs de Firmont et de Fiedmont. Ce dernier nom est le
plus vraisemblable. Quel dommafre qu'il ne se soit pas appelé de
Fiermont ! " Voyez à ce sujot: le» Pluinrif (TAhrahiim d leurg monu-
mints," article que j'ai publié dans le Joxmml de r Imtruction jm-
blique en 1863, et que M. LeMoine a reproduit dans son AUAim du
Touriste.
t D'après M. Ferland, les termes de la capitulation avaient été
dictés d'avance par M. de Vaudreuil.
SA VIE ET SES ŒUVRES. CXIH
toute la colonie. L'état désespéré des Canadiens est décrit
dans les termes les plus touchants dans un mémoire que
l'évéque de Québec adresse aux évêques de France, lequel
est mentionné par M. Garneau, et cité presque tout au
long par M. Ferland. *
" Québec, dit-il dans ce mémoire, a été bombardé et
canonné pendant l'espace de deux mois ; cent quatre-vingts
maisons ont été incendiées par des pots-à-feu ; toutes les
autres criblées par le canon et les bombes. Les murs de
six pieds d'épaisseur n'ont pas résisté ; les voûtes dans
lesquelles les particuliers avaient mis leurs effets ont été
brûlées, écrasées et pillées pendant et après le siège.
L'église cathédrale a été entièrement consumée
" Les prêtres du séminaire, les chanoines, les jésuites
sont dispersés dans le peu de pays qui n'est pas encore
sous la domination anglaise; les particuliers de la ville
sont sans bois pour leur hivernement, sans pain, sans
farine, sans viande, et ne vivent que du peu de biscuit 'et
(le lard que le soldat anglais leur vend de sa ration. Telle
est l'extrémité où sont réduits les meilleurs bourgeois.
" Les campagnes ne fournissent point de ressources et
sont peut-r^tre aussi h plaindre que la ville même. Toute
la côte de Beaupré et rîlo d'Orléans ont été détruites avant
la fin du siège; les granges, les maisons des habitants, les
presbytères ont été incendiés; les bestiaux qui restaient,
enlevés; ceux qui avaient été transportés au-dessus de
Québec ont presque tous été pris pour la subsistance de
notre armée; de sorte que le pauvre habitant qui retourne
sur sa terre sera obligé de se cabaner jt la fayon des sau-
vages."
* D'abord réfugié à Charlasbourg, l'évéque s'était rendu à Mont-
réal. Son opinion sur M. de Vaudreuil nu'rite d'être recnieillie.
" On raisonne ici beaucoup sur les événements qui sont arrivés,
écrit Mjjr de Pontbriand au ministre; on condamne facilement. Jo
les ai suivis de prés, n'ayant jamais été éloigné de M. de Vaudreuil
de plus d'une lieue : je ne puis m'empécher de dire qu'on a un tort
infini de lui attribuer nos malheurs. Quoique cette matière ne soit
l)oint de mon ressort, je me tiatte que vous ne désapprouverez pas
un témoignage que la seule vérité me fait rendre."
OXIV FRANf;OI«-XAVIKIl OAHNKAl',
liG général Lévis s'était retiré à Montréal, faisant de la
rivifre .Turques-Cartier sa ligne d'opération à l'est, tandis
que rile-aux-Noix était son poste avancé a\i sud-ouest.
" Les Franvais, dit M. Garneau, se trouvaient resserrés
entre Quéliec, la tAte du lac Chaniplain, et Front»
coupés de la mer et manquant de tout, soldats, ar;.;' i.
munitions de guerre et de bouche. Les deux armé»
anglaises, (jui avaient attaqué le Canada par mer <t
terre, ne se trouvaient plus qu'à soixante et dix !■
l'une de l'autre, et prêtes à tomber sur le centre du pay
au printenips avec un grand'accroigsement de forces."
Il est dillicile d'inuiginer une situation plus critiqu»
Cependant, ni M. de Vaudreuil, ni le chevalier de Lévis,
ni les Canadiens eux-mêmes — A l'exception de (juelquf"
paroisses dans le voisinage de Québec qui durent fore»
ment l'aire leur soumission — ni le courageux évéque, Mgr
de Pontbriand, ne désespérfrent un seul instant.
Il fut décidé que l'on ferait le siège de Québec afin de
se rendre maître de cette ville et de pouvoir y recevoir la
flotte et les secours que l'on attendait de France. ^^
Lemercier, chargé de dépêches, s'embarqua à Montréal, et
le vaisseau qui le portait, après être passé devant Québec,
par un bonheur que l'on aurait pu croire providentiel, se
rendit en France.
Après quelque hésitaiion, on se décida à ajourner au
printemps l'attaque que l'on devait faire. Dans l'intervalle
le général Murray parvint à déloger les Français d'un poste
qu'ils occupaient à Lévis et d'un autre à Saint-Augustin.
Il mit autant qu'il le put Québec en état de soutenir un
siège ; mais sa garnison fut considérablement affaiblie par
les ravages qu'y fit le scorbut.
Ce fut vers la mi-avril que les différents corps qui de-
vaient former l'expédition du chevalier de Lévis se mirent
en mouvement. Murraj' avait répandu avec profusion une
proclamation invitant les Canadiens à .se soumettre, leur
démontrant que la France les abandonnait, et leur réitérant
les promesses et les menaces que Wolfe leur avait déjà
faites. Le chevalier de Lévis, de son côté, avait lancé une
circulaire faisant appel au patriotisme des habitants, et
SA VIE ET SEB ŒUVRES. CXV
leur annonçant les secours qu'il espérait obtenir de France.
Enfin l'évêque fit entendre la voix de la religion. " Vous
n'oublierez pas, disait-il dans un mandement, vous n'ou-
blierez pas dans vos prières ceux qui se sont sacrifiés pour
la défense de la patrie ; le nom de l'illustre Montcalm,
celui de tant d'officiers respectables, ceux du soldat et du
milicien, ne sortiront pas de votre mémoire... vous prierez
pour le repos de leurs âmes."
Les Canadiens n'iiésitèrent point, ils (?e rendirent en si
grand nombre i\ l'appel de la religion et de la patrie, qu'ils
formèrent près de la moitié- de l'armée du chevalier de
Lévis, et ce qui prouve qu'ils n'étaient point, comme on
l'a prétendu, traînés au combat contre leur gré, c'est que
l'on voyait parmi eux de très jeunes gens et des vieillards
exempts du service militaire. *
* ^\'olfo, dans les lettres publiées par sou bi».>graphe déjà tité,
rai)porte que des enfants de quinze ans et des vieillards de soixante
et dix ans tirèrent sur les détachements anglais de la lisière du l)ois,
et que tous les hommes en état de itorter les armes au-ilessous et
au-dessus de Québec étaient au camp de Ueauport. Il ajoute,
coijendant, que les Canadiens étaient très mécontents et attribue le
1H3U de cas qu'ils faisaient do ses procdamations à la terreur que leur
inspiraient les sauvages, alliés de Montcalm. Ces sauvage* ceix>n-
dant, d'après son biographe, étaient eux-mêmes très chancelants
dans leur allégeance. M. Ciarneau et M. Ferland s'accortlent à dire
que la moitié environ de l'arnu'^ do Ix'vis était comiiosée de Cana-
diens. I^s troujies françaises avaient i-empli les villes faits dans
leurs rangs au moyeu de recrues canadiennes ; cela ajouté aux
milices faisait une proportion considérable. M. Garneau et M.
Ferland disent que les coml»attants n'étaient pas plus nombreux d'un
côté que de l'autre. Dans la première bataille k« troupes de Wolfe
et celles de Montcalm étaient aussi en nombre égal. Smith et
d'autrtvs historiens anglais prétendent que l'armée française, au 28
avril, était beaucoup plus nombreuse. On avait fait courir le-bruit
tout l'hiver qu'une armée de douze mille hommes allait se mettre en
marche au printemps, ce qui jieut expUqiier l'erreur des historiens
anglais. Voir à ce sujet un travail très intéressant du Dr Anderson
dans les Transactions de la Société littéraire et historique de Québec,
et aussi " les Plaines (V Abraham et lettrs monuvie-uts" dans le Journal
de rinstnu'fion ptibUijue. Lévis, selon M. Ferland, aurait en prenant
le commandement après la mort de Montcalm menacé de mort tous
les Canadiens qui avaient quitta l'armée, s'ils n'y revenaient point.
CXVl FRANÇOIS- XAVIER OARNEAT,
La tentative du chevalier de Lévi» était aurai héroïque
que celle de Wolfe; elle fut couronnée de buccch, uu point
de hÛHser au gouvernement d'outre-nier toute la r(.*-<|K»nHa-
bilité du résultat final.
" L'EurojHî enticre, dit l'abbé Kuynal, cité par M. Ciar-
neau, crut que la prise de Québec finissait la grande (jue-
relle de l'Amérique septentrionale. Personne n'imaginait
qu'une poignée de Franc^ais, qui manquaient de tout, ù qui
la fortune m(^me semblait interdire juH<ju'à l'espérance,
osassent songer il retarder une destinée inévitable."
Ils firent plus que ce qu'il fallait pour la retarder. La
victoire qu'ils remportèrent aurait racheté toutes les fautes
et tous les malheurs du passé, si par un efï'ort aussi héroï-
que que le leur, la mère patrie leur avait envoyé des
secours proportionnés et à leurs besoins et îi leur courage.
M. (îarneau nous raconte les événements du 28 avril et
ceux des trois jours précédents avec de très grands détaihs
et cei^endant avec une clarté remarquable. I^ 25, l'armée,
dont une partie était descendue par terre et l'autre par
le Saint-Laurent, se trouvant dans l'impossilnlité de tra-
verser la rivière du Cap- Rouge à son embouchure, remonta
deux lieues plus haut, quitte à déboucher par les marais
de la Suède pour gagner les Plaines d'Abraham.
L'avant-garde, après avoir délogé les Anglais d'un poste
qu'ils avaient à Lorette, atteignit les marais à l'entrée de
la nuit, et, malgré un orage de pluie et de tonnerre, les tra-
versa, n'étant plus séparée que par un petit bois des
troupes que le général Murray, informé de l'approche des
Français, avait déjà portées sur les Plaines d'Abraham.
Le 26, au point du jour, l'avant-garde passa le bois et se
trouva en présence des Anglais. Cette journée et celle du
27 se passèrent en escarmouches et en reconnaissances
réciproques que notre historien explique avec beaucoup
de lucidité. Le mauvais temps avait continué et retardé
M. de Vaudreiiil ne voulut point ratifier cet ordre d'autant plus
injuste que ceux qu'il visait, étaient de véritables volontaires, et
que leur absence pour faire les récoltes était absolument nécessaire
dans l'intérêt même de l'armée.
SA VIE ET SES ŒUVRES. CXVÎi
de beaucoup la marche de l'armée française. Le 28, voyant
qu'elle n'était pas toute arrivée, le général Murray se
décida à sortir de la ville et à l'attaquer avec toutes ses
forces, tandis qu'elle n'était pas encore formée ni maîtresse
du terrain. Il fit une faute semblable ji celle que Montcalm
avait commise, et cela, peut-être, d'une manière encore
moins excusable, car il aurait pu, les jours précédents,
exécuter avec succès le plan qu'il adopta à la fois trop
tard... et trop tôt. Muni cependant de vingt-deux bouches
à feu et opposant des troupes fraîches à une armée harassée
par la fatigue et le mauvais temps, car la pluie avait con-
tinué, ayant de plus l'avantage du terrain, il aurait pro-
bablement réussi sans l'habileté et le sang-froid du che-
valier de Lévis.
" Cet homme 8ui)érieur, dit sir Etienne Taché, d'un
coup d'œil s'aperçut des fautes commises par Murray, et
il en profita. La premit^re faute de Murray fut d'abandon-
ner la belle position militaire qu'il occupait sur les Buttes-
îl- Neveu, le coteau où l'on a depuis érigé les tours, et la
seconde de n'avoir pas suffisamment appuyé sa gauche
sur le chemin Saint-Louis, afin d'empêcher que l'on ne
vînt ù la tourner. Lévis plaça, en conséquence, une forte
division sur son extrême droite, embusquée dans un petit
bois dominant le Foulon, avec les trois seules jnêces de
canon qu'il eût en sa possession; et du moment que son
centre et sa gauche commencèrent à faire impression sur
l'ennemi, il fit marcher cette division en avant, et en exé-
cutant un mouvement de conversion sur sa gauche, il prit
Murray en ilanc, le refoulant vivement en descendant la
déclivité du terrain. Sans la petite distance séparant les
combattants des murs de la ville, et sans une méprise dans
l'exécution d'un ordre donné au commandant d'une bri-
gade française, il l'eût vraisemblablement jeté en bas du
coteau Sainte-Geneviève et de lA sur la rivière Saint-
Charles. Ce fut du moins dans cette intention que Lévis
exécuta cette belle manœuvre, et tous les écrivains
s'accordent tt dire qu'elle fut à un cheveu près de réus-
H
CXvm FRANÇ0I8-XAVIEK GARNEAU,
sir, ce qui eût ouvert les portos de Québec à Tannée fran
çaise." *
Par la proportion considérable des hommes tués ou mis
hors do combat, par l'intrépidité et l'acharnement des com-
battants, par les divers mouveinenta et le8 •' ' ' - qui
l'ont marquée, enfin par toute la mise en se» i _ puis
ainsi m'exprimer, cette bataille de Saintc-Foye, que l'on
appelle aussi, assez justement, la ' batailb- '
Plaines d'Al^rabani , mérite, indéj • nont de
d'autres considérations, une place distinguée dans i'hif
toire. Le moulin de Dumont fut le théAtro d'une lutte
acharnée entre les grenadiers de la reine, commandés par
le capitaine d'Aiguebelles, et les montagnards écossais, du
colonel Fraser, lutte qui n'a été égalée depuis que parcelle
des Anglais et des Français pour la possession du chAtcau
de Goumont, A la bataille de Waterloo. lie moulin fui
plusieurs fois pris et repris, et les grenadiers, qui avaient
à marcher sous le feu d'une puissante artillerie, périrent
presque tous. Bourlamaque fut gravement blessé et eut
son cheval tué sous lui en cet endroit, et c'est avec raisoji
que la Société Saint- Jean- Baptiste a choisi ce point pour y
élever un monument à Lévis et à Murray, et aux bravée
des deux armées.
Les milices canadiennes joutèrent un rôle glorieux, non
seulement par le nombre, mais par leur remarquable intré-
pidité. Placées au centre sous M. de Repentigny et sous le
* DiicovtTS prononcé par Vhon. E. P. Taché, lor» de V" n
aolenndlf des oftsemeiits trouvés mr le champ de Ixitaille de > - -r.
par la Société Saint- Jean-Bajitiste de Quéljec, le 5 juin 18.54. Le <.-oloni',I
Taché a rendu un juste hommage aux travaux do M. Gameau.
J'ai été heureux d'en faire autant lorsque l'année suivante je pro-
nonçais aussi un discours pour la pose de la première pierre du mo-
nument aux héros des doux arméee. Pour ces deux discours et pour
tout ce qui a été fait à cet égard par la Société Saint-Jean-Baptiste,
voir l'excellent ouvrage de M. Chouinard: " Fête Nationale des Ot-
ncKÎieiu-Français célébrée à Qué^JCC en 1880." 632 pp. in-H", Côté d- Cie,
Qitébec, 1881. Une statue de bronze donnée par le prince Naix)léon,
fut placée sur ce monument, le 19 octobre 1863 et des discours
furent prononcés en cette circonstance par le colonel de Salaljerry,
fils du héros de Châteauguay, et par le colonel Sewell.
SA VIE ET SES ŒUVRES. CXIX
brave colonel Rhéaume, et à la droite sous M. de Baint-
Luc, elles firent de véritables prodiges de valeur. " On les
voyait, dit M, Garneau, se coucher par terre pour charger
leurs armes, se relever après les décharges de l'artillerie
ennemie, et fusiller les canonniers sur leurs pièces." Tout,
jusqu'au sombre tableau qu'oflrait le champ de bataille,
contribue à poétiser "le récit dans lequel notre historien
s'est complu et qui, du reste, a été une des causes des
honneurs rendus plus tard aux héros du 28 avril. " L'eau
et la neige, dit-il, qui couvraient encore le sol par endroit^
étaient rougies de sang que la terre gelée ne pouvait boire,
et les malheureux blessés nageaient dans des mares hor-
ribles où l'on s'enfonçait jusqu'à mi-jambe."
Le lendemain commença le siège. Knox, dans son jour-
nal, admet que l'on comprenait de part et d'autre que la
ville appartiendrait à cejle des deux armées qui, la pre-
mière, recevrait des secours d'Europe. Les assiégés avaient
une bien plus forte artillerie que les assiégeants, et ceux-ci
ne purent commencer à tirer que le 11 de mai. Deux jours
auparavant, une scène bien affligeante pour eux s'était
passée. Une frégate était entrée dans le port; l'émoi fut
grand et dans la ville et dans le camp du chevalier de
Lévis. Le vaisseau arbora bientôt le pavillon britannique,
ce qui transporta de joie la garnison anglaise. "Officiers
et soldats, dit Knox, montt'rent sur les remparts faisant
face aux Français, et poussèrent pendant plus d'une heure
des hourras continuels, en élevant leurs chapeaux en l'air.
La ville, le camp ennemi, le port, les campagnes voisines
à plusieurs lieues de distance, retentirent de nos cris et du
roulement de nos canons ; car le soldat, dans le délire de
sa joie, ne se lassait pas de tirer."
Les assiégeants, comme on l'a vu, n'en continuèrent pas
moins leurs opérations; mais le 15, deux autres vais-
seaux de guerre anglais étant entrés dans la rade, le siège
fut levé et le chevalier de Lévis reprît la route de Mont-
réal. Ce n'était pas lui qui abendonnait son entreprise,
c'était trop visiblement la France qui abandonnait le Ca-
nada.
Un dernier épisode glorieux s'ajoute ici à tous les autres,
CXX FUANÇOIS-XAVIEli OAUNEAC.
comme le trait final qui complète le tableau. C'est la rédii-
tance hiîroïque de M. de Vauquelin, conimandant dc« quel-
ques vaisseaux fran(;ais rest^'s au-dessus de Qu^hec, et (juc
les frégates anglaises attacju» rent. On doit se rappeler en
quels termes émus M. Garneau mentionne, dans son Voyage
en Evrope, chC- dans les ]»renii(^res pages de cette t'tude, ce
combat naval dont son aïeul avait Ciù témoin.
A Montréal, L(^vis et ce (lui restait de l'armée française
se trouvi'^rent bientôt entourés par les trois armées anglaises.
M. de Vaudrc'uil dut capituler: il obtint tout ce qui jwu-
vait être obtenu dans une telle extrémité. Le chevalier de
Lévis, indigné de ce que l'on ne voulait pas laisser sortir la
garnison avec les honneurs de la guerre, menaça de se
retirer dans l'île Saintc-Hélfne avec ses troupos et d'y
vendre chCrement sa vie. Le vainqueur do »^ainte-Foyo
était de l'fivis du poète romain :
ViM êcUue victU nullam tpnarc mhUem.
Les troupes, M. de Vaudreuil, le chevalier de Lévis, M.
de Bourlamaque, Bougainville, repassèrent en France
ainsi qu'un grand nombre de Canadiens. M. Garneau les
y suit et nous rend compte de l'état des esprits dans la
métropole. TJ sympathise avec M. de Vaudreuil, injuste-
ment enfermé pendant quelque temps à la Bastille, mais
bientôt complètement justifié; il paraît même Ctre d'avis
que le procès de Bigot et de ses complices, quelle que fût
leur culpabilité, avait pour but de détourner l'attention
des fautes commises par les ministres et de faire croire
que c'était le Canada qui avait ruiné la France. Il démontre,
dans une étude rapide, que l'on avait beaucoup exagéré
l'extravagance du système financier suivi pendant la
guerre. Enfin, rendant compte du traité de Paris de 1763,
il jette un coup d'oeil sur l'état de l'Europe en ce moment,
donne un regard d'adieu à la Louisiane, cédée aux Espa-
gnols en même temps que le Canada l'était à l'Angleterre,,
flétrit la conduite perfide et cruelle du général Oreilly
envers les Louisianais qui, au premier abord, ne voulurent
pas croire à l'ignoble trafic que l'on avait fait de leur pays,
et termine toute l'histoire de la domination française en
SA VIE ET SES (EUVRES. CXXl
Amérique par une magnifique citation de Sieraondi, qui,
ainsi que M. de Vaudreuil et le chevalier de L<^'vis dans
leurs dépêches, rend le plus éclatant témoignage à l'hé-
roïque fidélité de nos pères.
On peut dire qu'îl cet endroit M. Garneau était arrivé
à la moitié de la noble tâche qu'il s'était imposée. Il eût
pu s'y arrêter davantage, il me semble, et d'un côté, jetant
un coup d'œil rétrospectif sur la domination française, de
l'autre, anticipant sur les événements' de la domination
anglaise, rattacher par quelques considérations rapides et
profondes le tarijleau qu'il venait de finir à celui qu'il allait
commencer.
La fatalité était partout, ai-je dit plus haut; et le che-
valier de Lévis le disait lui-même dans sa dernière îettre
au ministre. " C'est une suite des malheurs et de la fatalité
auxquels, depuis quehiue temps, ce pays était en butte, que
les secours envoyés de France ne soient pas arrivés dans
le moment critique. Quelque médiocres qu'ils fussent,
joints au dernier succès (28 avriH. ils aiiraîcut (li'-tt-riniiii'
la reprise de Québec."
Mais était-ce bien la fatalitL- ? l.e.s uULiuUri avaient lait
du destin une divinité, et les fautes mêmes des hommes
sont attribuées à bon droit à l'aveuglement qu'une force
supérieure produit chez eux. Cette doctrine se trouve éga-
lement dans les auteurs païens et dans les saintes Ecritures.
Les premiers l'ont résumée dans ce proverbe, reproduit
sous i)lusieurs formes : Quos jienlei-e deiis ndt prius dementat.
Racine rend admirablement l'idée des livres sacrés en par-
lant de
cet ('«prit d'impriulenco et d'erreur,
^ Do la chute des rois funeste avant-eourcur.
Longtemps avant lui, Philippe de Commiues avait dit:
"Quand Dieu veut commencer de chastier les princes,
premièrement, il leur diminue le sens et leur fait fuir les
conseils et les compagnies des sages."
Toutes ces victoires suivies d'accidents ou de fautes
incroyables, cette longue lutte dans laquelle nos ancêtres
avaient repoussé avec succès les tentatives les mieux com-
CXxii FRANgOM-XAVIEB OAUTEAtT,
h'uiéen, le développement qu'avait pris la Nouvelle- Franco
î\ travers tant do misères et tant d'olistaclea, tout cela ne
l)0uviiit puH ("Xm rendu inutile pur la Providence sans
qu'elle eût des vues miséricordieuses à notre égard. See
desseins ont été bien vite éclairés à la sombre lueur de
la révolution franyaipe, qui suivit si proraptenient celle des
Etats-Unis, et cette dernière a été pour nous du plus grand
secours; car elle a rendu la politique de l'Angleterre à
notre égard plus juste et plus libérale qu'elle ne l'eût et''
sans cela. Heureux furent nos pères dans leur sagesse,
d'avoir préféré, en 1776 et en 1812, les conseils de la reli-
gion î\ ceux de la vengeance, et d'avoir profité d«
ments qui ont assuré la conservation de notr»
lité !
M. Garncau a vu et compris ces cboses; il les a indiqu»'» -
au cours de son récit ; mais il était peut-être trop pro?..-.
de poursuivre son œuvre, qu'il craignait ù cause de sa mau-
vaise santé de ne jamais pouvoir terminer, pour s'arrêter à
ce moment. Il entre donc de plain pied et sans reprendr*
haleine dans l'histoire de la domination anglaise, dont il
ne devait donner (jue les commencements dans cette pre-
mière édition.
Triste est le spectacle que présente l'ancienne colonir
française sous le nouveau régime. Nous avons déjà vu
quelle désolation régnait, dans les villes et dans les cam-
pagnes. Beaucoup d'hommes importants dans la nobl'
et dans .l'administration s'étaient embarqués en m. ii.i
temps que les troupes françaises. Le traité de 1763 fut le
signal du départ pour une bonne partie de ceux qui étaient
restés. Il ne demeura dans le pays que quelques familles
nobles, le clergé et les corps religieux, quelques hommes
de loi, presque point de marchands ni d'artisans. La classe
des cultivateurs, attachée au sol, à la glèbe, comme on
disait dans la langue de la féodalité, resta seule, livrée à
elle-même, ou plutôt, comme on le pensait bien, à l'exploi-
tation d'une légion de nouveaux venus qui vinrent s'abat-
tre sur la province comme les corbeaux sur un champ de
bataille. M. Garneau fait le plus triste portrait de ces aven-
turiers, et il s'appuie en cela du témoignage du général
SA VIE ET SES ŒUVRES. CXXIU
Murray, qui, dans une dépêche, s'était exprimé sur leur
compte en des termes qu'ils ne lui pardonnèrent jamais.
M. Garneau est peut-être un peu sévère à l'égard du
règne militaire, qui ne dura que quatre ans, et pendant
lequel les généraux Murray, Burton et Gage, placés par le
commandant en chef Amherst à la tête des anciens gouver-
nements de Québec, des Trois- Rivières et de Montréal,
montrèrent un certain bon vouloir, Gage en créant dans les
paroisses des tribunaux composés des capitaines de milice,
et les deux autres en plaçant auprès des tribunaux mili-
taires qu'ils avaient institués des hommes de loi du pays.
Du reste, les habitants avaient le bon sens de se mettre ù
l'abri en soumettant aux curés et aux notables instruits les
différends qui survenaient entre eux, imitant en cela les
premiers chrétiens, qui eurent recours à leurs évêques pour
se soustraire à la juridiction des juges païens.*
Pas moins de trois différents systèmes de gouvernement
ont précédé la constitution de 1791 ; et celle-ci a été le
résultat de la conviction acquise par l'Angleterre à la suite
de la révolution américaine, de la nécessité où elle était
de mettre ses nouveaux sujets sur un pied d'égalité avec
les anciens, et d'exécuter franchement et honnêtement les
conditions de la cession. Ce n'était pas, en effet, une con-
quête ordinaire, c'était une convention de peuple à peuple.
C'était non seulement un traité entre deux nations, mais
une promesse solennelle faite à trois reprises difit-rentes, à
une tierce partie, à nos pères eux-mêmes, et dans deux de
ces occasions alors qu'ils avaient encore les armes à la
main. Aussi chaque fois que la question de notre lil" '
civile et religieuse a été posée, on .1 dit d'un côté «o/ij
de l'autre contrat international! j
* Voir le Règne inilitnire, collection de iloi-uments iiuijortantw pu-
bliés par la Société historique *le Montréal. Cette publication est pos-
térieure à. la troisième éiiition de V Histoire du Canada.
t Par une suscei)tiV)ilité patriotique qui les honore, plusieurs de
nos hommes d'Etat et de nas écrivains ont toujours employé tî^ pré-
férence au mot conquête le mot cession lorsqu'il s'agissait du change-
ment d'allégeance, et si M. Garneau a employé tantôt l'une, tantvit
l'autre de ces ex | tressions, c'est sans cloute, comme je le fais moi-
même, aoiw toutes réserves.
CXxiv KRANÇOIS-XAVIER GAltNEAO,
A l'un des articles de la capitulation, dans laquelle lea
assiégé'» demandaient la neutralité |)Our les CanodienH
lorHcju'il H'a^irait de la France, il fut r<'i)(>n<lu Hiinplement:
" Ils deviennent sujet» du roi." (Jette n^ionHe, «jui ne
manque pas de dignité, comporte ({uelquc chose qui n'était
peut-être point dans la |)on8ée du général Aniherst. " Sujet
du roi," ou ce qui est tout un, "sujet Writannicjue sans res-
triction," c'eut l'équivalent de Vvfdiinum ius civUaliê des
Romains !
Cela renferme tous les droits conquis par les barons nor-
mands, la grande charte et toutes les libertés qui en ont
été déduites comme des corollaires inévitables. L'embarras
du gouvernement anglais, ça été de les accorder à ses
anciens sujets tout en les refusant, à cause de leur religion,
si ces quelques milliers de Français qui, par la capitulation,
étaient devenus tout simplement "sujets britanni(fues."
Les nouveaux arrivés, Anglais et Ecossais, ne tardèrent
pas à réclamer avec instances l'établissement d'un gouver-
nement constitutionnel, certains que les Canadiens- Fran-
çais seraient exclus de la représentation par le serment
d'abjuration exigé alors en Angleterre. Se trouvait-il parmi
eux des gens mieux avisés, qui auraient consenti à laisser
dormir leurs droits de crainte d'avoir bientôt à les par-
tager avec nous? La chose est très possible et le résultat
des requêtes envoyées à Londres le donnerait à penser.
L'autorité qui succéda au gouvernement purement mili-
taire, en 1764, fut un conseil législatif, composé de huit
membres, dont un seul, homme obscur et sans influence,
portait un nom français.
Par une simple proclamation, l'Angleterre.avait démem-
bré sa nouvelle conquête, enlevant au Canada le Labrador
et ce qui forme aujourd'hui les provinces maritimes, an-
nexant aux anciennes colonies tout le territoire au sud
des gran(^ lacs et divisant le reste eil deux gouverne-
ments, celui de Montréal et celui de Québec.
"Du territoire, dit M. Garneau, la proclamation passa
aux lois, et le roi, de sa propre autorité, tout eu déclarant
qu'il serait convoqué des assemblées des représentants du
peuple aussitôt que les circonstances le permettraient.
SA VIE ET SES ŒUVRES. CXXV
abolit d'un seul coup toutes les anciennes lois civiles si
sages, si précises, si claires, pour y substituer celles de la
métropole, amas confus et incohérent d'actes du parlement
et de décisions judiciaires... N'était-ce pas renouveler l'at-
tentat commis contre les Acadiens, s'il est vrai de dire que
la patrie n'est pas dans l'enceinte d'une ville, dans les
bornes d'une province, mais dans les affections et les liens
de la famille, dans les lois, dans les mœurs et les usages
d'un peuple? Personne dans la Grande-Bretagne n'éleva
la voix contre un pareil acte de spoliation et de tyrannie.
On privait une population de ses droits pour une immi-
gration qui n'avait pas encore commencé."
Le jurisconsulte Mazères, descendant d'une famille hu-
guenote et qui se montra animé contre nous d'un fanatisme
si persévérant, déclara plus tard que cette proclamation
n'avait pas pu abolir les lois françaises, que c'était là une
mesure à laquelle les prérogatives de la couronne ne suffi-
saient point, et qu'un acte du parlement seul pouvait
la rendre valide. Murray, nommé gouverneur général, de
l'avis de son nouveau conseil, avait déjîl rendu une ordon-
nance rétablissant les lois françaises pour tout ce qui
avait rapport aux droits de propriété et aux successions.
Il dut, d'après les instructions royales, convoquer des
représentants du peuple ; ce qu'il fit sans exclure les catho-
liques. Seulement, il recula devant le dilemme qui s'oflrit
à lui lorsque ceux-ci, comme il devait s'y attendre, refu-
sèrent de prêter le serment d'abjuration (te^t oathX II ne
voulut ni les admettre sans cela, ni constituer un parle-
ment uniquement composé de protestants; il ajourna donc
indéfiniment l'exécution de la promesse faite par le souve-
rain lui-même.
L'état de choses anormal que l'interprétation trop peu
libérale du traité de Paris, et l'application trop rigoureuse
et impolitique des lois de la métropole, faisait régner dans
la colonie, révoltait î\ la fois le bon sens et l'honnêteté du
nouveau gouverneur. Il ne voulut pas empirer la condi-
tion des anciens colons en les livrant pieds et poings liés
à un petit nombre d'homm-es qu'il avait su apprécier à leur
juste valeur. C'était bien assez qu'il eût été obligé de les
CXXVi FRANÇOIS-XAVIER GARNEAU,
exclure do tous les emplois, et de le« faire juger par dei
jur68 ontièremont protcstanl». ('roirait-on que les grands
jur^'fl d<';nonc^rent une J'ois l'existence de la |»opulation
catliolifiuo comme un d^-sordre swial — asanuimnceT II
n'y avait pas alors, tout compt/;,cin(i cents protestants dan»
la colonie, et c'était les piètres représentants de cette infime
minorité qui appelaient la proscription surtout un i>euplel
(.'cla étant donné, on ne sera point surpris d'apprendre
que Murray eut maille à partir avec cette audacieuse coterie,
et surtout avec les juges que l'on avait envoyés d'Angle-
terre et avec quehiues-uns de ses coi Tl fut dénoncé
et rappelé, et bien qu'il se justifiât c ^ ucnt aujtrrH du
gouvernement, il ne revint jamais au Canada.
Deux événements imjjortants s'étaient passés sous son
gouvernement: l'introduction de l'imprimerie et du jour-
nalisme dans la colonie et la célèbre conspiration de Pon-
tiac. M. Garneau n'a peut-être pas assez insisté sur les
exploits de ce héros sauvage, qui forment le plus étrange
épisode de notre histoire. On ne saurait trop admirer le
courage, l'astuce, la grandeur d'âme, l'habileté de ce chef,
qui souleva contre l'Angleterre presque toutes les nations
de l'Ouest, qui envoyait aux Canadiens des ordres et des
menaces au nom du roi de France longtemps apr??s que
celui-ci avait abandonné ses possessions d'Amérique, qui
prit lî fort de Michillimackinac par le coup le plus hardi
et le plus habile que l'on puifse imaginer, qui tint pen-
dant quinze mois une garnison anglaise assiégée au Détroit,
et qui enfin, vaincu et isolé, inspirait encore assez de ter-
reur à ses ennemis pour qu'on le fît périr par trahison. La
vie de Pontiac tient du poème épique et du roman, et le
livre qu'elle a inspiré à M. Parkman a l'intérêt de ces deux
sortes d'ouvrages.*
Ce fut un autre des compagnons de Wolfe, le général
Carleton, qui remplaça Murray. Comme ce dernier, il
avait une certaine sympathie pour les nouveaux sujets, et
dès l'abord il ne fit pas trop bonne mine à l'oligarchie colo-
niale. Avec lui était venu un nouveau juge en chef et un
* Voir le premier rolume des Canadiens d^ rOtieM, par >I. Tas-sé.
SA VIE ET SES ŒUVRES. CXXVll
nouveau procureur général, ce baron Maaères dont il vient
d'être question.
Des plaintes de la part des Canadiens, auxquels s'étaient
joints un petit nombre d'Anglais plus généreux probable-
ment parce qu'ils étaient plus éclairés que la majorité des
nouveaux venus, avaient été renvoyées au Bureau des
plantations, et de là au procureur général et au solliciteur
général. Les rapports de ces derniers nous étaient assez
favorables, mais le gouvernement n'osa mettre à effet les
recommandations de MM. Yorke etdeGrey. C'était surtout
dans l'administration de la justice que le besoin d'une
réforme était urgent. Les catholiiiues étaient encore exclus
de la magistrature, du jury et du barreau, quoique par
une concession faite assez récemment, il« fussent admis dans
certains cas n faire partie du jury et à plaider devant les
tribunaux. Le droit civil français admis malgré l'ordon-
nance de George III dans les questions de succession et
de propriété, venait sans cesse, sur toute autre matière, en
conflit avec le droit anglais; faute de lois positives, et
surtout faute de science véritable, les juges improvisés
variaient sans cesse dans leurs décisions. Dans de telles
conditions le casus pro arnica devait se présenter souvent, et
il va sans dire qu'entre l'ancien sujet et le nouveau, ce der-
nier était rarement Vamicus pour le juge anglais.
Carleton reçut donc l'ordre de faire faire une enquête
rigoureuse sur l'administration de la justice. Elle donna
lieu à des rapports séparés du juge en chef Hey, du procu-
reur général Mazères et du gouverneur lui-même; ce
dernier, plus libéral que les deux autres, recommanda
entre autres choses de conserver seulement le droit crimi-
nel anglais et de rétablir toutes les lois civiles françaises
purement et simplement.
Ces rapports furent envoyés aux jurisconsultes officiels
Marriott, Wedderburn et Thurlow. Il leur était en même
temps recommandé de préparer un code de lois pour les
nouvelles possessions de l'Amérique du Nord. Dans leurs
travaux ils traitèrent la question sous toutes ses faces, sur-
tout au point de vue de la religion catholique et delà langue
française, qui étaient les deux grandes difficultés ; mais il
CXXviii FKANÇ0I8-XAVIEK GABNEAU,
ne paraît pas qu'ils soient entrés bien avant dans Tétadedee
lois ni (juMls aient rien fait qui ressemblAt A un pnyet de
code civil ou criminel. Marriott hc prononça pour l'extinc-
tion ausHi j)ronii»te (juc possible de la relijçion catholique,
et quoi(ju'il vît rinipiwsibilité de faire diHi)araitrp ininjé-
diatenient toute trace des lois franyaises, il ne voulait les
conserver qu'autant (jue la nécessité l'exigerait. Quelques-
unes de ses reconinian<lationH étaient vrainjont machiavéli-
ques, et M.Garneau flétrit son rapport en disant que c'était
un long cri de proscription contre la religion, les lois et les
usages de nos pcres. Wedderburn et Thurlow prirent, le
dernier surtout, le contre-pied des opinions exposées par
leur collègue. Quelques-uns de leurs arguments se trou-
vèrent justifiés par les événements (jui se précipitaient alors
dans les anciennes colonies anghiises. Le gouvernement
anglais prolongea ses en(}uôte8 et ses indécisions jusqu'à
l'année 1774, c'est-A-dire pendant une décade, car les
plaintes avaient commencé immédiatement après l'établis-
sement du conseil de Murray. Dans les dernières années
deux requêtes avaient été expédiées, l'une signée par les
protestants, qui voulaient un gouvernement repré.«entatif,
l'autre par les catholiques, qui demandaient un conseil
choisi par la couronne, mais où ils seraient représentés
comme les protestants. Ces derniers n'avaient pas demandé
formellement l'exclusion des catholiques de l'assemblée ;
mais ils avaient refusé de s'expliquer sur ce point. On
savait qu'ils avaient des amis en Angleterre, que les lois
de l'empire leur étaient favorables, et que tout était A
craindre si l'on acceptait sans conditions le prétendu bien-
fait d'un gouvernement représentatif qui, dans cet état de
choses, aurait pu être un engin d'oppression plus redou-
table encore qu'un conseil nommé par la couronne.
Le résultat de -toutes ces démarches, fut le bill proposé
par le comte de Dartmouth. Il étendait les limites de la
province de Québec, conservait aux catholiques les droits
que leur avait assurés la capitulation, les dispensait du
serment d'abjuration, rétablissait les lois civiles françaises,
confirmait l'introduction du droit criminel anglais et
créait un conseil composé de dix-sept à vingt-trois membres
SA VIE ET SES ŒUVRES. CXXIX
qui pourraient être indifféremment catholiques ou protes-
tants. Adopté à l'unanimité par la chambre des lords, ce
projet de loi fut dans la chambre des communes le sujet
d'une enquête à la barre et de discussions qui sont restées
célèbres dans les fastes parlementaires.
Cette session du parlement anglais fut encore plus
remarquable par les débats qui eurent lieu sur les mesures
coercitives que le ministère proposait contre les anciennes
colonies, et par une de ces contradictions que les préjugés
et le fanatisme expliquent-à peine ; c'étaient précisément les
défenseurs des libéraux américains qui s'opposaient à ce
que justice nous fût rendue. Il est vrai qu'ils attaquaient
le projet de loi du ministère tory parce qu'on refusait aux
Anglais du Canada les libertés inhérentes A la condition de
sujet britannique; mais ils avaient deux poids et deux
mesures, et il était évident qu'ils ne voulaient pas de
ces libertés pour les catholiques. Fox fut le seul par-
mi les whigs qui sut se montrer à la fois logique et géné-
reux.
La ville de Londres s'émut et la requite qu'elle adressa
au roi pour qu'il refusât sa sanction, donne une idée des
haines religieuses à cette époque. Le même sentiment
prévalut chez les populations protestantes d'Amérique, et
George III ayant passé outre, les Anglais du Canada s'agi-
tèrent et demandèrent la révocation du statut impérial,
révocation (jue l'on tenta eh vain de faire voter l'année
suivante. Enfin les anciennes colonies, qui réclamaient la
liberté constitutionnelle et s'indignaient de voir établir un
gouvernement absolu tout près d'elles, se plaignaient éga-
lement de la conservation de la religion catholique et
des lois françaises, et cela dans des termes qui surpassaient
en violence ceux dont s'étaient servis les fanatiques de
Londres. Presque en même temps, le congrès adressait
aux Canadiens une proclamation par laquelle il les invitait
à partager avec les colonies révoltées les bienfaits d'une
constitution libre, et chose assez bizarre, citait à nos bons
habitants l'opinion de Montesquieu. Ce double jeu était
trop apparent ; nos pères en général préférèrent l'autorité
de La Fontaine i\ celle de l'auteur de V Esprit des Lois, et
CXXX FRANÇOIS-XAVIER GAKNEAU,
dirent aux fiostonnais comme le Hatyre du fabulietc nu
passant :
No ])laiHO aux ditnix (|n(i jo conrlio
Av«c vous ÉkiUH in^'-ino t«»it!
Arrière conx dont la ))oiicho
SoufHo lo chau'l ot lo froid!
Cette partie de notre histoire est OBBez difficile A raronter ;
les documents sont rares, et la population paraît avoir M
fortement travailK-e par des influences contraires. *
La masse du peuple des canipagnes, au d^-but de la
guerre, était assez indiflcrente, et beaucoup se laissf'rent
soit gagner, soit intimider j)ar les officiers de l'armée con-
tinentale, comme on appelait les troupes du congrus, ou
par des agents que ceux-ci avaient eu le soin de choiHÎr
dans les deux j)opulations anglaise et fran(;aise.
Il y eut donc, pour la première fois, une scission parmi
nos compatriotes; en quelques rencontres ils combattirent
les uns contre les autres; bien qu'au début le nombre de
ceux qui prirent une part active du côté des Américains
fût assez considérable, à la fin de la campagne, les congré-
gnnistes, comme les appelaient ceux qui étaient restés fidèles
au drapeau britanniciue, étaient clair-semés. Il est du reste
à noter que c'est surtout aux milices canadiennes que
furent dues la défaite d'Ethan Allen à la Longue-Pointe,
et celle d'Arnold et de Montgomery sous les murs de
Québec. La première de ces rencontres permit aux troupes
anglaises de se retirer de Montréal, et au gouverneur
Carleton de s'échapper de cette ville pour aller s'enfermer
dans la capitale ; la seconde décida du sort de la colonie.
Le clergé, la noblesse de tout le pays, furent à l'abri de
tout reproche. Ce fut surtout par les mandements et les
exhortations de Mgr Briand qui, après beaucoup de diflfi-
* M. l'abbé Verreau a publié, sous le titre Flnvamon, un volume
de mémoires et de lettres, dont une partie seulement était connue de
M. Garneau. Cette précieuse collection est à consulter par ceux qui
voudront écrire une histoire particulière de la guerre de 1775. Ce
n'est cependant qu'en%'iron la moitié de l'ouvrage (jue M. Verreau a
entrepris et dont la fin se fait troji attendre.
SA VIE ET SES ŒUVBES. CXXXl
cultes, avait enfin été appelé à la succession de Mgr de
Pontbriand, que les dispositions des populations rurales
furent bientôt modifiées dans un sens favorable à la nou- •
velle mère patrie. Somme toute, la conduite des nouveaux
sujets, surtout dans la classe instruite, contrasta favora-
blement avec celle des Anglais, dont plusieurs prirent part
ouvertement pour les rebelles, tai^dis que le plus grand
nombre attendaient la fin, comme le dit M. Garneau, pour
crier Vive le roi ou Vive la ligue ! La manière d'agir du général
Carleton, sa popularité personnelle, l'acte de 1774 dont les
dispositions étaient assez rassurantes en regard de la con-
duite maladroite du congrès, furent pour beaucoup dans
ce résultat.
Notre historien étudie avec soin les causes de tous ces
événements, il rend compte ù ses lecteurs des mouvements
de l'opinion publique en Angleterre et en Amérique, et
fait marcher de pair le récit des progrès de la révolution
avec celui des complots qui se tramaient contre notre auto-
nomie. Il donne aussi de très intéressants extraits d'une
lettre anonyme qui fut adressée aux Canadiens par un de
leurs compatriotes, pour les prémunir contre les écrits et
les discours insidieux de ceux qui cherchaient à les sou-
lever contre la constitution de 1774, dans le but d'en
obtenir une qui nous fût moins favorable. Cette lettre est
fort remarquable ; on y trouve ainsi que dans les requêtes
expédiées à Londres de la part des catholiques, et dans un
mémoire que M. Garneau avait déjà reproduit, des vues
très élevées et un coup d'œil presque prophétique sur nos
destinées. Ces documents font voir que la colonie possédait
alors des hommes distingués, sachant exprimer leurs idées
dans un langage Ti la fois sobre et énergique, et capables de
revendiquer leurs droits. M. de Lotbinière était au nombre
de ces hommes et sa présence à Londres, où il fut inter-
rogé à la barre de la chambre des communes, avait produit
un excellent eflet.
La guerre de 1775, sans avoir rien de comparable à celle
qui termina la domination française, ne manque pas d'in-
térêt. On n'y retrouve ni les grandes armées, ni les géné-
raux habiles, ni les chocs retentissants de cette dernière ;
CXXXn FRAN(;0I8-XAVrEB OARNEAU,
mais elle est pleine de surprises, d'aventure» et de coups
(le main hiinlis.
M. (Jiirnoiiu raconte et cette marche presque triomphftlo
dos Américains jusqu'à Montr^*al et aux Trois- Ri vièreu,
villes dont ils s'emparèrent facilement, et cette fuite pré-
cipitée de Carleton «jui arriva dans sa capitale sous un
(K'guisenient et devant son salut à des navigateurs cana-
(lions, ot cntte exp^'-dition hardie et tr-m^rairo d'Arnold
(jui amena si travers forêts, rivières et montagnes, par le
Maine et la Beauce, un petit corps de miliciens mal armés
et mal éciuipés, opéra sa jonction avec les troufies qui
descendaient <le Montréal, et vint camper avec elles sur
les Plaines d'Abraham. Ce quatrième siège de Québec
semble une parodie plutôt qu'une répétition des deux
derniers ; mais le sort de la colonie fut cette fois encore,
au moins en apparence, le jouet du hasard, et il s'en fallut
aussi peu que le Canada ne devînt républicain (ju'il s'en
était fallu qu'il ne restîVt français.
L'armée assiégeante se composait î\ ixiine de mille quatre
cents hommes; le siège ua pouvait donc être une opéra-
tion militaire sérieuse. On tenta un coup de main, et dans
la nuit du 30 au 31 décembre, tandis que deux attaques
simulées se faisaient sur les remparts de Québec et sur la
citadelle du côté des plaines, deux colonnes qui s'étaient
donné rendez-vous sur le marché de la basse ville, s'avan-
çaient l'une par le faubourg i?aint-Roch, près de la rivière
Saint-Charles, l'autre par la rive du Saint- Laurent, non
loin de l'endroit où Wolfe avait opéré son débarquement.
La première était commandée par Arnold, l'autre par le
général en chef Montgomery.
Quel tableau que celui de cette froide nuit, l'avant-
dernière de l'année, où de tous les côtés l'alarme est dans
la ville, où le tocsin sonne, où l'on bat la générale, tandis
qu'une vive fusillade règne sur presque toute la ligne
des fortifications, du côté de la campagne, et sur les rem-
parts au-dessus de cette partie de la basse ville que l'on
nomme Saxd-au- Matelot. En ce dernier endroit, on se dis-
pute le terrain pied à pied, prenant et reprenant les bar-
ricades et les maisons, les Américains et les royalistes
SA VIE ET SES ŒUVRES. CXXXlll
étant quelquefois mêlés et se confondant dans les ténèbres !
Dambourgès, le colonel Nalrne, le capitaine Dumas et plu-
sieurs autres se distinguèrent dans cette lutte corps à
corps ; les élèves du séminaire de Québec y eurent aussi
leur part de gloire. Mais l'acte le plus étrange de ce drame
multiple est sans doute celui dans lequel Montgomery
périt à la tête des troupes qui donnaient l'assaut à l'autre
extrémité de la ville basse, à l'endroit appelé Prh-de-ville,
surtout s'il est vrai, comme le dit le manuscrit de San-
guinet, que tandis que la panique s'emparait de la colonne
américaine, la garde elle-même s'enfuyait de son côté,
après avoir fait cette meurtrière décharge de mitraille qui,
plus qu'autre chose, décida du sort de la guerre. Mont-
gomery tué, Arnold blessé, un grand nombre d'officiers et
de soldats faits prisonniers, tel fut le résultat des deux
combats. L'armée américaine diminuée et affaiblie se
maintint cependant jusqu'au printemps sur les Plaines
d'Abraham. Carleton, se rappelant ce qui était arrivé à
Montcalm et au général Murray, la laissait s'épuiser par
la maladie et attendait des renforts d'Europe pour l'atta-
quer.
Précisément comme dans le cas du chevalier de Lévis,
ce fut l'arrivée d'une flotte anglaise qui détermina le géné-
ral Thomas à lever le siège. Carleton le poursuivit dans
sa retraite. Bientôt Montréal fut évacué, non sans qu'il
se fût livré un combat assez important prè^* «b^^j Trois-
Rivières.
Ici M. Garneau reproduit les arguments dont se servent
ceux qui, d'une part, prétendent que nos pères ont commis
une erreur en refusant les propositions des Américains, et
ceux qui, de l'autre, les louent d'être restés fidèles à l'An-
gleterre. Sous l'impression que causait encore, à l'époque
où il écrivait (1847-48), la passation de l'acte d'union, im-
pression aggravée par la conduite de lord Metcalfe, et
aussi sous l'influence des craintes qu'il avait toujours au
sujet de notre nationalité, il se borne à la conclusion me-
naçante que l'on va lire.
" Nous nous abstiendrons, dit-il, d'apprécier ici la valeur
de ces plaintes, échos sourds mais significatifs des senti-
j
CXXXiv FRANÇOIS-XAVIER OARNEAU,
ments d'un peuple que sa nationalité a fait et pourrait
encore faire proscrire. Nous laissons cette tAche à la pos-
térité';, qui pourra trouver dans la suite des faits qui se
développeront graduellement, de quoi former son opinion
sur un événement dont les conséquences seront peut-ftre
plus fftcheuses pour la domination hiitininic^iif (\uc i.our la
conservation des Canadiens ! "
Le congrès avait mis un certain acliaruement a vouloir
s'emparer du Canada. Il avait envoyé ù Montréal des com-
missaires : Franklin, Chase, CarroU, et le frère de ce dernier,
le célèbre jésuite, qui devint depuis archevêque de Bal-
timore.f C'étaient bien les hommes les plus éminents qu'il
pût choisir, et ce fait montre quel prix les Ëtat« révoltés
mettaient h notre conquête. Les lettres, les proclama-
tions ne furent pas épargnées, mais sans résultat. Si les
défections eussent été plus importantes et plus géné-
rales, c'en était fait de la puissance britannique sur ce
continent. M. Garneau a donc raison de dire que pendant
une année au moins nos pères furent les arbitres de nos
destinées.
Ce fut ensuite aux Anglais à prendre l'offensive, mais ils
n'y furent pas heureux non plus que dans la guerre qu'ils
faisaient dans le Sud. L'inepte et présomptueux Burgoyne
vint échouer à Saratoga, et ce désastre hâta de beaucoup
le triomphe de la cause américaine. Sur huit mille hommes
dont se composait son armée au début de la campagne, il
n'avait que cent quarante-huit Canadiens, qui furent pres-
que tous tués; cependant il lui plut de rejeter sur nos
compatriotes la responsabilité de son insuccès. X
En 1778, Carleton fut remplacé par Haldimand, un des
* Cette phrase ne se retrouve pas dans la 3' édition de VHigtoire
du Canada.
t Ces personnages habitèrent, paraît-il, quelque temps l'ancien
hôtel du gouvernement. Voyez l'histoire de cet édifice par SL Ver-
reau. 1" volume du Journal de V Instruction puhliqw.
X Le Canadien, né malin, quoiqu'il n'ait pas créé le vaudeville,
chansonnait souvent les généraux qui lui déplaisaient. Du nom de
Burgoyne, il fit un verbe. Se faire bourgogner voulut dire : se faire
rosser d'importance.
SA VIE ET SES ŒUVRES. CXXXV
compagnons de Burgoyne. Les Américains avaient déclaré
leur indépendance, la France était venue à leur secours,
et le comte d'Estaing, chargé du commandement de la
flotte française qui croisait sur les côtes d'Amérique, avait,
au nom du roi Louis XVI, lancé une proclamation dans
laquelle il faisait un chaleureux appel au sentiment natio-
nal de nos pères. Pour les causes qui ont été exposées plus
haut, il n'eut pas plus de succès que n'en avaient eu
Franklin et Carroll en 1776.
Le gouvernement du général Haldimand a laissé un
mauvais souvenir dans notre pays. Venant après Murray
et Carleton, entre la première et la seconde administration
d'un gouverneur populaire, ce Suisse hautain et sévère fait
une assez soml)re figure. Cependant, nos écrivains ne lui
ont peut-être pas tenu assez de compte des difficultés de
la situation. L'étude de sa correspondance, que M. l'abbé
Verreau a fait copier à Londres, prouve que l'on conspi-
rait alors beaucoup plus qu'on ne l'avait cru jusqu'ici.
Homme de langue française, le successeur de Carleton se
croyait peut-être tenu à plus de rigueur et, sans haïr les
Canadiens, sans parti pris d'injustice, il a dû faire du zèle
à leurs dépens.
De retour en Angleterre, il eut à rendre compte de sa
conduite. Il fut accusé par M. Du Calvet, qu'il avait long-
temps tenu emprisonné ; mais les ministres ne se pronon-
cèrent point contre leur ancien délégué. Son adversaire
publia un volumineux pamphlet, intitulé Appel à laju.itir,-
de VÉtat, dans lequel, au milieu de violentes diatribes, se
trouve un passage qui ne manque ni d'une certaine éléva-
tion, ni d'un véritable sentiment patriotique.
" Qu'il est triste d'être vaincu ! S'il n'en coûtait encore
que le sang qui couvre les champs de bataille, la plaie
serait bien profonde, bien douloureuse, elle saignerait bien
des années, mais le temps la fermerait. Mais être con-
damné à sentir continuellement la main d'un vainqueur
qui s'appesantit longtemps sur nous , mais être esclave
à perpétuité du souverain constitutionnel du peuple le
plus libre de la terre, c'en est trop! Serait-ce que notre
lâcheté à disputer la victoire, en nous dégradant dans l'es-
CXXXVl FRANÇOIS-XAVIER OARXEAU,
prit de nos conquérant», aurait mérité leur colère et leur
mépris? Mais ce furent les divisions de nos généraux qui
les firent battre; mais nous, nous prîmes leur revanche, et
nous lavâmes l'année d'aprf-s, 28 avril 1870, la honte de
leur défaite sur le môme champ de bataille ! "
Carleton, élevé jl la pairie sous le titre de lord Dorchester,
succéda A Haldimand après les gouvernements intéri-
maires de M. Hamilton et du général H<)j)e. L'Amérique
et la France avaient triomphé de l'Angleterre ; la nou-
velle république était reconnue par le traité signé à Paris
le 3 septembre 1783. C'était pour la France une revanche,
mais au fond une revanche toute sentimentale et qui
allait lui coûter bien cher, puisque l'esprit révolutionnaire,
excité par ces événements, devait bientôt l'inonder de sang
et la couvrir de ruines.
Le Canada restait à la couronne britannique, mais il
s'en fallait de beaucoup que ce fût la même étendue de
pays que la France lui avait cédée. Les États-Unis récla-
mèrent les immenses territoires qu'une étroite partialité,
une injuste défiance avaient fait enlever aux nouvelles pos-
sessions anglaises pour les donner aux anciennes ; la ligne
quarante-cinq et la rive sud des grands lacs devinrent
notre frontière ; Québec et Montréal surtout n'en étaient
plus qu'à une petite distance.
Lord Dorchester trouva la situation politique plus diffi-
cile que jamais. Le conseil législatif avait fait preuve de
peu d'entente et d'habileté, et il continua à être divisé en
deux camps, l'un libéral en apparence, mais anti-français,
l'autre conservateur et favorable aux anciens habitants du
pays. M. de Saint-Ours et les autres membres canadiens,
qui ne formaient pas le tiers de cet aréopage, faisaient le
plus souvent partie de la majorité. L'administration de la
justice, malgré l'acte de 1774, offrait toujours de très
grandes difficultés; le juge en chef Smith soutenait la
jurisprudence anglaise; le juge Mabane, la jurisprudence
française. Une défiance réciproque régnait entre toutes les
classes de la population. Les libéraux anglais cherchaient
à soulever la bourgeoisie et les cultivateurs contre les
prêtres et les nobles ; ces derniers se trouvaient placés
^ SA VIE ET SES ŒUVRES. CXXXVll
entre deux périls, d'un côté, l'arbitraire d'un gouverne-
ment étranger, qui ne leur concédait qu'un simulacre de
pouvoir et qui au premier moment pouvait le leur retirer ;
de l'autre, les dangers d'une charte constitutionnelle qui
pouvait être confiée entièrement à des mains protestantes,
et qui dans tous les cas pouvait amoindrir leur influence,
détruire leurs privilèges. Ce qui se passait en Europe,
ce qui venait de se passer en Amérique n'était point de
nature à les rassurer ; l'orage révolutionnaire avait fait
table rase sur une grande partie de ce continent, et com-
mençait à gronder dans le vieux monde.
Le peuple lui-même était bien embarrassé. Il n'aimait
ni les Anglais, ni les Américains ; il n'avait pas conservé
non plus un trop bon souvenir des dernières années du
régime français. Les exactions, les corvées, la guerre, la
famine, la dépréciation des assignats, qui, il est vrai, furent
remboursés par la France, mais, comme cela arrive ordi-
nairement, au profit des spéculateurs ; toutes les misères
enfin l'avaient accablé. Il est même étonnant que ce fonds
de gaieté qu'il conserve encore aujourd'hui ait pu survivre
à de si dures épreuves. Il est vrai que cette heureuse dis-
position d'esprit fait j)artie de l'inépuisable philosophie
propre îl une race de paysans craignant Dieu, inébran-
lable dans ses affections, et passivement résistante à l'op-
pression, sûre qu'elle est qu'étant maîtresse du sol, elle
verra la tyrannie passer sur elle comme les orages qui
détruisent les moissons, mais laissent A la terre toute
sa vigueur, toute sa fertilité.
Donc à ces paysans l'on disait, d'une part: "Secouez le
joug des nobles et des prêtres, demandez les lois anglaises,
la liberté constitutionnelle comme en Angleterre ; vous
n'aurez plus ni corvées à remplir, ni dîmes, ni droits sei-
gneuriaux d'aucune espèce à payer." Et d'un autre côté :
" Conservez vos vieilles lois, elles sont la garantie de vos
propriétés ; ne laissez pas enlever à votre clergé ses moyens
de subsistance, il est lui-même le boulevard de votre
nationalité ; défiez- vous de ceux qui vous offrent la liberté,
ils la prendront pour eux-mêmes et ne vous laisseront à
vous que l'esclavage."
CXXXVlll FRANÇOIS-XAVIER OARKEAU,
L'embarras des Anglais n'était peut-être pas moindre.
Ils voyaient le clergé catholique et la noblesse franyaise
en assez grande faveur auprès d'un gouvernement arbi-
traire, les lois fran(;nise8 protégées; ils rf-vaiont tout autre
chose ; mais comment oser demander un parlement dont
les électeurs, et par conséquent les élus, seraient en très
grande majorité catholiques, et comment espérer que l'on
interdirait aux catholiciues l'entrée de la chambre élective,
lorsqu'on ne leur avait pas interdit celle du conseil légis-
latif ?
De tout cela, il résultait que personne ne disait franche-
ment ce qu'il voulait avoir,
La requête des Canadiens, portée en Angleterre en 1783
par MM. Adhémar, Powell et Delisle, demandait en termes
généraux les droits et les privilèges de sujets britannicjues.
Elle était signée par des Anglais et par des Français. Le
conseil législatif s'en émut ; sa majorité protesta. M. Finlay
exprima la crainte que la teneur de cette pétition n'auto-
risât la formation d'une chambre toute composée de catho-
liques. Pour des raisons toutes contraires, M. de Saint-Luc
proposa une adresse au roi demandant le maintien de la
constitution de 1774.
Une pétition couverte de signatures plus nombreuses
demandait, l'année suivante, une chambre élective, un
conseil législatif et l'introduction des lois anglaises dans
les contrées situées en dehors des districts de Québec et
de Montréal. Une autre requête, couverte de plus de quatre
mille signatures, s'opposa à la première. La politique
moderne s'introduisait pour la première fois dans le pays,
et les Canadiens se divisaient en constitiUionneU et en arUi-
constitxitionnelè.
L'Angleterre ne savait trop elle-même comment résoudre
tous ces problèmes ; elle eut recours, cette fois encore, à la
panacée à Tusage des gouvernements à bout d'expédients.
On ordonna des enquêtes, comme on l'avait fait avant la
constitution de 1774; et aussi, de même qu'en 1774 les
commencements de la révolution américaine avaient dé-
cidé le gouvernement anglais à s'occuper de nous, de
même la révolution qui éclatait en France en 1789 ne fut
pas étrangère à l'adoption de la constitution de 1791.
SA VIE ET SES ŒUVRES. CXXXlX
L'émigration des royalistes des États-Unis vint fournir
au gouvernement anglais un excellent moyen de tout con-
cilier. On avait d'abord songé à les établir sur la frontière
au sud du Saint- Laurent ; Haldimand eut l'idée de les
porter dans la région qui s'étend au nord des grands lacs.
C'est avec raison que M. Garneau donne, pour cette ma-
nœuvre habile, un bon point à ce gouverneur, qu'il est
loin d'aimer. Ce fut, en effet, ce qui permit à Pitt de créer
deux Canadas, l'un français, l'autre anglais, de récom-
penser les Canadiens de leur fidélité et d'ouvrir aux émi-
grés de la Grande-Bretagne un pays où ils pourraient jouir
du gouvernement représentatif sans être soumis à une
majorité française et catholique. *
Le projet de la nouvelle constitutum nu. communiqué
à lord Dorchester, qui l'approuva avec certaines restric-
tions, et le ministère put en proposer l'adoption à l'ouver-
ture des chambres en 179L La province de Québec était,
par le nouveau bill, divisée en deux provinces, celles du
* Haldimand, dans sa dépêche, disait ijue lorsque les postes de
rouent auraient été évacués, la province aurait si peu d'importance au
point de rj(f commircial, que ce serait une question do savoir si l'on
devrait combattre i)our la conserver, et qu'en attendaut il n'était
IK)int prudent de placer sur la frontière une classe d'hommes dont
les ressentiments pourraient fournir un prétexte à des voisins mal
di8f>osés {bad ticighbors) de nous chercher querelle et de faire naître
un casug belli.
Et il ajoutait: " Il y a une autre considération. La population
canadienne augmentera beaucoup; dans peu d'années il lui fau-
dra plus d'espace, et il me (tarait d'une bonne jK^litique d'établir sur
la frontière une i>opulation qui n'aît i^is la même langue, la même
religion, et qui ne soit pas habituée aux mêmes lois et au même
système de gouvernement que nos voisins, si remuants et si entre-
prenants." Une partie seulement des sag(vi conseils de Haldimand
fut suivie. On plaça bien les royalistes américains dans le Haut-
Canada, on retarda bien l'établissement des cantons de l'Est ; mais
plus taril on fit de grands eflbrts pour y implanter ime population
anglaise et protestante. Aujourd'hui l'accroissement présni de notre
race lui fait envahir non seulement les cantons réservés à la race
anglo-saxonne, mais encore une partie des États voisins et de 1a
province voisine.
cxl FRANÇOIS-XAVIEK GABNBAU,
Haut-Canada et du Bas-Canada, les limites en étaient
lix^cH do manière à, comprendre dans <:ett«* dernière pres-
que tout le territoire qui avait ùiù colonisé i»ar la France;
chaque province devait avoir un parlement comi^sé d'un
gouverneur, d'un conseil législatif nommé par la cou-
ronne, et d'une assemblée élective, sans aucune restriction
quant à la religion ou à la nationalité ; en même temps
l'acte d'haheas rorpas, ce palladium do la liberté indivi-
duelle en Angleterre, était étendu ù la colonie, les dîmes
du clergé catholique et les droits des seigneurs étaient
maintenus et une dotation en terres publiques était créée
pour le clergé anglican dans chaque province.
La situation était bien changée depuis 1774 ; la guerre
américaine avait porté ses fruits, et Mazères lui-même, si
fanati(iue qu'il fût, avait écrit à ses amis ù Québec qu'il
était inutile pour eux de songer à exclure les catholiques
du parlement. Cependant, lorsqu'il fut évident que la po-
pulation anglaise du Bas-Canada resterait isolée, et n'au-
rait pas pour lui aider dans la lutte la masse de l'émi-
gration européenne qui allait se diriger vers l'Ouest, l'on
regretta d'avoir demandé une nouvelle constitution, et des
démarches actives furent faites pour s'opposer, un peu
tard, il est vrai, aux projets du ministère.
La discussion qui eut lieu dans la chambre des com-
munes est encore plus mémorable que celle de l'acte de
1774 ; elle donna lieu à la fameuse rupture entre Burke et
Fox. Ce ne fut pas précisément le Canada qui en fut la
cause, mais on ne pouvait parler de ce pays et de la révo-
lution américaine sans que la révolution française ne vînt
aussi sur le tapis, et Burke dont les idées étaient bien
différentes de celles de son ami, eut avec lui une vive
altercation, le premier de ces orateurs parlant avec la plus
grande véhémence contre les révolutionnaires, et Fox les
défendant avec vigueur.
M. Garneau fait l'analyse de ces débats, dans laquelle
se trouve cette phrase remarquable de lord Grenville :
" On a appelé préjugé l'attachement des Canadiens à
leurs coutumes, à leurs lois et à leurs usages, qu'ils pré-
fèrent à ceux de l'Angleterre. Je crois qu'un pareil atta-
SA VIE ET SES ŒUVRES. CXli
chement mérite un autre nom que celui de préjugé ; sui-
vant moi, cet attachement est fondé sur la raison et sur
quelque chose de mieux que la raison ; il est fondé sur les
sentiments les plus nobles du cœur humain."
Notre historien rend parfaitement justice à la bonne
volonté de George III, qui se montra, dans cette circons-
tance comme dans toutes les autres, animé des meilleures
intentions à notre égard ; il attril)ue à la reconnaissance
de nos compatriotes l'accueil qu'ils firent au prince William
Henry qui vint à Québec en 1787, et au prince Edouard,
père de notre gracieuse souveraine, qui passa un assez long
espace de temps dans la colonie, où il vint avec son régi-
ment en 1791; il rapporte aussi les démonstrations de joie
par lesquelles la nouvelle constitution fut reçue à Québec et
A Montréal,* puis il fait un retour sur le passé et félicite
notre race d'avoir résisté aux dangers qui l'environnaient
dans cette période de transition. Anticipant ensuite sur
les événements qui vont se dérouler, il fait le portrait des
deux premiers chefs que les Canadiens- Français vont avoir
dans la lutte constitutionnelle et parlementaire : Joseph
Papineau et Pierre Bedard, deux caractères jetés dans un
moule antique et contrastant admirablement l'urf avec
l'autre. L'un de ces hommes était doué d'un physique
* A Qut^bec il y eut iltnix baiiquets, l'un à YhôUl Frinik» à la haute
ville, l'autre au café des Marchands à la basse ville. Dans l'un et dans
l'autre se trouvèrent des anciens et des nouveaux sujets, comme on
.lisait alors. A l'hôtel Franks, M. Godfrey Kiny présidait, et M.
Jacques Dénéchaud était vice-i)ré8ident ; au café des Marchands, M.
CJeorge Allsopp présidait, et M. Louis Germain était vice-président.
Les toasts jx>rtés à ce dernier banquet laissent voir une couleur ix)li-
tique bien tranchée. En voici quelques-uns : " La révolution de
France et la vraie liberté dans tout l'univers; l'abolition du système
fédéral ; que la liberté s'étende jusqu'à la baie d'Hudson ; puisse
l'événement du jour porter un coup mortel à tous les préjugés con-
traires à la liberté civile et religieuse et au commerce! " M. George
Allsopp avait été le chef de l'opposition libérale dans le conseil légis-
latif. Voir pour de plus grands détails: Note sur la résidence en Canada
de S. A. li. It prince Edotuird et de S. A. R. le prince William Henry, à
la suite de ma Helation du voyage de S. A. K. le prince de Galles en
Amérique. Montréal, 1860. Senécal.
CXlii FRANÇOIS-XAVIER OARNEAO,
ini posant, d'une voix puissante, d'une éloquence à la foifl
niîYle ot sympathi<iue, l'autre, moins bien partage* par la
nature, devait à son g6nie et j\ «on instruction une forte
dialecti(jue, à son caractère une noble opiniAtreté. Cea
deux géants i)oliti<iues se dressent adniirabien»' : uil
lie la nouvelle époque et leurs ligures ne déj lU-
cunement la galerie de héros que l'auteur nous a fait
voir dans les trois volumes de cette première édition de
son histoire.
Un écrivain plus prévenu do son mérite aurait été dis-
posé à s'écrier: Krc(/i monvmnUum œrr, jtfrrnniim, et s'en
serait tenu là. Bien au contraire, «juoique M. Garneau
n'ignorftt point la valeur de son travail, à i>eine eut-il
terminé ces trois volumes qu'il se remit à l'a.-uvre non
seulement pour poursuivre son histoire jusqu'à l'année
1840, date de l'union législative des deux provinces, mais
encore pour revoir tout ce qu'il avait écrit et en préparer
une seconde édition. Deux motifs le portaient à agir
ainsi. En premier lieu, il ne se dissimulait ni les incor-
rections de style qui déparaient son ouvrage, ni les obs-
curités de quelques chapitres, ni enfin le contraste de
certaines phrases trop chargées d'images et de utétaphores
avec le style sobre et grave qu'il avait généralement adop-
té et qui convient si bien à l'histoire.
En second lieu, de nouveaux documents historiques
avaient été découverts et copiés, et il voulait en profiter
pour combler des lacunes et corriger quelques erreurs.
Il indique assez bien lui-même ces motifs dans une
lettre adressée, le 9 mars 1854, à M. Moreau, écrivain
distingué, qui avait publié une revue de VHistoire du
Canada dans le Correspondant de Paris. Cette étude ayant
été faite sur la première édition, M. Garneau exprime le
regret que l'auteur n'eût pas encore reçu la seconde, "dont
le style, dit-il, est plus parfait et où les faits sont exposés
avec plus d'exactitude."*
* Cette lettre et plusieurs autres dont il est question plus loin se
trouvent dans la biographie publiée par 'SL l'abbé Casgrain. M. Mo-
reau était un des écrivains catholiques les plus distingués de notre
SA VIE ET SES ŒUVRES. CxUii
La seconde édition ne se compose, comme la première,
que de trois volumes; mais elle est beaucoup plus com-
pacte. Le troisième volume contient le douzième et der-
nier livre de la première édition et quatre nouveaux
livres. *
Ces quatre livres donnent l'histoire de la domination
anglaise depuis 1791 à 1840; c'est-à-dire toute la période
constitutionnelle du Bas-Canada; l'histoire du Haut-Ca-
nada et des autres provinces y est à peine effleurée et les
événements qui s'y rapportent ne sont indiqués qu'au-
tant qu'ils ont eu quelque influence sur les desti ' '•
la population française. »Si c'est là un défaut, il i ^ -
sans quelques compensations. L'histoire du Bas-Canada
ainsi dégagée de celle des autres provinces se trouve avoir
plus de clarté, plus d'unité et aussi plus d'intérêt.
Une fois la domination anglaise établie dans ce qui
forme aujourd'hui la confédération canadienne, une fois
la Louisiane séparée de la Nouvelle-France et tout le
vaste territoire qui s'étend au sud des grands lacs aban-
donné à la république américaine, il ne restait plus d'au-
tres populations françaises un peu considérables pour par-
ger notre sort que les débris des Acadiens dans les pro-
vinces maritimes, et un petit noyau de Canadiens-Français
de ce côté-ci du Détroit, à l'extrémité ouest du Haut-
Canada. La séparation politique faisait que nous n'avions
presque plus de rapports avec ces petits groupes; un seul
lien les rattachait encore à nous: la juridiction ecclésias-
tique de l'évoque de Québec, laquelle, à cette époque,
s'étendait sur une très grande partie de l'Amérique.
Il est donc assez naturel que pendant cette période l'his-
éjKjque. Il est surtout connu p&r de« traductions très estimées de
plusieurs ouvrages de saint Augustin. Il a beaucoup écrit dans le
Corrofpondant^et cette revue a publié dernièrement une étude sur sa
vie et sur ses œuvres. Il était un mo*lèle de désintéressement, d'al>
négation et d'humilité chrétienne.
* Il a été fait un tirage séparé de ces quatre nouveaux livres pour
compléter l'ouvrage en faveur des souscripteurs à la i>remière édi-
tion ; ce (jui a fait croire à quelques i»ersonncs «pie cette première
édition se composait detiuatre volumes.
CXliv FRANÇOIS-XAVIER OARNEAU,
toire (lu Canada pour M. Garneau, qui s'est occupé surtout
(lo la race française, ait Hf', sinon uni(iueinent, du moins
principalement l'histoire du HaH-(.'anada.
Dès la première séance du parlement à Québec, la ques-
tion de la langue franc/aise, et par conséquent de la natio-
nalit»', fut diHcutée. L'assemblée élective aurait |»u û la
rigueur se composer uniquement de Canadiens parlant la
langue française, et c'était ce que les Anglais avaient re-
douté, puisqu'il ne se trouvait pas un seul collige électoral
où ils ne fussent en minorité. Ce])endant, sur cinquante
membres il en fut élu seize d'origine britannique. M. Gar-
neau s'étonne à bon droit de ce que ces députés aient
voulu imposer la langue anglaise à la majorité de la
chambre, qui en s'y opposant se trouvait à représenter les
idées de la très grande majorité de leurs proj)res élec-
teurs. Un seul député canadien-français, M. P.-L. Panet,
se rangea du côté des Anglais.
Ce fut sur l'élection de l'orateur* que se fit d'abord
cette discussion. Les Anglais prétendirent que M. J.-An-
toine Panet, que les Canadiens portaient à la présidence,
ne parlait pas la langue anglaise, mais comme on répondit
qu'il en avait une connaissance suffisante, ils s'écrièrent que
par reconnaissance et par loyauté on était tenu d'élire à
cette charge un homme possédant parfaitement la langue
du souverain. Evidemment on en faisait une question de
suprématie d'une classe de la population sur l'autre. M.
Panet fut élu par 28 voix contre 18.
Les mêmes débats se renouvelèrent lorsque M. Grant
proposa que le procès-verbal des délibérations fût rédigé
en anglais seulement. Les Canadiens voulurent mettre les
deux idiomes sur le même pied. Cette fois la discussion
dura trois jours, et le résultat fut également favorable à la
*Le8 Canadiens traduisirent par orateur le mot anglais iq)eaker,
qui n'est pas l'équivalent du mot français président ; le speakrr est
ainsi nommé parce qu'il porte la parole au nom de la chambre
lorsque celle-ci se présente devant le .souverain ou son représentant.
On lit dans le dictionnaire de l'Académie, septième é^iition, au mot
*orat€ur: "En Angleterre, Yorateur, le président de la chambre des
communes."
SA VIE ET SES ŒUVRES. CXlv
langue française. MM. Bedard, J.-A. Panet, Papineau
père, de Lotbinière et de Rocheblave se signalèrent dans
ces débats, ; l'un d'eux fit une heureuse allusion à la con-
servation de la langue française dans les îles de Jersey et
de Guernesey, dont les habitants, tout en étant dévoués à
leur nationalité, sont au nombre des sujets les plus fidèles
de l'empire britannique.
"Il aurait pu ajouter, dit M. Garneau, que pendant
plus de trois siècles après la conquête normande, la cour,
l'Église, les tribunaux, la noblesse parlèrent le français en
Angleterre, que c'était la langue maternelle de Richard
Cœur-de-Lion, du prince Noir et même de Henri V ; que
tous ces personnages illustres avaient été de bons An-
glais ; qu'ils avaient élevé avec leurs arbalétriers bretons
et leurs chevaliers de Guyenne la gloire de l'Angleterre à
un point où les rois de langue saxonne n'avaient pu la
faire parvenir; enfin que la grandeur de l'empire était due
i\ ces héros et aux barons normands qui avaient signé la
grande charte et dont les opinions avaient conservé leur
influence dans le pays."
Cette question de la langue française, qui devait surgir
de nouveau en 1841, ne fut pas la seule que l'on eut à
discuter dans cette première session du premier parlement
canadien. Le conseil législatif essaya d'empiéter sur les
droits de la chambre, et celle-ci déclara à l'unanimité
qu'elle avait les mêmes privilèges que la chambre des
communes en Angleterre, à qui appartient l'initiative dans
tout ce qui a rapport à la création du revenu public et à
la manière d'en disposer. Il fut aussi décidé que la
chambre haute ne pouvait pas modifier les projets de loi
qui avaient trait aux finances, quoiqu'elle pût les rejeter.
Ce fut alors que les premiers impôts furent créés, et l'on
sait combien ils se sont multipliés depuis. Cependant,
grâce à une répugnance qui date du régime français, nous
n'en sommes 'pas encore rendus à la taxe directe pour les
fins du gouvernement civil, ce qui s'appelait dans nos
campagnes la taille. L'horreur que ce mot inspirait a
même été pour beaucoup dans les difficultés éprouvées de
nos jours, lorsqu'il s'est agi d'établir des cotisations pour
cxlvi FRANÇOIS- X A nER OARNEAU,
leB taxes 8colaire8 ou municipaleFi. La liste des articles
(rinijmrtation fmpp<'H do droits n't-tait pas longue; cVitait
des vins et des spiritueux. La chambre parait avoir eu
surtout pour objet de 8'aflirmer et de se mettre en mesure
dï'tre ]>lus indépendante <lu gouv. Mal, qui
payait encore alors une partie du i
La question de Tinstruction publique, celles de Tadmi-
nistration de la justice, de l'abolition de 1'» ' <•, de la
tolcrance t\ lYgard des qnnkerH furent au- u'es. Il
n'y eut que sur ce dernier point qu'un résultat tut obtenu.
C'est un trait remarquable (jue cette loi de tolérance reli-
gieuse adoptée au début de notre régime parlementaire.
Somme toute,' le parlement, qui avait siégé du 17 décembre
171)2 au 1) mai 1793, n'avait adopté que huit projets de loi,
qui tous furent sanctionnés par le lieutenant-gouverneur
sir Allured Clarke. Lord Dorchester était alors en Angle-
terre, et après avoir pris une si grande part ù l'établis-
sement de la constitution, il n'eut point la satisfaction de
l'inaugurer lui-même.
Il revint peu de temps après et présida à l'ouverture de
la seconde session. Les nouvelles instructions qu'on lui
avait données contenaient, entre autres choses, de sages
règlements pour la vente des terres publitjues, réglementa
que l'avide oligarchie, qui accaparait tout, malgré l'An-
gleterre et malgré les gouverneurs, sut bientôt écarter
ou éluder. Les séminaires de QuéVjec et de Montréal et
les communautés de femmes furent rassurés par ces
instructions; on leur permettait de se perpétuer et on
paraissait par là reconnaître leur droit à la possession de
leurs biens. M. Garneau fait à ce sujet une réflexion très
grave :
" En religion comme en politique, dit-il, l'Angleterre
attendait toujours l'impulsion des circonstances. Tantôt
elle paraît vouloir laisser les Canadiens jouir de tous leurs
droits religieux et politiques ; tantôt elle cherche à assu-
jettir les catholiques aux protestants; et c'est cette der-
nière pensée qui s'étend à tout son système politique et
religieux et qui explique les oscillations causées par les
obstacles qu'éprouve sans cesse la tendance vers Fanglifi-
cation et le protestantisme."
SA VIE ET SES ŒUVRES. Cxlvii
Ces oscillations sont évidentes; elles sont très remar-
quables dans tout ce que nous avons vu jusqu'ici, elle^ -^f
continuent dans toute la suite de notre histoire. Mais
cette tendance dominante de l'Angleterre, que des varia-
tions périodiques viendraient interrompre, est-elle bien
réellement attribuable au gouvernement et au peuple an-
glais? N'est-elle pas plutôt l'œuvre de l'oligarchie colo-
niale s'emparant le plus souvent des gouverneurs, luttant
contre ceux qui avaient les meilleures dispositions, et
s'imposant au gouvernement anglais lui-même au moyen
des affîdés qu'elle comptait dans la mère patrie? N'avon--
nous pas vu déjà que les hommes d'Etat les plus émint nis
se rendaient compte de l'intérêt qu'il y avait à maintenir
ici une nationalité distincte de celle des habitants de la
république voisine, et le sévère »IIaldimand lui-même
n'avait-il pas abondé dans ce sens?
Quoi qu'il en soit, au moment du retour de lord Dor-
chester l'Europe était en feu et plus que jamais il y avait à
craindre que la France ne fît un nouvel appel à ses an-
ciennes colonies. Mais, d'un autre côté, les atrocités com-
mises par les révolutionnaires, l'exécution du roi et bientôt
après celle de la reine créèrent chez les classes dirigeante^
un sentiment do répulsion et d'horreur qu'elles firent par^
tager à la masse du peuple. L'accueil bienveillant fait aux
membres du clergé et de la noblesse de France réfugiés en
Angleterre, le retour de lord Dorchester, vraiment aimé
des Canadiens, et les bonnes nouvelles qu'il apportait
contribuèrent aussi à maintenir le peuple dans sa fidélité
au nouveau gouvernement.
La Gazette de Québec, le seul journal du temps, nous fait
voir quelle large part la révolution française avait dans
les préoccupations publiques. Il y est beaucoup plus ques-
tion des terribles événements qui se déroulent en Europe
que de ce qui se passe au parlement de Québec. Même
dans ce parlement, les discours du trône, les adresses des
chambres, particulièrement celles du conseil législatif,
faisaient mention de la révolution française. Bien plus, dans
la tribune sacrée, la Convention, Robespierre et, plus tard,
Bonaparte, furent dénoncés et attaqués avec toutes les
Cxlviii FRANf;OI8-XAVIER GARNEAU,
alluBions et les métaphores bibliques qui pouvaient 1m
rendre odieux.
A cette époque parut ix)ur la première fois sur la scène
un homme qui devait jouer un grand rôle dans l'histoire
de notre pays. Mgr Hriand étant mort, le curé de Québec,
qui avait été son secrétaire, eut à prononcer son oraison
funèbre. Le jeune orateur, parlant des efforts que le défunt
prélat avait faits pour empêcher ses ouailles de se laisser
séduire par les agents du congrès, s'exprima sur le compte
de la France et en faveur de l'Angleterre, dans des termes
dont il ne se dissimulait point lui-même la hardiesse, car
il ajouta cette réflexion i\ l'adresse d'une partie de son
auditoire: " Néanmoins, lorsque nous vous exposons quel-
quefois vos obligations sur cet article, vous murmurez
contre nous, vous vous plaignez avec amertume, vous nous
accusez de vues intéressées et politiques et vous croyez que
nous passons les bornes de notre ministère."
Ce jeune curé n'était autre que M. Joseph-Octave Pies-
sis, qui devait compter au nombre des successeurs les plus
distingués de Mgr Briand. Comme évoque, il eut à jouer
une partie très difficile contre ce même gouvernement
ck>nt on l'accusait de se faire le courtisan. Sa correspon-
dance, dont des extraits ont été publiés par M. Ferland,
prouve avec quelle fermeté et en même temps avec quelle
habileté il a défendu les droits de l'Église du Canada. *
Il existait réellement un certain esprit d'hostilité contre
l'Angleterre chez une partie de la population ; on assure
que cet esprit était fomenté par des agents du gouvernement
républicain de France aux États-Unis. Ceux-ci auraient
noué certaines intrigues dans la colonie; mais tout cela est
resté bien obscur et avait été probablement exagéré par les
fonctionnaires anglais, désireux d'élever leur crédit sur les
ruines de la réputation de fidélité et de loyauté que lord
Dorchester avait faite aux Canadiens.
Tant que ce gouverneur fut ici, il y eut une confiance
* Vie de Mgr Plessis par M. Ferland, dans le premier volume du
Foyer canadien. Une traduction anglaise de ce beau travail pjar M.
French a été publiée en un volume in-8.
SA VIE ET SES ŒUVRES. Cxlix
réciproque entre lui et l'on peut dire la très grande majo-
rité de la population. Comme le général Murray, il avait
su apprécier le courage et la fidélité de notre peuple ; il
l'avait vu à l'épreuve sous la domination anglaise et sous
la domination française ; il savait qu'il était sincère dans
sa nouvelle allégeance, et que tout ce qii'il demandait,
c'était d'être traité avec douceur et que l'on respectât
envers lui la foi jurée comme il la respectait lui-même.
De son côté, le peuple .voyait dans son ancien gouverneur
un protecteur et un ami. Celui-ci obtint donc facilement,
en vue des complots réels ou supposés des agents de la
France, la suspension de la loi de Vhaheas corpus à l'égard
des étrangers suspects, ce qui fut étendu plus tard aux
habitants du pays et devint une mesure dangereuse pour
la liberté des citoyens. A cette même époque, en France,
tout étranger, tout homme à allures suspectes, était un
agent de Pitt et de Cobourg ; on lui courait sus. C'était la
contre-partie de ce qui se passait chez nous.
La peur est mauvaise conseillère; elle n'eut pas grand
effet sur l'âme forte et loyale de lord Dorchester; mais
elle s'empara de l'esprit de son successeur Prescott. Sous
l'administration de ce dernier, les terreurs des gouvernants
atteignirent leur paroxisme, et l'affaire de McLane en fut
le résultat. Une sorte de rébellion, provoquée par la pre-
mière loi de voirie passée par la législature, rébellion insi-
gnifiante et qui fut promptement réprimée, avait fait une
impression fâcheuse sur le nouveau gouverneur; il voyait
des conspirations partout.
M. Garneau raconte brièvement le sombre épisode du
procès et de l'exécution de McLane, qui émurent vive-
ment la population, mais pas du tout comme on l'avait
espéré. On avait voulu frapper le peuple de terreur, et l'on
ne produisit qu'un sentiment d'horreur mêlé de pitié. Les
circonstances du procès faisaient voir que le complot était
ridicule en lui-même; le condamné, l'un de ces étrangers
si dangereux, passa pour un pauvre halluciné que l'on
avait attiré dans un guet-apens, et les détails affreux de
l'exécution révoltèrent tous les honnêtes gens. Ces détails
étaient cependant plus barbares que cruels. La pendaison
cl KKAN<;OI8-XAVlEK OARNEAU,
avait précédé la décapitation, les inciBion» et le rente. On
montra au peuple la t(te du traUrc. Un nommé Hlnck, qui
avait joué le vrai rôle de traître dans ce mélodrame, mou-
rut pauvre et méprisé de tout le monde, malgré l'or qu'il
avait revu.
Le procureur, général Sewell, qui exerça plus tard une
si grande puissance, paraît pour la première fois sur la
8c^ne dans ce triste proc.«'«. Ce début, qui assura sa fortune
politique, ne lui fit gutro honneur.*
M. Garneau passe rapidement, trop rapidement peut-
être, sur les administrations de Prescott, de Milnes et de
Dunn, et semble pressé d'arriver à. celle de sir James
Craig, qui forme, il est vrai, une des périodes les plus
critiques de la domination anglaise.
Les «luerelles (jui s'envenimèrent surtout par la hauteur
et l'irascibilité de ce nouveau gouverneur, avaient été pré-
parées de longue main sous ses prédécesseurs. La ques-
tion du vote des subsides par les chambres, celles de
l'instruction publique et des biens des jésuites, ces deux
dernières n'en formant qu'une seule, enfin, et surtout, la
question de l'éligibilité des juges à l'assemblée législative,
étaient au nombre des plus importantes. Elles avaient été
l'objet de longues discussions dans les dernières sessions
du parlement qui venait de se terminer.
Un état de choses bien différent de celui qui existait au
départ de lord Dorchester s'était établi. Tandis que l'on
parlait sans cesse de conspirations imaginaires contre la
souveraineté britannique, il s'était fait une conspiration
bien plus redoutable contre le peuple lui-même. Les chefs
du complot n'étaient autres que les hommes qui entou-
raient le gouverneur. A leur tête était un fonctionnaire
d'une grande activité et d'une audace peu commune. Cet
homme, Ryland, dont la correspondance, publiée par M.
Christie, fait voir toute la haine, dit, le jour même de l'arri-
vée de Craig, qu'il avait le gouverneur qu'il lui fallait. Ces
conspirateurs avaient un double objectif: ils visaient d'un
* Voir le Procès de John McLaru pour haute trahison, brochure du
temps, très rare aujourd'hui, mais qui a été reproduite dans lo cin-
quième volume des Soirées caruidiennes.
SA VIE ET SES ŒUVRES. clî
côté la religion catholique dans le clergé, de l'autre la
nationalité française dans rassemblée populaire. Bedard,
Panet , Papineau , Bourdages leur tenaient tête ; mais la
lutte religieuse ne se faisait pas de la même manière et au
grand jour.
Le jeune curé qui avait parlé avec tant d'enthousiasme
de la générosité de l'Angleterre, était devenu le grand
évêque Plessis. Il avait à jouer une partie très difficile, si
difficile qu'à un moment donné, il eut raison de craindre
que tout ne fût perdu. D'un côté, il lui fallait combattre
avec fermeté contre les prétentions de Ryland, aidé le
plus souvent du juge en chef .Sewell et toujours du nouvel
évêque anglican; de l'autre, il lui falfait paraître défendre
aux yeux de son peuple un gouvernement dont il connais-
sait toutes les roueries, tous les sinistres projets.
On voulait réserver au gouvernement le droit de nom-
mer aux bénéfices catholiques comme aux bénéfices pro-
testants, et, par une taquinerie bien mesquine, on refusait
à l'évêque catholique son titre épiscopal, affectant de le
désigner sous celui de surintendant de Véglise romaine.
On espérait dominer et même au besoin corrompre le
clergé et amoindrir l'autorité épiscopale. VlmtUution
royale, qui devait accaparer toute l'instruction publique,
semblait être un autre puissant moyen de dénationalisatimi.
La simple abstention du clergé catholique, qui entraîna
celle des parents, paralysa entièrement le fonctionnement
de cette institution, à laquelle on dut renoncer après bien
des dépenses inutiles.
Un nouvel élément de discorde était venu s'ajouter à
tous ceux qui existaient déjà. La presse politique venait
de naître, et c'est tout dire. Le premier journal, la Gazette
de Québec, qui commença à paraître en 1764, avec une par-
tie française et une partie anglaise, avait toujours fait
preuve d'une extrême réserve, et, en général, les journaux
fondés tant à Québec qu'à Montréal avaient suivi son
exemple. Mais, le 5 janvier 1805, le Québec Mercury vit le
jour. Il se posa de suite en champion de l'oligarchie. Il
attaqua avec violence la majorité de l'assemblée législa-
tive et les Canadiens- Français, les traitant de race étrangère
Clii FBANÇ0I8-XA\^ER OARNEAU,
et ignorante. Le Canadien, qui parut le 22 novembre 1800, fut
fondé expressément pour nous défendre contre ces agreft-
sions. Les principaux chefs politiques en parlement devin-
rent les rédacteurs plus ou moins avoués de cette feuille,
qui professait une fidélité complète au gouvernement bri-
tannique et réclamait avec force, mais avec dignité, les
droits et les libertés que la constitution accorde à tous le»
sujets de l'Emjnre. Lorsqu'on lit aujourd'hui ce« arti-
cles, dont la plupart étaient aussi remarquables par la
forme que par le fond, on est étonné qu'ils aient pu servir
de prétexte aux persécutions que l'on a exercées contre
leurs auteurs. Comme M. Garneau le fait remarquer, on
ne demandait alors que ce que l'Angleterre a accordé de-
puis, ce qu'elle a, pour bien dire, offert elle-même au
début de la constitution de 1840.
Sous les gouvernements précédents, quelques Canadiens-
Fran(;ais avaient été nommés à des places importantes, et,
dans le principe, ces nominations avaient été vues d'un
assez bon œil ; on s'aperçut, cependant, que ces fonction-
naires n'exerçaient aucun contrôle sur le gouvernement
et qu'ils ne seraient bientôt que des instruments entre les
mains d'une administration hostile. La présence des juges
dans la chambre sembla surtout une anomalie constitu-
tionnelle, et il fut proposé de les rendre inéligibles par
une loi.
Telle était donc la situation à l'arrivée de Craig: intri-
gues des fonctionnaires contre l'assemblée législative et
contre le clergé catholique; antagonisme entre l'assem-
blée et les conseils législatif et exécutif; division dg l'as-
semblée en deux camps, l'un favorable à l'oligarchie,
l'autre combattam pour le peuple; discussions violentes
dans la presse ; antipathies nationales devenues mani-
festes. C'est là le véritable point de départ d'une lutte
qui, avec des intermissions et des apaisements tempo-
raires, s'est continuée et a fini par s'aggraver au point de
produire les insurrections de 1837 et de 1838.
Dès son arrivée, Craig se mit entre les mains de la fac-
tion que dirigeait Ryland, et son discours du trône, à la
première session du parlement qui se tint sous son règne,
SA VIE ET SES ŒUVRES.
cliii
en donne des indices trop certains. Cette session fut
suivie d'une dissolution et d'une élection générale,
" Les fonctionnaires, dit M, Garneau, savaient qu'il n'y
avait aucun espoir de changer le caractère de la représen-
tation, et, pour en détruire d'avance l'influence, ils em-
ployèrent leur arme ordinaire, la calomnie. Ils diri-
gèrent surtout l'hostilité de Craig contre le président de
la chambre, M. Panet. Ils étaient d'autant plus irrités
contre lui (lu'il passait pour être un des propriétaires du
Canadien. Ils le firent retrancher de la liste des officiers
de milice, ainsi que MM, Bedard, Taschereau, Blanchet et
Borgia."
Cela n'empêcha point ces hommes d'être choisis de
nouveau par le peuple, et M. Panet lui-même d'être réélu
orateur par la nouvelle chambre. On craignit un instant
que le gouverneur ne refusât de confirmer ce dernier
choix ; nmis Crjùg n'osa pas faire en cette circonstance ce
ce que lord Dalhousie fit plus tard.
Le discours du trône contenait des allusions désagréables
pour la majorité de l'ancienne chambre, qui était aussi
celle de la nouvelle. M. Bourdages voulut proposer que
l'on fît par représailles quelque allusion aux personnes qui
formaient l'entourage du gouverneur ; M. Bedard alla plus
loin et posa carrément les conditions du véritable gouver-
nement responsable. Il dit que le gouverneur devait avoir
des ministres responsables comme le roi en avait. Ceci
s'accordait peu avec la prétention de la chambre, qui vou-
lait exclure tous les conseillers exécutifs aussi bien que
les juges. M. Garneau cite avec éloge une partie du dis-
cours de cet orateur transcendant, qui malheureusement
ne fut pas plus compris de ses amis que de ses adversaires.
Notre historien fait aussi remarquer que, dans toutes les
attaques qu'il dirigeait contre le gouvernement, le Cana-
dien, s'inspirant de M. Bedard, s'en prenait aux conseil-
lers du gouverneur et professait le plus grand respect
pour l'inviolabilité du représentant de Sa Majesté. La
chambre ne voulut point cependant, même longtemps
après, prendre cette position, et elle commit une autre
faute en mandant à sa barre les journalistes qui l'atta-
Cliv FRANÇOIS-XAVIER GARNEAU,
quaicnl. Elle préparait par là la voie aux rigueurs que
rexCîCutif et le coiiHeil législatif exercèrent contre la
presse.
La session se poursuivait assez paisiblement, toutefois, •
lorsque la chambre ayant pîissé un bill iK)ur déclarer les
juges inéligibles, et ce bill ayant été rejeté par le conseil
législatif, le gouverneur se décida ù la dissoudre. La cham-
bre avait de plus expulsé, par une simple délibération,
M, Hart, parce «pi'il appartenait au culte Israélite; en cela
elle ne se montrait ni plus ni moins tolérante que le par-'
lement impérial lui-même. Plus tard la législature du
Bas -Canada admit les Israélites dans son sein, long-
temps avant qu'ils aient pu siéger dans le parlement
anglais.
Cependant, les conseillers du gouverneur profitèrent
aussi de cette circonstance, et ce fut un des motifs de
la dissolution. " Profitant, dit M. Garneau, de l'expul-
sion de M. Hart, qu'elle venait de renouveler, le gou-
verneur résolut de proroger la chambre, apri-s une
session de trente-six jours, pour la dissoudre ensuite. Il se
rendit au conseil législatif avec une suite nombreu.se, et
manda les représentants devant lui. Tout s'était passé
de manière qu'ils n'eurent connaissance de son inten-
tion que lorsque les grenadiers de la garde arrivèrent
devant leur porte." Le discours de prorogation était une
semonce en règle, dans laquelle, s'érigeant en juge des
délibérations de la chambre, le gouverneur lui reprochait
d'avoir perdu le temps en débats stériles, d'avoir manqué
de respect pour les autres branches de la législature. Il
complimentait au contraire le conseil législatif et la mino-
rité de la chambre, prenant l'attitude d'un partisan poli-
tique plutôt que celle d'un chef d'Etat. Dans cette singu-
lière harangue se trouve un passage qui montre bien
la conduite insensée du pouvoir dans les circonstances
critiques où se trouvait la colonie.
'' J'ai cru, disait Craig, que vous auriez pour les autres
branches de la législature des égards qui sont dus et par
cela même indispensables, et que vous vous empresseriez
de coopérer au bien-être et au bonheur de la colonie.
SA VTE ET SES ŒtJVRES. clv
J'avais droit d'espérer cela de votre part, parce que c'était
votre devoir, parce que c'eût été donner au gouvernement
un témoignage positif de la loyauté dont vous faites si
hautement profession et dont je crois que vous êtes péné-
trés; enfin, parce que les conjonctures critiques du temps
présent, et surtout la situation précaire où nous sommes
par rapport aux Etats-Unis. IV-xIiroiiient irune manière
plus particulière."
Et c'était lorsque la guerre avec lus États- Lnis etuit
imminente, que sir James Craig la déclarait pour bien
dire à la colonie et se jetait tête baissée dans une série de
petits coups d'État, qui paraissent ridicules vus à distance,
mais qui pouvaient avoir les suites les plus graves ! Malgré
toutes les intrigues de Ryland, on jugeait mieux la situa-
tion au palais de Saint- James qu'au château Saint- Louis,
et, à la grande mortification de l'oligarchie, le gouverneur
reçut l'ordre de sanctionner le projet de loi qui devait
rendre les juges inéligibles, lorsqu'il serait adopté par les
deux chambres. Le peuple renvoya les mêmc^ députés, et
le gouverneur, en ouvrant le nouveau parlement, eut à
leur faire part de la dépêche qu'il avait ^reçue.
La nouvelle chambre protesta énergiquement contre le
bh\me que le gouverneur avait infligé à la majorité de
l'ancienne, et prit une décision très habile et qui ne laissa
pas que d'embarrasser grandement la cohorte des fonc-
tionnaires. Elle vota une adresse au parlement impérial
par laquelle elle ofl'rait de se charger de toutes les dé-
penses du gouvernement civil. C'était se mettre en posi-
tion de contrôler des gens qui affectaient pour elle le plus
souverain mépris et dont les traitements allaient devenir
sujets îl un vote du parlement. Le bill desjuges^ comme on
l'appelait, fut passé de nouveau. Le conseil législatif, eu
face de la dépêche qui laissait voir que le gouvernement-
impérial ne désapprouvait pas cette mesure, n'osa point
la rejeter et se contenta d'y faire quelques amendements.
La chambre perdit patience et, au lieu de revenir à la
charge, elle décréta par un simple vote l'expulsion du juge
de Bonne. Craig, de son côté, entra dans une grande fureur
et eut recours à une seconde dissolution plus absurde
Olvi FRANÇOig-XAVIER GARNEAU,
encore que la première. C'étaient trois électioni» généralco
en trois ans.
Cotte fois, on se décide i\ frapper de grands couiw jwur
ntimider le peuple. On arrête M. Lefran^ois, l'imprimeur
du Canadien, on saisit la presse, on emprisonne, sur une
accusation de haute trahison, MM. Bedard, Taschereau et
Blanchet, collaborateurs reconnus du journal ; après quoi,
pour s'assurer l'appui du clergé et de la magintrature,
Craig lance une longue proclamation qu'il fait lire au
prône dans les églises, qu'il fait afficher partout, et que le
jvge en chef Sewell lit et commente A l'ouverture de la
cour criminelle. Québec a l'air pendant quelques jours
d'une ville en état de siège; les gardes y sont doublées;
des patrouilles parcourent les rues, les njalles sont arrêtées
afin de j)ouvoir, assure-t-on, saisir les fils du complot!
Mais on ne fait pas un procès de haute trahison avec
des proclamations, pas plus qu'on ne fait des élections
avec tout l'attirail d'intimidation que l'on avait mis eif
œuvre, du moins lorsque l'on a affaire à un peuple hon-
nête et courageux. On n'osa point faire de procès aux pa-
triotes que l'on avait arrêtés, et le peuple les acquitta en
les élisant de nouveau au parlement. A l'exception de
M. Bedard, qui demandait à être jugé, les prisonniers
furent élargis sous divers prétextes. Ces événements ont
rendu célèbre l'année 1810. On dit encore les patriotes de
1810, comme on dit les miliciens de 1812 et les patriotes de
1837.
La première session du nouveau parlement ne fut pas
aussi orageuse qu'on aurait pu le croire. C'est que Ryland,
envoyé en mission en Angleterre, avait échoué auprès de
lord Liverpool, ministre des colonies, et du sous-secré-
taire, M. Peel, depuis si célèbre sous le nom de sir Robert
Peel. Le discours du trône et la réponse furent presque
anodines ; la chambre passa le fameux bill des juges, qui fut
adopté par le conseil et sanctionné par le gouverneur, et,
au grand étonnement de tous, Craig dit dans son discours
de prorogation: " Parmi les lois auxquelles je viens de
donner la sanction royale, il y en a une que j'ai vue avec
une satisfaction particulière, c'est celle qui rend les juges
8A VIE ET SES ŒUVBES. clvii
inéligibles. Non seulement je crois la mesure bonne en
soi, mais j'en regarde l'adoption comme une entière re-
nonciation à un principe erroné, qui m'a mis, pour le
suivre, dans la nécessité de dissoudre le dernier parle-
ment." Un gouverneur constitutionnel, organe de minis-
tères successifs, ne se contredirait pas d'une manière plus
frappante.
Craig était arrivé ici malade, il repartit presque mou-
rant; on assure qu'il s'aperçut qu'il avait été trompé et
que cette pensée empoisonna ses derniers jours. *
Après l'administration de Craig, M. Garneau nous ra-
conte celle de Prévost et la guerre de 1812. Il attribue
avec raison le changement qui se fit et que les dernières
instructions données à Craig pouvaient faire prévoir, à la
crainte que l'Angleterre éprouvait de Napoléon et des
États-Unis. Ces soubresauts de la politique anglaise sont
bien frappants, en effet, et notre historien les signale avec
une certaine amertume.
" Les Canadiens, dit-il, coururent aux armes. Ce que sir
George Prévost promit à leurs députés et à leur clergé fut
interprété de la manière la plus large et la plus généreuse.
Le peuple ne se demanda point si, lorsque le danger serait
passé, l'Angleterre n'enverrait pas un autre Craig pour
recommencer sa politique spoliatrice ; tout le monde son-
gea à faire son devoir, et Pennemi put se convaincre que
la défection qu'il attendait ne se réaliserait point."
Il y a une ressemblance frappante entre Carleton et
Prévost, entre les résultats de la guerre de 1775 et ceux de
la guerre de 1812. Sous Prévost, il y a un véritable chan-
gement à vue. Les officiers de milice destitués sont remis
à la tête de leurs régiments ou de leurs compagnies;
Bedard, le prisonnier de Craig, est fait juge aux Trois-
Rivières; Mgr Plessis, que sa dernière entrevue avec le
* Voir pour cette périoile et celles (jui suivent : A Hhtury of ttie
lak Proinnce of I/ncer Canada, parliatiuntary and politicul, by Robert
Christie, 6 vol. in-12. M. C'hristio, comme on le verra plus loin, a joué
lui-même un rôle imiwrtant dans notre politique.
clviii FRANÇ0I8-XA\7ER OARNEAU,
lyrcm avait laissé très inquiet, * est invité à formuler dan«
un mémoire ce qu'il désire pour son clergé, pour «on Kgliso
et pour lui-mf'ine; la chambre n'est [>lu8 traitée cumm« un
foyer de conspi rations; les députés sont les loyaux et fidèles
sujets de Sa Majesté, auxquels son représentant s'adresse
avec la plus grande confiance; enfin Ryland et toute sa
séquelle sont oi>ligés de rentrer leurs grifl'es, tout en se pro-
mettant bien do les sortir à la première occasion. Bien
plus, la chambre, qui vote généreusement toutes les som-
mes nécessaires pour la défense du pays, ne consent qu'a-
vec certains amendements au renouvellement de la loi
des suspects, et ces amendements ayant été rejetés par le
conseil législatif, la loi jugée nécessaire même en temps
de j)aix, tombe au moment où la guerre va éclater. Ce
n'est pas tout: enhardis par les sympathies do Prévost et
voulant tirer tout le parti possible de la situation, nos pa-
triotes décrètent une encjuéte sur les abus qui avaient eu
lieu pendant l'administration précédente. Louis-Joseph*
Papineau, en appuyant cette proposition, paraît pour la
première fois sur la scène où il doit plus tard remjjlacer
son père.
Dans cette guerre dite de 1812, mais qui se prolongea
jusqu'en 1815, le peuple américain ne mit pas le même
acharnement que dans celle de 1775. Il venait de conqué-
rir sa liberté au prix de grands sacrifices, il s'était mis à
* On trouve dans la Vie de Mgr Plem*, par M. Ferland, des ex-
traits d'une lettre de C'raig et d'une lettre de Mgr Plassis racontant
cette entrevue. Les deux versions ne différent pa.s au fond ; mais
une curieuse particularité, c'est que, tandis que Mgr Plessis dit que
l'entrevue dura sept quarts d'heure, Craig écrit qu'elle dura deux
heures et demie. Évidemment le gouverneur était moins à son aise
que l'évêque, puisqu'il trouvait le temps plus long. Le gouverneur
écrit : " Notre conversation dura deux heures et demie, mais sans
aucun résultat ni d'un côté ni de l'autre... Nous nous séparâmes
bous amis... C'est probablement pour la dernière fois que je l'ai vu,
car hier il a fait voile pour visiter le golfe Sarint-Laurent." L'évêque
de son côté : " Nous nous disputâmes beaucoup ; mais le gouverneur
ne se fâcha ix)int, et nous nous quittâmes, du reste, assez jjeu satis-
faits l'un- de l'autre." M. Gameau raconte aussi cette entre\Tie très
au long.
SA VIE ET SES ŒUVRES. clix
travailler à son organisation sociale et à son développe-
ment matériel ; et il voyait le résultat de tous ses efforts
compromis par une lutte dont la raison d'être ne lui pa-
raissait point évidente. Bien que ses hommes publics
fussent déterminés à tenir tête à l'Angleterre dans la
question du droit de visite, bien que le congrès eût voté
des armements formidables, la guerre dans plusieurs Etats
était loin d'être populaire. Il y eut même des milices qui
refusèrent d'envahir le territoire anglais, disant qu'elles
avaient été appelées sous les armes pour défendre leur
pays, mais non pour s'emparer du pays voisin.
Cependant, si bien des fautes furent commises dans
cette lutte, si elle eut pour les Etats-Unis plus d'une
défaite humiliante, elle ne fut pas dans l'ensemble in-
digne d'un jeune peuple qui, à peine émancipé, entrepre-
nait de combattre contre son ancienne mère patrie pour
la liberté du commerce et de la navigation.
Cette guerre couvrait une vaste surface sur terre et sur
mer. M. Garneau parvient à en exposer les péripéties
diverses d'une manière qui n'est pas très confuse, mais
qui cependant laisse encore à désirer.
Les Américains avaient adopté le système que nous
leur avons vu suivre dans les guerres contre la France:
trois armées, une dans l'Ouest, les deux autres au Centre
et àiTîst. Ces dernières se reliaient l'une à l'autre par un
grand nombre de petits détachements postés sur divers
points de la frontière. Un tel éparpillement devait dimi-
nuer beaucoup l'efhcacité de forces qui n'étaient point
d'ailleurs bien organisées.
Le congrès avait ordonné de lever vingt-cinq mille
hommes de troupes et cent mille miliciens ; à cela devaient
s'ajouter cinquante mille volontaires; mais ces masses, dit
M. Garneau, étaient plus formidables sur le papier que
sur le champ de bataille. Il y avait beaucoup à décompter,
surtout quant aux miliciens et aux volontaires.
Malgré de brillants succès remportés sur la haute mer
par les frégates américaines, déjà mieux construites que
celles des Anglais, l'année 1812 fut, en somme, favorable
à l'Angleterre. La campagne sur toute la frontière fut
Clx FRANÇOIS- XAVIER GARNEAU,
déBastreuse pour nos voisins. Elle se résume ainsi: heu-
reux coup de niuin du lieutenant Rolette, commandant le
brigantin le Hunier, (jui, à la tôte de six hommcH, i^tend à
l'abordage un navire américain chargé de troupe»; prise
de Mackinac sans coup férir par le capitaine lioberts et par
M. Pothier — ce dernier commandant un parti de r(/yageurê
canadiens; prise du fort du Détroit par le général Brock,
et anéantissement do l'armée de l'Ouest, commandée par
le général llull, qui est fait prisonnier; célèbre bataille
de Queenston, où périt le général Brock, mais où les enne-
mis éprouvent une sanglante. défaite; tentatives infruc-
tueuses des Américains dans le voisinage de Niagara, où
ils sont chaque fois repoussés; longue inaction du général
Dearborn, commandant de l'armée dite du Nord, et qui,
s'étant à la fin décidé à entrer sur notre territoire, est
repoussé à Lacolle par le colonel de Salaberry.
La campagne de 1813 fut encore plus funeste aux armes
de la républitjue, malgré des succès importants obtenus
dans l'Ouest et sur les lacs.
On avait formé une nouvelle armée, composée principa-
lement de miliciens, pour remplacer celle du général IIull ;
elle était commandée par le général Harrison. Le général
Dearborn fut transféré du commandement de l'armée du
Nord (c'est-à-dire de l'Est) à celui de l'armée du Centre,
et le général Hampton le remplaça. "^
La campagne commença par la bataille de Frenchtown,
où le général Proctor, après avoir eu le bonheur de battre
les ennemis , eut la douleur et la honte de voir une partie
des nombreux prisonniers qu'il avait faits, massacrés
par ses alliés sauvages, qu'il ne put contrôler. On se
souvient que la même chose était arrivée à Montcalm ;
les Anglais furent donc, dans cette occasion, exposés à des
reproches semblables, mais aussi mal fondés que ceux
qu'ils avaient adressés autrefois aux Français. Pendant qu'à
la suite de cette grave affaire avaient lieu plusieurs petits
combats ou escarmouches, les parties belligérantes s'effor-
çaient de se rendre maîtresses des grands lacs. Sir James
Yeo, nommé commandant de la marine canadienne, s'était
occupé de former deux flottilles, l'une sur le lac Ontario,
SA VIE ET SES ŒUVRES. cLxî
l'autre sur le lac Erié, et il avait donné la direction de
cette dernière au capitaine Barclay. La flottille américaine
était commandée par le commodore Perry. Le combat
naval de Put-in-Bay, le 10 septembre, mit ce dernier en
possession de tous les vaisseaux de Barclay, qui lui-même
fut fait prisonnier non sans avoir reçu d'honorables bles-
sures.
Cette affaire fut la cause de la sanglante défaite des An-
glais à Moravian-Town. Proctor s'était lancé sur le terri-
toire des Etats-Unis sans forces suffisantes; immédiate-
ment après la prise de la flottille de Barclay, il évacua le
Détroit, Sandwich et Amherstburg; mais il était trop tard.
Le commodore Perry avait transporté le général Harrison
et son armée sur la rive anglaise ; il arriva à Sandwich au
moment où Proctor en sortait. Il le poursuivit dans sa
retraite et le força de livrer combat à Moravian-Town. Les
cavaliers du Kentucky mirent les troupes de Proctor en
déroute. Celui-ci parvint à s'échapper avec quelques offi-
ciers et une très petite partie de son armée, laissant sept
cents prisonniers et un grand nombre de morts ; parmi ces
derniers se trouvait le fameux chef sauvage Técumseh,
qui, dans toute la guerre, avait joué un très grand rôle et
soulevé toutes les nations sauvages de l'Ouest contre les
Américains.
Tandis que ces choses se passaient, une espèce de chassé-
croise s'opérait sur le lac Ontario. Le général Prévost
assiégeait Sackett's-Harbour, qui était pour bien dire
l'arsenal et le quartier général des Américains ; ceux-ci y
mirent le feu. Le gouverneur repassa le lac; en même
temps, Dearborn s'emparait de Toronto et du fort George,
sur la rivière Niagara, et poursuivait le général Vincent,
qui se retira sur les hauteurs de Burlington avec les débris
de l'armée anglaise.
Le colonel Harvey tomba à l'improviste sur les Améri-
cains, les chassa de leur position et fit les généraux
Chandler et Winder prisonniers ; une partie de leurs
troupes se retira dans ce qui restait du fort George, et le
général Vincent les y tenait assiégés lorsqu'il apprit la
nouvelle de la désastreuse bataille de Moravian-Town. Il
clxiî FRAN(;OI8-XAVIER «ARNEAU,
dut 80 retirer encore 8ur les ItauteurH de Burlington, où
l'on ne jugea pas à propos de l'attaquer. En mCme tomi»,
Yeo ^'tait battu devant Toronto par le commodore atu^-ri-
cain Chauncey, et sa flottille allait ho mettre à l'abri hou»
ces mr-mes hauteurs.
Le résultat de tous ces conibatH t.l «le toutes ces escar-
mouches avait été de déblayer la voie à l'armée du Centre
vers Montréal ; mais, pour attaquer cette ville, elle devait
opérer sa jonction avec; l'armée de Hampton. Le général
Wilkinson -se cnjyait au moment de réaliser ce projet lors-
qu'il apprit, au pied du Long-Sault, la nouvelle de la ba-
taille doChAteauguay et de la retraite de l'armée du Nord-
II avait fait descendre ses troupes (huit à dix mille
honinic.'') partie dans des barges, partie sur la rive nord
du Heuve, où le colonel Morrison lui avait infligé une san-
glante défaite à Chrysler's-Farm, à moitié chemin entre
Kingston et Montréal. Comme c'était seulement une partie
de l'armée (environ trois mille hommes) qui s'était trou-
vée engagée dans cette affaire, Wilkinson était, le 12 no-
vembre, îi Saint- Régis et à Cornwall avec des forces encore
tr^s imposantes.
Hampton, à la tête de sept mille Jiommes, s'était avancé
^ur la frontière du Bas-Canada dans la direction du vil-
lage de TAcadie. Le colonel de Salaberry, avec six cents
hommes, était chargé de lui tenir tête; le général Prévost
se tenait avec un autre corps à Caughnawaga pour y
attendre Wilkinson. Descendu à la hîlte du Haut-Canada,
le gouverneur avait fait aux milices de Montréal un appel
auquel celles-ci avaient répondu promptement et noble-
ment.
On le voit, la situation était des plus graves ; la dispro-
portion des forces et les revers que l'on venait d'éprouver
dans l'Ouest et dans la région des lacs laissait peu d'es-
poir.
La bataille de Châteauguay a donc été décisive; elle
est un des faits d'armes les plus étonnants de notre histoire.
Pour la raconter, M. Garneau a retrouvé une partie de la
verve qu'il avait montrée dans l'histoire des guerres de la
domination française, dans le récit, par exemple, de la
SA VIE ET SES ŒUVRES. clxiii
bataille de Carillon ou dans celui de la seconde bataille
des Plaines d'Abraham.
Le colonel de Salaberry avait à la fois l'expérience d'un
officier européen et celle d'un Canadien. Il avait servi
dans l'armée anglaise aux Indes occidentales et en Europe.
Aux connaissances militaires qu'il avait acquises, il joi-
gnait celle du caractère de nos compatriotes et des obs-
tacles qu'un pays comme le nôtre peut offrir à la marche
d'une armée régulière. On avait d'abord multiplié ces
obstacles par des abatis d'arbres dans la direction du vil-
lage de l'Acadie; ce que voyant, Hampton avait changé de
route et s'était porté vers la source de la rivière Château-
guay. Salaberry se dirigea de ce côté avec trois à quatre
cents hommes. Presque tous appartenaient au célèbre
corps de voltigeurs qu'il avait formé.
Après s'être établi sur la rive gauche de la rivière Châ-
teauguay, dans une excellente position qu'il fortifia par
quatre lignes d'abatis, il fit détruire tous les ponts à une
grande distance en avant et rendit impossible le passage
de l'artillerie ennemie. Il se trouva alors retranché dans
une espèce de forteresse d'un genre tout nouveau, mais
qui convenait parfaitement à ses voltigeurs. Entretenant
leur courage par sa gaieté et sa vivacité, il attendit de pied
ferme Hampton, qui se présenta le 2G octobre.
Le général américain divisa son armée en deux corps.
Le plus nombreux attaqua Salaberry de front. Le second,
commandé par Purdy, devait opérer sur la rive droite, à
un endroit où se trouvait un gué, et prendre la position à
revers. Heureusement les deux attaques ne purent se faire
simultanément, et les voltigeurs canadiens, embusqués le
plus souvent derrière les arbres et les abatis, se multipliant
pour ainsi dire par leur agilité et leur connaissance du
terrain, firent croire à l'ennemi qu'il avait affaire à des
forces considérables.
" Hampton, dit M. Garneau, porta en avant une forte
colonne d'infanterie, à la tète de laquelle marchait un offi-
cier de haute stature, qui s'avança et cria en français aux
voltigeurs: "Braves Canadiens, rendez-vous; nous ne vou-
lons pas vous faire de mal ! " Il reçut pour toute réponse
Clxiv FRANÇOIS-XAVIER OARNEAU,
un coup de fusil qui le jeta par terre et qui fut lo Ri^nal
du combat. Les trompettes Bonnèrent et une vive fusillade
«'engagea sur toute la ligne. Elle se prolongeait depuis
longtemps sans r^-sultat, lorsque le g^-néral am^'fricain
changea ses dispositions pour essayer de percer la ligne
anglaise par des charges vigoureuses. Il concentra ses
forces et se mit à attaquer tantôt le centre des Canadiens,
tantôt une aile, tantôt l'autre, sans plus de succès."
.Tandis que Hampton commençait à se retirer devant
un ennemi dont il ne voyait que le courage et l'adresse,
mais dont il ignorait le nombre, Purdy, (jui avait d'abord
fait fausse route, s'étant reconnu, attaquait les Canadiens
de l'autre côté et, par un feu supérieur, les forçait à se
replier. Salaberry se porta de suite aui)rè» d'eux et fit
ouvrir sur le flanc de l'ennemi un feu très vif et si meur-
trier qu'il le contraignit à la retraite. Tout cela fut l'af-
faire de quatre heures seulement. " Telle était, dit M.
Garneau, l'ardeur des combattants qu'on vit des voltigeurs
traverser la rivière à la nage pendant le feu, pour aller
forcer des Américains à se rendre prisonniers."
Wilkinson, en apprenant la nouvelle de la retraite de
Hampton, se décida à repasser aussi lui sur le territoire
américain. L'offensive fut aussitôt reprise par les Anglais
dans le Haut-Canada; Drummond marcha sur le fort
George, que McClure évacua. Ce dernier en se retirant
brûla le village de Newark. Le colonel Murray traversa
la frontière, s'empara du fort de Niagara, et le général
Riall, qui le suivait avec des troupes et des sauvages, ven-
gea l'incendie de Newark en dévastant une va.ste étendue
de territoire et brûlant plusieurs petites villes, parmi les-
quelles se trouvait celle de Buffalo, destinée plus tard à
une si grande prospérité. Les Américains et les Anglais se
portaient ainsi les uns contre les autres à des actes de van-
dalisme semblables à ceux qu'ils avaient autrefois repro-
chés aux Français avec tant d"indignation et d'amertume.
La république n'avait pas été plus heureuse dans cette
année 1813 sur mer que sur terre. Les frégates anglaises,
victorieuses en plusieurs rencontres, avaient ravagé le lit-
toral de l'Océan jusque dans la Virginie.
SA VIE ET SES ŒUVRES. clxV
La campagne de 1814 s'ouvrit encore, du côté des Amé-
ricains, par une défaite. Après plusieurs combats, tantôt
sur un rivage du lac Ontario, tantôt sur l'autre; après la
prise et l'incendie d'Oswégo, où se trouvait une partie des
munitions de la flottille américaine de Sackett's-Harbour,
vinrent le combat de Chippéwa et la bataille de Lundy's-
Lane, où des deux côtés Ton fit preuve de beaucoup de
courage et d'un grand acharnement.
Le général Drummond était monté à la partie supé-
rieure du lac ; il avait fait la faute d'y éparpiller ses forces;
les généraux Scott et Brown, s'en étant aperçus, traver-
sèrent avec 3,0(X) hommes et attaquèrent le général Riall
à Chii)péwa. Celui-ci, après un combat où l'infériorité du
nombre se faisait trop sentir, dut retraiter vers Queenston.
Les Américains l'y suivirent; mais comme ils revenaient
sur leurs pas, Riall en fit autant et eût été sans aucun
doute écrasé par eux à Lundy's-Lane si le général Drum-
mond ne fût arrivé avec des renforts.
Cette bataille dura six heures et ne se termina que vers
minuit. " Les artilleurs anglais, dit M. Garneau, se fai-
saient tuer sur leurs pièces plutôt que de céder. Les Amé-
ricains firent avancer leurs canons jusqu'à quelques pas
seulement des canons anglais. L'obscurité de la nuit, qui
était alors venue, occasionna plusieurs méprises singu-
lières. Ainsi les deux partis échangèrent quelques pièces
d'artillerie au milieu de la confusion, dans les charges
qu'ils exécutaient alternativement l'un contre l'autre."
Dans la nuit, les uns et les autres avaient reçu des ren-
forts, ce qui n'empêchait pas que l'armée américaine ne fût
toujours deux fois plus nombreuse que l'armée anglaise.
Cependant la première dut céder le terrain. Le nombre
des morts était considérable de part et d'autre; du côté
des Anglais, Drummond et Riall avaient été blessés ; et
ce dernier était tombé aux mains de l'ennemi.
" Rien, dit un écrivain cité par M. Garneau, ne pouvait
être plus terrible ni plus solennel que ce combat de mi-
nuit. Les charges désespérées des troupes étaient suivies
d'un silence funèbre, que troublaient seuls les gémisse-
ments des mourants et le bruit monotone de la cataracte
L
clxvi FRANÇOI»-XAVTER GARNEAU,
de Niagara; c'cKt A peine ai l'on pouvait discerner, au clair
de la lune, les ligne» defl Roldat^ aux rcfleU de leurs
armes. ('c!< instants d'anxiété* ^taioiit interrompus i)ar les
éclats «le la fusillade et par de nouvelles charges, que les
troupes britanniques, réguliers et miliciens, essuyaient
avec une inébranlable fernjeté."
Les Américains se retirèrent dans le fort Erié, où Drum-
mond les assiégea. Après avoir canonné cette forteresse,
les Anglais y donnèrent l'assaut et s'en seraient emparés
sans l'explosion d'une poudrière, qui jeta la panique dans
leurs rangs et leur fit perdre beaucoup de monde. Ils con-
tinuèrent le siège, qu'ils durent, cependant, abandonner
lors(ju'ils reçurent la nouvelle de la défaite de la flottille
annflaise sur le lac Charnplain, et de la retraite du général
Prévost après cette malheureuse affaire, qui eut un grand
retentissement et fut l'occasion d'accu.sations bien injustes
contre cet excellent gouverneur.
Prévost avait donné le commandement de la flottille du
lac Charnplain à Downie; celui-ci devait détruire la flot-
tille américaine en même temps que le général attaquerait
par terre les fortifications de Plattsburg. Le principal
"vaisseau anglais s'engagea trop loin et se trouva pris
entre deux feux, celui des vaisseaux américains et celui
des batteries de terre. Downie périt dans l'action, et
Pring, qui avait pris le commandement, dut amener son
pavillon après deux heures de combat.
Cela s'était passé à la vue des armées de terre. Prévost,
qui avait déjà ouvert le feu de ses batteries sur la place et
dont les colonnes s'étaient mises en marche, mais avaient
été reçues par un feu plus meurtrier qu'il ne s"y attendait,
ordonna la retraite. Il put repasser sur le territoire anglais
sans avoir fait des pertes trop considérables, et éviter ainsi
le sort qu'avait eu autrefois Burgoyne. Dans cette guerre,
comme dans la première, la défensive avait en général
mieux réussi que l'offensive.
L'Angleterre était alors victorieuse sur le continent de
l'Europe; elle triomphait de Napoléon et pouvait jeter sur
l'Amérique une partie des flottes et des armées qu'elle
avait form,ées pour cette grande lutte. En même temps
SA VIE ET SES ŒUVRES. clxvîi
que des renforts considérâtes étaient envoy<?s au général
Prévost, des flottes et des troupes de débarquement se
dirigeaient vers le littoral américain de l'Océan et sur le
golfe du Mexique. Bientôt le général Ro% débarquait avec
cinq mille hommes, battait les Américains sur la route de
Washington , prenait cette ville, brûlait le eapitole et
regagnait ses vaisseaux ; il débarquait de nouveau près de
Baltimore, où il n'eut point de semblables succès, mais
ne fut point non plus si malheureux que le général Pack-
enham, battu à la Nouvelle-Orléans par le général Jackson.
En m^me temps, les flottes arfglaises qui bloquaient les
ports principaux des États-Unis, faisaient des prises nom-
breuses et ruinaient le commerce américain.
A la suite de ces événements, les Etats-Unis se trou-
vèrent dans une position assez critique pour désirer la
paix; en même temps, ils avaient lutté avec assez d'avan-
tage et remporté d'assez grands succès pour pouvoir mettre
bas les armes sans déshonneur et sans honte. La paix fut
signée à (Jand, en Belgique, le 24 décembre 1814.
Telle fut cette guerre de 1812, dont le souvenir est
encore vivant dans la province de Québec et ne s'éteindra
pas même avec les derniers contemporains, avec les der-
niers miliciens décorés de la médaille de C'hâteauguay. ♦
Les victoires de Queenston et de Lundy's-Lane dans le
Haut-Canada, celles de ChAjteauguay et de Lacolle dans
le Bas-Canada, ont fait vojr toute la vaillance des colons
fran(;ais et des colons anglais. La bataille de Chftteauguay
surtout fut décisive ; on l'a comparée, non sans raison, aux
Thermupyles et le nom de Salaber^ a été exalté, en prose
et en vers, à l'égal de celui de Léonidas. 8i cet enthousiasme
a pu paraître excessif à raison de la courte durée de l'en-
gagement et du petit nombre de tués et de blessés de
notre côté, la résistance à des forces si supérieures et les
* n est remarquable qu'un grand nombre de ces miliciens ont
atttiint un âge très avancé ; les journaux nous annoncent encore
souvent la mort de quelqu'un d'entre eux, et une liste de ceux qui
recevaitMit das pensions, publiée l'année dernière, constatait chez
eux une rare longévité.
clxviii FRANÇOIH-XAVUtB OAKSEAU,
résultats (lu'elle a eus Hufr; r^ ■- ' ■• tifior. Ce nVfît, «i
l'on veut, «lu'uno vive lu ir uu coin d'un
bois; mais cet éclaira illuminé tout notre avenir. Il a fait
voir encore une fms A l'Angleterre qu'elle devait compter
avec nous ; il a donné raison à la politique du général
Prévost, *
Celui-ci, en se conciliant les Canadiens, en se faisant
aimer d'eux, avait plus fait, pour assurer le succès des
armes de l'Angleterre, que tous les autres généraux en-
semble; il avait de plus montré beaucoup de bravoure,
d'iiabileté et d'activité pendant les trois campagnes, qu'il
avait en partie dirigées. Cependant, comme cela arrive
souvent aux bommes les plus éminents, un écbec dont il
n'était nullement la cause avait compromis sa position;
et des gens qui voulaient s'attribuer le fruit de ses efforts
et de son courage le tirent mettre en accusation.
On avait doublement tort de lui reprocher d'avoir fait
une entreprise téméraire en attaquant Plattsburg et d'avoir
manqué de courage en se retirant après la j)erte de l'es-
cadre. L'Angleterre avait voulu que l'on prît l'offensive,
elle avait envoyé pour cela quatorze mille hommes de
troupes, et mis à la disposition du gouverneur les matelots
des frégates qui les avaient transportés, f Plattsburg sur le
* Un monument fut élevé au général Brock à Queenston. Il fut
détniit par quelques fanatiques américains. Un autre, Ix^auroup
plus beau, a été élevé depuis. L'année dernière, une statue de Sala-
berry en bronze, due au talent artistique de M. Hébert, jeune sculp-
teur canadien, a été inaupiJb^e par le marquis de Lorne à Chambly,
résidence et lion de sépulture du héros de Châteaujniay. M. Coffin,
dans son ouvrage " 1812, The War and itn Moral" Montréal, 1864, — dit
qu'un terrain aj^partenant au gouvernement militaire, dans le voi-
sinage immédiat du champ de bataille du 26 octobre 181.3, a été ré-
servé pour l'érection d'un monument, et cela par un ordre en conseil,
daté du 7 décembre 1859, à la demande de MM. Taché, Cartier et
Vankoughnet, alors membres du gouvernement. Le même auteur
fait remarquer que les soldats qui ont pris part à la bataille étaient
tous Canadiens-Français, bien que quelques-uns des officiers fussent
d'origine britannique.
t Parmi les régiments que l'on avait envoj'és au Canada pendant
la guerre, se trouvaient ceux de Meuron et de Watte ville, formés
SA VIE ET SES ŒUVRES. clxix
la» Champlain, et Sackett's-Harbour sur le lac Ontario,
rendez-vous et refuges des flottilles américaines, devaient
être naturellement l'objectif des forces anglaises.
8i une faute avait été commise, c'était par le comman-
dant Downie, qui la paya de sa vie. Ce qui tranche la
question, c'est l'opinion exprimée par le duc de Wellington
que Prévost, après la perte de l'escadre, aurait toujours
été obligé de repasser sur le territoire anglais, même en
supposant qu'il eût pu enlever la forteresse. M. Garneau
insiste avec raison sur cette manière d'envisager les accu-
sations portées contre le gouverneur, et son opinion est
corrol)orée par celle de M. Christ ic ft i>ar les {bicuiucnts
publiés par ce dernier.*
Dans les différentes sessions du piirleuient qui .s t talent
tenues pendant la guerre, Prévost s'était parfaitement
accordé avec la majorité de la chambre, et il avait obtenu
d'elle à peu près tout ce qu'il désirait. Si la guerre se fût
prolongée, la coterie coloniale n'aurait pas osé relever la
tête; mais elle sentait déjà que l'Angleterre allait cesser
d'avoir besoin des Canadiens. Elle suscita des accusations
contre le gouverneur, qu'elle nous savait favorable, et
celui-ci fut victime d'un triomphe qu'il avait tant con-
tribué à obtenir.
Rien n'est plus triste que le sort de cet excellent homme,
partant A la hâte pour se rendre en Angleterre et mourant
par suite des anxiétés et des fatigues qu'il avait éprou-
vées dans le voyage; car il avait parcouru à pied, dans
l'hiver, une partie du chemin entre Québec et le Nouveau-
Brunswick. Il ne fut justitié qu'après sa mort; et quoique
l'enquête ne pût être continuée, le gouvernement reconnut
les services éminents qu'il avait rendus. Son nom du reste
presque entit-roment de Suisses et de Français. Plusieurs officiers
do ces régiments sont restés dans le pays. M. Mermet, dont j'ai
parlé plus liant et qui composa deux pièces do vers en l'honneur de
Salai leiry, était un otticier de l'un de ces régiments. Il repassa en
Fraïuo, et, lors du voyage de Mgr l*le*isis, il lui adn«ssa une épître
que l'on trouve dans l'ouvrage de M. Ferlaud, déjà cit^.
* Voyez Hislory oj Lomr Caïuida, volumes 2 et 3.
clxx FRANÇOIS- XAVIER GARNKAU,
est resté Kgcndaire ; le peuple le met au rang de ceux qif il
appelle de hon» (jouvemeurs^ témoignage d'autant plus pré-
cieux qu'il e8t^)luH rare.
Les administrations de Druniniond, de Sherbrooke, du
duc de Uichniond, de Monk et de Mnitland occupèrent
l'espace de temps «pii sépare la mort du général Prévost
de l'arrivée du comte de Dalhousie. Celui-ci fut un second
Craifî et il Kut nimenor Ins cImxscs au point où l'autre len
avait laissées. Les administration.s intenm'(li:iii(;- :ivaient
conduit lentement îl ce paroxysme.
A peine la guerre était-elle terminée, (jue Ityland et le
juge en chef Se\vei^ reprenaient leur ascendant sur le
bureau colonial. Les mêmes difficultés renaissent entre la
chambre et le conseil législatif, l'exécutif censure la majo-
rité de la chambre avec la même morgue et la même
injustice, et les abus, qui n'avaient pas cessé de se pro-
pager subrepticement, s'étalent au grand jour avec plus
d'impudence.
M. Garneau signale avec une légitime indignation cette
ingratitude et cette mauvaise foi du pouvoir, dont la con-
duite fait songer au mot célèbre d'O'Connell: Englaud'H
difficultics arc Ireland'it apport a nitics. Il serait cependant à
la fois si simple et si digne d'être juste en temps de paix
comme en temps de guerre !
Dans cette période, Papineau fils, Denis- Benjamin Viger.
John Neilson et les deux Stuart, figurèrent au premier rang
parmi les défenseurs du peuple.
Andrew 8tuart (le cadet) était un homme supérieur,
d'une éducation très distinguée, une nature originale et
sympathique, dénuée d'ambition et que l'amour du gain
ne tourmentait guère. Philosophe et littérateur à ses
heures, il fut une des gloires du barreau de Québec, si
brillant à cette époque, qui était celle des Vallières, des
Moquin et des Plamondon. Il avait une sympathie réelle
pour les Canadiens; c'est lui qui nous a décerné le beau
titre de " peuple gentilhomme." Il s'est détaché à regret
et aussi tard qu'il a pu le faire du parti de la résistance;
on assure même qu'étant solliciteur général en 1838, il
refusa de prendre part aux poursuites politiques et traita
SA VIE BT SES ŒUVRES, clxxî
de meurtres juridiques les exécutions qui eurent lieu par
suite des sentences de la cour martiale. *
Notre historien cite de lui cette phrase remarquable au
sujet des concessions de terres faites ii des spéculateurs au
sud du Saint-Laurent, sous le prétexte d'assurer plus tard
ce territoire i\ la population anglaise : " Folle politique ! on
craint le contact de deux peuples qui ne s'entendent pas,
et l'on met là pour barrière des hommes de même sang,
de même langue, des hommes qui ont les mêmes mœurs
et la même religion que l'ennemi ! "
C'était absolument l'idée que Haldimand avait exprimée
dans la dépêche que j'ai citée plus haut.
James Stuart, tempérament plus énergique, mais
esprit moins large et moins cultivé,«'était joint aux Cana-
diens par suite des griefs personnels qu'il avait contre
l'oligarchie. Dès que ses intérêts l'y portèrent, il se retourna
contre ses amis d'un jour et devint un de leurs plus ardents
persécuteurs.
Le général Drummond débuta par transmettre aux
chambres une réponse du gouvernement anglais aux
plaintes portées contre les juges h'ewell et Monk. Cette
réponse, conçue en termes hautains et censurant la cham-
bre, avait été évidemment dictée par 8e\Yell lui-même.
James .Stuart, ipii avait pris l'initiative dans toute cette
affaire, était furieux, et la chambre allait faire une re-
montrance, sous forme d'adresse au prince régent, lors-
que, suivant les instructions qu'il avait reçues de lord
Bathurst, le gouverneur eut recours à une dissolution du
parlement. Cette fois encore, la nouvelle chambre fut
plus hostile au gouvernement que l'ancienne, et Sher-
brooke, qui, sur ces entrefaites, avait succédé à Drum-
mond, recommanda aux ministres de changer de tactique.
Il proposait de faire Mgr Plessis conseiller législatif, de
nommer M. Papineau, qui avait été élu orateur de la
* M. Aubin a écrit, dans le Fanhisque, d'excellents portraits des
orateurs jiarltMuentaires sous l'ancienne constitution. Cettt^ jralerie
est reproiluite on partie dans le Répertoire national do M. lluston.
Le jHjrtrait d'Andrew Stuart est uu des meilleurs.
clxxii FRANf;OlS-XAVIER aAttNBAU,
chambre, membre du conseil exécutif, et M. James 8tuart
procureur général. Ces recommandations furent exécu-
tées plus tard. La chambre reprit les éternelles discus-
sions sur le budget et la liste civile, et s'occupa de
nouvelles accusations portées contre le juge Foucher et
contre le juge Monk, Cependant la majorité, qui connais-
sait les opinions modérées du nouveau gouverneur, cédant
à son influence, parut abandonner l'affaire du juge en chef
Sewell, ce qui froissa James Stuart et commenta à le
détacher de l'opposition.
Sherbrooke, ayant demandé son rapj)el, fut remplacé par
le duc de Richmond. C'était bien le gouverneur le plus
important par son rang et sa naissance que l'Angleterre
eût encore envoyé au Canada; il venait de l'Irlande, qu'il
avait assez mal gouvernée, et il déploya ici comme là-bas
un faste qui n'eut d'égal plus tard que celui de lord Dur-
ham. 8on premier discours fut bienveillant et l'on put
croire que l'on avait affaire à un homme juste et con-
ciliant ; mais, la chambre ne s'étant pas accordée avec le
conseil législatif, le duc lui adressa une mercuriale des
plus hautaines et qui rappelait les beaux jours de Craig.
Peu de temps après, il mourut d'hydrophobie, ayant été
mordu par un renard ; le gouvernement passa, par intérim,
d'abord au plus ancien conseiller exécutif, qui, chose assez
bizarre, n'était autre que ce même juge en chef Monk mis
en accusation par la chambre, puis à sir Peregrine Mait-
land, gendre du défunt gouverneur. Le discours de proro-
gation avait fait pressentir une nouvelle dissolution du
parlement; Monk eut la satisfaction de recourir à cette
nMima ratio des gouvernements. Le peuple renvoya les
mêmes députés; on continuait à tourner dans un cercle
vicieux.
La nouvelle chambre refusa de procéder aux afifaires,
parce que l'élection pour le comté de Gaspé n'avait pas été
faite dans le temps voulu; et Ton allait se trouver dans
une impasse, lorsque le décès de George III mit un terme
à cette situation, car, à cette époque, la mort du souverain
nécessitait de nouvelles élections.
Lord Dalhousie yint prendre possession du gouverne-
SA VIE ET SES ŒUVRES. clxxili
ment au moment même où le peuple prononçait un nou-
veau verdict, qui, du reste, fut semblable à tous ceux qu'il
avait rendus depuis une quinzaine d'années.
Le 14 décembre 1820, le nouveau gouverneur ouvrit le
parlement par un discours qui annonçait d'excellentes
dispositions; mais l'illusion qu'il produisit fut de courte
durée. L'assemblée ayant encore eu maille à partir avec le
conseil au sujet des subsides, Dalhousie se prononça en
faveur des prétentions de la chambre haute.
Il n'y avait point que cette question, cependant, qui agi-
tât les esi^rits. La chambre, dans une adresse, se plai-
gnait d'abus à peine croyables. Des cumuls d'emplois, des
sinécures, l'accaparement des terres par des favoris, la
perversion de l'administration de la justice, formaient on
état de choses peu tolérable, et qui l'eût été moins encore
si le pays n'eût pas joui à cette époque d'une grande abon-
dance, et si le peuple eût été obligé de payer des taxes
directes pour le soutien d'un gouvernement qui lui était
si peu sympathique, et sur lequel il avait si peu de contrôle.
Le conflit entre le conseil et la chambre fut encore aug-
menté par l'importance que celle-ci attacha, peut-être im-
prudemment, à un discours violent et outrecuidant d'un
des conseillers, RL Richardson. Déjà l'on avait montré peu
de respect pour la liberté de la presse; maintenant on
attaquait inconsidérément la liberté des débats, et l'on
demandait au gouverneur, par une adresse, de destituer
un conseiller législatif de toutes les charges qu'il remplis-
sait pour le punir d'avoir parlé irrévérencieusement d'une
des branches de la législature.
Lord Dalhousie put se débarrasser facilement d'une
demande aussi peu raisonnable. Mais une question bien
plus importante que toutes celles qui avaient agité le par-
lement et l'opinion devait s'élever bientôt. Soit que le
parti anglais — car malgré de brillantes exceptions, la
population anglaise se trouvait rangée du côté du pou-
voir—soit que le parti anglais fût effrayé des résultats de
la lutte et de ces nombreuses dissolutions qui ramenaient
toujours la même majorité; soit que ces coups d'Etat
réitérés ne fussent qu'un stratagème convenu entre les
clxxîv FRANÇOIS-XAVIER OARNEAU,
gouverneurs et l'autorité métropolitaine pour provwjuor
une crise (\\n permît des cliangementH organiques, conime
M. (iiirneau paraît le croire, un projet nourri dans l'ombre
fut mis au jour en 1822, et alarma non seulement tous les
partisans de l'assemblée législative, mais aussi un grand
nombre de ceux (jui jusque-là n'avaient |x>int sympatbisé
avec elle. Cette mesure était celle de la révocation do la
constitution de 171)1 et de la réunion des deux provinces
du Haut et du Has-Canada en une seule.
Ce fut M. Ellice, propriétaire de la seigneurie de Beau-
harnois, qui servit d'intermédiaire aux marchands de
Montréal et aux ministres. Les petites causes produisent
souvent de grands efl'ets. Ellice avait un ennemi acharné
dans la personne d'un nommé Parker, son ancien associé
de commerce au Canada. Celui-ci donna l'éveil, et lorsque
la mesure fut {iroposée dans la chambre des communes,
sir James Macintosh et sir Francis Burdett, qui avaient été
prévenus, s'y opposèrent. Un des ministres, M. Wilmot, fit
cet aveu que si la loi n'était point pa.ssée de suite, on rece-
vrait tant de pétitions, dictées, ajoutait-il, par l'ignorance
et les préjugés, qu'il deviendrait impossible de l'adopter.
*' Ce projet de loi, dit M. Garneau, restreignait beaucoup
les libertés coloniales en général, et celles du Bas Canada
en particulier. II donnait à celui-ci une représentation
beaucoup plus faible qu'au Haut-Canada. Il conférait à
des conseillers non élus par le peuple le droit de prendre
part aux débats de l'assemblée. Il abolissait l'usage officiel
de la langue française, et limitait la liberté religieuse et
les droits de l'Eglise catholique. Il limitait aussi les droits
des représentants touchant la disposition des impôts.
Cette loi paraissait enfin dictée par l'esprit le plus rétro-
grade et le plus hostile."
Dès que l'introduction, pour bien dire subreptice, de
ce Mil dans la chambre des communes fut connue, une
grande agitation régna dans la colonie. Des assemblées
publiques furent tenues à Montréal et à Québec, pour pro-
tester contre cette conduite du ministère anglais ; des
requêtes, conçues dans des termes pleins de fermeté et de
modération, se couvrirent promptement de nombreuses
SA VIE ET SES ŒUVRES. clxXV
sighatures, et il fut décidé d'en charger MM. Neilson et
Papineau, qui partirent pour l'Angleterre. Les partisans
de l'union eurent aussi, à Montréal, leurs assemblées, et
chargèrent de leur requête M. Gale. James Stuart se posa
en champion des unionistes et s'exprima avec véhémence
contre les Canadiens. Le gouverneur convoqua le parle-
ment et les deux branches de la législature s'empressèrent
de protester dans les termes les plus énergiques contre le
projet du ministère. Telle était la force de l'opinion pu-
blique qu'il n'y eut que trois voix dissidentes dans la
chambre et six dans le conseil.
Les prétextes que l'on donnait pour la grande injustice
que l'on voulait accomplir étaient les difficultés sans cesse
renaissantes entre les deux branches de la législature, et
le conflit qui venait de s'élever entre le Haut-Canada et le
Bas-Canada au sujet de la part des impôts douaniers per-
çus dans nos ports de mer que réclamait la première
de ces provinces. Mais le Haut-Canada, trouvant que le
projet de loi était dangereux au point de vue de la liberté
constitutionnelle, joignit son opposition t\ celle de la
législature du lias-Canada, et la tâche de nos délégués
se trouva merveilleusement simplitiée.
Cependant ceux-ci montrèrent beaucoup de talent et
d'habileté et eurent quelque mérite à déjouer les intrigues
d'Ellice. Ils rédigèrent un mémoire très remarquable et
eurent plusieurs entrevues avec lord Bathurst, ministre
des colonies, et avec le sous-secrétaire, M. Wilmot, le
même ^\\.n avait essayé d'escamoter le bill d'union dans la
chambre des communes, et dont la naïve prédiction au
sujet de roj)position que recevrait cette mesure se trouvait
confirmée. Bien que ce dernier personnage leur eût dé-
claré formellement que rien ne serait fait dans cette ses-
sion, et qu'ils pouvaient s'en aller en toute sûreté, M.
Papineau crut devoir rester jusqu'après la prorogation. La
conduite antérieure de M. Wilmot et les propos que tenait
M. Ellice justifiaient pleinement cet acte de prudence.*
* " Vous avez l'air bien rassuré ! dit un jour M. Elliee à M.
Papineau. Je crois savoir do bouuo source que le ministère vous a
clxxvi FRANÇOIB-XAVIER OARSEAU,
M. Papineau et M. Neilson exerçaient alors une grailde
influence dans la colonie. liO succr-H «le leur iniBHi<>n aug-
menta encore leur prestige. Louis-Joseph l'apineuu, plua
jeune que M. Neilaon, avait un tempérament beaucoup
l)lu8 ardent. L'un était un trihun, l'autre un philosophe.
L'un i)Ourrait être comparé A Mirabeau, l'autre à Franklin,
De fait, M. Neilson, lors de sa seconde mission en Euroi)e,
fut appelé le Franklin canadien. Imprimeur comme lui,
M. Neilson avait beaucoup des dispositions et des idées
de l'auteur de la Science du bonhomvic Richard.
La Gazette de Québec, le plus ancien journal du pays,
(jui se publiait dans les deux langues, était sous sa direc-
tion. Il avait comme journaliste un genre qui lui était
propre, un style laconique, d'une ironie froide et calme,
une habileté toute particulière à faire ressortir, par des
citations et des rapprochements, les exagérations ou les
contradictions de ses adversaires. Les deux feuilles, ani-
mées du même esprit, mais avec des nuances ù peine per-
ceptibles, assuraient à M. Neilson une grande influence
sur les deux sections de la population. Protestant, il était
cependant l'ami intime de Mgr Plessis, de M. Demers et
des membres les plus éminents du clergé catholique. Par
ses connaissances, sa sagesse et sa modération, il fut long-
temps une sorte d'oracle politique dans le district de
Québec.
La chambre d'assemblée comptait à cette époque des
talents de premier ordre, et bien que le Mercury et les cer-
cles officiels affectassent un grand mépris pour cette tourbe
d''habitants illettrés conduits et endoctrinés par Papineau et
quelques autres démagogues, disaient-ils, le gouverne-
ment anglais savait très bien que ces habitants illettrés
étaient le plus souvent des hommes d'une grande valeur,
d'une grande dignité de manières et d'un patriotisme à
toute épreuve, et que les prétendus démagogues qui les
promis que la mesure ne reviendrait pas sur le tapis ; mais elle
y reviendra. Je déshonorerai le,s ministre.s; j'ai leur j»arole, donnée
en présence de témoins." M. EUice se vantait. Ceijeudant, bien des
années plus tard il vit réussir son projet favori.
SA VIE ET SES ŒUVRES. clxxvii
guidaient auraient été dignes de s'asseoir sur les bancs de
la chambre des communes.
Soit par un vérita"ble désir de conciliation, soit, comme
M. Garneau paraît le croire, afin de diviser des forces
aussi imposantes, le gouvernement avait adopté tardi-
vement les recommandations judicieuses de Sherbrooke.
Mgr Plessis avait été appelé au conseil législatif, et quoi-
qu'il prît très rarement part aux débats, sa présence ne
manquait pas de tenir en échec les mauvaises dispositions
de quelques fanatiques. M. Papineau fils avait été fait
conseiller exécutif; mais après avoir accepté cette situation
il n'assista jamais aux séances. Enfin lord Dalhousie fit
tout son i)ossible pour s'attacher ValUr-res, qui avec Papi-
neau et Andrew Stuart était un des trois orateurs les plus
brillants du parlement. Pendant l'absence de Papineau
en Angleterre, Vallières avait été élu président de la
chambre; le gouverneur entretint les meilleurs rapports
avec lui et le consulta sur beaucoup de choses. Quant à
M. Neilson, il avait d'autant plus de mérite i\ marcher
avec la majorité que son journal, dont il avait transféré la
propriété à son fils, jeune homme de grands talents, avait
le monopole des avis ofiiciels, chose, comme on le sait, très
lucrative. Aussi, lorsque plus tard l'antagonisme entre lord
Dalhousie et le parti canadien s'accentua, le gouverneur
fonda la Gazette de Québec, publiée par autorité, dont la partie
politique et littéraire anglaise était rédigée pur M. Fisher,
et la partie française par le chevalier d'Estimauville, pu-
nissant ainsi la famille Neilson de sa conduite politique.
Encore qu'un certain apaisement eût été le résultat de
l'abandon du projet que MM. Neilson et Papineau étaient
allés combattre à Londres, la mésintelligence continuait
toujours entre les deux chambres de la législature. Le
déficit énorme que le receveur général Caldwell fut obligé
d'accuser, par suite des emprunts indiscrets qu'il avait
faits à la caisse publique, vint encore compliquer la situa-
tion. Cet événement, tout en étant un nouveau brandon
de discorde, donnait raison à la chambre élective et fai-
sait voir qu'elle n'avait point tort d'exiger un contrôle
plus complet sur les finances.
Clxxviii FRANÇ0IB-XA\7ER GARNF.AU,
Après une session qui s'était ternnn^'e (0 mars 1824)
sans qu'aucune question fût régUe, lord Dalhousie sY-taii
embarqué pour rKuropc. ('iiosf ' il avait tourné
son attention vers la question rc <t il en revenait
au projet <le Ryland et de Craig que Mgr Plessis, dans non
voyage, avait fait rejeter par les ministres, celui <!•
parer de la nomination aux cures. Lu feuille des \,>
pendant toute cette partie de notre histoire politique, a
toujours tenté le pouvoir, et cette prétention bizarre de
la part d'un gouvernement protestant, a été l'une des
plus tenaces parmi celles que le triomphe des principefl
constitutionnels devait faire «lisparaître.
Sir Francis Burton, le lieutenant-gouverneur dont la
chambre avait exigé la résidence dans le pays, se trouva il
présider à l'ouverture dun nouveau parlement; la chambre
précédente s'était rendue au bout du terme fixé par la
constitution, ce <iui était presque un phénonn^-ne h cette
époque où les dissolutions étaient si fréquentes. Hurton
avait pu juger la politique canadienne de sang-froid, et il
ne s'était point laissé circonvenir par les afhdés du châ-
teau. Ses bonnes dispositions étaient déjà connues de nos
hommes politiques.
" Dans les estimations qu'il transmit à la chambre, dit
M. Garneau, les dépenses publiques n'étaient point divi-
sées en permanentes et en spéciales, de sorte que les sub-
sides purent être votés dans une forme qui obtint la
sanction. Tout le monde crut que la grande question des
finances était réglée et que l'harmonie allait renaître.
Burton se berçait lui-même de cette illusion."
La conduite de lord Dalhousie, à son retour, fut pendant
quelque temps de nature à confirmer les espérances des
Canadiens-Français. Dans le discours par lequel il ouvrit
la deuxième session ^u parlement, il traça un programme
où il était question, pour la première fois, de la colonisa-
tion des terres publiques par les descendants des premiers
colons. Plusieurs articles de ce programme seraient encore
de mise aujourd'hui. Une adresse fut votée à la suggestion
du gouverneur, demandant la révocation de la loi des
tenures, passée par le parlement impérial et qui était un
SA VIE ET SES ŒUVRES. clxxix
empiétement sur les droits de la province. Cependant des
dépêches de lord Bathurst faisaient voir que le ministère
tenait à sa manière de voir au sujet des subsides, et que
sir Fmncis Burton avait agi contrairement aux instruc-
tions données à ses prédécesseurs, mais dont il ignorait
l'existence. Le parlement, prorogé le 29 mars 1826, se
réunit de nouveau le 23 janvier 1827. Les subsides furent
votés dans la même forme que l'année précédente et
furent refusés. Le discours de prorogation fut une semonce
en règle et fut suivi d'une dissolution. On retournait aux
jours de Craig.
M. Papineau et plusieurs autres députés .«ignèrent un
manifeste énergique, un véritable appel au peuj)le. Le
gouverneur y répondit en destituant les officiers de milice
en faisant arrêter et poursuivre M, Waller, rédacteur du
Canadian Spedator. Les élections furent orageuses : il y
eut des rixes violentes au quartier ouest de Montréal, à
Sorel et à Haint-Eustache.
Le résultat fut celui que nous avons vu tant de foi».
La nouvelle chambre était encore plus ardemment pa-
Iriote, comme l'on disait, que l'ancienne. M. Papineau fut
réélu orateur par une grande majorité contre M. Vallières,
qui n'obtint que cinq voix. Lord Dalhousie, que le mani-
feste de ^L Papineau avait irrité, en prit prétexte pour
refuser de le confirmer dans ses fonctions. Il est vrai qu'en
Angleterre l'orateur de la chambre des communes n'est
pas un chef de parti. Mais il faut bien qu'une majorité
parlementaire fasse quelque chose de celui qui la dirige.
Ou n'avait point ici un siège de premier ministre à lui
donner ; on le plaçait au fauteuil de la présidence. On ne
voulait pas avoir une chambre constitutionnelle propre-
ment dite; l'assemblée législative tournait par là même
à Vassemhlée nationale.
Les membres étant de retour de la salle du conseil légis-
latif, où l'orateur de ce corps leur avait signifié en pré-
sence du gouverneur, entouré d'un nombreux état-major,
la volonté royale ou plutôt vice-royale, il fut déclaré, sur
la proposition de M. Cuvillier, '' que le choix de l'orateur
devait se faire librement et indépendamment du pouvoir;
CIXXX FRANÇOIS-XAVIER GARNEAT,
que M. Papineau avait (-iù 61x1 par l'afisembl^'e; que la loi
n'exigeait pas l'approbation du gouverneur, laquelle n'é-
tait, comme la pr<!-8entation, qu'une r^Tomonie fond^'e Hur
un simple usage." M. l'apineau fut reconduit au fauteuil
de lar présidence. Le gouverneur refusa de recevoir une
députation de la chambre et la prorogea le mC-me jour.
La plus grande agitation r<^gna aussitôt dans tout le
pays; assembb^es noml)reu8es s\ Qu(5t>ec et A Montr<?al,
adresses de félicitations de la part des marchands anglais
et des bureaucrates, comme on les appelait, H lonl Dal-
housie; p<^tition monstre au parlement impZ-rial, recouverte
de quatre-vingt mille signatures, contre le gouverneur et
sa politique. Tandis que celui-ci multipliait les destitu-
tions (roflicicrs de milice, fai.sait arrêter de nouveau M,
Waller, et traduisait devant les jurés pour libelle la vieille
et sage Gazette de Québec, MM. Viger, Neilson et Cuvillier
partaient pour Londres, emportant avec eux les remon-
trances et les vœux de l'immense majorité de la colonie.
Par une coïncidence heureuse pour nous, le Haut-Canada
se trouvait dans une crise û peu près semblable, et le parti
libéral de cette province toute anglaise avait chargé M.
Hume d'exposer ses griefs à la chaml)re des communes.
Le résultat de tout ce mouvement fut, apr^s d'excellents
discours de M. Labouchère, de sir James Mackintosh et
de M. Hume, auxquels les ministres répondirent faible-
ment, la nomination d'un comité qui fit un long rapport
sur les griefs du Canada, le rappel de lord Dalhousie et la
nomination de sir James Kempt à sa place, *
Lord Dalhousie, malgré les fautes qui signalèrent son
administration, n'était pas dépourvu de largeur dans les
idées ni même d'une certaine grandeur d'âme. Il fonda
la Société littéraire et historique de Québec ; il fit élever
l'obélisque de Wolfe et de Montcalm et assista à la pose
de la première pierre ; il assista aussi à la pose de la pre-
mière pierre de l'église de Notre-Dame de Montréal, la
plus grande église de l'Amérique du Nord, et fit rendre les
* Le rapport de ce comité et les témoignages qui s'y trouvent for-
ment un des documents les plus précieux pour notre histoire. Il a
été réimprimé ici par ordre de la chambre d'assemblée.
SA VIE ET SES ŒIA^RES. clxxxi
honneurs militaires aux dépouilles de Mgr Plessis, dont il
suivit le convoi funèbre, entouré d'un brillant état-major
et de plusieurs grands dignitaires. *
8ir James Kempt convoqua le parlement, confirma l'élec-
tion de M, Papineau, fit abandonner les procès intentés à
la presse et prescrivit un ton plus convenable aux feuilles
olîlcielles ou officieuses.
On crut encore une fois à une ère nouvelle et l'on res-
pira plus librement.
M. Papineau avait acquis, par tout ce qui venait de se
passer, un immense prestige. Il avait triomphé de lord
Dalhousie, et, ce qui était plus important, de la faction
bureaucratique. Il avait relevé, par sa tière attitude et par
le succès qui l'avait suivie, toute une race que l'on sem-
blait vouloir fouler aux pieds. Car ce n'était pas seulement
* L'impopularité de lord Dalhousie était telle qu'on ne lui tenait
jias conipto de ses meilknires actions. 1^ coiuitt* qu'il avait form^'
à (^uébiH' |)our l'érei-lion du monument aux deux héros des Plaines
d'Abraliam, avait offert une méilaille d'or pour le meilleur projet
d'inscription. On sait que l'admirable épigraphe latine:
MOUTBM . VIRTUB . COM.MU.N'UM .
FAMAM . HISTOKIA .
MOMTMHNTUM . POSTKBITAS . DBDIT .
fut oomposce par le docteur Fisher, ijui obtint le prix.
D'après le premier prt)jot de lord Dalhousie, le monument devait
s'élever dans le janlin d'en bas, (jui alors était une sorte de potager.
La première pierre y avait été i)osée. On trouva que c'était peu digne,
et un malicieux t'orivain adrassa une lettre à la GnzeUe de Québec,
dans laquelle il signalait cette incongruité. La médaille n'étant pas
encore ailjugée, il proposait l'inscription suivante:
Jadis dans les combats balançant le destin,
Voilà Wolfe et Montcalm priapes d'un jardin !
Et il ajoutait : A moi la médaille !
Cette espièglerie, qui eut du succès, fut généralement attri-
buée à M. Isidore Bedard, dont j'ai parlé plus haut. Elle ne fiit
point étrangère au choix du site bien préférable où l'obélisque fut
élevé.
M
Clxxxii FUANÇOIS-XAVIEB QARNKAU,
sur le terrain de la politique, ce n'était paa Heulement par
les abus et les iniquités administratives que Toligarchie
se rendait odieuHe; c'était dan» les rapports nociaux, dans
la vie de tous les jours, quo sa morgue et sa haine irritaient
les Canadiens et leur rendaient plus dure la position d'in-
fériorité qui leur était faite dans le pays de leur naU-
sance. *
Le Canadien-Français qui, dans cet état de choses, s'im-
posait à l'Angleterre, l'homme qui se campait fièrement
au fauteuil de la présidence et semblait dire: ''Je suis
ici ))ar la volonté du peuple, je n'en sortirai que par la
force des baïonnettes," cet homme ne devait pas tarder à
devenir une idole populaire.
Sans doute que non envijyca il Londres avaient leur part
de mérite et de popularité ; ils revenaient triomphants
après avoir éclairé la métropole sur l'état de nos affaires;
mais ni la science constitutionnelle de M. Viger, ni la
sagesse et l'esprit pratique de M. Neilson, ni l'habileté
financière de M. Cuvillier n'étaient de nature à frapper les
masses comme l'ékxiuence véhémente et la har<li
Papineau. Du reste celui-ci avait tout pour lui: j-
vigueur, geste imposant, voix sonore ^t retentissante, élé-
gance de manières, tenue irréprochable, patriotisme ardent,
prestige héréditaire, relations de famille importantes, ai-
sance, loisirs, culture intellectuelle relativement très déve-
loppée, enthousiasme populaire, sympathies aristocrati-
ques, enfin amitié du clergé catholique, avec lequel il eut
cependant le grand tort de se brouiller.
Ce fut à partir de la confirmation de son élection par sir
James Kempt que le tribun prit l'ascendant redoutable
qui eut une si grande influence sur nos destinées; de là
date son règne, car ce fut un véritable règne, et, à certains
égards, un règne quelque peu despotique.
Avec ce règne commence aussi pour notre historien
l'époque contemporaine. M. Garneau avait dix-huit ans
* M. Pierre de Sales- Laterrière, dans un livre publié à Londres,
peint admirablement cet état de société; il y a là teUe anecdote qui
vaut des volumes.
SA VIE ET SES ŒUVRES. clxxxiu
lors du conflit qui eut lieu entre Dalhousie et la chambre
d'assemblée, en 1827. Comme tous les jeunes gens, il
dut prendre un vif intérêt aux événements qui suivi-
rent ce coup d'Etat ; * à cet âge on entre volontiers dans
le mouvement populaire. Sa correspondance de Londres
nous a déjà fait voir toute la vivacité de son patriotisme.
Si l'on veut tenir compte des circonstances, on trouvera
qu'il a mis une certaine modération dans la manière
dont il a apprécié ces événements, qu'il s'est défié, au
moins dans une certaine mesure, des passions qu'il avait
lui-même partagées, bien que leur influence, comme j'en
ai déjà fait la remarque, s'y fasse sentir assez pour donner
de la vie au récit.
Sir James Kempt était venu remplir un entr'acte, il le
fit avec bonne grâce et hal)ileté. Il y eut même, sous son
gouvernement, deux des sessions les plus heureuses au
point de vue de la législation et des intérêts sociaux et
* Je me sou\iôu8 parfaitement — j'avais sept aiïs — de l'émotion
causée par le njet de Vomktir. Une grande foule se trouvait à la
porte du parlement. Mon grand-père maternel, M. JostAjih Roy, y
était et me tenait par la main. Lorsque le gouverneur sortit et
monta dans sa voiture, celui qui commandait l'escorte <le cavalerie
— je crois que c'était M. Gugy — leva son shako et donna le signal
des liourrae que poussèrent les partisans ilu chAteau. Les patriotes
n'y répondirent que iwir un morne silenœ; mais il dut y avoir bien
des serrements de cceur et dos grincements de dents; car ce qui
venait d'arriver était déjà connu. Mon grand-père dit en rentrant à
la maison: Pourvu qxte ce ne soit pas le commencement iPune révolution !
Il donnait, comme bien d'antres bons citoyens, une grande i)artie
de son temps et de sa fortune aux affaires publiques. 11 était le
trésorier de beaucoup de sociétés bienveillantes ou patriotiques ; il
fut celui de la tougcription de» envoyé». Ou me laissa donner mes
petites épargnes, et mon nom fut inscrit sur la liste. Le trait fut
raconté à M. Papinoau, qui était un ami de la maison; aux éloges
que m'adressa le grand homme, je crus que je grandissais d'au
moins toute la tète. Je me souviens aussi d'avoir vu, la même
année, des fenêtres de l'école que je fréquentais, près du jardin du
fort, la cérémonie de la pose de la première pierre du monument de
Montcalm et de Wolfe; la iwmjx) militaire déployée dans cette
occasionSn'impressionna vivement.
clxXXiv FRANÇOIH- XAVIER GARNKAr,
ma.U'.Y\e\H du pays, qui, pendant toutftH ces \uiUtn politique»,
avaient été grandement négligés.
Cependant le rapport du roMiit(' de luchamltre de- < om-
munes, dont on attendait beaucoup fie bien, n'avait j»a8
été adopté; le conHeil exécutif, le conseil légielatif et la
chambre d'assemblée étaient aussi loin de «'entendre que
jamais, et tout ce que le gouverneur j)ouvait faire, c'était
de maintenir l'équilibre entre ces corps et d'éviter un nou-
veau conflit. Il y épuisait toute sa diplomatie, et le juge
en chef Sewell, toujours courtisan, lui venait en aide.
En Angleterre comme ici, on sentait qu'une telle situa-
tion ne pouvait se prolonger indéfiniment et l'on songeait
j\ des changements organiques,
" Le ministre des colonies, dit M, Garneau, écrivit pour
demander s'il ne serait pas à propos de changer la consti-
tution de ces deux conseils, surtout d'y introduire plus de
membres indépendants du pouvoir, c'est-à-dire sans em-
ploi de la couronne, et, dans ce cas, si le pays pourrait
fournir assez d'hommes honorables pour cette dignité.
Kciiipt répondit que le conseil législatif était comiK>8é de
vingt-trois membres, dont douze fonctionnaires et seize
protestants, et le conseil exécutif de neuf membres, dont un
seul était indépendant du gouvernement et un seul catho-
lique ; qu'il ne pouvait recommander de changements con-
sidérables ; mais qu'il fallait introduire graduellement dans
le conseil législatif plus de membres indépendants, et
n'admettre à l'avenir qu'un seul juge dans les deux con-
seils, le juge en chef. Il pensait aussi qu'il était opportun
d'introduire dans le conseil exécutif un ou deux des mem-
bres les plus distingués de l'assemblée, afin de donner à la
branche populaire plus de confiance dans le gouverne-
ment; cela lui paraissait de la plus grande importance
pour la paix et la prospérité du pays. Il croyait que l'on
pourrait trouver assez de personnes honorables pour rem-
plir les vides qui se faisaient de temps en temps dans les
deux conseils."
La publication de cette dépêche désappointa beaucoup
les partisans de la chambre. Sir James Kempt avait évi-
demment d'excellentes intentions : mais elles étaient à
SA ,VIE ET 8E8 ŒUVRES. clxXXV
longue échéance, et le parti populaire s'impatientait. Les
cinq comtés de la rivière Chambly s'assemblèrent à Saint-
Charles et adoptèrent des résolutions énergiques. C'était le
prélude de l'agitation qui devait conduire îl Tinsurrection.
Kempt sentit que son rôle devenait impossible ; il deman-
da son rap})el.
Lord Aylmer, qui le remplaça, se trouva en face d'une
nouvelle assemblée plus nombreuse, car parmi les lois
passées pendant la première session de l'administration
de Kempt, il s'en trouvait une qui portait de cinquante à
quatre-vingt-quatre le nombre des représentants. Les élec-
tions venaient d'avoir lieu sous cette loi. Aylmer débuta
de la manière la i)lus gracieuse et semblait, lui aussi, animé
des meilleures dispositions. Le fait est que chaque nouvelle
administration commenyait par une sorte de lune de rnid ;
mais la lune rousse ne tardait pas il montrer ses cornes.
En ce qui concerne l<>rd Aylmer, la fatalité semble avoir
été de la partie. Au moment où le gouvernement impérial
paraissait disposé aux plus grandes concessions, où le
gouverneur tenait le langage le plus bienveillant, des
complications de tout genre surgirent comme ^•u^oitées
par quelque mauvais génie.
C'était des enquêtes et des plaintes ct>ntr«' des h»nriii»n-
naires publics : le procureur général Stuart, le juge Kerr,
le juge Fletcher; c'était l'expulsion réitérée de M. Christie,
député de Gaspé;* c'était la réprimande adressée à Tavo-
* M. Christie avait été expulsé une première fois sous l'adminis-
tvatiou lie sir Jaimis Kempt, j)onr avoir recoin mandé, comme prési-
dent ilt^s fkSMoits de (putrtur, la destitution d'un certain nombre de
juges de paix et pour avoir menacé quelques-uns de ses collègues de
la chambre de les faire destituer des charges qu'ils tenaient du gou-
vt^rncment. Il fut rét'lu et rcoxpulsé. Ije comté de (.iasj)é ne se lassa
pftint, et ce ne fut qu'après sa cinquième expulsion que M. Christie
recommanda à ses électeurs de vouloir bien faire le choix d'un
autre rt^présentaut. Dans son ouvrage, il se montre aus-si motiéré
qu'un hommo ainsi pla<'é }x>ut l'être: il avoue avoir été un des
amis intimes de lord Dalhousie et ne se dissimule point les soup-
çons de partialité auxquels l'expose la i>art très active qu'il a prise
aux ailaires de son temps. Son Jlhtoire est surtout composée de
Clxxxvi FRANÇOIS>XAVIER OARNEAC,
cat général Hamel, pour avoir donné une consultation au
gouverneur dans une affaire d'élection ; c'était l'empri-
Bonnenient do MM. Tracey et Duvornay, décn'té par le
conseil législatif, qu'ils avaient violemment attaqué, l'un
dans le Vindicator, l'autre dans la Minerve; c'était enfin
l'élection du (juartier est de Montréal, la sanfîlante affaire
du 21 mai 18^i2, qui brouilR-rent tout à fait M. Papineau
avec le gouverneur. A cela s'ajouta le choléra aniatique
qui, cette même année, fit en Camida de-s m -lus
grands que dans aucun autre pays. On le- ;i à
l'imprévoyance des autorités impériales, qui avaient laissé
s'embarquer une émigration considérable dans les con-
ditions les plus dangereuses pour la santé publique.
Lord Aylmer avait donné à ses protestations de bon
vouloir une forme sentjmentale, qui, selon M. Christie, fai-
sait également sourire et ceux qu'il voulait concilier et
leurs adversaires, les anciens bureaucrates. Il termina le
discours qu'il prononça à l'ouverture de la seconde session
du parlement (1831) en assurant les deux chambres que,
chaque matin, il se demandait ce qu'il allait faire ce jour-là
pour le bonheur de la province. Lorsque la chambre lui
porta une requête au roi dans laquelle elle avait formulé
une (juantité de griefs, il demanda avec anxiété si l'on
avait bien tout dit, et il implora les députés de faire con-
naître toute la vérité, afin que l'Angleterre pût embrasser
d'un coup d'oeil toute l'étendue des maux dont souffrait
la colonie.
documents, c'est ce que les Anglais appellent a floctimerifnrij kiutory.
Il paraît avoir eu à cœur de reproduire des extraits des journaux
de l'un et de l'autre parti. On voit facilement, cependant, dans quel
plateau de la balance il a mis ceux qui paraissent avoir le pltia
de poids.
M. Christie, après l'union des Canadas, a siégé comme représen-
tant du comté de Gaspé; il a retrouvé dans la nouvelle législature
son ancien adversaire, M. Papineau, et, ce qui fait honneur à l'un et
à l'autre, ils se sont franchement réconciliés, >L Christie a même
revu l'hospitalité du célèbre tribun à son château de Montebello, sur
l'Ottawa. Peut-être ont-ils causé gaiement de leurs anciennes luttes,
se rai)pelant le fameux vers de Virgile: Forsan et hsec olim meminisse
juvabit.
8A VIE ET SES ŒUVRES. clxxxviî
"A ces sentiments exprimés avec tant de naïveté et
de chaleur, dit M. Garneau, on ne peut s'empêcher de
reconnaître la bonne foi de lord Aylmer, car il est im-
possible d'attribuer un pareil langage à l'hypocrisie."
Notre historien blâme la chambre d'avoir repoussé les
propositions de lord Goderich au sujet de la liste civile,
propositions (f^i accordaient presque tout ce que Ton
avait demandé. Jamais, dit-il, la chambre ne commit une
plus grande faute.
Plusieurs circonstances peuvent expliquer cette atti-
tude de la majorité parlementaire. Le peuple était las
de toutes les oscillations, de toutes les promesses du pou-
voir; certaines concessions qu'il avait obtenues lui fai-
saient sentir sa force ; une nouvelle génération d'hommes
politiques plus remuants et plus ambitieux s'était formée ;
déjà elle accusait de lenteur et de timidité ceux qui
avaient dirigé jusque-là le mouvement populaire. De
plus, la Révolution de 1830 avait eu ici son écho; elle
avait exalté les jeunes têtes, car, à toutes les époques, nous
avons un peu senti et nous ressentons encore l'influence
des événements qui se passent dans notre ancienne m^re
patrie ; soit dans un sens, soit dans un autre, il se forme
parmi nous des courants d'opinions qui n'ont aucune autre
raison d'être.
Les députés des townships de l'Est avaient aussi changé
de tactique et inclinaient vers la majorité; un d'eux, M.
Peck, jeune avocat de grands talents, s'était prononcé
dans ce sens; enfin le Haut-Canada s'agitait et les réfor-
mistes paraissaient supporter avec impatience le joug de
leur oligarchie, qu'ils désignaient sous le nom de Family
Compact. Toutes ces circonstances enhardissaient nos in-
transigeants. *
* Je me souviens encore de l'émotion produite par l'emprisonne-
ment de MM. Tracey et Duvernay. Dans les discoure qui furent
prononcés dans \a chambre, il fut question de la révolution de 1830
et des fameuses ordonnance» contre la presse. Plusieurs jeunes gens
ix)rtèrent des cocardes tricolores, A la suite d'une grande assemblée
populaire, à Québec, une procession parcourut les rues, chantaut
clxXXViii FRANÇOIS-XAVIER OARMEAU,
En vain ajouta- t-on huit Canadien»- Français au conseil
l^'-gifilatif, en vain fit-on M. Philipix* Panet d'ahonl, puis
M. iMondelet, fonHcillers ex^jcutif», en les chargeant Hucces-
sivement de représenter le gouvernement dauH VtMmnMée
dont ils étaient nicnibres. La chambre, <|ui avait bien
accueilli la nomination de M. Panet, déclara le «itge de
M. Mondelet vacant. Kn vain le procurcur||pénéraI Htuart
et le juge Kerr furent-ils destituén par le gouvernement
impérial ; la discorde semblait H'accroître en proi)ortion
des efforts qui se faisaient pour calmer les esprits. 1^8
Anglais de Montréal avaient fait agiter dans le Haut-Canada
la question de l'annexion de l'île de Montréal à cette pro-
vince, tandis que les électeurs de M. Christie demandaient
l'annexion de la (Jaspésie au Nouveau-Hrunswick ; ces
menaces de démembrement irritèrent la chambre «ans
trop l'alarmer.
De son côté, elle avait vou- une adresse au parlement
impérial demandant de rendre le conseil législatif électif;
et le conseil avait riposté par une contre-adresse dans
laquelle il accusait la chambre " de jeter de l'inquiétude
dans l'esprit des habitants d'origine anglaise, d'arrêter
leurs progrès, d'interrompre le cours de l'éniigration, de
briser les liens qui attachaient la colonie à la métropole,
d'amener un conflit avec le Haut-Canada, et de vouloir
inonder le pays de sang, car le Haut-Canada ne laisserait
pas s'établir une république française entre lui et l'Océan."
Lord Goderich administra une réprimande paternelle
au conseil pour l'emploi de certaines expressions "qui
paraissent attribuer aux sujets qui ne sont point d'origine
la }far.<icUlaif<e et la Parigienne ; on alla les chanter aus^si sous les
fenêtres de la prison et sous celles du juge en chef Sewell, pnésident
du conseil législatif, qui fut, dit-on, très effrayé par cette démons-
tration. Le juge en chef occupait la maison qui a été depuis l'hôtel
du gouvernement, près de l'esplanade. Parmi les jeunes gens qui
faisaient partie de cette procession se trouvaient sir Xarcis.se
Belleau, qui ne se doutait guère qu'il serait installé, plus tard, dans
cet édifice comme lieutenant-gouverneur, MM. Winter et Roy, dont
il a été question plus haut, et M^I. Gauthier et Bossé, qui tous les
quatre ont été juges depuis.
SA VIE ET SES ŒUVRES. clxxxix
britannique des desseins que ne comporte pas la fidélité
qu'ils doivent au souverain. Sa Majesté, ajoutait la dé-
pêche, aime à croire que tous ses sujets obéissent à sa loi
de bon gré et avec plaisir. Elle étendra sa protection à
toutes les classes indistinctement; et le conseil législatif
peut être convaincu que Sa Majesté veillera à ce qu'elles
jouissent des droits et des libertés constitutionnelles
qu'elles possèdent par leur participation aux institutions
britanniques."
M. Ciarneau a raison de dire que lord Goderich était
très favorable aux Canadien8-Fran(;ais, ce dont il a pu
juger lui-même lorsqu'il était secrétaire de M. Viger à
Londres, comme on l'a vu plus haut. Malheureusement,
cet homme d'Etat dut quitter le pouvoir* il fut remplacé
par M. Stanley, qui se montra aussi cassant, aussi arbi-
traire, aussi impérieux que son prédécesseur avait été
sage, bienveillant et conciliant. Si des hommes comme
M. Viger et lurd Goderich étaient faits pour s'entendre, M.
Stanley et M. Papineau étaient au contraire fatalement
désignés pour une lutte h outrance.
La session qui s'ouvrit le 7 janvier 1834, et qui était la
quatrième depuis l'arrivée de lord Aylmer, sera à jamais
célèbre dans nos fastes parlementaires.
Ce fut pendant cette session que furent votées les quatre-
vingt-douze résolutions. Rédigées par ^L Morin sous la direc-
tion de M. Paj)ineau, elles furent proposées par M. Elzéar
Bedard,* fils du célèbre Pierre Bedard et frère de M. Isi-
dore Bedard dont il a été plusieurs fois question dans
ces pages. .
C'était un long réquisitoire, une interminable kyrielle
de tous les griefs imaginables ; cette fois lord Aylmer n'eut
pas à demander si c'était bien tout.
Si ce factum manquait de concision, il ne manquait ni
* M. Elzéar Btxlard fut le premier maire de Québec depuis» la con-
quête et M. Jacques Viger le premier maire de Montréal. Les deux
villes venaient d'être dotées du régime municipal à l'époque dont il
est question. Dans le conseil de guerre tenu pour la capitulation en
1759 paraît le nom d'un maire M. Daine. Il y avait longtemps,
remarque M. Garneau, (ju'il n'avait été question de ce fonctionnaire.
CXC FRANÇOIS-XAVIER OARNKAIJ,
de hardiesse ni de véhémence; il fournissait de copieux
aliments aux passions de la foule. I^es quatre-rinyt'dn/uu,
comme on len a\q)o\&\t, devinrent une sorte d'évangile
populaire. On était j)our, ou l'on était contre, mais on ne
sortait pas de là. Et, de fait, il était ditficile d'en sortir,
car tout ou à peu prt^s tout s'y trouvait.
La réi)on8e de M. Stanley ^ la retjuéte que la chambre
avait transmise au sujet de l'introduction du principe
électif dans la formation du conseil législatif, était hau-
taine et sarcastique. Dans les débats qui eurent lieu sur
les (luatre-rirtf/t-dovze résolutions, M. Papineau crut devoir
répliquer par un langage \>eu mesuré ^ l'adresse du mi-
nistre des colonies. Ces débats furent l'occasion d'une pre-
mii'^re scission importante dans le parti national. MM.
Neilson, Cuvillier. Duval et Quesnel votèrent avec la mi-
norité. Ce dernier prononça un discours remarquable.
Le parti se sentait plus indépendant de M. Neilson par
la fondation :\ Québec, en 18.31, d'un nouveau journal
français, auquel M. Etienne Parent, son rédacteur, avait
donné le titre de celui qui avait été autrefois supprimé
par Craig, le Canadien, avec cette épigraphe devenue de-
puis notre devise nationale, " Nos institutions, notre
LANGUE ET NOS LOIS." *
La Minci-re et le Vindicator, publiés à Montréal, ce der-
nier surtout, soutenaient avec une très grande violence les
opinions de M. Papineau.
Dans le public, la scission fut plus grave encore que
dans la chambre. Les classes les plus élevées de la société
qui avaient fourni jusque-là un appoint considérable à
l'opposition, virent avec terreur un mouvement qui pre-
nait des allures révolutionnaires. L'éloge des Etats-Unis,
le projet de former une convention nationale pour amen-
der la constitution, le rejet de toutes les propositions de
lord Goderich, les menaces que l'on faisait à l'Angleterre
* Voyez plus haut, de page xxvi à xxx, l'opinion exprimée par M.
Garneau dans son Histoire, comparée à celle qu'il partageait lui-
même dans le temps, d'après les écrits publiés dans la Gazette de
Québec par U71 ami du statu quo.
8A VIE ET SES ŒUVRES. CXCl
dans un temps où elle était à l'apogée de sa puissance et
en paix avec le monde entier, tout cela naturellement
donnait raison à M. Neilson.
Le clergé, déjà froissé par l'attitude de M. Papineau
dans la question du fameux bUl des fafiriques, ne vit pas
non plus d'un bon œil les tendances radicales de la ma-
jorité.
Les deux points que la chambre avait mis le plus en
lumière dans son manifeste étaient la nécessité de rendre
le conseil législatif électif, et celle de remédier à la distri-
bution injuste et inégale du patronage de la couronne.
Tandis (jue les Canadiens- Français étaient au nombre de
525,00(J sur une population totale de (>(X),0()0, il n'y avait
que quarante-sept fonctionnaires de cette origine sur un
total de deux cent quatre; et encore occupaient-ils en gé-
néral les charges les moins importantes et les moins rému-
nératives.
Lord Durham, dans son rapport, admit l'iniquité de cet
état de choses, et il en fit la critique au point de vue des
intérêts métropolitains. L'Angleterre, trouvait-il, aurait pu
en suivant une politique toute différente se concilier une
partie au moins de la classe instruite d'origine française.
Mais le moyen de le faire? Dès qu'un Canadien-Français
acceptait une situation, il perdait de suite toute influence
par la raison toute simple qu'il avait une place, maiis point
de pouvoir, comme le dit plus tard M. La Fontaine. Le
remède était donc ailleurs. De même l'abolition du conseil
législatif ou sa transformation en une seconde chambre
élective auraient toujours laissé les choses au même état.
Avec le conseil électif, il y aurait eu deux chambres im-
puissantes au lieu d'une en face d'un gouvernement hos-
tile et irresponsable.
Faut-il faire un crime à nos hommes politiques de n'avoir
point dirigé leurs efforts vers la concession de la responsa-
bilité ministérielle ? L'Angleterre ne songeait nullement à
établir ce système dans ses colonies, et il n'est guère pro-
bable qu'elle eût voulu commencer par une province où
ses nationaux étaient en minorité. Les colonies elles-
mêmes rêvaient à peine un tel avenir.
CXCn FRANÇOIS- XAVIER OARNEAU,
/
Ce fut un trait de g^'^nie chez M. Pierre Bedard d'en avoir
exprimé In pennCe dès les premières années du régime
conHtitutionnel, et lord (ïodorich fit preuve d'un esprit
supérieur en lîiissant entrevoir dans une de ses dépêche»
au gouverneur de Torreneuve que l'exécutif devrait être
représenté dans la chambre populaire. Il ewt vrai qu'il
parlait en même tenjp« de supprimer le conseil législatif.
Mais en supposant que cette question eût été agitée à
cette époque, — et je ne prétends point dire qu'elle n'aurait
pas dû l'être de préférence si celle d'une seconde chambre
élective — en supposant (pie cela eût été fait, il est trc» pro-
bable que l'Angleterre se fût trouvée «lans un dilemme
semblable i\ celui qui la tint si longtemps indécise lorsqu'il
s'agissait de nous accorder le gouvernement repré.«entatif :
créer des distinctions de caste, ce que lord Durham dé-
clara plus tard être odieux, ou laisser ses nationaux soumis
à l'ascendant d'une majorité que l'on croyait beaucoup
plus hostile qu'elle ne l'était en réalité.
Le choix de M. Panet comme conseiller exécutif, repré-
sentant le gouvernement dans la chambre, était un ache-
minement vers la responsabilité ministérielle, et, quelque
convenance qu'il y eût à placer sur le banc des juges cet
homme intègre et distingué, sa nomination fut regrettable
en ce que son successeur, M. Mondelet, ne possédait pas au
même degré la confiance publique et que la chambre trop
impatiente manqua par là l'occasion d'introduire graduel-
lement le véritable gouvernement constitutionnel.
Quoi qu'il en soit, les auteurs des (juatre- vingt- douze
s'étaient acharnés à l'idée d'un conseil électif; ils repous-
saient même toutes les propositions que l'on avait faites
ou que l'on pourrait faire pour améliorer le personnel du
conseil en faisant résigner les fonctionnaires publics, en
nommant à leur place des hommes indépendants par leur
fortune, et en donnant satisfaction à l'opinion publique
dans le choix des nouveaux conseillers. On avait de pluis
le tort d'exiger cette réforme au nom des idées démocra-
tiques et républicaines et de distinguer entre les deux
tendances politiques, qui, disait-on, "se montrent sous
diflérents noms dans les différents pays: sous les noms
SA VIE ET SES ŒUVRES. CXClll
de serviles, royalistes, torys, conservateurs et autres d'une
part ; sous ceux de libéraux, constitutionnels, républi-
cains, whigs, réformateurs, radicaux et autres d'autre
part, " et de se déclarer ouvertement pour ces derniers.
Autant les cinq ou six premières résolutions étaient bien
inspirées en rappelant ce que les descendants des anciens
colons avaient fait pour conserver le pays à la Grande-
Bretagne, en faisant voir leur appréciation des bienfaits
delà constitution britannique; autant la trente-septième et
quelques autres étaient malheureuses en montrant des
tendances révolutionnaires, un penchant vers la républi-
que voisine, et en froissant l'un des deux grands partis
qui dirigeaient les affaires en Angleterre, parti qui,
somme toute, s'était montré aussi bien disposé, quelque-
fois mieux disposé envers les colonies (pu* in' l'étnicnt les
whigs.
La session dans laquelle avaient été adoplte» les nuaire-
rinyt-doazc fut, à tous autres égards, peu fructueuse. Les
plus grands intérêts, celui de l'instruction publique entre
autres, languissaient; la chambre adoptait des projets de
loi que le conseil rejetait, et le gouverneur et la chambre
se trouvaient acculés chacun de leur côté dans une im-
passe; le gouverneur ne voulait pas payer les dépenses du
parlement tant que la chambre n'aurait point pourvu à la
liste civile, et la chambre ne voulait voter de subsides
qu'aux conditions qu'elle avait toujours exigées, celles
d'un contrôle absolu sur les dépenses du gouvernement, y
compris les traitements des fonctionnaires. Les dernières
résolutions allaient à mettre lord Aylmer en accusation
(^iuipeachment) . Celui-ci, voyant que la situation était sans
autre issue, prorogea le parlement.
La plus grande effervescence régna dans le pays. Il y
eut, d'un côté, l'agitation faite par les partisans de la ma-
jorité, d'un autre côté les assemblées de l'association cons-
titutionnelle, à la tête de laquelle se trouvèrent, à Québec
M. Neilson, à Montréal M, Walker. Cependant un peu d'a-
paisement eut lieu, parce que ^L Roebuck, ainsi que M.
Viger et M, Morin — qui était allés à Londres porter la
requête basée sur les quatre-vingt-dauze — écrivirent que M.
CXCIV FRANÇOI»-XAVIER OABlfZAU,
Spring Rice, successeur de M. Btanley, paraissait mieux
disposé que son prédécesseur.
8ur ces entrefaites eurent lieu les élections générales: il
y eut des scènes de violence à Montréal et à Korel. Ceux
qui avaient voté contre les (imUre^vinyi-dnnie re8t«';rcnt sur
le carreau, M. Neilson entre autres. I^s cantons de l'Est
soutenaient M. Papineau ; M. Mackenzie, son allié dans
le Haut-Canada, paraissait aup.si puissant que lui, et, en
Angleterre, O'Connell, Hume, Roebuck et plusieurs autres
prenaient la défense de notre chambre d'assemblée. Tout
concourait A, la pousser dans la voie où elle était entrée.
La première session fut, cependant, l'occasion d'un nou-
veau schisme. Un bon nombre des députés de la région
de Québec trouvaient que l'on donnait prise à la faction
oligarchiiiue, et qu'en se refusant à toute espèce de com-
promis, en suspendant entièrement le cours des affaires,
on agissait imprudemment. M. Bedard, le père des (/iiatrù-
vingt-douze résolutions, parut être le chef de ces nouveaux
dissidents, que M. Papineau accabla de toutes les foudres
de son éloquence.
Un ministère tory, dans l'intervalle, avait remplacé le
ministère whig; lord Aberdeen avait succédé à M. Spring
Rice. Une dépêche absurde du nouveau ministre vint
donner raison à M. Papineau. Lord Aberdeen offrait, pour
le désaveu de la loi sur l'instruction publique, des motifs
tirés du fanatisme le plus étroit. La chambre s'obstinait
toujours à refuser les subsides, et lord Aylmer à refuser
les deniers nécessaires aux dépenses du parlement. Nou-
velle prorogation et continuation de l'imbroglio politique !
Lord Glenelg, qui bientôt remplaça lord Aberdeen, ne
vit pour sortir de cette impasse d'autre moyen que de
rappeler lord Aylmer et de nommer une commission dont
le nouveau gouverneur général devait être le président.
Des débats très animés sur nos affaires avaient eu lieu à
plusieurs reprises dans la chambre des communes et daim
la chambre des lords, et, dans un de ces débats, M. Spring
Rice avait blâmé assez justement M. Hume d'entretenir
de fausses espérances et de dangereuses illusions chez nos
patriotes. " Il ne convient point, dit-il, à un homme qui
SA VIE ET SES ŒUVRES. CXCV
parle sans danger dans l'enceinte des communes, de donner
des conseils qui peuvent causer tant de mal à l'Angleterre et
au Canada. Si l'on a recours aux armes, j'espère que les
lois puniront tous ceux qui auront pris part à la conspi-
ration."
Lord Gosford, gouverneur général et premier commis-
saire, sir Charles Grey et sir CJeorge Gipps, les deux autres
membres de la commission chargée de s'enquérir des griefs
et de l'état des choses dans la province du Bas-Canada,
arrivèrent à Québec le 23 août 1885.
Lord Aylmer ne partit qu'un mois après. Il devait s'es-
timer d'autant plus malheureux dans son administration,
qu'il ne paraissait avoir contenté ni l'un ni l'autre des partis
qui se divisaient la province, et que, tandis qu'on approu-
vait sa conduite en Angleterre, on lui retirait son gouver-
nement au moment où la chambre d'assemblée le mettait
en accusation. Dans les derniers temps il s'était rallié aux
idées de Ryland et s'était occupé assez sérieusement des
moyens de noyer la population française dans les flots de
l'émigration britannique. Lord Cîosford, qui ne fut pas
plus heureux que lui, se montra plus magnanime et fit
preuve d'une intelligence bien supérieure en défendant
plus tard les droits des Canadiens-Français dans la chambre
des lords. *
* Le mauvais génie qui avait renversé tous les projets de concilia-
tion de lord Ayliner ne fit j>as les choses à moitié. Un incendie dé-
truisit, lo 23 janvier 1834, le château Saint-Louis ; Aylmer fut le der-
nier occui)ant de cette antique et célèbre résidence vice-royale.
Ce gouverneur, coniuic lord Dalhouhie, s'occupa de la mémoire
de Wolfe et de Montcalm. Il tit ériger une colonne tronquée, sur
les Plabus d' Abraham, à l'endroit où périt le premier de ces héros, et
il y fit mettre cette simple et belle inscription :
HKHB DIBD
WOLFB
VICTORlOUa
Il fit aussi placer dans l'église des Ursaliiies une plaque de marbre
avec cotte autre inscription :
CXCVl FRANÇOIS-XAVIER OARNEAU,
J'ai signalé plus haut le moment préci» où notre auteur
entrait dans ce qui était pour lui l'hintoire contemporaine;
A mesure que l'on s'avance i\ travers les événements jugés
autrefois par lui au jour le jour et «l'un <iil moins impar-
tial, on a la conscience d'un certain embarras qu'il éprouve
et qu'il nous fait partager.
Il est bien évident, aujourd'hui par exemple, que lord
Gosford avait les meilleures intentions; il est rnéme tr^i
possible qu'il eftt ])\i parvenir à faire modifier les instruc-
tions données il In commission, Klles ne lui laissaient pas
assez de latitude, et, sur les points les plus importants,
heurtaient de front les prétentions auxquelles la chambre
tenait le plus. Dès que ces instructions furent connues, on
trouva, entre la conduite de lord (losford et les vues du
gouvernement anglais, une contradiction qui pouvait faire
croire à un double jeu, voire à une grande duplicité.
M. Garneau, qui ne peut s'empêcher de regretter l'in-
succès des tentatives de lord (Josford et ne saurait blAmer
en principe ceux qui étaient disposés à s'entendre avec
lui, s'en prend cependant aux auteurs du second schisme,
à ceux à qui l'on donna le nom de petite famille. Selon lui,
l'esprit de coterie et le peu de désintéressement qu'ils
montrèrent, en leur ôtant tout prestige, empêchèrent leurs
idées de triompher. A ce point de vue, l'acceptation d'une
charge de juge par M. Bedard, lui paraît surtout regret-
table. *
Dès son arrivée, lord Gosford, homme charmant et plein
de bonhomie, qui, dans toute sa tenue, rappelait plutôt,
nOSNElR
A
MOXTCALM !
LE DESTIN EX LUI DÉROBANT
LA VICTOIRE
l'a RÉCOMPENSÉ PAB )
UNE MORT GLORIEVSE.
* Ces réflexions sont bien plus .sévères dans la première édition ;
elles ont été modifiées dans les éditions suivantes.
SA VIE ET SES ŒUVRES. CXCVll
sauf lu difl'érence d'Age, sir Francis Burton, qu'aucun autre
de ses prédécesseurs, lord Gosford se montra rempli de
prévenances pour les Canadiens-Français. Il avait une
pointe de gaieté irlandaise, qui s'accommodait bien de la
gaieté canadienne. A cette occasion, M. Garneau soulève
un peu le rideau de la grande histoire qui recouvre la
simple clironi(iue, chose qu'il fait peut-être trop rarement.*
Lord Gosford s'adressa naturellement à ceux qui
avaient déjà montré quelques dispositions conciliantes, à
M. Bedard, à M. Caron, au parti de Québec en un mot.
Cela ne manqua point d'élargir la brèche qui existait déjà
entre les deux districts. Il y eut aux Trois- Rivières une
réunion des membres de l'opposition, ce que l'on apjjelle-
rait aujourd'hui un caucus. Les députés de la région de
Québec y brillèrent par leur absence. A Montréal, on les
soupçonna d'être acquis au pouvoir.
Les chambres s'ouvrirent le 27 octobre. Lord Gosford,
par une attention délicate, répondit d'abord en français,
puis en anglais à l'adresse de l'assemblée. Il n'en fallait
pas plus pour exciter la fureur des francophobes de Mont-
réal.
De plus, le gouverneur mit une certaine bonne grâce
à accorder à la chambre l'argent qu'elle demandait pour
ses propres dépenses, et comme elle avait déclaré vouloir
payer sur cette somme la rémunération de ses agents à
* M. Garneau mentionne une fête de la Sainte-C'atherine (25 no-
vembre) et parle des attentions que le nouveau gouverneur eut pour
les dames i-anadionnes. Cela ptuit sembler puéril, mais il faut se
reiiorter à l'épotiue et songer à la distanre tjui séparait l'oligarchie
anglaise et une partie de la vieille noblesse franvaise des classes
professionnelles, de la bourgeoisie, qui, plus instruites, plus indépen-
dantes, sui)portaient avec impatience les dédains de la caste offi-
cielle. I^s bals jouèrent alors un certain rôle. On lit dans une cor-
resjKtndance de la Minenv, citée par Bibaud, dans son troisième
volume : " Nos bureaucrates sont bien mécontents de lord Gosford.
11 imraît qu'il n'est resté que trois quarts d'heure au bal donné au
seigneur de Balrath (lord Aylmer)." Cette gaieté à l'approche des
lugubres événements de 1837, fait penser atu- violons qui, selon M.
de Bonnoohose, préludèrent an terrible drame de 1759.
N
CXCVlll PHANÇOIS-XAVIER OAKXEAI',
I^ondres et les frais faits par <1oh (•omit<''8 de rorrosiMni
dance organisas à sa demande en diverse» partie» du pay-,
chose» en effet i>eu régulières, le mécontentement des
bureau rrnf CM ne connut plus de homes.
VoilA donc un changement à vue: Tassociation consti
tutionnelle prend feu, et, tandis que les rebelle», ceux d<
(Juéhcc du moins, deviennent des loyaux, les loi/aux de
Montréal deviennent des rebdles. Ils déclarent la patrie en
danger, et, malgré lord (îosford, forment un corps de cara-
hiniers. Le gouverneur est ohligé de recourir à une pn>-
clamation pour dissoudre cette organisation illégale. Les
gens qui sont plus royalistes que le roi font quelquefois
de terrihles révolutionnaires, ce qui fut mieux prouvé plus
tard sous lord Elgin. Cette fausse situation ne dura pas
longtemps.
Dans la première des trois dernières et fatales sessions
du parlement, la chambre se divisait en plusieurs groupes
distincts: la majorité, toujours rlirigée par le même chef;
la petite bande des vieux tories, que Ton avait autrefois
spirituellement appelée ropposiiien loyale de Sa Majesté;
enfin la nouvelle minorité, prise surtout dans la députation
de la région de Québec. Les schismatiques de 1834 avaient
presque tous disparu aux élections, les uns, comme M.
Quesnel, n'ayant pas voulu braver l'ostraci-sme, les autres
ayant succombé dans la lutte. Les nouveaux dissidents,
qui avaient contribué à la défaite des anciens, se trouvaient
maintenant à leur place, exposés aux mêmes censures.
Autour de M. Papineau se groupaient: M. Morin, plus
remarquable encore comme écrivain que comme orateur;
M. La Fontaine, alors très intransigeant et poursuivant de
ses sarcasmes les membres de la nouvelle minorité; M.
Rodier, orateur élégant, ayant dans toute sa personne quel-
que chose de chevaleresque ; M. Girouard, homme d'une
science profonde, mais qui prenait rarement la parole; le
docteur O'Callaghan, plein de verve irlandaise et d'audace
révolutionnaire dans la chambre comme dans son journal;
le docteur Côte, coryphée des plus violents, qui apostasia
plus tard par rancune contre le clergé; enfin M. Ovide
Perrault, jeune homme de grande espérance, qui paya
PA VIE ET SES ŒUVRES. CXCIX
bravement de sa personne et fut tué à Saint- Denis.* A ces
Canadiens d'origine française et à d'autres d'une valeur
incontestable, comme MM. Berthelot, Cherrier, Meilleur,
L.-M. Viger, se joignaient un certain nombre d'Anglais, à
la tête desquels figuraient les frères Nelson (Robert et
Wolfred), qui jouèrent un si grand rôle dans les insurrec-
tions, MM. Leslie, DeWitt, W. Scott et plusieurs représen-
tants des townships. Dans le vote le plus important sur
les subsides, les noms anglais furent divisés également.
Le groupe des nouveaux dissidents était dirigé par
M. Bedard, qui fut bientôt nommé juge, MM. Vanfelson,
Caron, Huot et Sabrevois de Bleury.
A la tête de la petite bande des tories se trouvait,
depuis la disparition de M, Andrew Stuart, M. Ougy, ora-
teur élégant, i^arlant facilement les deux langues, mais
d'une excentricité qui ne pouvait convenir à un chef de
parti. Lorsque Andrew Stuart revint en chambre par suite
de la résignation de M. Caron, il y eut rivalité entre ces
deux hommes ; l'un était bien supérieur à l'autre, mais ni
l'un ni l'autre ne possédaient les qualités requises pour la
direction d'un parti, et, de fait, ils ne commandaient qu'A
une bien petite phalange. A côté d'eux se faisait remar-
quer par son bon sens et sa modération M. Clapham, qui
prenait assez souvent la parole.
Les deux groupes formaient une minorité sans cohésion
et bien faible pour résister à l'élan de la majorité et A
l'éloquence de M. Papineau, qui grondait toujours comme
un tonnerre et éclatait tout à coup sur quelqu'un de ceux
qui osaient lui tenir tête.
Lord Gosford avait demandé d'un ton presque suppliant
le vote des subsides, tant pour l'arriéré que pour l'année
courante. 'M. Morin projwsa d'accorder les subsides de
six mois, tout en déclarant que la chambre ne le faisait
que pour donner au gouvernement le temps de réfléchir, et
qu'elle ne voterait pas d'autres sommes tant que toutes ses
demandes, y compris celle d'un conseil léo'i^latif électif.
n'auraient pas été accordées.
* M. Bourdagé.s, le doyon des patriotes, ^-tait mort en 1833.
ce Fl{AN<,OI.H-XAVIKR «iAU.NKAl,
Alors, M. VaiilV'lHon fit on ainendeinent une pr' i >
conforme A In demande du gouverneur. DaiiH un
peu académique, mais avec beaucoup de tact et d'habileté,
il exposa longuement et couriigMi * la situation nou-
velle (jue la nomination d'une ion royale et le»
promesses de lord Gouford faisaient à la chambre. M.
Caron, qui apj)uya sa projiosition, fut nussitAt de la part
de M. I*aj)ineau l'objet d'une verte réprimande.
La proposition de M. Vanfelson ayant (ié rejet^-e par
un vote «le quarante contre vingt-sept, il devint évident
que la chambre se refusait A tout c(mipromis.
Les patriotes de Quobec s'assemblèrent, censurèrent
leurs représentants et firent une ovation •' ^î TVipineau.
M. Caron remit son mandat. *
La session fut peu fructueuse; le conseil rejeta plusieurs
des mesures adoptées par l'assemblée, y conjpris le hill de»
subsides, parce qu'il n'était iK)int conforme A la demande
faite par le gouvernement, et lord (losford, en prorogeant
les chambres, dut exprimer le regret d'avoir échoué dans
ses tentatives de conciliation, ajoutant qu'il ne ee hasarde-
rait pas à prédire les conséciuences qui devaient en résulter.
L'insut'cès de lord CJosford était venu surtout de la pu-
blication que le gouverneur du Haut-Canada avait faite
d'une partie des instructions données à la commission.
Lord Glenelg crut qu'avec la connaissance des instructions
complètes et avec les explications que le gouverneur pour-
rait donner, l'on en viendrait peut-être à un arrangement.
Lord Gosford convoqua donc le parlement de nouveau
pour le 22 septembre 1836 ; cette session n'eut pas de
meilleurs résultats que celle qui s'était terminée le 21 mars.
Les conséquences furent, d'un côté, les fameuses résolu-
tions de lord John Russell, qui disposaient des deniers de la
province sans l'autorisation de sa législature, et, d'un autre
côté, une agitation comme il ne s'en était encorejamais vu.
* ]M. Caron fut nommé {leii de temps après conseiller législatif; il a
fait partie de plu.sieurs administrations sous le régime île T Union, a
été juge de la cour d'appel et est mort lieutenant-gouverneur de la
pro\ance de Québec.
SA VIE ET SES ŒUVRES. CCI
On décida de tarir les sources du revfpu des douanes en
ne se servant que d'objets de manufacture canadienne, et
en faisant la contrebande sur une large échelle. M. Papi-
neau visita plusieurs comtés de la région de Montréal, et
vint aussi dans le district de Québec.
Ici la tâche de l'historien, de difficile qu'elle était, devient
pénible, navrante même.
11 décrit d'abord avec une douleur évidente l'isolement
dans lequel se trouvaient nos patriotes, car leurs espéran-
ces dans l'appui des autras colonies s'évanouissaient l'une
après l'autre.
' " A cette époque, dit-il, leur perspective était la plus
triste qu'on puisse imaginer. Eux qui s'étaient bercés un
instant de l'espoir d'avoir de nombreux alliés, ils venaient
de les perdre presque tous à la fois. Sir Francis Bond Head
était sorti triomphant de la lutte à Toronto. Il avait
dissous la dernière chambre, et était parvenu, à force d'a-
dresse et d'intrigues, à faire élire une majorité de tories
dans la nouvelle. Sûr d'elle maintenant, il avait aussitôt
convoqué la législature, et l'assemblée avait bifle des
procès-verbaux de la dernière session les résolutions du
Bas-Canada que M. Papineau avait envoyées à son prési-
dent. En môme temps, Head lui avait communiqué les
dépêches du- bureau colonial (pii approuvaient sa con-
duite. La politique de Downing-Street était de briser la
dangereuse alliance qui avait paru s'établir entre le Haut
et le Bas-Canada, et de menacer le Bas-Canada, où le
danger était plus grand ; elle avait donc bien réussi. Le
Nouveau-Brunswick avait aussi accepté les propositions de
l'Angleterre, et la Nouvelle-Ecosse, qui avait d'abord été
plus ferme, venait de révoquer certaines résolutions qu'elle
avait adoptées contre l'administration coloniale. De sorte
que la commission, qui achevait ses travaux, était autorisée
par toutes ces défections A conseiller aux ministres de
traiter sans ménagement la seule chambre qui fût restée
inébranlable."
M. Mackenzie, dans sa lutte contre sir Francis Bond
Head, avait réclamé avec énergie la responsabilité minis-
térielle. Il faut voir avec quel étonnement le gouverneur
CCll FRANÇOIS-XAVIER OARMKAU,
accueillit cette pro^^Bition. Dan» 8a réponse à une adretM
qui lui fut pr^Hcntée, il s'exprime cf)niine suit :
" Le colonel Siincoe, dit-il, en dcclarunt que la constita*
tien dont il était porteur était la vraie traduction de la
constitution britannique, n'a pu par 1;\ en changer Tews^nce.
Le colonel ►Sinicoe, qui sans doute était autorisé à définir
la nature de cette constitution, n'a pas créé le minùUre
ilimt vous parlez: et jamais il n'exista do minist<'re dans la
colonie, si ce n'est le gouverneur lui-même, qui cf-t le mi-
nistre responsable de la couronne." *
Cependant, tandis <]ue les cho-' nul dans la pro-
vince du Has-Canada ce sinistre :i millaume IV dis-
paraissait, et la fille de ce prince Edouard qui avait été
présent à. l'inauguration de notre constitution, montait sur
le trône à l'Age de dix-huit ans.
Lord John RusscU qui, soit dit à sa louange, n'avait
proposé qu'avec répugnance ses fameuses résolutions, crut
que la circonstance était favorable à un arrangement, ou
du moins qu'elle lui offrait un honnête prétexte pour faire
une dernière tentative de conciliation.
Voici comment il s'exprima dans la chambre des com-
munes :
" Quant aux résolutions qui ont rapport au Canada, bien
qu'elles aient été approuvées par une forte majorité dans
cette chambre et qu'elles aient passé unanimement dans la
chambre des lords, il me répugne cependant, au commen-
cement d'un nouveau règne (applaudissements), de propo-
ser même une seule mesure qui ait un caractère sévère et
coercitif (^harsh and roercitive), malgré la nécessité qui
paraît s'imposer (applaudissements). Il faudra probable-
ment passer quelque jour un bill basé sur ces résolutions;
mais il n'est pas absolument nécessaire de le faire dès cette
session (applaudissements). J'espère que la chambre d'as-
* Voir Bibaud, 3' volume, p. 345. Voir aussi dans le 4' volume
de Christie, p. 329, les singulières observations de lord Glenelg au
sujet de la demande faite par la chambre d'assemblée du Bas-Canada
d'un gouvernement populaire. Le ministre croit ou feint de croire
que l'on avait déjà sous ce rapport tout ce que l'on pouvait désirer.
SA VIE ET SES ŒUVRES. CCIU
semblée du Bas-Canada, en réfléchissant sur la portée des
résolutions passées par les deux chambres du parlement,
verra que ses demandes sont incompatibles avec les rap-
ports qui doivent exister entre la colonie et la mère patrie.
En même temps, je désire qu'il soit bien compris quïl
n'est fait aucune concession dans le sens des changements
organiques que l'on demande, et j'espère que la chambre
du Bas-Canada sera animée d'autres sentiments à sa pro-
chaine réunion." * C'était donc un simple ajournement,
une trêve : on pe voulait faire aucune réforme organique.
Il est assez piquant de songer que ce fut lord John
Russell, qui après l'insurrection et l'union des Canadas, fit
lui-même le plus grand changement constitutionnel et ap-
porta le véritable remède aux maux dont s'étaient plaintes
les deux provinces lorsqu'elles étaient séparées, en com-
mençant rétablissement du système de responsabilité
ministérielle, f Mais il est vrai qu'alors on n'avait i»lus à
craindre l'ascendant de la population catholique et d'ori-
gine française.
Lord CJosford, qui, de son côté, ne demandait pas mieux
que de rétablir l'harmonie, — hélas ! on en était loin, et plus
qu'un autre il devait le sentir, — lord Gosford s'empressa de
convoquer le parlement })«>ur le 18 août.
Les représentants y vinrent en grand nombre ; ceux de
Montréal, vêtus, en tout ou en i)artie, d'étoffe du pays,
afin de donner une preuve évidente de la sincérité de
leurs déclarations à ce sujet.
A la session précédente, la chamltre avait adopté, par
58 voix contre (5, une adresse dans laquelle elle réitérait la
mention des nombreux griefs dont elle s'était déjà plainte,
particulièrement du monopole octroyé à la compagnie des
terrée, de la constitution vicieuse du conseil législatif,
* Chiistie, 4'' volume, p. 372.
t Voyez la dt'i»(?c'ho de lord John Russell du 16 wtobre 1839, citée
en partie par M. Turcotte dans son ouvratre /< Cauiula sous rVnlon,
vol. 1, p. 30. Voir aussi une autre dépêche citée par Christie, en date
du 8 du même mois, où ce ministre combat le systèuie de la respon-
sabilité executive. On hésitait, mais on finit par céder.
CCIV FRANÇOlS-XAVieil OAKNKAU,
refuHait de reconnaître la conimiBHion royale que pr^'-sidait
lord (Josford, tout on lui adressant à lui-nit^mo ixîrHonneMe-
ment les plus grands éloges, et déclarait qu'elle ajourne-
rait HCH délih^jrutions juHqu'A ce qu'elle eflt obtenu juKtice.
Plusieurs de ceux qui avaient voté contre M. Papincausur
la question des subsides, avaient voté en faveur do cette
adresse ou s'étaient abstenus. En répondant, lord Gosford
avait dit :
" La décision que vous avez prise de ne jamais reprendre
vos fonctions sous la pré.sente constitution, prive virtuelle-
ment le pays d'une législature locale, et le met dans une
situation des plus embarrassantes jusqu'à ce que l'autorité
suprême do l'Empire y ait pourvu."
Hien cpie la crise se fût envenimée à ce point que lord
Gosford s'était cru obligé, au moment de la réunion des
chambres, de destituer M. Pa pineau comme major de
milice, la circonstance était tellement critique, rap|>el que
faisait le gouverneur A la conciliation était tellement pres-
sant, qu'il se fit une nouvelle réaction et qu'après de
longs débats, portant sur deux séries de résolutions pro-
posées, Tune par M. Taschereau, l'autre par M. Morin, cette
dernière qui repoussait tout compromis, ne fut adoptée
que par une assez faible majorité: 46 contre 31.
Toutefois le sort en était jeté. Lord Gosford prorogea
encore le parlement, aprcs avoir déclaré à la chambre que
sa décision était " Panéantissement virtuel de la constitu-
tion."
L'agitation devint plus intense que jamais et conduisit
à ce que Pon a appelé la rébellion du Bas-Canada.
i\L Garneau raconte brièvement, mais non sans émotion,
les débuts de la première insurrection : les grandes assem-
blées politiques qui avaient un caractère si menaçant, sur-
tout celle des six comtés à Saint - Charles ; la grande
démonstration en sens contraire qui eut lieu à Québec et
à laquelle beaucoup de notables d'origine française prirent
part ; le mandement de Mgr Lartigue, dont les lugubres
avertissements retentissent à travers tous ces événements
comme un glas funèbre ; la bagarre entre le Doric Club et
les Fils de la liberté à Montréal, laquelle servit de prétexte
SA VIE ET SES ŒDVRES. CCV
aux mandats d'amener, qui eux-mêmes furent la cause
des conflits ; l'aff'aire de Longueuil, où une petite bande
de Canadiens enlevèrent à une escorte de cavalerie ses
prisonniers; l'affaire de Saint- Denis, où les troupes an-
glaises, sous la conduite du général Gore, reçurent un
échec si humiliant.
Mais déjà la fortune abandonne les patriotes et leur fait
payer cher leurs trompeuses victoires. Le colonel Wetherall
s'empare de Saint -Charles et y disperse les insurgés, le
général Colborne lui-même marche avec des forces impo-
sautcs contre les rebelles du Nord ; il prend Saint-Eus-
tache, malgré l'héroïque résistance du Dr Chénier et d'une
poignée de braves, qui paient de leur vie leur incroyable
obstination ; une autre troupe d'insurgés, parmi lescjuels
se trouvaient des citoyens américains, est défaite à Moore's-
Corner, près de la frontière ; puis viennent la destruction
de Saint-Benoît et celle de Saint- Denis, vengeances cruelles
et lâches que l'histoire ne saurait jamais assez flétrir.
Cette petite guerre ne manque pas de ressemblance
avec les soulèvements de la Vendée : * bandes de paysans
rôdant la nuit plus ou moins armés; combats entre des
troupes régulières, des volontaires bien équipés et con-
duits par la haine et la vengeance, d'un côté, et, de l'autre,
des gens sans aucune discipline, réunis au son du tocsin ;
maisons et églises servant de forteresses; fusillades au
coin des bois ou derrière les clôtures des champs; obsti-
nation poussée quelquefois jusqu'à l'héroïsme, confiance
aveugle dans le succès d'une lutte dont le dénouement
était fatalement prévu ; des femmes et des enfants chas-
sés brutalement de leurs demeures, errant dans les champs
et les bois; tout cela forme un tableau saisissant que les
lueurs de nombreux incendies éclairent lugubrement.
Ajoutez- y de navrants épisodes, comme la mort du
lieutenant Weir, jeune officier anglais arrêté comme espion
* Le mot deChénier à Saint-Eui^tacheeût été digne de Cathelinoau.
" Beaucoup n'avaient pas d'armes, dit M. Garneau, ils s'en plaigni-
rent à Chénier, qui leur réjxtndit froidement : " Soyez tranijuilles, il
y en aura de tués parmi nous, vous prendrez leurs fusils."
CCVl FRANÇOIS-XAVIER OARITIAD,
et massncr^ par les insurg^'^H, au moment où il cherchait k
s'échapper; Texécution sommaire «le Chartrand par d'au-
tres insurgés; le sui6i(ïe de (îirod, aventurier suisse de
naissance, qui n'eut pas le courage de combattre et eut
celui de se tuer ; et vous aurez une idée des émotions que
durent éprouver les contemporaiiis de ces événements.
A la suite de ces désastres la situation générale fut dé-
solante pour les Canadiens- Français : tous les chefs morts,
emprisonnés ou réfugiés à l'étranger; la loi martiale pro-
clamée, puis la constitution suHi»endue. un conseil spécial
établi; tel fut le bilan d'une insurrection (pji n'avait duré
que quelques mois et ne s'était étendue que sur une {xstite
partie du j>ays.
Le conseil rendit bientôt une ordonnance qui suspendait
ou prétendait suspendre la loi de Vhaheao corpus, ce )>alla-
dium des libertés anglaises ; les ])risons se remplirent de
patriotes })lu8 ou moins compromis, et dont quebjues-uns
ne l'étaient réellement que par leur patriotisnje même. A
côté du Dr Wolfred Nelson et de M. Bouchette, qui avaient
bravement combattu l'un î\ Saint-Denis, l'autre à Moore's-
Corner, se trouvaient des hommes qui avaient fait tout en
leur pouvoir i>our pacifier les esprits. La vengeance se mêle
toujours à la répression des désordres publics, et la i)eur,
aussi mauvaise conseillère que la vengeance, fournit son
contingent aux listes de proscriptions que l'on (Irr-ssc dans
les guerres civiles.
Lord Gosford partit de Québec le 20 février ISJ^i. imiué-
diatement après l'affaire de Saint-Denis, M>L La Fontaine
et Leslie étaient allés le prier de convoquer les chambres ;
craignant que cette tentative n'eût le sort de toutes les
autres, le gouverneur n'en fit rien. Déjà le 14 novembre,
il avait écrit à lord Glenelg pour lui demander sonTappel ;
il lui disait, entre autres cho-ses, que si le gouvernement
se décidait à des mesures de rigueur, le ministre préfé-
rerait peut-être en confier l'exécution à quelqu'un qui
n'aurait pas été identifié avec une politique douce et con-
ciliante. *
* " It naturally occursto me that if it should be determined to take
a strong course of proceedings, you might feel desirous to intrust the
SA VIE ET SES ŒUVRES. CCVU
M. La Fontaine, qui partit pour l'Europe avant lord
Gosford et se rendit tout droit à Londres — ce qui fut bien
jugé quoiqu'on apparence très audacieux — put entendre les
débats qui eurent lieu dans la chambre des lords sur le
bill suspendant la constitution. Le discours de lord
Broughani fut remarquable par sa hardiesse: " On blâme
avec véhc-nience les Canadiens; mais quel est le pays, le
peuple qui leur a donné l'exemple de l'insurrection? Vous
vous récriez contre leur rébellion, quoique vous ayez pris
leur argent sans leur agrément et anéanti les droits que
vous vous faisiez un mérite de leur avoir accordés
exécution of yoiir i)lanK to liands not plwlfietl as mine are, to a niild
and conciliatory lino of ix)licy." (Christle, vol. ô, p. ^50).
Lord vioslbrd viKita Boston, Philadelpliie et Washin}rton avant
de s'embarquer. Il mVtait rest^' clans l'esprit, d'après mes conversa-
tions avec M. Papiut^au, que celui-ci avait rencontre ou failli rencon-
trer lord Gosford aux Ktats-Unis. Mes réminisc'enceK, un i^eu vagues,
86 trouvent fix<?e8 i>ar une lettre que je reçois d'un membre de sa
famille. " M. Papineau, y est-il dit, resta quelques semaines à Albany
chez un ami dévoué, l'honorable James Porter; à Philadel{)hie chez
un ami de collège, le Dr Nancrède, d'origine française ; il visita Wash-
ington, etc. Pour la gént'ralitc des personnes qu'il rencontrait, il était
M. Lewis, voyageur étranger. A Philadelphie, il allait souvent à la fa-
meuse bibliothèque fondée par Franklin. Le bibliothécaire, homme
distingué, qui était dans le secret, lui dit un jour: "Ah ! M. Pa pineau,
si vous étiez entré il y a cinq minutes, vous vous seriez trouvé face à
face avec lord Gosfonl qui sort d'ici. Je l'ai fait j»arler un jjeu du
Canada et de vous. 11 m'a dit que, s'il avait suivi vos conseils, il n'y
aurait pas eu de rébellion."
Ces paroles paraisst^nt être confirmées par une lettre écrite j^lus
tard à un ami, probablement à M. Daly, et dont une copie s'est trouvée
dans les pajnors de l'hon. D.-B. Papineau. — Lord Gosford y dit entre
autres choses : " I am very glad that Mr. Papineau has returned to
Canada and enjoys such good health. I do not think there wa«
nuich, if any, différence as to our (jtiuntl ciVir* as regards Canada.
He dwelt on some joints which I had not the power to grant ;
thougb in some instances, I would gladly bave done so. I call to
mind with much satisfaction the conversations I hâve had with
Mr. Papineau, in which I heard sentiments and opinions from him
which reflected the highest crédit on his heart and head. If you
should see him, please présent to him my best compliments and
kind remembrance, if you think they will bo acceptable to him."
CCVlii KRAN(;OI»-XAVIEB OAKNBAU,
Vous dites: Toute lu dispute vient de ce que nous avonii
pris vin^t inillo livrcM Hans le conHeiiton • ' repr/'-
sentants! N'ingt mille livres sans leur ■ il! Kh
bien, ce fut pour vingt shillings qu'ilampden réëista, et il
acquit par sa résistance un nom immortel, pour lequel
les l'iantagenets et les Guelfes auraient donn»' tout le
sang qui coulait dans leurs veines! "
En mcme temps que Ton passait le hill, on annonr.ait la
nomination d'un gouverneur gênerai, haut commissaire,
(]ui ne devait ôtre autre que le comte de Durham, gendre
de lord (irey, homme ambitieux et arrogant, qui ne
manquait pas de talents, mais qui en toute circonstance
s'imposait à son beau-père et à son i>arti et que ses enne-
mis plutôt que ses amis aimaient ù voir chargé d'une mis-
sion aussi difficile, espérant bien qu'il y échouerait, comme
cela ne manqua point d'arriver.
M. CJarneau ne tait «jue mentionner, en passant, l'insur-
rection haut-canadienne, qui cependant eût mérité plus
de détails. Rien qu'elle ait été suj)primée promptement
par sir Francis Bond Head à l'aide do« Ilaut-C.iii.irlicji-
seulement, elle fait voir que
Iliacos intrà iiiuros peccatur et extra. *
Il y eut des exécutions dans le Haut-Canada, tandis
qu'à la suite de la première insurrection on n'osa point
faire de procès politiques dans le Bas-Canada. Lord Durham
se trouva donc, à son arrivée, en face d'une situation très
difficile. Le pays étant pacifié, du moins en apparence, il
ne pouvait proclamer la loi martiale. Des procès," dans le
cours ordinaire des choses, se seraient peut-être terminés
par des acquittements. S'il en eût été autrement, il aurait
eu à inaugurer son règne par des exécutions. D'un autre
côté, une amnistie générale et sans exception eût fait jeter
les hauts cris à la population d'origine britannique.
Il eut bientôt pris son parti. Il obtint d'un certain
nombre de prisonniers parmi les plus compromis une
* Voir la Vie de W.-L. Mackenzie, par son gendre, M. Lindsay. 2
volumes in-8.
SA VIE ET SES ŒUVRES. CCIX
déclaration par laquelle, tout en protestant des motifs pa-
triotiques qui les avaient animés, ils admettaient avoir
pris les armes, et afin d'éviter un procès et d'obtenir Tam-
nistie pour les autres accusés, ils se mettaient à la dis-
position du gouverneur général. Là-dessus, le nouveau
conseil spécial nommé par lord Durham et composé de
njilitaires et de fonctionnaires presque tous étrangers au
pays, passa une ordonnance et le gouverneur publia une
proclamation d'amnistie, de laquelle étaient exclus MM.
Wolfred Nelson, Bouchette et les six autres signataires de
cette déclaration, qui devaient être déportés aux Bermudes,
MM. Papineau, Cartier, O'Callaghan, Duvernay et quinze
autres réfugiés aux Etats-Unis, et de plus les prisonniers
accusés du meurtre de Weir ou de celui deChartrand.
Dans la colonie, on parut approuver cette ordonnance,
qui était illégale à plusieurs égards. L'on tenait compte
des motifs d'humanité et de haute politique qui l'avaient
inspirée. Il n'en fut pas de même en Angleterre. Lord
Brougham attaqua la mesure dans la chambre des lords,
et les ministres consentirent îl un hill d'iiukinnité, ce qui
était une censure évidente de la conduite du lord haut
commi.ssaire. Celui-ci donna sa démission et partit pour
Londres.
Notre historien fait un portrait peu flatté de ce person-
nage; il peint son luxe, son orgueil et la pompe dont il
s'était entouré, et fait ressortir le contraste entre l'éclat .de
sa position vice-royale et quasi omnipotente et le rude
échec qu'il reçut par le désaveu de son ordonnance, au
mouient même où, comme Napoléon I'' tenant une cour
de rois, il était entouré à Québec des gouverneurs et des
délégués des autres provinces qu'il avait appelés auprès
de lui pour discuter ses projets d'union fédérale.
M. Garneau épargne encore moins les gens de la suite
de lord Durham. Il nous représente ses attachés comme
jouant le rôle le plus odieux auprès de nos hommes
publics, dont ils avaient essayé de surprendre la bonne
foi. Quelques-uns de ses satellites étaient, en eifet, des
honmies tarés dont le choix fut vivement blûmé dans le par-
lement anglais et fut à peine défendu par les ministres.
CCX FRANÇOlH-XAVIKFt fiARNEAlT,
Dans une longue proclamation, dan» de» harangues en
réponse aux noinhreunes adresKcs qui lui furent pr^sent^es
à son d^^part, lord Durham laissa voir toute l'ainertuine
de son d^îsappointeinent ; dans son rapjK)rt, (-trange do-
cument dont les conclusions sont loin de d^'couler des
pr<''inisHefl, il reconinianda une union f/'d/rale <le toute^ 1p«
provinces, A dt'faut de quoi une union législative du Haut
et du Bas-Canada, avec l'objet avoué de faire disparaître
la nationalité franco- canadienne. Il admet cei>endant
toutes les injustices qui nous ont été faites, il donne en
somme gain de cause aux prétentions de M. Pa pineau et
laisse voir clairement que les législatures coloniales ont
droit }\ la plénitude du gouvernement constitutionnel.
Seulement, jwur cela il faut qu'elles soient britanniques
de fait comme de nom. Pourquoi s'obstiner A rester Fran-
(^•ais, et encore des Français du «lix-septièn»e siècle, hostiles
A tout le progrès moderne !
M. Garneau paraît croire à une vaste conspiration contre
notre autonomie. Les ministres en Angleterre, la popu-
lation anglaise du Bas-Canada, le lord haut commissaire,
tous s'entendaient. La mission de lord Durham consis-
tait j\ nous immoler, et à nous faire consentir nous-
mêmes au sacrifice en captant d'abord notre bon vouloir.
C'était un procédé semblable A celui dont on s'était servi
A l'égard du Dr Nelson et des autres exilés. Si tel était le
cas, lord Durham dut être en effet bien désappointé: nos
hommes publics et la presse française se tinrent sur la ré-
serve ; et c'est précisément à ce désappointement que l'his-
torien attribue les paroles amères que le noble lord dé-
coche à notre adresse comme de véritables traits de Parthe.
Du reste, lord Durham avait pris sa tâche au sérieux; il
avait organisé des commissions sur l'instruction publique,
sur les terres de la couronne, etc. Son rapport est A bien
des égards un document remarquable. Mais ce n'étaient
point les enquêtes et les rapports qui manquaient. La
commission qu'avait présidée lord Gosford avait aussi fait
un rapport à mettre à la suite de tous ceux dont le Canada
avait été le sujet depuis la conquête. Sir Charles Grey
était tory, sir George Gibbs, whig et même un peu radical;
SA VIE ET SES ŒUVRES. CCXl
ils ne s'accordèrent pas très bien, et lord Gosford ne s'ac-
cordait ni avec l'un, ni avec l'autre. Il en vint sur quelques
points à des conclusions différentes de celles posées par
ses collègues.
Pour en revenir à lord Durham, quelque tort qu'il ait
pu avoir, on ne peut s'empêcher d'éprouver un serrement
de cœur en voyant une carrière qui promettait d'être si
brillante se briser si misérablement. Jeune encore, mais
avec une santé déjà altérée, il ne put supporter l'épreuve
qu'il eut à subir et mourut peu d'années après son retour
en Angleterre.
A peine avait-il quitté la province qu'une nouvelle
insurrection, qui avait plutôt le caractère d'une invasion,
éclata dans les comtés au nord du Saint- Laurent, dans la
région de Montréal. Les patriotes réfugiés aux Etats-Unis
s'y étaient fait des partisans et tous ensemble s'étaient
monté la tête au point de croire qu'ils allaient établir
une république canadienne, qui n'aurait point tardé à se
faire absorber par sa puissante voisine. La même chose se
passait du côté du Haut-Canada. Partout les envahisseurs
furent repoussésf, et bien loin de favoriser le mouvement,
le gouvernement américain chargea deux de ses généraux
de surveiller la frontière et d'arrêter les sympathiseurs,
comme on appelait ces flibustiers d'un nouveau genre.
M. CJarneau donne très peu de détails sur ces événe-
ments: il mentionne à peine l'affaire du moulin de Pres-
cott, l'attaque faite sur Windsor et sur Sandwich ; cepen-
dant la froide exécution militaire des prisonniers en ce
dernier endroit par l'ordre du colonel Prince, de même
que dans les événements de l'année précédente, le coup de
main audacieux du colonel MacNab, qui envoya un déta-
chement s'emparer au quai de Buffalo du steamboat la
Caroline, y mettre le feu et le lancer tout enflammé vers la
chute dQ Niagara où il fut englouti, auraient pu fournir à
notre historien le sujet de quelques-unes de ces rapides et
saisissantes descriptions dans lesquelles il excelle.
Sir John Colborne avait convoqué le conseil spécial,
proclamé de nouveau la loi martiale, puis promptement
réprimé l'insurrection ; et cela si facilement, dit M. Gar-
OCXll FRANf;OI»-XAVIEH fiAHNEAr,
iieau, qu'il n'eut <iu'à proujener lu torche do l'incendie;
sans plus d'égard pour l'innocent que \)0\it le coupable, il
ne laissa que des cendres sur 8t>n passage. Encore une foin
les prisons s'emplirent d'accusés et de sin;ples BUBi>ect«.
Ici se place un fait important et qui mérite d'Atre con-
signé à l'iionneur de notre magistrature. On ( ' '«'-
vant les tribunaux la légalité do l'ordonnance «ji . n-
dait Vhabeas corpus. Les juges Panet et Bedard, à Québec,
décidèrent «jue l'ord«»nnaMce était ultra rires, et ordonnèrent
au commandant de la garnisun de leur remettre un pri-
sonnier que Ton avait logé dans la citadelle ; mais natu-
rellement ils ne pouvaient en faire le si^^ge et ce fut Tin-
verse du dicton vcdnnt arma Uxja; «jui prévalut. Ias juge
Vallières aux Troi.s- Rivières rendit un arrêt dans le même
sens. Le gouverneur et son conseil trouvèrent tout simple
de suspendre de leurs fonctions les magistrats qui avaient
osé suivre la voie de leur conscience. Il est beau de voir
ces trois hommes «jui avaient joué un rôle si important
dans la législature du Bas-Canada, reparaître sur la scène
au moment de la suppression de la constitution et cou-
ronner leur carrière par un acte aussi honorable.
La mort de Weir et de Chartrand ne fut point vengée ;
ceux qui en étaient accusés furent acquittés par le jury.
Sir John Colborne, décidé i\ frapper un grand coup et à
porter la terreur dans la population, organisa une cour
martiale.
La pres.se dirigée par l'oligarchie avait parlé avec
une satisfaction à peine dissimulée des incendies qui
avaient ravagé toute une vaste région et dont les lueurs
furent visibles à Montréal ; elle demandait à grands cris
des exécutions. Lorsque les condamnations eurent lieu
malgré la défense éloquente et courageuse d'un jeune
avocat,* qui lit là ses débuts et devint bientôt célèbre, le
* Lewis Thomas Drummond, qui après avoir été ministre et juge,
vient de mourir à l'âge de 09 ans. Sa conduite généreuse et son élo-
quence l'avaient désigné à la faveur publique; élu au parlement en
1844, il fut longtemps un de nos hommes politiques les plus popu-
laires.
SA VIE ET SES ŒUVRES. CCXlll
Herald ne put contenir sa joie, et parla en termes atroces
de ce qui devait se passer.
Il y eut quatre-vingt-dix-neuf condamnés à mort, dont
cinquante-huit furent déportés en Australie et douze furent
exécutés.
" Les malheureux, dit M. Garneau, subirent leur sort
avec fermeté. On ne peut lire sans être ému les dernitres
lettres de l'un d'eux, M. de Lorimier, à sa femme, à ses
parents et à ses amis, lettres dans lesquelles il proteste
avec de tels accents de la sincérité de ses convictions."
Un rapide coup d'œil ^sur la carrière de quelques-uns de.s hommes
qui ont figuré à cette époque, coup d'œil que M. Garneau ne pouvait
pas donner lorsqu'il écrivit son ouvrage, ne sera peut-être pas sans
intérêt pour mes lecteurs.
Ce fut M. Aylwin, jusque-là l'un des coryphées les plus violents du
I)arti tory dans la jeunesse anglaise de Québec, qui se chargea de la
défense de Teed et souleva la question de l'illégalité de l'ordonnance
Bien lui en prit, car lui aussi devint un de nos hommes publics les plus
distingués. Avec Drummond il lutta vigoureusement,iïOUs La Fontainr
et Baldwin, contre le ministère réactionnaire formé jjar lord Met-
calfe; il fut deux fois ministre et mourut juge. Cest pout-<^tre le
debater le plus hardi et le plus habile que nous ayons eu.
Parmi les prisonniers politiques dont on ne fit jamais le procès, .se
trouvèrent, en 1837, M. Girouard, et en 1838, M. Denis-Benjamin
Vigor et M. La Fontaine. Le premier refusa plus tard d'être minis-
tre; les deux autres furent /)rc'»i(>r« ministrts ; M. La Fontaine mou-
rut ju^e en chef et baronnet. Il parait que leur emprisonnement
provenait d'une plaisanterie de >L La Fontaine dans une lettre
qu'il avait écrite à ^L Girouanl et qui fut trouvée chez ce dernier
par les volontaires. Il y était dit que M. Viger allait fournir de l'ar-
gent pour armer les bonnctn Ueua du Nord. M. Girouard, qui avait un
rare talent iK)ur le dessin, fit en prison le portrait de ses com-
pagnons de captivité et le sien. L'album qui les renferme est en la
possession do M. le juge Borthelot.
M. Veri-eau est l'heureux possesseur du journal intime tenu par
M. La Fontaine j)endant son voyage à Ixindres. Il a bien voulu me
le communiquer et j'en fais à la hâte quelques extraits.
^I. La Fontaine eut moins do chance à Montréal après la seconde
insurrection qu'il n'en avait eu à Londres après la première, et cela
sans avoir en plus de part à l'une qu'à l'autre.
A Londres, comme nous l'avons vu, il assista aux débats dans la
chambre des lords sur le bill qui suspendait la constitution de 1791-
o
CCXIV FRANÇOIS- XAVIER OARNEAU,
Les CvAiomentf de 1838 eurent ur>e influouce fi<'< i-i'.f
sur nos destinées; ils fournirent un excellent prù» xi»-
à ceux qui voulaient Tunion des deux f)rovince8. Il nous
^•tuit reHt^' de TinHurrection de 1H.'{7 un certain prestige, que
cette Heconde et absurde campagne dut beaucoup ainuin-
drir.
Lord John Ruspell prC-senta, dans le mois de juin 1839,
un projet de loi qui fut ajourné à la session suivante. Dans
l'intervalle, M. Poulett Thompson fut nommé gouverneur
géjiéral avec mission de faire adopter les projets de l'An-
II y vécut danB l'intimité* doa liommeH public*» los plu» éminent». Il
©ut dos conféren^oB avec lord Brongham, M. Roebuck, M. I>eader, M.
Kllig, onclu de lord Durham, et M. Artbur Baller, qui devait être un
des attachés de ce dernior. M. La Fi^ntaine paraiiisait bien augurer
du choix que l'on faisait do lord Durbam.
" Le jour de mon arrivée, dit-il, le bill imr le Cana^la nvait pansé
à sa troisième lecture dans la chambre de« commune». Il était trop
tard. Los ministre» étaient liés à le soutenir, et quoique lee torieo
l'eussent mutilé â plai.sir dans les communes, cependant dans cette
chambre ils avaient fini par y donner leur appui. Dans la chambre
dos lords, ils étaient assez disposés à donner au gouverneur le pou*
voir discrétionnaire de dissoudre et d'assembler après une élection
générale le parlement provincial. J'ai raison de croire que si je fusse
arrivé plus tôt à Londres, l'amendement proposé par lord Ellen-
borough aurait probablement été adopté. La dépêche de lord Gos-
ford, dans laquelle il rond compte de la demande qu'on lui fi, faite
de convoquer le parlement, a fait impression; mais lorsqu'elle fut
reçue, le bill était déjà à sa troisième lecture, et le duc de Wellington
et quelques autres étaient déjà engagés à l'appuyer. Cest' i-e qui a
fait garder le silence à lord Lyndhurst, qui n'est arrivé à la ville
qu'après la seconde lecture. Sans cela, a-t-ll dit, il s'y serait opposé.**
Pour en revenir aux hommes de 37 et 38, M. Louis-Michel Viger,
qui fut emprisonné deux fois, fut ausiii ministre. M. Taché, qui avait
pris une part active à l'agitation, fut premier ministre, chevalier et
aide de camp de la reine; M. Morin, qui avait été emprisonné à
Québec, fut orateur de la chambre, premier ministre et juge; mais
le cas le plus frappant d'une destinée difficile à prévoir à cette
époque, e.st bien celui de M. Cartier. Il fut au nombre des pros-
crits de 1837; une récompense fut offerte pour sa capture comme
pour celle de M. Papineau, du Dr Nel.son, etc. Plus tard, il de-
\int ministre, reçut l'hospitalité royale au château de Windsor,
fut fait baronnet et joua un des premiers rôles dans la confé-
8A VIE ET SES ŒDVRES. CCXV
gleterre aux deux provinces. Le Bas-Canada n'était repré-
senté que par le conseil spécial nommé par sir John Col-
borne; trois voix seulement, celles de MM. Cuthbert,
Neilson et Quesnel, s'opposèrent aux résolutions qui ap-
prouvaient l'acte dont les injustices sont exposées som-
mairement dans les premières pages de cette étude.
Le parlement du Haut-Canada accepta aussi lui le pro-
dération des provinces. Le Dr Robert Nelson, le Dr O'CalIaghan
et M. Bidwell, ancien orateur de la chambre d'assemblée du Haut-
Canada, furent pout-ôtre les seuls proscrits qui ne voulurent point
profiter do l'amnistie. Le Dr O'CalIaghan s'est fait une réputation
aux Etats-Unis par ses travaux historique* ; il n'est venu au Ca-
nada que très rarement depuis ; une fois, c'était pour assister à la
vente de la bibliothèque de fou sir L.-H. La Fontaine, où il fit de pré-
cieuses acquisitions tant pour lui-même que pour la bibliothèque
de la législature de l'Etat de New-York. Le Dr O'CalIaghan est mort
dernièrement, et sa riche collection de livres vient d'être mise en
vente (décembre 1882).
De tous les députés des deux législatures du Haut et du Bas-
Canada, avant l'union, deux sont encore debout, le Dr David Dun-
oombe, frère du Dr Charles Duncombe, qui fut envoyé à Londres avec
M. Baldwin et dut fuir aux Etats-Unis pendant les troubles, et M.
Cherrier, qui subit injustement un long emprisonnement eir 1837/
M. Duncombe est aujourtrhui, je crois, en Angleterre. M. Cherrier,
qui est le plus ancien des avocats de la province de Québec et
le doyen de la faculté de droit de l'université Laval à Montréal,
e.st âgé de 84 ans. Il a refusé d'être ministre et d'être juge en chef;
doué d'une excellente mémoire, aussi spirituel.que savant, il raconte
gaiement à ses amis les épreuves du temps passé.
Presque tous les hommes qui ont pris part aux événements de
1837, se sont rencontrés dans le nouveau parlement sous l'union : le
fameux colonel Prince avec le rebelle Mackenzie, M. Papineau avec
AL Gugy,sir Allan McNab avec le Dr Rolph,8ans compter ceux que
nous avons nommés plus haut. De nouvelles questions ont soulevé
de nouvelles tempêtes ; et, aujourd'hui que celles-ci sont apaisées
un vieillard à demi aveugle écrit ses mémoires et en appelle à la
pôstérit '', en termes spirituels et presque enjoués, du jugement peut-
être un peu sévère qui fut porté sur lui. Cet homme n'est autre que
M. Brown, le malheureux chef des insurgés de Saint-Charles.
Ceux qui voudront compléter cette courte esquisse, où se trouvent
nécessairement bien des lacunes, pourront lire avec profit les articles
de M. David, dans VOpinion publiqtu: et dans la Tribiinf, sur les
Hommes de 1837 et de 1838.
jet de riinion ; le ministère et son agent, caiiiani par «le»
ruses cliverf.e.s les tories et les r^'forniistes, jouèrent un
double jeu qui leur fut reproché dans les débat» en Angle-
terre.
?]nfin le projet ainsi adopté fut proposé à la chambre
des communes, où il rencontra relativement |>eu d'opposi-
tion. Il en fut autrement j\ la chambre de» lords. M.
Garneau donne, avec des éloges mérités, des extraits des
discours de lord Ellenborough, du duc de Wellington, de
lord Brougham et de lord Gosford. Ce dernier surtout, qui
est reproduit presque au long, est le meilleur plaidoyer qui
pouvait être fait en faveur des Canadiens- Français, On
ne lit pas sans émotion ces pages sincères et vraies, où,
tenant compte de tout ce que les Canadiens avaient fait
pour l'Angleterre, de toutes les injustices qui avaient été
commises à leur égard, lord Gosford réduit à sa juste va-
leur l'insurrection partielle à laquelle la très grande ma-
jorité de la population n'avait eu aucune part et dont on
voulait faire une cause de proscription. Mais tout cela
fut dit en pure perte, et l'union des deux Canadas, par une
proclamation datée du 5 février 1841, devint, le 10 du
même mois, un fait accompli.
Le pacte solennel, le covenant, pour me servir d'un mot
anglais que je soupçonne fort d'être un vieux mot français,
le covenant qui avait été fait entre le roi (Jeorge III et le
peuple canadien, et dont l'exécution s'était accomplie en
présence du père de la souveraine actuelle, fut brisé au
nom de cette dernière dans la quatrième année de son
règne. Il avait eu pour base la fidélité de nos aieux en
1775 ; il avait été scellé par le sang de nos pères dans la
guerre de 1812 : qui osera dire que les événements de 1837
et de 1838 justifiaient cette rigueur? qui osera dire que
la provocation n'avait pas été beaucoup plus grande que
l'offense? Le rapport de lord Durham lui-même est là pour
réfuter une telle prétention.
Ici se termine la grande tâche entreprise par M. Garneau.
Dans quelques courtes réflexions où l'on sent toute son
anxiété pour la conservation de la nationalité franco-cana-
dienne, il dévoile l'intrigue mercantile et les complots qui
SA VIE ET SES ŒUVRES. CCXVll
ont mis fin à l'ancienne constitution, il retrace ce que nos
pères ont fait pour conserver le précieux dépôt de nos ins-
titutions, de notre langue et de nos lois ; enfin il jette un
coup d'oeil sur l'état social, matériel et intellectuel de la
province du Bas-Canada au moment où elle allait dispa-
raître pour un temps, et se confondre avec la province
voisine, dans des conditions qui paraissaient si peu avan-
tageuses.
Il n'est point tout à fait rassuré sur le sort des descen-
dants de "ces courageux colons normands, bretons, tou-
rangeaux, poitevins, issus de cette forte race qui marchait
à la suite de CJuillaume le C'onquérant ; " il ne veut pas non
plus j)roclamer la ruine de cette branche d'une aussi noble
race. Il croit à sa sagesse, à sa persévérance, ji ses honnê-
tes convictions, il son courageux dévouement. Il la sait
parente de " cette Vendée normande, liretonne, angevine,
dont le monde à jamais respectera le dévouement sans
bornes pour les objets de ses sympathies, et dont l'admira-
ble courage a couvert de gloire le drapeau qu'elle avait
levé au milieu de la révolution française."
Et c'est pour cela qu'il ne désespère point; mais qu'avec
toute l'autorité que lui donne le grand travail qu'il vient
d'accomplir, il indique, en terminant, la voie à suivre et
couronne son œuvre par des conseils pleins de sagesse.
"Que les Canadiens, dit-il, soient fidèles A eux-mêmes ;
qu'ils soient sages et persévérants ; qu'ils ne se laissent
point séduire par le brillant des nouveautés sociales et po-
litiques ! Ils ne sont pas assez forts pour se donner carrière
sur ce point. C'est aux grands peuples à faire l'épreuve
des nouvelles théories; ils peuvent se donner toute liberté
dans leurs orbites spacieuses. Pour nous, une partie de
notre force vient de nos traditions : ne nous en éloignons
ou ne les changeons que graduellement. Nous trouverons
dans l'histoire de notre métropole, dans l'histoire de l'An-
gleterre elle-même, de bons exemples à suivre, yi l'An-
gleterre est grande aujourd'hui, elle a eu de terribles tem-
pêtes à essuyer, la conquête étrangère à maîtriser, des
guerres religieuses à éteindre et bien d'autres traverses.
Sans vouloir prétendre à si haute destinée, notre sagesse
CCXVin KRANÇOIS-XAVIËR OAKNKAU,
et notre ferme union adouciront beaucoup nos difficultés,
ot, en excitant leur intérêt, rendront notre cause plua
sainte aux yeux des nations."
M. Villemain, parlant des historiens anglais, cite un
passage du journal de Gibbon dan» lequel celui-ci raconte
ses imijressions au moment où il venait de terminer Kon
grand ouvrage sur l'histoire romain
" Ce fut, dit-il, le jour ou plutôt lu nuii dii 2( juin 1787,
entre onze heures et minuit, que j'écriviH Ich dernières
lignes de ma dernière page, dans un pavillon de mou
jardin. Après avoir posé ma plume, je fis quelques tours
dans une allée couverte d'où la vue domine sur les champs,
le lac et les montagnes (à Lausanne). L'air était doux, le
ciel serein; le disque argenté de la lune se réfléchissait
dans les eaux et toute la nature était' dans le silence. Je
ne dissimulerai point que j'avais une première émotion de
joie en ce moment qui me rendait ma liberté, et peut-être
allait établir ma réputation. Mais mon orgueil fut bientôt
abaissé, et une humble mélancolie s'empara de moi à
la pensée que je venais de prendre congé de l'ancien et
agréable compagnon de ma vie, et que, quelle que fût la
durée où parviendrait mon ouvrage, les jours de l'histo-
rien seraient désormais bien courts et bien précaires."
M. Villemain ajoute: " Dans cette mélancolie touchante
d'un homme qui vient d'achever l'ouvrage de trente ans
d'étude, qui espère un peu la gloire et qui songe à la briè-
veté de la vie, il y a quelque chose d'éloquent et même de
naïf que jamais Gibbon n'a surpasjé dans les endroits les
plus ornés et les plus brillants de son ouvrage."
A certains égards, la tâche de notre historien était sans
doute beaucoup plus modeste que celle de Gibbon. Sa
position non plus n'était point la même. Il n'était pas
membre du parlement anglais — où cependant Gibbon ne
prit jamais la parole — il n'avait pas comme lui la richesse
et les loisirs qui permettent de jouir de la vie en touriste
et en philosophe; ce fut peut-être au milieu des tracas-
series que lui valait sa charge de secrétaire du conseil
municipal de Québec que M. Garneau écrivit les pages
qui complétaient son ouvrage.
SA VIE ET SES ŒUVRES. CCXLX
Gibbon, qui avait raconté les derniers moments d'un
grand empire, ou, pour mieux dire, qui avait fait assister
ses lecteurs à l'agonie et à la mort de la vieille société
païenne, Gibbon pouvait dire adieu à son travail. Au con-
traire, le sujet que l'auteur canadien avait choisi était en-
core vivant ; il avait dit les commencements d'un monde
nouveau qui se développait Rêvant ses yeux; il suivait
encore avec amour et avec anxiété les phases de ce déve-
loppement. Cependant, comme l'historien anglais, il dut
se sentir ému en songeant qu'il ne vivrait plus autant
dans le passé, qu'il aurait mojns l'occasion de se réfugier
dans ses chères études pour échapper aux prosaïques réa-
lités de la vie.
J'aime à croire aussi que, le jour où il termina son œuvre,
il trouva quelques instants pour aller contempler le ma-
gnifique paysage qui s'étend sous les murs de Québec ;
je me le représente volontiers appuyé, rêveur, sur la balus-
trade de la terrasse qui remplace l'ancien château Saint-
Louis, trouvant plus de charme que jamais à ce spectacle
familier, mais toujours nouveau, et repassant dans son
esprit, avec une mélancolique satisfaction, les grands faits
de notre histoire, si bien racontés dans son livre, et dont
un si grand nombre se sont passés en face de ces belles
montagnes qui forment le fond du tableau et auxquelles
il avait, le premier, donné le nom de " Laurentides."
J'ai dit que le sujet traité par notre historien n'était pas
aussi vaste que celui de Gibbon; cependant il touchait
aussi à de bien grandes choses. La lutte entre les deux
premières puissances de l'Europe dans le monde entier,
la fin de la barbarie et la naissance de la civilisation chré-
tienne sur ce continent, l'établissement d'une nouvelle
républiiiue issue d'un empire qui paraît avoir remplacé
celui de Rome, et qui, pendant un temps au moins, semble
aussi avoir hérité de la politique des anciens maîtres du
monde, voilà qui justifie, je l'espère, un rapprochement
que quelques-uns de mes lecteurs seraient peut-être tentés
de trouver déplacé.
M. Villemain reproche à Gibbon d'avoir donné raison à
la force contre le droit, d'avoir été du côté des bourreaux
CCZX FRANÇOIS-XAVIER OARNIAU,
contre les martyrs, d'avoir trop admiré des proconsulfi
comme Pline, qui faisait conduire au nupplice les chr^'-ti' i
quoiqu'il les jugcût innf)cents, et un empereur cfji;.;
Trajan, approuvant cette barbarie et écrivant à l'iine
Voua avez tenu la marche (/u''il fallait tenir. Il trouve <|u'il
manquait des dons de TAme : la chaleur, l'enthousiasme, la
sensibilité, et, ce qui est pira encore, qu'il les d/'-daignait
au point qu'il n'eût peut-être pas été fûché de se le» voir
refuser.
8i l'élégant et judicieux critique avait lu VHiMoire
(la Canada, il n'aurait certainement pas été tenté d'adresser
les mêmes reproches à son auteur. Rien au contraire, il
aurait admiré chez lui l'imagination et le sentiment po4-
tiqfle, que M. Garneau possédait tellement que le passage
suivant du Cours de littérature semble avoir été écrit
pour lui.
" Ajoutons, dit M. Villemain, que l'imagination, qui s«-
compose à la fois de vivacité et de sensibilité, cette ima-
gination qui voit ce qui n'est pa.^^ devant ses yeux, qui est
touchée de ce qu'elle n'a pas .senti elle-même, est une
qualité nécessaire du gi-and historien ; et l'on i)eut dire en
ce sens qu'il a besoin d'être poète, non seulement pour être
éloquent, mais pour être vrai.'
M. Garneau, toujours préoccupé de la perfection à
laquelle il voulait atteindre dans le grand œuvre de sa
vie, ne laissa pas s'écouler beaucoup de temps sans se re-
mettre au travail. Il prépara avec le plus grand soin une
troisième édition, qui parut en 1859 et dans laquelle il fit
encore plus de changements et de corrections qu'il n'en
avait fait pour la seconde.
C'est de cette dernière que M. l'abbé Casgrain a dit:
" Il a donné une preuve éclatante de sa piété filiale
envers l'Eglise en soumettant cette édition de son His-
toire à un ecclésiastique compétent, et en faisant plein
droit aux observations qui lui avaient été suggérées. Dans
un pays profondément catholique comme le nôtre, on est
peu étonné d'une telle conduite; mais si un pareil fait se
produisait en France, par exemple, on n'aurait pas assez
d'éloges pour celui qui en serait l'auteur. Sachons, du
SA VIE ET SES ŒUVRES. CCXXl
moins, reconnaître ce qu'il renferme de généreux et de
consolant pour notre société."
Cette troisième édition était à peine publiée qu'avec une
patience et une persévérance étonnantes, il se mit à re-
chercher de tous côtés ce qui pourrait être ajouté à son
travail et à couvrir de notes et d'additions un exemplaire
de son ouvrage ; ce fut dans les dernières années de sa vie
sa principale occupation.
La quatrième édition, qui paraît aujourd'hui, est faite
sur cet exemplaire ainsi revu ; M. Alfred Garneau, avec
une touchante piété filiale, s'est contenté, pour sa part,
des corrections et des notes additionnelles qui lui ont
paru indis|»ensable8. Il a tenu à donner aussi intacts que
possible le dernier travail, les ultimn rerba de son père, et
par une modestie qui a peut-être ses inconvénients au
point de vue de la vérité historique en littérature — car la
littérature a aussi son histoire — il n'a distingué par aucun
signe particulier ce qui est de lui. et ce qui souvent lui a
coûté beaucoup d'étude et de recherches.
En bien des endroits la quatrième édition est supérieure
à toutes les autres. Elle contient d'abord, comme je viens
de le dire, des additions considérables faites par Fauteur,
et, pour ce qui est du style, M. Alfred Garneau a fait
disparaître les négligences qui avaient échappé, mê-
me dans son dernier travail, à l'œil scrutateur de son
père.
Pour ce qui est du fond, on fera bien de comparer la
conclusion et quelques autres passages de la présente édi-
tion avec la troisième. On verra que des considérations
très importantes, des citations assez étendues ont été
introduites dans le texte. Cela n'empêche pas que, pour
cette édition comme pour la seconde et la troisième,
je ne regrette, pour ma part, certains passages plus pitto-
resques, plus mouvementés qui se trouvent seulement
dans la première. Mais, d'un autre côté, l'unité du style,
la sobriété du langage, le ton calme et élevé qui convient
à l'histoire y ont gagné; c'est la poésie seule qui y a perdu,
et l'auteur était tellement doué sous ce rapport, qu'il en
reste encore açsez pour donner au récit ce cachet de vérité
CCXXll FRANÇOIS- XAVIER GABNBAC,
OU, pour mieux dire, d'intuition que M. Villemain apprécie
avec tant de juMlesse.
En tenant compte de la pr^-paration de la quatrième
édition, on peut dire que pendant un quart de Hiècle M.
Garneuu a travaillé ù l'histoire de «on pays, ('ette périod**
correspond à peu près à celle de la durée de la constitu
tion de 1841.
Les choses avaient bien changé pendant ce long espace
de terrpg. Les conséquences de l'union n'avaient pas été
aussi désastreuses que les Cm ^ ■ nt
redouté, — grâce surtout à la r : : ie
qu'ils surent faire et à l'habileté avec laquelle elle futdiri»
gée.
M. La Fontaine s'était emparé de la question de la res-
ponsabilité ministérielle; il avait formé avec M. Baldwm
une heureuse alliance, dans laquelle < ' ■ 'S
furent toujours lidèles l'un à l'autre. Aj. lU
pouvoir partir Charles Bagot, comme successeurs au mi-
nistère formé par lord Sydenham et qui s'était usé en peu
de temps, ils avaient dû se retirer devant les prétentions
de sir Charles Metcalfe au gouvernement personnel, pré-
tentions que M. Viger et M. Draper déguisèrent par des
subtilités qui, en fin de compte, donnèrent gain de cause
aux ministres démissionnaires, puisqu'on admettait le
principe pour lequel ceux-ci avaient sacrifié la posses-
sion du pouvoir. Ces événements étaient autant de triom-
phes pour la cause des Canadiens - Fran(;ais, autant de
preuves qu'ils allaient tirer parti du régime contre lequel
ils avaient bien fait de protester, mais qu'il leur était
impossible de renverser. Sous le ministère dont MM. La
Fontaine et Baldwin étaient les chefs, la question de la
liste civile avait été reprise, et une loi tendant à assurer
l'indépendance du parlement avait été passée. On donnait
ainsi raison à l'ancien parlement du Bas-Canada. Enfin M.
La Fontaine avait aussi obtenu de l'homme à la volonté de
fer. c'est ainsi que Ton désignait sir Charles — depuis lord
Metcalfe — un ordre de nolle prosequi dans les poursuites
intentées contre M. Papineau. Sous l'administration de
MM. Viger et Draper, les exilés en Australie furent rap-
SA VIE ET SES ŒUVRES. CCXXUl
pelés, et l'usage de la langue française dans tous les docu-
ments et délibérations du parlement fut rétabli.
Ce dernier ministère, malgré ces deux actes de justice,
croula sous le poids de son imi^opularité, et MM. Baldwin
et La Fontaine, appelés de nouveau, eurent à lutter contre
les lories du Haut-Canada, auxquels s'étaient adjoints, à
Montréal surtout, les débris de l'ancienne oligarchie franco-
phobe. On avait indemnisé ceux qui avaient soutiert par
la rébellion dans le Haut-Canada; M. La Fontaine voulut
en faire autant dans le Bas-Canada. On lui reprocha de
vouloir récomi)enser les rebelles, et bien qu'il consentît à
un amendement qui devait faire disparaître le doute à cet
égard, la fureur de la faction layalc ne connut plus de
bornes lorsque lord Elgin vint donner la sanction royale
au bill des indemnités. H y eut émeute, insultes au gouver-
neur général, incendie du parlement et de sa riche biblio-
thèque, et Montréal fut en proie plusieurs mois à des
hordes d'émeutiers ultra-royalistes. A la suite de ces événe-
ments, le parlement alla siéger alternativement à Québec
et à Toronto. Montréal, qui avait enlevé le titre île capitale
à Kingston, le perdit à son tour.
Mais bientôt le ministère, sorti sain et sauf de ces
orages, se trouva pris entre deux feux. Un parti de ra-
dicaux extrêmes s'étant formé dans le Haut-Canada, et
M. Papineau s'étant mis à la tête d'un parti semblable
dans le Bas-Canada, MM. La Fontaine et Baldwin eurent
à combattre, d'un côté, sir Allan McNab et ses amis, et de
l'autre, la nouvelle opposition radicale, plus forte et surtout
plus bruyante au dehors du parlement qu'au dedans.
Deux questions importantes se discutaient alors ; elles
avaient pour elles tout ce qui peut remuer la fibre po-
pulaire. C'était, dans le Haut-Canada, la question des
terres réservées pour la dotation du clergé angli(|an, dans
le Bas-Canada, celle de l'abolition du régime féodal. M.
Baldwin et M. LaFontaine voulaient bien les régler dans
le sens populaire, mais en indemnisant d'une manière
convenable les parties intéressées. Or, pour cela, il leur
fallait du temps, et les espérances du peuple une fois
excitées, n'admettent guère de délais ou de demi-mesures.
CCXXIV FRANÇOIS-XAVIER OARNEAU,
M. Balclwin, au premier vote adverse, ré«îgna;'M. La Fon-
taine, (juel(jue temps ai»rès, ho retira <le la vie pulilique-
A leur ministère succéda celui de MM. Hinckrt et Morin,
qui, par l'accession de MM. Rolph et Canieron, avait une
nuance plus avancée. Plus encore cependant que 1«
dents ministères, celui-ci fut en hutte aux atta'i
partis extrêmes. M. Cauchon rompit en visière à ses an*
ciens amis, et se pla<;ft à la tête d'une réaction ultra-con-
servatrice, contribuant ainsi A renverser Tadministration.
Le ministère, battu par ses adversaires coalisés, parce
qu'il nY'tait pas encore prêt à régler les deux importantes
questions <les rhcrvfn du clergé et des droits seigneuriaux,
en appela au peuple, La politi<jue des chemins de fer avait
été le sujet d'accusaticms <lont on tira un très prand parti
dans les élections. M. F^apineau fit comme son ancien lieu-
tenant et son récent a«lversaire, M. La Fontaine, il se retira
de la vie publique; mais un certain nombre de jeunes
gens de talent et d'idées politiques très avancées se firent
élire avec le prestige de son nom et débutèrent en
chambre sous la conduite de M. Dorion. Ils formèrent-
pour la partie bas-canadienne, une gauche radicale plus
nombreuse que l'opposition conservatrice, et ils s'allièrent
aux deux oppositions radicale et tory du Haut-Canada.
Le ministère fut battu de nouveau et résigna. Ce ne furent
point, ce{)endant, les radicaux qui profitèrent de la victoi-
re. Sir Allan MacNab, chef de l'opposition conservatrice,
s'allia avec M. Morin et forma un ministère qui prit le
nom de libéral-conservateur.
Cette alliance de la majorité des Canadiens-Français avec
les conservateurs du Haut-Canada fut un grand événement.
Les luttes que les libéraux haut-canadiens et les libéraux
du Bas-Canada avaient livrées pour obtenir le gouverne-
ment constitutionnel étaient déjà des choses du passé, et
comme une partie de nos alliés du Haut-Canada se retour-
naient contre notre nationalité, sous la puissante impulsion
que leur donnait M. Brown. député et journali.«t€, aussi
francophobe, aussi anti-catholique dans la chambre que
dans son journal, le pacte fait avec M. Baldwin se trouva
rompu.
SA VIE ET SES ŒUVRES. CCXXV
D'un autre côté, à dater de ce moment la phalange bas-
canadienne se trouva divisée en libéraux et en conserva-
teurs, ces derniers étant toujours de beaucoup les plus nom-
breux, et les autres, — à l'exception de l'élection de 1874,
sous la confédération — n'ayant jamais pu former qu'un
appoint à la majorité libérale du Haut-Canada, lorsqu'il
y en avait une. Cette modification importante dans l'atti-
tude des Canadiens-Françai.'î, cet esprit de division que
fomente la politique et qui est regrettable à tant d'égards,
offre cependant cette compensation: c'est qu'unis en pha-
lange compacte, les Canadiens-Français courraient risque
de coaliser contre eux tous les autres éléments, tandis que
chacun des deux grands partis qui se partagent également
les autres nationalités, doit compter avec l'élément fran-
çais qu'il s'est incorporé et ne saurait en réalité, malgré les
appels au fanatisme que certains journaux peuvent faire de
temps à autre, rien entreprendre de sérieux contre nos
intérêts sans perdre aussitôt 1. appui d'une section impor-
tante. Les orangistes d'un côté, les radicaux avancés de
l'autre, ont beau se servir dans le Haut-Canada du spectre
de la dmni nation française, le parti conservateur, qui a besoin
de la phalange des conservateurs bas-canadiens, et le parti
libéral, qui ne saurait lutter sans l'appui des libéraux du
Bas-Canada, sont l'un et l'autre empêchés de traduire en
action des menaces qui ne sont faites le plus souvent que
pour capter les suffrages au moment des élections.
A partir de la formation du ministère MacNab-Taché.
qui succéda au ministère MacNab-Morin, de fréquents
changements eurent \\eu soit dans les chefs, soit dans les
membres du gouvernement.
Bientôt cette nouvelle alliance se trouva avoir deux
chefs, qui représentèrent, au point de vue du parti con-
servateur libéral, les deux sections de la province; il y
eut une sorte de duumvirat comme celui de MM. Baldwin
et La Fontaine. M. Cartier et M. Macdonald — depuis sir
George Cartier et sir John Macdonald — furent tour à tour
chefs /de ministère et chefs d'opposition conjointement.
De grandes mesures furent adoptées, entre autres celles
des réserves du clergé et de la tenure seigneuriale ; de
CCXXNM FKANÇ0I8- XAVIER OARNEAU,
nouvelles lois sur l'instruction publique, un nouveau code
civil, enfin et surtout de nombreuses entrepriHes pour le
développement des ressources mati'rielles du paya figna-
lèrent cette période. Mais les dis^cnHiona au sein den
partis, la lutte f)Our les portefeuilles plutôt que f>our
les principes, amenf-rent une grande instabilité. De plu»,
la (juestion d'une nouvelle répartition de la représenta-
tion qui aurait détruit en faveur du Haut-Canada l'égalité
numérique, et menacé l'espace de dualisme politiqu<
existait alors, conduisit les deux partis à une imi^ . -
d'où ils songèrent à sortir au moyen d'une confédération
de toutes les provinces. Le projet favori do lord Durliînn
auquel celui de l'union législative n'avait été qu'un a< i»
minement, était donc à la veille de se réaliser au moment
de la mort de M. Cîarneau, en 1866.
Mes lecteurs savent déjà qu'il avait toujours regardé ce
projet comme encore plus dangereux pour notre nationa-
lité que celui qui avait été exécuté. Il devait donc avoir
les plus vives appréhensions. Dans tout le cours des évé-
nements que je viens de retracer si brièvement, il dut
éprouver des sentiments bien divers. Plein de respect
pour M. Viger, dont il avait été le secrétaire intime, il
dut regretter la fausse position dans laquelle cet homme
émineiit se trouva placé. D'un autre côté, de vives sym-
pathies le poussaient vers M. Papineau, et quoiqu'il ne
pût faire autrement que d'applaudir aux succès de ses
compatriotes sous la nouvelle constitutk)n, il lui restait
du souvenir des injustices qu'il avait si vivement repro-
chées au gouvernement anglais comme un arrière-goût
d'amertume. Ce sentiment le rendait injuste envers ceux
de nos anciens chefs qui se trouvaient appelés à faire fonc-
tionner la nouvelle constitution. Ceux-ci, cependant,
étaient-ils tenus de se condamner eux-mêmes et surtout de
condamner leurs compatriotes à l'inertie? ou devaient-ils
tenter quelque nouvelle entreprise révolutionnaire dans
laquelle ils eussent été infailliblement écrasés, en même
temps que notre condition eût été de beaucoup empirée?
Après avoir protesté contre l'union, après avoir obtenu
d'importantes réformes, après avoir fait disparaître les dis-
SA VIE ET SES ŒUVRES. CCXXVll
positions les plus injustes de la nouvelle constitution, que
restait-il à faire que de tirer le meilleur parti possible
d'une situation qui du reste a fini par nous donner gain
de cause ?
M. Garneau sentait cette nécessité; mais ses aspirations
à l'indépendance, ses rancunes patriotiques luttaient avec
sa raison, et quoique dans VHhloire du Canada il ait con-
damné moins absolument la conduite tenue par les chefs,
dans la relation de son Vayige en Angleterre et en France,
publiée en 1855 et que j'ai déjà citée au commencement
de ce travail, il s'est laissé aller à un blâme plus accentué,
et le livre se termine par des remarques bien sévères h
leur adresse.
Cette relation, écrite si longtemps après son voyage,
tire de cette circonstance un intérêt d'un genre tout
particulier. Elle a le charme do ces mémoires dans les-
quels d'illustres vieillards racontent les impressions de
leur jeunesse et font surgir de gracieux ou de terribles
fantômes dont les contours indécis ressemblent à ceux des
spectres de la Fata Morgana, estompés par la brume.
Une teinte de mélancolie très prononcée se répand sur
ce curieux récit. Elle tient^non seulement au caractère et
aux dispositions naturelles de l'auteur, mais encore à
l'état de son esprit au moment où il écrivait. Il se sentait
malade, fatigué et peut-être un peu négligé. Il comparait
sans jalou^iie, mais non pas sans une douleur secrète et
inavouée, sa situation avec celle de quelques hommes
qui lui étaient inférieurs. Ne voulant pas répudier cette
complète indépendance dont il se faisait gloire, il sentait
néanmoins qu'elle le conduisait à un isolement auquel
l'estime publique, chez nous assez froide dans ses dé-
monstrations à l'égard des vivants, ne formait pas une
compensation suffisante.
C'est, je crois, la première relation d'un voyage en Eu-
rope qui ait été publiée par un Canadien-Français. * L'ap-
préciation que l'auteur fait de la France et de l'Angleterre,
* L'intô ressaut jouMial de voya<re do Mjir Plessis, qui se trouve
dans les ardiives do l'archevêché à Québec, est encore iné<.lit.
CCXXVIU FRANÇOia-XAVIER OABNEAU,
les descriptions qu'il donne des villes, de» niomii,.. nU», den
paysage» sont di)ul»Ienient intérof^HanteM et par elIcx^ni^ineM
et par lu nouvcaut»- du fait; elle» sont coinplMernent
exemptes de banalité-, et l'on voit que tout cela avait éif
longtemps l'objet des r^^ves et des désir» du jeune voya-
geur, que les scènes qu'il décrit sont restées gravées dans
sa mémoire après y avoir fait une forte impression,
enfin, qu'il les y retrouve avec bonheur après bien des
années.
8i la France est pour lui l'objet d'un enthousiasme tout
naturel, il ne se montre pas non plus injuste envers cette
fière Albion à laquelle il avait voué toute autre chose qu'un
culte d'amour.
Certains passages sur la constitution politique de la
(irande-Bretagne, sur son état social, méritent d'être re-
produits.
" Après avoir étudié quelque temps, dit-il, la physiono-
mie physique de Londres, ses vues, ses monuments, son
commerce, je me mis à considérer la pojjulation et l'or-
ganisation sociale de cette grande nation. Une chose me
frappait sans cesse, c'était l'alliance de la liVjçrté et du
privilège, du républicanisme et de la royauté. Je cherchais
à comparer cette organisation avec l'organisation améri-
caine, c'est-à-dire avec celle des Etats-Unis, car l'organisa-
tion coloniale est une chose exceptionnelle, dont la durée
est, pour ainsi dire, fixée d'avance et dont le terme avance
avec le chifire de la population. Prenant les choses pour
ce qu'elles étaient dans le moment, je finis par me con-
vaincre que les deux pays avaient fondé leurs constitutions
sur des faits réels et non sur des théories imaginaire? et
que de là provenait la stabilité de l'une et de l'autre.
" Je voyais devant moi une royauté, une aristocratie et
une plèbe dont les fortes racines remontaient à l'origine de
la nation. L'aristocratie était puissante et considérée, le
peuple nombreux et soumis, le roi regardé comme essen-
tiel au maintien des boulevards qui servent de protection
à ces deux grandes et seules divisions de la nation.
" L'aristocratie, par ses souvenirs historiques et ses
richesses, exerce un empire immense sur les idées, ou
SA VIE ET SES ŒUVRES. CCXXIX
plutôt elle se considère et elle est presque considérée par
le peuple comme une puissance qui ne pourrait être ren-
versée que par le renversement de la nation elle-même.
Elle est d'ailleurs si sage et si éclairée qu'elle ne s'expose
jamais inutilement. Elle connaît la fragilité des choses
humaines, elle sait que tout passe avec le temps. Elle ne
s'oppose donc point aux progrès des choses et des idées.
Elle s'étudie seulement à y prendre part de manière à
faire rejaillir sur elle-même la plus grande partie de l'il-
lustration personnelle qui en résulte; elle vote, dans la
législature, pour les améliorations en toute chose, et ouvre
ses rangs avec habileté au guerrier, au savant, au mar-
chand heureux qui se distinguent, connaissant l'influence
profonde qu'exercent sur les masses la bravoure, le génie
et l'éclat moins noble, si l'on veut, mais non moins réel
de l'or. Elle renouvelle par là sa force et son prestige.
Enfin, en consentant à discuter dans le parlement toutes
les questions qu'on y traite avec les mandataires du peu-
ple, et en se soumettant comme lui lorsqu'elles ont été
adoptées par les deux parties et sanctionnées par l'arbitre
suprême, le roi, elle ne semble plus qu'exercer un droit
naturel. On oublie que c'est une petite classe d'hommes
qui a le privilège de balancer la volonté générale, et que
c'est le peuple lui-même qui entretient à la sueur de son
front la source des richesses colossales qui la rendent si
fière et si brillante dans ses domaines.
" Sa soumission aux décrets du parlement et son respect
pour la liberté de la parole sur la place publique, où sou-
vent elle fait entendre la sienne au milieu des tribuns du
peuple, font oublier et son orgueil et son exclusivisme au
foyer domestique de ses châteaux. Hors de la tribune, il
n'y a plus, en effet, d'alliance et de communication entre
la noblesse et la roture. Le rempart du moyen âge semble
encore subsister dans toute sa force pour diviser les deux
classes ; mais le sens calculateur du peuple anglais ferme
les yeux sur cette faiblesse humaine.
" Voilà les réflexions que je faisais quand je passais du
parlement à la place publique, de la place publique aux
riches quartiers de la noblesse, et des riches quartiers de
p
CCXXX KRANÇOIS-XAVTER GARNEAU,
la noblesse aux quartiers plus sombreH qu'habite le peuple
dans la métropole de l'Angleterre."
Voici comment M. Garneau rend compte, plus loin. m.
la sensation produite à Londres par les débats sur le
bill de réforme.
" Les communes adoptèrent le bill A une assez grande
majorité, mais, malgré l'éloquence des partisans de la me-
sure et les démonstrations du peuple dan.s toutes les par-
ties du royaume, la chambre des lords, croyant ou feignant
de croire l'aristocratie plus menacée qu'elle ne l'était
réellement, le rejeta en dépit des efforts du ministère et de
lord Brougham, qui fit un discours de six à sept heures,
en la priant, on hù hended knee», comme il s'exprima, de ne
pas rejeter une réforme demandée par toute la nation.
" La sensation fut immense. Tout à coup les rues,
surtout celles qui traversent les quartiers de U noblesse et
avoisinent le parlement, furent inondées d'une populace
qui faisait frémir à voir, et que je n'ai vue ni avant ni
après cette crise dans la capitale de l'Angleterre. Des cen-
taines de mille hommes pâles, sale.«i, en huilions, se prome-
naient silencieusement en foule pressée, dans un espace de
plusieurs milles, et regardaient avec des yeux étonnés les
riches dépôts d'orfèvrerie, resplendissants d'argent, d'or et
de pierres précieuses, ou les vastes comptoirs remplis de
magnifiques étoffes apportées de toutes les parties du
monde pour satisfaire le luxe des riches.
" Plusieurs milliers d'hommes de police, armés de
sabres et formés en pelotons, circulaient au milieu de
cette plèbe errante. Toutes les troupes de Londres étaient
sous les armes. Les cuirassiers, les gardes du corps, les
dragons, les lanciers se tenaient près de leurs chevaux
tout sellés; lïnfanterie avait ses armes en faisceaux dans
les parcs; l'artillerie préparait ses canons. Londres fut
pendant plusieurs jours menacée d'une insurrection; mais
la paix ne fut pas troublée. Les chefs du peuple, les jour-
naux assuraient à la multitude que la mesure serait reprise,
et que la chambre des lords serait forcée par l'opinion pu-
blique d'y donner son consentement.
" Cette démonstration avait été faite probablement à
8A VIE ET SES ŒUVRES. CCXXXl
l'instigation des meneurs politiques. Je parcourus moi-
même une grande partie de la ville inondée par cette po-
pulace ; je ne fus témoin d'aucun tumulte ni d'aucune
voie de fait. La foule était silencieuse, comme je l'ai dit, au
point que ce silence même avait quelque chose d'eflrayant,
" La promesse faite au peuple ne fut point violée. La
mesure, ramenée devant le parlement, fut acceptée par les
lords, qui voulaient seulement, par un premier rejet, faire
sentir aux communes qu'ils étaient encore là."
Les réflexions suivantes, qu'ont inspirées il l'auteur les
armements considérables qui se maintenaient alors en
Europe, sont encore bien applicables aujourd'hui, et le coup
d'oeil qu'il jette en même temps sur les destinées de l'Amé-
rique fait preuve d'un esprit de prévision bien remar-
quable, surtout si l'on songe que cette page était écrite
plusieurs années avant la grande guerre entre les États du
Nord et ceux du Sud.
" L'armée (en France) était d'environ quatre cent mille
hommes lorsque j'étais à Paris, et il y avait trois millions
de gardes nationaux organisés et en partie armés. La ma-
rine militaire pouvait s'élever à trois cents voiles.
" Est-il possible qu'ati'aissés ainsi sous le fardeau de dé-
penses improductives, les pays de l'Europe puissent sou-
tenir longtemps la concurrence de ceux de l'Amérique,
où ces dépenses sont comparativement minimes ?
" Cette question mérite d'être étudiée. Mais pour bien
des penseurs le passé a déjà fourni une solution suffisante.
Les hommes sont les mêmes partout et dans tous les
temps, selon le degré de civilisation où ils sont parve-
nus. Ce bonheur dont l'Amérique doit être si jalouse se
<;ouvre déjà de nuages. Le tonnerre des discordes humaines
gronde depuis longtemps sous le ciel ardent du Mexique.
Cette tempête de passions, suivant son cours, remontera
plus tard vers le Nord et soulèvera, d'après ces penseurs,
les populations, dont les torrents se heurteront les uns con-
tre les autres, comme ils font en Europe depuis trois mille
ans. Déjà des symptômes menaçants se montrent partout.
Mais qui |5eut dire quand s'accompliront ces sanglantes
CCZXXII FRAMÇ0I8-ZAVIEB OARNEAU,
catastrophes, ces inévitables révolutiona? 1/abhence de
toute loi, en politique comme en religion, «i elle précipite
la dissolutibn, empêche aUBsi la réorganisation ; TiDcrédu-
lité * est stationnaire par cela seul qu'elle n'a pas de
motif pour agir. On restera donc où Ion est jusqu'à ce que
l'ambition, l'avarice et les autres passions prennent l'épée.
Quand l'Amérique du Nord leur offrira-t-elle une carrière
pour agir? C'est ce que personne ne^eut dire. Mais quoi-
que ce pays soit nouveau, les populations qui l'habitent
viennent de pays anciens et portent toutes, plus ou moins,
en elles-m^mes des germes de vieillesse, à l'instar des
colonies grecques ou romaines, qui n'ont guère survécu
à leurs métropoles."
J'ai dit que M. Garneau était souffrant et peut-être un
peu découragé lorsqu'il publia le récit de son voyage. Il
avait été attaqué, dès 1843, d'une cruelle maladie causée
par l'excès du travail ; ce mal terrible, l'épilepsie, qui
avait cédé d'abord à des soins intelligents, reparut trois
ans plus tard et, cette fois, se compliqua d'une attaque de
typhus et d'érésipèle, qui conduisit le patient presqu'aux
portes de la mort. Guéri par les soins du Dr Jean Blan-
chet, homme d'une grande réputation, qui fut autant son
ami que son médecin, il se remit au travail avec une nou-
velle ardeur, f Cette imprudence fut causée surtout par le
désir qu'il avait de perfectionner son œuvre, désir qui,
on l'a vu, ne l'abandonna jamais. Il fut repris vers 1864
de la même maladie et obligé de se démettre de la charge
de secrétaire du conseil municipal de Québec. Une pension
de retraite lui fut accordée.
Il avait déjà reçu en plusieurs occasions des marques
d'estime de ses concitoyens. Une allocation de $1,000 avait
été votée par la législature pour aider à la publication de
la seconde édition de son ouvrage. Il fut appelé, en 1857, à
* M. Garneau aurait mieux fait de dire le scepticisme ou l'in-
diiférence ; ix)ur ce qui est d'une certaine incrédulité, on voit trop
bien de nos jours à quel point elle peut être active et même persé-
cutrice.
t M. Garneau a dédié au Dr Blanchet son Voyage en Angleterre
et en France.
SA VIE ET SES ŒUVRES. CCXXXlll
faire partie du Conseil de l'instruction publique, lors de la
première organisation de ce corps, et un excellent abrégé
de son Histoire qu'il fit à l'usage des écoles, fut approuvé par
l'autorité ecclésiastique et par le conseil, et eut un grand
nombre d'éditions. J'ai raison de croire qu'il en a été
distribué plus de vingt mille exemplaires. Ce petit livre a
contribué à développer le sentiment national autant et
plus peut-être que le grand ouvrage.
M. Garneau n'eut pas à se féliciter au même degré d'une
traduction de son ouvrage en langue anglaise par M. Bell.
Bien qu'elle ait obtenu deux éditions, elle justifie par-
faitement le proverbe italien îl l'adresse des traducteurs :
traduttore è traditore. Celui-ci — circonstance aggravante
— a été, avec intention, infidèle A la tûche qu'il avait accep-
tée. Il a mutilé le livre, l'a chargé de notes hostiles, et y
a interpolé sa prose. M. Garneau fut douloureusement
affecté par cette mésaventure. Il s'en plaignit publique-
ment et adressa à l'éditeur. M. Lovell. une lettre très
sévère et bien méritée.
Mais, au milieu de ces ennuis, k-s félicitations qu il rece-
vait de tous côtés, l'estime que lui témoignaient ses conci-
toyens, la renommée que son livre lui valut aux États-Unis
et en Europe, lui apportaient des consolations qui eussent
été peut-être mieux appréciées par un esprit moins modeste,
moins naturellement inquiet et plus sûr de lui-même.
L'Institut canadien de Québec l'élisait, en 1855, pour son
président actif; en 1856, la même institution le portait à
la présidence honoraire, qu'il occupa jusqu'à peu de temps
avant sa mort, c'est-à-dire l'espace de dix ans.
Il rapportait du reste tous ses succès à la plus grande
gloire de sa chère nationalité franco-canadienne, à laquelle
il avait voué un véritable culte, un culte de tous les ins-
tants. Ses amis trouvaient que chez lui c'était presque une
idée fixe : au moindre événement qui paraissait menacer
notre autonomie, à la moindre défection, il s'alarmait
comme d'autres peuvent s'alarmer des dangers qu'ils
courent dans leur santé ou dans leur fortune. Je sais
bien que, pour ma part, lorsque je le voyais entrer chez
moi, pâle, ému, l'air préoccupé, ne disant pas tout de suite
CCXXXIV KKANVOIb-XAVIKR OAHKKAU,
ce dont il s'agissait, je me disais à moi-même: Il aura fait
quelque mauvaiw rfive sur le compte de la nationalité !
A ce point de vue, les événements de 1849 l'avaient vi-
vement impressionné. Ayant appris que lord Eljçin s'était
occupé de son ouvrage, il profita de cette circonstance
pour lui adresser une lettre très remarquable, qui accom-
I pagnait un exemplaire do la première édition de VJIistoire
! du Canada, dont le troisième volume avait été publié l'an-
née précédente.
Je crois devoir la reproduire en entier, certain que mes
lecteurs seront de l'avis de M. l'abbé Casgrain, «lui, en la
publiant, se demandait ce que l'on devait admirer le
plus dans cette pièce magistrale, ou des élaqs généreux
du patriotisme et de la largeur des vues de l'écrivain, ou
de rhabileté exquise avec laquelle il avait abordé des ques-
tions si délicates devant un gouverneur anglais.
" MiLORD, — Si j'avais su plus tôt «jue Votre Excellence
daignait prendre quelque intérêt ^\ l'ouvrage que j'ai com-
mencé sur le Canada, je me serais empressé de lui faire
parvenir ce que j'en ai d'imprimé, persuadé qu'elle aurait
trouvé dans les événements dont je retrace le tableau, de
quoi se former une juste idée des vœux et des sentiments
d'une partie nombreuse des peuples qu'elle a été appelée
ù gouverner. Aujourd'hui qu'elle a bien voulu s'exprimer
avec bienveillance à cet égard, je la prie de vouloir bien
me faire l'honneur d'accepter l'exemplaire de V Histoire du
Canada que M. Fabre lui fera remettre aussitôt qu'il sera
relié.
'' J'ai entrepris ce travail dans le but de rétablir la vérité
si souvent défigurée, et de repousser les attaques et les in-
sultes dont mes compatriotes ont été et sont encore jour-
nellement l'objet de la part d'hommes qui voudraient les
opprimer et les exploiter tout à la fois. J'ai pensé que le
meilleur moyen d'y parvenir était d'exposer tout simple-
J_^ ment leur histoire. Je n'ai pas besoin de dire que ma tâche
m'obligeait d'être encore plus sévère dans l'esprit que dans
l'exposition matérielle des. faits. La situation des Cana-
diens-Français, tant par rapport à leur nombre que par
rapport à leurs lois et à leur religion, m'imposait J'obli-
8A VIE ET PES ŒUVRES. CCXXXV
gation rigoureuse d'être juste ; car le faible aoit avoir deux
fois raison avant de réclamer un droit en politique. Si les
Canadiens n'avaient eu qu'à s'adresser à des hommes dont
l'antique illustration, comme celle de la race de Votre
Excellence, fût un gage de leur honneur et de leur justice,
cette nécessité n'aurait pas existé ; mais, soit que l'on doive
en attribuer la cause aux préjugés, à l'ignorance ou à toute
autre chose, il est arrivé souvent dans ce pays que cette
double preuve a été encore insuffisante.
" Les outrages séditieux que l'on vient de faire à Votre
Excellence, dont la personne devrait être sacrée comme
celle de la Reine qu'elle représente, prouvent suffisamment
l'audace de ceux qui s'en sont rendus coupables ; audace
qu'ils n^ont eue que parce qu'on les a accoutumés depuis
longtemps, comme des enfants gâtés, à obtenir tout ce
qu'ils demandaient, juste ou injuste. En quel autre pays
du monde aurait-on vu une poignée d'hommes oser insul-
ter la personne du souverain dans son représentant et le
^ays tout entier dans celle de ses députés élus par un suf-
frage presque universel ? Or, si ces gens ont pu se porter à
de pareils attentats aujourd'hui, de quelle manière ne
devaient- ils pas agir envers les Canadiens-Français, qu'ils
traitaient d'étrangers et de vaincus, lorsqu'ils avaient le
pouvoir de les dominer ? En jugeant ainsi par comparai-
son, Votre Excellence peut facilement se rendre compte
de la cause des dissensions qui ont déchiré ce pays pendant
si longtemps et du désespoir qui a fait prendre les armes
h une partie des Canadiens du district de Montréal en 1837.
" Si les Canadiens ont enduré patiemment un pareil état
de choses, il ne faut pas croire, malgré leurs mœurs paisi-
bles et agrestes, que ce soit la timidité ou la crainte qui
les ait empêchés de songer à secouer le joug. Ils sortent
de trop bonne race pour ne pas faire leur devoir lorsqu'ils
y sont appelés. Leur conduite dans la terrible guerre de
1755, pendant le siège de Québec en 1775-76, durant la
guerre de 1812 et même, malgré leur petit nombre, dans les
combats de Saint- Denis, de Saint-Charles et de Saint-Eus-
tache, en 1837 — s'il m'est permis de citer cette époque mal-
heureuse— attestent suffisamment leur courage pour qu'on
CCXXXVi FRANÇOIS-XAVIER OARNEAC,
les respecte, ifeur immobilité apparente tient à leurs ha-
bitudes monarchiques et à leur situation spéciale comme
race distincte dans l'Amérique du Nord, ayant des inté-
rêts particuliers qui redoutent le contact d'une nationa-
lité étrangère. Ce sont ces deux puissants mobiles qui
les ont fait revenir sur leurs pas en 1776, après avoir pour
la plupart embrassé un instant la cause américaine; qui
les ont fait courir aux armes en 1812, et qui les ont retenus
en 1837.
"Je n'ai pas besoin d'ajouter que si les Etats-Unis étaient
français ou le Canada tout anglais, celui-ci en formerait
partie depuis longtemps; car, dans le nouveau monde,
la société étant essentiellement composée d'éléments dé-
mocratiques, la tendance naturelle des populations est
de revêtir la forme républicaine. Vous m'accuserez i)eut-
ôtre, Milord, de baser ici mes raisonnements sur l'intérêt
seul ; j'avoue que ce mobile n'est pas le plus élevé ; mais il
est fort puissant surtout aux yeux des adversaires des
Canadiens; et quant aux raisons qui tiennent à de plus
nobles inspirations, je n'ai pas besoin de les faire valoir,
Votre Excellence les trouve déjà dans son propre cœur.
" J'en ai peut-être dit assez pour faire voir que ceux qui
veulent réduire les Canadiens- Français à l'ilotisme — car
leur transformation nationale, si elle doit avoir lieu, ne
peut être que l'œuvre du temps — ne le font point dans l'in-
térêt du grand empire dont nous faisoi.s partie ; qu'au con-
traire ce sont les intérêts canadiens-français qui ont empê-
ché jusqu'à présent le Canada de tomber dans l'orlite de la
république américaine ; que l'Ecosse, * avec des lois et une
religion différentes de celles de l'Angleterre, n'est pas moins
fidèle que cette dernière au drapeau britannique, et que sur le
champ de bataille le montagnard calédonien ne cède point
sa place au grenadier anglais malgré son dialecte gaulois.
De tout cela il résulte, à mes yeux, qu'il est de l'intérêt de
la Grande-Bretagne de protéger les Canadiens, comme il est
de l'intérêt d'un propriétaire prudent d'entretenir surtout
la base d'un édifice pour le faire durer plus longtemps, car
* Lord Elgin, comme on sait, avait l'Ecosse pour patrie.
SA VIE ET SES ŒUVRES. CCXXXVll
il est impossible de prévoir quel effet la perte de l'Amé-
rique britannique et son union avec les États-Unis au-
raient avec le temps sur la puissance maritime et com-
merciale de l'Angleterre.
" Ces considérations, Milord, et bien d'autres qui se
présentent à l'esprit, ont sans doute déjà frappé l'attention
de Votre Excellence et des autres hommes d'État de la
métropole. Votre conduite si propre à rassurer les colons
sur leurs droits constitutionnels, recevra, je n'en doute
point, l'appui du gouvernement impérial et contribuera
au maintien de l'intégrité de l'empire. En laissant le
Haut-Canada à ses lois et le Bas-Canada aux siennes,
afin d'atténuer autant que possible ce qu'il peut y avoir
d'hostile à mes coraj)atriote8 dans le» motifs de l'acte
d'union ; en abandonnant au pays toute la puissance poli-
tique législative dont il doit jouir par la voie de ses cham-
bres et de ministres responsables, en tant que cela n'affai-
blit pas le nœud qui l'unit à l'Angleterre, celle-ci n'aura
rien à craindre des cris de quelques mécontents qui ne
sauraient mettre en danger la sûreté de la colonie, si les
partis politiques de Londres ont la sagesse de ne point s'en
prévaloir dans leurs luttes pour obtenir le pouvoir.
" Je prie Votre Seigneurie de me pardonner de m'être
étendu si longuement sur la situation politique de ce pays.
Je m'y suis trouvé entraîné par les réflexions que me
suggère l'étude que je suis obligé de faire du passé pour
l'œuvre que j'ai entreprise et dont le fruit remplirait le
plus ardent de mes vœux, s'il pouvait faire disparaître tous
les préjugés du peuple anglais contre les Canadiens au
sujet de leur fidélité, et ramener la confiance et la justice
dans les appréciations réciproques des deux peuples,
comme je suis convaincu que c'est le but éclairé de Votre
Excellence dans la tâche noble mais difficile dont elle s'est
chargée."
M. Etienne Parent, avec qui M. Garneau était en corres-
pondance suivie, lui écrivait le 31 mars, c'est-à-dire pré-
cisément le lendemain de la clôture de la trop fameuse
session de 1849, pour le féliciter sur le courage et l'habi-
leté qu'il venait de montrer dans cette lettre remarquabla.
CCXXXVin KRAN(;OI»-XAVIKR OARNKAr.
•
"Vous pouvez être assuré, dit M. Parent, que du mo-
ment que les volumes me seront parvenus, je les achemi-
norni A leur destination, comme je l'ai fait de votre lettre
à lord Elgin.
" A propos, je vous remercie de la copie que vous m'en
avez communiqu('e. C'est coin: 'i que devait parler
notre historien, et si vous en moins dit, je vous
aurais querellé. Je me trompe fort si lord Elgin n'apprécie
pfts bien ce que vous lui dites avec tant d'il-propos. Tl faut
avouer que l'occasion était favorable, et que vos compa-
triotes auraient eu des reproches à vous faire si vous n'en
aviez aussi bien profité que vous l'avez fait.
" Hier, notre parlement a été prorogé par député. Quel-
ques-uns blAniaient le gouverneur de s'abstenir d'accomplir
lui-même cet acte de haute prérogative; mais il a bien
fait, car il aurait été certainement insulté de nouveau.
Plusieurs membres de la chambre l'ont été en sortant, et si
le gouverneur eût été là, c'est lui qui aurait enduré l'orage.
Je pense que cela va sceller le sort de Montréal comme
capitale.
" Voilà nos jeunes journalistes à traiter tout de bon la
question de l'annexion aux Etats-Unis, tout en disant qu'il
faut nous y préparer, ce qui veut dire que nous ne sommes
pas prêts. C'est un grand malheur pour notre pays que la
presse tombe de nécessité entre les mains de la jeunesse.
Chez nous, ce sont les enfants qui parlent et les pères qui
écoutent."
Cette lettre est inédite. Dans une autre, écrite l'année
suivante et que l'on a bien voulu aussi me communiquer,
M. Parent semblait favoriser des velléités de journalisme
et de vie publique que notre historien aurait laissé percer.
" Avec votre plume, lui disait-il, ce sera votre faute si
vous ne parvenez à tout."
Le conseil était-il bon, et M. Garneau a-t-il mal fait de ne
l'avoir pas suivi ? Sans doute qu'il eût pu exercer par son
patriotisme, son savoir, son prestige, une influence heu-
reuse sur la députation. Mais se serait-il trouvé bien à
l'aise au milieu des intrigues, du bruit, des tempêtes plus
ou moins factices de nos parlements ? Aurait-il pu se déci-
8A VIE ET SES ŒUVRES. CCXXXIX
der à y prendre la parole, lui qui évitait si soigneusement
toute occasion de se montrer en public ? Enfin, dans le
journalisme politique, aurait-il pu se plier aux exigences
du métier? Dans cette escrime de tous les jours aurait-il
su parer les coups avec assez de prestesse, les rendre avec
assez de vigueur, et surtout ne pas éprouver trop de dégoût
ou de découragement devant des attaques déloyales?
Il est indubitable que le pays eût gagné à le voir au
nombre de ses instructeurs quotidiens dans la presse, ou
de ses défenseurs au parlement. Mais lui-même y aurait
perdu le peu de bonheur qui lui restait, et peut-être un
peu de cette popularité qu'à raison de l'injustice des par-
tis et de la mobilité de l'opinion, il est si difficile de con-
server intacte dans la vie publique.
M. Garneau avait, du reste, peu de goût pour la polémi-
que ; il ne répondit jamais aux critiques qui furent publiées
dans le pays sur son ouvrage, bien qu'elles fussent assez
souvent de nature à le froisser vivement et qu'elles fussent
aussi très susceptibles de réfutation.
On trouve dans la lettre à M, Moreau que j'ai déjà
citée, un passage dans lequel il explique sa manière de
voirau sujet de certaines portions de son œuvre qui furent
les plus discutées. C'est, je crois, tout ce qu'il a jamais
écrit pour se défendre, et encore ces lignes n'étaient point
destinées à la publicité.
" Je n'avais point, dit-il, la correspondance officielle de
nos premiers gouverneurs lorsque le commencement de la
première édition a été mis sous presse, et la suite des
événements vous aurait fait voir que ce n'était pas sans
de graves motifs que j'avais adopté dans toute sa force le
principe de la liberté de conscience.
" En effet, sans ce principe protecteur, où les catholiques
en seraient-ils dans l'Amérique du Nord avec les huit
dixièmes de la population protestants et des gouverne-
ments partout protestants ? C'est en blâmant tous les actes
dus à l'esprit d'exclusion que l'on désarme les préjugés et
que Ton peut espérer de voir exister une liberté qui fait la
sauvegarde du catholicisme dans le nouveau monde. La
conduite du peuple américain envers le légat du pape, Mgr
CCXl FRANÇOIS-XAVIER OARNKAU,
Bedini, prouve que ces préjugés ne sont pas encore effacés,
et qu'il faudra agir encore longtemps avec beaucoup de
prudence pour éviter les di?cordc8.
" C'est nussi à l'aide de ce principe de tolérance que j'ai
pu défendre les catholiques canadiens contre les attentats
du gouvernement protestant de l'Angleterre a]' ' -ti-
queté. Le blâme que j'avais porté contre le gou ut
français donnait de la force à mes paroles, aux yeux des
protestants eux-mêmes, lorsque je blAmais leur conduite
depuis qu'ils étaient les maître?, r-\ iip lnia«nit rion f\ me
répondre."
.Selon l'ob.servation de M. i .un»- t j^grinn, i»- fui «i«; M.
Garneau n'était pas tant d'avoir été favorable à la liberté
de conscience que d'en avoir posé la condition d'une ma-
nière trop absolue. Mais, dans tous les cas, on voit que ses
motifs étaient loin d'être hostiles à l'Eglise.
Du reste, M. Moreau avait rendu hommage au patrio-
tisme de notre historien, à ses talent?, à ses recherches
patientes et laborieuses. De pareils témoignages, soit sous
la forme de lettres, d'articles de journaux, ou de visites
des voyageurs les plus distingués, venaient fréquemment
ranimer son courage et soutenir sa foi dans la nationalité,
foi qui ne fut jamais défaillante, niais seulement inquiète
et ombrageuse.
Avant la publication de V Histoire du Canada, les histo-
riens français avaient laissé complètement dans l'ombre,
ou du moins dans une obscurité relative, tout ce qui avait
rapport au Canada, les uns parce qu'ils n'appréciaient
point suffisamment la perte que la France avait faite, les
autres parce qu'ils s'en sentaient humiliés, ne tenant pas
compte de la gloire qui rejaillissait sur la nation par la
conduite héroïque de ses colons et de ses soldats, et ne
voyant que les fautes de son gouvernement.
D'un autre côté, les voyageurs, les touristes français
même les plus illustres, qui venaient en Amérique, uni-
quement occupés des États-Unis, n'accordaient qu'une
attention très superficielle à l'ancienne colonie française.
Tout en vantant sa fidélité aux traditions et à la langue
de ses pères, ils ne laissaient entrevoir à nos descendants
SA VIE ET SES ŒUVRES. CCXli
que la perspective d'une absorption graduelle par la race
anglo-saxonne.
Depuis la publication de iouvrage de M. Garneau, il en
a été tout autrement. Non seulement son livre a provoqué
en France, aux Etats-Unis et dans notre pays, un véritable
réveil pour l'étude de notre histoire, mais il a excité la
curiosité sympathique de plusieurs voyageurs éminents,
qui ont eu foi en notre avenir et ont bravé les préjugés
en reconnaissant la mission providentielle qui nous est
confiée.
M. Henri Martin, dans sa grande Histoire de France,
dont nous ne saurions toujours approuver l'esprit, a le
premier parlé un peu au long de ce qui s'est passé au
Canada sous la domination française. Il s'est étendu par-
ticulièrement sur la guerre de 1755 et a cité des extraits
de l'ouvrage de M. Garneau. Il termine ses citations par
ces aimables paroles :
" Nous ne quittons pas sans émotion cette Histoire du
Canada, qui nous est arrivée d'un autre hémisphère
comme un témoignage vivant des sentiments et des tradi-
tions conservés parmi les Français du nouveau monde,
après un siècle de domination étrangère. Puisse le génie
de notre race persister parmi nos frères du Canada dans
leurs destinées futures, quels que doivent être leurs rap-
ports avec la grande fédération anglo-américaine, et con-
server une place en Amérique à l'élément français ! "
M. Garneau ayant écrit à l'auteur de l'Histoire de France
pour le remercier, M. Martin lui répondit par une lettre
dont les passages suivants méritent d'être reproduits.
'' J'avais été heureux, il y a quelques années, de trouver
dans votre livre non seulement des informations très im-
portantes, mais la tradition vivante, le sentiment toujours
présent de cette France d'outre-mer, qui est toujours restée
française de cœur, quoique séparée de la mère patrie par
les destinées politiques. Je n'ai fait que m'acquitter d'un
devoir en rendant justice à vos consciencieux travaux.
Puissent ces échanges d'idées et de connaissances entre nos
frères du nouveau monde et nous, se multiplier et contri-
buer î\ assurer la persistance de l'élément français en
CCxlii PRANÇOIB-XAVIER OARNEAU,
Amérique ! A part nos sympathies nationales, jI nous
autres, il y a un grand intérêt de civilisation à ce que
l'élément anglais, de prépfjndcrnnt , ne devienne pa«
nnifpie du pAle nord jusqu'il Tiethme, et n'absorbe paa
totalement les éléments français et hispancvindien. La
variété est le principe du progn'^s." *
l'armi les voyageurs et les touristes distingués qui ont
subi l'influence de l'ouvrage de M. Garneau et qui ont été
de plus en raj)port intime avec lui, on peut citer surtout
M. Ampère, M. Marmier. M. de Puibusque et M. Rameau.
Les deux premiers n'ont fait ici qu'un séjour bien court.
J'ai eu l'avantage de me rencontrer avec eux H Québec,
grâce à la bienveillance de mon excellent ami et à celle
de M. Faribault, auxquels ils étaient particulièrement
recommandés. Je n'ai pas oublié l'enthousiafime avec
lequel M. Ampère écoutait les récita des grands événe-
ments de notre histoire, en visitant avec nous les lieux
qui en avaient été le théAtre. Il a rendu compte de ces
patriotiques pèlerinages dans son livre Promenade en Amé-
rique. Quant à M. Marmier, il a donné depuis bien des
preuves de son attachement aux Canadiens et de Ba véné-
ration pour la mémoire de M. Garneau. Dernièrement
encore, il m'écrivait :
" J'ai eu le plaisir de voir plusieurs de vos compatriotes :
MM. Chapleau, Fabre, Marmette. Je voudrais bien vous
revoir aussi et remémorer avec vous le temps où j'ai passé
de si bonnes heures à Québec, sous votre toit et sous celui
de vos dignes amis, Garneau et Faribault.
" Souvent je songe t\ partir encore, à m'en aller bien
loin, bien loin, et tout ce qui se passe en France corrobore
ces désirs de migration. Mais quand nous visitions en-
semble la cascade de Montmorency, j'avais* quarante ans...
et maintenant! Il n'est pas sûr, pourtant, qu'un beau jour
je ne m'embarque pas pour retourner sur les rives du
Saint-Laurent."
Dans ses Lettres sur V Amérique, dans son roman de
* M. Henri Martin a été depuis élu membre de l'Académie fran-
çaise et est mort il y a près de deux ans.
8A VIE ET SES ŒUVRES. CCxHiî
Gazida et dans plusieurs autres ouvrages, M. Marmier a
fait voir qu'après avoir étudié avec soin notre histoire, il
croit fermement à l'avenir de notre race sur ce continent.
Le salon de ce digne et bienveillant académicien est de-
venu le rendez-vous des Canadiens- Français de passage à
Paris, et c'est à lui qu'est due l'initiative de la délibéra-
tion si bienveillante de l'illustre compagnie fondée par
Richelieu, qui admet les Canadiens, comme les Français,
aux concours académiques. *
M. de Puibusque et M. Rameau ont passé chacun plus
d'une année au Canada. Le premier, qui y avait des inté-
rêts de famille, s'y était presque naturalisé. M. et M""* de
Puibusque faisaient l'ornement des salons de Québec et
de Montréal. Parmi leurs amis intimes, se trouvaient M.
La Fontaine, M. D.-B. Viger, M. Jacques Viger, M. Ques-
nel, M. Cherrier, M. Etienne Parent, M. Faribault et M.
Garneau. De retour en France, M. de Puibusque, qui était
aussi habile dessinateur que littérateur distingué, publia
dans une revue de charmants articles illustrés sur les
mœurs et les usages de notre pays. Il écrivit aussi, dans
V Union, une série d'articles sur la littérature canadienne, les
premiers peut-être qui aient fait connaître en France les
travaux de quelques-uns de nos écrivains. Enfin, parmi
les nombreuses et charmantes poésies qu'il a publiées,
plusieurs traitaient de sujets canadiens et avaient été
écrites pour le Journal de V Instruction publique de Montréal.f
où se trouvent aussi reproduits ses articles avec les gra-
vures qui les accompagnaient.
* Dans uno soirée, où i)lu8ieurs jounos littérateurs québecquois —
lie ce temp»-là — avaient été i-éunis lîour K«evoir M. Marmier, M. Au-
^iruste Soulard, dont j'ai parlé plus haut, étonna beaucoup le futur
académicien en récitant une de ses poésies, que celui-oi ne croyait
pas connue au Canada, l'Etoile polaire.
t Trcs IX^u de temp» avant sa mort, M. de Puibusque avait réuni
on un volume ses poésies, dont la plupart avaient été couronnées
par VAcadêinic des jiiur fonntx de Toulouse, l'institution littéraire la
plus ancienne peut-être de toute l'Europe. Un neveu d'un goût par
trop difficile supprima l'édition. M. de Puibusque est aussi l'au-
teur do deux ouvrages sur la littérature espagnole. Il était l'ami
CCxliv FRANÇOIB-XAVIER OARNEÀU,
Cet écrivain, d'un esprit large et sympathique, fut un
des premiers à encourager M. Garneau dans ses travaux
et ^ lui prédire les succès qui ont cour- ' - labeurs.
Ayant été moi-même l'objet de sa bien\' . j'aime à
rendre aujourd'hui cet hommage à la mémoire d'un
homme éminent, beaucoup trop oublié ici et mC-me dans
son pays.
M. Rameau est un Français devenu Canadien de co;ur et
d'esprit. Ce fut la lecture de VHUtoire du Qmada qui le
décida à visiter notre pays; sa résidence ici ne fut pas
seulement un voyage, ce fut une sorte de mission patrio-
tique toute gratuite et volontaire. Il parcourut le Canada
et l'Acadie et visita plusieurs des centres canadiens-fran-
çais aux États-Unis. Il se livra à des études statistiques
importantes et démontra les progrès de notre race, sa
vitalité, ses chances de conservation et d'extension dans
les cantons de l'Est, dans la partie adjacente du Haut-
Canada, dans les provinces maritimes, aux Etats-Unis et
dans les vastes régions de l'Ouest. Beaucoup de calculs
(lui paraissaient alors assez risqués, bien des espérance^'
qui semblaient téméraires, se sont réalisés depuis. Il est
difficile de dire quelle joie M. Garneau ressentait en enten-
dant, de la bouche d'un Français de la vieille France, des
choses aussi encourageantes. Comme tous les hommes de
sa génération , il se sentait poursuivi par l'écho des
sinistres prédictions que dans sa jeunesse nos ennemis
avaient fait résonner à ses oreilles : hewers oj vjood and
drawers of water, fendeurs de bois et porteurs d'eau, telle
était l'agréable perspective que l'on indiquait alors à
notre race comme une destinée inévitable, à moins de
s'anglifier complètement. *
intime de M. [Ticknor, de Boston, qui a écrit sur le même sujet II a
laissé une bibliothèque considérable, qui renfermait beaucoup de
livres sur l'Amérique et sur le Canada. Cétait un bibliophile dis-
tingué.
* M. Rameau a publié: Acadiens et Ckinadiens — Xotes hintorifflus
sur la colonie canadienne du Détroit — Une colonie féodale en Amérique,
et plusieurs articles dans le Correspondant et d'autres revues. Il s'est
surtout fait l'apôtre de la nationalité acadienne. En me faisant à sa
I
SA VIE ET fîER CEUVRES. CCxlv
M. Garneau entretenait une correspondance très active
avec les hommes distingués que je viens de nommer et
avec beaucoup d'autres, qui, d'eux-mêmes, s'étaient mis
en rapport avec lui après avoir lu ses livres.
Parmi ses correspondants, il s'en trouve un dont les
lettres ont été publiées sans le nom de l'auteur. Il est
fflcheux que cet ami du Canada ait été forcé, pour des
considérations personnelles, de garder l'anonyme, car l'on
aimerait h conserver le nom d'un homme qui avait pris à
tout ce qui nous concerne un intérêt si touchant. Ce cor-
respondant écrivait de Genève, et il habitait la Suisse
depuis dix-huit ans. Il paraissait scandalisé des doutes que
M. Garneau émet, en certains ])as8ages de son livre, stîr la
conservation de notre nationalité.
" Permettez-moi, dit-il, de vous dire que, sous ce rapport,
je ne partage pas votre manière de voir, et voici pourquoi.
La population suisse se compose, comme vous le savez,
des races allemande, française, italienne et romane. La
population française, qui compte pour environ trois quarts
de million, est celle qui conserve le mieux son caractère
de nationalité, même dans les cantons mixtes où elle est
en minorité, comme dans celui-ci, par exemple. La contrée
que j'habite, appelée autrefois l'Evêché de Bâle, peuplée
par environ 70,(100 habitants de race française, quoique
n'ayant fait partie de la France que sous l'Empire, a été
réunie, en 1815, au canton de Berne, dont la pojmlation,
toute allemande, est d'environ 4CK), 000 habitants. Eh bien !
malgré cela, aucune atteinte n'a été portée îi la nationalité
de la partie française du canton. Tous les fonctionnaires
publics sont tenus de connaître les langues allemande et
française, déclarées nationales par la constitution.
"Il y a dans la race française, plus que chez toutes les
autres, quelque chose qui s'opposera toujours à la perte de
sa nationalité... "*
jolie résidence d'Adon, près de Chastillon-sur-Loing, le plus gracieux
accueil, madame IJameau me dit: " Vous êtes Canadien, monsieur,
vous êtes mille fois le bienvenu. Il n'y a i)ersonne que mon mari
aime plus qu'un Canadien... si ce n'est pourtant un Acadien.''
* M. l'abbé Ca^rain a donné de copieux extraits de ces lettres.
Q
CCXlvi FRAKÇOI&-XAVIER OARNEAl',
Attribuer exclusivement à l'influence des travaux de M,
Garneau le mouvement litt^-raire qui s'est dC-veloppC* dan»
le pays, et les (-tudes sur l'histoire du Canada qui se sont
faites ici, en Europe et aux États-Unis, depuis une qua-
rantaine d'années, ce serait sans doute se rendre coupable
d'exagération.
Comme on l'a déjà vu, dès avant 1830 le mouvement
littéraire était commencé, et M, (iarneau, comme poète, a
été un des écrivains les plus marquants de 1830 à 1841. A
l'époque de l'union (1841), la crise par laquelle nous pas-
sions, les dangers qui plus que jamais semblaient menacer
notre autonomie, excitèrent la verve littéraire et patrio-
tique de plusieurs jeunes gens, et M. Garneau entreprit
d'écrire notre histoire. Mais, tandis qu'il y travaillait, plu-
sieurs érudits, entre autres M, Jacques Viger, M. Faribault,
M. l'abbé Bois, faisaient des recherches dans le même but.
Le père Martin, M. Ferland et M. Faillon se mirent à
l'œuvre un peu plus tard seulement, et leurs ouvrages pa-
rurent bien après la publication des premiers volumes
de M. Garneau.
Ces annalistes étaient doués d'une patience à toute
épreuve ; ils se livrèrent aux recherches les plus minu-
tieuses.
M. Faillon surtout, d'après son biographe, travaillait
sans hâte, sans précipitation, mais toujours sans découra-
gement ; il disait: " Il faut travailler comme si nous étions
éternels, faisant le mieux possible, sans nous préoccuper
de savoir si nous pourrons achever." *
Il n'en était pas de même de M. Garneau. Il voulait
frapper un grand coup dans un but patriotique ; et pour
cela il n'avait pas l'éternité devant lui. Cependant, cet
Le passage suivant fait voir que rien n'échappait à cet ami éloigné
et inconnu. " Pourquoi, dit-il, dans le commerce, les négociants
franco-canadiens affectent-ils d'avoir les enseignes de leurs maga-
sins en anglais? Ceci ne s'explique guère pour une ^^lle comme
Québec, peuplée en grande majorité par la race française."
* M. taillon, sa vie et ses œuvres, par M. Besmazures. 1 voL gr. in-
8». Montréal, 1879.
BA VIE ET SES ŒUVRK8. CCxlvii
amour de la perfection qui distinguait M. Faillon, existait
aussi chez lui, et comme on l'a vu, c'est pour y satisfaire
qu'il a entrepris les éditions subséquentes de son ouvrage
et qu'il a travaillé jusqu'à la fin de sa vie. Dans l'intérêt
de ses compatriotes, il s'est hâté d'abord, il a fait taire ses
scrupules, il a lancé son livre au moment précis où nous
en avions besoin, où il fallait ranimer les courages abattus
et prendre position en face de nos ennemis triomphants.
C'est pour cela que le succès a été si grand et qu'il a eu de si
grandes conséquences. Ce livre a contribué puissamment
à tout ce qui s'est fait depuis pour la conservation et l'ex-
pansion de notre nationalité, pour l'étude de notre histoire,
pour le développement de l'instrurtion publique et de la
littérature au milieu de nous.
Il y avait deux ans que M. Garneau avait publié la troi-
sième édition de son Histoire, lorsque, au mois d'août 1861,
parut le premier volume de l'ouvrage de M. Ferland. M.
Garneau n'était pas sans inquiétude à l'égard de cette nou-
velle publication. On savait — car M. Ferland avait donné
son cours d'histoire à l'université Laval, et son livre en était
le résumé — on savait que sur quelques points l'écrivain
ecclésiastique ne s'accorderait pas avec l'écrivain profane.
Cependant à peine M. Garneau eut-il parcouru l'œuvre de
son rival qu'il éprouva une vive satisfaction. Laissant de
côté toute autre chose, il se trouvait en communauté
d'idées avec lui sur la question qui à ses yeux dominait
toutes les autres, celle de la nationalité franco-canadienne !
Son premier mouvement fut d'aller remercier M. Ferland
et de le féliciter. *
* Le billet suivant, qui nous a été conservé par M. Casgrain, est
d'un intérêt bien touchant.
" M. Garneau prie M. Ferland de vouloir bien accepter ses hom-
mages et en même temps ses remerciements pour le premier volume
de son Cours d'histoire du Canada, qu'il a eu la complaisance de lui
envoyer. M. Garneau a passé chez M. Ferland pour lui exprimer
personnellement toute sa reconnaissance et parler avec lui de leur
chère patrie; mais il n'a pas été assez heureux pour le rencontrer.
" M. Garneau aurait voulu causer avec une des lumières du Ca-
nada sur la foi qu'on doit avoir en notre nationalité et sur les
CCXlviii FRANÇOIS-XAVIER GARNEAU,
L'ouvrage de M. Ferland avait d'ailleurs sa raison d'être
à côté de celui de M. Garneau. Il le complétait et le corri-
jjeait nif'inc en quelque sorte. Les détails des missions,
des étal)lissen)ent8 religieux, de l'organisation wociale et
intime du pays, la chronique ecclésiastiqufe qui forme au
moins la^ moitié des annales des premiers temps, sont
traités avec plus de soin, et, disons-le franchement, avec
une plus évidente sympathie. Dans l'ouvrage de M, (lar-
neau, on vit plus avec les hommes d'Etat, les guerriers,
les négociants ; on sort plus .souvent des frontit^res du
pays, pour s'occuper de la grande politicjue européenne,
on prend une vue d'ensemble, on s'attarde à philosopher,
au ITon de suivre au jour le jour le cours des événements.
Le ptyle de M. Ferland est plus simple, et généralement
plus correct, surtout dans le premier volume, qu'il a pu
revoir lui-même ; mais il n'est pas aussi entraînant, il n'a
point ces mouvements patriotiques et ces épancheraents
de .sentiment qui donnent une couleur «î viv«. . t ^i origi-
nale au récit de M. Garneau.
M. Ferland est avant tout un écriviiin Hol>re, prudent,
scrupuleux même, et d'une critique si sévère qu'elle re-
froidit un peu l'imagination et diminue le charme des
pieuses légendes que M. Garneau a eu le tort de dédai-
gner complètement, et M. Ferland celui d'envi.sager avec
trop de circonspection, pour ne pas dire avec trop de dé-
fiance. Où cependant le merveilleux a-t-il plus sa raison
d'être que dans l'établissement de la foi au milieu des
féroces peuplades indigènes de l'Amérique?
Si M. Garneau voyait sans jalousie et même avec une
très grande joie l'ouvrage qui venait se placer à côté du
sien, mais qui malheureusement ne fut point poussé plus
loin que l'époque de la cession du pays à l'Angleterre,
moyens à suivre pour en assurer la consen-ation. Celui qui a su dé-
velopper avec tant d'exactitude nos origines liistoriqu«iS doit être
pénétré plus qu'un autre des sentiments de cette foi. Son livre, quel
que soit l'avenir de ses compatriotes, sera toujours le témoignage
d'un principe révéré par tous les peuples et rendra la mémoire de
son auteur plus chère à la postérité.
"Samedi, 24 août 1861."
SA VIE ET SES ŒUVRES. CCxUx
il assistait aussi avec bonheur à la brillante éclosion litté-
raire qui se faisait autour de lui.
Aux poètes du Répertoire national dont j'ai parlé à l'ar-
ticle de ses poésies, succédaient Crémazie, Lemay, Frt-
chétte, Fiset, Suite et plusieurs autres; ses vieux amis M.
Morin et M. Parent étaient remplacés dans la presse par
deux vigoureux polémistes, M. Cauchon au Journal de
Québec, M. Charles Taché au Courrier du Canada; l'uni-
versité Laval à Québec, l'école normale Jacques-Cartier à
Montréal, commençaient des cours publics réguliers ; des
institutions littéraires dans les deux grandes villes don-
naient aussi de nombreuses conférences; MM. de Boucher-
ville, Bourassa et Gérin-Lujoie publiaient leurs romans si
canadiens ; le Journal de riintruction publifjue, la Revue ca-
nadienne, VEcho du Cabinet de lecture à Montréal, les Soirteis
canadiennes, le Foyer canadien à Québec, reprenaient les
projets que M. Garneau et ses collaborateurs avaient tentés
en 1841. Mais c'était surtout l'histoire qui oftVait la carrière
la mieux remplie. M. Paillon publiait ses intéressantes
biographies de mademoiselle Mance, de la saur Bourgeoys,
de madame d'Youville, de mademoiselle Le Ber, puis il
donnait son grand ouvrage sur la Colonie françaine en Ca-
nada ; M. Casgrain écrivait sa Vie de la mère Marie de r In-
carnation ; les religieuses Ursulines commençaient la pu-
blication des vieux récits de leur monastère ; M. Tauguay
et l'abbé Daniel se livraient à leurs travaux généalogiques ;
AL Bibaud, fils, publiait son Dictionnaire biographique ; M.
Laverdière, avec l'aide du gouvernement, rééditait les
Relations des Jésuites et préparait son édition monumentale
des Œuvres complètes de Champlain ; M. de Gaspé écrivait
ses Anciins Canadiens ; les Sociétés historiques de Québec
et de Montréal publiaient de nombreux mémoires; M.
James Le Moine commençait ses deux séries d'ouvrages,
Tune en anglais, l'autre en français; enfin de toutes parts
un passé qui n'était pas très lointain, mais qui était déjà
presque oublié, évoqué par les dangers qu'avait courus
notre nationalité, ressuscitait dans toute sa gloire et sem-
blait sourire à nos vaillants efibrts.
Un mouvement semblable se propageait aux Etats-Unis
CCJ KRA1«Ç0I»-XAVIKR OABNSAU,
et en France. Los Américains ne pouvaient s'occuper de
leur proine histoire sans rencontrer à chaque pas les tracée
du courage, de l'héroïsme de nos ancêtres ; ils ne pouvaient
remonter à l'origine de leurs établi - de l'Ouest
sans se trouver en lace des souvenir- par nos pion-
niers, nos explorateurs, nos missionnaires; en un mot,
l'histoire du Canada forme une partie importante, la plus
intéressante peut-être, la plus dramatique de celle des Etats-
Unis. C'est ce dont on est frappé en lisant le grand ouvrage
de Bancroft, les biograi>hies de .Spark.s, les romans de Feni-
more Cooper, les écrits de Washington Irving, les poèmes
de Longfellow. Aux traits épars dans tous ces ouvragée
et dans les mémoires des différentes sociétés historiques,
en particulier celles de New- York, du Massachusetts et de
riUinois, est venue s'ajouter la série si brillante des travaux
de M. Parkman, qui a fait ressortir, époque par époque,
avec un très grand charme, tout ce qu'il y a de poétique
et de romanesque dans nos annales. M. Garneau a pu lire
les premiers volumes publiés par cet écrivain populaire,
qui a su lui rendre justice, et il n'a pas eu comme nous la
douleur de voir dans d'autres écrits du même auteur les
pages regrettables auxquelle.<? j'ai fait allusion plus haut.
Enfin, en Europe, en France surtout, l'attention se repor-
tait vers le Canada. La première exposition universelle à
Paris, où M. Charles Taché et M. Sterry Hunt représentaient
si dignement le Canada, fit ouvrir les yeux a beaucoup de
gens, et l'on commença à s'inquiéter un peu plus " de cette
page de l'histoire de France, retrouvée à la tour de Lon-
dres," comme a dit Chateaubriand, et à mieux apprécier
les quelques arpents de neige dont Voltaire et M*"' de
Pompadour avaient fait si bon marché. C'est de cette
époque surtout que date un rapprochement qui a toujours
été en s'accentuant.
Quel dommage que M. Garneau n'ait pas pu aller à
Paris dans cette circonstance et jouir de tout ce qu'elle a
eu d'encourageant pour notre jeune pays! Mais il n'était
pas du nombre des heureux de ce monde; la nécessité
le tenait attaché au travail ; je ne voudrais pas dire qu'il
ait jamais connu la gêne, ce que le poète appelle res
8À VIE ET SES (KUVREë. CcU
angusta domi; toutefois il lui fut toujours impossible de
satisfaire le désir qu'il devait éprouver, et de faire un
second voyage dans ce vieux monde qui l'avait si vive-
ment intéressé.
Il eut cependant, cette année-là même (1855), une grande
satisfaction ; s'il ne pouvait pas aller en France, la France
venait à nous. Il eut le bonheur de s'entendre dire par M.
de Belvèze, commandant du premier vaisseau de guerre
français qui ait paru dans la rade de Québec depuis la ces-
sion du pays, ces aimables paroles: "C'est en grande partie à
votre livre, M. Garneau, que je dois l'honneur d'être aujour-
d'hui au Canada. Il forme la plus solide base du rapport
officiel que j'adressai au gouvernement de l'Empereur sur
les ressources de votre beau pays."
Notre historien éprouva aussi une vive émotion lorsqu'il
sut que M. Dussieux avait raconté, dans ses conférences
historiques aux élèves de l'Ecole militaire de Saint-Cyr, la
guerre <le sept ans et que de vifs applaudissements avaient
salué le récit des deux batailles des plaines d'Abraham. *
Comme preuve de sa sensibilité patriotique, M. Suite
raconte quelque part que M. Garneau avait versé des lar-
mes de joie lorsqu'il avait appris que M. Cartier rece-
vait l'hospitalité royale au château de Windsor. On a vu
cependant qu'il n'était pas courtisan et qu'il était loin
d'admirer la conduite de nos chefs politiques sous le régime
de l'Union. Ce beau mouvement ne lui en fait que plus
d'honneur.
Mais l'esprit qui a animé toute sa vie, ce culte de la na-
tionalité, cette sollicitude partagée constamment entre
la crainte et l'espoir, comme la tendresse d'un amant jaloux
qui craint de se voir enlever l'objet de son amour, ne se
trouvent nulle part mieux indiqués que dans cette phrase
charmante qui termine une lettre adressée par lui à M.
Emile de Girardin, le 25 novembre 1855.
" Quel que soit, monsieur, le sort que l'avenir réserve à
notre race, nous aimons à reporter les yeux vers cette
* Ces conférences de M. Dussieux ont eu deux éditions sous ce
titre: Le Canada sou« la domination franrtiixf.
CClii KKANr;OIS-XAVI£R OARMEAU,
ancienne France d'où sont sortis nos pères, et, comme le
chevalier normand couché Hur lu tomheau de marbre des
vieilles cathédrales anglaises, si nous devons i>erdre notre
nationalité, nous voulons du moins laisser un nom fran-
çais écrit SUT notre mausolée, (^'est là, monsieur, tout le
but de mon livre." *
Cette poétique comparaison, qui exprime si bien son
amour pour la France, peut nous faire juger des sentiments
<iue M. Garneau eût éprouvés, si, comme nous, il eCit été
témoin des terribles revers qu'a subis, notre vieille mère
patrie. La Providence lui a vraiment épargné une bien
cruelle épreuve, en le retirant du monde «luelques années
avant les grands désastres de 1870 et 1871.
Lorsque la nouvelle de la catastrophe de Sedan com-
mença A s'ébruiter à Québec, on se refusait à y croire ; un
grand nombre de citoyens se rendirent aux bureaux des
journaux pour se renseigner. Il y avait foule surtout à la
porte de f Evénement, car on y avait vu entrer M. Gauthier,
cohsul général de France au Canada. Lorsque cet homme
distingué sortit, on put lire sur sa figure la confirmation
trop évidente de ce qui avait été annoncé. Alors, spon-
tanément et en silence, tous ceux qui étaient présents se
découvrirent, saluant avec respect dans son représentant
la France si aimée et .si malheureuse. Aucune parole
n'aurait pu rendre avec autant d'éloquence les senti-
ments que nous éprouvions. Dans beaucouj) de familles
on s'affligea et l'on pleura comme on le fait pour un
malheur domestique. L'esprit qui animait alors toute la
population franco-canadienne était bien celui qui avait
inspiré M. Garneau pendant toute sa vie ; e). il n'avait pas
peu contribué à fortifier chez les autres ces nobles senti-
ments.
Nous avons déjà vu qu'après avoir été guéri, au moins
en apparence, de sa cruelle maladie, M. Garneau en avait
été attaqué de nouveau, et qu'en 1864, il avait été forcé de
demander sa retraite. En 1865 et au commencement de
1866, les crises de son mal étaient devenues plus fréquentes.
Un jour de froid intense, il perdit connaissance, en pleine
rue, sur la neige. Il y prit la pleurésie aiguë qui l'emporta
SA VIE ET SES ŒUVRES. CClui
après quinze jours de souffrances inouïes supportées hé-
roïquement.
" M. Garneau, dit M. Tabbé Casgrain, était un homme
sincèrement religieux. Que de fois n'a-t-on pas été édifié
dans les tristes moments où on le voyait aux prises avec
sa cruelle maladie, de l'entendre murmurer tout bas
VAvc Maria !
" Comme on devait s'y attendre, sa mort a été celle
d'un véritable chrétien. Il a supporté les souffrances de
sa mala'die avec une patience inaltérable. Parfaitement
résigné à la volonté Dieu, il s'est préparé au moment
suprême et a reçu les derniers sacrements avec une piété
profondément édifiante."
Ce fut le 3 février 1866, à l'âge de cinquante-six ans et
sept mois, que notre historien termina sa noble et labo-
rieuse carrière. Su mort causa une grande sensation; elle
aflligea tous les amis de la littérature nationale, tous les
admirateurs de son talent, mais plus particulièrement ceux
qui avaient eu l'occasion de connaître ses excellentes qua-
lités.
Peu de temps après, un mouvement se fit pour élever un
monument sur sa tombe, au cimetière de Bel mont, sur le
chemin de Sainte-Foye. La souscription ne fut close et le
monument ne fut terminé que vers la fin de l'été de 1867.
La confédération venait de s'accomplir, sir Narcisse Bel-
leau, le premier lieutenant-gouverneur de la province de
Québec, qui avait été président du comité de ia souscrip-
tion, assista à l'inauguration; M. Le Moine, le nouveau
président, m'avait prié au nom du comité de prononcer le
discours de circonstance. J'eus la douloureuse mission de
faire les derniers adieux à mon excellent ami au nom de
ses compatriotes reconnaissants.
Intègre, laborieux, économe dans une juste mesure,
homme d'intérieur et d'habitudes régulières, modeste mais
fier d'une juste et noble fierté; timide en apparence, mais
au besoin courageux ; doux et conciliant d'ordinaire, mais
sur certains sujets, très ferme et presque opiniâtre; doué
d'un grand talent littéraire et en même temps d'ap-
titudes pour les affaires, menant de front patiemment
Ccliv KKÀNÇOIH-XAVIER OARMÉAU,
et au prix de combats intérieurs dont seul peut>être il
pouvait se rendre compte, menant de front, dis-je, dei
/études incessantes de la plus haute portée et un travail
assidu d'une nature bien prosaïque; M. Garneau était ua
homme d'autant plus complet qu'il y avait en lui plus de
contrastes, plus d'heureuses antithèses.
Ceux qui ne le connaissaient que par ses ouvrages, de-
vaient éprouver quelque désappointement en le voyant
pour la première fois. Une certaine hésitation nerveuse,
un certain embarras qui n'ttuit pourtant point dé la gau-
cherie et qui n'excluait point une irréprochable urbanité,
faisaient que l'on se demandait si c'était bien là l'intrépide
défenseur de la nationalité franco-canadienne. Mais dè«
que, sous son front dénudé, son intelligente figure s'éclai-
rait des reflets de la pensée, dès qu'il s'animait à parler
de quelque sujet favori, on reconnaissait l'homme supé-
rieur, et, ce qui est mieux encore, l'homme convaincu
qui s'est dévoué à la réalisation d'un noble projet. Dans
ses portraits, sa physionomie pensive, empreinte d'une
douce et modeste gravité, fait aussi la même impression.
Quoiqu'il fût, d'habitude, plutôt sérieux qu'enjoué, il
savait rire avec ses amis d'un bon petit rire plein de bonho-
mie et de franchise. S'il n'aimait pas les réunions du grand
monde, les soirées à prétentions et les dîners fastueux, il
se rendait volontiers aux réunions intimes, aux petites
parties de cartes, aux réceptions improvisées si fréquentes
et si agréables dans la bonne vieille ville de Québec. Ses
études, toutefois, ne lui permettaient que rarement ces inno-
centes distractions. Le temps qui lui restait, ses devoirs
officiels accomplis — et il les remplissait avec exactitude —
était consacré d'abord à sa grande œuvre à laquelle, comme
on l'a vu, il ne cessa jamais de travailler, à sa correspon-
dance littéraire très étendue et à la lecture de ses auteurs
favoris. Nous connaissons ceux de sa jeunesse; dans ses
dernières années, c'était surtout Tacite, qu'il lisait dans
une excellente traduction, et Thierry, qu'il aimait tant à
citer. Quelques promenades sur la terrasse, autour des
remparts de la ville, ou bien sur le chemin de Sainte-Foye,
quelques visites aux bibliothèques et aux salles de lecture
SA VIE Eï «EB ŒUVKEB. Cclv
de la Société littéraire et historique, de l'Institut canadien,
de l'Université ou du Parlement — rendez-vous des lettrés
avec qui il aimait à causer — complétaient sa journée.
Assez souvent, surtout dans les dernières années de sa vie.
ces promenades se terminaient par une visite à la vieille et
historique cathédrale de Notre-Dame, où l'on pouvait l'en-
trevoir dans la pénombre des nefs les moins fréquentées,
incliné dans l'attitude de la plus humble et de la plus
ardente prière.
Malgré la sincérité de ses convictions et le peu de
mystère qu'il en faisait, M. Garneau fut toujours très
estimé de nos compatriotes d'origine britannique. En
général, on a tout à gagner avec eux en se montrant
ce que l'on doit être, et celui qui croit obtenir leur
bienveillance en abjurant sa nationalité ou en la mé-
prisant, commet une double erreur. Mais indépendam-
ment de cette considération, notre historien avait un
esprit de justice et de libéralité qui se faisait sentir en
toutes choses et qui frappait ceux avec qui il venait
en contact. Tout ce qu'il demandait pour notre race, c'était
sa place au soleil, c'était ce que les Anglais appellent eux-
mêmes Jair play. Il avait du respect et même de la sym-
pathie pour cette grande nation anglaise qui a su con-
cilier chez elle l'ordre avec la liberté. Il avait conçu une
plus vive sympathie encore pour les fils de la verte
Érin, en comparant les injustices dont l'Angleterre s'était
rendue coupable à leur égard, avec celles qu'il avait à lui
reprocher ppur notre propre compte, et il s'étonnait de ce
qu'il n'y eût pas entre les Canadiens- Français et les Irlan-
dais catholiques de ce pays une union plus étroite et plus
solide.
Il avait appris la langue anglaise dans sa jeunesse; il
avait, comme on l'a vu, étudié le notariat chez un Ecossais
qui s'était montré bien bon pour lui. Les œuvres de plu-
sieurs des poètes et des historiens britanniques ou anglo-
américains étaient parmi ses livres favoris. Quant à nos
voisins de la grande république, s'il redoutait leur in-
fluence sur nos destinées, s'il les considérait dans l'avenir,
ainsi qu'ils le furent dans le passé, comme une menace
Cclvi FRAMÇOIB-XAVIER OARNEAU,
permanente pour notre autonomie, il n'en était pa« moins
admirateur de ce 'luUl y a de Vjeau et de louable dans le
merveilleux développement de leur pays. Kn un mot,
son patriotisme ardent et wiinric ir.-.viiif rifn «r/troii ni
de trop exclusif.
M. Garneuu habita presque tuujuum lu ville de (Québec.
A l'exception des premières années qui suivirent son ma-
riage, qu'il passa dans une jolie mais Vjien modesio rési-
dence à la Cnnardihe, sa petite maison blanche, comme il se
plaisait ii l'appeler. Sur l'avis de ses médecins, il y retourna
et y demeura encore quelques années après la grande ma-
ladie qui l'avait conduit presque aux porter du tombeau.
La Canardière se trouve à l'entrée de la vaste et fertile
plaine qui s'étend au nord de la rivière Saint-Charles et du
bassin de Québec, et s'élève par degrés jusqu'au pied des
Laurentides. Ses jolies habitations sont les unes éparses
dans les champs, dont la verdure affecte toutes les nuances,
les autres, rangées tout au bord de la grande route. Celle-
ci conduit au gros village de Beauport et se rend à travers
les belles paroisses de la côte de Beaupré jusqu'au cap
Tourmente, qui de ce côté borne l'horizon. De longues
files de peupliers, des ormes toufl'us, des vergers, des jar-
dinets bordent aussi le chemin.
De la Canardière, la rade couverte de vais.seaux, et la
ville aux toits d'argent, s'élevant en amphithéâtre et cou-
vrant le coteau Sainte-Geneviève jusqu'aux plaines d'Abra-
ham, off'rent le coup d'oeil le plus ravissant.
A quelque distance de la maison blanche, qui appartient
encore à la famille, mais loin du chemin, du côté de la
grève, est Maizerets, la maison de campagne des prêtres et
des élèves du séminaire de Québec. Bien des fois le jeudi
— jour de congé — notre historien, qui faisait presque tou-
jours le trajet de la ville à pied, a dû rencontrer la Vjande
joyeuse des écoliers marchant au pas militaire et chantant
nos vieilles chansons canadiennes.
Même avant la construction de sa maisonnette la route
devait lui être familière, car mademoiselle Esther Bilodeau,
qu'il épousa le 25 août 1835, était la fille d'un des plus
respectables propriétaires de l'endroit.
SA VTE et BES ŒlTVTlE's. CClvii
Des neuf enfants issus de son mariage, cinq sont morts
en bas âge, les quatre autres avec leur digne mère sur-
vivent. L'aîné, Alfred, est un fonctionnaire du sénat fédé-
ral, à Ottawa; il est né à la Canardière, et c'est pour lui
que fut écrite la charmante poésie A mon fils. Les autres
sont: Honoré, résidant A Québec; Eugène, qui habite
Hartford, dans le Connecticut, et Joséphine, mariée à M.
Joseph Marmette, écrivain distingué, auteur de plusieurs
romans dont les sujets sont tirés de l'histoire de notre pays.
Madame Marmette est en ce moment à Paris avec son mari
qui y remplit les fonctions de délégué du gouvernement
canadien.
Notre historien eut deux frères et une sœur. L'aîné des
frères, M. David (îarneau, négociant honorable, réside à
Québec ; le plus jeune, Honoré, mourut au Mexique en 1847.
Leur sœur, madame veuve Routhier, demeure à Québec,
M, Honoré Garneau avait la passion des armes et l'es-
prit aventureux qui entraîne au loin un si grand nombre
de nos compatriotes. Il s'était engagé tout jeune dans un
corps d'artillerie aux Etats-Unis et avait pris le nom de
" Desaix," un de ses héros favoris. C'était pendant la
guerre contre le Mexique, à la suite de la révolution du
Texas. Il alla avec son régiment A Puébla, à une tren-
taine de lieues de Mexico, et y trouva la mort. Son com-
mandant écrivit que le sergent " Desaix " s'était toujours
bien conduit et avait montré beaucoup de bravoure. M.
Garneau fut très affligé par le départ et ensuite par la
mort de son frère, et il composa à cette occa«ion une
élégie qui a peut-f'tre été publiée, mais qui jusqu'ici cepen-
dant n'a pu être retrouvée.
Il y a maintenant près de dix-sept ans que les restes
mortels de François- Xavier Garneau, le poète, l'hi.storien,
le patriote, reposent sous un bloc de granit <iui ne porte
d'autre inscription que son nom, à l'ombre, comme le dit
M. Casgrain, de la forêt qui vit passer l'armée du che-
valier de Lévis, à quelques pas du champ de bataille de
Sainte-Foye, qu'il a sauvé de l'oubli, et non loin du mo-
nument élevé aux braves de 1760.
De grands changements sont survenus depuis. Lors-
Cclviii FRANÇOIB-XAVIER «ARNEAU,
qu'on songe à l'immense territoire, aux ressources de tout
genre de la nouvelle confédération, on peut prédire sans
crainte à cette dernière l'avonir le plus brillant. Bien des
problèmes cependant, et de formidables problèmes, Redres-
sent autour de son berceau. Personne plus que notre his-
torien ne se fût intéressé à leur solution. Il ne serait point
resté insensible aux progrès que nous avons faits ni aux
perspectives qui s'ouvrent devant nous. Son esprit était trop
large, son patriotisme trop éclairé pour qu'il fût indiffé-
rent A, la grandeur d'un empire qui s'étend de l'Atlantique
au Pacifique, et dont la population, d'ici à peu d'années,
sera aussi considérable que celle de «|uolquo--unf« des
grandes puissances de l'Europe.
Mais, tout en se demandant si nous serons unjour assez
forts pour être indépendants, si cette indépendance pourra
se maintenir à côté de l'envahissante république qui nous
avoisine, si cette république et notre confédération elle-
même ne seront pas obligées de se scinder en plusieurs
grands Etats, si dans l'avenir la forme de notre gouverne-
ment sera monarchique ou républicaine, il s'inquiéterait
aussi du sort réservé à la nationalité franco-canadienne
dans toutes ces éventualités. Parmi tous ces problèmes
celui-ci serait loin d'être pour lui le moins intéressant.
Du reste, pour justifier sa préoccupation, il pourrait
s'appuyer sur les déclarations qui ont été faites à plusieurs
reprises par le marquis de Lorne et par son prédécesseur,
lord Dufferin. Tous deux ont admis que la conservation
de l'élément français et de la langue française était un
gage de grandeur, de progrès et même de sécurité pour
la confédération canadienne et pour la souveraineté bri-
tannique sur cette partie du continent.
Tous deux se sont plu à développer à plusieurs reprises
cette thèse: le dualisme national est loin d'être un obstacle
au développement d'une jeune nation, qui a tout à gagner
en conservant l'héritage littéraire et social qu'elle tient des
deux plus grands peuples de l'Europe. *
* Dans le discours qu'il a prononcé à la grande /<?fe nationale de»
Canadieng-Françait, à Québec, en 1880, le marquis de Lomé a dit
entre autres choses :
SA VIE ET SES ŒUVRES. CClix
A ce point de vue, cependant, l'immense émigration eu-
ropéenne qui se dirige vers le Nord-Ouest, celle qui se fait
de la province de Québec vers les États-Unis sont, aux
yeux de bien des gens, un sujet de crainte très légitime.
Mais l'étonnant accroissement du chififre de la popula-
tion française, son développement en dehors des limites
de la province de Québec nous assurent, si nous voulons
être fidèles à nos traditions, une place importante comme
élément distinct sur ce continent, quelque chose qui arrive.
"Vous le savez, ce furent les Normands qqj, dans l'ancienne
France, veillèrent avec sollicitude sur le berceau de cette liberté
dont jouit maintenant l'Angleterre. Ce furent aussi des Normands
et des Bretons qui fondèrent cette colonie canadienne si amie de la
liberté*. Le parlement britannique a conservé avec une espèce de
culte les coutumes que les Normands, nos pères, lui ont léguées. Je
ne sache pas que la chose ait jamais été observée au Canada, mais
j'ai souvent remarqué que, dans le parlement anglais, nous nous ser-
vons encore dos vieilles formules employées par nos ancêtres pour
exprimer la sanction donnée aux lois par le souverain.
" C'est ainsi que l'on dit : '* La reine le veut " ou " la reine remercie
ses bons sujets, accepte leur bénévolence et ainsi le veut," formules
que je serais heureux de voir employées à Ottawa, comme marque
de notre origine commune, au lieu de ces formules empnmtées au
français et à l'anglais modernes.
" En célébrant cette fête aujourd'hui, nous pouvons tous nous unir
avec orgueil à ceux qui représentent d'une manière si imposante
l'élément français — car c'est à votre race, messieurs, que nous de-
vons les droits gagnés à Runnymeal, et les usages qui distinguent
les libres discussions de nos parlements.
" Dans la nombreuse réunion de ce jour, je me réjouis de saluer
des représentants de nos alliés, les Français, ainsi qu'un grand
nombre de compatriotes, qui sont allés — pour un temps seulement,
je l'espère — s'établir chez nos amis des États-Unis.
" C'est avec bonheur que je vois ces frères revenir au sein de leur
pays, ne serait-ce que pour quelques jours, et je puis leur assurer
que nos vieilles campagnes et nos nouvelles terres de l'Est, sont
assez vastes et assez fertiles pour justifier le désir que nous avons de
las retenir ici et de leur adjoindre tous ceux qui voudraient partager
leur sort. Ils ne sauraient en douter, ils trouveront chez nous la par-
faite garantie de leur liberté et de tous leurs droits de citoyens."
Dans le discours d'inauguration de la Société royale (mai 1882) qu'il
a fondée, le marquis de Lomé a encore dit : " Dans une des sections,
CCÎX PRANÇmS-XAVlER OARNEAU.
Les catholiques forment aujourd'hui. beaucoup plus du
tiers de la populaticlti du Canada, et si Ton tient compte
du développement rapide du catholicisme a»ix Etats-T'ri-
nous avons tout lieu dN'tre rassurés au point de vue i« n
gieux. La population française est hien pr^s dV'tre le tiers
de celle de notre confédération ; d'un autre côté, elle p'au'
mente rapidement dans les Ktats de la Nouvelle-Ahu •
terre. *
ceux de non concitoyens qui tirent leur ori^ino de la vieille Franoe
})ourront disenter tout cii «jui a trait à leur litt^'-raturo avw i-etto l'U'-
panco dodictionot cpttocritifjuojudifipuN^ si remarqualilps ctu^zoux ;
ils n'y attaclieront A conserver dann toute sa purot/' le pran<l i<iioni<'.
(|ui est ontn' pour une ai larjzo pnrt dan» la formation de la lan>rue
anglaise." L'Académie françaiw'. par l'organe de Kon secn'tain^
perp^'-tuel, M. Doucet, a remercié le marquis do Ix)rno de ces gra-
cieuses paroles.
Ajoutons que M. Alfre4l Garneau avait M nomm»; membre de la
première section, celle de la littérature française et do l'histoin',
honneur auquel il s'est refusa par un motif particulier. Dans tous
les discours prononc<^8 dans la circonstam-e dont je parle, les travaux
de son père ont ('ié mentionn^-s avec les plus grande «'loges.
* D'après notre recensement de 1881, sur une populati<»n totale de
4,324,810 âmes, on trouve 1,791,982 catholiques et 1,298,{>29 origi-
naires de France. Mais ce chiffre officiel ne tient probablement pas
compte d'une assez forte proportion d'individus portant des noms
britanniques ou allemands, et dont le français est la langue mater-
nelle. Il faudrait y ajouter aus.si le chiffre des Suisse* et de quelques
autres originaires du continent d'Europe, et une proportion de
ceux dont l'origine n'est point donnée- La population française .«^
répartit comme suit : province de Québec, 1,073,820, Ontario, 102,743,
Nouveau-Brunswick, 56,63.5, Nouvelle- Ecosse, 41,219, île du Prince-
Edouard,. 10,751, Manitoba, 9,949, Territoires, 2,896, Colombie Bri-
tannique, 916. Une chose très remarquable, c'est qu'il n'y a pa.s un
seul comté ou collège électoral dans tout le Canada, où l'élément
français ne soit représenté, quelque minime que soit le chiffre. M.
Rameau vient d'écrire à la Renie canadienne, que le chiffre donné
pour le Manitoba est insuffisant.
La population canadienne-française des États-Unis est ^timée à
un demi-million. Ce chiffre est contesté par quelques statisticiens
éminents, comme exagéré; d'autres le trouvent au-dessous de la
vérité. A cela il faut ajouter les créoles de la Louisiane et beaucoup
de groupes épars. Un journal pubhé aux États-Unis portait
dernièrement la population francologue de la république à plus de
SA V^IE ET SES ŒUVRES. . Cclxi
La langue française n'est point parlée seulement, comme
le disait Chateaubriand dans ses Mémoires d'oxdre-tombe,
dans quelques bourgades du Canada et de la Louisiane,
elle l'est dans les parlements d'Ottawa, de Québec et de
Winnipeg; elle a, sur plusieurs points de l'Amérique, sa
place dans la chaire sacrée, au barreau, au théâtre, à la
tribune du conférencier; elle a ses journaux, ses institu-
tions d'éducation, sa littérature; elle se fait entendre dans
les salons de Québec, de Montréal, d'Ottawa, de Winnipeg,
de New- York, de Washington, de la Nouvelle-Orléans;
et loin d'avoir perdu du terrain depuis le commencement
de ce siècle, elle en a beaucoup gagné.
La reconnaissance formelle du français dans la constitu-
tion, pour ce qui regarde le parlement d'Ottawa et celui
(le Québec, aurait grandement consolé M. (îameau; les
mêmes droits ne sauraient être refusés plus tard A l'élément
français dans les autres provinces, lorsqu'il sera assez fort
pour s'affirmer et qu'il voudra le faire.
Les progrès que nous avons faits dans l'instruction pu-
blique, dans la littérature, dans les sciences et dans les
beaux-arts depuis les vingt dernières années, auraient été
une source de vive satisfaction pour notre historien, qui,
dans les dernières pages de sa troisième édition, avait résu-
mé quelques chiflres et mentionné quelques noms.* Il avait
déjà eu le soin de constater que ce fut la faute de l'oligar-
chie qui nous gouvernait, s'il y eut un temps d'arrêt dans
les efforts de la législature de l'ancienne province du Bas-
Canada pour la diffusion des lumières. Il parlait aussi
des immenses sacrifices faits parle clergé pour l'éducation
deux millions. On trouvera dans l'ouvrage de M Chouinard, déjà
cité, une curieuse statistique du journalisme français en Amérique,
et aussi des sociétés Saint-Jean- Baptiste, instituts et autres associa-
tions littéraires ou de bienfaisance fondées par les Canadiens-
Français aux États-Unis.
* Entre autres celui de mon prédécesseur au département de l'ins-
truction publique, feu le Dr Meilleur, et le mien. Il n'eût pas manqué
d'y joindre aujourd'hui ceux de mes suecesseurs, MM. de Boucher-
ville et Ouimet.
R
Cclxii FRANÇ0I8-XA\aER OARNEAU,
et pour l'établissement de notre Université Laval, de nos
nombreux coll^ge8 et couvents.
Indiquons rapidement queUiucH traith de noire mouve-
ment social, intellectuel et po!iti(iue depuis la confédé-
ration.
Notre commerce, notre indu.strie se sont rapidemeiil
étendus; le pays s'est couvert de voies ferrées, les vastes
territoires du lac Saint-Jean, du Saint- Maurice, de l'Ottawa,
s'établissent par un mouvement de colonisation, qui, mal-
gré rémigration auxt Kats-Unis, ne se ralentit point, grâce
aux efforts des classes dirigeantes et surtout du clergé,
aussi zélé sous ce rapi)ort qu'A l'égard de l'instruction pu-
blique. Une partie de ce territoire e.st le " royaume de
Saguenay " de Jacques Cartier. Le pays qu'il avait dé-
couvert se divisait, d'après lui, en trois royaumes: le
royaume d'IIocbelaga, celui de Canada et celui de Sa-
guenay.
Nos rapports avec les pays étrangers, avec la France en
particulier, deviennent plus importants; notre pays et
notre population y sont mieux connus ; de nombreux amis
du Canada se sont ajoutés à ceux que j'ai nommés et con-
tribuent à nous faire connaître. MM, de Bonnechose, La-
raothe, Lefaivre, Frary, Onésime Reclus et un grartd
nombre d'autres écrivains s'efforcent de dissiper les pré-
jugés qui ont empêché jusqu'ici l'émigration et les capi-
taux français de se diriger vers le Canada. Nous sommes
* Voici le sommaire de l'instruction publique dans la province
de Québec, pour l'année 1880-81 : 4,803 écoles et maisons d'éducation,
0,915 professeurs et instituteurs, et 238,767 élèves. D'après le recen-
sement de la même année, la population totale était de 1^59,027
âmes : il y avait ainsi, en moyenne, un élève par moins de six ha-
bitants. Ces chiffres comprennent les protestants aussi bien que les
catholiques. L'université McGill, dirigée par M. Dawson, président
de la Société royale et savant bien connu en Europe, joue un
grand rôle dans notre système d'instruction publique pour la popu-
lation anglaise et protestante. On trouvera une excellente esquisse de
tout notre système d'instruction publique, y compris un tableau de
nos écoles normales, polytechnique, ou spéciales, etc., dan.« le dis-
cours prononcé par l'honorable M, Ouimet à la convention de 1880.
SA VIE ET SES ŒUVRES. Cclxiiî
en ce moment représentés à Londres par sir A. Galt, an-
cien ministre ; à Paris, par M. Fabre, ancien sénateur, l'un
de nos plus élégants écrivains.
L'Espagne et la Belgique s'occupent aussi de nous ;
comme la France, elles ont de dignes consuls à Québec, et
dernièrement un écrivain ami du Canada, M. Le Roy,
faisait part de l'établissement de notre Société royale à
l'Académie royale de Belgique, et celle-ci, comme l'Acadé-
mie française, se montre disposée à entrer en rapport avec
nous.
Nos hommes d'État ont vu s'étendre la sphère de leur
action, et nous avons toujours été, comme Canadiens-
Français, représentés dans le gouvernement d'Ottawa et
dans celui de Québec, dont les lieutenants-gouverneurs et
les premiers ministres ont jusqu'ici appartenu à notre
race; à la Nouvelle- Ecosse, au Nouveau-Brunswick, au
Manitoba, des Acadiens et des Canadiens-Français ont été
portés aux première^ places. Le dualisme dont j'ai parlé
plus haut existe encore: sir Hector Langevin remplit à
côté de sir John Macdonald la position qu'avait occupée
sir George Cartier, et sir Aimé Dorion a été également
dans les mêmes rapports avec M. Mackenzie.
La littérature et les sciences sont plus que jamais en
honneur parmi nous. Les poètes, les chroniqueurs, les
romanciers, les publicistes ne se comptent plus tant ils
sont nombreux.
Les juristes et les écrivains sur la pédagogie formeraient
une longue liste.
Aux artistes nommés par M. Garneau : Légaré, Plamon-
don et Hamel, ajoutons MM. Falardeau, Bourassa, Eugène
Hamel, peintres, M. Hébert, sculpteur, et la célèbre can-
tatrice Albani.
Les travaux historiques se continuent. Nous avons eu
le Canada sous P Union, par M. Turcotte, enlevé aux
lettres au milieu de ses efforts, et dont le livre complète
nos annales jusqu'à la confédération ; les Canadiens de
V Ouest, de M. Tassé, qui établissent les droits de nos pères
comme apôtres de la civilisation sur une grande partie de
ce continent, et les ouvrages de MM. les abbés Verreau et
Cclxiv FRANÇOIS-XAVIER OARNEAU,
Langevin, de MM. Suite, Bedard, La Hruère, Lareau, W.
Marchand et nombre d'autres. *
Les études scientifiques no sont jMui-«*tre pas encore au
niveau des études philosopiiiques et littéraires; et c'est de
ce côté <iue doit se porter le zMe et l'intelligence de ceux
qui veulent que nous ne soyons inférieurs nulle part.
C'était la préoccupation de M. Garneau lorsqu'il fonda le
journal P Institut. Bien des noms cependant pourraient être
mentionnés. Contentons-nous de ceux des abbés Hamel
et Laflamme et de MM. Baillargé, Deville, Saint-Cyr et
Fortin, qui ont été appelés aux sections scientifiques de la
Société royale, et des abbés Brunet et Provancher, qui se
sont distingués dans l'étude de la botanique.
La fondation de cette société aura, du reste, opéré un
rapprochement entre les littérateurs et les savants des deux
origines. Déjà, depuis un certain nombre d'années, les litté-
rateurs anglo-canadiens et la presse anglaise en général ont
— _ ,
* Pour le mouvement littéraire des dernières années, qui nous en
traînerait trop loin, voir les remarquables discours de M. Faucher de
Saint-Maurice à la Société royale, et de M. Lemay à la convention
de 1880. Mentionnons cependant les excellents ouvrages et confé-
rences de ces deux écrivains, de M. Charles Taché, du juge Rou-
thier, de M. l'abbé Casgrainet du regretté Dr Lame ; les études phi-
losophiques, théologiques et littéraires de Mgr Raymond, du regretté
M. Chandonnet, des abbés Bégin, Paquet, Bruchesi ; les poésies de
MM. Ijegendre, Prudhomme, Poisson, Chapman, Huot, Evanturel,
Donnelly, Prendergast et de M. l'abbé Gingras ; les pièces de théâtre
del'hon. F. -G. Marchand ; enfin les brillantes chroniques et les arti-
cles de revue ou conférences de MM. Fabre, Dunn, Jolicœur, Mar-
mette, Chouinard, De Celles, Chapais, Buies, Lesage, Tardivel, de
Bellefeuille, Tarte, Poirier (Acadien), Gérin, Gélinas, Provencher,
Fontaine, DeCazes, Desrosiers. Deux ouvrages dans un genre d'étu-
des très en vogue en France aujourd'hui, le Glossaire canadien de
M. Dunn et le recueil des Chansons canadiennes de M. Gagnon, ne
doivent pas non plus être oubliés. A ajouter à la liste de nos hommes
publics qui ont contribué au journalisme et à la littérature sont,
sir Hector Langevin, le dernier premier ministre de Québec M.
Chapleau et le premier ministre actuel M. Mousseau, qui tous ont
débuté en même temps au barreau et dans la presse, M. Royal,
ancien ministre au Manitoba et M. Marchand, ancien ministre à
Québec, ainsi que bon nombre de députés.
SA VIE ET SES ŒUVRES. CClxV
manifesté pour nous plus de sympathie. MM. John Reade,
Kirby, Lespérance, Murray, poètes ou romanciers du plus
grand mérite, ont généreusement applaudi aux succès
obtenus en France par notre poète lauréat, M. Fréchette.
La vivacité de notre sentiment national est aujourd'hui
moins critiquée ; elle porte moins d'ombrage : grâce à ces
meilleures dispositions, il nous est permis de mieux nous
affirmer et, il faut l'avouer, nous fii avnii> lurgement
profité.
D'imposantes démonstrations nationales ou religieuses
se sont déroulées comme les pages d'un livre ou comme
les tableaux d'un drame. Quelques-unes ont eu lieu du
vivant de notre historien ; la plupart cependant après sa
mort.
Parmi les plus remarquables sont la célébration du
deuxième centenaire de l'érection du diocèse de Québec
(1674-1874), où se trouvèrent représentés la plupart des
nombreux diocèses taillés dans la carte du royaume spiri-
tuel de Mgr Laval ; et la grande réunion des Canadiens-
Français à Québec en 1880, fête imposante où une messe
fut célébrée en plein air sur les plaines d'Abraham, et un
admirable sermon prêché par Mgr Racine, et qui fut suivie
d'une convention nationale et d'un congrès catholique.
La conclusion de tout ce qui a été dit et fait dans ces
deux circonstances et dans un grand nombre d'autres, ne
s'éloigne guère de celle du livre de M. Garneau. Elle se
résume à être juste envers les autres nationalités, à tra-
vailler, chacun dans sa sphère, pour la plus grande gloire
de la religion et de la patrie, enfin à se montrer, dans la mau-
vaise comme dans la bonne fortune, fidèle à soi-même.
Ces sages conseils avaient vivement frappé M. le comte de
Montalembert, qui s'en exprima dans une lettre en date
du 3 septembre 1864.*
"• Je suis sincèrement touché, dit le célèbre écrivain, de
l'honneur que vous me faites en m'envoyant la JRevue
* Cette lettre était adressée à M. D.-H. Senécal, l'un des directeurs
de la Btnu' canadunne. M. Senécal, poète et journaliste distingué, a
été enlevé, l.'ien jeune encore, aux lettres canadiennes.
Cclxvi FRANÇOIS-XAVIER GARNEAU,
canadienne comme un gage de votre sympathie pour ma
carrière publique, désormais terminée. J'ai lu plusieurg
livraisons de cette revue avec une véritable satisfaction.
J'y ai trouvé des tendances excellentes et des renseigne-
ments historiques qui m'ont instruit et intéressé. J'ai été
surtout frappé d'un travail intitulé : Une concltmon d'his-
toire, par M. Garneau. Je dirais volontiers avec ce pa-
triotique écrivain : Que les Canadiens soient fidèle» à eux-
mêmes ! et j'ajouterai: Qu'ils se consolent d'avoir été sépa-
rés par la fortune de la guerre de leur ni?/re patrie, en
songeant que cette séparation leur a donné des libertés et
des droits que la France n'a su ni pratiquer, ni conserver,
ni même regretter."
Être fidèle A soi-même, c'est-à-dire à sa mission, M.
Garneau le fut jusqu'à l'héroïsme! // est vwH à la lâche,
comme l'a dit M. Octave Crémazie, et je ne saurais mieux
terminer cette étude sur sa vie et ses œuvres qu'en citant
quelques mots d'un bien remarquable tribut offert à sa
mémoire par une de nos compatriotes: * '* Dans un siècle
d'abaissement, Garneau avait la grandeur antique Et
quant à nous, Dieu veuille nous donner comme à nos
pères, avec le sentiment si français de l'honneur, l'exal-
tation du dévouement, la folie du sacrifice, qui font les
héros et les saints ! "
* Angéline dt Montbrun, par Mlle Laure Conan. Rmui ranudunu
juin 1882.
DISCOURS
PRONONCÉ SUR LA TOMBE DE M. F.-X. GARNEAU.*
Excellence,
Nous voici réunis près de la tombe d'un ami, d'un com-
patriote, d'un écrivain dont tout pays aurait droit de
s'enorgueillir, d'un homme enfin tout dévoué à notre beau
Canada. En disant un dernier adieu à ses restes mortels,
il semble que nous remplissons un pieux devoir non seu-
lement pour nous-mêmes, mais pour le pays tout entier.
Ce fut une belle et patriotique pensée, à l'exécution de
laquelle il vous fut donné de présider avant même d'être
appelé à la première dignité de notre nouvelle province,
que de s'occuper de la renommée de celui qui avait songé
avant tout à la gloire de sa patrie.
Le nom de François-Xavier Garneau est célèbre partout
où le Canada est connu ; il est inséparable de la renommée
de notre pays : il eût donc été bien pénible que celui qui a
élevé à notre patrie le plus beau des monuments, n'eût pas
* Ce discours fut prononcé par M. Chauveau, alors premier mi-
nistre de la province de Québec, le 15 septembre 1867, au cimetière de
Belmont, après la cérémonie religieuse qui fut faite par M. Auclair,
curé de Québec, entouré d'un nombreux clergé. Sir Narcisî* Belleau,
lieutenant-gouverneur, qui avait été président du comité de la sous-
cription, et une grande foule de citoyens y assistaient. Il pouvait
être six heures et c'était une belle soirée d'automne. On remarquait
le drapeau de Carillon qu'entourait une garde d'honneur formée par
la compagnie des sapeurs-pompiers du faubourg Saint-Jean.
Cclxviii DISCOURS PRONOKCi SUR LA TOMBE
lui-même une pierre tumulaire Hur le sol dont, poète, il
avait chanté les beautés, historien, célébré les héros.
Poète, voyageur, historien, Fran vois- Xavier Gameau a
été en même temps un homme d'initiative, de courage,
d'héroïque persévérance, d'indomptable volonté, de désin-
téressement et de sacrifice. Une idée fixe, ou mieux que
cela, une grande mission à remplir s'était emparée de tout
son être; il lui a tout donné: cœur, intelligence, repos,
fortune, santé. Sa grande tAche, son œuvre, un monument
national à élever, à compléter, à retoucher, à embellir une
fois qu'il fut terminé, voilA à ses yeux toute sa vie.
Et cela, messieurs, cela fut accompli aux dépens de ses
veilles, sans nuire à de plus humbles travaux. Il y avait,
pour bien dire, en lui deux homme.s, celui qui s'était
voué aux fonctions modestes, sérieu.ses et difficiles, né-
cessaires à l'existence de sa famille, et l'homme voué à
la patrie, au culte des lettres, à. la poésie, à l'histoire.
Et, chose rare parmi les plus rares, ces deux hommes
s'étaient formés en quelque sorte à l'envi l'un de l'autre et
presque sans secours étranger. Muni seulement des plus
simples rudiments de l'instruction primaire, il avait su
acquérir, conserver et perfectionner à la fois l'éducation
pratique nécessaire au commis de banque, au notaire, au
fonctionnaire municipal, et l'éducation littéraire et philo-
sophique qui fait le penseur et l'écrivain.
Quel plus grand exemple de la puissance de la volonté
humaine! Quelle plus belle leçon! Quel plus grand ensei-
gnement pour la jeunesse de notre pays! M. Gameau n'a
pu, bien qu'il le désirât vivement, suivre un cours d'études
dans un collège ; et cependant combien y en a-t-il qui, avec
ce puissant secours, ont entrepris et accompli une tâche
égale à la sienne? Sans doute, il avait un rare talent, un
rare génie ; mais n'y a-t-il pas lieu de craindre que beau-
coup d'intelligences égales à la sienne et soutenues par
les forces vives que donne une instruction régulière et
acquise à l'heure voulue, n'aient été perdues pour la
société par l'absence de volonté, par cette lâche condes-
cendance à de vulgaire^ passions si commune et si dévas-
tatrice tout autour de nous ?
DE FRANÇOIS- XAVIER GARNEAU. CClxix
Sous ce rapport, l'œuvre à laquelle Votre Excellence a
bien voulu présider, est non seulement une bonne action,
elle est un bel exemple. Nous oserons dire à la jeunesse :
Le Canada, comme les autres pays, commence à apprécier
les travaux de l'esprit, et bientôt, espérons-le, comme l'a
dit notre historien lui-même dans une de ses pages élo-
quentes, îtn temps viendra où pleine justice sera rendue à ceux
qui auront fait des sacrifices pour la plus belle des causes qui
puissent occuper fattention des sociétés.
En attendant, ne demandons point à chacun d'entre-
prendre une aussi grande œuvre ; disons seulement à tous :
Rendez-lui du moins justice en lisant et en méditant son
livre admirable. Vous y verrez et la naissance et le dévelop-
pement de cette nation nouvelle, qui pas à pas va s'asseoir
au banquet de l'humanité. V'ous y verrez Cartier plantant
la croix semée de fleurs de lis sur le bord de cette rivière
qui coule là-bas à nos pieds; vous y verrez passer, sem-
blables ^ une grande troupe de sanglants et terribles fan-
tômes, ces nations errantes qui devaient nous céder la
place. Vous y verrez Champlain planter sa tente sous les
arbres dont quelques-uns naguère ombrageaient encore
plusieurs parties de notre ville; Laval jeter dans cette en-
ceinte la précieuse semence qui s'est développée en tant de
bienfaits ; Marie de l'Incarnation et ses compagnes chanter
leurs pieux cantiques, au milieu de leurs jeunes néophytes,
sous cette double et auguste voûte d'une forêt primitive et
d'un beau ciel canadien ; Maisonneuve et ses intrépides
compagnons fonder au sein du pays iroquois cette prodi-
gieuse colonie de Montréal ; Mlle Mance et la sœur Bour-
geoys pénétrer avec une égale intrépidité dans ces régions
inhospitalières ; Frontenac imprimer enfin la terreur aux
hordes barbares et repousser avec un si grand courage la
flotte de l'amiral Phipps. Puis, vous verrez défiler devant
vous cette longue suite de gentilshommes et de paysans
français qui furent nos pères ; ces hardis pionniers toujours
prêts à quitter la bêche et la charrue pour le sabre et le
fusil; ces gais et braves aventuriers se faisant sauvages
avec les sauvages, glissant comme eux dans leurs rapides
esquifs et luttant avec eux de courage et d'adresse; ces
CCIXX DISCOUItH PRONONCÉ ftUU iJi TOMBK
missionnaires intrt'pides, ces h^-roïques martyrH, ces femnie«
pieuses et aussi ces hi'roïnes de notre histoire, cea Jeannes
d'Arc canadiennes, les Verchères et les Drucourt.
Vous écouterez le récit de toutes ces grandes expédi-
tions de nos i)ères : La Salle et Jolliet découvrant le
Mississipi; Hienvillc, à l'autre extrémité de ce continent,
fondant la Nouvelle-Orléans; Uouville et ses bandes sac-
cageant la Nouvelle-Angleterre ; Nicolet et La Verendrye
découvrant les vastes régions de l'Ouest; de Heaujeu gnc-
combant avec Hraddock sur le cbanip de bataille de la
Monongahéla, comme devaient périr plus tard Wolfe et
Montcalm sous nos reujparts; d'Iberville promenant notre
drapeau victorieux du Mexique à la baie d'Hudson, — et
vous pourrez vous écrier : Ce continent tout entier ne fut
que le vaste théfttre des exploits de nos pères!
Et puis, après toutes ces longues luttes, ces guerres sans
cesse renaissantes, cette longue succession d'épreuves de
tout genre, famines, épidémies, incendies, massacres, mau-
vaise administration, immigration insuffisante, secours pro-
mis et refusés, échecs endurés avec patience, mais trop sou-
vent renouvelés pour l'honneur de la France et pour le succès
de la colonie, arrivera le grand jour, le jour de la dernière
catastrophe, lorsque la Nouvelle-France,épuisée d'hommes,
de vivres et de munitions, envahie de tous côtés, par terre
et par mer, par des armées et des flottes toujours vaincues
et toujours renaissantes, tendra en vain les bras vers la
vieille France ; c'est alors que l'historien, grandissant avec
sa tâche, saura vous dire, avec les derniers malheurs, les
dernières gloires du vieux drapeau blanc aux fleurs de lis
d'or sur les bords du Saint- Laurent. Il vous racontera les
courageux efi'orts des Acadiens luttant jusqu'à la dernière
heure et dispersés sur tout le continent ; Louisbourg, ce
Québec du golfe, résistant noblement aux forces supérieures
de Wolfe et succombant victime d'une faute assez sem-
blable à celle qui fit tomber notre forteresse ; enfin Mont-
calm si glorieusement vainqueur à Carillon avec des forces
inférieures, et, quelques semaines seulement avant la prise
de Québec, sur ces hautes falaises de Beauport, où Lévis,
où Juchereau et Bourlamaque secondèrent son courage.
t)E FRANÇOIS-XAVIER GARNEAU. Cclxxî
Puis, enfin, après la grande bataille où les deux héros, le
Français et l'Anglais, tombèrent également, lorsque Québec
bombardé ne sera plus qu'une vaste ruine, il vous dira
avec un légitime orgueil le dernier triomphe des Français
et de nos aïeux, cette dernière victoire remportée par le
chevalier de Lévis sur le général Murray, sur le sol même
que nous foulons, tableau final de la conquête qu'il a su,
le premier mettre en relief et consacrer pour la postérité.
S'inclinant respectueusement, comme le firent nos an-
cêtres eux-mêmes, devant les décrets de la Providence, il
reprendra ensuite avec courage, presque avec sérénité, le
récit d'une nouvelle lutte moins sanglante mais non moins
intéressante. Tl vous montrera Murray et Carleton prati-
quant le noble conseil de Virgile, parcere nahjedis d debellare
8uperbo8, reconnaissant le mérite des vaincus et les proté-
geant contre d'ignobles persécuteurs ; l'Angleterre hésitant
souvent entre les conseils de la partialité et ceux de la
justice; Dambourgès et les Canadiens sauvant Québec en
1775; Salaberry repoussant Hampton en 1813, à la suite
de la longue tyrannie de C'raig ; la fidélité de nos compa-
triotes mise à l'abri même du soupçon; le grand évêque
Plessis enseignant aux vainqueurs à respecter les droits
de la religion, et disant au pouvoir civil : T\jt n'iras pas plus
loin ; enfin les libertés constitutionnelles accordées en
1791, se développant lentement à travers les entraves que
leur mettait l'oligarchie. Avec quel amour mêlé de véné-
ration n'a-t-il point sculpté les grandes figures de cette
lutte parlementaire : Lotbinière, Panet, Bedard, Tasche-
reau, les deux Papineau, les deux Stuart, Neilson, Val-
lières, Viger, Bourdages, La Fontjiine, Morin et les autres
défenseurs de nos libertés !
Puis, arrivant à de nouvelles catastrophes, à la fin d'un
autre. régime, avec quelle verve patriotique n'a-t-il pas
raconté le sanglant dénouement de cette résistance à la
suite de laquelle la véritable constitution britannique
devait nous être octroyée, dans des conditions pourtant si
dangereuses et si difiiciles pour nous! Aussi, à l'époque
contemporaine, ([uels regards anxieuse et jaloux pour notre
nationalité n'a-t-il point jetés sur notre avenir!
CClxxii DISCOURS PRONONCÉ SUR LA TOMBB
Ce magnifique ouvrage, où, pour emprunter à son élé-
gant biographe une expression qui m'a frappa-, " le frisson
patriotique court clans toutes le« pages," est, dans nés pre-
miers volumes surtout, voisin de la plus haute inspiration.
Cela s'explique facilement. Notre histoire est digne d'une
épopée et notre premier historien était po^te avant tout.
Oui, il fut poète, ce fut le pot-te qui poussa le voyageur,
et le poète et le voyageur qui créèrent l'historien. Ce fut
le poète qui, r^^vant d'autres cieux, d'autres rivages que
ceux qu'il avait tant admirés, se sentit pris du désir de
parcourir l'Amérique, et de voir un peu cette vieille Eu-
rope qui alors était si loin de nous. Tl suffit de jeter un
coup d'o'il sur l'intéressant récit qu'il on a fait lui-même,
pour s'assurer qu'il vit avec une noble jalousie la gloire
des deux grandes nations auxquelles les habitants du Ca-
nada doivent leur existence, qu'il admira leurs monu-
ments, tout en songeant à notre passé et à notre avenir, et
qu'il se dit à lui-même: si je ne puis, comme on l'a fait
ici, buriner sur l'airain les combats de nos aïeux, du moins
je les inscrirai au livre de l'histoire. Les aspirations litté-
raires et patriotiques qu'il éprouvait déjà devinrent des
réalités au contact des grands hommes et des grandes
choses du vieux monde; l'amour rempli de crainte qu'il
éprouvait pour sa patrie, amour empreint de tristesse, enve-
loppé de sombres prévisions, s'accrut encore lorsqu'il enten-
dit Niemcewicz chanter les malheurs de la Pologne, O'Con-
nell tonner contre les inj ustices dont l'Irlande était victime.
Son livre ne fut pas écrit, comme tant d'autres livres,
pour contenter une fantaisie, pour se faire une réputation,
pour acquérir la fortune, ce fut une grande entreprise: la
réhabilitation d'une race à ses propres yeux et aux yeux
des autres races. Il voulut avant tout effacer ces inju-
rieuses expressions de race conquise, de peuple vaincu.
Il voulut faire voir que, dans les conditions de la lutte,
notre défaite fut moralement l'équivalent d'une victoire.
Les hommes des autres races destinés à habiter avec nous,
à partager en frères avec nous cette vaste et magnifique
contrée, le remercieront un jour d'avoir mis la vérité en
pleine lumière, d'avoir fait disparaître d'injustes préjugés.
DE FRANÇOIS- XAVIER GARNEAU. Cclxxui
de nous avoir faits leurs égaux à nos yeux et aux leurs,
d'avoir donné par là un gage de plus à la concorde si
nécessaire à l'accomplissement de nos communes destinées.
Lié d'amitié avec d'habiles et patriotiques écrivains qui
l'avaient devancé, avec d'infatigables chercheurs, amis de
notre histoire et de nos antiquités, il posa avec eux les
bases de notre littérature naissante; il se vit bientôt en-
touré d'émulés et même de rivaux; à lui cependant le
mérite de l'initiative, la palme du premier triomphe !
Au prix de ses veilles et de son repos, de sa santé, de la
fortune qu'il aurait pu si facilement acquérir, il nous a
donné de bien grandes choses, dont les moins grandes ne
sont point le respect de nous-mêmes, l'amour exalté de
notre pays, la foi dans notre avenir. Certes, nous lui au-
rions donné fort peu de chose en retour, si notre reconijMs-
sance se bornait à ce monument simple et touchant, il est
vrai, mais encore si insuffisant, et s'il ne s'en élevait pas un
autre plus grand, plus beau, plus impérissable, dans la
mémoire de tout un peuple !
Nous pleurons la mort des grands hommes, mais pour
eux plus que pour les autres, n'est-il pas bon après tout
que cette pauvre vie, avec ses agitations, ses revers, ses
injustices, ses caprices du moins apparents, que cette
pauvre vie finisse un jour? car ce jour-là commence la
grande réparation"!
Leur gloire s'élève et va toujours grandissant comme
ces majestueux édifices que le voyageur voit s'élever et
grandir au-dessus des villes en les quittant et en perdant
de vue tout ce qui les entoure.
Les générations nouvelles apprennent leurs noms, et les
redisent avec amour, et souvent de tous les fracas, de
toutes les ambitions, de toutes les intrigues d'une société,
tout ce qui reste, c'est le souvenir de quelques modestes
et sereines existences, humbles dans le passé, grandes dans
l'avenir.
Mais, encore, ce n'est là que de la justice humaine, la
postérité a- ses caprices, ses oublis, ses injustes dédains.
A certaines époques, il fait nuit dans la mémoire des
peuples comme dans celle des hommes ; sur le vaste
CClxxiv DISCOURH PRONONCÉ 8UR I.A TOMBK
océan des âges, le temps prom^ne le sombre oubli, comme
uno brurno «'paisse, impénétrable....
Ab ! messieurs, si une voix plus autorisée, si celle d'un
ministre de la religion se faisait entendre, elle nous par-
lerait d'une autre immortalité, elle nous dirait que celle-là
est au-dessus de toute notre gloire humaine de toute la
hauteur qui sépare le ciel de la terre !
Nous ne pouvons pénétrer, il est vrai, les mystères de
l'autre vie; mais nos croyances nous enseignent que nous
y pouvons encore quelque chose, que ce n'est pas en vain
que la sainte prit'^re se répand avec l'encens et les larmes
sur la tombe de nos amis, que la grande solidarité hu-
maine ne finit pas avec la vie. Cette admirable trilogie
de l'Église militante, de l'Église souffrante et de l'Église
tri&uipbante, qui, si elle n'était pas un dogme, serait encore
la plus belle des conceptions philosophiques, reliant un
monde à l'autre, bannit les sombres terreurs et fait briller
sur le terrible passage d'une vie à l'autre la douce lumière
de l'espérance, qu'allume la foi et que nourrit la charité.
Notre ami fut bon, modeste, intègre, dévoué; il mourut
en chrétien: nous pouvons donc en toute confiance, dans
cette autre patrie, lui adresser nos adieux.
Adieu, mon ami, adieu, au souvenir d'abord de notre
longue amitié, au souvenir de ces douces causeries où vous
aimiez tant à nous parler de l'avenir de notre cher Canada !
Adieu et merci ! Merci des beaux sentiments que vous
avez fait germer dans les âmes, merci du bien que vous
avez fait à notre jeunesse, merci de vos grands, de vos
sublimes exemples !
Adieu, au nom de votre famille, à qui vous léguez un si
beau nom ; adieu, au nom de ceux que vous avez tant aimés !
Adieu, au nom de votre pays! Jouissez en paix, jouissez
de votre double immortalité. Dans ces grandes destinées
qui s'ouvrent devant lui, le Canada ne vous oubliera pas ;
les peuples rivaux qui nous entourent apprendront dans
vos œuvres à aimer nos ancêtres, ils réclameront leur part
de notre glorieux héritage.
Soyez tranquille. Quelque chose qui arrive, notre pays,
notre nationalité chérie ne manqueront point de défen-
DE FRANÇOIS- XAVIER GARNEAU. CclxXV
seurs. Nous vous le promettons, au nom de cette jeunesse,
de cette foule recueillie qui entoure votre tombe. Et puis,
le ciel n'est pas une prison ! Les hommages rendus à votre
mémoire, vous les voyez, n'est-ce pas? Ces beaux senti-
ments que vous avez semés, vous les verrez germer, grandir,
se développer. Du sein de l'immortalité, vous planerez,
esprit bienfaisant, sur notre avenir. Car déjà vous avez
été, ou, grâce à la sainte prière, bientôt vous serez reçu
là-haut par votre aïeul, ce bon vieux Canadien qui, de sa
main tremblante, nous disiez-vous, votis mojtlrait le théâtre
des derniers exploits de nos ancêtres ; par votre père qui vous
donna l'exemple du courage et du travail ; par votre mère
qui vous fit si bon, si sage, si vertueux ; par cette autre
mère à nous tous catholiques, dont la vôtre vous apprit à
balbutier le nom, nom qui revenait si souvent sur vos
lèvres dans les épreuves de votre cruelle maladie; par
tous les héros canadiens que vous avez tirés de l'oubli.
Vous ne connûtes que les saintes joies de la famille, que
les austères plaisirs de l'étude, que les paisibles triomphes
des lettres ; votre bonheur, votre gloire doivent être pro-
portionnés à vos sacrifices.
Ici vos restes mortels reposeront sous cette pierre tumu-
laire, sur ce champ de bataille que vous avez célébré, non
loin de cet autre monument que vous avez eu la joie de
voir élever à nos héros, au milieu de cette grande nature
que vous avez si bien appréciée. Ces grands pins qui vous
entourent conserveront en votre honneur leur sombre ver-
dure, et les oiseaux d'hiver, sujet d'une de vos poésies,
viendront y gazouiller sur votre tombe. Ces lumières er-
rantes de notre ciel boréal, que vous avez aussi chantées,
se réuniront au-dessus de vous en couronne aux mille
couleurs. Les restes des héros, qui vous entourent, tres-
sailliront peut-être auprès des vôtres, les derniers indigènes
dont vous avez reproduit la plainte, erreront autour de cette
enceinte ; vous entendrez peut-être des bruits étranges,
et vous direz encore comme en vos vers harmonieux :
Perfide illusion, au pied de la colline,
C'est l'acior du faucheur !
CClxXvi DIHC. PRON. SUR LA TOMBE DE M. OARXEAl'.
Cette foule religieusement émue va s'écouler ; le silence
va se faire en ves lieux, la nuit va descendre, mais à votre
égard le silence et la nuit ne se feront jamais dans nos
âmes I
Adieu, encore une fois, adieu !
TABLE DES MATIERES
PAGBB
Situation politique et sociale des Canadiens-Français après
l'union des Canadas en 1841 v
Écrits de MM. florin, Parent et Gaillardet en faveur de la
nationalité francoH'anadionne viii
M. Garneau entreprend d'écrire l'histoire du Canada. ix
Origine, naissance et éducation de M. Garneau x
Admis au notariat, M. Garneau part pour l'Europe. — Il
visite Londres et Paris xiii
Il apprend à Ixmdres la mort de son père. — Poésie dans
laquelle il fait allusion à cet événement xv
O'Connell et les réfugiés polonais xxi
M. Garneau lit à une réunion de la Société littéraire des
amis de la Pologne une pièce de vers composée pour la
circonstance xxii
Devenu secrétaire de M. Viger, il visite Paris pour la se-
conde fois „ «...« xxiv
Isidore Bedard. — Sa mort prématuré© xxv
Retour au pays xxvl
M. Garneau est commis à la Banque de Québec, puis txîi-
ducteur à l'assemblée législative xxviii
M. Garneau se fait connaître comme poète - xxx
Commencement de la poésie canadienne. — Les poètes du
Répertoire ruitional....^ „ xxxi
PoÉsiiB r»B M. Garneau xxxviii
Collaboration de M. Garneau au CaTiadien. — Divers écrits
patriotiques publiés à l'époque de l'union des Canadas... xliv
^I. Garneau entreprend avec M. David Koy la publication
d'un journal scientitique et littéraire, Vlmtitvi lii
M. Garneau devient griffi<r du conseil municipal de Québec liv
Il i>nblie le premier volume de sou HiMoire du Canada en
1845. — Étude et analyse db ce pre^iiër volimb liv
Découverte de l'Amérique et du Canada. — Cartier. — Cham-
plain. — Maisonneuve Ivi
CClxXviii TABLE DES MATIÈRE».
DZ-couvortH (lu Miw(iKHii)i.— .TolliM.— MnrquMU».— 141 Balla 1x1
Mardis l.aval. — Talon.- M. «Ir KronUnar Ixvii
rUBUCATloN DU HBCX)NI) VOLUMM (1S40).— ÈtVI>B «T AKALYBH
IJHCB VOI.l'MH IXÎX
ÉcluMt (lo riiii»!* «lovant QiK'-lxJc . — - «... Ixxviii
Exploits do (l'Iborvillo ~ Ixxx
Coup d'œil »nr les coloniou françaÎHOH. — \a Lnuifiiane.
— Terroneuvo. — L'Acadia — Ij», baie d'Hudiion. — I»uiif
bourj? «...»-~.. .-»-..„„»
Mort <lo Fn»nt4<nac ot do Kondiaronk ~— .«.«...^..«...>„., Ixxxiii
Paix d'Aix-ia-ChaïKiUo. — Fin «lu Hocond volume « xcv
PUBMCATION I»tJ TKOIHIÈMB VOUUÏia — ÉtUOB BT AMAI.YH&.... xCV
Fripons ot c«nirtihano8 xcv
Wa»liin«ton ot Junionvillo „ xcvi
Disporhion «lo« Aca«lionH xcviii
M. do Montcalm arrive à Quél>ec »... xcix
Montcalm ot Vaudrouil xc
Victoire do Carillon cv
W<jlfe devant Québec »„ cvi
Bataille «loH Plaines d'Abraham.. ex
Capitulation do Quél)ec cxii
Bataille de Sainte-Foye ~...~ cxvi
Conquête ou cession? ~- cxxiii
Règne militaire anglais cxxiii
Acte imijérial de 1774 „ cxxviii
Guerre de 1775 ..«. cxxx
Quatrième siège de Québec » cxxxii
Nos pèras ont-ils bien ou mal fait en refusant les offres de
la république? cxxxiii
Carleton.— Haldimand. — Du Calvet cxxxv
ConstUutiimnds et (mti-conHitutionnds _ cxxxviii
Constitution de 1791. — Pierre Bedard et Joseph Papineau.
— F'in du troisième volume _.._ cxli
Publication de la seconde édition, dont le troisième volume
ajoute quatre livres à ceux de la première et conduit
notre histoire jusqu'à Vunion des deux Canada» en 1S41.
— Etude et analyse de ces quatre nouveaux livres rxlîi
Élection du premier orateur de la chambre. — Question de
la langue française „.. cxliv
Intluence de la révolution française cxlvii
Joseph-Octave Plessis cxlviii
Exécution de MacLane cxlix
Craiget Ryland ^ cl
Pierre Bedard pose le principe de la resiwnsabilité des mi-
fustres...., ~~~~ cliii
TABLE DES MATIÈRES. Cclxxix
Dissolutions réitérées du Parlement « - cliv
Suppression du journal le Canadien. — Emprisonnement
do MM, liodard, Blanchet, Taschereau et Ixifrançois clvi
Prévost succède à Craig. — Changement à vue dans la poli-
tique „.. civil
Craig, Prévost et Mgr Plessis clviii
Guerre do 1S12 clviii
Victoire de Cliâteauguay • Ixiv
Echec des Anglaisa Plattsburg tlxvi
Fin de la guerre. — Départ et mort de Prévost dxix
Nouvelles luttes parlementaires, -r- Papineau fils. — Viger.
— John Neilson. — Ix-s deux Stuart clxx
Tentative en faveur de l'union des deux provinces. — MM.
Neilson et Papineau sont délégués à Londres et eniix'*-
chent le projet d'être atlopté clxxiv
Dissolutions fréijuentes du Parlement. — Le règne de Dal-
housie rapi^elle celui de Craig clxxix
Dalhousie refuse de confirmer le choix fait par la cham-
bre de M. Papineau pour orateur clxxx
Délégation de MM. Viger, Neilson et Cuvillier à Ixjndres „ clxxx
Rapi)e.l lie lord Dalhousie. — Sir James Kempt conlirnie le
choix de la Chambre clxxxi
Immense prestige de ^L Papineau à cette époque clxxxi
Lord Aylmer. — Affaire du 21 mai 1832 „ clxxxvi
1^8 (juatre-i'ingt-douzc résolutions clxxxix
Première scission importante dans le parti de la majorité.
— MM. Neilson, Cuvillier, Quesnel et autres cxc
Deuxième scission. — MM. Bedard, Caron et autres. —
Ix)rd Aylmer remplacé par lord Gosford. — Commission
royale cxciv
Association des carahinierg loyatix dissoute par lord Gosford cxcxiii
Nouvelle division dos partis dans la chambre - cxcviii
Refus des subsides. — Résolutions de lord John Russell. —
Agitation i)opulaire ce
Dernière session du Parlement du Bas-Canada ; cciv
Insurrection do 1837. — Lord Durham gouverneur général
ot haut commissaire ccviii
Désaveu par le parlement impérial de l'orilonnance de lord
Durhaui exilant un certain nombre d'accusés politiques
aux Bermudes. — Départ de lord Durham. — Son rafi-
jxirt ~ ~..«. ccxiv
Insurrection de 1S38 ocxi
Suspension des juges Panet, Bedard et Vallières par sir
John Colborue ccxii
Cour martiale. — Exécutions ^ ccxii
CCIXXX TABLE DM MATifcRES.
M. Poulett Thomnon ost ftut pouvernenr gén/^ral; il fait
adoptitr 1o projet de l'union au coummI Ki^^rial dn lisM-
Canada ot an parlonient du HauM'anada ^ ocxIt
Ia\ i)n)j(!t ("Ht iidopt/' par lo parlomont iiuf/-rial mslfrré Voiy
jxtBÏtion dA lord (ioMford ccxtI
CoNC'ix-HioN ^„ ccxvii
M. (iarnoau publie une troisième édition do fion ouvrage
(1H59) ^ «... ct-xx
Il pr<<pam une quatrième édition à laquelle il travaille
jufu]u't1 Ha mort ccxzi
Les <iuatro Mitions comparées ^ ccxxi
Coup d'it'il Kur la |)oliti(|U(i canadionno dopui«» l'union (1641 )
juHqu'à la confé<l<''ration (lH<i7) „ ccxxii
M. Garnoau publie nn 1H55 uno relation du voyage qu'il
avait fait on Enrujx» <lan8 lo» annéas 18.'U-32 et Xi ccxxvii
Opinion qu'il y exprime Hur la constitution sociale et poli-
tique de la Grande-Bretagne, et sur l'avenir de l'Ame-
ritiuo - ccxxviii
Maladie do M. Ganieau ~ > ccxxxii
M. Gamoau est fait membre du (Conseil de l'instruction
publique, eat élu président actif, puis président honoraire
do l'Institut canadien do Qiiéboc. — Abrégé do son ouvra-
ge à l'usago des écoles. — Traduction anglaise par M. Bell, ccxxxii
Lettre remarquable à lord Elgin (1849). — Opinion de M.
Etienne Parent sur cette lettre ccxxxvii
Velléités de journalisme et de vie publique - >ccxxxviii
Lettre à M. Moreau — Réponse à quelques critiques. — In-
fluence de Vllinloire </« Canada sur les écrivains et les
touristes français. — MM. Henri Martin, Ampère, Mar-
mier, de Puibusque et Rameau ~.. ccxxxix
Lettres d'un ami de la nationalité canadienne résidant à
Genève ~ ccxlv
Publication de V Histoire du Canada de M. Ferland. — Féli-
citations de M. Garneau ccxlvii
Ijas deux histoires comparées ~ »- ccxlvii
Mouvement littéraire et études historiques au Canada ccxlix
UHiMoire du Canada aux États-Unis et en France -... ccl
Patriotisme de M. Garneau ~... ocli
Sa maladie et sa mort (1866) cclii
Monument érigé sur la tombe de M. Garneau au ci metière
Belmont (1867) ~ ccliii
Portrait, — caractère, — vie intime, — famille de M. Garneau ccliii
La nationalité canadienne sous la Confédération. — Opi-
nions favorables exprimées par lord Duflferin et par le
marquis de Lorne cclvii
TABLE DES MATIERES. Cclxxxi
Avenir des populations catholiques et francologues do l'A-
mérique du Nord. — Mouvement social, politique et intel-
lectuel de la jwpulation canadienne-française depuis la
Confédération cclix
Lettre de M. de Montalembort sur la conclusion de VITiê-
toire de M. Garneau cdxvi
Fin cclxvii
Discours prononcé sur la tombe de M. Garneau cclxviii
TABUil I)£â MAXl£liiùS CclxXVU
FIN D£ LA. TABLH UEfi MATIÈEM.
EIîi: ATA ET CORRKJENDA.
Page xxix, an lien de: "MM. Cuvtllior et QiioKnnl <''taiont, de Innt
oAU', <l(w lioiiiiiioH lilM'>raiix iixKlt'-n'H, aimant ;hmr pay», " '
" MM. Cuvillier ol (|iiittinel l'taiont, <lo lonr cAu', doe hoiuinc-
raux, modéra'», aimant lonr pays."
Phko xlii, an lieu do: " Il avait {«int le iK>rtrait du chef «aiua^u
Vincent dont le nom de chef ('■tait Tariolin, le dernier Ifuron do
pure raco," lisez: "Il avait jM'.int le jKirtrait «lu clipf Hauvu^o
Vincent, le dernier Iluron di» pure raoe, dont le nom do chef c-tait
Tariolin."
Page liv.aulioude: " le 31 juillet dernier," lisez: " le 31 jnillot IWSO."
Pagelxvi,au lieu de: " Dsulac," lisez : " Dollard-Déitormoaux." Co»t
par suite d'une mauvaiMo lecture d'un vieux manuticrit que l'on a
longtemps ai){)elé ce héros " Daulac."
Page cxii, au lieu de:
"N'en restAt-il qu'un seul, je serai celui-là,"
lisez :
" Et s'il n'en reste qu'un, jo serai celui-là. — Vkior Iltujo.
Page cxciii, au lieu de: " qui était alK.» A I^judres," lisez: " (jui était
allé à Londres."
Page ccxi, au lieu de: " dans les comu-.s au nord du .Saint-Laurent,"
lisez: " dans les comtés au sud du Saint-Laurent."
Pajte ccxii, au lieu de: "la voie de leur conscience," lisez: "la voix
de leur conscience."
Page ccxiii, au lieu de : " les bonnets bleus du Nordj" lisez : " lœ
tuques bleues du Nord." C'était l'exprossion on usage.
Page cclxiv, au lieu de : " que doit se porter," lisez : " que doivent
se porter."
INDEX ANALYTIQUE
DE
L'HISTOIRE DU CANADA
INDEX ANALYTIQUE
DE
L'HISTOIRE DU CANADA
F.-X. GARNEAU
DBK8BÉ PâB
BENJAMIN SUL.TI
ABBADIE (d'), II, 385.
ABÉNAQULS.— Leur habitat, I, 95.— Leur signe Wraldique, I, 377.
~-lG4(), visitt's par le i)ère l)ruilliito.s, I, 243. — 1088, en j;nerro, I,
288, 21»0.— imx», 011 guerre, I, 328, 345.— l(il»l, en guerre, 1, 347, 348,
350. — lGi»3, se tiennent prêts à marcher contre les Anglais, I, 'iôl.
lUDO, leur chef St-Cabtin, 1, 351». — 1701-1713, bervices (ju'iiu rendent
à la colonie, II, 108.— 1703, en guerre, II, 27, 28.— 1704, fidèles aux
Français, II, 25, 27.— 1711, fidèle» à la France, II, 47.— 1713, atti-
rés au Cai>-Breton, II, 64. — 1718, situation religieuse, II, 105. —
1721, difficultés avec B<jston, II, 106. — 1725,1a Nouvelle- Angleterre
désire la paix, II, 107. — 1748, molestés par les Anglais, II, liHi. —
1755, au lac Champlain, II, 222. — 1756, attaqués do la petite vérole,
II, 2tW.
ABERCROMBY.— 1756, envoyé en Amérique, II, 249. — Perte d'Os-
wégo, II, 258. — 1757, remplace Loudoun, II, 278. — 1758, au lac
Saint-Sacrement, II, 286. — 1758, bataille de Carillon, II, 289, 294.
— 1758, sa retraite, II, 295, 298. — 1758, rappelé ea Angleterre, II,
309.
ABERDEEN, III, 315, 317, 321.
ABRAHAM (plaines d'), 11,316 ; III, 22.— 1759, bataiUe, 11,334, 337,
343, 377 ; 111, 50.— 1760, redoutes et fortification, II, 356.-1760, ba-
taille, II, oGO.
ACADIE.— Limites, frontière, I, 52, 76-7, 88,161-2, 373; II, 104, 107.
109. — 1518, les colons du baron de Léry, I, 15. — IbiiS, projet de
Cclxxxiv INDEX ANALYTIQUE
colonisation, I, 38, 39. — 1604-1654, comliiito (lo la France à koo
^•Kanl, I, I<i6.— 1604, coninumuimontdo oohmio, I, 47, 55.-1604-10,
ahamlonn^'-o «t ropriHe, I, 50. — 161.'$, rava^/'e [>ar Alcali, I, 52. —
1621, foncMte à MJr W. Aloxamlor, I, 76. — 1627, con<-«w»io(i <le
UirroH à l.a Tour, I, 161—1621», conrtn-M .In U Tciur, I,M2.— 102V,
il y ro«U» <lo« l'ranvaiH, I, HO. — 1632, ilivit*Ai tm troin provinotM, I
160.— l():w, IVAulnay, Konvonuuir K^'Wral, I, 161. — ir;44, traJU? de
comnnsrco avec la Noiivoile-Ani^lotcrro, 1, 103. — KivallM* entre I.a
Tour et d'Aulnay, 1, 162. — 1650, traita' do roniinorro avec la Noa-
velle-AnKletorro, 1,145. — 1651, fin de la rivalit/* do La Tour et
d'Aulnay, I, KM. — 1654, attaqufe jwr l«w Anglaii», I, 165.-1654,
ravapt'"" i)ar Ix) IJorjfuo, 1, 165. — 1656, t<>ml>o au i»i>uvoir dfw An-
fîlais, I, 1(;6.— 16<i7, rondue à la Franw, I, 1W5.— lWl7-«0, conduite
do CV)lbort à 8on «"'Kanl, I, 167. — 1672, |>r<ij<tt d'un rhomin intureo»
lonial, I, 224, 2S.5,— 1672-90, <:.tat do la (..l<.nio, I, X'^'t, :'r45. — 16Wi,
clu^niin proposa- outre lo Canada, I, 224, 2H5. — 16ÎH), attaqu/'-o par
riiipi»s, I, 334. — 169<>, ro<Ioviont fran<;aiH<s I, 357. — 17f)0, fxipula-
tion, II, 22, 23.— 1700-8, «'•fat do la rolonio, II, 30.-17(4, atUiiuée,
II, 31.— 1767, attaqut'o, II, 31.— 1710, prise de I*ort-Itr,yal, II, 41.—
1711, la ])opulation se soumet aux An(;laiK, 11,44. — 1713, {janso aux
Anjrlais, II, 54, 59, 64, 104. — 1713, loe A(:a<lion8 veulent <?mi>rror,
II, 64. — 1720, Ki<-iiard, pouvemour; lan(;uo; religion, II, 67. —
1744, jniorro, 11,172. — 1745, Hituatiun dos habitants fran(;aiH, II,
177, 178. — 1746, l'-tat do la (M^pulation franvaiso, II, IHO. — 1748, on
doniando aux Acadions rlV-niijçror, II, l!Xi. — 1748, trait*' d'Aix-la-
Chaitollo, II, IW. — 1749, Acadions réfujîi^'S au Canada, II, 201.—
1749, Acadions éniijrrant à l'Ile StJean, 11,69, 201. — 17W», Aca-
dions à la baie des Chaleurs, II, 354. — 1755, Acadions réfugi^-s au
Canada, II, 381. — 1755, préparatifs de guerre, II, 222. — 1755, ca-
ractère et situation das Acatlions, II, 225. — 1755, d<''portation des
Acadions, II, 67, 68, 178, 224, 228; III, 316.— 175<), situation, II,
248. — 1756, le-s Acadions ^migrent au Cana<la, II, 261. — 1757, di-
sette qu'éprouvent les Acailiens, II, 274, 275. — 1757, projet de
Montcahn, II, 264. — 1758, expulsion dos Acadiens, II, 285. — 1759-
60, situation des habitants, II, 350. — 1763, Acadions réfugiés en
France, II, 395. — 1783, les Acatliens éniigrent au Canada, III, 48.
—Voir FuxDY (baie de). — (Village de 1'), III, 180.
AÇORES (îles), 1, 5.
ACTE DE QUÉBEC — 1774, origine de cette mesure, 11,417,424,
432 ; III, 67, 265, 272. — 1774, comment on l'envisage au Canada,
III, 79. — 1788, comment les Anglais du Canada l'interprètent, III,
66, 71. — 1774, ce qu'on en dit à Boston, II, 440; III, 13.-1774, re-
venu pubUc, m, 272, 278,
ADA^S, U, 431,
DE l'histoire du CAJ4ADA. CclxXXV
ADET, III, 103.
ADHÉMAR, III, 53, 55.
AD VER TISER ( The), III, 321.
AGRICULTURE, II, 1(KJ.
AIGUEBELLES (<V), II, 3C3.
AIGUILIX)N.— Voir d'ARiiiLLO.v.
AILLEBOUST.— Voir d'Aii-LEBOi'ST.
ALBANEL (Père), I, 222, 243.
ALBANY.— K58G, asseml>lée dos Iroqunis, 1, 278.— 1688, fortifications,
I, 291.— 1690, menat^', I, 326, 327, 360.— 161K), alarmé- de l'approt-he
des Français, I, ;î55. — 1719, commerce avec les Sauvaj^t^s, II, 150,
151. — 1721, attire la traite, II, 111 . — 1754, grande assemblée, II,
210. — 1755, assemblée des troupes, II, 235.
ALBERCJOTTI (d'), II, 372.
ALBERMALE, II, 200.
ALBERONI, II, 83, 84, 86.
^Z,ii/O.V(77u),III, 247.
ALEXANDER (sir William), I, 76, 82.
ALGONQUINS. — I.eur habitat, I, tM, 220, 251. — Origine de leurs
guerres contre les Iroquois, I, 60. — 1757, fidèles à la cause fran-
çaise, II, 268.
ALIBAMONS, II, 73.
ALISON, III, 201.
ALLCOCK, III, 122.
ALLÊGIIANYS (Sauvages), I, 89, 92.— (Monta), U, 192,
ALLEMANDS, II, 77.
ALLEN, II, 444, 450.
ALIX)UKZ (Père), I, 221, 247-9.
ALLSOPP (George), III, 37, 39, 53.
AMAZONES (fleuve des), 1, 12.
AMÊRKiUE. — D'où vient ce nom, 1, 13. — A-trelle été connue des
anciens? I, 2. — Sa découverte, II, 135.
AMHERST (sir Jeffrey).- 1758, envoyé en Amérique, II, 278, 281.^
1758, prend L(niislx)urg, II, 281, 286, 309.— 1758, se rend à Albauy,
II, 295. — 1759, remplace Aliercromby, II, 309. — 1759, au lac
Cbamplain, II, 320, 328, 330, AîO.— 1700, marche sur Montréal, II,
355, 373. — 1760, sa conduite à la capitulation de Montréal, II, 375;
III, 32, (jô. — 1760, gouverneur général, II, 391, 397. — 1703, rupaaso.
en Euroiio, II, 397, — Ou lui promet Ivfs l^iou;» don JééUitfâs, 11, ^75 }
CclxXXVi IMiUX AMAl.YTlVtUK
AMIIKKST (lord). — 1k:14, profioM'' on qualité do commuMtairo an
rana.la, 111.^21.
AMlIKIiSTBUUC;, III, 1«2, 174, 348.
AMI DU PEUPLE (Y), III, 261.
AMIOT, II, 4()f».
AMIRAUTÉ, 1, 183, 184 ; II, IGO.
AMNISTIE.— 1838, III, 359.
AMYOT, 1,212; 111,231.
ANASTASE (le Père), II, 7, 7.
ANDASTE8.— I>6ur habitat, I, 96, 141, 222.
ANDliK, 111, 41.
ANDROS (sir Edmund), II, 150, 280, 290.
ANGE-GARDIEN (1'), II, 322, 324.
ANNAI»OLIS.— Voir Pobt-Roval.
ANNE (fort), III, 26.
ANNE (la reine), II, 22, 37, 38, 42, 45, 54 ; III, 386.
ANNEXION (lu Canarla aux Étata-Uniu, III, 335
ANSE DKS MÈRKS, III, 6.
ANSON, II, 184, 323.
ANTiœsTI (île d').— Limite do Saguenay, 1, 21.— Donné© à .Tollicl,
I, 252-3, 344 ; II, 396.
ANTILLES.— 1667, ce que le Canada peut leur fournir, I, 212, 213 ;
II, 155.— 1672, commerce avec le Canada, 1, 224.— 1693, exf^nlition
des Anglais, I, .3.52. — Projet de d'Iberville, II, 15. — Fournijwontdt»
subsistances au Cai)-Breton, II, 6t). — 1746, len F lanyai» aux Antil-
les, II, 179.— Esclavage, II, 167 ; III, 69.
ANTONELLI, III, 63.
APALACIIES (Sauvages), II, 194,197, 203, 246.— (Monts), II, 192,266.
ARGALL, I, 52.
ARGENT.— Voir monnaie.
ARGENTEUIL (D*), II, 36.— Voir D'Ailleboubt.
ARKANSAS (Sauvages), I, 251, 262 ; n, 14, 77, 89, 92.
ARMSTRONG, III, 178.
ARNAUD, II, 130.
ARNOLD.— 1775, à Ticondéroga, II, 444,— 1774, propose d'envahir le
Canada, II, 445. — 1775, à la Pointe-aux-Trembles, II, 452. — 1775,
marche sur Québec, III, 3, 4. — 1775, donne l'a-ssaut à Québec, III,
6. — 1775, succède à Montgomerj', III, 10. — 1776, Wooster lui suc-
cède, III, 15. — 1776, évacue le Canada, III, 18, 19. — 1778, à Fre&-
man's-Farm, ni, 28.
DE l'histoire du CANADA. CclxXXVii
ASSEMBLÉE ÉLECTIVE.— 1774, les fonctionnaires s'opposent à
l'établiissoment d'une chambre élective, III, 79. — Du Calvet de-
mande une chamliro élective, III, 51.— 1784, les Canadiens deman-
dent une chambre élective, III, 54.-1791, créée par la nouvelle
constitution, III, 75.— Voir Constitution de 1791.
ASSEMBLEE LÉGISLATIVE.— Voir Consoil.
ASSINIBOINE, II, 126, 130.
ASSOMPTION (1'), III, 119.
ASTIGNUÉ, II, 259.
ASTROLABE (!').- Découverte, I, 7.
ATHÈNES, I, 2.
ATKINSON, II, 107.
ATLANTIDE (1'), I, 2.
ATTIKAMÈGUES, 1, 139, 220.
AUBERT.— Voir Gabpé m Lactthnaih.
AUBRY (officier), II, 297, 332, 333
AUBRY (le Père), II, 109.
AUDOUART, II, 101.
AUGSBOURG (ligue d'), I, 321.
AUNIS, II, 101.
AURORES BORÉALES, I, 93.
AUSTERLITZ, II, 394.
AUTRICHE, II, 21, 54, 57, 83, 169, 176, 218.
AVOCATS, II, 408.
AVOINE, II, 159, 225.
AYLINIER (lonl). — 1830, nommé gonvemeur général, ITI, 284.—
1831, son attitude vi.s-a-vis de la Chambre d'assemblée, III, 289,
292, 29<), 308.-1834, en délicatesse avec la coriioration de Québec,
ïll,' 323! — 1834, hostile aux Canadiens, III, 308, 313. -Visite le
pays, III, 290. — E.st en faveur de l'union des province», III, SOL
—1835, rapiJolé on Angleterre, III, 318, 321.
BABY, III. 133.
BACIIAUMONT, II, 386.
BADAJOZ, II, 394.
RADEAUX, II, 451.
BADGLEY, III, 349.
BAGG, III, 294.
CclxXXviiî INDEX ANALYTTQTTÎ
lîAHAMA, II,fi4.
HAILLY, III, G3.
liALBOA, I, 13.
liALEINK.— Vf.ir i-ftcHB.
IJANALIT^:,— Voir MotuNa
lîANQUE.— VoirCoMMKitCB, Law, rAncR-MOXXAiB.
}îAKHADE(la), II, If).
llAKHÉ-MAKIiOIS, II, 71>-81.
BAKCLAY, III, 17:J, 174.
BAKDKAU, II, 159.
1{AUILI>()N, 1,277, 280.
UAUIN(J, III, 27i,:n:i, :W3.
BAKNKY, III, 195.
BAUONNIES, 1, 171.— Voir cap Toi-rme.vte, Des Islcts, PoRTSRtT,
BÈIANCXÎUK.
BAURK, II, 432, 4a-j.
BAliT (Jean), I, 373.
BASQUES, 1. 13, 38, 78; II, 138.
BATHURST (lonl), III, 159, 186, 209, 224, 226, 373.
BA'ITENKILL, 111,27. *
BATISCAN, II, 3.35.
BATON-ROUGE, II, 83.
BAUGY (de), I, 272.
BAUM, III, 27.
BAYAGOULAS, II, 11, 83, 94.
BAYAKD, III, 192.
BAY'ONNE, II, 158, 174.
BEATSON, III, 22.
BEAUBASSIX (Le Neuf de), II, 27, 248.
BEAUBASSIN (village), 1, 3.59; II, 31, 109, 180; 181,182, 196, 199,200.
BEAUCOURT (de), II, 34, 99.
BEAUDOIN DIT CU!^IBERLAND, II, 99.
BEAUHARNOIS (Charles de).— 172.5-27, gouverneur, II, 113, 114.—
1728, difficulté avec le Conseil, II, 117. — 1728, guerre des Renard.H
II, 123.— 1730, s'occupe du Nord-Ouest, II, 125, 127.— Protège La
Verendrye, II, 131. — 1734, projet de défense du Canada, II, 132. —
1746, rappelé en France, II, 187.
BEAUHARNOIS (François de), intendant, II, 144.
DE l'histoire du CANADA. Cclxxxix
BEAUHARNOIS (canal), II, 158.
BEAUHARNOIS (milice de).— 1813, III, 180. — Seigneurie, III, 240,
250, 3«6.
BEAUJEU (de). -^1684, commande l'escadre destinée au Missii^ipi,
II, 3, 4.
BEAUJEU (de).— 1755, bataille de la Belle-Rivière, II, 232, 235.
BEAUJEU (de). — 1784, accompagne La lY-rouso, II, 'MH.
BEAUJEU (de), — 1775, commande des milices, 11,450; IIT, 9,
BEAUMARCHAIS, III, 21, 25.
BEAIIPORT.— Bourgade huronne, I, 144.— 1690, combat, I, 342.—
15'59, projets do défense, II, 315. — 1759, armée française, II, 316.—
1759, (camp de), II, 334, 336.-1759, six mille combattants, II, 337.
— 1759, bataille d'.\braham, II, 340. — 1759, retraite de l'armée
française, II, 344, 346.-1775, occupé par Montgomery, III, 3.
BEALTPRÉ (côte de), 1,171.
BEAUSÉJOUR (fort), son utilité, II, 110.— 1750, on le répare, II, 200.
— 1754, projet des Anglais, II, 211, 221.-1755, Vergor rond ce
jxiste aux Anglais, II, 222, 223, 224, 243, 336.— Prend le nom de
Cumlîerland, 1755-59, II, 223, 350.
BÉCANCOUR (paroisse), II, 261.
BEDARD (Pierrg), ses talents, HI, 81, 82, 300. — 1787, se prononce
sur la question seigneuriale, III, 61. — 1791, s'oppose à l'alHjlition
do la langue française, III, 86. — 1806, mémoire au sujet de la taxe
sur les terres, III, 113. — Retranché do la liste des officiers de mi-
lice, III, 122, 160. — 1808, demande la resiKjnsabilité du minist<>re,
m, 124, 125.-1810, arrêté par ordre de Craig, III, 134, 136, 140*.
142,144, 160,185.-1811, nommé juge, III, 150.— 1811, se déclare
IKiur la résistance contre les Etats-Unis, III, 155. — 1812, enquête
sur la conduite de Craig, III, 156.-1819, accusé par Ogden, III,
220.
BEDARD (Elzéar), ses talents, III, 304. — Propose les quatre-vingt-
douze résolutions, III, 304, 323.— 18:i5, marche avec le parti avancé,
III, 317. — 1836, nommé juge, III, 323, 327. — 1838, juge suspendu,
III, 367.
BEDARD (madame), 111,323.
BEDARD, supérieur du séminaire de Québec, III, 56,
BEDARD (l'abbé), III, 143.
BEDFORD, II, 318, 393.
BEDOUT, II, 394.
BFAJON, II, 114, 115, 125, 158.
BEHRINU, II, 127, 128.
CCXC INDEX ANALYTIQUE
BKI/'OURT, n, 392.
lîELfôTIiE, H, 248, -.m, 444 ; III, 56.
BEIXÎIQUE, II,f)7.
BELLE-ISLE (maréchal de ).— 1744, ontratno la Franrr ^ <>».
lition, II, 100.— liotrniki do Tru/iio, II, 247.-17*8, . .n-
voyor do» coIoiih au Cauada, II, l!»8. — 1758, domandn (l«« troupoR
pour lo Cana<la, II, 265. — 17')M, chef du hurwui <lo la ^uorn», II,
300, 302.-1759, n'a i)a8 do troupe» A ouvoyer au Canada, II, 308.—
1760, Hon décè», II, ri53.
BELUJMONT, I, 374, 376
BEMIS, 111, 28.
BENEZCT, 11,230.
BENNINGTON, III, 27, 21).
BERMUDES (Canadiens déportés aax), III, 360.
BERNIS, II, 300.
BERRY (duc de), U, 97.
BERRYER, II, 2ÎW, 301, 304, 379; TU, 22.
BPntSIAMITES, I, 242.
BERTHEIX)T, III, 327.
BERTIIEU)T D'ARTIGNY, H, 110, 120.
BERTHIER (capitaine), I, 215, 281.
BERTIITER (en haut), III, 338,
BERTHIER (en bas), II, 321.
BERTIN, II, 354.
BERTRAND, II, 37.
BERWICK, II, 84.
BESTIAUX, I, 205, 224, 225, 2.7).
BÉTH ENCOURT (Jean do).— Conquiert les Canaries, I, 4.
BEURRE, II, 159.
BIARD (Père), I, 52, 54.
BIC, 11,314,317.
BICHES (rivière des), II, 129.
BIENCOURT, 1,51,53.
BIENVILLE.— Voir LeMoixe.
BIÈRE, II, 225.
BIGOT. — Ses parents et ses amis, II, 206, 222, 263, 276, 336, 380.—
1744, commissaire au Cap-Breton, II, 171,173. — 1746, intendant
de la flotte, H, 178, 187.— 1748, intendant du Canada, II, 187.—
1750, société de la Mer de l'Ouest, il, 131. — 1759, se prononce
DE l'histoire du CANADA. CCXci
contre l'abandon de Québec, II, 344. — 1760, capitulation de Mon-
tréal, II, 375.— 1760, son procès, II, 379-381. — Sa cupidité ot ses
malversati<jns, II, 131.', 165, 262, 263, 275, 302, 303.
BILL D'INDEMNITÉ, II, 432.
BII/3XI, II, 11, 12, 13, 14, 60, 71, 76, 78, 87.
BISIIOPP, III, 177.
BLAXC'(cap), II, 281,283.
BLANCIIET, III, 122, 134, 185.
BLACK, III, 103, 177.
BLACK-ROCK, III, 184.
BLÉ. — 1()44, on cominenco à en semer, 1, 136. — K364, excédant des
récoltep sur la consommation, 1, 170. — 1738, ex{)ortation, II, 154-
155.— 1748, iini»^.t sur le blé, II, 159. — 1755, disette do blé, II, 245.
1757, disetU^ do blé, H, 273.— C'ultures des Acadiens, II, 226,— Cul-
ture du blé dans las colonies anglaises, I, 306.
BLEUES (TMontatçncs), II, 200.
BLEURY (do), III, 292, 327.
BLOCUS CONTINENTAL, III 110.
BIX)ODY-BRID(iK, U, 406.
BOBÉ, II, 127.
BŒUFS, II, 225.
liOlS (commt^rce do), I, 213 ; II, 143, 159, 427.
BOIS (lac des), II, 129, 130.
BOISHÉBERT, II, 224, 248, 317.
BOISSEAU, 11,400.
BOISSONS.— Voir E.\v-de-vib.
r,OJAD()R (cap), doublé par les Portugais, I, 5.
BOLINOBROKE, 11,45.
BONNE (de) de Miselle, concède le Sault-Sainte-Marie, II, 205. —
1759, commande des milices, II, 316. — 1785, son opinion sur la
tenure des torn.*s, III, 61. — 1791, en faveur do la lanj^ue franyaiso,
111, 87.— 1794, nommé juge, III, 98. — 1797, abandonne le parti ca-
nadien, III, 101. — 18(t8, organo de Craig, III, 125. — 1810, juge et
dépuU', III, 132, 137.
BONNE-ESPÉRANCE (cap de), I, 6 ; II, 140.
BONNEVISTE, 1, 363.
BORDEAUX, II, 158, 387.
BOUOIA, II, 3;kS; III, 122^, 155.
BOSCAWEN (l'amiral).— 1755, bat la flotte française, II, 212, 214-5,
ccxcii iprnKx ANAi.VTiQrE
246.— 1755, (liHj»r«ion il«i Aca*\Umtt, II, 228. — 1755, cmim mr Im
cftloM (le la Notivelltyl-rame, II, 243. — 1758, priuo do I>;uii»lx)Ur|r,
II, 281,28(5, :J0)).
IU)S.SUKT, 11,55.
]«)8'1"()N.— S«iH oiÎKinoH, I, 301.— lOfll, porte do «on navimi, I, 346.—
im>3, la flottn anKiaiw n'y r<''fii>.'io ; la pento, I, 352.— 1093, la place
OHt Hurvoill^'tî par Ioh KranyaiH, I, :i51.— 1097, «epr^'-paroàlatraorre,
I, 371-2.— 17o:i, Htta<jii<'', II, 27. 31.-170$», IpvA» coiitrf^ U> (;aua<la,
II, 40. — 1757, jrrando aHmMublt''» en vue tlo la guerre, II, 266.- 177'>,
«'•vacn*'' |iar Ioh An>.'lai», III, 10.
liOUC", 111,107.
BOUCHARD (ÎM,I, 340.
BOUC'IIKU (Pierre), I, 153, 284.
BUUCIIKK DE LA rKRItlfcRE, 1,363.
BOUCHER DE MONTBRUN. Il, 12fl.
BOUCHER DE BOUCHERVILLE, III, 56.
BOUCIIERVILLE (paroisse), 1,350; II, 373.
BOUCIIETTE, 11,451.
BOUP FLERS, I, 373.
BOUOAIN VILLE (do).— Titras, etc., II, 247, 248, 293, 307, 378.— 1756,
arrive au Canada, II, 247. — Au Kiège île William-Henry, H, 270,
272. — A Carillon, II, 293. — 1758, sort d'intermédiaire entre Vau-
dreuil et Montcalm, II, 307. — 1758, pa.<<8e en France, II, 301. — 1759,
revient de France, H, .307, 312. — 1759, au sif-pe do Québec, H,
319, 323, 327, 329, 336, :«7, 338, .340, 341, 344, 345, 346.-1760, à
l'île aux Noix, II, 371, 373. — 1760, capitulation de Montréal, II,
375. — Ce qu'il écrit du Canada, II, 275, 276. — Son voyage autour
du monde, II, 319, 378.
BOUILLE, ni, 50.
BOULLAKD, II, 116, 119, 12L
BOULLÉ (Hélène), J, 129.
BOULOGNE (de). H, 354.
COULTON (H.-.T.), III, 376.
BOUQUET (colonel), II, 297, 406.
BOURACAN, II, 157.
BOURBON (fort), I, 364, 366 ; II, 129.
BOURBON (île), H, 394.
BOURBONIE (la). H, 127.
BOURDAGES.— 1808, les juges inéligiblas,'ni, 121. — 1809, attaque
Craig, lU, 123. — 1811, colonel de milice, III, 150. — 1827, propose
DE l'histoire du CANADA. CCXCÎii
Papineau pour président, III, 262. — 1831, refus des subsides, III,
289.-1834, 8on attitude en chambre, III, 302.
BOURDON (Jean), I, 201, 211, 243.
BOURGEOYS (Marguerite), 1, 195.
BOURLAMAQl' E.— Titres, etc., If, 248, 307, 378.— Arrive an Canada,
II, 248. — Au lac St-Sacrement, II, 2SC, 311. — Au lac Champlain, II,
330, 330, 334. — 1757, sort avec distinction, II, 248. — Propo.sé pour le
fort Duquesne, II, 303.— A Oswégo, II, 25<i.— A William-Henry, II,
267, 270.— A Carillon, If, 268, 2W, 293. — Frontière du Niagara, II,
248, 255. — Son opinion sur la bataille d'Abraham, II, :M3. — Ba-
taille (ki Ste-Foye, II, :î58, 363. — Sa mort, II, 378.
BOURGMONT, II, 26.
BOURG-ROYAL, II, 316.
BOURRET, III, 145.
BOURSE, II, 166.
BOUSSt)LE, I, 7, 8.
BOUTEROUE (de), I, 215.
BOWEN, 111,122,325.
BRADDOCK. — 1754, envoyé en Amérique, II, 210, 246. — 1755, ba-
taille do la Mononttahéla, II, 231, 234, 297. — Méprise la miKce, II,
236, 241.
BRADSÏREET, JI, 253, 290, 295.
BRANDT, chef iroquois, 1, 122.
BRAS-D'OR, II, 61.
BRÉARD, II, 132, 2ti4.
BKEBŒUF (Père de), I, H, 142, 243, 244, 246.
BRE.SSANI (Père), I, 138.
BRÉSIL, I, 12, 13, 31.
BREST, II, 10, 175, 184, 186, 211, 266.
BRETAGNE, II, 83, 101, 299, 394.
JiRlTlSH RIFLE LEGION, III, 381.
BRETIGNY.— Voir Paix.
BRETONS, 1, 13, 38 ; II, 138.
BREYMAN, III, 27.
BRIAND (Mgr), II, 400, 424 ; III, 63, 96, 157.
BRIDGEMAN, II, 183.
BROCK (colonel), III, 119. — BROCK (général). — 1812, prend le
Détroit, III, 163. — 1812, sur la frontière du Niagara, 111, 164. —
1812, sa mort, III, 165.
CCXCIV INDEX ANALYTIQUE
liliONSIXJN, III, 368.
l{U(M)KE((oI(.noI).— 1814, III, 195.
J{lC()UA<aiKS (Ixmi«odo), II, 395.
liUOUOHAM (lord), III, 151, 332, 354, 350, .362-3, 380.
BROUIU.AN (do), I, 35«, :W1, »Î2; II, 3(», 31, 34.
imoWN (major), II, 44J», 450; III, 5.- liUOWN (général), 111,188.
BHOWN (T.^.), III, :m, 339, 344, 382.
BUUCK, 111,288.
liUTJNSWICK, II, :577; III, 17, 43»
BRUYÈRES, II, 391.
BU ADE.— Voir Fko.vtenac.
BIJFKAIA III, 1H4.
BULL (fort), II, 36, 253, 296.
BULLEH, III,3.W,361.
BULLION (Madame do), 1, 195.
BUNKER.IIILL,n, 445.
BURI)f:TT, III, 241,250.
BUK(i<^>YNE, II, 445 ; III, 17, 20, 25, 28, 29, P.L
BURKE, II, 429, 432, 435 ; III, 72-4.
BURLINGTON (hauteurs do), III, 170, 177.— Lac Cl.amplain, !II,
107, 179.
BURNALL, III, 56.
BURNET, II, 111-3, 150.
BURTON (général), II, 391, 397, 400.
BURTON (sir Nathaniel), III, 245, 254-7, 271.
BURTONVILLE, III, 167.
BUSHY-RUN, II, 406.
BUTE, II, 383.
BUTTES- A-NEVEU, 11, 338, 341, 347, 360, 362, 366 ; III, 15.
BYNG, II, 198, 246.
BYRON, n, 354.
c
CABARETS,— Voir Eau-db-vib, m, 120.
CABOT (Sébastien). — 1497, découvre la Floride, Terreneuve et le
Labrador, 1, 12, 86, 242 ; II, 49.
CABRAL (Alvarez) découvre le Brésil, 1, 12.
CABRAL (Gonzalvo-Vellio) découvre les Açores, 1, 5.
DE L HISTOIRE DU CANADA. CCXCV
CADET, II, 262, 26:^, 277, 381.
CAEN (Guillaume de). — 1621, intéressé dans la traite, I, 71.— Fait
érifïer le cap Tourmente en baronnie, I, 171. — 1629, battu par
Kertk, I, 80-81.— 1633, rentre dans Québec, 1, 127.
CAEN (les sieurs de), II, 139.
CAFFINIÈRE (de La), I, 322, 324.
CAHOKIA, II, mi
CALDWELL, II, 270 ; UI, 56, 246, 251, 256, 319.
CALLIÈRES.— Son caractère, II, 23, 24.-1684, gouverneur de Mont-
réal, II, 24. — 1687, commando le camp de l'île Ste-Hélèno, I, 280,
281.— 1688, veut conquérir la Nouvelle-York ; va en France, 1,290,
322, 324.— 1690, commande à Montréal, I, .339.-1691, négocie avec
les Iroquois, I, 346. — 1691, commande à Montréal, I, 348. — 1697,
son opinion sur l'étendue do« frontières, I, 374. — 1698, succède à
Frontenac, I, 380 ; II, 24.— 1700, commande à Montréal, 1,376, 376.
— Sa politique envers les Iio<]uois, I, 3S1. — 1700, envoie des mis-
sionnaires aux Iroquois, II, 23. — 1703, sa mort, II, 23.
CALVILLE, II, 372.
CAMDEN, II, 439.
CAMPBELL, II, 448 ; III, 6.
CANADA. — Ce que les Sauvages entendaient par ce nom, I, 20, 21.
— Appelé Nouvelle-France, 1,88. — 1760, divisé en trois di'part»*-
niente, 11,391,409, 410.
CANADIAN SPECTATOR {The), III, 261, 263.
CANADIEX (le), III, 114, 122, 128, 133, 137, 317, 325, 334, 338, .341,
363.
CANADIENS. — I^ur origine. II, 101. — Leurs travjiux en Amérique,
II, 71. — Sujets anglais, II, 49. — Voir Coloks, Habitants.
CANAL LACIIINE.— Voir Laciune.
CANARDIÈRE (la), II, 315, 316 ; III, 3.
CANARIES (îles), découvertes, 1, 4.
CANAUX, III, 245.
CANSEAU, I, 335; II. 61, 172, 174.
CANTERBURY, III, 321.
CANTORBERY, II, 399.
CANTONS DE L'EST, divisés en townships, III, 105. — 1793-1811,
grandes concessions, III, 206. — 1816, projet d'un district judiciaire,
III, 221.— 1825, projet do nouvelles divisions électoralas, III, 245.
1826, système de tenure dt<s terres, III, 272.-1829, projet de défri-
chement, 111, 280, 281.-1832, visite de lord Ayiuior, LU, 296.—
CCXCVl INDEX ANALYTIQUE
1832, Bocîété de coloniHation form^ti à Jjntulrw, III, 299. — 1835 rm-
ijonibl^e politique à Htaïuitead, III, 311, 315, 329.
CANU, I,8G.
CAr-nUKroN.— Dencription; hiirtoiro, TI, fil, «2. — 1629, nnlev*< pnr
los KraiH/ais, I, 81, — l(»f)2, bon endroit do jii^rhn, I, 15».^ ' '
Hotto franvaiw» Hur mw côt«H, I, 350. — 10l»6, arriv^-o du d'Ib* r '. :
I, :{58.— 170«-172(), rolonihation, II, (il-2, (i5, Wi. - 1711, [tasHEKe do
Tamiral Walker, II, 41». — 1712, regardé «•otume i>artie do l'Auuiie,
II, 11)3.— 1713, r(^Hte français, II, M, 69, fiO, «1, 101. — 1713, noinni*''
tlo Royale, II, <J4. — 1720, situation. II, ft5. — 1720, rapportii avec
l'Acadio, II, 07.-172.^, naufratrn du Chnnunu, II, 114.— 17»i;î, admi-
nifllratiou, II, 3}>6. — 1775, Iw Kranvais Konir<>nt A le reprendre, III,
22. — Ses Kouverneurs, U, 07. — Charlx>n do terre, 11, I5b.
(ÎAPCOD, I, 48.
CAPINANS, II, 11.
CAP-ROUGE près Québec.— 1.541, on y commence) une colonie, 1,20,
— 17.j9, Wolfe exanuno If» lieux, 11,323.-1759, Iion^raiaville garde
cet endroit, II, :;30, 3;{S, 340.— IT-îi», navinw an>rlai», II, 335, XHi. —
1759, embusoaile franvaise, II, 34.5. — 1700, bois de chaiifl'aKu, II,
350.— 1760, Lévis et ses troujx», II, 358. — 1760, les Anglais cou]>eut
les {K>nt8, II, 3.59.
CAP DE SABLE.— 1629, posta français, I, 82.
CAP TOURMENTE.— Erigé on baron aie, 1, 171.
CAPUCINS, II, 87.
CAR .\ B I N I E R.S.— Voi r Troupes.
CARAÏBES (îles). II, 202.
caraïbes.— Peuple féroce, 1, 9.
CARASCOSA, II, 8o, 85.
CARBONNIÈRE (île do la), I, 363, 363 ; II, 35, 36, 37.
CARDEN,II,450.
CAKIIEIL (Père de), 1, 330, 382.
CARIGNAN.— Voir Trocpes.
CARILLON. — Johnson veut s'assurer de ce passage, II, 235. —
Dieskau y lais.se des troui)es, II, 236. — L&s Français s'y concen-
trent, II, 240. — Les Français y construisent un fort, II, 242. —
Camp français établi, II, 248. — Montcalœ y rejoint ses troupes, II,
255. — Poste i^rmanent en ce lieu, II, 259. — Bourlamaqne y réunit
des forces, II, 268. — f^es Anglais s'en approchent, II, 2G9. — Vivres
pris sur l'ennemi, II, 273. — I^es An^rlais décident d'enlever ce
poste, II, 280.— Bataille: ses résultats, II, 287, 298, 305, .330. — Ba-
taille: nouvelle portée en Angleterre, II, 285.— Amherst relève les
ruines du fort, II, 350.
DE l'histoire du CANADA. CCXCVH
CARLETON (lord Dorchester).— 1759, colonel ; présont à la bataille
d'Abraham, fl, o39. — ]7(ii\ brigadier ;^('n<^rftl, vient en Canada, II,
407.— 1768, gouverneur gén^'^ral, 11,411. — 1 770, {«sse en Angleterre,
11, 411. — 1772, favorable à l'évéquo catliolique de Québec, II, 424.
1773, invoque le rétablissement <les lois fran(;aist'iJ, II, 417. — 1774,
se montre l'ami fies Canadiens, II, 4;U. — 1774, major général ; re-
vient en Canada, II, 442.— 1775, à Montréal, II, 451.— 1775, descend
à Québec, II, 452.— 1775, siège de Québec, IH, .S, 7, 15.— 1776, «iègo
de Quél^e»^-, Hl, 16.— 1776, poursuit les Américain», UI, 18. —1777,
n'est pas choisi pour commander l'armée, III, 31. — 1778, remplacé
par Haldimand, III, 35. — 1782, retourne en Amérique, III, 46. —
1786, renommé gouverneur du Canada, III, 52. — 1786, élevé à la
pairie, III, 52. — 1791, passe en Angleterre, III, 84-5. — 1793, revient
d'Kuroi^e, III, 93. — 1796, retourne en P^uroiio, lU, 101.
CAROLINES (les), I, 33 ; II, 73, 86; III, 19, 46.
CARON, 111,327.
CARROLL, 111,11,17.
CARTHAGINOIS.— En Amérique, I, 3.
CARTIER (.Tarques). — 1534, premier voyage au Canada, I, 19. —
153."), visite Ilocholaga, I, i;iô. — Commande l'expédition de Rober-
val, I, 2().— Stin (juatriùnje voyage; non é\oge, l, 27, 28. — Obtient le
privilège de la traite, II, 139.
CARTIER (sir George-Etienne), III, 360.
CASCO, I, 328, 336 ; II, 27, 32.
CASOT(Rév. Père), III, 107.
CASTLEREACJH (lord), in, 118, 227.
CASTt >R.— Voir Com vm; nib.
CASTOR.— Ses diverses qualités marchandes, II, 141.
CATARAOOUI.— Voir Fboktkxac (fort).
CATAWBAS, I, 94.
CATINAT, I, 373.
CAX/GHNAWAtîA, III, 180.
CAVAtJNAL, II, 111. — Voir V.\udbbuiu
CAZEAU, II, 441, 448; lil, 337.
CÈDRES (les), II, 374 ; lU, 18.
CELLAMARE, II, 84.
CÉLORON DE BLAINVILLE, II, 197.
C^NIS, 11,5,6.
CENT- ASSOCIÉS.— 1628, fondés, I, 73, 190; II, 139.— Lear objet, H,
138.— 1632, condauméb à payer 40,000 iivreti, 1, 85.— Leur» droite sei-
CCXCVlll INDEX ANALYTIQUE
gnouriaux, 1, 171.— 1036, ospoir qu'il» in«plrent, 1, 130, 131.— Con-
cCulont. l'ilo <lo Montr('al, I, 132. — 164'i, nmuftt^Mit i*artio de leur
privilîr^'o, F, 131».— 1W3, le roi di*i»out la compagnie, I, 158; II,13U.
ciiAJiKirr, II, :5.î2.
CHABOT, 111,0.
CHABOT (Pliilippe de), 1, 18.
CHA(.TAS,— 1082, \mU» par La Sallo, I, 262; H, 73, 91, 92, 93, 94.
CHACJ()UAMI(M)N(;, I, 247; II, 151.
CHALEUllS (haie deu), I, 19; H, 224, 364.
CHAMHLY.— Voir Hkrtbi., Rkiihlibu.
CIIAMIiLY (rivière), II, 448.
CHAMBLY (famille), I, 284.— (M. do), 1690, à FeaUgouet, I, 335.
CIÎAMBLY (fort). — IWm, tomU; I, 2W. — 1687, insulté par leit Iro-
quois, I, 28(5. — Kiyi, iiionucv par low An}<laiH, I, .'i4W. — 1711, pn''j«a-
ratifs do guerre, II, 4t). — 1740, ihIh en état do défense, II, 13.3. —
1757, on y envoie do« troujjeH, II, 168. — 1758, troupoK employY'eu
dans le voi.sinago, II, 311.-1775, livré aux Américain», II, 449,—
1775, on projette do construire des canonnière», IH, 15. — 1776,
brûlé, III, 18. — 1814, réunion des trouiic» auglaise», III, 192.
CHAMBRp] ÉLFXTIVK, 111,67,69-70,80.
en AME A U (le).— Voir N.\LraAGi«.
CTÎAMLLARD, II, 55.
CHAMPFLOUR.— 1641, commande aux Trois-Riviêres, 1, 131.
CHAMPION Y (de).— 1687, accomi)agne les troupe», I, 281.— 1695, ne
veut i)as qu'on relève le fort Frontenac, I, :iô3.
CIIAMPLAIN (Samuel de).— 1603, visite le Canada, I, 46.— 1604, va
en Acadie. I, 47. — 1608, se* pouvoirs, I, 58. — 1608, fonde Québec, I,
56. — 1609, marche contre les Iroquois, I, 61, 141. — 160î>, j>a88e en
France, I, 62.— 1610, se marie, I, 129. — 1612, nature de sa commis-
sion, I, 64. — 1613, remonte l'Uttawa, I, 65. — 1615, découvre le lac
Ontario, I, 65. — 1618-9, diHicultés avecles marchands, I, 67, — 1620
revient en Canada, I, 67. — 1620, amène sa femme, I, 67, 12^, —
1624, sa femme retourne en France, 1, 130.-1629, emmené en Eu-
rope, I, 80.— 1635, sa mort ; son éloge, 1, 127, 128, — 1035, n'a pas
laissé d'enfants, 1, 129. — Ses découvertes, I, 242,
CHAMPLAIN (lac).— 1609, combat qui s'y livre, I, 62.— 1690, route
de l'invasion, II, 46. — 1692, défaite des Iroquois, I, .350. — 1709 et
1711, route de l'invasion, II, 39, 40, 46, 49. — 1727, fort de la Pointe-
à-la-Chevelure, II, 113, 350. — 1755, Dieskau et .ses troupes, II, 222,
236. — 1757, troupes françaises, II, 268. — 1758, Abercromby et ses
troupes, II, 286. — 1758, on y réunit des embarcations, II, 311. —
I
DE L'HISTOIRE DU CANADA. CCXClX
1759, projet de Araherst, II, 320, 330, a50. — 1760, Haviland et ses
trou{je8, II, 355. — 1760, Lévis inspecte cette frontière, II, 372. —
1775, projet de Carleton, II, 446, 446. — 1776, retraite des Améri-
cains, III, 18. — 1777, Bourgoyne et ses troupes, III, 26. — 1783, déli-
mitation de cette frontière, III, 47.
CHAMPME8LIN, II, 85.
CHANDLER, III, 177.
CHANOINES DE QUÉBEC, II, 425 ; III, 158.
CHANVRE.— Talon encourage cette culture, I, 214 ; II, 153. — 1715,
culture prosi)ère, 11, 143. — 1716, la cour recommande cette culture,
II, 150-7. — Chez les Acadicns, II, 225.
CHAOUACHAS, II, 92
CHAPEAU-ROUGE (le), 1, LiUl ; H, 174.
CHAPEAUX, H, 427.
CHAPMAN, III, 318.
CHARBON DE TERRE, 11, 15S.
CHARLAND, III, 7.
CHARLES VI, H, 169.
CHARLES VII, II, 169.
CHARLESBOURG, 1, 173 ; H, 315, 453.
CHARLESTON, I, 366; III, 19.
CIIARLEVILLE, II, 394.
CIIARLEVOIX (le Père de), II, 87, 101, 126.
ClIARNISAY. — 1638, nommé gouverneur de toute l'Acadie, I, 161.
1640, attaque La Tour, 1, 162. — 1644, fait un traité avec la Nouvelle-
Anj,'leterro, I, 163. — 1645, assiège madame do La Tour, 1, 163-4. —
Sa conduite en Acadio, I,.166.
CHARNY (de), I, 180, 201.
CHARON, 1, 196.
CHARREST, II, 395.
CHAHRON (Jean).— 1663, élu échevin, 1, 179.
CHARTE (grande). H, 403.
CHARTIER.— Voir Lotbinièrb
CHASE, III, 11, 17.
CHASTES (de), I, 45-6 ; II, 139.
CIIASTEAUFORT, 1, 130. 'v
CH ATEA r CU' A Y.— Voir LhMoinb.
CHATEAUGUAY(soigneurie de), II, 99.— Bataille do, III, 179.
CHATEAU-RENAULT, I, 373.
CCC INBEX ANALYTKlUK
CHATEAUX (baie d«*), 1,21.
CHATIIAM (l<jr<l).— Sort du iiiiiiiwtire, IJ, IM). — 1774. hV»i>po«« atix
iixwnroH du iniiiiHt<!ro toiulianl 1cm foloiiuw, II, 4.TJ, 4:{7,— 177«, ha
IKjlitiqiio, III, 21, 42.— 1778, ti'opiJow» aux Uxen coloniale, III, 43.
— Voir l'iTT.
CHAUDIÈRE (la).- Voir Oitawa.
CriAUDIÈHE (rivièro). — 1(>4(J, romont^-o par lo Père DruillèU», I,
243; II, 24!», 2."A452.
CHAUMONOT (lo Père), T, 244.
ClIAUS.Si:(JIU).!; de LÉRY. — 1720, fortifie Québec, Il.oy. — 1727,
«'tu«lie lo« carU.s du Nord-Ouuat, 11,12^.-1747, prend lo fort
nrid^'onmii, II, 1K:î. — 1748, fortifio Qm-lnx-, II, 177. — (Kib), 176«,
oulùvo lo fort Hull, II, 252.— Va avec sa foninm à I>judrw<, 1765, II,
395.— Elève du n^^minaire de C^u^'lioc, III, <i2,— 1784, en faveur du
princiiKJ t-loctif, III, 54— (FIIh), 1789, offlHor, Tf, .3i»4. — Injr/niour
on ciiof do rarin(''o franyaiso, II, 394. — 1839, membre du Conseil
Bpi'fial, III, 377.
CUAUVIG^■ERIE (de La), II, 47.
CHAUVIN.— ABSocié de Pontgravé, I, 45; II, 139.
CIIAZEL (de), II, 114, 115.
CHAXY (rivière), III, 192.
CHÉDABOUCTOU, 1, 165, 336.
CHEMINS.— Voir RorrBB.
CHÊNE, n, 153, 159.
CHÉNIER, ni, 345-6.
CHEPAR (de), II, 89, 91.
CUÉRAQUIS, II, 346.
CHÉROKIS, I, 94.
CHESAVEAKE (la), III, 117, 184.
CHEVAUX, I, 205 ; II, 225.
CHEVELURE (ix»iute à la). — Voir Chammlaik (lac).
CHIBOUCTOU.— Voir Haufax.
CHICAGO, I, 221, 252 ; II, 123.
CHICKASAS, I, 262 : 11,^, 12, 73, 87, 88, 89, 94, 95.
CHIGNECl^OU, II, 199, 223.
CHINE, 1, 140.— Voir Compagnie.
CHIPODY, II, 199, 200.
DE l'histoire du CANADA. CCCÎ
CHIPPEWA (fort).— 1812, III, 166, 176.
CHIPPÉ0UAI8, 1, 247 ; II, 405.
CHISnOLME, III, 325.
CHOISEUL (duc de).— 1748, mémoire sur les affaires du Canada, II,
195. — 1755, mémoire aux puissances européemies, II, 235. — 1758,
ministre des affaires étrangères, II, 300. — 1700, ministre de la
guerre, II, 353. — 1701, et le p<ute de familU, II, 383.-176:$, et le
traité do Paris, III, 21, 42. — 1778, alliance avec les provinces
américaines, III, 42.
CHOLÉRA.— 1832, III, 295.
CHOU AGUEN.— Voir Okwègo.
CHOUANONS.— Leur habitat, I, 251.— Leur destruction, 1, 122.
CHOU ART DES GROSEILLERS, I, 303.
CHRISTIE (Rulmrt), III, S77.— Voir Préfacr
CHRISTINAUX.— Voir Kkistinots.
CHRONICLE {Tlie), III, 321.
CHRYSLER'S-FARM, III, 179.
CHUBB, 1,359; 11,31.
CHURCH, 1,359; II, 3L
CIDRE, II, 225.
CLAMCOETS, II, 6.
CLAPHAM, III, 324.
CLARKE (Alured), III, 85.
CLARKE.— Explorateur, II, 130.
CLAY, III, 172.
CLERGÉ. — Son influence sur le choix dos émigrés, II, 103. — 1639-
03, prend part à l'administration de la justiœ, 1, 176. — 1664, opi-
nion de Colbert, I, 204. — 10(>.'), instructions à Tracy, I, 207. — 1006,
vues de Talon, I, 215.-1007, vues de Colbert; I, 212. — Sous Mgr
do Laval, 1, ISS, HX), 192.— Son rôlo sous Frontenac, I, 238. — Sous
Mgr de Saint-Valliei, I, 193. — Vues de M. de Courcelle», I, 223. —
1775,11,443; III, 2, 4, 10, 12, 13. — 17S4, III, 55.— l>u Canada,
1805, III, 145.— Français, I, 197; III, 145. — S'ocruiie do l'instruc-
tion publique, 1, 196.— Son rôle comme patriote, 1, 318.
CLERMONT, I, 342.
CLIMAT du Cap-Breton, II, 01.
CL'MA ; du Canatla, 1, 8.3, 84, 91, 124-5, 136.
CLINTON (général), II, 181, 445 ; III, 46.
CLINTON (fort), II, 1S3.
curuEKuw, m, aoy.
CCCII INDEX ANALYTIQUE
CLUB CONSTITUTIONNEL, III, 77.
COCHECO, I, 337.
CODES, 1, 184.
CULHEKT. — 16«2, H'ocrupe du Canjwla, 1, 168, 177. — 1864, «'occnpo
•lu Canada, 1, 170.— 1(W>4, hom vuo» Hur le cU^ruf' «lu f'anada, I, '^04.
— Sa iH)litujuo onvor» I« Canada, I, 211». — Se» vue»* uur 1« notnVtre
do colon» à onv(»yer au Canada, 1, 219. — Son «ystènjo colonial, II,
22, 110.-1070-72, impulsion qu'il donne à la roïonie, I, 24K.— HJ78,
k'occui» do la baie d'!Iudf<on, I,.'J<J4,— Sa cruuhiito «inverH l'Acadio,
I, 1(>7. — 1()K:{, Ha mort, I, 2(>8.— liow colonieH àna mort, II,.'>«1.— 1<)83,
suite de hom j)rojet« »ur le Canada, I, 2<i4. — Sa i»fjlitifjue est aban*
tlonn<k>, II, y. — Son fils Soignelay lui «urcède, I, 2.55.
COLBOIINE (sir John). — 1830, visite les Etats-Uni», III, 341. — A
St-EuHtache, III, .t40.— Succède à lord Gosford, III, :M!). — 1838,
institue un conseil 8p«''cial, III, 358. — 18;i8, roproncl l'a^lmininf ra-
tion, III, 305. — 18:i8, riîprimo rinuurroction, III, 'HMj-7.— Ib'M,
nommé gouverneur vrt''n(''ral, III, 368.
COLLÈGE DE QUEBEC, 1, 127.
COLLET, 1, 184.
COLLINS, III, 36.
COLKJNY, 1,31.
COI>OMB (Christophe).- Sa jeunesse, I, 6.-1492, s'embarque à
Talcs ; découvre San-Sah-ador, I, 7, 8.-1492, jxjursuit ses d«'cou-
vortcs, I, 9. — 1493, rotojirne en Euroj^; réception qu'on lui fait,
1, 10. — Ses derniers voyages; sa mort, I, 11. — Son portrait, I, 11.
— Ce que l'antiquité eût itonaé de lui, 1, 1. — 1508, procès de son
fils avec le roi, 1, 13.
COLOyUL ASSOCIATION, III, 370.
COLONIES ANGLAISES.— 1755, leur situation, II, 219.
COLONIE PÉNALE, II, 101.
COLONIES.— ^vstème colonial, II, 56-7, 59, 136.
COLONISATION, I, 207.— 1672, 1, 224.— 1674, 1, 229.— On pense qne
la traite la favu. isera, II, 138.
COLONS.— Leur origine, I, 130, 317-8. — Choix des colons, I, 170,
218; II, 8, 78. — Premiers étabUssemonts dans le pays, 1, 171. —
Comment ils se sont placés sur les terres, 1, 172, 174. — 1627, 1645,
privés du priv lège de la traite, II, 139, 140.-1650, menacés parles
Iroquois, i, 147. — 1658, menacés par leslroquois, I, 149. — 1660, me-
nacés par les Iroquois, I, 151, — 1661, il en faudrait 60<:» nooveaux,
1,153. — 1662, projet de colonisation, J, 158-9. — 1664, arrivent de
France, 1, 170, 170.— 1664, perdent la liberté commerciale, II, 140.
1G65, arrivent de France, 1, 205. — 1666, liberté delà traite des four-
DE l'histoire du CANADA. CCCiiî
rnreft, II, 140.— Ifi67, opinion de Colbert, I, 212.— 1669, arrivent de
France, I, 218.-1670-72, nouveaux colons, I, 248.— 1682, on on de-
mande de nouveau, I, 267-8. — Toujours armés, 1, 136. — 1687, pro-
jets de Denonville, I, 284. — 1688, trop diBséminés, I, 287, 293.—
1689, leur situation d'esprit, I, 2t)2. — 1691, maraudes des Iroquois,
I, 347, — 1692, les Iroquois empêclient les travaux des champs, I,
350. — 1695, doivent rester sur leurs terres, I, 353. — lti9<j, corvées
qu'on leur imixïse, I, 356. — 1697, reprise do la colonisation, 1,373-4.
— Caractère belliqueux, II, 167. — 1674-1700, comment on paie leur
traite de castor, II, 142. — 1700, liberté du commerce, II, 142. —
1700, peu nombreux, II, 110. — 1706, projet au sujet du Cap-Breton,
II, 62, 63.— 1713, on demande des coloûs, II, 61, 64. —1713, il n'en
vient guère de France, II, 97, 98, 101. —Soldats établis, II, 101.—
1627-1715, on jietit nombre, II, 143. — 1715, nécessité d'en envoyer
de Franco, H, 144. — 1715, allaires tie commerce, II, 144. — 1715, dé-
sirent rétablisseuiont du pays, II, 143. — 1725, envoyés de Franco,
II, 114. — 1727, on veut les retenir sur le bas Saint- Laurent, II, 10t>.
1745, les Acadiens demandent des terres, II, 178. — 1749, projet de
La Galissonière, 11,197. — 1750, projets soumis au roi, 11,198. — 1752,
en partie sous les armes, II, 206. — 1755, sous les armes, II, 244-5.
1755, leur situation, II, 221.— 1756, sous les armes, II, 258. — 1756,
sous les armes, II, 249. — 1757, travaux des champs, II, 268. — 1757,
se i)rivent de leurs provisions |)onr las donner aux troupes, II,
269. — 1757, projet du maréchal de lit^lle-Isle, II, 2(55. — 1757, réqui-
sitions de vivres ixiur les troupes, II, 2(53. — 1756-9, voir Di/utU. —
1758, abandonnent leurs récoltes ix>ur courir aux armes, II, 280,
29(>. — 1758, quittent les champs pour courir aux armes, II, 300. —
17511, éprouvés par la guerre, II, 348, 350. — 1759, les femmes et les
enfants aident l'armée, II, 335. — 1760, comment se font les semen-
ces, II, 357.— 1760, capitulation de Montréal, II, 375.— 1760, leur
situation, 11,371, 372, 378, 391. — 1760, hommat;e qne A'audreuil
leur rend, II, 376. — 1761, administration de la justice, II, 392. —
1763, réfujriés en France, II, 393-5. — Voir SmciNKLEiEb, Paroisses,
Haiutants, Canadiexs, Louisiane.
COLORADO, II, 6.
COMMERCE.— 1663, sous le contrôle du Conseil souverain, 1, 178. —
16()5, opinion de Talon, I, 208, — 1067, vues de Talon, I, 212. — Incite
aux découvertes, I, 4. — Sous le contrôle de l'intendant, 1, 183, —
Faible sous le régime français, II. 9, — 1682, incendie de Québec,
1, 235. — 1689, presque anéanti, I, 322,— 1690-7, ruiné par la guerre,
I, 373.— 1696, en général, II, 20.— 1700, opinion de d'iberville, II, 13.
— 1700-1717, fondations de diverses compagnies, II, 75. — 1705,
empêché avec; la Nouvelle- Angleterre, II, 38, — 1706, projet de Rau-
dotet fils, 11,62, 71, — 1712, privilège de Crozat en Louisiane, II, 17,
72, 73. — 1716, se ravive, II, 98. — 1716, avec le golfe du Mexique,
CCCIV INDEX ANALYTIQUE
II, 73. — 1720, ruine du BystC-me de Law (voir ce mot).— 17V», iin-
Ix>rtutioiiM, otc, JI, li20. — 17.Ki, «n Acailiv, II,L''JU, — 170.1, luar-
chandH «jui ropujwinl on Franco, II, '.iW, — 1700-179(1, III, 78. — Voir
EAU-nB-V'ii), MoNNAiH DH cAKtm, Tkait&
COMPAGXIK DKS INDES OCCIDENTALES.— 1004, établie, 1, 131»,
178, 182,-10(54, concMo le Canwla, 1, 204.— 1665, opinion <loTal«m,
I, 207.-10(57, Ha Hituation, I, 211. — 1070, porte do la monnaie aux
IloH, II, 100,-1074, Bnp|.rimC-o, I, 22«, :i71»; II, V.iM, 141, IW.
COMPAGNIE I)F:.S INDK.< à la I/MiiHiano, 1717, II, 74-81 , 89.W, m,
145, — 1720, concurronco anjrlaimi, II, 151. — 1731, remet la Louisiane
au roi, II, :J84.— 1751, au Caua<la, II, 204.
COMPAGNIE. — Voir Montmorency, Roues, CEST-Aseocifo.
COMPAGNIE do» Habitant*,— 1(545, établie, I, 130; II, 140,
COMPAGNIE do M. Oudiotte, 1074, II, 141.
COMPAGNIE do M. RoddoK, 1700, II, 142.
COMPAGNIE Aubert, Neyret et Gayot, 1700, II, 143, 145.
COMPAGNIE du Canatla, II, 142.
COMPAGNIE du Cawtor, II, 75.
COMPAGNIE de la baie du Nord, I, 304 ; II, 142.
COMPAGNIE du Nord-Otiest, II, 240.
COMPAGNIE de la Chine, II, 75.
COMPAGNIE du Sénégal, II, 75.
COMPAGNIE de la Guinée, II, 75.
COMTÉS du Bas-Canada, 1, 171 ; III, 138.
COMPTES publics, III, 94, 99.
CONCEPTION (baie de la), I, 360,
OONœRD, II, 444.
CONDÉ, 1,64,07; 11,377.
CONFÉDÉRATION des Sauvages de l'Amérique du Nord, I, 376.
(CONFÉDÉRATION canadienne.— 1838, projet, III, 303, 375.
CON FLANS (de), II, 179.
CONNE(jriCUT, II, 39, 173, 273.
(X)NSEIL du gouverneur.— 1662, réorganisé, 1, 157.
CONSEILLERS.— 1664, leur ignorance, 1, 177.
CONSEIL SOUVERAIN.— 1663, sa création, 1, 158, 177, 201.-1665,
réformé, 1,206, 211. — 1672, discours de Frontenac, I, 225. — Sous
l'administration de Frontenac-, I, 230. — Devient Conseil supérieur,
1, 186. — 1726, réformes de l'intendant Dupuy, II, 115-110.— 1728,
démêlé avec M. de Beauharnois, II, 117, 118. — Voir JusiiCH.
CONSEIL MILITAIRE.- 1760, II, 391.
DE l'histoire du CANADA. CCCV
(X3NSETL LÉGISLATIF.— 1773, projet de Marriott, II, 411 ; III, 14-
15.— 1777-1792, III, 31-82.— 1784, projet de Du Calvet, III, .j2.— 17H1,
III, 84.-1792, III, 88. — 1808, IH, 122. — ISIO, III, 130.— I8u0, III,
283.— 1831, III, 289.-1832, III, 290,297,298.-1833,111,303.-18.34,
in, 308, 311.-1835, III, 322.-1837, vote des subsides, III, 331.—
1854, électif, III, 375-6. — Voir Conseil Exécutif; voir Assesiblée
LéCilBLATIVE.
œNSEIL PRIVÉ.— 1776, III, 35-6.
œNSEIL EXÉaiTIF.— 1793,111, 94.— 1798, III, lœ.— 1799, III, 84.
— 1830, 111,283.-1837, III, 341.— Voir Conseii. LBCiiBLATiF; voir
ASSBMBLKH LtXilHl.ATIVB.
œNSEIL de lord Durham, 1838, III, 359.
CONSEIL SPÉCIAL, 1838, 355, 358.— 1839, III, 368, 377.
CONSTANTIN (le PCre), II, 26.
CONSTITUTION de 1791, hostile aux Canadiens, II, 398. — Débats
sur le bill, III, 69. — Banquet à Québec, III, 77. — Le serment du
test, III, 80. — Examen de cet acte, III, 83-108.— Discours de M.
Betlard, III, 124,— Craig veut la suspendre, III, 144. — 1822, le mi-
ni.stère veut la r<^voquer, III, 238, 241, 248.— Prote-station do Lyra-
burnor, III, 240. — 182ît, on propose un comité d'enquête, I II, 2<)5,
266, 273.— 182S, opinion de Labouchôre, 111,268.— 1834, opinion de
lord Aylmer, III, 303.
CONSTITUTION susijendue.— 1838, III, 353.
CONSTITUTION (la), III, 167.
CONTADES, II, 322.
CONTI, I, 255.
CONTRECŒI'R (villape).— 1688, incursions des Iroquois. I, 288.—
1691, village brûlé par les Iroquois, 1, :U9.
CONTRECŒUR (de). — 1753, commande sur l'Ohio, II, 207, 208.—
1755, commande au fort Duquesne, II, 222. — 1755, à la Mononga-
héla, II, 232.— 1756, remplacé au fort Duquesne, II, 248.
COOK (capitaine), II, 319, 323.
COPERNIC, 1,7.
CORBEIL, III, 134, 136, 185, 213.
CORBIÈRE (de), II, 311.
CORLAR.— 1690, i>ris, I, 326.
CORMORAN (anse au), II, 281, 283.
CORNEILLE, 11,55.
CORN WALL (village), III, 179, 183.
CORN WALLIS. — 1749, commande en Acadîe, II, 196, 199.— 1755
remplace, II, 224.-1780, défait à Yorkstown, III, 46.
CCCVl INDEX ANAI.YTIQUI
œROMANDEL, II, 299.
CORrUON, 11,204.
a)RROlS, n, 92.
COIiSAIRES fraiivais .— 1690, 1, 345.— 1744, Loulubourg, II, 171, 172.
coinï':Ri^:AL, i, 13.
CORVKE.S.— UW<J, arrêt à co Hujot, 1, 173, 366. — 1777, imjKmf-em aux
luibiUints, III, 2<). — 1777, w(ii;noun4 oxoinpt/'H, III, :{2. — 1778, or-
donnance tlo Ilaltlitnand, III, Il.'i, :5(}, 99.— 179.'), plainUi* dw habi-
tant, 111,99,
œSTEBKLLK, II, V^i, DO, 40, ol, 07.
COrrK, iii,:j:v.>.
œTON, 1,307; 11,157.
CX/rrON (lo l'èro), I, 55.
œUDREH (Ile aux).— Liniito du Saguonay, I, 21.
COUILLARD, 1,70, 1.10.
œULON DE VILLIERS, II, 1S2.
œULONGES.— Voir D'Aï i.leboi-8T.
œURCELLE.S.— Ifkw, arrive do Franco, I, 204, 205.-1605, marche
contre les Iroqnois, I, 209-10. — l«i09, «'vit contre les uieurtriurs de
quelques Iroquois, I, 219. — 1670, monte au lac Ontario, I, 217. —
1071, envoie à la découverte de la baie d'IIudson, I, 24.3. —
1072, assemble les Iroquois à Cataracoui, I, 222. — 1072, ))af)Re en
France, I, 217, 222-.1. — Recherelie madame d'AilleJioust en ma-
ria<;ts I, 199. — Favorise La Salle, I, 2.')4. — Traite de l'eaudo-vie, I,
233.— Ses talents, I, 215, 223.
COUREURS DE BOIS.— 1(580, attirés par le» Anglais, I, 284.-1706,
dépeuplent nos campagnes, II, 62. — 1715, colons en traite, II, 144.
œURVILLE, II, 323-0.
œUTUME de Paris et autres, 1, 182-3.-1712, à la Louisiane, II.
72.— 1700, 1789, maintenue, II, 412, 419; III, 208.— 1772, opinions
de Marriott et Du Calvet, II, 412,_419. — 1828, opinion de Hu.skiswon
et Maekintosh, III, 205, 268. — Voir Lois françaises.
COUTURE, I, 222, 242-3.
CRAIG (Sir James). — 1807, arrive au Canada, III, 119. — Son carac-
tère, 111,148-49. — 1811, sa conduite envers le cJorgé catholique,
III, 146. — 1811, retourne en Europe, III, 147. — Bon administra-
tion, III, 109-148.
CRAMAHÉ.— 17G0, secrétaire de ]Murray, II, .391. — 1763, va à Ix)n-
dres, II, 399. — 1770, gouverne par intérim, II, 411, 421. — 1704,
lieut.-gouverueur, II, 421.
CRÉCY, II, 280.
DE l'histoire du CANADA. CCCVii
CRESPIN, II, 118.
CRÈVECŒUR (fort). — 1679. construit par I^ Salle, I, a'iS.- i»yi(i
Tonti y commande, I, 259. — 1680, pillé et abandonné, I, 259,I'Gi,
CK EVIER, I, 328.
CRIS. — Voir Kristinots.
CROIMWELI., I, 299, 302, 307.
CROWN-POINT.— Voir Pointe a la Chevblurb.
CROVVNE (William), 1, 166.
CROZAT, II, 17, 72 74, 87.
CUIiA, I, 9 ; II, 383^5.
CUGNET, II, 392, 419; III, 63.
CUIR, II, 157.
fTMIîERLAND (duc de^ II, 187.
CUMBERLAND (fort). — 1755, dans les Apalaches, II, 2.'Î4. — Voir
Bhaiséjour. — Voir Bbaldoin.
CURES.— 1078, fixe», 1, 192, 229.— 1742, fixe», II, 122.
CURES. — 1742, Mgr de Pontbriand préfère les prêtres français aux
canadiens, II, 122. — Avant 1760, III, 157. — 1761, influence, H.
392, 393. — 1763, situation et droits, II, 395. — 1763, serment d'ul-
lénoance, II, 397. — 1773, projet de Marriott, II, 412-.3. — 1800, no-
mination, 111,111. — 1805, nomination, III, 145. — Nomination,
III, 137, 139. — 1822,111, 249.— Voir Ci.ercé.
CUTHBERT, III, 377.
CUVILLIER.— 1822, débat sur les finances, III, 237.— 1827, adresse
aux électeurs, III, 259. — 1827, sur l'élection du président de la
Chambre, III, 262. — 1827, va à Ix)ndre.s III, 263, 281. — 1833, se
sépare de Papineau, III, 300. — 1834, correspondance avec le con-
seil lé^ïislatif, III, 302. — 1834, s'oppose au projet de changer la
constitution, 111,306.
CYGNES (lac des), II, 129.
D
DABLON (le Père).— 1661 , va àla baie d'IIudson, 1, 242.— 1669, mission
du lac Michijïan, I, 248.-1670-72, chez les Illinois, I, 248.
D'AIGREMONT, II, 121.
IVAIGUILLON (duchesse), 1, 135, 195.
D'Aï LLEBÔU ST.— Origine de cotte famille, I, 141.— (Louis) ami^no
lies colons ixiur Montréal, I, 134. — 1645, gouverneur de.s Trois-
Rivières (?), 1, 141. — 164S, nommé gouverneur général, I, 140. 141.
— 1651, remplacé ; sa mort, 1, 145. — (Madame^, 1, 198. — 1686, «itua-
tiou de cette famille, I 284.
CCCviii INDEX ANALYTIQUE
D'AILLEBOUST DE MANTCT.--imK), commando d«» Rauvft(^d«
l'Oiutfil, I, 320, 327.
D'AILLEBOUST. — 1701), à ïerreueuvo, II, 30. — 1753, afferme le
Labrador, II, 152.
DAINE, II, ÎM».
DAKOTAS.— Voir Sioux.
DALE (sir Thomas), 1, 63.
DALHOUSIE, nomm<'' Kouvomonr, III, 223—1820, arrive à Qnébor,
111,228.— 1 «20, viHÏto lo IIauU"una«la, I II, 2:«.— 1 «22, aa conduite,
III, 2:W, 230.— 1825, cantouH do l'Ent, III, 245.-1825, va en Anjjlo-
terro, III, 2.55.— 1827, Utile civile, III, 257. — 1828, plaintes contn>
lui, III, 273, 284. — 1828, retourne en Angleterre, III, 274. — Nom-
mé gouverneur des Inde», III, 2G7.
D'ALCKiNIKS, 11,44.
DALY, III, :i.50.
DAMBOURGÈS, III, 8.
D'AMOURS, I. 201.
D'AMOURS DE CHAUFFOTTRS, I, 363.
D'AMOURS DES PLAINES, I, 363.
DANEMARK, II, 57.
D'ANGOUVILLE, I, 202.
DANIEL (capitaine).— 1629, capture un navire anglais, I, 80, 81.
DANIEL (le Père), 1, 117, 141, 243.
DANOIS en Amérique, I, 4.
D'ANVILLE (duc). — 1746, manque d'expérience, II, 178.-1747,
commande une escadre, I, 372; II, 182. — 1747, désastre de sa
flotte, II, 178-9, 184.
D'ARENSBOURG, II, 94.
D'ARGENSON. — Son caractère, I, 1.52. — 1658, succède à M. de
Lauson, 1, 149. — 1659, démêlé avec Mgr de Laval, I, 150, 152. —
1661, envoie La Vallière à la baie d'Hudson, I, 242.-1661, rem-
placé par M. d'Avaugour, 1, 152.
D'ARGENSON.— 1755, ministre de la guerre, II, 217.
D'ARTAGUETTE (Diron), II, 16, 72, 77, 93.
D'ARTIGNY.— Voir Berthelot.
DARMOUTH, II, 421,433, 440.
D'AUBIGNY, II, 299.
D AU LAC. — Voir Dollard.
D'AULNAY.— Voir Charnisay.
DAUPHINE (île), II, 14, 17, 71, 73, 76, 85.
DE L'HISTOIRE DU CANADA. CCCIX
DAUPHIN (lac), II, 129.
DAUPHIN (fort), II, 129.— (Port), II, 65, 283.
D'AUTEUIL. — um, conseiller, I, 201. — 1664, conseiller, T, 180. —
1675, démêlés avec Frontenac, I, 231.
D'AUTEUIL.— 1715, mémoire sur le Canada, II, 143.
DAUVERSIÈRE.— Forme la compagnie de Montréal, I, 132.
D'AVAUGOUR.— 1661, succède à M. d'Argenson, 1,152.— 1662, démê-
lés avec Mj^r de Laval, 1, 154, 191. — 1662, réorganise son conseil, I,
157. — Rap])olé, 1, 156, 157, 204. — Sa disgrâce, I, 203. — Son adminis-
tration, I, 158, 175. — Effet que pro<luisent ses rapports à la cour,
1, 170. — Bon caractère, 1, 152, 157. — Comment il t4.«rmiue sa car-
rière, 1, 158. — Mémoire à Colbert, 1, 158.
DAVIS.— Découvre le détroit de Davis, I, 242.
DEANE, III, 25.
DEAUBORN, III, 154, 164, 166, 167, 170, 176.
D'EAU, I, 330.
DEBARTZCH, III, 180, 235, 284, 342.
DECATUR, III, 168.
DEERFIELD, II, 28, 31.
BEHRING (le), 1, 369.
DE LA CHASSE (le Père), II, 106.
DE LA TESSERIE.— Voir Thssbrib.
DELISLE, III, 53.
DEUUS, I, 374. II, 120.
DELISLE (Guillaume), II, 128. • '
DE MUYS.— Voir Mcys.
DENAUT (Mgr), III, 99, 117.
DENONVILLE.— 1685, succède à M. de La Barre; ses instructions, I,
275.— 1686-7, conduite envers les Iroquois, 1, 277-81.— 1687, marche
contre les Iroquois, I, 281-3. — 1688, en défaveur, I, 201. — 1689, son
incapacité ; il est rapi^elé, I, 293-5, 325, 330.— Son carattt-ro, T, 275,
284, 294.— Protège d'iberville, II, 16.
DENIS (Jean).— 1506, trace une carte du golfe Saint- Laurent, 1, 13;
II, 138.
DENYS (Nicolas). — 1632, commandant en Acadie, 1, 161.— 1654, ar-
rêté par Le Borgne, 1. 165. — 1654, attaqué à Chédabouctou. Il laisse
l'Acadie, 1, 165.— 1663, conseiller, I, 202.-1667, lettres de noblesse
demandées, I, 212.
DENYS DE LA RONDE— 1707, en Acadie, 11,32.— 1711, en Acadie,
II, 46.-1746 ? s'occupe des salines, II, 157.
CCCX INDEX ANALYTIQUÏ
>
DENIS.— Voir Vitré.
DJ^:P0RTATI()N do Canaaion».— ISan, III, 3C8.
DHQrivN (lol'èro), 1,242.
PEKBISIIIKK, III.fWK).
I)K.SAUI.NIKU.S, 11,204.
DF>^CAKTES, 11,55,
DKSCHAMBAULT. — 1759, Mnrray alUque le village, TT, 327.—
18:57, a>ritation imlitiquo, 111,333, 334,— (Colonel), III, 107.
DKSCIIENAUX.II, :J80.
D'ESGLIS, III, 63.
Deh ÏSLETS. — SoJKnourie érigée en baronnio, 1, 173.
DHSrENSENS, 11,36.
D'ESTAING, III, 29, 44.
D'ESTOURNELLE, II, 180, 184.
D'ESTKÉES, II, 2<a
Db THOU, 1, 86.
DETROIT. — Description, II, 19. — 1679, La Salle y passo, T, 257. —
1()S<), fort, 1, 279.— 1087, renfort envoyé 8ur l'Ontario, 1,281.-1700,
fondation, II, 19.— 1704, danger de giiorro, II, 25. — 1700, trouhloH
entre lo» Sauvages, II, 20. — 1711, les Outa^^aniis se rapjtrochont do
cette place, II, 50. — 1711, DubuisBon commandant, II, .50. — 1712,
guerre des Outagamis, II, 51, — 1747, menacé par les Miami», II,
189.— 1749, garnison, II, 197. — 1750, fortifications, II, 198. — 1751,
renforcé, II, 204. —1752, défense de traiter, II, 206.— 17.56, prépa-
ratifs de défense, II, 248. — 1758, envoie des secours, II, 21»8. —
1759, les Français s'y réfugient, II, li.'M. — 17.59, sauvages du, II,
314. — 1759, n'attend plus de secours du Canada, II, :J50. — 1760,
passe aux Anglais, II, 19. — 1765, assiégé par Ponthiac, II, 405. —
1783, cédé aux États-Unis, II, 19; III, 47. —1812, capturé, III,
162-3, 174. —1813, armée américaine, III, 171. —1838, III, 366.—
1859, II, 19.
DESÈVE, III, 345.
DEUX-MONTAGNES (lac des), I, 293, 350.
DEUX-MONTAGNES (comté des), III, 334, 337, 345.
D'HERBAULT, I, 374.
D'IBERVILLE. — Voir.LBMoiNU
DIEPPE, II, 158. ,
DIESKAU. — 1755, nommé commandant des troupes, II, 211-2, 221. —
1755, au lac Champlain, II, 222, 236. — 1755, blessé et fait prison-
nier, II, 236-9, 242.— Fin de sa carrière, II, 241.
DE l'histoire du CANADA. CCfxi
DIMES.— 1663-1667, ^'tablissement, 1, 191, 203.— 1668, instructions à
Courcellcs, I, 207.— 1679, édit, 1, 192, 229.— 1742, projet .lo .Mjrr de
Pontbriand, II, 122. — 1700, réservées à la décision du roi, II, 375. —
1773, projet de Marriott, II, 413. — 1775, agitation à et» Mijet, II,
439.— 1791, maintenues, III, 75.— 181(», projets de Crai}r,III, 146.—
1810, instruction à Prévost, III, 318. — 1832, clergé anglican, III,
293.— En Acadie, II, 226.
DINWIDDIE, II, 207.
DIRON.— Voir D'AHTAOuHnTa
DISETTE.— 1684, conférence avec les Iroquois. 1, 273.-1690, 1, 345.—
1729, II, 124.-1750, 1760, en Acadie, II, 201. —1755-6, II, 244.—
1756, 11,260. — 1756-9. — Voir QiÉitEc. — 1757, 11,271,273.-1758,
II, 299.-1759, II, 302, 308.-1760, II, 371.-1780, III, 37.
DISTRICTS JUDICIAIRES, III, 66, 77.
DOLBEAU (le Père), I, 242.
DOLLARD DESORMEAUX. — 1660, action du Long-Sault, snr
l'Ottawa, 1, 150.
DOLLIER DE CASSON, 1, 133.
DOMINIQUE (la), 11,387.
DONGAN.— 1682, gouverneur de New-York, 1,235.-1683, vent s'em-
parer de la traite, I, 269. — 16S4, joue M. de Ia Barre, I, 272. —
1686, proteste contre les forts français, I, 277, 278. — lOSG, caresse
les déserteurs français, I, 279.— 10S7, excite les Iroquois contre le
Canada, I, 285, 287. — 1688, remplacé par Andros, I, 289.
DONNACONNA, I, 24.
DORCH ESTER.— Voir Cari-eiton.
DOREIL. — 1755, appréhende la perte du Canada, IT, 244. — 1757,
accuse Bigot, II, 276. — 1758, accuse la clique Bigot, II, 301. — Cri-
tique l'ailministration de la colonie, II, 305. — Ami de Montcalm,
11,294,301,305.
DOlîIC CLUB (Le), III, 342.
DORYLÉE, II, 424.
DOSQUET (Mgr), II, 121, 122.
D'OTTIGNY, I, 34.
DOUANES.- Voir Impôts.
DOVER, I, 337.
DOWNIE, III, 191-2.
DRAP, II, 157, 225.
DROGUET, II, 157.
DROIT DE VISITE, III, 117.
OCCXll l^DËX ANALYTIUUS
DROIT, 1, 184.
DRULirr, 111,327.
DKIJCOUU, 1I,*J81,283^.
DRUILLfCTES (lo Père).— 1640, remonte Îa rivière aiandWre. T.243.
—1050-51, dél<'>gu6 à BoiitoD, I, l45.—l(Hil, va i U baio d'iludaou,
1,242.
DRUMMOND (g^tK'ral).— 1813, lan Ontario, TTT, 184. — 1814, or>m.
inando <lanH lo Haut-Canada, III, 188. — 1810, gouvoraeur par lu-
U'riin, 111,205,208,213.
DU ROIS.— Voir D'AvArnorR.
DUBOIS m LA MOTIIE, II, 211. 212. 200.
DUBOIS (cardinal), II, IVJ.
DUBREUIL i)H r*ONTBRlA^D (Mgr), II, 122, 357, 399.
I )l' BU IS.S(JN, 11,50-53.
DU CALVET. — 1780, arrêt*', 111,41. — 1783, libérê, 111,49.-1783,
réclamations ponr fournituros à l'armt'-c américAino, III, 52. —
1784, son livre, III, 52.— 17H4,con»HiillorIecrcor uu rtgiuiuQl ctum-
dien, III, 101— Pertes qu'il bubit, III, 59.
DUCASSE, 11,15.
DUCHAMBON, II, 175.
DUCHESNAY.— Voir JuaiBRHAU.
DUCIIESNE.— Voir Le Bkb.
DUCHESNEAU.— 1675, démêlés au sujot da coilseil 8on\-erain, I,
231. — Affaire de l'oau-de-vie, I, 2:}3. — DHinéléa Avec FronteuAC, I,
235, 378.— 10S2, rapixilé eu Frauce, I, 235.
DUCIX)S, II, 72, 76.
DUDLEY, 11,31,38, 107.
DU FORT, 111,41.
DU GUA (Pierre).— Voir Monts.
DUGUAY-TROUIN, I, 373.
DUGUÉ, I, 284.
DUGUÉ DE BOISBRIANT, I, 363; II, 77.
DUHAUT, II, 4, 6, 7.
DUJARDIN, I, 50.
DU LUTH (Daniel Greseylon). — Associé avec Frontenac pour la
traite, I, 378. — Accusé par Diichesneau, I, 235. — 1680, rencontre
Hennepiu chez les Sioux, I, 259. — 1684, négocie avec les .sauvages
alliés, I, 272. — 1687, en guerre sur l'Ontario, I, 281.
DUMAS. — 1755, commande sur l'Ohio, II, 233,3^. — 1756. com-
DE l'hI6T0IRE DU CANADA. CCCxiU
mande au fort Duquesii©, II, 248, 260, 297. — 1759, inspecteur des
trouijep, II, 307—1759, siège de Québec, II, 320.— 17tiO, à la Pointe-
aux-Trembles, II, 371. — Fin de sa carrière, 11, 39i.
DUMAS (Alexandre), III, 7, 21.
DUMESNIL (Jean Péronne), 1, 177.
DUMONÏ. — 1662, commissaire envoyé en Canada, 1, 153.
DUMONT (moulin), II, 300, 362.
DUNBAR, II, 231-4.
DUNIÈRE, m, 86.
DUNN.— 1776, du conseil privé, III, 36, 112. —1787, juge, III, 59.—
1805, administrateur du gouvornomcnt, III, 112, 11b.— 181U, atlaire
du Canadien, III, 133.
DUPAS (île), II, 99.
DUPLEIX, II, 9.
DUPLESSI8.— 1709, à Terreneuve, II, 86.
DUPLESSIS.— 1758, major do MontrOal, II, 296.
DU PLESSIS-BOCHARÏ, I, Hë.
DUPONT.— Voir Gaudaib.
DUPRAT, II, 290.
DUPRATZ.— Voir Lepagel
DUPUIS. — 1656, commence une colonie chez les Iroquoi^, 1,148,
149.
DUPUYS.— 1708, sauve la vie à une prisonnière anglaise, II, 30.
DUPUY.— 1726, intendant, 11,115.— Rappelé, II, 120, 121.
DUQUESNE.— Associé de Poutrincourt, I, 50.
DUQUESNE (fort) 1753, aujourd'hui Pittshurg établi par les Fran-
çais, II, 110, 207, 222. — 1755, menacé i>ar les Anglais, II, 211, 221,
222, 231, 268. — 1756, Dumas commandant, II, 248. — 1758, apjjelé
Pittsburg, II, 298.— 1759, note de Doreil, II, 303. — 1759, les Fran-
çais veulent le reprendre, II, 331.
DUQUESNE DH MENNEVILLE.— 1752, gouverneur du Canada, II,
206.— 1752-1755, ses actes, II, 206-211.-1755, son rappel, II, 211.
— Son caractère, II, 211.
DUQUESNEL, II, 171.
DURAND. — Voir Villegagnon.
DURELL, 11,310,317.
DURHAM (lord).— Notice» III, a57.— 1838, nommé gouverneur, III,
349, 355. — 1838, arrive à Québec, III, 358. — 1838, son administra-
tion, III, 358-65.— Et les Anglais de Montréal, III, 361,363.-1838,
retourne en Angleterre, III, 364-5. — 1838, ses mesures désapprou-
CCCXIV INDEX ANALYTIQUE
v<^en Aneloterre, III, 362, 3(J4. — 1839, mn rapport, HI, 3flO.—
Ifi^'.t, tl(unati<lu l'union (Inx provinrtw, III, 'i'J, '^J'2. — IH'i^f, dutuanda
l'aliolition de la conslittition, II, 3l>8.
DuTIII<rr(lo Krùro), I, 62.
DUVAL (Jean), 1.58.
DUVERNAY (Ludger), III, 293.
DUVIVIKH, 11,172.
DWkîHT. II, 287.
E
EAKTON, II, 309.
EAU-DE- VIK. — 1<h;2, caiiso dn difTi-rondu ontro Mpr do Uval ot le
jînuv«înnMir, I, 154. — DéfonwMl'on fuiiruir aux saiiva^oM, I, l.Vl. —
WA, a;.'itation calm^'-e, I, lf)9. — Brouille do .M«r de I^aval et do M.
do Frontonac, I, 233, 236, 378.— 1715, privilèj^e dT>iidietto, H, 142.
1725, tralic libre, II, 113. — 1727, quo«tiori doH cabareU, II, 12(). —
174H, droits avant ("otto date, II, 159. — 1748, inifAt à r&iim de» for-
tiRcations, II, 177. — 1751, I>a Jonquiùre accusé do trafic, II, 2fM. —
1758, spéculationK do Binot, II, 27*5. — 1774, droit uur lu» buifiMona,
II, 4:«.— Chez les Acadiens, II, 225.
ÉCHAFAUDS i)oli tiques.— 1839, III, 368.
ÉCIIEVINS, 1,179,228.
ÉCOLES, I, 196. — XVII siècle, instraction des ^-mijçrantfi, II,
101.-1722, huit écoles établie», II, î«), 101.-1759, éc^liors à
la {ïuorre. II, 320.-17(30, des jésuites à Québec, 11,425. — 1773,
projet de Marriott, 11,411, 412. — 1774, séminaire de Québec, II,
421. — 1776, école des jésuites fermée, III, 65. — 1782, projet de
Finlay, II, 421.-1784, projet de Du Calvet, III, 51.— 1787, comité
d'éducation, III, 61, 64.— 1790, club constitutionnel, III, 77.— 1791,
projet de loi, III, 90. — 1793, le ixjuple demande des écoles, III, 91.
— 1799, on tente d'enseijrner la langue an^lai-^e, 111,107, — 1801,
écolas du gouvernement, III, 110. — 1801, loi des écoles, 111,227. —
1829, loi des écoles, III, 281.
ÉCORES-BLANCS, II, 83.
ECOSSE, II, 84 ; III, 384, 386.
ÉCOSSAIS. — 1711, naufragés à l'île aux Œufs, II, 48.-1758, à Ca-
rillon, II, 292. — 1759, siC-go de Qiul>or, II, :]39. — 1759, batailla
d'Abraham, II, 340, 349.-1760, soldats de Murray, II, 401.
EDOUARD (le prince), II, 17G; III, 186.
EDOUARD I", II, 401.
DE l'histoire du CANADA. CCCXV
EDOUARD (fort.)— Voir Lydicb.
EFFIAT (d').— S'intéresse au Canada, I, 76.
ELLENBOROUGH (lord), III, 356, 362, 379.
ELLICE.— Ce qu'il était, III, 240.— 1822, w)n influence, 111,229,238.
— 1823, son rôle à Ivondres, III, 250, — Et les cantons de l'Est, III,
293. — 1834, apiielé comme témoin, III, 313. — 1838, approuve la no-
mination de lord Durham, III, 356.
ELLIOTT, I, 245.
EMBRUN (concile d'), II, 119,
EMPLOIS publics, II, 423-4, 439, 442.
E M PLO Y ES. — Voir Foxcti onna i ees.
ÉPIDÉMIE. — 1689, parmi les Sauvages, I, 283, 286, :i38.— iraS, la
poste à lioston, I, 352. — 1703, au Détroit, II, 20,-1731, jtetite vé-
role, II, 124. — 1740, à Québec-, II, 122.— 1746, en Acadie, II, 179.
— Voir Scorbut.
ÉRIÉS (les).— Leur habitat, I, 96.
ÉRIÉ (lac), I, 88, 89.— 1679, navire de La Salle, I, 257.
ÉRIÉ (fort).— 1812, III, 166.— 1813, III, 176.— 1814, saute, III, 190.
ERMITE (1') de Kamouraska, 1, 197.
ESCLAVAGE.— En Canada, II, 92, 95, 167; III, 90.
ESGLIS (d'), II, 424.
ESPAGNE.— Guerre de 1709, II, 40, 54, 57, 60.— in8, .situaUon poli-
tique, 11,83. — 1744, attitude do cette puissance, II, 169. — 1761,
pacte do famille, II, 383. — La France implore son aide, II, 386. —
Voir Paix, Guerrr
ESPAGNOLS.— Leurs découvertes, 1, 12. — Cherchent de l'or, I, 239.
—Dans le golfe du Mexique, II, 2, 3, 6, 8, 9, 10, 12, 20, 71, 72, 73.—
(Port des).- Voir Sydney, II, 61, 65.— (Baie des), I, 358 ; II, 49.
I<SQUIMAUX (baie des), II, 152.— 1660, visités par les Français, I,
152.
ÉÏA.MINE, II, 157.
ETCHEMINS, I, 95 ; II, 105, 109.
EUGÈNE (lo prince), II, 54, 125.
EUTAW-SPRINQS, III, 46.
ÉVÊQUE protestant, III, Ou
ÉVÈQU ES.— Relevant de Rouen, 1, 187.— Voir Rocek. — 1^57, pré-
tention (le l'évéque de Rouen, I, ISS. — 1674,évèquo de Québec re-
connu, I, ISS. — Situation avant 1760, III, 157. — 1760, à. la con-
quête, 11,393,399.-1763,11,395.-1764, 111,157.-1706,11,404,
405.- 1774, projet de Marriott, II, 412.— 1772, Mgr d'Esglis nommé,
CCCXVl INDEX ANALYTIQUE
]I, 426. — 1775, II, 447.— 171>3, III, W8.— 1805, III, 146. — 180H, n-
connu oilicielloniont, III, 118. — 1812, projol <lo l'revutit, III, l'Ai.
— Voir Briand, Dbsalt, 1)'Ewji,ui. DtmQvm, IlrmcRT, F^AKTict'ic,
L'AuiiK-KivikRH, Lavai., Muej<ay, I'anvt, Plabsis, Po.ntdbia.hd,
Saint-Vauhb, Sionay.
EXPORTATIONS, II, 155, 225.
FAMINE.— Voir DiSErra
FAMINE (anse de la) I, 289.
FANQUAND, 1, 133.
FELTON, 111,245,325.
FÉNEIX)N (abbé de), I, 230.
FER (mines de), I, »0.— Voir Minm.
FER du Saint-Maurico, II, 153.
FERGU80N, III, 182.
FERLAND (abbé).— Préfece.
FENCIBLES, III, 182.
FERRÉ, III, 345.
FERTÉ (do La).— Voir JocHiRBAn.
FÈVES, II, 159.
FIEDMONT, II, 346.
FILASSE, II, 157. i
FILLION, I, 203.
FILS DE LA LIBERTÉ, III, 334, 337, 342.
FINISTÈRE (cap), II, 184, 186.
FINLAY, II, 421 ; III, 22, 35, 39, 52-3, 56, 106.
FISaiER, II, 265; III, 247.
FITZGIBBON, III, 177.
FLEMING, II, 397, 417.
FLESSINGUE, III, 181.
FLETCHER (gouverneur de la Nouvelle-York). — 1696, s'oppose sa
relèvement du fort Frontenac, I, 353. — 1700, remplacé, I, 374.
FLETCHER (juge). — 1830, accusé d'injustice, 111,290,294.-1835,
plaintes contre lui, III, 325.
FLETCHER (général).— 18.34, dans les cantons de l'Est, III, 315.
FLEURY (cardinal de). — Premier ministre, il, 119. — 1744, s'oppose
H. l'alliance avec l'Autriche, II, 169. — 1744, néglige le Canada, II,
170.-1746, indifférent envers la marine, II, 187.
DE L UISTOIKK DU CANADA. CCCXVll
FLORIDE (la).— Dpcouverte, 1, 12. —Visitée par Verazzani, I, 1(3. —
I5iî9, expédition do Soto, II, 2. — 1562, on tente d'y fonder une co-
lonie, I, 31. — 102S, aotord(?e aux Cent-Associés, I, 75; II, 139. —
Le.s Anfrlais tentent de s'y établir, I, 42. — 1697, situation, II, 10.
FONCTIONNAIRES. — 1793, projet de traitements fixes, III, 94.—
1810, hostiles à la Chambre, III, 130. — 1834, leors salaires, III,
321.
FONTAINEBLEAU, II, 383.
FONTENOY, II, 176.
FOKBES, II, 297-8.
iXJRILLON (le), II, 34, 35.
FORSTER, II, 154.
FOSTER, m, 18. ô
l'X)UCIIER (Antoine).— 1775, son journal, II, 449.
FOUCHER (Louis-Charles). — Jupe et homme politique, III, 102.—
1800, biens des jésuites, III, 107. — 1817, plaintes contre lui, III,
212, 217.
FOULON (le).— 1759, flotte anglaise, II, 316, 327. — 1759, les Anplaîs
y débarquent, II, 335-<J. — 17G<», arrivée des Français, II, 358. —
1760, las Français y détruisent leur artillerie, U, 370. — 1775, Arnold
y débarque, II, 462. — 1776, Moutgomery tué, III, 5.
I<t)UlUX>RNER8, III, 183, 345.
R)URNEL, 11,152.
1T)X.— 1755, ministre, II, 245. — 1773, et la loi des taxes, II, 432. —
1774, le bill de Québec, II, 435. — 1791, se prononce contre la divi-
sion de la province, III, 72.— 1791, su brouille avec Burke, III, 73.
— 1796, éloge de Bedout, II, 394.
FOX 183S, ministre anglais à Washington, III, 348.
FOY, III, 143.
FRANÇAIS. — Leurs découvertes, 1, 14. — Évaaigélisent l'Amérique,
1, 240. — Nonunés Otkoii pai- les sauvages, I, 256.
FRAN(;OIS I".— Ses projets, I, 15, 19.
FRANKLIN.— Ses ancêtres, II, 157.— Son rôle politique, II, 219,220.
— 17ft">, à Londree, U, 428. — 1774, contre l'acte do Québec, II, 434.
— 1775, projet de pacification, II, 434, 445. — 1775, retourne on
Amérique, II, 445.-1776, à Montréal, 111,11, 12.— 1776, en Franco,
111,25.-1778, traité avec la France, III, 42.— 1783, en France, III,
52.
FRANQUEUN, II, 156.
FK.\SEK.— 1759, son journal, II, 361. — 1760, (colonel) prend lo fort
Jacquâii-Cartiar, 11, 372.
CCCXVin INDEX ANALYTIQUE
FRASER.— 1777, (général), an lac Champlaln, III. 26.
EKASEIl.— 17K7, (ju>ro), favorable aux anciennea lois, 111,56. — 1787,
})laintoM contru loi, III, 58.
ERftl)^:RIC LE GRAND, II, 169, 218.
FREEMAN'»-FAUM, III, 28.
FRENCH-CREEK, III, 178.
FRENCHTOVVN, III, 171.
FROBISIlER.-VoyaKe au Nord, I, 242.
FRONTENAC— Ka famille, I, 223, 23G, 380. — Ses talent» ot non ca-
ractt^ro, I, 224, 227, .3.V), 377-7». — Ses arme», I, 256.— 1«72, n«.rnnu'
gouvernonr jii'nt'ral, I, L'2'J, :W(). — 1«J72, n'unit le» trois onlrw, I,
226. — If^, discourH au couHoil Houverain, I, 225. — 167:i-!», «U-mél^îS
avec Perrot, I, 221). — Plaint<<.s de Duchewneau à mi\ Mijot, I,2:i5,
378. — P2ncouraj?e Ioh découverte», I, 238. — Favorise La .Salle, I,
254, 260, 262. — Et Kondiaronk, I, 382. — Affaire de l'eau-do-vie, I,
233. — Démêlés avet! le cler>cé, II, 117. — .Se» démélé« avec lecon-
mi\ sui)érieur, II, 111». — Réi>rimandé i»ar le roi, I, 232. — l«i.S2, rap-
pelé en France, 1, 2:i5-6, 378. — 1672-82, son administration, I, 2^{7. —
1682, remplacé par M. do I>a Barre, I, 263. — 168!», nommé de nou-
veau gouverneur, I, 237, 294, 324, .325, 380. — IGW, à Montréal, I,
320. — 16ÎK), comment il traite un envoyé iro«^juois, I, 3.33. — l6fX),
accourt do Montréal au secours de (.Québec, I, 3.39. — 1691, ne veut
Y>&s traiter avec les Iroquois, I, 347. — 1693, se prépare à reixiusser
une autre invasion, I, 351. — 1695, ses vues sur les postes de l'Ouest,
I, 353-4. — 1696, succès de sa politiciue; nommé chevalier de Haint-
Louis, I, 355-6. — 1698, son décè«, I, 377. — 1698, son oraison funè-
bre, I, 224. — Fait pencher las Iroquois du côté de la France, I,
375-7, 379. — Sa seconde administration, I, 373, 378.
FRONTENAC, ou fort Cataracoui. — 1672, assemblée des Iro-
quois, I, 222.— Doit être rebâti, I, 255.— 1678, travaux de La Salle,
I, 265. — La Salle y commande, I, 255. — 1682, perte d'un con-
voi de marchandises, I, 262. — 1682, lieu de ralliement pour les
troupes, I, 267. — 1682, mis en séquestre, I, 263, 271. — 168.3, La
Salle est remis en possession, I, 264. — 1684, les troupes s'y arrê-
tent, I, 273. — 1684, les Iroquois tentent de le surprendre, I, 271. —
1685, Denonville s'y transporte, I, 276. — 1686, on y réunit de,s ai>-
provisionnements, I, 277, 285. — 1686, convocation des tribus iro-
quoises, I, 278, 280. — 1687, arrestation de chefs iroquois, I, 280. —
1688, Kondiaronk, I, 288. —1688, fort insulté, I, 286, 288. — 1689,
détruit, I, 325. —1695, relevé, I, .353. — 1696, l'armée s'y arrête, I,
354. — 1698, le roi reconnaît l'utilité du poste I, 381. — 17f'>, lieu de
traite proposé, I, 376. — 1704, combatjcontre les sauvage*, II, 2,5-6.
1717, traite, II, 146.-1720, traite, II, 151. — 1755, renforts de trou-
DE L'HISTOIRE DU CANADA. CCCXIX
jjes, IT, 222, 243, 248. — 1756, son importance, II, 254, 255,261.—
IT.'iS, priH et détruit, II, 2?)"), 206. — 1759, on entreprend de le rele-
ver, II, 311, 334. — Voir Kingston.
FRONTIÈRES.— Voir Limites.
FUNDY(baie de).— Son nom, I, 48.-1713, traité d'Utrecht, II, 104,
108, 201-3, — 1746, débarquement des Canadiens, II, ISO. — 1749,
trouix".» françaises, 11,195. — 1749, Acadien.s établis, II, 201-3. —
1755, combats, II, 224, 244.-1758, forts anj^lais, II, 286.
GAGE (colonel).- 1754, dans l'Ohio, II, 232.— (général), 1759, à Nia-
gara, II, 334. — 1760, maroho sur Montréal, II, 373. — 1760, com-
mando à Montréal, 11,391. — 1763, commande à New- York, II,
397.— 1768, revient en Amérique, II, 430.— 1775, à Boston 11,445.—
1775, à Bunker-llill, II, 445.
GAILLARD, II, 119, 120.
GALE.— 1827, chef de ix)lice à Montréal, III, 263.-1828, rédacteur
delà Gazette de Montréal, lU, 264.-1828, àLondres, III, 271.— Juge
à Montréal, III, 319.— 18;i6, juge; plainte contre lui, III, 327.
GALETTE (la).— 1682, garnison, I, 267.— Voir Ogdbnsbubg.
GALLICANISME (le), 1, 197.
GALISSONIÈRE(U). — 1747,gouverneur,n, 187,188, — Sesétudei,
II, 192. — Veut fortifier Québec, II, 312. — Frontières du Canada,
II, 192, 197, 202. — Protège I^ Verondrye, II, 131.-1749, rempla-
cé, II, 197. — Recommande Duquesne, II, 206. — Fin do sa carrière,
II, 198.
GAMACHE, 1, 127.
GAND. — Voir Traités.
GARAKONTIIIÉ.- 1661, va à Québec en ambassade, 1, 153.-1665,
va à Ciuébec, I, 208,
G ARGOT, I, 360.
GARNIER (le Père), 1, 143, 246.
GASBARUS, II, 281.
GASPAREAUX.— 1750, fortifications, II, 200.-1754, projet des An-
glais, II, 211.-1755, Villeray y commando, II, 222.-1755, cap-
turé, II, 223, 225. — 1755, expulsion des Acadiens, II, 229,
GASPÉ, — 1662, bon endroit de pèche, 1, 159. — 1665, Talon y visite
des mines, I, 213.— 1690, pécheurs à Québec, II, 49—1755, numé-
raire qui y passe, II, 163. — 1755, protection des pêcheries, II, 248.
—1758, ruiné par la guerre, II, 285.— 1783, district, 111,66.— (Gou-
verneur de), III, 231, 234.— 1820, élection, III, 228. — 1835, projet
d'annexion au Nouveau-Brunswick, III, 325.
CCCXX INDEX ANALYTIQUE
GASPÉ (M. de).— 1756, au lac Chaïuplain, II, 259.
GATES, III,2«, 44.
GAUDAIS-DUl'ONT, I, 177.
GUADEIiOUI'E (la), II. 158, 378.
GAULET, II, 99.
GAULOIS EN AMÉRIQUE, I, 4.
GAULTIER.— Voir La Vbbkspbyh.
GAULTIER DH VARENNES, II, 125.
GAYOT, II, 143.
OAZETTK UE FR A NCE,in, 252.
GAZETTE DE ^/OAT/ff^^/^C/a).— 1791, banquet politique, 111,77.
— 180G, ^!<litctir arrôU^, III, 112.— 1H28, M. Gale, son rédacteur,
III, 264. — 1835, hoHtile à la lantpie françaiso, III, 324.— 1838, aon
attitude, 111,350.
GAZETTE DÉ QUÉBEC (/a). — 1764, fond^^o, II, 406. —1783-1792,
jieu do ixtlitiiiuo, III, 67. — 171)3, ihan;fomBnt.s, III, 247.— 1827,
modérC-o, III, 259.— 1828, son attitude, III. 201.
GÉOI/XilE DU CANADA, 1, 90.
GEN EST, 111,94.
GEORGE II, III, 105.
GEORGE III.— 1764, reçoit de» Canadiens à Londres, II, 3î». —
1764,1a loi du timbre, II, 427, 429. — 1774, l'af'to do Qn<îbec, II,
43«._1820, son décès, III, 228.— Sa démunce, 111, 1.51. - liions des
jésuites, III, 65. — Déteste les Américains, III, 21. — Aime les Ca-
nadion.s, III, 74.
GEORGE IV, III, 285.
GEORGE (fort), III, 176, 184, 330.
GEORGE (lac).— 1690, passage de l'armée américaine, I, 338.— 1777,
flottille brûlée, III, 27.
GEORGIE, II, 440.
GERMAN-FLATTS, II, 258.
GERMAIN (le Père), II, 196.
GERMAINE (lord), III, 35.
GERRARD, III, 377.
GIBBES, III, 139, 196.
GIFFARD, I, 209.
GILBERT (sir Humphrey), I, 41, 360.
GINSENG, II, 154.
GIPPS, III, 322, 331.
DE l'histoire DD CANADA. CCCXXi
GIRARD (Jacques).— Concède l'île de Montréal, 1, 132.
GIRAUDIÈRE (de La), 1, 165.
GIROD, III, 339, 345,346.
GIROUARD, III, 333.
GLADSTONE, III, 331.
GLANDELET, 1, 197.
GLENELG (lord). — 1835, envoie des commissaires en Canada, III,
322, 325. — 1837, conseille de tirer des troupes du Nouveau-Bruns-
wick, III, 332. — 1837, promet protection aux sujets fidèles, III,
349, — 1838, projet d'union des provinces, III, 356. — 1838, s'oppose
à la nomination de Wakefield, III, 362. — 1838, brûlé en effigie,
III, 363.
GLOBE {Tlu-),UI, 321.
GODEFROY (Jean-Paul).— 1645, représente la Compagnie des halii-
tant«, 1, 139. — 1650-51, délégué à Boston, 1, 146. — 1667, lettres de
noblesse demandées, I, 212.
GODEFROY DE LINTOT.— 1686, situation de cette famille, 1, 284.
GODEFROY DE TONNANCOUR, II, 117.
GODEFROY DE ROCQUETAILLADE, 11,260.
GODEFROY (rivière), II, 398.
GODERICH, III, 287, 291, 293, 294, 300, 311.
GOLDFRAP, II, 397.
GONDEI/)UR, II. 299.
GONOR (le Père de), II, 126.
GORE, III, 324, 342.
GOSFOHD.— 18:^, nommé gouverneur général, III, 321. — 1835, son
arrivée, III, 323—1835, sa conduite au début, III, 324.— 1836, mo-
difie son attitude. III, 329.— 1837, pendu en efflpio, III, 334.— 1837,
appelle les trouiies, III, 335. — 1837, refuse de convoquer les cham-
bres, m, 344. — ISoS, se démet, III, 349. — 1838, part pour l'Europe,
III, 349.— 1839, contre l'Union, III, 379, 380.
GOUVERNEURS FRANÇAIS. — Durée de leur charge, 1, 140, II,
144. — Leurs fonctions, 1, 175, 185.
GOUVERNEURS GÉNÉRAUX ET LIEUTENANTS-GOUVER-
NEURS, II, 67 ; III, 231.
GOUVERNEMENTS du Bas-Canada.— 1721, II, 99.
GOUVERNEMENT représentatif.— 1764, demandé par les Anglais,
II, 402.— 1773, opinion de Marriott et autres, II, 411, 413.— 1773,
pourquoi les Canadiens s'y opposent, II, 420, 424. — 1774, idées
américaines, II, 428. — 1774, opinion de Fox, II, 435.
CCCXXll INDKX ANALYTIQUE
GOUVERNEURS. — Voir Amhkiwt, Ayimbk, Bbaitiarnoih, Birtos,
CAI.I.lfcRKB, CaUI.KTON, (,'llAMri-AIN, (/Il ATHAtTOMT, Cl.ARKK, l'oi/-
noB.N'B, Corju'Ki.i.m, Cuak;, Ckamaiié, Daijioi-hik, I>'Aii.i.tMHii-iiT,
D'AlKlKNHON, I)'AVAl<;OfR, I)KX<)NVII.I,H, DrIMMoSI), DfSS, Dl-
QUUHNB. Dl'RHAM, l'KOSTHNAC, (jAliB, (iALlHHOMKKK, (iilMI'X>BI>. HaL/-
DIMANl), IIbAD, HoPB, lKVnC(J8, JoXQlltHB, KkmiT, La B../KRI,
Lai'kon, Lknhuf, Lox«iUKi;ii., Maiti.and, Mèmy, Mii.niih, Monk,
Montma(;ny, Murray, I'ri*k<itt, l'KKVoirr, Ujciimos», Suhkbauokk,
Rydkniiam, Vai!i>hei;il, Wiujon.
GC)YEK (1« l'èro), I, L"J4,378.
G0Y0G0UIN8, 1, 270.
GmTPIL(Renr"), 1,140.
«()UR(iUF><(.lo), 1,35-7.
GRAFTON, H, 430.
GKAIIAM, lîl, 313.
GKANDFONTAINE, I, 335.
GRAND-MARAIS, II, 236, 240.
GRAND-PRK (Aca<lie), II, 1)S2, 228.
GRANDVILLlv— UW7, œinman.lo dos milices. T. 2S1.
GRAND VOYER, II, 442.
GRANT (major).— 1758, II, 2î)7.— 17«4, en faveur <hi princiiK- .'lertif,
III,. ')3. — 1787, membre du conseil, III, .')«>. — 17i>2, candidat à la
j)ri'.sidenco de l'As-semblco, III, SC, — 1702, liostile à la langue fran-
çaise, III, SS. — 1793, instruction publique, III, 01. — lS(Ki, nomina-
tion des curés, III, 146. — 1822. partit an de l'Union do8 Canadas,
III, 245.— 1828, à Londres, III, 271.
GRANVILLE (fort), II, 214, 260.
GREGORY, II, 402.
GREEN, III, 7.
GREENE, 111,46.
GRENADE (île), II, 387, 439 ; in, 44.
GRENVILLE (lord).- 17«U, acte du timbre, II, 427,4.30.-1788, pro-
jet de constitution, III, HS, 71. — 1791, fait l'éloiro des Canadiens,
III, 74.— Constitution de 1791, III, 140.— 1S12, chef whi^', 111,1.51.
GREY" (sir W. de) — 1765, et les Canadiens catholiques, II, 3Î>9. —
1766, rapport sur le Canada, II, 408, 415.
GREY (lord). — 1812, chef whig, III, 151. — 1822, beau-père d'Ellice,
m, 241, 250.
GREY (sir Charles).— 183,5, assistant de lord Goîord, III, 322, 331.
GREY (Charles), III, 359.
GREY (sir George).— 1837, hostile aux Canadiens, ni, 331.
DE L'HISTOIRE DU CANADA. CCCXxiii
GRIFFON {If).— 1679, navire de La Salle sur les lacs, I, 256.
GROENLAND découvert, I, 4.
grotï:, ih, :î,%.
GUADELOUPE.— 1794, guerre, III, 181.
GUEIICHEVILLE (la uiarquisode). — S'intéresse aux colonies, 1, 51,
52. — Demande à l'Angleterre compensation ix)ur les pertes qu'elle
à subies, I, 55.
GUERXESEY, II, 410, 4m; III, 87.
GUERRES. — l«Sr)-i»7, guerre à la baie d'IIudson, I, 363-70. — 1080,
entre l'Angleterre et la France, I, 2{>5, 296, 321, 357.— 1690, 1, 372-3.
— 1690, invasion du Canada, I, 316, 333. — 1696, guerre contre les
Iroquois, I, 354. — 1696, Acatlie, Terreneuve et baie d'IIudson,
I, 357, 373. — 1697, guerre contre la Nouvelle- Angleterre, I, 371. —
1702, de la succession d'Espagne, II, 17, 20, 60, 71. — 1703, contre
lioston, 11,27. — 1704, voir Dberkiki.d. — 1708, contre la Nouvelle-
Angleterre, II, 2Î). — 17(K», on projette l'invasion du Canada, II,
38. — 1709, invasion des Anglais et des Iroquois, II, 39. — 1711,
guerre contre le Canada, II, 45. — 1718, la France contre l'Espagne,
II, 84. — 1719, dans le golfe du Mexique, II, 84-86. — 1728, contre
les Outaganiis, 11, 122. — 1734, préparatifs, II, 132, 133.-1744,
contre r.\ngloterre, II, 172. — De Sept-Ans, fâcheuse situation du
Canada, I, 207. — Ses conséquences, II, :î8(),427. — 1754, hostilités
sur rOhio, II, 207-211. — 1755, commencement de la guerre de
Sept-Ans, II, 213, 216. — 1755, II, 23. — 1755, valeur das Canadiens,
I, 317, 319. — 1756, guerre déclarée jwir l'Angleterre, 11,246. —
Campagne de 175t), II, 248— Campagne de 1757, II, 2(»4.— Campa-
gne de 1758, II, 277, 381, 383.— Campagne de 1759, II, 300, 308, 313-
50. — Campagne de 1760,11,355. — 1774, conduite de l'Angleterre,
II, 64. — 1775, invasion du Canada, II, 220, 278.— De 1812, ses
causes, 111,198. — De 1812, 111,149. — De 1813-14,111, 170.— Voir
Paix, Ii{c>qrois, H.\bitant8, Colons.
GUERRIÈRE (la), III, 167.
GUESLIN (le Père Vaillant de).— Cheis les Iroquois, I, 285.
GUGY, III, 316, 325.
GUIGNAS (le Pure de), II, 126.
GUILBAULT, I, 165.
GUILFORD, III, 46.
GUILLAUME le Conquérant, II, 401.
laiLLAUME III, son caraitèro, 1, .321.-1690, Phipps attaque
Québec en son nom, ',;>41,;î51. — 1692 3, malbeuriMix dans ses
guerres, I, 373. — 1700, veut tlésarmér les Iroquois, 1, 376. — Henne-
pin lui dédie son livre, II, 12. — Envoie des colons à la Louisiane,
II, 12.— 1702, son décès, II, 21.
CCCXXiv INDKX AKAI-YTIQUl
GUILLAUME IV, III, 2«5, 330.
GUILLKMAUD, HI,«8.
GUILLET, 11, 170.
GUINÉE.— Voir Compacimb.
GUINÉE (la).— ViBit^-ô |>ftr Colomb, I, fl.
GUYANE, 11,2:10.
GUYA8, 1, :W0.
GT'ILLOKY, II, H.^).
GUYON, 1,242.
H
HAIiRAS COR/TW. — 1788, loi demandée, 111,53.— 1784, invoqné
[«ir Dii(:alvBt, 111,51. — 17Kn, loi ^tablio, III, 48, 64. — 1791, do-
nioure dans la nouvelle constitution, 111,70. — 17W, liUHiwnda
pour loH étrangeri), etc., III, !>4, Ub. — 17U7, en {lartie ttUHfieDdu, III,
80, 102.
HABITANTS. — Voir Coix>n8; Compaonih dhs Habitants; 0)B-
VKfc»; CoMPAGNiK, 1, 1K8.— 10(57, rapport de Talon, I, 212.
HALDIMAND. — Son origine, III, 36. — 176«, à f)gwëgo, II, 332. —
17G()-3, lieutenant d'Amlierst, II, 397.-1778, gouverneur, III, r«.
— Rigueurs «jti'il oxora^, III, .'i<l, VJ, 48.-t178.'î, rutounietm Angle-
terre, III, 48, 52.— 1787, il est accusé, III, 59.— Voir Corvées.
HALE, III, 232, 377. ,
HALIFAX (comte d'), II, 395.
HALIFAX — (Autrefois Cîiibouctou). — 1746, oscailre du duc d'An-
ville, I, 372 ; II, 179, 180. — 1749, fondé par les Anglais, II, 201.—
1757, flotte anglaise, II, 266. — 1758, préparatife contre Louisboorg,
n, 281.
HALLE, II, 99. .
HAMEL, III, 308.
HAMILTON, III, 52.
HAMPDEN, m, a54.
HAMPSUIRE (le), I, 369.
HAMPTON, 111,171,179.
HAXCOCK, II, 431.
HANOVRE, II, 246,
HARRISON (général).— 1812, dans l'Indiana, IH, 152.-1813, sur le
lac Erié, III, 170.-1813, sur la rivière Miamis.III, 172.— 1813, bat
Procter, 111,174,
DE l'histoire du CANADA. CCCXXV
If ART, III, 120, 325.
]IARVEY,III, 177.
IIARWOOD, III, 377.
HAUT-CANADA, III, 66, 69, 76.
HAVANE (la), II, 15, 84.
HAVERHILL, II, 25».
HAVILAND, II, :«.'), 37.'î. ^
HAVRE-DE-OR ACE, II, 158, 174.
HAWKS, II, 186.
II AY, 111,41.
HAZEN, III, 10.
IIEAI) (sir Francis Bond). — 1836, lient.-gonverneur Jn Haut-
Canada, III, 325, 329. — 1836, dissout le parlement, III, 330. —
1837, reprend les réniv< de l'administration, III, 341. — 1838, re-
tourne en Angleterre, III, 349.
HÉBERT.— Premier colon du Canada, I, 70, 130, 171 ; II, 248.
HEMINGFORD, III, 223.
H ENDRICH, 11,238.
HENEY, III, 259.
HENN EPIX (le Pore)). — 1679, sur l'Ontario, T, 256.— 1679, chez 1m
lUinoLs, I, 257. — 1680, voyage au pays des ^Sioux, I, 258-9. — Son
livre. II, 12, 19.
HENRY (Patrick).— Patriote irlandais, II, 428-9.
HENRY(Jolin).— 1809, agent secret de sir James Craig, 111,161,
185.
HENRY (major).— 1813, à ChAteauguay, III, 180.
HERALD {The), III, 321, 307, 368.
HERBIN(d'), 11,317.
HERIOT, III, 2015.
IIERTEL (François). — 16îX), expédition contre la Nouvelle- Angle-
terre, I, 328. — Anobli, I, 344.
IIERTEL de la FRESNI ÈRE.— 1690, blessé, I, 328.
HERTEL de CHAMBLY, II, 29.
HERTEL de ROUVILLK -1704, attaque Deerfield, II, 28. — 1708,
attaque Haverhill, II, 29.
HERTEL de ROU VILLE.— 1766, réside à Montréal, 11,400. — 1787,
juge ; sa conduite, III, 58.
HERTEL de ROUVILLE.— 1837, colonel de milice, III, 338.
HESSE, III, m.
CCCXXvi INDEX ANALYTIQUE
II1«SE-CA8SEL, II, 240.
IIEY, 11,407,410,434.
IIILL, 11,45,4». 4K.
llIIJ>l{()i:(jr(JlI, 11,431.
HINCKS (Sir Franci»).— 1854, à Londreu, III, 376, 37d.
IIOIîKIUK, III, 4«.
HOC'QrAKT, II, 121,187,216.
liOClIELACiA. — Voir 8act-Saiiit-Ix)CIIi; MoirrRtAi*
IIOLIJOUN, ll,2fi({.
HOLLANDAIS. -Voir 'Sovywu.m-AsoLmvum.
HOLLANDE, II, 57, 83 ; III, 40.
HOLMES, II, 310, .330.
HON(;UIE, II, 109. .
HOPE, III, 52, 55, 56.
HOl'SON, II. 224, 227.
HOKTON.— Voir Wii.Mcyr.
HOWEl lord). — 1758, au lac Saint-Sacrement, II, 287. — 1775, re-
vient d'Europe, II, 445. — 1770, vict^jire «le Lrjnu-Ihlund, III, 19, —
1770, à Albany, III, 20.— 1777, à Albany, III, 'S>, 81.
HOWICK (lord), III, 290, 331, 366.
HUBERT, à la Louisiano, II, 70.
HUBERT (Mjrr).— 17&5, nomm^- évéque, 111,03.-1793, non reconnu
par l'Angleterre. III, 98. — 1793, ^rit au sujet de la révolution fran-
çaise, III, 145.— Son décès, III, 65, 9Î).
HUBBARDTON, 111,26.
HUDSON (baie d'). — Description, I, 368. — Influence climat^riqne,
I, 92.— 1010, découverte, I, 05, 242. — 1040, La Tour y fait la traite
avec les Anglais, 1, 104. — 1051, les Français s'avancent danw c«tte
direction, I, 242.— 1056, voyage de Bourdon, 1, 243. — 1000, visitée
par les Français, 1, 152. — 1061, voyage de La Vallière, I, 242. —
1009, les Anglais s'y établi.ssimt, I, 24.3.-1671, sauvages présents
au Sault-Sainte-Marie, 1,221. — 1671, voyage de Saint-Simon, I,
243. — 1672, pri.se de possession, I, 222. — Louis .Jolliet y fait un
voyage, I, 252.r— 1677-96, son histoire, I, 363-371. —168.3, situation
des allai res, II, .56, 71. — 1684, compagnie canadienne fondée, II,
142. — 1089, guerre, I, 322, 323.— 1696, on décide d'en chasser les
Anglais, I, 352, 353, 3.58.— 1697, accordée à la France, 1, 373.-1713,
passe aux Anglais, II, ôi, 150. — 1744, projet de conquête, II, 17u.
1750, traite qui s'y fait, II, 201. — 1763, admininistratiou, II, 390.
1 782, campagne de La Pérouse, II, 394.
DE l'histoire du t•A^ADA. CCCXXvii
HUDSON-BA Y (V), I, 369.
HUDSON (rivière), II, 109, 279.
HUGUENOTS. — Dans le Poitou, II, 103. —Révocation do l'étlit de
Nantes, I, 208. — lOOî», en Louieiaue, II, 12. — Et Auglais, II, 08. —
Voir Nantes, Pkotestantb.
HUILES, I, 213-4.
HULL (Kénéral), III, 102-3.
HULL.— Capitaine, III, 107.
HUME.— 1K23, ami des Etats-Unis, III, 250. — 1828, au sujet des
troupes, III, 204. — 1828, favorable aux Canadiens, III, 271.— 1834,
les Canadiens ont confiance en lui, III, 308. — 1834, défend les Ca-
nadiens, III, 312. — 1834, en faveur des 92 résolutions, III, 314. —
1837, parle on faveur des Canadiens, III, 331. — 1838, attaque lord
John Kussell, III, 348. — 1838, préside une a.ssemblée III, 354. —
1839, vote ixjur le projet d'Union, III, 370, 379.
HUNTER, II, 111.
HURON (lac). — Description, I, 89. — Visité par les missionnaires,
I, 243. — 1079, navire de La Salle, I, 257.
HUKONS.— Leur halntat, 1, 94, 95, 9«j, 220.— I^eur signe héraldique,
I, 377. — Font alliance avec Chaniplain, I, 05. — 1015, visit^'s par
Champlain, I, 00. — 1034, on leur envoie des missionnaires, 1, 127.
— 1030, en guerre contre les Iroquois, 1, 130, 131. — 1044, très affai-
blis, I, 137.— 1048, leur ruine est commencée, I, 140, 141.-1048-9,
leur pays est ravagé par les Iroquois ; dispersion jrénéralo, 1, 141.
— 1050-9, réfugiés à Québec, I, 144. — 1050, massacrés dans l'île
d'Orléans; ce que devient la tribu, 1, 148-9. — 1071, réfugiés à
Michillimakinac, I, 244. — 1084, marchent contre kvs Iroquois, I,
272-3. — 1084, attaquas par les Iroquois, I, 209. — 10.^0, attaqués par
les Iroquois, I, 279, 280, 288.— 1088, en guerre, I, 288.-1089, mes-
sage de Frontenac, I, :^20. — 17(>4, attaquent les Irofiuois, II, 25, 20,
20. — 1700, s'entendent avec les Iroquois, II, 27. — 1711, s'arment
pour les Français, II, 50. — 1755, au lac Champlain, 11,222.—
1704, secondent Poutiac, II, 405.
HUSKISSON, III, 265, 274, 275.
IBERVILLE.— Voir LeMOYNa
ILE-AUX-NOIX,III, 179.
ILLINOIS.— Leur habitat, I, 96.— Mœurs et coutumes, 1, 258.— 1665,
à Chagouamigong, I, 247. — 1070-72, mission des Jésuites, I, 248.
— 1073, visités par les Français, I, 360, 252. — 1074, mission du P.
Marquette, I, 253. — 1679, mibsioanaipes qui les vifiitent, I, 257. —
CCCXXVm INDEX AMALYTTQUC
167Î), visita» par La Halle, I, 257. ^ l«7î>, on Kuarre, I, 2fiO. — IftfiO,
attaciu/'-B par Ioh Iroqiioii*, I, 201. — l»i82, vruHrre «Im It<" •■»>,
2H7. — 1(5X4, non compris danx le traib': ilo paix, I, 27 > —
UiHti, attarjUt^H |»ar 1»>h Iroqtiois, I, 27!». — 1712, du iHHroit, alll<■^ <ltv,
Français. II, M). — 171(>, I)n>?u/' c;oiiiiiiandant, II, 77. — 1717, com-
morco, II, 145. — 1718, tiouvcllu habitation franvaiiio, II, H'.i, — 1727,
lidèliM aux FrançaiH, II, 89,92. — 1731, lo roi roprond jxiMMtHHion
du comn>«rco do cotto contrée, II, 95. — 1748, nituatiun dm Fran-
çaiH, II, 192, 198. — 1755, pri'paratifM do guerre, II. 248. — 1758, on
o«i)ùro on tirer de» vivre», II, 277. — 1758, forc« «lu paya, II, 298.
1MIH)T.S, TAXES ET IXJUANES.— Soua Loub XTV et Umi» XV,
1,181; II, 159,1W\II, 438.
IMll/rS. — 1763, le conaoil n'a pan le droit d'impo«er dea taxes, II,
398.— 1764, rAnjrU«t«rre Uxo »e« colonies. II, 407.— 17«5, impftt du
timbre, II, 428-30.-1774, sur Ioh boiwmns, II, 4:^8.— 1778, l'Anglo-
terro rononco à taxer «en wjlonie^, III, 43. — 17W1, Ioh provinrendi**-
poseront «lu produit do l'irni^tt, III, 70. — 179;{, trèa U-^tt^r». Ilf, li6.
— 179.'">, divers imiVits vott'» par i'.<V>ttieml)UK), III, W.- ito
des loin, III, loi. — 17î>1>, bill pour donner au peuple !• . • > <lo
taxer, III, 80. — 18(MJ, projet de taxe foncière et autre»», ILI, 113. —
l81f5-22, les subside», 111,205. — 1817, iwirtage de« revouua des
douane», III, 236. — 1822, question des subside*, III, 246, 252. —
182S, partage des droits do dotianes, III, 273. — 18.34, iiarta^je des
droits de douanes, III, 302.— 1837, question des subtiidee, III, 331.
IMPORTATIONS, II, lôô, 220.
IMPRIMERIE.— 1638, introduite dans le Maaaachnsett», I, 314, 31.Î.
— 1750, La Jonquiôre veut l'introduire dans le Canada, II, 206. —
1764, introduite, I, 19^) ; II, 406. — 1776, preeee <!'tahlie i Montn!«l,
III, 12. — 1784, Du Calvet invoque la liberté de la presse, III, 5L
— 1789, mutibUio des journaux politique», III, 67, 77.
INCARNATION (la Mère de 1'), I, im.
INDÉPENDANCE AMÉRICAINE, III, 20.
INDÉPENDANCE DU CANADA, III, 267, 355-6.
INDES OCCIDENTALES. — Pourquoi nommées, 1, 12.— Projeta de
Colomb, I, 7. — 1625, Richelieu y fait des concessions, I, 73. — Voir
POINCY.
INDES ORIENTALES.— Leur commerce, 1,5.
INDES. — Voir Compagnie.
INDES. — 1746, tlotte française dans le«. II, 184. — Durant la imerre
de Sept- Ans, II, l'77-S, 2W, 375. — 1778, projet de l'Angleterre,
III, 42.
INDES ET LE CANADA.— 1755-60, U, 375.
DE l'histoire du CANADA. CCCXXMC
INDIENS.— Voir Sauvaghi.
INDUSTRIES, I, 206, 213.
INONDATIONS, II, 124.
INSTRUCTION PUBLIQUE.— Voir Ecoles.
INSURRECTION de 1837, III, :i50. 382.-1837-38, III, 201.
INTENDANTS ET œMMlSSAlRE.-», 11, Iti, «7, 72, 7«, 95, 98.
INTf:NDANTS.— Ix)ur8 fonctions, 1, 178, 183-4.— Lenr position, II,
115-8. — Leur» démêlés avec les gouverneurs, I, 275-6. — Leurs abus
de pouvoir, II, 144. — Voir Brauiiarsois, BBf-.ox, Bir.oT, Bol'tkroi'e,
CHAMl'IOXY, ChAZKL, DucnESNEAf, DUPUIS, HOCXiUART, DB MeLLLBB,
Racdot, RoBfjRT, Talon.
INVASIONS.— Voir Giterrbs.
lOWA, I, 251.
IPKiUIT, II, 31.
IRLANDPi. —Conquête anjrlaise, II, 403; III, 270. — 1778, lois con-
cernant la religion catlioliqne, III, 43. — 1778, menace de se révol-
ter, 111,44,— Dîme anglicane, III, 293.— Agitation <rO'ajnnell, III,
295. — 1834, le ministère anv:lHi8 résigne à son sujet, III, 313. —
Unie à l'Anjileterre, lll, 384, ;i89. ;
IRLANDAIS.— 1837, à Québei-, III, 33.3.— 1837, leur attitude, III, 341,
IROQUOIS. — Leur origine; leur caractère, I, 59-60.— Leur habitat,
I, 96. — Leurs c«>nrse.s T, Ofi. — Crainte qu'ils inspirent, I, 245. — Et
les Chickasas, II, 89. — 1609, Iroquois attaqués par Champlain,
I, 62, 12S. - 1615, aftnqnrs par Champlain, I, 66. — 1(;24, leur
attitude, 1, 70. — 16J>4-47, lenrs incursions, I, 244. — 16;î<>, on guerre
contre les Hurnns, I, 130, 131. — 1644, terreur ([u'ils répandent; les
Hullandais leur fournl.->8ent des armes, I, 136, 137. — 1645, font la
paix, I, 139. — 1645, revoivent dos missionnaires, I, 140. — 1648-9,
détruisent les bourgades huronuas, 1,141. — 1651, la Nouvelle-
Angleterre refuse de coopérer à leur destruction, 1, 145. — 1652, ils
attaquent les établissements français, I, 146. — 1654, font la paix, I,
147. — 1(555, dé.<irent avoir un établissement français parmi eux,
1, 148.-16.56, massacrent le-î Hurons a l'île d'Orléans, 1, 148.- 1660,
menacent la colonie; sont ff'^faits an Long-Sault, 1,151. — 1(.>61,
offrent la paix, I, 151. — 1661, au lac Nécouba, 1,242. — 1664, négo-
ciations iKiur la paix, 1, 169. — 1665, leurs courses dans le Nord,
I, 248. — 16()5, ambas.sadeurs à Québec, I, 208. — 1665, on lenr fait
la guerre, I, 205, 209. — 1666, on porte la guerre chez eux, I, 210. —
1669, menaces do guerre, I, 219. — 1670, trafiquent avec la Nou-
velle-Angleteriti, I, 216. — 1670, attaquée» do la {jetite vérole, I, 220.
—1670, établis près de Montréal, I, 220.-1671, paix, I, 219.— 1672,
assemblée à Cataracoui, I, 222.— 1679, visités par La Salle, I, 256.
— 1679 ot 16S0, on guorro contre les Illmois, I, 258, 260, 261.—
CCCXXX INDEX ANALYTIQUK
1082, Mont attir^H par les An^^laiN, I, 235. — 1682, catue qui 1m
met on jnierns I, 2«3. — \(iH'2, en jçiierro contre lee Illinoi», I, 286.
— lOHli, leur diplomatie, I, 2<Wl-7. — HiK:{, déclarent la tn^^n-e aaz
MiniiiiN ut aux Outnouui»; vu Hont (li.oMia<lt-H, l,'2t'>'.f. — 1((H4, leur
dijiloinatie, U71. — KiM, utta<|ii)-nt le« Kaiivam^ allit-ii <1»^ Kr«m;ai»,
I, 2(>"J. — l(iH4, nian hont contre h« IllinniH, 1, 271-2.- ! ni
la paix, I, 272-.'J. — KiSi, on dctido du kv* n'-duiro, I, 27<.. .ut
j)lti» do clia^Ho chez «ux, I, 277. — M>MJ, chaHM^nt »iir lo Sainte
Lauront, I, 277. — 1«H(J, a»Houibl»'-o à Alhany, I. 278,— 1<1m{, établi»
8ur riludson, I, 279.— 1(186, attaquent Itw alli<'» de» Krançaii, I,
2T9.—10ë7, l'arma marche contre eux, 1, 281.— lf>«7, chefn arW^t^i,
I, 2«<), 285. — 1687, incunjionn hur lu Kaint^I^urent, I, 28.'».— 168iiL
font parade de leur ind<'-[iendance, 1, 2K7-H. — KI.S.S, trêve ; incurition», "^
I, 2S7-8.— 1()K',», raviiKent l'Ile de M«>ntr<''al, (niaK^acru de I^tcliine),
1,291-2, 324, :W2.— 1689, jrrand conintiil, I, :{:;:i.— l»)!»0,He rapprwhent
des An^'lai», I, 3:«). — I69(i, leur diplomalio, 1, :'Ar>, :i4(>-7. — 1691,
les Franvais attat|Uont Umr» cantons, I, .'{.')0. — 16!M, battus dana
l'Ouest, I, '.^52. — l<i!»6, les Franvai» rava^fut leur i>ays, I, Xi4.
— 16«7, leur y)ay8 »era-t-il an^flais oa français, I, 37.3, 374,
375.-1790, leurs signes héraldiques, I, 377. — 1700, b'allient
aux F^ivais, 1,376, 379,381.— 170(J, sijjnout la paix, li, 22, 23, 24,
110. — 17CK), revoivent dtis niisHionnaire»4, II, 2;». — ITiï.i, afKt^^t'-e de
leur pui8!<anco, II, 24. — 1704, UMmacés par 1«» autroh nation.**, II,
2.'), 26, 26.— 17(«>, rouijwnt la paix, II, .'59, 40. — 1711, aujbaRwade à
Londres, II, 4.'). — 1711, menacent le Canada, II, 47. — 1713, la
France retire so.s prétentions hur leur i>ays, II, 54. — 1716, restent
neutres, II, 97.-1744, leur attitude, II, 170.— 1745,à l'assemblée de
Montréal, II, 176.-1746, s'arment contre le Canada, II, 181.— 1748,
la France réclame leur pays, II, 109,110. — 1748, députation
envoyée à Montréal, II, 197.-17-50, établis à la Présentation, II,
20:>.— 1754, s'allkiiit aux Anglais, II, 210. — 17-54, délégués à Mon*-
téal, II, 212. — 17.50, veulent rester neutres, II, 252.-17-56, leur si-
tuation à Oswégo, II, 254, 255, 2.58. — 1757, envoient des délités
aux Français, II, 268. — 17-58, on cherche à les entraîner contre
l'Angleterre, II, 286.— 1759, se rapprooiient des Anglais, 11, ZSl. —
1775, les Anglais leur proposent une aUiance, II, 447. — 1778, dé-
truits, III, 44.-1784-1858, leur situation, 111, 45.
IRVINE, III, 133, 245.
IRVI^:G, II, 407.
ISLANDE (!'), I, 4, 6. *
ISRAÉLITES, II, 127.
ITALIE, II, 21, 86.
IVROGNERIE.— Voir Eac-db-vib.
IZARD, III, 191-2.
DE l'histoire du CANADA. CCCXXXl
JACKSON, III, 175, 106.
JACQUES II, I, 321, util, 3GS; II, 21^
JACQUES III, II. 397.
JACQUES-CARTIER (fort et rivière).— 1759, Montcalm part ponr
s'y remlro, II, 327. — 1759, rarni(''e française s'y arrête, II, '.U4, 347.
—1759, Lévis y conKtruit un fort, II, 34S. — 17r)0, déijôt de l'arnae
françaiîio, II, 3ti5. — 17(iU, Dumas y commande, II, 371. — 17t)0, Al-
bergotti y commande, II, 372. — 1776, projet de foitiflcation, III, 15.
JALABEUÏ(Marc), I, 21.
JAMAÏQUE (la), II, 15 ; III, 376.
JANSÉNISME (le), 1, 197; II, 218.
JAPON, II, 127.
/.ir^(la), III, 108.
JEFFERSON, III, 150.
JERSEY, II, 410 ; III, 87.
JÉSUITES. — Evangt'lisent le nouveau-monde, I, 240. — Leur carac-
tère, I, 241. — IGIO, vont en Acadie, I, 50, 51, 52. — 1625, arrivent eu
Canada, I, 69, 71, 187. — 16:25-1048, leurs dtk-ouvertes, I, 140. — 1632.
reviiwuHuit au Canada, 1, 128. — 1633-65, leur influence dans les
affaires du Canada, I, 2()4-7. — 1634, aux missions huronues, 1,127.
— 1634-47, mission des grands lacs, I, 244. — 1658, on leur délègue la
conduite des affaires ecclésiastiques, 1, 149. — 1662, le suix-rieur est
nommé au conseil du gouverneur, 1, 154. — 1662, Lostiles au gou-
verneur, I, 156. — 1665, instruction à Talon, 1,204-7. — 1672, instruc-
tion à Frontenac, I, 224. — 1672, opinion de Frontenac, 1, 228. —
16S7, offerts aux Iroqnois, I, 285. — 1<>89, font bon accueil au comte
de FronttMiac, I, 294. — 17(K), leur intluence sur les Iroqnois, 1,375,
— 1723, envoyés en Ixjuisiane, II, 87. — 1728, neutres dans le débat
entre le clergé et le conseil su|)érieur, II, 119. — 1751, à propos delà
traite, II, 204. — 1760, conduite d'Amherst à leur égard, II, 375.
1767, conduite de certains .«anglais à leur égard, II, 404. — 1773,
supprimés par le pape, II, 425. — 1775, projet d'expulsion, II, 412.
—1773, collC'ge, 11, 411.-1776, collège fermé, III, 90.— Leurs écoles,
I, IIKJ ; III, 62. — Leurs biens promis à Amherst, III, 32. — Sous le
régime anglais, II, 399; 111,65. — 1765, projet du ministère, II,
405. — 17S9, on demande que leurs biens soient affectés aux écoles,
111,64,65. — 1800, dét'è.s du Père Casot, III, 106-7.-1828, on de-
mande que leurs biens soient affectés aux écoles, III, 273, 280. —
L'Angleterre s'en réserve le revenu, III, 286. — Jésuites de langue
anglaise, I, 285.
CCCXXXU IXO£X jLKALYTlQUf
jteUH (Ile), 1,350.
JOANNÈS, II, :i6.
JOGIIES (le I'i>re), 1, 140, 24ÎM.
JOHANNISHKKG, 11,377.
JOHNSDN (î/t'n.'Tal »ir W).— 1764, marche Hur le fort 8t-Frcdcric,
II, 211. — 1755, au lac St-Sacroiuont, II, 222, 236-8. — 1755, h]m»é,
11, 240. — 1755, sa Iwllo comliii'o, II, 241. — 1766, «on armée Mt 11-
ronci.'o, II, 242. — 175(5, à (ioriiian-natlN, II, 258,— 175S, au lac 8t-
Sacroniont, II, :;s(J.— 1750, manlic «ur Nia^'ara, 11,310,332.-1769,
paMHo il OKWi'-go, II, 332. — 1750, «ièxb do Niat?ara, 1 1, 332. — 1709,
fi(l<>lo à l'Angleterre, II, 431.— 1775, fidèle à rAngletorro, II, 448.
JOHNSON (hir John).— 1787, intendant do« sauvage», III, 5(j.
JOLLIKT (IxiiiiM).— Sa famille, I, 249,— KJ72, profK)^ jmnr la d<kou-
verto du MiNsiMsiiu, I, 222. — 1073, dAritivr F, 249. —
1073, 80U rapiMift do la découvurto du .M _■ — 1687,
obtiunl une Hoijjaourie prt« Montr^-al, 1, 253. — Nouiin^ hydrogra-
phe du roi, I, 253. — Reçoit l'ilo d'Anticosti, I, 252. — K^iiido à l'Ile
d'Antico8ti, I, 253. — Son nom donné i une montagne et à une
ville, I, 253,
J0N(;AIRE. — 1711, envoyé chez les Iroquois, II, 47.-1721, établit
un po8te à Niagara, II, 111. — 1750, va résider chez les Iroquoia,
II, 203.
JONCiUlkUE (La). — 1746, nommé gonvemonr du Canada, 11,187.
—1740, »ur la flofto de d'Anville, II, 180.— 1747, perd une ]>ataille
navale, II, 1S4.— 1749, arrive à Quélxjc, II, 187, 197—1750, gouver-
netir, cherche à s'enrichir, II, 132.— 1750, question des frontière»,
II, 199.— 1752, se prépare à la gnerro, IT, 203, 204.— 1751, querelle
avec les jésuite», II, 204. — 1752, accusé ; .son décès, II, 205.
JONQUIÈKE (fort) La.— 1752, construit, II, 132.
JORDAN, III, 86.
JOSEPH I", II, 54.
JOURNAUX.— 1791, 111,85.— Voir iMPBnŒRia.
J0UTARD,III,41.
JOUTEL, II, 4, 5, 6, 7.
JUaiEREAU DE SAINT-DENLS.— 1«75, sa maison près Québec,
I, 231.— 1090, ble6!>é à Beaupurt, I, 342, 344.— 1699, établi à la Loui-
siane, II, 72. — 1719, décoré de la croix de St- Louis, II, bb. — 1729,
ami des Natchitoches, IT, 92.— 1731, défait les Natchez,II, 95.
JUCHEKEAU DE LA FERTÉ (de).— 1664, conseiller, I, 180, 201.—
1686, à la baie d'Hudson, I, 323.
JUCHEREAU (Duchesnay). — 1792, tué à Charleville, 11,394.—
1813, à Châteauguay, III, 182.
DE l'histoire du CANADA. CCCXXxiu
JUCIIEREAU— 1773, consulté par le gouverneur, II, 419.
JUGES MILITAIRES.— 1760-4, les Canadiens n'ont pa» retour» à
eux, II, 3*J2.
JUGES DE PAIX.— 1764-6ÎJ, leurs iiouvoirs, II, 418.-1766, on pro-
pose de nommer dos Canadiens, II, 409. — 1836, on nomme des Ca-
nadiens, III, 323.
JUGES, inéliKililes.— et députés, III, 121, 125-6, 14S.
JUII^J, III, 121,280, 290.
JUMON VILLE (Villier de), 11,207.
JUIIÉS.— 17G4-0(i, tous Anglais, II, 402, 402. 404, 408.
JURY. — 1784, d»3niandc par DnCalvet, III, 51. — 1784, demandé |jar
les Canadiens, III, 54. — 1785, établi en matières commerciales,
m, h2.
JUSTICES SEIGNEURIALES, 1, 181-2.-1711, défense d'en accor-
der de nouvelles, 1, 174. — 1777, lois tyranniquee des seigneurs, III,
34.
JUSTICE, haute, moyenne et basse, 1, 173. — Première administra-
tion, 1, 171, 175, 182. — 1H.VJ, édit qui en règle rathuinùstration, I,
150. — 16<)2, inconvénient d'un système incomplet, 1, 158. — 1664,
M. de M/'sy amène plusieurs gens do robe, 1, 169. — 1H65, réformes,
I, 2(M). — l()«k), par (]ni sont payés les juges, I, 208. — Vues de Fron-
tenac, I, 227.-1677, prévôté do QuélKic, I, 229.— 1726, réformes de
l'intendant Dupuy, II, 115. — Administration sous les Anglais, II,
396-S. — 1764, juf,'es ignorant le français, II, 402, 408. — 1767,
enquête do Carloton, II, 410. — 1773, dos Anglais partout, II, 417. —
1777, on o\m-Q îles changements, III, 34. — 1777, ignorance des
juges, III, 35. — 1780, ou discute l'organisation judiciaire, III, 37. —
1780, projet d'intixKluire les lois anglaises, III, 37. — Voir Lois
FRANVA18B8, L.\NGtJB, LuWiîON.
KAMANISTTGOYA, II, 125, 120.
K AMOURASKA, II, 99, 157 ; II, 333.— L'ermite de, 1, 198.
KAHRER. II, 171.
KALM, II, 131.
KEENE, III. 196.
Ki:.\I TT. — 1S14, commande dans le Haut-Canada, III, 191. —1828,
nuinmé gonvernour, III, 274, 277.— 1830, ou\Te les Chambres, III,
*_>S1.— 1830, rapielé, III, 284.— 1S35, son opinion sur le Canada, III,
313.
KE^'EBEC— Voir Liauiiis.
CCCXXXIV INDEX ANALYTIQUE
KEPPEL, II, 211.
KKRR, III, 2ÎK), 294, 298, 318, 323.
KliKTII (David).— S'omparo de Québec, I, 78-80.
KEltTH (Thomas). — Seconde non frère Loui» à U prise de Québec,
1,80.
KEKTH (Ix)ui8).— 1633, rend Québec, 1. 126-7.
Kl KAK)U8.— 1670-72, inissiong de* jésuites, 1,248.-1673, visité» par
Jolliet et Marquette, I, 2.30.-1712, complotent contre le Détroit,
II, 50.
KILI)I<:R, 111,56.
Kl M BER, 111,323.
KINGSTON. — 1813, quartier général do la marine des lacs, III, 173.
— Voir Frontenac.
KIWINA (baie), 1,246.
KLUCK, 11,407.
KNELLER, II, 399.
K(JNDIARONK.— 1688, son caract<ire, I, 288.— 1688, à CàUracoui et
à Michillimakinac, 1,288-9. — 1690, veut former un« trrande al-
liance dos sauvages, I, 329.— 1700, à Montréal, I, 376, :i81.
KOSCIUBKO, III, 28,
KRISTINOTS ou CRIS.— IGôît, connus des Français, I, 246.— lG6.j,à
Chagouamigong, I, 247.— 1813, leur (lostriictinn. III, 175.
LA BARRE (officier).— 1644, amène des colons, 1, 134.
LA BARRE (Le Febvre de). — Son caractère, I, 2G6.— 1682, succède
à Frontenac, I, 263.- -1684, ses intérêts dans la traite, I, 271.— I<i84,
sa conduite envers les Anglais et les Iroquois, 1,267, 272. — 1685,
remplacé par M. de Denonville, I, 275.
LA BOURDONNAIS, II, 184.
LABRADOR.— Découvert, 1, 12, 242.— Visité par Cort^'réal, I, 13.—
Visité par Cartier, 1, 19. — 1749, ferme de traite, II, 152. — 1763,
conséquences du traité de Paris, II, 396.
LAB0I7CHÈRE, III, 268, 281, 331.
LA CHAISE (le Père de), 1, 194, 234.
LA CHENAIE. — 1689, ravagée par les Iroquois, I, 292 1692, vil-
lage attaqué, 1, 350. — 1706, M. Aubert de Lachenaie intéressé dans
la traite, II, 143, 145.— 1775, attitude des habitants, II, 447,-1837,
attitude des habitants, III, 333.
DE L HISTOIRE DU CANADA. CCCXXXV
LACHESNAYE (M. de).— 1709, à Terreneuve, II, 36.
LACniNE, origine de ce nom, I, 254. — 1689, uias.sacre des habitants,
1,265, 292-3, 327, 332.— 1696, ren-Joz-vous de l'armée, I, a54.— 1760,
La Corne reix)ussé, II, 374. — 1812, émeute, III, 169. — Canal, II,
158.
LA CHAUSSÉ.— Voir Gihahd.
LACOLLE, III, 167, 187, 192.
LA CORNE de SAINT-LUC— 1747, attaque le fort Ginton, II, 183.
LA CORNE. — Son rapport au i- ujet des eiiii)iètoment8 dt«s Anglais,
II, 113. — 1750, commande sur la frontière do l'Acadie, II, 199,200,
202. — 1752, soldat de sa coinpaj^nio accust'- du criiuu iPincendie, II,
99.-1750, au lac Ontario, II, ol2. — 1759, au lac St-Frauçois, II,
334.-1760, au saut St-Ix)ui6, II, 371.-1760, à Liichim-, II, 374.—
1775, à Lachenaye, II, 447.— Corn iiagnon do i^uffren, II, 394.
LACOSTE, III, 339.
LACS (les grands). — 1670, situation des Français dans ces régions,
I, 221.
DURANTAYE (La).— 1684, négocie avec les sauvages alliés, I, 272-3.
—1687, en guerre sur l'Ontaiio, 1, 281.— 1688, à Michillimakinac, I,
289.— 16«9, commande à Michillimakinac, I, 325-6.
LAFAYEITE, III, 25, 30, 41, 46.
LA FERTÉ.— Voir Jucueebau.
LA FEUILLADE, 11,55.
LAFITAU (i>o Père), II, 154.
LAFONTAÎNE(sirL. H).— 1831, propose de refuser les subsides,
III, 289.-1831, son attitude, III, 292.-1834, refuse de correspon-
dre avec le conseil législatif, III, 302. — 1835, au sujet de« subsides,
III, 327. — 1837, à Kamouraska, III, 333-4. — 1838, entrevue avec
Wakefleld, 111,361.
LAFONTAINE.— Voir Biaxx)WKT.
LA FORCE, III, 134.
LA FRSSNIÈRE, II, 385.
LA FRESNIÈRE.— Voir Hertbl.
LA GALISSONNIÈRE.— Voir Galissoxnièrb.
LA HÈVE. — 1634, concession à La Tour, I, 161. — 1636, Razilly y
fixe sa résidence, 1, 161. — 1636-7, abandonnée, 1, 161. — 1654, prise
par les Anglais, I, 165.-1654, incendiée par le Borgne, I, 165. —
1690, projet de fortification, I, 335.-1700, corsaires, II, 30.
LA HOGUE, I, 351.
LA JAMERAYE (de), II, 129.
CCCXXXVl INDEX ANALYTIQUE
LAJAUNAYE-CIIATON'— Traite danii lo Saint-Lanront, I, M.
LA J()NQI;iI:KK.— Voir JoNQi.ikHB.
LALKMANT (le l'ôro .Krùme), 1, L'ij:i, 243.
LALEMANT (le Père Gabriel), 1, 142.
LALKMANT (lo Pore Charltw), I, 71, 133.
LA I01KP:(«1o), 11,510.
LAMAIUiUE DE MARIN, II, 132.— Voir Maiiix.
LAMHKUT ini-nfrn]), ITT, 107.
LAMISKllVILLE (lo Pùro), I, 274, 278, 280.
I^ MOKANDIÈIŒ (do), II, 126.
I^ MUTIIh^CADILLAC — 1701, fonde lo Détroit. II, 10. — 17fK5,
mttladro.sjio à l'éj^ard doH Sauvages, II, 2C, 20.— 1712, goiivoruour
do la Lnnisiano, II, 72, 76.
LAM0TI1E(M.),III,8L
LAMPSON, III, 286.
LANAUDifcRE, III, 56, 60, 101.
LANGLADE, II, 248.
LANGI/JIS (Mario et Salomon), I, 85.
LANGUEDOC, II, 83.
LANGUE FRANÇAISE EN ANGLETERRE, III, 384.
LANGUE FRANÇAISE. — Les CanadienH aiment leur langue, III,
78. — 1704, loH ju^res ne parlent pas franviiif, II,:*.)>2 — 17«>4, on
craint les consétjuence de sa supproK«ion, II, 433. — 17»H), rapjMirt
des ConinÙKsairos, II, 408, — 1773, opinion do Marriott, II, 411. —
1784, Io*j doux langues en usage au Conseil I-iégislatif, III, 32. —
1792, tentative de i^uppression, III, 80, 85, 8«j, 88, 101. — 1800, on
veut établir des écolos anglaises, III, 107-8. — 1804, traduction
otHciolle, III, 112. — 1823, les Canadiens fidèles à leur langue, III,
249. — 18;>5, discours du trône en français, III, 324. — 1839, prohi-
bée, III, 377, 379.— Voir Lois, Jrsxica
LANGUILLEZ (Paul), I, 86.
LANGUE. — Voir Rodltel.
LANOULLTER, II, 117.
LA PERRIÈRE.— Voir Boucher.
LA PÉROUSE.-ÉiMUs^. une d'Aillebout, 1,141; 11,370,394.
LA PLUIE (lac), II, 129.
LA PORTIi, II, 27fi, 302.— Voir Louvigny.
LA rOTIIERlE, l'RÉFAca
LAi r.illlli:, I, :-0, 339, 348 ; III, 367.
DE l'histoire du CANADA. CCCXXXVii
LARD, II, 159, 269, 273, 335.
LA KEINE (fort), II, 129, 132.
LA RI BOURDE (le Pùrc de), I, 257, 261.
LA ROBEYRE, I, 293.
LA RCKJHE, — 1598, droits seigneuriaux que lui confère le roi, I,
171,-1598, tonte d'établir l'Acadie, 1, 38, 41.
LA ROCHE-BEAUCOURT, II, 345.
LAROCHEFOUCAULT-LIANœURT, III, 97.— Voir Liakooprt.
LA ROCHELLE, I, 190 ; II, 3, 10, 42, 77, 139, 155, 158.
LA ROQUE.— Voir Roberval.
LARTIGUE (Mgr), III, 224, 227, 339.
LA 8ALLE (Robert^René Cavelier de). — Sa famille, son caractère;
il projett<^ de se rendre au MissiKsifii, I, 254 ; II, 58.— Son arrivée
en Canada. On le favorine, I, 260. — Accusé par DuL-hekueau, I,
235. — Protég»'' par Frontenac, I, 238. — 1676, atferme le fort Catura-
coui, 1,238. — 1675, obtient la soigneurio do Cataracoui, I, 265.^
1675, obtient un privilège de commerce au Misaisbipi, I, 260 ; II,
145. — 1675, ennobli, 1,255. — 1677, va en France, I, 255. — 1678,
COI st (lit le fiort Nia^rara, I, 2.56, — 1679, Inui-e un bâtiment sur
l'Ontario, I, 256. — 1079, passe à Micbillimaklnac, I, 257. — 1679,
construit un fort aux Miamis, I, 257. — 1679, iiénètre chez les
Illinois, I, 267.-1679, construit le fort Crèvecœur, I, 258.-1679.
ses bien.s sont saisis, 1, 260. — 1680, va à Crèvecœur, puis retourne
à Montréal, I, 259, 261. — 1681, retourne au Mississipi, I, 261-2. —
1683, chez les Illinois, I, 263. — 1683, passe en France pour se dé-
fendre, I, 263 ; 11,3.-1684, conduit des colons à la Louisiane, II,
3. — 1687, sa mort, II, 6, 10. — Lieu qui porte son nom, I, 258.
L'ASSOMmON, III, 333.
LATERRI ÈRE, 111,41.
LA TESSEKIE.— Voir Tesshbi*
LA TOUCHE.— Voir Pez^xd.
LA TOUR (Claude de).— 1627, domaine que lui accorde le roid'An-
j;leterre en Acadie, 1, 161. — 1630, en Acadio, I, 82-3, 85. — 1635,
habite l'Acadie, I, 83.
LA TOUR (Charles de). — 1630, !<a belle conduite en Aoadie, I, 82. —
1632, commandant en Acadie, 1, 161. — 1634, m fait donner l'île de
Sable et autres terres, I, 161. — 1640, en mésintelligence avec
d'Aulnay, I, 162. — 1645, sa femme se défend dans son fort du
fleuve Saint-Jean ; mort de cette fexame, 1, 163-4. — 1646, va à Que»
bec; traite à la baie d'Hudson, I, 164. — 1651, épouse la veuve
de D'Aulnay ; son rôle en Acadie, I, 164. — 1654, pris par les
Anglais, I, 165.— 1656, reçoit partie de l'Acadie dea Anglais, I,
166.— 1666, sa mort, 1, 164.
CCCXXXVin INDEX ANALYTIQUE
L'AUBE-RIVifcRE (Mgr), II, 122.
I/AUrX)UINl(-:ivE, 1,23.
LAUUENTIDKK, I,K9,93.
LAUZON (Jean ilo) — Son caractère, 1, 146, 149. — Concède IMlo d«
Montréal, I, i:{2.— 1(»1, sticcèdo à «l'AillebouNt, I, 14tf.— lOôl, n'oc-
cu]>o <lo la jiJHtice, I, 17(>. — 1G58, d'Argeii.son lui hiiiccdo, 1, 149. —
Voir ClIARNY.
LAVAL (M«r do). — Sa Camille, 1, 188. — N.n . ara. t.m, 1, 150, 152,
188. — Son influence, I, IKO, 188. — Et kw .J«'Huit«N, I, 2fi«. — IWS,
M. d'Ar^enson demande un <''V<!'quo, I, 149. — KJ.V.», arrive tm Ca-
nada, I, 150, 188. -1<m;2, d«:-m^'l<'-M avec M. d'Avaui^our, I, l.')4.—
U)(j2, pasHO en Franco, I, lôH. — l«M).'i, fait noninifjr .M. do .M<'>»y, I,
1()8. — l(Mi4, m brouillo &vw. M. de Mc^y, I, 2<d. — AH'airo de l'oau-
do-vie, I, 233. — Son attitude souh Frontona*-, I, 232. — 1677, inh-
truction du roi à son C-gard, I, 234.— 1';78, pause en France, I, 234.
—1688, se retire, 11,115.
LA VALLIÈRE (I>^ Neuf de).— KiOl, va à la baie d'Hudnon, I, 242.
— 1WJ5, commando des milicienH, 1, 2(J9. — Voir Kkalbahhi.v.
LAVALTRIE.— 1687, commando dos milice*, I, 281, 28.3.
LAVALTRIE. — 1775, Carleton s'arrête en ce liou, II, 451.
LA VERENDRYE, II, 125, 132.
LAW (John).— Son origine, II, 74. — Ses projets financiers, II, 81.—
Sa banque, II, 69, 74, 79. — Rétablit la compagnie des Indef, II,
145. — Obtient un duché dans l'Arkansas, II, 77. — 1720, ses entre-
prises croulent, II, 77,82.
LA WS (Capitaine), III, 8.
LAWFELI), II, 187.
LAWRENCE (Major).— 1750, en Acadio, II, 199, 200, 202.
LAWRENCE (fort), II, 223.
LAWRENCE (Capitaine).— 1813, III, 184.
LAYE (de), 11,94.
LEADER (M.), III, 331, 348, 363.
LeBAILLIF (le Père), I, 69, 71.
LeBARBIER, II, 6.
LeBER-DUCHESNE, I, 326, 349.
Le blanc, II, 228.
Le borgne, 1, 165.
Le breton (Guillaume), I, 21.
L'ÉCHELLE (de), II, 394.
LEE (Arthur).— 1776, délégué en France, IH, 25.
DE l'histoire du CANADA. CCCXXXIX
LEE (Richard-Henry). — 1770, invoque rinil<?pendance de l'Améri-
que, III, 20.
LEE. — 1812, réunion politique chez lui à Québec, III, 155. — 1812,
accuse Craijî, III, 156.— 1831, et la chambre haute, III, 28U.
LEES (sir Harcourt), III, 324.
LEFRANÇOIK, III, 1.33.
Lb GARDEUR i)h REPENTIGNY (Pierre). — 1G45, représenUi la
compagnie des Habitants, l, 139, 188.
Lb GARDEUR i)K REPENTIGNY (J.-B.).— 1663, élu maire, l, ITîi.
— 1665, commando une compagnie de milice, I, 209. — 1686, situa-
tion de cette famille, I, 284.
Lb GARDEUR db REPENTIGNY.— 1755, commando la milice,
II, 236.-175(5, dans l'Ouest, II, 248.— 1759, commando le pné tlo
Montmorency, II, 324. — 1760, commando les milices, 11,3(53. —
Sa belle carrière aprt^s 1760, II, 393.
Le GARDEUR db REPENTIGNY (matlame).— 1705, fabrique delà
toile, II, 157.
Lb GARDKUR db TILLY (Charles). — 1663, conseiller, I, 201.—
1675, démêlés avec Frontenac, 1,231. — l(58fJ, situation de cotte
famille, I, 284.— Ce (lu'olle devint après 1760, II. 394.
Le GARDEUR dh SAINT-PIERRE.— 1711, commande un parti de
sauvages, II, 47. — 1750, envoyé dans le Nord-C)ue.st, 11,132. — 1756,
commande dos sauvages, II, 236. — 1755, tué, II, 237.
Lk GARDEUR nu MONTESSON. — 1759, commande deux cents
hommes, II, 329.
LÉGUMES, II. 159.
Lb JEUNE (le Père), 1, 132.
Le LOUTRE (l'abbé), II, 196, 200.
Lb MERCIER (chevalier).— 1757, commande l'artillerie, II, 263, 303.
— 1759, complice de Bigot, II, 263, 302, 303. — 1759. sa inis.sion on
France, II, 348, 353.
LEMOY^K DE IX)NGUEUIL (Charles).— Son ori-ine. ses enfants,
I, 324 ; II, 16.— 1667, lettres de noblesse demandées, I, 212.
LEMOYNE DE LONGUEUIL (M. de).— 1687, commande des mili-
ces, I, 281. — 1690, au si^e de Québec, I, 343.
LEMOYNE DE L(3NGUEUIL (baron de).— 1711, va chez les Iro-
quois, II, 47. — 1721, vu ciiez les Onnontueu.'s. II, 111. — 1725, gou-
verneur p.ar intérim, II, 113, 115. — 1747, commande au Détroit, II,
189.
LEMOYNE DE LONGUEUIL v^uloiuI baron de). — 1752, gouver-
neur par intérim, II, 205.
CCCXl INDEX ANALYTIQUE
LKMOYNK iriHERVIM.K. — IW.', ha nainnancp, II, 10, — Son pm-
iniènw cainjKijrni'M, H, 10. — KiH.'), va à lu baie (t'IIinlMiti, I, 3«15. —
1«87, roviont à (ini'-b<«-, I, [Ull.—imH, rttoiiru.ià la baio d'Hmli»f*n,
I, :}67. — 1«W!», con<luit 80H prim»» à Qu(''Ihh:. — lOW, rotoaruuà la
baie (I'HikInuii, I, :i(i8. — KiM», à la baio d'Ilurl»oti, I, '.i'Hi. — ItUH),
marche contro New- York, J, :J2(). — 1091, ittutm on Franoo, I, 3tt8.
— Fait cbovalier de Haint-LouÎH, II, 11. — Nommé ra[>itaino de
fn'frato, I,.H<W; II, 14, 1».— Som titro», I, :«8.— Um, retourne à la
Imio d'IIiulHon, I, 'MiH. — WilHJ, entropriiM) contre Tornnenve et la
bail» (l'Hu(lw)n, 1, ll'yH/.HH). — 1(H)7, grande cauiim^'ne à la baio
d'iludhon, I, :5'»K. — Aim»' deH Canadionn, I, :i43, — Ainx'- <le« troti-
|>tw, J, IWJ'J, — l<jît7, ww projets sur la Ix)uiHiune, II, 10, 71, 75. — tio»
projets 8ur les AntilleM, 11,15. — HiîW, va à la dc'converte du Mit<«iM-
sipl, 11,9, 10, — 1H99, trouve le MiHniHnipl et retourne en France,
11,11. — 1700, gouverneur de la I.,o«iniane, II, 11, l.^, 14. — 1701,
dans le golfe du Mexique, II, 14. — 1701, veut nouniottre Terre-
neuve, II, 'M. — 1702, va en France; 8a Munti* t?»t altrri-o, II, 14, —
170(3, 8a mort, II, 15, IH, 17. — Sok travaux, I,:Wî», :^7:i; II, 15, 10,
LKMOYNK i)K SÉKUJNY. — 10î>7, amène une escadre de France, I,
303, .'kiS. — 1701, commando un bAtiinent de truerre, II, 14. — 1710,
s'empare de Penaacola, II, 84, Sô. — 1719, croi»icr« dan» le golfe du
Mexique, II, 85. — 1720, nommé capitaine de vaisHeau, II, 86.
LEMOYNE OB BIENVILLE.— 10'>8, va à la Louisiane, 11,10.-1701,
élève un fort à Mobile, II, 14. — 1710, constniit le fort Ftosalio, II,
73. — 1717, nommé commandant de la Ixmi.siane, II, 70, 77. —
1718, fonde la Nouvelle-Orléans, II, 70.-1719, ses services à la
guerre, II, 80. — 1720, quitte le gouvernement, II, 87. — Son carac-
tère, II, 128.
LEMOYNE DR MARiœURT. — 1689, à la baie d'IIudson, I, 324.—
1085, à la baie ù'Hudson, I, 305, 300.
LEMOYNE UB SAINTE-HÉLÈNE. — 10.S5, à la baie d'Hudson, I,
305. — 1090, tué au siège de Québec, I, 343.
LEMOYNE DB CHATEAUGDAY.— 1694, tué à la baie d'Hudson, I,
308.
LEMOYNE DE CHATEAUGUAY (second du nom). — 1719, à la
prise de Pensacola, II, 84, 86. — 1719, rend Pensacola aux Espa-
gnols, II, 85.
Le MOYNE (le Père). — 1653, traite de la paix avec les Iroquois, î,
147. — 1000-62, traite de la paix avec les Iroquois, I, 152, 153.
LENEUF. — Voir Bbaub.vssix, La YALLiÈfiB,
LE NORMAND, II, 303.
LEPAGE-DUPRATZ, II, 77,125.
LÉRY (de). - Conduit des colons en Acadie, 1, 15, 40.
DE l'histoire du CANADA. CCCxH
LÉRY.— Voir Chaisseoros.
LE SAGE, I, 320.
LESCAKBOÏ, I, 49.
LESDIGUIÈRES, III, 101.
LESLIi:, III, 344.
L'ESPINAY.— Voir Hébeet.
L'ESPINAY. — 1717, succède à Lamothe-CadiUac à la Louisiane,
II, 76.
L'ESTENDUÈRE, II, 186, 19L
LESUH:UK, 11,13, 93, 95.
LE TELLIEK.T, 2()8.
LETTRES DE CHANGE.— Voir MoNNAra dbcaeti».
LEVASSEITR, 11,99.
LÉVESQUE, III, 54, 180.
LÉVIS (do).— Sa famillo, II, 345.— Ses talents militaires, II, 344, 345,
377.— Arrive do Franco, II, 247. — Au fort Edouard, II, 2G9-270.
—A William-IIon.y, II, 209, 272. — A Montréal, II, 274, 312, 314,
335, 348, :5,-jU.— A Carillon, II, 248, 280, 289, 293, 294, 295. — Fron-
tière de Niagara, II, 290. — 1758, désigné comme successeur de
Montcalra, U, 30(5, 307. — A Montmorency, II, 326. — 1759, siège
de Québec, II, 314, 317, 324, 320, 329, 334, 335, 342, 344, 345, :«8,
377.— 1759, va au fort Frontenac, II, :i34. — 1759, retourne à Qué-
bec, II, 337, 342, 344.-1759, construit le fort Jacques-Cartier, II,
348, 373. — 1700, bataille de Ste-Foye, II, ;i55, 350, 350, AîS, 3.59,
300.— 1760, retraite dt' Québec II, 373.— 1760, au lac aiarnplain,
II, 372. — 1700, capitulation de Montréal, II, 375, 376. — 1775, offre
ses servico.s pour le Canada, III, 22. — Sa carrière on Europe, II,
377.— Titres, etc., II, 247, 307, 307, 377, 259, 275, 303, 303.
LÉVIS (fort), II, 348, 371, 374.
LÉVIS (Pointe).— 1759, II, 320, 321, 325, 328, 344.
LÉVIS. — Voir Ventadoir.
LEWIS, H, 130.
LEWISTON, III, 104, 184.
LEXINGTON, II, 444.
LIANCOURT (duc de).— Membre de la compagnie de Montréal, I,
133. — Voir LARociiEi'OrcAtrLT.
LIBÉRAL {le), III, 333.
LIGNERIS (de).— 1728, guerre de l'Ouest, II, 123.-1758, succède à
M. Dumas au fort Duquesno, II, 297, 298. — 1759, commande au
fort Macliault, II, 331^1759, va au secours de Niagara, II, 333.
LIGONIER (fort), II, 297, 331.
CCCxlîî INDEX ANALYTIQUE
LIMITES tlefl Ti-rrfiihNmrf», ati tnni]w de KrançoÎH I", I, 87.
LIM1TK.S do rA(;adio. — 1<>4<J, voyaj?o «lu {jèro DruillctuH, I, 243, —
171:^21, luiHHion du pèro liatilu, II, 104-C, 104.
LIMITK.S <lo la rivière Ki'-uf'\)0(:. — 1700, limite des «'olonioH anvrlai-
HGH ot fran<;ai»oH, I, 374. — 174i», pri'-tontiouii dan AnglaiH, II, liOj. —
177'), rouUj Kuivio par Arnold, 11,452.
LIMITES du Maine.— 1S14, III, 199.
LIMITKS des colonie» anglaise» et françaineB. — 168fi, I, 277.
LIMITK< du Canada. — I(i97, 1,373-5; 11,20.-1713-1744, 11,100,
1S8.— 172H-1744, II, 103, 107, 10!i.— 1748-1755, commiMuiondcM fron-
tières, II, 188, 190, 201, 203, 209. 216. — 1750, 11,132.-1766,11,
223. — 1774, 11,434.-178.3,111,47.
LIMITES do la Nouvelle-France ver» 1700, 1, 88.
LIMITES du Ba8-('ana<la.— 17(53, II, 42.3.
LIN (culture du). — Favoriséti par Talon, 1, 214 ; II, 15.3. — 1715, asuot
pro8i)ère, II, 143, 156. — (/'liez les Acadiou», II, 225.
LIOTOT, II, 7.
L'ISLET, 111,333.
LITTÉRATURE.— 1790, parmi les Canadiens, III, 77.
LITTRKATUKE française sous Louis XIV, 11,55.
LITTLEHALES,II, 257.
LIVERPOOL (lord), III, 137, 139.
LIVINCùSTON (M.).— 1705, envoyé à Québec, II, 38.
LIVINGSTON (colonel).— 1710, envoyé à Quél>ec, 11,4.3.
LIVINGSTON (colonel).— 1775, à Chambly, II, 449.-1775, àQuébec,
commande des Canadiens, III, 3, 5.
LIVIUS, 111,35,36,58.
LOIS FRANÇAISES sous le régime anglais, II, 396. — Opinion do
Mazères, II, 401.— 1763, le roi les abolit, II,39fj; III, 78.— 1765, ré-
tablies pour la tenure des terres et les successions, II, 401. — 1773,
rapport d'une commis.sion à ce sujet, II, 409, 416, 419. — 1773, péti-
tion des Canadiens, II, 422, 433. — 1774, Bill de Québec, II, i3ô ;
III, 79. — 1776, les Américains protestent contre l'acte de Québec,
II, 440. — 1784, DuCalvet demande la conservation des lois civiles
françaises, III, 51.-1783-89, dans le Haut-Canada, III, 66.— 1787,
les tribunaux leur sont hostiles, III, 56. — 1789, Anglai.s du Bas-
Canad.i, qui se prononcent en leur faveur, III, 67. — 17S9, les Cana-
diens ..emandent qu'on les conserve, III, 68. — 1791, l'iit se pro-
nonce en leur faveur, III, 70, 71. — 1791, opinion de lord Grenville,
III, 74. — Les Canadien.s y sont toujours attachât, 111, 78. — Voir
CouTUMB DE Paius, Languh, JusTica
DE l'histoire du canada. cccxliîi
LONDON REVIEW, III, 329.
LONGUE-POINTE, II, 450.
LONGUEUIL (seigneurie), II, 373, 450.— Voir LaMoYsa
LONG ISLAND, III, 19.
LONG-SAULT.— Voir Ottawa.— Sur le Saint-Laurent, III, 179.
LOKEM BEC, 11,61.
LORETTE.— Village sauvage, 1, 132.— IGO.], village Imron, I, 144.—
1759, l'armée fram;aise y passe, II, 344.— 1759, Ix-vis etsos troujies,
II, 346. — 1760, mouvement (le.s trou[)e8 en ce lieu, II, 356, 3ô8.
LORIMIER (de), II, 446; III, 368.
LOTBINIÈRE (Chartier de). — 1(J(53, nommé au Conseil, 1,203.
LOTBINIÈRE (Chartier de).— 1727, archidiacre, II, 116.
LOTBINIÈRE (Chartier do).— 1755, lettre au ministre, II, 2:k),—
1757, son opinion sur la conduite de la guerre, II, Lfri. — 1758,
conseille d'attendre l'ennemi à Carillon, II, 288.
LOTBINIÈRE (Chartier de).— 1770, passe en Angleterre, II, 411, —
1774, interroge sur le bill de Québec, II, 4:i4. — 1792, ré«-lamo l'u-
sage do la langue française, III, 88. — 1793, nommé président de la
Chambre, III, 94. — Vend la seigneurie de Beauharnois, III, 240.
LOTERIE, II, 219, 35^.
LOUBOIS, II, 92, 93, 94.
LOUDOUN (comte do). — 1756, général en chef das trou|)e8 anglaises,
II, 249, 252. — Préparatifs pour la campagne de 1757, II, 266. —
1757, remplacé, II, 278.
LOUGHBOROCCJH, II, 413.
LOUIS XIV. — 1683, sa puissance; son ambition, I, 263. — Les
huguonotii, I, 268-9.— Ses vues sur le Canada. II, 103, 167. — Guerre
do la succession d'Espagne, II, 55. — Renonce à une partie de ses
colonies, II, 54.— Fin de son règne, II, 24-5. — 1715, sa mort, 11,97.
LOUIS XV.— 1748, paix d'Aix-la-Chapelle, II, 188.-1755, sa con-
duite envers le Canada, II, 262, 277.— 1758, comment il traite le
Canada, II, 300. — 1759, prise de Québec, II, 352. — Débuts do la
révolution, II, 387.
LOUISBOURG.— 1720, fortifié, II, 61-5.— Commerce qui s'y fait, II,
155. — 1744, fortifications, II, 170. — 1745, pris par les Anglais, II,
175. — 1746, projet des Français, II, 178. — 1748, rendu à la France,
II, 188, 195. — 1755, on y transporte le-s prisonniers faits à Beausé-
jour, II, 223. — 1756, son importance, II, 249. — 1757, les AngîSis
veulent l'attatinor, H, 265, 266.— 1758, pris par les Anglais, 11, 280,
281. — 1759, Wolfe s'y embarque jHjur Québec, II, 318.
LOUISIANE. -Étendue, II, 2.— Description, II, 5.— 1682, nom im-
lX)sé par La Salle, I, 262. — 1683, projets de colonisation. I, 264 : II.
CCCXliv INDKX ANALYTIQUE
3.— KKMl, arrivi'Hi do colonH «lu Cana«Ia, II, 10.— 1700, c«)1onii noa-
voanx, II. 11.— I)inUiiIUî« <lo fondation, II, U.— 170«, d'ArtA|fii<itU
(îoinrniHsaire, II, l«i, «7, 7(J.— 171'J, concéd»'« au «iour Cmzat, II.
17, 72, 73. — PrivlIèRO (xx'nmercial du KÎcur Crnzat; Laaiutho'
Cadillac «t de Muyx, jîf'"v<irnourN, II, 7'-', 72, 74. — C>n orKaiiiite
l'aihniniHtration d« oefte colonie, II, 72.— 1717, romiiagnle «l'Occi-
dent ou doK IndoH, II, 74, 77, H.*).— ('nation d'une nol)le««j, II, 77.
-Nouveaux colon», II, 77, 77.— Colon» canadienh, II, (>, 8, 9, 9, 10,
11, 14, 70, 72, 70, 0:5.— I»ui8iane et Canada, II, ô:j, ')«}, m, H\, 71.—
HoH ewcIaveH, II, 107.— 171î», guerre e«i>a*rnolo, II, 84, WJ.—Coloni!
canailionsdanH lo jifolfe du Moxi«jue, II, «<».- 1720, bouh le «yntème
«le Law, II, H2.— Colon», II, 82.— 1722, ouragan, II, 87.-1723, mi»-
HionniiiroH qu'on y envoie, II, 87.— 1728, communication» rétablioi
avec lo Canada, II, 124.— 1712-1731, connpiration de» NaUhoz, II,
70,95. — 172f>, conspiration do» NaU'hez, II, 90. — (Jouvonieure ol
conintandantM ro^-oivent «les «rratiHcatioRH de la «'ompatfnie de»
Indtvs. Il, !>.■). — 17:? 1 , retourn»^ au rrti , II, «T) , :W4. — 1742,
Vaudreuil jrouvorneur, II, 212.— 1748, *a<lmini«tration, II, 187.—
La Knini'e sonvro H cette «"olonie, II, .'184. — 1753, le Canada on tiro
«loH se«;<)ur8, II, 207. — 1755, A<-a«lien8 r^'-fu^i^». II, 'i.'K). — 17-58, de»
vivre» jwur le Canada, II, 277. — 175!», secours «ju'on en attend, II,
350.— 1703, cédée à l'Espagne, II, 383, :W4.— 17W, l'F>pac:ne tonte
de prendre posse-ssion, II. :W5. — 17«59, l'Espaçme, prend |>«»«so«ijion,
II, 385. — Voir C"OMi'A<.iNiB ni» Inobb, i)'Arta<;iottb, Lbmovnb i>b
BiBNviLLB, Lhmovnb d'Ibkrville, Lamotui>C'adillac, Mvys, P«b-
RiBK, Pailloi'.x, Sauvolb, Vaudreuil.
LOUP MARIN.— Voir Péjchb.
LOUPS ou MAHINGANS (sauvages), II, 2.59, 274.
LOUVIGNY (de), II, U4, 122.— Voir Laportr.
LOUVOIS.— 1683, n'aime pas le Canada, I, 268.
LOYAI^HANNING, II, 297.
LUNDY'S-LANE, III, 189.
LUNENBOURG, III, 66.
LUCAYES (îles).— Visitées par Colomb, I, 9.
LUSIGXAN, II, 2.39.
LUXE.— Introduit en Amérique, II, 136.— Au Canada avant la
guerre de Sopt-Ans, II, 155. — Chez les Acadiens, II, 225.
LUXEMBOURG, I, 351, 372.
LYDIUS ou EDOUARD (fort) —1755, Johnson y pa8se,II, 2a5.— Ap-
proche de Dieskau, II, 236. — Garnison anglaise, II, 242. — 1757,
courses des Français, II, 269. — La garnison de William-Henry s'y
retire, II, 272. — 1758, arrivée d'Abercromby, U, 286. — Les Fran-
DE L'HISTOirtE DU CANADA. CCCxlv
çaie s'en approchent, II, 295.— 1759, arrivée d' A mherst, II, 330.—
1777, arrivée de Putnam, III, 26.— Schuyler l'évacué, III, 27.
LYMAN, II, 235.
LYMBURNf:R.— 1775, se retire à l'île d'Orléans, II, 453.-1791, son
plan de constitution, III, 71-2, 240.— 1823, contre l'Union, III, 240,
244.
LYNDHURST (lord), III, 362.
M
MARCH, II, 31, 32.
MARœUX, III, 7, 82.
MARKAM, III, 343.
MARÉE, 11,315.
MARIAGE.— Premier en Canada, 1, 130.
MARiœURT.— Voir LkMovnh,
M ARIE-ANT( )1 N K ITE, l II, 21 .
MARIE-THÉRÈSE, II, 169, 218, 262.
MARIN.— Voir L.\m.\iicîub.
MARIN (M), II, 2(59.
MARINE ANGLAISE, 1755, très forte, II, 185-7. — 1760, dans le St-
Lauront, II, 355.
MARINE FRANÇAISE.— 1748, expédition i-ontre l'Acadie, II, 191.
— 1751, on croit qu'elle va se relever, II, 204. — 1755, en décadence,
II, 23, 185, 187.
MAULBOROUGII, II. 22, 45, 54, 125.
:MARM()RA, mines de for, I, 90.— Voir Fer.
MAHQUEITE (le Père). — 1671, à Machillimakinac, 1,244. — 1672,
projwsé ix)ur la découverte du Mississipi, I, 222. — 1673, découvre le
Mississipi, I, 249. — 1673, chez les Illinois, I, 252. — 1673, va des
Illinois à la baie Verte, I, 253. — 1674, retourne aux Illinois, I,
253. — Sa mort, I, 253. — Rivière qui porto son nom, I, 253.
MARQUISATS, I, 171.
MARRIOTT. — 1773, son opinion touchant les aflaires du Canada,
II, 411, 413; m, 60. — 1773, impitoyable envers les Canadiens, II,
413, 419. — 1774, interrogé par la chambre des Communes, II, 434.
MARRYAT, III, 234.
MARSEILLF:, I, 281.
MARSHALL, III, 216.
MARSOUIN.— Voir Pêchh.
CCCXlvi INDEX ANALYTIQUE
MARTIN, II, 394.
MAllTIMQUK (la).— 1^92, pnm par Ioh Anglais, I, r/,1, V,2.—\7(r,,
(l'Il»«r\ illo y I)a^Ho, II, lô. — 171ti, coniiuorcM av«H: la l^iniHiaiio, II,
73.— 1725, coiniiionxï aviw le Cai>-Uretou, II, 158. — 1796, 8«laberry
y Hcrt (ItuiM l'ai'iiK'-o ani;lai8u, III, 181.
MAllYLANI), 868 orijîInoK, I, 'Mi ; II, 260.
mascakp:ne, ii, ih2, 195.
MASCOITINK.— 1«70 72, mission» des j<'HuitoH, I, 248.— 1673, vi-
Mt<'8 par Jollietot ManpiotU*, 1,2.50. — 1(584, atla<iuent loi» Iroquoi»,
I, 274.— 1711, complot «untro le IV-troit, 11,50.
MAS^RJ^. — Opinion sur l'introhu-tion «len loin anf^Iainoo, II, 401 ;
111,57. — 17(î(i, procuronr ««'nt'ral, 11,407. — RoU>urne à Ixjnilrw;
baron »lo l'ix'hiquior, II, 419. — 1773, on favonr iIoh loin franyaiM^H,
II, 410, 419. — 1773, contro railmlKiiion de» Canailion» aux euiploÏM,
II, 423. — 1773, interrogé par le» Coninuuu'M, II, 4.'i4. — 1775, «'en-
tend avecleiiproteHtantHdu Canada, II, 438 ; 111,08. — 1783, moyeu
d'obtenir une conBtitution libre, III, 68.
MAHHAM, 11,45.
MASSACHlîSETTS. Ses origines, I, 301.— 1690, guerre contre le
Canada, I, 338. — 1707, levées contre l'Acadio, II, 31, 33.— 1709,
• levées contre le Canada, 11,39. — Accueille les huguenots, II, 12. —
1744, érige dos forts, II, 173. — 1756, lève des troupes, II, 223. —
1758, lève de.s trouiK^s, II, 381.
MASSACHUSETfS (fort), II, 183.
MASSACRE (île du), II, 71.
MESSAGOUATCIIE, II, 223.
MASSE (le Père), I, 53, 71.
MASSIAC, II, 299.
MATAGORDA, 11,4.
MATELOTS, IJ, 39, 46, 219.
MATHILDE (fort), III, 181.
MaTHURIN, II, 391.
MAUREPAS.— 1725, ministre do la marine; limites du Canada,
II, 108. — 1727, mécontent do l'intendant liupuis, II, 120. — 17.31,
encourage la construction des navires, II, 153. — 1746, nomme
Bigot intendant de la flotte, II, 178. — 1746, le désastre du duc
d'Anville, II, 180.— 1749, La Verendrj-e réintégré, II, 131.
MAUREPAS (fort), II, 129.
MAURIN, II, 264.
MAZÉ, I, 202.
McCLUEE, III, 178, 184.
DE l'histoire du ca^iiada. cccxIntu
MACDONELL (Mgr), III, 227.
McDONNEL (colonel), Ul, 176.
MACDONELL (sir James), lU, 359.
MACDONOUGH, IIJ, 192.
McDOUGALL, III, 8.
MACEACIIÉRN (Mgr), III, 227.
McGILL, m, 86, 240, ;]77.
McKENZlE, III, 245, 312.
McLANE, III, 103.
McLEAN, II, 450-3.
MABANE. — 1764, renvoyé dn conseil, II, 407. — 177«'>, nommé au
conseil, III, 36. — 1776, nommé juge, 111, 36. — 1787, favorable aux
lois françaises, III, 56, 57, 59, 61.
MACEUONIAN (la), III, 168.
MACIIAULT (M.), II, 217, 219, 299.
MACIIAULT (fort), II, 207, 298, 331.
MACOMB, III, 187, 192.
MACKENZIE, III, 325, 329, 348, 352.
MACKINTOSH (sir James). — 1822, écoute les Canadiens, III, 241.
— 1823, reçoit les délégués canadiens, III, 248, 250,256.-1828,
discours au sujet du Canada, III, 268. — 1830, la chambre de
Québec lui vote des remerciements, III, 281.
MACKINTOSH (colonel).— 1832, arrêté, III, 295.
MADAME (îles), 11,65.
MADAOUASKA, II, 201.
MADEN, III. 162.
MADÈRE (île), commerce avec le Canada, I, 213. /
MADISON, 111,150, 164.
MADR.XS, II, 184, 188.
MA DRY (Jean), 1, 179.
MAODELEINE (îles de la), II, 69, 396.
MAGISTRATS.- Voir Justice.
M AH fi, 11,394.
MAHINGANS.— Voir Ix)UP8.
MAINE (duchesse du), II, 83, 84.
^lAINE (frontièrt^ du).— 1814, III, 199.
MAINTENON (madame de), II, 21, 55, 268.
MAIRES, 1,179; II, 346.
CCCXlviil INDKX ASMVTIoli:
MAIS, I.lîtKi; II, l.-)4, 160.225.
MAISONNEUVE (do).— «on caractère, I, 133.— 1M2, foiwlc Mont-
n'ul, 1, 1X>.— 1()')3, ainùno dos colonii à Mon'i 'al , 147.
MAILLANI), 111, 21H, 2J:'., 22H.
MALDKN, III, 171-2.
MAI.ADI K.— 17<)U, Kariiihon d« tinrlMM-, II, ...x..— i77ô, III, 3.
MALADI IIS.— Voir Petitb Vékolb, bcoiUiUr.
M A LH AIE, 11.321.
M A LU r.M IN ES, 11,50, 123.
MALPLAQrET, II, 125.
MANCE (M"'). 1, 1»5,
MANCHESTER, 111,184.
MANDANES, II, 130.
MANILLE, II, :i83.
MANITOBA (lac), II, 129.
MANITUULIN (ile). — On proïKiee aux lIurouH de n'y nfugier, I,
142.
MANNEHS, III,32L
MANSFIELD (lord), III, 356.
MANïET.— Voir d'Aii-LEBoUHT.
MANUFACTURES, II, 156.— Voir Taxx)N.
.MECKLEMBOURU, III, 66.
MEIGS (fort), III, 172.
MEILLERAYE.— Voir MouY.
MELBOURNE (lord). — 18X5, chef des whigs, III, 321. — 1838, son
attitude vis-à-vis le Canada, III, 362. — 1S:W, brûlé en effigie, III,
363. — 1839, abandonne le pouvoir et le reprend, III, 376. — 1839,
veut la conciliation, III, 379.
MEMBRE (le Père).— 1679, chez les Illinois, I, 257.— 1681, «rjoame
au Mississipi, I, 261-62.— 16S2, passe eu France, I, 262-63.
MENDICITÉ, 1, 195.
MENNEVAL.— 1689, gouverneur de l'Acadie, i, 322.— 1690, gouver-
neur de Port-Royal ; fait prisonnier, I, 336.
MENOU.— Voir d'Aui-NAY.
MER de l'Ouest, I, 247; II, 125-6, m.
MERCER, II, 242, 256.
MÈRES (anse des), II, 315, 329.
MERCURY, III, 112, 114, 128, 136.
MEREIMAC, II, 29.
DE l'hISTOIUE du CA^■ADA. CCCxltX
.MESNARD (lo Père), I, 246.
M ESN U.— Voir Phivrbt.
MESPLET, III, 77.
MESSAGER (le Père), II, 129.
MESSEIN (de), ÏTI, 63.
MÉSY (de). — 1663, succède à M. d'Avaugour, 1, 157. — Motifs qui le
font nommer; Bon caractère, 1, 168-9. — 1664, assiste aux élections
munici])ales de Québec, I, 179, 180. — Se brouille avec Mgr de
Laval, I, 201. — 1665, il est rappelé, I, 203, 204.— 1665, son décès, I,
204-7.
MEULLîlS (de).— 1682, intendant, I, 266.
MEURONS.— Voir Troupes.
MEXKil'E (golfe) visité par Colomb, 1, 11, 12.— 1719, hoeUlités, II,
84, S.'), — Voir EsPAOXOi.s, Louisiane.
MIAMIS.— Ixiur habitat, I, 96.— 1670, visitas par Perrot, I, 221, 248.
— 1673, visitas par Jolliet et Marquette, I, 250. — 1674, en guerre, I,
253. — 1679, en guerre contre les Illinois, I, 260. — 1680, visitée par
La Salle, I, 261.-1684, attaqués par les Iroquois, 1,269, 274.-1686,
attaqués i)ar les Iroquois, I, 279. — 16%, battent les Iroquois, I,
352. — 17l>4, veulent la guerre, II, 25. — 1706, démêlés avec les Ou-
taouais, II, 25 — 1747, conspiration, II, 188, 189. — 1764, conspira-
tion de Pontiac, II, 406.
MICHEL (David), I, 86.
MICIIIGAN (lac). — Son étendue, I, 89. — 1656, visité par les Fran-
çais, 1, 246. — 1669, mission du Père Dablon, I, 248. — 1683, opéra-
tions de La Salle, 1, 263. — 1812, guerre, III, 162. — Première fonda-
tion, I, 244.
MICIIILLIMAKINAC — 1671, les Hurons s'y réfugient, I, 244.—
1679, visite de Ia Salle, I, 257. — 1682, ditficultés avec les sauvages,
I, 235.— 1685, iK>ste do traite, I, 277.— 1686, traite, fort, I, 277, 279,
286. — 1688, Kondiaronk, 1,289.— 1689, La Durantaye commandant,
I, 325-6. — 1690, on y envoie des man-handises, I, 329.— 1696, ren-
fort envoyé contre les Iroquoi-s, I, 354. — 1697, réclamé par les
Anglais, I, 374.— 170O, rivale du Détroit, II, 20.— 1712, fort rétabli,
II, 53. — 1747, menacé par les Miamis, II, 189. — 1765, pris par les
sauvages, 11, 406. — 1812, pris par les Anglais, III, 163.
MICMACS.— Sauvages de l'Acadie, 1, 47.— Leur habitat, 1, 95.— Sans
religion, 1, 108. — 1720, traitent avec les Français, II, 65.
MTLDMAY, 11,201.
MILICES.— 1665, secondent les troupes de France, I, 205, 209.-1666,
marchent contre les Iroquois, I, 210. — 1666, nombre en état de
porter les armi», I, 217.— Organisation générale en Canada, 1, 318,
\
ceci INDEX ANALYTIQUE
— 1082, combion d'hommes on ^-tat de porter le» armon, I, 2fl7. —
1687, à rtlo HainU^-II/Ièno, I, 28(1, 281. — 1«»1, camim volanU. I,
347. — in!>3, préparatifs do ^ru«rre, I, '.i5\. — KUKÎ, un j^iir^rro, I, S-VI,
350.— 10!«), à Torrononvo, I, .'Wi2, :}()3.— 10îi7, pr*'-i»BrntifM d« jîuorre,
1,371,372. — 17(>4, 17<)8, contro la Nouvel!. rro.II, 21>. —
1705, à Torrommvo, II, :«. — 17W, lovYo K' i I, 35». — 1711,
ù\ru iiônOr&l contro l'onnoini, II, 47. — 1711, do8lin<''«« à rAca<lie, II,
44.— 171U, à l>inHafola, II, 84, 80, 86. — 1728, au Mi«HiKHipi, II, 123.
— 1730, en Ixiuitiiano, II, {'3, 94. — 1744-47, courseH dans le i»ays
ennemi, II, 183. — 1745, vont à Qu^^bec, II, 176.— 1745, leur <'-1oko,
11,170,177,178.-1740, vont on Aca'lie, II, 178, 180. — 1749, rMo
dre.s.H<'', II, 197. — 1752, organisation, 1 1, 2W, 20«}. — Leun» w^rvices,
II, 71. — l'asHion de« armes, II, 9, 38f). — Durant la guerre de »«opt
ans, II, 221.-1754, dans l'Ohio, II, 2f»8.— 1755, marchent aux fron-
tières, II, 221, 221. — 1755, à la MonongalK'la, II, 232.-1755, lac
Champlain, II, 222. — 1755, courses dans les colonies anglaises, II.
243. — 1755, services qu'elles rendent, II, 244, 245. — 1750, opinion de
Montoalra, II, 259; III, 23-4.-1757, à William-IIenrj-, II, 207.—
1757, destint'es à l'Acadie, II, 2(J4. — 1758, levée en masse, II, 280.
1758, forment la majorité de l'armée, II, 278. — 1758, à Carillon, II,
290, 3ft')-0. — 1758, leur éloge par Mont^alm, II, 2fM. — 1759, aux
récoltes, II, 334, 337.-1759, apjKilé-es à (Québec, II, 310, 317.— 1759,
manière de combattre, II, 103, 325. — 1759, bataille d'Abraham, II,
339, 341.-1759, après la bataille d'Abraham, II, 344. — 1759, ne
dése-spèrent pas de sauver le pays, II, 348. — 1759, dénombrement,
11,310,311.-1760, états des, II, 357.— 1700, officiers accusés par
Bigot, II, 380. — 1760, appel que leur fait le clergé, II, 357. — 1760,
traitées comme réguliers par les Anglais, II, 373. — 1760, ne dé-ae»-
pèrent pas du salut do la colonie, II, 352-3. — 1760, bataille de
iSainte-Foyo, II, 363, 377.-1760, au fort Jacques-Cartier, 11,372,
1760, officiers qui passent eu France, 11,376. — 1760,6e retirent
dans leurs foyers, II, 371, 390. — 1761, capitaines de paroisses, II,
391. — 1763, remise de leurs armes, II, 399. — 1764, opinion du gou-
verneur Murray, II, 401. — 1766, envoyées au secours du Détroit,
11,406. — 1775, appelées sous les armes, 11,447-8,453 ; III, 2. — 1777,
ordonnance à leur sujet, III, 26, 34-40. — 1784, projet de EhiCalvet,
111,51,101. — 1792, on demande la révocation de l'ordonnance,
III, 77. — 1794, nouvelle loi, III, 94, 98.-1790, régiment canadien
organisé, III, 101. — 1800, on n'ose pas les discipliner, III, 110. —
1807, grande revue, III, 118. — 1807, insubordinations, III, 119. —
1808, officiers démis, 111,122.-1812, organisation, III, 155.—
1815, loi amendée, III, 202.— 1827, expiration des lois de, III, 200.—
1830, anciennes lois, III, 281. — 1837, a-ssemblt-e^s, III, 333. — 1837,
destitution d'officiers, III, 336. — 1837, leur conduite, III, 338. —
Voir Teoupeis.
DE l'histoire du CANADA. CCcH
MILLS, II, 405.
MILNES (Robert Shore), III, 106, 110, 112, 206.
MINERVE {la), III, 293.
MINES (bassin des).— 1704, menacé par Church, II, 31.— 1713-1748,
situation des habitants, II, 109 — 1744, M. Duvivier en approche,
II, 172.-1746, renforts arrivt's du Canada, II, 180.-1747, occupé
par les Anglais, II, 182. — 1750, les Anglais y construisent un fort,
II, 199.-1755, disijorsion des liabitants, II, 228.
MINES DU CANADA. I, 90, 213; H, 13, 61, 62, 72, 74, 75, 78, 82,
143, 154.— Voir Feb, Marmoba.
MINISTÈRE RESPONSABLE, III, 76, 124.
MINORQUE, II, 198, 246, 249.
MIQUELON (île), I, 361 ; II, 383, 387.
MIRABEAU, II, 387.
MIRAMICHI.— 1755, des Acadiens s'y réfugient, II, 224.— 1756, les
Acadiens partent pour C^m'-bec, II, 261, 285.— 1759, les habitants
se rendent aux Anglais, II, 350.
MIRAY, 11,61.
MIREl'OIX, II, 213, 215.
MISœU, II, 69.
MISELLE.— Voir Boxnb.
MISSIONS du Canada, 1, 187.
MISSIONS des grands lacs, I, 243.
MISSIONNAIRES,— Leur courage, I, 240.— Leur influence sur les
sauvages, I, 245. — Leur influence sur les Iroquois, I, 375. — 1690,
services qu'ils rendent à la cause française, I, 332.
MISSISCOUI, III, 333.
MISSISSI PL — Première mention, I, 244, 248-9. — 1669, le Père
Dablon en a«connaissanco, I, 248. — 1672, mentionné, I, 222. — 1673,
découverte, I, 238-9, 249.— Sou cours, I, 88.— Et Saint-Laurent, II,
9, 10, 53, 56, 60, 61, 71. — Impression causée par sa découverte, I,
253.— (Missions du), I, 197.— U)vS2, voyage de La Salle, I, 262. —
Son embouchure découverte, 1, 262. — 1684, autre expédition de La
Salle, II, 3, 4.-1697, reste à la France, I, 373, 374.-1698, expédi-
tion de d'Iberville, II, 10. — 1099, tentative des huguenots, II, 12.
— 1713, notHfeaux étabUs-soments, II, 59, 60. — Colons canadiens,
II, 97.-1719, traite, II, 111.— Découverte de ses affluents, II, 14.—
1730, exploration des rivières de l'Ouest, II, 125. — 1748, projets des
Anglais sur cette vallée, II, 192.
MISSOURIS (sauvages), II, 50.
CCcIii TNPKX ANALYTIQUE
MISSOURI (I<).— KiTÎJ, vu par h'n Français, 1. 'Jôl.- 17M>17;'.'». vii.)t6
par ]i« FraiivaiH, H, 14.— 1742, 1a V«nin<lry(s II, 130.— 1701i, (ort
fraii<;aiH, II, ï'Mi.
MOIULK (IrK-alit/), II, L', 10, 10, 14, 71, 73, 7li, 8û, 8fl.
MOlilLKS (sauva^tw), I, 94.
MOFFATT, 111,341», 377.
I^IOI N lis (rivitro do»), I, 250.
MoLfi, III, 22.
MOLESWOKTH (sir William), III, 331, 350, 360.
MOLINISTKS, 11,218.
MOLSON, III, 377.
MONK (procnrourtî<'n<''ral). — 1787, perd sa cliargo, 111,58.-1788,
lo8 bilMl» <lo» j/'HUitOM, III, f]0.
MONK (jiijie) — 1813, accusé, III, 1«5, 202.— 1810, accusation ^'•oart^,
III, 200.— 1817, ac<ruHé de nouveau, III, 213.-181», adininÏHtratour
de la province, III, 223. — Dissout la chambre, III, 228.
MONCKTON (colonel).— 17.^>5, en Acatlio, II, 211, 22.3-5, 228.
MONCKTON (hrifîadier).— 1750, sous les ordre.» do Wolfy, II, 318.—
Prend position à la Pointe-Ix'vis, II, 320. — Blessé à la bataille
d'Abraham, II, 339.— Part pour l'Angleterre, II, 349.
MONDELET, III, 302, 325.
MONNAIE DE CARTE.— 10.32-1070, papier et numéraire, lï, 160.—
1004, on demande du numéraire, 1, 170. — 1070-87, pajiifr «-t num''-
raire, II, 161.— Sous le régime français, II, 98, 162-3, 220,-1688,
papier-monnaie du Canada, II, 101. — 1690, monnaie de carte
ou papier - monnaie, émi.se i»ar les colonies anglaises, I, 344.
— 1091, émi.se par lo Canada, I.ÎUS. — 1097, la Nouvelle-Angle-
terre crée un nouveau papier, I, 373. — 17(X), papier-monnaie
du Connecticut, New-York et New-Jersey, II, 39. — 1715, à
la Louisiane, II, 74. — Perte que subissent les Canadiens, II,
144. — 1710, papier de Law, II, 74, 79, 80, 82. — 1^17, abolie en
Canada, II, 101 . — Rétablie, II, 161-2.-1720, perte que su-
bissent les Canadiens, II, 101. — 1748-60, en Ix)ui8iane, U, 384,
— 1749-59, état des finances, II, 381. — 1754, on en éloigne le
payement, II, 102. — Réduite, II, 163. — 1756, combattue par le
numéraire, II, 247. — 1758, banqueroute du trésor français, II, 161.
— 1759, payement suspendu, II, 102. — 1700, désordre dans les
finances, II, 354, 371. — Sommes dues aux Canadiens, II, 382 ; III,
3. — Agiotage qui srivit la conquête, II, .382.-1706, le parlement
veut sa liquidation, II, 430. — 1775, les Canadiens refu.sent le papier
du congrès, III, 3. — 1776, les Américains font passer du numé-
raire en Canada, III, 10, — 1795, numéraire en circulation an
Canada, III, 100. — Voir Commekcb.
DE l'histoire du CANADA. CCCliii
MONOXGAIIÉLA, II, 207, 231, 394.
MONROE, II, 270.
MONSOMS, I, 364, 365, 366.
MONTAGNAIS, I, 95; III, 45.
MONTAGNES ROCHEUSES, II, 14, 130.
MONTBRUN.— Voir Boucher.
MONTCALM. — 1756, arrive au Canada, II, 247. — Sa familli, II,
247, 342, 379. — Son caractère et ses talents, etc., II, 253, 275, 276,
341, 343, 379. — A Montréal, II, 255, 312. — Au fort Frontenac, II,
254, 255.— A Oswéfco, II, 253, 254, 255, 256, 257. 258, 259.— A Wil-
liam-Henry, II, 269, 273.— Ne croit pas au succt?s de la guerre, II,
254, 275, 346. — Démêlés avec Vaudreuil, 253, 258, 259, 275, 3a3,
305, 335-6, 343, 378.— A Carillon, II, 255, 287, 294, 305.— 1759, siège
de Québw, II, 103, 312, 314, 324, 32î>, 3:^-6; 111,22.— 1759, bataille
d'Abraham, II, 3:W, 340, 343.— Reddition de Québec, II, :M«.— Ses
lettres, III, 22. — Son opinion de nos milices, II, 294 ; 111,24. —
Ce qu'il dit des Canadiens, II, 176, 259.
MONTESSON.— Voir LeG.\rubi-b.
MONTGOLFIER, II, 400.
MONT( JOMERY (capitaine).— 1759, cruautés qu'il commet, II, 321.
MONTGOMERY (général). — 1775, au fort St-Jean, II, 446. — 1775,
près do Chambly, II, 449. — 1775, sur le Saint-Laurent, II, 451. —
1775, siège do Qm'bec, III, 3, 9.
MONTKiNy (Tostard de), I, :::7, 363; II, 35.
MONT-LOUIS, II, 28Ô.
MONTMAGNY (de) succède à Champlain, 1, 130. — 1639, accueil
qu'il fait aux Ursulines et aux Hospitalières, I, 136. — 1641,
monte aux Trois-Rivières, I, 131. — 1644, au fort Richelieu, I, 138.
— 164S, remplacé par M. d'Ailloboust, I, 140. — Son administra-
tion, 1, 140, 141. — Son nom eij langue huronne, 1, 138.
MONTMORENCY (Saut).— 1759, l'armée franvaise s'y retranche, II,
315, 317. — 1759, les Anglais s'en approchent, II, 321. — 1759, gué de
la rivière, II, 322. — 1759, camp des Anglais, II, 322. — 1759, les
Anglais s'en éloignent, II, 328.
MONTMORENCY succôtle il Coudé, I, 67.
MONTMORENCY, compagnie maintenue par le roi, I, 71.
MONTORGUEIL, I, 336.
MONTRÉAL. — 15:i5, 1-541, visita par Cartier, I, 23, 26. — 1608, Ho-
chelaga n'existe plus, I, 59. — 1611, défrichement par ordre de
Champlain, I, 65. — 1636-1663, gouvernement, seigneuries concé-
dées, 1, 171. — 1640, concédé à la compagnie do Montréal ; 1659, le
CCCliv INDEX ANALYTIQUE
re«to .lo nio lui OHt mconV; I, i:W. — 1642, fond/-. 1, 1^2. — 1044,
luoiiacé par Ion InxjU'ji», I, 137. — Trailo aven- los »auvAK***'> 'l»
140-7.— ConjrnVatioM fond^-o, I, ltt5.— Hôtul-Diou fuudé, I, U».*» —
Ecoles, I, lUO.— 1072, St-Sulpico. — InKtructi«in« <Iot)ii/'-«w à Kro»»-
tenac, 1, 224.-1084, Callièro» gouvornuiir, H, 24.— 1084, \vm Iro-
quois inonacont d'attaquor (tUto villo, I, 20!>. — 1084, aMutinhi/^o
|)onr la paix, I, 271. — l(i«SO, on profxjw^ d<« f<.ifi)i«r In pl««*«, I, '^77.
— 1087, lnH IroquoÎK ravajiont i'ilo, I, J ■ n'
jMir les IroqiioiH, I, 2!»2, '.i:i2. — W>'.>^,i>u :> -.
I, 351. — 10!M>, RouvernoiiK^nt, les holdats n'y étal'liwoiit, 1, 174. —
17(K), grande assemblée ir(x|UoiKo, I, 370, ."Wl, — 17U(J, traiU* <ic
paix, II, 20, 22, 23, 24.— 1703, Vaudreuil gouvenieur, II, 24.— 17(i8.
assemblée pour la guerre, II, 21). — 1711, awminbiéo do Hanvag<;>,
II, 47. — 1711, réunion des troupe*, II, 49. — 1710, prryct do fortifi-
cation, I, 181. — 1722, forlifi«;ationH, II, ilt», 10.3. — 172.Î, An^'Iai»
établis, II, 113. — 1728, collcgo dos Jésuites, I, IW. — 1745,
grande aH«eniblt*e, II, 170. — 1740, projet d'attaque dos An-
glais, II, 181. — 1755-0, cant^miionieiit des trou|*<s, II, 244. —
1757, état dt^s trouiKJS, II, 274. — 17.'j!», menacé «l'un siège, II,
310, 312.— 1 751), miliciens do ce lieu, II, 317, 3:^.-1759, on y trans-
porto le siège du gouvernement, II, 348. — 1700, milices, II, 30.3. —
1700, lieu de concentration dos armées anglaises, II, .'J55, 372.—
1700, investi, II, 374. — 17()0, capitulation, II, 375, 3ÎK), 401, 411 ;
111,297. — 1700, Gage gouverneur, II, 3i»l. — Burton gouveniour,
II, 397. — 1770, conseil de guerre, III, 15. — 1790, disjjosition des
esprits, III, 103. -1830, quais, III, L'8:j. — 18:{3, municipalit»* éta-
blie, III, 300. — 1838, seigneurie, III, 359. — Voir Sai'lt Sr-Ixiri.s,
Mairï».
MONTS (de).— 1004, succède à de Chastes. — Va en Acadie; y fonde
im établissement, I, 40, 47, 48. — 1007, pas-so en France, I, 48. —
1008, tourne son attention vers le Canada, I, .50; II, 1.39. — 1009,
persiste à établir Quéljec, 1,04. — Ses droit* pa.'îsout à luadaaic
de Guercheville, I, 51.
MONTS-DÉ.SERÏS (île des), I, 52.
MONTRÉSOR,II, 330.
MONTREUIL (de), II, 239, 240, 275. 337.
]SIORAS (de).— Ministre, II, 277, 299.
MORAVIAN-TOWN, III, 174.
MORGAN, III, 7, 46.
MOniX (A.-N.). — 1831, propose de rendre la chambre haute élec-
tive, m, 289. — 1831, sa politique, III, 292. — 1834, prépare les 92
résolutious, III, 304.-1834, délégué à Londres, 111,308,313.-18X5,
en chambre à Québec, III, 316. — 1835, propose des subsides pour
^E
l'histoire du canada. ccclv
six mois, ITT, 327. — 1836, so fixe à Québec, m, 330. — 1837, à Ka-
inouraska, III, 333, 334. — 1837, clief <Ui club les Fih (h In lih,rté,
III, 337. — 1838, on veut l'arrêter, III, 342. — 1854, ministre, III,
375.
MORNAY (Mgr do), II, 116, 121-2.
MORRISSON, III, 179.
MORUE.— Voir Pêchhries,
AIORANGET, 11,6.
MOSTYN, II, 228.
MOSCOSA, II, 2.
MOULINS SEIGNEURIAUX, 1, 172, 173.
MOUY (Charles de). — Encourage la découverte du Canada, I, 20.
MOUNTAIN (docteur Jacob), III, 98.
MUNICIPALITÉS ÉTABLIES, III, 300.
MUNICI PALITES.— Voir Svxdk-s.
MURRAY (lord John).— 1758, à Carillon, II, 292.
MURRAY (capitaine). — Menace les Acadions, II, 227.
MURRAY (sir James).— 1759, brigadier do Wolfe, II, 318.— 1759, à
la côte de licaupré, II, 324. — 1759, incendie Ste-Croix, II, 327. —
1759, conseille à Wolfe de frapper un coup décisif, II, 328. — 1759,
commando il Québec, II, 349. — 1760, se prépare à so défendre, II,
356. — 1760, renvoie les habitants de Québec, II, 359. — 17(50, au
Cai>-Rouge, II, 360.-1760, bataille de Ste-Foye, II, 361.— 1760, se
renferme dans Quéliec, II, 367. — 1760, remonte le fleuve, II, 372.
— 1760, arrive en face de Montréal, lî, 373. — 1760, gouverneur de
Québec, II, 391, 397.-1763, reçoit dos instructions, II, 395, 397.—
1763, forme un conseil administratif, II, 397. — 1763, recommande
que l'on reconnaisse l'évêque catholique, II, 3i>9. — 1763, son en-
tourage, II, 401. — 1764, dégoût<i do la tAche qu'on lui impo.se, H,
402. — 1765, convoque les représentants du peuple, II, 403. — 17(J5,
accusé par les Anglais, II, 403-4. — 1766, va à Londres, II, 404. —
Rend justice aux Canadiens, II, 401, 404.
MURRAY (colonel).— 1813, III, 179, 18
MURRAY (sir George).— 1827, 111,273.
MUYS (de), II, 72.
N
NAIRNE, III, 8.
NANTES. — Prétentions do ce dioct'RO sur lo Canada, 1, 190. — 1685,
révocation l'éditde, I, 321 ; II, 12, 21. — Voir IliciUEXoTS, Protes-
tants.
CCclvî INDEX ANALYTIQUE ^
NAPIERVILLE, III,3(W.
NARANTflOUAC, II, 107.
NASSAU, III, rt<î.
NATCHEZ.— Txuir liahilat, I, 94.— 1082. vioitA» p«r T^ Salle, F, 2fJ2,
— 1WH>, viHiU'-H i)ar (l'Ibervillo, 11, IH.— 17'J'-'. trrHont bvo<- U>^h Fran-
çais, II, 87. — I72î»-17.".l, ivmhpirent contre les Franf;ai«, II, Hit, 3M.
— Ixfiur fort, M, 7:5, 7r».
NAT(1IIT(XHE, II, 7:î, 76, 92.
NAVEUAGES, 11,144.
NAUFKACJE DU CIIAMEA U, H, 114. :Wfl.
NAVIKBS.— 1»W!7, ronKtnu-tJon, proj«it de Talon. I. 212.— 1672, ponn-
truction, projet» «le Frontenac, I, 224. — C<^nMtni4*tioii. — 1715, iLmtat
activo, II, 14:{, !.')(), — 1731, on eucourat^u cotte indtutrie, II, 153.—
1801, on prot;rc8, III, 110.
NAVY-ISLAND, 111,348.
NAXOAT, I, 359.
NÉCESSITÉ (fort), II, 208,234-5.
NECKER, II, 353.
NÈGRF:S, III, «9.— Voir Ehclavacb, I^iisiase.
NEILSON (.lohn). — 1820, parle Hur lo bu.ljrot, III, 2.31, 237. — 182?.,
délégué à I>ondro8, III, 240, 243, 247. — 1827, ré.li><e la GautU J«
Qi^/w, III, 259. — 1827, délé-gué i Ixmdreu, III, 2(1.3, 281. — l&ÎO,
contre le.s anciennoe onloiuinnces de milice, III, 282. — 1833, w)
sépare de M, Pa{>ineau, 111,300. — 18:54, parle 8ur les 92 rétwlu-
tions, III, 305. — 18:i4, agit 4e concert avec les Canailien», III, 314.
—1839, du conseil spécial, III, 877. —18.39, opposé à l'Union, III,
378.
NEILSON (Samuel, fils do John), publie la Gazette de i/uébec, III, 247.
NÊKOUBA (lac).— 1661, visité {lar les Français, 1,242.
NELSON (fort), I, 366, 368, 369, 370.
NELSON (l'amiral), II, 323.
NELSON (Robert), III, 348, 365.
NELSON (Wolfred).— 1827, élu députa, IH. 285.— 1837, préside l'as-
semblée des cinq comtés, III, 3.39. — 18:^.7, mandat jjour l'arrêter,
III, 342. — 1837, combat de St-Denis, III, 342, 382. — 1838, empri-
sonné, III, 360.
NÉMISKAU, I, 363.
NERWINDE, I, 373.
NESMOND, I, 371, 372.
NEUTRE (nation).— 1615 et in40,nation visitée par Chàtnplain et les
jésuites, I, 66, 244. — 1616, reçoit des missionnaires, I, 68.
DE l'histoire du CANADA. CCClvii
NEVIS (îlo do), II, 15.
NEWARK, III, 184.
NEWCASTLE, II, 113, 181, 187, 214.
KEW-HAMPSIIIKE— l'iOl, ravagé par le.s AWnaquis, 1,350.-1704,
levée de milice, II, 31. — 1745, milices au Cap-Breton, II, 174.
KEW-JERSEY, 11,30.
NEWPORT {h), 1,358.
NEW- YORK. — Ses origines, I, 303. — 1640, commerce avec les Iro-
quois, 1, 137.— 1667, opinion de Talon, I, 212.— 1682, attire la traite
du Canada, I, 235, 266.-1684, traite avec Ifts Iroquois, I, 270.—
1685, son eoninierre e.st numaié de ruine, I, 277. — 1688, fortifica-
tions, I, 291. — 1689, congrès tenu pour décider la guerre I, 3.33. —
1700, opi)osition aux mis.sionnaire«, II, 23. — 1700, peine de mort
contre les prêtres, I, 375. — 1704, projet de guerre, II, 25. — 1709, de-
mande la conquête du Canada, II, 37. — 1711, assemblée contre le
Canada, II, 45-6. — 1756, projet do guerre, II, 249. — 1776, mouve-
ment des troupes anglaise.s, III, 191.
NEYRET, II, 143.
NIAGARA (fort).- 1678, construit, I, 256. — 1684, rendez-vous des
troupes et des sauvages alliés, I, 272-3. — 1685, iKiste de traite, I,
277. — 1686, on proi)OSo un fort en pierre, I, 277.— Traite, I, 277,
279, 279.— 1687, construction d'un fort, épidémie, 1, 283, 285.-1721,
fort construit, II, 110, 111, 113, 146, 151.— 1740, augmenté, II, 133,
170. — 1750, prétention dos Anglais, II, 193, 198, 203. — Son imix>r-
tance, I, :î59. — 1755, projet des Anglai.s, 221, 222, 242. — 1756, gar-
nison augmentée, II, 248, 261. — 1758, garnison française, 11,280,
2%. — 1759, projet des Anglais, II, 310, SU, 331.-1813, pris, III,
184.
NIAGARA (frontière).— 1813, hostilités sur cette frontière, 111,164-6,
175.— 1814, mouvement des troupes, III, 188. — 1838, troubles poli-
tiques, 111,348.
NIAGARA (chute de), I, 88, 256 ; II, 888.
NIAOURÉ, 11,255.
XICHOLSON, II, 39, 40, 41, 43, 45, 46, 49.
XÏCHOLS, II, 240.
iMCOLET (Jean).— Voyage au Wisconsin, I, 244.
NICOLET (localité), III, 17.
XICOLET (paroisse), II, 261.
XICOLET (collège), III, 225.
XIKISSIPIQUE (lac), II, 29.
NIMÈGUE.— Voir Paix.
CCClviii INDEX ANALYTIQUE
NIPIGON, II, 120.
NIPISSINGS.— Umr habitat, \,m.—\&Vi, miBHion du IVr« AHoua»,
I, 24H.— 1755, au lac Chauiplaiu, II, 222. — 1767, 6iuba«i»ado en-
voy«''0 à Montréal, II, 268.
NIPISSINO (Uc), découvert, I, 66.
NIVERNOIS, II, 393.
NOAILLES (duc de), II, 81, 198.
NOBLE (colonel), II, 182.
NOBLESSE CANADIENNE.— 1667, Talon demande des titrw pour
lo8 CaiiailionH, I, 212. — Son utilité, II, 167.— UiSti, ku puuvrnté, I,
284. — 17<»5, attitude don Anglai», II, 402. — 1773, i»eu fuvurablu au
gouvernement libre, II, 422. — 1775, attitude en présence de Tin-
vasion, II, 443-5. — 1791, ce qu'on en pouMo en Angleterre, III, 72
77.
NOBLESSE CANADIENNE ET IX)UISIANAISE, II, 10, 77.
NOBLESSE FRANÇAISE, II, :m.
NOËL, remonte le Saint- Laurent, I, 39.
NOËL (féto), II, 412.
NOIR (cap), II, 281.
NOIX (île aux).— 1759, les Français songent à s'y replier, II, 312.—
1759, Bourlamaquo s'y retire, II, 3.30. — 1700, (rarnixon qui y reste,
II, 348. — 1760, projet dm An-^lais, II, 3.55. — 1700, Biju^jainvillo y
commande, II, 371. — 1700, Boufrainvilie évacuo la place, II, .37.3.
— 1775, Montgomery s'y retire, II, 446. — 1776, iumsago de l'armée
américaine, III, 18.
NORD-OUEST.— 1G65, mission du Père Allouez, I, 248.
NORD-OUEST.— Voir Mer db l'Ouf:st, Ouest.
NORMANDS (les) en Amérique, I, 4.— Pèchent à Terreneuve, 1, 13,
38; 11,138.
NORMANDIE, II, 101.
NORLH (lord).— 1770, entre au ministère, II, 431.— 1774, et les ca-
tholiques, II, 430. — 1770, affaires américaines, III, 21.— 1778, affai-
res américaines, III, 43. — 1782, sort du ministère, III, 46. — Et les
Canadiens, III, 48.
NORTON, II, 399.
NORVÉGIENS (les) découvrent l'Islande, I, 4.
NOTABLES.— 1682, assemblées à Québec, I, 260.
NOTAIRES, n, 101.
NOUVEAU-BRUNSWICK.— 1763, gouvernement séparé, H, 396.—
1830, situation politique, III. 330. — 1837, attitude du peuple, III,
348, 350.-1839, comtés du Bas-Canada annexés, III, 377.
DE l'histoire du CANADA. CCclîx
NOUVELLE-ANGLETERRE.— Ses débuts, I, 4_', 75.— 1621, premier
mariage, 1, 130. — 1632, inquittée par !e voisinage du Canada, I,
85. — Les Hollandais fournissent des armes aux Iroquois, I, 137.
— 1642, La Tour demande des secours à B(jston, I, 1G2-3. — 1644,
traité de commerce avec l'Acadie, I, 163. — 1650, projwso un traite
de commerce et d'alliance, I, 145. — 1651, son influence en Acadie,
1, 164. — 1654, traité d'Orange avec les Iroquois, 1, 147-8.— 1654, at-
taque l'Acadie, 1, 165. — 1(563, tremblement do terre, 1, 156. — 1»>64,
envahit les possessions hollandaises, I, 216. — 1667, un danger
pour le Canada, I, 213. — 1670, attire la traite des Outaouais, I,
216. — Fournit de l'eau-de-vie aux sauvages, 1, 154-5. — Cause de
rivalité avec le ('anada, II, 57. — Traite avec les sauvages du Ca-
nada, II, 147, 14K, 150. — 1679, inquiète de l'extension du com-
merce français dans l'Ouest, I, 260. — 1685, leurs ressourct* i>our la
défense, I, 277. — 1688, on en projette la contiuête, J, 2î'0, 322, 3;!1.
— 1689, se décide à la guerre, I, 333. — l6tK), sou imixjrtauce, I, 296,
— 1691, on projette de la comiuérir, I, 346. — 1691, négociations
avec les sauvages du Canada, J, ;i47. — 1693, demande la paix, I,
352. — 1697, flotte française destinée à conquérir la Nouvelle-An-
gleterre, I, 371. — 1697, crée un jiapier-monnaie, I, 373. — 1700, ou
on proix)8e la conquête, II, 22. — 1701-13, premier sentiment de
l'indépendance, II, 5 >. — 1706, industries, II, 62. — 1708, terreur qui
y régne, II, 30. — 1711, redoute les Canadiens, II, 49. — 1712, sa jhjU-
tique envers le Canada.; menace d'invasion, II, 50-53. — 1714, |X)-
pulation, II, 100. — 1720-1727, concurrence commerciale, II, 150,
151. — 1744, hostiUtés envers le Canada, II, 169, 172. — Premiers
symptômes de révolte, II, 407. — Voir Uévolutiox.
NOUVELLE-ÉCOSSE.— 1763, gouvernement séparé, II, 396.— 1764,
accepte l'imiiôt du timbre. II, 407. — 1836, situation iK>litique, III,
330. — Voir AtwniH.
NOUVELLE-HOLLANDE.— 1609-1664, histoire de cette colonie, I,
216.
NOUVELLi:-ORLV.ANS, II, 76, 78, 87, 92 ; III, 195-6.
NOYAN (de), 11,295.
NOYELLES (do), ÎI, 131.
o
OBBS, II, 201.
O'CALLAOHAN. III, 325, 339, 343.— Voir aussi la Préface.
OCCIDENT.— Voir Compagxib.
O'CONNELL, III, 295, 308, 312, 331, 333, 379.
ODELLTOAYN, III, 166, 187.
ŒUITS (île aux), U, 48.
CCClx IMJEX ANALYTlUfE
OFFAGOULAS, Il.yJ.
OGDEN, 111,220, 243,262.
OGDENSBrU(» (.u Lu IV-Rontation.— 1749, fond^, II, 197.— Li» Iro-
quoJH y Hoiit atlir<''H, II, U»?, L'OS— 1758. troupwi françaiM», 11, 2««.
1780, on y pniiKtruit d«'H haniiK», II, 311.— 17<J0, le fort Lévia oat
danH le voi«iiiage, II, 348.- 1813, captui^, III, 170.— Voir Gauhtk,
pRKW"«m-.
O'HAHA, 111,46.
OIIIO (riviOro), II, 100, 110. — Description, II, HM, 298. — 1673, vn»
par les FrançaiN, 1, 2r)l.— lfi«2, fort construit par LaHallo, I, 262.
—Forts franvaiH, 11,110.— Voir IMqikhnk (fort).— 1712, fr/'quentée
par l»* Français, II, llKi.— 1742, projet de forts français, II, 209. —
1744, les Anglais, II, 170.— 1748, établissements des Anglais, II,
109,101—1740, l(w »aiiçaiM prennent possession, II, 107—1750,
traite des Anglain, II, 203. — 1753, troui)e» française»*, II, 20*). —
175.% forts français, II, 222 — Ilostilit^-.s, H, 231.— 175<i, troujie*
françaises, 11,248, 2f>l.— H(tHtilit4^H, II, 259.— 1 758, approvisionne-
ment* qu'on en tirt», II, 277.— Troupes anglaises, II, 280, 296-7,
298.— 1759, traite des Français, II, 302.— !IostiliU''«, II, 311, 316.—
1760, attitude dea sauvages, II, 331.-1765, Franklin coucMe des
terres, 11,428.
OHIO (nations .le 1'), II, 88.
OHIO (compagnie de 1'), 1716, II, 193.
OJÊDA, 1, 13.
ONNONTAGUÊS.— 1683, veulent la guerre, I, 269.
ONONTHIO.— Nom dea gouverneurs françai.«, 1, 138.
ONTARIO (lac).— Description, I, 90.-1615, découvert, 1,65.-1675,
entreprises do La Salle, 1,2.54-5.-1682-4, hostilités, I, 266-7.— 1684,
expédition militaire, I, 273. — Voir Rivif.R£ avx Sables, I, 281.
ORANGE. — Voir Guillaume IIL
ORANGISTES, III, 321, 324,
OREILLY, II, 385.
ORGE, II, 225.
ORLÉANS (île d').— Tisitée par Cartier, T, 21.— Roberval veut y
faire un établissement, I, 27. — 1641, de Mai-sonneuve est invité à
s'y fixer, I, 134. — 1648, population, I, 171. — 16.50, on y place les
Hurons, I, 144. — 1656, massacre de* Hurons, I. 14S. — 1<;75, de
Villeray y est exilé, I, 231.— 1690, durant le siège de Qn<^l)ec, I,
339, 343. — 1775, Québecquois réfugiés, II, 453. — 17.59, siège de
Québec, II, 318, 321-2.
ORLÉANS (duc d'), II, 75, 79, 83, 84, 87, ICI.
DE l'hihtoiue du cakada. ccclxi
ORSENVILLE.— Voir DesIslets, Talon.
OSAGES, II, 50.
OSGOODE, III, 104-5.
OSWÊGO ou CIIOUAGUEN.— 1695, arrivée de l'armée française, I,
354. — 1715, commerce, II, 145-G. — 1722, jwbte do traite établi par les
Anglais, II, 112, loi.— 1727, les Anglais s'y fortiliont, II, 113, 252,
254. — 1744, objectif dos Canadien», II, 170. — 1755, projet des
Français, II, 222, 236.— Mercor y commande, II, 242.— 1757, projet
des Français, II, 2.53, 343. — Pris par les Français, II, 242, 2.'34, 272.
— Vivren qu'on y trouve, II, 201. — Rasé, II, 258. — 1758, les Fran-
çais veulent on empêcher le rétablissement, II, 286. — Lévis re^-oit
ordre de se rendre en co lieu, II, 2lt5. — 1760, Amhorst y pa.sse, II,
355, 372, 373.-1777, St-Léger y arrive, III, 26.— 1814, incendié,
III, 188.
OTIS, 11,431.
OITAWA (vallée de 1'), III, 296.
OTTAWA (rivière). — 1613-1615, Giampiain la remonte, I, 6.5-6.—
1644, embuscatles des Iroquois, 1, 137. — 1650, res»o d ctru frtiiueu-
tée, 1, 145.— 1660, action du Loug-Sault, I, 150,
OUDIEITE, II, 141.
OUEST.— Projets do Talon, I, 220.
OUINEPEG (rivière), II, 129.
OUIXEPEG (lac), II, 126.
OUISCONSIN (rivière), I, 250, 259.
OURÉOUHARÉ, I, :i32-3.
OUTACJAMIS.— I^ur habitat; leur caractère, II, 50.— 1665, à Cha-
gouami^jng, I, 2^7. — 1670-72, mission dos Jésuites, I, 248. — 1680,
visités par La Salle, I, 261. — 1684, marchent contre les Iroquois, I,
272-3. — 1711, s'arment contre les Français du Détroit, 11,50,53.
—1728, en guerre, II, 122.
OUTAOUAIS.— Leur habitat, I, 05, 96.— Leur caractère, I, 330.—
Leur signe héraldicjue, I, 377. — 1634-48, route des voyageurs, I,
244. — 1660, mission du Père Mosnard, I, 246. — 1670, trafiquent
avec les Iroquois, I, 216. — 1670, à Michillimakiuac, I, 257. — 1684,
attaqués par les Iroquois, I, 260. — Marchent contre k<s Iroquois, I,
272-3. — 1680, message de Frontenac, I, 326, 330. — Rciç-oivent des
envoyés iroquois, I, 333. — 1691, font la guerre aux Iroquois, I,
346-7.-1704, veulent la guerre, II, 25.-1706, démêlés avec les
Miamis, II, 25.— 1711, au Détroit, II, 50. — 1757, en ambassade
à Montréal, II, 268. — 1765, conspiration de Pontiac, II, 405.
OUVRIERS (rareté des), II, 153, 173.
OYSIiiU (rivière), I, 350, 359.
CCcLxii UTDEX AKALYTIQUB.
TACAUD, II, 142.
PACIFIQUE (oci-an), I, l;J.— Voir T.\i-u.n, Oluît, N<-i:w-UuE8T.
PACKKNIIAM, III, 195-<l.
PACTE DE FAMILLE, II, 383.
PA(JET(CharleH), III, XM).
PAILLOUX (do), II, 76, 77.
PAIX (traiU'8, alliances).— 13r»0, de Br^-tijmy, France, Angleterre,
II, 'SSti. — 1024, ontro lo8 nationH du Canada, 1, 70.— 1032, Francct,
Angleterre, de SKiermain-en-Layo, I,H4, 1(50, 2^0. — 104.1, entre
le« nations du Canada, I, i:i8. — Hi.>l, avec le« IrcKjuois, I, 147. —
lOGl-2, avoc les Iroijuois, 1, 152-3. — lOOT), avec trois cantons iro-
<luois, I, 209.- 10()0, avoc tous les IrcKjuois, I, 210, 211. — 1607, do
Bréda, France, AniJtletorro, Uollande, I, IW, 211. — 1671, avec leti
Inxjuois et les Poutouatamis, I, 219. — 1678. do Xinu^ue, Franœ,
Hollande, empire d'AlkMnajine, I, 263. — 1684, avec le» IrfKjuois,
I, 272-5. — 1687, conventions an sujet de la baie d'Hudson, I, 307,
367.— 1688, n(''gociation8 avec la Nouvelle-Angleterre, I, 287, 288.—
1694, I^uis XIV veut cesser la jruerre, I, 372. — 1697, de liyswick,
France, Angleterre, Hollande, Esnaeno, Allemagne, I, 372, 373,
374 ; II.. 10, 20. — 1700, avoc les Iroquois, I, 370, 381 ; II, 20-4, 110.
— 1701, scellée avec les Iroquois, I, :i81. — 1713, d'Utrecht, France,
Angleterre, Hollande, Espa^rne, II, 53, 56, 58, 59, 60, 68, 97, 101,
104, 105, 110, 112, 137, 149, 19.3.-1718, de la quadruple alliance,
France, Angleterre, Hollande, Empire germanique, II, 83. — 1720,
avec l'Espagne, H, 86. — 1725, projet entre la Nouvelle- Angleterre
et les Ab«'naqui8, H, 107. — 1748, d'Aix-la-Chapelle, France, An-
gleterre, Hollande, Allemagne, Espagne, Gènes, II, 109, 188, 191,
195. — 1756, alliance de l'Autriche et de la France, II, 218. — 1758,
entre les Anglais et les sauvages, II, 309. — 1763, traité de Paris;
cession du Canada à l'Angleterre, II, 137, 382-3, 386, 393, 403,
411, 427; III, 21, 22, 42, 78, 211. — 1766, d'Oswégo, entre Anglais
et sauvages, II, 406. — 1783, ind(fpendance des États-Unis reconnue,
*III, 41-2, 47.— 1814, de Gand, l'Angleterre et les États-Unis, lU,
198, 202. — Voir Guerres.
PANET.— 1787, juge, III, 59.
PAîsET (Je«n-Antoine). — 1792, orateur de l'assemblée l^slative,
III, 86.— 1793, nommé juge, IIP, 94.— 1797, réélu orateur, III, 101.
— 1807, orateur, Craig le persécute, III, 122. — 1808, réélu orateur,
III, 122.— 1815, nommé au conseil législatif, III, 202.
PANET (Philippe).— 1838, juge suspendu, UI, 367.
DE l'histoire du CANADA. CCclxiii
PANET (Pierre-Louis), III, 86, 89.
PANUCO, II, 12.
PAPIEli-MONNAIE.— Voir Monnaie db cabtb.
PAPINEAU (Joseph), III, 81, 86, 142, 156.
PAPIXEAU (f^ouis-Josepli). — Son caractère; ses talents, etc., III,
•J(J2, 328.— 1811, présont à une assemblie, III, 155. — 1812, député,
III, 150. — 1815, élu président de l'assemblée léjrislative, III, 202. —
—1821, nommé au conseil exécutif, III, 210, 232.— 1821, débat sur
les droits do douanes, III, 237.— 1822, délégué à Londres, III, 240,
243, 247.-1827, élu président do l'assemblée législative, III, 262,
278. — 1831, pHMid la direction du parti avancé, III, 292, 300, ".01.
— 1834, discours sur la situation du i>ays, III, 304. — Voir Cir.vTKE-
viNOT-uorzH KÉsoi.i'TioNs. — 1834, à Stanst^jul, 111, 315. — 1835, dis-
cours au parleaiont, III, 316. — 1835, lord Gosford l'invito à dinor,
III, 323.— 1N36, chof du parti avancé, Ilf, 327, 328. — L'union des
Canadas, III, 352. — 1837, tourné-e politique, III, 333, 335. — 1837,
perd sa commission dans la milice, III, 336. — 1837, à Saint-
Charles, III, 330.-1837, accusé de haute trahison, 111,342.-1837,
sa maison e.st attaquée, III, 342. — 1837, se réfugie aux Etats-Unis,
III, 347. — 1845, rapiwrte de Franco VJIigt. du Moutréut, I, 133. —
Voir Taiu.b nu travail de M. Cuauvkau.
PAPINEAU (Pierre), III, 134.
PAQUIN, III, 345.
PARAT, I, 361.
PARENT (Etienne), III, 317.
PARIS, II, 101.
PARKER, 111,241,269.
PAROISSfô (fonnation des), I, 174, 192. — Division paroissiale, II,
99.— Nouvelles, 1798. III, 106.— Voir Seigkbuuies.
PASSAMAQUODDY, II, 31.
PASCAGOULAS, II, 83.
PASCAL, II, 55.
PAULET (Dom Georges-François), 1, 198.
PAULMY, II, 300.
PAYNE, in,20.
PÊAN, II, 197, 263, 301-2.
PÊCHE do la morue, II, 137, 152, 174, 387.
PÊCHE du loup-marin, II, 152, 155.
PÊCHE de la baleine, II, 139, 152.
PÊCHE du marsouin, II, 152.
CCclxiv ISUKX ANAI.YTlQlB
l'ftCIIK.— Incite aux ilécouvortei», 1, 15.
l'ftClIKHIES <ln Sl-UunMit. — K.'J!», \mr iiiijK»rtftnco, I, M, 86. —
SoiiH Talon, I, '2\'.\. — 1072, iiinlructifHi à Fn.ntoiiac, I, T2i. — ■ 17'.'îf,
nouveaux établiisKiMnifUtH, II, 15'-'. — Sou» Uw F.-an<;aifc, II, 151*.
rfXIIKKIKS »lo Twrrommvo, I, 14, 358, 3<K); II, 55, 00.
rÊ( IIKRIKS .lu nie Saint-Jean, II, «U.
l'ECU KIMIX «Iti Cai^Hroton, II, «2, (15.
l'ftcHKKilvs.l.^ rv.M.ii.. ir -.n jj
l'I-X'K, III, 2U0.
l'EI'.L (sir llohorl). — Jf>li), IttvorabKï à 1' pmvinct*, III,
i;!l». — IK.'M, pmmicr niinistns III, ;>1').- _'iit>ionl AyUnur
on Canada, III, 'M\h — 18.T), |»orcl lu |Knivoir, lii, :{21. — 183K, ntm
attituilo au «uj»*' 'i">^ ' 'uiadiens, III, 353, 35'».— 1m;;'.( votol'Union,
III, 376.
l'KLKCUIN, Il.Ii'Jl.
J'ÉLICAX {le), l, 3f)9.
PELLKTKKl IX— Voir TBAim
PKMJ'TIKK, 1,242.
rKLLI0N,III,41.
PELTRIE (Madame de La), I, l.%5, 195.
l'ÉMAliUID, I, 325, 350, 352, 358-9.
l'KMUUSSA, II, 62.
l'ÉNÈTANGUISHINE. — Trouvaille archéologique qu'on y a faite,
1, 115.
PÉNISSAULT, II, 264.
PENNSYLVANIE.— Partie des Hurons s'y établissent, 1, 144.— Lea
Suédois s'y établissent, I, 216. — Incursion dos Canadiens, II, 2G0.
—Révolte de Pontiac, II, 40t>.
PÉNOBSCOT.— Voir Pkxtagouet.
PENSAœLA, II, 10, 73-4, 84-6, 383.
PENTAGOUET ou PÉNOBSCOT (rivière et fort). — 1612, explorée,
I, 52. — 1636, pris par les Français, I, 161. — 1672, on propose de
fortifier ce |X)Ste; route du Kénél>ec, I, :->3ô. — I69«i, Saint -t'astin y
commande, I, S-jt». — 16!»7, projet de d'Iberville, I, 371, 372. — 17<^4,
ravagé par Church, II, 31. — 1711, Saiut-Castin y commande. II,
43. — 1713, frontière de l'Acadie, II, 194. — Voir Limitbb.
PÉORIA (lac).— 1679, visité par La Salle, I, 258.
PEPPERELL, II, 174, 181, 256.
PERCÉ, I, 336.
PERCEVAL, III, 151, 159, 25L
DE L'HISTOIKE DU CANADA. CCclxV
l'ÉRONNE.— Voir Mazé, Dumbsniu
PERREAULT, II, 264.
PERREAULT (J.-R), II, 166.
PERREAULT (Ovide), III, 343.
PERRIï:R, II, 87, 91, 92-3, 94.
PERROÏ (François). — 1673-9, (K'-intl-lés avec Frouteuac, 1,229.—
Renvoyé en France; revient en Canada; sa famille I, 232. —
Accusé par Duchesneau, I, 235.
PERItOT (Nitolart). — 1670, son influence sur les sauvages, I, 221. —
1671, au .Sault Sainte-Marie, I, 221 . — 1670-72, chez les Miarnis, I,
248. — 1684, négocie avec les sauvages alliés, I, 272. —1690, dans
l'Ouest, I, 329.
PERRY, III, 172.
l'EU'lHl'lS, II, 157.
PETITE VÉUOLE.— 1670, ravage lea Iroquois, I, 220; II, 26a
PEUVRET, 1,203, 211.
PEYTON, 11,184.
l'EZARD de la TOUCHE, I, 342.
PHILADELPHIE, II, 230, 235 ; III, 42, 44.
PHILIPPE V, 11,40,83,84.
l'HIPPS, I, 334, 350-1, 359.
PU KLIPPEAUX.- Voir Postchartrain.
PI AT (le Père). — Invite les jésuites à s'établir au Canada, I, 69.
PICARDIE, II, 101.
PIERRE LE GRAND, H, 128.
PIRE, 111,176.— V\.ir Pyke.
l'INÇON. — Trois frcros qui accompagnent Colomb, I, 7. — 1500, dé-
couvrent l'Amazone et le Brésil, I, 12.
PIPEU, III, 180.
PISCATAQUA, 1,371.
PUT (William). — 1756, entre au ministère, II, 264. — 1757, sa politi-
que américaine, II, 278, 299. — 1758, Pittsburg nommé (l'ai>réslai,
H, 298. — 1759, prépare la campagne contre 'e Canada, 11,309,
Uô2. — 1762, sort du ministère. H, 383. — 1766, sa jK/litique améri-
caine, H, 429. — 1791, constitution du Canada, III, 69, 84, 268. —
Voir ClIATHAM.
PITTSBURG.— Voir Duquesnb.
PLAINES (rivière des), I, 253.
PLAISANCE.- Description, I, 361. — 1660, Gargot y commande, I,
CCClxvi INDEX ANALYTIQUÏ
300.— De la Poypo y commando, I, 301.— 1690, Parât t;oovornoui,
I, 301.— lOîM), pris par <ltw flibiiHlicr», I, 3/n.— 1G1>'J-I70<i, «lo llrouil-
liin j,'ouvorrieiir, I, 'M\,^>'2; 11,30,34. — 10!**J, ranoiuié par ioa
AiiK'lais, I, .301.-1093, canonn/! par 1«« Ant^'lais, I, :V.2.— 1000, on
y «nvoye tlo« pri8«jnniorH an^laÏN, I, 303. — 1 700-1 70>>, Kul>urcaiM)
goiivornour, II, .34. — 1708, Ht-Ovido ot C'uHUibullo y i-omniun<lunt,
II,:i5. — 1711,iir(»jot(lo Walkor, LI, 4î>,— Avant 1713, cominone, II,
158.— 1713, paHMo à l'Anglotorro, II, 04. — 1744, situation, II, 17:i.—
Voir TKKiiKNKiva
PLANTÉ, m, 107.
PLATTSBUIUi. — 1812, Doarhom en qaartiorn d'hiver, III, 167.—
1813, Ma<-onil)cominandu doti iroupoR, III, 187. — 1814, cx|iéditiou
do Provowt, m, li»l, 11>7, 20.3.
PLIvSSIS (Mgr).— 1702, cur^* de Qn<C'boc; membre de l'aM^MnliU'-e, III,
50. — 1794, oraison fnnèbre do M}»r Brian<l, III, 95-0.— 1797, cnad-
jtitour do Mi?r Donault, III, 117. — 18r»0, évô<jU0 <lo (Jut'hcc, IH,
117-8. — 1807, mandement au Huji^t do« niilici«, III, 119. — 181't,
JH'Aé par Crai^r, III, 139. —1811, lutU» rontre Craijr, III, H.'W). —
1812, rof'onnu comme évAquo par l'Aiiirletorro, III, 150,212. — !81rt,
entre au consoil ox^-cutif, III, 212. — 1819, voyage ou EuroJx^, III,
224.— 1825, son décès, UI, 340.
PLYMOUTH de 1000 à 1090, 1, 300.
POINCY. — Gouverneur des lies françaises, I, 140.
POINTE-DU-LAC, III, 17.
I\)INTE-CLAIRE, III, 167.
POINTE-A-LA-CHEVKLURE ou CROWN-POINT ou TICOXDÉ-
ROGA. — 1731, fort construit par les Français, II, 113, 114, 193. —
1755, fortifications anglaises, II, 242. — 1759, fort construit sous
le nom de Crown-Point, II, 331, :iôO. — 1759, Andierst y arrive, II,
330,350.-1700, Ilaviland et Bou^rainville, II, 373.-1770, i)rise par
los Américains, II, 444, 445; III, 18, 19. — 1777, Burgoyue et son
armt'o, III, 25-0.
,POINTE-LÉVIS, I, 158 ; III, 15.
POLNTE-AUX-TREMBLES (Québec), U, 327, 330, 344, 358, 369,
371,452.
POINTE-COUPÉE, II, 83.
POINTE-VERTE, I, 361.
POIS, II, 154-5, 159.
POITOU, II, 101.
POIVRE, II, 152.
POLICE, II, 346.
DE l'histoire du CANADA. CCClxvii
POLITIQUE.— Voir Acte de Québec, Tbst, Cokstitutiox, Uniok,
ClIAMHRK, CONSEU., ITnhed» CoTjmK , MiMSTÈRB, ClUB, LaNGCB ,
QuATRE-VlMiT-DOUZB liÉSOl^ïIONS, ÉcUAFAUDB.
POLOGNE, m, 77.
POMMES DE TERRE, I, 9; II, 124, 225.
POMMERAYE (Charles de La), I, 21.
POMEROY, II, 239.
POMMERIL, 11,178.
POMPADOUR, II, 218, 218, 262, 300.
PONT-BRI AND (Claude de). — Accompagne Jacques Cartier, I, 21.
PONTBRIAND.— Voir Durreuil.
FONTCIIAMTRAIN. — 1691, succède à Seignelay, 1, 346. — 1699,
ministre de la marine, II, 44. — 1711, veut qu'on reprenne l'Acadie,
II, 43, 44, 46. — 1716, fort Rosalie à la Louisiane, II, 7.3. — Parent
dos Beauharnois, II, 114. — Son projet do socicté de commerce, II,
142. — La monnaie de carte, II, 144.
PONTCHARTRAIN (lac), II, .384.
PONTGRAVÉ. — Veut accaparer le commerce des fourrures, I, 45. —
160.'î, va en Acadie, I, 48. — 1609, amène (1h renfort A la colonie do
Québec, I, 61. — 1619, on veut lui donner la charge de Champlain.
1,67.
PONTIAC, II, 405, 406.
PONTLEROY, II, 276, 276, 287, 303, 366.
POPULAfRE {le), III, .333.
POPULATION.- Voir Rbcensbmbnts.
PORÉE (Thomas), I, 71.
PORTAGE (fort du), II, 332.
PORTAILS, I, 247.
PORTER, 111,178.
PORTLAND (duc de), ITI, 98, 106.
PORTNEUF (M. de), I, 328, 336.
PORT-ROYAL. — 1604, fondé, 1,48.-1607, négligé, I, 50. — 1613,
ravagé par Argall, I, 53. — 16.32, Razilly y commande, I, 161. —
1634, concession à La Tour, 1, 161. — l(>36-7, devient chef-lieu, 1,
161—1654, pris par S<.^dgewick, I, laî.— 1672, 1689, centre de l'ad-
ministration française en Acadie, II, 225. — 1686, traite de l'eau-
de-vie. I, 154. — 1689, cet-se d'être chef-lieu, I, 335. — 1690, pris par
Phipps, I, 336, 341.— 1704, 1707, attaqué par Clmrch et Marsh, II,
31, 31.— 1710, pris par Nicholson, 41-3, 44, 45, 46, 108, 202.— Nom-
me -Uoiapolis, II, 12,- 17-14, {janûson ï^pglaise, II, 172.— 1746, pro-
CCClxviii INDEX ANAI-VTIQUE
jet de» Fraudais, H, 178, 180-2.— 1748, exode des Acadlena, H.
190.
POKTSMOUTII, II, 29, 49, 184.
l'OHTl'GAL (le), I, 5 ; II, 57, :W.3.
I»()KKOIAr (rivk^ro), II, 129.
l'OSTK AUX I.KTTRES, 11.168; III, .-îg.
roSTES DU IlOI, 111,286.
I^rAHUlfcUK (de La), I, 21.1.
lY/riIIEU (TouHHainl), III, U», 377.
I\)UCH(yr (cupilaine).— nôO, fortifie Niagara, II. 248.— 1759, con-
duit di'8 troiijMW à Niagara. II, 'Ml, 331. — 1750. fortiJlii Nia^'ara;
siège ; capitulation, II, 332. — 1700, au fort LévU, II, 371. — 1700,
rend lo fort I/vis, II, 374.
POU LA 111 KU, II,:^>4.
POULET, I, 24».
P(WRROY.— Voir L'ArnE-KiviiRE.
l'OUTOUATA MIS.— Leur habitat, I, 96.— 1665, à Chaprouamijron.r,
247. — 1671, font la paix, I, 21«. — 1G73. \iniU'n par le l'ère Mar-
quette, I, 249.-1712, vont au «ecour» du Détroit, II, 50,51.-1757,
à Montréal, 11,268.-1704, suivent Pontiac, il, 4a5.
POUTKINCOURT. — KKM, va en Aradie, fonde Port-Royal, I, 47,
48. — lt)(»7, passe en France ; il est ain»' do» Kauvai.'t'K, I, 48, 50. —
1610, forme une compagnie, I, 50. — Almudunue l'Anicrique ; co
qu'il devient, 1, 54.— Voir Bienc-oikt.
POWELL, III, 53.
POWER, m, 327.
POWYS, III, 72.
POYNTER, III, 244.
POYPE (de La), I, 360-61.
PRAGUE, II, 274.
PRESCOTT (général Robert). —1775, à Québec, H, 451. —1796, gou-
verneur, III, 101. — Son administration, III, 102-5. — 1798, rappelé,
m, 106.
PRESCOTT, I, 267 ; III, 176.— Voir G.\LErrrB (la).
PRÉSENTATION (la).— Voir Ogdbxsbubg.
PRÉSIDENT {le), III, 152.
PRESQU'ILE (fort de la). — 175.3, construit par le^ Français, II,
207,332.— 1764, enlevé par Pontiac, II, 406.— 1813, III, 172, 173.
PRESSARD, II, 419,
DE l'hTSTOIKE du CANADA. CCClxix
PRESSE. — Voir Impbimebib, Gazette, Minerce, Mercury, Canadien,
Herald.
PRESTON, I, 364.
PREVOST (major).— 1690, commande à Québec, I, .339.
PREVOST (sir Georfrc.)— Nommé gouvornenr, III, 149.— 1811, visi-
te la frontière. III, 154.— 1812, ses instructions, III, .318.— 1S12-13,
sa politique, III, 168. — 1812, se rapproche du clerfïé catholii]ne,
III, 1.5(i. — 1813, visite le Haut-Canada, III, 17.VG. — 1813, à Sac-
kett's-Harbour, III, 176. — 1813, à Chûteauguay, III, 180, 183.—
1813, descend à Québec à la fin de la campagne, III, 184. — 1814,
à Plattsburp, III, 192, 203.— 1815, accusé au sujet de l'expédition
do Platthburg, III, 203. — 1815, hommage de la chambre de Qué-
bec, m, 202. — 1816, son décès, III, 204.— Ses services sont recon-
nus en Angleterre, III, 204.
PREVOST (colonel). — Plaide la cause de sir George, son frùro, III,
204.
PRÉVOTÉ, 1, 182-3.
PRIDEAUX (général), II, 310, 331-4.
PRINCE-ÉDOUARD.— Voir S.\int-Jban (ii.e).
PRIiNCJ, III, 192.
PRINGLE, III, 19.
PRISONS (construction des), III, 112-3.
PROCESSIONS, II, 412.
PROCTOR (général), III, 163, 171-4.
PROTESTANTS.— 1760-6, serment du to.st, II, 402-405,420; II,
70. — 1764, aux Troi.i-Riviùres, II, 398.— 1764. tontiw» las charges leur
sont con*iée.s, II, 402; III, 70. — 1766, rapport de Murray, II, 402-
4. — 1773, instruction publique, II,4ll. — 1773, rapport de Mar-
riott, II, 412. — 1774, acte de Québec, H. 421. 4.i4,437. — 1774, as-
semblée contre l'acte de Québec, II, 438. — 1791, i-onstitution poli-
tique, III, 7ô. — 1793, évéque nommé, 111,98. — 1808, l'évêque
auglicHii veut résigner, III, 118. — Voir Evkque, N.vntes.
PROI^VII.LE.- Voir Tracv.
PROVENÇAUX, II, 77.
PROVENCHER (Mgr), III, 227.
PRUD'HOMME, II, 317.
PRUSSE 11,57.
PTOLÉMÉE.— Son système, I, 7.
PUANTS.— Voir Baie Verte.
PULTENEY, II, 437.
CCCIXX INDEX ANALYTIQUB
PURDY, ril, 182.
ruuiTAiNw, II, h;i>.
rUT-IN-BAY,]lI, 173
PUTNAM, III, 20.
PUYZIEULX, II, 200, 26.1.
PYKK, III, 2ir,. — V.iir Pike.
QUATRE-VINGT-DOUZE RESOLUTIONS,— 1829-1834, ennombJe
<lo la qimKtion, III, 27<i-30î). — 18;'..^, M. Papinnan prt'j^ro non ox-
]Hin(', III, oOl, :504. — 1K:'.4, M. Pai)in<uiii on |ireiid la rt'^ixinKabilit^,
III, ;527.— 18:J4, itr<'Mînt<'i!« à la clianibro, III, .'504.— is.'U, •l«''bat en
Auglet«rro, III, 314. — 1834, commission anglaiw, III, 323. — lU"
]ionm aux débutH du parlement anglaih, III, 325. — 1836, le peuple
Houtiont les Rt'-solutiona, III, 'Xi4.
QUÉBEC (STADACONÉ).— 15X5, site do cette bourgade, I, 22.— Sft
Ix)pulation, 1, 1)8. — 160.S, nV.xiste plus, I, 59.
QIEIŒC— Description, I, 22, 57, 224 ; II, 314-15. — D'où vient ce
nom, 1,57. — 1U20, p<j]iulation, I, 68. — 1621, ouverture de« TouÏKtreê
de Notre-Dame, 1, 129, i:i0. — 1621», toml)o aji pouvoir de Kertk, I,
78,80,83. — 1633, en ruine, 1, 127,— Établiseoment doH premier»
colons, 1, 171.— 16:î9, IIûtel-Diou fond»:- (à Sillery), I, IM, 13.5, 136,
195, 199. — 1639, Ursulines fondées, I, llîô, 195. — Voir UiiirLiNiw. —
1639, roUC-ge des J<'-8uite* fond*:', I, 127, 19."). — 1642, bourpado sau-
vage, 1, 134.— 1644, l'Hfttel-Dieu tran.sfiorté de Sillery à Qu.'lioc,
1, 136. — 16.")6, capitaine Du Puis, comtiiamlant dn fort, I, 148. —
1()59, les Ilurons s'y réfugient, 1, 144. — 16(K), un s'y fortifie contre
les Iroquois, I, 151. — 1662, cbef-lieu de la c-oionie, I, 1.59. — 16G2,
projet de fortifications, 1, 158, — Élections niunicipale.«, 1, 179. —
1664, population, 1, 171. — 1664, garnison, I, 202. — 1668, son jiort
est frt'quonté, I, 214. — 1672, Frontenac décrit la ville, I, 224. —
1682, inc-endie, I, 235. — 1685, commerce, II, 15S, 159.— 1690, a.ssié-
gé par Phipps, I, 339, 344. — 1693, on augmente le8fortification.s, I,
351. — 1693, Hôpital-Général fondé, 1, 195. — 1697, réjouissances au
sujet de la paix, 1,373.-1702-1720, fortifications, 11,99, 103.—
1709, mis eu état de défen.se, II, 39. — 1711, moyens de défen.se, II,
47. — 1712, menace de guerre; dévouement des habitants, II, .53. —
1714. pensionnâmes du petit séminaire, I, 194». — 1728, projet d'une
citadelle, II, 103. — 1730, son commerce, II, 1-55. — 1730, digue du
Palais, II, 124.— 1730s tremblement de terre, II, 124.-1734, néces-
sité de fortifier la place, II, 133. — 1744, fortifications, II, 170. —
1745, grande assemblée, II, 177. — 1745, fortifications, U, 176.
DE l'histoire du CANADA. CCclxXÎ
— 1746, projet d'attaque des Anglais, II, 181. — 1757, disette,
II, 2C1. — 1758, disette, II, 263. — 1759, disette, II, 345, 346.
— 1759, fortifications, II, 177,314.-1759, menacé d'un siège, II,
309, 312. — 1759, siège, II, 3^5. — 1759, bombardement, II, 320,
321.-1759, cathédrale incendiée, II, 399. — 1 759, garnit«on au
lendemain de la bataille d'Abraham, II, 344. — 1759, capitulation,
II, 346, 347, 349, 352. — 1759, les Anglais entrent dans la ville, II,
349. — Voir Foulox. — 1760, Murray gouverneur, II, 391.— 1760, on
en chasse la population, II, 359. — 1760, projet de siège des Français,
II, 355.-1760, siège de la ville, II, 366.-1774, Voir Acte de.— 1775,
jwpulation, III, 2. — 1775, fortifications, 111,2. — 1775, investi par
Montgomory, II, 452.-1775, siège, III, 1.— Voir S.\rLT-Ar-
Mathlot. — 1807, fortifié, 111,1 19.-1812, gardé par les milices, III,
160.— 1833, municipalité établie, III, 3(X).
QUÉBEC (archevêque de), III, 224, 226.— Voir Évêques.
QUEBEC, chapitre fondé.— 1684, 1, 195.
QUÉBEC (gouvernement). — 1626-1663, seigneuries concédées, 1, 171.
QUEBEC, petit séminaire.— 1668, fondé, 1, 193.
QUÉBEC (séminaire). — 1665, uni aux Missions étrangères, I, 193. —
— Sous Mgr de Laval, 1, 192. — 1688, vues de Mgr de Saint- Valier,
1, 184.
QUEBEC HEHALD, III, 67.
QUEENSTON, III, 164, 176, 188.
QUESNAY, II, 218.
QUESNEL (Frédéric-Augu.ste). — 1827, député, 111,260.-1833,86
* sépare de INI. Papineau, III, 300.-1834, les 92 Résolutions, III, 306.
—1839, du Conseil spécial, III, 377. g
QUE Y LUS (l'ablW- do), 1, 149, 190.
QUIBERON, 1,274. ^
QUIÉTISME(le), 198.
QUIR0UET,1II. 235.
R
RADISSON, I, 363.
RALDE (Raymond de La), I, 85.
RALEIGII (Walter), I, 42.
RAMESAY (Claude de). — 1690, commande aux Trois-Rivières, I,
339.-1711, envoyé à Montréal, II, 49.
RAMESAY (J.-B. Nicolas Roch de). — 1746, commande des milices
enyoyées en Acadie, II, 180, 181, 182. — 1759, commande à Québec,
II, 317, 344^6.
CCClxxii INDEX ANALYTIQUE
liASLE (le Pèro), II, 105, lOG, 107, 108.
UATMKyr. n,H2,'72, 144.
KAYMHAUT (lo Père), 1, 140, 243, 244.
KAYMUND (de), II, 171, 2t>0.
RAYSTOWN, 11,21*7.
KAZIU.Y (iHaac (le). — 8oi titre* ; sa famille, 1, 101. _ 1637. l'int^
roHM» »tn Canada, I, 70, 132.— 1021», va au Maroo, I, 80.— 1«W2, com-
niandH la HotU) du ('aniula, I, K4. — lOlVI, <'i>iiiiiiaii<iHi:l en Acadie,
I, 1«)1.— So Hxo i Im llève, I, liJl.— 163t(, mm décè», 1, 101.
HEADY, LU, 232.
ItEBOU, II, :m.
RI-XiCNSEMENT ou ^^valuation d« la population.— 1642, Cana/la, I,
134.— UMi4, Canada, 1, 17(i.— ir.*;o. Cana<la. I, 217 — 107». Canada
ot Atadie, II,1()0; III, 7(;.— 10K2, T'anarla, 1,207.— 108.'), jKjpulation
trt'H di.s|>i^irN'-«», I, 'J70,— l(i.s."i, A<adie, I, :]:i.').— lOIMj, Cauaila, I, :i45.
— 17(J0, Canada ot Acadiu, II, 22. — 1700, N.'Anulet^rre, II, 427.—
1714, Cai>-Brot<)n, II, 05. — 1711*, (Janatla, II, 137. — 1720, Canada,
III, 70.— 1721, Canada, II, KM». — 17;H, Cana<la, II, 154 ; III, 70.-
1744, Canada, II, 137.— Compara i «on outre lot» colonie* anglaiHcaet
franvaises, 1, 300, 318, 321 ; II, 2i:0. — 1755, Canada et Acadie, II,
220. — 1750, i-olon les anglaises ot franraiHo», II, 310, 311. — 1703,
Canada, III, 70, 205.— 1705, Canada, 111,70. — 1705, Cana<la, oatho-
liquos ot protestants, II, 404; III, 70.-1774, N .-A UKleterre, II,
427.— 1784, ostlaves, III, 00. — 1?»1, Cana<la, Anglais et Cana-
diens, III, 76.-1822, Haut et Bas-Canada, III, 230.
RÉCOLLETS. — 1615, arrivent au Canada. — 1620, construigent un
couvent à Quélm*. — 1024, seul» njis.<iionnaire8 du Cana<ia, I, 08, 00.
— 1620-1600, ^>loI^:n('^s du Canada, 1, 187, 101.— 1033, nu reviennent
pas, I, 127. — 1072, reviennent au Canada, I, 218. — 1072, instruc-
tions donnPfes à Frontenac-, I, 224. — I.«ur8 misisions, I, 24(;». — 1081,
construisent un hospice à Québec, I, 00. — 1094, ditlicult^s avec l'é-
vêque, 1, 191. — 1710, vues de Mgr de Saint- Valier à leur sujet, I,
194.— 1728, leur attitude, II, 119. — 1760, conduite d'Amherst, II,
375. — 1796, incendie de leur couvent, III, 91.
RÉGENT.— Voir Orlé.\xs (duc d').
RÉGIME féodal. — Voir Seignbckihs.
RÉGIME militaire, II, 390.
RÉMY''. — Voir Courcellbs.
RENARDS (rivière des), II, 123. — 1670-72, mission des jésuites,!,
248. — 1673, visite de JoUiet et Marquette, 1,240. — Voir Veete
(baie).
KENARDS.— Voir Octagahis.
DE l'histoire du CANADA. CCClxxîii
RENSSELAER, II, 133, 170; III, 164.
REPENTIGNY.-Voir LbGaedhue.
RESSAX (de), I, 215.
REVENU PUB r.IC— Voir Impôts.
RÉVOLUTION AMÉRICAINE, II, 416, 426-453.
RÉVOLUTION FRANÇAISE (la). - Venge les Canadiens de leur
abandon par la France, II, S89. — Effraie les Anglais du CanadH,
m, l'Ai. — Rupture entre Fox et Burko, III, 7:i. — Agitation jxjliti-
qu» on Canada, III, 77. — Conduite du conseil législatif, 111,88. —
Attitude des Canadiens, III, 03. — Ment'^es révolutionnairas en
Canada, III, 95. — Français expulsés du Canada, 111,102. — Prêtres
réfugiés en Canada, III, 145.
RÉVOLUTIONS FRANÇAISE ET AMÉRICAINE, 11,56^0; III,
116.
RHÉAUME, 11,363.
RHODE-LSLAND. — 1707, levées contre l'Acadie, II, 31. — 1709,
levées contre le Canada, II, 39.
RIALL, III, 184, 188.
RIBAUT (Jean), 1,31,34.
RICE, III, 313-4, 318.
RICHARD, 11,67.
RICHARDSON, III, 100, 114, 2X5, 240, 242.
RICHELIEU (cardinal de).— Sa politique européenne, II, 83, 169.—
162(), i)orte intt rét au Canada, I, 72 ; II, 139.— 1632, arme pour re-
prendre le Canada, I, 84. — Voir Aïonu-ox (d').
RICHELIEU (fort). — 1(>42, construit, 1. 136. — 1644, meua<f par les
IriHiuois, I, 137, 138. — 1(565, fort à l'entrée de la rivière de ce nom,
I, 205. — Voir Sorbu
RICHIBOUCTOU, 11,350.
RI C H MON!) (duc de). — Propose de reconnaître l'indépendance des
États-Unis, III, 43.
RICHMOND (duc de).— 1818, gouverneur du Canada, III, 217, 222-3.
RIEDESEL, IH, 17,48.
RIGAUD.— Voir Vauureuil.
RIO-JANEIRO, II. 346.
RIPLEY, III, 190.
RIVli:RF>-AU-BŒUF (fort), II, 3.32.
RIVIÉRE-DU-LOUP (en haut), I, 288, 350.
RIVIÈRE-DU-LOUP (en bas), II, 321.
RIVIÈRE-NOIRE, II, 83.
CCclxxiv INDEX ANALYTIQUE
UIVlf:KE-AUX-KENARDS.— Voir Outaoamiii, bajb Vbrtb, R»-
NAHIiH.
KIVIKRE-llOUGK DU NORD, II, KM).
RIVIKRE-ROUGE DU SUD, II, 14, 70.
RIV1KRK.S.— Un fait bur loun» bord» le» premiera éUblissementit,
1,174.
RIVifiRES NAVIGABLES. — DruiU» de certain» seigneurs «tir ce*
couiH d'oau, I, 172.
RIZ, 1,:M)7.
ROlJEliT (intendant), I, 178,204.
R015ERT8, III, 162.
RGBKRVAL, 1,25-30.
RORINEAU.— Voir Bècancouk, Mhnnbval, Pobtîïiuf, Villibo».
ROBINSON (sir Tliomau), II, 214.
ROBINSON (n.-nt'ral), III, 193.
ROBINSON (M.), 111,331.
ROBUTEL DE LANGUE, II, 125.
ROCIIAMBEAU, III, 4«.'
ROCllEBLAVE (do), III, HS, 91, 100, 377.
ROCHEFORT, II, 184.
ROCHEGUYON.— Voir LiANCOURT.
ROCHELLE (Nouvelle), II, .354.
ROCHERS-PEINTS, I, 247.
ROCKINGHAM, III, 46.
ROCQUETAILLADE.— Voir Godbfroy.
RODDES, II, 142.
RODGERS, III, 152.
RODIER, III, 292, 302, 327.
ROEBUCK.— 1834, demande la nomination d'un comité au sujet du
Canada, III, 312, 313.-18.%, agent des Canadiens, III, 310, 319,
329. — 1837, défend les Canadiens, III, 331. — 1838, constitution sus-
pendue, III, 353. — Censure lord Durham, III, 369.
ROGERS, II, 376.
ROHAULT (René de) fonde le collège de Québec, 1, 127, 195.
ROLETTE, III, 163.
ROLLAND (fort).— Voir Lachinh.
ROLLO, II, 372-3.
ROME, III, 27.
DE l'histoire du CANADA. CCclxxV
ROQUEMONT, I, 76, 79, 82.
ROSALIE (fort), II, 73.
ROSS, III, 195.
ROSSIGNOL (port), I, 48.
ROSTAING (de), II, 211, 215.
ROÏTENBURG, III, 179, 180, 181, 184.
ROUBAUD, III, 54.
ROUEN. — La justice du Canada relève de, I, 176. — Le Canada re-
lève de ce diocèse, 1, 189, 190. — 1G29, 8on parlement a juridiction
en Canac^la, I, 187.
ROUEN (société de), I, 46.— Voir Compagnies.
ROUGE (fort), II, 130.
ROUILLÉ (M.), II, 200, 217, 245.
ROUSSEAU (J.-J.), II, 387.
ROUTE OU CHEMIN INTERCOLOKIAL, I, 335.
ROUTES.— Voir Acadih, Portes.
ROUTES ET CHEMINS PUBLICS, 1, 174; 11,120; 111,99,102.
ROUTES POSTALES, II, 158.
ROUTH, III, 359.
ROUVILLE.— 1838, village, III, 366.— Voir Hertbl.
ROYALE (île). — 1744,)ïuerr«, II, 170. — 1745, prise par les Anglais,
II, 175, 183. — 1745, iKjpulation déportée, II, 175, 178. — 1748, rendue'
à la France, II, 188, 195. — 1751, bâtimonts anglais saisis, II, iUl. —
1755, Acadiens réfugiés, II, 224. — Voir CAP-BKtTox.
RUETTE.- Voir d'Autkuiu
RUPERT (fort), I, 364, 366.
RUSSELL (lord John).— 1837, hostile aux Canadiens, III, .331, 334-5,
349. — 1838, pr<)|)oso do susi)endro la constitution, III, îVS3, 355. —
1839. proi>ost> l'union des Canadas, 111,376. — 1839, reganle les
Canadiens conmie des rebelles, III, 378. — 1839, écrit une dépêche
intimidante, III, 380.
RUSSIE, II, 57.
RYERSON, 111,271.
RYLAND. — 1S04, le clergé catholique, 111, 111.-1806, ne veut pas
d'évêque catholique, III, 118. — 1807, secrétaire de Oaig, III, 120.
— S'aboucbe avec l'espion Henry, III, 161. — 1810, porte des déi^é-
ches à Londres, 111, 1:59. — 1812, revient de L<mdres ; hostile aux
Canadiens, IH, 207. — < "onseiller législatif, 111, 207,245.-1833,
toujours ennemi «.les Canadiens, III, 301.
Jxxvi INDEX ANALYTIQUE
HAÏ NT- AMBROISE.— Voir Ix)Ri7rTE.
SAINT-ANTOINE («aut), I, 25U ; II, 13.
SAINT-ARMAND, 111,187.
8AINT-AU(iUSTTN, H, 3:i6, 344, 346, 361.
SAINT-BENOIT, 111,347.
SAINT-BERNARD (baie), II, 4, 7,
SAINT-CA8T, II, 29«.
SAINT-CASTIN, I, IWt- II, 32, 33, 43, 106.
SA INT-C II ARLES (ri viùre),ov^ Cartier h i verno, I, 22, 24.— 1626, con-
cession <ln fuif Saint-.! o-Mph, I, 171.— Hi<)2, projot do fortification,
I^ 158.— 17.>{>, fortiHcation.s, II, 314,328.-1750, pont de bateaux,
II, 337, 340-3.-17(50, plan de I/-vis, II, 364.-1760, hôpital, II, :Ui(i.
SA lNT-t"H ARLES (fort), II, 12!).
SAINT-CHARLES (village).— 1S30, affitations politique», III, 284.—
1S32, agitations politiques, III, 2<.>.i. — 1837, grande aaflemblée po-
litiiiue, III, .3:W-}».— 1837, combat, III, 342, 353.
SAINT-CHRISTOl'HE.— Voir I.vde» Oocidhntalmi.
SAINT-CLAIR (général), II, 181.
SAINT-CYRQUE (de), I, 349.
SAINT-DENIS.— Voir JrcHERBAr.
êAINT-DENIS (M. do), I, 209.
SAINT-DENIS (village). — 1775, le colonel McLean, II, 460. — 1837,
démonstrationspolitiques, 111,337.— 1837, préparatifs de résistance,
III, 338.— 1837, combat, III, 342, 3.33, 365.
SAINT-DOMINGUE.— 1492, C^ilomb y fait érijror un fort, I, 9.—
1684, navire français enlevé, II, 3. — 1698, compagnie de ce nom,
II, 75. — 1698, d'Iberville s'y arrête, II, 10. — 1715, commerce avec
la Ix)nisiano, II, 73.— 1730, Natchez en esclav^e, II, 95.— 1749, la
commission internationale s'en occupe, II, 202.
SAINT-ÉTIENNE.— Voir La Toue (Ch.^rles).
SAINT-EUSTACHE (village), III, 3.38, 345-6.
SAINT-FRANÇOIS (lac), I, 287, 350.
SAINT-FRANÇOIS (rivière), II, 29; III, 206.
SAINT-FRANÇOIS DU LAC, I, 288, 349.
SAINT-FRANÇOIS (district de), III, 245.
SAINT-FRÉDÉRIC (fort)!— Construit, II, 114.— 1740, II, 133.-1744.
48, II, 170, 181, 183.— 1750, II, 198.-1754, II, 211.-17.35, H, 221,
222, 235, 236, 242-3. — 1756, II, 249, 259. —1758, II, 288. — 1759, II,
311, 330.
DE l'hISTOIKE du CANADA. CCclxXVU
SAINT-GEOIIGE (de), II, 184.
SAINT-GEORGE (rivière), I, 374.
SAINTE-HÉLÈNE.— Voir Lbmovxe.
SAINT-IGNACE.— Bourgade huronne, I, 142.
SAINT-JACQUES DE L'ACHIGAN, II, 261.
SAINT-JEAN. — Bourgade huronno, 1, 143.
SAINT-JEAN (nonnné aussi d'Ibervillo et Dorchester). — 1665, fort
construit, I, 'JOO. — 1757, bataillon français, II, 268. — 175!», garnison
française, II, ;>48. — 1700, projet des Anglais, II, 355. — 17«0, liou-
gainville se retire, II, 373. — 1775, fort pris et repris, 11,444. — 1775,
troujHis auii'Ticaines, II, 446. — 1775, projet de Carloton, II, 448. —
1776, fort brftU's 111, IK,
SAINT-JEAN (fleuve du N.-Brunswick). — 161H, découvert, I, 48.—
1627. conffwsion à La Tour, I, 161. — 1640, I.,a Tour s'y défend dans
son fort, I, 162. — 1654, fort de l.a Tour, 1, 165. — lOlHi, bataille na-
vale, I, 358. — 1713, les Français s'y fortifient, II, 104, 11*9.-1744,
sauvages tlo l'o lieu qui assiègent Anna])olis, II, 172. — 1748, ^ilua-
tion des habitants, II, l'JS. — 1750, situation dos habitants, II, 200.
—1755, Boishôbert brîile son fort. II, 224.
SAINT-JEAN (lac), 1,242.
SAINT-JEAN (rivière). — Qui se décharge dans le golfe Saint-I^u-
rent, I, 21.
SAINT-JEAN ou du PRINCE-ÉDOTTARD (Ile). — Dewription, II,
61, ()H. — 1713, on y attire des Acadiens, II, 6S. — 1719, cinDiagnie
qui concède l'île. II, 69. — 1750, Acadiens réfiigi s, 1 1, 2nl. — 1755,
Acadiens réfugiés, II, 224. — 1758, prise par les Anglais, II, 285. —
1763, administration, II, 31H5. — 1818, le ijape nomme uu évétiue,
III, 224. •
SAINT-JEAN DE TERRENEUVE, I, 360, 361, 362 ; II, 34, 35, 36.
SAINT-JEAN DE Ll'Z, II, 174.
SAINT-JO.\CIIIM, 11,321.
SAINT-JOHN, 11,45.
SAINT-JOSEPH (fief), 1, 171.
SAINT-JOSEPH (île du lac Huron). — Los Tlurons s'y réfugient, I,
141-3.
SAINT-JOSEPH, du lac Michigan. — 1679, La Salle y élève un fort,
I, 257.
SAINT-LAMBERT, T. 350.
SAINT-LAURENT (golfe).— 150G, carte de Jean Denis, 1,13 ; II, LIS.
— 1534, visité par Cartier, I, 19. — 1702, les Anglais songout à
CCClxXviii INDEX ANALYTIQUE
8'en einpnror, 11,22.-1722, pêcheries, 11,152.-1759, flotte an-
glaise, II, 314.-1763, traita; de I'ari«, II, .383.
SAINT-LAIIRKNT (flmivo)-— Du J^flfe à Hu('\hm.; I, 22.— 8on couru,
I, KH. — Dcwrij.tion p'iK'rale, I, HH-'M. — Gèle en hiver, II, 48.— Kt
MissihKipi, II, ï», 10, 5:5, .')(;, 00, <51, 71. — Ki«iial<'- ù Cartier; iUcou-
v«>rt par lui, I, 10, 21.— .Nom (loniii'' au Hcuvo du Canada, I, 21, —
Traito dos noveux do Cartier, I, 'M. — KWO, d(''Couvort juiMiu'ârue»
(sources, I, 244.— 1705, nond^* imt Icm Anj?laiH, II, 38. — 182fi, phare»
et navigation, III, 281. — Se» canaux, I, 2.')2.
SAINT-LK(JKH. 111,20,28.
SA IXT-LOriS.— 1(540, IwMirgado liuronne, I, 142.
SAINT-UJUIS (saut). — KJ03, vieit^- par Chaniplain, î, 40.-101.%
Cliainplain y rencontre kos ttlli<''8, I, 05. — 1070, d*** InHpif»in n'y
^■tabliswMit, I, 220. — 1087, jt'suin* anglais, 1,28.'). — 1704,HauvageM
d(» ce lieu, 1 1, 2.'). — 177(», La Corne y commande, II, 371. — I8.j8,
village iro(|uois, III, 45.
SAINT-LOUIS Dfô ILLINOIS (fort). — 1680, érig<'' par Tonti, I,
201.-1082, mis en séquestre, I, 203, 271.-1084, les Iro<iuoi8 Tatta-
(juont, I, 272.
SAINT-LOUIS, poste du Missouri.— 1«)87, La Salles'en éloigne, 11,6.
SAINT-LOUIS DE LA MOBILE.— Voir Mohilb.
SAINT-LOUIS (château), I, 08.
SAINT-LOUIS (chemin), II, 302.
SAINT-LUC (Madame de).— Sœur de Frontenac, I, 380.
SAINT-LUC (de).— 17(50, bataille de Sainte-Koye, II, .%3. — 1758,
capture un convoi anglai.s, II, 295. — 1775, son influonce sur les Iro-
quois, II, 448. — 1770, accusé par Bourgoyne, III, 20. — 1784, en fa-
veur de l'Acte do 1774, III, 53.
SAINT-LUSSON (de), I, 221.
SAINT-M ALO, I, 30, ^45 ; 1 1, 155, 387. •
SAINT-MARC, III, 330.
SAINT-MARTIN (de), II, 329.
SAINT-MAURICE (rivière), II, 398.
SAINT-MAURICE (forges), III, 41, 286.
SAINT-MICHEL (près Québec).— 1750, II, 336, 345.
SAINT-NICOLAS, II, 321.
SAINT-OURS (village).— 1688, incursion de.s Iroquois, I, 288.— 1691,
brûlé par les Iroquois, I, 349.
SAINT-OURS (de).— 1686, situation de cette famille, I, 284.— 1759, à
la Canardière, II, 316. — 1759, bataille d'Abraham, II, 340. —1787,
lois seigneuriales, III, 61.
DE I/hISTOIRE du CANADA. CCclxxix
SAINT-OURS-DESCHAILLONS (M. de). — 1708, commande des
milices, II, 29.
SAINT-OVIDE (M. de), II, 35, 36, 67, 68.
SAINT-PAU), (haie), I, 213 ; II, m, 321.
SAINT-PIERRE (fort).— Du lac la Pluie, II, 129.
SAINT-I'IERI;E (îIo).— Golfe St-Laurent, I, 361 ; 11,69, 383, 387.
SAINT-l'IEKIiE (lac).— 1644, oml.uscades des Iroquois, I, 137, 138.
SAINT-PIERRE (le comte de), II, 69.
SAINT-PIERRE.— Voir Le GAiiniciH.
SAINT-RÉUIS, m, 45, 16G, 179, 183.
SAINT-SACREMENT (lac). — 1711, projet d'invasion des Anglais,
11,46. — 1755, armée de Ji)linson,lI, 222. — 1756, camp anjîlai.s,
11, 242.— 1756, le «cnéral Wnbh, II, 258.— 17Ô6, escarmourhos, II,
259. — 1757, tronjics anjrlaisa*^. II, 266. — 1757, dt'faite do Parkor, II,
269. — 1758, trouIK^s un-rluiîses, II, 280. — 1758, Lévis jKJursuit Aber-
cromby, II, 21>4-5. — 1758, Aborcromby aprùs sa di'faito de Caril-
lon, II, 286. — 1758, les An^rlais incondiunt kMir.s rotranohements,
II, 298,
SAN-SALVADOR.— Dôcouvurt par Coloml', 1, ».
SAINT-SÉVÉRIN, II, 188.
SAINT-SIMON (Denys de). — 1671, voyage à la baie d'Hudson, I,
222, 243.
SAINT-SULPICE (paroisse do).— 1760, conseil de guerre, II, 391.
SAINT-SUI.riCE (séminaire de). — Fondé à Montréal, I, liH). —
1682, repn'seutô à l'assiMablée de Québec, I, 266. — 1684, fait nom-
mer k" gouverneur do Montréal, II, 24. — 1760, attitude d'Amhorst,
II, 375. — 1763, M. do Muutgollier choisi comme évêque, II, 400. —
1767, on veut exdum de l'enseignement les membres du sémi-
naire, 11,404. — 1810, Craig veut s'emparer des biens du séminaire,
III, 139. — Expose sa cause au gouvernement, III, 224, 226. —
1823, Ellico l'attaque, III, 250. — 1835, enijuête sur ses biens, III,
322. — 1S39, titres coiitirmés, III, 377. — Écoles publiques, III, 62.
SAINT-THOMAS (port), au Saguenay, I, 21.
SAINT-THOMAS DE -AIONTMAGNY, III, 333.
SAINT-VALIER. — 1688, revient au Canada en qualité d'évéque,
1, 194 ; II, 115.— Va en Franie, I, 194.-1693, fonde l'hôpital géné-
ral de Quél>ec, 1, 195.— Ses vues sur le clergé, I, 193.— 1727, son
décès. II, 116.
SAINT-VINCENT (île), II, 202, 3S7 ; III, 44.
SAINTE-ANNE (fort) sur le Richelieu, I, 206.
SAINTE- ANNE (port de).— Cap-Breton, II, 61, 64. »^
CCClxxX IMIKX ANALYTIQUE
SAINTE-ANNE (fort ot rivicre).— Baie d'Uudson, I, 304, 360, 367,
308.
BAINTE-C'ATHKRINE (f^te de la), III, 323.
SAINTE-CLAIIŒ (lac), I, 267; II, 52.
KAINÏlv('H( )1 X.— UiviAre du Nouvoau-Ilrunswick, I, 48, 53,
SAINTlvCUOlX (près DoKchaïubault), II, 327.
SAINTE-f^ROIX (St-Charle«).— Uivièro prèn ilaûhec, I, 22,
SAINTK-FOYE (priris QiK'.Vmc). — 1<;(J7, village liuroii, I, 144. — 175λ,
clitMiiin furtili»' par Wolfo, II, .338. — 17.')!», la for^-t wht utile aux
trouiH'H françaises, II, 345. — 1700, Murray y ixirto d(w trouii^x, II,
35f).— 17()0, marcho do IZ-vi», II, IWS.— 1700, bataille, II, :V>1), :i65,
377 ; III, 50.— 1775, quartier g^^n/'ral de Montgomery, III, 3,
SAINTlvr.ENEVl fcVE (.oteau). H, 302, 304.
BAINTE-llKLfc.NK (11(0.— 1087. r.iiin. iiiilitHirc. I. 2^0. L'si— 1700.
II, 374, 375.
SAINTE-HÉLÈNK (ïja M(.ynn <U.).— lii'JU, coiunuuiiJo 'J<-
do l'Oua^t, 1, 320.— Voir Lu Mov.Na
SAINTE- LUCIE (îlo), II, 202.
SAINTI'>MAR1E.— ikmrgade du pays des Ilurons, 1, 143, 244.
SAINTE-MARIE (Sanlt).— 1042, dtVouvert, I, 244.— 1671, convoca-
tion de» tribus sauvajîe», 1, 221, 248. — 1750, seigneurie accordée à
de Bonne, II, 205.
SAINTI<>THfcRfcSE (baie).— Lac Supérieur, I, 246.
SAINTE-TIIÉKKSE (rivière).— Baie d'Huduon, I, 304, 370.
SABLE (cap), II, 172, 180.
SABLE (ile de), 1,40, 161 ; H, 179.
SABLES (rivière aux). — 1687, les troupes s'y retranchent, I, 281.
SABLE'iTES (lac des), II, 130.
SACKETT'S HARBOUR, III, 176, 188, 191, 203, 255.
SACO (rivière), II, 108.
SAGUENAY.- Nom d'une partie du Canada, I, 20. — Découvert, I,
242. — 1001, exivdition qui remonte cette rivière, I, 242. — 1671, re-
monté par les Français, I, 243,
SAINTONGE, II, 101.
SAKIS, 1,247; 11,50.
SALABERIIY (de). — 1782, père du héros de Châteauguay, 111,62.
SALABEIMIY' (major de). — 1S12, snr la frontière, III, 167. — (Le
même, colonel). — 1813, à Châteauguay, III, 179.— Sa carrière, III,
181.
SALIÈRES (de), I, 205.
DE l'histoire du ca>ada. ccclxxxi
SALMON-FALLS, I, 328.
SAMOS (i>rès (Québec), II, 329, 338.
SANDER, I, 327,
SANDUSKY, II, 406 ; III, 172-3.
SANDWICH (près du Détroit), III, 162, 174, 366.
SANG (anse du), II, 44.
SARANAC, IH, 193.
SARATOCiA, II, 183 ; III, 20, 29, 42.
SARDAIGNE, II, 83, 169, 383.
SARRAZIN(Dr), 1,92.
SARTINES(de), II, 370.
SASKATCHOUAN, II, 129.
.SAULT-AU-MAÏELOT, 1, 171.
SAUNDERS (l'amiral), II, 310, 318-9, 323.
SAUS8AYE (U), I, 52, 55.
SAUTEURS, 1,244; 11,50.
SAUVAGES.— Uur origine, II, 131.— Tribus du Canada et des
États-Unis, I, 94.— Coutumes, etc., I, 9î».— I^angues, I, 98.— fliiffro
de lonrs [xipulations an temps de la découverte, 1, 97. — Conséquen-
ces ijtii résultent jwur eux de la découverte de l'Amérique, II, 135.
— Projet de les franciser, I, 211. — 1741, dénombrement, II, 13.3. —
De l'Ouest — 17(>4, II, 405. — 17()5, domiciliés dans le Bas-Canada,
III, 76.— De l'Ouest.— 1810, m, 152.— De l'Ouest ù Québec-.— 1814,
III, 187. — Voir AhÉNAKIS, AUiONQClNS, AmHAHONS, AM-ÉCilUNVB,
AnDABTHS, ApALACHKS, ArKANSAS, ASSINIBOINI», ArriKAMàltlES,
BaYAUOULAS, CaTAWBAS, CllACTAS, CHOrACHAS, CbNIS, ClIHROQriS,
CniCKA8.\8, CiiiPP^wA, CncuANONB, CoRRois, Eriés, Etc'hkmins,
GoYO<iOUtX8, HUKONS, IlLIKOIS, IhoQLOIS, KlKAPOLS, KltlSTi.Nl/rS,
Lours, MAHiX(iAXs, MALouMish>i, Manuaskb, AIascoutins, Miamis,
Micmacs, Missolris, Mobii.us, Moxsonis, Mostagnais, Natciib2,
Nbutkbs, NiPissi.vcs, Okka(;oi i..\8, Ohio, Osnontagués, Oltaoamis,
OuTAOUAis, l'otToUATAMis, Rb.nards, Sakis, Sautb X, SlOCl,
SOKOKIS, SOL'EIQUOIS, TaE.NSAS, TiûLJC, ToNlCAS, TsoXNuNTOL'ANg,
UCHÉBS, YaSOVS.
SAUVOLE, II, 10, 11, lli, 14.
SAVILK, II, -MO.
SAVOIE, II, 83.
SAXE (marécbal de), II, 187.
Sr'ALPE (enlèvement de la chevelure \ T, 348.
SCANDINAVE^.— Eu AmCriciue, 1, 4.
CCClxJCxii INDEX ANALYTIQUE
SCATAHI, II,«n.
8CHENECTADY, I, 355 ; 1 1, 286, 326, 330, 373.
S(:HUYL?:ii (colonel).— 16U7, en einhaHMadw à Qii('b<y, I, 374.— 17(M,
«nnomi <1oh KrançaiK, 11.25. — 170H, Afin exjx'rienœ; kon ai>tuc-e,
II, 30. — 170!t, (Mitraino \vs lro«|Uois coutre lo Canada, 11,31», 47. —
172 •, en iléputation à Montréal, II, 107.
8CHUYLER (général). — 1756, accusé par Abercromby, 11,268.—
1775, coninian<lo rarni<''ft dn Nord, II, 445. — 177G, deinanrlt! de»
ronfort» au oon^rrèK, IM, 10.— 1777, retraite de «on armée, III, 27. —
1777, roniot Kon conimandernont, III, 2K.
SCHUYLKR (major).— loin, oxjK'-dition contre Montréal, 1,348.
SCHUYLEU (régiment de), II, 256.
SCOKHUT, I, 24, 25.
SCOIT (général).— 1814, sur la frontière du Niagara, III, 188.— 1838-
39, commande la frontitire du Détroit, III, 366.
SCOTT (major). — 1755, commande au fort Cumborland, II, 223. —
1758, à Louit^^x.urg, II, 282.
SCOIT (membre de la chambre).— 1837, à St-Eu«tache, III, 345.
SEATON (lord), III, 365.
SEIGLE, II, 225.
SEIGNELAY, tils et sncocssenr de Colbort, I, 2.55. — 1683, confère
avec La Salle, I, 2()4.— lOiJl, remplacé par Pontchartrain, I, 346,
SEIGNEURIES. — Origine des, 1, 171.— Système seigneurial, 1, 172-
4 ; II, 442. — Cens et rentes, 111,99. — 1626-l'i63, combien de concé-
dées, I, 171. — Leurs subdivisions, 1, 172. — Le régime féodal ne
s'étend pas au Cap-Breton, II, 07. — Accordées aux officiers do Ca-
rignau, I, 214. — 1073, ce «ju'on en pense, I, 172. — Forts qu'on y
construit, I, 287, 331.— 1084, i)eu jieuplres, I, 2i6. — 1686, arrêt qui
les concerne, I, 173. — 1711, arrêts qui le*; concernent, 1, 172. — 1711,
défense d'accorder dos S3ij,'neuries en justice, 1, 174. — 1700, capitu-
lation de Montréal, II, 375.— 1775, les seigneurs dévoués à l'Angle-
terre, III, 2, 14. — 1776, les seigneurs ré<'lament certains privilèges,
III, 32, 33.— 1787, exigences des seigneurs, III, 60-61.-1791, tenu-
re des terres, III, 70.— 1792, toast : abolition de la tenure féodale,
111,77. — 1797, distribution des terre* publique*, III, 104. — 1826,
1828, projet de tenure des terres, III, 272. — 18.")4, nombre «1p. fiefs;
population, etc., 1, 174. — 1854, abolition du sv-sitème f.'odal, 1, 172.
— De la Louisiane, II, 77, 82. — Voir Louisianb, Justice, MortiNs,
Rivières.
SEL, II, 157.
SÉNÉGAL (le), 11,393-394.— Voir Compagnibb.
SENEZ. IL 119.
DE l'histoire du CANADA. CCClxXxiu
8ENEZERGUES, II, 303, 307. 316, 340.
SEin^-ILES, 11,48.
SERGE, II, 157.
SÉRIGNY.— Voir Lb Moynb.
SERMENT d'all(:'geauce, II, 397, 404.
SERMENT.— Voir Tbst.
SEWELL (Jonathan). — 1789, arrive en Canada, III, 48.— Son carac-
tère, III, 186. — Solliciteur général, puis juge en chef, III, 102-3.
— Procureur général, 111,111. — 1804, veut abolir Itis paroi8t>es
catholit|ues, III, 211. — 1808, nommé juge en chef, III, 122. — Reçoit
les lettres de l'espion Henry, III, 1()1, lîSô. — 1810, juge, cherche à
intimider le clergé, III, lliô. — 1810, s'oppose à la nomination de
l'évéque de Québec, III, 146, 212. — 1810, mémoire à lord Liverpool,
III, 137. — 1810, fait saisir le Canadien, III, 133. — 1814, accusé par
James Stuart, III, 18.5, 206. — 1814, pas-so en Angleterre, III, 185-6.
1814, en faveur de l'Union, III, 186, 202, — 181ti, sou imi^opularité,
III, 209. — 1820, son influence sur le conseil législatif, III, 22t>. —
1830, s'arroge le droit du double vote, 111,282. — Fin de sa carrière,
m. 186-7.
SEWELL (Stophen).— Solliciteur général, III, 185.
5//^.V.V0.V(io), 111,184.
SHEAFFE, III, 165, 176.
SHEFFIELD,III,72.
SHERBROOKE (ville), III, 245.
SHERBROOKE (sir John Coape). — 1816, nommé gouverneur, III,
186, 208. — 1818, se démet ; son caractère, III, 217.— Séminaire de
St-Sulpice, III, 225.
SHERWOOD, III, 213.
SHIRLEY. — 1744, gouverneur tlu Mas.sachusetts, propose d'atta-
quer Ix)uisbourg, II, 173. — 1747, propo.se la conquête du Canada,
II, 181, 182. — 1749, membre de la commis.sion des frontières, II,
201. — 1754, gouverneur; doit marcher contre Niagara, II, 211. —
1 755, général ; ne va pas à Niagara, II, 242.— Son régiment, II, 256.
SICILE, 11,83.
SIGNAI (Mgr), III, 226, 240.
SILHOUETTE (de), II, 202, 354.
SILLERY' (commandeur de), T, 132.
SILLERY.— 1 637, fondé, 1,132. — 1639, on y place l'Hôtel-Dieu, I,
136. — 1670, ravagé par la petite vérole, I, 220. — 1769, flotte an-
glaise, II, 330.-1759, bataille d'Abraham, II, 338,--l700, batalUoi
de Ste-Foye, II, 365, ^
CCClxXxiv INDEX ANALYTIQUE
8INNAMARI, 11,230.
SIOUX.— Leur haljitat, I, 05, 251. — 1642, le» Françai» en ont ron-
naÏHHanco, I, 245. — 105!», viKit/>H par Clioiianl «t UadixMun, 1, 15i;,
245. — 1(WJ5, A Clitt^'oiminiK<»niî, I, 247. — 1680, «'emparent du P.
Honnepin, I, 250. — 1(55)0, «'allient aux Françait», I, :i55. — 17-'8,
viHÎt/s par le Père do lîonor, II, 126.
SMITH (^r»'n(''ral),— IHl'J, fn.ntière «1.-. N'iatrara, III, H5.').
SMITH (William).— ITW.coftofaniillo arrive en Canada, 111,48.—
1786, noniint' juvçe en «îhef du Canada, III, 52.' — 1787, au con»oiI
législatif, III, 56, — 1787, wm opinion »ur Ie« loi» françaibo», III,
57, 58.— 1787, lois bei^neuriaUvi, 111,61.
SOISSONS (comte de).— 1612, succède à de Mont*», 1,64,
SOKOKIS, I, 95.
SOLDATS.— Voir Troup».
SOREL(M. do), 1,209,
SOREL.— Voir RitiinMEr.— I(i65, fort constrnit, I, 206.— 1688, incnr-
ëions doK Iroquoi», I, 288. — 1760, incendie, II, 373, — 1775, le colo-
nel MclAian, II, 4.'>0. — 1776, le fjcnéral TlioinaM, III, 16.-1776, le
^'«?nt'ral Sullivan, III, 17. —1789, peu habité, III, 63.— 1827, élec-
tions, III, 28.5. — 1834, élections, III, 314.
SOTO (do), I, 251 ; II, 2,74.
SOUBISE, II, 377.
SOURIQUOIS.— Voir Micm.u-s.
SOUTH BAY, II, 236.
80UTH0USE, III, 59.
SPECIIT, III, 17.
SPECTATEUR CANADIEN {h), III, 243.— Voir Canadiax Spbcta-
TOK.
SPENCER, III, 2aS.
SPOTSWOOD, II, 191.
STADACONÉ.— Voir Québec.
STANLEY, III, 271, 301, 305, 312, 318, 331.
STANWIX, II, 310 ; III, 26.
STARK, III, 27.
STEINKERQUE, I, 373,
STEPHENSON (fort), III, 172.
STEWART (évêque protestant).— 1830, ŒI, 282.
STILES, III, 133,
STILLING, III, 133,
DE l'histoire du CANADA. CCClxXXV
STILLWATER, III, 27-8.
STONFA'-CREEK, III, 177.
8T0NY-BR00K, III, 20,
STOPFUKD, II, 441».
STKIKEK, III, 195.
SÏUART (Janiof ).— 1629, au Cap-Breton, I, 81.
STUART (rév. John).— 17«1, arrive ou Canada, III, 48.
STUART (Andrew, tils du rév. John). — 1823, au sujet des cantons
de l'Est, III, 2UH.— 1830, en chambre, III, 282.— 1834, en chambre,
III, 304.— 1838, un faveur do l'Union, III, 349.
S'I'UART (sir James, fils du rév. John). — 1808, solliciteur général,
m, 122.-1812, demande la promulgation des lois, III, l«jy.
1814, accuse Jonatlmn Sowell, III, 185. —1815, l'assemblée l'en-
voie à Londre.s, III, 202, 210, 213, 231, 233. — On tente do le
corrompre, III, 210. — 1817, se croit trahi par ses amis, III, 213.—
IHU», remplacé comme agent à I/:>ndres, III, 233. — 1823, se détache
du parti canadien, III, 242 — 1825, nommé procureur général, III,
242. — 1827, procureur général ; ordonnance de milice, III, 260. —
1831, accusé par la chambre, III, 285.— 1833, destitué comme pro-
cureur général, III, 2^>8.— 18;i5, son opinion sur la chambre basse,
III, 313.— 1838, nommé juge en chef, III, 366.— 1839, en faveur de
l'Union, III, 377.
SUBERCASS, II, 31-34, 41, 42, 43.
SUBSIDES.— Voir Imi*ôts.
SUCCESSIONS (lois de), II, 401,409, 439.
SUCKUNG, II, 417.
SUCRE, II, 158, 427.
SUÈDE, 11,57.
SUÈDE ou SUETTK, II, 358, ^59, 361, 365.
SUFFREN, II, 394.
SUISSE (la), 11,441.
SUISSES (à Louisbourg), II, 173.
SUISSES (troupe*), II, 171.
SUISSES FRANÇAIS, II, 391, 442.
SULLIVAN, 111,17,44.
SULPICI ENS.— Voir Saist-Sui picb.
SUNDERLAND, II, 40.
SUPÉRIEUR (lac), I, 89, 245- J47.
SW ANTON, III. 179.
CCClxXXVi INDEX ANALYTIQUE
SYDENHAM (lord).— Pmilotl ïhomiwm, III, 376.
SYDNEY, II, 61 ; III, 48, 54.
SYNDICS, I, 179, 186, 201,227 j II, Kîfl.
TABAC. — 1492, inconnu tlos KiirofxCns, I, M. — 1675, Oiulietto à ia
fornio <ln tabac, II, 142— KJiKj, niltivr- «ian» Ih .Marylantl, I, :M)7 —
A la Mohilo lo sol ont propice ùl cotU» culture, II, 14. — 1717, I.aw
IxtHHÎ'do la fornui <lu taba<:, II, 75. — 1721, cultivé un Caaaila, II,
100.— ImiKH Kur ce produit, II, 159.
TAliAfJO, II, 202, .387.
TACIIl^: (sir Etienne- Pa«cal), III, .^3.'î.
TADorSSAC'.— 1509, Chauvin y déltarqno des colonH, I, 45.— 1604,
traite, I, 46.— 1608, trafic, I, 57.— 1628-9, Kertk y arrête: il y jrard©
sa flotte, I, 78, 79, 80.— 1648, compagnie do traite, II, 140— Kîfifl,
traite, I, 208. — Mission des Jt'snites, I, 242.— 1670, en i»artio ahan»
donné, I, 220. — 1671, poste de traite, I, 243. — Diminution de la
traite, II, 146.
TA■i^^"SAS.— 1682, visitas ptir La Salle, I, 202.
TAFFANEL.— Voir L.\ JoxQiiiBa
TALLARD, I, 374.
TALON. — Canadien.s en Louisiane, II, 8.
TALON (Jean). — 1665, nommé intendant, I, 204. — 1665, arrive au
Canada, 1, 178, 205. — Ses talents, I, 223. — 1665, son administra-
tion, I, 20(). — Favorise le commerce, II, 98. — Cultures qu'il intro-
duit, II,' 153. — 1(>65, rapport an ministre, I, 207; 11,140. — Favorise
La Salle, I, 254. — Au sujet de la traite de l'eau-ilo-vio, I, 2.33. —
Encourage les découverte»s, I, 2.38. — l«k)7, ses projets sur l'Oue-st, I,
220. — Désire la découverte du Mi.-si.ssipi, I, 249, 2.52. — Hi67, son
rapport au ministre, 1, 1.'12. — 1668, repasse on France, I, 215-6. —
1669, revient au Canada, I, 218. — 1670, continue se.s Ixjns offices
envers le Canada, I, 217. — 1670-72, impulsion qu'il donne à la
colonie, I, 248. — Projette un chemin entre Québec et rAca<lie, I,
335. — 1671, rapport sur les manufactures, 11,157. — 1672, visite
l'Acadie, 1,335. — 1672, retourne en Francr, 1,222. — 1673,en France,
I, 252. — Recherche madame d'AilU b'iisten iviariage, 1, 199. — 1675,
fait ériger enbaronnie sa sei'jrii'i:.:. I>es l&iets.J, 173.
TALON.— Valet de chanibrf. du r.ii I. _."-'.
TALLON (capitaine), III, 163.
TANNERIE l 214.
DE l'histoire du CANADA. CCclxXXvH
TARTARIE, II, 127,131.
TASCHEKEAU. — 1808, officier de milice, III, 122. — 1810, arr^t^,
III, lli4, 18.5. — 1821, propose de voter la liste civile, III, 233. —
183.Î, au Hujet de la liste civile, III, 327.
TAXES.— Voir Imi-ôtb.
TAYI/)R, III, 55.
TÉCUMSEH, III, 172, 174, 187.
TEMPLE (capitaine).— 1832, arrêté, III, 295.
TEMPLE (sir Thomas).— 1 056, reçoit partie de l'Acadie, 1, 166.
TEMPLE (sir William).— 1672, désire s'établir en Canada, I, 335.
TENURE SEIGNEURIALE.- Voir SHKiXEURiE».
TEKKEB()NNE,III, 366.
TKRUENEUVE. — Description, I, 360.— Origine du nom, 1,87.—
Connue avant Colomb, 1, 14. — Visitée par Cortéréal. Les Basques
et autres y font la ijéohe, I, 13. — Visitée par Verazzani,!, 16. — Dé-
couverte, 1, 12. — Pèche avant Jacques Cartier, II, 138. — Visitée
par Cartier, I, 19, 26. — On y jiécho de la morue ; traite dos pelle-
teries, I, 38, 39.— ir)83, les Anglais y font uue colonie, I, 42. — 1622.
les Anjrlais y hiveruent, I, 77. — 1662, Louis XIV s'en oocujte, I,
153. — 1662, Plaisance, bon endroit de pèche, I, 159. — 16(53, on y
débarque des colons, I, 170.— 161X), pêcheries, I, 344, 346. — 16iK>, on
décide d'en chasser les An>rlais, I, 352, 353, 358, 3<)0. — 1697, hosti-
lités sur ses cAtes, I, 371 , 372. — 1697, accordée en partie à la France,
I, 373. — 1700, son imiK)rtance, 11,22, 23. — 1702, projets contre cette
île, II, 15.-1703, hostilités, 11,33,34.-1709, hostilités 11,35.-171.3,
pas.se aux Anglais; jjêclieries, II, 54, 59, 60, 64. — 1720, Richanl,
gouverneur, 11,67. — 1744, corsaires, II, 172. — (louvernement s<^)U8
le régimi* anglais, II, 396. — Ce qui reste à, la France dans cette île,
II, 386.
TERRES. — Voir Sbionei'Ries.
TERRES DE LA COURONNE, III, 93-4, 206, 322.
TESSERIE (de I^), I, 202. —1666, visite les mines de la baie Saint-
Paul, I, 213.
TEST (serment du), II, 403, 420, 434; III, 13, 09, 79, 80. — Voir
Skumbnt.
TESTARD.— Voir MoNTiGNV.
TÊTES-DE-BOULE, III, 45.
TEXAS, II, 2, 4, 7, 8.
THAMES (rivière), III, 174.
THAXTEH, II, 107.
THÉ. 11,431,440.
ccclxxxviii index analytiqus
THITÎOULT, I,H(7.
'J'HOM, ni, -Mi.
THOMAS, III, 15.
THOM l'S< )N.-18.'i'), jujro, III, 325.— Voir Sydirhak.
TIIOMI'SON (colonel), I1I,:J31.
THOMPSON (Kénéral), III, 17.
TIISCHIKIKOKF, II, l:i8.
THUKLOW, 11,411,414, 43«; in,21.
TICONDÉRA(iA.— Voir Point» a la CmmnirRK
TIKRNKY, 111,140.
TI LLY.— Voir Le (iABDECB.
TIMBRE.— Voir Imi-ôts.
773f7!:.S'(T/./-),III, 321.
TIOUX, 11,92.
TI8NÊ (lia), II, 73.
TITCOMBE, II, 24a
TODD, III, 39.
TOILE (industrie de la). II, 156-7, 225.
TON ICAS, 11,89,92.
TONTI (Henri de). — 1078, passe en Canada, I, 255. —1678-9, sur
l'Ontario, I, 266. — 1079, chez les Illinois, I, 257.— 1680, commando
au fort Crèvecœur, I, 259.-1680, construit le fort St-Loui.s, I, 201.
— 1680, abandonne le pays des Illinois, I, 201. — 1681, n^tounio au
Missi6.sipi, I, 261-2. — 1685, lais-so une lettre chez les sauvages du
Mississipi, II, 11.-1687, en guerre sur l'Ontario, I, 281.-1711,
amène des guerriers de l'Ouest, II, 47.
TORONTO, II, 146, 151, 197 ; III, 176, 178.
TOULLE (baie de), I, 362.
TOULOUSE, II, 56, 61.
TOULOUSE (du Cap-Breton), II, 171.
TOURAINE, II, 394.
TOURMENTE (cap), I, 78, 89.
TOURVILLE, I, 358, 373.
TOWNSEND (l'amiral).— 1746, au Cap-Breton, II, 179.
TOWNSHEND (brigadier général). — 1759, devant Qnébec, 11,318,
324, 328, 336. — 1759, commande l'armée anglaise, II, 339. — 1759,
entre dans Québec, II, 349. — 1759, part pour l'Angleterre, II, 349.
— 1774, s'oppose au bill de Québec, II, 435.
TO WNSHlPS.—\oir Chantons.
DE l'histoire du CANADA. CCclxXXÎX
TRACEY (journaliste), III, 293, 294.
TRACY (marquis de). — 1664, nommé vice-roi, I, 204,-1664, on an-
nonce son arrîv«5e, I, 202. — KWJô, arrive il Québec, I, 20'). — Son ad-
ministration, I, 207. — U'Àirt, conclut la paix avec trois cantons iro-
quois, I, 209. — 1066, marche contre les Iroquois, I, 210. — 1667,
repasse en France, I, 211.
TRADUCTION .— Voi r L.\ .vt; va.
TRAITANTS. — Leur influence sur les sauvages, 1,245.
TRAITE. —1578-99, à Terreneuve; dans le Saint- I.AUrent, I, 39. —
Pontgravé veut on obtenir IomonoiK)!e, I, 45—1604, à Tadoussac, I,
46. — Vers 1607, en Acadie, 1,50. — 1608-1744, dans la Nouvelle-
Franco, 11, lIU-Kw. — Das iK*lloterio.s,sonorigine, 11,138, 146.— 1610,
en Acadie, 1, 51.— 1012, marchands de la Rochelle, I, 65.— 1618, de-
vient libro, I, 67. — 1622, démêlés entre les traitants, I, 70.-1625,
état du couiMierce, 1, 73. — 162S, liberté du commerce, I, 76.— 1628,
lieux de traite, 1, 70. — 1032, les intentions de Richelieu, 1, 160. —
1()45, partaj^éo avec \m habitants, I, 139, 188. — 1646, las Anglais à
la baie d'IIudson, 1,164.— 1(>47, arrêt, I, 175-^i. — 1650, projet d'un
traité de commerce avec la Nouvelle-Angleterre, 1, 145. — 1(>55, avec
les Iroquois, 1, 147.— Ki.55-1680, à Montréal, II, 147.-1660, on con-
RiMllodo former une compagnie pureinent canadienne, 1,152. — Voir
Cknt-As.socié.*î, CoMJ'AONiH UHs iN'Dh». — 1004, l'argout fait défaut;
baisse des lielleteries, 1, 170. — 1005, dans le Nonl et l'Ouest, I, 248.
166.5, opinion do Talon, I, 208.— lfi(J7, son imijortance, 1,213; II,
146. — 1670, sa situation, I, 217. — 1670-72, repri.so du commerce, I,
248. — Frontenac accu.sé de faire la traite. — Voir Du Iatii ; Dc-
CUHBNEAC. — 1074-1700, das colonies anglaises, II, 141, 142. — Ori-
gine des querelles avec les Anglais, I, 316. — 1677-8, sur l'Ontario,
I, 255.— 1077-80, les traitants sont jaloux de La Salle, I, 260.— 1077-
96, à la baio d'IIud.son, I, .364-71. — 1682, attirée par les Anglais, I,
235. — 168:î, sur le lac Michigan, I, 203. — 1083, cause de la guerro
avec les Anglais, I, 269. — 1684, les Iroquois traitent avec les An-
glais, I, 270.-1084, indemnité aux traitants pillés parles Iro<iuois,
I, 273, 274, 275. — 1085, dans l'Ouest, I, 277. — Congés de, II, 145-9,
164. — 1686, Anglais sur les lacs, I, 277, 279.— 1687, Anglais faits
inisonniors, I, 281-2. — 1688, Anglais et sauvages, I, 290. — 1690,
plus avantageuse chez les Anglais, I, 330, 332. — 1090, do l'Ouest,
1,329. — 1095, intentions du roi; las jM>.stas <le r(.)uest, I, 353. —
1096, à la baie d'Hu ' i: —'e avec la Nouvelle-
Angleterre, II, 3S. - Mires, II, 24. — 1700,
diminue, 11,62. — IT 1 ^c la Loui-
siane, II, 74. — 1717, , , . ... la région
des lacs et du MlK^is^pi, 11, 110, 111. — 1725, vente de» congés, II,
113.— 1731, avec \a Nord-Ouest. I' '?*» '"j» — ^'Ohio, II, 197.—
CCCXO INI)f:X ANAIYTIiilK
1750, .sur l'Oliio. II, 20:i — 1750, an Nonl-OnoRt, II, 132. — 17:.l, an
Haut St-LoniH, II, 204.— 1754, Hon iuijiortauco, II, 140.— 1754, dans
loNord-()ut*l, II, 152.
TRAITftdo 176:i, 111,265.
TllAITÉ DE ÏADOUHSAC avant 1670, 1, 220.
TUAITÉS DE PAIX.— Voir Paix.
TKAXCIIK{la), 111,174. '
TUEMHLEMENT DE TERRE, II, 124, 150, 109.
TRENTON, 111,19.
TRfcpftZÉE, 11,287.
TRINITÉ (haie de la), II, 37.
TROIS-RIVIÈRES («ouv^inuMuont). — 1020-1663, seignouriwi concé-
d^-^vs, 1, 171. — 10.'$'.), a<liiiiiiiKtrati(>n do la juKtico, I, 175. — Kief
on franc-allou, I, 173. — UMl, monuci' par Ion IrfxjuoiM, I, 131,
136. — 1044, luenac^ par les Irc^iuoi», I, 137. — 1045, iuiportanco du
poste, 1, 141. — 1045, on y si^no la paix, I, l'iH. — l»i52, inonacé par
les Iroquois, I, 140. — KiôH, menacé par les Iroquois, I, 14î<. — lf»07-
108!», Gaultier de Varennas >(ouverneur, II, 125. — HjiHi, mines de
for, I, !>0, 213. — 1082, son nouvernour à rassemblée do Quét)ec,
1,206. — lO'JO, «on gouverneur; .ses miliciens, 1, 33ii, :»44. — 1690,
expédition do Uortel, I, 328. — 1725, I^nivigny gouverneur, II,
114. — 1747, Vaudrouil major, II, 183. — Vaudreuil gouverneur,
II, 379. — 1752, incendie, II, 99. — 175'.», provisions pour Quéljec,
II, 335. — 1759, on y transiKjrte les vivres et les archives, II,
314. — 1759, refuge do la flotte française, II, 327. — 1759, miliciens
de ce lieu, II, 310, .324, 329, 338,— Ualdimand gouverneur, II, 397.
— Mines de fer, II, 153. — 1700, ré.sistance contre les Anglais, II,
373. — 1760, Burton gouverneur, II, 391. — 1701, régime militaire,
II, 392. — 17(>4, gouvernement aboli, II, 398 ; III, 77. — 1775, reste
neutre, II, 449. — 1775, occupé par les Américain.s, 11,451 ; III,
17.— 1789, peu i^euplé, III, 03.-1808, question des Juifs, III, 120.
— 1835, assemblée des libéraux, III, 323,
TROUBLES DE 1837-38.— Voir Ixsuerbctioîî.
TROUPES RÉGULIÈRES.— 1641, on en demande, I, 132.-1644,
on en demande do nouveau, 1, 138. — 1001, on en demande encore,
1, 152. — 1661, le roi ordonne l'envoi de 400 hommes, I, 15.3. — 1602,
il faut 3,000 bons .soldats, I, 158. — 1003-4, arriven>t avec M. de
Mésy, 1, 109, 170. — Régiment de Carignan. — 1652, dans la guerre
de la Fronde, I, ^^ " 664, guerre de Hongrie, I, 215. — 1665,
arrive de France, I, 205. — 1066, marche contre las Iroquois,
I, 210. — S Mats. — 1669, arrivent de France, I, 218. — Régiment
de Carignan. — lGti9, compagnies qui reviennent de France,
I, 214. — 1670, terres ao<;ordées aux soldats, I, 214, 316, 318.
DE L'HISTOIRE DU CANADA. CCCXCl
— Soldats qui deviennent colons, II, 101. — l<îS2, on demande
deux ou trois cents soldats, I, 207, 269. — 1684, arrivées de Frauto,
I, 274. — 1684, expédition contre les Iroquois, I, 273. — 168ô, arri-
vent de France, 1,275. — 1687, arrivent de France, 1,280, 281.—
1688, pour conquérir la Nouvelle-York, I, 21(1.— 1690, défense du
pays, I, 339. — 1690, nourrias par les haliitants, I, 345. — 1699, nou-
vellement arrivées, I, 174. — 17W», demandées i>ar le Canada, II,
23.— 1701-1 70<t, pas de renforts de Franco, II, 39.— 17(«», forces du
Canada, 11,46. — 1711, «1 -iiiandées en France, II, 44. — 1711, forces
do la colonie, II, 46 — 1714, état des troujxjs en Canada, II, 101). —
1717, au sujet des otliciers, II, 98. — 1721, à la Louisiane, II, 78. —
1730, à la Louisiane, II, 93, 94.— 1744, situation, II, 170.-1744, au
Cap-Breton, II, 171. — 1748, nécessaires chez les Illinois, II, 192. —
1751, rcmforts do France, II, 204. — 1752, réformes dans les. II, 206.
— 1753, apiKiléês do la Ix)uisiano, II, 207.-1754, envoyét* de
France, II, 211. — 1755-<), on en demande do France, II, 244. — 1755,
envoyées de France, II, 215. — 1755, situation, II, 221. — 1755, ja-
louses des milices, II, 236. — 1756, demandétw do Franco, II, 261.
1756, renfortsde France, II, 247. — 175r», jalouses des milicas, II, 259.
— 1756, chiffre total, II, 248. — 1757, projet du marénîhal de Bello-
Isle, II, 2()5. — 1757, envoyées de Franco, II, 262, 2<)8. — 1757, dis-
tribuées chez les habitants, II, 274. — 1757, leurs rapports avec les
habitants, II, 264.-1758, état dos troupes au Canada, II, 277-8,
30<t. — 1758, venues de F'rance, II, 277. — 1759, recrues de France,
11,308.-1759, état des, II, 311, ;W1.— 1759, bataille d'Abraham,
II, 340.— Trouiies an^lai.st« à C^uébec— 1759, II, 349.— 1759-60, en
(juartiers d'hiver, II, 348. — 1760, demandées par le Canada, II,
353-4. — 1760, éléments qui les composent, II, 357. — 1760, projet de
retraite sur le Détroit, II, 374. — 1760, 6'e»nbarquent pour la
France, II, 376.-1775, III, 2. — 1776, III, 17, 19, 65.-1777, III, 25.
— 1796, régiment canadien, III, 101. — Mourons, 111,180,192.—
1827, III, 2<M. — 1835, formation d'un corps de carabiniers, III,
324.-1837, volontaires, III, 341. — 1837, envoyées d'Angleterre, III,
332. — 1837, venues du Nouvoau-Brunswick, III, 335. — 1838, en-
voyées au Canada, III, 357. — Voir WArrEVi;.i,js, VoLTiGiii.Bii, Fkn-
ciHLHs, Milices.
TROYES (de), I, 365.
TSONNONTOUANS, I, 267, 270, 274.
TURCiEON (Mgr), III, 224.
TURTON, III, 359, 361-2.
TYNG, I, 337.
CCCXCU INDEX ANALYTIQUE
U
UCHÉES, I, 94.
ULLOA (.!•), 11,386.
ULTKAMONTAINKS (.lurtrim-h), il, 120.
UNIACKK (IJ.-J.)— 1H()<», nommé procureur K«''n<''ral, III, l'J2.— Sann
talout, III, 211. — 1«1H, 8on ojiinion Hur cortaiuH privilcjfw* ilu «on-
8oil K'giMlatif, III, 21U.— 1S2.'), iK.nnur iii-.^ III. 211, 212.
UNKiENITVS (bolle), 11,11''.
UNION DES (WNADAS (projnt).— IKlo, III, i:;7-5i. — ISU, III, \m.
— iSin, 111,224.— 1K2<», III, 221».— lK2a, III, 2:51».— is:'/), III, 2H7.--
ih:;4, III, :^.12.— is:5(), lll, :53n. — isns, m, ^.'xi, \vm, mw, :i74.— is:»
1840, m, î!ôl.— 1835», III, 370.-1840, III, 384.— 1841. II, 05.
UNITED-STATES {ta), IH, 168.
UNITKI) STATES IX)YALISTS, III, 48, GO, 80.
URJSINS (dos), II, "JO.
URSULINES, 11,121,366; 111,64,91.— Voir Qlébbc
VALCOUR, 111,19.
VAEÉKIEN (le Père). II, 119.
VALERO, II, 85.
VALUÈRES DE SAINT-RÉAL (Joseph-Rémi), III, 243, 252,262,
367.
VALRENNES (Philipiie-Clément du Vuault de), I, 325, 340.
VANFELSON, III, 211, 327, 321».
VANHORNE, III, 163.
VAN RENSSELAER, II, 133, 170; III, 164.
VANSCHAICK, III, 27.
VARENNES (seigneurie et village), II, 125, 373, 391; III, 18.
VARIN, II, 263, 381.
VARLET (Mgr), 1, 197.
VAUDREUIL (Philippe Rigaud,che\"aiier de,. — 1G77, .se di!«tingue à
la pri.-'P de Valemieniies, I, 280. — 1687, arrive de France avec des
troupes, I, 280. — 1689, commande à Lachine, I, 293.— Sa femme
DK L llISTUlItE DU CANADA. CCC'XCUI
II, 24, 97. — 1606, ravage les terres des Iroquois, I, 3ô4. — 1698, noin-
m6 au commandement do Montréal, I, 380. — 1702, marquis par
suite de la mort do son père. — 1703, envoie un parti contre Boston,
II, 27. — 1704, gouverneur général, II, 24. — 1704, prévient la ruj -
ture de la paix avec les sauvages, II, 25. — 1706, troubles du
Détroit, II, 26-27.— 1714, va en France, II, 97.— 1716, neutrali»<e les
Iroquois; encourage le commerce, 11,97-8. — 1716-1725, bienfaits
de son administration, II, 98, 101, 114. — 1721, fait construire des
forts aux frontières, 11,111. — 1722, grand-croix de Saint-Louis,
II, 114. — 1725, les Anglais veulent faire la paixavec les Ab^'nacjnis,
II, 107-8. — 1725, son dt'cès, II, 113, 114. — Ses talents ; son carac-
tère, I, 380; II, 24-5, 97, 114, 212.
VAUDREUIL-CAVACiNAL (Pierro-Franvois), tils du précédent, né
et élevé en Canada, II, 212, 380. — 1721, délégué chez les Irotjuois,
II, 111. — 1742, gouverneur do la Louisiane, II, 212, 379. — 1746,
prend le fort Massachusetts, II, 18:*. — 1748, devient marquis.
— 1755, arrive de Franco; nommé gouverneur général, II, 212.
— 1755,re^'u en Canada avw enthousiasme, 11,212. — 17.55, alliance
avec les Iroquois, II, 252. — 1755-56, prépare la prise d'Oswégo, II,
222, 252-8. — 1758, son jilau de campagne, II, 2K6. — Vend ses pro-
priétés de la Ixiuisiane, II, 379.— 1759, au siège de Québec, II, 329,
343, 344, 345.— Démêlés avec Montcalm, II, 259, 275, 302, 305, 306,
329, 343, 378, 379. — 1759, transfère le gouvernement à Montréal,
II, 348, 357, 375. — Ixmange les milices canadiennas, II, 359, ,380. —
Kend hommage aux Canadiens, II, 376. — 1760, i)art pour la
France; son procès, II, 376, 379.— Ses services, II, 379. — 17<>4, son
décè8,II, 380.— 1775, sa famille eu France, II, 370.— Voir CAVACiNAU
VAUDREUIL (Rigaud de), frère de Vaudreuil-Cavagnal. — 1756, à
la prise d'Oswégo, II, 255, 2.56, 343.— 1757, marche contre William-
llonry, II, 267. — Son caractère, II, 343.
VAUDREUIL (le comte Ix)uis-Philipiie Rigaud de), frère de Vau-
dreuil-Cavagnal.— 1747, commande un navire de guerre, II, 186.
VAUDREUIL (amiral, comte de), fils de Vaudreuil-Cavagnal.—
1778-1782, sort aux États-Unis; conquiert le Sénégal, II, 394.
VAUDREUIL (comté de), III, 297.
VAUGHAN, II, 174.
VAUQUELÏN, II, 316, ^58, 309.
VENANGO, II, 332, 406.
VENDOME, I, 373 ; II, 40, 83.
VENDREDI SA INT (le). H, 4r.
VENTADOl'R uluc de — J^' ■ . .i.i... ...
VEEA-CRUZ, II, 72.
CCCXCIV INDKX ANAl^YTIyL'E
VKKAZZANI, 1,15,10.
VE!«H(':HKS (Mello do), I, 331.
VKK(*Ilf:i:ES (M. <le), 11,29.
VEiailiXNES (do), m, 22, 25.
VKU(i()U, II, 222-4, 33(J.
VI«:UMILL()X, 11,152.
VKUT(iaf.), II, 140.
^'KUTE (bain) ou dos Puant».— 1634, Jean Nic-olet y pasue, I, 244.—
1()7;î, vif-ito (lu IWo ManjiioltB, I, 253. -Hi71», viHÎto do La Salle. I,
257. — KîSO, vifiit<''« par Ili'nnopin, I, 25i). — ItWiO, altU(|U('o par
las Ir(M|U<)ix, I, 27!t. — 1745», fort rolové i>ar lo» Franvais, II, 1U7. —
Voir Ui;s.M:r)8 (rivière des).
VESl'UCE.— Voir Amérique.
VIOTCH, II,:W,43.
YR'K-liolS et lioutenants-;rt''néraux. — Voir, Rohhrvai., L.* Rochb,
Chauvin, Ciiattkh, M«)Nts , Soisso.vs , CoNoi, 3Iontuobbncy ,
Vhntaixu-r, RiniKMBr, Tract.
VICTORIA (la ruine), III, 335, 35».
VlKL(loPèro), I,C!>.
VIENNE(la), II, 230.
VIEUX-PONT (le Père).— 1G29, au Cap-Breton, I, 81.
VKiEll (Donis-Bonjamin). — 1810, mis on ('•tat d'arrestation, III,
134. — 1812, enquête contre Crai^,', III, 150. •- 1827, déléuné à Ixjn-
dres, III, 263, 281. — 1830, nommé au conseil législatif, III, 285. —
1831, retourne à Londres, III, 286, 287, 299, 308.— 18.35, interropé à
la chambre des communes, III, 313. — 1835, lord Gosford l'invite
t\ dîner, III, 32.3.
VIGER (Louis-Michel), III, 339.
VILIXVILLE, II, 85, 86.
VILLEBON, I, 330, 337, 352, 358-9 ; II, 30.
VILLEGAGXON, 1, 31.
VILLERAY (de), I, 201-3 ; II, 222-4, 231, 394.
VILLERMAULA (de), 1, 197.
VILLIERS, II, 204, 208, 253, 255, 271. —Voir CocLOX, Jdmokvillh.
VILLIERS (de), I, 350.
VDIONT (le Père), I, 81.
VINCENT (général), III, 176-8.
VINDICATOR {The), III, 293, 315, 342.
VINS, II, 142, 159, 160.
DE I.'hISTOIUIî du CANADA. CCCXCV
VIRGINIE (la).— 1587, les Anglais tentent do s'y t'tablir, 1,42.— De
IGUU à 1650, I, 299. — 1()H4, les sauvages font la paix avec las Iro
quois, I, 272. — 1700, huguenots, II, 12. — 1702, plan de ram pagne de
d'Iberville, II, 15. — 1700, d'Ibervillo projette une attaque, II, 15.
— 1713. on y amène des prisonniers do l'Acadie, I, 53. — 1716, les
Anglais traitent chez les Natchez, II, 7.3. — 1716, les Anglais pro-
posent d'aolioter les droits des sauvages, II, 191. — 1748, compa-
gnie anglaise de l'Oliio, II, 191. — 17.")I5, Dinwiddio jirotesto contre
l'occupation des Franvais, II, 207. — 1754, milices, II, 207. — 1755,
bataille de la Monongah^'la, II, 234. — 1756, Loudoun gouverneur,
n, 249. — 1756, incursions des Canadiens, If, 260. — 175H, milices,
11,297. — 17(>5, conspiration do l'ontiac, II, 406. — 1765, acte du
timbre, II, 428. — 1780, armée anglaise, III, 46.
VISITE (droit de), III, 198-9.
VITRÉ (Donys de), II, 319.
VOIRIE.— Voir Roiths.
VOLONTAIRES de 1837, III, 341.
VOLTAIRE, 11,388.
VOLTIGEURS, III, 179, lSl-2.
VOYAGEURS CANADIENS, II, 222.
VOYER.— Voir d'Argensox.
f
w
WADDERBURNE. III, 21.
WAKEFIELD (E.-G.), III, 360-61.
WALCHEREN, III, 181.
WALDRON, I, 337.
WALKER (l'amiral sir Ilovonden). — 1711, arrive d'Angleterre, II,
45.— 1711, devant Port-Royal, II, 44. — 1711, se dirige sur Qnt^bec,
II, 46. — 1711, entre dans le St-Laurent, 11,47. — 1711, désastre de
sa flotte, II, 48.
WALKER (M.) — 1834, III, 314. — 1839, vote l'union des Canadas,
III, 377.
WALKER (Tb( "4, marchand de Montréal; annexion*
niste, II, 417,'-.
WALLER (joumaligte), lU, .
WALLEY, I, 342
WALPOLE, II,-
LCCXCVl IM)KX ANALYTIQUE
WAKBUKTON, III, 22, 271, 364, 36ti.
WARNEU, 11,444.
WAliREN, II, 174,181,1H4.
WASHINGTON ((itMif^'c)-— 1753» commande lee milices de la Vir-
ginie, I, 97. — 1754, coininaiulo do8 troupe» dan» l'Oliio, II, 207. —
1754, au fort do la Xé(o».sité, II, 208, 2:i5. — 1 7r)6, bataille delà
Mononj^alu'la, II, 2:11, 2:i4. — 1750, battu à Ai»Ujni<'-, II, 259. — \75H,
craiiu l'iovasion «lo la Virjrinie, II, 2f50. — 1757, rommando danit
1«» Ai>ala<-li«», II, 2<>fi. — 1758, niilicoh do la Vir;îinio ilan8 l'Oliio,
II, 2'.»7. — 1775, coniniando on (•lH^f l'ariut'u continontulo, II, 445. —
TAcbe d'intim-nccr U« ('anadii^nn, III, 119. — 1770, «iivoin di« trou-
IK'« on Canada, III, 10. — 177H, victoiroH do Trt<nton t^t do Stony-
Itrook, III, lit.— 1781, u-roh IVim'o do lord Cornwallis. III. 40.
IV A8PS(U), m, 1G7.
WATTBVILLK ot «on n'^rimcnt, III, 180, 183.
WEBB, 11,250, •_'.58, 27(1.
WEDDERBURNK, II, 411, 41;î.
WEI.LINCiTON (<lnc do).— 18:î1, »'oppo.<«o à la li«tonvil€ du Canada,
m, 200. — 1838, rocoininando la clrujonre onvorx le« inMiry^s ca-
nadiens, III, 3.54. — 18:'.9. condamna la mesure «le lord Durban»,
III, 362, 308.— 1840^-ouibat l'acto d'Union, III, 379.
WELLS, II, 27. \
WE TUER A LL. 111,342.
WllEELER, I, 352.
WHITCIIER, 111,325.
WHITEBREAD, III, 140.
WllITEIIALL, 11,242.
WILBERf ORCE, III, 69.
WII>IvINSON, m, 178,183, 187, 192.
WILLIAM-IIENRY (fort).~1755, camp du lac St-Sacrcment qui
reçoit ce nom, II, 242. — 1757, Montcalm se projx)se de l'attaquer,
11,267. — 1757, les troupe.s françaises s'en approcbent, II, 268,—
1757, pris par les Français, II, 269-73, 343. — 1759, les Anglais élè-
vent le fort George dans son voisinage; Amherst y arrive, II,
330.
WILLIAMS. — 1775, marchand de Québec, annexionniste, II, 453.
WILLIAMS (colonel).— 1755, au fort Edouard, II, 237, 240.
WILLIAMS (général).— 1787, s'exprime sur les lois seigneuriales,
III, 61.
WILLLAMS (Jenkin). — 1784, greffier du conseil; député en An-
1)1-, I, Illr-inJi;!-. Ol t.\.NAL»A. CCCXCVll
gletono, 111,04.-1810, membro du conseil; affaire du Camidiai,
lU, 133.
WILLIA>LS (l'amiral).— 1692, canonne Plaisance, I, 361.
WILLIAMSON, II, 40G.
WILMOT, III, 241, 24H. 271, :«0.
WIL.SON, III, 208.
WINCIIKSTER, II, L'(i(i; 111, 171.
WIXDEK. II, 177.
WINDSOR, m, 3()(i.
WINSLOW (colonel). — 1755, opt-ro contre l'Acadio, 11, 223. — 17.jô,
à Grand-Pré, II,22S.
AVIN.SLOW (Edward), premier colon marie dans la NouvuHo-
An;,'!itorn>, I, 130.
WINSLOW (général). — 17r)0, sur la route du lac Champlaiu, à
Oswé^o, II, 258.
WINTHKOP, I, 1(52, 3:i4, 3.38.
WISCONSIN.— Voir OriscoNsiK.
WOLFE (général .laine»). — Son caractère; ses talents, 11,318.-1758,
s'oinparo do Louisbourg, II, 282-3, 310, 318. — 17511, .se projwso d'ou-
trer dans loSaint-I.aurent, II, 310. — 175î>, proclamation aux Ca-
nadiens, II, 310. — 1750, donne ordre de bombartler Québec, II,
320. — 1 759, ravage les campagnes au-dessous de Québec, II, 321,
— 1759, bataille de Montmorency, II, 3244>. — 1759, malade, II,
327.— 1759, découragé, II, 327. — 1759, t^scalade le Foulon, II, 336.
— 1759, bataille d'Abraham, II, 339. — 1759, tué, II, 339. — 1760,
honneurs rendus à sa mémoire, II, 352.
WtK)STER, III, 15.
WORTII, III, 366.
X
XAINTOXGE (, Alphonse).— Voyage au nord, I, 242.
YAMASKA, I, 350.
YASOUS, II, 83, 92.
YELLOW-STONE, II, 130.
CCCXCVm INDEX ANALYTIQUE
YEO (8ir James), III, 173, 177-8, 194, 2m.
YORK. — l«iOO, villo <1« la Nouvello-Anglelerro iiciniit^i j-;it
(lieiiH, I, '.'A'i, 3.3!».— Voir Toronto.
YOKKK(M.), I1,4()H, 415.
YOHKTOWN, III, 4<;.
YOUNG (John), III, 101, 106, 133.
YUCATAN,I,8.
riN nr. i/indhx AXAi.YTiQrE.
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