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Full text of "Histoire du Canada, depuis sa découverte jusqu'à nos jours;"

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HISTOIRE 

DU  CANADA 


HISTOIRE 


DU 


CANADA 


DEPUIS  SA  DÉCOUVERTE  JUSQU'A  NOS  JOURS 


PAB 


F.-X   GARNKAU 


QUATRIÈME  ÉDITION 

V       1  ?HH  H     3 


Notice  biographique  par  M.  Chauvbau  et  Table  analytique 

ENJ.  Sl'lte,  précédéeë  do  Notre 

poéiiie  de  M.  Locifi  FHÈcuKrta 


yvAt  M.  Bknj.  Sl'lte,  précédéeë  do  Notre  Hist04r«  Çl        >   .^       q 


MONTREAL 

C  O.  BEAUCHEMIN&  FILS,  Libkaires-Imprimeurs 
256  et  258,  rue  Saint-Paul 

1883 


NOTRE  HISTOIRE 


A  LA  MlblOIIlK  DE  F.X.  (JARXEAU 


O  noln»  Histoire,  <^crin  de  perles  ignorées, 
Je  baiso  avec  amour  tes  pages  véuérée»  I 

O  registre  immortel,  poème  éblouissant 

Que  la  France  écrivit  du  plus  pur  de  son  sang. 

Drame  ininterrompu,  bulletins  pittoresquoi>, 

De  hauts  faits  surhumains  récit«  chevaleresques. 

Annales  de  géants,  archives  où  l'on  voit, 

A  chacun  des  feuillets  qui  tournent  sous  le  doigt, 

Resplendir  d'un  éclat  sévère  ou  sympathique 

Quelque  nom  de  héros  ou  d'héroïne  antique  ! 

Oii  l'on  voit  s'embrasser  et  se  donner  la  main 

Les  vaillants  de  la  veille  et  ceux  du  lendemain; 

Où  le  glaive  et  la  croix,  la  charrue  et  le  livre, 

—  Tout  ce  qui  fonde  joint  à  tout  ce  qui  délivre, — 

Brillent,  vivant  trophée  où  l'on  croit  voir  s'unir 

Aux  gloires  d'autrefois  celles  de  l'avenir  ! 


NOTRE    HISTOIRE 

Lesgloiros  d'autrefois,  comme  elles  sont  Hernines 
Et  pures  devant  vous,  vertus  coutomporainos  1^ 


Chênes  au  front  pensif,  grands  pins  mystérieux, 

Vieux  troncs  penchés  au  bord  des  torrontj»  furieux, 

Dans  votre  rêverie  éternelle  et  hautaine, 

Songez- vous  quelquefois  à  l'époque  lointaine 

Oii  le  sauvage  écho  des  déserts  canadiens 

Ne  connaissait  encor  que  la  voix  des  Indiens, 

Dans  le  creux  des  ravins  ou  sur  les  sommets  chauves, 

Mêlant  leur  chant  de  guerre  au  hurlement  des  fauve»? 

Parfois,  au  bruit  des  flots,  quand  les  vents  assidu* 

Balancent  dans  la  nuit  vos  longs  bras  éperdus, 

Songez- vous  à  ces  temps  glorieux  où  nos  pères 

Domptaient  la  barbarie  au  fond  de  ses  repaires  ? 

Quand,  épris  d'un  seul  but,  le  cœur  plein  d'un  seul  voeu, 

Ils  passaient  sous  votre  ombre  en  criant  :  Dieu  le  veut  J 

Défrichaient  la  forêt,  créaient  de»  métropoles. 

Et,  le  soir,  réunis  sous  vos  vastes  coupoles 

Toujours  préoccupés  de  colossals  travaux, 

Soufflaient  dans  leurs  clairons  l'esprit  des  jours  nouvt«ux  7 


Oui,  sans  doute  ;  témoins  vivaces  d'un  autre  âge, 
Vous  avez  survécu  tout  seuls  au  grand  naufrage 
Où  les  hommes  se  sont  l'un  sur  l'autre  engloutis  ; 
Et,  sans  souci  du  temps  qui  brise  les  petits, 
Votre  ramure,  aux  coups  des  siècles  échappée, 
A  tous  les  vents  du  ciel  chante  notre  épopée  1 


Notre  épopée  !  où  donc  chercher  sous  le  soleil 
D'exploits  prodigieux  enchaînement  pareil  ? 
Dans  quelle  autre  légende  humaine  trouverais-je 
De  modestes  héros  plus  glorieux  cortège  ? 
Salut  d'abord  à  toi,  Cartier,  hardi  marin, 
Qui  le  premier  foulas  de  ton  pas  souverain 


NOTRE   HISTOIRE 

Les  bords  inexpIoréB  de  notre  immense  fleuve  1 
Salut  à  toi,  Champlain  !  à  toi ,  de  Maisonneuve, 
Illustres  fondateurs  des  deux  fières  cités 
Qui  mirent  dans  ses  flots  leurs  rivales  beautés!^ 
Ce  ne  fut  tout  d'abord  qu'un  groupe,  une  poignée 
De  Bretons  brandissant  le  sabre  et  la  cojrui'e, 
Vieux  loups  de  mer  bronzés  au  vent  de  Siiint-Malo. 
Bercés  depuis  l'enfance  entre  le  ciel  et  l'eau, 
Hommes  de  for,  altiors  de  cœur  et  de  stature, 
Ils  ont,  sous  l'œil  do  Dieu,  fait  voile  à  l'aventure. 
Cherchant,  dans  les  secrets  de  l'Océan  brumeux. 
Non  pas  les  bords  dorés  d'eldoradoH  fameux, 
Mais  un  sol  où  planter,  signes  de  délivrance, 
A  côté  de  la  croix,  le  drai^eau  de  la  France  I 


Sur  leurs  traces,  bientôt,  de  robustes  colons, 
Poitevins  à  l'œil  noir.  Normands  aux  cheveux  blonds, 
Aust<ires  travailleurs  de  la  sainte  corvée, 
Viennent  otirir  leurs  bras  à  l'œuvre  inachevée... 
Le  mot  d'ordre  est  le  même  ;  et  ces  nouveaux  venus 
AflVontent  à  leur  tour  les  dangers  inconnus. 
Avec  des  dévoûments  qui  tiennent  du  prodige. 
Ils  ne  comptent  jamais  les  obstacles;  que  dis-je? 
Ils  semblent  en  cliercher  qu'ils  ne  rencoutn^nt  pas. 
En  vain  d'aflreux  périls  naissent-ils  sous  leurs  pas, 
Vainement  autour  d'eux  chaque  élément  cunspiro 
Ces  enfants  du  sillon  fonderont  un  empire  1 


Et  puis,  domptant  les  flots  des  grands  lacs  orageux, 
Franchissant  la  savane  et  ses  marais  fangeux, 
Pénétrant  jusqu'au  fond  des  forêts  centenaires. 
Voici  nos  découvreurs  et  nos  missionnaires! 
Apôtres  de  la  France  et  pionniers  de  Dieu, 
Après  avoir  aux  bruits  du  monde  dit  adieu. 


10  NOTRE    HISTOIRE 

Jusqu'aux  confins  perdus  de  l'Occident  iinmenaa^ 
Ils  vont  de  l'avenir  jeter  l'âpre  semence, 
Et  iMjrtor,  messagers  des  ^-ternuls  décrets, 
Au  bout  de  l'univers  le  flambeau  du  progrès  i 


Appuyé  sur  son  arc,  en  son  flegme  farouche, 
L'enfant  de  la  for^t,  l'amertume  à  la  bouche, 
Un  éclair  fauve  au  fond  de  S(3S  regards  perçants, 
En  voyant  défiler  ces  étranges  passants, 
Embusqué  dans  les  bois  ou  carajjé  sur  las  grèves, 
Songe  aux  esprits  géants  qu'il  a  vus  dans  ses  réveat 
Pour  la  première  fois  il  tressaille,  il  a  peur... 
Il  va  sortir  pourtant  de  ce  calme  trompeur; 
Il  bondira  poussant  au  loin  son  cri  de  guerre^ 
Défendra  pied  à  pied  son  sol  vierge  naguère, 
Et,  féroce,  sanglant,  tomahawk  à  la  main. 
Aux  pas  civilisés  barrera  le  chemin  1 

Bien  plus  :  prêtes  toujours  à  s'égorger  entre  ellM. 

Et  trouvant  l'ancien  monde  étroit  dans  leurs  quereUen, 

Pour  donner  à  leur  haine  un  plus  vaste  champ  cloè, 

Les  vieilles  nations  ont  traversé  les  flots. 

Albion,  de  la  Gaule  éternelle  rivale, 

Albion  contre  nous  s'allie  au  cannibale. 

Et,  durant  tout  un  siècle,  ô  mon  noble  pays, 

Veut  ravir  la  victoire  à  tes  destins  trîthis  I 


N'importe  !  sur  la  vague,  au  fond  des  gorges  sombres, 
Par  les  gués,  sous  les  bois,  jusque  sur  les  décombres 
Des  villages  surpris,  combattant  corps  à  corps. 
Avec  la  solitude  et  le  ciel  pour  décors, 
Mêlant,  prêtre  ou  soldat  qu'un  même  but  attire, 
Les  lauriers  de  la  gloire  aux  palmes  du  martyre. 
Le  bataillon  est  là,  toujours  ardent  et  fier  ! 
Et,  jaloux  aujourd'hui  des  prouesses  d'hier, 


NOTRE   HISTOIRE  11 

Il  ne  veut  s'arrêter  dans  sa  lutte  immortelle 
Qu'au  jour  où  le  drapeau  de  la  France  nouvelle 
Flottera  libre  et  calme,  étalant  dans  ses  plis 
Le  légitime  orgueil  des  saints  devoirs  remplis. 


Mais  le  nombre  devait  triompher  du  couraga 

Un  roi  lâche,  instrument  d'un  plus  lâche  entourage, 

Satyre  au  Parc-aux-Cerfe,  esclave  au  Trianon, 

Plongé  dans  les  horreurs  de  débauches  sans  nom, 

Au  gré  des  Pumpadours  jouant  comme  un  atome 

Le  sang  de  ses  soldats  et  l'honneur  du  royaume, 

De  nos  héros  mourants  n'entendit  pas  la  voix. 

Montcalm,  hélas  !  vaincu  pour  la  |»remière  fois. 

Tombe  au  champ  du  combat,  drapé  dans  sa  bannière; 

Lévis,  dernier  lutteur  de  la  lutte  dernière. 

Arrache  encor,  vengeant  la  France  et  sa  fierté, 

Un  suprême  triomphe  à  la  fatalité  ! 

Puis  ce  fut  tout  Au  front  de  nos  tours  chancelantes 

L'étranger  artxtra  ses  couleurs  insolentes  ; 

Et  notre  vieux  drapeau,  trempé  de  pleurs  amera, 

Ferma  sou  aile  blanche...  et  repassa  les  mersl 


L'enfant  avait  donné  tout  son  sans  goutte  à  ^iitte  : 
On  lui  fit  du  calvaire  alors  prendre  la  route. 
Trompée  en  son  amour,  blt>ssée  en  son  orgueil, 
La  pauvre  nation,  sous  son  voile  de  deuil, 
Les  yeux  toujours  tourné*  vers  la  France  envolée, 
ierça  de  souvenirs  son  âme  inconsolée. 


Il  lui  fallut  vider  la  coupe  des  douleurs... 

Comme  aux  jours  du  succès,  noble  dans  ses  malheurs, 

Elle  i>leura  longtemps,  victime  résignée. 

Mais,  un  jour,  on  la  vit  se  roidir  indij^née, 

Et  défier  soudain  du  geste  et  de  la  voix 

Les  tyrans  acharnés  aux  lambeaux  de  ses  droits. 


12  NOTRE    HISTOIRE 

La  liilte,  qu'ils  croyaient  à  jamais  conjurée^ 

Renaissait  plus  terrible  et  plus  désespérée: 

Il  fallait  renier  la  Franco,  on  bien  mouriri 

Alors,  las  do  porter  le  joug  et  de  souffrir, 

Ces  nides  paysans,  les  yeux  brûlés  de  larmos, 

Ces  opprimés,  sans  cliofs,  sans  ressources,  sanK  armes, 

Osèrent,  au  grand  jour,  pour  un  combat  mortel, 

Jeter  à  l'Angleterre  un  sublime  cartel  !... 


O  Dieu,  vous  qui  jugez  et  réglez  toutes  chose», 
Vous  qui  devez  bénir  toutes  les  saintes  causes, 
Pourquoi  permîtos-vous,  sinistre  dénoûment, 
Après  cette  victoire  un  tel  écrasement? 
Après  cette  aube  vivo  un  lendemain  si  sombre? 
Après  ce  rêve,  hélas  !  tout  cet  espoir  qui  sombre  ? 
Tant  do  sang  répandu,  tant  d'innocents  punis  ? 
Pourquoi  tant  d'écbafauds  ?  pourquoi  tant  de  bannis  ? 


Pourquoi  ?...  Mais  n'est-ce  pas  la  destiné>e  humaine? 
N'est-ce  pas  là  toujours  l'étemel  phénomène 
Qui  veut  que  tout  s'enfante  et  vienne  dans  les  pleurs  ? 
Le  froment  naît  du  sol  qu'on  déchire  ;  les  fleurs 
Les  plus  douces  peut-être  éclosont  sur  les  tombes  ; 
L'Eglise  a  pris  racine  au  fond  des  catacombes  : 
Pas  une  œuvre  où  le  doigt  divin  s'est  fait  sentir, 
Qui  n'ait  un  peu  germé  dans  le  sang  d'un  martyr  1 

Nos  franchises,  à  nous,  ^^ennent  du  sang  des  nôtres. 

Oui,  ces  persécutés  ont  été  des  apôtres. 

Quoique  vaincus,  ces  preux  ont  pour  toujours  planté 

Sur  notre  jeune  sol  ton  arbre,  ô  Liberté  I 

Ils  furent  les  soldats  de  nos  droits  légitimes  ; 

Et,  morts  pour  leur  pays,  ces  hommes  —  les  victimes 

De  ces  longs  jours  de  deuil  pour  nous  déjà  lointains — 

Ont  gagné  notre  cause  et  scellé  nos  destins  1. 


NOTRE    HISTOIRE  13 

Et  maintenant,  cinglant  vers  la  rive  nouvelle, 
Voyez  bondir  là-bas  la  blanche  caravelle, 
Toujours  le  pavillon  de  France  à  son  grand  mât  I 
Elle  navigue  enfin  sous  un  plus  doux  climat; 
Une  brise  attiédie  enfle  toutes  ses  voiles  ; 
A  sa  proue  un  flot  clair  jaillit,  gerbe  d'étoiles  ; 
Les  reflets  du  printemps  argentent  ses  huniers; 
Sur  sa  poupe,  au  soleil,  paisibles  timoniers, 
—  Car  la  concorde  enfin  a  complété  son  œuvre,— 
Consultant  l'horizon,  veillant  à  la  manœuvre, 
Se  prêtent  tour  à  tour  un  cordial  appui 
Les  ennemis  d'hier,  les  frères  d'aujourd'hui  ! 
Deux  vaisseaux  de  haut  bord  à  la  vaste  carène, 
Promenant  sous  les  cieux  leur  majesté  serwine. 
Avec  son  équipage  échangent,  solennels, 
De  moments  en  moments  des  signaux  fraternels. 
Du  haut  de  la  vigie  un  mousse  a  crié  :  Terre  / 
Et,  sous  les  étendards  de  France  et  d'Angleterre, 
Fiers  d'un  double  blason  que  rien  ne  peut  ternir, 
\'o8  marins  jettent  l'ancre  au  port  de  l'avenir  ! 


ENVOI 


£t  toi,  Garneau,  salut  !  Salut  à  ta  mémoire, 
Fidèle  historien  île  toute  cette  gloire  ! 
Poète  enthousiaste  et  modeste  érudit. 
Au-dessus  de  ce  cadre  immense  et  poétique. 
Ainsi  qu'un  médaillon  antique 
Ton  mâle  profil  resplendit  ! 


14  NOTRE   RtBTOtRB 

Tu  chantes  nos  exploits  ;  nos  h<'-ro8  tu  les  compte», 
Avec  quel  Bontimont  d'orgueil  tu  nous  riu.-outes 
Le  passé  de  ce  peuple  héroïque  et  chrétien  ! 
Mais,  parmi  les  grands  nonjs  exhumés  par  ta  plum^ 
Il  eu  manque  un  dans  ton  volume, 
Et  ce  nom,  Gameau,  c'est  le  tiea  1 


Eh  bien,  nous  l'y  mettrons,  nous,  tes  humblee  dÎBcipleBl 
Ton  génie  a  tressé  des  couronnes  multiples 
Pour  tous  nos  Marins  et  pour  tous  nos  Gâtons  : 
Nous  voulons,  —  droit  sacré,  dettes  nationales  1  — 

Que  ton  nom  vive  en  nos  annales, 

Et  brille  sur  tous  nos  frontons  I 

I-ouis  FRicBvnm, 


Montréal,  mai  1883. 


FRANÇOIS-XAVIER  GARNEAU 

SA  VIE  ET  SES  (EmTlES 


Enregistré,  conformément  à  l'acte  du  i>arlement  du  Canada,  pat 
l'honorable  Pibrrb-J. -0.  Chauvbac,  au  bureau  du  ministre  d» 
rAgriculture,  à  Ottawa,  en  1883. 


FRANÇOIS-XAVIER  GARNEAU 

SA    VIE    ET    SES    ŒUVRES. 


Les  années  qui  virent  s'accomplir  Tunion  législative  du 
Haut  et  du  Bas-Canada  furent  une  époque  cruelle  dans 
notre  histoire.  Elle  lut  diilicile  à  traverser  pour  les  cœurg 
généreux,  pour  les  esprits  imbus  d'idées  patriotiques. 

Les  Canadiens-Français  avaient  été  vaincus  dans  une 
lutte  d'autant  plus  déplorable  qu'il  leur  avait  été  imposBi- 
ble  d'y  donner  toute  la  mesure  de  leurs  forces  ;  nous 
étions,  pour  ])it'n  diro.  au  b'iub'inMÎu  d'une  '-('coiitlt'  coi.. 
quête. 

De  sauvagcri  vengeuncc^,  de^s  actes  arbitraire*,  une  k'gi.s- 
lation  exceptionnelle  avaient  préparé  les  rigueurs  de  la 
nouvelle  constitution  ;  ni  les  protestations  et  les  remon- 
trances du  clergé  catholique,  qui  par  ses  prédications 
venait,  comme  en  1775  et  en  1812,  de  conserver  le  Canada 
j\  l'Angleterre,  ni  l'opposition  do  plusieurs  de  nos  hommes 
publics  qui  s'étaient  tenus  éloignés  du  mouvement  insur- 
rectionnel et  qui,  pour  cette  raison,  ainsi  que  le  clergé 
auraient  dû  jouir  de  quelque  crédit,  ni  les  voix  éloquentes 
du  duc  de  Wellington,  de  lord  Ellenborough,  d'OX'onnell, 
de  lord  Gosford,  de  Hume,  de  Roebuck  dans  le  parlement 
anglais,  rien  de  tout  cela  ne  but  empêcher  le  succès  des 
complots  ourdis  contre  notre  autonomie  sociale  et  poli- 
tique. 

Tandis  que  le  Haut-Canada  avait  eu  son  insurrection, 
presqu'aussi  formidable  et  bien  moins  excusable  que  la 
nôtre,  cette  province,  alors  moins  importante  que  le  Bas- 
Canada,  fut  seule  consultée,  et  les  deux  partis  qui  se  dis- 
putaient le  pouvoir  rivalisèrent  d'injustice  à  notre  égard. 
Si  le  parlement  britannique  avait  écouté  les  modestes 
demandes    du    Haut -Canada    et    celles    de    l'oligarchie 


Vi  FRANÇOIS- XAVIER  GAKNEAU, 

anglaise  du  Bas-Canada,  les  Canadiens-Français  auraient 
tt6  réduits  à  un  état  d'ilotisme  politiciue  ;  mais  le  projet 
de  lord  Durham,  modifié  par  M.  Poulett  Thompson  aprèfl 
consultation  avec  le  parlement  de  Toronto,  établissait 
encore  une  assez  grande  difïérence  entre  les  deux  races 
pour  que  l'on  sentît  A  chaque  page  de  la  nouvelle  consti- 
tution, que  l'épée  de  Brennus  pesait  de  tout  son  poids 
dans  la  balance,  pour  que  l'on  entendît  retentir  comme 
un  écho  du  fatal  vk  rictÎH  ! 

Ce  qui  était  i\  redouter,  c'était  surtout  l'effet  moral  pro- 
duit par  la  proscription  de  notre  langue  comme  langue 
olîk'ielle,  et  par  les  autres  dispositions  injustes  du  nou- 
veau statut  impérial. 

L'arrogance  de  la  faction  oligarchique  était  plus  grande 
que  jamais;  en  présence  de  ses  jubilations  il  y  avait  à 
craindre  un  profond  découragement.  Ceux  qui  parmi 
nous  avaient  abjuré  leur  nationalité,  ceux  qui  do  tout 
temps  avaient  méprisé  leurs  compatriotes,  crurent  que 
tout  était  fini  ;  ils  triomphèrent  d'autant  plus  qu'ils  espé- 
raient, comme  le  font  toujours  les  transfuges,  voir  cesser 
leurs  craintes  et  leurs  remords,  avec  l'anéantissement  de 
la  cause  qu'ils  avaient  trahie. 

La  prison,  l'échafaud,  l'exil  avaient  fait  leur  œuvre  ; 
beaucoup  d'anciens  patriotes  avaient  disparu  ;  d'autres 
renonçaient  i\  la  vie  publique  ;  d'autres  enfin  luttaient  en 
vain  contre  la  corruption,  la  violence  et  l'effet  de  circons- 
criptions électorales  établies  d'une  manière  tout  à  fait 
arbitraire. 

Le  seul  fait  de  l'union  des  Canadas  en  nous  mettant  en 
minorité  dans  la  nouvelle  province,  lorsque  nous  avions 
déjà  été  si  peu  nos  maîtres  sous  l'ancien  régime,  quoique 
formant  une  imposante  majorité,  aurait  suflS  pour  ébran- 
ler bien  des  courages,  modifier  bien  des  convictions. 

On  ignorait  alors  ce  que  ferait  pour  nous,  plus  tard,  le 
véritable  gouvernement  constitutionnel,  qu'il  fallut  bien 
accorder  aux  exigences  du  parti  réformiste  du  Haut- 
Canada. 

Mais  en  dehors  de  la  politique  la  question  nationale  se 
joosait  plus  redoutable  que  jamais.   Ce  n'était  plus  seule- 


SA    VIK    KT   SES  ŒUVRK.S.  Vil 

ment  avec  inqui^-tude,  c'était  avec  une  grande  crainte, 
c'était  pres(|u'avec  désespoir  que  l'on  fg  demandait  ce  qui 
allait  advenir  de  tout  ce  qui  nous  était  cher.  Quelques- 
uns  disaient  tout  haut  que  l'on  ne  pouvait  plus  être  rien 
dans  ce  pays  à  moins  de  se  faire  anglais ...  d'autres  ajou- 
taient à  demi  voix  :  et  'protestant. 

Les  gens  qui  voulaient  décorer  leur  lAcheté  d'un  prétexte 
demandaient  que  l'on  considén\t  la  question  au  point  de 
vue  pratiipie  ;  ils  déclaraient  qu'il  était  inutile  de  se  faire 
illusion,  qu'il  valait  mieux  envisager  le  danger  en  face, 
qu'en  supposant  même  que  l'usage  de  notre  langue  fût 
toléré  dans  les  documents  ofliciels,  nous  aurions  bien  de 
la  peine  â  nous  faire  entendre  dans  un  parlement  où  nous 
serions  toujours  eu  si  petit  nombre.  De  là  ils  concluaient 
il  la  déchéance  graduelle  de  la  langue  française  dans  toutes 
nos  maisons  de  haute  éducation,  et  pour  être  plus  sûrs  d'y 
arriver,  ils  recommandaient  de  faire  de  l'anglais  la  langue 
enseignante,  au  moin^  pour  une  partie  du  cours  d'études. 
Nos  lois  et  nos  us'  'nient-ils,  n'étaient  aprts  tout 

que  des  vestiges  du    .  :  nous  avions  tout  îl  gagner  en 

les  échangeant  pour  des  institutions  plus  en  harmonie 
avec  les  besoins  do  la  société  moderne.  Ils  ne  voulaient 
pas  attaquer  le  catholicisme  —  ils  ne  l'auraient  pas  osé 
quand  même  —  mais  il  est  bien  à  craindre  que,  pour  quel- 
ques-uns au  moins,  l'apostasie  religieuse  n'eût  suivi  de 
près  l'apostasie  nationale,  si  ce  mouvement  n'eût  été 
promptement  arrêté.  * 

Heureusement,  jamais  il  n'exista  chez  une  générati»>ii 
d'hommes  un  patriotisme  plus  ardent  que  celui  de  la  jeu- 
nesse canadienne  à.  cette  époque.  Elle  se  rallia  autour  du 
clergé,  qui,  malgré  tous  les  obstacles,  sut  unir  les  intérêts 
de  la  religion  à  ceux  de  la  nationalité,  et  autour  de  quel- 
ques hommes  éminents  restés  debout  après  la  tempête. 

MM.  La  Fontaine,  Viger,  Taché,  Morin  et  Parent  par- 

*  Oa  trouve  daiis  les  journaux  et  les  écrits  du  temps  peu  de 
traces  de  co  mouvement  ;  mais  on  entendait  fréquemment  exprimer 
des  opinions  do  ce  genre,  yi.  Garneau,  dans  sa  préface  et  dans  quel, 
ques  passages  de  son  ouvrage,  fait  allusion  à  cet  état  de  choses. 


Viii  FRANÇOIS-XAVIER  GARNEAU, 

vinrent  à  se  faire  (-lire  au  nouveau  parlement  ;  les  deux 
derniers  surtout  furent  les  initiateurs  du  niouvoment 
national  et  littéraire  au  sein  de  la  jeunesse,  tandis  que  Ift 
premier  qui,  après  pa  défaite  î\  Terre))onne,  fut  élu  par  des 
rcformistes  du  Haut-Canada,  devenait  notre  chef  politique, 

La  jeunesse  brûlait  do  se  distinguer  dans  la  carrière  où 
elle  voyait  de  nombreux  vides  tl  remplir  :  tout  ce  qui 
venait  de  se  passer  avait  surexcité  les  imaginations,  et  il 
n'y  avait  pas  un  collégien  arrivé  aii  terme  de  ses  études 
qui  ne  se  crût  de  bonne  foi  appelé  à  sauver  la  patrie. 

Chacun  cherchait  les  moyens  de  conserver  ou  jdutôt  de 
raviver  le  patriotisme  ;  les  uns  jetaient  dans  des  strophes 
plus  ou  moins  naïves  le  trop  plein  de  leurs  cœurs  ;  d'au- 
tres, dans  des  articles  écrits  avec  une  chaleureuse  convic- 
tion, démontraient  que  tout  n'était  pas  encore  perdu,  et 
qu'avec  de  la  persévérance  et  du  courage  une  nation  jeune 
encore  peut  résister  à  l'oppression  et  triompher  de  tous 
les  obstacles.  Quelques  autres  étaient  d'avis  qu'il  fallait 
prouver  la  vitalité  de  notre  race  de  la  môme  manière  que 
le  philosophe  avait  prouvé  le  mouvement,  et  ils  se  disaient 
qu'en  se  distinguant  chacun  dans  une  carrière  nouvelle 
ils  en  imposeraient  à  nos  détracteurs,  qui  ne  cessaient  de 
nous  accuser  d'ignorance  et  d'incapacité. 

Parent  et  Morin  étaient,  pour  l>ien  dire,  les  pères  de  ce 
mouvement  intellectuel  au  profit  du  patriotisme.  Tous 
deux  avaient  passé  par  la  rude  école  du  malheur,  tous  deux 
avaient  souffert  pour  la  grande  cause,  le  premier  un  empri- 
sonnement assez  long  et  assez  dur,  l'autre  une  sorte  de 
proscription  qui  l'avait  fait  errer  de  réduits  en  réduits 
jusqu'au  fond  des  bois.  Tous  deux  étaient  alors  tout  à  fait 
dépourvus  de  moyens  pécuniaires,  et  bien  éloignés  de 
rêver  aux  grandes  charges  qu'un  changement  complet 
dans  les  affaires  du  pays  devait  bientôt  leur  donner. 

Ils  encourageaient  les  talents  naissants,  ils  poussaient 
les  jeunes  gens  par  leurs  écrits,  leurs  exemples  et  leurs 
conseils  dans  les  voies  de  la  science,  de  la  littérature  et  du 
patriotisme  ;  en  un  mot,  ils  faisaient  école.- 

Etienne  Parent,  esprit  solide,  vigoureux,  hardi,  mais 
contrôlé  par  une  grande  finesse  et  par  un  rare  bon  sens, 


SA   ^^E    ET  SES  ŒUVRES.  IX 

était  non  moins  dévoué  que  M.  Morin  à  la  cause  de  la 
nationalité.  Il  écrivit  dans  son  journal  le  Canadien,  dans 
les  moments  les  plus  critiques,  des  articles  remarquables, 
affirmant  l'idée  nationale  avec  autant  de  courage  que  d'a- 
dresse. *  M.  Morin,  qui  possédait  une  plus  grande  variété 
de  connaissances,  un  esprit  plus  contemplatif,  plus  méti- 
culeux et  cependant  plus  enthousiaste,  formait  avec  lui 
un  contraste  assez  piquant,  et  bien  qu'en  politique  ils  ne 
suivissent  pas  toujours  la  même  voie,  ils  furent  toujours 
liés  d'amitié. 

Les  écrits  de  M.  Parent  et  ceux  de  M.  Caillardet,  qui 
vint  ù,  la  rescousse  dans  le  Courrier  dca  Etats-  Unis,  contri- 
buèrent puissamment  à  raffermir  notre  foi  nationale. 

Mais  une  œuvre  plus  sérieuse  et  qui  devait  avoir  un  plus 
grand  retentissement  et  de  plus  grands  résultats  se  prépa- 
rait alors  dans  le  silence  et  le  recueillement  de  l'étude. 

Ce  fut  en  effet  îl  cette  époque  difficile  et  tourmentée,  à  la 
suite  des  catastrophes  qui  mirent  fin  H  la  constitution  de 
1791  et  au  commencement  d'une  ère  nouvelle,  dont  il 
semblait  que  l'on  avait  tout  à  redouter,  que  François- Xavier 
Garneau  entreprit  d'écrire  l'histoire  de  son  pays. 

Plus  jeune  que  M.  Murin  et  que  M.  Parent,  plus  âgé  que 
ceux  qui  débutaient  alors  dans  la  carrière  des  lettres  et  do 
la  politique,  M.  Garneau  pouvait  servir  de  trait  d'union 
entre  les  hommes  d'avant  1837  et  ceux  do  la  nouvelle 
génération. 

On  peut  dire  de  lui  en  .se  servant  au  moi  ctkbre  do 
Bossuet  :  un  homme  se  rencontra,  qui  au  moment  le  plus 
critique  se  chargea  d'une  œuvre  capitale  pour  notre  natio- 
nalité. 

*  Ce  fut  M.  Etienne  Parent  qui  fit  entrer  M.  Cauchon  dans  le 
journalisme  en  le  chargeant  de  la  rédaction  du  Conadit-n  pendant 
son  absence  lorsqu'il  siégeait  au  iiarlenient  à  Kingston.  Il  accueillit 
avec  bienveillance  mes  premières  poésies,  et  M.  Gaillardet  lui  ayant 
demandé  de  lui  trouver  un  correspondant  canadien,  il  me  mit  en 
rapport  avec  lui.  Combien  d'autres  ont  éprouvé  les  effets  de  sa  bien- 
veillance !  Sa  maison  a  toujours  été  le  rendez-vous  des  jeunes  ora- 
teurs, des  jeunes  écrivains,  des  jeunes  artistes.  Trois  de  nos  littéra- 
teurs les  plus  distingués,  MM.  Gériu-Lajoie,  Gélinas  et  Suite,  sont 
devenus  ses  gendres. 


X  1' KAN<,()1S-XAV1J.H    GARNEAl". 

L'histoire  d'un  pays  ont  la  Boiirce  naturelle  du  patrio- 
tisme le  plus  vivace;  celle  du  ('anada,  mal  connue  à  cette 
époque  et  de  nous-mêmes  et  des  étrangers,  avait  grand 
besoin  d'être  mise  en  lumière  pour  que  nous  pussions 
nous  apprécier  nous-mêmes  et  nous  faire  apprécier. 

Charlevoix,  le  plus  remarquable  et  lo  j>Iub  autorisé  de 
nos  historiens,  s'arrête  nécessairement  assez  longtemps 
avant  la  conquête  ;  son  livre  est  rare  et  ne  se  trouve  que 
dans  des  bibliothèques  d'amateurs  ;  Smith,  qui  écrivit  en 
anglais,  nous  est  hostile  et  sur  bien  des  choses  peu  véridi- 
que  ;  enfin  Bibaud  père,  qui  n'est  point  sans  mérite  et  qui 
a  poussé  son  second  volume  jusqu'à  1830,  jienche  trop  du 
côté  bureaucratique.  Bien  qu'il  ait  quelquefois  raiaon,  son 
parti  pris  froisse  à  chaque  page  nos  sentiments.  *  D'ail- 
leurs ces  écrivains  n'avaient  pas  s\  leur  disposition  les 
renseignements  et  les  documents  cjue  M.  Garneau  a  i>u  ?c 
procurer. 

Une  histoire  vraiment  nationale  était  donc  à  laire.  ^i 
I\[.  Garn,eau  a  pu  donner  prise  à  la  critique  sous  plusieurs 
rapports,  il  possédait  éminemment  les  qualités  qui  font 
l'historien  national  :  l'inspiration  patriotique  et  le  dé- 
vouement absolu,  on  peut  dire  héroïque  à  la  tâche  qu'il 
s'était  imposée. 

L'avenir  de  notre  race  sur  ce  continent  fut  sa  préoccupa- 
tion constante  ;  cette  préoccupation  fut  la  cause  première 
de  sa  grande  entreprise,  et  à  mesure  qu'il  avançait  dans 
son  travail,  elle  semblait  l'absorber  tout  entier. 

On  peut  dire  que  c'est  cette  idée  qui  a  illuminé  toute 
son  existence,  qui  l'a  fait  ce  qu'il  est  devenu.  Il  avait  d'a- 
bord cherché  à  l'exprimer  dans  le  langage  des  dieux  ;  mais, 
sans  abandonner  tout  à  fait  la  poésie,  il  concentra  ses 
forces  intellectuelles  sur  son  livre.  Il  est  résulté  de  cette 
double  manifestation  de  son  patriotisme  que  ses  poésies 
sont  presque  toutes  de  petits  poèmes  historiques,  et  que 
son  Histoire  du  Canada  est  revêtue  d'une  teinte  poétique 
qui  lui  donne  un  grand  charme. 

*  Un  troisième  volume  (i^osthume)  vient  de  paraître,  et  continue 
cette  histoire  de  1830  à  1837. 


SA    VIE   ET   SES   ŒUVRES.  XI 

Du  reste,  l'homme  qui  a  accompli  cette  grande  tâche  ne 
semblait  pas,  au  premier  abord,  destiné  à  une  telle  gloire. 
N'ayant  reçu  qu'une  instruction,  pour  bien  dire,  élémen- 
taire, obligé  de  se  livrer  pour  vivre  à  des  occupations  très 
prosaïques,  il  nous  a  prouvé  par  son  succès  qu'une  volonté 
opiniâtre  mise  au  service  d'une  noble  cause  peut  triompher 
des  plus  grands  obstacles. 

François-Xavier  Garneau  naquit  â  Québec,  le  15  juin 
1809,  d'une  famille  originaire  du  diocèse  de  Poitier8.  Le 
fondateur  de  cette  famille  au  Canada,  Louis  GanmiUty 
épousa  à  Québec,  le  23  juillet  16G3,  Marie  Mazoué,  native 
de  La  Rochelle.  Le  père  de  notre  historien,  François- 
Xavier,  était  le  cinquième  héritier  du  nom  dans  le  pays- 
C'était,  comme  on  le  voit,  une  famille  assez  ancienne  dans 
la  colonie,  et  elle  était  originaire  de  deux  villes  assez  célè- 
bres en  France.  * 

Son  aïeul,  Jacques  Garneau,  était  cultivateur  à  Saint- 
Augustin.  Il  avait  été  témoin  de  la  chute  de  la  puissance 
française  en  Amérique,  et  ses  récits  ne  lurent  ]>oii!t  -inii 
effet  sur  l'imagination  de  son  petit-fils. 

"  Mon  vieil  aïeul,  dit  ce  dernier,  dans  son  \oyayt  lu  An- 
gleterre et  en  France,  f  courbé  par  l'âge,  assis  sur  la  galerie 
de  sa  longue  maison  blanche,  perchée  au  sommet  de  la 
butte  qui  domine  la  vieille  église  de  Saint-Augustin,  nous 
montrait  de  sa  main  tremblante  le  théâtre  du  combat  de 
VAtalante  contre  plusieurs  vaisseaux  anglais,  combat  dont 
il  avait  été  témoin  dans  son  enfance.  Il  aimait  à  raconter 
comment  plusieurs  de  ses  oncles  avaient  péri  dans  les 
luttes  héroïques  do  cette  époque,  et  à  nous  rappeler  le  nom 
des  lieux  où  s'étaient  livrés  une  partie  des  glorieux  com- 
bats restés  dans  son  souvenir."' 

*  Dictioniuiire  gênéalof/ique  de  M.  l'abbé  Tanguay  cité  par  M. 
l'abbé  Casgrain. 

t  J'aurai  souvent  l'occasion  do  citer  cet  ouvrage.  M.  Garneau 
avait  publié  le  récit  de  son  voyage  dans  le  Journal  de  Québec.  U  l'a- 
vait ensuite  reprotluit  en  un  i«tit  volume  in-18  de  250  {>ages;  mais 
dans  un  aocùs  do  dt'couragoment  il  tit  détruire  presque  toute  l'édi- 
tion. Il  n'en  existe  (jue  sept  ou  huit  exemplaires.  Le  Foyer  canadim 
en  a  reproduit  uiie  partie. 


xii  FRANÇOIS-XAVIER  GARNEAU, 

Le  fils  aîiio,  qui  s'appelait  Jac<iues  connue  raïeul,  hérita 
de  la  terre  paternelle,  le  cadet  François-Xavier  prit  -X 
Québec  l'état  de  sellier  et  épousa,  en  1808,  Gertrude  Aniiot, 
aussi  de  .Saint-Augustin. 

Au  bout  de  quelques  années  —  le  m<?tier  rapportant  peu 
de  chose  —  il  acheta  une  goélette  et  se  livra  au  commerce 
dans  les  établissements  de  la  jiartie  inférieure  du  Saint- 
Laurent.  Il  fut  encore  moins  heureux  dans  cette  nouvelle 
carrière.  Quoique  pauvre,  il  ne  négligea  point  l'éducation 
de  son  fils  aîné,  et  l'envoya  de  bonne  heure  A  l'école,  ce 
qui  n'arrivait  pas  à  tous  les  enfants  à  cette  époque.  Le 
premier  instituteur  de  notre  historien  fut  un  vieillard  du 
nom  de  Parent.  "Il  tenait  sa  classe,  dit  M.  labbé  Cas- 
grain,  à  l'entrée  de  la  rue  Saint-Laurent  (coteau  Sainte- 
Geneviève).  Cette  maison  existe  encore:  c'est  la  seule, 
paraît-il,  qui  ait  échappé  à  l'incendie  du  faubourg  Saint- 
Jean  en  1845.  Bien  des  fois,  lorsque  M.  Garneau  descen- 
dait avec  ses  enfants  la  côte  d'Abraham,  il  leur  indiquait 
du  doigt,  en  souriant,  cette  modeste  maison  où  il  avait 
appris  les  premiers  rudiments  de  la  grammaire.  '"  * 

De  cette  humble  école,  il  passa  à  l'école  mutuelle  tenue 
sous  les  auspices  de  M.  Perrault,  protonotaire,  ce  philan- 
thrope d'un  esprit  si  original,  qui  a  laissé  tant  de  souve- 
nirs dans  le  liarreau  et  la  société  de  Québec,  t 

M.  Perrault  s'était  épris  du  système  de  Lancaster  et 
avait  fondé,  à  ses  frais,  des  écoles  pourvues  de  tout  le  ma- 
tériel nécessaire.  Grave,  intelligent,  prenant  son  rôle  très 
au  sérieux,  le  petit  Garneau  devint  Ijien  vite  moniteur 
général.  M.  Perrault  l'ayant  remarqué,  lui  offrit  une  place 
dans  ses  bureaux,  et  il  le  recevait  souvent  chez  lui  le  soir 
avec  un  autre  jeune  homme  qu'il  hébergeait.  Le  bon  \âeil- 
lard  donnait  lui-même  des  leçons  à  ses  deux  clercs  et  leur 
prêtait  des  livres. 

Un  jDeu  timide  et  réservé,  comme  il  l'a  toujours  été  de- 

*  F.-X.  Garneau,  par  l'abbé  H,  R.  Casgrain.  Québec,  1866.  Duquel. 

t  ]M.  Perrault  a  publié  son  autobiographie,  écrite  sm^s  lunettes  à 
l'âge  de  85  ans.  II  a  laissé  un  grand  nombre  de  traités  élémentaires 
sur  la  jurisprudence,  l'enseignement,  et  surtout  l'agriculture.  Il  a 
aussi  écrit  une  petite  Histoire  du  Canada. 


SA  VIE   ET  SE5  ŒUVRES.  XUl 

puis,  le  jeune  Garneau  devait  paraître  un  bon  Bujet  pour 
le  sacerdoce.  Mais  lorsqu'on  lui  offrit  de  lui  faire  faire  ses 
études  au  petit  séminaire  de  Québec,  s'il  avait  l'intention 
de  se  destiner  il  l'état  ecclésiastique,  il  déclara  franche- 
ment qu'il  ne  s'y  croyait  pas  appelé. 

Voulant  étudier  le  notariat,  il  quitta  les  bureaux  de  M. 
Perrault  et  trouva  un  second  protecteur  dans  la  personne 
de  M.  Archilxdd  Campbell.  Ce  dernier,  qui  aimait  passion- 
nément la  littérature  et  les  beaux-arts,  lui  prêtait  des 
livres  et  l'encourageait  fortement  à  faire  par  lui-même  les 
études  qu'il  ne  pouvait  suivre  au  colir^a». 

"  Son  père,  dit  encore  M.  Casgrain,  demeurait  alors  dans 
une  maison  située  au  côté  nord  de  la  rue  Saint-Jean,  non 
loin  de  l'église  actuelle  du  faubourg.  Les  citoyens  des  en- 
virons ont  gardé  le  souvenir  des  habitudes  studieuses  du 
jeune  Garneau.  Toutes  les  nuits,  disent-ils,  on  voyait  une 
petite  lumière  briller  il  une  fenêtre  do  la  mansar'  •  " 
tait  la  lampe  de  l'étudiant." 

Ces  goûts  et  ces  habitudes  studieuses,  ce  double  culte 
qu'il  vouait  déjîl  à  l'histoire  et  A  la  poésie  (car  il  m'a  sou- 
vent répété  que  sa  lecture  favorite  dès  sa  première  jeunesse 
était  celle  des  poètes  et  des  historiens),  devaient  exalter 
son  imagination,  surtout  dans  un  lieu  comme  Québec,  où 
les  plus  beaux  paysages,  modifiés  chaque  jour  par  un  cli- 
mat des  plus  variables,  portent  naturellement  à  la  rêverie, 
où  les  souvenirs  historiques  surgissent,  pour  bien  dire,  à 
chaque  pas.  Mais  c'était  surtout  sur  ces  grands  théâtres 
de  l'histoire  qui  se  trouvent  dans  le  vieux  monde,  que  par 
une  transition  bien  naturelle  se  reportaient  ses  pensées  et 
sa  curiosité.  Un  voyage  d'Europe  était  â  cette  époque 
une  chose  difficile,  dangereuse  et  coûteuse.  On  ne  traver- 
sait pas  l'Atlantique  aussi  promptement  qu'on  le  fait  au- 
jourd'hui, et  les  hommes  qui  avaient  vu  le  vieux  monde 
étaient  clairsemés  parmi  les  Canadiens,  surtout  parmi 
ceux  d'origine  française. 

Une  assez  longue  excursion  qu'il  fit  aux  Etats-Unis  en 
compagnie  d'un  Anglais  îl  qui  M.  Campbell  l'avait  recom- 
mandé, ne  fit  qu'accroître  le  désir  qu'il  nourrissait  au  fond 
de  son  cœur.   Chaque  somme  qu'il  pouvait  épargner  sur 


xiv  FRANÇOIS-XAVIER    OABXEAU, 

les  appointements  ir^ndroux  que  lui  fuisait  son  patron,  il 
la  mettait  {\  part  pour  l'exécution  de  son  projet.  Admi»  à 
la  profession  de  notaire  en  18.'>U,  il  partit  le  20  juin  18J31 
pour  Londres,  où  il  ne  resta  i[uc  peu  de  temps,  l^a  27  juil- 
let, il  touchait  le  sol  de  la  France,  la  vieille  patrie  qu'il 
aimait  tant.  "  J'avais  hAte,  dit-il,  do  fouler  cette  vieille 
terre  de  Franco  dont  j'avais  tant  entendu  \>:f<'  no» 

pères,  et  dont  le  souvenir,  se  prolongeant  de  g'  i  m  en 

génération,  laisse  après  lui  cet  intérCt  do  tristesse  qui  a 
quelque  chose  de  l'exil." 

Arrivé  îI  Paris  i)cndant  les  fêtes  du  premier  anniversaire 
des  trois  fameuses  journées,  il  fut  ébloui  par  le  8i>ectacle 
grandiose  et  nouveau  ({ui  se  présentait  il  ses  regards,  et  il 
décrit  naïvement  l'impression  qu'il  en  rerut. 

Son  projet  étant  de  retourner  à  Québec  dans  Fautomne, 
il  visita  rapidement  les  princiimux  monuments  de  Paris 
et  repartit  bientôt  pour  Londres. 

Sa  première  visite  en  arrivant  fut  p<jur  JL  Viger,  (|u'il 
avait  déjîl  vu  une  première  fois  à  son  passage.  A  sa  grande 
surprise  et  aussi  il  sa  grande  joie,  l'agent  diplomatique  de 
la  i^rovince,  ou  si  l'on  veut,  comme  on  disait  alors,  notre 
envoyé  lui  ofî'rit  de  le  garder  auprès  de  lui  comme  son 
secrétaire.  C'était  une  bonne  fortune  inespérée;  il  allait 
vivre  dans  un  monde  beaucoup  plus  élevé,  toucher  de  près 
aux  clioses  de  la  politique,  se  trouver  en  contact  avec 
quelques-uns  des  hommes  les  plus  marquants  de  l'Angle- 
terre; enfin  la  seule  société  de  M.  Viger,  cet  homme  si 
savant  et  si  distingué,  allait  être  pour  lui  une  excellente 
occasion  de  s'instruire  et  de  se  former. 

On  peut  s'imaginer  avec  quel  empressement  ^L  Garneau 
écrivit  à  son  père  et  à  ses  amis  pour  leur  apprendre  Fheu- 
reuse  circonstance  qui  le  retenait  à  Londres.  "  Je  croyais 
encore,  dit-il,  mon  pauvre  père  bien  portant,  et  une  pleu- 
résie nous  l'avait  enlevé  un  mois  après  mon  départ  du 
Canada.  Malheureux  dans  ses  entreprises,  il  n'avait  réussi 
en  rien.  Il  emporta  seulement  avec  lui  dans  la  tombe  la 
réputation  d'un  citoyen  honnête  et  religieux,  comme  l'a- 
vaient été  ses  pères." 

La  première  poésie  publiée  dans  le  Répertoire  ncUional 


SA   VtE  ET  SES  ŒUVRES.  XV 

SOUS  la  signature  de  M.  Garneau  est  datée  de  Paris,  la 
seconde  est  datée  de  Londres.  Dans  cette  dernière  on 
remarque  ces  vers  : 

Hélas  !  j'ai  tout  quitté,  imrents,  amis,  chaumière  ; 
Chaumière  où  j'ai  reçu  la  vie  et  la  lumière. 


Ingrat,  j'ai  déserté  le  seuil  de  mon  enfance, 
Seul  un  furtif  adieu  fut  ma  reconnaiissance. 
D'une  mère  éplorée  oubliant  les  regrets, 
Je  la  quittais,  ijeut-ètre  itour  jamais. 

Non...  je  vous  reverrai,  lieux  «jui  m'avez  vu  naître  ; 

Champs,  lx)cages,  riants  valK»ns  ; 

J'y  réi»éterai  mes  chansons  ; 
De  tristes  souvenirs  do  la  flûte  chami»ètrc< 

Attendriront  les  sons. 

Ah  !  combien  il  est  doux  après  un  long  orage 
De  rentrer  dans  le  ixirt,  de  baiser  le  rivage 
Que  l'autan  furieux  semblait  nous  disputer  ! 
Tn  l>onheur  toujours  pur  devient  froid  à  goûter. 

I  )t'jà  jo  vois  au  loin  venir  sur  la  colline 

Mou  i)ère  à  cheveux  blancs,  que  la  vieillesse  incline. 
Ses  cheveux  que  zc'phire  ajrite  mollement, 
Couvrent  son  front  joyeux  de  kmrs  Ijoucles  d'argent. 
De  ses  pas  l'âge,  en  vain,  ralentit  la  vitesse, 

II  me  voit,  il  m'atteint,  sur  son  sein  il  me  presse. 
Une  mère,  une  sœur,  des  frères,  des  amis  ! 

Je  revois  donc  eutln  ix«  objets  tant  chéris 

Mais  que  dis-jo? Peut-être  un  funèbre  silence 

Règne  au  toit  i)atornel  témoin  de  mon  enfant"e  ; 
(Qu'une  mère,  (pi'un  i»ère  envié  i«ir  les  dieux 
Ke|)ose  maintenant  dans  la  splendeur  dos  cieux; 
Et  ses  tristes  enfants  vont  pleurer  sur  sa  tomlje, 
Quand  de  l'humide  nuit  le  voile  éi>aib  retombe. 
Ils  disent  :  Notre  frère  est  encor  loin  de  nous  ; 
Il  quitta  \yoxiT  un  rêve  un  asile  si  doux  ! 
Il  ne  réi>ondit  jms  à  la  voix  de  son  i>i:n\ 
Lorscju'à  ses  yeux  la  mort  déroba  la  lumière. 

Errant  en  d'autres  climats, 
Il  n'a  lias  entendu  l'airain  impitoyable 

Sonner ni  dans  le  deuil  s'avancer  le  trépas 

Tenant  le  sablier  dans  sa  main  redoutable, 

Et  notre  seuil  frémir  sous  s«s  pas. 


xvi  FRANÇOIS-XAVIER  GARNEAU, 

Mais  iwiirquoi  de  mon  cœur  aiigiiiontor  la  tristeiiBe? 
De  coM  illu»ionH,  iioirH  enfant»  de  la  nuit, 

ChassouH  l'ombre  <iiii  tue  jKjurNuit  ; 
Lyre,  rt-itC-to  enoor  tes  aci-ontH  d'alIt'-pr^HW!  !... 

Kt  d<5rol)e  mon  Ame  à  l'eimui. 

Oui,  je  verrai  ces  cliampH  où  r(!'vait  ma  U^rgcro; 
J)u  limpide  ruisseau  j'écouterai  la  voix  ; 
Kt  Hous  le  pin  touffu  qui  vit  naître  mon  père 
Je  chanterai  mes  refrains  d'autrefois. 

Aux  premiers  rayon»  de  l'aurrjpe 
(iui  brilleront  à  l'orient. 
Je  f>our8uivrai  de  l'œil  cncfiro 
L'astre  des  nuit*  dans  l'occident 

L'airain  sonore  au  clocher  du  villat;;oi, 

En  r(''ix)ndant  à  l'hymne  du  matin,  • 

Réveillera  par  son  divin  langage 

Ces  sentiments  qui  charmaient  tant  mk-h  s»iii 

Et  sous  l'ormeau  voisin  du  toit  chanijit-trc. 
Aux  pas  léfrers  qu'accorderont  mes  chants 
Je  mêlerai  les  récits  que  fait  naître 
Le  dieu  jaloux  du  bonheur  des  amants. 

De  la  rive  où  le  tlot  expire 
J'écouterai  le  vieux  jiécheur. 
Sa  voix  que  le  silence  inspire 
A  des  airs  qui  charment  le  cœur. 

Mes  doigts  harmonieux  animeront  ma  lyre, 
Dont  les  cordes  souvent  chanteront  nos  exploits. 
Et  quand  l'âge  viendra  refroidir  mou  délire. 

Assis  à  l'ombre  d'un  bois, 
Mes  chants  plus  doux  plairont  au  folâtre  zéjîhire. 

N'y  a-t-il  pas  quelque  chose  de  bien  touchant  dans  ces 
premiers  chants  consacrés  à  la  douleur  filiale  ?  Et  ne  voit- 
on  pas  aussi  dans  ces  deux  vers  comme  un  pressentiment 
de  l'œuvre  importante  que  le  jeune  poète  allait  entrepren- 
dre dix  ans  plus  tard  : 

"  Mes  doigts  harmonieux  animeront  ma  lyre, 
Dont  les  cordes  souvent  chanteront  nos  exploits." 


SA   VIE   ET  SES  ŒU\'RES.  XVll 

M.  Garneau  envoyait  cette  pièce  à  M.  Winter,  aujour- 
d'hui juge  en  retraite  de  la  cour  pupérieure,  dans  une 
lettre  en  date  du  29  décembre  1832,  et  s'excusait  de  n'a- 
voir pas  répondu  plus  promptement  à  la  sienne  du  25 
juillet:  "J'attendais,  dit-il,  que  tout  fût  terminé  pour 
t'envoyer  cette  élégie."  Il  connaissait  donc  alors  la  mort 
de  son  père,  malgré  la  forme  dubitative  qu'il  a  cru  devoir 
donner  à  ce  petit  poème. 

Dans  une  autre  lettre  qu'il  adressait  à  cet  ami,  le  11  avril 
1832,  il  disait: 

"  Je  vois,  par  les  papiers,  que  tu  as  i)erdu  ton  patron,  M. 
Romain.  La  mort  fauche  partout.  Je  vais  trouver  beau- 
coup de  changement  à  mon  arrivée  à  Québec.  Je  n'ai 
appris  que  des  nouvelles  bien  tristes  depuis  que  j'en  suis 
parti.  Notre  ami  Faucher*  a  aussi  subi  ce  que  nous  de- 
vons tous  subir  tôt  ou  tard." 

Toute  sa  correspondance  prouve  combien  il  avait  su  &i> 
précier  la  situation  qui  lui  était  faite  par  l'agent  de  notre 
assemblée  législative. 

Dans  une  première  lettre  à  M.  Wintor.  en  date  du  l--' 
septembre  1831,  il  s'exprime  ainsi: 

"  Je  pensais  m'en  retourner  dans  le  ,'>(r<iiisui  ;  mais  .M, 
Viger  me  retient.  Nous  travaillons,  M.  Viger  et  moi,  de- 
puis trois  semaines,  comme  des  enthousiastes  de  la  patrie. 
Je  pense  passer  l'hiver  à  Londres.  Il  y  a  trois  semaines 
que  je  suis  de  retour  de  Paris,  où  j'ai  passé  une  dizaine  de 
jours.  Je  m'y  suis  bien  amusé.  J'ai  vu  presque  tout  ce 
qu'il  y  a  de  plus  intéressant  à  voir 

"Au  théâtre  de  la  porte  Saint-Martin,  j'ai  vu  représenter 
un  drame  intitulé  "  Napoléon."  L'acteur  qui  représentait 
le  héros  se  trouve  ressembler,  dit-on,  beaucoup  i\  Napo- 
léon  Ce  pas  pressé,  cette  voix  brève,  ces  mots  laconi- 
ques, cette  prise  de  tabac  souvent  répétée,  ce  petit  cha- 
peau, cette  rcdinirote  grise j'ai  pre.=:que  vu  le  héros 

lui-même. 

"  Je  me  suis  horriblement  ennuyé  les  premiers  jours  de 

*  M.  Honoré  Faucher,  avocat,  jeune  homme  de  grandes  espéran- 
ces, et  onde  de  l'auteur  do  Tribord-  à  MbonL 


Xviii  KUANÇOIS-XAVIÉK  «AKNEAU, 

ma  résidence  à  Londres  ;  mais  je  commence  A  m'y  fairo. 
Londres  est  sombre  ;  tout  le  monde  y  paraît  accablé  80u« 
les  affaires  ou  la  misi-ro.  Mais  cependant  Londres  est  la 
plus  riche  et  la  plus  commerçante  des  villes  de  l'Europe. 
M.  V'igcr  m'a  déjà  présenté  à  deux  ou  trois  de  ses  amis  et 
parle  de  m'en  iïiiro  connaître  <iuelque8  autre»,  de  sorte 
que  je  jouirai  un  peu  de  leur  société  en  attendant  que  je 
revoie  notre  grand  Canada.  La  nature  est  sublime  chez 
nous;  mais  elle  a  avorté  dans  le  peu  que  j'ai  vu  de 
l'Europe.  Avant  de  plier  ma  lettre  il  faut  que  je  te 
raconte  un  trait.  Etant  à  Paris,  je  fus  un  jour  il  l'hôtel  des 
Invalides.  Un  ancien  hussard  de  Wagnim  vint  à  moi  et 
me  demanda  si  je  voulais  voir  l'intérieur  do  l'hôtel.  En 
y  allant  il  s'arrêta  subitement,  et  se  retournant  vers  moi, 
il  me  dit  avec  emphase:  "N'est-on  pas,  monsieur,  glo- 
rieux d'être  soldat  français  ?  "  Ce  bon  brave  me  fit  voir 
tout  l'édifice,  la  biblioth(^que,  l'église,  etc." 

Le  travail  auquel  le  jeune  secrétaire  se  livrait  avec  M. 
Viger,  c'était  surtout  la  grande  affaire  des  plaintes  portées 
par  l'assemblée  législative  contre  le  procureur  généml 
James  Stuart.  Il  en  parle  dans  toutes  ses  lettres. 

Dans  celle  du  11  avril  1832,  on  lit  ce  qui  suit:  "  Depui.s 
ce  moment  nous  avons  été  engagés  dans  un  travail  vrai- 
ment opiniâtre.  M.  Vigér,  dans  ses  observations  sur  les 
pétitions,  mémoires,  etc.,  etc.,  de  M.  Stuart,  a  voulu  en- 
trer dans  tous  les  détails,  et  à  l'occasion,  faire  allusion  à 
la  manière  dont  le  gouvernement  du  Canada  a  été  admi- 
nistré, pour  faire  sentir  aux  ministres  tous  les  moyens  ini- 
ques qu'on  a  employés  chez  nous  ;  la  conduite  de  M. 
Stuart,  qu'il  a  su,  d'après  les  rapports  du  comité,  mettre 
sous  le  jour  le  plus  clair,  doit  nous  faire  espérer  le  triom- 
phe de  la  justice." 

La  partie  était  difficile.  James  Stuart  —  depuis  sir  Ja- 
mes —  n'était  pas  un  adversaire  ordinaire.  Les  mémoires 
de  part  et  d'autre  étaient  volumineux,  et  le  procureur 
général  avait  pour  lui  les  sympathies  bien  naturelles  du 
gouvernement  anglais.  Lord  Goderich,  le  ministre  des 
colonies,  très  prévenu  d'abord  contre  les  accusateurs,  avait 
été  cependant  frappé  de  l'accent  de  franchise  de  M.  Viger, 


8A   VIE   ET  SE8  Œr\'RE.<.  XIX 

et  avait  apporté  à  cette  cause  difficile  la  plus  scrupuleu- 
se attention.  Si  le  combat  fut  long  et  périlleux,  la  vic- 
toire fut  éclatante.  Des  contemporains  m'ont  assuré  que 
les  amis  de  M,  Viger  au  Canada  désespérèrent  du  succès. 
Ce  qui  faisait  l'importance  de  cette  lutte,  ce  n'était  point 
tant  l'animosité  personnelle  contre  M.  Stuart  que  le  désir 
de  frapper  un  grand  coup  contre  le  système  arbitraire  que 
cet  homme  à  la  fois  habile,  savant  et  audacieux,  avait  su 
si  longtemps  couvrir  du  voile  d'une  légalité  artificieuse. 

Dans  sa  lettre  du  29  décembre,  déjà  citée,  M.  Garneau 
annonçait  à  son  ami,  en  môme  temps  que  le  résultat  des 
élections,  le  succès  de  M.  Viger.  Cette  petite  page  d'his- 
toire, écrite  sur  le  fait,*_mérite  tVHre  conservée.  Ce  qu'il  dit 
des  whigs,  qui  en  général  se  sont  montrés  moin.s  favora- 
bles aux  libertés  populaires  dans  les  colonies  que  les 
tories,  est  très  remarquable. 

"  Je  pense  retourner  au  Canada  le  printemps  procliain. 
Je  m'ennuie  dans  la  sombre  Angleterre. 

"  Les  élections,  qui  ont  absorbé  pendant  qu<i(|ui'  umivs 
l'attention  publique,  sont  terminées  ou  près  de  Tétre  en 
faveur  du  ministère.  *  Aussi  les  tories  sont  tombés  jiour 
jamais.  Le  bill  de  réforme  a  renversé  une  puissance  qui  a 
régné  pendant  plusieurs  siècles.  Si  les  hommes  n'étaient 
pas  guidés  par  l'intérêt,  si  la  justice  était  leur  sentier, 
nous  pourrions  espérer  de  grands  avantages  de  ces  chan- 
gements ;  mais  ceux  qui  aiment  le  plus  la  justice  i>our 
eux-mômes,  sont  souvent  les  plus  tyranniques  pour  autrui. 
Je  crains  que  ce  caractère  ne  soit  celui  des  hommes  qui 
nous  gouverneront  sous  ce  nouveau  ministère.  Le  même 
bras  d'airain  a  toujours  pesé  sur  les  colonies  anciennes  ou 
modernes. 

"J'ai  su  que  les  affaires  ont  en  Canada  une  apparence 
assez   sombre.    On    dit    aussi  que  les  députés  canadiens 

*  Il  s'agit  dxi  socouil  ministère  île  lonl  CTrey,qui,  après  une  défait©  et 
une  tentative  infrnctneuse  du  duo  do  Wellington  de  former  un  gouver- 
nement tory,  avait  repris  le  iwuvoir.  On  trouvera  dans  le  second 
volume  du  Journal  de  GreriUe,  des  renseignements  très  curieux  sur  les 
intrigues  qui  tirent  échouer  le  due  et  sur  le  rôle  que  jouèrent  lord 
Lvndhurst,  wr  Rol>ert  Peel  et  Manners  Sutton  dans  cette  affaire. 


XX  FRANf;OIS-XAVIEU    GAUNEAU, 

ont  refusé  d'aller  aux  dîners  du  gouverneur.  Cette  absence 
doit  lui  faire  sentir  que  le  sang  canadien  est  précieux  et 
(ju'on  no  le  répand  pas  impunément 

"  La  domination  étrangère  est  le  plus  grand  mal  dont 
un  peuple  puisse  être  frappé.*  Plusieurs  do  nos  griefn  ras- 
semblent A,  ceux  dont  les  braves  et  malheureux  Polonais 
avaient  A  se  plaindre.  Mais  courage  !  La  cause  de  la  justice 
et  do  la  liberté  est  trop  sainte  pour  ne  pas  triomplier;  si 
ce  triomphe  est  lent  et  i»éniljle,  il  n'en  sera  que  i»lu8  cer- 
tain et  plus  durable.  L'Angleterre  elle-même  a  gémi  des 
siècles  sous  le  joug  étranger.  Qu'on  oublie  vite  son  mal- 
heur et  sa  misère  !  La  justice  qu'elle  invoqua  si  longtonqH, 
elle  l'oublie  aujourd'hui  pour  nous. 

"  Les  Français  sont  maîtres  de  la  citadelle  dAiivt-r.-.  La 
garnison  e:>i  prisonnière  de  guerre.  Les  Hollandais,  au 
nombre  de  deux  mille,  protégés  par  environ  deux  cents 
canons  d'un  fort  et  de  leurs  vaisseaux,  ont  voulu  débar- 
quer pour  chasser  les  Français  d'un  poste  qu'ils  occu- 
paient; mais  environ  huit  cents  de  ceux-ci  les  ont  repous- 
sés glorieusement  à  la  baïonnette.  Plusieurs  Hollandais 
se  sont  noyés  en  voulant  regagner  leurs  embarcations. 

"Tu  sauras  sans  doute  que  la  suspension  de  M.  Stuart 
a  été  confirmée  par  le  roi.  C'est  une  victoire  qui  a  été 
bien  disputée  ;  on  l'a  arrachée  des  mains  d'un  parti  qui 
ne  deviendra  que  plus  furieux  par  une  défaite  sans  exem- 
ple dans  l'histoire  coloniale Mais  nos  armes,  la 

liberté  et  la  justice,  seront  invincibles.  Marchons  toujours 
en  avant,  nous  vaincrons  nos  ennemis,  nous  les  disperse- 
rons dans  la  carrière." 

Il  y  a  dans  cette  lettre  un  peu  de  ce  qu'on  appellerait 
aujourd'hui  du  chauvinisme  ;  les  phrases  à  l'adresse  de 
lord  Aylmer  ne  sont  pas  justes  ;  maLs  il  faut  se  reporter  à 
l'époque  et  songer  combien  la  lutte  entre  les  patriotes  et 
l'oligarchie  exaspérait  les  esprits,  surtout  à  la  suite  de 
cette  sanglante  bagarre  du  21  mai,t  dont  la  politique  du 
jour  tira  tout  le  parti  possible.    Du  reste  tout  semblait 

*  On  retrouve  cette  phrase  dans  V Histoire  du  Canada. 

t  Les  trois  victimes  se  nommaient  Billette,  Languedoc  et  Chauvin  ! 


SA    VIE    ET   SES   ŒUVRES.  XXrl 

contribuer  à  exalter  riniagination  du  jeune  Garneau.  La 
révolution  française  de  1830,  celle  de  la  Belfçique,  les 
succès  qu'avaient,  à  Londres,  O'C'onnell  jdaidant  de  sa  voix 
éloquente  la  cause  de  l'Irlande,  et  les  exilés  polonais  avec 
lesquels  notre  compatriote  s'était  lié  d'amitié,  formaient 
autant  d'aliments  propres  à  surexciter  son  patriotisme.  Il 
ne  pouvait  s'empêcher  de  comparer  les  Canadiens  aux 
Irlandais  et  aux  Polonais,  bien  que  notre  sort  fût  difle- 
rent  de  celui  que  subissaient  ces  deux  nations.  Nous 
avions  plutôt  à  nous  débarrasser  des  langes  et  des  bande- 
lettes de  l'enfance  coloniale,  serrés  étroitement  autour  de 
nous  par  une  bureaucratie  avide  et  jalouse,  qu'à  briser 
des  fers  comme  ceux  qui  étaient  rivés  aux  membres  en- 
sanglantés de  la  Pologiv  -"'v  MMiin»^  .1.'.  b  ivh.'hs  ('{  sup- 
pliantes de  l'Irlande. 

Un  jour,  ^L  (Jarneau  vil  oX'oiUitll  ù  uiu-  .scauce  de  la 
Société  des  Ainin  de  la  Pi>l()(jiu\  L'Irlande  et  la  Pologne  se 
trouvèrent  il  fraterniser,  dans  un  milieu  où  il  semble  que 
la  Russie  aurait  pu  donner  une  triomphante  féi>lique  aux 
reproches  ipie  les  philanthropes  anglais  lui  adressaient.  Il 
lui  aurait  sutti  de  montrer  O'Connell  à  côté  de  Czartoryski. 

La  réception  <iui  fut  faite  au  grand  tribun  irlandais 
frappa  vivement  notre  jeune  compatriote. 

"  C'est  h\,  dit-il,  que  j'eus  l'occasion  de  voir  jusqu'à  quel 
degré  le  vrai  talent  est  respecté  en  Eurojie.  Il  y  avait  une 
réunion  d'une  quarantaine  de  personnes.  C'étaient  le 
prince  C/artoryski,  le  général  Pac,  le  célèbre  poète  Ursin 
Niemcewicz,  exilés,  des  n)embres  de  la  chambre  des  lords 
et  de  la  chambre  des  communes,  des  hommes  de  let- 
tres. O'Connell  est  annoncé.  I^orsqu'il  fut  introduit,  tout 
le  monde  se  leva  spontanément  pour  rendre  hommage 
au  grand  orateur,  hommage  «ju'on  ne  rendit  qu'à  lui 
seul." 

Les  séances  de  la  S^tciété  lUtéraire  de»  Amis  de  la  Pologne 
se  tenaient  chez  lo  poète  Campbell,  qui  en  était  le  prési- 
dent, et  qui  occujmit  alors  un  appartement  dans  un  édi- 
fice autrefois  habité  par  Cromwell.*  C'était  sur  la  propo- 

*  Sussex  Chambers,  Duke  street,  St.  James. 


sitîon  de  Campbell  que  M.  (îsirneau  ^tuit  tlevenu  inenibre 
de  cette  soci<'t<î  conipos^-e  <riM»iiinicH  <lY*lite- 

Le  7  septembre,  aniiiveiHuin!  de  lu  prise  de  Varsovie,  le« 
Polonais  firent  célébrer  une  messe  jxjur  le  repos  des  ànies 
de  leurs  frt'res  tombés  dans  cotte  fatale  journée.  Après  le 
service,  il  y  eut  un  «léjeuner  cbez  le  j/résident.  Le  I)f 
Schirma  y  porta  la  parole  en  anglais  et  en  polonais,  et  cita 
de  beau:<*vers  do  Campbell  lui-m<'-me  sur  la  malheureuse 
Pologne.  Puis  notre  compatriote  eut  l'honneur  de  lire  une 
pièce  qu'on  l'avait  prié  de  composer  pour  la  circonstance. 

Quoique  inférieure,  malheureusement,  i\  la  plupart  de  ses 
autres  productions,  cette  ode  renferme  quelques  belles 
strophes.  * 

"  On  nous  disait  :  Son  rùgno  re<"onimoii<'0, 
La  Lil)ert<''  partout  renverw)  k«  tyrans, 

Comme  lY'dair  on  voit  briller  sa  lance, 
Ciui  flans  leurs  chars  iioursuit  kw  monanjue^  errans. 
Le  guerrier  de  Nassau,  sur  son  r-oursier  fidèle, 

Pour  la  patrie  a  ressaisi  son  clanl; 
Et  dôià  le  clairon  résonne  en  la  tourelle 
(Kl  sommeillaient  les  satrajxis  du  czar. 


O  Liberté  !  ne  serais-tu  (ju'un  songe. 
Et  par  toi  notre  espoir  se  verrait-il  trompé? 

Seuls  les  tyrans  régnent  par  le  mensonge, 
Monstre  dans  une  nuit  toujours  enveloppé. 
Mais  non  ;  de  l'Eternel  tu  i»artagcs  l'osi^iice..-. 

Je  vois  aux  cieux  briller  son  trône  d'or. 
Peuples,  écoutez  tous;  vous  rois,  faites  silence. 

J'entends  sa  voix  vers  nous  descendre  encor. 

Il  règne  encor  ce  nom  qui  dans  Byzance 
Fit  trembler  autrefois  l'orgueilleux  musulman  ; 

Il  règne  encore,  et,  comme  un  flot  immense, 
Il  refoule  au  désert  le-s  peuples  du  Balkau. 
Eu  vain  le«  rois  ont  dit  :  que  j)érisse  sa  gloire  1 

Que  de  la  terre  on  l'efface  à  jamais  1 
La  Pologne  déjà,  volant  à  la  victoire, 

A  ses  tyrans  fait  payer  leurs  forfaits. 


*  On  ne  la  trouve  point  dans  le  Répertoire  national  ;  mais  elle  a  été 
publiée  dans  la  Polonki,  revue  mensuelle  qui  s'imprimait  à  Ljudres. 


SfA    VIE   ET   eErf  ŒtVliEs.  XXIU 

L'association  polonaise  n'est  pas  la  seule  où  M.  Garneau 
fut  accueilli  à  Londres.  Il  avait  fréquenté  un  de  ces  dehating 
clubs  où  déjeunes  avocats  et  déjeunes  hommes  de  lettres 
s'exercent  à  l'art  de  la  parole.  Il  avait  été  aussi  admis 
dans  plusieurs  salons  littéraires,  entre  autres  dans  ceux  de 
niadanie  McGregor  et  de  madame  Gore. 

"Je  trouvais,  dit-il,  la  société  la  plus  délicieuse  dans 
les  hommes  de  lettres,  ou  les  hommes  qui,  comme  le  colo- 
nel Home,  avaient  vu  beaucoup  de  choses,  et  j'étais  heu- 
reux de  les  entendre  et  d'être  témoin  des  égards  dont  ils 
me  paraissaient  entourés.  Cette  espèce  de  culte  venant  de 
toutes  les  classes,  surtout  des  classes  les  plus  élevées, 
semblait  élever  à  son  tour  le  domaine  de  l'esprit,  et  mar- 
(juer  la  place  ([u'occupent  les  hautes  intelligences  dans 
une  grande  nation. 

"  Je  voyais  dans  ces  cercles  littéraires  et  scientifiques 
les  hommes  des  rangs  les  plus  divers,  se  réunir  comme 
des  frères  jmur  scruter  les  secrets  de  la  nature  ou  apprécier 
les  œuvres  du  génie.  Une  noble  ambition  étouflait  les 
eflbrts  de  la  jalousie,  que  l'opinion  publique,  du  reste, 
savait  bientôt  désarmer  par  sa  toute- puissance,  lorsque 
cette  jalousie  se  manifestait  avec  trop  peu  de  réserve.  Il 
me  semblait  que  chaque  nation  en  Europe,  craignant  d'être 
dépassée  par  une  autre  dans  les  armes,  dans  les  lettres, 
dans  les  arts,  dans  les  sciences,  n'avait  pas  assez  de  paroles 
d'encouragement  pour  ceux  qui  marchaient  les  premiers 
dans  toutes  ces  carrières  de  la  gloire  et  du  génie." 

Pendant  que  se  discutait  la  grande  affaire  du  procureur 
général  Stuart,  M.  Viger  s'était  donné  un  congé  qu'il  était 
allé  passer  à  Paris,  au  grand  plaisir  de  M.  Garneau,  qui 
l'accompagna.  Celui-ci  avoue  ne  pas  avoir  été  tout  à  fait 
étranger  à  la  résolution  qu'avait  prise  notre  agent.  La 
capitale  de  la  France,  si  gaie  et  si  brillante,  ses  environs  si 
charmants  et  si  remplis  de  grands  souvenirs  historiques, 
fornuiient  une  agréable  diversion  aux  rives  brumeuses  de 
la  Tamise.  Il  est  même  permis  de  croire  que  le  jeune  secré- 
taire, si  grave  et  si  laborieux  qu'il  fût,  préférait  les  boule- 
vards et  les  théâtres  français  aux  interminables  mémoires 
de  M.  Stuart  ou  de  M.  Viger. 


X\1V  KKAN(,()1H-XAV1EK    GAUNKAl', 

M.  McClregor,  l'auteur  tl'uu  excellent  ouvrage  hut  le 
('anada,  publié  à  lAindreH  à  cette  époque,  et  à  la  BCcoiule 
édition  duquel  M.  Viger  avait  contribué  en  fourniKHant 
des  notes  et  des  corrections,  M.  McCîrogor  était  de  la  par- 
tie. Ils  trouvèrent  à.  Taris  M.  Ilcrtlielot,  «jui  a  été  /\  long- 
temps membre  du  j)arlement,  et  M.  Isidore  Hédard,  (pie 
M.  (iarneau  avait  vu  souvent  à  Londres. 

M.  Isidore  Lebrun,  autour  du  premier  ouvrage  (pii  ait 
été  jniblié  à  Paris  sur  le  Canada  depuis  la  cession  du  pays, 
et  M.  Paulin  Cîuérin,  qui  avait  eu  pour  élève  notre  artist* 
distingué  M.  Antoine  Plamondon,  étaient  encore  pour  le 
jeune  sccréiairc  i\v^  connaissaiHcs  aussi  utib-s  (uraLrn'a- 
bles. 

Peu  de  temps  ai)rcs  le  retour  de  M.  Niger  a  l^undres 
(la  grande  aflaire  de  M.  Stuart  était  décidée,  comme  nous 
Pavons  vu),  M.  Garneau  recevait  de  sa  mère,  dont  la  santé 
déclinait  rapidement,  des  in\ntations  très  pressantes.  La 
})auvre  femme,  depuis  la  mort  de  son  mari,  n'avait  plus 
qu'une  préoccupation,  revoir  son  fils  avant  de  mourir. 

''  M.  Morin,  dit  M.  Garneau,  arrivait,  il  est  vrai,  avec  de 
nouvelles  représentations  sur  d'autres  (luestions  de  p<jliti- 
que  coloniale  ;  mais  comme  la  solution  pouvait  s'en  faire 
attendre  longtemps,  puisque  celle  de  l'affaire  de  M.  .Stuart 
avait  mis  deux  ans  à  venir,  je  résolus  de  retourner  à 
Québec  au  printemps." 

"Au  commencement  de  l'biver,  ajoute-t-il,  nous  vîmes 
arriver  plusieurs  de  nos  compatriotes.  C'étaient  pour  la 
plupart  des  marchands.  Il  suffisait  que  M.  Viger  fût  au 
London  Oiff'ee  House,  pour  qu'ils  s'y  donnassent  rendez-vous. 
Nous  nous  trouvâmes  là  pendant  quelque  temps  huit  ou 
dix  Canadiens  à  la  fois,  sans  mentionner  le  délégué  du 
Haut -Canada,  M.  McKenzie.  En  nous  comptant,  nous 
croyions  compter  les  progrès  que  faisait  notre  pays.  Nous 
étions  fiers  d'être  en  aussi  grand  nombre  dans  un  seul  hôtel 
anglais,  et  nous  partions  de  là  pour  faire  des  calcubs  sur 
l'avenir  que  la  fortune  réservait  au  Canada  et  que  nous 
basions  sur  sa  vaste  étendue  et  sur  sa  grande  nature." 

Ainsi  à  cette  époque  déjà  assez  éloignée,  il  se  publiait 
en  Anglçterre  et  en  France  des  livres  sur  notre  pays,  et  les 


SA    VIE    ET   SES   ŒUVKE.S.  XXV 

Canadiens  qui  se  rencontraient  en  Europe  devisaient  de 
notre  avenir  et  entrevoyaient  les  progrès  qui  s'accomplis- 
sent aujourd'hui  ! 

Tandis  qu'il  se  préparait  à  partir,  à  la  tin  d'avril,  M,  Gar- 
neau  reçut  de  Paris  la  nouvelle  de  la  mort  prochaine  de 
l'auteur  de  ce  chant  patriotique:  Sol  canadiea^  terre  chéi-ie  ! 
qui  résume  si  bien  nos  origines  et  nos  aspirations. 

Pauvre  Isidore  Bédard  !  C'est  tout  ce  qui  restera  de  lui. 
M.  Garneau  était  intimement  lié  avec  ce  jeune  compa- 
triote, et  c'est  avec  une  vive  émotion  qu'après  bien  des 
années  il  vmchiiIc  l'eflV't  {\\w  cette  nouvelle  |»ro(luisit  '^ur 
lui. 

"  M.  Bédard,  dont  lu  vie  était  tranchée  si  pnuiaturé- 
ment,  avait  le  plus  hel  avenir  devant  lui.  La  réputation 
de  son  père  avait  été  une  recommandation  qui  Pavait 
porté  bien  jeune  au  parlement.  Ses  talents  ajoutés  à  cela 
auraient  pu  le  eoiuluire  à  une  position  éminente.  Il  avait 
une  élocution  facile  et  une  voix  mâle  et  agréable  qui  le 
taisaient  rechercher  comme  orateur. 

''  Tout  cela  est  enfoui  pour  jamais  dans  la  tombe  sur 
une  terre  étrangère.  Les  délices  et  les  tentations  de  l'Eu- 
rope avaient  ouvert  sous  les  pas  du  jeune  Canadien  un 
al)îme  qu'il  n'avait  pas  su  éviter,  et  dans  lequel  il  s'était 
précipité  avec  toute  l'ardeur  d'un  tempérament  fougueux 
qui  s'abandonne  îl  ses  passions.  Le  voyage  qui  devait  for- 
mer le  plus  bel  épisode  de  sa  vie,  était  ainsi  devenu  la 
cause  de  sa  perte."* 

*  La  lettre  suivante,  écrite  à  M.  Ganieaii  lors  d'un  de  sres  retours  à 
Lc>mlres,  fait  voir  (\\w  ^I.  BtHtard  n'ignorait  jvas  la  gravité  de  sa  ma- 
ladie. 

"  Cher  Garneau, 

"  J'apprends  i^  matin  que  vous  éte.s  déjà  de  retour,  ce  qui  m'a 
causé  un  plaisir  infini.  C'ewt  un  Canadien  qui  viendra  à  mon  enterre- 
ment si  je  ne  reviens  pas  de  la  maladie  dont  j'ai  été  subitement  et 
violommont  attaqué.  J'ai  eu  une  rechute  il  y  a  huit  jours;  je  suis 
mieux,  niais  très  faible.  Je  sors  de  mon  lit  pendant  quelques  heures 
depuis  doux  jours.  Je  n'ai  pas  encore  recouvré  la  voix  le  moindre- 
ment, moi  qui  avais,  comme  dit  Fiset,  une  voix  d'aninuil!  Si  vous 
jiouviez  venir  me  voir,  que  vous  me  causeriez  de  plaisir  !  Sinon, 


XXVI  FUAN(;OIH-XAVIKK   UAKNEAU, 

Parti  le  10  mai  de  Liverpool,  M.  (îarneau  n'arrivait  à 
Québec  que  le  30  juin.  C'en  cinquante  journ  de  navigation 
furent  des  plus  pénibles.  Une  tempête  intermittente  bal- 
lotta le  malheureux  navire,  et  de»  vents  contraires  8enï- 
blèrent  Rejouer  de  lui.  Dan»  sa  premirre  traverHéo,  notre 
voyageur  avait  lu  Byron  et  Prior  ;  à  LondrcH,  il  li.'îait 
Lamartine  et  Campbell,  Il  paraît  qu'aucun  poète  n'adoucit 
les  misères  du  retour.  "  L'ennui,  dit-il,  me  prenait  au  mi- 
lieu de  cette  orageuse  immobilité.  I/imuge  du  Canada 
m'apparaissait  comme  ces  mirages  trompeurs  (jui  Hattent 
les  regards  du  voyageur  au  milieu  du  rlésert.  Je  voyais  la 
fortune,  l'avenir,  le  bonheur,  au  delà  des  mers,  dans  cette 
sauvage  contrée  où  l'espérance  avait  autrefois  conduit  mes 
ancêtres,  vains  songes  que  les  événements  se  sont  plu 
ensuite  à  démentir  en  détail." 

De  ce  voyage,  cependant,  M.  Garneau  avait  rapporté  bien 
des  choses,  bien  des  choses  (jui  lui  procurèrent  de  grandes 
joies  et  une  grande  gloire,  dont  il  ne  paraît  pas  avoir  tenu 
assez  de  com^^te  lorsqu'il  écrivait  les  phrases  mélancoli- 
ques par  lesquelles  se  termine  son  récit. 

Il  revenait  vivement  frappé  de  tout  cet  éclat  que  jetaient 
la  littérature,  les  arts,  la  politique  dans  le  vieux  monde; 
il  avait  entendu  à  la  chambre  des  communes  O'Connell, 
Hume,  Roebuck  et  bien  d'autres  orateurs  éminents  ;  au 
théâtre,  Kean  s\  Londres,  et  A  Paris  M'"*'  Mars  ;  il  avait 
assisté  à  une  séance  de  l'Académie  des  sciences;  le.<?  grands 
édifices,  les  galeries,  les  bibliothèques,  les  musées,  les 
sociétés  littéraires  et  scientifiques  des  deux  grandes  capi- 
tales, l'avaient  rempli  d'enthousiasme  et  avaient  augmenté 
dans  son  âme  cette  noble  ambition  d'être  utile  à  son  pays 
et  à  sa  race  qu'il  avait  déjà  et  qu'il  a  si  bien  suivie. 

écrivoz-moi.  Est-ce  jjar  quelque  accident  que  vous  êtes  de  retour,  ou 
votre  voyage  était-il  terminé?  ^I.  Viger  est-il  avec  vous?  Vous  me 
ferez  le  plaisir  de  porter  cette  lettre  à  son  adresse  au  plus  tût  dans  la 
cour  de  Somerset  House  ;  on  prend  une  petite  rue  qui  descend  à 
droite,  n"  8  ou  9.  Si  M.  Viger  est  de  retour,  vous  ne  porterez  pas  cette 
lettre.  Vous  la  garderez  par  devers  voils  jusqu'à  mon  retour.  Adieu, 
eher  Garneau. 

■  Is.  Bédarp." 


SA    VIE   ET  SES  ŒrVRÈf.  XXVÎi 

De  1833  à  1840,  (îpoque  où  M.  Garneau  commenta  à 
écrire  son  Histoire  du  Canada,  la  situation  politique,  déjà 
fort  tendue  lors  de  son  voyage,  s'était  assombrie  chaque 
année.  Quelles  que  fussent  les  aspirations  patriotiques  du 
jeune  homme,  quelque  effet  qu'eût  produit  sur  son  esprit 
le  grand  spectacle  de  la  vie  politique  en  Europe,  dans  un 
temps  où  en  Angleterre  et  en  France  s'agitaient  les  ques- 
tions sociales  les  plus  importantes,  il  ne  se  laissa  pas  en- 
traîner dans  le  tourbillon  et  suivit  humblement  la  voie 
(^ue  lui  traçaient  la  prudence  et  le  bon  sens. 

C'était  un  des  traits  les  plus  heureux  de  son  caractère 
et  de  son  esprit,  que  ce  mélange  de  bon  sens  et  d'enthou- 
siasme, que  ces  qualités  poétiques  et  ces  aptitudes  prati- 
ques qui  lui  permettaient  de  mener  de  front  les  travaux 
nécessaires  au  soutien  de  sa  famille  et  ceux  qui  devaient 
illustrer  son  nom. 

Il  avait  perdu  sa  mère  peu  de  temps  après  son  retour, 
et  deux  ans  plus  tard,  il  faisait  un  mariage  d'inclination, 
qui  lui  assurait,  au  moyen  du  travail  et  de  l'écono- 
mie, les  éléments  d'une  modeste  aisance.  Il  suivit  \^\i 
de  temps  sa  profession  de  notaire  et  devint  en  1835  com- 
mis à  la  Banque  de  Québec.  Quehiues  années  plus  tard, 
il  fut  nommé  traducteur  à  la  chambre  d'assemblée.  Cette 
dernière  charge  lui  procurait  des  rapports  fréquents  avec 
M.  Etienne  Parent,  M.  Morin  et  plusieurs  autres  hommes 
éminents.  Elle  lui  ouvrait  de  plus  l'accès  quotidien  de  la 
bibliothèque  du  parlement,  qui,  grâce  aux  soins  de  M. 
Faribault,  contenait  déjà  une  très  belle  collection  de  livres 
sur  l'Amérique.  Il  devint  aussi,  plus  tard,  membre  de  la 
Société  littéraire  et  historique  de  Québec,  et  se  lia  avec 
quelques-uns  des  littérateurs  et  des  savants  qui  la  compo- 
saient, et  dont  la  plupart  étaient  d'origine  britannique. 
Dans  les  commencements,  cette  société  comptait  un  bon 
nombre  de  Canadiens- Français,  et  il  n'y  avait  alors  aucune 
autre  association  de  ce  genre  à  Québec. 

Quoiqu'il  ne  prît  pas  une  part  active  à  la  politique,  ses 
sympathies,  disons  mieux,  ses  opinions  très  prononcées 
n'étaient  un  mystère  pour  personne.  Il  était  patriote,  comme 
on  disait  alors,  et  admirateur  de  M.  Papineau  et  de  son 


XXVin  FRANÇOIS-XAVIER   OARNEAU, 

parti.  Lorsque  se  forma  lu  iiremiôrc  HciBsion  notable  dans 
nos  ranps,  rolln  de  M.  Neilson,  de  M.  Cuvillicr  et  de  M. 
Quesnel,  M.  (îarnenu  resta  attacha''  au  parti  de  la  majorit*'-. 
Dans  les  petites  com<jdies  publi^'cs  dans  la  Gazette  de  Québer, 
sous  le  pseudonyme  d'un  Aini  du  dntu  (pio,  le  futur  lii  f 
rien  est  raille  assez  finement  sur  Tenthousiasme  r»'\  ,  ; 
tionnaire  qu'on  l'accuse  d'avoir  rapporté  d'Euroj>e.  ♦ 

Dans  son  livre,  cependant,  il  parle  avec  impartialité'  de 
ces  <''vénements,  et  paraît  aflmettre  que  les  fameuses  (pintre- 
ringt-(h)uze  résolutvmft,  <|ui  furent  la  cause  immédiate  de 
cette  premi^re  <lissidence  et  la  cause  éloignée  de  nos  deux 
insurrections,  auraient  pu  être  ré<ligées  avec  plus  d'habi- 
leté et  de  modération. 

Il  y  avait,  au  sein  du  parti,  dès  avant  les  (juatre-vingt- 
douze  résolutions,  «le  graves  difficultés  ;  dans  le  clergé  et 
dans  une  partie  de  la  députation  Ton  trouvait  <{ue  M, 
Papineau  allait  trop  loin.  M.  Garneau  dit  A  ce  sujet  : 

"  Depuis  quelque  temps,  M.  Neilson,  voyant  l'entraîne- 
ment de  la  majorité  des  repré.«!entants,  s'était  séparé  de  M. 
Papineau.  Plusieurs  Canadiens  influents,  pluseurs  mem- 
bres de  la  chambre,  entre  autres  MM.  Quesnel  et  Cuvil- 
lier,  en  avaient  fait  autant.  Ces  hommes  éclairés,  dont 
l'expérience  et  le  jugement  avaient  un  grand  poids,  recon- 
naissaient toute  la  justice  des  droits  réclamés  jmr  la  majo- 
rité; mais  ils  craignaient  de  risquer  dans  une  lutte  pas- 
sionnée ce  qui  avait  déjà  été  obtenu.  Lord  Goderich  avait 
fait  des  concessions  et  des  réformes  dont  il  fallait  lui 
tenir  compte,  si  l'on  faisait  attention  aux  préjugés  enra- 
cinée du  peuple  anglais  contre  ce  qui  était  français  et 
catholique 

*  Ces  j)etites  comédies,  très  bien  écrites,  ont  été  attribut-es  à  diver- 
ses personnes.  Dans  nne  autre  pièce,  qui  en  était  la  contre-partie  et 
qui  avait  pour  titre:  Ije  ,^'t>ihi  i[uo  fu  f/érowfc',  on  fait  jouer  les  rôles 
les  plus  insignifiants  précisément  aux  véritablas  auteurs  des  écrits 
signés  Un  ximi  du  Mntu  r/iio,  c'est-à-dire  à  M'SÎ.  G.-B.  Faribault  et 
David  Roy.  Tous  deux  sont  devenus  depuis  les  amis  intimes  de  M. 
Garneau.  Le  premier,  bien  connu  par  ses  savantes  recherches,  a 
rendu  pleine  justice  aux  travaux  de  notre  historien,  et  l'on  verra 
plus  loin  que  le  second  a  été  son  collègue  dans  la  rédaction  d'un 
journal  littéraire  et  scientitîque. 


SA    VIE   ET  ?ES  ŒUNTtES.  XXIX 

"  La  séparation  de  M.  Neilson  et  de  M.  Papineau  était 
un  vrai  malheur  pour  le  pays.  L'éloquence,  l'enthousiasme 
de  l'un  étaient  tempérés  par  le  sang-froid  et  la  modéra- 
tion de  l'autre,  qui,  d'ailleurs,  étant  d'origine  écossaise,  ne 
pouvait  être  blessé  personnellement  de  Tinfériorité  dans 
laquelle  on  voulait  tenir  les  Canadiens- Français.  Tous 
deux  avaient  l'âme  grande  et  fière.  Tous  deux  étaient  des 
amis  d'enfance;  ils  avaient  toujours  combattu  l'un  à  côté 
de  l'autre  pour  la  même  cause.  MM.  Cuvillier  et  Quesnel 
étaient,  de  leur  côté,  des  hommes  libéraux  modérés, 
aimant  leur  pays  et  jouissant  iVnn  r:ir:i(iriv  (|ui  faisait 
honneur  à  leurs  compatriotes. 

"M.  Papineau,  en  se  séparant  de  tant  il  himinios  sages 
pour  se  lancer  dans  une  lutte  contre  rAnfrlctorrr».  se  char- 
geait d'une  grande  re»ix)nsabilité." 

Lors«iue  plus  tard  une  seconde  scission  eui  iicu,  lorsque 
MM.  Bédard,  Parent,  Caron,  DeBartch  et  ce  que  l'on  appe- 
lait le  parti  de  Québec  ou  la  petite  famille,  abandonnèrent 
M.  Papineau  et  grossirent  le  nombre  des  modérés,  quelles 
furent  les  opinions  de  ^l.  (Jarneau?  Il  est  probable  que  le 
vif  sentiment  des  injustices  commises  par  l'oligarchie  ne 
lui  permit  guère  plus  cette  fois  que  la  première,  de  se 
livrer  à  des  réflexions  comme  celles  que  l'on  trouve  darts 
VHistoire  du  Canada  sur  les  événements  qui  précipitèrent 
la  crise  et  mirent  lin  a  notre  constitution.  Même  à  côté  de 
ces  réflexions,  il  y  en  a  d'autres  qui  font  voir  que  le  jeune 
patriote  dut  écouter  beaucoup  plus  la  logique  du  cœur  que 
celle  de  l'esprit,  aux  approches  de  cette  lutte  qui  nous  fit 
alors  tant  de  mal  et  qui,  cei^endant,  a  été  comme  la  san- 
glante aurore  de  nos  nouvelles  destinées. 

On  sent  dans  ces  pages  le  souffle  de  l'insurrection, 
et  l'en  peut  juger  des  sympathies  du  témoin  de  ces 
événements,  par  l'indignation  mal  contenue  de  l'historien. 
L'excuse  est  partout  îl  côté  du  blâme,  et  après  cette  lec- 
ture, malgré  l'évidence  navrante  du  résultat,  l'esprit  hésite 
encore.  L'astuce  du  gouvernement  anglais  et  de  ses  agents, 
les  pièges  tendus  à  la  lionne  foi  de  lord  Aylmer  et  de  lord 
(iosford,  et  par  les  dépêches  du  ministère  anglais,  et  par 
leur  entourage  dans  la  colonie,  les  sinistres  projets  de  nos 


XXX  FRANVOIH-XAVIEK   (iARSKAl', 

ennemis  traditionnels,  la  violence  de  leurs  journaux,  enfin 
la  r^'action  pouss^-e  trop  loin  par  ceux  des  nf»tre«  qui  sV- 
taient  convertis  —  un  peu  tard  —  à  la  niod^'-ration,  tout  cela 
forme  encore,  à  distance,  comme  autant  de  réponses  aux 
reproches  que  l'on  est  en  droit  d'adresser  il  M.  l'apineau 
et  tl  ceux  qui  le  poussi'^rent  ou  le  suivirent  «lans  une  voie 
si  funeste. 

Du  reste,  pendant  toute  la  p«'ri<Hlo  (jui  s't'tend  de  1832  à 
1845,  M.  Garneau  ne  fut  gu«'^re  connu  du  public  que  comme 
po(He,  et  cY'tait  alors  dans  ce  piiv^  un  titre  peu  j»rofit:»l'l«\ 
j'oserais  mr*nie  dire  peu  recomniandjildc.  liion  <iu('  !<•  7.'/- 
pertoire  national  contienne  des  jjoésies  de  M.  Viger  et  de  M. 
Morin,  qui  ne  sont  pas  sans  mérite,  ces  hommes  distingués 
les  avaient  publiées  d'abord  sous  le  voile  de  l'anonyme, 
et  c'était  alors  l'usage  presque  général.  Notre  historien 
fut  un  des  premiers  à  signer  ses  productions  de  ses  initia- 
les, et  quelquefois  de  son  nom. 

Il  y  a  eu  même,  jusqu'à  tout  dernièrement,  un  préjugé 
contre  la  littérature  du  cru,  et  par  suite,  une  grande  timi- 
dité chez  les  écrivains.  D'un  autre  côté,  les  hommes  pré- 
tendus positifs,  qui,  il  bien  des  égards,  ne  sont  souvent 
que  des  hommes  néyatifs,  ont  toujours  affecté,  ici  comme 
ailleurs,  et  plus  encore  ici  qu'ailleurs,  de  considérer  un 
brevet  do  capacité  littéraire  comme  l'équivalent  d'un 
brevet  d'incapacité  politique,  professionnelle  et  adminis- 
trative. M.  Garneau,  qui  avait  besoin  de  gagner  la  vie  de 
sa  famille  dans  des  carrières  où  des  aptitudes  de  plus  d'un 
genre  étaient  requises,  avait  donc  un  double  mérite  à 
braver  l'un  et  l'autre  préjugé  :  le  préjugé  littéraire  et  celui 
que  j'appellerai  anti-littéraire.  Un  coup  d'oeil  rapide  sur 
les  deux  premiers  volumes  du  Répertoire  national  *  donnera 
une  idée  du  mérite  relatif  des  poésies  de  M.  Garneau,  car 
la  critique,  pour  être  juste,  doit  se  reporter  à  l'époque  où 
les  œuvres  qu'elle  étudie  ont  été  publiées. 

Le  travail  de  formation  d'une  littérature  est  toujours 
intéressant  ;  mais  vu  à  distance,  il  laisse  aux  productions 

*  Le  Répertoire  national  ou  Recueil  de  littérature  canadienne,  com- 
jTÎIé  et  publié  par  J.  Hnstou.  4  vol.  in-S.  Montréal,  1S4S-18Ô0.  îxivell. 


SA   VIE   ET  SES  Œtn'RES.  XXXI 

de  la  pens<je  humaine  les  plus  vigoureuses  et  les  plus 
puissantes,  quelque  chose  trincertain  dans  la  forme,  de 
disparate,  d'incohérent,  d'inachevé.  Et  c'est  le  cas  même 
lorsqu'il  s'agit  d'une  littérature  qui  parle  dans  un  pays 
nouveau  une  langue  parvenue  à  son  plein  développement, 
à  son  apogée,  dans  la  vieille  contrée  où  elle  s'est  formée. 
Telle  est  l'impression  qu'ont  produite  en  Angleterre  les 
premiers  livres  publiés  aiuc  Etats-Unis,  et  il  a  fallu  tout  le 
talent  et  toute  l'originalité  de  Washington  Irving  et  de 
Feniniore  Cooper  pour  en  triompher. 

Dans  les  deux  premiers  volumes  du  Répertoire,  qui  con- 
tiennent toutes  les  poésies  de  M.  Garneau,  on  peut  suivre 
le  progrès  de  la  forme  chez  nos  écrivaiiu»  et  particulière- 
ment chez  les  poètes.  Assez  singulièrement  c'est  dans  les 
pièces  001  l'on  remar«iuo  le  plus  d'originalité  et  de  vigueur, 
que  se  trouvent  le  plus  de  vers  faibles  à  côté  de  vers  bien 
frappés,  le  plus  d'expressions  triviales  ou  bizarres,  de 
chutes  prosaïques. 

On  pourrait  diviser  les  poètes  de  la  première  moitié  du 
Répertoire  national  en  trois  catégories  :  la  première  se  com- 
})Oserait  des  classitiues,  comme  Michel  Bibaud,  imitateurs 
plus  ou  moins  heureux  de  la  poésie  du  dix-septième  siècle; 
la  seconde,  d'un  groupe  qui  procède  de  la  littérature  <le  la 
fin  du  dix-huitième  siècle  et  de  celle  de  l'empire,  et  dont 
]\I.  Joseph  Quesnel  serait  la  figure  principale  ;  enfin  la 
troisième  comprendrait  ceux  qui  ont  plus  ou  moins  subi 
l'influence  de  l'école  de  1830,  et  MM.  Turcotte,  Real 
Angers,  Barthe,  Derome  et  Garneau  en  seraient  les  meil- 
leurs types.  Il  faudrait  rejeter  dans  une  quatrième  caté- 
gorie M.  Joseph  Lenoir  et  quelques  autres  plus  décidé- 
ment romantiques  et  qui  furent  comme  les  précurseurs  de 
la  petite  pléiade  qui  brille  aujourd'hui. 

M.  Bibaud  et  en  général  les  poètes  qui  se  peuvent  ran- 
ger autour  de  lui,  ont  peu  d'originalité  ;  mais  sauf  quel- 
ques vers  durs,  quelques  archaïsmes,  et  aussi  quelques 
expressions  canadiennes  dont  je  ne  serais  pas  disposé  i\ 
trop  blâmer  l'emploi,  on  trouve  là  une  prosodie  assez  cor- 
recte, des  alexandrins  qui  marchent  bravement  sur  leurs 
pieds  et  marquent  bien  la  me-'ure. 


XXXll  FRANÇOIfi-XAVlKK   GAKNEAU, 

Du  reste,  comme  Ta  «lit  M.  Isidore  Lebrun  dans  son 
ouvrage  sur  le  Canada,  M.  Bibaud  a  entrevu  le  parti  que 
l'on  pouvait  tirer  d'un  yniya  neuf,  d'une  nature  encore 
vierge;  il  a  senti  que  ce  rjui  lui  inanquait,  cNHait  ce  que 
r<in  n'ap})eljiit  pas  encore  de  son  temps,  la  couleur  locale. 

("est  avec  raison  (pi'il  se  fait  dire  par  un  interlocuteur 
imaginaire: 

"  Des  hor(l«  <lu  Saguenay  pei);no3^noUH  la  hauteur, 
Kt  (lo  son  larjîc  lit  IVnorniw  profoiKleiir, 
Ou  du  Montnioreucy  l'adiiiiraMo  (■aHca4lo, 
Ou  (lu  rap  Diamant  lY'tonnant©  evtplanaile." 

Le  second  groupe,  dont  plusieurs  portes  ^'•taient  n<'*s  en 
France,  comme  M.  Mermet  et  M.  Quesnel  lui-mAine,*  a  g<'n^- 
raloment  traité  des  sujets  légers,  et  semble  une  i)etite  colonie 
d'agréal)les  versificateurs  qui  continuent  sur  les  bords  du 
Saint- Laurent  des  vaudevilles,  des  ariettes,  des  madrigaux 
et  des  épigrammes  commencés  sur  les  bords  de  la  Seine. 
C'est  surtout  de  leurs  disciples  que  j'ai  dit  ailleurs:  "  De 
petits  écrits  anonymes,  qui  sans  doute  intriguaient  l>eau- 
coup  le  public  d'alors  et  faisaient  les  délices  du  cercle  des 
initiés,  de  petites  pièces  de  vers,-  des  bouquets  A  Chloé, 
signés  de  quoique  pseudonyme  doux  et  transparent,  et 
jetés  d'une  main  timide  dans  la  boîte  aux  correspondan- 
ces, faisaient  tous  les  frais  de  notre  littérature."  f 

Alais  ce  n'est  pas  seulement  dans  le  Répertoire  que  se 
trouvent  ces  premières  fleurs  assez  modestes  de  notre 
Hélicon,  c'est  dans  les  journaux,  les  magazines,  les  alma- 
naclis  et  surtout  dans  les  albinns  des  demoiselles,  alors  à  la 
mode,  dans  des  recoins  de  tiroirs  avec  des  tresses  de  che- 
veux et  mille  autres  souvenirs,  qu'il  faudrait  les  chercher. 
Mais  hélas  !  où  sont  les  neiges  d'antan  ? 

La  muse  patriotique  ne  date  guère  que  de  1830;  ses 
accents  sont  sincères  et  touchants,  s'ils  ne  sont  pas  tou- 
jours entraînants;  la  tristesse,  tout  au  moins  la  mélan- 
colie forme  la  note  dominante  ;  les  différentes  phases  de 

*  M.  Mcrmet  a  cependant  traité  quelquefois  de.s  sujets  canadien)»  : 
sa  pièce  sur  la  victoire  de  Chateauguay  a  été  souvent  reproduite, 
t  L'IvMnict ion  publique  au  Canada.  1  vol.  in-S.  Qurbeo.  187R. 


SA    VIE    ET   ftES   lELVKE^.  XXXlll 

notre  politique  s'y  trouvent  indiquées,  et  à   part  le  mérite 
incontestable  d'un  bon  nombre  de  ces  productions,  toutes, 
même  en  apparence  les  plus  insignifiantes,  ont  une  double 
valeur  ;  d'abord  au  point  de  vue  de  l'histoire  politi(iue 
ensuite  au  point  de  vue  de  l'histoire  littéraire. 

those  assez  remarquable,  plusieurs  des  hommes  politi- 
ques eux-mêmes  qui  ont  charmé  leurs  loisirs  en  cultivant 
la  poésie,  ont  choisi  des  thèmes  tout  difl'érents  et  peuvent 
se  classer  parmi  les  poètes  de  la  seconde  ou  de  la  première 
catégorie.  M.  Morin  figure,  au  Répertoire^  pour  deux  pièces 
seulement  :  la  chanson  Riches  citîtt,  gardez  votre  opulence, 
qui  a  eu  de  la  vogue  en  son  temps,  et  une  autre  jolie 
pièce,  la  Baie  de  Québec.*  M.  Denis-Benjamin  Viger  a  écrit 
quelques  épigrammes  bien  tournées  ;  mais  elles  n'ont  au- 
cun caractère  politique. 

Je  l'ai  déjà  dit,  une  forte  i)roportion  des  poésies  que 
j'appellerai  patriotiques  ou  politiques,  ont  été  publiées 
sous  l'anonyme.  Cette  circonstance  peut  expliquer  les 
imperfections  que  l'on  y  rencontre.  Le  sentiment  de  la 
responsabilité  est  comme  l'œil  du  maître  ;  il  voit  ou  fait 
voir  bien  des  choses  qui  échappent  aux  autres  regards. 
Et  cependant  quelques-unes  de  ces  productions  en  disent 
plus  que  des  volumes  sur  l'état  de  société  qui  les  a  fait 
naître. 

Qui  ne  serait  touché,  jtar  exemple,  des  sentiments  expri- 
més dans  ces  vers,  qui  terminent  une  pièce  anonyme  inti- 
tulée Plainte  et  espair,  et  publiée  à  la  date  de  ISSl  ? 

*'  Peuple  isolé,  qui  n'as  d'appui  que  toi, 

Que  tes  vertus  et  le  dieu  de  tes  pères, 

Peuple  chéri,  si,  comme  je  le  croi, 

De  tes  malheurs  un  jour  tu  te  libères, 

»Si  d'Albion  la  justico  entin  luit, 

Redis  c"es  vers  que  la  douleur  m'inspire; 

Quand  je  serais  dans  l'étemelle  nuit, 

Mon  ombre  encor  reviendrait  te  stairire." 

*  I^ne  petite  pièce  intitulée  /«•  Bi  nji  r  nuilhi  timu  est  signée  A  N.  M., 
et  indé}»endamment  de  la  coïncideni'e  des  initiales,  la  tournure  et 
l'esprit  de  ces  vers  me  porteraient  à  les  attribuer  à  M.  Morin,  qui, 
cependant,  n'aurait  eu  à  la  date  qu'ils  portent  (16'20)  que  seize  ou 
dix-sept  ans. 


XXXIV  l-i:.V.N«,Olt-AA\  ItK    «.Alt.M.Al 

La  ijiôinc  teinte  luélaiicoliiiue  se  retrouve  daii«  une  uutn- 
pièce  anonyme  intitulée  le  VoUûjcur,  houh  la  rubrique  th- 
cette  même  année  1831. 

*'  Sombre  et  ponsif,  dolwut  sur  lu  frontiiïro, 
Un  voltijimir  allait  finir  >vm  ciuart; 
L'antro  «lu  j<<ur  ailievait  ^a  rarrièro, 
l'ii  ruin  au  loin  arp'ntait  lo  nmipart. 
H«'laH!  <lit-il,  qncllw  cwt  «lonc  ma  ••oiiHigne? 
l'n  nidt  anglais  tju«  j«  no  coniprttnflh  [>&h  : 
Mi>n  iiÎTo  était  du  pays  ily  la  vigno  ; 
Mon  poHlo,  non,  je  ne  te  laÏHwe  pan  ! 

"  Un  bruit  «oudain  vient  frapper  son  oreillu  : 
Qui  vive...  rion.  Mai.s  j'entends  le  taml>our. 
Au  forps  de  ^rarie  est-ro  <jue  l'on  «<jninieille? 
l.'aigle.,  déjà,  plane  aux  bois  d'alentour. 
llélasi  dit-il,  etc 

"  C'est  l'enneuii,  je  vois  une  victoire  ! 
Feu  !  mon  fusil...  Ce  t-oup  t«st  bien  jKjrtt'; 
Un  Canadien  défond  le  territoire, 
Comme  il  saurait  venger  la  liberté. 
Hélas!  dit-il,  etc 

"  Quoi  I  l'on  voudrait  assiéger  ma  guérite? 

Mais  quel  rordon!  ma  foi,  qu'ils  sont  nombreux! 

Un  voltigeur  déjà  prendre  la  fuite? 

11  faut  eufor  que  j'en  tue  un  ou  deux. 

Hélas!  dit-il,  etc 

Un  plomb  l'atteint;  il  pâlit,  il  chancelle; 
Mais  son  coup  part,  puis  il  tombe  à  genoux. 
Le  sol  est  teint  de  son  sang  qui  ruis.selle  ; 
Pour  sou  pays  de  mourir  qu'il  e.st  doux  ! 
Hélas!  dit-il,  etc 

Ses  compagnons,  courant  à  la  victoire, 

Vont  jusqu'à  lui  pour  étendre  leur  rang. 

Le  jour  déjà  désertait  sa  paupière. 

Mais  il  semblait  dire  encor  en  mourant  : 

"  Hélas  !  c'est  fait  ;  quelle  est  donc  ma  consigne  ? 

Un  mot  anglais  que  je  no  comprends  pas  ; 

Mon  père  était  du  pays  de  la  vigne  ; 

Mou  poste,  non,  je  ne  te  lai.sse  pas  I  " 


«A    VIE    ET  SES   ŒLVKES.  XXXV 

Je  cite  ce  petit  poème  iiu  long,  parce  qu'il  résume  trèï^ 
heureusement  les  sentiments  des  Canadiens  -  Français  : 
la  fidélité  résignée  et  courageuse  au  nouveau  drapeau, 
«'alliant  au  touchant  souvenir  de  la  vieille  mère  patrie. 

Un  mot  anglais  que  je  ne  comprends  pas  ! 

Tout  est  Jà,  ce  me  semble  !  Et  l'on  meurt  pour  cette 
consigne  absurde,  en  se  souvenant  du  pays  dont  on  a  tant 
entendu  parler,  du  jtays  où  règne  la  .seule  langue  que  l'on 
aime  et  que  Ton  comprenne  ! 

Un  usage  qui  s'était  introduit  en  même  temps  que  le 
journalisme,  a  contribué  d'une  manière  assez  curieuse  à 
donner  une  certaine  inipulsiim  à  notre  littérature.  Plu- 
sieurs des  pièces  anonymes  ou  signées  qui  figurent  dans 
ce  recueil  et  beaucoup  d'autres  qui  n'y  figurent  point, 
furent  des  chansons  dxL  nouvel  an,  destinées  à  obtenir  de 
l'abonné  bénévole  les  étrennes  du  petit  yazetier,  et  tel  de  nos 
poètes  en  renom  a  '  fait  ses  débuts  de  cette  manière  et  a 
révélé  ses  talents  par  l'entremise  de  ce  troubadour  d'un 
nouveau  genre.  Celui-ci  ne  chante  pas  précisément  sous  le 
ciel  de  la  Provence  ;  c'est  souvent  au  milieu  d'un  ouragan, 
à  travers  la  neige  ou  la  grêle  qu'il  vient  de  grand  matin 
frapper  Ti  notre  porte.  Autrefois  on  faisait  entrer  le  pauvre 
petit  mes.siiger  de  la  nouvelle  année,  tout  transi  par  le 
froid;  on  lui  faisait  chanter  sa  chanson — car  on  prenait 
son  rôle  au  sérieux  —  et  on  le  récompensait  par  queKpies 
gâteaux  ou  même  par  un  verre  de  liqueur  en  sus  des 
étrennes  obligées.  Cet  usage  remplaçait  celui  de  la  guU- 
lonnée  que  l'on  a  tenté  dernièrement  de  rétablir  à  Montréal 
et  îi  Québec. 

Le  chant  patriotique  dont  j'ai  parlé  plus  haut,  .S<)/  cana- 
dien, fut  une  chanson  du  jour  de  l'an;  comme  Isidore  Bé- 
dard,  M.  Barthe,  M.  Garneau,  M.  Aubin,  *  M.  Angers 
payèrent  leur  tribut  il  cette  coutume  que  M.  Fréchette,  M. 
Lemay,  M.   Legendre  ne  dédaignent  pas  encore  aujour- 

*  M.  Aubin  a  éi-rit  quelques-unes  des  plus  jt>lies  pièces  qui  se  trou- 
vent dans  le  lié/»  rtoirc.  Comme  M.  l^uesnel,  M.  Mermet  et  plusieurs 
autres  de  nos  auteurs,  il  est  né  et  a  été  élevé  en  EuroiJO. 


XXXVl  !•  UA N M)J h- X A \'1KU   (iAUMIAl, 

d'Jiui.  M.  Deroine  parait  avoir  cté  le  ]RHte  luuréut  de» 
étrcnnes.  Il  n'a  {)a8  moins  de  cinq  pièces  de  ce  genre  à 
son  crédit;  en  1841,  il  on  <'onipoHa  deux  et  runc  d'elles 
contenait  une  protcHtati(^n  énergique  contre  l'union  légis- 
lative imposée  aux  deux  i)rovince8  par  l'Angleterre  et  par 
son  agent  lord  Sydenliani. 

Jx)r8(iuo  HÏ'tahlit  la  léte  de  la  Saint- Jean- Haptiste,  nos 
poètes  trouvèrent  lit  jwur  bien  dire  un  autre  sujet  de  con- 
cours. La  chanson  de  sir  (îeorges  Cartier,  Onmnc  nous  dit  un 
vieil  adufje,  si  })Opulaire  encore  aujourd'hui,  fut  chantée  au 
second  banquet  îl  Montréal  (l8Ji5).  Celles  qui  ont  été  com- 
posées il  Québec,  en  1843  par  M.  Angers  et  en  1844  par 
M.  Derome,  sont  peut-être  les  plus  remarquables.  Leurs 
refrains  : 

•'  I^  Canadien  t'a<l<>ptant  innir  patron, 

rarnti  Itw  ixjuple*  prend  un  nom, 
An  ciel  un  saint  (jui  fK)ur  lui  veille  et  prie, 
et 

"  Saint  Jean-Baptiste  nous  protège, 

11  nous  entend  de  l'immortel  séjour; 

Sous  sa  bannière  un  iKjupIe  est  son  cortège. 

Chantons  !  sa  fête  est  notre  jour." 

se  font  encore  entendre  dans  nos  joyeuses  célébrations. 
A  mesure  que  l'on  approchait  de  la  catastrophe  de 
1837,  la  muse  patrioti(jue  prenait  un  ton  plus  vigoureux  et 
plus  mena(;ant.  Les  poèmes  pour  les  anniversaires  du  21 
mai,  les  poésies  de  nouvelle  année,  les  odes  à  Papineau 
accusaient  plus  de  colère  et  de  haine.  Un  dithyrambe  de 
M.  Turcotte,  adressé  en  1835  au  grand  patriote,  présente 
d'une  manière  très  saillante  les  qualités  et  les  défauts 
communs  aux  poésies  canadiennes  de  cette  époque.  Le 
début  en  est  fort  remarquable. 
• 

"  Pourquoi  te  prodiguer  l'outrage? 

Pourquoi  cette  impuissante  rage. 

Ces  mots  de  traître,  d'imposteur. 

Vomis  par  l'esclave  cohorte, 

Quand  d'un  peu^ile  la  voix  si  forte 

Te  proclame  libérateur  ? 


SA    VIE   ET   SES  ŒUVRES.  XXXVU 

C'est  que  sur  le  globe  où  nous  sommes, 
Dieu  nous  a  «lit  :  Vouh  serez  hommes. 
C'est  (luo  la  terre  ne  produit 
Qu'en  dénaturant  la  semem-e, 
I^  grain  (jui  renferme  l'essence 
D'où  germe  et  naît  le  nouveau  fruit. 

C'est  que  la  noire  calomnie 
S'acharne  toujours  au  génie: 
Colomb,  de  chaînes  accablé, 
Le  graml  Colomb  fut  sa  victime  ! 
Dites:  quel  était  donc  son  crime? 
Par  lui  le  monde  avait  doublé  !... 

De  leur  joug  ta  main  nous  déUvre. 

Mais  nous  avons,  conmie  au  grand  Livre, 

Nos  docteurs  «le  l'ancienne  loi  ; 

Dans  leur  tendre  sollicitude, 

Kt  i)our  sauver  la  multitmle. 

Criant  :  "11  veut  se  faire  roi  !  " 


Après  1837  une  teinte  plus  soinhre  encore  se  répand  sur 
toutes  ces  productions.  I^s  élégies  adressées  aux  exilé* 
politiques  sont  nombreuses,  et  l'on  y  parle  assez  ouverte- 
ment de  revanche  ;  on  y  maudit  les  tyrans,  sans  trop  de 
précautions.  M.  Barthe,  Tauteur  d'une  de  ces  pièces,  eut  à 
subir  un  assez  long  emprisonnement  ;  M.  Angers  et  M. 
(Jarneau  lui-même  eurent  à  se  féliciter  de  ce  que  leurs 
poèmes  ne  furent  pas  lus  en  haut  lion,  ou  de  ce  que  l'on 
ne  sut  pas  bien  en  saisir  la  portée. 

Le  Répertoire  ne  contient  pas  moins  de  dix-neuf  poeîjies 
signées  par  M.  (îarneau,  et  Ton  m'assure  qu'il  n'en  a  écrit 
que  deux  ou  trois  qui  ne  s'y  trouvent  point.  La  plupart 
sont  au-dessus  de  la  moyenne,  et  quelques-unes  sont  parmi 
les  plus  belles  du  recueil. 

Le  même  sentiment  patrioti^iue ,  les  mêmes  mouve- 
ments alternatifs  de  crainte  et  d'espoir  que  l'on  rencontre 
partout  dans  VHîstoirc  du  Canada,  forment  le  caractère  de 
son  œuvre  poétique.  Soit  en  prose,  soit  en  vers,  M.  Gar- 
neau  n'avait  pour  bien  dire  qu'une  pensée,  qu'une  préoc- 
cupation, celle  de  la  lutte  nationale.  Constamment  il 
interroge  le  sphinx  de  nos  destinées,  et  son  imagination, 

c 


XXXVlll  KUANÇ0I8-XAVIKK  UAHNfc-AL, 

imprcssionnoe  par  les  événements  du  jour,  interprète  trèu 

diversement  ses  réponsen. 

QuehpmH-unes  de  ses  i)itces  ont  unnez  la  facture  de 
Béranger,  dont  il  était  un  grand  admirateur.  Telle  est 
entre  autres  colle  qui  a  jmur  titre  rElranger  (18.*Î3).  * 


"  Il  ne  vient  |K)int  doH  ImrdH  qui  m'ont  vu  nattnv 
(M'i  «i  M>uvent  jo  t-hantaiH  noK  oxploitH. 
Il  n'a  jKont  vu  CarouKO,  où  jiour  un  tnaitnt 
Touiliaiont  noK  tilx,  ijuo  traliiHHaiunt  Iom  rolH. 
l>'un  jonjr  à  l'antrB,  ln'laH  !  on  lo«  transporte, 
l'rouez  f-eK  forn,  dit-on  à  «Iom  héros  !..." 
— Pauvro  étranjrrir,  l<Mir  hra«  vainqueur  lot*  jxirte. 
A  V(w  ennui»  api)ort(iz  du  ropoH. 

"  Déjà  le»  <'hainj»s  où  reiKMwnt  no«  pC-rew 
A  tl'antres  mains  ont  livré  lourn  nioissfiUN, 
Kf  sons  u«w  toits  dw>  lan^rues  «'•trangi-nw 
Chassent  l'édio  de  nos  douces  rhansons. 
Un  or})heliii  quête  un  pain  d'indigenœ 
Au  seuil  sacré...,  trahi  par  ses  sanglots  !  " 
— Pauvre  étranger,  j'y  ft^tai  sa  naissance  : 
A  vos  ennuis  ajiiK^rtez  du  roi>os. 

Plusieurs  des  essais  poétiques  de  M.  Garneau  sont  d'as- 
sez longue  haleine,  ce  sont  :  la  Pologne  (1835),  où  il  est 
revenu  sur  le  thème  déjà  traité  Ti  Londres  ;  Av  Canndti 
(1837),  le  Rêve  du  soldat  (1838),  où  il  passe  en  revue  les 
l^rincipaux  événements  de  l'histoire  de  France;  la  Presse 
(1834),  poésie  de  la  nouvelle  année,  Louise,  légende  cana- 
dienne (1840),  et  les  Exilés  (1841). 

Malgré  des  imperfections  qui  ne  seraient  pas  difficiles  à 
corriger,  malgré  aussi  les  défauts  qui  sont  particuliers  à 
l'auteur,  l'abus  de  l'ellipse,  et  une  certaine  incohérence 
d'où  naît  l'obscurité,  ces  pièces  se  rachètent  par  l'éléva- 
tion constante  des  idées  et  par  la  noblesse  des  sentiments. 
Mais  le  poète  a  été  plus  heureux  dans  des  essais  d'un 

*  On  retrouve  la  même  facture  dans  la  pièce  le  Vultlgnir,  repro- 
duite phis  haut,  et  dans  une  autre  intitulée  Chant  du  Vifillurd  nir 
retrait ger.  Quoique  non  signées  de  M.  Garneau,  je  serais  a*-.sez  enclin 
à  les  lui  attribuer. 


«A    Vl£    KT   ^^LS   ŒLVUtb.  XXXIX 

genre  moins  ambitieux  ;  il  y  a  trouvé  une  note  plus  juste 
et  s'est  soutenu  avec  moins  d'effort.  Telles  sont  les  pièces 
qui  ont  pour  titres  :  A  mon  jih  (1838),  Ic^  Oiseaux  blancs 
(1839),  V Hiver  (1840)  et  le  Papillon  (1841). 

Dans  la  première  se  trouve  très  marquée  l'influence  de 
Béranger  et  de  son  école  dans  ce  qu'elle  a  de  plus  heu- 
reux. Les  plus  nobles  sentiments  s'y  traduisent  en  vers 
souvent  harmonieux,  toujours  attendrissants. 

Je  crois  devoir  la  reproduire  en  entier. 

Lors(iuo  tu  dors  sur  lo  min  de  ta  mère, 
0  Souvent  mes  yeux  s'arrêtent  sur  te«  traits. 

Où  les  /-éphyrs  .sous  la  jraîse  UV^'re 
Portent  clt<s  chan)}>s  les  |)arfum8  toujours  frais. 
Mais  qui  peut  dire,  en  quittant  le  rivage. 
Que  les  zéphyrs  t©  suivront  jusqu'au  port  ? 
Dors,  mon  enfant  ;  le  ciel  est  sans  nuage, 
Et  l'aquilon  ne  souflle  pas  ent-or- 

Des  rêves  d'or  berceront  ton  enfance  ; 
Insoucieux,  tout  te  semblera  Iteau. 
Tu  grandiras,  avec  toi  resjx/ranto, 
Pri.snie  trom}teur  «jui  nous  suit  au  toudjeau. 
Plus  tartl  entin  le  tem|>s  impitoyable 
Détruira  tout,  plaisirs,  projets,  bonheur. 
Dors,  uutn  enfant  ;  ton  rêve  ast  agréable, 
'    Bientôt  viendront  des  })en8ers  de  douleur. 

81  ton  gcnie  à  la  lyre  sonore 
Prête  des  chants  inspirés  par  les  dieux. 
Comme  l'oiseau  qui  chante  avec  l'aurore. 
Ils  n'auront  plus  d'écho  que  dans  les  deux. 
Ces  doux  refrains  qui  charment  mon  oreille 
Vont  s'oublier  pour  des  sons  inconnus. 
Dors,  mon  enfant  ;  jx^ur  toi  ta  mère  veille, 
Et  de  sa  voix  les  chants  sont  suspendus. 

Si  lo  de.stin  sur  la  terre  étrangère 
Guide  tes  pas  bien  loin  de  ton  pays. 
Tu  verseras  plus  d'une  larme  amère 
Au  souvenir  de  œs  bords  trop  chéris. 
Le  haut  ran^r  même  où  tu  semblerais  être 
Perdra  soudain  à  tes  yeux  sa  splendeur. 
Dors,  mon  enfant  ;  le  sol  qui  t'a  vu  naître 
Sera  totijours  le  pays  de  ton  coiur. 


Xl  FRANÇOIS-XAVIER  UAKNkAU, 

H\  fler,  enfin,  doM  exploiU  de  noh  père», 

Tu  to  plaiHaiH  au  niiliou  <1<^h  roiiihatM, 

l'iiiswi  lo  ciol  rtMnlr«  teis  joutn  i»roKj>c'reM 

Kt  loin  (lu  toi  condiiiro  I<»  tn'jtaM. 

MaÏM  là  <lti  moins  l'iioniiiui  tombe  ave<'  ((luire, 

Kt  «on  pays  lui  doit  nn  Hoiivenir. 

Dorh,  mon  enfant  ;  ni  tu  vin  danH  l'hiiitoire, 

LaiMHe  un  nom  cher  aux  tilg  <le  l'avenir. 

Mais  l'avnnir  ne  vjnwnit  do  nua>f«i>  ; 
l'our  hion  des  HIm  le^  Iojjh  «eront  nan^lant»: 
Ki  je  ixnivaiH  conjurer  ceH  orage», 
Avec  plaisir  je  verrais  ton  printemps. 
Non,  le  pa«K<''  n'a  iH)int  l>ri«<!-  ww  armes,  • 

Chacun  se  dit  :  \Vashinj.'ton  ronaitrn. 
Dors,  mon  enfant  -,  car  lo  tandHiur  d'alaruieh 
Trop  tôt  pour  toi  peutn-tre  sonnera- 
Moi,  je  voudrais,  mon  (ils,  qu'à  ton  anile 
Ccrès  brillât  au  milieu  (Uw  neuf  Soeurs, 
Et  (]ue  la  paix,  à  leur  appel  d<KMle, 
Y  i)r«''sidi'it,  le  front  orn»''  de  Heurs; 
Content  du  sort  que  mon  cœur  te  souhaite. 
D'amis  choisis  toujours  environne, 
(,)n  vît  les  arts  eml»ellir  ta  retraite 
Dans  (juelque  lieu  champêtre  et  fortuné. 

IjCh  Oiseaux  blancs  et  h  Papillon  sont  deux  gracieuses 
poésies  qui  prouvent  que  le  talent  de  l'auteur  pouvait  se 
prùter  à  plus  d'un  genre,  même  à  ceux  pour  lesquels  on 
ne  lui  aurait  point  soupçonné  d'aptitude.  Il  y  a  là  une 
souplesse  et  une  facilité  qui  trop  souvent  lui  font  défaut. 

Salut,  petits  oiseaux,  qui  volez  sur  nos  têtes. 
Et  de  l'aile  en  pas-sant  effleurez  les  frimas  ; 
Vou.s  qui,  1)ravant  le  froid,  berc-és  par  les  tempêtes, 
Venez  tous  les  hivers  voltiger  sur  nos  pas. 


La  voyez-vous  gli.s.ser,  leur  légion  rapide, 
Dans  les  plaines  de  l'air  comme  un  nuage  blanc, 
Ou  le  brouillard  léger  que  le  soleil  avide 
A  la  cime  d'un  mont  dissipe  en  se  levant  ? 

Les  petits  oiseaux,  que  l'on  croit  voir  et  entendre,  vien- 
nent autour  de  la  grange,  où  bondit  le  van  du  villageois. 


SA   \aE   ET  SES  ŒUVRES.  xli 

Ils  volent  au  milieu  (Vépais  flocons  de  neige,  au  sein  des 
giboulées. 

Ils  coiivrejit  lo  janiin,  iiioïKieiit  Ih.s  allée», 

Kt  d'arV)re  en  arbre  ils  vont,  toujours  en  voltij|;eant. 

Mais  la  main  du  perfide  oiseleur  leur  a  tendu  des 
pièges  ;  un  imprudent  est  victime.  Alors  c'est  merveille 
de  voir  les  sentiments  que  le  poète  sait  prêter  à  ses  petits 
amis,  et  comme  il  sait  aussi  les  partager  ! 

Poussant  des  c-ris  plaintifs,  ils  s'en  vont  dans  la  plaine, 
Mes  yeux  les  ont  suivis  derrière  les  coteaux  ; 
Mais  ils  avaient  déjà,  le  tuAr,  perdu  leur  haine, 
Et  je  les  vis  encor  passer  sous  aies  vitraux. 

Dans  la  seconde  pièce,  le  poète  historien  envelopi)e 
d'une  forme  légère  les  plus  graves  pensées. 

Papillon 

Que  l'aurore 

Fit  éclorw 

Au  gason, 
.le  cours,  voltijîe. 
Dans  mon  nianttir, 
Ik*  ti|îe  tm  tijfe 
Jiis4|ues  au  soir. 

Dans  la  m?*, 

Doux  st'jour  ! 

Je  reiMjwe 

Jusqu'au  jour. 


Si  l'hirondelle 
Tente  souvent 
Route  nouvelle 
Au  tiruiauient. 

Ah  !  moins  8U|)erlie, 
Moins  (glorieux. 
Sur  un  brin  d'Iierln^ 
•Te  suis  heureux. 

Et  la  tempête 
Suivant  son  cours, 
Loin  de  ma  tête 
Passe  toujours. 


xlii  FRAN(;0IH-XAV1ER   GARNEAU, 

On  vit  ('liez  rhutntne 

Au<Iariuux 

Le  front  de  Ilonie 

Toucher  le»  cieuz. 

Main  Hur  la  terre 
l'aHMe  Attila, 
DanK  la  i>fniM«ôre 
Home  croula. 


Sans  (jue  je  m'inquiète, 
Oui,  di^jù  j'aiiorçoiH 
Ma  {)ouHHicre  iniliHcriMo 
Ave<'  r-ollo  den  roi». 

Le  Dernier  Huron  (1840)  et  le  Vieux  chhu  (1841)  parais- 
sent être  comme  deux  échos  d'une  m^'-me  pensée.  C'est 
dans  ces  deux  pièces  que  M.  CJarneau  a  donné  toute  la 
mesure  de  son  talent  ;  et  si  l'on  doit  entendre  par  poésie 
autre  chose  qu'un  certain  ramage  qui  plaît  îl  l'oreille,  si 
pour  le  poMe,  comme  pour  l'orateur,  l'inspiration,  le;>fc^/« 
doit  passer  en  première  ligne,  le  Dernier  Huron  restera 
comme  l'une  des  plus  belles  pages  de  notre  littérature. 
Du  reste  il  y  a  de  l'ampleur,  du  nombre  et  de  l'harmonie 
dans  la  plupart  de  ces  strophes,  qui  tiennent  à  la  fois  de 
l'école  classique  et  de  l'école  romantique. 

La  lutte  pour  la  vie  entre  les  peuples,  la  disparition  de 
certaines  races,  exterminées,  asservies  ou  absorbées  par 
d'autres  plus  fortes  et  plus  heureuses,  forment  le  thème 
des  deux  productions  ;  mais  le  retour  sur  nous-mêmes,  la 
crainte  que  tel  ne  soit  un  jour  notre  sort,  sont  plus  fran- 
chement accusés  dans  la  seconde  que  dans  la  première,  où 
la  préoccupation  constante  de  l'auteur  est  déguisée,  pour 
bien  dire,  sous  le  voile  de  l'allégorie. 

L'idée  du  Dernier  Huron  est  due  à  un  tableau  de  notre 
artiste  M,  Plamondon,  cet  élève  de  Paulin  Guérin  dont  il 
a  été  question  plus  haut.  Il  avait  peint  le  portrait  du  chef 
sauvage  Vincent,  dont  le  nom  de  chef  était  Tariolin,  le 
dernier  Huron  de  pure  race.  *  L'artiste  ne  s'était  pas  con- 

*  Les  Hurons  de  Lorette  ont  un  nom  patronymique  et  un  nom  de 
famille,  ce  qui  n'était  point  le  cas  chez  leurs  ancêtres  ;  mais  ils  pren- 


SA   VIE   ET  SES  ŒUVRES.  xliii 

tente  de  faire  une  ressenablance,  il  avait  idéalisé  son  mo- 
dèle. 

Le  tableau  de  M.  Plamondon  obtint  le  grand  prix  de 
peinture  offert  au  concours  en  1838  par  la  Société  litté- 
raire et  historique  de  Québec,  et  lord  Durham  en  tit  l'ac- 
quisition. 

Dans  une  notice  qui  se  trouve  dans  le  C'a»wirftV/i  du  30 
avril  1838,  j'avais  essayé  de  rendre  compte  de  l'impression 
que  cet  événement  avait  produite. 

"  Le  dernier  des  Hurons  !  C'est  là  un  sujet  bien  inté- 
ressant, bien  artistique  et  bien  canadien.  M.  Plamondon 
en  a  tiré  tout  le  i)arti  possible.  Il  nous  a  représenté  son 
sauvage  del)Out,  dans  une  attitude  imposante  et  médita- 
tive, les  bras  croisés  sur  la  poitrine,  le  front  levé  vers  le 
ciel  ;  il  l'a  placé  au  milieu  de  ses  bois  auxi^uels  il  semble 
dire  un  dernier  et  solennel  adieu  pour  lui-même  et  pour 
toute  sa  race  ;  en  un  mot,  il  a  vraiment  peint  le  dernier 
des  Hurons.  Lorsqu'on  contemple  ses  longs  cheveux  noirs 
bouclés  et  flottants  sur  ses  épaules,  ses  traits  éminemment 
caractéristiques,  son  teint  cuivré,  sea  yeux  étincelants,  sa 
belle  draperie  de  couverte,  sa  ceinture  i\  laquelle  est  sus- 
pendu son  coutelas,  on  reconnaît  bien  le  fils  des  hommes 
libres,  le  chasseur  et  le  guerrier  de  nos  vastes  forêts,  le 
canotier  des  grands  lacs,  le  dernier  rejeton  d'une  nation 
noble  et  intrépide  qui  a  disparu  devant  nous,  comme  les 
castors  de  nos  rivières,  les  élans  de  nos  bois  ;  et  comme 
nous-mêmes,  peut-être,  nous  disparaîtrons  devant  une 
nation  plus  puissante.  Le  fort  chasse  le  faible  ;  c'est  en 


lient  de  phin,  les  rhefs  surtout,  un  nom  jiersonnel,  «^ui  a  toujours  une 
signitication.  Vincent  avait  un  jïraml  talent  naturel  pour  la  jiein- 
turo.  Il  se  fit  donner  dos  levons  par  M.  Plaujondon  et  tit  de  nom- 
Vareuses  copies  de  son  iiortrait,  qu'il  vt>uilait  aux  étrangers.  De  là  ces 
vers  do  mon  Epîtte  à  M.  (/f  I^tibuaijtw,  que  M.  de  I^motlie  et  M.  Iso- 
lai vre  ont  bien  voulu  citer  : 

Surtout  dites-leur  bien 

Qu'on  n'est  point  tatoué  pour  être  Canadien, 
Que  le  dernier  Hurou  est  vivant  à  Ixjrette, 
Qu'il  a  peint  son  portrait  et  que  chacun  l'achète. 


xliv  FRANÇOIS-XA^^ER    GARNEAU, 

doux  inot8  toute  l'histoire  de»  fil»  d'Ailain,  et  le  tnltleau 
de  M.  Plamondon  nous  en  di'roule  un  petit  coin. 

"  Il  faut  espérer  que  notre  artiste  n'eu  restera  po*  là, 
et  que  notre  pays  lui  fournira  d'autres  sujets,  I^uisHcnt 
tous  nos  compatriotes  travailler  ainsi,  chacun  dans  son 
genre  !  Puissions-nous  élever  (juelques  monuments  dignes 
de  notre  race  avant  d'être  engloutis  par  les  flots  de  lY-mi- 
gration  !  Alors  on  ne  se  demanderait  plus:  quand  donc 
viendra  le  jour  où  le  C.'anada  sortira  de  son  obscurité, 
où  les  arts  et  les  sciences  y  fleuriront  comme  ils  fleuris- 
sent ailleurs  ?  Avouons-le  franchement,  si  d'un  côté  notre 
avenir  national  est  des  plus  incertains,  plus  d'une  étoile 
commence  à  poindre  ;  qui  sait  si  un  jour  nous  ne  compte- 
rons j)oint  comme  les  autres  i)euples,  nos  gloires  de  litté- 
rateurs, de  savants  et  d'artistes  ?  Courage  donc,  et  en 
avant  la  jeunesse  canadienne  !  " 

M.  Ciarneau  avait  été  frappé,  lui  aussi,  du  côté  poétique 
et  légendaire  de  cette  œuvre  d'art,  et  deux  ans  après  il  pu- 
bliait son  Dci-nier  Huron. 

Fidèle  aux  vraies  traditions  de  la  poésie  lyrique,  le 
poète  se  plonge  in  médias  res  : 

"  Triomphe,  destinée  !  Enfin  ton  heure  arrive  ; 

O  iieui)le,  tu  ne  seras  plu». 
Il  n'errera  bientôt  de  toi  sur  cette  rive 

(iue  des  niAne8  inconnu». 
En  vain,  le  soir,  du  haut  do  la  montagne 
J'appelle  un  nom  ;  tout  est  silencieux. 
0  guerriers,  levez-vous  ;  couvrez  cette  campagne, 

Ombres  de  mes  aïeux  !  " 

Mais  la  voix  du  Huron  se  perdait  dans  l'espace 

Et  ne  réveillait  plus  d'échos. 
Quand,  soudain,  il  entend  comme  une  ombre  qui  passe, 

Et  sous  lui  frémir  des  os. 
Le  sang  indien  s'embra-se  en  sa  poitrine  ; 
Ce  bruit  qui  passe  a  fait  vibrer  son  cœur. 
Perfide  illusion  !  au  pied  de  la  colline 

Cest  l'acier  du  faucheur  ! 

Après  la  seconde  stance,  le  poète  cède  encore  la  parole  à 
son  héros. 


SA   \'IE   ET  SES  ŒUVRES.  xlv 

"Encor  lui,  toujours  lui,  serf  an  rogard  Inuesto 

Qui  me  {Kjursuit  ou  trionipliant. 
Il  convoite  déjà  du  chêiu'.  (jni  me  reste 
L'ombrage  rafraÎL-hishant. 
Homme  servile!  il  rampe  sur  la  t*»rre; 
Sa  iTu-he  main,  profanant  des  tombeaux, 
Pour  un  salaire  impur  va  tnjnliler  la  ixiUK-iit're 
Du  sajre  et  du  héros. 

"  II  triomphe,  eit,  Hemblal)le  à  son  trou{jeau  timide, 

Il  redoutait  l'u'il  du  Huron; 
Et  quand  il  entendait  le  bruit  d'un  pas  rapide 
Descendant  vers  le  vallon. 
L'effroi,  soudain,  s'emparait  de  son  jlme; 
Il  croyait  voir  la  mort  devant  ses  yeux. 
Pourquoi  dès  leur  enfance  et  le  glaive  et  la  tlammu 
N'ont-ils  passé  sur  eux  ? 

La  parole  est  encore  au  poète,  et  de  nouveau  à  son 
héros.  Les  transitions  sont  peut-être  un  j)eu  brusques, 
mais  elles  sont  tout  à  fait  dans  les  procédés  de  la  poésie 
antitjue. 

Le  Huron  raconte  les  exploits  de  ses  pères,  leurs  chasses 
leurs  pèches,  leurs  combats,  leurs  voyages,  leurs  tounum 
sur  les  ondes  limpides,  otl  comme  îles  cyffius,  se  jouaient  leurs 
esquifs  capricieux. 

Puis  il  s'écrie  : 

"  Hélai;  !  puis-je,  joyeux,  en  l'air  brandir  ma  lance 

Et  clianter  aussi  mas  exploits  ? 
Ai-je  bravé  comme  eux,  au  jour  de  la  vaillance, 
I^  hache  des  Irotjuois  ? 
Non,  je  n'ai  point,  sentinelle  furtive, 
Près  de  leur  camp  siirpris  de-s  ennemis. 
Non,  je  n'ai  pas  vengé  la  «lépouille  plaintive 
De  parents  et  d'amis. 

Puis  enfin,  oubliant  l'ancienne  alliance  de  ses  ancêtres 
avec  l'un  des  peuples  qui  ont  acquis  son  héritage,  le  der- 
nier Huron  s'en  prend  également  aux  uns  et  aux  autres, 
et  lance  contre  eux  un  prophétique  anathème,  suivi  d'une 
prosopopée  on  ne  i^eut  plus  étrange,  mais  aussi  on  ne  peut 
plus  poétique  : 


xlvi  KRAN(;0I»-XAVIER  GAUNEAU, 

"  Tcm«  ces  proux  dosoenduM  «lans  la  toinlx}  /'tonutllo 

Dormont  couchén  woum  U^t*  guéretH  ; 
De  leur  pa.VH  ch<''ri  la  graiidour  «olennello 

Tombait  uvo*-  1«m  f(»r<^t«. 
I^urH  noniH,  lourn  jnux,  lourx  A'iom,  leur  hÏMtoire, 

Hont  avi»c  eux  onfoiiiK  j)Our  toujour», 
Et  je  tnÙH  rent^;  houi  firnir  «lire  leur  ui^tnoire 

Aux  {«upleH  (le  non  jour». 

"  Ort^ueilleux  aujdurd'liui  qu'ilw  ont  mon  h^-ritage, 

CoH  pimploH  font  rouler  louru  cliarM 
OCl  jadi.s  H'aKNemblait,  m>um  le  Maon*  feuillaiy:e, 

I^  conseil  do  non  vieillard». 
Avec  fracas  kuirM  somptueux  <'ortèKeH 

Vont  envahir  et  profaner  ccx  lieux  î 
Et  les  éclats  bruyants  de»  rires  sacriU^eH 

Y  montent  jusqu'aux  cieux  !... 

"  Mais  il  viendra  ixinr  eux  le  jour  de  la  venj^eance, 

Et  l'on  brisera  leurs  toml)eaux. 
Dos  peuples  inconnus,  comme  un  torrent  immense, 

Ravajferont  leurs  coteaux. 
Sur  tes  débris  de  leurs  cités  j»onif>eus(vs 

liO  pAtre  assis  alors  no  saura  pas 
Dans  ce  vaste  désert  quelles  cendres  fameuses 

Jaillissent  sous  ses  pas. 

"  Qui  sait  ?  peut-être  alors  renaîtront  sur  ces  rives 

Et  les  Indiens  et  leurs  forêts  ; 
Eln  reprenant  leurs  corps,  leurs  ombres  fugitives 

Couvriront  tous  ces  guérets; 
Et  se  levant  comme  après  un  long  rêve, 

Ils  reverront  partout  les  mêmes  lieux, 
Les  sapins  descendant  jusqu'aux  flots  sur  la  grève, 

En  haut  les  mêmes  cieux. 

La  pièce  intitulée  le  Vieux  chêne  est  comme  une  conti- 
nuation du  Dernier  Hvron  ;  elle  lui  est  presque  égale  par  le 
souffle  poétique  ;  elle  lui  est  supérieure  sous  le  ra{)port  <le 
la  forme. 

C'est  le  développement  d'une  idée  que  l'auteur  avait 
conçue  dans  l'autre  j^oème,  et  qui  s'y  était  trouvée  trop  à 
rétroit. 

Le  Huron  n'avait-il  pas  dit  ? 


SA   VIE    ET   SES   ŒUVRES.  xlvîi 

"  Encor  lui,  toujours  lui,  serf  au  regard  funeste, 

Qui  me  poursuit  eu  triomphant. 
Il  convoite  déjà  du  chêne  qui  me  reste 

L'ombrage  rafraîchissant  !  " 

Et  parlant  de  son  héros,  le  poète  n'avait-il  pas  ajout»'? 

"  Comme  le  chêne  isolé  dans  la  plaine, 
D'une  forêt  noble  ot  dernier  di-brit». 
Il  ne  reste  que  lui  sur  l'antique  domaine 
<  Par  ses  i>ères  conijuis." 

Les  deux  premières  stances  de  la  seconde  élégie  sont 
très  riches  d'harmonie  et  d'expressions. 

Naguère,  sur  les  Iwrds  de  l'onde  murnmrante. 
Un  vieux  chêne  élevait  sa  tête  dans  les  rieux; 
Et  do  ses  rameaux  verts  l'ombre  rafrait-hissaute 
I*rotêgoait  l'humble  fleur  qui  naissait  en  «es  lieux. 
I.«s  brises  s«:)ui)iraient,  le  st»ir,  dans  son  feuillage 
Argenté  jMir  la  lune,  et  dont  plus  loin  l'image 
Ondoyait  sur  les  tlots  coulant  avec  lenttnir  ; 
Les  oiseaux  y  dormaient,  la  tête  kous  leur  aile, 
Comme,  la  nuit,  sur  l'eau  rei»»so  ht  miit-llti 
Immobile  du  pêcheur. 

Des  siècles  à  ses  pieds  reposait  la  itoussière. 
Que  d'orages  affreux  pas.scrent  sur  son  front 
Dans  le  cours  varié  de  sa  longue  carrière  ! 
Que  do  i>euples  toniKs  sans  laisser  même  un  non»  ! 
Imjiassible  témoin  do  leur  vaste  naufrage. 
Que  j'aimais  à  prêter  l'oreille  à  ton  langage 
Si  plein  do  s«iuvenirs  des  âges  révolus  ! 
Lui  seul  i»ouvait  encoi*e  évo(|uer  sous  son  ombre 
L'imago  du  jwissé,  les  fantêtmet»  sans  nombre 
Des  i)euple8  qui  n'étaient  plus. 

Les  souvenirs  historiques  se  pressent  en  foule,  les  peu- 
ples anciens  et  les  peuples  modernes,  les  sauvages  et  les 
hommes  civilisés,  passent  rapidement  au  pied  de  l'arbre 
séculaire,  et  le  poète  se  compare  au  voyageur  qui  jadis, 

au  pie<l  d'une  colonne 

Assis,  les  yeux  fixés  sur  des  débris  épars. 
Dans  son  rêve  crut  voir  s'animer  Babylone, 


xlviii  FKANÇ0I9-XAVIER    OARNEAU, 

Les  oiseaux  qui  font  leurs  nids  et  gazouillent  danB 
les  l>ranches,  les  amunts  f|ui  ne  gazouillent  pas  nidins 
tendrement  sous  l'ombrage  épais,  les  danses  joyeuses 
des  villageois,  au  pied  du  vieil  arbre,  le  vieillard  qui 
vient  H'y  asseoir  et  raconter  aux  jeunes  gens  les  hauts 
faits  des  ancêtres,  tout  cela  est  (k'crit  avec  fraîcheur,  avec 
grAce,  avec  une  mélancolie  bien  vraie  et  que  le  lecteur  ne 
peut  s'empt'cher  de  partager.  Le  vieillard  est  évidenunent 
un  souvenir  jxTSonnel  ;  c'est  ce  bon  aïeul  d«)nt  il  ent  parlé 
plus  haut. 

Mais  le  moment  vient  où  l'arbre  doit  aller,  sebm  l'ex- 
pression d'un  po^-te  français  \)e\i  connu, 

"  Au  gouffre  dévorant  où  vont  avec  non  jours 
Feuilles  et  jeunes  gent*,  chênes  et  hanteH  tour»»."* 

Cependant  M.  CJarneau  n'a  pas  voulu  que  son  arbre 
chéri  tombî'it  de  vétusté;  il  a  choisi  pour  lui  une  fin  plus 
tragique,  plus  symbolique  aussi  de  celle  qu'il  voudrait 
pour  notre  nationalité,  si  elle  doit  disparaître  un  jour. 

Mais  depuis  a  pass»'  le  vent  de  la  tempête  ; 
La  foudre  u  di«l»er^«•  te.s  débris  glorieux  : 
l^e  hameau  t-herrlie  on  vain  ta  vénérable  tête 
De  loin  se  dessinant  sur  la  voûte  des  deux. 
Il  n'aperyoit  plus  rien  de<lan8  l'eHpace  vide. 
An  jour  de  la  colère  une  Hamme  rapide 
Du  vieux  roi  des  forêts  avait  tf>ut  effacé. 
Hélas  !  il  avait  vu  naître  et  mourir  nos  jx-res; 
Et  l'ombre  qui  tombait  de  ses  bras  sé<'ulaires, 
C'était  l'ombre  du  passé. 

Comme  on  a  pu  le  voir,  les  dernières  et  les  plus  remar- 
quables poésies  de  M.  Garneau  ont  été  écrites  dans  les 
années  1840  et  1841.  Il  a  montré  à  cette  époque  une  très 
grande  activité  d'esprit  ;  c'est  alors  qu'il  a  commencé  son 
Histoire  du  Canada  ;  et  il  faisait  au  Canadien  —  quelquefois 
sous  ses  initiales  —  une  collaboration  importante.  C'étaient 
généralement  des  recherches  historiques  ou  statistiques. 
Un  de  ces  articles,  écrit  au  moment  de  la  sanction  de  l'acte 

*  Polydore  Bounin,  Au  château  de  Jtdhan. 


ï>A    VIE   ET    S£â  (KL'VHEH.  xlix 

d'Union,  a  pour  but  de  montrer  l'intérêt  que  le  pays  tout 
entier  avait  à  conserver  l'usage  de  la  langue  française. 
Cet  article  paraissait  le  22  février  1841  ;  l'auteur  avait 
pris  pour  épigraphe  ces  vers  de  Victor  Hugo  : 

"  Aux  chohi08  dont  tu  fiais  le  moule 
Tout  l'univers  travaille  en  foule; 
Ta  chaleur  en  ses  veines  roule; 

Il  t'olx'it  ave<-  orjjueil; 
Il  marche,  il  for^e,  il  tente,  il  fonde. 

Toi,  tu  penses,  jjrave  et  féconde 

I^  France  est  la  tête  du  monde." 

"  Le  représentant  de  la  reine  d'Angleterre,  disait  M. 
Garneau,  vient  de  proclamer  la  réunion  des  provinces 
du  Canada  et  la  déchéance  de  la  langue  française.  La 
croisade  méditée  dei)uis  tant  d'années  contre  tout  ce  que 
peut  aimer  la  population  canadienne  qui  parle  cette  lan- 
gue est  commencée,  et  la  hache  de  la  destruction  est  déjà 
levée  pour  saj^er  l'édifice  des  lois  et  des  constitutions 
garanties  au.x  Canadiens  par  le  traité  de  17G3  et  par  l'acte 
constitutionnel  de  1791.  Mais  les  traités  et  les  K»is  n'ol>li- 
gent  que  les  faibles,  car  qui  les  fera  observer  par  les  ft.rfs  '' 
Les  intérêts  ont  fait  taire  la  justice  à  notre  égard. 

"  Puisque  l'intérêt  est  la  divinité  qui  domine  aujour- 
d'hui en  Canada,  je  viens  faire  valoir  devant  son  tril)unal 
des  titres  reconnus  irrécusables  i)ar  le  monde  entier  ;  et 
les  hommes  sages  et  impartiaux  diront  en  les  voyant  :  Ne 
détournons  pas  de  nous  la  lumière  de  l'un  des  phares  les 
plus  brillants  qui  éclairent  le  monde,  de  cette  nation  dont 
le  poète  a  dit  : 

*'  Toi,  tu  I>t^ns^^s,  grave  et  It  con  u> 

"  En  abolissant  la  langue  française,  on  prive  le  Canada 
des  moyens  de  profiter,  directement  dans  l'avenir,  des  pro- 
grès que  les  arts,  les  sciences  et  la  littérature  feront  en 
France,  sans  augmenter  l'avantage  que  fournira  l'usage  de 
la  langue  anglaise  pour  l'acquisition  des  lumières  nou- 
velles, qui  seront  le  fruit  de  progrès  pareils  en  Angleterre. 
Si  les  hommes  voulaient  se  mettre  au-dessus  des  préjugés, 


1  KHANVOI»-XAVIEK  OARNEAU, 

s'ils  voulaient  6tre  justes,  quels  avantages  le. Canada  ne 
retireruit-il  pas  de  la  connaissance  des  langues  que  jmr- 
lent  les  deux  preniif-res  nations  du  monde  ?  Nous  le 
deinundons  uux  hommes  instruits  :  ceux  qui  savent  plu- 
sieurs langues,  ne  croient-ils  pas  avoir  un  avantage  sur 
ceux  (jui  n'en  savent  «ju'une  seule?  Notre  objet  est  de 
mettre  devant  tous  les  yeux  le  tort  immense  que  Ton  fait 
au  pays  par  cotte  disposition  de  l'acte  d'Union,  et  que 
chacun  parmi  nous  pourrait  apprécier,  si  on  l'obligeait 
d'oublier  entièrement  une  des  langues  qu'il  sait,  la  fran- 
çaise ou  l'anglaise." 

L'écrivain  donne  une  longue  liste  de  toutes  les  décou- 
vertes faites  par  des  Français  dans  les  sciences  ou  dans  les 
arts  ;  il  re))roduit  les  glorieux  états  de  service  de  la  France 
dans  la  civilisation  de  l'EuroïKî  et  du  monde  entier;  il 
parle  avec  amour  de  l'impulsion  qu'elle  a  donnée  aux 
beaux-arts  et  îI  la  littérature. 

Cette  longue  et  savante  énumération  remplit  plusieurs 
colonnes  du  journal,  et  l'auteur  termine  ain.si  : 

"  Voilà  la  liste  des  principales  inventions  dues  au  génie 
français.  N'est-elle  pas  grande  et  belle  ?  Ne  contient-elle 
pas  des  motifs  bien  fondés  de  l'empressement  avec  lequel 
les  hommes  instruits  de  tous  les  pays  apprennent  la  lan- 
gue française,  dont  l'ignorance  parmi  les  [personnes  bien 
élevées  est  si  rare  en  Europe?  Et  c'est  cette  langue,  jugée 
utile  par  tous  les  peuples,  qu'on  veut  proscrire  dans  ce 
pays  !  N'est-ce  pas  une  des  anomalies  de  la  politique  de 
notre  gouvernement  ?  Car  on  ne  peut  pas  prétendre  qu'elle 
soit  incompatible  avec  l'allégeance  que  nous  devons  à 
l'Angleterre,  puisque  les  habitants  des  îles  de  Jersey  et  de 
Guernesey,  qui  la  parlent  encore,  sont  les  plus  fidèles 
sujets  de  cette  puissance.  En  outre,  c'est  la  langue  de  la 
Belgique  et  d'une  partie  de  la  Suisse  et  de  la  Savoie,  toutes 
nations  indépendantes  les  unes  des  autres. 

"  Nous  pouvons  donc  dire  que  la  connaissance  des  lan- 
gues anglaise  et  française  est,  et  serait  encore  plus  dans  la 
suite,  d'un  immense  avantage  pour  le  Canada,  en  ce  qu'elle 
est  propre  à  faciliter  nos  relations  avec  d'autres  peuples, 
et  à  favoriser  le  commerce  et  le  progrès  dans  les  arts  et 


SA    VIE    ET  SES   ŒLVKES.  H 

dans  les  sciences.  Les  inconvénients  de  l'usage  de  deux 
langues  dans  ce  pays,  ne  seraient  pas  plus  grands  que  dans 
la  Suisse,  où  l'on  parle  le  français  et  ralleuuind  ;  et  il  faut 
que  ces  inconvénients  y  soient  bien  légers,  puisqu'il  ne  s'é- 
lève point  de  plaintes  à  cet  égard.  Kspérons  que  nos  légis- 
lateurs, plus  sages  que  la  métropole,  laisseront  subsister  la 
langue  française  en  ce  pays,  et  n'y  détruiront  point  un 
des  plus  puissants  véhicules  par  lesquels  les  bienfaits  de 
la  civilisation  se  répandent  dans  le  monde."  * 


*  I)e  nuiiibreiix  artirles  (lan«  le  ménui  îiens  j»ariirent  à  fette  époque 
dans  nos  journaux.  Un  (.'(.Ti  va  in  qui  si^înait"  M,"  àprop<j,stlu  pr(>t<|i©c- 
tus  du  JuuriKil  fff»  F(unlUiif,  énumérait  aussi  les  avantages  que  nous 
otlre  notre  nationalité  et  faisait  un  tuiu-hant  appel  aux  Franvais  du 
monde  entier.  Voici  la  tin  de  c-et  article,  publié  dans  le  Canuditn  du 
11  novoml)re  1840  ..  "Où  ixjurrons-nous  jiniserdes  prin<ii>e«  plu»  purs, 
des  exemples  plus  frappants,  des  motifs  plus  honorai >les  ix.iur  notre 
avancement  matériel  ?  Mais  tout  en  nous  gloritiant  d'être  sujets 
britAnnitpies  et  nous  api)uyant  sur  la  protection  à  laquelle  nous 
avons  droit  c«)mme  tels,  il  est  un  autrt^  titre  qui  doit  exalter  no» 
sentiments.  Im  voile  derrière  l6<juel  nous  avaient  placés,  aux  yeux  de 
l'univers,  notre  existence  obscure  et  le  coin  rtx-ulé  <|ue  nous  habitons, 
est  tomlx*.  I^  cri  de  notre  nationalité  menacée, attaqué©,  persécutt'-e, 
a  traversé  les  mers;  il  s'est  fait  entendre  en  France,  et  a  trouvé  de 
l'écho  partout  où  il  y  a  dos  Franvais... 

"  La  corvette,  sur  des  mers  él<ii;-'né'©s,  s'est  vue  entourée  de  gros 
vaisseaux  ennemis  ;  ses  démarches  ont  été  éjtiées,  ses  mouvements 
fîénés,  sa  course  rasserrée;  toutes  les  issues  sont  fermé-es,  et  un  trijile 
ranji  de  vaisseaux  convoitent  le  {«uvre  atome;  mais  le  canon  dé- 
sesi.)éré  de  la  résistam-e  éclate  et  va  réveiller  dos  âmes  à  l'horizon  ! ... 

"  Ce  sont  l'es  relations  que  nous  devons  entretenir  ;  nous  y  trou- 
verons un  nouvel  aliment  au  feu  sacré  de  la  nationalité  ;  nous  y 
retromixirons  des  sentiments  émoussés  jiar  une  longue  s«*paration... 

"  Et  certe-^,  notre  nationalité  tVanvaise  vaut  bien  la  i>eine  qu'on  la 
défende  et  (ju'on  n'en  rougisse  j>as.  Klle  n'est  pas  incompatible  avec 
notre  titre  lie  sujet  biitHUiiitiue;  mais  pour  nous,  dans  notre  situa- 
tion, l'un  et  l'autre  nous  s(mt  néi-essaires,  pui.sijue,  si  jamais  l'An- 
gleterre, i)ar  une  ix)litique  erronée,  nous  retirait  la  protection  que  ses 
lois  nous  ont  promise,  les  liens  du  sang  nous  feraient  trouver  dans 
les  Français  autant  de  frOras  qui  nous  tendraient  les  bras.  Ainsi 
doue,  prêtons  une  obéi-^sance  pleine  et  entière  aux  lois  qui  nous 
régissent  ;  mais  que  nos  imroles,  que  nos  pensées,  que  notre  coeur, 
fassent  voir  que  nous  sommes  Français.  Dans  nos  chagrins  domesti- 


lii  FRANÇOIS-XAVIER   GARNEAU, 

Dans  cette  môme  ann^'-e  1841,  M.  Garneau  entreprenait, 
avec  M.  David  Roy,  la  publication  d'un  journal  litt^Taire 
et  8cientifi(iue,  Vlnutitnt.  Depuis  une  «-ouple  d'années,  il  se 
faisait  un  mouvement  en  faveur  de  la  culture  des  sciences 
et  des  lettres,  mouvement  que  vint  augmenter  le  projet  du 
système  d'«'chanjçes  internationaux  que  M.  Vattemare,  de 
Paris,  voulait  établir  et  jwur  le  succès  duquel  il  était  venu 
l)r(*'(lier  en  Amérique  une  espèce  de  croisade. 

Il  fut  proposé  de  créer  dans  chacune  de  nos  grandes 
villes,  de  grandes  institutions  avec  musées,  bibliothèques, 
salles  de  conférences  et  cabinets  de  lecture,  les  musées  et 
les  bibliothèques  devant  surtout  être  alimentés  à  l'aide  du 
système  d'échanges.  Les  deux  sections  de  la  ))opulation 
parurent  s'entendre,  et  le  clergé  catholique  entra  dans 
le  mouvement.  A  Montréal,  il  fut  chanté  une  messe  solen- 
nelle pour  le  succès  de  l'entreprise,  et  Mgr  Bourget  écrivi- 
une  lettre  très  remanjuable  à  M.  Vattemare.  Les  diflét 
rentes  institutions  littéraires  avaient  promis  de  se  coaliser 
pour  le  succès  de  l'entreprise,  et  de  grandes  assemblées 
publiques  où  se  trouvèrent  les  citoyens  les  plus  mar- 
(piants  des  deux  origines,  s'étaient  prononcées  en  faveur 
(lu  jirojet. 

D'un  autre  côté,  lord  Sydenham,  qui  voyait  là  une 
diversion  à  la  politique  et  qui  espérait  par  ce  moyen  apai- 
ser les  Canadiens-Frnnyais  et  les  rapprocher  de  l'élément 
anglais,  favorisait  l'établissement  des  deux  Instituts  Vntte- 

qiies,  dans  nos  malheurs  politiques,  cherclions  notre  consolation  dans 
notre  nationalité,  car  en  elle  est  toute  notre  force,  et  elle  n'est  pas 
au  pouvoir  de  nos  ennemie." 

Eu  feuilletant  ce  volume  du  Canadien,}^ ta  aussi  retrouvé  une  série 
de  questions  sous  une  forme  assez  liumoristique,  que  je  publiais  le 
14  août  1840,  et  dans  latjuelle  j'indiquais,  entre  autres  choses,  la 
fondation  de  collèges  industriels  et  l'établissement  d'une  va.>^te 
société  de  colonisation,  sur  le  plan  <le  l'a-ssociation  pour  la  ]»ropaj^a- 
tion  de  la  foi,  comme  moyens  de  nous  maintenir  dans  le  Ba.«5- 
Canada  et  niêinr  dans  le  Hant-Canado.  "Dan»  le  Havt-Qinado"  cela. 
devait  paraître  un  peu  fort  ;  mais  à  vingt  ans,  on  n'y  va  pas  de  main 
morte  !  Ce  qui  était  alors  luie  utopie,  se  n'alise  cependant  aujour- 
d'hui en  bien  des  endroits,  et  plus  particulièrement  sur  la  rive  sud 
de  l'Ottawa. 


SA   VIE    ET  SES  ŒUVRES.  liii 

mare  qui  devaient  être  fondés  à  Montréal  et  à  Québec,  et 
qui  n'ont  jamais  eu  d'existence. 

Le  titre  du  nouveau  journal  était  donc  tout  trouvé;  il 
était,  pour  bien  dire,  dicté  par  le  sentiment  public  ;  mais 
aussi  les  deux  œuvres  partag^rent  le  même  sort. 

Cependant,  pour  être  tout  à  fait  juste,  il  faut  dire  que  si 
le  projet  de  M.  Vattemare  n'a  pas  été  mis  à  exécution, 
tandis  que,  d'un  autre  côté,  l'entreprise  de  MM.  Garneau 
et  Roy  a  échoué,  l'un  et  l'autre  ont  ouvert  la  voie  à  de 
nouvelles  tentatives  qui  se  sont  succédé  depuis  avec  plus 
ou  moins  de  succès,  et  ont  conservé  jusqu'ici  le  feu  sacré  à 
travers  bien  des  obstacles. 

1j  Institut,  dont  la  première  livraison  parut  le  7  mars 
1841  et  la  dernière  le  22  mai,  n'a  eu  que  trois  mois  d'exis- 
tence. Ses  douze  livraisons  hebdomadaires  font  voir  ce 
que  pourrait  être  ici  une  publication  scientifique  et  litté- 
raire en  langue  française.  Elles  contenaient  des  comptes 
rendus  de  séances  des  sociétés  littéraires  et  scientifiques 
du  Canada  et  des  pays  étrangers,  des  articles  bibliographi- 
ques, des  reproductions  ou  des  traductions  de  mémoires 
lus  devant  les  sociétés  savantes,  notamment  de  ceux  de 
la  Société  littéraire  et  historique  de  Québec,  des  nouvelles 
des  sciences  et  des  lettres,  des  extraits  ou  des  analyses 
d'articles  sur  l'instruction  publique,  l'industrie,  les  arts  et 
les  beaux-arts,  des  poésies,  etc.  Nul  doute  que  si  le  public 
avait  mieux  accueilli  le  nouveau  journal,  les  travaux  sur 
l'histoire  du  Canada  n'y  eussent  aussi  occupé  une  place 
importante.  La  partie  scientifique  l'emportait  de  beaucoup 
sur  la  partie  purement  littéraire.  Il  y  avait  là  évidemment 
un  noble  effort  pour  doter  le  pays  d'une  publication  utile 
et  sérieuse,  pour  diriger  l'ambition  de  notre  jeunesse  dans 
une  voie  nouvelle  et  malheureusement  aujourd'hui  encore 
trop  peu  fréquentée. 

M.  Garneau  se  consola  de  l'insuccès  d'une  entreprise  à 
laquelle  il  tenait  beaucoup,  en  reportant  toute  son  énergie 
sur  son  œuvre  de  prédilection,  sur  la  grande  tâche  qu'il 
s'était  imposée  avec  l'intention  bien  arrêtée  de  relever  le 
courage  de  ses  compatriotes  et  de  les  faire  respecter  par 
leurs  concitoyens  anglo-saxons. 

D 


liv  FRANÇOIS-XAVIER  GARNEAU, 

Ses  collaborateurs  —  car  il  en  avait  plusieurs,  et  l'/n^rfi/u/ 
n'<îtait  que  la  transformation  d'un  autre  projet  —  ses  colla- 
borateurs prirent  chacun  leur  parti,  et  continuèrent  isolé- 
nient  ce  qu'ils  avaient  projeta-  de  faire  en  commun.* 

Ce  ne  fut  que  quatre  ans  plus  tard,  en  1845,  que  parut 
le  premier  volume  de  VHutoire  du  Canada^  imprimé  chez 
M.  Au])in.  Pendant  tout  ce  temps  l'auteur  s'était  livré  à 
un  travail  opinifttre,  dont  la  continuation  devait  être  ren- 
due plus  ditlicile  encore  par  les  devoirs  de  la  nouvelle 
charge  qu'il   avait  acceptée,  celle  de  greffier  du  conseil 

*  Au  mois  d'octobre  1840,  M.  Delorme,  imprimeur,  avait  lancé  le 
prosjXH'tUH  du  Jdfunml  de»  JaviilUt,  qui  devait  avoir  pour  r/'-ilaftoure 
MM.  Deronie  et  Soulard,  ot  pour  collaborateurH  .MM.  M«»rin,  Ii<^>y, 
(iarnoau  ot  Chauveau.  J'ai  tl«'jà  parlé  pluH  haut  «le  M.  Morin;  c'owt 
une  do8  pluH  jrrandes  figuroH  de  notre  IiiNtoiro  ixjlitiquo  et  littéraire. 

M.  Roy  a  été  un  des  hommes  do  sa  vfénération  (jui  ont  eu  le  plu» 
d'aptitude  et  de  dévouement  jxmr  le«  science»  et  les  lettre*»;  une 
trop  grande  modestie,  voire  une  exc-easive  timidité  l'ont  empêché  do 
se  distinguer,  aux  yeux  du  public,  comme  il  aurait  pu  le  faire.  Va  lx)ta- 
nique  était  son  étude  favorite  et  il  avait  formé  un  très  bel  her- 
bier qui  fut  mallienreusoment  détruit,  à  Québec,  dans  l'incendie  de 
1845.  Longtemps  juge  de  la  cour  supérieure,  il  avait  pris  .sa  retraite 
il  y  a  quelques  années  et  n'avait  cessé  depuis  de  se  préparer  à  la 
mort  par  une  vie  toute  d'ascétisme  et  de  charité.  Il  est  dé-cédé  le 
31  juillet  dernier,  à  l'âge  de  73  ans. 

;M.  Soulard  était  un  des  avocats  les  plus  spirituels  du  barreau  do 
Québec.  Il  y  avait  en  lui  l'étoffe  d'un  poète  et  d'un  critique.  Il  a 
laissé  deux  charmantes  poésies  et  une  petite  nouvelle  historique,  qui 
se  trouvent  dans  le  Répertoire.  Il  est  mort  en  1852,  à  l'âge  de  33  ans. 

M.  Derome  est  mort  quelques  jours  seulement  avant  le  juge  Roy. 
Il  cultivait  encore  les  lettres,  et  venait  d'écrire  plusieurs  poésies  et 
quelques  articles  en  prose  dans  Y  Album  des  familles,  publié  à  Ottawa. 
Je  suis,  hélas  !  le  seul  survivant  de  ce  petit  groupe. 

Le  Journal  des  familles  ne  parut  point,  l'imprimeur  s'étant  con- 
vaincu que  le  plan,  qui  était  très  vaste,  serait  d'une  exécution  trop 
coûteuse  pour  le  nombre  d'abonnés  qu'il  pouvait  obtenir.  Il  y  sub- 
stitua le  Journal  des  étudiants,  qui  fut  rédigé  par  M.  Derome,  du  14 
décembre  1840  au  7  mars  1841.  L'Institut,  également  imprimé  par 
M.  DeloYme,  succéda  à  cette  publication,  et  la  première  livraison 
porte  pour  titre  V Institut  ou  Journal  des  étudiants,  publication  scientifi- 
que, industrielle  et  littéraire.  Les  mots  "  Journal  des  étudiants  "  dispa- 
rurent dès  la  seconde  livraison. 


8A   VIE   ET  SES  ŒUVRES.  Iv 

municipal  de  la  cité  de  Québec.  Plus  lucrative  que  l'em- 
ploi de  traducteur  au  parlement,  elle  comportait  plus 
de  soucis  divers  et  un  genre  de  travail  moins  facile  à  con- 
cilier avec  les  études  auxquelles  il  devait  se  livrer. 

Un  simple  coup  d'oeil  sur  le  nouveau  volume,  qui,  du 
reste,  était  impatiemment  attendu  par  tous  nos  lettrés, 
révélait  une  tentative  hardie  tant  au  point  de  vue  litté- 
raire qu'au  point  de  vue  matériel.  Ecrire  et  faire  impri- 
mer une  histoire  du  pays  dans  ces  proportions  et  conçue 
dans  cet  esprit,  c'était  donner  le  démenti  à  ceux  qui  pro- 
clamaient notre  déchéance  sociale  et  politique.  Ju?que-h\ 
une  seule  œuvre  canadienne  aussi  considérable  s'était  pro- 
duite: le  grand  ouvrage  topographique  do  Bouchette,  et 
encore  avait-il  été  publié  à  Londres  et  en  langue  anglaise.* 

Le  nouvel  historien,  rempli  de  courage  et  décidé  à  vain- 
cre tous  les  obstacles,  n'avait  pas  été  sans  inquiétude  sur 
l'accueil  qui  serait  fait  à  son  travail.  Il  avait  communiqué 
les  épreuves  des  premiers  chapitres  à  quelques  amis,  et 
bien  que  ceux-ci  l'eussent  beaucoup  rassuré,  il  se  deman- 
dait encore  avec  un  certain  effroi  quel  serait  le  sort  de  son 
œuvre  aux  yeux  d'une  critique  moins  bienveillante,  f 

La  première  impression  fut  toute  favorable,  et  l'auteur 
dut  se  sentir  récompensé  au  moins  en  partie  de  ses  veilles 
et  de  ses  efforts  par  l'enthousiasme  que  souleva  l'apparition 

*  Il  s'agit  iri  du  grand  ouvrage  en  3  vol.  in-i",  publié  à  Londres  en 
1831,  The  British  Douiinious  in  North  AtiUTÏca.  M.  Bouchette  avait 
publié  à  Londres  en  1815,  et  en  français,  un  gros  volume  in-8,  Dts- 
cription  topoyraphujtu'  du  Bas-Canada.  Ce  dernier  ouvrage  a  été  aussi 
publié  en  anglais. 

t  La  lettre  suivante  de  M.  Morin,  publiée  par  M.  Casgrain,  ne  sera 
pas  lue  sans  intérêt. 

"  Montréal,  22  janvier  1845. 
"  Cher  Monsieur, 

"  Jo  voudrais  pouvoir  vous  écrire  moins  à  la  hâte,  iKinir  vous 
exprimer  combien  j'ai  été  satisfait  de  V IntroihuHon  de  votre  histoire 
que  vous  ayez  bien  voulu  me  commimiquer.  Vous  vous  placez  dès 
l'abord  à  un  point  de  vue  élevé,  qui  promet  uue  grande  utihté  et  un 
immense  intérêt  ;  je  suis  sûr  que  l'ouvrage  tiendra  i\i  que  promet  la 
préface.  Voilà  pour  le  fond.  M.  Chauveau,  qui  vient  de  lire  les  pages 
que  vous  m'avez  transmises,  et  dont  il  avait,  au  reste,  déjà  vu  une 


Ivi  FRANÇOIS-XAVIER  OARNEAU, 

do  son  livre.  Tout  ce  que  les  sceptiques  et  les  jaloux  —  il  y 
en  a  toujours  —  trouvèrent  à  dire,  ce  fut  de  se  demander  à 
eux-nifmes  si  l'écrivain  Haurait  V)ien  po-  soutenir  à  cette 
hauteur  dans  les  deux  ou  trois  autres  vctluinos  dont  divait 
se  composer  son  ouvrage. 

La  pr<*face  et  l'introduction  avaient  un  \rv^  ^^rand  air;  la 
première  était  une  jjrofession  de  foi  nationale  sans  rénerve, 
la  seconde  faisait  de  l'histoire  de  la  découverte  de  l'Arnéri- 
quo  par  Christophe  Colomb,  et  de  celle  du  Canada  par 
Jacques  Cartier,  comme  un  portique  imposant  au  grand 
monument  dont  on  jMJUvait  déjà  admirer  les  belles  pro- 
portions. A  mesure  que  l'on  avançait,  on  se  disait  que  le 
luxe  des  détails  serait  subordonné  à  la  beauté  de  l'ensem- 
ble, que  suivant  le  conseil  de  Boileau,  les  festons  et  les 
astragales  ne  déroberaient  point  aux  regards  les  nobles 
formes  de  l'édifice. 

Colomb  et  Jacques  Cartier  ne  sont  pas  les  seuls  voya- 
geurs dont  il  parle  dans  cette  introduction.  Il  y  passe  en 
revue  tous  les  grands  voyages  de  découverte  au  nouveau 
monde  et  notamment  ceux  qui  se  firent  au  profit  de  la 
France.  La  sanglante  histoire  des  premiers  étalilinseinenlH 
de  la  Floride  attire  surtout  son  attention. 

L'historien  a  agi  sagement  en  groupant  au  premier  plan 
de  son  travail,  les  résumés  de  toutes  les  tentatives  de 
colonisation  faites  par  la  France  en  Amérique  avant  l'éta- 
blissement de  l'Acadie  et  du  Canada.  Il  dégage  ainsi  le 
berceau  de  la  Nouvelle- France  des  longs  et  laborieux 
efforts  qui  ont  précédé  sa  naissance,  et  avec  ce  coup  d'œil 
d'ensemble  et  cet  esprit  philosophique  qui  ne  l'abandon- 
nent jamais  dans  tout  son  ouvrage,  il  nous  fait  envisager 
les  causes  et  les  conséquences  du  grand  mouvement  qui 
pousse  les  populations  européennes  vers  le  nouveau  conti- 
nent,, mou^'^ment  auquel  les  luttes  religieuses  du  quin- 

partie  à  Québec,  en  est  très  satisfait.  Je  verrai  l'ami  Parent  à  la  pre. 
mièr©  occasion.  Quant  à  la  forme,  les  chapitres  distincts  que  vous 
annoncez  faciliteront  beaucoup  la  lecture  profitable  de  l'ouvrage. 
Continuez,  et  vous  ne  pouvez  manquer  de  faire  un  ouvrage  digne  du 

nom  canadien  et  de  passer  avec  lui  à  la  postérité " 

A.-N.  MoEis. 


SA   VIE   ET  SES  ŒU\'RES.  Ivii 

zième,  du  seizième  et  même  da  dix-septième  siècle  don- 
nèrent une  si.vi\e  impulsion. 

Une  fois  la  route  déblayée,  le  premier  livre  s'ou^Te  donc 
avec  les  nobles  efforts  de  Chauvin,  de  de  Chaste,  de  Pont- 
gravé,  de  de  Monts  et  de  Champlain,  efforts  qui  furent 
couronnés  de  succès  en  Acadie  et  en  Canada  par  la  fonda- 
tion de  Port- Royal  dans  la  première  de  ces  régions  et  par 
celle  de  Québec  dans  la  seconde. 

A  peine  l'auteur  a-t-il  fini  de  raconter  l'établissement  de 
ces  deux  villes,  qu'il  lui  faut  commencer  l'histoire  des  luttes 
de  l'Angleterre  contre  la  France  en  Amérique,  dire  les  for- 
tunes diverses  de  l' Acadie  et  du  Cu}> Breton,  l'établisse- 
ment de  la  Nouvelle- Ecosse  par  le  chevalier  Alexander,  la 
création  si  originale  et  presque  don-quichottique  de  Tordre 
des  baronnets  de  la  Nouvelle- Ecosse,  la  noble  et  heureuse 
résistance  du  jeune  de  La  Tour  à  la  tentative  impie  de 
son  père,  membre  de  cet  ordre,  de  s'emparer  du  fort  qu'il 
commandait  au  Cai> Breton,  la  prise  de  Québec  par  le 
huguenot  Kirtk,  puis  la  restitution  de  la  colonie  exigée 
par  Richelieu  dans  le  traité  de  Saint-Germain-en-Laye. 

Ce  ne  fut  pas  sans  peine  que  Champlain  obtint  du  gou- 
vernement français  cet  acte  de  vigueur  et  de  haute  politi- 
que. On  peut  dire  qu'il  fut  deux  fois  le  père  de  la  colonie 
en  la  fondant  d'abord,  en  la  recouvrant  ensuite.  On  est 
frappé  de  la  similitude  des  prétextes  que  donnèrent  ses 
adversaires  avec  ceux  qu'opposèrent  plus  tard  les  ministres 
pusillanimes  de  Louis  XV  aux  généreuses  objurgations  de 
Montcalm  et  de  Vaudreuil.  Pour  les  premiers,  Québec  n'é- 
tait qu'un  rocher,  pour  les  seconds  la  Nouvelle- France 
tout  entière  qu'un  désert  sans  valeur...,  "  quelques  arpents 
de  neige,"  selon  Voltaire. 

Le  second  livre  traite  de  la  géologie  et  de  l'ethnographie 
de  notre  pays.  Ce  dernier  sujet  était  de  nature  à  tenter  les 
dispositions  poétiques  de  notre  auteur,  et  le  chantre  du . 
Deimier  Huron  s'étend  avec  complaisance  sur  les  mœurs  et 
l'histoire  des  aborigènes,  sans  toutefois  leur  donner  une 
place  trop  considérable,  laissant  aux  événements  qui  vont 
se  dérouler  et  dans  lesquels  ces  terribles  enfants  de  la  forêt 
ont  joué  un  si  grand  rôle,  le  soin  de  nous  les  peindre 


Iviii  FRANÇOIS-XAVIER    GARNÊAU, 

mieux  encore  que  ne  jiourrait  !<•  T'ii*-  li-  f:il)l<'!iu  ir«'jisiir»- 
ble  le  plus  habilement  esquiset 

Le  trui8i<"'-me  livre  commence  pur  lu  rcntrtc  dch  FruiK.ai» 
ù  Québec  après  trois  ans  d'occu])ation  par  Kertk.  Le  13 
juillet  1632,  Eméry  de  Caën  et  Duplessis  Bochart  pre- 
naient possession  du  fort  Saint-Louis,  et,  Taiinée  suivante, 
Champlain,  nommé  de  nouveau  gouverneur,  revenait  diri- 
ger lui-même  les  destinées  de  sa  chère  colonie.  Les  jésuites 
remplaçaient  les  récollets,  qui  avaient  été  les  missionnaires 
sous  sa  première  administration,  et,  l'année  même  de  sa 
mort,  ils  jetaient  les  fondements  de  ce  collège  de  Québec, 
qui,  converti  en  casernes  par  le  gouvernement  anglais, 
vient  d'être  démoli  après  deux  siècles  et  demi  d'exis- 
tence. 

M.  Garneau  fait  un  portrait  sympathic^ue  mais  très  sim- 
plement esquissé  du  grand  voyageur,  du  savant,  du  chré- 
tien zélé  et  héroïque,  de  l'homme  d'Etat  habile  et  i)er8évé- 
rant  à  qui  non  seulement  Québec,  mais  le  Canada  civilisé 
doit  son  existence. 

Six  ans  seulement  après  la  mort  de  Champlain,  un 
homme  doué  d'une  fervente  piété  et  d'un  courage  héroï- 
que, M.  de  Maisonneuve,  commença  l'établissement  de 
^lontréal  aux  portes  mêmes  de  la  nation  iroquoise,  et 
alors  que  ces  barbares  venaient  poursuivre  nos  alliés  les 
Hurons  jusque  sous  le  canon  du  fort  de  Québec. 

L'historien  groupe  halnlement  tous  les  événements  qui 
rendent  si  remarquable  l'administration  de  M.  de  Mont- 
magny,  dont  le  nom  traduit  en  langue  sauvage  (Ononthio) 
a  toujours  été  appliqué  depuis  à  ses  successeurs  ;  puis  il 
raconte  celles  de  MM.  d'Aillebout,  de  Lauzon,  d'Argenson, 
d'Avaugour,  de  IVÎésy,  de  Tracy,  (vice-roi)  de  Courcelles, 
de  Frontenac,  de  La  Barre,  de  Denonville,  et  s'arrête  au 
second  et  glorieux  avènement  de  M.  de  Frontenac,  que  l'on 
peut  considérer  comme  le  point  culminant  de  la  domination 
française  en  Amérique.  Tous  ces  noms  font  très  grande 
figure,  et  l'on  dirait  une  page  de  l'histoire  des  croisades  ; 
mais  ceux  qui  les  portaient  n'étaient  pas  tous  également 
habiles,  ou  du  moins  ne  furent  pas  tous  également  heureux. 

Dans  cette  période,  la  plus  intéressante  peut-être  de 


sa' VIE  ET  SES  ŒUVRES.  Hx 

toute  notre  histoire,  l'auteur  nous  montre  les  progrès  lents 
de  la  colonie,  les  revers  qui  sont  au  moment  de  l'anéantir, 
l'indifférence  et  l'ineptie  de  la  fameuse  compagnie  des 
Cent-Associés  dont  on  avait  d'abord  auguré  tant  de  bien, 
les  eflorts  hardis  et  presque  téméraires  de  M.  d'Argenson 
et  de  M.  d'Avaugour,  ceux  non  moins  vigoureux  et 
mieux  appuyés  par  les  circonstances  de  M.  de  Mésy  et  de 
M.  de  Frontenac,  les  uns  et  les  autres  contrastant  avec  la 
faiblesse  et  l'incapacité  de  quelques  autres  gouverneurs. 

L'auteur  ne  traite  point  de  cette  période  de  notre  his- 
toire, que  lord  Elgin  a  si  justement  appelée  Vâge  héroïque 
du  (Janadd,  absolument  dans  Tordre  chronologique.  D'a- 
près la  méthode  qu'il  a  adoptée,  il  prend  chaque  sujet, 
chaque  ordre  de  choses  séparément  et  revient  volontiers 
sur  ses  pas,  ou  devance  l'ordre  naturel  des  événements, 
selon  les  besoins  de  chacjue  thèse  particulière.  J'ai  iieut-étre 
tort  d'employer  cette  expression,  qui  peut  paraître  une 
critique  et  qui  en  serait  une  très  sévère,  si  je  ne  restreignais 
le  sens  du  mot  à  celui  qu'il  avait  dans  l'origine.  Mais  il 
est  vrai  de  dire  que  bien  que  M.  Garneau  ne  manque  pas 
d'impartialité,  et  qu'il  l'ait  poussée  même  un  peu  trop  loin 
en  certaines  circonstances,  il  avait  aussi  sur  les  principaux 
événements  de  notre  histoire  des  opinions  arrêtées,  autour 
desquelles  il  a,  pour  bien  dire,  groupé  les  faits  propres  à 
les  faire  ressortir. 

Il  y  a  sans  doute  dans  une  exégèse  de  cette  nature  quel- 
ques inconvénients,  et  le  moindre  n'est  pas  celui  de  brouil- 
ler quelquefois  avec  la  chronologie  le  lecteur  peu  attentif; 
mais  au  point  de  vue  de  l'intelligence  des  événements,  de 
la  connaissance  des  mobiles  qui  ont  fait  agir  les  hommes, 
de  l'étude  des  destinées  providentielles  des  peuples,  cette 
méthode  est  préférable  à  une  aride  et  méticuleuse  narra- 
tion. Elle  élève  l'Ame  tout  en  nourrissant  la  mémoire,  elle 
grave  mieux  dans  l'esprit  les  traits  distinctifs  du  caractère 
d'une  nation,  elle  jette  une  lumière  plus  vive  sur  les 
grandes  époques  de  sa  vie  sociale  et  politique. 

C'est  ainsi  que  M.  Garneau  consacre  plusieurs  chapitres 
à  l'organisation  sociale,  judiciaire  et  ecclésiastique  de  la 
colonie,  et  qu'il  rend  justice  à  la  fois  au  système  féodal  que 


Ik  FRANÇOIS-XAVIER  OARNEAD, 

Ton  a  dû  abolir  plus  tard,  parce  qu'il  était  devenu  on  obsta* 
cle  à  notre  développement  après  avoir  été  dan»  l'origine  un 
puissant  moyen  de  colonisation,  et  i\  cette  bonne  vieille 
Chutinne  de  Paris  et  à  cette  célèbre  ordonnance  de  1667 
qui  jusqu'il  tout  dernièrement  encore  étaient  notre  code 
civil  et  notre  code  de  pnx-édure  civile. 

Il  raconte  toutes  les  diftîcultés  entre  le  j>ouvoir  civil  et  le 
pouvoir  ecclésiastique,  il  nous  fait  siéger  au  conseil  souve- 
rain que  Louis  XIV,  par  une  susceptibilité  hiérarchique  qui 
il  cette  distance  peut  nous  |>araf  tre  puérile,  mais  ({ui  avait  sa 
raison  d'être,  avait  transformé  en  conseil  supérieur.  On  fait 
la  connaissance  de  l'intendant,  du  procureur  du  roi,  du  con- 
seiller clerc,  des  autres  conseillers,  du  lieutenant-général  et 
du  lieutenant- particulier  de  la  prévôté,  des  h      '  '    fé- 

rieurs,  du  syndic  des  habitations,  du  maire  ■  uxb 

de  Québec,  enûn  tout  un  monde  de  fonctionnaires  et  de  ma- 
gistrats ;  on  assiste  à  une  tentative  de  gouvernement  repré- 
sentatif et  municipal  promptement  abandonnée;  on  voit 
une  assemblée  de  notables  ;  on  voit  lutter  contre  l'autorité 
civile  et  même  entre  eux  l'évéque,  le  chapitre,  le  séminaire, 
les  ordres  religieux:  jésuites,  récollets,  sulpiciens;  on  ad- 
mire ces  femmes  intrépides  qui,  de  Dieppe,  de  Tours,  de 
Troyes,  viennent  continuer  dans  un  pays  barbare  lœuvre  de 
paix  et  de  charité  commencée  dans  lanière  patrie,  enfin  l'on 
peut  contempler  déjà  sur  les  rives  du  Saint-Laurent  toute 
une  France  en  miniature  représentée  par  quelques  milliers 
de  personnes,  microcosme  où  s'agitent  les  germes  de  nos  ins- 
titutions présentes,  et  hélas  !  aussi  ceux  des  dissensions  qui, 
sous  une  forme  ou  sous  une  autre,  nous  ont  fait  tant  de  mal 
et  viennent  de  se  réveiller  plus  malfaisantes  que  jamais. 

Dans  un  autre  chapitre  l'auteur  raconte  l'histoire  des 
guerres  de  l'Acadie.  On  y  voit,  à  part  des  entreprises  riva- 
les des  Anglais  et  des  Français,  les  combats  fratricides  que 
se  livrent  entre  eux  des  feudataires  à  qui  le  gouvernement 
français  avait  fait  des  concessions  de  territoire  plus  ou 
moins  vagues,  car  on  taillait  comme  en  plein  drap  dans  de 
vastes  contrées  que  l'on  connaissait  peu.  On  y  voit  aussi 
l'intervention  des  Anglais  du  Massachusetts  sollicitée  tour 
à  tour  par  chacun  de  ces  belligérants  au  petit  pied,  inter- 


6A   VIE   ET  SES  ŒUVRES.  Ixi 

vention  que  la  pauvre  Acadie  devait  payer  bien  cher  plus 
tard. 

Rien  ne  ressemble  plus  aux  luttes  du  moyen  âge  que 
la  guerre  que  se  firent  La  Tour  et  de  Charnizé,  guerre  que 
le  souverain,  malgré  son  omnipotence,  ne  put  empêcher. 
Rien  non  plus  n'est  plus  héroïque  que  la  défense  du  fort 
Saint-Jean  par  madame  de  La  Tour,  lorsqu'il  fut  deux  fois 
attaqué  en  l'absence  de  son  mari,  ni  plus  navrant  que 
la  fin  tragique  de  cette  noble  et  courageuse  personne. 
On  la  fit  assister,  la  corde  au  cou,  à  la  pendaison  de  ceux 
de  ses  défenseurs  qui  avaient  été  faits  prisonniers,  et  l'im- 
pression de  cette  scène  humiliante  et  cruelle  la  conduisit 
en  peu  d'années  au  tombeau. 

M.  Garneau  fait  aussi  séparément  l'histoire  de  la  décou- 
verte du  Mississipi.  C'est  une  des  pages  les  plus  glorieuses 
de  nos  annales. 

En  ces  temps-lù  Tapôtre,  le  prêtre  marchaient  toujours 
de  pair  avec  les  représentants  du  roi.  Des  jésuitee  et  des 
récollets  partagent  avec  Jolliet  et  La  Salle  l'honneur  de 
la  découverte  du  Mississipi.  Je  dis  plusieurs  jésuites,  car 
le  père  Allouez  et  le  père  Dablon  eurent  une  part  aux 
})réliminaire8  du  voyage  de  Jolliet  et  de  Marquette. 

"Allouez,  Marquette  et  Dablon,  dit  M.  Garneau,  s'illus- 
trèrent moins  encore  par  les  services  qu'ils  rendirent  à  la 
religion  que  par  ceux  qu'ils  ont  rendus  à  la  science.  Ce 
dernier  fut  le  premier  auteur  de  l'expédition  du  Missis- 
sipi ;  les  termes  dans  lesquels  les  naturels  parlaient  de  la 
magnificence  de  ce  fleuve  ayant  excité  puissamment  sa 
curiosité,  il  avait  résolu  d'en  tenter  la  découverte  en  1669  ; 
mais  il  en  fut  empêché  par  ses  travaux  évangéliques, 
quoiqa'il  s'approchât  assez  près  de  ce  fleuve.  Allouez  et 
Dablon  pénétrèrent  dans  leurs  courses,  entre  1670  et  1672, 
jusque  dans  le  Ouisconsin  et  le  nord  de  l'Etat  de  l'IUinoîs, 
visitant  les  Mascoutins  (ou  nation  du  feu),  les  Kikapous 
et  les  Outagamis,  sur  la  rivière  aux  Renards,  qui  prend  sa 
source  du  côté  du  Mississipi  et  se  décharge  dans  le  lac 
Michigan.  L'intrépide  Dablon  avait  même  résolu  de  péné- 
trer jusqu'à  la  mer  du  Nord  pour  s'assurer  si  l'on  pouvait 
passer  de  li\  à  la  mer  du  Japon." 


Ixii  FRANÇOia-XAVIER  GARNEAU, 

Jusque  danfl  la  découverte  du  MisaiBsipi  He  retrouvent 

les  deux  courants  d'opinion  ou,  si  l'on  veut,  lefl  «1«  ux 
réseaux  d'influences  qui  se  disputaient  le  jîouvoir.  Joliiet 
est  favorisé  par  révC'<iue,  par  les  jésuites,  par  Tintondant 
Talon  ;  un  jésuite  l 'accompagne.  La  Salle  est  le  favori  do 
M.  de  Frontenac  ;  plusieurs  récollets,  et  parmi  eux  le  célè- 
bre pore  Hennepin,  sont  ses  compagnons  de  voyage. 

Les  voyages  et  les  aventures  de  ces  hardis  pionniers  du 
christianisme  et  de  la  civilisation  sont  racontés  en  quel- 
ques pages  qui  en  font  bien  saisir  l'importance  et  nous 
laissent  remplis  d'admiration. 

Tout  cela  se  imssait  au  milieu  de  nos  guerres  avec  les 
sauvages  ;  le  terrible  cri  de  combat  des  Irwiuois  reten- 
tissait en  même  temps  que  les  pieux  cantiques  de»  mis- 
sionnaires et  les  gaies  chansons  de  nos  voyageurs.  Il  y  a 
des  scènes  d'une  sublimité  terrible  et  d'autres  d'une  gra- 
cieuse et  touchante  familiarité  :  c'est  une  Odys.sée  doublée 
d'une  Iliade. 

On  a  discuté  et  l'on  discute  encore  A  «jui  revient  la  plu» 
grande  gloire,  si  c'est  à  JoUiet  ou  à  La  Salle.  Il  semble 
qu'il  n'est  pas  bien  difficile  de  faire  la  part  de  chacun,  et 
le  récit  très  simple  de  M.  Garneau  semble  courir  au-devant 
du  procès  qui  s'instruit  en  ce  moment  à  grands  renforts 
de  vieux  titres,  de  vieilles  corresi>ondance8,  de  vieux  mé- 
moires exhumés  des  archives  publiques  et  privées. 

JoUiet  a  très  certainement  découvert  le  premier  les 
sources  du  Mississipi  et  le  fleuve  lui-même,  mais  il  n'a 
point  poussé  plus  loin  que  la  rivière  des  Arkansas; 
La  Salle  a  complété  la  découverte  jusqu'à  la  mer,  il  a 
rendu  certain  ce  qui  n'était  que  probable,  il  a  donné  à  la 
France  la  Louisiane,  il  a  traduit  en  un  fait  politique  et 
social  ce  qui  n'était  jusque-là  qu'une  découverte  géogra- 
phique. Sa  part  n'est-elle  pas  assez  belle,  sans  vouloir 
enlever  à  son  rival  le  mérite  de  la  première  heure,  sans 
vouloir  le  lui  faire  supplanter  devant  l'histoire  comme  il 
l'avait  déjà  supplanté  dans  les  faveurs  du  gouvernement  ? 

Du  reste,  ni  l'un  ni  l'autre  n'ont  recueilli  les  fruits  de 
leurs  rudes  labeurs,  de  leurs  héroïques  aventures.  Jolliet 
n'a  reçu  que  des  récompenses  illusoires,  il  est  mort  relati- 


SA    VIE   ET  SES  ŒUVRES.  Ixiii 

vement  pauvre  et  ignoré.  La  Salle  périt  tristement,  mas- 
sacré par  deux  de  ses  gens  dans  sa  seconde  expédition. 

La  découverte  du  Mississipi  par  Jolliet  et  par  le  père 
Marquette  a  fourni  à  M.  Bancroft  quelques-unes  des  plus 
belles  pages  de  sa  grande  histoire  des  Etats-Unis,  et  la 
partie  la  plus  touchante  de  son  récit,  comme  de  celui  de 
M.  Garneau,  se  trouve  dans  les  extraits  de  la  narration 
originale  du  pieux  missionnaire. 

On  ne  peut  se  détendre  d'une  vive  émotion  lorsque,  une 
fois  embarqué  sur  le  Ouiscunsin,  le  bon  père  fait  ses 
adieux  au  Canada.  "  Nous  quittons,  dit-il,  les  eaux  qui 
vont  jusqu'à  Québec  pour  prendre  celles  qui  nous  condui- 
ront désormais  vers  des  terres  étrangères  ;  nos  deux  guides 
s'en  retournent,  nous  laissant  i^^ul-  <n  «h  n;iv^  é-ntre  les 
mains  de  la  Providence." 

L'entrée  des  voyageurs  dans  le»  "  vu6tcà  eaux  "  est 
saluée  par  un  cri  de  joyeuse,  naïve  et  sublime  admira- 
tion ;  leur  longue  navigation  au  milieu  d'une  splendide 
solitude,  dans  le  silence  et  l'absence  de  toute  trace  de 
créatures  humaines,  nous  fait  partager  cette  espèce  de 
terreur  vague  que  la  grande  nature  inspire  toujours  lors- 
(ju'on  se  trouve  seul  en  sa  présence.  Mais  quelle  scène 
charmante  et  digne  de  ranti«iuité,  lorsqu'après  avoir  par- 
couru soixante  lieues,  les  voyageurs  se  décidèrent  à 
suivre  une  piste  de  pas  humains  entrevue  sur  la  rive  du 
fleuve  ! 

"  Prenant  le  sentier,  dit  M.  Garneau,  ils  marchèrent  six 
milles  et  se  trouvèrent  devant  une  bourgade  située  sur  la 
rivière  "Moïngona,"  qu'on  appelle  "  Des  Moines"  par 
corruption.  Ils  s'arrêtèrent  et  appelèrent  à  haute  voix. 
Quatre  vieillards  sortirent  au-devant  d'eux  portant  le 
calumet  de  paix  ;  ils  reçurent  les  étrangers  avec  distinction. 
"  Nous  sommes  des  Illinois,  dirent-ils,  soyez  les  bienvenus 

dans  nos  cabanes  " Les  Franyais,  après  s'être  reposés 

quelques  jours  chez  ce  peuple,  qui  leur  donna  un  grand 
festin,  continuèrent  leur  route.  Le  chef  de  la  tribu,  suivi 
de  plusieurs  centaines  de  guerriers,  vint  les  reconduire  sur 
le  rivage,  et  pour  dernière  marque  de  son  amitié,  il  passa 
dans  le  cou  de  Marquette  un  calumet  orné  de  plumes  de 


Ixiv  FRANÇOIS-XAVIER  OARNEAU, 

diverses  couleurs,  passeport  assuré  chez  les  nations  indien- 
nes." 

Ne  dirait-on  pas  une  page  de  la  liible  ou  de  l'Odyssée? 

Ecoutez  maintenant  la  fin  d'un  de  cea  deux  héroR  et 
dites  si  ce  n'est  pas  celle  d'un  do  ces  projjhètes  qui,  aprè« 
avoir  accompli  leur  mission,  s'en  .ill-iicnr  un  d.'-cri  rtiulrr' 
leur  ,tme  A  Dieu,  seuls  avec  lui 

"  Marciuette  resta  deux  ans  dau.s  uctlo  iiii.-.-n»ii,  et  i>arlit 
en  1075  pour  Mackina,  à  l'entrée  du  lac  Miehigan.  Dans 
la  route  il  fit  arrêter  son  canot  à  l'embouchure  d'une 
petite  rivière  du  côté  oriental  du  lac,  pour  y  "  m 

autel  et  y  célébrer  la  messe.  Ayant  prié  ses  con^  ns 

de  voyage  de  le  laisser  quelques  instants  seul,  ils  se  reti- 
rèrent à  quelque  distance,  et  quand  ils  revinrent  il  n'exis- 
tait plus.  Le  découvreur  du  Mississipi  fut  enterré  en 
silence  dans  une  fosse  que  ses  compagnons  creusèrent  dans 
le  sable  sur  la  lisière  de  la  forêt  et  sur  le  bord  de  la  petite 
rivière  dont  on  a  parlé  et  à.  laquelle  on  a  donné  son 
nom."  * 

*  On  a  célébré  ù.  Québec,  le  17  juin  1873,  le  deux  centième  anni- 
versaire de  la  découverte  du  Mississipi  par  une  soirée  littéraire 
donnée  à  l'université  Laval.  Un  excellent  discours  y  fut  prononcé 
par  M.  l'abbé  Verroau,  doux  cantates  de  circonstance,  avec  des 
paroles  compofjées  par  deux  de  nos  poètes  les  plus  distingué»,  M.  Fise* 
et  M.  LeMay,  furent  exécutét^s  par  le.s  premiers  artistes  du  pays  ' 
deux  autres  poètes,  MM.  Fréchette  et  Routhier,  lurent  des  poèmes 
d'un  grand  mérite.  Tous,  du  reste,  parurent  frappés  des  conséquen- 
ces de  ce  grand  événement  au  point  de  vue  religieux. 

M.  Routhier  nous  a  représenté  le  père  Manjuette  dans  l'extase  et 
contemplant  dans  une  ^^sion  sublime  les  destinées  du  Canada  et 
des  vastes  régions  que  cette  découverte  venait  d'y  ajouter. 


Diamants  merveilleux  de  l'écharpe  étemelle. 
Astres  qui  vous  bercez  dans  les  mers  de  saphir. 
Si  vous  avez  une  âme,  elle  n'est  pas  pliLs  belle 
Que  l'âme  de  nos  saints  à  leur  dernier  soupir. 
L'apôtre  conserva  le  sourire  de  l'ange 
En  regardant  la  ]X)rte  étemelle  s'ouvrir; 
Et  ses  yeux,  éblouis  d'une  vision  étrange, 
Virent  se  dérouler  les  siècles  à  venir. 


BA  VIE   ET  BE8  ŒUVRES.  Ixv 

J'ai  dit  plus  haut  que  ces  grands  voyages  de  découverte 
86  faisaient  au  milieu  des  guerres  contre  les  sauvages  ; 
chaque  voyageur  était  doublé  d'un  missionnaire,  chaque 
missionnaire,  d'un  diplomate.  * 

Mais  le  rôle  du  missionnaire  ne  se  bornait  point  là  :  il 
avait  souvent  un  dénouement  terrible.  Quelles  scènes  tra- 
giques que  le  martyre  des  pères  Brebœuf  et  Lallemand,  que 
celui  du  père  Jogues,  qui,  après  un  premier  et  cruel  sup- 
plice, et  un  voyage  en  France,  revint  au  Canada,  se  dévoua 
encore  à  la  conversion  des  Iroquois  et  reçut  cette  fois  la 
couronne  sanglante  tant  désirée  !  Que  de  glorieux  et  tristes 
souvenirs  rappellent  les  noms  des  pères  Daniel,  Garnier 
et  plusieurs  autres  encore,  ainsi  que  ceux  de  braves  coad- 
juteurs  laïcs,  comme  le  sieur  Guillaume  Couture,  qui  eut 
part  au  premier  supplice  du  père  Jogues,  fut  employé 
comme  négociateur  à  Albany.  et  laissa  dans  la  province 
une  nombreuse  postérité  !  Quelle  singulière  aventure  que 
l'évasion  presque  miraculeuse  de  Dupuis  et  de  ses  compa- 
gnons du  milieu  des  Iroquois,  chez  qui  ils  s'étaient  établis 
et  où  se  tramait  une  de  ces  afl'reuses  trahisons  dont  cette 
nation  avait  le  secret  !  Quelles  magnifiques  résistances, 
dignes  d'être  chantées  dans  une  épopée,  que  celles  de  Mlle 

La  découverte  du  Mississipi  est  en  ce  moment  un  sujet  de  reoher- 
clies  et  do  discussions  assez  fécond  en  publications  nouvelles.  Tandis 
tiue  M.  Margry  vient  de  donner  i\  Paris  »iuatre  volumes  de  Mémoire» 
et  lie  docuiiunts  sur  La  Salle,  M.  John  Gilmary  8hea,  à  qui  l'on  devait 
déjà  un  ouvrage  sur  le  même  sujet,  publie  avec  le  plus  grand  luxe 
tyiKtgraphique  uuo  nouvelle  éilition  anglaise  des  œuvres  de  Henne- 
pin.  Un  trouve  daus  la  notice  qu'il  a  écrite  en  tête  de  son  livre  un 
nouveau  trait  de  ressemblance  entre  La  Salle  et  Jolliet.  iL  Verreau 
nous  apprend  que  ce  dernier  avait  porté  l'habit  ecclésiastique  et 
qu'il  avait  été  attaché  à  la  personne  de  Mgr  de  Laval  comme  secré- 
taire à  l'âge  de  17  ans;  on  voit  d'après  ce  que  dit  Hennepin  que  La 
Salle  de  son  côté  avait  été  régent  dans  im  collège  de  jésuites. 

Ou  célébra  aussi  à  Saint- Louis  du  Missouri,  en  1878,  la  découverte 
du  Mississipi  et  M.  Shea  prononya  un  discours  en  cette  circonstance. 

*  "  L'histoire  des  travaux  des  missionnaires,  dit  M.  Bancrofl  cité 
par  M.  Garneau,  se  rattache  à  l'origine  de  toutes  les  villes  célèbres 
de  l'Amérique  française  ;  pas  un  cap  n'a  été  doublé,  pas  une  rivière 
n'a  été  découverte  sans  qu'un  jésuite  en  ait  montré  le  chemin." 


Ixvi  FRANÇOIS-XAVIER  OARNEAU, 

de  Verchôres  et  de  sa  m5re,  au  fort  de  ce  nom,  du  nieur 
Closse  à  Montr<îal,  et  plus  tard,  de  l'h^-roïque  Daulac  ! 
Dans  toutes  ces  circonstances,  des  hordes  d'Iroquois  furent 
tenues  en  échec  par  une  poignée  de  Français,  et  dans 
l'affaire  do  Dauhxc,  (juoique  lui  et  ses  conijiagnons  fusnent 
péri  jusqu'au  dernier,  l'impression  que  produisit  leur  cou- 
rage fut  telle,  que  les  barbares  retournèrent  sur  leurs  pas 
et  que  la  petite  bourgade  franvaise  de  Ville-Marie,  aujour- 
d'hui la  métropole  du  Canada,  fut  nauvée  d'une  destruc- 
tion qui  sans  cela  eût  été  certaine. 

Enfin  quel  terrible  et  sanglant  épisode  que  cet  affreux 
massacre  de  I^achine  par  les  Iroquois  I 

"  L'on  était  rendu  au  24  août  (1689),  dit  M.  Garneau,*  et 
rien  n'annon(,ait  qu'il  dût  se  ])aHser  aucun  événement  extra- 
ordinaire, quand  soudainement  quatorze  cents  Irocjuois  tra- 
versent le  lac  Saint- Louis  dans  la  nuit,  au  milieu  d'une 
tempête  de  pluie  et  de  grêle  (lui  favorise  leur  dessein,  et 
débarquent  en  silence  sur  la  partie  supérieure  de  l'île  de 
Montréal.  Avant  le  jour  ils  sont  déjà  placés  par  i)elotonB 
en  sentinelles  à  toutes  les  maisons,  sur  un  espace  que  des 
auteurs  portent  à  sept  lieues.  Tous  les  habitants  y  étaient 
plongés  dans  le  sommeil,  sommeil  qui  devait  être  éternel 
pour  un  grand  nombre.  Les  barbares  n'attendent  plus  que 
le  signal,  qui  est  enfin  donné.  Alors  s'élève  un  terrible  cri 
de  mort  ;  les  maisons  sont  enfoncées  et  le  massacre  com- 
mence partout  ;  on  égorge  hommes,  femmes  et  enfants  ; 
et  on  met  le  feu  aux  maisons  de  ceux  qui  résistent,  afin  de 
les  forcer  à  sortir  ;  ils  tombent  entre  les  mains  des  sau- 
vages, qui  exercent  sur  eux  toutes  les  cruautés  que  la 
fureur  peut  inspirer.  Ils  déchirent  le  sein  des  femmes 
enceintes  pour  en  arracher  le  fruit  qu'elles  portent  ;  ils 
mettent  des  enfants  tout  vivants  à  la  broche  et  forcent  leurs 
mères  à  les  tourner  pour  les  faire  rôtir.  Ils  s'épuisent  pen- 
dant de  longues  journées  à  inventer  des  supplices.  Quatre 
cents  personnes  de  tout  sexe  et  de  tout  âge  périrent  ainsi 
sur  la  place,  ou  sur  le  bûcher  dans  les  cantons  où  on  les 


*  M.  Ferland  dit  le  5  août.  M.  Garneau  dans  sa  troisième  édition 
dit  :  dans  les  premiers  jours  d'août. 


SA  VIE  ET  SES  ŒUVRES.  Ixvîi 

emmena.  L'île  fut  inondée  de  sang  et  ravagée  jusqu'aux 
portes  de  la  ville  de  Montréal." 

C'est  par  ce  lugubre  récit  que  se  termine  le  premier 
volume  de  V Histoire  du  Canada.  Heureusement  que  l'au- 
teur annonce  en  même  temps  le  retour  de  M.  de  Frontenac 
et  nous  fait  pressentir  la  manière  habile  avec  laquelle  cet 
homme  remarquable  va  réparer  les  revers  qu'ont  amenés 
l'ineptie  de  M.  de  La  Barre  et  de  M.  de  Denonville. 

Sur  toute  cette  époque  planent  trois  grands  noms  que 
l'on  peut  considérer  comme  des  types  de  la  France  de 
Louis  XIV  :  Mgr  de  Laval,  l'intendant  Talon  et  M.  de 
Frontenac. 

"  Si  la  lutte  vigoureuse  que  Mgr  de  Laval  soutint  contre 
les  gouverneurs  qui  se  succédèrent  pendant  sa  longue 
carrière  épiscopale,  ai-je  dit  ailleurs,  *  ne  put  extirper  le 
mal  (la  traite  de  l'eau-de-vie)  aussi  complètement  qu'il  le 
désirait,  elle  servit  du  moins  il  le  diminuer  et  à  l'empêcher 
de  détruire  la  colonie.  On  ne  saurait  nier  tout  ce  que  M. 
de  Frontenac  fit  pour  raffermissement  de  la  puissance 
française,  et  l'on  peut  dire  (ju'après  sa  seconde  adminis- 
tration, grâce  à  ses  expéditions  contre  les  Iroquois,  à  sa 
campagne  contre  la  Nouvelle- Angleterre,  aux  exploits 
d'Iberville  ù  Terreneuve  et  t\  la  baie  d'Hudson,  à  la  belle 
défense  de  Québec  contre  l'amiral  Phipps,  au  prestige  que 
le  gouverneur  sifS'ait  exercer,  la  Nouvelle-France  était 
pour  bien  dire  une  seconde  fois  fondée  et  la  nationalité 
française  en  Amérique  établie  de  manière  à  pouvoir  plus 
tard  résister  même  aux  effets  de  la  conquête,  vivre  de  sa 
vie  propre  et  se  développer  au  point  où  elle  en  est  aujour- 
d'hui. Aussi  ces  deux  hommes,  malgré  les  conflits  d'au- 
torité et  tout  en  se  querellant,  ou  si  l'on  veut,  en  se  faisant 
contrepoids,  s'aidaient  l'un  l'autre  et  ils  étaient  complétés 
par  un  troisième,  le  célèbre  intendant  Talon. 

"  L'homme  d'Eglise,  l'homme  d'épée  et  l'homme  de  loi 
se  rencontrèrent  à  un  moment  de  leur  vie,  et  ce  fut  préci- 
sément à  cette  grande  époque  dont  nous  nous  occupons. 

*  DexLX'ihne  centenaire  de  Vérection  du  diocèse  de  Québec. — Québec, 
1S74,  Blumhart  &  Cio.  (Dans  rintroduction.) 


Ixviii  FRANÇOIS-XAVIER  OARNEAU, 

Le  dernier  était  près  de  terminer  sa  carrit'^re  adniinifltra- 
tive,  d^jii  interrompue  une  i(renii<"''ro  foi.M.  Savant  écono- 
miste, homme  intègre,  j)atriote  zélé,  administrateur  sagaoe 
et  infatigable,  il  n'avait  rien  négligé  de  ce  qui  pouvait 
contribuer  A  lu  prospérité  du  ])ay8  ;  et  lorsque  Mgr  do 
Laval  prit  possession  du  siège  de  Québec,  Louis  XIV 
venait  de  donner  à  celui  qui  était,  pour  bien  dire,  son  mi- 
nistre dans  la  colonie,  une  nouvelle  preuve  de  «a  satisfac- 
tion, en  le  créant  comte  d'Orsainville  et  en  étendant  l'héré- 
dité de  ce  titre  à  sa  postérité  même  féminine. 

"  M.  de  Frontenac  en  était  alors  à  la  troisième  année  de 
son  gouvernement.  Brave,  actif,  honnête,  intelligent,  maii 
hautain  et  nullement  exempt  de  ces  petitesses  qui  font 
contraste  dans  la  vie  des  hommes  les  plus  remarquables, 
il^était  bien  décidé  à  tenir  tète  au  prélat,  qui  passait  j)Our 
avoir  humilié,  gouverné  ou  fait  rappeler  quatre  de  ses 
prédécesseurs.  S'il  n'était  point  d'une  aussi  grande  famille 
que  le  descendant  du  premier  baron  chrétien,  il  n'était  paa 
non  plus  sans  crédit,  et  la  hardiesse  et  Tindépendai 
son  caractère  lui  dormaient  un  prestige  fort  redoui 
Grand  devait  être  l'embarras  des  courtisans,  des  adorateurs 
du  succès  — et  il  s'en  trouve  dans  les  plus  petites  sociétés — 
en  voyant  deux  hommes  de  cette  force  aux  prises  l'un 
avec  l'autre. 

"  Quant  à  l'évéque,  il  était  à  Tapogée  de  sa  puissance  et 
de  ses  succès.  La  colonie  le  regardait  à  bon  droit  comme 
son  père.  Tous  les  secours  qu'elle  avait  obtenus  de  France 
pouvaient  justement  lui  être  attribués;  il  était  le  dispen- 
sateur à  la  fois  et  des  faveurs  célestes  et  des  faveurs  roya- 
les. Mais  jamais  plus  de  pouvoir  ne  fut  tempéré  aux  yeux 
de  la  foule  inquiète  et  jalouse  par  plus  d'humilité  et  d'hé- 
roïque dévouement." 

Tel  est  en  peu  de  mots  le  cadre  de  ce  premier  volume 
de  V Histoire  du  Canada;  et  je  ne  pouvais  mieux  rendre 
compte  de  l'impression  qu'il  produisit  qu'en  donnant  une 
idée  des  grandes  choses  qu'il  contenait  et  de  la  manière 
dont  elles  étaient  présentées  aux  lecteurs. 

Mais  il  y  a  un  point  surtout  qu'il  ne  faut  pas  perdre  de 
vue,  c'est  que,  si,  grâce  au  mouvement  historique  et  patrie- 


SA    VIE   ET   SES   ŒU\'RES.  Ixix 

tique  dont  l'œuvre  de  M.  Garneau  a  été,  pour  bien  dire,  le 
signal,  les  beaux  faits  de  notre  histoire  sont  aujourd'hui 
connus  de  tous,  son  livre  avait  à  l'époijuc  où  il  parut  tout 
le  caractère  d'une  révélation. 

Les  grandes  actions  d'Alexandre,  de  César  et  de  Napo- 
léon étaient  beaucoup  plus  familières  à  la  jeunesse  cana- 
dienne que  les  luttes  de  nos  ancêtres.  On  n'avait  de 
celles-ci  qu'une  vague  idée,  car  le  voile  que  la  conquête 
avait  jeté  sur  toute  cette  émouvante  série  de  succès  et  de 
revers,  n'avait  pas  encore  été  déchiré. 

On  croira  donc  sans  peine,  comme  je  l'ai  dit  plus  haut, 
que  ce  brillant  début  fut  salué  avec  enthousia.sme.  ('ei>en- 
dant  une  impression  pénible  s'était  fait  sentir  chez  un 
grand  nombre  d'admirateurs  de  l'ouvrage,  et  si  elle  était 
comprimée  en  quelque  sorte  par  la  joie  patriotique  (jue 
l'on  éprouvait,  le  sentiment  du  devoir  obligeait  d'y  donner 
cours. 

L'auteur  avait  beaucoup  insisté  sur  la  faute  que,  d'après 
ses  convictions,  le  gouvernement  français  avait  commise 
en  ne  permettant  pas  aux  huguenots  l'entrée  de  la  colo- 
nie. Il  avait  en  même  temps  paru  plus  sympathique  à  M. 
de  Frontenac  (ju'à  Mgr  de  Laval  ;  enfin,  en  maint  endroit, 
surtout  dans  le  discours  préliminaire,  on  avait  cru  entre- 
voir un  reflet  des  idées  de  tSismondi,  de  Michelet,  do 
Thierry  et  de  quelques  autres  écrivains  qu'il  admirait 
beaucoup  et  qui  lui  avaient  plus  ou  moins  servi  de  mo- 
dèles. Bien  que,  en  général,  ces  critiques,  ou  plutôt  ces  res- 
trictions, fussent  exprimées  d'une  manière  toute  bienveil- 
lante, il  ne  laissa  pas  que  d'y  être  très  sensible,  et  nous 
verrons  plus  loin  comment  il  entendait  re  justifier  et  aussi 
comment  il  céda  à  quelques  observations  qui  lui  furent 
faites. 

Le  second  volume  de  Vllistoire  du  Canada  fut  imprimé 
en  1816,  chez  M.  Aul)in,  et  le  troisième  en  1848,  chez  Fré- 
chette  et  frère.  Cette  première  édition,  plus  grande  de 
marge  et  d'un  caractère  plus  fort  de  corj\<5  que  celles  qui 
ont  suivi,  fait  honneur  à  la  typographie  canadienne.  Elle 
conduisait  les  événements  jusqu'à  l'établissement  de  la 
constitution  du  Bas-Canada,  en  1792.  M.  Garneau  n'avait 

B 


IXX  FRANÇOIS-XAVIER  OARNEAU, 

rien  épargna*  pour  la  rendre  aussi  parfaite  que  possible.  Il 
obtint  l'autorisation  d'étudier  à  Albany  les  documents 
que  l'Etat  de  New- York  avait  fait  copier  en  France  et  qui 
mettaient  plusieurs  faits  historiques  sous  un  jour  nouveau- 
Il  fut  aidé  dans  ses  recherches  par  le  Dr  O'Callaghan, 
autrefois  rédacteur  du  Vindicator  ii  Montréal,  et  qui,  réfugié 
aux  IÎ)tats-TJnis  en  môme  temps  <iue  M.  Pa pineau,  après 
l'insurrection  de  1837,  s'y  était  fait  une  <x;cupation  cons- 
tante de  l'étude  de  l'histoire  de  l'Amérique.  Notre  histo- 
rien se  livra  aussi  à  d'autres  recherches  dans  nos  archives, 
tant  t\  Québec  qu'à  Montréal,  et  l'on  peut  dire  que  cette 
première  édition  était  un  grand  pas  de  fait  i)Our  la  restau- 
ration de  la  vérité  historique. 

Le  premier  chapitre  du  second  volume  est  consacré  en 
entier  aux  colonies  anglaises,  et  l'auteur,  reprenant  encore 
les  choses  ab  oro,  montre  comment  ces  colonies,  de  faibles 
qu'elles  étaient  dans  l'origine,  ont  pu  se  développer,  et 
présenter,  à  l'époque  où  la  Nouvelle-France,  ayant  M.  de 
Frontenac  à  sa  tête,  devait  lutter  corps  à  corps  avec  elles, 
le  chiffre  imposant  de  260,000  Ames,  tandis  que  les  popula- 
tions réunies  du  Canada  et  de  l'Acadie  ne  dépassaient  pas 
15,000  âmes.  Il  fait  l'histoire  des  trois  espèces  de  gouver- 
nements qui  existaient  dans  ces  provinces,  fondées  presque 
toutes  par  des  réfugiés  politiques  :  le  gouvernement  des 
colonies  il  chartes,  celui  des  colonies  royales,  et  enfin 
celui  des  colonies  de  propriétaires. 

Les  guerres  civiles  et  religieuses  qui  affligèrent  l'Angle- 
terre au  dix-septième  siècle,  firent  que  des  hommes  des 
divers  partis  eurent  tour  à  tour  à  prendre  le  chemin  de 
l'exil  ;  ainsi  des  catholiques  fondèrent  le  Maryland,  des 
puritains  une  partie  du  Massachusets,  et  des  royalistes 
persécutés  par  Cromwell  s'établirent  dans  la  Virginie. 

M.  Garneau  nous  révèle  ici  une  chose  très  curieuse,  c'est 
que  Cromwell  lui-même  fut  sur  le  point  d'émigrer  en 
Amérique,  et  que  ce  fut  sur  un  ordre  du  roi,  qui  s'alar- 
mait du  départ  d'un  si  grand  nombre  de  mécontents,  que 
le  futur  Protecteur  fut  empêché  d'exécuter  un  projet  qui 
eût  peut-être  sauvé  la  dynastie.  Cromwell,  à  son  tour, 
vit  avec  une  très  grande  jalousie  les  progrès  de  ces  colo- 


SA  VIE  ET  SES  ŒU\'^RES.  Ixxi 

nies,  dont  il  eût  été  sans  doute  un  des  plus  vigoureux 
champions,  s'il  eût  émigré.  * 

L'Angleterre,  du  reste,  après  quelque  hésitation,  favorisa 
l'émigration  de  tous  les  mécontents  ;  mais  si  notre  auteur 
ne  peut  s'empêcher  de  faire  contraster  sa  conduite  avee 
celle  de  la  France,  qui  voulait  l'unité  religieuse  en  Amé- 
rique comme  dans  la  mère  patrie,  il  admet  aussi  que  la 
Grande-Bretagne  fut  plus  jalouse  de  l'expansion  de  ses 
colonies,  et  mit  les  plus  odieuses  restrictions  à  leur  com- 
merce. M.  Garneau  fait  à  ce  sujet  un  curieux  parallèle 
entre  le  fameux  Randolph,  agent  anglais  qui  fit  révoquer 
les  chartes  du  Massachusets  et  des  autres  provinces  de  la 
Nouvelle-Angleterre,  et  essaya  d'y  établir  un  gouverne- 
ment despotique,  et  lord  Sydenham,  qui  venait  de  nous 
imposer  le  régime  de  l'union  législative.  Il  paraît  aussi, 
naturellement,  très  scandalisé  du  peu  de  logique  des 
puritains  réclamant  la  liberté  religieuse  pour  eux-mêmes, 
s'en  faisant  les  martyrs,  et  persécutant  à  leur  tour  tous 
ceux  qui  ne  pensaient  point  comme  eux.  Mais  n'a-t-il  pas 
dû  songer  que  les  huguenots,  s'ils  fussent  parvenus  à  se 
rendre  maîtres  dans  quelque  colonie  française,  eussent 
agi  de  la  même  manière  envers  les  catholiques  ? 

Cette  intéressante  étude  se  termine  par  un  double  por- 
trait très  bien  esquissé  du  colon  anglais  et  du  colon 
canadien,  lesquels  devaient  hériter  de  la  haine  tradition- 
nelle de  leurs  ancêtres  respectifs. 

Dans  son  ouvrage  Old  Régime,  M.  Parkman  semble  avoir 
calqué  de  semblables  tableaux  sur  ceux  de  M.  Garneau, 
et  il  y  a  ajouté  quelques  réflexions  qui  aggravent  encore  ce 
qu'ils  pouvaient  avoir  d'injuste  pour  la  France  de  Louis 
XIV,  qui,  somme  toute,  a  montré  pour  la  colonisation  plus 
de  zèle  et  de  bon  vouloir  que  l'Angleterre.  Les  deux  écri- 
vains s'exagèrent  la  puissance  du  régime  populaire  et  mu- 
nicipal, et  perdent  de  vue,  surtout,  le  fait  que  chaque  nation 
doit  être  gouvernée  d'après  ses  habitudes,  on  peut  dire 
d'après  ses  instincts  propres.  Du  reste,  l'un  et  l'autre 
admettent  que  l'influence  de  l'organisation  paroissiale  et 


Ce  fait  a  été  contesté  depuis. 


Ixxii  FRANÇOIS-XAVIER  GARNEAU, 

féodale  a  contribué  A  donner  à  cette  poignée  d'homraes 
épars  sur  l'incommensurable  surface  de  la  Nouvelle- 
France,  l'énergie  nécessaire  pour  lutter  contre  des  forces 
décuples  et  concentrées. 

"  La  vie,  dit  M.  Garneau,  A  la  fois  insouciante  et  agitée, 
soumise  et  indépendante  du  Canadien  avait  une  teinte 
pluH  chevaleresiiue,  plus  i)oéti(pie,  h'\  l'on  peut  parler  ainKÎ, 
((ue  celle  de  ses  voisins.  Cutholiiiue  ardent,  il  n'avait  pas 
été  jeté  en  Amérique  par  les  persécutions,  il  ne  demandait 
pas  une  liberté  contre  laquelle  peut-être  il  eiU  combattu. 
("était  un  aventurier  in«juiet,  qui  chorcbait  une  vie  nou- 
velle, ou  un  vétéran  bruni  par  le  soleil  de  la  Hongrie,  qui 
avait  vu  fuir  le  croissant  sur  le  Raab,  et  pris  part  aux 
victoires  des  Turenne  et  des  Condé.  La  gloire  militaire 
était  son  idole,  et  fier  de  marcher  sous  les  ordres  de  «on 
seigneur,  il  le  suivait  partout  et  ris(iuait  sa  vie  avec  joie 
pour  mériter  son  estime  et  sa  consiflération  ;  c'est  ce  r|ui 
faisait  dire  ;\  un  ancien  militaire  :  Je  ne  suis  pas  surpris 
si  les  Canadiens  ont  tant  de  valeur,  puisque  la  plupart 
descendent  d'officiers  et  de  soldats  qui  sortaient  d'un  des 
plus  beaux  régiments  de  France. 

"  L'éducation  que  les  seigneurs  et  le  peuple  recevaient 
des  mains  du  clergé,  presque  seul  instituteur  au  Canada, 
n'était  point  de  nature  à  éteindre  cet  esprit  militaire  qui 
plaisait  au  gouvernement  et  qui  était  néce.'îsaire,  jusqu'à 
un  certain  point,  au  clergé  lui-même  pour  protéger  plus 
efficacement  les  missions  catholiques,  lesquelles  redoutaient 
par-dessus  tout  la  puissance  et  les  principes  protestants  de 
leurs  voisins.  Ainsi,  le  gouvernement  et  le  clergé  avaient 
intérêt  à  ce  que  le  Canadien  fût  un  guerrier.  A  mesure  que 
la  population  augmentait  en  Canada,  la  milice,  avçc  ce 
système,  devait  y  devenir  de  plus  en  plus  redoutable. 
C'était,  en  effet,  presque  une  colonie  militaire  ;  dans  les 
recensements,  on  comptait  les  armes  comme  dans  les  rôles 
d'armée.  Tout  le  monde  en  avait. 

"  Tels  étaient  nos  ancêtres  ;  et  comme  Témigration  fran- 
çaise a  toujours  été  peu  considérable,  ce  système  était 
peut-être  ce  qu'il  y  avait  de  mieux,  dans  les  circonstances, 
pour  lutter  contre  les  forces  des  coionres" anglaises.  Pen- 


SA   VIE   ET  SES  ŒUVRES.  Ixxiii 

dant  près  d'un  siècle,  leur  vaste  puissance  vint  se  briser 
contre  cette  milice  aguerrie,  qui  ne  succomba,  en  1760,  que 
sous  le  nonibre,  après  une  lutte  acharnée  de  six  ans,  et 
après  avoir  honoré  sa  chute  par  de  grandes  et  nombreuses 
victoires.  C'est  à  elle  que  le  Canada  doit  de  ne  pas  faire 
partie  aujourd'hui  de  l'Union  américaine,  et  elle  sera  pro- 
bablement la  cause  première,  quoique  éloignée,  de  l'indé- 
pendance de  ce  pays,  s'il  cessait  d'appartenir  à  l'Angleterre, 
en  ce  qu'elle  l'a  empêché  de  devenir  complètement  amé- 
ricain de  mœurs,  de  langue  et  d'institutions." 

De  son  côté,  M.  Parkman  dit: 

"  Quant  à  l'issue  suprême  de  la  lutte,  il  y  avait  un  grand 
contraste  dans  l'attitude  des  deux  puissances  rivales  :  l'une 
était  inerte  et  en  aiiparence  indiflerento,  et  l'autre  pleine 
d'activité.  Les  colonies  anglaises  étaient  éloignées  les  unes 
des  autres  ;  hostiles  à  la  couronne,  elles  se  jalousaient  et 
aussi  elles  étaient  incapables  d'agir  de  concert.  Vivant  de 
l'agriculture  et  du  commerce,  elles  pouvaient  prospérer 
dans  une  étendue  limitée,  et  elles  n'avaient  pas  un  besoin 
actuel  de  se  répandre  au  delà  des  Alléghanys  ;  chacune  de 
ces  colonies  était  une  agrégation  d'individus  occupés  de 
leurs  propres  intérêts  et  qui  ne  prenaient  aucun  soin  de  ce 
qui  ne  les  regardait  point  personnellement.  Leurs  chefs, 
choisis  par  eux-mêmes  ou  appointés  par  l'Angleterre,  ne 
pouvaient  les  déterminer  à  des  entreprises  dans  lesquelles 
le  sacrifice  était  présent  et  le  succès  à  venir  ;  et  l'indiffé- 
rence de  la  cour  anglaise,  quoique  utile  sous  certains 
rapports,  les  rendait  incapables  d'une  action  agressive;  car 
elles  n'avaient  ni  troupes,  ni  commandants,  ni  organisa- 
tion, ni  habitudes  militaires.  Dans  des  communautés  si 
affairées,  où  le  peuple  gouvernait  tout,  il  n'était  pas  facile 
de  faire  la  guerre,  à  moins  que  ce  même  peuple  ne  la  jugeât 
absolument  nécessaire. 

"  Au  Canada,  tout  était  différent.  Vivant  du  commerce 
des  fourrures,  les  colons  avaient  besoin  de  mouvement  et 
d'espace  ;  leur  position  géographique  déterminait  une  vie 
d'expéditions  ;  et  cette  vie  d'expéditions  développait  les 
dispositions  aventureuses  et  remuantes  de  ce  peuple  qui, 
vivant  sous  une  règle  militaire,  pouvait  être  dirigé  à  telle 


Ixxiv  FRANÇOIS-XAVIER  GARNEAU, 

fin  que  le  gouverneur  voulait.  Le  flyetème  d'extension  du 
territoire  n'avait  pas  été  conçu  i\  la  cour  ;  il  aortit  du  boI 
canadien  et  fut  développé  par  les  chefs  de  la  colonie,  qui, 
étant  8ur  le  terrain,  virent  la  possibilité  et  la  nécessit/*  de 
ce  système  ;  et  généralement  ils  avaient  un  intérêt  per- 
sonnel il  le  réaliser."  ♦ 

Du  reste,  si  la  France,  à  certaines  époques,  a  i>ou8sé  trop 
mollement  l'étaVilissement  de  la  colonie,  et  ne  lui  a  donné 
que  de  faibles  secours  en  hommes  et  en  munitions,  il  est 
d'autres  époques  aussi  où  il  s'est  fait  un  mouvement  très 
marqué  et  très  généreux,  eu  égard  aux  circonstances. 
En  tout  temps,  il  s'est  trouvé  des  partisans  et  des  protec- 
teurs de  la  Nouvelle-France  à  Paris  et  îl  Versailles,  excepté 
dans  les  dernières  années  du  règne  de  Louis  XV,  et  de 
l'influence  de  Mme  de  Pompadour,  qui  fut  si  funeste  à  la 
nation  toute  entière.  Depuis  le  grand  amiral  Philippe 
de  Chabot,  engageant  François  I«'f  ù  envoyer  Jacques 
Cartier  en  Amérique,  jusqu'il  Colbert  donnant  Talon  à 
la  colonie,  que  de  personnages  illustres  ont  droit  à  notre 
reconnaissance  !  C'est  Richelieu  et  son  admirable  nièce,  la 
duchesse  d'Aiguillon,  faisant  elle-même  les  plus  grandes 
largesses  il  nos  communautés  religieuses,  tant  î\  Québec 
qu'à  Montréal  ;  ce  sont  tous  ces  grands  seigneurs,  toutes 
ces  dames  de  la  cour,  tous  ces  hommes  de  bien,  de  la 
finance  et  de  la  magistrature,  s'intéressant  aux  œuvres 
des  jésuites,  à  celles  de  Maisonneuve  et  des  Sulpiciens, 
à  celles  de  Mgr  de  Laval  ;  et  c'est  surtout  Mgr  de  Laval 
lui-même,  issu  de  la  plus  grande  famille  nobiliaire  de 
France,  donnant  tout  ce  qu'il  possédait  pour  les  admi- 
rables institutions  qu'il  fonda  et  qui  subsistent  encore 
aujourd'hui. 

Ce  ne  fut  pas  seulement  au  point  de  vue  religieux,  mais 
encore  au  point  de  vue  de  la  colonisation,  du  commerce 
et  de  l'industrie,  que  Richelieu,  Mazarin  et  Colbert  s'occu- 

*  Cette  traduction  est  empruntée  à  un  ouvrage  que  nous  citons 
plus  loin  :  Colbert  et  le  Canada,  Paris,  1879,  par  M.  Desmazuree, 
prêtre  de  Saint-Sulpice.  Cet  ouvrage  contient  une  excellente  réfuta- 
tion de  certaines  assertions  de  !M.  Parkman.  Voir  aussi,  sur  la  même 
question,  M.  Kameau  et  M.  l'abbé  Casgrain. 


SA   VIE  ET  SES  ŒUVRES.  IxXV 

pèrent  du  Canada,  et  l'on  peut  dire  que  ce  dernier,  aidé 
de  Talon,  a  pourvu  jusque  dans  les  moindres  détails,  à 
tout  ce  qui  pouvait  développer  les  ressources  de  ce  qui 
formait  alors  la  Nouvelle-France,  et  n'était  rien  moins 
que  les  trois  quarts  de  l'Amérique  du  Nord.  Du  reste, 
rien  ne  doit  surprendre  de  la  part  de  ce  grand  génie,  dont 
Mazarin  avait  dit  à  Louis  XIV  en  mourant  :  "Je  voua 
dois  tout,  sire,  mais  je  crois  m'acquitter  en  vous  donnant 
Colbert  !  " 

Quant  à  la  disproportion  entre  les  populations  euro- 
péennes de  la  Nouvelle-France  et  celles  de  la  Nouvelle- 
Angleterre,  cause  principale  du  triomphe  de  cette  der- 
nière, elle  peut  s'expliquer  par  l'objet  bien  différent 
que  les  deux  gouvernements  avaient  en  vue  dès  le  prin- 
cipe. Sans  doute  que  la  France  avait  des  visées  trop  désin- 
téressées, et  dans  notre  siècle,  surtout  après  le  résultat 
obtenu,  on  peut  même  les  traiter  de  chimériques.  Qui 
n'admirerait  cependant  de  pareils  projets  au  point  de  vue 
de  la  véritable  philanthropie? 

"  Le  but  des  deux  établissements,  dit  M.  l'abbé  Desma- 
zures,  n'était  pas  le  même,  et  le  gouvernement  français  ne 
songeait  pas  tant  à  augmenter  la  population  qu'à  la  main- 
tenir dans  ses  premières  vertus.  D'ailleurs,  cette  dispro- 
portion n'aurait  jamais  eu  d'inconvénient,  si  les  principes 
qui  aviiient  présidé  à  l'établissement  de  la  Nouvelle- 
France  avaient  été  conservés.  Le  gouvernement  avait  en 
vue  de  n'envoyer  que  des  sujets  décidés  i\  gagner  les  sau- 
vages à  la  vérité,  et  à  leur  donner  l'exemple  d'une  société 
vraiment  chrétienne.  Pour  cela,  il  fallait  une  population 
bien  choisie  et  il  n'était  pas  nécessaire  qu'elle  fût  nom- 
breuse. Cela  eût  été  contraire  à  la  fin  même  de  l'établisse- 
ment, qui  était  de  laisser  aux  peuples  sauvages  la  posses- 
sion de  leurs  domaines,  de  les  civiliser  et  de  leur  faire 
connaître  et  pratiquer  l'Evangile.  La  sévérité  que  l'on 
déploya  à  l'égard  des  Iroquois,  ne  fut  qu'un  incident,  qui 
cessa  dès  qu'ils  eurent  renoncé  à  leurs  incursions,  et  cette 
sévérité  ne  fut  jamais  déployée  à  l'égard  des  autres  nations, 
plus  pacifiques  et  plus  morales.  Combien  en  était-il  autre- 
ment pour  les  colonies  anglaises  !  Leur  but  était  de  s'em- 


Ixxvi  FRANf;ol8-XAVIER  GARNEAU, 

parer  de  tout  le  littoral,  d'en  chaflser  les  indigènes  et  do 

sYtahlir  à  leur  place." 

SaiiB  jiartager  en  toutes  choses  la  manière  de  voir  de 
M.  Garneau  dans  ces  grandes  questions,  on  doit  tenir 
coni])te  de  la  sinc^'rit^;  du  regret  qu'il  éprouve  en  voyant 
lu  Nouvolle-Frunce  plac^'e  Hur  un  j»ied  d'infôriorlK'-  numé- 
rique (pli  lui  fut  si  funeste,  et  imputer  ù  la  vivacité  de 
son  patriotisme  les  reproches  qu'il  adresse  j\  Louis  XIV 
à  lY'gard  des  huguenots. 

AprCs  cette  étude  des  deux  colonies,  M.  Garneau  jette 
un  coup  d'œil  sur  l'état  de  l'Europe  au  moment  où  allait 
surgir  en  Amérique  la  lutte  qui,  avec  des  intennittences 
]>lus  ou  moins  prolongées,  ne  s'est  terminée  que  par  la 
cession  du  Canada  à,  la  Grande-Bretagne.  Jacques  II, 
l'allié  de  Louis  XIV,  venait  de  jKîrdre  sa  couronne,  et  son 
gendre,  le  ])rince  d'Orange,  lui  avait  succédé  sous  le 
nom  de  Guillaume  ITT.  La  (Jrande-Bretagne  se  déclarait 
l'ennemie  acharnée  de  la  France,  qui  eut  à  la  fois  à  com- 
battre la  Hollande,  l'Allemagne  et  presque  tout  le  reste  de 
l'Europe. 

Jusque-là  la  Nouvelle-France  n'avait  eu  directement 
affaire  qu'aux  Iroquois,  plus  ou  moins  soutenus  et  poussés 
par  les  Hollandais  ou  par  les  Anglais.  En  ce  moment  ces 
derniers,  qui  s'étaient  substitués  aux  autres,  se  trouvaient 
appelés  i\  prendre  les  armes  au  lieu  d'en  fournir  aux  sau- 
vages. 

Le  ministère  îl  Paris,  et  M.  de  Frontenac  à  Québec, 
décidèrent  qu'il  fallait  suivre  la  politique  des  anciens 
Romains,  qui  fut  aussi  plus  tard  celle  de  Napoléon  I**"", 
attaquer  l'ennemi  chez  lui  quoiqu'il  parût  incomparable- 
ment plus  fort.  Il  fut  donc  entendu  qu'en  même  temps 
que  l'on  irait  s'emparer  des  établissements  des  Anglais  à 
la  baie  d'Hudson  et  à  Terreneuve,  on  détruirait  par  des 
expéditions  simultanées  les  postes  les  plus  voisins  de  la 
frontière  du  Canada,  et  l'on  ravagerait  les  côtes  de  l'Atlan- 
tique jusqu'à  la  Nouvelle- York,  que  des  vaisseaux  de 
guerre  et  une  expédition  de  terre  attaqueraient  à  la  fois. 
Ce  programme,  tout  hardi  qu'il  était,  fut  exécuté  pres- 
que en  entier,  et  la  Nouvelle- York  n'échappa  que  grâce 


SA   VIE   ET  SES  ŒUVRES.  IxxVU 

à  un  de  ces  malheurs  —  qu'on  me  pardonne  l'expression  — 
à  un  de  ces  guignons  dont  la  marine  française  était  alors 
si  fréquemment  victime. 

Les  exploits  d'Iberville  à  la  baie  d'Hudson  sont  un 
des  traits  les  plus  brillants  de  notre  histoire,  et  ce  héros 
paraissait  vraiment  doué  d'ubiquité,  car  à  peine  avait-il 
terminé  cette  campagne  qu'on  le  voit  faire  partie  des  expé- 
ditions dirigées  contre  la  Nouvelle-Angleterre.  Ces  incur- 
sions furent  une  terrible  revanche  du  massacre  de  Lachine, 
dont  on  imputait  l'instigation  au  gouvernement  de  la 
Nouvelle-Angleterre  ;  la  surprise  de  Bclienectady  surtout 
jeta  une  terreur  qui  mit  du  temps  à  s'effacer  ;  et  de  même 
qu'aujourd'hui  on  parle  encore,  dans  nos  campagnes,  de 
"  l'année  du  massacre,"  de  même  dans  les  Etats  voisins 
subsiste  la  légende  de  cette  autre  année  terrible. 

Ce  retour  hardi  vers  l'offensive  fut  couronné  de  succès, 
et  tourna  la  fortune  de  la  guerre  et  aussi  celle  du  com- 
merce en  faveur  de  la  France.  Les  Iroquois  étaient  au 
moment  de  détacher  toutes  les  autres  nations  de  notre 
alliance,  et  de  diriger  la  traite  des  fourrures  vers 
la  Nouvelle-Angleterre.  Frontenac  tira  immédiatement 
parti  de  ses  triomphes  militaires;  il  envoya  le  célèbre 
voyageur  Perrot  îl  Michillimakinac  avec  un  grand  convoi 
de  marchandises  et  de  présents.  Les  sauvages  n'étaient 
point  de  l'avis  de  Caton  ;  comme  beaucoup  de  mo- 
dernes civilisés,  ils  préféraient  le  parti  des  vainqueurs 
A  celui  des  vaincus.  *'  Ils  s'attachèrent,  dit  M.  Gar- 
neau,  plus  étroitement  que  jamais  aux  intérêts  de  la 
France.  Bientôt  après,  cent  dix  canots,  jwrtant  pour  cent 
mille  écus  de  pelleteries  et  conduits  par  plus  de  trois 
cents  sauvages  de  toutes  les  tribus,  partirent  pour  Mont- 
réal où  ils  furent  reçus  aux  acclamations  de  toute  la 
ville." 

Mais  ces  revers  ne  firent  point  qu'effrayer  les  colons  de 
l'Angleterre  ;  ils  les  décidèrent  îi  en  finir  avec  ces  Français 
demi-barbares,  disaient-ils,  plus  terribles  et  plus  féroces  que 
les  sauvages  eux-mêmes  ;  et,  d'un  autre  côté,  les  Iroquois, 
fâchés  de  voir  s'évanouir  le  beau  rêve  qu'ils  avaient  fait 
de  dicter  la  loi  à  la  fois  aux  Européens  et  aux  autres  sau- 


Ixxviii  FRANÇOIS-XAVIER  OARNEAC, 

vages,  fie  réunirent  en  un  grand  conseil  où  il  y  avait 
quatre-vingts  chefH  et  un  délégua  du  gouverneur  de  la 
Nouvelle-Angleterre.  La  même  année  avait  lieu  un  autre 
grand  conseil,  celui  dos  difîCrrntes  colonies  anglaises,  et 
cette  réunion  prit  le  nom  de  congrès,  devenu  depuis  m 
fameux.  Là  fut  prononcé  le  (Iclenda  est  Carthago  contre  la 
Nouvelle-France.  Mais  l'Ai  .-,  à  qui  l'on  demanda 

d'envoyer  une  expédition  <  ^uébec,  ne  se  trouva  pas 

en  état  d'en  faire  le  sacrifice,  à  raison  des  désastres  qu'elle 
venait  d'éprouver  et  des  craintes  qu'elle  rc-     "  '"  ro. 

Les  colons  donnèrent  alors  une  grande  preu  '^t 

de  confiance  en  eux-mômes.  Ils  résolurent  d'entreprendre 
seuls  la  conquête  de  la  Nouvelle- France  ;  l'expédition  de 
Phipps,  qui  vint  échouer  si  piteusement  devant  Québec, 
celle  de  Winthrop,  que  les  maladies  décimèrent  avant 
qu'elle  eût  pu  entrer  dans  le  pays,  furent  les  résultats  peu 
encourageants  de  cette  levée  de  boucliers. 

M.  Garneau  décrit  avec  un  talent  remarquable  toutes 
ces  expéditions,  tous  ces  combats,  toutes  ces  escarmouches 
et  même  toutes  ces  batailles  rangées  à  la  lisière  d'une 
forêt,  ou  sous  les  murs  d'un  petit  fort,  car  il  y  en  eut  plu- 
sieurs, bien  que  le  nombre  des  combattants  ne  fût  pas  con- 
sidérable. Il  raconte  aussi,  avec  une  verve  toute  patriotique, 
la  défense  de  Québec  contre  [la  flotte  de  Phipps.  On  est, 
pour  bien  dire,  présent  à  la  scène  du  parlementaire  reçu 
en  grande  pompe  au  château  Saint- Louis  et  renvoyé  si 
dédaigneusement  avec  la  fameuse  réponse  promise  et 
si  promptement  donnée  par  la  bouche  des  canons  ;  on  croit 
voir  ce  pauvre  diable,  trébuchant,  les  yeux  bandés  en  véri- 
table colin- maillard,  à  travers  les  chevaux  de  frise,  les 
affûts  de  canons,  les  obstacles  de  tout  genre,  multipliés  à 
dessein  sur  son  passage,  arriver  étourdi  et  ahuri  par  tout 
le  tapage  que  l'on  avait  fait  autour  de  lui,  dans  la  grande 
salle  du  château  où  M.  de  Frontenac  l'attendait  au  milieu 
d'une  cour  brillante,  quoique  improvisée  ;'  on  le  voit  lire 
en  hésitant  et  comme  tout  efifraj'é  de  tant  d'audace,  l'arro- 
gante sommation  que  son  maître  avait  mise  entre  ses 
mains  et  s'en  retourner  berné  et  humilié,  mais  s'estimant 
heureux  d'avoir  encore  tous  ses  membres  en  leur  place. 


SA  VIE    ET  6ES  ŒUVRES.  Ixxix 

Vient  ensuite  la  description  des  combats  livrés  sur  la 
plage  entre  Beauport  et  la  rivière  Saint-Charles,  et  le  bom- 
bardement de  la  ville  par  la  flotte,  toutes  choses  qui  étaient 
comme  une  étude  préparatoire  du  drame  que  Wolfe  devait 
jouer  plus  tard  avec  plus  de  succès.  "  Ce  combat  dans 
le  magnifique  bassin  de  Québec,  dit  notre  auteur,  présen- 
tait un  spectacle  grandiose.  Les  détonations  retentissaient 
de  montagne  en  montagne,  d'un  côté  jusqu'à  la  cime  des 
Alléghany  et  de  l'autre  jusqu'à  celle  des  Laurentides, 
tandis  que  des  nuages  de  fumée  où  étincelaient  des  feux, 
roulaient  sur  les  flots  et  le  long  des  flancs  escarpés  de 
Québec  hérissé  de  canons." 

Les  canons  de  la  ville  eurent  plus  d'efiet  que  ceux  des 
vaisseaux,  et  si  elles  perdirent  plusieurs  otticiers  distin- 
gués, entre  autres  M.  Le  Moyne  de  Sainte- Hélène,  frère  de 
d'Iberville,les  troupes  françaises  et  les  milices  canadiennes 
eurent  un  avantage  marqué  dans  les  engagements  sur 
terre.  Ces  succès  étaient  obtenus  avec  des  forces  et  des 
moyens  d'action  bien  inférieurs  à  ceux  de  l'ennemi,  et  dus 
uniquement  à  l'habileté  du  chef  et  au  courage  des  soldats. 

Aussi,  en  lisant  ce  récit,  on  comprend  la  joie  de  nos 
ancêtres,  lorsqu'ils  virent  l'ennemi  promptement  décou- 
ragé abandonner  son  artillerie  sur  le  rivage  pour  se  réfu- 
gier dans  ses  vaisseaux,  et  ceux-ci  mettre  à  la  voile  avec  la 
plus  grande  précipitation.  Cette  joie  fut  partagée  par  la 
France  et  par  son  souverain,  qui  fit  frapper  une  médaille 
en  l'honneur  de  ce  glorieux  événement.  * 

M,  Garneau  se  livre  ensuite  à  une  étude  spéciale,  et,  sui- 
vant son  habitude,  rétrospective  des  entreprises  faites  par 


*  M.  de  Frontenac  commanda  en  jiersonne  au  dernier  combat  qui 
eut  lieu  près  delà  rivière  Saint-Charles.  La  médaille  est  ime  des  plus 
remarquables  parmi  celles  qui  furent  frappées  sous  le  règne  de  Louis 
XIV.  Le  castor  y  imraît  pour  la  première  fois  comme  emblème  du 
Canada,  ^l.  de  Puibusque,  il  y  a  une  trentaine  d'années,  tit  frapper 
des  exemplaires  de  cette  médaille  à  la  Monnaie  et  en  envoya  à 
quelques-uns  de  ses  amis  au  Canada.  Le  musée  de  l'université 
Laval  en  possède  une  que  l'on  croit  être  de  la  première  émis- 
sion. 


IXXX  FRANÇOlS-XAVIEIt   GARNEAU, 

les  Français  et  les  Anglais,  les  uns  contre  les  autres,  à 

Terrencuve  et  il  la  baie  d'Hudson.  Que  du  fois  cch  contr^-es 
du  Nofrd,  aujourd'hui  rincontcHtablu  jiatriuioine  du  la 
Grande-Bretagne,  ont  été  prises  et  reprises  !  C'est  tout  un 
enchevêtrement  de  succ^'H  et  de  revers,  et  l'auteur  a  pres- 
(juc  autant  de  mérite  j\  8e  tirer  de  ce  dédale  (jue  len  vais- 
seaux engagés  au  milieu  des  banquises  en  ont  A  se  guider 
dans  les  étroits  passages  où  ils  riHijuent  d'être  écrasés  par 
ces  masses  formidables. 

La  baie  d'Hudson  surtout  intéresse  notre  historien,  et 
les  exploits  d'Iberville  lui  ont  fourni  queloiw-nu.s  dos 
l)ages  les  plus  brillantes  de  son  ouvrage. 

"  Cette  contrée  adossée  au  p«Me,  dit-il,  et  à  peine  h;ii)i- 
tal)le,  était  également  recherchée  jtar  la  F'rance  et  par 
l'Angleterre  pour  ses  riches  fourrures.  Les  traitants  deg 
deux  nations  en  avaient  fait  le  théAtre  d'une  lutte  con- 
tinuelle, aux  vicissitudes  de  laquelle  la  trahison  avait 
sa  part." 

Le  combat  livré  par  d'Iberville  avec  un  seul  vaisseau 
contre  trois,  occupe  plusieurs  pages,  parmi  lesquelles  se 
trouve  la  suivante  : 

"  D'Iberville  trouva  l'entrée  de  la  baie  d'Hudson  cou- 
verte de  glaces,  au  milieu  desquelles  ses  vaisseaux,  séparés 
les  uns  des  autres  et  entraînés  de  divers  côtés,  coururent 
les  plus  grands  dangers  durant  plusieurs  jours.  La  navi- 
gation a  quelque  chose  de  hardi,  de  grand  même,  mais  de 
triste  et  de  sauvage  dans  les  hautes  latitudes  de  notre 
globe.  Un  ciel  bas  et  sombre,  une  mer  qu'éclaire  rarement 
un  soleil  sans  chaleur  ;  des  flots  lourds  et  couverts,  la  plus 
grande  partie  de  l'année,  de  glaee-dont  les  masses  immenses 
ressemblent  à  des  montagnes  ;  des  côtes  désertes  et  arides 
qui  augmentent  l'horreur  des  naufrages;  un  silence  qui 
n'est  interrompu  que  par  les  gémissements  de  la  tempête, 
voilà  quelles  sont  les  contrées  où  M.  d'Iberville  a  déjà 
signalé  son  courage  et  où  il  va  le  signaler  encore.  Ces  mers 
lui  sont  familières,  elles  furent  les  premiers  témoins  de  sa 
valeur.  Depuis  longtemps  son  vaisseau  aventureux  les 
sillonne.  Plus  tard,  cependant,  il  descendra  vers  des  climats 
plus  doux;  et  ce  marin  qui  a  fait,  pour  ainsi  dire,  son 


SA   \aE  ET  SES  ŒUVRES.  Ixxxi 

apprentissage  au  milieu  des  glaces  polaires,  ira  finir  sa 
carrière  sur  les  flots  tièdes  et  limpides  des  Antilles,  au 
milieu  des  côtes  embaumées  de  la  Louisiane;  il  fondera 
un  empire  sur  des  rivages  où  l'hiver  et  ses  frimas  sont 
inconnus,  où  la  verdure  et  les  fleurs  sont  presque  éter- 
nelles." 

Cependant,  la  guerre  en  Europe  et  en  Amérique,  et  les 
dépenses  fastueuses  du  grand  monarque  avaient  épuisé  les 
finances  de  la  France,  et  les  ministres  qui  avaient  écrit  à 
M.  de  Frontenac  de  pousser  ses  avantages,  lui  enjoignirent 
bientôt  de  restreindre  ses  opérations  et  d'abandonner  ce 
qu'on  appelait  alors  les  pays  d'en  haut.  Le  gouverneur 
donna  la  mesure  de  la  sûreté  de  son  jugement  et  de  la 
fermeté,  de  l'audace  même  qu'il  y  avait  en  lui.  Il  prit 
sur  lui  de  désobéir  aux  ordres  positifs  du  roi.  M.  Gar- 
neau  se  joint  à  Charlevoix  pour  approuver  cette  grande 
mais  hasardeuse  résolution.  "  Nous  n'aurions  pas  eu  plus 
tôt  évacué  ces  postes,  dit-il,  que  les  Anglais  s'en  seraient 
emparés,  et  que  nous  aurions  eu  immédiatement  pour 
ennemis  tous  les  peuples  qui  s'y  étaient  établis  à  notre 
occasion  et  qui,  une  fois  réunis  aux  Anglais  et  aux  cantons, 
auraient,  dans  une  seule  camivagne,  obligé  tous  les  Fran- 
çais il  sortir  du  Canada." 

Ce  fut  le  contraire  qui  arriva  ;  et  tandis  qu'il  promenait 
le  fer  et  la  flamme  dans  les  cantons,  M.  de  Frontenac 
entretenait  ses  relations  avec  les  nations  de  l'Ouest  et  du 
Sud-Ouest,  et  remplissait  de  son  prestige  toute  l'Amérique. 
Aussi  les  Iroquois,  à  qui  il  avait  su  inspirer  autant  d'estime 
que  de  terreur  —  car  il  avait  en  général  très  bien  accueilli 
leurs  chefs  et  s'était  fait  des  amis  de  ceux  qu'il  avait 
ramenés  de  France,  où  ^L  Denonville  les  avait  envoyés 
chargés  de  chaînes — les  Iroquois  furent  prompts  à  traiter 
avec  lui  après  la  paix  de  Ryswiek  et  cela  malgré  tous  les 
efforts  des  Anglais.  Ceux-ci  montrèrent  moins  d'halàleté 
que  M.  de  Frontenac  et  s'aliénèrent  une  grande  partie  des 
cantons  convertie  au  catholicisme  par  les  missionnaires, 
en  voulant  proscrire  ces  derniers.  En  même  temps, 
tous  les  peuples  de  l'Ouest  voulurent  être  les  amis  du 
grand  Ononthio,  et  Montréal  vit,  en  1701,  le  plus  étrange 


Ixxxii  FRANÇOIS-XAVIER  GARSEAU, 

spectacle  qu'on  ait  peut-être  jamais  contemplé  sur  ce  con- 
tinent :  une  réunion  de  députés  de  toutes  les  nations  sau- 
vages depuis  le  golfe  Saint- Laurent  jusqu'aux  vastee 
plaines  de  l'Ouest,  et  depuis  ces  régions  jusqu'à  la  partie 
inférieure  du  Mississipi. 

Mais  il  semble  qu'une  loi  providentielle  interdise  aux 
grands  hommes  la  jouissance  paisible  du  fruit  de  leur» 
travaux,  soit  que  les  revers  viennent  les  humilier  et 
détruire  leur  œuvre  de  leur  vivant  même,  soit  que  la  mort 
les  enlève  à  la  veille  de  leur  triomphe. 

Ce  ne  fut  point  M.  de  Frontenac,  ce  fut  son  lieutenant  et 
son  successeur,  M.  de  Calliùres,  qui  présida  à  l'assemblée 
du  4  août  1701,  et  apposa  sa  signature  à  côté  des  hiérogly- 
jjhes  des  nombreux  sachems  venus  des  quatre  points 
cardinaux. 

Déjà  depuis  plus  de  deux  ans,  M.  de  Frontenac  était 
dans  la  tombe,  et  dans  l'acte  solennel  qui  consacrait  les 
résultats  de  sa  brillante  administration,  on  put  se  permettre 
sans  inconvenance  les  réjouissances  ordinaires  en  pa- 
reille occasion.  Cependant,  il  était  dit  que  le  congrès 
bizarre  et  grandiose  qui  siégeait  en  plein  air  sous  les  rem- 
parts de  Montréal,  serait  attristé  par  la  mort  d'un  autre 
des  acteurs  principaux  dans  le  drame  qui  allait  se  dénouer 
avec  accompagnement  de  Te  Deum,  de  salves  d'artillerie, 
de  festins  et  de  feux  de  joie.  Le  fameux  chef  huron 
Kondiaronk  (le  Rat)',  pendant  le  discours  d'un  autre  chef, 
eut  une  syncope  ;  revenu  à.  lui-même,  il  demanda  la  parole, 
et,  assis  dans  un  fauteuil,  il  raconta  tout  ce  qu'il  avait  fait 
pour  amener  une  paix  si  désirée.  Il  parla  avec  une  tou- 
chante modestie  et  une  grande  habileté.  "  Il  exhorta  toutes 
les  nations  réunies  à  conserver  cette  paix  si  difficile  à 
obtenir,  démêlant  avec  une  adresse  étonnante,  dit  M.  Gar- 
neau,  les  intérêts  des  uns  et  des  autres.  Puis  se  tournant 
vers  le  gouverneur  général,  il  le  conjura  de  justifier  par 
sa  conduite  la  confiance  que  l'on  avait  en  lui.  Sa  voix  s'af- 
faiblissant,  il  cessa  de  parler.  Doué  d'une  grande  éloquence 
et  de  beaucoup  d'esprit,  il  reçut  encore,  dans  cette  circons- 
tance si  grave  et  si  imposante,  ces  vifs  applaudissements 
qui  couvraient  sa  voix  chaque  fois  qu'il  l'élevait  dans  les 


SA  VIE  ET  SES  ŒUVRES.  Ixxxiii 

assemblées  publiques,  et  qu'il  arrachait  même  à  ses  enne- 
mis, pour  ainsi  dire  malgré  eux.'' 

Ce  testament  politique  de  l'orateur,  du  diplomate  de  la 
forêt  ne  fait-il  pas  songer  i\  lord  Chatham  se  faisant  porter, 
presque  mourant,  au  parlement  et  dictant  aucsi  lui  ses 
dernières  volontés  à  l'illustre  assemblée,  émue  de  tant  de 
courage  et  de  patriotisme  ?  Il  y  a  cette  différence,  cependant, 
que  l'homme  d'Etat  anglais  venait  exhorter  ses  compatriotes 
à  continuer  la  lutte  contre  leurs  colonies  révoltées,  tandis 
que  l'orateur  huron  prêchait"  la  paix  aux  peuples  du  nou- 
veau monde. 

Le  chef  mourut  le  lendemain  ;  le  récit  de  ses  funérailles, 
son  éloge,  qui  suit  à  peu  do  distance  celui  de  M.  de  Fron- 
tenac, terminent  ce  livre  de  VHistoire  du  Canada.  * 

L'auteur  repart  ensuite,  suivant  son  haVùtude,  pour  faire 
le  tour  de  l'Amérique.  Il  raconte  l'établissement  de  la 
Louisiane,  les  dernières  guerres  de  l'Acadie,  et  la  coloni- 
sation du  Cap-Breton. 

Avant  de  décrire  les  travaux  de  d'Iberville  à  l'embou- 
chure du  Mississipi,  il  revient  sur  les  entreprises  de  l'infor- 
tuné La  Salle,  et  la  manière  dont  il  explique  cette  étude 
rétrospective  mérite  d'être  reproduite  : 

"  Nous  nous  sommes  étendu  sur  cette  expédition  infor- 
tunée, parce  qu'elle  servait  de  prélude  à  celle  de  notre 
compatriote  (d'Iberville  était  né  au  Canada)  dans  la  Loui- 
siane proprement  dite  ;  d'ailleurs  l'histoire  du  Canada 
français  devait  cette  marque  de  reconnaissance  à  l'homme 
qui  a  sacrifié  sa  fortune  et  sa  vie  pour  la  cause  de  la  colo- 
nisation française  en  Amérique  ;  car  s'il  n'a  pas  fondé,  il  a 
du  moins  accéléré  beaucoup  l'établissement  de  la  Loui- 
siane, aujourd'hui  si  florissante.  Chaque  jour  ajoute  aussi 

*  Membertou,  chef  souriquois  catholique;  Garakontbié,  Iroquois 
converti  ;  Ouréouharé,  run  dos  chefs  ramènes  de  France  jwir  M.  de 
Frontenac,  et  plusieurs  autres  sauvages,  ont  été,  comme  Kondiaronk 
et  le  célèbre  Pontiac,  de  grandes  personnalités  historiques.  Sur  les 
transparents  de  l'illumination  du  vieux  collège  des  jésuites,  à  la  fête 
du  deuxième  centenaire  de  l'érection  du  diocèse  de  Québec,  parmi 
les  noms  fameux  de  noti-e  histoire  se  lisaient  ceux  de  Meml^ertou, 
Kondiaronk  et  Pontiac.  Voir  aussi  VOde  d<s  grands  chef»,  par 
Bibaud  père. 


Ixxxiv  FRANÇOIS-XAVIER    OARNEAr, 

à  l'intérêt  de  l'histoiro  de  ces  pères  du  nouTcau  monde.  A 
iriosure  (juo  ce  continent  se  peuple,  que  les  anciennes  colo- 
nies, si  pauvres,  si  Iiun)l)les  îl  leur  origine,  se  changent  en 
P3tats,  en  empires  indépendants,  le  nom  de  leurs  fondutcurs 
grandit;  les  omhres  de  ces  nouveaux   Romulus  n'élèvent 

sur   l'Araéri<]Ue  où   ell<'«    rdinutif     pour   niu-i    din-    i mnti.o 

les  bornes  du  passé." 

Le  système  do  Law  attira  a  la  Lcmi.sianc  une  loulc 
d'aventuriers;  mais  ses  colons  les  plus  sérieux  et  les  plus 
permanents,  ceux  qui  ont  fait  souche,  furent  surtout  des 
Canadiens. 

"('e  petit  peuple  qui  habite  l'extrémité  septentrionale 
du  nouveau  monde,  dit  M.  (iarneau,  sans  avoir  eu  presque 
le  temps  de  s'asseoir  sur  la  terre  qu'il  avait  défrichée,  cou- 
rait déjà  A  l'aventure  vers  des  contrées  nouvelles;  ses 
enfants  jalonnaient  les  rives  du  Saint- Laurent  et  du  Misais- 
sipi  dans  un  espace  de  près  de  douze  cents  lieues!  Une 
partie  disputait  les  bords  glacés  de  la  baie  d'Hudson  aux 
traitants  anglais,  tandis  qu'une  autre  guerroyait  avec  les 
E.spagnols  jusque  sous  le  ciel  brûlant  des  tropiques.  La 
puissance  française  dans  rAraérique  continentale  semble 
reposer  sur  eux.  Ils  se  multiplient  pour  faire  face  au 
nord  et  au  sud.  Partout  pleins  de  dévouement  et  de  bonne 
volonté,  ils  manient  aussi  bien  l'aviron  du  traitant  voya- 
geur que  la  hache  du  défricheur,  que  le  fusil  du  soldat. 
On  aime  à  voir  ce  mouvement  continuel  qui  les  entraîne 
dans  toutes  les  directions,  au  milieu  des  forêts  et  des  nom- 
breuses tribus  sauvages,  qui  les  regardent  passer  avec  éton- 
nement.  Ils  furent,  dans  le  nouveau  monde,  comme  ces 
tirailleurs  qui  s'éparpillent  dans  un  combat  en  avant  d'une 
colonne  dont  ils  annoncent  la  charge." 

L'effondrement  du  système  de  Law,  dont  notre  auteur 
expose  habilement  les  diverses  péripéties,  laisse  la  Loui- 
siane dans  le  plus  triste  état.  Cette  période  de  l'histoire 
de  la  colonie  est  assombrie  par  les  tristes  résultats  de  la 
conspiration  des  Chickasas  et  des  Natchez,  le  massacre  de 
deux  cents  Français  par  ces  derniers,  et  l'extermination  de 
cette  nation,  qui  vit  encore,  cependant,  dans  les  œuvres 
immortelles  de  Chateaubriand. 


SA   VIE    ET   SES  ŒTS'RES.  IxXXV 

La  fondation  de  la  Nouvelle-Orléans  par  le  frère  de 
d'Iberville,  M.  de  Bienville;  celle  de  Louisbourg,  par  M. 
de  Costebelle;  l'établissement  de  l'île  Saint-Jean  (aujour- 
d'bui  l'île  du  Prince-Edouard);  celui  du  Détroit,  par  de 
LaMothe-Cadillac  ;  tout  cela  est  dit  en  son  lieu  et  place,  et 
sert  à  montrer  la  simultanéité  des  efforts  qui  se  firent  pour 
fonder  et  conserver  la  Nouvelle-France,  et  le  courage 
avec  lequel  on  se  retnit  à  l'œuvre  après  les  plus  grands 
désastres;  car  on  ne  songea  à  coloniser  le  Cap-Breton  et 
l'île  Saint-Jean  (jue  lorsque  le  traité  d'Utrecht  eut  enlevé 
à  la  France  l'Acadie,  Terreneuve  et  la  baie  d'Hudson. 

C'était  alors  le  déclin  de  la  splendeur  de  Louis  XIV,  et 
le  commencement  du  déclin  de  la  monarchie  à  travers  les 
honteuses  années  de  la  régence,  et  celles  du  règne  de  Louis 
XV,  lequel,  à  son  début,  cependant,  ne  fut  pas  sans  gloire. 

L'historien  est  sévère  pour  le  grand  roi,  plus  sévère 
encore  pour  madame  de  Maintenon.  Il  semble  attribuer  t\ 
la  révocation  de  l'édit  de  Nantes,  dont  elle  ne  fut  certai- 
nement pas  la  seule  inspiratrice,  tous  les  malheurs  do  la 
France  et  de  ses  colonies,  tandis  que  l'on  devrait  plutôt 
reprocher  aux  fanatiques  sectaires  leur  manque  de  patrio- 
tisme et  leurs  intrigues,  qui  furent,  au  moins  autant  que  le 
sentiment  religieux,  la  cause  des  persécutions. 

L'auteur  suit  avec  anxiété,  et  comme  aurait  pu  le  faire 
un  contemporain,  tous  ces  événements  de  la  politique 
euro[)éenne,  ces  guerres  et  ces  traités  de  paix  plus  ou  moins 
illusoires  dont  les  colons  de  la  France  et  de  l'Angleterre 
sont  alternativement  les  victimes,  se  disant  à  lui-même 
avec  le  poète:  Quklquid  délirant  reges  plectuntur  Aehivi. 
Assez  souvent  aussi  ce  sont  les  colons  qui  allument  en 
pleine  paix  la  torche  incendiaire  et  entraînent  les  métro- 
poles à  leur  suite. 

Le  sort  fut  surtout  cruel  à  l'égard  de  ces  braves  Acadiens, 
qui  combattirent  longtemps  encore  après  qu'ils  eurent  été 
abandonnés,  et  pour  leurs  alliés,  les  Abénaquis,  qui  prome- 
nèrent dans  les  établissements  anglais  la  hache  de  guerre 
et  le  couteau  à  scalper.  Comme  plus  tard  le  célèbre  Pontiac 
dans  les  régions  de  l'Ouest,  ils  ne  pouvaient  se  résoudre  à 
croire  que  le  grand  Ononthio  délaissait  ses  enfants. 

F 


IxXXvi  FRANÇOIS-XAVIEIt  OARNEAl', 

Cette  triste  page  d'histoire  se  termine  par  le  récit  de 
l'assassinat  du  Père  Rawle  par  les  Anglais. 

"Ceux-ci,  dit  M.  (Jarnejiu,  qui  attribuaient  aux  conBeilM 
du  missionnaire  tout  ce  (juc  faisaient  les  sauva^çcs,  fonuè- 
rent  un  nouveau  projet  pour  s'emparei  de  lui,  mort  ou  vif. 
(Ils  avaient  échoué  dans  une  première  tentative.)  Sacliant 
l'attachement  que  ses  néophytes  lui  portaient,  ils  envoy- 
èrent, en  1724,  onze  cents  hommes  pour  le  prendre  et  pour 
détruire  Narantsouaek,  grande  bourgade  qu'il  avait  formée 
autour  de  sa  chapelle.  Cerner  le  village  entour'  "'  "-«e» 
broussailles,  et   le  livrer  aux  flammes  fut  1  .t  i  un 

instant.  Au  premier  bruit,  le  vieux  missionnaire  était  «orti 
de  sa  demeure.  Les  assaillants  jetèrent  un  grand  cri  en 
l'apercevant  et  le  couchèrent  en  joue.  Il  tomba  sous  une 
grêle  de  balles  avec  sept  sauvages,  qui  voulurent  lui  faire 
un  rempart  de  leurs  corps.  Les  vainqueurs  épuisèrent 
ensuite  leur  vengeance  sur  son  cadavre.  Ayant  exécuté 
leur  assassinat  —  car  une  expédition  entreprise  pour  tuer 
un  missionnaire  n'est  pas  une  expédition  de  guerre  —  ils  se 
retirèrent  avec  précipitation.  Les  sauvages  rentrèrent  aus- 
sitôt dans  leur  village  et  leur  premier  soin,  tandis  que  le« 
femmes  cherchaient  des  herbes  pour  panser  les  blessés,  fut 
de  pleurer  sur  le  corps  de  leur  infortuné  missionnaire. 

"  Ils  le  trouvèrent  percé  de  mille  coups,  la  chevelure  et 
les  yeux  remplis  de  boue,  les  os  des  jambes  fracassés  et 
tous  les  membres  mutilés  d'une  manière  barbare.  Voilà, 
s'écrie  Charlevoix,  de  quelle  manière  fut  traité  un  prêtre 
dans  sa  mission  au  pied  de  la  croix,  par  ces  mêmes  hommes 
qui  exagéraient  si  fort,  en  toute  occasion,  les  inhumanités 
prétendues  de  nos  sauvages,  qu'on  n'a  jamais  vus  s'acharner 
ainsi  sur  les  cadavres  de  leurs  ennemis.  Après  que  ces 
néophytes  eurent  baisé  et  lavé  plusieurs  fois  les  restes  d'un 
homme  qu'ils  chérissaient,  ils  l'inhumèrent  à  l'endroit 
même  où  était  l'autel  avant  que  l'église  fût  brûlée." 

De  retour  de  cette  longue  excursion  à  la  Louisiane  et 
en  Acadie,  l'auteur  nous  raconte  ladministration  de  M.  de 
Vaudreuil,  successeur  de  M.  de  Callières,  qui  mourut 
après  quatre  ans  de  gouvernement,  et  celle  de  M.  de  Beau- 
harnois.  M.  de  Vaudreuil  était,  comme  M.  de  Callières, 


6A  ^^K  ET  BE8  Œrv'^REs.  Ixxxvii 

un  habitant  du  Canada,  où  il  avait  servi  longtemps  avant 
d'être  nommé  gouverneur  général.  Jusque-là  les  grands 
fonctionnaires,  gouverneurs  et  intendants,  avaient  toujours 
été  envoyés  d'P^urope;  et  comme  M.  de  Vaudreuil,  bien 
que  né  en  France,  avait  épousé  une  Canadienne,  on  hésita 
pour  cette  raison  à  le  charger  des  destinées  de  la  colonie, 
tant  était  vif  le  préjugé  des  gens  d'outre-mer  contre  les 
colons,  que  l'on  appelait  des  créoles,  ici  comme  aux  Antilles 
et  à  la  Louisiane.  Il  est  vrai  que  l'on  donnait  pour  prétexte 
qu'un  homme  du  pays  ou  marié  dans  le  pays,  y  avait  trop 
de  parents  et  de  relations  et  pouvait  être  exposé  à  l'accu- 
sation de  népotisme.  Les  Romains  tenaient  pour  le  même 
principe  et  ne  permettaient  i)oint  aux  gouverneurs  de  leurs 
provinces  d'épouser  une  de  leurs  administrées.  Chez  eux 
comme  chez  les  Français  et  chez  les  Anglais,  l'esprit  de  do- 
mination, une  injuste  défiance  envers  les  colons,  un  mépris 
également  injuste  de  tout  ce  qui  était  étranger  au  sol  métro- 
politain, étaient  pour  beaucoup  dans  cette  manière  d'agir. 
Notre  liistorien  proteste  avec  énergie  contre  ces  tendances, 
sur  lesquelles  il  aura  l'occasion  de  revenir  lorsqu'il  s'agira 
du  second  Vaudreuil,  le  premier  Canadien  appelé  à  gou- 
verner son  pays  ;  et,  en  attendant,  il  s'applique  à  faire  res- 
sortir les  talents  remarquables,  l'honnêteté  et  l'habileté 
du  successeur  de  M.  de  Callières.  Dans  ses  rapports  avec 
les  sauvages,  M.  de  Vaudreuil  montra  un  tact  admirable, 
une  connaissance  approfondie  de  leur  caractère,  une  fer- 
meté habile  et  pleine  de  modération.  Comme  l'intendant 
Talon,  il  s'appliqua  aux  intérêts  matériels  de  la  colonie, 
protégea  l'agriculture,  et,  le  premier  peut-être  de  nos  gou- 
vernants, il  favorisa  l'instruction  primaire  et  fit  nommer 
un  certain  nombre  d'instituteurs.  Il  fit  faire  une  nouvelle 
division  des  paroisses  dans  les  trois  gouvernements  de 
Québec,  des  Trois- Rivières  et  de  Montréal  ;  il  fit  opérer  un 
recensement  et  voulut  même  qu'il  fût  renouvelé  tous  les 
ans,  ce  qui  ne  fut  pas  exécuté.  Enfin,  il  s'occupa  sérieuse- 
ment des  finances,  du  commerce,  de  la  traite  avec  les  sau- 
vages, si  difficile  à  réglementer.  M.  Garneau  entre  là-dessus 
dans  de  grands  détails  et  consacre  au  commerce  un  cha- 
pitre remarquable,  dans  lecjuel  il  nous  laisse  voir,  comme 


y 


IxXXviii  FRAN(;01»-XAV1ER    OARNEAU, 

historien,  le  côté  pratique  de  «on  caracttreet  de  son  talent, 

que  j'ai  <îéJ!l  eu  l'occasion  do  «i^naler  A  plu  '  'on. 

Sous  M.  do  Beauharnois,  les  pn'jugés  et  1  ut 

je  viens  de  parler  eurent  des  conp<''(iuence«  qui  auraient 
dû  éclairer  le  gouvernement  métropolitain  sur  l'inanité  du 
machiavélisme  qu'il  mettait  en  «ruvre.  L'évéque,  le  gou- 
verneur et  l'intendant  avaient  été  placés  sur  le  mT-nje  pied, 
ou  A  peu  pn's,  dans  le  conseil  supérieur  où  ils  siégeaient. 
L'oltjet  était  de  les  faire  se  contrôler  les  uns  les  autrea  et 
d'empêcher  qu'ils  ne  se  liguassent  enscmhle  dans  les  intérêts 
de  la  colonie  contre  ceux  de  la  métropole.  Cela  est  claire- 
ment indiqué  dans  certaines  dépêches  et  l'on  ne  saurait,  à 
la  vérité,  imaginer  une  application  plus  exorbitante  et,  en 
même  temps,  plus  malheureuse  de  la  fameuse  maxime 
(livide,  et  iinpera. 

En  plusieurs  rencontres,  et  notamment  sous  M.  de  Fron- 
tenac, ce  système  avait  déjà  produit  la  discorde  et  avait 
même  été  la  cause  du  rappel  de  ce  gouverneur,  et,  par 
conséquent,  des  déploral)les  administrations  de  M.  de  La- 
Barre  et  de  M.  de  Denonville.  M.  de  Beauharnois  se  que- 
rella avec  M.  Dupui-s,  le  nouvel  intendant,  bel  esprit, 
philosophe  et  parlementaire,  qui  prit  la  part  de  M.  de 
Lotbinière  dans  les  difficultés  qui  eurent  lieu  à  propos  de 
préséance  entre  cet  archidiacre  et  le  chapitre,  lors  des  funé- 
railles de  Mgr  de  Saint- Valier.  M.  (iarneau  est  le  premier 
historien  qui  ait  raconté  ce  singulier  épisode;  lequel  a 
fourni  à  un  spirituel  ecclésiastique  du  temps  le  thème 
d'un  poème  héroï-comique  imité  du  Lutrin,  de  Boileau. 

M.  Dupuis  fut  rappelé  et  M.  de  Beauharnois  resta  long- 
temps encore  gouverneur,  jusqu'à  ce  qu'il  fût  remplacé  par 
M.  de  la  Galissonnière,  homme  versé  dans  les  sciences  et 
les  lettres  et  dont  le  célèbre  naturaliste  suédois  Kalm,  qui 
fut  son  hôte,  a  fait  l'éloge.  Deux  autres  gouverneurs,  M. 
de  la  Jonquière  et  M.  Duquesne,  précédèrent  M.  de  Vau- 
dreuil,  second  du  nom,  qui  fut  le  dernier  représentant  de 
la  France  au  Canada. 

Dans  le  récit  des  événements  de  la  plus  grande  partie  de 
cette  époque — jusqu'à  la  guerre  de  sept  ans  —  le  système 
adopté  par  M.  Garneau  laisse  voir  plus  d'inconvénients 


SA   VIE    ET   SES  ŒUVRES.  Ixxxix 

pour  le  lecteur  que  dans  le  reste  de  l'ouvrage.  On  se 
débrouille  mal  à  travers  les  vicissitudes  qu'endurent  les 
colons  sous  ces  paix  douteuses  pendant  lesquelles  l'orage 
gronde  toujours  quelque  part. 

Quoique  la  paix  d'Utrecht  fût  de  longue  durée,  la  lutte 
se  continuait  toujours  dans  les  pays  sauvages.  On  parais- 
sait jouer  dans  l'Ouest  une  gigantesque  partie  d'échecs; 
si  les  Français  s'avanyaient  d'un  côté  et  y  élevaient  un  fort, 
vite  les  Anglais  poussaient  d'un  autre  côté,  de  manière  à 
mater  leurs  adversaires,  et  construisaient  une  autre  for- 
teresse. Dans  l'Acadie,  comme  dans  l'Ouest,  des  doutes 
existaient  sur  l'interprétation  des  traités,  et  la  question 
des  frontières,  que  l'Angleterre  a  eu  à  discuter  plus  tard 
en  sens  inverse  avec  les  Etats-Unis,  semblait  à  chaque 
fois  être  laissée  dans  le  doute,  comme  à  dessein,  et  pour  se 
ménager  un  prétexte  pour  une  n(»uvelle  rupture. 

M.  Cîarneau  dit,  à  ce  sujet:  "Quant  à  la  délimitation  de 
cette  frontière,  que  le  Père  Aubry  avait  proposé  de  fixer  en 
tirant  une  ligne  de  Beaubassin  à  la  source  de  la  rivière 
Hudson,  il  paraît  qu'il  n'en  fut  plus  question  jusqu'après 
la  guerre  de  1744.  Ce  missionnaire  canadien,  illustré  par 
la  plume  de  Chateaubriand  dans  Atala,  et  par  le  pinceau 
de  Girodet,  dans  un  tableau  remarquable,  était  dans  cette 
contrée  en  1808.  Il  écrivait  que  l'Acadie  se  bornait  à  la 
péninsule,  et  que  si  on  abandonnait  les  sauvages,  les 
Anglais  étendraient  leurs  frontières  jusqu'à  la  hauteur  des 
terres  près  de  Québec  et  de  Montréal.  L'humble  prédica- 
teur avait  prévu  les  prétentions  de  Londres  trente  ans 
avant  leur  énonciation.  La  faute  du  gouvernement  français 
fut  de  n'avoir  pas  distingué  par  une  ligne  de  division 
chacune  de  ses  provinces." 

Le  môme  état  de  choses  existait  dans  l'Ouest  ;  comme  je 
l'ai  dit,  tout  le  temps  de  cette  longue  paix  d'Utrecht  se 
passa  en  récriminations,  en  négociations,  en  entreprises 
réciproquement  jalousées  et  contestées.  Après  quatorze  ans 
de  cette  paix  et  sans  qu'elle  fût  officiellement  révoquée,  le 
bruit  du  tambour  retentit  encore  dans  les  murs  de  Québec. 
C'était  une  expédition  qui  se  préparait  contre  les  Outa- 
gamis,  nation  que  les  Iroquois  avaient  lâchée  'contre  nos 


XC  FRANÇOIS- XAVIEIl  GARNEAU, 

posteH  avancés  do  TOuest,  ce  h  (luoi  ils  étaient  pousKt»  i>ar 
les  Anglais,  (jui  voulaient  j\  tout  prix  chasser  leurs  con- 
currents de  COR  régions. 

Les  Outagamis  méritaient  bien  le  nom  de  Renarde  dont 
nos  voyageurs  les  avaient  affublés.  C'était  une  nuée  d'a»- 
saillants  iusaisisfables,  (jui  se  trouvaient  partout  lor»<|u'il 
s'agisnait  de  mal  faire,  et  qu'on  ne  trouvait  nulle  part  lor»- 
(ju'on  voulait  ao  venger  de  leurs  méfait».  Déjà  deux  foin 
ils  avaient  été  attaqués  et  chAtiés  par  les  Fran^-ais  et  leurs 
alliés;  cette  fois,  il  s'agissait  d'en  finir  avec  eux.  l/ex\)é- 
dition,  envoyée  par  M.  de  Beaubarnois  et  commandée  par 
M.  de  fjigncris,  en  vint  A  bout  ou  A  peu  près;  ce  fut  un 
grand  prestige  pour  la  France  dans  ces  vastes  régions  de 
l'Ouest  qu'elle  avait  A  cœur  d'acquérir  et  de  conserver. 

Et  pour  preuve  de  sa  détermination,  elle  ne  se  contentait 
point  des  territoires  dont  l'Angleterre  lui  contestait  la 
possession  ;  après  avoir  perdu  ses  Etats  de  l'Atlantique, 
elle  voulait  s'étendre  jusqu'au  Pacifique,  que  l'on  appelait 
alors  la  grande  mer  de  l'Ouest.  M.  Gaultier  de  la  Vérendrye 
fit  «leux  expéditions  dans  ces  contrées,  que  le  gouvernement 
du  Canada  vient  seulement  d'ouvrir  A  la  colonisation,  et  y 
établit  une  chaîne  de  petits  postes  ou  forts  pour  contenir  les 
indigènes  et  faire  la  traite  des  pelleteries.  Si  l'on  songe 
qu'on  en  construisit  trois  A  de  grande?  distances  les  uns  des 
autres,  bien  à  l'ouest  du  lac  Winnipeg,  on  a  droit  de  s'é- 
tonner de  l'audace  et  du  génie  aventureux  de  nos  ancêtres. 

De  la  Vérendrye  appela  les  pays  quil  avait  découverts 
''  Pays  de  la  grande  mer  de  l'Ouest."  "  Le  gouvernement, 
dit  M.  Garneau,  avait  l'intention  de  prolonger  la  ligne  des 
postes  jusqu'à  la  mer.  Les  regards  des  Européens,  sans 
cesse  tournés  vers  l'Occident,  semblaient  chercher  cette 
terre  promise  qui  avait  embrasé  le  génie  de  Colomb,  ce 
ciel  mystérieux  et  qui  fuit  toujours,  vers  lequel,  comme 
une  puissance  magique,  pousse  continuellement  la  civi- 
lisation." 

On  croyait  alors  cette  mer  beaucoup  plus  rapprochée 
qu'elle  ne  l'est  réellement,  et  la  forme  de  l'Amérique  du 
Sud  portait  à  croire  que  l'Amérique  septentrionale  se 
rétrécissait  aussi  vers  son  extrémité. 


SA   VIE   ET  SES  ŒTVRES.  XCl 

De  son  côté,  l'Angleterre  s'appliquait  davantage  à  s'as- 
surer la  suprématie  des  mers,  certaine  que,  par  là,  elle 
régnerait  sur  toutes  les  côtes  de  l'Atlantique,  isolerait  sa 
rivale  et  saperait  par  la  base  le  grand  empire  que  la  France 
était  en  voie  de  créer. 

Louisbourg,  seule  forteresse  que  celle-ci  possédât  dans  le 
golfe  Saint-Laurent,  était  l'écueil  qui  pouvait  faire  échouer 
les  projets  du  cabinet  de  St.  James;  la  France  l'entendait 
bien  ainsi  et  elle  y  tenait  d'autant  plus  que  l'exécution 
de  cette  heureuse  conception  militaire  lui  avait  coûté 
davantage. 

"  Les  colonies  anglaises,  dit  notre  auteur  dans  son  style 
imagé,  voyaient  avec  une  espèce  de  terreur  ces  sombres 
murailles  de  Louisliourg,  dont  les  tours  s'élevaient  au- 
dessus  des  mers  du  Nord  comme  des  géants  menaçants." 

C'était  donc  là  le  point  où  devaient  se  concentrer,  à  la 
premii're  occasion,  tous  les  efforts  des  deux  nations  et  de 
leurs  colonies  respectives. 

Une  coalition  s'étant  formée  contre  Marie-Thérèse,  et  la 
France  y  ayant  pris  part,  TAngleterre  jeta  le  poids  énorme 
de  sa  puissance  en  faveur  de  Tillustre  souveraine.  La  guerre 
éclata  de  nouveau,  en  1744,  entre  nos  deux  belli(iueuse8 
mères  patries.  De  suite  les  colons  de  la  Nouvelle-Angleterre 
demandèrent  au  gouvernement  anglais  d'envoyer  une  flotte 
pour  s'emparer  de  Louisbourg,  et,  ne  recevant  point  de 
réponse,  ils  firent  comme  ils  avaient  déjà  fait  du  temps  de 
Frontenac,  ils  organisèrent  eux-mêmes  une  expédition.  Le 
Commodore  Warren  et  le  général  improvisé  Pepperell 
furent  plus  heureux  que  l'amiral  Phipps  ne  l'avait  été 
devant  Québec.  Louisbourg  fut  pris,  grâce  surtout  à  la 
discorde  qui  régnait  depuis  quelque  temps  dans  la  gar- 
■  ni  s  on. 

C'était  au  lendemain  de  la  célèbre  victoire  de  Fontenoy  ; 
et  rendons  cette  justice  à  Louis  XV  et  à  son  ministre,  M. 
de  Maurepas,  ils  comprirent  que  tout  n'était  pas  gagné  par 
cette  victoire  et  se  rendirent  promptement  aux  représenta- 
tions de  M.  de  Beauharnois.  On  organisa  l'expédition  la 
plus  remarquable  que  la  France  ait  mise  sur  pied  pour 
venir  au  secours  de  ses  colonies  d'Amérique  ;  onze  vaisseaux 


XCll  FKAN<;0I8- XAVIER  GAKNEAU, 

de  ligne  furent  mi»  sous  le  commandement  du  duc  d'An- 
ville,  trois  mille  hommes  de  d^-biiniuement  sou»  celui  de 
M.  de  Pommeril.  L'arm<5e  devait  (trc  renforcée  par  un 
contingent  de  Canadiens  et  de  sauvages.  IjC»  ordres  étaient 
de  s'emparer  de  Louishourg  et  d'Annapolis,  de  détruire 
Boston,  de  ravager  les  côtes  de  la  Nouvel  le- Angleterre, 
enfui  de  pousser  jusqu'aux  Antilles  anglaises.  Des  deux 
côtés,  en  Amérique,  on  s'émut  ;  les  colont;  anglais  furent 
effrayés;  les  Canadiens,  qui  brûlaient  de  se  distinguer, 
piqués  par  le  succès  que  les  Américains  avaient  eu  à  Louia- 
hourg,  apros  avoir  craint  (jue  Québec  n'eût  bientôt  le  même 
sort,  furent  remplis  d'espérance  et  de  joie. 

Mais  cette  joie  fut  de  courte  durée:  "Le  tableau  de  la 
fin  de  cette  expédition,  dit  M.  Garneau,  présente  les  traita 
les  plus  son)bres  et  les  plus  tragiques.  On  était  à  la  vue  du 
port  de  Chibouctou  (Halifax),  et  chacun  commentait  à  se 
livrer  î\  ses  espérances  et  à  oul>lier  les  fatigues  d'une  lori^ue 
traversée,  lorsqu'une  tempête  furieuse  nurprend  les  vais- 
seaux et  les  disi)erse  ;  une  partie  est  obligée  de  relâcher 
dans  les  Antilles,  une  autre  en  France  ;  «luelques  transports 
périssent  sur  l'île  de  Sable,  et  le  reste,  battu  par  les  vents 
pendant  dix  jours,  ne  peut  pénétrer  qu'avec  yte'ina  au  port 
qu'il  avait  été  si  près  de  toucher  avant  la  tempête,  et  où  il 
entre  maintenant  avec  une  épidémie  causée  par  le  long 
séjour  des  troupes  dans  les  entreponts...  La  mort  empor- 
tait soldats  et  matelots  par  centaines,  par  milliers.  Peut-on 
rien  imaginer  de  plus  lugubre  que  cette  flotte  enchaînée  à 
la  plage  par  la  peste;  que  ces  soldats  et  ces  équipages 
encombrant  d'immenses  baraques  érigées  à  la  hâte  sur 
des  côtes  incultes,  inhabitées  et  silencieuses  comme  des 
tombeaux,  en  face  de  l'immense  Océan,  qui  gémis.sait  à 
leurs  pieds  et  qui  les  séparait  de  leur  patrie,  vers  laquelle 
ils  tournaient  en  vain  leurs  regards  expirants?...  La  conta- 
gion se  communiqua  aux  fidèles  Abénaquis,  qui  étaient 
venus  pour  joindre  leurs  armes  à  celles  des  Français." 

Les  ennemis  efifrayés  n'osaient  s'approcher;  cependant 
des  lettres  interceptées  annonçaient  l'arrivée  d'une  flotte 
anglaise.  A  la  suite  d'un  conseil  de  guerre,  le  duc  d'An- 
ville  meurt  subitement  ;  M.  d'Estournelle,  qui  lui  succède 


8A   VIE   ET  SES  ŒUVRES.  XCUl 

dans  le  commandement,  ne  pouvant  s'entendre  avec  M.  de 
La  Jonquière,  tombe  malade,  et,  dans  le  délire  de  la  fièvre, 
se  perce  de  son  épée. 

N'y  a-t-il  pas  là  quelque  chose  qui  rappelle  la  fatalité 
antique,  et  notre  auteur,  toujours  frappé  du  côté  poétique 
des  événements,  n'a-t-il  pas  raison  de  comparer  ces  dé- 
sastres à  ceux  de  la  retraite  des  Grecs  après  la  prise  de 
Troie  ? 

M,  de  La  Jonquière  —  le  même  qui  fut  plus  tard  gouver- 
neur général — voulut  donner  suite  à  sa  détermination  de 
ne  pas  abandonner  la  i)artie.  Il  entreprit  avec  quatre  vais- 
seaux d'assiéger  Annapolis  ;  mais  une  nouvelle  tempête 
éclata  sur  ce  dernier  débris  de  la  flotte  et  l'obligea  de  faire 
route  pour  la  France. 

Les  puritains  de  la  Nouvelle-Angleterre  virent  dans  ces 
événements  l'intervention  directe  de  la  Providence,  et  en 
rendirent  au  ciel  des  actions  de  grâces  comme  avaient  fait 
aussi  nos  ancêtres,  à  Québec,  lorsqu'en  1711  la  flotte  de 
Tamiral  Walker  fit  naufrage  sur  l'île  aux  Œufs,  naufrage 
qui  sauva  le  Canada  d'une  attaque  combinée,  par  terre  et 
par  mer,  bien  plus  formidable  que  celle  de  Phipi)s.  Telle 
était  la  confiance  de  Walker  dans  le  succès  de  son  entre- 
prise, que  sa  plus  grande  préoccupation  était  de  savoir 
comment  il  pourrait  hiverner  dans  la  rade  de  Québec  ! 

Nombreuses  furent,  comme  on  le  voit,  les  entreprises 
des  deux  nations  l'une  contre  l'autre.  Quels  progrès  eût 
faits  notre  continent  à  cette  époque,  si,  se  le  partageant  à 
ramiable,  elles  avaient  mis,  pour  le  coloniser  et  le  chris- 
tianiser, la  moitié  seulement  des  dépenses  en  hommes  et 
en  argent  qu'elles  faisaient  pour  s'y  disputer  la  suprématie  ! 

M.  de  Maurepas  ne  se  laissa  pas  décourager  par  le  triste 
sort  qu'avait  eu  l'expédition  du  duc  d'Anville:  "Quand 
les  éléments  commandent,  avait-il  dit,  ils  peuvent  bien 
diminuer  la  gloire  des  chefs,  mais  ils  ne  diminuent  ni 
leurs  travaux  ni  leur  mérite." 

Une  nouvelle  flotte  de  trente  bâtiments  chargés  de 
troupes  et  de  provisions,  escortée  de  six  vaisseaux  de  ligne 
commandés  par  M.  de  La  Jonquière,  fut  envoyée  pour  rem- 
placer celle  qui  avait  péri  ;  elle  fut  capturée  en  mer  par  les 


XCIV  FRANÇ0I8-XAV7ER  OARNEAl', 

Anglais,  après  s'être  vaillamment  défendue  contre  des  forces 
bien  supérieures.  En  môme  temps,  M.  de  Ilamesay  infli- 

goait  A  nos  ennemis  une  défaite  «ij^nalée,  et  la  victoire  do 
(irund-Pré  fut  suivie  d'un  ^rand  nonibre  d'incursions  qui 
portèrent  encore  une  fois  la  terreur  au  milieu  des  colonies 
anglaises.  "Les  partis  (jui  allaient  en  guerre,  dit  M,  (îar- 
ncau,  se  succédaient  de  mani^rc  quMl  y  en  eût  toujours  sur 
les  terres  de  l'ennemi." 

Cependant,  le  combat  naval  de  Belle- Isle  achevait  d'écra- 
ser la  marine  française,  déjj\  décimée  par  ceux  qui  avaient 
précédé,  et  la  paix  d'Aix-la-C'bajMîlle,  qui  fut  imposée  aux 
alliés  par  les  victoires  continentales  du  maréchal  de  Haxc, 
laissait  la  France  presque  sans  vaisseaux.  Faut-il  s'étonner 
(|uc  cette  paix,  qui  avait  rendu  T^ouiH})Ourf;  aux  Franrais, 
ne  fut  qu'une. trêve  et  cncnif  une  tr^vc  trrs  mal  o],-<ivéf. 
surtout  en  Amérique  ? 

".Situation  étrange,  peut-être  uni(}ue  dan.-  1  lii.-.toire  I 
s'écrie  M.  de  Bonnechose.*  Depuis  deux  années  le  sang 
français  et  le  sang  anglais  rougissaient  l'herbe  des  forèta 
d'Amérique,  et  les  amba.S8adeurs  des  deux  nations  étaient 
de  toutes  les  fêtes  jI  Versailles  et  il  8t.  James.  Hélas  !  le 
gouvernement  français,  qui  sentait  son  incurable  faiblesse, 
se  rattachait  désespérément  même  à  une  ombre  de  paix. 
Mais  un  jour,  au  mépris  du  droit  des  gens,  de  la  foi  des 
traités  et  des  coutumes  des  nations,  à  un  signal  parti  de 
l'amirauté  de  Londres,  de  tous  les  coins  de  l'horizon  les 
vaisseaux  anglais  fondent  sur  nos  navires  de  commerce  et 
de  guerre,  sur  nos  bateaux  pécheurs,  sur  nos  baleiniers, 
sur  nos  caboteurs.  En  un  mois,  trois  cents  bâtiments,  avec 
huit  mille  hommes  d'équipage,  tombaient  au  pouvoir  de 
l'ennemi  et  étaient  remorqués  en  triomphe  dans  les  ports 

*  Montcalm  et  h  Canada  français,  par  M.  de  Bonnechose  —  e*sai 
lii.stoi-ique,  couronné  par  l'Académie  française,  et  qui  en  est  rendu 
à  sa  cjuatrième  édition  ;  celle-ci  e.st  illustrée  et  fait  partie  de  "  la 
Bibliothèque  des  famille*  et  de«  écolef^,"  publiée  par  M.  Hachette. 
Grâce  à  elle,  dans  chaque  hameau  de  France,  on  rapprendra  cette 
belle  p-'ge  d'histoire  depuis  longtemps  oubliée,  et  Ton  verra  ce  que 
I^eut  l'amour  de  la  patrie,  même  dans  le.s  circonstances  les  plus 
désespéi^ées. 


SA   VIE   ET  SES  ŒUVRES.  XCV 

de  la  Grande-Bretagne.  Le  glorieux  écusson  de  l'Angle- 
terre en  est  resté  marqué  d'une  tache  que  ne  saurait  laver 
toute  l'eau  de  l'Occ-an,  théâtre  de  ces  pirateries.  Louis  XV 
lui-même  ressentit  l'affront  et  redevint  un  instant  le  roi 
de  Fontenoy.  Il  écrivit  à  George  II  une  lettre  indignée 
pour  lui  demander  réparation,  et  cette  paix  mensongère, 
qui  n'abritait  que  des  guets-apens,  fut  officiellement  rom- 
pue le  18  mai  1756." 

C'est  sur  ce  grave  événement  que  se  ferme  le  second 
volume  de  V Histoire  du  Canada.  AL  Garneau,  dans  les  pre- 
mières pages  du  troisième,  fait  de  main  de  maître  le 
tableau  de  la  situation  en  Europe  et  en  Amérique,  au  mo- 
ment où  va  commencer  sur  ce  continent  la  lutte  suprême 
entre  les  deux  nationalités.  Il  semble  que  le  talent  de 
l'écrivain  grandisse  avec  la  tâche  qu'il  s'est  imposée.  L'é- 
motion sincère  du  patriote  remplit  d'une  solennelle  tris- 
tesse les  pages  qui  racontent  la  chute  de  la  domination 
française  ;  le  lecteur,  même  étranger,  même  anglais  d'ori- 
gine, ne  peut  s'empêcher  de  partager  cette  angoisse  à  la- 
quelle se  mêle  un  sentiment  d'indignation  contre  la  cour 
de  Versailles,  contre  Bigot  et  son  hideux  entourage,  contr* 
tout  le  système  corrompu  du  sommet  à  la  base,  qui  a  con- 
duit la  France  aux  abîmes,  qui  lui  a  fait  perdre  ses  colo- 
nies, et  ([ui  mieux  que  toutes  les  théories  politiques  ou 
philosophiques,  explique  le  grand  cataclysme  survenu 
trente  ans  plus  tard.  Cela  se  résume  en  deux  mots  :  fripons 
et  courtisanes  ! 

Aussi  notre  auteur  va  droit  au  but  ;  dès  la  première  page 
il  prend  il  partie  l'audacieuse  intrigante  qui  changeait 
alors  les  généraux  et  les  ministres  au  gré  de  ses  caprices 
et  qui,  flattée  des  attentions  de  Marie-Thérèse,  poussa  Louis 
XV  à  s'allier  avec  l'Autriche  qu'il  avait  toujours  combat- 
tue, et  à  se  mettre  sur  les  bras  une  nouvelle  guerre  con- 
tinentale au  moment  où  il  n'avait  pas  trop  de  ttmtes  ses 
ressources  pour  faire  la  lutte  en  Amérique.  Tous  ses 
efforts  auraient  dû  se  porter  vers  la  marine,  seule  protec- 
tion efficace  des  colonies.  C'était  pour  l'avoir  trop  négligée 
depuis  un  demi-siècle,  que  la  France  avait  été  obligée  de 
lutter  sans  cesse  contre  des  forces  supérieures  et  de  pro- 


XCVl  FRANÇOIS-XAVIER  GARNEAU, 

(liguer  sans  aucun  résultat  des  prodiges  de  valeur  et  d^ha- 
Itiiot/'.  Si,  au  contrjiiro,  elle  se  ffit  ai»i)li«iu«'e  A  ^tre  une 
grande  puissance  maritime  —  et  elle  le  j^ouvait  facile- 
ment avec  son  immense  littoral  sur  la  M(;diterranée  et  sur 
rAtlantique,  avec  ses  nombreux  ports  de  mer,  avec  ses 
l'r(»ven<;aux,  ses  liascpics,  ses  IJretons  et  ses  Normands, 
naturellement  navigateurs,  avec  Terreneuve,  TAcadic  et 
le  golfe  Saint- Laurent,  une  i)artie  des  Antilles  et  la  Nou- 
velle-Orh'ans  eu  sa  puissance  —  elle  serait  aujourd'hui  la 
maîtresse  du  monde. 

Les  colonies  anglaises  poussaient  plus  que  jamais  leur 
m^-tropole  à  chasser  les  Français  de  toute  rAni»'ri<iue.  Déjà, 
cependant,  se  montraient  chez  elles  les  hommes  (jui  de- 
vaient venger  la  France  et  chasser,  à  son  tour,  l'Angleterre 
de  la  plus  grande  partie  de  ce  continent.  P]n  1754,  dans  le 
territoire  contesté  de  l'Ohio,  un  jeune  colonel  tonjbait  sur 
un  parti  de  Canadiens  qui  allaient  lui  porter  une  sommation 
de  la  part  de  M.  de  Contrecœur;  le  chef  de  ce  parti,  Jumon- 
ville,  quoiqu'il  eût  un  pavillon  de  parlementaire,  fut  mas- 
sacré avec  neuf  des  siens.  Le  colonel  se  nommait  George 
Washington.  Jamais  carrière  plus  glorieuse  ne  fut  com- 
mencée par  un  acte  j)lus  regrettable. 

D'un  autre  côté,  l'honime  politique  qui  se  faisait  l'organe 
des  autres  colons  auprès  de  la  métropole  se  nommait  Ben- 
jamin Franklin.  "Celui,  dit  M.  Garneau,  que  Paris,  vingt- 
cinq  ans  plus  tard,  vit  s'acharner  à  soulever  l'opinion  de 
la  France  et  de  toute  l'Europe  contre  l'Angleterre,  celui 
que  le  Canada  vit  venir  pour  révolutionner  ses  habitants 
en  1776,  fut,  en  1754,  le  promoteur  de  l'entreprise  contre 
les  possessions  françaises.  Point  de  repos,  disait-il,  point 
de  repos  à  espérer  pour  nos  treize  colonies,  tant  que  les 
Français  seront  maîtres  du  Canada!  " 

Mais  Ton  comprenait  bien  que  l'Acadie,  et  l'île  du  Cap- 
Breton  avec  sa  redoutable  forteresse,  étaient  les  clefs  du 
Canada  du  côté  de  la  mer.  L'espèce  de  neutralité  que  l'on 
avait  imposée  aux  Acadiens  laissait  toujours  subsister  beau- 
coup d'inquiétude  à  leur  égard  ;  eux  et  leurs  alliés,  les 
Abénaquis,  avaient  déjà  ménagé  plus  d'une  terrible  sur- 
prise aux   ennemis  de  la  France.   Quoiqu'en  général  ils 


SA  VTE  ET   SES  ŒUVRES.  XCVU 

fussent  résignés  au  rôle  qui  leur  était  dévolu  et  vécussent 
paisiblement  sur  leurs  riches  domaines,  leur  sort  fut  vite 
décidé  :  ce  fut  la  déportation  en  masse,  accompagnée  de 
toutes  les  circonstances  qui  pouvaient  rendre  cet  acte  en- 
core plus  odieux. 

L'historien  fait  précéder  le  récit  de  cette  sinistre  exécu- 
tion du  tableau  des  mœurs  douces  et  patriarcales  des  popu- 
lations acadiennes,  tableau  emprunté  îI  Raynal.  C'est  une 
idylle  suivie  d'une  tragédie. 

A  l'époque  où  écrivait  M.  (iarneau,  on  était  loin  de 
prévoir  l'importance  que  prendraient  les  débris  épars  de 
cette  nationalité  dans  les  provinces  maritimes.  Comme  il 
eût  été  fier  et  heureux  s'il  eût  pu  voir  la  grande  manifes- 
tation acadienne  de  l'été  dernier  !  * 

Tandis  que  ces  événements  se  passaient,  le  général 
Braddock  s'avançait  pour  chasser  les  Français  de  l'Ohio. 
M.  Garneau  raconte  avec  un  talent  remanjuable  la  bataille 
de  la  Monongaliéla  ;  le  vainqueur,  de  Beaujeu ,  et  le 
vaincu,  Braddock,  y  périrent,  comme  plus  tard  Wolfe  et 
Montcalm  aux  plaines  d'Abraham.  Il  donne  aussi  une 
excellente  description  du  combat  du  fort  Edouard,  où  le 
général  Dieskau,  que  l'on  avait  envoyé  pour  prendre  le 
commandement  de  toutes  les  forces,  fut  blessé  et  fait  pri- 
sonnier. Cette  bataille  avait  été  précédée  d'un  engagement 
dans  lequel  les  Anglais  avaient  été  vaincus.  C'était  donc 
seulement  une  demi-victoire  à  opposer  à  la  grande  dé- 
route de  la  Monongahéla,  où  presque  tous  les  officiers  an- 
glais avaient  été  tués  ou  blessés.  Washington,  qui  était 
au  nombre  des  survivants,  écrivait  "après  cette  dernière 
bataille  :  "  Nous  avons  été  battus,  honteusement  battus 
par  une  poignée  de  Français  qui  ne  songeaient  qu'à  inquié- 
ter notre  marche.  Quelques  instants  avant  l'action,  nous 
croyions  nos  forces  presque  égales  à  toutes  celles  du  Ca- 

*  IVuir  tout  co  qui  concerna  l'iiistoire  des  Aoadiens,  on  lira  avec 
avanta^'o  les  deux  excellents  ouvrajres  de  M.  Rameau:  " /xt  France 
en  Amér'u/iie  —  ActulUna  tt  Canadieiit,"  et  "  Une  colonie  féodale  tn 
AmérUju"  M.  Pamphile  I^may,  poète  canadien,  a  publié  une  très 
belle  trailuction  en  vers  du  célèbre  poème  de  Ix)ngfellow ,  "  Emn- 
géline" 


XCviii  FRANÇOIS-XAVIER   OAUNKAU, 

nada;  et  cependant,  c<mtro  toute  probabilité',  nous  avons 
été  comi)lètement  défaits,  et  nous  avoiiK  tout  ï>erdu." 
Washington  avait  déjil  éprouvé  une  sanglante  défaite 
pour  son  propre  compte  au  fort  Nécessité,  où  de  Villieri 
était  allé  venger  la  mort  de  son  frire  Junionville.  * 

Cette  campagne,  entreprise  en  pleine  paix,  n'avait  jmis 
beaucoup  réussi  aux  colonies  anglaises.  Des  quatre  expé- 
ditions qu'elles  avaient  comlânées,  une  seule,  celle  de  l'A- 
cadie,  avait  eu  un  demi  succès  ;  les  trois  autres,  qui 
avaient  respectivement  pour  objet  d<     "  '      N»rts 

Duciuesne,  Saint- Frédéric  et  Niagara,   i  i-^gez 

misérablement.  La  déroute  de  Braddock  et  sa  mort,  Tin* 
action  de  Johnson  aprt-ssa  victoire  au  fort  Edouard,  Ijumi- 
liaient  nos  ennemis.  "  Mais,  de  i>lus,  la  bride  fut  lâchée, 
dit  M.  CJarneau,  aux  bandes  canadiennes  et  sauvages, 
qui  dévastèrent  les  étal>lis8ements  anglais  depuis  la  Nou- 
velle-Ecosse jusqu'il  la  Virginie,  avec  l'esprit  de  vengeance 
que  leur  inspirait  la  guerre  injuste  que  l'on  faisait  au 
Canada.  Plus  de  mille  habitants  furent  massacrés  ou  traî- 
nés en  caj/tivité  par  ces  guerriers  redoutables,  qui,  comme 
un  torrent  dévastateur,  ne  laissaient  que  des  ruines  sur 
leur  passage.  Les  populations  épouvantées  abandonnè- 
rent leurs  foyers,  et  allèrent  chercher  un  asile  dans  les 
l)rovinces  méridionales  et  sur  les  bords  xle  la  mer." 

Tel  était  l'état  des  aflaires  en  Amérique  ;  en  Europe,  même 
avant  les  déclarations  de  guerre  qui,  de  part  et  d'autre,  ne 
furent  que  de  pures  formalités,  la  France  avait  pris  Mi- 
norque  et  infligé  une  terriljle  défaite  à  l'amiral  Byng,  que 
son  gouvernement  fit  pendre,  suivant  le  mot  de  Voltaire, 
pour  encourager  les  autres. 

Les  choses  étant  rendues  à  cette  extrémité,  les  deux 
nations  se  préparèrent  à  faire  les  plus  grands  sacrifices. 
La  France  recevait  les  demandes  de  secours  les  plus 
pressantes  de  la  part  de  tous  les  fonctionnaires  de  la  colonie 

*  La  mort  de  Jumonville  produisit  une  grande  sensation  en  Europe. 
Thomas,  le  célèbre  auteur  de  tant  d'éloges  académique^*,  écrivit  sur 
ce  sujet  un  poème  qui  n'était  pas  du  tout  élogieux  pour  le  père  de  la 
grande  républiqua  Celui-ci  a  toujours  soutenu  qu'il  y  avait  eu  mé- 
prise, qu'il  avait  cru  à  une  attaque  et  non  pas  à  une  sommation. 


SA   VIE  ET  SES  ŒUVRES.  XCIX 

et  de  tous  les  officiers  de  l'armée;  non  seulement  on  vou- 
lait des  hommes,  des  munitions,  des  vivres,  mais  on  pres- 
sait surtout  l'envoi  d'un  officier  expérimenté  pour  remplacer 
le  général  Dieskau. 

Les  ministres  envoyèrent  deux  nouveaux  bataillons,  des 
recrues,  des  vivres  et  un  million  trois  cent  mille  livres  en 
numéraire  ;  cet  envoi  d'argent,  fait  remarquer  notre  auteur, 
porta,  contre  toute  attente,  un  préjudice  grave  à  la  colonie, 
en  ce  que  sa  circulation  fit  baisser  le  papier-monnaie  et 
les  lettres  de  change. 

Un  nouveau  général  et  plusieurs  officiers  supérieurs 
d'un  grand  mérite  s'embarquèrent  avec  ces  renforts.  Le 
général  s'appelait  le  marquis  de  Montcalm,  et  parmi  ceux 
qui  l'accompagnaient  on  remarquait  le  chevalier  de  Lévis 
et  le  colonel  de  Bourlamaque.  Ainsi  s'avançaient  vers  les 
régions  lointaines  de  l'Amérique  ceux  qui  devaient  être  les 
princi})aux  acteurs  dans  les  scènes  les  plus  émouvantes  de 
notre  histoire.  Ils  avaient,  du  reste,  l'intuition  du  çôle 
périlleux  autant  qu'honorable  qui  leur  était  échu.  Les 
lettres  de  Montcalm,  citées  par  M.  de  Bonnechose  ou  par 
le  père  Sommervogel,  font  voir  qu'il  ne  se  fit  guère  illusion 
sur  le  sort  qui  l'attendait.  * 

L'Angleterre  et  les  colonies  anglaises,  de  leur  côté,  fai- 
saient les  plus  grands  armements  et  s'assuraient  la  supé- 
riorité du  nombre.  Dès  le  début  de  la  campagne  de  1756, 
leurs  forces  présentaient  un  effectif  plus  que  double  de 
celui  qu'on  pouvait  leur  opposer. 

Non  seulement  nos  ancêtres  avaient  contre  eux  le 
nombre  ;  mais  leur  cause  eut  bientôt  à  souffrir  de  la  mésin- 
telligence entre  les  chefs.  A  cela  se  joignirent  la  disette 
qui  devint  presque  la  famine,  et  la  petite  vérole,  qui  fit  de 
terribles  ravages,  surtout  parmi  leurs  alliés  sauvages,  et 
décima  cruellement  les  Acadiens  réfugiés  dans  le  pays, 
qui  auraient  pu  être  un  excellent  renfort  pour  nos  troupes. 
Si  l'on  ajoute  le  trouble  porté  dans  les  finances,  et  les 
exactions  sans  nombre  dont  les  colons  étaient  victimes, 
par  les  manœuvres  de  Bigot  et  de  ses  complices,  on  aura 

*  Sommervogel,  Comme  on  strmit  autrefois. 


r  FRANÇOIPi-XAVTER  OARNEAO, 

un  tableau  bien  sombre  mais  nullement  chargé  des  der- 
nii'^ros  années  de  la  colonie  mous  le  f^ouvernement  franc/aJH. 

Tl  y  avait  alors  ici  maiheureusenjent  deux  partin,  celui 
des  Français  et  celui  des  Canadiens.  M.  de  Vaudreuil  était 
Canadien,  et,  pour  avoir  une  idée  des  sentiments  qui  ré- 
gnaient, il  sufTit  de  citer  un  mot  aussi  injuste  que  cruel 
par  lequel  se  termine  une  dé|)^<'ho  de  M.  Doreil,  aide  de 
cani])  de  Montcalm.  Comparant  ce  dernier  au  gouverneur, 
il  (lisait:  "Quand  M.  de  Vaudreuil  aurait  de  pareils  Uilents 
on  partage,  il  aurait  toujours  un  défaut  originel,  il  est 
Canadien."  On  le  voit,  ce  terrible  péché  originel  dont  nous 
avons  tant  souffert  sous  le  gouvernement  anglais,  n'a  pas 
été  inventé  par  les  conquérants,  il  existait  déjsl  avant  la 
conquête  et  alors  même  que  nos  pères  sacrifiaient  tout  pour 
la  mère  patrie. 

M.  (Jarneau  se  pose  résolument  en  défenseur  de  M.  de 
Vaudreuil;  il  est  même  sévère  pour  le  général  français,  et 
ne  se  laisse  pas  éblouir  ni  détourner  de  ce  qui  lui  semble 
un  devoir  patriotique  par  l'auréole  de  gloire  qui  entoure  le 
vaincu  des  Plaines  d'Abraham. 

Voici  d'abord  comment  l'historien  présente  le  héros  à 
ses  lecteurs  : 

"C'était  un  vieil  officier  qui  comptait  trente-cinq  ans  de 
service,  ayant  embrassé  l'état  militaire  en  1721,  à  l'âge  de 
quatorze  ans.  11  avait  servi  en  Italie  et  en  Allemagne,  et 
assisté  à  la  bataille  de  Plaisance  et  au  sanglant  combat  de 
l'Assiette  où  il  était  colonel.  Il  avait  reçu  cinq  blessures 
dans  ces  deux  actions.  Il  s'était  aussi  distingué,  sous  le 
maréchal  deBelle-Isle,  dans  la  fameuse  retraite  de  Prague. 
Mais  il  avait  tous  les  défauts  des  généraux  de  son  temps; 
il  était  à  la  fois  rempli  de  feu  et  de  nonchalance,  timide 
dans  ses  mouvements  stratégiques  et  audacieux  au  combat 
jusqu'à  négliger  les  règles  de  la  plus  commune  prudence; 
du  reste,  il  était  d'une  bravoure  personnelle  à  toute 
épreuve." 

Pour  compléter  ce  portrait,  qui  n'est  certainement  point 
trop  flatté,  ajoutons  que  Montcalm  avait  un  haut  senti- 
ment d'honneur,  une  intégrité  à  toute  épreuve,  un  esprit 
sincèrement  religieux ,  un  cœur  tendre  et  sensible  aux 


SA    VIE    ET  SES  ŒUVRES».  Cl 

saintes  émotions  de  la  famille,  enfin  des  goûts  et  des  apti- 
tudes littéraires  servis  par  de  fortes  études,  bien  qu'à  qua- 
torze ans  il  dût  quitter  l'école  pour  l'armée.  Du  camp 
d'Otrebach,  il  écrivait  à  son  père  :  "  J'apprends  l'alle- 
mand... et  je  lis  plus  de  grec,  gnlce  à  la  solitude,  que  j'en 
avais  lu  depuis  quatre  ans." 

On  sait  qu'il  composa  une  inscription  en  vers  latins  qu'il 
fit  graver  sur  une  croix  au  champ  de  bataille  de  Carillon,  et 
que,  d'un  autre  côté,  dans  la  nuit  du  12  au  13  septem- 
bre, dans  la  rade  de  Québec,  Wolfe  lisait  avec  émotion 
la  célèbre  élégie  do  CJray,  disant  qu'il  donnerait  toute 
la  gloire  militaire  du  monde  pour  celle  de  l'auteur.  N'y 
a-t-il  pas  quelque  chose  de  bien  toudiant,  et  aussi  de  bien 
honorable  pour  les  lettres  humaines,  dans  cette  conformité 
de  goût  chez  ces  deux  héros  qu'un  courage,  une  mort  et 
une  gloire  semblables  attendaient  sur  les  Plaines  d'Abra- 
ham, comme  le  dit  si  élégamment  Tiiiscription  latine  de 
l'obélisque  de  Quél)ec? 

A  peine  Montcalm  était-il  arrivé  (juil  se  signala  par  la 
prise  du  fort  Oswégo,  exploit  que,  selon  notre  auteur,  il 
aurait  accompli  un  peu  malgré  lui  et  qui  aurait  été  la 
première  cause  de  ses  dissentiments  avec  M.  de  Vaudreuil. 
Le  général  terminait  la  lettre  qu'il  écrivait  au  ministre 
pour  lui  rendre  compte  de  cet  important  succès,  par  des 
excuses  sur  la  témérité  de  l'entreprise.  ''La  conduite  que 
j'ai  tenue  en  cette  occasion,  dit-il,  et  les  dispositions  que 
j'avais  arrêtées  sont  si  fort  contre  les  règles  ordinaires,  que 
l'audace  qui  a  été  mise  dans  cette  entreprise  doit  passer 
pour  de  la  témérité  en  Europe;  aussi  je  vous  supplie,  mon- 
seigneur, pour  toute  gn\ce,  d'assurer  Sa  Majesté  que  si 
jamais  elle  veut,  comme  je  l'espère,  m'employer  dans  ses 
armées,  je  me  conduirai  sur  des  principes  différents. 

Ce  scrupule,  ou  si  l'on  veut  ce  remords  d'avoir  vaincu 
contrairement  aux  principes  de  l'art,  fait  songer  involon- 
tairement à  la  convenance  qu'il  y  avait,  selon  les  médecin» 
de  Molière,  à  mourir  dans  les  fin-mes.  M.  Garneau  n'y  voit 
que  de  la  mauvaise  humeur.  "Montcalm,  dit-il,  parut 
mécontent  et  morose,  comme  s'il  eût  regretté  une  victoire 
obtenue  contre  ses  prévisions." 

6 


ni  FRANÇOIS- XAVIER   OARNEAU, 

La  correspondance  du  général  fait  voir  qu'il  n'otait  pas 
indiff<jrent  à  ce  premier  succès,  et  «juo  ses  excuses  étaient 
plutôt  une  précaution  pour  éviter  le  hlâme  que  les  tacti- 
ciens rigoureux  infligent  nn'ine  aux  vaincpieurs,  lorsqu'ils 
ont  trop  risqué.  Avant  de  quitter  le  rivage,  il  fit  élever  une 
colonne  avec  l'écusson  do  France  et  cette  inscription  clas- 
sique: Manihu»  date  lUia  pleni».  * 

''  La  guerre  du  Canada  a  deux  phases,  dit  M.  de  Bonne- 
chose,  la  première  presque  offensive,  de  1756  à  1758  ;  la 
seconde  toute  défensive  et  de  désespoir,  de  1758  à  1760. 
Le  théâtre  des  opérations  se  déplaça  avec  la  fortune  ;  la 
frontière  fut  le  premier  champ  de  bataille  ;  puis  quand 
cette  ligne  fut  forcée  par  l'invasion,  le  Saint-Laurent  de- 
vint le  témoin  de  la  lutte." 

Si  l'on  en  croit  M.  Garneau,  Montcalm  aurait  voulu  de 
suite  se  borner  A  la  défensive,  et  M.  de  Vaudreuil  aurait 


*  Los  «extraits  suivants,  empruntés  au  livre  de  M.  de  Bonne- 
chose,  cité  plus  haut,  font  voir  l'hez  Montcalm  le  bon  chrétien  et  le 
bon  pèro  do  fauiUle  : 

"  Les  hurlouionts  do  nos  sauvages,  écrit  Montcahn  à  «a  mère,  les 
firent  prouiptement  so  d^-cider.  JIb  se  .*f>nt  rendus  pri.sonniers  de 
guerre  au  nombre  do  mille  sept  cent  quatre-vingt»,  dont  quatre-vingts 
officiers,  deux  régiments  de  la  vieille  Angleterre.  Je  leur  ai  pri.'^  cinq 
drapeaux,  trois  cai.sses  militaires  d'argent,  cent  vingt  et  une  bouchow 
à  feu,  y  compris  quarante-cinq  pierriers,  un  amas  de  provision»  pour 
trois  mille  hommes  durant  un  an,  six  barques  armées  et  jxjntées  de- 
puis quatre  jusqu'à  vingt  canons.  Et  comme  il  fallait  dan»  cette 
expédition  user  de  la  plus  grande  diligence  jiour  envoyer  les  Cana- 
diens faire  les  récoltes  et  ramener  les  troupes  sur  une  autre  frontière, 
du  15  au  21,  j'ai  démoli  ou  brûlé  trois  forts,  et  amené  artillerie, 
barques,  vivres  et  prisonniers.  " 

En  même  temps  il  écrivait  à  la  marquise  son  éjjouse  : 

"  Voilà  une  assez  jolie  aventure,  ma  très  chère,  je  vous  prie  d'en 
faire  dire  une  messe  dans  ma  chapelle  ;  j'ai  encore  un  bout  de  cam- 
pagne à  faire.  Je  pars  pour  aller  rejoindre,  avec  un  renfort  de 
troupes,  le  chevalier  de  Lévis  au  lac  Saint  -  Sacrement ,  à  quatre- 
vingts  lieues  d'ici.  Je  n'écris  qu'à  vous,  à  notre  mère,  aux  Môle,  à 
Chevert  et  aux  trois  ministres,  à  i)ersonne  d'autre  ;  ma  foi,  suppléez-y, 
je  suis  excédé  de  travail  :  qne  ma  mère  et  que  vous  m'aimiez,  et  que 
je  vous  rejoigne  tous  l'année  prochaine  !  J'embrasse  mes  filles.  On  ne 
peut  vous  aimer  plus  tendrement,  ma  très  chère." 


SA    VIE   ET  SES  Œl'VRES.  Clll 

eu  quelque  peine  à  le  décider  aux  entreprises  qui  lui  ont 
fait  le  plus  d'honneur. 

La  prise  d'Oswégo  fut  le  plus  grand  événement  de  l'été 
de  1756.  Elle  fut  célébrée  par  des  Te  Deum,  et  l'on  sus- 
pendit aux  voûtes  de  la  cathédrale  de  Québec  les  drapeaux 
pris  sur  les  Anglais. 

L'hiver  qui  suivit  fut,  malgré  la  disette  et  la  gène, 
un  hiver  de  gaieté  et  de  fêtes  ;  car  Montréal  et  Québec, 
cette  .dernière  ville  surtout,  imitaient  de  leur  mieux 
Versailles  et  Paris,  et  Bigot  déployait  ici  le  luxe  insolent 
que  se  permettaient  les  intendants  et  les  fermiers  géné- 
raux en  Europe.  L'oisiveté,  presque  inévitable  durant 
cette  longue  saison,  a  toujours  été  et  est  encore  plus  ou 
moins  une  excuse  ou  un  i)rétexte  pour  ce  genre  de  vie. 

"Voici,  dit  M.  de  Bonnechose,  l'hiver  venu,  tel  qu'il  se 
montre  dans  ce  rude  climat  :  toutes  les  eaux  gelées,  partout 
sur  terre  la  neige  durcie,  monde  de  cristal  et  de  marbre 
blanc  étincelant  au  soleil.  Avant  six  mois  nulle  Houvelle 
possible  de  la  France  ni  d'ailleurs.  Que  faire  dans  cette 
grande  prison,  sinon  se  divertir?  —  On  danse  A  Québec,  tl 
Montréal,  partout.  Le  général  écrit  à  sa  femme  :  "Pour  ma 
part,  trois  grands  beaux  bals  jusqu'au  carême  ;  outre  les 
dîners,  de  grands  soupers  de  dames  trois  fois  la  semaine  ; 
les  jours  des  prudes,  des  concerts;  les  jours  des  jeunea, 
des  violons  de  hasard,  parce  qu'on  me  les  demandait;  cela 
ne  menait  que  jusqu'à  deux  heures  après  minuit,  et  il  se 
joignait,  après  souper,  compagnie  dansante,  sans  être  priée, 
mais  sûre  d'être  bien  reçue,  à  celle  qui  avait  soupe " 

"En  ce  joyeirx  hiver  de  1756,  sur  les  bords  glacés  du 
Saint- Laurent,  quelle  étrange  apparition  de  la  France  du 
dix-huitième  siècle,  frivole  et  gaie,  de  la  France  à  la  mode, 
poudrée  à  blanc,  "spirituelle  et  galante  à  Québec,  joueuse 
à  Montréal,"  et  partout  insoucieuse  du  lendemain  !  Là-bas, 
venant  des  monts  Alleghanys,  s'avance  un  grand  nuage 
sombre.  Ce  n'est  rien,  répondent  les  violons,  c'est  le  brouil- 
lard des  lacs  que  va  dissiper  le  soleil  du  printemps." 

M.  Garneau  a  reproduit  tputes  les  péripéties  de  la  guerre 
de  la  conquête  avec  une  grande  habileté.  Ses  descriptions 
de  la  prise  de  William-Henry,  du  siège  de  Louisbourg,  de 


CIV  FRANÇOIS-XAVIER   r.ARNKAU, 

la  bataille  de  Carillon,  du  siège  de  Qu^^bec,  de  la  bataille 
de  lieauport,  de  celle  des  Plaines  d'Abraham,  enfin  de  la 
bataille  de  Sainte- Foye,  seraient  dignes  des  historiens  mo- 
dernes les  plus  familiers  avec  la  tactique  militaire.  Il  n'a 
point  nCfgligé  non  plus  le  côté  pittoresque  de  ces  cam- 
pagnes ;  les  combats  de  moindre  importance,  les  escar- 
mouches, où  les  sauvages  et  les  milices  canadiennes  jouaient 
un  rôle  si  important,  sont  peintes  avec  talent  et  vérit»';. 

L'auteur  suit  avec  une  patriotique  émotion,  mais  en 
môme  temps  avec  un  coup  d'u-il  sûr  et  plein  de  discerne- 
ment, la  marche  A  la  fois  sinistre  et  glorieuse  de  toutes  ces 
victoires,  qui  épuisaient  les  forces  de  la  Nouvelle-France, 
tandis  que  celles  de  la  Nouvelle-Angleterre  semblaient 
augmenter  en  proportion  des  défaites  qu'essuyaient  ses 
armées.  Cependant  les  demandes  adressées  A  la  France 
étaient  fréquentes  et  pressantes  ;  celle-ci  n'envoyait  que 
des  secours  insullisants,  et  encore,  le  malheur  se  mettant 
de  la  partie,  tantiit  les  vaisseaux  étaient  interceptés  par 
des  flottes  anglaises,  tantôt  ils  étaient  dispersés  et  jierdus 
dans  des  tempêtes.  D'un  autre  côté,  Pitt,  parvenu  au  pou- 
voir, comprit  que  c'était  en  Amérique  qu'il  fallait  frapi>er 
la  France;  il  décida  le  peuple  à  faire  les  plus  grands  sacri- 
fices ;  il  semblait  que  les  flottes  et  les  armées  ne  coûtassent 
rien  au  parlement  et  à  la  nation.  Chasser  les  Français  du 
nouveau  monde  à  tout  prix, 'telle  était  la  devise  du  mi- 
nistre: "  Le  succès,  observe  avec  raison  M.  de  Bonnechose, 
était  i)lus  facile  qu'il  ne  le  semblait.  En  Canada,  l'Angle- 
terre avait  trois  alliées  qui  la  servaient  sans  subsides  :  la 
discorde,  la  famine,  la  concussion;  son  allié  d'Europe,  le 
grand  Frédéric,  lui  coûtait  plus  cher." 

Chacune  des  étapes  de  cette  guerre,  qui  a  été  encore  plus 
importante  en  Amérique  qu'en  Europe,  est  marquée  par 
quelque  circonstance  mémorable  qui  l'a  rendue  célèbre 
dans  l'histoire.  Ainsi  la  prise  de  William-Henry  a  donné 
lieu  au  massacre  d'une  grande  partie  de  la  garnison  an- 
glaise par  les  sauvages,  malgré  tous  les  efforts  de  Montcalm 
et  des  autres  commandants  français.  Ce  tragique  incident 
est  comme  la  contre-partie  du  massacre  de  Jumonville  et 
de  ses  compagnons,  et  de  même  que  Thomas  a  fait  un 


SA    VIE    ET  SES  ŒUVRES.  CV 

poème  sur  ce  dernier  événement,  Fenimore  Cooper,  dans 
un  de  ses  romans,  a  pris  le  général  français  à  partie  pour 
ce  qui  avait  été  le  résultat  de  l'imprudence  des  Anglais.  * 
M.  Garneau  fut  un  des  premiers  à  rétablir  la  vérité  histo- 
rique sur  ce  fait  comme  sur  bien  d'autres. 

La  prise  de  Louisbourg  a  décidé  du  sort  de  notre  con- 
tinent; c'était,  je  l'ai  déjà  dit,  la  clef  de  la  situation  mili- 
taire. A  part  cela,  le  siège  de  la  forteresse  du  golfe  sera  à 
jamais  célèbre  par  la  belle  défense  de  la  garnison  française, 
par  le  courage  et  l'habileté  de  Wolfe,  qui  y  commença  sa 
courte  et  glorieuse  carrière,  enfin  par  l'héroïsme  de  madame 
de  Drucour,  qui  prend  i)lace,  dans  la  galerie  des  femmes 
illustres  du  C'anada,  à  côté  de  madame  de  La  Tour  et  de 
madame  et  de  mademoiselle  de  Verchères. 

La  plus  brillante  de  toutes  les  inutiles  victoires  que  le 
sort  nous  accordait  comme  autant  d'ironies  sanglantes,  la 
bataille  de  Carillon,  où  Montcalm  triompha  d'une  armée 
cinq  fois  plus  nombreuse  que  la  sienne,  fut  célébrée  à  Paris 
par  un  feu  d'artifice  tiré  en  face  de  l'Hôtel  de  ville,  le  l*""^ 
octobre  1758.  Hélas!  le  pauvre  général  qui  écrivait  dans 
ses  dépêches:  "que  l'on  m'envoie  au  moins  de  la  poudre; 
sans  les  munitions  enlevées  aux  Anglais,  nous  eii  aurions 
déjà  manqué,"  le  pauvre  général  devait  bien  regretter 
celle  qui  se  brûlait  en  son  honneur,  si  loin  de  lui  ! 

De  nos  jours,  un  poète  canadien,  M.  Crémazie,  a  célébré 
cette  glorieuse  journée  dans  un  poème  qui  restera  l'une 
des  plus  belles  pages  de  notre  littérature.  Il  est  permis  de 
croire,  cependant,  que  ce  chant  sublime  n'eût  jamais  existé 
si  M.  (Jarneau  n'avait  pas  mis  en  lumière  l'événement  qu'il 
rappelle. 

La  tragédie  des  Plaines  d'Abraham,  grâce  à  la  mort  des 
deux  principaux  acteurs,  eut  un  grand  retentissement 
dans  le  monde  entier.  L'Europe,  pendant  longtemps,  ne 
connut  de  nous  rien  autre  chose  ;  bien  des  gens  encore  ne 
savent  de  toute  notre  histoire  que  ce  duel  héroïque.  Avant 
M.  Garneau,  les  péripéties  du  siège,  la  bataille  de  Beau- 

*  Voir  à  ce  sujet  la  brochure  de  M.  James  M.  LeMoiue,  Ut  Mé- 
moire de  Mo/ntcalm  tvngée. 


CVl  KHANÇOIS-XAVIER   GARNEAU, 

port  OU  de  Montmorency  et  celle  de  Sainte- Foye  étaient 
peu  connue^',  ou  du  moins  très  insuffiMamment  appréciécu 
m^me  dans  notre  payp. 

La  situation  de  la  colonie,  envahie  de  tous  côtéfl  par 
trois  arm<'es,  C-iuh  bien  terrible.  Vnudreuil,  Montcnlni, 
L<jvi.s,  Bourlamaque,  Bougainville,  ne  savaient  sur  (juel 
point  se  jeter.  D^jà  le  fort  Duquesne,  pour  la  conserva- 
tion duquel  avait  Hù  livrée  la  brillante  bataille  de  la 
Monongahéla,  avait  été  évacué  et  détruit  après  une  nou- 
velle victoire  remportée  sur  le  général  Cirant,  et  cela 
uniquement  h  cause  de  la  faiblesse  numérique  de  la  gar- 
nison et  du  manque  de  secours.  Le  fort  Niagara  devait 
avoir  Itientùt  le  môme  sort.  Concentrer  assez  de  troupes  à 
Québec  pour  défendre  cette  ville  contre  la  flotte  et  l'armée 
de  débarquement  qui  s'avançaient,  en  laisser  cependant 
assez  dans  la  région  de  Montréal  et  des  grands  lacs  pour 
tenir  en  échec  Amherst,  général  habile  qui  avait  succédé 
à,  l'inepte  comte  de  Loudoun,  *  c'était  là  un  problème 
l)ien  cruel  à  résoudre.  M.  Garneau  en  fait  vf»ir  toutes  les 
diflîcultés,  et  c'est  avec  un  grand  serrement  de  cœur  que, 
même  à  la  distance  où  nous  sommes  de  ces  événements, 
nous  sentons  le  fatal  réseau  étendu  autour  de  la  Nouvelle- 
France  se  rapprocher  de  toutes  parts. 

En  môme  temps  l'historien  nous  montre  Montcalm  orga- 
nisant la  défense  de  Québec,  se  retranchant  avec  le  gros 
de  l'armée  sur  les  hauteurs  de  Beauport,  Wolfe  arrivant 
au  pied  de  l'île  d'Orléans  avec  sa  flotte  noml^reuse  et  fonni- 
dable  —  près  de  cent  voiles,  dit  M.  Garneau  —  débarquant 
une  partie  de  ses  troupes  sur  cette  île,  leur  faisant  f>rendre 
position  à  l'extrémité  supérieure,  puis  hésitant  devant 
l'attitude  de  l'ennemi  et  les  difficultés  qui  l'attendaient  de 
toutes  parts,  traversant  à  la  Pointe- Lé  vis,  bombardant 
la  ville  dont  il  ne  fait  qu'un  monceau  de  ruines  ;  faisant 
dévaster  les  campagnes  dans  toutes  les  drrections,  au-des- 
sus et  au-dessous  de  Québec,  au  nord  et  au  sud  du  Saint- 

*  On  a  dit  du  comte  de  Loudoun  :  "  Il  est  comme  Saint-George« 
sur  les  enseignes,  toujours  à  cheval,  mais  ne  chevauche  jamais." — 
"  He  is  like  St.  George  on  the  signs,  always  on  horse  back,  but  ne  ver 
rides  on."  {FrankUn's  Auiobiography,  Sparks.) 


SA   VIE   ET  SES  ŒITS'RES.  CVU 

Laurent,  pillant,  brûlant,  massacrant,  et  du  25  juin  au 
18  juillet,  n'osant  ni  attaquer  Montcalm,  ni  passer  avec 
ses  vaisseaux  devant  les  batteries  de  la  ville.  Du  camp 
de  Beauport  on  apercevait  à  la  fois  l'embiasement  de 
Québec  et  celui  des  villages  de  l'île  d'Orléans,  de  la  côte 
de  Beaupré  et  d'une  partie  de  la  rive  droite  du  fleuve. 
Montcalm  cependant  ne  bougeait  point.  Après  avoir  con- 
duit deux  vaisseaux  de  ligne  et  autant  de  transports  et  de 
chaloupes  canonnières  au-dessus  de  la  ville,  et  s'être  assuré 
qu'un  débarquement  au  nord  du  Saint- Laurent  était  chose 
trop  périlleuse,  Wolfe  se  décida  enfin  à  livrer  combat  sur 
la  plage  de  Beauport  ;  il  établit  des  batteries  sur  la  rive 
gauche  de  la  rivière  Montmorency,  et  attaqua,  le  31  juillet, 
la  gauche  de  l'armée  française.  Le  récit  de  cette  bataille, 
conmie  tous  ceux  que  fait  M.  Garneau,  frappe  vivement 
riniagination.  Il  fait  ressortir  le  contraste  entre  les  belles 
troupes  de  Wolfe  et  les  milices  canadiennes,  qui  cependant 
furent  victorieuses  ;  car  ce  furent  elles  qui  décidèrent  du 
succès  de  cette  journée.  "  Les  grenadiers,  dit-il,  s'arrê- 
tèrent et  se  formèrent  en  colonnes  d'attaque  pour  assaillir 
les  retranchements  qui  étaient  à  une  petite  portée  de  fusil, 
tandis  que  toutes  les  batteries  ennemies,  redoublant  de 
vigueur,  faisaient  pleuToir  depuis  midi  sur  les  Canadiens 
qui  défendaient  cette  partie  de  la  ligne  française,  une  grêle 
de  bombes  et  de  boulets,  que  ceux-ci  essuyaient  avec  la 
plus  grande  fermeté.  Lorsque  les  assaillants  furent  formés, 
ils  s'ébranlèrent,  la  baïonnette  au  bout  du  fusil,  pour 
aborder  les  retranchements.  Leur  costume  et  leur  attitude 
contrastaient  .singulièrement  avec  l'apparence  de  leurs  ad- 
versaires, enveloppés  d'une  légère  capote  fortement  serrée 
autour  des  reins,  et  n'ayant  pour  suppléer  à  la  discipline  que 
leur  courage  et  la  justesse  remarquable  de  leur  tir.  Ceux-ci 
attendirent  froidement  que  l'ennemi  atteignît  le  i>ied  du 
coteau,  à  quelques  verges  seulement  de  leur  ligne,  pour  le 
coucher  enjoué.  Alors  ils  lâchèrent  des  décharges  si  meur- 
trières sur  les  deux  colonnes  anglaises,  qu'en  peu  de  temps 
elles  furent  mises  en  désordre,  et  malgré  les  efforts  des 
officiers,  elles  prirent  la  fuite  pêle-mêle,  pour  aller  cher- 
cher un  abri  derrière  la  redoute  et  ensuite  derrière  le  reste 


CVlll  KKANÇOIS-XAVIER  UAHNKAU, 

(le  l'armée,  qui  était  en  ligne»  développée»,  un  \te\i  plu§ 
loin.  Au  même  moment,  survint  un  orage  furieux  de  pluie 
et  de  tonnerre,  qui  déroba  le»  comhattantH  à  la  vue  les 
uns  des  autres  et  dont  le  liruit  plus  imposant  fit  taire 
celui  de  la  bataille.  Lorsque  la  t«'njp(te  lut  finie  et  que  le 
brouillard  se  fut  dissipé,  les  Franvais  ajjervurent  lea  enne- 
mis (jui  se  rembarquaient  avec  leurs  iilessés,  »)  '  ir 
mis  le  feu  aux  <leux  transports  étrboués,  se  retiraii  ■•; 
ils  étaient  venus,  les  uns  dans  leurs  berges,  et  les  autres 
par  le  gué  de  Montmorency.  Ia:  feu  de  leur  nombreuse 
artillerie,  à  laciuelle  on  n'avait  pu  répondre  qu'avec  une 
dizaine  (fë^pi^ces,  qui  avaient  cejKjndant  beaucoup  incom- 
modé les  troupes  au  débarquement,  le  feu  de  leur  artillerie 
dura  sans  discontinuer  jus<iu'au  soir,  et  l'on  estime  qu'elle 
tira  trois  mille  coups  de  canon  dans  cette  journée." 

Cette  défaite  était  un  coup  terrible  pour  Wolfe  ;  chargé 
aussi  jeune  d'une  expédition  si  importante,  tous  les  yeux 
étaient  fixés  sur  lui,  et  il  devait  avoir  laissé  en  Euroi»e 
bien  des  envieux.  Il  essaya  encore  une  fois  de  séparer 
Montcalm  des  troupes  qui  s'opposaient  aux  armées  du  Sud 
et  de  rOuest,  et  d'établir  une  communication  avec  celles-ci. 
Il  envoya  donc  Murray  avec  des  forces  considérables  dans 
la  direction  des  Trois  -  Rivières ,  nais  ce  général  revint 
sans  avoir  fait  autre  chose  que  d'incendier  quelques  vil- 
lages au  sud  du  fleuve. 

Le  général  anglais  eut  alors  une  de  ces  défaillances  phy- 
siques et  morales  auxquelles  les  héros  comme  les  simples 
mortels  sont  sujets.  Une  maladie  faillit  le  mettre  au  tom- 
beau, et  les  dépêches  qu'il  écrivit  à  son  gouvernement, 
font  voir  qu'il  désespérait  du  succès  de  son  entreprise. 
Cependant,  il  ne  voulut  point  l'abandonner  sans  une  der- 
nière et  suprême  tentative.  Il  consulta  ses  lieutenants 
Monckton,  Townshend  et  Murray,  tous  comme  lui  jeunes, 
de  grande  famille  et  pleins  de  talent,  de  patriotisme  et 
d'ambition. 

Porter  les  opérations  au-dessus  de  la  ville,  sans  savoir 
encore  au  juste  en  quel  endroit,  tel  fut  le  Houveau  plan 
des  assiégeants.  Cette  intention  fut  indiquée  as.sez  claire- 
ment aux  yeux  de  Montcalm,  par  l'évacuation  du  camp 


SA   VIE   ET   SES  ŒUVRES.  CIX 

que  Wolfe  avait  laissé  sur  la  rive  gauche  de  la  rivière 
Montmorency  et  le  transport  de  toutes  les  troupes  à  Lévis. 
Le  g^înéral  français  envoya  donc  des  renforts  à  M.  de 
Bougainville,  qui,  d'après  M.  Garneau,  se  trouva  avoir 
sous  ses  ordres,  3,000  hommes  répartis  depuis  Sillery 
jusqu'à  la  Pointe-aux-Trembles. 

Mais  ici  notre  auteur  suspend,  au  moment  décisif,  le 
récit  du  siège,  pour  s'occuper  de  ce  qui  se  passait  sur  nos 
frontières. 

Le  général  Amherst,  à  la  tète  d'une  puissante  armée,  ne 
s'avançait  que  lentement,  se  rappelant  la  Monongahéla  et 
Carillon.  Bourlamaque  reculait  devant  lui,  et,  après  avoir 
évacué  et  détruit  les  forts  Carillon  et  Saint-Frédéric,  il 
s'était  retiré  à  l'Ile-aux-Noix.  Un  désastre  terrible  fut 
celui  qui  arriva  au  fort  Niagara.  Le  commandant  Pouehot 
s'y  défendait  avec  uii  rare  courage  contre  Prideaux,  qui 
fut  tué,  et  contre  Johnson,  (jui  le  remplaça,  et  il  avait  Tes- 
poir  d'être  secouru  par  les  garnisons  des  forts  de  l'Ouest 
appelées  à  son  secours,  lors<|u'une  partie  de  celles  <iui 
étaient  en  route  tomba  dans  une  embuscade  et  fut  massa- 
crée. Epuisé  de  ressources,  et  le  fort  étant  presque  dé- 
mantelé, il  obtint  iei)endant  de  Johnson  une  capitula- 
tion honorable. 

"  Niagara,  dit*M.  Garneau,  était  le  poste  fortifié  le  plus 
important  dans  la  région  des  grands  lacs  à  cause  de  sa 
situation.  8a  perte  sépara  les  lacs  supérieurs  du  bas  de 
la  province,  et  les  Français  se  trouvèrent,  par  cet  évé- 
nement, refoulés  d'un  côté  jusqu'au  Détroit,  et  de  l'autre 
jusqu'aux  rapides  du  Saint- Laurent  au-dessus  de  Mont- 
réal, le  fort  Frontenac,  faute  de  temps,  n'ayant  pas  été 
relevé.  La  position  sur  le  lac  Ontario  aj)partint  dès  ce 
moment  aux  ennemis." 

M.  de  Vaudreuil,  ne  voulant  pas  abandonner  la  lutte  de 
ce  côté,  envoya  le  chevalier  de  Lévis  avec  800  hommes  à 
Montréal  et  le  chargea  d'organiser  une  défense  qui  pût  au 
moins  retarder  la  marche  des  envahisseurs.  On  ne  saurait 
blâmer  cette  mesure,  bien  qu'il  soit  très  possible  qu'elle 
ait  été  pour  beaucoup  dans  la  défaite  du  13  septembre. 
Qui  sait,  en  efl'et,  ce  qu'aurait  pu  faire  le  coup  d'œil,  l'acti- 


ex  KKANÇ0I8-XAVIEK  OARNEAU, 

vite  et  l'inHuence  de  Lévis  s'il  eût  6té  auprès  de  Moutcalm 
dans  cette  fameuse  journ(îe? 

Du  reste,  la  iatalité  /tait  partout.  Lorwju'on  lit  avec 
attention  toute  cette  partie  de  notre  histoire,  on  rencontre, 
à  cliu(|ue  page,  des  situations  où  ce  que  l'on  est  convenu 
d'appeler  le  hasard  joue  un  grand  nMe.  îl  a  tenu  à  «i  iteu 
de  chose,  par  exemple,  que  Wolfe,  malade  et  décourago, 
n'abandonnftt  son  entreprise  ou  ne  fût  mis  hors  d'état  de 
pouvoir  la  continuer  !  .Ses  lettres,  publiées  par  son  bio- 
graphe, en  fournissent  la  preuve.  ♦  D'un  autre  côté,  si  un 
détachement  un  peu  considérable  eût  occupé  le  haut  de 
l'escarpement  de  l'anse  du  Foulon,  le  général  anglais  eût 
été  t^^s  probablement  incapable  de  réaliser  un  projet  dont 
il  admettait  lui-même  toute  la  témérité.  Enfin,  si  Mont- 
calm  eût  pris  avec  lui  une  plus  grande  partie  de  son  armée, 
en  sui)i)osant  même  qu'il  n'eût  pas  de  suite  culbuté  l'en- 
nemi, il  aurait  pu  au  moins  lui  tenir  tête  assez  longtemps 
pour  être  rejoint  par  Bougainville,  qui  se  présenta  au  mo- 
ment où  la  bataille  venait  de  finir. 

M.  Garneau  raconte  Itrièvement  cette  bataille,  qui  fut 
courte  autant  que  fatale  ;  il  nous  montre  Montcalm  arrivant 
à  la  hâte  h  la  rencontre  de  Wolfe  ;  son  armée  h  \)e\ne  formée 
et  sans  corps  de  réserve,  attaquîuit  l'armée  anglaise;  celle- 
ci  attendant  de  sang-froid  ;  la  première  ligne  couchée  par 
terre,  se  relevant  et  lAchant  îl  (juarante  pas  une  terrible 
décharge  ;  Wolfe,  qui  avait  parcouru  les  rangs,  faisant  met- 
tre deux  balles  dans  les  fusils,  blessé  une  i)reraière  fois, 
puis  une  seconde  fois,  à  mort,  lorsqu'il  chargeait  à  la  tête  de 
ses  troupes  l'ennemi  en  désordre  ;  Montcalm  s'eflforçant  en 
vain  de  rallier  les  réguliers  qui  formaient  le  centre  et -l'aile 
droite,  blessé  à  mort  et  rentrant  dans  la  ville  sur  son  che- 
val ;  enfin,  dans  la  déroute  générale  où  avaient  péri  M.  de 
Sénezergues  et  le  baron  de  Saint-Ours,  les  Canadiens  épar- 

*  Tlie  Life  of  Major  General  James  Wolfe,  uriiteii  from  original  drjcu- 
ments,  by  Robert  Wright  ;  London,  1864.  Cet  ouvrage  est  postérieur 
à  la  dernière  édition  de  VHintoire  du  Canada.  S'il  en  eût  été  autre- 
ment, M.  Garneau  n'aurait  pas  manqué  de  réfuter  certains  racontars 
absurdes  qu'on  y  lit  au  sujet  des  officiers  français  et  de«  "  Cunadian 
peatants." 


.       SA   VIE   ET  SES   ŒUVRES.  CXI 

pillés  sur  l'aile  droite  combattant  toujours  quoique  en 
retraitant,  forçant  plusieurs  corps  ennemis  à  plier,  et  en- 
gageant tellement  dans  la  lutte  trois  cents  montagnards 
écossais,  que  les  chefs  anglais  durent  envoyer  deux  régi- 
ments au  secours  de  ceux-ci. 

Quelle  triste  scène  que  la  mort  des  deux  généraux  en 
chef,  l'un  si  jeune  encore,  l'autre  dans  toute  la  force  de 
l'âge  ;  l'un  sentant  la  vie  lui  échapper  au  sein  de  la  victoire, 
l'autre  vaincu  pour  la  première  fois  et  sans  ressource,  sans 
revanche  possible  au  moins  pour  lui-même;  l'un  au  mo- 
ment de  cueillir  les  lauriers  les  plus  chers  à  son  cœur  et 
qu'il  désespérait  d'atteindre  quelques  jours  auparavant, 
l'autre  voyant  toute  une  vie  d'études,  de  travaux  et  de  suc- 
cès perdue  par  une  imprudence  qui  tenait  certainement 
quelque  chose  du  vertige  et  de  la  fatalité  ! 

"  Quoi  qu'il  en  soit  des  fautes  de  Montcalm,  dit  M.  CJar- 
neau,  il  sembla  qu'il  les  avait  suthsamment  expiées  par 
sa  mort;  et,  devant  ses  dépouilles,  on  les  oublia  toutes 
pour  ne  se  rappeler  que  ses  triomphes  et  sa  bravoure.  Les 
Canadiens  comme  les  Français  pleurèrent  sa  perte  comme 
un  malheur  public.  Il  rendit  le  dernier  soupir  le  lende- 
main matin  au  chiiteau  Saint-Louis,  *  et  fut  enterré  le 
même  soir,  à  la  clarté  des  jlambeaux,  dans  l'église  conven- 
tuelle des  Ursulines  en  présence  de  quelques  officiers." 

Vaudreuil  ayant  résolu  de  se  retirer  du  côté  de  Montréal 
avec  toutes  les  troupen,  après  avoir  renforcé  la  garnison  de 
cent  cinquante  hommes  seulement,  rencontra,  le  17,  à  la 


*  L'eiulroit  précis  do  la  mort  de  llontoalm  est  encore  un  sujet  do 
discussion  parmi  nos  arcliéologucs.  Il  est  tK's  probable  cependant, 
comme  lo  dit  M.  (Jarnoau,  qu'elle  eut  lieu  au  chAteau  Saint-Ix)ui8. 
Quant  à  la  légende  du  trou  de  bombe,  consacrée  par  l'inscription  de 
l'Académie  des  Inscrijitions  et  l^elles-lettres,  elle  est  aussi  très  vrai- 
semblable. Ia>s  vues  de  l'intérieur  des  églises  des  Récollets  et  des 
Jésuites,  qui  font  partie  de  la  série  de  gravures  publiées  par  un  offi- 
cier de  la  flotte  de  l'amiral  Saunders,  montrent  de  nombreuses 
excavations  faites  dans  le  plancher  de  ces  églises  jiar  des  bombes. 
Il  est  très  probable  qu'il  en  était  de  mémo  Sl  la  cliapelle  des  Ursu- 
lines: la  tradition  couservt'e  dans  lo  monastère  confirme  aussi  la 
légende. 


Cxii  FRANÇ0I»-XAV1ER  OARNEAU, 

rivière  Jacques-Cartier,  le  chevalier  de  Lévia,  qui  décida  de 

Buite  d'attaquer  de  nouveau  les  Anglais  sur  le  m^me 
champ  (le  iKitaillc  des  l'iainc-s  (rAbrahanj, 

Quel  ne  fut  pas  le  désespoir  du  nouveau  g^'nt'ral  en  chef 
en  ai)prcnant  «juc  Québec  avait  capitula'-  !  M.  Chameau 
s'indigne  avec  raison  contre  M.  de  Raniczay  et  tous  ceux 
qui  ont  i)ris  part  au  conseil  de  guerre,  et  il  signale  à 
la  vén^/ration  de  la  postérité  le  nom  d'un  jeune  oflicier,  M. 
de  Fiedmont,  *  qui  seul  protesta  contre  cet  acte  de  désespoir 
d'autant  plus  inexplicable  que  la  garnison  ne  manquait 
j)oint  de  ressources,  et  que  M,  de  V'audreuil  venait  de  faire 
connaître  au  commandant  ses  intentions  et  celles  du 
général. 

(^hose  importante  toutefois,  et  dont  il  faut  tenir  compte 
A  ce  conseil  de  guerre  ;  par  les  termes  de  la  capitulation  les 
habitants  conservaient  leurs  biens,  leurs  privilèges,  t  C'é- 
tait un  premier  pas  qui  dut  faciliter  l'obtention  des  garan- 
ties accordées,  plus  tard,  par  la  capitulation  de  Montréal 
et  reproduites  dans  le  traité  de  cession. 

Les  deux  armées  furent  alors  considérablement  réduites; 
l'armée  anglaise  par  le  départ  de  la  flotte  et  d'une  partie 
des  troupes,  l'armée  française  par  la  dispersion  de  la 
l)rcsque  totalité  des  milices  canadiennes,  fjui  étaient  déjà 
rentrées  ou  (jui  rentrèrent  dans  leurs  foyers,  si  toutefois 
l'on  peut  appeler  ainsi  les  habitations  ravagées  et  détrui- 
tes par  les  troupes  de  Wolfe  sur  une  si  grande  étendue  de 
pays. 

Un  sombre  voile  de  deuil  et  de  misère  s'étendit  sur 

*  Le  nom  de  ce  jeune  héros  qui  a  su  dire  aussi  lui  : 

"  N'en  restât-il  qu'un  seul,  je  serai  celui-là! " 

n'est  pas  encore  tiré  au  clair.  M.  Garneau  dit  "  de  Piedmont"  On 

trouve  ailleurs  de  Firmont  et  de  Fiedmont.  Ce  dernier  nom  est  le 
plus  vraisemblable.  Quel  dommafre  qu'il  ne  se  soit  pas  appelé  de 
Fiermont  !  "  Voyez  à  ce  sujot:  le»  Pluinrif  (TAhrahiim  d  leurg  monu- 
mints,"  article  que  j'ai  publié  dans  le  Joxmml  de  r Imtruction  jm- 
blique  en  1863,  et  que  M.  LeMoine  a  reproduit  dans  son  AUAim  du 
Touriste. 

t  D'après  M.  Ferland,  les  termes  de  la  capitulation  avaient  été 
dictés  d'avance  par  M.  de  Vaudreuil. 


SA   VIE  ET  SES  ŒUVRES.  CXIH 

toute  la  colonie.  L'état  désespéré  des  Canadiens  est  décrit 
dans  les  termes  les  plus  touchants  dans  un  mémoire  que 
l'évéque  de  Québec  adresse  aux  évêques  de  France,  lequel 
est  mentionné  par  M.  Garneau,  et  cité  presque  tout  au 
long  par  M.  Ferland.  * 

"  Québec,  dit-il  dans  ce  mémoire,  a  été  bombardé  et 
canonné  pendant  l'espace  de  deux  mois  ;  cent  quatre-vingts 
maisons  ont  été  incendiées  par  des  pots-à-feu  ;  toutes  les 
autres  criblées  par  le  canon  et  les  bombes.  Les  murs  de 
six  pieds  d'épaisseur  n'ont  pas  résisté  ;  les  voûtes  dans 
lesquelles  les  particuliers  avaient  mis  leurs  effets  ont  été 
brûlées,  écrasées  et  pillées  pendant  et  après  le  siège. 
L'église  cathédrale  a  été  entièrement  consumée 

"  Les  prêtres  du  séminaire,  les  chanoines,  les  jésuites 
sont  dispersés  dans  le  peu  de  pays  qui  n'est  pas  encore 
sous  la  domination  anglaise;  les  particuliers  de  la  ville 
sont  sans  bois  pour  leur  hivernement,  sans  pain,  sans 
farine,  sans  viande,  et  ne  vivent  que  du  peu  de  biscuit 'et 
(le  lard  que  le  soldat  anglais  leur  vend  de  sa  ration.  Telle 
est  l'extrémité  où  sont  réduits  les  meilleurs  bourgeois. 

"  Les  campagnes  ne  fournissent  point  de  ressources  et 
sont  peut-r^tre  aussi  h  plaindre  que  la  ville  même.  Toute 
la  côte  de  Beaupré  et  rîlo  d'Orléans  ont  été  détruites  avant 
la  fin  du  siège;  les  granges,  les  maisons  des  habitants,  les 
presbytères  ont  été  incendiés;  les  bestiaux  qui  restaient, 
enlevés;  ceux  qui  avaient  été  transportés  au-dessus  de 
Québec  ont  presque  tous  été  pris  pour  la  subsistance  de 
notre  armée;  de  sorte  que  le  pauvre  habitant  qui  retourne 
sur  sa  terre  sera  obligé  de  se  cabaner  jt  la  fayon  des  sau- 
vages." 

*  D'abord  réfugié  à  Charlasbourg,  l'évéque  s'était  rendu  à  Mont- 
réal. Son  opinion  sur  M.  de  Vaudreuil  nu'rite  d'être  recnieillie. 

"  On  raisonne  ici  beaucoup  sur  les  événements  qui  sont  arrivés, 
écrit  Mjjr  de  Pontbriand  au  ministre;  on  condamne  facilement.  Jo 
les  ai  suivis  de  prés,  n'ayant  jamais  été  éloigné  de  M.  de  Vaudreuil 
de  plus  d'une  lieue  :  je  ne  puis  m'empécher  de  dire  qu'on  a  un  tort 
infini  de  lui  attribuer  nos  malheurs.  Quoique  cette  matière  ne  soit 
l)oint  de  mon  ressort,  je  me  tiatte  que  vous  ne  désapprouverez  pas 
un  témoignage  que  la  seule  vérité  me  fait  rendre." 


OXIV  FRANf;OI«-XAVIKIl   OAHNKAl', 

liG  général  Lévis  s'était  retiré  à  Montréal,  faisant  de  la 
rivifre  .Turques-Cartier  sa  ligne  d'opération  à  l'est,  tandis 
que  rile-aux-Noix  était  son  poste  avancé  a\i  sud-ouest. 
"  Les  Franvais,  dit  M.  Garneau,  se  trouvaient  resserrés 
entre  Quéliec,  la  tAte  du   lac  Chaniplain,   et    Front» 
coupés  de  la  mer  et  manquant  de  tout,  soldats,  ar;.;'  i. 
munitions   de  guerre  et  de   bouche.    Les  deux   armé» 
anglaises,  (jui  avaient  attaqué  le  Canada  par  mer  <t 
terre,  ne   se  trouvaient  plus  qu'à  soixante  et  dix  !■ 
l'une  de  l'autre,  et  prêtes  à  tomber  sur  le  centre  du  pay 
au  printenips  avec  un  grand'accroigsement  de  forces." 

Il  est  dillicile  d'inuiginer  une  situation  plus  critiqu» 
Cependant,  ni  M.  de  Vaudreuil,  ni  le  chevalier  de  Lévis, 
ni  les  Canadiens  eux-mêmes  —  A  l'exception  de  (juelquf" 
paroisses  dans  le  voisinage  de  Québec  qui  durent  fore» 
ment  l'aire  leur  soumission  —  ni  le  courageux  évéque,  Mgr 
de  Pontbriand,  ne  désespérfrent  un  seul  instant. 

Il  fut  décidé  que  l'on  ferait  le  siège  de  Québec  afin  de 
se  rendre  maître  de  cette  ville  et  de  pouvoir  y  recevoir  la 
flotte  et  les  secours  que  l'on  attendait  de  France.  ^^ 
Lemercier,  chargé  de  dépêches,  s'embarqua  à  Montréal,  et 
le  vaisseau  qui  le  portait,  après  être  passé  devant  Québec, 
par  un  bonheur  que  l'on  aurait  pu  croire  providentiel,  se 
rendit  en  France. 

Après  quelque  hésitaiion,  on  se  décida  à  ajourner  au 
printemps  l'attaque  que  l'on  devait  faire.  Dans  l'intervalle 
le  général  Murray  parvint  à  déloger  les  Français  d'un  poste 
qu'ils  occupaient  à  Lévis  et  d'un  autre  à  Saint-Augustin. 
Il  mit  autant  qu'il  le  put  Québec  en  état  de  soutenir  un 
siège  ;  mais  sa  garnison  fut  considérablement  affaiblie  par 
les  ravages  qu'y  fit  le  scorbut. 

Ce  fut  vers  la  mi-avril  que  les  différents  corps  qui  de- 
vaient former  l'expédition  du  chevalier  de  Lévis  se  mirent 
en  mouvement.  Murraj'  avait  répandu  avec  profusion  une 
proclamation  invitant  les  Canadiens  à  .se  soumettre,  leur 
démontrant  que  la  France  les  abandonnait,  et  leur  réitérant 
les  promesses  et  les  menaces  que  Wolfe  leur  avait  déjà 
faites.  Le  chevalier  de  Lévis,  de  son  côté,  avait  lancé  une 
circulaire  faisant  appel  au  patriotisme  des  habitants,  et 


SA   VIE  ET  SEB  ŒUVRES.  CXV 

leur  annonçant  les  secours  qu'il  espérait  obtenir  de  France. 
Enfin  l'évêque  fit  entendre  la  voix  de  la  religion.  "  Vous 
n'oublierez  pas,  disait-il  dans  un  mandement,  vous  n'ou- 
blierez pas  dans  vos  prières  ceux  qui  se  sont  sacrifiés  pour 
la  défense  de  la  patrie  ;  le  nom  de  l'illustre  Montcalm, 
celui  de  tant  d'officiers  respectables,  ceux  du  soldat  et  du 
milicien,  ne  sortiront  pas  de  votre  mémoire...  vous  prierez 
pour  le  repos  de  leurs  âmes." 

Les  Canadiens  n'iiésitèrent  point,  ils  (?e  rendirent  en  si 
grand  nombre  i\  l'appel  de  la  religion  et  de  la  patrie,  qu'ils 
formèrent  près  de  la  moitié- de  l'armée  du  chevalier  de 
Lévis,  et  ce  qui  prouve  qu'ils  n'étaient  point,  comme  on 
l'a  prétendu,  traînés  au  combat  contre  leur  gré,  c'est  que 
l'on  voyait  parmi  eux  de  très  jeunes  gens  et  des  vieillards 
exempts  du  service  militaire.  * 

*  ^\'olfo,  dans  les  lettres  publiées  par  sou  bi».>graphe  déjà  tité, 
rai)porte  que  des  enfants  de  quinze  ans  et  des  vieillards  de  soixante 
et  dix  ans  tirèrent  sur  les  détachements  anglais  de  la  lisière  du  l)ois, 
et  que  tous  les  hommes  en  état  de  itorter  les  armes  au-ilessous  et 
au-dessus  de  Québec  étaient  au  camp  de  Ueauport.  Il  ajoute, 
coijendant,  que  les  Canadiens  étaient  très  mécontents  et  attribue  le 
1H3U  de  cas  qu'ils  faisaient  do  ses  procdamations  à  la  terreur  que  leur 
inspiraient  les  sauvages,  alliés  de  Montcalm.  Ces  sauvage*  ceix>n- 
dant,  d'après  son  biographe,  étaient  eux-mêmes  très  chancelants 
dans  leur  allégeance.  M.  Ciarneau  et  M.  Ferland  s'accortlent  à  dire 
que  la  moitié  environ  de  l'arnu'^  do  Ix'vis  était  comiiosée  de  Cana- 
diens. I^s  troujies  françaises  avaient  i-empli  les  villes  faits  dans 
leurs  rangs  au  moyeu  de  recrues  canadiennes  ;  cela  ajouté  aux 
milices  faisait  une  proportion  considérable.  M.  Garneau  et  M. 
Ferland  disent  que  les  coml»attants  n'étaient  pas  plus  nombreux  d'un 
côté  que  de  l'autre.  Dans  la  première  bataille  k«  troupes  de  Wolfe 
et  celles  de  Montcalm  étaient  aussi  en  nombre  égal.  Smith  et 
d'autrtvs  historiens  anglais  prétendent  que  l'armée  française,  au  28 
avril,  était  beaucoup  plus  nombreuse.  On  avait  fait  courir  le-bruit 
tout  l'hiver  qu'une  armée  de  douze  mille  hommes  allait  se  mettre  en 
marche  au  printemps,  ce  qui  jieut  expUqiier  l'erreur  des  historiens 
anglais.  Voir  à  ce  sujet  un  travail  très  intéressant  du  Dr  Anderson 
dans  les  Transactions  de  la  Société  littéraire  et  historique  de  Québec, 
et  aussi  "  les  Plaines  (V Abraham  et  lettrs  monuvie-uts"  dans  le  Journal 
de  rinstnu'fion  ptibUijue.  Lévis,  selon  M.  Ferland,  aurait  en  prenant 
le  commandement  après  la  mort  de  Montcalm  menacé  de  mort  tous 
les  Canadiens  qui  avaient  quitta  l'armée,  s'ils  n'y  revenaient  point. 


CXVl  FRANÇOIS- XAVIER  OARNEAT, 

La  tentative  du  chevalier  de  Lévi»  était  aurai  héroïque 

que  celle  de  Wolfe;  elle  fut  couronnée  de  buccch,  uu  point 
de  hÛHser  au  gouvernement  d'outre-nier  toute  la  r(.*-<|K»nHa- 
bilité  du  résultat  final. 

"  L'EurojHî  enticre,  dit  l'abbé  Kuynal,  cité  par  M.  Ciar- 
neau,  crut  que  la  prise  de  Québec  finissait  la  grande  (jue- 
relle  de  l'Amérique  septentrionale.  Personne  n'imaginait 
qu'une  poignée  de  Franc^ais,  qui  manquaient  de  tout,  ù  qui 
la  fortune  m(^me  semblait  interdire  juH<ju'à  l'espérance, 
osassent  songer  il  retarder  une  destinée  inévitable." 

Ils  firent  plus  que  ce  qu'il  fallait  pour  la  retarder.  La 
victoire  qu'ils  remportèrent  aurait  racheté  toutes  les  fautes 
et  tous  les  malheurs  du  passé,  si  par  un  efï'ort  aussi  héroï- 
que que  le  leur,  la  mère  patrie  leur  avait  envoyé  des 
secours  proportionnés  et  à  leurs  besoins  et  îi  leur  courage. 

M.  (îarneau  nous  raconte  les  événements  du  28  avril  et 
ceux  des  trois  jours  précédents  avec  de  très  grands  détaihs 
et  cei^endant  avec  une  clarté  remarquable.  I^  25,  l'armée, 
dont  une  partie  était  descendue  par  terre  et  l'autre  par 
le  Saint-Laurent,  se  trouvant  dans  l'impossilnlité  de  tra- 
verser la  rivière  du  Cap- Rouge  à  son  embouchure,  remonta 
deux  lieues  plus  haut,  quitte  à  déboucher  par  les  marais 
de  la  Suède  pour  gagner  les  Plaines  d'Abraham. 

L'avant-garde,  après  avoir  délogé  les  Anglais  d'un  poste 
qu'ils  avaient  à  Lorette,  atteignit  les  marais  à  l'entrée  de 
la  nuit,  et,  malgré  un  orage  de  pluie  et  de  tonnerre,  les  tra- 
versa, n'étant  plus  séparée  que  par  un  petit  bois  des 
troupes  que  le  général  Murray,  informé  de  l'approche  des 
Français,  avait  déjà  portées  sur  les  Plaines  d'Abraham. 
Le  26,  au  point  du  jour,  l'avant-garde  passa  le  bois  et  se 
trouva  en  présence  des  Anglais.  Cette  journée  et  celle  du 
27  se  passèrent  en  escarmouches  et  en  reconnaissances 
réciproques  que  notre  historien  explique  avec  beaucoup 
de  lucidité.  Le  mauvais  temps  avait  continué  et  retardé 


M.  de  Vaudreiiil  ne  voulut  point  ratifier  cet  ordre  d'autant  plus 
injuste  que  ceux  qu'il  visait,  étaient  de  véritables  volontaires,  et 
que  leur  absence  pour  faire  les  récoltes  était  absolument  nécessaire 
dans  l'intérêt  même  de  l'armée. 


SA  VIE   ET  SES  ŒUVRES.  CXVÎi 

de  beaucoup  la  marche  de  l'armée  française.  Le  28,  voyant 
qu'elle  n'était  pas  toute  arrivée,  le  général  Murray  se 
décida  à  sortir  de  la  ville  et  à  l'attaquer  avec  toutes  ses 
forces,  tandis  qu'elle  n'était  pas  encore  formée  ni  maîtresse 
du  terrain.  Il  fit  une  faute  semblable  ji  celle  que  Montcalm 
avait  commise,  et  cela,  peut-être,  d'une  manière  encore 
moins  excusable,  car  il  aurait  pu,  les  jours  précédents, 
exécuter  avec  succès  le  plan  qu'il  adopta  à  la  fois  trop 
tard...  et  trop  tôt.  Muni  cependant  de  vingt-deux  bouches 
à  feu  et  opposant  des  troupes  fraîches  à  une  armée  harassée 
par  la  fatigue  et  le  mauvais  temps,  car  la  pluie  avait  con- 
tinué, ayant  de  plus  l'avantage  du  terrain,  il  aurait  pro- 
bablement réussi  sans  l'habileté  et  le  sang-froid  du  che- 
valier de  Lévis. 

"  Cet  homme  8ui)érieur,  dit  sir  Etienne  Taché,  d'un 
coup  d'œil  s'aperçut  des  fautes  commises  par  Murray,  et 
il  en  profita.  La  premit^re  faute  de  Murray  fut  d'abandon- 
ner la  belle  position  militaire  qu'il  occupait  sur  les  Buttes- 
îl- Neveu,  le  coteau  où  l'on  a  depuis  érigé  les  tours,  et  la 
seconde  de  n'avoir  pas  suffisamment  appuyé  sa  gauche 
sur  le  chemin  Saint-Louis,  afin  d'empêcher  que  l'on  ne 
vînt  ù  la  tourner.  Lévis  plaça,  en  conséquence,  une  forte 
division  sur  son  extrême  droite,  embusquée  dans  un  petit 
bois  dominant  le  Foulon,  avec  les  trois  seules  jnêces  de 
canon  qu'il  eût  en  sa  possession;  et  du  moment  que  son 
centre  et  sa  gauche  commencèrent  à  faire  impression  sur 
l'ennemi,  il  fit  marcher  cette  division  en  avant,  et  en  exé- 
cutant un  mouvement  de  conversion  sur  sa  gauche,  il  prit 
Murray  en  ilanc,  le  refoulant  vivement  en  descendant  la 
déclivité  du  terrain.  Sans  la  petite  distance  séparant  les 
combattants  des  murs  de  la  ville,  et  sans  une  méprise  dans 
l'exécution  d'un  ordre  donné  au  commandant  d'une  bri- 
gade française,  il  l'eût  vraisemblablement  jeté  en  bas  du 
coteau  Sainte-Geneviève  et  de  lA  sur  la  rivière  Saint- 
Charles.  Ce  fut  du  moins  dans  cette  intention  que  Lévis 
exécuta  cette  belle  manœuvre,  et  tous  les  écrivains 
s'accordent  tt  dire  qu'elle  fut  à  un  cheveu  près  de  réus- 

H 


CXvm  FRANÇ0I8-XAVIEK  GARNEAU, 

sir,  ce  qui  eût  ouvert  les  portos  de  Québec  à  Tannée  fran 
çaise."  * 

Par  la  proportion  considérable  des  hommes  tués  ou  mis 
hors  do  combat,  par  l'intrépidité  et  l'acharnement  des  com- 
battants, par  les  divers  mouveinenta  et  le8  •'  '  '  -  qui 
l'ont  marquée,  enfin  par  toute  la  mise  en  se»  i  _    puis 

ainsi  m'exprimer,  cette  bataille  de  Saintc-Foye,  que  l'on 
appelle  aussi,  assez  justement,  la  '     batailb-    ' 

Plaines  d'Al^rabani ,    mérite,   indéj  •  nont   de 

d'autres  considérations,  une  place  distinguée  dans  i'hif 
toire.  Le  moulin  de  Dumont  fut  le  théAtro  d'une  lutte 
acharnée  entre  les  grenadiers  de  la  reine,  commandés  par 
le  capitaine  d'Aiguebelles,  et  les  montagnards  écossais,  du 
colonel  Fraser,  lutte  qui  n'a  été  égalée  depuis  que  parcelle 
des  Anglais  et  des  Français  pour  la  possession  du  chAtcau 
de  Goumont,  A  la  bataille  de  Waterloo.  lie  moulin  fui 
plusieurs  fois  pris  et  repris,  et  les  grenadiers,  qui  avaient 
à  marcher  sous  le  feu  d'une  puissante  artillerie,  périrent 
presque  tous.  Bourlamaque  fut  gravement  blessé  et  eut 
son  cheval  tué  sous  lui  en  cet  endroit,  et  c'est  avec  raisoji 
que  la  Société  Saint- Jean- Baptiste  a  choisi  ce  point  pour  y 
élever  un  monument  à  Lévis  et  à  Murray,  et  aux  bravée 
des  deux  armées. 

Les  milices  canadiennes  joutèrent  un  rôle  glorieux,  non 
seulement  par  le  nombre,  mais  par  leur  remarquable  intré- 
pidité. Placées  au  centre  sous  M.  de  Repentigny  et  sous  le 

*  DiicovtTS  prononcé  par  Vhon.  E.  P.   Taché,  lor»  de  V"  n 

aolenndlf  des  oftsemeiits  trouvés  mr  le  champ  de  Ixitaille  de  >  -  -r. 
par  la  Société  Saint- Jean-Bajitiste  de  Quéljec,  le  5  juin  18.54.  Le  <.-oloni',I 
Taché  a  rendu  un  juste  hommage  aux  travaux  do  M.  Gameau. 
J'ai  été  heureux  d'en  faire  autant  lorsque  l'année  suivante  je  pro- 
nonçais aussi  un  discours  pour  la  pose  de  la  première  pierre  du  mo- 
nument aux  héros  des  doux  arméee.  Pour  ces  deux  discours  et  pour 
tout  ce  qui  a  été  fait  à  cet  égard  par  la  Société  Saint-Jean-Baptiste, 
voir  l'excellent  ouvrage  de  M.  Chouinard:  "  Fête  Nationale  des  Ot- 
ncKÎieiu-Français  célébrée  à  Qué^JCC  en  1880."  632  pp.  in-H",  Côté  d-  Cie, 
Qitébec,  1881.  Une  statue  de  bronze  donnée  par  le  prince  Naix)léon, 
fut  placée  sur  ce  monument,  le  19  octobre  1863  et  des  discours 
furent  prononcés  en  cette  circonstance  par  le  colonel  de  Salaljerry, 
fils  du  héros  de  Châteauguay,  et  par  le  colonel  Sewell. 


SA    VIE   ET  SES  ŒUVRES.  CXIX 

brave  colonel  Rhéaume,  et  à  la  droite  sous  M.  de  Baint- 
Luc,  elles  firent  de  véritables  prodiges  de  valeur.  "  On  les 
voyait,  dit  M,  Garneau,  se  coucher  par  terre  pour  charger 
leurs  armes,  se  relever  après  les  décharges  de  l'artillerie 
ennemie,  et  fusiller  les  canonniers  sur  leurs  pièces."  Tout, 
jusqu'au  sombre  tableau  qu'oflrait  le  champ  de  bataille, 
contribue  à  poétiser  "le  récit  dans  lequel  notre  historien 
s'est  complu  et  qui,  du  reste,  a  été  une  des  causes  des 
honneurs  rendus  plus  tard  aux  héros  du  28  avril.  "  L'eau 
et  la  neige,  dit-il,  qui  couvraient  encore  le  sol  par  endroit^ 
étaient  rougies  de  sang  que  la  terre  gelée  ne  pouvait  boire, 
et  les  malheureux  blessés  nageaient  dans  des  mares  hor- 
ribles où  l'on  s'enfonçait  jusqu'à  mi-jambe." 

Le  lendemain  commença  le  siège.  Knox,  dans  son  jour- 
nal, admet  que  l'on  comprenait  de  part  et  d'autre  que  la 
ville  appartiendrait  à  cejle  des  deux  armées  qui,  la  pre- 
mière, recevrait  des  secours  d'Europe.  Les  assiégés  avaient 
une  bien  plus  forte  artillerie  que  les  assiégeants,  et  ceux-ci 
ne  purent  commencer  à  tirer  que  le  11  de  mai.  Deux  jours 
auparavant,  une  scène  bien  affligeante  pour  eux  s'était 
passée.  Une  frégate  était  entrée  dans  le  port;  l'émoi  fut 
grand  et  dans  la  ville  et  dans  le  camp  du  chevalier  de 
Lévis.  Le  vaisseau  arbora  bientôt  le  pavillon  britannique, 
ce  qui  transporta  de  joie  la  garnison  anglaise.  "Officiers 
et  soldats,  dit  Knox,  montt'rent  sur  les  remparts  faisant 
face  aux  Français,  et  poussèrent  pendant  plus  d'une  heure 
des  hourras  continuels,  en  élevant  leurs  chapeaux  en  l'air. 
La  ville,  le  camp  ennemi,  le  port,  les  campagnes  voisines 
à  plusieurs  lieues  de  distance,  retentirent  de  nos  cris  et  du 
roulement  de  nos  canons  ;  car  le  soldat,  dans  le  délire  de 
sa  joie,  ne  se  lassait  pas  de  tirer." 

Les  assiégeants,  comme  on  l'a  vu,  n'en  continuèrent  pas 
moins  leurs  opérations;  mais  le  15,  deux  autres  vais- 
seaux de  guerre  anglais  étant  entrés  dans  la  rade,  le  siège 
fut  levé  et  le  chevalier  de  Lévis  reprît  la  route  de  Mont- 
réal. Ce  n'était  pas  lui  qui  abendonnait  son  entreprise, 
c'était  trop  visiblement  la  France  qui  abandonnait  le  Ca- 
nada. 

Un  dernier  épisode  glorieux  s'ajoute  ici  à  tous  les  autres, 


CXX  FUANÇOIS-XAVIEli  OAUNEAC. 

comme  le  trait  final  qui  complète  le  tableau.  C'est  la  rédii- 
tance  hiîroïque  de  M.  de  Vauquelin,  conimandant  dc«  quel- 
ques vaisseaux  fran(;ais  rest^'s  au-dessus  de  Qu^hec,  et  (juc 
les  frégates  anglaises  attacju»  rent.  On  doit  se  rappeler  en 
quels  termes  émus  M.  Garneau  mentionne,  dans  son  Voyage 
en  Evrope,  chC-  dans  les  ]»renii(^res  pages  de  cette  t'tude,  ce 
combat  naval  dont  son  aïeul  avait  Ciù  témoin. 

A  Montréal,  L(^vis  et  ce  (lui  restait  de  l'armée  française 
se  trouvi'^rent  bientôt  entourés  par  les  trois  armées  anglaises. 
M.  de  Vaudrc'uil  dut  capituler:  il  obtint  tout  ce  qui  jwu- 
vait  être  obtenu  dans  une  telle  extrémité.  Le  chevalier  de 
Lévis,  indigné  de  ce  que  l'on  ne  voulait  pas  laisser  sortir  la 
garnison  avec  les  honneurs  de  la  guerre,  menaça  de  se 
retirer  dans  l'île  Saintc-Hélfne  avec  ses  troupos  et  d'y 
vendre  chCrement  sa  vie.  Le  vainqueur  do  »^ainte-Foyo 
était  de  l'fivis  du  poète  romain  : 

ViM  êcUue  victU  nullam  tpnarc  mhUem. 

Les  troupes,  M.  de  Vaudreuil,  le  chevalier  de  Lévis,  M. 
de  Bourlamaque,  Bougainville,  repassèrent  en  France 
ainsi  qu'un  grand  nombre  de  Canadiens.  M.  Garneau  les 
y  suit  et  nous  rend  compte  de  l'état  des  esprits  dans  la 
métropole.  TJ  sympathise  avec  M.  de  Vaudreuil,  injuste- 
ment enfermé  pendant  quelque  temps  à  la  Bastille,  mais 
bientôt  complètement  justifié;  il  paraît  même  Ctre  d'avis 
que  le  procès  de  Bigot  et  de  ses  complices,  quelle  que  fût 
leur  culpabilité,  avait  pour  but  de  détourner  l'attention 
des  fautes  commises  par  les  ministres  et  de  faire  croire 
que  c'était  le  Canada  qui  avait  ruiné  la  France.  Il  démontre, 
dans  une  étude  rapide,  que  l'on  avait  beaucoup  exagéré 
l'extravagance  du  système  financier  suivi  pendant  la 
guerre.  Enfin,  rendant  compte  du  traité  de  Paris  de  1763, 
il  jette  un  coup  d'oeil  sur  l'état  de  l'Europe  en  ce  moment, 
donne  un  regard  d'adieu  à  la  Louisiane,  cédée  aux  Espa- 
gnols en  même  temps  que  le  Canada  l'était  à  l'Angleterre,, 
flétrit  la  conduite  perfide  et  cruelle  du  général  Oreilly 
envers  les  Louisianais  qui,  au  premier  abord,  ne  voulurent 
pas  croire  à  l'ignoble  trafic  que  l'on  avait  fait  de  leur  pays, 
et  termine  toute  l'histoire  de  la  domination  française  en 


SA   VIE    ET   SES   (EUVRES.  CXXl 

Amérique  par  une  magnifique  citation  de  Sieraondi,  qui, 
ainsi  que  M.  de  Vaudreuil  et  le  chevalier  de  L<^'vis  dans 
leurs  dépêches,  rend  le  plus  éclatant  témoignage  à  l'hé- 
roïque fidélité  de  nos  pères. 

On  peut  dire  qu'îl  cet  endroit  M.  Garneau  était  arrivé 
à  la  moitié  de  la  noble  tâche  qu'il  s'était  imposée.  Il  eût 
pu  s'y  arrêter  davantage,  il  me  semble,  et  d'un  côté,  jetant 
un  coup  d'œil  rétrospectif  sur  la  domination  française,  de 
l'autre,  anticipant  sur  les  événements'  de  la  domination 
anglaise,  rattacher  par  quelques  considérations  rapides  et 
profondes  le  tarijleau  qu'il  venait  de  finir  à  celui  qu'il  allait 
commencer. 

La  fatalité  était  partout,  ai-je  dit  plus  haut;  et  le  che- 
valier de  Lévis  le  disait  lui-même  dans  sa  dernière  îettre 
au  ministre.  "  C'est  une  suite  des  malheurs  et  de  la  fatalité 
auxquels,  depuis  quehiue  temps,  ce  pays  était  en  butte,  que 
les  secours  envoyés  de  France  ne  soient  pas  arrivés  dans 
le  moment  critique.  Quelque  médiocres  qu'ils  fussent, 
joints  au  dernier  succès  (28  avriH.  ils  aiiraîcut  (li'-tt-riniiii' 
la  reprise  de  Québec." 

Mais  était-ce  bien  la  fatalitL- ?  l.e.s  uULiuUri  avaient  lait 
du  destin  une  divinité,  et  les  fautes  mêmes  des  hommes 
sont  attribuées  à  bon  droit  à  l'aveuglement  qu'une  force 
supérieure  produit  chez  eux.  Cette  doctrine  se  trouve  éga- 
lement dans  les  auteurs  païens  et  dans  les  saintes  Ecritures. 
Les  premiers  l'ont  résumée  dans  ce  proverbe,  reproduit 
sous  i)lusieurs  formes  :  Quos  jienlei-e  deiis  ndt  prius  dementat. 
Racine  rend  admirablement  l'idée  des  livres  sacrés  en  par- 
lant de 

cet  ('«prit  d'impriulenco  et  d'erreur, 

^  Do  la  chute  des  rois  funeste  avant-eourcur. 

Longtemps  avant  lui,  Philippe  de  Commiues  avait  dit: 
"Quand  Dieu  veut  commencer  de  chastier  les  princes, 
premièrement,  il  leur  diminue  le  sens  et  leur  fait  fuir  les 
conseils  et  les  compagnies  des  sages." 

Toutes  ces  victoires  suivies  d'accidents  ou  de  fautes 
incroyables,  cette  longue  lutte  dans  laquelle  nos  ancêtres 
avaient  repoussé  avec  succès  les  tentatives  les  mieux  com- 


CXxii  FRANgOM-XAVIEB  OAUTEAtT, 

h'uiéen,  le  développement  qu'avait  pris  la  Nouvelle- Franco 
î\  travers  tant  do  misères  et  tant  d'olistaclea,  tout  cela  ne 
l)0uviiit  puH  ("Xm  rendu  inutile  pur  la  Providence  sans 
qu'elle  eût  des  vues  miséricordieuses  à  notre  égard.  See 
desseins  ont  été  bien  vite  éclairés  à  la  sombre  lueur  de 
la  révolution  franyaipe,  qui  suivit  si  proraptenient  celle  des 
Etats-Unis,  et  cette  dernière  a  été  pour  nous  du  plus  grand 
secours;  car  elle  a  rendu  la  politique  de  l'Angleterre  à 
notre  égard  plus  juste  et  plus  libérale  qu'elle  ne  l'eût  et'' 
sans  cela.  Heureux  furent  nos  pères  dans  leur  sagesse, 
d'avoir  préféré,  en  1776  et  en  1812,  les  conseils  de  la  reli- 
gion î\  ceux  de  la  vengeance,  et  d'avoir  profité  d« 
ments  qui  ont  assuré  la  conservation  de  notr» 
lité  ! 

M.  Garncau  a  vu  et  compris  ces  cboses;  il  les  a  indiqu»'»  - 
au  cours  de  son  récit  ;  mais  il  était  peut-être  trop  pro?..-. 
de  poursuivre  son  œuvre,  qu'il  craignait  ù  cause  de  sa  mau- 
vaise santé  de  ne  jamais  pouvoir  terminer,  pour  s'arrêter  à 
ce  moment.  Il  entre  donc  de  plain  pied  et  sans  reprendr* 
haleine  dans  l'histoire  de  la  domination  anglaise,  dont  il 
ne  devait  donner  (jue  les  commencements  dans  cette  pre- 
mière édition. 

Triste  est  le  spectacle  que  présente  l'ancienne  colonir 
française  sous  le  nouveau  régime.  Nous  avons  déjà  vu 
quelle  désolation  régnait,  dans  les  villes  et  dans  les  cam- 
pagnes. Beaucoup  d'hommes  importants  dans  la  nobl' 
et  dans  .l'administration  s'étaient  embarqués  en  m.  ii.i 
temps  que  les  troupes  françaises.  Le  traité  de  1763  fut  le 
signal  du  départ  pour  une  bonne  partie  de  ceux  qui  étaient 
restés.  Il  ne  demeura  dans  le  pays  que  quelques  familles 
nobles,  le  clergé  et  les  corps  religieux,  quelques  hommes 
de  loi,  presque  point  de  marchands  ni  d'artisans.  La  classe 
des  cultivateurs,  attachée  au  sol,  à  la  glèbe,  comme  on 
disait  dans  la  langue  de  la  féodalité,  resta  seule,  livrée  à 
elle-même,  ou  plutôt,  comme  on  le  pensait  bien,  à  l'exploi- 
tation d'une  légion  de  nouveaux  venus  qui  vinrent  s'abat- 
tre sur  la  province  comme  les  corbeaux  sur  un  champ  de 
bataille.  M.  Garneau  fait  le  plus  triste  portrait  de  ces  aven- 
turiers, et  il  s'appuie  en  cela  du  témoignage  du  général 


SA   VIE   ET  SES   ŒUVRES.  CXXIU 

Murray,  qui,  dans  une  dépêche,  s'était  exprimé  sur  leur 
compte  en  des  termes  qu'ils  ne  lui  pardonnèrent  jamais. 

M.  Garneau  est  peut-être  un  peu  sévère  à  l'égard  du 
règne  militaire,  qui  ne  dura  que  quatre  ans,  et  pendant 
lequel  les  généraux  Murray,  Burton  et  Gage,  placés  par  le 
commandant  en  chef  Amherst  à  la  tête  des  anciens  gouver- 
nements de  Québec,  des  Trois- Rivières  et  de  Montréal, 
montrèrent  un  certain  bon  vouloir,  Gage  en  créant  dans  les 
paroisses  des  tribunaux  composés  des  capitaines  de  milice, 
et  les  deux  autres  en  plaçant  auprès  des  tribunaux  mili- 
taires qu'ils  avaient  institués  des  hommes  de  loi  du  pays. 
Du  reste,  les  habitants  avaient  le  bon  sens  de  se  mettre  ù 
l'abri  en  soumettant  aux  curés  et  aux  notables  instruits  les 
différends  qui  survenaient  entre  eux,  imitant  en  cela  les 
premiers  chrétiens,  qui  eurent  recours  à  leurs  évêques  pour 
se  soustraire  à  la  juridiction  des  juges  païens.* 

Pas  moins  de  trois  différents  systèmes  de  gouvernement 
ont  précédé  la  constitution  de  1791  ;  et  celle-ci  a  été  le 
résultat  de  la  conviction  acquise  par  l'Angleterre  à  la  suite 
de  la  révolution  américaine,  de  la  nécessité  où  elle  était 
de  mettre  ses  nouveaux  sujets  sur  un  pied  d'égalité  avec 
les  anciens,  et  d'exécuter  franchement  et  honnêtement  les 
conditions  de  la  cession.  Ce  n'était  pas,  en  effet,  une  con- 
quête ordinaire,  c'était  une  convention  de  peuple  à  peuple. 
C'était  non  seulement  un  traité  entre  deux  nations,  mais 
une  promesse  solennelle  faite  à  trois  reprises  difit-rentes,  à 
une  tierce  partie,  à  nos  pères  eux-mêmes,  et  dans  deux  de 
ces  occasions  alors  qu'ils  avaient  encore  les  armes  à  la 
main.  Aussi  chaque  fois  que  la  question  de  notre  lil"  ' 
civile  et  religieuse  a  été  posée,  on  .1  dit  d'un  côté  «o/ij 
de  l'autre  contrat  international!  j 

*  Voir  le  Règne  inilitnire,  collection  de  iloi-uments  iiuijortantw  pu- 
bliés par  la  Société  historique  *le  Montréal.  Cette  publication  est  pos- 
térieure à.  la  troisième  éiiition  de  V Histoire  du  Canada. 

t  Par  une  suscei)tiV)ilité  patriotique  qui  les  honore,  plusieurs  de 
nos  hommes  d'Etat  et  de  nas  écrivains  ont  toujours  employé  tî^  pré- 
férence au  mot  conquête  le  mot  cession  lorsqu'il  s'agissait  du  change- 
ment d'allégeance,  et  si  M.  Garneau  a  employé  tantôt  l'une,  tantvit 
l'autre  de  ces  ex | tressions,  c'est  sans  cloute,  comme  je  le  fais  moi- 
même,  aoiw  toutes  réserves. 


CXxiv  KRANÇOIS-XAVIER   GAltNEAO, 

A  l'un  des  articles  de  la  capitulation,  dans  laquelle  lea 
assiégé'»  demandaient  la  neutralité  |)Our  les  CanodienH 
lorHcju'il  H'a^irait  de  la  France,  il  fut  r<'i)(>n<lu  Hiinplement: 
"  Ils  deviennent  sujet»  du  roi."  (Jette  n^ionHe,  «jui  ne 
manque  pas  de  dignité,  comporte  ({uelquc  chose  qui  n'était 
peut-être  point  dans  la  |)on8ée  du  général  Aniherst.  "  Sujet 
du  roi,"  ou  ce  qui  est  tout  un,  "sujet  Writannicjue  sans  res- 
triction," c'eut  l'équivalent  de  Vvfdiinum  ius  civUaliê  des 
Romains  ! 

Cela  renferme  tous  les  droits  conquis  par  les  barons  nor- 
mands, la  grande  charte  et  toutes  les  libertés  qui  en  ont 
été  déduites  comme  des  corollaires  inévitables.  L'embarras 
du  gouvernement  anglais,  ça  été  de  les  accorder  à  ses 
anciens  sujets  tout  en  les  refusant,  à  cause  de  leur  religion, 
si  ces  quelques  milliers  de  Français  qui,  par  la  capitulation, 
étaient  devenus  tout  simplement  "sujets  britanni(fues." 

Les  nouveaux  arrivés,  Anglais  et  Ecossais,  ne  tardèrent 
pas  à  réclamer  avec  instances  l'établissement  d'un  gouver- 
nement constitutionnel,  certains  que  les  Canadiens- Fran- 
çais seraient  exclus  de  la  représentation  par  le  serment 
d'abjuration  exigé  alors  en  Angleterre.  Se  trouvait-il  parmi 
eux  des  gens  mieux  avisés,  qui  auraient  consenti  à  laisser 
dormir  leurs  droits  de  crainte  d'avoir  bientôt  à  les  par- 
tager avec  nous?  La  chose  est  très  possible  et  le  résultat 
des  requêtes  envoyées  à  Londres  le  donnerait  à  penser. 

L'autorité  qui  succéda  au  gouvernement  purement  mili- 
taire, en  1764,  fut  un  conseil  législatif,  composé  de  huit 
membres,  dont  un  seul,  homme  obscur  et  sans  influence, 
portait  un  nom  français. 

Par  une  simple  proclamation,  l'Angleterre.avait  démem- 
bré sa  nouvelle  conquête,  enlevant  au  Canada  le  Labrador 
et  ce  qui  forme  aujourd'hui  les  provinces  maritimes,  an- 
nexant aux  anciennes  colonies  tout  le  territoire  au  sud 
des  gran(^  lacs  et  divisant  le  reste  eil  deux  gouverne- 
ments, celui  de  Montréal  et  celui  de  Québec. 

"Du  territoire,  dit  M.  Garneau,  la  proclamation  passa 
aux  lois,  et  le  roi,  de  sa  propre  autorité,  tout  eu  déclarant 
qu'il  serait  convoqué  des  assemblées  des  représentants  du 
peuple  aussitôt  que  les  circonstances  le   permettraient. 


SA   VIE    ET   SES  ŒUVRES.  CXXV 

abolit  d'un  seul  coup  toutes  les  anciennes  lois  civiles  si 
sages,  si  précises,  si  claires,  pour  y  substituer  celles  de  la 
métropole,  amas  confus  et  incohérent  d'actes  du  parlement 
et  de  décisions  judiciaires...  N'était-ce  pas  renouveler  l'at- 
tentat commis  contre  les  Acadiens,  s'il  est  vrai  de  dire  que 
la  patrie  n'est  pas  dans  l'enceinte  d'une  ville,  dans  les 
bornes  d'une  province,  mais  dans  les  affections  et  les  liens 
de  la  famille,  dans  les  lois,  dans  les  mœurs  et  les  usages 
d'un  peuple?  Personne  dans  la  Grande-Bretagne  n'éleva 
la  voix  contre  un  pareil  acte  de  spoliation  et  de  tyrannie. 
On  privait  une  population  de  ses  droits  pour  une  immi- 
gration qui  n'avait  pas  encore  commencé." 

Le  jurisconsulte  Mazères,  descendant  d'une  famille  hu- 
guenote et  qui  se  montra  animé  contre  nous  d'un  fanatisme 
si  persévérant,  déclara  plus  tard  que  cette  proclamation 
n'avait  pas  pu  abolir  les  lois  françaises,  que  c'était  là  une 
mesure  à  laquelle  les  prérogatives  de  la  couronne  ne  suffi- 
saient point,  et  qu'un  acte  du  parlement  seul  pouvait 
la  rendre  valide.  Murray,  nommé  gouverneur  général,  de 
l'avis  de  son  nouveau  conseil,  avait  déjîl  rendu  une  ordon- 
nance rétablissant  les  lois  françaises  pour  tout  ce  qui 
avait  rapport  aux  droits  de  propriété  et  aux  successions. 

Il  dut,  d'après  les  instructions  royales,  convoquer  des 
représentants  du  peuple  ;  ce  qu'il  fit  sans  exclure  les  catho- 
liques. Seulement,  il  recula  devant  le  dilemme  qui  s'oflrit 
à  lui  lorsque  ceux-ci,  comme  il  devait  s'y  attendre,  refu- 
sèrent de  prêter  le  serment  d'abjuration  (te^t  oathX  II  ne 
voulut  ni  les  admettre  sans  cela,  ni  constituer  un  parle- 
ment uniquement  composé  de  protestants;  il  ajourna  donc 
indéfiniment  l'exécution  de  la  promesse  faite  par  le  souve- 
rain lui-même. 

L'état  de  choses  anormal  que  l'interprétation  trop  peu 
libérale  du  traité  de  Paris,  et  l'application  trop  rigoureuse 
et  impolitique  des  lois  de  la  métropole,  faisait  régner  dans 
la  colonie,  révoltait  î\  la  fois  le  bon  sens  et  l'honnêteté  du 
nouveau  gouverneur.  Il  ne  voulut  pas  empirer  la  condi- 
tion des  anciens  colons  en  les  livrant  pieds  et  poings  liés 
à  un  petit  nombre  d'homm-es  qu'il  avait  su  apprécier  à  leur 
juste  valeur.  C'était  bien  assez  qu'il  eût  été  obligé  de  les 


CXXVi  FRANÇOIS-XAVIER  GARNEAU, 

exclure  do  tous  les  emplois,  et  de  le«  faire  juger  par  dei 
jur68  ontièremont  protcstanl».  ('roirait-on  que  les  grands 
jur^'fl  d<';nonc^rent  une  J'ois  l'existence  de  la  |»opulation 
catliolifiuo  comme  un  d^-sordre  swial  —  asanuimnceT  II 
n'y  avait  pas  alors,  tout  compt/;,cin(i  cents  protestants  dan» 
la  colonie,  et  c'était  les  piètres  représentants  de  cette  infime 
minorité  qui  appelaient  la  proscription  surtout  un  i>euplel 

(.'cla  étant  donné,  on  ne  sera  point  surpris  d'apprendre 
que  Murray  eut  maille  à  partir  avec  cette  audacieuse  coterie, 
et  surtout  avec  les  juges  que  l'on  avait  envoyés  d'Angle- 
terre et  avec  quehiues-uns  de  ses  coi  Tl  fut  dénoncé 
et  rappelé,  et  bien  qu'il  se  justifiât  c  ^  ucnt  aujtrrH  du 
gouvernement,  il  ne  revint  jamais  au  Canada. 

Deux  événements  imjjortants  s'étaient  passés  sous  son 
gouvernement:  l'introduction  de  l'imprimerie  et  du  jour- 
nalisme dans  la  colonie  et  la  célèbre  conspiration  de  Pon- 
tiac.  M.  Garneau  n'a  peut-être  pas  assez  insisté  sur  les 
exploits  de  ce  héros  sauvage,  qui  forment  le  plus  étrange 
épisode  de  notre  histoire.  On  ne  saurait  trop  admirer  le 
courage,  l'astuce,  la  grandeur  d'âme,  l'habileté  de  ce  chef, 
qui  souleva  contre  l'Angleterre  presque  toutes  les  nations 
de  l'Ouest,  qui  envoyait  aux  Canadiens  des  ordres  et  des 
menaces  au  nom  du  roi  de  France  longtemps  apr??s  que 
celui-ci  avait  abandonné  ses  possessions  d'Amérique,  qui 
prit  lî  fort  de  Michillimackinac  par  le  coup  le  plus  hardi 
et  le  plus  habile  que  l'on  puifse  imaginer,  qui  tint  pen- 
dant quinze  mois  une  garnison  anglaise  assiégée  au  Détroit, 
et  qui  enfin,  vaincu  et  isolé,  inspirait  encore  assez  de  ter- 
reur à  ses  ennemis  pour  qu'on  le  fît  périr  par  trahison.  La 
vie  de  Pontiac  tient  du  poème  épique  et  du  roman,  et  le 
livre  qu'elle  a  inspiré  à  M.  Parkman  a  l'intérêt  de  ces  deux 
sortes  d'ouvrages.* 

Ce  fut  un  autre  des  compagnons  de  Wolfe,  le  général 
Carleton,  qui  remplaça  Murray.  Comme  ce  dernier,  il 
avait  une  certaine  sympathie  pour  les  nouveaux  sujets,  et 
dès  l'abord  il  ne  fit  pas  trop  bonne  mine  à  l'oligarchie  colo- 
niale. Avec  lui  était  venu  un  nouveau  juge  en  chef  et  un 

*  Voir  le  premier  rolume  des  Canadiens  d^  rOtieM,  par  >I.  Tas-sé. 


SA  VIE   ET  SES  ŒUVRES.  CXXVll 

nouveau  procureur  général,  ce  baron  Maaères  dont  il  vient 
d'être  question. 

Des  plaintes  de  la  part  des  Canadiens,  auxquels  s'étaient 
joints  un  petit  nombre  d'Anglais  plus  généreux  probable- 
ment parce  qu'ils  étaient  plus  éclairés  que  la  majorité  des 
nouveaux  venus,  avaient  été  renvoyées  au  Bureau  des 
plantations,  et  de  là  au  procureur  général  et  au  solliciteur 
général.  Les  rapports  de  ces  derniers  nous  étaient  assez 
favorables,  mais  le  gouvernement  n'osa  mettre  à  effet  les 
recommandations  de  MM.  Yorke  etdeGrey.  C'était  surtout 
dans  l'administration  de  la  justice  que  le  besoin  d'une 
réforme  était  urgent.  Les  catholiiiues  étaient  encore  exclus 
de  la  magistrature,  du  jury  et  du  barreau,  quoique  par 
une  concession  faite  assez  récemment,  il«  fussent  admis  dans 
certains  cas  n  faire  partie  du  jury  et  à  plaider  devant  les 
tribunaux.  Le  droit  civil  français  admis  malgré  l'ordon- 
nance de  George  III  dans  les  questions  de  succession  et 
de  propriété,  venait  sans  cesse,  sur  toute  autre  matière,  en 
conflit  avec  le  droit  anglais;  faute  de  lois  positives,  et 
surtout  faute  de  science  véritable,  les  juges  improvisés 
variaient  sans  cesse  dans  leurs  décisions.  Dans  de  telles 
conditions  le  casus pro  arnica  devait  se  présenter  souvent,  et 
il  va  sans  dire  qu'entre  l'ancien  sujet  et  le  nouveau,  ce  der- 
nier était  rarement  Vamicus  pour  le  juge  anglais. 

Carleton  reçut  donc  l'ordre  de  faire  faire  une  enquête 
rigoureuse  sur  l'administration  de  la  justice.  Elle  donna 
lieu  à  des  rapports  séparés  du  juge  en  chef  Hey,  du  procu- 
reur général  Mazères  et  du  gouverneur  lui-même;  ce 
dernier,  plus  libéral  que  les  deux  autres,  recommanda 
entre  autres  choses  de  conserver  seulement  le  droit  crimi- 
nel anglais  et  de  rétablir  toutes  les  lois  civiles  françaises 
purement  et  simplement. 

Ces  rapports  furent  envoyés  aux  jurisconsultes  officiels 
Marriott,  Wedderburn  et  Thurlow.  Il  leur  était  en  même 
temps  recommandé  de  préparer  un  code  de  lois  pour  les 
nouvelles  possessions  de  l'Amérique  du  Nord.  Dans  leurs 
travaux  ils  traitèrent  la  question  sous  toutes  ses  faces,  sur- 
tout au  point  de  vue  de  la  religion  catholique  et  delà  langue 
française,  qui  étaient  les  deux  grandes  difficultés  ;  mais  il 


CXXviii  FKANÇ0I8-XAVIEK  GABNEAU, 

ne  paraît  pas  qu'ils  soient  entrés  bien  avant  dans  Tétadedee 
lois  ni  (juMls  aient  rien  fait  qui  ressemblAt  A  un  pnyet  de 
code  civil  ou  criminel.  Marriott  hc  prononça  pour  l'extinc- 
tion ausHi  j)ronii»te  (juc  possible  de  la  relijçion  catholique, 
et  quoi(ju'il  vît  rinipiwsibilité  de  faire  diHi)araitrp  ininjé- 
diatenient  toute  trace  des  lois  franyaises,  il  ne  voulait  les 
conserver  qu'autant  (jue  la  nécessité  l'exigerait.  Quelques- 
unes  de  ses  reconinian<lationH  étaient  vrainjont  machiavéli- 
ques, et  M.Garneau  flétrit  son  rapport  en  disant  que  c'était 
un  long  cri  de  proscription  contre  la  religion,  les  lois  et  les 
usages  de  nos  pcres.  Wedderburn  et  Thurlow  prirent,  le 
dernier  surtout,  le  contre-pied  des  opinions  exposées  par 
leur  collègue.  Quelques-uns  de  leurs  arguments  se  trou- 
vèrent justifiés  par  les  événements  (jui  se  précipitaient  alors 
dans  les  anciennes  colonies  anghiises.   Le  gouvernement 
anglais  prolongea  ses  en(}uôte8  et  ses  indécisions  jusqu'à 
l'année  1774,    c'est-A-dire   pendant   une   décade,   car  les 
plaintes  avaient  commencé  immédiatement  après  l'établis- 
sement du  conseil  de  Murray.  Dans  les  dernières  années 
deux  requêtes  avaient  été  expédiées,  l'une  signée  par  les 
protestants,  qui  voulaient  un  gouvernement  repré.«entatif, 
l'autre  par  les  catholiques,  qui  demandaient  un  conseil 
choisi  par  la  couronne,  mais  où  ils  seraient  représentés 
comme  les  protestants.  Ces  derniers  n'avaient  pas  demandé 
formellement  l'exclusion  des  catholiques  de  l'assemblée  ; 
mais  ils  avaient  refusé  de  s'expliquer  sur  ce  point.  On 
savait  qu'ils  avaient  des  amis  en  Angleterre,  que  les  lois 
de  l'empire  leur  étaient  favorables,   et  que  tout  était  A 
craindre  si  l'on  acceptait  sans  conditions  le  prétendu  bien- 
fait d'un  gouvernement  représentatif  qui,  dans  cet  état  de 
choses,  aurait  pu  être  un  engin  d'oppression  plus  redou- 
table encore  qu'un  conseil  nommé  par  la  couronne. 

Le  résultat  de  -toutes  ces  démarches,  fut  le  bill  proposé 
par  le  comte  de  Dartmouth.  Il  étendait  les  limites  de  la 
province  de  Québec,  conservait  aux  catholiques  les  droits 
que  leur  avait  assurés  la  capitulation,  les  dispensait  du 
serment  d'abjuration,  rétablissait  les  lois  civiles  françaises, 
confirmait  l'introduction  du  droit  criminel  anglais  et 
créait  un  conseil  composé  de  dix-sept  à  vingt-trois  membres 


SA   VIE   ET  SES  ŒUVRES.  CXXIX 

qui  pourraient  être  indifféremment  catholiques  ou  protes- 
tants. Adopté  à  l'unanimité  par  la  chambre  des  lords,  ce 
projet  de  loi  fut  dans  la  chambre  des  communes  le  sujet 
d'une  enquête  à  la  barre  et  de  discussions  qui  sont  restées 
célèbres  dans  les  fastes  parlementaires. 

Cette  session  du  parlement  anglais  fut  encore  plus 
remarquable  par  les  débats  qui  eurent  lieu  sur  les  mesures 
coercitives  que  le  ministère  proposait  contre  les  anciennes 
colonies,  et  par  une  de  ces  contradictions  que  les  préjugés 
et  le  fanatisme  expliquent-à  peine  ;  c'étaient  précisément  les 
défenseurs  des  libéraux  américains  qui  s'opposaient  à  ce 
que  justice  nous  fût  rendue.  Il  est  vrai  qu'ils  attaquaient 
le  projet  de  loi  du  ministère  tory  parce  qu'on  refusait  aux 
Anglais  du  Canada  les  libertés  inhérentes  A  la  condition  de 
sujet  britannique;  mais  ils  avaient  deux  poids  et  deux 
mesures,  et  il  était  évident  qu'ils  ne  voulaient  pas  de 
ces  libertés  pour  les  catholiques.  Fox  fut  le  seul  par- 
mi les  whigs  qui  sut  se  montrer  à  la  fois  logique  et  géné- 
reux. 

La  ville  de  Londres  s'émut  et  la  requite  qu'elle  adressa 
au  roi  pour  qu'il  refusât  sa  sanction,  donne  une  idée  des 
haines  religieuses  à  cette  époque.  Le  même  sentiment 
prévalut  chez  les  populations  protestantes  d'Amérique,  et 
George  III  ayant  passé  outre,  les  Anglais  du  Canada  s'agi- 
tèrent et  demandèrent  la  révocation  du  statut  impérial, 
révocation  (jue  l'on  tenta  eh  vain  de  faire  voter  l'année 
suivante.  Enfin  les  anciennes  colonies,  qui  réclamaient  la 
liberté  constitutionnelle  et  s'indignaient  de  voir  établir  un 
gouvernement  absolu  tout  près  d'elles,  se  plaignaient  éga- 
lement de  la  conservation  de  la  religion  catholique  et 
des  lois  françaises,  et  cela  dans  des  termes  qui  surpassaient 
en  violence  ceux  dont  s'étaient  servis  les  fanatiques  de 
Londres.  Presque  en  même  temps,  le  congrès  adressait 
aux  Canadiens  une  proclamation  par  laquelle  il  les  invitait 
à  partager  avec  les  colonies  révoltées  les  bienfaits  d'une 
constitution  libre,  et  chose  assez  bizarre,  citait  à  nos  bons 
habitants  l'opinion  de  Montesquieu.  Ce  double  jeu  était 
trop  apparent  ;  nos  pères  en  général  préférèrent  l'autorité 
de  La  Fontaine  i\  celle  de  l'auteur  de  V Esprit  des  Lois,  et 


CXXX  FRANÇOIS-XAVIER  GAKNEAU, 

dirent  aux   fiostonnais  comme  le  Hatyre  du  fabulietc  nu 
passant  : 

No  ])laiHO  aux  ditnix  (|n(i  jo  conrlio 
Av«c  vous  ÉkiUH  in^'-ino  t«»it! 
Arrière  conx  dont  la  ))oiicho 
SoufHo  lo  chau'l  ot  lo  froid! 

Cette  partie  de  notre  histoire  est  OBBez  difficile  A  raronter  ; 
les  documents  sont  rares,  et  la  population  paraît  avoir  M 
fortement  travailK-e  par  des  influences  contraires.  * 

La  masse  du  peuple  des  canipagnes,  au  d^-but  de  la 
guerre,  était  assez  indiflcrente,  et  beaucoup  se  laissf'rent 
soit  gagner,  soit  intimider  j)ar  les  officiers  de  l'armée  con- 
tinentale, comme  on  appelait  les  troupes  du  congrus,  ou 
par  des  agents  que  ceux-ci  avaient  eu  le  soin  de  choiHÎr 
dans  les  deux  j)opulations  anglaise  et  fran(;aise. 

Il  y  eut  donc,  pour  la  première  fois,  une  scission  parmi 
nos  compatriotes;  en  quelques  rencontres  ils  combattirent 
les  uns  contre  les  autres;  bien  qu'au  début  le  nombre  de 
ceux  qui  prirent  une  part  active  du  côté  des  Américains 
fût  assez  considérable,  à  la  fin  de  la  campagne,  les  congré- 
gnnistes,  comme  les  appelaient  ceux  qui  étaient  restés  fidèles 
au  drapeau  britanniciue,  étaient  clair-semés.  Il  est  du  reste 
à  noter  que  c'est  surtout  aux  milices  canadiennes  que 
furent  dues  la  défaite  d'Ethan  Allen  à  la  Longue-Pointe, 
et  celle  d'Arnold  et  de  Montgomery  sous  les  murs  de 
Québec.  La  première  de  ces  rencontres  permit  aux  troupes 
anglaises  de  se  retirer  de  Montréal,  et  au  gouverneur 
Carleton  de  s'échapper  de  cette  ville  pour  aller  s'enfermer 
dans  la  capitale  ;  la  seconde  décida  du  sort  de  la  colonie. 

Le  clergé,  la  noblesse  de  tout  le  pays,  furent  à  l'abri  de 
tout  reproche.  Ce  fut  surtout  par  les  mandements  et  les 
exhortations  de  Mgr  Briand  qui,  après  beaucoup  de  diflfi- 

*  M.  l'abbé  Verreau  a  publié,  sous  le  titre  Flnvamon,  un  volume 
de  mémoires  et  de  lettres,  dont  une  partie  seulement  était  connue  de 
M.  Garneau.  Cette  précieuse  collection  est  à  consulter  par  ceux  qui 
voudront  écrire  une  histoire  particulière  de  la  guerre  de  1775.  Ce 
n'est  cependant  qu'en%'iron  la  moitié  de  l'ouvrage  (jue  M.  Verreau  a 
entrepris  et  dont  la  fin  se  fait  troji  attendre. 


SA   VIE   ET   SES  ŒUVBES.  CXXXl 

cultes,  avait  enfin  été  appelé  à  la  succession  de  Mgr  de 
Pontbriand,  que  les  dispositions  des  populations  rurales 
furent  bientôt  modifiées  dans  un  sens  favorable  à  la  nou-  • 
velle  mère  patrie.  Somme  toute,  la  conduite  des  nouveaux 
sujets,  surtout  dans  la  classe  instruite,  contrasta  favora- 
blement avec  celle  des  Anglais,  dont  plusieurs  prirent  part 
ouvertement  pour  les  rebelles,  tai^dis  que  le  plus  grand 
nombre  attendaient  la  fin,  comme  le  dit  M.  Garneau,  pour 
crier  Vive  le  roi  ou  Vive  la  ligue  !  La  manière  d'agir  du  général 
Carleton,  sa  popularité  personnelle,  l'acte  de  1774  dont  les 
dispositions  étaient  assez  rassurantes  en  regard  de  la  con- 
duite maladroite  du  congrès,  furent  pour  beaucoup  dans 
ce  résultat. 

Notre  historien  étudie  avec  soin  les  causes  de  tous  ces 
événements,  il  rend  compte  ù  ses  lecteurs  des  mouvements 
de  l'opinion  publique  en  Angleterre  et  en  Amérique,  et 
fait  marcher  de  pair  le  récit  des  progrès  de  la  révolution 
avec  celui  des  complots  qui  se  tramaient  contre  notre  auto- 
nomie. Il  donne  aussi  de  très  intéressants  extraits  d'une 
lettre  anonyme  qui  fut  adressée  aux  Canadiens  par  un  de 
leurs  compatriotes,  pour  les  prémunir  contre  les  écrits  et 
les  discours  insidieux  de  ceux  qui  cherchaient  à  les  sou- 
lever contre  la  constitution  de  1774,  dans  le  but  d'en 
obtenir  une  qui  nous  fût  moins  favorable.  Cette  lettre  est 
fort  remarquable  ;  on  y  trouve  ainsi  que  dans  les  requêtes 
expédiées  à  Londres  de  la  part  des  catholiques,  et  dans  un 
mémoire  que  M.  Garneau  avait  déjà  reproduit,  des  vues 
très  élevées  et  un  coup  d'œil  presque  prophétique  sur  nos 
destinées.  Ces  documents  font  voir  que  la  colonie  possédait 
alors  des  hommes  distingués,  sachant  exprimer  leurs  idées 
dans  un  langage  Ti  la  fois  sobre  et  énergique,  et  capables  de 
revendiquer  leurs  droits.  M.  de  Lotbinière  était  au  nombre 
de  ces  hommes  et  sa  présence  à  Londres,  où  il  fut  inter- 
rogé à  la  barre  de  la  chambre  des  communes,  avait  produit 
un  excellent  eflet. 

La  guerre  de  1775,  sans  avoir  rien  de  comparable  à  celle 
qui  termina  la  domination  française,  ne  manque  pas  d'in- 
térêt. On  n'y  retrouve  ni  les  grandes  armées,  ni  les  géné- 
raux habiles,  ni  les  chocs  retentissants  de  cette  dernière  ; 


CXXXn  FRAN(;0I8-XAVrEB   OARNEAU, 

mais  elle  est  pleine  de  surprises,  d'aventure»  et  de  coups 

(le  main  hiinlis. 

M.  (Jiirnoiiu  raconte  et  cette  marche  presque  triomphftlo 
dos  Américains  jusqu'à  Montr^*al  et  aux  Trois- Ri vièreu, 
villes  dont  ils  s'emparèrent  facilement,  et  cette  fuite  pré- 
cipitée de  Carleton  «jui  arriva  dans  sa  capitale  sous  un 
(K'guisenient  et  devant  son  salut  à  des  navigateurs  cana- 
(lions,  ot  cntte  exp^'-dition  hardie  et  tr-m^rairo  d'Arnold 
(jui  amena  si  travers  forêts,  rivières  et  montagnes,  par  le 
Maine  et  la  Beauce,  un  petit  corps  de  miliciens  mal  armés 
et  mal  éciuipés,  opéra  sa  jonction  avec  les  troufies  qui 
descendaient  <le  Montréal,  et  vint  camper  avec  elles  sur 
les  Plaines  d'Abraham.  Ce  quatrième  siège  de  Québec 
semble  une  parodie  plutôt  qu'une  répétition  des  deux 
derniers  ;  mais  le  sort  de  la  colonie  fut  cette  fois  encore, 
au  moins  en  apparence,  le  jouet  du  hasard,  et  il  s'en  fallut 
aussi  peu  que  le  Canada  ne  devînt  républicain  (ju'il  s'en 
était  fallu  qu'il  ne  restîVt  français. 

L'armée  assiégeante  se  composait  î\  ixiine  de  mille  quatre 
cents  hommes;  le  siège  ua  pouvait  donc  être  une  opéra- 
tion militaire  sérieuse.  On  tenta  un  coup  de  main,  et  dans 
la  nuit  du  30  au  31  décembre,  tandis  que  deux  attaques 
simulées  se  faisaient  sur  les  remparts  de  Québec  et  sur  la 
citadelle  du  côté  des  plaines,  deux  colonnes  qui  s'étaient 
donné  rendez-vous  sur  le  marché  de  la  basse  ville,  s'avan- 
çaient l'une  par  le  faubourg  i?aint-Roch,  près  de  la  rivière 
Saint-Charles,  l'autre  par  la  rive  du  Saint- Laurent,  non 
loin  de  l'endroit  où  Wolfe  avait  opéré  son  débarquement. 
La  première  était  commandée  par  Arnold,  l'autre  par  le 
général  en  chef  Montgomery. 

Quel  tableau  que  celui  de  cette  froide  nuit,  l'avant- 
dernière  de  l'année,  où  de  tous  les  côtés  l'alarme  est  dans 
la  ville,  où  le  tocsin  sonne,  où  l'on  bat  la  générale,  tandis 
qu'une  vive  fusillade  règne  sur  presque  toute  la  ligne 
des  fortifications,  du  côté  de  la  campagne,  et  sur  les  rem- 
parts au-dessus  de  cette  partie  de  la  basse  ville  que  l'on 
nomme  Saxd-au- Matelot.  En  ce  dernier  endroit,  on  se  dis- 
pute le  terrain  pied  à  pied,  prenant  et  reprenant  les  bar- 
ricades et  les  maisons,  les  Américains  et  les  royalistes 


SA   VIE   ET  SES  ŒUVRES.  CXXXlll 

étant  quelquefois  mêlés  et  se  confondant  dans  les  ténèbres  ! 
Dambourgès,  le  colonel  Nalrne,  le  capitaine  Dumas  et  plu- 
sieurs autres  se  distinguèrent  dans  cette  lutte  corps  à 
corps  ;  les  élèves  du  séminaire  de  Québec  y  eurent  aussi 
leur  part  de  gloire.  Mais  l'acte  le  plus  étrange  de  ce  drame 
multiple  est  sans  doute  celui  dans  lequel  Montgomery 
périt  à  la  tête  des  troupes  qui  donnaient  l'assaut  à  l'autre 
extrémité  de  la  ville  basse,  à  l'endroit  appelé  Prh-de-ville, 
surtout  s'il  est  vrai,  comme  le  dit  le  manuscrit  de  San- 
guinet,  que  tandis  que  la  panique  s'emparait  de  la  colonne 
américaine,  la  garde  elle-même  s'enfuyait  de  son  côté, 
après  avoir  fait  cette  meurtrière  décharge  de  mitraille  qui, 
plus  qu'autre  chose,  décida  du  sort  de  la  guerre.  Mont- 
gomery tué,  Arnold  blessé,  un  grand  nombre  d'officiers  et 
de  soldats  faits  prisonniers,  tel  fut  le  résultat  des  deux 
combats.  L'armée  américaine  diminuée  et  affaiblie  se 
maintint  cependant  jusqu'au  printemps  sur  les  Plaines 
d'Abraham.  Carleton,  se  rappelant  ce  qui  était  arrivé  à 
Montcalm  et  au  général  Murray,  la  laissait  s'épuiser  par 
la  maladie  et  attendait  des  renforts  d'Europe  pour  l'atta- 
quer. 

Précisément  comme  dans  le  cas  du  chevalier  de  Lévis, 
ce  fut  l'arrivée  d'une  flotte  anglaise  qui  détermina  le  géné- 
ral Thomas  à  lever  le  siège.  Carleton  le  poursuivit  dans 
sa  retraite.  Bientôt  Montréal  fut  évacué,  non  sans  qu'il 
se  fût  livré  un  combat  assez  important  prè^*  «b^^j  Trois- 
Rivières. 

Ici  M.  Garneau  reproduit  les  arguments  dont  se  servent 
ceux  qui,  d'une  part,  prétendent  que  nos  pères  ont  commis 
une  erreur  en  refusant  les  propositions  des  Américains,  et 
ceux  qui,  de  l'autre,  les  louent  d'être  restés  fidèles  à  l'An- 
gleterre. Sous  l'impression  que  causait  encore,  à  l'époque 
où  il  écrivait  (1847-48),  la  passation  de  l'acte  d'union,  im- 
pression aggravée  par  la  conduite  de  lord  Metcalfe,  et 
aussi  sous  l'influence  des  craintes  qu'il  avait  toujours  au 
sujet  de  notre  nationalité,  il  se  borne  à  la  conclusion  me- 
naçante que  l'on  va  lire. 

"  Nous  nous  abstiendrons,  dit-il,  d'apprécier  ici  la  valeur 
de  ces  plaintes,  échos  sourds  mais  significatifs  des  senti- 

j 


CXXXiv  FRANÇOIS-XAVIER   OARNEAU, 

ments  d'un  peuple  que  sa  nationalité  a  fait  et  pourrait 
encore  faire  proscrire.  Nous  laissons  cette  tAche  à  la  pos- 
térité';, qui  pourra  trouver  dans  la  suite  des  faits  qui  se 
développeront  graduellement,  de  quoi  former  son  opinion 
sur  un  événement  dont  les  conséquences  seront  peut-ftre 
plus  fftcheuses  pour  la  domination  hiitininic^iif  (\uc  i.our  la 
conservation  des  Canadiens  !  " 

Le  congrès  avait  mis  un  certain  acliaruement  a  vouloir 
s'emparer  du  Canada.  Il  avait  envoyé  ù  Montréal  des  com- 
missaires :  Franklin,  Chase,  CarroU,  et  le  frère  de  ce  dernier, 
le  célèbre  jésuite,  qui  devint  depuis  archevêque  de  Bal- 
timore.f  C'étaient  bien  les  hommes  les  plus  éminents  qu'il 
pût  choisir,  et  ce  fait  montre  quel  prix  les  Ëtat«  révoltés 
mettaient  h  notre  conquête.  Les  lettres,  les  proclama- 
tions ne  furent  pas  épargnées,  mais  sans  résultat.  Si  les 
défections  eussent  été  plus  importantes  et  plus  géné- 
rales, c'en  était  fait  de  la  puissance  britannique  sur  ce 
continent.  M.  Garneau  a  donc  raison  de  dire  que  pendant 
une  année  au  moins  nos  pères  furent  les  arbitres  de  nos 
destinées. 

Ce  fut  ensuite  aux  Anglais  à  prendre  l'offensive,  mais  ils 
n'y  furent  pas  heureux  non  plus  que  dans  la  guerre  qu'ils 
faisaient  dans  le  Sud.  L'inepte  et  présomptueux  Burgoyne 
vint  échouer  à  Saratoga,  et  ce  désastre  hâta  de  beaucoup 
le  triomphe  de  la  cause  américaine.  Sur  huit  mille  hommes 
dont  se  composait  son  armée  au  début  de  la  campagne,  il 
n'avait  que  cent  quarante-huit  Canadiens,  qui  furent  pres- 
que tous  tués;  cependant  il  lui  plut  de  rejeter  sur  nos 
compatriotes  la  responsabilité  de  son  insuccès.  X 

En  1778,  Carleton  fut  remplacé  par  Haldimand,  un  des 

*  Cette  phrase  ne  se  retrouve  pas  dans  la  3'  édition  de  VHigtoire 
du  Canada. 

t  Ces  personnages  habitèrent,  paraît-il,  quelque  temps  l'ancien 
hôtel  du  gouvernement.  Voyez  l'histoire  de  cet  édifice  par  SL  Ver- 
reau.  1"  volume  du  Journal  de  V Instruction  puhliqw. 

X  Le  Canadien,  né  malin,  quoiqu'il  n'ait  pas  créé  le  vaudeville, 
chansonnait  souvent  les  généraux  qui  lui  déplaisaient.  Du  nom  de 
Burgoyne,  il  fit  un  verbe.  Se  faire  bourgogner  voulut  dire  :  se  faire 
rosser  d'importance. 


SA  VIE   ET  SES  ŒUVRES.  CXXXV 

compagnons  de  Burgoyne.  Les  Américains  avaient  déclaré 
leur  indépendance,  la  France  était  venue  à  leur  secours, 
et  le  comte  d'Estaing,  chargé  du  commandement  de  la 
flotte  française  qui  croisait  sur  les  côtes  d'Amérique,  avait, 
au  nom  du  roi  Louis  XVI,  lancé  une  proclamation  dans 
laquelle  il  faisait  un  chaleureux  appel  au  sentiment  natio- 
nal de  nos  pères.  Pour  les  causes  qui  ont  été  exposées  plus 
haut,  il  n'eut  pas  plus  de  succès  que  n'en  avaient  eu 
Franklin  et  Carroll  en  1776. 

Le  gouvernement  du  général  Haldimand  a  laissé  un 
mauvais  souvenir  dans  notre  pays.  Venant  après  Murray 
et  Carleton,  entre  la  première  et  la  seconde  administration 
d'un  gouverneur  populaire,  ce  Suisse  hautain  et  sévère  fait 
une  assez  soml)re  figure.  Cependant,  nos  écrivains  ne  lui 
ont  peut-être  pas  tenu  assez  de  compte  des  difficultés  de 
la  situation.  L'étude  de  sa  correspondance,  que  M.  l'abbé 
Verreau  a  fait  copier  à  Londres,  prouve  que  l'on  conspi- 
rait alors  beaucoup  plus  qu'on  ne  l'avait  cru  jusqu'ici. 
Homme  de  langue  française,  le  successeur  de  Carleton  se 
croyait  peut-être  tenu  à  plus  de  rigueur  et,  sans  haïr  les 
Canadiens,  sans  parti  pris  d'injustice,  il  a  dû  faire  du  zèle 
à  leurs  dépens. 

De  retour  en  Angleterre,  il  eut  à  rendre  compte  de  sa 
conduite.  Il  fut  accusé  par  M.  Du  Calvet,  qu'il  avait  long- 
temps tenu  emprisonné  ;  mais  les  ministres  ne  se  pronon- 
cèrent point  contre  leur  ancien  délégué.  Son  adversaire 
publia  un  volumineux  pamphlet,  intitulé  Appel  à  laju.itir,- 
de  VÉtat,  dans  lequel,  au  milieu  de  violentes  diatribes,  se 
trouve  un  passage  qui  ne  manque  ni  d'une  certaine  éléva- 
tion, ni  d'un  véritable  sentiment  patriotique. 

"  Qu'il  est  triste  d'être  vaincu  !  S'il  n'en  coûtait  encore 
que  le  sang  qui  couvre  les  champs  de  bataille,  la  plaie 
serait  bien  profonde,  bien  douloureuse,  elle  saignerait  bien 
des  années,  mais  le  temps  la  fermerait.  Mais  être  con- 
damné à  sentir  continuellement  la  main  d'un  vainqueur 
qui  s'appesantit  longtemps  sur  nous ,  mais  être  esclave 
à  perpétuité  du  souverain  constitutionnel  du  peuple  le 
plus  libre  de  la  terre,  c'en  est  trop!  Serait-ce  que  notre 
lâcheté  à  disputer  la  victoire,  en  nous  dégradant  dans  l'es- 


CXXXVl  FRANÇOIS-XAVIER  OARXEAU, 

prit  de  nos  conquérant»,  aurait  mérité  leur  colère  et  leur 
mépris?  Mais  ce  furent  les  divisions  de  nos  généraux  qui 
les  firent  battre;  mais  nous,  nous  prîmes  leur  revanche,  et 
nous  lavâmes  l'année  d'aprf-s,  28  avril  1870,  la  honte  de 
leur  défaite  sur  le  môme  champ  de  bataille  !  " 

Carleton,  élevé  jl  la  pairie  sous  le  titre  de  lord  Dorchester, 
succéda  A  Haldimand  après  les  gouvernements  intéri- 
maires de  M.  Hamilton  et  du  général  H<)j)e.  L'Amérique 
et  la  France  avaient  triomphé  de  l'Angleterre  ;  la  nou- 
velle république  était  reconnue  par  le  traité  signé  à  Paris 
le  3  septembre  1783.  C'était  pour  la  France  une  revanche, 
mais  au  fond  une  revanche  toute  sentimentale  et  qui 
allait  lui  coûter  bien  cher,  puisque  l'esprit  révolutionnaire, 
excité  par  ces  événements,  devait  bientôt  l'inonder  de  sang 
et  la  couvrir  de  ruines. 

Le  Canada  restait  à  la  couronne  britannique,  mais  il 
s'en  fallait  de  beaucoup  que  ce  fût  la  même  étendue  de 
pays  que  la  France  lui  avait  cédée.  Les  États-Unis  récla- 
mèrent les  immenses  territoires  qu'une  étroite  partialité, 
une  injuste  défiance  avaient  fait  enlever  aux  nouvelles  pos- 
sessions anglaises  pour  les  donner  aux  anciennes  ;  la  ligne 
quarante-cinq  et  la  rive  sud  des  grands  lacs  devinrent 
notre  frontière  ;  Québec  et  Montréal  surtout  n'en  étaient 
plus  qu'à  une  petite  distance. 

Lord  Dorchester  trouva  la  situation  politique  plus  diffi- 
cile que  jamais.  Le  conseil  législatif  avait  fait  preuve  de 
peu  d'entente  et  d'habileté,  et  il  continua  à  être  divisé  en 
deux  camps,  l'un  libéral  en  apparence,  mais  anti-français, 
l'autre  conservateur  et  favorable  aux  anciens  habitants  du 
pays.  M.  de  Saint-Ours  et  les  autres  membres  canadiens, 
qui  ne  formaient  pas  le  tiers  de  cet  aréopage,  faisaient  le 
plus  souvent  partie  de  la  majorité.  L'administration  de  la 
justice,  malgré  l'acte  de  1774,  offrait  toujours  de  très 
grandes  difficultés;  le  juge  en  chef  Smith  soutenait  la 
jurisprudence  anglaise;  le  juge  Mabane,  la  jurisprudence 
française.  Une  défiance  réciproque  régnait  entre  toutes  les 
classes  de  la  population.  Les  libéraux  anglais  cherchaient 
à  soulever  la  bourgeoisie  et  les  cultivateurs  contre  les 
prêtres  et  les  nobles  ;  ces  derniers  se  trouvaient  placés 


^  SA   VIE   ET  SES   ŒUVRES.  CXXXVll 

entre  deux  périls,  d'un  côté,  l'arbitraire  d'un  gouverne- 
ment étranger,  qui  ne  leur  concédait  qu'un  simulacre  de 
pouvoir  et  qui  au  premier  moment  pouvait  le  leur  retirer  ; 
de  l'autre,  les  dangers  d'une  charte  constitutionnelle  qui 
pouvait  être  confiée  entièrement  à  des  mains  protestantes, 
et  qui  dans  tous  les  cas  pouvait  amoindrir  leur  influence, 
détruire  leurs  privilèges.  Ce  qui  se  passait  en  Europe, 
ce  qui  venait  de  se  passer  en  Amérique  n'était  point  de 
nature  à  les  rassurer  ;  l'orage  révolutionnaire  avait  fait 
table  rase  sur  une  grande  partie  de  ce  continent,  et  com- 
mençait à  gronder  dans  le  vieux  monde. 

Le  peuple  lui-même  était  bien  embarrassé.  Il  n'aimait 
ni  les  Anglais,  ni  les  Américains  ;  il  n'avait  pas  conservé 
non  plus  un  trop  bon  souvenir  des  dernières  années  du 
régime  français.  Les  exactions,  les  corvées,  la  guerre,  la 
famine,  la  dépréciation  des  assignats,  qui,  il  est  vrai,  furent 
remboursés  par  la  France,  mais,  comme  cela  arrive  ordi- 
nairement, au  profit  des  spéculateurs  ;  toutes  les  misères 
enfin  l'avaient  accablé.  Il  est  même  étonnant  que  ce  fonds 
de  gaieté  qu'il  conserve  encore  aujourd'hui  ait  pu  survivre 
à  de  si  dures  épreuves.  Il  est  vrai  que  cette  heureuse  dis- 
position d'esprit  fait  j)artie  de  l'inépuisable  philosophie 
propre  îl  une  race  de  paysans  craignant  Dieu,  inébran- 
lable dans  ses  affections,  et  passivement  résistante  à  l'op- 
pression, sûre  qu'elle  est  qu'étant  maîtresse  du  sol,  elle 
verra  la  tyrannie  passer  sur  elle  comme  les  orages  qui 
détruisent  les  moissons,  mais  laissent  A  la  terre  toute 
sa  vigueur,  toute  sa  fertilité. 

Donc  à  ces  paysans  l'on  disait,  d'une  part:  "Secouez  le 
joug  des  nobles  et  des  prêtres,  demandez  les  lois  anglaises, 
la  liberté  constitutionnelle  comme  en  Angleterre  ;  vous 
n'aurez  plus  ni  corvées  à  remplir,  ni  dîmes,  ni  droits  sei- 
gneuriaux d'aucune  espèce  à  payer."  Et  d'un  autre  côté  : 
"  Conservez  vos  vieilles  lois,  elles  sont  la  garantie  de  vos 
propriétés  ;  ne  laissez  pas  enlever  à  votre  clergé  ses  moyens 
de  subsistance,  il  est  lui-même  le  boulevard  de  votre 
nationalité  ;  défiez- vous  de  ceux  qui  vous  offrent  la  liberté, 
ils  la  prendront  pour  eux-mêmes  et  ne  vous  laisseront  à 
vous  que  l'esclavage." 


CXXXVlll  FRANÇOIS-XAVIER  OARKEAU, 

L'embarras  des  Anglais  n'était  peut-être  pas  moindre. 
Ils  voyaient  le  clergé  catholique  et  la  noblesse  franyaise 
en  assez  grande  faveur  auprès  d'un  gouvernement  arbi- 
traire, les  lois  fran(;nise8  protégées;  ils  rf-vaiont  tout  autre 
chose  ;  mais  comment  oser  demander  un  parlement  dont 
les  électeurs,  et  par  conséquent  les  élus,  seraient  en  très 
grande  majorité  catholiques,  et  comment  espérer  que  l'on 
interdirait  aux  catholiciues  l'entrée  de  la  chambre  élective, 
lorsqu'on  ne  leur  avait  pas  interdit  celle  du  conseil  légis- 
latif ? 

De  tout  cela,  il  résultait  que  personne  ne  disait  franche- 
ment ce  qu'il  voulait  avoir, 

La  requête  des  Canadiens,  portée  en  Angleterre  en  1783 
par  MM.  Adhémar,  Powell  et  Delisle,  demandait  en  termes 
généraux  les  droits  et  les  privilèges  de  sujets  britannicjues. 
Elle  était  signée  par  des  Anglais  et  par  des  Français.  Le 
conseil  législatif  s'en  émut  ;  sa  majorité  protesta.  M.  Finlay 
exprima  la  crainte  que  la  teneur  de  cette  pétition  n'auto- 
risât la  formation  d'une  chambre  toute  composée  de  catho- 
liques. Pour  des  raisons  toutes  contraires,  M.  de  Saint-Luc 
proposa  une  adresse  au  roi  demandant  le  maintien  de  la 
constitution  de  1774. 

Une  pétition  couverte  de  signatures  plus  nombreuses 
demandait,  l'année  suivante,  une  chambre  élective,  un 
conseil  législatif  et  l'introduction  des  lois  anglaises  dans 
les  contrées  situées  en  dehors  des  districts  de  Québec  et 
de  Montréal.  Une  autre  requête,  couverte  de  plus  de  quatre 
mille  signatures,  s'opposa  à  la  première.  La  politique 
moderne  s'introduisait  pour  la  première  fois  dans  le  pays, 
et  les  Canadiens  se  divisaient  en  constitiUionneU  et  en  arUi- 
constitxitionnelè. 

L'Angleterre  ne  savait  trop  elle-même  comment  résoudre 
tous  ces  problèmes  ;  elle  eut  recours,  cette  fois  encore,  à  la 
panacée  à  Tusage  des  gouvernements  à  bout  d'expédients. 
On  ordonna  des  enquêtes,  comme  on  l'avait  fait  avant  la 
constitution  de  1774;  et  aussi,  de  même  qu'en  1774  les 
commencements  de  la  révolution  américaine  avaient  dé- 
cidé le  gouvernement  anglais  à  s'occuper  de  nous,  de 
même  la  révolution  qui  éclatait  en  France  en  1789  ne  fut 
pas  étrangère  à  l'adoption  de  la  constitution  de  1791. 


SA    VIE    ET   SES  ŒUVRES.  CXXXlX 

L'émigration  des  royalistes  des  États-Unis  vint  fournir 
au  gouvernement  anglais  un  excellent  moyen  de  tout  con- 
cilier. On  avait  d'abord  songé  à  les  établir  sur  la  frontière 
au  sud  du  Saint- Laurent  ;  Haldimand  eut  l'idée  de  les 
porter  dans  la  région  qui  s'étend  au  nord  des  grands  lacs. 
C'est  avec  raison  que  M.  Garneau  donne,  pour  cette  ma- 
nœuvre habile,  un  bon  point  à  ce  gouverneur,  qu'il  est 
loin  d'aimer.  Ce  fut,  en  effet,  ce  qui  permit  à  Pitt  de  créer 
deux  Canadas,  l'un  français,  l'autre  anglais,  de  récom- 
penser les  Canadiens  de  leur  fidélité  et  d'ouvrir  aux  émi- 
grés de  la  Grande-Bretagne  un  pays  où  ils  pourraient  jouir 
du  gouvernement  représentatif  sans  être  soumis  à  une 
majorité  française  et  catholique.  * 

Le  projet  de  la  nouvelle  constitutum  nu.  communiqué 
à  lord  Dorchester,  qui  l'approuva  avec  certaines  restric- 
tions, et  le  ministère  put  en  proposer  l'adoption  à  l'ouver- 
ture des  chambres  en  179L  La  province  de  Québec  était, 
par  le  nouveau  bill,  divisée  en  deux  provinces,  celles  du 


*  Haldimand,  dans  sa  dépêche,  disait  ijue  lorsque  les  postes  de 
rouent  auraient  été  évacués,  la  province  aurait  si  peu  d'importance  au 
point  de  rj(f  commircial,  que  ce  serait  une  question  do  savoir  si  l'on 
devrait  combattre  i)our  la  conserver,  et  qu'en  attendaut  il  n'était 
IK)int  prudent  de  placer  sur  la  frontière  une  classe  d'hommes  dont 
les  ressentiments  pourraient  fournir  un  prétexte  à  des  voisins  mal 
di8f>osés  {bad  ticighbors)  de  nous  chercher  querelle  et  de  faire  naître 
un  casug  belli. 

Et  il  ajoutait:  "  Il  y  a  une  autre  considération.  La  population 
canadienne  augmentera  beaucoup;  dans  peu  d'années  il  lui  fau- 
dra plus  d'espace,  et  il  me  (tarait  d'une  bonne  jK^litique  d'établir  sur 
la  frontière  une  i>opulation  qui  n'aît  i^is  la  même  langue,  la  même 
religion,  et  qui  ne  soit  pas  habituée  aux  mêmes  lois  et  au  même 
système  de  gouvernement  que  nos  voisins,  si  remuants  et  si  entre- 
prenants." Une  partie  seulement  des  sag(vi  conseils  de  Haldimand 
fut  suivie.  On  plaça  bien  les  royalistes  américains  dans  le  Haut- 
Canada,  on  retarda  bien  l'établissement  des  cantons  de  l'Est  ;  mais 
plus  taril  on  fit  de  grands  eflbrts  pour  y  implanter  ime  population 
anglaise  et  protestante.  Aujourd'hui  l'accroissement  présni  de  notre 
race  lui  fait  envahir  non  seulement  les  cantons  réservés  à  la  race 
anglo-saxonne,  mais  encore  une  partie  des  États  voisins  et  de  1a 
province  voisine. 


cxl  FRANÇOIS-XAVIEK  GABNBAU, 

Haut-Canada  et  du  Bas-Canada,  les  limites  en  étaient 
lix^cH  do  manière  à,  comprendre  dans  <:ett«*  dernière  pres- 
que tout  le  territoire  qui  avait  ùiù  colonisé  i»ar  la  France; 
chaque  province  devait  avoir  un  parlement  comi^sé  d'un 
gouverneur,  d'un  conseil  législatif  nommé  par  la  cou- 
ronne, et  d'une  assemblée  élective,  sans  aucune  restriction 
quant  à  la  religion  ou  à  la  nationalité  ;  en  même  temps 
l'acte  d'haheas  rorpas,  ce  palladium  do  la  liberté  indivi- 
duelle en  Angleterre,  était  étendu  ù  la  colonie,  les  dîmes 
du  clergé  catholique  et  les  droits  des  seigneurs  étaient 
maintenus  et  une  dotation  en  terres  publiques  était  créée 
pour  le  clergé  anglican  dans  chaque  province. 

La  situation  était  bien  changée  depuis  1774  ;  la  guerre 
américaine  avait  porté  ses  fruits,  et  Mazères  lui-même,  si 
fanati(iue  qu'il  fût,  avait  écrit  à  ses  amis  ù  Québec  qu'il 
était  inutile  pour  eux  de  songer  à  exclure  les  catholiques 
du  parlement.  Cependant,  lorsqu'il  fut  évident  que  la  po- 
pulation anglaise  du  Bas-Canada  resterait  isolée,  et  n'au- 
rait pas  pour  lui  aider  dans  la  lutte  la  masse  de  l'émi- 
gration européenne  qui  allait  se  diriger  vers  l'Ouest,  l'on 
regretta  d'avoir  demandé  une  nouvelle  constitution,  et  des 
démarches  actives  furent  faites  pour  s'opposer,  un  peu 
tard,  il  est  vrai,  aux  projets  du  ministère. 

La  discussion  qui  eut  lieu  dans  la  chambre  des  com- 
munes est  encore  plus  mémorable  que  celle  de  l'acte  de 
1774  ;  elle  donna  lieu  à  la  fameuse  rupture  entre  Burke  et 
Fox.  Ce  ne  fut  pas  précisément  le  Canada  qui  en  fut  la 
cause,  mais  on  ne  pouvait  parler  de  ce  pays  et  de  la  révo- 
lution américaine  sans  que  la  révolution  française  ne  vînt 
aussi  sur  le  tapis,  et  Burke  dont  les  idées  étaient  bien 
différentes  de  celles  de  son  ami,  eut  avec  lui  une  vive 
altercation,  le  premier  de  ces  orateurs  parlant  avec  la  plus 
grande  véhémence  contre  les  révolutionnaires,  et  Fox  les 
défendant  avec  vigueur. 

M.  Garneau  fait  l'analyse  de  ces  débats,  dans  laquelle 
se  trouve  cette  phrase  remarquable  de  lord  Grenville  : 

"  On  a  appelé  préjugé  l'attachement  des  Canadiens  à 
leurs  coutumes,  à  leurs  lois  et  à  leurs  usages,  qu'ils  pré- 
fèrent à  ceux  de  l'Angleterre.  Je  crois  qu'un  pareil  atta- 


SA    VIE   ET  SES  ŒUVRES.  CXli 

chement  mérite  un  autre  nom  que  celui  de  préjugé  ;  sui- 
vant moi,  cet  attachement  est  fondé  sur  la  raison  et  sur 
quelque  chose  de  mieux  que  la  raison  ;  il  est  fondé  sur  les 
sentiments  les  plus  nobles  du  cœur  humain." 

Notre  historien  rend  parfaitement  justice  à  la  bonne 
volonté  de  George  III,  qui  se  montra,  dans  cette  circons- 
tance comme  dans  toutes  les  autres,  animé  des  meilleures 
intentions  à  notre  égard  ;  il  attril)ue  à  la  reconnaissance 
de  nos  compatriotes  l'accueil  qu'ils  firent  au  prince  William 
Henry  qui  vint  à  Québec  en  1787,  et  au  prince  Edouard, 
père  de  notre  gracieuse  souveraine,  qui  passa  un  assez  long 
espace  de  temps  dans  la  colonie,  où  il  vint  avec  son  régi- 
ment en  1791;  il  rapporte  aussi  les  démonstrations  de  joie 
par  lesquelles  la  nouvelle  constitution  fut  reçue  à  Québec  et 
A  Montréal,*  puis  il  fait  un  retour  sur  le  passé  et  félicite 
notre  race  d'avoir  résisté  aux  dangers  qui  l'environnaient 
dans  cette  période  de  transition.  Anticipant  ensuite  sur 
les  événements  qui  vont  se  dérouler,  il  fait  le  portrait  des 
deux  premiers  chefs  que  les  Canadiens- Français  vont  avoir 
dans  la  lutte  constitutionnelle  et  parlementaire  :  Joseph 
Papineau  et  Pierre  Bedard,  deux  caractères  jetés  dans  un 
moule  antique  et  contrastant  admirablement  l'urf  avec 
l'autre.    L'un  de  ces  hommes  était  doué  d'un  physique 

*  A  Qut^bec  il  y  eut  iltnix  baiiquets,  l'un  à  YhôUl  Frinik»  à  la  haute 
ville,  l'autre  au  café  des  Marchands  à  la  basse  ville.  Dans  l'un  et  dans 
l'autre  se  trouvèrent  des  anciens  et  des  nouveaux  sujets,  comme  on 
.lisait  alors.  A  l'hôtel  Franks,  M.  Godfrey  Kiny  présidait,  et  M. 
Jacques  Dénéchaud  était  vice-i)ré8ident  ;  au  café  des  Marchands,  M. 
CJeorge  Allsopp  présidait,  et  M.  Louis  Germain  était  vice-président. 
Les  toasts  jx>rtés  à  ce  dernier  banquet  laissent  voir  une  couleur  ix)li- 
tique  bien  tranchée.  En  voici  quelques-uns  :  "  La  révolution  de 
France  et  la  vraie  liberté  dans  tout  l'univers;  l'abolition  du  système 
fédéral  ;  que  la  liberté  s'étende  jusqu'à  la  baie  d'Hudson  ;  puisse 
l'événement  du  jour  porter  un  coup  mortel  à  tous  les  préjugés  con- 
traires à  la  liberté  civile  et  religieuse  et  au  commerce!  "  M.  George 
Allsopp  avait  été  le  chef  de  l'opposition  libérale  dans  le  conseil  légis- 
latif. Voir  pour  de  plus  grands  détails:  Note  sur  la  résidence  en  Canada 
de  S.  A.  li.  It  prince  Edotuird  et  de  S.  A.  R.  le  prince  William  Henry,  à 
la  suite  de  ma  Helation  du  voyage  de  S.  A.  K.  le  prince  de  Galles  en 
Amérique.  Montréal,  1860.  Senécal. 


CXlii  FRANÇOIS-XAVIER   OARNEAO, 

ini posant,  d'une  voix  puissante,  d'une  éloquence  à  la  foifl 

niîYle  ot  sympathi<iue,  l'autre,  moins  bien  partage*  par  la 
nature,  devait  à  son  g6nie  et  j\  «on  instruction  une  forte 
dialecti(jue,  à  son  caractère  une  noble  opiniAtreté.  Cea 
deux  géants  i)oliti<iues  se  dressent  adniirabien»'  :  uil 

lie  la  nouvelle  époque  et  leurs  ligures  ne  déj  lU- 

cunement  la  galerie  de  héros  que  l'auteur  nous  a  fait 
voir  dans  les  trois  volumes  de  cette  première  édition  de 
son  histoire. 

Un  écrivain  plus  prévenu  do  son  mérite  aurait  été  dis- 
posé à  s'écrier:  Krc(/i  monvmnUum  œrr,  jtfrrnniim,  et  s'en 
serait  tenu  là.  Bien  au  contraire,  «juoique  M.  Garneau 
n'ignorftt  point  la  valeur  de  son  travail,  à  i>eine  eut-il 
terminé  ces  trois  volumes  qu'il  se  remit  à  l'a.-uvre  non 
seulement  pour  poursuivre  son  histoire  jusqu'à  l'année 
1840,  date  de  l'union  législative  des  deux  provinces,  mais 
encore  pour  revoir  tout  ce  qu'il  avait  écrit  et  en  préparer 
une  seconde  édition.  Deux  motifs  le  portaient  à  agir 
ainsi.  En  premier  lieu,  il  ne  se  dissimulait  ni  les  incor- 
rections de  style  qui  déparaient  son  ouvrage,  ni  les  obs- 
curités de  quelques  chapitres,  ni  enfin  le  contraste  de 
certaines  phrases  trop  chargées  d'images  et  de  utétaphores 
avec  le  style  sobre  et  grave  qu'il  avait  généralement  adop- 
té et  qui  convient  si  bien  à  l'histoire. 

En  second  lieu,  de  nouveaux  documents  historiques 
avaient  été  découverts  et  copiés,  et  il  voulait  en  profiter 
pour  combler  des  lacunes  et  corriger  quelques  erreurs. 

Il  indique  assez  bien  lui-même  ces  motifs  dans  une 
lettre  adressée,  le  9  mars  1854,  à  M.  Moreau,  écrivain 
distingué,  qui  avait  publié  une  revue  de  VHistoire  du 
Canada  dans  le  Correspondant  de  Paris.  Cette  étude  ayant 
été  faite  sur  la  première  édition,  M.  Garneau  exprime  le 
regret  que  l'auteur  n'eût  pas  encore  reçu  la  seconde,  "dont 
le  style,  dit-il,  est  plus  parfait  et  où  les  faits  sont  exposés 
avec  plus  d'exactitude."* 


*  Cette  lettre  et  plusieurs  autres  dont  il  est  question  plus  loin  se 
trouvent  dans  la  biographie  publiée  par  'SL  l'abbé  Casgrain.  M.  Mo- 
reau était  un  des  écrivains  catholiques  les  plus  distingués  de  notre 


SA    VIE   ET  SES  ŒUVRES.  CxUii 

La  seconde  édition  ne  se  compose,  comme  la  première, 
que  de  trois  volumes;  mais  elle  est  beaucoup  plus  com- 
pacte. Le  troisième  volume  contient  le  douzième  et  der- 
nier livre  de  la  première  édition  et  quatre  nouveaux 
livres.  * 

Ces  quatre  livres  donnent  l'histoire  de  la  domination 
anglaise  depuis  1791  à  1840;  c'est-à-dire  toute  la  période 
constitutionnelle  du  Bas-Canada;  l'histoire  du  Haut-Ca- 
nada et  des  autres  provinces  y  est  à  peine  effleurée  et  les 
événements  qui  s'y  rapportent  ne  sont  indiqués  qu'au- 
tant qu'ils  ont  eu  quelque  influence  sur  les  desti  '  '• 
la  population  française.  »Si  c'est  là  un  défaut,  il  i  ^  - 
sans  quelques  compensations.  L'histoire  du  Bas-Canada 
ainsi  dégagée  de  celle  des  autres  provinces  se  trouve  avoir 
plus  de  clarté,  plus  d'unité  et  aussi  plus  d'intérêt. 

Une  fois  la  domination  anglaise  établie  dans  ce  qui 
forme  aujourd'hui  la  confédération  canadienne,  une  fois 
la  Louisiane  séparée  de  la  Nouvelle-France  et  tout  le 
vaste  territoire  qui  s'étend  au  sud  des  grands  lacs  aban- 
donné à  la  république  américaine,  il  ne  restait  plus  d'au- 
tres populations  françaises  un  peu  considérables  pour  par- 
ger  notre  sort  que  les  débris  des  Acadiens  dans  les  pro- 
vinces maritimes,  et  un  petit  noyau  de  Canadiens-Français 
de  ce  côté-ci  du  Détroit,  à  l'extrémité  ouest  du  Haut- 
Canada.  La  séparation  politique  faisait  que  nous  n'avions 
presque  plus  de  rapports  avec  ces  petits  groupes;  un  seul 
lien  les  rattachait  encore  à  nous:  la  juridiction  ecclésias- 
tique de  l'évoque  de  Québec,  laquelle,  à  cette  époque, 
s'étendait  sur  une  très  grande  partie  de  l'Amérique. 

Il  est  donc  assez  naturel  que  pendant  cette  période  l'his- 

éjKjque.  Il  est  surtout  connu  p&r  de«  traductions  très  estimées  de 
plusieurs  ouvrages  de  saint  Augustin.  Il  a  beaucoup  écrit  dans  le 
Corrofpondant^et  cette  revue  a  publié  dernièrement  une  étude  sur  sa 
vie  et  sur  ses  œuvres.  Il  était  un  mo*lèle  de  désintéressement,  d'al> 
négation  et  d'humilité  chrétienne. 

*  Il  a  été  fait  un  tirage  séparé  de  ces  quatre  nouveaux  livres  pour 
compléter  l'ouvrage  en  faveur  des  souscripteurs  à  la  i>remière  édi- 
tion ;  ce  (jui  a  fait  croire  à  quelques  i»ersonncs  «pie  cette  première 
édition  se  composait  detiuatre  volumes. 


CXliv  FRANÇOIS-XAVIER  OARNEAU, 

toire  (lu  Canada  pour  M.  Garneau,  qui  s'est  occupé  surtout 
(lo  la  race  française,  ait  Hf',  sinon  uni(iueinent,  du  moins 
principalement  l'histoire  du  HaH-(.'anada. 

Dès  la  première  séance  du  parlement  à  Québec,  la  ques- 
tion de  la  langue  franc/aise,  et  par  conséquent  de  la  natio- 
nalit»',  fut  diHcutée.  L'assemblée  élective  aurait  |»u  û  la 
rigueur  se  composer  uniquement  de  Canadiens  parlant  la 
langue  française,  et  c'était  ce  que  les  Anglais  avaient  re- 
douté, puisqu'il  ne  se  trouvait  pas  un  seul  collige  électoral 
où  ils  ne  fussent  en  minorité.  Ce])endant,  sur  cinquante 
membres  il  en  fut  élu  seize  d'origine  britannique.  M.  Gar- 
neau s'étonne  à  bon  droit  de  ce  que  ces  députés  aient 
voulu  imposer  la  langue  anglaise  à  la  majorité  de  la 
chambre,  qui  en  s'y  opposant  se  trouvait  à  représenter  les 
idées  de  la  très  grande  majorité  de  leurs  proj)res  élec- 
teurs. Un  seul  député  canadien-français,  M.  P.-L.  Panet, 
se  rangea  du  côté  des  Anglais. 

Ce  fut  sur  l'élection  de  l'orateur*  que  se  fit  d'abord 
cette  discussion.  Les  Anglais  prétendirent  que  M.  J.-An- 
toine  Panet,  que  les  Canadiens  portaient  à  la  présidence, 
ne  parlait  pas  la  langue  anglaise,  mais  comme  on  répondit 
qu'il  en  avait  une  connaissance  suffisante,  ils  s'écrièrent  que 
par  reconnaissance  et  par  loyauté  on  était  tenu  d'élire  à 
cette  charge  un  homme  possédant  parfaitement  la  langue 
du  souverain.  Evidemment  on  en  faisait  une  question  de 
suprématie  d'une  classe  de  la  population  sur  l'autre.  M. 
Panet  fut  élu  par  28  voix  contre  18. 

Les  mêmes  débats  se  renouvelèrent  lorsque  M.  Grant 
proposa  que  le  procès-verbal  des  délibérations  fût  rédigé 
en  anglais  seulement.  Les  Canadiens  voulurent  mettre  les 
deux  idiomes  sur  le  même  pied.  Cette  fois  la  discussion 
dura  trois  jours,  et  le  résultat  fut  également  favorable  à  la 

*Le8  Canadiens  traduisirent  par  orateur  le  mot  anglais  iq)eaker, 
qui  n'est  pas  l'équivalent  du  mot  français  président  ;  le  speakrr  est 
ainsi  nommé  parce  qu'il  porte  la  parole  au  nom  de  la  chambre 
lorsque  celle-ci  se  présente  devant  le  .souverain  ou  son  représentant. 
On  lit  dans  le  dictionnaire  de  l'Académie,  septième  é^iition,  au  mot 
*orat€ur:  "En  Angleterre,  Yorateur,  le  président  de  la  chambre  des 
communes." 


SA   VIE  ET  SES  ŒUVRES.  CXlv 

langue  française.  MM.  Bedard,  J.-A.  Panet,  Papineau 
père,  de  Lotbinière  et  de  Rocheblave  se  signalèrent  dans 
ces  débats,  ;  l'un  d'eux  fit  une  heureuse  allusion  à  la  con- 
servation de  la  langue  française  dans  les  îles  de  Jersey  et 
de  Guernesey,  dont  les  habitants,  tout  en  étant  dévoués  à 
leur  nationalité,  sont  au  nombre  des  sujets  les  plus  fidèles 
de  l'empire  britannique. 

"Il  aurait  pu  ajouter,  dit  M.  Garneau,  que  pendant 
plus  de  trois  siècles  après  la  conquête  normande,  la  cour, 
l'Église,  les  tribunaux,  la  noblesse  parlèrent  le  français  en 
Angleterre,  que  c'était  la  langue  maternelle  de  Richard 
Cœur-de-Lion,  du  prince  Noir  et  même  de  Henri  V  ;  que 
tous  ces  personnages  illustres  avaient  été  de  bons  An- 
glais ;  qu'ils  avaient  élevé  avec  leurs  arbalétriers  bretons 
et  leurs  chevaliers  de  Guyenne  la  gloire  de  l'Angleterre  à 
un  point  où  les  rois  de  langue  saxonne  n'avaient  pu  la 
faire  parvenir;  enfin  que  la  grandeur  de  l'empire  était  due 
i\  ces  héros  et  aux  barons  normands  qui  avaient  signé  la 
grande  charte  et  dont  les  opinions  avaient  conservé  leur 
influence  dans  le  pays." 

Cette  question  de  la  langue  française,  qui  devait  surgir 
de  nouveau  en  1841,  ne  fut  pas  la  seule  que  l'on  eut  à 
discuter  dans  cette  première  session  du  premier  parlement 
canadien.  Le  conseil  législatif  essaya  d'empiéter  sur  les 
droits  de  la  chambre,  et  celle-ci  déclara  à  l'unanimité 
qu'elle  avait  les  mêmes  privilèges  que  la  chambre  des 
communes  en  Angleterre,  à  qui  appartient  l'initiative  dans 
tout  ce  qui  a  rapport  à  la  création  du  revenu  public  et  à 
la  manière  d'en  disposer.  Il  fut  aussi  décidé  que  la 
chambre  haute  ne  pouvait  pas  modifier  les  projets  de  loi 
qui  avaient  trait  aux  finances,  quoiqu'elle  pût  les  rejeter. 

Ce  fut  alors  que  les  premiers  impôts  furent  créés,  et  l'on 
sait  combien  ils  se  sont  multipliés  depuis.  Cependant, 
grâce  à  une  répugnance  qui  date  du  régime  français,  nous 
n'en  sommes 'pas  encore  rendus  à  la  taxe  directe  pour  les 
fins  du  gouvernement  civil,  ce  qui  s'appelait  dans  nos 
campagnes  la  taille.  L'horreur  que  ce  mot  inspirait  a 
même  été  pour  beaucoup  dans  les  difficultés  éprouvées  de 
nos  jours,  lorsqu'il  s'est  agi  d'établir  des  cotisations  pour 


cxlvi  FRANÇOIS- X A nER  OARNEAU, 

leB  taxes  8colaire8  ou  municipaleFi.  La  liste  des  articles 

(rinijmrtation  fmpp<'H  do  droits  n't-tait  pas  longue;  cVitait 
des  vins  et  des  spiritueux.  La  chambre  parait  avoir  eu 
surtout  pour  objet  de  8'aflirmer  et  de  se  mettre  en  mesure 
dï'tre  ]>lus  indépendante  <lu  gouv.  Mal,  qui 

payait  encore  alors  une  partie  du  i 

La  question  de  Tinstruction  publique,  celles  de  Tadmi- 
nistration  de  la  justice,  de  l'abolition  de  1'»  '  <•,  de  la 
tolcrance  t\  lYgard  des  qnnkerH  furent  au-  u'es.  Il 

n'y  eut  que  sur  ce  dernier  point  qu'un  résultat  tut  obtenu. 
C'est  un  trait  remarquable  (jue  cette  loi  de  tolérance  reli- 
gieuse adoptée  au  début  de  notre  régime  parlementaire. 
Somme  toute,' le  parlement,  qui  avait  siégé  du  17  décembre 
171)2  au  1)  mai  1793,  n'avait  adopté  que  huit  projets  de  loi, 
qui  tous  furent  sanctionnés  par  le  lieutenant-gouverneur 
sir  Allured  Clarke.  Lord  Dorchester  était  alors  en  Angle- 
terre, et  après  avoir  pris  une  si  grande  part  ù  l'établis- 
sement de  la  constitution,  il  n'eut  point  la  satisfaction  de 
l'inaugurer  lui-même. 

Il  revint  peu  de  temps  après  et  présida  à  l'ouverture  de 
la  seconde  session.  Les  nouvelles  instructions  qu'on  lui 
avait  données  contenaient,  entre  autres  choses,  de  sages 
règlements  pour  la  vente  des  terres  publitjues,  réglementa 
que  l'avide  oligarchie,  qui  accaparait  tout,  malgré  l'An- 
gleterre et  malgré  les  gouverneurs,  sut  bientôt  écarter 
ou  éluder.  Les  séminaires  de  QuéVjec  et  de  Montréal  et 
les  communautés  de  femmes  furent  rassurés  par  ces 
instructions;  on  leur  permettait  de  se  perpétuer  et  on 
paraissait  par  là  reconnaître  leur  droit  à  la  possession  de 
leurs  biens.  M.  Garneau  fait  à  ce  sujet  une  réflexion  très 
grave  : 

"  En  religion  comme  en  politique,  dit-il,  l'Angleterre 
attendait  toujours  l'impulsion  des  circonstances.  Tantôt 
elle  paraît  vouloir  laisser  les  Canadiens  jouir  de  tous  leurs 
droits  religieux  et  politiques  ;  tantôt  elle  cherche  à  assu- 
jettir les  catholiques  aux  protestants;  et  c'est  cette  der- 
nière pensée  qui  s'étend  à  tout  son  système  politique  et 
religieux  et  qui  explique  les  oscillations  causées  par  les 
obstacles  qu'éprouve  sans  cesse  la  tendance  vers  Fanglifi- 
cation  et  le  protestantisme." 


SA   VIE   ET  SES  ŒUVRES.  Cxlvii 

Ces  oscillations  sont  évidentes;  elles  sont  très  remar- 
quables dans  tout  ce  que  nous  avons  vu  jusqu'ici,  elle^  -^f 
continuent  dans  toute  la  suite  de  notre  histoire.  Mais 
cette  tendance  dominante  de  l'Angleterre,  que  des  varia- 
tions périodiques  viendraient  interrompre,  est-elle  bien 
réellement  attribuable  au  gouvernement  et  au  peuple  an- 
glais? N'est-elle  pas  plutôt  l'œuvre  de  l'oligarchie  colo- 
niale s'emparant  le  plus  souvent  des  gouverneurs,  luttant 
contre  ceux  qui  avaient  les  meilleures  dispositions,  et 
s'imposant  au  gouvernement  anglais  lui-même  au  moyen 
des  affîdés  qu'elle  comptait  dans  la  mère  patrie?  N'avon-- 
nous  pas  vu  déjà  que  les  hommes  d'Etat  les  plus  émint  nis 
se  rendaient  compte  de  l'intérêt  qu'il  y  avait  à  maintenir 
ici  une  nationalité  distincte  de  celle  des  habitants  de  la 
république  voisine,  et  le  sévère  »IIaldimand  lui-même 
n'avait-il  pas  abondé  dans  ce  sens? 

Quoi  qu'il  en  soit,  au  moment  du  retour  de  lord  Dor- 
chester  l'Europe  était  en  feu  et  plus  que  jamais  il  y  avait  à 
craindre  que  la  France  ne  fît  un  nouvel  appel  à  ses  an- 
ciennes colonies.  Mais,  d'un  autre  côté,  les  atrocités  com- 
mises par  les  révolutionnaires,  l'exécution  du  roi  et  bientôt 
après  celle  de  la  reine  créèrent  chez  les  classes  dirigeante^ 
un  sentiment  do  répulsion  et  d'horreur  qu'elles  firent  par^ 
tager  à  la  masse  du  peuple.  L'accueil  bienveillant  fait  aux 
membres  du  clergé  et  de  la  noblesse  de  France  réfugiés  en 
Angleterre,  le  retour  de  lord  Dorchester,  vraiment  aimé 
des  Canadiens,  et  les  bonnes  nouvelles  qu'il  apportait 
contribuèrent  aussi  à  maintenir  le  peuple  dans  sa  fidélité 
au  nouveau  gouvernement. 

La  Gazette  de  Québec,  le  seul  journal  du  temps,  nous  fait 
voir  quelle  large  part  la  révolution  française  avait  dans 
les  préoccupations  publiques.  Il  y  est  beaucoup  plus  ques- 
tion des  terribles  événements  qui  se  déroulent  en  Europe 
que  de  ce  qui  se  passe  au  parlement  de  Québec.  Même 
dans  ce  parlement,  les  discours  du  trône,  les  adresses  des 
chambres,  particulièrement  celles  du  conseil  législatif, 
faisaient  mention  de  la  révolution  française.  Bien  plus,  dans 
la  tribune  sacrée,  la  Convention,  Robespierre  et,  plus  tard, 
Bonaparte,  furent  dénoncés  et  attaqués  avec  toutes  les 


Cxlviii  FRANf;OI8-XAVIER  GARNEAU, 

alluBions  et  les  métaphores  bibliques  qui  pouvaient  1m 
rendre  odieux. 

A  cette  époque  parut  ix)ur  la  première  fois  sur  la  scène 
un  homme  qui  devait  jouer  un  grand  rôle  dans  l'histoire 
de  notre  pays.  Mgr  Hriand  étant  mort,  le  curé  de  Québec, 
qui  avait  été  son  secrétaire,  eut  à  prononcer  son  oraison 
funèbre.  Le  jeune  orateur,  parlant  des  efforts  que  le  défunt 
prélat  avait  faits  pour  empêcher  ses  ouailles  de  se  laisser 
séduire  par  les  agents  du  congrès,  s'exprima  sur  le  compte 
de  la  France  et  en  faveur  de  l'Angleterre,  dans  des  termes 
dont  il  ne  se  dissimulait  point  lui-même  la  hardiesse,  car 
il  ajouta  cette  réflexion  i\  l'adresse  d'une  partie  de  son 
auditoire:  "  Néanmoins,  lorsque  nous  vous  exposons  quel- 
quefois vos  obligations  sur  cet  article,  vous  murmurez 
contre  nous,  vous  vous  plaignez  avec  amertume,  vous  nous 
accusez  de  vues  intéressées  et  politiques  et  vous  croyez  que 
nous  passons  les  bornes  de  notre  ministère." 

Ce  jeune  curé  n'était  autre  que  M.  Joseph-Octave  Pies- 
sis,  qui  devait  compter  au  nombre  des  successeurs  les  plus 
distingués  de  Mgr  Briand.  Comme  évoque,  il  eut  à  jouer 
une  partie  très  difficile  contre  ce  même  gouvernement 
ck>nt  on  l'accusait  de  se  faire  le  courtisan.  Sa  correspon- 
dance, dont  des  extraits  ont  été  publiés  par  M.  Ferland, 
prouve  avec  quelle  fermeté  et  en  même  temps  avec  quelle 
habileté  il  a  défendu  les  droits  de  l'Église  du  Canada.  * 

Il  existait  réellement  un  certain  esprit  d'hostilité  contre 
l'Angleterre  chez  une  partie  de  la  population  ;  on  assure 
que  cet  esprit  était  fomenté  par  des  agents  du  gouvernement 
républicain  de  France  aux  États-Unis.  Ceux-ci  auraient 
noué  certaines  intrigues  dans  la  colonie;  mais  tout  cela  est 
resté  bien  obscur  et  avait  été  probablement  exagéré  par  les 
fonctionnaires  anglais,  désireux  d'élever  leur  crédit  sur  les 
ruines  de  la  réputation  de  fidélité  et  de  loyauté  que  lord 
Dorchester  avait  faite  aux  Canadiens. 

Tant  que  ce  gouverneur  fut  ici,  il  y  eut  une  confiance 

*  Vie  de  Mgr  Plessis  par  M.  Ferland,  dans  le  premier  volume  du 
Foyer  canadien.  Une  traduction  anglaise  de  ce  beau  travail  pjar  M. 
French  a  été  publiée  en  un  volume  in-8. 


SA    VIE   ET  SES  ŒUVRES.  Cxlix 

réciproque  entre  lui  et  l'on  peut  dire  la  très  grande  majo- 
rité de  la  population.  Comme  le  général  Murray,  il  avait 
su  apprécier  le  courage  et  la  fidélité  de  notre  peuple  ;  il 
l'avait  vu  à  l'épreuve  sous  la  domination  anglaise  et  sous 
la  domination  française  ;  il  savait  qu'il  était  sincère  dans 
sa  nouvelle  allégeance,  et  que  tout  ce  qii'il  demandait, 
c'était  d'être  traité  avec  douceur  et  que  l'on  respectât 
envers  lui  la  foi  jurée  comme  il  la  respectait  lui-même. 
De  son  côté,  le  peuple  .voyait  dans  son  ancien  gouverneur 
un  protecteur  et  un  ami.  Celui-ci  obtint  donc  facilement, 
en  vue  des  complots  réels  ou  supposés  des  agents  de  la 
France,  la  suspension  de  la  loi  de  Vhaheas  corpus  à  l'égard 
des  étrangers  suspects,  ce  qui  fut  étendu  plus  tard  aux 
habitants  du  pays  et  devint  une  mesure  dangereuse  pour 
la  liberté  des  citoyens.  A  cette  même  époque,  en  France, 
tout  étranger,  tout  homme  à  allures  suspectes,  était  un 
agent  de  Pitt  et  de  Cobourg  ;  on  lui  courait  sus.  C'était  la 
contre-partie  de  ce  qui  se  passait  chez  nous. 

La  peur  est  mauvaise  conseillère;  elle  n'eut  pas  grand 
effet  sur  l'âme  forte  et  loyale  de  lord  Dorchester;  mais 
elle  s'empara  de  l'esprit  de  son  successeur  Prescott.  Sous 
l'administration  de  ce  dernier,  les  terreurs  des  gouvernants 
atteignirent  leur  paroxisme,  et  l'affaire  de  McLane  en  fut 
le  résultat.  Une  sorte  de  rébellion,  provoquée  par  la  pre- 
mière loi  de  voirie  passée  par  la  législature,  rébellion  insi- 
gnifiante et  qui  fut  promptement  réprimée,  avait  fait  une 
impression  fâcheuse  sur  le  nouveau  gouverneur;  il  voyait 
des  conspirations  partout. 

M.  Garneau  raconte  brièvement  le  sombre  épisode  du 
procès  et  de  l'exécution  de  McLane,  qui  émurent  vive- 
ment la  population,  mais  pas  du  tout  comme  on  l'avait 
espéré.  On  avait  voulu  frapper  le  peuple  de  terreur,  et  l'on 
ne  produisit  qu'un  sentiment  d'horreur  mêlé  de  pitié.  Les 
circonstances  du  procès  faisaient  voir  que  le  complot  était 
ridicule  en  lui-même;  le  condamné,  l'un  de  ces  étrangers 
si  dangereux,  passa  pour  un  pauvre  halluciné  que  l'on 
avait  attiré  dans  un  guet-apens,  et  les  détails  affreux  de 
l'exécution  révoltèrent  tous  les  honnêtes  gens.  Ces  détails 
étaient  cependant  plus  barbares  que  cruels.  La  pendaison 


cl  KKAN<;OI8-XAVlEK   OARNEAU, 

avait  précédé  la  décapitation,  les  inciBion»  et  le  rente.  On 

montra  au  peuple  la  t(te  du  traUrc.  Un  nommé  Hlnck,  qui 
avait  joué  le  vrai  rôle  de  traître  dans  ce  mélodrame,  mou- 
rut pauvre  et  méprisé  de  tout  le  monde,  malgré  l'or  qu'il 
avait  revu. 

Le  procureur,  général  Sewell,  qui  exerça  plus  tard  une 
si  grande  puissance,  paraît  pour  la  première  fois  sur  la 
8c^ne  dans  ce  triste  proc.«'«.  Ce  début,  qui  assura  sa  fortune 
politique,  ne  lui  fit  gutro  honneur.* 

M.  Garneau  passe  rapidement,  trop  rapidement  peut- 
être,  sur  les  administrations  de  Prescott,  de  Milnes  et  de 
Dunn,  et  semble  pressé  d'arriver  à.  celle  de  sir  James 
Craig,  qui  forme,  il  est  vrai,  une  des  périodes  les  plus 
critiques  de  la  domination  anglaise. 

Les  «luerelles  (jui  s'envenimèrent  surtout  par  la  hauteur 
et  l'irascibilité  de  ce  nouveau  gouverneur,  avaient  été  pré- 
parées de  longue  main  sous  ses  prédécesseurs.  La  ques- 
tion du  vote  des  subsides  par  les  chambres,  celles  de 
l'instruction  publique  et  des  biens  des  jésuites,  ces  deux 
dernières  n'en  formant  qu'une  seule,  enfin,  et  surtout,  la 
question  de  l'éligibilité  des  juges  à  l'assemblée  législative, 
étaient  au  nombre  des  plus  importantes.  Elles  avaient  été 
l'objet  de  longues  discussions  dans  les  dernières  sessions 
du  parlement  qui  venait  de  se  terminer. 

Un  état  de  choses  bien  différent  de  celui  qui  existait  au 
départ  de  lord  Dorchester  s'était  établi.  Tandis  que  l'on 
parlait  sans  cesse  de  conspirations  imaginaires  contre  la 
souveraineté  britannique,  il  s'était  fait  une  conspiration 
bien  plus  redoutable  contre  le  peuple  lui-même.  Les  chefs 
du  complot  n'étaient  autres  que  les  hommes  qui  entou- 
raient le  gouverneur.  A  leur  tête  était  un  fonctionnaire 
d'une  grande  activité  et  d'une  audace  peu  commune.  Cet 
homme,  Ryland,  dont  la  correspondance,  publiée  par  M. 
Christie,  fait  voir  toute  la  haine,  dit,  le  jour  même  de  l'arri- 
vée de  Craig,  qu'il  avait  le  gouverneur  qu'il  lui  fallait.  Ces 
conspirateurs  avaient  un  double  objectif:  ils  visaient  d'un 

*  Voir  le  Procès  de  John  McLaru  pour  haute  trahison,  brochure  du 
temps,  très  rare  aujourd'hui,  mais  qui  a  été  reproduite  dans  lo  cin- 
quième volume  des  Soirées  caruidiennes. 


SA   VIE   ET  SES  ŒUVRES.  clî 

côté  la  religion  catholique  dans  le  clergé,  de  l'autre  la 
nationalité  française  dans  rassemblée  populaire.  Bedard, 
Panet ,  Papineau ,  Bourdages  leur  tenaient  tête  ;  mais  la 
lutte  religieuse  ne  se  faisait  pas  de  la  même  manière  et  au 
grand  jour. 

Le  jeune  curé  qui  avait  parlé  avec  tant  d'enthousiasme 
de  la  générosité  de  l'Angleterre,  était  devenu  le  grand 
évêque  Plessis.  Il  avait  à  jouer  une  partie  très  difficile,  si 
difficile  qu'à  un  moment  donné,  il  eut  raison  de  craindre 
que  tout  ne  fût  perdu.  D'un  côté,  il  lui  fallait  combattre 
avec  fermeté  contre  les  prétentions  de  Ryland,  aidé  le 
plus  souvent  du  juge  en  chef  .Sewell  et  toujours  du  nouvel 
évêque  anglican;  de  l'autre,  il  lui  falfait  paraître  défendre 
aux  yeux  de  son  peuple  un  gouvernement  dont  il  connais- 
sait  toutes  les  roueries,  tous  les  sinistres  projets. 

On  voulait  réserver  au  gouvernement  le  droit  de  nom- 
mer aux  bénéfices  catholiques  comme  aux  bénéfices  pro- 
testants, et,  par  une  taquinerie  bien  mesquine,  on  refusait 
à  l'évêque  catholique  son  titre  épiscopal,  affectant  de  le 
désigner  sous  celui  de  surintendant  de  Véglise  romaine. 
On  espérait  dominer  et  même  au  besoin  corrompre  le 
clergé  et  amoindrir  l'autorité  épiscopale.  VlmtUution 
royale,  qui  devait  accaparer  toute  l'instruction  publique, 
semblait  être  un  autre  puissant  moyen  de  dénationalisatimi. 
La  simple  abstention  du  clergé  catholique,  qui  entraîna 
celle  des  parents,  paralysa  entièrement  le  fonctionnement 
de  cette  institution,  à  laquelle  on  dut  renoncer  après  bien 
des  dépenses  inutiles. 

Un  nouvel  élément  de  discorde  était  venu  s'ajouter  à 
tous  ceux  qui  existaient  déjà.  La  presse  politique  venait 
de  naître,  et  c'est  tout  dire.  Le  premier  journal,  la  Gazette 
de  Québec,  qui  commença  à  paraître  en  1764,  avec  une  par- 
tie française  et  une  partie  anglaise,  avait  toujours  fait 
preuve  d'une  extrême  réserve,  et,  en  général,  les  journaux 
fondés  tant  à  Québec  qu'à  Montréal  avaient  suivi  son 
exemple.  Mais,  le  5  janvier  1805,  le  Québec  Mercury  vit  le 
jour.  Il  se  posa  de  suite  en  champion  de  l'oligarchie.  Il 
attaqua  avec  violence  la  majorité  de  l'assemblée  législa- 
tive et  les  Canadiens- Français,  les  traitant  de  race  étrangère 


Clii  FBANÇ0I8-XA\^ER   OARNEAU, 

et  ignorante.  Le  Canadien,  qui  parut  le  22  novembre  1800,  fut 
fondé  expressément  pour  nous  défendre  contre  ces  agreft- 
sions.  Les  principaux  chefs  politiques  en  parlement  devin- 
rent les  rédacteurs  plus  ou  moins  avoués  de  cette  feuille, 
qui  professait  une  fidélité  complète  au  gouvernement  bri- 
tannique et  réclamait  avec  force,  mais  avec  dignité,  les 
droits  et  les  libertés  que  la  constitution  accorde  à  tous  le» 
sujets  de  l'Emjnre.  Lorsqu'on  lit  aujourd'hui  ce«  arti- 
cles, dont  la  plupart  étaient  aussi  remarquables  par  la 
forme  que  par  le  fond,  on  est  étonné  qu'ils  aient  pu  servir 
de  prétexte  aux  persécutions  que  l'on  a  exercées  contre 
leurs  auteurs.  Comme  M.  Garneau  le  fait  remarquer,  on 
ne  demandait  alors  que  ce  que  l'Angleterre  a  accordé  de- 
puis, ce  qu'elle  a,  pour  bien  dire,  offert  elle-même  au 
début  de  la  constitution  de  1840. 

Sous  les  gouvernements  précédents,  quelques  Canadiens- 
Fran(;ais  avaient  été  nommés  à  des  places  importantes,  et, 
dans  le  principe,  ces  nominations  avaient  été  vues  d'un 
assez  bon  œil  ;  on  s'aperçut,  cependant,  que  ces  fonction- 
naires n'exerçaient  aucun  contrôle  sur  le  gouvernement 
et  qu'ils  ne  seraient  bientôt  que  des  instruments  entre  les 
mains  d'une  administration  hostile.  La  présence  des  juges 
dans  la  chambre  sembla  surtout  une  anomalie  constitu- 
tionnelle, et  il  fut  proposé  de  les  rendre  inéligibles  par 
une  loi. 

Telle  était  donc  la  situation  à  l'arrivée  de  Craig:  intri- 
gues des  fonctionnaires  contre  l'assemblée  législative  et 
contre  le  clergé  catholique;  antagonisme  entre  l'assem- 
blée et  les  conseils  législatif  et  exécutif;  division  dg  l'as- 
semblée en  deux  camps,  l'un  favorable  à  l'oligarchie, 
l'autre  combattam  pour  le  peuple;  discussions  violentes 
dans  la  presse  ;  antipathies  nationales  devenues  mani- 
festes. C'est  là  le  véritable  point  de  départ  d'une  lutte 
qui,  avec  des  intermissions  et  des  apaisements  tempo- 
raires, s'est  continuée  et  a  fini  par  s'aggraver  au  point  de 
produire  les  insurrections  de  1837  et  de  1838. 

Dès  son  arrivée,  Craig  se  mit  entre  les  mains  de  la  fac- 
tion que  dirigeait  Ryland,  et  son  discours  du  trône,  à  la 
première  session  du  parlement  qui  se  tint  sous  son  règne, 


SA  VIE  ET  SES  ŒUVRES. 


cliii 


en  donne  des  indices  trop  certains.  Cette  session  fut 
suivie  d'une  dissolution  et  d'une  élection  générale, 

"  Les  fonctionnaires,  dit  M,  Garneau,  savaient  qu'il  n'y 
avait  aucun  espoir  de  changer  le  caractère  de  la  représen- 
tation, et,  pour  en  détruire  d'avance  l'influence,  ils  em- 
ployèrent leur  arme  ordinaire,  la  calomnie.  Ils  diri- 
gèrent surtout  l'hostilité  de  Craig  contre  le  président  de 
la  chambre,  M.  Panet.  Ils  étaient  d'autant  plus  irrités 
contre  lui  (lu'il  passait  pour  être  un  des  propriétaires  du 
Canadien.  Ils  le  firent  retrancher  de  la  liste  des  officiers 
de  milice,  ainsi  que  MM,  Bedard,  Taschereau,  Blanchet  et 
Borgia." 

Cela  n'empêcha  point  ces  hommes  d'être  choisis  de 
nouveau  par  le  peuple,  et  M.  Panet  lui-même  d'être  réélu 
orateur  par  la  nouvelle  chambre.  On  craignit  un  instant 
que  le  gouverneur  ne  refusât  de  confirmer  ce  dernier 
choix  ;  nmis  Crjùg  n'osa  pas  faire  en  cette  circonstance  ce 
ce  que  lord  Dalhousie  fit  plus  tard. 

Le  discours  du  trône  contenait  des  allusions  désagréables 
pour  la  majorité  de  l'ancienne  chambre,  qui  était  aussi 
celle  de  la  nouvelle.  M.  Bourdages  voulut  proposer  que 
l'on  fît  par  représailles  quelque  allusion  aux  personnes  qui 
formaient  l'entourage  du  gouverneur  ;  M.  Bedard  alla  plus 
loin  et  posa  carrément  les  conditions  du  véritable  gouver- 
nement responsable.  Il  dit  que  le  gouverneur  devait  avoir 
des  ministres  responsables  comme  le  roi  en  avait.  Ceci 
s'accordait  peu  avec  la  prétention  de  la  chambre,  qui  vou- 
lait exclure  tous  les  conseillers  exécutifs  aussi  bien  que 
les  juges.  M.  Garneau  cite  avec  éloge  une  partie  du  dis- 
cours de  cet  orateur  transcendant,  qui  malheureusement 
ne  fut  pas  plus  compris  de  ses  amis  que  de  ses  adversaires. 
Notre  historien  fait  aussi  remarquer  que,  dans  toutes  les 
attaques  qu'il  dirigeait  contre  le  gouvernement,  le  Cana- 
dien, s'inspirant  de  M.  Bedard,  s'en  prenait  aux  conseil- 
lers du  gouverneur  et  professait  le  plus  grand  respect 
pour  l'inviolabilité  du  représentant  de  Sa  Majesté.  La 
chambre  ne  voulut  point  cependant,  même  longtemps 
après,  prendre  cette  position,  et  elle  commit  une  autre 
faute  en  mandant  à  sa  barre  les  journalistes  qui  l'atta- 


Cliv  FRANÇOIS-XAVIER  GARNEAU, 

quaicnl.  Elle  préparait  par  là  la  voie  aux  rigueurs  que 
rexCîCutif  et  le  coiiHeil  législatif  exercèrent  contre  la 
presse. 

La  session  se  poursuivait  assez  paisiblement,  toutefois,  • 
lorsque  la  chambre  ayant  pîissé  un  bill  iK)ur  déclarer  les 
juges  inéligibles,  et  ce  bill  ayant  été  rejeté  par  le  conseil 
législatif,  le  gouverneur  se  décida  ù  la  dissoudre.  La  cham- 
bre avait  de  plus  expulsé,  par  une  simple  délibération, 
M,  Hart,  parce  «pi'il  appartenait  au  culte  Israélite;  en  cela 
elle  ne  se  montrait  ni  plus  ni  moins  tolérante  que  le  par-' 
lement  impérial  lui-même.  Plus  tard  la  législature  du 
Bas -Canada  admit  les  Israélites  dans  son  sein,  long- 
temps avant  qu'ils  aient  pu  siéger  dans  le  parlement 
anglais. 

Cependant,  les  conseillers  du  gouverneur  profitèrent 
aussi  de  cette  circonstance,  et  ce  fut  un  des  motifs  de 
la  dissolution.  "  Profitant,  dit  M.  Garneau,  de  l'expul- 
sion de  M.  Hart,  qu'elle  venait  de  renouveler,  le  gou- 
verneur résolut  de  proroger  la  chambre,  apri-s  une 
session  de  trente-six  jours,  pour  la  dissoudre  ensuite.  Il  se 
rendit  au  conseil  législatif  avec  une  suite  nombreu.se,  et 
manda  les  représentants  devant  lui.  Tout  s'était  passé 
de  manière  qu'ils  n'eurent  connaissance  de  son  inten- 
tion que  lorsque  les  grenadiers  de  la  garde  arrivèrent 
devant  leur  porte."  Le  discours  de  prorogation  était  une 
semonce  en  règle,  dans  laquelle,  s'érigeant  en  juge  des 
délibérations  de  la  chambre,  le  gouverneur  lui  reprochait 
d'avoir  perdu  le  temps  en  débats  stériles,  d'avoir  manqué 
de  respect  pour  les  autres  branches  de  la  législature.  Il 
complimentait  au  contraire  le  conseil  législatif  et  la  mino- 
rité de  la  chambre,  prenant  l'attitude  d'un  partisan  poli- 
tique plutôt  que  celle  d'un  chef  d'Etat.  Dans  cette  singu- 
lière harangue  se  trouve  un  passage  qui  montre  bien 
la  conduite  insensée  du  pouvoir  dans  les  circonstances 
critiques  où  se  trouvait  la  colonie. 

''  J'ai  cru,  disait  Craig,  que  vous  auriez  pour  les  autres 
branches  de  la  législature  des  égards  qui  sont  dus  et  par 
cela  même  indispensables,  et  que  vous  vous  empresseriez 
de  coopérer  au  bien-être  et  au  bonheur  de  la  colonie. 


SA   VTE   ET  SES  ŒtJVRES.  clv 

J'avais  droit  d'espérer  cela  de  votre  part,  parce  que  c'était 
votre  devoir,  parce  que  c'eût  été  donner  au  gouvernement 
un  témoignage  positif  de  la  loyauté  dont  vous  faites  si 
hautement  profession  et  dont  je  crois  que  vous  êtes  péné- 
trés; enfin,  parce  que  les  conjonctures  critiques  du  temps 
présent,  et  surtout  la  situation  précaire  où  nous  sommes 
par  rapport  aux  Etats-Unis.  IV-xIiroiiient  irune  manière 
plus  particulière." 

Et  c'était  lorsque  la  guerre  avec  lus  États- Lnis  etuit 
imminente,  que  sir  James  Craig  la  déclarait  pour  bien 
dire  à  la  colonie  et  se  jetait  tête  baissée  dans  une  série  de 
petits  coups  d'État,  qui  paraissent  ridicules  vus  à  distance, 
mais  qui  pouvaient  avoir  les  suites  les  plus  graves  !  Malgré 
toutes  les  intrigues  de  Ryland,  on  jugeait  mieux  la  situa- 
tion au  palais  de  Saint- James  qu'au  château  Saint- Louis, 
et,  à  la  grande  mortification  de  l'oligarchie,  le  gouverneur 
reçut  l'ordre  de  sanctionner  le  projet  de  loi  qui  devait 
rendre  les  juges  inéligibles,  lorsqu'il  serait  adopté  par  les 
deux  chambres.  Le  peuple  renvoya  les  mêmc^  députés,  et 
le  gouverneur,  en  ouvrant  le  nouveau  parlement,  eut  à 
leur  faire  part  de  la  dépêche  qu'il  avait ^reçue. 

La  nouvelle  chambre  protesta  énergiquement  contre  le 
bh\me  que  le  gouverneur  avait  infligé  à  la  majorité  de 
l'ancienne,  et  prit  une  décision  très  habile  et  qui  ne  laissa 
pas  que  d'embarrasser  grandement  la  cohorte  des  fonc- 
tionnaires. Elle  vota  une  adresse  au  parlement  impérial 
par  laquelle  elle  ofl'rait  de  se  charger  de  toutes  les  dé- 
penses du  gouvernement  civil.  C'était  se  mettre  en  posi- 
tion de  contrôler  des  gens  qui  affectaient  pour  elle  le  plus 
souverain  mépris  et  dont  les  traitements  allaient  devenir 
sujets  îl  un  vote  du  parlement.  Le  bill  desjuges^  comme  on 
l'appelait,  fut  passé  de  nouveau.  Le  conseil  législatif,  eu 
face  de  la  dépêche  qui  laissait  voir  que  le  gouvernement- 
impérial  ne  désapprouvait  pas  cette  mesure,  n'osa  point 
la  rejeter  et  se  contenta  d'y  faire  quelques  amendements. 

La  chambre  perdit  patience  et,  au  lieu  de  revenir  à  la 
charge,  elle  décréta  par  un  simple  vote  l'expulsion  du  juge 
de  Bonne.  Craig,  de  son  côté,  entra  dans  une  grande  fureur 
et  eut  recours  à  une  seconde  dissolution  plus  absurde 


Olvi  FRANÇOig-XAVIER  GARNEAU, 

encore  que  la  première.  C'étaient  trois  électioni»  généralco 

en  trois  ans. 

Cotte  fois,  on  se  décide  i\  frapper  de  grands  couiw  jwur 
ntimider  le  peuple.  On  arrête  M.  Lefran^ois,  l'imprimeur 
du  Canadien,  on  saisit  la  presse,  on  emprisonne,  sur  une 
accusation  de  haute  trahison,  MM.  Bedard,  Taschereau  et 
Blanchet,  collaborateurs  reconnus  du  journal  ;  après  quoi, 
pour  s'assurer  l'appui  du  clergé  et  de  la  magintrature, 
Craig  lance  une  longue  proclamation  qu'il  fait  lire  au 
prône  dans  les  églises,  qu'il  fait  afficher  partout,  et  que  le 
jvge  en  chef  Sewell  lit  et  commente  A  l'ouverture  de  la 
cour  criminelle.  Québec  a  l'air  pendant  quelques  jours 
d'une  ville  en  état  de  siège;  les  gardes  y  sont  doublées; 
des  patrouilles  parcourent  les  rues,  les  njalles  sont  arrêtées 
afin  de  j)ouvoir,  assure-t-on,  saisir  les  fils  du  complot! 

Mais  on  ne  fait  pas  un  procès  de  haute  trahison  avec 
des  proclamations,  pas  plus  qu'on  ne  fait  des  élections 
avec  tout  l'attirail  d'intimidation  que  l'on  avait  mis  eif 
œuvre,  du  moins  lorsque  l'on  a  affaire  à  un  peuple  hon- 
nête et  courageux.  On  n'osa  point  faire  de  procès  aux  pa- 
triotes que  l'on  avait  arrêtés,  et  le  peuple  les  acquitta  en 
les  élisant  de  nouveau  au  parlement.  A  l'exception  de 
M.  Bedard,  qui  demandait  à  être  jugé,  les  prisonniers 
furent  élargis  sous  divers  prétextes.  Ces  événements  ont 
rendu  célèbre  l'année  1810.  On  dit  encore  les  patriotes  de 
1810,  comme  on  dit  les  miliciens  de  1812  et  les  patriotes  de 
1837. 

La  première  session  du  nouveau  parlement  ne  fut  pas 
aussi  orageuse  qu'on  aurait  pu  le  croire.  C'est  que  Ryland, 
envoyé  en  mission  en  Angleterre,  avait  échoué  auprès  de 
lord  Liverpool,  ministre  des  colonies,  et  du  sous-secré- 
taire, M.  Peel,  depuis  si  célèbre  sous  le  nom  de  sir  Robert 
Peel.  Le  discours  du  trône  et  la  réponse  furent  presque 
anodines  ;  la  chambre  passa  le  fameux  bill  des  juges,  qui  fut 
adopté  par  le  conseil  et  sanctionné  par  le  gouverneur,  et, 
au  grand  étonnement  de  tous,  Craig  dit  dans  son  discours 
de  prorogation:  "  Parmi  les  lois  auxquelles  je  viens  de 
donner  la  sanction  royale,  il  y  en  a  une  que  j'ai  vue  avec 
une  satisfaction  particulière,  c'est  celle  qui  rend  les  juges 


8A  VIE  ET  SES  ŒUVBES.  clvii 

inéligibles.  Non  seulement  je  crois  la  mesure  bonne  en 
soi,  mais  j'en  regarde  l'adoption  comme  une  entière  re- 
nonciation à  un  principe  erroné,  qui  m'a  mis,  pour  le 
suivre,  dans  la  nécessité  de  dissoudre  le  dernier  parle- 
ment." Un  gouverneur  constitutionnel,  organe  de  minis- 
tères successifs,  ne  se  contredirait  pas  d'une  manière  plus 
frappante. 

Craig  était  arrivé  ici  malade,  il  repartit  presque  mou- 
rant; on  assure  qu'il  s'aperçut  qu'il  avait  été  trompé  et 
que  cette  pensée  empoisonna  ses  derniers  jours.  * 

Après  l'administration  de  Craig,  M.  Garneau  nous  ra- 
conte celle  de  Prévost  et  la  guerre  de  1812.  Il  attribue 
avec  raison  le  changement  qui  se  fit  et  que  les  dernières 
instructions  données  à  Craig  pouvaient  faire  prévoir,  à  la 
crainte  que  l'Angleterre  éprouvait  de  Napoléon  et  des 
États-Unis.  Ces  soubresauts  de  la  politique  anglaise  sont 
bien  frappants,  en  effet,  et  notre  historien  les  signale  avec 
une  certaine  amertume. 

"  Les  Canadiens,  dit-il,  coururent  aux  armes.  Ce  que  sir 
George  Prévost  promit  à  leurs  députés  et  à  leur  clergé  fut 
interprété  de  la  manière  la  plus  large  et  la  plus  généreuse. 
Le  peuple  ne  se  demanda  point  si,  lorsque  le  danger  serait 
passé,  l'Angleterre  n'enverrait  pas  un  autre  Craig  pour 
recommencer  sa  politique  spoliatrice  ;  tout  le  monde  son- 
gea à  faire  son  devoir,  et  Pennemi  put  se  convaincre  que 
la  défection  qu'il  attendait  ne  se  réaliserait  point." 

Il  y  a  une  ressemblance  frappante  entre  Carleton  et 
Prévost,  entre  les  résultats  de  la  guerre  de  1775  et  ceux  de 
la  guerre  de  1812.  Sous  Prévost,  il  y  a  un  véritable  chan- 
gement à  vue.  Les  officiers  de  milice  destitués  sont  remis 
à  la  tête  de  leurs  régiments  ou  de  leurs  compagnies; 
Bedard,  le  prisonnier  de  Craig,  est  fait  juge  aux  Trois- 
Rivières;   Mgr  Plessis,  que  sa  dernière  entrevue  avec  le 


*  Voir  pour  cette  périoile  et  celles  (jui  suivent  :  A  Hhtury  of  ttie 
lak  Proinnce  of  I/ncer  Canada,  parliatiuntary  and  politicul,  by  Robert 
Christie,  6  vol.  in-12.  M.  C'hristio,  comme  on  le  verra  plus  loin,  a  joué 
lui-même  un  rôle  imiwrtant  dans  notre  politique. 


clviii  FRANÇ0I8-XA\7ER  OARNEAU, 

lyrcm  avait  laissé  très  inquiet,  *  est  invité  à  formuler  dan« 
un  mémoire  ce  qu'il  désire  pour  son  clergé,  pour  «on  Kgliso 
et  pour  lui-mf'ine;  la  chambre  n'est  [>lu8  traitée  cumm«  un 
foyer  de  conspi  rations;  les  députés  sont  les  loyaux  et  fidèles 
sujets  de  Sa  Majesté,  auxquels  son  représentant  s'adresse 
avec  la  plus  grande  confiance;  enfin  Ryland  et  toute  sa 
séquelle  sont  oi>ligés  de  rentrer  leurs  grifl'es,  tout  en  se  pro- 
mettant bien  do  les  sortir  à  la  première  occasion.  Bien 
plus,  la  chambre,  qui  vote  généreusement  toutes  les  som- 
mes nécessaires  pour  la  défense  du  pays,  ne  consent  qu'a- 
vec certains  amendements  au  renouvellement  de  la  loi 
des  suspects,  et  ces  amendements  ayant  été  rejetés  par  le 
conseil  législatif,  la  loi  jugée  nécessaire  même  en  temps 
de  j)aix,  tombe  au  moment  où  la  guerre  va  éclater.  Ce 
n'est  pas  tout:  enhardis  par  les  sympathies  do  Prévost  et 
voulant  tirer  tout  le  parti  possible  de  la  situation,  nos  pa- 
triotes décrètent  une  encjuéte  sur  les  abus  qui  avaient  eu 
lieu  pendant  l'administration  précédente.  Louis-Joseph* 
Papineau,  en  appuyant  cette  proposition,  paraît  pour  la 
première  fois  sur  la  scène  où  il  doit  plus  tard  remjjlacer 
son  père. 

Dans  cette  guerre  dite  de  1812,  mais  qui  se  prolongea 
jusqu'en  1815,  le  peuple  américain  ne  mit  pas  le  même 
acharnement  que  dans  celle  de  1775.  Il  venait  de  conqué- 
rir sa  liberté  au  prix  de  grands  sacrifices,  il  s'était  mis  à 

*  On  trouve  dans  la  Vie  de  Mgr  Plem*,  par  M.  Ferland,  des  ex- 
traits d'une  lettre  de  C'raig  et  d'une  lettre  de  Mgr  Plassis  racontant 
cette  entrevue.  Les  deux  versions  ne  différent  pa.s  au  fond  ;  mais 
une  curieuse  particularité,  c'est  que,  tandis  que  Mgr  Plessis  dit  que 
l'entrevue  dura  sept  quarts  d'heure,  Craig  écrit  qu'elle  dura  deux 
heures  et  demie.  Évidemment  le  gouverneur  était  moins  à  son  aise 
que  l'évêque,  puisqu'il  trouvait  le  temps  plus  long.  Le  gouverneur 
écrit  :  "  Notre  conversation  dura  deux  heures  et  demie,  mais  sans 
aucun  résultat  ni  d'un  côté  ni  de  l'autre...  Nous  nous  séparâmes 
bous  amis...  C'est  probablement  pour  la  dernière  fois  que  je  l'ai  vu, 
car  hier  il  a  fait  voile  pour  visiter  le  golfe  Sarint-Laurent."  L'évêque 
de  son  côté  :  "  Nous  nous  disputâmes  beaucoup  ;  mais  le  gouverneur 
ne  se  fâcha  ix)int,  et  nous  nous  quittâmes,  du  reste,  assez  jjeu  satis- 
faits l'un-  de  l'autre."  M.  Gameau  raconte  aussi  cette  entre\Tie  très 
au  long. 


SA   VIE   ET  SES   ŒUVRES.  clix 

travailler  à  son  organisation  sociale  et  à  son  développe- 
ment matériel  ;  et  il  voyait  le  résultat  de  tous  ses  efforts 
compromis  par  une  lutte  dont  la  raison  d'être  ne  lui  pa- 
raissait point  évidente.  Bien  que  ses  hommes  publics 
fussent  déterminés  à  tenir  tête  à  l'Angleterre  dans  la 
question  du  droit  de  visite,  bien  que  le  congrès  eût  voté 
des  armements  formidables,  la  guerre  dans  plusieurs  Etats 
était  loin  d'être  populaire.  Il  y  eut  même  des  milices  qui 
refusèrent  d'envahir  le  territoire  anglais,  disant  qu'elles 
avaient  été  appelées  sous  les  armes  pour  défendre  leur 
pays,  mais  non  pour  s'emparer  du  pays  voisin. 

Cependant,  si  bien  des  fautes  furent  commises  dans 
cette  lutte,  si  elle  eut  pour  les  Etats-Unis  plus  d'une 
défaite  humiliante,  elle  ne  fut  pas  dans  l'ensemble  in- 
digne d'un  jeune  peuple  qui,  à  peine  émancipé,  entrepre- 
nait de  combattre  contre  son  ancienne  mère  patrie  pour 
la  liberté  du  commerce  et  de  la  navigation. 

Cette  guerre  couvrait  une  vaste  surface  sur  terre  et  sur 
mer.  M.  Garneau  parvient  à  en  exposer  les  péripéties 
diverses  d'une  manière  qui  n'est  pas  très  confuse,  mais 
qui  cependant  laisse  encore  à  désirer. 

Les  Américains  avaient  adopté  le  système  que  nous 
leur  avons  vu  suivre  dans  les  guerres  contre  la  France: 
trois  armées,  une  dans  l'Ouest,  les  deux  autres  au  Centre 
et  àiTîst.  Ces  dernières  se  reliaient  l'une  à  l'autre  par  un 
grand  nombre  de  petits  détachements  postés  sur  divers 
points  de  la  frontière.  Un  tel  éparpillement  devait  dimi- 
nuer beaucoup  l'efhcacité  de  forces  qui  n'étaient  point 
d'ailleurs  bien  organisées. 

Le  congrès  avait  ordonné  de  lever  vingt-cinq  mille 
hommes  de  troupes  et  cent  mille  miliciens  ;  à  cela  devaient 
s'ajouter  cinquante  mille  volontaires;  mais  ces  masses,  dit 
M.  Garneau,  étaient  plus  formidables  sur  le  papier  que 
sur  le  champ  de  bataille.  Il  y  avait  beaucoup  à  décompter, 
surtout  quant  aux  miliciens  et  aux  volontaires. 

Malgré  de  brillants  succès  remportés  sur  la  haute  mer 
par  les  frégates  américaines,  déjà  mieux  construites  que 
celles  des  Anglais,  l'année  1812  fut,  en  somme,  favorable 
à  l'Angleterre.  La  campagne  sur  toute  la  frontière  fut 


Clx  FRANÇOIS- XAVIER  GARNEAU, 

déBastreuse  pour  nos  voisins.  Elle  se  résume  ainsi:  heu- 
reux coup  de  niuin  du  lieutenant  Rolette,  commandant  le 
brigantin  le  Hunier,  (jui,  à  la  tôte  de  six  hommcH,  i^tend  à 
l'abordage  un  navire  américain  chargé  de  troupe»;  prise 
de  Mackinac  sans  coup  férir  par  le  capitaine  lioberts  et  par 
M.  Pothier — ce  dernier  commandant  un  parti  de  r(/yageurê 
canadiens;  prise  du  fort  du  Détroit  par  le  général  Brock, 
et  anéantissement  do  l'armée  de  l'Ouest,  commandée  par 
le  général  llull,  qui  est  fait  prisonnier;  célèbre  bataille 
de  Queenston,  où  périt  le  général  Brock,  mais  où  les  enne- 
mis éprouvent  une  sanglante. défaite;  tentatives  infruc- 
tueuses des  Américains  dans  le  voisinage  de  Niagara,  où 
ils  sont  chaque  fois  repoussés;  longue  inaction  du  général 
Dearborn,  commandant  de  l'armée  dite  du  Nord,  et  qui, 
s'étant  à  la  fin  décidé  à  entrer  sur  notre  territoire,  est 
repoussé  à  Lacolle  par  le  colonel  de  Salaberry. 

La  campagne  de  1813  fut  encore  plus  funeste  aux  armes 
de  la  républitjue,  malgré  des  succès  importants  obtenus 
dans  l'Ouest  et  sur  les  lacs. 

On  avait  formé  une  nouvelle  armée,  composée  principa- 
lement de  miliciens,  pour  remplacer  celle  du  général  IIull  ; 
elle  était  commandée  par  le  général  Harrison.  Le  général 
Dearborn  fut  transféré  du  commandement  de  l'armée  du 
Nord  (c'est-à-dire  de  l'Est)  à  celui  de  l'armée  du  Centre, 
et  le  général  Hampton  le  remplaça.  "^ 

La  campagne  commença  par  la  bataille  de  Frenchtown, 
où  le  général  Proctor,  après  avoir  eu  le  bonheur  de  battre 
les  ennemis ,  eut  la  douleur  et  la  honte  de  voir  une  partie 
des  nombreux  prisonniers  qu'il  avait  faits,  massacrés 
par  ses  alliés  sauvages,  qu'il  ne  put  contrôler.  On  se 
souvient  que  la  même  chose  était  arrivée  à  Montcalm  ; 
les  Anglais  furent  donc,  dans  cette  occasion,  exposés  à  des 
reproches  semblables,  mais  aussi  mal  fondés  que  ceux 
qu'ils  avaient  adressés  autrefois  aux  Français.  Pendant  qu'à 
la  suite  de  cette  grave  affaire  avaient  lieu  plusieurs  petits 
combats  ou  escarmouches,  les  parties  belligérantes  s'effor- 
çaient de  se  rendre  maîtresses  des  grands  lacs.  Sir  James 
Yeo,  nommé  commandant  de  la  marine  canadienne,  s'était 
occupé  de  former  deux  flottilles,  l'une  sur  le  lac  Ontario, 


SA   VIE   ET  SES  ŒUVRES.  cLxî 

l'autre  sur  le  lac  Erié,  et  il  avait  donné  la  direction  de 
cette  dernière  au  capitaine  Barclay.  La  flottille  américaine 
était  commandée  par  le  commodore  Perry.  Le  combat 
naval  de  Put-in-Bay,  le  10  septembre,  mit  ce  dernier  en 
possession  de  tous  les  vaisseaux  de  Barclay,  qui  lui-même 
fut  fait  prisonnier  non  sans  avoir  reçu  d'honorables  bles- 
sures. 

Cette  affaire  fut  la  cause  de  la  sanglante  défaite  des  An- 
glais à  Moravian-Town.  Proctor  s'était  lancé  sur  le  terri- 
toire des  Etats-Unis  sans  forces  suffisantes;  immédiate- 
ment après  la  prise  de  la  flottille  de  Barclay,  il  évacua  le 
Détroit,  Sandwich  et  Amherstburg;  mais  il  était  trop  tard. 
Le  commodore  Perry  avait  transporté  le  général  Harrison 
et  son  armée  sur  la  rive  anglaise  ;  il  arriva  à  Sandwich  au 
moment  où  Proctor  en  sortait.  Il  le  poursuivit  dans  sa 
retraite  et  le  força  de  livrer  combat  à  Moravian-Town.  Les 
cavaliers  du  Kentucky  mirent  les  troupes  de  Proctor  en 
déroute.  Celui-ci  parvint  à  s'échapper  avec  quelques  offi- 
ciers et  une  très  petite  partie  de  son  armée,  laissant  sept 
cents  prisonniers  et  un  grand  nombre  de  morts  ;  parmi  ces 
derniers  se  trouvait  le  fameux  chef  sauvage  Técumseh, 
qui,  dans  toute  la  guerre,  avait  joué  un  très  grand  rôle  et 
soulevé  toutes  les  nations  sauvages  de  l'Ouest  contre  les 
Américains. 

Tandis  que  ces  choses  se  passaient,  une  espèce  de  chassé- 
croise  s'opérait  sur  le  lac  Ontario.  Le  général  Prévost 
assiégeait  Sackett's-Harbour,  qui  était  pour  bien  dire 
l'arsenal  et  le  quartier  général  des  Américains  ;  ceux-ci  y 
mirent  le  feu.  Le  gouverneur  repassa  le  lac;  en  même 
temps,  Dearborn  s'emparait  de  Toronto  et  du  fort  George, 
sur  la  rivière  Niagara,  et  poursuivait  le  général  Vincent, 
qui  se  retira  sur  les  hauteurs  de  Burlington  avec  les  débris 
de  l'armée  anglaise. 

Le  colonel  Harvey  tomba  à  l'improviste  sur  les  Améri- 
cains, les  chassa  de  leur  position  et  fit  les  généraux 
Chandler  et  Winder  prisonniers  ;  une  partie  de  leurs 
troupes  se  retira  dans  ce  qui  restait  du  fort  George,  et  le 
général  Vincent  les  y  tenait  assiégés  lorsqu'il  apprit  la 
nouvelle  de  la  désastreuse  bataille  de  Moravian-Town.  Il 


clxiî  FRAN(;OI8-XAVIER  «ARNEAU, 

dut  80  retirer  encore  8ur  les  ItauteurH  de  Burlington,  où 
l'on  ne  jugea  pas  à  propos  de  l'attaquer.  En  mCme  tomi», 
Yeo  ^'tait  battu  devant  Toronto  par  le  commodore  atu^-ri- 
cain  Chauncey,  et  sa  flottille  allait  ho  mettre  à  l'abri  hou» 
ces  mr-mes  hauteurs. 

Le  résultat  de  tous  ces  conibatH  t.l  «le  toutes  ces  escar- 
mouches avait  été  de  déblayer  la  voie  à  l'armée  du  Centre 
vers  Montréal  ;  mais,  pour  attaquer  cette  ville,  elle  devait 
opérer  sa  jonction  avec;  l'armée  de  Hampton.  Le  général 
Wilkinson  -se  cnjyait  au  moment  de  réaliser  ce  projet  lors- 
qu'il apprit,  au  pied  du  Long-Sault,  la  nouvelle  de  la  ba- 
taille doChAteauguay  et  de  la  retraite  de  l'armée  du  Nord- 
II  avait  fait  descendre  ses  troupes  (huit  à  dix  mille 
honinic.'')  partie  dans  des  barges,  partie  sur  la  rive  nord 
du  Heuve,  où  le  colonel  Morrison  lui  avait  infligé  une  san- 
glante défaite  à  Chrysler's-Farm,  à  moitié  chemin  entre 
Kingston  et  Montréal.  Comme  c'était  seulement  une  partie 
de  l'armée  (environ  trois  mille  hommes)  qui  s'était  trou- 
vée engagée  dans  cette  affaire,  Wilkinson  était,  le  12  no- 
vembre, îi  Saint- Régis  et  à  Cornwall  avec  des  forces  encore 
tr^s  imposantes. 

Hampton,  à  la  tête  de  sept  mille  Jiommes,  s'était  avancé 
^ur  la  frontière  du  Bas-Canada  dans  la  direction  du  vil- 
lage de  TAcadie.  Le  colonel  de  Salaberry,  avec  six  cents 
hommes,  était  chargé  de  lui  tenir  tête;  le  général  Prévost 
se  tenait  avec  un  autre  corps  à  Caughnawaga  pour  y 
attendre  Wilkinson.  Descendu  à  la  hîlte  du  Haut-Canada, 
le  gouverneur  avait  fait  aux  milices  de  Montréal  un  appel 
auquel  celles-ci  avaient  répondu  promptement  et  noble- 
ment. 

On  le  voit,  la  situation  était  des  plus  graves  ;  la  dispro- 
portion des  forces  et  les  revers  que  l'on  venait  d'éprouver 
dans  l'Ouest  et  dans  la  région  des  lacs  laissait  peu  d'es- 
poir. 

La  bataille  de  Châteauguay  a  donc  été  décisive;  elle 
est  un  des  faits  d'armes  les  plus  étonnants  de  notre  histoire. 
Pour  la  raconter,  M.  Garneau  a  retrouvé  une  partie  de  la 
verve  qu'il  avait  montrée  dans  l'histoire  des  guerres  de  la 
domination  française,  dans  le  récit,  par  exemple,  de  la 


SA  VIE   ET  SES  ŒUVRES.  clxiii 

bataille  de  Carillon  ou  dans  celui  de  la  seconde  bataille 
des  Plaines  d'Abraham. 

Le  colonel  de  Salaberry  avait  à  la  fois  l'expérience  d'un 
officier  européen  et  celle  d'un  Canadien.  Il  avait  servi 
dans  l'armée  anglaise  aux  Indes  occidentales  et  en  Europe. 
Aux  connaissances  militaires  qu'il  avait  acquises,  il  joi- 
gnait celle  du  caractère  de  nos  compatriotes  et  des  obs- 
tacles qu'un  pays  comme  le  nôtre  peut  offrir  à  la  marche 
d'une  armée  régulière.  On  avait  d'abord  multiplié  ces 
obstacles  par  des  abatis  d'arbres  dans  la  direction  du  vil- 
lage de  l'Acadie;  ce  que  voyant,  Hampton  avait  changé  de 
route  et  s'était  porté  vers  la  source  de  la  rivière  Château- 
guay.  Salaberry  se  dirigea  de  ce  côté  avec  trois  à  quatre 
cents  hommes.  Presque  tous  appartenaient  au  célèbre 
corps  de  voltigeurs  qu'il  avait  formé. 

Après  s'être  établi  sur  la  rive  gauche  de  la  rivière  Châ- 
teauguay,  dans  une  excellente  position  qu'il  fortifia  par 
quatre  lignes  d'abatis,  il  fit  détruire  tous  les  ponts  à  une 
grande  distance  en  avant  et  rendit  impossible  le  passage 
de  l'artillerie  ennemie.  Il  se  trouva  alors  retranché  dans 
une  espèce  de  forteresse  d'un  genre  tout  nouveau,  mais 
qui  convenait  parfaitement  à  ses  voltigeurs.  Entretenant 
leur  courage  par  sa  gaieté  et  sa  vivacité,  il  attendit  de  pied 
ferme  Hampton,  qui  se  présenta  le  2G  octobre. 

Le  général  américain  divisa  son  armée  en  deux  corps. 
Le  plus  nombreux  attaqua  Salaberry  de  front.  Le  second, 
commandé  par  Purdy,  devait  opérer  sur  la  rive  droite,  à 
un  endroit  où  se  trouvait  un  gué,  et  prendre  la  position  à 
revers.  Heureusement  les  deux  attaques  ne  purent  se  faire 
simultanément,  et  les  voltigeurs  canadiens,  embusqués  le 
plus  souvent  derrière  les  arbres  et  les  abatis,  se  multipliant 
pour  ainsi  dire  par  leur  agilité  et  leur  connaissance  du 
terrain,  firent  croire  à  l'ennemi  qu'il  avait  affaire  à  des 
forces  considérables. 

"  Hampton,  dit  M.  Garneau,  porta  en  avant  une  forte 
colonne  d'infanterie,  à  la  tète  de  laquelle  marchait  un  offi- 
cier de  haute  stature,  qui  s'avança  et  cria  en  français  aux 
voltigeurs:  "Braves  Canadiens, rendez-vous;  nous  ne  vou- 
lons pas  vous  faire  de  mal  !  "  Il  reçut  pour  toute  réponse 


Clxiv  FRANÇOIS-XAVIER  OARNEAU, 

un  coup  de  fusil  qui  le  jeta  par  terre  et  qui  fut  lo  Ri^nal 
du  combat.  Les  trompettes  Bonnèrent  et  une  vive  fusillade 
«'engagea  sur  toute  la  ligne.  Elle  se  prolongeait  depuis 
longtemps  sans  r^-sultat,  lorsque  le  g^-néral  am^'fricain 
changea  ses  dispositions  pour  essayer  de  percer  la  ligne 
anglaise  par  des  charges  vigoureuses.  Il  concentra  ses 
forces  et  se  mit  à  attaquer  tantôt  le  centre  des  Canadiens, 
tantôt  une  aile,  tantôt  l'autre,  sans  plus  de  succès." 

.Tandis  que  Hampton  commençait  à  se  retirer  devant 
un  ennemi  dont  il  ne  voyait  que  le  courage  et  l'adresse, 
mais  dont  il  ignorait  le  nombre,  Purdy,  (jui  avait  d'abord 
fait  fausse  route,  s'étant  reconnu,  attaquait  les  Canadiens 
de  l'autre  côté  et,  par  un  feu  supérieur,  les  forçait  à  se 
replier.  Salaberry  se  porta  de  suite  aui)rè»  d'eux  et  fit 
ouvrir  sur  le  flanc  de  l'ennemi  un  feu  très  vif  et  si  meur- 
trier qu'il  le  contraignit  à  la  retraite.  Tout  cela  fut  l'af- 
faire de  quatre  heures  seulement.  "  Telle  était,  dit  M. 
Garneau,  l'ardeur  des  combattants  qu'on  vit  des  voltigeurs 
traverser  la  rivière  à  la  nage  pendant  le  feu,  pour  aller 
forcer  des  Américains  à  se  rendre  prisonniers." 

Wilkinson,  en  apprenant  la  nouvelle  de  la  retraite  de 
Hampton,  se  décida  à  repasser  aussi  lui  sur  le  territoire 
américain.  L'offensive  fut  aussitôt  reprise  par  les  Anglais 
dans  le  Haut-Canada;  Drummond  marcha  sur  le  fort 
George,  que  McClure  évacua.  Ce  dernier  en  se  retirant 
brûla  le  village  de  Newark.  Le  colonel  Murray  traversa 
la  frontière,  s'empara  du  fort  de  Niagara,  et  le  général 
Riall,  qui  le  suivait  avec  des  troupes  et  des  sauvages,  ven- 
gea l'incendie  de  Newark  en  dévastant  une  va.ste  étendue 
de  territoire  et  brûlant  plusieurs  petites  villes,  parmi  les- 
quelles se  trouvait  celle  de  Buffalo,  destinée  plus  tard  à 
une  si  grande  prospérité.  Les  Américains  et  les  Anglais  se 
portaient  ainsi  les  uns  contre  les  autres  à  des  actes  de  van- 
dalisme semblables  à  ceux  qu'ils  avaient  autrefois  repro- 
chés aux  Français  avec  tant  d"indignation  et  d'amertume. 

La  république  n'avait  pas  été  plus  heureuse  dans  cette 
année  1813  sur  mer  que  sur  terre.  Les  frégates  anglaises, 
victorieuses  en  plusieurs  rencontres,  avaient  ravagé  le  lit- 
toral de  l'Océan  jusque  dans  la  Virginie. 


SA   VIE   ET  SES  ŒUVRES.  clxV 

La  campagne  de  1814  s'ouvrit  encore,  du  côté  des  Amé- 
ricains, par  une  défaite.  Après  plusieurs  combats,  tantôt 
sur  un  rivage  du  lac  Ontario,  tantôt  sur  l'autre;  après  la 
prise  et  l'incendie  d'Oswégo,  où  se  trouvait  une  partie  des 
munitions  de  la  flottille  américaine  de  Sackett's-Harbour, 
vinrent  le  combat  de  Chippéwa  et  la  bataille  de  Lundy's- 
Lane,  où  des  deux  côtés  Ton  fit  preuve  de  beaucoup  de 
courage  et  d'un  grand  acharnement. 

Le  général  Drummond  était  monté  à  la  partie  supé- 
rieure du  lac  ;  il  avait  fait  la  faute  d'y  éparpiller  ses  forces; 
les  généraux  Scott  et  Brown,  s'en  étant  aperçus,  traver- 
sèrent avec  3,0(X)  hommes  et  attaquèrent  le  général  Riall 
à  Chii)péwa.  Celui-ci,  après  un  combat  où  l'infériorité  du 
nombre  se  faisait  trop  sentir,  dut  retraiter  vers  Queenston. 
Les  Américains  l'y  suivirent;  mais  comme  ils  revenaient 
sur  leurs  pas,  Riall  en  fit  autant  et  eût  été  sans  aucun 
doute  écrasé  par  eux  à  Lundy's-Lane  si  le  général  Drum- 
mond ne  fût  arrivé  avec  des  renforts. 

Cette  bataille  dura  six  heures  et  ne  se  termina  que  vers 
minuit.  "  Les  artilleurs  anglais,  dit  M.  Garneau,  se  fai- 
saient tuer  sur  leurs  pièces  plutôt  que  de  céder.  Les  Amé- 
ricains firent  avancer  leurs  canons  jusqu'à  quelques  pas 
seulement  des  canons  anglais.  L'obscurité  de  la  nuit,  qui 
était  alors  venue,  occasionna  plusieurs  méprises  singu- 
lières. Ainsi  les  deux  partis  échangèrent  quelques  pièces 
d'artillerie  au  milieu  de  la  confusion,  dans  les  charges 
qu'ils  exécutaient  alternativement  l'un  contre  l'autre." 

Dans  la  nuit,  les  uns  et  les  autres  avaient  reçu  des  ren- 
forts, ce  qui  n'empêchait  pas  que  l'armée  américaine  ne  fût 
toujours  deux  fois  plus  nombreuse  que  l'armée  anglaise. 
Cependant  la  première  dut  céder  le  terrain.  Le  nombre 
des  morts  était  considérable  de  part  et  d'autre;  du  côté 
des  Anglais,  Drummond  et  Riall  avaient  été  blessés  ;  et 
ce  dernier  était  tombé  aux  mains  de  l'ennemi. 

"  Rien,  dit  un  écrivain  cité  par  M.  Garneau,  ne  pouvait 
être  plus  terrible  ni  plus  solennel  que  ce  combat  de  mi- 
nuit. Les  charges  désespérées  des  troupes  étaient  suivies 
d'un  silence  funèbre,  que  troublaient  seuls  les  gémisse- 
ments des  mourants  et  le  bruit  monotone  de  la  cataracte 

L 


clxvi  FRANÇOI»-XAVTER  GARNEAU, 

de  Niagara;  c'cKt  A  peine  ai  l'on  pouvait  discerner,  au  clair 
de  la  lune,  les  ligne»  defl  Roldat^  aux  rcfleU  de  leurs 
armes.  ('c!<  instants  d'anxiété*  ^taioiit  interrompus  i)ar  les 
éclats  «le  la  fusillade  et  par  de  nouvelles  charges,  que  les 
troupes  britanniques,  réguliers  et  miliciens,  essuyaient 
avec  une  inébranlable  fernjeté." 

Les  Américains  se  retirèrent  dans  le  fort  Erié,  où  Drum- 
mond  les  assiégea.  Après  avoir  canonné  cette  forteresse, 
les  Anglais  y  donnèrent  l'assaut  et  s'en  seraient  emparés 
sans  l'explosion  d'une  poudrière,  qui  jeta  la  panique  dans 
leurs  rangs  et  leur  fit  perdre  beaucoup  de  monde.  Ils  con- 
tinuèrent le  siège,  qu'ils  durent,  cependant,  abandonner 
lors(ju'ils  reçurent  la  nouvelle  de  la  défaite  de  la  flottille 
annflaise  sur  le  lac  Charnplain,  et  de  la  retraite  du  général 
Prévost  après  cette  malheureuse  affaire,  qui  eut  un  grand 
retentissement  et  fut  l'occasion  d'accu.sations  bien  injustes 
contre  cet  excellent  gouverneur. 

Prévost  avait  donné  le  commandement  de  la  flottille  du 
lac  Charnplain  à  Downie;  celui-ci  devait  détruire  la  flot- 
tille américaine  en  même  temps  que  le  général  attaquerait 
par  terre  les  fortifications  de  Plattsburg.  Le  principal 
"vaisseau  anglais  s'engagea  trop  loin  et  se  trouva  pris 
entre  deux  feux,  celui  des  vaisseaux  américains  et  celui 
des  batteries  de  terre.  Downie  périt  dans  l'action,  et 
Pring,  qui  avait  pris  le  commandement,  dut  amener  son 
pavillon  après  deux  heures  de  combat. 

Cela  s'était  passé  à  la  vue  des  armées  de  terre.  Prévost, 
qui  avait  déjà  ouvert  le  feu  de  ses  batteries  sur  la  place  et 
dont  les  colonnes  s'étaient  mises  en  marche,  mais  avaient 
été  reçues  par  un  feu  plus  meurtrier  qu'il  ne  s"y  attendait, 
ordonna  la  retraite.  Il  put  repasser  sur  le  territoire  anglais 
sans  avoir  fait  des  pertes  trop  considérables,  et  éviter  ainsi 
le  sort  qu'avait  eu  autrefois  Burgoyne.  Dans  cette  guerre, 
comme  dans  la  première,  la  défensive  avait  en  général 
mieux  réussi  que  l'offensive. 

L'Angleterre  était  alors  victorieuse  sur  le  continent  de 
l'Europe;  elle  triomphait  de  Napoléon  et  pouvait  jeter  sur 
l'Amérique  une  partie  des  flottes  et  des  armées  qu'elle 
avait  form,ées  pour  cette  grande  lutte.  En  même  temps 


SA  VIE   ET  SES   ŒUVRES.  clxvîi 

que  des  renforts  considérâtes  étaient  envoy<?s  au  général 
Prévost,  des  flottes  et  des  troupes  de  débarquement  se 
dirigeaient  vers  le  littoral  américain  de  l'Océan  et  sur  le 
golfe  du  Mexique.  Bientôt  le  général  Ro%  débarquait  avec 
cinq  mille  hommes,  battait  les  Américains  sur  la  route  de 
Washington ,  prenait  cette  ville,  brûlait  le  eapitole  et 
regagnait  ses  vaisseaux  ;  il  débarquait  de  nouveau  près  de 
Baltimore,  où  il  n'eut  point  de  semblables  succès,  mais 
ne  fut  point  non  plus  si  malheureux  que  le  général  Pack- 
enham,  battu  à  la  Nouvelle-Orléans  par  le  général  Jackson. 
En  m^me  temps,  les  flottes  arfglaises  qui  bloquaient  les 
ports  principaux  des  États-Unis,  faisaient  des  prises  nom- 
breuses et  ruinaient  le  commerce  américain. 

A  la  suite  de  ces  événements,  les  Etats-Unis  se  trou- 
vèrent dans  une  position  assez  critique  pour  désirer  la 
paix;  en  même  temps,  ils  avaient  lutté  avec  assez  d'avan- 
tage et  remporté  d'assez  grands  succès  pour  pouvoir  mettre 
bas  les  armes  sans  déshonneur  et  sans  honte.  La  paix  fut 
signée  à  (Jand,  en  Belgique,  le  24  décembre  1814. 

Telle  fut  cette  guerre  de  1812,  dont  le  souvenir  est 
encore  vivant  dans  la  province  de  Québec  et  ne  s'éteindra 
pas  même  avec  les  derniers  contemporains,  avec  les  der- 
niers miliciens  décorés  de  la  médaille  de  C'hâteauguay.  ♦ 
Les  victoires  de  Queenston  et  de  Lundy's-Lane  dans  le 
Haut-Canada,  celles  de  ChAjteauguay  et  de  Lacolle  dans 
le  Bas-Canada,  ont  fait  vojr  toute  la  vaillance  des  colons 
fran(;ais  et  des  colons  anglais.  La  bataille  de  Chftteauguay 
surtout  fut  décisive  ;  on  l'a  comparée,  non  sans  raison,  aux 
Thermupyles  et  le  nom  de  Salaber^  a  été  exalté,  en  prose 
et  en  vers,  à  l'égal  de  celui  de  Léonidas.  8i  cet  enthousiasme 
a  pu  paraître  excessif  à  raison  de  la  courte  durée  de  l'en- 
gagement et  du  petit  nombre  de  tués  et  de  blessés  de 
notre  côté,  la  résistance  à  des  forces  si  supérieures  et  les 


*  n  est  remarquable  qu'un  grand  nombre  de  ces  miliciens  ont 
atttiint  un  âge  très  avancé  ;  les  journaux  nous  annoncent  encore 
souvent  la  mort  de  quelqu'un  d'entre  eux,  et  une  liste  de  ceux  qui 
recevaitMit  das  pensions,  publiée  l'année  dernière,  constatait  chez 
eux  une  rare  longévité. 


clxviii  FRANÇOIH-XAVUtB   OAKSEAU, 

résultats  (lu'elle  a  eus  Hufr;  r^  ■-  '  ■•  tifior.  Ce  nVfît,  «i 
l'on  veut,  «lu'uno  vive  lu  ir  uu  coin  d'un 

bois;  mais  cet  éclaira  illuminé  tout  notre  avenir.  Il  a  fait 
voir  encore  une  fms  A  l'Angleterre  qu'elle  devait  compter 
avec  nous  ;  il  a  donné  raison  à  la  politique  du  général 
Prévost,  * 

Celui-ci,  en  se  conciliant  les  Canadiens,  en  se  faisant 
aimer  d'eux,  avait  plus  fait,  pour  assurer  le  succès  des 
armes  de  l'Angleterre,  que  tous  les  autres  généraux  en- 
semble; il  avait  de  plus  montré  beaucoup  de  bravoure, 
d'iiabileté  et  d'activité  pendant  les  trois  campagnes,  qu'il 
avait  en  partie  dirigées.  Cependant,  comme  cela  arrive 
souvent  aux  bommes  les  plus  éminents,  un  écbec  dont  il 
n'était  nullement  la  cause  avait  compromis  sa  position; 
et  des  gens  qui  voulaient  s'attribuer  le  fruit  de  ses  efforts 
et  de  son  courage  le  tirent  mettre  en  accusation. 

On  avait  doublement  tort  de  lui  reprocher  d'avoir  fait 
une  entreprise  téméraire  en  attaquant  Plattsburg  et  d'avoir 
manqué  de  courage  en  se  retirant  après  la  j)erte  de  l'es- 
cadre. L'Angleterre  avait  voulu  que  l'on  prît  l'offensive, 
elle  avait  envoyé  pour  cela  quatorze  mille  hommes  de 
troupes,  et  mis  à  la  disposition  du  gouverneur  les  matelots 
des  frégates  qui  les  avaient  transportés,  f  Plattsburg  sur  le 

*  Un  monument  fut  élevé  au  général  Brock  à  Queenston.  Il  fut 
détniit  par  quelques  fanatiques  américains.  Un  autre,  Ix^auroup 
plus  beau,  a  été  élevé  depuis.  L'année  dernière,  une  statue  de  Sala- 
berry  en  bronze,  due  au  talent  artistique  de  M.  Hébert,  jeune  sculp- 
teur canadien,  a  été  inaupiJb^e  par  le  marquis  de  Lorne  à  Chambly, 
résidence  et  lion  de  sépulture  du  héros  de  Châteaujniay.  M.  Coffin, 
dans  son  ouvrage "  1812,  The  War and itn  Moral"  Montréal,  1864, — dit 
qu'un  terrain  aj^partenant  au  gouvernement  militaire,  dans  le  voi- 
sinage immédiat  du  champ  de  bataille  du  26  octobre  181.3,  a  été  ré- 
servé pour  l'érection  d'un  monument,  et  cela  par  un  ordre  en  conseil, 
daté  du  7  décembre  1859,  à  la  demande  de  MM.  Taché,  Cartier  et 
Vankoughnet,  alors  membres  du  gouvernement.  Le  même  auteur 
fait  remarquer  que  les  soldats  qui  ont  pris  part  à  la  bataille  étaient 
tous  Canadiens-Français,  bien  que  quelques-uns  des  officiers  fussent 
d'origine  britannique. 

t  Parmi  les  régiments  que  l'on  avait  envoj'és  au  Canada  pendant 
la  guerre,  se  trouvaient  ceux  de  Meuron  et  de  Watte ville,  formés 


SA   VIE   ET   SES  ŒUVRES.  clxix 

la»  Champlain,  et  Sackett's-Harbour  sur  le  lac  Ontario, 
rendez-vous  et  refuges  des  flottilles  américaines,  devaient 
être  naturellement  l'objectif  des  forces  anglaises. 

8i  une  faute  avait  été  commise,  c'était  par  le  comman- 
dant Downie,  qui  la  paya  de  sa  vie.  Ce  qui  tranche  la 
question,  c'est  l'opinion  exprimée  par  le  duc  de  Wellington 
que  Prévost,  après  la  perte  de  l'escadre,  aurait  toujours 
été  obligé  de  repasser  sur  le  territoire  anglais,  même  en 
supposant  qu'il  eût  pu  enlever  la  forteresse.  M.  Garneau 
insiste  avec  raison  sur  cette  manière  d'envisager  les  accu- 
sations portées  contre  le  gouverneur,  et  son  opinion  est 
corrol)orée  par  celle  de  M.  Christ ic  ft  i>ar  les  {bicuiucnts 
publiés  par  ce  dernier.* 

Dans  les  différentes  sessions  du  piirleuient  qui  .s  t talent 
tenues  pendant  la  guerre,  Prévost  s'était  parfaitement 
accordé  avec  la  majorité  de  la  chambre,  et  il  avait  obtenu 
d'elle  à  peu  près  tout  ce  qu'il  désirait.  Si  la  guerre  se  fût 
prolongée,  la  coterie  coloniale  n'aurait  pas  osé  relever  la 
tête;  mais  elle  sentait  déjà  que  l'Angleterre  allait  cesser 
d'avoir  besoin  des  Canadiens.  Elle  suscita  des  accusations 
contre  le  gouverneur,  qu'elle  nous  savait  favorable,  et 
celui-ci  fut  victime  d'un  triomphe  qu'il  avait  tant  con- 
tribué à  obtenir. 

Rien  n'est  plus  triste  que  le  sort  de  cet  excellent  homme, 
partant  A  la  hâte  pour  se  rendre  en  Angleterre  et  mourant 
par  suite  des  anxiétés  et  des  fatigues  qu'il  avait  éprou- 
vées dans  le  voyage;  car  il  avait  parcouru  à  pied,  dans 
l'hiver,  une  partie  du  chemin  entre  Québec  et  le  Nouveau- 
Brunswick.  Il  ne  fut  justitié  qu'après  sa  mort;  et  quoique 
l'enquête  ne  pût  être  continuée,  le  gouvernement  reconnut 
les  services  éminents  qu'il  avait  rendus.  Son  nom  du  reste 


presque  entit-roment  de  Suisses  et  de  Français.  Plusieurs  officiers 
do  ces  régiments  sont  restés  dans  le  pays.  M.  Mermet,  dont  j'ai 
parlé  plus  liant  et  qui  composa  deux  pièces  do  vers  en  l'honneur  de 
Salai leiry,  était  un  otticier  de  l'un  de  ces  régiments.  Il  repassa  en 
Fraïuo,  et,  lors  du  voyage  de  Mgr  l*le*isis,  il  lui  adn«ssa  une  épître 
que  l'on  trouve  dans  l'ouvrage  de  M.  Ferlaud,  déjà  cit^. 
*  Voyez  Hislory  oj  Lomr  Caïuida,  volumes  2  et  3. 


clxx  FRANÇOIS- XAVIER  GARNKAU, 

est  resté  Kgcndaire  ;  le  peuple  le  met  au  rang  de  ceux  qif  il 
appelle  de  hon»  (jouvemeurs^  témoignage  d'autant  plus  pré- 
cieux qu'il  e8t^)luH  rare. 

Les  administrations  de  Druniniond,  de  Sherbrooke,  du 
duc  de  Uichniond,  de  Monk  et  de  Mnitland  occupèrent 
l'espace  de  temps  «pii  sépare  la  mort  du  général  Prévost 
de  l'arrivée  du  comte  de  Dalhousie.  Celui-ci  fut  un  second 
Craifî  et  il  Kut  nimenor  Ins  cImxscs  au  point  où  l'autre  len 
avait  laissées.  Les  administration.s  intenm'(li:iii(;-  :ivaient 
conduit  lentement  îl  ce  paroxysme. 

A  peine  la  guerre  était-elle  terminée,  (jue  Ityland  et  le 
juge  en  chef  Se\vei^  reprenaient  leur  ascendant  sur  le 
bureau  colonial.  Les  mêmes  difficultés  renaissent  entre  la 
chambre  et  le  conseil  législatif,  l'exécutif  censure  la  majo- 
rité de  la  chambre  avec  la  même  morgue  et  la  même 
injustice,  et  les  abus,  qui  n'avaient  pas  cessé  de  se  pro- 
pager subrepticement,  s'étalent  au  grand  jour  avec  plus 
d'impudence. 

M.  Garneau  signale  avec  une  légitime  indignation  cette 
ingratitude  et  cette  mauvaise  foi  du  pouvoir,  dont  la  con- 
duite fait  songer  au  mot  célèbre  d'O'Connell:  Englaud'H 
difficultics  arc  Ireland'it  apport  a  nitics.  Il  serait  cependant  à 
la  fois  si  simple  et  si  digne  d'être  juste  en  temps  de  paix 
comme  en  temps  de  guerre  ! 

Dans  cette  période,  Papineau  fils,  Denis- Benjamin  Viger. 
John  Neilson  et  les  deux  Stuart,  figurèrent  au  premier  rang 
parmi  les  défenseurs  du  peuple. 

Andrew  8tuart  (le  cadet)  était  un  homme  supérieur, 
d'une  éducation  très  distinguée,  une  nature  originale  et 
sympathique,  dénuée  d'ambition  et  que  l'amour  du  gain 
ne  tourmentait  guère.  Philosophe  et  littérateur  à  ses 
heures,  il  fut  une  des  gloires  du  barreau  de  Québec,  si 
brillant  à  cette  époque,  qui  était  celle  des  Vallières,  des 
Moquin  et  des  Plamondon.  Il  avait  une  sympathie  réelle 
pour  les  Canadiens;  c'est  lui  qui  nous  a  décerné  le  beau 
titre  de  "  peuple  gentilhomme."  Il  s'est  détaché  à  regret 
et  aussi  tard  qu'il  a  pu  le  faire  du  parti  de  la  résistance; 
on  assure  même  qu'étant  solliciteur  général  en  1838,  il 
refusa  de  prendre  part  aux  poursuites  politiques  et  traita 


SA  VIE   BT  SES  ŒUVRES,  clxxî 

de  meurtres  juridiques  les  exécutions  qui  eurent  lieu  par 
suite  des  sentences  de  la  cour  martiale.  * 

Notre  historien  cite  de  lui  cette  phrase  remarquable  au 
sujet  des  concessions  de  terres  faites  ii  des  spéculateurs  au 
sud  du  Saint-Laurent,  sous  le  prétexte  d'assurer  plus  tard 
ce  territoire  i\  la  population  anglaise  :  "  Folle  politique  !  on 
craint  le  contact  de  deux  peuples  qui  ne  s'entendent  pas, 
et  l'on  met  là  pour  barrière  des  hommes  de  même  sang, 
de  même  langue,  des  hommes  qui  ont  les  mêmes  mœurs 
et  la  même  religion  que  l'ennemi  !  " 

C'était  absolument  l'idée  que  Haldimand  avait  exprimée 
dans  la  dépêche  que  j'ai  citée  plus  haut. 

James  Stuart,  tempérament  plus  énergique,  mais 
esprit  moins  large  et  moins  cultivé,«'était  joint  aux  Cana- 
diens par  suite  des  griefs  personnels  qu'il  avait  contre 
l'oligarchie.  Dès  que  ses  intérêts  l'y  portèrent,  il  se  retourna 
contre  ses  amis  d'un  jour  et  devint  un  de  leurs  plus  ardents 
persécuteurs. 

Le  général  Drummond  débuta  par  transmettre  aux 
chambres  une  réponse  du  gouvernement  anglais  aux 
plaintes  portées  contre  les  juges  h'ewell  et  Monk.  Cette 
réponse,  conçue  en  termes  hautains  et  censurant  la  cham- 
bre, avait  été  évidemment  dictée  par  8e\Yell  lui-même. 
James  .Stuart,  ipii  avait  pris  l'initiative  dans  toute  cette 
affaire,  était  furieux,  et  la  chambre  allait  faire  une  re- 
montrance, sous  forme  d'adresse  au  prince  régent,  lors- 
que, suivant  les  instructions  qu'il  avait  reçues  de  lord 
Bathurst,  le  gouverneur  eut  recours  à  une  dissolution  du 
parlement.  Cette  fois  encore,  la  nouvelle  chambre  fut 
plus  hostile  au  gouvernement  que  l'ancienne,  et  Sher- 
brooke, qui,  sur  ces  entrefaites,  avait  succédé  à  Drum- 
mond, recommanda  aux  ministres  de  changer  de  tactique. 
Il  proposait  de  faire  Mgr  Plessis  conseiller  législatif,  de 
nommer  M.  Papineau,  qui  avait  été  élu  orateur  de  la 


*  M.  Aubin  a  écrit,  dans  le  Fanhisque,  d'excellents  portraits  des 
orateurs  jiarltMuentaires  sous  l'ancienne  constitution.  Cettt^  jralerie 
est  reproiluite  on  partie  dans  le  Répertoire  national  do  M.  lluston. 
Le  jHjrtrait  d'Andrew  Stuart  est  uu  des  meilleurs. 


clxxii  FRANf;OlS-XAVIER  aAttNBAU, 

chambre,  membre  du  conseil  exécutif,  et  M.  James  8tuart 
procureur  général.  Ces  recommandations  furent  exécu- 
tées plus  tard.  La  chambre  reprit  les  éternelles  discus- 
sions sur  le  budget  et  la  liste  civile,  et  s'occupa  de 
nouvelles  accusations  portées  contre  le  juge  Foucher  et 
contre  le  juge  Monk,  Cependant  la  majorité,  qui  connais- 
sait les  opinions  modérées  du  nouveau  gouverneur,  cédant 
à  son  influence,  parut  abandonner  l'affaire  du  juge  en  chef 
Sewell,  ce  qui  froissa  James  Stuart  et  commenta  à  le 
détacher  de  l'opposition. 

Sherbrooke,  ayant  demandé  son  rapj)el,  fut  remplacé  par 
le  duc  de  Richmond.  C'était  bien  le  gouverneur  le  plus 
important  par  son  rang  et  sa  naissance  que  l'Angleterre 
eût  encore  envoyé  au  Canada;  il  venait  de  l'Irlande,  qu'il 
avait  assez  mal  gouvernée,  et  il  déploya  ici  comme  là-bas 
un  faste  qui  n'eut  d'égal  plus  tard  que  celui  de  lord  Dur- 
ham.  8on  premier  discours  fut  bienveillant  et  l'on  put 
croire  que  l'on  avait  affaire  à  un  homme  juste  et  con- 
ciliant ;  mais,  la  chambre  ne  s'étant  pas  accordée  avec  le 
conseil  législatif,  le  duc  lui  adressa  une  mercuriale  des 
plus  hautaines  et  qui  rappelait  les  beaux  jours  de  Craig. 
Peu  de  temps  après,  il  mourut  d'hydrophobie,  ayant  été 
mordu  par  un  renard  ;  le  gouvernement  passa,  par  intérim, 
d'abord  au  plus  ancien  conseiller  exécutif,  qui,  chose  assez 
bizarre,  n'était  autre  que  ce  même  juge  en  chef  Monk  mis 
en  accusation  par  la  chambre,  puis  à  sir  Peregrine  Mait- 
land,  gendre  du  défunt  gouverneur.  Le  discours  de  proro- 
gation avait  fait  pressentir  une  nouvelle  dissolution  du 
parlement;  Monk  eut  la  satisfaction  de  recourir  à  cette 
nMima  ratio  des  gouvernements.  Le  peuple  renvoya  les 
mêmes  députés;  on  continuait  à  tourner  dans  un  cercle 
vicieux. 

La  nouvelle  chambre  refusa  de  procéder  aux  afifaires, 
parce  que  l'élection  pour  le  comté  de  Gaspé  n'avait  pas  été 
faite  dans  le  temps  voulu;  et  Ton  allait  se  trouver  dans 
une  impasse,  lorsque  le  décès  de  George  III  mit  un  terme 
à  cette  situation,  car,  à  cette  époque,  la  mort  du  souverain 
nécessitait  de  nouvelles  élections. 

Lord  Dalhousie  yint  prendre  possession  du  gouverne- 


SA   VIE   ET  SES  ŒUVRES.  clxxili 

ment  au  moment  même  où  le  peuple  prononçait  un  nou- 
veau verdict,  qui,  du  reste,  fut  semblable  à  tous  ceux  qu'il 
avait  rendus  depuis  une  quinzaine  d'années. 

Le  14  décembre  1820,  le  nouveau  gouverneur  ouvrit  le 
parlement  par  un  discours  qui  annonçait  d'excellentes 
dispositions;  mais  l'illusion  qu'il  produisit  fut  de  courte 
durée.  L'assemblée  ayant  encore  eu  maille  à  partir  avec  le 
conseil  au  sujet  des  subsides,  Dalhousie  se  prononça  en 
faveur  des  prétentions  de  la  chambre  haute. 

Il  n'y  avait  point  que  cette  question,  cependant,  qui  agi- 
tât les  esi^rits.  La  chambre,  dans  une  adresse,  se  plai- 
gnait d'abus  à  peine  croyables.  Des  cumuls  d'emplois,  des 
sinécures,  l'accaparement  des  terres  par  des  favoris,  la 
perversion  de  l'administration  de  la  justice,  formaient  on 
état  de  choses  peu  tolérable,  et  qui  l'eût  été  moins  encore 
si  le  pays  n'eût  pas  joui  à  cette  époque  d'une  grande  abon- 
dance, et  si  le  peuple  eût  été  obligé  de  payer  des  taxes 
directes  pour  le  soutien  d'un  gouvernement  qui  lui  était 
si  peu  sympathique,  et  sur  lequel  il  avait  si  peu  de  contrôle. 
Le  conflit  entre  le  conseil  et  la  chambre  fut  encore  aug- 
menté par  l'importance  que  celle-ci  attacha,  peut-être  im- 
prudemment, à  un  discours  violent  et  outrecuidant  d'un 
des  conseillers,  RL  Richardson.  Déjà  l'on  avait  montré  peu 
de  respect  pour  la  liberté  de  la  presse;  maintenant  on 
attaquait  inconsidérément  la  liberté  des  débats,  et  l'on 
demandait  au  gouverneur,  par  une  adresse,  de  destituer 
un  conseiller  législatif  de  toutes  les  charges  qu'il  remplis- 
sait pour  le  punir  d'avoir  parlé  irrévérencieusement  d'une 
des  branches  de  la  législature. 

Lord  Dalhousie  put  se  débarrasser  facilement  d'une 
demande  aussi  peu  raisonnable.  Mais  une  question  bien 
plus  importante  que  toutes  celles  qui  avaient  agité  le  par- 
lement et  l'opinion  devait  s'élever  bientôt.  Soit  que  le 
parti  anglais  —  car  malgré  de  brillantes  exceptions,  la 
population  anglaise  se  trouvait  rangée  du  côté  du  pou- 
voir—soit que  le  parti  anglais  fût  effrayé  des  résultats  de 
la  lutte  et  de  ces  nombreuses  dissolutions  qui  ramenaient 
toujours  la  même  majorité;  soit  que  ces  coups  d'Etat 
réitérés  ne  fussent  qu'un  stratagème  convenu  entre  les 


clxxîv  FRANÇOIS-XAVIER  OARNEAU, 

gouverneurs  et  l'autorité  métropolitaine  pour  provwjuor 
une  crise  (\\n  permît  des  cliangementH  organiques,  conime 
M.  (iiirneau  paraît  le  croire,  un  projet  nourri  dans  l'ombre 
fut  mis  au  jour  en  1822,  et  alarma  non  seulement  tous  les 
partisans  de  l'assemblée  législative,  mais  aussi  un  grand 
nombre  de  ceux  (jui  jusque-là  n'avaient  |x>int  sympatbisé 
avec  elle.  Cette  mesure  était  celle  de  la  révocation  do  la 
constitution  de  171)1  et  de  la  réunion  des  deux  provinces 
du  Haut  et  du  Has-Canada  en  une  seule. 

Ce  fut  M.  Ellice,  propriétaire  de  la  seigneurie  de  Beau- 
harnois,  qui  servit  d'intermédiaire  aux  marchands  de 
Montréal  et  aux  ministres.  Les  petites  causes  produisent 
souvent  de  grands  efl'ets.  Ellice  avait  un  ennemi  acharné 
dans  la  personne  d'un  nommé  Parker,  son  ancien  associé 
de  commerce  au  Canada.  Celui-ci  donna  l'éveil,  et  lorsque 
la  mesure  fut  {iroposée  dans  la  chambre  des  communes, 
sir  James  Macintosh  et  sir  Francis  Burdett,  qui  avaient  été 
prévenus,  s'y  opposèrent.  Un  des  ministres,  M.  Wilmot,  fit 
cet  aveu  que  si  la  loi  n'était  point  pa.ssée  de  suite,  on  rece- 
vrait tant  de  pétitions,  dictées,  ajoutait-il,  par  l'ignorance 
et  les  préjugés,  qu'il  deviendrait  impossible  de  l'adopter. 

*'  Ce  projet  de  loi,  dit  M.  Garneau,  restreignait  beaucoup 
les  libertés  coloniales  en  général,  et  celles  du  Bas  Canada 
en  particulier.  II  donnait  à  celui-ci  une  représentation 
beaucoup  plus  faible  qu'au  Haut-Canada.  Il  conférait  à 
des  conseillers  non  élus  par  le  peuple  le  droit  de  prendre 
part  aux  débats  de  l'assemblée.  Il  abolissait  l'usage  officiel 
de  la  langue  française,  et  limitait  la  liberté  religieuse  et 
les  droits  de  l'Eglise  catholique.  Il  limitait  aussi  les  droits 
des  représentants  touchant  la  disposition  des  impôts. 
Cette  loi  paraissait  enfin  dictée  par  l'esprit  le  plus  rétro- 
grade et  le  plus  hostile." 

Dès  que  l'introduction,  pour  bien  dire  subreptice,  de 
ce  Mil  dans  la  chambre  des  communes  fut  connue,  une 
grande  agitation  régna  dans  la  colonie.  Des  assemblées 
publiques  furent  tenues  à  Montréal  et  à  Québec,  pour  pro- 
tester contre  cette  conduite  du  ministère  anglais  ;  des 
requêtes,  conçues  dans  des  termes  pleins  de  fermeté  et  de 
modération,  se  couvrirent  promptement  de  nombreuses 


SA   VIE   ET  SES  ŒUVRES.  clxXV 

sighatures,  et  il  fut  décidé  d'en  charger  MM.  Neilson  et 
Papineau,  qui  partirent  pour  l'Angleterre.  Les  partisans 
de  l'union  eurent  aussi,  à  Montréal,  leurs  assemblées,  et 
chargèrent  de  leur  requête  M.  Gale.  James  Stuart  se  posa 
en  champion  des  unionistes  et  s'exprima  avec  véhémence 
contre  les  Canadiens.  Le  gouverneur  convoqua  le  parle- 
ment et  les  deux  branches  de  la  législature  s'empressèrent 
de  protester  dans  les  termes  les  plus  énergiques  contre  le 
projet  du  ministère.  Telle  était  la  force  de  l'opinion  pu- 
blique qu'il  n'y  eut  que  trois  voix  dissidentes  dans  la 
chambre  et  six  dans  le  conseil. 

Les  prétextes  que  l'on  donnait  pour  la  grande  injustice 
que  l'on  voulait  accomplir  étaient  les  difficultés  sans  cesse 
renaissantes  entre  les  deux  branches  de  la  législature,  et 
le  conflit  qui  venait  de  s'élever  entre  le  Haut-Canada  et  le 
Bas-Canada  au  sujet  de  la  part  des  impôts  douaniers  per- 
çus dans  nos  ports  de  mer  que  réclamait  la  première 
de  ces  provinces.  Mais  le  Haut-Canada,  trouvant  que  le 
projet  de  loi  était  dangereux  au  point  de  vue  de  la  liberté 
constitutionnelle,  joignit  son  opposition  t\  celle  de  la 
législature  du  lias-Canada,  et  la  tâche  de  nos  délégués 
se  trouva  merveilleusement  simplitiée. 

Cependant  ceux-ci  montrèrent  beaucoup  de  talent  et 
d'habileté  et  eurent  quelque  mérite  à  déjouer  les  intrigues 
d'Ellice.  Ils  rédigèrent  un  mémoire  très  remarquable  et 
eurent  plusieurs  entrevues  avec  lord  Bathurst,  ministre 
des  colonies,  et  avec  le  sous-secrétaire,  M.  Wilmot,  le 
même  ^\\.n  avait  essayé  d'escamoter  le  bill  d'union  dans  la 
chambre  des  communes,  et  dont  la  naïve  prédiction  au 
sujet  de  roj)position  que  recevrait  cette  mesure  se  trouvait 
confirmée.  Bien  que  ce  dernier  personnage  leur  eût  dé- 
claré formellement  que  rien  ne  serait  fait  dans  cette  ses- 
sion, et  qu'ils  pouvaient  s'en  aller  en  toute  sûreté,  M. 
Papineau  crut  devoir  rester  jusqu'après  la  prorogation.  La 
conduite  antérieure  de  M.  Wilmot  et  les  propos  que  tenait 
M.  Ellice  justifiaient  pleinement  cet  acte  de  prudence.* 

*  "  Vous  avez  l'air  bien  rassuré  !  dit  un  jour  M.  Elliee  à  M. 
Papineau.  Je  crois  savoir  do  bouuo  source  que  le  ministère  vous  a 


clxxvi  FRANÇOIB-XAVIER  OARSEAU, 

M.  Papineau  et  M.  Neilson  exerçaient  alors  une  grailde 

influence  dans  la  colonie.  liO  succr-H  «le  leur  iniBHi<>n  aug- 
menta encore  leur  prestige.  Louis-Joseph  l'apineuu,  plua 
jeune  que  M.  Neilaon,  avait  un  tempérament  beaucoup 
l)lu8  ardent.  L'un  était  un  trihun,  l'autre  un  philosophe. 
L'un  i)Ourrait  être  comparé  A  Mirabeau,  l'autre  à  Franklin, 
De  fait,  M.  Neilson,  lors  de  sa  seconde  mission  en  Euroi)e, 
fut  appelé  le  Franklin  canadien.  Imprimeur  comme  lui, 
M.  Neilson  avait  beaucoup  des  dispositions  et  des  idées 
de  l'auteur  de  la  Science  du  bonhomvic  Richard. 

La  Gazette  de  Québec,  le  plus  ancien  journal  du  pays, 
(jui  se  publiait  dans  les  deux  langues,  était  sous  sa  direc- 
tion. Il  avait  comme  journaliste  un  genre  qui  lui  était 
propre,  un  style  laconique,  d'une  ironie  froide  et  calme, 
une  habileté  toute  particulière  à  faire  ressortir,  par  des 
citations  et  des  rapprochements,  les  exagérations  ou  les 
contradictions  de  ses  adversaires.  Les  deux  feuilles,  ani- 
mées du  même  esprit,  mais  avec  des  nuances  ù  peine  per- 
ceptibles, assuraient  à  M.  Neilson  une  grande  influence 
sur  les  deux  sections  de  la  population.  Protestant,  il  était 
cependant  l'ami  intime  de  Mgr  Plessis,  de  M.  Demers  et 
des  membres  les  plus  éminents  du  clergé  catholique.  Par 
ses  connaissances,  sa  sagesse  et  sa  modération,  il  fut  long- 
temps une  sorte  d'oracle  politique  dans  le  district  de 
Québec. 

La  chambre  d'assemblée  comptait  à  cette  époque  des 
talents  de  premier  ordre,  et  bien  que  le  Mercury  et  les  cer- 
cles officiels  affectassent  un  grand  mépris  pour  cette  tourbe 
d''habitants  illettrés  conduits  et  endoctrinés  par  Papineau  et 
quelques  autres  démagogues,  disaient-ils,  le  gouverne- 
ment anglais  savait  très  bien  que  ces  habitants  illettrés 
étaient  le  plus  souvent  des  hommes  d'une  grande  valeur, 
d'une  grande  dignité  de  manières  et  d'un  patriotisme  à 
toute  épreuve,  et  que  les  prétendus  démagogues  qui  les 


promis  que  la  mesure  ne  reviendrait  pas  sur  le  tapis  ;  mais  elle 
y  reviendra.  Je  déshonorerai  le,s  ministre.s;  j'ai  leur  j»arole,  donnée 
en  présence  de  témoins."  M.  EUice  se  vantait.  Ceijeudant,  bien  des 
années  plus  tard  il  vit  réussir  son  projet  favori. 


SA   VIE   ET   SES  ŒUVRES.  clxxvii 

guidaient  auraient  été  dignes  de  s'asseoir  sur  les  bancs  de 
la  chambre  des  communes. 

Soit  par  un  vérita"ble  désir  de  conciliation,  soit,  comme 
M.  Garneau  paraît  le  croire,  afin  de  diviser  des  forces 
aussi  imposantes,  le  gouvernement  avait  adopté  tardi- 
vement les  recommandations  judicieuses  de  Sherbrooke. 
Mgr  Plessis  avait  été  appelé  au  conseil  législatif,  et  quoi- 
qu'il prît  très  rarement  part  aux  débats,  sa  présence  ne 
manquait  pas  de  tenir  en  échec  les  mauvaises  dispositions 
de  quelques  fanatiques.  M.  Papineau  fils  avait  été  fait 
conseiller  exécutif;  mais  après  avoir  accepté  cette  situation 
il  n'assista  jamais  aux  séances.  Enfin  lord  Dalhousie  fit 
tout  son  i)ossible  pour  s'attacher  ValUr-res,  qui  avec  Papi- 
neau et  Andrew  Stuart  était  un  des  trois  orateurs  les  plus 
brillants  du  parlement.  Pendant  l'absence  de  Papineau 
en  Angleterre,  Vallières  avait  été  élu  président  de  la 
chambre;  le  gouverneur  entretint  les  meilleurs  rapports 
avec  lui  et  le  consulta  sur  beaucoup  de  choses.  Quant  à 
M.  Neilson,  il  avait  d'autant  plus  de  mérite  i\  marcher 
avec  la  majorité  que  son  journal,  dont  il  avait  transféré  la 
propriété  à  son  fils,  jeune  homme  de  grands  talents,  avait 
le  monopole  des  avis  ofiiciels,  chose,  comme  on  le  sait,  très 
lucrative.  Aussi,  lorsque  plus  tard  l'antagonisme  entre  lord 
Dalhousie  et  le  parti  canadien  s'accentua,  le  gouverneur 
fonda  la  Gazette  de  Québec,  publiée  par  autorité,  dont  la  partie 
politique  et  littéraire  anglaise  était  rédigée  pur  M.  Fisher, 
et  la  partie  française  par  le  chevalier  d'Estimauville,  pu- 
nissant ainsi  la  famille  Neilson  de  sa  conduite  politique. 

Encore  qu'un  certain  apaisement  eût  été  le  résultat  de 
l'abandon  du  projet  que  MM.  Neilson  et  Papineau  étaient 
allés  combattre  à  Londres,  la  mésintelligence  continuait 
toujours  entre  les  deux  chambres  de  la  législature.  Le 
déficit  énorme  que  le  receveur  général  Caldwell  fut  obligé 
d'accuser,  par  suite  des  emprunts  indiscrets  qu'il  avait 
faits  à  la  caisse  publique,  vint  encore  compliquer  la  situa- 
tion. Cet  événement,  tout  en  étant  un  nouveau  brandon 
de  discorde,  donnait  raison  à  la  chambre  élective  et  fai- 
sait voir  qu'elle  n'avait  point  tort  d'exiger  un  contrôle 
plus  complet  sur  les  finances. 


Clxxviii  FRANÇ0IB-XA\7ER  GARNF.AU, 

Après  une  session  qui  s'était  ternnn^'e  (0  mars  1824) 
sans  qu'aucune  question  fût  régUe,  lord  Dalhousie  sY-taii 
embarqué  pour  rKuropc.  ('iiosf    '  il  avait  tourné 

son  attention  vers  la  question  rc  <t  il  en  revenait 

au  projet  <le  Ryland  et  de  Craig  que  Mgr  Plessis,  dans  non 
voyage,  avait  fait  rejeter  par  les  ministres,  celui  <!• 
parer  de  la  nomination  aux  cures.  Lu  feuille  des  \,> 
pendant  toute  cette  partie  de  notre  histoire  politique,  a 
toujours  tenté  le  pouvoir,  et  cette  prétention  bizarre  de 
la  part  d'un  gouvernement  protestant,  a  été  l'une  des 
plus  tenaces  parmi  celles  que  le  triomphe  des  principefl 
constitutionnels  devait  faire  «lisparaître. 

Sir  Francis  Burton,  le  lieutenant-gouverneur  dont  la 
chambre  avait  exigé  la  résidence  dans  le  pays,  se  trouva  il 
présider  à  l'ouverture  dun  nouveau  parlement;  la  chambre 
précédente  s'était  rendue  au  bout  du  terme  fixé  par  la 
constitution,  ce  <iui  était  presque  un  phénonn^-ne  h  cette 
époque  où  les  dissolutions  étaient  si  fréquentes.  Hurton 
avait  pu  juger  la  politique  canadienne  de  sang-froid,  et  il 
ne  s'était  point  laissé  circonvenir  par  les  afhdés  du  châ- 
teau. Ses  bonnes  dispositions  étaient  déjà  connues  de  nos 
hommes  politiques. 

"  Dans  les  estimations  qu'il  transmit  à  la  chambre,  dit 
M.  Garneau,  les  dépenses  publiques  n'étaient  point  divi- 
sées en  permanentes  et  en  spéciales,  de  sorte  que  les  sub- 
sides purent  être  votés  dans  une  forme  qui  obtint  la 
sanction.  Tout  le  monde  crut  que  la  grande  question  des 
finances  était  réglée  et  que  l'harmonie  allait  renaître. 
Burton  se  berçait  lui-même  de  cette  illusion." 

La  conduite  de  lord  Dalhousie,  à  son  retour,  fut  pendant 
quelque  temps  de  nature  à  confirmer  les  espérances  des 
Canadiens-Français.  Dans  le  discours  par  lequel  il  ouvrit 
la  deuxième  session  ^u  parlement,  il  traça  un  programme 
où  il  était  question,  pour  la  première  fois,  de  la  colonisa- 
tion des  terres  publiques  par  les  descendants  des  premiers 
colons.  Plusieurs  articles  de  ce  programme  seraient  encore 
de  mise  aujourd'hui.  Une  adresse  fut  votée  à  la  suggestion 
du  gouverneur,  demandant  la  révocation  de  la  loi  des 
tenures,  passée  par  le  parlement  impérial  et  qui  était  un 


SA  VIE   ET  SES  ŒUVRES.  clxxix 

empiétement  sur  les  droits  de  la  province.  Cependant  des 
dépêches  de  lord  Bathurst  faisaient  voir  que  le  ministère 
tenait  à  sa  manière  de  voir  au  sujet  des  subsides,  et  que 
sir  Fmncis  Burton  avait  agi  contrairement  aux  instruc- 
tions données  à  ses  prédécesseurs,  mais  dont  il  ignorait 
l'existence.  Le  parlement,  prorogé  le  29  mars  1826,  se 
réunit  de  nouveau  le  23  janvier  1827.  Les  subsides  furent 
votés  dans  la  même  forme  que  l'année  précédente  et 
furent  refusés.  Le  discours  de  prorogation  fut  une  semonce 
en  règle  et  fut  suivi  d'une  dissolution.  On  retournait  aux 
jours  de  Craig. 

M.  Papineau  et  plusieurs  autres  députés  .«ignèrent  un 
manifeste  énergique,  un  véritable  appel  au  peuj)le.  Le 
gouverneur  y  répondit  en  destituant  les  officiers  de  milice 
en  faisant  arrêter  et  poursuivre  M,  Waller,  rédacteur  du 
Canadian  Spedator.  Les  élections  furent  orageuses  :  il  y 
eut  des  rixes  violentes  au  quartier  ouest  de  Montréal,  à 
Sorel  et  à  Haint-Eustache. 

Le  résultat  fut  celui  que  nous  avons  vu  tant  de  foi». 
La  nouvelle  chambre  était  encore  plus  ardemment  pa- 
Iriote,  comme  l'on  disait,  que  l'ancienne.  M.  Papineau  fut 
réélu  orateur  par  une  grande  majorité  contre  M.  Vallières, 
qui  n'obtint  que  cinq  voix.  Lord  Dalhousie,  que  le  mani- 
feste de  ^L  Papineau  avait  irrité,  en  prit  prétexte  pour 
refuser  de  le  confirmer  dans  ses  fonctions.  Il  est  vrai  qu'en 
Angleterre  l'orateur  de  la  chambre  des  communes  n'est 
pas  un  chef  de  parti.  Mais  il  faut  bien  qu'une  majorité 
parlementaire  fasse  quelque  chose  de  celui  qui  la  dirige. 
Ou  n'avait  point  ici  un  siège  de  premier  ministre  à  lui 
donner  ;  on  le  plaçait  au  fauteuil  de  la  présidence.  On  ne 
voulait  pas  avoir  une  chambre  constitutionnelle  propre- 
ment dite;  l'assemblée  législative  tournait  par  là  même 
à  Vassemhlée  nationale. 

Les  membres  étant  de  retour  de  la  salle  du  conseil  légis- 
latif, où  l'orateur  de  ce  corps  leur  avait  signifié  en  pré- 
sence du  gouverneur,  entouré  d'un  nombreux  état-major, 
la  volonté  royale  ou  plutôt  vice-royale,  il  fut  déclaré,  sur 
la  proposition  de  M.  Cuvillier,  ''  que  le  choix  de  l'orateur 
devait  se  faire  librement  et  indépendamment  du  pouvoir; 


CIXXX  FRANÇOIS-XAVIER   GARNEAT, 

que  M.  Papineau  avait  (-iù  61x1  par  l'afisembl^'e;  que  la  loi 
n'exigeait  pas  l'approbation  du  gouverneur,  laquelle  n'é- 
tait, comme  la  pr<!-8entation,  qu'une  r^Tomonie  fond^'e  Hur 
un  simple  usage."  M.  l'apineau  fut  reconduit  au  fauteuil 
de  lar  présidence.  Le  gouverneur  refusa  de  recevoir  une 
députation  de  la  chambre  et  la  prorogea  le  mC-me  jour. 

La  plus  grande  agitation  r<^gna  aussitôt  dans  tout  le 
pays;  assembb^es  noml)reu8es  s\  Qu(5t>ec  et  A  Montr<?al, 
adresses  de  félicitations  de  la  part  des  marchands  anglais 
et  des  bureaucrates,  comme  on  les  appelait,  H  lonl  Dal- 
housie;  p<^tition  monstre  au  parlement  impZ-rial,  recouverte 
de  quatre-vingt  mille  signatures,  contre  le  gouverneur  et 
sa  politique.  Tandis  que  celui-ci  multipliait  les  destitu- 
tions (roflicicrs  de  milice,  fai.sait  arrêter  de  nouveau  M, 
Waller,  et  traduisait  devant  les  jurés  pour  libelle  la  vieille 
et  sage  Gazette  de  Québec,  MM.  Viger,  Neilson  et  Cuvillier 
partaient  pour  Londres,  emportant  avec  eux  les  remon- 
trances et  les  vœux  de  l'immense  majorité  de  la  colonie. 
Par  une  coïncidence  heureuse  pour  nous,  le  Haut-Canada 
se  trouvait  dans  une  crise  û  peu  près  semblable,  et  le  parti 
libéral  de  cette  province  toute  anglaise  avait  chargé  M. 
Hume  d'exposer  ses  griefs  à  la  chaml)re  des  communes. 

Le  résultat  de  tout  ce  mouvement  fut,  apr^s  d'excellents 
discours  de  M.  Labouchère,  de  sir  James  Mackintosh  et 
de  M.  Hume,  auxquels  les  ministres  répondirent  faible- 
ment, la  nomination  d'un  comité  qui  fit  un  long  rapport 
sur  les  griefs  du  Canada,  le  rappel  de  lord  Dalhousie  et  la 
nomination  de  sir  James  Kempt  à  sa  place,  * 

Lord  Dalhousie,  malgré  les  fautes  qui  signalèrent  son 
administration,  n'était  pas  dépourvu  de  largeur  dans  les 
idées  ni  même  d'une  certaine  grandeur  d'âme.  Il  fonda 
la  Société  littéraire  et  historique  de  Québec  ;  il  fit  élever 
l'obélisque  de  Wolfe  et  de  Montcalm  et  assista  à  la  pose 
de  la  première  pierre  ;  il  assista  aussi  à  la  pose  de  la  pre- 
mière pierre  de  l'église  de  Notre-Dame  de  Montréal,  la 
plus  grande  église  de  l'Amérique  du  Nord,  et  fit  rendre  les 

*  Le  rapport  de  ce  comité  et  les  témoignages  qui  s'y  trouvent  for- 
ment un  des  documents  les  plus  précieux  pour  notre  histoire.  Il  a 
été  réimprimé  ici  par  ordre  de  la  chambre  d'assemblée. 


SA    VIE    ET   SES   ŒIA^RES.  clxxxi 

honneurs  militaires  aux  dépouilles  de  Mgr  Plessis,  dont  il 
suivit  le  convoi  funèbre,  entouré  d'un  brillant  état-major 
et  de  plusieurs  grands  dignitaires.  * 

8ir  James  Kempt  convoqua  le  parlement,  confirma  l'élec- 
tion de  M,  Papineau,  fit  abandonner  les  procès  intentés  à 
la  presse  et  prescrivit  un  ton  plus  convenable  aux  feuilles 
olîlcielles  ou  officieuses. 

On  crut  encore  une  fois  à  une  ère  nouvelle  et  l'on  res- 
pira plus  librement. 

M.  Papineau  avait  acquis,  par  tout  ce  qui  venait  de  se 
passer,  un  immense  prestige.  Il  avait  triomphé  de  lord 
Dalhousie,  et,  ce  qui  était  plus  important,  de  la  faction 
bureaucratique.  Il  avait  relevé,  par  sa  tière  attitude  et  par 
le  succès  qui  l'avait  suivie,  toute  une  race  que  l'on  sem- 
blait vouloir  fouler  aux  pieds.  Car  ce  n'était  pas  seulement 


*  L'impopularité  de  lord  Dalhousie  était  telle  qu'on  ne  lui  tenait 
jias  conipto  de  ses  meilknires  actions.  1^  coiuitt*  qu'il  avait  form^' 
à  (^uébiH'  |)our  l'érei-lion  du  monument  aux  deux  héros  des  Plaines 
d'Abraliam,  avait  offert  une  méilaille  d'or  pour  le  meilleur  projet 
d'inscription.  On  sait  que  l'admirable  épigraphe  latine: 

MOUTBM  .  VIRTUB  .  COM.MU.N'UM  . 

FAMAM  .  HISTOKIA  . 

MOMTMHNTUM  .  POSTKBITAS  .  DBDIT  . 

fut  oomposce  par  le  docteur  Fisher,  ijui  obtint  le  prix. 

D'après  le  premier  prt)jot  de  lord  Dalhousie,  le  monument  devait 
s'élever  dans  le  janlin  d'en  bas,  (jui  alors  était  une  sorte  de  potager. 
La  première  pierre  y  avait  été  i)osée.  On  trouva  que  c'était  peu  digne, 
et  un  malicieux  t'orivain  adrassa  une  lettre  à  la  GnzeUe  de  Québec, 
dans  laquelle  il  signalait  cette  incongruité.  La  médaille  n'étant  pas 
encore  ailjugée,  il  proposait  l'inscription  suivante: 

Jadis  dans  les  combats  balançant  le  destin, 
Voilà  Wolfe  et  Montcalm  priapes  d'un  jardin  ! 

Et  il  ajoutait  :  A  moi  la  médaille  ! 

Cette  espièglerie,  qui  eut  du  succès,  fut  généralement  attri- 
buée à  M.  Isidore  Bedard,  dont  j'ai  parlé  plus  haut.  Elle  ne  fiit 
point  étrangère  au  choix  du  site  bien  préférable  où  l'obélisque  fut 
élevé. 

M 


Clxxxii  FUANÇOIS-XAVIEB  QARNKAU, 

sur  le  terrain  de  la  politique,  ce  n'était  paa  Heulement  par 
les  abus  et  les  iniquités  administratives  que  Toligarchie 
se  rendait  odieuHe;  c'était  dan»  les  rapports  nociaux,  dans 
la  vie  de  tous  les  jours,  quo  sa  morgue  et  sa  haine  irritaient 
les  Canadiens  et  leur  rendaient  plus  dure  la  position  d'in- 
fériorité  qui  leur  était  faite  dans  le  pays  de  leur  naU- 
sance.  * 

Le  Canadien-Français  qui,  dans  cet  état  de  choses,  s'im- 
posait à  l'Angleterre,  l'homme  qui  se  campait  fièrement 
au  fauteuil  de  la  présidence  et  semblait  dire:  ''Je  suis 
ici  ))ar  la  volonté  du  peuple,  je  n'en  sortirai  que  par  la 
force  des  baïonnettes,"  cet  homme  ne  devait  pas  tarder  à 
devenir  une  idole  populaire. 

Sans  doute  que  non  envijyca  il  Londres  avaient  leur  part 
de  mérite  et  de  popularité  ;  ils  revenaient  triomphants 
après  avoir  éclairé  la  métropole  sur  l'état  de  nos  affaires; 
mais  ni  la  science  constitutionnelle  de  M.  Viger,  ni  la 
sagesse  et  l'esprit  pratique  de  M.  Neilson,  ni  l'habileté 
financière  de  M.  Cuvillier  n'étaient  de  nature  à  frapper  les 
masses  comme  l'ékxiuence  véhémente  et  la  har<li 
Papineau.  Du  reste  celui-ci  avait  tout  pour  lui:  j- 
vigueur,  geste  imposant,  voix  sonore  ^t  retentissante,  élé- 
gance de  manières,  tenue  irréprochable,  patriotisme  ardent, 
prestige  héréditaire,  relations  de  famille  importantes,  ai- 
sance, loisirs,  culture  intellectuelle  relativement  très  déve- 
loppée, enthousiasme  populaire,  sympathies  aristocrati- 
ques, enfin  amitié  du  clergé  catholique,  avec  lequel  il  eut 
cependant  le  grand  tort  de  se  brouiller. 

Ce  fut  à  partir  de  la  confirmation  de  son  élection  par  sir 
James  Kempt  que  le  tribun  prit  l'ascendant  redoutable 
qui  eut  une  si  grande  influence  sur  nos  destinées;  de  là 
date  son  règne,  car  ce  fut  un  véritable  règne,  et,  à  certains 
égards,  un  règne  quelque  peu  despotique. 

Avec  ce  règne  commence  aussi  pour  notre  historien 
l'époque  contemporaine.  M.  Garneau  avait  dix-huit  ans 


*  M.  Pierre  de  Sales- Laterrière,  dans  un  livre  publié  à  Londres, 
peint  admirablement  cet  état  de  société;  il  y  a  là  teUe  anecdote  qui 
vaut  des  volumes. 


SA   VIE  ET  SES  ŒUVRES.  clxxxiu 

lors  du  conflit  qui  eut  lieu  entre  Dalhousie  et  la  chambre 
d'assemblée,  en  1827.  Comme  tous  les  jeunes  gens,  il 
dut  prendre  un  vif  intérêt  aux  événements  qui  suivi- 
rent ce  coup  d'Etat  ;  *  à  cet  âge  on  entre  volontiers  dans 
le  mouvement  populaire.  Sa  correspondance  de  Londres 
nous  a  déjà  fait  voir  toute  la  vivacité  de  son  patriotisme. 
Si  l'on  veut  tenir  compte  des  circonstances,  on  trouvera 
qu'il  a  mis  une  certaine  modération  dans  la  manière 
dont  il  a  apprécié  ces  événements,  qu'il  s'est  défié,  au 
moins  dans  une  certaine  mesure,  des  passions  qu'il  avait 
lui-même  partagées,  bien  que  leur  influence,  comme  j'en 
ai  déjà  fait  la  remarque,  s'y  fasse  sentir  assez  pour  donner 
de  la  vie  au  récit. 

Sir  James  Kempt  était  venu  remplir  un  entr'acte,  il  le 
fit  avec  bonne  grâce  et  hal)ileté.  Il  y  eut  même,  sous  son 
gouvernement,  deux  des  sessions  les  plus  heureuses  au 
point  de  vue  de  la  législation  et  des  intérêts  sociaux  et 


*  Je  me  sou\iôu8  parfaitement  — j'avais  sept  aiïs  —  de  l'émotion 
causée  par  le  njet  de  Vomktir.  Une  grande  foule  se  trouvait  à  la 
porte  du  parlement.  Mon  grand-père  maternel,  M.  JostAjih  Roy,  y 
était  et  me  tenait  par  la  main.  Lorsque  le  gouverneur  sortit  et 
monta  dans  sa  voiture,  celui  qui  commandait  l'escorte  <le  cavalerie 
— je  crois  que  c'était  M.  Gugy  —  leva  son  shako  et  donna  le  signal 
des  liourrae  que  poussèrent  les  partisans  ilu  chAteau.  Les  patriotes 
n'y  répondirent  que  iwir  un  morne  silenœ;  mais  il  dut  y  avoir  bien 
des  serrements  de  cceur  et  dos  grincements  de  dents;  car  ce  qui 
venait  d'arriver  était  déjà  connu.  Mon  grand-père  dit  en  rentrant  à 
la  maison:  Pourvu  qxte  ce  ne  soit  pas  le  commencement  iPune  révolution  ! 
Il  donnait,  comme  bien  d'antres  bons  citoyens,  une  grande  i)artie 
de  son  temps  et  de  sa  fortune  aux  affaires  publiques.  11  était  le 
trésorier  de  beaucoup  de  sociétés  bienveillantes  ou  patriotiques  ;  il 
fut  celui  de  la  tougcription  de»  envoyé».  Ou  me  laissa  donner  mes 
petites  épargnes,  et  mon  nom  fut  inscrit  sur  la  liste.  Le  trait  fut 
raconté  à  M.  Papinoau,  qui  était  un  ami  de  la  maison;  aux  éloges 
que  m'adressa  le  grand  homme,  je  crus  que  je  grandissais  d'au 
moins  toute  la  tète.  Je  me  souviens  aussi  d'avoir  vu,  la  même 
année,  des  fenêtres  de  l'école  que  je  fréquentais,  près  du  jardin  du 
fort,  la  cérémonie  de  la  pose  de  la  première  pierre  du  monument  de 
Montcalm  et  de  Wolfe;  la  iwmjx)  militaire  déployée  dans  cette 
occasionSn'impressionna  vivement. 


clxXXiv  FRANÇOIH- XAVIER   GARNKAr, 

ma.U'.Y\e\H  du  pays,  qui,  pendant toutftH  ces  \uiUtn  politique», 
avaient  été  grandement  négligés. 

Cependant  le  rapport  du  roMiit('  de  luchamltre  de-  <  om- 
munes,  dont  on  attendait  beaucoup  fie  bien,  n'avait  j»a8 
été  adopté;  le  conHeil  exécutif,  le  conseil  légielatif  et  la 
chambre  d'assemblée  étaient  aussi  loin  de  «'entendre  que 
jamais,  et  tout  ce  que  le  gouverneur  j)ouvait  faire,  c'était 
de  maintenir  l'équilibre  entre  ces  corps  et  d'éviter  un  nou- 
veau conflit.  Il  y  épuisait  toute  sa  diplomatie,  et  le  juge 
en  chef  Sewell,  toujours  courtisan,  lui  venait  en  aide. 

En  Angleterre  comme  ici,  on  sentait  qu'une  telle  situa- 
tion ne  pouvait  se  prolonger  indéfiniment  et  l'on  songeait 
j\  des  changements  organiques, 

"  Le  ministre  des  colonies,  dit  M,  Garneau,  écrivit  pour 
demander  s'il  ne  serait  pas  à  propos  de  changer  la  consti- 
tution de  ces  deux  conseils,  surtout  d'y  introduire  plus  de 
membres  indépendants  du  pouvoir,  c'est-à-dire  sans  em- 
ploi de  la  couronne,  et,  dans  ce  cas,  si  le  pays  pourrait 
fournir  assez  d'hommes  honorables  pour  cette  dignité. 
Kciiipt  répondit  que  le  conseil  législatif  était  comiK>8é  de 
vingt-trois  membres,  dont  douze  fonctionnaires  et  seize 
protestants,  et  le  conseil  exécutif  de  neuf  membres,  dont  un 
seul  était  indépendant  du  gouvernement  et  un  seul  catho- 
lique ;  qu'il  ne  pouvait  recommander  de  changements  con- 
sidérables ;  mais  qu'il  fallait  introduire  graduellement  dans 
le  conseil  législatif  plus  de  membres  indépendants,  et 
n'admettre  à  l'avenir  qu'un  seul  juge  dans  les  deux  con- 
seils, le  juge  en  chef.  Il  pensait  aussi  qu'il  était  opportun 
d'introduire  dans  le  conseil  exécutif  un  ou  deux  des  mem- 
bres les  plus  distingués  de  l'assemblée,  afin  de  donner  à  la 
branche  populaire  plus  de  confiance  dans  le  gouverne- 
ment; cela  lui  paraissait  de  la  plus  grande  importance 
pour  la  paix  et  la  prospérité  du  pays.  Il  croyait  que  l'on 
pourrait  trouver  assez  de  personnes  honorables  pour  rem- 
plir les  vides  qui  se  faisaient  de  temps  en  temps  dans  les 
deux  conseils." 

La  publication  de  cette  dépêche  désappointa  beaucoup 
les  partisans  de  la  chambre.  Sir  James  Kempt  avait  évi- 
demment d'excellentes  intentions  :  mais  elles    étaient  à 


SA  ,VIE   ET  8E8  ŒUVRES.  clxXXV 

longue  échéance,  et  le  parti  populaire  s'impatientait.  Les 
cinq  comtés  de  la  rivière  Chambly  s'assemblèrent  à  Saint- 
Charles  et  adoptèrent  des  résolutions  énergiques.  C'était  le 
prélude  de  l'agitation  qui  devait  conduire  îl  Tinsurrection. 
Kempt  sentit  que  son  rôle  devenait  impossible  ;  il  deman- 
da son  rap})el. 

Lord  Aylmer,  qui  le  remplaça,  se  trouva  en  face  d'une 
nouvelle  assemblée  plus  nombreuse,  car  parmi  les  lois 
passées  pendant  la  première  session  de  l'administration 
de  Kempt,  il  s'en  trouvait  une  qui  portait  de  cinquante  à 
quatre-vingt-quatre  le  nombre  des  représentants.  Les  élec- 
tions venaient  d'avoir  lieu  sous  cette  loi.  Aylmer  débuta 
de  la  manière  la  i)lus  gracieuse  et  semblait,  lui  aussi,  animé 
des  meilleures  dispositions.  Le  fait  est  que  chaque  nouvelle 
administration  commenyait  par  une  sorte  de  lune  de  rnid  ; 
mais  la  lune  rousse  ne  tardait  pas  il  montrer  ses  cornes. 

En  ce  qui  concerne  l<>rd  Aylmer,  la  fatalité  semble  avoir 
été  de  la  partie.  Au  moment  où  le  gouvernement  impérial 
paraissait  disposé  aux  plus  grandes  concessions,  où  le 
gouverneur  tenait  le  langage  le  plus  bienveillant,  des 
complications  de  tout  genre  surgirent  comme  ^•u^oitées 
par  quelque  mauvais  génie. 

C'était  des  enquêtes  et  des  plaintes  ct>ntr«'  des  h»nriii»n- 
naires  publics  :  le  procureur  général  Stuart,  le  juge  Kerr, 
le  juge  Fletcher;  c'était  l'expulsion  réitérée  de  M.  Christie, 
député  de  Gaspé;*  c'était  la  réprimande  adressée  à  Tavo- 


*  M.  Christie  avait  été  expulsé  une  première  fois  sous  l'adminis- 
tvatiou  lie  sir  Jaimis  Kempt,  j)onr  avoir  recoin  mandé,  comme  prési- 
dent ilt^s  fkSMoits  de  (putrtur,  la  destitution  d'un  certain  nombre  de 
juges  de  paix  et  pour  avoir  menacé  quelques-uns  de  ses  collègues  de 
la  chambre  de  les  faire  destituer  des  charges  qu'ils  tenaient  du  gou- 
vt^rncment.  Il  fut  rét'lu  et  rcoxpulsé.  Ije  comté  de  (.iasj)é  ne  se  lassa 
pftint,  et  ce  ne  fut  qu'après  sa  cinquième  expulsion  que  M.  Christie 
recommanda  à  ses  électeurs  de  vouloir  bien  faire  le  choix  d'un 
autre  rt^présentaut.  Dans  son  ouvrage,  il  se  montre  aus-si  motiéré 
qu'un  hommo  ainsi  pla<'é  }x>ut  l'être:  il  avoue  avoir  été  un  des 
amis  intimes  de  lord  Dalhousie  et  ne  se  dissimule  point  les  soup- 
çons de  partialité  auxquels  l'expose  la  i>art  très  active  qu'il  a  prise 
aux  ailaires  de  son  temps.  Son  Jlhtoire  est  surtout  composée  de 


Clxxxvi  FRANÇOIS>XAVIER  OARNEAC, 

cat  général  Hamel,  pour  avoir  donné  une  consultation  au 
gouverneur  dans  une  affaire  d'élection  ;  c'était  l'empri- 
Bonnenient  do  MM.  Tracey  et  Duvornay,  décn'té  par  le 
conseil  législatif,  qu'ils  avaient  violemment  attaqué,  l'un 
dans  le  Vindicator,  l'autre  dans  la  Minerve;  c'était  enfin 
l'élection  du  (juartier  est  de  Montréal,  la  sanfîlante  affaire 
du  21  mai  18^i2,  qui  brouilR-rent  tout  à  fait  M.  Papineau 
avec  le  gouverneur.  A  cela  s'ajouta  le  choléra  aniatique 
qui,  cette  même  année,  fit  en  Camida  de-s  m  -lus 

grands  que  dans  aucun  autre  pays.    On   le-  ;i  à 

l'imprévoyance  des  autorités  impériales,  qui  avaient  laissé 
s'embarquer  une  émigration  considérable  dans  les  con- 
ditions les  plus  dangereuses  pour  la  santé  publique. 

Lord  Aylmer  avait  donné  à  ses  protestations  de  bon 
vouloir  une  forme  sentjmentale,  qui,  selon  M.  Christie,  fai- 
sait également  sourire  et  ceux  qu'il  voulait  concilier  et 
leurs  adversaires,  les  anciens  bureaucrates.  Il  termina  le 
discours  qu'il  prononça  à  l'ouverture  de  la  seconde  session 
du  parlement  (1831)  en  assurant  les  deux  chambres  que, 
chaque  matin,  il  se  demandait  ce  qu'il  allait  faire  ce  jour-là 
pour  le  bonheur  de  la  province.  Lorsque  la  chambre  lui 
porta  une  requête  au  roi  dans  laquelle  elle  avait  formulé 
une  (juantité  de  griefs,  il  demanda  avec  anxiété  si  l'on 
avait  bien  tout  dit,  et  il  implora  les  députés  de  faire  con- 
naître toute  la  vérité,  afin  que  l'Angleterre  pût  embrasser 
d'un  coup  d'oeil  toute  l'étendue  des  maux  dont  souffrait 
la  colonie. 

documents,  c'est  ce  que  les  Anglais  appellent  a  floctimerifnrij  kiutory. 
Il  paraît  avoir  eu  à  cœur  de  reproduire  des  extraits  des  journaux 
de  l'un  et  de  l'autre  parti.  On  voit  facilement,  cependant,  dans  quel 
plateau  de  la  balance  il  a  mis  ceux  qui  paraissent  avoir  le  pltia 
de  poids. 

M.  Christie,  après  l'union  des  Canadas,  a  siégé  comme  représen- 
tant du  comté  de  Gaspé;  il  a  retrouvé  dans  la  nouvelle  législature 
son  ancien  adversaire,  M.  Papineau,  et,  ce  qui  fait  honneur  à  l'un  et 
à  l'autre,  ils  se  sont  franchement  réconciliés,  >L  Christie  a  même 
revu  l'hospitalité  du  célèbre  tribun  à  son  château  de  Montebello,  sur 
l'Ottawa.  Peut-être  ont-ils  causé  gaiement  de  leurs  anciennes  luttes, 
se  rai)pelant  le  fameux  vers  de  Virgile:  Forsan  et  hsec  olim  meminisse 
juvabit. 


8A  VIE  ET  SES  ŒUVRES.  clxxxviî 

"A  ces  sentiments  exprimés  avec  tant  de  naïveté  et 
de  chaleur,  dit  M.  Garneau,  on  ne  peut  s'empêcher  de 
reconnaître  la  bonne  foi  de  lord  Aylmer,  car  il  est  im- 
possible d'attribuer  un  pareil  langage  à  l'hypocrisie." 

Notre  historien  blâme  la  chambre  d'avoir  repoussé  les 
propositions  de  lord  Goderich  au  sujet  de  la  liste  civile, 
propositions  (f^i  accordaient  presque  tout  ce  que  Ton 
avait  demandé.  Jamais,  dit-il,  la  chambre  ne  commit  une 
plus  grande  faute. 

Plusieurs  circonstances  peuvent  expliquer  cette  atti- 
tude de  la  majorité  parlementaire.  Le  peuple  était  las 
de  toutes  les  oscillations,  de  toutes  les  promesses  du  pou- 
voir; certaines  concessions  qu'il  avait  obtenues  lui  fai- 
saient sentir  sa  force  ;  une  nouvelle  génération  d'hommes 
politiques  plus  remuants  et  plus  ambitieux  s'était  formée  ; 
déjà  elle  accusait  de  lenteur  et  de  timidité  ceux  qui 
avaient  dirigé  jusque-là  le  mouvement  populaire.  De 
plus,  la  Révolution  de  1830  avait  eu  ici  son  écho;  elle 
avait  exalté  les  jeunes  têtes,  car,  à  toutes  les  époques,  nous 
avons  un  peu  senti  et  nous  ressentons  encore  l'influence 
des  événements  qui  se  passent  dans  notre  ancienne  m^re 
patrie  ;  soit  dans  un  sens,  soit  dans  un  autre,  il  se  forme 
parmi  nous  des  courants  d'opinions  qui  n'ont  aucune  autre 
raison  d'être. 

Les  députés  des  townships  de  l'Est  avaient  aussi  changé 
de  tactique  et  inclinaient  vers  la  majorité;  un  d'eux,  M. 
Peck,  jeune  avocat  de  grands  talents,  s'était  prononcé 
dans  ce  sens;  enfin  le  Haut-Canada  s'agitait  et  les  réfor- 
mistes paraissaient  supporter  avec  impatience  le  joug  de 
leur  oligarchie,  qu'ils  désignaient  sous  le  nom  de  Family 
Compact.  Toutes  ces  circonstances  enhardissaient  nos  in- 
transigeants. * 


*  Je  me  souviens  encore  de  l'émotion  produite  par  l'emprisonne- 
ment de  MM.  Tracey  et  Duvernay.  Dans  les  discoure  qui  furent 
prononcés  dans  \a  chambre,  il  fut  question  de  la  révolution  de  1830 
et  des  fameuses  ordonnance»  contre  la  presse.  Plusieurs  jeunes  gens 
ix)rtèrent  des  cocardes  tricolores,  A  la  suite  d'une  grande  assemblée 
populaire,  à  Québec,  une  procession  parcourut  les  rues,  chantaut 


clxXXViii  FRANÇOIS-XAVIER  OARMEAU, 

En  vain  ajouta- t-on  huit  Canadien»- Français  au  conseil 
l^'-gifilatif,  en  vain  fit-on  M.  Philipix*  Panet  d'ahonl,  puis 
M.  iMondelet,  fonHcillers  ex^jcutif»,  en  les  chargeant  Hucces- 
sivement  de  représenter  le  gouvernement  dauH  VtMmnMée 
dont  ils  étaient  nicnibres.  La  chambre,  <|ui  avait  bien 
accueilli  la  nomination  de  M.  Panet,  déclara  le  «itge  de 
M.  Mondelet  vacant.  Kn  vain  le  procurcur||pénéraI  Htuart 
et  le  juge  Kerr  furent-ils  destituén  par  le  gouvernement 
impérial  ;  la  discorde  semblait  H'accroître  en  proi)ortion 
des  efforts  qui  se  faisaient  pour  calmer  les  esprits.  1^8 
Anglais  de  Montréal  avaient  fait  agiter  dans  le  Haut-Canada 
la  question  de  l'annexion  de  l'île  de  Montréal  à  cette  pro- 
vince, tandis  que  les  électeurs  de  M.  Christie  demandaient 
l'annexion  de  la  (Jaspésie  au  Nouveau-Hrunswick  ;  ces 
menaces  de  démembrement  irritèrent  la  chambre  «ans 
trop  l'alarmer. 

De  son  côté,  elle  avait  vou-  une  adresse  au  parlement 
impérial  demandant  de  rendre  le  conseil  législatif  électif; 
et  le  conseil  avait  riposté  par  une  contre-adresse  dans 
laquelle  il  accusait  la  chambre  "  de  jeter  de  l'inquiétude 
dans  l'esprit  des  habitants  d'origine  anglaise,  d'arrêter 
leurs  progrès,  d'interrompre  le  cours  de  l'éniigration,  de 
briser  les  liens  qui  attachaient  la  colonie  à  la  métropole, 
d'amener  un  conflit  avec  le  Haut-Canada,  et  de  vouloir 
inonder  le  pays  de  sang,  car  le  Haut-Canada  ne  laisserait 
pas  s'établir  une  république  française  entre  lui  et  l'Océan." 

Lord  Goderich  administra  une  réprimande  paternelle 
au  conseil  pour  l'emploi  de  certaines  expressions  "qui 
paraissent  attribuer  aux  sujets  qui  ne  sont  point  d'origine 

la  }far.<icUlaif<e  et  la  Parigienne  ;  on  alla  les  chanter  aus^si  sous  les 
fenêtres  de  la  prison  et  sous  celles  du  juge  en  chef  Sewell,  pnésident 
du  conseil  législatif,  qui  fut,  dit-on,  très  effrayé  par  cette  démons- 
tration. Le  juge  en  chef  occupait  la  maison  qui  a  été  depuis  l'hôtel 
du  gouvernement,  près  de  l'esplanade.  Parmi  les  jeunes  gens  qui 
faisaient  partie  de  cette  procession  se  trouvaient  sir  Xarcis.se 
Belleau,  qui  ne  se  doutait  guère  qu'il  serait  installé,  plus  tard,  dans 
cet  édifice  comme  lieutenant-gouverneur,  MM.  Winter  et  Roy,  dont 
il  a  été  question  plus  haut,  et  M^I.  Gauthier  et  Bossé,  qui  tous  les 
quatre  ont  été  juges  depuis. 


SA  VIE   ET  SES  ŒUVRES.  clxxxix 

britannique  des  desseins  que  ne  comporte  pas  la  fidélité 
qu'ils  doivent  au  souverain.  Sa  Majesté,  ajoutait  la  dé- 
pêche, aime  à  croire  que  tous  ses  sujets  obéissent  à  sa  loi 
de  bon  gré  et  avec  plaisir.  Elle  étendra  sa  protection  à 
toutes  les  classes  indistinctement;  et  le  conseil  législatif 
peut  être  convaincu  que  Sa  Majesté  veillera  à  ce  qu'elles 
jouissent  des  droits  et  des  libertés  constitutionnelles 
qu'elles  possèdent  par  leur  participation  aux  institutions 
britanniques." 

M.  Ciarneau  a  raison  de  dire  que  lord  Goderich  était 
très  favorable  aux  Canadien8-Fran(;ais,  ce  dont  il  a  pu 
juger  lui-même  lorsqu'il  était  secrétaire  de  M.  Viger  à 
Londres,  comme  on  l'a  vu  plus  haut.  Malheureusement, 
cet  homme  d'Etat  dut  quitter  le  pouvoir*  il  fut  remplacé 
par  M.  Stanley,  qui  se  montra  aussi  cassant,  aussi  arbi- 
traire, aussi  impérieux  que  son  prédécesseur  avait  été 
sage,  bienveillant  et  conciliant.  Si  des  hommes  comme 
M.  Viger  et  lurd  Goderich  étaient  faits  pour  s'entendre,  M. 
Stanley  et  M.  Papineau  étaient  au  contraire  fatalement 
désignés  pour  une  lutte  h  outrance. 

La  session  qui  s'ouvrit  le  7  janvier  1834,  et  qui  était  la 
quatrième  depuis  l'arrivée  de  lord  Aylmer,  sera  à  jamais 
célèbre  dans  nos  fastes  parlementaires. 

Ce  fut  pendant  cette  session  que  furent  votées  les  quatre- 
vingt-douze  résolutions.  Rédigées  par  ^L  Morin  sous  la  direc- 
tion de  M.  Paj)ineau,  elles  furent  proposées  par  M.  Elzéar 
Bedard,*  fils  du  célèbre  Pierre  Bedard  et  frère  de  M.  Isi- 
dore Bedard  dont  il  a  été  plusieurs  fois  question  dans 
ces  pages.  . 

C'était  un  long  réquisitoire,  une  interminable  kyrielle 
de  tous  les  griefs  imaginables  ;  cette  fois  lord  Aylmer  n'eut 
pas  à  demander  si  c'était  bien  tout. 

Si  ce  factum  manquait  de  concision,  il  ne  manquait  ni 

*  M.  Elzéar  Btxlard  fut  le  premier  maire  de  Québec  depuis»  la  con- 
quête et  M.  Jacques  Viger  le  premier  maire  de  Montréal.  Les  deux 
villes  venaient  d'être  dotées  du  régime  municipal  à  l'époque  dont  il 
est  question.  Dans  le  conseil  de  guerre  tenu  pour  la  capitulation  en 
1759  paraît  le  nom  d'un  maire  M.  Daine.  Il  y  avait  longtemps, 
remarque  M.  Garneau,  (ju'il  n'avait  été  question  de  ce  fonctionnaire. 


CXC  FRANÇOIS-XAVIER  OARNKAIJ, 

de  hardiesse  ni  de  véhémence;  il  fournissait  de  copieux 
aliments  aux  passions  de  la  foule.  I^es  quatre-rinyt'dn/uu, 
comme  on  len  a\q)o\&\t,  devinrent  une  sorte  d'évangile 
populaire.  On  était  j)our,  ou  l'on  était  contre,  mais  on  ne 
sortait  pas  de  là.  Et,  de  fait,  il  était  ditficile  d'en  sortir, 
car  tout  ou  à  peu  prt^s  tout  s'y  trouvait. 

La  réi)on8e  de  M.  Stanley  ^  la  retjuéte  que  la  chambre 
avait  transmise  au  sujet  de  l'introduction  du  principe 
électif  dans  la  formation  du  conseil  législatif,  était  hau- 
taine et  sarcastique.  Dans  les  débats  qui  eurent  lieu  sur 
les  (luatre-rirtf/t-dovze  résolutions,  M.  Papineau  crut  devoir 
répliquer  par  un  langage  \>eu  mesuré  ^  l'adresse  du  mi- 
nistre des  colonies.  Ces  débats  furent  l'occasion  d'une  pre- 
mii'^re  scission  importante  dans  le  parti  national.  MM. 
Neilson,  Cuvillier.  Duval  et  Quesnel  votèrent  avec  la  mi- 
norité. Ce  dernier  prononça  un  discours  remarquable. 

Le  parti  se  sentait  plus  indépendant  de  M.  Neilson  par 
la  fondation  :\  Québec,  en  18.31,  d'un  nouveau  journal 
français,  auquel  M.  Etienne  Parent,  son  rédacteur,  avait 
donné  le  titre  de  celui  qui  avait  été  autrefois  supprimé 
par  Craig,  le  Canadien,  avec  cette  épigraphe  devenue  de- 
puis notre  devise  nationale,  "  Nos  institutions,  notre 

LANGUE  ET  NOS  LOIS."  * 

La  Minci-re  et  le  Vindicator,  publiés  à  Montréal,  ce  der- 
nier surtout,  soutenaient  avec  une  très  grande  violence  les 
opinions  de  M.  Papineau. 

Dans  le  public,  la  scission  fut  plus  grave  encore  que 
dans  la  chambre.  Les  classes  les  plus  élevées  de  la  société 
qui  avaient  fourni  jusque-là  un  appoint  considérable  à 
l'opposition,  virent  avec  terreur  un  mouvement  qui  pre- 
nait des  allures  révolutionnaires.  L'éloge  des  Etats-Unis, 
le  projet  de  former  une  convention  nationale  pour  amen- 
der la  constitution,  le  rejet  de  toutes  les  propositions  de 
lord  Goderich,  les  menaces  que  l'on  faisait  à  l'Angleterre 


*  Voyez  plus  haut,  de  page  xxvi  à  xxx,  l'opinion  exprimée  par  M. 
Garneau  dans  son  Histoire,  comparée  à  celle  qu'il  partageait  lui- 
même  dans  le  temps,  d'après  les  écrits  publiés  dans  la  Gazette  de 
Québec  par  U71  ami  du  statu  quo. 


8A  VIE  ET  SES  ŒUVRES.  CXCl 

dans  un  temps  où  elle  était  à  l'apogée  de  sa  puissance  et 
en  paix  avec  le  monde  entier,  tout  cela  naturellement 
donnait  raison  à  M.  Neilson. 

Le  clergé,  déjà  froissé  par  l'attitude  de  M.  Papineau 
dans  la  question  du  fameux  bUl  des  fafiriques,  ne  vit  pas 
non  plus  d'un  bon  œil  les  tendances  radicales  de  la  ma- 
jorité. 

Les  deux  points  que  la  chambre  avait  mis  le  plus  en 
lumière  dans  son  manifeste  étaient  la  nécessité  de  rendre 
le  conseil  législatif  électif,  et  celle  de  remédier  à  la  distri- 
bution injuste  et  inégale  du  patronage  de  la  couronne. 
Tandis  (jue  les  Canadiens- Français  étaient  au  nombre  de 
525,00(J  sur  une  population  totale  de  (>(X),0()0,  il  n'y  avait 
que  quarante-sept  fonctionnaires  de  cette  origine  sur  un 
total  de  deux  cent  quatre;  et  encore  occupaient-ils  en  gé- 
néral les  charges  les  moins  importantes  et  les  moins  rému- 
nératives. 

Lord  Durham,  dans  son  rapport,  admit  l'iniquité  de  cet 
état  de  choses,  et  il  en  fit  la  critique  au  point  de  vue  des 
intérêts  métropolitains.  L'Angleterre,  trouvait-il,  aurait  pu 
en  suivant  une  politique  toute  différente  se  concilier  une 
partie  au  moins  de  la  classe  instruite  d'origine  française. 

Mais  le  moyen  de  le  faire?  Dès  qu'un  Canadien-Français 
acceptait  une  situation,  il  perdait  de  suite  toute  influence 
par  la  raison  toute  simple  qu'il  avait  une  place,  maiis  point 
de  pouvoir,  comme  le  dit  plus  tard  M.  La  Fontaine.  Le 
remède  était  donc  ailleurs.  De  même  l'abolition  du  conseil 
législatif  ou  sa  transformation  en  une  seconde  chambre 
élective  auraient  toujours  laissé  les  choses  au  même  état. 
Avec  le  conseil  électif,  il  y  aurait  eu  deux  chambres  im- 
puissantes au  lieu  d'une  en  face  d'un  gouvernement  hos- 
tile et  irresponsable. 

Faut-il  faire  un  crime  à  nos  hommes  politiques  de  n'avoir 
point  dirigé  leurs  efforts  vers  la  concession  de  la  responsa- 
bilité ministérielle  ?  L'Angleterre  ne  songeait  nullement  à 
établir  ce  système  dans  ses  colonies,  et  il  n'est  guère  pro- 
bable qu'elle  eût  voulu  commencer  par  une  province  où 
ses  nationaux  étaient  en  minorité.  Les  colonies  elles- 
mêmes  rêvaient  à  peine  un  tel  avenir. 


CXCn  FRANÇOIS- XAVIER  OARNEAU, 

/ 

Ce  fut  un  trait  de  g^'^nie  chez  M.  Pierre  Bedard  d'en  avoir 
exprimé  In  pennCe  dès  les  premières  années  du  régime 
conHtitutionnel,  et  lord  (ïodorich  fit  preuve  d'un  esprit 
supérieur  en  lîiissant  entrevoir  dans  une  de  ses  dépêche» 
au  gouverneur  de  Torreneuve  que  l'exécutif  devrait  être 
représenté  dans  la  chambre  populaire.  Il  ewt  vrai  qu'il 
parlait  en  même  tenjp«  de  supprimer  le  conseil  législatif. 

Mais  en  supposant  que  cette  question  eût  été  agitée  à 
cette  époque, — et  je  ne  prétends  point  dire  qu'elle  n'aurait 
pas  dû  l'être  de  préférence  si  celle  d'une  seconde  chambre 
élective — en  supposant  (pie  cela  eût  été  fait,  il  est  trc»  pro- 
bable que  l'Angleterre  se  fût  trouvée  «lans  un  dilemme 
semblable  i\  celui  qui  la  tint  si  longtemps  indécise  lorsqu'il 
s'agissait  de  nous  accorder  le  gouvernement  repré.«entatif  : 
créer  des  distinctions  de  caste,  ce  que  lord  Durham  dé- 
clara plus  tard  être  odieux,  ou  laisser  ses  nationaux  soumis 
à  l'ascendant  d'une  majorité  que  l'on  croyait  beaucoup 
plus  hostile  qu'elle  ne  l'était  en  réalité. 

Le  choix  de  M.  Panet  comme  conseiller  exécutif,  repré- 
sentant le  gouvernement  dans  la  chambre,  était  un  ache- 
minement vers  la  responsabilité  ministérielle,  et,  quelque 
convenance  qu'il  y  eût  à  placer  sur  le  banc  des  juges  cet 
homme  intègre  et  distingué,  sa  nomination  fut  regrettable 
en  ce  que  son  successeur,  M.  Mondelet,  ne  possédait  pas  au 
même  degré  la  confiance  publique  et  que  la  chambre  trop 
impatiente  manqua  par  là  l'occasion  d'introduire  graduel- 
lement le  véritable  gouvernement  constitutionnel. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  auteurs  des  (juatre- vingt- douze 
s'étaient  acharnés  à  l'idée  d'un  conseil  électif;  ils  repous- 
saient même  toutes  les  propositions  que  l'on  avait  faites 
ou  que  l'on  pourrait  faire  pour  améliorer  le  personnel  du 
conseil  en  faisant  résigner  les  fonctionnaires  publics,  en 
nommant  à  leur  place  des  hommes  indépendants  par  leur 
fortune,  et  en  donnant  satisfaction  à  l'opinion  publique 
dans  le  choix  des  nouveaux  conseillers.  On  avait  de  pluis 
le  tort  d'exiger  cette  réforme  au  nom  des  idées  démocra- 
tiques et  républicaines  et  de  distinguer  entre  les  deux 
tendances  politiques,  qui,  disait-on,  "se  montrent  sous 
diflérents  noms  dans  les  différents  pays:  sous  les  noms 


SA    VIE   ET   SES   ŒUVRES.  CXClll 

de  serviles,  royalistes,  torys,  conservateurs  et  autres  d'une 
part  ;  sous  ceux  de  libéraux,  constitutionnels,  républi- 
cains, whigs,  réformateurs,  radicaux  et  autres  d'autre 
part,  "  et  de  se  déclarer  ouvertement  pour  ces  derniers. 

Autant  les  cinq  ou  six  premières  résolutions  étaient  bien 
inspirées  en  rappelant  ce  que  les  descendants  des  anciens 
colons  avaient  fait  pour  conserver  le  pays  à  la  Grande- 
Bretagne,  en  faisant  voir  leur  appréciation  des  bienfaits 
delà  constitution  britannique;  autant  la  trente-septième  et 
quelques  autres  étaient  malheureuses  en  montrant  des 
tendances  révolutionnaires,  un  penchant  vers  la  républi- 
que voisine,  et  en  froissant  l'un  des  deux  grands  partis 
qui  dirigeaient  les  affaires  en  Angleterre,  parti  qui, 
somme  toute,  s'était  montré  aussi  bien  disposé,  quelque- 
fois mieux  disposé  envers  les  colonies  (pu*  in'  l'étnicnt  les 
whigs. 

La  session  dans  laquelle  avaient  été  adoplte»  les  nuaire- 
rinyt-doazc  fut,  à  tous  autres  égards,  peu  fructueuse.  Les 
plus  grands  intérêts,  celui  de  l'instruction  publique  entre 
autres,  languissaient;  la  chambre  adoptait  des  projets  de 
loi  que  le  conseil  rejetait,  et  le  gouverneur  et  la  chambre 
se  trouvaient  acculés  chacun  de  leur  côté  dans  une  im- 
passe; le  gouverneur  ne  voulait  pas  payer  les  dépenses  du 
parlement  tant  que  la  chambre  n'aurait  point  pourvu  à  la 
liste  civile,  et  la  chambre  ne  voulait  voter  de  subsides 
qu'aux  conditions  qu'elle  avait  toujours  exigées,  celles 
d'un  contrôle  absolu  sur  les  dépenses  du  gouvernement,  y 
compris  les  traitements  des  fonctionnaires.  Les  dernières 
résolutions  allaient  à  mettre  lord  Aylmer  en  accusation 
(^iuipeachment) .  Celui-ci,  voyant  que  la  situation  était  sans 
autre  issue,  prorogea  le  parlement. 

La  plus  grande  effervescence  régna  dans  le  pays.  Il  y 
eut,  d'un  côté,  l'agitation  faite  par  les  partisans  de  la  ma- 
jorité, d'un  autre  côté  les  assemblées  de  l'association  cons- 
titutionnelle, à  la  tête  de  laquelle  se  trouvèrent,  à  Québec 
M.  Neilson,  à  Montréal  M,  Walker.  Cependant  un  peu  d'a- 
paisement eut  lieu,  parce  que  ^L  Roebuck,  ainsi  que  M. 
Viger  et  M,  Morin  —  qui  était  allés  à  Londres  porter  la 
requête  basée  sur  les  quatre-vingt-dauze — écrivirent  que  M. 


CXCIV  FRANÇOI»-XAVIER  OABlfZAU, 

Spring  Rice,  successeur  de  M.  Btanley,  paraissait  mieux 
disposé  que  son  prédécesseur. 

8ur  ces  entrefaites  eurent  lieu  les  élections  générales:  il 
y  eut  des  scènes  de  violence  à  Montréal  et  à  Korel.  Ceux 
qui  avaient  voté  contre  les  (imUre^vinyi-dnnie  re8t«';rcnt  sur 
le  carreau,  M.  Neilson  entre  autres.  I^s  cantons  de  l'Est 
soutenaient  M.  Papineau  ;  M.  Mackenzie,  son  allié  dans 
le  Haut-Canada,  paraissait  aup.si  puissant  que  lui,  et,  en 
Angleterre,  O'Connell,  Hume,  Roebuck  et  plusieurs  autres 
prenaient  la  défense  de  notre  chambre  d'assemblée.  Tout 
concourait  A,  la  pousser  dans  la  voie  où  elle  était  entrée. 

La  première  session  fut,  cependant,  l'occasion  d'un  nou- 
veau schisme.  Un  bon  nombre  des  députés  de  la  région 
de  Québec  trouvaient  que  l'on  donnait  prise  à  la  faction 
oligarchiiiue,  et  qu'en  se  refusant  à  toute  espèce  de  com- 
promis, en  suspendant  entièrement  le  cours  des  affaires, 
on  agissait  imprudemment.  M.  Bedard,  le  père  des  (/iiatrù- 
vingt-douze  résolutions,  parut  être  le  chef  de  ces  nouveaux 
dissidents,  que  M.  Papineau  accabla  de  toutes  les  foudres 
de  son  éloquence. 

Un  ministère  tory,  dans  l'intervalle,  avait  remplacé  le 
ministère  whig;  lord  Aberdeen  avait  succédé  à  M.  Spring 
Rice.  Une  dépêche  absurde  du  nouveau  ministre  vint 
donner  raison  à  M.  Papineau.  Lord  Aberdeen  offrait,  pour 
le  désaveu  de  la  loi  sur  l'instruction  publique,  des  motifs 
tirés  du  fanatisme  le  plus  étroit.  La  chambre  s'obstinait 
toujours  à  refuser  les  subsides,  et  lord  Aylmer  à  refuser 
les  deniers  nécessaires  aux  dépenses  du  parlement.  Nou- 
velle prorogation  et  continuation  de  l'imbroglio  politique  ! 

Lord  Glenelg,  qui  bientôt  remplaça  lord  Aberdeen,  ne 
vit  pour  sortir  de  cette  impasse  d'autre  moyen  que  de 
rappeler  lord  Aylmer  et  de  nommer  une  commission  dont 
le  nouveau  gouverneur  général  devait  être  le  président. 
Des  débats  très  animés  sur  nos  affaires  avaient  eu  lieu  à 
plusieurs  reprises  dans  la  chambre  des  communes  et  daim 
la  chambre  des  lords,  et,  dans  un  de  ces  débats,  M.  Spring 
Rice  avait  blâmé  assez  justement  M.  Hume  d'entretenir 
de  fausses  espérances  et  de  dangereuses  illusions  chez  nos 
patriotes.    "  Il  ne  convient  point,  dit-il,  à  un  homme  qui 


SA   VIE   ET  SES  ŒUVRES.  CXCV 

parle  sans  danger  dans  l'enceinte  des  communes,  de  donner 
des  conseils  qui  peuvent  causer  tant  de  mal  à  l'Angleterre  et 
au  Canada.  Si  l'on  a  recours  aux  armes,  j'espère  que  les 
lois  puniront  tous  ceux  qui  auront  pris  part  à  la  conspi- 
ration." 

Lord  Gosford,  gouverneur  général  et  premier  commis- 
saire, sir  Charles  Grey  et  sir  CJeorge  Gipps,  les  deux  autres 
membres  de  la  commission  chargée  de  s'enquérir  des  griefs 
et  de  l'état  des  choses  dans  la  province  du  Bas-Canada, 
arrivèrent  à  Québec  le  23  août  1885. 

Lord  Aylmer  ne  partit  qu'un  mois  après.  Il  devait  s'es- 
timer d'autant  plus  malheureux  dans  son  administration, 
qu'il  ne  paraissait  avoir  contenté  ni  l'un  ni  l'autre  des  partis 
qui  se  divisaient  la  province,  et  que,  tandis  qu'on  approu- 
vait sa  conduite  en  Angleterre,  on  lui  retirait  son  gouver- 
nement au  moment  où  la  chambre  d'assemblée  le  mettait 
en  accusation.  Dans  les  derniers  temps  il  s'était  rallié  aux 
idées  de  Ryland  et  s'était  occupé  assez  sérieusement  des 
moyens  de  noyer  la  population  française  dans  les  flots  de 
l'émigration  britannique.  Lord  Cîosford,  qui  ne  fut  pas 
plus  heureux  que  lui,  se  montra  plus  magnanime  et  fit 
preuve  d'une  intelligence  bien  supérieure  en  défendant 
plus  tard  les  droits  des  Canadiens-Français  dans  la  chambre 
des  lords.  * 


*  Le  mauvais  génie  qui  avait  renversé  tous  les  projets  de  concilia- 
tion de  lord  Ayliner  ne  fit  j>as  les  choses  à  moitié.  Un  incendie  dé- 
truisit, lo  23  janvier  1834,  le  château  Saint-Louis  ;  Aylmer  fut  le  der- 
nier occui)ant  de  cette  antique  et  célèbre  résidence  vice-royale. 

Ce  gouverneur,  coniuic  lord  Dalhouhie,  s'occupa  de  la  mémoire 
de  Wolfe  et  de  Montcalm.  Il  tit  ériger  une  colonne  tronquée,  sur 
les  Plabus  d' Abraham,  à  l'endroit  où  périt  le  premier  de  ces  héros,  et 
il  y  fit  mettre  cette  simple  et  belle  inscription  : 

HKHB  DIBD 

WOLFB 
VICTORlOUa 

Il  fit  aussi  placer  dans  l'église  des  Ursaliiies  une  plaque  de  marbre 
avec  cotte  autre  inscription  : 


CXCVl  FRANÇOIS-XAVIER  OARNEAU, 

J'ai  signalé  plus  haut  le  moment  préci»  où  notre  auteur 
entrait  dans  ce  qui  était  pour  lui  l'hintoire  contemporaine; 
A  mesure  que  l'on  s'avance  i\  travers  les  événements  jugés 
autrefois  par  lui  au  jour  le  jour  et  «l'un  <iil  moins  impar- 
tial, on  a  la  conscience  d'un  certain  embarras  qu'il  éprouve 
et  qu'il  nous  fait  partager. 

Il  est  bien  évident,  aujourd'hui  par  exemple,  que  lord 
Gosford  avait  les  meilleures  intentions;  il  est  rnéme  tr^i 
possible  qu'il  eftt  ])\i  parvenir  à  faire  modifier  les  instruc- 
tions données  il  In  commission,  Klles  ne  lui  laissaient  pas 
assez  de  latitude,  et,  sur  les  points  les  plus  importants, 
heurtaient  de  front  les  prétentions  auxquelles  la  chambre 
tenait  le  plus.  Dès  que  ces  instructions  furent  connues,  on 
trouva,  entre  la  conduite  de  lord  (losford  et  les  vues  du 
gouvernement  anglais,  une  contradiction  qui  pouvait  faire 
croire  à  un  double  jeu,  voire  à  une  grande  duplicité. 

M.  Garneau,  qui  ne  peut  s'empêcher  de  regretter  l'in- 
succès des  tentatives  de  lord  (Josford  et  ne  saurait  blAmer 
en  principe  ceux  qui  étaient  disposés  à  s'entendre  avec 
lui,  s'en  prend  cependant  aux  auteurs  du  second  schisme, 
à  ceux  à  qui  l'on  donna  le  nom  de  petite  famille.  Selon  lui, 
l'esprit  de  coterie  et  le  peu  de  désintéressement  qu'ils 
montrèrent,  en  leur  ôtant  tout  prestige,  empêchèrent  leurs 
idées  de  triompher.  A  ce  point  de  vue,  l'acceptation  d'une 
charge  de  juge  par  M.  Bedard,  lui  paraît  surtout  regret- 
table. * 

Dès  son  arrivée,  lord  Gosford,  homme  charmant  et  plein 
de  bonhomie,  qui,  dans  toute  sa  tenue,  rappelait  plutôt, 

nOSNElR 

A 

MOXTCALM  ! 

LE  DESTIN  EX  LUI  DÉROBANT 

LA  VICTOIRE 

l'a  RÉCOMPENSÉ  PAB  ) 

UNE  MORT   GLORIEVSE. 

*  Ces  réflexions  sont  bien  plus  .sévères  dans  la  première  édition  ; 
elles  ont  été  modifiées  dans  les  éditions  suivantes. 


SA    VIE   ET   SES   ŒUVRES.  CXCVll 

sauf  lu  difl'érence  d'Age,  sir  Francis  Burton,  qu'aucun  autre 
de  ses  prédécesseurs,  lord  Gosford  se  montra  rempli  de 
prévenances  pour  les  Canadiens-Français.  Il  avait  une 
pointe  de  gaieté  irlandaise,  qui  s'accommodait  bien  de  la 
gaieté  canadienne.  A  cette  occasion,  M.  Garneau  soulève 
un  peu  le  rideau  de  la  grande  histoire  qui  recouvre  la 
simple  clironi(iue,  chose  qu'il  fait  peut-être  trop  rarement.* 

Lord  Gosford  s'adressa  naturellement  à  ceux  qui 
avaient  déjà  montré  quelques  dispositions  conciliantes,  à 
M.  Bedard,  à  M.  Caron,  au  parti  de  Québec  en  un  mot. 
Cela  ne  manqua  point  d'élargir  la  brèche  qui  existait  déjà 
entre  les  deux  districts.  Il  y  eut  aux  Trois- Rivières  une 
réunion  des  membres  de  l'opposition,  ce  que  l'on  apjjelle- 
rait  aujourd'hui  un  caucus.  Les  députés  de  la  région  de 
Québec  y  brillèrent  par  leur  absence.  A  Montréal,  on  les 
soupçonna  d'être  acquis  au  pouvoir. 

Les  chambres  s'ouvrirent  le  27  octobre.  Lord  Gosford, 
par  une  attention  délicate,  répondit  d'abord  en  français, 
puis  en  anglais  à  l'adresse  de  l'assemblée.  Il  n'en  fallait 
pas  plus  pour  exciter  la  fureur  des  francophobes  de  Mont- 
réal. 

De  plus,  le  gouverneur  mit  une  certaine  bonne  grâce 
à  accorder  à  la  chambre  l'argent  qu'elle  demandait  pour 
ses  propres  dépenses,  et  comme  elle  avait  déclaré  vouloir 
payer  sur  cette  somme  la  rémunération  de  ses  agents  à 


*  M.  Garneau  mentionne  une  fête  de  la  Sainte-C'atherine  (25  no- 
vembre) et  parle  des  attentions  que  le  nouveau  gouverneur  eut  pour 
les  dames  i-anadionnes.  Cela  ptuit  sembler  puéril,  mais  il  faut  se 
reiiorter  à  l'épotiue  et  songer  à  la  distanre  tjui  séparait  l'oligarchie 
anglaise  et  une  partie  de  la  vieille  noblesse  franvaise  des  classes 
professionnelles,  de  la  bourgeoisie,  qui,  plus  instruites,  plus  indépen- 
dantes, sui)portaient  avec  impatience  les  dédains  de  la  caste  offi- 
cielle. I^s  bals  jouèrent  alors  un  certain  rôle.  On  lit  dans  une  cor- 
resjKtndance  de  la  Minenv,  citée  par  Bibaud,  dans  son  troisième 
volume  :  "  Nos  bureaucrates  sont  bien  mécontents  de  lord  Gosford. 
11  imraît  qu'il  n'est  resté  que  trois  quarts  d'heure  au  bal  donné  au 
seigneur  de  Balrath  (lord  Aylmer)."  Cette  gaieté  à  l'approche  des 
lugubres  événements  de  1837,  fait  penser  atu-  violons  qui,  selon  M. 
de  Bonnoohose,  préludèrent  an  terrible  drame  de  1759. 

N 


CXCVlll  PHANÇOIS-XAVIER   OAKXEAI', 

I^ondres  et  les  frais  faits  par  <1oh  (•omit<''8  de  rorrosiMni 
dance  organisas  à  sa  demande  en  diverse»  partie»  du  pay-, 
chose»  en  effet  i>eu   régulières,  le  mécontentement  des 
bureau rrnf CM  ne  connut  plus  de  homes. 

VoilA  donc  un  changement  à  vue:  Tassociation  consti 
tutionnelle  prend  feu,  et,  tandis  que  les  rebelle»,  ceux  d< 
(Juéhcc  du  moins,  deviennent  des  loyaux,  les  loi/aux  de 
Montréal  deviennent  des  rebdles.  Ils  déclarent  la  patrie  en 
danger,  et,  malgré  lord  (îosford,  forment  un  corps  de  cara- 
hiniers.  Le  gouverneur  est  ohligé  de  recourir  à  une  pn>- 
clamation  pour  dissoudre  cette  organisation  illégale.  Les 
gens  qui  sont  plus  royalistes  que  le  roi  font  quelquefois 
de  terrihles  révolutionnaires,  ce  qui  fut  mieux  prouvé  plus 
tard  sous  lord  Elgin.  Cette  fausse  situation  ne  dura  pas 
longtemps. 

Dans  la  première  des  trois  dernières  et  fatales  sessions 
du  parlement,  la  chambre  se  divisait  en  plusieurs  groupes 
distincts:  la  majorité,  toujours  rlirigée  par  le  même  chef; 
la  petite  bande  des  vieux  tories,  que  Ton  avait  autrefois 
spirituellement  appelée  ropposiiien  loyale  de  Sa  Majesté; 
enfin  la  nouvelle  minorité,  prise  surtout  dans  la  députation 
de  la  région  de  Québec.  Les  schismatiques  de  1834  avaient 
presque  tous  disparu  aux  élections,  les  uns,  comme  M. 
Quesnel,  n'ayant  pas  voulu  braver  l'ostraci-sme,  les  autres 
ayant  succombé  dans  la  lutte.  Les  nouveaux  dissidents, 
qui  avaient  contribué  à  la  défaite  des  anciens,  se  trouvaient 
maintenant  à  leur  place,  exposés  aux  mêmes  censures. 

Autour  de  M.  Papineau  se  groupaient:  M.  Morin,  plus 
remarquable  encore  comme  écrivain  que  comme  orateur; 
M.  La  Fontaine,  alors  très  intransigeant  et  poursuivant  de 
ses  sarcasmes  les  membres  de  la  nouvelle  minorité;  M. 
Rodier,  orateur  élégant,  ayant  dans  toute  sa  personne  quel- 
que chose  de  chevaleresque  ;  M.  Girouard,  homme  d'une 
science  profonde,  mais  qui  prenait  rarement  la  parole;  le 
docteur  O'Callaghan,  plein  de  verve  irlandaise  et  d'audace 
révolutionnaire  dans  la  chambre  comme  dans  son  journal; 
le  docteur  Côte,  coryphée  des  plus  violents,  qui  apostasia 
plus  tard  par  rancune  contre  le  clergé;  enfin  M.  Ovide 
Perrault,  jeune  homme   de  grande  espérance,  qui  paya 


PA    VIE    ET   SES   ŒUVRES.  CXCIX 

bravement  de  sa  personne  et  fut  tué  à  Saint- Denis.*  A  ces 
Canadiens  d'origine  française  et  à  d'autres  d'une  valeur 
incontestable,  comme  MM.  Berthelot,  Cherrier,  Meilleur, 
L.-M.  Viger,  se  joignaient  un  certain  nombre  d'Anglais,  à 
la  tête  desquels  figuraient  les  frères  Nelson  (Robert  et 
Wolfred),  qui  jouèrent  un  si  grand  rôle  dans  les  insurrec- 
tions, MM.  Leslie,  DeWitt,  W.  Scott  et  plusieurs  représen- 
tants des  townships.  Dans  le  vote  le  plus  important  sur 
les  subsides,  les  noms  anglais  furent  divisés  également. 

Le  groupe  des  nouveaux  dissidents  était  dirigé  par 
M.  Bedard,  qui  fut  bientôt  nommé  juge,  MM.  Vanfelson, 
Caron,  Huot  et  Sabrevois  de  Bleury. 

A  la  tête  de  la  petite  bande  des  tories  se  trouvait, 
depuis  la  disparition  de  M,  Andrew  Stuart,  M.  Ougy,  ora- 
teur élégant,  i^arlant  facilement  les  deux  langues,  mais 
d'une  excentricité  qui  ne  pouvait  convenir  à  un  chef  de 
parti.  Lorsque  Andrew  Stuart  revint  en  chambre  par  suite 
de  la  résignation  de  M.  Caron,  il  y  eut  rivalité  entre  ces 
deux  hommes  ;  l'un  était  bien  supérieur  à  l'autre,  mais  ni 
l'un  ni  l'autre  ne  possédaient  les  qualités  requises  pour  la 
direction  d'un  parti,  et,  de  fait,  ils  ne  commandaient  qu'A 
une  bien  petite  phalange.  A  côté  d'eux  se  faisait  remar- 
quer par  son  bon  sens  et  sa  modération  M.  Clapham,  qui 
prenait  assez  souvent  la  parole. 

Les  deux  groupes  formaient  une  minorité  sans  cohésion 
et  bien  faible  pour  résister  à  l'élan  de  la  majorité  et  A 
l'éloquence  de  M.  Papineau,  qui  grondait  toujours  comme 
un  tonnerre  et  éclatait  tout  à  coup  sur  quelqu'un  de  ceux 
qui  osaient  lui  tenir  tête. 

Lord  Gosford  avait  demandé  d'un  ton  presque  suppliant 
le  vote  des  subsides,  tant  pour  l'arriéré  que  pour  l'année 
courante.  'M.  Morin  projwsa  d'accorder  les  subsides  de 
six  mois,  tout  en  déclarant  que  la  chambre  ne  le  faisait 
que  pour  donner  au  gouvernement  le  temps  de  réfléchir,  et 
qu'elle  ne  voterait  pas  d'autres  sommes  tant  que  toutes  ses 
demandes,  y  compris  celle  d'un  conseil  léo'i^latif  électif. 
n'auraient  pas  été  accordées. 

*  M.  Bourdagé.s,  le  doyon  des  patriotes,  ^-tait  mort  en  1833. 


ce  Fl{AN<,OI.H-XAVIKR    «iAU.NKAl, 

Alors,  M.  VaiilV'lHon  fit  on  ainendeinent  une  pr'  i  > 
conforme  A  In  demande  du  gouverneur.    DaiiH  un 
peu  académique,  mais  avec  beaucoup  de  tact  et  d'habileté, 
il  exposa  longuement  et  couriigMi            *  la  situation  nou- 
velle (jue  la  nomination  d'une ion  royale  et  le» 

promesses  de  lord  Gouford  faisaient  à  la  chambre.  M. 
Caron,  qui  apj)uya  sa  projiosition,  fut  nussitAt  de  la  part 
de  M.  I*aj)ineau  l'objet  d'une  verte  réprimande. 

La  proposition  de  M.  Vanfelson  ayant  (ié  rejet^-e  par 
un  vote  «le  quarante  contre  vingt-sept,  il  devint  évident 
que  la  chambre  se  refusait  A  tout  c(mipromis. 

Les  patriotes  de  Quobec  s'assemblèrent,  censurèrent 
leurs  représentants  et  firent  une  ovation  •'  ^î  TVipineau. 
M.  Caron  remit  son  mandat.  * 

La  session  fut  peu  fructueuse;  le  conseil  rejeta  plusieurs 
des  mesures  adoptées  par  l'assemblée,  y  conjpris  le  hill  de» 
subsides,  parce  qu'il  n'était  iK)int  conforme  A  la  demande 
faite  par  le  gouvernement,  et  lord  (losford,  en  prorogeant 
les  chambres,  dut  exprimer  le  regret  d'avoir  échoué  dans 
ses  tentatives  de  conciliation,  ajoutant  qu'il  ne  ee  hasarde- 
rait pas  à  prédire  les  conséciuences  qui  devaient  en  résulter. 

L'insut'cès  de  lord  CJosford  était  venu  surtout  de  la  pu- 
blication que  le  gouverneur  du  Haut-Canada  avait  faite 
d'une  partie  des  instructions  données  à  la  commission. 
Lord  Glenelg  crut  qu'avec  la  connaissance  des  instructions 
complètes  et  avec  les  explications  que  le  gouverneur  pour- 
rait donner,  l'on  en  viendrait  peut-être  à  un  arrangement. 

Lord  Gosford  convoqua  donc  le  parlement  de  nouveau 
pour  le  22  septembre  1836  ;  cette  session  n'eut  pas  de 
meilleurs  résultats  que  celle  qui  s'était  terminée  le  21  mars. 

Les  conséquences  furent,  d'un  côté,  les  fameuses  résolu- 
tions de  lord  John  Russell,  qui  disposaient  des  deniers  de  la 
province  sans  l'autorisation  de  sa  législature,  et,  d'un  autre 
côté,  une  agitation  comme  il  ne  s'en  était  encorejamais  vu. 

*  ]M.  Caron  fut  nommé  {leii  de  temps  après  conseiller  législatif;  il  a 
fait  partie  de  plu.sieurs  administrations  sous  le  régime  île  T  Union,  a 
été  juge  de  la  cour  d'appel  et  est  mort  lieutenant-gouverneur  de  la 
pro\ance  de  Québec. 


SA    VIE   ET   SES   ŒUVRES.  CCI 

On  décida  de  tarir  les  sources  du  revfpu  des  douanes  en 
ne  se  servant  que  d'objets  de  manufacture  canadienne,  et 
en  faisant  la  contrebande  sur  une  large  échelle.  M.  Papi- 
neau  visita  plusieurs  comtés  de  la  région  de  Montréal,  et 
vint  aussi  dans  le  district  de  Québec. 

Ici  la  tâche  de  l'historien,  de  difficile  qu'elle  était,  devient 
pénible,  navrante  même. 

11  décrit  d'abord  avec  une  douleur  évidente  l'isolement 
dans  lequel  se  trouvaient  nos  patriotes,  car  leurs  espéran- 
ces dans  l'appui  des  autras  colonies  s'évanouissaient  l'une 
après  l'autre. 

'  "  A  cette  époque,  dit-il,  leur  perspective  était  la  plus 
triste  qu'on  puisse  imaginer.  Eux  qui  s'étaient  bercés  un 
instant  de  l'espoir  d'avoir  de  nombreux  alliés,  ils  venaient 
de  les  perdre  presque  tous  à  la  fois.  Sir  Francis  Bond  Head 
était  sorti  triomphant  de  la  lutte  à  Toronto.  Il  avait 
dissous  la  dernière  chambre,  et  était  parvenu,  à  force  d'a- 
dresse et  d'intrigues,  à  faire  élire  une  majorité  de  tories 
dans  la  nouvelle.  Sûr  d'elle  maintenant,  il  avait  aussitôt 
convoqué  la  législature,  et  l'assemblée  avait  bifle  des 
procès-verbaux  de  la  dernière  session  les  résolutions  du 
Bas-Canada  que  M.  Papineau  avait  envoyées  à  son  prési- 
dent. En  môme  temps,  Head  lui  avait  communiqué  les 
dépêches  du- bureau  colonial  (pii  approuvaient  sa  con- 
duite. La  politique  de  Downing-Street  était  de  briser  la 
dangereuse  alliance  qui  avait  paru  s'établir  entre  le  Haut 
et  le  Bas-Canada,  et  de  menacer  le  Bas-Canada,  où  le 
danger  était  plus  grand  ;  elle  avait  donc  bien  réussi.  Le 
Nouveau-Brunswick  avait  aussi  accepté  les  propositions  de 
l'Angleterre,  et  la  Nouvelle-Ecosse,  qui  avait  d'abord  été 
plus  ferme,  venait  de  révoquer  certaines  résolutions  qu'elle 
avait  adoptées  contre  l'administration  coloniale.  De  sorte 
que  la  commission,  qui  achevait  ses  travaux,  était  autorisée 
par  toutes  ces  défections  A  conseiller  aux  ministres  de 
traiter  sans  ménagement  la  seule  chambre  qui  fût  restée 
inébranlable." 

M.  Mackenzie,  dans  sa  lutte  contre  sir  Francis  Bond 
Head,  avait  réclamé  avec  énergie  la  responsabilité  minis- 
térielle. Il  faut  voir  avec  quel  étonnement  le  gouverneur 


CCll  FRANÇOIS-XAVIER  OARMKAU, 

accueillit  cette  pro^^Bition.  Dan»  8a  réponse  à  une  adretM 
qui  lui  fut  pr^Hcntée,  il  s'exprime  cf)niine  suit  : 

"  Le  colonel  Siincoe,  dit-il,  en  dcclarunt  que  la  constita* 
tien  dont  il  était  porteur  était  la  vraie  traduction  de  la 
constitution  britannique,  n'a  pu  par  1;\  en  changer  Tews^nce. 
Le  colonel  ►Sinicoe,  qui  sans  doute  était  autorisé  à  définir 
la  nature  de  cette  constitution,  n'a  pas  créé  le  minùUre 
ilimt  vous  parlez:  et  jamais  il  n'exista  do  minist<'re  dans  la 
colonie,  si  ce  n'est  le  gouverneur  lui-même,  qui  cf-t  le  mi- 
nistre responsable  de  la  couronne."  * 

Cependant,  tandis  <]ue  les  cho-'  nul  dans  la  pro- 

vince du  Has-Canada  ce  sinistre  :i  millaume  IV  dis- 

paraissait, et  la  fille  de  ce  prince  Edouard  qui  avait  été 
présent  à.  l'inauguration  de  notre  constitution,  montait  sur 
le  trône  à  l'Age  de  dix-huit  ans. 

Lord  John  RusscU  qui,  soit  dit  à  sa  louange,  n'avait 
proposé  qu'avec  répugnance  ses  fameuses  résolutions,  crut 
que  la  circonstance  était  favorable  à  un  arrangement,  ou 
du  moins  qu'elle  lui  offrait  un  honnête  prétexte  pour  faire 
une  dernière  tentative  de  conciliation. 

Voici  comment  il  s'exprima  dans  la  chambre  des  com- 
munes : 

"  Quant  aux  résolutions  qui  ont  rapport  au  Canada,  bien 
qu'elles  aient  été  approuvées  par  une  forte  majorité  dans 
cette  chambre  et  qu'elles  aient  passé  unanimement  dans  la 
chambre  des  lords,  il  me  répugne  cependant,  au  commen- 
cement d'un  nouveau  règne  (applaudissements),  de  propo- 
ser même  une  seule  mesure  qui  ait  un  caractère  sévère  et 
coercitif  (^harsh  and  roercitive),  malgré  la  nécessité  qui 
paraît  s'imposer  (applaudissements).  Il  faudra  probable- 
ment passer  quelque  jour  un  bill  basé  sur  ces  résolutions; 
mais  il  n'est  pas  absolument  nécessaire  de  le  faire  dès  cette 
session  (applaudissements).  J'espère  que  la  chambre  d'as- 


*  Voir  Bibaud,  3'  volume,  p.  345.  Voir  aussi  dans  le  4'  volume 
de  Christie,  p.  329,  les  singulières  observations  de  lord  Glenelg  au 
sujet  de  la  demande  faite  par  la  chambre  d'assemblée  du  Bas-Canada 
d'un  gouvernement  populaire.  Le  ministre  croit  ou  feint  de  croire 
que  l'on  avait  déjà  sous  ce  rapport  tout  ce  que  l'on  pouvait  désirer. 


SA    VIE   ET   SES  ŒUVRES.  CCIU 

semblée  du  Bas-Canada,  en  réfléchissant  sur  la  portée  des 
résolutions  passées  par  les  deux  chambres  du  parlement, 
verra  que  ses  demandes  sont  incompatibles  avec  les  rap- 
ports qui  doivent  exister  entre  la  colonie  et  la  mère  patrie. 
En  même  temps,  je  désire  qu'il  soit  bien  compris  quïl 
n'est  fait  aucune  concession  dans  le  sens  des  changements 
organiques  que  l'on  demande,  et  j'espère  que  la  chambre 
du  Bas-Canada  sera  animée  d'autres  sentiments  à  sa  pro- 
chaine réunion."  *  C'était  donc  un  simple  ajournement, 
une  trêve  :  on  pe  voulait  faire  aucune  réforme  organique. 

Il  est  assez  piquant  de  songer  que  ce  fut  lord  John 
Russell,  qui  après  l'insurrection  et  l'union  des  Canadas,  fit 
lui-même  le  plus  grand  changement  constitutionnel  et  ap- 
porta le  véritable  remède  aux  maux  dont  s'étaient  plaintes 
les  deux  provinces  lorsqu'elles  étaient  séparées,  en  com- 
mençant rétablissement  du  système  de  responsabilité 
ministérielle,  f  Mais  il  est  vrai  qu'alors  on  n'avait  i»lus  à 
craindre  l'ascendant  de  la  population  catholique  et  d'ori- 
gine française. 

Lord  CJosford,  qui,  de  son  côté,  ne  demandait  pas  mieux 
que  de  rétablir  l'harmonie, — hélas  !  on  en  était  loin,  et  plus 
qu'un  autre  il  devait  le  sentir, — lord  Gosford  s'empressa  de 
convoquer  le  parlement  })«>ur  le  18  août. 

Les  représentants  y  vinrent  en  grand  nombre  ;  ceux  de 
Montréal,  vêtus,  en  tout  ou  en  i)artie,  d'étoffe  du  pays, 
afin  de  donner  une  preuve  évidente  de  la  sincérité  de 
leurs  déclarations  à  ce  sujet. 

A  la  session  précédente,  la  chamltre  avait  adopté,  par 
58  voix  contre  (5,  une  adresse  dans  laquelle  elle  réitérait  la 
mention  des  nombreux  griefs  dont  elle  s'était  déjà  plainte, 
particulièrement  du  monopole  octroyé  à  la  compagnie  des 
terrée,  de  la  constitution  vicieuse  du   conseil   législatif, 


*  Chiistie,  4''  volume,  p.  372. 

t  Voyez  la  dt'i»(?c'ho  de  lord  John  Russell  du  16  wtobre  1839,  citée 
en  partie  par  M.  Turcotte  dans  son  ouvratre /<  Cauiula  sous  rVnlon, 
vol.  1,  p.  30.  Voir  aussi  une  autre  dépêche  citée  par  Christie,  en  date 
du  8  du  même  mois,  où  ce  ministre  combat  le  systèuie  de  la  respon- 
sabilité executive.  On  hésitait,  mais  on  finit  par  céder. 


CCIV  FRANÇOlS-XAVieil  OAKNKAU, 

refuHait  de  reconnaître  la  conimiBHion  royale  que  pr^'-sidait 
lord  (Josford,  tout  on  lui  adressant  à  lui-nit^mo  ixîrHonneMe- 
ment  les  plus  grands  éloges,  et  déclarait  qu'elle  ajourne- 
rait HCH  délih^jrutions  juHqu'A  ce  qu'elle  eflt  obtenu  juKtice. 
Plusieurs  de  ceux  qui  avaient  voté  contre  M.  Papincausur 
la  question  des  subsides,  avaient  voté  en  faveur  do  cette 
adresse  ou  s'étaient  abstenus.  En  répondant,  lord  Gosford 
avait  dit  : 

"  La  décision  que  vous  avez  prise  de  ne  jamais  reprendre 
vos  fonctions  sous  la  pré.sente  constitution,  prive  virtuelle- 
ment le  pays  d'une  législature  locale,  et  le  met  dans  une 
situation  des  plus  embarrassantes  jusqu'à  ce  que  l'autorité 
suprême  do  l'Empire  y  ait  pourvu." 

Hien  cpie  la  crise  se  fût  envenimée  à  ce  point  que  lord 
Gosford  s'était  cru  obligé,  au  moment  de  la  réunion  des 
chambres,  de  destituer  M.  Pa pineau  comme  major  de 
milice,  la  circonstance  était  tellement  critique,  rap|>el  que 
faisait  le  gouverneur  A  la  conciliation  était  tellement  pres- 
sant, qu'il  se  fit  une  nouvelle  réaction  et  qu'après  de 
longs  débats,  portant  sur  deux  séries  de  résolutions  pro- 
posées, Tune  par  M.  Taschereau,  l'autre  par  M.  Morin,  cette 
dernière  qui  repoussait  tout  compromis,  ne  fut  adoptée 
que  par  une  assez  faible  majorité:  46  contre  31. 

Toutefois  le  sort  en  était  jeté.  Lord  Gosford  prorogea 
encore  le  parlement,  aprcs  avoir  déclaré  à  la  chambre  que 
sa  décision  était  "  Panéantissement  virtuel  de  la  constitu- 
tion." 

L'agitation  devint  plus  intense  que  jamais  et  conduisit 
à  ce  que  Pon  a  appelé  la  rébellion  du  Bas-Canada. 

i\L  Garneau  raconte  brièvement,  mais  non  sans  émotion, 
les  débuts  de  la  première  insurrection  :  les  grandes  assem- 
blées politiques  qui  avaient  un  caractère  si  menaçant,  sur- 
tout celle  des  six  comtés  à  Saint  -  Charles  ;  la  grande 
démonstration  en  sens  contraire  qui  eut  lieu  à  Québec  et 
à  laquelle  beaucoup  de  notables  d'origine  française  prirent 
part  ;  le  mandement  de  Mgr  Lartigue,  dont  les  lugubres 
avertissements  retentissent  à  travers  tous  ces  événements 
comme  un  glas  funèbre  ;  la  bagarre  entre  le  Doric  Club  et 
les  Fils  de  la  liberté  à  Montréal,  laquelle  servit  de  prétexte 


SA    VIE   ET  SES   ŒDVRES.  CCV 

aux  mandats  d'amener,  qui  eux-mêmes  furent  la  cause 
des  conflits  ;  l'aff'aire  de  Longueuil,  où  une  petite  bande 
de  Canadiens  enlevèrent  à  une  escorte  de  cavalerie  ses 
prisonniers;  l'affaire  de  Saint- Denis,  où  les  troupes  an- 
glaises, sous  la  conduite  du  général  Gore,  reçurent  un 
échec  si  humiliant. 

Mais  déjà  la  fortune  abandonne  les  patriotes  et  leur  fait 
payer  cher  leurs  trompeuses  victoires.  Le  colonel  Wetherall 
s'empare  de  Saint -Charles  et  y  disperse  les  insurgés,  le 
général  Colborne  lui-même  marche  avec  des  forces  impo- 
sautcs  contre  les  rebelles  du  Nord  ;  il  prend  Saint-Eus- 
tache,  malgré  l'héroïque  résistance  du  Dr  Chénier  et  d'une 
poignée  de  braves,  qui  paient  de  leur  vie  leur  incroyable 
obstination  ;  une  autre  troupe  d'insurgés,  parmi  lescjuels 
se  trouvaient  des  citoyens  américains,  est  défaite  à  Moore's- 
Corner,  près  de  la  frontière  ;  puis  viennent  la  destruction 
de  Saint-Benoît  et  celle  de  Saint- Denis,  vengeances  cruelles 
et  lâches  que  l'histoire  ne  saurait  jamais  assez  flétrir. 

Cette  petite  guerre  ne  manque  pas  de  ressemblance 
avec  les  soulèvements  de  la  Vendée  :  *  bandes  de  paysans 
rôdant  la  nuit  plus  ou  moins  armés;  combats  entre  des 
troupes  régulières,  des  volontaires  bien  équipés  et  con- 
duits par  la  haine  et  la  vengeance,  d'un  côté,  et,  de  l'autre, 
des  gens  sans  aucune  discipline,  réunis  au  son  du  tocsin  ; 
maisons  et  églises  servant  de  forteresses;  fusillades  au 
coin  des  bois  ou  derrière  les  clôtures  des  champs;  obsti- 
nation poussée  quelquefois  jusqu'à  l'héroïsme,  confiance 
aveugle  dans  le  succès  d'une  lutte  dont  le  dénouement 
était  fatalement  prévu  ;  des  femmes  et  des  enfants  chas- 
sés brutalement  de  leurs  demeures,  errant  dans  les  champs 
et  les  bois;  tout  cela  forme  un  tableau  saisissant  que  les 
lueurs  de  nombreux  incendies  éclairent  lugubrement. 

Ajoutez- y  de  navrants  épisodes,  comme  la  mort  du 
lieutenant  Weir,  jeune  officier  anglais  arrêté  comme  espion 

*  Le  mot  deChénier  à  Saint-Eui^tacheeût  été  digne  de  Cathelinoau. 
"  Beaucoup  n'avaient  pas  d'armes,  dit  M.  Garneau,  ils  s'en  plaigni- 
rent à  Chénier,  qui  leur  réjxtndit  froidement  :  "  Soyez  tranijuilles,  il 
y  en  aura  de  tués  parmi  nous,  vous  prendrez  leurs  fusils." 


CCVl  FRANÇOIS-XAVIER  OARITIAD, 

et  massncr^  par  les  insurg^'^H,  au  moment  où  il  cherchait  k 
s'échapper;  Texécution  sommaire  «le  Chartrand  par  d'au- 
tres insurgés;  le  sui6i(ïe  de  (îirod,  aventurier  suisse  de 
naissance,  qui  n'eut  pas  le  courage  de  combattre  et  eut 
celui  de  se  tuer  ;  et  vous  aurez  une  idée  des  émotions  que 
durent  éprouver  les  contemporaiiis  de  ces  événements. 

A  la  suite  de  ces  désastres  la  situation  générale  fut  dé- 
solante pour  les  Canadiens- Français  :  tous  les  chefs  morts, 
emprisonnés  ou  réfugiés  à  l'étranger;  la  loi  martiale  pro- 
clamée, puis  la  constitution  suHi»endue.  un  conseil  spécial 
établi;  tel  fut  le  bilan  d'une  insurrection  (pji  n'avait  duré 
que  quelques  mois  et  ne  s'était  étendue  que  sur  une  {xstite 
partie  du  j>ays. 

Le  conseil  rendit  bientôt  une  ordonnance  qui  suspendait 
ou  prétendait  suspendre  la  loi  de  Vhaheao  corpus,  ce  )>alla- 
dium  des  libertés  anglaises  ;  les  ])risons  se  remplirent  de 
patriotes  })lu8  ou  moins  compromis,  et  dont  quebjues-uns 
ne  l'étaient  réellement  que  par  leur  patriotisnje  même.  A 
côté  du  Dr  Wolfred  Nelson  et  de  M.  Bouchette,  qui  avaient 
bravement  combattu  l'un  î\  Saint-Denis,  l'autre  à  Moore's- 
Corner,  se  trouvaient  des  hommes  qui  avaient  fait  tout  en 
leur  pouvoir  i>our  pacifier  les  esprits.  La  vengeance  se  mêle 
toujours  à  la  répression  des  désordres  publics,  et  la  i)eur, 
aussi  mauvaise  conseillère  que  la  vengeance,  fournit  son 
contingent  aux  listes  de  proscriptions  que  l'on  (Irr-ssc  dans 
les  guerres  civiles. 

Lord  Gosford  partit  de  Québec  le  20  février  ISJ^i.  imiué- 
diatement  après  l'affaire  de  Saint-Denis,  M>L  La  Fontaine 
et  Leslie  étaient  allés  le  prier  de  convoquer  les  chambres  ; 
craignant  que  cette  tentative  n'eût  le  sort  de  toutes  les 
autres,  le  gouverneur  n'en  fit  rien.  Déjà  le  14  novembre, 
il  avait  écrit  à  lord  Glenelg  pour  lui  demander  sonTappel  ; 
il  lui  disait,  entre  autres  cho-ses,  que  si  le  gouvernement 
se  décidait  à  des  mesures  de  rigueur,  le  ministre  préfé- 
rerait peut-être  en  confier  l'exécution  à  quelqu'un  qui 
n'aurait  pas  été  identifié  avec  une  politique  douce  et  con- 
ciliante. * 

*  "  It  naturally  occursto  me  that  if  it  should  be  determined  to  take 
a  strong  course  of  proceedings,  you  might  feel  desirous  to  intrust  the 


SA   VIE   ET  SES  ŒUVRES.  CCVU 

M.  La  Fontaine,  qui  partit  pour  l'Europe  avant  lord 
Gosford  et  se  rendit  tout  droit  à  Londres  —  ce  qui  fut  bien 
jugé  quoiqu'on  apparence  très  audacieux — put  entendre  les 
débats  qui  eurent  lieu  dans  la  chambre  des  lords  sur  le 
bill  suspendant  la  constitution.  Le  discours  de  lord 
Broughani  fut  remarquable  par  sa  hardiesse:  "  On  blâme 
avec  véhc-nience  les  Canadiens;  mais  quel  est  le  pays,  le 
peuple  qui  leur  a  donné  l'exemple  de  l'insurrection?  Vous 
vous  récriez  contre  leur  rébellion,  quoique  vous  ayez  pris 
leur  argent  sans  leur  agrément  et  anéanti  les  droits  que 
vous  vous  faisiez  un  mérite  de  leur  avoir  accordés 

exécution  of  yoiir  i)lanK  to  liands  not  plwlfietl  as  mine  are,  to  a  niild 
and  conciliatory  lino  of  ix)licy."  (Christle,  vol.  ô,  p.  ^50). 

Lord  vioslbrd  viKita  Boston,  Philadelpliie  et  Washin}rton  avant 
de  s'embarquer.  Il  mVtait  rest^'  clans  l'esprit,  d'après  mes  conversa- 
tions avec  M.  Papiut^au,  que  celui-ci  avait  rencontre  ou  failli  rencon- 
trer lord  Gosford  aux  Ktats-Unis.  Mes  réminisc'enceK,  un  i^eu  vagues, 
86  trouvent  fix<?e8  i>ar  une  lettre  que  je  reçois  d'un  membre  de  sa 
famille.  "  M.  Papineau,  y  est-il  dit,  resta  quelques  semaines  à  Albany 
chez  un  ami  dévoué,  l'honorable  James  Porter;  à  Philadel{)hie  chez 
un  ami  de  collège,  le  Dr  Nancrède,  d'origine  française  ;  il  visita  Wash- 
ington, etc.  Pour  la  gént'ralitc  des  personnes  qu'il  rencontrait,  il  était 
M.  Lewis,  voyageur  étranger.  A  Philadelphie,  il  allait  souvent  à  la  fa- 
meuse bibliothèque  fondée  par  Franklin.  Le  bibliothécaire,  homme 
distingué,  qui  était  dans  le  secret,  lui  dit  un  jour:  "Ah  !  M.  Pa  pineau, 
si  vous  étiez  entré  il  y  a  cinq  minutes,  vous  vous  seriez  trouvé  face  à 
face  avec  lord  Gosfonl  qui  sort  d'ici.  Je  l'ai  fait  j»arler  un  jjeu  du 
Canada  et  de  vous.  11  m'a  dit  que,  s'il  avait  suivi  vos  conseils,  il  n'y 
aurait  pas  eu  de  rébellion." 

Ces  paroles  paraisst^nt  être  confirmées  par  une  lettre  écrite  j^lus 
tard  à  un  ami,  probablement  à  M.  Daly,  et  dont  une  copie  s'est  trouvée 
dans  les  pajnors  de  l'hon.  D.-B.  Papineau. —  Lord  Gosford  y  dit  entre 
autres  choses  :  "  I  am  very  glad  that  Mr.  Papineau  has  returned  to 
Canada  and  enjoys  such  good  health.  I  do  not  think  there  wa« 
nuich,  if  any,  différence  as  to  our  (jtiuntl  ciVir*  as  regards  Canada. 
He  dwelt  on  some  joints  which  I  had  not  the  power  to  grant  ; 
thougb  in  some  instances,  I  would  gladly  bave  done  so.  I  call  to 
mind  with  much  satisfaction  the  conversations  I  hâve  had  with 
Mr.  Papineau,  in  which  I  heard  sentiments  and  opinions  from  him 
which  reflected  the  highest  crédit  on  his  heart  and  head.  If  you 
should  see  him,  please  présent  to  him  my  best  compliments  and 
kind  remembrance,  if  you  think  they  will  bo  acceptable  to  him." 


CCVlii  KRAN(;OI»-XAVIEB  OAKNBAU, 

Vous  dites:  Toute  lu  dispute  vient  de  ce  que  nous  avonii 
pris  vin^t  inillo  livrcM  Hans  le  conHeiiton  •        '  repr/'- 

sentants!  N'ingt  mille  livres  sans  leur  ■  il!  Kh 

bien,  ce  fut  pour  vingt  shillings  qu'ilampden  réëista,  et  il 
acquit  par  sa  résistance  un  nom  immortel,  pour  lequel 
les  l'iantagenets  et  les  Guelfes  auraient  donn»'  tout  le 
sang  qui  coulait  dans  leurs  veines!  " 

En  mcme  temps  que  Ton  passait  le  hill,  on  annonr.ait  la 
nomination  d'un  gouverneur  gênerai,  haut  commissaire, 
(]ui  ne  devait  ôtre  autre  que  le  comte  de  Durham,  gendre 
de  lord  (irey,  homme  ambitieux  et  arrogant,  qui  ne 
manquait  pas  de  talents,  mais  qui  en  toute  circonstance 
s'imposait  à  son  beau-père  et  à  son  i>arti  et  que  ses  enne- 
mis plutôt  que  ses  amis  aimaient  ù  voir  chargé  d'une  mis- 
sion aussi  difficile,  espérant  bien  qu'il  y  échouerait,  comme 
cela  ne  manqua  point  d'arriver. 

M.  CJarneau  ne  tait  «jue  mentionner,  en  passant,  l'insur- 
rection haut-canadienne,  qui  cependant  eût  mérité  plus 
de  détails.  Rien  qu'elle  ait  été  suj)primée  promptement 
par  sir  Francis  Bond  Head  à  l'aide  do«  Ilaut-C.iii.irlicji- 
seulement,  elle  fait  voir  que 

Iliacos  intrà  iiiuros  peccatur  et  extra.  * 

Il  y  eut  des  exécutions  dans  le  Haut-Canada,  tandis 
qu'à  la  suite  de  la  première  insurrection  on  n'osa  point 
faire  de  procès  politiques  dans  le  Bas-Canada.  Lord  Durham 
se  trouva  donc,  à  son  arrivée,  en  face  d'une  situation  très 
difficile.  Le  pays  étant  pacifié,  du  moins  en  apparence,  il 
ne  pouvait  proclamer  la  loi  martiale.  Des  procès," dans  le 
cours  ordinaire  des  choses,  se  seraient  peut-être  terminés 
par  des  acquittements.  S'il  en  eût  été  autrement,  il  aurait 
eu  à  inaugurer  son  règne  par  des  exécutions.  D'un  autre 
côté,  une  amnistie  générale  et  sans  exception  eût  fait  jeter 
les  hauts  cris  à  la  population  d'origine  britannique. 

Il  eut  bientôt  pris  son  parti.  Il  obtint  d'un  certain 
nombre  de  prisonniers   parmi   les   plus  compromis  une 

*  Voir  la  Vie  de  W.-L.  Mackenzie,  par  son  gendre,  M.  Lindsay.  2 
volumes  in-8. 


SA    VIE    ET  SES  ŒUVRES.  CCIX 

déclaration  par  laquelle,  tout  en  protestant  des  motifs  pa- 
triotiques qui  les  avaient  animés,  ils  admettaient  avoir 
pris  les  armes,  et  afin  d'éviter  un  procès  et  d'obtenir  Tam- 
nistie  pour  les  autres  accusés,  ils  se  mettaient  à  la  dis- 
position du  gouverneur  général.  Là-dessus,  le  nouveau 
conseil  spécial  nommé  par  lord  Durham  et  composé  de 
njilitaires  et  de  fonctionnaires  presque  tous  étrangers  au 
pays,  passa  une  ordonnance  et  le  gouverneur  publia  une 
proclamation  d'amnistie,  de  laquelle  étaient  exclus  MM. 
Wolfred  Nelson,  Bouchette  et  les  six  autres  signataires  de 
cette  déclaration,  qui  devaient  être  déportés  aux  Bermudes, 
MM.  Papineau,  Cartier,  O'Callaghan,  Duvernay  et  quinze 
autres  réfugiés  aux  Etats-Unis,  et  de  plus  les  prisonniers 
accusés  du  meurtre  de  Weir  ou  de  celui  deChartrand. 

Dans  la  colonie,  on  parut  approuver  cette  ordonnance, 
qui  était  illégale  à  plusieurs  égards.  L'on  tenait  compte 
des  motifs  d'humanité  et  de  haute  politique  qui  l'avaient 
inspirée.  Il  n'en  fut  pas  de  même  en  Angleterre.  Lord 
Brougham  attaqua  la  mesure  dans  la  chambre  des  lords, 
et  les  ministres  consentirent  îl  un  hill  d'iiukinnité,  ce  qui 
était  une  censure  évidente  de  la  conduite  du  lord  haut 
commi.ssaire.  Celui-ci  donna  sa  démission  et  partit  pour 
Londres. 

Notre  historien  fait  un  portrait  peu  flatté  de  ce  person- 
nage; il  peint  son  luxe,  son  orgueil  et  la  pompe  dont  il 
s'était  entouré,  et  fait  ressortir  le  contraste  entre  l'éclat  .de 
sa  position  vice-royale  et  quasi  omnipotente  et  le  rude 
échec  qu'il  reçut  par  le  désaveu  de  son  ordonnance,  au 
mouient  même  où,  comme  Napoléon  I''  tenant  une  cour 
de  rois,  il  était  entouré  à  Québec  des  gouverneurs  et  des 
délégués  des  autres  provinces  qu'il  avait  appelés  auprès 
de  lui  pour  discuter  ses  projets  d'union  fédérale. 

M.  Garneau  épargne  encore  moins  les  gens  de  la  suite 
de  lord  Durham.  Il  nous  représente  ses  attachés  comme 
jouant  le  rôle  le  plus  odieux  auprès  de  nos  hommes 
publics,  dont  ils  avaient  essayé  de  surprendre  la  bonne 
foi.  Quelques-uns  de  ses  satellites  étaient,  en  eifet,  des 
honmies  tarés  dont  le  choix  fut  vivement  blûmé  dans  le  par- 
lement anglais  et  fut  à  peine  défendu  par  les  ministres. 


CCX  FRANÇOlH-XAVIKFt   fiARNEAlT, 

Dans  une  longue  proclamation,  dan»  de»  harangues  en 
réponse  aux  noinhreunes  adresKcs  qui  lui  furent  pr^sent^es 
à  son  d^^part,  lord  Durham  laissa  voir  toute  l'ainertuine 
de  son  d^îsappointeinent  ;  dans  son  rapjK)rt,  (-trange  do- 
cument dont  les  conclusions  sont  loin  de  d^'couler  des 
pr<''inisHefl,  il  reconinianda  une  union  f/'d/rale  <le  toute^  1p« 
provinces,  A  dt'faut  de  quoi  une  union  législative  du  Haut 
et  du  Bas-Canada,  avec  l'objet  avoué  de  faire  disparaître 
la  nationalité  franco- canadienne.  Il  admet  cei>endant 
toutes  les  injustices  qui  nous  ont  été  faites,  il  donne  en 
somme  gain  de  cause  aux  prétentions  de  M.  Pa pineau  et 
laisse  voir  clairement  que  les  législatures  coloniales  ont 
droit  }\  la  plénitude  du  gouvernement  constitutionnel. 
Seulement,  jwur  cela  il  faut  qu'elles  soient  britanniques 
de  fait  comme  de  nom.  Pourquoi  s'obstiner  A  rester  Fran- 
(^•ais,  et  encore  des  Français  du  «lix-septièn»e siècle,  hostiles 
A  tout  le  progrès  moderne  ! 

M.  Garneau  paraît  croire  à  une  vaste  conspiration  contre 
notre  autonomie.  Les  ministres  en  Angleterre,  la  popu- 
lation anglaise  du  Bas-Canada,  le  lord  haut  commissaire, 
tous  s'entendaient.  La  mission  de  lord  Durham  consis- 
tait j\  nous  immoler,  et  à  nous  faire  consentir  nous- 
mêmes  au  sacrifice  en  captant  d'abord  notre  bon  vouloir. 
C'était  un  procédé  semblable  A  celui  dont  on  s'était  servi 
A  l'égard  du  Dr  Nelson  et  des  autres  exilés.  Si  tel  était  le 
cas,  lord  Durham  dut  être  en  effet  bien  désappointé:  nos 
hommes  publics  et  la  presse  française  se  tinrent  sur  la  ré- 
serve ;  et  c'est  précisément  à  ce  désappointement  que  l'his- 
torien attribue  les  paroles  amères  que  le  noble  lord  dé- 
coche à  notre  adresse  comme  de  véritables  traits  de  Parthe. 

Du  reste,  lord  Durham  avait  pris  sa  tâche  au  sérieux;  il 
avait  organisé  des  commissions  sur  l'instruction  publique, 
sur  les  terres  de  la  couronne,  etc.  Son  rapport  est  A  bien 
des  égards  un  document  remarquable.  Mais  ce  n'étaient 
point  les  enquêtes  et  les  rapports  qui  manquaient.  La 
commission  qu'avait  présidée  lord  Gosford  avait  aussi  fait 
un  rapport  à  mettre  à  la  suite  de  tous  ceux  dont  le  Canada 
avait  été  le  sujet  depuis  la  conquête.  Sir  Charles  Grey 
était  tory,  sir  George  Gibbs,  whig  et  même  un  peu  radical; 


SA    VIE    ET   SES  ŒUVRES.  CCXl 

ils  ne  s'accordèrent  pas  très  bien,  et  lord  Gosford  ne  s'ac- 
cordait ni  avec  l'un,  ni  avec  l'autre.  Il  en  vint  sur  quelques 
points  à  des  conclusions  différentes  de  celles  posées  par 
ses  collègues. 

Pour  en  revenir  à  lord  Durham,  quelque  tort  qu'il  ait 
pu  avoir,  on  ne  peut  s'empêcher  d'éprouver  un  serrement 
de  cœur  en  voyant  une  carrière  qui  promettait  d'être  si 
brillante  se  briser  si  misérablement.  Jeune  encore,  mais 
avec  une  santé  déjà  altérée,  il  ne  put  supporter  l'épreuve 
qu'il  eut  à  subir  et  mourut  peu  d'années  après  son  retour 
en  Angleterre. 

A  peine  avait-il  quitté  la  province  qu'une  nouvelle 
insurrection,  qui  avait  plutôt  le  caractère  d'une  invasion, 
éclata  dans  les  comtés  au  nord  du  Saint- Laurent,  dans  la 
région  de  Montréal.  Les  patriotes  réfugiés  aux  Etats-Unis 
s'y  étaient  fait  des  partisans  et  tous  ensemble  s'étaient 
monté  la  tête  au  point  de  croire  qu'ils  allaient  établir 
une  république  canadienne,  qui  n'aurait  point  tardé  à  se 
faire  absorber  par  sa  puissante  voisine.  La  même  chose  se 
passait  du  côté  du  Haut-Canada.  Partout  les  envahisseurs 
furent  repoussésf,  et  bien  loin  de  favoriser  le  mouvement, 
le  gouvernement  américain  chargea  deux  de  ses  généraux 
de  surveiller  la  frontière  et  d'arrêter  les  sympathiseurs, 
comme  on  appelait  ces  flibustiers  d'un  nouveau  genre. 

M.  CJarneau  donne  très  peu  de  détails  sur  ces  événe- 
ments: il  mentionne  à  peine  l'affaire  du  moulin  de  Pres- 
cott,  l'attaque  faite  sur  Windsor  et  sur  Sandwich  ;  cepen- 
dant la  froide  exécution  militaire  des  prisonniers  en  ce 
dernier  endroit  par  l'ordre  du  colonel  Prince,  de  même 
que  dans  les  événements  de  l'année  précédente,  le  coup  de 
main  audacieux  du  colonel  MacNab,  qui  envoya  un  déta- 
chement s'emparer  au  quai  de  Buffalo  du  steamboat  la 
Caroline,  y  mettre  le  feu  et  le  lancer  tout  enflammé  vers  la 
chute  dQ  Niagara  où  il  fut  englouti,  auraient  pu  fournir  à 
notre  historien  le  sujet  de  quelques-unes  de  ces  rapides  et 
saisissantes  descriptions  dans  lesquelles  il  excelle. 

Sir  John  Colborne  avait  convoqué  le  conseil  spécial, 
proclamé  de  nouveau  la  loi  martiale,  puis  promptement 
réprimé  l'insurrection  ;  et  cela  si  facilement,  dit  M.  Gar- 


OCXll  FRANf;OI»-XAVIEH   fiAHNEAr, 

iieau,  qu'il  n'eut  <iu'à  proujener  lu  torche  do  l'incendie; 
sans  plus  d'égard  pour  l'innocent  que  \)0\it  le  coupable,  il 
ne  laissa  que  des  cendres  sur  8t>n  passage.  Encore  une  foin 
les  prisons  s'emplirent  d'accusés  et  de  sin;ples  BUBi>ect«. 

Ici  se  place  un  fait  important  et  qui  mérite  d'Atre  con- 
signé à  l'iionneur  de  notre  magistrature.  On  (  '  '«'- 
vant  les  tribunaux  la  légalité  do  l'ordonnance  «ji  .  n- 
dait  Vhabeas  corpus.  Les  juges  Panet  et  Bedard,  à  Québec, 
décidèrent  «jue  l'ord«»nnaMce  était  ultra  rires,  et  ordonnèrent 
au  commandant  de  la  garnisun  de  leur  remettre  un  pri- 
sonnier que  Ton  avait  logé  dans  la  citadelle  ;  mais  natu- 
rellement ils  ne  pouvaient  en  faire  le  si^^ge  et  ce  fut  Tin- 
verse  du  dicton  vcdnnt  arma  Uxja;  «jui  prévalut.  Ias  juge 
Vallières  aux  Troi.s- Rivières  rendit  un  arrêt  dans  le  même 
sens.  Le  gouverneur  et  son  conseil  trouvèrent  tout  simple 
de  suspendre  de  leurs  fonctions  les  magistrats  qui  avaient 
osé  suivre  la  voie  de  leur  conscience.  Il  est  beau  de  voir 
ces  trois  hommes  «jui  avaient  joué  un  rôle  si  important 
dans  la  législature  du  Bas-Canada,  reparaître  sur  la  scène 
au  moment  de  la  suppression  de  la  constitution  et  cou- 
ronner leur  carrière  par  un  acte  aussi  honorable. 

La  mort  de  Weir  et  de  Chartrand  ne  fut  point  vengée  ; 
ceux  qui  en  étaient  accusés  furent  acquittés  par  le  jury. 
Sir  John  Colborne,  décidé  i\  frapper  un  grand  coup  et  à 
porter  la  terreur  dans  la  population,  organisa  une  cour 
martiale. 

La  pres.se  dirigée  par  l'oligarchie  avait  parlé  avec 
une  satisfaction  à  peine  dissimulée  des  incendies  qui 
avaient  ravagé  toute  une  vaste  région  et  dont  les  lueurs 
furent  visibles  à  Montréal  ;  elle  demandait  à  grands  cris 
des  exécutions.  Lorsque  les  condamnations  eurent  lieu 
malgré  la  défense  éloquente  et  courageuse  d'un  jeune 
avocat,*  qui  lit  là  ses  débuts  et  devint  bientôt  célèbre,  le 


*  Lewis  Thomas  Drummond,  qui  après  avoir  été  ministre  et  juge, 
vient  de  mourir  à  l'âge  de  09  ans.  Sa  conduite  généreuse  et  son  élo- 
quence l'avaient  désigné  à  la  faveur  publique;  élu  au  parlement  en 
1844,  il  fut  longtemps  un  de  nos  hommes  politiques  les  plus  popu- 
laires. 


SA    VIE    ET   SES   ŒUVRES.  CCXlll 

Herald  ne  put  contenir  sa  joie,  et  parla  en  termes  atroces 
de  ce  qui  devait  se  passer. 

Il  y  eut  quatre-vingt-dix-neuf  condamnés  à  mort,  dont 
cinquante-huit  furent  déportés  en  Australie  et  douze  furent 
exécutés. 

"  Les  malheureux,  dit  M.  Garneau,  subirent  leur  sort 
avec  fermeté.  On  ne  peut  lire  sans  être  ému  les  dernitres 
lettres  de  l'un  d'eux,  M.  de  Lorimier,  à  sa  femme,  à  ses 
parents  et  à  ses  amis,  lettres  dans  lesquelles  il  proteste 
avec  de  tels  accents  de  la  sincérité  de  ses  convictions." 

Un  rapide  coup  d'œil  ^sur  la  carrière  de  quelques-uns  de.s  hommes 
qui  ont  figuré  à  cette  époque,  coup  d'œil  que  M.  Garneau  ne  pouvait 
pas  donner  lorsqu'il  écrivit  son  ouvrage,  ne  sera  peut-être  pas  sans 
intérêt  pour  mes  lecteurs. 

Ce  fut  M.  Aylwin,  jusque-là  l'un  des  coryphées  les  plus  violents  du 
I)arti  tory  dans  la  jeunesse  anglaise  de  Québec,  qui  se  chargea  de  la 
défense  de  Teed  et  souleva  la  question  de  l'illégalité  de  l'ordonnance 
Bien  lui  en  prit,  car  lui  aussi  devint  un  de  nos  hommes  publics  les  plus 
distingués.  Avec  Drummond  il  lutta  vigoureusement,iïOUs  La  Fontainr 
et  Baldwin,  contre  le  ministère  réactionnaire  formé  jjar  lord  Met- 
calfe;  il  fut  deux  fois  ministre  et  mourut  juge.  Cest  pout-<^tre  le 
debater  le  plus  hardi  et  le  plus  habile  que  nous  ayons  eu. 

Parmi  les  prisonniers  politiques  dont  on  ne  fit  jamais  le  procès,  .se 
trouvèrent,  en  1837,  M.  Girouard,  et  en  1838,  M.  Denis-Benjamin 
Vigor  et  M.  La  Fontaine.  Le  premier  refusa  plus  tard  d'être  minis- 
tre; les  deux  autres  furent /)rc'»i(>r«  ministrts ;  M.  La  Fontaine  mou- 
rut ju^e  en  chef  et  baronnet.  Il  parait  que  leur  emprisonnement 
provenait  d'une  plaisanterie  de  >L  La  Fontaine  dans  une  lettre 
qu'il  avait  écrite  à  ^L  Girouanl  et  qui  fut  trouvée  chez  ce  dernier 
par  les  volontaires.  Il  y  était  dit  que  M.  Viger  allait  fournir  de  l'ar- 
gent pour  armer  les  bonnctn  Ueua  du  Nord.  M.  Girouard,  qui  avait  un 
rare  talent  iK)ur  le  dessin,  fit  en  prison  le  portrait  de  ses  com- 
pagnons de  captivité  et  le  sien.  L'album  qui  les  renferme  est  en  la 
possession  do  M.  le  juge  Borthelot. 

M.  Veri-eau  est  l'heureux  possesseur  du  journal  intime  tenu  par 
M.  La  Fontaine  j)endant  son  voyage  à  Ixindres.  Il  a  bien  voulu  me 
le  communiquer  et  j'en  fais  à  la  hâte  quelques  extraits. 

^I.  La  Fontaine  eut  moins  do  chance  à  Montréal  après  la  seconde 
insurrection  qu'il  n'en  avait  eu  à  Londres  après  la  première,  et  cela 
sans  avoir  en  plus  de  part  à  l'une  qu'à  l'autre. 

A  Londres,  comme  nous  l'avons  vu,  il  assista  aux  débats  dans  la 
chambre  des  lords  sur  le  bill  qui  suspendait  la  constitution  de  1791- 

o 


CCXIV  FRANÇOIS- XAVIER  OARNEAU, 

Les  CvAiomentf  de  1838  eurent  ur>e  influouce  fi<'<  i-i'.f 
sur  nos  destinées;  ils  fournirent  un  excellent  prù»  xi»- 
à  ceux  qui  voulaient  Tunion  des  deux  f)rovince8.  Il  nous 
^•tuit  reHt^'  de  TinHurrection  de  1H.'{7  un  certain  prestige,  que 
cette  Heconde  et  absurde  campagne  dut  beaucoup  ainuin- 
drir. 

Lord  John  Ruspell  prC-senta,  dans  le  mois  de  juin  1839, 
un  projet  de  loi  qui  fut  ajourné  à  la  session  suivante.  Dans 
l'intervalle,  M.  Poulett  Thompson  fut  nommé  gouverneur 
géjiéral  avec  mission  de  faire  adopter  les  projets  de  l'An- 

II  y  vécut  danB  l'intimité*  doa  liommeH  public*»  los  plu»  éminent».  Il 
©ut  dos  conféren^oB  avec  lord  Brongham,  M.  Roebuck,  M.  I>eader,  M. 
Kllig,  onclu  de  lord  Durham,  et  M.  Artbur  Baller,  qui  devait  être  un 
des  attachés  de  ce  dernior.  M.  La  Fi^ntaine  paraiiisait  bien  augurer 
du  choix  que  l'on  faisait  do  lord  Durbam. 

"  Le  jour  de  mon  arrivée,  dit-il,  le  bill  imr  le  Cana^la  nvait  pansé 
à  sa  troisième  lecture  dans  la  chambre  de«  commune».  Il  était  trop 
tard.  Los  ministre»  étaient  liés  à  le  soutenir,  et  quoique  lee  torieo 
l'eussent  mutilé  â  plai.sir  dans  les  communes,  cependant  dans  cette 
chambre  ils  avaient  fini  par  y  donner  leur  appui.  Dans  la  chambre 
dos  lords,  ils  étaient  assez  disposés  à  donner  au  gouverneur  le  pou* 
voir  discrétionnaire  de  dissoudre  et  d'assembler  après  une  élection 
générale  le  parlement  provincial.  J'ai  raison  de  croire  que  si  je  fusse 
arrivé  plus  tôt  à  Londres,  l'amendement  proposé  par  lord  Ellen- 
borough  aurait  probablement  été  adopté.  La  dépêche  de  lord  Gos- 
ford,  dans  laquelle  il  rond  compte  de  la  demande  qu'on  lui  fi,  faite 
de  convoquer  le  parlement,  a  fait  impression;  mais  lorsqu'elle  fut 
reçue,  le  bill  était  déjà  à  sa  troisième  lecture,  et  le  duc  de  Wellington 
et  quelques  autres  étaient  déjà  engagés  à  l'appuyer.  Cest'  i-e  qui  a 
fait  garder  le  silence  à  lord  Lyndhurst,  qui  n'est  arrivé  à  la  ville 
qu'après  la  seconde  lecture.  Sans  cela,  a-t-ll  dit,  il  s'y  serait  opposé.** 

Pour  en  revenir  aux  hommes  de  37  et  38,  M.  Louis-Michel  Viger, 
qui  fut  emprisonné  deux  fois,  fut  ausiii  ministre.  M.  Taché,  qui  avait 
pris  une  part  active  à  l'agitation,  fut  premier  ministre,  chevalier  et 
aide  de  camp  de  la  reine;  M.  Morin,  qui  avait  été  emprisonné  à 
Québec,  fut  orateur  de  la  chambre,  premier  ministre  et  juge;  mais 
le  cas  le  plus  frappant  d'une  destinée  difficile  à  prévoir  à  cette 
époque,  e.st  bien  celui  de  M.  Cartier.  Il  fut  au  nombre  des  pros- 
crits de  1837;  une  récompense  fut  offerte  pour  sa  capture  comme 
pour  celle  de  M.  Papineau,  du  Dr  Nel.son,  etc.  Plus  tard,  il  de- 
\int  ministre,  reçut  l'hospitalité  royale  au  château  de  Windsor, 
fut  fait  baronnet  et  joua  un  des  premiers  rôles  dans  la  confé- 


8A   VIE   ET  SES   ŒDVRES.  CCXV 

gleterre  aux  deux  provinces.  Le  Bas-Canada  n'était  repré- 
senté que  par  le  conseil  spécial  nommé  par  sir  John  Col- 
borne;  trois  voix  seulement,  celles  de  MM.  Cuthbert, 
Neilson  et  Quesnel,  s'opposèrent  aux  résolutions  qui  ap- 
prouvaient l'acte  dont  les  injustices  sont  exposées  som- 
mairement dans  les  premières  pages  de  cette  étude. 
Le  parlement  du  Haut-Canada  accepta  aussi  lui  le  pro- 

dération  des  provinces.  Le  Dr  Robert  Nelson,  le  Dr  O'CalIaghan 
et  M.  Bidwell,  ancien  orateur  de  la  chambre  d'assemblée  du  Haut- 
Canada,  furent  pout-ôtre  les  seuls  proscrits  qui  ne  voulurent  point 
profiter  do  l'amnistie.  Le  Dr  O'CalIaghan  s'est  fait  une  réputation 
aux  Etats-Unis  par  ses  travaux  historique*  ;  il  n'est  venu  au  Ca- 
nada que  très  rarement  depuis  ;  une  fois,  c'était  pour  assister  à  la 
vente  de  la  bibliothèque  de  fou  sir  L.-H.  La  Fontaine,  où  il  fit  de  pré- 
cieuses  acquisitions  tant  pour  lui-même  que  pour  la  bibliothèque 
de  la  législature  de  l'Etat  de  New-York.  Le  Dr  O'CalIaghan  est  mort 
dernièrement,  et  sa  riche  collection  de  livres  vient  d'être  mise  en 
vente  (décembre  1882). 

De  tous  les  députés  des  deux  législatures  du  Haut  et  du  Bas- 
Canada,  avant  l'union,  deux  sont  encore  debout,  le  Dr  David  Dun- 
oombe,  frère  du  Dr  Charles  Duncombe,  qui  fut  envoyé  à  Londres  avec 
M.  Baldwin  et  dut  fuir  aux  Etats-Unis  pendant  les  troubles,  et  M. 
Cherrier,  qui  subit  injustement  un  long  emprisonnement  eir  1837/ 
M.  Duncombe  est  aujourtrhui,  je  crois,  en  Angleterre.  M.  Cherrier, 
qui  est  le  plus  ancien  des  avocats  de  la  province  de  Québec  et 
le  doyen  de  la  faculté  de  droit  de  l'université  Laval  à  Montréal, 
e.st  âgé  de  84  ans.  Il  a  refusé  d'être  ministre  et  d'être  juge  en  chef; 
doué  d'une  excellente  mémoire,  aussi  spirituel.que  savant,  il  raconte 
gaiement  à  ses  amis  les  épreuves  du  temps  passé. 

Presque  tous  les  hommes  qui  ont  pris  part  aux  événements  de 
1837,  se  sont  rencontrés  dans  le  nouveau  parlement  sous  l'union  :  le 
fameux  colonel  Prince  avec  le  rebelle  Mackenzie,  M.  Papineau  avec 
AL  Gugy,sir  Allan  McNab  avec  le  Dr  Rolph,8ans  compter  ceux  que 
nous  avons  nommés  plus  haut.  De  nouvelles  questions  ont  soulevé 
de  nouvelles  tempêtes  ;  et,  aujourd'hui  que  celles-ci  sont  apaisées 
un  vieillard  à  demi  aveugle  écrit  ses  mémoires  et  en  appelle  à  la 
pôstérit '',  en  termes  spirituels  et  presque  enjoués,  du  jugement  peut- 
être  un  peu  sévère  qui  fut  porté  sur  lui.  Cet  homme  n'est  autre  que 
M.  Brown,  le  malheureux  chef  des  insurgés  de  Saint-Charles. 

Ceux  qui  voudront  compléter  cette  courte  esquisse,  où  se  trouvent 
nécessairement  bien  des  lacunes,  pourront  lire  avec  profit  les  articles 
de  M.  David,  dans  VOpinion  publiqtu:  et  dans  la  Tribiinf,  sur  les 
Hommes  de  1837  et  de  1838. 


jet  de  riinion  ;  le  ministère  et  son  agent,  caiiiani  par  «le» 
ruses  cliverf.e.s  les  tories  et  les  r^'forniistes,  jouèrent  un 
double  jeu  qui  leur  fut  reproché  dans  les  débat»  en  Angle- 
terre. 

?]nfin  le  projet  ainsi  adopté  fut  proposé  à  la  chambre 
des  communes,  où  il  rencontra  relativement  |>eu  d'opposi- 
tion. Il  en  fut  autrement  j\  la  chambre  de»  lords.  M. 
Garneau  donne,  avec  des  éloges  mérités,  des  extraits  des 
discours  de  lord  Ellenborough,  du  duc  de  Wellington,  de 
lord  Brougham  et  de  lord  Gosford.  Ce  dernier  surtout,  qui 
est  reproduit  presque  au  long,  est  le  meilleur  plaidoyer  qui 
pouvait  être  fait  en  faveur  des  Canadiens- Français,  On 
ne  lit  pas  sans  émotion  ces  pages  sincères  et  vraies,  où, 
tenant  compte  de  tout  ce  que  les  Canadiens  avaient  fait 
pour  l'Angleterre,  de  toutes  les  injustices  qui  avaient  été 
commises  à  leur  égard,  lord  Gosford  réduit  à  sa  juste  va- 
leur l'insurrection  partielle  à  laquelle  la  très  grande  ma- 
jorité de  la  population  n'avait  eu  aucune  part  et  dont  on 
voulait  faire  une  cause  de  proscription.  Mais  tout  cela 
fut  dit  en  pure  perte,  et  l'union  des  deux  Canadas,  par  une 
proclamation  datée  du  5  février  1841,  devint,  le  10  du 
même  mois,  un  fait  accompli. 

Le  pacte  solennel,  le  covenant,  pour  me  servir  d'un  mot 
anglais  que  je  soupçonne  fort  d'être  un  vieux  mot  français, 
le  covenant  qui  avait  été  fait  entre  le  roi  (Jeorge  III  et  le 
peuple  canadien,  et  dont  l'exécution  s'était  accomplie  en 
présence  du  père  de  la  souveraine  actuelle,  fut  brisé  au 
nom  de  cette  dernière  dans  la  quatrième  année  de  son 
règne.  Il  avait  eu  pour  base  la  fidélité  de  nos  aieux  en 
1775  ;  il  avait  été  scellé  par  le  sang  de  nos  pères  dans  la 
guerre  de  1812  :  qui  osera  dire  que  les  événements  de  1837 
et  de  1838  justifiaient  cette  rigueur?  qui  osera  dire  que 
la  provocation  n'avait  pas  été  beaucoup  plus  grande  que 
l'offense?  Le  rapport  de  lord  Durham  lui-même  est  là  pour 
réfuter  une  telle  prétention. 

Ici  se  termine  la  grande  tâche  entreprise  par  M.  Garneau. 
Dans  quelques  courtes  réflexions  où  l'on  sent  toute  son 
anxiété  pour  la  conservation  de  la  nationalité  franco-cana- 
dienne, il  dévoile  l'intrigue  mercantile  et  les  complots  qui 


SA   VIE   ET  SES  ŒUVRES.  CCXVll 

ont  mis  fin  à  l'ancienne  constitution,  il  retrace  ce  que  nos 
pères  ont  fait  pour  conserver  le  précieux  dépôt  de  nos  ins- 
titutions, de  notre  langue  et  de  nos  lois  ;  enfin  il  jette  un 
coup  d'oeil  sur  l'état  social,  matériel  et  intellectuel  de  la 
province  du  Bas-Canada  au  moment  où  elle  allait  dispa- 
raître pour  un  temps,  et  se  confondre  avec  la  province 
voisine,  dans  des  conditions  qui  paraissaient  si  peu  avan- 
tageuses. 

Il  n'est  point  tout  à  fait  rassuré  sur  le  sort  des  descen- 
dants de  "ces  courageux  colons  normands,  bretons,  tou- 
rangeaux, poitevins,  issus  de  cette  forte  race  qui  marchait 
à  la  suite  de  CJuillaume  le  C'onquérant  ;  "  il  ne  veut  pas  non 
plus  j)roclamer  la  ruine  de  cette  branche  d'une  aussi  noble 
race.  Il  croit  à  sa  sagesse,  à  sa  persévérance,  ji  ses  honnê- 
tes convictions,  il  son  courageux  dévouement.  Il  la  sait 
parente  de  "  cette  Vendée  normande,  liretonne,  angevine, 
dont  le  monde  à  jamais  respectera  le  dévouement  sans 
bornes  pour  les  objets  de  ses  sympathies,  et  dont  l'admira- 
ble courage  a  couvert  de  gloire  le  drapeau  qu'elle  avait 
levé  au  milieu  de  la  révolution  française." 

Et  c'est  pour  cela  qu'il  ne  désespère  point;  mais  qu'avec 
toute  l'autorité  que  lui  donne  le  grand  travail  qu'il  vient 
d'accomplir,  il  indique,  en  terminant,  la  voie  à  suivre  et 
couronne  son  œuvre  par  des  conseils  pleins  de  sagesse. 

"Que  les  Canadiens,  dit-il,  soient  fidèles  A  eux-mêmes  ; 
qu'ils  soient  sages  et  persévérants  ;  qu'ils  ne  se  laissent 
point  séduire  par  le  brillant  des  nouveautés  sociales  et  po- 
litiques !  Ils  ne  sont  pas  assez  forts  pour  se  donner  carrière 
sur  ce  point.  C'est  aux  grands  peuples  à  faire  l'épreuve 
des  nouvelles  théories;  ils  peuvent  se  donner  toute  liberté 
dans  leurs  orbites  spacieuses.  Pour  nous,  une  partie  de 
notre  force  vient  de  nos  traditions  :  ne  nous  en  éloignons 
ou  ne  les  changeons  que  graduellement.  Nous  trouverons 
dans  l'histoire  de  notre  métropole,  dans  l'histoire  de  l'An- 
gleterre elle-même,  de  bons  exemples  à  suivre,  yi  l'An- 
gleterre est  grande  aujourd'hui,  elle  a  eu  de  terribles  tem- 
pêtes à  essuyer,  la  conquête  étrangère  à  maîtriser,  des 
guerres  religieuses  à  éteindre  et  bien  d'autres  traverses. 
Sans  vouloir  prétendre  à  si  haute  destinée,  notre  sagesse 


CCXVin  KRANÇOIS-XAVIËR  OAKNKAU, 

et  notre  ferme  union  adouciront  beaucoup  nos  difficultés, 
ot,  en  excitant  leur  intérêt,  rendront  notre  cause  plua 
sainte  aux  yeux  des  nations." 

M.  Villemain,  parlant  des  historiens  anglais,  cite  un 
passage  du  journal  de  Gibbon  dan»  lequel  celui-ci  raconte 
ses  imijressions  au  moment  où  il  venait  de  terminer  Kon 
grand  ouvrage  sur  l'histoire  romain 

"  Ce  fut,  dit-il,  le  jour  ou  plutôt  lu  nuii  dii  2(  juin  1787, 
entre  onze  heures  et  minuit,  que  j'écriviH  Ich  dernières 
lignes  de  ma  dernière  page,  dans  un  pavillon  de  mou 
jardin.  Après  avoir  posé  ma  plume,  je  fis  quelques  tours 
dans  une  allée  couverte  d'où  la  vue  domine  sur  les  champs, 
le  lac  et  les  montagnes  (à  Lausanne).  L'air  était  doux,  le 
ciel  serein;  le  disque  argenté  de  la  lune  se  réfléchissait 
dans  les  eaux  et  toute  la  nature  était'  dans  le  silence.  Je 
ne  dissimulerai  point  que  j'avais  une  première  émotion  de 
joie  en  ce  moment  qui  me  rendait  ma  liberté,  et  peut-être 
allait  établir  ma  réputation.  Mais  mon  orgueil  fut  bientôt 
abaissé,  et  une  humble  mélancolie  s'empara  de  moi  à 
la  pensée  que  je  venais  de  prendre  congé  de  l'ancien  et 
agréable  compagnon  de  ma  vie,  et  que,  quelle  que  fût  la 
durée  où  parviendrait  mon  ouvrage,  les  jours  de  l'histo- 
rien seraient  désormais  bien  courts  et  bien  précaires." 

M.  Villemain  ajoute:  "  Dans  cette  mélancolie  touchante 
d'un  homme  qui  vient  d'achever  l'ouvrage  de  trente  ans 
d'étude,  qui  espère  un  peu  la  gloire  et  qui  songe  à  la  briè- 
veté de  la  vie,  il  y  a  quelque  chose  d'éloquent  et  même  de 
naïf  que  jamais  Gibbon  n'a  surpasjé  dans  les  endroits  les 
plus  ornés  et  les  plus  brillants  de  son  ouvrage." 

A  certains  égards,  la  tâche  de  notre  historien  était  sans 
doute  beaucoup  plus  modeste  que  celle  de  Gibbon.  Sa 
position  non  plus  n'était  point  la  même.  Il  n'était  pas 
membre  du  parlement  anglais — où  cependant  Gibbon  ne 
prit  jamais  la  parole  —  il  n'avait  pas  comme  lui  la  richesse 
et  les  loisirs  qui  permettent  de  jouir  de  la  vie  en  touriste 
et  en  philosophe;  ce  fut  peut-être  au  milieu  des  tracas- 
series que  lui  valait  sa  charge  de  secrétaire  du  conseil 
municipal  de  Québec  que  M.  Garneau  écrivit  les  pages 
qui  complétaient  son  ouvrage. 


SA    VIE   ET  SES  ŒUVRES.  CCXLX 

Gibbon,  qui  avait  raconté  les  derniers  moments  d'un 
grand  empire,  ou,  pour  mieux  dire,  qui  avait  fait  assister 
ses  lecteurs  à  l'agonie  et  à  la  mort  de  la  vieille  société 
païenne,  Gibbon  pouvait  dire  adieu  à  son  travail.  Au  con- 
traire, le  sujet  que  l'auteur  canadien  avait  choisi  était  en- 
core vivant  ;  il  avait  dit  les  commencements  d'un  monde 
nouveau  qui  se  développait  Rêvant  ses  yeux;  il  suivait 
encore  avec  amour  et  avec  anxiété  les  phases  de  ce  déve- 
loppement. Cependant,  comme  l'historien  anglais,  il  dut 
se  sentir  ému  en  songeant  qu'il  ne  vivrait  plus  autant 
dans  le  passé,  qu'il  aurait  mojns  l'occasion  de  se  réfugier 
dans  ses  chères  études  pour  échapper  aux  prosaïques  réa- 
lités de  la  vie. 

J'aime  à  croire  aussi  que,  le  jour  où  il  termina  son  œuvre, 
il  trouva  quelques  instants  pour  aller  contempler  le  ma- 
gnifique paysage  qui  s'étend  sous  les  murs  de  Québec  ; 
je  me  le  représente  volontiers  appuyé,  rêveur,  sur  la  balus- 
trade de  la  terrasse  qui  remplace  l'ancien  château  Saint- 
Louis,  trouvant  plus  de  charme  que  jamais  à  ce  spectacle 
familier,  mais  toujours  nouveau,  et  repassant  dans  son 
esprit,  avec  une  mélancolique  satisfaction,  les  grands  faits 
de  notre  histoire,  si  bien  racontés  dans  son  livre,  et  dont 
un  si  grand  nombre  se  sont  passés  en  face  de  ces  belles 
montagnes  qui  forment  le  fond  du  tableau  et  auxquelles 
il  avait,  le  premier,  donné  le  nom  de  "  Laurentides." 

J'ai  dit  que  le  sujet  traité  par  notre  historien  n'était  pas 
aussi  vaste  que  celui  de  Gibbon;  cependant  il  touchait 
aussi  à  de  bien  grandes  choses.  La  lutte  entre  les  deux 
premières  puissances  de  l'Europe  dans  le  monde  entier, 
la  fin  de  la  barbarie  et  la  naissance  de  la  civilisation  chré- 
tienne sur  ce  continent,  l'établissement  d'une  nouvelle 
républiiiue  issue  d'un  empire  qui  paraît  avoir  remplacé 
celui  de  Rome,  et  qui,  pendant  un  temps  au  moins,  semble 
aussi  avoir  hérité  de  la  politique  des  anciens  maîtres  du 
monde,  voilà  qui  justifie,  je  l'espère,  un  rapprochement 
que  quelques-uns  de  mes  lecteurs  seraient  peut-être  tentés 
de  trouver  déplacé. 

M.  Villemain  reproche  à  Gibbon  d'avoir  donné  raison  à 
la  force  contre  le  droit,  d'avoir  été  du  côté  des  bourreaux 


CCZX  FRANÇOIS-XAVIER  OARNIAU, 

contre  les  martyrs,  d'avoir  trop  admiré  des  proconsulfi 
comme  Pline,  qui  faisait  conduire  au  nupplice  les  chr^'-ti'  i 
quoiqu'il    les  jugcût   innf)cents,  et  un  empereur  cfji;.; 
Trajan,  approuvant  cette  barbarie  et  écrivant  à  l'iine 
Voua  avez  tenu  la  marche  (/u''il  fallait  tenir.  Il  trouve  <|u'il 
manquait  des  dons  de  TAme  :  la  chaleur,  l'enthousiasme,  la 
sensibilité,  et,  ce  qui  est  pira  encore,  qu'il  les  d/'-daignait 
au  point  qu'il  n'eût  peut-être  pas  été  fûché  de  se  le»  voir 
refuser. 

8i  l'élégant  et  judicieux  critique  avait  lu  VHiMoire 
(la  Canada,  il  n'aurait  certainement  pas  été  tenté  d'adresser 
les  mêmes  reproches  à  son  auteur.  Rien  au  contraire,  il 
aurait  admiré  chez  lui  l'imagination  et  le  sentiment  po4- 
tiqfle,  que  M.  Garneau  possédait  tellement  que  le  passage 
suivant  du  Cours  de  littérature  semble  avoir  été  écrit 
pour  lui. 

"  Ajoutons,  dit  M.  Villemain,  que  l'imagination,  qui  s«- 
compose  à  la  fois  de  vivacité  et  de  sensibilité,  cette  ima- 
gination qui  voit  ce  qui  n'est  pa.^^  devant  ses  yeux,  qui  est 
touchée  de  ce  qu'elle  n'a  pas  .senti  elle-même,  est  une 
qualité  nécessaire  du  gi-and  historien  ;  et  l'on  i)eut  dire  en 
ce  sens  qu'il  a  besoin  d'être  poète,  non  seulement  pour  être 
éloquent,  mais  pour  être  vrai.' 

M.  Garneau,  toujours  préoccupé  de  la  perfection  à 
laquelle  il  voulait  atteindre  dans  le  grand  œuvre  de  sa 
vie,  ne  laissa  pas  s'écouler  beaucoup  de  temps  sans  se  re- 
mettre au  travail.  Il  prépara  avec  le  plus  grand  soin  une 
troisième  édition,  qui  parut  en  1859  et  dans  laquelle  il  fit 
encore  plus  de  changements  et  de  corrections  qu'il  n'en 
avait  fait  pour  la  seconde. 

C'est  de  cette  dernière  que  M.  l'abbé  Casgrain  a  dit: 
"  Il  a  donné  une  preuve  éclatante  de  sa  piété  filiale 
envers  l'Eglise  en  soumettant  cette  édition  de  son  His- 
toire à  un  ecclésiastique  compétent,  et  en  faisant  plein 
droit  aux  observations  qui  lui  avaient  été  suggérées.  Dans 
un  pays  profondément  catholique  comme  le  nôtre,  on  est 
peu  étonné  d'une  telle  conduite;  mais  si  un  pareil  fait  se 
produisait  en  France,  par  exemple,  on  n'aurait  pas  assez 
d'éloges  pour  celui  qui  en  serait  l'auteur.  Sachons,  du 


SA   VIE   ET  SES  ŒUVRES.  CCXXl 

moins,  reconnaître  ce  qu'il   renferme  de  généreux  et  de 
consolant  pour  notre  société." 

Cette  troisième  édition  était  à  peine  publiée  qu'avec  une 
patience  et  une  persévérance  étonnantes,  il  se  mit  à  re- 
chercher de  tous  côtés  ce  qui  pourrait  être  ajouté  à  son 
travail  et  à  couvrir  de  notes  et  d'additions  un  exemplaire 
de  son  ouvrage  ;  ce  fut  dans  les  dernières  années  de  sa  vie 
sa  principale  occupation. 

La  quatrième  édition,  qui  paraît  aujourd'hui,  est  faite 
sur  cet  exemplaire  ainsi  revu  ;  M.  Alfred  Garneau,  avec 
une  touchante  piété  filiale,  s'est  contenté,  pour  sa  part, 
des  corrections  et  des  notes  additionnelles  qui  lui  ont 
paru  indis|»ensable8.  Il  a  tenu  à  donner  aussi  intacts  que 
possible  le  dernier  travail,  les  ultimn  rerba  de  son  père,  et 
par  une  modestie  qui  a  peut-être  ses  inconvénients  au 
point  de  vue  de  la  vérité  historique  en  littérature  —  car  la 
littérature  a  aussi  son  histoire — il  n'a  distingué  par  aucun 
signe  particulier  ce  qui  est  de  lui.  et  ce  qui  souvent  lui  a 
coûté  beaucoup  d'étude  et  de  recherches. 

En  bien  des  endroits  la  quatrième  édition  est  supérieure 
à  toutes  les  autres.  Elle  contient  d'abord,  comme  je  viens 
de  le  dire,  des  additions  considérables  faites  par  Fauteur, 
et,  pour  ce  qui  est  du  style,  M.  Alfred  Garneau  a  fait 
disparaître  les  négligences  qui  avaient  échappé,  mê- 
me dans  son  dernier  travail,  à  l'œil  scrutateur  de  son 
père. 

Pour  ce  qui  est  du  fond,  on  fera  bien  de  comparer  la 
conclusion  et  quelques  autres  passages  de  la  présente  édi- 
tion avec  la  troisième.  On  verra  que  des  considérations 
très  importantes,  des  citations  assez  étendues  ont  été 
introduites  dans  le  texte.  Cela  n'empêche  pas  que,  pour 
cette  édition  comme  pour  la  seconde  et  la  troisième, 
je  ne  regrette,  pour  ma  part,  certains  passages  plus  pitto- 
resques, plus  mouvementés  qui  se  trouvent  seulement 
dans  la  première.  Mais,  d'un  autre  côté,  l'unité  du  style, 
la  sobriété  du  langage,  le  ton  calme  et  élevé  qui  convient 
à  l'histoire  y  ont  gagné;  c'est  la  poésie  seule  qui  y  a  perdu, 
et  l'auteur  était  tellement  doué  sous  ce  rapport,  qu'il  en 
reste  encore  açsez  pour  donner  au  récit  ce  cachet  de  vérité 


CCXXll  FRANÇOIS- XAVIER  GABNBAC, 

OU,  pour  mieux  dire,  d'intuition  que  M.  Villemain  apprécie 
avec  tant  de  juMlesse. 

En  tenant  compte  de  la  pr^-paration  de  la  quatrième 
édition,  on  peut  dire  que  pendant  un  quart  de  Hiècle  M. 
Garneuu  a  travaillé  ù  l'histoire  de  «on  pays,  ('ette  périod** 
correspond  à  peu  près  à  celle  de  la  durée  de  la  constitu 
tion  de  1841. 

Les  choses  avaient  bien  changé  pendant  ce  long  espace 
de  terrpg.  Les  conséquences  de  l'union  n'avaient  pas  été 
aussi  désastreuses   que   les   Cm  ^  ■  nt 

redouté, — grâce  surtout  à  la  r  :  :     ie 

qu'ils  surent  faire  et  à  l'habileté  avec  laquelle  elle  futdiri» 
gée. 

M.  La  Fontaine  s'était  emparé  de  la  question  de  la  res- 
ponsabilité ministérielle;  il  avait  formé  avec  M.  Baldwm 
une   heureuse   alliance,  dans  laquelle  <        '  ■  'S 

furent  toujours  lidèles  l'un  à  l'autre.  Aj.  lU 

pouvoir  partir  Charles  Bagot,  comme  successeurs  au  mi- 
nistère formé  par  lord  Sydenham  et  qui  s'était  usé  en  peu 
de  temps,  ils  avaient  dû  se  retirer  devant  les  prétentions 
de  sir  Charles  Metcalfe  au  gouvernement  personnel,  pré- 
tentions que  M.  Viger  et  M.  Draper  déguisèrent  par  des 
subtilités  qui,  en  fin  de  compte,  donnèrent  gain  de  cause 
aux  ministres  démissionnaires,  puisqu'on  admettait  le 
principe  pour  lequel  ceux-ci  avaient  sacrifié  la  posses- 
sion du  pouvoir.  Ces  événements  étaient  autant  de  triom- 
phes pour  la  cause  des  Canadiens  -  Fran(;ais,  autant  de 
preuves  qu'ils  allaient  tirer  parti  du  régime  contre  lequel 
ils  avaient  bien  fait  de  protester,  mais  qu'il  leur  était 
impossible  de  renverser.  Sous  le  ministère  dont  MM.  La 
Fontaine  et  Baldwin  étaient  les  chefs,  la  question  de  la 
liste  civile  avait  été  reprise,  et  une  loi  tendant  à  assurer 
l'indépendance  du  parlement  avait  été  passée.  On  donnait 
ainsi  raison  à  l'ancien  parlement  du  Bas-Canada.  Enfin  M. 
La  Fontaine  avait  aussi  obtenu  de  l'homme  à  la  volonté  de 
fer.  c'est  ainsi  que  Ton  désignait  sir  Charles — depuis  lord 
Metcalfe — un  ordre  de  nolle  prosequi  dans  les  poursuites 
intentées  contre  M.  Papineau.  Sous  l'administration  de 
MM.  Viger  et  Draper,  les  exilés  en  Australie  furent  rap- 


SA   VIE   ET  SES   ŒUVRES.  CCXXUl 

pelés,  et  l'usage  de  la  langue  française  dans  tous  les  docu- 
ments et  délibérations  du  parlement  fut  rétabli. 

Ce  dernier  ministère,  malgré  ces  deux  actes  de  justice, 
croula  sous  le  poids  de  son  imi^opularité,  et  MM.  Baldwin 
et  La  Fontaine,  appelés  de  nouveau,  eurent  à  lutter  contre 
les  lories  du  Haut-Canada,  auxquels  s'étaient  adjoints,  à 
Montréal  surtout,  les  débris  de  l'ancienne  oligarchie  franco- 
phobe. On  avait  indemnisé  ceux  qui  avaient  soutiert  par 
la  rébellion  dans  le  Haut-Canada;  M.  La  Fontaine  voulut 
en  faire  autant  dans  le  Bas-Canada.  On  lui  reprocha  de 
vouloir  récomi)enser  les  rebelles,  et  bien  qu'il  consentît  à 
un  amendement  qui  devait  faire  disparaître  le  doute  à  cet 
égard,  la  fureur  de  la  faction  layalc  ne  connut  plus  de 
bornes  lorsque  lord  Elgin  vint  donner  la  sanction  royale 
au  bill  des  indemnités.  H  y  eut  émeute,  insultes  au  gouver- 
neur général,  incendie  du  parlement  et  de  sa  riche  biblio- 
thèque, et  Montréal  fut  en  proie  plusieurs  mois  à  des 
hordes  d'émeutiers  ultra-royalistes.  A  la  suite  de  ces  événe- 
ments, le  parlement  alla  siéger  alternativement  à  Québec 
et  à  Toronto.  Montréal,  qui  avait  enlevé  le  titre  île  capitale 
à  Kingston,  le  perdit  à  son  tour. 

Mais  bientôt  le  ministère,  sorti  sain  et  sauf  de  ces 
orages,  se  trouva  pris  entre  deux  feux.  Un  parti  de  ra- 
dicaux extrêmes  s'étant  formé  dans  le  Haut-Canada,  et 
M.  Papineau  s'étant  mis  à  la  tête  d'un  parti  semblable 
dans  le  Bas-Canada,  MM.  La  Fontaine  et  Baldwin  eurent 
à  combattre,  d'un  côté,  sir  Allan  McNab  et  ses  amis,  et  de 
l'autre,  la  nouvelle  opposition  radicale,  plus  forte  et  surtout 
plus  bruyante  au  dehors  du  parlement  qu'au  dedans. 

Deux  questions  importantes  se  discutaient  alors  ;  elles 
avaient  pour  elles  tout  ce  qui  peut  remuer  la  fibre  po- 
pulaire. C'était,  dans  le  Haut-Canada,  la  question  des 
terres  réservées  pour  la  dotation  du  clergé  angli(|an,  dans 
le  Bas-Canada,  celle  de  l'abolition  du  régime  féodal.  M. 
Baldwin  et  M.  LaFontaine  voulaient  bien  les  régler  dans 
le  sens  populaire,  mais  en  indemnisant  d'une  manière 
convenable  les  parties  intéressées.  Or,  pour  cela,  il  leur 
fallait  du  temps,  et  les  espérances  du  peuple  une  fois 
excitées,  n'admettent  guère  de  délais  ou  de  demi-mesures. 


CCXXIV  FRANÇOIS-XAVIER   OARNEAU, 

M.  Balclwin,  au  premier  vote  adverse,  ré«îgna;'M.  La  Fon- 
taine, (juel(jue  temps  ai»rès,  ho  retira  <le  la  vie  pulilique- 
A  leur  ministère  succéda  celui  de  MM.  Hinckrt  et  Morin, 
qui,  par  l'accession  de  MM.  Rolph  et  Canieron,  avait  une 
nuance  plus  avancée.  Plus  encore  cependant  que  1« 
dents  ministères,  celui-ci  fut  en  hutte  aux  atta'i 
partis  extrêmes.  M.  Cauchon  rompit  en  visière  à  ses  an* 
ciens  amis,  et  se  pla<;ft  à  la  tête  d'une  réaction  ultra-con- 
servatrice, contribuant  ainsi  A  renverser  Tadministration. 

Le  ministère,  battu  par  ses  adversaires  coalisés,  parce 
qu'il  nY'tait  pas  encore  prêt  à  régler  les  deux  importantes 
questions  <les  rhcrvfn  du  clergé  et  des  droits  seigneuriaux, 
en  appela  au  peuple,  La  politi<jue  des  chemins  de  fer  avait 
été  le  sujet  d'accusaticms  <lont  on  tira  un  très  prand  parti 
dans  les  élections.  M.  F^apineau  fit  comme  son  ancien  lieu- 
tenant et  son  récent  a«lversaire,  M.  La  Fontaine,  il  se  retira 
de  la  vie  publique;  mais  un  certain  nombre  de  jeunes 
gens  de  talent  et  d'idées  politiques  très  avancées  se  firent 
élire  avec  le  prestige  de  son  nom  et  débutèrent  en 
chambre  sous  la  conduite  de  M.  Dorion.  Ils  formèrent- 
pour  la  partie  bas-canadienne,  une  gauche  radicale  plus 
nombreuse  que  l'opposition  conservatrice,  et  ils  s'allièrent 
aux  deux  oppositions  radicale  et  tory  du  Haut-Canada. 
Le  ministère  fut  battu  de  nouveau  et  résigna.  Ce  ne  furent 
point,  ce{)endant,  les  radicaux  qui  profitèrent  de  la  victoi- 
re. Sir  Allan  MacNab,  chef  de  l'opposition  conservatrice, 
s'allia  avec  M.  Morin  et  forma  un  ministère  qui  prit  le 
nom  de  libéral-conservateur. 

Cette  alliance  de  la  majorité  des  Canadiens-Français  avec 
les  conservateurs  du  Haut-Canada  fut  un  grand  événement. 
Les  luttes  que  les  libéraux  haut-canadiens  et  les  libéraux 
du  Bas-Canada  avaient  livrées  pour  obtenir  le  gouverne- 
ment constitutionnel  étaient  déjà  des  choses  du  passé,  et 
comme  une  partie  de  nos  alliés  du  Haut-Canada  se  retour- 
naient contre  notre  nationalité,  sous  la  puissante  impulsion 
que  leur  donnait  M.  Brown.  député  et  journali.«t€,  aussi 
francophobe,  aussi  anti-catholique  dans  la  chambre  que 
dans  son  journal,  le  pacte  fait  avec  M.  Baldwin  se  trouva 
rompu. 


SA   VIE   ET  SES   ŒUVRES.  CCXXV 

D'un  autre  côté,  à  dater  de  ce  moment  la  phalange  bas- 
canadienne  se  trouva  divisée  en  libéraux  et  en  conserva- 
teurs, ces  derniers  étant  toujours  de  beaucoup  les  plus  nom- 
breux, et  les  autres,  — à  l'exception  de  l'élection  de  1874, 
sous  la  confédération  —  n'ayant  jamais  pu  former  qu'un 
appoint  à  la  majorité  libérale  du  Haut-Canada,  lorsqu'il 
y  en  avait  une.  Cette  modification  importante  dans  l'atti- 
tude des  Canadiens-Françai.'î,  cet  esprit  de  division  que 
fomente  la  politique  et  qui  est  regrettable  à  tant  d'égards, 
offre  cependant  cette  compensation:  c'est  qu'unis  en  pha- 
lange compacte,  les  Canadiens-Français  courraient  risque 
de  coaliser  contre  eux  tous  les  autres  éléments,  tandis  que 
chacun  des  deux  grands  partis  qui  se  partagent  également 
les  autres  nationalités,  doit  compter  avec  l'élément  fran- 
çais qu'il  s'est  incorporé  et  ne  saurait  en  réalité,  malgré  les 
appels  au  fanatisme  que  certains  journaux  peuvent  faire  de 
temps  à  autre,  rien  entreprendre  de  sérieux  contre  nos 
intérêts  sans  perdre  aussitôt  1. appui  d'une  section  impor- 
tante. Les  orangistes  d'un  côté,  les  radicaux  avancés  de 
l'autre,  ont  beau  se  servir  dans  le  Haut-Canada  du  spectre 
de  la  dmni nation  française,  le  parti  conservateur,  qui  a  besoin 
de  la  phalange  des  conservateurs  bas-canadiens,  et  le  parti 
libéral,  qui  ne  saurait  lutter  sans  l'appui  des  libéraux  du 
Bas-Canada,  sont  l'un  et  l'autre  empêchés  de  traduire  en 
action  des  menaces  qui  ne  sont  faites  le  plus  souvent  que 
pour  capter  les  suffrages  au  moment  des  élections. 

A  partir  de  la  formation  du  ministère  MacNab-Taché. 
qui  succéda  au  ministère  MacNab-Morin,  de  fréquents 
changements  eurent  \\eu  soit  dans  les  chefs,  soit  dans  les 
membres  du  gouvernement. 

Bientôt  cette  nouvelle  alliance  se  trouva  avoir  deux 
chefs,  qui  représentèrent,  au  point  de  vue  du  parti  con- 
servateur libéral,  les  deux  sections  de  la  province;  il  y 
eut  une  sorte  de  duumvirat  comme  celui  de  MM.  Baldwin 
et  La  Fontaine.  M.  Cartier  et  M.  Macdonald  —  depuis  sir 
George  Cartier  et  sir  John  Macdonald  —  furent  tour  à  tour 
chefs  /de  ministère  et  chefs  d'opposition  conjointement. 

De  grandes  mesures  furent  adoptées,  entre  autres  celles 
des  réserves  du  clergé  et  de  la  tenure  seigneuriale  ;  de 


CCXXNM  FKANÇ0I8- XAVIER   OARNEAU, 

nouvelles  lois  sur  l'instruction  publique,  un  nouveau  code 
civil,  enfin  et  surtout  de  nombreuses  entrepriHes  pour  le 
développement  des  ressources  mati'rielles  du  paya  figna- 
lèrent  cette   période.   Mais   les  dis^cnHiona  au  sein   den 
partis,   la   lutte   f)Our  les   portefeuilles   plutôt  que   f>our 
les  principes,  amenf-rent  une  grande  instabilité.  De  plu», 
la  (juestion  d'une   nouvelle  répartition  de  la  représenta- 
tion qui  aurait  détruit  en  faveur  du  Haut-Canada  l'égalité 
numérique,  et  menacé  l'espace  de  dualisme  politiqu< 
existait  alors,  conduisit  les  deux   partis  à  une   imi^  . - 
d'où  ils  songèrent  à  sortir  au  moyen  d'une  confédération 
de  toutes  les  provinces.  Le  projet  favori  do  lord  Durliînn 
auquel  celui  de  l'union  législative  n'avait  été  qu'un  a<  i» 
minement,  était  donc  à  la  veille  de  se  réaliser  au  moment 
de  la  mort  de  M.  Cîarneau,  en  1866. 

Mes  lecteurs  savent  déjà  qu'il  avait  toujours  regardé  ce 
projet  comme  encore  plus  dangereux  pour  notre  nationa- 
lité que  celui  qui  avait  été  exécuté.  Il  devait  donc  avoir 
les  plus  vives  appréhensions.  Dans  tout  le  cours  des  évé- 
nements que  je  viens  de  retracer  si  brièvement,  il  dut 
éprouver  des  sentiments  bien  divers.  Plein  de  respect 
pour  M.  Viger,  dont  il  avait  été  le  secrétaire  intime,  il 
dut  regretter  la  fausse  position  dans  laquelle  cet  homme 
émineiit  se  trouva  placé.  D'un  autre  côté,  de  vives  sym- 
pathies le  poussaient  vers  M.  Papineau,  et  quoiqu'il  ne 
pût  faire  autrement  que  d'applaudir  aux  succès  de  ses 
compatriotes  sous  la  nouvelle  constitutk)n,  il  lui  restait 
du  souvenir  des  injustices  qu'il  avait  si  vivement  repro- 
chées au  gouvernement  anglais  comme  un  arrière-goût 
d'amertume.  Ce  sentiment  le  rendait  injuste  envers  ceux 
de  nos  anciens  chefs  qui  se  trouvaient  appelés  à  faire  fonc- 
tionner la  nouvelle  constitution.  Ceux-ci,  cependant, 
étaient-ils  tenus  de  se  condamner  eux-mêmes  et  surtout  de 
condamner  leurs  compatriotes  à  l'inertie?  ou  devaient-ils 
tenter  quelque  nouvelle  entreprise  révolutionnaire  dans 
laquelle  ils  eussent  été  infailliblement  écrasés,  en  même 
temps  que  notre  condition  eût  été  de  beaucoup  empirée? 
Après  avoir  protesté  contre  l'union,  après  avoir  obtenu 
d'importantes  réformes,  après  avoir  fait  disparaître  les  dis- 


SA    VIE    ET   SES   ŒUVRES.  CCXXVll 

positions  les  plus  injustes  de  la  nouvelle  constitution,  que 
restait-il  à  faire  que  de  tirer  le  meilleur  parti  possible 
d'une  situation  qui  du  reste  a  fini  par  nous  donner  gain 
de  cause  ? 

M.  Garneau  sentait  cette  nécessité;  mais  ses  aspirations 
à  l'indépendance,  ses  rancunes  patriotiques  luttaient  avec 
sa  raison,  et  quoique  dans  VHhloire  du  Canada  il  ait  con- 
damné moins  absolument  la  conduite  tenue  par  les  chefs, 
dans  la  relation  de  son  Vayige  en  Angleterre  et  en  France, 
publiée  en  1855  et  que  j'ai  déjà  citée  au  commencement 
de  ce  travail,  il  s'est  laissé  aller  à  un  blâme  plus  accentué, 
et  le  livre  se  termine  par  des  remarques  bien  sévères  h 
leur  adresse. 

Cette  relation,  écrite  si  longtemps  après  son  voyage, 
tire  de  cette  circonstance  un  intérêt  d'un  genre  tout 
particulier.  Elle  a  le  charme  do  ces  mémoires  dans  les- 
quels d'illustres  vieillards  racontent  les  impressions  de 
leur  jeunesse  et  font  surgir  de  gracieux  ou  de  terribles 
fantômes  dont  les  contours  indécis  ressemblent  à  ceux  des 
spectres  de  la  Fata  Morgana,  estompés  par  la  brume. 

Une  teinte  de  mélancolie  très  prononcée  se  répand  sur 
ce  curieux  récit.  Elle  tient^non  seulement  au  caractère  et 
aux  dispositions  naturelles  de  l'auteur,  mais  encore  à 
l'état  de  son  esprit  au  moment  où  il  écrivait.  Il  se  sentait 
malade,  fatigué  et  peut-être  un  peu  négligé.  Il  comparait 
sans  jalou^iie,  mais  non  pas  sans  une  douleur  secrète  et 
inavouée,  sa  situation  avec  celle  de  quelques  hommes 
qui  lui  étaient  inférieurs.  Ne  voulant  pas  répudier  cette 
complète  indépendance  dont  il  se  faisait  gloire,  il  sentait 
néanmoins  qu'elle  le  conduisait  à  un  isolement  auquel 
l'estime  publique,  chez  nous  assez  froide  dans  ses  dé- 
monstrations à  l'égard  des  vivants,  ne  formait  pas  une 
compensation  suffisante. 

C'est,  je  crois,  la  première  relation  d'un  voyage  en  Eu- 
rope qui  ait  été  publiée  par  un  Canadien-Français.  *  L'ap- 
préciation que  l'auteur  fait  de  la  France  et  de  l'Angleterre, 

*  L'intô ressaut  jouMial  de  voya<re  do  Mjir  Plessis,  qui  se  trouve 
dans  les  ardiives  do  l'archevêché  à  Québec,  est  encore  iné<.lit. 


CCXXVIU  FRANÇOia-XAVIER  OABNEAU, 

les  descriptions  qu'il  donne  des  villes,  de»  niomii,..  nU»,  den 
paysage»  sont  di)ul»Ienient  intérof^HanteM  et  par  elIcx^ni^ineM 
et  par  lu  nouvcaut»-  du  fait;  elle»  sont  coinplMernent 
exemptes  de  banalité-,  et  l'on  voit  que  tout  cela  avait  éif 
longtemps  l'objet  des  r^^ves  et  des  désir»  du  jeune  voya- 
geur, que  les  scènes  qu'il  décrit  sont  restées  gravées  dans 
sa  mémoire  après  y  avoir  fait  une  forte  impression, 
enfin,  qu'il  les  y  retrouve  avec  bonheur  après  bien  des 
années. 

8i  la  France  est  pour  lui  l'objet  d'un  enthousiasme  tout 
naturel,  il  ne  se  montre  pas  non  plus  injuste  envers  cette 
fière  Albion  à  laquelle  il  avait  voué  toute  autre  chose  qu'un 
culte  d'amour. 

Certains  passages  sur  la  constitution  politique  de  la 
(irande-Bretagne,  sur  son  état  social,  méritent  d'être  re- 
produits. 

"  Après  avoir  étudié  quelque  temps,  dit-il,  la  physiono- 
mie physique  de  Londres,  ses  vues,  ses  monuments,  son 
commerce,  je  me  mis  à  considérer  la  pojjulation  et  l'or- 
ganisation sociale  de  cette  grande  nation.  Une  chose  me 
frappait  sans  cesse,  c'était  l'alliance  de  la  liVjçrté  et  du 
privilège,  du  républicanisme  et  de  la  royauté.  Je  cherchais 
à  comparer  cette  organisation  avec  l'organisation  améri- 
caine, c'est-à-dire  avec  celle  des  Etats-Unis,  car  l'organisa- 
tion coloniale  est  une  chose  exceptionnelle,  dont  la  durée 
est,  pour  ainsi  dire,  fixée  d'avance  et  dont  le  terme  avance 
avec  le  chifire  de  la  population.  Prenant  les  choses  pour 
ce  qu'elles  étaient  dans  le  moment,  je  finis  par  me  con- 
vaincre que  les  deux  pays  avaient  fondé  leurs  constitutions 
sur  des  faits  réels  et  non  sur  des  théories  imaginaire?  et 
que  de  là  provenait  la  stabilité  de  l'une  et  de  l'autre. 

"  Je  voyais  devant  moi  une  royauté,  une  aristocratie  et 
une  plèbe  dont  les  fortes  racines  remontaient  à  l'origine  de 
la  nation.  L'aristocratie  était  puissante  et  considérée,  le 
peuple  nombreux  et  soumis,  le  roi  regardé  comme  essen- 
tiel au  maintien  des  boulevards  qui  servent  de  protection 
à  ces  deux  grandes  et  seules  divisions  de  la  nation. 

"  L'aristocratie,  par  ses  souvenirs  historiques  et  ses 
richesses,  exerce  un  empire  immense  sur  les  idées,  ou 


SA   VIE   ET  SES  ŒUVRES.  CCXXIX 

plutôt  elle  se  considère  et  elle  est  presque  considérée  par 
le  peuple  comme  une  puissance  qui  ne  pourrait  être  ren- 
versée que  par  le  renversement  de  la  nation  elle-même. 
Elle  est  d'ailleurs  si  sage  et  si  éclairée  qu'elle  ne  s'expose 
jamais  inutilement.  Elle  connaît  la  fragilité  des  choses 
humaines,  elle  sait  que  tout  passe  avec  le  temps.  Elle  ne 
s'oppose  donc  point  aux  progrès  des  choses  et  des  idées. 
Elle  s'étudie  seulement  à  y  prendre  part  de  manière  à 
faire  rejaillir  sur  elle-même  la  plus  grande  partie  de  l'il- 
lustration personnelle  qui  en  résulte;  elle  vote,  dans  la 
législature,  pour  les  améliorations  en  toute  chose,  et  ouvre 
ses  rangs  avec  habileté  au  guerrier,  au  savant,  au  mar- 
chand heureux  qui  se  distinguent,  connaissant  l'influence 
profonde  qu'exercent  sur  les  masses  la  bravoure,  le  génie 
et  l'éclat  moins  noble,  si  l'on  veut,  mais  non  moins  réel 
de  l'or.  Elle  renouvelle  par  là  sa  force  et  son  prestige. 
Enfin,  en  consentant  à  discuter  dans  le  parlement  toutes 
les  questions  qu'on  y  traite  avec  les  mandataires  du  peu- 
ple, et  en  se  soumettant  comme  lui  lorsqu'elles  ont  été 
adoptées  par  les  deux  parties  et  sanctionnées  par  l'arbitre 
suprême,  le  roi,  elle  ne  semble  plus  qu'exercer  un  droit 
naturel.  On  oublie  que  c'est  une  petite  classe  d'hommes 
qui  a  le  privilège  de  balancer  la  volonté  générale,  et  que 
c'est  le  peuple  lui-même  qui  entretient  à  la  sueur  de  son 
front  la  source  des  richesses  colossales  qui  la  rendent  si 
fière  et  si  brillante  dans  ses  domaines. 

"  Sa  soumission  aux  décrets  du  parlement  et  son  respect 
pour  la  liberté  de  la  parole  sur  la  place  publique,  où  sou- 
vent elle  fait  entendre  la  sienne  au  milieu  des  tribuns  du 
peuple,  font  oublier  et  son  orgueil  et  son  exclusivisme  au 
foyer  domestique  de  ses  châteaux.  Hors  de  la  tribune,  il 
n'y  a  plus,  en  effet,  d'alliance  et  de  communication  entre 
la  noblesse  et  la  roture.  Le  rempart  du  moyen  âge  semble 
encore  subsister  dans  toute  sa  force  pour  diviser  les  deux 
classes  ;  mais  le  sens  calculateur  du  peuple  anglais  ferme 
les  yeux  sur  cette  faiblesse  humaine. 

"  Voilà  les  réflexions  que  je  faisais  quand  je  passais  du 
parlement  à  la  place  publique,  de  la  place  publique  aux 
riches  quartiers  de  la  noblesse,  et  des  riches  quartiers  de 

p 


CCXXX  KRANÇOIS-XAVTER  GARNEAU, 

la  noblesse  aux  quartiers  plus  sombreH  qu'habite  le  peuple 
dans  la  métropole  de  l'Angleterre." 

Voici  comment  M.  Garneau  rend  compte,  plus  loin.  m. 
la  sensation  produite  à  Londres  par  les  débats  sur  le 
bill  de  réforme. 

"  Les  communes  adoptèrent  le  bill  A  une  assez  grande 
majorité,  mais,  malgré  l'éloquence  des  partisans  de  la  me- 
sure et  les  démonstrations  du  peuple  dan.s  toutes  les  par- 
ties du  royaume,  la  chambre  des  lords,  croyant  ou  feignant 
de  croire  l'aristocratie  plus  menacée  qu'elle  ne  l'était 
réellement,  le  rejeta  en  dépit  des  efforts  du  ministère  et  de 
lord  Brougham,  qui  fit  un  discours  de  six  à  sept  heures, 
en  la  priant,  on  hù  hended  knee»,  comme  il  s'exprima,  de  ne 
pas  rejeter  une  réforme  demandée  par  toute  la  nation. 

"  La  sensation  fut  immense.  Tout  à  coup  les  rues, 
surtout  celles  qui  traversent  les  quartiers  de  U  noblesse  et 
avoisinent  le  parlement,  furent  inondées  d'une  populace 
qui  faisait  frémir  à  voir,  et  que  je  n'ai  vue  ni  avant  ni 
après  cette  crise  dans  la  capitale  de  l'Angleterre.  Des  cen- 
taines de  mille  hommes  pâles,  sale.«i,  en  huilions,  se  prome- 
naient silencieusement  en  foule  pressée,  dans  un  espace  de 
plusieurs  milles,  et  regardaient  avec  des  yeux  étonnés  les 
riches  dépôts  d'orfèvrerie,  resplendissants  d'argent,  d'or  et 
de  pierres  précieuses,  ou  les  vastes  comptoirs  remplis  de 
magnifiques  étoffes  apportées  de  toutes  les  parties  du 
monde  pour  satisfaire  le  luxe  des  riches. 

"  Plusieurs  milliers  d'hommes  de  police,  armés  de 
sabres  et  formés  en  pelotons,  circulaient  au  milieu  de 
cette  plèbe  errante.  Toutes  les  troupes  de  Londres  étaient 
sous  les  armes.  Les  cuirassiers,  les  gardes  du  corps,  les 
dragons,  les  lanciers  se  tenaient  près  de  leurs  chevaux 
tout  sellés;  lïnfanterie  avait  ses  armes  en  faisceaux  dans 
les  parcs;  l'artillerie  préparait  ses  canons.  Londres  fut 
pendant  plusieurs  jours  menacée  d'une  insurrection;  mais 
la  paix  ne  fut  pas  troublée.  Les  chefs  du  peuple,  les  jour- 
naux assuraient  à  la  multitude  que  la  mesure  serait  reprise, 
et  que  la  chambre  des  lords  serait  forcée  par  l'opinion  pu- 
blique d'y  donner  son  consentement. 

"  Cette  démonstration  avait  été  faite  probablement  à 


8A    VIE    ET   SES   ŒUVRES.  CCXXXl 

l'instigation  des  meneurs  politiques.  Je  parcourus  moi- 
même  une  grande  partie  de  la  ville  inondée  par  cette  po- 
pulace ;  je  ne  fus  témoin  d'aucun  tumulte  ni  d'aucune 
voie  de  fait.  La  foule  était  silencieuse,  comme  je  l'ai  dit,  au 
point  que  ce  silence  même  avait  quelque  chose  d'eflrayant, 

"  La  promesse  faite  au  peuple  ne  fut  point  violée.  La 
mesure,  ramenée  devant  le  parlement,  fut  acceptée  par  les 
lords,  qui  voulaient  seulement,  par  un  premier  rejet,  faire 
sentir  aux  communes  qu'ils  étaient  encore  là." 

Les  réflexions  suivantes,  qu'ont  inspirées  il  l'auteur  les 
armements  considérables  qui  se  maintenaient  alors  en 
Europe,  sont  encore  bien  applicables  aujourd'hui,  et  le  coup 
d'oeil  qu'il  jette  en  même  temps  sur  les  destinées  de  l'Amé- 
rique fait  preuve  d'un  esprit  de  prévision  bien  remar- 
quable, surtout  si  l'on  songe  que  cette  page  était  écrite 
plusieurs  années  avant  la  grande  guerre  entre  les  États  du 
Nord  et  ceux  du  Sud. 

"  L'armée  (en  France)  était  d'environ  quatre  cent  mille 
hommes  lorsque  j'étais  à  Paris,  et  il  y  avait  trois  millions 
de  gardes  nationaux  organisés  et  en  partie  armés.  La  ma- 
rine militaire  pouvait  s'élever  à  trois  cents  voiles. 

"  Est-il  possible  qu'ati'aissés  ainsi  sous  le  fardeau  de  dé- 
penses improductives,  les  pays  de  l'Europe  puissent  sou- 
tenir longtemps  la  concurrence  de  ceux  de  l'Amérique, 
où  ces  dépenses  sont  comparativement  minimes  ? 

"  Cette  question  mérite  d'être  étudiée.  Mais  pour  bien 
des  penseurs  le  passé  a  déjà  fourni  une  solution  suffisante. 
Les  hommes  sont  les  mêmes  partout  et  dans  tous  les 
temps,  selon  le  degré  de  civilisation  où  ils  sont  parve- 
nus. Ce  bonheur  dont  l'Amérique  doit  être  si  jalouse  se 
<;ouvre  déjà  de  nuages.  Le  tonnerre  des  discordes  humaines 
gronde  depuis  longtemps  sous  le  ciel  ardent  du  Mexique. 
Cette  tempête  de  passions,  suivant  son  cours,  remontera 
plus  tard  vers  le  Nord  et  soulèvera,  d'après  ces  penseurs, 
les  populations,  dont  les  torrents  se  heurteront  les  uns  con- 
tre les  autres,  comme  ils  font  en  Europe  depuis  trois  mille 
ans.  Déjà  des  symptômes  menaçants  se  montrent  partout. 

Mais  qui  |5eut  dire  quand  s'accompliront  ces  sanglantes 


CCZXXII  FRAMÇ0I8-ZAVIEB  OARNEAU, 

catastrophes,  ces  inévitables  révolutiona?  1/abhence  de 
toute  loi,  en  politique  comme  en  religion,  «i  elle  précipite 
la  dissolutibn,  empêche  aUBsi  la  réorganisation  ;  TiDcrédu- 
lité  *  est  stationnaire  par  cela  seul  qu'elle  n'a  pas  de 
motif  pour  agir.  On  restera  donc  où  Ion  est  jusqu'à  ce  que 
l'ambition,  l'avarice  et  les  autres  passions  prennent  l'épée. 
Quand  l'Amérique  du  Nord  leur  offrira-t-elle  une  carrière 
pour  agir?  C'est  ce  que  personne  ne^eut  dire.  Mais  quoi- 
que ce  pays  soit  nouveau,  les  populations  qui  l'habitent 
viennent  de  pays  anciens  et  portent  toutes,  plus  ou  moins, 
en  elles-m^mes  des  germes  de  vieillesse,  à  l'instar  des 
colonies  grecques  ou  romaines,  qui  n'ont  guère  survécu 
à  leurs  métropoles." 

J'ai  dit  que  M.  Garneau  était  souffrant  et  peut-être  un 
peu  découragé  lorsqu'il  publia  le  récit  de  son  voyage.  Il 
avait  été  attaqué,  dès  1843,  d'une  cruelle  maladie  causée 
par  l'excès  du  travail  ;  ce  mal  terrible,  l'épilepsie,  qui 
avait  cédé  d'abord  à  des  soins  intelligents,  reparut  trois 
ans  plus  tard  et,  cette  fois,  se  compliqua  d'une  attaque  de 
typhus  et  d'érésipèle,  qui  conduisit  le  patient  presqu'aux 
portes  de  la  mort.  Guéri  par  les  soins  du  Dr  Jean  Blan- 
chet,  homme  d'une  grande  réputation,  qui  fut  autant  son 
ami  que  son  médecin,  il  se  remit  au  travail  avec  une  nou- 
velle ardeur,  f  Cette  imprudence  fut  causée  surtout  par  le 
désir  qu'il  avait  de  perfectionner  son  œuvre,  désir  qui, 
on  l'a  vu,  ne  l'abandonna  jamais.  Il  fut  repris  vers  1864 
de  la  même  maladie  et  obligé  de  se  démettre  de  la  charge 
de  secrétaire  du  conseil  municipal  de  Québec.  Une  pension 
de  retraite  lui  fut  accordée. 

Il  avait  déjà  reçu  en  plusieurs  occasions  des  marques 
d'estime  de  ses  concitoyens.  Une  allocation  de  $1,000  avait 
été  votée  par  la  législature  pour  aider  à  la  publication  de 
la  seconde  édition  de  son  ouvrage.  Il  fut  appelé,  en  1857,  à 

*  M.  Garneau  aurait  mieux  fait  de  dire  le  scepticisme  ou  l'in- 
diiférence  ;  ix)ur  ce  qui  est  d'une  certaine  incrédulité,  on  voit  trop 
bien  de  nos  jours  à  quel  point  elle  peut  être  active  et  même  persé- 
cutrice. 

t  M.  Garneau  a  dédié  au  Dr  Blanchet  son  Voyage  en  Angleterre 
et  en  France. 


SA    VIE   ET  SES   ŒUVRES.  CCXXXlll 

faire  partie  du  Conseil  de  l'instruction  publique,  lors  de  la 
première  organisation  de  ce  corps,  et  un  excellent  abrégé 
de  son  Histoire  qu'il  fit  à  l'usage  des  écoles,  fut  approuvé  par 
l'autorité  ecclésiastique  et  par  le  conseil,  et  eut  un  grand 
nombre  d'éditions.  J'ai  raison  de  croire  qu'il  en  a  été 
distribué  plus  de  vingt  mille  exemplaires.  Ce  petit  livre  a 
contribué  à  développer  le  sentiment  national  autant  et 
plus  peut-être  que  le  grand  ouvrage. 

M.  Garneau  n'eut  pas  à  se  féliciter  au  même  degré  d'une 
traduction  de  son  ouvrage  en  langue  anglaise  par  M.  Bell. 
Bien  qu'elle  ait  obtenu  deux  éditions,  elle  justifie  par- 
faitement le  proverbe  italien  îl  l'adresse  des  traducteurs  : 
traduttore  è  traditore.  Celui-ci  —  circonstance  aggravante 
—  a  été,  avec  intention,  infidèle  A  la  tûche  qu'il  avait  accep- 
tée. Il  a  mutilé  le  livre,  l'a  chargé  de  notes  hostiles,  et  y 
a  interpolé  sa  prose.  M.  Garneau  fut  douloureusement 
affecté  par  cette  mésaventure.  Il  s'en  plaignit  publique- 
ment et  adressa  à  l'éditeur.  M.  Lovell.  une  lettre  très 
sévère  et  bien  méritée. 

Mais,  au  milieu  de  ces  ennuis,  k-s  félicitations  qu  il  rece- 
vait de  tous  côtés,  l'estime  que  lui  témoignaient  ses  conci- 
toyens, la  renommée  que  son  livre  lui  valut  aux  États-Unis 
et  en  Europe,  lui  apportaient  des  consolations  qui  eussent 
été  peut-être  mieux  appréciées  par  un  esprit  moins  modeste, 
moins  naturellement  inquiet  et  plus  sûr  de  lui-même. 

L'Institut  canadien  de  Québec  l'élisait,  en  1855,  pour  son 
président  actif;  en  1856,  la  même  institution  le  portait  à 
la  présidence  honoraire,  qu'il  occupa  jusqu'à  peu  de  temps 
avant  sa  mort,  c'est-à-dire  l'espace  de  dix  ans. 

Il  rapportait  du  reste  tous  ses  succès  à  la  plus  grande 
gloire  de  sa  chère  nationalité  franco-canadienne,  à  laquelle 
il  avait  voué  un  véritable  culte,  un  culte  de  tous  les  ins- 
tants. Ses  amis  trouvaient  que  chez  lui  c'était  presque  une 
idée  fixe  :  au  moindre  événement  qui  paraissait  menacer 
notre  autonomie,  à  la  moindre  défection,  il  s'alarmait 
comme  d'autres  peuvent  s'alarmer  des  dangers  qu'ils 
courent  dans  leur  santé  ou  dans  leur  fortune.  Je  sais 
bien  que,  pour  ma  part,  lorsque  je  le  voyais  entrer  chez 
moi,  pâle,  ému,  l'air  préoccupé,  ne  disant  pas  tout  de  suite 


CCXXXIV  KKANVOIb-XAVIKR  OAHKKAU, 

ce  dont  il  s'agissait,  je  me  disais  à  moi-même:  Il  aura  fait 
quelque  mauvaiw  rfive  sur  le  compte  de  la  nationalité  ! 

A  ce  point  de  vue,  les  événements  de  1849  l'avaient  vi- 
vement impressionné.  Ayant  appris  que  lord  Eljçin  s'était 
occupé  de  son  ouvrage,  il  profita  de  cette  circonstance 
pour  lui  adresser  une  lettre  très  remarquable,  qui  accom- 
I  pagnait  un  exemplaire  do  la  première  édition  de  VJIistoire 
!  du  Canada,  dont  le  troisième  volume  avait  été  publié  l'an- 
née précédente. 

Je  crois  devoir  la  reproduire  en  entier,  certain  que  mes 
lecteurs  seront  de  l'avis  de  M.  l'abbé  Casgrain,  «lui,  en  la 
publiant,  se  demandait  ce  que  l'on  devait  admirer  le 
plus  dans  cette  pièce  magistrale,  ou  des  élaqs  généreux 
du  patriotisme  et  de  la  largeur  des  vues  de  l'écrivain,  ou 
de  rhabileté  exquise  avec  laquelle  il  avait  abordé  des  ques- 
tions si  délicates  devant  un  gouverneur  anglais. 

"  MiLORD, —  Si  j'avais  su  plus  tôt  «jue  Votre  Excellence 
daignait  prendre  quelque  intérêt  ^\  l'ouvrage  que  j'ai  com- 
mencé sur  le  Canada,  je  me  serais  empressé  de  lui  faire 
parvenir  ce  que  j'en  ai  d'imprimé,  persuadé  qu'elle  aurait 
trouvé  dans  les  événements  dont  je  retrace  le  tableau,  de 
quoi  se  former  une  juste  idée  des  vœux  et  des  sentiments 
d'une  partie  nombreuse  des  peuples  qu'elle  a  été  appelée 
ù  gouverner.  Aujourd'hui  qu'elle  a  bien  voulu  s'exprimer 
avec  bienveillance  à  cet  égard,  je  la  prie  de  vouloir  bien 
me  faire  l'honneur  d'accepter  l'exemplaire  de  V Histoire  du 
Canada  que  M.  Fabre  lui  fera  remettre  aussitôt  qu'il  sera 
relié. 

''  J'ai  entrepris  ce  travail  dans  le  but  de  rétablir  la  vérité 
si  souvent  défigurée,  et  de  repousser  les  attaques  et  les  in- 
sultes dont  mes  compatriotes  ont  été  et  sont  encore  jour- 
nellement l'objet  de  la  part  d'hommes  qui  voudraient  les 
opprimer  et  les  exploiter  tout  à  la  fois.  J'ai  pensé  que  le 
meilleur  moyen  d'y  parvenir  était  d'exposer  tout  simple- 
J_^  ment  leur  histoire.  Je  n'ai  pas  besoin  de  dire  que  ma  tâche 
m'obligeait  d'être  encore  plus  sévère  dans  l'esprit  que  dans 
l'exposition  matérielle  des.  faits.  La  situation  des  Cana- 
diens-Français, tant  par  rapport  à  leur  nombre  que  par 
rapport  à  leurs  lois  et  à  leur  religion,  m'imposait  J'obli- 


8A    VIE   ET  PES  ŒUVRES.  CCXXXV 

gation  rigoureuse  d'être  juste  ;  car  le  faible  aoit  avoir  deux 
fois  raison  avant  de  réclamer  un  droit  en  politique.  Si  les 
Canadiens  n'avaient  eu  qu'à  s'adresser  à  des  hommes  dont 
l'antique  illustration,  comme  celle  de  la  race  de  Votre 
Excellence,  fût  un  gage  de  leur  honneur  et  de  leur  justice, 
cette  nécessité  n'aurait  pas  existé  ;  mais,  soit  que  l'on  doive 
en  attribuer  la  cause  aux  préjugés,  à  l'ignorance  ou  à  toute 
autre  chose,  il  est  arrivé  souvent  dans  ce  pays  que  cette 
double  preuve  a  été  encore  insuffisante. 

"  Les  outrages  séditieux  que  l'on  vient  de  faire  à  Votre 
Excellence,  dont  la  personne  devrait  être  sacrée  comme 
celle  de  la  Reine  qu'elle  représente,  prouvent  suffisamment 
l'audace  de  ceux  qui  s'en  sont  rendus  coupables  ;  audace 
qu'ils  n^ont  eue  que  parce  qu'on  les  a  accoutumés  depuis 
longtemps,  comme  des  enfants  gâtés,  à  obtenir  tout  ce 
qu'ils  demandaient,  juste  ou  injuste.  En  quel  autre  pays 
du  monde  aurait-on  vu  une  poignée  d'hommes  oser  insul- 
ter la  personne  du  souverain  dans  son  représentant  et  le 
^ays  tout  entier  dans  celle  de  ses  députés  élus  par  un  suf- 
frage  presque  universel  ?  Or,  si  ces  gens  ont  pu  se  porter  à 
de  pareils  attentats  aujourd'hui,  de  quelle  manière  ne 
devaient- ils  pas  agir  envers  les  Canadiens-Français,  qu'ils 
traitaient  d'étrangers  et  de  vaincus,  lorsqu'ils  avaient  le 
pouvoir  de  les  dominer  ?  En  jugeant  ainsi  par  comparai- 
son, Votre  Excellence  peut  facilement  se  rendre  compte 
de  la  cause  des  dissensions  qui  ont  déchiré  ce  pays  pendant 
si  longtemps  et  du  désespoir  qui  a  fait  prendre  les  armes 
h  une  partie  des  Canadiens  du  district  de  Montréal  en  1837. 

"  Si  les  Canadiens  ont  enduré  patiemment  un  pareil  état 
de  choses,  il  ne  faut  pas  croire,  malgré  leurs  mœurs  paisi- 
bles et  agrestes,  que  ce  soit  la  timidité  ou  la  crainte  qui 
les  ait  empêchés  de  songer  à  secouer  le  joug.  Ils  sortent 
de  trop  bonne  race  pour  ne  pas  faire  leur  devoir  lorsqu'ils 
y  sont  appelés.  Leur  conduite  dans  la  terrible  guerre  de 
1755,  pendant  le  siège  de  Québec  en  1775-76,  durant  la 
guerre  de  1812  et  même,  malgré  leur  petit  nombre,  dans  les 
combats  de  Saint- Denis,  de  Saint-Charles  et  de  Saint-Eus- 
tache,  en  1837 —  s'il  m'est  permis  de  citer  cette  époque  mal- 
heureuse—  attestent  suffisamment  leur  courage  pour  qu'on 


CCXXXVi  FRANÇOIS-XAVIER   OARNEAC, 

les  respecte,  ifeur  immobilité  apparente  tient  à  leurs  ha- 
bitudes monarchiques  et  à  leur  situation  spéciale  comme 
race  distincte  dans  l'Amérique  du  Nord,  ayant  des  inté- 
rêts particuliers  qui  redoutent  le  contact  d'une  nationa- 
lité étrangère.  Ce  sont  ces  deux  puissants  mobiles  qui 
les  ont  fait  revenir  sur  leurs  pas  en  1776,  après  avoir  pour 
la  plupart  embrassé  un  instant  la  cause  américaine;  qui 
les  ont  fait  courir  aux  armes  en  1812,  et  qui  les  ont  retenus 
en  1837. 

"Je  n'ai  pas  besoin  d'ajouter  que  si  les  Etats-Unis  étaient 
français  ou  le  Canada  tout  anglais,  celui-ci  en  formerait 
partie  depuis  longtemps;  car,  dans  le  nouveau  monde, 
la  société  étant  essentiellement  composée  d'éléments  dé- 
mocratiques, la  tendance  naturelle  des  populations  est 
de  revêtir  la  forme  républicaine.  Vous  m'accuserez  i)eut- 
ôtre,  Milord,  de  baser  ici  mes  raisonnements  sur  l'intérêt 
seul  ;  j'avoue  que  ce  mobile  n'est  pas  le  plus  élevé  ;  mais  il 
est  fort  puissant  surtout  aux  yeux  des  adversaires  des 
Canadiens;  et  quant  aux  raisons  qui  tiennent  à  de  plus 
nobles  inspirations,  je  n'ai  pas  besoin  de  les  faire  valoir, 
Votre  Excellence  les  trouve  déjà  dans  son  propre  cœur. 

"  J'en  ai  peut-être  dit  assez  pour  faire  voir  que  ceux  qui 
veulent  réduire  les  Canadiens- Français  à  l'ilotisme  —  car 
leur  transformation  nationale,  si  elle  doit  avoir  lieu,  ne 
peut  être  que  l'œuvre  du  temps — ne  le  font  point  dans  l'in- 
térêt du  grand  empire  dont  nous  faisoi.s  partie  ;  qu'au  con- 
traire ce  sont  les  intérêts  canadiens-français  qui  ont  empê- 
ché jusqu'à  présent  le  Canada  de  tomber  dans  l'orlite  de  la 
république  américaine  ;  que  l'Ecosse,  *  avec  des  lois  et  une 
religion  différentes  de  celles  de  l'Angleterre,  n'est  pas  moins 
fidèle  que  cette  dernière  au  drapeau  britannique,  et  que  sur  le 
champ  de  bataille  le  montagnard  calédonien  ne  cède  point 
sa  place  au  grenadier  anglais  malgré  son  dialecte  gaulois. 
De  tout  cela  il  résulte,  à  mes  yeux,  qu'il  est  de  l'intérêt  de 
la  Grande-Bretagne  de  protéger  les  Canadiens,  comme  il  est 
de  l'intérêt  d'un  propriétaire  prudent  d'entretenir  surtout 
la  base  d'un  édifice  pour  le  faire  durer  plus  longtemps,  car 

*  Lord  Elgin,  comme  on  sait,  avait  l'Ecosse  pour  patrie. 


SA   VIE   ET  SES  ŒUVRES.  CCXXXVll 

il  est  impossible  de  prévoir  quel  effet  la  perte  de  l'Amé- 
rique britannique  et  son  union  avec  les  États-Unis  au- 
raient avec  le  temps  sur  la  puissance  maritime  et  com- 
merciale de  l'Angleterre. 

"  Ces  considérations,  Milord,  et  bien  d'autres  qui  se 
présentent  à  l'esprit,  ont  sans  doute  déjà  frappé  l'attention 
de  Votre  Excellence  et  des  autres  hommes  d'État  de  la 
métropole.  Votre  conduite  si  propre  à  rassurer  les  colons 
sur  leurs  droits  constitutionnels,  recevra,  je  n'en  doute 
point,  l'appui  du  gouvernement  impérial  et  contribuera 
au  maintien  de  l'intégrité  de  l'empire.  En  laissant  le 
Haut-Canada  à  ses  lois  et  le  Bas-Canada  aux  siennes, 
afin  d'atténuer  autant  que  possible  ce  qu'il  peut  y  avoir 
d'hostile  à  mes  coraj)atriote8  dans  le»  motifs  de  l'acte 
d'union  ;  en  abandonnant  au  pays  toute  la  puissance  poli- 
tique législative  dont  il  doit  jouir  par  la  voie  de  ses  cham- 
bres et  de  ministres  responsables,  en  tant  que  cela  n'affai- 
blit pas  le  nœud  qui  l'unit  à  l'Angleterre,  celle-ci  n'aura 
rien  à  craindre  des  cris  de  quelques  mécontents  qui  ne 
sauraient  mettre  en  danger  la  sûreté  de  la  colonie,  si  les 
partis  politiques  de  Londres  ont  la  sagesse  de  ne  point  s'en 
prévaloir  dans  leurs  luttes  pour  obtenir  le  pouvoir. 

"  Je  prie  Votre  Seigneurie  de  me  pardonner  de  m'être 
étendu  si  longuement  sur  la  situation  politique  de  ce  pays. 
Je  m'y  suis  trouvé  entraîné  par  les  réflexions  que  me 
suggère  l'étude  que  je  suis  obligé  de  faire  du  passé  pour 
l'œuvre  que  j'ai  entreprise  et  dont  le  fruit  remplirait  le 
plus  ardent  de  mes  vœux,  s'il  pouvait  faire  disparaître  tous 
les  préjugés  du  peuple  anglais  contre  les  Canadiens  au 
sujet  de  leur  fidélité,  et  ramener  la  confiance  et  la  justice 
dans  les  appréciations  réciproques  des  deux  peuples, 
comme  je  suis  convaincu  que  c'est  le  but  éclairé  de  Votre 
Excellence  dans  la  tâche  noble  mais  difficile  dont  elle  s'est 
chargée." 

M.  Etienne  Parent,  avec  qui  M.  Garneau  était  en  corres- 
pondance suivie,  lui  écrivait  le  31  mars,  c'est-à-dire  pré- 
cisément le  lendemain  de  la  clôture  de  la  trop  fameuse 
session  de  1849,  pour  le  féliciter  sur  le  courage  et  l'habi- 
leté qu'il  venait  de  montrer  dans  cette  lettre  remarquabla. 


CCXXXVin  KRAN(;OI»-XAVIKR   OARNKAr. 

• 

"Vous  pouvez  être  assuré,  dit  M.  Parent,  que  du  mo- 
ment que  les  volumes  me  seront  parvenus,  je  les  achemi- 
norni  A  leur  destination,  comme  je  l'ai  fait  de  votre  lettre 
à  lord  Elgin. 

"  A  propos,  je  vous  remercie  de  la  copie  que  vous  m'en 
avez  communiqu('e.   C'est  coin:  'i  que  devait  parler 

notre  historien,  et  si  vous  en  moins  dit,  je  vous 

aurais  querellé.  Je  me  trompe  fort  si  lord  Elgin  n'apprécie 
pfts  bien  ce  que  vous  lui  dites  avec  tant  d'il-propos.  Tl  faut 
avouer  que  l'occasion  était  favorable,  et  que  vos  compa- 
triotes auraient  eu  des  reproches  à  vous  faire  si  vous  n'en 
aviez  aussi  bien  profité  que  vous  l'avez  fait. 

"  Hier,  notre  parlement  a  été  prorogé  par  député.  Quel- 
ques-uns blAniaient  le  gouverneur  de  s'abstenir  d'accomplir 
lui-même  cet  acte  de  haute  prérogative;  mais  il  a  bien 
fait,  car  il  aurait  été  certainement  insulté  de  nouveau. 
Plusieurs  membres  de  la  chambre  l'ont  été  en  sortant,  et  si 
le  gouverneur  eût  été  là,  c'est  lui  qui  aurait  enduré  l'orage. 
Je  pense  que  cela  va  sceller  le  sort  de  Montréal  comme 
capitale. 

"  Voilà  nos  jeunes  journalistes  à  traiter  tout  de  bon  la 
question  de  l'annexion  aux  Etats-Unis,  tout  en  disant  qu'il 
faut  nous  y  préparer,  ce  qui  veut  dire  que  nous  ne  sommes 
pas  prêts.  C'est  un  grand  malheur  pour  notre  pays  que  la 
presse  tombe  de  nécessité  entre  les  mains  de  la  jeunesse. 
Chez  nous,  ce  sont  les  enfants  qui  parlent  et  les  pères  qui 
écoutent." 

Cette  lettre  est  inédite.  Dans  une  autre,  écrite  l'année 
suivante  et  que  l'on  a  bien  voulu  aussi  me  communiquer, 
M.  Parent  semblait  favoriser  des  velléités  de  journalisme 
et  de  vie  publique  que  notre  historien  aurait  laissé  percer. 
"  Avec  votre  plume,  lui  disait-il,  ce  sera  votre  faute  si 
vous  ne  parvenez  à  tout." 

Le  conseil  était-il  bon,  et  M.  Garneau  a-t-il  mal  fait  de  ne 
l'avoir  pas  suivi  ?  Sans  doute  qu'il  eût  pu  exercer  par  son 
patriotisme,  son  savoir,  son  prestige,  une  influence  heu- 
reuse sur  la  députation.  Mais  se  serait-il  trouvé  bien  à 
l'aise  au  milieu  des  intrigues,  du  bruit,  des  tempêtes  plus 
ou  moins  factices  de  nos  parlements  ?  Aurait-il  pu  se  déci- 


8A    VIE   ET  SES  ŒUVRES.  CCXXXIX 

der  à  y  prendre  la  parole,  lui  qui  évitait  si  soigneusement 
toute  occasion  de  se  montrer  en  public  ?  Enfin,  dans  le 
journalisme  politique,  aurait-il  pu  se  plier  aux  exigences 
du  métier?  Dans  cette  escrime  de  tous  les  jours  aurait-il 
su  parer  les  coups  avec  assez  de  prestesse,  les  rendre  avec 
assez  de  vigueur,  et  surtout  ne  pas  éprouver  trop  de  dégoût 
ou  de  découragement  devant  des  attaques  déloyales? 

Il  est  indubitable  que  le  pays  eût  gagné  à  le  voir  au 
nombre  de  ses  instructeurs  quotidiens  dans  la  presse,  ou 
de  ses  défenseurs  au  parlement.  Mais  lui-même  y  aurait 
perdu  le  peu  de  bonheur  qui  lui  restait,  et  peut-être  un 
peu  de  cette  popularité  qu'à  raison  de  l'injustice  des  par- 
tis et  de  la  mobilité  de  l'opinion,  il  est  si  difficile  de  con- 
server intacte  dans  la  vie  publique. 

M.  Garneau  avait,  du  reste,  peu  de  goût  pour  la  polémi- 
que ;  il  ne  répondit  jamais  aux  critiques  qui  furent  publiées 
dans  le  pays  sur  son  ouvrage,  bien  qu'elles  fussent  assez 
souvent  de  nature  à  le  froisser  vivement  et  qu'elles  fussent 
aussi  très  susceptibles  de  réfutation. 

On  trouve  dans  la  lettre  à  M,  Moreau  que  j'ai  déjà 
citée,  un  passage  dans  lequel  il  explique  sa  manière  de 
voirau  sujet  de  certaines  portions  de  son  œuvre  qui  furent 
les  plus  discutées.  C'est,  je  crois,  tout  ce  qu'il  a  jamais 
écrit  pour  se  défendre,  et  encore  ces  lignes  n'étaient  point 
destinées  à  la  publicité. 

"  Je  n'avais  point,  dit-il,  la  correspondance  officielle  de 
nos  premiers  gouverneurs  lorsque  le  commencement  de  la 
première  édition  a  été  mis  sous  presse,  et  la  suite  des 
événements  vous  aurait  fait  voir  que  ce  n'était  pas  sans 
de  graves  motifs  que  j'avais  adopté  dans  toute  sa  force  le 
principe  de  la  liberté  de  conscience. 

"  En  effet,  sans  ce  principe  protecteur,  où  les  catholiques 
en  seraient-ils  dans  l'Amérique  du  Nord  avec  les  huit 
dixièmes  de  la  population  protestants  et  des  gouverne- 
ments partout  protestants  ?  C'est  en  blâmant  tous  les  actes 
dus  à  l'esprit  d'exclusion  que  l'on  désarme  les  préjugés  et 
que  Ton  peut  espérer  de  voir  exister  une  liberté  qui  fait  la 
sauvegarde  du  catholicisme  dans  le  nouveau  monde.  La 
conduite  du  peuple  américain  envers  le  légat  du  pape,  Mgr 


CCXl  FRANÇOIS-XAVIER  OARNKAU, 

Bedini,  prouve  que  ces  préjugés  ne  sont  pas  encore  effacés, 
et  qu'il  faudra  agir  encore  longtemps  avec  beaucoup  de 
prudence  pour  éviter  les  di?cordc8. 

"  C'est  nussi  à  l'aide  de  ce  principe  de  tolérance  que  j'ai 
pu  défendre  les  catholiques  canadiens  contre  les  attentats 
du  gouvernement  protestant  de  l'Angleterre  a]' '  -ti- 

queté. Le  blâme  que  j'avais  porté  contre  le  gou  ut 

français  donnait  de  la  force  à  mes  paroles,  aux  yeux  des 
protestants  eux-mêmes,  lorsque  je  blAmais  leur  conduite 
depuis  qu'ils  étaient  les  maître?,  r-\  iip  lnia«nit  rion  f\  me 
répondre." 

.Selon  l'ob.servation  de  M.  i  .un»-  t  j^grinn,  i»-  fui  «i«;  M. 
Garneau  n'était  pas  tant  d'avoir  été  favorable  à  la  liberté 
de  conscience  que  d'en  avoir  posé  la  condition  d'une  ma- 
nière trop  absolue.  Mais,  dans  tous  les  cas,  on  voit  que  ses 
motifs  étaient  loin  d'être  hostiles  à  l'Eglise. 

Du  reste,  M.  Moreau  avait  rendu  hommage  au  patrio- 
tisme de  notre  historien,  à  ses  talent?,  à  ses  recherches 
patientes  et  laborieuses.  De  pareils  témoignages,  soit  sous 
la  forme  de  lettres,  d'articles  de  journaux,  ou  de  visites 
des  voyageurs  les  plus  distingués,  venaient  fréquemment 
ranimer  son  courage  et  soutenir  sa  foi  dans  la  nationalité, 
foi  qui  ne  fut  jamais  défaillante,  niais  seulement  inquiète 
et  ombrageuse. 

Avant  la  publication  de  V Histoire  du  Canada,  les  histo- 
riens français  avaient  laissé  complètement  dans  l'ombre, 
ou  du  moins  dans  une  obscurité  relative,  tout  ce  qui  avait 
rapport  au  Canada,  les  uns  parce  qu'ils  n'appréciaient 
point  suffisamment  la  perte  que  la  France  avait  faite,  les 
autres  parce  qu'ils  s'en  sentaient  humiliés,  ne  tenant  pas 
compte  de  la  gloire  qui  rejaillissait  sur  la  nation  par  la 
conduite  héroïque  de  ses  colons  et  de  ses  soldats,  et  ne 
voyant  que  les  fautes  de  son  gouvernement. 

D'un  autre  côté,  les  voyageurs,  les  touristes  français 
même  les  plus  illustres,  qui  venaient  en  Amérique,  uni- 
quement occupés  des  États-Unis,  n'accordaient  qu'une 
attention  très  superficielle  à  l'ancienne  colonie  française. 
Tout  en  vantant  sa  fidélité  aux  traditions  et  à  la  langue 
de  ses  pères,  ils  ne  laissaient  entrevoir  à  nos  descendants 


SA  VIE  ET  SES  ŒUVRES.  CCXli 

que  la  perspective  d'une  absorption  graduelle  par  la  race 
anglo-saxonne. 

Depuis  la  publication  de  iouvrage  de  M.  Garneau,  il  en 
a  été  tout  autrement.  Non  seulement  son  livre  a  provoqué 
en  France,  aux  Etats-Unis  et  dans  notre  pays,  un  véritable 
réveil  pour  l'étude  de  notre  histoire,  mais  il  a  excité  la 
curiosité  sympathique  de  plusieurs  voyageurs  éminents, 
qui  ont  eu  foi  en  notre  avenir  et  ont  bravé  les  préjugés 
en  reconnaissant  la  mission  providentielle  qui  nous  est 
confiée. 

M.  Henri  Martin,  dans  sa  grande  Histoire  de  France, 
dont  nous  ne  saurions  toujours  approuver  l'esprit,  a  le 
premier  parlé  un  peu  au  long  de  ce  qui  s'est  passé  au 
Canada  sous  la  domination  française.  Il  s'est  étendu  par- 
ticulièrement sur  la  guerre  de  1755  et  a  cité  des  extraits 
de  l'ouvrage  de  M.  Garneau.  Il  termine  ses  citations  par 
ces  aimables  paroles  : 

"  Nous  ne  quittons  pas  sans  émotion  cette  Histoire  du 
Canada,  qui  nous  est  arrivée  d'un  autre  hémisphère 
comme  un  témoignage  vivant  des  sentiments  et  des  tradi- 
tions conservés  parmi  les  Français  du  nouveau  monde, 
après  un  siècle  de  domination  étrangère.  Puisse  le  génie 
de  notre  race  persister  parmi  nos  frères  du  Canada  dans 
leurs  destinées  futures,  quels  que  doivent  être  leurs  rap- 
ports avec  la  grande  fédération  anglo-américaine,  et  con- 
server une  place  en  Amérique  à  l'élément  français  !  " 

M.  Garneau  ayant  écrit  à  l'auteur  de  l'Histoire  de  France 
pour  le  remercier,  M.  Martin  lui  répondit  par  une  lettre 
dont  les  passages  suivants  méritent  d'être  reproduits. 

''  J'avais  été  heureux,  il  y  a  quelques  années,  de  trouver 
dans  votre  livre  non  seulement  des  informations  très  im- 
portantes, mais  la  tradition  vivante,  le  sentiment  toujours 
présent  de  cette  France  d'outre-mer,  qui  est  toujours  restée 
française  de  cœur,  quoique  séparée  de  la  mère  patrie  par 
les  destinées  politiques.  Je  n'ai  fait  que  m'acquitter  d'un 
devoir  en  rendant  justice  à  vos  consciencieux  travaux. 
Puissent  ces  échanges  d'idées  et  de  connaissances  entre  nos 
frères  du  nouveau  monde  et  nous,  se  multiplier  et  contri- 
buer î\  assurer  la  persistance  de  l'élément  français  en 


CCxlii  PRANÇOIB-XAVIER  OARNEAU, 

Amérique  !  A  part  nos  sympathies  nationales,  jI  nous 
autres,  il  y  a  un  grand  intérêt  de  civilisation  à  ce  que 
l'élément  anglais,  de  prépfjndcrnnt ,  ne  devienne  pa« 
nnifpie  du  pAle  nord  jusqu'il  Tiethme,  et  n'absorbe  paa 
totalement  les  éléments  français  et  hispancvindien.  La 
variété  est  le  principe  du  progn'^s."  * 

l'armi  les  voyageurs  et  les  touristes  distingués  qui  ont 
subi  l'influence  de  l'ouvrage  de  M.  Garneau  et  qui  ont  été 
de  plus  en  raj)port  intime  avec  lui,  on  peut  citer  surtout 
M.  Ampère,  M.  Marmier.  M.  de  Puibusque  et  M.  Rameau. 
Les  deux  premiers  n'ont  fait  ici  qu'un  séjour  bien  court. 
J'ai  eu  l'avantage  de  me  rencontrer  avec  eux  H  Québec, 
grâce  à  la  bienveillance  de  mon  excellent  ami  et  à  celle 
de  M.  Faribault,  auxquels  ils  étaient  particulièrement 
recommandés.  Je  n'ai  pas  oublié  l'enthousiafime  avec 
lequel  M.  Ampère  écoutait  les  récita  des  grands  événe- 
ments de  notre  histoire,  en  visitant  avec  nous  les  lieux 
qui  en  avaient  été  le  théAtre.  Il  a  rendu  compte  de  ces 
patriotiques  pèlerinages  dans  son  livre  Promenade  en  Amé- 
rique. Quant  à  M.  Marmier,  il  a  donné  depuis  bien  des 
preuves  de  son  attachement  aux  Canadiens  et  de  Ba  véné- 
ration pour  la  mémoire  de  M.  Garneau.  Dernièrement 
encore,  il  m'écrivait  : 

"  J'ai  eu  le  plaisir  de  voir  plusieurs  de  vos  compatriotes  : 
MM.  Chapleau,  Fabre,  Marmette.  Je  voudrais  bien  vous 
revoir  aussi  et  remémorer  avec  vous  le  temps  où  j'ai  passé 
de  si  bonnes  heures  à  Québec,  sous  votre  toit  et  sous  celui 
de  vos  dignes  amis,  Garneau  et  Faribault. 

"  Souvent  je  songe  t\  partir  encore,  à  m'en  aller  bien 
loin,  bien  loin,  et  tout  ce  qui  se  passe  en  France  corrobore 
ces  désirs  de  migration.  Mais  quand  nous  visitions  en- 
semble la  cascade  de  Montmorency,  j'avais* quarante  ans... 
et  maintenant!  Il  n'est  pas  sûr,  pourtant,  qu'un  beau  jour 
je  ne  m'embarque  pas  pour  retourner  sur  les  rives  du 
Saint-Laurent." 

Dans  ses   Lettres  sur  V Amérique,   dans   son  roman  de 

*  M.  Henri  Martin  a  été  depuis  élu  membre  de  l'Académie  fran- 
çaise et  est  mort  il  y  a  près  de  deux  ans. 


8A  VIE  ET  SES  ŒUVRES.  CCxHiî 

Gazida  et  dans  plusieurs  autres  ouvrages,  M.  Marmier  a 
fait  voir  qu'après  avoir  étudié  avec  soin  notre  histoire,  il 
croit  fermement  à  l'avenir  de  notre  race  sur  ce  continent. 
Le  salon  de  ce  digne  et  bienveillant  académicien  est  de- 
venu le  rendez-vous  des  Canadiens- Français  de  passage  à 
Paris,  et  c'est  à  lui  qu'est  due  l'initiative  de  la  délibéra- 
tion si  bienveillante  de  l'illustre  compagnie  fondée  par 
Richelieu,  qui  admet  les  Canadiens,  comme  les  Français, 
aux  concours  académiques.  * 

M.  de  Puibusque  et  M.  Rameau  ont  passé  chacun  plus 
d'une  année  au  Canada.  Le  premier,  qui  y  avait  des  inté- 
rêts de  famille,  s'y  était  presque  naturalisé.  M.  et  M""*  de 
Puibusque  faisaient  l'ornement  des  salons  de  Québec  et 
de  Montréal.  Parmi  leurs  amis  intimes,  se  trouvaient  M. 
La  Fontaine,  M.  D.-B.  Viger,  M.  Jacques  Viger,  M.  Ques- 
nel,  M.  Cherrier,  M.  Etienne  Parent,  M.  Faribault  et  M. 
Garneau.  De  retour  en  France,  M.  de  Puibusque,  qui  était 
aussi  habile  dessinateur  que  littérateur  distingué,  publia 
dans  une  revue  de  charmants  articles  illustrés  sur  les 
mœurs  et  les  usages  de  notre  pays.  Il  écrivit  aussi,  dans 
V  Union,  une  série  d'articles  sur  la  littérature  canadienne,  les 
premiers  peut-être  qui  aient  fait  connaître  en  France  les 
travaux  de  quelques-uns  de  nos  écrivains.  Enfin,  parmi 
les  nombreuses  et  charmantes  poésies  qu'il  a  publiées, 
plusieurs  traitaient  de  sujets  canadiens  et  avaient  été 
écrites  pour  le  Journal  de  V Instruction  publique  de  Montréal.f 
où  se  trouvent  aussi  reproduits  ses  articles  avec  les  gra- 
vures qui  les  accompagnaient. 

*  Dans  uno  soirée,  où  i)lu8ieurs  jounos  littérateurs  québecquois  — 
lie  ce  temp»-là — avaient  été  i-éunis  lîour  K«evoir  M.  Marmier,  M.  Au- 
^iruste  Soulard,  dont  j'ai  parlé  plus  haut,  étonna  beaucoup  le  futur 
académicien  en  récitant  une  de  ses  poésies,  que  celui-oi  ne  croyait 
pas  connue  au  Canada,  l'Etoile  polaire. 

t  Trcs  IX^u  de  temp»  avant  sa  mort,  M.  de  Puibusque  avait  réuni 
on  un  volume  ses  poésies,  dont  la  plupart  avaient  été  couronnées 
par  VAcadêinic  des  jiiur  fonntx  de  Toulouse,  l'institution  littéraire  la 
plus  ancienne  peut-être  de  toute  l'Europe.  Un  neveu  d'un  goût  par 
trop  difficile  supprima  l'édition.  M.  de  Puibusque  est  aussi  l'au- 
teur do  deux  ouvrages  sur  la  littérature  espagnole.  Il  était  l'ami 


CCxliv  FRANÇOIB-XAVIER  OARNEÀU, 

Cet  écrivain,  d'un  esprit  large  et  sympathique,  fut  un 
des  premiers  à  encourager  M.  Garneau  dans  ses  travaux 
et  ^  lui  prédire  les  succès  qui  ont  cour-  '  -  labeurs. 
Ayant  été  moi-même  l'objet  de  sa  bien\'  .  j'aime  à 

rendre  aujourd'hui  cet  hommage  à  la  mémoire  d'un 
homme  éminent,  beaucoup  trop  oublié  ici  et  mC-me  dans 
son  pays. 

M.  Rameau  est  un  Français  devenu  Canadien  de  co;ur  et 
d'esprit.  Ce  fut  la  lecture  de  VHUtoire  du  Qmada  qui  le 
décida  à  visiter  notre  pays;  sa  résidence  ici  ne  fut  pas 
seulement  un  voyage,  ce  fut  une  sorte  de  mission  patrio- 
tique toute  gratuite  et  volontaire.  Il  parcourut  le  Canada 
et  l'Acadie  et  visita  plusieurs  des  centres  canadiens-fran- 
çais aux  États-Unis.  Il  se  livra  à  des  études  statistiques 
importantes  et  démontra  les  progrès  de  notre  race,  sa 
vitalité,  ses  chances  de  conservation  et  d'extension  dans 
les  cantons  de  l'Est,  dans  la  partie  adjacente  du  Haut- 
Canada,  dans  les  provinces  maritimes,  aux  Etats-Unis  et 
dans  les  vastes  régions  de  l'Ouest.  Beaucoup  de  calculs 
(lui  paraissaient  alors  assez  risqués,  bien  des  espérance^' 
qui  semblaient  téméraires,  se  sont  réalisés  depuis.  Il  est 
difficile  de  dire  quelle  joie  M.  Garneau  ressentait  en  enten- 
dant, de  la  bouche  d'un  Français  de  la  vieille  France,  des 
choses  aussi  encourageantes.  Comme  tous  les  hommes  de 
sa  génération ,  il  se  sentait  poursuivi  par  l'écho  des 
sinistres  prédictions  que  dans  sa  jeunesse  nos  ennemis 
avaient  fait  résonner  à  ses  oreilles  :  hewers  oj  vjood  and 
drawers  of  water,  fendeurs  de  bois  et  porteurs  d'eau,  telle 
était  l'agréable  perspective  que  l'on  indiquait  alors  à 
notre  race  comme  une  destinée  inévitable,  à  moins  de 
s'anglifier  complètement.  * 

intime  de  M.  [Ticknor,  de  Boston,  qui  a  écrit  sur  le  même  sujet  II  a 
laissé  une  bibliothèque  considérable,  qui  renfermait  beaucoup  de 
livres  sur  l'Amérique  et  sur  le  Canada.  Cétait  un  bibliophile  dis- 
tingué. 

*  M.  Rameau  a  publié:  Acadiens  et  Ckinadiens — Xotes  hintorifflus 
sur  la  colonie  canadienne  du  Détroit —  Une  colonie  féodale  en  Amérique, 
et  plusieurs  articles  dans  le  Correspondant  et  d'autres  revues.  Il  s'est 
surtout  fait  l'apôtre  de  la  nationalité  acadienne.  En  me  faisant  à  sa 


I 


SA    VIE    ET   fîER   CEUVRES.  CCxlv 

M.  Garneau  entretenait  une  correspondance  très  active 
avec  les  hommes  distingués  que  je  viens  de  nommer  et 
avec  beaucoup  d'autres,  qui,  d'eux-mêmes,  s'étaient  mis 
en  rapport  avec  lui  après  avoir  lu  ses  livres. 

Parmi  ses  correspondants,  il  s'en  trouve  un  dont  les 
lettres  ont  été  publiées  sans  le  nom  de  l'auteur.  Il  est 
fflcheux  que  cet  ami  du  Canada  ait  été  forcé,  pour  des 
considérations  personnelles,  de  garder  l'anonyme,  car  l'on 
aimerait  h  conserver  le  nom  d'un  homme  qui  avait  pris  à 
tout  ce  qui  nous  concerne  un  intérêt  si  touchant.  Ce  cor- 
respondant écrivait  de  Genève,  et  il  habitait  la  Suisse 
depuis  dix-huit  ans.  Il  paraissait  scandalisé  des  doutes  que 
M.  Garneau  émet,  en  certains  ])as8ages  de  son  livre,  stîr  la 
conservation  de  notre  nationalité. 

"  Permettez-moi,  dit-il,  de  vous  dire  que,  sous  ce  rapport, 
je  ne  partage  pas  votre  manière  de  voir,  et  voici  pourquoi. 
La  population  suisse  se  compose,  comme  vous  le  savez, 
des  races  allemande,  française,  italienne  et  romane.  La 
population  française,  qui  compte  pour  environ  trois  quarts 
de  million,  est  celle  qui  conserve  le  mieux  son  caractère 
de  nationalité,  même  dans  les  cantons  mixtes  où  elle  est 
en  minorité,  comme  dans  celui-ci,  par  exemple.  La  contrée 
que  j'habite,  appelée  autrefois  l'Evêché  de  Bâle,  peuplée 
par  environ  70,(100  habitants  de  race  française,  quoique 
n'ayant  fait  partie  de  la  France  que  sous  l'Empire,  a  été 
réunie,  en  1815,  au  canton  de  Berne,  dont  la  pojmlation, 
toute  allemande,  est  d'environ  4CK), 000  habitants.  Eh  bien  ! 
malgré  cela,  aucune  atteinte  n'a  été  portée  îi  la  nationalité 
de  la  partie  française  du  canton.  Tous  les  fonctionnaires 
publics  sont  tenus  de  connaître  les  langues  allemande  et 
française,  déclarées  nationales  par  la  constitution. 

"Il  y  a  dans  la  race  française,  plus  que  chez  toutes  les 
autres,  quelque  chose  qui  s'opposera  toujours  à  la  perte  de 
sa  nationalité...  "* 

jolie  résidence  d'Adon,  près  de  Chastillon-sur-Loing,  le  plus  gracieux 
accueil,  madame  IJameau  me  dit:  "  Vous  êtes  Canadien,  monsieur, 
vous  êtes  mille  fois  le  bienvenu.  Il  n'y  a  i)ersonne  que  mon  mari 
aime  plus  qu'un  Canadien...  si  ce  n'est  pourtant  un  Acadien.'' 
*  M.  l'abbé  Ca^rain  a  donné  de  copieux  extraits  de  ces  lettres. 

Q 


CCXlvi  FRAKÇOI&-XAVIER   OARNEAl', 

Attribuer  exclusivement  à  l'influence  des  travaux  de  M, 
Garneau  le  mouvement  litt^-raire  qui  s'est  dC-veloppC*  dan» 
le  pays,  et  les  (-tudes  sur  l'histoire  du  Canada  qui  se  sont 
faites  ici,  en  Europe  et  aux  États-Unis,  depuis  une  qua- 
rantaine d'années,  ce  serait  sans  doute  se  rendre  coupable 
d'exagération. 

Comme  on  l'a  déjà  vu,  dès  avant  1830  le  mouvement 
littéraire  était  commencé,  et  M,  (iarneau,  comme  poète,  a 
été  un  des  écrivains  les  plus  marquants  de  1830  à  1841.  A 
l'époque  de  l'union  (1841),  la  crise  par  laquelle  nous  pas- 
sions, les  dangers  qui  plus  que  jamais  semblaient  menacer 
notre  autonomie,  excitèrent  la  verve  littéraire  et  patrio- 
tique de  plusieurs  jeunes  gens,  et  M.  Garneau  entreprit 
d'écrire  notre  histoire.  Mais,  tandis  qu'il  y  travaillait,  plu- 
sieurs érudits,  entre  autres  M,  Jacques  Viger,  M.  Faribault, 
M.  l'abbé  Bois,  faisaient  des  recherches  dans  le  même  but. 
Le  père  Martin,  M.  Ferland  et  M.  Faillon  se  mirent  à 
l'œuvre  un  peu  plus  tard  seulement,  et  leurs  ouvrages  pa- 
rurent bien  après  la  publication  des  premiers  volumes 
de  M.  Garneau. 

Ces  annalistes  étaient  doués  d'une  patience  à  toute 
épreuve  ;  ils  se  livrèrent  aux  recherches  les  plus  minu- 
tieuses. 

M.  Faillon  surtout,  d'après  son  biographe,  travaillait 
sans  hâte,  sans  précipitation,  mais  toujours  sans  découra- 
gement ;  il  disait:  "  Il  faut  travailler  comme  si  nous  étions 
éternels,  faisant  le  mieux  possible,  sans  nous  préoccuper 
de  savoir  si  nous  pourrons  achever."  * 

Il  n'en  était  pas  de  même  de  M.  Garneau.  Il  voulait 
frapper  un  grand  coup  dans  un  but  patriotique  ;  et  pour 
cela  il  n'avait  pas  l'éternité  devant  lui.  Cependant,  cet 


Le  passage  suivant  fait  voir  que  rien  n'échappait  à  cet  ami  éloigné 
et  inconnu.  "  Pourquoi,  dit-il,  dans  le  commerce,  les  négociants 
franco-canadiens  affectent-ils  d'avoir  les  enseignes  de  leurs  maga- 
sins en  anglais?  Ceci  ne  s'explique  guère  pour  une  ^^lle  comme 
Québec,  peuplée  en  grande  majorité  par  la  race  française." 

*  M.  taillon,  sa  vie  et  ses  œuvres,  par  M.  Besmazures.   1  voL  gr.  in- 
8».  Montréal,  1879. 


BA    VIE   ET   SES  ŒUVRK8.  CCxlvii 

amour  de  la  perfection  qui  distinguait  M.  Faillon,  existait 
aussi  chez  lui,  et  comme  on  l'a  vu,  c'est  pour  y  satisfaire 
qu'il  a  entrepris  les  éditions  subséquentes  de  son  ouvrage 
et  qu'il  a  travaillé  jusqu'à  la  fin  de  sa  vie.  Dans  l'intérêt 
de  ses  compatriotes,  il  s'est  hâté  d'abord,  il  a  fait  taire  ses 
scrupules,  il  a  lancé  son  livre  au  moment  précis  où  nous 
en  avions  besoin,  où  il  fallait  ranimer  les  courages  abattus 
et  prendre  position  en  face  de  nos  ennemis  triomphants. 
C'est  pour  cela  que  le  succès  a  été  si  grand  et  qu'il  a  eu  de  si 
grandes  conséquences.  Ce  livre  a  contribué  puissamment 
à  tout  ce  qui  s'est  fait  depuis  pour  la  conservation  et  l'ex- 
pansion de  notre  nationalité,  pour  l'étude  de  notre  histoire, 
pour  le  développement  de  l'instrurtion  publique  et  de  la 
littérature  au  milieu  de  nous. 

Il  y  avait  deux  ans  que  M.  Garneau  avait  publié  la  troi- 
sième édition  de  son  Histoire,  lorsque,  au  mois  d'août  1861, 
parut  le  premier  volume  de  l'ouvrage  de  M.  Ferland.  M. 
Garneau  n'était  pas  sans  inquiétude  à  l'égard  de  cette  nou- 
velle publication.  On  savait — car  M.  Ferland  avait  donné 
son  cours  d'histoire  à  l'université  Laval,  et  son  livre  en  était 
le  résumé — on  savait  que  sur  quelques  points  l'écrivain 
ecclésiastique  ne  s'accorderait  pas  avec  l'écrivain  profane. 
Cependant  à  peine  M.  Garneau  eut-il  parcouru  l'œuvre  de 
son  rival  qu'il  éprouva  une  vive  satisfaction.  Laissant  de 
côté  toute  autre  chose,  il  se  trouvait  en  communauté 
d'idées  avec  lui  sur  la  question  qui  à  ses  yeux  dominait 
toutes  les  autres,  celle  de  la  nationalité  franco-canadienne  ! 
Son  premier  mouvement  fut  d'aller  remercier  M.  Ferland 
et  de  le  féliciter.  * 

*  Le  billet  suivant,  qui  nous  a  été  conservé  par  M.  Casgrain,  est 
d'un  intérêt  bien  touchant. 

"  M.  Garneau  prie  M.  Ferland  de  vouloir  bien  accepter  ses  hom- 
mages et  en  même  temps  ses  remerciements  pour  le  premier  volume 
de  son  Cours  d'histoire  du  Canada,  qu'il  a  eu  la  complaisance  de  lui 
envoyer.  M.  Garneau  a  passé  chez  M.  Ferland  pour  lui  exprimer 
personnellement  toute  sa  reconnaissance  et  parler  avec  lui  de  leur 
chère  patrie;  mais  il  n'a  pas  été  assez  heureux  pour  le  rencontrer. 

"  M.  Garneau  aurait  voulu  causer  avec  une  des  lumières  du  Ca- 
nada sur  la  foi  qu'on  doit  avoir  en  notre  nationalité  et  sur  les 


CCXlviii  FRANÇOIS-XAVIER  GARNEAU, 

L'ouvrage  de  M.  Ferland  avait  d'ailleurs  sa  raison  d'être 
à  côté  de  celui  de  M.  Garneau.  Il  le  complétait  et  le  corri- 
jjeait  nif'inc  en  quelque  sorte.  Les  détails  des  missions, 
des  étal)lissen)ent8  religieux,  de  l'organisation  wociale  et 
intime  du  pays,  la  chronique  ecclésiastiqufe  qui  forme  au 
moins  la^  moitié  des  annales  des  premiers  temps,  sont 
traités  avec  plus  de  soin,  et,  disons-le  franchement,  avec 
une  plus  évidente  sympathie.  Dans  l'ouvrage  de  M,  (lar- 
neau,  on  vit  plus  avec  les  hommes  d'Etat,  les  guerriers, 
les  négociants  ;  on  sort  plus  .souvent  des  frontit^res  du 
pays,  pour  s'occuper  de  la  grande  politicjue  européenne, 
on  prend  une  vue  d'ensemble,  on  s'attarde  à  philosopher, 
au  ITon  de  suivre  au  jour  le  jour  le  cours  des  événements. 
Le  ptyle  de  M.  Ferland  est  plus  simple,  et  généralement 
plus  correct,  surtout  dans  le  premier  volume,  qu'il  a  pu 
revoir  lui-même  ;  mais  il  n'est  pas  aussi  entraînant,  il  n'a 
point  ces  mouvements  patriotiques  et  ces  épancheraents 
de  .sentiment  qui  donnent  une  couleur  «î  viv«.  .  t  ^i  origi- 
nale au  récit  de  M.  Garneau. 

M.  Ferland  est  avant  tout  un  écriviiin  Hol>re,  prudent, 
scrupuleux  même,  et  d'une  critique  si  sévère  qu'elle  re- 
froidit un  peu  l'imagination  et  diminue  le  charme  des 
pieuses  légendes  que  M.  Garneau  a  eu  le  tort  de  dédai- 
gner complètement,  et  M.  Ferland  celui  d'envi.sager  avec 
trop  de  circonspection,  pour  ne  pas  dire  avec  trop  de  dé- 
fiance. Où  cependant  le  merveilleux  a-t-il  plus  sa  raison 
d'être  que  dans  l'établissement  de  la  foi  au  milieu  des 
féroces  peuplades  indigènes  de  l'Amérique? 

Si  M.  Garneau  voyait  sans  jalousie  et  même  avec  une 
très  grande  joie  l'ouvrage  qui  venait  se  placer  à  côté  du 
sien,  mais  qui  malheureusement  ne  fut  point  poussé  plus 
loin  que  l'époque  de  la  cession  du  pays  à  l'Angleterre, 

moyens  à  suivre  pour  en  assurer  la  consen-ation.  Celui  qui  a  su  dé- 
velopper avec  tant  d'exactitude  nos  origines  liistoriqu«iS  doit  être 
pénétré  plus  qu'un  autre  des  sentiments  de  cette  foi.  Son  livre,  quel 
que  soit  l'avenir  de  ses  compatriotes,  sera  toujours  le  témoignage 
d'un  principe  révéré  par  tous  les  peuples  et  rendra  la  mémoire  de 
son  auteur  plus  chère  à  la  postérité. 
"Samedi,  24  août  1861." 


SA   VIE   ET  SES  ŒUVRES.  CCxUx 

il  assistait  aussi  avec  bonheur  à  la  brillante  éclosion  litté- 
raire qui  se  faisait  autour  de  lui. 

Aux  poètes  du  Répertoire  national  dont  j'ai  parlé  à  l'ar- 
ticle de  ses  poésies,  succédaient  Crémazie,  Lemay,  Frt- 
chétte,  Fiset,  Suite  et  plusieurs  autres;  ses  vieux  amis  M. 
Morin  et  M.  Parent  étaient  remplacés  dans  la  presse  par 
deux  vigoureux  polémistes,  M.  Cauchon  au  Journal  de 
Québec,  M.  Charles  Taché  au  Courrier  du  Canada;  l'uni- 
versité Laval  à  Québec,  l'école  normale  Jacques-Cartier  à 
Montréal,  commençaient  des  cours  publics  réguliers  ;  des 
institutions  littéraires  dans  les  deux  grandes  villes  don- 
naient aussi  de  nombreuses  conférences;  MM.  de  Boucher- 
ville,  Bourassa  et  Gérin-Lujoie  publiaient  leurs  romans  si 
canadiens  ;  le  Journal  de  riintruction  publifjue,  la  Revue  ca- 
nadienne, VEcho  du  Cabinet  de  lecture  à  Montréal,  les  Soirteis 
canadiennes,  le  Foyer  canadien  à  Québec,  reprenaient  les 
projets  que  M.  Garneau  et  ses  collaborateurs  avaient  tentés 
en  1841.  Mais  c'était  surtout  l'histoire  qui  oftVait  la  carrière 
la  mieux  remplie.  M.  Paillon  publiait  ses  intéressantes 
biographies  de  mademoiselle  Mance,  de  la  saur  Bourgeoys, 
de  madame  d'Youville,  de  mademoiselle  Le  Ber,  puis  il 
donnait  son  grand  ouvrage  sur  la  Colonie  françaine  en  Ca- 
nada ;  M.  Casgrain  écrivait  sa  Vie  de  la  mère  Marie  de  r In- 
carnation ;  les  religieuses  Ursulines  commençaient  la  pu- 
blication des  vieux  récits  de  leur  monastère  ;  M.  Tauguay 
et  l'abbé  Daniel  se  livraient  à  leurs  travaux  généalogiques  ; 
AL  Bibaud,  fils,  publiait  son  Dictionnaire  biographique  ;  M. 
Laverdière,  avec  l'aide  du  gouvernement,  rééditait  les 
Relations  des  Jésuites  et  préparait  son  édition  monumentale 
des  Œuvres  complètes  de  Champlain  ;  M.  de  Gaspé  écrivait 
ses  Anciins  Canadiens  ;  les  Sociétés  historiques  de  Québec 
et  de  Montréal  publiaient  de  nombreux  mémoires;  M. 
James  Le  Moine  commençait  ses  deux  séries  d'ouvrages, 
Tune  en  anglais,  l'autre  en  français;  enfin  de  toutes  parts 
un  passé  qui  n'était  pas  très  lointain,  mais  qui  était  déjà 
presque  oublié,  évoqué  par  les  dangers  qu'avait  courus 
notre  nationalité,  ressuscitait  dans  toute  sa  gloire  et  sem- 
blait sourire  à  nos  vaillants  efibrts. 

Un  mouvement  semblable  se  propageait  aux  Etats-Unis 


CCJ  KRA1«Ç0I»-XAVIKR  OABNSAU, 

et  en  France.  Los  Américains  ne  pouvaient  s'occuper  de 
leur  proine  histoire  sans  rencontrer  à  chaque  pas  les  tracée 
du  courage,  de  l'héroïsme  de  nos  ancêtres  ;  ils  ne  pouvaient 
remonter  à  l'origine  de  leurs  établi  -  de   l'Ouest 

sans  se  trouver  en  lace  des  souvenir-  par  nos  pion- 

niers, nos  explorateurs,  nos  missionnaires;  en  un  mot, 
l'histoire  du  Canada  forme  une  partie  importante,  la  plus 
intéressante  peut-être,  la  plus  dramatique  de  celle  des  Etats- 
Unis.  C'est  ce  dont  on  est  frappé  en  lisant  le  grand  ouvrage 
de  Bancroft,  les  biograi>hies  de  .Spark.s,  les  romans  de  Feni- 
more  Cooper,  les  écrits  de  Washington  Irving,  les  poèmes 
de  Longfellow.  Aux  traits  épars  dans  tous  ces  ouvragée 
et  dans  les  mémoires  des  différentes  sociétés  historiques, 
en  particulier  celles  de  New- York,  du  Massachusetts  et  de 
riUinois,  est  venue  s'ajouter  la  série  si  brillante  des  travaux 
de  M.  Parkman,  qui  a  fait  ressortir,  époque  par  époque, 
avec  un  très  grand  charme,  tout  ce  qu'il  y  a  de  poétique 
et  de  romanesque  dans  nos  annales.  M.  Garneau  a  pu  lire 
les  premiers  volumes  publiés  par  cet  écrivain  populaire, 
qui  a  su  lui  rendre  justice,  et  il  n'a  pas  eu  comme  nous  la 
douleur  de  voir  dans  d'autres  écrits  du  même  auteur  les 
pages  regrettables  auxquelle.<?  j'ai  fait  allusion  plus  haut. 

Enfin,  en  Europe,  en  France  surtout,  l'attention  se  repor- 
tait vers  le  Canada.  La  première  exposition  universelle  à 
Paris,  où  M.  Charles  Taché  et  M.  Sterry  Hunt  représentaient 
si  dignement  le  Canada,  fit  ouvrir  les  yeux  a  beaucoup  de 
gens,  et  l'on  commença  à  s'inquiéter  un  peu  plus  "  de  cette 
page  de  l'histoire  de  France,  retrouvée  à  la  tour  de  Lon- 
dres," comme  a  dit  Chateaubriand,  et  à  mieux  apprécier 
les  quelques  arpents  de  neige  dont  Voltaire  et  M*"'  de 
Pompadour  avaient  fait  si  bon  marché.  C'est  de  cette 
époque  surtout  que  date  un  rapprochement  qui  a  toujours 
été  en  s'accentuant. 

Quel  dommage  que  M.  Garneau  n'ait  pas  pu  aller  à 
Paris  dans  cette  circonstance  et  jouir  de  tout  ce  qu'elle  a 
eu  d'encourageant  pour  notre  jeune  pays!  Mais  il  n'était 
pas  du  nombre  des  heureux  de  ce  monde;  la  nécessité 
le  tenait  attaché  au  travail  ;  je  ne  voudrais  pas  dire  qu'il 
ait  jamais  connu  la  gêne,  ce  que  le  poète  appelle  res 


8À   VIE  ET  SES  (KUVREë.  CcU 

angusta  domi;  toutefois  il  lui  fut  toujours  impossible  de 
satisfaire  le  désir  qu'il  devait  éprouver,  et  de  faire  un 
second  voyage  dans  ce  vieux  monde  qui  l'avait  si  vive- 
ment intéressé. 

Il  eut  cependant,  cette  année-là  même  (1855),  une  grande 
satisfaction  ;  s'il  ne  pouvait  pas  aller  en  France,  la  France 
venait  à  nous.  Il  eut  le  bonheur  de  s'entendre  dire  par  M. 
de  Belvèze,  commandant  du  premier  vaisseau  de  guerre 
français  qui  ait  paru  dans  la  rade  de  Québec  depuis  la  ces- 
sion du  pays,  ces  aimables  paroles:  "C'est  en  grande  partie  à 
votre  livre,  M.  Garneau,  que  je  dois  l'honneur  d'être  aujour- 
d'hui au  Canada.  Il  forme  la  plus  solide  base  du  rapport 
officiel  que  j'adressai  au  gouvernement  de  l'Empereur  sur 
les  ressources  de  votre  beau  pays." 

Notre  historien  éprouva  aussi  une  vive  émotion  lorsqu'il 
sut  que  M.  Dussieux  avait  raconté,  dans  ses  conférences 
historiques  aux  élèves  de  l'Ecole  militaire  de  Saint-Cyr,  la 
guerre  <le  sept  ans  et  que  de  vifs  applaudissements  avaient 
salué  le  récit  des  deux  batailles  des  plaines  d'Abraham.  * 

Comme  preuve  de  sa  sensibilité  patriotique,  M.  Suite 
raconte  quelque  part  que  M.  Garneau  avait  versé  des  lar- 
mes de  joie  lorsqu'il  avait  appris  que  M.  Cartier  rece- 
vait l'hospitalité  royale  au  château  de  Windsor.  On  a  vu 
cependant  qu'il  n'était  pas  courtisan  et  qu'il  était  loin 
d'admirer  la  conduite  de  nos  chefs  politiques  sous  le  régime 
de  l'Union.  Ce  beau  mouvement  ne  lui  en  fait  que  plus 
d'honneur. 

Mais  l'esprit  qui  a  animé  toute  sa  vie,  ce  culte  de  la  na- 
tionalité, cette  sollicitude  partagée  constamment  entre 
la  crainte  et  l'espoir,  comme  la  tendresse  d'un  amant  jaloux 
qui  craint  de  se  voir  enlever  l'objet  de  son  amour,  ne  se 
trouvent  nulle  part  mieux  indiqués  que  dans  cette  phrase 
charmante  qui  termine  une  lettre  adressée  par  lui  à  M. 
Emile  de  Girardin,  le  25  novembre  1855. 

"  Quel  que  soit,  monsieur,  le  sort  que  l'avenir  réserve  à 
notre  race,  nous  aimons  à   reporter  les  yeux  vers  cette 

*  Ces  conférences  de  M.  Dussieux  ont  eu  deux  éditions  sous  ce 
titre:  Le  Canada  sou«  la  domination  franrtiixf. 


CClii  KKANr;OIS-XAVI£R  OARMEAU, 

ancienne  France  d'où  sont  sortis  nos  pères,  et,  comme  le 
chevalier  normand  couché  Hur  lu  tomheau  de  marbre  des 
vieilles  cathédrales  anglaises,  si  nous  devons  i>erdre  notre 
nationalité,  nous  voulons  du  moins  laisser  un  nom  fran- 
çais écrit  SUT  notre  mausolée,  (^'est  là,  monsieur,  tout  le 
but  de  mon  livre."  * 

Cette  poétique  comparaison,  qui  exprime  si  bien  son 
amour  pour  la  France,  peut  nous  faire  juger  des  sentiments 
<iue  M.  Garneau  eût  éprouvés,  si,  comme  nous,  il  eCit  été 
témoin  des  terribles  revers  qu'a  subis, notre  vieille  mère 
patrie.  La  Providence  lui  a  vraiment  épargné  une  bien 
cruelle  épreuve,  en  le  retirant  du  monde  «luelques  années 
avant  les  grands  désastres  de  1870  et  1871. 

Lorsque  la  nouvelle  de  la  catastrophe  de  Sedan  com- 
mença A  s'ébruiter  à  Québec,  on  se  refusait  à  y  croire  ;  un 
grand  nombre  de  citoyens  se  rendirent  aux  bureaux  des 
journaux  pour  se  renseigner.  Il  y  avait  foule  surtout  à  la 
porte  de  f  Evénement,  car  on  y  avait  vu  entrer  M.  Gauthier, 
cohsul  général  de  France  au  Canada.  Lorsque  cet  homme 
distingué  sortit,  on  put  lire  sur  sa  figure  la  confirmation 
trop  évidente  de  ce  qui  avait  été  annoncé.  Alors,  spon- 
tanément et  en  silence,  tous  ceux  qui  étaient  présents  se 
découvrirent,  saluant  avec  respect  dans  son  représentant 
la  France  si  aimée  et  .si  malheureuse.  Aucune  parole 
n'aurait  pu  rendre  avec  autant  d'éloquence  les  senti- 
ments que  nous  éprouvions.  Dans  beaucouj)  de  familles 
on  s'affligea  et  l'on  pleura  comme  on  le  fait  pour  un 
malheur  domestique.  L'esprit  qui  animait  alors  toute  la 
population  franco-canadienne  était  bien  celui  qui  avait 
inspiré  M.  Garneau  pendant  toute  sa  vie  ;  e).  il  n'avait  pas 
peu  contribué  à  fortifier  chez  les  autres  ces  nobles  senti- 
ments. 

Nous  avons  déjà  vu  qu'après  avoir  été  guéri,  au  moins 
en  apparence,  de  sa  cruelle  maladie,  M.  Garneau  en  avait 
été  attaqué  de  nouveau,  et  qu'en  1864,  il  avait  été  forcé  de 
demander  sa  retraite.  En  1865  et  au  commencement  de 
1866,  les  crises  de  son  mal  étaient  devenues  plus  fréquentes. 
Un  jour  de  froid  intense,  il  perdit  connaissance,  en  pleine 
rue,  sur  la  neige.  Il  y  prit  la  pleurésie  aiguë  qui  l'emporta 


SA   VIE   ET   SES  ŒUVRES.  CClui 

après  quinze  jours  de  souffrances  inouïes  supportées  hé- 
roïquement. 

"  M.  Garneau,  dit  M.  Tabbé  Casgrain,  était  un  homme 
sincèrement  religieux.  Que  de  fois  n'a-t-on  pas  été  édifié 
dans  les  tristes  moments  où  on  le  voyait  aux  prises  avec 
sa  cruelle  maladie,  de  l'entendre  murmurer  tout  bas 
VAvc  Maria  ! 

"  Comme  on  devait  s'y  attendre,  sa  mort  a  été  celle 
d'un  véritable  chrétien.  Il  a  supporté  les  souffrances  de 
sa  mala'die  avec  une  patience  inaltérable.  Parfaitement 
résigné  à  la  volonté  Dieu,  il  s'est  préparé  au  moment 
suprême  et  a  reçu  les  derniers  sacrements  avec  une  piété 
profondément  édifiante." 

Ce  fut  le  3  février  1866,  à  l'âge  de  cinquante-six  ans  et 
sept  mois,  que  notre  historien  termina  sa  noble  et  labo- 
rieuse carrière.  Su  mort  causa  une  grande  sensation;  elle 
aflligea  tous  les  amis  de  la  littérature  nationale,  tous  les 
admirateurs  de  son  talent,  mais  plus  particulièrement  ceux 
qui  avaient  eu  l'occasion  de  connaître  ses  excellentes  qua- 
lités. 

Peu  de  temps  après,  un  mouvement  se  fit  pour  élever  un 
monument  sur  sa  tombe,  au  cimetière  de  Bel  mont,  sur  le 
chemin  de  Sainte-Foye.  La  souscription  ne  fut  close  et  le 
monument  ne  fut  terminé  que  vers  la  fin  de  l'été  de  1867. 
La  confédération  venait  de  s'accomplir,  sir  Narcisse  Bel- 
leau,  le  premier  lieutenant-gouverneur  de  la  province  de 
Québec,  qui  avait  été  président  du  comité  de  ia  souscrip- 
tion, assista  à  l'inauguration;  M.  Le  Moine,  le  nouveau 
président,  m'avait  prié  au  nom  du  comité  de  prononcer  le 
discours  de  circonstance.  J'eus  la  douloureuse  mission  de 
faire  les  derniers  adieux  à  mon  excellent  ami  au  nom  de 
ses  compatriotes  reconnaissants. 

Intègre,  laborieux,  économe  dans  une  juste  mesure, 
homme  d'intérieur  et  d'habitudes  régulières,  modeste  mais 
fier  d'une  juste  et  noble  fierté;  timide  en  apparence,  mais 
au  besoin  courageux  ;  doux  et  conciliant  d'ordinaire,  mais 
sur  certains  sujets,  très  ferme  et  presque  opiniâtre;  doué 
d'un  grand  talent  littéraire  et  en  même  temps  d'ap- 
titudes pour  les  affaires,  menant  de  front   patiemment 


Ccliv  KKÀNÇOIH-XAVIER  OARMÉAU, 

et  au  prix  de  combats  intérieurs  dont  seul  peut>être  il 
pouvait  se  rendre  compte,  menant  de  front,  dis-je,  dei 
/études  incessantes  de  la  plus  haute  portée  et  un  travail 
assidu  d'une  nature  bien  prosaïque;  M.  Garneau  était  ua 
homme  d'autant  plus  complet  qu'il  y  avait  en  lui  plus  de 
contrastes,  plus  d'heureuses  antithèses. 

Ceux  qui  ne  le  connaissaient  que  par  ses  ouvrages,  de- 
vaient éprouver  quelque  désappointement  en  le  voyant 
pour  la  première  fois.  Une  certaine  hésitation  nerveuse, 
un  certain  embarras  qui  n'ttuit  pourtant  point  dé  la  gau- 
cherie et  qui  n'excluait  point  une  irréprochable  urbanité, 
faisaient  que  l'on  se  demandait  si  c'était  bien  là  l'intrépide 
défenseur  de  la  nationalité  franco-canadienne.  Mais  dè« 
que,  sous  son  front  dénudé,  son  intelligente  figure  s'éclai- 
rait des  reflets  de  la  pensée,  dès  qu'il  s'animait  à  parler 
de  quelque  sujet  favori,  on  reconnaissait  l'homme  supé- 
rieur, et,  ce  qui  est  mieux  encore,  l'homme  convaincu 
qui  s'est  dévoué  à  la  réalisation  d'un  noble  projet.  Dans 
ses  portraits,  sa  physionomie  pensive,  empreinte  d'une 
douce  et  modeste  gravité,  fait  aussi  la  même  impression. 
Quoiqu'il  fût,  d'habitude,  plutôt  sérieux  qu'enjoué,  il 
savait  rire  avec  ses  amis  d'un  bon  petit  rire  plein  de  bonho- 
mie et  de  franchise.  S'il  n'aimait  pas  les  réunions  du  grand 
monde,  les  soirées  à  prétentions  et  les  dîners  fastueux,  il 
se  rendait  volontiers  aux  réunions  intimes,  aux  petites 
parties  de  cartes,  aux  réceptions  improvisées  si  fréquentes 
et  si  agréables  dans  la  bonne  vieille  ville  de  Québec.  Ses 
études,  toutefois,  ne  lui  permettaient  que  rarement  ces  inno- 
centes distractions.  Le  temps  qui  lui  restait,  ses  devoirs 
officiels  accomplis — et  il  les  remplissait  avec  exactitude — 
était  consacré  d'abord  à  sa  grande  œuvre  à  laquelle,  comme 
on  l'a  vu,  il  ne  cessa  jamais  de  travailler,  à  sa  correspon- 
dance littéraire  très  étendue  et  à  la  lecture  de  ses  auteurs 
favoris.  Nous  connaissons  ceux  de  sa  jeunesse;  dans  ses 
dernières  années,  c'était  surtout  Tacite,  qu'il  lisait  dans 
une  excellente  traduction,  et  Thierry,  qu'il  aimait  tant  à 
citer.  Quelques  promenades  sur  la  terrasse,  autour  des 
remparts  de  la  ville,  ou  bien  sur  le  chemin  de  Sainte-Foye, 
quelques  visites  aux  bibliothèques  et  aux  salles  de  lecture 


SA    VIE    Eï   «EB  ŒUVKEB.  Cclv 

de  la  Société  littéraire  et  historique,  de  l'Institut  canadien, 
de  l'Université  ou  du  Parlement  —  rendez-vous  des  lettrés 
avec  qui  il  aimait  à  causer  —  complétaient  sa  journée. 
Assez  souvent,  surtout  dans  les  dernières  années  de  sa  vie. 
ces  promenades  se  terminaient  par  une  visite  à  la  vieille  et 
historique  cathédrale  de  Notre-Dame,  où  l'on  pouvait  l'en- 
trevoir dans  la  pénombre  des  nefs  les  moins  fréquentées, 
incliné  dans  l'attitude  de  la  plus  humble  et  de  la  plus 
ardente  prière. 

Malgré  la  sincérité  de  ses  convictions  et  le  peu  de 
mystère  qu'il  en  faisait,  M.  Garneau  fut  toujours  très 
estimé  de  nos  compatriotes  d'origine  britannique.  En 
général,  on  a  tout  à  gagner  avec  eux  en  se  montrant 
ce  que  l'on  doit  être,  et  celui  qui  croit  obtenir  leur 
bienveillance  en  abjurant  sa  nationalité  ou  en  la  mé- 
prisant, commet  une  double  erreur.  Mais  indépendam- 
ment de  cette  considération,  notre  historien  avait  un 
esprit  de  justice  et  de  libéralité  qui  se  faisait  sentir  en 
toutes  choses  et  qui  frappait  ceux  avec  qui  il  venait 
en  contact.  Tout  ce  qu'il  demandait  pour  notre  race,  c'était 
sa  place  au  soleil,  c'était  ce  que  les  Anglais  appellent  eux- 
mêmes  Jair  play.  Il  avait  du  respect  et  même  de  la  sym- 
pathie pour  cette  grande  nation  anglaise  qui  a  su  con- 
cilier chez  elle  l'ordre  avec  la  liberté.  Il  avait  conçu  une 
plus  vive  sympathie  encore  pour  les  fils  de  la  verte 
Érin,  en  comparant  les  injustices  dont  l'Angleterre  s'était 
rendue  coupable  à  leur  égard,  avec  celles  qu'il  avait  à  lui 
reprocher  ppur  notre  propre  compte,  et  il  s'étonnait  de  ce 
qu'il  n'y  eût  pas  entre  les  Canadiens- Français  et  les  Irlan- 
dais catholiques  de  ce  pays  une  union  plus  étroite  et  plus 
solide. 

Il  avait  appris  la  langue  anglaise  dans  sa  jeunesse;  il 
avait,  comme  on  l'a  vu,  étudié  le  notariat  chez  un  Ecossais 
qui  s'était  montré  bien  bon  pour  lui.  Les  œuvres  de  plu- 
sieurs des  poètes  et  des  historiens  britanniques  ou  anglo- 
américains  étaient  parmi  ses  livres  favoris.  Quant  à  nos 
voisins  de  la  grande  république,  s'il  redoutait  leur  in- 
fluence sur  nos  destinées,  s'il  les  considérait  dans  l'avenir, 
ainsi  qu'ils  le  furent  dans  le  passé,  comme  une  menace 


Cclvi  FRAMÇOIB-XAVIER  OARNEAU, 

permanente  pour  notre  autonomie,  il  n'en  était  pa«  moins 
admirateur  de  ce  'luUl  y  a  de  Vjeau  et  de  louable  dans  le 
merveilleux  développement  de  leur  pays.  Kn  un  mot, 
son  patriotisme  ardent  et  wiinric  ir.-.viiif  rifn  «r/troii  ni 
de  trop  exclusif. 

M.  Garneuu  habita  presque  tuujuum  lu  ville  de  (Québec. 
A  l'exception  des  premières  années  qui  suivirent  son  ma- 
riage, qu'il  passa  dans  une  jolie  mais  Vjien  modesio  rési- 
dence à  la  Cnnardihe,  sa  petite  maison  blanche,  comme  il  se 
plaisait  ii  l'appeler.  Sur  l'avis  de  ses  médecins,  il  y  retourna 
et  y  demeura  encore  quelques  années  après  la  grande  ma- 
ladie qui  l'avait  conduit  presque  aux  porter  du  tombeau. 

La  Canardière  se  trouve  à  l'entrée  de  la  vaste  et  fertile 
plaine  qui  s'étend  au  nord  de  la  rivière  Saint-Charles  et  du 
bassin  de  Québec,  et  s'élève  par  degrés  jusqu'au  pied  des 
Laurentides.  Ses  jolies  habitations  sont  les  unes  éparses 
dans  les  champs,  dont  la  verdure  affecte  toutes  les  nuances, 
les  autres,  rangées  tout  au  bord  de  la  grande  route.  Celle- 
ci  conduit  au  gros  village  de  Beauport  et  se  rend  à  travers 
les  belles  paroisses  de  la  côte  de  Beaupré  jusqu'au  cap 
Tourmente,  qui  de  ce  côté  borne  l'horizon.  De  longues 
files  de  peupliers,  des  ormes  toufl'us,  des  vergers,  des  jar- 
dinets bordent  aussi  le  chemin. 

De  la  Canardière,  la  rade  couverte  de  vais.seaux,  et  la 
ville  aux  toits  d'argent,  s'élevant  en  amphithéâtre  et  cou- 
vrant le  coteau  Sainte-Geneviève  jusqu'aux  plaines  d'Abra- 
ham, off'rent  le  coup  d'oeil  le  plus  ravissant. 

A  quelque  distance  de  la  maison  blanche,  qui  appartient 
encore  à  la  famille,  mais  loin  du  chemin,  du  côté  de  la 
grève,  est  Maizerets,  la  maison  de  campagne  des  prêtres  et 
des  élèves  du  séminaire  de  Québec.  Bien  des  fois  le  jeudi 
— jour  de  congé  —  notre  historien,  qui  faisait  presque  tou- 
jours le  trajet  de  la  ville  à  pied,  a  dû  rencontrer  la  Vjande 
joyeuse  des  écoliers  marchant  au  pas  militaire  et  chantant 
nos  vieilles  chansons  canadiennes. 

Même  avant  la  construction  de  sa  maisonnette  la  route 
devait  lui  être  familière,  car  mademoiselle  Esther  Bilodeau, 
qu'il  épousa  le  25  août  1835,  était  la  fille  d'un  des  plus 
respectables  propriétaires  de  l'endroit. 


SA   VTE  et  BES  ŒlTVTlE's.  CClvii 

Des  neuf  enfants  issus  de  son  mariage,  cinq  sont  morts 
en  bas  âge,  les  quatre  autres  avec  leur  digne  mère  sur- 
vivent. L'aîné,  Alfred,  est  un  fonctionnaire  du  sénat  fédé- 
ral, à  Ottawa;  il  est  né  à  la  Canardière,  et  c'est  pour  lui 
que  fut  écrite  la  charmante  poésie  A  mon  fils.  Les  autres 
sont:  Honoré,  résidant  A  Québec;  Eugène,  qui  habite 
Hartford,  dans  le  Connecticut,  et  Joséphine,  mariée  à  M. 
Joseph  Marmette,  écrivain  distingué,  auteur  de  plusieurs 
romans  dont  les  sujets  sont  tirés  de  l'histoire  de  notre  pays. 
Madame  Marmette  est  en  ce  moment  à  Paris  avec  son  mari 
qui  y  remplit  les  fonctions  de  délégué  du  gouvernement 
canadien. 

Notre  historien  eut  deux  frères  et  une  sœur.  L'aîné  des 
frères,  M.  David  (îarneau,  négociant  honorable,  réside  à 
Québec  ;  le  plus  jeune,  Honoré,  mourut  au  Mexique  en  1847. 
Leur  sœur,  madame  veuve  Routhier,  demeure  à  Québec, 

M,  Honoré  Garneau  avait  la  passion  des  armes  et  l'es- 
prit aventureux  qui  entraîne  au  loin  un  si  grand  nombre 
de  nos  compatriotes.  Il  s'était  engagé  tout  jeune  dans  un 
corps  d'artillerie  aux  Etats-Unis  et  avait  pris  le  nom  de 
"  Desaix,"  un  de  ses  héros  favoris.  C'était  pendant  la 
guerre  contre  le  Mexique,  à  la  suite  de  la  révolution  du 
Texas.  Il  alla  avec  son  régiment  A  Puébla,  à  une  tren- 
taine de  lieues  de  Mexico,  et  y  trouva  la  mort.  Son  com- 
mandant écrivit  que  le  sergent  "  Desaix  "  s'était  toujours 
bien  conduit  et  avait  montré  beaucoup  de  bravoure.  M. 
Garneau  fut  très  affligé  par  le  départ  et  ensuite  par  la 
mort  de  son  frère,  et  il  composa  à  cette  occa«ion  une 
élégie  qui  a  peut-f'tre  été  publiée,  mais  qui  jusqu'ici  cepen- 
dant n'a  pu  être  retrouvée. 

Il  y  a  maintenant  près  de  dix-sept  ans  que  les  restes 
mortels  de  François- Xavier  Garneau,  le  poète,  l'hi.storien, 
le  patriote,  reposent  sous  un  bloc  de  granit  <iui  ne  porte 
d'autre  inscription  que  son  nom,  à  l'ombre,  comme  le  dit 
M.  Casgrain,  de  la  forêt  qui  vit  passer  l'armée  du  che- 
valier de  Lévis,  à  quelques  pas  du  champ  de  bataille  de 
Sainte-Foye,  qu'il  a  sauvé  de  l'oubli,  et  non  loin  du  mo- 
nument élevé  aux  braves  de  1760. 

De  grands  changements  sont  survenus  depuis.   Lors- 


Cclviii  FRANÇOIB-XAVIER   «ARNEAU, 

qu'on  songe  à  l'immense  territoire,  aux  ressources  de  tout 
genre  de  la  nouvelle  confédération,  on  peut  prédire  sans 
crainte  à  cette  dernière  l'avonir  le  plus  brillant.  Bien  des 
problèmes  cependant,  et  de  formidables  problèmes,  Redres- 
sent autour  de  son  berceau.  Personne  plus  que  notre  his- 
torien ne  se  fût  intéressé  à  leur  solution.  Il  ne  serait  point 
resté  insensible  aux  progrès  que  nous  avons  faits  ni  aux 
perspectives  qui  s'ouvrent  devant  nous.  Son  esprit  était  trop 
large,  son  patriotisme  trop  éclairé  pour  qu'il  fût  indiffé- 
rent A,  la  grandeur  d'un  empire  qui  s'étend  de  l'Atlantique 
au  Pacifique,  et  dont  la  population,  d'ici  à  peu  d'années, 
sera  aussi  considérable  que  celle  de  «|uolquo--unf«  des 
grandes  puissances  de  l'Europe. 

Mais,  tout  en  se  demandant  si  nous  serons  unjour  assez 
forts  pour  être  indépendants,  si  cette  indépendance  pourra 
se  maintenir  à  côté  de  l'envahissante  république  qui  nous 
avoisine,  si  cette  république  et  notre  confédération  elle- 
même  ne  seront  pas  obligées  de  se  scinder  en  plusieurs 
grands  Etats,  si  dans  l'avenir  la  forme  de  notre  gouverne- 
ment sera  monarchique  ou  républicaine,  il  s'inquiéterait 
aussi  du  sort  réservé  à  la  nationalité  franco-canadienne 
dans  toutes  ces  éventualités.  Parmi  tous  ces  problèmes 
celui-ci  serait  loin  d'être  pour  lui  le  moins  intéressant. 

Du  reste,  pour  justifier  sa  préoccupation,  il  pourrait 
s'appuyer  sur  les  déclarations  qui  ont  été  faites  à  plusieurs 
reprises  par  le  marquis  de  Lorne  et  par  son  prédécesseur, 
lord  Dufferin.  Tous  deux  ont  admis  que  la  conservation 
de  l'élément  français  et  de  la  langue  française  était  un 
gage  de  grandeur,  de  progrès  et  même  de  sécurité  pour 
la  confédération  canadienne  et  pour  la  souveraineté  bri- 
tannique sur  cette  partie  du  continent. 

Tous  deux  se  sont  plu  à  développer  à  plusieurs  reprises 
cette  thèse:  le  dualisme  national  est  loin  d'être  un  obstacle 
au  développement  d'une  jeune  nation,  qui  a  tout  à  gagner 
en  conservant  l'héritage  littéraire  et  social  qu'elle  tient  des 
deux  plus  grands  peuples  de  l'Europe.  * 

*  Dans  le  discours  qu'il  a  prononcé  à  la  grande /<?fe  nationale  de» 
Canadieng-Françait,  à  Québec,  en  1880,  le  marquis  de  Lomé  a  dit 
entre  autres  choses  : 


SA   VIE   ET  SES   ŒUVRES.  CClix 

A  ce  point  de  vue,  cependant,  l'immense  émigration  eu- 
ropéenne qui  se  dirige  vers  le  Nord-Ouest,  celle  qui  se  fait 
de  la  province  de  Québec  vers  les  États-Unis  sont,  aux 
yeux  de  bien  des  gens,  un  sujet  de  crainte  très  légitime. 
Mais  l'étonnant  accroissement  du  chififre  de  la  popula- 
tion française,  son  développement  en  dehors  des  limites 
de  la  province  de  Québec  nous  assurent,  si  nous  voulons 
être  fidèles  à  nos  traditions,  une  place  importante  comme 
élément  distinct  sur  ce  continent,  quelque  chose  qui  arrive. 


"Vous  le  savez,  ce  furent  les  Normands  qqj,  dans  l'ancienne 
France,  veillèrent  avec  sollicitude  sur  le  berceau  de  cette  liberté 
dont  jouit  maintenant  l'Angleterre.  Ce  furent  aussi  des  Normands 
et  des  Bretons  qui  fondèrent  cette  colonie  canadienne  si  amie  de  la 
liberté*.  Le  parlement  britannique  a  conservé  avec  une  espèce  de 
culte  les  coutumes  que  les  Normands,  nos  pères,  lui  ont  léguées.  Je 
ne  sache  pas  que  la  chose  ait  jamais  été  observée  au  Canada,  mais 
j'ai  souvent  remarqué  que,  dans  le  parlement  anglais,  nous  nous  ser- 
vons encore  dos  vieilles  formules  employées  par  nos  ancêtres  pour 
exprimer  la  sanction  donnée  aux  lois  par  le  souverain. 

"  C'est  ainsi  que  l'on  dit  :  '*  La  reine  le  veut  "  ou  "  la  reine  remercie 
ses  bons  sujets,  accepte  leur  bénévolence  et  ainsi  le  veut,"  formules 
que  je  serais  heureux  de  voir  employées  à  Ottawa,  comme  marque 
de  notre  origine  commune,  au  lieu  de  ces  formules  empnmtées  au 
français  et  à  l'anglais  modernes. 

"  En  célébrant  cette  fête  aujourd'hui,  nous  pouvons  tous  nous  unir 
avec  orgueil  à  ceux  qui  représentent  d'une  manière  si  imposante 
l'élément  français  —  car  c'est  à  votre  race,  messieurs,  que  nous  de- 
vons les  droits  gagnés  à  Runnymeal,  et  les  usages  qui  distinguent 
les  libres  discussions  de  nos  parlements. 

"  Dans  la  nombreuse  réunion  de  ce  jour,  je  me  réjouis  de  saluer 
des  représentants  de  nos  alliés,  les  Français,  ainsi  qu'un  grand 
nombre  de  compatriotes,  qui  sont  allés  —  pour  un  temps  seulement, 
je  l'espère  —  s'établir  chez  nos  amis  des  États-Unis. 

"  C'est  avec  bonheur  que  je  vois  ces  frères  revenir  au  sein  de  leur 
pays,  ne  serait-ce  que  pour  quelques  jours,  et  je  puis  leur  assurer 
que  nos  vieilles  campagnes  et  nos  nouvelles  terres  de  l'Est,  sont 
assez  vastes  et  assez  fertiles  pour  justifier  le  désir  que  nous  avons  de 
las  retenir  ici  et  de  leur  adjoindre  tous  ceux  qui  voudraient  partager 
leur  sort.  Ils  ne  sauraient  en  douter,  ils  trouveront  chez  nous  la  par- 
faite garantie  de  leur  liberté  et  de  tous  leurs  droits  de  citoyens." 

Dans  le  discours  d'inauguration  de  la  Société  royale  (mai  1882)  qu'il 
a  fondée,  le  marquis  de  Lomé  a  encore  dit  :  "  Dans  une  des  sections, 


CCÎX  PRANÇmS-XAVlER   OARNEAU. 

Les  catholiques  forment  aujourd'hui. beaucoup  plus  du 
tiers  de  la  populaticlti  du  Canada,  et  si  Ton  tient  compte 
du  développement  rapide  du  catholicisme  a»ix  Etats-T'ri- 
nous  avons  tout  lieu  dN'tre  rassurés  au  point  de  vue  i« n 
gieux.  La  population  française  est  hien  pr^s  dV'tre  le  tiers 
de  celle  de  notre  confédération  ;  d'un  autre  côté,  elle  p'au' 
mente  rapidement  dans  les  Ktats  de  la  Nouvelle-Ahu  • 
terre. * 

ceux  de  non  concitoyens  qui  tirent  leur  ori^ino  de  la  vieille  Franoe 
})ourront  disenter  tout  cii  «jui  a  trait  à  leur  litt^'-raturo  avw  i-etto  l'U'- 
panco  dodictionot  cpttocritifjuojudifipuN^  si  remarqualilps  ctu^zoux  ; 
ils  n'y  attaclieront  A  conserver  dann  toute  sa  purot/'  le  pran<l  i<iioni<'. 
(|ui  est  ontn'  pour  une  ai  larjzo  pnrt  dan»  la  formation  de  la  lan>rue 
anglaise."  L'Académie  françaiw'.  par  l'organe  de  Kon  secn'tain^ 
perp^'-tuel,  M.  Doucet,  a  remercié  le  marquis  do  Ix)rno  de  ces  gra- 
cieuses paroles. 

Ajoutons  que  M.  Alfre4l  Garneau  avait  M  nomm»;  membre  de  la 
première  section,  celle  de  la  littérature  française  et  do  l'histoin', 
honneur  auquel  il  s'est  refusa  par  un  motif  particulier.  Dans  tous 
les  discours  prononc<^8  dans  la  circonstam-e  dont  je  parle,  les  travaux 
de  son  père  ont  ('ié  mentionn^-s  avec  les  plus  grande  «'loges. 

*  D'après  notre  recensement  de  1881,  sur  une  populati<»n  totale  de 
4,324,810  âmes,  on  trouve  1,791,982  catholiques  et  1,298,{>29  origi- 
naires de  France.  Mais  ce  chiffre  officiel  ne  tient  probablement  pas 
compte  d'une  assez  forte  proportion  d'individus  portant  des  noms 
britanniques  ou  allemands,  et  dont  le  français  est  la  langue  mater- 
nelle. Il  faudrait  y  ajouter  aus.si  le  chiffre  des  Suisse*  et  de  quelques 
autres  originaires  du  continent  d'Europe,  et  une  proportion  de 
ceux  dont  l'origine  n'est  point  donnée-  La  population  française  .«^ 
répartit  comme  suit  :  province  de  Québec,  1,073,820,  Ontario,  102,743, 
Nouveau-Brunswick,  56,63.5,  Nouvelle- Ecosse,  41,219,  île  du  Prince- 
Edouard,.  10,751,  Manitoba,  9,949,  Territoires,  2,896,  Colombie  Bri- 
tannique, 916.  Une  chose  très  remarquable,  c'est  qu'il  n'y  a  pa.s  un 
seul  comté  ou  collège  électoral  dans  tout  le  Canada,  où  l'élément 
français  ne  soit  représenté,  quelque  minime  que  soit  le  chiffre.  M. 
Rameau  vient  d'écrire  à  la  Renie  canadienne,  que  le  chiffre  donné 
pour  le  Manitoba  est  insuffisant. 

La  population  canadienne-française  des  États-Unis  est  ^timée  à 
un  demi-million.  Ce  chiffre  est  contesté  par  quelques  statisticiens 
éminents,  comme  exagéré;  d'autres  le  trouvent  au-dessous  de  la 
vérité.  A  cela  il  faut  ajouter  les  créoles  de  la  Louisiane  et  beaucoup 
de  groupes  épars.  Un  journal  pubhé  aux  États-Unis  portait 
dernièrement  la  population  francologue  de  la  république  à  plus  de 


SA    V^IE    ET   SES   ŒUVRES.  .  Cclxi 

La  langue  française  n'est  point  parlée  seulement,  comme 
le  disait  Chateaubriand  dans  ses  Mémoires  d'oxdre-tombe, 
dans  quelques  bourgades  du  Canada  et  de  la  Louisiane, 
elle  l'est  dans  les  parlements  d'Ottawa,  de  Québec  et  de 
Winnipeg;  elle  a,  sur  plusieurs  points  de  l'Amérique,  sa 
place  dans  la  chaire  sacrée,  au  barreau,  au  théâtre,  à  la 
tribune  du  conférencier;  elle  a  ses  journaux,  ses  institu- 
tions d'éducation,  sa  littérature;  elle  se  fait  entendre  dans 
les  salons  de  Québec,  de  Montréal,  d'Ottawa,  de  Winnipeg, 
de  New- York,  de  Washington,  de  la  Nouvelle-Orléans; 
et  loin  d'avoir  perdu  du  terrain  depuis  le  commencement 
de  ce  siècle,  elle  en  a  beaucoup  gagné. 

La  reconnaissance  formelle  du  français  dans  la  constitu- 
tion, pour  ce  qui  regarde  le  parlement  d'Ottawa  et  celui 
(le  Québec,  aurait  grandement  consolé  M.  (îameau;  les 
mêmes  droits  ne  sauraient  être  refusés  plus  tard  A  l'élément 
français  dans  les  autres  provinces,  lorsqu'il  sera  assez  fort 
pour  s'affirmer  et  qu'il  voudra  le  faire. 

Les  progrès  que  nous  avons  faits  dans  l'instruction  pu- 
blique, dans  la  littérature,  dans  les  sciences  et  dans  les 
beaux-arts  depuis  les  vingt  dernières  années,  auraient  été 
une  source  de  vive  satisfaction  pour  notre  historien,  qui, 
dans  les  dernières  pages  de  sa  troisième  édition,  avait  résu- 
mé quelques  chiflres  et  mentionné  quelques  noms.*  Il  avait 
déjà  eu  le  soin  de  constater  que  ce  fut  la  faute  de  l'oligar- 
chie qui  nous  gouvernait,  s'il  y  eut  un  temps  d'arrêt  dans 
les  efforts  de  la  législature  de  l'ancienne  province  du  Bas- 
Canada  pour  la  diffusion  des  lumières.  Il  parlait  aussi 
des  immenses  sacrifices  faits  parle  clergé  pour  l'éducation 


deux  millions.  On  trouvera  dans  l'ouvrage  de  M  Chouinard,  déjà 
cité,  une  curieuse  statistique  du  journalisme  français  en  Amérique, 
et  aussi  des  sociétés  Saint-Jean- Baptiste,  instituts  et  autres  associa- 
tions littéraires  ou  de  bienfaisance  fondées  par  les  Canadiens- 
Français  aux  États-Unis. 

*  Entre  autres  celui  de  mon  prédécesseur  au  département  de  l'ins- 
truction publique,  feu  le  Dr  Meilleur,  et  le  mien.  Il  n'eût  pas  manqué 
d'y  joindre  aujourd'hui  ceux  de  mes  suecesseurs,  MM.  de  Boucher- 
ville  et  Ouimet. 

R 


Cclxii  FRANÇ0I8-XA\aER   OARNEAU, 

et  pour  l'établissement  de  notre  Université  Laval,  de  nos 
nombreux  coll^ge8  et  couvents. 

Indiquons  rapidement  queUiucH  traith  de  noire  mouve- 
ment social,  intellectuel  et  po!iti(iue  depuis  la  confédé- 
ration. 

Notre  commerce,  notre  indu.strie  se  sont  rapidemeiil 
étendus;  le  pays  s'est  couvert  de  voies  ferrées,  les  vastes 
territoires  du  lac  Saint-Jean,  du  Saint- Maurice,  de  l'Ottawa, 
s'établissent  par  un  mouvement  de  colonisation,  qui,  mal- 
gré rémigration  auxt  Kats-Unis,  ne  se  ralentit  point,  grâce 
aux  efforts  des  classes  dirigeantes  et  surtout  du  clergé, 
aussi  zélé  sous  ce  rapi)ort  qu'A  l'égard  de  l'instruction  pu- 
blique. Une  partie  de  ce  territoire  e.st  le  "  royaume  de 
Saguenay  "  de  Jacques  Cartier.  Le  pays  qu'il  avait  dé- 
couvert se  divisait,  d'après  lui,  en  trois  royaumes:  le 
royaume  d'IIocbelaga,  celui  de  Canada  et  celui  de  Sa- 
guenay. 

Nos  rapports  avec  les  pays  étrangers,  avec  la  France  en 
particulier,  deviennent  plus  importants;  notre  pays  et 
notre  population  y  sont  mieux  connus  ;  de  nombreux  amis 
du  Canada  se  sont  ajoutés  à  ceux  que  j'ai  nommés  et  con- 
tribuent à  nous  faire  connaître.  MM,  de  Bonnechose,  La- 
raothe,  Lefaivre,  Frary,  Onésime  Reclus  et  un  grartd 
nombre  d'autres  écrivains  s'efforcent  de  dissiper  les  pré- 
jugés qui  ont  empêché  jusqu'ici  l'émigration  et  les  capi- 
taux français  de  se  diriger  vers  le  Canada.    Nous  sommes 


*  Voici  le  sommaire  de  l'instruction  publique  dans  la  province 

de  Québec,  pour  l'année  1880-81  :  4,803  écoles  et  maisons  d'éducation, 
0,915  professeurs  et  instituteurs,  et  238,767  élèves.  D'après  le  recen- 
sement de  la  même  année,  la  population  totale  était  de  1^59,027 
âmes  :  il  y  avait  ainsi,  en  moyenne,  un  élève  par  moins  de  six  ha- 
bitants. Ces  chiffres  comprennent  les  protestants  aussi  bien  que  les 
catholiques.  L'université  McGill,  dirigée  par  M.  Dawson,  président 
de  la  Société  royale  et  savant  bien  connu  en  Europe,  joue  un 
grand  rôle  dans  notre  système  d'instruction  publique  pour  la  popu- 
lation anglaise  et  protestante.  On  trouvera  une  excellente  esquisse  de 
tout  notre  système  d'instruction  publique,  y  compris  un  tableau  de 
nos  écoles  normales,  polytechnique,  ou  spéciales,  etc.,  dan.«  le  dis- 
cours prononcé  par  l'honorable  M,  Ouimet  à  la  convention  de  1880. 


SA    VIE   ET  SES  ŒUVRES.  Cclxiiî 

en  ce  moment  représentés  à  Londres  par  sir  A.  Galt,  an- 
cien ministre  ;  à  Paris,  par  M.  Fabre,  ancien  sénateur,  l'un 
de  nos  plus  élégants  écrivains. 

L'Espagne  et  la  Belgique  s'occupent  aussi  de  nous  ; 
comme  la  France,  elles  ont  de  dignes  consuls  à  Québec,  et 
dernièrement  un  écrivain  ami  du  Canada,  M.  Le  Roy, 
faisait  part  de  l'établissement  de  notre  Société  royale  à 
l'Académie  royale  de  Belgique,  et  celle-ci,  comme  l'Acadé- 
mie française,  se  montre  disposée  à  entrer  en  rapport  avec 
nous. 

Nos  hommes  d'État  ont  vu  s'étendre  la  sphère  de  leur 
action,  et  nous  avons  toujours  été,  comme  Canadiens- 
Français,  représentés  dans  le  gouvernement  d'Ottawa  et 
dans  celui  de  Québec,  dont  les  lieutenants-gouverneurs  et 
les  premiers  ministres  ont  jusqu'ici  appartenu  à  notre 
race;  à  la  Nouvelle- Ecosse,  au  Nouveau-Brunswick,  au 
Manitoba,  des  Acadiens  et  des  Canadiens-Français  ont  été 
portés  aux  première^  places.  Le  dualisme  dont  j'ai  parlé 
plus  haut  existe  encore:  sir  Hector  Langevin  remplit  à 
côté  de  sir  John  Macdonald  la  position  qu'avait  occupée 
sir  George  Cartier,  et  sir  Aimé  Dorion  a  été  également 
dans  les  mêmes  rapports  avec  M.  Mackenzie. 

La  littérature  et  les  sciences  sont  plus  que  jamais  en 
honneur  parmi  nous.  Les  poètes,  les  chroniqueurs,  les 
romanciers,  les  publicistes  ne  se  comptent  plus  tant  ils 
sont  nombreux. 

Les  juristes  et  les  écrivains  sur  la  pédagogie  formeraient 
une  longue  liste. 

Aux  artistes  nommés  par  M.  Garneau  :  Légaré,  Plamon- 
don  et  Hamel,  ajoutons  MM.  Falardeau,  Bourassa,  Eugène 
Hamel,  peintres,  M.  Hébert,  sculpteur,  et  la  célèbre  can- 
tatrice Albani. 

Les  travaux  historiques  se  continuent.  Nous  avons  eu 
le  Canada  sous  P  Union,  par  M.  Turcotte,  enlevé  aux 
lettres  au  milieu  de  ses  efforts,  et  dont  le  livre  complète 
nos  annales  jusqu'à  la  confédération  ;  les  Canadiens  de 
V Ouest,  de  M.  Tassé,  qui  établissent  les  droits  de  nos  pères 
comme  apôtres  de  la  civilisation  sur  une  grande  partie  de 
ce  continent,  et  les  ouvrages  de  MM.  les  abbés  Verreau  et 


Cclxiv  FRANÇOIS-XAVIER  OARNEAU, 

Langevin,  de  MM.  Suite,  Bedard,  La  Hruère,  Lareau,  W. 
Marchand  et  nombre  d'autres.  * 

Les  études  scientifiques  no  sont  jMui-«*tre  pas  encore  au 
niveau  des  études  philosopiiiques  et  littéraires;  et  c'est  de 
ce  côté  <iue  doit  se  porter  le  zMe  et  l'intelligence  de  ceux 
qui  veulent  que  nous  ne  soyons  inférieurs  nulle  part. 
C'était  la  préoccupation  de  M.  Garneau  lorsqu'il  fonda  le 
journal  P Institut.  Bien  des  noms  cependant  pourraient  être 
mentionnés.  Contentons-nous  de  ceux  des  abbés  Hamel 
et  Laflamme  et  de  MM.  Baillargé,  Deville,  Saint-Cyr  et 
Fortin,  qui  ont  été  appelés  aux  sections  scientifiques  de  la 
Société  royale,  et  des  abbés  Brunet  et  Provancher,  qui  se 
sont  distingués  dans  l'étude  de  la  botanique. 

La  fondation  de  cette  société  aura,  du  reste,  opéré  un 
rapprochement  entre  les  littérateurs  et  les  savants  des  deux 
origines.  Déjà,  depuis  un  certain  nombre  d'années,  les  litté- 
rateurs anglo-canadiens  et  la  presse  anglaise  en  général  ont 
— _ , 

*  Pour  le  mouvement  littéraire  des  dernières  années,  qui  nous  en 
traînerait  trop  loin,  voir  les  remarquables  discours  de  M.  Faucher  de 
Saint-Maurice  à  la  Société  royale,  et  de  M.  Lemay  à  la  convention 
de  1880.  Mentionnons  cependant  les  excellents  ouvrages  et  confé- 
rences de  ces  deux  écrivains,  de  M.  Charles  Taché,  du  juge  Rou- 
thier,  de  M.  l'abbé  Casgrainet  du  regretté  Dr  Lame  ;  les  études  phi- 
losophiques, théologiques  et  littéraires  de  Mgr  Raymond,  du  regretté 
M.  Chandonnet,  des  abbés  Bégin,  Paquet,  Bruchesi  ;  les  poésies  de 
MM.  Ijegendre,  Prudhomme,  Poisson,  Chapman,  Huot,  Evanturel, 
Donnelly,  Prendergast  et  de  M.  l'abbé  Gingras  ;  les  pièces  de  théâtre 
del'hon.  F. -G.  Marchand  ;  enfin  les  brillantes  chroniques  et  les  arti- 
cles de  revue  ou  conférences  de  MM.  Fabre,  Dunn,  Jolicœur,  Mar- 
mette,  Chouinard,  De  Celles,  Chapais,  Buies,  Lesage,  Tardivel,  de 
Bellefeuille,  Tarte,  Poirier  (Acadien),  Gérin,  Gélinas,  Provencher, 
Fontaine,  DeCazes,  Desrosiers.  Deux  ouvrages  dans  un  genre  d'étu- 
des très  en  vogue  en  France  aujourd'hui,  le  Glossaire  canadien  de 
M.  Dunn  et  le  recueil  des  Chansons  canadiennes  de  M.  Gagnon,  ne 
doivent  pas  non  plus  être  oubliés.  A  ajouter  à  la  liste  de  nos  hommes 
publics  qui  ont  contribué  au  journalisme  et  à  la  littérature  sont, 
sir  Hector  Langevin,  le  dernier  premier  ministre  de  Québec  M. 
Chapleau  et  le  premier  ministre  actuel  M.  Mousseau,  qui  tous  ont 
débuté  en  même  temps  au  barreau  et  dans  la  presse,  M.  Royal, 
ancien  ministre  au  Manitoba  et  M.  Marchand,  ancien  ministre  à 
Québec,  ainsi  que  bon  nombre  de  députés. 


SA   VIE   ET  SES  ŒUVRES.  CClxV 

manifesté  pour  nous  plus  de  sympathie.  MM.  John  Reade, 
Kirby,  Lespérance,  Murray,  poètes  ou  romanciers  du  plus 
grand  mérite,  ont  généreusement  applaudi  aux  succès 
obtenus  en  France  par  notre  poète  lauréat,  M.  Fréchette. 

La  vivacité  de  notre  sentiment  national  est  aujourd'hui 
moins  critiquée  ;  elle  porte  moins  d'ombrage  :  grâce  à  ces 
meilleures  dispositions,  il  nous  est  permis  de  mieux  nous 
affirmer  et,  il  faut  l'avouer,  nous  fii  avnii>  lurgement 
profité. 

D'imposantes  démonstrations  nationales  ou  religieuses 
se  sont  déroulées  comme  les  pages  d'un  livre  ou  comme 
les  tableaux  d'un  drame.  Quelques-unes  ont  eu  lieu  du 
vivant  de  notre  historien  ;  la  plupart  cependant  après  sa 
mort. 

Parmi  les  plus  remarquables  sont  la  célébration  du 
deuxième  centenaire  de  l'érection  du  diocèse  de  Québec 
(1674-1874),  où  se  trouvèrent  représentés  la  plupart  des 
nombreux  diocèses  taillés  dans  la  carte  du  royaume  spiri- 
tuel de  Mgr  Laval  ;  et  la  grande  réunion  des  Canadiens- 
Français  à  Québec  en  1880,  fête  imposante  où  une  messe 
fut  célébrée  en  plein  air  sur  les  plaines  d'Abraham,  et  un 
admirable  sermon  prêché  par  Mgr  Racine,  et  qui  fut  suivie 
d'une  convention  nationale  et  d'un  congrès  catholique. 

La  conclusion  de  tout  ce  qui  a  été  dit  et  fait  dans  ces 
deux  circonstances  et  dans  un  grand  nombre  d'autres,  ne 
s'éloigne  guère  de  celle  du  livre  de  M.  Garneau.  Elle  se 
résume  à  être  juste  envers  les  autres  nationalités,  à  tra- 
vailler, chacun  dans  sa  sphère,  pour  la  plus  grande  gloire 
de  la  religion  et  de  la  patrie,  enfin  à  se  montrer,  dans  la  mau- 
vaise comme  dans  la  bonne  fortune,  fidèle  à  soi-même. 
Ces  sages  conseils  avaient  vivement  frappé  M.  le  comte  de 
Montalembert,  qui  s'en  exprima  dans  une  lettre  en  date 
du  3  septembre  1864.* 

"•  Je  suis  sincèrement  touché,  dit  le  célèbre  écrivain,  de 
l'honneur  que  vous   me  faites  en  m'envoyant  la  JRevue 

*  Cette  lettre  était  adressée  à  M.  D.-H.  Senécal,  l'un  des  directeurs 
de  la  Btnu'  canadunne.  M.  Senécal,  poète  et  journaliste  distingué,  a 
été  enlevé,  l.'ien  jeune  encore,  aux  lettres  canadiennes. 


Cclxvi  FRANÇOIS-XAVIER  GARNEAU, 

canadienne  comme  un  gage  de  votre  sympathie  pour  ma 
carrière  publique,  désormais  terminée.  J'ai  lu  plusieurg 
livraisons  de  cette  revue  avec  une  véritable  satisfaction. 
J'y  ai  trouvé  des  tendances  excellentes  et  des  renseigne- 
ments historiques  qui  m'ont  instruit  et  intéressé.  J'ai  été 
surtout  frappé  d'un  travail  intitulé  :  Une  concltmon  d'his- 
toire, par  M.  Garneau.  Je  dirais  volontiers  avec  ce  pa- 
triotique écrivain  :  Que  les  Canadiens  soient  fidèle»  à  eux- 
mêmes  !  et  j'ajouterai:  Qu'ils  se  consolent  d'avoir  été  sépa- 
rés par  la  fortune  de  la  guerre  de  leur  ni?/re  patrie,  en 
songeant  que  cette  séparation  leur  a  donné  des  libertés  et 
des  droits  que  la  France  n'a  su  ni  pratiquer,  ni  conserver, 
ni  même  regretter." 

Être  fidèle  A  soi-même,  c'est-à-dire  à  sa  mission,  M. 
Garneau  le  fut  jusqu'à  l'héroïsme!  //  est  vwH  à  la  lâche, 
comme  l'a  dit  M.  Octave  Crémazie,  et  je  ne  saurais  mieux 
terminer  cette  étude  sur  sa  vie  et  ses  œuvres  qu'en  citant 
quelques  mots  d'un  bien  remarquable  tribut  offert  à  sa 
mémoire  par  une  de  nos  compatriotes:  *  '*  Dans  un  siècle 

d'abaissement,  Garneau  avait  la  grandeur  antique Et 

quant  à  nous,  Dieu  veuille  nous  donner  comme  à  nos 
pères,  avec  le  sentiment  si  français  de  l'honneur,  l'exal- 
tation du  dévouement,  la  folie  du  sacrifice,  qui  font  les 
héros  et  les  saints  !  " 


*  Angéline  dt  Montbrun,  par  Mlle  Laure  Conan.  Rmui  ranudunu 
juin  1882. 


DISCOURS 

PRONONCÉ  SUR  LA  TOMBE  DE  M.  F.-X.  GARNEAU.* 


Excellence, 

Nous  voici  réunis  près  de  la  tombe  d'un  ami,  d'un  com- 
patriote, d'un  écrivain  dont  tout  pays  aurait  droit  de 
s'enorgueillir,  d'un  homme  enfin  tout  dévoué  à  notre  beau 
Canada.  En  disant  un  dernier  adieu  à  ses  restes  mortels, 
il  semble  que  nous  remplissons  un  pieux  devoir  non  seu- 
lement pour  nous-mêmes,  mais  pour  le  pays  tout  entier. 

Ce  fut  une  belle  et  patriotique  pensée,  à  l'exécution  de 
laquelle  il  vous  fut  donné  de  présider  avant  même  d'être 
appelé  à  la  première  dignité  de  notre  nouvelle  province, 
que  de  s'occuper  de  la  renommée  de  celui  qui  avait  songé 
avant  tout  à  la  gloire  de  sa  patrie. 

Le  nom  de  François-Xavier  Garneau  est  célèbre  partout 
où  le  Canada  est  connu  ;  il  est  inséparable  de  la  renommée 
de  notre  pays  :  il  eût  donc  été  bien  pénible  que  celui  qui  a 
élevé  à  notre  patrie  le  plus  beau  des  monuments,  n'eût  pas 


*  Ce  discours  fut  prononcé  par  M.  Chauveau,  alors  premier  mi- 
nistre de  la  province  de  Québec,  le  15  septembre  1867,  au  cimetière  de 
Belmont,  après  la  cérémonie  religieuse  qui  fut  faite  par  M.  Auclair, 
curé  de  Québec,  entouré  d'un  nombreux  clergé.  Sir  Narcisî*  Belleau, 
lieutenant-gouverneur,  qui  avait  été  président  du  comité  de  la  sous- 
cription, et  une  grande  foule  de  citoyens  y  assistaient.  Il  pouvait 
être  six  heures  et  c'était  une  belle  soirée  d'automne.  On  remarquait 
le  drapeau  de  Carillon  qu'entourait  une  garde  d'honneur  formée  par 
la  compagnie  des  sapeurs-pompiers  du  faubourg  Saint-Jean. 


Cclxviii  DISCOURS  PRONOKCi  SUR  LA  TOMBE 

lui-même  une  pierre  tumulaire  Hur  le  sol  dont,  poète,  il 
avait  chanté  les  beautés,  historien,  célébré  les  héros. 

Poète,  voyageur,  historien,  Fran vois- Xavier  Gameau  a 
été  en  même  temps  un  homme  d'initiative,  de  courage, 
d'héroïque  persévérance,  d'indomptable  volonté,  de  désin- 
téressement et  de  sacrifice.  Une  idée  fixe,  ou  mieux  que 
cela,  une  grande  mission  à  remplir  s'était  emparée  de  tout 
son  être;  il  lui  a  tout  donné:  cœur,  intelligence,  repos, 
fortune,  santé.  Sa  grande  tAche,  son  œuvre,  un  monument 
national  à  élever,  à  compléter,  à  retoucher,  à  embellir  une 
fois  qu'il  fut  terminé,  voilA  à  ses  yeux  toute  sa  vie. 

Et  cela,  messieurs,  cela  fut  accompli  aux  dépens  de  ses 
veilles,  sans  nuire  à  de  plus  humbles  travaux.  Il  y  avait, 
pour  bien  dire,  en  lui  deux  homme.s,  celui  qui  s'était 
voué  aux  fonctions  modestes,  sérieu.ses  et  difficiles,  né- 
cessaires à  l'existence  de  sa  famille,  et  l'homme  voué  à 
la  patrie,  au  culte  des  lettres,  à.  la  poésie,  à  l'histoire. 
Et,  chose  rare  parmi  les  plus  rares,  ces  deux  hommes 
s'étaient  formés  en  quelque  sorte  à  l'envi  l'un  de  l'autre  et 
presque  sans  secours  étranger.  Muni  seulement  des  plus 
simples  rudiments  de  l'instruction  primaire,  il  avait  su 
acquérir,  conserver  et  perfectionner  à  la  fois  l'éducation 
pratique  nécessaire  au  commis  de  banque,  au  notaire,  au 
fonctionnaire  municipal,  et  l'éducation  littéraire  et  philo- 
sophique qui  fait  le  penseur  et  l'écrivain. 

Quel  plus  grand  exemple  de  la  puissance  de  la  volonté 
humaine!  Quelle  plus  belle  leçon!  Quel  plus  grand  ensei- 
gnement pour  la  jeunesse  de  notre  pays!  M.  Gameau  n'a 
pu,  bien  qu'il  le  désirât  vivement,  suivre  un  cours  d'études 
dans  un  collège  ;  et  cependant  combien  y  en  a-t-il  qui,  avec 
ce  puissant  secours,  ont  entrepris  et  accompli  une  tâche 
égale  à  la  sienne?  Sans  doute,  il  avait  un  rare  talent,  un 
rare  génie  ;  mais  n'y  a-t-il  pas  lieu  de  craindre  que  beau- 
coup d'intelligences  égales  à  la  sienne  et  soutenues  par 
les  forces  vives  que  donne  une  instruction  régulière  et 
acquise  à  l'heure  voulue,  n'aient  été  perdues  pour  la 
société  par  l'absence  de  volonté,  par  cette  lâche  condes- 
cendance à  de  vulgaire^  passions  si  commune  et  si  dévas- 
tatrice tout  autour  de  nous  ? 


DE   FRANÇOIS- XAVIER   GARNEAU.  CClxix 

Sous  ce  rapport,  l'œuvre  à  laquelle  Votre  Excellence  a 
bien  voulu  présider,  est  non  seulement  une  bonne  action, 
elle  est  un  bel  exemple.  Nous  oserons  dire  à  la  jeunesse  : 
Le  Canada,  comme  les  autres  pays,  commence  à  apprécier 
les  travaux  de  l'esprit,  et  bientôt,  espérons-le,  comme  l'a 
dit  notre  historien  lui-même  dans  une  de  ses  pages  élo- 
quentes, îtn  temps  viendra  où  pleine  justice  sera  rendue  à  ceux 
qui  auront  fait  des  sacrifices  pour  la  plus  belle  des  causes  qui 
puissent  occuper  fattention  des  sociétés. 

En  attendant,  ne  demandons  point  à  chacun  d'entre- 
prendre une  aussi  grande  œuvre  ;  disons  seulement  à  tous  : 
Rendez-lui  du  moins  justice  en  lisant  et  en  méditant  son 
livre  admirable.  Vous  y  verrez  et  la  naissance  et  le  dévelop- 
pement de  cette  nation  nouvelle,  qui  pas  à  pas  va  s'asseoir 
au  banquet  de  l'humanité.  V'ous  y  verrez  Cartier  plantant 
la  croix  semée  de  fleurs  de  lis  sur  le  bord  de  cette  rivière 
qui  coule  là-bas  à  nos  pieds;  vous  y  verrez  passer,  sem- 
blables ^  une  grande  troupe  de  sanglants  et  terribles  fan- 
tômes, ces  nations  errantes  qui  devaient  nous  céder  la 
place.  Vous  y  verrez  Champlain  planter  sa  tente  sous  les 
arbres  dont  quelques-uns  naguère  ombrageaient  encore 
plusieurs  parties  de  notre  ville;  Laval  jeter  dans  cette  en- 
ceinte la  précieuse  semence  qui  s'est  développée  en  tant  de 
bienfaits  ;  Marie  de  l'Incarnation  et  ses  compagnes  chanter 
leurs  pieux  cantiques,  au  milieu  de  leurs  jeunes  néophytes, 
sous  cette  double  et  auguste  voûte  d'une  forêt  primitive  et 
d'un  beau  ciel  canadien  ;  Maisonneuve  et  ses  intrépides 
compagnons  fonder  au  sein  du  pays  iroquois  cette  prodi- 
gieuse colonie  de  Montréal  ;  Mlle  Mance  et  la  sœur  Bour- 
geoys  pénétrer  avec  une  égale  intrépidité  dans  ces  régions 
inhospitalières  ;  Frontenac  imprimer  enfin  la  terreur  aux 
hordes  barbares  et  repousser  avec  un  si  grand  courage  la 
flotte  de  l'amiral  Phipps.  Puis,  vous  verrez  défiler  devant 
vous  cette  longue  suite  de  gentilshommes  et  de  paysans 
français  qui  furent  nos  pères  ;  ces  hardis  pionniers  toujours 
prêts  à  quitter  la  bêche  et  la  charrue  pour  le  sabre  et  le 
fusil;  ces  gais  et  braves  aventuriers  se  faisant  sauvages 
avec  les  sauvages,  glissant  comme  eux  dans  leurs  rapides 
esquifs  et  luttant  avec  eux  de  courage  et  d'adresse;  ces 


CCIXX  DISCOUItH   PRONONCÉ  ftUU   iJi   TOMBK 

missionnaires  intrt'pides,  ces  h^-roïques  martyrH,  ces  femnie« 
pieuses  et  aussi  ces  hi'roïnes  de  notre  histoire,  cea  Jeannes 
d'Arc  canadiennes,  les  Verchères  et  les  Drucourt. 

Vous  écouterez  le  récit  de  toutes  ces  grandes  expédi- 
tions de  nos  i)ères  :  La  Salle  et  Jolliet  découvrant  le 
Mississipi;  Hienvillc,  à  l'autre  extrémité  de  ce  continent, 
fondant  la  Nouvelle-Orléans;  Uouville  et  ses  bandes  sac- 
cageant la  Nouvelle-Angleterre  ;  Nicolet  et  La  Verendrye 
découvrant  les  vastes  régions  de  l'Ouest;  de  Heaujeu  gnc- 
combant  avec  Hraddock  sur  le  cbanip  de  bataille  de  la 
Monongahéla,  comme  devaient  périr  plus  tard  Wolfe  et 
Montcalm  sous  nos  reujparts;  d'Iberville  promenant  notre 
drapeau  victorieux  du  Mexique  à  la  baie  d'Hudson, — et 
vous  pourrez  vous  écrier  :  Ce  continent  tout  entier  ne  fut 
que  le  vaste  théfttre  des  exploits  de  nos  pères! 

Et  puis,  après  toutes  ces  longues  luttes,  ces  guerres  sans 
cesse  renaissantes,  cette  longue  succession  d'épreuves  de 
tout  genre,  famines,  épidémies,  incendies,  massacres,  mau- 
vaise administration,  immigration  insuffisante,  secours  pro- 
mis et  refusés,  échecs  endurés  avec  patience,  mais  trop  sou- 
vent renouvelés  pour  l'honneur  de  la  France  et  pour  le  succès 
de  la  colonie,  arrivera  le  grand  jour,  le  jour  de  la  dernière 
catastrophe,  lorsque  la  Nouvelle-France,épuisée  d'hommes, 
de  vivres  et  de  munitions,  envahie  de  tous  côtés,  par  terre 
et  par  mer,  par  des  armées  et  des  flottes  toujours  vaincues 
et  toujours  renaissantes,  tendra  en  vain  les  bras  vers  la 
vieille  France  ;  c'est  alors  que  l'historien,  grandissant  avec 
sa  tâche,  saura  vous  dire,  avec  les  derniers  malheurs,  les 
dernières  gloires  du  vieux  drapeau  blanc  aux  fleurs  de  lis 
d'or  sur  les  bords  du  Saint- Laurent.  Il  vous  racontera  les 
courageux  efi'orts  des  Acadiens  luttant  jusqu'à  la  dernière 
heure  et  dispersés  sur  tout  le  continent  ;  Louisbourg,  ce 
Québec  du  golfe,  résistant  noblement  aux  forces  supérieures 
de  Wolfe  et  succombant  victime  d'une  faute  assez  sem- 
blable à  celle  qui  fit  tomber  notre  forteresse  ;  enfin  Mont- 
calm  si  glorieusement  vainqueur  à  Carillon  avec  des  forces 
inférieures,  et,  quelques  semaines  seulement  avant  la  prise 
de  Québec,  sur  ces  hautes  falaises  de  Beauport,  où  Lévis, 
où  Juchereau  et  Bourlamaque  secondèrent  son  courage. 


t)E   FRANÇOIS-XAVIER  GARNEAU.  Cclxxî 

Puis,  enfin,  après  la  grande  bataille  où  les  deux  héros,  le 
Français  et  l'Anglais,  tombèrent  également,  lorsque  Québec 
bombardé  ne  sera  plus  qu'une  vaste  ruine,  il  vous  dira 
avec  un  légitime  orgueil  le  dernier  triomphe  des  Français 
et  de  nos  aïeux,  cette  dernière  victoire  remportée  par  le 
chevalier  de  Lévis  sur  le  général  Murray,  sur  le  sol  même 
que  nous  foulons,  tableau  final  de  la  conquête  qu'il  a  su, 
le  premier  mettre  en  relief  et  consacrer  pour  la  postérité. 

S'inclinant  respectueusement,  comme  le  firent  nos  an- 
cêtres eux-mêmes,  devant  les  décrets  de  la  Providence,  il 
reprendra  ensuite  avec  courage,  presque  avec  sérénité,  le 
récit  d'une  nouvelle  lutte  moins  sanglante  mais  non  moins 
intéressante.  Tl  vous  montrera  Murray  et  Carleton  prati- 
quant le  noble  conseil  de  Virgile,  parcere  nahjedis  d  debellare 
8uperbo8,  reconnaissant  le  mérite  des  vaincus  et  les  proté- 
geant contre  d'ignobles  persécuteurs  ;  l'Angleterre  hésitant 
souvent  entre  les  conseils  de  la  partialité  et  ceux  de  la 
justice;  Dambourgès  et  les  Canadiens  sauvant  Québec  en 
1775;  Salaberry  repoussant  Hampton  en  1813,  à  la  suite 
de  la  longue  tyrannie  de  C'raig  ;  la  fidélité  de  nos  compa- 
triotes mise  à  l'abri  même  du  soupçon;  le  grand  évêque 
Plessis  enseignant  aux  vainqueurs  à  respecter  les  droits 
de  la  religion,  et  disant  au  pouvoir  civil  :  T\jt  n'iras  pas  plus 
loin  ;  enfin  les  libertés  constitutionnelles  accordées  en 
1791,  se  développant  lentement  à  travers  les  entraves  que 
leur  mettait  l'oligarchie.  Avec  quel  amour  mêlé  de  véné- 
ration n'a-t-il  point  sculpté  les  grandes  figures  de  cette 
lutte  parlementaire  :  Lotbinière,  Panet,  Bedard,  Tasche- 
reau,  les  deux  Papineau,  les  deux  Stuart,  Neilson,  Val- 
lières,  Viger,  Bourdages,  La  Fontjiine,  Morin  et  les  autres 
défenseurs  de  nos  libertés  ! 

Puis,  arrivant  à  de  nouvelles  catastrophes,  à  la  fin  d'un 
autre. régime,  avec  quelle  verve  patriotique  n'a-t-il  pas 
raconté  le  sanglant  dénouement  de  cette  résistance  à  la 
suite  de  laquelle  la  véritable  constitution  britannique 
devait  nous  être  octroyée,  dans  des  conditions  pourtant  si 
dangereuses  et  si  difiiciles  pour  nous!  Aussi,  à  l'époque 
contemporaine,  ([uels  regards  anxieuse  et  jaloux  pour  notre 
nationalité  n'a-t-il  point  jetés  sur  notre  avenir! 


CClxxii  DISCOURS  PRONONCÉ  SUR  LA   TOMBB 

Ce  magnifique  ouvrage,  où,  pour  emprunter  à  son  élé- 
gant biographe  une  expression  qui  m'a  frappa-,  "  le  frisson 
patriotique  court  clans  toutes  le«  pages,"  est,  dans  nés  pre- 
miers volumes  surtout,  voisin  de  la  plus  haute  inspiration. 
Cela  s'explique  facilement.  Notre  histoire  est  digne  d'une 
épopée  et  notre  premier  historien  était  po^te  avant  tout. 

Oui,  il  fut  poète,  ce  fut  le  pot-te  qui  poussa  le  voyageur, 
et  le  poète  et  le  voyageur  qui  créèrent  l'historien.  Ce  fut 
le  poète  qui,  r^^vant  d'autres  cieux,  d'autres  rivages  que 
ceux  qu'il  avait  tant  admirés,  se  sentit  pris  du  désir  de 
parcourir  l'Amérique,  et  de  voir  un  peu  cette  vieille  Eu- 
rope qui  alors  était  si  loin  de  nous.  Tl  suffit  de  jeter  un 
coup  d'o'il  sur  l'intéressant  récit  qu'il  on  a  fait  lui-même, 
pour  s'assurer  qu'il  vit  avec  une  noble  jalousie  la  gloire 
des  deux  grandes  nations  auxquelles  les  habitants  du  Ca- 
nada doivent  leur  existence,  qu'il  admira  leurs  monu- 
ments, tout  en  songeant  à  notre  passé  et  à  notre  avenir,  et 
qu'il  se  dit  à  lui-même:  si  je  ne  puis,  comme  on  l'a  fait 
ici,  buriner  sur  l'airain  les  combats  de  nos  aïeux,  du  moins 
je  les  inscrirai  au  livre  de  l'histoire.  Les  aspirations  litté- 
raires et  patriotiques  qu'il  éprouvait  déjà  devinrent  des 
réalités  au  contact  des  grands  hommes  et  des  grandes 
choses  du  vieux  monde;  l'amour  rempli  de  crainte  qu'il 
éprouvait  pour  sa  patrie,  amour  empreint  de  tristesse,  enve- 
loppé de  sombres  prévisions,  s'accrut  encore  lorsqu'il  enten- 
dit Niemcewicz  chanter  les  malheurs  de  la  Pologne,  O'Con- 
nell  tonner  contre  les  inj  ustices  dont  l'Irlande  était  victime. 

Son  livre  ne  fut  pas  écrit,  comme  tant  d'autres  livres, 
pour  contenter  une  fantaisie,  pour  se  faire  une  réputation, 
pour  acquérir  la  fortune,  ce  fut  une  grande  entreprise:  la 
réhabilitation  d'une  race  à  ses  propres  yeux  et  aux  yeux 
des  autres  races.  Il  voulut  avant  tout  effacer  ces  inju- 
rieuses expressions  de  race  conquise,  de  peuple  vaincu. 
Il  voulut  faire  voir  que,  dans  les  conditions  de  la  lutte, 
notre  défaite  fut  moralement  l'équivalent  d'une  victoire. 
Les  hommes  des  autres  races  destinés  à  habiter  avec  nous, 
à  partager  en  frères  avec  nous  cette  vaste  et  magnifique 
contrée,  le  remercieront  un  jour  d'avoir  mis  la  vérité  en 
pleine  lumière,  d'avoir  fait  disparaître  d'injustes  préjugés. 


DE   FRANÇOIS- XAVIER  GARNEAU.  Cclxxui 

de  nous  avoir  faits  leurs  égaux  à  nos  yeux  et  aux  leurs, 
d'avoir  donné  par  là  un  gage  de  plus  à  la  concorde  si 
nécessaire  à  l'accomplissement  de  nos  communes  destinées. 

Lié  d'amitié  avec  d'habiles  et  patriotiques  écrivains  qui 
l'avaient  devancé,  avec  d'infatigables  chercheurs,  amis  de 
notre  histoire  et  de  nos  antiquités,  il  posa  avec  eux  les 
bases  de  notre  littérature  naissante;  il  se  vit  bientôt  en- 
touré d'émulés  et  même  de  rivaux;  à  lui  cependant  le 
mérite  de  l'initiative,  la  palme  du  premier  triomphe  ! 

Au  prix  de  ses  veilles  et  de  son  repos,  de  sa  santé,  de  la 
fortune  qu'il  aurait  pu  si  facilement  acquérir,  il  nous  a 
donné  de  bien  grandes  choses,  dont  les  moins  grandes  ne 
sont  point  le  respect  de  nous-mêmes,  l'amour  exalté  de 
notre  pays,  la  foi  dans  notre  avenir.  Certes,  nous  lui  au- 
rions donné  fort  peu  de  chose  en  retour,  si  notre  reconijMs- 
sance  se  bornait  à  ce  monument  simple  et  touchant,  il  est 
vrai,  mais  encore  si  insuffisant,  et  s'il  ne  s'en  élevait  pas  un 
autre  plus  grand,  plus  beau,  plus  impérissable,  dans  la 
mémoire  de  tout  un  peuple  ! 

Nous  pleurons  la  mort  des  grands  hommes,  mais  pour 
eux  plus  que  pour  les  autres,  n'est-il  pas  bon  après  tout 
que  cette  pauvre  vie,  avec  ses  agitations,  ses  revers,  ses 
injustices,  ses  caprices  du  moins  apparents,  que  cette 
pauvre  vie  finisse  un  jour?  car  ce  jour-là  commence  la 
grande  réparation"! 

Leur  gloire  s'élève  et  va  toujours  grandissant  comme 
ces  majestueux  édifices  que  le  voyageur  voit  s'élever  et 
grandir  au-dessus  des  villes  en  les  quittant  et  en  perdant 
de  vue  tout  ce  qui  les  entoure. 

Les  générations  nouvelles  apprennent  leurs  noms,  et  les 
redisent  avec  amour,  et  souvent  de  tous  les  fracas,  de 
toutes  les  ambitions,  de  toutes  les  intrigues  d'une  société, 
tout  ce  qui  reste,  c'est  le  souvenir  de  quelques  modestes 
et  sereines  existences,  humbles  dans  le  passé,  grandes  dans 
l'avenir. 

Mais,  encore,  ce  n'est  là  que  de  la  justice  humaine,  la 
postérité  a- ses  caprices,  ses  oublis,  ses  injustes  dédains. 
A  certaines  époques,  il  fait  nuit  dans  la  mémoire  des 
peuples  comme  dans  celle  des  hommes  ;  sur  le  vaste 


CClxxiv  DISCOURH   PRONONCÉ  8UR   I.A   TOMBK 

océan  des  âges,  le  temps  prom^ne  le  sombre  oubli,  comme 
uno  brurno  «'paisse,  impénétrable.... 

Ab  !  messieurs,  si  une  voix  plus  autorisée,  si  celle  d'un 
ministre  de  la  religion  se  faisait  entendre,  elle  nous  par- 
lerait d'une  autre  immortalité,  elle  nous  dirait  que  celle-là 
est  au-dessus  de  toute  notre  gloire  humaine  de  toute  la 
hauteur  qui  sépare  le  ciel  de  la  terre  ! 

Nous  ne  pouvons  pénétrer,  il  est  vrai,  les  mystères  de 
l'autre  vie;  mais  nos  croyances  nous  enseignent  que  nous 
y  pouvons  encore  quelque  chose,  que  ce  n'est  pas  en  vain 
que  la  sainte  prit'^re  se  répand  avec  l'encens  et  les  larmes 
sur  la  tombe  de  nos  amis,  que  la  grande  solidarité  hu- 
maine ne  finit  pas  avec  la  vie.  Cette  admirable  trilogie 
de  l'Église  militante,  de  l'Église  souffrante  et  de  l'Église 
tri&uipbante,  qui,  si  elle  n'était  pas  un  dogme,  serait  encore 
la  plus  belle  des  conceptions  philosophiques,  reliant  un 
monde  à  l'autre,  bannit  les  sombres  terreurs  et  fait  briller 
sur  le  terrible  passage  d'une  vie  à  l'autre  la  douce  lumière 
de  l'espérance,  qu'allume  la  foi  et  que  nourrit  la  charité. 

Notre  ami  fut  bon,  modeste,  intègre,  dévoué;  il  mourut 
en  chrétien:  nous  pouvons  donc  en  toute  confiance,  dans 
cette  autre  patrie,  lui  adresser  nos  adieux. 

Adieu,  mon  ami,  adieu,  au  souvenir  d'abord  de  notre 
longue  amitié,  au  souvenir  de  ces  douces  causeries  où  vous 
aimiez  tant  à  nous  parler  de  l'avenir  de  notre  cher  Canada  ! 
Adieu  et  merci  !  Merci  des  beaux  sentiments  que  vous 
avez  fait  germer  dans  les  âmes,  merci  du  bien  que  vous 
avez  fait  à  notre  jeunesse,  merci  de  vos  grands,  de  vos 
sublimes  exemples  ! 

Adieu,  au  nom  de  votre  famille,  à  qui  vous  léguez  un  si 
beau  nom  ;  adieu,  au  nom  de  ceux  que  vous  avez  tant  aimés  ! 

Adieu,  au  nom  de  votre  pays!  Jouissez  en  paix,  jouissez 
de  votre  double  immortalité.  Dans  ces  grandes  destinées 
qui  s'ouvrent  devant  lui,  le  Canada  ne  vous  oubliera  pas  ; 
les  peuples  rivaux  qui  nous  entourent  apprendront  dans 
vos  œuvres  à  aimer  nos  ancêtres,  ils  réclameront  leur  part 
de  notre  glorieux  héritage. 

Soyez  tranquille.  Quelque  chose  qui  arrive,  notre  pays, 
notre  nationalité  chérie  ne  manqueront  point  de  défen- 


DE   FRANÇOIS- XAVIER  GARNEAU.  CclxXV 

seurs.  Nous  vous  le  promettons,  au  nom  de  cette  jeunesse, 
de  cette  foule  recueillie  qui  entoure  votre  tombe.  Et  puis, 
le  ciel  n'est  pas  une  prison  !  Les  hommages  rendus  à  votre 
mémoire,  vous  les  voyez,  n'est-ce  pas?  Ces  beaux  senti- 
ments que  vous  avez  semés,  vous  les  verrez  germer,  grandir, 
se  développer.  Du  sein  de  l'immortalité,  vous  planerez, 
esprit  bienfaisant,  sur  notre  avenir.  Car  déjà  vous  avez 
été,  ou,  grâce  à  la  sainte  prière,  bientôt  vous  serez  reçu 
là-haut  par  votre  aïeul,  ce  bon  vieux  Canadien  qui,  de  sa 
main  tremblante,  nous  disiez-vous,  votis  mojtlrait  le  théâtre 
des  derniers  exploits  de  nos  ancêtres  ;  par  votre  père  qui  vous 
donna  l'exemple  du  courage  et  du  travail  ;  par  votre  mère 
qui  vous  fit  si  bon,  si  sage,  si  vertueux  ;  par  cette  autre 
mère  à  nous  tous  catholiques,  dont  la  vôtre  vous  apprit  à 
balbutier  le  nom,  nom  qui  revenait  si  souvent  sur  vos 
lèvres  dans  les  épreuves  de  votre  cruelle  maladie;  par 
tous  les  héros  canadiens  que  vous  avez  tirés  de  l'oubli. 
Vous  ne  connûtes  que  les  saintes  joies  de  la  famille,  que 
les  austères  plaisirs  de  l'étude,  que  les  paisibles  triomphes 
des  lettres  ;  votre  bonheur,  votre  gloire  doivent  être  pro- 
portionnés à  vos  sacrifices. 

Ici  vos  restes  mortels  reposeront  sous  cette  pierre  tumu- 
laire,  sur  ce  champ  de  bataille  que  vous  avez  célébré,  non 
loin  de  cet  autre  monument  que  vous  avez  eu  la  joie  de 
voir  élever  à  nos  héros,  au  milieu  de  cette  grande  nature 
que  vous  avez  si  bien  appréciée.  Ces  grands  pins  qui  vous 
entourent  conserveront  en  votre  honneur  leur  sombre  ver- 
dure, et  les  oiseaux  d'hiver,  sujet  d'une  de  vos  poésies, 
viendront  y  gazouiller  sur  votre  tombe.  Ces  lumières  er- 
rantes de  notre  ciel  boréal,  que  vous  avez  aussi  chantées, 
se  réuniront  au-dessus  de  vous  en  couronne  aux  mille 
couleurs.  Les  restes  des  héros,  qui  vous  entourent,  tres- 
sailliront peut-être  auprès  des  vôtres,  les  derniers  indigènes 
dont  vous  avez  reproduit  la  plainte,  erreront  autour  de  cette 
enceinte  ;  vous  entendrez  peut-être  des  bruits  étranges, 
et  vous  direz  encore  comme  en  vos  vers  harmonieux  : 

Perfide  illusion,  au  pied  de  la  colline, 
C'est  l'acior  du  faucheur  ! 


CClxXvi      DIHC.  PRON.  SUR  LA  TOMBE  DE  M.  OARXEAl'. 

Cette  foule  religieusement  émue  va  s'écouler  ;  le  silence 
va  se  faire  en  ves  lieux,  la  nuit  va  descendre,  mais  à  votre 
égard  le  silence  et  la  nuit  ne  se  feront  jamais  dans  nos 
âmes  I 

Adieu,  encore  une  fois,  adieu  ! 


TABLE  DES  MATIERES 


PAGBB 

Situation  politique  et  sociale  des  Canadiens-Français  après 

l'union  des  Canadas  en  1841  v 

Écrits  de  MM.  florin,  Parent  et  Gaillardet  en  faveur  de  la 

nationalité  francoH'anadionne viii 

M.  Garneau  entreprend  d'écrire  l'histoire  du  Canada. ix 

Origine,  naissance  et  éducation  de  M.  Garneau x 

Admis  au  notariat,  M.  Garneau  part  pour  l'Europe.  —  Il 

visite  Londres  et  Paris xiii 

Il  apprend  à  Ixmdres  la  mort  de  son  père.  —  Poésie  dans 

laquelle  il  fait  allusion  à  cet  événement xv 

O'Connell  et  les  réfugiés  polonais xxi 

M.  Garneau  lit  à  une  réunion  de  la  Société  littéraire  des 

amis  de  la  Pologne  une  pièce  de  vers  composée  pour  la 

circonstance xxii 

Devenu  secrétaire  de  M.  Viger,  il  visite  Paris  pour  la  se- 
conde fois „ «...«         xxiv 

Isidore  Bedard. —  Sa  mort  prématuré© xxv 

Retour  au  pays xxvl 

M.  Garneau  est  commis  à  la  Banque  de  Québec,  puis  txîi- 

ducteur  à  l'assemblée  législative xxviii 

M.  Garneau  se  fait  connaître  comme  poète - xxx 

Commencement  de  la  poésie  canadienne.  —  Les  poètes  du 

Répertoire  ruitional....^ „         xxxi 

PoÉsiiB  r»B  M.  Garneau xxxviii 

Collaboration  de  M.  Garneau  au  CaTiadien. — Divers  écrits 

patriotiques  publiés  à  l'époque  de  l'union  des  Canadas...  xliv 

^I.  Garneau  entreprend  avec  M.  David  Koy  la  publication 

d'un  journal  scientitique  et  littéraire,  Vlmtitvi lii 

M.  Garneau  devient  griffi<r  du  conseil  municipal  de  Québec  liv 

Il  i>nblie  le  premier  volume  de  sou  HiMoire  du  Canada  en 

1845. — Étude  et  analyse  db  ce  pre^iiër  volimb liv 

Découverte  de  l'Amérique  et  du  Canada. — Cartier. — Cham- 

plain.  —  Maisonneuve Ivi 


CClxXviii  TABLE    DES    MATIÈRE». 

DZ-couvortH  (lu  Miw(iKHii)i.— .TolliM.—  MnrquMU».— 141  Balla  1x1 

Mardis  l.aval. —  Talon.-  M.  «Ir  KronUnar Ixvii 

rUBUCATloN  DU  HBCX)NI)  VOLUMM  (1S40).—  ÈtVI>B  «T  AKALYBH 

IJHCB  VOI.l'MH IXÎX 

ÉcluMt  (lo  riiii»!* «lovant  QiK'-lxJc . — - «...  Ixxviii 

Exploits  do  (l'Iborvillo ~ Ixxx 

Coup  d'œil  »nr  les  coloniou  françaÎHOH. —  \a  Lnuifiiane. 

—  Terroneuvo. — L'Acadia —  Ij»,  baie  d'Hudiion.  —  I»uiif 
bourj? «...»-~.. .-»-..„„» 

Mort  <lo  Fn»nt4<nac  ot  do  Kondiaronk ~— .«.«...^..«...>„.,  Ixxxiii 

Paix  d'Aix-ia-ChaïKiUo.  —  Fin  «lu  Hocond  volume «  xcv 

PUBMCATION  I»tJ  TKOIHIÈMB  VOUUÏia  —  ÉtUOB  BT  AMAI.YH&....  xCV 

Fripons  ot  c«nirtihano8 xcv 

Wa»liin«ton  ot  Junionvillo „  xcvi 

Disporhion  «lo«  Aca«lionH xcviii 

M.  do  Montcalm  arrive  à  Quél>ec »...  xcix 

Montcalm  ot  Vaudrouil xc 

Victoire  do  Carillon cv 

W<jlfe  devant  Québec »„  cvi 

Bataille  «loH  Plaines  d'Abraham.. ex 

Capitulation  do  Quél)ec cxii 

Bataille  de  Sainte-Foye ~...~ cxvi 

Conquête  ou  cession? ~- cxxiii 

Règne  militaire  anglais cxxiii 

Acte  imijérial  de  1774 „ cxxviii 

Guerre  de  1775 ..«.  cxxx 

Quatrième  siège  de  Québec » cxxxii 

Nos  pèras  ont-ils  bien  ou  mal  fait  en  refusant  les  offres  de 

la  république? cxxxiii 

Carleton.— Haldimand. —  Du  Calvet cxxxv 

ConstUutiimnds  et  (mti-conHitutionnds _  cxxxviii 

Constitution  de  1791. —  Pierre  Bedard  et  Joseph  Papineau. 

—  F'in  du  troisième  volume _.._  cxli 

Publication  de  la  seconde  édition,  dont  le  troisième  volume 

ajoute  quatre  livres  à  ceux  de  la  première  et  conduit 

notre  histoire  jusqu'à  Vunion  des  deux  Canada»  en  1S41. 

— Etude  et  analyse  de  ces  quatre  nouveaux  livres rxlîi 

Élection  du  premier  orateur  de  la  chambre. —  Question  de 

la  langue  française „..  cxliv 

Intluence  de  la  révolution  française cxlvii 

Joseph-Octave  Plessis cxlviii 

Exécution  de  MacLane cxlix 

Craiget  Ryland ^  cl 

Pierre  Bedard  pose  le  principe  de  la  resiwnsabilité  des  mi- 

fustres...., ~~~~ cliii 


TABLE   DES   MATIÈRES.  Cclxxix 

Dissolutions  réitérées  du  Parlement « -  cliv 

Suppression  du  journal  le   Canadien. —  Emprisonnement 

do  MM,  liodard,  Blanchet,  Taschereau  et  Ixifrançois clvi 

Prévost  succède  à  Craig. — Changement  à  vue  dans  la  poli- 
tique  „..  civil 

Craig,  Prévost  et  Mgr  Plessis clviii 

Guerre  do  1S12 clviii 

Victoire  de  Cliâteauguay •  Ixiv 

Echec  des  Anglaisa  Plattsburg tlxvi 

Fin  de  la  guerre.  —  Départ  et  mort  de  Prévost dxix 

Nouvelles  luttes  parlementaires,  -r-  Papineau  fils.  —  Viger. 

—  John  Neilson.  —  Ix-s  deux  Stuart clxx 

Tentative  en  faveur  de  l'union  des  deux  provinces.  —  MM. 
Neilson  et  Papineau  sont  délégués  à  Londres  et  eniix'*- 

chent  le  projet  d'être  atlopté clxxiv 

Dissolutions  fréijuentes  du  Parlement.  —  Le  règne  de  Dal- 

housie  rapi^elle  celui  de  Craig clxxix 

Dalhousie  refuse  de  confirmer  le  choix  fait  par  la  cham- 
bre de  M.  Papineau  pour  orateur clxxx 

Délégation  de  MM.  Viger,  Neilson  et  Cuvillier  à  Ixjndres  „       clxxx 
Rapi)e.l  lie  lord  Dalhousie. — Sir  James  Kempt  conlirnie  le 

choix  de  la  Chambre clxxxi 

Immense  prestige  de  ^L  Papineau  à  cette  époque clxxxi 

Lord  Aylmer.  —  Affaire  du  21  mai  1832 „    clxxxvi 

1^8  (juatre-i'ingt-douzc  résolutions clxxxix 

Première  scission  importante  dans  le  parti  de  la  majorité. 

— MM.  Neilson,  Cuvillier,  Quesnel  et  autres cxc 

Deuxième  scission.  —  MM.  Bedard,  Caron  et  autres.  — 
Ix)rd  Aylmer  remplacé  par  lord  Gosford.  —  Commission 

royale cxciv 

Association  des  carahinierg  loyatix  dissoute  par  lord  Gosford     cxcxiii 

Nouvelle  division  dos  partis  dans  la  chambre - cxcviii 

Refus  des  subsides.  —  Résolutions  de  lord  John  Russell. — 

Agitation  i)opulaire ce 

Dernière  session  du  Parlement  du  Bas-Canada ; cciv 

Insurrection  do  1837. —  Lord  Durham  gouverneur  général 

ot  haut  commissaire ccviii 

Désaveu  par  le  parlement  impérial  de  l'orilonnance  de  lord 
Durhaui  exilant  un  certain  nombre  d'accusés  politiques 
aux  Bermudes.  —  Départ  de  lord  Durham.  —  Son  rafi- 

jxirt ~ ~..«. ccxiv 

Insurrection  de  1S38 ocxi 

Suspension  des  juges  Panet,  Bedard  et  Vallières  par  sir 

John  Colborue ccxii 

Cour  martiale.  —  Exécutions ^        ccxii 


CCIXXX  TABLE  DM  MATifcRES. 

M.  Poulett  Thomnon  ost  ftut  pouvernenr  gén/^ral;  il  fait 
adoptitr  1o  projet  de  l'union  au  coummI  Ki^^rial  dn  lisM- 

Canada  ot  an  parlonient  du  HauM'anada ^        ocxIt 

Ia\  i)n)j(!t  ("Ht  iidopt/'  par  lo  parlomont  iiuf/-rial  mslfrré  Voiy 

jxtBÏtion  dA  lord  (ioMford ccxtI 

CoNC'ix-HioN ^„      ccxvii 

M.  (iarnoau  publie  une  troisième  édition  do  fion  ouvrage 

(1H59) ^ «...        ct-xx 

Il  pr<<pam  une  quatrième  édition  à  laquelle  il  travaille 

jufu]u't1  Ha  mort ccxzi 

Les  <iuatro  Mitions  comparées ^ ccxxi 

Coup  d'it'il  Kur  la  |)oliti(|U(i  canadionno  dopui«»  l'union  (1641  ) 

juHqu'à  la  confé<l<''ration  (lH<i7) „      ccxxii 

M.  Garnoau  publie  nn  1H55  uno  relation  du  voyage  qu'il 

avait  fait  on  Enrujx»  <lan8  lo»  annéas  18.'U-32  et  Xi ccxxvii 

Opinion  qu'il  y  exprime  Hur  la  constitution  sociale  et  poli- 
tique de  la  Grande-Bretagne,  et  sur  l'avenir  de  l'Ame- 

ritiuo - ccxxviii 

Maladie  do  M.  Ganieau ~ >    ccxxxii 

M.  Gamoau  est  fait  membre  du  (Conseil  de  l'instruction 
publique,  eat  élu  président  actif,  puis  président  honoraire 
do  l'Institut  canadien  do  Qiiéboc. —  Abrégé  do  son  ouvra- 
ge à  l'usago  des  écoles. — Traduction  anglaise  par  M.  Bell,    ccxxxii 
Lettre  remarquable  à  lord  Elgin  (1849). — Opinion  de  M. 

Etienne  Parent  sur  cette  lettre ccxxxvii 

Velléités  de  journalisme  et  de  vie  publique - >ccxxxviii 

Lettre  à  M.  Moreau  —  Réponse  à  quelques  critiques.  —  In- 
fluence de  Vllinloire  </«  Canada  sur  les  écrivains  et  les 
touristes  français.  —  MM.  Henri  Martin,  Ampère,  Mar- 

mier,  de  Puibusque  et  Rameau ~.. ccxxxix 

Lettres  d'un  ami  de  la  nationalité  canadienne  résidant  à 

Genève ~ ccxlv 

Publication  de  V Histoire  du  Canada  de  M.  Ferland.  —  Féli- 
citations de  M.  Garneau ccxlvii 

Ijas  deux  histoires  comparées ~ »-      ccxlvii 

Mouvement  littéraire  et  études  historiques  au  Canada ccxlix 

UHiMoire  du  Canada  aux  États-Unis  et  en  France -...  ccl 

Patriotisme  de  M.  Garneau ~...  ocli 

Sa  maladie  et  sa  mort  (1866) cclii 

Monument  érigé  sur  la  tombe  de  M.  Garneau  au  ci  metière 

Belmont  (1867) ~         ccliii 

Portrait, — caractère, — vie  intime, — famille  de  M.  Garneau ccliii 

La  nationalité  canadienne  sous  la  Confédération.  —  Opi- 
nions favorables  exprimées  par  lord  Duflferin  et  par  le 
marquis  de  Lorne cclvii 


TABLE    DES    MATIERES.  Cclxxxi 

Avenir  des  populations  catholiques  et  francologues  do  l'A- 
mérique du  Nord. — Mouvement  social,  politique  et  intel- 
lectuel de  la  jwpulation  canadienne-française  depuis  la 
Confédération cclix 

Lettre  de  M.  de  Montalembort  sur  la  conclusion  de  VITiê- 
toire  de  M.  Garneau cdxvi 

Fin cclxvii 

Discours  prononcé  sur  la  tombe  de  M.  Garneau cclxviii 

TABUil  I)£â  MAXl£liiùS CclxXVU 


FIN  D£  LA.  TABLH  UEfi  MATIÈEM. 


EIîi: ATA  ET  CORRKJENDA. 


Page  xxix,  an  lien  de:  "MM.  Cuvtllior  et  QiioKnnl  <''taiont,  de  Innt 
oAU',  <l(w  lioiiiiiioH  lilM'>raiix  iixKlt'-n'H,  aimant  ;hmr  pay»,  "  ' 
"  MM.  Cuvillier  ol  (|iiittinel  l'taiont,  <lo  lonr  cAu',  doe  hoiuinc- 
raux,  modéra'»,  aimant  lonr  pays." 

Phko  xlii,  an  lieu  do:  "  Il  avait  {«int  le  iK>rtrait  du  chef  «aiua^u 
Vincent  dont  le  nom  de  chef  ('■tait  Tariolin,  le  dernier  Ifuron  do 
pure  raco,"  lisez:  "Il  avait  jM'.int  le  jKirtrait  «lu  clipf  Hauvu^o 
Vincent,  le  dernier  Iluron  di»  pure  raoe,  dont  le  nom  do  chef  c-tait 
Tariolin." 

Page  liv.aulioude:  "  le  31  juillet  dernier,"  lisez:  "  le  31  jnillot  IWSO." 
Pagelxvi,au  lieu  de:  "  Dsulac,"  lisez  :  "  Dollard-Déitormoaux."  Co»t 

par  suite  d'une  mauvaiMo  lecture  d'un  vieux  manuticrit  que  l'on  a 

longtemps  ai){)elé  ce  héros  "  Daulac." 

Page  cxii,  au  lieu  de: 

"N'en  restAt-il  qu'un  seul,  je  serai  celui-là," 

lisez  : 

"  Et  s'il  n'en  reste  qu'un,  jo  serai  celui-là. —  Vkior  Iltujo. 

Page  cxciii,  au  lieu  de:  "  qui  était  alK.»  A  I^judres,"  lisez:  "  (jui  était 

allé  à  Londres." 
Page  ccxi,  au  lieu  de:  "  dans  les  comu-.s  au  nord  du  .Saint-Laurent," 

lisez:  "  dans  les  comtés  au  sud  du  Saint-Laurent." 
Pajte  ccxii,  au  lieu  de:  "la  voie  de  leur  conscience,"  lisez:  "la  voix 

de  leur  conscience." 
Page  ccxiii,  au  lieu  de  :  "  les  bonnets  bleus  du  Nordj"  lisez  :  "  lœ 

tuques  bleues  du  Nord."  C'était  l'exprossion  on  usage. 
Page  cclxiv,  au  lieu  de  :  "  que  doit  se  porter,"  lisez  :  "  que  doivent 

se  porter." 


INDEX  ANALYTIQUE 


DE 


L'HISTOIRE  DU  CANADA 


INDEX    ANALYTIQUE 

DE 

L'HISTOIRE    DU    CANADA 


F.-X.   GARNEAU 

DBK8BÉ  PâB 

BENJAMIN     SUL.TI 


ABBADIE  (d'),  II,  385. 

ABÉNAQULS.— Leur  habitat,  I,  95.— Leur  signe  Wraldique,  I,  377. 
~-lG4(),  visitt's  par  le  i)ère  l)ruilliito.s,  I,  243.  — 1088,  en  j;nerro,  I, 
288,  21»0.— imx»,  011  guerre,  I,  328,  345.— l(il»l,  en  guerre,  1, 347,  348, 
350.  —  lGi»3,  se  tiennent  prêts  à  marcher  contre  les  Anglais,  I,  'iôl. 
lUDO,  leur  chef  St-Cabtin,  1, 351». — 1701-1713,  bervices  (ju'iiu  rendent 
à  la  colonie,  II,  108.— 1703,  en  guerre,  II,  27,  28.— 1704,  fidèles  aux 
Français,  II,  25,  27.— 1711,  fidèle»  à  la  France,  II,  47.— 1713,  atti- 
rés au  Cai>-Breton,  II,  64.  — 1718,  situation  religieuse,  II,  105. — 
1721,  difficultés  avec  B<jston,  II,  106. — 1725,1a  Nouvelle- Angleterre 
désire  la  paix,  II,  107.  —  1748,  molestés  par  les  Anglais,  II,  liHi.  — 
1755,  au  lac  Champlain,  II,  222. — 1756,  attaqués  do  la  petite  vérole, 
II,  2tW. 

ABERCROMBY.— 1756,  envoyé  en  Amérique,  II,  249.  —  Perte  d'Os- 
wégo,  II,  258.  — 1757,  remplace  Loudoun,  II,  278.  —  1758,  au  lac 
Saint-Sacrement,  II,  286.  —  1758,  bataille  de  Carillon,  II,  289,  294. 
— 1758,  sa  retraite,  II,  295,  298.  — 1758,  rappelé  ea  Angleterre,  II, 
309. 

ABERDEEN,  III,  315,  317,  321. 

ABRAHAM  (plaines  d'),  11,316  ;  III,  22.— 1759,  bataiUe,  11,334,  337, 
343,  377  ;  111,  50.— 1760,  redoutes  et  fortification,  II,  356.-1760,  ba- 
taille, II,  oGO. 

ACADIE.— Limites,  frontière,  I,  52,  76-7, 88,161-2,  373;  II,  104,  107. 
109.  — 1518,  les  colons  du  baron  de  Léry,  I,  15.  —  IbiiS,  projet  de 


Cclxxxiv  INDEX    ANALYTIQUE 

colonisation,  I,  38,  39.  — 1604-1654,  comliiito  (lo  la  France  à  koo 
^•Kanl,  I,  I<i6.— 1604,  coninumuimontdo  oohmio,  I,  47,  55.-1604-10, 
ahamlonn^'-o  «t  ropriHe,  I,  50.  —  161.'$,  rava^/'e  [>ar  Alcali,  I,  52. — 
1621,  foncMte  à  MJr  W.  Aloxamlor,  I,  76.  —  1627,  con<-«w»io(i  <le 
UirroH  à  l.a  Tour,  I,  161—1621»,  conrtn-M  .In  U  Tciur,  I,M2.—  102V, 
il  y  ro«U»  <lo«  l'ranvaiH,  I,  HO.  — 1632,  ilivit*Ai  tm  troin  provinotM,  I 
160.— l():w,  IVAulnay,  Konvonuuir  K^'Wral,  I,  161.  —  ir;44,  traJU?  de 
comnnsrco  avec  la  Noiivoile-Ani^lotcrro,  1, 103. —  KivallM*  entre  I.a 
Tour  et  d'Aulnay,  1, 162.  — 1650,  traita'  do  roniinorro  avec  la  Noa- 
velle-AnKletorro,  1,145. —  1651,  fin  de  la  rivalit/*  do  La  Tour  et 
d'Aulnay,  I,  KM.  —  1654,  attaqufe  jwr  l«w  Anglaii»,  I,  165.-1654, 
ravapt'""  i)ar  Ix)  IJorjfuo,  1, 165.  — 1656,  t<>ml>o  au  i»i>uvoir  dfw  An- 
fîlais,  I,  1(;6.— 16<i7,  rondue  à  la  Franw,  I,  1W5.—  lWl7-«0,  conduite 
do  CV)lbort  à  8on  «"'Kanl,  I,  167. —  1672,  |>r<ij<tt  d'un  rhomin  intureo» 
lonial,  I,  224,  2S.5,—  1672-90,  <:.tat  do  la  (..l<.nio,  I,  X'^'t,  :'r45.  —  16Wi, 
clu^niin  proposa-  outre  lo  Canada,  I,  224,  2H5. —  16ÎH),  attaqu/'-o  par 
riiipi»s,  I,  334.  —  169<>,  ro<Ioviont  fran<;aiH<s  I,  357. —  17f)0,  fxipula- 
tion,  II,  22,  23.—  1700-8, «'•fat  do  la  rolonio,  II,  30.-17(4,  atUiiuée, 
II,  31.— 1767,  attaqut'o,  II,  31.— 1710,  prise  de  I*ort-Itr,yal,  II,  41.— 
1711,  la  ])opulation  se  soumet  aux  An(;laiK,  11,44. — 1713,  {janso  aux 
Anjrlais,  II,  54,  59,  64,  104.  — 1713,  loe  A(:a<lion8  veulent  <?mi>rror, 

II,  64.  —  1720,  Ki<-iiard,  pouvemour;  lan(;uo;  religion,  II,  67. — 
1744,  jniorro,  11,172. —  1745,  Hituatiun  dos  habitants  fran(;aiH,  II, 
177,  178. — 1746,  l'-tat  do  la  (M^pulation  franvaiso,  II,  IHO. —  1748,  on 
doniando  aux  Acadions  rlV-niijçror,  II,  l!Xi.  —  1748,  trait*'  d'Aix-la- 
Chaitollo,  II,  IW.  — 1749,  Acadions  réfujîi^'S  au  Canada,  II,  201.— 
1749,  Acadions  éniijrrant  à  l'Ile  StJean,  11,69,  201.  — 17W»,  Aca- 
dions à  la  baie  des  Chaleurs,  II,  354.  — 1755,  Acadions  réfugi^-s  au 
Canada,  II,  381.  — 1755,  préparatifs  de  guerre,  II,  222.  — 1755,  ca- 
ractère et  situation  das  Acatlions,  II,  225.  — 1755,  d<''portation  des 
Acadions,  II,  67,  68,  178,  224,  228;  III,  316.— 175<),  situation,  II, 
248.  — 1756,  le-s  Acadions  ^migrent  au  Cana<la,  II,  261.  — 1757,  di- 
sette qu'éprouvent  les  Acailiens,  II,  274,  275. — 1757,  projet  de 
Montcahn,  II,  264.  — 1758,  expulsion  dos  Acadiens,  II,  285. — 1759- 
60,  situation  des  habitants,  II,  350.  — 1763,  Acadions  réfugiés  en 
France,  II,  395.  — 1783,  les  Acatliens  éniigrent  au  Canada,  III,  48. 
—Voir  FuxDY  (baie  de).  —  (Village  de  1'),  III,  180. 

AÇORES  (îles),  1, 5. 

ACTE  DE  QUÉBEC  — 1774,  origine  de  cette  mesure,  11,417,424, 
432  ;  III,  67,  265,  272. — 1774,  comment  on  l'envisage  au  Canada, 

III,  79. — 1788,  comment  les  Anglais  du  Canada  l'interprètent,  III, 
66,  71. — 1774,  ce  qu'on  en  dit  à  Boston,  II,  440;  III,  13.-1774,  re- 
venu pubUc,  m,  272,  278, 

ADA^S,  U,  431, 


DE   l'histoire    du   CAJ4ADA.  CclxXXV 

ADET,  III,  103. 

ADHÉMAR,  III,  53,  55. 

AD  VER TISER  (  The),  III,  321. 

AGRICULTURE,  II,  1(KJ. 

AIGUEBELLES  (<V),  II,  3C3. 

AIGUILIX)N.— Voir  d'ARiiiLLO.v. 

AILLEBOUST.— Voir  d'Aii-LEBOi'ST. 

ALBANEL  (Père),  I,  222,  243. 

ALBANY.— K58G,  asseml>lée  dos  Iroqunis,  1, 278.— 1688,  fortifications, 
I,  291.— 1690,  menat^',  I,  326,  327,  360.— 161K),  alarmé-  de  l'approt-he 
des  Français,  I,  ;î55.  —  1719,  commerce  avec  les  Sauvaj^t^s,  II,  150, 
151.  —  1721,  attire  la  traite,  II,  111 .  —  1754,  grande  assemblée,  II, 
210. — 1755,  assemblée  des  troupes,  II,  235. 

ALBERCJOTTI  (d'),  II,  372. 

ALBERMALE,  II,  200. 

ALBERONI,  II,  83,  84,  86. 

^Z,ii/O.V(77u),III,  247. 

ALEXANDER  (sir  William),  I,  76,  82. 

ALGONQUINS.  —  I.eur  habitat,  I,  tM,  220,  251.  — Origine  de  leurs 
guerres  contre  les  Iroquois,  I,  60.  — 1757,  fidèles  à  la  cause  fran- 
çaise, II,  268. 

ALIBAMONS,  II,  73. 

ALISON,  III,  201. 

ALLCOCK,  III,  122. 

ALLÊGIIANYS  (Sauvages),  I,  89, 92.— (Monta),  U,  192, 

ALLEMANDS,  II,  77. 

ALLEN,  II,  444,  450. 

ALIX)UKZ  (Père),  I,  221,  247-9. 

ALLSOPP  (George),  III,  37,  39,  53. 

AMAZONES  (fleuve  des),  1, 12. 

AMÊRKiUE.  —  D'où  vient  ce  nom,  1, 13.  —  A-trelle  été  connue  des 
anciens?  I,  2. — Sa  découverte,  II,  135. 

AMHERST  (sir  Jeffrey).- 1758,  envoyé  en  Amérique,  II,  278,  281.^ 
1758,  prend  L(niislx)urg,  II,  281,  286,  309.— 1758,  se  rend  à  Albauy, 

II,  295.  — 1759,  remplace  Aliercromby,  II,  309.  — 1759,  au  lac 
Cbamplain,  II,  320,  328,  330,  AîO.— 1700,  marche  sur  Montréal,  II, 
355,  373. — 1760,  sa  conduite  à  la  capitulation  de  Montréal,  II,  375; 

III,  32,  (jô.  — 1760,  gouverneur  général,  II,  391,  397. — 1703,  rupaaso. 
en  Euroiio,  II,  397, —  Ou  lui  promet  Ivfs  l^iou;»  don  JééUitfâs,  11,  ^75 } 


CclxXXVi  IMiUX    AMAl.YTlVtUK 

AMIIKKST  (lord).  — 1k:14,  profioM''  on  qualité  do  commuMtairo  an 

rana.la,  111.^21. 
AMlIKIiSTBUUC;,  III,  1«2, 174,  348. 
AMI  DU  PEUPLE  (Y),  III,  261. 
AMIOT,  II,  4()f». 

AMIRAUTÉ,  1, 183,  184  ;  II,  IGO. 
AMNISTIE.— 1838,  III,  359. 
AMYOT,  1,212;  111,231. 
ANASTASE  (le  Père),  II,  7,  7. 
ANDASTE8.— I>6ur  habitat,  I,  96, 141,  222. 
ANDliK,  111,  41. 

ANDROS  (sir  Edmund),  II,  150,  280,  290. 
ANGE-GARDIEN  (1'),  II,  322,  324. 
ANNAI»OLIS.— Voir  Pobt-Roval. 
ANNE  (fort),  III,  26. 

ANNE  (la  reine),  II,  22, 37, 38,  42, 45, 54  ;  III,  386. 
ANNEXION  (lu  Canarla  aux  Étata-Uniu,  III,  335 
ANSE  DKS  MÈRKS,  III,  6. 
ANSON,  II,  184,  323. 
ANTiœsTI  (île  d').— Limite  do  Saguenay,  1, 21.— Donné©  à  .Tollicl, 

I,  252-3,  344  ;  II,  396. 

ANTILLES.— 1667,  ce  que  le  Canada  peut  leur  fournir,  I,  212,  213  ; 

II,  155.— 1672,  commerce  avec  le  Canada,  1,  224.— 1693,  exf^nlition 
des  Anglais,  I,  .3.52. — Projet  de  d'Iberville,  II,  15. — Fournijwontdt» 
subsistances  au  Cai)-Breton,  II,  6t).  — 1746,  len  F lanyai»  aux  Antil- 
les, II,  179.— Esclavage,  II,  167  ;  III,  69. 

ANTONELLI,  III,  63. 

APALACIIES  (Sauvages),  II,  194,197, 203, 246.— (Monts),  II,  192,266. 

ARGALL,  I,  52. 

ARGENT.— Voir  monnaie. 

ARGENTEUIL  (D*),  II,  36.— Voir  D'Ailleboubt. 

ARKANSAS  (Sauvages),  I,  251,  262  ;  n,  14,  77, 89,  92. 

ARMSTRONG,  III,  178. 

ARNAUD,  II,  130. 

ARNOLD.— 1775,  à  Ticondéroga,  II,  444,— 1774,  propose  d'envahir  le 
Canada,  II,  445.  — 1775,  à  la  Pointe-aux-Trembles,  II,  452.  — 1775, 
marche  sur  Québec,  III,  3,  4.  — 1775,  donne  l'a-ssaut  à  Québec,  III, 
6.  — 1775,  succède  à  Montgomerj',  III,  10. — 1776,  Wooster  lui  suc- 
cède, III,  15.  — 1776,  évacue  le  Canada,  III,  18, 19.  — 1778,  à  Fre&- 
man's-Farm,  ni,  28. 


DE  l'histoire  du  CANADA.  CclxXXVii 

ASSEMBLÉE  ÉLECTIVE.— 1774,  les  fonctionnaires  s'opposent  à 
l'établiissoment  d'une  chambre  élective,  III,  79.  — Du  Calvet  de- 
mande une  chamliro  élective,  III,  51.— 1784,  les  Canadiens  deman- 
dent  une  chambre  élective,  III,  54.-1791,  créée  par  la  nouvelle 
constitution,  III,  75.— Voir  Constitution  de  1791. 

ASSEMBLEE  LÉGISLATIVE.— Voir  Consoil. 

ASSINIBOINE,  II,  126, 130. 

ASSOMPTION  (1'),  III,  119. 

ASTIGNUÉ,  II,  259. 

ASTROLABE  (!').- Découverte,  I,  7. 

ATHÈNES,  I,  2. 

ATKINSON,  II,  107. 

ATLANTIDE  (1'),  I,  2. 

ATTIKAMÈGUES,  1, 139,  220. 

AUBERT.— Voir  Gabpé  m  Lactthnaih. 

AUBRY  (officier),  II,  297,  332,  333 

AUBRY  (le  Père),  II,  109. 

AUDOUART,  II,  101. 

AUGSBOURG  (ligue  d'),  I,  321. 

AUNIS,  II,  101. 

AURORES  BORÉALES,  I,  93. 

AUSTERLITZ,  II,  394. 

AUTRICHE,  II,  21,  54,  57,  83, 169, 176, 218. 

AVOCATS,  II,  408. 

AVOINE,  II,  159,  225. 

AYLINIER  (lonl).  — 1830,  nommé  gonvemeur  général,  ITI,  284.— 
1831,  son  attitude  vi.s-a-vis  de  la  Chambre  d'assemblée,  III,  289, 
292,  29<),  308.-1834,  en  délicatesse  avec  la  coriioration  de  Québec, 
ïll,'  323!  — 1834,  hostile  aux  Canadiens,  III,  308,  313.  -Visite  le 
pays,  III,  290.  —  E.st  en  faveur  de  l'union  des  province»,  III,  SOL 
—1835,  rapiJolé  on  Angleterre,  III,  318,  321. 


BABY,  III.  133. 
BACIIAUMONT,  II,  386. 
BADAJOZ,  II,  394. 
RADEAUX,  II,  451. 
BADGLEY,  III,  349. 
BAGG,  III,  294. 


CclxXXviiî  INDEX   ANALYTTQTTÎ 

lîAHAMA,  II,fi4. 

HAILLY,  III,  G3. 

liALBOA,  I,  13. 

liALEINK.— Vf.ir  i-ftcHB. 

IJANALIT^:,— Voir  MotuNa 

lîANQUE.— VoirCoMMKitCB,  Law,  rAncR-MOXXAiB. 

}îAKHADE(la),  II,  If). 

llAKHÉ-MAKIiOIS,  II,  71>-81. 

BAKCLAY,  III,  17:J,  174. 

BAKDKAU,  II,  159. 

1{AUILI>()N,  1,277,  280. 

UAUIN(J,  III,  27i,:n:i,  :W3. 

BAKNKY,  III,  195. 

BAUONNIES,  1, 171.— Voir  cap  Toi-rme.vte,  Des  Islcts,  PoRTSRtT, 

BÈIANCXÎUK. 

BAURK,  II,  432,  4a-j. 

BAliT  (Jean),  I,  373. 

BASQUES,  1. 13,  38,  78;  II,  138. 

BATHURST  (lonl),  III,  159, 186,  209,  224,  226,  373. 

BA'ITENKILL,  111,27.  * 

BATISCAN,  II,  3.35. 

BATON-ROUGE,  II,  83. 

BAUGY  (de),  I,  272. 

BAUM,  III,  27. 

BAYAGOULAS,  II,  11,  83,  94. 

BAYAKD,  III,  192. 

BAY'ONNE,  II,  158, 174. 

BEATSON,  III,  22. 

BEAUBASSIX  (Le  Neuf  de),  II,  27,  248. 

BEAUBASSIN  (village),  1, 3.59;  II,  31, 109, 180;  181,182, 196, 199,200. 

BEAUCOURT  (de),  II,  34,  99. 

BEAUDOIN  DIT  CU!^IBERLAND,  II,  99. 

BEAUHARNOIS  (Charles  de).— 172.5-27,  gouverneur,  II,  113, 114.— 
1728,  difficulté  avec  le  Conseil,  II,  117. — 1728,  guerre  des  Renard.H 
II,  123.—  1730,  s'occupe  du  Nord-Ouest,  II,  125,  127.— Protège  La 
Verendrye,  II,  131. —  1734,  projet  de  défense  du  Canada,  II,  132. — 
1746,  rappelé  en  France,  II,  187. 

BEAUHARNOIS  (François  de),  intendant,  II,  144. 


DE   l'histoire    du   CANADA.  Cclxxxix 

BEAUHARNOIS  (canal),  II,  158. 

BEAUHARNOIS  (milice  de).— 1813,  III,  180.  — Seigneurie,  III,  240, 
250,  3«6. 

BEAUJEU  (de). -^1684,  commande  l'escadre  destinée  au  Missii^ipi, 

II,  3,  4. 

BEAUJEU  (de).— 1755,  bataille  de  la  Belle-Rivière,  II,  232,  235. 
BEAUJEU  (de).  — 1784,  accompagne  La  lY-rouso,  II,  'MH. 
BEAUJEU  (de),  — 1775,  commande  des  milices,  11,450;  IIT,  9, 
BEAUMARCHAIS,  III,  21,  25. 

BEAIIPORT.— Bourgade  huronne,  I,  144.— 1690,  combat,  I,  342.— 
15'59,  projets  do  défense,  II,  315. — 1759,  armée  française,  II,  316.— 
1759,  (camp  de),  II,  334,  336.-1759,  six  mille  combattants,  II,  337. 
— 1759,  bataille  d'.\braham,  II,  340. — 1759,  retraite  de  l'armée 
française,  II,  344,  346.-1775,  occupé  par  Montgomery,  III,  3. 

BEALTPRÉ  (côte  de),  1,171. 

BEAUSÉJOUR  (fort),  son  utilité,  II,  110.— 1750,  on  le  répare,  II,  200. 
—  1754,  projet  des  Anglais,  II,  211,  221.-1755,  Vergor  rond  ce 
jxiste  aux  Anglais,  II,  222,  223,  224,  243,  336.—  Prend  le  nom  de 
Cumlîerland,  1755-59,  II,  223,  350. 

BÉCANCOUR  (paroisse),  II,  261. 

BEDARD  (Pierrg),  ses  talents,  HI,  81,  82,  300.  — 1787,  se  prononce 
sur  la  question  seigneuriale,  III,  61.  —  1791,  s'oppose  à  l'alHjlition 
do  la  langue  française,  III,  86. — 1806,  mémoire  au  sujet  de  la  taxe 
sur  les  terres,  III,  113.  —  Retranché  do  la  liste  des  officiers  de  mi- 
lice, III,  122, 160.  — 1808,  demande  la  resiKjnsabilité  du  minist<>re, 
m,  124, 125.-1810,  arrêté  par  ordre  de  Craig,  III,  134,  136,  140*. 
142,144,  160,185.-1811,  nommé  juge,  III,  150.— 1811,  se  déclare 
IKiur  la  résistance  contre  les  Etats-Unis,  III,  155.  — 1812,  enquête 
sur  la  conduite  de  Craig,  III,  156.-1819,  accusé  par  Ogden,  III, 
220. 

BEDARD  (Elzéar),  ses  talents,  III,  304.  —  Propose  les  quatre-vingt- 
douze  résolutions,  III,  304, 323.— 18:i5,  marche  avec  le  parti  avancé, 

III,  317.  —  1836,  nommé  juge,  III,  323,  327.  —  1838,  juge  suspendu, 
III,  367. 

BEDARD  (madame),  111,323. 

BEDARD,  supérieur  du  séminaire  de  Québec,  III,  56, 

BEDARD  (l'abbé),  III,  143. 

BEDFORD,  II,  318,  393. 

BEDOUT,  II,  394. 

BFAJON,  II,  114,  115,  125, 158. 

BEHRINU,  II,  127, 128. 


CCXC  INDEX  ANALYTIQUE 

BKI/'OURT,  n,  392. 

lîELfôTIiE,  H,  248,  -.m,  444  ;  III,  56. 

BEIXÎIQUE,  II,f)7. 

BELLE-ISLE  (maréchal  de ).— 1744,  ontratno  la  Franrr  ^  <>». 

lition,  II,  100.— liotrniki  do  Tru/iio,  II,  247.-17*8,  .  .n- 

voyor  do»  coIoiih  au  Cauada,  II,  l!»8.  — 1758,  domandn  (l««  troupoR 
pour  lo  Cana<la,  II,  265.  —  17')M,  chef  du  hurwui  <lo  la  ^uorn»,  II, 
300,  302.-1759,  n'a  i)a8  do  troupe»  A  ouvoyer  au  Canada,  II,  308.— 
1760,  Hon  décè»,  II,  ri53. 

BELUJMONT,  I,  374,  376 

BEMIS,  111,  28. 

BENEZCT,  11,230. 

BENNINGTON,  III,  27,  21). 

BERMUDES  (Canadiens  déportés  aax),  III,  360. 

BERNIS,  II,  300. 

BERRY  (duc  de),  U,  97. 

BERRYER,  II,  2ÎW,  301,  304,  379;  TU,  22. 

BPntSIAMITES,  I,  242. 

BERTHEIX)T,  III,  327. 

BERTIIEU)T  D'ARTIGNY,  H,  110, 120. 

BERTHIER  (capitaine),  I,  215,  281. 

BERTIITER  (en  haut),  III,  338, 

BERTHIER  (en  bas),  II,  321. 

BERTIN,  II,  354. 

BERTRAND,  II,  37. 

BERWICK,  II,  84. 

BESTIAUX,  I,  205,  224,  225,  2.7). 

BÉTH ENCOURT  (Jean  do).—  Conquiert  les  Canaries,  I,  4. 

BEURRE,  II,  159. 

BIARD  (Père),  I,  52,  54. 

BIC,  11,314,317. 

BICHES  (rivière  des),  II,  129. 

BIENCOURT,  1,51,53. 

BIENVILLE.— Voir  LeMoixe. 

BIÈRE,  II,  225. 

BIGOT.  —  Ses  parents  et  ses  amis,  II,  206,  222,  263,  276,  336,  380.— 
1744,  commissaire  au  Cap-Breton,  II,  171,173.  — 1746,  intendant 
de  la  flotte,  H,  178,  187.— 1748,  intendant  du  Canada,  II,  187.— 
1750,  société  de  la  Mer  de  l'Ouest,  il,  131.  — 1759,  se  prononce 


DE   l'histoire    du   CANADA.  CCXci 

contre  l'abandon  de  Québec,  II,  344.  —  1760,  capitulation  de  Mon- 
tréal, II,  375.—  1760,  son  procès,  II,  379-381.  —  Sa  cupidité  ot  ses 
malversati<jns,  II,  131.',  165,  262,  263,  275,  302,  303. 

BILL  D'INDEMNITÉ,  II,  432. 

BII/3XI,  II,  11,  12,  13,  14,  60,  71,  76,  78,  87. 

BISIIOPP,  III,  177. 

BLAXC'(cap),  II,  281,283. 

BLANCIIET,  III,  122, 134, 185. 

BLACK,  III,  103, 177. 

BLACK-ROCK,  III,  184. 

BLÉ.  —  1()44,  on  cominenco  à  en  semer,  1, 136.  —  K364,  excédant  des 
récoltep  sur  la  consommation,  1, 170.  — 1738,  ex{)ortation,  II,  154- 
155.— 1748,  iini»^.t  sur  le  blé,  II,  159.  —  1755,  disette  do  blé,  II,  245. 
1757,  disetU^  do  blé,  H,  273.— C'ultures  des  Acadiens,  II,  226,— Cul- 
ture du  blé  dans  las  colonies  anglaises,  I,  306. 

BLEUES  (TMontatçncs),  II,  200. 

BLEURY  (do),  III,  292,  327. 

BLOCUS  CONTINENTAL,  III  110. 

BIX)ODY-BRID(iK,  U,  406. 

BOBÉ,  II,  127. 

BŒUFS,  II,  225. 

liOlS  (commt^rce  do),  I,  213  ;  II,  143, 159,  427. 

BOIS  (lac  des),  II,  129, 130. 

BOISHÉBERT,  II,  224,  248,  317. 

BOISSEAU,  11,400. 

BOISSONS.— Voir  E.\v-de-vib. 

r,OJAD()R  (cap),  doublé  par  les  Portugais,  I,  5. 

BOLINOBROKE,  11,45. 

BONNE  (de)  de  Miselle,  concède  le  Sault-Sainte-Marie,  II,  205. — 
1759,  commande  des  milices,  II,  316. — 1785,  son  opinion  sur  la 
tenure  des  torn.*s,  III,  61. — 1791,  en  faveur  do  la  lanj^ue  franyaiso, 
111,  87.— 1794,  nommé  juge,  III,  98.  — 1797,  abandonne  le  parti  ca- 
nadien, III,  101.  —  18(t8,  organo  de  Craig,  III,  125.  — 1810,  juge  et 
dépuU',  III,  132,  137. 

BONNE-ESPÉRANCE  (cap  de),  I,  6  ;  II,  140. 

BONNEVISTE,  1,  363. 

BORDEAUX,  II,  158,  387. 

BOUOIA,  II,  3;kS;  III,  122^,  155. 

BOSCAWEN  (l'amiral).— 1755,  bat  la  flotte  française,  II,  212,  214-5, 


ccxcii  iprnKx  ANAi.VTiQrE 

246.— 1755,  (liHj»r«ion  il«i  Aca*\Umtt,  II,  228.  —  1755,  cmim  mr  Im 
cftloM  (le  la  Notivelltyl-rame,  II,  243.  —  1758,  priuo  do  I>;uii»lx)Ur|r, 
II,  281,28(5,  :J0)). 

IU)S.SUKT,  11,55. 

]«)8'1"()N.— S«iH  oiÎKinoH,  I,  301.— lOfll,  porte  do  «on  navimi,  I,  346.— 
im>3,  la  flottn  anKiaiw  n'y  r<''fii>.'io  ;  la  pento,  I,  352.— 1093,  la  place 
OHt  Hurvoill^'tî  par  Ioh  KranyaiH,  I,  :i51.— 1097,  «epr^'-paroàlatraorre, 

I,  371-2.— 17o:i,  Htta<jii<'',  II,  27.  31.-170$»,  IpvA» coiitrf^  U>  (;aua<la, 

II,  40. — 1757,  jrrando  aHmMublt''»  en  vue  tlo  la  guerre,  II,  266.- 177'>, 
«'•vacn*''  |iar  Ioh  An>.'lai»,  III,  10. 

liOUC",  111,107. 

BOUCHARD  (ÎM,I,  340. 

BOUC'IIKU  (Pierre),  I,  153,  284. 

BUUCIIKK  DE  LA  rKRItlfcRE,  1,363. 

BOUCHER  DE  MONTBRUN.  Il,  12fl. 

BOUCHER  DE  BOUCHERVILLE,  III,  56. 

BOUCIIERVILLE  (paroisse),  1,350;  II,  373. 

BOUCIIETTE,  11,451. 

BOUP  FLERS,  I,  373. 

BOUOAIN VILLE  (do).— Titras,  etc.,  II,  247, 248,  293, 307, 378.— 1756, 
arrive  au  Canada,  II,  247. — Au  Kiège  île  William-Henry,  H,  270, 
272. —  A  Carillon,  II,  293. —  1758,  sort  d'intermédiaire  entre  Vau- 
dreuil  et  Montcalm,  II,  307. — 1758,  pa.<<8e  en  France,  II,  301. — 1759, 
revient  de  France,  H,  .307,  312. — 1759,  au  sif-pe  do  Québec,  H, 
319,  323,  327,  329,  336,  :«7,  338,  .340,  341,  344,  345,  346.-1760,  à 
l'île  aux  Noix,  II,  371,  373.  — 1760,  capitulation  de  Montréal,  II, 
375. —  Ce  qu'il  écrit  du  Canada,  II,  275,  276. —  Son  voyage  autour 
du  monde,  II,  319,  378. 

BOUILLE,  ni,  50. 

BOULLAKD,  II,  116, 119,  12L 

BOULLÉ  (Hélène),  J,  129. 

BOULOGNE  (de).  H,  354. 

COULTON  (H.-.T.),  III,  376. 

BOUQUET  (colonel),  II,  297,  406. 

BOURACAN,  II,  157. 

BOURBON  (fort),  I,  364,  366  ;  II,  129. 

BOURBON  (île),  H,  394. 

BOURBONIE  (la).  H,  127. 

BOURDAGES.— 1808,  les  juges  inéligiblas,'ni,  121.  — 1809,  attaque 
Craig,  lU,  123.  — 1811,  colonel  de  milice,  III,  150.  —  1827,  propose 


DE   l'histoire   du  CANADA.  CCXCÎii 

Papineau  pour  président,  III,  262.  —  1831,  refus  des  subsides,  III, 
289.-1834, 8on  attitude  en  chambre,  III,  302. 

BOURDON  (Jean),  I,  201,  211,  243. 

BOURGEOYS  (Marguerite),  1, 195. 

BOURLAMAQl' E.— Titres,  etc.,  If,  248, 307, 378.— Arrive  an  Canada, 
II,  248. — Au  lac  St-Sacrement,  II,  2SC,  311. — Au  lac  Champlain,  II, 
330,  330,  334. — 1757,  sort  avec  distinction,  II,  248. — Propo.sé  pour  le 
fort  Duquesne,  II,  303.— A  Oswégo,  II,  25<i.— A  William-Henry,  II, 
267,  270.— A  Carillon,  If,  268,  2W,  293.  —  Frontière  du  Niagara,  II, 
248,  255.  —  Son  opinion  sur  la  bataille  d'Abraham,  II,  :M3.  —  Ba- 
taille (ki  Ste-Foye,  II,  :î58,  363. — Sa  mort,  II,  378. 

BOURGMONT,  II,  26. 

BOURG-ROYAL,  II,  316. 

BOURRET,  III,  145. 

BOURSE,  II,  166. 

BOUSSt)LE,  I,  7,  8. 

BOUTEROUE  (de),  I,  215. 

BOWEN,  111,122,325. 

BRADDOCK.  — 1754,  envoyé  en  Amérique,  II,  210,  246.  — 1755,  ba- 
taille do  la  Mononttahéla,  II,  231,  234,  297.  —  Méprise  la  miKce,  II, 
236,  241. 

BRADSÏREET,  JI,  253,  290,  295. 

BRANDT,  chef  iroquois,  1, 122. 

BRAS-D'OR,  II,  61. 

BRÉARD,  II,  132,  2ti4. 

BKEBŒUF  (Père  de),  I,  H,  142,  243,  244,  246. 

BRE.SSANI  (Père),  I,  138. 

BRÉSIL,  I,  12,  13,  31. 

BREST,  II,  10, 175, 184,  186,  211,  266. 

BRETAGNE,  II,  83, 101,  299,  394. 

JiRlTlSH  RIFLE  LEGION,  III,  381. 

BRETIGNY.— Voir  Paix. 

BRETONS,  1, 13,  38  ;  II,  138. 

BREYMAN,  III,  27. 

BRIAND  (Mgr),  II,  400,  424  ;  III,  63,  96, 157. 

BRIDGEMAN,  II,  183. 

BROCK  (colonel),  III,  119.  — BROCK  (général).  —  1812,  prend  le 
Détroit,  III,  163.  — 1812,  sur  la  frontière  du  Niagara,  111, 164. — 
1812,  sa  mort,  III,  165. 


CCXCIV  INDEX   ANALYTIQUE 

liliONSIXJN,  III,  368. 

l{U(M)KE((oI(.noI).— 1814,  III,  195. 

J{lC()UA<aiKS  (Ixmi«odo),  II,  395. 

liUOUOHAM  (lord),  III,  151,  332,  354,  350,  .362-3,  380. 

BROUIU.AN  (do),  I,  35«,  :W1,  »Î2;  II,  3(»,  31,  34. 

imoWN  (major),  II,  44J»,  450;  III,  5.- liUOWN  (général),  111,188. 

BHOWN  (T.^.),  III,  :m,  339,  344,  382. 

BUUCK,  111,288. 

liUTJNSWICK,  II,  :577;  III,  17,  43» 

BRUYÈRES,  II,  391. 

BU  ADE.— Voir  Fko.vtenac. 

BIJFKAIA  III,  1H4. 

BULL  (fort),  II,  36,  253,  296. 

BULLEH,  III,3.W,361. 

BULLION  (Madame  do),  1, 195. 

BUNKER.IIILL,n,  445. 

BURI)f:TT,  III,  241,250. 

BUK(i<^>YNE,  II,  445  ;  III,  17,  20,  25,  28,  29,  P.L 

BURKE,  II,  429,  432,  435  ;  III,  72-4. 

BURLINGTON  (hauteurs do),  III,  170, 177.— Lac  Cl.amplain,  !II, 

107, 179. 
BURNALL,  III,  56. 
BURNET,  II,  111-3, 150. 
BURTON  (général),  II,  391,  397,  400. 
BURTON  (sir  Nathaniel),  III,  245,  254-7,  271. 
BURTONVILLE,  III,  167. 
BUSHY-RUN,  II,  406. 
BUTE,  II,  383. 

BUTTES- A-NEVEU,  11,  338,  341,  347,  360,  362,  366  ;  III,  15. 
BYNG,  II,  198,  246. 
BYRON,  n,  354. 

c 

CABARETS,— Voir  Eau-db-vib,  m,  120. 

CABOT  (Sébastien). —  1497,  découvre  la  Floride,  Terreneuve  et  le 
Labrador,  1, 12,  86,  242  ;  II,  49. 

CABRAL  (Alvarez)  découvre  le  Brésil,  1, 12. 
CABRAL  (Gonzalvo-Vellio)  découvre  les  Açores,  1, 5. 


DE   L  HISTOIRE    DU   CANADA.  CCXCV 

CADET,  II,  262,  26:^,  277,  381. 

CAEN  (Guillaume  de).  —  1621,  intéressé  dans  la  traite,  I,  71.—  Fait 
érifïer  le  cap  Tourmente  en  baronnie,  I,  171. — 1629,  battu  par 
Kertk,  I,  80-81.— 1633,  rentre  dans  Québec,  1, 127. 

CAEN  (les  sieurs  de),  II,  139. 

CAFFINIÈRE  (de  La),  I,  322,  324. 

CAHOKIA,  II,  mi 

CALDWELL,  II,  270  ;  UI,  56,  246,  251,  256,  319. 

CALLIÈRES.— Son  caractère,  II,  23,  24.-1684,  gouverneur  de  Mont- 
réal, II,  24.  —  1687,  commando  le  camp  de  l'île  Ste-Hélèno,  I,  280, 
281.— 1688,  veut  conquérir  la  Nouvelle-York  ;  va  en  France,  1,290, 
322,  324.— 1690,  commande  à  Montréal,  I,  .339.-1691,  négocie  avec 
les  Iroquois,  I,  346.  — 1691,  commande  à  Montréal,  I,  348.  —  1697, 
son  opinion  sur  l'étendue  do«  frontières,  I,  374.  —  1698,  succède  à 
Frontenac,  I,  380  ;  II,  24.— 1700,  commande  à  Montréal,  1,376, 376. 
— Sa  politique  envers  les  Iio<]uois,  I,  3S1.  —  1700,  envoie  des  mis- 
sionnaires aux  Iroquois,  II,  23. — 1703,  sa  mort,  II,  23. 

CALVILLE,  II,  372. 

CAMDEN,  II,  439. 

CAMPBELL,  II,  448  ;  III,  6. 

CANADA. —  Ce  que  les  Sauvages  entendaient  par  ce  nom,  I,  20,  21. 
— Appelé  Nouvelle-France,  1,88. — 1760,  divisé  en  trois  di'part»*- 
niente,  11,391,409,  410. 

CANADIAN SPECTATOR  {The),  III,  261,  263. 

CANADIEX (le),  III,  114, 122,  128, 133, 137,  317,  325,  334,  338,  .341, 
363. 

CANADIENS. — I^ur  origine.  II,  101. — Leurs  travjiux  en  Amérique, 

II,  71. — Sujets  anglais,  II,  49. — Voir  Coloks,  Habitants. 
CANAL  LACIIINE.— Voir  Laciune. 
CANARDIÈRE  (la),  II,  315,  316  ;  III,  3. 
CANARIES  (îles),  découvertes,  1, 4. 

CANAUX,  III,  245. 

CANSEAU,  I,  335;  II.  61, 172, 174. 

CANTERBURY,  III,  321. 

CANTORBERY,  II,  399. 

CANTONS  DE  L'EST,  divisés  en  townships,  III,  105.  — 1793-1811, 
grandes  concessions,  III,  206. — 1816,  projet  d'un  district  judiciaire, 

III,  221.— 1825,  projet  do  nouvelles  divisions  électoralas,  III,  245. 

1826,  système  de  tenure  dt<s  terres,  III,  272.-1829,  projet  de  défri- 
chement, 111,  280,  281.-1832,  visite  de  lord  Ayiuior,  LU,  296.— 


CCXCVl  INDEX   ANALYTIQUE 

1832,  Bocîété  de  coloniHation  form^ti  à  Jjntulrw,  III,  299.  — 1835  rm- 

ijonibl^e  politique  à  Htaïuitead,  III,  311,  315,  329. 
CANU,  I,8G. 
CAr-nUKroN.— Dencription;  hiirtoiro,  TI,  fil,  «2.  —  1629,  nnlev*<  pnr 

los  KraiH/ais,  I,  81,  —  l(»f)2,  bon  endroit  do  jii^rhn,  I,  15».^   '      ' 

Hotto  franvaiw»  Hur  mw  côt«H,  I,  350.  —  10l»6,  arriv^-o  du  d'Ib*  r  '.  : 

I,  :{58.—  170«-172(),  rolonihation,  II,  (il-2,  (i5,  Wi.  -  1711,  [tasHEKe  do 
Tamiral  Walker,  II,  41».  —  1712,  regardé  «•otume  i>artie  do  l'Auuiie, 

II,  11)3.— 1713,  r(^Hte  français,  II,  M,  69,  fiO,  «1,  101.  —  1713,  noinni*'' 
tlo  Royale,  II,  <J4.  — 1720,  situation.  II,  ft5.  — 1720,  rapportii  avec 
l'Acadio,  II,  07.-172.^,  naufratrn  du  Chnnunu,  II,  114.— 17»i;î,  admi- 
nifllratiou,  II,  3}>6. — 1775,  Iw  Kranvais  Konir<>nt  A  le  reprendre,  III, 
22. —  Ses  Kouverneurs,  U,  07. — Charlx>n  do  terre,  11,  I5b. 

(ÎAPCOD,  I,  48. 

CAPINANS,  II,  11. 

CAP-ROUGE  près  Québec.— 1.541,  on  y  commence)  une  colonie,  1,20, 
— 17.j9,  Wolfe  exanuno  If»  lieux,  11,323.-1759,  Iion^raiaville  garde 
cet  endroit,  II,  :;30,  3;{S,  340.—  IT-îi»,  navinw  an>rlai»,  II,  335,  XHi.  — 
1759,  embusoaile  franvaise,  II,  34.5.  — 1700,  bois  de  chaiifl'aKu,  II, 
350.— 1760,  Lévis  et  ses  troujx»,  II,  358. — 1760,  les  Anglais  cou]>eut 
les  {K>nt8,  II,  3.59. 

CAP  DE  SABLE.— 1629,  posta  français,  I,  82. 

CAP  TOURMENTE.— Erigé  on  baron  aie,  1, 171. 

CAPUCINS,  II,  87. 

CAR .\  B I N I E R.S.— Voi r  Troupes. 

CARAÏBES  (îles).  II,  202. 

caraïbes.— Peuple  féroce,  1, 9. 

CARASCOSA,  II,  8o,  85. 

CARBONNIÈRE  (île  do  la),  I,  363,  363  ;  II,  35,  36,  37. 

CARDEN,II,450. 

CAKIIEIL  (Père  de),  1,  330,  382. 

CARIGNAN.— Voir  Trocpes. 

CARILLON.  —  Johnson  veut  s'assurer  de  ce  passage,  II,  235.  — 
Dieskau  y  lais.se  des  troui)es,  II,  236.  —  L&s  Français  s'y  concen- 
trent, II,  240.  —  Les  Français  y  construisent  un  fort,  II,  242. — 
Camp  français  établi,  II,  248. — Montcalœ  y  rejoint  ses  troupes,  II, 
255. — Poste  i^rmanent  en  ce  lieu,  II,  259. — Bourlamaqne  y  réunit 
des  forces,  II,  268.  —  f^es  Anglais  s'en  approchent,  II,  2G9. — Vivres 
pris  sur  l'ennemi,  II,  273.  —  I^es  An^rlais  décident  d'enlever  ce 
poste,  II,  280.— Bataille:  ses  résultats,  II,  287,  298,  305,  .330.  —  Ba- 
taille: nouvelle  portée  en  Angleterre,  II,  285.— Amherst  relève  les 
ruines  du  fort,  II,  350. 


DE   l'histoire    du    CANADA.  CCXCVH 

CARLETON  (lord  Dorchester).— 1759,  colonel  ;  présont  à  la  bataille 
d'Abraham,  fl,  o39. —  ]7(ii\  brigadier  ;^('n<^rftl,  vient  en  Canada,  II, 
407.— 1768,  gouverneur  gén^'^ral,  11,411. — 1 770,  {«sse  en  Angleterre, 
11,  411.  — 1772,  favorable  à  l'évéquo  catliolique  de  Québec,  II,  424. 
1773,  invoque  le  rétablissement  <les  lois  fran(;aist'iJ,  II,  417.  — 1774, 
se  montre  l'ami  fies  Canadiens,  II,  4;U.  —  1774,  major  général  ;  re- 
vient en  Canada,  II,  442.— 1775,  à  Montréal,  II,  451.— 1775,  descend 
à  Québec,  II,  452.— 1775,  siège  de  Québec,  IH,  .S,  7, 15.— 1776,  «iègo 
de  Quél^e»^-,  Hl,  16.— 1776,  poursuit  les  Américain»,  UI,  18.  —1777, 
n'est  pas  choisi  pour  commander  l'armée,  III,  31. — 1778,  remplacé 
par  Haldimand,  III,  35.  —  1782,  retourne  en  Amérique,  III,  46.  — 
1786,  renommé  gouverneur  du  Canada,  III,  52.  —  1786,  élevé  à  la 
pairie,  III,  52. — 1791,  passe  en  Angleterre,  III,  84-5. — 1793,  revient 
d'Kuroi^e,  III,  93. — 1796,  retourne  en  P^uroiio,  lU,  101. 

CAROLINES  (les),  I,  33  ;  II,  73,  86;  III,  19,  46. 

CARON,  111,327. 

CARROLL,  111,11,17. 

CARTHAGINOIS.— En  Amérique,  I,  3. 

CARTIER  (.Tarques).  — 1534,  premier  voyage  au  Canada,  I,  19. — 
153."),  visite  Ilocholaga,  I,  i;iô. — Commande  l'expédition  de  Rober- 
val,  I,  2().— Stin  (juatriùnje  voyage;  non  é\oge,  l,  27,  28. — Obtient  le 
privilège  de  la  traite,  II,  139. 

CARTIER  (sir  George-Etienne),  III,  360. 

CASCO,  I,  328,  336  ;  II,  27,  32. 

CASOT(Rév.  Père),  III,  107. 

CASTLEREACJH  (lord),  in,  118,  227. 

CASTt >R.— Voir  Com vm; nib. 

CASTOR.— Ses  diverses  qualités  marchandes,  II,  141. 

CATARAOOUI.— Voir  Fboktkxac  (fort). 

CATAWBAS,  I,  94. 

CATINAT,  I,  373. 

CAX/GHNAWAtîA,  III,  180. 

CAVAtJNAL,  II,  111.  —  Voir  V.\udbbuiu 

CAZEAU,  II,  441,  448;  lil,  337. 

CÈDRES  (les),  II,  374  ;  lU,  18. 

CELLAMARE,  II,  84. 

CÉLORON  DE  BLAINVILLE,  II,  197. 

C^NIS,  11,5,6. 

CENT- ASSOCIÉS.— 1628,  fondés,  I,  73, 190;  II,  139.—  Lear  objet,  H, 
138.— 1632,  condauméb  à  payer  40,000  iivreti,  1, 85.— Leur»  droite  sei- 


CCXCVlll  INDEX   ANALYTIQUE 

gnouriaux,  1, 171.— 1036,  ospoir  qu'il»  in«plrent,  1, 130, 131.—  Con- 
cCulont.  l'ilo  <lo  Montr('al,  I,  132.  —  164'i,  nmuftt^Mit  i*artio  de  leur 
privilîr^'o,  F,  131».— 1W3,  le  roi  di*i»out  la  compagnie,  I,  158;  II,13U. 

ciiAJiKirr,  II,  :5.î2. 

CHABOT,  111,0. 

CHABOT  (Pliilippe  de),  1, 18. 

CHA(.TAS,— 1082,  \mU»  par  La  Sallo,  I,  262;  H,  73,  91, 92,  93, 94. 

CHACJ()UAMI(M)N(;,  I,  247;  II,  151. 

CHALEUllS  (haie  deu),  I,  19;  H,  224,  364. 

CHAMHLY.— Voir  Hkrtbi.,  Rkiihlibu. 

CIIAMIiLY  (rivière),  II,  448. 

CHAMBLY  (famille),  I,  284.— (M.  do),  1690,  à  FeaUgouet,  I,  335. 

CIÎAMBLY  (fort).  — IWm,  tomU;  I,  2W.  — 1687,  insulté  par  leit  Iro- 
quois,  I,  28(5.  —  Kiyi,  iiionucv  par  low  An}<laiH,  I,  .'i4W. —  1711,  pn''j«a- 
ratifs  do  guerre,  II,  4t).  —  1740,  ihIh  en  état  do  défense,  II,  13.3. — 
1757,  on  y  envoie  do«  troujjeH,  II,  168.  — 1758,  troupoK  employY'eu 
dans  le  voi.sinago,  II,  311.-1775,  livré  aux  Américain»,  II,  449,— 
1775,  on  projette  do  construire  des  canonnière»,  IH,  15. — 1776, 
brûlé,  III,  18. — 1814,  réunion  des  trouiic»  auglaise»,  III,  192. 

CHAMBRp]  ÉLFXTIVK,  111,67,69-70,80. 

en  AME  A  U  (le).— Voir  N.\LraAGi«. 

CTÎAMLLARD,  II,  55. 

CHAMPFLOUR.— 1641,  commande  aux  Trois-Riviêres,  1, 131. 

CHAMPION  Y  (de).— 1687,  accomi)agne  les  troupe»,  I,  281.— 1695,  ne 
veut  i)as  qu'on  relève  le  fort  Frontenac,  I,  :iô3. 

CIIAMPLAIN  (Samuel  de).— 1603,  visite  le  Canada,  I,  46.— 1604,  va 
en  Acadie.  I,  47. — 1608,  se*  pouvoirs,  I,  58. — 1608,  fonde  Québec,  I, 
56.  — 1609,  marche  contre  les  Iroquois,  I,  61, 141.  —  160î>,  j>a88e  en 
France,  I,  62.— 1610,  se  marie,  I,  129. — 1612,  nature  de  sa  commis- 
sion, I,  64.  — 1613,  remonte  l'Uttawa,  I,  65.  — 1615,  découvre  le  lac 
Ontario,  I,  65. — 1618-9,  diHicultés  avecles  marchands,  I,  67, — 1620 
revient  en  Canada,  I,  67.  —  1620,  amène  sa  femme,  I,  67, 12^, — 
1624,  sa  femme  retourne  en  France,  1, 130.-1629,  emmené  en  Eu- 
rope, I,  80.— 1635,  sa  mort  ;  son  éloge,  1, 127, 128,  —  1035,  n'a  pas 
laissé  d'enfants,  1, 129. — Ses  découvertes,  I,  242, 

CHAMPLAIN  (lac).— 1609,  combat  qui  s'y  livre,  I,  62.—  1690,  route 
de  l'invasion,  II,  46.  — 1692,  défaite  des  Iroquois,  I,  .350.  — 1709  et 
1711,  route  de  l'invasion,  II,  39,  40,  46,  49. — 1727,  fort  de  la  Pointe- 
à-la-Chevelure,  II,  113,  350. —  1755,  Dieskau  et  .ses  troupes,  II,  222, 
236.  — 1757,  troupes  françaises,  II,  268.  — 1758,  Abercromby  et  ses 
troupes,  II,  286.  — 1758,  on  y  réunit  des  embarcations,  II,  311. — 


I 


DE   L'HISTOIRE    DU   CANADA.  CCXClX 

1759,  projet  de  Araherst,  II,  320,  330,  a50.  — 1760,  Haviland  et  ses 
trou{je8,  II,  355.  — 1760,  Lévis  inspecte  cette  frontière,  II,  372. — 
1775,  projet  de  Carleton,  II,  446,  446.  —  1776,  retraite  des  Améri- 
cains, III,  18. — 1777,  Bourgoyne  et  ses  troupes,  III,  26. — 1783,  déli- 
mitation de  cette  frontière,  III,  47. 

CHAMPME8LIN,  II,  85. 

CHANDLER,  III,  177. 

CHANOINES  DE  QUÉBEC,  II,  425  ;  III,  158. 

CHANVRE.— Talon  encourage  cette  culture,  I,  214  ;  II,  153.  —  1715, 
culture  prosi)ère,  11, 143. — 1716,  la  cour  recommande  cette  culture, 
II,  150-7. — Chez  les  Acadicns,  II,  225. 

CHAOUACHAS,  II,  92 

CHAPEAU-ROUGE  (le),  1,  LiUl  ;  H,  174. 

CHAPEAUX,  H,  427. 

CHAPMAN,  III,  318. 

CHARBON  DE  TERRE,  11, 15S. 

CHARLAND,  III,  7. 

CHARLES  VI,  H,  169. 

CHARLES  VII,  II,  169. 

CHARLESBOURG,  1, 173  ;  H,  315,  453. 

CHARLESTON,  I,  366;  III,  19. 

CIIARLEVILLE,  II,  394. 

CIIARLEVOIX  (le  Père  de),  II,  87,  101, 126. 

ClIARNISAY.  —  1638,  nommé  gouverneur  de  toute  l'Acadie,  I,  161. 
1640,  attaque  La  Tour,  1, 162. — 1644,  fait  un  traité  avec  la  Nouvelle- 
Anj,'leterro,  I,  163.  —  1645,  assiège  madame  do  La  Tour,  1, 163-4. — 
Sa  conduite  en  Acadio,  I,.166. 

CHARNY  (de),  I,  180,  201. 

CHARON,  1, 196. 

CHARREST,  II,  395. 

CHAHRON  (Jean).— 1663,  élu  échevin,  1, 179. 

CHARTE  (grande).  H,  403. 

CHARTIER.— Voir  Lotbinièrb 

CHASE,  III,  11, 17. 

CHASTES  (de),  I,  45-6  ;  II,  139. 

CIIASTEAUFORT,  1, 130.  'v 

CH  ATEA  r  CU' A  Y.— Voir  LhMoinb. 

CHATEAUGUAY(soigneurie  de),  II,  99.— Bataille  do,  III,  179. 

CHATEAU-RENAULT,  I,  373. 


CCC  INBEX   ANALYTKlUK 

CHATEAUX  (baie  d«*),  1,21. 

CHATIIAM  (l<jr<l).— Sort  du  iiiiiiiwtire,  IJ,  IM).  —  1774.  hV»i>po««  atix 
iixwnroH  du  iniiiiHt<!ro  toiulianl  1cm  foloiiuw,  II,  4.TJ,  4:{7,—  177«,  ha 
IKjlitiqiio,  III,  21,  42.—  1778,  ti'opiJow»  aux  Uxen  coloniale,  III,  43. 
—  Voir  l'iTT. 

CHAUDIÈRE  (la).- Voir  Oitawa. 

CriAUDIÈHE  (rivièro).  —  1(>4(J,  romont^-o  par  lo  Père  DruillèU»,  I, 
243;  II,  24!»,  2."A452. 

CHAUMONOT  (lo  Père),  T,  244. 

ClIAUS.Si:(JIU).!;  de  LÉRY.  — 1720,  fortifie  Québec,  Il.oy.  — 1727, 
«'tu«lie  lo«  carU.s  du  Nord-Ouuat,  11,12^.-1747,  prend  lo  fort 
nrid^'onmii,  II,  1K:î.  —  1748,  fortifio  Qm-lnx-,  II,  177.  — (Kib),  176«, 
oulùvo  lo  fort  Hull,  II,  252.— Va  avec  sa  foninm  à  I>judrw<,  1765,  II, 
395.—  Elève  du  n^^minaire  de  C^u^'lioc,  III,  <i2,— 1784,  en  faveur  du 
princiiKJ  t-loctif,  III,  54— (FIIh),  1789,  offlHor,  Tf,  .3i»4.  — Injr/niour 
on  ciiof  do  rarin(''o  franyaiso,  II,  394.  —  1839,  membre  du  Conseil 
Bpi'fial,  III,  377. 

CUAUVIG^■ERIE  (de  La),  II,  47. 

CHAUVIN.— ABSocié  de  Pontgravé,  I,  45;  II,  139. 

CIIAZEL  (de),  II,  114, 115. 

CHAXY  (rivière),  III,  192. 

CHÉDABOUCTOU,  1, 165,  336. 

CHEMINS.— Voir  RorrBB. 

CHÊNE,  n,  153, 159. 

CHÉNIER,  ni,  345-6. 

CHEPAR  (de),  II,  89,  91. 

CUÉRAQUIS,  II,  346. 

CHÉROKIS,  I,  94. 

CHESAVEAKE  (la),  III,  117, 184. 

CHEVAUX,  I,  205  ;  II,  225. 

CHEVELURE  (ix»iute  à  la). — Voir  Chammlaik  (lac). 

CHIBOUCTOU.— Voir  Haufax. 

CHICAGO,  I,  221,  252  ;  II,  123. 

CHICKASAS,  I,  262  :  11,^,  12,  73,  87,  88,  89,  94,  95. 

CHIGNECl^OU,  II,  199,  223. 

CHINE,  1, 140.— Voir  Compagnie. 

CHIPODY,  II,  199,  200. 


DE   l'histoire   du   CANADA.  CCCÎ 

CHIPPEWA  (fort).— 1812,  III,  166, 176. 

CHIPPÉ0UAI8, 1,  247  ;  II,  405. 

CHISnOLME,  III,  325. 

CHOISEUL  (duc  de).— 1748,  mémoire  sur  les  affaires  du  Canada,  II, 
195.  — 1755,  mémoire  aux  puissances  européemies,  II,  235.  —  1758, 
ministre  des  affaires  étrangères,  II,  300.  — 1700,  ministre  de  la 
guerre,  II,  353.  —  1701,  et  le  p<ute  de  familU,  II,  383.-176:$,  et  le 
traité  do  Paris,  III,  21,  42.  — 1778,  alliance  avec  les  provinces 
américaines,  III,  42. 

CHOLÉRA.— 1832,  III,  295. 

CHOU  AGUEN.— Voir  Okwègo. 

CHOUANONS.— Leur  habitat,  I,  251.— Leur  destruction,  1, 122. 

CHOU  ART  DES  GROSEILLERS,  I,  303. 

CHRISTIE  (Rulmrt),  III,  S77.—  Voir  Préfacr 

CHRISTINAUX.— Voir  Kkistinots. 

CHRONICLE  {Tlie),  III,  321. 

CHRYSLER'S-FARM,  III,  179. 

CHUBB,  1,359;  11,31. 

CHURCH,  1,359;  II,  3L 

CIDRE,  II,  225. 

CLAMCOETS,  II,  6. 

CLAPHAM,  III,  324. 

CLARKE  (Alured),  III,  85. 

CLARKE.— Explorateur,  II,  130. 

CLAY,  III,  172. 

CLERGÉ.  —  Son  influence  sur  le  choix  dos  émigrés,  II,  103.  — 1639- 
03,  prend  part  à  l'administration  de  la  justiœ,  1, 176.  —  1664,  opi- 
nion de  Colbert,  I,  204. — 10(>.'),  instructions  à  Tracy,  I,  207.  —  1006, 
vues  de  Talon,  I,  215.-1007,  vues  de  Colbert;  I,  212.  — Sous  Mgr 
do  Laval,  1,  ISS,  HX),  192.— Son  rôlo  sous  Frontenac,  I,  238.  —  Sous 
Mgr  de  Saint-Valliei,  I,  193. — Vues  de  M.  de  Courcelle»,  I,  223. — 
1775,11,443;  III,  2,  4,  10,  12,  13.  — 17S4,  III,  55.— l>u  Canada, 
1805,  III,  145.— Français,  I,  197;  III,  145. —  S'ocruiie  do  l'instruc- 
tion publique,  1, 196.— Son  rôle  comme  patriote,  1, 318. 
CLERMONT,  I,  342. 
CLIMAT  du  Cap-Breton,  II,  01. 
CL'MA  ;  du  Canatla,  1, 8.3,  84,  91, 124-5, 136. 
CLINTON  (général),  II,  181,  445  ;  III,  46. 
CLINTON  (fort),  II,  1S3. 

curuEKuw,  m,  aoy. 


CCCII  INDEX    ANALYTIQUE 

CLUB  CONSTITUTIONNEL,  III,  77. 
COCHECO,  I,  337. 
CODES,  1, 184. 

CULHEKT.  — 16«2,  H'ocrupe  du  Canjwla,  1, 168,  177.  —  1864,  «'occnpo 
•lu  Canada,  1,  170.— 1(W>4,  hom  vuo»  Hur  le  cU^ruf'  «lu  f'anada,  I,  '^04. 

—  Sa  iH)litujuo  onvor»  I«  Canada,  I,  211».  —  Se»  vue»*  uur  1«  notnVtre 
do  colon»  à  onv(»yer  au  Canada,  1,  219.  —  Son  «ystènjo  colonial,  II, 
22,  110.-1070-72,  impulsion  qu'il  donne  à  la  roïonie,  I,  24K.— HJ78, 
k'occui»  do  la  baie  d'!Iudf<on,  I,.'J<J4,— Sa  cruuhiito  «inverH  l'Acadio, 
I,  1(>7. — 1()K:{,  Ha  mort,  I,  2(>8.— liow  colonieH  àna  mort,  II,.'>«1.— 1<)83, 
suite  de  hom  j)rojet«  »ur  le  Canada,  I,  2<i4.  —  Sa  i»fjlitifjue  est  aban* 
tlonn<k>,  II,  y. — Son  fils  Soignelay  lui  «urcède,  I,  2.55. 

COLBOIINE  (sir  John).  — 1830,  visite  les  Etats-Uni»,  III,  341.  — A 
St-EuHtache,  III,  .t40.— Succède  à  lord  Gosford,  III,  :M!).  — 1838, 
institue  un  conseil  8p«''cial,  III,  358. —  18;i8,  roproncl  l'a^lmininf  ra- 
tion, III,  305.  —  18:i8,  riîprimo  rinuurroction,  III,  'HMj-7.—  Ib'M, 
nommé  gouverneur  vrt''n(''ral,  III,  368. 

COLLÈGE  DE  QUEBEC,  1, 127. 

COLLET,  1, 184. 

COLLINS,  III,  36. 

COLKJNY,  1,31. 

COI>OMB  (Christophe).- Sa  jeunesse,  I,  6.-1492,  s'embarque  à 
Talcs  ;  découvre  San-Sah-ador,  I,  7,  8.-1492,  jxjursuit  ses  d«'cou- 
vortcs,  I,  9.  —  1493,  rotojirne  en  Euroj^;  réception  qu'on  lui  fait, 
1, 10.  — Ses  derniers  voyages;  sa  mort,  I,  11.  — Son  portrait,  I,  11. 

—  Ce  que  l'antiquité  eût  itonaé  de  lui,  1, 1. —  1508,  procès  de  son 
fils  avec  le  roi,  1, 13. 

COLOyUL  ASSOCIATION,  III,  370. 
COLONIES  ANGLAISES.— 1755,  leur  situation,  II,  219. 
COLONIE  PÉNALE,  II,  101. 
COLONIES.— ^vstème  colonial,  II,  56-7,  59, 136. 
COLONISATION,  I,  207.— 1672, 1,  224.— 1674, 1,  229.—  On  pense  qne 
la  traite  la  favu.  isera,  II,  138. 

COLONS.— Leur  origine,  I,  130,  317-8. —  Choix  des  colons,  I,  170, 
218;  II,  8,  78.  —  Premiers  étabUssemonts  dans  le  pays,  1, 171. — 
Comment  ils  se  sont  placés  sur  les  terres,  1, 172, 174.  — 1627, 1645, 
privés  du  priv  lège  de  la  traite,  II,  139, 140.-1650,  menacés  parles 
Iroquois,  i,  147. — 1658,  menacés  par  leslroquois,  I,  149. — 1660,  me- 
nacés par  les  Iroquois,  I,  151,  — 1661,  il  en  faudrait  60<:»  nooveaux, 
1,153.  — 1662,  projet  de  colonisation,  J,  158-9.  — 1664,  arrivent  de 
France,  1, 170, 170.—  1664,  perdent  la  liberté  commerciale,  II,  140. 
1G65,  arrivent  de  France,  1, 205. — 1666,  liberté  delà  traite  des  four- 


DE   l'histoire    du    CANADA.  CCCiiî 

rnreft,  II,  140.— Ifi67,  opinion  de  Colbert,  I,  212.— 1669,  arrivent  de 
France,  I,  218.-1670-72,  nouveaux  colons,  I,  248.—  1682,  on  on  de- 
mande de  nouveau,  I,  267-8.  — Toujours  armés,  1, 136.  — 1687,  pro- 
jets de  Denonville,  I,  284.  — 1688,  trop  diBséminés,  I,  287,  293.— 
1689,  leur  situation  d'esprit,  I,  2t)2. —  1691,  maraudes  des  Iroquois, 

I,  347,  — 1692,  les  Iroquois  empêclient  les  travaux  des  champs,  I, 
350. — 1695,  doivent  rester  sur  leurs  terres,  I,  353.  —  lti9<j,  corvées 
qu'on  leur  imixïse,  I,  356. — 1697,  reprise  do  la  colonisation,  1,373-4. 
— Caractère  belliqueux,  II,  167. — 1674-1700,  comment  on  paie  leur 
traite  de  castor,  II,  142.  — 1700,  liberté  du  commerce,  II,  142.  — 
1700,  peu  nombreux,  II,  110. — 1706,  projet  au  sujet  du  Cap-Breton, 

II,  62,  63.— 1713,  on  demande  des  coloûs,  II,  61,  64.  —1713,  il  n'en 
vient  guère  de  France,  II,  97,  98,  101.  —Soldats  établis,  II,  101.— 
1627-1715,  on  jietit  nombre,  II,  143.  — 1715,  nécessité  d'en  envoyer 
de  Franco,  H,  144. — 1715,  allaires  tie  commerce,  II,  144. — 1715,  dé- 
sirent rétablisseuiont  du  pays,  II,  143.  —  1725,  envoyés  de  Franco, 
II,  114. — 1727,  on  veut  les  retenir  sur  le  bas  Saint- Laurent,  II,  10t>. 
1745,  les  Acadiens  demandent  des  terres,  II,  178.  — 1749,  projet  de 
La  Galissonière,  11,197. — 1750,  projets  soumis  au  roi,  11,198. — 1752, 
en  partie  sous  les  armes,  II,  206.  —  1755,  sous  les  armes,  II,  244-5. 
1755,  leur  situation,  II,  221.—  1756,  sous  les  armes,  II,  258.  —  1756, 
sous  les  armes,  II,  249. — 1757,  travaux  des  champs,  II,  268. — 1757, 
se  i)rivent  de  leurs  provisions  |)onr  las  donner  aux  troupes,  II, 
269. — 1757,  projet  du  maréchal  de  lit^lle-Isle,  II,  2(55.  — 1757,  réqui- 
sitions de  vivres  ixiur  les  troupes,  II,  2(53.  — 1756-9,  voir  Di/utU. — 
1758,  abandonnent  leurs  récoltes  ix>ur  courir  aux  armes,  II,  280, 
29(>.  —  1758,  quittent  les  champs  pour  courir  aux  armes,  II,  300. — 
17511,  éprouvés  par  la  guerre,  II,  348,  350.  —  1759,  les  femmes  et  les 
enfants  aident  l'armée,  II,  335. —  1760,  comment  se  font  les  semen- 
ces, II,  357.—  1760,  capitulation  de  Montréal,  II,  375.—  1760,  leur 
situation,  11,371,  372,  378,  391.  — 1760,  hommat;e  qne  A'audreuil 
leur  rend,  II,  376.  — 1761,  administration  de  la  justice,  II,  392. — 
1763,  réfujriés  en  France,  II,  393-5.  — Voir  SmciNKLEiEb,  Paroisses, 
Haiutants,  Canadiexs,  Louisiane. 

COLORADO,  II,  6. 

COMMERCE.— 1663,  sous  le  contrôle  du  Conseil  souverain,  1, 178. — 
16()5,  opinion  de  Talon,  I,  208, — 1067,  vues  de  Talon,  I,  212. — Incite 
aux  découvertes,  I,  4.  —  Sous  le  contrôle  de  l'intendant,  1, 183, — 
Faible  sous  le  régime  français,  II.  9,  —  1682,  incendie  de  Québec, 
1, 235.  — 1689,  presque  anéanti,  I,  322,— 1690-7,  ruiné  par  la  guerre, 
I,  373.— 1696,  en  général,  II,  20.— 1700,  opinion  de  d'iberville,  II,  13. 
— 1700-1717,  fondations  de  diverses  compagnies,  II,  75.  — 1705, 
empêché  avec;  la  Nouvelle- Angleterre,  II,  38, — 1706,  projet  de  Rau- 
dotet  fils,  11,62,  71, — 1712,  privilège  de  Crozat  en  Louisiane,  II,  17, 
72,  73.  — 1716,  se  ravive,  II,  98.  —  1716,  avec  le  golfe  du  Mexique, 


CCCIV  INDEX   ANALYTIQUE 

II,  73.  — 1720,  ruine  du  BystC-me  de  Law  (voir  ce  mot).—  17V»,  iin- 
Ix>rtutioiiM,  otc,  JI,  li20.  —  17.Ki,  «n  Acailiv,  II,L''JU, —  170.1,  luar- 
chandH  «jui  ropujwinl  on  Franco,  II,  '.iW, — 1700-179(1,  III,  78. — Voir 
EAU-nB-V'ii),  MoNNAiH  DH  cAKtm,  Tkait& 

COMPAGXIK  DKS  INDES  OCCIDENTALES.— 1004,  établie,  1, 131», 
178, 182,-10(54,  concMo  le  Canwla,  1,  204.— 1665,  opinion  <loTal«m, 
I,  207.-10(57,  Ha  Hituation,  I,  211.  — 1070,  porte  do  la  monnaie  aux 
IloH,  II,  100,-1074,  Bnp|.rimC-o,  I,  22«,  :i71»;   II,  V.iM,  141,  IW. 

COMPAGNIE  I)F:.S  INDK.<  à  la  I/MiiHiano,  1717,  II,  74-81 ,  89.W,  m, 
145, — 1720,  concurronco  anjrlaimi,  II,  151. — 1731,  remet  la  Louisiane 
au  roi,  II,  :J84.— 1751,  au  Caua<la,  II,  204. 

COMPAGNIE. — Voir  Montmorency,  Roues,  CEST-Aseocifo. 

COMPAGNIE  do»  Habitant*,— 1(545,  établie,  I,  130;  II,  140, 

COMPAGNIE  do  M.  Oudiotte,  1074,  II,  141. 

COMPAGNIE  do  M.  RoddoK,  1700,  II,  142. 

COMPAGNIE  Aubert,  Neyret  et  Gayot,  1700,  II,  143, 145. 

COMPAGNIE  du  Canatla,  II,  142. 

COMPAGNIE  du  Cawtor,  II,  75. 

COMPAGNIE  de  la  baie  du  Nord,  I,  304  ;  II,  142. 

COMPAGNIE  du  Nord-Otiest,  II,  240. 

COMPAGNIE  de  la  Chine,  II,  75. 

COMPAGNIE  du  Sénégal,  II,  75. 

COMPAGNIE  de  la  Guinée,  II,  75. 

COMTÉS  du  Bas-Canada,  1, 171  ;  III,  138. 

COMPTES  publics,  III,  94,  99. 

CONCEPTION  (baie  de  la),  I,  360, 

OONœRD,  II,  444. 

CONDÉ,  1,64,07;  11,377. 

CONFÉDÉRATION  des  Sauvages  de  l'Amérique  du  Nord,  I,  376. 

(CONFÉDÉRATION  canadienne.— 1838,  projet,  III,  303,  375. 

CON FLANS  (de),  II,  179. 

CONNE(jriCUT,  II,  39, 173,  273. 

(X)NSEIL  du  gouverneur.— 1662,  réorganisé,  1, 157. 

CONSEILLERS.— 1664,  leur  ignorance,  1, 177. 

CONSEIL  SOUVERAIN.— 1663,  sa  création,  1, 158, 177,  201.-1665, 
réformé,  1,206,  211.  — 1672,  discours  de  Frontenac,  I,  225.  — Sous 
l'administration  de  Frontenac-,  I,  230. — Devient  Conseil  supérieur, 
1, 186.  — 1726,  réformes  de  l'intendant  Dupuy,  II,  115-110.—  1728, 
démêlé  avec  M.  de  Beauharnois,  II,  117, 118. — Voir  JusiiCH. 

CONSEIL  MILITAIRE.- 1760,  II,  391. 


DE  l'histoire   du  CANADA.  CCCV 

(X3NSETL  LÉGISLATIF.— 1773,  projet  de  Marriott,  II,  411  ;  III,  14- 
15.— 1777-1792,  III,  31-82.— 1784,  projet  de  Du  Calvet,  III,  .j2.— 17H1, 
III,  84.-1792,  III,  88.  — 1808,  IH,  122.  — ISIO,  III,  130.— I8u0,  III, 
283.— 1831,  III,  289.-1832,  III,  290,297,298.-1833,111,303.-18.34, 
in,  308,  311.-1835,  III,  322.-1837,  vote  des  subsides,  III,  331.— 
1854,  électif,  III,  375-6. —  Voir  Conseil  Exécutif;  voir  Assesiblée 

LéCilBLATIVE. 

œNSEIL  PRIVÉ.— 1776,  III,  35-6. 

œNSEIL  EXÉaiTIF.— 1793,111, 94.— 1798,  III,  lœ.— 1799,  III,  84. 
—  1830, 111,283.-1837,  III,  341.— Voir  Conseii.  LBCiiBLATiF;  voir 

ASSBMBLKH  LtXilHl.ATIVB. 

œNSEIL  de  lord  Durham,  1838,  III,  359. 

CONSEIL  SPÉCIAL,  1838,  355,  358.— 1839,  III,  368,  377. 

CONSTANTIN  (le  PCre),  II,  26. 

CONSTITUTION  de  1791,  hostile  aux  Canadiens,  II,  398.  — Débats 
sur  le  bill,  III,  69.  —  Banquet  à  Québec,  III,  77.  —  Le  serment  du 
test,  III,  80.  —  Examen  de  cet  acte,  III,  83-108.—  Discours  de  M. 
Betlard,  III,  124,— Craig  veut  la  suspendre,  III,  144.  — 1822,  le  mi- 
ni.stère  veut  la  r<^voquer,  III,  238,  241,  248.— Prote-station  do  Lyra- 
burnor,  III,  240.  —  182ît,  on  propose  un  comité  d'enquête,  I II, 2<)5, 
266,  273.— 182S,  opinion  de  Labouchôre,  111,268.— 1834,  opinion  de 
lord  Aylmer,  III,  303. 

CONSTITUTION  susijendue.— 1838,  III,  353. 

CONSTITUTION  (la),  III,  167. 

CONTADES,  II,  322. 

CONTI,  I,  255. 

CONTRECŒI'R  (villape).— 1688,  incursions  des  Iroquois.  I,  288.— 
1691,  village  brûlé  par  les  Iroquois,  1,  :U9. 

CONTRECŒUR  (de).  —  1753,  commande  sur  l'Ohio,  II,  207,  208.— 
1755,  commande  au  fort  Duquesne,  II,  222.  — 1755,  à  la  Mononga- 
héla,  II,  232.— 1756,  remplacé  au  fort  Duquesne,  II,  248. 

COOK  (capitaine),  II,  319,  323. 

COPERNIC,  1,7. 

CORBEIL,  III,  134, 136, 185,  213. 

CORBIÈRE  (de),  II,  311. 

CORLAR.— 1690,  i>ris,  I,  326. 

CORMORAN  (anse  au),  II,  281,  283. 

CORNEILLE,  11,55. 

CORN  WALL  (village),  III,  179, 183. 

CORN WALLIS.  — 1749,  commande  en  Acadîe,  II,  196, 199.— 1755 
remplace,  II,  224.-1780,  défait  à  Yorkstown,  III,  46. 


CCCVl  INDEX   ANAI.YTIQUI 

œROMANDEL,  II,  299. 

CORrUON,  11,204. 

a)RROlS,  n,  92. 

COIiSAIRES  fraiivais .— 1690, 1,  345.— 1744,  Loulubourg,  II,  171, 172. 

coinï':Ri^:AL,  i,  13. 

CORVKE.S.— UW<J,  arrêt  à  co  Hujot,  1, 173,  366.  —  1777,  imjKmf-em  aux 
luibiUints,  III,  2<).  —  1777,  w(ii;noun4  oxoinpt/'H,  III,  :{2.  —  1778,  or- 
donnance tlo  Ilaltlitnand,  III,  Il.'i,  :5(},  99.— 179.'),  plainUi*  dw  habi- 
tant, 111,99, 

œSTEBKLLK,  II,  V^i,  DO,  40,  ol,  07. 

COrrK,  iii,:j:v.>. 

œTON,  1,307;  11,157. 

CX/rrON  (lo  l'èro),  I,  55. 

œUDREH  (Ile  aux).— Liniito  du  Saguonay,  I,  21. 

COUILLARD,  1,70,  1.10. 

œULON  DE  VILLIERS,  II,  1S2. 

œULONGES.— Voir  D'Aï i.leboi-8T. 

œURCELLE.S.— Ifkw,  arrive  do  Franco,  I,  204,  205.-1605,  marche 
contre  les  Iroqnois,  I,  209-10. — l«i09,  «'vit  contre  les  uieurtriurs  de 
quelques  Iroquois,  I,  219.  — 1670,  monte  au  lac  Ontario,  I,  217. — 

1071,  envoie  à  la  découverte  de  la  baie  d'IIudson,   I,  24.3. — 

1072,  assemble  les  Iroquois  à  Cataracoui,  I,  222.  — 1072,  ))af)Re  en 
France,  I,  217,  222-.1.  —  Recherelie  madame  d'AilleJioust  en  ma- 
ria<;ts  I,  199. — Favorise  La  Salle,  I,  2.')4. —  Traite  de  l'eaudo-vie,  I, 
233.— Ses  talents,  I,  215,  223. 

COUREURS  DE  BOIS.— 1(580,  attirés  par  le»  Anglais,  I,  284.-1706, 
dépeuplent  nos  campagnes,  II,  62. — 1715,  colons  en  traite,  II,  144. 

œURVILLE,  II,  323-0. 

œUTUME  de  Paris  et  autres,  1, 182-3.-1712,  à  la  Louisiane,  II. 
72.— 1700, 1789,  maintenue,  II,  412,  419;  III,  208.—  1772,  opinions 
de  Marriott  et  Du  Calvet,  II,  412,_419. — 1828,  opinion  de  Hu.skiswon 
et  Maekintosh,  III,  205,  268. — Voir  Lois  françaises. 

COUTURE,  I,  222,  242-3. 

CRAIG  (Sir  James). — 1807,  arrive  au  Canada,  III,  119. — Son  carac- 
tère, 111,148-49.  — 1811,  sa  conduite  envers  le  cJorgé  catholique, 
III,  146.  — 1811,  retourne  en  Europe,  III,  147.  —  Bon  administra- 
tion, III,  109-148. 

CRAMAHÉ.— 17G0,  secrétaire  de  ]Murray,  II,  .391.  —  1763,  va  à  Ix)n- 
dres,  II,  399.  —  1770,  gouverne  par  intérim,  II,  411,  421.  — 1704, 
lieut.-gouverueur,  II,  421. 

CRÉCY,  II,  280. 


DE   l'histoire    du   CANADA.  CCCVii 

CRESPIN,  II,  118. 

CRÈVECŒUR  (fort).  — 1679.  construit  par  I^  Salle,  I,  a'iS.-  i»yi(i 
Tonti  y  commande,  I,  259.  — 1680,  pillé  et  abandonné,  I,  259,I'Gi, 

CK EVIER,  I,  328. 

CRIS. — Voir  Kristinots. 

CROIMWELI.,  I,  299,  302,  307. 

CROWN-POINT.— Voir  Pointe  a  la  Chevblurb. 

CROVVNE  (William),  1, 166. 

CROZAT,  II,  17,  72  74,  87. 

CUIiA,  I,  9  ;  II,  383^5. 

CUGNET,  II,  392,  419;  III,  63. 

CUIR,  II,  157. 

fTMIîERLAND  (duc  de^  II,  187. 

CUMBERLAND  (fort).  —  1755,  dans  les  Apalaches,  II,  2.'Î4.  —  Voir 
Bhaiséjour. — Voir  Bbaldoin. 

CURES.— 1078,  fixe»,  1, 192,  229.— 1742,  fixe»,  II,  122. 

CURES.  —  1742,  Mgr  de  Pontbriand  préfère  les  prêtres  français  aux 
canadiens,  II,  122.  —  Avant  1760,  III,  157.  —  1761,  influence,  H. 
392,  393.  — 1763,  situation  et  droits,  II,  395.  — 1763,  serment  d'ul- 
lénoance,  II,  397.  — 1773,  projet  de  Marriott,  II,  412-.3.  —  1800,  no- 
mination, 111,111.  —  1805,  nomination,  III,  145.  —  Nomination, 
III,  137, 139.  —  1822,111,  249.— Voir  Ci.ercé. 

CUTHBERT,  III,  377. 

CUVILLIER.— 1822,  débat  sur  les  finances,  III,  237.— 1827,  adresse 
aux  électeurs,  III,  259.  — 1827,  sur  l'élection  du  président  de  la 
Chambre,  III,  262.  — 1827,  va  à  Ix)ndre.s  III,  263,  281.  — 1833,  se 
sépare  de  Papineau,  III,  300.  —  1834,  correspondance  avec  le  con- 
seil lé^ïislatif,  III,  302.  — 1834,  s'oppose  au  projet  de  changer  la 
constitution,  111,306. 

CYGNES  (lac  des),  II,  129. 

D 

DABLON  (le  Père).— 1661 ,  va  àla  baie  d'IIudson,  1, 242.— 1669,  mission 
du  lac  Michijïan,  I,  248.-1670-72,  chez  les  Illinois,  I,  248. 

D'AIGREMONT,  II,  121. 

IVAIGUILLON  (duchesse),  1, 135, 195. 

D'Aï LLEBÔU ST.— Origine  de  cotte  famille,  I,  141.— (Louis)  ami^no 
lies  colons  ixiur  Montréal,  I,  134.  — 1645,  gouverneur  de.s  Trois- 
Rivières  (?),  1, 141. —  164S,  nommé  gouverneur  général,  I,  140.  141. 
— 1651,  remplacé  ;  sa  mort,  1, 145. — (Madame^,  1, 198. — 1686,  «itua- 
tiou  de  cette  famille,  I  284. 


CCCviii  INDEX   ANALYTIQUE 

D'AILLEBOUST  DE  MANTCT.--imK),  commando  d«»  Rauvft(^d« 
l'Oiutfil,  I,  320,  327. 

D'AILLEBOUST.  — 1701),  à  ïerreueuvo,  II,  30.  — 1753,  afferme  le 
Labrador,  II,  152. 

DAINE,  II,  ÎM». 

DAKOTAS.— Voir  Sioux. 

DALE  (sir  Thomas),  1, 63. 

DALHOUSIE,  nomm<''  Kouvomonr,  III,  223—1820,  arrive  à  Qnébor, 
111,228.— 1  «20,  viHÏto  lo  IIauU"una«la,  I II,  2:«.— 1  «22, aa  conduite, 
III,  2:W,  230.— 1825,  cantouH  do  l'Ent,  III,  245.-1825,  va  en  Anjjlo- 
terro,  III,  2.55.—  1827,  Utile  civile,  III,  257.  —  1828,  plaintes  contn> 
lui,  III,  273,  284.  — 1828,  retourne  en  Angleterre,  III,  274.  —  Nom- 
mé gouverneur  des  Inde»,  III,  2G7. 

D'ALCKiNIKS,  11,44. 

DALY,  III,  :i.50. 

DAMBOURGÈS,  III,  8. 

D'AMOURS,  I.  201. 

D'AMOURS  DE  CHAUFFOTTRS,  I,  363. 

D'AMOURS  DES  PLAINES,  I,  363. 

DANEMARK,  II,  57. 

D'ANGOUVILLE,  I,  202. 

DANIEL  (capitaine).— 1629,  capture  un  navire  anglais,  I,  80,  81. 

DANIEL  (le  Père),  1, 117, 141,  243. 

DANOIS  en  Amérique,  I,  4. 

D'ANVILLE  (duc). —  1746,  manque  d'expérience,  II,  178.-1747, 
commande  une  escadre,  I,  372;  II,  182.  — 1747,  désastre  de  sa 
flotte,  II,  178-9, 184. 

D'ARENSBOURG,  II,  94. 

D'ARGENSON.  — Son  caractère,  I,  1.52.  — 1658,  succède  à  M.  de 
Lauson,  1, 149.  — 1659,  démêlé  avec  Mgr  de  Laval,  I,  150, 152.  — 
1661,  envoie  La  Vallière  à  la  baie  d'Hudson,  I,  242.-1661,  rem- 
placé par  M.  d'Avaugour,  1, 152. 

D'ARGENSON.— 1755,  ministre  de  la  guerre,  II,  217. 

D'ARTAGUETTE  (Diron),  II,  16,  72,  77,  93. 

D'ARTIGNY.— Voir  Berthelot. 

DARMOUTH,  II,  421,433,  440. 

D'AUBIGNY,  II,  299. 

D  AU  LAC. — Voir  Dollard. 

D'AULNAY.— Voir  Charnisay. 

DAUPHINE  (île),  II,  14, 17,  71,  73,  76,  85. 


DE  L'HISTOIRE   DU  CANADA.  CCCIX 

DAUPHIN  (lac),  II,  129. 
DAUPHIN  (fort),  II,  129.— (Port),  II,  65,  283. 
D'AUTEUIL.  —  um,  conseiller,  I,  201.  — 1664,  conseiller,  T,  180.  — 
1675,  démêlés  avec  Frontenac,  I,  231. 

D'AUTEUIL.— 1715,  mémoire  sur  le  Canada,  II,  143. 

DAUVERSIÈRE.— Forme  la  compagnie  de  Montréal,  I,  132. 

D'AVAUGOUR.— 1661,  succède  à  M.  d'Argenson,  1,152.— 1662, démê- 
lés  avec  Mj^r  de  Laval,  1, 154, 191. — 1662,  réorganise  son  conseil,  I, 
157. — Rap])olé,  1, 156,  157,  204. — Sa  disgrâce,  I,  203. — Son  adminis- 
tration, I,  158,  175.  —  Effet  que  pro<luisent  ses  rapports  à  la  cour, 
1, 170.  —  Bon  caractère,  1, 152, 157.  —  Comment  il  t4.«rmiue  sa  car- 
rière, 1, 158. — Mémoire  à  Colbert,  1, 158. 

DAVIS.— Découvre  le  détroit  de  Davis,  I,  242. 

DEANE,  III,  25. 

DEAUBORN,  III,  154,  164, 166, 167, 170, 176. 

D'EAU,  I,  330. 

DEBARTZCH,  III,  180,  235,  284,  342. 

DECATUR,  III,  168. 

DEERFIELD,  II,  28,  31. 

BEHRING  (le),  1, 369. 

DE  LA  CHASSE  (le  Père),  II,  106. 

DE  LA  TESSERIE.— Voir  Thssbrib. 

DELISLE,  III,  53. 

DEUUS,  I,  374.  II,  120. 

DELISLE  (Guillaume),  II,  128.  •      ' 

DE  MUYS.— Voir  Mcys. 

DENAUT  (Mgr),  III,  99, 117. 

DENONVILLE.— 1685,  succède  à  M.  de  La  Barre;  ses  instructions, I, 
275.— 1686-7,  conduite  envers  les  Iroquois,  1, 277-81.— 1687,  marche 
contre  les  Iroquois,  I,  281-3.  — 1688,  en  défaveur,  I,  201. — 1689,  son 
incapacité  ;  il  est  rapi^elé,  I,  293-5,  325,  330.— Son  carattt-ro,  T,  275, 
284, 294.— Protège  d'iberville,  II,  16. 

DENIS  (Jean).— 1506,  trace  une  carte  du  golfe  Saint- Laurent,  1, 13; 
II,  138. 

DENYS  (Nicolas).  — 1632,  commandant  en  Acadie,  1, 161.— 1654,  ar- 
rêté par  Le  Borgne,  1. 165. — 1654,  attaqué  à  Chédabouctou.  Il  laisse 
l'Acadie,  1, 165.— 1663,  conseiller,  I,  202.-1667,  lettres  de  noblesse 
demandées,  I,  212. 

DENYS  DE  LA  RONDE— 1707,  en  Acadie,  11,32.— 1711,  en  Acadie, 
II,  46.-1746  ?  s'occupe  des  salines,  II,  157. 


CCCX  INDEX    ANALYTIQUÏ 

> 

DENIS.— Voir  Vitré. 

DJ^:P0RTATI()N  do  Canaaion».— ISan,  III,  3C8. 

DHQrivN  (lol'èro),  1,242. 

PEKBISIIIKK,  III.fWK). 

I)K.SAUI.NIKU.S,  11,204. 

DF>^CAKTES,  11,55, 

DKSCHAMBAULT.  —  1759,  Mnrray  alUque  le  village,  TT,  327.— 
18:57,  a>ritation  imlitiquo,  111,333,  334,— (Colonel),  III,  107. 

DKSCIIENAUX.II,  :J80. 

D'ESGLIS,  III,  63. 

Deh  ÏSLETS. — SoJKnourie  érigée  en  baronnio,  1, 173. 

DHSrENSENS,  11,36. 

D'ESTAING,  III,  29,  44. 

D'ESTOURNELLE,  II,  180, 184. 

D'ESTKÉES,  II,  2<a 

Db  THOU,  1, 86. 

DETROIT.  —  Description,  II,  19.  — 1679,  La  Salle  y  passo,  T,  257.  — 
1()S<),  fort,  1,  279.— 1087,  renfort  envoyé  8ur  l'Ontario,  1,281.-1700, 
fondation,  II,  19.— 1704,  danger  de  giiorro,  II,  25.  —  1700,  trouhloH 
entre  lo»  Sauvages,  II,  20. — 1711,  les  Outa^^aniis  se  rapjtrochont  do 
cette  place,  II,  50.  — 1711,  DubuisBon  commandant,  II,  .50.  — 1712, 
guerre  des  Outagamis,  II,  51,  — 1747,  menacé  par  les  Miami»,  II, 
189.—  1749,  garnison, II,  197.  — 1750, fortifications,  II,  198.  —  1751, 
renforcé,  II,  204.  —1752, défense  de  traiter,  II,  206.— 17.56,  prépa- 
ratifs de  défense,  II,  248. — 1758,  envoie  des  secours,  II,  21»8. — 
1759,  les  Français  s'y  réfugient,  II,  li.'M.  — 17.59,  sauvages  du,  II, 
314.  — 1759,  n'attend  plus  de  secours  du  Canada,  II,  :J50.  — 1760, 
passe  aux  Anglais,  II,  19. —  1765,  assiégé  par  Ponthiac,  II,  405. — 
1783,  cédé  aux  États-Unis,  II,  19;  III,  47. —1812,  capturé,  III, 
162-3, 174.  —1813,  armée  américaine,  III,  171.  —1838,  III,  366.— 
1859,  II,  19. 

DESÈVE,  III,  345. 

DEUX-MONTAGNES  (lac  des),  I,  293,  350. 

DEUX-MONTAGNES  (comté  des),  III,  334,  337,  345. 

D'HERBAULT,  I,  374. 

D'IBERVILLE.  —  Voir.LBMoiNU 

DIEPPE,  II,  158.  , 

DIESKAU. — 1755,  nommé  commandant  des  troupes,  II,  211-2, 221. — 
1755,  au  lac  Champlain,  II,  222,  236.  — 1755,  blessé  et  fait  prison- 
nier, II,  236-9,  242.— Fin  de  sa  carrière,  II,  241. 


DE   l'histoire    du   CANADA.  CCfxi 

DIMES.— 1663-1667,  ^'tablissement,  1, 191,  203.— 1668,  instructions  à 
Courcellcs,  I,  207.— 1679,  édit,  1, 192,  229.— 1742,  projet  .lo  .Mjrr  de 
Pontbriand,  II,  122. — 1700,  réservées  à  la  décision  du  roi,  II,  375. — 
1773,  projet  de  Marriott,  II,  413.  —  1775,  agitation  à  et»  Mijet,  II, 
439.— 1791,  maintenues,  III,  75.— 181(»,  projets  de  Crai}r,III,  146.— 
1810,  instruction  à  Prévost,  III,  318.  — 1832,  clergé  anglican,  III, 
293.— En  Acadie,  II,  226. 

DINWIDDIE,  II,  207. 

DIRON.— Voir  D'AHTAOuHnTa 

DISETTE.— 1684,  conférence  avec  les  Iroquois.  1, 273.-1690, 1,  345.— 
1729,  II,  124.-1750,  1760,  en  Acadie,  II,  201.  —1755-6,  II,  244.— 
1756, 11,260.  — 1756-9.  — Voir  QiÉitEc.  — 1757,  11,271,273.-1758, 
II,  299.-1759,  II,  302,  308.-1760,  II,  371.-1780,  III,  37. 

DISTRICTS  JUDICIAIRES,  III,  66,  77. 

DOLBEAU  (le  Père),  I,  242. 

DOLLARD  DESORMEAUX.  —  1660,  action  du  Long-Sault,  snr 

l'Ottawa,  1,  150. 
DOLLIER  DE  CASSON,  1, 133. 
DOMINIQUE  (la),  11,387. 

DONGAN.— 1682,  gouverneur  de  New-York,  1,235.-1683,  vent  s'em- 
parer de  la  traite,  I,  269.  — 16S4,  joue  M.  de  Ia  Barre,  I,  272. — 
1686,  proteste  contre  les  forts  français,  I,  277,  278.  —  lOSG,  caresse 
les  déserteurs  français,  I,  279.— 10S7,  excite  les  Iroquois  contre  le 
Canada,  I,  285,  287. — 1688,  remplacé  par  Andros,  I,  289. 

DONNACONNA,  I,  24. 

DORCH  ESTER.— Voir  Cari-eiton. 

DOREIL.  — 1755,  appréhende  la  perte  du  Canada,  IT,  244. —  1757, 
accuse  Bigot,  II,  276. — 1758,  accuse  la  clique  Bigot,  II,  301. — Cri- 
tique l'ailministration  de  la  colonie,  II,  305.  —  Ami  de  Montcalm, 
11,294,301,305. 

DOlîIC  CLUB  (Le),  III,  342. 
DORYLÉE,  II,  424. 
DOSQUET  (Mgr),  II,  121, 122. 
D'OTTIGNY,  I,  34. 
DOUANES.- Voir  Impôts. 
DOVER,  I,  337. 
DOWNIE,  III,  191-2. 
DRAP,  II,  157,  225. 
DROGUET,  II,  157. 
DROIT  DE  VISITE,  III,  117. 


OCCXll  l^DËX   ANALYTIUUS 

DROIT,  1, 184. 

DRULirr,  111,327. 

DKIJCOUU,  1I,*J81,283^. 

DRUILLfCTES  (lo  Père).— 1640,  remonte Îa rivière aiandWre.  T.243. 

—1050-51,  dél<'>gu6  à  BoiitoD,  I,  l45.—l(Hil,  va  i  U  baio  d'iludaou, 

1,242. 
DRUMMOND  (g^tK'ral).— 1813,  lan  Ontario,  TTT,  184.  — 1814,  or>m. 

inando  <lanH  lo  Haut-Canada,  III,  188.  —  1810,  gouvoraeur  par  lu- 

U'riin,  111,205,208,213. 
DU  ROIS.— Voir  D'AvArnorR. 
DUBOIS  m  LA  MOTIIE,  II,  211.  212.  200. 
DUBOIS  (cardinal),  II,  IVJ. 

DUBREUIL  i)H  r*ONTBRlA^D  (Mgr),  II,  122,  357,  399. 
I  )l' BU  IS.S(JN,  11,50-53. 

DU  CALVET.  — 1780,  arrêt*',  111,41.  — 1783,  libérê,  111,49.-1783, 

réclamations  ponr  fournituros  à  l'armt'-c  américAino,  III,  52. — 
1784,  son  livre,  III,  52.— 17H4,con»HiillorIecrcor  uu  rtgiuiuQl  ctum- 
dien,  III,  101— Pertes  qu'il  bubit,  III,  59. 

DUCASSE,  11,15. 

DUCHAMBON,  II,  175. 

DUCHESNAY.— Voir  JuaiBRHAU. 

DUCIIESNE.— Voir  Le  Bkb. 

DUCHESNEAU.— 1675,  démêlés  au  sujot  da  coilseil  8on\-erain,  I, 

231.  —  Affaire  de  l'oau-de-vie,  I,  2:}3.  —  DHinéléa  Avec  FronteuAC,  I, 

235,  378.— 10S2,  rapixilé  eu  Frauce,  I,  235. 

DUCIX)S,  II,  72,  76. 

DUDLEY,  11,31,38,  107. 

DU  FORT,  111,41. 

DU  GUA  (Pierre).— Voir  Monts. 

DUGUAY-TROUIN,  I,  373. 

DUGUÉ,  I,  284. 

DUGUÉ  DE  BOISBRIANT,  I,  363;  II,  77. 

DUHAUT,  II,  4,  6,  7. 

DUJARDIN,  I,  50. 

DU  LUTH  (Daniel  Greseylon).  —  Associé  avec  Frontenac  pour  la 
traite,  I,  378.  —  Accusé  par  Diichesneau,  I,  235.  — 1680,  rencontre 
Hennepiu  chez  les  Sioux,  I,  259.  — 1684,  négocie  avec  les  .sauvages 
alliés,  I,  272.  — 1687,  en  guerre  sur  l'Ontario,  I,  281. 

DUMAS. —  1755,  commande  sur  l'Ohio,  II,  233,3^.  —  1756.  com- 


DE  l'hI6T0IRE  DU  CANADA.  CCCxiU 

mande  au  fort  Duquesii©,  II,  248,  260,  297.  — 1759,  inspecteur  des 
trouijep,  II,  307—1759,  siège  de  Québec,  II,  320.— 17tiO,  à  la  Pointe- 
aux-Trembles, II,  371. — Fin  de  sa  carrière,  11,  39i. 

DUMAS  (Alexandre),  III,  7,  21. 

DUMESNIL  (Jean  Péronne),  1, 177. 

DUMONÏ. — 1662,  commissaire  envoyé  en  Canada,  1, 153. 

DUMONT  (moulin),  II,  300,  362. 

DUNBAR,  II,  231-4. 

DUNIÈRE,  m,  86. 

DUNN.— 1776,  du  conseil  privé,  III,  36, 112.  —1787,  juge,  III,  59.— 
1805,  administrateur  du  gouvornomcnt,  III,  112, 11b.— 181U,  atlaire 
du  Canadien,  III,  133. 

DUPAS  (île),  II,  99. 

DUPLEIX,  II,  9. 

DUPLESSI8.— 1709,  à  Terreneuve,  II,  86. 

DUPLESSIS.— 1758,  major  do  MontrOal,  II,  296. 

DU  PLESSIS-BOCHARÏ,  I,  Hë. 

DUPONT.— Voir  Gaudaib. 

DUPRAT,  II,  290. 

DUPRATZ.— Voir  Lepagel 

DUPUIS.  — 1656,  commence  une  colonie  chez  les  Iroquoi^,  1,148, 
149. 

DUPUYS.— 1708,  sauve  la  vie  à  une  prisonnière  anglaise,  II,  30. 

DUPUY.— 1726,  intendant,  11,115.— Rappelé,  II,  120, 121. 

DUQUESNE.— Associé  de  Poutrincourt,  I,  50. 

DUQUESNE  (fort)  1753,  aujourd'hui  Pittshurg  établi  par  les  Fran- 
çais, II,  110,  207,  222.  —  1755,  menacé  i>ar  les  Anglais,  II,  211,  221, 
222,  231,  268.  —  1756,  Dumas  commandant,  II,  248.  —  1758,  apjjelé 
Pittsburg,  II,  298.— 1759,  note  de  Doreil,  II,  303.  —  1759,  les  Fran- 
çais veulent  le  reprendre,  II,  331. 

DUQUESNE  DH  MENNEVILLE.— 1752,  gouverneur  du  Canada,  II, 
206.— 1752-1755,  ses  actes,  II,  206-211.-1755,  son  rappel,  II,  211. 
— Son  caractère,  II,  211. 

DUQUESNEL,  II,  171. 

DURAND. — Voir  Villegagnon. 

DURELL,  11,310,317. 

DURHAM  (lord).— Notice»  III,  a57.— 1838,  nommé  gouverneur,  III, 
349,  355. — 1838,  arrive  à  Québec,  III,  358.  — 1838,  son  administra- 
tion, III,  358-65.— Et  les  Anglais  de  Montréal,  III,  361,363.-1838, 
retourne  en  Angleterre,  III,  364-5.  — 1838,  ses  mesures  désapprou- 


CCCXIV  INDEX    ANALYTIQUE 

v<^en  Aneloterre,  III,  362,  3(J4.  — 1839,  mn  rapport,  HI,  3flO.— 
Ifi^'.t,  tl(unati<lu  l'union  (Inx  provinrtw,  III,  'i'J,  '^J'2. — IH'i^f,  dutuanda 
l'aliolition  de  la  conslittition,  II,  3l>8. 

DuTIII<rr(lo  Krùro),  I,  62. 

DUVAL  (Jean),  1.58. 

DUVERNAY  (Ludger),  III,  293. 

DUVIVIKH,  11,172. 

DWkîHT.  II,  287. 


E 


EAKTON,  II,  309. 

EAU-DE- VIK.  —  1<h;2,  caiiso  dn  difTi-rondu  ontro  Mpr  do  Uval  ot  le 
jînuv«înnMir,  I,  154. —  DéfonwMl'on  fuiiruir  aux  saiiva^oM,  I,  l.Vl. — 
WA,  a;.'itation  calm^'-e,  I,  lf)9. — Brouille  do  .M«r  de  I^aval  et  do  M. 
do  Frontonac,  I,  233,  236,  378.—  1715,  privilèj^e  dT>iidietto,  H,  142. 
1725,  tralic  libre,  II,  113.  —  1727,  quo«tiori  doH  cabareU,  II,  12().  — 
174H,  droits  avant  ("otto  date,  II,  159. — 1748,  inifAt  à  r&iim  de»  for- 
tiRcations,  II,  177. — 1751,  I>a  Jonquiùre  accusé  do  trafic,  II,  2fM. — 
1758,  spéculationK  do  Binot,  II,  27*5.  —  1774,  droit  uur  lu»  buifiMona, 
II,  4:«.— Chez  les  Acadiens,  II,  225. 

ÉCHAFAUDS  i)oli tiques.— 1839,  III,  368. 

ÉCIIEVINS,  1,179,228. 

ÉCOLES,  I,  196.  —  XVII  siècle,  instraction  des  ^-mijçrantfi,  II, 
101.-1722,  huit  écoles  établie»,  II,  î«),  101.-1759,  éc^liors  à 
la  {ïuorre.  II,  320.-17(30,  des  jésuites  à  Québec,  11,425.  —  1773, 
projet  de  Marriott,  11,411,  412.  —  1774,  séminaire  de  Québec,  II, 
421.  — 1776,  école  des  jésuites  fermée,  III,  65.  — 1782,  projet  de 
Finlay,  II,  421.-1784,  projet  de  Du  Calvet,  III,  51.— 1787,  comité 
d'éducation,  III,  61,  64.— 1790,  club  constitutionnel,  III,  77.— 1791, 
projet  de  loi,  III,  90. — 1793,  le  ixjuple  demande  des  écoles,  III,  91. 
— 1799,  on  tente  d'enseijrner  la  langue  an^lai-^e,  111,107,  —  1801, 
écolas  du  gouvernement,  III,  110.  — 1801,  loi  des  écoles,  111,227.  — 
1829,  loi  des  écoles,  III,  281. 

ÉCORES-BLANCS,  II,  83. 

ECOSSE,  II,  84  ;  III,  384,  386. 

ÉCOSSAIS.  — 1711,  naufragés  à  l'île  aux  Œufs,  II,  48.-1758,  à  Ca- 
rillon, II,  292.  — 1759,  siC-go  de  Qiul>or,  II,  :]39.  — 1759,  batailla 
d'Abraham,  II,  340,  349.-1760,  soldats  de  Murray,  II,  401. 

EDOUARD  (le  prince),  II,  17G;  III,  186. 

EDOUARD  I",  II,  401. 


DE   l'histoire    du  CANADA.  CCCXV 

EDOUARD  (fort.)— Voir  Lydicb. 

EFFIAT  (d').— S'intéresse  au  Canada,  I,  76. 

ELLENBOROUGH  (lord),  III,  356,  362,  379. 

ELLICE.— Ce  qu'il  était,  III,  240.— 1822,  w)n  influence,  111,229,238. 
— 1823,  son  rôle  à  Ivondres,  III,  250,  —  Et  les  cantons  de  l'Est,  III, 
293. — 1834,  apiielé  comme  témoin,  III,  313. — 1838,  approuve  la  no- 
mination de  lord  Durham,  III,  356. 

ELLIOTT,  I,  245. 

EMBRUN  (concile  d'),  II,  119, 

EMPLOIS  publics,  II,  423-4,  439,  442. 

E  M  PLO  Y  ES. — Voir  Foxcti  onna  i  ees. 

ÉPIDÉMIE.  — 1689,  parmi  les  Sauvages,  I,  283,  286,  :i38.— iraS,  la 
poste  à  lioston,  I,  352.  —  1703,  au  Détroit,  II,  20,-1731,  jtetite  vé- 
role, II,  124.  —  1740,  à  Québec-,  II,  122.—  1746,  en  Acadie,  II,  179. 
— Voir  Scorbut. 

ÉRIÉS  (les).— Leur  habitat,  I,  96. 

ÉRIÉ  (lac),  I,  88,  89.— 1679,  navire  de  La  Salle,  I,  257. 

ÉRIÉ  (fort).— 1812,  III,  166.— 1813,  III,  176.— 1814,  saute,  III,  190. 

ERMITE  (1')  de  Kamouraska,  1, 197. 

ESCLAVAGE.— En  Canada,  II,  92,  95, 167;  III,  90. 

ESGLIS  (d'),  II,  424. 

ESPAGNE.— Guerre  de  1709,  II,  40,  54,  57,  60.— in8,  .situaUon  poli- 
tique, 11,83. — 1744,  attitude  do  cette  puissance,  II,  169.  — 1761, 
pacte  do  famille,  II,  383.  —  La  France  implore  son  aide,  II,  386. — 
Voir  Paix,  Guerrr 

ESPAGNOLS.— Leurs  découvertes,  1, 12.  —  Cherchent  de  l'or,  I,  239. 
—Dans  le  golfe  du  Mexique,  II,  2, 3,  6,  8,  9,  10,  12,  20,  71,  72,  73.— 
(Port  des).- Voir  Sydney,  II,  61,  65.— (Baie  des),  I,  358  ;  II,  49. 

I<SQUIMAUX  (baie  des),  II,  152.— 1660,  visités  par  les  Français,  I, 
152. 

ÉÏA.MINE,  II,  157. 

ETCHEMINS,  I,  95  ;  II,  105, 109. 

EUGÈNE  (lo  prince),  II,  54, 125. 

EUTAW-SPRINQS,  III,  46. 

ÉVÊQUE  protestant,  III,  Ou 

ÉVÈQU  ES.— Relevant  de  Rouen,  1, 187.— Voir  Rocek.  — 1^57,  pré- 
tention (le  l'évéque  de  Rouen,  I,  ISS.  —  1674,évèquo  de  Québec  re- 
connu, I,  ISS.  —  Situation  avant  1760,  III,  157.  —  1760,  à.  la  con- 
quête, 11,393,399.-1763,11,395.-1764,  111,157.-1706,11,404, 
405.- 1774,  projet  de  Marriott,  II,  412.— 1772,  Mgr  d'Esglis  nommé, 


CCCXVl  INDEX   ANALYTIQUE 

]I,  426.  — 1775,  II,  447.— 171>3,  III,  W8.— 1805,  III,  146.  — 180H,  n- 
connu  oilicielloniont,  III,  118.  — 1812,  projol  <lo  l'revutit,  III,  l'Ai. 
—  Voir  Briand,  Dbsalt,  1)'Ewji,ui.  DtmQvm,  IlrmcRT,  F^AKTict'ic, 
L'AuiiK-KivikRH,  Lavai.,  Muej<ay,  I'anvt,  Plabsis,  Po.ntdbia.hd, 
Saint-Vauhb,  Sionay. 
EXPORTATIONS,  II,  155,  225. 


FAMINE.— Voir  DiSErra 

FAMINE  (anse  de  la)  I,  289. 

FANQUAND,  1, 133. 

FELTON,  111,245,325. 

FÉNEIX)N  (abbé  de),  I,  230. 

FER  (mines  de),  I,  »0.— Voir  Minm. 

FER  du  Saint-Maurico,  II,  153. 

FERGU80N,  III,  182. 

FERLAND  (abbé).— Préfece. 

FENCIBLES,  III,  182. 

FERRÉ,  III,  345. 

FERTÉ  (do  La).— Voir  JocHiRBAn. 

FÈVES,  II,  159. 

FIEDMONT,  II,  346. 

FILASSE,  II,  157.  i 

FILLION,  I,  203. 

FILS  DE  LA  LIBERTÉ,  III,  334,  337,  342. 

FINISTÈRE  (cap),  II,  184, 186. 

FINLAY,  II,  421  ;  III,  22,  35,  39, 52-3, 56, 106. 

FISaiER,  II,  265;  III,  247. 

FITZGIBBON,  III,  177. 

FLEMING,  II,  397,  417. 

FLESSINGUE,  III,  181. 

FLETCHER  (gouverneur  de  la  Nouvelle-York).  —  1696,  s'oppose  sa 

relèvement  du  fort  Frontenac,  I,  353.  — 1700,  remplacé,  I,  374. 
FLETCHER  (juge).  — 1830,  accusé  d'injustice,  111,290,294.-1835, 

plaintes  contre  lui,  III,  325. 
FLETCHER  (général).— 18.34,  dans  les  cantons  de  l'Est,  III,  315. 
FLEURY  (cardinal  de). — Premier  ministre,  il,  119. — 1744,  s'oppose 

H.  l'alliance  avec  l'Autriche,  II,  169.  — 1744,  néglige  le  Canada,  II, 

170.-1746,  indifférent  envers  la  marine,  II,  187. 


DE    L  UISTOIKK    DU   CANADA.  CCCXVll 

FLORIDE  (la).— Dpcouverte,  1, 12.  —Visitée  par  Verazzani,  I,  1(3.  — 
I5iî9,  expédition  do  Soto,  II,  2. — 1562,  on  tente  d'y  fonder  une  co- 
lonie, I,  31.  —  102S,  aotord(?e  aux  Cent-Associés,  I,  75;  II,  139. — 
Le.s  Anfrlais  tentent  de  s'y  établir,  I,  42.  —  1697,  situation,  II,  10. 

FONCTIONNAIRES.  — 1793,  projet  de  traitements  fixes,  III,  94.— 
1810,  hostiles  à  la  Chambre,  III,  130.  — 1834,  leors  salaires,  III, 
321. 

FONTAINEBLEAU,  II,  383. 

FONTENOY,  II,  176. 

FOKBES,  II,  297-8. 

iXJRILLON  (le),  II,  34,  35. 

FORSTER,  II,  154. 

FOSTER,  m,  18.  ô 

l'X)UCIIER  (Antoine).— 1775,  son  journal,  II,  449. 

FOUCHER  (Louis-Charles).  —  Jupe  et  homme  politique,  III,  102.— 
1800,  biens  des  jésuites,  III,  107.  —  1817,  plaintes  contre  lui,  III, 
212,  217. 

FOULON  (le).— 1759,  flotte  anglaise,  II,  316,  327.  — 1759,  les  Anplaîs 
y  débarquent,  II,  335-<J.  —  17G<»,  arrivée  des  Français,  II,  358. — 
1760,  las  Français  y  détruisent  leur  artillerie,  U,  370. — 1775,  Arnold 
y  débarque,  II,  462. — 1776,  Moutgomery  tué,  III,  5. 

I<t)UlUX>RNER8,  III,  183,  345. 

R)URNEL,  11,152. 

1T)X.— 1755,  ministre,  II,  245.  —  1773,  et  la  loi  des  taxes,  II,  432.  — 
1774,  le  bill  de  Québec,  II,  435.  — 1791,  se  prononce  contre  la  divi- 
sion de  la  province,  III,  72.— 1791,  su  brouille  avec  Burke,  III,  73. 
— 1796,  éloge  de  Bedout,  II,  394. 

FOX  183S,  ministre  anglais  à  Washington,  III,  348. 

FOY,  III,  143. 

FRANÇAIS. —  Leurs  découvertes,  1, 14.  —  Évaaigélisent  l'Amérique, 

1,  240. — Nonunés  Otkoii  pai-  les  sauvages,  I,  256. 
FRAN(;OIS  I".— Ses  projets,  I,  15,  19. 

FRANKLIN.— Ses  ancêtres,  II,  157.— Son  rôle  politique,  II,  219,220. 
— 17ft">,  à  Londree,  U,  428.  — 1774,  contre  l'acte  do  Québec,  II,  434. 
— 1775,  projet  de  pacification,  II,  434,  445.  — 1775,  retourne  on 
Amérique,  II,  445.-1776,  à  Montréal,  111,11, 12.— 1776,  en  Franco, 
111,25.-1778,  traité  avec  la  France,  III,  42.— 1783, en  France,  III, 
52. 

FRANQUEUN,  II,  156. 

FK.\SEK.— 1759,  son  journal,  II,  361.  — 1760,  (colonel)  prend  lo  fort 
Jacquâii-Cartiar,  11, 372. 


CCCXVin  INDEX   ANALYTIQUE 

FRASER.— 1777,  (général),  an  lac  Champlaln,  III.  26. 
EKASEIl.— 17K7,  (ju>ro),  favorable  aux  anciennea  lois,  111,56. — 1787, 
})laintoM  contru  loi,  III,  58. 

ERftl)^:RIC  LE  GRAND,  II,  169,  218. 
FREEMAN'»-FAUM,  III,  28. 
FRENCH-CREEK,  III,  178. 
FRENCHTOVVN,  III,  171. 
FROBISIlER.-VoyaKe  au  Nord,  I,  242. 

FRONTENAC— Ka  famille,  I,  223,  23G,  380.  —  Ses  talent»  ot  non  ca- 
ractt^ro,  I,  224,  227,  .3.V),  377-7».  —  Ses  arme»,  I,  256.— 1«72,  n«.rnnu' 
gouvernonr  jii'nt'ral,  I,  L'2'J,  :W().  —  1«J72,  n'unit  le»  trois  onlrw,  I, 
226. — If^,  discourH  au  couHoil  Houverain,  I,  225. —  167:i-!»,  «U-mél^îS 
avec  Perrot,  I,  221).  —  Plaint<<.s  de  Duchewneau  à  mi\  Mijot,  I,2:i5, 
378.  —  P2ncouraj?e  Ioh  découverte»,  I,  238. —  Favorise  La  .Salle,  I, 
254,  260,  262.  —  Et  Kondiaronk,  I,  382.  — Affaire  de  l'eau-do-vie,  I, 
233.  —  Démêlés  avet!  le  cler>cé,  II,  117.  —  .Se»  démélé«  avec  lecon- 
mi\  sui)érieur,  II,  111». — Réi>rimandé  i»ar  le  roi,  I,  232. — l«i.S2,  rap- 
pelé en  France,  1, 2:i5-6,  378. — 1672-82,  son  administration,  I,  2^{7. — 
1682,  remplacé  par  M.  do  I>a  Barre,  I,  263.  — 168!»,  nommé  de  nou- 
veau gouverneur,  I,  237,  294,  324,  .325,  380.  —  IGW,  à  Montréal,  I, 
320.  —  16ÎK),  comment  il  traite  un  envoyé  iro«^juois,  I,  3.33.  —  l6fX), 
accourt  do  Montréal  au  secours  de  (.Québec,  I,  3.39.  — 1691,  ne  veut 
Y>&s  traiter  avec  les  Iroquois,  I,  347. — 1693,  se  prépare  à  reixiusser 
une  autre  invasion,  I,  351. — 1695,  ses  vues  sur  les  postes  de  l'Ouest, 
I,  353-4. — 1696,  succès  de  sa  politiciue;  nommé  chevalier  de  Haint- 
Louis,  I,  355-6.  — 1698,  son  décè«,  I,  377.  —  1698,  son  oraison  funè- 
bre, I,  224.  —  Fait  pencher  las  Iroquois  du  côté  de  la  France,  I, 
375-7,  379.  —  Sa  seconde  administration,  I,  373,  378. 

FRONTENAC,  ou  fort  Cataracoui.  — 1672,  assemblée  des  Iro- 
quois, I,  222.— Doit  être  rebâti,  I,  255.— 1678,  travaux  de  La  Salle, 
I,  265.  —  La  Salle  y  commande,  I,  255.  — 1682,  perte  d'un  con- 
voi de  marchandises,  I,  262.  — 1682,  lieu  de  ralliement  pour  les 
troupes,  I,  267.  — 1682,  mis  en  séquestre,  I,  263,  271.  —  168.3,  La 
Salle  est  remis  en  possession,  I,  264. — 1684,  les  troupes  s'y  arrê- 
tent, I,  273. — 1684,  les  Iroquois  tentent  de  le  surprendre,  I,  271. — 
1685,  Denonville  s'y  transporte,  I,  276.  — 1686,  on  y  réunit  de,s  ai>- 
provisionnements,  I,  277,  285.  — 1686,  convocation  des  tribus  iro- 
quoises,  I,  278,  280.  — 1687,  arrestation  de  chefs  iroquois,  I,  280. — 
1688,  Kondiaronk,  I,  288.  —1688,  fort  insulté,  I,  286,  288.  — 1689, 
détruit,  I,  325.  —1695,  relevé,  I,  .353.  — 1696,  l'armée  s'y  arrête,  I, 
354. — 1698,  le  roi  reconnaît  l'utilité  du  poste  I,  381. — 17f'>,  lieu  de 
traite  proposé,  I,  376.  — 1704,  combatjcontre  les  sauvage*,  II,  2,5-6. 
1717,  traite,  II,  146.-1720,  traite,  II,  151.  — 1755,  renforts  de  trou- 


DE   L'HISTOIRE   DU   CANADA.  CCCXIX 

jjes,  IT,  222,  243,  248.  —  1756,  son  importance,  II,  254,  255,261.— 
IT.'iS,  priH  et  détruit,  II,  2?)"),  206.  — 1759,  on  entreprend  de  le  rele- 
ver, II,  311,  334. — Voir  Kingston. 

FRONTIÈRES.— Voir  Limites. 

FUNDY(baie  de).— Son  nom,  I,  48.-1713,  traité  d'Utrecht,  II,  104, 
108,  201-3, —  1746,  débarquement  des  Canadiens,  II,  ISO.  — 1749, 
trouix".»  françaises,  11,195.  —  1749,  Acadien.s  établis,  II,  201-3. — 
1755,  combats,  II,  224,  244.-1758,  forts  anj^lais,  II,  286. 


GAGE  (colonel).- 1754,  dans  l'Ohio,  II,  232.— (général),  1759,  à  Nia- 
gara, II,  334. —  1760,  maroho  sur  Montréal,  II,  373.  —  1760,  com- 
mando à  Montréal,  11,391. —  1763,  commande  à  New- York,  II, 
397.— 1768,  revient  en  Amérique,  II,  430.— 1775,  à  Boston  11,445.— 
1775,  à  Bunker-llill,  II,  445. 

GAILLARD,  II,  119,  120. 

GALE.— 1827,  chef  de  ix)lice  à  Montréal,  III,  263.-1828,  rédacteur 
delà  Gazette  de  Montréal,  lU,  264.-1828,  àLondres,  III,  271.— Juge 
à  Montréal,  III,  319.—  18;i6,  juge;  plainte  contre  lui,  III,  327. 

GALETTE  (la).— 1682,  garnison,  I,  267.— Voir  Ogdbnsbubg. 

GALLICANISME  (le),  1, 197. 

GALISSONIÈRE(U).  — 1747,gouverneur,n,  187,188,  —  Sesétudei, 
II,  192.  —  Veut  fortifier  Québec,  II,  312.  —  Frontières  du  Canada, 
II,  192, 197,  202.  — Protège  I^  Verondrye,  II,  131.-1749,  rempla- 
cé, II,  197. — Recommande  Duquesne,  II,  206. — Fin  do  sa  carrière, 
II,  198. 

GAMACHE,  1, 127. 

GAND. — Voir  Traités. 

GARAKONTIIIÉ.- 1661,  va  à  Québec  en  ambassade,  1, 153.-1665, 

va  à  Ciuébec,  I,  208, 
G  ARGOT,  I,  360. 
GARNIER  (le  Père),  1, 143,  246. 
GASBARUS,  II,  281. 

GASPAREAUX.— 1750,  fortifications,  II,  200.-1754,  projet  des  An- 
glais, II,  211.-1755,  Villeray  y  commando,  II,  222.-1755,  cap- 
turé, II,  223,  225. — 1755,  expulsion  des  Acadiens,  II,  229, 

GASPÉ,  — 1662,  bon  endroit  de  pèche,  1, 159.  — 1665,  Talon  y  visite 
des  mines,  I,  213.—  1690,  pécheurs  à  Québec,  II,  49—1755,  numé- 
raire qui  y  passe,  II,  163.  — 1755,  protection  des  pêcheries,  II,  248. 
—1758,  ruiné  par  la  guerre,  II,  285.— 1783,  district,  111,66.— (Gou- 
verneur de),  III,  231,  234.— 1820,  élection,  III,  228.  — 1835,  projet 
d'annexion  au  Nouveau-Brunswick,  III,  325. 


CCCXX  INDEX   ANALYTIQUE 

GASPÉ  (M.  de).— 1756,  au  lac  Chaïuplain,  II,  259. 

GATES,  III,2«,  44. 

GAUDAIS-DUl'ONT,  I,  177. 

GUADEIiOUI'E  (la),  II.  158,  378. 

GAULET,  II,  99. 

GAULOIS  EN  AMÉRIQUE,  I,  4. 

GAULTIER.— Voir  La  Vbbkspbyh. 

GAULTIER  DH  VARENNES,  II,  125. 

GAYOT,  II,  143. 

OAZETTK  UE  FR A NCE,in,  252. 

GAZETTE  DE  ^/OAT/ff^^/^C/a).— 1791,  banquet  politique,  111,77. 
— 180G,  ^!<litctir  arrôU^,  III,  112.— 1H28,  M.  Gale,  son  rédacteur, 
III,  264.  — 1835,  hoHtile  à  la  lantpie  françaiso,  III,  324.— 1838,  aon 
attitude,  111,350. 

GAZETTE  DÉ  QUÉBEC  (/a).  — 1764,  fond^^o,  II,  406. —1783-1792, 
jieu  do  ixtlitiiiuo,  III,  67.  — 171)3,  ihan;fomBnt.s,  III,  247.— 1827, 
modérC-o,  III,  259.— 1828,  son  attitude,  III.  201. 

GÉOI/XilE  DU  CANADA,  1, 90. 

GEN  EST,  111,94. 

GEORGE  II,  III,  105. 

GEORGE  III.— 1764,  reçoit  de»  Canadiens  à  Londres,  II,  3î». — 
1764,1a  loi  du  timbre,  II,  427,  429. —  1774,  l'af'to  do  Qn<îbec,  II, 
43«._1820,  son  décès,  III,  228.— Sa  démunce,  111,  1.51.  -  liions  des 
jésuites,  III,  65. —  Déteste  les  Américains,  III,  21.  —  Aime  les  Ca- 
nadion.s,  III,  74. 

GEORGE  IV,  III,  285. 

GEORGE  (fort),  III,  176, 184,  330. 

GEORGE  (lac).— 1690,  passage  de  l'armée  américaine,  I,  338.— 1777, 
flottille  brûlée,  III,  27. 

GEORGIE,  II,  440. 
GERMAN-FLATTS,  II,  258. 
GERMAIN  (le  Père),  II,  196. 
GERMAINE  (lord),  III,  35. 
GERRARD,  III,  377. 
GIBBES,  III,  139, 196. 
GIFFARD,  I,  209. 

GILBERT  (sir  Humphrey),  I,  41, 360. 
GINSENG,  II,  154. 
GIPPS,  III,  322, 331. 


DE  l'histoire   DD  CANADA.  CCCXXi 

GIRARD  (Jacques).— Concède  l'île  de  Montréal,  1, 132. 

GIRAUDIÈRE  (de  La),  1, 165. 

GIROD,  III,  339,  345,346. 

GIROUARD,  III,  333. 

GLADSTONE,  III,  331. 

GLANDELET,  1, 197. 

GLENELG  (lord). — 1835,  envoie  des  commissaires  en  Canada,  III, 
322,  325. — 1837,  conseille  de  tirer  des  troupes  du  Nouveau-Bruns- 
wick,  III,  332.  — 1837,  promet  protection  aux  sujets  fidèles,  III, 
349, — 1838,  projet  d'union  des  provinces,  III,  356. — 1838,  s'oppose 
à  la  nomination  de  Wakefield,  III,  362.  — 1838,  brûlé  en  effigie, 
III,  363. 

GLOBE {Tlu-),UI,  321. 

GODEFROY  (Jean-Paul).— 1645,  représente  la  Compagnie  des  halii- 
tant«,  1, 139.  —  1650-51,  délégué  à  Boston,  1, 146.  — 1667,  lettres  de 
noblesse  demandées,  I,  212. 

GODEFROY  DE  LINTOT.— 1686,  situation  de  cette  famille,  1, 284. 

GODEFROY  DE  TONNANCOUR,  II,  117. 

GODEFROY  DE  ROCQUETAILLADE,  11,260. 

GODEFROY  (rivière),  II,  398. 

GODERICH,  III,  287,  291,  293,  294,  300,  311. 

GOLDFRAP,  II,  397. 

GONDEI/)UR,  II.  299. 

GONOR  (le  Père  de),  II,  126. 

GORE,  III,  324,  342. 

GOSFOHD.— 18:^,  nommé  gouverneur  général,  III,  321.  —  1835,  son 
arrivée,  III,  323—1835,  sa  conduite  au  début,  III,  324.— 1836,  mo- 
difie son  attitude.  III,  329.— 1837,  pendu  en  efflpio,  III,  334.— 1837, 
appelle  les  trouiies,  III,  335. — 1837,  refuse  de  convoquer  les  cham- 
bres, m,  344. — ISoS,  se  démet,  III,  349. — 1838,  part  pour  l'Europe, 
III,  349.— 1839,  contre  l'Union,  III,  379, 380. 

GOUVERNEURS  FRANÇAIS.  — Durée  de  leur  charge,  1, 140,  II, 
144. — Leurs  fonctions,  1, 175, 185. 

GOUVERNEURS  GÉNÉRAUX  ET  LIEUTENANTS-GOUVER- 
NEURS,  II,  67  ;  III,  231. 

GOUVERNEMENTS  du  Bas-Canada.— 1721,  II,  99. 

GOUVERNEMENT  représentatif.— 1764,  demandé  par  les  Anglais, 
II,  402.— 1773,  opinion  de  Marriott  et  autres,  II,  411,  413.— 1773, 
pourquoi  les  Canadiens  s'y  opposent,  II,  420,  424.  — 1774,  idées 
américaines,  II,  428. — 1774,  opinion  de  Fox,  II,  435. 


CCCXXll  INDKX    ANALYTIQUE 

GOUVERNEURS. — Voir  Amhkiwt,  Ayimbk,  Bbaitiarnoih,  Birtos, 

CAI.I.lfcRKB,     CaUI.KTON,    (,'llAMri-AIN,    (/Il ATHAtTOMT,    Cl.ARKK,    l'oi/- 

noB.N'B,  Corju'Ki.i.m,  Cuak;,  Ckamaiié,    Daijioi-hik,  I>'Aii.i.tMHii-iiT, 

D'AlKlKNHON,  I)'AVAl<;OfR,  I)KX<)NVII.I,H,  DrIMMoSI),  DfSS,  Dl- 
QUUHNB.  Dl'RHAM,  l'KOSTHNAC,  (jAliB,  (iALlHHOMKKK,  (iilMI'X>BI>.  HaL/- 
DIMANl),    IIbAD,    HoPB,    lKVnC(J8,     JoXQlltHB,    KkmiT,     La    B../KRI, 

Lai'kon,  Lknhuf,  Lox«iUKi;ii.,  Maiti.and,  Mèmy,  Mii.niih,  Monk, 
Montma(;ny,  Murray,  I'ri*k<itt,  l'KKVoirr,  Ujciimos»,  Suhkbauokk, 
Rydkniiam,  Vai!i>hei;il,  Wiujon. 

GC)YEK  (1«  l'èro),  I,  L"J4,378. 

G0Y0G0UIN8, 1,  270. 

GmTPIL(Renr"),  1,140. 

«()UR(iUF><(.lo),  1,35-7. 

GRAFTON,  H,  430. 

GKAIIAM,  lîl,  313. 

GKANDFONTAINE,  I,  335. 

GRAND-MARAIS,  II,  236,  240. 

GRAND-PRK  (Aca<lie),  II,  1)S2,  228. 

GRANDVILLlv— UW7,  œinman.lo  dos  milices.  T.  2S1. 

GRAND  VOYER,  II,  442. 

GRANT  (major).— 1758,  II,  2î)7.— 17«4,  en  faveur  <hi  princiiK-  .'lertif, 
III,. ')3.  —  1787,  membre  du  conseil,  III, .')«>.  —  17i>2,  candidat  à  la 
j)ri'.sidenco  de  l'As-semblco,  III,  SC, — 1702,  liostile  à  la  langue  fran- 
çaise, III,  SS. — 1793,  instruction  publique,  III,  01. — lS(Ki,  nomina- 
tion des  curés,  III,  146. — 1822.  partit  an  de  l'Union  do8  Canadas, 
III,  245.— 1828,  à  Londres,  III,  271. 

GRANVILLE  (fort),  II,  214,  260. 

GREGORY,  II,  402. 

GREEN,  III,  7. 

GREENE,  111,46. 

GRENADE  (île),  II,  387,  439  ;  in,  44. 

GRENVILLE  (lord).- 17«U,  acte  du  timbre,  II,  427,4.30.-1788,  pro- 
jet de  constitution,  III,  HS,  71. — 1791,  fait  l'éloiro  des  Canadiens, 
III,  74.— Constitution  de  1791,  III,  140.— 1S12,  chef  whi^',  111,1.51. 

GREY"  (sir  W.  de)  — 1765,  et  les  Canadiens  catholiques,  II,  3Î>9. — 
1766,  rapport  sur  le  Canada,  II,  408,  415. 

GREY  (lord).  — 1812,  chef  whig,  III,  151.  —  1822,  beau-père  d'Ellice, 
m,  241,  250. 

GREY  (sir  Charles).— 183,5,  assistant  de  lord  Goîord,  III,  322,  331. 

GREY  (Charles),  III,  359. 

GREY  (sir  George).— 1837,  hostile  aux  Canadiens,  ni,  331. 


DE  L'HISTOIRE  DU  CANADA.  CCCXxiii 

GRIFFON  {If).— 1679,  navire  de  La  Salle  sur  les  lacs,  I,  256. 
GROENLAND  découvert,  I,  4. 

grotï:,  ih,  :î,%. 

GUADELOUPE.— 1794,  guerre,  III,  181. 

GUEIICHEVILLE  (la  uiarquisode). — S'intéresse  aux  colonies,  1, 51, 

52. — Demande  à  l'Angleterre  compensation  ix)ur  les  pertes  qu'elle 

à  subies,  I,  55. 
GUERXESEY,  II,  410,  4m;  III,  87. 
GUERRES.  —  l«Sr)-i»7, guerre  à  la  baie  d'IIudson,  I,  363-70.  — 1080, 

entre  l'Angleterre  et  la  France,  I,  2{>5,  296,  321,  357.— 1690, 1, 372-3. 

— 1690,  invasion  du  Canada,  I,  316,  333.  — 1696,  guerre  contre  les 

Iroquois,  I,  354.  —  1696,  Acatlie,  Terreneuve  et  baie  d'IIudson, 

I,  357,  373.  — 1697,  guerre  contre  la  Nouvelle- Angleterre,  I,  371. — 
1702,  de  la  succession  d'Espagne,  II,  17,  20,  60,  71. —  1703,  contre 
lioston,  11,27.  —  1704,  voir  Dberkiki.d.  — 1708, contre  la  Nouvelle- 
Angleterre,  II,  2Î). —  17(K»,  on  projette  l'invasion  du  Canada,  II, 
38.  — 1709,  invasion  des  Anglais  et  des  Iroquois,  II,  39.  —  1711, 
guerre  contre  le  Canada,  II,  45. — 1718,  la  France  contre  l'Espagne, 

II,  84. —  1719,  dans  le  golfe  du  Mexique,  II,  84-86.  — 1728,  contre 
les  Outaganiis,  11,  122.  — 1734,  préparatifs,  II,  132,  133.-1744, 
contre  r.\ngloterre,  II,  172. — De  Sept-Ans,  fâcheuse  situation  du 
Canada,  I,  207.  —  Ses  conséquences,  II,  :î8(),427.  — 1754,  hostilités 
sur  rOhio,  II,  207-211. — 1755,  commencement  de  la  guerre  de 
Sept-Ans,  II,  213,  216.  — 1755,  II,  23. — 1755,  valeur  das  Canadiens, 

I,  317,  319.  —  1756,  guerre  déclarée  jwir  l'Angleterre,  11,246. — 
Campagne  de  175t),  II,  248— Campagne  de  1757,  II,  2(»4.— Campa- 
gne de  1758,  II,  277,  381,  383.— Campagne  de  1759,  II,  300,  308,  313- 
50.  —  Campagne  de  1760,11,355.  —  1774,  conduite  de  l'Angleterre, 

II,  64. —  1775,  invasion  du  Canada,  II,  220,  278.— De  1812,  ses 
causes,  111,198.  — De  1812,  111,149.  — De  1813-14,111,  170.— Voir 
Paix,  Ii{c>qrois,  H.\bitant8,  Colons. 

GUERRIÈRE  (la),  III,  167. 

GUESLIN  (le  Père  Vaillant  de).— Cheis  les  Iroquois,  I,  285. 

GUGY,  III,  316,  325. 

GUIGNAS  (le  Pure  de),  II,  126. 

GUILBAULT,  I,  165. 

GUILFORD,  III,  46. 

GUILLAUME  le  Conquérant,  II,  401. 

laiLLAUME  III,  son  caraitèro,  1,  .321.-1690,  Phipps  attaque 
Québec  en  son  nom,  ',;>41,;î51.  — 1692  3,  malbeuriMix  dans  ses 
guerres,  I,  373. — 1700,  veut  tlésarmér  les  Iroquois,  1,  376. — Henne- 
pin  lui  dédie  son  livre,  II,  12. — Envoie  des  colons  à  la  Louisiane, 
II,  12.— 1702,  son  décès,  II,  21. 


CCCXXiv  INDKX  AKAI-YTIQUl 

GUILLAUME  IV,  III,  2«5,  330. 

GUILLKMAUD,  HI,«8. 

GUILLET,  11, 170. 

GUINÉE.— Voir  Compacimb. 

GUINÉE  (la).— ViBit^-ô  |>ftr  Colomb,  I,  fl. 

GUYANE,  11,2:10. 

GUYA8, 1,  :W0. 

GT'ILLOKY,  II,  H.^). 

GUYON,  1,242. 

H 

HAIiRAS  COR/TW.  — 1788, loi  demandée,  111,53.— 1784,  invoqné 
[«ir  Dii(:alvBt,  111,51.  — 17Kn,  loi  ^tablio,  III,  48,  64.  — 1791,  do- 
nioure  dans  la  nouvelle  constitution,  111,70.  —  17W,  liUHiwnda 
pour  loH  étrangeri),  etc.,  III,  !>4,  Ub. — 17U7,  en  {lartie  ttUHfieDdu,  III, 
80, 102. 

HABITANTS.  —  Voir  Coix>n8;  Compaonih  dhs  Habitants;  0)B- 
VKfc»;  CoMPAGNiK,  1, 1K8.— 10(57,  rapport  de  Talon,  I,  212. 

HALDIMAND.  —  Son  origine,  III,  36.  — 176«,  à  f)gwëgo,  II,  332.  — 
17G()-3,  lieutenant  d'Amlierst,  II,  397.-1778,  gouverneur,  III,  r«. 
— Rigueurs  «jti'il  oxora^,  III,  .'i<l,  VJ,  48.-t178.'î,  rutounietm  Angle- 
terre, III,  48,  52.— 1787,  il  est  accusé,  III,  59.— Voir  Corvées. 

HALE,  III,  232,  377.      , 

HALIFAX  (comte  d'),  II,  395. 

HALIFAX —  (Autrefois  Cîiibouctou).  — 1746,  oscailre  du  duc  d'An- 
ville,  I,  372  ;  II,  179, 180.  —  1749,  fondé  par  les  Anglais,  II,  201.— 
1757,  flotte  anglaise,  II,  266.  — 1758,  préparatife  contre  Louisboorg, 
n,  281. 

HALLE,  II,  99.  . 

HAMEL,  III,  308. 

HAMILTON,  III,  52. 

HAMPDEN,  m,  a54. 

HAMPSUIRE  (le),  I,  369. 

HAMPTON,  111,171,179. 

HAXCOCK,  II,  431. 

HANOVRE,  II,  246, 

HARRISON  (général).— 1812,  dans  l'Indiana,  IH,  152.-1813,  sur  le 
lac  Erié,  III,  170.-1813,  sur  la  rivière  Miamis.III,  172.— 1813,  bat 
Procter,  111,174, 


DE    l'histoire    du  CANADA.  CCCXXV 

If  ART,  III,  120,  325. 

]IARVEY,III,  177. 

IIARWOOD,  III,  377. 

HAUT-CANADA,  III,  66,  69,  76. 

HAVANE  (la),  II,  15,  84. 

HAVERHILL,  II,  25». 

HAVILAND,  II,  :«.'),  37.'î.  ^ 

HAVRE-DE-OR  ACE,  II,  158, 174. 

HAWKS,  II,  186. 

II AY,  111,41. 

HAZEN,  III,  10. 

IIEAI)  (sir  Francis  Bond).  — 1836,  lient.-gonverneur  Jn  Haut- 
Canada,  III,  325,  329.  —  1836,  dissout  le  parlement,  III,  330.  — 
1837,  reprend  les  réniv<  de  l'administration,  III,  341.  — 1838,  re- 
tourne en  Angleterre,  III,  349. 

HÉBERT.— Premier  colon  du  Canada,  I,  70, 130, 171  ;  II,  248. 

HEMINGFORD,  III,  223. 

H  ENDRICH,  11,238. 

HENEY,  III,  259. 

HENN EPIX  (le  Pore)).  — 1679,  sur  l'Ontario,  T,  256.— 1679,  chez  1m 
lUinoLs,  I,  257.  — 1680,  voyage  au  pays  des  ^Sioux,  I,  258-9.  —  Son 
livre.  II,  12, 19. 

HENRY  (Patrick).— Patriote  irlandais,  II,  428-9. 

HENRY(Jolin).— 1809,  agent  secret  de  sir  James  Craig,  111,161, 
185. 

HENRY  (major).— 1813,  à  ChAteauguay,  III,  180. 

HERALD  {The),  III,  321,  307,  368. 

HERBIN(d'),  11,317. 

HERIOT,  III,  2015. 

IIERTEL  (François). —  16îX),  expédition  contre  la  Nouvelle- Angle- 
terre, I,  328. — Anobli,  I,  344. 

IIERTEL  de  la  FRESNI ÈRE.— 1690,  blessé,  I,  328. 

HERTEL  de  CHAMBLY,  II,  29. 

HERTEL  de  ROUVILLK  -1704,  attaque  Deerfield,  II,  28.  — 1708, 
attaque  Haverhill,  II,  29. 

HERTEL  de  ROU VILLE.— 1766,  réside  à  Montréal,  11,400.  —  1787, 
juge  ;  sa  conduite,  III,  58. 

HERTEL  de  ROUVILLE.— 1837,  colonel  de  milice,  III,  338. 
HESSE,  III,  m. 


CCCXXvi  INDEX   ANALYTIQUE 

II1«SE-CA8SEL,  II,  240. 

IIEY,  11,407,410,434. 

IIILL,  11,45,4».  4K. 

llIIJ>l{()i:(jr(JlI,  11,431. 

HINCKS  (Sir  Franci»).— 1854,  à  Londreu,  III,  376,  37d. 

IIOIîKIUK,  III,  4«. 

HOC'QrAKT,  II,  121,187,216. 

liOClIELACiA. — Voir  8act-Saiiit-Ix)CIIi;  MoirrRtAi* 

IIOLIJOUN,  ll,2fi({. 

HOLLANDAIS.  -Voir  'Sovywu.m-AsoLmvum. 

HOLLANDE,  II,  57,  83  ;  III,  40. 

HOLMES,  II,  310,  .330. 

HON(;UIE,  II,  109.  . 

HOPE,  III,  52,  55,  56. 

HOl'SON,  II.  224,  227. 

HOKTON.— Voir  Wii.Mcyr. 

HOWEl lord).  — 1758,  au  lac  Saint-Sacrement,  II,  287.  — 1775,  re- 
vient d'Europe,  II,  445.  — 1770,  vict^jire  «le  Lrjnu-Ihlund,  III,  19, — 
1770,  à  Albany,  III,  20.— 1777,  à  Albany,  III,  'S>,  81. 

HOWICK  (lord),  III,  290,  331,  366. 

HUBERT,  à  la  Louisiano,  II,  70. 

HUBERT  (Mjrr).— 17&5,  nomm^-  évéque,  111,03.-1793,  non  reconnu 
par  l'Angleterre.  III,  98. — 1793,  ^rit  au  sujet  de  la  révolution  fran- 
çaise, III,  145.— Son  décès,  III,  65,  9Î). 

HUBBARDTON,  111,26. 

HUDSON  (baie  d').  —  Description,  I,  368.  —  Influence  climat^riqne, 
I,  92.— 1010,  découverte,  I,  05,  242.  —  1040,  La  Tour  y  fait  la  traite 
avec  les  Anglais,  1, 104.  — 1051,  les  Français  s'avancent  danw  c«tte 
direction,  I,  242.— 1056,  voyage  de  Bourdon,  1, 243.  —  1000,  visitée 
par  les  Français,  1, 152. —  1061,  voyage  de  La  Vallière,  I,  242. — 
1009,  les  Anglais  s'y  établi.ssimt,  I,  24.3.-1671,  sauvages  présents 
au  Sault-Sainte-Marie,  1,221.  — 1671,  voyage  de  Saint-Simon,  I, 
243.  — 1672,  pri.se  de  possession,  I,  222.  —  Louis  .Jolliet  y  fait  un 
voyage,  I,  252.r— 1677-96,  son  histoire,  I,  363-371.  —168.3,  situation 
des  allai res,  II,  .56,  71.  — 1684,  compagnie  canadienne  fondée,  II, 
142.  — 1089,  guerre,  I,  322,  323.— 1696,  on  décide  d'en  chasser  les 
Anglais,  I,  352, 353,  3.58.— 1697,  accordée  à  la  France,  1, 373.-1713, 
passe  aux  Anglais,  II,  ôi,  150.  — 1744,  projet  de  conquête,  II,  17u. 
1750,  traite  qui  s'y  fait,  II,  201.  — 1763,  admininistratiou,  II,  390. 
1 782,  campagne  de  La  Pérouse,  II,  394. 


DE  l'histoire   du   t•A^ADA.  CCCXXvii 

HUDSON-BA  Y  (V),  I,  369. 

HUDSON  (rivière),  II,  109,  279. 

HUGUENOTS.  —  Dans  le  Poitou,  II,  103.  —Révocation  do  l'étlit  de 
Nantes,  I,  208. — lOOî»,  en  Louieiaue,  II,  12. — Et  Auglais,  II,  08. — 
Voir  Nantes,  Pkotestantb. 

HUILES,  I,  213-4. 

HULL  (Kénéral),  III,  102-3. 

HULL.— Capitaine,  III,  107. 

HUME.— 1K23,  ami  des  Etats-Unis,  III,  250.  — 1828,  au  sujet  des 
troupes,  III,  204. — 1828,  favorable  aux  Canadiens,  III,  271.— 1834, 
les  Canadiens  ont  confiance  en  lui,  III,  308. — 1834,  défend  les  Ca- 
nadiens, III,  312.  —  1834,  en  faveur  des  92  résolutions,  III,  314.  — 
1837,  parle  on  faveur  des  Canadiens,  III,  331. — 1838,  attaque  lord 
John  Kussell,  III,  348. —  1838,  préside  une  a.ssemblée  III,  354. — 
1839,  vote  ixjur  le  projet  d'Union,  III,  370,  379. 

HUNTER,  II,  111. 

HURON  (lac).  —  Description,  I,  89.  —  Visité  par  les  missionnaires, 
I,  243.  — 1079,  navire  de  La  Salle,  I,  257. 

HUKONS.—  Leur  halntat,  1, 94,  95,  9«j,  220.— I^eur  signe  héraldique, 
I,  377.  —  Font  alliance  avec  Chaniplain,  I,  05.  — 1015,  visit^'s  par 
Champlain,  I,  00. — 1034,  on  leur  envoie  des  missionnaires,  1, 127. 
— 1030,  en  guerre  contre  les  Iroquois,  1, 130,  131. — 1044,  très  affai- 
blis, I,  137.— 1048,  leur  ruine  est  commencée,  I,  140,  141.-1048-9, 
leur  pays  est  ravagé  par  les  Iroquois  ;  dispersion  jrénéralo,  1, 141. 
— 1050-9,  réfugiés  à  Québec,  I,  144.  — 1050,  massacrés  dans  l'île 
d'Orléans;  ce  que  devient  la  tribu,  1, 148-9.  —  1071,  réfugiés  à 
Michillimakinac,  I,  244.  —  1084,  marchent  contre  kvs  Iroquois,  I, 
272-3. — 1084,  attaquas  par  les  Iroquois,  I,  209. — 10.^0,  attaqués  par 
les  Iroquois,  I,  279,  280,  288.— 1088,  en  guerre,  I,  288.-1089,  mes- 
sage de  Frontenac,  I,  :^20. — 17(>4,  attaquent  les  Irofiuois,  II,  25,  20, 
20.  — 1700,  s'entendent  avec  les  Iroquois,  II,  27.  — 1711,  s'arment 
pour  les  Français,  II,  50.  —  1755,  au  lac  Champlain,  11,222.— 
1704,  secondent  Poutiac,  II,  405. 

HUSKISSON,  III,  265,  274,  275. 


IBERVILLE.— Voir  LeMOYNa 

ILE-AUX-NOIX,III,  179. 

ILLINOIS.— Leur  habitat,  I,  96.— Mœurs  et  coutumes,  1, 258.— 1665, 

à  Chagouamigong,  I,  247.  — 1070-72,  mission  des  Jésuites,  I,  248. 

— 1073,  visités  par  les  Français,  I,  360,  252. —  1074,  mission  du  P. 

Marquette,  I,  253.  — 1679,  mibsioanaipes  qui  les  vifiitent,  I,  257. — 


CCCXXVm  INDEX    AMALYTTQUC 

167Î),  visita»  par  La  Halle,  I,  257.  ^  l«7î>,  on  Kuarre,  I,  2fiO.  —  IftfiO, 
attaciu/'-B  par  Ioh  Iroqiioii*,  I,  201. — l»i82,  vruHrre  «Im  It<"  •■»>, 

2H7. — 1(5X4,  non  compris  danx  le  traib':  ilo  paix,  I,  27  >  — 

UiHti,  attarjUt^H  |»ar  1»>h  Iroqtiois,  I,  27!». — 1712,  du  iHHroit,  alll<■^  <ltv, 
Français.  II,  M). — 171(>,  I)n>?u/'  c;oiiiiiiandant,  II,  77.  —  1717,  com- 
morco,  II,  145. — 1718,  tiouvcllu  habitation  franvaiiio,  II,  H'.i, — 1727, 
lidèliM  aux  FrançaiH,  II,  89,92.  —  1731,  lo  roi  roprond  jxiMMtHHion 
du  comn>«rco  do  cotto  contrée,  II,  95.  — 1748,  nituatiun  dm  Fran- 
çaiH,  II,  192, 198.  —  1755,  pri'paratifM  do  guerre,  II.  248.  —  1758,  on 
o«i)ùro  on  tirer  de»  vivre»,  II,  277. — 1758,  forc«  «lu  paya,  II,  298. 

1MIH)T.S,  TAXES  ET  IXJUANES.— Soua  Loub  XTV  et  Umi»  XV, 

1,181;  II,  159,1W\II,  438. 

IMll/rS. — 1763,  le  conaoil  n'a  pan  le  droit  d'impo«er  dea  taxes,  II, 
398.— 1764,  rAnjrU«t«rre  Uxo  »e«  colonies.  II,  407.— 17«5,  impftt  du 
timbre,  II,  428-30.-1774,  sur  Ioh  boiwmns,  II,  4:^8.— 1778,  l'Anglo- 
terro  rononco  à  taxer  «en  wjlonie^,  III,  43. — 17W1,  Ioh  provinrendi**- 
poseront  «lu  produit  do  l'irni^tt,  III,  70. — 179;{,  trèa  U-^tt^r».  Ilf,  li6. 
— 179.'">,  divers  imiVits  vott'»  par  i'.<V>ttieml)UK),  III,  W.-  ito 

des  loin,  III,  loi. — 17î>1>,  bill  pour  donner  au  peuple  !•  .  •  >  <lo 
taxer,  III,  80. — 18(MJ,  projet  de  taxe  foncière  et  autre»»,  ILI,  113. — 
l81f5-22,  les  subside»,  111,205.  — 1817,  iwirtage  de«  revouua  des 
douane»,  III,  236.  —  1822,  question  des  subside*,  III,  246,  252.  — 
182S,  partage  des  droits  do  dotianes,  III,  273.  —  18.34,  iiarta^je  des 
droits  de  douanes,  III,  302.— 1837,  question  des  subtiidee,  III,  331. 

IMPORTATIONS,  II,  lôô,  220. 

IMPRIMERIE.— 1638,  introduite  dans  le  Maaaachnsett»,  I,  314, 31.Î. 
— 1750,  La  Jonquiôre  veut  l'introduire  dans  le  Canada,  II,  206. — 
1764,  introduite,  I,  19^)  ;  II,  406.  — 1776,  preeee  <!'tahlie  i  Montn!«l, 
III,  12.  —  1784,  Du  Calvet  invoque  la  liberté  de  la  presse,  III,  5L 
— 1789,  mutibUio  des  journaux  politique»,  III,  67,  77. 

INCARNATION  (la  Mère  de  1'),  I,  im. 

INDÉPENDANCE  AMÉRICAINE,  III,  20. 

INDÉPENDANCE  DU  CANADA,  III,  267,  355-6. 

INDES  OCCIDENTALES.  — Pourquoi  nommées,  1, 12.— Projeta  de 
Colomb,  I,  7.  —  1625,  Richelieu  y  fait  des  concessions,  I,  73. — Voir 

POINCY. 

INDES  ORIENTALES.— Leur  commerce,  1,5. 

INDES. — Voir  Compagnie. 

INDES. — 1746,  tlotte  française  dans  le«.  II,  184.  —  Durant  la  imerre 
de  Sept- Ans,  II,  l'77-S,  2W,  375.  —  1778,  projet  de  l'Angleterre, 
III,  42. 

INDES  ET  LE  CANADA.— 1755-60,  U,  375. 


DE    l'histoire    du  CANADA.  CCCXXMC 

INDIENS.— Voir  Sauvaghi. 

INDUSTRIES,  I,  206,  213. 

INONDATIONS,  II,  124. 

INSTRUCTION  PUBLIQUE.— Voir  Ecoles. 

INSURRECTION  de  1837,  III,  :i50.  382.-1837-38,  III,  201. 

INTENDANTS  ET  œMMlSSAlRE.-»,  11,  Iti,  «7,  72,  7«,  95,  98. 

INTf:NDANTS.—  Ix)ur8  fonctions,  1, 178, 183-4.— Lenr  position,  II, 
115-8. — Leur»  démêlés  avec  les  gouverneurs,  I,  275-6. — Leurs  abus 
de  pouvoir,  II,  144. — Voir  Brauiiarsois,  BBf-.ox,  Bir.oT,  Bol'tkroi'e, 

CHAMl'IOXY,  ChAZKL,  DucnESNEAf,  DUPUIS,  HOCXiUART,  DB  MeLLLBB, 

Racdot,  RoBfjRT,  Talon. 

INVASIONS.— Voir  Giterrbs. 

lOWA,  I,  251. 

IPKiUIT,  II,  31. 

IRLANDPi.  —Conquête  anjrlaise,  II,  403;  III,  270.  —  1778,  lois  con- 
cernant la  religion  catlioliqne,  III,  43. — 1778,  menace  de  se  révol- 
ter, 111,44,— Dîme  anglicane,  III,  293.— Agitation  <rO'ajnnell,  III, 
295.  —  1834,  le  ministère  anv:lHi8  résigne  à  son  sujet,  III,  313. — 
Unie  à  l'Anjileterre,  lll,  384,  ;i89.  ; 

IRLANDAIS.— 1837,  à  Québei-,  III,  33.3.— 1837,  leur  attitude,  III,  341, 

IROQUOIS. — Leur  origine;  leur  caractère,  I,  59-60.— Leur  habitat, 
I,  96. — Leurs  c«>nrse.s  T,  Ofi. —  Crainte  qu'ils  inspirent,  I,  245.  —  Et 
les  Chickasas,  II,  89. — 1609,  Iroquois  attaqués  par  Champlain, 
I,  62,  12S.  -  1615,  aftnqnrs  par  Champlain,  I,  66.  —  1(;24,  leur 
attitude,  1,  70. — 16J>4-47,  lenrs  incursions,  I,  244. — 16;î<>,  on  guerre 
contre  les  Hurnns,  I,  130,  131. — 1644,  terreur  ([u'ils  répandent;  les 
Hullandais  leur  fournl.->8ent  des  armes,  I,  136,  137. — 1645,  font  la 
paix,  I,  139. — 1645,  revoivent  dos  missionnaires,  I,  140. — 1648-9, 
détruisent  les  bourgades  huronuas,  1,141. —  1651,  la  Nouvelle- 
Angleterre  refuse  de  coopérer  à  leur  destruction,  1, 145. — 1652,  ils 
attaquent  les  établissements  français,  I,  146. — 1654,  font  la  paix,  I, 
147.  —  1(555,  dé.<irent  avoir  un  établissement  français  parmi  eux, 
1, 148.-16.56,  massacrent  le-î  Hurons  a  l'île  d'Orléans,  1, 148.- 1660, 
menacent  la  colonie;  sont  ff'^faits  an  Long-Sault,  1,151.  — 1(.>61, 
offrent  la  paix,  I,  151.  — 1661,  au  lac  Nécouba,  1,242. — 1664,  négo- 
ciations iKiur  la  paix,  1, 169.  — 1665,  leurs  courses  dans  le  Nord, 
I,  248.  — 16()5,  ambas.sadeurs  à  Québec,  I,  208.  — 1665,  on  lenr  fait 
la  guerre,  I,  205,  209. — 1666,  on  porte  la  guerre  chez  eux,  I,  210. — 
1669,  menaces  do  guerre,  I,  219.  — 1670,  trafiquent  avec  la  Nou- 
velle-Angleteriti,  I,  216. — 1670,  attaquée»  do  la  {jetite  vérole,  I,  220. 
—1670,  établis  près  de  Montréal,  I,  220.-1671,  paix,  I,  219.— 1672, 
assemblée  à  Cataracoui,  I,  222.— 1679,  visités  par  La  Salle,  I,  256. 
—  1679  ot  16S0,  on  guorro  contre  les  Illmois,  I,  258,  260,  261.— 


CCCXXX  INDEX  ANALYTIQUK 

1082,  Mont  attir^H  par  les  An^^laiN,  I,  235.  —  1682,  catue  qui  1m 
met  on  jnierns  I,  2«3.  —  \(iH'2,  en  jçiierro  contre  lee  Illinoi»,  I,  286. 
—  lOHli,  leur  diplomatie,  I,  2<Wl-7.  —  HiK:{,  déclarent  la  tn^^n-e  aaz 
MiniiiiN  ut  aux  Outnouui»;  vu  Hont  (li.oMia<lt-H,  l,'2t'>'.f.  —  1((H4,  leur 
dijiloinatie,  U71. — KiM,  utta<|ii)-nt  le«  Kaiivam^  allit-ii  <1»^  Kr«m;ai», 
I,  2(>"J. —  l(iH4,  nian  hont  contre  h«  IllinniH,  1,  271-2.-   !  ni 

la  paix,  I,  272-.'J. — KiSi,  on  dctido  du  kv*  n'-duiro,  I,  27<..  .ut 

j)lti»  do  clia^Ho  chez  «ux,  I,  277.  —  M>MJ,  chaHM^nt  »iir  lo  Sainte 
Lauront,  I,  277.  —  1«H(J,  a»Houibl»'-o  à  Alhany,  I.  278,— 1<1m{,  établi» 
8ur  riludson,  I,  279.—  1(186,  attaquent  Itw  alli<'»  de»  Krançaii,  I, 
2T9.—10ë7,  l'arma  marche  contre  eux,  1,  281.— lf>«7,  chefn  arW^t^i, 
I,  2«<),  285.  — 1687,  incunjionn  hur  lu  Kaint^I^urent,  I,  28.'».— 168iiL 
font  parade  de  leur  ind<'-[iendance,  1, 2K7-H. — KI.S.S,  trêve  ;  incurition»,  "^ 
I,  2S7-8.— 1()K',»,  raviiKent  l'Ile  de  M«>ntr<''al,  (niaK^acru  de  I^tcliine), 
1,291-2,  324, :W2.— 1689,  jrrand  conintiil,  I,  :{:;:i.— l»)!»0,He  rapprwhent 
des  An^'lai»,  I,  3:«).  — I69(i,  leur  diplomalio,  1,  :'Ar>,  :i4(>-7.  —  1691, 
les  Franvais  attat|Uont  Umr»  cantons,  I,  .'{.')0.  —  16!M,  battus  dana 
l'Ouest,  I,  '.^52.  —  l<i!»6,  les  Franvai»  rava^fut  leur  i>ays,  I,  Xi4. 
— 16«7,  leur  y)ay8  »era-t-il  an^flais  oa  français,  I,  37.3,  374, 
375.-1790,  leurs  signes  héraldiques,  I,  377.  — 1700,  b'allient 
aux  F^ivais,  1,376,  379,381.— 170(J,  sijjnout  la  paix,  li,  22,  23,  24, 
110.  —  17CK),  revoivent  dtis  niisHionnaire»4,  II,  2;».  —  ITiï.i,  afKt^^t'-e  de 
leur  pui8!<anco,  II,  24.  —  1704,  UMmacés  par  1«»  autroh  nation.**,  II, 
2.'),  26,  26.—  17(«>,  rouijwnt  la  paix,  II,  .'59,  40.  — 1711,  aujbaRwade  à 
Londres,  II,  4.').  — 1711,  menacent  le  Canada,  II,  47. —  1713,  la 
France  retire  so.s  prétentions  hur  leur  i>ays,  II,  54.  —  1716,  restent 
neutres,  II,  97.-1744,  leur  attitude,  II,  170.— 1745,à  l'assemblée  de 
Montréal,  II,  176.-1746,  s'arment  contre  le  Canada,  II,  181.— 1748, 
la  France  réclame  leur  pays,  II,  109,110.  — 1748,  députation 
envoyée  à  Montréal,  II,  197.-17-50,  établis  à  la  Présentation,  II, 
20:>.— 1754,  s'allkiiit  aux  Anglais,  II,  210.  —  17-54,  délégués  à  Mon*- 
téal,  II,  212.  —  17.50,  veulent  rester  neutres,  II,  252.-17-56,  leur  si- 
tuation à  Oswégo,  II,  254,  255,  2.58.  —  1757,  envoient  des  délités 
aux  Français,  II,  268.  — 17-58,  on  cherche  à  les  entraîner  contre 
l'Angleterre,  II,  286.— 1759,  se  rapprooiient  des  Anglais,  11,  ZSl. — 
1775,  les  Anglais  leur  proposent  une  aUiance,  II,  447.  — 1778,  dé- 
truits, III,  44.-1784-1858,  leur  situation,  111,  45. 

IRVINE,  III,  133,  245. 
IRVI^:G,  II,  407. 
ISLANDE  (!'),  I,  4,  6.  * 

ISRAÉLITES,  II,  127. 
ITALIE,  II,  21,  86. 
IVROGNERIE.— Voir  Eac-db-vib. 
IZARD,  III,  191-2. 


DE   l'histoire   du    CANADA.  CCCXXXl 


JACKSON,  III,  175, 106. 

JACQUES  II,  I,  321,  util,  3GS;  II,  21^ 

JACQUES  III,  II.  397. 

JACQUES-CARTIER  (fort  et  rivière).— 1759,  Montcalm  part  ponr 
s'y  remlro,  II,  327. — 1759,  rarni(''e  française  s'y  arrête,  II,  '.U4,  347. 
—1759,  Lévis  y  conKtruit  un  fort,  II,  34S.  —  17r)0,  déijôt  de  l'arnae 
françaiîio,  II,  3ti5. — 17(iU,  Dumas  y  commande,  II,  371.  —  17t)0,  Al- 
bergotti  y  commande,  II,  372. — 1776,  projet  de  foitiflcation,  III,  15. 

JALABEUÏ(Marc),  I,  21. 

JAMAÏQUE  (la),  II,  15  ;  III,  376. 

JANSÉNISME  (le),  1, 197;  II,  218. 

JAPON,  II,  127. 

/.ir^(la),  III,  108. 

JEFFERSON,  III,  150. 

JERSEY,  II,  410  ;  III,  87. 

JÉSUITES. — Evangt'lisent  le  nouveau-monde,  I,  240. — Leur  carac- 
tère, I,  241. — IGIO,  vont  en  Acadie,  I,  50,  51,  52. — 1625,  arrivent  eu 
Canada,  I,  69,  71,  187. — 16:25-1048,  leurs  dtk-ouvertes,  I,  140. — 1632. 
reviiwuHuit  au  Canada,  1, 128.  — 1633-65,  leur  influence  dans  les 
affaires  du  Canada,  I,  2()4-7. — 1634,  aux  missions  huronues,  1,127. 
— 1634-47,  mission  des  grands  lacs,  I,  244. — 1658,  on  leur  délègue  la 
conduite  des  affaires  ecclésiastiques,  1, 149. — 1662,  le  suix-rieur  est 
nommé  au  conseil  du  gouverneur,  1, 154.  — 1662,  Lostiles  au  gou- 
verneur, I,  156. — 1665,  instruction  à  Talon,  1,204-7. — 1672,  instruc- 
tion à  Frontenac,  I,  224.  — 1672,  opinion  de  Frontenac,  1, 228. — 
16S7,  offerts  aux  Iroqnois,  I,  285. — 1<>89,  font  bon  accueil  au  comte 
de  FronttMiac,  I,  294. — 17(K),  leur  intluence  sur  les  Iroqnois,  1,375, 
— 1723,  envoyés  en  Ixjuisiane,  II,  87.  — 1728,  neutres  dans  le  débat 
entre  le  clergé  et  le  conseil  su|)érieur,  II,  119. — 1751,  à  propos  delà 
traite,  II,  204.  — 1760,  conduite  d'Amherst  à  leur  égard,  II,  375. 
1767,  conduite  de  certains  .«anglais  à  leur  égard,  II,  404.  — 1773, 
supprimés  par  le  pape,  II,  425.  — 1775,  projet  d'expulsion,  II,  412. 
—1773,  collC'ge,  11,  411.-1776,  collège  fermé,  III,  90.— Leurs  écoles, 
I,  IIKJ  ;  III,  62. — Leurs  biens  promis  à  Amherst,  III,  32.  — Sous  le 
régime  anglais,  II,  399;  111,65. — 1765,  projet  du  ministère,  II, 
405. — 17S9,  on  demande  que  leurs  biens  soient  affectés  aux  écoles, 
111,64,65. —  1800,  dét'è.s  du  Père  Casot,  III,  106-7.-1828,  on  de- 
mande que  leurs  biens  soient  affectés  aux  écoles,  III,  273,  280. — 
L'Angleterre  s'en  réserve  le  revenu,  III,  286.  —  Jésuites  de  langue 
anglaise,  I,  285. 


CCCXXXU  IXO£X   jLKALYTlQUf 

jteUH  (Ile),  1,350. 

JOANNÈS,  II,  :i6. 

JOGIIES  (le  I'i>re),  1, 140,  24ÎM. 

JOHANNISHKKG,  11,377. 

JOHNSDN  (î/t'n.'Tal  »ir  W).—  1764,  marche  Hur  le  fort  8t-Frcdcric, 
II,  211.  —  1755,  au  lac  St-Sacroiuont,  II,  222,  236-8.  —  1755,  h]m»é, 
11,  240.  — 1755,  sa  Iwllo  comliii'o,  II,  241.  — 1766,  «on  armée Mt  11- 
ronci.'o,  II,  242.  — 175(5,  à  (ioriiian-natlN,  II,  258,— 175S,  au  lac  8t- 
Sacroniont,  II,  :;s(J.— 1750,  manlic  «ur  Nia^'ara,  11,310,332.-1769, 
paMHo  il  OKWi'-go,  II,  332.  — 1750,  «ièxb  do  Niat?ara,  1 1,  332.  — 1709, 
fi(l<>lo  à  l'Angleterre,  II,  431.— 1775,  fidèle  à  rAngletorro,  II,  448. 

JOHNSON  (hir  John).— 1787,  intendant  do«  sauvage»,  III,  5(j. 

JOLLIKT  (IxiiiiM).— Sa  famille,  I,  249,— KJ72,  profK)^  jmnr  la  d<kou- 
verto  du  MiNsiMsiiu,  I,  222. — 1073,  dAritivr  F,  249. — 

1073,  80U   rapiMift  do  la  découvurto  du  .M  _■  — 1687, 

obtiunl  une  Hoijjaourie  prt«  Montr^-al,  1, 253.  —  Nouiin^  hydrogra- 
phe du  roi,  I,  253.  —  Reçoit  l'ilo  d'Anticosti,  I,  252.  —  K^iiido  à  l'Ile 
d'Antico8ti,  I,  253. — Son  nom  donné  i  une  montagne  et  à  une 
ville,  I,  253, 

J0N(;AIRE.  — 1711,  envoyé  chez  les  Iroquois,  II,  47.-1721,  établit 
un  po8te  à  Niagara,  II,  111.  —  1750,  va  résider  chez  les  Iroquoia, 
II,  203. 

JONCiUlkUE  (La).  — 1746,  nommé  gonvemonr  du  Canada,  11,187. 
—1740,  »ur  la  flofto  de  d'Anville,  II,  180.— 1747,  perd  une  ]>ataille 
navale,  II,  1S4.— 1749,  arrive  à  Quélxjc,  II,  187,  197—1750,  gouver- 
netir,  cherche  à  s'enrichir,  II,  132.— 1750,  question  des  frontière», 
II,  199.— 1752,  se  prépare  à  la  gnerro,  IT,  203,  204.—  1751,  querelle 
avec  les  jésuite»,  II,  204. — 1752,  accusé  ;  .son  décès,  II,  205. 

JONQUIÈKE  (fort)  La.— 1752,  construit,  II,  132. 

JORDAN,  III,  86. 

JOSEPH  I",  II,  54. 

JOURNAUX.— 1791, 111,85.— Voir  iMPBnŒRia. 

J0UTARD,III,41. 

JOUTEL,  II,  4,  5,  6,  7. 

JUaiEREAU  DE  SAINT-DENLS.— 1«75,  sa  maison  près  Québec, 
I,  231.— 1090,  ble6!>é  à  Beaupurt,  I,  342,  344.— 1699,  établi  à  la  Loui- 
siane, II,  72.  — 1719,  décoré  de  la  croix  de  St- Louis,  II,  bb.  — 1729, 
ami  des  Natchitoches,  IT,  92.— 1731,  défait  les  Natchez,II,  95. 

JUCHEKEAU  DE  LA  FERTÉ  (de).— 1664,  conseiller,  I,  180,  201.— 
1686,  à  la  baie  d'Hudson,  I,  323. 

JUCHEREAU  (Duchesnay).  — 1792,  tué  à  Charleville,  11,394.— 
1813,  à  Châteauguay,  III,  182. 


DE   l'histoire    du   CANADA.  CCCXXxiu 

JUCIIEREAU— 1773,  consulté  par  le  gouverneur,  II,  419. 

JUGES  MILITAIRES.— 1760-4,  les  Canadiens  n'ont  pa»  retour»  à 
eux,  II,  3*J2. 

JUGES  DE  PAIX.— 1764-6ÎJ,  leurs  iiouvoirs,  II,  418.-1766,  on  pro- 
pose de  nommer  dos  Canadiens,  II,  409. — 1836,  on  nomme  des  Ca- 
nadiens, III,  323. 

JUGES,  inéliKililes.— et  députés,  III,  121, 125-6, 14S. 

JUII^J,  III,  121,280,  290. 

JUMON VILLE  (Villier  de),  11,207. 

JUIIÉS.— 17G4-0(i,  tous  Anglais,  II,  402,  402.  404,  408. 

JURY. — 1784,  d»3niandc  par  DnCalvet,  III,  51.  —  1784,  demandé  |jar 
les  Canadiens,  III,  54.  — 1785,  établi  en  matières  commerciales, 
m,  h2. 

JUSTICES  SEIGNEURIALES,  1, 181-2.-1711,  défense  d'en  accor- 
der de  nouvelles,  1, 174. — 1777,  lois  tyranniquee des  seigneurs,  III, 
34. 

JUSTICE,  haute,  moyenne  et  basse,  1, 173. —  Première  administra- 
tion, 1, 171, 175, 182.  —  1H.VJ,  édit  qui  en  règle  rathuinùstration,  I, 
150.  — 16<)2,  inconvénient  d'un  système  incomplet,  1, 158.  — 1664, 
M.  de  M/'sy  amène  plusieurs  gens  do  robe,  1, 169. — 1H65,  réformes, 
I,  2(M). — l()«k),  par  (]ni  sont  payés  les  juges,  I,  208.  —  Vues  de  Fron- 
tenac, I,  227.-1677,  prévôté  do  QuélKic,  I,  229.— 1726,  réformes  de 
l'intendant  Dupuy,  II,  115. —  Administration  sous  les  Anglais,  II, 
396-S.  — 1764,  juf,'es  ignorant  le  français,  II,  402,  408.  — 1767, 
enquête  do  Carloton,  II,  410. — 1773,  dos  Anglais  partout,  II,  417. — 
1777,  on  o\m-Q  îles  changements,  III,  34.  —  1777,  ignorance  des 
juges,  III,  35. — 1780,  ou  discute  l'organisation  judiciaire,  III,  37. — 
1780,  projet  d'intixKluire  les  lois  anglaises,  III,  37. — Voir  Lois 

FRANVA18B8,  L.\NGtJB,  LuWiîON. 


KAMANISTTGOYA,  II,  125, 120. 

K  AMOURASKA,  II,  99, 157  ;  II,  333.— L'ermite  de,  1, 198. 

KAHRER.  II,  171. 

KALM,  II,  131. 

KEENE,  III.  196. 

Ki:.\I  TT.  —  1S14,  commande  dans  le  Haut-Canada,  III,  191.  —1828, 
nuinmé  gonvernour,  III,  274,  277.— 1830,  ou\Te  les  Chambres,  III, 
*_>S1.— 1830,  rapielé,  III,  284.— 1S35,  son  opinion  sur  le  Canada,  III, 
313. 

KE^'EBEC— Voir  Liauiiis. 


CCCXXXIV  INDEX  ANALYTIQUE 

KEPPEL,  II,  211. 

KKRR,  III,  2ÎK),  294,  298,  318,  323. 

KliKTII  (David).— S'omparo  de  Québec,  I,  78-80. 

KEltTH  (Thomas).  —  Seconde  non  frère  Loui»  à  U  prise  de  Québec, 

1,80. 

KEKTH  (Ix)ui8).— 1633,  rend  Québec,  1. 126-7. 

Kl KAK)U8.— 1670-72,  inissiong  de*  jésuites,  1,248.-1673,  visité»  par 

Jolliet  et  Marquette,  I,  2.30.-1712,  complotent  contre  le  Détroit, 

II,  50. 

KILI)I<:R,  111,56. 

Kl  M  BER,  111,323. 

KINGSTON.  — 1813,  quartier  général  do  la  marine  des  lacs,  III,  173. 
— Voir  Frontenac. 

KIWINA  (baie),  1,246. 

KLUCK,  11,407. 

KNELLER,  II,  399. 

K(JNDIARONK.— 1688,  son  caract<ire,  I,  288.— 1688,  à  CàUracoui  et 
à  Michillimakinac,  1,288-9.  — 1690,  veut  former  un«  trrande  al- 
liance dos  sauvages,  I,  329.— 1700,  à  Montréal,  I,  376,  :i81. 

KOSCIUBKO,  III,  28, 

KRISTINOTS  ou  CRIS.— IGôît,  connus  des  Français,  I,  246.— lG6.j,à 
Chagouamigong,  I,  247.— 1813,  leur  (lostriictinn.  III,  175. 


LA  BARRE  (officier).— 1644,  amène  des  colons,  1, 134. 

LA  BARRE  (Le  Febvre  de).  — Son  caractère,  I,  2G6.— 1682,  succède 
à  Frontenac,  I,  263.- -1684,  ses  intérêts  dans  la  traite,  I,  271.— I<i84, 
sa  conduite  envers  les  Anglais  et  les  Iroquois,  1,267,  272.  — 1685, 
remplacé  par  M.  de  Denonville,  I,  275. 

LA  BOURDONNAIS,  II,  184. 

LABRADOR.— Découvert,  1, 12,  242.— Visité  par  Cort^'réal,  I,  13.— 
Visité  par  Cartier,  1, 19.  — 1749,  ferme  de  traite,  II,  152. —  1763, 
conséquences  du  traité  de  Paris,  II,  396. 

LAB0I7CHÈRE,  III,  268,  281,  331. 

LA  CHAISE  (le  Père  de),  1, 194, 234. 

LA  CHENAIE.  — 1689,  ravagée  par  les  Iroquois,  I,  292 1692,  vil- 
lage attaqué,  1, 350. — 1706,  M.  Aubert  de  Lachenaie  intéressé  dans 
la  traite,  II,  143, 145.— 1775,  attitude  des  habitants,  II,  447,-1837, 
attitude  des  habitants,  III,  333. 


DE   L  HISTOIRE    DU   CANADA.  CCCXXXV 

LACHESNAYE  (M.  de).— 1709,  à  Terreneuve,  II,  36. 

LACniNE,  origine  de  ce  nom,  I,  254. — 1689,  uias.sacre  des  habitants, 
1,265,  292-3,  327,  332.— 1696,  ren-Joz-vous  de  l'armée,  I,  a54.— 1760, 
La  Corne  reix)ussé,  II,  374.  — 1812,  émeute,  III,  169.  —  Canal,  II, 
158. 

LA  CHAUSSÉ.— Voir  Gihahd. 

LACOLLE,  III,  167, 187, 192. 

LA  CORNE  de  SAINT-LUC— 1747,  attaque  le  fort  Ginton,  II,  183. 

LA  CORNE. — Son  rapport  au  i- ujet  des  eiiii)iètoment8  dt«s  Anglais, 

II,  113. — 1750,  commande  sur  la  frontière  do  l'Acadie,  II,  199,200, 
202. — 1752,  soldat  de  sa  coinpaj^nio  accust'-  du  criiuu  iPincendie,  II, 
99.-1750,  au  lac  Ontario,  II,  ol2.  — 1759,  au  lac  St-Frauçois,  II, 
334.-1760,  au  saut  St-Ix)ui6,  II,  371.-1760,  à  Liichim-,  II,  374.— 
1775,  à  Lachenaye,  II,  447.— Corn iiagnon  do  i^uffren,  II,  394. 

LACOSTE,  III,  339. 

LACS  (les  grands).  — 1670,  situation  des  Français  dans  ces  régions, 
I,  221. 

DURANTAYE  (La).— 1684,  négocie  avec  les  sauvages  alliés,  I,  272-3. 
—1687,  en  guerre  sur  l'Ontaiio,  1, 281.— 1688,  à  Michillimakinac,  I, 
289.— 16«9,  commande  à  Michillimakinac,  I,  325-6. 

LAFAYEITE,  III,  25,  30,  41,  46. 

LA  FERTÉ.— Voir  Jucueebau. 

LA  FEUILLADE,  11,55. 

LAFITAU  (i>o  Père),  II,  154. 

LAFONTAÎNE(sirL.  H).— 1831,  propose  de  refuser  les  subsides, 

III,  289.-1831,  son  attitude,  III,  292.-1834,  refuse  de  correspon- 
dre avec  le  conseil  législatif,  III,  302. — 1835,  au  sujet  de«  subsides, 
III,  327.  — 1837,  à  Kamouraska,  III,  333-4.  —  1838,  entrevue  avec 
Wakefleld,  111,361. 

LAFONTAINE.— Voir  Biaxx)WKT. 

LA  FORCE,  III,  134. 

LA  FRSSNIÈRE,  II,  385. 

LA  FRESNIÈRE.— Voir  Hertbl. 

LA  GALISSONNIÈRE.— Voir  Galissoxnièrb. 

LA  HÈVE.  — 1634,  concession  à  La  Tour,  I,  161.  — 1636,  Razilly  y 
fixe  sa  résidence,  1, 161. — 1636-7,  abandonnée,  1, 161. — 1654,  prise 
par  les  Anglais,  I,  165.-1654,  incendiée  par  le  Borgne,  I,  165. — 
1690,  projet  de  fortification,  I,  335.-1700,  corsaires,  II,  30. 

LA  HOGUE,  I,  351. 

LA  JAMERAYE  (de),  II,  129. 


CCCXXXVl  INDEX   ANALYTIQUE 

LAJAUNAYE-CIIATON'— Traite  danii  lo  Saint-Lanront,  I,  M. 

LA  J()NQI;iI:KK.— Voir  JoNQi.ikHB. 

LALKMANT  (le  l'ôro  .Krùme),  1,  L'ij:i,  243. 

LALEMANT  (le  Père  Gabriel),  1, 142. 

LALKMANT  (lo  Pore  Charltw),  I,  71, 133. 

LA  I01KP:(«1o),  11,510. 

LAMAIUiUE  DE  MARIN,  II,  132.— Voir  Maiiix. 

LAMHKUT  ini-nfrn]),  ITT,  107. 

LAMISKllVILLE  (lo  Pùro),  I,  274,  278,  280. 

I^  MOKANDIÈIŒ  (do),  II,  126. 

I^  MUTIIh^CADILLAC  — 1701,  fonde  lo  Détroit.  II,  10.  — 17fK5, 
mttladro.sjio  à  l'éj^ard  doH  Sauvages,  II,  2C,  20.— 1712,  goiivoruour 
do  la  Lnnisiano,  II,  72,  76. 

LAM0TI1E(M.),III,8L 

LAMPSON,  III,  286. 

LANAUDifcRE,  III,  56,  60, 101. 

LANGLADE,  II,  248. 

LANGI/JIS  (Mario  et  Salomon),  I,  85. 

LANGUEDOC,  II,  83. 

LANGUE  FRANÇAISE  EN  ANGLETERRE,  III,  384. 

LANGUE  FRANÇAISE. — Les  CanadienH  aiment  leur  langue,  III, 
78.  — 1704,  loH  ju^res  ne  parlent  pas  franviiif,  II,:*.)>2  —  17«>4,  on 
craint  les  consétjuence  de  sa  supproK«ion,  II,  433.  —  17»H),  rapjMirt 
des  ConinÙKsairos,  II,  408,  — 1773,  opinion  do  Marriott,  II,  411.  — 
1784,  Io*j  doux  langues  en  usage  au  Conseil  I-iégislatif,  III,  32. — 
1792,  tentative  de  i^uppression,  III,  80,  85,  8«j,  88,  101.  — 1800,  on 
veut  établir  des  écolos  anglaises,  III,  107-8.  —  1804,  traduction 
otHciolle,  III,  112.  — 1823,  les  Canadiens  fidèles  à  leur  langue,  III, 
249.  — 18;>5,  discours  du  trône  en  français,  III,  324.  — 1839,  prohi- 
bée, III,  377,  379.— Voir  Lois,  Jrsxica 

LANGUILLEZ  (Paul),  I,  86. 

LANGUE. — Voir  Rodltel. 

LANOULLTER,  II,  117. 

LA  PERRIÈRE.— Voir  Boucher. 

LA  PÉROUSE.-ÉiMUs^.  une  d'Aillebout,  1,141;  11,370,394. 

LA  PLUIE  (lac),  II,  129. 

LA  PORTIi,  II,  27fi,  302.— Voir  Louvigny. 

LA  rOTIIERlE,  l'RÉFAca 

LAi  r.illlli:,  I,  :-0,  339,  348  ;  III,  367. 


DE  l'histoire   du  CANADA.  CCCXXXVii 

LARD,  II,  159,  269,  273,  335. 

LA  KEINE  (fort),  II,  129,  132. 

LA  RI  BOURDE  (le  Pùrc  de),  I,  257,  261. 

LA  ROBEYRE,  I,  293. 

LA  RCKJHE,  — 1598,  droits  seigneuriaux  que  lui  confère  le  roi,  I, 
171,-1598,  tonte  d'établir  l'Acadie,  1, 38,  41. 

LA  ROCHE-BEAUCOURT,  II,  345. 

LAROCHEFOUCAULT-LIANœURT,  III,  97.— Voir  Liakooprt. 

LA  ROCHELLE,  I,  190  ;  II,  3, 10,  42,  77, 139,  155, 158. 

LA  ROQUE.— Voir  Roberval. 

LARTIGUE  (Mgr),  III,  224,  227,  339. 

LA  8ALLE  (Robert^René  Cavelier  de). — Sa  famille,  son  caractère; 
il  projett<^  de  se  rendre  au  MissiKsifii,  I,  254  ;  II,  58.— Son  arrivée 
en  Canada.  On  le  favorine,  I,  260.  —  Accusé  par  DuL-hekueau,  I, 
235. — Protég»''  par  Frontenac,  I,  238. — 1676,  atferme  le  fort  Catura- 
coui,  1,238. — 1675,  obtient  la  soigneurio  do  Cataracoui,  I,  265.^ 
1675,  obtient  un  privilège  de  commerce  au  Misaisbipi,  I,  260  ;  II, 
145. —  1675,  ennobli,  1,255. —  1677,  va  en  France,  I,  255.  — 1678, 
COI  st  (lit  le  fiort  Nia^rara,  I,  2.56,  — 1679,  Inui-e  un  bâtiment  sur 
l'Ontario,  I,  256.  —  1079,  passe  à  Micbillimaklnac,  I,  257.  — 1679, 
construit  un  fort  aux  Miamis,  I,  257.  — 1679,  iiénètre  chez  les 
Illinois,  I,  267.-1679,  construit  le  fort  Crèvecœur,  I,  258.-1679. 
ses  bien.s  sont  saisis,  1,  260. — 1680,  va  à  Crèvecœur,  puis  retourne 
à  Montréal,  I,  259,  261.  — 1681,  retourne  au  Mississipi,  I,  261-2. — 
1683,  chez  les  Illinois,  I,  263.  — 1683,  passe  en  France  pour  se  dé- 
fendre, I,  263  ;  11,3.-1684,  conduit  des  colons  à  la  Louisiane,  II, 
3. — 1687,  sa  mort,  II,  6, 10. — Lieu  qui  porte  son  nom,  I,  258. 

L'ASSOMmON,  III,  333. 

LATERRI  ÈRE,  111,41. 

LA  TESSEKIE.— Voir  Tesshbi* 

LA  TOUCHE.— Voir  Pez^xd. 

LA  TOUR  (Claude  de).— 1627,  domaine  que  lui  accorde  le  roid'An- 
j;leterre  en  Acadie,  1, 161.  — 1630,  en  Acadio,  I,  82-3,  85.  — 1635, 
habite  l'Acadie,  I,  83. 

LA  TOUR  (Charles  de). — 1630,  !<a  belle  conduite  en  Aoadie,  I,  82. — 
1632,  commandant  en  Acadie,  1, 161. — 1634,  m  fait  donner  l'île  de 
Sable  et  autres  terres,  I,  161.  — 1640,  en  mésintelligence  avec 
d'Aulnay,  I,  162. — 1645,  sa  femme  se  défend  dans  son  fort  du 
fleuve  Saint-Jean  ;  mort  de  cette  fexame,  1, 163-4. — 1646,  va  à  Que» 
bec;  traite  à  la  baie  d'Hudson,  I,  164.  — 1651,  épouse  la  veuve 
de  D'Aulnay  ;  son  rôle  en  Acadie,  I,  164.  — 1654,  pris  par  les 
Anglais,  I,  165.— 1656,  reçoit  partie  de  l'Acadie  dea  Anglais,  I, 
166.— 1666,  sa  mort,  1, 164. 


CCCXXXVin  INDEX   ANALYTIQUE 

L'AUBE-RIVifcRE  (Mgr),  II,  122. 

I/AUrX)UINl(-:ivE,  1,23. 

LAUUENTIDKK,  I,K9,93. 

LAUZON  (Jean  ilo)  — Son  caractère,  1, 146, 149.  — Concède  IMlo  d« 
Montréal,  I,  i:{2.— 1(»1,  sticcèdo  à  «l'AillebouNt,  I,  14tf.— lOôl,  n'oc- 
cu]>o  <lo  la  jiJHtice,  I,  17(>. — 1G58,  d'Argeii.son  lui  hiiiccdo,  1,  149. — 

Voir  ClIARNY. 

LAVAL  (M«r  do).  —  Sa  Camille,  1, 188.  —  N.n  .  ara.  t.m,  1, 150, 152, 
188.  — Son  influence,  I,  IKO,  188.  —  Et  kw  .J«'Huit«N,  I,  2fi«.  —  IWS, 
M.  d'Ar^enson  demande  un  <''V<!'quo,  I,  149.  —  KJ.V.»,  arrive  tm  Ca- 
nada, I,  150,  188.  -1<m;2,  d«:-m^'l<'-M  avec  M.  d'Avaui^our,  I,  l.')4.— 
U)(j2,  pasHO  en  Franco,  I,  lôH.  —  l«M).'i,  fait  noninifjr  .M.  do  .M<'>»y,  I, 
1()8. — l(Mi4,  m  brouillo  &vw.  M.  de  Mc^y,  I,  2<d. — AH'airo  de  l'oau- 
do-vie,  I,  233.  —  Son  attitude  souh  Frontona*-,  I,  232.  — 1677,  inh- 
truction  du  roi  à  son  C-gard,  I,  234.— 1';78,  pause  en  France,  I,  234. 
—1688,  se  retire,  11,115. 

LA  VALLIÈRE  (I>^  Neuf  de).— KiOl,  va  à  la  baie  d'Hudnon,  I,  242. 
—  1WJ5,  commando  des  milicienH,  1,  2(J9. — Voir  Kkalbahhi.v. 

LAVALTRIE.—  1687,  commando  dos  milice*,  I,  281,  28.3. 

LAVALTRIE.  —  1775,  Carleton  s'arrête  en  ce  liou,  II,  451. 

LA  VERENDRYE,  II,  125,  132. 

LAW  (John).— Son  origine,  II,  74. — Ses  projets  financiers,  II,  81.— 
Sa  banque,  II,  69,  74,  79.  —  Rétablit  la  compagnie  des  Indef,  II, 
145. — Obtient  un  duché  dans  l'Arkansas,  II,  77.  —  1720,  ses  entre- 
prises croulent,  II,  77,82. 

LA WS  (Capitaine),  III,  8. 

LAWFELI),  II,  187. 

LAWRENCE  (Major).— 1750,  en  Acadio,  II,  199,  200,  202. 

LAWRENCE  (fort),  II,  223. 

LAWRENCE  (Capitaine).— 1813,  III,  184. 

LAYE  (de),  11,94. 

LEADER  (M.),  III,  331,  348,  363. 

LeBAILLIF  (le  Père),  I,  69,  71. 

LeBARBIER,  II,  6. 

LeBER-DUCHESNE,  I,  326,  349. 

Le  blanc,  II,  228. 

Le  borgne,  1, 165. 

Le  breton  (Guillaume),  I,  21. 

L'ÉCHELLE  (de),  II,  394. 

LEE  (Arthur).— 1776,  délégué  en  France,  IH,  25. 


DE  l'histoire   du   CANADA.  CCCXXXIX 

LEE  (Richard-Henry).  — 1770,  invoque  rinil<?pendance  de  l'Améri- 
que, III,  20. 

LEE.  — 1812,  réunion  politique  chez  lui  à  Québec,  III,  155. —  1812, 
accuse  Craijî,  III,  156.— 1831,  et  la  chambre  haute,  III,  28U. 

LEES  (sir  Harcourt),  III,  324. 

LEFRANÇOIK,  III,  1.33. 

Lb  GARDEUR  i)h  REPENTIGNY  (Pierre).  —  1G45,  représenUi  la 
compagnie  des  Habitants,  l,  139, 188. 

Lb  GARDEUR  i)K  REPENTIGNY  (J.-B.).— 1663,  élu  maire,  l,  ITîi. 
— 1665,  commando  une  compagnie  de  milice,  I,  209.  —  1686,  situa- 
tion de  cette  famille,  I,  284. 

Lb  GARDEUR  db  REPENTIGNY.— 1755,  commando  la  milice, 
II,  236.-175(5,  dans  l'Ouest,  II,  248.— 1759,  commando  le  pné  tlo 
Montmorency,  II,  324.  — 1760,  commando  les  milices,  11,3(53. — 
Sa  belle  carrière  aprt^s  1760,  II,  393. 

Le  GARDEUR  db  REPENTIGNY  (matlame).— 1705,  fabrique  delà 
toile,  II,  157. 

Lb  GARDKUR  db  TILLY  (Charles).  — 1663,  conseiller,  I,  201.— 
1675,  démêlés  avec  Frontenac,  1,231.  —  l(58fJ,  situation  de  cotte 
famille,  I,  284.— Ce  (lu'olle  devint  après  1760,  II.  394. 

Le  GARDEUR  dh  SAINT-PIERRE.—  1711,  commande  un  parti  de 
sauvages,  II,  47. — 1750,  envoyé  dans  le  Nord-C)ue.st,  11,132. — 1756, 
commande  dos  sauvages,  II,  236. — 1755,  tué,  II,  237. 

Lk  GARDEUR  nu  MONTESSON.  — 1759,  commande  deux  cents 
hommes,  II,  329. 

LÉGUMES,  II.  159. 

Lb  JEUNE  (le  Père),  1, 132. 

Le  LOUTRE  (l'abbé),  II,  196,  200. 

Lb  MERCIER  (chevalier).— 1757,  commande  l'artillerie,  II,  263, 303. 
— 1759,  complice  de  Bigot,  II,  263,  302,  303.  —  1759.  sa  inis.sion  on 
France,  II,  348,  353. 

LEMOY^K  DE  IX)NGUEUIL  (Charles).— Son  ori-ine.  ses  enfants, 
I,  324  ;  II,  16.— 1667,  lettres  de  noblesse  demandées,  I,  212. 

LEMOYNE  DE  LONGUEUIL  (M.  de).—  1687,  commande  des  mili- 
ces, I,  281. — 1690,  au  si^e  de  Québec,  I,  343. 

LEMOYNE  DE  L(3NGUEUIL  (baron  de).—  1711,  va  chez  les  Iro- 
quois,  II,  47. — 1721,  vu  ciiez  les  Onnontueu.'s.  II,  111.  —  1725,  gou- 
verneur p.ar  intérim,  II,  113,  115. — 1747,  commande  au  Détroit,  II, 
189. 

LEMOYNE  DE  LONGUEUIL  v^uloiuI  baron  de).  —  1752,  gouver- 
neur par  intérim,  II,  205. 


CCCXl  INDEX    ANALYTIQUE 

LKMOYNK  iriHERVIM.K.  —  IW.',  ha  nainnancp,  II,  10,  — Son  pm- 
iniènw  cainjKijrni'M,  H,  10.  —  KiH.'),  va  à  lu  baie  (t'IIinlMiti,  I,  3«15. — 
1«87,  roviont  à  (ini'-b<«-,  I,  [Ull.—imH,  rttoiiru.ià  la  baio  d'Hmli»f*n, 
I,  :}67.  —  1«W!»,  con<luit  80H  prim»»  à  Qu(''Ihh:.  —  lOW,  rotoaruuà  la 
baie  (I'HikInuii,  I,  :i(i8.  —  KiM»,  à  la  baio  d'Ilurl»oti,  I,  '.i'Hi.  —  ItUH), 
marche  contro  New- York,  J,  :J2().  —  1091,  ittutm  on  Franoo,  I,  3tt8. 
—  Fait  cbovalier  de  Haint-LouÎH,  II,  11.  —  Nommé  ra[>itaino  de 
fn'frato,  I,.H<W;  II,  14,  1».— Som  titro»,  I,  :«8.—  Um,  retourne  à  la 
Imio  d'IIiulHon,  I,  'MiH.  —  WilHJ,  entropriiM)  contre  Tornnenve  et  la 
bail»  (l'Hu(lw)n,  1,  ll'yH/.HH).  — 1(H)7,  grande  cauiim^'ne  à  la  baio 
d'iludhon,  I,  :5'»K.  —  Aim»'  deH  Canadionn,  I,  :i43,  —  Ainx'-  <le«  troti- 
|>tw,  J,  IWJ'J,  —  l<jît7,  ww  projets  sur  la  Ix)uiHiune,  II,  10,  71,  75. — tio» 
projets  8ur  les  AntilleM,  11,15. —  HiîW,  va  à  la  dc'converte  du  Mit<«iM- 
sipl,  11,9,  10,  —  1H99,  trouve  le  MiHniHnipl  et  retourne  en  France, 
11,11.  — 1700,  gouverneur  de  la  I.,o«iniane,  II,  11,  l.^,  14.  — 1701, 
dans  le  golfe  du  Mexique,  II,  14. — 1701,  veut  nouniottre  Terre- 
neuve,  II,  'M. — 1702,  va  en  France;  8a  Munti*  t?»t  altrri-o,  II,  14, — 
170(3,  8a  mort,  II,  15,  IH,  17.  — Sok  travaux,  I,:Wî»,  :^7:i;  II,  15,  10, 

LKMOYNK  i)K  SÉKUJNY. —  10î>7,  amène  une  escadre  de  France,  I, 
303,  .'kiS. — 1701,  commando  un  bAtiinent  de  truerre,  II,  14.  —  1710, 
s'empare  de  Penaacola,  II,  84,  Sô. — 1719,  croi»icr«  dan»  le  golfe  du 
Mexique,  II,  85. — 1720,  nommé  capitaine  de  vaisHeau,  II,  86. 

LEMOYNE  OB  BIENVILLE.— 10'>8,  va  à  la  Louisiane,  11,10.-1701, 
élève  un  fort  à  Mobile,  II,  14.  —  1710,  constniit  le  fort  Ftosalio,  II, 
73.  —  1717,  nommé  commandant  de  la  Ixmi.siane,  II,  70,  77. — 
1718,  fonde  la  Nouvelle-Orléans,  II,  70.-1719,  ses  services  à  la 
guerre,  II,  80. — 1720,  quitte  le  gouvernement,  II,  87.  —  Son  carac- 
tère, II,  128. 

LEMOYNE  DR  MARiœURT.  — 1689,  à  la  baie  d'IIudson,  I,  324.— 
1085,  à  la  baie  ù'Hudson,  I,  305,  300. 

LEMOYNE  UB  SAINTE-HÉLÈNE.  — 10.S5,  à  la  baie  d'Hudson,  I, 
305. — 1090,  tué  au  siège  de  Québec,  I,  343. 

LEMOYNE  DB  CHATEAUGDAY.— 1694,  tué  à  la  baie  d'Hudson,  I, 
308. 

LEMOYNE  DE  CHATEAUGUAY  (second  du  nom).  — 1719,  à  la 
prise  de  Pensacola,  II,  84,  86.  — 1719,  rend  Pensacola  aux  Espa- 
gnols, II,  85. 

Le  MOYNE  (le  Père).  — 1653,  traite  de  la  paix  avec  les  Iroquois,  î, 
147. — 1000-62,  traite  de  la  paix  avec  les  Iroquois,  I,  152, 153. 

LENEUF. — Voir  Bbaub.vssix,  La  YALLiÈfiB, 

LE  NORMAND,  II,  303. 

LEPAGE-DUPRATZ,  II,  77,125. 

LÉRY  (de).  -  Conduit  des  colons  en  Acadie,  1, 15,  40. 


DE   l'histoire   du   CANADA.  CCCxH 

LÉRY.— Voir  Chaisseoros. 

LE  SAGE,  I,  320. 

LESCAKBOÏ,  I,  49. 

LESDIGUIÈRES,  III,  101. 

LESLIi:,  III,  344. 

L'ESPINAY.— Voir  Hébeet. 

L'ESPINAY.  — 1717,  succède  à  Lamothe-CadiUac  à  la  Louisiane, 
II,  76. 

L'ESTENDUÈRE,  II,  186, 19L 

LESUH:UK,  11,13,  93,  95. 

LE  TELLIEK.T,  2()8. 

LETTRES  DE  CHANGE.— Voir  MoNNAra  dbcaeti». 

LEVASSEITR,  11,99. 

LÉVESQUE,  III,  54, 180. 

LÉVIS  (do).— Sa  famillo,  II,  345.— Ses  talents  militaires,  II,  344,  345, 
377.—  Arrive  do  Franco,  II,  247.  —  Au  fort  Edouard,  II,  2G9-270. 
—A  William-IIon.y,  II,  209,  272.  — A  Montréal,  II,  274,  312,  314, 
335,  348,  :5,-jU.— A  Carillon,  II,  248,  280,  289,  293,  294,  295.  —  Fron- 
tière de  Niagara,  II,  290. —  1758,  désigné  comme  successeur  de 
Montcalra,  U,  30(5,  307.  —  A  Montmorency,  II,  326.  — 1759,  siège 
de  Québec,  II,  314,  317,  324,  320,  329,  334,  335,  342,  344,  345,  :«8, 
377.— 1759,  va  au  fort  Frontenac,  II,  :i34.  — 1759,  retourne  à  Qué- 
bec, II,  337,  342,  344.-1759,  construit  le  fort  Jacques-Cartier,  II, 
348,  373.  — 1700,  bataille  de  Ste-Foye,  II,  ;i55,  350,  350,  AîS,  3.59, 
300.— 1760,  retraite  dt'  Québec  II,  373.— 1760,  au  lac  aiarnplain, 
II,  372.  — 1700,  capitulation  de  Montréal,  II,  375, 376.  — 1775,  offre 
ses  servico.s  pour  le  Canada,  III,  22.  —  Sa  carrière  on  Europe,  II, 
377.— Titres,  etc.,  II,  247,  307,  307,  377,  259,  275,  303,  303. 

LÉVIS  (fort),  II,  348,  371,  374. 

LÉVIS  (Pointe).— 1759,  II,  320,  321,  325,  328,  344. 

LÉVIS. — Voir  Ventadoir. 

LEWIS,  H,  130. 

LEWISTON,  III,  104,  184. 

LEXINGTON,  II,  444. 

LIANCOURT  (duc  de).— Membre  de  la  compagnie  de  Montréal,  I, 
133. — Voir  LARociiEi'OrcAtrLT. 

LIBÉRAL  {le),  III,  333. 

LIGNERIS  (de).— 1728,  guerre  de  l'Ouest,  II,  123.-1758,  succède  à 
M.  Dumas  au  fort  Duquesno,  II,  297,  298.  — 1759,  commande  au 
fort  Macliault,  II,  331^1759,  va  au  secours  de  Niagara,  II,  333. 

LIGONIER  (fort),  II,  297, 331. 


CCCxlîî  INDEX  ANALYTIQUE 

LIMITES  tlefl  Ti-rrfiihNmrf»,  ati  tnni]w  de  KrançoÎH  I",  I,  87. 

LIM1TK.S  do  rA(;adio.  —  1<>4<J,  voyaj?o  «lu  {jèro  DruillctuH,  I,  243,  — 
171:^21,  luiHHion  du  pèro  liatilu,  II,  104-C,  104. 

LIMITK.S  <lo  la  rivière  Ki'-uf'\)0(:. —  1700,  limite  des  «'olonioH  anvrlai- 
HGH  ot  fran<;ai»oH,  I,  374. — 174i»,  pri'-tontiouii  dan  AnglaiH,  II,  liOj. — 
177'),  rouUj  Kuivio  par  Arnold,  11,452. 

LIMITES  du  Maine.— 1S14,  III,  199. 

LIMITKS  des  colonie»  anglaise»  et  françaineB. — 168fi,  I,  277. 

LIMITK<  du  Canada.  — I(i97,  1,373-5;  11,20.-1713-1744,  11,100, 
1S8.— 172H-1744,  II,  103,  107, 10!i.— 1748-1755,  commiMuiondcM  fron- 
tières, II,  188,  190,  201,  203,  209.  216.  — 1750,  11,132.-1766,11, 
223.  — 1774,  11,434.-178.3,111,47. 

LIMITES  do  la  Nouvelle-France  ver»  1700, 1,  88. 

LIMITES  du  Ba8-('ana<la.— 17(53,  II,  42.3. 

LIN  (culture  du). — Favoriséti  par  Talon,  1, 214  ;  II,  15.3. — 1715,  asuot 
pro8i)ère,  II,  143,  156. — (/'liez  les  Acadiou»,  II,  225. 

LIOTOT,  II,  7. 

L'ISLET,  111,333. 

LITTÉRATURE.— 1790,  parmi  les  Canadiens,  III,  77. 

LITTRKATUKE  française  sous  Louis  XIV,  11,55. 

LITTLEHALES,II,  257. 

LIVERPOOL  (lord),  III,  137, 139. 

LIVINCùSTON  (M.).— 1705,  envoyé  à  Québec,  II,  38. 

LIVINGSTON  (colonel).— 1710,  envoyé  à  Quél>ec,  11,4.3. 

LIVINGSTON  (colonel).— 1775, à Chambly,  II,  449.-1775,  àQuébec, 
commande  des  Canadiens,  III,  3,  5. 

LIVIUS,  111,35,36,58. 

LOIS  FRANÇAISES  sous  le  régime  anglais,  II,  396.  —  Opinion  do 
Mazères,  II,  401.— 1763,  le  roi  les  abolit,  II,39fj;  III,  78.— 1765,  ré- 
tablies pour  la  tenure  des  terres  et  les  successions,  II,  401. — 1773, 
rapport  d'une  commis.sion  à  ce  sujet,  II,  409,  416,  419. — 1773,  péti- 
tion des  Canadiens,  II,  422,  433.  —  1774,  Bill  de  Québec,  II,  i3ô  ; 
III,  79. — 1776,  les  Américains  protestent  contre  l'acte  de  Québec, 

II,  440. — 1784,  DuCalvet  demande  la  conservation  des  lois  civiles 
françaises,  III,  51.-1783-89,  dans  le  Haut-Canada,  III,  66.— 1787, 
les  tribunaux  leur  sont  hostiles,  III,  56.  —  1789,  Anglai.s  du  Bas- 
Canad.i,  qui  se  prononcent  en  leur  faveur,  III,  67. — 17S9,  les  Cana- 
diens ..emandent  qu'on  les  conserve,  III,  68. — 1791,  l'iit  se  pro- 
nonce en  leur  faveur,  III,  70,  71. — 1791,  opinion  de  lord  Grenville, 

III,  74.  —  Les  Canadien.s  y  sont  toujours  attachât,  111,  78.  —  Voir 
CouTUMB  DE  Paius,  Languh,  JusTica 


DE  l'histoire  du  canada.  cccxliîi 

LONDON  REVIEW,  III,  329. 

LONGUE-POINTE,  II,  450. 

LONGUEUIL  (seigneurie),  II,  373,  450.— Voir  LaMoYsa 

LONG  ISLAND,  III,  19. 

LONG-SAULT.— Voir  Ottawa.— Sur  le  Saint-Laurent,  III,  179. 

LOKEM  BEC,  11,61. 

LORETTE.— Village  sauvage,  1, 132.— IGO.],  village  Imron,  I,  144.— 
1759,  l'armée  fram;aise  y  passe,  II,  344.— 1759,  Ix-vis  etsos  troujies, 
II,  346. — 1760,  mouvement  (le.s  trou[)e8  en  ce  lieu,  II,  356,  3ô8. 

LORIMIER  (de),  II,  446;  III,  368. 

LOTBINIÈRE  (Chartier  de).  —  1(J(53,  nommé  au  Conseil,  1,203. 

LOTBINIÈRE  (Chartier  de).— 1727,  archidiacre,  II,  116. 

LOTBINIÈRE  (Chartier  do).— 1755,  lettre  au  ministre,  II,  2:k),— 
1757,  son  opinion  sur  la  conduite  de  la  guerre,  II,  Lfri.  — 1758, 
conseille  d'attendre  l'ennemi  à  Carillon,  II,  288. 

LOTBINIÈRE  (Chartier  de).— 1770,  passe  en  Angleterre,  II,  411,  — 
1774,  interroge  sur  le  bill  de  Québec,  II,  4:i4.  — 1792,  ré«-lamo  l'u- 
sage do  la  langue  française,  III,  88. — 1793,  nommé  président  de  la 
Chambre,  III,  94. — Vend  la  seigneurie  de  Beauharnois,  III,  240. 

LOTERIE,  II,  219,  35^. 

LOUBOIS,  II,  92,  93,  94. 

LOUDOUN  (comte  do). — 1756,  général  en  chef  das  trou|)e8  anglaises, 
II,  249,  252. — Préparatifs  pour  la  campagne  de  1757,  II,  266. — 
1757,  remplacé,  II,  278. 

LOUGHBOROCCJH,  II,  413. 

LOUIS  XIV.  — 1683,  sa  puissance;  son  ambition,  I,  263.  —  Les 
huguonotii,  I,  268-9.— Ses  vues  sur  le  Canada.  II,  103,  167. — Guerre 
do  la  succession  d'Espagne,  II,  55. — Renonce  à  une  partie  de  ses 
colonies,  II,  54.— Fin  de  son  règne,  II,  24-5. — 1715,  sa  mort,  11,97. 

LOUIS  XV.— 1748,  paix  d'Aix-la-Chapelle,  II,  188.-1755,  sa  con- 
duite envers  le  Canada,  II,  262,  277.— 1758,  comment  il  traite  le 
Canada,  II,  300. — 1759,  prise  de  Québec,  II,  352. — Débuts  do  la 
révolution,  II,  387. 

LOUISBOURG.— 1720,  fortifié,  II,  61-5.— Commerce  qui  s'y  fait,  II, 
155. — 1744,  fortifications,  II,  170. — 1745,  pris  par  les  Anglais,  II, 
175. — 1746,  projet  des  Français,  II,  178. — 1748,  rendu  à  la  France, 
II,  188, 195. — 1755,  on  y  transporte  le-s  prisonniers  faits  à  Beausé- 
jour,  II,  223. — 1756,  son  importance,  II,  249. — 1757,  les  AngîSis 
veulent  l'attatinor,  H,  265,  266.— 1758,  pris  par  les  Anglais,  11,  280, 
281. — 1759,  Wolfe  s'y  embarque  jHjur  Québec,  II,  318. 

LOUISIANE.  -Étendue,  II,  2.— Description,  II,  5.— 1682,  nom  im- 
lX)sé  par  La  Salle,  I,  262. — 1683,  projets  de  colonisation.  I,  264  :  II. 


CCCXliv  INDKX    ANALYTIQUE 

3.— KKMl,  arrivi'Hi  do  colonH  «lu  Cana«Ia,  II,  10.— 1700,  c«)1onii  noa- 
voanx,  II.  11.— I)inUiiIUî«  <lo  fondation,  II,  U.— 170«,  d'ArtA|fii<itU 
(îoinrniHsaire,  II,  l«i,  «7,  7(J.— 171'J,  concéd»'«  au  «iour  Cmzat,  II. 
17,  72,  73.  — PrivlIèRO  (xx'nmercial  du  KÎcur  Crnzat;  Laaiutho' 
Cadillac  «t  de  Muyx,  jîf'"v<irnourN,  II,  7'-',  72,  74. — C>n  orKaiiiite 
l'aihniniHtration  d«  oefte  colonie,  II,  72.— 1717,  romiiagnle  «l'Occi- 
dent ou  doK  IndoH,  II,  74,  77,  H.*).— ('nation  d'une  nol)le««j,  II,  77. 
-Nouveaux  colon»,  II,  77,  77.— Colon»  canadienh,  II,  (>,  8,  9,  9,  10, 
11,  14,  70,  72,  70,  0:5.— I»ui8iane  et  Canada,  II,  ô:j,  ')«},  m,  H\,  71.— 
HoH  ewcIaveH,  II,  107.— 171î»,  guerre  e«i>a*rnolo,  II,  84,  WJ.—Coloni! 
canailionsdanH  lo  jifolfe  du  Moxi«jue,  II,  «<».- 1720,  bouh  le  «yntème 
«le  Law,  II,  H2.— Colon»,  II,  82.— 1722,  ouragan,  II,  87.-1723,  mi»- 
HionniiiroH  qu'on  y  envoie,  II,  87.— 1728,  communication»  rétablioi 
avec  lo  Canada,  II,  124.— 1712-1731,  connpiration  de»  NaUhoz,  II, 
70,95. — 172f>, conspiration  do»  NaU'hez,  II,  90. — (Jouvonieure  ol 
conintandantM  ro^-oivent  «les  «rratiHcatioRH  de  la  «'ompatfnie  de» 
Indtvs.  Il,  !>.■).  — 17:?  1  ,  retourn»^  au  rrti ,  II,  «T) ,  :W4.  — 1742, 
Vaudreuil  jrouvorneur,  II,  212.— 1748, *a<lmini«tration,  II,  187.— 
La  Knini'e  sonvro  H  cette  «"olonie,  II,  .'184. — 1753,  le  Canada  on  tiro 
«loH  se«;<)ur8,  II,  207. — 1755,  A<-a«lien8  r^'-fu^i^».  II,  'i.'K). — 17-58,  de» 
vivre»  jwur  le  Canada,  II,  277. — 175!»,  secours  «ju'on  en  attend,  II, 
350.— 1703,  cédée  à  l'Espagne,  II,  383,  :W4.— 17W,  l'F>pac:ne  tonte 
de  prendre  posse-ssion,  II.  :W5. — 17«59,  l'Espaçme, prend  |>«»«so«ijion, 
II,  385. — Voir  C"OMi'A<.iNiB  ni»  Inobb,  i)'Arta<;iottb,  Lbmovnb  i>b 
BiBNviLLB,  Lhmovnb  d'Ibkrville,  Lamotui>C'adillac,  Mvys,  P«b- 
RiBK,  Pailloi'.x,  Sauvolb,  Vaudreuil. 

LOUP  MARIN.— Voir  Péjchb. 

LOUPS  ou  MAHINGANS  (sauvages),  II,  2.59,  274. 

LOUVIGNY  (de),  II,  U4, 122.— Voir  Laportr. 

LOUVOIS.— 1683,  n'aime  pas  le  Canada,  I,  268. 

LOYAI^HANNING,  II,  297. 

LUNDY'S-LANE,  III,  189. 

LUNENBOURG,  III,  66. 

LUCAYES  (îles).— Visitées  par  Colomb,  I,  9. 

LUSIGXAN,  II,  2.39. 

LUXE.— Introduit  en  Amérique,  II,  136.— Au  Canada  avant  la 
guerre  de  Sopt-Ans,  II,  155. — Chez  les  Acadiens,  II,  225. 

LUXEMBOURG,  I,  351,  372. 

LYDIUS  ou  EDOUARD  (fort) —1755,  Johnson  y  pa8se,II,  2a5.— Ap- 
proche de  Dieskau,  II,  236. — Garnison  anglaise,  II,  242. — 1757, 
courses  des  Français,  II,  269. — La  garnison  de  William-Henry  s'y 
retire,  II,  272. — 1758,  arrivée  d'Abercromby,  U,  286. — Les  Fran- 


DE   L'HISTOirtE    DU   CANADA.  CCCxlv 

çaie  s'en  approchent,  II,  295.— 1759,  arrivée  d' A mherst,  II,  330.— 

1777,  arrivée  de  Putnam,  III,  26.— Schuyler  l'évacué,  III,  27. 
LYMAN,  II,  235. 
LYMBURNf:R.— 1775,  se  retire  à  l'île  d'Orléans,  II,  453.-1791,  son 

plan  de  constitution,  III,  71-2,  240.— 1823,  contre  l'Union,  III,  240, 

244. 
LYNDHURST  (lord),  III,  362. 

M 

MARCH,  II,  31,  32. 

MARœUX,  III,  7,  82. 

MARKAM,  III,  343. 

MARÉE,  11,315. 

MARIAGE.— Premier  en  Canada,  1, 130. 

MARiœURT.— Voir  LkMovnh, 

M ARIE-ANT( )1  N K ITE,  l II,  21 . 

MARIE-THÉRÈSE,  II,  169,  218,  262. 

MARIN.— Voir  L.\m.\iicîub. 

MARIN  (M),  II,  2(59. 

MARINE  ANGLAISE,  1755,  très  forte,  II,  185-7.  — 1760,  dans  le  St- 
Lauront,  II,  355. 

MARINE  FRANÇAISE.—  1748,  expédition  i-ontre  l'Acadie,  II,  191. 
— 1751,  on  croit  qu'elle  va  se  relever,  II,  204. — 1755,  en  décadence, 
II,  23, 185,  187. 

MAULBOROUGII,  II.  22,  45,  54, 125. 

:MARM()RA,  mines  de  for,  I,  90.— Voir  Fer. 

MAHQUEITE  (le  Père).  —  1671,  à  Machillimakinac,  1,244.  — 1672, 
projwsé  ix)ur  la  découverte  du  Mississipi,  I,  222. — 1673,  découvre  le 
Mississipi,  I,  249. —  1673,  chez  les  Illinois,  I,  252.  — 1673,  va  des 
Illinois  à  la  baie  Verte,  I,  253.  — 1674,  retourne  aux  Illinois,  I, 
253. — Sa  mort,  I,  253. — Rivière  qui  porto  son  nom,  I,  253. 

MARQUISATS,  I,  171. 

MARRIOTT.  —  1773,  son  opinion  touchant  les  aflaires  du  Canada, 
II,  411,  413;  m,  60. — 1773,  impitoyable  envers  les  Canadiens,  II, 
413,  419. — 1774,  interrogé  par  la  chambre  des  Communes,  II,  434. 

MARRYAT,  III,  234. 

MARSEILLF:,  I,  281. 

MARSHALL,  III,  216. 

MARSOUIN.— Voir  Pêchh. 


CCCXlvi  INDEX   ANALYTIQUE 

MARTIN,  II,  394. 

MAllTIMQUK  (la).—  1^92,  pnm  par  Ioh  Anglais,  I,  r/,1,  V,2.—\7(r,, 
(l'Il»«r\  illo  y  I)a^Ho,  II,  lô. — 171ti,  coniiuorcM  av«H:  la  l^iniHiaiio,  II, 
73.— 1725,  coiniiionxï  aviw  le  Cai>-Uretou,  II,  158. — 1796,  8«laberry 
y  Hcrt  (ItuiM  l'ai'iiK'-o  ani;lai8u,  III,  181. 

MAllYLANI),  868  orijîInoK,  I,  'Mi  ;  II,  260. 

mascakp:ne,  ii,  ih2,  195. 

MASCOITINK.— 1«70  72,  mission»  des  j<'HuitoH,  I,  248.— 1673,  vi- 
Mt<'8  par  Jollietot  ManpiotU*,  1,2.50. — 1(584,  atla<iuent  loi»  Iroquoi», 

I,  274.— 1711,  complot  «untro  le  IV-troit,  11,50. 

MAS^RJ^.  —  Opinion  sur  l'introhu-tion  «len  loin  anf^Iainoo,  II,  401  ; 
111,57. — 17(î(i,  procuronr  ««'nt'ral,  11,407. —  RoU>urne  à  Ixjnilrw; 
baron  »lo  l'ix'hiquior,  II,  419. —  1773,  on  favonr  iIoh  loin  franyaiM^H, 

II,  410,  419. — 1773,  contro  railmlKiiion  de»  Canailion»  aux  euiploÏM, 
II,  423.  — 1773,  interrogé  par  le»  Coninuuu'M,  II,  4.'i4. —  1775,  «'en- 
tend avecleiiproteHtantHdu  Canada,  II,  438  ;  111,08. — 1783,  moyeu 
d'obtenir  une  conBtitution  libre,  III,  68. 

MAHHAM,  11,45. 

MASSACHlîSETTS.    Ses  origines,  I,  301.—  1690,  guerre  contre  le 

Canada,  I,  338. —  1707,  levées  contre  l'Acadio,  II,  31,  33.—  1709, 

•     levées  contre  le  Canada,  11,39. — Accueille  les  huguenots,  II,  12. — 

1744,  érige  dos  forts,  II,  173.  —  1756,  lève  des  troupes,  II,  223. — 

1758,  lève  de.s  trouiK^s,  II,  381. 

MASSACHUSETfS  (fort),  II,  183. 

MASSACRE  (île  du),  II,  71. 

MESSAGOUATCIIE,  II,  223. 

MASSE  (le  Père),  I,  53,  71. 

MASSIAC,  II,  299. 

MATAGORDA,  11,4. 

MATELOTS,  IJ,  39,  46,  219. 

MATHILDE  (fort),  III,  181. 

MaTHURIN,  II,  391. 

MAUREPAS.— 1725,  ministre  do  la  marine;  limites  du  Canada, 
II,  108.  — 1727,  mécontent  do  l'intendant  liupuis,  II,  120. —  17.31, 
encourage  la  construction  des  navires,  II,  153.  — 1746,  nomme 
Bigot  intendant  de  la  flotte,  II,  178.  — 1746,  le  désastre  du  duc 
d'Anville,  II,  180.— 1749,  La  Verendrj-e  réintégré,  II,  131. 

MAUREPAS  (fort),  II,  129. 

MAURIN,  II,  264. 

MAZÉ,  I,  202. 

McCLUEE,  III,  178,  184. 


DE  l'histoire  du  ca^iiada.  cccxIntu 

MACDONELL  (Mgr),  III,  227. 

McDONNEL  (colonel),  Ul,  176. 

MACDONELL  (sir  James),  lU,  359. 

MACDONOUGH,  IIJ,  192. 

McDOUGALL,  III,  8. 

MACEACIIÉRN  (Mgr),  III,  227. 

McGILL,  m,  86,  240,  ;]77. 

McKENZlE,  III,  245,  312. 

McLANE,  III,  103. 

McLEAN,  II,  450-3. 

MABANE.  — 1764,  renvoyé  dn  conseil,  II,  407.  —  177«'>,  nommé  au 

conseil,  III,  36. — 1776,  nommé  juge,  111,  36. — 1787,  favorable  aux 

lois  françaises,  III,  56,  57,  59,  61. 
MACEUONIAN  (la),  III,  168. 
MACIIAULT  (M.),  II,  217,  219,  299. 
MACIIAULT  (fort),  II,  207,  298,  331. 
MACOMB,  III,  187, 192. 
MACKENZIE,  III,  325,  329,  348,  352. 
MACKINTOSH  (sir  James).  — 1822,  écoute  les  Canadiens,  III,  241. 

—  1823,  reçoit  les  délégués  canadiens,  III,  248,  250,256.-1828, 

discours  au  sujet  du  Canada,  III,  268.  — 1830,  la  chambre  de 

Québec  lui  vote  des  remerciements,  III,  281. 
MACKINTOSH  (colonel).— 1832,  arrêté,  III,  295. 
MADAME  (îles),  11,65. 
MADAOUASKA,  II,  201. 
MADEN,  III.  162. 

MADÈRE  (île),  commerce  avec  le  Canada,  I,  213.  / 

MADISON,  111,150,  164. 
MADR.XS,  II,  184, 188. 
MA  DRY  (Jean),  1, 179. 
MAODELEINE  (îles  de  la),  II,  69,  396. 
MAGISTRATS.- Voir  Justice. 
M  AH  fi,  11,394. 
MAHINGANS.— Voir  Ix)UP8. 
MAINE  (duchesse  du),  II,  83,  84. 
^lAINE  (frontièrt^  du).— 1814,  III,  199. 
MAINTENON  (madame  de),  II,  21,  55,  268. 
MAIRES,  1,179;  II,  346. 


CCCXlviil  INDKX    ASMVTIoli: 

MAIS,  I.lîtKi;  II,  l.-)4, 160.225. 

MAISONNEUVE  (do).— «on  caractère,  I,  133.— 1M2,  foiwlc  Mont- 
n'ul,  1, 1X>.—  1()')3,  ainùno  dos  colonii  à  Mon'i  'al     ,  147. 

MAILLANI),  111,  21H,  2J:'.,  22H. 

MALDKN,  III,  171-2. 

MAI.ADI  K.— 17<)U,  Kariiihon  d«  tinrlMM-,  II,  ...x..— i77ô,  III,  3. 

MALADI IIS.— Voir  Petitb  Vékolb,  bcoiUiUr. 

M  A  LH  AIE,  11.321. 

M  A  LU  r.M  IN  ES,  11,50,  123. 

MALPLAQrET,  II,  125. 

MANCE  (M"').  1, 1»5, 

MANCHESTER,  111,184. 

MANDANES,  II,  130. 

MANILLE,  II,  :i83. 

MANITOBA  (lac),  II,  129. 

MANITUULIN  (ile).  — On  proïKiee  aux  lIurouH  de  n'y  nfugier,  I, 
142. 

MANNEHS,  III,32L 

MANSFIELD  (lord),  III,  356. 

MANïET.— Voir  d'Aii-LEBoUHT. 

MANUFACTURES,  II,  156.— Voir  Taxx)N. 

.MECKLEMBOURU,  III,  66. 

MEIGS  (fort),  III,  172. 

MEILLERAYE.— Voir  MouY. 

MELBOURNE  (lord).  —  18X5,  chef  des  whigs,  III,  321.  — 1838,  son 
attitude  vis-à-vis  le  Canada,  III,  362.  —  1S:W,  brûlé  en  effigie,  III, 
363.  — 1839,  abandonne  le  pouvoir  et  le  reprend,  III,  376.  — 1839, 
veut  la  conciliation,  III,  379. 

MEMBRE  (le  Père).— 1679,  chez  les  Illinois,  I,  257.— 1681,  «rjoame 
au  Mississipi,  I,  261-62.— 16S2,  passe  eu  France,  I,  262-63. 

MENDICITÉ,  1, 195. 

MENNEVAL.— 1689,  gouverneur  de  l'Acadie,  i,  322.— 1690,  gouver- 
neur de  Port-Royal  ;  fait  prisonnier,  I,  336. 

MENOU.— Voir  d'Aui-NAY. 

MER  de  l'Ouest,  I,  247;  II,  125-6,  m. 

MERCER,  II,  242,  256. 

MÈRES  (anse  des),  II,  315,  329. 

MERCURY,  III,  112, 114, 128, 136. 

MEREIMAC,  II,  29. 


DE    l'hISTOIUE   du   CA^■ADA.  CCCxltX 

.MESNARD  (lo  Père),  I,  246. 

M  ESN  U.— Voir  Phivrbt. 

MESPLET,  III,  77. 

MESSAGER  (le  Père),  II,  129. 

MESSEIN  (de),  ÏTI,  63. 

MÉSY  (de). —  1663,  succède  à  M.  d'Avaugour,  1, 157.  —  Motifs  qui  le 
font  nommer;  Bon  caractère,  1, 168-9. — 1664,  assiste  aux  élections 
munici])ales  de  Québec,  I,  179,  180.  —  Se  brouille  avec  Mgr  de 
Laval,  I,  201.  — 1665,  il  est  rappelé,  I,  203,  204.— 1665,  son  décès,  I, 
204-7. 

MEULLîlS  (de).— 1682,  intendant,  I,  266. 

MEURONS.— Voir  Troupes. 

MEXKil'E  (golfe)  visité  par  Colomb,  1, 11, 12.— 1719,  hoeUlités,  II, 
84,  S.'), — Voir  EsPAOXOi.s,  Louisiane. 

MIAMIS.— Ixiur  habitat,  I,  96.— 1670,  visitas  par  Perrot,  I,  221,  248. 
— 1673,  visitas  par  Jolliet  et  Marquette,  I,  250. — 1674,  en  guerre,  I, 
253. —  1679,  en  guerre  contre  les  Illinois,  I,  260.  —  1680,  visitée  par 
La  Salle,  I,  261.-1684,  attaqués  par  les  Iroquois,  1,269, 274.-1686, 
attaqués  i)ar  les  Iroquois,  I,  279.  — 16%,  battent  les  Iroquois,  I, 
352.  —  17l>4,  veulent  la  guerre,  II,  25.  — 1706,  démêlés  avec  les  Ou- 
taouais,  II,  25  —  1747,  conspiration,  II,  188,  189.  — 1764,  conspira- 
tion de  Pontiac,  II,  406. 

MICHEL  (David),  I,  86. 

MICIIIGAN  (lac).  —  Son  étendue,  I,  89.  — 1656,  visité  par  les  Fran- 
çais, 1,  246.  — 1669,  mission  du  Père  Dablon,  I,  248.  —  1683,  opéra- 
tions de  La  Salle,  1,  263. — 1812,  guerre,  III,  162. — Première  fonda- 
tion, I,  244. 

MICIIILLIMAKINAC  — 1671,  les  Hurons  s'y  réfugient,  I,  244.— 
1679,  visite  de  Ia  Salle,  I,  257. — 1682,  ditficultés  avec  les  sauvages, 
I,  235.— 1685,  iK>ste  do  traite,  I,  277.— 1686,  traite,  fort,  I,  277,  279, 
286. — 1688,  Kondiaronk,  1,289.— 1689,  La  Durantaye  commandant, 

I,  325-6. — 1690,  on  y  envoie  des  man-handises,  I,  329.— 1696,  ren- 
fort envoyé  contre  les  Iroquoi-s,  I,  354.  — 1697,  réclamé  par  les 
Anglais,  I,  374.— 170O,  rivale  du  Détroit,  II,  20.— 1712,  fort  rétabli, 

II,  53.  — 1747,  menacé  par  les  Miamis,  II,  189.  —  1765,  pris  par  les 
sauvages,  11,  406. — 1812,  pris  par  les  Anglais,  III,  163. 

MICMACS.— Sauvages  de  l'Acadie,  1, 47.— Leur  habitat,  1, 95.— Sans 

religion,  1, 108. — 1720,  traitent  avec  les  Français,  II,  65. 
MTLDMAY,  11,201. 

MILICES.— 1665,  secondent  les  troupes  de  France,  I,  205, 209.-1666, 
marchent  contre  les  Iroquois,  I,  210.  — 1666,  nombre  en  état  de 
porter  les  armi»,  I,  217.— Organisation  générale  en  Canada,  1, 318, 


\ 


ceci  INDEX  ANALYTIQUE 

— 1082,  combion  d'hommes  on  ^-tat  de  porter  le»  armon,  I,  2fl7. — 
1687,  à  rtlo  HainU^-II/Ièno,  I,  28(1,  281.  — 1«»1,  camim  volanU.  I, 
347.  —  in!>3,  préparatifs  do  ^ru«rre,  I,  '.i5\.  —  KUKÎ,  un  j^iir^rro,  I,  S-VI, 
350.— 10!«),  à  Torrononvo,  I,  .'Wi2,  :}()3.— 10îi7,  pr*'-i»BrntifM  d«  jîuorre, 
1,371,372. —  17(>4,  17<)8,  contro  la  Nouvel!.  rro.II,  21>. — 

1705,  à  Torrommvo,  II,  :«.  —  17W,  lovYo  K'  i  I,  35».  —  1711, 

ù\ru  iiônOr&l  contro  l'onnoini,  II,  47. — 1711,  do8lin<''««  à  rAca<lie,  II, 
44.— 171U,  à  l>inHafola,  II,  84,  80,  86.  —  1728,  au  Mi«HiKHipi,  II,  123. 
— 1730,  en  Ixiuitiiano,  II,  {'3,  94. — 1744-47,  courseH  dans  le  i»ays 
ennemi,  II,  183.  —  1745,  vont  à  Qu^^bec,  II,  176.— 1745,  leur  <'-1oko, 
11,170,177,178.-1740,  vont  on  Aca'lie,  II,  178, 180.  — 1749,  rMo 
dre.s.H<'',  II,  197.  — 1752,  organisation,  1 1,  2W,  20«}.  —  Leun»  w^rvices, 

II,  71.  —  l'asHion  de«  armes,  II,  9,  38f).  —  Durant  la  guerre  de  »«opt 
ans,  II,  221.-1754,  dans  l'Ohio,  II,  2f»8.— 1755,  marchent  aux  fron- 
tières, II,  221,  221.  —  1755,  à  la  MonongalK'la,  II,  232.-1755,  lac 
Champlain,  II,  222. — 1755,  courses  dans  les  colonies  anglaises,  II. 
243. — 1755,  services  qu'elles  rendent,  II,  244,  245. — 1750,  opinion  de 
Montoalra,  II,  259;  III,  23-4.-1757,  à  William-IIenrj-,  II,  207.— 

1757,  destint'es  à  l'Acadie,  II,  2(J4.  —  1758,  levée  en  masse,  II,  280. 

1758,  forment  la  majorité  de  l'armée,  II,  278. — 1758,  à  Carillon,  II, 
290,  3ft')-0.  —  1758,  leur  éloge  par  Mont^alm,  II,  2fM.  —  1759,  aux 
récoltes,  II,  334,  337.-1759,  apjKilé-es  à  (Québec,  II,  310,  317.— 1759, 
manière  de  combattre,  II,  103,  325. — 1759,  bataille  d'Abraham,  II, 
339,  341.-1759,  après  la  bataille  d'Abraham,  II,  344.  —  1759,  ne 
dése-spèrent  pas  de  sauver  le  pays,  II,  348. — 1759,  dénombrement, 
11,310,311.-1760,  états  des,  II,  357.— 1700,  officiers  accusés  par 
Bigot,  II,  380.  — 1760,  appel  que  leur  fait  le  clergé,  II,  357.  — 1760, 
traitées  comme  réguliers  par  les  Anglais,  II,  373. — 1760,  ne  dé-ae»- 
pèrent  pas  du  salut  do  la  colonie,  II,  352-3.  — 1760,  bataille  de 
iSainte-Foyo,  II,  363,  377.-1760,  au  fort  Jacques-Cartier,  11,372, 
1760,  officiers  qui  passent  eu  France,  11,376.  —  1760,6e  retirent 
dans  leurs  foyers,  II,  371,  390.  — 1761,  capitaines  de  paroisses,  II, 
391. — 1763,  remise  de  leurs  armes,  II,  399. — 1764,  opinion  du  gou- 
verneur Murray,  II,  401.  — 1766,  envoyées  au  secours  du  Détroit, 
11,406. — 1775,  appelées  sous  les  armes,  11,447-8,453  ;  III,  2. — 1777, 
ordonnance  à  leur  sujet,  III,  26,  34-40.  — 1784,  projet  de  EhiCalvet, 
111,51,101. — 1792,  on  demande  la  révocation  de  l'ordonnance, 

III,  77. — 1794,  nouvelle  loi,  III,  94,  98.-1790,  régiment  canadien 
organisé,  III,  101.  — 1800,  on  n'ose  pas  les  discipliner,  III,  110.  — 

1807,  grande  revue,  III,  118.  — 1807,  insubordinations,  III,  119. — 

1808,  officiers  démis,  111,122.-1812,  organisation,  III,  155.— 
1815, loi  amendée,  III,  202.— 1827,  expiration  des  lois  de,  III,  200.— 
1830,  anciennes  lois,  III,  281.  — 1837,  a-ssemblt-e^s,  III,  333.  — 1837, 
destitution  d'officiers,  III,  336.  — 1837,  leur  conduite,  III,  338.  — 
Voir  Teoupeis. 


DE   l'histoire  du  CANADA.  CCcH 

MILLS,  II,  405. 

MILNES  (Robert  Shore),  III,  106, 110, 112,  206. 

MINERVE  {la),  III,  293. 

MINES  (bassin  des).— 1704,  menacé  par  Church,  II,  31.— 1713-1748, 

situation  des  habitants,  II,  109  — 1744,  M.  Duvivier  en  approche, 

II,  172.-1746,  renforts  arrivt's  du  Canada,  II,  180.-1747,  occupé 

par  les  Anglais,  II,  182. — 1750,  les  Anglais  y  construisent  un  fort, 

II,  199.-1755,  disijorsion  des  liabitants,  II,  228. 
MINES  DU  CANADA.  I,  90,  213;  H,  13,  61,  62,  72,  74,  75,  78,  82, 

143, 154.— Voir  Feb,  Marmoba. 
MINISTÈRE  RESPONSABLE,  III,  76, 124. 
MINORQUE,  II,  198,  246,  249. 
MIQUELON  (île),  I,  361  ;  II,  383,  387. 
MIRABEAU,  II,  387. 
MIRAMICHI.— 1755,  des  Acadiens  s'y  réfugient,  II,  224.— 1756,  les 

Acadiens  partent  pour  C^m'-bec,  II,  261,  285.— 1759,  les  habitants 

se  rendent  aux  Anglais,  II,  350. 
MIRAY,  11,61. 
MIREl'OIX,  II,  213,  215. 
MISœU,  II,  69. 
MISELLE.— Voir  Boxnb. 
MISSIONS  du  Canada,  1, 187. 
MISSIONS  des  grands  lacs,  I,  243. 

MISSIONNAIRES,— Leur  courage,  I,  240.— Leur  influence  sur  les 
sauvages,  I,  245. —  Leur  influence  sur  les  Iroquois,  I,  375. — 1690, 
services  qu'ils  rendent  à  la  cause  française,  I,  332. 

MISSISCOUI,  III,  333. 

MISSISSI PL  — Première  mention,  I,  244,  248-9.  —  1669,  le  Père 
Dablon  en  a«connaissanco,  I,  248. — 1672,  mentionné,  I,  222. — 1673, 
découverte,  I,  238-9,  249.— Sou  cours,  I,  88.— Et  Saint-Laurent,  II, 
9, 10,  53,  56,  60,  61,  71. — Impression  causée  par  sa  découverte,  I, 
253.— (Missions  du),  I,  197.— U)vS2,  voyage  de  La  Salle,  I,  262. — 
Son  embouchure  découverte,  1, 262. — 1684,  autre  expédition  de  La 
Salle,  II,  3,  4.-1697,  reste  à  la  France,  I,  373,  374.-1698,  expédi- 
tion de  d'Iberville,  II,  10. — 1099,  tentative  des  huguenots,  II,  12. 
— 1713,  notHfeaux  étabUs-soments,  II,  59,  60. — Colons  canadiens, 
II,  97.-1719,  traite,  II,  111.— Découverte  de  ses  affluents,  II,  14.— 
1730,  exploration  des  rivières  de  l'Ouest,  II,  125. — 1748,  projets  des 
Anglais  sur  cette  vallée,  II,  192. 

MISSOURIS  (sauvages),  II,  50. 


CCcIii  TNPKX   ANALYTIQUE 

MISSOURI  (I<).— KiTÎJ,  vu  par  h'n  Français,  1. 'Jôl.-  17M>17;'.'».  vii.)t6 
par  ]i«  FraiivaiH,  H,  14.— 1742,  1a  V«nin<lry(s  II,  130.— 1701i,  (ort 
fraii<;aiH,  II,  ï'Mi. 

MOIULK  (IrK-alit/),  II,  L',  10,  10,  14,  71,  73,  7li,  8û,  8fl. 

MOlilLKS  (sauva^tw),  I,  94. 

MOFFATT,  111,341»,  377. 

I^IOI N lis  (rivitro do»),  I,  250. 

MoLfi,  III,  22. 

MOLESWOKTH  (sir  William),  III,  331,  350,  360. 

MOLINISTKS,  11,218. 

MOLSON,  III,  377. 

MONK  (procnrourtî<'n<''ral).  — 1787,  perd  sa  cliargo,  111,58.-1788, 

lo8  bilMl»  <lo»  j/'HUitOM,  III,  f]0. 

MONK  (jiijie)  — 1813,  accusé,  III,  1«5, 202.— 1810,  accusation  ^'•oart^, 
III,  200.— 1817,  ac<ruHé  de  nouveau,  III,  213.-181»,  adininÏHtratour 
de  la  province,  III,  223. — Dissout  la  chambre,  III,  228. 

MONCKTON  (colonel).— 17.^>5,  en  Acatlio,  II,  211,  22.3-5,  228. 

MONCKTON  (hrifîadier).— 1750,  sous  les  ordre.»  do  Wolfy,  II,  318.— 
Prend  position  à  la  Pointe-Ix'vis,  II,  320. — Blessé  à  la  bataille 
d'Abraham,  II,  339.— Part  pour  l'Angleterre,  II,  349. 

MONDELET,  III,  302,  325. 

MONNAIE  DE  CARTE.— 10.32-1070,  papier  et  numéraire,  lï,  160.— 
1004,  on  demande  du  numéraire,  1, 170. — 1070-87,  pajiifr  «-t  num''- 
raire,  II,  161.— Sous  le  régime  français,  II,  98,  162-3,  220,-1688, 
papier-monnaie  du  Canada,  II,  101.  — 1690,  monnaie  de  carte 
ou  papier  -  monnaie,  émi.se  i»ar  les  colonies  anglaises,  I,  344. 
—  1091,  émi.se  par  lo  Canada,  I.ÎUS.  — 1097,  la  Nouvelle-Angle- 
terre crée  un  nouveau  papier,  I,  373.  —  17(X),  papier-monnaie 
du  Connecticut,  New-York  et  New-Jersey,  II,  39.  — 1715,  à 
la  Louisiane,  II,  74.  —  Perte  que  subissent  les  Canadiens,  II, 
144.  — 1710,  papier  de  Law,  II,  74,  79,  80,  82.  — 1^17,  abolie  en 
Canada,  II,  101 .  — Rétablie,  II,  161-2.-1720,  perte  que  su- 
bissent les  Canadiens,  II,  101.  — 1748-60,  en  Ix)ui8iane,  U,  384, 
— 1749-59,  état  des  finances,  II,  381.  — 1754,  on  en  éloigne  le 
payement,  II,  102.  —  Réduite,  II,  163. — 1756,  combattue  par  le 
numéraire,  II,  247. — 1758,  banqueroute  du  trésor  français,  II,  161. 
— 1759,  payement  suspendu,  II,  102.  — 1700,  désordre  dans  les 
finances,  II,  354,  371. — Sommes  dues  aux  Canadiens,  II,  382  ;  III, 
3. — Agiotage  qui  srivit  la  conquête,  II,  .382.-1706,  le  parlement 
veut  sa  liquidation,  II,  430. — 1775,  les  Canadiens  refu.sent  le  papier 
du  congrès,  III,  3. — 1776,  les  Américains  font  passer  du  numé- 
raire en  Canada,  III,  10, — 1795,  numéraire  en  circulation  an 
Canada,  III,  100. — Voir  Commekcb. 


DE   l'histoire   du  CANADA.  CCCliii 

MONOXGAIIÉLA,  II,  207,  231,  394. 

MONROE,  II,  270. 

MONSOMS,  I,  364,  365,  366. 

MONTAGNAIS,  I,  95;  III,  45. 

MONTAGNES  ROCHEUSES,  II,  14, 130. 

MONTBRUN.— Voir  Boucher. 

MONTCALM.  — 1756,  arrive  au  Canada,  II,  247.  —  Sa  familli,  II, 
247,  342,  379.  —  Son  caractère  et  ses  talents,  etc.,  II,  253,  275,  276, 
341,  343,  379.  —  A  Montréal,  II,  255,  312.  —  Au  fort  Frontenac,  II, 
254,  255.—  A  Oswéfco,  II,  253,  254,  255,  256,  257.  258,  259.—  A  Wil- 
liam-Henry,  II,  269,  273.— Ne  croit  pas  au  succt?s  de  la  guerre,  II, 
254,  275,  346.  —  Démêlés  avec  Vaudreuil,  253,  258,  259,  275,  3a3, 
305,  335-6,  343,  378.— A  Carillon,  II,  255,  287,  294, 305.— 1759,  siège 
de  Québw,  II,  103,  312,  314,  324,  32î>,  3:^-6;  111,22.— 1759, bataille 
d'Abraham,  II,  3:W,  340,  343.— Reddition  de  Québec,  II,  :M«.— Ses 
lettres,  III,  22. —  Son  opinion  de  nos  milices,  II,  294  ;  111,24. — 
Ce  qu'il  dit  des  Canadiens,  II,  176,  259. 

MONTESSON.— Voir  LeG.\rubi-b. 

MONTGOLFIER,  II,  400. 

MONT(  JOMERY  (capitaine).—  1759,  cruautés  qu'il  commet,  II,  321. 

MONTGOMERY  (général).  —  1775,  au  fort  St-Jean,  II,  446.  —  1775, 
près  do  Chambly,  II,  449.  —  1775,  sur  le  Saint-Laurent,  II,  451. — 
1775,  siège  do  Qm'bec,  III,  3,  9. 

MONTKiNy  (Tostard  de),  I,  :::7,  363;  II,  35. 

MONT-LOUIS,  II,  28Ô. 

MONTMAGNY  (de)  succède  à  Champlain,  1, 130.  — 1639,  accueil 
qu'il  fait  aux  Ursulines  et  aux  Hospitalières,  I,  136.  — 1641, 
monte  aux  Trois-Rivières,  I,  131.  — 1644,  au  fort  Richelieu,  I,  138. 
—  164S,  remplacé  par  M.  d'Ailloboust,  I,  140.  —  Son  administra- 
tion, 1, 140, 141.  —  Son  nom  eij  langue  huronne,  1, 138. 

MONTMORENCY  (Saut).— 1759,  l'armée  franvaise  s'y  retranche,  II, 
315,  317. — 1759,  les  Anglais  s'en  approchent,  II,  321. — 1759,  gué  de 
la  rivière,  II,  322.  —  1759,  camp  des  Anglais,  II,  322.  —  1759,  les 
Anglais  s'en  éloignent,  II,  328. 

MONTMORENCY  succôtle  il  Coudé,  I,  67. 

MONTMORENCY,  compagnie  maintenue  par  le  roi,  I,  71. 

MONTORGUEIL,  I,  336. 

MONTRÉAL.  —  15:i5,  1-541,  visita  par  Cartier,  I,  23,  26.  — 1608,  Ho- 
chelaga  n'existe  plus,  I,  59.  — 1611,  défrichement  par  ordre  de 
Champlain,  I,  65.  —  1636-1663,  gouvernement,  seigneuries  concé- 
dées, 1, 171. — 1640,  concédé  à  la  compagnie  do  Montréal  ;  1659,  le 


CCCliv  INDEX  ANALYTIQUE 

re«to  .lo  nio  lui  OHt  mconV;  I,  i:W.  —  1642,  fond/-.  1, 1^2.  —  1044, 
luoiiacé  par  Ion  InxjU'ji»,  I,  137.  —  Trailo  aven-  los  »auvAK***'>  'l» 
140-7.— ConjrnVatioM  fond^-o,  I,  ltt5.— Hôtul-Diou  fuudé,  I,  U».*»  — 
Ecoles,  I,  lUO.— 1072,  St-Sulpico.  —  InKtructi«in«  <Iot)ii/'-«w  à  Kro»»- 
tenac,  1,  224.-1084,  Callièro»  gouvornuiir,  H,  24.—  1084,  \vm  Iro- 
quois  inonacont  d'attaquor  (tUto  villo,  I,  20!>.  — 1084,  aMutinhi/^o 
|)onr  la  paix,  I,  271. — l(i«SO,  on  profxjw^  d<«  f<.ifi)i«r  In  pl««*«,  I,  '^77. 
—  1087,  lnH  IroquoÎK  ravajiont  i'ilo,  I,  J  ■  n' 

jMir  les  IroqiioiH,  I,  2!»2,  '.i:i2. — W>'.>^,i>u  :>  -. 

I,  351.  —  10!M>,  RouvernoiiK^nt,  les  holdats  n'y  étal'liwoiit,  1,  174. — 
17(K),  grande  assemblée  ir(x|UoiKo,  I,  370,  ."Wl, —  17U(J,  traiU*  <ic 
paix,  II,  20,  22,  23,  24.— 1703,  Vaudreuil  gouvenieur,  II,  24.— 17(i8. 
assemblée  pour  la  guerre,  II,  21).  —  1711,  awminbiéo  do  Hanvag<;>, 

II,  47.  —  1711,  réunion  des  troupe*,  II,  49.  —  1710,  prryct  do  fortifi- 
cation, I,  181. —  1722,  forlifi«;ationH,  II,  ilt»,  10.3.  —  172.Î,  An^'Iai» 
établis,  II,  113. —  1728,  collcgo  dos  Jésuites,  I,  IW.  — 1745, 
grande  aH«eniblt*e,  II,  170. — 1740,  projet  d'attaque  dos  An- 
glais, II,  181.  — 1755-0,  cant^miionieiit  des  trou|*<s,  II,  244. — 
1757,  état  dt^s  trouiKJS,  II,  274.  —  17.'j!»,  menacé  «l'un  siège,  II, 
310,  312.— 1 751),  miliciens  do  ce  lieu,  II,  317,  3:^.-1759,  on  y  trans- 
porto  le  siège  du  gouvernement,  II,  348.  — 1700,  milices,  II,  30.3.  — 
1700,  lieu  de  concentration  dos  armées  anglaises,  II,  .'J55,  372.— 
1700,  investi,  II,  374.  —  17()0,  capitulation,  II,  375,  3ÎK),  401,  411  ; 
111,297.  — 1700,  Gage  gouverneur,  II,  3i»l.  —  Burton  gouveniour, 
II,  397.  — 1770,  conseil  de  guerre,  III,  15.  —  1790,  disjjosition  des 
esprits,  III,  103. -1830,  quais,  III,  L'8:j.  — 18:{3,  municipalit»*  éta- 
blie, III,  300.  — 1838,  seigneurie,  III,  359.  —  Voir  Sai'lt  Sr-Ixiri.s, 
Mairï». 

MONTS  (de).— 1004,  succède  à  de  Chastes. — Va  en  Acadie;  y  fonde 
im  établissement,  I,  40,  47,  48.  — 1007,  pas-so  en  France,  I,  48. — 
1008,  tourne  son  attention  vers  le  Canada,  I,  .50;  II,  1.39. — 1009, 
persiste  à  établir  Quéljec,  1,04.  —  Ses  droit*  pa.'îsout  à  luadaaic 
de  Guercheville,  I,  51. 

MONTS-DÉ.SERÏS  (île  des),  I,  52. 

MONTRÉSOR,II,  330. 

MONTREUIL  (de),  II,  239,  240,  275.  337. 

]SIORAS  (de).— Ministre,  II,  277,  299. 

MORAVIAN-TOWN,  III,  174. 

MORGAN,  III,  7,  46. 

MOniX  (A.-N.).  — 1831,  propose  de  rendre  la  chambre  haute  élec- 
tive, m,  289. —  1831,  sa  politique,  III,  292.  —  1834,  prépare  les  92 
résolutious,  III,  304.-1834,  délégué  à  Londres,  111,308,313.-18X5, 
en  chambre  à  Québec,  III,  316.  — 1835,  propose  des  subsides  pour 


^E 


l'histoire  du  canada.  ccclv 


six  mois,  ITT,  327.  —  1836,  so  fixe  à  Québec,  m,  330.  —  1837,  à  Ka- 
inouraska,  III,  333,  334.  —  1837,  clief  <Ui  club  les  Fih  (h  In  lih,rté, 
III,  337.  — 1838,  on  veut  l'arrêter,  III,  342.  —  1854,  ministre,  III, 
375. 

MORNAY  (Mgr  do),  II,  116, 121-2. 

MORRISSON,  III,  179. 

MORUE.— Voir  Pêchhries, 

AIORANGET,  11,6. 

MOSTYN,  II,  228. 

MOSCOSA,  II,  2. 

MOULINS  SEIGNEURIAUX,  1, 172,  173. 

MOUY  (Charles  de). — Encourage  la  découverte  du  Canada,  I,  20. 

MOUNTAIN  (docteur  Jacob),  III,  98. 

MUNICIPALITÉS  ÉTABLIES,  III,  300. 

MUNICI  PALITES.— Voir  Svxdk-s. 

MURRAY  (lord  John).— 1758,  à  Carillon,  II,  292. 

MURRAY  (capitaine). — Menace  les  Acadions,  II,  227. 

MURRAY  (sir  James).— 1759,  brigadier  do  Wolfe,  II,  318.— 1759,  à 
la  côte  de  licaupré,  II,  324.  —  1759,  incendie  Ste-Croix,  II,  327.  — 
1759,  conseille  à  Wolfe  de  frapper  un  coup  décisif,  II,  328. — 1759, 
commando  il  Québec,  II,  349.  —  1760,  se  prépare  à  so  défendre,  II, 
356.  — 1760,  renvoie  les  habitants  de  Québec,  II,  359. —  17(50,  au 
Cai>-Rouge,  II,  360.-1760,  bataille  de  Ste-Foye,  II,  361.— 1760,  se 
renferme  dans  Quéliec,  II,  367.  — 1760,  remonte  le  fleuve,  II,  372. 
— 1760,  arrive  en  face  de  Montréal,  lî,  373. — 1760,  gouverneur  de 
Québec,  II,  391,  397.-1763,  reçoit  dos  instructions,  II,  395,  397.— 
1763,  forme  un  conseil  administratif,  II,  397. — 1763,  recommande 
que  l'on  reconnaisse  l'évêque  catholique,  II,  3i>9.  — 1763,  son  en- 
tourage, II,  401.  — 1764,  dégoût<i  do  la  tAche  qu'on  lui  impo.se,  H, 
402.  — 1765,  convoque  les  représentants  du  peuple,  II,  403.  — 17(J5, 
accusé  par  les  Anglais,  II,  403-4.  —  1766,  va  à  Londres,  II,  404.  — 
Rend  justice  aux  Canadiens,  II,  401,  404. 

MURRAY  (colonel).— 1813,  III,  179, 18 

MURRAY  (sir  George).— 1827, 111,273. 

MUYS  (de),  II,  72. 

N 

NAIRNE,  III,  8. 

NANTES.  —  Prétentions  do  ce  dioct'RO  sur  lo  Canada,  1, 190.  — 1685, 
révocation  l'éditde,  I,  321  ;  II,  12,  21.  —  Voir  IliciUEXoTS,  Protes- 
tants. 


CCclvî  INDEX  ANALYTIQUE       ^ 

NAPIERVILLE,  III,3(W. 

NARANTflOUAC,  II,  107. 

NASSAU,  III,  rt<î. 

NATCHEZ.— Txuir  liahilat,  I,  94.— 1082.  vioitA»  p«r  T^  Salle,  F,  2fJ2, 
— 1WH>,  viHiU'-H  i)ar  (l'Ibervillo,  11,  IH.— 17'J'-'.  trrHont  bvo<-  U>^h  Fran- 
çais, II,  87. — I72î»-17.".l,  ivmhpirent  contre  les  Franf;ai«,  II,  Hit,  3M. 
— Ixfiur  fort,  M,  7:5,  7r». 

NAT(1IIT(XHE,  II,  7:î,  76,  92. 

NAVEUAGES,  11,144. 

NAUFKACJE  DU  CIIAMEA  U,  H,  114.  :Wfl. 

NAVIKBS.— 1»W!7,  ronKtnu-tJon,  proj«it  de  Talon.  I.  212.— 1672,  ponn- 
truction,  projet»  «le  Frontenac,  I,  224. — C<^nMtni4*tioii. —  1715,  iLmtat 
activo,  II,  14:{,  !.')(), — 1731,  on  eucourat^u  cotte  indtutrie,  II,  153.— 
1801,  on  prot;rc8,  III,  110. 

NAVY-ISLAND,  111,348. 

NAXOAT,  I,  359. 

NÉCESSITÉ  (fort),  II,  208,234-5. 

NECKER,  II,  353. 

NÈGRF:S,  III,  «9.— Voir  Ehclavacb,  I^iisiase. 

NEILSON  (.lohn).  —  1820,  parle  Hur  lo  bu.ljrot,  III,  2.31,  237.  — 182?., 
délégué  à  I>ondro8,  III,  240,  243,  247.  —  1827,  ré.li><e  la  GautU  J« 
Qi^/w,  III,  259.  — 1827,  délé-gué  i  Ixmdreu,  III,  2(1.3,  281.  —  l&ÎO, 
contre  le.s  anciennoe  onloiuinnces  de  milice,  III,  282.  —  1833,  w) 
sépare  de  M,  Pa{>ineau,  111,300.  — 18:54,  parle  8ur  les  92  rétwlu- 
tions,  III,  305. — 18:i4,  agit  4e  concert  avec  les  Canailien»,  III,  314. 
—1839,  du  conseil  spécial,  III,  877.  —18.39,  opposé  à  l'Union,  III, 
378. 

NEILSON  (Samuel,  fils  do  John), publie  la  Gazette  de  i/uébec,  III,  247. 

NÊKOUBA  (lac).— 1661,  visité  {lar  les  Français,  1,242. 

NELSON  (fort),  I,  366,  368,  369,  370. 

NELSON  (l'amiral),  II,  323. 

NELSON  (Robert),  III,  348,  365. 

NELSON  (Wolfred).— 1827,  élu  députa,  IH.  285.— 1837,  préside  l'as- 
semblée des  cinq  comtés,  III,  3.39.  — 18:^.7,  mandat  jjour  l'arrêter, 
III,  342.  — 1837,  combat  de  St-Denis,  III,  342,  382.  — 1838,  empri- 
sonné, III,  360. 

NÉMISKAU,  I,  363. 

NERWINDE,  I,  373. 

NESMOND,  I,  371,  372. 

NEUTRE  (nation).— 1615  et  in40,nation  visitée  par  Chàtnplain  et  les 
jésuites,  I,  66,  244. — 1616,  reçoit  des  missionnaires,  I,  68. 


DE   l'histoire   du   CANADA.  CCClvii 

NEVIS  (îlo  do),  II,  15. 

NEWARK,  III,  184. 

NEWCASTLE,  II,  113, 181, 187,  214. 

KEW-HAMPSIIIKE— l'iOl,  ravagé  par  le.s  AWnaquis,  1,350.-1704, 
levée  de  milice,  II,  31. — 1745,  milices  au  Cap-Breton,  II,  174. 

KEW-JERSEY,  11,30. 

NEWPORT  {h),  1,358. 

NEW- YORK.  — Ses  origines,  I,  303.  — 1640,  commerce  avec  les  Iro- 
quois,  1, 137.— 1667,  opinion  de  Talon,  I,  212.— 1682,  attire  la  traite 
du  Canada,  I,  235,  266.-1684,  traite  avec  Ifts  Iroquois,  I,  270.— 
1685,  son  eoninierre  e.st  numaié  de  ruine,  I,  277.  —  1688,  fortifica- 
tions, I,  291.  — 1689,  congrès  tenu  pour  décider  la  guerre  I,  3.33. — 
1700,  opi)osition  aux  mis.sionnaire«,  II,  23.  —  1700,  peine  de  mort 
contre  les  prêtres,  I,  375. — 1704,  projet  de  guerre,  II,  25. — 1709,  de- 
mande la  conquête  du  Canada,  II,  37. — 1711,  assemblée  contre  le 
Canada,  II,  45-6.  —  1756,  projet  do  guerre,  II,  249.  — 1776,  mouve- 
ment des  troupes  anglaise.s,  III,  191. 

NEYRET,  II,  143. 

NIAGARA  (fort).- 1678,  construit,  I,  256.  — 1684,  rendez-vous  des 
troupes  et  des  sauvages  alliés,  I,  272-3. — 1685,  iKiste  de  traite,  I, 
277. —  1686,  on  proi)OSo  un  fort  en  pierre,  I,  277.— Traite,  I,  277, 
279,  279.— 1687,  construction  d'un  fort,  épidémie,  1, 283,  285.-1721, 
fort  construit,  II,  110,  111,  113,  146,  151.— 1740,  augmenté,  II,  133, 
170. — 1750,  prétention  dos  Anglais,  II,  193,  198,  203. — Son  imix>r- 
tance,  I,  :î59. — 1755,  projet  des  Anglai.s,  221,  222,  242.  —  1756,  gar- 
nison augmentée,  II,  248,  261. — 1758,  garnison  française,  11,280, 
2%.  — 1759,  projet  des  Anglais,  II,  310,  SU,  331.-1813,  pris,  III, 
184. 

NIAGARA  (frontière).— 1813,  hostilités  sur  cette  frontière,  111,164-6, 
175.— 1814,  mouvement  des  troupes,  III,  188. — 1838,  troubles  poli- 
tiques, 111,348. 

NIAGARA  (chute  de),  I,  88,  256  ;  II,  888. 

NIAOURÉ,  11,255. 

XICHOLSON,  II,  39,  40,  41,  43,  45,  46,  49. 

XÏCHOLS,  II,  240. 

iMCOLET  (Jean).— Voyage  au  Wisconsin,  I,  244. 

NICOLET  (localité),  III,  17. 

XICOLET  (paroisse),  II,  261. 

XICOLET  (collège),  III,  225. 

XIKISSIPIQUE  (lac),  II,  29. 

NIMÈGUE.— Voir  Paix. 


CCClviii  INDEX   ANALYTIQUE 

NIPIGON,  II,  120. 

NIPISSINGS.— Umr  habitat,  \,m.—\&Vi,  miBHion  du  IVr«  AHoua», 

I,  24H.— 1755,  au  lac  Chauiplaiu,  II,  222.  — 1767,  6iuba«i»ado  en- 
voy«''0  à  Montréal,  II,  268. 

NIPISSINO  (Uc),  découvert,  I,  66. 

NIVERNOIS,  II,  393. 

NOAILLES  (duc  de),  II,  81, 198. 

NOBLE  (colonel),  II,  182. 

NOBLESSE  CANADIENNE.— 1667, Talon  demande  des  titrw  pour 
lo8  CaiiailionH,  I,  212. —  Son  utilité,  II,  167.—  UiSti,  ku  puuvrnté,  I, 
284. — 17<»5,  attitude  don  Anglai»,  II,  402. —  1773,  i»eu  fuvurablu  au 
gouvernement  libre,  II,  422.  —  1775,  attitude  en  présence  de  Tin- 
vasion,  II,  443-5. —  1791,  ce  qu'on  en  pouMo  en  Angleterre,  III,  72 
77. 

NOBLESSE  CANADIENNE  ET  IX)UISIANAISE,  II,  10,  77. 

NOBLESSE  FRANÇAISE,  II,  :m. 

NOËL,  remonte  le  Saint- Laurent,  I,  39. 

NOËL  (féto),  II,  412. 

NOIR  (cap),  II,  281. 

NOIX  (île  aux).— 1759,  les  Français  songent  à  s'y  replier,  II,  312.— 
1759,  Bourlamaquo  s'y  retire,  II,  3.30. — 1700,  (rarnixon  qui  y  reste, 

II,  348. — 1760,  projet  dm  An-^lais,  II,  3.55. —  1700,  Biju^jainvillo  y 
commande,  II,  371. — 1700,  Boufrainvilie  évacuo  la  place,  II,  .37.3. 
— 1775,  Montgomery  s'y  retire,  II,  446. —  1776,  iumsago  de  l'armée 
américaine,  III,  18. 

NORD-OUEST.— 1G65,  mission  du  Père  Allouez,  I,  248. 
NORD-OUEST.— Voir  Mer  db  l'Ouf:st,  Ouest. 

NORMANDS  (les)  en  Amérique,  I,  4.— Pèchent  à  Terreneuve,  1, 13, 
38;  11,138. 

NORMANDIE,  II,  101. 

NORLH  (lord).— 1770,  entre  au  ministère,  II,  431.— 1774,  et  les  ca- 
tholiques, II,  430. — 1770,  affaires  américaines,  III,  21.— 1778,  affai- 
res américaines,  III,  43. — 1782,  sort  du  ministère,  III,  46. —  Et  les 
Canadiens,  III,  48. 

NORTON,  II,  399. 

NORVÉGIENS  (les)  découvrent  l'Islande,  I,  4. 

NOTABLES.— 1682,  assemblées  à  Québec,  I,  260. 

NOTAIRES,  n,  101. 

NOUVEAU-BRUNSWICK.— 1763,  gouvernement  séparé,  H,  396.— 
1830,  situation  politique,  III.  330. — 1837,  attitude  du  peuple,  III, 
348, 350.-1839,  comtés  du  Bas-Canada  annexés,  III,  377. 


DE   l'histoire    du   CANADA.  CCclîx 

NOUVELLE-ANGLETERRE.— Ses  débuts,  I,  4_',  75.— 1621,  premier 
mariage,  1, 130. — 1632,  inquittée  par  !e  voisinage  du  Canada,  I, 
85.  —  Les  Hollandais  fournissent  des  armes  aux  Iroquois,  I,  137. 
— 1642,  La  Tour  demande  des  secours  à  B(jston,  I,  1G2-3.  —  1644, 
traité  de  commerce  avec  l'Acadie,  I,  163. —  1650,  projwso  un  traite 
de  commerce  et  d'alliance,  I,  145. —  1651,  son  influence  en  Acadie, 
1, 164. — 1654,  traité  d'Orange  avec  les  Iroquois,  1, 147-8.— 1654,  at- 
taque l'Acadie,  1, 165. — 1(563,  tremblement  do  terre,  1, 156. — 1»>64, 
envahit  les  possessions  hollandaises,  I,  216.  — 1667,  un  danger 
pour  le  Canada,  I,  213.  —  1670,  attire  la  traite  des  Outaouais,  I, 
216.  —  Fournit  de  l'eau-de-vie  aux  sauvages,  1, 154-5.  —  Cause  de 
rivalité  avec  le  ('anada,  II,  57.  —  Traite  avec  les  sauvages  du  Ca- 
nada, II,  147,  14K,  150.  — 1679,  inquiète  de  l'extension  du  com- 
merce français  dans  l'Ouest,  I,  260. — 1685,  leurs  ressourct*  i>our  la 
défense,  I,  277.  —  1688,  on  en  projette  la  contiuête,  J,  2î'0,  322,  3;!1. 
— 1689,  se  décide  à  la  guerre,  I,  333. —  l6tK),  sou  imixjrtauce,  I,  296, 
— 1691,  on  projette  de  la  comiuérir,  I,  346.  —  1691,  négociations 
avec  les  sauvages  du  Canada,  J,  ;i47.  — 1693,  demande  la  paix,  I, 
352.  — 1697,  flotte  française  destinée  à  conquérir  la  Nouvelle-An- 
gleterre, I,  371.  —  1697,  crée  un  jiapier-monnaie,  I,  373.  —  1700,  ou 
on  proix)8e  la  conquête,  II,  22.  — 1701-13,  premier  sentiment  de 
l'indépendance,  II,  5  >. — 1706,  industries,  II,  62. — 1708,  terreur  qui 
y  régne,  II,  30. — 1711,  redoute  les  Canadiens,  II,  49. — 1712,  sa  jhjU- 
tique  envers  le  Canada.;  menace  d'invasion,  II,  50-53.  —  1714,  |X)- 
pulation,  II,  100.  — 1720-1727,  concurrence  commerciale,  II,  150, 
151. — 1744,  hostiUtés  envers  le  Canada,  II,  169,  172. —  Premiers 
symptômes  de  révolte,  II,  407. — Voir  Uévolutiox. 

NOUVELLE-ÉCOSSE.— 1763,  gouvernement  séparé,  II,  396.— 1764, 
accepte  l'imiiôt  du  timbre.  II,  407. — 1836,  situation  iK>litique,  III, 
330. — Voir  AtwniH. 

NOUVELLE-HOLLANDE.— 1609-1664,  histoire  de  cette  colonie,  I, 
216. 

NOUVELLi:-ORLV.ANS,  II,  76,  78,  87,  92  ;  III,  195-6. 

NOYAN  (de),  11,295. 

NOYELLES  (do),  ÎI,  131. 

o 

OBBS,  II,  201. 

O'CALLAOHAN.  III,  325,  339,  343.— Voir  aussi  la  Préface. 

OCCIDENT.— Voir  Compagxib. 

O'CONNELL,  III,  295,  308,  312,  331,  333,  379. 

ODELLTOAYN,  III,  166, 187. 

ŒUITS  (île  aux),  U,  48. 


CCClx  IMJEX  ANALYTlUfE 

OFFAGOULAS,  Il.yJ. 

OGDEN,  111,220,  243,262. 

OGDENSBrU(»  (.u  Lu  IV-Rontation.— 1749,  fond^,  II,  197.— Li»  Iro- 
quoJH  y  Hoiit  atlir<''H,  II,  U»?,  L'OS— 1758.  troupwi  françaiM»,  11,  2««. 
1780,  on  y  pniiKtruit  d«'H  haniiK»,  II,  311.— 17<J0,  le  fort  Lévia  oat 
danH  le  voi«iiiage,  II,  348.- 1813,  captui^,  III,  170.— Voir  Gauhtk, 
pRKW"«m-. 

O'HAHA,  111,46. 

OIIIO  (riviOro),  II,  100,  110.  — Description,  II,  HM,  298.  — 1673,  vn» 
par  les  FrançaiN,  1,  2r)l.— lfi«2,  fort  construit  par  LaHallo,  I,  262. 
—Forts  franvaiH,  11,110.— Voir  IMqikhnk  (fort).— 1712,  fr/'quentée 
par  l»*  Français,  II,  llKi.— 1742,  projet  de  forts  français,  II,  209. — 
1744,  les  Anglais,  II,  170.— 1748,  établissements  des  Anglais,  II, 
109,101—1740,  l(w  »aiiçaiM  prennent  possession,  II,  107—1750, 
traite  des  Anglain,  II,  203.  — 1753,  troui)e»  française»*,  II,  20*). — 
175.%  forts  français,  II,  222  —  Ilostilit^-.s,  H,  231.— 175<i,  troujie* 
françaises,  11,248,  2f>l.— H(tHtilit4^H,  II,  259.— 1 758,  approvisionne- 
ment* qu'on  en  tirt»,  II,  277.— Troupes  anglaises,  II,  280,  296-7, 
298.— 1759,  traite  des  Français,  II,  302.— !IostiliU''«,  II,  311,  316.— 
1760,  attitude  dea  sauvages,  II,  331.-1765,  Franklin  coucMe  des 
terres,  11,428. 

OHIO  (nations  .le  1'),  II,  88. 

OHIO  (compagnie  de  1'),  1716,  II,  193. 

OJÊDA,  1, 13. 

ONNONTAGUÊS.— 1683,  veulent  la  guerre,  I,  269. 

ONONTHIO.— Nom  dea  gouverneurs  françai.«,  1, 138. 

ONTARIO  (lac).— Description,  I,  90.-1615,  découvert,  1,65.-1675, 
entreprises  do  La  Salle,  1,2.54-5.-1682-4,  hostilités,  I,  266-7.— 1684, 
expédition  militaire,  I,  273. — Voir  Rivif.R£  avx  Sables,  I,  281. 

ORANGE. — Voir  Guillaume  IIL 

ORANGISTES,  III,  321, 324, 

OREILLY,  II,  385. 

ORGE,  II,  225. 

ORLÉANS  (île  d').— Tisitée  par  Cartier,  T,  21.— Roberval  veut  y 
faire  un  établissement,  I,  27. — 1641,  de  Mai-sonneuve  est  invité  à 
s'y  fixer,  I,  134. — 1648,  population,  I,  171. — 16.50,  on  y  place  les 
Hurons,  I,  144. — 1656,  massacre  de*  Hurons,  I.  14S. — 1<;75,  de 
Villeray  y  est  exilé,  I,  231.— 1690,  durant  le  siège  de  Qn<^l)ec,  I, 
339,  343.  — 1775,  Québecquois  réfugiés,  II,  453.  — 17.59,  siège  de 
Québec,  II,  318,  321-2. 

ORLÉANS  (duc  d'),  II,  75,  79,  83, 84,  87,  ICI. 


DE  l'hihtoiue  du  cakada.  ccclxi 

ORSENVILLE.— Voir  DesIslets,  Talon. 

OSAGES,  II,  50. 

OSGOODE,  III,  104-5. 

OSWÊGO  ou  CIIOUAGUEN.— 1695,  arrivée  de  l'armée  française,  I, 
354. — 1715,  commerce,  II,  145-G. — 1722,  jwbte  do  traite  établi  par  les 
Anglais,  II,  112,  loi.— 1727,  les  Anglais  s'y  fortiliont,  II,  113,  252, 
254. —  1744,  objectif  dos  Canadien»,  II,  170. —  1755,  projet  des 
Français,  II,  222,  236.— Mercor  y  commande,  II,  242.— 1757,  projet 
des  Français,  II,  2.53,  343. — Pris  par  les  Français,  II,  242,  2.'34,  272. 
— Vivren  qu'on  y  trouve,  II,  201. — Rasé,  II,  258. — 1758,  les  Fran- 
çais veulent  on  empêcher  le  rétablissement,  II,  286. — Lévis  re^-oit 
ordre  de  se  rendre  en  co  lieu,  II,  2lt5. — 1760,  Amhorst  y  pa.sse,  II, 
355,  372,  373.-1777,  St-Léger  y  arrive,  III,  26.— 1814,  incendié, 
III,  188. 

OTIS,  11,431. 

OITAWA  (vallée  de  1'),  III,  296. 

OTTAWA  (rivière).  — 1613-1615,  Giampiain  la  remonte,  I,  6.5-6.— 
1644,  embuscatles  des  Iroquois,  1, 137. — 1650,  res»o  d  ctru  frtiiueu- 
tée,  1, 145.— 1660,  action  du  Loug-Sault,  I,  150, 

OUDIEITE,  II,  141. 

OUEST.— Projets  do  Talon,  I,  220. 

OUINEPEG  (rivière),  II,  129. 

OUIXEPEG  (lac),  II,  126. 

OUISCONSIN  (rivière),  I,  250,  259. 

OURÉOUHARÉ,  I,  :i32-3. 

OUTACJAMIS.— I^ur  habitat;  leur  caractère,  II,  50.— 1665,  à  Cha- 
gouami^jng,  I,  2^7. — 1670-72,  mission  dos  Jésuites,  I,  248. — 1680, 
visités  par  La  Salle,  I,  261. — 1684,  marchent  contre  les  Iroquois,  I, 
272-3.  — 1711,  s'arment  contre  les  Français  du  Détroit,  11,50,53. 
—1728,  en  guerre,  II,  122. 

OUTAOUAIS.— Leur  habitat,  I,  05,  96.— Leur  caractère,  I,  330.— 
Leur  signe  héraldicjue,  I,  377. — 1634-48,  route  des  voyageurs,  I, 
244. — 1660,  mission  du  Père  Mosnard,  I,  246.  — 1670,  trafiquent 
avec  les  Iroquois,  I,  216. — 1670,  à  Michillimakiuac,  I,  257. — 1684, 
attaqués  par  les  Iroquois,  I,  260. — Marchent  contre  k<s  Iroquois,  I, 
272-3. — 1680,  message  de  Frontenac,  I,  326,  330. — Rciç-oivent  des 
envoyés  iroquois,  I,  333. — 1691,  font  la  guerre  aux  Iroquois,  I, 
346-7.-1704,  veulent  la  guerre,  II,  25.-1706,  démêlés  avec  les 
Miamis,  II,  25.— 1711,  au  Détroit,  II,  50. — 1757,  en  ambassade 
à  Montréal,  II,  268. — 1765,  conspiration  de  Pontiac,  II,  405. 

OUVRIERS  (rareté  des),  II,  153, 173. 

OYSIiiU  (rivière),  I,  350,  359. 


CCcLxii  UTDEX  AKALYTIQUB. 


TACAUD,  II,  142. 

PACIFIQUE  (oci-an),  I,  l;J.— Voir  T.\i-u.n,  Oluît,  N<-i:w-UuE8T. 

PACKKNIIAM,  III,  195-<l. 

PACTE  DE  FAMILLE,  II,  383. 

PA(JET(CharleH),  III,  XM). 

PAILLOUX  (do),  II,  76,  77. 

PAIX  (traiU'8,  alliances).— 13r»0,  de  Br^-tijmy,  France,  Angleterre, 
II,  'SSti. — 1024,  ontro  lo8  nationH  du  Canada,  1,  70.—  1032,  Francct, 
Angleterre,  de  SKiermain-en-Layo,  I,H4, 1(50,  2^0.  — 104.1,  entre 
le«  nations  du  Canada,  I,  i:i8.  —  Hi.>l,  avec  le«  IrcKjuois,  I,  147. — 
lOGl-2,  avoc  les  Iroijuois,  1, 152-3.  —  lOOT),  avec  trois  cantons  iro- 
<luois,  I,  209.-  10()0,  avoc  tous  les  IrcKjuois,  I,  210,  211.  —  1607,  do 
Bréda,  France,  AniJtletorro,  Uollande,  I,  IW,  211.  — 1671,  avec  leti 
Inxjuois  et  les  Poutouatamis,  I,  219. —  1678.  do  Xinu^ue,  Franœ, 
Hollande,  empire  d'AlkMnajine,  I,  263.  —  1684,  avec  le»  IrfKjuois, 
I,  272-5.  — 1687,  conventions  an  sujet  de  la  baie  d'Hudson,  I,  307, 
367.— 1688,  n(''gociation8  avec  la  Nouvelle-Angleterre,  I,  287,  288.— 
1694,  I^uis  XIV  veut  cesser  la  jruerre,  I,  372.  — 1697,  de  liyswick, 
France,  Angleterre,  Hollande,  Esnaeno,  Allemagne,  I,  372,  373, 
374  ;  II..  10,  20.  — 1700,  avoc  les  Iroquois,  I,  370,  381  ;  II,  20-4, 110. 
— 1701,  scellée  avec  les  Iroquois,  I,  :i81.  — 1713,  d'Utrecht,  France, 
Angleterre,  Hollande,  Espa^rne,  II,  53,  56,  58,  59,  60,  68,  97, 101, 
104,  105,  110,  112,  137,  149,  19.3.-1718,  de  la  quadruple  alliance, 
France,  Angleterre,  Hollande,  Empire  germanique,  II,  83. — 1720, 
avec  l'Espagne,  H,  86.  — 1725,  projet  entre  la  Nouvelle- Angleterre 
et  les  Ab«'naqui8,  H,  107.  — 1748,  d'Aix-la-Chapelle,  France,  An- 
gleterre, Hollande,  Allemagne,  Espagne,  Gènes,  II,  109,  188,  191, 
195. —  1756,  alliance  de  l'Autriche  et  de  la  France,  II,  218.  — 1758, 
entre  les  Anglais  et  les  sauvages,  II,  309. —  1763,  traité  de  Paris; 
cession  du  Canada  à  l'Angleterre,  II,  137,  382-3,  386,  393,  403, 
411,  427;  III,  21,  22,  42,  78,  211.  — 1766,  d'Oswégo,  entre  Anglais 
et  sauvages,  II,  406. — 1783,  ind(fpendance  des  États-Unis  reconnue, 
*III,  41-2,  47.— 1814,  de  Gand,  l'Angleterre  et  les  États-Unis,  lU, 
198,  202.  — Voir  Guerres. 

PANET.— 1787,  juge,  III,  59. 

PAîsET  (Je«n-Antoine).  — 1792,  orateur  de  l'assemblée  l^slative, 
III,  86.— 1793,  nommé  juge,  IIP,  94.—  1797,  réélu  orateur,  III,  101. 
— 1807,  orateur,  Craig  le  persécute,  III,  122.  — 1808,  réélu  orateur, 
III,  122.— 1815,  nommé  au  conseil  législatif,  III,  202. 

PANET  (Philippe).— 1838,  juge  suspendu,  UI,  367. 


DE   l'histoire    du   CANADA.  CCclxiii 

PANET  (Pierre-Louis),  III,  86,  89. 

PANUCO,  II,  12. 

PAPIEli-MONNAIE.— Voir  Monnaie  db  cabtb. 

PAPINEAU  (Joseph),  III,  81,  86, 142, 156. 

PAPIXEAU  (f^ouis-Josepli). — Son  caractère;  ses  talents,  etc.,  III, 
•J(J2,  328.— 1811,  présont  à  une  assemblie,  III,  155.  —  1812,  député, 
III,  150. — 1815,  élu  président  de  l'assemblée  léjrislative,  III,  202. — 
—1821,  nommé  au  conseil  exécutif,  III,  210,  232.— 1821,  débat  sur 
les  droits  do  douanes,  III,  237.— 1822,  délégué  à  Londres,  III,  240, 
243,  247.-1827,  élu  président  do  l'assemblée  législative,  III,  262, 
278.  — 1831,  pHMid  la  direction  du  parti  avancé,  III,  292,  300,  ".01. 
— 1834,  discours  sur  la  situation  du  i>ays,  III,  304. — Voir  Cir.vTKE- 
viNOT-uorzH  KÉsoi.i'TioNs. — 1834,  à  Stanst^jul,  111,  315. — 1835,  dis- 
cours au  parleaiont,  III,  316. —  1835,  lord  Gosford  l'invito  à  dinor, 
III,  323.— 1N36,  chof  du  parti  avancé,  Ilf,  327,  328.  — L'union  des 
Canadas,  III,  352.  — 1837,  tourné-e  politique,  III,  333,  335.  —  1837, 
perd  sa  commission  dans  la  milice,  III,  336.  — 1837,  à  Saint- 
Charles,  III,  330.-1837,  accusé  de  haute  trahison,  111,342.-1837, 
sa  maison  e.st  attaquée,  III,  342. — 1837,  se  réfugie  aux  Etats-Unis, 
III,  347.  — 1845,  rapiwrte  de  Franco  VJIigt.  du  Moutréut,  I,  133. — 
Voir  Taiu.b  nu  travail  de  M.  Cuauvkau. 

PAPINEAU  (Pierre),  III,  134. 

PAQUIN,  III,  345. 

PARAT,  I,  361. 

PARENT  (Etienne),  III,  317. 

PARIS,  II,  101. 

PARKER,  111,241,269. 

PAROISSfô  (fonnation  des),  I,  174, 192.  — Division  paroissiale,  II, 
99.— Nouvelles,  1798.  III,  106.— Voir  Seigkbuuies. 

PASSAMAQUODDY,  II,  31. 

PASCAGOULAS,  II,  83. 

PASCAL,  II,  55. 

PAULET  (Dom  Georges-François),  1, 198. 

PAULMY,  II,  300. 

PAYNE,  in,20. 

PÊAN,  II,  197,  263, 301-2. 

PÊCHE  do  la  morue,  II,  137, 152,  174,  387. 

PÊCHE  du  loup-marin,  II,  152, 155. 

PÊCHE  de  la  baleine,  II,  139, 152. 

PÊCHE  du  marsouin,  II,  152. 


CCclxiv  ISUKX    ANAI.YTlQlB 

l'ftCIIK.— Incite  aux  ilécouvortei»,  1, 15. 

l'ftClIKHIES  <ln  Sl-UunMit.  —  K.'J!»,  \mr  iiiijK»rtftnco,  I,  M,  86. — 
SoiiH  Talon,  I,  '2\'.\.  —  1072,  iiinlructifHi  à  Fn.ntoiiac,  I,  T2i.  — ■  17'.'îf, 
nouveaux  établiisKiMnifUtH,  II,  15'-'.  — Sou»  Uw  F.-an<;aifc,  II,  151*. 

rfXIIKKIKS  »lo  Twrrommvo,  I,  14,  358,  3<K);  II,  55,  00. 

rÊ(  IIKRIKS  .lu  nie  Saint-Jean,  II,  «U. 

l'ECU  KIMIX  «Iti  Cai^Hroton,  II,  «2,  (15. 

l'ftcHKKilvs.l.^  rv.M.ii..  ir  -.n  jj 

l'I-X'K,  III,  2U0. 

l'EI'.L  (sir  llohorl).  —  Jf>li),  IttvorabKï  à  1'  pmvinct*,  III, 

i;!l». — IK.'M,  pmmicr  niinistns  III,  ;>1').-  _'iit>ionl  AyUnur 

on  Canada,  III,  'M\h  — 18.T),  |»orcl  lu  |Knivoir,  lii,  :{21.  —  183K,  ntm 

attituilo  au  «uj»*'  'i">^  '  'uiadiens,  III,  353,  35'».— 1m;;'.(  votol'Union, 

III,  376. 
l'KLKCUIN,  Il.Ii'Jl. 
J'ÉLICAX  {le),  l,  3f)9. 
PELLKTKKl IX— Voir  TBAim 
PKMJ'TIKK,  1,242. 
rKLLI0N,III,41. 

PELTRIE  (Madame  de  La),  I,  l.%5, 195. 
l'ÉMAliUID,  I,  325,  350,  352,  358-9. 
l'KMUUSSA,  II,  62. 
l'ÉNÈTANGUISHINE.  —  Trouvaille  archéologique  qu'on  y  a  faite, 

1, 115. 
PÉNISSAULT,  II,  264. 
PENNSYLVANIE.— Partie  des  Hurons  s'y  établissent,  1, 144.— Lea 

Suédois  s'y  établissent,  I,  216. — Incursion  dos  Canadiens,  II,  2G0. 

—Révolte  de  Pontiac,  II,  40t>. 
PÉNOBSCOT.— Voir  Pkxtagouet. 
PENSAœLA,  II,  10,  73-4,  84-6,  383. 

PENTAGOUET  ou  PÉNOBSCOT  (rivière  et  fort).  —  1612,  explorée, 
I,  52. — 1636,  pris  par  les  Français,  I,  161. — 1672,  on  propose  de 
fortifier  ce  |X)Ste;  route  du  Kénél>ec,  I,  :->3ô. —  I69«i,  Saint -t'astin  y 
commande,  I,  S-jt». —  16!»7,  projet  de  d'Iberville,  I,  371,  372. — 17<^4, 
ravagé  par  Church,  II,  31. — 1711,  Saiut-Castin  y  commande.  II, 
43. — 1713,  frontière  de  l'Acadie,  II,  194. — Voir  Limitbb. 

PÉORIA  (lac).— 1679,  visité  par  La  Salle,  I,  258. 

PEPPERELL,  II,  174,  181,  256. 

PERCÉ,  I,  336. 

PERCEVAL,  III,  151, 159,  25L 


DE   L'HISTOIKE   DU   CANADA.  CCclxV 

l'ÉRONNE.— Voir  Mazé,  Dumbsniu 

PERREAULT,  II,  264. 

PERREAULT  (J.-R),  II,  166. 

PERREAULT  (Ovide),  III,  343. 

PERRIï:R,  II,  87,  91,  92-3,  94. 

PERROÏ  (François).  — 1673-9,  (K'-intl-lés  avec  Frouteuac,  1,229.— 

Renvoyé  en   France;  revient  en   Canada;  sa  famille  I,  232. — 

Accusé  par  Duchesneau,  I,  235. 
PERItOT  (Nitolart). — 1670,  son  influence  sur  les  sauvages,  I,  221. — 

1671,  au  .Sault  Sainte-Marie,  I,  221 .  — 1670-72,  chez  les  Miarnis,  I, 

248.  —  1684,  négocie  avec  les  sauvages  alliés,  I,  272.  —1690,  dans 

l'Ouest,  I,  329. 
PERRY,  III,  172. 
l'EU'lHl'lS,  II,  157. 

PETITE  VÉUOLE.— 1670,  ravage  lea  Iroquois,  I,  220;  II,  26a 
PEUVRET,  1,203,  211. 
PEYTON,  11,184. 
l'EZARD  de  la  TOUCHE,  I,  342. 
PHILADELPHIE,  II,  230,  235  ;  III,  42,  44. 
PHILIPPE  V,  11,40,83,84. 
l'HIPPS,  I,  334, 350-1,  359. 
PU  KLIPPEAUX.- Voir  Postchartrain. 
PI  AT  (le  Père). — Invite  les  jésuites  à  s'établir  au  Canada,  I,  69. 
PICARDIE,  II,  101. 
PIERRE  LE  GRAND,  H,  128. 
PIRE,  111,176.— V\.ir  Pyke. 

l'INÇON.  — Trois  frcros  qui  accompagnent  Colomb,  I,  7. —  1500,  dé- 
couvrent l'Amazone  et  le  Brésil,  I,  12. 

PIPEU,  III,  180. 

PISCATAQUA,  1,371. 

PUT  (William). — 1756,  entre  au  ministère,  II,  264. — 1757,  sa  politi- 
que américaine,  II,  278,  299. —  1758,  Pittsburg  nommé  (l'ai>réslai, 
H,  298.  — 1759,  prépare  la  campagne  contre  'e  Canada,  11,309, 
Uô2.  —  1762,  sort  du  ministère.  H,  383.  — 1766,  sa  jK/litique  améri- 
caine, H,  429.  — 1791,  constitution  du  Canada,  III,  69,  84,  268.  — 

Voir  ClIATHAM. 

PITTSBURG.— Voir  Duquesnb. 

PLAINES  (rivière  des),  I,  253. 

PLAISANCE.- Description,  I,  361.  — 1660,  Gargot  y  commande,  I, 


CCClxvi  INDEX   ANALYTIQUÏ 

300.— De  la  Poypo  y  commando,  I,  301.— 1690,  Parât  t;oovornoui, 
I,  301.— lOîM),  pris  par  <ltw  flibiiHlicr»,  I,  3/n.—  1G1>'J-I70<i,  «lo  llrouil- 
liin  j,'ouvorrieiir,  I,  'M\,^>'2;  11,30,34.  —  10!**J,  ranoiuié  par  ioa 
AiiK'lais,  I,  .301.-1093,  canonn/!  par  1««  Ant^'lais,  I,  :V.2.— 1000,  on 
y  «nvoye  tlo«  pri8«jnniorH  an^laÏN,  I,  303.  —  1 700-1 70>>,  Kul>urcaiM) 
goiivornour,  II,  .34. — 1708,  Ht-Ovido  ot  C'uHUibullo  y  i-omniun<lunt, 
II,:i5. — 1711,iir(»jot(lo  Walkor,  LI,  4î>,— Avant  1713,  cominone,  II, 
158.— 1713,  paHMo  à  l'Anglotorro,  II,  04. — 1744,  situation,  II,  17:i.— 
Voir  TKKiiKNKiva 

PLANTÉ,  m,  107. 

PLATTSBUIUi.  — 1812,  Doarhom  en  qaartiorn  d'hiver,  III,  167.— 
1813,  Ma<-onil)cominandu  doti  iroupoR,  III,  187. — 1814,  cx|iéditiou 
do  Provowt,  m,  li»l,  11>7,  20.3. 

PLIvSSIS  (Mgr).— 1702,  cur^*  de  Qn<C'boc;  membre  de  l'aM^MnliU'-e,  III, 
50. — 1794,  oraison  fnnèbre  do  M}»r  Brian<l,  III,  95-0.—  1797,  cnad- 
jtitour  do  Mi?r  Donault,  III,  117.  —  18r»0,  évô<jU0  <lo  (Jut'hcc,  IH, 
117-8.  — 1807,  mandement  au  Huji^t  do«  niilici«,  III,  119.  —  181't, 
JH'Aé  par  Crai^r,  III,  139. —1811,  lutU»  rontre  Craijr,  III,  H.'W). — 
1812,  rof'onnu  comme  évAquo  par  l'Aiiirletorro,  III,  150,212. — !81rt, 
entre  au  consoil  ox^-cutif,  III,  212. — 1819,  voyage  ou  EuroJx^,  III, 
224.— 1825,  son  décès,  UI,  340. 

PLYMOUTH  de  1000  à  1090, 1,  300. 
POINCY. — Gouverneur  des  lies  françaises,  I,  140. 
POINTE-DU-LAC,  III,  17. 
I\)INTE-CLAIRE,  III,  167. 

POINTE-A-LA-CHEVKLURE  ou  CROWN-POINT  ou  TICOXDÉ- 
ROGA. — 1731,  fort  construit  par  les  Français,  II,  113,  114, 193. — 
1755,  fortifications  anglaises,  II,  242.  — 1759,  fort  construit  sous 
le  nom  de  Crown-Point,  II,  331,  :iôO. — 1759,  Andierst  y  arrive,  II, 
330,350.-1700,  Ilaviland  et  Bou^rainville,  II,  373.-1770,  i)rise  par 
los  Américains,  II,  444,  445;  III,  18, 19.  —  1777,  Burgoyue  et  son 
armt'o,  III,  25-0. 
,POINTE-LÉVIS,  I,  158  ;  III,  15. 

POLNTE-AUX-TREMBLES  (Québec),  U,  327,  330,  344,  358,  369, 
371,452. 

POINTE-COUPÉE,  II,  83. 
POINTE-VERTE,  I,  361. 
POIS,  II,  154-5, 159. 
POITOU,  II,  101. 
POIVRE,  II,  152. 
POLICE,  II,  346. 


DE  l'histoire    du   CANADA.  CCClxvii 

POLITIQUE.— Voir  Acte  de  Québec,  Tbst,  Cokstitutiox,  Uniok, 

ClIAMHRK,    CONSEU.,    ITnhed»    CoTjmK ,    MiMSTÈRB,    ClUB,    LaNGCB  , 
QuATRE-VlMiT-DOUZB  liÉSOl^ïIONS,  ÉcUAFAUDB. 

POLOGNE,  m,  77. 

POMMES  DE  TERRE,  I,  9;  II,  124,  225. 

POMMERAYE  (Charles  de  La),  I,  21. 

POMEROY,  II,  239. 

POMMERIL,  11,178. 

POMPADOUR,  II,  218,  218,  262,  300. 

PONT-BRI  AND  (Claude  de).  —  Accompagne  Jacques  Cartier,  I,  21. 

PONTBRIAND.— Voir  Durreuil. 

FONTCIIAMTRAIN.  — 1691,  succède  à  Seignelay,  1,  346.  — 1699, 
ministre  de  la  marine,  II,  44. — 1711,  veut  qu'on  reprenne  l'Acadie, 
II,  43,  44,  46.  — 1716,  fort  Rosalie  à  la  Louisiane,  II,  7.3.  — Parent 
dos  Beauharnois,  II,  114. — Son  projet  do  socicté  de  commerce,  II, 
142. — La  monnaie  de  carte,  II,  144. 

PONTCHARTRAIN  (lac),  II,  .384. 

PONTGRAVÉ. — Veut  accaparer  le  commerce  des  fourrures,  I,  45. — 
160.'î,  va  en  Acadie,  I,  48. — 1609,  amène  (1h  renfort  A  la  colonie  do 
Québec,  I,  61. — 1619,  on  veut  lui  donner  la  charge  de  Champlain. 
1,67. 

PONTIAC,  II,  405, 406. 

PONTLEROY,  II,  276,  276,  287,  303,  366. 

POPULAfRE  {le),  III,  .333. 

POPULATION.- Voir  Rbcensbmbnts. 

PORÉE  (Thomas),  I,  71. 

PORTAGE  (fort  du),  II,  332. 

PORTAILS,  I,  247. 

PORTER,  111,178. 

PORTLAND  (duc  de),  ITI,  98, 106. 

PORTNEUF  (M.  de),  I,  328,  336. 

PORT-ROYAL.  — 1604,  fondé,  1,48.-1607,  négligé,  I,  50.  — 1613, 
ravagé  par  Argall,  I,  53. —  16.32,  Razilly  y  commande,  I,  161. — 
1634,  concession  à  La  Tour,  1, 161.  —  l(>36-7,  devient  chef-lieu,  1, 
161—1654,  pris  par  S<.^dgewick,  I,  laî.— 1672,  1689,  centre  de  l'ad- 
ministration française  en  Acadie,  II,  225.  — 1686,  traite  de  l'eau- 
de-vie.  I,  154. — 1689,  cet-se  d'être  chef-lieu,  I,  335. — 1690,  pris  par 
Phipps,  I,  336,  341.— 1704,  1707,  attaqué  par  Clmrch  et  Marsh,  II, 
31,  31.— 1710,  pris  par  Nicholson,  41-3,  44,  45,  46,  108,  202.— Nom- 
me -Uoiapolis,  II,  12,- 17-14,  {janûson  ï^pglaise,  II,  172.— 1746,  pro- 


CCClxviii  INDEX    ANAI-VTIQUE 

jet  de»  Fraudais,  H,  178, 180-2.— 1748,  exode  des  Acadlena,  H. 

190. 

POKTSMOUTII,  II,  29,  49, 184. 

l'OHTl'GAL  (le),  I,  5  ;  II,  57,  :W.3. 

I»()KKOIAr  (rivk^ro),  II,  129. 

l'OSTK  AUX   I.KTTRES,  11.168;  III,  .-îg. 

roSTES  DU  IlOI,  111,286. 

I^rAHUlfcUK  (de  La),  I,  21.1. 

lY/riIIEU  (TouHHainl),  III,  U»,  377. 

I\)UCH(yr  (cupilaine).— nôO,  fortifie  Niagara,  II.  248.— 1759,  con- 
duit di'8  troiijMW  à  Niagara.  II,  'Ml,  331.  —  1750.  fortiJlii  Nia^'ara; 
siège  ;  capitulation,  II,  332.  —  1700,  au  fort  LévU,  II,  371.  — 1700, 
rend  lo  fort  I/vis,  II,  374. 

POU  LA  111 KU,  II,:^>4. 

POULET,  I,  24». 

P(WRROY.— Voir  L'ArnE-KiviiRE. 

l'OUTOUATA MIS.— Leur  habitat,  I,  96.— 1665,  à  Chaprouamijron.r, 
247.  —  1671,  font  la  paix,  I,  21«.  —  1G73.  \iniU'n  par  le  l'ère  Mar- 
quette, I,  249.-1712,  vont  au  «ecour»  du  Détroit,  II,  50,51.-1757, 
à  Montréal,  11,268.-1704,  suivent  Pontiac,  il,  4a5. 

POUTKINCOURT.  — KKM,  va  en  Aradie,  fonde  Port-Royal,  I,  47, 
48. — lt)(»7,  passe  en  France  ;  il  est  ain»'  do»  Kauvai.'t'K,  I,  48,  50. — 
1610,  forme  une  compagnie,  I,  50.  —  Almudunue  l'Anicrique  ;  co 
qu'il  devient,  1,  54.— Voir  Bienc-oikt. 

POWELL,  III,  53. 

POWER,  m,  327. 

POWYS,  III,  72. 

POYNTER,  III,  244. 

POYPE  (de  La),  I,  360-61. 

PRAGUE,  II,  274. 

PRESCOTT  (général  Robert).  —1775,  à  Québec,  H,  451.  —1796,  gou- 
verneur, III,  101. — Son  administration,  III,  102-5. — 1798,  rappelé, 
m,  106. 

PRESCOTT,  I,  267  ;  III,  176.— Voir  G.\LErrrB  (la). 
PRÉSENTATION  (la).— Voir  Ogdbxsbubg. 
PRÉSIDENT  {le),  III,  152. 

PRESQU'ILE  (fort  de  la). —  175.3,  construit  par  le^  Français,  II, 
207,332.— 1764,  enlevé  par  Pontiac,  II,  406.— 1813,  III,  172, 173. 
PRESSARD,  II,  419, 


DE   l'hTSTOIKE   du   CANADA.  CCClxix 

PRESSE. — Voir  Impbimebib,  Gazette,  Minerce,  Mercury,  Canadien, 
Herald. 

PRESTON,  I,  364. 

PREVOST  (major).— 1690,  commande  à  Québec,  I,  .339. 

PREVOST  (sir  Georfrc.)— Nommé  gouvornenr,  III,  149.— 1811,  visi- 
te la  frontière.  III,  154.— 1812,  ses  instructions,  III,  .318.— 1S12-13, 
sa  politique,  III,  168.  — 1812,  se  rapproche  du  clerfïé  catholii]ne, 
III,  1.5(i.  — 1813,  visite  le  Haut-Canada,  III,  17.VG.  — 1813,  à  Sac- 
kett's-Harbour,  III,  176. —  1813,  à  Chûteauguay,  III,  180,  183.— 
1813,  descend  à  Québec  à  la  fin  de  la  campagne,  III,  184.  — 1814, 
à  Plattsburp,  III,  192,  203.— 1815,  accusé  au  sujet  de  l'expédition 
do  Platthburg,  III,  203.  — 1815,  hommage  de  la  chambre  de  Qué- 
bec, m,  202. — 1816,  son  décès,  III,  204.— Ses  services  sont  recon- 
nus en  Angleterre,  III,  204. 

PREVOST  (colonel).  —  Plaide  la  cause  de  sir  George,  son  frùro,  III, 
204. 

PRÉVOTÉ,  1, 182-3. 

PRIDEAUX  (général),  II,  310,  331-4. 

PRINCE-ÉDOUARD.— Voir  S.\int-Jban  (ii.e). 

PRIiNCJ,  III,  192. 

PRINGLE,  III,  19. 

PRISONS  (construction  des),  III,  112-3. 

PROCESSIONS,  II,  412. 

PROCTOR  (général),  III,  163,  171-4. 

PROTESTANTS.— 1760-6,  serment  du  to.st,  II,  402-405,420;  II, 
70. — 1764,  aux  Troi.i-Riviùres,  II,  398.— 1764.  tontiw»  las  charges  leur 
sont  con*iée.s,  II,  402;  III,  70. — 1766,  rapport  de  Murray,  II,  402- 
4. — 1773,  instruction  publique,  II,4ll.  —  1773,  rapport  de  Mar- 
riott, II,  412.  —  1774,  acte  de  Québec,  H.  421.  4.i4,437.  — 1774,  as- 
semblée contre  l'acte  de  Québec,  II,  438. — 1791,  i-onstitution  poli- 
tique, III,  7ô. — 1793,  évéque  nommé,  111,98.  —  1808,  l'évêque 
auglicHii  veut  résigner,  III,  118. — Voir  Evkque,  N.vntes. 

PROI^VII.LE.- Voir  Tracv. 
PROVENÇAUX,  II,  77. 
PROVENCHER  (Mgr),  III,  227. 
PRUD'HOMME,  II,  317. 
PRUSSE   11,57. 

PTOLÉMÉE.— Son  système,  I,  7. 
PUANTS.— Voir  Baie  Verte. 
PULTENEY,  II,  437. 


CCCIXX  INDEX   ANALYTIQUB 

PURDY,  ril,  182. 

ruuiTAiNw,  II,  h;i>. 

rUT-IN-BAY,]lI,  173 
PUTNAM,  III,  20. 
PUYZIEULX,  II,  200,  26.1. 
PYKK,  III,  2ir,.  —  V.iir  Pike. 


QUATRE-VINGT-DOUZE  RESOLUTIONS,— 1829-1834,  ennombJe 
<lo  la  qimKtion,  III,  27<i-30î). — 18;'..^,  M.  Papinnan  prt'j^ro  non  ox- 
]Hin(',  III,  oOl,  :504. — 1K:'.4,  M.  Pai)in<uiii  on  |ireiid  la  rt'^ixinKabilit^, 
III,  ;527.— 18:J4,  itr<'Mînt<'i!«  à  la  clianibro,  III,  .'504.— is.'U,  •l«''bat  en 
Auglet«rro,  III,  314. —  1834,  commission  anglaiw,  III,  323. —  lU" 
]ionm  aux  débutH  du  parlement  anglaih,  III,  325. — 1836,  le  peuple 
Houtiont  les  Rt'-solutiona,  III,  'Xi4. 

QUÉBEC  (STADACONÉ).— 15X5,  site  do  cette  bourgade,  I,  22.—  Sft 
Ix)pulation,  1, 1)8. — 160.S,  nV.xiste  plus,  I,  59. 

QIEIŒC—  Description,  I,  22,  57,  224  ;  II,  314-15.  —  D'où  vient  ce 
nom,  1,57. — 1U20,  p<j]iulation,  I,  68. — 1621,  ouverture  de«  TouÏKtreê 
de  Notre-Dame,  1, 129,  i:i0. — 1621»,  toml)o  aji  pouvoir  de  Kertk,  I, 
78,80,83.  — 1633,  en  ruine,  1, 127,— Établiseoment  doH  premier» 
colons,  1, 171.— 16:î9,  IIûtel-Diou  fond»:-  (à  Sillery),  I,  IM,  13.5, 136, 
195, 199. — 1639,  Ursulines  fondées,  I,  llîô,  195. — Voir  UiiirLiNiw. — 
1639,  roUC-ge  des  J<'-8uite*  fond*:',  I,  127,  19.").  —  1642,  bourpado  sau- 
vage, 1, 134.— 1644,  l'Hfttel-Dieu  tran.sfiorté  de  Sillery  à  Qu.'lioc, 
1, 136.  —  16.")6,  capitaine  Du  Puis,  comtiiamlant  dn  fort,  I,  148. — 
1()59,  les  Ilurons  s'y  réfugient,  1, 144. — 16(K),  un  s'y  fortifie  contre 
les  Iroquois,  I,  151.  — 1662,  cbef-lieu  de  la  c-oionie,  I,  1.59.  —  16G2, 
projet  de  fortifications,  1, 158,  —  Élections  niunicipale.«,  1, 179. — 
1664,  population,  1, 171.  —  1664,  garnison,  I,  202.  —  1668,  son  jiort 
est  frt'quonté,  I,  214.  — 1672,  Frontenac  décrit  la  ville,  I,  224. — 
1682,  inc-endie,  I,  235. — 1685,  commerce,  II,  15S,  159.— 1690,  a.ssié- 
gé  par  Phipps,  I,  339,  344. — 1693,  on  augmente  le8fortification.s,  I, 
351.  — 1693,  Hôpital-Général  fondé,  1, 195. — 1697,  réjouissances  au 
sujet  de  la  paix,  1,373.-1702-1720,  fortifications,  11,99,  103.— 
1709,  mis  eu  état  de  défen.se,  II,  39. — 1711,  moyens  de  défen.se,  II, 
47. — 1712,  menace  de  guerre;  dévouement  des  habitants,  II,  .53. — 
1714.  pensionnâmes  du  petit  séminaire,  I,  194». — 1728,  projet  d'une 
citadelle,  II,  103.  —  1730,  son  commerce,  II,  1-55.  — 1730,  digue  du 
Palais,  II,  124.— 1730s  tremblement  de  terre,  II,  124.-1734,  néces- 
sité de  fortifier  la  place,  II,  133.  — 1744,  fortifications,  II,  170. — 
1745,  grande   assemblée,  II,  177. —  1745,  fortifications,  U,  176. 


DE   l'histoire  du  CANADA.  CCclxXÎ 

—  1746,  projet  d'attaque  des  Anglais,  II,  181.  — 1757,  disette, 
II,    2C1.  — 1758,  disette,   II,  263.  —  1759,  disette,   II,  345,  346. 

—  1759,  fortifications,  II,  177,314.-1759,  menacé  d'un  siège,  II, 
309,  312.  —  1759,  siège,  II,  3^5.  —  1759,  bombardement,  II,  320, 
321.-1759,  cathédrale  incendiée,  II,  399.  —  1 759,  garnit«on  au 
lendemain  de  la  bataille  d'Abraham,  II,  344.  — 1759,  capitulation, 
II,  346,  347,  349,  352.  —  1759,  les  Anglais  entrent  dans  la  ville,  II, 
349.  —  Voir  Foulox. — 1760,  Murray  gouverneur,  II,  391.— 1760,  on 
en  chasse  la  population,  II,  359. — 1760,  projet  de  siège  des  Français, 
II,  355.-1760,  siège  de  la  ville,  II,  366.-1774,  Voir  Acte  de.— 1775, 
jwpulation,  III,  2.  — 1775,  fortifications,  111,2.  —  1775,  investi  par 
Montgomory,  II,  452.-1775,  siège,  III,  1.— Voir  S.\rLT-Ar- 
Mathlot.  — 1807,  fortifié,  111,1 19.-1812,  gardé  par  les  milices,  III, 
160.— 1833,  municipalité  établie,  III,  3(X). 

QUÉBEC  (archevêque  de),  III,  224,  226.— Voir  Évêques. 

QUEBEC,  chapitre  fondé.— 1684,  1, 195. 

QUÉBEC  (gouvernement). — 1626-1663,  seigneuries  concédées,  1, 171. 

QUEBEC,  petit  séminaire.— 1668,  fondé,  1, 193. 

QUÉBEC  (séminaire). — 1665,  uni  aux  Missions  étrangères,  I,  193. — 

— Sous  Mgr  de  Laval,  1, 192.  —  1688,  vues  de  Mgr  de  Saint- Valier, 

1, 184. 
QUEBEC  HEHALD,  III,  67. 
QUEENSTON,  III,  164, 176, 188. 
QUESNAY,  II,  218. 

QUESNEL  (Frédéric-Augu.ste).  — 1827,  député,  111,260.-1833,86 
*  sépare  de  INI.  Papineau,  III,  300.-1834,  les  92  Résolutions,  III,  306. 

—1839,  du  Conseil  spécial,  III,  377.  g 

QUE  Y  LUS  (l'ablW-  do),  1, 149, 190. 

QUIBERON,  1,274.  ^ 

QUIÉTISME(le),  198. 
QUIR0UET,1II.  235. 

R 

RADISSON,  I,  363. 

RALDE  (Raymond  de  La),  I,  85. 

RALEIGII  (Walter),  I,  42. 

RAMESAY  (Claude  de).  — 1690,  commande  aux  Trois-Rivières,  I, 

339.-1711,  envoyé  à  Montréal,  II,  49. 
RAMESAY  (J.-B.  Nicolas  Roch  de). — 1746,  commande  des  milices 

enyoyées  en  Acadie,  II,  180, 181, 182. — 1759,  commande  à  Québec, 

II,  317,  344^6. 


CCClxxii  INDEX   ANALYTIQUE 

liASLE  (le  Pèro),  II,  105,  lOG,  107, 108. 

UATMKyr.  n,H2,'72, 144. 

KAYMHAUT  (lo  Père),  1, 140,  243,  244. 

KAYMUND  (de),  II,  171,  2t>0. 

RAYSTOWN,  11,21*7. 

KAZIU.Y  (iHaac  (le).  — 8oi  titre* ;  sa  famille,  1, 101.  _  1637.  l'int^ 
roHM»  »tn  Canada,  I,  70,  132.— 1021»,  va  au  Maroo,  I,  80.— 1«W2,  com- 
niandH  la  HotU)  du  ('aniula,  I,  K4. — lOlVI,  <'i>iiiiiiaii<iHi:l  en  Acadie, 
I,  1«)1.— So  Hxo  i  Im  llève,  I,  liJl.— 163t(,  mm  décè»,  1, 101. 

HEADY,  LU,  232. 

ItEBOU,  II,  :m. 

RI-XiCNSEMENT  ou  ^^valuation  d«  la  population.— 1642,  Cana/la,  I, 
134.— UMi4,  Canada,  1,  17(i.— ir.*;o.  Cana<la.  I,  217  —  107».  Canada 
ot  Atadie,  II,1()0;  III,  7(;.— 10K2,  T'anarla,  1,207.— 108.'), jKjpulation 
trt'H  di.s|>i^irN'-«»,  I,  'J70,—  l(i.s."i,  A<adie,  I,  :]:i.').— lOIMj,  Cauaila,  I,  :i45. 
— 17(J0,  Canada  ot  Acadiu,  II,  22.  —  1700,  N.'Anulet^rre,  II,  427.— 
1714,  Cai>-Brot<)n,  II,  05.  —  1711*,  (Janatla,  II,  137.  — 1720,  Canada, 
III,  70.— 1721,  Canada,  II,  KM».  —  17;H,  Cana<la,  II,  154  ;  III,  70.- 
1744,  Canada,  II,  137.— Compara i «on  outre  lot» colonie*  anglaiHcaet 
franvaises,  1,  300,  318,  321  ;  II,  2i:0.  —  1755,  Canada  et  Acadie,  II, 
220.  —  1750,  i-olon les  anglaises  ot  franraiHo»,  II,  310,  311. — 1703, 
Canada,  III,  70,  205.— 1705,  Canada,  111,70. — 1705,  Cana<la,  oatho- 
liquos  ot  protestants,  II,  404;  III,  70.-1774,  N .-A UKleterre,  II, 
427.— 1784,  ostlaves,  III,  00.  — 1?»1,  Cana<la,  Anglais  et  Cana- 
diens, III,  76.-1822,  Haut  et  Bas-Canada,  III,  230. 

RÉCOLLETS. —  1615,  arrivent  au  Canada.  — 1620,  construigent  un 
couvent  à  Quélm*. — 1024,  seul»  njis.<iionnaire8  du  Cana<ia,  I,  08,  00. 
—  1620-1600,  ^>loI^:n('^s  du  Canada,  1, 187,  101.— 1033,  nu  reviennent 
pas,  I,  127.  — 1072,  reviennent  au  Canada,  I,  218.  —  1072,  instruc- 
tions donnPfes  à  Frontenac-,  I,  224. — I.«ur8  misisions,  I,  24(;».  — 1081, 
construisent  un  hospice  à  Québec,  I,  00.  — 1094,  ditlicult^s  avec  l'é- 
vêque,  1, 191.  — 1710,  vues  de  Mgr  de  Saint- Valier  à  leur  sujet,  I, 
194.— 1728,  leur  attitude,  II,  119.  — 1760,  conduite d'Amherst,  II, 
375. — 1796,  incendie  de  leur  couvent,  III,  91. 

RÉGENT.— Voir  Orlé.\xs  (duc  d'). 

RÉGIME  féodal. — Voir  Seignbckihs. 

RÉGIME  militaire,  II,  390. 

RÉMY''. — Voir  Courcellbs. 

RENARDS  (rivière  des),  II,  123.  — 1670-72,  mission  des  jésuites,!, 
248.  — 1673,  visite  de  JoUiet  et  Marquette,  1,240.  —  Voir  Veete 
(baie). 

KENARDS.— Voir  Octagahis. 


DE  l'histoire   du  CANADA.  CCClxxîii 

RENSSELAER,  II,  133, 170;  III,  164. 

REPENTIGNY.-Voir  LbGaedhue. 

RESSAX  (de),  I,  215. 

REVENU  PUB r.IC— Voir  Impôts. 

RÉVOLUTION  AMÉRICAINE,  II,  416,  426-453. 

RÉVOLUTION  FRANÇAISE  (la).  -  Venge  les  Canadiens  de  leur 
abandon  par  la  France,  II,  S89.  —  Effraie  les  Anglais  du  CanadH, 
m,  l'Ai.  —  Rupture  entre  Fox  et  Burko,  III,  7:i.  —  Agitation  jxjliti- 
qu»  on  Canada,  III,  77.  —  Conduite  du  conseil  législatif,  111,88. — 
Attitude  des  Canadiens,  III,  03.  —  Ment'^es  révolutionnairas  en 
Canada,  III,  95. — Français  expulsés  du  Canada,  111,102. — Prêtres 
réfugiés  en  Canada,  III,  145. 

RÉVOLUTIONS  FRANÇAISE  ET  AMÉRICAINE,  11,56^0;  III, 
116. 

RHÉAUME,  11,363. 

RHODE-LSLAND.  — 1707,  levées  contre  l'Acadie,  II,  31.  — 1709, 
levées  contre  le  Canada,  II,  39. 

RIALL,  III,  184,  188. 

RIBAUT  (Jean),  1,31,34. 

RICE,  III,  313-4,  318. 

RICHARD,  11,67. 

RICHARDSON,  III,  100, 114,  2X5,  240,  242. 

RICHELIEU  (cardinal  de).— Sa  politique  européenne,  II,  83, 169.— 
162(),  i)orte  intt  rét  au  Canada,  I,  72  ;  II,  139.— 1632,  arme  pour  re- 
prendre le  Canada,  I,  84. — Voir  Aïonu-ox  (d'). 

RICHELIEU  (fort). —  1(>42,  construit,  1. 136.  — 1644,  meua<f  par  les 
IriHiuois,  I,  137,  138. — 1(565,  fort  à  l'entrée  de  la  rivière  de  ce  nom, 
I,  205. — Voir  Sorbu 

RICHIBOUCTOU,  11,350. 

RI  C  H  MON!)  (duc  de). — Propose  de  reconnaître  l'indépendance  des 

États-Unis,  III,  43. 
RICHMOND  (duc  de).— 1818,  gouverneur  du  Canada,  III,  217,  222-3. 
RIEDESEL,  IH,  17,48. 
RIGAUD.— Voir  Vauureuil. 
RIO-JANEIRO,  II.  346. 
RIPLEY,  III,  190. 

RIVli:RF>-AU-BŒUF  (fort),  II,  3.32. 
RIVIÉRE-DU-LOUP  (en  haut),  I,  288,  350. 
RIVIÈRE-DU-LOUP  (en  bas),  II,  321. 
RIVIÈRE-NOIRE,  II,  83. 


CCclxxiv  INDEX    ANALYTIQUE 

UIVlf:KE-AUX-KENARDS.— Voir  Outaoamiii,  bajb  Vbrtb,  R»- 

NAHIiH. 

KIVIKRE-llOUGK  DU  NORD,  II,  KM). 

RIVIKRE-ROUGE  DU  SUD,  II,  14,  70. 

RIV1KRK.S.— Un  fait  bur  loun»  bord»  le»  premiera  éUblissementit, 
1,174. 

RIVifiRES  NAVIGABLES.  —  DruiU»  de  certain»  seigneurs  «tir  ce* 
couiH  d'oau,  I,  172. 

RIZ,  1,:M)7. 

ROlJEliT  (intendant),  I,  178,204. 

R015ERT8,  III,  162. 

RGBKRVAL,  1,25-30. 

RORINEAU.— Voir  Bècancouk,  Mhnnbval,  Pobtîïiuf,  Villibo». 

ROBINSON  (sir  Tliomau),  II,  214. 

ROBINSON  (n.-nt'ral),  III,  193. 

ROBINSON  (M.),  111,331. 

ROBUTEL  DE  LANGUE,  II,  125. 

ROCIIAMBEAU,  III,  4«.' 

ROCllEBLAVE  (do),  III,  HS,  91,  100,  377. 

ROCHEFORT,  II,  184. 

ROCHEGUYON.— Voir  LiANCOURT. 

ROCHELLE  (Nouvelle),  II,  .354. 

ROCHERS-PEINTS,  I,  247. 

ROCKINGHAM,  III,  46. 

ROCQUETAILLADE.— Voir  Godbfroy. 

RODDES,  II,  142. 

RODGERS,  III,  152. 

RODIER,  III,  292,  302,  327. 

ROEBUCK.— 1834,  demande  la  nomination  d'un  comité  au  sujet  du 
Canada,  III,  312,  313.-18.%,  agent  des  Canadiens,  III,  310,  319, 
329. — 1837,  défend  les  Canadiens,  III,  331. — 1838,  constitution  sus- 
pendue, III,  353. — Censure  lord  Durham,  III,  369. 

ROGERS,  II,  376. 

ROHAULT  (René  de)  fonde  le  collège  de  Québec,  1, 127, 195. 

ROLETTE,  III,  163. 
ROLLAND  (fort).— Voir  Lachinh. 
ROLLO,  II,  372-3. 
ROME,  III,  27. 


DE  l'histoire  du  CANADA.  CCclxxV 

ROQUEMONT,  I,  76,  79,  82. 
ROSALIE  (fort),  II,  73. 
ROSS,  III,  195. 
ROSSIGNOL  (port),  I,  48. 
ROSTAING  (de),  II,  211,  215. 
ROÏTENBURG,  III,  179, 180, 181, 184. 
ROUBAUD,  III,  54. 

ROUEN.  —  La  justice  du  Canada  relève  de,  I,  176.  —  Le  Canada  re- 
lève de  ce  diocèse,  1, 189, 190.  —  1G29,  8on  parlement  a  juridiction 
en  Canac^la,  I,  187. 

ROUEN  (société  de),  I,  46.— Voir  Compagnies. 

ROUGE  (fort),  II,  130. 

ROUILLÉ  (M.),  II,  200,  217,  245. 

ROUSSEAU  (J.-J.),  II,  387. 

ROUTE  OU  CHEMIN  INTERCOLOKIAL,  I,  335. 

ROUTES.— Voir  Acadih,  Portes. 

ROUTES  ET  CHEMINS  PUBLICS,  1, 174;  11,120;  111,99,102. 

ROUTES  POSTALES,  II,  158. 

ROUTH,  III,  359. 

ROUVILLE.— 1838,  village,  III,  366.— Voir  Hertbl. 

ROYALE  (île).  —  1744,)ïuerr«,  II,  170.  — 1745,  prise  par  les  Anglais, 
II,  175,  183. — 1745,  iKjpulation  déportée,  II,  175,  178. — 1748,  rendue' 
à  la  France,  II,  188,  195. — 1751,  bâtimonts  anglais  saisis,  II,  iUl. — 
1755,  Acadiens  réfugiés,  II,  224. — Voir  CAP-BKtTox. 

RUETTE.- Voir  d'Autkuiu 

RUPERT  (fort),  I,  364,  366. 

RUSSELL  (lord  John).— 1837,  hostile  aux  Canadiens,  III,  .331,  334-5, 
349.  — 1838,  pr<)|)oso  do  susi)endro  la  constitution,  III,  îVS3,  355. — 
1839.  proi>ost>  l'union  des  Canadas,  111,376.  — 1839,  reganle  les 
Canadiens  conmie  des  rebelles,  III,  378. — 1839,  écrit  une  dépêche 
intimidante,  III,  380. 

RUSSIE,  II,  57. 

RYERSON,  111,271. 

RYLAND.  —  1S04,  le  clergé  catholique,  111, 111.-1806,  ne  veut  pas 
d'évêque  catholique,  III,  118.  —  1807,  secrétaire  de  Oaig,  III,  120. 
— S'aboucbe  avec  l'espion  Henry,  III,  161. — 1810,  porte  des  déi^é- 
ches  à  Londres,  111,  1:59.  —  1812,  revient  de  L<mdres  ;  hostile  aux 
Canadiens,  IH,  207.  —  <  "onseiller  législatif,  111,  207,245.-1833, 
toujours  ennemi  «.les  Canadiens,  III,  301. 


Jxxvi  INDEX    ANALYTIQUE 


HAÏ  NT- AMBROISE.— Voir  Ix)Ri7rTE. 

SAINT-ANTOINE  («aut),  I,  25U  ;  II,  13. 

SAINT-ARMAND,  111,187. 

8AINT-AU(iUSTTN,  H,  3:i6,  344,  346,  361. 

SAINT-BENOIT,  111,347. 

SAINT-BERNARD  (baie),  II,  4,  7, 

SAINT-CA8T,  II,  29«. 

SAINT-CASTIN,  I,  IWt-  II,  32,  33,  43,  106. 

SA INT-C II  ARLES  (ri viùre),ov^  Cartier  h i verno,  I,  22,  24.— 1626,  con- 
cession <ln  fuif  Saint-.! o-Mph,  I,  171.— Hi<)2,  projot  do  fortification, 
I^  158.— 17.>{>,  fortiHcation.s,  II,  314,328.-1750,  pont  de  bateaux, 

II,  337,  340-3.-17(50,  plan  de  I/-vis,  II,  364.-1760,  hôpital,  II,  :Ui(i. 
SA lNT-t"H ARLES  (fort),  II,  12!). 

SAINT-CHARLES  (village).— 1S30,  affitations  politique»,  III,  284.— 
1S32,  agitations  politiques,  III,  2<.>.i.  — 1837,  grande  aaflemblée  po- 
litiiiue,  III,  .3:W-}».— 1837,  combat,  III,  342,  353. 

SAINT-CHRISTOl'HE.— Voir  I.vde»  Oocidhntalmi. 

SAINT-CLAIR  (général),  II,  181. 

SAINT-CYRQUE  (de),  I,  349. 

SAINT-DENIS.— Voir  JrcHERBAr. 

êAINT-DENIS  (M.  do),  I,  209. 

SAINT-DENIS  (village).  —  1775,  le  colonel  McLean,  II,  460.  —  1837, 
démonstrationspolitiques,  111,337.— 1837,  préparatifs  de  résistance, 

III,  338.— 1837,  combat,  III,  342,  3.33,  365. 
SAINT-DOMINGUE.— 1492,  C^ilomb  y  fait  érijror  un  fort,  I,  9.— 

1684,  navire  français  enlevé,  II,  3.  — 1698,  compagnie  de  ce  nom, 
II,  75.  — 1698,  d'Iberville  s'y  arrête,  II,  10. — 1715,  commerce  avec 
la  Ix)nisiano,  II,  73.— 1730,  Natchez  en  esclav^e,  II,  95.— 1749,  la 
commission  internationale  s'en  occupe,  II,  202. 

SAINT-ÉTIENNE.— Voir  La  Toue  (Ch.^rles). 

SAINT-EUSTACHE  (village),  III,  3.38,  345-6. 

SAINT-FRANÇOIS  (lac),  I,  287,  350. 

SAINT-FRANÇOIS  (rivière),  II,  29;  III,  206. 

SAINT-FRANÇOIS  DU  LAC,  I,  288,  349. 

SAINT-FRANÇOIS  (district  de),  III,  245. 

SAINT-FRÉDÉRIC  (fort)!— Construit,  II,  114.— 1740,  II,  133.-1744. 
48,  II,  170,  181,  183.— 1750,  II,  198.-1754,  II,  211.-17.35,  H,  221, 
222,  235,  236,  242-3.  — 1756,  II,  249,  259.  —1758,  II,  288.  — 1759,  II, 
311,  330. 


DE   l'hISTOIKE    du   CANADA.  CCclxXVU 

SAINT-GEOIIGE  (de),  II,  184. 

SAINT-GEORGE  (rivière),  I,  374. 

SAINTE-HÉLÈNE.— Voir  Lbmovxe. 

SAINT-IGNACE.— Bourgade  huronne,  I,  142. 

SAINT-JACQUES  DE  L'ACHIGAN,  II,  261. 

SAINT-JEAN. — Bourgade  huronno,  1, 143. 

SAINT-JEAN  (nonnné  aussi  d'Ibervillo  et  Dorchester).  —  1665,  fort 
construit,  I,  'JOO. — 1757,  bataillon  français,  II,  268. — 175!», garnison 
française,  II,  ;>48.  —  1700,  projet  des  Anglais,  II,  355.  —  17«0,  liou- 
gainville  se  retire,  II,  373. — 1775,  fort  pris  et  repris,  11,444. — 1775, 
troujHis  auii'Ticaines,  II,  446.  — 1775,  projet  de  Carloton,  II,  448.  — 
1776,  fort  brftU's  111,  IK, 

SAINT-JEAN  (fleuve  du  N.-Brunswick).  —  161H,  découvert,  I,  48.— 
1627.  conffwsion  à  La  Tour,  I,  161. — 1640,  I.,a  Tour  s'y  défend  dans 
son  fort,  I,  162.  — 1654,  fort  de  l.a  Tour,  1, 165.  —  lOlHi,  bataille  na- 
vale, I,  358.  — 1713,  les  Français  s'y  fortifient,  II,  104,  11*9.-1744, 
sauvages  tlo  l'o  lieu  qui  assiègent  Anna])olis,  II,  172. — 1748,  ^ilua- 
tion  des  habitants,  II,  l'JS. — 1750,  situation  dos  habitants,  II,  200. 
—1755,  Boishôbert  brîile  son  fort.  II,  224. 

SAINT-JEAN  (lac),  1,242. 

SAINT-JEAN  (rivière).  —  Qui  se  décharge  dans  le  golfe  Saint-I^u- 
rent,  I,  21. 

SAINT-JEAN  ou  du  PRINCE-ÉDOTTARD  (Ile).  — Dewription,  II, 
61,  ()H.  —  1713,  on  y  attire  des  Acadiens,  II,  6S.  —  1719,  cinDiagnie 
qui  concède  l'île.  II,  69.  —  1750,  Acadiens  réfiigi  s,  1 1,  2nl.  —  1755, 
Acadiens  réfugiés,  II,  224.  —  1758,  prise  par  les  Anglais,  II,  285. — 
1763,  administration,  II,  31H5.  —  1818,  le  ijape  nomme  uu  évétiue, 
III,  224.       • 

SAINT-JEAN  DE  TERRENEUVE,  I,  360,  361,  362  ;  II,  34,  35,  36. 

SAINT-JEAN  DE  Ll'Z,  II,  174. 

SAINT-JO.\CIIIM,  11,321. 

SAINT-JOHN,  11,45. 

SAINT-JOSEPH  (fief),  1, 171. 

SAINT-JOSEPH  (île  du  lac  Huron).  —  Los  Tlurons  s'y  réfugient,  I, 
141-3. 

SAINT-JOSEPH,  du  lac  Michigan.  — 1679,  La  Salle  y  élève  un  fort, 
I,  257. 

SAINT-LAMBERT,  T.  350. 

SAINT-LAURENT  (golfe).— 150G,  carte  de  Jean  Denis,  1,13  ;  II,  LIS. 
— 1534,  visité  par  Cartier,  I,  19.  — 1702,  les  Anglais  songout  à 


CCClxXviii  INDEX   ANALYTIQUE 

8'en  einpnror,  11,22.-1722,  pêcheries,  11,152.-1759,  flotte  an- 
glaise, II,  314.-1763,  traita;  de  I'ari«,  II,  .383. 

SAINT-LAIIRKNT  (flmivo)-— Du  J^flfe  à  Hu('\hm.;  I,  22.— 8on  couru, 
I,  KH.  —  Dcwrij.tion  p'iK'rale,  I,  HH-'M.  —  Gèle  en  hiver,  II,  48.— Kt 
MissihKipi,  II,  ï»,  10,  5:5, .')(;,  00,  <51,  71.  —  Ki«iial<'-  ù  Cartier;  iUcou- 
v«>rt  par  lui,  I,  10,  21.— .Nom  (loniii''  au  Hcuvo  du  Canada,  I,  21,  — 
Traito  dos  noveux  do  Cartier,  I,  'M.  —  KWO,  d(''Couvort  juiMiu'ârue» 
(sources,  I,  244.— 1705,  nond^*  imt  Icm  Anj?laiH,  II,  38. — 182fi,  phare» 
et  navigation,  III,  281. — Se»  canaux,  I,  2.')2. 

SAINT-LK(JKH.  111,20,28. 

SA IXT-LOriS.— 1(540,  IwMirgado  liuronne,  I,  142. 

SAINT-UJUIS  (saut).  —  KJ03,  vieit^-  par  Chaniplain,  î,  40.-101.% 
Cliainplain  y  rencontre  kos  ttlli<''8,  I,  05.  —  1070,  d***  InHpif»in  n'y 
^■tabliswMit,  I,  220. —  1087,  jt'suin*  anglais,  1,28.').  —  1704,HauvageM 
d(»  ce  lieu,  1 1,  2.').  —  177(»,  La  Corne  y  commande,  II,  371.  —  I8.j8, 
village  iro(|uois,  III,  45. 

SAINT-LOUIS  Dfô  ILLINOIS  (fort).  — 1680,  érig<''  par  Tonti,  I, 
201.-1082,  mis  en  séquestre,  I,  203,  271.-1084,  les  Iro<iuoi8  Tatta- 
(juont,  I,  272. 

SAINT-LOUIS,  poste  du  Missouri.— 1«)87,  La Salles'en  éloigne,  11,6. 

SAINT-LOUIS  DE  LA  MOBILE.— Voir  Mohilb. 

SAINT-LOUIS  (château),  I,  08. 

SAINT-LOUIS  (chemin),  II,  302. 

SAINT-LUC  (Madame  de).— Sœur  de  Frontenac,  I,  380. 

SAINT-LUC  (de).— 17(50,  bataille  de  Sainte-Koye,  II,  .%3.  — 1758, 
capture  un  convoi  anglai.s,  II,  295. — 1775,  son  influonce  sur  les  Iro- 
quois,  II,  448. —  1770,  accusé  par  Bourgoyne,  III,  20. — 1784,  en  fa- 
veur de  l'Acte  do  1774,  III,  53. 

SAINT-LUSSON  (de),  I,  221. 

SAINT-M ALO,  I,  30,  ^45  ;  1 1, 155,  387.  • 

SAINT-MARC,  III,  330. 

SAINT-MARTIN  (de),  II,  329. 

SAINT-MAURICE  (rivière),  II,  398. 

SAINT-MAURICE  (forges),  III,  41,  286. 

SAINT-MICHEL  (près  Québec).— 1750,  II,  336,  345. 

SAINT-NICOLAS,  II,  321. 

SAINT-OURS  (village).— 1688,  incursion  de.s  Iroquois,  I,  288.— 1691, 
brûlé  par  les  Iroquois,  I,  349. 

SAINT-OURS  (de).— 1686,  situation  de  cette  famille,  I,  284.— 1759,  à 
la  Canardière,  II,  316.  — 1759,  bataille  d'Abraham,  II,  340.  —1787, 
lois  seigneuriales,  III,  61. 


DE   I/hISTOIRE    du  CANADA.  CCclxxix 

SAINT-OURS-DESCHAILLONS  (M.  de).  — 1708,  commande  des 
milices,  II,  29. 

SAINT-OVIDE  (M.  de),  II,  35,  36,  67,  68. 

SAINT-PAU),  (haie),  I,  213  ;  II,  m,  321. 

SAINT-PIERRE  (fort).— Du  lac  la  Pluie,  II,  129. 

SAINT-I'IERI;E  (îIo).— Golfe  St-Laurent,  I,  361  ;  11,69,  383,  387. 

SAINT-l'IEKIiE  (lac).— 1644,  oml.uscades  des  Iroquois,  I,  137,  138. 

SAINT-PIERRE  (le  comte  de),  II,  69. 

SAINT-PIERRE.— Voir  Le  GAiiniciH. 

SAINT-RÉUIS,  m,  45,  16G,  179,  183. 

SAINT-SACREMENT  (lac).  — 1711,  projet  d'invasion  des  Anglais, 
11,46.  — 1755,  armée  de  Ji)linson,lI,  222.  — 1756,  camp  anjîlai.s, 
11,  242.—  1756,  le  «cnéral  Wnbh,  II,  258.—  17Ô6,  escarmourhos,  II, 
259. — 1757,  tronjics  anjrlaisa*^.  II,  266. — 1757,  dt'faite  do  Parkor,  II, 
269. — 1758,  trouIK^s  un-rluiîses,  II,  280. — 1758,  Lévis  jKJursuit  Aber- 
cromby,  II,  21>4-5.  —  1758,  Aborcromby  aprùs  sa  di'faito  de  Caril- 
lon, II,  286.  — 1758,  les  An^rlais  incondiunt  kMir.s  rotranohements, 
II,  298, 

SAN-SALVADOR.— Dôcouvurt  par  Coloml',  1,  ». 

SAINT-SÉVÉRIN,  II,  188. 

SAINT-SIMON  (Denys  de).  —  1671,  voyage  à  la  baie  d'Hudson,  I, 
222,  243. 

SAINT-SULPICE  (paroisse  do).— 1760,  conseil  de  guerre,  II,  391. 

SAINT-SUI.riCE  (séminaire  de).  —  Fondé  à  Montréal,  I,  liH). — 
1682,  repn'seutô  à  l'assiMablée  de  Québec,  I,  266.  — 1684,  fait  nom- 
mer k"  gouverneur  do  Montréal,  II,  24. — 1760,  attitude  d'Amhorst, 

II,  375.  — 1763,  M.  do  Muutgollier  choisi  comme  évêque,  II,  400. — 
1767,  on  veut  exdum  de  l'enseignement  les  membres  du  sémi- 
naire, 11,404. — 1810,  Craig  veut  s'emparer  des  biens  du  séminaire, 

III,  139.  —  Expose  sa  cause  au  gouvernement,  III,  224,  226. — 
1823,  Ellico  l'attaque,  III,  250.  — 1835,  enijuête  sur  ses  biens,  III, 
322.  —  1S39,  titres  coiitirmés,  III,  377. — Écoles  publiques,  III,  62. 

SAINT-THOMAS  (port),  au  Saguenay,  I,  21. 

SAINT-THOMAS  DE  -AIONTMAGNY,  III,  333. 

SAINT-VALIER.  — 1688,  revient  au  Canada  en  qualité  d'évéque, 
1, 194  ;  II,  115.— Va  en  Franie,  I,  194.-1693,  fonde  l'hôpital  géné- 
ral de  Quél>ec,  1, 195.— Ses  vues  sur  le  clergé,  I,  193.— 1727,  son 
décès.  II,  116. 

SAINT-VINCENT  (île),  II,  202,  3S7  ;  III,  44. 

SAINTE-ANNE  (fort)  sur  le  Richelieu,  I,  206. 

SAINTE- ANNE  (port  de).— Cap-Breton,  II,  61, 64.  »^ 


CCClxxX  IMIKX    ANALYTIQUE 

SAINTE-ANNE  (fort  ot  rivicre).—  Baie  d'Uudson,  I,  304,  360,  367, 
308. 

BAINTE-C'ATHKRINE  (f^te  de  la),  III,  323. 

SAINTE-CLAIIΠ (lac),  I,  267;  II,  52. 

KAINÏlv('H(  )1  X.— UiviAre  du  Nouvoau-Ilrunswick,  I,  48, 53, 

SAINTlvCUOlX  (près  DoKchaïubault),  II,  327. 

SAINTE-f^ROIX  (St-Charle«).— Uivièro  prèn  ilaûhec,  I,  22, 

SAINTK-FOYE  (priris  QiK'.Vmc).  —  1<;(J7,  village  liuroii,  I,  144.  — 175λ, 
clitMiiin  furtili»'  par  Wolfo,  II,  .338.  —  17.')!»,  la  for^-t  wht  utile  aux 
trouiH'H  françaises,  II,  345. — 1700,  Murray  y  ixirto  d(w  trouii^x,  II, 
35f).— 17()0,  marcho  do  IZ-vi»,  II,  IWS.— 1700,  bataille,  II,  :V>1),  :i65, 
377  ;  III,  50.— 1775,  quartier  g^^n/'ral  de  Montgomery,  III,  3, 

SAINTlvr.ENEVl  fcVE  (.oteau).  H,  302,  304. 

BAINTE-llKLfc.NK  (11(0.— 1087.  r.iiin.  iiiilitHirc.  I.  2^0.  L'si— 1700. 
II,  374,  375. 

SAINTE-HÉLÈNK  (ïja  M(.ynn  <U.).—  lii'JU,  coiunuuiiJo  'J<- 
do  l'Oua^t,  1,  320.— Voir  Lu  Mov.Na 

SAINTE- LUCIE  (îlo),  II,  202. 

SAINTI'>MAR1E.— ikmrgade  du  pays  des  Ilurons,  1, 143,  244. 

SAINTE-MARIE  (Sanlt).—  1042,  dtVouvert,  I,  244.—  1671,  convoca- 
tion de»  tribus  sauvajîe»,  1,  221, 248. — 1750,  seigneurie  accordée  à 
de  Bonne,  II,  205. 

SAINTI<>THfcRfcSE  (baie).— Lac  Supérieur,  I,  246. 

SAINTE-TIIÉKKSE  (rivière).— Baie d'Huduon,  I,  304,  370. 

SABLE  (cap),  II,  172,  180. 

SABLE  (ile  de),  1,40, 161  ;  H,  179. 

SABLES  (rivière  aux). — 1687,  les  troupes  s'y  retranchent,  I,  281. 

SABLE'iTES  (lac  des),  II,  130. 

SACKETT'S  HARBOUR,  III,  176, 188,  191,  203,  255. 

SACO  (rivière),  II,  108. 

SAGUENAY.- Nom  d'une  partie  du  Canada,  I,  20. — Découvert,  I, 
242. — 1001,  exivdition  qui  remonte  cette  rivière,  I,  242. — 1671,  re- 
monté par  les  Français,  I,  243, 

SAINTONGE,  II,  101. 

SAKIS,  1,247;  11,50. 

SALABERIIY  (de).  — 1782,  père  du  héros  de  Châteauguay,  111,62. 

SALABEIMIY' (major  de).  — 1S12,  snr  la  frontière,  III,  167.  — (Le 
même,  colonel). — 1813,  à  Châteauguay,  III,  179.— Sa  carrière,  III, 
181. 

SALIÈRES  (de),  I,  205. 


DE  l'histoire  du  ca>ada.  ccclxxxi 

SALMON-FALLS,  I,  328. 

SAMOS  (i>rès  (Québec),  II,  329,  338. 

SANDER,  I,  327, 

SANDUSKY,  II,  406  ;  III,  172-3. 

SANDWICH  (près  du  Détroit),  III,  162, 174,  366. 

SANG  (anse  du),  II,  44. 

SARANAC,  IH,  193. 

SARATOCiA,  II,  183  ;  III,  20,  29,  42. 

SARDAIGNE,  II,  83, 169,  383. 

SARRAZIN(Dr),  1,92. 

SARTINES(de),  II,  370. 

SASKATCHOUAN,  II,  129. 

.SAULT-AU-MAÏELOT,  1, 171. 

SAUNDERS  (l'amiral),  II,  310,  318-9,  323. 

SAUS8AYE  (U),  I,  52,  55. 

SAUTEURS,  1,244;  11,50. 

SAUVAGES.— Uur  origine,  II,  131.— Tribus  du  Canada  et  des 
États-Unis,  I,  94.— Coutumes,  etc.,  I,  9î».— I^angues,  I,  98.— fliiffro 
de  lonrs  [xipulations  an  temps  de  la  découverte,  1, 97. — Conséquen- 
ces ijtii  résultent  jwur  eux  de  la  découverte  de  l'Amérique,  II,  135. 
— Projet  de  les  franciser,  I,  211.  — 1741,  dénombrement,  II,  13.3. — 
De  l'Ouest  — 17(>4,  II,  405. —  17()5,  domiciliés  dans  le  Bas-Canada, 
III,  76.— De  l'Ouest.— 1810,  m,  152.— De  l'Ouest  ù  Québec-.— 1814, 

III,  187. — Voir  AhÉNAKIS,  AUiONQClNS,  AmHAHONS,  AM-ÉCilUNVB, 
AnDABTHS,  ApALACHKS,  ArKANSAS,  ASSINIBOINI»,  ArriKAMàltlES, 
BaYAUOULAS,  CaTAWBAS,  CllACTAS,   CHOrACHAS,    CbNIS,    ClIHROQriS, 

CniCKA8.\8,  CiiiPP^wA,   CncuANONB,   CoRRois,   Eriés,   Etc'hkmins, 

GoYO<iOUtX8,    HUKONS,   IlLIKOIS,    IhoQLOIS,    KlKAPOLS,    KltlSTi.Nl/rS, 

Lours,  MAHiX(iAXs,  MALouMish>i,  Manuaskb,  AIascoutins,  Miamis, 
Micmacs,  Missolris,  Mobii.us,  Moxsonis,  Mostagnais,  Natciib2, 
Nbutkbs,  NiPissi.vcs,  Okka(;oi  i..\8,  Ohio,  Osnontagués,  Oltaoamis, 
OuTAOUAis,     l'otToUATAMis,    Rb.nards,    Sakis,    Sautb  X,    SlOCl, 

SOKOKIS,  SOL'EIQUOIS,  TaE.NSAS,  TiûLJC,  ToNlCAS,  TsoXNuNTOL'ANg, 
UCHÉBS,  YaSOVS. 

SAUVOLE,  II,  10, 11,  lli,  14. 

SAVILK,  II,  -MO. 

SAVOIE,  II,  83. 

SAXE  (marécbal  de),  II,  187. 

Sr'ALPE  (enlèvement  de  la  chevelure \  T,  348. 

SCANDINAVE^.— Eu  AmCriciue,  1, 4. 


CCClxJCxii  INDEX   ANALYTIQUE 

SCATAHI,  II,«n. 

8CHENECTADY,  I,  355  ;  1 1,  286, 326,  330,  373. 
S(:HUYL?:ii  (colonel).— 16U7, en  einhaHMadw  à  Qii('b<y,  I,  374.— 17(M, 
«nnomi  <1oh  KrançaiK,  11.25.  —  170H,  Afin  exjx'rienœ;  kon  ai>tuc-e, 

II,  30.  —  170!t,  (Mitraino  \vs  lro«|Uois  coutre  lo  Canada,  11,31»,  47. — 
172  •,  en  iléputation  à  Montréal,  II,  107. 

8CHUYLER  (général).  — 1756,  accusé  par  Abercromby,  11,268.— 
1775,  coninian<lo  rarni<''ft  dn  Nord,  II,  445. — 177G,  deinanrlt!  de» 
ronfort»  au  oon^rrèK,  IM,  10.— 1777,  retraite  de  «on  armée,  III,  27. — 
1777,  roniot  Kon  conimandernont,  III,  2K. 

SCHUYLKR  (major).— loin,  oxjK'-dition  contre  Montréal,  1,348. 

SCHUYLEU  (régiment  de),  II,  256. 

SCOKHUT,  I,  24,  25. 

SCOIT  (général).— 1814,  sur  la  frontière  du  Niagara,  III,  188.— 1838- 
39,  commande  la  frontitire  du  Détroit,  III,  366. 

SCOTT  (major).  —  1755,  commande  au  fort  Cumborland,  II,  223.  — 
1758,  à  Louit^^x.urg,  II,  282. 

SCOIT  (membre  de  la  chambre).— 1837,  à  St-Eu«tache,  III,  345. 

SEATON  (lord),  III,  365. 

SEIGLE,  II,  225. 

SEIGNELAY,  tils  et  sncocssenr  de  Colbort,  I,  2.55.  — 1683,  confère 
avec  La  Salle,  I,  2()4.— lOiJl,  remplacé  par  Pontchartrain,  I,  346, 

SEIGNEURIES.  — Origine  des,  1, 171.— Système  seigneurial,  1, 172- 
4  ;  II,  442. — Cens  et  rentes,  111,99. — 1626-l'i63,  combien  de  concé- 
dées, I,  171.  —  Leurs  subdivisions,  1, 172.  —  Le  régime  féodal  ne 
s'étend  pas  au  Cap-Breton,  II,  07. — Accordées  aux  officiers  do  Ca- 
rignau,  I,  214. — 1073,  ce  «ju'on  en  pense,  I,  172.  —  Forts  qu'on  y 
construit,  I,  287,  331.— 1084,  i)eu  jieuplres,  I,  2i6.  —  1686,  arrêt  qui 
les  concerne,  I,  173. — 1711,  arrêts  qui  le*;  concernent,  1, 172. — 1711, 
défense  d'accorder  dos  S3ij,'neuries  en  justice,  1, 174. — 1700,  capitu- 
lation de  Montréal,  II,  375.— 1775,  les  seigneurs  dévoués  à  l'Angle- 
terre, III,  2, 14. — 1776,  les  seigneurs  ré<'lament  certains  privilèges, 

III,  32,  33.— 1787,  exigences  des  seigneurs,  III,  60-61.-1791,  tenu- 
re  des  terres,  III,  70.—  1792,  toast  :  abolition  de  la  tenure  féodale, 
111,77. — 1797,  distribution  des  terre*  publique*,  III,  104.  —  1826, 
1828,  projet  de  tenure  des  terres,  III,  272.  — 18.")4,  nombre  «1p.  fiefs; 
population,  etc.,  1, 174.  — 1854,  abolition  du  sv-sitème  f.'odal,  1,  172. 
— De  la  Louisiane,  II,  77,  82. — Voir  Louisianb,  Justice,  MortiNs, 
Rivières. 

SEL,  II,  157. 

SÉNÉGAL  (le),  11,393-394.— Voir  Compagnibb. 

SENEZ.  IL  119. 


DE   l'histoire    du   CANADA.  CCClxXxiu 

8ENEZERGUES,  II,  303,  307.  316,  340. 

SEin^-ILES,  11,48. 

SERGE,  II,  157. 

SÉRIGNY.— Voir  Lb  Moynb. 

SERMENT  d'all(:'geauce,  II,  397,  404. 

SERMENT.— Voir  Tbst. 

SEWELL  (Jonathan). — 1789,  arrive  en  Canada,  III,  48.— Son  carac- 
tère, III,  186.  —  Solliciteur  général,  puis  juge  en  chef,  III,  102-3. 
—  Procureur  général,  111,111. — 1804,  veut  abolir  Itis  paroi8t>es 
catholit|ues,  III,  211. — 1808,  nommé  juge  en  chef,  III,  122. — Reçoit 
les  lettres  de  l'espion  Henry,  III,  1()1,  lîSô. — 1810,  juge,  cherche  à 
intimider  le  clergé,  III,  lliô.  — 1810,  s'oppose  à  la  nomination  de 
l'évéque  de  Québec,  III,  146,  212. — 1810,  mémoire  à  lord  Liverpool, 
III,  137. — 1810,  fait  saisir  le  Canadien,  III,  133.  — 1814,  accusé  par 
James  Stuart,  III,  18.5,  206. — 1814,  pas-so  en  Angleterre,  III,  185-6. 
1814,  en  faveur  de  l'Union,  III,  186,  202,  —  181ti,  sou  imi^opularité, 
III,  209.  — 1820,  son  influence  sur  le  conseil  législatif,  III,  22t>.  — 
1830,  s'arroge  le  droit  du  double  vote,  111,282. — Fin  de  sa  carrière, 
m.  186-7. 

SEWELL  (Stophen).— Solliciteur  général,  III,  185. 

5//^.V.V0.V(io),  111,184. 

SHEAFFE,  III,  165, 176. 

SHEFFIELD,III,72. 

SHERBROOKE  (ville),  III,  245. 

SHERBROOKE  (sir  John  Coape).  —  1816,  nommé  gouverneur,  III, 
186,  208.  — 1818,  se  démet  ;  son  caractère,  III,  217.— Séminaire  de 
St-Sulpice,  III,  225. 

SHERWOOD,  III,  213. 

SHIRLEY. —  1744,  gouverneur  tlu  Mas.sachusetts,  propose  d'atta- 
quer Ix)uisbourg,  II,  173.  —  1747,  propo.se  la  conquête  du  Canada, 
II,  181,  182.  — 1749,  membre  de  la  commis.sion  des  frontières,  II, 
201.  —  1754,  gouverneur;  doit  marcher  contre  Niagara,  II,  211. — 
1 755,  général  ;  ne  va  pas  à  Niagara,  II,  242.— Son  régiment,  II,  256. 

SICILE,  11,83. 

SIGNAI  (Mgr),  III,  226, 240. 

SILHOUETTE  (de),  II,  202,  354. 

SILLERY'  (commandeur  de),  T,  132. 

SILLERY.— 1 637,  fondé,  1,132.  — 1639,  on  y  place  l'Hôtel-Dieu,  I, 
136.  — 1670,  ravagé  par  la  petite  vérole,  I,  220.  —  1769,  flotte  an- 
glaise, II,  330.-1759,  bataille  d'Abraham,  II,  338,--l700,  batalUoi 
de  Ste-Foye,  II,  365,  ^ 


CCClxXxiv  INDEX   ANALYTIQUE 

8INNAMARI,  11,230. 

SIOUX.— Leur  haljitat,  I,  05,  251.  —  1642,  le»  Françai»  en  ont  ron- 

naÏHHanco,  I,  245. — 105!»,  viKit/>H  par  Clioiianl  «t  UadixMun,  1,  15i;, 

245. —  1(WJ5,  A  Clitt^'oiminiK<»niî,  I,  247.  —  1680,  «'emparent  du   P. 

Honnepin,  I,  250.  —  1(55)0,  «'allient  aux  Françait»,  I,  :i55.  — 17-'8, 

viHÎt/s  par  le  Père  do  lîonor,  II,  126. 
SMITH  (^r»'n(''ral),— IHl'J,  fn.ntière  «1.-.  N'iatrara,  III,  H5.'). 

SMITH  (William).— ITW.coftofaniillo  arrive  en  Canada,  111,48.— 
1786,  noniint'  juvçe  en  «îhef  du  Canada,  III,  52.' — 1787,  au  con»oiI 
législatif,  III,  56,  — 1787,  wm  opinion  »ur  Ie«  loi»  françaibo»,  III, 
57,  58.— 1787,  lois  bei^neuriaUvi,  111,61. 

SOISSONS  (comte  de).— 1612,  succède  à  de  Mont*»,  1,64, 

SOKOKIS,  I,  95. 

SOLDATS.— Voir  Troup». 

SOREL(M.  do),  1,209, 

SOREL.— Voir  RitiinMEr.— I(i65,  fort  constrnit,  I,  206.— 1688,  incnr- 
ëions  doK  Iroquoi»,  I,  288. — 1760,  incendie,  II,  373, — 1775,  le  colo- 
nel MclAian,  II,  4.'>0.  —  1776,  le  fjcnéral  TlioinaM,  III,  16.-1776,  le 
^'«?nt'ral  Sullivan,  III,  17.  —1789,  peu  habité,  III,  63.—  1827,  élec- 
tions, III,  28.5.  —  1834,  élections,  III,  314. 

SOTO  (do),  I,  251  ;  II,  2,74. 

SOUBISE,  II,  377. 

SOURIQUOIS.— Voir  Micm.u-s. 

SOUTH  BAY,  II,  236. 

80UTH0USE,  III,  59. 

SPECIIT,  III,  17. 

SPECTATEUR  CANADIEN  {h),  III,  243.— Voir  Canadiax  Spbcta- 

TOK. 

SPENCER,  III,  2aS. 

SPOTSWOOD,  II,  191. 

STADACONÉ.— Voir  Québec. 

STANLEY,  III,  271,  301,  305,  312,  318,  331. 

STANWIX,  II,  310  ;  III,  26. 

STARK,  III,  27. 

STEINKERQUE,  I,  373, 

STEPHENSON  (fort),  III,  172. 

STEWART  (évêque  protestant).— 1830,  ŒI,  282. 

STILES,  III,  133, 

STILLING,  III,  133, 


DE   l'histoire   du   CANADA.  CCClxXXV 

STILLWATER,  III,  27-8. 

STONFA'-CREEK,  III,  177. 

8T0NY-BR00K,  III,  20, 

STOPFUKD,  II,  441». 

STKIKEK,  III,  195. 

SÏUART  (Janiof ).— 1629,  au  Cap-Breton,  I,  81. 

STUART  (rév.  John).— 17«1,  arrive  ou  Canada,  III,  48. 

STUART  (Andrew,  tils  du  rév.  John).  — 1823,  au  sujet  des  cantons 
de  l'Est,  III,  2UH.— 1830,  en  chambre,  III,  282.— 1834,  en  chambre, 
III,  304.— 1838,  un  faveur  do  l'Union,  III,  349. 

S'I'UART  (sir  James,  fils  du  rév.  John).  — 1808,  solliciteur  général, 
m,  122.-1812,  demande  la  promulgation  des  lois,  III,  l«jy. 
1814,  accuse  Jonatlmn  Sowell,  III,  185. —1815,  l'assemblée  l'en- 
voie à  Londre.s,  III,  202,  210,  213,  231,  233.  — On  tente  do  le 
corrompre,  III,  210. — 1817,  se  croit  trahi  par  ses  amis,  III,  213.— 
IHU»,  remplacé  comme  agent  à  I/:>ndres,  III,  233. — 1823,  se  détache 
du  parti  canadien,  III,  242 — 1825,  nommé  procureur  général,  III, 
242. —  1827,  procureur  général  ;  ordonnance  de  milice,  III,  260.  — 
1831,  accusé  par  la  chambre,  III,  285.— 1833,  destitué  comme  pro- 
cureur général,  III,  2^>8.— 18;i5,  son  opinion  sur  la  chambre  basse, 
III,  313.— 1838,  nommé  juge  en  chef,  III,  366.— 1839,  en  faveur  de 
l'Union,  III,  377. 

SUBERCASS,  II,  31-34,  41,  42,  43. 

SUBSIDES.— Voir  Imi*ôts. 

SUCCESSIONS  (lois  de),  II,  401,409,  439. 

SUCKUNG,  II,  417. 

SUCRE,  II,  158,  427. 

SUÈDE,  11,57. 

SUÈDE  ou  SUETTK,  II,  358,  ^59,  361,  365. 

SUFFREN,  II,  394. 

SUISSE  (la),  11,441. 

SUISSES  (à  Louisbourg),  II,  173. 

SUISSES  (troupe*),  II,  171. 

SUISSES  FRANÇAIS,  II,  391,  442. 

SULLIVAN,  111,17,44. 

SULPICI ENS.— Voir  Saist-Sui  picb. 

SUNDERLAND,  II,  40. 

SUPÉRIEUR  (lac),  I,  89,  245- J47. 

SW ANTON,  III.  179. 


CCClxXXVi  INDEX   ANALYTIQUE 

SYDENHAM  (lord).— Pmilotl  ïhomiwm,  III,  376. 
SYDNEY,  II,  61  ;  III,  48,  54. 
SYNDICS,  I,  179, 186,  201,227  j  II,  Kîfl. 


TABAC.  —  1492,  inconnu  tlos  KiirofxCns,  I,  M.  — 1675,  Oiulietto  à  ia 
fornio  <ln  tabac,  II,  142— KJiKj,  niltivr-  «ian»  Ih  .Marylantl,  I,  :M)7 — 
A  la  Mohilo  lo  sol  ont  propice  ùl  cotU»  culture,  II,  14. —  1717,  I.aw 
IxtHHÎ'do  la  fornui  <lu  taba<:,  II,  75.  —  1721,  cultivé  un  Caaaila,  II, 
100.— ImiKH  Kur  ce  produit,  II,  159. 

TAliAfJO,  II,  202,  .387. 

TACIIl^:  (sir  Etienne- Pa«cal),  III,  .^3.'î. 

TADorSSAC'.— 1509,  Chauvin  y  déltarqno  des  colonH,  I,  45.— 1604, 
traite,  I,  46.— 1608,  trafic,  I,  57.— 1628-9,  Kertk  y  arrête:  il  y  jrard© 
sa  flotte,  I,  78,  79,  80.— 1648,  compagnie  do  traite,  II,  140— Kîfifl, 
traite,  I,  208. — Mission  des  Jt'snites,  I,  242.— 1670,  en  i»artio  ahan» 
donné,  I,  220.  —  1671,  poste  de  traite,  I,  243.  —  Diminution  de  la 
traite,  II,  146. 

TA■i^^"SAS.— 1682,  visitas  ptir  La  Salle,  I,  202. 

TAFFANEL.— Voir  L.\  JoxQiiiBa 

TALLARD,  I,  374. 

TALON. — Canadien.s  en  Louisiane,  II,  8. 

TALON  (Jean).  — 1665,  nommé  intendant,  I,  204.  — 1665,  arrive  au 
Canada,  1, 178,  205.  —  Ses  talents,  I,  223.  —  1665,  son  administra- 
tion, I,  20(). — Favorise  le  commerce,  II,  98. — Cultures  qu'il  intro- 
duit, II,' 153. — 1(>65,  rapport  an  ministre,  I,  207;  11,140. — Favorise 
La  Salle,  I,  254.  —  Au  sujet  de  la  traite  de  l'eau-ilo-vio,  I,  2.33.  — 
Encourage  les  découverte»s,  I,  2.38. — l«k)7,  ses  projets  sur  l'Oue-st,  I, 
220. — Désire  la  découverte  du  Mi.-si.ssipi,  I,  249,  2.52.  —  Hi67,  son 
rapport  au  ministre,  1, 1.'12.  — 1668,  repasse  on  France,  I,  215-6. — 
1669,  revient  au  Canada,  I,  218.  —  1670,  continue  se.s  Ixjns  offices 
envers  le  Canada,  I,  217.  — 1670-72,  impulsion  qu'il  donne  à  la 
colonie,  I,  248.  —  Projette  un  chemin  entre  Québec  et  rAca<lie,  I, 
335.  — 1671,  rapport  sur  les  manufactures,  11,157.  — 1672,  visite 
l'Acadie,  1,335. — 1672, retourne  en  Francr,  1,222. — 1673,en  France, 
I,  252. — Recherche  madame  d'AilU  b'iisten  iviariage,  1, 199. — 1675, 
fait  ériger  enbaronnie  sa  sei'jrii'i:.:.  I>es  l&iets.J,  173. 

TALON.— Valet  de  chanibrf.  du  r.ii   I.  _."-'. 

TALLON  (capitaine),  III,  163. 

TANNERIE  l  214. 


DE  l'histoire   du  CANADA.  CCclxXXvH 

TARTARIE,  II,  127,131. 

TASCHEKEAU.  — 1808,  officier  de  milice,  III,  122.  — 1810,  arr^t^, 
III,  lli4,  18.5. —  1821,  propose  de  voter  la  liste  civile,  III,  233. — 
183.Î,  au  Hujet  de  la  liste  civile,  III,  327. 

TAXES.— Voir  Imi-ôtb. 

TAYI/)R,  III,  55. 

TÉCUMSEH,  III,  172, 174, 187. 

TEMPLE  (capitaine).— 1832,  arrêté,  III,  295. 

TEMPLE  (sir  Thomas).— 1 056,  reçoit  partie  de  l'Acadie,  1, 166. 

TEMPLE  (sir  William).— 1672,  désire  s'établir  en  Canada,  I,  335. 

TENURE  SEIGNEURIALE.- Voir  SHKiXEURiE». 

TEKKEB()NNE,III,  366. 

TKRUENEUVE.  — Description,  I,  360.— Origine  du  nom,  1,87.— 
Connue  avant  Colomb,  1, 14. — Visitée  par  Cortéréal.  Les  Basques 
et  autres  y  font  la  ijéohe,  I,  13. — Visitée  par  Verazzani,!,  16. — Dé- 
couverte, 1, 12.  —  Pèche  avant  Jacques  Cartier,  II,  138.  —  Visitée 
par  Cartier,  I,  19,  26.  —  On  y  jiécho  de  la  morue  ;  traite  dos  pelle- 
teries, I,  38,  39.— ir)83,  les  Anglais  y  font  uue  colonie,  I,  42. — 1622. 
les  Anjrlais  y  hiveruent,  I,  77.  —  1662,  Louis  XIV  s'en  oocujte,  I, 
153.  — 1662,  Plaisance,  bon  endroit  de  pèche,  I,  159.  — 16(53,  on  y 
débarque  des  colons,  I,  170.— 161X),  pêcheries,  I,  344,  346. — 16iK>,  on 
décide  d'en  chasser  les  An>rlais,  I,  352,  353,  358,  3<)0. — 1697,  hosti- 
lités sur  ses  cAtes,  I,  371 ,  372. — 1697,  accordée  en  partie  à  la  France, 

I,  373. — 1700,  son  imiK)rtance,  11,22,  23. — 1702,  projets  contre  cette 
île,  II,  15.-1703,  hostilités,  11,33,34.-1709,  hostilités  11,35.-171.3, 
pas.se  aux  Anglais;  jjêclieries,  II,  54,  59,  60,  64.  —  1720,  Richanl, 
gouverneur,  11,67. — 1744,  corsaires,  II,  172. — (louvernement  s<^)U8 
le  régimi*  anglais,  II,  396. — Ce  qui  reste  à,  la  France  dans  cette  île, 

II,  386. 

TERRES. — Voir  Sbionei'Ries. 

TERRES  DE  LA  COURONNE,  III,  93-4,  206,  322. 

TESSERIE  (de  I^),  I,  202.  —1666,  visite  les  mines  de  la  baie  Saint- 
Paul,  I,  213. 

TEST  (serment  du),  II,  403,  420,  434;  III,  13,  09,  79,  80.  — Voir 
Skumbnt. 

TESTARD.— Voir  MoNTiGNV. 

TÊTES-DE-BOULE,  III,  45. 

TEXAS,  II,  2,  4,  7,  8. 

THAMES  (rivière),  III,  174. 

THAXTEH,  II,  107. 

THÉ.  11,431,440. 


ccclxxxviii  index  analytiqus 

THITÎOULT,  I,H(7. 

'J'HOM,  ni, -Mi. 

THOMAS,  III,  15. 

THOM  l'S<  )N.-18.'i'),  jujro,  III,  325.— Voir  Sydirhak. 

TIIOMI'SON  (colonel),  I1I,:J31. 

THOMPSON  (Kénéral),  III,  17. 

TIISCHIKIKOKF,  II,  l:i8. 

THUKLOW,  11,411,414,  43«;  in,21. 

TICONDÉRA(iA.— Voir  Point»  a  la  CmmnirRK 

TIKRNKY,  111,140. 

TI LLY.— Voir  Le  (iABDECB. 

TIMBRE.— Voir  Imi-ôts. 

773f7!:.S'(T/./-),III,  321. 

TIOUX,  11,92. 

TI8NÊ  (lia),  II,  73. 

TITCOMBE,  II,  24a 

TODD,  III,  39. 

TOILE  (industrie  de  la).  II,  156-7, 225. 

TON  ICAS,  11,89,92. 

TONTI  (Henri  de).  — 1078,  passe  en  Canada,  I,  255.  —1678-9,  sur 
l'Ontario,  I,  266.  — 1079,  chez  les  Illinois,  I,  257.— 1680,  commando 
au  fort  Crèvecœur,  I,  259.-1680,  construit  le  fort  St-Loui.s,  I,  201. 
— 1680,  abandonne  le  pays  des  Illinois,  I,  201.  — 1681,  n^tounio  au 
Missi6.sipi,  I,  261-2.  — 1685,  lais-so  une  lettre  chez  les  sauvages  du 
Mississipi,  II,  11.-1687,  en  guerre  sur  l'Ontario,  I,  281.-1711, 
amène  des  guerriers  de  l'Ouest,  II,  47. 

TORONTO,  II,  146, 151,  197  ;  III,  176, 178. 

TOULLE  (baie  de),  I,  362. 

TOULOUSE,  II,  56,  61. 

TOULOUSE  (du  Cap-Breton),  II,  171. 

TOURAINE,  II,  394. 

TOURMENTE  (cap),  I,  78,  89. 

TOURVILLE,  I,  358,  373. 

TOWNSEND  (l'amiral).— 1746,  au  Cap-Breton,  II,  179. 

TOWNSHEND  (brigadier  général). —  1759,  devant  Qnébec,  11,318, 
324,  328,  336.  — 1759,  commande  l'armée  anglaise,  II,  339.  —  1759, 
entre  dans  Québec,  II,  349.  — 1759,  part  pour  l'Angleterre,  II,  349. 
— 1774,  s'oppose  au  bill  de  Québec,  II,  435. 

TO  WNSHlPS.—\oir  Chantons. 


DE  l'histoire   du  CANADA.  CCclxXXÎX 

TRACEY  (journaliste),  III,  293,  294. 

TRACY  (marquis  de).  —  1664,  nommé  vice-roi,  I,  204,-1664,  on  an- 
nonce son  arrîv«5e,  I,  202. — KWJô,  arrive  il  Québec,  I,  20').  —  Son  ad- 
ministration, I,  207. — U'Àirt,  conclut  la  paix  avec  trois  cantons  iro- 
quois,  I,  209.  — 1066,  marche  contre  les  Iroquois,  I,  210.  —  1667, 
repasse  en  France,  I,  211. 

TRADUCTION .— Voi r  L.\ .vt; va. 

TRAITANTS. — Leur  influence  sur  les  sauvages,  1,245. 

TRAITE. —1578-99,  à  Terreneuve;  dans  le  Saint- I.AUrent,  I,  39. — 
Pontgravé  veut  on  obtenir  IomonoiK)!e,  I,  45—1604,  à  Tadoussac,  I, 
46.  — Vers  1607,  en  Acadie,  1,50.  — 1608-1744,  dans  la  Nouvelle- 
Franco,  11,  lIU-Kw. — Das  iK*lloterio.s,sonorigine,  11,138, 146.— 1610, 
en  Acadie,  1,  51.— 1012,  marchands  de  la  Rochelle,  I,  65.— 1618,  de- 
vient libro,  I,  67.  —  1622,  démêlés  entre  les  traitants,  I,  70.-1625, 
état  du  couiMierce,  1,  73. — 162S,  liberté  du  commerce,  I,  76.— 1628, 
lieux  de  traite,  1,  70.  —  1032,  les  intentions  de  Richelieu,  1, 160.  — 
1()45,  partaj^éo  avec  \m  habitants,  I,  139,  188. —  1646,  las  Anglais  à 
la  baie  d'IIudson,  1,164.— 1(>47,  arrêt,  I,  175-^i.  —  1650,  projet  d'un 
traité  de  commerce  avec  la  Nouvelle-Angleterre,  1, 145. — 1(>55,  avec 
les  Iroquois,  1,  147.— Ki.55-1680,  à  Montréal,  II,  147.-1660,  on  con- 
RiMllodo  former  une  compagnie  pureinent  canadienne,  1,152. — Voir 
Cknt-As.socié.*î,  CoMJ'AONiH  UHs  iN'Dh».  —  1004,  l'argout  fait  défaut; 
baisse  des  lielleteries,  1, 170. — 1005,  dans  le  Nonl  et  l'Ouest,  I,  248. 
166.5,  opinion  do  Talon,  I,  208.— lfi(J7,  son  imijortance,  1,213;  II, 
146.  —  1670,  sa  situation,  I,  217.  — 1670-72,  repri.so  du  commerce,  I, 
248.  —  Frontenac  accu.sé  de  faire  la  traite.  —  Voir  Du  Iatii  ;  Dc- 
CUHBNEAC.  — 1074-1700,  das  colonies  anglaises,  II,  141, 142.  —  Ori- 
gine des  querelles  avec  les  Anglais,  I,  316. — 1677-8,  sur  l'Ontario, 
I,  255.— 1077-80,  les  traitants  sont  jaloux  de  La  Salle,  I,  260.— 1077- 
96,  à  la  baio  d'IIud.son,  I,  .364-71.  — 1682,  attirée  par  les  Anglais,  I, 
235. —  168:î,  sur  le  lac  Michigan,  I,  203.  —  1083,  cause  de  la  guerro 
avec  les  Anglais,  I,  269.  — 1684,  les  Iroquois  traitent  avec  les  An- 
glais, I,  270.-1084,  indemnité  aux  traitants  pillés  parles  Iro<iuois, 
I,  273,  274,  275.  — 1085,  dans  l'Ouest,  I,  277.  —  Congés  de,  II,  145-9, 
164. —  1686,  Anglais  sur  les  lacs,  I,  277,  279.— 1687,  Anglais  faits 
inisonniors,  I,  281-2.  —  1688,  Anglais  et  sauvages,  I,  290.  —  1690, 
plus  avantageuse  chez  les  Anglais,  I,  330,  332.  —  1090,  do  l'Ouest, 
1,329. — 1095,  intentions  du  roi;  las  jM>.stas  <le  r(.)uest,  I,  353. — 
1096,  à  la  baie  d'Hu  '  i:  —'e  avec  la  Nouvelle- 

Angleterre,  II,  3S.  -  Mires,  II,  24.  —  1700, 

diminue,  11,62. — IT 1  ^c  la  Loui- 

siane, II,  74. — 1717,  ,     ,  .    ...    la  région 

des  lacs  et  du  MlK^is^pi,  11, 110, 111.  — 1725,  vente  de»  congés,  II, 
113.— 1731, avec  \a  Nord-Ouest.  I'  '?*»     '"j»  —  ^'Ohio,  II,  197.— 


CCCXO  INI)f:X   ANAIYTIiilK 

1750,  .sur  l'Oliio.  II,  20:i  — 1750,  an  Nonl-OnoRt,  II,  132.  —  17:.l,  an 
Haut  St-LoniH,  II,  204.— 1754,  Hon  iuijiortauco,  II,  140.— 1754,  dans 
loNord-()ut*l,  II,  152. 

TRAITftdo  176:i,  111,265. 

TllAITÉ  DE  ÏADOUHSAC  avant  1670, 1,  220. 

TUAITÉS  DE  PAIX.— Voir  Paix. 

TKAXCIIK{la),  111,174.  ' 

TUEMHLEMENT  DE  TERRE,  II,  124, 150, 109. 

TRENTON,  111,19. 

TRfcpftZÉE,  11,287. 

TRINITÉ  (haie  de  la),  II,  37. 

TROIS-RIVIÈRES  («ouv^inuMuont).  — 1020-1663,  seignouriwi  concé- 
d^-^vs,  1,  171. —  10.'$'.),  a<liiiiiiiKtrati(>n  do  la  juKtico,  I,  175. —  Kief 
on  franc-allou,  I,  173. —  UMl,  monuci'  par  Ion  IrfxjuoiM,  I,  131, 
136. — 1044,  luenac^  par  les  Irc^iuoi»,  I,  137. —  1045,  iuiportanco  du 
poste,  1, 141. — 1045,  on  y  si^no  la  paix,  I,  l'iH. — l»i52,  inonacé  par 
les  Iroquois,  I,  140. — KiôH,  menacé  par  les  Iroquois,  I,  14î<. — lf»07- 
108!»,  Gaultier  de  Varennas  >(ouverneur,  II,  125.  —  HjiHi,  mines  de 
for,  I,  !>0,  213.  —  1082,  son  nouvernour  à  rassemblée  do  Quét)ec, 
1,206. —  lO'JO,  «on  gouverneur;  .ses  miliciens,  1,  33ii,  :»44.  — 1690, 
expédition  do  Uortel,  I,  328.  — 1725,  I^nivigny  gouverneur,  II, 
114. — 1747,  Vaudrouil  major,  II,  183.  —  Vaudreuil  gouverneur, 
II,  379.  —  1752,  incendie,  II,  99.  — 175'.»,  provisions  pour  Quéljec, 
II,  335.  — 1759,  on  y  transiKjrte  les  vivres  et  les  archives,  II, 
314.  — 1759,  refuge  do  la  flotte  française,  II,  327.  — 1759,  miliciens 
de  ce  lieu,  II,  310,  .324,  329,  338,— Ualdimand  gouverneur,  II,  397. 
— Mines  de  fer,  II,  153.  — 1700,  ré.sistance  contre  les  Anglais,  II, 
373.  — 1760,  Burton  gouverneur,  II,  391.  —  1701,  régime  militaire, 
II,  392. — 17(>4,  gouvernement  aboli,  II,  398  ;  III,  77.  —  1775,  reste 
neutre,  II,  449.  — 1775,  occupé  par  les  Américain.s,  11,451  ;  III, 
17.— 1789,  peu  i^euplé,  III,  03.-1808,  question  des  Juifs,  III,  120. 
— 1835,  assemblée  des  libéraux,  III,  323, 
TROUBLES  DE  1837-38.— Voir  Ixsuerbctioîî. 
TROUPES  RÉGULIÈRES.— 1641,  on  en  demande,  I,  132.-1644, 
on  en  demande  do  nouveau,  1, 138. — 1001,  on  en  demande  encore, 
1, 152. — 1661,  le  roi  ordonne  l'envoi  de  400  hommes,  I,  15.3. — 1602, 
il  faut  3,000  bons  .soldats,  I,  158. — 1003-4,  arriven>t  avec  M.  de 
Mésy,  1, 109, 170.  —  Régiment  de  Carignan.  — 1652,  dans  la  guerre 
de  la  Fronde,  I,  ^^  "  664,  guerre  de  Hongrie,  I,  215.  —  1665, 
arrive  de  France,  I,  205.  — 1066,  marche  contre  las  Iroquois, 
I,  210.  —  S  Mats.  — 1669,  arrivent  de  France,  I,  218.  —  Régiment 
de  Carignan.  —  lGti9,  compagnies  qui  reviennent  de  France, 
I,  214. —  1670,  terres  ao<;ordées  aux  soldats,  I,  214,  316,  318. 


DE   L'HISTOIRE    DU   CANADA.  CCCXCl 

—  Soldats  qui  deviennent  colons,  II,  101.  —  l<îS2,  on  demande 
deux  ou  trois  cents  soldats,  I,  207,  269. — 1684,  arrivées  de  Frauto, 

I,  274. — 1684,  expédition  contre  les  Iroquois,  I,  273. — 168ô,  arri- 
vent de  France,  1,275. — 1687,  arrivent  de  France,  1,280,  281.— 
1688,  pour  conquérir  la  Nouvelle-York,  I,  21(1.— 1690,  défense  du 
pays,  I,  339. — 1690,  nourrias  par  les  haliitants,  I,  345. — 1699,  nou- 
vellement arrivées,  I,  174. —  17W»,  demandées  i>ar  le  Canada,  II, 
23.— 1701-1 70<t,  pas  de  renforts  de  Franco,  II,  39.— 17(«»,  forces  du 
Canada,  11,46. — 1711,  «1  -iiiandées  en  France,  II,  44. — 1711,  forces 
do  la  colonie,  II,  46 — 1714,  état  des  troujxjs  en  Canada,  II,  101). — 
1717,  au  sujet  des  otliciers,  II,  98. — 1721,  à  la  Louisiane,  II,  78. — 
1730,  à  la  Louisiane,  II,  93,  94.— 1744,  situation,  II,  170.-1744,  au 
Cap-Breton,  II,  171. — 1748,  nécessaires  chez  les  Illinois,  II,  192. — 
1751,  rcmforts  do  France,  II,  204. — 1752,  réformes  dans  les.  II,  206. 
— 1753,  apiKiléês  do  la  Ix)uisiano,  II,  207.-1754,  envoyét*  de 
France,  II,  211. — 1755-<),  on  en  demande  do  France,  II,  244. — 1755, 
envoyées  de  France,  II,  215. — 1755,  situation,  II,  221. — 1755,  ja- 
louses des  milices,  II,  236. — 1756,  demandétw  do  Franco,  II,  261. 
1756,  renfortsde  France,  II,  247. — 175r»,  jalouses  des  milicas,  II,  259. 
— 1756,  chiffre  total,  II,  248. — 1757,  projet  du  marénîhal  de  Bello- 
Isle,  II,  2()5. — 1757,  envoyées  de  Franco,  II,  262,  2<)8. — 1757,  dis- 
tribuées chez  les  habitants,  II,  274. — 1757,  leurs  rapports  avec  les 
habitants,  II,  264.-1758,  état  dos  troupes  au  Canada,  II,  277-8, 
30<t. — 1758,  venues  de  F'rance,  II,  277. — 1759,  recrues  de  France, 
11,308.-1759,  état  des,  II,  311,  ;W1.— 1759,  bataille  d'Abraham, 

II,  340.— Trouiies  an^lai.st«  à  C^uébec— 1759,  II,  349.— 1759-60,  en 
(juartiers  d'hiver,  II,  348. — 1760,  demandées  par  le  Canada,  II, 
353-4. — 1760,  éléments  qui  les  composent,  II,  357. — 1760,  projet  de 
retraite  sur  le  Détroit,  II,  374.  — 1760,  6'e»nbarquent  pour  la 
France,  II,  376.-1775,  III,  2.  — 1776,  III,  17,  19,  65.-1777,  III,  25. 

—  1796,  régiment  canadien,  III,  101. —  Mourons,  111,180,192.— 
1827,  III,  2<M. — 1835,  formation  d'un  corps  de  carabiniers,  III, 
324.-1837,  volontaires,  III,  341. — 1837,  envoyées  d'Angleterre,  III, 
332.  — 1837,  venues  du  Nouvoau-Brunswick,  III,  335. — 1838,  en- 
voyées au  Canada,  III,  357. — Voir  WArrEVi;.i,js,  VoLTiGiii.Bii,  Fkn- 
ciHLHs,  Milices. 

TROYES  (de),  I,  365. 
TSONNONTOUANS,  I,  267,  270,  274. 
TURCiEON  (Mgr),  III,  224. 
TURTON,  III,  359,  361-2. 
TYNG,  I,  337. 


CCCXCU  INDEX   ANALYTIQUE 


U 

UCHÉES,  I,  94. 

ULLOA  (.!•),  11,386. 

ULTKAMONTAINKS  (.lurtrim-h),  il,  120. 

UNIACKK  (IJ.-J.)— 1H()<»,  nommé  procureur  K«''n<''ral,  III,  l'J2.— Sann 
talout,  III,  211. — 1«1H,  8on  ojiinion  Hur  cortaiuH  privilcjfw*  ilu  «on- 
8oil  K'giMlatif,  III,  21U.— 1S2.'),  iK.nnur  iii-.^  III.  211,  212. 

UNKiENITVS  (bolle),  11,11''. 

UNION  DES  (WNADAS  (projnt).— IKlo,  III,  i:;7-5i.  —  ISU,  III,  \m. 
— iSin,  111,224.—  1K2<»,  III,  221».— lK2a,  III,  2:51».— is:'/),  III,  2H7.-- 

ih:;4,  III,  :^.12.— is:5(),  lll,  :53n.  —  isns,  m,  ^.'xi,  \vm,  mw,  :i74.— is:» 

1840,  m,  î!ôl.— 1835»,  III,  370.-1840,  III,  384.— 1841.  II,  05. 
UNITED-STATES  {ta),  IH,  168. 
UNITKI)  STATES  IX)YALISTS,  III,  48,  GO,  80. 
URJSINS  (dos),  II,  "JO. 
URSULINES,  11,121,366;  111,64,91.— Voir  Qlébbc 


VALCOUR,  111,19. 

VAEÉKIEN  (le  Père).  II,  119. 

VALERO,  II,  85. 

VALUÈRES  DE  SAINT-RÉAL  (Joseph-Rémi),  III,  243,  252,262, 

367. 
VALRENNES  (Philipiie-Clément  du  Vuault  de),  I,  325,  340. 
VANFELSON,  III,  211,  327,  321». 
VANHORNE,  III,  163. 
VAN  RENSSELAER,  II,  133,  170;  III,  164. 
VANSCHAICK,  III,  27. 

VARENNES  (seigneurie  et  village),  II,  125,  373,  391;  III,  18. 
VARIN,  II,  263,  381. 
VARLET  (Mgr),  1, 197. 

VAUDREUIL  (Philippe  Rigaud,che\"aiier  de,. — 1G77,  .se  di!«tingue  à 
la  pri.-'P  de  Valemieniies,  I,  280. —  1687,  arrive  de  France  avec  des 
troupes,  I,  280.  — 1689,  commande  à  Lachine,  I,  293.— Sa  femme 


DK   L  llISTUlItE   DU   CANADA.  CCC'XCUI 

II,  24,  97. — 1606,  ravage  les  terres  des  Iroquois,  I,  3ô4. — 1698,  noin- 
m6  au  commandement  do  Montréal,  I,  380.  — 1702,  marquis  par 
suite  de  la  mort  do  son  père. — 1703,  envoie  un  parti  contre  Boston, 
II,  27.  —  1704,  gouverneur  général,  II,  24.  — 1704,  prévient  la  ruj  - 
ture  de  la  paix  avec  les  sauvages,  II,  25.  — 1706,  troubles  du 
Détroit,  II,  26-27.— 1714,  va  en  France,  II,  97.— 1716,  neutrali»<e  les 
Iroquois;  encourage  le  commerce,  11,97-8.  — 1716-1725,  bienfaits 
de  son  administration,  II,  98,  101,  114.  —  1721,  fait  construire  des 
forts  aux  frontières,  11,111.  —  1722,  grand-croix  de  Saint-Louis, 
II,  114. — 1725,  les  Anglais  veulent  faire  la  paixavec  les  Ab^'nacjnis, 
II,  107-8.  — 1725,  son  dt'cès,  II,  113, 114.  —  Ses  talents  ;  son  carac- 
tère, I,  380;  II,  24-5,  97,  114,  212. 

VAUDREUIL-CAVACiNAL  (Pierro-Franvois),  tils  du  précédent,  né 
et  élevé  en  Canada,  II,  212,  380.  — 1721,  délégué  chez  les  Irotjuois, 
II,  111.  — 1742,  gouverneur  do  la  Louisiane,  II,  212,  379.  —  1746, 
prend  le  fort  Massachusetts,  II,  18:*.  —  1748,  devient  marquis. 
— 1755,  arrive  de  Franco;  nommé  gouverneur  général,  II,  212. 
— 1755,re^'u  en  Canada  avw  enthousiasme,  11,212. — 17.55,  alliance 
avec  les  Iroquois,  II,  252. — 1755-56,  prépare  la  prise  d'Oswégo,  II, 
222,  252-8.  — 1758,  son  jilau  de  campagne,  II,  2K6. — Vend  ses  pro- 
priétés de  la  Ixiuisiane,  II,  379.— 1759,  au  siège  de  Québec,  II,  329, 
343,  344,  345.— Démêlés  avec  Montcalm,  II,  259, 275, 302, 305,  306, 
329,  343,  378,  379.  —  1759,  transfère  le  gouvernement  à  Montréal, 
II,  348,  357,  375. — Ixmange  les  milices  canadiennas,  II,  359,  ,380. — 
Kend  hommage  aux  Canadiens,  II,  376.  —  1760,  i)art  pour  la 
France;  son  procès,  II,  376,  379.— Ses  services,  II,  379. — 17<>4,  son 
décè8,II, 380.— 1775, sa  famille  eu  France,  II,  370.— Voir  CAVACiNAU 

VAUDREUIL  (Rigaud  de),  frère  de  Vaudreuil-Cavagnal.  —  1756,  à 
la  prise  d'Oswégo,  II,  255,  2.56,  343.— 1757,  marche  contre  William- 
llonry,  II,  267. — Son  caractère,  II,  343. 

VAUDREUIL  (le  comte  Ix)uis-Philipiie  Rigaud  de),  frère  de  Vau- 
dreuil-Cavagnal.— 1747,  commande  un  navire  de  guerre,  II,  186. 

VAUDREUIL  (amiral,  comte  de),  fils  de  Vaudreuil-Cavagnal.— 
1778-1782,  sort  aux  États-Unis;  conquiert  le  Sénégal,  II,  394. 

VAUDREUIL  (comté  de),  III,  297. 

VAUGHAN,  II,  174. 

VAUQUELÏN,  II,  316,  ^58,  309. 

VENANGO,  II,  332,  406. 

VENDOME,  I,  373  ;  II,  40,  83. 

VENDREDI  SA  INT  (le).  H,  4r. 

VENTADOl'R  uluc  de  — J^'  ■  .  .i.i...  ... 

VEEA-CRUZ,  II,  72. 


CCCXCIV  INDKX    ANAl^YTIyL'E 

VKKAZZANI,  1,15,10. 

VE!«H(':HKS  (Mello  do),  I,  331. 

VKK(*Ilf:i:ES  (M.  <le),  11,29. 

VEiailiXNES  (do),  m,  22,  25. 

VKU(i()U,  II,  222-4,  33(J. 

VI«:UMILL()X,  11,152. 

VKUT(iaf.),  II,  140. 

^'KUTE  (bain)  ou  dos  Puant».— 1634,  Jean  Nic-olet  y  pasue,  I,  244.— 
1()7;î,  vif-ito  (lu  IWo  ManjiioltB,  I,  253.  -Hi71»,  viHÎto  do  La  Salle.  I, 
257.  —  KîSO,  vifiit<''«  par  Ili'nnopin,  I,  25i).  —  ItWiO,  altU(|U('o  par 
las  Ir(M|U<)ix,  I,  27!t.  —  1745»,  fort  rolové  i>ar  lo»  Franvais,  II,  1U7. — 
Voir  Ui;s.M:r)8  (rivière  des). 

VESl'UCE.— Voir  Amérique. 

VIOTCH,  II,:W,43. 

YR'K-liolS  et  lioutenants-;rt''néraux. —  Voir,  Rohhrvai.,  L.*  Rochb, 
Chauvin,  Ciiattkh,  M«)Nts  ,  Soisso.vs ,  CoNoi,  3Iontuobbncy  , 
Vhntaixu-r,  RiniKMBr,  Tract. 

VICTORIA  (la  ruine),  III,  335,  35». 

VlKL(loPèro),  I,C!>. 

VIENNE(la),  II,  230. 

VIEUX-PONT  (le  Père).— 1G29,  au  Cap-Breton,  I,  81. 

VKiEll  (Donis-Bonjamin).  —  1810,  mis  on  ('•tat  d'arrestation,  III, 
134. — 1812,  enquête  contre  Crai^,',  III,  150.  •-  1827,  déléuné  à  Ixjn- 
dres,  III,  263,  281.  —  1830,  nommé  au  conseil  législatif,  III,  285.  — 
1831,  retourne  à  Londres,  III,  286,  287,  299,  308.— 18.35,  interropé  à 
la  chambre  des  communes,  III,  313.  —  1835,  lord  Gosford  l'invite 
t\  dîner,  III,  32.3. 

VIGER  (Louis-Michel),  III,  339. 

VILIXVILLE,  II,  85,  86. 

VILLEBON,  I,  330,  337,  352,  358-9  ;  II,  30. 

VILLEGAGXON,  1,  31. 

VILLERAY  (de),  I,  201-3  ;  II,  222-4,  231,  394. 

VILLERMAULA  (de),  1, 197. 

VILLIERS,  II,  204,  208,  253,  255,  271.  —Voir   CocLOX,  Jdmokvillh. 

VILLIERS  (de),  I,  350. 

VDIONT  (le  Père),  I,  81. 

VINCENT  (général),  III,  176-8. 

VINDICATOR  {The),  III,  293,  315,  342. 

VINS,  II,  142, 159, 160. 


DE   I.'hISTOIUIî    du   CANADA.  CCCXCV 

VIRGINIE  (la).— 1587,  les  Anglais  tentent  do  s'y  t'tablir,  1,42.— De 
IGUU  à  1650,  I,  299. —  1()H4,  les  sauvages  font  la  paix  avec  las  Iro 
quois,  I,  272. — 1700,  huguenots,  II,  12. — 1702,  plan  de ram pagne  de 
d'Iberville,  II,  15.  — 1700,  d'Ibervillo  projette  une  attaque,  II,  15. 
— 1713.  on  y  amène  des  prisonniers  do  l'Acadie,  I,  53. —  1716,  les 
Anglais  traitent  chez  les  Natchez,  II,  7.3.  — 1716,  les  Anglais  pro- 
posent d'aolioter  les  droits  des  sauvages,  II,  191.  —  1748,  compa- 
gnie anglaise  de  l'Oliio,  II,  191. — 17.")I5,  Dinwiddio  jirotesto  contre 
l'occupation  des  Franvais,  II,  207.  —  1754,  milices,  II,  207.  —  1755, 
bataille  de  la  Monongah^'la,  II,  234.  —  1756,  Loudoun  gouverneur, 
n,  249.  —  1756,  incursions  des  Canadiens,  If,  260.  —  175H,  milices, 
11,297.  —  17(>5,  conspiration  do  l'ontiac,  II,  406.  —  1765,  acte  du 
timbre,  II,  428. — 1780,  armée  anglaise,  III,  46. 

VISITE  (droit  de),  III,  198-9. 

VITRÉ  (Donys  de),  II,  319. 

VOIRIE.— Voir  Roiths. 

VOLONTAIRES  de  1837,  III,  341. 

VOLTAIRE,  11,388. 

VOLTIGEURS,  III,  179,  lSl-2. 

VOYAGEURS  CANADIENS,  II,  222. 

VOYER.— Voir  d'Argensox. 


f 


w 


WADDERBURNE.  III,  21. 
WAKEFIELD  (E.-G.),  III,  360-61. 
WALCHEREN,  III,  181. 
WALDRON,  I,  337. 

WALKER  (l'amiral  sir  Ilovonden).  — 1711,  arrive  d'Angleterre,  II, 
45.— 1711,  devant  Port-Royal,  II,  44.  —  1711,  se  dirige  sur  Qnt^bec, 

II,  46.  — 1711,  entre  dans  le  St-Laurent,  11,47.  —  1711,  désastre  de 
sa  flotte,  II,  48. 

WALKER  (M.)  — 1834,  III,  314.  — 1839,  vote  l'union  des  Canadas, 

III,  377. 

WALKER  (Tb(  "4,   marchand  de  Montréal;  annexion* 

niste,  II,  417,'-. 
WALLER  (joumaligte),  lU,  . 
WALLEY,  I,  342 
WALPOLE,  II,- 


LCCXCVl  IM)KX    ANALYTIQUE 

WAKBUKTON,  III,  22,  271,  364,  36ti. 

WARNEU,  11,444. 

WAliREN,  II,  174,181,1H4. 

WASHINGTON  ((itMif^'c)-— 1753»  commande  lee  milices  de  la  Vir- 
ginie, I,  97.  — 1754,  coininaiulo  do8  troupe»  dan»  l'Oliio,  II,  207.  — 
1754,  au  fort  do  la  Xé(o».sité,  II,  208,  2:i5.  —  1 7r)6,  bataille  delà 
Mononj^alu'la,  II,  2:11, 2:i4.  —  1750,  battu  à  Ai»Ujni<'-,  II,  259.  —  \75H, 
craiiu  l'iovasion  «lo  la  Virjrinie,  II,  2f50.  —  1757,  rommando  danit 
1«»  Ai>ala<-li«»,  II,  2<>fi.  —  1758,  niilicoh  do  la  Vir;îinio  ilan8  l'Oliio, 

II,  2'.»7. — 1775,  coniniando  on  (•lH^f  l'ariut'u  continontulo,  II,  445. — 
TAcbe  d'intim-nccr  U«  ('anadii^nn,  III,  119. — 1770,  «iivoin  di«  trou- 
IK'«  on  Canada,  III,  10. —  177H,  victoiroH  do  Trt<nton  t^t  do  Stony- 
Itrook,  III,  lit.— 1781,  u-roh  IVim'o  do  lord  Cornwallis.  III.  40. 

IV A8PS(U),  m,  1G7. 

WATTBVILLK  ot  «on  n'^rimcnt,  III,  180, 183. 

WEBB,  11,250,  •_'.58,  27(1. 

WEDDERBURNK,  II,  411,  41;î. 

WEI.LINCiTON  (<lnc  do).— 18:î1,  »'oppo.<«o  à  la  li«tonvil€  du  Canada, 
m,  200.  —  1838,  rocoininando  la  clrujonre  onvorx  le«  inMiry^s  ca- 
nadiens, III,  3.54. — 18:'.9.  condamna  la  mesure  «le  lord  Durban», 

III,  362,  308.— 1840^-ouibat  l'acto  d'Union,  III,  379. 
WELLS,  II,  27.  \ 

WE  TUER  A  LL.  111,342. 

WllEELER,  I,  352. 

WHITCIIER,  111,325. 

WHITEBREAD,  III,  140. 

WllITEIIALL,  11,242. 

WILBERf  ORCE,  III,  69. 

WII>IvINSON,  m,  178,183, 187, 192. 

WILLIAM-IIENRY  (fort).~1755,  camp  du  lac  St-Sacrcment  qui 
reçoit  ce  nom,  II,  242. — 1757,  Montcalm  se  projx)se  de  l'attaquer, 
11,267. — 1757,  les  troupe.s  françaises  s'en  approcbent,  II,  268,— 
1757,  pris  par  les  Français,  II,  269-73,  343. — 1759,  les  Anglais  élè- 
vent le  fort  George  dans  son  voisinage;  Amherst  y  arrive,  II, 
330. 

WILLIAMS. — 1775,  marchand  de  Québec,  annexionniste,  II,  453. 

WILLIAMS  (colonel).— 1755,  au  fort  Edouard,  II,  237,  240. 

WILLIAMS  (général).— 1787,  s'exprime  sur  les  lois  seigneuriales, 
III,  61. 

WILLLAMS  (Jenkin). — 1784,  greffier  du  conseil;  député   en  An- 


1)1-,    I,  Illr-inJi;!-.    Ol     t.\.NAL»A.  CCCXCVll 

gletono,  111,04.-1810,  membro  du  conseil;  affaire  du  Camidiai, 
lU,  133. 

WILLIA>LS  (l'amiral).— 1692,  canonne  Plaisance,  I,  361. 

WILLIAMSON,  II,  40G. 

WILMOT,  III,  241,  24H.  271,  :«0. 

WIL.SON,  III,  208. 

WINCIIKSTER,  II,  L'(i(i;  111,  171. 

WIXDEK.  II,  177. 

WINDSOR,  m,  3()(i. 

WINSLOW  (colonel).  —  1755,  opt-ro  contre  l'Acadio,  11,  223.  —  17.jô, 
à  Grand-Pré,  II,22S. 

AVIN.SLOW  (Edward),  premier  colon  marie  dans  la  NouvuHo- 
An;,'!itorn>,  I,  130. 

WINSLOW  (général).  —  17r)0,  sur  la  route  du  lac  Champlaiu,  à 
Oswé^o,  II,  258. 

WINTHKOP,  I,  1(52,  3:i4,  3.38. 

WISCONSIN.— Voir  OriscoNsiK. 

WOLFE  (général  .laine»). — Son  caractère;  ses  talents,  11,318.-1758, 
s'oinparo  do  Louisbourg,  II,  282-3,  310,  318. — 17511,  .se  projwso  d'ou- 
trer dans  loSaint-I.aurent,  II,  310. —  175î>,  proclamation  aux  Ca- 
nadiens, II,  310.  — 1750,  donne  ordre  de  bombartler  Québec,  II, 
320. —  1 759,  ravage  les  campagnes  au-dessous  de  Québec,  II,  321, 
— 1759,  bataille  de  Montmorency,  II,  3244>. — 1759,  malade,  II, 
327.— 1759,  découragé,  II,  327.  —  1759,  t^scalade  le  Foulon,  II,  336. 
—  1759,  bataille  d'Abraham,  II,  339.  — 1759,  tué,  II,  339.  — 1760, 
honneurs  rendus  à  sa  mémoire,  II,  352. 

WtK)STER,  III,  15. 

WORTII,  III,  366. 

X 

XAINTOXGE  (, Alphonse).— Voyage  au  nord,  I,  242. 


YAMASKA,  I,  350. 
YASOUS,  II,  83,  92. 
YELLOW-STONE,  II,  130. 


CCCXCVm  INDEX    ANALYTIQUE 

YEO  (8ir  James),  III,  173, 177-8, 194,  2m. 

YORK. — l«iOO,  villo  <1«  la  Nouvello-Anglelerro  iiciniit^i  j-;it 

(lieiiH,  I,  '.'A'i,  3.3!».— Voir  Toronto. 
YOKKK(M.),  I1,4()H,  415. 
YOHKTOWN,  III,  4<;. 
YOUNG  (John),  III,  101, 106, 133. 
YUCATAN,I,8. 


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