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VOYAGE DE " LA MANCHE"
L'ILE JAN-MAYEN ET AU SPITZBERG
(Jxiillet-Août 1892)
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Exelmans pinx.
E. Leroux Editeur.
Voyage de LA MANCHE
Vueed&JAV JlfAYEJV.
Imp. Edouard Bry, Paris.
A.Millot Jith.
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VOYAGE
DU
" LA MANCHE "
L'ILE JAN-MAYEN
ET AU SPITZBERG
(JUILLET-AOUT 1892)
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PARIS
ERNEST LEROUX, ÉDITEUR
28, RUE BONAPARTE, 28
1891
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AVERTISSEMENT
Lorsque le Gouvernement français, à la demande du Gou-
vernement impérial et royal, résolut d'envoyer l'aviso-trans-
port la Manche, son stationnai™ d'Islande, à Jan Mayen, les
Ministères de la Marine et de l'Instruction publique déci-
dèrent, d'un commun accord, de faire profiter à la fois les
sciences et nos collections nationales d'une course dans des
parages si rarement visités par le pavillon français, aucun
navire de nos ports n'étant aujourd'hui intéressé dans les
pêches qui s'y font.
La Commission des voyages et missions scientifiques, ins-
tituée auprès du Ministre de l'Instruction puhlique, fut saisie
de la question et elle rédigea un rapport comprenant le pro-
gramme détaillé des recherches à effectuer à Jan Mayen et au
Spitzberg, tant au point de vue de la géographie que des
sciences physiques et naturelles.
Au retour de la Manche, les deux administrations de l'Ins-
truction publique et de la Marine tombèrent d'accord sur
l'intérêt qu'il y avait à publier les résultats de la campagne,
si courte qu'elle ait été. On ne perdra pas de vue, en effet, que
la Manche, partie de Leith le 20 juillet 1892, arrivait à Trom-
soe le 18 août suivant, après un voyage de moins d'un mois,
J
— VI —
pendant lequel quatorze journées à peine avaient été passées
au mouillage.
S'il est évident qu'un temps aussi court ne pouvait suffire
à l'établissement ou à la vérification de grandes lois de Phy-
sique du globe ou de Biologie, on a estimé que les matériaux
recueillis — avec un zèle que l'on appréciera — n'en avaient
pas moins un intérêt relatif, et pourraient toujours servir à
d'utiles comparaisons dans l'avenir.
VOYAGE DE « LA MANCHE »
L'ILE JAN-MAYEN ET AU SP1TZBERG
1 JUILLET -AOUT 1892)
RELATION DU VOYAGE
Par M. BIENAIMÉ
Capitaine de vaisseau.
HISTORIQUE
Au mois de juillet 1882, le transport Pola de la marine austro-
hongroise débarquait dans la baie de Mary-Muss, située au nord de
l'île de Jan-Mayen, une mission commandée par M. le lieutenant de
vaisseau "Wohlgemuth composée de :
MM. Basso, lieutenant de vaisseau;
Bobrik de Boldven, enseigne de vaisseau ;
Sobieckzky, id.
Gratzl, id.
et de huit officiers mariniers ou marins.
— 2
Elle avait pour programme de faire, pendant une année consécu-
tive, des observations magnétiques et météorologiques simultanément
avec douze autres stations placées sur les confins des océans Arctique
et Antarctique.
Le programme des travaux préparé par MM. Weyprecht et Wilc-
zek avait été arrêté par une première conférence internationale
tenue à Hambourg du 1" au 5 octobre 1879 et une seconde, tenue à
Berne les 7 et 9 août 1880.
Le 4 août i883, le Pola reparaissait devant Jan-Mayen et, le 6, il
emportait, au complet, les membres de la mission enrichis d'un im-
portant bagage scientifique, fruit d'une année de travail et de dévoue-
ment.
« Et maintenant, s'écriaient-ils en partant, l'ouragan, comme il le
fait depuis des siècles, va couvrir de lave ce lieu de labeur paisible.
Les brouillards obscurs passeront lentement, gravement, éternelle-
ment ! Adieu, Jan-Mayen, non pas pour toujours, car les stations
ressusciteront dans un avenir prochain. 11 viendra des successeurs... »
11 est à présumer, en effet, que les travaux de l'année 1 882-83 ne
sont que le prélude d'une suite d'observations qui, dans leur ensemble,
permettront d'arracher aux régions polaires le secret de la plupart
des phénomènes météorologiques et magnétiques qui ont dans ces
parages leur maximum d'activité; une suite d'obssrvations d'une année
a une valeur importante, mais ce n'est qu'un point de la série si
changeante des saisons et la science a de grands intérêts à renouveler
les travaux entrepris il y a dix ans.
C'est sans nul doute en vue des travaux ultérieurs et pour se rendre
compte de l'état des constructions et des approvisionnements laissés
dans la baie Mary-Muss, que le gouvernement austro-hongrois se dis-
posait, en 1890, à. envoyer un navire à l'Ile de Jan-Mayen. Informé
de son projet par des relations indirectes ayant leur centre à la Société
française de géographie, le Ministre de la Marine lui proposa de pro-
fiter du Châleaurenault qui devait faire en 1891 la station d'Islande
pour envoyer un représentant sur ce point, distant de 3oo mille, des
parages que nous visitons annuellement.
L'offre fut acceptée avec empressement, et M. Auguste Gratzl, au-
jourd'hui lieutenant de vaisseau, qui était membre de la mission de
1882-83, fut désigné par son gouvernement, et prit passage sur notre
croiseur qui fit route pour Jan-Mayen à la fin de juillet.
Le Ckâteaurenault devait malheureusement se butter à une in-
franchissable barrière : la banquise qui oscille entre le Groenland
et le Spitzberg en s'appuyant le plus souvent sur Jan-Mayen, fut
— 3 —
rencontrée à 3o milles de l'île. Le bâtiment, mal outillé pour lutter
contre la glace, n'ayant d'ailleurs qu'un trop faible approvisionne-
ment de charbon pour attendre que le passage devint libre, renonça
à accomplir sa mission, comme avait été obligé de le faire pour des
raisons analogues, trente-cinq ans auparavant, le yacht du prince
Napoléon, la Reine-Hortense, commandé par le capitaine de vaisseau
La Roncière.
C'était un échec sur lequel la marine française ne pouvait pas
rester; aussi fut-il décidé que la reconnaissance de Jan-Mayen serait
tentée de nouveau en 1892 par le bâtiment de la station d'Islande.
Mais pour se donner plus de garanties de succès, on remplaça le Châ-
teaurenault, bâtiment ancien, peu solide, et ayant surtout le défaut
de ne pouvoir porler qu'un nombre de jours de chauffe limité, par le
transport-aviso la Manche, qui présentait des dispositions intérieures
beaucoup mieux en rapport avec les difficultés à prévoir dans une
expédition qui devait réussir à tout prix.
Le bâtiment reçut un système de chauffage à vapeur et quelques
cloisons spéciales destinées à retenir la chaleur; ses cales furent em-
ménagées pour recevoir une année de vivres et un supplément de
charbon portant l'approvisionnement à 3oo tonnes; il fut en outre
pourvu d'un faille-mer en bronze destiné à protéger son étrave contre
le choc des glaces. Ainsi préparé, il pouvait, sinon assiéger la ban-
quise, du moins attendre qu'elle s'ouvrît et lutter avec les bourgui-
gnons qui lui servent d'éclaireurs, dans le cas où ceux-ci l'auraient
serré de trop près.
Comme en 1891, M. le lieutenant de vaisseau Gratzl fut dési-
gné par son gouvernement pour aller à Jan-Mayen, et M. Charles
Rabot, membre de la Société de géographie, qui avait reçu l'hospita-
lité du Châteaurenault lors de sa tentative avortée, fut autorisé à
prendre passage sur la Manche; en outre M. le professeur Georges
Pouchet, du Muséum, était adjoint à l'expédition pour continuer
dans les mers arctiques ses patientes recherches sur les animal-
cules de la mer. La présence de ce ?avant donnait à la mission de la
Manche un caractère scientifique, qui n'échappa pas à l'opinion pu T
blique, et la presse s'occupa, plus qu'on ne pouvait s'y attendre, d'un
voyage dont le plan, assez limité d'abord, s'était trouvé agrandi sous
l'impulsion du Conseil des missions et du Ministre de l'Instruction
publique.
Dans le cas où la Manche accomplirait sans trop de difficultés sa mis-
sion nécessaire à Jan-Mayen, elle aurait, avant la fin de l'été polaire,
quelques semaines disponibles que le voisinage relatif du Spitzberg
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permettrait d'utiliser. C'est ainsi que. le voyage que le stationnaire
d'Islande devait faire pour reconnaître l'état des constructions de la
mission de la baie Mary-Muss, deviut le point de départ d'une visite
éventuelle de quelques parlies de la côte occidentale du Spitzberg.
Ce complément de campagne, proposé par M. Léon Bourgeois,
Ministre de l'Instruction publique, fut admis en principe par
M. Cavaignac, ministre de la Marine, qui le subordonna seulement
à la réussite de l'exploration de Jan-Mayen. Il fut donc décidé
que si les circonstances étaient favorables, la Manche (enterait une
reconnaissance du Bell-Sound et de l'Ice-Fiord, les deux plus grandes
baies de la côte ouest du Spitzberg, pour recueillir dans ces régions
peu visitées, toutes les observations de nature à intéresser la science.
Les officiers du bâtiment furent désignés par le Ministre, et la
Manche entra en armement à Cherbourg le - mars avec un état-major
composé de :
MM. Bienaimé, capitaine de vaisseau.
Lespinasse de Saune, capitaine de frégate.
Le Nepveu de Carfort (René), lieutenant de vaisseau.
Exelmans, lieutenant de vaisseau.
Villemot, enseigne de vaisseau.
Lancelin, id.
Leprince, id.
Aubin de Blanpré, id.
Couteaud, médecin de i re classe.
Le Laidier, sous-commissaire.
L'équipage, sans être absolument choisi, fut formé, autant que
possible, avec les marins des quartiers fournissant cette race endurcie
des pêcheurs d'Islande et une sélection attentive en écarta les sujets
ayant la moindre apparence de faiblesse.
L'armement fut, d'ailleurs, de la part de toutes les autorités du
port, l'objet d'une bienveillance et de soins tout spéciaux. Le 12 avril,
date fixée par le ministre pour le départ en Islande, la Manche était
absolument prête à remplir sa mission ; il ne lui fallait plus qu'un
peu de bonheur.
DEPART POUR L ISLANDE.
Le 12 avril, en effet, à 4 "heures de l'après-midi, nous quittions
Cherbourg. Ce n'était pas un départ ordinaire ; en jetant sur la terre
— 5 —
de France ce dernier regard attristé que nous connaissons tous et que
l'habitude des départs ne modifie guère, nous le sentions plus voilé
qu'à l'ordinaire, à la pensée des difficultés que nous pouvions ren-
contrer, à l'impérieuse nécessité de les surmonter avant de revoir le
pays et de retrouver toutes nos affections.
Nous étions encore sous l'influence de la préoccupation qui nous
avait fait offrir, comme une mission périlleuse et des plus honorables,
le commandement de la Manche. En France, on est assez porté à
s'exagérer les difficultés de la navigation dans les mers arctiques, que
nous avons abandonnée depuis longtemps. Nous ne la voyons guère
qu'à travers les légendes inspirées par ces héros au cœur triplé
d'airain qui ont tenté, au prix des plus grands dangers, de ravir à la
mer polaire ses impénétrables secrets ou les récits exagérés de certains
voyageurs qui ont cherché à se tailler dans l'auréole du soleil de
minuit un lambeau de cette notoriété passagère si facile à conquérir
chez nous avec un peu d'esprit, pas beaucoup de scrupules et quelques
amis remuants, Dans tous ces contes, l'ennuyeuse vérité se masque
sous d'amusanls mensonges, les circonstances banales deviennent des
difficultés vaincues ou des dangers affrontés et leurs auteurs se
placent sans hésitations dans la galerie des grands explorateurs. Ce
n'est pas là qu'il faut chercher les renseignements exacts. Mais si
l'on fouille un peu plus profondément dans nos bibliothèques, on y
trouve heureusement des œuvres plus sérieuses, permettant de se faire
une idée nette des parages que nous devions visiter et d'étudier les
meilleures routes à suivre pour les parcourir avec sécurité. Le vieil
ouvrage de Scoresby, la relation du voyage de la corvetle française la
Recherche en i838-3i), les lettres de M. NordenskjOld, le rapport de
la mission autrichienne de i88a-83 et celui de l'exploration faite
en 1876-77-78 par la mission scientifique norvégienne à bord du
Voringen, sont de celles-là. Elles constituent un ensemble de docu-
ments de premier ordre qui, bien étudiés, fournissent tous les
éléments du succès. C'est en nous inspirant de ce que nous avons
trouvé dans ces livres que nous avons pu accomplir notre mission
sans perte de temps, et lui faire produire beaucoup en quelques
semaines, bien que contrairement à ce que l'on ait pu penser, à cause
de l'été exceptionnellement chaud éprouvé en France, le froid ait été
plus accentué qu'à l'ordinaire dans le haut-nord. Cette année, en
effet, l'Islande a été entourée de glaces jusqu'en juillet, et en Norvège
les céréales et les fruits n'ont pu arriver à maturité comme dans les
années normales.
Le climat marin est plus régulier que celui des côtes et l'on doit
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s'allendre à retrouver, au large, surtout si l'on ne considère que la
température de l'eau, des valeurs, sensiblement constantes pour les
époques correspondantes des années successives ; aussi, M. le pro-
fesseur Mohn, de Christiania, membre de la Commission scientifique
norvégienne, a-t-il pu dresser, pour les différentes époques de l'année,
des courbes isothermes de la mer arctique que la planche I reproduit
pour le mois d'août, époque à laquelle nous devions faire notre explo-
ration.
L'espace compris entre les isothermes de o° et -f- 2°peut être considéré
comme la limite des glaces ; il serait téméraire d'affirmer que cette
limite est mathématiquement invariable, car l'influence des vents
régnants la déplace toujours un peu ; mais la forme générale du
bassin contenant de l'eau tempérée qui se creuse entre l'Islande et
Jan-Mayen, d'une part, et la côte de Norvège, d'autre part, pour
remonter jusqu'au Spitzberg subsiste toujours, ainsi que les variations
de la température.
Celle-ci décroit très lentement en remontant vers le nord si l'on se
tient entre le méridien de Paris et celui de io° est, tandis qu'elle
diminue rapidement lorsque l'on va de l'est à l'ouest au-dessus du
cercle polaire. Pour aller à Jan-Mayen avec le plus de chances
de rencontrer la mer libre, il faut donc remonter vers le nord en
restant dans l'est du premier méridien, jusqu'à ce qu'on relève l'île
dans le nord-ouest, et couper ensuite dans leur moindre largeur les
zones de température rapidement décroissantes. C'est la route que
nous devions choisir, car notre mission n'était pas de reconnaître la
banquise dans un simple intérêt de curiosité, mais, au contraire, de
l'éviter afin de ne pas perdre de temps et de tirer de notre séjour
forcément très limité dans les mers glaciales, la plus grande somme
de documents scientifiques.
En dehors du choix de la route, nous devions nous préoccuper
aussi de l'époque la plus favorable pour réussir. Le temps qui est géné-
ralement très beau pendant l'été arctique se trouble dès que le soleil
commence à disparaître le soir sous l'horizon : c'est-à-dire vers le
i er août à Jan-Mayen. et le 20 août au Spifzberg. Or, pour visiter l'éta-
blissement de la baie Mary-Muss, il nous fallait du beau temps, car la
plus grande difficulté n'est pas toujours d'atteindre ce point, mais d'y
débarquer, l'île ne possédant pas une seule baie abritée contre la mer
du large. Au Spitzberg, ce dernier inconvénient n'existe pas, il y a
d'excellents mouillages ; mais précisément parce que les baies sont pro-
fondes, on court plus de risques de s'y faire enfermer, comme cela est
arrivé en septembre 1872 à quelques pêcheurs norvégiens à la suite
— 7 —
d'un coup de vent qui avait amené une descente prématurée des glaces.
Le 20 août semble donc la limite prudente du séjour dans cette
région australe, surtout pour un bâtiment de guerre possédant un
nombreux équipage qui se trouverait dans de fort mauvaises conditions
d'hivernage.
Pour ces diverses raisons, je proposai au Ministre, qui voulut bien
l'approuver, le plan définitif de notre voyage, consistant à quitter
Edimbourg, pris comme point de rendez-vous de nos passagers, le
20 juillet, et de régler notre itinéraire suivant les circonstances que
nous rencontrerions, de manière à avoir quitté le Spitzberg le 20 août,
au plus tard.
Cela nous donnait trois mois à consacrer à la campagne d'Islande,
qui fut une excellente préparation pour notre mission dans les mers
arctiques, car l'année 1892 fut une des plus dures que cette malheu-
reuse île ait eu depuis longtemps à subir, au point de vue du froid;
cette circonstance nous donna l'avant-goùt des difficultés que nous
pensions Irouver plus tard, tout en nous fournissant un champ d'exer-
cice dont je me hâtai de profiter en allant visiter la banquise qui,
jusqu'au mois de juillet, entoura l'Islande du cap Nord au cap
Ostre-Hom, son extrémité sud-est, ne laissant libres que les côtes du
sud et de l'ouest.
JAN-MAYEN
Le 1 1 juillet, la Manche revenait à Leith, pour se ravitailler, et, le
20, elle en repartait pour Jan-Mayen et le Spitzberg, ayant à bord :
MM. Georges Pouchet, professeur au Muséum ;
Auguste Gratzl, lieutenant de vaisseau de la marine aus-
tro-hongroise ;
Charles Rabot, explorateur ;
A. Pettit, licenciées sciences, adjoint comme prépara-
teur à M. Pouchet.
Nous suivons la roule rationnelle, déduite de la carte des tempé-
ratures de l'eau dans la mer Arctique, dressée par M. Mohn, pour
le mois d'août; nous passons ainsi dans l'est des îles Shetland et nous
montons vers le nord, en nous tenant à peu près sur le premier mé-
ridien jusqu'au cercle polaire que nous franchissons le 24, à 1 heures
du matin. Jusque-là, le temps est maniable; la brise, variant du sud-
ouest à l'ouest, nous permet de monter à la voile, à diverses reprises.
Le 2.5, le ciel prend assez mauvaise apparence dès le matin; à midi,
nous passons le 69 e degré de latitude et nous ne sommes plus qu'à
160 milles du but; mais la brise fraîchit beaucoup, en refusant jusqu'au
nord-ouest; la mer est grosse et nous sommes obligés de prendre la
cape jusqu'au lendemain matin. Ce petit coup de vent, accompagné
d'une baisse rapide du baromètre, jusqu'à 752""", s'achève, en même
temps que celui-ci remonte à 765 mni ; la brise a molli depuis une heure
du matin et nous a permis de faire route, un peu secoués par la
houle qui tombe cependant rapidement, et le temps devient très beau
dans la journée.
Le 26, à midi, nous sommes en calme avec mer plate, à 80 milles
de Jan-Mayen; le ciel est nuageux, avec l'horizon clair. Je presse
l'allure de la machine, pour profiter de cette embellie et, à 4 heures
et demie du soir, nous apercevons, à 4o milles devant nous, comme
une pointe basse, dont le sommet est caché dans un nuage; c'est
une partie de l'arête de la côte est de l'île. Nous ne la voyons pas
longtemps ; à 5 heures, elle disparaît derrière des bancs de brume
qui se succèdent de plus en plus rapidement et finissent par nous
masquer toute vue à 100 mètres, à partir de 6 heures el demie. La
température de l'eau de mer est descendue rapidement depuis la veille,
mais en suivant exactement les indications de la carte de Mohn; nous
avons + 6° 5, à 8 heures du matin, + 3°, à 6 heures du soir; la
glace n'est donc pas encore là; de plus, notre position est certaine, il
n'y a pas d'abordages à craindre, nous n'avons, par conséquent, au-
cune raison pour ralentir notre marche, et c'est avec toute la vitesse
que comporte la puissance modeste de la Manche, 9 nœuds et demi,
que nous continuons notre attaque. La brume ne cède malheureuse-
ment pas à nos désirs, au contraire, et, de crainte de dépasser le but
sans le voir, à 8 heures, je commence à diminuer de vitesse et, à
8 h 35 m , nous estimant exactement dans l'est du centre de l'île, je
me décide à stopper, d'autant plus volontiers que MM. de Carfort
et Pouchet désirent prendre une série de températures à des pro-
fondeurs croissantes qui nous donne les résultats suivants :
Surface, + 3"; à 5o m , — o°8; à ioo°>, + i°6; à i5o«>, -f 0° 5;
à 25o m , o°.
Nous restons ainsi 2 heures sans rien apercevoir. L'impatience
est grande ; nous savons bien que nous tenons le but, mais on veut
le voir; il y a du monde partout, sur les barres, dans les hunes, au
— 9 —
ras de l'eau, épiant l'éclaircie subite et quelquefois très courte, avec
laquelle nous nous sommes familiarisés en Islande et sur les côtes
d'Ecosse, et dont il faut savoir profiter.
C'est de la hune de misaine, à to ll ,4o m , que part le premier aver-
tissement : « Terre à tribord, » suivi, presque immédiatement, de :
« Terre à bâbord. » On cherche, mais on ne voit rien; « Le Bœren-
berg devant ! » crie, de la mâture, M. Gratzl, avec l'émotion que l'on
éprouve à retrouver subitement une vieille connaissance; et, en effet,
ce n'est pas à l'horizon qu'il fallait regarder, mais vers le ciel; le
Bœrenberg vient de déchirer un nuage, il nous surplombe de son
écrasante beauté, sa cime blanche émerge de la brume épaisse dans
laquelle nous restons plongés et qui nous dérobe encore la vue de la
mer.
Tout le paysage est sur les nuées, il n'y a plus de distance; le blanc
sommet, démesurément grandi, est là, comme une tranche coupée
dans un pain de sucre, décapité obliquement et dont on ne verrait
pas la base, il semble tout près, très haut, à côté de notre petite
Manche, dont les mâts émergent cependant aussi, cherchant, mais en
vain, leur rayon de soleil. L'impression est énorme, des exclamations
enthousiastes s'échappent de nos poitrines émues par l'apparition su-
bite et quasi féerique de ce que pouvait nous présenter de plus beau
cette terre de Jan-Mayen, objet de nos rêves et de nos espérances,
que nous tenons enfin et que nous ne quitterons plus sans avoir ac-
compli l'importante mission qui nous est confiée.
L'apparition n'est pas de longue durée : deux minutes à peine; juste
le temps de le relever au nord 68° o' ouest — et le grand dominateur
de cette terre sinistre s'est renfermé dans son nuage, nous laissant
dans notre obscurité. Mais il nous a jalonné la route et nous pouvons
mettre en marche, le cap au nord, pour doubler la pointe nord-est de
l'ile. A mesure que nous avançons, la brume, sous l'influence d'une
petite brise de sud, s'élève, formant comme une voûte opaque, sous
laquelle on aperçoit les parties inférieures de la terre que nous lon-
geons : ciel de plomb, côte profondément noire, zébrée de tâches
blanches que nous reconnaissons pour être le pied des glaciers Peter-
sen, Wilczek, Grieg, tombant jusqu "à la mer- Il est minuit, le soleil
est sur l'horizon, mais il ne se montre pas; l'éclairage est étrange,
lugubre peut-être, mais nous sommes trop satisfaits pour le trouver
tel. Puis, le vent de sud augmente, éclaircissant le ciel; le cap Nord-
Est nous apparaît très nettement; nous en passons à un mille, à une
heure du matin, après avoir doublé les glaciers Friele et Dufferin ;
les nuages sont un peu plus remontés sur les pentes; la pointe,
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moyennement élevée, est adossée à des terres abruptes, couverte d'une
couche épaisse de neiges éternelles. Des falaises noires du lias,
s'échappent des nuées d'oiseaux de mer qui viennent s'ébattre autour
de la Manche, en nous assaillant de leurs cris rauques, comme s'ils
échangeaient des idées sur cet étrange visiteur, qui semble les inté-
resser plus qu'il ne les intimide, si l'on en juge par la familiarité
avec laquelle ils s'approchent. Toujours à petite distance, nous sui-
vons les falaises, d'où se précipitent à la mer les imposanls glaciers
de Swend Foyn, Kjérulf et Weyprecht, qui ressemblent à d'im-
menses torrents figés, dont on ne voit pas la source perdue dans les
nuages; puis, la côte s'aplatit un peu, en s'infléchissant vers le sud-
ouest. Continuant à la suivre en l'admirant, nous apercevons le pied
du Vogelberg qui se détache en avant, très en noir, sur la brume du
fond, couronnant son sommet; il jalonne l'extrémité orientale de la
haie Mary-Muss, limitée, à l'ouest, par la tour de Brielle, rocher très
caractéristique aussi, dont nous voyons la base. La vallée Wilczek,
dans laquelle sont les constructions de la mission autrichienne, se
détache, un peu plus sombre encore, entre le Vogelberg et le Blytt-
berg, montagne conique remarquable, sur laquelle nous gouvernons
au sud-33°-est, jusqu'à ce que le Vogelberg nous resteau nord-87°-est.
Ce sont les relèvements du mouillage que nous avions choisi; nous le
prenons à 3 h ,45 m du matin, à 1,200 mètres de la plage. La tempéra-
ture de l'air est de -f- 2% celle de l'eau -f- 3° ; il n'y a aucune glace
en vue et, grâce au vent du sud, la mer, de ce côté de l'ile, est abso-
lument plate, la plage est aussi abordable qu'un quai. Notre bonheur
est complet; nous le manifestons en hissant le petit pavois, pavillon
autrichien, au grand mât, au moment où notre ancre prend posses-
sion du fond, pour honorer le souvenir de l'héroïque petite phalange
qui, il y a dix ans, est venue s'exiler, pour servir la science, sur celte
terre de désolation.
Il n'y a pas d'instants à perdre ; on a passé la nuit sur le pont, mais
nous ne savons pas quel temps il fera demain. A peine à l'ancre nous
partons à terre; je descends avec M. le lieutenant de vaisseau Gratzl
et passant à travers des bandes d'oiseaux de mer, poussant leur
curiosité si loin, qu'on est obligé de gesticuler pour les écarter un peu,
à 4 heures et demie, le 27 juillet, je mets le premier pied sur ce sol
que jamais Français n'a foulé, et dont le représentant de la mission
austro-hongroise me fait les honneurs. L'impression est saisissante
devant ce décor sombre auquel notre enthousiasme prèle des cotés
fantastiques. La vallée est étroite, 200 ou 000 mètres à peine ; la plage
est de sable noir comme de la crasse de forge sur laquelle sont épar-
— 11 —
pillés dans un inextricable enchevêtrement, couchés, à demi enfouis
où se dressant eo l'air, d'innombrables morceaux de bois flotté de toutes
dimensions, semblablesà des débris de squelettes d'êtres préhistoriques
et gigantesques. De temps en temps, entre les blancs ossements, une
petite touffe verte se montre à peine, comme épouvantée d'avoir poussé
dans ce sinistre cimetière, et pourtant ses petites fleurs bien pâles
s'épanouissent, jetant un rayon doux sur ce lieu de solitude et de dé-
solation.
C'est là qu'ont vécu pendant treize mois les membres de la mission
autrichienne; c'est sur la pente douce qui, du Vogelberg, descend à la
plaine ossuaire, que sont construites les habitations abandonnées de-
puis neuf ans. Nous les retrouvons exactement dans l'état où on les avait
laissées le 6 août i883. Sur la plage est un chaland qui avait servi à
débarquer du Pola tous les matériaux ; le bois a blanchi, mais n'est pas
pourri ; les clous et les cornières de cuivre sont à peine recouverts de
vert-de-gris; lesferrures sont peu rouillées. Les abris météorologiques,
les hangars d'embarcations, le poulailler et le chenil construits en bois
brut, n'ont pas souffert. Les briquettes de charbon recouvertes d'une
toiture grossière en bois, sont en bon état; seules les rangées supé-
rieures se sont un peu désagrégées au contact de l'air; il y a là vingt
tonnes d'excellent combustible.
Le bâtiment principal est composé de deux corps de logis distincts
reliés entre eux par une galerie couverte. Ce corridor est établi sur
un pont jeté au-dessus d'une rigole ménagée pour l'écoulement des
eaux provenant des neiges du Vogelberg. Toute la membrure est en
bois bien calfaté et couvert de carton bitumé. L'ensemble a une forme
toute spéciale, la section perpendiculaire à la ligne de faite est une
ogive descendant jusqu'à terre, de sorte que les murs prolongent l'in-
clinaison de la toiture et que la neige, trouvant une pente continue, ne
peut s'amasser outre mesure. Le corps de logis du nord servait
d'observatoire, l'autre, d'habitation. Voici sa distribution: une cuisine;
un poste pour les matelots; une salle de bains avec cabinet de photo-
graphie; une antichambre avec table de toilette; une pièce plus grande
servant de salle à mxnger et de dortoir pour les officiers; enfin, une
salbj de travail. Tout est bien conservé pour dix ans d'abandon. A
l'extérieur, quelques déchirures seulement au carton bitumé; à l'inté-
rieur, pas de pourriture, pas de poussière, mais une couche épaisse de
moisissure très blanche, pas humide, et n'exhalant pas l'odeur nau-
séabonde ordinaire. Sur la fable de la salle à manger, le couvert est
resté tel qu'on l'avait disposé au moment du départ : trois gobelets,
une cruche, une boîte de conserves, un chandelier garni et une boîte
— 12 —
d'allumettes amorphes. Les conserves et les bouteilles laissées en pré-
vision de l'arrivée de malheureux naufragés sont dans un coin en très
bon état. Les murs sont tapissés de feuilles de journaux illustrés qui
sont un peu jaunies ; la phof ographie du comte Wilczek, promoteur de
l'expédition, celle des membres de la mission et les portraits de l'em-
pereur et de l'impératrice ne sont même pas piqués, ils sont seulement
saupoudrés comme d'une fine fleur de farine. Sous le portrait du comte
Wilczek nous clouons une plaque commémorative en plomb portant
comme inscription :
Transport aviso français
Manche
Commandé par M. Bienaimé,
Capitaine de vaisseau,
27 juillet 1892.
Peu après nous, MM. Pouchet, Rabot et Pettit sont descendus à
terre avec les officiers pour faire les recherches et observations de
toutes sortes; trois renards s'approchent d'eux avec curiosité, visible-
ment étonnés de rencontrer des hommes, êtres inconnus pour eux;
mais leur naïveté ne va pas jusqu'à les faire se livrer vivants, il faut
les tirer et on en tue deux, l'un bleu, l'autre gris à ventre blanc, qui
feront très bien dans nos collections.
M. Gratzl installe ses appareils pour observer la gravitation,
M. Exelmans, ses boussoles pour observer le magnétisme, M. Lan-
celin, son appareil photographique; les autres officiers sillonnent l'île
dans toutes les directions, pour recueillir des échantillons de ce que
l'on peut trouver d'intéressant sur la terre ou dans l'eau do Jan-
Mayen. La consigne est de ne pas s'isoler, de marcher au moins par
deux en cas de chute ou d'accident, d'avoir l'oreille attentive au coup
de canon qui appuiera le pavillon de rappel s'il se produit quelque
changement de temps, pouvant faire craindre des difficultés de retour
à bord avant l'heure fixée pour le ralliement général, qui est 7 heures
du soir; il n'y a pas à se préoccuper de vivres et d'abri, grâce à la
station.
Les plus intrépides ont emporté leur déjeuner et traversent l'île.
boussole en poche, pour explorer la lagune du sud; je préfère rentrera
bord pour reprendre quelques forces et l'après-midi nous partons avec
MM. Pouchet et Pettit, escortés d'un canot en toile, dit berthon, que
nous transporterons jusqu'à la lagune du nord, que ces savants
désirent explorer. Nous nous livrons en route à une chasse facile des
oiseaux, échelonnés par milliers sur les arêtes du Vogelberg; un coup
— 13
de fusil tiré au hasard en fait tomber quatre ou cinq à la fois; quel-
ques-uns s'envolent au bruit de la détonation, mais la plupart restent
et regardent; on n'a qu'à choisir les sujets désirés pour la collection.
La plage qui se trouve dans l'est du Vogelberg a 1,200 mètres de
longueur et -;oo mètres seulement de largeur; sur toute cette étendue
les bois flottés sont accumulés, plus serrés encore que dans la vallée
Wilczek. Cette mince langue de sable sépare la mer de la lagune du
nord, dans laquelle il y a de 10 à 3o mètres de profondeur d'eau, et
où l'on ferait par conséquent un excellent port à peu de frais ; mais je
ne vois pas ce qu'on viendrait y chercher.
La lagune est en partie couverte d'une glace spéciale composée de
prismes hexagonaux et verticaux de 2 à 3 centimètres de diamètre
ayant toute la hauteur de la couche glacée. M. Gratzl nous parle
à ce sujet d'un phénomène bizarre : l'hiver, lorsque la glace com-
pacte couvre toute la lagune, le vent passant sur ces cristaux pro-
duit une sorte de musique en gammes ascendantes et descendantes
semblable au son des harpes éoliennes.
Il y a assez d'eaux libres pour permettre au berthon de naviguer;
mes baleiniers l'apportent sur leurs épaules, et pendant qu'avec la
patience et le dévouement du savant, M. Pouchet et son assistant se
livrent sur l'eau glacée à la recherche des curiosités qu'elle peut re-
celer, je gravis avec mon fusil les sommets voisins, d'où nous pouvons
découvrir la côte du sud pendant les embellies que la brume nous mé-
nage. Nous sommes engagés sur des pentes moins noires, il y a des
mousses, des lichens, et, plus nombreuses qu'en bas, des touffes de
saxifrage en fleurs, bien modestes, mais envoyant de gais reflets dans
ce paysage si sombre.
A l'heure du rendez-vous, tout le monde se retrouve à bord, décla-
rant en avoir tant fait qu'il n'y a plus rien à ramasser; le gaillard
d'arrière est encombré d'objjts de toutes sortes; le docteur a rap-
porté des échantillons nombreux de tous les règnes. M. Exelmans a
pu observer les éléments magnétiques; nous avons d'excellents cli-
chés photographiques. M. Gratzl a terminé ses observations de gravi-
tation, ainsi que les visites dontil était chargé par son gouvernement;
puis il a refermé la maison ; notre mission officielle à Jan-Mayen est
achevée.
A ce moment nous apercevons le Bserenberg dans une éclaircie;
mais à 8 heures, la pluie fine et froide recommence à tomber jusque
vers minuit, remplacée par la brume à travers laquelle s'esquisse fai-
blement à l'horizon un disque blanchâtre, fantôme douteux du soleil
de minuit,
— 14 —
Nous passons au mouillage, sous les feux, une nuit de repos bien
gagnée.
Le 28, nous nous réveillons dans une brume épaisse; j'avais l'in-
tenlion d'appareiller de bonne heure pour faire le (our de File, mais
nous sommes obligés d'attendre jusqu'à 9 heures et demie la première
éclaircie nous permettant d'espérer voir quelque chose. Elle ne dure
malheureusement pas longtemps, et à 10 heures el demie nous ne
voyons plus rien. A midi, nous devons être nord et sud avec la pointe
occidentale de l'ile; nous stoppons et nous faisons des sondages ther-
mométriques par 400 mètres, pas de fond. A midi et demi, ayant à
peu près un mille de vue, nous remettons en marche au sud, douce-
ment, pour nous rapprocher de la (erre que nous retrouvons à i2 h ,5o nl
à très petite distance à la hauteur de la baie des Sept-Hollandais,
et nous la longeons en la gardant à un mille par bâbord. A i h ,5 ln ,
nous sommes à un demi-mille du cap Nord-Ouest de l'ile, et nous
apercevons un instant toute la baie du Sud et les Sept- Rochers ; mais
la brume, venant encore nous masquer la terre, nous oblige à nous
écarler un peu de la côte qui n'est pas très saine, et nous stoppons à
i h ,3o"> par 35o mètres, pas de fond. Nous marchons de 2 h ,io m à 2 h ,22 m
pendant une éclaircie en nous rapprochant, et nous nous arrêtons par
260 mètres de fond sans aucune vue jusqu'à 3 h ,i5 a >; à ce moment la
brume se dégage, nous sommes à 2 milles dans le sud-8o°-ouest du
plus gros des Sept-Rochers, et toute la côte sud nous apparaît avec
ses imposantes falaises noires. Nous la longeons à une distance de
2 à 3 milles, nous doublons le rocher du Phare, et celui du Ba-
teau-Pilote s'élevant brusquement du fond de la mer et bien caracté-
risés par leurs noms ; puis à 6 h ,i5 m , nous mouillons par 22 mètres de
fond dans la Baie du bois flotté à i,5oo mètres de la plage et à 1,000
mètres dans le sud-75 -ouest de l'île aux Œufs.
Bien que le vent soit du nord, une houle presque imperceptible ve-
nant du sud déferle à la plage en ras de marée et la rend impralica-
ble; nos explorateurs reviennent à bord sans avoir pu l'aborder. Il n'y
a pas grand intérêt d'ailleurs à le faire, la lagune du Sud a été explo-
rée la veille.
Du bord, le décor est merveilleux; au premier plan toujours le sa-
ble noir recouvert de sa forêt de bois flottés, puis, derrière, la lagune,
et, comme fond, des montagnes aux découpures fantastiques creu-
sant entre elles des vallées étroites bouchées par des nuages épais
comme de la ouate, montant et descendant, s'entr'ouvrant pour mon-
trer l'azur du ciel pâle comme celui d'une robe de fée, et au-dessus, le
Bajrenberg légèrement doré par les reflets du soleil qui, dans les
— 15 —
trouées de la brume, apparaît avec des teintes d'un jaune mourant
indéfinissable. Le tout est rapproché par la pureté de l'atmosphère
succédant à la brume épaisse, et nous permet d'apercevoir nettement
tous les détails des 4» kilomètres de côte déroulés devant nous.
Mais nos instants sont trop précieux pour que nous restions en
contemplation; nous avons recueilli tous les documents dont nous
avions besoin, nous avons fait le tour de l'ile et vérifié l'exactitude
satisfaisante de la carte dressée par la mission autrichienne, nous ne
perdrons pas au mouillage un temps qui pourra nous être très utile
par 1 la suite. A 8 heures et demie du soir, le 28, nous levons l'ancre,
et nous faisons route vers l'est ; les nuages sont redescendus sur
nous, on ne voit plus rien de la côte, mais ils se déchirent quelque-
fois au zénith et nous permettent d'apercevoir par moments la cime
du Bujrenberg qui nous a salués à l'arrivée et qui nous sourit au dé-
part. Il se montre dans un ciel absolument bleu au moment où le dis-
que doré du soleil vient l'affleurer, pour disparaître ensuite comme
en roulant le long de sa pente du sud-ouest; puis les rideaux vapo-
reux montent, envahissent la voûte de lumière cendrée qui nous ra-
vissait, et c'est fini de Jan-Mayen, nous ne le reverrons plus! « Les
brouillards obscurs continueront à passer, lentement, gravement,
éternellement », comme disait le commandant Wohlgemuth en s'é-
loignant, mais pas plus qu'ils ne nous ont barré la route, ils n'obscur-
cissent le souvenir du bonheur immense qui nous a permis d'accom-
plir en si peu de temps, et d'une manière si complète, la missionque
nous avions repue.
SPITZBEUG.
Il est 1 1 heures du soir, le thermomètre est à zéro, le brouillard
légèrement chassé par une petite brise du nord se perle en goutte-
lettes glacées sur les vêtements fourrés. Sans rien voir, malgré le grand
jour, la Manche s'avance sur une mer sans ride. Elle fait roule au nord-
6o°-est pour se rapprocher de l'axe de la fosse, où suivant les indications
du professeur Mohn, elle trouvera les eaux moins froides dans lesquelles
nous avons intérêt à nous tenir jusqu'au Spitzberg.
Le 29, même temps; le thermomètre monte jusqu'à + 2 dans la
journée, mais la soirée est froide.
Le 3o, nous coupons le méridien de Paris à 8 heures du matin; à
midi le temps est splendide, il fait bon au soleil, la mer est d'un bleu
— 16 —
profond; bien des jours d'été ne sont pas plus beaux dans la Manche
et l'on pourrait se croire dans la Méditerranée par une belle journée
de décembre ; le thermomètre sec marque + 3", ie plongeur -)- 4° ;
nous sommes décidément dans les eaux tempérées et nous faisons la
route directe sur le Spitzberg au nord-3o°-est. Le ciel se couvre à
3 heures et nous rentrons de nouveau dans le sombre, mais la mer
reste belle, toujours avec petits vents du nord au nord-ouest.
Le 3i est un dimanche; le ciel est terne; nous pouvons cependant
avoir une observation de soleil à î heure de l'après-midi. A partir de
2 heures, la brise fraîchit du nord et rend l'horizon plus clair. A
8 heures du soir le thermomètre plongeur indique -j- 5°, à 1 1 heures
il tombe subitement à f 2' 8, c'est normal; la carte indique que la
température de l'eau doit baisser rapidement en approchant de la
côte et c'est le meilleur indice de son voisinage. En effet, on aperçoit
à 1 1 heures et quart deux mamelons distincts, l'un à un quart, l'autre
à cinq quarts par tribord.
Sous l'influence de la brise qui augmente, le temps s'éclaircit da-
vantage, et à minuit et quart, dans un ciel venteux fait de fond bleu
et de nuages aux bords tranchés dits queues de chat, le soleil élevé de
6 degrés au-dessus de l'horizon, vient éclairer la terre qui prend du
relief. Cela nous permet de la reconnaître depuis l'île du Prince-Charles
jusqu'au cap Sud, c'est-à-dire sur un espace de plus de 120 milles
entre les parallèles de 76 3o et de 78 3o : accumulation bizarre de
montagnes et surtout de pics noirs zébrés et coiffés de neige, séparés
par des vallées d'où l'on voit sortir des glaciers qui viennent se jeter
dans la mer. Ce n'est pas gai ; on se croirait devant une de ces énormes
banquises décrites dans les romans arctiques, et l'on comprend à cette
vue le sentiment des condamnés à mort dont parle Scoresby envoyés
il y a cent cinquante ans par le gouvernement anglais pour tenter
l'hivernage dans ce lieu de désolation.
Leur frayeur fut telle, qu'ils supplièrent de les ramener en Ecosse,
préférant tous les supplices à celui d'être abandonnés là.
Au milieu de ce chaos, on distingue deux grandes échancrures qu'il
est facile de reconnaître pour les entrées de l'Ice-fiord et du Bell-Sound ;
nous mettons le cap sur cette dernière.
Le Bell-Sound est un grand golfe de 3o milles en profondeur,
présentant vers l'ouest une ouverture de 10 milles de largeur. Il est
divisé par les terres élpvées de la pointe de partage, dont l'extrémité
s'avance jusqu'à 12 milles de l'entrée, en deux bras, la baie Van
Mijen au nord, la baie Van Keulen au sud. De loin il parait s'ouvrir
entre de hautes terres ; mais en s'approchant on aperçoit au pied des
— il —
montagnes du nord une côte extrêmement plate et basse s'avançant
de 8 milles vers le sud. Celle-ci s'élend vers l'intérieur et se relie,
sans qu'on puisse apercevoir la solution de continuité, avant d'être
dessus, avec l'île Axel, plate aussi, qui barre presque complètement
l'entrée de la baie Van Mijen non navigable, paraît-il.
La baie Van Eeulen est plus accessible et très profonde par en-
droits, mais son entrée est relrécie, par l'île des Eiders et des rochers
non marqués sur les caries, qui la prolongent dans le sud; on ne
devra pas s'y engager avec un bâtiment de moyenne grandeur sans
Tavoir fait reconnaître au préalable.
La côte sud de Bell-Sound, au contraire, est assez accore; c'est elle
que nous suivons à distance prudente, toutefois, pour gagner la baie
de la Recherche, placée exactement dans le sud de la pointe de par-
tage etdont nous avons un excellent plan, levé en 1 83 8 par les officiers
du bord. La mer est complètement libre, on aperçoit bien çà et là
quelques glaçons, mais ce sont les éboulements des glaciers qui
tombent de tous côtés jusque dans la mer; on les évite d'un coup de
barre pour qu'ils n'écorchent pas le doublage ou ne se mettent pas
dans la cage de l'hélice, mais ils ne sont pas gênants.
La baie orientée nord et sud s'ouvre entre la pointe des Renards à
l'ouest et celle des Rennes à l'est, toutes deux coupées en falaises assez
basses adossées à des terres élevées; elle est de plus, caractérisée par
le mont de l'Observatoire avec son double pic, deux beaux glaciers
allant jusqu'à la mer, l'un à la côte est, l'autre à la côte ouest, et un
gros îlot de couleur foncée se détachant très bien sur les montagnes
coupées de vallées glacées qui la limitent au sud.
L'eau y est profonde; il faut aller jusqu'à un demi-mille de l'îlot
pour trouver les fonds de moins de 3o mètres ; on est alors près du
mont de l'Observatoire et le fond est de vase d'une excellente tenue.
Il est 4 heures du matin le i er août, quand nous laissons tomber
l'ancre juste à l'endroit qu'occupait la Recherche le i er août i838,comme
l'atteste une vue faite à cette date par M. Mayer, dessinateur de l'expé-
dition, notre ancien professeur de l'École navale. La carte que nos pré-
décesseurs ont dressée est vite reconnue parfaitement exacte; mais la
forme de la côte s'est profondément modifiée dans les parties où abou-
tissent les glaciers, notamment à l'est. Le fleuve de glace a reculé de
plus d'un mil le laissante la place qu'il occupait, marquée sur le plan de
1 838 par une pointe en saillie, une baie qui, chose singulière, seretrouve
sur une vieille carte diessée en 1707 par VanKeulen. Il y aura là. avec
la carte que nous avons dressée à notre tour des points de départ exacts
pour l'étude du mouvement des glaciers de cette partie du Spitzberg.
VMMi
18
Bien que l'impression ne soit pas gaie à la vue de ces montagnes
sombres couronnées de nuages et couvertes de neige, elle est cepen-
dant moins sinistre qu'à Jan-Mayen. Ici la terre n'est plus noire, pas
la moindre trace de lave; on se croirait transporté au milieu des som-
mets des Alpes tels qu'ils auraient pu apparaître à l'époque du déluge
aux voyageurs de l'arche, si les hasards de leur navigation les y avait
portés. Les glaciers forment un joli décoravec leurs falaises de 3o mè-
tres de hauteur, irisées de tous les tons incertains qu'on peut pla-
cer entre le bleu du saphir et le vert de l'émeraude, tombant à pic
dans l'eau profonde et grise de la baie. Par instants on entend des
grondements sourds augmentés par l'écho, faisant l'effet d'un roule-
ment de tonnerre ou d'un coup de canon lointain; c'est un bloc de
glace qui s'abime dans les flots pour s'y briser en de nombreux frag-
ments aux formes bizarres que le courant promène tout autour de
nous.
Puis la végétation est plus abondante qu'à Jan-Mayen; elle n'a pas
le même caractère, elle est moins verte et se compose plus spéciale-
ment de mousses, formant par place de vastes tapis à l'aspect jaunis-
sant d'où émergent de nombreuses fleurs, petites, mais aux couleurs
éclatantes comme si le jour perpétuel compensait pour elles la rareté
du soleil. Enfin, ce qui n'est pas sans importance, on se sent dans un
port parfaitement abrité. La brise du large qui nous avait suivis
dans le Bell-Sound n'entre pas dans la baie de la Recherche et quoi-
que le thermomètre marque 2 seulement, grâce au calme et à un
rayon momentané de beau soleil, la température nous parait, sous
nos gros vêtements, aussi douce qu'en une belle matinée de prin-
temps.
C'est avec un sentiment de bonne humeur et de bien-être que nous
partons au travail dont le programme sera toujours le même : levé de
la baie, observation des marées, des éléments magnétiques et du mou-
vement des glaciers; dessins, photographies, recherche des curio-
sités locales, animaux, plantes, fossiles. Chacun a son programme,
fixé d'avance pour utiliser au mieux les jours qui nous sont comptés.
La recherche des plantes fossiles est un des buts les plus intéres-
sants de notre mission. Nous n'avons dans nos musées aucun de ces
témoins endormis du climat tempéré, qui a dû régner jadis dans les
régions aujourd'hui si désolées de Spitzberg, et qui permettait alors
l'épanouissement d'une végétation semblable à celle de nos contrées.
Des savants étrangers, notamment des Suédois, ont découvert de très
beaux gisements, et en ont extrait les spécimens de centaines de
plantes différentes, mais ils les considèrent comme si précieux
- 19 -
qu'ils n'ont pu consentir jusqu'ici â nous en céder. C'est donc avec
insistance que le Ministre de l'Instruction publique a demandé que
nous en rapportions. Mais les trouver n'est pas chose facile et, bien
qu'on ait souvent écrit que le Spitzbergest comme un vaste herbier mio-
cène, où il suffit de se baisser pour ramasser de superbes échantil-
lons de la flore de l'époque tertiaire, nous avons appris à nos dépens
que les bons endroils sont assez difficiles à découvrir, même avec les
renseignements laissés par les savants qui les ont exploités.
Le gisement sur lequel nous avons des indications les plus précises,
est dans l'ouest de la pointe des Renards. M. Rabot possède une
lettre de M. le professeur Nathorst, de Stokholm, qui doit le renseigner.
Mais soit que les indications manquentde précision, soit plutôt, qu'on
ne les comprenne pas bien, on ne peut mettre la main sur ce trésor
du premier coup; le soir, M. Rabot et M. Gratzl, accompagnés du
docteur Couteaud et de plusieurs officiers, rentrent à bord sans l'avoir
découvert. On se réunit au retour, on torture le texte de la lettre, et
Ton reconnaît qu'on a peut-être suivi une fausse piste ; on recom-
mencera.
Malheureusement, le lendemain 2 août, le vent frais du nord-ouest
et l'état de la mer hors de la baie ne permettent pas de doubler le
glacier de l'Ouest et. de tenter le débarquement au delà; nos commu-
nications sont coupées avec le Rell-Sound, et il faut se contenter de
travailler dans la baie de la Recherche.
Le 3, les chercheurs se mettent en route dès 6 heures du matin ;
et après une journée de travail rapportent quelques échantillons inté-
ressants de plantes fossiles. C'est quelque chose, mais on n'a certai-
nement pas encore mis la main sur le gisement principal : tel est du
moins l'avis de M. Pouchet qui s'offre pour tenter une nouvelle ex-
ploration. Nous la ferons, mais plus tard. Le temps que nous sommes
autorisés à passer au Spitzberg et la saison qui marche vite, le pro-
gramme très chargé que nous avons à remplir dans l'Ice-fiord, nous
obligent à ne pas nous entêter dès le début sur une seule piste. Nous
avons donné à la baie de la Recherche trois jours entiers qui nous
ont permis de l'explorer; mais nous devons y revenir en vue de l'é-
tude du mouvement des glaciers. Dès notre arrivée, M. de Carfort,
aidé par M. Rabot, a fait, planter sur celui de l'ouest une ligne transver-
sale de jalons, puis a déterminé sur le terrain ferme voisin, une base,
à laquelle il a rapporté leur position exacte; leur déplacement ultérieur
donnera la mesure de la marche du glacier, mais il y a intérêt à le
laisser se produire le plus longtemps possible, c'est-à-dire jusqu'à la
veille du jour fixé pour notre départ du Spitzberg; notre retour à la
— 20 —
Recherche est donc obligatoire etc'està ce moment qu'on recommen-
cera les tentatives pour trouver le grand gisement des plantes fossiles.
Le 4 août, à 7 heures et demie du matin, nous appareillons donc
pour continuer notre tournée. Nous nous sommes acclimatés au pays
dans un excellent port à moitié français; il nous semblera moins
hasardeux de partir à l'aventure dans les régions sur lesquelles nous
n'avons plus que des indications assez vagues, car nous en sommes
réduits à la seule carte générale de Spitzberg publiée en Angleterre
sous le n° 2751.
Elle résume l'état des connaissances sur cette région tel qu'd ré-
sulte des documents publiés dans nos annales hydrographiques et
dans les divers livres que j'ai eus à ma disposition; c'est encore bien
vague.
La Manche n'est pas un grand bâtiment, mais c'est sans doute un
des plus forts qui soient jamais venus dans ces parages, et son tirant
d'eau peut l'exposer à des découvertes fâcheuses dans ces eaux trou-
blées par la fonte perpétuelle des neiges et trop peu transparentes,
même lorsqu'elles paraissent claires, pour qu'on puisse apercevoir les
changements de fond. C'est donc avec prudence et en sondant fré-
quemment que nous continuerons notre route vers le nord. Les fonds
trouvés seront d'ailleurs autant de documents importants pour la con-
naissance hydrographique du pays,
Puis nous mettons à la traîne un instrument spécial construit à bord,
d'après le souvenir de la sentinelle sous-marine que nous avons vue
sur le croiseur danois, la Diana. C'est une sorte de cerf-volant en
bois, obligé de rester sous l'eau par suite de l'inclinaison que lui donne
la patte d'oie par laquelle on le remorque du bord. Pour une longueur
de ligne filée, il se tient à une profondeur constante que nous avons
déterminée au moyen des tubes de sondeur Thomson '. Par suite
d'une ingénieuse disposition, si la sentinelle touche le fond, l'un des
bouts de la patte d'oie se déclenche, l'appareil se trouve alors remor-
qué par l'une de ses extrémités el monte à la surface comme un bateau
de loch faisant un remous qui signale sa présence et donne vite l'éveil \
En quittant le mouillage nous prenons le milieu du Bell-Sound ;
l'eau y est profonde, de 170 à 120 mètres, et cela m'encourage à ap-
procher un peu la pointe basse du nord de l'enlrée qui a mauvaise
1. Notre sentinelle, était à 25 mètres pour 100 de lignes de remorque filée, ;'i
10 mètres pour 25 mètres.
2. Dans l'instrument tel qu'il a été construit par l'inventeur, au moment où
la sentinelle touche le fond, la différence de traction que suhit la remorque
fait agir un timbre avertisseur.
21
réputation; nous en passons à 2 milles. Après l'avoir doublée nous
venons vers le nord-ouest, bien persuadés que les fonds vont augmenter
au large, lorsque tout à coup la sonde nous donne 35 mètres. C'est
plus qu'il ne nous en faut, mais quand les fonds remontent brusque-
mentde 100 mètres, et qu'ils sont de roche comme l'indique le plomb,
il n'y a aucune raison pour qu'ils ne remontent pas de 3o mètres de
plus; nous écartons donc un peu la côte et resserrons les sondages qui
varient peu pendant 8 milles et même diminuent légèrement, car
nous trouvons une fois 3a mètres.
Au delà ils augmentent graduellement et nous avons pendant les
io milles suivants 47- &7, 4 8 , -56, 9$. et n5 mètres. Le plomb de
cette dernière sonde n'était pas encore à bord lorsque notre sentinelle
sous-marine émergea subitement ; nous stoppons et sondons à la main ;
le fond est de 23 mètres ! Nous sommes cependant à 7 milles de
la côte ; je l'écarté encore un peu marchant doucement et sondant tou-
jours pendant que la sentinelle ne veut pas rester sous l'eau et remonte
avec persistance ; nous restons pendant 2 milles environ sur ce banc
qui se termine brusquement avec une sonde de 125 mètres confirmée
par ce fait que la sentinelle ne remonte plus. Nous venons de traver-
verser là encore un banc de roches analogue à celui trouvé plus bas,
mais sans doute plus dangereux, car, s'élevanl subitement d'eaux
profondes, il serait étonnant qu'il n'y eut pas quelques têtes.
Il serait bien intéressant de l'explorer, mais les moyens dont nous
disposons et le faible intérêt pratique que cela présenterait ne nous
autorisent pas à exposer la Manche pour des recherches de ce genre.
Nous nous contenterons donc de l'avoir indiqué et nous l'appelletons
banc de la Sentinelle en souvenir de l'instrument qui nous l'a fait
découvrir.
Les fonds singuliers que nous venons de rencontrer paraissent être
le prolongement sous l'eau des terres fort basses, que nous avons déjà
décrites comme bordant la côte nord du Bell-Sound, et qui se conti-
nuent tout autour de la chaîne de montagnes, le séparant de l'Ice-fiord.
Dans l'axe de l'entrée, l'eau devient au contraire très profonde, car
nous ne trouvons plus le fond avec 4<>o mètres de ligne filés jusqu'à
8 milles en dedans de la baie, où nous lesaissisons pour la première
fois à 3 10 mètres, décroissant ensuite lentement et assez régulière-
ment jusqu'à sa limite orientale.
L'Ice-fiord a quelque analogie de conformation avec le Bell-Sound.
C'est comme lui un grand golfe ayant son ouverture à l'ouest, mais
avec ^milles de largeur seulement. Il est séparé en deux branches
par le massif élevé du cap Thordsen qui s'avance jusqu'à 20 milles de
— 22 —
l'entrée, laissant à gauche le Norfh-fiord et la haie Dickson qui pénètre
jusqu'à 4m milles vers le nord, et à droite la haie Klaas-Billen et la
haie Sassen, séparées elles-mêmes par la pointe Gyps-Hook, et ayant
chacune près de 20 milles de longueur.
La côte est beaucoup plus pittoresque que dans le Bell-Sound. L'en-
trée esl marquée au nord par un promontoire appelé le cap de
F « Oreille de l'homme mort »; je ne sais au juste pourquoi, mais
peut-être à cause de la saillie bizarrement penchée qui sort de son
arête et qui le rend reconnaissais de très loin. Au delà, la côte reste
élevée pendant quelques milles mais n'est pas saine; elle présente
cependant un enfoncement s'ouvrant entre de hautes falaises, Safe-
Haven, oflrant un bon mouillage, si l'on en juge par son nom, mais
qu'il convient d'attaquer suivant son axe pour éviter les fonds dan-
gereux.
Après Safe-Haven vient une immense plaine de i."> milles de lar-
geur, formée par la réunion de sept glaciers et s'étendant jusqu'au
cap Boheman. Elle est basse, et ses abords sont très malsains jusqu'à
3 ou 4 milles au large. Son aspect qui serait monotone, est relevé
par un fond éloigné de montagnes et de cônes très blancs, rayés hori-
zontalement de noir, jetés là pèle-mèle et d'un effet superbe quand le
soleil vient jeter sur l'ensemble un rayon de lumière qui n'a pas besoin
d'être vif pour devenir éblouissant ; la nappe éclatante reflète toutes
les teintes du ciel : d'une tristesse mortelle et quelque peu terrifiante,
quand il est terne, elle s'anime et devient bleue, rose ou dorée sui-
vant tous les caprices de ces éclairages polaires, ei merveilleux dans les
rares moments où ils veulent bien être beaux.
Le North-fîord qui s'ouvre au delà du cap Boheman est très peu
connu; on l'aperçoit bordé de gros massifs à faces verticales, sur les-
quelles la neige prend avec peine et dont les plus remarquables sont
le Colosseum et le Capitolium, qu'on aperçoit au loin taillés comme
d'immenses monuments d'architecture égyptienne ou grecque.
Le massif du cap Thordsen vient ensuite ; s'avançant entre deux
baies profondes, il semble jouir, à son extrémité méridionale, d'un
climat spécial; la végétation qui le recouvre le fait paraître tout
sombre au milieu des neiges qui l'avoisinent. 11 masque la baie Klaas-
Billen, mais on aperçoit au delà toute laSassen-bay remarquable par
son fond de cônes blancs, coupé par l'énorme mont Temple. Celui-ci,
avec ses assises bien tranchées simulant des gradins, ses saillies ver-
ticales pareilles à des colonnes gigantesques, et les deux massifs sem-
blables mais plus petits, qui le flanquent en contreforts, évoque l'idée
d'un temple de Bouddah tout effrité par le temps, et comme oublié là
— 23 —
depuis l'époque où le soleil faisait pousser au Spitzberg les fougères
arborescentes et les palmiers que les géologues y découvriront peut-
être un jour à l'état fossile.
La côte sud de l'Jce-fiord est moins pittoresque. Elle commence au
cap Staratchine qui, de moyenne hauteur et prolongée par une petite
pointe très basse, doit son nom à un ermite russe qui l'aurait habitée
pendant quinze ans, dit-on.
Les montagnes, au delà, sont moins irrégulières que celles de la
côte nord ; elles affectent généralement des formes géométriques :
prismes gigantesques coupésau sommet par un plan commun à tou f es,
et formant un plateau sur lequel sont posées de place en place des
pyramides régulières. La neige fait disparaître lesaspérilés, les arêtes
sont droites comme si elles avaient été taillées et cela donne l'impres-
sion d'une cristallisation gigantesque.
Le temps est clair au moment où nous nous présentons à l'entrée
de l'ice-fiord ; l'air a cette transparence étonnante qui est particulière
aux régions arctiques et fait perdre toute nolion de la distance. En
entrant dans l'immense baie, longue de 45 milles, on croirait arriver
dans une rade analogue à celle de Brest, tant les terres du fond sont
nettes et semblent peu éloignées. On s'explique en voyant ce phéno-
mène la conduile du capitaine danois, dont parle la légende, qui revint
à Copenhague sans avoir pu atteindre le Spitzberg, parce que, disait-il,
le diable avait fait fuir la terre devant lui à mesure qu'il cherchait à
s'en lapprocher. La vue de la côte ne se modifiant pas à mesure qu'on
avance, on a comme l'illusion d'une marche très lente même quand
on est à la vapeur et qu'on peut contrôler la route faite au moyen de
relèvements ; il n'est donc pas absolument invraisemblable qu'un
pauvre voilier louvoyant devant une terre inconnue pendant des
journées entières pour gagner ce que nous parcourons maintenant
en quelques heures, ait fini par perdre la tête, et ait pris pour réels
les mouvements que la plus ou moins grande pureté de l'atmosphère
pouvait prêter au paysage.
Notre expérience nous protège contre de semblables aventures,
mais nous ne sommes pas moins fort étonnés de constater sur la
carte que nous avons encore 3o milles à faire pour arriver à cette
grosse pointe noire qui ne nous paraît pas très loin, et en aval de
laquelle nous reconnaissons l'échancrure de la baie Advent que je
me suis proposé d'atteindre avant le dîner. Il y a là un mouillage
qui a été fréquenté par le Vôringen et qui nous conviendra certaine-
ment ; nous le prendrons comme centre de nos futures expéditions,
au nombre desquelles se place une tentative de traversée du Spitzberg
— 24 —
que M. Rabot doit faire entre le fond de la Sassen-bay et celui de la
baie Aghard, le point le plus voisin de la côte est.
Nous défilons à bonne distance de la côte sud qui est malsaine non
seulement entre Coal-bay et Green-Harbour comme l'indique la
carte générale, mais entre ce dernier point et le cap Starafchine,
notamment près de l'ilot moyennement élevé et plat qui se détache à
un mille dans le nord de la terre ; l'endroit où la carte signale un
mouillage nous semble parsemé de tètes de roches. Nous avançons
en eau très profonde avec des sondes décroissant régulièrement, mais
restant supérieures à 200 mètres, jusqu'au moment où nous pouvons
distinguer à 5 milles la petite pointe Advent, très basse, semblable
à ces langues de sable qu'on trouve dans les fïords d'Islande sous le
nom d' «Eyre ». C'est derrière elle que nous devons jeter l'ancre et,
tout près, nous trouvons encore io5 mètres d'eau. J'envoie une
baleinière chercher dans l'étroit espace où nous devons trouver des
fonds possibles, c'est-à-dire inférieurs à 60 mètres, le point le plus
convenable pour avoir notre évitage et je mouille sur l'endroit qu'elle
m'indique. Mais en venant de bout au vent, notre arrière passe à
20 mètres de terre où nous avons encore 18 mètres d'eau. Je trouve
que nous sommes trop près, et une nouvelle exploration nous montrant
que le plateau des fonds de 5o mètres, extrêmement étroit près de la
pointe au pied de laquelle on trouve 60 mètres, s'élargit en s'appro-
chant des terres élevées de la côle ouest, je m'empresse de changer
de place. A 8 heures du soir la Manche mouille définitivement,
par 55 mètres, à une encablure et demie de terre. Après avoir donné
un coup de drague qui ramène un fond de vase d'excellente tenue
propre à nous inspirer toute sécurité, nous allons prendre le repos
mérité après une journée si bien employée.
Le 5 août, dès le matin, on commence la reconnaissance de la
baie.
Le cinquième volume du rapport de l'expédition norvégienne con-
tient une petite carte dressée en 1878 par le commandant Wille du
Vôringen avec le concours de M. le professeur Mohn et du capitaine
Gneg. Les jalons ayant servi au levé topographique sont encore en
place, et, comme leur position est indiquée sur le plan, nous pouvons
reconnaître immédiatement sa parfaite exactitude. Les données hydro-
graphiques semblent, au contraire, s'être sensiblement modifiées
depuis 1878 : le sud de la baie s'est comblé par suite des apports de
vase de la rivière du fond qui dessert de nombreuses vallées; la
limite de la laisse de basse mer s'est avancée de 3oo mètres vers
le nord, couvrant les -sondes de 5o et 60 mètres prises il y a qua-
— 25 —
torze ans et le mouillage indiqué dans le sud-est n'existe plus. Nous
trouvons, au contraire, autour de la pointe Advent des fonds plus con-
sidérables que ceux accusés par le commandant Wille.
Notre travail se bornera au plan détaillé du plateau de mouillage
qui se trouve sous la pointe, c'est l'affaire d'une journée.
Les membres de la mission et les officiers qui ne sont pas pris par
l'hydrographie se dispersent et partent à la découverte. Les plus entre-
prenants montent une partie de pèche et de chasse sur la rivière. Mal-
heureusement les rennes ont été vigoureusement chassés il y a quel-
ques jours comme nous l'apprendrons plus tard, par le yacht autri-
chien Fkur-de-Lis du comte de Bardi, et par le yacht anglais Thistle
du duc d'Hamilton ; nos chasseurs trouvent de nombreuses traces
fraîches de leur passage, mais ils reviendront sans avoir vu une seule
tête, ne rapportant que le gibier de plumes habituel : eiders, guille-
mots et quelques bécasseaux. Par contre, la pèche qui dans la baie de
la Piecherche avait été tout à fait improductive, rapporte cinq saumons.
Les deux plus beaux sont mis de côté pour la collection et les trois
autres sont servis aux tables qui leur trouvent une saveur toute
particulière. Ce sont les seuls poissons que nous prendrons pendant
notre voyage ; la mer n'est vraiment pas très peuplée, en cette saison
du moins.
Je vais avec M. Pouchet à la recherche d'un gisement de charbon
au sujet duquel nous avons des indications précises. M. Lamont, un
yachtman anglais qui a parcouru presque toutes les mers arctiques,
et a raconté ses voyages dans un livre ' plein de renseignements
exacts, a pris du combustible en 1872 dans un endroit qu'il a marqué
d'un cairn, et il a de plus donné une vue et le relèvement de la mine.
Grâce à ces renseignements, nous ne sommes pas longs à trouver ce
que nous désirons; mais il faut reconnaître que, sans les précautions
prises par notre prévoyant devancier, nous aurions eu du mal à
découvrir quelque chose, car rien n'indique à la surface du sol
la proximité de la veine de houille. Elle est dissimulée sous une
couche épaisse de gravier que nous enlevons à la pelle. Le charbon
se montre alors sous une belle apparence, quoique assez pyriteux ;
mais il est coupé de veines de glace très compacte que la pioche
entame difficilement.
Avec quelques cartouches de fulmicoton, nous pratiquons une
large saignée qui nous rapporte de beaux blocs de 3o centimètres
1. Yachting in the Arctic Seas, by Lamont. London, Chatto and Winden, Picca-
dilly, 1876.
— 26 —
d'épaisseur que nous mettons en sac pour les envoyer à bord ; mais
pendant le transport les blocs fondent à vue d'œil et nous ne trouvons
plus à l'arrivée que de la cendre noire humide. Nous comprenons à
cette vue le mécompte éprouvé par M. Lamont qui, après une semaine
d'exploitation, n'avait, pu ajoutera son approvisionnement de combus-
tible seulement de quoi faire parcourir 240 milles à son bâtiment.
Décidément, il ne faut pas compter sur les mines du Spitzberg pour
renouveler son charbon.
Pendant que nous nous livrons à ces opérations, le docteur
Couteaud et M. Gratzl sont dans un ravin voisin armés de leurs
marteaux de géologues. Avec un acharnement de savant que rien ne
peut distraire, même les explosions qui se produisent au-dessus de
leur tête, se cramponnant d'une main aux falaises à pic, ils attaquent
de l'autre les couches de grès dans lesquelles ils soupçonnent la
présence des trésors qu'ils convoitent. Leurs efforts sont récompensés
car ils rapportent une bonne provision d'empreintes curieuses.
En somme la journée a été bien employée; l'exposition en fait foi.
C'est ainsi que nous appelons l'élalageque nous avons pris l'habitude
de faire chaque soir depuis le commencement de la campagne sur la
petite plate-forme élevée qui entoure le pied de la cheminée juste en
face de la coupée. Chacun en rentrant à bord dépose son butin pour
la collection ou pour les cuisines, et tout le monde, officiers et matelots,
vient admirer à loisir.
C'est un pêle-mêle indescriptible des choses les plus disparates :
cinq saumons argentés, quelques têtards horribles, un taillis de cor-
nes de rennes ; eiders, guillemots, mouettes, calculots, touffes d'herbes
et de mousses, embryons de fleurs, débris de vieilles coquilles, sac de
charbon à la glace et puis des fossiles et des pierres, des pierres, des
pierres, une vrai carrière! et enfin un phoque pris dans la baie de la
Recherche que notre empailleur ordinaire, le gabier Launey, a remis
sur ses pattes en le bourrant de foin.
A 7 heures, fermeture de l'exposition; tous les produits aban-
donnés par les exposants sont dirigés sur l'hôpital qui. toujours vide
de malades, est érigé en laboratoire. Là ils sont examinés avec soin,
nettoyés, dépouillés, classés, enveloppés ou bocalisés et mis en caisse
puis descendus dans la cale d'où ils ne sortiront plus que pour prendre
à Cherbourg le train qui les conduira à leur dernière destination.
L'aspect du mouillage d'Advent est relativement riant ; la végétation
est très fournie, surtout dans la vallée principale et le lichen est
rare, bien que nous soyons dans le pays des rennes. Cela suggère des
remords à M. Pouchet.qui a toujours enseigné, puisque c'est classique,
— 27 —
que ces animaux ne vivent que de lichen. Je crois qu'il est décidé à
ajouter dans ses prochaines leçons « faute de mieux ».
La soirée est belle jusqu'à 11 heures; à ce moment il neige, mais
en dehors de l'officier de quart personne ne s'en aperçoit, car nous de-
vons appareiller au branle-bas et chacun s'est retiré de bonne heure.
Le 6, en effet, à 5 heures et demie du matin nous quittons Advent-
bay pour faire une reconnaissance de la Sassen-bay au fond de laquelle
nous allons déposer M. Rabot qui, d'après son programme, doit ten-
ter de traverser le Spitzberg en suivant une vallée qui, selon les inr
formations de M. Lamont, réunit le fond de rice-liord à la baie Aghard
située à la côte orientale. La distance comptée largement sur la carte
est de 4o kilomètres. D'un commun accord nous fixons à quatre jours
la durée de i'expédition, dans laquelle je n'ai pas une grande confiance,
parce que nous ne sommes pas outillés pour un semblable voyage dans
un pays si froid, où l'on ne peut pas espérer trouver de combustible
pratique. Pour me donner plus de garanties, je monte une petite
expédition, dont je confiele commandement à M. l'enseigne de vaisseau
Lancelin, et qui comprend M. Rabot, le second maître de mousque-
terie Fichet et le gabier Lecoq. Les préparatifs sont commencés depuis
la veille. En neprenant que le plus indispensable :quafrejoursde vivres,
tentes-abris, couvertures et vêtements de rechange, un baromètre et
une boussole de voyage, puis quelques instruments légers de météoro-
logie, chaque voyageur a déjà 25 kilogrammes sur les épaules; on y
ajoute un fusil et quelques cartouches qui augmentent encore la charge ;
mais nos voyageurs ont du courage, de la vigueur et de l'entrain, ils
feront ce qu'ils pourront. Pour les garantir contre les entraînements
et bien établir nos conventions, je remets à M. Lancelin les instruc-
tions suivantes :
« La petite expédition dont je vous confie la direction a pour but
d'escorter M. Rabot dans l'essai qu'il doit faire de se rendre du fond
de la Sassen-bay à la baie Aghard. Je donne à cet explorateur le
moyen de satisfaire le désir qu'il a manifesté, de faire la reconnaissance
de la vallée séparant les deux baies ; mais vous aurez la direction en-
tière du groupe, parce que vous pouvez seul couvrir ma responsabilité.
« Nous vous déposerons le plus près possible du fond de la Sassen-
bay; vous porterez sur vous quatre jours de vivres et vous laisserez au
point de débarquement une caisse en contenant autant pour le cas où
une circonstance indépendante de nos volontés retarderait votre em-
barquement au retour.
« Vous ne vous avancerez pas au delà du point que vous aurez pu
atteindre dimanche soir 7 août à 6 heures, et vous serez de retour
— 28 —
au point de débarquement le mardi 9, à 2 heures de l'après-midi au
plus tard.
« Pendant votre voyage d'aller, vous relèverez soigneusement votre
route, en établissant dans les points douteux des tas de pierres et en
y laissant autant que possible des papiers indiquant votre passage.
«Si le temps se bouche par suite de brume ou déneige, vous ne de-
vrez pas continuer à marcher vers l'est.
« Je ne peux que m'en rapporter à vous pour qu'il ne soit fait au-
cune imprudence de nature à retarder votre retour. Il est absolument
essentiel que vous ne manquiez pas l'heure du rendez-vous que vous
pourrez avancer si c'est possible, car je compte me présenter avec la
Manche pour vous reprendre dans la matinée du 9. »
Pendant que les voyageurs prennent leurs dernières dispositions
nous faisons route dans la Sassen-bay par très beau temps avec petite
brise de nord-est et en sondant toutes les demi-heures. A 9 heures
et demie nous stoppons à 5 milles du fond de la baie ; les explorateurs
embarquent dans le canot à vapeur qui vient d'être mis à la mer, et
suivis d'unberthon ' qu'ils utiliseront le plus loin possible, se dirigent
vers la côte.
En les suivant doucement, nous découvrons un cotre mouillé tout
près de terre, que la vedette accoste sans doute pour prendre des ren-
seignements sur l'état du paysj la quantité de neige tombée, car tout
est hien blanc là-bas dans la vallée. Les réponses doivent être bonnes
car nos voyageurs continuent leur route.
De l'endroit où nous sommes maintenant stoppés, il semble qu'on
soit dans un énorme lac; la pointe Hyperit est mordue sur le cap du
nord de l'entrée, et l'on ne voit plus la mer du large. Autour de nous
un cirque complet formé de montagnes neigeuses et tout près la belle
montagne Temple; le panorama bien éclairé est grandiose.
A midi, la vedette rentre à bord ramenant à la remorquele canot du
cotre l'Ellida de Tromsœ. Le capitaine vient consulter le docteur; on
est obligé de le monter à bord; son pied gauche emmaillotlé dans un
étui grossier de toile à voile ne le porte plus, et voilà plusieurs semaines
qu'il est dans cet état. Le docteur trouve sous le grossier pansement
une entorse avec fracture d'os que le pauvre diable n'avait su soigner
qu'en l'enduisant de goudron.
Quel bel échantillon de la race norvégienne que cet homme aux
yeux vifs, quoique voilés par la souffrance, au nez busqué, aux traits
accentués fortement bronzés, encadrés dans une barbe châtain clair,
1. Petit canot léger en toile.
— 29 -
longue et ondulée, finissant en pointe. Le type est complété par le
bonnet rond en cuir bordé d'astrakan. Nous voudrions avoir, de ce
capitaine qui passe au Spitzberg tous les étés, des renseignements
utiles- mais ses connaissances semblent fort bornées et il ne nous
donne que des indications vagues. D'après lui la Sassen-bay n'offre
aucun mouillage pour un grand bâtiment ; YEllida est sur un étroit
plateau à toucher terre où nous ne trouverions pas notre place; plus
à l'est, la baie assèche ou ne présente que de très petits fonds. 11 est ici
pourchasser le renne qui a été très abondant car son équipage en a tué
soixante-douze depuis trois semaines; mais ces animaux s'éloignent,
el il songe à retourner à Tromsœ; son départ est fixé au 12 août,
Je suis fort heureux d'apprendre que nos explorateurs auront ainsi
à leur point de départ un bâtiment sur lequel ils pourront se rabattre
et communiquer avec nous à l'occasion.
A midi et demi, après avoir reconduit le capitaine de YEllida près
de son navire, nous partons à la recherche, pour la nuit suivante,
d'un mouillage qui ne soit pas Advent-bay et que je voudrais trouver
le plus près "possible du cap Thordsen et de Sauria-Hook. Dans les
pentes de la montagne des Sauriens, il y a des gisements d'animaux
fossiles que M. Pouchet et le docteur Couteaud désirent exploiter, et
le cap Thordsen est le point, où la mission suédoise opérait en même
temps que celle de Jan-Mayen, en i88a-83; nous désirions y faire
des observations magnétiques et de gravitation. Malheureusement, la
côte est malsaine ou trop profonde dans le voisinage immédiat de ces
deux endroits, et nous sommes obligés de ne les approcher que par
la baie Klaas-Billen.
Nous nous dirigeons donc de ce côté et, après avoir laissé les îles
Goose à droite, nous apercevons à l'ouest une jolie rade presque rec-
tangulaire ayant plus de 1 mille d'ouverture du nord au sud et près de
2 milles de longueur de l'est à l'ouest; c'est Skans-bay. Après l'avoir
fait reconnaître en embarcation et avoir constaté que nous tenons là
un excellent mouillage dans un pays où il y en a si peu, j'y laisse tomber
l'ancre à i heures de l'après-midi; nous en ferons l'hydrographie 1 .
A 4 heures et demie une petite expédition part avec deux jours
de vivres pour le cap Thordsen et la montagne des Sauriens. Dans la
baleinière 2 et la vedette s'embarquent M. Gratzl avec ses pendules,
M. Exelmans avec ses boussoles, MM. Pouchet et Pettit avec leurs
marteaux de géologues et leurs besaces. Les maisons de l'établissement
1. .Nous avons appris h notre retour que cette baie avait été hydrographie?
par les Suédois.
.-^
i^HHMi
— 30 —
suédois assurent un bon abri à la petite troupe et je lui donne ren-
dez-vous pour le 8 au soir; en deux jours on a le temps de faire bien
des choses.
Mais nous avions compté sans la brise d'est que nous ne soupçonnons
même pas dans notre mouillage bien fermé où il fait un calmeabsolu,
tandis que dans l'Ice-fiord elle soulève une mer dangereuse pour nos
embarcations et empêche tout débarquement. A 6 heures et demie
nos explorateurs reviennent très déconfits de n'avoir pas pu arriver à
leurs Ans. Ils s'en consoleront en dinant mieux à bord qu'ils n'au-
raient pu le faire là-bas en contemplant ensuite de la dunette de la
Manche le paysage qui l'entoure. Température à part, car il vient de
neiger quelque peu, on pourrait se croire en rade de Villefranche,
tant on est bien enfermé. Par l'ouverture de la baie qui est dirigée
vers l'est sur la pointe Gyps, à 5 milles, on aperçoit les îles Goos/au
premier plan, et au-dessus, les terres élevées et neigeuses de la côte
de Sassen-bay : c'est de ce côté que la mission Lance'lin-Rabot est en
découvertes. Au nord une grande falaise faite, comme le mont Temple,
de stratifications horizontales absolument régulières, ressemble à un
énorme château fort de 3oo mètres de hauteur dont les murailles
tomberaient à pic dans la mer. L'arête du large tranche par sa blan-
cheur sur la couleur terre de sienne brûlée de l'ensemble; c'est qu'ici
ce sont des roches calcaires et même des blocs entiers de gypse mar-
moréen.
Le fond du côté de l'ouest est fait de montagnes analogues mais
moins hautes et.celui du sud, de collines noires étrangement découpées
se reliant avec les sommets du cap Thordsen.
Au milieu, une eau calme comme de l'huile sur laquelle des cen-
taines d'oiseaux, énormes mouettes grises, calculots, eiders ou guil-
lemets, promènent leurs ébats, sans que notre présence semble les
gêner. Nous prolongeons un peu notre soirée en regardant tout cela-
le grain de neige n'a pas duré, il a passé, laissant derrière lui un ciel
merveilleux; des nuages roulés par lèvent qui règne en haut, blancs
gris-perle et mauves, s'agitent dans le ciel d'un bleu très pur où les
montagnes blanches se perdent comme fondues en teintes violacées
Ces effets de lumière joints à l'ensemble si fantastique des li nés cons-
tituent l'unique charme de la nature au Spitzberg; ils sont vraiment
beaux, mais ils durent peu.
La journée du dimanche 7 août commence dans un ciel lourdement
gris; il a neigé de nouveau pendant la nuit et les montagnes sont
comme saupoudrées d'une poussière de °-i V re.
M. de Garfort et deux officiers commencent le plan de la baie ■
— 31 —
M. Exelmans prend les observations magnétiques qu'il n'a pu aller
faire au cap Thordsen même, et M. Pouchet qui a emporté son déjeu-
ner part à pieds avec son assistant M. Pettit et un marin vers les
montagnes du sud; ils marchent toute la journée sans rien découvrir
d'important. Bien que la végétation soit abondante, on ne trouve au-
cune trace de passage d'animaux vivants. MM. Couteaud et Gralzl
explorent la vallée du nord où ils trouvent de belles assises calcaires
sur l'une desquelles notre sympathique camarade autrichien avec son
marteau et son ciseau de géologue, grave le nom de la Manche.
De mon côté, je pars après déjeuner à pieds en reconnaissance vers
le cap Thordsen; c'est le seul point où M. Gratzl puisse installer ses
instruments pendulaires pour lesquels il faut un abri et un support
solide; je désire voir, dans le cas où nous continuerions à ne pouvoir
y accéder par mer, s'il ne serait pas possible de s'y rendre autrement.
Je mets, hélas! un peu plus de trois heures pour y arriver à travers
d'affreux terrains ; mais je constate heureusement à l'arrivée que
l'accostage est facile à une petite plage qui se trouve exactement en
face de la station; nous en profiterons.
Le cap Thordsen est un des points du Spitzberg qui a été le plus
fréquenté. Il y a là, enclavée entre de hautes montagne, une assez
vaste plaine légèrement inclinée dont l'aspect n'est pas trop farouche.
Pendant longtemps les Danois y ont entretenu un dépôt de vivres
pour les naufragés. Il y a une quinzaine d'années une société suédoise
s'y est installée pour l'exploitation des gisements phosphatiques exis-
tant dans les environs; elle ne paraît pas avoir réussi, et a abandonné
toutes ses installations au nombre desquelles se trouve un chemin de
fer Decauville et plusieurs wagonnets, des magasins, des approvision-
nements de bois et de charbon et plusieurs maisons en parfait état de
conservation.
C'est là qu'est venue s'abriter la mission suédoise de 1882- 83 qui
devait hiverner dans une des îles du nord, l'île Moffen, je crois, mais
qui, arrêtée par les glaces, a dû se contenter de rester dans l'Ice-fiord.
Depuis cette date, personne ne paraît s'être intéressé à la conservation
de l'établissement, dont toutes les portes sont enlevées. Il y a là cepen-
dant des maisons en bois très bien conditionnées, capables de rendre
d'inappréciables services à l'occasion. Pour le moment, tout est dans
un désordre inouï qui fait un singulier contraste avec l'ordre parfait
dans lequel nous avons trouvé l'établissement de Jan-Mayen. On voit
bien que l'homme a passé par ici; là-bas il n'y a que des ours blancs!
Mais, chose étrangère désordre n'a rien de répugnant; pas la moindre
poussière, et dans ce pêle-mêle de meubles, de lits, de matelas, de
i==
— 32
peaux de rennes et de vieux papiers où dominent des journnux Scandi-
naves de 1882, on ne voit que des objets propres et pas la moindre trace
d'humidité. Décidément le climat est conservateur.
A quelques mètres au nord des habitations principales un énorme
tumulus rectangulaire de 8 mètres sur 2, fait de cailloux soute-
nus par du bois, rappelle l'un des drames les plus poignants de
ces solitudes cependant si fertiles en sinistres histoires. C'est là que
reposent les quinze hommes de l'équipage du Matillas qui, surpris,
en septembre 1872 par une débâcle prématurée des glaces, vinrent
chercher un refuge au dépôt de vivres. On les retrouva tous morts
l'été suivant. Bien que le journal de ce drame ait été tenu par l'un
d'eux, il ne contient pas d'explications suffisantes pour le retracer. On
suppose que ces malheureux ont été surtout victimes de l'abondance
dans laquelle ils se sont trouvés ; ils n'ont pas eu à déployer, pour
vivre, l'activité si nécessaire pour réagir contre les tristesses de la
nuit polaire et les dangers du scorbut auxquels ils ont succombé.
Pendant qu'ils périssaient ainsi dans l'abondance par la latitude
de 78 3o, M. Nordenskjold hivernait dans la baie Mossel, 90 milles
plus au nord et, bien que son expédition eût été très contrariée par
des circonstances diverses résultant de la précocité de cet hiver, grâce
à l'activité imprimée à ses compagnons, il les maintint en excellente
santé et les ramena tous dans leur pays.
M'avançant toujours dans cette plaine que le passage de l'homme
a fertilisée, j'aperçois une touffe verte plus haute que les autres d'où
émerge à peine une triste croix de bois sans nom ; c'est encore une
tombe ! à fleur de terre je vois, dissimulée sous l'herbe, une masse
jaunie, que je prends de loin pour un crâne : c'est un splendide
champignon que je cueille pour la collection dont il ne sera pas le
spécimen le moins intéressant.
Mais la journée s'avance, je reprends à pas rapides le chemin de
la baie Skans où j'arrive très en retard pour dîner, ayant marcbé
pendant sept heures. Mes hôtes, toujours aimables, ne m'en témoignent
pas la moindre mauvaise humeur.
Le 8, le temps est très brumeux dès le matin; il devient pluvieux
dans l'après-midi ; mais il fait calme et les circonstances sont favo-
rables pour donner à M. Gratzl le moyen de se transporter par mer
à l'établissement du capThordsen. Il part avec ses instruments dans
la baleinière remorquée par la vedette, accompagné d'un jeune et
intelligent bachelier, Adrien, simple matelot parce qu'il a manqué
l'École navale et qu'il veut à tout prix naviguer. M. Gratzl et son
compagnon ont emporté deux jours de vivres et nous les prendrons
— 33 —
demain devant la station si l'état de la mer le permet ; dans le cas
contraire, ils reviendront par terre.
En même temps on achève l'hydrographie et les observations
magnétiques. Le docteur Couteaud et M. Pettit que rien ne saurait
arrêter vont herboriser et ramasser des pierres. Leur courage est
récompensé, car, s'ils reviennent trempés, ils n'en ont pas moins
trouvé des fossiles, coquilles pour la plupart et quelques empreintes
de végétaux, puis beaucoup de jolies mousses et quelques fleurs.
Le 9 est le jour fixé pour le retour de la mission Lancelin- Rabot ;
la pluie de la veille a cessé et nous avons conservé le calme. Dès
5 heures du matin le canot à vapeur pousse, remorquant une balei-
nière qui servira à réembarquer M. Gratzl, puis restera à la disposition
de M. le docteur Couteaud qui va passer toute la journée à Sauria-
Hook, avec M. Pettit, afin d'y rechercher des fossiles. L'expédition
est confiée à M. l'enseigne de vaisseau Leprince, à qui je donne
rendez-vous pour le soir à 5 heures à 2 milles dans le sud du
cap Thordsen ; il doit, pendant les recherches du docteur, explorer
l'entrée du North-fîord et voir si l'on peut s'y engager sans trop
d'imprudence. La Manche appareille à 6 heures. A 7 heui'es, elle
recueille M. Gratzl qui a pu mener ses observations à bien, mais a
travaillé toute la nuit ; puis nous nous dirigeons vers l'est.
A 9 heures et demie nous apercevons le berthonde M. Lancelin et
de ses compagnons, si impatients, cela se comprend, de reprendre à
bord un peu de chaleur, qu'ils n'ont pas hésité à venir au devant de
nous dans leur frêle esquif de toile pour gagner quelques instants.
Le voyage n'a pas complètement réussi, mais il a été fort intéressant
quoique des plus pénibles. MM. Lancelin et Rabot, persuadés, après la
deuxième étape, qu'il ne pourraient pas traverser le Spitzberg dans le
délai qui leur avait été impérieusement fixé, ont gravi un pic de
725 mètres d'altitude d'où ils ont vu la mer de l'Est, mais fort loin.
La topographie relevée par M. Lancelin et les observations prises du
bord avec une grande exactitude nous ont permis de placer sur la carte
la montagne gravie par nos voyageurs ; elle ne se trouve qu'à 6 kilo-
mètres du fond de la baie Aghard, telle qu'elle est dessinée sur la carte
générale du pays; il faut donc supposer ou que cette carte est mal
faite, ce qui est malheureusement possible, ou qu'une montagne
malencontreuse se trouvait exactement entre le pic que MM. Lancelin
et Rabot ont gravi et la baie Aghard. Je regrette de constater que la
tentative qui me paraît avoir été manquée de fort près n'a pas été
couronnée par le succès que méritaient les efforts accomplis par notre
vaillante petite troupe.
- 34 -
Chacun, au cours de l'expédition a déployé la plusgrande énergie;
mais nous n'avions pas les moyens de la mener à bien. Le rapport ci-
joint du chef de l'expédition témoigne dans sa simplicité de ce que
l'on pouvait attendre de cet énergique et solide officier qui nous est
arrivé à peine fatigué, si, au lieu d'être associé à une oeuvre trop peu
préparée, il avait un jour à poursuivre l'exécution d'un plan mieux
conçu.
Rapport de M. l'enseigne de vaisseau Gaston Lancelin sur l'explo-
ration tentée avec M. Charles Rabot entre le fond de la Sassen-
bay et de la baie Aghard.
« Commandant,
« J'ai l'honneur de vous adresser dans le présent rapport le récit de
l'exploration que j'ai faite pour accompagner M. Rabot qui tentait de
traverser le Spitzberg de l'ouest à l'est entre la Sassen-bay et la baie
Aghard. Après avoir quitté le bord le samedi G août à 9 heures du ma-
tin dans la vedette remorquant le grand berthon, nous avons aperçu au
mouillage un côlre norvégien vers lequel nous avons fait route, comp-
tant lui demander des renseignements. Ce cotre était YBtlida de
Tromsœ, venu dans ces parages pour y chasser le renne. Le capitaine
ne peut que nous montrer la carte anglaise que nous avons à bord et
qui indique entre la Sassen-bay et l'Aghard Bay une distance de
20 milles. Il nous dit qu'il était impossible de s'engager en berthon dans
la rivière et nous désigne le meilleur point de débarquement sur la
côte sud du fiord, immédiatement après une falaise de rochers haute
de 10 à i5 mètres. Nous avons fait route vers ces rochers, la mer
était haute à ce moment et absolument calme. A 5oo mètres environ
de la pointe, la vedette a touché sur un seuil rocheux. Après nous
être dégagés, nous avons çmbarqué dans le berthon et renvoyé la
vedette. Nous avons ensuite gagné la plage à l'endroit indiqué par le
Norvégien. La côte était à cet endroit formée par un talus en pente
assez rapide, de sorte que nous avons eu beaucoup de mal à hisser
le berthon jusqu'en haut. Nous avons disposé notre réserve de vivres
sous l'embarcation et nous nous sommes mis en route après un repos
de quelques instants.
« Dès les premiers pas, nous nous sommes aperçus que nous au-
rions bien de la peine à faire de longues étapes avec des charges
mi
— 35 -
aussi lourdes. Nous n'emportions pourtant que le strict nécessaire
comme vivres et campement.
. « Devant nous s'ouvrait à ce moment la Rendal, vaste plaine maré-
cageuse et à pente très faible s'étendant dans l' est-sud-est. Nous de-
vions suivre la rive gauche de la grande rivière jusqu'à la troisième
ou quatrième vallée secondaire qui, s'ouvrant à notre droite, nous
conduiraient, au sud-est, vers la baie Aghard. La plaine, absolument
unie et sans point de repère, paraissait terminée devant nous par une
montagne placée droit au milieu, entre la troisième et la quatrième
vallée latérale.
« J'estimais la dislance de ce pic à 8 ou 10 kilomètres et je comp-
tais y arriver vers i heures de l'après-midi pour y dîner. A 2 heures,
nous avions à peine traversé la première vallée, le pic paraissait
toujours à la même distance devant nous et nous étions très fatigués.
Nous avons alors fuit halte et entamé notre premier repas à terre.
Malgré le vent, nous sommes arrivés à faire du thé sans dresser la
tente, ce qui aurait été trop long. Nous sommes repartis à 3 heures,
complant bien arriver au moins pour coucher au pied de la
montagne et sortir de cette plaine interminable. A la première halte,
nous avons aperçu un renne que nous avons chassé sans parvenir à
l'atleindreet, à partir de ce moment, nous en avons eu toujours en vue.
Je peux évaluer à vingt-cinq le nombre de ceux que j'ai nettement
aperçus, sans parler de tous ceux que Fichet ou Lecoq signalaient à
grande distance et que ma vue moins perçante ne me permettait pas
de reconnaître sûrement. A 5 heures, Fichet abattait,, d'une balle
de mousqueton, une femelle superbe, avec des bois énormes. Nous
ne savions pas alors si nous pourrions tuer d'autres rennes, aussi
avons-nous pris soin de vider celui-là et de laisser, à côté, un épou-
vantail, formé d'un mouchoir et de papiers fixés à une baguette de
fusil. Nous comptions que cela suffirait pour empêcher les mouettes
et les stercoraires d'approcher du cadavre. Ces chasses nous avaient
entraînés peu à peu, depuis les premières pentes de la montagne
jusque dans le fond de la vallée, et nous nous sommes trouvés au
milieu d'un marécage, difficile à traverser. Nous commencions à être
tous très fatigués, mais surtout Fichet et Lecoq, moins habitués à
ce genre d'expédition. A 8 heures, trouvant un terrain bien sec
et plat au bord de la rivière, je me décidai à y camper. Nous avions
à peine dépassé le milieu de la grande plaine et pourtant nous avions
marché sept heures. J'estimais alors notre position à 20 kilomètres à
vol d'oiseau du point de débarquement et à i5 kilomètres de l'embou-
chure de la rivière. J'étais, à ce moment, en avance d'un kilomètre
— 36 —
environ et les hommes étaient si fatigués qu'ils ont mis trois quarts
d'heure à me rejoindre. J'ai craint un moment, en les voyant dans
cet état, de ne pas pouvoir, le lendemain, continuer notre route.
Nous nous sommes couchés, ce soir-là, un peu avant 1 1 heures et
nous avons fort mal dormi, d'abord parce que la terre était un peu
dure pour nos épaules fafiguées par le sac, et, ensuite, parce que
nous avons eu grand froid.
« Le dimanche, je fis branle-bas à 7 heures et, à 8 heures et
demie, nous étions en route, après avoir déjeuné. Nous laissions en
dépôt, au bord de la rivière, deux boîtes d'endaubage, et le capitaine
d'armes se décidait à y abandonner une musette contenant quarante
cartouches de chasse qu'il avait absolument tenu à emporter. Ainsi
délestés, nous nous sommes remis en marche un peu plus allègre-
ment et, après avoir pataugé pendant trois heures dans des maré-
cages où Fichet a tué un autre renne, nous sommes arrivés un peu
avant midi, au pied de la montagne, but de nos efforts depuis la
veille. Il n'y avait pas à songer à entraîner plus loin les hommes,
aussi me suis-je décidé à dresser là notre tente et à les laisser se re-
poser dans l'après-midi. En partant après déjeuner, seul avec M. Ra-
bot, nous pouvions marcher jusqu'à 6 heures et revenir au campe-
ment avant minuit. Au lieu de continuera suivre le fond de la vallée
il nous a paru plus intéressant de grimper au sommet de la montagne
au pied de laquelle était installée notre tente. Nous comptions aper-
cevoir, du sommet, la baie Aghard ou, tout au moins, nous rendre
un compte exact de l'orographie du pays et du chemin le plus facile
pour arriver à le traverser.
« Nous sommes partis du campement à 2 heures de l'après-midi
en laissant aux hommes l'ordre de ne s'éloigner sous aucun prétexte
hors de portée de fusil de la tente. Nous avons escaladé d'abord un
éboulis de schistes et de grès contenant une grande quantité d'am-
monites.
ce A 4 h ,i5 m nous avions franchi la seule partie difficile de la mon-
tagne, des affleurements de schistes et de grès fendillés et dis-
joints, où il fallait grimper des pieds et des mains, et qui s'ébou-
laient fréquemment sous le poids du corps. Le baromètre indiquait
alors une hauteur de 5io mètres. De ce point, s'étendait dans le sud-
est, jusqu'au sommet, une longue arête bordée à gauche,, au-dessus
de la Rendal, par une corniche de neige surplombant une pente ef-
frayante, et, à droite, une pente un peu plus douce, formée d'éboulis ;
de schistes. Sur cette corniche, dans les endroits dégagés de nei"-e
nous avons trouvé de la végétation (saxifrages, dryas) et des em-
- 37 —
preintes fossiles de plantes, et, à 600 mètres environ d'altitude,
deux bois de renne enfoncés en terre.
« Au sommet, complèlement couvert de neige friable, le baromè-
tre indiquait 725 mètres et nous dominions, de toutes parts, un hori-
zon splendide de glaciers, de rochers et de montagnes, au-dessus
duquel on apercevait très nettement, dans l'est, la mer bleue, au delà
d'une panne gris-jaunàtre, masquant les banquises de la côte. A nos
pieds, s'étendait la grande plaine que nous avions traversée et, dans
l'ouest, la Sassen-bay tout entière, depuis le pic Marmier et le mont
Temple jusqu'à l'île aux Oies et au cap Thordsen. Mais nous avons
éprouvé une déception en ne reconnaissant pas bien nettement
l'échancrure d'Aghard-bay, bordée, sans doute, et masquée par de
trop hautes montagnes.
« Nous avons aussitôt saisi nos boussoles et commencé à dessiner
et à relever les points importants. Au bout d'une heure de station,
les pieds dans la neige, craignant d'être trop gelés pour pouvoir re-
descendre et ayant pris, d'ailleurs, à peu près toutes les notes dont
nous avions besoin, nous avons commencé la descente.
« Ce pic, que nous avons appelé « Pic de la Manche »', situé à
a5 kilomètres de l'embouchure de la rivière, nous a paru à peu près
à la môme distance de la côte est. La rivière le contourne et disparaît
un peu plus loin, derrière une montagne, en courant dans la direction
du sud-est. La Rendal, en ce moment, est encore large et le fond
présente une pente assez douce. Il paraît donc probable qu'elle con-
duit bien près de la côte est et que c'est le meilleur chemin pour y
arriver, à moins d'obstacles imprévus : glaciers ou rochers infran-
chissables. L'excursion serait très facile en cinq jours, à condition
d'avoir un ou deux poneys d'Islande, qui trouveraient, d'ailleurs, ai-
sément à se nourrir en route, pour porter les bagages.
« A 9 heures du soir, nous étions de retour au campement où
nous trouvions nos deux hommes tout à fait reposés : Lecoq ayant
dormi toute la journée et Fichet ayant tué un troisième renne. Il fai-
sait un temps superbe, mais très froid, et, à minuit, personne ne
dormait encore. Le soleil brillait dans un ciel absolument dégagé et
éclairait l'intérieur de notre tente d'une façon fort désagréable, d'au-
tant plus que je voulais partir de bonne heure le lundi matin pour
pouvoir chasser les rennes et rapporter, au moins, les têtes et les peaux
des trois que nous avions tués.
« Le lundi matin, à 5 heures, nous avons levé le camp et, à 6heu-
1. Au retour il a été décidé qu'on l'appellerait « Pic Milne-Edwards ».
— 38 —
res, nous étions prêts à partir, quand la neige a commencé à tomber.
En un quart d'heure, nos couvertures étaient trempées sur nos
sacs et nous ne pouvions plus songer à camper avant de les avoir fait
sécher. Nous nous sommes décidés alors à abandonner les rennes et
à rejoindre le berthon en une seule étape, sans nous préoccuper d'au-
tre chose que de choisir le chemin le plus direct et le moins fatigant,
c'est-à-dire le moins marécageux. A 9 heures, nous arrivions à l'en-
droit où nous avions campé le premier jour. Là se trouvaient les
cartouches et les boîtes d'endaubage laissées en dépôt. Le capitaine
d'armes paraissait si fatigué que je me suis décidé à abandonner une
des boîtes pleines, en faisant seulement prendre l'autre à Lecoq.
Nous sommes repartis ensuite vers le rivage, ne nous arrêtant qu'une
heure pour déjeuner. A 4 heures du soir, nous arrivions au berthon,
après avoir marché 9 heures et avoir fait, à mon estime, 3o ou
3'2 kilomètres.
« Le bateau norvégien se trouvait encore au mouillage. Malgré
notre fatigue, préférant tout à une autre nuit sous la tente, sur le sol
mouillé, nous avons monté le berthon, embarqué tout notre matérkl
et accosté le norvégien, pour lui demander du feu pour notre cui-
sine et de la place à son bord pour coucher.
« Le mardi matin, à 8 heures et demie, nous reconnaissions la
Manche, au large, et, après avoir laissé quelques minutes, à mi-màt,
le pavillon du Norvégien, pour attirer l'attention, nous avons em-
barqué dans le berthon, pour gagner plus vite le bord. Quelques
instants après, la vedette venait nous prendre à la remorque.
« Tel est, commandant, le récit de cette petite expédition, qui, si
elle n'a pas complètement réussi, nous a permis, du moins, de péné-
trer dans l'intérieur, plus loin qu'on ne l'avait fait encore, et délais-
ser un nom français dans cette région du Spitzberg où ils sont rares
depuis le voyage de la Recherche. »
« Je suis, etc
« G. Lancelin. »
Après avoir repris nos explorateurs, je cherche un mouillage dans
la Sassen-bay. Je sais que divers petits navires et notamment le
yacht autrichien Fleur-de-Lys ont jeté l'ancre près de la côte sud et je
voudrais m'y arrêter pour placer un théodolite sur un sommet relevé
de Skans-bay et faire une triangulation exacte de lTce-fiord; mais
c'est en vain que nous cherchons le fond à une distance convenable
de la terre. Nous en approchons jusqu'à i5o mètres, précédés par Je
— 39 —
canot à vapeur, et nous avons encore 90 mitres d'eau, bien que nous
soyons tout près d'une pointe basse, en récif, de mauvaise apparence.
Il faut donc renoncer à notre projet el nous faisons le levé de la
baie sous vapeur, en attendant l'heure du rendez-vous avec la balei-
nière de M. Leprince ramenant les chercheurs de Sauria-Hook.
A 5 heures du soir nous sommes à 2 milles dans le sud du
cap Thordsen; la brise est assez fraîche de l'est et la baleinière est
fortement sous ventée vers le cap Boheman; j'envoie la vedette au
devant d'elle et, à 6 heures, tout le personnel semé depuis quatre
jours se trouve réuni à bord sans incident et à ma très grande satis-
faction. Le docteur Couteaud y a trouvé facilement le gisement d'ani-
maux fossiles si bien indiqué par le professeur Nordenskjôld et il en
rapporte d'intéressants échantillons. Il m'exprime le désir d'y retour-
ner, mais les renseignements que me donne M. l'enseigne de vaisseau
Leprince sur l'entrée des North-fiord où il a touché avec son embar-
cation à plus de 5oo mètres de terre ne m'encouragent pas à aller
avec la Manche de ce côté. Sans carte, sans pilote, disposant de fort
peu de temps, nous n'avons pas le droit de risquer un échouage dont
les conséquences auraient, en celte saison, une gravité spéciale que
je ne peux pas assumer. Nous rentrons à Advent-bay où nous mouil-
lons, à 7 heures du soir, sur les alignements que notre première explo-
ration nous a révélés comme les meilleurs : la pointe basse d'Advent
mordant très légèrement sur la terre élevée de la rive opposée juste
au nord et deux talus remarquables l'un par l'autre.
Que l'éclairage est beau en ce moment ! le soleil est juste au-dessus
des sept glaciers répandant sur l'énorme panorama blanc des flots
de lumière qui font pâlir l'azur du ciel. M. Exelmans court à ses
pinceaux pour essayer de fixer ce merveilleux effet. Y est-il arrivé
malgré son réel talent? cela dure si peu et c'est tellement invraisem-
blable! Mais si l'effet est passager, le souvenir qu'il laisse est inef-
façable. Au milieu des impressions diverses que m'a laissées notre
passage dans ce pays bizarre le merveilleux spectacle que nous a
donné l'Ice-fiord en cet instant de splendide clarté est celui qui m'ap-
paraît sans cesse les dominant toutes.
Le 10 est une journée brumeuse et humide, nous la consacrons à
compléter l'hydrographie du mouillage d'Advent-bay ; nous établis-
sons à la plage un cairn qui donnera, avec une tombe très en vue sur
la falaise, l'alignement qui, se croisant avec celui de la pointe basse
d'Advent sur la pointe élevée qui est de l'autre côté de la baie, juste
au nord, fixe d'une manière très précise le meilleur mouillage. La
vedette circule avec la sentinelle sous-marine émergée par 10 mètres
— 40 —
pour reconnaître si la côte est bien accore du côté de l'est et découvre
à 4 00 ou 5oo mètres d'elle des saillies indiquant qu'il convient de ne
pas l'approcher de trop près.
Les géologues font une nouvelle course au gisement qu'ils ont déjà
exploité, avec une corvée de solides marins qui rapportent de grosses
pièces auxquelles on lient beaucoup et qu'on avait abandonnées le 5,
faute de bras et par la même occasion je fais prendre à la mine de
gros blocs de charbon, en recommandant de les porter avec soin sur
une civière, pensant que nous devions aux pressions du transport en
sac les mécomptes de notre prernière exploitation. Hélas! toutes les
précautions sont inutiles, le charbon d'Advent ne tient que par la
glace.
Dès le matin, d'intrépides chasseurs sont partis dans la vallée; nous
avons bien un renne, mais on tient à en rapporter qui auront été tirés
par nos fusils ; mais on a beau aller fort loin, si loin même que M. Exel-
mans en oublie son déjeuner, l'on ne voit rien. Malheureuse aussi la
pêche que nous tentons à l'endroit qui nous avail élé si favorable il y
quelquesjours.
Le 11, à 5 heures du matin, nous appareillons pour aller visiter
Green-Harbour. Il fait jolie brise de nord-est, temps très clair ; à
9 heures et demie nous pénétrons dans ce port extrêmement profond
et malgré son nom nous n'y voyons rien de vert, la cote, a, au contraire,
un aspect désolé analogue à celui de la baie de la Recherche. Nous
avançons lentement, sans pouvoir découvrir un fond inférieur à
îoo mètres. J'envoie le canot à vapeur à la recheiche d'un mouillage et
c'est à grand'peine qu'il trouve dans l'endroit où il y une ancre indi-
quée sur la carte un très étroit plateau sur lequel il y a 6o mètres de
fond à 3oo mètres de terre. Le mouillage, qui aurait pu être passable
en cet endroit avec beau temps, était impossible aujourd'hui avec le
vent battant en côte; au delà, quoique la baies'enfonce profondément,
il n'y a plus d'eau. Nous devons donc renoncer à nous arrêter là, et
nous reprenons le large.
Après avoir donné un tour de 3 milles, à la pointe de l'ouest qui est
marquée saine sur la carte et autour de laquelle nous apercevons des
tètes de roche, nous sortons de rice-fiord^vent arrière. C'est une
excellente occasion pour remonter sans dépenser de charbon jusqu'au
8o e degré, où nous sommes à peu près sûrs de rencontrer la banquise
et nous nous mettons en route de ce côté; mais malheureusement le
vent tombe en s'éloignant de la côie, nous sommes forcés de remettre
à la vapeur au bout de quelques milles. Nous continuons cependant
à monter vers le nord en longeant la côte extérieure de l'île du Prince-
— 41
Charles mal dessinée sur la carte et dont nous cherchons à rectifier
la position par un levé à la boussole; bien que nous passions par un
temps très clair assez près delaposilion du rocher Goshawk marqué
sur la carte comme élevé de 7 mètres, nous ne pouvons le distin-
guer.
Vers 6 heures da soir la brise et la houle prennent du nord assez
fortes jour relarder beaucoup notre marche; craignant d'avoir à brû-
ler beaucoup decharbon pour n'arriver qu'à la très mince satisfaction
de reconnaître le front de la banquise, je vire de bord à 7 heures pour
retourner à la baie de la Recherche où nous avons des travaux à com-
pléter.
A 5 heures du matin, le 11, nous arrivons dans le Bell-Sound et à
7 heures nous sommes devant la pointe où nos géologues sont con-
vaincus qu'ils vont, trouver les gisemenls fossiles que leurs premières
explorations n'ont pas fait découvrir. M. Pouchet ne doute pas du
succès; M. Rabot qui a déjà fait la tentative ne partage pas cet avis.
Il se décide toutefois à partir avec le professeur escorté, comme à l'or-
dinaire, de notre infatigable docteur et de M. Pettit. Nous débarquons
cette petite expédition en passant devant la pointe, lui laissant le canot
à vapeur et des vivres pour la journée, puis la Manche se dirige vers
le mouillage de la Recherche qu'elle prend à 8 heures clans les relè-
vements où elle se trouvait lors de son premier séjour.
Décidément M. Pouchet ne s'était pas trompé ; en procédant métho-
diquement il a fini par arriver au gisement tant cherché. Il nous en
apporte lui-même la nouvelle à 1 1 heures, ayant laissé sur les lieux
le docteur Couteaud et M. Rabot qui rentrent à bord le soir avec un
chargement complet de splendides échantillons de la flore fossile du
Spitzberg. Ils ont bien eu dans la journée une petite émotion. La ma-
rée montant les avait refoulés jusqu'au pied de la falaise en un point
où heureusement ils pouvaient encore travailler.
La soirée s'achève sous une pluie fine qui exclut toute idée d'ex-
cursion nouvelle; on classe les collections recueillies.
Le i3 août commence avec le calme plat, dans une brume très
épaisse laissant le pied de la côte seul visible, la température est très
douce. Le temps se lève dans l'après-midi et pendant que plusieurs
officiers vont relever le mouvement des jalons plantés sur le glacier
de TOuest, M. Pouchet va du côté de la pointe des Rennes prendre
les os principaux de deux énormes baleines échouées là et signalées
par nos promeneurs. M. Rabot fait en même temps quelques pêches
dans les petites lagunes disséminées sur le plateau avoisinant, et de
mon côté, je vais, avec le docteur Couteaud et M. Pettit, reconnaître
4'2
l r île aux Eiders et la passe qui se trouve entre elle et la pointe des
Rennes conduisant dans la baie Van Keulen.
La visite de l'île nous fournit de beaux échantillons de coquilles
fossiles et une série de nids d'eiders avec des œufs plus ou moins
avancés et des jeunes sujets intéressants que nous n'avons pas réussi
à élever.
Les eiders paraissent assez nombreux dans le Bell Sound. Ils font
leurs couvées exclusivement sur les îles où ils n'ont rien à craindre
des carnassiers, mais à l'époque avancée où nous sommes les nids
sont presque tous abandonnés; les mâles volent en grandes troupes
laissant les femelles à la garde des petits en retard ou des quelques
œufs non éclos encore. Bien intéressantes ces pauvres mères défen-
fant jusqu'au dernier moment leurs couvées convoilées par le collec-
tionneur et ne s'envolant qu'à la dernière extrémité ; plus touchantes
encore dans leur dévouement lorsque les petits sont nés : rien ne peut
les leur faire abandonner et c'est pitié de les voir, devant le chasseur,
courant maladroitement sur le sol, ne se servant de ces ailes avec
lesquelles leur fuite serait assurée que pour essayer d'emporter la
chère nichée sur laquelle elles se feront tuer plutôt que de la perdre.
MM. Gratzl et Exelmans qui ont été photographier et dessiner le
glacier de l'Ouest en rapportent les squelettes de quatre dauphins
blancs qui complète les trouvailles de la journée et nous font encore
une belle exposition.
Le i4 août est notre dernier dimanche passé au Spitzherg; nous
le consacrons au repos.
Notre programme est rempli et nous fêtons noire réussite dans un
banquet réunissant l'état-major de la Manche et les membres de la
mission et permettant de montrer, pour la première fois sans doute
par ces hautes latitudes, des pommes, des oranges et de la salade
verte soigneusement conservées pour la circonstance.
L'après-midi est consacrée à une représentation théâtrale qui nous
fait constater que les brumes et les frimas du haut nord ne nous
ont fait perdre ni l'entrain ni la bonne humeur.
Celte journée de fête commencée sous le brouillard s'achève à onze
heures du soir dans un ciel tout ensoleillé. On s'attarde volontiers
dans cette grande clarté à échanger des impressions sur la mission
qui s'achève et dans toutes on sent la grande satisfaction du devoir
accompli; chacun a fourni à l'œuvre commune ce qu'il pouvait et on
en est fier.
Et tout cela s'est passé si régulièrement, le bâtiment est si propre,
si militaire qu'on le croirait paré pour une inspection générale dans
— 43 —
ce lointain pays où personne ne doit le voir. Mystère sacré du pavil-
lon qui du haut de la corne où il flotte sait inspirer, d'autant mieux
qu'on est plus isolé, le respect de ces petits devoirs de la discipline
qui s'appellent ordre et propreté.
Le lundi i5 août, à 8 heures et demie du matin, nous quittons
la baie de la Recherche, et après avoir fait une base dans le Bell-
Sound pour rectifier à la boussole les défectuosités de la carte, nous
descendons vers le sud le long de la côte du Spitzberg par un temps
calme. Cela nous permet de faire quelques sondages révélant des iné-
galités de fond aussi singulières que celles signalées plus au nord et
tout à fait en rapport avec la configuration si tourmentée de la
terre.
Dans la soirée la brise se fait fraîche de l'est, augmentant à me-
sure que nous perdons l'abri de la côte, le temps prend même une
très mauvaise apparence en approchant de la latitude du cap Sud et
la mer, devenue rapidement très grosse, nous force à mettre à la cape
de 10 heures du soir à 8 heures du matin, le 16. C'est au milieu
de celte tourmente, vers 4 heures du matin, que nous perdons
le Spitzberg de vue dans le nord-est.
Puis le temps devient maniable et, quoique la brise tienne tou-
jours de l'est, la mer reste assez modérée pour nous permettre de faire
route au plus près des goélettes vers la côte de Norvège; nous mar-
chons ainsi deux jours dans une brume très épaisse ne permettant
aucune observation.
Heureusement le 18, vers 10 heures du matin, le décor change; la
brume se dissipe tout d'un coup, laissant place au plus beau soleil
que nous ayons vu depuis longtemps et nous apercevons au loin
la terre que nous n'atteignons cependant qu'à 5 heures du soir.
Nous sommes alors à quelques milles de l'île Soroe, d'où nous nous
dirigeons sur l'entrée du Fuglo-Sund.
La soirée est très belle; pour la première fois depuis longtemps
nous aurons quelques heures de nuit; vers 10 heures, dans un cré-
puscule magnifiquement teinté, nous apercevons dans l'est Jupiter
brillant de tout son éclat.
A 1 1 heures nous sommes presque dans la nuit et le Grot-Sund
dans lequel nous devons nous engager est tellement bouché de nuages
qu'on en voit à peine l'entrée, mais il est à peu près droit et très
sain, il n'y a donc aucun risque à s'y engager et d'ailleurs il n'y a de
mouillage nulle part. Nous y entrons donc franchement, ce qui nous
vaut quatre heures de pluie au bout desquelles nous retrouvons le
Tromsoe-Sund et le temps clair, et à 5 heures du matin nous
-*l
— 44 —
mouillons devant Tromsoe d'où nous envoyons immédiatement au
Minisire de la Marine la dépèchesuivante : «Manche arrivée à Tromsoe,
ayant exécuté complètement instructions relatives à Jan-Mayen et au'
Spilzberg-. Circonstances favorables, santés excellents. »
C'est le résumé de notre campagne heureuse entre toules. Heu-
reuse par les circonstances favorables que nous avons cherchées et
trouvées, heureuse par les résultats acquis en si peu de jours, heu-
reuse par l'aimable et fructueux concours de tous nos collaborateurs
auxquels je vais maintenant céder la place.
Elle laissera à tous ceux qui y ont participé d'ineffaçables sou-
venirs.
Janvier 1893.
JI
TRAVAUX HYDROGRAPHIQUES ET OBSERVATIONS DIVERSES
DES OFFICIERS DE LA MANCHE
Par M. R. de Carfort.
En 1882-83, tandis que la mission autrichienne s'installait à Jan
Mayen, la France ne restait pas inactive. Une expédition, commandée
par le capitaine de frégate Martial, s'organisait sous les auspices et
par les soins de l'Académie des sciences, et la Romanche transportait
au cap Horn plusieurs officiers chargés de poursuivre, pendant une
année, des observations magnétiques et météorologiques analogues à
celles qui étaient entreprises, simultanément, par les autres missions
polaires. En même temps, l'état-major de la Romanche se livrait à
l'exploration la plus complète de l'archipel du cap Horn et du canal
du Beagle.
Les collections et les cartes rapportées par l'expédition, jointes aux
observations magnétiques et autres effectuées à l'observatoire de la
baie Orange, ont fait l'objet d'une importante publication, à laquelle
voulurent bien concourir plusieurs savants distingués, et qui classe, à
juste titre, la campagne de la Romanche dans la série des voyages
féconds en résultats scientifiques.
Ayant eu, déjà, la bonne fortune de participer à l'expédition du
cap Horn, je me suis trouvé doublement heureux d'être associé, dix
ans plus tard, au voyage de la Manche qui semblait, en quelque sorte,
le corollaire des missions internationales de i882-83. Ce serait une
erreur, toutefois, de chercher dans les observations effectuées par les
officiers du bord, durant un séjour de quelques semaines dans les ré-
gions arctiques, la suite ou même le complément de celles qui furent
l'objet des précédentes expéditions. La Manche n'avait pas été pour-
vue des instruments spéciaux destinés à l'étude des variations diurnes
des éléments magnétiques que, d'ailleurs, le caractère particulier de
■M
^MH
46 —
sa mission, et le peu de temps dont elle disposait, ne lui eussent pas
permis d'utiliser. Les observations recueillies ne diffèrent donc pas,
sensiblement, de celles qu'ont coutume de faire les bâtiments de la
marine de l'État dans tous les pays qu'ils visitent. Elles offrent, néan-
moins, l'intérêt qui s'attache à tous les documents provenant de pa-
rages aussi peu fréquentés que Jan Mayen et le Spitzberg.
Les instruments délivrés, chaque année, au stationnaire d'Islande,
avaient été complétés, cette fois, par un aréomètre Thoulet, un ther-
momètre plongeur à renversement de Negretti et Zambra, et un ther-
momètre enregistreur.
Je dois à l'obligeance de M. Mascart, directeur du Bureau central
météorologique, d'avoir pu y joindre un hygromètre enregistreur et
quelques thermomètres-fronde étalonnés.
L'amiral Mouchez, directeur de l'Observatoire, voulut bien nous
prêter, en outre, un théodolite magnétique de Hurlimann, instru-
ment avec lequel il est possible d'obtenir de bonnes mesures de la
déclinaison et de la composanle horizontale. On trouvera plus loin,
rédigé par M. le lieutenant de vaisseau Exelmans, le compte rendu
des observations magnéliques effectuées, pour la plus grande partie,
par cet officier, au cours du voyage de la Manche. A Jan Mayen et
en Islande, la nature du sol est une cause de perturbations. Au Spitz-
berg, le faible mouvement en hauteur du soleil produit une incerti-
tude sur l'angle horaire et sur la direction azimutale du méridien.
Malgré les difficultés qui en résultent pour les observations, les me-
sures prises par M. Exelmans peuvent, par leur comparaison avec les
déterminations effectuées précédemment aux mêmes points, fournir
une bonne valeur de la variation annuelle des éléments.
L'inclinaison a été, le plus souvent, observée par M. l'enseigne de
vaisseau de Blanpré.
Au point de vue hydrographique, le peu de durée du séjour de la
Manche au Spitzberg ne permettait pas d'entreprendre un travail de
longue haleine. Nous avons dû nous borner aux plans particuliers des
divers mouillages occupés par le bâtiment. Il faut y joindre quelques
levés rapides, sous vapeur, ainsi qu'une série de sondages effectués
sur la côte au moyen du sondeur Thomson.
Baie de la Recherche (voy. Carie, pi. XII). — Le plan de celle
baie avait été déjà levé, en i838, par les officiers de la Recherche,
mais il importait de déterminer un nouveau tracé de la ligne de
côte, afin de calculer le déplacement du front antérieur des glaciers
qui forment une partie de son contour.
Nous nous sommes servis, pour ce levé, d'une base de 4*5 mètres
- m —
mesurée à la chaîne sur le rivage, et d'une petite triangulation com-
prenant trois stations principales. L'une de ces stations, située sur le
versant du mont de l'Observatoire, à l'altitude de 33o mètres, a
permis à M. Lancehn de déterminer la position exacte du front du
glacier de l'Est.
Les sondages devant ce glacier ont été fails par M. Villemot. Cet
officier, n'a pu, toutefois, s'avancer jusqu'au pied du mur déglace,
à cause des éboulements fréquents de glaçons qui auraient pu deve-
nir un danger pour l'embarcation.
L'emplacement du gisement de végétaux fossiles qui se trouve à
l'ouest de la pointe des Renards, a été déterminé au moyen de relè-
vements pris du large.
Baie Advent (voy. la Caite, pi. XIII). — MM. Exelmans, Lancelin
et Leprince ont participé aux sondages du plan du mouillage de la
baie Advent, pour lequel on a employé quatre signaux plantés sur le
rivage. La distance de deux d'entre eux a servi de base, et a été me-
surée au moyen de la hauteur angulaire d'une longueur de 4 m , 20
portée sur la hampe de l'un des pavillons.
La triangulation sommaire appuyée sur ces signaux s'est étendue
jusqu'aux cairns déjà construits en différents points de la crête,
ainsi qu'auprès de la mine de charbon et d'une remarquable terrasse
formée de gros galets, située à l'altitude de 18 mètres. J'ai pu ainsi,
compléter le plan du mouillage par un levé topographique intéressant
au point de vue géologique.
Baie Skans (voy. la Carte, pi. XIV). — Nous avons employé, pour
lever le plan de la baie Skans, quatre signaux de sonde disposés de
façon. à déterminer deux triangles et reliés à une base de 34o mètres
mesurée à la chaîne sur la plage.
MM. Villemot et Leprince ont participé aux sondages.
Les stations au théodolite faites aux différents signaux ont compris
un certain nombre de sommets éloignés dans l'Icefiord, en vue
du levé sous vapeur exécuté dans cette baie. En outre, les stations
à la mer faites au cours de ce levé ont permis de relier notre travail
aux maisons de Storello, sur le cap Thordsen, point où s'était établie
la mission suédoise de 1 882-83, et dont la position géographique est
bien déterminée. La longitude qui en résulte pour la baie Skans a pu,
d'ailleurs, être vérifiée par une observation directe du soleil à l'ho-
rizon artificiel.
La baie Skans, qui avait été déjà visitée par le yacht de S. A. R. le
comte de Bardi, le Fleur-de-Lys, est un des meilleurs mouillages de
l'Icefiord. Elle s'ouvre au pied d'une montagne abrupte élevée de
— 48 —
464 mètres, à laquelle une falaise crénelée donne l'aspect d'un véri-
table château fort.
Fig. 1.
Levé sous vapeur dans Vhefiord (voy. la Carte, pi. XV).— Nous
avons utilisé le voyage effectué dans la baie Sassen par le bâtiment
— 49 —
afin d'y déposer les explorateurs, pour lever rapidement, sous va-
peur, les contours de la côte et relier ainsi les plans de la Laie Skans
et de la baie Advent.
L'azimut, observé à terre, donne d'une façon certaine l'orientation
générale de la baie Sassen et celle de la baie Klaas-Billen. Le fond
de ces deux flords n'a pas été exploré, mais nous avons pu placer un
certain nombre de sommets remarquables, par rapport à la baie
Skans, et en déterminer les hauteurs.
Cette carte a permis de déterminer l'échelle et l'azimut du levé
topographique effectué par MM. Lancelin et Rabot, au cours de leur
exploration dans la vallée de la Rendal. Le pic Milne-Edwards, qui
marque le point extrême atteint par les voyageurs, a pu, en effet,
être relevé de l'une des stations à la mer, et sa distance à cette
station a été conclue de sa hauteur angulaire et de son altitude obser-
vée au baromètre.
Reconnaissance de la Terre du Prince-Charles. — La partie méri-
dionale de cette île a été reconnue, du bord, au moyen d'un levé à la
boussole, pour lequel la route suivie par le bâtiment a servi de base.
On a pu placer, d'une façon approchée, la pointe Saddle par rapport
à l'entrée de l'Icefiord, et relever quelques-uns des sommets de l'île,
dont le plus remarquable se compose de quatre pics voisins atteignant
l'altitude de 1,020 mètres.
Le croquis ci-contre (fig. 1), fait à la hâte, n'est donné qu'à titre de
renseignement.
Les travaux hydrographiques dont nous venons d'exposer l'ensem-
ble, ont été complétés par des observations météorologiques et magné-
tiques qui font l'objet de notes spéciales.
n =
3 iE
M — =
CO — =
.h*.
.
'
Cn^^
,^H
cr-, — =
I III
-J — =
SONDAGES EFFECTUÉS SUR LA COTE DU SPITZBERG
co — =
AU MOYEN DU SONDEUR THOMSON
ID — =
NOTA. — Les positions géographiques sont relevées sur la carte du Spitzberg de MM. Dûner
i — l =
o =
et Nordenskyold. — Les longitudes sont rapportées au méridien de Paris.
h- 1 =
NATURE
LATITUDE
LONGITUDE
1 — 1 zz
N oi
DATES
HEURES
FOND
DU FOND
NORD
EST
h- 1 =
K> =
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m
'
'
I
4 août
9 25 m.
i5o
Cailloux
77 38,2
II 52,8
h- 1 =
2
—
9 35 »
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do
77 38,9
n 4 2 >8
co =
3
—
10 00 )>
125
Roches
77 4o,5
II 34,8
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—
10 35 »
35
Cailloux
77 4a,2
II 26,8
h- 1 =
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5
—
1 1 00 »
32
Roches
77 44.o
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6
—
11 10 >>
47
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77 45. a
11 o3,8
h- > zz
7
—
11 3o »
5 7
d"
77 4 6 >°
10 5 7 .8
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48
d»
77 4S,o
10 57,3
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—
i5' s.
56
d°
77 5o,5
10 53,8
h- 1 =
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45 »
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10 52,8
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1 i5 »
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d°
77 56,
10 54,8
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1 3o »
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d»
77 57.5
11 oo,8
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—
4 3o »
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Sable gravier
78 io,5
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—
5 00 »
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78 11,2
12 16,3
h- > z=
i5
—
5 3o >-
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Vase
78 13.9
12 35,8
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6 00 »
190
d»
78 i5,5
12 5i.8
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—
6 3o »
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d»
78 16,5
12 59,8
h- > =
18
—
7 00 »
io5
Roches
78 17,5
i3 10,8
ID =
'9
6 août
8 45 m.
98
Sable
78 24,0
i3 57,3
20
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1 5o s.
io5
Vase
7 8 2 9>9
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ro =
o —
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—
2 10 »
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d°
78 3o,6
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9 août
6 5o m.
lo5
Vase
78 25,0
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—
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M =
CO =
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DATES
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LATITUDE
NORD
LONGITUDE
EST
24
9 août
h
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d°
'
78 21,8
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a»
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—
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Sable
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3 3o »
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10 56,
54
6 00 »
2io
d°
77 00,2
10 5o,i
IV
OBSERVATIONS DE MARÉE EN ISLANDE ET AU SPITZBERG
Par M. R. de Carfort.
L'observation des marées intéresse avant tout l'hydrographe et le
navigateur. La détermination du niveau des plus basses mers est un
des éléments les plus importants de la construction des caries ma-
rines qui doivent, d'ailleurs, porter les indications de l'établissement
du port et de l'amplitude totale de la marée.
La réunion d'un grand nombre de documents consciencieusement
recueillis, et leur comparaison, peuvent, en outre, conduire à une
connaissance plus approfondie des mouvements généraux de la mer et
de l'équilibre de sa surface. A ce point de vue, il nous a paru intéres-
sant de joindre les observations de marée faites en Islande à celles
qui ont pu être entreprises au Spitzberg.
Dans les régions polaires, l'étude des marées est facilitée par le
jour continuel, qui permet une série ininterrompue de lectures de
l'échelle et la construction de courbes comparables à celles que pour-
rait tracer un marégraphe. Aussi, les observations recueillies pendant
le voyage de la Manche, malgré le peu de durée des relâches, présen-
tent-elles, par leur continuité, un réel intérêt.
Les courbes des PL XVI, XVII et XVIII comprennent les observa-
tions faites en quatre points : Patrixfïord et Reikiavik en Islande, la
baie Skans et celle de la Recherche au Spitzberg.
Echelle de marée. — L'échelle de marée dont nous nous sommes
servis, a été confectionnée à bord avec un espars de io centimètres de
diamètre environ, gradué de 10 en 10 centimètres sur une longueur
de 4 mètres. Les divisions étaient peintes alternativement en blanc ef
noir et en rouge et blanc, et chaque mètre terminé par une planchette
— 53 —
numérotée, comme l'indique la figure ci-conlre. Une échelle ainsi
construite peut être lue à grande distance au moyen d'une longue-vue.
L'espars, terminé par une pointe en fer, et tenu par quatre haubans
amarrés sur des gueuses, était, en gé-
néral, placé verticalement prè3 du ri-
vage.
Les observvalions, faites régulière-
ment de demi-heure en demi-heure,
n'ont jamais présenté de difficultés.
Le timonier avait reçu l'ordre d'ap-
précier seulement le demi-intervalle,
et, par suite, les hauteurs ont été lues
à 5 centimètres près.
Quelquefois la brume a empêché
les lectures.
Courbes. — Dans les feuilles de
marée ci-jointes, le trait pointillé est
la ligne brisée qui résulte directement
du report sur le papier de chaque
hauteur observée. Le trait noir laisse
de côté les anomalies provenant soit
d'erreurs d'observation soit de causes
diverses inconnues. On a figuré en
traits noirs la courbe corrigée des dé- g ' 2 '
nivellations produites par la pression
atmosphérique, ainsi que la courbe des
niveaux moyens, c'est-à-dire, des points également distants, à chaque
marée, de la pleine mer et de la basse mer. Cette dernière enregistre
ainsi les mouvements de l'onde diurne.
Les tableaux se rapportant à chaque courbe ont servi au calcul des
éléments de la marée.
Les colonnes n os i, 2,3, et 4 indiquent la date, l'heure et la hauteur
de chaque pleine ou basse mer relevée sur la courbe.
Les colonnes n°* 5 et 6 comprennent les hauteurs du baromètre ré-
duites à o°, et les corrections de niveau qui en résultent.
Les hauteurs corrigées sont inscrites dans les colonnes n os 7 et 8.
La colonne n° 9 comprend les niveaux moyens de chaque marée,
obtenus en prenant la moyenne arithmétique des hauteurs de la pleine
et de la basse mer. Le niveau moyen, résultant de l'ensemble de ces
lectures, est écrit en regard.
■HU
— 54 —
Dans les colonnes suivantes se trouvent les hauteurs de chaque
pleine mer au-dessus du niveau moyen (H) et au-dessus de la courbe
des niveaux moyens (H'). Ces dernières sont les véritables hauteurs
de l'onde semi-diurne.
La colonne n° 1 2 reproduit les coefficients de la marée en centièmes
relevés dans VAnnuaire des marées pour les dates correspondantes,
et qu'on a supposé pouvoir être applicables à l'Islande et au Spitz-
berg.
On a inscrit, dans la colonne n» i3, les unités de hauteur calculées
par la formule :
Chaque fois que la valeur de H s'est écartée sensiblement de celle
de H', on a employé cette dernière de préférence, de sorte que la
moyenne des résultats représente l'unité de hauteur de l'onde semi-
diurne.
La colonne n° \/i indique les heures du passage de la lune au mé-
ridien du lieu, calculées par la formule :
~h±
X'M
dans laquelle h est l'heure du passage au méridien de Paris et M la
longitude exprimée en heures et portions d'heure; i m ,i est la varia-
tion moyenne horaire d'ascension droite de la lune.
On a pris, pour les heures du passage au méridien inférieur, la
moyenne entre les deux heures consécutives du passage supérieur.
Dans la colonne n° 10 est reportée, en temps astronomique, l'heure
de la pleine mer qui suit chaque passage au méridien.
La colonne n" 16 est la correction de parallaxe, fournie par la
table donnée dans l'ouvrage de M. Germain [Traité d' hydrographie',.
Enfin la colonne n° 17 donne l'établissement du port par la formule :
E r: h re pleine mer — h Tù passage — correction.
On peut adopter, comme valeur approchée de l'établissement, la
moyenne des heures ainsi calculées.
Observations de marée en Islande.
Patrixfiord. — Les courbes de la baie de Patrixfiord (Voy. tracé,
PI. XVI) ont été construites d'après les observations faites au mouil-
— 55 —
lage de Vatneyre. L'échelle était placée au wharf situé devant la mai-
son du sysselman.
Les calculs inscrits sur le tableau ci-dessous font ressortir les résul-
tats suivants :
Unité de hauteur de Tonde semi-diurne i m ,66
— de l'onde diurne o ,19
Il en résulte que l'amplitude totale de la marée, aux syzygies, peut
atteindre 4 m ,36.
Établissement du port VI h 45 m
Les marées ont pré?enté certaines anomalies, en particulier les 3
et 9 juin, où les pleines mers, cotées respeclivenient 44 et 70, n'ont
pas atteint les hauteurs proportionnelles à ces coefficients. On peut
chercher l'explication de ce fait dans la force et la direction du vent
régnant sur la côte. Le 2 juin, en effet, il a été observé un vent de
nord-est, de 21 mètres à la seconde. Les 8 et 9 juin, au contraire, on
ne relève, sur le journal météorologique, que des brises modérées ou
des calmes. Mais il convient de remarquer que les ondes de marée,
par suite de leur mouvement de propagation, peuvent être influen-
cées par un vent local, soufflant en un point éloigné de celui où se
trouve l'échelle.
56
ISLANDE. — Patrixfiord
Latitude
: 65" 36' 00"N.
i.
Longitux
o : li> 45m 36s 0.
1
2
3
4
5
6
7
8
9
Dates
Heures
PI. mers
B. mers
Rarom. à 0°
Correction
Hauteurs
Corrigées
Niveau moyen
3 juin
li
2 15 s.
1 35
756.0
— 0.05
1.30
78
7 15 s.
0.30
756.6
— 0.05
0.25
0.94
4 juiu
1 30 m.
1.67
757.2
— 0.04
1.63
0.87
9 00 m.
0.18
757.9
— 0.03
0.15
0.87
3 00 s.
1 65
758.6
— 0.02
1.63
5 juin
3 00 m.
1.65
759.5
— 'o.oi
1.64
4 00 s.
1.65
760.0
0.00
1.65
0.84
9 45 s.
0.05
758.0
— 0.03
0.02
0.82
6 juin
3 45 m.
1.67
756.5
— 0.05
1.62
0.75
10 00 m.
- 03
753.0
— 0.08
0.12
0.88
0.89
4 00 s.
2.0O
751.0
— 0.12
1.88
94
10 30 s.
0.10
752.7
— 0.10
0.00
0.95
7 juin
5 00 m.
2 00
752.8
— 0.10
1.90
0.84
10 15 m.
— 0.15
754.9
— 0.07
0.22
0.93
4 45 s.
2,12
736.0
— 0.05
2.07
1.00
H 30 s.
— 0.05
758.0
— 0.03
0.08
0.96
8 juin
5 30 m.
2 00
760.0
00
2.00
0.92
11 00 m.
— 20
761.9
+ 03
17
0.96
5 30 s.
2.05
762.8
+ 0.04
w 2.C9
1.02
11 15 s.
— 0.12
765.3
+ 0.07
0.05
0.86
9 juin
5 30 rn.
1.65
76S
+ 0.11
1.76
(voy. PI. XVI).
57 -
10
H
0.41
0.14
0.74
0.75
0.76
0.73
0.99
1.01
1.18
1.11
1.20
0.87
il
H''
0.73
0.83
0.97
1.00
1.10
1.10
12
C
44
45
45
48
50
53
56
59
62
65
68
70
13
V
1 62
14
Heuro
Passage
1.57
1.73 \ 1.66
1.77
1.63
1.62
h m
18 57
7 17
19 37
7 56
20 16
8 36
20 56
9 16
21 38
9 59
22 22
10 44
15
PI. mer
h m
2 15
13 30
3 00
15 00
4 00
15 45
4 00
17 00
45
17 30
5 30
17 30
ie
Corr.
+
36
+
22
+
08
-
09
—
n
—
29
—
32
—
36
-
37
—
35
—
32
17
E
25
5 54
6 35
7 31
6 55
7 27
6 41
6 32
7 07
6 30
6 56
6 36
6 21
h r
VI 45
— 58 —
Reikiavik (voy. tracé PI. XVII). _ L'échelle était placée, à Reikm-
vik, près de l'extrémité du wharf du consulat. Le tableau ci-dessous
reprodutt les haufeurs observées pendant six jours et donne les résul-
tais suivants :
Unilé de hauteur de l'onde Femi-diurne 2 ">, 08
— de l'onde diurne 0,21
Amplitude totale maxima 5 ' 40
Établissement du port IV h '5o m
Latitude : 64" 08'
Longitude : lh 37 n
40" N.
01» 0.
ISLANDE. — Reikiavik
)
2
3
4
5
6
7
8
9
Dates
Heures
PI. mers
B. mers
Barc-m. à 0°
Correction
Hauteurs
Coriigécs
Niveau moyen
h m
15 juin.
8 15 va.
3.12
767.1
+ 0.10
3.22
1 96
1 30 s.
0.60
767 3
-f 0.10
0.70
1.99
7 30 s.
3.20
766.5
+ 0.09
3.29
1.99
16 juin.
2 00 m.
0.60
766.7
+ 0.09
0.69
1.95
9 00 m.
3.10
767.0
+ 0.10
3.20
2.05
2 30 s.
0.80
767.2
+ 0.10
0.90
2.18
8 45 s.
3.37
766.4
+ 0.09
3.46
2.16
17 juin.
3 30 m.
0.75
767.5
-f 0.10
0.85
2.18
10 00 m.
3.40
767.5
-f- 0.10
3.50
2.15
3 30 s.
0.70
767.5
+ 0.10
0.80
2.09
2.06
9 45 s.
3.27
767.7
+ 0.10
3.37
2.05
18 juin.
5 00 m.
0.60
768.7
-f- 0.12
0.72
2.02
11 00 m.
3.20
768.1
+ 0.11
3.31
2.11
5 00 s.
0.80
768.3
+ 0.11
0.91
2 03
11 00 s,
3.03
768.7
+ 0.12
3.15
1.93
*
19 juin.
5 30 m.
0.60
768.5
+ 0.11
0.71
1.92
11 45 m.
3.01
767.9
+ 0.11
3.12
2.11
6 00 s.
1.00
767.7
-f- 0.10
1.10
2.12
Minuit.
3.05
766.5
-f 0.09
3.14
— 59 —
Les éléments de la marée inscrits sur le plan de Reikiavik de 1840
sont les suivants :
Établissement V h oo m
Montée de l'eau (grandes marées) 5 m ,35
Comme on le voit, les résultats trouvés en 1892 concordent sensi-
blement avec les premiers,
Uvi t
>'"»
(voy. PI. XVII).
10
H
1.16
1.23
1 14
1 40
1.44
1.31
1.06
1 08
fi
H'
12
C
1 30
1.20
1 29
1 33
1.30
66
63
13
U
1.76
2.06
14
Heure
Passage.
C
61 1 . 96
1.25 1.24
1.09 1.17
1.10
39
58
58
58
59
61
64
2.18
2 29
2.24
2.14
1.80
2.08
h m
16 03
4 29
16 54
5 18
17 42
6 06
18 30
6 54
19 17
7 42
15
PI. mers
h lu
20 15
16
Corr.
+ 63
7 30 +65
21 00
8 45
22 00
9 45
23 00
11 00
23 45 + 22
17
E
h m
5 15
4 06
+67 5 13
+ 65
+ 62
+ 60
+ 48
+ 33
12 00
4 32
5 20
39
5 18
4 39
4 50
IV» 50m
+12 4 30
I
— 60 —
Observations de marée au Spitzbercj.
Baie de la Recherche. — Les observations sont divisées en deux
périodes, qui correspondent aux deux séjours faits par le bâtiment
dans la baie de la Recherche (voy. tracés, PI. XVIII).
D'une façon générale, il semble que les marées soient plus régu-
lières au Spitzberg qu'en Islande. On a remarqué, toutefois, pendant
les mortes eaux, que la mer baissait par à-coups successifs, entre
lesquels son niveau restait stationnaire. Cette particularité, que l'on
Latitude : 77° 30' N.
Longitude : h 47" 56s E.
SPITZBERG. — Baie de la Beciierche
1
i
3
4
5
6
Dates
Heures
PI. nier
B. merf
Barom. 0°
Corrections
1 août
h m
6 35 S.
0.92
757
— 0.04
2 août
1 00 m.
0.30
756.8
— 0.04
6 00 m.
0.93
755.8
— 0.06
1 05 s.
0.30
754 6
— 0.07
7 30 s.
0.93
753.5
— 0.09
3 août
1 45 m.
0.43
752.2
— 10
8 15 m.
0.94
750.6
— 0.13
2 45 s.
0.38
749
- 15
9 45 s.
1.03
748 3
— 0.16
4 août
3 45 m.
38
748.3
— 0.16
12 août
3 45 s.
2.30
755.8
— 0.06
9 45 s.
0.93
756.0
— 0.05
13 août
3 45 m.
2.42
756.7
— 0.04
10 15 m.
0.83
757.8
— 0.03
4 30 s.
2.12
758.8
— 0.02
11 00 s.
0.90
759.6
— 0.01
14 août
4 15 m.
2.37
760.0
0.00
M 15 m.
0.83
760.2
0.00
5 15 s.
2.12
760.0
00
15 août
15 m.
0.80
759 8
0.00
Hauteurs
0.8S
0.87
0.84
0.81
0.87
2.24
2.38
2.10
Î.37
2.12
Corrigées
0:26
0.23
0.33
0.23
0.22
0.S8
0.8
0.89
0.83
0.80
Niveau moyen
57
0.56
0.55
54
0.59
0.57
0.52
0.55
0.55
1.56
1.63
1.59
1.45
1 50
1.53
1.60
1.48
1.46
0.56
1.54
ai|. ;
— 61 —
observe également en France, s'est accentuée pendant la matinée du
i août, où la mer est restée pleine et au même niveau pendant deux
heures et demie, effet produit peut-être par un vent de N.-N.-O. de
1 1 mètres qui s'est fait sentir pendant quelques heures, la baie de la
Recherche se trouvant ouverte au nord.
Celte baie est limitée, à l'est et à l'ouest, par deux glaciers, sur le
front desquels chaque marée basse détermine une chute plus ou
moins abondante de glaçons qui sont, ensuite, entraînés par le courant.
Quelques-uns d'entre eux restent échoués près du rivage, mais, pen-
dant notre séjour, le régime de la marée n'a pas paru influencé par
leur présence.
(voy. PI. XVIII).
À
— 62 —
Les résultats fournis par les observations de marée sont les suivants :
Unité de hauteur de l'onde semi-diurne 0,81
— de l'onde diurne 0,11
Amplitude totale maxima 2,16
Etablissement du port Iho6 m
Ces valeurs diffèrent considérablement de celles qui sont inscrites
sur le plan de la Recherche de i838, soit Vn 1 ^" 1 pour l'établissement
et i mètre pour la hauteur.
Latitude : 78° 30' 40" N.
Longitude : h 54m 54s e.
SPITZBERG. - Baie Skans
Résumé. — Les quatre poinls où il nous a été possible d'étudier la
la marée pendant plusieurs jours, sont situés sur les côtes ouest de
l'Islande et du Spitzberg, et occupent, environ, des positions analogues
par rapport aux terres dont ils font partie. Il peut donc être intéres-
sant de comparer les résultats obtenus pour l'amplitude totale de la
marée, en les réunissant dans le tableau suivant :
Latitude.
Reikiavik
Patrixfiord
Baie de la Recherche
Baie Skans ....
6409 N.
65 36
7730
783i
Unités de hauteur.
m m
2,08 0,21
1,66 0,19
0,8i o,H
0,78 o ? o5
Amplitude,
ni
5,40
4,36
2,16
*>96
— 63 -
Baie Skans (voy. tracé, PI. XVII). -Les observations faites à labaie
Skans conduisent aux valeurs suivantes pour les éléments de la marée :
Unité de hauteur de l'onde semi-diurne. ..:.... 0,78
— de l'onde diurne o,o5
Amplitude totale maxima lt g6
Etablissement du port I h 28 m
(voy. PI. XVIII).
10
11
H
H'
0.56
0.55
0.60
0.57
0.66
0.62
0.54
0.60
12
C
67
72
78
83
13
U
0.82
0.79
0.79
0.72
14
Heure
Passage
15
PI. mer
0.78
h m
(6) 10 41
(6) 23 09
(7) 11 37
(8) 05
h m
(6) 13 15
(7) 1 00
12 45
(8) 1 00
16
Corr.
1S
13
■+ 1
17
E
h
2 16
1 38
1 04
56
l"28 m
D'une façon générale, les marées sont plus faibles au Spitzberg
qu'en Islande, et il est assez curieux de remarquer, sans cependant
vouloir en tirer une conclusion formelle, que leur hauteur décroit à
mesure qu'on se rapproche davantage du pôle.
J
OBSEIl V ATIONS MÉTÉOROLOGIQUES
Par M. R. de Carfort.
Les observations météorologiques effectuées dans les régions polaires
ont une importance particulière qui résulte du voisinage de l'axe de
rotation du globe. Le pôle terrestre est, probablement, le siège de
phénomènes d'un ordre spécial, dont l'étude ne pourrait manquer
d'offrir un puissant intérêt. En tournant sans cesse autour de l'horizon
à une hauteur presque constante, le soleil doit y déterminer un état
d'équilibre entièrement différent de celui qui régit l'atmosphère dans
les régions tempérées.
Les documents recueillis à bord de la Manche viendront s'ajouter à
tous ceux que l'on possède déjà sur ces parages peu fréquentés, et
dont l'ensemble contribuera, un jour, à dégager de ses voiles une
science encore mal connue.
La mission élait pourvue de plusieurs instruments à lecture di-
recte et de trois enregistreurs. Dans le but de s'affranchir des erreurs
produites par le rayonnement du corps du bâtiment, on avait cons-
truit, sous l'angle de la passerelle, un abri météorologique où se
trouvaient suspendus les thermomètres ainsi que l'hygromètre enre-
gistreur.
L'extrait du journal météorologique de la Manche, que nous pré-
sentons ici, contient toutes les observations effectuées à bord pendant
le voyage du bâtiment à Jan Mayen et au Spilzberg, depuis le départ
de Leith, le 20 juillet, jusqu'à l'arrivée à Tromsoë, le 19 août. Il
comprent 17 colonnes, dans lesquelles se trouvent inscrites Jes valeurs
corrigées des divers éléments.
— 65 —
Dates et heures des observations. — (Colonnes n os 1 et 2.) Les
observations ont été prises, autant que possible, toutes les deux heures,
mais on n'a pas cherché à suppléer à celles qui, pour une cause quel-
conque, avaient été omises. Je me suis attaché, d'ailleurs, à n'ins-
crire sur le journal que des chiffres observés et contrôlés avec
soin.
Latitude et longitude. ~ (Colonnes n os 3 et 4.) — On a calculé,
plusieurs fois par jour, le point estimé au moment des observations,
principalement aux heures 10, 2 et 6 qui correspondent, générale-
ment, aux séries complètes pouvant servir de repères pour les enre-
gistreurs.
Force et direction du vent. — (Colonnes n os 5 et 6.) — La direction
vraie du vent, résultant de la direction apparente combinée avec le
mouvement du navire, est inscrite dans la colonne n° 5. La direction
du vent apparent était donnée par une girouette en plumes emmanchée
sur l'alidade de l'un des tachymètres.
La colonne n° 6 est la vitesse du vent en mètres par seconde. Un
anémomètre du système Fleuriais, installé sur le sommet du kiosque
de la passerelle, nous a donné, chaque fois, la vitesse du vent appa-
rent.
Pression atmosphérique. — (Colonne n° 7 .) — L-d. Manche possédait
quatre baromètres :
Un baromètre Fortin fourni, avec sa correction, par l'observatoire
de Cherbourg;
Un baromètre marin à mercure;
Un baromètre anéroïde;
Un baromètre enregistreur.
Les comparaisons avec le baromètre Fortin ont été prises pendant
le séjour du bâtiment dans les docks de Leith, et ont permis de dé-
terminer la correction du baromètre marin. Les trois autres instru-
ments ont été comparés chaque jour au mouillage. On a inscrit, dans
la colonne n° 7, la hauteur barométrique réduite à 0° et au niveau de
la mer.
Température de l'air. — (Colonne n° 8.) — Les chiffres inscrits
dans cette colonne sont les lectures corrigéesduthermomètre suspendu
sous l'abri. Ce thermomètre, provenant du Service hydrographique,
— 66 —
a été comparé plusieurs fois avec les thermomètres étalons fournis
par le Bureau central météorologique.
Etat hygrométrique de Voir, — (Colonne n° 9.) — L'humidité re-
lative de l'air a été déduite des observations du Ihermomètre à boule
mouillée situé sous l'abri. Les chiffres de cette colonne doivent servir
de repères pour la lecture des courbes de l'hygromètre enregistreur.
Les différents états de la vapeur d'eau contenue dans l'air, d'abord
invisible et transparente, puis condensée sous forme de brume et de
nuages, sont l'une des causes principales des perturbations atmos-
phériques, en raison des différences de cohésion et de conductibililé
calorique et électrique qui en résultent. Il est donc important de
suivre toutes les variations de l'état hygrométrique de l'air.
Nous avons eu l'occasion d'observer, dans la baie de la Recherche,
en faisant l'ascension d'un des sommets, deux couches de brume paral-
lèles et superposées, séparées par une tranche d'atmosphère entière-
ment transparente. Il semble que la vapeur d'eau soit d'autant plus
transparente que l'air est plus voisin de son point de saturation. La for-
mation de la brume n'est pas toujours la conséquence directe de cette
saturation. Par contre, une brume épaisse, mais sèche, peut ne faire
monter l'hygromètre qu'à 90 ou 9a.
Temps. —(Colonne n° 10.)— Les heures de pluie, neige oubrume
sont enregistrées dans la colonne n° 10.
Proportion de ciel couvert. — (Colonne n° 11.) — On a noté, toutes
les deux heures, l'état du ciel au point de vue de la nébulosité. Les
chiffres indiquent, en dixièmes, la proportion de ciel couvert au mo-
ment de l'observation.
Forme des nuages. — (Colonnes n os 12 et i3.) — Les différentes
formes de nuages ont été notées plusieurs fois et j'ai dû, pour écarter
toute ambiguïté, emprunter à la nomenclature de Poëy quelques ex-
pressions telles que tracto-cirrus et fracto-cumulus. La première dé-
signe les cirrus en forme de stries ou de filaments allongés ; la seconde
s'applique aux fragments de nuages déchiquetés qui sont emportés
par le vent.
Au Spitzberg, les formes de nuages les plus fréquemment obser-
vées sont : le stratus ou brouillard élevé, le nimbus donnant la pluie
ou la neige, le cirro-cumulus ou nuage de neige et le cirrus. L'é-
chelle des nuages est surbaissée. Il arrive que les stratus se tiennent
— 67 —
à peine suspendus au-dessus du sol, tandis que l'altitude des cirro-
cumulus ne dépasse pas quelques centaines de mètres. Ceux-ci sont
très souvent collés contre le flanc des montagnes et se confondent avec
la neige qui les recouvre. Parfois, leur partie supérieure est formée,
dans ce cas, d'une sorte de brouillard ou poussière neigeuse que les
rayons obliques du soleil colorent en rose.
Température de l'eau de mer. — (Colonne n° 14.) — Les études
concernant l'eau de mer sont du domaine de l'océanographie, mais se
rattachent étroitement à la météorologie atmosphérique. La tempéra-
ture de la surface de l'Océan, en accélérant ou retardant l'évaporation,
fait varier l'état hygrométrique de l'air, ainsi que la température et
le potentiel électrique des masses nuageuses avoisinantes. C'est à bon
droit qu'on a pu qualifier le Gulf-Slream de père des tempêtes. L'im-
mense fleuve d'eau chaude est le chemin des dépressions et produit,
lui-même, par les différences de condensation, un grand nombre de
perturbations atmosphériques locales, grains, orages et coups de
vent.
La plupart des météorologistes refusent, actuellement, le nom de
Gulf-Slream aux eaux chaudes qui baignent les côtes de la Norvège
et du Spitzberg. D'après eux, le courant du golfe du Mexique se perd
dans l'Atlantique sans dépasser une certaine limite, et sa chaleur seule
se propage à la surface de l'océan Arctique. Quoi qu'il en soit, c'est à
ces eaux chaudes du nord que l'Islande et la Norvège doivent la douceur
relative de leur climat. C'est elles qui, refoulant la banquise polaire,
permettent aux bâtiments de remonter, pendant l'été, sur la côte du
Spitzberg, jusque par 80° de latitude nord. L'observation de la tem-
pérature de l'eau de mer est, par suite, d'une importance capitale
pour les navigateurs des régions polaires. C'est en consultant avec
soin les cartes de températures, et en suivant les lignes isothermes,
que la Blanche a pu s'avancer, presque à coup sûr, vers Jan Mayen
et, de là, vers le Spitzberg, sans rencontrer de glaces flottantes.
Celles-ci sont entraînées par le courant polaire qui descend le long
de la côte du Groenland et dont une branche, passant au nord de
l'Islande, s'infléchit sur sa côte est. La largeur de ce courant est va-
riable, mais sa limite est toujours nettement indiquée par la tempé-
rature o° de la surface de la mer. Sur la côte ouest d'Islande, on
trouve, il est vrai, un courant d'eau chaude allant, du sud au nord, à
la rencontre des glaces, et nous avons observé, au cap Nord, une
température de + 2 jusqu'au milieu des premiers blocs détachés de
la banquise.
1
68
Mais, quoi qu'il en soit, on peut, au large, présumer qu'il n'existe
pas de glaçons dans une eau supérieure à -f- 2° et qu'au contraire
un abaissement subit de la température jusqu'à o° indique le voisi-
nage de la glace.
Les températures de l'eau de mer ont été prises, à bord de la
Manche, très régulièrement toutes les deux heures, et souvent toutes
les heures, au moyen du thermomètre n°584o(), d'Alvergniat, fourni
par M. Pouchet. Cet instrument était muni d'un réservoir en zinc
faisant corps avec sa monture et servant à puiser l'eau le long du bord.
La lecture du thermomètre s'effectuait pendant que sa boule était plon-
gée dans le liquide, et l'on prenait soin d'attendre l'instant précis où
la colonne de mercure avait cessé de monter ou de descendre. Cette
observation était, d'ailleurs, souvent contrôlée par celle de la tempé-
rature de l'eau puisée sur l'avant de 1 etrave, pour la mesure de la
densilé. Les deux températures n'ont jamais différé que de quelques
dixièmes.
Densité de Veau de mer. — (Colonne n° i5.) — La Manche était
pourvue d'un aréomètre Thoulet. Cet instrument, qui porte le n° 7, a
été régulièrement observé pendant toute la campagne, et les chiffres
inscrits dans la colonne n° i5 ont été calculés, au retour, au moyen
de la table spéciale de l'aréomètre dressée, à Nancy, par les soins de
M. Thoulet.
Suivant les conseils donnés par ce professeur dans son Océano-
graphie, nous nous sommes servis, pour la mesure des densités,
d'une éprouvette en verre suspendue par quatre cordelettes remplie,
vidée puis remplie de nouveau avec de l'eau puisée sur l'avant de
l'étrave. L'aréomètre, muni de ses poids, y était plongé doucement
en même lemps que le thermomètre qui lui est joint, et les deux lec-
tures avaient lieu simultanément une ou deux minutes après. L'ob-
servation n'a jamais présenté de difficultés, bien que, par grand rou-
lis, l'instrument ait été, parfois, animé d'un léger mouvement oscil-
latoire vertical. J'ai pris soin, dans ce cas, d'adopter la moyenne des
lectures extrêmes.
En outre, pour annuler l'erreur due à la capillarité de la tige, j'ob-
servais le point d'affleurement par-dessous la surface liquide.
Il est intéressant de comparer les chiffres inscrits dans la colonne
n° 10 et qui représentent la densité de l'eau de mer, S"«, avec ceux
qui figurent sur la planche XXXIV du volume XVIII de l'ouvrage si
complet du professeur Mohn, The Norlh Océan.
Mais, il faut avoir soin de remarquer que ces derniers représentent,
— 69 —
non pas la densité, mais le poids spécifique de l'eau de mer à la
température + 17°, 5, S«t». Le passage d'un chiffre à l'autre peut,
d'ailleurs, s'effectuer au moyen de la table de réduction donnée à la
page i38 du volume précité.
Par exemple, la densité obtenue au moyen de l'aréomètre Thoulet,
au mouillage de l'île Jan Mayen, est 1,0269, à la température-]- 3°a.
La table de réduction de Mohn donne, pour cette température, la
correction 11, 5, correction qui s'applique à la quatrième décimale.
Le poids spécifique S«f», correspondant à cette observation, est donc
1,0257,5 ou, en chiffres ronds i,0258, ce qui concorde, à peu près
exactement, avec le chiffre 58,5 inscrit, sur la planche XXXIV, à la
pointe nord-est de l'île Jan Mayen.
D'autres comparaisons ont conduit à une concordance semblable.
Nous donnons (PI. XIX) les graphiques de la température et, de la
densité de l'eau de mer pendant les trois traversées effectuées par le
bâtiment entre l'Ecosse, Jan Mayen, le Spitzberg et la Norvège. Au
large, les eaux les plus chaudes, par comparaison avec la température
de l'air, sont en même temps les plus salées. L'inverse a lieu dans
le voisinage de la côte, pendant l'été, en raison de la fonte des neiges
et des glaces et de l'apport d'eau douce qui en résulte. Dans cette
saison, les grands fleuves de la côte sud d'Islande, ainsi que lesfiords
du Spitzberg, se prolongent, à la surface de la mer, suivant des nappes
d'eau moins dense dont l'aréomètre révèle, brusquement, l'existence.
En cas d'atterrissage par temps de brume, cette observation peut être
d'une certaine utilité, en indiquant le voisinage de la côte.
Nous avons souvent observé, au Spitzberg, des températures de
Surface plus basses au large qu'à l'intérieur des baies, dans le voi-
sinage même des glaciers et au milieu des glaçons qui en provenaient.
J'attribue, pour ma part, ce fait aux différences considérables delà
densité dans les deux cas, l'eau plus douce de l'intérieur des flords
s'échauffant plus facilement, à la surface, sous l'influence de la chaleur
solaire.
Coloration de la mer. — (Colonne n° 16.) — La présence à bord
de M. Pouchet nous a conduit à faire quelques observations sur les
différentes colorations de l'eau de mer, qu'il ne faut pas confondre
avec les changements de couleur produits par le reflet du ciel ou des
nuages. Ainsi que l'a fait remarquer ce savant, il existe des eaux vertes
et des eaux bleues, comme il existe du vin rouge et du vin blanc, et
ces deux colorations distinctes paraissent en relation avec la présence,
ou l'absence, de certains végétaux microscopiques.
— 70 —
M. Rabot possédait une échelle de Forel, instrument pourvu d'une
série de tubes gradués passant du bleu intense au vert clair. Les
nuances qu'il indique sont difficilement appréciables au large, où l'on
peut se contenter de qualifier les eaux de vertes ou de bleues, suivant
le cas. Nous croyons intéressant de reproduire ici (PL XX) la carte,
dressée par M. Pouchet, des colorations observées pendant le voyage
de la Manche.
La couleur de la mer est quelquefois le vert clair ou le bleu clair,
qu'il est impossible de confondre l'un avec l'autre. Mais, souvent, ces
deux couleurs se présentent avec une teinte opaque plus ou moins
sombre qui rend l'observation plus indécise. Nous avons désigné le
bleu opaque ou ardoise par la notation bleu* et le vert opaque ou
olive par vert*. La différence entreleuert'et le bleu* peut être presque
insensible.
Remarques. — (Colonne n° 17.) Dans la colonne n° 17, on a pris
soin d'inscrire toutes les circonstances pouvant intéresser la météo-
rologie, telles que l'apparition des oiseaux ou des cétacés, le voisi-
nage des glaces, etc.
Instruments enregistreurs. — L'extrait du journal météorologique
est suivi du fac-similé des courbes fournies par les trois instruments
enregistreurs, pendant le voyage de la Manche à Jan Mayen et au
Spitzberg.
Les lignes 0° pour le thermomètre, 760 pour le baromètre et 100
pour l'hygromètre, servent de points de départ et ont été tracées, sur
chaque feuille, à la hauteur vraie déduite des comparaisons avec les
instruments à lecture directe. On peut donc, à la simple inspection
des courbes, reconnaître la grandeur et le signe de la correction à
faire subir aux lectures.
Le repérage de l'heure est donné par un trait vertical, chaque jour,
à io heures du matin, heure du bord.
Thermomètres de profondeur. — La Manche était pourvue d'un
thermomètre de profondeur, à retournement, de Negretti et Zambra.
En outre, M. le professeur Pouchet et M. Rabot avaient apporté plu-
sieurs instruments du même genre. Le Tableau I (à la suite des
graphiques des enregistreurs) indique le numéro et la provenance de
ceux d'entre eux qui nous ont servi. Malheureusement, la rapidité du
voyage, et le peu de temps qui était accordé à la Manche pour l'ac-
complissement de sa mission, n'ont pas permis de faire un grand
— 71 —
nombre d'observations de la température de l'eau de mer à di lié rentes
profondeurs. Le Tableau II contient les observations de ce genre
qu'il nous a été possible d'entreprendre ; elles ont eu, principalement,
pour but de vérifier certains faits intéressants, qui ressortent de
l'examen des courbes si complètes dressées par le professeur Mohn,
entre autres, l'existence, autour de Jan Mayen, d'une nappe d'eau
froide à moins de o°, située à environ 5o mètres de profondeur, et
comprise entre des eaux plus chaudes. Les observations faites le 26
et le 28 juillet, aux environs de Jan Mayen, corroborent les assertions
du savant explorateur. L'explication de ce fait ne paraît pas avoir été
donnée.
Le Tableau III contient quelques échelles de températures prises
dans lesfiords du Spitzberg et de Norvège, à des profondeurs distantes
de 10 mètres. On s'est servi, chaque fois, du même thermomètre,
dont le déclanchement était obtenu au moyen d'un courrier, et cha-
cune des plongées de l'instrument était maintenue pendant 1 minutes.
Dans l'Icefiord, à la baie Advent et à la haie Skans, entièrement
libres de glaces, on a trouvé la température 0° entre 20 et 3o mètres
de profondeur. Au contraire, dans la baie de la Recherche, malgré
la présence de nombreux glaçons, la température était encore de
-4- i°, 2 à 4° mètres. Cette observation semble indiquer que l'entrée
de l'Icefiord est barrée par un seuil, sur lequel il reste, en moyenne,
de 25 à 3o mètres d'eau, et qui fait obstacle à la propagation latérale
de la chaleur. Cette supposition s'est, d'ailleurs, trouvée confirmée par
les révélations de la sentinelle sous-marine que le bâtiment remor-
quait à son entrée et à sa sortie du fiord. Cet instrument a rencon-
tré en effet, des petits fonds de 25, 32 et 35 mètres, à 6 ou 7 milles
de la côte. Ce banc de la Sentinelle doit se prolonger vers la pointe
sud de la Terre du Prince-Charles.
1
:
t
EXTRAIT DU JOURNAL MÉTÉO
DE
LEITH (ECOSSE
DATE
1
HEURE
2
LATITUDE
3
LONG1TUW
4
VENT
ATMOSPHÈRE
1
1
1
| Direction
Force
6
Pression
7
T • » État
température hvro-
mctrique
S 9
1 2
1
SE j 6
mm
767,8
+ 12°,3
69
- i 4
o 1
E 1/4 SE
7,5
»
I J fi
56° 39' N
4» 36'
ENE
6
767,7
+ 11,5
76
0> J
t-: f
£> 1
fe 10
E 1/4 NE
NO 1/4 N
4
+ 11,5
+ 9,7
\ Minuit
i
HT 11
1 4 11
NO 1/4 O j 6,S
76S.7 j -f g,2
i S7
/ 2
i
NOt/4 S
+ 8,7
4
NO 1/4 O
5
+ 10,0
6
NO 1/4 O
6
+ 10,5
8
NO 1/4 O
8
+ 10,8
10
58 23
3 26
ONO
7
767,6
+ 10,7
89
I >
Midi
58 32
3 24
ONO
7,5
+ 11,2
S J 2 1
•5 1
53 46
3 20
O 1/4 NO
5,5
767,2
+ 11,3
89
i
I 4
OSO
5
+ 12,0
f 6
59 19
3 12
SO 1/4 O 1 6
766,2
+ 11,2
93
S
SO j n
+ 10,3 1
F
10
59 50
2 56
SO
9
765.6 | +10,2 1
100
11
1
linuit
|
SO
7,5
i
+ 10,5 j
!
r Ê0
ROLOGIQUE DI
1 LA «
MANCHE ».
A JAN MAYEN
^
1
TEMPS
1 10
CIEL
Proportion 1 soams
de ^-^^ — — ■
ciel couvert ' : Inférieurs I Supérieurs
tt ! ta 1 j3
EAU DE MEI
Couleur
I1EMABQUES
Sro.
>
■
Température
14
| Densité
t
S*
t5
i!l
8
Cum.
Tracto-ci.
+ 11°,2
C
3
2
2
Tracto-ci.
+ 10,5
+ 10,6
+ '0,8
1,0263
1,0263
Vert.
Vert'.
'
:
2
9
7
7
Str.
+ 10,3
+ 10,2
+ 10,0
+ 10,2
+ 10,5
+ 11,4
1,0265
6
Str.
Cirro-cu.
+ H,3
1,0267
Vert.
4
+ 11,4
7
Str.
Cirro-cu.
+ 11, s
1,0267
Vert.
1
+ 11,6
9,5
Str.
+ H,3
1,0266
Vert'.
Pluie fine.
10
+ n,o
Brume.
10 !
+ H,0
1,0269
1
Brume.
10
+ 10,8
|
1
'
•
1
74
DE LEITH (ECOSSE)
VENT
LATITUDE
LONGITUDE
Direction
Force
S
4
5
G
Pression
7
ATMOSPHERE
Température
8
Etat
hygro-
métrique
10
Midi
/
S
10
Minuit
2
4
6
8
10
Midi
SO 1/4
9
+ 100,5
SO 1/4
9
+ 10,5
SO 1/4
8
+ 10,3
SO 1/4
7,5
mm
+ 10,3
60» 48'N
2» OO'O
Ouest
11
764,8
+ 10, 5
61 03
2 00
OSO
9
+ 10,5
61 16
2 00
Ouest
16
764,3
+ 11,0
1/4 NO
9
+ 10,5
61 42
1 38
1/4 NO
8
763,3
+ 10, 7
1/4 NO
7
+ 10,7
62 15
2 04
1/4 NO
10
763,5
+ 10,5
1/4 NO
8
+ 9,7
ONO
9
+ 9,0
ONO
+ 8,3
NO 1/4
6,5
+ 8,5
1/4 NO
7,5
+ 9,0
63 57
1 15 .
ONO
9
763,8
+ 8,5
64 12
1 15
ONO
9,5
+ S, 5
64 26
1 19
NO
9,3
764,3
+ 8,5
64 36
1 20
NOl/40
8
+ 7,9
64 38
1 16
NO 1/4
6
765,3
+ 7,5
NO 1[4
7,5
+ 7,5
96
i 01
A JAN MAYEN
75
TEMPS
CIEL
EAD DE MER
REMARQDES
Proportion
do
ciel couverl
NUAGES
Inférieurs j Supérieurs
Température
■m — ~- -^
Densité
t
S 4
Couleur
.
10
il
! 12 13
H
t5
10
17
Brume
10
+ 10-,3
épaisse.
Brume
10
+ 10,6
épaisse.
Brunie.
10
+ 10,6
Brume.
10
+ 10,6
9
Str-cu;
+ 10,5
1,0271
Bleu.
Baucs de
10
+ 10,7
Bleu 2 .
brume.
Petite
10
Str-cu.
+ 10,7
1,0271
Bleu 3 .
pluie.
10
+ 10,3
10
Sir.
+ 10,6
1,0265
Vert'-.
9,3
+ 10, S
10
Str.
+ 10,3
1,0269
10
+ 10,2
10
+ 9,8
9
+ 9,8
10
+ 9, S
8
+ 9,7
6
Fracto-cu.
+ 9,8
1,0271
Vert 2 .
10
+ 10,
9
Str-cu.
+ 10,0
1,0269
Vert 2 .
10
+ 9,8
9 1
Str-cu.
+ 8,7
1,0270
Bleu*.
10 1
+ 8,5
76
DE
LEITH (
ECOSSE)
DATE
HEURE
LATITUDE
LONGITUDE
VENT
Pression
ATMOSPHERE
Température
—
Direction
Force
État
hygro-
métrique
l
-
3
4
S
fi
7
8
9
J
NO 1/4
8
+ T°,S
,% 7 Minuit
<N 1
ONO
S
+ 7,5
f 2
Ouest
6
+ 7,3
i
SO
1,5
mm
+ 7,3
6
66° 04' i\
1» 37'
S1/4SO
1,5
767,9
+ 7,3
86
8
S 1/4 SE
6
+ 8,3
3
10
66 34
2 01
S 1/4 SE
8
766,4
+ 9,1
91
Cl
Midi
66 47
2 13
S 1/4 SE
8,5
+ 9,0
° 1 2
67 00
2 28
Sud
9
764,9
+ 9,2
97
*
I
S 1 i
Sud
12
+ 9,0
6
67 24
3 29
Sud
13,5
761,5
+ 8,5
100
8
Sud
14
+ 8,5
10
S 1/4 SO
14
+ 8,5
1
Minuit
S 1/4 SO
17
+ 7,7
/
2
4
68 13
4 45
SSO
SO 1/4 S
16
13
755,4
+ 8,2
+ 7,3
96
0>
6
SSO
17
754,1
+ 7,3
.i, s
SO
15
+ 6,3
£ 10
68 44
5 40
Ouest
18
751,8
+ 6,2
96
3 1
Midi
68 51
b 40
Ouest
15,5
+ 6,3
9
68 59
5 42
ONO
15
755,2
+ 6,2
85
4 1
NO 1/4 O
12
+ 6,0
A JAN MAYEN
77
TEMPS
10
CIEL
MJA
Inférieurs
13
EAU DE MKR
Deusité
si
i
15
REMARQUES
17
Proportion
de
ciel couvert
II
GSS
Supérieurs
•3
Température
H
Couleur
(8
10
+ 8°,5
10
+ 9,0
10
+ y, 2
10
+ 9,2
10
Str-cu.
+ 9,4
1,0271
Vert ! .
10
+ 9,4
9
Str-cu.
+ 9,5
1,0270
Vert 2 .
10
+ 9,4
10
Str.
H- 9, a
1,0271
Vert*.
Uu oiseau.
Pluie.
10
4 9,0
Pluie,
10
Str.
+ 8,4
1,0271
Vert 5 .
brume.
Pluie,
10
+ 8,4
brume.
Pluie.
10
+ 8,2
Un oiseau.
Petite
10
+ 8,8
pluie.
Pluie.
10
Str.
+ 8,2
1,0271
Pluie.
10
10
10
10
10
Str-ou.
+ 8,3
+ 8,2
+ 7,0
+ 7,3
+ 7,0
1,0271
Vert 1 .
Aucunoiseau
10
10
Str-cu.
+ 7,0
+ 7,5
1,0272
Vert 2 .
Plusieurs oi-
seaux (Procel
lariaglacialis)
78
DE LEITH (ECOSSE)
DATE
HEURE
LATITUDE
LONGITUDE
VENT
Direction Force
ATMOSPHÈRE
Pression
Température
État
hygro-
1
8
4
5
r,
7
8
métrique
9
1
mm.
CJ
69° 17' N
5» 45'
NO
10
737,6
+ 6», 2
94
1 \ 8
NNO
10
+ 6,3
(M <
îS 1 io
NNO
10,5
+ 6,3
1 Minuit
NNO
8
+ 3,5
! -
NO 1/4 N
t)
+ 4,0
4
NO 1/4 N
4,3
+ 3,5
6
NNO
3
+ 3,3
8
NNO
3
+ 3,0
OJ
10
70 24
5 59
NNO
2
764,5
+ 4,4
84
B, Midi
70 31
6 40
NNO
4
+ M
h
70 38
7 26
ONO
2
766,5
+ 3,7
87
à
4
Calme
+ 3,7
6
70 56
8 58
Ouest
1
766,8
f M
99
8
Ouest
1
+ 2,4
10
71 03
9 54
SSO
5
+ 2,5
\Minuit
1
Calme
+ 3,6
1
/ 2
Calme
+ 4,0
2 1 4
r- J
ESE
4
+ 3,3
-o 1 6
o> 1
lie Jau May en.
SE 1/4 E
4,5
+ 4,3
p 1
0) 1 S
(Mouillage de la baie
SE
5,5
+ M
1
1
10
Mary 1
luss.)
ESE
6
763,9
+ 4,5
96
A .TAN MAYEN
79
TEMPS
CIEL
EAD DE MER
REMARQUES
Proportion
do
ciel couvert
NUAGES
Inférieurs 1 Supérieurs
Température
i Densité
S*
Couleur
10 11
! 12 13
14
ts
10
17
10
Str.
+ 7», 2
1,0273
Vert 2 .
Bois llotlé.
10
+ 7,5
10
+ 7,5
10
+ 7,o
+ 7,3
10
+ 7,2
10
+ 7,0
+ 7,0
+ 7,0
Bois flotté.
+ 7,0
+ 7,0
10
+ 6,5
10
Str.
+ 5,6
+ 5,5
1,0273
Vert 5 .
10
+ 5,8
+ 5,8
+ 3,8
Cétacés.— Oi-
seaux.
9,5
Str.
+ 5,8
+ 5,8
t,0275
10
+ 8,0
10
Str.
+ 3,3
+ 3,3
+ 3,0
1,0266
Vert 2 .
-
Brume.
10
+ 3,0
Brume.
10
+ 3,0
1,0267
Brume.
10
+ 3,0
Brume.
10
+ 3,4
Brume.
10
+ 2,6
Brume.
10
+ 2,6
Brume.
10
+ 2,6
Pluie fine.
9,0
Str.
+ 3,2
1,0269
n =
3 JE
i— 1 — =
M — =
co — =
^ — EE
80 DE JAN MAYEN
e=
DATE HEUR]
LATITUDE
VENT
LONGITUDE
ATMOSPHÊI
Cn — EE
"
1 i*i. i
,
Direction
Force
Pression
utai
Température hvs.T0-
métrique
:-î 4 :; fi
7
S 1
• —
CT, — =
1
/ Midi
Ile Jan Mayen. 1 ENE
2,5
+ 4°, 5
-J — =
(B° Mary Muss)
o
2
Calme
2
+ 4,0
'p 1
CO — =
t— 1
S 1/4 SE
3
+ M
CM
'S \ 6
OJ 1
Calme
+ 5,0
94
id — EE
o I
S
Calme.
•- .
h- > =
10
o =
i Minuit
»
„
h- > =
1
h- 1 =
1 *
Calme
[ + 3,5
h- 1 =
i
6
Calme. 2
Calme. 2
+ 3,5
+ 4,«
h- 1 =
U) =
8
Calme.
2
mm
+ 3,5
h- 1 =
J^ =
o
10
NE 1/4 E
9
762,2
+ 3,5
99
h- 1 =
f
=====
Cn =
CM
Midi
70° 56' N
11' 26'
oso
2,5
+ 3,5
h- 1 =
"-3
2
4
70 50
11 30
NNE
NE
5
4
763
763
+ 3,3
+ 5,3 J
h- 1 =
-J =
6
NE
4
763,5
+ 2,5 97
h- 1 =
CO —
S
N 1/4 NE
3
"
I 10
70 56
10 17
Calme
763,9
+ 1,6
99
h- 1 =
ID =
■"■ / Minuit
CN 1
N 1/4 NO
5
0,0
rO =
O =
■3 1 2
T3 f
1
N 1/4 NO
3
+ 0,3
[\J =
1 1
3 F i
> \ 1
1
N 1/4 NO | 4
+ 0,3
h- 1 =
[\J =
NJ =
M =
CO =
r-o =
J^. =
PO =
Cn =
cm
2 3 i
l 5
6
7
8
9
10
11
12 :
L3 14
15
L6 17
! N AU SPITZBERG
81
Proportion !
de
ciol couvert Inférieurs I Supérieurs
10 il ! 12 Ci
Température
11
EAU OR MER
Densité
t
fi
Couleur
{6
REMMIQUËS
10
10
9
9,5
1)
»
Pluie.
10
Pluie.
10
Pluie.
10
Brume.
10
Brume.
10
Brume.
10
Brume.
10
Brume.
9
Brume.
6
Brume.
8
Brume.
7
Brume.
10
Brume.
10
Brume.
10
Str.
+
3°,2
+
3,2
+
3,0
+
3,0
+
3,0
+
3,0
+
3,2
+
3,2
+
3,2
+
3,0
+
3,7-
+
3°,7
+
3, o
+
3,6
+
+
3,4
3,3
3,4
3,4
+
3, 5
■4-
3,6
_L
3,8
1,0269
Vert ».
Nombreux
oiseaux. —
Guillemots.
1,0267
1,0268
1,0266
Bleu ".
1,0266
Vert.
1 ,0266
Nombreux
oiseaux.
83
DE JAN MAYEN
BATE
1
HEURE
a
LATITUDE
3
LONGITUDE
4
VENT (
Direction Force
5 ' 6
ATMOSPHÈRE
Pression
7
Température
8
F.tat
livgro-
métrique
(1
10
Midi
2
4
fi
8
10
Minuit
2
4
6
8
10
Midi
2
4
6
I 10
' Minuit
71» 33' N
71 38
71 44
72 08
73 07
73 29
73 37
73 44
74 10
5» 43' O
5 17
5 00
3 57
12 E
1 22
1 44
i 36
2 37
ONO
5
ONO
5
ONO
6
O 1/4 NO
7
ONO
6
ONO
10
NNO
8
NNO
9
[NO 1 /4 N
11
NO
12
N 1/4 NO
12,5
NNO
11
N 1/4 NO
11
N 1/4 NO
11,3
Nord
8
N1/4NO
9
N 1/4 NO
9
NNO
8,5
NNO
9
N 1/4 NO
9,5
NNO
8
NO
10
mm
764,4
765,0
763,2
762,8
763,8
762,3
763,7
f 0,7
+ l°,l
+ 1,5
100
+ 1,6
+ 1,8
100
+ 2,0
+ 3,2
88
+ 2,5
+ 2,8
».
+ 2,6
+ 2,7
+ 2,7
+ 2,5
91
+ 2,5
+ 2,8
93
+ 3,0
+ 2,7
89
+ 2,9
.
+ 2,7
93
+ 2,2
+ 2,3
f 2,5
AU SPITZBERG
83
TEMPS
Proportion
CIEL
EAU DE MEIi
REMARQUES
NUAQÏS
Densité
^
de
~ ^ " — -— —
Température
t
Couleur
ciel couvert
Inférieurs I Supérieurs
S*
10
II
12 13
H
15
ifi
17
Brume.
Bruine.
10
10
+ 3°,y
+ 3,8
+ 3,8
+ 3,8
+ 4,0
Brume.
10
+ 4,3
+ 4,2
1,0270
Bleu.
Brume.
9
+ 4,3
-+- 4,3
Brume.
10
+ 3,9
1,0269
Bleu2.
Brume
+ 3,9
légère.
10
Str.
+ 4,0
+ 4,3
10
+ 4,1
+ 4,0
1,0269
Bleu».
Cétacés.
8
Str.-cu.
+ 4,0
9
+ 4,0
1,0269
Bleu'.
10
+ 4,0
+ 4,3
10
+ 4,4
+ 3,8
Cétacés.
Grêle.
9
Str. -eu.
+ 3,8
+ 3,7
Cétacés.
10
+ 3,4
+ 3,7
1,0268
Bleu'.
Cétacés.
10
Fracto-cu.
+ 3,6
6
+ 3,7
1,0267
Bleu.
Cétacés.
4
Str.-cu.
+ 3,8
+ 3,7
8
+ 3,8
+ 3,6
1,0269
Bleu».
Brume
10
+ 3,4
Oiseaux
légère.
10
10
10
10
Str.
+ 3,4
+ 3,6
+ 3,5
+ 3,6
+ 3,5
+ 3,5
1,0270
Bleu*.
et cétacés.
Cétacés.
84
DE JAN MAYEN
Direction
5
Force
6
Pression
7
ATMOSPHERE
Température
Etat
hvgro-
métriq'ie
5
10
Midi
2
4
6
8
10
\Minuit
10
Midi
2
4
6
75° 02' N
75 57
76 08
76 21
76 50
77 18
4» 01' E
5 40
6 01
6 51
8 02
9 07
Spitzberg
Baie de la Recherche.)
NNO
NNO
NNO
NNO
NNO
NO 1/4 N
NO 1/4 N
ONO
NO 1/4
NO 1/4
NO
NO 1/4
NO 1/4 N
ONO
SO
SO
O 1/4 SO
Calme
Calme
Calme
NE 1/4 E
mm
1
8
763,2
+ 2°,1
94
7
+ 2,6
9
+ 2,7
8
+ 2,8
8
763,2
+ 3,1
91
7,5
+ 2,5
7,5
761,7
!+ 1,1
93
10,5
+ 2,6
10
760,7
+ 3,6
93
12
+ 3,5
11
759,1
'+ 2,1
85
11
+ 2,3
9
■+ 2,9
4
+ 3,8
6
+ 4,1
5
!+ 4,3
3
757,8
!+ S, 5
66
+ 4,7
+ 4,7
+ 4,1
+ 3,5
AU SPIÏZBERG.
85
1
TEMPS
CIEL
EAU DE MER
Densité
t
S*
Couleur
HEMARQ.U8S
Proportioi
de
ciel couvert
NUAGES
Inférieurs 1 Supérieurs
Température
10
11
12 13
14
(5.
15
1T
+ 3°,7
Oiseaux (Pr.
10
Str.
+ 3,9
+ 4,3
1,0271
Vert.
glacialis,
Guilleoiots).
10
+ 4,2
Cétacés.
10
+ 4,8
+ 4,8
Orque. Proc.
glacialis.
10
+ 4,4
+ 4,4
+ 4,6
Bois flotté. —
Nombreux
oiseaux.
10
Str.
+ i,l
+ 4,6
1,0273
Vert 1 .
Macareux.
10
+ 4,6
9
Str. -eu.
+ 4,6
+ 4,6
1,0273
Bleu.
10
+ 4,5
10
9
Str.
+ 4,5
+ 5,1
+ 5,1
+ 5,1
1,0273
Bleu'.
1
6
Fracto eu.
+ 4,5
+ 3,4
+ 3,4
1,0267
Bleu».
10
+ 3,0
+ 3,2
9
+ 3,1
+ 3,5
4
+ 3,8
Phoque.
5
+ 4,0
4
+ 4,0
4
9
Cirro-cu.
Cirrus.
+ M
1,0233
Vert.
Glaçons pro-
venant des
glaciers.
Nombreux
9
+ 5,1
oiseaux —
Eiders. Guil-
lemots.
9
+ 4,5
7
+ 4,2
86
Spitzberg
(Baie de la Recherche)
10
Minuit
2
4
6
8
to
Midi
2
4
6
8
10
Minuit
2
4
10
Midi
SP1TZ
Direction
5
Force
6
Pression
7
ATMOSI'HEIlti
Température
Etat
hyu;ro-
môtriqua
9
NO 1/4 N
4
NO
3,5
NO
3
NNE
2
»
»
SOI/4
3
so
2
Calme
1,5
Calme
Nord
4
Nord
2
NO
3
N 1/4 NO
4
NNO
5
NO
5
NO 1/4
4
NO
4
NNO
9,5
NNO
4
Ni/4 NO
M
N 1/4 NO
4,5
mm
755,5
750,5
+ 3°, 5
+ 3,0
+ 2,8
+ 2,5
»
+ 2,5
+ 2,3
+ 2,5
+ 2,6
-f- 3,2
+ 3,5
+ 2,5
+ 2,0
+ 2,5
+ 2,7
+ 2,5
+ 2,5
+ 2,3
+ 2,6
+ 2,9
+ 3,0
T! BERG
87
Pluie.
Brume.
Neige.
Neiee.
Proportion
de
ciel couvert
II
Inférieurs
12
7
10
10
9
10
10
10
10
10
8
10
8
10
10
10
10
10
9
Supérieurs
13
EAU DE JIEI!
Température
14
Couleur
16
iiE.mnoi'ES
+ 4°, 2
+ 4,1
+ M
+ 4,1
+
3,8
+
3,9
+
3,9
+
3,4
+
3,5
+
3,8
+
3,5
+
3,4
+
3,3
+
3,2
+
3,1
+
3,2
+
3,4
+
3,5
i
+
i
3,5
+
3,-i
Mouettes
blanches.
88
LONGITUDE
Direction
5
Pression
7
ATMOSPIIEUU
Température
Elat
hygro-
métrique
9
10
Minuit
! -
6
10
Midi
2
4
6
10
Minuit
Spitzberg
(Haie de la Recherche.
78» 00' N
78 15
10° 50' E
12 50
Spitzberg
(Baie Adveut.)
NNO
NO
NO 1/4 N
NNO
Calme
Calme
Calme
Calme
NO
NO
NNO
Calme
NE
Est
E 1/4 SE
SE
mm
747,1
747,4
+ 3°,0
+ 2,0
+ 1,3
+ 2,7
+ 2,1
+ 2,3
+ 2,0
+ M
+ 2,7
+ 2,5
+ 4,3
+ 2,5
+ 22
+ 2,2
+ 2.0
83
BERG
10
Neige.
Neige.
Proportion
île
ciel couvert
il
Brume
à l'horizon
Légère
pluie.
Neige.
Inférieurs j Supérieurs
12 13
EAU DE MEK
Densité
Température j t
U (5
Couleur
)6
10
10
s
»
7
5
4
9
10
10
10
9
9
10
10
Str.
Str.
10
7
+ 3°, 7
+ 3,6
+ 3,7
+
3,5
+
3,0
+
3,1
+
3,4
+
3,4
+
2,0
+
3,2
+
3,5
+
4,5
+
3,8
+
4,5
+ 4,2
+ M
1,0261
1,0239
89
REMARQUES
Ice-fiord.
Eiders,
Guilletnots.
90
SPITZ
1
LATITUDE
LONGITUDE
•VENT
Direction . Force
ATMOSPHÈO
État
DATE 1 HEURE
Pression
Température
1 2
3
-4
S
e
7
8
métrique
9
II
/ 6
8
10
Spitzberg
(Baie Advent.)
ESE
ESE
SE
r.
8
mm
750,3
+ 2», 7
+ 3,5
+ 3,5
|
5
Midi
SE
10
+ 3,5
ara
-a
) 2
SE
7
+ 3,5
1 j 4
SE 1/4 E
6,5
+ 3,3
t> i
1 6
SE
7
+ 3,4
I 8
SSE
3,5
+ 3,4
10
SE 1/4 S
9,5
+ 3,0
Minuit
SE
3,5
+ 1,8
2
SE
4,3
+ 0,8
4
6
"
»
»
ESE
2,5
+ 2,6
8
ESE
5
+ 3,7
h
10
Midi
78» 23' N
14° 10' E
ESE
ESE
7
7
+ 2,4
+ 2,6
69
US
2
4
78 27
13 45
SE
Calme
+ 3,8
+ 4,0
68
6
Spilzb
(Baie SI
erg
ta ns.)
Calai e
SE
l
+ 4,4
+ 3,5
BERG
9!
10
EAU DE MER
mpcrature
Densité
t
Couleur
14
S 4
15
15
nEMARQDBS
I
9
1
+ 4». 4
10
+ 4,2
10
+ 4,3
10
+ 4,5
9
+ 4,2
10
+ 4,3
10
+ 4,3
9
+ 4,3
9
+ 4,2
Neige.
10
+ 3,9
Neige.
10
+ 3,7
8
+ 4,0
8
+ 3,9
4
Fracto-cu.
+ 4,1
1,0244
Vert.
l Baie Sassen.)
7
Cirro-cu .
+ 4,2
1,0251
Vert.
Ice-ûord.
7
+ 4,2
9
+ 4,4
Neige.
10
+ 43
Eiders,
Guillemots,
9
+ 4,0
Macareux.
92
SPITZ
DATE
1
HEURE
2
LATITUDE
3
LONGITUDE
4
VENT
Direction Force
5 6
ATMOSPHÈRE
État
Température hyg ^
métrique
8
Pression
'1
1 [
=3 S
Spitzberg
(Baie Skans.)
Sud
4
+ 2°, 5
| iMinuit
Sud
3
+ 3,5
2
S 1,4 SE
4
+ 3,7
4
Sud
1,5
■f- 4,0
6
Sud
2
+ 4,5
8
SSE
2
mm
+ 4,5
o
a> y
10
Midi
SSE
SSE
5
6
759,8
+ 4,3
+ 5,0
S 2
1
SSE
3
+ *,7
SSE
2
+ 5,0
I 6
SSE
2,5
+ 4,0
8
»
»
>,
10
»
«
„
| Minuit
S 1/4 SO
2
+ 3,0
J 2
Calme
+ 3,7
4
Calme
+ 3,0
S 6
o 1
td
oo 8
■ r-. S
'O
= l 10
Calme
Est
E 1/4 SE
9
3,5
765,1
+ 3,3
+ 3,0
+ 2,5
91
Midi
Calme
+ 1,5
!
2
EKE
1,5
+ 2,1
%
BERG
93
^
\
s—
'^1 —
TEMPS
10
CIEL
EAU DE MER
REMARQUES
17
t N
Proportion
de
ciel couvert
il
NUAGES
Inférieurs 1 Supérieurs
12 13
Température
14
Densité
t
S 4
15
Couleur
lfi
V
9
+ 3°,8
10
+ 3,8
10
+ 3,9
10
+ 4,0
10
+ 4,2
10
+ 4-2
10
+ 4,0
10
+ 4,0
10
+ 4,0
10
+ 4,0
10
+ 4,0
»
+ 4,0
8
+ 3,8
6
+ 3,8
8
+ 3,8
8
+ 4,0
9
+ 3,9
Neige.
10
+ 3,9
Vert*.
Pluie.
10
+ 3,8
J luie,neige
10
+ 3,9
94
SP1TZ
DATl
1
HEUHE
2
LATITUDE
3
LONGITUDE
4
VE.VT
ATMOSI'HKH
c=
Direction
5
Force
6
Pression
7
Température
8
État
llyjro»
méirinue
9
o
d
^ 1
6
8
10
Miuuit
f 2
4
Spitzberg
(Baie Skans.)
Calme
Calme
Calme
Calme
Calme
Calme
Calme
0,5
1
0,5
+ 2°,1
+ 3,0
+ 3,2
+ 3,5
6
(Baie SasSen)
ESE
3,5
+ 5,0
8
SSE
7
+ 5,5
o
os
=3 <
u
10
Midi
2
4
6
8
SE
SE
ESE
E 1/4 SE
Est
SSE
9
3
7
10
9
3,5
+ 6,7
+ 7, 3
+ 5,6
+ 6,5
+ 5,3
+ 6,5
65
10
(Baie Advent.)
Calme
2
■+ 5,5
\ Minuit
1
Calme
2
+ 4,9
1
/ 2
§ \ 4
Calme
Calme
1,5
+ 4,5
ô s
u
6
8
Calme
Calme
Ca'me
mm
763,3
+ 4,9
+ 4.5
+ i°,~
17,
^
BERG
95
"S
TEMPS
10
Proportion
de
ciel couvert
II
CIEL
EAU KK MEK
REMARQUES ;
17
NUAGRS
Inférieurs 1 Supérieurs
11 13
Température
11
Densité
t
S*
15
Couleur
Pluie.
10
+ 4°,0
Pluie.
10
+ 4,0
Pluiefine.
10
10
10
7
5
+ 3,8
+ 4,0
+ 4,0
+ 3,9
+ 3,8
6
+ 4,1
6
Cirro-cu.
Cirrus.
+ 4,2
6
Cirro-cu.
Cirrus.
+ 4,2
S
Cirro-cu.
ïracto - ci.
+ 4,2
i
7
Cirro-cu.
Cirrus.
+ 4,3
1,0253
Vert*.
6
+ 4,3
8
+ 4,2
Glaçons-
8
+ 4,3
6
+ 4,4
8
+ 4,3
9
+ 4,3
Pluie.
10
+ 4,1
Pluie.
10
+ 4,2
Pluie.
10
+ 4,2
Pluie.
10
+ 4,6
96
SPIT
■
VENT
ATMOSPHÈRE
t
DATE
1
HEURE
2
LATITUDE
3
LONGITUDE
*
Direction
5
Force
6
Pression
7
Température
8
État
hy^ro-
mctriqus
9
Midi
2
Spitzberg
(Baie Advent.)
NO 1/4 N
ONO
4
+ 5,0
+ 5,0
O
1 4
ONO
3,5
+ 5,2
O
6
NO
3
+ 6,3
T3
S
Ouest
3
+ 5,0
10
Calme
+ 4,7
Minuit
Calme
+ 4,9
2
Calme
+ 4,8
1 4
Calme
+ 4,6
6
ENE
2,5
+ 6,5
8
NE 1/4 E
9
+ 4,8
o
10
7S° 10' N
11» 53' E
E 1/4 NE
6,5
761.2
+ 3,7
90
1 <
Midi
2
78 08
78 05
11 20
10 10
Est
Calme
2
+ 4,5
+ 5,7
87
Si
4
78 11
9 05
ONO
5,5
+ 5,0
92
6
78 13
S 20
NO 1/4
4
+ 5,0
89
8
Calme
2
+ 4,3
10
78 08
8 50
Calme
+ 5,1
94
Minuit
ESE
4
+ 4,4
t- o
T3 «S
4
SSE
Calme
1
+ 4,1
+ 3,5
BERG
97
10
rroporlioo
île
ciet couvert
II
Inférieurs I Supérieurs
)3 13
Température
14
EAO DE MER
Densité
s*
15
Couleur
BEJURQvSS
Pluie Gne
l'luie fiue
10
10
10
10
10
10
10
9
10
9
8
9,5
9
10
9
7
9
7
S
9
10
Str.
,tr
Str.
Str.
Str.
Slr-cu.
+ 4o,8
+ 4,8
+ -4,7
+ 4,6
+ 4,7
+ 4,7
+ 4,7
+ 4,6
+ 4,6
+ 4,7
+ 4,2
+ 4,0
+ 4,0
+ 4,6
+ 4,7
Cirrus.
+ 4,i
+ M
+ 4,5
+ 4,4
+ 3,6
+ 3,6
1,0258
1 ,0264
1 ,0267
1,0254
1,0265
1,0156
Vert.
Bleu».
Bleu,
lîleu».
Dieu*.
Vert 8 .
Ice-flord.
au large
98
Direction
5
Force
6
Pression
7
ATMOSPHÈRE
Température
S
6
8
10
Midi
2
4
6
8
10
Minuit
2
10
Midi
Spitzberg
(Baie de la Recherche.)
10
\Minuit
Calme
NO 1/4N
NNO
NE
ENE
Calme
NE
NNE
N 1/4 NE
Calme
Calme
Calme
Calme
Calme
Calme
Calme
Calme
S 1/4 SO
3,5
SSO
3
SSO
4
2
4,3
4,5
2,5
3,5
3,5
3,5
3
mm
757,0
758,0
+ 4,8
+ 2,5
+ 5,1
+ 4,5
+ 4,3
+ 5,3
+ 4,3
+ 3,5
+ 3,0
SPITZ
Etat
hy.'ro-
métriqua
9
+ 3°, 5
+ 4,3
+ 5,3
88
+ 3,0
+ 4,3
+ 4,3
+ 4,3
+ 4,6
»
100
BERG
99
Proportion
do
ciel couvert
11
Inférieurs I Supérieurs
(2 I (3
EAU DE MER
Température
14
Pluie.
10
Pluie.
10
uie Gne.
10
Pluie.
10
Pluie.
10
Pluie.
10
Pluie.
10
Pluie.
10
Pluie.
10
"
»
Brame.
Brume.
10
10
10
10
10
9
9
10
9
10
10
+
3o,3
+
3,6
+
3,3
+
3,6
+
3,4
+
3 a
, -
+
3,2
+
3,8
+
3,8
»
+ 3,4
+ 3,7
+ 3,7
+ 3,7
+ 3,9
+ 3,5
+ 4,3
+ 4,2
+ 3,f
Densité
t
S*
15
1,0266
1,0264
Couleur
1B
nEHARQHES
Vert
laiteux.
Glace3
flottantes.
Nombreux
glaçons
provenant
des glaciers
Vert".
100
DU SPITZBERG
Direction
S
Force
Pression
7
ATMOSPHERE
Température
Etat
Imro-
mer"ri(|Ue
9
4
6
8
10
Midi
2
4
6
S
10
.Minuit
2
4
6
Spilzberg
(Haie de la Recherche.
10
Midi
2
4
77» 33' N
77 22
11» 17'E
11 11
Calme
Calme
Calme
Calme
NE
Est
NE 1/4 E
Caluic
X 1/4 NO
N i/4 NO
Nord
NNO
NNO
Calme
ONO
Ouest
2
1,5
2
1,3
4
S
4
3,3
3
S
ENE
NE 1/4 E
Calme
Calme
737,0
+ 3°,0
+ 3,0
+ 3,
+ 3,3
+ 4,5
+ S, 8
+ 3,3
+ 5,3
+ 4,3
+ 3,3
+
3,3
+
3,5
+
3,3
+
3,2
+
2,9
+
3,3
+
4,0
+
3, 3
+
a, S
+
4,5
A TROMSOE (Norvège).
101
TEMPS
10
CIEL
CES
Supérieurs
13
EAU Dli MEK
UE.M.IRQL'ES
17
rroporllon
de
ciel couvert
1 !
NUJ
Inférieurs
ta
Température
(4
Densité
t
S 4
15
Couleur
tu
10
+ 3<>,0
10
»
10
+ 3,0
10
+ 3,0
Brume.
10
10
+ 3,6
+ 3,6
Brume.
10
10
7
6
7
5
4
10
10
10
+ 3,5
+ 3,2
+ 3,3
+ 3,2
+ 3,2
+ 3,2
+ 3,2
+ 3,0
+ 3,0
+ 3,0
9
9
7
9
Str-cu.
+ 2,5
+ 2,9
+ 2,9
+ 3,6
+ 3,8
+ 4,2
+ 3,5
+ 4,4
1,0269
Bleu».
102
DU SP1TZBERG
DATE
1
HEURE
2
LATITUDE
3
LONGITUDE
4
VENT
ATMOSPHÈRE
Direction
5
Force
Pression
7
Élat
Température hv^ro-
mo tri que
8 9
j 6
77° 00' N
10» S5' E
ESE
8
mm
757,3
+ 3°, 5
92
S 1 8
o 1
a /
2 ] 10
E 1/4 SE
SE 1/4 E
9
17
+ 3,7
+ 3,3
'o F
3 \ Minuit
•J 1
Est
15
+ 3,4
/ 2
E 1/4 NE
16
+ 3,5
4
E 1/4 NE
16
+ 3,2
6
ESE
15
+ 3,4
S
ESE
14
+ 3,5
.
o
ta
10
1 Midi
2
75 36
12 10
»
Est
12
758,1
+ 3,8
99
S I 4
E 1/4 SE
8
+ 3,7
I 6
75 24
12 28
Est
7
758,6
+ 3,5
100
8
1
E 1/4 NE
10
+ 4,2
1 10
E 1/4 SE
9
+ 4,4
1
■ Minuit
74 41
13 40
Est
6,5
759,6
+ 4,3
100
/ -
I l 4
CZ 1
74 13
14 21
E 1/4 SE
Est
7,5
10
760,0
+ 4,5
+ 4,2
- J 6
E 1/4 SE
9
+ 4,1
2* 1 o
o /
E 1/4 SE
10
+ 4,7
10
73 30
14 29
E 1/4 SE
10
759,9
+ 5,7
100
A TROMSOE (Norvège).
103
CIEL
EAU DE MER
TEMPS
Proportion
NUAGES
Densité
BEMABQUES
do
' m ii '
Température
t
Couleur
ciel couvert
Inférieurs 1 Supérieurs
S*
•10 H
12 13 14
15
«6
17
■■
Pluie.
10
10
10
10
10
10
Sir.
+ 5°, 4
+ 5,3
+ 5,0
+ 5,0
+ 5,0
+ 4,8
+ 4,9
+ 4,9
+ 5,0
+ 5,0
+ 5,7
+ 5,3
1,0271
Vert'.
Pluie.
10
10
»
+ 5,4
+ 5,4
+ 5,7
+ 5,7
+ 5,7
+ 5,8
+ 5,8
+ 5,3
10
Str.
+ 5,3
+ 3,3
1,0272
Vert».
9
+ 5,0
+ 4,5
10
Str.
+ 4,6
+ 4,8
1,0271
Vert».
10
+ 6,1
+ 6,1
10
+ 6,5
+ 6,3
Bruine
10
Str.
+ 6,0
1,0273
à l'horizon
10
+ 6,4
+ 6,5
+ 6,6
6
Str-cu.
+ 5,7
+ 5,5
1,0272
Vert'.
Brunie
10
+ 4,8
légère.
+ 6,2
Brunie
10
+ 5,5
légère.
+ 6,6
Pluie fine.
10
Str.
+ 6,6
+ 6,4
1,0273
104
DU SPITZBERG
s
LONGITUDE
Direction
5
Force
ATMOSI'HÈIIE
Pression
7
Température
8
Etat
iiy^ro-
niétricjïin
/ Midi
10
j Minuit
' 2
4
6
3
10
2 I Minuit
73" 17' N
73 07
72 45
10
71
23
idi
71
14
2
71
03
4
6
70
37
14» 47' E
15 08
15 52
18 26
18 55
19 22
19 12
Arrivée à Tromsoë.
E 1/4 SE
9
Est
10
Est
9,5
Est
8
Est
9
E 1/4 SE
9
E 1/4 NE
11
ENE
11
ENE
10
se;i/4 E
6,5
SE 1/4 E
6
SE 1/4 E
6,5
SE 1/4 E
7
Est
7
ENE
3
SE 1/4 E
8
ENE
2
Calme
Calme
mm
759,6
759,8
759,7
760,3
+ 4°, 7
+ 6,3
93
+ 6,1
+ 6,7
93
+ 7,3
+ 6,5
+ 7,0
+ 7,0
+ 8,1
+ 8,6
+ 8,7
+ 9,1
89
+ 9,6
+ 10,3
87
+ 9,7
+ 11,3
81
+ 11,5
+ 8,5
»
+"10,7
+ S, 7
A TROMSOE (Norvège)
105
10
rropnrfion
ilt
ciel couvert
11
Inférieurs I Supérieurs
12 13
Température
EAU Dlî ME»
Densité
S*
Couleur
UEMI.UQCES
Brume.
Pluie.
10
10
10
10
10
10
10
10
2
3
3
1
1
2
1
3
10
10
Str.
Str.
Cirrus.
Tracto - ci
Cirrus.
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
5°, 8
6,4
7, S
7,0
7,6
7,3
7,6
7,7
7,9
7, S
7,5
7,5
7,3
7,5
7,6
7,5
8,3
8,3
,8,4
8,5
8,5
8,5
8,7
8,8
9,4
9,6
9,6
9,8
10,0
9,8
9,7
-f 9,4
+ 10,0
+
+
9,8
9,6
7,9
7,6
8,4
1,0273
1,0271
1,0270
1,0266
1,0237
Bleu».
Vert 2
Bleu.
Vert.
Vert.
Fueloë-Sund
TRACÉS DES INSTRUMENTS ENREGISTREURS
BAROMÈTRE
'/W
o
os
cm
2 3 4 5 6 7
9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26
ÇZ VZ £Z 22 XZ OZ 61
LX 91 91 VI £1 ZX XX 01 6 8
L 9
£ Z
1U3
BAROMÈTRE [suite)
THERMOMÈTRE
o
00
cm
2 3 4 5
9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26
ÇZ VZ £Z 22 XZ OZ 61 81 LX 91 91 VI £1 ZX XX 01 6
L 9 S
£ Z
1U3
HYGROMÈTRE
/ /luilfeckr-sc 1 i.„;,r,
---u
p_
XiPKtA
^mmSsmsmS^m Hhms;
cm
2 3 4 5 6 7
9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26
ÇZ VZ £Z 22 XZ OZ 61 81 LX 91 91 VI £1 ZX XX 01 6
L 9 S V £ Z
uto
HYGROMETRE (SUlte)
'- — tèWL/^ .yj; ; r McraHa . /. ■/ jm.Ii! I ,,iVçnH^Aixyi_jjj^,k,jj_K__j _J^^^Z--L2±lf2
mm
:±2ee1"+^
1
Taaleac I. — Thermomètres de profondeur.
I. —70581
II. — 36583
III. — 66610
IV. — 58394
FABRICANT
Negretti et Zambra
Chabaud
Negretti et Zambra
Chabaud
SYSTEME
CE DKCLANCHEMENT
A hélice
Courriers cylindrique;
-Larges courriers
l'ROVENANCE
Dépôt de la Marine
M. Rabot
M. Poucbet
w
cm
2 3 4 5 6 7
9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26
- 114
Tableau II. — Observations des thermomètres de profondeur (au large).
4h.s.
10 h. s
<
Q
D
64° 36' N
l°20'O
71 05
9 54
Midi
2h.
(Jan May en)
8h.30i
56 11 26
[Jean Mayen).
10 so
75 03
11 30
13 02 E
S8409
II
1
I
18409
I
V
111
I
11!
I
38409
IV
J
.-,8409
I
IV
1
IV
I
58409
IV
I
IV
I
Surface
50 m
100
200
Surface
23 m
30
100
150
250
300
Surface
50 ?u
100
Surface
25 m
50
100
150
200
Surface
25 m
50
100
200
M
<
M
■a
a.
+
9,8
+
7,8
+
6,8
+
6,3
+
3,0
+
1.2
—
0,8
+
1,6
+ 0,5
0,0
+
0,1
+
3,0
0,0
+
0;S
+ 3,7
+ 2,0
— M
+ 0.7
+ 0,2
0,0
+ 6,1
+ 6,4
+ 5,0
+ 4,0
1,0267
1,0268
1,0266
- 1-15 —
Tauleau III. — Observations
des thermomètres de p
rofoudeur dans les
du Sp
tzberg et de la Norvèg
e.
K
es
H
= 1
H
la
S,
5
-y
u
<
LJ
LIEU
s %
o
0=
S
c
<
a
s
*
M
X
9 h. s
Spitzberg
58409
Surface
+ 4,3
1,0251
Mer
(Baie Adveut).
IV
0,75 m
+ 4,0
O
hautfi,
IV
40
+ 2,0
L.O
fin du
[V
20
+ 0.1
flot.
IV
IV
31
40
— 0,2
— 0,3
Fond
à 52 m.
9 h. m.
Spitzberg
IV
Surface
f 3,9
O
Mer
basse,
(Baie Skans).
IV
10 m
+ 2,5
ce
corn.
IV
20
+ 1,5
du flot.
IV
30
— 0,1
lOh.m.
Spitzberg
38409
Surface
-f- 3.3
1,0266
Nombreux
■4J
Mer
(Baie delà Recherche).
IV
0,50 m
+ 2,9
glaçons.
O
basse,
IV
10
+ 2,4
CM
oom.
IV
20
+ 2,1
du flot.
IV
30
+ 1,7
IV
40
+ 1,2
lOh.m.
Norvège
58409
Surface
+ 8,0
1,0238
g
(Tromsoé).
IV
--
+ 8,0
cd
IV
10 m
+ 6,9
CN
IV
IV
20
30
+ 6,4
+ 6,2
oj
lOh.m.
Norvège
IV
Surface
+ H,8
1,0107
(BergeD).
IV
10 m
+ 12,2
o:
IV
20
+ H,4
IV
30
+ 10.3
no
IV
40
+ 9,8
Fond
IV
50
+ 9,8
à 54 m.
VI
ÉTUDES SUR LE MOUVEMENT DES GLACIERS DANS LA
BAIE DE LA RECHERCHE
Par MM. R. de Carfort et Lancelin.
La Manche a séjourné à deux reprises, en août 1892, dans le voi-
sinage des glaciers entre lesquels s'ouvre la baie de la Recherche, ce
qui nous a permis d'entreprendre une série d'observations rapides
sur leur mouvement, et de comparer leur position actuelle à celle qui
figure sur le plan primitif, levé en i838.
Au Spitzberg. la période glaciaire est encore en pleine activité pen-
dant la plus grande partie de l'année. Les glaciers y descendent presque
tous jusqu'à la mer et peuvent se diviser en deux catégories distinctes.
Les uns proviennent des sommets peu élevés qui bordent la côte.
Leur pente, en général, est faible et leur mouvement de progression
très lent.
Les autres communiquent avec la calotte de glace continentale, Vln-
landice, qui recouvre, en partie, l'intérieur des terres et sont, en cela,
comparables aux glaciers du Groenland. Comme les premiers, ils sont
en contact par leur tranche antérieure, au moins sur la côte occiden-
tale, avec les eaux chaudes de l'océan Arctique qui, à chaque marée
basse, en détachent une quantité considérable de glaçons. Leur lon-
gueur peut, en outre, varier considérablement sous l'influence de la
pression des couches de neige accumulées sur les plateaux supérieurs.
Tel parait être le cas du grand glacier de l'Est de la baie de la Re-
cherche. De i838 à 1892, c'est-à-dire en cinquante-quatre ans, sa
tranche a reculé d'environ 2 kilomètres vers l'intérieur, laissant à dé-
couvert une surface de merde plus de 7 kilomètres carrés, où la sonde
révèle actuellement des fonds de 35 à 70 mètres formés de vase noire.
Dans le but de déterminer exactement la position occupée, en
août 1892, par le front antérieur de ce glacier, un nouveau plan de
117
la baie dut être dressé au moyen d'une triangulation et d'une base
mesurée sur la plage. Le contour du mur de glace put, alors, être
relevé au théodolite d'une station élevée située sur le versant duSlaad-
berg ou mont de l'Observatoire.
Le plan actuel de la baie de la Recherche que nous reproduisons
ci-contre (PL XXI) en regard du plan primitif, fait ressoriir la pro-
fonde déformation subie par le glacier depuis i838.
La hauteur du mur de glace a été mesurée en différents points, soit
au sextant, soit au théodolite. Les valeurs trouvées sont comprises
entre i5 et 4o mètres.
Il est intéressant de comparer l'aspect actuel du glacier à celui
qu'il présentait lors du voyage de la Recherche. Les extraits suivanls
de l'ouvrage publié au retour de l'expédition démontrent que des mo-
difications considérables se sont produites aussi bien dans sa struc-
ture que dans sa forme.
« Notre corvette était mouillée au pied d'un immense glacier dont
les aiguilles étaient certainement plus élevées que sa mâlure... Ce
magnifique glacier paraît avoir entièrement comblé une baie figurée
dans une carte de Van Keulen, il y a plus d'un siècle... Nous venons
de voir que le grand glacier situé au fond de Bell-Sound se faisait re-
marquer, comme ceux de la Suisse, par de belles aiguilles, mais,
dans la même rade, il en existe d'autres qui diffèrent complètement
du premier ; ceux-ci sont composés d'un grand nombre de couches
de neige superposées et se divisent par tranches verticales... Ce sont,
en un mot, des glaciers à névé et à calottes. Le glacier situé au sud-
est de la pointe des Renards est un exemple frappant de ce que je
viens d'avancer; indépendamment de moraines latérales, il en offre
aussi de frontales... » (Voyage de la Recherche, tome VII, p. 99 et
suivantes).
Nous n'avons pas remarqué la différence si nette établi par le géo-
logue de la Recherche entre les glaciers à aiguilles et les glaciers à
calottes de la baie. Bien au contraire, le glacier de l'Est et le glacier
des Renards nous ont paru présenter un aspect physique absolument
identique : une couche continue de glace blanche poreuse, relative-
ment peu transparente, composée d'un grand nombre de couches de
neige superposées et se divisant par tranches verticales en approchant
du front de mer.
Nous reproduisons ici (fig. 3), d'après l'ouvrage de La Recherche,
l'ancienne carte de Van Keulen dont il est question plus haut et qui
représente bien plus fidèlement que le plan de i838 l'état actuel du
glacier (a). Celui-ci a donc envahi, puis découvert, de nouveau, la baie
— 118 -
qu'il occupe et ces mouvements considérables ne peuvent s'expliquer
que si on le suppose alimenté par un réservoir d'une énorme capacité,
c'est-à-dire relié à la mer de glace intérieure. Les explorateurs de la
Recherche l'ont vu, en effet, du sommet du mont de l'Observatoire,
se perdre à l'horizon vers l'intérieur.
Le glacier de l'Est peut être comparé à un immense thermomètre
dont la hauteur, dans le fjord, est proportionnelle à la quantité de
neige tombée sur l'Inlandice et par suite, dans une certaine mesure,
aux variations climatériques du Spifzberg.
Fig. 3. — ;Plan du Bell-Sound d'après une ancienne carte de Van Keulen.
(Extrait de I'ouyrage de La Recherche.)
Lors du voyage de la Recherche, ce glacier n'avait pas de moraines
visibles, et c'était là une des particularités qui avaient le plus frappé
les explorateurs. Actuellement, on trouve de chaque côté du nord,
sur une longueur de plus de i,5oo mètres, une falaise de glace fossile
recouverte de débris, et la pointe en forme de presqu'île qui termine
cette falaise au sud est le reste d'une ancienne moraine que le glacier
a découverte.
La comparaison du plan actuel et du plan de i838 fait apparaître
d'autres différences dans la position des glaces. La branche du glacier
située immédiatement à l'ouest du mont de l'Observatoire, indiquée,
en i838, comme s'avançant jusqu'à la mer, a maintenant complè-
tement disparu pour faire place à une vallée sillonnée de cours d'eau.
Cette apparition du sol, dans un endroit qui était recouvert d'une
couche de glaceil y a un demi-siècle, est, ainsi que le retrait du gla-
119
cier de l'Est, le résultat d'une diminution notable de l'alimentation,
c'est-à-dire de l'apport de neige, pendant les années précédentes. Cette
diminution peut concorder avec un adoucissement général de la tempé-
rature du Spitzberg, et les températures relevées à Lord de la Manche,
pendant la première quinzaine du mois d'août, fournissent une preuve
à l'appui de cette assertion.
En effet, la température moyenne de l'air au Spitzberg, du i or au
1 "> août 1892, a été trouvée de 4- 3°,; alors que Ch. Martins indique
+ i°,4, comme température du mois d'août pour la latitude de 78
qui est bien celle qui correspond, en moyenne, à nos observations.
De plus, l'examen du journal météorologique de la Recherche, qui
a séjourné dans la baie qui porte son nom précisément à la même
époque de l'année que la Manche, du 1 e1 ' au 4 août, montre qu'en i838
la température y fut presque constamment voisine de -f- i°, tandis
que la Manche n'a relevé qu'exceptionnellement des températures
inférieures à + 3°. Le climat du Spitzberg peut donc s'être amélioré
d'une façon sensible depuis cinquante-quatre ans. Le retrait des gla-
ciers démontre, en tous cas, que la quantité de neige tombée sur la côte
a été moindre.
L'ancienne carte de Van Keulen et celle de La Recherche nous four-
nissent, d'ailleurs, la preuve qu'il n'en a pas toujours été ainsi, et qu'au
contraire, les glaciers ont avancé à une époque antérieure à i838.
Nous nous trouvons donc, sans doute, en présence d'un mouvement
oscillatoire, analogue à celui qui a été constaté pour les glaciers al-
pins, dont la période est d'environ quarante ans.
Il eût été très intéressant de déterminer la vitesse de progression
du glacier de l'Est. Mais, encaissé entre les berges escarpées du fiord,
l'énorme fleuve de glace ne présentait, nulle part, à proximité, un
endroit favorable aux mesures. Le glacier des Renards offrait, au
contraire, dans sa partie sud, un bord plat, d'un accès facile, en face
duquel il a été possible d'établir une base d'observation. Ce glacier
appartient à la première catégorie. Malgré ses dimensions, il ne
semble pas communiquer avec la mer de glace intérieure et son mou-
vement de progression est très faible. Sa tranche occupe, à peu près,
au bord de la mer, la même position qu'en i838. Toutefois, elle s'est
creusée légèrement vers l'intérieur et affecte la forme d'un croissant
entre deux pointes formées par les moraines latérales.
Quatre jalons ont été plantés sur le sommet du glacier dont la lar-
geur est, en cet endroit, d'environ 2 kilomètres. La figure 4 indique
leur position par rapport à la moraine et à la tranche antérieure. Le
dessin topographique reproduit dans cette figure a été relevé exacte-
— 120 —
ment au moyen des signaux de la triangulation et constitue un docu-
ment qui pourra être utilement consullé, plus tard, pour l'étude des
déformations de cetle partie du glacier. La moraine latérale affecte,
en cet endroit, la forme d'un talus élevé de 25 à 4o mètres où la glace
disparaît complètement sous une couche de sable, de terre et de
pierres. Elle présente, dans sa partie supérieure, de fortes rides lon-
gitudinales.
Fig.
Glacier des Renards.
Au bas du talus coule une étroite rivière alimentée par deux ruis-
seaux qui descendent du faîte même du glacier, dont la base adhère
fortement au sol et se confond avec lui. A l'endroit où le glacier s'in-
fléchit pour remonter vers le nord, la rivière se bifurque. L'une de
ses branches s'écoule directement à la mer, tandis que l'autre va
former un petit lac, tout contre le pied de la moraine, au centre d'un
plateau dont l'altitude est d'environ 3o mètres, et au-dessus duquel
la glace atteint l'épaisseur maxima de 65 mètres. Puis, la moraine
s'affaisse sensiblement et se termine, en pointe, à la mer.
— 121 —
La figure 5, construite à une échelle différente, est une coupe ver-
ticale suivant la ligne des jalons, indiquant leurs cotes respectives,
soit leurs hauteurs, en mètres, au-dessus du niveau de la mer. Elle
200 300 400 500
Fig. S. — Coupe suivant X-Y.
600 m -
montre la forme aplatie de la calolte, sillonnée en tous sens de raies
produites par la fusion de la couche superficielle de névé.
La figure 6 est une vue de la moraine prise du point B. Le premier
jalon est placé derrière une grosse pierre ronde située sur la glace à
44 mètres du bord.
La penfe générale du glacier, au point, considéré, est très faible et
d'environ - 7 V Elle augmente, d'une façon assez sensible, en amont.
Fig. 6. — Vue du point B.
Les jalons ont été mis en place le 2 août, par M. Rabot, dans un
alignement à peu près perpendiculaire à la base déterminée sur le
versant de la monlagne. Celte base, AB (fig. 4). indiquée par deux
pavillons plantés à chaque extrémité, a été mesurée au moyen de la
hauteur angulaire d'une longueur de 4 m j 20 portée sur la hampe de
l'un deux. Sa longueur a été trouvée de 3o5 m ,g4. Deux observateurs
placés en A et en B ont mesuré, simultanément, les distances angu-
laires des jalons, ce qui a permis de calculer les quatre triangles
— 122 —
ABi, ABa, AB3 et ABzJ. Tous les angles mesurés ont éfé réduits au
centre des stations A et B. Les distances calculées ont servi ensuite à
déterminer les coordonnées de chacun des jalons par rapport à deux
axes passant par le joint B, comme l'indique la figure. L'un de ces
axes coïncide avec la base, qui est elle-même à peu près parallèle à
l'arête supérieure de la moraine.
Voici les résultats fournis par le calcul pour les observations du
premier jour.
Position des jalons le a août, à o. ,L ,3o m du matin.
ANGLES
MESURÉS
DISTANCES
CALCULÉES
En B
' ff
En A
A la base
A la
perpendiculaire
Jalon n° 1
91 27 4o
' ff
47 56 1
m
348,88
m
— 8,91
— n° a
91 28 on
54 35 3o
446,6i
— 11,55
— n° 3
91 28 00
58 21 00
5 17, 83
— i3,26
— n° 4
91 27 10
61 444°
597> 3 9
l5,12
Les jalons ont été, de nouveau, observés au théodolite le lendemain
3 août, mais dans des conditions peu favorables, pendant un grain de
neige qui rendait les visées difficiles. Diverses considérations ont
conduit à rejeter ces observations comme douteuses et à conserver
seulement celles qui ont été prises à la fin du deuxième séjour de la
Manche dans la baie de la Becherche, le 14 août 1892. Trois des
jalons avaient été renversés dans l'intervalle. Le n° 3, resté seul
debout, présentait lui-même une certaine inclinaison. M. Babot
réussit, toutefois, à replacer verticalement ces jalons aux endroits
mêmes qu'ils occupaient le premier jour. Les mesures furent donc
prises dans les mêmes conditions, et les angles observés réduits au
centre.
Position des jalons le 14 août, à 5 h ,45 m du soir.
ANGLES MESURÉS
En B En A
DISTANCES
A la base A la perpendiculaire
Jalon n° 1
91 27 10
47 07 3o
349, » 1
m
— 8,86
— n° 2
91 27 3o
54 36 5o
446,74
— 11,37
— n° 3
91 27 20
58 23 10
5i8,4o
— i3,i6
— n° 4
91 26 00
61 45 3o
5 97 A°
— i4,96
Comme on le voit, les valeurs trouvées la deuxième fois, après un
— 1-23 —
intervalle de plus de douze jours, sont très peu différentes des pre-
mières, ce qui indique que le mouvement du glacier a été presque
nul pendant l'intervalle de nos observations.
Les différences sont si faibles qu'on pourrait presque les considérer
comme résultant seulement des erreurs d'observation. Toutefois, elles
sont toutes dans le même sens. Tous les angles en B ont diminué de
3o" à i' 20", et tous les angles en A ont augmenté de 5o" à 1' 5o". Ces
variations, quoique très faibles, permettent de constater un mouve-
ment réel du glacier dans le sens général indiqué par la flèche (fig. 4),
c'est-à-dire vers la mer. Ce mouvement, rapporté aux deux axes que
nous avons choisis, peut être traduit, pour chaque jalon, par les diffé-
rences de coordonnées.
Ai/ A,c
Jalon n° 1
-f 0,23
-j- o,o5
— n° a
+ o,i3
4-0,18
— n° 3
+ o,5 7
+ ,!0
— n°4
-J- 0,01
+ 0,l6
60
55-
50
45-1
40
35
30
2.5-1
20
15
10
05
En reportant ces nom-
bres sur le papier, on ob-
tient (fig. 7) la position
respective de chaque ja-
lon par rapport à celle
qu'il occupait le premier
jour.
On voit, de suite, que
les jalons 1 et 3 se sont
déplacés dans des direc-
tions parallèles, dirigées
vers la tranche antérieure
du glacier. Le n° 1 était
adossé à une pierre, et le
n° 3 est le seul qui soit
resté debout dans l'inter-
valle des observations.
Leur mouvement est donc,
sans doute, le mieux dé-
terminé. En retenant seulement les valeurs trouvées pour ces deux
jalons, on obtient un déplacement total, en 12 jours un tiers, de o m ,23
pour le n° 1 et de o m ,58 pour le n° 3. Ces chiffres correspondent à un
déplacement, annuel de 6 m , 80 pour le premier, et de i4 m >90 pour le
1.
-2?
A:
'_- — ! — »o
05 10 15 20 25 30
Fig. 1. — Mouvement des jalons.
M
124
second. Conformément à la théorie, le jalon le plus éloigné de la
moraine est celui dont le mouvement a été le plus rapide.
On peut, d'ailleurs, en déduire assez facilement la vitesse d'un
point situé vers le centre du glacier, c'est-à-dire à 900 mètres environ
de la moraine, dont le n° 1 élait éloigné de 44 mètres et le n° 3 de
de ai3 mètres. La figure 8 représente la
construction graphique qui permet d'ar-
river à ce résultat. Le déplacement XX'
du point central est la flèche d'une courbe
passant par les positions secondes des ja-
lons. Si on suppose que le mouvement du
glacier est symétrique par rapport à la
ligne médiane, cette valeur est d'environ
3o mètres, soit moins de 10 centimètres
par jour.
Il y a loin de ce chiffre aux vitesses
prodigieuses trouvées pour certains gla-
ciers du Groenland. Au glacier de Tor-
sukalak, en été, on a constaté un avan-
cement de 10 mètres par jour, et pour ce-
lui de Jakobshavn, une vitesse de 22 m ,5o
au milieu 1 .
Ce sont là de véritables exceptions. Au
Groenland même, et à la Terre de Fran-
çois-Joseph, on trouve d'autres glaciers
dont la vitesse n'est pas supérieure à celle
des glaciers alpins. Ces glaciers sont pro-
bablement ceux qui ne communiquent
pas avec la mer de glace intérieure qui,
seule, doit être capable d'imprimer une vitesse aussi considérable
aux glaciers cités plus haut.
Si l'on réfléchit que la vitesse des glaciers alpins est encore d'en-
viron 5o centimètres par jour en moyenne, on est en droit de se
demander si le glacier des Renards, que nous avons é!udié, n'est
pas actuellement dans une période de stagnation correspondant, d'ail-
leurs, au retrait constaté du glacier de l'Est. Dans cette hypothèse,
l'énorme moraine dont nous avons reproduit plus haut la convexité
serait, en réalilé, une moraine frontale destinée, peut-être, à être
abandonnée un jour par le glacier.
1. .1. Thoulet, Océanographie..
VII
OBSERVATIONS MAGNÉTIQUES
Par M. A. Exelmans.
Les officiers de la Manche, appelés à Paris pour se préparer à
l'expédition, étudièrent les instruments de mesures absolues qu'ils
devaient emporter, à l'Observatoire magnétique du Parc Saint-Maur,
dont le directeur, M. Moureaux, mit gracieusement à leur service sa
science et son expérience connues.
Instruments.
I. Boussole d'inclinaison de Gambey , rn> 1 3 . — Cet instrument,
d'un modèle ancien, est assez encombrant mais très bien construit.
Nous avons toujours déterminé l'inclinaison par la méthode directe,
en orientant le cercle vertical dans le plan du méridien magnétique.
Plusieurs retournements et deux aimantations de l'aiguille en sens
inverse éliminent les erreurs principales qui dépendent soit de l'ins-
trument soit de l'aiguille aimantée.
Type du calcul de l'inclinaison. — Baie de la Recherche. Le 3
août 1892. Aiguille n° 2. Heure du début : io h ,38 ni matin.
Plan perpendiculaire au méridien magnétique :
Face au nord :
— au sud :
254° 3o'
78 00'
76° i5'.
Méridien magnétique :
Face à l'est : 166 i5'.
— à l'ouest : 346° i5'.
- 126 — •
i' e aimantation : Marque en bas ' :
MARQUE EiN AVANT
Face à l'est
Haut
79 45,3
Bas
79 45,7
79 45,5
Face à l'ouest
Haut
80 14,3
Bas
80 15,3
80 14,8
80 00,2
MARQUE EN ARRIÈRE
Face à l'est
Haut
79 38,3
Bas
o '
79 44.3
79 41,3
Face à l'ouest
Haut
80 27,8
Bas
80 20
80 23,9
80 02,6
80°Ù1'4
2* aimantation : Marque en haut :
S0 19
80°15',7
79 57,6
80»09',7
0°12',7
Inclinaison : 8o" 07'. Heure de la fin : 11", o5'" matin.
II. Boussole de déclinaison Lorieux.— Cette boussole est à pivot,
disposilion particulièrement défectueuse dans les régions où la com-
posante horizontale est faible. — On s'en est très peu servi.
III. Théodolite magnétique Hurlïmann. — C'est une boussole à fil
permettant d'observer la déclinaison et de déterminer la composante
horizontale en valeur absolue par la méthode de Gauss.
Le produit HM de la composante horizontale par le moment ma-
gnétique du barreau aimanté A s'obtient par l'observation de la durée
moyenne de cent oscillations.
(0
H
T 2 /* 3
HM = — .
t %
Le rapport - de ces quantités s'obtient en mesurant les déviations
1. Chaque angle donné pour la pointe haute ou la pointe basse de l'aiguille
est la moyenne de trois lectures consécutives faites en soulevant l'aiguille à
chaque fois au moyen du petit levier spécial. Ces trois lectures sont notées dans
le carnet d'observations.
- 127 —
hors du méridien magnétique que fait subir à un barreau B, de lon-
gueur moitié moindre, placé dans rétrier, le barreau A fixé perpen-
diculairement au premier à une distance connue R.
La condition d'équilibre est donnée par l'équation :
fa)
H
M
II 3 sin a
r R' T R' T
dans laquelle a est la déviation du barreau B, p et q deux constantes
dont la dernière est négligeable, si la longueur de B est la moitié de
celle de A. L'équation se réduit alors à :
(3)
H
M"
R 3 sin a
qui donne, combinée à l'équation (1) :
' + ê
(4)
H=r
Rt V Rsina
P
Le terme =£- pourrait se déterminer au théodolite en lixant le
R
barreau A à une autre distance connue R' et en observant les nou-
velles déviations deB. On aurait alors l'équation :
(5)
H
R"sina'
i+ê
H
qui, combinée à (4) donnerait — et ».
w M '
Mais cette détermination ne saurait être exacte avec un instrument
P
de voyage et il est préférable de déterminer la valeur du terme £j
avec des instruments d'observatoire et de n'observer en campagne les
déviations qu'à une seule distance R. La valeur de ~ dépend princi-
palement de la disposition du magnétisme dans le barreau A et ne
peut varier beaucoup pendant une expédition de courte durée.
D'ailleurs, par un défaut de construction de l'instrument en ques-
tion, la distance R' est trop faible pour les barreaux actuels, et donne
lieu à de trop grandes déviations.
M. Moureaux a déterminé à l'Observatoire du Parc Saint-Maur,
3 ^M
EKB
Mt
Il 1 1
"^■J a'.ant et après l'expédition, la valeur du terme ~ et a réuni toutes
en— ^B
^Hl les constantes de l'équation (4) :
^"B =* \
/■('+£■)
^B H = — \ —
l^BJ R< V Rsina
""- 1 — =■ dans une constante unique C
œ -H C=-\
/•(•+ê)
M Rt \ ~ R
^ E=BJ et nous avons calculé la composante horizontale par la formule :
h-- E=BJ logH = logC — (-logsina + logu.
n = J \ 2 /
ij Avant l'expédition, en mars, M. Moureaux a trouvé :
m ^H logC =1,6 7 3 9 97
_BJ et au retour en octobre-novembre :
l~ >_^^B
m =■ log 0=1,673 585.
= HJ Cette variation, due sans doute à des chocs subis dans les trans-
^ ij ports, n'influe que d'une unité sur la quatrième décimale de la valeur
=■ de la composante horizontale exprimée en dynes.
1— >_^JJ
J==> EeBJ ^'*/P e ^ M fiafcu/ de la déclinaison. — Théodolite magnétique
"^EHJ Hurlimann.
I—1 — ^Jl
en =■ Jan-Mayen. — Station autrichienne. — Pilier des observations
— M magnétiques absolues. — Le 27 juillet 1892.
^ ij Barreau n° 1 . Heure du début : i h ,27 m du soir.
_^B Repère : Mire du sommet :
m =■ Lunette à droile : io4°53' ) , , „
-j =■ , , rn , > io4°34 3o .
^■J — a gauche : io4°56' )
|_i E=M| LCNETTE A l.'E3T
LUNETTE A L'OUEST
co ^^H —
EEBj Goupille à l'est :
Goupille à l'est :
^—=■1 PN 7 1°S9 is"(i 79 ° n ,\~'
U3~^ PS 252 04 15 \ 2 °' 4S
PN 7l°52 | 7 ,° g9 '
PS 252 06 1 ' ° M
~^JJ Goupille à l'ouest :
Goupille à l'ouest :
M =■! PN 72 )
°^| PS 251 37 \ ll 5S 3U
PN 71 55 30 ) ,, „„ ,„
PS 251 56 S
M =HJ 72 00 07
71 57 23
1—1 =■ """"
M =■
M =BJ
U> =■
M =BJ
J^ =■
hJ — =■
Cn =■
cm _
2 3 i
l 5 6 7 8 9 10 11
12 13 14 15 16 17
— 129 —
Trace du méridien magnétique :
Repère
Azimuth magnétique du repère S.
Azimuth géographique S.
7158 45
io4 54 3o
3a55 45 0.
4a8 0.
Déclinaison i8°2j'45"0.
Heure de la fin : i h 56 m o5 s du soir.
Type du calcul de la composante horizontale. — Théodolite
magnétique Hurlimann.
Baie de la Recherche. — Le 2 août 1892.
Barreau n° 1. Heure du début : io h , » i m du matin.
0, hit. '
OSCILLATIONS
■ 4° 1
h m s
12 50 05.
m s
— 2.05
10
20
40 54 15
60 56 19,:
80 58 24,6
100 1 00 29,6
6, iut. : + 3" 3 10.24,6
— 2.05
2.04,8
— 2.04,8
6
— 2.05
1
t = 6,246
log i — 0,795 602
- Iog sin a =1,914 116
S = 0,709 718
Heure de la fin = n h. mat.
DÉVIATIONS
Tige à l'est.
lexf: + 3o,3 o , „
PN vers l'appareil : 338 39 30
PS — — 63 44 30
\ — 84 45 00
Tige à l'ouest.
PN vers l'appareil : C3 25 30
PS — — 338 50 45
A.
84 34 45
1 4, + 4.
a = - '- — : = 42»! 9' 30"
log sin a = 1.8
231
log C = 1,673 585
S = 0,709 718
Dg H = 2,963 867
H ~ 0,0920.
1. int..., température intérieure de la cage où est suspendu le barreau.
2. 8 ext..., température de l'air extérieur.
— 130 —
Note sur les lieux d'observations.
Islande.
Le sol de l'Islande, tout entier de formation volcanique, est com-
posé de corps généralement magnétiques et renferme même des
aimants naturels. Aussi, la nécessité s'impose-t-elle de n'observer la
valeur des éléments magnétiques qu'en des points choisis avec le plus
grand soin, tels que les instruments n'y soient pas trop influencés
parle voisinage de grandes masses magnétiques. La chose est difficile,
car il a été constaté que la tourbe même des prairies a une action sur
l'aiguille aimantée par les poussières volcaniques qu'elle renferme
[Voyage de la Recherche).
Les officiers de la Recherche sont, à notre connaissance, les pre-
miers observateurs qui aient déterminé en Islande les trois éléments
et leurs variations horaires. En juin et juillet i83G, ils trouvaient
pour valeur absolue de ces éléments à Reikiavik :
D=43°i4'0. I = 77°2' H = o,i58o.
En 1876, les membres de l'expédition norvégienne de l'Atlantique
nord, dirigée par le D r Mohn, firent des observations magnétiques à
Reikiavik en un point très voisin de celui où nous avons opéré pen-
dant notre deuxième séjour et trouvèrent :
Le 29 juillet :
D = 38°i8',6 0.
I zr 76027'
H = 0,1234
Le 3i juillet
En i883, M. Vallut, enseigne de vaisseau de Y Allier, fit diverses
observations magnétiques en Islande, à terre et à la mer.
A terre, il étudia avec un appareil enregistreur les variations de la
déclinaison en un même lieu et constata que la pointe nord de l'ai-
guille atteint sa position extrême dans l'est vers i h 3o m du soir et sa
position extrême dans l'ouest vers 5 h 3o m du malin. L'amplitude
moyenne de cette oscillation ne serait que de 21', mais, dans certains
cas, et pour des causes impossibles à prévoir, elle atteindrait 3° 3o'.
A la mer, M. "Vallut observa la déclinaison en vingt- une stations
réparties autour de l'Islande et constata que si, presque partout, l'in-
131 —
fluence delà terre cesse de se faire ressentir à 5 ou 6 milles au large,
dans certains parages, au contraire, elle peut s'étendre jusqu'à io ou
20 milles.
Enfin, la notice hydrographique n° î de i884, qui relate ces con-
clusions, ajoute qu'il serait connu que, dans certains parages, les indi-
cations du compas peuvent être erronées de 20 à 3o°.
Cette dernière assertion a une telle gravité qu'on ne saurait trop en
vérifier la valeur par de nombreuses observations. Sans prétendre la
réfuter, nous devons dire que nous n'avons jamais constaté dans nos
routes ou nos relèvements d'erreurs supérieures à 2 ou 3o.
La route de Reikiavik au Snœfields qui devrait, d'après la notice
hydrographique en question et au dire des pilotes, donner lieu à une
constatation de cette nature, a été suivie dans les deux sens par la
Manche. La presqu'île du Snœfields a été doublée à petite distance.
Une erreur plus considérable ne nous aurait pas échappé. Nous avons
observé à lerre dans tous les points où la Manche a séjourné. La côte
nord et la côte est étaient bloquées par les glaces. La côte sud est ina-
bordable. Nos observations se bornent donc à Reikiavik, Patrix-fiord,
Dyra fiord, et Isa-fiord.
Premier séjour à Reikiavik. — Sur la hauteur, au sud de la ville,
s'élève une sorte de mirador baptisé du nom d'observatoire par les
habitants. Il renferme trop de fer pour être utilisé au point de vue
magnétique.
C'est le long de la route que domine cette construction que nous
avons établi, pendant notre premier séjour à Reikiavik, une base
d'observations ayant pour but de nous éclairer sur les obstacles que
la nature du sol d'Islande oppose aux déterminations magnétiques.
On nous avait prévenu que le point choisi était particulièrement
défavorable. Nos observations l'ont confirmé. Elles n'ont pas d'autre
valeur.
Deuxième séjour à Reikiavik. •- Nous nous somme placés, cette fois
sensiblement au point désigné comme observatoire magnétique sur le
plan de la baie de Reikiavik. C'est une prairie où ne subsiste aucun
signal. Les instruments étaient éloignés de plus de 100 mètres de
toute pierre apparente et leurs pieds reposaient sur la couche de
tourbe, un peu trop élastique, delà prairie. Cette observation a donc
une valeur supérieure à celles du premier séjour.
Côté ouest. — La Manche a visité sur la côte nord ouest Patrix-
fiord, Dyra-fiord et Isa-fiord.
Tous les fiords de cette côte présentent le même aspect. Ils sont
entourés d'énormes murailles, bordures du plateau intérieur dont
— 132 —
les gradins supérieurs dominent la baie de leurs parois verticales
puis rejoignent la mer en éboulis à pente raide. Le rouge qui fait le
fond de leur coloration trahit la présence d'oxyde de fer. De nom-
breux torrents s'échappent du plateau supérieur par des vallées laté-
rales, plus souvent par de simples crevasses, quelquefois en jaillis-
sant directement de la crête. Un cours d'eau, généralement plus
important, se jette dans le fond du fiord. Ce fond, en pente plus
douce, est souvent le lit d'un glacier ou semble l'avoir été.
Une ou deux pointes basses sont agrafées sur les flancs abrupts
du fiord. La constitution de leur sol et leur configuration montrent
qu'elles sont d'une origine relativement récente et non volcanique.
Les factoreries sont construites sur ces pointes qui forment un abri
et offrent des fonds de mouillage sur la pente assez douce de leurs
rives.
La formation de ces pointes basses donne lieu à diverses hypolhèses.
Certains les considèrent comme les moraines d'un glacier qui aurait
occupé jadis tout le fiord. D'autres y voient simplement un apport
des torrents qui créent un courant constant sortant de la baie. Les
pierres désagrégées et poreuses, le sable volcanique roulés par les
torrents, principalement à la fonte des neiges, seraient poussés peu à
peu vers le large. Cette action s'affaiblit à mesure que le fiord s'évase.
De plus, les courants de marée, de direction parallèle à la côte et
pénétrant plus ou moins dans le fiord, rencontrent le courant venant
du fond. De cette rencontre naîtrait un tourbillon plus ou moins ap-
parent. Partout où il y a tourbillon il y a dépôt. En somme, c'est
la théorie de la formation des barres à l'estuaire des fleuves. Les
eyres (c'est ainsi que se nomment ces pointes) seraient le résultat de
ce phénomène. La première de ces deux hypothèses nous parait la
plus vraisemblable.
L'une ou l'autre, d'ailleurs, écarte la présence de grandes masses
magnétiques dans ces eyres. Le sol en est magnétique au même titre
que les terrains de formation volcanique environnants, mais les élé-
ments qu'il contient sont fragmentés, pour avoir été apportés par la
glace ou par l'eau. Le tout présente donc une certaine homogénéité
magnétique très importante à notre point de vue.
En effet, si nous considérons le terrain sur lequel est placé l'ins-
trument comme une couche magnétique homogène, d'épaisseur sen-
siblement constante et de surface horizontale, nous voyons que son
action sur l'aiguille aimantée se réduit à une résultante verticale qui
n'a d'influence ni sur la déclinaison, ni sur la composante horizontale.
L'inclinaison est seule affectée. Reste l'action des montagnes voisines.
— 133 —
Ces considérations donnent à nos observations faites sur les eyres
des fiords de la côte nord un intérêt bien supérieur à celui de nos
observations à Reikiavik.
IL — Jan-Mayen.
Le docteur Mohn a visité Jan-Mayen en 1876, mais il n'y a pas
déterminé les éléments magnétiques. L'expédition autrichienne com-
mandée par le lieutenant de vaisseau de Wolgemuth et dont faisait
partie notre compagnon et ami, M. Gralzl, y étudia pendant un an le
magnétisme terrestre parallèlement aux autres missions établies dans
les régions polaires.
Au i or janvier 18 83 les valeurs des éléments à l'observatoire autri-
chien étaient :
02', H =: 0,0973.
D = 2 9 °54' 0., 1= 76
Nous avons trouvé les maisons autrichiennes intactes. M. Gratzl
nous indiqua le local consacré aux mesures absolues et le pilier sur
lequel on observait la déclinaison. Une mire assez éloignée dont le gi-
sement par rapport au pilier est donné dans l'ouvrage de Wolge-
muth était encore debout. Dans ces conditions, la pluie et le manque
de soleil ne furent pas un obstacle à nos observations.
Le sol de Jan-Mayen est essentiellement magnétique. Le sable
même, sur lequel est construit l'observatoire autrichien, peut, en se
déplaçant, sous l'influence du vent et de la pluie et en se tassant au
pied des murs, produire des variations dans les valeurs observées.
Aussi donnerons-nous, sous toutes réserves, au point de vue de la
variation séculaire, la valeur des éléments déduite de nos observations.
III. — Spitzberg.
Exactement renseignés par le plan de la baie de la Recherche et
les indications de Bravais sur le point où ce savant et ses compagnons
ont déterminé les éléments magnétiques en i83g, nous y avons fait
deux fois des observations complètes dans des conditions relativement
favorables. Le sol du Spitzberg est d'une formation toute autre que
celle de l'Islande et de Jan-Mayen. Les corps magnétiques s'y trouvent
— 134 —
en quantité minime. La comparaison de nos résultats à ceux de la
Recherche doit présenter un intérêt sérieux.
La mission suédoise de i883 était installée sur le cap Thordsen,
dans l'Is-fiord. Déterminer les éléments magnétiques en ce lieu, dix
ans après les Suédois comme nous l'avions fait à Jan-Mayen, dix ans
après les Autrichiens, était désirable au premier chef. Malheureu-
sement le vent et la grosse mer, facteurs avec lesquels une expédition
rapide comme la nôtre a si fort à compter, s'y opposèrent. Partis de
la baie Skans pour le cap Thordsen avec le canot à vapeur et une
baleinière, nous dûmes renoncer à aborder cette falaise battue par
les lames, sous peine de compromettre les embarcations, les instru-
ments et peut-être les observateurs et leur escorte.
Quand M. Gratzl y put accoster, quelque temps après, il faisait
calme plat, mais, de notre côté, nous avions d'autres occupations.
Cette lacune fut en partie comblée par une observation faite dans
la baie Skans, à environ 4 milles du cap Thordsen, observation
qu'une pluie battante vint troubler sans cependant l'arrêter. La
pluie ne fut pas le seul inconvénient. La baie Skans est une cuvette
profonde entre des montagnes élevées et abruptes. Fatalement, l'ins-
trument était voisin de l'une d'elles. Je ne saurais garantir qu'il ne
se trouvât point dans les diverses couches dont elle est formée et que
mettent en évidence des stratifications d'un dessin et de couleurs très •
remarquables, des corps magnétiques dont la présence nuirait à la
valeur de nos résultats.
Les éléments avaient pour valeur au cap Thordsen, le i cr janvier
i883 :
D = i2° 5o' 0., I = 8o° 29', H = 0,0886
IV.
Iles Shetland et Féroë.
Nous avons observé à Lerwick dans les îles Shetlands et à West-
mannhavn dans les îles Féroë. Aux Shetlands les instruments étaient
placés dans une prairie, assez près de la mer et à quelque distance
d'un petit mur en pierre sèche. Aux Féroë, il a fallu se placer sur le
flanc d'une montagne.
Observations simultanées. — Il n'était pas facile de concilier des
observations simultanées avec les circonstances de temps, le service
— 135 —
du bord et les divers travaux qui occupaient les officiers de la Manche.
Aussi les trois éléments ont-ils été souvent déterminés à des heures
différentes.
Ce fait n'a pas une grande importance si l'on considère :
i° Le degré d'exactitude auquel nous pouvions prétendre ;
2° La valeur de la variation diurne connue d'après les travaux pré-
cédents ;
3° Qu'on peut ramener approximativement les observations à une
même heure ;
4° Le but qu'on se propose et qui est principalement de connaître
la variation des éléments dans un intervalle de temps très consi-
dérable.
Observations à la mer. — Nous donnons un tableau de quelques
déclinaisons observées à la mer avec le compas Thomson placé sur la
dunette de la Manche, dans l'axe du navire.
Avec un compas on observe en réalité la variation W. Soit A la dé-
clinaison magnétique au point considéré, S la déviation correspon-
dant au cap au compas s auquel on a observé :
A— W— S
o est donné par la formule d'Archibald Smith :
§=A4-Bsin3-|-C cos z -f- D sin 2z -{- E cos iz
dans laquelle les coefficients B et G varient seuls avec le lieu de
l'observation.
Ce compas a été compensé à Cherbourg par les soins des construc-
tions navales. Les coefficients conservaient après la compensation les
valeurs suivantes pour Cherbourg :
A = — o°2o' B = o°i5' C = o 4i' D = — i°o3' E = o°o7'.
Le coefficient B dépend du magnétisme permanent des aciers du
bord et du magnétisme induit des fers doux verticaux. Cela s'exprime
par la formule :
P c
sinB=— +-tgl
An A
dans laquelle H est la composante horizontale du magnétisme terres-
tre, I l'inclinaison, X le rapport de la force moyenne totale attirant
l'aiguille vers le nord à la composante horizontale H, P et c deux
constantes.
Le coefficient C ne dépend que du magnétisme induit du fer doux
136 —
horizontal. En supposant le fer doux symétrique, ce qui a lieu géné-
ralement pour un compas placé comme le nôtre dans l'axe, son
expression se réduit à un seul terme :
• n Q
smG -nr
B et C étant les seuls coefficients variables, de leur connaissance
pour un lieu considéré dépend celle des déviations aux divers caps.
Dans l'expression de ces coefficients, H et I étant les seules va-
riables, variables que nous supposerons connues avec une exactitude
suffisante, il faut calculer une fois pour toutes les coefficients
P
h
et 2
Q
Une seule observation donne -. En effet, le cap au nord du com-
À
pas, la formule générale donne :
So =A + C + E
S, 6 = A-C + E
et le cap au sud
d'où
S — Oie — 2 G
S„ — S.
C =
En observant les déviations, le cap au nord puis le cap au sud du
compas, on a
g=.Hsin So ~ S ' 6 -
A 2
Remarquons qu'il est inutile de connaître la déclinaison magnétique
au point où l'on observe pour avoir la valeur $ — §,„. En effet, soient
R„ et R 16 les relèvements au compas d'un même point éloigné, le
navire ayant le cap au nord et au sud du compas sans changer de place
on a
R. = R +A + 5„
R v=R, s +A+5,6-
dou
R î6 — R = 8„ — 8 16 .
Les angles sont toujours comptés positivement à partir du nord en
passant par l'est.
— 137 —
P G
Le calcul des constantes - et r exige deux observations en des
A À
points différents, afin d'avoir les deux équations à deux inconnues :
sinB
Va .'H
tgl
sinB -(!)è+
c >
d'où l'on tire
P _ HH' (sinB'tgl— sinBtgl')
"a - Hlgl-^H'tgF
c_ HsinB — H'sinB'
a~ Htgl — H'tgl''
B sera facilement obtenu en un point quelconque en mettant le cap
à l'est et à l'ouest du compas. En effet, on a, à ces deux caps :
d'où
S 8 :=A + B — E
S 2t = A— B — E
■p s — S 2t
Une deuxième observation en un point différent donnera :
gf S 8 ~ S M
2
Ayant opéré comme il vient d'être dit, nous avons adopté pour le
compas Thomson de la Manche, dont la compensation n'a jamais été
modifiée, les constantes suivantes :
P c Q
T =-8° - = + 3o,4 f = + o°,8
A A A.
avec lesquelles nous avons calculé les déclinaisons en prenant pour
valeurs de H et de tg I celles que donnent les cartes magnétiques de
l'Amirauté anglaise et, pour les régions que ces cartes ne contiennent
pas, des valeurs calculées par interpolation avec les observations à
terre, en Islande, à Jan-Mayen et au Spitzberg, converties à la même
unilé.
Corrections pour les erreurs sur l'heure de Paris. — M. Lancelin
nous a communiqué les courbes d'états absolus déduites des obser-
nations qu'il a faites à diverses époques du voyage de la Manche. Les
- 138 —
azimuths qui nous ont servi à déterminer la déclinaison magnétique
ont été calculés avec l'heure tirée de ces courbes. Le faible mouvement
en hauteur du soleil dans les régions polaires nous a conduit à calcul
1er les azimuths par l'heure. Cela nous permettait d'observer à une
heure quelconque de la journée, la longitude des lieux d'observation
étant connue. Cette considération ne manque pas d'importance dans
les régions où le soleil se montre rarement.
Nota. — Les observations du 5 au 9 mai et celles du 8 août cor-
responde^, d'après les courbes relevées au magnétographe de l'Ob-
servatoire du Parc Saint-Maur, à un état magnétique plus ou moins
troublé.
— 439
Instruments
I. — Déclinaison
L = Lorieux, à pivot.
S L = L<
urlimann, à fll.
Observateurs
MM.
C. de Carfort.
E. Exeltnans.
L. Lancelin.
Shetlands. Ile Bressa.
Islande :
Reykiavick Pt A
Pt B
Pt C
— Pt B
Pt D
— PtE
— PtF
— Obs. magn.
Dyre-flord
Isa-fiord
Patrix-fiord
Feroe :
Westmanhavn
Jan-Mayen :
Obs. autrichien
3°27'.7
24 15.2
25 49 .5
25 34.5
26 21 .0
9 24 .5
<10 48.1
Spitzberg :
Baie de la Recherche^ 2 u E
Baie Skans
Bergen :
Jardin de la Pointe.
13 43 .5 E
2 58 E
60" 9'.6
64 8.7
65 53.5
66 6.7
65 35.7
62 11.2
70 59.8
77 30.0
7S 31.0
60 23.9
27 Avril
5 Mai
5 —
7 —
7 —
9 —
9 —
12 —
13 Juin
24 Mai
28 —
4 Juin
7 Juil.
27 —
27 —
2 Août
14 —
30
h. ni. h. ni.
5.15 à 5.45 s.
2.10 à 2.58 s.
1.53 à 2. 38 s.
5. 4646.00 s.
3.30 à 4.00 s.
3. 43 à 4. 05 s.
4.45 à 5. 15 s.
4. 10 à 4.35 s.
2.57 à 3.29 s.
8.45 a 9. 15m.
9.32à9.58m.
9.28 à 9.52m.
9. 55 à 10.25 in.
9. 14 à 9. 47 m.
1.27 à 1.56 s.
8.46à9.36m
5,51 à 6. 25 s
9.20à9.57m
9.00 à 9.25 m
19°33'.5
39 23.2
36 00.0
39 39.0
35 42.4
39 54.0
41 05.0
39 01.4
36 43.0
38 3.3.0
40 22.0
41 57.0
25 20.5
28 19.2
28 27.7
12 03.8
12 17.9
10 03.7
16 28.3
H
L
L
H
L
L
H
H
11
H
II
E
L
C
E
L
L
G
E
G
E
E
E
E
F.
E
— 140 —
II. — Composante horizon taie K
Boussole Hurlimann.
Barreau n° 1.
Observateur : M. Exelmans.
ce
o
H
EH
STATIONS
DATES
1892
HEURES
a
t
H
>
PC
ta
m
tn
O
h. m. h. m.
' "
s
Shetlands. Ile Bressa.
Avril 27
4.30 à 5.15 s.
24 46 00
4,915
0,1482
E
Islande :
Reykiavick. Pt A
Mai 5
3 à 3.45 s.
29 14 45
5,325
0, 1267
E
— Pt B.
— 9
3.45 à 4.25 s.
30 53 37
5,440
0,1210
E
- Pt C
- 7
5.15 à 6.00 s.
5,235
0,1306
E
— Obs.magn.
Juin 13
3.45 à 4.50 s.
28 02 50
5,216
0,1319
E
Mai 25
9.35 à 10.00m.
30 05 45
5,757
0,1157
E
— 28
Juin 4
10.20 à 11.00m.
10.11 à 10.33m.
31 08 15
31 45 7
5,3937
5,515
0,1216
0,1179
E
E
Feroe. Westmanhavn.
Juil. 7
10.35 à H. 10m.
26 28 15
5,095
0,1386
E
Jan-Mayen. Obs. autr.
— 27
0.14 à 0.55 s.
39 12 23
6,056
0,0979
E
£ PITZBERG :
Baie de la Recherche.
Août 2
10.11 à 11 m.
42 19 30
6,246
0,0920
E
1 -14
6.33 à 7.20 s.
42 20 7
6,240
0,0921
E
— 8
10.41 à 11.31m.
44 20 7
6,350
0,0888
E
Bergen :
Jardin de la Pointe..
- 30
9.35 à 10.9 m.
24 28 52
4,918
0,1490
E
1. La composante horizontale a été calculée au moyen de la formule :
log. H = log. C — (log. t + i log. sin a),
C étant une constante qui a été déterminée en octobre- novembre 1892 à l'Ob-
servatoire du Parc Saint-Maur. On a trouvé :
log. C =1,6735853.
141 —
III. — Inclinaison.
Boussole Garnbey, n° 13.
Aiguille n° 2.
Observateurs
I MM.
\ C. de Ci
Carfort.
B. de Blanpré.
E. Exelmans.
HEURES
MARQUE
1
m
ta
D
Efl
<
1892
EN HAUT
EN BAS
a:
m
a
o
Shetlands. Ile Bressa.
Avril 27
h. h.
2.18 à 3.00 s.
72<>30'.0
72o49'. 5
72°39'.7
C
Islande :
Reykiavick Pt A
Mai 12
4.00 à 4.33 s.
76 34.7
76 45.3
76 40.0
B
— Pt B
— 12
3.00 à 3.35 s.
76 57.7
77 31.8
77 14.8
B
— Obs. magn.
Juin 18
3.3S à 4.05 s.
76 13.7
76 22.1
76 17.9
B
Dyre fiord
Mai 24
9.23 à 9.50 s.
78 01.7
78 15.8
78 08.7
B
Jan-Mayen :
Obs. autrichien. .
Juil. 27
10.13 à 10.45m.
79 04.3
79 25.5
79 14.9
B
Spitzuerg :
Baie de la Recherche.
Août 1
1.55 à 2.22 s.
79 56.2
79 41.7
79 49.0
B
— —
— 3
10.38 à 11.05 rn.
80 12.7
80 01.4
80 07.0
E
- -
— 14
4.56 à 5.44 s.
80 11 .8
79 51 .7
80 01.8
E
- 8
8.45 à 9.15m.
80 38.4
80 49.4
80 43.9
B
Bergen :
Jardin de la Pointe...
— 30
10.23 à 11.06m.
72 17.2
72 45.3
72 31.2
E
r
IV.
Observations à la mer.
DATE
1892
LATITUDE
LONGITUDE
CAP AU COMPAS
H
tgl
8
W OBSERVÉE
DÉCLINAISON
15 mai
63»14' N
22» 02'
S 45»
0,71
3,87
— 3o,46
42o
380,5
13 —
64 40
25 58
N 25
0,65
4,33
— 1,7
— 38
36,3
26 —
66 00
26 10
N 20 E
0,63
4,60
— d ,°
- 38
39,8
11 juin
6i 42
26 15
S 4 E
0,65
4,33
— 1,23
— 38
36.8
21 —
63 32
23 07
S 47 E
0,71
3,94
+ 1,45
— 33
34,4
22 —
64 08
17 22
S 89 E
0,73
3,87
+ 1,90
— 27
. 28,9
23 —
64 45
15 40
S 23 E
0,72
3,87
+ 0,17
- 28
28,2
28 —
64 28
16 03
S 75 E
0,72
3,87
+ 1,85
- 28
29,8
23 juillet
63 35
1 30
N 15 E
0,77
3,43
+ 0,26
- 21
21,3
25 —
69 20
6 00
N 23 E
0,65
4,33
+ 1,03
— 26
27,0
29 —
71 30
5 46
N 88 E
0,57
. 5,49
4- 4,23
— 24
28,2
29 —
72 15
2 58
N 63 E
0,56
5,51
+ 3,73
— 21
24,7
30 —
73 20
1 00 E
N 63 E
0,56
5,55
+ 3,85
— 17
20,8
31 —
76 15
6 30
N 40 E
0,55
5,63
+ 2,73
— 15
17,7
1 er août
77 30
10 30
N 50 E
0,54
- 5,67
-f 3,02
- 10,5
13,5
16 —
■ 75 25
12 00
S 10 E
0,56
3,60
+ 0.59
— 15
14,4
cm
10 11 12 13 14 15 16 17 li
19 20 21 22 23 24 25
VIII
MESURES DE GRAVITATION
Faites par M. Auguste Gratzl, lieutenant de vaisseau de la marine
austro-hongroise.
(Note de M. Bienaimé, capitaine de vaisseau.)
M. le lieutenant de vaisseau A. Gratzl avait un des nouveaux appa-
reils pendulaires du système de M. R. de Sterneck, lieutenant-colo-
nel de l'armée austro -hongroise., avec lequel il a mesuré la gravitation
dans toutes les relâches de son voyage.
Il m'a communiqué ses intéressants résultats, et, bien qu'ils lui ap-
partiennent en toute propriété, je pense qu'ils doivent trouver leur
place dans ce volume.
Tableau des résultats observés.
jatîtude
nord l.
Hauteur
au-dessus du
niveau
de la mer h.
Valeurs de g
en mètres par
secondes de temps
moyen.
48V
i83 ra
9,808267
56°,o
104
g,8i55o
710,0
11
9,82806
7 8°,5
52
9,8283i
6 9 °,5
60
9,82532
Station.
Vienne (Observatoire) 48°, 2
Edimbourg (Observatoire) . .
Jan-Mayen (Station autri-
chienne) 7i°,o
Spitzberg (cap Thordsen).
Tromsoe (Observatoire). .
Si l'on calcule les valeurs de g pour ces différents lieux, par la
formule connue
g — y(i — 0,00259 cos 2/)
dans laquelle y représente la valeur de la gravitation par la latitude
45° égale à 9,8061 d'après M. Pierce, on obtient les résultats portés
144 —
dans le tableau ci-dessous à côtés des valeurs observées par M. Grafzl
corrigées de l'altitude h du lieu d'observation par la formule :
9=9A l +
(R rayon de la terre).
ol .. Latitude
Station. .
nord.
Vienne 48°,2
Edimbourg 56°, o
Jan-Mayen (Mary-Muss). 7i°,o
Spilzberg(capThordsen). 78°,5
Tromsoe 6g°.5
Valeurs
alculées de g.
Valeurs
observées
corrigées de
l'altitude.
Différences.
9,8089
9,8o83
-|- 0,OOo6
9,8106
9,8i53
-f- o,ooo3
9,8261
9,8281
— 0,0020
9 ,83g5
9,8284
-f- 0,0111
9,8253
9,8253
0,0000
La concordance est remarquable pour Vienne, Edimbourg et Tromsoe
et de nature à donner confiance dans la valeur des coefficients des
formules adoptées. Les divergences observées à Jan-Mayen et au
Spitzberg laissent la porte ouverte aux hypothèses, mais avant de se
lancer dans une voie quelconque, il est bon de ne pas oublier que les
observations n'ont pu être faites avec la même exactitude sur ces deux
points que dans les observatoires bien installés des trois autres; qu'en
outre l'absence de données astronomiques, pendant notre séjour dans
le haut nord où nous n'avons entrevu que fort rarement le soleil, n'a
pas permis de fixer avec une certitude complète l'état absolu des
montres qui n'a été connu que par des comparaisons faites au départ
d'Edimbourg et à l'arrivée à Tromsoe à plus d'un mois d'intervalle.
IX
RAPPORT SOMMAIRE SUR LES COLLECTIONS D'HISTOIRE
NATURELLE FAITES PENDANT LA CAMPAGNE
Par le D r P. Couteaud,
médecin de i re classe de la marine.
Dans la première partie de sa campagne, la Manche a visité les
Shetland, les Féroë et l'Islande. Chargé par le commandant Bienaimé
de faire des collections d'histoire naturelle, j'ai porté surtout mon
attention sur la faune et la flore sous-marines de ces régions, dont
les échantillons serviront de terme de comparaison avec ceux de Jan-
Mayen et du Spitzberg que nous avons explorés plus tard.
Je passerai sous silence les nombreuses trouvailles faites dans le
voyage d'Islande; je me bornerai à dire que dans ces collections figu-
rent d'intéressants Crustacés et Annélides d'eau douce, des Cyames
prélevés sur la Baleine de Biscaye, et le produit de nombreuses pêches
pélagiques. Bien que m'étant livré à beaucoup de pêches de ce genre,
je ne me crois pas autorisé à en tirer des déductions au sujet de l'é-
valuation du plankton des eaux de l'Islande et des Féroë. La den-
sité et la salure de l'eau de mer, sa coloration, son état de calme ou
d'agitation, l'existence de courants chauds ou froids, le voisinage des
terres sont autant de facteurs qui influent sur les variations de quan-
tité de la nature vivante que représente la faune sus-marine. Les
exemples les plus fréquents de ces petits êtres sont des Copépodes,
des Néréides, des Sagitta, des larves de Mollusques et de Crustacés,
des Appendiculaires, des Rotifères, des Béroës.
Un seul point de géologie en Islande a eu une part dans mes re-
cherches : il est intéressant, à cause des préoccupations actuelles de
la science au sujet des phénomènes glaciaires. C'est un gisement de
sub-fossiles post-glaciaires enfouis dans un tuf volcanique criblé d'obsi-
dienne, dans la baie de Skaerifiord. Les coquilles, parmi lesquelles
on distingue des Cardium, Cyprina, Nucula, Saxicava , Mya, Tellina,
- 146 —
Pecten, appartiennent à des espèces dont les analogues vivent actuel-
lement dans la même mer.
Des échantillons d'eau de mer, d'eau douce, de vases, de limons,
ont été prélevés en de nombreux points pour servir à l'étude des
Diatomées.
Pendant la deuxième partie de la campagne de la Manche à Jan-
Mayen et au Spitzberg, j'ai continué les collections commencées en
Islande. M. le professeur Pouchet a bien voulu m'aider de ses conseils
et même me prêter l'appui de sa précieuse collaboration : je suis
heureux de pouvoir l'en remercier hautement. Il a du reste singu-
lièrement facilité ma tâche en mettant à ma disposition son prépa-
rateur, M. Pettit, dont le zèle et l'activité ont été au-dessus de tout
éloge.
Nos efforts ont porté sur toutes les branches de l'histoire naturelle,
nous préoccupant de n'en favoriser aucune à l'exclusion des autres.
Jan-Mayen.
Botanique. — Le 27 juillet 1892, jour de notre arrivée, cette terre
était en fleurs, circonstance heureuse qui facilita notre récolte en Pha-
nérogames dont nous n'avons trouvé dans l'île que vingt-huit espèces.
Nul arbre, nul arbuste n'habite ces rives glacées. Les plantes se dis-
tinguent de leurs sœurs d'Europe par la gracilité de leurs organes et
la modestie de leur taille. Les plus répandues nous ont paru être la
Renoncule glaciaire qui a le port gracieux de l'Anémone, la Sabline
Arenaria peploïdes), le Garnillet moussier (Silène acaulis), YOxijria
digyna dont les feuilles ont le goût sûr de notre Oseille, et de nom-
breuses espèces de Saxifrages. Il n'existe aucune plante vraiment co-
mestible à l'exception de VOxyria, -et d'un Cochlearia assez rare.
Les végétaux se trouvent ordinairement groupés et se protègent
ainsi mutuellement contre les intempéries de l'air. Ainsi, le Saule
nain (Salix herbacea), dont la taille n'excède pas la hauteur d'une
Mousse, est toujours plus ou moins enchevêtré avec d'autres espèces
végétales disposées en touffes au ras du sol, telles que le Polygonum
viviparurn, le Cerastium arcticum, de nombreuses Graminées et des
Saxifrages. La tendance à s'associer est encore plus marquée pour les
Mousses et les végétaux inféreiurs.
La flore phanérogamique de Jan-Mayen s'est enrichie d'une nou-
velle espèce : c'est une Rubiacée du genre Galium qui figure dans nos
collections. Mais ce sont surtout les Cryptogames qui nous ont fourni
— 147 —
des espèces nouvelles au point de vue de leur distribution géogra-
phique. Les travaux de détermination ont porté à une quinzaine le
nombre des acquisitions nouvelles pour la flore de I'ile. Je citerai,
d après M. Hariot, dans les Champignons, une Galera hypnorum;
dans es Lichens, un Lecanora; un petit nombre d'Hépatiques ; dans
es Algues de mer, cinq grandes espèces de Laminaria, entre autres
lAlana; trois espèces non encore classées parmi lesquelles une
Ulva; enfin des Algues d'eau douce parmi lesquelles M. Hariot a re-
connu trois végétaux appartenant aux genres Vaucheria, Schizoao-
nium. a
Zoologie. - Aux abords de Jan-Mayen nous avons aperçu de nom-
breuses Baleines et des Phoques. Dans notre collection figurent deux
Renards (Vulpes isatis) de pelages différents; en les dépouillant nous
trouvâmes dans leurs estomacs des débris d'Oiseaux et des cailloux
Nous possédons une assez grande quantité d'Oiseaux de mer parmi
lesquels dominent des espèces différentes de Guillemots (Uria arra-
Uria grylle, Mergulus aile). Ces animaux font leur proie des Gam-
marus locusta qui couvrent, par moments, la surface de la mer. Leur
chair savoureuse, qui rappelle le goût de la Sarcelle, est une res-
source précieuse pour ces pays déshérités.
UnAcarien figure dans nos collections.
Le commandant Bienaimé a Tait exécuter des dragages qui ont
ramené un sable noir où étaient enfouis de nombreux animaux ma-
rins. Nous avons trouvé des Crustaeés des groupes Isopodes, Amphi-
podes Décapodes, Pycnogonides; quelques espèces nous ont paru
nouvelles ou fout au moins peu connues.
Les pêches pélagiques de surface nous ont donné surtout des Co-
pepodes.
Les Annélides sont représentés par un certain nombre de Némato-
des, Uisetopodes et Géphyriens.
Le genre Polynoë nous a paru fréquent.
Les Mollusques comprennent un petit nombre de Lamellibranches
et de Gastéropodes ; nous avons surtout remarqué des Tellina et des
oaxicava.
Enfin des Actinies, des Holoturies, des Bryozoaires, des Béroës,un
Appendiculaire et des Foraminifères complètent ce qui a traita la par-
tie zoloogique de nos collections.
Géologie. - L'île de Jan-Mayen est due tout entière à l'action des
forces ignées qui la soulevèrent du sein de la mer; elle a dû faire
partie du même continent que l'Islande, les Féroë, les Shetland, les
Orcades, les Hébrides et une partie de l'Ecosse. Le sol composé de
- 448 -
roches exclusivement volcaniques produit par son effritement conti'
nuel un sable à gros grains, noir à reflets verdàtres d'olivine, attiré
par l'aimant. Le terreau est rare et clairsemé ; nulle part nous n'avons
vu de tourbières comme en Islande. Çà et là on voit des cratères
éteints ; au nord de l'île se dresse le pic majestueu x du Bœrenberg, haut
de 2,5oo mètres, dont la cime et les flancs sont couverts de neige.
Presque toutes les variétés de roches volcaniques sont représentées
ici : la lave celluleuse passant à la ponce, le basalte, le trachyté, la
dolérite, les tufs et les conglomérats divers, porphyre, poudingue avec
inclusions de zéolithes et d'opales. Une roche qui attire les regards par
l'étrangeté de sa couleur garnit souvent les collines et les falaises :
elle a tout à fait l'aspect extérieur de la brique rouge, mais elle est
plus poreuse et plus dure. Elle est souvent encaslrée entre des blocs de
lave vésiculaiie ; ses éboulis teignent en rouge vif la base des falaises.
Les phénomènes d'érosion sont extrêmement marqués dans l'île,
et d'anciennes baies converties en lagunes, témoignent assez de l'im-
portance des apports alluvionnaires des pluies ou des ruisseaux pro-
venant de la fonte des neiges. La délitescence des roches se fait de
plusieurs façons : ou par lames ou par prismes ou bien par égrène-
ment, ainsi que le prouvent les échantillons en voie de désagrégation
que nous avons rapportés, et qui montrent, pour ainsi dire, « la nature
prise sur le fait ».
Nous avons recueilli des sédiments marins provenant de divers
fonds, des échantillons d'eau de mer et d'eau douce qui serviront à
l'étude des Diatomées de cette île si rarement visitée. Nous avons
également prélevé sur le rivage de Jan-Mayen de nombreux objets
échoués, bois flottés, débris de navire, houles à lester les filets de
pêcheurs, tous documents intéressants pour l'océanographie et l'étude
des courants.
Des pèches pélagiques et d'eau douce ont été pratiquées par
M. Pouchet. Une pèche dans l'eau de la lagune nord a rapporté des
Infusoires, des Némaiodes et des Rotifères, malgré sa pureté appa-
rente.
Spitzberg.
Les recherches faites au Spitzberg ont eu pour théâtre Bell-Sound
et l'Ice-fiord, sortes de mers intérieures comprises entre le 77e et le
79 e latitude nord.
Botanique. — Nous avons retrouvé la majeure partie des plantes
décrites. Le Spitzberg est mal doté au point de vue des Phanéro-
— 149 —
games. Il y a cependant quelques points privilégiés. Advent-bay, le
jardin de l'Ice-fiord, était vraiment gracieux à voir et présentait de
loin l'aspect de nos prairies pendant la première quinzaine d'août. Sur
une vaste étendue le sol disparaissait sous un tapis de verdure où
tranchaient les clochetles blanches de l'Andromède {Cassiope tetra-
gona), les Lychnis violets ou blancs, les aigrettes cotonneuses des
Eriophoron, les corolles dorées des Renoncules, des Potentilles, des
Pavots, les fleurs roses de la Pedicularis hirsuta. Les Dryas octope-
tala épanouis mêlaient leurs jolies fleurs blanches aux Carnillets
moussiers, aux ramuscules grêles des Saules nains (S. polaris, her-
bacea, variegata) et aux nombreuses touffes des Graminées. Les
Braya, les Draba, les Cochleari.a, YOxyria digyna, les Prèles, les
Saxifrages si curieuses par leur diversité apparaissaient à chaque
pas. Beaucoup de ces plantes n'auraient nullement déparé un parterre
d'Europe. Une certaine altitude ne s'oppose pas à leur croissance : j'ai
vu des Salix polaris à 35o mètres de hauteur. Les plantes du Spitzberg
sont remarquables par l'extrême longueur de leurs racines : telle
Potentille, tel Pavot, que j'ai cueillis, avaient des racines de 4o centi-
mètres de longueur. Cette disposition semble avoir à la fois pour but
de permettre à ces plantes de résister aux secousses du vent, d'ex-
traire profondément du sol les sucs nourriciers et de rechercher la
chaleur que leur refuse l'atmosphère.
Le Spitzberg est plus riche en Cryptogames qu'en Phanérogames.
Nous avons recueilli une notable quantité de Champignons, entre
autre des espèces comestibles, un Agaric et le vulgaire Champignon
de couches (Psaliota campestris). Nous possédons un grand nombre
d'Algues parmi lesquelles dominent les grandes Laminaires, les Des-
marestia, Cladophora, Polysipkonia, Sphacelaria, Pylaiella, Plo-
carrnium, Gymnogongrus, Delesseria, Psilota, etc.... Les Algues
d'eau douce n'ont pas été oubliées.
Zoologie. — La Manche a rapporté un Renne tué dans l'Ice-fiord;
c'est un Cervus ou Rangifer tarandus qui ressemble au Renneordinaire,
malgré ce qu'on en a pu dire.
Un Phoque, tué dans la baie de la Recherche, a été l'objet de
trouvailles intéressantes au point de vue des parasites que rece-
laient ses viscères : Filaire dans le tissu conjonctif du cou, Échino-
rhinques dans l'intestin, etc..
Nous avons recueilli, échoués sur le rivage, des os de Baleines,
des crânes de Delphinoptères [Béluga), de Renards, de Rennes, etc..
La collection ornithologique comprend presque exclusivement des
Oiseaux de mer, des œufs, des nids d'Eider (Somateria mollissima)
— 150 —
avec leurs œufs. Les quatre échantillons les plus remarquables sont
des Mouettes blanches (Larus eburneus).
Des embryons d'Eider ont été conservés dans l'alcool, en vue d'é-
tudes embryologiques.
La pêche nous a procuré un petit nombre de Poissons parmi les-
quels les plus beaux spécimens sont des Saumons dont les intestins
recelaient des Vers botriocéphales. Nous possédons plusieurs Cottidés
de l'espèce Scorpio.
Le commandant Bienaimé a fait exécuter plusieurs dragages à
différentes profondeurs qui nous ont révélé une vie sous-marine
assez intense, fort curieuse par la diversité des formes.
Les Crustacés dominent avec les groupes Décapodes, Amphipodes,
Pycnogonides; à signaler la présence d'un grand nombre de Pa-
gures.
Les Mollusques sont largement représentés parles genres Cardium,
Buccinum, Panopœa, Tellina, Astarle, Hydractinia, Natica, Chryso-
domus, Yoldia artica, etc. Nous avons recueilli des œufs de Buccin
remarquables.
Les Annélides comprennent des Polynoë, Pectinaria, Phascolo-
somas, Spisorbes, etc.
Nous avons obtenu à la drague d'assez nombreux Échinodermes.
Dans les Astéries nous avons distingué des Ctenodiscus, des Asterias
glacialis et de nombreux Ophiures ; dans les Oursins on remarque le
Slrongylocentrotus drobachiensis, YEchinus norvegicus . Quelques
Oursins étaient enduits d'une substance phosphorescente.
Enfin des échantillons d'Actinies, de Tuniciers, de Bryozoaires
(Alcyonidiurn, etc.), et de tous les autres groupes qui marquent la
fin de la série animale figurent dans nos recherches.
Des pêches pélagiques de surface exécutées au pied des glaciers par
M. Pouchet ont montré des Copépodes, des Appendiculaires, des
Béroés, des Méduses, des larves de Mollusques, etc.
Géologie. — Nous avons rapporté d'intéressants échantillons pa-
léontologiques et pétrographiques d'un grand nombre de points de
Bell-Sound et de l'Ice-fiord. Sur quatre gisements de végétaux fossiles
explorés par nous, trois sont nouveaux pour la science et remontent à
l'époque secondaire.
Au point de vue paléontologique, le gisement le plus important de
riee-fioi'd est, sans contredit, celui qui est situé au nord-ouest du cap
Thordsen, et qui a reçu la dénomination de Sauria-Hill (ou Sauria-
Hook) depuis que, en 1862, M. Hulke y découvrit les restes d'un
grand Saurien à caractères à'Archegosaurus permien. Les fouilles
— 151 —
exécutées par M. Nordenskiôld révélèrent quelques restes analogues.
Moins heureux que nos prédécesseurs, nous n'avons pu, dans un
temps très limité, mettre au jour d'aussi remarquables vestiges ; mais
nous avons recueilli de curieux fossiles en cherchant à établir la stra-
tigraphie et la succession des roches du gisement que les indications
topographiques suivantes permettront de retouver facilement :
Pour gagner Sauria-Hook par voie de mer, il faut une embarcation
légère et calant le moins d'eau possible. En venant de Test, on dou-
blera le cap Thordsen, on longera sa côte occidentale en remontant
vers le nord, en se tenant à environ 3oo mètres du rivage, car les
fonds sont bas et revêtus d'un dallage de roche blanche sur presque
tout le parcours. On dépassera une rivière située à 4 milles environ
du cap Thordsen, quelquefois à sec en été, ou bien présentant deux
lits distincts, dont le plus septentrional est formé par un torrent qui
prend sa source dans le gisement en question. On débarquera et on
suivra la rive droite de la rivière au nord de laquelle est située la
colline de Sauria-Hook ; le torrent qui sert d'indicateur en débouche
au milieu de schistes ardoisiers noirs très reconnaissables. Le gise-
ment est situé sur le versant méridional de la colline.
Ce gisement appartient au trias. Il est constitué par des roches
calcaires ou schisteuses, noires, plus ou moins compactes, couronnées
par une corniche d'hypérite. Les principaux fossiles qui le caracté-
risent appartiennent au groupe des Ammonites [Ceratites et Pty-
chites), des Brachiopodes (Daonella), des Échinodermes (Encrinus).
L'une des couches du gisement contenait de gigantesques nodules,
de i mètre à i m ,5o de diamètre, dont le noyau était formé de conglo-
mérats.
Tout le pourtour de la presqu'île, dont le cap Thordsen forme le
bout,est garni de monlagnes de 6oo à 8oomètres d'élévation, dont les
crêtes sont revêtues de colonnades d'hypérite. Cette roche volcanique
se retrouve jusqu'aux environs de Skans-bay, où elle disparait,
pour se montrer plus loin en divers points de l'Ice-fiord et de Bell-
Sound.
Les bords de cet immense golfe, depuis le cap Thordsen jusqu'à
Sassen-bay, pour ne parler que de ce que nous avons vu, appartiennent
à la même formation, c'est-à-dire au terrain permo-carbonifère dont
les traces se retrouvent en maints endroits de la baie de la Recherche
et de Bell-Sound. Les roches dominantes sont des calcaires, coquilliers
ou non, et des schistes. Les fossiles, extrêmement abondants, sont
surtout des Productus, des Spirifer, des Polypiers surtout du genre
Favosites et Fenestrella, des Encrinus, des Ammonites ; j'ai recueilli
I
— 152
aussi quelques dents de Poissons à la base d'un gisement très fossi-
lifère, dans Skans-bay.
A la baie d'Advent, dans l'Ice-fiord, nousavons exploré le gisement
de charbon (voy. ci dessus relation du commandant Bienaimé, p. 25).
Nous avons prélevé à sa base un certain nombre d'empreintes végé-
tales fossiles du genre lnolepis imbricata. Une empreinte des plus
curieuses, et peut-être attribuable à un Pachyphxjllum ou un Pagio-
phyllum, a été trouvée dans des grès arénacés compactes. Le charbon
est à la hauteur de 80 mètres environ. La rive droite contient un très
grand nombre de végétaux fossiles qui, comme les précédents, pro-
viennent de l'époque secondaire ; ils sont souvent criblés de parcelles
de charbon. Le charbon d'Advent-bay, celui du moins qui provient
des affleurements, est de qualité médiocre : il est pyriteux et dégage
beaucoup de gaz à la combustion.
Nous avons rapporté de l'Ice-fiord des échantillons de gypse sac-
charoïde.
Nos échantillons pétrographiques de Bell-Sound consistent en :
dolomie à Bellerophons, schistes talqueux, grès quartzeux avec veines
de quartz et de calcaire, schistes carbonifères avec empreintes animales
et végétales, schistes noduleux, calcaires carbonifères, phtanites,
conglomérats divers, etc..
Le gisement le plus précieux pour la paléontologie végétale est
celui du cap Lyell, dans la baie de la Recherche. Sa place est exac-
tement indiquée sur la carte dressée par les officiers de la Manche
(voy. ci-dessus, pi. XII) : les naturalistes qui voudront l'explorer de-
vront, pour éviter toute confusion, se conformer à l'itinéraire sui-
vant :
En quittant le fond de la baie de la Recherche et se dirigeant vers
son entrée, c'est-à-dire en allant du sud-est au nord-est, longer la
côte est de la baie, dépasser le grand glacier dit des Renards, et con-
tinuer sa route jusqu'à ce qu'on soit parvenu en face d'un petit
glacier, plus septentrional, désigné par certaines cartes sous le nom
de glacier de Scott. Ce glacier est orienté sensiblement du sud au
nord ; son front n'aboutit pas à la mer, et le rivage situé au devant se
creuse en une petite anse, peu profonde, bornée à l'est et. à l'ouest
par deux pointes basses sablonneuses, entre lesquelles coule un torrent.
La montagne qui encastre le côté ouest du glacier de Scott, fournit,
vu du large, un excellent point de repère à l'est duquel doivent se
borner les recherches, car sa direction prolongée jusqu'à la mer
marque la limite de l'anse en question. Les fouilles doivent être
exécutées sur cette partie étroite du rivage où se dressent les affleu-
153
rements noirs, très visibles, des schistes fossilifères, dont la base
est immergée à marée haute. Le gisement est limité à l'ouest par
un torrent, à l'est par une masse rocheuse grise qui empiète sur la
mer.
L'extraordinaire richesse de ce gisement en plantes fossiles lui a
valu le nom d' « herbier fossile du cap Lyell ». Il occupe une lon-
gueur de 100 mètres sur une hauteur approximative de 5o mètres ;
il est limité latéralement, à l'est, par une masse de calcaire com-
pacte non fossilifère mais renfermant des inclusions de charbon,
à l'ouest par des conglomérats et de la quartzite. Les roches consti-
tuantes formées degrés et de schistes sont régulièrement stratifiées et
inclinées de 4o° au nord-est. Elles contiennent des lignites dans leurs
interstices. Les empreintes se font remarquer par des feuilles aux
limbes nettement détachés et aux nervures finement accusées. On
distingue des tiges, des rameaux et des fruits très bien conservés.
On peut déterminer presque toutes ces plantes, identiques aux es-
pèces miocènes d'Europe (Taxodium, Tilleul, Peuplier, Platane, etc.)
et appartenant en majorité à des Dicotylédones. Citons, en passant,
des fruits de Nyssfl arctica d'une netteté parfaite.
A 2 kilomètres environ dans l'est du cap Lyell, sur le bord de la
mer, nous avons trouvé un autre gisement de plantes fossiles que,
pour le distinguer du précédent, nous appellerons gisement du Faux
cap Lyell. Les roches constituantes sont des grès arénacés très friables,
régulièrement stratifiés, avec inclusions de charbon. Ces plantes, dans
lesquelles M. Bureau a reconnu des Brachyphyllum, indiquent un
terrain jurassique. Elles se trouvent groupées dans deux mamelons
distincts, faisant face à la mer, éloignés l'un de l'autre de i5o mètres
environ.
Je signalerai la découverte en ce dernier point d'un galet entraîné
par les eaux, appartenant à un terrain manifestement carbonifère et
portant des vestiges de Polypier fossile. Cette constatation, jointe à la
précédente, montre que dans un espace restreint on peut, au Spitzberg,
observer des fossiles des trois époques primaire, secondaire et ter-
tiaire. Dans un point voisin du glacier de l'Ouest, dans la baie de la
Recherche, nous avons recueil lis deux troncs d'arbres volumineux, cal-
cifiés que M. Bureau pense pouvoir être attribués à de grands Coni-
fères, peut-être même à des Araucaria.
En différents endroits du Spitzberg on rencontre des saillies mame-
lonnées, gazonnées, spongieuses, dans des terrains marécageux
absolument comparables aux tourbières d'Islande. Un sol humide,
une végétation riche en Mousses de toute espèce, mais surtout en
— 154
Hijpnum, qui périssent lentement par leurs bases toujours immergées
sans cesser de croître en hauteur, telles sont les conditions nécessaires
pour la formation des tourbières et qui se trouvent réalisées dans les
terres basses du Spitzberg.
Ce pays est d'ailleurs un vaste champ ouvert à l'étude des phéno-
mènes actuels. Les agents d'érosion y sont très puissants et les phé-
nomènes atmosphériques modifient ici plus que partout ailleurs le
relief du sol. Les pluies, si fréquentes pendant les mois d'été, ou l'eau
de la fonte des neiges s'infiltrent dans les moindres fissures des roches,
les interstices des grès et des schistes ; vienne le froid, l'eau se con-
gèle en égrenant ces roches dont les blocs morcelés se réunissent en
amas mouvant dans les sillons ravinés des montagnes, et sèment
leurs débris aux pieds des escarpements. Entraînés par l'action
de la pesanteur ou la force de projection des torrents, ces éboulis em-
piètent peu à peu sur la mer et augmentent l'étendue des plages
tandis que le flux et le reflux les convertissent en vase qui exhausse
incessamment le fond des baies. D'où la formation de terrasses et
de ces phénomènes de comblement que les marins appellent barres,
seuils, épis, à l'entrée de presque tous les fiords qui tendent toujours
à s'ensabler davantage, particulièrement en Islande.
Le Spitzberg ne possède point de richesses minières exploitables; il
renferme du gypse, du charbon, des phosphates, mais il n'a ni le
spath de l'Islande, ni la cryolile du Groenland. Cependant ce pays,
dont la superficie égale le huitième de la France, n'a été exploré que
sur ses bords : le hinterland est presque encore vierge des incursions
du voyageur, et nul ne peut dire si l'avenir ne réserve pas quelque
précieuse découverte à l'audacieux qui s'y aventurera.
HISTOIRE NATURELLE
Par M. Pouchet, professeur au Muséum.
On peut regarder les mers septentrionales comme le lieu de for-
mation d'une quantité prodigieuse de matière végétale, c'est-à-dire de
matière vivanle se développant aux seuls dépens des substances
inertes en dissolution dans l'eau de mer et servant par suite de
point de départ à l'alimentation de tous les animaux que nourrit
l'Océan, jusqu'aux plus volumineux.
L'attention que j'avais portée depuis longtemps à Concarneau sur
un certain nombre de ces formes végétales, telles que les Péridiniens
(depuis 1882), m'avait engagé à rechercher l'occasion de les étudier
dans les mers plus septentrionales. C'est ainsi qu'après avoir séjourné
à Thorshaven aux îles Féroë et ensuite sur les bords du Dyrefjord
au nord-ouest de l'Islande, j'ai saisi avec empressement l'occasion qui
m'était offerte d'embarquer sur la Manche au cours du voyage qu'elle
devait faire, sous les ordres du commandant Bienaimé, à Jan Mayen
et au Spitzberg.
Les conditions, dans lesquelles s'effectuait ce voyage, avec une
durée limitée et des instructions précises, et sans dispositions maté-
rielles suffisantes pour les éludes que j'avais particulièrement en vue,
ne m'ont permis, malgré tout le concours du commandant et des offi-
ciers du bord, que des observations détachées en quelque sorte, mais
1. Les observations consignées dans ce mémoire ont fait l'objet de trois notes
à l'Académie des sciences : Sur le plankton de la lagune de Jan Mayen, 23 mai
1893 ; — Sur le plankton de. l'Océan glacial, 5 juin 1893 ; — Observations sur
la glace, 26 juin i8g3.
— 156 —
qui, rapprochées de celles que j'avais faites en divers points des mers
du nord, forment un ensemble.
J'ai cru devoir joindre aux études dont le plankton était surtout
l'objet, les observations de différente nature qui se sont présentées à
moi, tant sur les côtes de Jan Mayen qu'au Spitzberg. C'est, en somme,
une sorte d'extrait de mon journal que je donne ici, accompagnée des
réflexions qu'a pu faire naître l'observation des phénomènes (voy. ci-
dessous, Observations journalières).
Fig. 9. — Anneau coupé, on bronze, pour le fonctionnement
du thermomètre de profondeur. Coupe.
S, segment coupé; t, tige ; g, gorge pour le lien de fil carré.
Les observations à la mer ont été faites dans des conditions en
somme assez difficiles ; aucune cabine spéciale n'était réservée sur la
Manche pour les études que je me proposais d'y poursuivre. Le second,
M. le capitaine de frégate de Saunes, voulut bien faire installer de-
vant un hublot sous la leugue une table fixe et un tabouret où je pus
tant bien que mal poursuivre mes observations pour lesquelles j'ai
été aidé avec un zèle dont je ne saurais trop le remercier, par mon
assistant, M. Aug. Pettit.
Comme instruments d'observation, j'emportais quelques thermomè-
tres à déclic, sur le modèle de ceux dont s'était servi le Talisman.
— 157 —
Pour provoquer le déclic, j'avais fait construire des anneaux coupés en
bronze (fig. 9). Le diamètre intérieur de ces anneaux mesure 14 cen-
timètres; le diamètre extérieur, iy c ,S. Pour pouvoir les placer faci-
lement sur la ligne de sonde après qu'elle est filée, on a découpé un
segment tournant autour d'une tige ou cheville t, maintenue dans
sa gorge par une tête à une extrémité et une goupille à l'autre.
Un bout de fil carré, passé dans la gorge g et sur lequel on fait une
ou deux clés, assure la fermeture du système. Le poids de chaque
anneau est de 3 k ,6oo.
Les thermomètres et ces anneaux ont servi à M. de Carfort et ont
fait un très bon usage. Nous avons pris soin dans certaines des ob-
servations qu'il a rapportées plus haut (voy. ci-dessus, p. 70), délais-
ser le thermomètre plongé vingt minutes. Malheureusement l'arme-
ment de la Manche ne comportait ni fil, ni câble d'acier, en sorte que
nous ne pouvions pousser nos observations thermométriques à une
grande profondeur. Gela toutefois n'avait pas une bien grande impor-
tance, en raison de la décroissance moins rapide de la température à
mesure qu'augmente la profondeur.
I. — Couleur de la mer
J'ai indiqué ailleurs la relation qui paraît exister entre la couleur
des eaux de la mer et la nature du plankton microscopique qu'elles
renferment, attribuant la couleur verte à l'intervention d'une certaine
quantité de phycophœine (Millardet) en dissolution dans les eaux
naturellement bleues 1 . Cette relation toutefois ne s'est pas manifes-
tée d'une manière absolue au cours du voyage de la Manche.
Mon attention s'est constamment portée sur ce sujet, ainsi que celle
des officiers du bord (voyez ci-dessus, p. 69).
Le mémoire où j'ai publié mes observations a paru dans le volume du
Congrès de Pau de l'Association française pour l'Avancement des scien-
ces, 1892, avec ce titre : Sur les eaux vertes et bleues observées au
cours du voyage de la Manche. La carte donnée plus haut (PI. XX),
qui accompagnait ce mémoire, en résume le contenu; elle indique la
couleur des eaux aux différents points où se placent nos observations.
1. Voy. Pouchet. la couleur des eaux de la mer, etc. (Association française,
Toulouse, 1887, p. 5 9 6, avec carte); Les eaux vertes de l'Océan [Soc. de biologie,
5 novembre 1887).
— 158 —
II- — Plankton pélagique
On sait depuis longtemps que le plankton de l'océan Glacial est d'une
nature essentiellement végétale : c'est la raison qui m'avait surtout
engagé à rechercher l'occasion de l'étudier. J'étais préparé à celte étude
par des recherches sur le plankton de la baie de Concarneau pour-
suivies presque sans interruption depuis 1882 et par les mêmes re-
cherches continuées d'une part aux îles Féroë et d'autre part dans le
Dyrefjord.
Un de mes assistants, M. Biétrix, a publié sur le plankton de la baie
de Concarneau des notes très complètes dans leur brièveté ' 11 a par
tintement établi l'infinie variété en qualité et en nature du plankton
de la baie de Concarneau, variété telle, qu'on ne peut, pas plus d'ail-
eurs que pour la Sardine, prévoir la veille, la nature de la pèche pé-
lagique que l'on fera le lendemain.
Nous avions pu comparer au plankton de la baie de Concarneau
celui des détroits ou fjords des Féroë ». Pendant dix jours du ,5 au
24 août 1890, nous avons pratiqué dans les eaux de Thorshaven
des pèches de surface. Thorshaven à l'entrée d'un de ces détroits
profonds qui séparent les îles de l'archipel féroën, en face de la
mer ouverte et sur un point où les courants ont une assez grande
énergie, nous mettait en présence d'une composition des eaux
quon pouvait regarder comme s'étendant au loin, tout au moins
sur le banc des Féroë. L'eau est verte, comme c'est la rè^le dans
cette région de 'Atlantique. Si elle ronge, comme on en a ï a
preuve manifeste le basalte qui forme les îles, c'est sans déliter la
roche. Même sur les rares plages où la mer déferle, comme à l'entrée
du havre de Saxen, sur un sable noir et grossier, elle reste en.iè e!
ment transparente, sans offrir le léger trouble qu'elle présente tou-
jours sur les plages de sable ou de galets silicieux
Les premiers jours, la mer était, pleine de Pelagia et à' Aurélia Ces
Méduses on ensu.te complètement disparu. Un fait capita no-
frappe tout d'abord, c'est que pendant ces dix jours d'observa.Ln, la
1. Voy. Biétrix, La Faune pélagique de la haie rfv r n „
de 4888 [Journal de l'AnatoLe,^ p . ^ Co " c ™« pendant l'été
■2. Voy. Pouchet, Sur la Flore pélaaiaue du N„„i<,y.f _> ,„
VAcad. des sciences, >, janvier xgçp) ? ^'^fjord (Comptes rendus de
159
pèche pélagique pratiquée à la même heure (midi), nous a constam-
ment rapporté un tribut identique comme quantité et comme qua-
lité. Le planklon nous a présenté ce caractère constant d'être essen-
tiellement végétal. Le dépôt qui emplit le filet, est une sorte de boue
d'un roux jaunâtre '.
La pèche était faite par moi-même très lentement. Le filet était
soigneusement lavé à l'eau douce après chaque pêche. Tout en faisant
la part de ces précautions, il me parut cependant que le produit des
pêches se conservait mieux à Thorshaven qu'il ne le fait à Concarneau,
peut-être pour cette raison que le plankton en est plus exclusive-
ment végétal.
La nuit, bien que ces pêches ne renfermassent ni Noctiluques, ni
Prorocentrum, ni Pyrocystis, le dépôt, quand on provoque une se-
cousse du vase qui le contient, donne un certain nombre d'étincelles.
Toutefois, cette puissance phosphorescente s'use très vite.
Le lendemain, le dépota la même couleur rousse claire qui est celle
de la diatomine. On peut s'assurer que tant que cette coloration per-
siste, les Diatomées et en particulier les Rhizosolenia qui semblent
former la masse principale du dépôt, sont encore vivantes, mais bientôt
cette coloration vire au vert, et ce changement est en même temps le
signal d'une altération profonde du cytoplasme des Diatomées et en
particulier des Rhizosolenia '. Ce virage ne se fait pas à la fois sur le
dépôt tout entier. On le voit, dans le fond du vase, apparaître en un
point et s'étendre de proche en proche à la façon d'une tache d'huile.
C'est alors qu'on peut constater, en observant par comparaison la
portion devenue verte et la portion restée rousse du dépôt, le rapport
r. Ceci est un caractère du plankton végétal., sans qu'on puisse l'attribuer plus
spécialement à telle ou telle espèce. Murray (Exploration of the Faroë Channel,
during the Summer 1880. Proceed. of the Roy. Soc. of Edinburgh, io mai 1882),
note dans les mêmes parages des pèches au filet fin ramenant « araass of
« beautiful yellow orange colourcd slime. This on examination "was found to
« be composed of immense multitudes of Peridinium tripos. » — On ne con-
fondra pas ce résidu jaune, de composition essentiellement végétale, avec
celui — d'un jaune un peu différent, il est vrai, — que peut donner une
extraordinaire abondance d'œufs d'hiver de certains Rotifères, ainsi que nous
l'avons observé dans le Dyrefjord (19 juiltet 1891). Voy. Pouchet , Sur la
Faune pélagique du Dyrefjord (Comptes rendus de l'Acad. des scie?u:es, 25 jan-
vier 1892).
2. En 1880, dans le Varangerfjord, sur les côtes de Laponie, nous avions ob-
servé le même virage, mais survenant très rapidement après la pèche, tant
sur les Tetraspora Poucheti Hariot, rapportés en abondance extraordinaire par
le filet fin, que sur les grandes Algues telles que les Laminaires.
— 160 —
constant et très net du changement de coloration et de l'altération
cellulaire.
Nous n'entrerons pas ici dans le détail des espèces composant ce
plankton des Féroë, très différent de celui que nous devions rencon-
trer plus au nord, où nous ne devions plus retrouver en particulier
Peridinium pseudonocliluca Pouchet 1 . Mais ces pèches s'étant
montrées remarquablement uniformes et les conditions étant, d'autre
part, assez semblables à celles de la haute mer, nous avions essayé
de mesurer la quantité de plankton dans les eaux du Naalsôfjord,
qui sépare Thorshaven de l'île Naalsoe.
A la vérité, il nous a toujours paru que dans les recherches de ce
genre, au point de vue général de la vie océanique, le dénombrement
des formes n'a qu'une importance secondaire; c'est la quantité de
substance vivante existant dans une quantité d'eau déterminée qui est
ici le facteur important. La distribution de chaque forme individuel-
lement est un problème comparable à celui de la distribution des
espèces animales sur les continents et n'est en définitive qu'un point
de l'histoire de celte forme elle-même.
Nous nous étions donc uniquement préoccupé des moyens de dé-
terminer la quantité de vie dans une quantité donnée de l'eau des
océans, à une place donnée. Voici le moyen que nous avons employé
et qui paraît répondre à tous les desirata. Nous faisons usage d' un
filet de gaze de soie en forme de poche à extrémité arrondie*,
ayant un orifice dont la section est connue. Celle-ci est circulaire
avec un diamètre de 2 décimètres exactement, pour simplifier les
calculs. On amarre sur un point fixe, tel qu'une bouée ou la chaîne
d'ancre d'un navire, une ligne d'une longueur donnée. Après s'être
éloigné dans un canot jusqu'à l'extrémité de cette ligne, on se haie
lentement sur elle, pendant que le filet est tenu perpendiculairement
à la marche suivie. Le filet, à l'extrémité de la course, renferme donc
tout le plankton compris dans une colonne d'eau ayant pour mesure
la longueur de la ligne par la surface de l'orifice du filet.
Le produit de la pèche recueilli, par le retournement du filet, dans
une quantité d'eau de mer suffisante, est immédiatement traité en
ajoutant à celle-ci une goutte d'acide osmique en dissolution saturée.
L'expérience ma démontré que le réactif laissait à chaque être, sen-
1 Voy Pouchet, Cinquième contribution à l'histoire des Péridiniens, Journ.
de l Anat., 1892, p. 143.
2 . Nous n'avons pas besoin d'insister ici sur l'erreur hydrostatique et les
nombreux inconvenants du bocal ajouté comme poche terminale du filet.
— 461 —
siblement son volume normal ; et comme il demeure dans l'eau de
mer, il ne paraît pas qu'il se fasse aucune exosmose sensible l .
On laisse déposer, on décante et on place le précipité dans une
éprouvette graduée. Il faut alors attendre plusieurs jours. C'est seu-
lement quand le précipité ne diminue plus de hauteur, quand il ne se
fait plus de tassement dans la masse du dépôt, qu'on peut en appré-
cier le volume par la graduation de l'éprouvette.
Nous savons toutes les objections qu'on peut faire à ce procédé. Il
reste des vides occupés par l'eau de mer osmiée entre les êtres rap-
prochés les uns des autres par le tassement. Sans doute le seul pro-
cédé pratique serait la déshydratation et la pesée de la substance
organique demeurant. Remarquons que le procédé que nous recom-
mandons, ne s'oppose en aucune façon à cet essai ultérieur : la
quantité d'osmium fixée par les substances albuminoïdes ne paraît
pas de nature à infirmer les résultats ; mais ils seront en ce cas
faussés d'une manière bien autrement fâcheuse par les particules
minérales qui semblent entrer comme une constante dans le nombre
des corps tenus en suspension par l'eau de mer, tandis que dans
notre procédé plus simple consistant à mesurer directement les vo-
lumes, cette cause d'erreur n'existe pas. Qu'un plankton, comme
cela peut arriver, contienne un grand nombre de Pluteus, d'Échino-
dermes avec leurs spicules, que ceux-ci en forment la dominante, ou
encore que ce soient des Rhizopodes à squelette siliceux; qu'on
imagine, au contraire, un plankton surtout composé d'Infusoires et
d'Hydraires, l'un et l'autre contiendront, sous des volumes égaux, à
peu près la même quantité de substance organique assimilable, tandis
que, déshydratés, l'un et l'autre offriront, grâce à la présence ou à l'ab-
sence de sels calcaires, des poids très différents.
Ce qu'il importe, en tout cas, de connaître aujourd'hui, le fait au-
quel s'attache l'intérêt actuel, c'est la quantité relative de plankton
existant dans les eaux de la mer, sur les différents points de la sur-
face des océans et à différentes profondeurs. M. Riétrix a donné dans
le mémoire cité plus haut des tables qui montrent la variation jour-
nalière de la quantité de plankton dans les eaux de la baie de Con-
carneau. Aux îles Féroë, nous avons trouvé environ 3 centimètres
cubes de plankton par mètre cube d'eau de mer, soit, en poids,
3 grammes environ. En comptant ainsi, on élimine sensiblement le
î. On peut s'en assurer en traitant de la sorte de gros animaux dont les tis-
sus sont particulièrement susceptibles de déshydratation, tels que Méduses,
Beroës, etc.
11
— 162 —
poids de l'eau interposée aux êtres à l'état de tassement dans l'éprou-
velte 1 .
Un séjour de trois semaines, en juillet et août 1891, sur les Lords
du Dyrefjord, à la pointe nord-ouest d'Islande, nous mit en présence
d'un plankton différent à la fois de celui de Goncarneau et de celui
du Naalsôfjord. Plus constant que dans la baie de Ccncarneau, moins
constant qu'aux Féroë, il était, à l'inverse de ce dernier, presque
exclusivement animal », montrant bien une certaine quantité de formes
péridiniennes et nous les montrant même à des états intéressants,
mais en nombre tout à fait restreint. Je devais retrouver la même ab-
sence de plankton végétal dans les fjords du Spitzberg. C'est là un fait
qui paraît général 3 . Il semble que, dans les fjords, la végétation des
Fucacées suffise à la fois à l'entretien immédiat de la vie animale
ambiante, et fournisse la phycophasine colorant en vert les eaux de
ces fjords*.
1. On remarquera que ce chiffre établi sur ce qu'on pourrait appeler le
plankton microscopique, représente forcément un minimum/car notre filet fin
n'a rencontré aucun animal Tolumineux. Une Aurélia de taille médiocre, mesu-
rant, par exemple ;5o centimètres cubes, représentera à elle seule, si l'on admet
le chiffre de 3 grammes de plankton microscopique par mètre cube, la matière
vivante sporadique répandue dans 230 mètres cubes. Une Morue pesant 7*6,500
équivaudra à elle seule à la matière vivante sporadique flottant dans un cube
d'eau do, 10 mètres de côté. Ces chiffres, d'autre part, montrent que vraisem-
blablement les animaux de taille aisément perceptible à nos yeux représentent
dans les océans une masse vivante moins considérable que celle que forme-
rait la réunion de tous les êtres microscopiques. M. Hensen a essayé de com-
parer la production du plankton dans la mer à la production de "matière vi-
vante sur le sol. Mais il est bien évident que les éléments d'appréciation nous
manqueront tant qu'on ne connaîtra pas la durée qu'il faut en quelque sorte à
chaque espèce pour constituer par le développement ou par la reproduction un
poids de substance vivante égal à elle-même. La seule spéculation qui semble
aujourd'hui autorisée est celle qui consisterait à rechercher la quantité de
plankton existant au-dessous d'une surface donnée de la mer (cette quantité
pouvant être regardée comme constante, si la surface envisagée est assez
grande), et de comparer celle-ci à la quantité de matière vivante existant à un
moment choisi de l'année au-dessus et au-dessous d'une surface donnée du sol.
Cette recherche ne paraît pas encore avoir été faite.
2. Voy. Pouchet, Sur /a faune pélagique du Dyrefjord {Comptes rendus de
l'Acad. des sciences, a5 janvier 1892). Je noterai toutefois l'apparition à cer-
tains jours de Polykrikos abondants (19 juillet), et un autre jour de C. fusus et
Per. divergens très abondants.
3. M. 13 D' Couteaud a rapporté du mouillage de Westmanhaven aux Féroë,
qui est un fjord fermé, une pèche au filet fin exclusivement composée de Crus-
tacés.
4. Je ne puis omettre ici un fait qui s'est présenté à mon observation dans
— 163 —
J'avais eu un moment l'espérance que les conditions du voyage
de la Blanche me permettraient de trancher la question toujours
pendante du plankton des profondeurs. Il m'avait semblé que
l'océan Glacial, extraordinairement riche de plankton à sa surface et
peut-être moins encombré de gros organismes, tels que les Salpes,
dans ses profondeurs, présenterait, pour la solution du problème en
question, des condilions plus favorables. Malheureusement le ma-
tériel expérimental nécessaire me faisait à peu près complètement
défaut.
Le plankton polaire a, en tout cas, une importance considérable.
On peut le regarder comme la grande source de substance organisée
dont les animaux des océans ont besoin originellement pour leur exis-
tence. La bordure végétale constituée par les Fucacées ne semble
point suffisante à l'élaboration de la matière organique aux dépens
de laquelle doivent forcément vivre les animaux de la mer, comme
ceux de la terre ; d'autre part, les mers chaudes semblent pau-
vres en plankton. On doit admettre que ce plankton végétal, générale-
ment incapable de mouvements propres, et dont la densité est très voi-
sine de celle de l'eau de mer, quoiqu'il tombe rapidement au fond dès
que l'eau n'est plus soumise à aucune agitation, suit les mouvements
du milieu où il se développe, et plonge peu à peu dans les grands
fonds où le déplacement circulatoire des eaux de l'Océan semble
sans cesse amener les eaux polaires, refoulées, au contraire, à la sur-
face, de l'équateur vers les pôles. Sans doute, il faut, à ce déplacement
d'une molécule d'eau de mer de l'océan Glacial, un temps assez long
pour descendre, en latitude, jusqu'aux tropiques et remonter à la
surface. Ce serait dans ce trajet incessant que le plankton végétal des
mers polaires serait consommé par les embryons de Mollusques, de
Crustacés, de Vertébrés, etc., jusqu'à ce qu'ils se nourrissent d'une
proie animale ou deviennent eux- mêmes la proie d'autres espèces. Ce
déplacement du plankton végétal du nord nous échapperait, se pas-
sant au-dessous de la surface. Il importe de remarquer qu'en admet-
tant, ce qui n'est nullement prouvé, que ce plankton ne puisse se
développer dans les zones profondes de l'Océan ayant la même tem-
pérature que les eaux de l'océan Glacial, rien ne prouve non plus
qu'il ne peut y vivre. Nous avons montré ailleurs qu'on n'a, en réalité,
le Dyrefjord. Les Aurélia y étaient abondantes; mais un jour en traversant le
fjord, notre embarcation se trouva pendant une dizaine de mètres environ sur
un nuage d' 'Aurélia d'un mètre au moins d'épaisseur (je n'ai pu mesurer
celle-ci) où les animaux étaient rapprochés à se toucher.
— 164 —
aucune raison d'admettre qu'une quantité de lumière susceptible de
produire des actes vitaux, c'est-à-dire les ébranlements moléculaires
spécifiques de la matière organisée, ne pénétre pas jusqu'au fond de
l'Océan. Si même l'on contestait que cette faible quantité de lumière
fût impuissante à activer si peu que ce soit la vie végétale, il reste-
rait l'hypothèse assez plausible que, dans cette obscurité relative,
la vie des végétaux cellulaires peut se continuer dans un état ana-
logue à celui des espèces réviviscentes ou simplement des graines
d'une foule de végétaux.
Les fonds de plus de 1,000 mètres sur lesquels nous devions passer,
étaient bien suffisants et le procédé que je me proposais d'employer
très simple.
Ce procédé consistait à repéter plusieurs fois en un même lieu des
pèches verticales poussées à différentes profondeurs. Les pêches ho-
rizontales, malgré tous les engins plus ou moins ingénieux inventés
dans ce but — et qui n'en a proposé ? — paraissent, pour la recherche
du problème dont nous parlons, devoir être écartées. Elles ont le grave
inconvénient de prendre les bancs ou nuages d'êtres qui flottent dans
la mer, suivant un de leurs grands axes, en raison de la distribution
horizontale des eaux de même température, et d'être par suite enta-
chées a priori d'une cause d'erreur que ne comporte pas la pêche ver-
ticale. Or, cette dernière pêche peut être évidemment pratiquée au
moyen d'engins très simples. Je suis arrivé, à la suite de pêches péla-
giques incessamment répétées pendant plusieurs années, à cette con-
viction que, comme pour tout autre genre d'observations, le nombre
des données recueillies comporte une exactitude de plus en plus
grande, sans qu'il soit nécessaire de recourir à des procédés d'une
extrême rigueur, à ces appareils particulièrement compliqués.
Ainsi que nous l'avons dit, le manque d'un matériel nécessaire à
bord de la Manche, la hâte du voyage, les circonstances ne nous ont
pas permis malheureusement de réaliser le programme que nous
nous étions tracé. Nous avons dû nous borner aux pèches de surface,
quelques-unes faites verticalement au moyen d'un appareil cons-
truit sur les indications de notre assistant M. Biétrix. Il se compose
d'une simple charpente ou cage en métal, munie à la partie supé-
rieure d'un anneau dans lequel s'emboîte exactement l'orifice d'un
filet large de 20 centimètres. Des griffes retiennent celui-ci en place;
une patte d'oie permet de fixer la cage à l'extrémité de la ligne em-
ployée. La cage composée de quatre montants se termine en cône; au
sommet du cône terminal est fixé un lien élastique qu'on passed'autre
part dans un crochet placé en dehors à l'extrémité du filet; grâce à
— -165 —
cette disposition, on peut laisser le filet plonger verticalement dans
l'eau et le remonter ensuite lentement : pendant la descente, le filet
retenu par le lien élastique ne se retourne point.
Nous ne doutons pas, pour notre part, que cet appareil si simple
ne puisse fournir d'excellentes données pour des pèches verticales à
A. L appareil disposé verticalement pour la descente
et pour la remontée : a, patte d'oie ; b, cage ; c, extré-
mité de la cage lestée d'un plomb de sonde. —
B. Détails de l'anneau. — C. Détail du lien inférieur ;
e, cordons cousus en dehors du fond du filet ; f, élas-
tique destiné à empêcher le retournement du filet
pendant la descente ; g, crochets permettant de
rendre libre l'extrémité du filet pour le retourner
après la pêche.
Fig. io. Appareil Eiétriï.
de grandes profondeurs. Il conviendrait seulement, en ce cas, de le
lester convenablement et de le préserver, par une sorte de cône ou de
chapeau, de l'entrée dans le filet des gros animaux. On n'oubliera
pas que le filet doit toujours être déplacé dans l'eau avec une assez
grande lenteur, soit de 10 à 12 mètres environ par minute.
Nous avons ajouté à ce système très simple un perfectionnement
nouveau en l'adaptant en certains cas à un bateau, c'est-à-dire à une
pièce de bois qui le maintient flottant et horizontal dans l'eau, per-
- 166 —
mettant ainsi de s'en servir dans un grand nombre de cas avec avan-
tage pour pêcher du bord.
Fig. il. — Appareil Biétrix muni de son bateau.
Si le navire est à la dérive, ce qui est une très bonne vitesse pour
pêcher, on se borne à laisser le filet à la traîne. Si le navire est à
l'ancre, les courants portent de même le filet à une certaine distance,
et quand il est au bout de sa ligne, fournissent aussi une vitesse assez
favorable pour la pêche. Si en même temps on a pris soin d'attacher
l'appareil à une ligne un peu forte, on le fait plonger de plusieurs
mètres au-dessous de la surface et on a ainsi des pêches réalisées
dans d'excellentes conditions.
Au cours du voyage où S. A. le prince de Monaco nous avait offert
de l'accompagner sur son yacht l'Hirondelle, nous avions fait plu-
sieurs tentatives, imaginé plusieurs appareils avec lesquels nous
avions espéré réaliser des pêches pélagiques pendant la marche ra-
pide du navire, avec des ouvertures de petite section pour des filets de
grand diamètre, etc. Nous avons constamment échoué. L'inconvé-
nient de ces appareils est toujours de broyer par la violence des
remous un nombre considérable d'êtres délicats qui tombent en
détritus dans le filet. Nous ne parlons pas de l'inconvénient de pê-
cher le filin du cordage qui retient l'appareil, celui-ci pouvant à la
rigueur être remplacé par un fil métallique 1 . Les mêmes inconvé-
nients à peu près se présentent dans les pêches pratiquées au moyen
d'eau puisée à l'avant du navire avec des seaux ou bayes. Le procédé
est essentiellement défectueux, même alors que le navire est stoppé
Les êtres délicafs sont de même broyés par le choc de la baye dans
l'eau et par les remous violents qui se produisent au moment où elle
i Nous devons dire toutefois que des essais tentés, en ce moment même, au
Laboratoire maritime de Concarneau, par M. G. Buchet, avec un appareil d'ail-
leurs assez complique, de son invention, auraient été. paraît-il, plus satisfaisants
Nous ne les avons pas contrôlés.
- 167 —
s'emplit; de plus, les pêches sont souillées par un nombre considé-
rable de débris qui proviennent du bord, tels que fragments de
laine colorée 1 , etc.. On pêche également le filin provenant du cor-
dage qui retient la baye.
Nous ajouterons que, tandis qu'une partie de nos pèches était conser-
vée par la fixation à l'acide osmique, une autre était toujours observée
à l'état frais. C'est en procédant de la sorte que nous avons pu pour-
suivre depuis plusieurs années l'étude de certains groupes délicats et
en particulier celle des Gymnodinium et des Polykrikos que la fixation
même la mieux réussie met toujours dans un état où l'étude de ces
êtres et la détermination de leurs caractères deviennent absolument
impossibles.
Nous résumons ici les observations qui nous ont frappés plus par-
ticulièrement au cours de nos pêches pélagiques pendant le voyage
de la Manche, en y joignant à l'occasion quelques observations faites
dans d'autres parages de l'Atlantique nord.
i° Spii^rozoaires. — La Manche are- & B
cueilli aux environs du 69 e degré et jus-
qu'au 76 de latitude, des Sphasrozoaires %
en forme de boudins, d'un diamètre de
3 millimètres environ et ne paraissant
pas avoir de cavité centrale.
Examinés au microscope, les individus
cellulaires espacés de quatre à cinq fois
leur diamètre sont gris, granuleux, ovoï-
des ou sphériques. Une fine membrane
limite la substance médullaire (Mark-
substanz de Brandt), au centre de laquelle
se trouve une sphère réfringenle qui se
colore en noir par l'acide osmique. La
masse muqueuse qui réunit les individus se colore vivement par le
vert de méthyle. Le diamètre des individus cellulaires est de i5o \t.
environ, celui de la substance médullaire de i35 |x. La sphère ré-
fringente centrale enfin mesure 24 H-.
Le cytoplasme (Assimilationsplasma de Brandt) semble formé
d'une réunion de granules et de sphères peu réfringentes, au milieu
Fig. 12.
CollozouvigroenlandiêumPouchei.
— A. Individu cellulaire. — B. Dé-
tails de l'organisation du même
■vu à un plus fort grossissement.
1. Sur VHirondelh j'ai pu m'assurer que, même en pèc-hant en avant de l'é-
trave, -vent de bout, on recueille encore nombre de détritus apportés par les
remous du •vent sur les voiles.
1. Cf. Brandt, Die Koloniebildenden Radiolaren. Sphserozoëen, in Fauna und
Flora..., Neapel, 1884.
— 168
desquelles apparaissent des corpuscules colorés en jaune brun, irré-
guliers, semblant formés eux-mêmes par le rapprochement de plu-
sieurs leucites chargés de diatomine.Quand cette substance est très peu
abondante ou n'y existe pas encore, ces grains paraissent verdâtres.
La substance médullaire [Marksubstanz de Brandt) est séparée du
cytoplasme par une membrane continue (Ccntralkapselmetnbran de
Brandt) ; elle est constituée par la réunion de petites sphères hyalines,
tangentes les unes aux autres, entre lesquelles se voient des granu-
lations. Le diamètre des sphères hyalines est de 7 \).. On y distingue de
plus de très petits corps qui semblent être des cristaux losangiques,
incolores. Mais on n'y voit rien qui paraisse correspondre à ce que
Brandt décrit sous le nom de « noyaux » disposés en une ou deux cou-
ches {Kern in lagen. . .).
Brandt ' ne signale que des espèces méditerranéennes. Il ajoute que :
« in den kalten Meeren sind meines Wissens noch nie Sphserozoëen
beabachtet werden », p. i36. — Huxley' mentionne la présence
d'un Sphaerozoaire, qu'il nomme Thalassicola*, dans toutes les mers
qu'il a parcourues sur le Rattlesnake. Nous l'avons, pour notre part,
trouvé très abondant aux Açores. — Wallich 4 indique la pré-
sence des Sphserozoaires dans les mers tropicales et sous-tropicales
des deux côtés de l'Afrique. — Dana" trouve un Sphœrozoum dans
le Pacifique par latitude nord 3o° et longitude 178 ouest, Greenw.
— Giglioli 6 retrouve des Sphserozoaires dans le même océan, une pre-
mière fois, le 19 septembre 1867 par lat. 37 09' sud et long. 79 23'
ouest, Greenw. et plus tard les i3 et 14 janvier par lat. 27 25' sud
et long. 35° 5i' ouest, Greenw.
Par l'ensemble de ses caractères, absence d'aiguilles, présence d'un
cytoplasme, capsule centrale (Centralkapselmembran de Brandt) ne
paraissant pas réticulée, le Sphterozoaire observé par nous dans la mer
du Groenland le 25 juillet par lat. 68° 5i' nord et long. 5° 40' ouest,
Paris, par le travers des Lofoten par conséquent, et le 3 1 juillet par lat.
76 13' nord et long. 6° 44' est, Paris, dans des eaux dont la température
estivale est d'environ -f 4°, doit prendre place dans le genre Collo-
1. hoc. cit.
1. Huxley, Zoological Notes and Observations made on Board H. M. S.
« Ratt-
lesnake » (Ann. Mao. ofNalur. Hist., 2= s., t. VIII, i85i).
3. Genre Sphœrozoum de Mûller.
4. Wallich, On the Tfialassicolidœ (Ann. Mag.ofNat. Hist., 4= s., t. III, 1869).
5. Dana, On two Species or Protozooa related to the Sponqe '(Ann Mao
Nat. Hist., 3» s., t. XII, i863). " K ' "'
6. Giglioli, La fosforescenza del mare (Atti delta R. Ace. Se. Torino, Vol. V,
marzo 1870).
— 169 —
zoum Hspckel, de la famille des Sphasrozoïdes. Toutefois il est impos-
sible de l'identifier avec aucune des espèces décrites par Brandt'.
L'espèce décrite par Brandt sous le nom de Collozoum futvum et
avec lequel notre Sphserozoaire offre cependant le plus de ressem-
blance, en diffère manifestement par le double caractère que Brandt
attribue à ce dernier, d'avoir des noyaux disposés en deux couches et
d'offrir des cellules jaunes (Gelbezellen) abondantes.
Nous pensons donc avoir eu devant nous une espèce nouvelle que
nous proposons d'appeler C. groenlandicum Pouchet, en raison de sa
présence dans la mer du Groenland.
■2" Péridiniens. — Les Péridiniens se sont montrés par places ex-
trêmement abondants. Quelques formes toutefois ne se sont pas pré-
sentées à nous, entre autres Pyrophacus, Gyrnnodinium crassum, G.
pseudo-nocliluca. G. pulvisculus n'a été vu que rarement, très petit,
ainsi qu.'Exuvisella marina Cienkowsky 2 . Les Dinophysis n'ont pas
présenté les aberrations de forme (Ceratocorys, etc.) qu'elles offrent
dans les eaux chaudes. Enfin nous n'avons rencontré ni Pyrocystis,
ni Noctiluca.
Il est, à coup sûr, remarquable que même dans des pêches où Pe-
ridinium divergens s'est montré à nous en quantité considérable et
presque dominante, tous les individus étaient de la même taille; aucun
ne présentait de signes de la multiplication dont nous avons eu l'oc-
casion de suivre les phases à Concarneau. Il semblerait que cette
espèce atteint dans ces régions une période d'état et qu'elle y demeure
jusqu'à ce qu'elle rencontre des conditions nouvelles peut-être analo-
gues à celle qu'elle trouve sur la côte de France, mais en tout cas
encore indéterminées.
Gyrnnodinium.. — Les Gyrnnodinium, si intéressants, nous ont
paru peu nombreux dans l'océan Glacial. Nous en signalerons un
toutefois particulièrement remarquable, que nous avons rencontré le
3i juillet (voy. PI. XXII, flg. 1). Il s'est distingué au premier abord
par sa couleur verte très rare chez les Péridiniens; l'être mesure
80 |x sur 75 |J., avec sa surface couverte de crêtes saillantes. Ce n'est
pas la première fois que nous constatons la présence d'une coloration
par la chorophylle seule chez les Péridiniens, mais elle constitue une
exception que nous n'avions pas encore vue aussi nettement accusée.
1. En effet C. pelagicum et C. Hertwig'd ne possèdent pas de cytoplasme;
chez C. inerme la capsule centrale fait défaut.
2. Exuviœlla marina s'était présentée de même à nous dans le Dyrefjord,
très petite et très délicate.
— 170 —
Nous dédions cet être intéressant à M. le comte Wilczek dont le
nom a été bien souvent prononcé au cours de notre voyage ; Gymno-
dinium Wilczeki Pouchet, est suffisamment caractérisé par ses di-
mensions, sa configuration cordiforme, sa surface cannelée, son sillon
transversal non disposé en spire, sa coloration verte '.
Les Gymnodinium s'étaient présentés à nous assez nombreux dans
le Dyrefjord où nous en avons vu de très grands, porlant des amas
pigmentaires d'un rouge intense. Là également nous avions trouvé
Gymnodinium polyphemus Pouchet, type, et à diverses reprises Gym-
nodinium pulvisculus à l'état libre, ovoïde, moins volumineux que sur
nos côtes et plus transparent, mesurant 90 X 7 2 I*; une autre fois pres-
que complètement incolore, mesurant 54 X 4a \t,.
Polykrikos. — J'ai trouvé dans le Dyrefjord Polykrikos auri-
culana abondants. Le 3 août 1891, un individu mesurait 198 X 96 V-
On voit très nettement la face ventrale de l'être constituée par deux
plans limitant un angle rentrant. C'est de ce côté sans aucun
doute que se font les inclusions volumineuses parfois rencontrées à
leur intérieur. Je retrouve ces inclusions formées, comme je l'avais
noté à Concarneau, par des œufs de Rolifères très abondants dans le
Dyrefjord. Je trouve également des demi-Polykrikos, tous gor-és de
nourriture. °
Aux Féroë, les Polykrikos étaient également abondants. L'un se
montre a nous avec une gouttelette d'un rouge intense, et de plus le
corps rempli de gouttelettes graisseuses comparables à celles des Noc-
tiluques en digestion. Un autre nous présente un œuf de Crustacé inclus
et qui a continué son évolution, plusieurs grains de diatomine con-
densée et une goutte rouge volumineuse. D'autres Polykrikos sont
moitié moins larges dans une moitié de leur longueur, peut-être en
raison de 1 évacuation des corps inclus dans cette partie. Enfin ie
trouve des Polykrikos unis par les extrémités opposées, tandis que
d autres sont anormaux avec une extrémité amincie et repliée.
,' • , C /" e C ° ,0r '; t ;°". verte est «Pressante parce que la présence de la chloro-
phylle chez es Pendiniens trouble certaines classifications assises sur la qua-
Mé particulière de la matière colorante renfermée par les Algues inférieures
Nous rappellerons que nous avons déjà signalé la présence de ,a cht-ophy le
dans Protoperrcltmum viride Pouchet. Nous avons de même trouvé dans e
Dyrefjord un Peridinien colore d'une manière homogène e",. Mon /ou"
porte egaement l'observation d'un Peridinium ou Protoperidinnun abandon
nant; la fo s son test et une fine membrane sous-jacente qui se déchire et
don il se dégage; 1 être se meut et semb.e prendre la forme gymnodini n ne
Fig. i3.
Ceratium. tripos. — A. Forme observée dans l'Atlantique nord. — B. Ceratium tripos, var.
dispar (voy. Pouchet, Contrib, à Vhist. des Cilio- flagellés in Journ. de VAnat., 1883, p. 423).
— E. Autre variété. — E'. Chaîne du même. — H, K. Autres chaînes montrant la dispro-
portionnalité des prolongements. — L, M. Formes anormales. - .
— 172 —
Ceratium tripos. — Les Ceratium tripos observés pendant la
campagne de la Manche se sont montrés à nous sous une apparence
très uniforme, le prolongement postérieur forlement arqué vers la
corne gauche (fïg. A). Cette forme me semble tout particulièrement
abondante dans les mers septentrionales. C'est elle qui figure dans
toutes les pêches où nous indiquerons la présence de C. tripos.
Nous l'avons observée plus au sud dans l'Atlantique (3 août 1887)
mesurant 45o \i. de l'extrémité d'un prolongement latéral à l'autre.
Nous ajouterons que cette variété ne s'est jamais montrée à nous en
chaînes '.
1. J'ai eu en 1887 l'occasion d'étudier non seulement diverses espèces de C.
Fig. 14.
A. Ceratium tripos en cours de sectionnement. Un des deux prolongements antérieurs et le
postérieur son sectionnés aux lieux d'élection; on distingue la place où le deuxième pro-
longent an.éneur va se sectionner.- B.C. tripos avec un des deux prolongements anté-
rieurs sectionne; on dis in j-ue la nlaco m, =„ r i i- , o ■=""="'•» auie-
c , uu uisui^ue 1a place ou se fera le seclionnement du prolongement nnsté
rieur très long.- C Cfurca montrant de même ,a place ou se fera i seeti nnel'u du
segment postérieur également très allongé. - D. C. tripos eu scissiparie?.
tripos qu'on peut considérer comme aberrantes (fig. i3, L. M.) mais d'observer
ausst des chaînes de C tripos montrant entre les individus qui la composent
une grande diversité de taille, de proportion dans la longueur des prolonge-
ments qui para* de nature à rendre circonspects ceux qui voudraient voir dans
ces différentes formes autant d'espèces (fig. »3, E'. H. K.). Je reproduis ci-contre
— 173 —
Ceratium fusus. — C. fusus ne paraît pas abondant dans les
mers septentrionales et nous l'avons rarement rencontré. Je rappor-
terai toutefois ici quelques
particularités observées sur
cette espèce. Le 2 août 1887,
dans les parages du banc de
Terre-Neuve, mon journal
mentionne l'observation de
plusieurs C. fusus réduits
par un sectionnement com-
parable à celui qu'on observe
mes dessins faits d'après nature,
avec les préparations sous les
yeux, — Une autre particularité
que je dois également signaler
est la tendance que paraîtrait
avoir C. tripos, de même d'ail-
leurs que Ç. furca et C. fusus,
à se sectionner en des points
d'élection, sans que l'être semble
en souffrir. Comme nous n'avons
aucune indication qu'une répa-
ration se produise jamais, on doit
se demander s'il ne s'agit pas
ici d'une mutilation simplement
évolutive, précédant un état où
le cytoplasme de plus en plus
condensé abandonnerait finale-
ment le test pour subir une
transformation inconnue. Rien,
en effet, jusqu'ici, ne paraît con-
firmer l'opinion d'après laquelle
la multiplication des chaînes de
Ceratium se ferait par scissipa-
rité. Nous n'avons vu, pour notre
part, dans nos très nombreuses
observations, où tout ce qui tou-
che à ce mode de multiplication
devait naturellement fixer notre
attention, qu'un seul exemple
pouvant y être peut-être rap-
porté. C'est un Ceratium tripos
dont le corps semblait récem
ment partagé en deux tronçons (flg. i3 E), mais nous inclinons plutôt à voir
dans cet exemple, que nous reproduisons, l'effet d'un traumatisme. On pourra
toutefois en rapprocher les figures 11 et 12 de la planche XXV de Stein.
Fig. 15.
Ceratium fusus. — A. En chaîne. — B. Individu
ayant subi le sectionnement; celui-ci ne porte que
sur les deux longs prolongements. — C. Individu
en cours de segmentation.
— 174 —
souvent dans C. tripos, et que nous venons de signaler, mais portant
ici seulement sur les deux longs prolongements (fig. i5). Mon
journal ajoute : « Ces C. fusus tronqués sont véritablement nom-
breux. Us paraissent s'être chargés en même temps de diatomine.
Généralement ils mesurent i5o |* de long sur 3o \i, de lar^e. »
J'ai eu l'occasion d'observer aux îles Féroë C. fusus en chaîne. La
chaîne, il est vrai, n'était composée que de deux individus de même
taille et de même forme. Les rapports étaient exactement ceux des
C. tripos en chaîne. Le prolongement postérieur du premier indi-
vidu était aussi long que le prolongement antérieur du second. L'indi-
vidu postérieur était muni d'un très long flagellum au moyen duquel
la chaîne se déplaçait avec les mouvements ordinaires aux Péridi-
niens. Nous insistons d'autant plus sur cette particularité que C. fusus
parait offrir plusieurs modes de développement ou de multiplication,
ainsi que semblent l'indiquer les individus géminés latéralement que
nous avons signalés ailleurs, dérivant par conséquent d'un processus
génésique qui n'existerait ni chez C. tripos, ni chez C. furca (Voy.
Pouchet, Nouvelle contribution à l'histoire des Péridiniens marins,
in Jour, de l'Anal., t885, p. 21 et pi. II, fig. 5).
Nous mentionnerons encore une dernière particularité relative à C.
fusus, qu'on pourra rapprocher de l'observation que nous venons de
rapporter (page 172, note) à propos de C. tripos. C'était aux îles
Féroë. Nous avons vu se terminer sous nos yeux une sorte de seg-
mentation ou de partage, dans lequel le court prolongement suivait
le prolongement postérieur, tandis que le long prolongement anté-
rieur emportait avec lui un fragment notable du corps de l'être au-
dessous du sillon transversal. Nous donnons une des figures que nous
avons dessinées au moment de l'observation : celle-ci nous a montré
les deux parties de l'être d'abord réunies par un tractus cytoplas-
mique, puis disjointes et indépendantes.
Dinophysis. — Dans les parages de Jan Mayen et du Spitzberg les
Dinophysis se sont offerts peu abondants, tandis qu'aux Féroë et
dans le Dyrefjord nous les avons observés dans des conditions parti-
culièrement heureuses qui ont jeté la lumière sur un mode de multi-
plication spécial par segmentation, que nous avions pressenti chez ces
Péridiniens (Contrib. à l'histoire des Cilio- flagellés, in Jour. delAnat,
i883, p. 28, pi. XVIII et XIX, fig. 5) et qui les rapproche des Exu-
vise.Ua (voy. Ibid., p. 3i, et Nouvelle contribution à V histoire des Péri-
diniens marins, in Jour, de l'Anat., 1880, p. 5i et pi. II, fig. 6). Nous
décrivions ainsi, chez la dernière espèce, ce mode de multiplication :
« Quand l'être a atteint une épaisseur maxima, il se partage en deux
— 175 -
êtres juxtaposés réunis dans une enveloppe commune représentée à la
fois par le test dorsal de l'un des individus, le test ventral de l'autre et
une portion moyenne qui se sépare suivant le plan passant entre les
deux individus, et dont chacun entraîne une moitié. Il est probable
que cette portion de l'anneau-cloison commune tombe bientôt, car on
ne la retrouve pas sur les individus observés, mais il est très facile
d'en vérifier au début la présence. »
Cette description, ainsi que nous l'ont montré nos observations dans
le Dyrefjord, peut de tous points s'appliquer aux Dinophysis.
Il importe de remarquer tout d'abord que les Dinophysis générale-
ment ne sont point symétriques et que l'aile ventrale qui constitue
leur caractère est généralement rejetée de côté, comme le montre la
vue en projection d'un de ces êtres l . C'est dans le Dyrefjord que nous
avons eu l'occasion d'observer des Dinophysis en multiplication. Les
phases de celle-ci, comme nous venons de le dire, rappellent la mul-
tiplication des Exuvisella et aussi celle des Diatomées. Le corps
cellulaire grossit dans les deux valves primitives qui s'écartent en
grandissant elles-mêmes par leurs bords*. Il se forme ce que nous
avons appelé un anneau-cloison commun. La gouttière circulaire se
trouve ainsi séparée en deux parts restant attachées à chacun des
deux êtres en formation. Deux valves nouvelles se forment au contact
1. Ce caractère se trouve particulièrement accentué sur les Ceratocorys, ainsi
qu'on peut le voir sur la ligure donnée parStein de Ceratocorys horrida (pi. IV,
flg. 7). Le dessin que nous en donnons à notre tour (11g. 16), d'après des individus
péchés dans l'Atlantique moyen, montre la dissymétrie des prolongements en-
Fig. 16.
Ceratocorys horrida. — A. Individu vu de profil. — B. Un autre, vue axiale.
core plus accusée. On reconnaîtra celui qui répond à l'aile membraneuse des
Dinophysis. Les autres prolongements ne présentent pas la symétrie sensible
qu'on observe sur l'individu figuré par Stein, sans que cette différence naturel-
lement ait rien qui justifie l'établissement d'une espèce nouvelle.
— 176 —
ou au voisinage (par leur face extérieure) l'une de l'autre, intérieures
par rapport aux valves externes subsistantes (fig. 17). L'aile, ordi-
Fig. 17.
A. Dmophysis en segmentation. — B. Un autre. — B'. Le même, vue axiale. — C. Dinophysis
vermiculata Pouchet.
nairement déviée, comme nous l'avons dit, paraît dans cette évolu-
tion avoir fait, à un moment donné, partie de l'anneau-ceinture.
La double collerette se complète pour chaque individu nouveau sur
la moitié de nouvelle formation, dont la valve apparaît ainsi, au
début, plus mince que la valve ancienne. Sur l'une des figures que
nous donnons d'après nature, on voit l'anneau-ceinture épaissi. Il
n'est pas douteux que cet épaississement corresponde à l'aile.
Il faut conclure, en tout cas, de cette évolution que le test des
Dinophysis n'est point un simple produit cellulaire, mais qu'il parti-
cipe dans une large mesure de la vie du cytoplasme et peut de lui-
même se modifier considérablement ; autrement on ne comprendrait
pas que la double collerette, des prolongements considérables arrivent
à se compléter '.
Nous signalerons ici une espèce qui s'est présentée à nous dans le
Dyrefjord et qui parait nouvelle : D. vermiculata Pouchet, de forme
normale, mais caractérisée par l'apparence nettement vermiculée de
son test (fig. 17, C).
Sphœrosperma. — Je range sous le nom de Spluerosperma des
êtres appartenant sans aucun doute au groupe de Péridiniens, que
j'ai retrouvés dans l'océan Glacial, après avoir eu maintes fois l'occasion
1. On ne comprendrait pas, en particulier, le développement des appendices
de Ceralocorys horrida Stein. 11 est bon de remarquer toutefois qu'ils sont
comme nous l'avons indiqué, surtout unilatéraux et doivent en conséquence'
appartenir tantôt à une valve et tantôt à l'autre.
— 177 —
de les observer à Concarneau, et les avoir revus aux îles Féroë et
dans le Dyrefjord. Je désigne ces êtres sous le nom de Sphœrosperma.
Leur aspect peut différer considérablement et alors ce n'est que par
une analogie lointaine qu'on les rapproche des Péridiniens. Mais il
peut arriver tels cas où le doute n'est plus possible : il suffit de se
reporter à la figure de S. tijpus Poucbet que nous donnons (PI. XXII,
fig- 2). Sphœrosperma est, en somme, une dénomination géné-
rique provisoire comme la plupart de celles des Péridiniens, sinon de
tous, puisque pour aucun de ces êtres nous ne connaissons le cycle
complet de ses transformations.
5. typus Pouchet doit être décrit comme un corps cellulaire affec-
tant parfois la configuration des Péridiniens, mais ne présentant ni
sillon longitudinal ou transversal, ni flagellum. D'autres fois l'être
se rapproche de la forme sphérique, mais cependant avec des méplats
plus ou moins accusés. L'enveloppe cellulaire est épaisse, fortement
réfringente. Le cytoplasme où les granulations peuvent offrir une
disposition en ceinture, contient d'ordinaire une grosse sphère de
pigment rouge qu'on peut considérer ici réellement comme substance
de réserve : S. evanescens Pouchet.
Nous avons pu observer pendant deux jours à Thorsbaven l'évolu-
tion de S. evanescens (PI. XXII, fig. 3) que nous avions mis en cul-
ture. Notre figure le montre au début et à la phase jusqu'où nous
l'avons suivi. Le cytoplasme s'était segmenté régulièrement en deux,
en quatre, en huit. Chaque fois la goutte colorée avait été tout entière
comprise dans une des deux moitiés résultant des segmentations
mais en même temps elle avait diminué, et n'était plus représentée^
au bout de ces deux jours, que par une toute petite gouttelette jau-
nâtre comprise dans un des huit cytoplasmes indépendants, de nou-
velle formation. Ces huit cytoplasmes nouveaux étaient largement
contenus dans une fine cuticule '.
t. Nous^ n'avons pas pu nous assurer si celle-ci était le test cellulaire primi-
tif modifié, ou une enveloppe nouvelle formée à l'intérieur du test primitif
rompu. L'apparence péridinienne offerte parfois par ce test permet de le consi-
dérer comme, vivant et non comme un produit. Yoy. ci-dessus, p. 176. Vov.
également Pouchet, Les Produits en Anatomie générale dans Hommage à
M. Chevreul, in-4", Alcan, 1886. — Nous devons sans doute faire rentrer dans
les Sphœrosperma, des formes rencontrées dans l'Atlantique au voisinage des
Açores et pour lesquelles je proposerai le nom de Sphœrosperma spinosum
Pouchet, caractérisées par une configuration allongée, un test prolongé en
pointes (PI. XXII, fig. 4). On rapprochera la première en particulier, longue de
12
— 178 —
4» Diatomées. — Le plankton de la mer Glaciale est remarquable par
sa physionomie toute spéciale. C'est ainsi du moins qu'il s'est présenté
à nous surtout dans les parages de Jan Mayen. Son caractère végétal
n'est pas moins accusé qu'aux îles Féroë, bien que n'étant pas com-
posé des mêmes espèces. Il est essentiellement formé de Diatomées
à différents états et que nous avons observées là avec des apparences qui
semblent n'avoir pas encore été signalées.
Les naturalistes qui s'occupent spécialement de Diatomées ne les
décrivent ordinairement qu'après une préparation qui en a fait dispa-
raître toutes les parties non siliceuses ou même faiblement siliceuses.
Dès lors la détermination des espèces présente des difficultés que nous
n'avons pas cherché à surmonter. Nous nous sommes exclusivement
attaché, au contraire, à l'apparence sous laquelle se présentent les
espèces en vie. C'est à cela que nous avons dû de surprendre pour cer-
taines d'entre elles les phases d'une évolution jusqu'ici inconnue.
Parmi les genres les plus abondants, il convient de citer Rhizoso-
lenia, Sckizonema, Chietoceras et Thalassiosira. Les Schizonema
rapportés par notre filet sont tout à fait microscopiques. La forme
et l'apparence générale de la fronde se rapprochent beaucoup de S.
Smithii Ag. (Voy. Smith, A Synopsis of the British Diatomaceœ,
pi. LVII, fig. 362.) Mais, outre les différences dans la dimension, on
peut noter cette autre que les frustules paraissent extrêmement déli-
cates « imperi'eclly siliceous », comme dit Smith, ou plutôt en aucune
façon siliceuses, tant qu'elles demeurent dans les canaux du polythe
cium. Ces caractères rangeraient par conséquent ce Schizonema dans la
i5o [a, de S.typus avec les trois pointes et l'aspect péridinien. Peut-être faut-il
également rapprocher des Sphœrosperma
deux autres formes rencontrées dans le Dy-
refjord, qui doivent appartenir sans doute
aussi au groupe des Péridiniens. Elles sem-
blent se rapprocher des Sphœrosperma par
l'épaisseur de leur enveloppe, l'absence de
sillons, mais présentent en même temps une
crête saillante qu'on peut comparer ci la
lame ventrale des Dinophysis. Nous les dé-
signerons sous le nom de Pterosperma. Nous
figurons ici deux de ces êtres (fig. 18) de-
vant sans doute former deux espèces : Pte-
rospenna roiondum Pouchet, rond, muni
d'une membrane saillante circulaire ; Plero-
ma ovalum Pouchet, ovoïde, muni
d'une crête membraneuse enveloppant l'être d'après son grand axe et rappe-
lant celles des Dinophysis.
A. Pterosperma rotondum Pouchet.
— B. P. ovatum Pouchet.
— 179 —
seconde section du genre, tandis que S. Smithii se place dans la pre-
mière à frustules fortement siliceuses « firmly siliceous ». Nous
ajouterons que le tube initial de la fronde se termine en cône par
son extrémité Lorgne, de sorte que nous sommes ici en face d'une
espèce qui ne parait fixée à aucune époque du développement de la
fronde.
Ces différents caractères nous engagent à donner à ce Schizonema
un nom spécifique et nous le désignerons sous celui de Schizonema
groenlandica Pouchet.
Nous avons pu observer le développement de ces frondes qui pren-
nent naissance clans un kyste ou plutôt dans une sphère muqueuse
que nous avons rencontrée en grand nombre dans les pèches pélagi-
ques autour de Jan Mayen (PI. XXII, fig. 5). Ces sphères mesurent
de i 7 5 à 200 [j.; on voit, à leur intérieur, la fronde vaguement indi-
quée déjà avec ses trois ou quatre divisions primitives donnant
naissance à autant de masses coniques rameuses plongées dans la
substance muqueuse. La sphère muqueuse peut êlre considérée
comme un auxospore dont nous ignorons l'origine. On verra, en tous
cas, que ce mode de développement semble se rapprocher sensible-
ment de celui que nous indiquons plus loin pour d'autres groupes de
Diatomées, en particulier pour les Thalassiosira et les Chxloceras.
Chxtoceras. — Il est à remarquer que dans les environs de Jan
Mayen nous avons trouvé les Clmtoceras en cours de développement et
dans un état que nous décrivons plus loin, tandis qu'au contraire,
dans le voisinage de l'île aux Ours, le
16 août, une pèche pratiquée vers le soir
nous a présenté un nombre extraordi-
naire, presque dominant, de prolonge-
ments de Ch. boréale Cleves, reconnais-
sablés aux épines très fines, irréguliè-
rement distribuées, couchées contre le
filament. Ces fragments sont tellement
nombreux qu'au premier abord on pou-
vait croire la pèche composée de lihizoso-
lenia déliés.
Le nombre considérable de Chaetoceras
decipiens Cleves, que nous rencontrons
dans nos préparations fraîches, permet
d'observer très bien le mode d'union des
individus dont les prolongements se croisent en forme d'anse, de
telle sorte que le prolongement se replie du côté du corps cellulaire.
Chœtoceras decipiens Cleves, mode
d'union des individus cellulaires.
— 180 —
Ces prolongements s'unissent au point où leurs anses s'embrassent
et les individus n'ont pas d'autre contact'.
Il suffit que l'union entre les prolongements de deux individus ne se
soit pas produite au cours du développement que nous allons décrire
plus loin, ou peut-être se soit simplement détruite plus tard, pour que
la direction des prolongements s'altère et présente l'aspect connu, où
ils sont inclinés vers l'axe de la chaîne. Celte disposition terminale ne
peut donc jamais devenir, ainsi qu'on l'a cru, un caractère spécifique*.
Thalassiosira. — P. T. Cleves, en formant le genre Thalassio-
sira, le décrit comme présentant des chaînes d'individus unis par
un filament muqueux 3 . Ces filaments, en effet, peuvent être dans
une certaine mesure flexibles, mais ils deviennent, au moins chez les
individus arrivant au terme de leur taille, très nettement rigides, re-
: i. Ce recourbement des prolongements et leur croisement en sens différent
d'un coté à l'autre sont bien indiqués par Cleves dans la figure qu'il donne de
Chsetoceras atlanlicum. Mais nous trouvons dans l'espèce observée par nous
la courbure des prolongements beaucoup plus accusée, au point que leur
direction, comme nous venons de le dire, est en quelque sorte récurrente..
Voy. P. T. Cleves, On Diatoms from the Arctic Sea (Acacl. des se. de Stock-
holm. Près. 12 mars iS^S. Mém. Bd., I, n° i3. A part, Stockholm, 1873). Je dois
la communication de ce mémoire a l'obligeance bien
connue d'un de nos diatomistes les plus distingués,
M. Petit.
2. Comp. le Chsetoceras dispar, figuré par Castra-
cane, Report on the biatomaceœ collecled by H. M. S.
a Challenger «.London, 1886, pi. YHI, fig. 6. — J'ai trouvé
aux Açores cette disposition particulièrement accusée
et les prolongements terminaux finissant en quelque
sorte par prendre un développement prépondérant.
Je noterai encore sur les Chœloceras des environs des
Açores la fréquence d'une Yorticelle à corps dépri-
mé, très souvent rencontrée par nous en 1887 (fig. 20) . La
présence ou l'absence des parasites sur certains végé-
taux marins prête peut-être à une remarque qui sem-
ble n'avoir point été faite. 11 est, à coup sûr, remar-
quable que tels organismes et non d'autres se couvrent
de parasites, ou que le même individu à des âges ou
dans des états biologiques spéciaux en présente, ou non.
On peut sans doute attribuer cette différence à l'état
de vie plus ou moins active ou nulle de la surface. On
comprend qu'une surface vivante en renouvellement
nutritif constant offre des conditions tout autres de contact qu'une surface
morte, et que celle-là puisse même devenir destructrice, si le mouvement vital
y a une activité suffisante ou s'y produit dans un sens déterminé.
3. « Frustules in the living state connected by means of a central fine thread
« of mucus into long filament. »
Fig. 20.
Chsetoceras dispar Cas-
tracaoo? — Dévelop-
pemeut exagéré des
filaments de l'individu
cellulaire terminai et
Yorlicelles parasites.
— 181 —
couverts ou formés dans une certaine mesure de silice. Ils présentent
aussi, à cette époque, une disposition intéressante, en ce qu'ils sont
plus minces au milieu qu'aux extrémités, étant en réalité biconiques,
d'ailleurs sans aucune tendance à se séparer en deux portions rele-
vant chacune des valves opposées des deux individus cellulaires qu'ils
unissent (fig. ai A).
t'-eàSy
Fig. 21.
A. Filament rigide ■ adhérant à une frustule de Thalassiosij'a. — B. Deuv
Thalassiosira dont les individus sont réunis par un manchon muqueux.
C. Thalassiosira distans Poucilet.
Cleves donne sans autre indication deux figures de Thalassiosira
Nordenskioîdii Cl. dont les individus ont des tailles inégales. Dans
celle qui présente les plus jeunes individus, les bords latéraux de ceux-
ci se trouvent réunis par un trait très mince limitant entre les divers
individus un espace au milieu duquel se trouve le filament médian
allant d'un individu à l'autre, et encore mou et flexible. Cleves ne
s'explique pas sur la signification de ces deux traits marginaux de la
chaîne. Ou bien ils représentent les parois d'un tube, ou bien ils
limitent une masse muqueuse (?) de densité très voisine de celle de
l'eau de mer, au milieu de laquelle se trouve le filament médian, et
qui réunit les individus de la chaîne par une série de segments cylin-
driques égaux à leur propre diamètre (fig. 21 B). Il semble probable,
en tous cas, que ce manchon unissant disparait quand les individus
composant la chaîne approchent de l'état adulte.
Nous avons retrouvé dans les eaux de Jan Mayen la même abon-
dance de Thalassiosira que M. Cleves signale dans le détroit de Davis 1 .
Nous avons désigné sous le nom de Tlialassiosira distans Pouchet,
i. « The T. Nord, oceurs in cnormous large masses floating on the surface of
« the sea and colouring H for many miles in extent... Sometimes no other Bia-
Jê
— 182 -
une petite espèce dont les individus sont séparés par des filaments
mesurant six à huit fois le diamètre de ceux-là (fig, 21 C).
Melosira. — Nous signalerons encore parmi les
1 Diatomées recueillies dans les eaux de Jan Mayen
une Melosira remarquable par ses individus cubi-
ques, de grande taille, munis chacun à l'intérieur
d'une cloison siliceuse sphérique et dont, les con-
cavités et les convexités se regardent alternative-
ment d'un individu à l'autre : nous désignerons
cette espèce sous le nom de Melosira alternons
Pouchet.
Evolution des Clixtoceras et des Thalassionema.
— Le grand intérêt de nos pêches pélagiques dans
les eaux de Jan Mayen est de nous avoir apporté
la connaissance d'un mode de développement inat-
tendu des chaînes de Chmtoceras et de Thalassio-
nema, mode de développement qui s'étend aux
Thalassiosira et sans doute à d'autres espèces en
chaînes.
L'observation des Clixtoceras tels qu'on les trouve
sur nos côtes ' pouvait prêter à une remarque qui
semble cependant n'avoir jamais été faite : malgré
l'abondance extraordinaire des fragments de chaî-
nes, on n'en découvre jamais dont les individus
soient en cours de multiplication ; tous sont munis
de prolongements égaux en longueur; tandis que
si des faits de segmentation avaient lieu dans les chaînes, on verrait
les individus cellulaires en formation munis de prolongements moins
longs : or, il n'en est jamais ainsi.
Pour les Thalassionema une particularité du mêmegenre se présente
Les individus adultes peuvent se segmenter, comme l'indique la fi"ure
de Cleves et comme nous l'avons observé; mais on ne les voit jamais
en cours de s'éloigner les uns des autres, unis par un filament qui n'ait
pas encore atteint sa longueur normale. Les couples demeurent tou-
jours sans se séparer; l'accroissement de la chaîne est limité au
dédoublement des individus.
Tir. 00
1 l s . . — >•
Melosira alternam
Pouchet.
«tom is found among it. » Il y a évidemment Hnnc ,>„*t„ j„ ••
certaine exagération. Gemment dans cette dermère assertion une
1. Nous avons parfois vu à Concameao le plankton de la baie composé
presque umquement d'un très petit Ck.toceras ■ d'autre fois de SfcX
aussi abondants que dans les mers septentrionales.
— 183 —
De cette observation découle évidemment ceci : que les chaînes
de Cluctoceras aussi bien que de Thalassionema doivent résulter
d'une segmentation précoce, alors que les individus n'ont pas acquis
encore leurs caractères morphologiques définitifs; et que c'est seule-
ment à un stade ultérieur de leur évolution, que les prolongements
des uns, les filaments d'union des autres se développent.
Les faits que nous allons maintenant exposer et qui se sont présentés
à nous dans les pêches pélagiques pratiquées autour de Jan Mayen et
observées extemporanément, semblent n'avoir jamais été signalés.
Nous avons, en tous cas, conservé les préparations où il est aisé de con-
trôler l'exactitude de nos dires. Il est bon de faire remarquer de suite
que dans un nombre considérable d'observations attentives de pêches
au filet fin sur ta côte de France (baie de Concarneau) jamais je n'a-
vais noté rien de semblable '.
On sait que les mêmes êtres se présentent parfois sous des étals
très différents, selon qu'on les observe dans des pèches pélagiques
pratiquées près du rivage ou dans des pèches de haute mer. Tou-
tefois ce ne semble pas être ici le cas, puisque nos pèches étaient
précisément faites à proximité d'un rivage. Il semble, au contraire,
rationnel d'invoquer ici la région géographique, c'est-à-dire la tem-
pérature de l'eau. Nos pèches dans les eaux de Jan Mayen nous ont
présenté en grand nombre des kystes ou plutôt des masses mu-
queuses contenant à leur intérieur des chaînes de Diatomées en for-
mation (voy. PI. XXII, fig. 6 à i4).
Ces masses peuvent être sphériques ou ovoïdes selon les espèces.
Parmi celles que nous observons à l'état vivant, nous relevons les di-
mensions suivantes : masses sphériques : 120 [a, avec Diatomées à
l'intérieur mesurant 3o u. de diamètre; — 85 \>.; — i35 <j.; — i45
|j.; — 110 [j,. Ces masses sphériques mesurent donc en général de
85 à i45 f-. On en trouve également de plus grandes, 175 à 200 \>.,
mais qui paraissent contenir des Schizonema en développement. (Voy.
ci-dessus.) Parmi les kystes ovoïdes nous en trouvons un qui mesure
5o [), sur 60 \i..
Il faut admettre que dans ces masses gélatineuses la chaîne de
Diatomées est d'abord représentée par un filament de matière vivante
s'organisant sur toute son étendue à la fois en individus non en-
1. Je dois ajouter toutefois qu'une observation toute récente (septembre i8g3),
que je n'ai pas eu malheureusement l'occasion de poursuivre, m'a donné à
penser que certaines chaînes contournées et très courtes de Cfueloceras, dont
la mer s'est trouvée pleine un jour, devaient être plongées dans une masse
muqueuse analogue à celles que nous décrivons ici.
— 184 —
core pourvus de frustules, l'apparition de celles-ci, chez ces espèces,
marquant en quelque sorte un temps d'arrêt dans leur multipli-
cation. Le mode de développement que nous signalons, ici s'applique
à plusieurs espèces (appartenant, quelques-unes certainement, au
genre Tlialassionema). De là les apparences fort diverses de ces
masses muqueuses où l'on doit sans aucun doute reconnaître des
auxospores spéciaux l .
Une de ces masses, remplie d'une chaîne dont le développement est
déjà avancé, s'est rompue à la périphérie et laisse saillir une portion
de la chaîne qui fait une boucle au dehors (PI. XXII, fig. 1 1). Dans
certains cas, la chaîne enroulée en un grand nombre de tours paral-
lèles a l'apparence d'un cordage lové. Ailleurs, les tours sont peu
nombreux ; ils paraissent appartenir à une Diatomée à chaîne large et
applatie. Alors la mass3 sphérique offre un aspect très différent
selon le sens où elle se présente sous le microscope. Observée selon
son diamètre axial, elle montre la chaîne dessinant des lignes à peu
près concentriques; observée, au contraire, suivant un axe per-
pendiculaire à celui-là, elle présente en lignes parallèles les coupes
optiques de la chaîne enroulée. La détermination des espèces est le
plus souvent impossible, les frustules n'étant pas encore suffisamment
silicifiées. C'est seulement par exception (voy. PI. XXII, fig. i3 et i4)
qu'on peut reconnaître certaines formes telles que Thalassiosira Nor-
denskioldïi Gleves. Nous ne doutons pas, sans en avoir la preuve que les
chaînes de Rhizosolenia ne prennent naissance par le même procédé 3 .
Une des masses ovoïdes que nous observons, montre les frustules
formées seulement dans les anses de la chaîne occupant un des pôles
de l'ovoïde ; elles le sont de moins en moins en avançant vers l'autre
pôle (PL XXII, fig. 12).
L'intérieur de la masse muqueuse n'est pas uniquement occupé par
les chaînes se formant. On y trouve des corps figurés de diverse na-
ture, peut-être des résidus. D'abord, au milieu de la chaîne enroulée
ou plutôt de la masse muqueuse, on voit dans certains cas une vési-
cule claire, transparente, .qui parfois contient deux ou trois ou quatre
corps granuleux. Dans d'autres sphères ces amas granuleux parais-
1. Schutt (Ueber Auxosporenbildung der Galtung Chmtoceras, in Ber d D
Bot. Gesel/sch., 1889, p. 36i et pi. XIV) a décrit un mode de formation
d'auxospore des Chœloceras à l'intérieur duquel les divers individus naissent
les uns des autres par segmentation, et qui n'a en conséquence rien de com-
mun avec le mode que nous décrivons ici.
2. C'est probablement à des Rhizosolenia qu'il convient de rapporter les
sphères représentées par les figures 6 à 9 de notre planche.
— 185 —
sent libres au milieu de la masse muqueuse. D'autres sphères encore
montrent à leur surface (?) des corpuscules foncés, au nombre de une
ou de deux paires : cette apparence s'est offerte très nettement à nous.
Près de ces corpuscules, il semble qu'on distingue comme le reste
d'un pli chitineux. Dans un autre cas — unique — nous avons cru
qu'on voyait, sur le kyste, comme la base de deux cornes divergentes.
Nous avons reproduit ces apparences (PI. XXII, fig. i3 et i4).
Que deviennent ces masses muqueuses? Diverses particularités
de leur structure, qui se laissent seulement apercevoir sur celles
qui ont été traitées par l'acide osmique, semblent indiquer que, dans
un certain nombre de cas, elles sont appelées à se dérouler en même
temps 'que la chaîne, et qu'en même
temps aussi, la masse muqueuse aug-
menterait de volume pour continuer
d'environner la chaîne qui achève alors
seulement son développement. Cette
évolution serait, en tous cas, celle des
Chœtoceras. De là, une apparence non
moins remarquable que nous ont of-
ferte les pèches pratiquées dans les
eaux de Jan Mayen, et dont il nous
reste à parler.
Un grand nombre de chaînes de
Chœtoceras que l'on voit sous le mi-
croscope, sont composées d'individus
dont les frustules, très minces, n'ont
pas encore revêtu leurs caractères dé-
finitifs. Quand on observe les pêches
fraîches dans l'eau de mer, on ne
voit que les chaînes ; mais, par l'em-
ploi des réactifs et spécialement de
l'acide osmique, on découvre que ces
chaînes ne sont point libres dans l'eau : elles sont, comme les
filaments de certains Nostocs, placées au centre d'un manchon
muqueux, dont l'indice de réfraction semble être exactement celui
de l'eau (comme chez les Protococcus), de sorte qu'il ne se laisse
en aucune façon distinguer dans le champ du microscope. On voit, en
outre, que c'est ce manchon muqueux qui soutient, que c'est à son in-
térieur que se développent les prolongements cornus des frustules des
Chœtoceras, comme le montre notre figure 23. Ces prolongements déjà
étendus sont absolument filiformes mais parfaitement reconnaissables.
Fig. 23.
Chœtoceras en développement
dans un manchon muqueux.
— 186 —
Il est à remarquer que dans nos pèches faites dans les eaux de
Jan Mayen, ne se rencontrent point de Cksetoceras de grande taille
en chaîne, tandis qu'on y trouve des frustules isolées provenant d'in-
dividus de grande taille.
En résumé, les auxospores de Chœtoceras que nous décrivons, donne-
raient naissance à une chaîne d'abord ensevelie dans une masse mu-
queuse sphérique ; cette chaîne se déroulerait, restant enveloppée de la
même substance muqueuse, qui augmenterait de volume et prendrait
la forme d'un cylindre occupé au centre par la chaîne des individus
cellulaires continuant leur évolution. Ce serait seulement alors que
les fruslules atteindraient leur complet développement, et ce n'est que
plus tard, alors que les prolongements des Chœtoceras, en particulier,
auraient atteint une certaine rigidité, que la gaine muqueuse dispa-
raîtrait.
5° Tetraspora Poucheti. — J'ai retrouvé, au cours du voyage
de la Manche, Tetraspora Poucheti Hariot', dont l'extraordinaire
abondance dans la mer avait déjà appelé mon attention le long des
côtes de Laponie, aux Lofoten et au Varangerfjord en 1882, aux îles
Féroë en 1890. Cette Algue peuple, sans aucun doute, tout l'Atlan-
tique septentrional ; elle joue, en tout cas, un rôle considérable dans
le plankton de cette partie de l'Océan, où il n'est pas rare de la ren-
contrer par nuages d'une densité telle que le filet fin est inutile pour
se la procurer en abonance : il suffit de puiser l'eau de la mer au moyen
d'un vase quelconque. Si le navire est en marche, il est bon toutefois
de prendre certaines précautions : l'algue est extrêmement délicate et
les remous de l'eau, si le vase s'emplit trop vite, la déchirent et la
font disparaître. Il semble que, sur les individus observés par nous
au cours du voyage, le mucus se soit montré moins ferme, moins
dense qu'aux Féroë ; et que les cellules n'aient pas présenté non plus
d'une façon aussi régulière la disposition quadrate si nettement
accusée sur les individus que nous avions eu l'occasion d'étudier plus
au sud. Les contours paraissent, par suite, moins nets, la forme plus
irrégulière, en ce sens qu'elle ne présente plus autant l'apparence
de sphères surajoutées les unes aux autres.
Nous avions trouvé, à diverses reprises, Tetraspora en grande
abondance ; au cours du voyage en premier lieu, dans les eaux de
1. Voy. Pouehet, Sur la flore pélagique de Naalsôfjord (Comptes rendus de
l'Acad. des sciences, 11 janv. 1892). — Sur une Algue pélagique nouvelle (Soc.
de Biologie, 18 janv. 1892). Cotte Algue a été désignée depuis sous le nom de
Ph.-eocyslis Poucheti, par M. de Lagerhcim. Voyez ci-dessous Note sur les col-
lections cryptogamiques, par M. Hariot.
— 187 —
Jan Mayen. Lors du retour du Spitzberg, je résolus de rechercher
les nuages de Tetraspora. qui pourraient se rencontrer. Pour cela, le
procédé consistait simplement à puiser à l'aide d'un Local, du pont
du navire, l'eau le long du bord. On prenait seulement les précau-
tions nécessaires pour que le vase ne s'emplît pas brusquement, afin
d'éviter le déchirement et la dissociation de l'algue par la violence
des remous. Les indications données dans la liste suivante, de l'exis-
tence ou de la non-existence de Tetraspora, se rapportent — sauf les
deux premières — au mode de recherche que nous indiquons. Un
tiers de litre d'eau environ était puisé du bord et versé doucement
dans une cuve de verre à faces parallèles. C'est l'observation direcie
de celle-ci, à l'œil nu, qui a servi de base à nos appréciations. « Pas
de Tetraspora » signifie seulement que par ce procédé sommaire on
n'en constatait pas la présence ou plutôt l'abondance.
26 juillet, au soir, en vue de Jan Mayen, pèche au filet fin :
Tetraspora Poucheti.
28 juillet, pèche au filet fin, dans la baie du Bois flotté: Tetraspora
Poucheti est dominant (Voy. ci-dessous Observations journalières).
3j juillet, après-midi, température de la mer entre 3°,i et 5°,i :
les Tetraspora sont abondants, assez pour que je les montre à
M. G-raizl dans la cuve de verre à faces parallèles.
1 1 août, 4 heures du soir, au large de la pointe sud de Prince
Charles Foreland, eau bleue : pas de Tetraspora. — 6 heures, plus
au nord, eau bleue : très peu de Tetraspora.
16 août, vers 7 heures du matin, gros temps, mer intermédiaire,
plutôt verte : Tetraspora abondants. — Vers midi, eau verte : Te-
traspora abondants : on en compte plus de vingt dans la cuve à faces
parallèles, bien qu'elle ne soit pas remplie.
17 août, vers 2 heures du soir, eau intermédiaire, plutôt bleue :
pas de Tetraspora. — - 6 heures du soir, eau intermédiaire, plutôt
bleue : pas de Tetraspora. — 9 heures du soir, eau intermédiaire,
plutôt bleue : pas de Tetraspora.
18 août, vers 4 h 3o ln du matin, mer bleue, beau temps : pas de
Tetraspora. — 7 l, 4o">, eau verte : pas de Tetraspora. — 9 h 3o n >,
eau verte : pas de Tetraspora. — i h 5o m du soir, eau verte : pas
de Tetraspora. 5 heures, en vue des côtes de Norvège : pas de Te-
traspora.
Tetraspora Poucheti paraît débuter, d'après ce que nous ont montré
nos pèches au filet fin dans les eaux de Jan Mayen, par une sphère
muqueuse très petite, assez analogue à celle qui marque le premier
développement de Schizonema groenlandica Pouchet.
— 188 —
6" Les Sargasses. — Nous ne voulons pas terminer ce qui a trait
au plankton sans une remarque d'un ordre plus général.
De l'Ecosse aux Féroë et pendant tout le temps que nous avons ob-
servé la mer, soit dans l'archipel féroën, soit entre cet archipel et
l'Islande, soit au cours du voyage de la Manche, nous n'avons pas
pu noter une seule touffe flottante de Sargasses. Le fait, à coup
sûr, ne semblera pas inattendu, mais il ne parait pas non plus qu'on
lui ait donné toute l'attention qu'il mérite. On sait et nous avons
constaté par nous-même que la limite orientale des Sargasses con-
corde très sensiblement avec le 35 e méridien à l'ouest de Paris. On
les trouve jusqu'au voisinage de la côte d'Amérique dans des eaux
beaucoup plus froides que celles qui baignent les Féroë. Et générale-
ment on admet que le grand courant atlantique passe de part et
d'autre des Féroë. Dès lors comment se fait-il que jamais une touffe
de Sargasses se soit entraînée sur la côte d'Europe?
Tant qu'on n'aura pas répondu à cette question, tant qu'on n'aura
pas déterminé par quelle raison singulière les Sargasses ne fran-
chissent pas le 35° degré de longitude occidentale, on peut dire que la
théorie des mouvements superficiels de l'Atlantique nord restera in-
complète, ou plutôt n'existera pas. Les Sargasses ont exactement la
densité de l'eau superficielle et y flottent sans donner, semble-t-il,
aucune prise à la poussée atmosphérique? Est-ce la raison pour la-
quelle ces touffes d'Algues ne sont jamais portées sur la côte euro-
péenne? S'il en était ainsi, on pourrait être conduit à douter de
l'existence du mouvement des eaux désigné sous le nom de « courant
européen » et à se demander si les transports d'épaves et les
phénomènes de dérive sur lequels on s*appuie pour l'admettre, ne
doivent point être rappoités simplement à des mouvements atmos-
phériques ' .
Nous ne nous dissimulons pas tout ce qu'une telle manière de voir
peut avoir de contraire aux idées qui ont généralement cours sur la
circulation océanique, mais les faits sur lesquels on croit en appuyer
la connaissance sont, quand on les envisage tous et sans préventions,
tellement contradictoires ou tout au moins si peu concordants, que nous
devons nous croire encore loin d'une théorie définitive; et que par
conséquent la place reste encore aux hypothèses en apparence les
moins fondées.
i. Voy. Pouchet, Expériences sur les courants de l'Atlantique nord faites
sous les auspices du Conseil municipal de Paris, in-4°, Paris, imprimerie mu-
nicipale, îliSij.
— 189
IH. — PLANKTON DE LA LAGUNE NORD DE JAN MAYEN
Une pêche au filet fin sur la lagune du nord de 111e Jan Mayen,
laite l'après-midi du 27 juillet par un beau temps et dans les condi-
tions relatées plus loin (voy. ci-dessous Observations journalières),
donne fort peu de chose. Deux parts en sont faites : l'une est donnée
à M. Gratzl pour être remise à M. le comte "Wilczek ', dont le nom
emplit en quelque sorte l'île, afin qu'il puisse lui-même faire étudier
ce complément à la faune et à la flore de Jan Mayen. J'ai reçu de M. le
comte Wilczek une lettre dans laquelle il m'exprimait le désir de
m'en laisser l'honneur.
La flore et la faune de la lagune sont très pauvres. On trouve
quelques Oscillariées très délicates et des Péridiniens enkystés, com-
prenant un, deux ou quatre corps cellulaires contenus dans une
masse muqueuse centrale nettement limitée, et entourée elle-même
d'une couche plus dense. Tous ces kystes sont du même volume, et,
sauf le nombre des corps cellulaires, au même état de développement.
Ils appartiennent, sans doute, à un Gymnodinium, la pêche prolongée
que nous avons faite ne nous ayant présenlé aucun test; on sait
d'autre part qu'il est à peu près impossible de reconnaître les Gymno-
dinium dans les pêches fixées même par l'acide osmique.
[
SI àWf ■ 1
Fig. 24 . — Corps organisé trouvé dans la lagune de Jan Mayen.
Signalons encore une Conferva (C. ?) et peut-être une Siphonée s ;
enfin, un végétal (?) relativement abondant représenté par des sphères
1. La mission autrichienne, tout en soupçonnant les eaux de la lagune habi-
tées (on y voyait plonger des animaux carnassiers), n'avait pu y découvrir au-
cune forme vivante. Elles sont, en réalité, extrêmement rares.
2. M. Hariot, assistant au Muséum, nous donne cette double indication. La
Siphonée n'est représentée que par des tubes.
— 190 —
mesurant environ 100 à i5o \j., à mince paroi, remplies elles-mêmes
de sphères ayant environ le quart ou le cinquième de leur diamètre,
à peu près tangentes les unes aux autres au sein d'une substance
finement granuleuse, dans laquelle on voit en outre des corps (rési-
duels?) spéciaux, se présentant tantôt sous l'apparence de masses
opaques et tantôt de petites sphères à parois fortement réfringentes.
Nous nous bornons à donner la figure de ces êlres dont la nature
exacte et les relations taxonomiques nous restent ignorées '.
La faune présente d'abord des Infusoires de différentes sortes : l'un,
de grande taille, appartient au groupe des Ciliés et paraît voisin des
Paramécies; un autre est voisin des Actinophrijs; on trouve enfin
un Dinobruon (D. sertularia Ehr.), dont les loges greffées les unes
sur les autres sont abondantes.
La faune nous présente en outre un petit Nématode, sorte d'Ànguil-
lule, sans caractères qui permettent de le déterminer., et surtout trois
espèces de Rotifères. L'un paraît être VAnurea aculeata Ehr., le se-
cond très voisin de Polgarlhra trigla Ehr.; enfin le troisième, dont
nous n'avons trouvé qu'un seul exemplaire, est volumineux mais n'a
pu être déterminé qu'approximativement. Peut-être est-ce Hijdatina
senta.
Les individus d'A. aculeata présentent des pointes tant antérieures
que postérieures extrêmement déliées 3 .
La seconde espèce, P. trigla % aussi fréquente que la première, est
caractérisée par « six nageoires sétacées » et non denticulées ou fes-
tonnées sur les bords. C'est ainsi que sont les appendices sur les in-
dividus très bien conservés dans nos préparations.
Aucun de ces Rotifères n'a d'œufs. On trouve toutefois dans notre
pèche un certain nombre d'œufs libres.
R convient de signaler une quatrième sorte de Rotifère dont nous
ne trouvons, à la vérité, que des individus morts (peut-être des mâles
d'une des espèces précédentes), sans caractères reconnaissables et pré-
sentant un corps conique à extrémité postérieure très allongée.
i. L'aspect général do ces êtres rappelle celui de certains Sphaerozoaires, en
particulier du genre Col/ozoum, mais, outre que nous les trouvons dans l'eau
douce, nous ne découvrons aucune trace de capsule centrale.
2. Ces Rotifères peuvent être rapprochés surtout de la flg. siv, i, pi. LXII,
donnée par Ehrenberg, Die Jnfusionsthierchen, i83S.
3. Voy. Ehrenberg, Die Infusionsthierchen, i838, p. 44 1 * pi- LIV, flg. 2. —
C. T. Hudson, Tlie Rotifera, vol. II, p. 4, note, se trompe quand il suppose
qu'Ehrenberg a décrit sous ce nom de P. trigla, simplement un individu de P.
platyplera avec ses appendices vus de champ.
Fi S . 25.
Diverses mues trouvées dans les eaux, de la lagune nord de Jan Mayen.
A. Mesockra ('?), longueur 1 millimètre : a, extrémtté de la première antenne ; b, la seconde an-
tenne, vue interne ; c, mandibule ; c£, I e1 ' pied, vue interne ; e, 2 8 pied, vue externe ; f, 3 B pied,
vue externe ; g, 4° pied, vue externe. — ■ B. Autre mue, même espèce ijue A, partie inférieure
et postérieure de l'abdomen. — ■ G. Autre mue :,/, le dernier pied à un plus fort grossissement.
— D. Mue de larve très jeune, mesurant 112 X 96 p..
— 192 —
Près de ces Rotifères, nous trouvons un Tardigrade représenté
seulement par deux exemplaires dans notre pèche. C'est le Macrobio-
tus de Dujardin conforme à l'espèce figurée par cet auteur'.
Un seul Grustacé, deux peut-être, se sont offerts à nous, encore
leur existence n'élait-elle accusée que par des mues fort peu nom-
breuses 3 . M. Eugène Canu, particulièremnt compétent en ce qui
touche les Copépodes et à qui nous avons demandé d'examiner nos
préparations, croit y reconnaître un Mesochra, sans pouvoir en déter-
miner l'espèce, et dire s'il s'agit d'une forme nouvelle ou d'une
forme déjà classée, ce qui est plus probable. Nous nous sommes borné
en conséquence à figurer les mues existant dans nos préparations 3-
Celte énumération, si restreinte qu'elle soit, est évidement l'indice
d'un planktou fort pauvre, mais dont elle ne peut donner naturelle-
ment l'idée complète de celui d'une lagune sur laquelle n'a été
pratiquée qu'une seule pèche 4 .
IV. — SUR LA GLACE ET CERTAINS EFFETS. DU FROID
Nous terminerons par quelques observations sur la nature et la cou-
leur des glaces. La Manche au cours de son voyage, n'a point ren-
contré de glaces sur la mer. Le Bell-Sound dans toute son étendue et
l'Isfjord jusqu'au fond de la Sassen-Bay en étaient complètement dé-
pourvus. Ce sont là des conditions qui paraissent se présenter assez
rarement et contraster avec les années où non seulement ces baies,
mais la côle occidentale toute entière du Spitzberg sont bloquées par
les glaces, comme l'a trouvé M. Henri Menier au cours d'un de ses
voyages.
Les glaces dont nous parlerons ici sont seulement celles qui cou-
vraient en partie la lagune nord dans l'île de Jan Mayen et celles qui
i. Voy. Dujardin, dans les Suites à Buffon, Eisl. naturelle des Zoop/iutes
pi. XXII, fig. 4.
1. Il convient peut-être d'attribuer cette pauvreté d'individus vivants cà l'heure
de la journée.
3. Il y a toutefois une difficulté, c'est que les Mesochra sont des Copépodes
connus jusqu'ici dans les lacs salés et sur les rivages maritimes, alors que
l'eau de la lagune nord de Jan Mayen est tout à fait douce.
4. M. Rabot, qui avait péché sur les bords de la lagune avec un très petit
filet, nous a dit, sans nous montrer toutefois sa pèche, qu'il avait recueilli des
Copépodes. Nous rappellerons que nous avons péché au milieu de la lagune et
prolongé notre pèche beaucoup plus longtemps que nous n'avons coutume de
le faire à la mer.
>
— 193 —
provenaient de la destruction des deux glaciers qui descendent à la
mer, à l'ouest et à l'est de la baie de la Recherche au Spilzberg.
En effet, nous avons trouvé (27 juillet) la lagune nord à Jan-
Mayen encore en partie couverte de glaces ayant par place une épais-
seur de i5 centimètres environ. Cette glace offrait une constitution
spéciale. Elle était formé de prismes irréguliers, verticaux, mesurant
à peu près en moyenne 10 millimètres, séparés les uns les autres par
des espaces ayant environ 1 millimètre de large. Tous ces prismes
bien transparents étaient seulement réunis à leur extrémité supérieure
(aérienne) par une couche uniforme de glace trouble mesurant 1 à
2 centimètres d'épaisseur.
J'ignore si cette constitution de la glace a été signalée dans les lacs
alpins. Elle était très frappante sur la lagune nord et mon attention
fut appelée sur elle par ce fait que des fragments de cette glace brisés
sur la rive se présentaient comme des amas confus de prismes, que
le pied dispersait 1 . D'après M. Gratzl, pendant l'hiver, cette glace
mesurerait environ 1 mètre et, au printemps, quand se produit le
dégel, les prismes devenus indépendants, choqués les uns contre les
autres, feraient entendre un son d'un caractère presque musical.
Dans la baie de la Recherche, au Spitzberg, on a pu constater
un recul considérable du glacier de l'Est. Son front, convexe au
moment du voyage de la Recherche, est aujourd'hui concave \ Les
moraines latérales, surtout celle de l'ouest, s'étendent très loin en
avant du glacier et sont aujourd'hui en cours de destruction par les
eaux des ruisseaux extérieurs à ces moraines. Actuellement la hauteur
du front du glacier au-dessus de l'eau est de 25 à 4o mètres. Les son-
dages les plus voisins de la tranche ont donné des profondeurs de 4o
à 5o mètres. Le glacier, d'après la carte des officiers de la Re-
cherche, devait alors s'avancer sur des profondeurs de 70 mètres et
plus, et comme il reposait nécessairement comme aujourd'hui sur
1. J'ai revu au Canada des glaces dont la constitution rappelait celle que
je signale ici, mais en prismes beaucoup plus volumineux mesurant 3 à 4 cen-
timètres et adhérents les uns aux autres. La disposition prismatique se laissait
deviner seulement sur les faces perpendiculaires à leur direction. La fonte, qui
semble se produire plus vite dans le plan de contact des prismes, indique en
tous cas une constitution moléculaire spéciale. On sait que la cristallisation de
la glace peut être rapportée au prisme droit à base d'hexagone régulier. Voy.
Mascart, Traité d'optique, t. III (1S9.3), p. / +7 .
2. Voy. ci-dessus Étude sur le mouvement des glaciers dans la baie de la
Recherche, par M. de Carfort. Ceci contredit donc au moins en partie l'indica-
tion donnée par A. Heim, Handb. der Gletscherkunde, i885, p. 470 : « Seit i838
sind die Spitzbergischen Gletscher wieder in Wachsen begriffen. »
13
— 194 —
le fond de la mer, c'est une centaine de mètres d'épaisseur au moins
( 71 m _|_ 2 5m) q U 'ii présentait alors, même en admettant que le front
n'ait pas été à cette époque plus élevé qu'aujourd'hui '. Si les gla-
ciers tels que celui de l'Est n'abandonnent à la mer, comme le
remarque Weyprecht 2 , que des fragments peu volumineux, c'est que
la glace, quand elle arrive au contact de la mer, est déjà brisée en rai-
son de circonstances dont la principale parait être la différence d'in-
clinaison entre le lit terrestre et le lit marin du glacier.
L'aspect du glacier a changé : il ne mérite plus guère le nom de
glacier à Aiguilles qui lui est donné dans la magnifique planche
(pi. CXXXIV) de l'Atlas pittoresque du Voyage de la «.Recherche»,
par A. Mayer, sans que son aspect général cependant ait beaucoup
changé. Il semble seulement qu'alors le front était surtout composé
de pilastres ou troncs de pyramides, résultant d'un double système
de crevasses à peu près également espacées, et dont quelques-uns plus
élevés dominaient les autres, et avaient valu au glacier son nom 3 .
Nous avons trouvé au contraire la surface du glacier, vers son front,
à peu près continue, coupée seulement de crevasses parallèles à celui-
ci. Mais il était aisé de voir que cette apparence était due seulement à
la présence de neige ou de névé dans les intervalles de troncs de py-
ramides, semblables à ceux qu'avait figurés la Recherche.
Le front du glacier présente trois nuances différentes, irrégulière-
ment réparties, quoique superposées d'une manière générale et pas-
sant des unes aux autres par gradation.
i° A la base, certaines places sont complètement obscures, au point
de laisser croire de loin à l'existence de grottes profondes. C'est la
glace compacte, homogène, pure.
2° La région moyenne du front du glacier est bleuâtre-verdâtre (cette
i. Nous croyons inutile de discuter ici la coupe que donne du front du gla-
cier Eug. Robert (Voyage de la « Recherche », Géologie, etc., in-8°, p. 102) et qu'il
prend soin d'ailleurs, à plusieurs reprises., de déclarer purement hypothé-
tique.
2. Voy. Weyprecht, Metamorphosen des Polareises, Wien, 1879, p. 14.
3. On trouve une autre figure du même glacier dans l'Atlas géologique du
Voyage de la « Recherche », gravée d'après les dessins de M. E. Robert. La planche
sans numéro porte comme légende : « Vue générale des montagnes et du gla-
cier situés au fond de la rade du Bell-Sund ». Le glacier lui-même est indiqué
dans l'explication de la planche comme : « Glacier remplissant une baie qui
parait avoir été navigable en 1707 ». La désignation de glacier à Aiguilles n'est
pas employée, mais le dessinateur semble s'en être inspiré en représentant le
glacier comme hérissé dans toute son étendue de pointes en forme de vagues
élevées et coniques.
— 195 —
désignation double semble être, en définitive, celle qui paraît le mieux
convenir) '.
3° La région supérieure, formée des névés les plus récents, est
blanche.
La ruine du glacier sur son front est rapide et se fait en quelque
sorte sous nos yeux. Les glaçons tombés à mer et flottant dans la baie
nous ont présenté de même trois aspects bien distincts. (Il importe
de rappeler tout d'abord que les eaux de la baie sont d'un vert intense ! .)
Les glaçons peuvent être blancs, — ou bleuâtres-verdâtres, — ou d'un
vert intense. Les premiers sont formés de glace hétérogène. Les se-
conds présentent parfois dans leurs parties émergées des stries alter-
nativement blanches et bleues, les unes et les autres n'étant parfois
pas plus larges que la main et sans d'ailleurs que la faible épaisseur
de la partie du glaçon observé par transparence permette de reporter
cette coloration à la couleur bleue de la glace elle-même.
En faisant tirer hors de l'eau un gros glaçon vert foncé, sombre,
il est facile de s'assurer qu'il est constitué par de la glace homogène,
limpide, absolument incolore sous une faible épaisseur (un mètre par
exemple). La couleur vert foncé de la partie émergée du glaçon n'est
qu'un effet d'éclairage intérieur par l'eau verte dans laquelle il plonge
pour la plus grande partie.
Il convient d'expliquer de même la coloration bleuâtre-verdàtre,
parfois en bandes alternatives, des glaçons du second groupe. Cette
apparence est évidemment due à la juxtaposition de zones de glace
hétérogène, éclairée directement et de glace homogène, plus ou
i. Weyprecht parlant des glaces du nord emploie précisément cette désigna-
tion blaugrttn. Voy. Metamorphosen des PolareisesAa-8", Wien, 1879. Weyprecht
paraît d'ailleurs ne faire nulle part allusion à la glace de la première espèce,
compacte, homogène, pure, versée à la mer par les glaciers. Il semble au con-
traire représenter toujours la glace comme hétérogène et par suite opaque Vov
ibid., p. i53 et suiv.
2. Nous rapporterons à ce propos l'observation d'un phénomène d'éclairage
qu'il n'est peut-être pas sans intérêt de signaler en vue de ce qui va suivre. Re-
venant un jour au navire où les embarcations bien blanchies étaient suspendues
a leurs portants, je pus remarquer et fis remarquer à mes compagnons que le
dessous de ces embarcations était d'une belle couleur verte, éclairé par la lu-
mière— non pas réfléchie parla surface de l'eau do la baie — mais réfractée par
les couches sous-jacentes à la surface, et colorée par elles en vert. Mon attention
étant portée de ce côté, un phénomène de même ordre a paru se présenter à
mon observation sur les côtes de Norvège. Vers la fin du jour, le ciel étant cou-
vert et bas, des montagnes.sans verdure et situées au loin dans l'est, à cette
distance où la couleur propre des objets ne se fait plus sentir, m'ont paru offrir
une légère nuance verte due également à la lumière émanant de la mer.
— 196 —
moins nettement délimitée et se prolongeant dans la partie immergée
du glaçon.
J'ajouterai, à propos des glaçons d'un verl sombre, qu'ils m'ont paru
offrir d'une manière assez constante un aspect spécial de leur surface
en fusion. On dirait exactement celle-ci taillée à coups de gouge,
chaque entaille mesurant 1 décimètre environ de longueur sur 5 cen-
timètres de large, et toutes séparées par des arêtes nettement dessi-
nées.
Lors de notre second séjour à la baie de la Recherche, une course
sur la moraine latérale en partie ruinée du glacier des Aiguilles,
au pied du mont de l'Observatoire, m'a permis de relever quelques
particularités sur l'action du froid et de coordonner par suite un
certain nombre d'observations que j'avais eu l'occasion de faire sur
différents points du Spitzberg. Le bord du glacier, au pied du mont
de l'Observatoire, présente une masse glacée dépassant son front ac-
tuel. Elle a une hauteur de 20 à 3o mètres environ et est recouverte
par des terrains d'éboulis se continuant par la moraine latérale'. En
parcourant la surface de celte masse de glace, je fus frappé de l'as-
pect sous lequel se présentait le terrain d'éboulis. Il offrait des crêtes
saillantes longues de 2 à 3 mètres, larges de 1 mètre au plus, et
pouvant mesurer 5o centimètres d'élévation. Ces crêtes, toutes ali-
gnées dans le même sens, étaient composées de boue et de cailloux
semblant fraîchement remués. En recherchant comment elles
avaient pu se produire, on était vite amené à reconnaître qu'elles
devaient répondre à des crevasses du glacier. Celles ci s'étaient trou-
vées remplies de débris terreux; puis, soit sous l'influence de la
température, soit sous l'influence des mouvements de la masse, leurs
parois avaient dû se rapprocher et il s'en était suivi une éjection lente
du détritus morainique contenu à leur intérieur.
Ce phénomène, d'une explication très simple, m'a permis d'en in-
terpréter d'autres qui m'avaient vivement frappé ailleurs. A Advent-
bay, en particulier, sur la pente conduisant au cairn ', je remarquai
plusieurs places mais une surtout bien caractérisée, où, sur un ter-
rain dénudé et sec, un espace circulaire de plus de i mètre, offrait
une apparence spéciale. On aurait dit l'orifice d'un trou creusé et
ensuite rempli jusqu'au niveau du sol, de sorte qu'on l'eût à peine
1. Ce sont ces terrains, sans doute, qui recouvrant la glace, l'ont protégée et
empêchée de fondre comme le reste du glacier au même niveau.
2. Le cairn topographique élevé en cet endroit, non celui que Lamont a
dressé près du gisement de charbon. Voy. ci-dessus, Histoire du voyage,^. 25.
— 197 —
distingué, si vers le pourtour de l'orifice les cailloux petits et plats
n'avaient offert une disposition particulière, refoulés vers la péri-
phérie de l'orifice, placés de champ concentriquement avec assez de
régularité pour que l'attention en soit aussitôt éveillée. Cela semblait
l'ouverture de quelque puits naturel servant à l'écoulement des eaux
des neiges. Cette explication toutefois n'était pas satisfaisante, le sous-
sol au Spitzberg étant gelé et imperméable; et je fus ensuite amené à
comparer le cas observé à Advent-bay à d'autres observations faites
ailleurs.
Sur certaines places, en effet, le terrain présente au Spitzberg un
aspect singulier. On peut marcher pendant plusieurs centaines de
mètres sur un sol couvert de petits monticules circulaires de moins
de 1 mètre de diamètre et hauts dans leur centre de i5 ou 20 centi-
mètres. Ces monticules sont formés de terre meuble, mêlée de cail-
loux anguleux ; ils me rappelaient l'aspect des crêtes morainiques du
glacier des Aiguilles et doivent être expliqués sans doute de la même
façon. Ces saillies de terre et de boue fraîchement remuées corres-
pondraient à des excavations pénétrant plus ou moins profondément
dans la terre gelée : et celle-ci, en se dilatant pendant l'été, produirait
de place en place l'éjection de ces matières boueuses et pierreuses en
cônes peu élevés.
Nous ne nous dissimulons pas qu'une difficulté de cette explica-
tion est évidemment le rapprochement de ces saillies d'éjection
écartées parfois les unes des autres d'une distance à peu près é^ale à
leur propre diamètre dans certains endroits 1 .
1. Il est peut-être intéressant de rapprocher cette disposition d'une autre
qui s'est présentée à nous de la façon la plus nette, tant au Spitzberg qu'en
Islande. Pour ce qui est de l'Islande nous l'avions décrite ainsi : « la prairie
n'est pas unie, elle est en dômes de gazon hauts et larges de 5o à 70 centi-
mètres, séparés par des sortes de petites ra-vines. >■ Des photographies des envi-
rons de Reykiavik au printemps montrent bien cette disposition avec la noi"e
restant encore seulement dans les ravines. Au Spitzberg, sur certains points,
le sol est formé aussi de monticules moins larges et moins élevés, couverts de
plantes phanérogames parmi lesquelles des Graminées et des Cypéracées, tandis
que les ravines séparant ces monticules sont pleines de Mousses baignant dans
l'eau. Nous nous bornons à signaler ces deux apparences que nous n'avons
point vues ailleurs, et dont nous ne prétendons pas, du reste, donner l'expli-
cation définitive.
198 —
V. — OBSERVATIONS JOURNALIÈRES
Nous rangeons sous ce titre les observations que nous avons notées
chaque jour, mon assistant M. Aug. Pettit et moi. C'est à M. Aug.
Peltit que revient, en effet, en grande partie le soin d'avoir relevé les
faits biologiques ou géologiques signalés ici. Nous donnons ces obser-
vations dans l'ordre même des dates où elles ont été faites.
22 juillet. — En mer, position à midi: lat. 6i°o3', long. 2 00' ouest
de Paris. Température de l'air entre + 10° et -f ii". — Pendant
que la machine est arrêtée et qu'on marche à la voile, une pêche au
filet fin est pratiquée en puisant de l'eau à la mer, de l'avant du navire,
au moyen de seaux 1 . Cette pêche donne quelques Méduses et Appen-
diculaires, débris de Beroë, Ceralium tripos, rares Ceratium furca
et Ceratium fusus, Peridinium divergens, rares Dinophysis, Spkœ-
rosperma evanescens Pouchet.
23 juillet. — En mer, position à midi: lat. 64° 12', long. i°io'ouest.
Température de la mer + 8° à + io°. — Deux pèches au filet fin sont
faites. La première, pratiquée comme la veille au moyen de seaux
à l'avant, donne moins de Ceratium et de Peridinium divergens que
la veille. P. divergens est plus abondant que Ceratium; on trouve en
outre des Glohigérines, des Copépodes.
La seconde pèche est faite vers 4 heures, pendant que le navire a
stoppé, avec l'appareil Biétrix muni de son bateau, et à quelques
mètres de profondeur. Elle donne un dépôt rouge de Calanus fin-
marchicus que nous continuerons de trouver en abondance. Nous y
voyons principalement, à part les Copépodes dominants, des Sagitta,
quelques Polycystines, quelques C. tripos, quelques grands Coscino-
discus, des Peridinium divergens en abondance extraordinaire. Us
sont tous uniformément d'un rose sale avec l'apparence de goutelettes
denses emplissant le corps cellulaire. Je vois passer un fragment de
Fucus, de la couleur jaunâtre propre aux Sargasses. La position du
navire permet de supposer que ce fragment provient des Féroë.
Cette pèche est intéressante, en ce qu'elle a été faite dans des eaux
vertes. Cependant, ainsi qu'on le voit, elle ne contient pas le dépôt
1. Voy. ci-dessus, p. 166.
— 199 —
jaune caractéristique que j'avais observé aux îles Féroë 1 . Elle avait
élé faite vers 4 heures. A 6 heures je suis avisé que la couleur de
l'eau a changé. Nous entrions dans une localité bleue. Le voisinage
de celle-ci n'en rend pas moins remarquable l'absence de Rhizosole-
nia, de Diatomées et de Péridiniens de petite dimension.
24 juillet. — En mer, position à midi: lat. 66° 4j', long. i° 1 3' ouest.
Température de l'eau + 8°,5 à + 9°,6. Aujourd'hui encore un frag-
ment de Fucus passe le long du bord. Il est plus grand que celui vu
la veille. En raison de la position du navire, ce fragment, qui ne
parait point provenir d'une touffe de Sargasses, n'en doit pas moins
avoir été arraché à un lieu fort éloigné.
Une pêche faite à la pompe 2 donne : Cer. tripos qui paraît ici
dominant; C. fusus; P. divergens, de coloration rouge plus accentuée
que la veille; Chœtoceras; Coscinodiscus très rares; Rhizosolenia;
quelques Radiolaires petits; des embryons de Lamellibranches; des
Globigérines. Signalons parmi les végétaux : des Thalassiosira à cel-
lules largement espacées, réunies par des filaments ayant six et huit
fois le diamètre des cellules, Th. distans Pouchet (voy. p. i8i).
25 juillet. — En mer, position à midi : lat. 68° 5 1, long. 5° 4o' ouest.
Température de l'eau entre -f- 7°, 2 et -f 8°, 2. Nous sommes dans
des eaux bleues. Une pêche au filet fin pratiquée par le D r Couteaud
présente des Sphserozoaires en forme de boudins d'un diamètre de
3 millimètres environ et ne paraissant pas avoir de cavité centrale,
Collozoum groenlandicum Pouchet (voy. p. 167).
26 juillet. — Position du navire à midi,
lat. 70 3i', long. 6° 4o' ouest. La température
ds l'eau entre -\- 3°, 1 et -\- 5°, 6. Une pêche au
filet fin est pratiquée du bord, avec des seaux.
On ne trouve pas de Copépodes, pas un seul
Calanus finmarchicus ; œufs pélagiques sphé-
riques mesurant i5o y. de diamètre. Le blasto-
derme formé d'un petit nombre de grandes
cellules limitant entre elles une cavité centrale
du volume environ du noyau des cellules, emplit la membrane vitel-
line, qui paraît hérissée de fines pointes. On trouve ■des Polycystines,
1. Voy. ci-dessus, p. i5g.
•2. Les pêches pratiquées à la pompe ont les mêmes inconvénients que les
pêches pratiquées avec des seaux (voy. ci-dessus, p. 166) : tous les êtres déli-
cats sont brovés.
Fig. 26.
Œuf pélagique.
\
— 200 —
mais principalement des Coscinosdiscus, des Chœtoceras des RM-
zosolenia en chaîne, de petites Navicules mêlées à des débris végétaux
et provenant peut-être de la carène du navire; d'autres Navicules, au
contraire, extrêmement longues, dépassent de beaucoup le diamètre
du champ du microscope. On ne trouve point dePéridiniens. Ils vont
d'ailleurs disparaître complètement autour de l'île Jan Mayen.
Le soir une deuxième pèche est faite pendant que le navire a stoppé,
en face de Jan Mayen, avec l'appareil Biétrix. C'est une pêche jaune^
une pêche de plankton végétal type. On y trouve à peine quelques
rares Calanus finrnarchicus et aussi quelques rares tubes de Tintin-
nidés. Par contre, nous y retrouvons la même Navicule très longue, et
d'autres Navicules, des C 'oscinodiscus , des Chœtoceras, enfin des
Schizonema groenlandica Pouchet (voyez ci-dessus, p. i 79 ) et des
Tetraspora Poucheti Hariot, qui composent avec les Chœtoceras et
les 7'fialassiosira les formes dominantes de cette flore pélagique.
Le Bœrenberg. — C'est le soir même de ce jour que nous avons
aperçu le Bœrenberg dans des circonstances où il se montre souvent «.
On concevra d'ailleurs très bien que la montagne se montre ordinai-
rement ainsi d'abord par le sommet, si l'on veut se rappeler qu'il suffit,
pour que cela se produise, que la nappe de nuages existant générale-
ment dans ces régions à la surface de la mer (brumes), ou à une très
faible altitude, se déchire par places. Dès lors on pourra d'un nombre
plus ou moins considérable de lieux sur la mer, apercevoir le sommet
élevé de la montagne dans les conditions où lord Dufferin l'a vu et où
il s'est présenté à nous, conditions qu'une photographie de M. Lance-
lin (PI. II) a pu reproduire très heureusement.
27 juillet. — Le 27 juillet, la Manche est mouillée dans la baie
de Mary-Muss. Le temps est très beau, la mer calme, la température
de l'eau varie de + 2 °,6 à + 3%4. En débarquant, nous sommes
frappés par le contraste des teintes de chacune des deux falaises qui
s'étendent des deux côtés de la baie de Mary-Muss le long de la mer.
Celle de droite (en tournant le dos à la mer), pleine de nids de Mouettes '
est blanchie pas leurs excréments, tandis que celle de gauche occupée
par des Guillemots [Uria troïle,U. grylle) est teintée, par leurs excré-
ments, de taches d'un rose sale. Cette différence doit s'expliquer sans
doute par le genre spécial de nourriture des deux espèces. Les Mouettes
se nourrissent habituellement de Poissons ; les Guillemots, au con-
n » VOy 'r t^T ' R l la ', i0 r dU commandant menaimé; voy. également Lord
Dufferin, Letters from high Latitudes, Londres, in-8°, i85 7 , p. 2 i3.
201 —
traire, mangent surtout des Crustacés, comme nous avons pu le véri-
fier au Spitzberg, où M. Pettit a trouvé le bec de ces animaux pleins
de Gammarus, Calanus finmarchicus, Mysis, etc., au point qu'on a
pu recueillir ceux-ci dans des tubes. Il est probable que le pigment
rouge très abondant chez les Crustacés n'est pas complètement dé-
truit en traversant le tube intestinal de ces Oiseaux (de même que
chez le Turbot) et colore leurs excréments.
Les couvées sont fort avancées. En suivant la grève, nous trouvons
un grand nombre de coquilles d'œufs ou plutôt de membranes co-
quillières mêlées aux Algues que rejette la mer. Les nids sont
échelonnés sur la falaise, à partir du niveau où les Renards ne sau-
raient les atteindre ; mais, sans doute, un certain nombre d'œufs ou
de jeunes tombent et servent ainsi de nourriture à ces animaux. Entre
la falaise et la mer, nous rencontrons trois Renards ; dans leur estomac,
soigneusement observé, M. Aug. Pettit n'a trouvé que des débris
d'Oiseaux et d'œufs, et des cailloux gros comme des noisettes. 11 n'a
découvert, dans les viscères de ces Renards, malgré l'examen, le plus
attentif, aucune espèce de parasites 1 .
La falaise de droite (à l'ouest de la baie) est coupée par de larges ra-
vins où coule l'eau des neiges supérieures, et qui sont tapissés d'une
éclatante verdure. Quelques-uns de ces ravins laissent tomber, en cas-
cade, des filets d'eau. Dans l'un d'eux, M. A. Pettit recueille deux
espèces d'Algues Siphonées, une Ulothricée et une Vaucheriée, dont
la présence à Jan-Mayen n'avait, pas encore été signalée : ce sont
Schizogonium crispum et Vaucheria hamata.
La faune littorale paraît extrêmement pauvre. Toutefois, M. A. Pet-
tit recueille un grand nombre de Gammarus sous les gros galets.
Nous n'avons pas capturé de Céphalopodes : mais en ouvrant le
tube digestif de plusieurs Oiseaux de Jan-Mayen, M. Aug. Pettit
a trouvé, dans le gésier, des becs presque intacts. — Malgré un grand
nombre de pierres retournées, pour chercher des Insectes, M. A. Pet-
tit n'a pu réussir qu'à trouver un gros Acarien rouge 2 ; nous devions
le revoir en abondance au Spitzberg.
Les Algues brunes et rouges rejetées par la mer et qui forment, sur
le rivage, un bourrelet de goémon presque ininterrompu, nous pro-
curent quelques Annélides, quelques Cirrhipèdes de petite taille. Il
i. Les Helminthes paraissent au contraire extrêmement fréquents chez les
Phoques de la région. Le tube digestif de ces animaux était parfois rempli d'une
telle quantité d'Helminthes que les marins de la mission autrichienne renon-
cèrent bientôt à manger du Phoque (renseignement communiqué par M. Gratzl).
2. Probablement une Bdella.
•
— 202 —
est à remarquer que nulle part nous n'avons vu à marée basse ces
Algues en place. L'eau, cependant, est d'une pureté remarquable
et permet de distinguer le fond à plusieurs mèlres. La végétation lit-
torale est certainement loin d'être abondante. La plante la plus com-
mune est représentée par Laminaria maxima. La drague ramène
quelques autres espèces communes : Psilolia serrala Kùtz, Polysi-
phonia arclica Ag., deux Delesseria : D. sinuosa et D. Baerii. D'autres
sont observées pour la première fois à Jan Mayen ; ce sont : Lamina-
ria digitata, var. stenopkylla Harvey; Laminaria, digitata var. com-
planala Kjel; Alaria grandifolia et enfin une curieuse Algue vivant
dans l'épaisseur des coquilles et décrite par MM. Bornet et Flahaut
(Congrès de botanique de 1889) sous le nom à'Ostreobium Queketti.
Le sol de l'île Jan Mayen; aux endroits les plus favorables, est
couvert d'une végétation peu variée, mais remarquable par la vive
coloration des fleurs. Ce sont essentiellement des Phanérogames dico-
tylédones. Les plantes, comme au Spitzberg, présentent en général
un développement disproportionné de leur système radiculaire. Bon
nombre prennent l'aspect de Crassulacées : c'est ainsi que certaines
Saxifragacées rappellent le port des Sedum.
Nous n'avons rien à ajouter à ce qu'on connaît de la flore phanéro-
gamique dans les pays de l'extrême nord et, en particulier, du vert
intense ou de l'épaisseur des feuilles. Celte constitution représenterait,
d'après certains botanistes, la forme la plus favorable qu'un végétal
peut revêtir dans les régions où l'eau est rare, les corps sphériques
offrant, pour un volume donné, le minimum de surface. Dans les
terres arctiques, l'eau ne manque cependant pas, ni dans l'atmosphère,
ni dans le sol. — Nous signalerons comme exceptionnelles, les moi-
sissures recouvrant sur une épaisseur de plusieurs centimètres, l'in-
térieur de la maison autrichienne : car, nulle part ailleurs, nous n'en
avons vu,lant sur les restes d'animaux, que sur les nombreuses pièces
de bois flotté qui couvrent, en certains points, le rivage de l'île. Il
semble que sur ces terres septentrionales la putréfaction soit un phé-
nomène, sinon inconnu, tout au moins très rare; nous n'avons pas
trouvé non plus d'insectes saprophiles; les alternatives de dégel et de
regel y représentent à peu près la seule cause de destruction, mais
leur rôle est considérable : les pierres les plus compactes, les laves.
à Jan Mayen, l'hypérite au Spitzberg, sont bientôt réduits en frag-
ments. Nous avons trouvé et rapporté des galets sectionnés en laines
parallèles, d'autres réduits en prismes irréguliers.
Le bois flotté, qui encombre la plage de la baie de Mary-Muss,
comprend aussi bien des troncs entiers avec leurs racines, que des
— 203
bois sciés. Un fragment d'écorce est rapporté à Pinus sylvestris, par
M. Poisson, assistant au Muséum. Le bois n'est attaqué par aucun
parasite marin. On trouve là également des épaves de navire et des
boules de verre dont font usage les pêcheurs du nord pour soutenir
leurs lignes ou leurs filets. Le bois finit à la longue par s'effriter,
sous l'influence de la gelée, plutôt qu'il ne pourrit 1 .
L'abondance de bois flotté sur la plage de Mary-Muss contraste
singulièrement avec la pauvreté de bois flotté qu'on trouve dans les
fjords de la côte occidentale du Spitzberg. Mais, outre que les condi-
ditions de circulation océanique ne sont pas les mêmes, il convient,
sans doute, de faire ici la part des besoins de l'homme. Partout où
l'on rencontre, dans ces pays froids, du bois flotté, c'est un avantage
qu'on s'empresse de mettre à profit. Nous ne doutons pas que la
rareté du bois flotté sur la côte occidentale du Spitzberg ne résulte en
grande partie de ce fait, que depuis trois siècles, elle est constamment
visitée et que le bois flotté qu'on dut dabordy trouver en abondance,
comme sur les autres plages du nord, a été consommé 2 .
Le lendemain du jour où nous avions mouillé à Mary-Muss, nous
étions devant la grande lagune du Sud, occupant aujourd'hui la
place de l'ancienne baie du Bois flotté. Il résulte, des documents que
l'on possède, que la digue de sable fermant aujourd'hui la baie trans-
formée en lagune est peut-être à peine deux fois séculaire. Or, en
regardant, du bord du navire mouillé à un mille environ, nous n'a-
percevions sur la rive très étendue, que quelques rares troncs d'arbres,
montrant combien, en définitive, sont peu fréquents ces échouages,
et que la quantité de bois encombrant la baie Mary-Muss n'a pu être
apportée là que par un travail plus que séculaire. On eût retrouvé,
sans doute, sur la rive profonde de la lagune, les grands amas de
bois, qui avaient fait donner à cette ancienne baie le nom par lequel
i. D'après M. Gratzl, ce bois, quand on le met debout, laisse suinter de l'eau
par sa base. On le plaçait ainsi pour le faire sécher avant de l'employer au
chauffage, comme on peut le voir sur la photographie (PI. IV).
2. Weyprecht (Metamorphosen des Polareises, Vienne, 187g, p. 25a) qui parle
dé la rareté du bois flotté sur la côte orientale du Groenland, ne fait aucune
allusion à la grande quantité qu'il en existe au contraire à Jan Moyen. Wey-
precht invoquant la rareté du bois flotté au sud de la Terre de Franz-Jo-
seph, son abondance sur la côte nord du Spitzberg et sa rareté au contraire
sur la côte occidentale de cette dernière terre, suppose une circulation régulière
à travers l'océan Glacial, des glaces apportées par les grands fleuves sibériens.
Il nous semble, quant à nous, que l'abondance du bois flotté est seulement en
raison de la longueur de la période annuelle pendant laquelle la mer se trouve
libre sur une côte donnée, favorable à l'échouage.
— 204 —
on la désigne. L'intérêt de ces observations nous fit regretter de ne
pouvoir débarquer, comme on le verra plus loin.
L'après-midi, j'accompagne le commandant Bienaimé, à la lagune
du Nord, que le Vogelberg sépare de la baie Mary-Muss. En route,
le commandant tire quelques Guillemots alignés sur la falaise, sans
que ses coups de fusil inquiètent, la plupart du temps, ceux qui sont
dans le voisinage, même immédiat, des oiseaux atteints. On avait
apporté un berthon, au moyen duquel je puis m'avancer jusqu'au
milieu de la lagune qui est encore, en partie, couverte de glaces, et y
pratiquer une pêche au filet fin'.
Dans le fond de la lagune, nous apercevons plusieurs grands oi-
seaux blancs qui sont pris pour des Mouettes et auxquelles il n'est
pas donné d'attention. D'après le pilote Besnard, ces Oiseaux étaient
des Cygnes ; il aurait vu également des Canards.
Le même jour, une pêche au filet fin, faite au mouillage de Mary-
Muss, donne les mêmes résultats que celle de la veille.
28 juillet. — La Manche fait le four de Jan Mayen, par l'ouest.
Le soir, vers 6 heures, elle mouille devant la digue de sable qui ferme
aujourd'hui l'ancienne baie du Bois-flotte. M. A. Peltit monte dans le
canot, avec une partie de l'état -major, pour tenter de débarquer. La
mer, quoique très calme, brise contre la rive et il est impossible d'a-
border. M. A. Peltit remarque la quantité considérable d'oiseaux qui
volent au-dessus de l'embarcation et qui, comme les autres animaux
de l'île, n'ont aucune défiance, malgré le grand nombre de coups de
feu que l'on tire.
Un coup de drague donné rapporte très peu de chose. Le fonds
est composé, en grande partie, de fragments cristallins; et même les
débris organiques y paraissent fort rares.
La température de l'eau est de + 3°,4 à + 3», 7 . Une pêche au filet
fin est pratiquée et rapporte comme animaux : quelques œufs de Co-
pépodes et quelques jeunes Copépodes; le même œuf de Poisson déjà
rencontré (voy. ci-dessus, p. i 99 ), ma is ici plus avancé; un Pluteus;
quelques Badiolaires et Globigérines. La pêche, comme celles de la
veille et de l'avant-veille, pratiquées dans les parages de Jan Mayen,
est essentiellement végétale, se présentant dans le filet comme une
boue jaune*.
Dans ce dépôt, Schizonema groenlandica et Tetraspora Poucheti
i. Voy. ci-dessus, p. 189 et p. 193.
•2. Voy. ci-dessus, p. i5g. .
i*
— 205 —
sont dominants, mêlés de Diatomées diverses et, en général, de très
petite dimension : Coscinodiscus, Rhizosolenia, Thalassiosira Nor-
denskioldi Cleves; Thalassiosira alternans Pouchet ; rares débris
ou frustules de Chsetoceras ; Ceralium tripos etPeridinium divergens
rares; chaînes de Thalassiosira et de Chsetoceras jeunes, en quantité
considérable.
31 juillet, en mer. Position du navire à midi : lat. 76°i3', long.
6044' est. Température de la mer entre -+- 2»,6 et + 3°,6.
Le matin, une pèche au filet fin est faite au moyen de la pompe.
Malgré ce procédé défectueux, la pêche est intéressante, comme
offrant la même apparence qu'autour de Jan Mayen. Toutefois les
Copépodes y sont plus nombreux ; on y trouve également des Appen-
diculaires, des Radiolaires. Les végétaux sont représentés, d'abord,
par Collozoum groenlandicum Pouchet; puis des Coscinodiscus,
des Chsetoceras en chaîne, des masses muqueuses sphériques ou
ovoïdes avec des chaînes enroulées, des Rhizosolenia, dont Rhizo-
solenia styliformis Bright 1 . Enfin, nous trouvons également dans
cette pèche, des Péridiniens : un petit Protoperidinium et Gymnodi-
nium Wikzeki Pouchet (Voy. ci-dessus, p. 169).
Dans l'après-midi du même jour, la température de l'eau étant de
-f- 3°,i à -f- 4°, les T. Poucheti sont très abondants dans la mer et
je puis, par le moyen indiqué plus haut, les montrer à M. Gratzl.
i eT août, au mouillage de la baie de la Recherche. — On est frappé,
en descendant à terre, de la rareté relative des Lichens et, particu-
lièrement, de Cladonia rangiferina. Les parties du sol couvertes de
végétation présentent surtout des Phanérogames, en particulier, plu-
sieurs espèces de Saules, des Saxifrages, desDraves, desRenonculacées,
une Papavéracée en fleur [P. nudicaule) et quelques Graminées (Poa
arctica).Les Lichens n'occupent qu'une place fort reculée dans la liste
des espèces rangées selon leur ordre de fréquence. Les Champignons
supérieurs (Hyménomycètes) ne sont pas rares. Plusieurs espèces sont
recueillies par M. Aug. Pettit. ï\ est à remarquer que leur chapeau
ne dépasse pas le niveau de la végétation environnante.
Dans les ruisseaux provenant de la fonte des neiges et des glaces,
les cailloux roulés sur lesquels ils coulent présentent de nom-
breuses Algues (Gonfervacées?), généralement vertes, quelques-unes
cependant brunâtres.
t. Indication donnée par M. P. Petit.
Il
— 206 —
M. Aug. Pettit recueille, au rivage, de petits Crustacés sur les dé-
bris d'un Cétacé.
La baie de la Recherche semble être, parmi les points de la côte
du Spitzberg que nous avons visités, celui où le climat est le moins
rigoureux. C'est là que nous avons vu le moins de neige. M. Au"-.
Petlit capture, en abondance, des larves de Podurelles, dont quelques-
unes sont arrivées vivantes en France, mais sans avoir pu achever
leur métamorphose. Elles se tiennent au contact de la boue, sous de
larges pierres, en compagnie du même Acarien rouge que nous
avions trouvé à Jan Mayen. Souvent ces Acariens sont entourés de
débris d'individus adultes desséchés et de mues. Quelques-uns de ces
Acariens semblent, d'ailleurs, envahis par un Champignon parasite.
M. Aug. Pettit ramasse également plusieurs Araignées. Elles ne
paraissent pas tisser de toiles et vivent cantonnées dans les fentes de
clivage des schistes. Il recueille aussi des Diptères, mais en petit nom-
bre. Les individus, d'ailleurs, semblent faibles, chétifs et comme
subissant l'influence du climat. Aux heures les plus chaudes on les
voit voleter à quelques centimètres au-dessus du sol, mais ordinaire-
ment ils restent appliqués à la face inférieure des cailloux les moins
humides.
Sur le bord de la mer un cordon d'Algues mortes est mêlé de quan-
tités de coquilles de Lamellibranches, les mêmes que la drague ra-
mènera du fond de la baie, notamment des Cardium, mais toutes de
petite taille. Ce cordon de détritus sert également d'asile à de nom-
breux Nématodes et à l'Acarien rouge.
2 août, au mouillage de la baie de la Recherche. — La journée
est consacrée à des courses sur les îles du fond de la baie et à l'île
aux Eiders. Les unes et les autres, abritées des incursions des Renards
quand le fjord est libre de glaces, semblent des lieux d'élection pour
la nidification. En général, la couvée des Eiders est terminée, les nids
sont abandonnés ; nous pouvons cependant recueillir encore des œufs
prêts d'éclore. Les animaux sont découplés ; les femelles et les mâles
forment de petites troupes séparées. Celles composées de femelles se
montrent plus fréquemment. Quelques jours après, à Skans-bay,
nous voyons une femelle d'Eider qui nage en portant plusieurs pous-
sins sur son dos entre ses ailes soulevées. Au contraire, à l'île aux
Eiders, M. Aug. Peltit aperçoit une femelle qui se sauve à terre en
abritant ses poussins sous ses ailes, et semblant presque les presser
et les retenir contre elle pour une course plus rapide. II est à remar-
quer que les animaux n'ont plus ici cette absence de méfiance qui
— 207 —
nous avait frappés à Jan Mayen. Toutefois la crainte de l'homme
semble moins grande chez les Oiseaux de mer, tels que les Mouettes,
sans doute parce qu'ils ne sont pas chassés.
Un coup de seine donné dans le fond de la baie n'a fourni presque
aucun résultat, rapportant seulement des Cottus et un gros Palémon(?)
On est plus heureux avec les fauberts plongés du bord, qui reviennent
chargés d'Oursins, de Pagures très abondants, d'Annélides, etc.
Chaque jour les chasseurs tuent de nombreux oiseaux ; les jeunes
Guillemots présentent surtout une intéressante particularité : le ra-
clage de leur bec fournit à M. A. Pettit des récoltes abondantes de
petits Crustacés que nous n'avons pu nous procurer autrement (Voyez
ci-dessus, p. 201).
L'eau de la baie est verte, toutefois le plankton est à peu près exclu-
sivement animal ; j'avais également observé cela dans le Dyrefjord.
3 août, au mouillage de la baie de la Recherche. — Excursion le
long de la rive orientale de la baie jusqu'à la pointe aux Rennes qui
en marque l'entrée, pour aller reconnaître l'état de deux squelettes de
Baleines jetés à la côte en face de l'île aux Eiders. Les deux sque-
lettes appartiennent à des individus de grande taille, probablement
Balœnoptera Sibbaldii dont la présence l'un près de l'autre en cet
endroit est assez difficile à expliquer. La mer a en partie dissocié les
squelettes, et, lors de notre second séjour à la baie de la Recherche
nous avons pu seulement prélever les vertèbres cervicales de l'un
d'eux (Voy. i3 août).
Le bord du rivage entre le glacier de l'Est et la pointe aux Rennes
est formé en grande partie par des schistes très fissiles offrant des
traînées contournées de matière charbonneuse figurant des empreintes
végétales. Sous l'influence des agents atmosphériques, ces schistes
se désagrègent en minces plaquettes. Les couches de la roche sont
séparées par des bandes très nettement dessinées de grès ferrugineux
d'une épaisseur de 6 à 8 centimètres en moyenne.
Un jeune Phoque a été tué. M. A. Pettit recueille sur lui de nom-
breux parasites ' et en particulier une Filaire logée dans le tissu cellu-
laire de la région thyroïdienne. Le rectum présente de nombreux
Echinorhynques ; le rostre, armé de crochets par lequel l'animal est
fixé, détermine à la surface de la muqueuse la formation d'une sorte
de cupule qui abrite la portion antérieure du parasite. L'examen des
muscle du même Phoque n'a pas fait découvrir de Psorospermies.
1. Voy. ci-dessus, p. aoi, note.
— 208 —
Nous n'avons vu en somme que peu de Phoques; celui-ci seule-
ment, et un autre, adulte, dans la haie de la Recherche ; plus tard en
sortant de l'Is-fjord, le 10 août, M. A. Pettit en a aperçu une bande
d'une douzaine, à peu de distance du navire.
5 août, au mouillage d'Advent-bay. — C'est à Advent-bay que
nous trouvons, semble-t-il, la végétation la plus développée, bien que
le climat y paraisse plus rigoureux qu'à la baie de la Recherche.
M. le docteur Couteaud et M. Aug. Pettit ont recueilli là un herbier
assez riche et trouvé nombre d'espèces qui ne se sont pas présentées
ailleurs. Les traces des Mammifères qui fréquentent les herbages des
pentes de la baie, sont abondantes, Rennes, Renards, Léporides.
Pendant le temps de la nuit, les montagnes environnantes à partir
d'une certaine hauteur au-dessus la mer se couvrent dégivre. Celui-ci
dessine avec une netteté toute particulière les accidents géologiques
des pentes, et permet de suivre au loin l'inclinaison des assises du
terrain ; des photographies faites dans ces conditions seraient évidem-
ment précieuses pour un relevé géologique. Ce givre disparaît dans
la journée. Nous avons pu constater, au cours d'une excursion, qu'il
mesurait 2 centimètres environ d'épaisseur.
Près du mouillage, à l'entrée de la baie, au-dessous du cairn topo-
graphique qui se trouve en cet endroit', la terrasse inférieure de la
montagne, au niveau de la mer, est formée par des schistes écailleux
se réduisant en minces plaquettes sous le marteau. Là encore, M. Aug.
Pettit recueille plusieurs Araignées.
En gravissant la pente, on trouve à une certaine hauteur des
bancs de grès ferrugineux; les agents atmosphériques les fractionnent
en gros blocs qui roulent jusqu'au rivage; la plus haute couche à
laquelle nous ayons pu parvenir est constituée par des schistes noi-
râtres, que l'humidité transforme en une boue presque ligniteuse.
Au-dessus s'élèvent d'autres couches dont M. A. Pettit a pu recueil-
lir un échantillon intéressant ; c'est un bloc de grès présentant des
rognons calcaires.
Il semblait en arrivant à ce niveau que nous ayons atteint le som-
met du plateau montagneux. Cependant, j'avais été frappé de ren-
contrer là quelques roches qui certainement n'entraient pas dans la
composition du terrain que nous avions sous les pieds. Nous eûmes
l'explication de ce fait plus tard en quittant Advent-bay par un temps
magnifique qui nous permit de voir au loin le plateau montagneux
1. Voy. ci-dessus, p. 2 5 et p. i 9 6, note.
Fig. 27. — Vue du large, du sommet
lointain dominant le plateau au mouil-
lage d'Advent-Bay, d'après un croquis
personnel.
En A, un peu au-dessous du niveau du plateau,
le long d'une crête, le caim topographique.
A droite, au-dessous du sommet lointain, un
cirque que continue le ravin ; à la droite de
celui-ci, sur un mouvement de terrain, est
indiqué le cairn de Lamont. Comp. la vue,
PI. VII, et la carte, PI. XIII.
— 209 —
sur lequel nous étions parvenus, dominé au loin par un pic considé-
rable d'où avaient dû être détachées les roches ramassées par nous
(fig. 27).
Le gisement de charbon mar-
qué par le .cairn de Lamont, de
l'autre côté du ravin, nous per-
met de constater que la terre est
restée gelée à une certaine pro-
fondeur. Sur les flancs de la
colline, dans le ravin même, à
io ou 20 mètres plus bas, le
D r Couteaud et M. Gratzl ex-
traient quelques plantes fossiles
d'un banc de grès situé au-des-
sous de la couche de charbon
dont l'affleurement est marqué
par le cairn.
Les seineurs sont allés don-
ner un coup de seine à l'entrée d'une large vallée qui s'ouvre sur la
côte orientale de la baie et qu'on voit d'ailleurs indiquée sur les cartes.
Le chef de pêche nous dit, au retour, avoir pris beaucoup de Poisson,
puis tout perdu par une fausse manœuvre (Voy. 10 août).
6 août. — Une pêche au filet fin dans la Sassen-bay rapporte sur-
tout des Copépodes, des Appendiculaires, de jeunes Mollusques gasté-
ropodes et lamellibranches; une grande Sagilta; des débris deBeroë
et un Tintinnidé dont le tube est très long. Quelques Peridinium
dlvergens et Ceratium tripos, mais très rares. La pêche, en somme,
est exclusivement animale, comme c'est l'ordinaire dans les fjords.
7 août, au mouillage de Skans-bay. — Les montagnes, en par-
ticulier le mont Châteaufort (voy. la carte, PL XIV), se présentent
autour de nous avec un aspect spécial dont le type est en quelque sorte
le Temple : elles sont constituées par de nombreuses couches nette-
ment stratifiées, presque horizontales, plongeant un peu à l'ouest,
suffisamment pour montrer des affleurements successifs à mesure
qu'on s'avance de l'est à l'ouest, le long de la presqu'île que termine
le cap Thordsen. Skans-bay, comme Advent-bay, est le prolongement
d'une vallée, avec une rivière divisée en nombreux ruisseaux coulant
sur la boue.
Le soir, M. Aug. Pettit, en se plaçant à l'obscurité, constate que les
14
210 —
animaux provenant d'une pèche au faubert sont phosphorescents, les
Oursins principalement.
J'avais résolu de faire une course dans la vallée profonde et à pentes
escarpées qu'on renconlre entre Skans-bay et Sordello. J'espérais
qu'elle nous conduirait peut-être jusqu'aux revers de Sauria-Hook et
que nous pourrions y retrouver les mômes fossiles. Nous désignerons
celle vallée sous le nom de Fausse vallée des Rennes. Nous prenons,
M. Peliit ' et moi, pour y arriver, "par le rivage souvent coupé
de ruisseaux qui mettent à nu la roche (un grès argileux) formant
le soubassement du terrain. Sur la (erre, nous observons de nom-
breux débris de Tiennes mais déjà anciens, sans doute de Rennes tués
par les chasseurs. Arrivés à l'entrée de la vallée, nous suivons d'abord
la rivière, puis nous avançons à mi-côle des éboulis sur sa rive droite,
nous rapprochant autant que possible de la falaise à pic coupée de
ravins, qui surmonte la pente d'éboulis.
La rivière a creusé son lit dans un grès extrêmement dur, quoique
de nature argileuse, qui sous l'influence des agents atmosphériques
se clive en fragments irrégulièrement cubiques. Mais cette roche n'ap-
paraît qu'en de rares endroits; elle est le plus souvent cachée par les
matériaux d'éboulement, qui occupent tout le fond de la vallée.
Vers le milieu de la longueur de celle-ci, autant que nous en pou-
vons juger, nous parvenons, en gravissant le talus, à une puissante
couche de schistes siliceux. Cette formation qu'il faut vraisemblable-
ment rattacher au trias, est recouverte par une couche de calcaire
jaune et tendre dans lequel on peut observer des empreintes de Céra-
tidés, entre autres Ceratites polaris Moj.'.
L'ensemble est couronné par une couche horizontale d'hypérite qui
paraît former le sommet de la montagne. D'après M. Aug. Pettit,
cetle couche dhypérite, par sa posilion et sa structure, correspondrait
peut-être à la couche inférieure d'hypérite qu'on observe à Sauria-
Hook et au-dessus de laquelle s'étagent les couches fossilifères juras-
siques que nous recherchions. Toutefois, dans la Fausse vallée des
Rennes, l'assise dhypérite, autant que nous avons pu en juger, serait
composée de deux formations distinctes. L'assise inférieure a pris, au
niveau de l'affleurement, l'apparence de colonnades prismatiques,
verticales, assez bien dessinées; tandis que les lignes de fracture de
la masse supérieure sont légèrement inclinées et ne se présentent pas
avec un caractère basaltique aussi accusé.
i. Ce qui concerne la géologie, dansées notes, est dû à M. Aug. Pettit qui avait
pour guide l'ouvrage bien connu de Nordenskiôld sur la géologie du Spitzberg.
2. Renseignement communiqué par il. Ramond, assistant au Muséum.
— 211 —
^ Un peu au delà de l'entrée de la vallée, on constate que la couche
d'hypérite plonge brusquement, en figurant une faille large d"un
mètre ou deux, qu'on retrouve surgissant de l'éboulis.'
Au retour de notre excursion, au lieu de suivre la mer, nous pre-
nons à mi-côte; nous revoyons, dans le lit de plusieurs torrents, le
grès argileux qui forme le fond de la Fausse vallée des Rennes. Cette
roche semble supporter une puissante masse de calcaire très coquil-
Her, qui constitue, d'autre part, les escarpements de la rive occiden-
tale de Skans-bay. Elle se présente sous l'aspect d'un énorme banc,
compact, résistant, pétri de fossiles. M. Aug. Petlit y recueille en
grand nombre, des Productw, des Spiriféridés, des Strophonerna,
les mêmes que l'on retrouve dans les formations carbonifères de l'Eu-
rope.
Le soir, le commandant Bienaimé nous rapporte d'une excursion
qu'il a faite à Sordello, trois grands Agarics dont le chapeau mesure
10 centimètres de diamètre et qu'il a recueillis près de l'établissement
ruiné.
Une pèche au filet fin pratiquée dans Skans-bay rapporte un
plankton surtout animal et contenant à peu près uniquement, comme
végétaux, Peridinium divergent, etCeratiumtripos, celui-ci toujours
de la même variété (Voy. ci dessus p. 172).
8 août. Au mouillage de Skans-bay. — Il pleut la plus grande
partie de la journée. L'après-midi, je vais sur la rive est, à l'entrée
de la baie. Le pied de la montagne est formé d'un gypse marmoréen
d'un blanc éclatant, veiné de noir, qui plonge sous la mer, de
l'est à l'ouest, selon l'inclinaison de toute la côte méridionale de la
presqu'île que termine le cap Thordsen. On suit ce banc sous l'eau
aussi longtemps que la transparence de la mer le permet. C'est
lui sans doute qui constitue le haut-fond qui prolonge le cap Thord-
sen et dont M. A. Pettit remarquera le lendemain la blancheur. C'est
probablement la même formation que M. Nordenskiôld a observée sur
la rive de lTsfjord opposée à Skans-bay et qui a valu aune montagne
où elle est remarquablement développée, le nom de Gyps-Hook.
Sur la rive occidentale de Skans-bay le nombre des couches qui
s'élèvent au-dessus de ce gypse marmoréen est considérable. Mais la
falaise est à pic. Cependant nous pouvons distinguer des schistes
noirs analogues à ceux que nous avons trouvés au-dessus du talus
d'éboulis dans la Fausse vallée des Rennes.
9 août. — La Manche quitte Skans-bay, visite la Sassen-bay et
— 212 —
mouille le soir à Advent-bay. La journée est remplie par une excursion
que fait M. A. Pe'ttit en compagnie du D r Couteaud et de M. Leprince,
enseigne de vaisseau, au gisement fossilifère de Sauria-Hook.
Pendant le trajet sur le haut-fond de roche blanche, qui s'étend à
800 mètres environ en avant du cap Thordsen, et où M. A. Fettit croit
reconnaître le gypse marmoréen de Skans-bay, leur attention est at-
tirée par des apparences de bulles liquides ou gazeuses, sautant à la
surface de l'eau. Il leur est impossible d'en reconnaître la cause; ils
restent seulement persuadés que le phénomène est dû à la présence
d'un animal qu'ils ne voient pas. Le haut-fond qui arrive presque à
fleur d'eau, donne, en quelques très rares endroits seulement, attache
à des Laminaires.
La colline de Sauria-Hook est sur la côte nord-est du cap Thord-
sen, limitant au nord l'entrée de la vallée des Rennes parcourue par
la rivière du même nom. Le soubassement doit être constitué par le
gypse marmoréen dont il vient d'être question. Sur le rivage un
cordon de galets cache à la vue la roche sous-jacente. Au-dessus s'é-
tagent les formations triasiques : i° ces formations débutent par
des schistes calcareux peu épais qui ne dépassent que de quelques
mètres le niveau de la mer; ils forment un banc stratifié horizontale-
ment et séparé de la couche suivante par une bande de calcaire blanc
de 60 centimètres d'épaisseur, très nettement délimitée ; — 2" la couche
suivante est schisteuse et semblable à la première, mais elle atteint
un développement considérable. Elle renferme de nombreuses Dao-
nella et des Cératidés. Un petit torrent qui tombe du haut de Sauria-
Hook dans la vallée, la met à découvert. En sortant de la vallée sur le
bord de la mer, on voit cette couche formant la majeure partie de la
falaise qui existe en cet endroit. Partout où elle affleure, elle s'effrite
rapidement en minces plaquettes et laisse (en se détruisant plus vite)
surplomber au-dessus d'elle la couche suivante; — 3° cette couche,
improprement désignée sous le nom de grès coprolithique, est formée
par une pâte siliceuse, à grains' fins, dans laquelle sont disséminées
une multitude de concrétions noirâtres et quelques Brachiopodes ; —
4° dans une quatrième couche située au-dessus de la précédente, les
Brachiopodes [Daonella] se présentent si nombreux qu'ils donnent
un aspect di lumachelle au calcaire schisteux qui les renferme; —
5° au-dessus s'étend une masse puissante de calcaires siliceux à l'in-
térieur desquels on peut, avec le marteau, mettre au jour des Cépha-
lopodes d'assez grande taille (i5 centimètres de diamètre); cette roche
se présente en général sous forme de strates puissantes, mais en cer-
tains points elle est composée, au contraire, d'asssises de rognons
— 213 —
colossaux globulaires (quelques-uns atteignent 1 mètre et même i m ,5o
de diamètre) ; ces rognons sont constitués par de gros fragments de
calcaire qu'unit la silice; aucun de ceux que M. A. Pettit a brisés ou
fait briser, ne lui a montré de fossiles. Par l'exposition prolongée à
l'air, ces calcaires (strates ou rognons) prennent une patine qui rap-
pelle celle des silex quaternaires : -vraisemblablement, elle est due à
de l'oxyde de fer; — 6° plus haut, au-dessus des calcaires siliceux,
on trouve un grès arénacé, à ciment calcaire, tendre et jaunâtre ; —
7° entre cette dernière formation et la couche d'hypérite qui termine
la montagne, doivent se placer différentes roches que le D r Couteaud
et M. Aug. Pettit n'ont pas trouvées en place, mais dont on ramasse
de nombreux échantillons dans le lit du torrent. — 8° Quant à la
couche d'hypérite (Voy., p. 228, la description qu'en donne le profes-
seur Meunier sous le nom de norite) qui couronne Sauria-Hook,
elle se présente sur la tranche comme une colonnade rouge, d'une
hauteur de 5 mètres environ. Les blocs qui s'en détachent constam-
ment, offrent néanmoins une remarquable résistance aux agents
atmosphériques et couvrent une grande partie des pentes, à l'exclu-
sion des autres roches, plus facilement, altérables.
A peu près à la hauteur de la couche de grès coprolithique que
nous avons signalée, à l'endroit où la pente de la montagne passe de
la vallée sur la mer, émerge un banc d'hypérite puissant, plongeant
légèrement vers l'ouest, dont M. Aug. Pettit n'a pu déterminer les
relations stratigraphiques exactes.
i août, au mouillage d'Advent-bay. — Beau temps, température
de la mer, de + 4° à + 4°, 8. M. Aug. Pettit, accompagné de M. Le-
prince fait une course dans la vallée qui s'ouvre sur la côte orientale
de la baie, dont il a été question plus haut (Voy. 5 août). Ils re-
montent pendant plusieurs kilomètres le cours du ruisseau. Us trouvent
çà et là de nombreux bois de Rennes et même un crâne; il est assez
probable que la plupart de ces restes proviennent d'animaux tués par
les gens qui font le métier de les chasser.
Le long de cette vallée, MM. A. Pettit et Leprince trouvent égale-
ment une assez grande quantité de fragments de charbon, pareil à
celui du gisement du cairn de Lamont. Ces fragments étaient descen-
dus par les ruisseaux tributaires du cours d'eau qui dessine la vallée.
MM. Aug. Pettit et Leprince ne purent gravir la pente jusqu'au
gisement. Us rapportent également un bloc pétri de coquilles ter-
tiaires.
Pendant la journée, chaude, les calfats occupés à nettoyer la coque
— 214 —
du navire me signalent le grand nombre de Méduses qui passent près
d'eux et en prennent à la main, tout en faisant leur besogne. Ce sont
des Sarsia ' ; on recueille en même temps des Clio et des Ptéropodes.
Une pêche au filet fin donne surtout Calanus finmarchicus; j'y
trouve Peridinium divergens et Gymnodinium pulvisculus (Voy. ci-
dessus, p. 170).
Les seineurs sont retournés donner un coup de seine à l'entrée de
la vallée, à l'endroit où ils avaient péché lors de notre premier sé-
jour à Advent-bay le 5 août. Ils rapportent cinq Saumons (Salmo
umbla, f. alpinus L). M. Aug. Pettit recueille, dans leurs viscères,
un grand nombre de Plathelminthes; on constate qu'ils ont l'estomac
plein d'alevins de diverses espèces.
Le soir, un coup de drague donné du navire rapporte une vase
gluante dans laquelle on récolte un Poisson (Lumpeneus lampetrœ-
formis Walb.), des Vers et quelques Lamellibranches ( Yoldia arclica).
Le faubert, plongé du bord, ramène d'assez nombreux échan-
tillons.
■1 / août. — Nous entrons sans mouiller dans Green Harbour ;
nous sommes frappés de la quantité de neige qui couvre toute la baie
et le rivage jusqu'à la mer. Sur la pente d'une montagne voisine de
la mer, se distingue une immense tache de neige rouge.
Au sortir de l'isfjord, le navire est entouré de Guillemot.? qui sont
accompagnés chacun d'un seul jeune ; ils font entendre un cri parti-
culier comme pour le rappeler et le retenir près d'eux.
12 août. — En entrant dans la baie de la Recherche, le Comman-
dant, sur ma demande, méfait conduire à terre avec M. leD p Couteaud,
par le canot à vapeur, sous le commandement de M. Lancelin. M. Rabot
nous accompagne. Je désire, en suivant méthodiquement la côte par
le bord de la mer, retrouver le célèbre gisement de planles fossiles qui
existe en cet endroit. Il est d'ailleurs facile à reconnaître, soit du ri-
vage, soit de la mer. On le découvre très aisément. Il occupe le milieu
d'une crique * bordée par une falaise de 10 mètres environ, et tranche
par sa couleur plus foncée, sur les terrains qui le limilent à droite et à
gauche. La couche, en effet, est redressée verticalement. Elle est large
1. Une de ces Méduses est figurée dans V Atlas du Voyage de la Recherche
Zoo/or/ie, pi. H, 12. Cette planche porte : Anthozoa Ehr., Add.
1. La position de cette crique a été relevée exactement par les officiers de là
Manche; voy. PI. XII. Voy. également ci-dessus Rapport sommaire, etc., par
le D r Couteaud, p. iôa.
— 215 —
de 100 mètres environ, comprise entre une couche puissante de quar-
tzite qui occupe toute la partie occidentale de la petite baie et une
couche de grès qui en occupe toute la partie orientale.
Au niveau de la couche fossilifère, un petit ruisseau se creuse ac-
tuellement une tranchée. C'est le déversoir du bord occidental extrême
du glacier de Scott. Celui-ci occupe plusieurs vallées, de moins en
moins larges de l'est à l'ouest. La portion du glacier qui occupe la
première vallée à l'est, est le glacier qui descend jusqu'à la mer dans
la baie de la Recherche (glacier de l'Ouest) ; les autres parties, plus
occidentales, n'atteignent pas tout à tait le rivage (Voy. PI. XXI).
C'est au pied de la dernière penle contre laquelle s'appuie l'extrémité
occidentale du glacier, que coule le ruisseau en question et que se
trouvent par conséquent la crique et la couche fossilifère.
Les couches sont inclinées d'environ 4o° au nord-est. Vers l'est de la
crique se voit une énorme faille de 200 mètres environ de largeur,
remplie par un terrain morainique, faille au delà de laquelle les
mêmes terrains se représentent sous une inclinaison moindre.
M. Aug. Pettit n'a pu d'ailleurs établir la succession rigoureuse
des terrains du gisement. Toutefois, en profilant des endroits les
plus favorables, on reconnaît de l'ouest à l'est, la succession des
couches suivantes : i° quartzite ; — 2° roche ligniteuse; — 3° grès
fossilifère ; — 4° grès noirâtre où abondent les fossiles végétaux, re-
présentés par des rameaux, des feuilles et quelques fruits bien conser-
vés (Nissa arclica) ; — 5° grès se présentant en deux bancs séparés
par une couche de la même roche à l'état meuble.
13 août, baie de la Recherche. — Pendant qu'aidé d'une forte
équipe je prélève les verlèbres cervicales d'un des deux sqaelelles de
Balœnoptera Sibbaldii échouées en dehors de la pointe des Rennes
(Voyez; ci-dessus 3 aoûl), le D r CouteaudetM. A. Pettit accompagnent
le Commandant à File aux Eiders 1 où ils recueillent de nombreux fos-
siles, mais assez mal conservés ; leur état toutefois permet de les dé-
terminer. M. Aug. Pettit, grâce à la disposition favorable de l'île,
établit aisément la succession des roches. Elles se présentent en
bancs puissants, inclinés de 20 environ vers le sud, c'est-à-dire vers
la pointeaux Rennes, où l'on relrouve quelques-unes des mêmes for-
mations. Sur le rivage, s'étend une couche de schistes foncés et durs
1. L'île aux Eiders, indicfuée sur la plupart des cartes comme formée d'une
seule terre, est en réalité double : elle se compose de deux Ilots séparés par une
passe étroite.
— 216 —
s'élevant à peine au-dessus du niveau de la mer. Une seconde couche
leur succède, qui présente des masses globuleuses, couvertes de nom-
breuses dépressions hémisphériques; l'aspect de ces nodules rap-
pelle grossièrement l'apparence de certains Échinides fossiles. Ces
deux premières couches n'atteignent pas 3 mètres d'épaisseur. Les
assises supérieures sont constituées d'abord par des pthanites de
nature bréchiforme et ensuite par des bancs de calcaire dur qui for-
ment la partie supérieure de l'île. Ces derniers renferment la même
faune que les calcaires de Skans-bay (Voy. ci-dessus, p. an). Les
Polypiers, toutefois, y sont peut-être plus nombreux. Les fossiles
sont surtout condensés vers les parties supérieures de la couche cal-
caire où ils forment un lit continu.
Le soir, M. Gratzl me signale la présence d'un certain nombre
d'ossements de Cétacés au bord du glacier de l'Ouest. Là, en enet, je
trouve plusieurs squelettes dissociés de Béluga et je recueille plu-
sieurs têtes. Il y a aussi, mais en plus petit nombre, des débris de
Globiceps. Il est difficile de savoir si ces squelettes proviennent d'a-
nimaux échoués en cet endroit, ou tués par des pêcheurs qui les au-
raient exploités à cette place.
16 août. — En mer : position à midi : lat. 7 5° 45' nord, long. n°3i'
est (estime). — Position à 8 heures du soir : lat. 7 5°o3', lon°° t 3° 02 ' •
température de la mer + 6°t. Pendant qu'on prend à cette place'
a peu près par le travers del'ile aux Ours, une observation de tempé-
ratures profondes, une pêche au filet fin est pratiquée. Elle est par-
ticulièrement intéressante. Outre les Tetraspora Poucheti abondants,
elle semble surtout constituée par de grands Chœtoceras boréale
adultes et par leurs débris (Voy. ci-dessus, page 1 79 ) ; on trouve égale-
ment Rhizosolenia, Cemlium tripos du type commun, rares Peridi-
nium divergent, Globigérines. La pêche, malgré de nombreux Copé-
podes et des Tintinnidés, est essentiellement végétale
— 217 —
EXPLICATION DE LA PLANCHE XXII
Fig. i. — Gyrnnodinium Wilczeki Poucliet. Diamètre 80 X 76 p.
Fig. 2. — Sphxrosperma typus Pouchet.
Fig. 3 a. — Sphserosperma evanescens, Pouchet. Diamètre 3o n. — 3 6. Le
même en développement.
Fig. 4 a et 4 b. — Sphserosperma spinosum Pouchet.
Fig. 5. — Sphère muqueuse au sein de laquelle se montre une fronde
de Schizonema groenlanclica Pouchet, aux premières phases de son dé-
veloppement.
Fig. 6. — Sphère muqueuse contenant une chaîne de Diatomées (Rhi-
zosolenia'!) en développement.
Fig. 7. — Autre. Diamètre 20 [i.
Fig. 8. — Autre, de forme ovoïde, vue perpendiculairement aux tours
de spire.
Fig. 9. — Aulre, déformée par pression.
Fig. 10. — Sphère muqueuse avec chaîne de Diatomées (Thalassionema)
dont les individus cellulaires sont bien développés. Diamètre i/j5 \i.
Fig. 11. — Autre, dont la masse muqueuse a subi une légère dilacéràtion.
Fig. 12. — Autre, où les individus cellulaires ne sont bien développés
que vers une extrémité de l'ovoïde. Diamètre transversal 5o n.
Fig. i3 et 14. — Autres où la plupart des individus cellulaires sont avortés.
Fig. i5 a. — Tetraspora Poucheti Hariot. Diamètre 1 millim. — i5 6.
Fragment du même, grossi. Diamètre des individus cellulaires, 7 [i.
XI
LISTE DES POISSONS RECUEILLIS PAR LA MANCHE DANS
L'OCÉAN GLACIAL ARCTIQUE
Communiquée par M. le professeur Vaillant, du Muséum.
Salmo umbla, forma alpinus L.
Gadus morrhua L.
Motella cimbria L.
Ammodytes lobianus L.
Lumpeneus lampelrœform JsWalb .
Cenlronolus gunellus L.
Cyclopterus lumpus L.
Coltus scorpius L., var. groen-
landicus C. V.
Monlée d'Anguille (trois indivi-
dus).
Advent-bay (Spilzberg).
Weslmanhaven (I. Féroë).
Lerwick, ilôt Dressa (Islande).
Westmanhaven (I. Féroë).
Advent-bay (Spilzberg).
Isa-fjord, Lerwich, ilôt Pressa (Is-
lande), Westmanhaven (I. Fé-
roë), Pell-sund (Spilzberg).
Dire-fjord (Islande).
Advent-bay (Spilzberg). Reykia-
wick, Dire-fjord (Islande).
Lerwick, îlot Dressa (Islande).
XII
LISTE DES PLANTES PHANÉROGAMES RECUEILLIES
A JAN MAYEN ET AU SPITZBERG '
Communiquée par M. le professeur Bureau, du Muséum.
Jan Mayen.
Ranunculus glacialis L.
Cochlearia arctica Schlcht.
Ceraslium alpinum L.
Saxifraga rivularis L.
— nivalis L.
■ — csespitosa L.
Spitzeeug
Draba hirta L.
Potenlilla emarginata Pursh.
Saxifraga hieracioides W. Kit.
Cassiope tetragona L.
Polemonium pulchellum Bunge.
Salix reticulala L.
Spitzberg
Papaver nudicaule L.
Draba hirta L.
— oblongata Rob. Br.
Cerastium alpinum L.
Dryas octopelala L.
Saxifraga hieracifolia Waldst.
Kit.
— oppositifolia L.
— czespitosa L.
Saxifraga oppositifolia L.
Polygonum viviparum L.
Oxyria digyna Hill.
Salix herbacea L.
Luzula arcuala Wahl.
(Advent-bay).
Luzula hyperborea Rob. Brown.
Eriophorum Scheuchzeri Hampe.
Carex misandra Bob. Br.
Poa arctica Rob. Br.
Equiselum scirpoides Mich.
(Bell-Sound).
Saxifraga cernua L.
Saxifraga hirculus L.
Pedicularis Œderi Wahl.
Oxyria digyna Hill.
Empetrum nigrutn L.
6'a/ia; retusa L.
— polaris Wahl.
Luzula arcuata Wahl.
Phippsia algida Rob. Br.
i. Les déterminations ont été faites par M. Franchet.
— 220 -
Spitzberg (? T :ans-bay).
Papaver nudicaule L.
Walbergella ap étala Fries.
Saxifraga decipiens Ehrh.
Nardosmia frigida Hook.
Cassiope tetragona Don.
Mertensia maritima Gray.
Oxyria digyna Hill.
Lxizula arcuata Wahl.
— hyperborea Rob. Br.
EriophorumScheuchzeri'Ra.m^Q.
Carex misandra Rob. Br.
Poa arclica Rob. Br.
Equiselum scirpoides Mich.
cm
10 11 12 13 14 15 16 17 11
XIII
NOTE SUR LES ÉCHANTILLONS GÉOLOGIQUES RECUEILLIS
PAR LA MANCHE AU COURS DE SON VOYAGE
Par M. le professeur Stanislas Meunier, du Muséum.
La mission de la Manche dans les mers septentrionales a valu au
Muséum d'histoire naturelle une série d'échanlillons qui se signalent
à la fois par leur nombre et par leur intérêt. Déjà nous possédions
des collections provenant, au moins en partie, des mêmes localités et
sans cloute divers échantillons sont venus répéter des spécimens que
nous avions dans nos tiroirs, mais leur valeur est loin d'en être
diminuée et les travailleurs y trouveront d'importants matériaux à
étudier. On doit féliciter M. le professeur Pouchet et ses collabora-
teurs d'avoir pu trouver, au milieu de leurs multiples occupations, le
temps et, le moyen de faire une récolte aussi abondante.
Aussitôt parvenus au laboratoire de géologie du Muséum les
échantillons ont été déterminés et enregistrés. La reproduction du
catalogue ainsi dressé montrera, mieux que toutes les dissertations, la
valeur des collections que nous signalons. Il suffira d'ajouter quelques
explications complémentaires au sujet des types les plus intéres-
sants.
1. ISLANDE.
N° s i à 10. Tuf volcanique avec nombreuses coquilles sub- fossiles.
Il s'agit d'une roche remarquable à première vue, même pour les
personnes étrangères à la géologie à cause de ses caractères ambigus.
On y voit, en effet, en même temps, un faciès rappelant les roches
volcaniques et des coquilles qui supposent nécessairement une origine
aqueuse. C'est que l'histoire de ces masses est fort compliquée quoique
complètement élucidée par l'observation des phénomènes actuels. L'ac-
— 222 —
tivité volcanique qui s'exerce depuis longtemps en Islande a d'abord
déterminé la sortie au travers du sol de roches tout à fait pyrogènes,
de la nature des laves plus ou moins basaltiques, ou des trachytes plus
ou moins voisins des andésites. Une partie de ces matériaux, comme
il arrive dans toutes les éruptions, a été rejetée du cratère à l'état de
poussière fine, généralement et improprement qualifiée de cendres et
beaucoup de ces cendres ont été se déposer au fond de la mer, soit
qu'elles y aient été précipitées directement de l'atmosphère, soit que les
eaux courantes les aient amenées dans le bassin en ruisselant sur le
sol exondé. Elles se sont mélangées ainsi à des produits dérivant de
la trituration par les vagues de roches plus ou moins massives, égale-
ment d'origine volcanique et qui constituent les falaises sur une bonne
partie des côtes de l'Islande. On conçoit aisément que ces détritus, en
se stratifiant sur le fond de l'océan, s'y soient mélangés avec des ves-
tiges variés parmi lesquels les coquilles des Mollusques occupent le
premier rang. Ces phénomènes successifs, quoique ayant demandé un
temps fort long, sont cependant compris dans la période géologique
tout à fait actuelle et toutes les coquilles empâtées dans le tuf volca-
nique dont il s'agit sont identiques aux espèces qui vivent actuelle-
ment dans la région.
1 i . Vase marine avec coquilles marines. — Cette vase diffère avant
tout du tuf précédent par sa nature essentiellement argileuse. Mais
il est bien probable que l'argile dont elle est formée dérive par une
simple décomposition des matériaux volcaniques eux-mêmes.
12. Eau marine recueillie à Dijra-Fjord le 25 mai 1 892.
i3. Scories volcaniques. Baie de Skaerafjord. — Ces scories re-
présentent les parties superficielles des coulées et parfois des lopins
de matière lancés en l'air encore à l'état fondu ou pâleux. Elles
doivent leur structure vacuolaire au dégagement des bulles de vapeur
d'eau qui, au contraire, a été exprimée par pression des régions
profondes des nappes. Les vacuoles ainsi ménagées dans les roches
volcaniques ont souvent servi de réceptacle à des matériaux qui se
sont constitués peu à peu sous la forme de minéraux définis. C'est
ainsi que les zéolithes, le quartz à divers états, la calcite (spath d'Is-
lande) et d'autres espèces ont pris naissance dans des gisements ana-
logues dont l'âge est suffisamment ancien.
U- Grès argileux. Reykiavtk. — Cette roche e-t avant tout formée
de grains quartzeux cimentés par une argile assez fine.
i5. Grès ferrugineux. Skaerafjord. — C'est une roche qui ne
diffère de la précédente que par son ciment qui admet de l'oxyde de
fer et de la matière organique, végétale et plus ou moins tourbeuse.
— 223
2. ILES FEROÉ.
i6. Vases de Westmanhaven. — Ces vases provenant de 20 et de
3o mètres de profondeur montrent au microscope de très nombreux
grains cristallins associés à une substance amorphe tout à fait argileuse.
11 est facile de rattacher ces grains aux minéraux des roches éruplives
et le pyroxène est spécialement reconnaissable. La portion hydratée
est également loin d'être entièrement amorphe : on en sépare de
petits grains actifs de nature zéolithique.
17. Tourbe de Westmanhaven. — C'est à 44o mètres au-dessus du
niveau de la mer que cette tourbe a été recueillie. Elle est chan-
vreuse, c'est-à-dire, composée de végétaux encore très reconnaissables
et peu altérés.
18. Eau de mer recueillie en vue des îles.
3. ILE JAN MAYEN.
19. Eau de mer prise en vue de l'île.
20. Eau douce de la lagune de Jan May en.
2 1 . Graviers des plages de Jan Mayen. — Ces graviers sont presque
exclusivement formés de débris de roches volcaniques et éruptives.
Le triage permet d'en retirer des échantillons qui se rapportent aux
différents types lilhologiques qui vont être énumérés.
22 à 23. Sables formant le fond du mouillage de la côte Est, dit
du Bois flotté. — Nous rencontrons ici douze échantillons de sables
fins pris en des points différents de la cote orientale de l'île de Jan
Mayen, à 1 kilomètre environ au large et par 20 mètres de profondeur.
Ils sont d'une étude minéralogique très intéressante et permettent
d'assister, pour ainsi dire, au triage si exact que le mouvement des flots
réalise aux dépens des matériaux pulvérulents. Certains d'entre ces
sables sont formés cependant de mélanges très compliqués et je si-
gnalerai tout spécialement le n° 22, dont l'analyse m'a fourni : du fer
oxydulé titanifère, facilement extrait au barreau aimanté, du pyroxène
augife, de l'amphibole en quantité beaucoup moindre, du feldspath
labrador en grains incolores très reconnaissable au microscope, du
sphène, du zircon, du péridot très abondant, delabronzite, de l'apatite.
34 à 39. Scories volcaniques . — Ces numéros concernent des roches
assez variées pour l'apparence : la grosseur du grain, le diamètre des
vacuoles. La couleur aussi est loin d'être toujours la même. Néan-
moins on s'assure aisément qu'il s'agit constamment de la même es-
— 224 —
pèce lithologique. La lame mince représentée PI. XXIII, fig. 1 et
qu'on peut accepter comme une moyenne, montre qu'il s'agit de
scories basaltiques péridotiques.
4o et4i- Scories basaltiques réduites en petits fragments ou en
lamelles superposées. — Il faut signaler spécialement des échantil-
lons de scories basaltiques montrant, avec une éloquence exception-
nelle, l'intensité avec laquelle h froid peut intervenir comme agent
de désagrégation des roches. Ces', si l'on peut dire, lagélivité portée
à son maximum. La fig. 2 montre un gros galet recueilli sur la côte
de Jan Mayen et que M. le professeur Pouchet a eu la bonne inspi-
ration d'entourer de liens, afin d'éviter la dispersion des nombreux
fragments dans lesquels il est réduit. Comme on le voit, ces frag-
ments ont la forme de plaquettes d'épaisseur sensiblement uniforme
et toutes rangées parallèlement les unes aux autres. La direction de ce
clivage particulier ne semble pas déterminée d'une façon évidente par
la structure de la roche. Celle-ci, examinée en lame mince au micros-
cope, se présente comme un magnifique basalte à gros cristaux d'au-
gite, de labrador et d'olivine reliés entre eux par des microlithes
feldspathiques et pyroxéniques avec magnétite et quelques éléments
accessoires.
La structure n'est aucunement schisteuse et si la fluidalilé est évi-
denteelle ne paraît pas avoir déterminé la direction des lignes suivant
lesquelles les divisions se sont produites.
Ce bel échantillon représentera dans nos vitrines l'un des témoi-
gnages les plus nets de l'efficacité du froid au point de vue de la
dénudation. D'autres roches voisines ont été débitées par la gelée en
fragments prismatiques ou bacillaires.
42 à 49. Andésites. — Je réunis ici plusieurs spécimens que leur
étude m'a fait reconnaître comme étant avant tout constituées par de
l'oligoclase associé au pyroxène ou à l'amphibole. La fig. 3 montre ce
que procure l'examen du n° 45 qui consiste en une andésite amphi-
bolifère à grain très fin et douée d'une structure éminemment flui-
dale. Le fer oxydulé est disséminé en granules, en général anguleux;
des débris de grands cristaux péridotiques parfois très corrodés et tout
déchiquetés se voient çà et là.
5o. Labradorile. — Parmi les échantillons basaltiques qui figurent
en grand nombre dans la série de Jan Mayen, on a représenté ici
(fig. 4) un type où le labrador est en grands cristaux associés à de
petits grains d'augite et de fer oxydulé. La figure a été dessinée dans
la lumière polarisée au grossissement de 80 diamètres.
— 225 —
4- Spitzberg.
La mission de la Manche a rapporté du Spitzberg une très nom-
breuse collection qui vient compléter les séries que nous possédions
déjà et parmi lesquelles il est juste de rappeler celle qui fut naguère
réunie par le D r Eugène Robert. La comparaison de ces anciens
échantillons avec les nouveaux est fort intéressante et facilite bien
. des déterminations.
Les localités visitées par M. G. Pouchet et ses collaborateurs sont
la baie de la Recherche, l'île aux Eiders, la pointe aux Rennes, Bell-
Sound, Advent-bay, la baie de la Manche (Skans-bay) et Sauria-Hook.
Les roches qui viennent de ces points différents se rapportent,
comme on le voit, à des horizons géologiques très différents; nous
nous bornons à les mentionner en renvoyant aux travaux publiés
antérieurement par M. Nordenskjold, par le B' Richard de Drasche,
par le D r Nathorst et par beaucoup d'autres pour les considérations
stratigraphiques.
a. Baie de la Recherche.
54. Tronc d'arbre fossilisé. — Cet échantillon trouvé sur la côte
peut-être loin de son gisement d'origine, n'a pas été déterminé bota-
niquement. Il parait provenir d'un Conifère et consiste en carbonate
de chaux.
55. Calcaire lamellaire. — Roche ancienne ou métamorphique
d'un gris assez foncé traversée par des veinules de calcite spathique.
56 à 66. Diverses roches quartzeuses. — Ce sont des grès plus ou
moins altérés et des quartzites. Un des échantillons à ciment ocreux
provient d'une couche associée, paraît-il, à des schistes renfermant
des empreintes végétales que nous n'avons d'ailleurs pas retrouvées
dans la collection.
Plusieurs quartzites renferment des filonets ou des veinules de
quartz blanc plus ou moins laiteux.
b. Ile aux Eiders.
Ici les échantillons ont été pris en place et permettent de recons-
tituer la structure géologique générale des points qui les ont fournis.
68. Schiste à grains fins. — C'est une roche grisâtre qui affleure
au-dessus de la mer et forme la base de l'île.
69. Schiste noduleux. — Ce nouveau schiste est superposé au pré-
cédent.
— 226 —
70. Phtanite. — Roche quartzeuse noire formant une couche
concordante avec les deux précédentes et complétant avec elles un
ensemble de 4 mètres d'épaisseur.
71. Calcaire fossilifère. — Couche de 4 mètres de puissance su-
perposée à l'ensemble qui vient d'être décrit et qui contient de très
nombreux fossiles à faciès évidemment carbonifère. On distingue
spécialement des Brachiopodes (spécialement des Productus) et des
Coralliaires.
c. Pointe aux Bennes.
72 à 76. Roches schisteuses diverses.
77. Calcaire noirâtre fossilifère. — ■ Cette roche renferme des co-
raux qui paraissent devoir la faire considérer comme étant synchro-
nique avec la couche n° 71 de l'île aux Eiders. .
d. Bell-Sound.
Parmi les spécimens qui viennent enrichir les nombreuses séries
que nous avions déjà de cette localité célèbre, il faut mentionner sur-
tout des schistes et des grès qui, sous l'influence du froid, se sont
réd uil s en pol yèdres ou en plaques plus ou moins régulières (ils portent
Iesn os 8oet 81).
82. Vases marines. — Ces vases recueillies en divers points devront
être examinées spécialement.
e. Advent-bay .
Pour la localité d' Advent-bay, les géologues de la Manche nous four-
nissent encore les éléments d'une stratigraphie à peu près complète
et qui, malgré son caractère encore un peu hypothétique, présente un
véritable intérêt.
84 à 87. Lignites pyriteux. — Ces lignites, dont nous possédons
plusieurs échantillons, contiennent des empreintes végétales qui per-
mettent de les attribuer à la période tertiaire.
Ils laissent, sur une plaque de biscuit de porcelaine, une trace
beaucoup moins noire que celle de la houille de Charleroi prise
comme terme de comparaison et présentant le reflet marron caracté-
ristique des lignites.
La densité est égale à i,3i.
J'en ai dégagé 32,21 pour îoo de matières volatiles, et un échan-
— 227 —
tillon, calciné à l'air libre, a laissé 8,! 9 pour ioo de cendres. On en
conclut pour la composition immédiate :
Charbon 45,60
Matière volatile 32, 80
Cendres 8,19
100,00
Cette cendre renferme de la silice et de l'alumine prépondérantes
avec de l'oxyde de fer et de la chaux.
88. Grès fossilifère à ciment marneux. — Les fossiles renfermés
dans ces roches sont marins et manifestent un caractère également
tertiaire. Dans la coupe, difficile à étudier, que présente (a falaise,
le grès est associé aux schistes et à quelques autres roches dont les
explorateurs ont recueilli des fragments épars sur le sol :
89. Grès avec surface frottée.
90. Schiste avec empreintes végétales.
91. Grès avec concrétions nodulaires. — Les nodules dont il s'agit,
sensiblement sphéroïdaux, donnent à la roche un faciès très particu-
lier (%. 5).
92. Nodules du grès précédent. — Ces nodules ont été isolés par
les intempéries et gisent sur le rivage.
93. Calcaire coquillier. — Véritable lumachelle.
g3 bis. Hypérite. — La roche éruptive dont voici un échantillon
présente les analogies les plus intimes avec la véritable norite que
nous allons décrire dans un moment comme provenant de Sauria-
Hook.
f. Skans-bay.
Les roches assez nombreuses qui nous viennent de Skans-bay per-
mettent de reconnaître dans cette région la prédominance des ter-
rains paléozoïques et vraisemblablement du terrain carbonifère.
94 à 96. Calcaire fossilifère. — C'est une roche très compacte et
de couleur foncée qui est remplie de Brachiopodes, à faciès carboni-
fère. Certains échantillons sont pleins de Crinoïdes (fig. 6).
98 à 100. Roches quartzeuses et schisteuses. — Ce sont des grès
et des silex, ces derniers associés visiblement avec du calcaire.
to6. Calcaire dolomitique. — L'intérêt de ce calcaire réside dans
la présence de Bellerophon, non déterminables spécifiquement, mais
dont la présence est suffisamment éloquente.
228
g. Sauria-Hook.
C'est dune manière spéciale que M. Pouchet et ses collaborateurs.
MM. leD'CouteaudetPettit, ont étudié la constitution du sol à Sauria-
Hook, localité peu distante de la précédente. La falaise présente des
assises qu'on peut rapporter évidemment au trias, et qui sont associées
à des nappes éruptives dont l'une forme comme un chapeau à la totalité
de l'ensemble. On sait que M. Nord,enskjold a le premier signalé ce
point si intéressant d'où il a rapporté des restes de Saurien qui lui
ont inspiré le nom imposé maintenant à la localité. M. Lindstrom a
donné la composition de coprolithes qui gisent avec ces ossements
et où l'on ne trouve pas moins de 2.3 pour 100 d'acide phosphorique.
La mission de la Manche ne nous a pas donné de fossiles du même
genre mais en échange elle nous a permis d'introduire dans nos séries
beaucoup de Mollusques très caractéristiques. Les Cératites, lesMonotis
(Daonella), les Posidonomya comptent parmi les mieux conservées.
109. Schiste noir fossilifère. — Ce schiste, à cassure un peu con-
choïdale et où l'analyse chimique indique une forte proportion de
produits bitumineux, est en certains points tout pétri de fossiles. Les
vingt-cinq échantillons dont nous disposons montrent : Ceraliles gem-
minalus Moj., C, Lindstromi, id. de nombreux Brachiopodes, etc.
no. Calcaire compacte noir avec nodules siliceux. — Ce calcaire
est fossilifère et surmonte le schiste précédent.
111. Calcaire schisteux grisâtre fossilifère. — Les plaques de cette
roche qui repose sur le n° 110 sont recouvertes des empreintes bien
caractérisées de Daonella. La fig. 7 indique leur apparence la plus or-
dinaire.
112. Calcaire compacte noir noduleux. —Ce calcaire noduleux est
en stratification concordant sur le précédent dont il se distingue tout
d'abord par les grosses concrétions plus ou moins sphéroïdales dont
il est rempli. On y recueille beaucoup de fossiles : le Cératites Obergi
Moj., de la fig. 8, en est extrait.
1 13. Grès calcaire. — Au-dessus du calcaire précédent se présente
ce grès qui est ordinairement entremêlé de schistes.
114. Norite. — Enfin tout l'ensemble des roches de Sauria-Hook
est couronné par une nappe de roche éruptive qui présente au mi-
croscope une apparence reproduite par la fig. 9 . Les minéraux pré-
dominant sont l'anorthite en gros prismes mâclés et 1 hypersthène en
lames très larges remplies d'inclusions variées. Avec un volume
moindre, se présentent le pyroxène, le mica noir, l'apatite et quelques
autres minéraux très rares.
— 229 —
En résumé, on voit par les quelques détails qui précèdent que la
mission de la Manche, bien qu'elle n'ait eu en vue la géologie que d'une
manière tout à fait accessoire, a procuré aux collections géologiques
du Muséum une nombreuse série de très précieux échantillons. Nous
devons, à cet égard, de très vifs remerciements à M. le professeur Pou-
cbet et à ses zélés collaborateurs.
EXPLICATION DE LA PLANCHE XXIII
Fig. i. — Scorie volcanique de Jan Mayen. Lame mince vue au micros-
cope et montrant de grands cristaux incomplets de feldspath labrador,
de péridot et de pyroxène, noyés dans une masse générale où abondent
les granules de fer oxydulé et les microlithes feldspathiques. Grossis-
sement : 80 diamètres.
Fig. 2. — Galet de roche scoriacée débitée par le froid en plaquettes
sensiblement parallèles les unes aux autres. Côte de Jan Mayen. 1/4 de
la dimension naturelle.
Fig. 3. — Andésite amphibolifère de Jan Mayen. Lame mince vue au mi-
croscope et montrant de grands cristaux incolores de feldspath oligo-
clase associés à des grains plus petits d'amphibole hornblende et, de
pyroxène augite et à de très nombreux grains de maguétite. Grossis-
sement : 80 diamètres.
Fig. 4. — Labradorite de Jan Mayen. Lame mince, vue au microscope
entre les niçois croisés. On y voit de grands cristaux de labrador nia-
clés associés à l'augite et à la magnétite. Grossissement : 80 diamètres.
Fig. 5. — Grès à concrétions sphéroïdales d'Advent-bay. 1/4 de la gran-
deur naturelle.
Fig. G. — Calcaire paléozoïque et probablement carbonifère de Skans-
bay. On y reconnaît surtout de nombreux Brachiopodes et des Cri-
noïdes. i/3 de la grandeur naturelle.
Fig. 7. — Calcaire schisteux grisâtre à empreintes nombreuses de Dao-
nella de Sauria-Hook. 1/2 grandeur naturelle.
Fig. 8. — Empreinte de Ceralites Obergi Moj. dans un calcaire noir de
Sauria-Hook. 1/2 grandeur naturelle.
Fig. 9. — Norite en nappe étalée sur l'ensemble des roches de Sauria-
Hook. Lame mince vue au microscope entre les niçois croisés où l'on
reconnaît surtout de grands prismes d'anorthite maclés et de larges
lames d'hypersthène riches en inclusions. Grossissement de 80 dia-
mètres.
XIV
CATALOGUE DES OISEAUX
OBTENUS PAR LA MISSION DE LA MANCHE
EN ISLANDE, AUX FÉROË, A L'ILE JAN MAYEN
ET AU SPITZBERG
Par M. E. Oustalet.
La Mission française a rapporté, des diverses localités qu'elle a eu
l'occasion de visiter, une collection comprenant une quarantaine
d'Oiseaux, plusieurs nids et un certain nombre d'œufs. Cetle collec-
tion a été remise au Muséum, et j'ai immédiatement dressé le catalo-
gue des objets qu'elle renfermait et dont quelques-uns figurent déjà
dans les Galeries d'ornithologie. C'est ce catalogue que je transcris
ci-après, en l'accompagnant de quelques observations relatives à la
distribution géographique des espèces et aux époques de leurs cap-
tures dans les mêmes parages, mentionnées soit dans Y Histoire des
Oiseaux d'Europe de H. E. Dresser ', soit dans le Mémoire que M. le
D r F. Fischer et M. A. von Pelzeln ont publié en 1 886, sur les Oiseaux
et les Mammifères de l'île Jan Moyen, rapportés par l'Expédition
autrichienne *.
1. Halisetus albicilla L.
Un œuf, recueilli en Islande.
Le Pygargue ordinaire, qui est répandu sur toute la région paléarc-
tique, avait déjà été signalé en Islande où il est sédentaire, ainsi
qu'aux îles Féroë et au Groenland, où il se reproduit régulièrement.
i. A Ilistory of the Birds of Europe (1871-1881}.
2. Die internationale Polarforschung (1882-1883). Die ôsterreichische Polar-
station Jan Mat/en, ausgerustet durch S. E. Graf Bans Wilczek, geleitet vorn
le. k. Corvetlen-Capilân Emil Edlen von Wohtgemulh. — Vogelund Siiugelhiere
von Jan Mayen gesammelt von D' F. Fischer, bearbeilet von D* F. Fischer und
August von Pelzeln, 1886.
— 231 —
2. Cypselus apus L.
Un individu pris à bord de la Manche, en vue des Féroë, le
28 juin 1892.
Le Martinet noir paraît être très rare aux Féroë, où il n'avait été
renconlré précédemment que deux fois, d'après Dresser l , savoir le
i er juin 1849 e t le 21 juin 1864 à Westmanshavn. Il n'a pas été signalé
a 1 île Jan Mayen, mais il a été observé en Laponie, dans le voisinage
du lac Enara, sous le 69° degré de latitude nord.
3. Anthus trivialis L.
Un individu tué en mer le 16 mai 1892 pendant la navigation dans
la mer d'Islande.
Le Pipit des arbres {Anthus trivialis L. ou A. arboreus Becbst.) a
été observé sous de très hautes latitudes. M. Collett cite un Oiseau
de cetle espèce qui a été capturé à Tromsœ et le D r Fischer en a
pris deux autres individus dans les premiers jours de juin, sur l'île
Jan Mayen.
4- Saxicola œnanthe L.
Un spécimen provenant de l'île Jan Mayen, où le Saxicola œnanthe
a déjà été observé par le D r Fischer. D'après ce naturaliste, les Tra-
quets motteux commencent à arriver dans l'île dans les premiers
jours de mai et y deviennent bienlôt assez nombreux. Pendant les
mois de mai et de juin on les voit errer isolément sur les rivages, à
marée basse, au milieu des Pluviers et chercher les patits Crustacés
abandonnés par le flot. L'espèce est très commune et niche dans
l'archipel des Féroë et a été rencontrée par sir J. Ross au Groenland
sous le 70 e degré de latitude nord 2 . M. le professeur Pouchel avait
déjà remis au Muséum, en 1881, un Traquet motleux tué à Vadsœ,
sur les bords du Varanger Fjord, le 21 juin.
Gomme le font observer avec raison MM. Fischer et von Pelzeln 3 ,
le Saxicola œnanthe appartient donc à la faune des régions boréales,
où il se reproduit régulièrement, et il se rencontre normalement à
l'île Jan Mayen ; mais on ne peut en dire autant du Turdus pilaris,
du Turdus musicus, de la Motacilla alba et de Y Anthus aquaticus
dont la présence accidentelle sur File Jan Mayen ne peut s'expliquer
qu'en admettant que ces Oiseaux ont été jetés hors de leur route par
des coups de vent, alors qu'ils gagnaient la Scandinavie et l'Islande.
MM. Fischer et von Pelzeln rappellent toutefois qu'on a signalé la
présence d'une Grive à Jan Mayen le 23 décembre !
1. A History of the Birds of Europe, t. IV, p. 5a5.
2. Dresser, op. cit., t. II, p. 192.
3. Op. cit., p. 109.
— 232 —
4- Charadrius minor Wolf et Mey.
Deux individus tués à Patrix Fjord (Islande), le 5 juin 1892.
D'après M. H. Seebohm 1 , l'espèce remonte plus haut encore, jusque
sous le 6o° degré de latitude nord.
5. Tringa maritima Brùnnich.
Un spécimen conservé dans l'alcool et provenant du Spitzberg.
Le Bécasseau maritime visite en été le nord du Groenland, le
Spitzberg et la Nouvelle-Zemble et séjourne durant loute l'année
en Islande et dans le sud du Groenland \ A l'île Jan Mayen, d'après
le docteur Fischer, les premiers émigrants de celte espèce passent au
printemps à la un de mai et au commencement de juin, et en automne
à la fin d'août et au commencement de septembre 3 .
G. Bxmatopus ostralegus L.
Deux individus tués à Westmanshavn (Féroë) le 2 juillet 1892.
L'Huîtrier vulgaire est sédentaire aux îles Féroë, comme en Is-
lande, et pousse ses migrations jusqu'au Groenland; mais il n'a pas
été signalé jusqu'à présent sur l'île Jan Mayen.
7. Larus glaucus Fabr.
Deux spécimens tués le 6 août 1892 à S'kans-bay (Spilzberg).
Le D r Fischer avait déjà observé une vingtaine de paires de Goé-
lands bourgmestres nichant sur l'île Jan Mayen, au mois de juin et
de juillet, et avait capturé un assez grand nombre de ces oiseaux
d'âges différents «. Il est certain que l'espèce demeure pendant tout
l'hiver dans ces parages, de même qu'en Islande et au Groenland.
8. Pagoplula ebumea Ph.
Deux individus, tués dans la baie de la Recherche, au Spitzberg.
Les Pagoplula ebumea nichent dans ces parages, de même qu'au
Groenland, mais d'après le D' Fischer» elles ne se reproduisent point
sur 1 île Jan Mayen, quoique l'on voie, dès les premiers jours de mai,
quelques-unes de ces Mouettes, au plumage d'un blanc d'ivoire, vo-
lant autour de l'île, par couples ou isolément.
9. Rissa tridactyla L.
Trois spécimens, tués au Spitzberg.
Les Mouettes tridactyles nichent dans les parties basses de l'île Jan
Mayen». On les rencontre aussi en grand nombre dans les environs
1. Thegeographical Distribution, ofthe family Charadrildx, ,88
■2. H. beebonm, op. cit., p. 40g.
3. Fischer et von Pclzeln, op. cit., p. u 5.
4. Fischer et von Pclzeln, op. cil., - v . 1-22.
5. Op. cit., p. i_>3.
6. Fischer et von Pelzeln, op. cit., p. i 2 3.
p. i'i2.
— 233
de Tromsœ et dans les fjords des côtes septentrionales de la Scandi-
navie. M. Pouchet avait déjà remis au Muséum, en 1881, deux indi-
vidus de cette espèce, tués l'un à Hammerfest, l'autre à Suerolklubben
(Norvège).
îo. Slerna macrura Naum.
Deux spécimens venant d'Islande, où ils ont été tués dans le Patrix
Fjord, le 10 juin 1892.
Un individu, tué à Nesseby (Laponie norvégienne) au mois de
juillet, avait déjà été donné au Muséum par M. Pouchet, en 1881. La
Slerna macrura est d'ailleurs une des espèces caractéristiques de la
faune arctique.
11. Procellaria (Thalassœca) glacialis L.
Quatre spécimens en peau et un spécimen dans l'alcool, venant de
Jan May en.
De nombreux Pétrels de cette espèce avaient déjà été observés par
M. le D r Fischer soit pendant la traversée de Norvège à Jan Mayen,
soit sur File même, où ils nichent et d'où ils ne s'éloignent pas. même
en hiver 1 .
12. Mergus serrator L.
Un individu tué à Reykiavik (Islande), le 19 juin 1892.
Le Harle huppé niche en Islande et au Groenland et visite la Nou-
velle-Zemble, mais n'a pas encore été signalé sur File Jan Mayen.
i3. Somateria mollissima L.
Deux spécimens mâle et femelle, tués dans le Bell Sund (Spitzberg),
le 12 août 1892 (n° 902); quatre nids et quelques œufs obtenus sur
les petites îles du Bell Sund.
L'Eider ordinaire se reproduit régulièrement au Spitzberg, à la
Nouvelle-Zemble, sur File Jan Mayen et au Groenland, et est séden-
taire en Islande.
i4- Urria arra Pall.
Trois individus et quelques œufs venant d'Islande.
Le Guillemot arra ou de Brùnnich niche aussi en juin et juillet
sur File Jan Mayen, ainsi qu'au Spitzberg, à la Nouvelle-Zemble et
au Groenland.
i5. Uria grylle L.
Deux spécimens tués l'un dans le Patrix Fjord (Islande), le 10 juin
1892 (n° 401), l'autre dans le Bell Sund (Spitzberg), le 12 août 1892
(n° io36); un troisième individu sans indication précise de localité,
mais venant probablement de Jan Mayen.
1. Fischer et von Pelzeln, op. cit., p. 120.
— 234 —
Le Guillemot à miroir se reproduit régulièrement à Jan Mayen, en
Islande, au Spitzberg et au Groenland et visite la Nouvelle-Zemble.
16. Mergulus aile L.
Quatre individus tués sur l'île Jan Mayen.
Le Mergule nain est très commun dans cette ile, où il niche de mai
à juillet dans les crevasses des rochers des montagnes à oiseaux. Il
se reproduit au Groenland et au Spitzberg, visite la Nouvelle-Zemble
et séjourne durant toute l'année en Islande 1 .
17. Alca tarda L.
Un individu tué dans le Patrix Fjord (Islande), le 9 juin 1892 (n° 3g3).
Le Pingouin ordinaire est commun en Islande et s'y reproduit ré-
gulièrement, de même qu'au Groenland ; il manque à Jan Mayen et
au Spitzberg.
t8. Fratercula arcticavar. glacialis Leach.
Un individu tué le 5 août 1982 dans la baie de l'Avent (Advent-
bay) au Spitzberg. D'après le D r Fischer*, les Macareux arctiques de
la variété glacialis séjournent à Jan Mayen de mai à septembre et s'y
reproduisent, de même qu'au Spitzberg et au Groenland. On les ren-
contre aussi à la Nouvelle-Zemble.
Ces Oiseaux ont été préparés par M. Pettit, attaché à l'expédition
de la Manche, et M. le D r Couteaud, médecin de la marine, a bien
voulu me fournir à leur sujet quelques indications.
1. Fischer et von Pelzeln, op. cit., p. 119 et 127.
a. Op. cit., p. 120 et 127.
XV
NOTE SUR LES COLLECTIONS CRYPTOGAMIQUES
RAPPORTÉES PAR LA MANCHE
Par M. Hariot, préparateur au Muséum.
I. — Islande et îles Faroer
M. le D P Couteaud, médecin de la marine, a profité du séjour de
la Manche sur les côtes d'Islande et aux Faroer, pendant les mois de
mai et juin 1892, pour y récolter quelques Algues marines, dont la dé-
termination ma été confiée. Les espèces et variétés recueillies sont
au nombre de quarante-trois et ne renferment qu'une seule plante
nouvelle pour la région, YElachista lubrica Rupr., qui paraît y être
commune.
Les travaux antérieurs, relatifs à l'algologie marine de l'Islande,
sont résumés dans un mémoire de M. Strômfelt, paru en 1886, sous
le titre de : Orn Algvegetationen vid Islands Kuster. Un index bi-
bliographique renferme la liste de toutes les données relatives à cette
branche de la cryptogamie islandaise.
ALGUES
A. Chlorophyllacex.
Ulva Lactuca L., Sp., II, p. n63. — Reykiawik.
Cladophora (Spongomorpha) arcta (Dillw.), Kutz. Phycol. germ.,
p. 263. — Skutula- fjord.
Ostreobium Queketti Bornet et Flah. Sur quelques plantes vivant
dans le test calcaire des Mollusques, p. i5, pi. IX, f. 5-8. — Dans
des coquilles de Mytilus.
Phœocystis Poucheti (Hariot). De Lagerheim, Botaniska Notiser,
— 236 —
I, p. 3a, 189.3. Syn. : Tetraspora Poucheti Har., Comptes rendus de
la Soc. de bwlogie, 1892, n" 2, p. 36. - Fàroer : Thorshaven (G.
Pouchet, 1890).
B. Phœophycese.
Ascopkyllum nodosum (L.). Le Jolis, Alg. mar. de Cherbourg.
Surface de k mer à 26 milles au sud de Dyra-fjord.
Wmam/udia lorea (L.). Lyngb., Hydr. dan., p. 36. - Iles Fàroer.
fiucus vesiculosus L., Spec. plant., p. n58. -f. typica. Strôm-
felt, Om Algvegetationen vid Islands Kuster, p. 34.
Surface de la mer à 25 milles au sud de Dyra-fjord.
f. sphœrocarpa J. Ag., Grônl. Lamin. och. Fucac., p. 29. -Sans
indication de localité.
Fucus evanescens Ag., Sp. Alg., p. 92. - Onundar-fjord: Fâroer :
Thorshaven.
Fucus edentatus De la Pylaie, FI. de Terre-Neuve, n° 3 2 4 -
Dyra-fjord.
Alaria esculenta (L.). Grev., Alg. brit., p. 2 5. - Fâroer : Thor-
shaven.
Laminaria saccharina (L.). Lamour., Essai, j>. 22. -f. latissima.,
Kjellm., TV. hh. Alg. /?., p. 287.
H existe, dans l'herbier du Muséum, un spécimen étiqueté par
M. Rostafinsk, : <c race borealis ». Il présente une très lar-e fronde
et porte la mention suivante : « Misit ex insula Mandica cornes de
Mollke prsetor regalis j 820. »
Elachista fucicola (Velley). Areschoug, Alg. Pugillus, I, p. 2 35.
— Sur les Fucus vesiculosus et evanescens. — Dyra-fjord; Onundar-
fjord ; Fàroer : Thorshaven.
Elachista lubrica Rupr., Alg. Ochot., p. 388. - Reykiawik ■
sur Halosacaon ramentaceum. Pas encore indiqué en Islande
Desmarestia aculeata (L.). Lam., Essai, p. 2 5. - Dvra-fjord-
Skutula-fjord; Patrix-fjord; Reykiawik.
Dichloria viridis (Mùll.). Grev., Alg. brit., p. 3 9 . - Dyra-fjord-
Fâroer : Westmanhaven. '
Eclocarpus sdiculosus Dillw. (sub Conferva). Brit Conf. p 60
(p. p. ex Kuckuck). -f. typica Kuckuck, Beitrœge z. 'jïenntmssein.
Ectocarpeen-Arten, etc., p. l5 . - Sans localité. - Sporanges uni-
loculaires et pluriloculaires sur le même individu. Les premiers
sont longs de 60 j, sur 32 de largeur; les seconds, quelquefois pro-
longes en un poil, longs de iao pi sur 2 5 jx de largeur.
— 237 —
Pylaiella littoralis (L.). Kjellman, Skand. Ed. och Tilopt., p. 99.
— Subsp. (3. firma Kuckuçk, loc. cit., p. 9. — Sur Fucus edentatus.
C. Floridex.
Chondrus crispus (L.). Lyngb., Uydrophyt. dan., p. i5. — Faroer:
Thorshaven.
Gigartina mamillosa (Good. et Woodw.). J. Ag., Alg. médit.
p. 104. — Reykiawik.
Ahnfeltia plicata (Huds.). Fries, Fi. scan , p. 3io.
Callophyllis laciniata (Huds.). Kiitz., Sp. Alg., p. 744. — Faroer :
Thorshaven; Westmanhaven.
Eulhora cristala (L.). J. Agardh, Alg. Liebm , p. 12. — Faroer :
Westmanhaven.
RhodophyUis dichotoma (Lepetchin). Gobi, Algenpl. Weisses Meer,
p. 35. — Skutula-fjord.
Rhodymenia palmata (L.). Grev., Alg. brit., p. 9 3.
f. :' typica Kjellman, Algse ofthe Arclic sea, p. i4 7 .
— a nuda Kjellm., loc. cit., Skutula-fjord.
— 3 marginifera. Harv. , Phyc. brit., t. 217; Patrix-
fjord.
Plocamium coccineum (Huds.). Lyngb., Hydroph. dan., p. 3 9 . —
Faroer : Westmanhaven; Thorshaven.
Delesseria sinuosa (Good. et Woodw.). Lam., Essai p. 36.
Skutula-fjord; Faroer : Westmanhaven.
D. sanguinea (L.). Lamrx. , Essai, p. 1 24. —Faroer : Westmanhaven.
— forme à fronde étroite {baltica) : Faroer.
D. ruscifolia (Turn.) Lamrx., Essai, p. 36. — Faroer.
Rhodomela lycopodioides (L.). Ag., Sp. Alg., p. 367.
— f. Cladostephus (J. Ag.) Kjellm., Spets. Thall., I, p. 8.
Odonthalia dentala (L.). Lyngb., Hydroph. dan., p. 9. — Sku-
tula-fjord; Faroer : Westmanhaven; Thorshaven.
Polysiphonia fastigiata (Roth). Grev.,//. Edin., p. 3o8. — Rey-
kiawik.
Polysiphonia urceolata (Lighft.). Grev., FI. Edin., p. 309.
f.patens (Dillw.). J. Ag., Spec. Alg., II, p. 97 o. —
Faroer : Westmanhaven.
— f. roseola Ag. (J. Ag.), Sp. Alg., p. 970 . — Sku-
tula-fjord.
Ptilota pectinala (Gunn.) Kjellm., Alg. ofthe Arctic sea, p. 174.
— f. typica Kjellm., id. — Faroer : Thorshaven.
10 11 12 13 14 15 16 17 1S
— 238 —
Ceramium rubrum (Huds.), Ag., Disposit. Alg., p. 16. — Rey-
kiawik : quelques fragments en mauvais éfat.
Melobesia macrocarpa Rosanoff, Melob., p. 74. — Sur un stipe
de Laminaria. — Échantillon sans fructification et par suite de dé-
termination incertaine.
Lithothamnion soriferum ' Kjellm., TV. hh, Alg. fl., p. 17. —
Patrix-fjord. — Échantillons en tous points semblables à des spéci-
mens de même provenance vérifiés par M. Kjellman.
L. circumscriptum Sfrômfelt, Om Algvegetationem vid Islands
Kusler, p. 20. - Fâroer : Thorshaven. - Sur un galet. — Cette
Algue que nous rapportons au L. circumscriptum présente en petit
les caractères du L. polymorphum.
Corallina officinale L., Fauna suecica, p. 53g. — Sous la forme
typique. — Des échantillons de Reykiawik constituent une forme à
articles élargis et plus courts, ayant quelques rapports extérieurs avec
un Amphiroa. C'est le Corallina Rosarium Lamrx. qui paraît spé-
cial aux mers du nord de l'Europe.
Balosaccion ramentaceum (L.). J. Ag., Sp. Alg., II, p. 358.
— f. ramosa Kjellm., loc. cit., p. i54. — Reykiawik.
Obs. — Il faudrait encore ajouter à cette liste un Antithamnion en
mauvais état, croissant sur des tiges de Laminaires et un Acrochœtium
voisin de VA. secundatum mais en fragments insuffisants pour en
permettre la détermination rigoureuse.
II. — Ile Jan-Mayen
La végétation de Jan-Mayen n'a été que rarement étudiée jusqu'à
ce jour. L'abord de cette île est loin d'être toujours facile, aussi les
moindres matériaux qui en proviennent sont-ils toujours intéressants.
La mission de la Manche a passé les journées des 27 et 28 juillet
sur Jan-Mayen. M. le professeur Pouchet, M. le docteur Couteaud,
médecin de la marine, et M. Pettit, licencié es sciences, adjoint comme
préparateur, ont bien voulu recueillir des Cryptogames dans la baie
Mary-Muss au nord et celle de Bois-flotté au sud où la Manche avait
mouillé.
1. M. Pettit a récolté à Tromsoë une très jolie forme du L. soriferum qui me
parait répondre à la f. divaricala Foslie, Marine Algœ of Norway, II, p. 6.
' _ 239 —
En i883, l'expédition polaire autrichienne du Pola avait récolté
douze Algues, cinq Champignons, quinze Lichens et sept Mousses.
Les Algues sont représentées dans celte collection par les espèces
suivantes : Zygnema affine, Pylaiella litoralis, Larninaria Agardhii
et digitata, Desmarestia aculeata, Fucus evanescens v. bursigera et
nana, Ascophyllum nodosum, Ptilota serrata, Delesseria Baerii et
sinuosa, Polysiphonia arctica; les Champignons par : Agaricus
Hgpni, fastibilis, umbelli férus , atratus; les Lichens par : Lecidea
dilabens, Solorina crocea, Caloplaca elegans, Gyrophora cylindrica,
Cetraria hiascens et islandica, Cladonia pyxidata, gracllis (macro-
ceras), uncialis et rangiferina; Stereocaulon paschale et denuda-
lum, Alectoria nigricans et ochroleuca (circinata), Parmelia lanata;
les Mousses par : Polylrichum juniperinum, Grimmia apocarpa,
Rhacomitrium lanuginosum, Tetraplodon mnioides (compactus),
Hypnum uncinatum et sarmentosum, Bryum pseudolriquetrum.
Les récoltes faites pendant le séjour de la Manche à Jan-Mayen
comprennent vingt-deux espèces dont un Champignon, trois Lichens,
treize Algues et cinq Mousses. Sur ce nombre les trois Lichens sont
nouveaux pour ce pays ainsi que les Mousses et six Algues qui sont :
Conferva sp., Schizogonium crispum, Vaucheria hamata, Ostreo-
bium Queketti, Phœocystis Poucheti et Alaria grandifolia.
CHAMPIGNONS
Galera Hypnorum (Batsch). Fries, Syst. mycol., I, p. 267.
LICHENS 1
Stereocaulon denudalum v. pulvinatum Schœr. (St. pulvinatum
Lecidea geographica f. urceolata Schser.
L. chionophila f. decolorala Wainio.
ALGUES
Schizogonium crispum (Lightf.). Gay Rech. sur le dével. et la
class. de quelques Algues vertes, p. 86. — . A Jan-Mayen cette petite
Algue se présente sous les trois formes qu'elle est susceptible de
îevêtir : filaments unisériés, bandelettes (teniaé) plurisériées, lames
Jilus ou moins larges et orbiculaires. Les échantillons que nous avons
1. Les Lichens ont été déterminés par M. l'abbé Hue et les Mousses par
M. Bescherelle.
— 240 — »
eu occasion d'étudier rappellent à s'y méprendre ceux qui ont été
figurés par M. Imhauser dans le Flora (cf. Flora, 1889. P- 287, t. X
et XI, f. 16 a). — A Jan-Mayen sur des roches désagrégées très hu-
mides, aux bords d'un petit torrent d'eau douce provenant de la fonte
des neiges, n° 484-
Conferoa quelques filaments indéterminables : lagune du Nord.
Vaucheria hamala (Vauch.). Lyngb., Hydrophyl., p. 77, t. XX, f.
G. Avec le Schizogonium.
Ostreobium Queketli Bornet et Flahault, Sur quelques plantes vi-
vant dans le test calcaire des Mollusques, p. i5, t. IX, f. 5-8. —
Dans le test d'une coquille.
Phœocystis Poucheti (Hariot). De Lagerheim, Botaniska Notiser,
189.3. M. Pettit a eu l'obligeance de relever les points où cette curieuse
espèce a été observée au cours du voyage de la Manche. On la ren-
contre au voisinage de Jan-Mayen par 70° 2o'lat.et5°3o'long. ouest,
ainsi qu'au mouillage de Mary-Muss où elle abonde par 73° i.3' lat. et
6° 44' long. est.
Laminaria maxima (Gunner). Rostafinski in herb. Mus. Par. ! (L.
Agardhii Kjellman).
L. digitata (L.). Edm. FI. Schetl, p. 54. — f. stenophylla Grev.,
Phycol. Brit., t. 338 {L. stenophylla J. Ag.).
f. complanata. Kjellman, Kariskaafvels Algvegetation, p. 26, t. I,
f. 14-18; forme très curieuse dont le stipe arrondi à la base s'aplatit
de plus en plus et devient foliacé dans le voisinage de la lame.
Alaria grandifolia J. Agardh, Grônl. Lamin. och Fucac, p. 26.
Plante en mauvais état à fronde tronquée mais dont les pinnules ca-
ractéristiques et la longueur du stipe ne permettent pas de révoquer
en doute l'exacte détermination. Elle rappelle d'ailleurs exactement
un spécimen de l'herbier Bornet communiqué par M. Kjellman. Le
genre Alaria n'avait, pas été indiqué à Jan-Mayen.
Belesseria sinuosa (Good. et Woodw.). Lam., Essai, p. 134. —
f. typica Foslie, Marine Algse of Norivay, p. 22.
D. Baerii Rupr., Alg. ochot., p. 239.
Ptilota peclinata (Gtinn.). Kjellm., N. Ish. Alg. fl., p. 2 i 9 .
f. typ ica Foslie, loc. cit., p. 42.
Polysiphonia arctica J. Agardh, Sp. Alg., II, p. 10
MOUSSES
Rhacomitrium fasciculare (Schrad.), Brid.
Rh. canescens f. ericoides Br. etSch.
Bryum pallescens x contextumt Schimper.
34-
— 241 —
Échantillons stériles qui pourraient peut-être appartenir à B. pur
purascens.
Aulacomnium turgidum (Wahl.) Schw.
Bartramia ilhyphylla, v. (3 rigidula Schimp.
III.
Spitzberg.
Les matériaux relatifs à la flore cryptogamique du Spitzberg ont
été recueillis par M. le professeur Pouchet, M. le D r Gouteaud, mé-
decin de la marine, et M. Pettit, licencié es sciences, adjoint comme
préparateur à la mission de la Manche. Les récoltes ont eu lieu du
i er au 16 août.
La flore cryptogamique du Spitzberg est actuellement la mieux
connue des flores arctiques, particulièrement en ce qui concerne les
Algues marines. Pour plus de détails au sujet de ces dernières plan-
tes, nous ne pouvons que renvoyer au bel ouvrage de M. le professeur
Kjellman, le botaniste de la Vega : The Algse of the arctic Sea (Stock-
holm, i883-i885).
Les Algues qui nous ont été communiquées pour être déterminées
sont au nombre de trente-quatre, dont neuf d'eau douce et vingt-
cinq marines. Treize d'entre elles sont nouvelles pour le Spitzberg.
Nous avons trouvé en outre dans cette collection : quatre Champi-
gnons, quarante-deux Lichens et vingt et une Mousses.
CHAMPIGNONS
Nolanea pascua Fries, Syst, mycolog., I, p. 204. — Bell-Sound.
Cortinarius (indéterminable). — Même localité.
Psalliota campestris (L.). Fries, Hymenomyc. europ. p., 279.
Lycoperdon echinatum Pers., Syst., p. 147. — Advent-bay; Bell-
Sound.
LICHENS
Déterminés par M. l'abbé Hue.
Plerygium asperellum Nyl., Lich. Scand., p. i5 et apud Hue,
Lich. exot., p. 19. — Collema asperellum Ach. — 1 hecothecium
asperellum Th. Fr., Lich. arct., p. 286. — Sur un caillou roulé et
sur les roches ; stérile.
16
— 242 —
Collema polycarpon Nyl. ; C. multifidum, var. polycarpon
Scbser.; C.melsenum, var. polycarpon. Th. Fr., Lich. arct., p. 277.
— Sur les schistes.
La gélatine du lhalle rougit par l'iode ; les apothécies sont nom-
breuses, maïs sans spores.
Collema ceraniscum Nyl. apud Hue, Addend. Lichenogr. europ.,
p. *5; C. ceranoides Mudd, Man. brit. Lich., p. 41. _ Sur les
schistes.
La gélatine du thalle rougit également par l'iode ; les thèques con-
tiennent chacune quatre spores mal formées.
Slereocaulon alpinum Laur. — Sur la terre et le plus souvent
mêlé au Platysma nivale (L.) ; stérile.
Slereocaulon pulvinatum Schœr. — Sur les rochers; stérile.
Cladoniapyxidata, î. simplex Hoffm., Th. Fr., Lich. spitsberg.,
p. 28 '. — Sur la terre et les vieux bois; thalle sans apothécies et
seulement spermogonifère.
Cladonia ecmocyna Ach. - Sur la terre, au milieu des Mousses;
stérile.
Podétions courts, ou simples et subulés, ou rameux-divisés, por-
tant quelquefois de petites squamules qui jaunissent, ainsi que les
podétions sous l'action delà potasse. M. Th. Fries, Lich. spitsberg.,
p. 29, regarde cette espèce, comme n'appartenant pas au Spitzberg.
Clad'ma sylvalica Nyl. — Sur la terre ; stérile.
Cetraria crispa Ach. ; C. islandica var. crispa Th. Fr., Lich.
spitsberg., p. ib. — Sur la terre au milieu du Platysma nivale (L.);
stérile.
Cetraria Delisei (Bory) Nyl., Th. Fr., Lich. spitsberg., p. 1 1. — Sur
la terre ; stérile. — La réaction de la médulle produite par le chlorure
de chaux est faible ; elle devient plus évidente, si on emploie d'abord
la potasse.
Alectoria nigricans Nyl., Stizenb., Die Alectorienart . , p. .21 et
Th. Fr., Lich. spitsberg., p. 10. — Sur la terreau milieu du Pla-
tysma nivale (L.); stérile. - Le thalle, dans ses parties décolorées,
1. Cet ouvrage, lichenes spitsbergemes, determinavit Th. M. Pries, Stockholm,
t86 7 , n'est cité que quand la localité de Bell-Sound y est indiquée. Les espèces
rapportées par la mission de la Manche et qui n'avaient pas encore été ob-
servées dans le Spitzberg, sont les suivantes : Lecanora argopholis Ach.,'£.
mbdepresm Nyl. et L. fuscala Nyl.; Pertusaria bryonlha Nyl. ; hecidea pauper-
culaTh. Fr., L. parapetrœa Nyl., L. eupetrœa Nyl., L. roridula Nyl., et les
formes expallens Th. Fr. du Lecidea aglsea et nuda (Th. Fr.) du Verrucaria in-
tereedens.
— 243 —
jaunit par la potasse, et la médulle rougit, si après la potasse on
emploie le chlorure de chaux. Cette réaction rouge est même appa-
rente sur le cortex, par transparence, si après l'avoir imbibé de
potasse, on y ajoute une goutte de chlorure de chaux.
Alectoria chalybeiformis (L.) Ach. ; A. prùlixa var. chalybeiformis
Wainio, Stizenb., Die Alectorienart., p. 129. — Bryopogon juba-
lus, var. chalybeiformis, Th. Fr., Lich. arct., p. 26. — Sur un caillou
roulé ; stérile.
Platysma nivale (L.). Nyl. — Cetraria nivalis Th. Fr., Lich.
spitsberg., p. 11. — Sur la terre ; stérile. — Thalle bien développé,
parfois élargi, portant des spermogonies. Tous les auteurs regardent
cette espèce comme insensible à l'action de la potasse et du chlorure
de chaux. Cependant, le premier de ces réactifs en jaunit un peu le
thalle, et si on y ajoute une goutte du second, on voit se produire une
couleur jaune d'or très persistante. Sous le microscope, ces réactifs
ne produisent aucune coloration ; ils mettent seulement en évidence
les groupes de gonidies, qui sont d'un jaune rougeàtre.
Parmelia alpicola Th. Fr., Lich. spitsberg., p. 12. — Sur un
rocher. — Échantillon en assez mauvais état, et portant quelques
traces d'un petit Physcia, probablement du Ph. lychnea Nyl. Sous le
microscope la potasse donne à l'intérieur du thalle une teinte jaune,
et le chlorure de chaux le teint en jaune orangé. M. Th. Fries,
Lichenogr. scand., p. 126, nie la seconde réaction et regarde la
première comme peu constante. Les spores sont ou ellipsoïdes et
ayant o ram ,oo9-n sur o mra , 005-7, ou globuleuses et ayant o mm ,oog
en diamètre. L'iode bleuit la gélatine hyméniale.
Parmelia slygia Ach. ■ — Sur les rochers. — Thalle d'un noir mat,
un peu brillant seulement vers le bord et portant deux ou trois apo-
thécies, insensible à l'action de la potasse et du chlorure de chaux
appliqués directement. Sous le microscope, le dernier de ces réactifs
lui donne une légère teinte rosée. M. Th. Fries, Lich. spitsberg., p. 12,
indique cette espèce comme stérile dans le Spitzberg et ne cite pas la
localité de Bell-Sound.
Parmelia lanata (L.) Nyl., Th. Fr., Lich. spitsberg., p. 12. — Sur
les rochers; stérile.
Peltidea aphtosa (L.), Ach. — I'eltigera aphtosa Th. Fr., Lich.
spitsberg., p. 14. — Au milieu des Mousses; stérile.
Solorina crocea (L.) Ach., Th. Fr., Lich. spitsberg., p. 16. — Sur
la terre ; stérile.
Gyrophora arctica Ach.. Th. Fr., Lich. spitsberg., p. 32. — Sur les
rochers.. — Échantillons bien caractérisés et portant pour la plupart de
— 244 —
nombreuses apothécies, mais de petite dimension; leur diamètre varie
de 4 à 3 centimètres.
Gyrophora cylindrica (L.) Ach., Th. Fr., Lich. spitsberg., p. 32.
— Sur les rochers ; fertile.
Lecanora elegans (Link.) Ach. — Xanthoria elegans Th. Fr.,
Lich. spitsberg., p. 14. — Sur les schistes. — Thalle rouge vermillon
ou jaune, ordinairement bien développé et à laciniures longues ; par-
fois celles-ci sont courtes et couvertes d'apothécies. Un échantillon
présente des laciniures les unes très élargies et les autres filiformes,
parsemées de petites granulations; stérile.
— F. granulosa (Schœr.) Th. Fr., Lich. spitsberg., p. 14, où Bell-
Sound n'est pas cité. — Sur les rochers; stérile.
Lecanora ferruginea, var. fraudans Th. Fr., Lich. spitsberg.,
p. 27, où Bell-Sound n'est pas cité. — Sur un rocher.
Lecanora vitellina (Ehrh.) Ach. — Gyalolechia vitellina Th. Fr.,
Lich. spitsberg., p. 19. — Sur un rocher. — Cette espèce, comme
la précédenle, n'est représentée ici que par quelques apothécies.
Lecanora argopholis (Wahl.) Ach., Nyl., Lich. scand., p. 166. -
Sur un rocher. — Thalle formé de petites aréoles d'un blanc jau-
nâtre, dispersées, d'abord entières, puis lobées, jaunissant par la
potasse et insensibles à l'action du chlorure de chaux, bientôt obli-
térées par les apothécies ; celles-ci larges de o,5 à 1 millimètre, ou
solitaires, ou réunies par petits groupes, à marge coneolore au thalle,
entière et à la fin disparaissant, à disque d'un brun noir ou tout à fait
noir; épithécium noirâtre ou brunâtre, non granuleux; hypothécium
ethyménium incolores; spores ellipsoïdes longues de o mm , 012-17 et
larges de o»">,oo6- 7 , ou ayant o™,ou-i3 sur o">^oo 7 -8. La gélatine
hyméniale bleuit par l'iode, puis elle est en partie décolorée et en
partie brunie. Les spermaties manquent. C'est une forme de cette
espèce à thalle appauvri.
Lecanora polytropa (Ehrh.) Scheer. ; Th. Fr., Lich. spitsberg.,
p. 22. — Sur un caillou roulé.
Lecanora alra Ach. — Sur un rocher.
Lecanora mastrucata (Wahl.) Ach. — Sur les schistes. — Thalle
radié à la circonférence, à rayons petits et contigus, devenant rouges
par la potasse ; apothécies sans spores.
Lecanora gibbosa (Ach.) Nyl. — Sur les schistes. — Forme se
rapprochant beaucoup de la var. squamata Flot., à thalle blanc
aréole, à aréoles plus ou moins élevées, contiguës ou dispersées,
grossièrement effiguré vers les bords, insensible à l'action de la po- '
tasse, du chlorure de chaux et de l'iode. Apothécies urcéolées, nais-
— 245 —
sant sur le sommet des aréoles et un peu ocellées par le thalle, à bord
entier, à disque noir; épithécium brun; paraphyses agglutinées; hy-
pothécium incolore; spores ellipsoïdes, longues de on»«,o2o-23 et larges
de o m »>,oi5-i8 ou presque globuleuses et ayant o™m,oi8 sur o mm ,o!6
L'iode rougit les gonidies et rend la gélatine hyméniale bleue,' puis
d'un rouge vineux.
Lecanora subdepressa Nyl. — Sur les schistes. — Le thalle est
insensible à l'action des réactifs ordinaires.
Lecanora fuscata (Schrad.) Nyl. — Sur les roches. — Le thalle,
sous l'action de la potasse et du chlorure de chaux, devient rouge!
Le dernier de ses réactifs employé seul produit cette réaction dans
une coupe du thalle placée sous le microscope.
Pertusaria bryontha (Ach.) Nyl. — Sur la terre. — Un seul petit
échantillon stérile, dont la potasse jaunit le thalle et le chlorure de
chaux rougit les sorédies.
Lecidea enteroleuca Ach. — Sur un caillou roulé. — Thalle
grisâtre aréole, jaunissant par la potasse et insensible à l'action du
chlorure de chaux; hypothécium incolore; les spores manquent. Ce
doit être le L. enteroleuca var. latypea Th. Fr., Lich. spitsberg.,
p. 4o, où la localité de Bell-Sound n'est pas indiquée.
Lecidea lapicida Ach. ; Th. Fr., Lichenogr. scand., p. g34; L.
polycarpa Th. Fr., Lich. spilsberg., p. 39. — ■ Sur les roches. —
Thalle blanchâtre, aréole, manquant çà et là, insensible à la po-
tasse et au chlorure de chaux, ou le premier de ces réactifs le rendant
légèrement jaune rougeâtre et seulement par places; médulle bleuis-
sant par l'iode; épithécium d'un bleu noir; hyménium enfumé; hy-
pothécium brun; périthécium noir, devenant rougeâtre par la potasse;
pas de spores ; gélatine hyméniale devenant par l'iode d'un bleu in-
tense et persistant.
I^ecidea amylacea Ach., Nyl., Lich. scand., p. 227; L. elata
Schser., Th. Fr., Lich. spitsberg., p. 4i- — Sur les roches.
Forme remarquable par ses spores dont les unes sont typiques,
c'est-à-dire ellipsoïdes mesurant o mm , 009-11 sur o mm ,oo5-6 et les
autres globuleuses ou subglobuleuses ayant en longueur o mm , 007-8 sur
o' n "',oo6 ou en diamètre o mm ,oo6 et se rapprochant ainsi du L. scro-
biculata Th. Fr., Lich. spitsberg., p. 4 1 - — Le thalle est formé de
petites rosettes de 3-4, 5 m de diamètre, composées d'aréoles d'un
blanc légèrement jaunâtre, farineuses, souvent contiguës, parfois
un peu éloignées les unes des autres et alors reliées par une couche
thalline très mince, le tout reposant sur un hypothalle d'un noir
blanchâtre, effiguré à }a circonférence; ces aréoles jaunissent par
— ?46 —
la potasse, et deviennent plus jaunes si on y ajoute du chlorure de
chaux; la médulle est insensible à l'action de l'iode; l'épithécium
est d'un vert noirâtre, l'hyménium et l'hypothécium sont incolores;
la gélatine hyméniale bleuit sous l'action de l'iode.
Lecidea aglœa f. expallens Th. Fr., Lichenogr. scand., p. 535. —
Sur les roches. — Cette forme diffère du type uniquement par son
thalle d'un blanc légèrement jaunâtre et son hypothécium complè-
tement incolore. Les aréoles sont parfois contiguës et le plus ordi-
nairement dispersées, sans hypolhalle visible; elles jaunissent par
la potasse, et cette teinte devient plus intense, si à ce réactif on ajoute
une goutte de chlorure de chaux; l'épithécium est bleuâtre; l'hy-
ménium est un peu bleui dans le haut, puis blanc; les spores simples
et incolores ont en longueur o mm ,oo9-i3, et en largeur o mm , 000-7.
L'iode rend la gélatine hyméniale bleue, puis d'un violet obscur; si
on enlève l'excès de ce réactif, le bleu reparaît. — D'après quelques
auteurs, on pourrait peut-être rapporter ce Lichen au Lecanora
atrosulphurea Ach., mais avec M. Branth Groenlands Lich. Flora,
p. 5o2, il me semhle qu'à cause de ses apolhécies lécidéines, il
appartient bien au Lecidea agliea Sommerf., et, de plus, il lui
manque la réaction rouge attribuée à ce Lecanora par M. Nylander
apud Hue, Lich. exot., p. i5o.
Lecidea alro-hrunnea (Ram.) Schœr., Th. Fr., Lich. spitsberg.,
p. 4» • — Sur les schistes.
Lecidea paupcrcula Th. Fr., Lichenogr. scand., p. 482. —Sur les
schistes. — Thalle à aréoles assez espacées, insensibles à l'action de la
potasse et du chlorure de chaux; médulle bleuissant par l'iode.
Lecidea parapetrsea Nyl. — Sur un caillou roulé. — Thalle à
aréoles grises, petites contiguës ou dispersées, rougissant légèrement
par le chlorure de chaux employé après la potasse (le premier
de ces réactifs, dans une coupe placée sous le microscope, provoque
une réaction d'un rouge brique); médulle insensible à l'action de
l'iode; épithécium d'un brun noir, non changé par la potasse; hypo-
thécium très brun; spores incolores, puis noirâtres, 3-septées avec
quelques divisions longitudinales, longues de o mm ,oi7-22 sur o" ,m ,oi3
(ces dimensions sont ici plus petites qu'elles ne le sont ordinaire-
ment) ; gélatine hyméniale bleuissant par l'iode.
Lecidea eupetrœa Nyl., Wainio, Adjum. ad Lichenogr. Lapp.,
II, p. i36. — Sur les roches. — Cet échantillon a bien la réaction de
cette espèce, le thalle devenant jaune, puis rouge par la potasse, et la
médulle bleuissant sous l'action de l'iode, mais il ne peut être déter-
miné avec certitude à cause de l'absence des spores.
— 247 —
Ces deux espèces sont probablement comprises dans le Rhizocarpon
petnvum Th Fr , Lich. spiisberg., p. 4.6, mais cet auteur n'indique
pas la localité de Bell-Sound.
Lecidea roridula Nyl. apud Hue, Lich. exot., p. 2 3o. — Rhizo-
carpon roridulum Th. Fr., Lichenogr. scand., p. 629. — Cet échan-
tillon est bien conforme à la description donnée parM. Th. Fries,
mais les spores en sont mal formées.
Lecidea geographica (L.) Schser. — Rhizocarpon geographicum,
Th.Fr., Lich. spitgberg., p. 46. — Sur les roches et les cailloux roulés.
— Très variable pour la couleur du thalle, qui est souvent d'un vert
jaunâtre, parfois il est d'un jaune paille ou presque gris, mais tou-
jours la médulle bleuit par l'iode et les spores sont semblables dans
tous les échantillons.
Verrucaria intercéder®, f. nuda (Th. Fr.). — Polyblastia hyper-
borea, f. nuda. Th. Fr., Lich. arct., p. 266 et Polyblast. scand.,
p. 20. — Sur un schiste. — Quelques apolhécies seulement, sans
thalle apparent, avec des spores dont quelques-unes sont î-septées.
la plupart à divisions murales, ellipsoïdes et souvent difformes,
longues de o mm ,o26-3 7 et larges de o mm ,oi3-20. L'iode rougit la géla-
tine hyméniale.
Il faut encore signaler quelques apothécies isolées qui appartiennent
les unes à un Lecanora du groupe du L. sophodes Ach. et les autres
à un Lecidea du groupe du L. atro-alba Flot., et quelques petits
thalles stériles qui paraissent être l'un un Pyrenopsis et l'autre un
Collemopsis.
ALCUES
À. Phycochromacex.
Schizolhrix (Hypheothrix) Lenormandiana Gomont, Monogr. des
Oscillariées (Ann. se. nat., 7 e s., XV, 1892), p. 3i2, t. VIII, f. io.
— Advent bay. — Indiqué seulement à Arromancbes.
LLydrocoleum homœotrichum. Kiitz., Plujcol. germ., p. 186; Go-
mont, /. cit., p. 344, f- XIII, f. 7-10. — Advent-bay. — Indiqué en
Istrie, Autriche, Savoie, à Issoudun.
Phormidiam papyraceum Gomont (Oscillatoria papyradea Ag.),
loc. cit., XVI, p. 173, t. V, f. 3 et 4. — Bell-Sound, sur les Mousses.
Plectonema Nostocorum Bornet et Thuret, Notes algologiques, II,
p. 137 (1880). — Gomont, loc. cit.,^. 102, 1. 1, f. 11. — Advent-bay.
Tolypothrix lanata VVartmann in Babenhorst, Algen (1808). —
Bornet et Flahault, Rév. Nost. heter., III, 120. — Advent-bay.
— 248 —
Nostoc microscopicum Carmichael ex Harvey in Hooker, British
Flora, V, p. 3 99 (i833). — Bornet et Flah., I. cit., p. 210. Advent-
bay. — Ne peut être distingué du type de Carmichael.
Chroococcus lurgidus (Ktg.j. Naeg., Einzell. Algen, p. 46. —
Advent-bay.
B. Chlorophyceœ.
Hormiscia subtilis (Kûtz.). De Toni, Sylloge Algarum, I, p. i5 9 .
Var. (3. sublilissima. Rab., FI. eur. A/g., III, p. 365. Skans-bay.
Echantillons de tous points semblables à ceux qui ont été distribués
par Rabenhorst sous le n° 656 (Alg. exsicc).
Conferoa bombycina (Ag.). De Lagerheim, Entwick. einiger
Confervaceen, p. 412. — Advent-bay. — Quelques filaments seule-
ment qui ne rendent pas la détermination absolument certaine.
Cladophora (Spongomorpha)arcta (Dillw.). Kûtz., Phycol. Germ.,
p. 263. Bell-Sound. — Espèce abondamment distribuée au Spitzberg
sur les côtes nord et ouest.
Ostreobium Queketti Bornet et Flahault, Sur quelques plantes
vivant dans le test calcaire des Mollusques, p. i5, pi. IX, fig. 5-8.
— Dans des coquilles marines.
L'Ostreobium Queketti paraît se rencontrer dans toutes les mers,
aussi bien dans les régions arctiques qu'au voisinage du cap Horn.
Phœocystis Poucheti (Har.). De Lagerheim, Botaniska Notiser,
I, p. 3-2(i8 9 3).
Syn. : Tetraspora Poucheti Hariot, Comptes rendus de la Société
biologique, g» série, IV, n° 1, p. 36 (i8 9 2). — Cette curieuse petite
Algue jaune semble très répandue dans les parages du Spitzberg.
M. Pettit, préparateur aux Hautes- Études, qui a accompagné la
mission de la Manche, a eu l'obligeance de m'indiquer les points
suivants où elle a été rencontrée. — Lat. fi" i3', long. 6" 44' est, en
très grande abondance; par le travers du cap Storaschine; lat. 7 5°45',
long. 11- 3i' est; deux pêches ont été pratiquées le 16 août l'une à
midi, l'autre vers 8 heures du soir, qui ont donné des Tetraspora
abondamment. Dans la première de ces pêches on comptait plus de
vingt individus par tiers de litre d'eau. - Nous avions rapporté cette
espèce nouvelle au genre Tetraspora dans lequel elle devait se placer
au voisinage du T. Giraudgi Derb. et Sol. ; également teint en brun
et d'origine maritime. M. de Lagerheim, se basant sur une observa-
tion de M. Bornet {Algues de Schousboe, p. 219), qui fait remarquer
que dans cette espèce ainsi que dans le T. fuscescens A. Braun les
— 249 —
cellules contiennent un pigment brun et ne sont pas régulièrement
quaternées, en a fait le type d'un nouveau genre Phœocystis.
C. Phœophycese.
Alaria esculenta (L.). Grev.
f. musse folia La Pylaie, Flore de Terre-Neuve, p. 3 1 . — Bell-Sound.
— L' 'Alaria esculenta n'est indiqué au SpitzbergqueparM. J. Agardh.
M. Kjellman ne l'y a pas rencontré. Les échantillons rapportés par la
Manche, quoique ne portant pas encore de pinnules rappellent certains
exemplaires de l'herbier du Muséum étiquetés par de la Pylaie sous
le nom à' Al. rmisœfolia. 11 est vrai que de la Pylaie a compris sous
la même désignation une plante qui nous paraît bien différente et
que nous rapportons à V Alaria grandifolia J. Ag. — Au Spitzberg,
c'est Y Alaria membranacea J. Ag. qui paraît dominer : il est carac-
térisé par sa fronde ovale ou même subcordiforme à la base. La plante
que nous avons vue et que nous considérons comme VAL mussefolia
est, au contraire, décurrente ; de plus le stipe est court tandis qu'il
est allongé dans A. membranacea.
Laminaria maxima (Gunner). Rostafinski in Herb. Mus. Par.
Syn. : L. Agardhii Kjellman, Spitsb. Thall., II, p. i8. — Bell-
Sound. Échantillons jeunes que je ne puis rapporter qu'à cette espèce.
Ils ne présentent de lacunes mucifères dans aucune de leurs parties.
Laminaria digitata (L.). Lam., Essai, p. 42.
f. ensifolia Le Jolis, Examen des espèces confondues sous le nom
de Laminaria digitata, etc., p. 22. - Bell-Sound. — Ces deux Lami-
naires sont communes sur les côtes du Spitzberg. Le Laminaria
fissilis J. Ag. paraît bien voisin de certaines formes très découpées du
L. digitata, mais il s'en distinguerait par la couche moyenne de la
lame formée de cellules larges, arrondies, anguleuses.
Elachista lubrica Ruprecht, Algœ ochotenses, p. 388. — Bell-
Sound, sur Halosaccion ramentaceum. — D'après M. Kjellman cette
Algue est très commune sur les côtes nord et ouest du Spitzberg.
— Les échantillons que nous avons étudiés présentent tous les carac-
tères d'un spécimen authentique de Ruprecht.
Desmarestia aculeata (L.). Lam., Essai, p. 45. — Bell-Sound.
Voici ce que M. Kjellman dit de la distribution de cette plante au
Spitzberg: « it is the most common and abondant Phœozoosporacea
of Spitzbergen after Chsetopteris plumosa » (Algœ of the Arctic sea,
p. 262).
Chsetopteris plumosa (Lyngb.). Kùtz., Phijc. gêner., p. 293. Bell-
— 250 —
Sound. — Skans-bay. — Une des espèces qui s'avancent le plus loin
dans le nord (Smith-Sound, 82° 27').
Pylaietla litoralis (L.). Kjellman Skand. Ed. och. l'ilopl. p. 99.
Subsp. a. opposita f. subverticillaia Kuckuck (sub Eclocarpus),
Beitrœge zur Kenntniss einiger Ectocarpeen Arien, etc., p. 8. —
Baie Recherche. Sporanges uniloculaires!
Subsp. (3. firma f. typica Kuckuck loc. cit., p. 9. — Syn. : Ecto-
carpus firmus. J. G. Agardh, Sp. Alg., I, p. 2 3. — Bell-Sound.
Sporanges uniloculaires et pluriloculaires! — Les échantillons du
Spitzberg ont été comparés avec des spécimens authentiques provenant
de M. Kuckuck et leur sont de lous points semblables.
M. Kjellman fait observer à propos de cette plante qu'elle est com-
mune, sans cependant être abondante sur les cotes du Spitzberg.
D. Florideœ.
Wildemania amplissima Kjellman (sub Diploderma) Algse of the
Arctic sea, p. 188. — Bell-Sound. — Espèce indiquée seulement
dans la mer polaire norvégienne, avec sa limite boréale à Ma;ûo
dans le Finmark par 70 . — Les échantillons rapporlées par l'expé-
dition de la Manche concordent de tous points avec la description et
la figure données par M. Kjellman. Les cellules du thalle sont rec-
tangulaires, disposées verticalement et non tangentiellement comme
dans le D. miniatum qui a été indiqué au Spitzberg. — M. Foslie
pense que le W. amplissima n'est qu'une forme du W. miniata
[Porphyra miniata Ag.). Cf. Contribution to hioivledge of the ma-
rine Algn> ofNorioay, II, p. 14.
Gigartina mamillosa (Good. et Woodw). J. Agardh. Sp. Alg.,
p. 273. — Pas encore indiquée au Spitzberg, cette plante ne paraissait
pas dépasser les régions voisines du cap Nord par 71 lat. nord.
Euthora cristata (L.). J. Agardh. Epicrisis, p. 366.
f. typica Kjellm., Algœ of the Arctic sea, p. 145. Bell-Sound. —
Un seul échantillon. D'après M. Kjellman la forme angusta est la
plus fréquente.
Rhodymenia palmata (L.). Grev., Alga brit., p. 84.
f. typica a nuda. Kjellm., loc. cit., p. M7- — Bell-Sound. -Parait
abondant dans cette localité, quoiqu'il ne soit pas indiqué sur les côtes
du Spitzberg' où il serait remplacé par le Rh. pertusa Post. et Bupr.
1. Non mentionné par M. Kjellman dans les 'Algie of the arctic Sea, le R.
palmata l'avait été cependant antérieurement par le même algologue', dans
Om Spitsbergens Marina, etc., 1, p. i5 (i8;5).
— 251 —
Plocamium coccineum (Huds.). Lyngb., Hydrophyt. dan., p. 3g.
f. typica Kjellm., loc. cit., p. 147. — Bell-Sound. — Non indi-
qué au Spitzberg, le PL coccineum ne dépasserait pas la région
allantique de la mer Polaire.
Ddesseria sinuosa (Good. et Woodw.). Lam., Essai p. 124.
f. quercifolia. Turn., Hist. Eue, I, p. 74. - Bell-Sound. - Abon-
dant sur les côtes nord et ouest du Spitzberg.
D. sanguinea (L.). Lam., Essai, p. 124. — Bell-Sound. — Un seul
échantillon, intermédiaire entre le type et la forme étroite de la
Baltique, de cette Algue qui n'avait pas encore été indiquée sur
les côtes du Spitzberg. Elle n'était jusqu'ici connue dans les régions
arctiques que de la mer polaire norvégienne et de la baie de Baffin.
Rhodomela lycopodioides (L ). Ag., Sp. Alg., I, p. 338, pp.
f. typica 3 laxa Kjellm., loc. cit., p. 107. — Bell-Sound. —
Nous rapportons le Rhodomela du Spitzberg à la sous-forme laxa
de la forme typique du Rh. lycopodioides, quoique les nombreux
intermédiaires qui relient entre elles les variations de cette Algue
ne permettent pas toujours de faire des déterminations bien ri-
goureuses. — Il ne faut pas oublier non plus que le Rh. lycopo-
dioides est regardé, peut-être avec raison, par quelques algologues
comme identique avec le Rh. subfusca. — D'après M. Kjellman, ce
serait la forme tenuissima qui dominerait au Spitzber"-, iur les côtes
nord et ouest.
Odonlhalia dentata (L.). Lyngb , Hydroph. dan., p. 9. — Plante
localisée sur les côtes du Spitzberg et peu commune.
Ptilota peclinata (Gunn.). Kjellm., loc. cit., p. 174.
f. typica. Kjellm., id. — Bell-Sound. — Très abondant, sous plu-
sieurs formes, le long des côtes du Spitzberg.
Cerarnium rubrum (Huds.). Ag., Dispos. Alg., p. t 6. —Quelques
filaments seulement qui ne permettent pas de le rapporter à l'une
des nombreuses formes que comporte cette floridée. D'après
M. Kjellman, le C. rubrum, que l'on trouve à peu près partout avec
une extraordinaire profusion, serait localisé au Spitzberg et ne serait
abondant qu'en une seule place.
Polysiphonia arctica J. Ag., Sp. Alg., II, p. 1034. —Bell Sound.
— Commun le long des côtes nord et ouest du Spitzberg, ainsi que
sur un point situé à l'est de ce pays.
Bildbrandtia Prototypus Nardo, Isis, p. 675 (1834). — Localité
sur la côte occidentale du Spitzberg.
Balosaccion ramentaceum (L.). J. Ag., Sp. Alg., %% p. 358.
f. ramosa Kjellm., loc. cit., p. 154. — Bell-Sound. — Plante fré-
— 252 —
quemment parasitée par Elachista lubrica Rupr. et qu'on rencontre,
en abondance et sous plusieurs formes, sur les côtes nord et ouest
du Spitzberg.
J'ajouterai à cette énumération la liste des Algues recueillies pen-
dant l'expédition scientifique de la Recherche, par MM. Robert, Gai-
mard et Martins qui visitèrent, de i83ô à 1840, les côtes de l'Islande
et du Spitzberg :
Islande. - Ahnfeltiapticata Fries, côte méridionale de l'Islande ;
Rhodymenia palmata Grev. f. marginifera Reykiawick;
Polysiphonia fastigiata Grev. ;
Ceramium rubrum (Huds.) Ag. ;
Corallina officinalis (forme typeet C.RosariumLam.); —
C. officinalis forma (Amphiroa calocladia, Decsn. in herb.
M. P.), forme remarquable par ses articles courts, presque isodia-
métriques;
Lithothamnion soriferum Kjellm., côte nord (Gaimard);
Porphyra — fragments indéterminables, peut-être P. laciniata f.
linearis ? ;
Ascophyllum nodosum Le Jolis, Reykiawick;
Fucus linearis ;
— distichus ;
— vesiculosus v. sphœrocarpus Ag. ;
Alaria esculenta Grev. ;
Desmarestia aculeala Lam. ;
Cladophora arda (Dillw.) Kûtz. ;
Monostroma Blyttii (Aresch.) Wittr. ;
M. latissimum (Kiitz.) "Wittr.
Spitzberg. _ Laminaria maxima (Gunn.) Rostaf., Bell-Sound;
Desmarestia aculeala Lam. ;
Chœtomorpha melagonium (Web. et Mohij Kùtz. ;
Dans une récolte d'Algues faite en Islande par M. Buchet en 1893,
j'ai rencontré une Algue marine qui n'avait pas encore été signalée
dans ce pays :
Myriotrichia fîliformis Harv. _ N° 100 « Vatsnsfjord, grand lac
près de la mer, qui, pendant les grandes marées, doit être envabi
par l'eau salée. En temps habituel la saveur de l'eau de ce lac reste
douce. »
M. Bornet a eu la bonté de me communiquer un certain nombre
— 253 —
d'Algues recueillies en Islande par M. Henry, commissaire de la
Marine, décédé récemment en Cochinchine. J'y ai trouvé les espèces
mannes suivantes :
Ulva lactuca L., Patrixfjord;
Enteromorpha compressa Auct. Faskrudfjord, Akureyri-fjord ■
Ent. intestinalis Auct. Faskrudfjord;
Ascophyllum nodosum Le Jolis. —
Scytosiphon lomentarius Ag. —
Chorda Filum L. _
Desmarestia aculeata Lam. —
Pylaiella litoralis subsp. typica, f. opposita Kuckuck. - Sur les
galets et les frondes VArcophyllum : Faskrudfjord, Akureyrifjord ;
Ralfsta clavata (Carm.) Crouan, Alg. mar. Finist., p. 56.
Syn. : Slragularia adhœrens Strômf., /. cit., p. 4 9 •
Sur les cailloux : Faskrudfjord, et Akureyrifjord ■
Rhodomela lycopodioides L. (Ag.) : Faskrudfjord, Akureyrifjord
Siglefjord; J '
Corallina officinalis L. : Faskrudfjord ;
Halosaccion ramentaceum (L.) J. Ag., f. simplex : Siglefjord.
MOUSSES.
(Déterminées par M. Bescherelle.)
Andrœa obovata Theden., Observât., p. 7 s, I, f. 27 _3 6
Anœctangium Bornschuchianum. Funk, in Regensb. Bot. Zeit
1886. ■'
Espèce nouvelle pour le Spitzberg que Schimper indique « raris-
sima » en Carinthie et dans les Alpes Rhétiques.
Cxjnodontium Wahlenbergii. Bridel, Bryol. univ. (sub. Oncopho-
rus). '
Dkranum scopariurn (L.). Hedw.
Var. zpaludosum. Sch. Synops. Musc, II, p. 62.
Distichium capillaceum (L.).Br. et Sch.
Var. (3 brevifoliurn. Sch., loc. cit., p. 147.
Leptotrichum flexicaule (Sehwœgr.). Hampe.
Var. |3 densum. Sch., loc cit., p. 143.
Barbula alpina. Br. et Sch.
Var. p inermis. Sch., loc. cit., p. 226.
Grimmia apocarpa (L.). Hedw.
Var. s alpicola, Nées et Hornsch.
Rhacomitrium canescens (Hedw.). Brid.
254 —
Var. y ericoides (Dicks.). Sch., loc.cit., p. 281.
Bryum cernuum Br. et Sch.
Philonotis fontana (L.). Brid. (spec. masc).
Var. gracilicaulis, Besch.
Aulacomnium turgidum (Wahl.) Schwajgr.
Polytrichum gracile, Menzies.
P. sexangulare Flôrke.
Orlhothecium chryseum (Schwacgr.). Br. et Sch.
Or. intricalum (Harhn.). Br. et Sch.?
Camptothecium nitens (Schreb.). Sch.
Limnobium palustre (D.). Br. et Sch.
Var. ijulaceum Sch. Syn. muscoi, p. 773?
Hypnum uncinalum Hedw. [forma).
id. Var. gracillimum.
Hylocomium splendens (Hedw.). Sch.
La collection rapportée du Spitzberg renfermait encore quelques
Bryum stériles, et par suite indéterminables. La plupart, d'ailleurs,
des échantillons, étaient également stériles ; trois espèces seule-
ment sont fertiles : Bryum cernuum, Polytrichum gracile et sexan-
gulare.
XVI
NOTE SUR LES ACARIENS RECUEILLIS AU SPITZBERG
PENDANT LE VOYAGE DE LA MANCHE
Par le D r E. Trouessart,
avec trois figures d'après les dessins de M. G. Neumanu.
^ Les Acariens des réglons arctiques n'ont été, jusqu'ici, l'objet que
d'un très petit nombre de recherches. Aussi saisissons-nous avec
empressement l'occasion de donner la liste des espèces que nous
avons trouvées parmi les matériaux récollés au Spitzberg par les na-
turalistes attachés à l'expédition de la Manche, au nombre desquels
se trouvaient M. Pouchet et M. A. Pettit, son préparateur.
Ces Acariens se divisent en deux groupes bien tranchés : Acariens
terrestres et Acariens marins. — Les premiers appartiennent géné-
ralement à des espèces déjà connues et plus ou moins répandues en
Europe. Les seconds sont tous d'espèces nouvelles, bien que se rat-
tachant à des groupes largement représentés sur nos côtes de l'Atlan-
tique.
I. Acariens terrestres.
Un certain nombre d'espèces de ce groupe ont déjà été décrites
par Thorell dans un travail intitulé : Om Arachnider frun Spets-
bergen och Beeren- Eiland (Ofversigt af Kongl. Vetenskaps-Akade-
miens Forhandlinger, Stockholm, 1871, p. 6 9 5). En voici la liste :
Oribata notata, n. sp. (= 0, setosa, Koch, fide Michael).
Eremœus? lineatus, n. sp. — Spitzberg.
Noihrus borealis, n. sp. — Spitzberg..
Hermannia reticulata, n. sp. — Spitzberg.
Bdella arctica, n. sp. — Spitzberg, Jan Mayen, Groenland.
— decipiens, n. sp. — Spitzberg.
Rhagidia (0. g.) gelida n. sp. — lie Beeren.
Penthalœus msulanus n. sp. — Ile Beeren.
— 256 — ■
A ces huit espèces nous pouvons ajouter les trois suivantes :
Famille des « Gamasidx ».
UroBejus acuminatus (Koch) Berlese.
184?. Uropoda acuminata Koch, Kritische Revision der Insectenfauna Deutsch-
lands (Nachtrag einïger neuen Milbenarten) , p. 260, fig. 110.
1888. Urosejus acuminatus Berlese, Acari, Myriopoda et Scorpiones hucusque
in Italia reperta, fasc. xlix, pi. n° 8 (genre), n° 3 (species).
Le type de l'espèce a été signalé, en Allemagne et en Italie, comme
vivant sur les matières en putréfaction. — Un exemplaire mâle, par-
faitement typique, se trouvait sur un crâne de Renne trouvé gisant sur
le sol, au Spitzberg, et rapporté par M. Pouchet. — Il n'est pas im-
possible que cet individu provienne soit du navire qui a rapporté ce
crâne, soit du laboratoire d'anatomie comparée du Muséum, à Paris,
mais le fait semble peu probable. Dans tous les cas, ni le genre ni
l'espèce n'avaient encore été signalés en France.
Lœlaps sp. ?
Un exemplaire (nymphe) d'une espèce indéterminable sous cette
forme (longueur o ram ,8o sans les pattes) ; les pattes antérieures sont
aussi longues que le corps.
Sur des Mousses provenant du Spitzberg.
Famille des « Oribatidiv» .
Notaspis lucorum (Koch) Michael.
184 ?• Zetes lucorum, Koch, Crust. Uyr. Arachn. Deulschlands, Heft 3i,
pi. Xlll (fig. 18).
1888. Notaspis lucorum, Michael, British Oribatidx, II, p. 371, pi. XXX,
fig. 1-5.
1889.? Oppia lucorum, Berlese, Acar. Myr. Seorp. Mal., fasc. lxiv, pi. n» 2.
De nombreux individus, mâles et femelles, se trouvent dans les
Mousses rapportées du Spitzberg. — Celte espèce est très commune
en Europe et a été signalée en Angleterre, en France, en Allemagne
et en Italie. Elle paraît également commune dans les régions arctiques
partout où il existe des Mousses.
— 257 -
II. Acariens marias.
Famille des « Halcaridie ».
GENRE HALACARUS
A. Section des Spiniger.
Toutes les espèces de cette section (qui renferme les plus grandes
du genre et de la famille), ont un court piquant dirigé en dedans sur
le pénultiène article des palpes.
Halacarus borealis, n. sp. (fig. 28).
Caractères. — Semblable à H. actenos' mais à plaques coxales en-
tières : pointe antérieure de lepistome excessivement aiguë, s'étendant
jusqu'aux trois quarts de la longueur de l'bypostome. Plaques der-
miques bien développées; la flaque notogastrique grande et ovale.
Premier poil du pénultième article de la 2* paire de pattes penné
(comme chez H. actenos) : pattes à épines plus fortes que chez
cette dernière espèce, souvent couchées et parallèles à l'axe du mem-
bre. Cadres anal et génital se touchant eu forme de 8. (Un seul individu
(femelle) en mauvais état.)
Longueur totale = environ o™, 9 o (sans les pattes).
Cette espèce diffère d'//. actenos par ses plaques beaucoup plus
développées (on sait que ces plaques sont très réduites chez H. acte-
nos dont la plaque noto-gastrique est nulle ou atrophiée et les plaques
coxales séparées, de chaque côté, par une suture, en deux parties
[antérieure et postérieure]).
Rostre semblable à celui d'H. actenos, mais plus allongé.
Corps de forme ovoïconique, presque losangique, allongé, avec sa plus
grande largeur en avant de l'insertion de la 3' paire de pattes. — Plaque de
l'épistome large, arrondie en arrière., prolongée en avant par une pointe très
longue et très aiguë qui recouvre les trois quarts de l'hypostome. — Plaque
notogastrique en ovale allongé, plus large en arrière, recouvrant l'abdomen
et s'étendant jusqu'en avant de l'insertion delà 3 e paire de pattes. —Plaques
oculaires bien développées, triangulaires, avec les angles arrondis et une pro-
1. Voyez Trouessart, Revue synoptique de la famille des Halacarida; {Bull,
scientifique de la France et de la Belgique, 188g, p. 23g).
17
— 258 -
foude échancrure sur leur bord antéro-exlerne. — Plaque sternale arrondie
eu demi-cercle eu arrière, entaillée profou démeut en avant (presque en carré)
par l'échaucrurc du camérostorne. — Plaques coxales bien développées, en-
tières. — Plaque ventrale échnnerée rn avant en forme de cœur de carte à
jouer, c'est-à-dire bilobée, arrondie en arrière. Le en dre génital ovale, ayant
sou bord antérieur au niveau de l'échnncrure antérieure (entre les deux lobes) ;
le cadre anal, plus court et plus large, placé immédiatement en arrière du
Fig. 28.
Balacarus borealis femelle, face ventrale (fortement grossi). La plaque notogastrique, lue par
transparence, a été figurée par erreur sur le morne plan que la plaque ventrale.
précédent qu'il toucha par son bord antérieur, les deux cadres réunis présen-
tant la figure d'un 8 renversé; l'anus est donc infère ou sub-terminal. Tégu-
ments finement striés ou chagrinés dans l'intervalle des plaques qui sont dé-
pourvues de sculptures, lisses ou finement grenues.
Pattes antérieures plus longues que le corps, très fortes, semblables à celles
d'ff. actenos. Pas de gouttière unguéale ni de peigne cilié aux griffes : dent
latérale de celles-ci obsolète. Poil antérieur du pénultième article de la
2 e paire de pattes penné ou en forme de plume. Griffes de la ir e paire presque
droites : le tarse plus court que le pénultième article. Des épines fortes, sou-
vent couchées et parallèles au membre (notamment sur le pénultième article
remplaçant les poils sur les deux premières paires.
— 259 —
Habitat. — Sur les Algues calcaires [Lithothamnion soriferum)
- Côtes du Spitzberg.
B. Section des Bhodosligma.
Les espèces de cette section, en général de petite taille, ont les
palpes plus allongés que dans la section précédente et dépourvus de
piquant interne. Toutes sont remarquables par la disposition élégante
des sculptures de la cuirasse dont le dessin est cependant assez va-
riable suivant les individus et ne suffit pas à lui seul pour caracté-
riser les espèces. Toutes paraissent avoir une prédilection marquée
pour les Lilhothamnion, Algues calcaires communes sur toutes les
côtes. Presque tous les spécimens de ces Algues, provenant de locali-
tés variées (Spitzberg, Labrador, Terre de Feu, etc.), que nous avons
examinés, nous ont fourni des Acariens de ce groupe et seulement de
celui-là, à l'exception de l'unique exemplaire de l'ff, borealis décrit
ci -dessus.
Halacarus Poncheti, h. sp. (flg. 29).
Caractères. — Formes plus robustes que celles à'E. rhodostigma,
comparables à celles A'H. glyptoderma, mais avec les caractères du
rostre de la première espèce. Cuirasse complète, à plaque noto-gas-
trique présentant une double ligne longitudinale saillante, ponctuée
ou fovéolée, dont les deux branches sont confluenles en arrière et se
réunissent au-dessus de l'anus, en forme d'U très allongé ; par sa
jonction avec une double ligne saillante, en V renversé que porte
la plaque de l'épistome, cette ligne figure une ellipse complète. Une
gouttière unguéale à tous les tarses. Griffes munies d'une dent latérale
et d'une pièce médiane bidentée, finement pectinées.
Longueur totale = o mm ,5o.
Rostre à base en forme de cœur renversé, avec les palpes un peu conver-
gents, l'hypostouie triangulaire, les palpes dépassant son extrémité de la lon-
gueur des deux derniers articles. Palpes fusiformes, à 1" article court, cylin-
drique, la 2 près de trois fois plus long, un peu renflé dans son milieu, le
3 e plus court que le premier, le 4° styliforme, plus long que le 2 e avec son
extrême pointe un peu recourbée en dedans, muni à la base de deux longues
soies dirigées en dedans. Base du rostre finement ponctuée en-dessous et
portant, ainsi que l'hypostome, 2 ou 3 paires de longues soies grêles.
Corps de forme ovale, arrondi en arrière, à cuirasse complète surtout infé-
rieurement. — En-dessus la plaque de l'épistome est trapézoïde, à angles pos-
térieurs arrondis, ses côtés dépassant à peine ceux de la base du rostre; cette
plaque porte, en son milieu, une forte impression saillante en forme de V ou
— 560 —
d'Y renversé, dont les branches portent deux ou trois rangées de fovéoles ;
les bords de l'impression sont dentelés par la présence de demi-fovéotes. Le
bord antérieur de la plaque est droit, un peu dentelé avec une très petite
poiDte médiane au sommet de 1T qui porte l'oeil impair médian. Le bord
postérieur n'est séparé de la plaque notogastrique que par une ligne étroite
de téguments plissés. — Plaque notogastrique ovale, couvrant tout l'abdomen
et portant en son milieu une; double impression longitudinale saillante en
Fig. 29.
Balacarus Poucheti. A, mâle, face dorsale ; B, le même, face ventrale : C, femelle,
face ventrale (fortement grossi).
forme d'U très allongé, figurant une longue ellipse complétée en avant par
l'impression similaire de la plaque de l'épistome. Cette impression porte deux
rangées de fovéoles, plus grandes en arrière, point où les deux branches
sont confluentes, formant par leur réunion une petite plaque coupée carré-
ment, à l'extrémité de l'abdomen et gui recouvre l'anus. Uue impression sem-
blable mais peu saillante et presque obsolète forme la bordure latérale de la
plaque et rejoint en arrière la petite plaque terminale. — Plaques oculaires
cordiformes, séparées de la plaque de l'épistome par une ligne étroite de té-
guments plissés. Chacune de ces plaques porte une impression saillantp.
triangulaire, de la dimension du pigment oculaire et dont le bord antéro-
externe porte la cornée de l'œil : cette impression est fovéolée ; le reste de
la plaque est indistinctement réticulé dans son épaisseur, et les autres pla-
— 2ei —
ques sont également réticulées au-dessous des impressions saillantes ou su-
perficielles.
En-dessous, la plaque sternale octogone, plus large que longue, porte à son
bord antérieur l'échancrure demi-circulaire du camérostome et latéralement
les deux trous donnant passage aux pattes antérieures qu'elle reborde en-
dessus, sans rejoindre les plaques de l'épistome et oculaires, dont elle est
séparée par des téguments plissés. Cette plaque est uniformément ponctuée
en rosaces sauf sur ses bords latéraux où l'on voit de larges fovéoles (entre
les pattes), et des points plus serrés (en-dessus). — Plaques coxales larges,
séparées par une simple ligne des autres plaques du dessous, largement sé-
parées en-dessus, par les téguments plissés, des plaques oculaires et noto-
gastriques; ponctuées en rosaces sauf entre les pattes où elles sont fovéolées.
— Plaque ventrale en forme d'écusson, à bord antérieur droit, à bord posté-
rieur un peu échancré par l'anus, couverte, en avant, de points en rosaces,
mais portant., de chaque côté de la plaque génitale, une large impression fo-
véolée non saillante. — Cadre génital presque rectangulaire, plus allongé
chez la femelle, bien séparé de l'anus, surtout chez le mâle où il est entouré
d'une couronne de poils clairsemés. — Anus situé un peu obliquement à
l'extrémité de l'abdomen, complètement caché par la plaque notogastrique,
l'animal vu de dos.
Pattes robustes, surtout celles des deux paires antérieures : celles de la
i rG paire ayant à peu près la longueur du corps (sans le rostre), à 3" article
renflé avec les téguments fortement réticulés ou fovéoles, formant une arête
supérieure et inférieure dentelée et portant une soie longue et grêle; le
4" court, cylindrique, portant trois soies grêles eu couronne; le 5 e un peu
plus long que le 3 e , étranglé à la base, avec une arête inférieure dans le
reste de son étendue, portant en dedans trois poils disposés en triangle al-
longé, dont les internes sont en épines courtes, rigides et l'antéro-externe en
soie grêle; le 6 e article plus court, échancré à son extrémité avec une gout-
tière unguéale bien marquée, les griffes aussi développées et recourbées
qu'aux autres pattes : deux longues soies à la base de la gouttière unguéale,
une 3 e en-dessus, vers le milieu de l'article; une touffe de poils en forme de
cirres à la base des griffes qui sont finement pectinées. — Deuxième paire ab-,
solument semblable à la première, mais un peu plus courte, le raccourcisse-
ment portant sur les 3 e et 5" articles. — Pattes postérieures plus grêles, plus
allongées, le 5° article, le plus long de tous, portant à son extrémité interne
un piquant long et grêle et une soie grêle; le 6° (tarse) à peine plus court,
portant, en-dessous, à son extrémité, un très petit piquant, et présentant une
gouttière unguéale et des griffes semblables à celles des pattes antérieures: la
4 e paire dépasse la 3* au moins delà longueur du tarse.
Cette jolie petite espèce est dédiée à M. Pouchet, professeur
au Muséum, qui faisait partie de l'expédition de la Manche, au
cours de laquelle ont été récoltées les Algues sur lesquelles vit cet
Halacarien.
Habitat. — Sur Lithothamnion soriferum. — Côtes du Spifzberg.
— C'est l'espèce qui paraît la plus commune sur ces Algues (six ou
sept individus des deux sexes). — Nous avons retrouvé cette même
espèce sur des spécimens de Lithothamnion provenant du Labrador.
262
HalacaruB reticulatus, n. sp. (flg. 3o).
Caractères. — Assez semblable à l'espèce précédente, mais plus
petit, plus élancé, à pattes antérieures et à rostre plus grêles, à cui-
rasse dépourvue de lignes saillantes et à fovéoles indistinctes. Les
plaques de la cuirasse (notamment celle de l'épistome) paraissent
Fig. 30.
Ilalacarus reticulatus. A, mâle, face dorsale; B, le même, face ventrale; C, femelle, face ven-
trale (dans ces deux dernières ligures la structure des plaques dermiques n'a pas été indiquée
pour simplifier le dessin). — (Fortement grossi.)
uniformément réticulées de manière à imiter un tissu de tulle ou les
alvéoles d'une ruche d'abeilles. Rostre comprimé, à palpes sensible-
ment parallèles. Anus terminal.
Longueur tolale — environ o mra ,45.
Rostre allongé, à base comprimée, l'hypostome triangulaire, près de trois
fois aussi long que large, un peu étranglé à sa base. Palpes parallèles dé-
passant l'hypostome de la longueur du dernier article et de moitié de celle de
l'avant-dernier; ces palpes conformés comme dans l'espèce précédente à
dernier article très grêle, styliforme, sensiblement plus long que le 3'
— 263
Corps en ovale allongé, un peu acuuiinê en arrière, l'anus formant une
saillie assez notable qui dépasse la plaque notogastrique. — En-dessus, la
plaque de l'épistome est trapézoïde, à angles postérieurs arrondis, à bord an-
térieur droit, avec une saillie médiane obtuse et arrondie; uniformément
couverte de fovéoles larges, arrondies, sauf sur les côtés du bord antérieur.
— Plaque notogastrique joignant exactement la précédente par le milieu de
son bord antérieur, ovale, n'atteignant pas tout à fait l'extrémité de l'abdo-
men et ne recouvrant pas l'anus, couverte de fovéoles larges en forme de
réseau à mailles irrégulièrement octogonales ou arrondies; ce réseau inter-
rompu seulement par deux lignes subparallèles, un peu cintrées dans leur
milieu, lisses ou obscurément ponctuées, non confluentes en arrière. — Pla-
ques oculaires cordiformes avec une surface lisse, ovale dans leur moitié an-
téro-externe, le reste largement réticulé comme les autres plaques.
En-dessous, la plaque sternale est octogone, plus large que longue, cou-
verte de points en rosaces, échancrée en avant par l'ouverture du caméros-
tome, repliée latéralement en-dessus et embrassant la base des deux pre-
mières paires de pattes. — Plaques coxales réticulées en-dessous; en-dessus
séparées des autres plaques par un espace assez large de téguments plissés,
bordant seulement la ligne latérale du corps, — Plaque ventrale en forme d'é-
cusson, un peu tronquée en arrière, séparée de la plaque sternale par un es-
pace linéaire au niveau de l'insertion de la 3' paire de pattes, presque lisse
ou obscurément ponctuée. Cadre génital du' mâle large, ovale, tronqué en
arrière, séparé de l'anus par un espace presque double de l'épaisseur du ca-
dre; cadre génital de la femelle allongé, quadrangulaire, non tronqué mais
formant en arrière une saillie obtuse. Cadre anal bien distinct à la fois de la
plaque ventrale et de la plaque notogastrique et formant une légère saillie
entre les deux.
Pattes antérieures assez grêles, à 3 e article non renflé, à téguments lisses;
le 5' lisse, cylindrique. Tarse notablement plus court que le ô= article, surtout
à la i'« paire : épines et soies grêles disposées comme dans l'espèce précé-
dente. Gouttière uoguéale et griffes semblables, très finement pectinées.
Habitat. — Cette espèce se trouve avec l'espèce précédente sur
Lithothamnion soriferum (quatre individus). — Côtes du Spitzberg.
P. S. — Les lignes qui précèdent étaient imprimées lorsque j'ai reçu le
travail de M. H. Lohmann sur les Hulacaridse recueillis par l'expédition alle-
mande à la recherche du Plankton (Ergebnisse der Planklon-Expeditian, etc.,
Band 11, 1893, Halacarincn, in-4°, 8S p. et 13 pi.), où plusieurs espèces voi-
sines des nôtres sont décrites et figurées. 11 me suffira de dire ici qu'aucune
de ces espèces ne me parait pouvoir être confondue avec celles que je vieus
de décrire. Je me'réserve d'ailleurs de revenir sur leur comparaison, dans la
Monographie des Ilalacaridés que je prépare en collaboration avec M. G. Neu-
mann (de Toulouse).
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TABLE DES MATIÈRES
VOYAGE DE LA MANCHE
I. —Relation du voyage, par M. Biknaimé, capitaine de vaisseau. ... i
II. — Travaux hydrographiques et travaux divers des officiers de la
Manche, par M. R. de Cakfort 45
Ht. — Sondages effectués sur la côte du Spitzbergau moyen du sondeur
Thomson "°
IV. — Observations de marée en Islande et au Spitzberg, par M. R. de
Carfort 5a
V. — Observations météorologiques, par M. R. de Carfort 64
VI. — Étude sur le mouvement des glaciers dans la baie de la Recherche,
par MM. R. de Carfort et Lancelin ll6
VII. — Observations magnétiques, par M. A. Exelmans i*>
VIII. — Mesures de gravitation faites par M. Auguste Gratzl, lieutenant
de vaisseau de la marine austro-hongroise (Note de M. Bienaimé, capi-
taine de vaisseau) '4
IX. — Rapport sommaire sur les collections d'histoire naturelle faites
pendant la campagne, par le D' P. Couteaud, médecin de i» classe de
la marine ' 4
X. — Histoire naturelle, par M. Pouchet, professeur au Muséum. . . . iB5
XI. — Liste des Poissons recueillis par la Manche dans l'océan Gla-
cial arctique, communiquée par M. le professeur Vaillant, du Muséum. 218
XII. — Liste des plantes phanérogames recueillies à Jan Mayen et au
Spitzberg, communiquée par M. le professeur Bureau, du Muséum . . 219
XIII. — Note sur les échantillons géologiques recueillis par la Manche au
cours de son voyage, par M. le professeur Stanislas Meunier, du Muséum. 221
— 266
Page:
XIV. — Catalogue des Oiseaux obtenus par la mission de la Manche en
Islande, aux Féroë, à l'île Jan Mayen et au Spitzberg, par M. E. Oustalet. a3i
XV. — Note sur les collections cryptogamiques rapportées par la Manche,
par M. Hariot, préparateur au Muséum 335
XVI. — Note sur les Acariens recueillis au Spitzberg pendant le voyage
de la Manche, par le D r E. Trouessart 255
TABLE DES PLANCHES
VOYAGE DE LA MANCHE
Frontispice. Jan Mayen. Fac-similés de deux aquarelles de M. Exelmans : i° la
côte nord; 2° la côte sud, le Phare.
PI. I. — Carte des températures de la surface de l'océan Glacial arctique poul-
ie mois d'août (d'après Mohn). Ou a rapporté sur cette carte une partie des
observations de température de la surface de la mer, faites au cours du
voyage de la Manche.
PI. II. — Le Baerenberg, vu du large, dans une trouée de nuages (photogra-
phie de M. Lancelin). On remarquera que l'horizon (apparent) est incliné sur
la ligne horizontale donnée par la vergue du navire. Cet effet est dû simple-
ment à la présence d'une brume flottant sur la mer, plus rapprochée à droite,
plus éloignée à gauche.
PI. 111. — La Manche au mouillage de Marie Muss. Calme plat, brume légère. Sur
la grève, bois flotté et galets (photographie de M. Lancelin).
PL IV. — La Station autrichienne (photographie de M. Gratzl). On distingue les
pièces de bois flotté, qui avaient été mises verticales pour laisser écouler l'eau
qu'elles contiennent.
PL V. — Bois flotté sur la grève de Marie Muss, au pied du mont des Oiseaux
(photographie de M. Lancelin).
P1 - v *- — Le mont des Oiseaux (photographie de M. Ghatzl).
PL VU. _ Entrée de l'Advent-bay, côte sud de l'Isfjord (photographie de
M. Gratzl). On voit, à droite de l'entrée d'Advent-bay, un cirque neigeux au
pied duquel se trouve le cairn de Lamont, marquant le gisement de charbon
(comp. la flg. 27, p. 209).
PL VIII. — Vue sur la côte sud de l'Isfjord (photographie de M. Gratzl). On voit
les sommets lointains du second plan couverts de neige.
PL IX. — Le mont Temple (photographie de M. Gratzl).
PL X. — Baie de la Recherche, le Glacier de l'Est (photographie de M. Lancelin.
La Manche au mouillage.
— 268 —
Î>1. XI. — Baie de la Recherche, front du Glacier des Renards (photographie
de M. Gratzl). Le front de ce glacier tout entier est figuré dans l'Atlas du
Voyage de la « Recherche » (Atlas géologique gravé d'après les dessins de
M. E. Robert). La planche sans numéro porte simplement : « Vue générale
du glacier situé au sud-est de la pointe des Renards ». Le système de cas-
sures du glacier vers sa partie orientale, ici représentée, est le même que
dans le dessin de E. Robert : celui-ci figure vers le milieu du front du glacier
un effondrement considérable, et de plus, vers le bord occidental, une vous-
sure de la surface du glacier qui ne paraît pas exister aujourd'hui.
PI. XII. — Baie de la Recherche. Carte.
PL XIII. — Mouillage de la baie Advent. Carte.
PL XIV. — Baie Skans. Carte.
PI, XV. — Carte de l'Isfjord, de la baie Advent au cap Thordsen, comprenant
en plus la carte du Rendal d'après les observations résultant de l'excursion
de MM. Lanoelin et Babot au pic Milne-Edwards.
Ces quatre cartes ont été publiées en 1894 par le Service hydrographique de la
marine, sous le numéro 479^.
PL XVI. — Observations de marées en Islande (Baie de Patrixfjord).
PL XVII. — Observations de marées en Islande (baie de Reikiavik).
PL XVIII. — Observations de marées au Spitzberg.
PL XIX. —Température et densité de l'eau de mer (graphiques).
PL XX. — Couleur de l'eau de la mer. On a porté sur cette carte la route de
la Manche.
PI . XXI. — Glaciers de la baie de la Recherche. — Extrait de la carte de la
Recherche (i838). État actuel (i8g3).
PL XXII. — Plankton de l'Atlantique nord (Voy. l'explication de cette planche
p. 217).
PI. XXIII. — Géologie (Voy. l'explication de cette planche, p. 229).
ANGERS, IMP. A. BURD1X ET C io RUE OARN1ER, 4
cm
2 3 4 5 6 7
9 10 11 12 13 14 15 16 17 li
Nouvelles Archives des mis-ions. 1893.
PLI.
CARTE
DES TEMPÉRATURES
de la surface de l'Océan glacial arctique
pour le mois d'Août
d'après l'expédition norvégienne deMohn.
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Le Bœrenberg (photographie de M. Lancelin).
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PL. III
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VOYAGE DE « LA MANCHE »
« La Manche » an mouillage de Mary-Muss (photographie de M. Lancelin).
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PL. IV
La Station autrichienne (photographie de M. Gral^l).
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PL. VII
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VOYAGE DE « LA MANCHE »
Entrée de VtAdvent Bav, côte sud de l'Isfjord (photographie de M. Grat\l).
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Vue sur la côte sud de VIsjjord (photographie de M. GratiJ).
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Baie de la Cherche, le Glacier de l'Est (photographie de M. Laiicelin).
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Nouvelles Archives des missions. 1893
PI. XVI.
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VOYAGE DE LA MANCHE
OBSERVATIONS DE MARÉES EN ISLANDE (BAIE DE PATRIXFJORd)
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