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Full text of "Alchimie du Verbe tome II le Secret"

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Olivier-Pierre Thébault 



Alchimie du Verbe 
II 

Le Secret 



OT 
20, rue des Trois Bornes- 75011 Paris 



Aux esprits libres, 

« Avant de fouler le seuil du saint des 
saints, il te faut ôter tes chaussures, et non 
seulement tes chaussures, mais tout, ton 
vêtement de voyage et ton bagage, et ta 
nudité qui est en dessous et tout ce qui est 
sous ta nudité et tout ce qui se dissimule 
sous elle, puis le noyau et le noyau du 
noyau, puis le reste, puis le surplus, puis 
l'éclat du feu impérissable. Seul le feu 
lui-même est absorbé par le saint des 
saints et se laisse absorber par lui, ni l'un 
ni l'autre ne peuvent y résister. » (Franz 
Kafka, Préparatifs de noce à la 
campagne) 



Introduction : 

Dans le présent volume, nous approfondirons le 
dessein qui nous a conduits, sous les ailes de l'esprit 
saint, jusqu'à cette trinité lumineuse : la source de la 
Sagesse des Hébreux, la fontaine de l'Intelligence de 
leurs textes sacrés, et le fleuve de la Science de 
l'écriture qui irrigue et fortifie ceux-ci, majestueux et 
fertiles. 

De l'apparente mais nécessaire séparation entre le 
jardin d'Eden - où vivent, au commencement de La 
Genèse, l'homme et la femme, qui ne se nomment 
Adam et Eve qu'une fois qu'ils ont goûté au fruit de 



l'arbre de la connaissance du bien et du mal - et le 
jardin eschatologique - où descend, à la fin de 
L 'Apocalypse, la Jérusalem céleste, préparée comme 
une femme parée pour son homme ; où nous 
retrouvons, au milieu de la ville sainte, l'arbre de la 
vie -, devait naître la dualité chrétienne d'un paradis 
terrestre, aussi connu sous le nom de paradis perdu, et 
d'un paradis céleste. 

Dans L 'invention de Jésus, Bernard Dubourg a montré 
que le corpus néotestamentaire a été initialement pensé 
et rédigé en hébreu, et qu'il n'a été qu'ensuite traduit 
dans un grec conservant la syntaxe sémitique. En 
s'aliénant de la sorte, l'esprit du messianisme juif- 
hébreu est devenu l'esprit du christianisme grec, puis 
gréco-romain. Une conséquence de cette aliénation fut 
la séparation achevée par l'esprit du christianisme 
entre paradis terrestre et paradis céleste. 
Si, en hébreu, cette séparation est posée comme une 
apparence, laquelle est levée dans le processus 
d'intellection et d'amplification midrashiques du texte, 
qui vise à laisser jaillir l'essentiel ; à l'inverse, une fois 
l'hébreu délaissé et refoulé, c'est l'apparence qui est 
prise pour essentielle, et du même coup la séparation 
qui est non seulement maintenue, mais qui paraît en 
outre insurmontable. La pensée en est troublée 
quelques minutes, pour parler de ces effets qui durent 
longtemps. Elle ne tarde pas à reprendre sa limpidité. 
Un autre corollaire sophistique de cette séparation 
d'avec l'hébreu fondateur, aggravant et fixant 
dogmatiquement celle entre les deux paradis, fut le 
remplacement de « la doctrine des deux voies » par 
celle des deux cités tel qu'Augustin l'opéra. En effet, le 



paradis devient dès lors un « au-delà » réservé comme 
récompense d'un jugement dernier lui-même compris 
avec des yeux latins, le plus souvent opaques et sans 
vie - hors ceux de théologiens de premier ordre - en 
regard de l'exigence du grec flamboyant et de l'hébreu 
séraphique. 

Quant à ces deux paradis, l'italien mélodieux de Dante 
les a réunis dans le « Poème sacré », plus connu, c'est- 
à-dire le plus souvent méconnu, sous le titre de La 
Divine Comédie ; comme dans l'amour, « che move il 
sole e l'altre stelle », le séparé existe encore, mais 
comme uni, et non plus comme séparé. Le premier, qui 
couronne le Purgatoire, d'ailleurs pour partie inspiré 
des rites hébraïques de louange et de purification 
enracinés dans les Psaumes, forme une représentation 
architecturale, sculpturale et picturale du second qui, 
en retour, en constitue la poursuite musicale, poétique 
et philosophique. Ce scribe et don du divin eut de 
surcroît le génie d'inscrire les Juives (« Ebree ») - dont 
Eve, relevée de ses peines - au cœur de la Rose du 
Paradiso, celles-ci « divisant les cheveux de la 
flamme » et formant « le mur où se partagent les 
escaliers sacrés ». Dante, le premier, indique la voie de 
l'unité des deux paradis posés à tort comme séparés, de 
même qu'il montre celle de la réconciliation enfin 
vraie entre dimensions chrétienne et hébraïque. 
Mais comme il m'est loisible de revenir à l'hébreu, je 
m'en fais un devoir. Car la plupart des sages qui ont la 
joie de résider en cette langue ne différencient 
apparemment le jardin des justes - celui du 
rétablissement du Temple et de sa ville à la fin des 
temps - du verger décrit dans l' en-tête de la Genèse 



que parce qu'ils se sont élevés à la connaissance de 
leur unité essentielle. Celle-ci se justifie notamment 
par un célèbre calembour, lui-même miroir de la 
dualité du jugement eschatologique : entre le jardin 
d'Eden (gan Eden/GN 'DN), lieu des délices infinies 
de la libre jouissance du Texte, et son exact contraire, 
Guehinom (GYHNM, ou variante), la Géhenne, vallée 
de la désolation et des larmes, de la terreur de la mort 
à jamais non surmontée. 

Dans le secret de l'hébreu, non seulement le paradis n'a 
jamais été perdu, mais il n'y a de plus aucune 
séparation entre un paradis terrestre enfoui dans le 
passé et l'Orient, et un paradis céleste promis dans un 
au-delà et dont l'Occident chrétien serait, de la vérité 
dernière, le dépositaire. Dans la langue sainte, l'Eden 
caché du début de la Genèse et le jardin des justes 
qu'est le 'ôlam haba' sont un seul et même paradis. 
C'est le verger de la science des écritures sacrées des 
Hébreux. 

L'accomplissement des écritures est en même temps 
la recréation perpétuelle de ce jardin-paradis. Il s'est 
opéré autour des deux premiers siècles de notre ère, 
rejouant et transfigurant l'unité des cieux et de la terre 
dans le Verbe alchimique, par l'avènement du Messie 
nazoréen dans son Assemblée, la floraison discrète et 
splendide d'une souveraineté sans précédent. 

Voltaire savait déjà que Jésus n'était pas 
nazaréen parce qu'originaire d'une inexistante 
bourgade nommée Nazareth ; mais tout porte à 
croire qu'il ignorait la raison de cette 
qualification. Il ignorait en outre - il n'était pas 
le seul ; et fort nombreux sont ceux qui 



l'ignorent encore - que Jésus le nazaréen est en 
vérité le Messie nazoréen ; que cette vérité n'est 
pas encore toute la vérité, et qu'il faut, pour la 
compléter, dire que c'est bien plutôt le Messie - 
c'est-à-dire, comme l'a démontré Bernard 
Dubourg dans La fabrication du Nouveau 
Testament, le Nom vivant, ce qui signifie : le 
Dieu qui ressuscite - qui se nomme Jésus le 
nazoréen, Iéshoû'a ha notser. Que le génie du 
judaïsme accède au secret implique l'abandon de 
l'académique nazaréen, qui était de mise jusque- 
là, au profit du véridique nazoréen, qui n'est pas 
seulement le surnom donné aux chrétiens par la 
littérature pharisienne-rabbinique (Talmuds, 
midrashim, etc.), mais bel et bien le nom que se 
sont donné les auteurs du corpus 
néotestamentaire. Un certain nombre 
d'arguments viendront étayer davantage cette 
affirmation (à la fin de la quatrième étude). Si les 
rameaux nazoréens sont divers, il sera surtout 
question dans ce qui suit, de ceux qui revêtent 
Iéshoû'a comme nom du Messie. Mentionnons 
toutefois la distinction opérée par Roland 
Tournaire dans L'intuition existentielle entre 
nazoréens et « protochrétiens ». 
On sait que les prétendus spécialistes ont attribué 
les textes de Qumrân aux esséniens mentionnés 
par Josèphe (et Philon). Roland Tournaire 
conteste cette attribution : il retire aux soi-disant 
esséniens la paternité du corpus qumrânien, qui 
revient alors à la dissidence sadducéenne des 
nazoréens, opposés aux sadducéens, selon eux 
illégitimes, en charge du Temple. Il remarque, 
fort justement, que « l'idéologie » des textes de 
Qumrân - que nous nommons avec lui le 
« sadokisme » - est à l'opposé de celle des 
esséniens décrits par Josèphe. 



De ces sadducéens ou « sadokites » nazoréens, 
Roland Tournaire distingue donc les 
« protochrétiens », qui sont les auteurs des 
midrashim traditionnellement attribués aux 
apôtres Jean et Paul. Pour ceux-ci, « l'homme 
accompli s'identifie à Jésus et Jésus à YHWH ; 
le Christ est présent simultanément dans 
l'existant et dans l'inexistant, sous l'apparence 
d'un va-et-vient entre le ciel et la terre ; il est 
YHWH ; le Temple est inutile, de même que le 
culte et la liturgie ; la 'ahabah est l'identification 
de l'homme et de Dieu. Dans la pensée sadokite 
et les traces qui en demeurent dans les 
Synoptiques, nulle identification de l'homme à 
Dieu ; le prophète Jésus n'est qu'un homme 
divinisé par son élévation, il ne descend pas du 
ciel pour y remonter ; le Temple, avec son culte 
et sa liturgie, est l'apanage de la famille 
davidique ; la 'ahabah est le lien communautaire 
qui évite les dissensions, tel qu'il apparaît dans 
le Sermon sur la montagne. » 
Roland Tournaire précise cependant que les 
« deux traditions, exégèse johannique- 
paulinienne et sadokisme, ne sont pas 
fondamentalement antithétiques, puisque toutes 
deux découlent d'un même midrash fondé sur les 
mêmes procédés, mais [que] le sadokisme ne 
semble pas pousser à ses conclusions extrêmes la 
logique du protochristianisme. Il demeure ainsi 
proche des doctrines sadducéennes des Ecrits de 
la mer Morte, conservatrices et archaïsantes ». 
Toutefois, Roland Tournaire n'observe pas que, 
dès lors que les protochrétiens se définissaient 
comme disciples de Jésus le nazoréen, ils se 
définissaient du même coup comme nazoréens, 
mais en un sens nouveau, qu'ils ont bien entendu 
approfondi ; si bien que la différence entre 



nazoréens et protochrétiens se redéfinissait 
comme différence entre nazoréens sadducéens 
ou sadokites et nazoréens protochrétiens. 
Quelques siècles plus tard, cette différence a 
ressurgi : les nazaréens ont en effet désigné, d'un 
côté, les chrétiens, et de l'autre, ceux que nous 
pouvons appeler les « protomusulmans ». 
Dans la suite, nous ne tiendrons donc pas compte 
de cette importante distinction faite par Roland 
Tournaire. 

Ajoutons enfin que le mot nazoréen n'est pas 
rare dans le Nouveau Testament, une fois celui-ci 
rendu à son hébreu natif. En effet, les 
« conservateurs », « observant », etc., traduisent 
le plus souvent N(W)SdR(YM), conservateur(s) 
(de Sa Thora), nazoréen(s). Exemple : « Voici, je 
viens comme un voleur [KGNB]. Bienheureux le 
veillant et gardant [N(W)SdR, le nazoréen !] ses 
vêtements [BGDYW], afin qu'il ne marche pas 
nu et qu'on ne voie pas sa honte. » (Apocalypse 
16, 15). Nous vous laissons deviner en quel lieu 
il se trouve alors. 
Dans ce paradis du Livre accompli, le sage réside avec 
son corps glorieux, impliqué tout entier dans l'étude 
dévorante par laquelle il se reprend et se refait, se 
dégage et s'absout, voit, vit, part, et renaît du savoir, 
dès cette vie. 

Si, de la conjugaison des deux principes midrashiques 
« il n'y a pas d'avant ni d'après dans la Thora » et « la 
Thora est d'avant la Création », peut se déduire que la 
Thora « surplombe » le temps historique entendu 
immédiatement, c'est-à-dire comme linéaire, qu'elle 
est d'avant ce temps linéaire ou qu'elle lui est autre ; il 
faut aussitôt inscrire en contrepoint, afin de ne pas 



saisir abstraitement l'éternité de la Thora, que, comme 
le dit la tradition, « étudier la Thora, c'est résider dans 
le 'ôlam haba' », en indiquant comment l'entendre. 
Selon la diversité des contextes de son usage dans la 
littérature sacrée, 'ôlam signifie d'un côté, la durée, la 
temporalité, l'éternité ; et de l'autre, le monde, la 
nature, l'existence - tous ces sens devant bien entendu 
être lus en ayant en tête la mentalité juive-hébraïque. 
Je peux ainsi préciser que le 'ôlam haba', dans la 
lumineuse chaleur de son existence éternelle, 
comprend dans soi en le transfigurant le 'ôlam au sens 
commun ('ôlam hazé, ce monde-ci, l'ici-bas). L'on 
aurait donc tort de le prendre pour un grand objet 
extérieur. Enfin, je dois encore ajouter qu'au cœur 
même du mot 'ôlam demeure la signification de ce qui 
est caché, du secret (selon sa racine 'LM) ; alors même 
que le 'ôlam haba', celé dès le commencement de la 
Genèse dans le mot rêshith, ne se manifeste, en se 
transfigurant, qu'à la fin des temps - sa transfiguration 
étant aussi bien celle du 'ôlam hazé, et celle-ci, la 
destruction ou l'anéantissement, mais spirituel, de 
celui-ci, il est cette lumière messianique du grenier 
céleste, la plus puissante, seule capable de dissoudre le 
monde, la lumière de la Thora manifeste. 
Quant à lui, haba' est de la racine Kin/bô', aller et 
venir, entrer ; il signifie donc « qui vient, qui entre ». 
Le 'ôlam haba' - qu'il est bon d'entendre désormais 
comme « le secret qui vient, qui se dévoile », caché de 
« toujours » - n'est autre que la « parousie » (hébreu 
frO/bâ', venue, entrée), qui n'a rien d'une fin du monde 
devant arriver de façon fixe et historique en un jour 
donné, marqué d'une croix ou d'une pierre, mais qui 

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advient toujours à nouveau pour qui revêt le Messie et 
se désaltère des eaux vives de la Thora accomplie. 

Ainsi, l'Apocalypse de Jean se termine-t-elle par 
une invocation à la venue du 
Masshia(r)h/Messie : « Celui qui rend 
témoignage de ces choses dit : Oui, je viens 
bientôt. — Amen ; viens, seigneur Jésus ! » 
(Apocalypse 22, 20). Ce «viens» est fcO/bô', 
anagramme inverse du père de la Création de la 
Genèse se développant en l'alphabet, à savoir 
2N/'av Celui-là est de la même racine que la 
parousie et le 'ôlam haba'. Il est ici à l'impératif, 
à la charnière entre l'inaccompli, comme 
imminence de l'accompli, et l'accompli effectif, 
ardemment désiré. C'est dans l'instant de la 
Révélation qu'est franchi ce plus infime et 
redoutable des abîmes. Ainsi s'ouvre l'étroite 
porte du divin verger où le Saint Esprit convie au 
festin eschatologique tout homme doué d'oreille 
et sachant écouter la Parole de l'Eternel. Ici le 
contresens de l'interprétation par le christianisme 
officiel et sa théologie ecclésiale atteint son 
paroxysme, et pour tout dire cette interprétation 
s'effondre. En effet, le «bientôt» en question 
dans la citation précédente, nous l'avons déjà vu, 
est KJ"Vrega', la fulgurance, le clin d'œil, 
l'instant même. Ce texte de l'Apocalypse était 
vécu par celui qui le lisait comme accès à 
l'Existant, à la parousie, laquelle est recréation 
de soi, rédemption et révélation, dans l'urgence 
du présent. C'était là le sens de la vie éternelle, 
la reconnaissance du Royaume spirituel, lequel 
est « à l'intérieur de vous et à l'extérieur de 
vous » comme le dit L 'Evangile selon 
Thomas. Ce sens intime au niveau de la 
singularité se généralise pour l'Assemblée de 
ceux qui lisent le Livre, ces justes dits notsrim 



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(nazoréens-conservateurs), car c'est cette 
Assemblée tout entière qui entre en gloire, les 
impies d'Israël ayant été envoyés au gouffre - en 
esprit, non à la lettre. C'est encore par elle que 
survient le Salut, qui effectivement vient de cette 
Assemblée de juifs-hébreux accomplissant la 
Thora. C'est elle enfin qui guérit les nations. Ce 
sens ayant été perdu, le texte de l'Apocalypse de 
Jean a été lu - par ceux qui ne furent pas 
capables de la saisir en tant que flamboyante 
fresque du symbolique - comme annonce de la 
réalisation imminente du royaume de Dieu dès 
lors attendue en tant qu'un avènement matériel et 
historique. Cette superstition n'aura pas épargné 
l'Eglise de l'Occident chrétien, avant de prendre 
une dimension planétaire, puis de sombrer dans 
une inversion grotesque et caricaturale. Je vous 
laisse percevoir et estimer la différence ici 
introduite, et en peser toutes les conséquences. 
Autrement dit, le Texte - c'est-à-dire le dieu vivant - 
ne surplombe pas le temps linéaire en étant placé dans 
une sorte d'au-delà « transcendant », mais il vient à 
nous si nous le laissons être, et c'est d'un même geste 
qu'il crée le monde, engendre son fils et se révèle 
comme esprit. 

Résider dans la Thora veut dire exister dans le présent 
divin infini, mais, tout en étant dans ce monde-ci, se 
déployer avec sa propre existence intégrale dans Son 
monde, le Temps lui-même, ductile et plastique, lequel 
n'a pas été ni ne sera, mais est, éternellement. 

Le mot 'DN confirme cette unité hébraïque entre 
le temps et le paradis, puisqu'il a les deux sens, 
celui de volupté paradisiaque (du jardin d'Eden), 
s'il est prononcé 'êden ; celui de temps, de 
durée, s'il est prononcé 'iddân (cf. Daniel 4, 13). 
Quant à se déployer dans Son monde, c'est le 

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sujet de nombre d'apocalypses et d'ascensions 
mystiques, du cycle d'Hénoch à l'Apocalypse de 
Paul. Le fait de gagner dès maintenant le 'ôlam 
haba' n'est pas un thème négligeable. C'est le 
cœur même de la mystique hébraïque en 
commençant par l'Œuvre de la Création, le 
ma'asseh brêshith (Adam élevé de la poussière 
du sol jusqu'au paradis, autrement dit dans le 
'ôlam haba', alias gan Eden) et l'Œuvre du Char, 
le ma'asseh merkavah (cette vision sur laquelle 
s'ouvre Ezéchiel, pour y flamboyer, culminant 
dans la manifestation du trône, c'est-à-dire du 
'ôlam haba', le trône étant à la fois d'avant la 
Création et pour la fin - comme la Thora !). 
Par conséquent, se plonger dans la Thora c'est bien 
résider dans le paradis du Temps (le gan 'êden), son 
épiphanique parousie de jouissance, bien avant que ne 
prenne figure l'opposition entre le temporel et le 
spirituel au sens spécifique qu'elle revêt - en lien à ce 
que Hegel appelle « l'Esprit aliéné de soi » - dans la 
métaphysique « chrétienne ». Quant à cette dernière, 
devenue paradigme de l'Occident, elle consiste pour 
partie en une interprétation de la Bible dont nous 
pouvons dire, d'une part, qu'elle est axée sur une 
métaphysique extérieure au texte biblique, à son 
intériorité de diamant, et d'autre part, qu'elle se 
maintient dans l'ignorance du langage subtilement 
codé de son écriture. Elle ne peut donc généralement 
que manquer la question du Temps sise au cœur du 
Texte, dans sa langue même. Dante permet toutefois 
d'échapper souverainement à cet écueil - et après lui 
d'autres conquérants du monde à la recherche de l'or 
du Temps, cette fortune alchimique personnelle - en 
inventant le Paradiso que nous n'avons pas pour rien 



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comparé à la Jérusalem céleste, cette rose ardente, en 
interprétant librement l'arbre séphirôthique. 

Si ce volume a un désir, il est d'introduire le lecteur 
dans le jardin de la science des écritures juives, cet 
impeccable paradis du Temps, et de lui faire goûter du 
fruit de l'arbre de la vie éternelle tel que les Hébreux 
l'entendaient au temps des sages, autrement dit au sens 
de l'accès à l'accomplissement mesuré et midrashique 
des livres sacrés, singulièrement au sens du point 
brûlant du messianisme antique, de l'esprit même des 
nazoréens de Jésus/Iéshoû'a, esprit qui d'ici et de là 
pareillement respire à même leur texte savamment 
rétro verti. 



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QUATRIEME ETUDE : 

Les mesures au roseau d'or des vingt-quatre livres 

« Mon cœur me dit : " J'ai le désir 
ardent/d'une science inspirée ; 
/Instruis-moi, si tu en es 
capable." /Je dis l'alif ; mon cœur 
reprit : " N'en dis/pas 

davantage ; /Si le Un est dans la 
maison, c'est assez d'une lettre. " » 
Omar Khayyâm, Rubbayat 



La question qui formera la colonne vertébrale de cette 
étude est la suivante : quels sont les vingt-quatre livres 
reconnus comme saints par les sages ((r)hakamim) 
autour de l'officialisation midrashique et historique 
qu'est le « synode » de Yavnéh (YBNH de racine 
BNH/bânâh, construire), et les longs débats qui s'y 
seraient historiquement déroulés tels que narrés par la 
Mishnah, puis par la Guémara ? 
De plus, quelle structure éminemment midrashique 
forment ces vingt-quatre rouleaux en accord avec leur 
contenu ? Quel est leur mouvement interne ? Pourquoi 
cette répartition trine et une ? Quel est le sens enfin du 
TaNaK tel qu'en lui-même conçu par les pharisiens 
(ou déjà par « les hommes de la grande 
Assemblée » ?), et tel qu'accompli par les divins 
inventeurs de Jésus Messie ? 



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Laissant ce questionnement se réfléchir selon son 
mouvement propre, et advenir enfin en sa simplicité 
essentielle, nous ne faisons qu'approfondir ce qu'aura 
dévoilé l'étude précédente afin de déterminer les 
mesures des vingt-quatre livres, pendant des soixante- 
dix, selon l'inspiration de l'esprit saint. 
C'est volontairement que nous ne tenterons pas 
d'étudier dans le détail le mouvement historique qui 
conduisit à ce résultat. En revanche, c'est avec patience 
et méthode que nous nous plongerons dans le procès 
alchimique de sa lente maturation verbale afin d'en 
laisser surgir l'ossature fleurissante, le projet intime 
placé sous le sceau de la Providence. 



Prélude : Origène et l'écriture manifeste : 

Avant d'aborder cette grave question du sens du 

TaNaK - dont je pourrai dire non sans euphémisme 

qu'il a été fort peu dévoilé et pensé par l'exégèse 

officielle d'Occident -, citons un propos d' Origène en 

l'aggravant et nuançant quelque peu. 

En effet, il arrivait parfois à Origène, bien que gréciste 

impénitent et naïf au point de croire que la castration 

put abolir le plaisir et rendre chaste, d'avoir des 

« réminiscences », certes vagues, de la langue sacrée. 

Ainsi disait-il du Livre que l'agneau est jugé digne 

d'ouvrir selon ses sept sceaux et de lire enfin dans 

l'Apocalypse de Jean : 

« Mais quel est le livre que vit Jean ? Ecrit au recto et 

au verso et scellé ; personne ne pouvait le lire ni en 

briser les sceaux sinon le lion de la tribu de Juda, le 

rejeton de David, qui ouvre et nul ne fermera, qui 

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ferme et nul ne rouvrira. C 'est toute l 'Ecriture qui est 
manifestée par ce livre : écrite au recto, à cause de 
son sens obvie, et au verso, à cause du sens secret et 
spirituel. » (Je souligne.) 

Voilà quelqu'un qui perçoit encore un écho minimal de 
l'hébreu (j'ai bien dit minimal), fait rarissime dans les 
débuts de l'Eglise chrétienne où la plupart connaissent 
mal l'hébreu (voire pas du tout !) et « bien » le grec 
(mais quel grec ?). Car, si cette remarque d'Origène 
n'a l'air de rien, elle s'avère pourtant être une 
indication vers la mentalité du midrash. Ainsi, le terme 
latin recto correspond à l'hébreu pânim (PNYM), face, 
devant, visage. Nous en avons vu tout l'aspect concret 
et spéculatif, en lien à pnim (PNYM), l'intériorité, le 
secret. 

La beauté du lieu commun fait que celui-ci 
affirme à sa manière un tel jeu spéculatif. En 
effet, ne dit-on pas, plus ou moins, que 
l'intériorité d'un homme se lit sur son visage ? 
On pourra se demander aussi d'où vient, et 
comment s'élabore, la puissante dialectique 
lévinassienne concernant les visages, ou 
pourquoi l'hébreu kabbalistique dit « la 
réception des visages » (qabalath panim) pour le 
simple fait d'accueillir quelqu'un, de le 
rencontrer. 
Le fameux verso se dirait quant à lui 'â(r)hôr 
('HtWR), arrière, derrière, ou occident, voire avenir. 
Ce qui retient en outre mon attention dans cette parole 
d'Origène, c'est qu'il dit de façon nette que 
l'Apocalypse de Jean manifeste toute l'Ecriture, qu'en 
gros elle est, avec ses minces feuillets, aux sens obvie 
et secret, l'alpha et l'oméga de tout ce qui s'est écrit 
dans l'hébreu antique, rien de moins (même s'il ne dit 

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pas qu'elle a été écrite en hébreu, je vous l'accorde, et 
même s'il ne fait qu'intuitionner à partir du latin les 
subtilités spéculatives du recto et du verso, étant très 
loin d'accéder au cœur même de leur rétroversion 
éclairée). Si j'indique ici la présence de ce livre 
reprenant les deux aspects d'exotérique et 
d'ésotérique, c'est qu'il s'agit bien du Livre - la Thora 
tout entière enroulée à l'intérieur de son écrin de 
lumière infinie - que l'agneau de l'Apocalypse de Jean 
est jugé digne d'ouvrir, au sens où celui-ci est la clé de 
Y accomplissement des écritures, de l'ouverture de la 
porte du Salut, lecture et ouverture étant le même mot 
en hébreu : PThYHtH/péthiy(r)hah. 

Actualisons. Seul celui qui sait lire jouit ainsi de 
voir s'ouvrir pour lui tous les livres, ils sont 
comme autant de rares rubis pour sa joie 
solitaire ; tel un disciple du philosophe 
Dionysos, il garde le feu sacré du Savoir, à 
travers la nuit de ces temps de détresse de 
l'absence de détresse (il ne manque ni de divin 
dansant, ni de tragique, ni de rire, loin de lui 
toute austérité). Il est le même qui, sachant 
ouvrir le Livre, sait, en sa conscience élevée à la 
Science, qu'il n'y a plus rien qu'il ne sache lire, 
de la logique véritable jusqu'aux célestes sphères 
spéculatives de l'Esprit absolu soi-même - ô 
musique de douceurs et de brasiers -, en passant 
par les différents degrés de la belle nature vraie 
et de l'esprit fini que les petits chercheurs 
spécialisés, hélas dérisoirement coupés de la 
circularité du « cercle de cercles », ne savent 
aucunement trouver en leur signification même, 
car bien plutôt se perdent-ils sous le sourd et 
besogneux servage qu'impose la Domination ; 
ils ne sont - sauf exceptions ! - que têtes de mort 

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dont l'accumulation des produits de leurs 
intelligences aveugles nourrit ainsi toujours plus 
l'unification abstraite qu'est celle-ci, croissance 
des moyens mortifères et techniques de la 
séparation généralisée (Kafka ne définissait-il 
pas l'humanité comme « croissance de la 
puissance de mort» ?). Pour autant, s'il est bien 
vrai que les sciences ne pensent pas, ce qui a 
pour conséquence que leurs résultats servent 
toujours plus l'esclavage idéal promis et promu 
par les discours aliénés de ce « monde comme 
fantôme et comme matrice », il n'en est pas 
moins nécessaire que les dites sciences soient 
pensées, c'est-à-dire que leurs résultats essentiels 
se voient élevés à la Science, introduits dans ce 
« cercle de cercles » qu'est Le Système de la 
Science, réfléchis par celui-ci. 
Mais d'où vient cette expression de l'Apocalypse de 
Jean désignant le livre-rouleau avec cette dualité 
spéculative, reflet de celle de la langue sainte ? 
Eh bien. . . du rouleau d'Ezéchiel. Ainsi, j 'ouvre et lis 
Ezéchiel 2, 8 à 10 : 
« Et toi fils de l'homme, 

Fils de l'homme, c'est BN 'DM, celui qui 
sera/est lu par le midrash évangélique comme le 
fils du dieu et par élévation mathématique 
comme Jésus-Iéshoû'a, c'est-à-dire comme 
l'Agneau du dieu, le Messie. On y reconnaît 
l'acrostiche initial B', bô'/viens, ou bâ'/venue, 
parousie, celle du fils de l'homme, d'après 
Matthieu. De plus, l'expression fils de 
l'homme/BN 'DM, ce personnage 

eschatologique majeur, figure en toutes lettres au 
début de l'Apocalypse, là où le vif désir de sa 
venue s'exprime in fine. C'est alors un midrash 
sur la « vision » du septième chapitre de Daniel. 



19 



écoute ce que je vais te dire : " Ne sois pas rebelle 
comme la maison de rébellion, 

Ici figure par deux fois la racine MRY/MRH, 
« s'opiniâtrer, se rebeller », au sens de la révolte 
religieuse contre YHWH (en lien à MRR/être 
amer, être affligé). 
ouvre la bouche et mange ce que je vais te donner. " 

Implicitement, il s'agit du don de la Thora. Sous 
cette métaphore, ce qui s'entend, 
philosophiquement parlant, est le don de l'absolu 
en tant qu'esprit. Afin que ce point soit saisi 
(nous y reviendrons), cela exige que soit 
comprise la question de la négativité absolue, 
c'est-à-dire de comment l'esprit se maintient 
égal à lui-même dans ce qui le nie absolument en 
comprenant et niant à son tour celui-ci, ce 
séjourner étant justement ce qu'exprime, certes 
symboliquement et métaphoriquement, la 
constante pérennité de la figure de l'Exil et de 
son retour dans la pensée juive. C'est le savoir 
de cela qui est ici ingéré et digéré par Ezéchiel, 
le métamorphosant au passage en « prophète », 
en cet élu revêtu de l'esprit de la prophétie (pour 
nous l'esprit absolu). Quant à savoir qui est 
désigné par cette « maison de rébellion », il y a 
fort à parier qu'il s'agit des prétendus idolâtres 
de Samarie ! 
Je regardai et voici [W'R'H WHNH/vâe're'h vehinêh, 
expression hébraïque typique chère à l'Apocalypse, 
voyez ses gématries] qu'une main [YD/yâd, la 
puissance divine elle-même] se tendait vers moi, il y 
avait un rouleau de livre. 
Il le déroula devant moi, 

Ici, pour dire l'action de dérouler, figure le verbe 
PRSh/pârash, étendre, verbe qui a aussi le sens 
d'expliquer ou de subdiviser le texte selon la 

20 



pârâshâh, de même racine. C'est la racine des 
pharisiens, et probablement aussi celle pour dire 
l'ouverture des sept sceaux dans l'Apocalypse, 
pour les rompre (ce qui évoque la proximité de 
PRSh et PRS/pâras, diviser, briser). 

et le rouleau était écrit au recto et au verso, 

Cette traduction communément admise laisse 
l'essentiel dans l'ombre. C'est la traduction de 
KThWBH PNYM W'HtWR/kethoûvâh pânim 
ve'a(r)hôr. Le jeu sur PNYM fait, qu'outre recto 
et verso au sens banal, ce duo a aussi pour sens 
le dedans et l'extérieur, ce qui permet de traduire 
notre formule par « écrit de manière ésotérique 
et exotérique » ou « secrète et dévoilée ». 
Ajoutons que 'HtWR, derrière, contient 
(H)'WR/lumière, avec une prononciation 
similaire. Jeux difficiles à voir en latin ! 

et étaient écrits en lui des lamentations, des plaintes et 

des gémissements. » 

Ici, nous avons l'hébreu QYNYM WHGH 
WHY/qinim vâhegueh vâhi. Dans cette dernière 
expression, je précise que se lit 
HGWYM/hagoyim, les païens, c'est-à-dire aussi 
bien Israël, ce mot de goyim contenant en lui la 
double entente si importante, allant au cœur 
même du mouvement de prosélytisme 
midrashique tel que je l'ai mis en évidence. Cette 
différence affûtée et unitaire - qui est en même 
temps unité différenciée - est volontairement 
gommée, oubliée et refoulée dans l'Occident 
nihiliste planétaire, successeur de l'Occident 
chrétien, comme en témoigne la profération 
proliférante des mots de goy ou de Juif, comme 
tant d'autres mots aplatis et vidés de leur sens 
substantiel. Dans la misérable novlangue de 
l'époque, le goy est fixé comme le non-juif, le 
juif comme le non-goy. Interdit de penser au- 



21 



delà, c'est-à-dire de se souvenir de la profonde 
dialectique d'Israël et des nations. Pourtant, si 
nous voulons accéder à la pensée de l'histoire 
dans sa totalité, c'est bien cette anamnèse qui 
nous requiert, au centre même de ce qui brûle de 
se dire. C'est l'objet de ce livre, lequel vous lit 
alors même que vous êtes en train de le lire. 
Reprenons. Je vais exprimer tout d'abord la gématrie 
par rangs des trois derniers termes du propos 
d'Ezéchiel, avant de commencer à en venir à la lecture 
midrashique qu'en fait l'Apocalypse de Jean (et là 
Origène est quelque peu dépassé, rejoignant dans 
l'ombre la triste cohorte des « grécistes » !) : 
QYNYM + HGH + HY a pour gR 94, celle des DBRY 
HThWRH (divrê hathôrâh/paroles de la Thora). 

Preuve : 19+10+14+10+13+5+3+5+5+10 = 94 = 
4+2+20+10+5+22+6+20+5 = DBRY HThWRH ; 
voir plus haut ce que je dis des vingt- 
quatre+soixante-dix livres. L'expression divrê 
hathôrâh se trouve dès le Deutéronome : « Et il 
l'aura auprès de lui ; et il y lira tous les jours de 
sa vie, afin qu'il apprenne à craindre l'Éternel, 
son Dieu, [et] à garder toutes les paroles de cette 
loi (lishmôr kâl-divrê hathôrâh hazoû'th), et ces 
statuts, pour les faire. » (Deutéronome 17, 19). 
Ou encore, Mishnah Avôth 3,2 : « là où deux 
parlent les paroles de la Thora (divrê hathôrâh), 
la Shékinah [autrement dit, le dieu en sa 
Présence, comme dans l'Evangile] est avec eux 
[entre eux, au singulier, BYN/beyn] ». De plus, il 
y a ici une double clé chiffrée de l'expression 
des douleurs de l'Exil, celles-ci étant identifiées 
par midrash avec les paroles de la Thora (le non 
respect des paroles de la Thora a pour châtiment 
l'Exil, c'est inscrit dès le Deutéronome). En 
effet, QYNYM + HGH + HY/lamentations, 

22 



plaintes, gémissements a pour notariques, initiale 
et finale, QHH et MHY. Ces deux vocables 
apparemment fantaisistes ne dévoilent leur sens 
que par le duo de leurs gR et gC. Pour le 
premier, c'est 29/110, les gR et gC de 'M/'âm, le 
peuple ; pour le second, c'est 28/55, les gR et gC 
de KLH/kalâh, la fiancée, la métaphore par 
excellence de l'Assemblée d'Israël. La prophétie 
pensée de ces douleurs comme tournant du sens 
de l'histoire midrashique de l'Assemblée 
d'Israël, du peuple, n'est pas fortuite ! C'est ce 
que doit s'approprier - comme son individualité 
indivise, son sang fluent lui donnant vie - celui 
qui met en sa bouche, mâche et remâche, avale, 
ingère et digère le livre en rouleau (puisqu'en 
celui-ci toute « l'histoire » se récapitule), afin 
qu'au final sa parole soit comme le miel, d'une 
douceur musicale pour un monde nouveau 
(voyez la manifestation des voix de la nature et 
des chants dans l'Apocalypse, accentuée 
notamment par quelques calembours, entre 
GN/gan, le paradis ; GNN/gânan, défendre, 
protéger ; NGN/nâgan, jouer d'un instrument de 
musique ; ou encore NGYNH/néginâh, chant, 
son des instruments de musique ; bref, par effet 
de calembours affirmant la défense du paradis et 
la musique qui en chante le triomphe). 
Ce sont les paroles-choses de la Thora : le contenu de 
la Loi-Révélation. 

Autrement dit, le duo que nous venons de voir, qui 
rassemble les vingt-quatre livres et les soixante-dix 
autres qui sont le sod des vingt-quatre, est à nouveau 
au menu. La dualité exotérique/ésotérique est ainsi 
réfléchie dans le dedans et le dehors du rouleau, lequel 
contient cette triple indication de la douleur de la 
négativité d'Israël, vase d'élection de ces douleurs et 



23 



de la venue du Salut spirituel, de la victoire. C'est 
pourquoi, ici, l'identité soutenue entre ces douleurs et 
les paroles de la Thora, entre le déchirement saisi et la 
parole de vie qui se sait comme son renversement, est 
d'une importance souveraine, sans égale. 

J'en viens maintenant à Apocalypse 5,1 : 
« Et je vis (W'R'/vâ'êre') sur la droite 

Sur la droite, c'est 'L-HYMYN/'al-hayâmin. A 
ce stade du déroulement du texte, c'est le Livre 
qui se trouve à la droite du père. Au terme du 
rouleau, ce sera l'agneau (ShH), le Fils, qui 
tiendra cette place. Il est le Livre vivant 
« définitif», ouvrant tous les livres, transportant 
ses lecteurs au delà de tous les livres. Cette 
droite correspond à la miséricorde du dieu par 
laquelle il rassemble ses justes, mais elle est 
aussi la force avec laquelle il châtie ses ennemis. 
Les sept églises ou quéhilôth, le dieu les tient 
dans sa droite, le terme gauche ShM'L signifiant 
aussi «aller du mauvais côté». Ajoutons à 
propos de cette droite que le Messie est lu 
comme fils de la droite, Ben Yamin - autrement 
dit, Benjamin actualisé. Lui-même et son frère 
Joseph, les deux fils de Sarah, seraient les 
prototypes midrashiques des deux messies 
pharisiens, le Messie fils de Joseph - pour 
Joseph -, et le messie fils de David - pour 
Benjamin, à savoir le plus jeune des douze fils 
de Jacob-Israël, celui qui vient en dernier. 
J'ajoute cependant que l'on peut aussi lire les 
deux frères Joseph et Juda comme ancêtres du 
Messie fils de Joseph et du Messie fils de David, 
dans la mesure où David descend de Juda. Mais 
les deux points de vue se répondent car Juda et 
Benjamin sont les deux tribus du Sud toujours 

24 



liées, celles qui régnent à Jérusalem (la cité 
royale du Messie fils de David), par opposition 
aux dix tribus du Nord (= Exil), centrées autour 
de Joseph. Pour être vraiment la double 
actualisation de Benjamin et de David comme 
Messie fils de David, ultime et victorieux, 
l'agneau du dieu aura dû être reconnu digne 
d'ouvrir le Livre après avoir traversé sa propre 
shéhitâh, son immolation, par midrash sur 
l'agneau (séh devenant 'ayil, le bélier, au cours 
du récit... et 'ayil veut aussi dire homme fort...) 
immolé au moment du « sacrifice » d'Isaac (cf. 
LShHtT/lishe(r)hôt, en Genèse 22, 10). Tout 
comme ce sacrifice, celui de l'agneau de 
l'Apocalypse est une métaphore. Il ne s'agit 
évidemment pas de laver son vêtement dans le 
sang de l'agneau à la lettre, mais d'entendre ici 
toute la symbolique spirituelle du sang en 
hébreu, en lien à la dualité pur/impur. Si, tout 
comme les livres saints qui souillent les mains 
sanctifient, le sang de l'agneau purifie, c'est 
qu'en tant que sang de l'agneau (l'impureté 
radicale du Livre vivant), il désigne ce qu'il y a 
de plus saint, de plus pur, de plus innocent, fruit 
d'un savoir suprême. 

de l'étant assis sur le trône 

HYWShB 'L-KS' : en fait, il ne s'agit nullement 
d'un assis (traduction commune déplorable), 
mais de celui qui demeure et fonde, qui est la 
présence divine en acte, laquelle se lit aussi en 
hébreu comme présence du verbe ShWB/shoûv, 
faire retour, convertir, réconcilier, la racine de la 
théshoûvah, conversion, retour, réconciliation. 
Celui qui demeure, parce que fondé par une 
puissante élaboration midrashique, c'est ce Lui 
qui luit sur le trône, y siège, juge et pardonne. 
Dans ce HYWShB 'L-KS'/hayôshêv 'al-kissê' se 



25 



lit YShWVIéshoû'a, Jésus, cet 'ish 
eschatologique ! Sans même parler de sa gC de 
504, celle de HSdB'WTh/hatseva'ôth, les armées 
célestes au service de Celui qui est sur le trône, 
engagées qu'elles sont dans le vaste mouvement 
par lequel se rejoue la composition de la 
Création. 

le Livre ('Th- (H)SPR) écrit (KTh(W)B) au-dedans et 

au-dehors [PNYM W'HtWR/pânim ve'a(r)hôr - le 

premier est lu pnim par le traducteur de l'Apocalypse 

puisqu'il le rend par le grec esoten, le dedans], scellé 

(HtTh(W)M) de sept sceaux [('Th)- ShB'H 

HtWThMYM où le sept est bien entendu le comble, la 

satiété]. » 

Ici, je me contente de noter le secret de ce dedans et de 

ce dehors du rouleau, dedans et dehors si subtilement 

mêlés, différenciés, unifiés : 

PNYM W'HtWR/a pour gR 95 et gC 401 . 

Preuve : gR = 17+14+10+13+6+1+8+6+20 = 95 
et gC = 80+50+10+40+6+1+8+6+200 = 401. 
Notons encore la notarique finale, MWR/moûr, 
échanger, racine de la thémoûrâh qui vient 
sceller le caractère dialectique de ce dedans et de 
ce dehors passant l'un dans l'autre. 
Voici la somme (procédé courant) de cette gR et de 
cette gC, 496 qui n'est autre que la gC de MLKWTh 
(malkoûth), le Royaume. 

Preuve 95+401 = 496 = 40+30+20+6+400 = 
MLKWTh/malkoûth, le Royaume ! Ce « dedans 
et dehors » figure avec avantage dans 
l'Apocalypse, le dieu en son Royaume étant et 
s' aimant, pour dire le regard des (r)hâyôth de 
sainteté qui entourent le trône, la plénitude de la 
vision : « et devant le trône, comme une mer de 
verre, semblable à du cristal ; et au milieu du 

26 



trône et à l'entour du trône, quatre animaux 
pleins d'yeux dedans et dehors [même chose que 
devant et derrière]. » (Apocalypse 4, 6). Mais, 
c'est surtout L'Evangile de Thomas qui me 
fournit les paroles aiguisées avec lesquelles 
affûter à l'extrême cette identité entre Malkoûth 
et notre duo, justifiant par là même l'utilisation 
du procédé opérant la somme de la gR et de la 
gC d'un même terme : « Jésus dit : " Si ceux qui 
vous guident vous disent : " Voici, le Royaume 
est dans le ciel ! " - alors les oiseaux du ciel y 
seront avant vous. S'ils vous disent : " Il est dans 
la mer ! " - alors, les poissons y seront avant 
vous. Mais le Royaume est à l'intérieur de vous 
et il est à l'extérieur de vous ! " (logia/dâvâr 2) ». 
Ou encore : « Eux lui dirent : " Si nous sommes 
petits, entrerons-nous dans le Royaume ? " Jésus 
leur dit : " Lorsque vous ferez des deux un, et 
que vous ferez l'intérieur comme l'extérieur et 
l'extérieur comme l'intérieur, et le haut comme le 
bas ! " (logia 27) ». Enfin, de la présence de la 
racine de la thémoûrâh dans notre duo, je me 
permets d'en déduire sa thémoûrâh at bash 
(changeant l'Aleph en thav, le bêth en shin, etc.). 
Celle-ci est : WTMY (pour PNYM) + ThSPG 
(pour 'HtWR, sans transformer le waw de liaison 
considéré comme signe de l'addition). La somme 
de ses gR et gC est des plus surprenantes : 
(6+9+13+10+22+15+17+3) + 

(6+9+40+10+400+60+80+3) 
=95+608=703=3+700=GN/gan, le verger- 
paradis, autre manière de dire le Royaume ! 
Le lieu où intérieur et extérieur ne s'opposent plus 
n'est autre que le Royaume du dieu en vérité, et celui- 
ci est l'enjeu divin (et politique au sens supérieur de ce 
qui participe de la guerre de l'Esprit) de la réflexion 
l'un dans l'autre de l'ésotérique et de l'exotérique, du 

27 



dehors et du dedans de la Thora. Je rappelle également 
que Malkoûth est la plus terrestre des séphirôth, la 
racine terrestre de l'unité des cieux et de la terre, de 
l'échelle mystique qu'est l'arbre de la Science des 
écritures sacrées. 

L'expression « royaume de dieu » ne désigne pas 
autre chose que l'unité du dieu YHWH et de son 
Assemblée, MLKWTh étant « identifiée » dans 
le Zohar à la Shékinah et pour nous ici à la 
fiancée, l'Assemblée nazoréenne du dieu Jésus- 
Iéshoû'a Messie, alias l'agneau du dieu, le 
toujours semblable agneau mystique. 
Je termine juste sur ce point par les trois mots qui 
suivent cette parole inscrite à la diable : 
« Qui est digne d'ouvrir » ? Autrement dit « qui est 
digne, capable, de lire ». 

C'est MY ShWH (ou ShWY ou ShWWH) LPThHt 
(qui digne pour ouvrir) qui comporte la notarique 
initiale MShL (mâshal), régner, user de proverbes, 
parler en paraboles. 

Comme occurrence symbolique de « pour 
ouvrir » (LPThHt), voici : « Je me suis levée 
pour ouvrir (LPThHt/liphthô(r)ha) à mon bien- 
aimé, et de mes mains a dégoutté la myrrhe, et 
de mes doigts, la myrrhe limpide, sur les 
poignées du verrou. » (Cantique des cantiques 5, 
5). Ce qui est à ouvrir, c'est ici « le Livre et ses 
sceaux », soit le duo SPR + HtWThMYW de gR 
et gC 117/81(0), soit 27/81, les gématries 
élégantes de KS'/kissê', le trône... l'enjeu est la 
royauté eschatologique, le surgissement du trône 
pour la fin. 
Qui en est digne, en effet, si ce n'est celui qui parle en 
de puissantes paraboles annonciatrices de la venue du 
Royaume du dieu, du ciel transplanté sur la terre, qui, 

28 



si ce n'est Jésus-Iéshoû'a Messie, l'agneau HShH 
(hasseh) calembour de ShWH/shâweh, égaler, être 
digne, mot probablement présent dans notre tournure 
sémitique initiale ? 

Cette rétroversion du « Qui est digne » par MY 
ShWH laisse entendre toute sa justesse en la 
prononçant : mi shâwâh ou mi shâweh... où il est 
difficile de ne pas entendre Masshia(r)h, le 
Messie ! Le verset suivant le confirme encore 
puisque Jean, momentanément affligé pour les 
besoins de la narration, constate que personne 
n'y parvient... ce personne n'est rien d'autre 
qu'une occurrence subtile du 'YN, le néant lui- 
même, entendez « dieu seul ». 



Les vingt-quatre livres : 

Mais j'en viens désormais aux vingt-quatre livres 

avant d'attaquer le juste dévoilement de ce sod perdu, 

retrouvé. 

Nous avons donc la tripartition bien connue du TaNaK 

sous nos yeux : Thora (Loi, Enseignement, 

Révélation), Névi'im (les Prophètes), 

Il convient d'entendre la notion de « prophète » 
au sens où Moïse est déjà prophète, voire le plus 
grand d'entre eux avant la venue de Jean- 
Baptiste, puis celle de Jésus Iéshoû'a. L'entendre 
donc au sens où le prophète est celui qui, étant le 
véhicule de Sa parole, manifeste la science du 
dieu à la conscience - cette relation entre le sujet 
écrivain et l'objet de la dite science -, sa 
connaissance se forgeant à mesure au cœur 
même de la sublime poésie de l'hébreu biblique. 
Je détaillerai plus loin ce qu'il en est de l'entente 
des notions de prophète et de prophétie. 



29 



et enfin Kéthoûvim (les Ecrits ou Hagiographes). 
Quant au sens de ces derniers, signalons que l'hébreu 
kéthouv signifie écrit, ordre (divin), inscription, édit. 
Ces « écrits » ont donc valeur d'inscription de la loi 
divine, leurs sens rejoignant nombre de ceux du mot 
thôrâh/ThWRH. 



Note relative au nombre de livres, à leur ordre, et à 
la singulière élection de la tripartition en vingt- 
quatre livres 

Vingt-deux, vingt-quatre, vingt-sept, trente-cinq, 
trente-huit, quarante-quatre ou cinquante-deux livres ? 
Le premier nombre est le choix formulé par Josèphe, 
le second celui des rabbins de Yavnéh (voire 
d'avant ?), les trois suivant des variantes de celui-ci, et 
les deux derniers enfin sont obtenus à partir de la 
collection de livres dite « des Septante », celle-ci étant 
beaucoup plus tardive, dans sa globalité rassemblée, 
que la seule traduction du Pentateuque. Tous ces 
nombres feraient sourire un kabbaliste qui 
remarquerait que nous allons des vingt-deux lettres de 
feu noir de l'alphabet jusqu'à la valence messianique, 
mais passons, nous sommes ici pour examiner 
attentivement pour quelles raisons doit être restitué 
tout son crédit à la répartition en vingt-quatre livres 
(en dehors, bien sûr, de son élection talmudique, ainsi 
que de son ancienneté probable). 
Donc, le nombre de vingt-deux nous vient de Flavius 
Josèphe, il en disserte tant dans ses Antiquités juives 
que dans son Contre Apion, ouvrages datant 

30 



respectivement d'environ 90 et 95, soit d'autour et 
d'après Yavnéh. Le fait qu'il ne soit pas pharisien (ou 
plutôt qu'il ne le soit « plus ») expliquerait qu'il ne 
semble pas reconnaître ce qui fait la base du judaïsme 
pharisien, ce fertile terreau des futures arborescences 
talmudiques et midrashiques, à savoir les vingt-quatre 
livres. Nous verrons qu'il n'en est rien. Déjà, du fait 
qu'il fut passé dans le camp romain avant 70 ne doit 
nullement s'inférer qu'il était coupé des projets et des 
lois des sages d'Israël. Nous savons en effet qu'il avait 
un rapport tant avec la bibliothèque phari sienne 
regroupant les livres qui avaient échappé à la 
destruction du Temple - en plus des manuscrits qu'il a 
lui-même sauvés lors de son départ d'Israël -, qu'avec 
les juifs-hébreux poursuivant l'impérieuse tâche de 
sauver le judaïsme à Yavnéh, puis en Galilée (cf. 
travaux d'E. Nodet). Mais scrutons de plus près sa 
tripartition, adaptation faite pour un public non 
hébraïsant, et ce point doit être plus que souligné. 
Ouvrons le Contre Apion : « Par une conséquence 
naturelle, ou plutôt nécessaire - puisqu'il n'est pas 
permis chez nous à tout le monde d'écrire l'histoire et 
que nos écrits ne présentent aucune divergence [il 
n'est pas interdit de sourire, comme dans la suite. . . ], 
mais que seuls les prophètes racontaient avec clarté les 
faits lointains et anciens pour les avoir appris par une 
inspiration divine, les faits contemporains selon qu'ils 
se passaient sous leurs yeux, - par une conséquence 
naturelle, dis-je, il n'existe pas chez nous une infinité 
de livres en désaccord et en contradiction, mais vingt- 
deux seulement qui contiennent les annales [aurait-on 
affaire ici à un nouveau Tacite ?] de tous les temps et 



31 



obtiennent une juste créance. Ce sont d'abord les livres 
de Moïse, au nombre de cinq, qui comprennent les lois 
et la tradition depuis la création des hommes jusqu'à sa 
propre mort. C'est une période de trois mille ans à peu 
près. Depuis la mort de Moïse jusqu'à Artaxerxès, 
successeur de Xerxès au trône de Perse, les prophètes 
qui vinrent après Moïse ont raconté l'histoire de leur 
temps en treize livres. Les quatre derniers contiennent 
des hymnes à Dieu et des préceptes moraux pour les 
hommes. Depuis Artaxerxès jusqu'à nos jours tous les 
événements ont été racontés, mais on n'accorde pas à 
ces écrits la même créance qu'aux précédents, parce 
que les prophètes ne se sont plus exactement succédés 
[On pensera ici aux Macchabées ou à Judith que 
Josèphe n'inclut donc pas dans la tripartition 
séminale]. » 

Nous avons certes les cinq livres de Moïse, autrement 
dit la Thora, mais on aurait bien des peines à exhiber 
ici la bipartition Prophètes/Ecrits censée lui succéder. 
Daniel, Esdras ou Esther figureraient parmi les treize 
prophètes qui viennent après Moïse, car il nous faut 
aller jusqu'au temps d' Artaxerxès, soit après Darius et 
Xerxès, le premier correspondant au temps d'Esdras, 
livre le plus « tardif » du TaNaK - en s'en tenant bien 
sûr à la datation historique que ces midrashim 
affectent de se donner. Il ne faut nullement entendre 
ces treize prophètes au sens des Prophètes ; de même, 
pas de rapport entre les quatre derniers livres qui 
« contiennent des hymnes à Dieu et des préceptes 
moraux pour les hommes » et les Ecrits. Certains 
spécialistes, tombant à la hâte dans la fange de cette 
confusion, en déduisent que Daniel aurait d'abord fait 

32 



partie des Prophètes avant d'en être exclu par une 
obscure raison, se retrouvant alors, sous la plume 
élective des talmudistes, dans les Ecrits ! D'autres 
tentent avec plus ou moins de succès, mais toujours 
demeurant dans l'incertitude, de nommer les livres 
correspondant à ces « treize prophètes ». Mon 
hypothèse est tout autre : comme partout dans ses 
Ecrits, ou plutôt - pardon pour la confusion - ses 
écrits, Flavius Josèphe use de son art subtil qui 
consiste à adapter son savoir immense du judaïsme à 
un public gréco-romain, c'est-à-dire à le conserver 
présent en filigrane dans ce qu'il expose. C'est le cas 
ici : Josèphe connaît la tripartition classique du 
rabbinisme, mais comme il ne peut exprimer les livres 
que comme des livres historiques, ceux qu'ils 
nomment prophètes seront les livres qui semblent se 
donner un cadre historique (bien qu'il sache bien 
que. . .), ceux qui n'en ont pas devenant des livres de 
« sagesse » (mais il sait bien qu'ils le sont tous, sous 
l'inspiration bienveillante de la Sagesse, la 
(r)Hôchmâh, non pas la sagesse gréco-latine). Ce rusé 
renard qui ne s'évertue pas sans génie et stratégie à 
reprendre dès l'entrée de ses Antiquités le flambeau 
vivant du coup des Septante en s' adressant aux Grecs 
(!), ajoutant « ce fut pour moi une considération 
nullement secondaire que nos ancêtres, d'une part, 
aient toujours été disposés à communiquer leur 
histoire [!] et que certains Grecs, de l'autre, aient été 
curieux de la connaître » ; ce rusé renard, disais-je, 
cachant la tripartition du TaNaK dans son langage de 
traduction, tout en la masquant la laisse dévoilée pour 
ceux qui goûtent sa savante manière de procéder. 



33 



Sinon, pourquoi avoir maintenu une telle tripartition, 
ainsi qu'un nombre de livres qui fasse s'équivaloir 
l'ensemble à l'alphabet, c'est-à-dire à la langue 
hébraïque ? 

Le recueil des Septante, qui nous offre les deux 
derniers nombres (qu'il est bon de faire varier selon le 
décompte des Macchabées comme quatre livres ou 
non, pareillement les Chroniques, les Rois. . .), est 
« tardif » et il faut le souligner vivement. Si l'on a des 
manuscrits anciens - même à Qumrân ! -, certaines 
des traductions que l'on admet sous ce titre sont du 
deuxième siècle (attribuées paraît-il à Aquila), et la 
compilation ainsi ordonnée provient d'un milieu 
chrétien qui n'a probablement plus aucune 
connaissance des modes et détours luxueux de la 
pensée juive-hébraïque (contrairement à l'habile 
Josèphe). Divers éléments le confirment. Au premier 
chef, il y a cette manière de diviser les livres (les Rois 
en quatre, les Chroniques en deux, les Macchabées en 
quatre, etc.). Elle n'a strictement rien d'hébraïque - 
pourquoi d'ailleurs le titre de Samuel est-il passé à la 
trappe pour être remplacé par celui des Rois, serait-ce 
un symptôme que ceux qui compilèrent et 
réarrangèrent les livres ne voulaient plus avoir à 
entendre le nom de Samuel, autrement dit que Son 
Nom est El ? Ce qui me permet au passage d'éliminer 
les choix en vingt-sept, et trente-huit livres puisqu'ils 
reposent sur le dédoublement en deux livres chacun de 
Samuel, des Rois et des Chroniques. De plus, si je 
voulais retrouver la tripartition logique dans cette 
répartition des Septante, j'éprouverais de redoutables 
difficultés : aucune tripartition ne se dessine, et aucun 

34 



ordre, soit chronologique, soit midrashique, ne semble 
pouvoir être esquissé. Les seuls éléments laissant 
affleurer leur provenance hébraïque sont la succession 
des cinq livres de la Thora, la succession respectée des 
douze « petits prophètes », l'adjonction de Ruth avec 
les Juges et des Lamentations avec Jérémie, ainsi que 
l'ajout de boutures midrashiques aux livres de Daniel 
(Suzanne, Bel et Drako) ou d'Esther (la minutieuse 
apocalypse miniature que l'on retrouve également 
dans le Midrash Rabbah), sans oublier bien entendu 
l'écriture sous-jacente à tous ces textes avant leur 
traduction en ce curieux grec targumique. On y trouve 
en revanche les cinq livres de « sagesse » faisant bloc 
(un ou deux autres leur succédant), probablement par 
calque de ce qu'en dit Josèphe, son oeuvre ayant fait 
office de livre de chevet pour les Eglises chrétiennes 
d'Occident, une fois celles-ci séparées des assemblées 
hébraïques primitives. Enfin, une fois traversé ce 
défilé de variations chiffrées, nous restent les Targums. 
Qu'en dire ? Les deux grands targumim officiels sont 
le Targum Onquélos pour le Pentateuque (second 
siècle) et le Targum Jonathan pour les Prophètes 
(premier siècle, cf. Méguillâh 3a). Comme il n'existe 
pas de Targum global pour les Ecrits, pour la raison 
qu'ils ne servent pas liturgiquement de façon 
pareillement stable (tardivement il y eut des targumim 
sur les cinq méguillôth et d'autres des Ecrits, lorsque 
la nécessité liturgique s'en présenta), je ne puis rien 
déduire des Targums qui aille à l' encontre de 
l'antiquité de la tripartition du TaNaK en vingt-quatre 
livres, ou qui la confirme. 



35 



Me reste la version en trente-cinq livres (voire en 
trente-six si Esdras-Néhémie (?) est séparé en deux 
livres. . .). Elle consiste à remplacer les douze 
prophètes considérés comme un seul par douze livres 
distincts dans le compte des vingt-quatre, obtenant 
ainsi 24-1+12 = 35 livres. Bien entendu, on ne saurait 
se satisfaire d'une telle répartition, car, ainsi que le 
donnent à entendre deux sources dont nous irons d'ici 
peu goûter les eaux rafraîchissantes - loin de l'aridité 
des petits stocks de connaissances abîmées dont se 
satisfont les universités -, il faut considérer les Douze 
comme un seul rouleau. 

Au vu de ce qui précède, il ne fait aucun doute que la 
tripartition en vingt-quatre livres est la seule valable, 
et qu'elle est antique au point de pouvoir remonter au 
premier siècle avant J.-C, date de la traduction en grec 
du livre de Ben Sirah tel que conservé par les Septante 
et où scintille, toute à sa joie - et par trois fois -, la 
tripartition de la Thora, des Prophètes et des autres 
écrits, c'est-à-dire, masquée, celle du TaNaK ! 

La mention la plus ancienne de cette tripartition : La 

Sagesse de Ben Sirah : 

La Sagesse dite de Jésus Ben Sirah (version Septante, 

ce texte grec étant daté du deuxième siècle avant J.-C.) 

possède un chapitre 52, un épilogue (parfois présenté 

aussi comme prologue). L'auteur de celui-ci se dit être 

le petit-fils de l'auteur supposé, et en outre le 

traducteur en grec de cette Sagesse (d'où la version 

conservée par les Septante). 

Dans cet épilogue, je trouve par trois fois la mention 

de la Thora, les Prophètes et d'autres écrits, cette triple 

36 



répétition n'ayant d'autre but que d'attirer l'attention 
du lecteur. 

Mais voici sans plus attendre ces trois mentions : 
Verset 1 : « De grandes et nombreuses choses, au sujet 
desquelles il faut louer Israël de sa doctrine et de sa 
sagesse, nous ayant été transmises par la Loi, les 
Prophètes et d'autres qui les ont suivis [suivre c'est 
HLK racine de la halakah, conduite, démarche, loi] » 
Verset 3 : « mon aïeul [en grec 7KX7U7uoç, emprunt tardif 
PPY(')S] Jésus, s'étant adonné de toutes ses forces à 
l'étude de la Loi, des Prophètes et des autres livres 
(SPRYM 'HtRYM/séphârim 'a(r)herim) de nos pères 
('BWThYNW/'avôtheynoû), et ayant acquis de la 
sorte une instruction suffisante [en fait cette formule 
traduit le grec 7U8pi7uoir|aa(i8voç qui ne figure que 
rarement dans les Septante, par exemple en Malachie 
3, 17, comme l'expression 'ShH+SGLH, œuvrer- 
préserver le trésor ; car l'instruction que recèle le 
TaNaK est en effet un trésor ! ] . » 
Verset 6 : « car les choses dites en hébreu ne sont pas 
toujours transportées dans une autre langue avec la 
même force. Mais ce n'est pas tout : la Loi aussi, et les 
Prophètes et les autres livres (SPRYM 'HtRYM) n'ont 
pas entre eux de médiocres variantes [des différences 
de dévârim] . » 

Le troisième temps du TaNaK n'est jamais dit ici 
être « les Ecrits », le terme kéthoûvim étant 
absent de cet épilogue. Les trois formules qui 
viennent à la place pourraient être une manière 
de placer sous le sceau du secret l'ensemble de 
l'expression servant à nommer le TaNaK. 
L'instruction-trésor qu'y puise Jésus en serait un 
signe. 



37 



Les deux faits solides que nous avons sont : 
premièrement, la connaissance de cette répartition dès 
la traduction de La Sagesse de Ben Sirah, bien que le 
troisième terme semble encore flou, désigné de 
manière cryptée, ou en tout cas puisse s'entendre de 
plusieurs façons ; et deuxièmement, la mention des 
vingt-quatre livres chez IV Esdras. Il n'y a pas de 
mention de trente-deux ou trente-neuf livres dans les 
textes sacrés de l'époque, même si on peut conjecturer 
de telles répartitions. 

Cette mention des vingt-quatre livres chez Esdras 
m'est confirmée par l'Evangile de Thomas, en un 
dâvâr mémorable : 

« 57. Ses disciples lui dirent : " Vingt-quatre prophètes 
('ShRYM W'RB'H NBY'YM/'essrim v'arbâ'âh 
névi'im) ont parlé en Israël et tous, ils se sont 
exprimés en toi. " Il leur a dit : " Vous avez délaissé 
celui qui est vivant en face de vous, et vous avez parlé 
des morts ! " ». 

Si l'on voulait entendre le propos à la lettre et 
rechercher exhaustivement dans le TaNaK ceux 
qui sont revêtus du titre de « prophète », le 
nombre de vingt-quatre serait vite excédé : il ne 
saurait donc exister aucune bijection entre 
l'ensemble des livres et celui des prophètes 
nommés en leur sein. Cela prouve bien la 
nécessité de leur entente métaphorique, chacun 
des livres du TaNaK étant ici personnifié par un 
«prophète». C'est de la même manière que 
l'Apocalypse de Jean représentera les vingt- 
quatre livres sous les traits des vingt-quatre 
anciens (zqênim), ces plantes vivaces dont la 
parole se meut selon le don immémorial de la 
prophétie. 

38 



Première approche du contenu des trois temps : 
Voyons maintenant le contenu, en termes de titres et de 
livres, de chacun de ces trois temps, en commençant 
par les deux premiers. 

Tout d'abord, se présentent les cinq cinquièmes 
(hamishâh houmshêy) qui composent la Thora au sens 
restreint, premier : les noms qui leur sont donnés sont 
ceux de leur premier mot jugé essentiel, ainsi de 
BR'ShYTh/Brêshith (par le principe) pour la Genèse, 
de ShMWTh/shemôth (les noms) pour l'Exode, de 
WYQR'/vayiqra' (et il proclame) pour le Lévitique, de 
BMDBR/bamidbâr (au désert) pour les Nombres, et 
enfin de DBRYM/dévârim (les paroles-choses) pour 
l'ultime et le premier (?), l'alpha et l'oméga, le rouleau 
du Deutéronome. 

Remarquons toutefois une variante notable et 
ancienne, soulignée par Jérôme, pour qui le livre 
des Nombres se nomme WYDBR/vaydaber, le 
premier mot du rouleau. 
Voilà déjà cinq rouleaux de rangés dans mon carquois ; 
je passe aux Prophètes et là, les choses sont 
immédiates. 

Les Prophètes comprennent les anciens et les plus 
récents que les pharisiens nomment les derniers (à 
partir de l'époque de rédaction de la Guémara ?). Pour 
eux (une majorité en tout cas), l'esprit de prophétie en 
tant que tel s'arrête « officiellement » avec le TaNaK, 
ce qui s'accorde aussi avec une parole des 
Lamentations : « Ses portes sont enfoncées dans la 
terre ; il a détruit et brisé ses barres ; son roi et ses 
princes sont parmi les nations ; la loi n'est plus ; ses 
prophètes aussi ne trouvent pas de vision de la part de 

39 



l'Éternel. » (Lamentations de Jérémie 2, 9, où je 

souligne en notant la présence de la dualité Thora + 

Prophètes à l'intérieur de l'un des Ecrits.) 

Nous avons tout d'abord Josué/YHWSh', les 

Juges/ShWPTYM, Samuel (ne formant à la base qu'un 

livre)/ShMW'L, puis les Rois/MLKYM (un livre 

pareillement). 

A la suite de ces quatre premiers livres, nous 

rencontrons trois prophètes « majeurs » : 

Isaïe/YSh'YH, Jérémie/YRMYH et 

Ezéchiel/YHtZQ'L. 

Enfin, j'ai mes douze « petits » Prophètes, qui, pour 

ainsi dire, me posent aussitôt cette question : 

Comment ceux-ci sont-ils considérés, pensés : comme 

douze rouleaux comptant douze ou comptant comme 

un seul ? 

Voyons les choses en face, si je les compte un par un, 

un pour un, j'obtiens alors un total de vingt-quatre 

livres pour Thora et Prophètes sans avoir besoin a 

priori d'aller plus loin. 

Preuve de ce 24 : 5 (la Thora) + 4 (les premiers 
prophètes) + 3 (les grands prophètes) + 12 (les 
petits prophètes) = 24. 
Autrement dit, les vingt-quatre livres dont il est 
question dans IV Esdras pourraient fort bien être ceux 
de la Thora et des Prophètes tels qu'ainsi énumérés 
sans même avoir recours au TaNaK. Ce fait 
s'accorderait peut-être avec les Evangiles, ceux-ci 
rendant surtout visible cette différence royale entre 
Thora et Prophètes alors que la tripartition 
Thora/Prophètes/Ecrits en tant que telle en serait 
absente (notez le conditionnel). Ainsi, les Evangiles 



40 



parlent de la bipartition « la Thora et les Prophètes » 
en de très nombreuses occurrences. Ils semblent 
méconnaître le TaNaK bien qu'il soit question une ou 
deux fois d'une tripartition, en apparence distincte de 
celle adoptée par les pharisiens. Ils semblent ? 
Laissons cette question en suspens, nous y viendrons 
une fois saisi le TaNaK selon son intrinsèque vie 
mouvementée. 

La Thora et les Prophètes : 

Voyons déjà cette dualité si chérie du texte 

évangélique. 

La dualité la Thora et les Prophètes, c'est HThWRH 

WHNBY'YM/hathôrâh vehanévi'im. 

Ce duo a pour gR 119 et gC 740, gématries qui se 

ramènent au duo 29/74, les gématries de LMD/lâmêd 

ou lâmad, joindre, pratiquer, étudier, enseigner ou 

encore de YSD/yâssad, fonder, établir. Pour la 

Nouvelle Alliance, le 29 est celui de YHtWH, le nom 

nouveau et son réseau considérable, 

Je cite pêle-mêle : 'WTh/'ôth, signe (gR) ; 
NS/nêss, étendard, miracle {idem) ; YWM, yôm, 
le Jour (ibidem) ; MRYM/Myriam-Marie, 
l'Assemblée d'Israël, par sa gC de 29(0) ; 
'P/'aph, la colère du dieu, très présente dans 
l'Apocalypse, a pour élévation au carré terme à 
terme 289+1=29(0); 'DNY, Adonaï (gR) ; 
YSd'/yâtsa', sortir (verbe de la sortie d'Egypte, 
le dieu de l'Apocalypse est dit sortir en 
vainqueur et pour vaincre... gR) ; BWR/bôrê' 
(par double identification, gR et gC), le 
« recréateur » ou « celui qui créé, qui dévoile ce 
qui est» ; son anagramme B'WR/be'ôr, dans ou 
par la lumière - de la Création nouvelle - ; 



41 



ThBH/thêvâh, l'arche (du Déluge lu comme fin 
des temps, gR) ; 'M/'âm, le peuple (gR) ; 
'HtR/'a(r)her, autre, voire l'Autre (gR) ; 
RDH/râdah, dominer, régner, fouler (cf. 
Apocalypse 11, 2 où les nations foulent le parvis 
du Temple, par double identité, gR et gC), son 
anagramme HDR/hadar, beauté, ornement 
(idem) ; PHtD/pa(r)had, la crainte, la terreur 
(attribut du dieu du jugement, gR) ; NHY/nehi, 
plainte, gémissement (de ceux que sa sévérité 
n'épargne pas, gR) ; BNY BKWR/vni bekôr, 
« mon fils premier-né », par gC de 29(0) ; la gR 
de la racine de la théshoûvah, ShWB, faire 
retour ; QWH/qâwah, espérer, attendre, la racine 
de «l'espérance» messianique (gR) ; 
RBBH/rvâvâh, les myriades des légions 
angéliques du recréateur (double identité, gR et 
gC) ; KBWDW, « Sa gloire » (il en est question 
avec force intensité dans l'Apocalypse, gR), etc., 
etc. Ou encore, résultat dont il me faut souligner 
et détailler le raffinement : en gR, en donnant au 
mem sa valeur en tant que finale (par rangs les 
cinq lettres finales kaph, mem, noûn, phé, tsadé, 
complètent ordinairement, de 23 à 27, les vingt- 
deux premières lettres), le dénommé Adam/' DM 
a pour valeur l+4+24=29=YHtWH, le 
Tétragramme nouveau ! Ainsi, pour les auteurs 
de l'Apocalypse, l'identité entre l'homme et 
l'Existant YHWH se mue-t-elle en l'identité, 
tout aussi riche, entre l'homme et YHtWH, 
l'Existant correspondant à la seconde éternelle 
résurrection, non plus seulement à la première. 
lequel permet de déceler ce tout nouveau Tétragramme 
comme levier ou pivot du « renouvellement de tout » 
(Dubourg). Quant au 74, c'est essentiellement celui de 
rêshith, le principe, le commencement de l'Œuvre de la 
Création. Ces équivalences chiffrées seraient l'une des 

42 



raisons de la présence massive dans les narrations 
évangéliques de la formule « la Thora et les 
Prophètes », ce joyau, en accord avec l'abondance des 
procédés de gématrie concourant à l'écriture de celles- 
ci. 

Preuves : HThWRH WHNBY'YM 

=5+22+6+20+5+6+5+14+2+10+1+10+13=119 

(gR) ; et 

=5+400+6+200+5+6+5+50+2+ 10+1+1 0+40= 

740. 

Mais tant qu'à faire, comme c'est jour de noces 

et de festin, revenons à la formule de 

l'accomplissement des écritures si 

universellement travestie et galvaudée : « Ne 

pensez pas que je sois venu pour abolir [par 

analogie avec la pensée paulinienne, on aurait ici 

plutôt un LBTL/lebatel que le LHShBTh dont 

nous avions aussi émis l'hypothèse en entrant en 

matière, et ceci bien que nulle part dans les 

Septante LBTL ne soit rendu par le verbe 

Kaxa?o)Ç5 ici présent, j'y reviendrai] la Loi ou les 

Prophètes : je ne suis pas venu pour abolir, mais 

pour accomplir. » (Matthieu 5, 17). 

Il serait donc venu « pour accomplir » la Thora 

et les Prophètes en les joignant, non pas à 

l'inverse pour supprimer l'un ou l'autre 

(disjonction exclusive) ? 

Accomplir c'est (L)ML', qui implique souvent la 

méthode des plérômes. 

C'est bien entendu le cas - et flagrant - ici : 

« la Thora et les Prophètes »/HThWRH 
WHNBY'YM se déploie en HH ThW WW RYSh 
HH WW HH NWN BYTh YWD 'LP YWD MM 
de gR et gC 2(9)7/1719(189), soit la paire 
27/189, le 27 bien connu de HtSD/grâce, et 
RZ/secret, et 'WR/lumière, etc., et le 189 de 
YWM MShYHt/le Jour du Messie en plérôme, 

43 



l'un des nombres essentiels de l'avènement 
messianique dont nous humerons tout le fumet 
parfumé un peu plus loin... Enfin, la somme des 
gR et gC est de 2016, soit le 216 gC de 
DBYR/debir, le cœur du Temple sacré, et 2016 
septuple (= plénitude) produit de 288, la 
gématrie par multiplication de 'Sd/'êts, l'arbre 
au centre du jardin d'Eden, l'objet vivifiant de 
tous les désirs, purs et ardents, des kabbalistes 
de tous les siècles ! 

Vers la mesure des Douze (retour à la structure des 

Prophètes) : 

Mais l'œil du midrash, perçant comme celui du 

(r)hashmal, ne s'arrête pas là dans son déchiffrement 

de l'inouï, il va considérer maintenant l'ensemble des 

douze Prophètes comme un seul et unique rouleau. 

Sondons déjà le pourquoi d'une telle unité. Cela nous 

permettra, tout en gardant le chiffre de vingt-quatre 

livres (12+12), d'accéder à une répartition en trois 

temps, avec les Kéthoûvim, et non plus en deux temps 

seulement. 

Je récapitule les Douze, et dans l'ordre : 

Osée YWSh', 

Osée est le premier nom de Josué. Avec Josué 
lui-même et enfin Isaïe, ces trois noms sont de la 
même racine que Jésus-Iéshoû'a, celle du Salut, 
de la Victoire ; et déjà trois prophètes dans 
l'escarcelle de Jésus-Iéshoû'a ! On peut même 
signaler qu'Osée, cet en-tête des douze 
Prophètes, est l'anagramme exact de 
Jésus/Iéshoû'a, YShW, le grand prêtre du retour 
dExil avec Zorobabel ! 
Joël YW'L, Amos 'MWS, Obadiah ' WBDYH, Jonas 
YWNH, MichéeMYKH, NahoumNHtWM, 

44 



Habbacuc HtBQWQ, Sophonie SdPNYH, Agée 

HtGY, Zacharie ZKRYH, Malachie ML'KY. 

Les voilà tous bien présents et agissants avec leur carat 

de présence infinie. 

Mais comment justifier de les considérer comme un 

seul et même rouleau ? 

Les découvertes dites de Qumrân témoignent fort à 

propos de cette unité, les douze « petits » prophètes 

s'y trouvant reliés en un seul « volume ». Et puis, il y 

a, outre la cohérence de ces douze en lien aux douze 

tribus d'Israël (quelle unité vertigineuse !), ce qu'en 

dit La Sagesse de Ben Sir ah. 

En effet, ce merveilleux Ben Sirah parle des os des 

douze prophètes, l'os, 'SdM/'etsem, étant une manière 

de désigner le corps de doctrine, le substantiel, ce qui 

donne sa force à quelque chose, ou encore l'ipséité 

(sens commun avec le nephesh, « l'âme »). Il s'agit en 

clair des douze Prophètes considérés ensemble comme 

un même livre, une même pensée divine, un même 

corps, comme actualisation et retour des douze fils de 

Jacob-Israël. 

Mais écoutons à leur sujet la parole laconique et 

prolifique, c'est-à-dire dense, de Ben Sirah : « Quant 

aux douze prophètes, que leurs ossements refleurissent 

du sein de leurs tombeaux ! Car ils ont consolé Jacob 

[autrement dit Israël en Exil, comme les douze fils de 

Jacob-Israël le consolent, une fois réconciliés entre 

eux, dans la Thora, ce qui n'est pas une mince affaire, 

laquelle est profondément eschatologique !], et l'ont 

sauvé par une espérance [la messianique, celle du 

retour] certaine. » (49, 10). 



45 



Je n'ai plus qu'à donner quelques preuves de l'unité 

des douze Prophètes. 

On peut constater que chacun des Douze commence 

dès son premier verset, soit par DBR-YHWH (le Verbe 

de dieu), soit par HtZH/(r)hâzâh, ou encore par 

HtZWN/(r)hâzôn, voir ou vision. Ces Douze sont tous 

des visionnaires de la parole divine. 

Mais voici surtout la si évidente gématrie par rangs de 

ces douze noms embrassés d'un seul regard : 

YWSh' YW'L 'MWS 'WBDYH YWNH MYKH 

NHtWM HtBQWQ SdPNYH HtGY ZKRYH 

ML'KY: 

10+6+21+16+10+6+1+12+16+13+6+15+16+6+2+4 

+10+5+10+6+14+5+13+10+11+5+14+8+6+13+8+2 

+19+6+19+18+17+14+10+5+8+3+10+7+11+20+10+5 

+13+12+1+11+10 = 529. 

Or, qu'est ce nombre qui permet de donner sens à 

l'unité de ces Douze selon le calame d'or du divin ? 

En fait, c'est très simple, il s'agit de la gC de la 

formule « le fiancé et la fiancée », avec waw et 

articles, comme c'est le cas dans la façon de lire et de 

scruter le TaNaK (nous en sonderons les abîmes). La 

Thora et les Prophètes et les Ecrits seront eux aussi à 

considérer avec leurs hé et leurs waw. 

En effet, le fiancé et la fiancée/HHtThN WHKLH 

ont pour gC= 5+8+400+50+6+5+20+30+5 = 529, la 

même ! 

L'unité des douze Prophètes, reliés en un volume par 

l'amour des fiancés de la mystique, est censée clore 

par cette union le « canon » (!), l'unité de la 

compilation méditée des Prophètes, et ainsi plus 

généralement de la Thora et des Prophètes. La 

46 



prophétie de la fin de Malachie (du retour d'Elie 
relevant l'anathème) répond, dans le texte de cet ultime 
des Douze, à cette volonté de sceller la prophétie dans 
l'union eschatologique. D'où aussi la présence 
fondamentale dans les Ecrits, afin d'accomplir les 
Prophètes, de la question de ce duo du fiancé et de la 
fiancée, et de leur pur amour se célébrant sous le sceau 
d'une royauté sans faille, laquelle célèbre à son tour le 
départ dans l'affection et le bruit neuf, par-delà les 
époques et les déluges. Voyez pour l'essentiel le 
Cantique des cantiques et Esther, même si l'union de 
Ruth (RWTh liée à la Thora/ThWRH selon le Zohar) 
et de Boaz (le Rédempteur) n'est pas à négliger non 
plus. 

Autre précision : Esther et Assuérus, ce fiancé et 
cette fiancée, enfantent par midrash le 
bienheureux Cyrus. Celui-ci est une figure 
messianique essentielle parce que sa gR est de 
58 comme « Son Messie »/MShYHtW, parce que 
c'est un roi païen converti, juif par sa mère, 
Esther (le secret), et enfin, parce qu'il fait 
reconstruire le Temple de Jérusalem, 
caractéristique messianique majeure par laquelle 
la « fin » des temps se fait signe, tangible et 
vivant, en direction des hommes. 
Et que contient l'expression du duo (r)hathan et kalâh 
(le fiancé et la fiancée, Israël et son Dieu) ? Eh oui, 
HThNK, le TaNaK soi-même, j'y viens enfin. 
Et, j'insiste : Quelle est la gématrie par rangs de ce 
HThNK, le TaNaK ? 

gR= 5+22+14+11 = 52 = MShYHt, le Messie ! 
C'est ainsi que nous voyons ce couple de jeunesse 
s'accomplir réciproquement dans la grande santé 



47 



essentielle des judéens-hébreux d'obédience 
pharisienne. 

D'où l'importance pour les pharisiens du Messie 
Cyrus appelé à autoriser le retour du peuple élu 
en Terre promise ainsi que la reconstruction du 
Temple, achevant par là, et par midrash, 
l'histoire midrashique d'Israël au sens où les 
pharisiens, en méditant la constitution vivante du 
TaNaK selon ses vingt-quatre rouleaux, pensent 
de la sorte la porter à sa perfection. Dès lors, 
l'esprit de prophétie serait clos et les sages 
succéderaient aux prophètes via la grande 
Assemblée liée à Esdras et Néhémie (dans les 
Ecrits) pour renouveler, approfondir, inventer 
tous les raffinements et toutes les subtiles 
nuances des midrashim halakiques et 
haggadiques, cette différence-ci étant d'ailleurs 
déjà présente, en soi, dans la Thora. 
Au lieu des vingt-quatre livres de la Thora et des 
Prophètes, remplaçant les douze rouleaux des douze 
Prophètes par un seul, je ne me retrouve plus qu'avec 
treize rouleaux pour Thora et Prophètes, treize qui est 
certes le nombre de l'unité divine, de l'amour et du 
dieu lui-même, 

Rappel : 'HtD (un), 'HBH (amour) et 'L El, le 
dieu ont même gR de 13. 
mais cela me laisse sur ma faim, loin du compte des 
vingt-quatre. 



48 



Les Kéthoûvim entrent dans la danse : 
C'est donc maintenant que surgissent les glorieux et 
rayonnants Kéthoûvim, les Ecrits. Les voici nommés 
suivant l'ordre prescrit par les Talmuds et confirmé par 
le témoignage de la version massorétique. 

Ceci dit sans prendre le temps ici de polémiquer 
sur cet ordre (SDRN/sadrân ou SYDRYN) des 
rouleaux des Ecrits comme le font les Talmuds, 
selon leur attrait si estimable pour ce genre 
d'acrobaties. Voyez Baba Batra 14b où l'ordre 
donné n'est d'ailleurs pas celui retenu dans un 
TaNaK « officiel »... 
Les Psaumes/ThHLYM, les Proverbes/MShLY, 
Job/'YWB, le Cantique des cantiques/ShYR 
HShYRYM, Ruth/RWTh, les 
« Lamentations »/'YKH, l'Ecclésiaste/QHLTh, 
Esther/'SThR, Daniel/DNY'L, 'ZR' (ou/et 
NHtMYH ?)/le livre d'Esdras-Néhémie (?), et enfin 
DBRY HYMYM, le Livre des Chroniques considéré, 
comme pour Esdras et Néhémie, et comme pour les 
Rois ou Samuel, en tant qu'un seul et unique rouleau. 
On pourra s'étonner de trouver ici un livre comme 
celui de Daniel, ultra prophétique par essence, parmi 
les Ecrits plutôt que parmi les Prophètes. 
Ce serait en raison de sa rédaction tardive, dont la 
langue, proche de celle de Qohéleth, témoigne qu'il ne 
serait pas entré dans la composition des Prophètes, 
scellée à l'heure de son écriture. Cette raison a été 
avancée, mais j'ajoute immédiatement qu'elle n'est 
pas la seule et que comme autre raison survient celle- 
ci, bien plus cohérente et autrement plus fondamentale 



49 



quand on sait ce qu'a d'essentiel la symbolique du 
trois dans le midrash : 

chacune des trois unités qui composent la tripartition 
des vingt-quatre livres du TaNaK a sens en et par elle- 
même, d'une part par l'unité midrashique des noms 
qui la composent comme nous allons le prouver dans 
la suite, et d'autre part par le sens unitaire de ses 
narrations, du contenu de ses livres comme du temps 
qu'ils figurent (temps de la Thora, temps de la terre 
promise et de l'Exil, temps du Retour). 

Je sais que cela peut sembler étrange de 
rechercher une unité midrashique des noms des 
trois parties distinctes, dans la mesure où cela 
supposerait presque que l'on retienne les livres 
pour leur titre davantage que pour leur contenu. 
Il n'en est rien, contenus et sens secrets des titres 
des livres s'accordent pleinement, comme je 
viens de le prouver avec la mesure des douze 
« petits » Prophètes, permettant de saisir que la 
venue du fiancé et de la fiancée scelle les 
Prophètes et ouvre au sens des Ecrits qui sera de 
chanter le retour et l'union sainte, l'Alliance, le 
Temple rétabli, le retour d'Exil, le royaume 
messianique (dans le secret), toutefois non sans 
que les douleurs de l'Exil ne soient rappelées, 
afin de ne pas être seulement supprimées, mais 
aussi conservées, vivantes d'être énoncées dans 
le souvenir. 
Si je récapitule le mouvement, j'obtiens bien ainsi une 
liste de onze titres de rouleaux venant s'ajouter aux 
treize de la Thora et des Prophètes, le tout formant un 
total de vingt-quatre livres saints, celui du TaNaK 
pharisien messianique. Ainsi, ai-je à disposition les 
deux poids ThN + K, formant la mesure unitaire du 
TaNaK. ThN s'entend aussi comme le verbe 

50 



NThN/nâthan (donner, livrer) à l'impératif, ce qui 
relie, non sans conséquences, la composition du 
TaNaK au don de la Loi (matane Thora), ce dernier 
provenant en effet de la même racine NThN/nâthan : 
quelle livraison ! 

Dans le mot TaNaK, je lis aussi ThNH/thanah, 
enseigner, répéter, la racine des Tannaïm. 
Il y a alors, et pour commencer, de multiples 
considérations midrashiques à émettre sur ces deux 
répartitions donnant toutes deux 24 (5+19 ou 5+8+11) 
livres saints, dualité Thora/Prophètes ou tripartition 
du TaNaK. Nous pouvons déjà remarquer que la 
répartition en un seul volume des cinq méguillôth que 
forment les rouleaux du Cantique des cantiques, de 
Ruth, des Lamentations, de Qohéleth, alias 
l'Ecclésiaste, et enfin d'Esther, l'ultime des cinq 
méguillôth, la Méguillâh par excellence, reprennent 
bien évidemment les cinq de la Thora et servent pour 
la liturgie tout au long de l'année. Mais leur 
énonciation en tant que les cinq méguillôth à part des 
autres Ecrits ne figurant pas dans la Mishnah 
talmudique, je dois considérer cette constitution 
comme plus tardive que celle du TaNaK. 
Ayant parcouru une première fois nos trois temps 
aboutissant à une première détermination des vingt- 
quatre livres, en ayant prouvé au passage l'union des 
Douze « petits » Prophètes, nous pouvons tout 
reprendre, au bruit diluvien de l'étude dévorante, 
depuis le premier principe : la Thora. 



51 



Mesure des cinq cinquièmes de la Thora : 
Je commence par examiner la formule qualifiant ces 
cinq rouleaux en les différenciant des cinq méguillôth 
(Esther et Cie) : les cinq cinquièmes de la 
Thora/hamishâh houmshêy thôrâh. Elle est ancienne 
puisque Brêshith Rabbah 3, 5 ou Yeroûshalmi 
Sanhédrin 50b la connaissent, même si la Mishnah 
semble l'ignorer. 

On peut aisément établir la somme de ses gématries : 
HtMShH HtWMShY ThWRH a pour somme de ses 
gR et gC : 

(8+13+21+5+8+6+13+21+10+22+6+20+5)+(8+40+30 
0+5+8+6+40+300+10+ 

400+6+200+5) = 158 + 1328 = 1486, autrement dit le 
586, gC de YRWShLM/Jérusalem, la ville sainte. 
Nouveau développement imprévu du réseau 
d'analogies déjà entrevu entre Jérusalem, la Thora, la 
Sagesse (équivalent aussi de la Prophétesse/HNB Y'H 
- gR et gC de 37 et 73 -, qualificatif de Marie-Miriam 
en Exode 15, 20 qui la rend équivalente à la Sagesse, à 
l'Assemblée, comme Eve la Vivante en tant que mère 
de tout vivant est lue comme la fiancée, etc.), la 
fiancée, l'arbre de vie, l'arbre des séphirôth, 
l'Assemblée d'Israël, etc. 

Qu'on me permette ici une exégèse hardie. En 
Josué 8, 31 et 32 scintille la thôrath Moshéh, la 
Thora de Moïse. Les Septante traduisent 
l'expression par -ccovoucoMcouoti. Dans le Nouveau 
Testament, apparemment à mille lieues de 
distance, je lis ceci, en Galates 6,2 : « portez les 
fardeaux les uns des autres, et ainsi accomplissez 
la loi du Christ. » Je reste un instant éberlué 

52 



devant cette loi du Christ... Puis, je me décide à 
opérer la nécessaire rétroversion du grec 
rudimentaire vers l'hébreu sous-jacent afin de 
creuser celui-ci jusqu'à ce qu'en jaillisse la 
lumière. Le grec vonov -ro-u Xpumn) me poserait 
problème si je n'avais pas auparavant exhibé la 
traduction en grec de la « Thora de Moïse » telle 
que Josué la nomme. L'analogie ne laisse aucun 
doute, Paul se réfère ici à cette notion qui ne 
reparaîtra que bien plus tard dans la Kabbale, la 
Thôrath Masshia(r)h, la Thora du Messie 
(calembour avec la Thora de Moïse/ThWRTh 
MShH et relèvement de celle-ci, puisque MShH 
est HShM/haShem, le Nom, et que le 
Messie/MShYHt est lu comme ShM HtY/le 
Nom Vivant, et du coup la Thora du Messie est 
lisible comme la Thora de celui qui relève Moïse 
- qui est en effet « plus grand » que Moïse -, 
comme relèvement de la Thora de Moïse). Ce 
que Paul annonce en substance aux exilés 
(Galates/galoûth), c'est la Révélation de la 
Thôrath Masshia(r)h, la Thora plus grande que la 
Thora de Moïse, enfin advenue. Sachant que 
nous sommes ici dans la richesse textuelle du 
Nouveau Testament, je puis lire en kabbaliste 
cette Thora enfin retrouvée : PPtPÛ min/la 
Thora du Messie a pour somme de ses gR et gC 
le nombre suivant : (22+6+22+20+13+21+10+8) 
+ (400+6+400+200+40+300+10+8)= 122+1364 
= 1486, autrement dit le 1486 des cinq 
cinquièmes de la Thora que nous venons de voir, 
et le 586 du réseau importantissime comportant 
Jérusalem, l'arbre des dix séphirôth et j'en passe, 
réseau à la fois midrashique (certains rapports ne 
passent pas par la gématrie, évidemment !) et 
kabbalistique, à la puissance d'enchantement et 
d'ouverture uniques. 



53 



Je considère maintenant les titres de ces cinq 
cinquièmes de la Thora, en les réécrivant 
convenablement : 

BR'ShYTh (Brêshith) ShMWTh (shemôth) WYQR' 
(vayiqra') BMDBR (bamidbâr) DBRYM (dévârim) : 
Genèse, Exode, Lévitique, Nombres et Deutéronome. 
En ne considérant que les trois termes centraux, j 'y 
déguste avec joie une notarique pour le moins 
explicite, notarique initiale ShWB/shoûv, faire retour, 
se convertir, réconcilier, la racine de la théshoûvah/le 
retour, la réconciliation. . . Notarique qui fait le lien, le 
pont entre le premier et le dernier des titres des cinq 
rouleaux de la Thora. En tout cas est-ce une lecture 
possible que je n'ai plus qu'à rapprocher de ce qui 
représente l'unité des cinq rouleaux, à savoir la 
métaphore du cœur des Hébreux dont il faudrait 
développer toute la riche profondeur polysémique. En 
effet, le cœur, LB/lev, qui désigne aussi « l'intellect » 
(notamment traduit par le nous grec dans la Septante), 
est une représentation de la Thora. Ainsi, LB unifie en 
lui la dernière lettre et la première lettre de la Thora, 
des cinq rouleaux, du lamed final du dernier mot du 
Deutéronome, à savoir Israël, au bêth initial du 
premier mot de la Genèse, le célèbre Brêshith (d'en 
tête, dans le principe). Cette indication est connue, on 
la trouve par exemple dans le Midrash Mishlêy (sur les 
Proverbes). 

Le cœur symbolisant le plus intérieur et intime dans 
l'homme, le lieu par lequel le sang en tant 
qu'individualité du sujet se donne sa pulsation 
immanente et brasse sa substance, j'en déduis, 
m 'inspirant de M. -A. Ouaknin, que le plus extérieur - 

54 



le Livre qui comprend le monde ! - est compris dans 
le plus intérieur de l'homme, et lui donne vie. 
Autre variante : le plus extérieur de la Thora - ses 
mots extrêmes - est son for intérieur, son cœur 
symbolique ardent. 

Voilà qui s'articule avec un autre fait, connu de 
la tradition, formant l'envers dialectique de 
celui-ci. Le milieu du nombre de mots, le cœur à 
l'intérieur de la Thora est en Lévitique 10, 16. 
En effet, la Thora a un nombre pair de mots et 
son milieu (il y a autant de mots avant qu'après) 
intervient au cœur de ce verset entre DRSh et 
DRSh, soit entre deux énoncés de la racine du 
midrash : « le bouc du sacrifice pour le péché, le 
recherchant (DRSh) le chercha (DRSh) Moïse ; 
mais voici, il avait été brûlé ; et [Moïse] se mit 
en colère contre Éléazar et Ithamar [...] ». Le 
blanc qui sépare ces deux mots est le vide 
créateur entre les deux moitiés de la Thora, qui 
en provient en même temps qu'elle y revient ; et 
ce point intérieur qui parcourt la totalité de celle- 
ci qu'aussi bien il met en mouvement ; le 
midrash est ce mouvement. A l'envers de la 
première remarque, nous pouvons dès lors dire 
que le plus intérieur de la Thora s'étant dévoilé 
comme le midrash lui-même (ici comme 
mouvement d'écriture de la Thora), il est le plus 
extérieur, l' interprétation-écriture midrashique, 
qui comprend, englobe et déploie la Thora tout 
entière - et en elle le monde. 
Cette unité eschatologique des cinq rouleaux, en lien 
au retour et au cœur (heureux les cœurs purs, ils 
verront le royaume des cieux !), est aussi l'une des 
clés expliquant pourquoi les sadducéens n'auraient 
tenu pour texte sacré que la Thora exclusivement. 



55 



Les samaritains, eux aussi, considèrent essentiellement 
la Thora comme sacrée, même s'ils vénèrent 
également, quoique de façon secondaire, leur livre de 
Josué et quelques autres midrashim de leur cru dont 
YAsatir (collection de midrashim réinventant la vie de 
Moïse) ou le cycle de Marquah (MRQH équivalent 
gématrique de Moïse MShH), belle floraison ô 
combien non négligeable ! 

Bernard Barc note, dans Les arpenteurs du temps, que 
les trois livres qui suivent Brêshith (Genèse) 
commencent par un waw alors que le Deutéronome 
échappe à cette règle commençant par 'LH/'êleh. Il 
remarque de même que tous les livres depuis Josué 
jusqu'aux Rois, ceux que la Mishnah elle-même 
nomme les premiers (rishônim) prophètes, 
commencent par un waw de liaison. Il en déduit que 
les quatre premiers livres de la Thora ont été conçus 
ensemble, avant le Deutéronome et les premiers 
prophètes. La remarque est pertinente, même si on ne 
s'explique pas, dès lors, comment il se fait que les 
samaritains vénèrent l'Hexaple (la Thora + Josué) et 
rejettent la suite qui est censée en être inséparable, ne 
connaissant pas le livre des Juges dont j'ai ouï dire 
qu'il est un midrash assez tardif, écrit pour combler la 
lacune entre période biblique et période de la royauté 
d'Israël à Jérusalem (période davidique), de même que 
Ruth combla la généalogie du roi David. On peut 
même trouver l'argument de Barc discutable puisque 
celui-ci semble ignorer la plupart des procédés 
d'écriture du midrash (il n'emploie que la gzérah 
shavah dans le livre précité, ce qui est tout de même 
réducteur. . . ). Si j 'ouvre par exemple les douze petits 

56 



Prophètes, il n'y en a que deux ou trois qui 
commencent par un waw (qu'une proposition 
commence par un waw + verbe en hébreu est très 
fréquent), et ils ne semblent aucunement nécessiter un 
tel biais pour se voir relier entre eux. Ici le liant est 
tout autre, ils ont été élus (ces douze noms parmi 
d'autres noms de prophètes tels Gad, Nathan et Cie), 
d'une part comme noms, et d'autre part comme douze, 
pour des raisons que j'ai déjà développées, raisons 
internes au verbe hébreu, à l'orfèvrerie de ses 
procédés. 

On ne peut s'en tenir là, ce pourquoi je vais 
développer ci-après l'unité des cinq rouleaux, de leur 
conception comme cœur-intellect dont il importe 
d'accepter librement, en soi-même, la savante 
circoncision. Si je suis un instant Barc, le 
Deutéronome aurait ainsi été écrit en complément, 
comme redoublement des quatre premiers rouleaux. 
Cela s'accorderait aussi avec son autre nom : mishnêh 
(ha)Thora, le redoublement de la Thora (qui 
correspondrait donc aux quatre premiers rouleaux au 
départ). 

Toutefois, l'unique occurrence de mishnâh 
(ha)Thora dans le Deutéronome, en 17, 18, ne va 
pas dans ce sens puisqu'il s'agit d'une copie de la 
Thora que l'on devra faire, quand le peuple élu 
aura conquis la Terre promise, afin que le roi que 
l'Eternel choisira pour Israël étudie et ne soit pas 
un ignorant (la première Thora quant à elle est 
détenue par les kohanim, les prêtres). Mais il est 
vrai que les Septante, dont nous avons vu qu'ils 
sont un targum, rendent le livre hébreu Dévârim 
par le Deutéronome, autrement dit le 
redoublement de la Loi, le mishnêh (ha)thôrâh, 

57 



expression à laquelle il faut par conséquent 
accorder crédit malgré le contexte de Deut. 17 où 
elle figure en toutes lettres. 
L'importance structurante de la circoncision de cœur 
dans le Deutéronome permet, brièvement, de rendre 
compte de cette volonté de clore la Thora en un 
premier tout de cinq livres, grâce au Deutéronome et à 
la considération de l'ensemble de la Thora comme 
cœur LB/lêv J'admets donc l'hypothèse de Barc sur 
l'éventuelle rédaction en deux temps de l'ensemble des 
cinq rouleaux, le Deutéronome venant après et non 
avant, mais je n'en montre pas moins l'unilatéralité en 
prouvant leur unité midrashique, intérieure au verbe. 
En effet, la circoncision de cœur se trouve énoncée par 
deux fois dans ce rouleau, et par deux fois seulement : 
Deutéronome 10,16 et 30,6 sont l'un et l'autre à 
sonder, à percevoir, à estimer : « Vous circoncirez 
votre cœur, vous ne raidirez pas votre nuque. », 
et : « Le Seigneur ton Dieu te circoncira le cœur, à toi 
et à ta descendance, pour que tu aimes le Seigneur ton 
Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, afin que tu 
vives... » 

Première situation de la circoncision de cœur dans le 
Deutéronome : 

Voyons la première mention, Deutéronome 10,16 : 

□snn 1 ? n?-iy n« on?oi 

voûmalthem 'êth 'ârlath lvavkem. 

Traduction littérale ? 

« et circoncisez-coupez-déchirez le prépuce-les 

souillures de votre cœur-intellect ». 

C'est là le commandement du Deutéronome en lien à 

l'impureté de l'idolâtrie. 

58 



Ainsi, 'RL/'ârêl signifie « incirconcis, impur, en 
abomination », alors que 'RLH/'orlâh, présent ici, 
désigne le prépuce. C'est la même racine 'RL/'âral, 
présente dans les deux cas, en voici le sens : « regarder 
comme incirconcis, comme impur, rejeter ». 
La circoncision est une métaphore liée à la vérité 
même du sensible. Il y a ainsi circoncision d'oreille, de 
lèvre, de chair, de cœur (c'est-à-dire en hébreu 
d'intellect) ; par là, s'ouvre une disponibilité 
inépuisable, à l'écoute, à la parole, à la jouissance, et, 
au fond, à la pensée. Le midrash définit donc les 
idolâtres par l'obturation de leurs cinq sens ou de leur 
cœur (de leur raison). Se priver du sacré que seule 
dévoile la parole - celui-là étant le joyau brûlant, 
secret, de celle-ci - revient à se priver de la vérité du 
sensible. Jésus guérissant, par Sa parole, des sourds, 
des muets, des aveugles, etc., les guérit en fait de 
l'idolâtrie. Le dieu vivant, qui leur découvre un 
nouveau monde, est bien « la lumière du monde ». 

Deuxième situation du cœur circoncis dans le 
Deutéronome : 

J'en viens au redoublement (mishnêh) de la 
circoncision de cœur. 

Deutéronome 30,6 : 

nn? n«i -pn? n« ynJx mm ?oi 

-pn ïj?û? "i^sa ?dii -pi? ?an T>ri?K mm n« mnK? 

voûmâl YHWH 'elôheyikâ 'eth-lvâvkâ v'eth lvav 
zar'ekâ l'ahavâh 'eth YHWH 'elôheyikâ bkâl-lvâvkâ 
voûwâl-naphkâ lma'an (r)hayekâ. 
Traduction : 



59 



« et circoncira-coupera YHWH ton dieu ton cœur et le 
cœur de ta semence pour l'amour de YHWH ton dieu 
de tout ton cœur et de tout ton souffle dans le but de ta 
vie-revie ». 

Rappelons que pour la Nouvelle Alliance, cette « vie - 
revie » n'est autre que la vie éternelle, la seconde 
résurrection. Notons également que si Paul parle 
autant de l'amour de YHWH, ce n'est pas sans rapport 
avec cet énoncé cardinal. 

Avant de poursuivre, il faut préciser le contexte de ce 
verset. Il est énoncé au milieu d'un des derniers 
discours de Moïse, qui prophétise le retour depuis 
l'Exil et la fin des temps, pas un retour à dieu qui soit 
seulement particulier, mais le grand retour universel. 
C'est de là que vient l'insistance sur la circoncision de 
cœur de certains prophètes du retour, avec en tête 
Ezéchiel, et dans la Nouvelle Alliance, 
l'incontournable Paul. 

Ainsi, Paul affirme la circoncision de cœur sur 
fond de Nouvelle Alliance. Cette bonne 
nouvelle, il l'adresse midrashiquement aux 
diasporas méditerranéennes, c'est-à-dire à ceux 
qui sont en Exil. Cette diaspora est de la racine 
NDHt/nâda(r)h, exiler, bannir, dont 
Deutéronome 30, 4 nous offre une occurrence 
des plus intéressantes, dans l'environnement 
immédiat de la mention de la circoncision de 
cœur que nous venons de voir : « Si l'Eternel t'a 
dispersé [NDHtK/nida(r)hakâ, YHWH envoie 
son peuple en Exil, d'ailleurs lui-même - chez 
Jérémie - fait théshoûvah... les Eglises 
d'Occident ne nous ont pas habituées à de telles 
subtilités...], quand bien même au bout des 

60 



deux, l'Éternel, ton Dieu, te rassemblera de là, et 
te prendra de là et l'Éternel, ton Dieu, te 
ramènera dans le pays que tes pères ont possédé, 
et tu le posséderas » ; suit le verset sur le thème 
« YHWH circoncira ton cœur », etc. En même 
temps que la fin de l'Exil, ce qu'annonce et 
promet Paul avec la circoncision de cœur - 
comme avec le baptême d'esprit, autre 
métaphore de l'accomplissement -, c'est bien un 
retour à Genèse 1, 1, une recréation, une 
nouvelle naissance : d'où le thème si prégnant 
dans ses Epîtres de l'homme spirituel, intérieur, 
recréé, de l'Adam nouveau. C'est un pur effet de 
midrash sur les Prophètes et le Deutéronome ! 
Notez qu'à chacune de ces deux occurrences, c'est le 
mot LBB/lêvâv, le cœur avec toute sa dualité (deux 
bêth le composent) qui est présent. 
Clarifions les choses : 

Premier temps : purification de toute souillure, de 
toute idolâtrie, le prépuce est coupé, enlevé, annulé 
(Deutéronome 10). 

Deuxième temps : c'est celui de l'accès au savoir 
absolument certain (lequel met aussi fin à l'Exil, par 
anticipation prophétique), par le biais de la 
circoncision de cœur, c'est l'accès à l'Eden de la vie 
éternelle telle que celle-ci est exposée dans la Genèse. 
C'est ainsi, dans son essence même, que se laisse 
entendre l'ordre secret et intérieur de la Thora, du 
lamed final du Deutéronome (peu après ce second 
temps de la circoncision de cœur) au bêth initial de la 
Genèse. 

Le véritable ordre permettant de saisir la conception 
spirituelle de la Thora, dans la volonté même de ses 
rédacteurs et compilateurs, est celui du cœur, du retour 



61 



à la Thora et au dieu vivant comme circoncision du 
cœur (métaphore qui signifie aussi savoir lire, 
circoncire, rythmer et ponctuer la Thora). 

Un léger écho de cette parole s'entend dans le 
propos suivant d'Aboulafia, reliant circoncision 
de cœur et théshoûvah : 

« Littéralement, il est impossible que ce 
commandement [la circoncision de cœur] soit 
jamais réalisé. C'est pourquoi il exige une 
interprétation dont on trouve le principe dans le 
fait que les mots : « et l'Eternel, ton Dieu, 
circoncira ton cœur » apparaissent peu après 
qu'il a été dit : « et tu retourneras à l'Eternel ton 
Dieu. » Ainsi, « circoncire son cœur » revient à 
prendre le chemin du retour à Dieu - béni soit- 
II. » (in L'Epître des sept voies). 
Le cœur circoncis est l'ensemble de la Thora révélée, 
manifeste. D'où l'élection de la métaphore chez Paul. 
Constater ce redoublement de la circoncision de cœur 
dans le Deutéronome, où elle est figurée par le mot 
LBB/levâb qui désigne lui-même le cœur divisé, brisé, 
double, nous permet de voir la circoncision de cœur en 
tant que redoublement d'un redoublement, 
différenciation à l'intérieur de la différenciation, celle- 
là étant en même temps retour à l'unité concrète de la 
Thora comme cœur - unité concrète car comprenant 
ainsi en elle cette double différenciation. 

Retour aux cinq cinquièmes : 
Je reprends mes cinq vocables hébraïques nommant 
les cinq rouleaux et j'en fais le compte : 
BR'ShYTh ShMWTh WYQR' BMDBR 
DBRYM/Brêshith shemôth vayiqra' bamidbâr 
devarim, a pour gC 248(0). 

62 



Preuves : 

gC=2+200+ 1+300+1 0+400+3 00+40+6+400+6+ 
1 0+ 1 00+200+1+2+40+4+2 
+200+4+2+200+10+40 = 248(0). 
En supprimant le zéro j'obtiens 248, soit la gématrie 
de HtRM/(r)herem, l'anathème, la ruine, autant que 
de RHtM/re(r)hem, la divine miséricorde, et autant 
que la fameuse moitié du royaume 
MLKWTh/malkoûth qui revêt de telles couleurs à 
nulle autre pareilles parce qu'il est, en tant que divin et 
fondé, la fin en elle-même inépuisable de « l'histoire 
midrashique d'Israël ». 

Preuves : HtRM comme son anagramme exacte 
RHtM = 8+200+40 = 248 en gC, et MLKWTh 
(le royaume) a pour gC= 40+30+20+6+400 = 
496, et enfin 248x2 = 496. Ce 248, équivalent de 
la gC des titres des cinq rouleaux, est encore lié à 
l'une des gématries de la Thora elle-même. 
Ainsi, HThWRH a pour gC par la technique de 
ribôu'a (connue des auteurs du TaNaK) : 
H+HTh+HThW+HThWR+HThWRH 
5x5+400x4+6x3+200x2+5x1 = 2(0)48, soit 
248 ! 
Ce 248 des cinq premiers titres est encore : 
MHtR/mâ(r)hâr (demain, futur, ou plutôt l'éternité 
dans le royaume de Dieu, mais là uniquement pour 
l'accomplissement qu'est la Nouvelle Alliance, cf. le 
pain du lendemain, celui du toujours), HtMR/(r)hômer 
(limon, mortier, argile) ou (r)hêmor (bitume), 'BRHM 
(Abraham, celui qui peut se lire aussi père de 
l'élévation, père élevé ou encore MH+BR'/quoi+« 
créer », deux lectures qui renvoient au dieu créateur du 
ciel et de la terre...), ce 248 est aussi le nombre des « 



63 



organes » du corps (de la doctrine ?) ou le nombre de 
commandements positifs dans la tradition. 

Je dois toutefois ajouter ici une autre lecture cohérente 
de l'ensemble des cinq rouleaux par leurs premiers 
termes respectifs, celle de Yaacov ben Asher alias le 
Baal HaTourim (ou plutôt qui est révélée pour la 
première fois au grand jour par lui. . .), cet amateur 
hors pair de gématries. 

Selon cette lecture, on considère la gématrie classique 
des cinq lettres finales ici présentes en conclusion des 
cinq petits mots d' en-tête des cinq rouleaux, et non pas 
seulement les titres habituels : 
BR'ShYTh + W'LH + WYQR' + WYDBR + 
'LH/brêshith, ve'êleh, vayedabêr, vayiqra', 'êleh qui 
ont pour lettres finales Th, H, ', R, H. 
C'est un équivalent immédiat, direct de ThWRH, 
puisque aleph et hé ensemble sont équivalents à un 
waw. C'est presque comme s'il y avait le mot Thora 
directement inscrit comme acrostiche finale des cinq 
mots initiaux des cinq rouleaux, et dans l'ordre ! La 
rédaction finale (j'ai bien dit rédaction finale) de la 
Thora ne serait-elle pas unitaire dans la volonté même 
de ses rédacteurs ? 

Je signale en souriant que ce jeu entre les finales 
Th, H, ', R, H et les lettres du mot ThWRH 
ouvre à d'autres effets de langage, à d'autres 
vibrations chromatiques du sens. Par exemple, le 
mot rêshith du début de la Genèse, soit 
R'ShYTh, contient les lettres R, ', Y, et Th. 
Comme le Y (10) est deux H (5), j'y retrouve 
notre acrostiche, mais encore, comme le ' et le H 
font le W, j'y déguste le mot ThWRH lui-même, 

64 



la Thora. Sachant que ce mot rêshith - ce à partir 
de quoi le dieu dévoile - est une désignation 
cryptée de ce qui vient « avant » la Création - à 
savoir le 'ôlam caché -, cette lecture des lettres 
expliciterait (parmi d'autres raisons) l'insistance 
des savants midrashistes de l'antiquité à affirmer 
que la Thora « précède » la Création (le 'ôlam 
hazé). D'ailleurs, le mot BR' ShYTh/brêshith 
peut désormais se lire ShBThWRH, 
condensation de 'ShR BThWRH, « ce qui est 
dans la Thora » ! 

Mais je reviens à notre notarique des titres pour 
ajouter encore, en guise d'argument irréfutable, 
les gR et gC des cinq mots ouvrant les cinq 
rouleaux de la Thora (même s'ils ne sont pas les 
cinq noms donnés à ceux-ci par les sages) : 
gR=2+20+l+2 1+1 0+22+6+1+12+5+6+1 0+1 9+2 
0+1+6+10+4+2+20+1+12+5 = 216 
DBYR/debir, le lieu le plus saint du Temple 
sacré (cf. l'étude Le coup des Septante) ; 
gC=2+3 00+ 1 +3 00+ 1 0+400+6+ 1 +3 0+5+6+ 1 0+ 1 
00+200+1+6+10+4+2+200+1+30+5 = 153(0) 
« = » 153 = HPSHt/la Pâque, l'agneau pascal. 
Manger le rouleau de la Thora est une Pâque ! 
Autrement dit, les cinq rouleaux lus comme 
unité de la Loi, la Révélation, sont l'équivalent 
direct de l'accès au saint des saints et à la fête 
des fêtes, la Pâque, celle que Jésus sera lui- 
même, cet agneau pascal en tant qu'Agneau du 
dieu, le vainqueur. De là à affirmer que la Thora 
est accomplie par celui qui est lui-même la 
Pâque infinie victorieuse, il n'y a qu'un pas, 
qu'allègrement je fais. 
De la même façon que j'ai considéré ici les premiers 
mots ou titres des cinq rouleaux, on peut aussi 
considérer leurs derniers mots, de la Genèse au 
Deutéronome, et alors là, c'est de l'éclairant quant à 

65 



l'opération globale qu'est la Thora selon le fil de bleu 
du ciel dont s'en tisse le plus secret : 
BMSdRYM (en Egypte) + BKL-MS'YHM (dans 
toutes leurs stations, celles entre Egypte et Sinaï) + 
S YNY (le Sinaï, dont les occurrences sont pourtant 
fort rares !) + YRHtW (Jéricho) + YShR'L (Israël). 
A chaque fois, il s'agit de noms de lieux qui 
récapitulent le mouvement traversant et guidant 
l'écriture de la Thora, ayant pour centre le Sinaï, allant 
ainsi du sein de l'Egypte vers Israël : vaste opération 
que celle de l'écriture de la Thora comme sortie 
d'Egypte, opération dont le cœur est la révélation des 
révélations, celle au Sinaï, redoublée par celle du 
Deutéronome ! S'il en était encore besoin, cela 
confirmerait l'aspect central de l'épisode de la sortie 
d'Egypte dans la liturgie des Hébreux, comme je l'ai 
affirmé lors de la rétroversion de l'esprit de la Lettre 
d'Aristée, de même que la liturgie des rites de passage, 
en accord avec la racine même des Hébreux. 

On peut de même étudier la kabbale des initiales 
et des finales (et celle des mots eux-mêmes) de 
ces noms de lieux si déterminants quant au 
mouvement du lieu absolu de récriture en lui- 
même depuis le mâqôm (lieu) du début de la 
Création jusqu'à l'orée de la terre promise 
résultant de ce mouvement. Je laisse à chacun le 
soin de creuser ce grand œuvre ludique de travail 
vivant et de puiser à son tour d'autres trésors au 
puits de la Thora. Par exemple, les finales sont 
MMYWL de gR 54 = BRYTh/1' Alliance, alors 
même que se lit en elles la racine MWL, celle de 
la circoncision - et entre l'Alliance et la 
circoncision, n'y a-t-il pas comme une 
affinité « élective » ? 

66 



La mesure au roseau des Prophètes : 
Quant à moi, j'en reviens aux Prophètes, subjugué et 
ravi devant la redécouverte de leur mesure au roseau 
d'or. 

Si j'ai donné une raison de l'unité des douze Prophètes 
en un seul rouleau, en voici une autre tirée de Baba 
Bathra, l'un des traités du Talmud, preuve non 
gématrique cette fois : 
« Si l'on a pris soin de les réunir (les douze 
Prophètes), c'est qu'ils sont tellement petits que seuls, 
ils eussent pu s'égarer. » (cf. Baba Bathra 14b). 
Ces douze sont aussi appelés par leur nom global 
Shénêm 'Âssâr « (les) Douze », soit ShNYM 'ShR, 
dont voici le plérôme, la lecture en plénitude : 
ShYN NWN YWD MM ' YN ShYN RYSh dont voici 
à son tour la gR (la classique nous entraînerait trop 
loin) : 

21+10+14+14+6+14+10+6+4+13+13+16+10+14+21+ 
10+14+20+10+21 = 261 = 5+4+2+200+10+40 = 
HDBRYM, hadévârim, les paroles-choses, celles de 
la promesse du Deutéronome, celles données à Moïse 
au mont Sinaï, celles dont la première occurrence dans 
la Thora étincelle en situation au moment de la 
destruction de Babel (Genèse 11). 
Partant de ces deux ou trois lectures des douze 
Prophètes déjà données, j'en viens - via une médiation 
requise, puisqu'il s'agit de progresser par degrés - à la 
méditation de la mesure au roseau d'or des Prophètes 
dans leur intégralité. 



67 



Prophète(s) et prophéties : 

Déjà, une question : que signifie en hébreu, selon le 
midrash, le terme de prophète ? Voilà une question à 
laquelle les études les plus reconnues, telles celles 
d'André Neher, Prophètes et prophéties, ou La 
communication prophétique de Raphaël Draï, ne me 
semblent pas répondre de façon satisfaisante. Ces 
études sans doute trop bien pensantes n'y répondent 
pas pour des raisons simples. Déjà, elles n'expliquent 
pas que le prophète est une métaphore de l'Hébreu 
écrivain versé dans le midrash et qui est lui-même la 
mémoire vivante advenue du Texte, lequel se conçoit 
par lui. Mais surtout, elles manquent le cœur 
transparent du midrash, à savoir l'unité des procédés 
kabbalistiques et la signification de celle-ci. Elles 
manquent enfin le sens de ces derniers tels qu'ils se 
parachèvent dans la Nouvelle Alliance de Jésus- 
Iéshoû'a, permettant ainsi de comprendre pourquoi la 
kabbale est le premier et le dernier des dons, 
inséparable de celui de la compréhension, de 
l'intelligence de la Thora selon le divin dâvâr dansant, 
pas de son message ni de sa loi au sens humain, trop 
humain, que nous donnons à de tels vocables, mais 
bien plutôt au sens de la réception (qabbalah) à même 
la conscience prophétique, la conscience d'Israël, la 
conscience de soi de l'Esprit advenant dans sa sainte 
Assemblée paradisiaque, celle du Livre vivant. 
Je rappelle, comme nous l'avons vu dans la première 
étude à propos de l'Eyn Soph, dont les gématries se 
ramènent aux mêmes joyaux, que le mot prophète, 
NB'Y/nâvi', a pour gématries 27(gR) et 63(gC), tout 

68 



en étant l'anagramme de 'BNY/ma pierre, mon 

fondement (sous entendu, du divin). 

Quant aux équivalents chiffrés de ce duo, je me 

contente de rappeler que HtSD/(r)hessed (amour) a 

pour gR 27 tandis que HtSD+'MTh/amour et vérité 

(duo des Psaumes et de l'Evangile de Jean) a pour gR 

63. 

Pour d'autres résultats, voyez le premier tome. 
Après le terme de prophète, il faudrait aussi éclairer le 
sens de HNBY'YM (les prophètes ou les Prophètes). 
Les livres de Samuel, des Rois ou encore des 
Chroniques considèrent les prophètes comme une 
même entité, comme une assemblée : 
« Et il arriva que, quand tous ceux qui l'avaient connu 
auparavant virent qu'il prophétisait avec les prophètes 
(HNBY'YM), les gens se dirent l'un à l'autre : Qu'est- 
il donc arrivé au fils de Kis ? Saiil aussi est-il parmi les 
prophètes ? » (1 Samuel 10, 11). 
Ce HNBY' YM/hanévi'im n'est pas sans raison 
considéré comme un même collège prophétique, une 
même assemblée. Les gR et gC de 
HNBY' YM/hanévi'im sont de 55 et 118, duo qui est 
avant tout 28/55, les gR et gC de KLH/kalâh, la 
fiancée, l'Assemblée d'Israël (son cœur 
métaphorique) ! 

Enfin, après le prophète et les prophètes, ne me reste 
plus que la prophétie. Nous avons déjà vu que, pour 
les nazoréens, elle se prononçait comme l'esprit ou 
Jésus, ce qui explique au passage l'expression 
d'Apocalypse 19, 10 : 

« L'esprit (réoûâ(r)h) de la prophétie (névoûâ') est le 
témoignage [thé'oûdâh, à l'état absolu] de Jésus 



69 



(Iéshoû'a). » (cf. note liminaire sur la prononciation en 
hébreu, ainsi que ma seconde étude, où est traitée la 
question du don de prophétie en lien à 
l'accomplissement et au don de la Thora). L'esprit de la 
prophétie est celui de l'accomplissement de la 
prophétie de la venue de l'esprit dans son Assemblée, 
lequel en passe nécessairement par l'avènement de 
Jésus, sa science, son témoignage. 

Le midrash joue de ce que nous nommerions foi 
et savoir ou plutôt ici témoignage et science. En 
effet, YD'/yâda', connaître et aimer, racine de 
D'Th/da'ath, science des écritures juives, a pour 
anagramme exacte Y'D/yâ'ad, fixer, indiquer, 
destiner, la racine du témoignage ('êdoûth ou 
th(e)'oûdâh ou mô'êd, cf. la Tente du 
témoignage au désert, dans la Thora). 

Plérôme des Prophètes : 

Mais revenons maintenant à cette mesure, ce roseau, 
ce « canon » des Prophètes avec leur total de huit 
livres sur les vingt-quatre. Pour l'hébreu, ce huit est le 
chiffre par excellence de la vie (il correspond à la 
lettre (r)hêth, huitième lettre de l'alphabet) et de 
l'Infini, il indique une lumière diluvienne pour le cœur 
et la tête. 

Une digression simple va justifier pour nous 
l'importance du huit chez de nombreux Hébreux 
de l'Antiquité. 

Tâchons de saisir ce que nous disent certains 
gnostiques conspués et calomniés par Irénée 
dans son Contre les Hérésies, les marcosites, les 
valentiniens, etc. Ceux-ci avaient tous une 
singulière vénération pour l'Ogdoade organisée 
en syzygies (ZWGWTh/zoûgôth, de ZWG, 
joindre, accoupler) et composée de deux 

70 



Tétrades. Cette Ogdoade ou huit 
(ShMNH/shmôneh, qu'ils lisent aussi en rapport 
avec l'huile d'onction messianique, 
ShMN/shemen, et ainsi l' Ogdoade de descendre 
sur la tête de Jésus au moment de son baptême 
au Jourdain, pour messianiser ce nouveau 
David...) est le symbole de la vie qui engendre le 
tout de la Création, organisée par paires 
conformément au récit initial de la Création en 
six jours de la Genèse. Le rapport avec la 
Création initiale et l'engendrement de la vie 
cosmique pourrait se prouver par une citation 
d'Irénée : « [gnose du système de Ptolémée, en 
hébreu Thalmaï/ThLMY] Or, un jour cet Abîme 
[le premier des éons, alias 'ôlamim] eut la 
pensée d'émettre, à partir de lui-même, un 
principe de toutes choses ; cette émission dont il 
avait eu la pensée, il la déposa, à la manière 
d'une semence, au sein de sa compagne 
Silence. » Là où Irénée nous laisse dans les 
ténèbres de l'incompréhension (même s'il est 
vrai que contrairement à bien des docteurs de 
l'église qui viendront ensuite, il semble citer 
«fidèlement» ceux à qui il s'oppose), il est 
temps d'y voir clair et de comprendre en 
rétablissant l'hébreu. L'Abîme en question n'est 
autre que ThHWM/th(e)hôm, présent au tout 
début de la Genèse, de même que Silence n'est 
autre que son calembour DWMH/doûmâh dont 
les gR et gC de 28/55, je le rappelle, le rendent 
équivalent à KLHVkalâh, la fiancée, l'Assemblée. 
Quant au principe de toutes choses dont il est 
question, il s'agit du rêshith/R' ShYTh, le 
principe de la Création figurée ici par le 
tout/HKL/hakôl, « toutes choses ». Ce tout est 
bien connu des midrashim anciens, j'y 
reviendrai. Je n'entre pas plus dans les détails, 



71 



mais il faudrait rétrovertir, quand cela est 
possible, les différents systèmes gnostiques et 
réfléchir cela tant avec le midrash juif qu'avec le 
trésor que forment les manuscrits de Nag 
Hammadi (notamment le Traité Tripartite qui 
développe lui aussi un système des éons 
similaire aux systèmes que présente Irénée, 
lesquels varient selon la tendance gnostique 
considérée). Quant au huit ou Ogdoade, ces 
gnostiques le lisent dans la huitième lettre de 
l'alphabet, le (r)hêth/Ht, l'initiale de la 
vie/HtYYM. Un certain nombre d'élaborations 
exégétiques viennent tourner autour de ce fait. 
Par exemple ceci : « Je n'hésiterai pas à te 
rapporter encore une autre de leurs 
interprétations, afin que tu puisses contempler 
sous toutes ses faces leur « fruit ». Ils prétendent, 
en effet, que la huitième lettre, si l'on compte le 
nombre insigne Ç, est l'Ogdoade, puisqu'elle 
vient en huitième lieu à partir de la première 
lettre. Comptant ensuite sans le nombre insigne 
le nombre formé par ces lettres et additionnant 
celles-ci jusqu'à la huitième lettre [pour nous le 
Ht], ils obtiennent le nombre 30. En effet, en 
allant de A à H, si on laisse de côté le nombre 
insigne t, et si on additionne les nombres 
croissants qui correspondent aux différentes 
lettres successives, on trouve le nombre 30. En 
allant jusqu'à la lettre E, on obtient le nombre 
15 ; en y ajoutant H on obtient le nombre 22 ; 
enfin, en y ajoutant la huitième lettre, on a le 
Plérôme de l'admirable Triacontade. Ainsi 
prouvent-ils que l'Ogdoade est la Mère des trente 
Éons ! ». Tout cela est enfantin, mais en hébreu. 
En effet, dans cette langue les huit premières 
lettres sont dans l'ordre ' B G D H W Z Ht, où le 
waw est bien insigne, singularisé des autres 



72 



lettres, parce que, contrairement à celles-ci, il est 
aussi la marque de l'addition, ce qui permet de 
lire cette série de huit lettres comme ' B G D H 
et Z Ht et de poser dès lors le calcul comme 
suit : 1+2+3+4+5+7+8 = 30 ! Le huit de 
l'Ogdoade, de l'Infini et de la vie est encore 
celui des (r)hâyôth de la vision du Char 
d'Ezéchiel puisque les (r)hâyôth ou Vivant(e)s, 
mâles et femelles comme les zoûgôth gnostiques, 
y sont au nombre de quatre, soit de huit. En effet, 
ce sont des paires tout comme les quatre zoûgôth 
de l'Ogdoade. 
Reprenons donc nos huit livres selon leur ordre 
d'apparition dans le TaNaK, ordre qui n'est pas 
nécessairement le même que celui de leur écriture, ce 
qui n'est pas à considérer ici puisque nous étudions le 
résultat du mouvement historique et midrashique de la 
constitution des vingt-quatre livres du TaNaK : 
YHWSh' (Josué), ShWPTYM (les Juges), ShMW'L 
(Samuel), MLKYM (les Rois), YSh'YH (Isaïe), 
YRMYH (Jérémie), YHtZQ'L (Ezéchiel), ShNYM 
'ShR (Chenem 'Assar). 

Chose curieuse : dans une bible hébraïque de nos 
jours vous trouverez non pas cette expression des 
Douze en hébreu, mais son équivalent araméen 
(alors qu'ils ne contiennent pas un mot 
d'araméen...) ; pour sûr ce secret est bien gardé ! 

Si je les rappelle ainsi, c'est pour que leur mesure 
s'accomplisse à nouveau pour nous, ces huit livres 
prophétiques dont voici le plérôme, l'abondance, la 
plénitude : 

(la chose est un peu fastidieuse à écrire et à lire mais 
cela en vaut la peine . . . ) 



73 



YWD HH WW ShYN ' YN ShYN WW PH TTh YWD 
MM ShYN MM WW'LP LMD MM LMD KP YWD 
MM YWD ShYN ' YN YWD HH YWD RYSh MM 
YWD HH YWD HtYTh ZYN QWP 'LP LMD ShYN 
NWN YWD MM 'YN ShYN RYSh. Plérôme de 117 
lettres, nombre essentiel. 

Eh oui, cela va aussi loin dans les calculs et 
surtout pour la profondeur du sens qui s'en 
dégage, car c'est cela qu'il m'importe de mettre 
en avant, la primauté du sens et de lui seul. 
En effet, ce 117 est aussi immédiatement 27, la gR que 
nous venons de voir du mot nâvi'/NBY', prophète, 
amenant au jour avec lui tout son réseau gématrique 
coloré. 

Ce plérôme une fois posé, j'en établis prestement les 
gématries : 

gR=20+10+12+45+40+45+12+22+31+20+26+45+26 
+12+30+29+26+29+28+20+26+20+45+40+20+10+20 
+51+26+20+10+20+40+31+42+30+29+45+34+20+26 
+40+45+51 = 1269. 

Or 2+6 = 8, donc ce 1269 est immédiatement 189. 
Ce 189 est au cœur de la Nouvelle Alliance. Il est le 
résultat, là aussi en gR, du plérôme de YWM 
MShYHt (le Jour du Messie), le jour même de 
l'avènement messianique que tous les Prophètes 
annoncent. On trouve la formule de ce jour dans le 
midrash paulinien, en Philippiens 1 , 9 à 1 1 : « Et ce 
que je demande dans mes prières, c'est que votre 
amour augmente de plus en plus en connaissance et en 
pleine intelligence pour le discernement des choses les 
meilleures, afin que vous soyez purs et irréprochables 
pour le jour de Christ, remplis du fruit de justice qui 



74 



est par Jésus Christ, à la gloire et à la louange de Dieu. 

» (Je souligne.) 

Preuve : jour de christ, c'est YWM MShYHt de 
plérôme YWD WW MM MM ShYN YWD 
HtYTh de gR 

10+6+4+6+6+13+13+13+13+21+10+14+10+6+ 
4+8+10+8+22= 189. 

Les Prophètes quant à eux connaissent le jour 
grand et redoutable, le jour de la colère, le jour 
de YHWH, le jour de l'Eternel dieu des armées, 
etc. Ils ne connaissent pas encore le jour du 
Messie en tant que tel et a fortiori ils ne 
connaissent pas ce jour de l'avènement 
messianique dans sa vérité comme jour de 
l'avènement de Jésus Josué Messie, ce que seuls 
savent les rédacteurs des Evangiles et Cie, 
laissant là les pharisiens eux aussi embarqués, 
mais avec moins de faste, dans la recherche du 
jour du Messie. Quant à la présence du jour du 
Messie ou des temps du Messie dans les 
Talmuds, cf. Erouvin 43b ou Zevachim 118b. 
Autre exemple : Shabbath 63a : « Cela conforta 
R. Hiyya b. Abba qui en vint à dire : tous les 
prophètes ont prophétisé uniquement pour les 
jours du Messie (LYMWTh HMShYHt), mais 
quant à ce monde-là (le 'ôlam haba'), leur œil ne 
l'a pas vu » ; suit une citation d'Isaïe : « Et 
jamais on n'a entendu, [jamais] on n'a ouï de 
l'oreille, [jamais] l'œil n'a vu, hors toi, ô Dieu, ce 
que [Dieu] a préparé pour celui qui s'attend à 
lui. » (Isaïe 64, 4) 

Question subsidiaire : pourquoi Paul dans la 
citation plus haut dit-il qu'il s'agit d'être purs et 
irréprochables (entendre les mots hébreux tâhôr 
et thâmim) pour le Jour ? Ce Jour est entendu 
comme le Jour de Kippoûr, le grand jour du 
Pardon pour lequel il faut absolument faire 



75 



théshoûvah/retour (pour les nazoréens de Jésus à 
Genèse 1,1). Tout un traité du Talmud l'a pour 
seul sujet, c'est le traité Yoma' - équivalent 
araméen de l'hébreu yôm. Ainsi s'explique le 
fait que dans l'Apocalypse les vêtements blancs 
abondent, ou encore qu'il faille laver sa robe 
dans le sang de l'agneau, c'est lié au yôm 
kippoûr, ici, celui de l'année des jubilations 
jubilaires. 
La gC de la plénitude des titres des Prophètes est quant 
à elle de 6111. 

Preuve : YWD HH WW ShYN 'YN ShYN WW 
PH TTh YWD MM ShYN MM WW 'LP LMD 
MM LMD KP YWD MM YWD ShYN 'YN 
YWD HH YWD RYSh MM YWD HH YWD 
HtYTh ZYN QWP 'LP LMD ShYN NWN YWD 
MM 'YN ShYN RYSh 

20+ 1 0+ 1 2+3 60+ 1 3 0+3 60+ 1 2+85+409+20+80+3 
60+80+12+111+74+80+74 
+ 1 00+20+80+20+3 60+ 1 3 0+20+ 1 0+20+5 1 0+80 
+20+ 1 0+20+4 1 8+67+ 186+111 +74+3 60+ 1 06+20 
+80+130+360+510=6111. 
J'ai alors à ma disposition plusieurs lectures possibles 
de ce nombre. La plus simple est de le lire comme 63 
dont nous avons déjà énoncé le sens, une autre est de 
le lire comme 612 qui est la gC de BRYTh/bérith, 
l'Alliance, celle qu'il s'agit de renouveler et de 
parfaire, une autre encore consiste à le lire 72, gC de 
(r)hessed/HtSD, amour, etc. 

A chaque fois le résultat est probant tant par gR que 
par gC, puisqu'il est obtenu avec les bons yeux de 
kabbaliste que donne la rétroversion de la Nouvelle 
Alliance (même si ces réseaux gématriques sont déjà 
là dans l'Ancienne, ô combien !). Les Prophètes 
trouvent ainsi une mesure selon la plénitude des 

76 



accords virtuoses de la Nouvelle Alliance, une unité de 
sens adéquate au contenu de ce qu'ils prophétisent et 
que la Nouvelle Alliance, par-delà toute interprétation, 
réalise en renouvelant le monde ('ôlam) à Sa lumière, 
en établissant ce que les Prophètes, comme le dit le 
Talmud, n'ont pas eu la chance de voir : le 'ôlam 
haba', le Royaume. 

Comme Moïse reste au seuil de la terre promise, 
on pourrait dire qu'en un sens, en tant qu'ils ne 
reviennent pas de l'Exil, les Prophètes restent au 
seuil du 'ôlam haba' dont la prophétie de la 
réalisation eschatologique leur est révélée sans 
pourtant que le temps en soit venu (Ezéchiel, 
scrutant le Char, a cette vision mais pour ainsi 
dire en soi, il en a l'idée, notamment dans la 
vision finale du rétablissement eschatologique du 
Temple - sur fond d'Eden retrouvé -, mais 
encore à l'inaccompli, sans sa réalisation). 
Notons au passage que le résultat développé pour le 
plérôme des noms des livres composant les Prophètes 
est exactement de la même kabbale que le mot 
prophète/nâvi', avec la notion concrète qui s'y rattache. 

Spécificité des Ecrits dans leur mise en balance avec 

la dualité « Thora et Prophètes » : 

Précisons à présent le contenu des Ecrits dans leur 

rapport avec l'autre pendant du TaNaK que constituent 

la Thora et les Prophètes. 

L'exemple de la méguillâh de Daniel va nous mettre 

sur la voie de la différenciation, en terme de contenu, 

entre Prophètes (Thora et Prophètes) et Ecrits. 

On prétend en général, entre autres arguties, que c'est 

parce que le canon des Prophètes était déjà fixé 



11 



lorsque ce rouleau a été écrit qu'il fait partie des 
Ecrits. Que cet argument est peu hébraïque ! 
Il est vrai qu'il y a une mesure des Prophètes (que 
d'ailleurs les spécialistes ignorent complètement...), 
qu'il s'agisse du rouleau des Douze prophètes majeurs 
ou de l'ensemble des Prophètes appréhendé dans la 
plénitude de son plérôme, mais la raison majeure pour 
laquelle Daniel fait partie des Ecrits n'est pas liée 
seulement à sa langue ou à son époque de rédaction. 
En effet, Daniel, comme Esther, est une niglah 
(révélation) 

Ouvrons Daniel 10,1 : «La troisième année de 
Cyrus, roi de Perse, une chose fut révélée à 
Daniel qui est appelé du nom de Belteshatsar 
(BLTSh'SdR, comme Nebukadnetsar ce nom fait 
sens par les racines et les mots qu'il contient et 
sollicite : B/en, par + LTSh/polir, rendre luisant, 
aiguiser + 'SdR, amasser, garder, racine du trésor 
'WSdR, celui de la lumière messianique, celui 
des secrets de la fin!) ; et la chose est vraie, mais 
le temps d'épreuve déterminé est long. Et il 
comprit la chose et eut l'intelligence de la 
vision. » Ce qu'une fausse pudeur traduit ici par 
« une chose fut révélée à Daniel » est en fait 
DBR NGLH LDNY'L/dâvâr niglâh ledânyêl, la 
parole-chose fut révélée/révélation pour Daniel : 
il s'agit d'entendre la révélation même de la 
parole divine à Daniel jugé digne de scruter la 
fin! 
réservée pour la fin des temps. Les Prophètes sont 
conçus comme prophétie du retour du troisième temps, 
son annonce ; mais, contrairement à Daniel, ils n'y 
entrent pas. Seul Daniel, en cela distinct des Prophètes 
(et aussi parce que ce prophète cumule les deux hauts 
titres de fils de l'homme et fils de dieu), est le lieu de 

78 



l'achèvement de l'histoire midrashique d'Israël : d'où la 
mention des quatre empires de la domination païenne 
sur Israël, mais surtout de leur renversement dans 
l'avènement du règne messianique, renversement 
correspondant également à l'effondrement du colosse 
aux pieds d'argile du chapitre deux de Daniel. En 
effet, celui-ci symbolise ces mêmes empires par ses 
quatre métaux constitutifs de la tête aux pieds, l'or, 
l'argent, l'airain et le fer (mêlé d'argile pour les pieds 
de la statue. . .). Cette figuration métaphorique de la 
récapitulation eschatologique est propre à Daniel, 
distingue radicalement celui-ci des « Prophètes ». 
Rappelons enfin, toujours selon le même axe, que 
Daniel est « scellé pour la fin » comme le dit son 
douzième chapitre (parlant explicitement de la 
Résurrection finale). 

Déterminant l'objet de chacun des trois temps du 
TaNaK, je vais rendre visible ce qui différencie ses 
deux premiers temps du troisième. 
L'objet de la Thora se dévoile de façon simple : 
premièrement, c'est la fondation d'Israël ; 

L'affirmation de cette fondation est l'unique soin 
du livre de la Genèse, lequel en insuffle et en 
sculpte la charpente. En effet, ce livre est 
fortement charpenté selon dix 

thôldôth/généalogies - de celle des cieux et de la 
terre en Gen. 2,2 à celle de Jacob-Israël en 37,2 - 
faisant écho aux dix paroles fondatrices. De plus, 
il conduit à l'établissement des douze tribus 
autour des fils de Jacob-Israël. Voyons ces dix 
occurrences de thôldôth (avec des variations 
quant à sa graphie, comme souvent dans les 



79 



septénaires et dénaires de la Thora...) dans le 
récit-chiffrage de la Genèse : 
préambule : le récit-chiffrage de Genèse 1,1 à 2,3 
les 6 jours et le septième qui les conclut ; 

(1) thôldôth des cieux et de la terre : 2,4 à 4,26 ; 

(2) thôldôth de la semence-descendance 
d'Adam : 5 à 6,8 ; 

(3) thôldôth de Noé : 6,9 à 9,29 (ici intervient le 
déluge et ces trois premiers temps forment ainsi 
une unité complète, comme trois vis-à-vis des 
sept temps suivants. . .) ; 

(4) thôldôth des enfants de Noé : 10 à 11,9 ; 

(5) thôldôth de Sem : 11, 10 à 26 ; 

(6) thôldôth de Tharé et d'Abraham : de 11,27 à 
25,11; 

(7) thôldôth d'Ismaël : 25, 12 à 18 ; 

(8) thôldôth d'Isaac : 25,19 à 35 ; 

(9) thôldôth d'Esaii : le chapitre 36 ; 

(10) thôldôth de Jacob : de Genèse 37 à 50. 



deuxièmement, c'est la Révélation initiale de la 
législation hébraïque, la formation et l'affermissement 
du peuple (don de la Thora au Sinaï, lois du Lévitique) 
venant conclure une première fois la Pâque qu'est la 
sortie d'Egypte (ce pourquoi cette Révélation 
commence par le rappel de celle-ci) ; et enfin, 
troisièmement, c'est la prophétie de l'établissement en 
terre promise, elle-même ponctuée par celle de l'Exil 
futur pour manquement aux paroles de la Thora, à son 
tour compliquée par l'annonce de la prophétie du 
Retour en lien à la circoncision de cœur 
(Deutéronome). 



80 



Les Prophètes voient leur objet se mettre à nu en trois 
temps également : 

premièrement, c'est l'établissement du peuple en terre 
promise et, après une traversée du désert (les Juges), le 
fondement de Jérusalem et de son Temple au centre de 
celle-ci ; puis, deuxièmement, vient le moment négatif 
qui se caractérise par la division du Royaume contre 
lui-même, 

C'est la division entre Roboam et Jéroboam où 
s'entend la séparation du peuple/' âm contre lui- 
même. Elle commence par le péché de Jéroboam 
se différenciant de Roboam. Les deux noms sont 
construits sur le mot 'âm/le peuple, le premier 
signifiant celui qui multiplie - racine RBH - le 
peuple, tandis que le second a pour sens celui qui 
élargit - RHtB - le peuple. Ce type de 
construction engageant le peuple dans le 
déchirement semble un trait commun pour 
nommer certains ennemis d'Israël, ou plutôt 
l'ennemi atavique d'Israël : ainsi, Balaam le 
borgne est-il Bil'âm/BL'M, qui se lit comme 
« celui qui avale »/BL' « le peuple »/'M, ou 
Amalek/'MLQ - lui qui empêche la sortie 
d'Egypte d'advenir - est-il la condensation de 
'M/peuple et de MLQ/rompre, tordre, i.e. qu'il a 
pour sens « celui qui rompt le peuple », bien 
qu'heureusement et héroïquement Israël finisse 
par le rompre à son tour, grâce à Josué d'ailleurs, 
etc. Si Jéroboam fait deux veaux d'or, c'est par 
midrash sur le veau d'or du peuple dans la Thora, 
le redoublement, gage d'une insistance 
volontaire, renvoyant alors à la séparation et à 
l'Exil en marche.... Ces deux références au veau 
d'or, soit dans la Thora, soit dans le second livre 
des Rois, sont les seules explicites du TaNaK, 
hors rappel du veau d'or au pied du Sinaï dans le 



81 



Deutéronome ou le livre d'Esdras. D'où 
l'importance de cette affaire de veau (envers et 
caricature de la belle statuaire antique ?). 
celle-ci se poursuivant par le double Exil à Babylone, 
pour Samarie, puis pour Juda ; 

L'Exil et les châtiments corollaires forment un 
midrash sur les châtiments pour le manquement 
d'Israël aux paroles de la Thora tels qu'ils sont 
exposés dans le Deutéronome. 
puis, troisièmement, intervient la prophétie du retour. 
Comparer les conclusions de tous les prophètes 
dits « les derniers », notamment les douze 
« petits », s'avérerait ici un exercice des plus 
enrichissants. La comparaison des fins 
d'Ezéchiel et d'Isaïe, entre elles et avec leur 
condensation accomplissante et abolissante aux 
chapitres 21 et 22 de l'Apocalypse de Jean 
également. 
Enfin, viennent les Ecrits, sceau de l'ensemble. Ils ont 
pour objet la réalisation du rétablissement final, la 
notion de théshoûvah (retour, réconciliation) sur 
l'annonce de laquelle se concluait d'ailleurs le dernier 
des Prophètes, Malachie. 

Scrutons et examinons dans ses lettres la célèbre 
sentence qui clôt le livre de Malachie, et ainsi 
tout le cycle des Prophètes, afin d'ouvrir sur la 
théshoûvah eschatologique, l'avènement du 
Messie, objet des Ecrits. 

« Voici, Je vous envoie Élie, le prophète, 
puisqu'il vient devant le jour de YHWH, le 
grand et le terrible. Et il fera retourner le cœur 
des pères vers les fils, et le cœur des fils vers 
leurs pères, de peur que je ne vienne et ne frappe 
le pays de malédiction (l'anathème, (r)hêrem). » 
(Malachie 4, 5 et 6). 



82 



Translittération : HNH 'NKY ShLHt LKM 'Th 
'LYH HNBY' LPNY BW YWM YHWH 
HGDWL WHNWR' WHShYB (racine de la 
théshoûvah) LB-'BWTh 'L-BNYM WLB 
BNYM 'L-'BWThM PN-'BWTh WHKYThY 
'Th-H'RSd HtRM/hinêh 'ânôki shôlê(r)ha lêkem 
'êth 'êliyâh hanâvi' liphnêy bô' yôm hagadôl 
vhanoûvôrâ' vhêshiv lev-'avôth 'al-bânim vlêv 
bânim 'al-'avôthâm pen-'âvôth vhikêthi 'êth- 
hâ'ârets (r)hêrem. L'abondance des inscriptions 
kabbalistiques volontairement lisibles est une 
véritable moisson tant ces deux versets qui 
scellent les Prophètes ont été consciemment 
écrits pour en regorger, et tant ils ont été scrutés 
afin d'être accomplis. On aura noté ici la 
présence de la racine de la parousie pour 
exprimer la venue du Jour de YHWH, ce qui 
place bien le sceau des Prophètes sous le signe 
de la prophétie de l'avènement messianique, en 
prélude ludique à la lucidité des Ecrits quant à 
cette question. Je ne puis noter que quelques 
résultats éclairs. L'expression qui qualifie le Jour 
de YHWH est HGDWL WHNWR'. Ses gR et 
gC sont de 82/316(37), soit la Sagesse 
(HtKMH=37) et Jérusalem (YRWShLM = 82 en 
gR), elle est donc un substitut de l'Assemblée 
eschatologique (via le réseau d'analogies 
florissantes déjà souligné), elle est lue comme 
telle. Le waw de liaison étant signe de l'addition, 
je considère maintenant HGDWL+HNWR' en 
élevant au carré les chiffres des lettres et en 
faisant la somme : 

5x5+3x3+4x4+6x6+12x12+5x5+14x14+6x6+2 
0x20+1x1 = 888 = 10+80+360+20+418 = HH 
MM ShYN YWD HtYTh (le plérôme du 
Messie/MShYHt en gC). C'est l'un des nombres 
les plus secrets de la venue du Messie qui est 



83 



ainsi inscrit à même la chair des mots désignant 
l'avènement ! L'union dans l'amour divin des 
cœurs des pères et des fils est un thème crucial 
de la fin, tant dans les Ecrits (avec la fin de 
l'Exil et les réjouissances qui s'ensuivent, déjà 
annoncées par les Prophètes, la délaissée ne 
l'étant plus...), que dans les Evangiles où le 
rapport père/fils est la pierre de fondement de 
l'Assemblée eschatologique autour du Messie et 
de ses Douze. L'Elie de la fin prophétisé par 
Malachie est, d'après le Midrash, chargé 
d'oindre le Messie. Pour la Nouvelle Alliance, ce 
sera Jean (de même valence 52 qu'Elie, et que le 
Masshia(r)h) baptisant Jésus au Jourdain. 
Une dernière délicatesse ? Le Jour de YHWH est 
dit grand et terrible ? L'Apocalypse de Jean lit 
cela comme une injonction intimant d'élever ce 
YWM YHWH au carré dans ses lettres : 
10x10+6x6+13x13+10x10+5x5+6x6+5x5 
491 = 25+441+25 = 5x5+21x21+5x5 = 
HShH/hasseh, l'agneau qui a été immolé, mais 
est vivant-ressuscité afin d'ouvrir le Livre et de 
juger les grands et les petits, selon qu'ils sont 
inscrits ou non dans le livre des vivants. Jour 
grand et terrible en effet ! Si je reprends 
désormais l'entière expression du Jour, YWM 
YHWH HGDWL WHNWR' et que j'en établis 
le plérôme (la parousie est plénitude), voici ce 
qui vient faire signe : YWD WW MM YWD HH 
WW HH HH GYML - c'est bien ainsi que 
s'écrit le guimel développé, avec son yôd, cf. 
Jastrow p 239 - DLTh WW LMD WW HH 
NWN WW RYSh 'LP (45 lettres). Sa gR est de 
20+ 1 2+26+20+ 10+12+10+10+38+38+1 2+29+ 1 
2+10+34+12+51+30 = 386 = YShW'/Iéshoû'a, 
l'ultime Messie nazoréen ! Si vous souhaitez en 
savoir davantage, à vos abaques et vos bouliers ! 



84 



Ainsi, les Ecrits sont-ils les livres ou rouleaux de la 
récapitulation de l'histoire (= narration, haggadah) 
midrashique d'Israël, du rétablissement effectif du 
Temple (Ezéchiel, en situation d'Exil, ne fait que le 
prophétiser. . .), de l'avènement du Messie et de l'union 
du fiancé et de la fiancée du côté des jardins de 
palmes. C'est en partie pourquoi, comme le dit le 
Talmud, ils sont le lieu où se cache « la fin-venue du 
Messie » (qêts masshia(r)h), de sa royauté. 

Voyez Méguillâh 3a : « Le Targum des Prophètes 
a été composé par Jonathan ben Uzziel guidé par 
la bouche-parole (MPY) d'Aggée, Zacharie et 
Malachie, et la terre d'Israël trembla sur une aire 
de quatre cents parasanges sur quatre cents, et 
une Bath Qol [fille de la voie divine] jaillit et 
parla : « Qui est celui-là qui révèle mes secrets 
aux hommes [en fait SThRY LBNY 'DM, les 
secrets pour les fils d'Adam] ? Jonathan ben 
Uzziel alors se leva et dit : « C'est moi qui ai 
révélé ces secrets aux fils d'Adam. Il leur est 
connu que je ne l'ai pas fait pour ma gloire 
personnelle ni pour celle de la maison de mes 
pères, mais pour la gloire divine, afin que 
cessent les divisions en Israël. Il pensa alors 
procéder de même en établissant un Targum des 
Ecrits, mais la Bath Qol vint au devant de lui et 
parla : « Assez ! » Pour quelle raison ? — Parce 
que la date-la fin du Messie y est contenue. » En 
fait, il y a ici le qêts/QSd, la fin, le terme, 
l'extrémité, associé à MShYHt/le Messie, l'oint. 
Rachi dans son commentaire l'interprète d'un 
sobre BSPR DNY'L/« dans le livre de Daniel », 
ayant en tête son chapitre 12 où le QSd/qêts 
intervient par trois fois et où il est question de la 
vie éternelle (du 'ôlam haba'), du fait de sceller 
le Livre pour la fin, la venue du Masshia(r)h, 

85 



deux dates midrashiques venant clore 
ésotériquement ce chapitre. Mais, nous allons 
voir ici que c'est l'ensemble des Ecrits qui 
contiennent des secrets de la fin, du Messie, du 
Temple eschatologique, etc. (mais déjà d'une 
certaine manière aussi les Prophètes et en amont 
le livre du Deutéronome, la fin étant déjà en vue 
dans le plan divin qui trame de part en part la 
Thora !). De plus, le Jonathan dont il est question 
dans ce passage talmudique est l'auteur du 
Targum dit de Jonathan, il est contemporain de 
Hillel l'ancien, donc à la charnière du premier 
siècle avant J.-C. et du premier siècle après. Or, 
la trinité du TaNaK lui est ici implicitement 
associée. On pourrait en déduire qu'elle était 
donc connue de Jonathan. Mais en même temps 
ce passage qui est une guémara pourrait aussi 
bien servir à justifier a posteriori l'existence de 
cette tripartition. Comme le dit Maurice Mergui, 
le midrash aime à se moquer de « l'historicité 
des personnages bibliques », de la chronologie ; 
ou disons, de la volonté parfois inquisitrice et 
délirante du vouloir fixer des dates à ce qui a 
pour nature d'échapper au seul temps linéaire, en 
s'en jouant, un peu comme l'aiôn des Grecs est 
dit jouer aux dés (c'est-à-dire avec la 
contingence ; car, n'en déplaise à Einstein, 
l'univers - tout comme l'histoire - est un lieu où 
la contingence a toute sa part...). 
Quant à cette essence des Ecrits, elle peut être 
indiquée livre par livre. 

Le Cantique des cantiques (que ce livre soit une 
allégorie de l'histoire d'Israël est un lieu commun du 
judaïsme), Daniel (cf. plus haut), Qohéleth (via les 28 
temps de son chapitre 3 que nous étudierons plus bas), 
et les Chroniques 

86 



Le double livre des Chroniques est différent des 
livres de Samuel et des Rois, car, tout d'abord il 
récapitule toutes les bouillonnantes et 
diluviennes généalogies depuis la Genèse 
jusqu'à l'Exil (et s'inscrit par là dans l'optique 
de la récapitulation de l'histoire d'Israël, comme 
Qohéleth ou le Cantique), mais surtout parce 
qu'ensuite il contient la prophétie non 
développée du rétablissement du Temple en 
guise de sceau final de son énonciation : « Et la 
première année de Cyrus, roi de Perse, afin que 
fût accomplie la parole de l'Éternel [dite] par la 
bouche de Jérémie, l'Éternel réveilla l'esprit de 
Cyrus, roi de Perse ; et il fit une proclamation 
dans tout son royaume, et la publia aussi par 
écrit, disant : 

« Ainsi dit Cyrus, roi de Perse : L'Éternel, le 
Dieu des cieux, m'a donné tous les royaumes de 
la terre, et il m'a chargé de lui bâtir une maison à 
Jérusalem, qui est en Juda. Qui d'entre vous, quel 
qu'il soit, est de son peuple, — que l'Éternel, son 
Dieu, soit avec lui, et qu'il monte ! (ve'alah : 
comme il est dit d'Esdras qu'il monte de 
Babylone dans son livre, autrement dit qu'il 
revient d'Exil ; on peut aussi penser ici à 
l'analogie entre Résurrection finale et retour 
d'Exil) » (2 chroniques 36, 22 et 23). 
A contrario, le second livre des Rois, bien qu'il 
se termine par une touche d'optimisme et que s'y 
trouvent narrés avec finesse les miracles d'Elisée 
préfigurant la Résurrection (celle de l'Assemblée 
pour la fin), n'en reste pas moins inscrit dans un 
temps d'avant le retour d'Exil et le rétablissement 
eschatologique du Temple de Jérusalem. Cette 
fin du second livre des Chroniques sert d'ailleurs 
d'entrée en matière au livre d'Esdras, ce qui est 
encore une manière d'indiquer le lien des 



87 



Chroniques au temps des Ecrits. Pour les curieux 
de l'inépuisable filon kabbalistique, j'indique 
que la prophétie du rétablissement du Temple, 
qui clôt les Chroniques et qui est une 
proclamation écrite, est donc en hébreu 
translittéré : 

KH-'MR KWRSh MLK PRS KL-MMLKWTh 
H'RSd NThN LY YHWH 'LHY HShMYM 
WHW'-PQD 'LY LBNWTh-LW BYTh 
BYRWShLM 'ShR BYHWDH MY-BKM 
MKL-'MW YHWH 'LHYW 'MW 

WY'L/khô-'âmar Kôresh melek Paras kâl- 
mamlkôth hâ-'ârets nâthan li YHWH 'elhêy 
hashâmayim vhoû' phaqad 'âla livnôth-lô bayith 
biroûshâlam 'asher biyoûdâh mi-vâkem 
mikâl-'amô YHWH 'elây 'imô ve'alah. Je vous 
laisse vérifier la gC de ce verset coloré avec le 
même soin que j'ai pris à l'établir. Vous 
trouverez comme moi 61(0)8, autrement dit le 
618 de BYWM(2+10+6+600)/en-dans-par le 
Jour (celui de YHWH, du jugement et de la fin) 
qui est aussi la gC de RWHt QDSh (saint esprit, 
sans l'article), et vous en viendrez à conclure, 
tout comme moi, qu'il s'agit d'une inscription 
volontairement codée éclairant le propos du 
Talmud : les Ecrits contiennent bien les secrets 
des temps messianiques (de l'avènement final au 
jour de YHWH), dans la continuation des 
Prophètes, et en aval du Deutéronome selon le 
cours puissant du vaste fleuve de la poésie 
biblique. Je rappelle encore que KWRSh/Cyrus 
est un substitut de « son Messie ». 
sont de pures anamnèses différenciées de l'histoire 
d'Israël. 

Esther, autre méguillâh, dévoile les secrets de la fin, 
du banquet eschatologique, du décret de la délivrance 
d'Israël, etc. Ce n'est pas sans raison que cette biche 



de l'Aurore ('ayeleth hasha(r)har, selon la tradition 
pharisienne sur Psaumes 22,1) est un signe de 
l'avènement messianique, du dévoilement de Sa Face, 
c'est-à-dire de la fin de la nuit de l'Exil, devenant le 
Jour de YHWH enfin advenu. 
Esdras quant à lui prend en charge la fondation 
effective du Temple du retour, la fin en tant que telle. 

Il commence, je le rappelle, par les dernières 
paroles de 2 Chroniques dont il est la 
continuation. De plus, le nom d'Esdras 
n'apparaît que dans un seul livre outre le sien, 
les Chroniques : « — Et les fils d'Esdras : Jéther, 
et Méred, et Épher, et Jalon ; et fut conçue 
Miriam [Je sous salue. Une Myriam liée à Esdras 
et par conséquent au retour d'Exil comme un 
certain Josué grand-prêtre ? Curiosité 
d'amateur...], puis Shammaï, et Jishbakh, père 
dEshtemoa. » (1 Chroniques 4, 17). Ces deux 
éléments liant Esdras aux Chroniques lient 
davantage ce dernier rouleau au moment des 
Ecrits. 
Nous savons déjà que Ruth s'occupe de l'entrée des 
païens à la fin des temps sur fond de moisson 
eschatologique et de Rédemption, nous avons aussi vu 
que son union avec Boaz peut être lue comme celle du 
fiancé (Boaz, le Rédempteur) et de la fiancée (Ruth 
étant la Thora d'après le Zohar, etc.). De plus, son 
temps - tout comme celui de Job est de la Thora - est 
d'avant l'Exil, c'est le temps des Juges dont le sens est 
hautement eschatologique puisqu'il conduit au roi- 
messie (David), à la fondation du Temple, qu'il est un 
comble de divisions préludant au comble d'une plus 
haute unité. 



89 



C'est encore par elle que vient Obed, puis Jessé, et de 
là David, « le rejeton (nêtser) de Jessé », autrement dit 
le Messie (cf. Matthieu 1 ,5 et 6 ; elle est donc une clé 
du dévoilement des secrets de ce dernier). 
Enfin, elle présente le modèle de toute conversion 
individuelle sous les ailes messianiques de la religion 
juive et ce n'est pas de peu de conséquences puisqu'à 
la fin des temps, chacun doit faire théshoûvah, la 
Rédemption étant d'abord individuelle, avant de se 
faire universelle, ainsi seulement l' est-elle de manière 
concrète, c'est-à-dire différenciée (tous y accèdent, 
mais chacun différemment). 

Le (r)hassidisme retrouvera et accentuera cette 
tradition. Ainsi, le Ba'al Shem Tov touche au 
plus juste lorsqu'il dit : « C'est seulement quand 
on sera parvenu à la rédemption individuelle, que 
pourra se produire la rédemption universelle et 
que le Messie se manifestera ». Kafka, plus tard, 
s'en souviendra d'une manière substantiellement 
littéraire : « Si tout le monde ne prenait plus rien, 
rigoureusement, au sérieux, le Messie serait là 
dans l'heure qui suit ». Et comment chacun peut- 
il ne plus rien prendre au sérieux si ce n'est en 
ayant accompli sa propre rédemption 
individuelle en se plongeant dans le Savoir, 
c'est-à-dire en ayant conquis sa propre 
immarcescible souveraineté, en étant libre ? 
Environ un sixième des Psaumes ruisselle des secrets 
de l'avènement du Messie, ce pourquoi Vulliaud (et 
pas que lui) qualifie ces psaumes singuliers de 
« messianiques ». En outre, ce livre commence par le 
mot 'ShRY/'ashrêy, bienheureux, de gR 52 comme le 
Messie, l'expression initiale étant « heureux l'homme 
qui ne chemine pas dans le conseil des méchants [...] 

90 



mais qui étudie dans sa Thora jour et nuit », ce dont 
l'on peut rendre le sous-entendu en ajoutant « pour y 
trouver le Messie, les secrets de la fin, la révélation du 
conseil tramant la Thora, etc. » - ce que reprendra 
d'ailleurs l' Evangile de Philippe : « heureux celui qui 
[même début que les Psaumes, 'ashrêy ha-'ish 'asher] 
est avant d'avoir été [le Messie, d'avant l'en-tête de la 
Thora. . . ] », etc. L'auteur privilégié des Psaumes est 
d'ailleurs le type même du roi-messie : le bien-aimé, 
David ! 

Job est fils d'Issachar d'après Genèse 46, 13, 
autrement dit de l'une des dix tribus perdues, ce qui 
l'associe au Messie fils de Joseph, issu de celles-ci. En 
tant que livre, il est celui où prend racine la figure du 
Messie comme serviteur souffrant (associée au Messie 
fils de Joseph et donc aux tribus perdues). Il complète 
des chapitres essentiels comme Isaïe 53 ou Psaumes 
22. De plus, Job est 'YWB/le haï, par l'accusateur, 
l'Adversaire, HShTN/hassâtân. Ce terme nous place 
d'emblée dans un contexte messianique et 
eschatologique, puisque ce hassâtân a pour gC 364, la 
gC de MShYHtW/«Son Messie, Son oint (l'oint du 
dieu, qui est David en Psaumes 18, 50, etc.) ». 

Ouvrons ce livre et lisons : « Il y avait dans le 
pays d'Uts un homme dont le nom était lob ; et 
cet homme était parfait et droit, craignant Dieu et 
se retirant du mal [notons les quatre termes qui 
qualifient lob, c'est-à-dire la voie de sainteté du 
Tétragramme par opposition, ici nettement 
appuyée, au yetser harâ': thâm vyâshâr viyrê' 
'elôhim vssâr mêrâ']. Et il lui naquit sept fils et 
trois filles [trois et sept ? la Sagesse], et il 
possédait sept mille brebis, et trois mille 
chameaux [à nouveau, signe discret de la 

91 



Sagesse sinueuse], et cinq cents paires de bœufs, 
et cinq cents ânesses [500 deux fois, cela fait 
1000, l'Aleph, et le mille de l'eschatologie, c'est 
aussi la richesse de l'innombrable, faste 
symbolique, opulence de la Sagesse], et [il avait] 
un très grand nombre de serviteurs ; et cet 
homme était plus grand que tous les fils de 
l'orient. » (Job 1, 1 à 3). Puis, vient ceci : 
« Et l'Éternel dit à Satan : D'où viens-tu ? Et 
Satan répondit à l'Éternel et dit : De courir çà et 
là sur la terre et de m'y promener. Et l'Éternel dit 
à Satan : As-tu considéré mon serviteur Job, qu'il 
n'y a sur la terre aucun homme comme lui, 
parfait et droit, craignant Dieu, et se retirant du 
mal [à nouveau les quatre termes de la voie de 
YHWH, selon l'adéquat ou tov] ? Et Satan 
répondit à l'Éternel et dit : Est-ce pour rien que 
Job craint Dieu ? Ne l'as-tu pas, toi, entouré de 
toutes parts d'une haie de protection, lui, et sa 
maison, et tout ce qui lui appartient ? Tu as béni 
le travail de ses mains, et tu as fait abonder son 
avoir sur la terre. Mais étends ta main et touche à 
tout ce qu'il a : [tu verras] s'il ne te maudit pas en 
face. Et l'Éternel dit à Satan : Voici, tout ce qu'il 
a est en ta main, seulement tu n'étendras pas ta 
main sur lui. Et Satan sortit de la présence de 
l'Éternel. » (Job 1, 7 à 12). Curieux pacte du 
divin et du maléfique qui en fait a un sens très 
précis : Job est le juste ultime, le type même du 
Messie, il doit franchir l'épreuve eschatologique 
en perdant tout (ce tout nous l'avons vu étant 
symbolique). Il sera plus riche en sa fin qu'en 
son commencement, comme dit le texte. Il est ce 
pauvre en esprit au sens vrai : il peut et sait tout 
perdre, car toute richesse lui revient toujours, 
renouvelée ! C'est au comble de la perte que les 
secrets de la Création, et de la fin (c'est la même 



92 



chose) lui sont révélés : lisez attentivement la fin 
du livre de Job. On y trouve notamment de fines 
descriptions de Béhémoth et Léviathan, les 
fameuses bêtes eschatologiques inspiratrices de 
tant d'apocalypses. La seconde, Léviathan 
LWYThN, est la condensation de LWY+YThN, 
« (pour) Lévi il donnera », bête des eaux - de la 
Thora - réservée aux justes, aux lévites prêtres 
de dieu, et a les deux mêmes gR et gC 64/4(9)6 
que MLKWTh/malkoûth, le Royaume, alors que 
la première, BHMWTh est lue comme BH/par 
elle + MWTh, la mort, toute désignée pour être 
l'Adversaire du Messie ! Pour sa part, la racine 
'YB/haïr, du nom de Job, est l'opposé de 
'HB/aimer : le haï de l'Adversaire est l'aimé de 
dieu (comme David le bien-aimé, autre type du 
Messie, qui, quant à lui, révèle ses secrets dans 
les Psaumes). La racine de l'Adversaire, ShTN, 
qui signifie prendre en haine, jalouser, 
calomnier, vilipender, accuser, diffamer, 
s'opposer à, etc., n'a pas pour elle de pareil 
envers dialectique ! La spéculation amoureuse 
est du côté de Job, la platitude glacée de 
l'unilatéralité, du côté de l'Adversaire. 
Les Proverbes sont le lieu du déploiement de la 
Sagesse dont on est en grande nécessité en période 
d'Exil pour pouvoir « revenir » (la Sagesse est dans le 
principe et dans la fin, c'est-à-dire dans le principe du 
monde sans fin, qui, comme YHWH, « a été, est et 
sera »). Salomon est l'auteur défini dès le premier 
verset comme « fils de David, roi d'Israël », autrement 
dit comme le Messie divulguant sa sagesse, ses secrets 
(comme dans l'autre des Ecrits qui lui est attribué, 
Qohéleth, de la racine QHL/qâhal, rassembler, 



93 



Qohéleth étant « celui qui rassemble » car c'est la fin 

de l'Exil!), etc. 

S'il est bien question de David et Salomon dès le 
second temps du tout, les Prophètes, ils ne 
s'expriment en tant qu'auteurs (par attribution 
midrashique pour Qohéleth, ou parce que c'est 
écrit en toutes lettres, pour Psaumes, Proverbes 
et Cantique des cantiques, où le nom de ShLMH 
est mentionné exactement sept fois, par désir 
d'abondance... allez par vous-même exercer vos 
méninges du côté de son plérôme en yôd, faisant 
la somme de ses gR et gC, ce ne sera pas en 
vain...) que dans le troisième temps. Bien que 
Salomon s'adresse à son fils Roboam dans ses 
Proverbes (lequel oublia sans doute de 
l'écouter !) ou que les guerres de David, 
notamment contre Absalom, soient rappelées 
dans les Psaumes, ces Ecrits contiennent les 
secrets de la fin et font partie du troisième temps 
du tout vivant qui constitue le TaNaK. Ces deux 
héros sont les types aboutis du Messie, les deux 
seuls rois véridiques d'avant le schisme, et 
comme ils sont d'avant le schisme ils préfigurent 
le temps du retour qui est celui de la royauté en 
sagesse d'avant l'Exil (Salomon, en plus de ses 
300 femmes et 700 concubines, règne 37 ans, 
nombre de HtKMH, la Sagesse...). Remarquons 
encore que dans le 2 eme temps - les Prophètes -, 
David et Salomon restent humains, trop 
humains, et ne sont vraiment « divins », figures 
messianiques, que dans le 3 eme temps - les 
Hagiographes. Quant aux livres de Samuel et des 
Rois, ils sont attribués à Samuel et au prophète 
Jérémie. Le second temps est préexilique et 
exilique, il ne scrute pas encore la fin face-à-face 
en récapitulant le tout comme Daniel, Qohéleth 
et Cie. 

94 



Revenons. Si les Prophètes annoncent la venue du 
Messie, les Ecrits chantent les temps messianiques. On 
peut le résumer en montrant qu'ils sont tous, soit sous 
l'égide d'une figure du Messie, soit attribués à un 
rédacteur de la période du retour d'Exil, soit les deux ; 
sauf Eykah attribué au prophète Jérémie et sans 
Messie apparent, ce qui en fait l'exception qui 
confirme la règle. 

Ainsi, David le roi-messie est l'auteur à qui le Talmud 
attribue le livre des Psaumes (en fait, il est 
nommément l'auteur de 73 - ! - d'entre eux, sinon 
l'on trouve un psaume de Salomon, un de Moïse, 
d'autres auteurs comme Ethan et des anonymes...) ; 
Salomon, lui aussi roi-messie, de surcroît « fils de 
David », est l'auteur et le héros du Cantique des 
cantiques, des Proverbes, de Qohéleth ; Boaz, ce 
rédempteur, désigne le Messie chez Ruth ; Esther et 
Mardochée sont deux figures messianiques bien 
connues ; Job est le prototype du Messie en serviteur 
souffrant ; Daniel, fils de l'homme (cf. Dan. 8, 17 : « 
et il me dit : Comprends, fils d'homme, car la vision 
est pour le temps de la fin. ») et du dieu (cf. l'affaire 
des quatre dans la fournaise), révélateur des secrets de 
la fin, est lui aussi une figure du Messie ; les livres 
d'Ezra et des Chroniques, qui contiennent la venue 
du Messie Cyrus lié à la reconstruction du Temple sont 
attribués au même Ezra décidément glorieux. Ne reste 
plus que le cas d'Eykah. 



95 



Singularité d'Eykah : 

En effet, seule exception apparente à cette règle qui 
sinon serait trop formelle et rigide (elle ne l'est pas) : 
Eykah, les Lamentations. 

Comment se fait-il que ce rouleau qui traite non pas du 
troisième temps, mais de l'extrême péril lié au second 
(l'Exil, associé plus tard dans la liturgie au Tisha BeAv, 
neuf du mois de Av, date de la destruction du second 
Temple...), fasse partie du troisième (du Retour) ? 
Le mieux ici est d'étudier l'accord secret de la forme et 
du contenu de cette Méguillâh. 
La forme très travaillée de ce rouleau dirait le 
renversement de son contenu, des douleurs de l'Exil, 
ce serait sa forme qui révélerait le pourquoi de sa 
situation dans les Ecrits. 

Eykah comporte cinq chapitres comme les cinq 
rouleaux de la Thora. Le premier est un acrostiche des 
22 lettres de l'alphabet hébreu, dans l'ordre (le premier 
verset commence par aleph, le second par bêth, etc., 
jusqu'au vingt-deuxième commençant par thav) ; le 
second chapitre également, avec une permutation 
toutefois puisque le verset commençant par phé (dix- 
septième lettre) arrive avant celui commençant par 
'ayn (seizième lettre) ; le troisième chapitre rejoint le 
premier sauf que cette fois-ci chaque lettre sert 
d'initiale au verset trois fois d'affilée, trois versets 
commencent par aleph, les trois suivants par bêth, etc., 
jusqu'au soixante- sixième commençant par thav ; le 
quatrième chapitre est du même type que le second, lui 
aussi acrostiche de l'alphabet avec une seule 
permutation ; le cinquième enfin comporte encore 22 
versets, mais sans qu'il y ait apparemment d'acrostiche 

96 



sensé de ces versets. On peut toutefois noter que cet 
ultime chapitre emploie dans son acrostiche 12 des 22 
lettres, en en délaissant 10, différence des lettres 
employées et des lettres délaissées qui pourrait se lire 
comme un écho aux 22 et 10 occurrences d'Elohim 
(auxquelles répondent les 32 voies comme union des 
22 lettres et des 1 séphirôth) dans la Création de la 
Genèse. En reprenant, je m'aperçois même que le total 
des versets est structuré comme plérôme de l'alphabet, 
en six + un temps (soit le sept du plérôme, de la 
plénitude). Il y a six fois où l'alphabet apparaît tel quel 
comme acrostiche, et une fois selon l'acrostiche 
composé dans l'ordre des 22 lettres Z, N, Y, M, ', M, ', 
', B, ', N, Sh, B, Z, Sh, N, ', ', ', L, H, K, dont le total 
des rangs s'élève à 248, la gC de HtRM/(r)hêrem 
(l'anathème, le filet), le dernier mot de Malachie (des 
Prophètes !), avec son renversement en 
RHtM/re(r)hem, la miséricorde, celle du retour dans 
laquelle est levé l'anathème, selon le sens de la 
théshoûvah eschatologique. 
Resterait à analyser de près les dernières paroles 
d'Eykah et le choix du mot eykah comme premier mot 
et titre de ce rouleau pour saisir sa situation dans le 
troisième temps du TaNaK. Voici comment la 
supplique des Hébreux se condense à l' avant-dernier 
verset du rouleau : hadêsh yâmeynoû keqedem/HtDSh 
YMYNW KQDM (formule qui contient en toutes 
lettres le mot MShYHt/le Messie), « renouvelle nos 
jours comme autrefois », comme en Orient (qedem, le 
lieu du jardin d'Eden qualifié de miqedem dans la 
Genèse, « depuis l'Orient ») : comme aux jours du 
jardin d'Eden ! Or, le premier mot du rouleau, eykah, a 



97 



pour première occurrence biblique, en plein récit 
initial : « L'Eternel Dieu appela Adam et lui dit : où es- 
tu (n^N 1? lûfcfl/vayô'mer lô' 'ayekâh) ? » (Gen. 3, 9), 
alors qu'au verset précédent nous trouvons : « Ils 
entendirent [Adam et Eve venant de manger du fruit 
« défendu », même s'il ne l'était pas par les 
chérubins. .. ] la voix de l'Eternel Dieu parcourir 
[mithe(r)halêk/MThHLK, le hithpael substantivé de 
HLK, la racine de la démarche de la pensée, de la 
halakah !] le jardin du côté de l'Orient » où fivn rm? 
pn/bagân léroû(r)ha hayôm/« le jardin du côté de 
l'Orient » a pour notarique finale NHtM/nâ(r)ham, la 
racine de la consolation, du Paraclet/Ména(r)hêm, du 
troisième terme ayant le même sens que la 
miséricorde, RHtM/re(r)hem (et ce en lien à la notion 
de halakah divine, comme souligné dans ma 
parenthèse précédente). Ce premier mot d'Eykah est 
d'une importance primordiale pour saisir l'enjeu de 
l'élaboration du rouleau se concluant par le retour 
prévu aux joies de l'Eden, d'avant l'expulsion, d'avant 
les conséquences a priori irrémédiables du « Où es- 
tu ? »/'iyekâh de la Genèse. 

Bref, sa forme le détermine comme renversement de 
son contenu manifeste, comme louange paradisiaque 
de l'alphabet et du retour (théshoûvah vers l 'Eden), 
comme participant pleinement de ce qui unifie et 
vivifie tous les Ecrits, la connaissance scellée des 
« secrets de la fin, du Messie, etc. ». Ainsi, si le 
contenu est entièrement consacré (sauf le final) au 
rappel nécessaire de la douleur de l'Exil (son lait noir 
bu la nuit), l'ensemble a la forme d'une glorification 
des cinq rouleaux et de l'alphabet du dieu, de sa 

98 



langue ; ce à quoi le final fait écho, appelant au retour 
effectif (la théshoûvah), celui vers l'énergie en joie 
d'autrefois. Eykah, fruit d'un travail d'orfèvre, est un 
bijou logique. 

Je signale enfin que la répartition trinitaire du 
TaNaK n'est en rien figée - « malgré » la mesure 
de ses titres et structures - parce qu'elle est 
vivante, non point formelle. Ainsi, on peut 
constater que ses trois temps passent 
partiellement les uns dans les autres, se font 
écho. Josué, bien que faisant partie des Prophètes 
est en soi dans la Thora, Ruth bien qu'étant dans 
les Ecrits est aussi d'avant Samuel en tant 
qu'ancêtre de David, au cœur des premiers 
Prophètes, comme Job est à la fois l'un des Ecrits 
et en même temps de l'époque de Moïse, de la 
Thora (il est l'un des fils d'Issachar en Gen. 46, 
13). De plus, certains des Prophètes (Ezéchiel et 
sa vision finale du Temple rebâti, Isaïe qui 
contient une mention de la venu de Darius et de 
la refondation du Temple, Zacharie évoquant le 
retour via Zorobabel et Iéshoû'a...), bien qu'ils 
restent dans le ton de la prophétie de la fin sans 
récapituler l'histoire d'Israël et entrer dans la 
narration de la fin effective sont, d'une certaine 
manière, déjà dans le troisième temps du TaNaK, 
et l'on peut ainsi en conclure que les Ecrits 
passent dans les Prophètes, y sont en partie 
compris. Par ce mouvement des trois temps les 
uns dans les autres nous voyons la totalité du 
TaNaK rester ouverte et nous pouvons 
généraliser à l'ensemble du TaNaK le principe 
intimement lié à l'écriture de la Thora, le « Il n'y 
a ni avant ni après » déjà vu (ce qui ne signifie 
certes pas qu'il n'y ait pas, en même temps, un 
avant et un après, une « histoire » midrashique, 
une épopée haggadique). La constitution 

99 



organique et systématique (y entendre le grec 
sustéma, « réunion de plusieurs corps ou parties 
de manière vivante » - a contrario de l'entente 
inversée et faussée qui est généralement faite du 
mot « système », à dessein de recouvrir ce qu'il 
dit de plus concret et vivant...) du TaNaK est 
toujours en mouvement, ouverte et close en 
même temps, selon la dialectique hébraïque de 
l'ouvrir et du fermer, du sceller et du révéler. La 
métaphore du jardin pour désigner le Livre est à 
sa place : il est clos, mais les chemins qui le 
parcourent et les manières de le cultiver ne 
cessent en même temps d'en rejouer l'unité. 

Structure kabbalistique des Ecrits : 
Voyons maintenant la structure kabbalistique des 
Ecrits, après avoir vu celle des cinq rouleaux de la 
Thora, puis celle des Prophètes en plénitude, non sans 
avoir éclairé les dualités Thora/Prophètes ou 
Prophètes/Ecrits, ainsi que la mise en balance de la 
Thora et des Prophètes vis-à-vis de la spécificité des 
Ecrits comme préfiguration des temps messianiques, 
de la récapitulation et de la fin, du retour. 

Rappelons les titres des Hagiographes : les Psaumes, 
les Proverbes, Job, le Cantique des cantiques, Ruth, les 
Lamentations (en fait Eykah, comment, où ?), 
l'Ecclésiaste, Esther, Daniel, Esdras (ou Esdras et 
Néhémie ?), les Chroniques alias « paroles des jours ». 

Esdras, Néhémie ou Esdras-Néhémie ? 
Déjà, réglons la question du titre du livre dit d'Esdras- 
Néhémie. Notons que le personnage essentiel, le héros 
incomparable, est ici Esdras comme le prouve 

100 



l'attribution à celui-ci de tout un cycle apocryphe 
bouillonnant d'inventions. Le fait que les Talmuds 
mettent surtout en avant Esdras comme nouveau 
Moïse, ou même qui aurait mérité de recevoir la Thora 
tout autant que Moïse, conforte encore cette primauté. 
La septième et ultime vision de IV Esdras s'en fait 
l'écho, comme nous l'avons vu. Enfin, il y a un 
argument décisif entre tous : ce que contient la 
bibliothèque de Qumrân. Je vais me référer ici à une 
étude somme toute sérieuse bien que de tendance 
«gréciste», Le canon de l 'Ancien Testament, sa 
formation et son histoire (collectif dans la collection 
Labor et F ides, pi 5 et suivantes). Cette étude compare 
les livres cités dans le Nouveau Testament et ceux 
présents dans cette bibliothèque de Qumrân. Le 
parallèle est instructif puisque ces diverses 
communautés vénèrent pour les plus saints les mêmes 
livres : Deutéronome, Isaïe, Psaumes étant les plus 
appréciés. Or, ils ne mentionnent qu'un seul livre lié 
aux Chroniques, le livre d'Esdras, lequel ne sera 
appelé livre d'Esdras et de Néhémie, étant séparé en 
deux, qu'à l'époque de la Massore ou peu avant. De 
même, dans les Septante, version très antérieure à celle 
de la Massore, il n'y a pas deux livres, Esdras d'un 
côté, Néhémie de l'autre ; mais à leur place un long 
ouvrage qui a pour titre le nom même d'Esdras. Il est 
le II Esdras alors que I Esdras est un texte 
apocalyptique participant pour sa part du cycle 
d'Esdras, comme notre IV Esdras étudié plus haut, 
avec ses extrêmes (dans la Vulgate) que sont V Esdras 
et VI Esdras. Je note enfin que dans le livre d'Esdras 
de la Septante, Néhémie a un rôle moindre, n'apparaît 



101 



que huit fois dont une seule dans ce qui deviendra le 

livre d'Esdras actuel. Esdras en revanche, « scribe du 

divin » (excusez du peu !), apparaît vingt-six fois dans 

le rouleau Esdras-Néhémie, ou plutôt d'Esdras/Ezra, 

en accord avec l'antique Septante comme avec 

Qumrân. 

C'est Ezra qui lit 

Il faut entendre l'hébreu pour ce verbe, à savoir 
la racine QRVqâra' ; l'emploi de celle-ci suggère 
qu'ainsi notre héros biblique fait reconnaître la 
légitimité même de la Thora, ou plus 
généralement de la Miqra', la « lecture », la 
Thora élargie, le TaNaK. 
la Thora de Moïse au peuple près de la porte des Eaux 
(sha'ar hamayim, en ce qui est devenu Néhémie 8), 
Néhémie n'étant même pas mentionné en cet endroit 
pourtant capital. 

De plus, prenez un TaNaK et comptez, si vous gardez 
les deux livres séparés sans les rassembler sous leur 
nom premier, vous obtenez vingt-cinq livres pour le 
TaNaK au lieu des vingt-quatre escomptés. 
Mais voici surtout la preuve imparable : le Talmud lui- 
même ne me parle que du livre d'Ezra - éludant 
Néhémie -, et en donnant d'ailleurs la raison en 
Sanhédrin 93b : 

« Le sujet de l'intégralité du livre d'Ezra est conté par 
Néhémie fils de Nachaliah ; pourquoi dès lors ce livre 
ne porte-t-il pas son nom ? - R. Jérémiah b. Abba 
répondit : c'est parce qu'il a demandé du mérite pour 
lui-même comme il est écrit : " Pense à moi, mon 
Seigneur, pour mon bien. " » C'est donc en toute 
quiétude que je puis formuler cette hypothèse que le 
livre appelé ensuite par les Massorètes « Esdras et 

102 



Néhémie », était primitivement considéré comme un 
seul livre portant le titre d'Esdras-Ezra, scribe de la 
science du Très-Haut. Néhémie, bien que personnage 
midrashique qui a son importance, puisque c'est le 
gouverneur au retour d'Exil, se voit éclipsé du titre. 
Un gouverneur est toujours d'un poids bien léger 
comparé à un prophète et scribe, sauf à ce que ce 
souverain, tel le bien-aimé David, soit avant tout 
prophète ! Mais Néhémie n'est que gouverneur, et ne 
donnera donc lieu à aucun midrash ultérieur se 
revendiquant de son nom (bien qu'il ait donné son nom 
à quelques membres notables du rabbinat des siècles), 
contrairement à Esdras/Ezra, à Salomon ou encore à 
Baruch. 

Vers le sceau des Hagiographes : 
Le Talmud mentionne bien ces Hagiographes, tous, 
bien qu'apparemment jamais en un même lieu. Les 
rabbis n'hésitent pas à jouer avec ces noms des Ecrits 
selon la quête sublime du sens qui les anime. 
Voici un exemple de spéculation majestueuse sur 
quelques-uns des titres des Ecrits : 
« Il y a trois livres grands parmi les Ecrits qui éclairent 
le sens des rêves [qui délivrent un sens s'ils sont vus en 
rêve, celui-ci indiquant le midrash, et l'expert en 
interprétation des rêves, à l'instar de Joseph, étant un 
penseur midrashique hors pair]. Si quelqu'un voit le 
livre des Psaumes, il peut espérer par la dévotion, s'il 
s'agit du livre des Proverbes, il peut s'attendre à 
recevoir la Sagesse, si c'est le livre de Job, qu'il 
craigne dans l'attente du jugement. Il y a trois petits 
livres parmi les Ecrits [qui font sens dans les rêves] . Si 



103 



quelqu'un voit le Cantique des cantiques en rêve, il 
peut espérer dans la dévotion ; si c'est l'Ecclésiaste, il 
peut s'attendre à recevoir la Sagesse ; si c'est les 
Lamentations, qu'il craigne dans l'attente du jugement 
; et si quelqu'un voit le rouleau d'Esther un miracle 
(nêss) aura lieu pour lui. » (Berakôth 57b). 
C'est un extrait de plus larges spéculations 
talmudiques allant des rois et des prophètes vus en 
rêve (toujours par trois ou quatre) aux sages et à leurs 
disciples en passant par ceux qui nous passionnent ici, 
les Ecrits. Nous pouvons noter que parmi ceux qui, 
vus en rêve, doivent faire craindre pour le jugement, 
nous trouvons, outre Job et les Lamentations, Achab 
et. . . Elisha ben Abouya. 

Mais, je ne considère ici que le libre jeu sur les Ecrits : 
Les trois premiers cités, les grands, en les considérant 
dans l'ordre inverse de celui de leur apparition, sont 
Job, Proverbes et Psaumes, soit ' YWB MShLY 
ThHLYM/'iyov, mishlêy, thehilim dont se dégage la 
notarique initiale 'MTh/'émeth, la foi-vérité des 
Hébreux. C'est la raison pour laquelle ils sont nommés 
ensemble comme « les écrits de vérité ». 
Les trois suivants viennent à leur tour : 
ShYR-HShYRYM (Cantique des cantiques) QHLWTh 
(Qohéleth) QYNWTh (les Lamentations : titre 
employé ici à la place de ' YKH, « comment », pour 
insister sur le contenu négatif du livre ... et donc aussi 
sur le renversement de ce négatif) où se devine (et 
cette fois dans l'ordre) la notarique initiale 
ShQQ/shâqaq, désirer (ce qui n'est pas le moindre 
des sujets du Cantique, en lien notamment aux 
baisers/nshiqôth du fiancé et de la fiancée par lesquels 

104 



s'ouvre le livre), rue ouverte, place, et de manière plus 
ancienne courir ça et là, voire errer (double sens). 
Le quatrième terme, ou plutôt le septième des Ecrits 
dont ici le Talmud joue, n'est autre qu'Esther/'SThR. 
Elle renverse le négatif des « lamentations », et clôt la 
série des sept (sept du comble et de l'abondance). 
Les trois termes associés à chaque fois aux trois 
(premiers) titres sont : HtSYDWTh/(r)hassidoûth, 
piété, dévotion, grâces ; HtKMH/(r)hôchmâh, la 
Sagesse de la Création infinie ; et 
HPWR'NWTh/hapoûr'anoûth, rétributions, à la fois 
jugement au sens de châtiment et Visitation divine, 
accès au salut, double sens qui évoque en lui-même les 
deux finalités du jugement dernier, envoi à la Géhenne 
ou inscription vivifiante dans le paradis du Livre. 
De là la mention d'un quatrième terme (pour ceux qui 
franchissent l'épreuve, l'ultime ordalie entre toutes 
véridique !) et du renversement, dans la seconde partie 
de la série : la venue de NS/nêss, le miracle ! 
Ainsi ces six (ou sept) des Ecrits, selon leur volume 
grand ou petit, forment-ils l'union du désir et de la 
vérité qui conduit au miracle, l'union du zèle dans 
l'étude (vérité, foi) et de l'amour, en écho au duo qui, 
au terme du Cantique des cantiques, renverse mort et 
Shéol (cf. la parole : « l'amour fort comme la mort et 
le zèle terrible comme le Shéol ») pour laisser advenir 
l'union du dieu et de son Assemblée en une Alliance 
nouvelle (le sceau sur le cœur de la fiancée). C'est par 
cette union libre du désir et de la vérité que brille le 
miracle, comme comble aussi (puisque je rappelle 
qu'Esther est ici le septième des Ecrits engagés par le 
Talmud). 



105 



Voilà déjà un bel exemple de spéculations enjouées sur 
des titres de livres du TaNaK, il sert de prélude et de 
justification à celles qui viennent concernant les titres 
des Ecrits/Kéthoûvim, et plus généralement de 
l'ensemble des livres qui souillent les mains. 

Je récapitule désormais mes onze titres des Ecrits- 
Hagiographes, dans l'ordre devenu « canonique », 
sans omettre toute la richesse des possibilités de 
spéculations de leur ordre et mouvement, comme 
l'exemple précédent l'a prouvé. J'en établis la mesure 
chiffrée, de même que pour les cinq rouleaux du 
Pentateuque ou celui des douze Prophètes considérés 
ensemble, ou encore comme pour la mesure au roseau 
des titres des Prophètes au complet : 
ThHLYM MShLY 'YWB ShYRHShYRYM RWTh 
'YKH QHLTh 'SThR 

DNY'L 'ZR' DBRYHYMYM (Psaumes, Proverbes, 
Job, Cantique des cantiques, Ruth, Lamentations, 
Qohéleth, Esther, Daniel, Ezra, Paroles des jours). 
Ils ont pour gR 63(0) qui est aussi 63. 
Preuve : 

gR=22+5+12+10+13+13+21+12+10+l+10+6+2 
+21+10+20+5+21+10+20+10+13+20+6+22+1+ 
10+11+5+19+5+1 2+22+ 1 + 1 5+22+20+4+ 14+10 
+1+12+16 

+7+20+1+4+2+20+10+5+10+13+10+13 = 63(0). 
Explicitons ce pourquoi nous privilégions ici le 
titre 'YKH/Eykah par rapport à 
Quinôth/lamentations, les deux servant 
diversement la méditation des écrivains hébreux. 
Le titre de Quinôth a pu être privilégié en lien à 
la lecture du temps du rétabli ssement/zaman 
tiqqoûn (ThYQWN anagramme exacte de 

106 



QYNWTh) comme jeu sur l'acrostiche des titres 
des six ordres de la Mishnah (je l'explicite juste 
après). Ses occurrences talmudiques sont très 
rares : SPR QYNWTh (livre des Lamentations) 
ne sert que deux fois, en Haguiga 5b et Mô'êd 
Qatan 26a. Comme Eykah est le premier mot du 
rouleau, il n'est pas impossible que c'en fût 
primitivement le titre. De plus, je rappelle que 
eykah (bien qu'avec une autre prononciation) est 
le petit mot que le dieu adresse à Adam au 
moment où, dans le récit de la Genèse, il lui pose 
la question fatidique : « Mais où (eykah) es- 
tu ? ». De là commencèrent stupeurs et 
tremblements de « notre » condition de mortel, et 
le négatif nécessaire à la condition historique, 
pouvant aller jusqu'aux Lamentations et leur 
renversement en Tiqqoûn... Précisons : il n'est 
pas improbable que Quinôth ait été donné 
comme titre à Eykah seulement dans certains 
contextes précis, d'effervescence messianique 
(autour du second siècle) par exemple. Ainsi, le 
Talmud a pu aussi privilégier ce sens de 
Lamentations suite à la destruction du Temple en 
70 et surtout suite à la Tempête de 133, laquelle 
mit très durement à l'épreuve les pharisiens 
(leurs ramifications rabbiniques...), alors que la 
destruction du Temple en 70 mit à l'épreuve en 
premier lieu les sadducéens, au point de 
provoquer leur disparition, sans pour autant dire, 
bien évidemment, que la destruction du Temple 
n'ait pas non plus, et au plus haut point, éprouvé 
(au sens fort, de l'épreuve comme comble du 
mal) les pharisiens... Je fais le choix ici de 
conserver le titre classique de Eykah pour toutes 
ces raisons sans omettre d'ajouter que les deux 
titres pouvaient très bien coexister dans le 
midrash, Quinôth étant une manière plus 



107 



déterminée et connotée symboliquement de 

nommer le rouleau d'Eykah. 
Je retrouve à nouveau le 63 du prophète et de 
HYShW'H/hayôshoû'âh (5+10+21+6+16+5= 63), la 
victoire, le Salut accompli par la Nouvelle Alliance et 
son Sauveur, et de tout le somptueux réseau 
gématrique qui s'en suit et que j'ai suffisamment 
déployé. Ce 63 est aussi celui du nombre de traités de 
la Mishnah, ou la gématrie de la pârâshâh/PRShH 
(subdivision du texte biblique pour la lecture 
synagogale), etc. 

On peut noter à ce propos que les six ordres de la 
Mishnah (attribués à Hillel ?) offrent des spéculations 
de vol ascendant vertigineux. 
ZR'YM Zera'im (semences) + M WD Moèd (fête, 
rendez- vous) + NShYM Nachim (femmes) + 
NZYQYN Nézikin (dommages) + QDShYM 
Kodachim (objets sacrés) + THRWTh Toharoth 
(puretés) ont deux notariques successives : 
ZMN/zeman, arranger, inviter, être préparé, terme, 
temps, époque, et NQT/nâqat, se procurer, tenir en 
main, recevoir, possession (d'un avoir). Ensemble, 
elles délivrent le sens de l'époque, le terme, où l'on se 
procure, où l'on reçoit, quelque chose comme 
l'époque de la réception ou de la possession, ou encore 
« prendre le temps [de l'étude ?] », selon M.-A. 
Ouaknin dans Le Livre brûlé (d'après le Mishnéh 
Thora de Maïmonide). Cette association de ZMN + 
NQT a pour gR 76 autrement dit BR'ShYTh qui, sauf 
erreur de ma part, est le premier mot de la Thora et 
l'un de ceux qui n'a de cesse d'occuper l'esprit des 
kabbalistes. Nous pouvons alors remarquer, comme 

108 



d'autres l'ont remarqué avant nous, que NQT/nâqat 
ayant pour anagramme ThQN/thâqan (en considérant 
l'interchangeabilité du têt et du thav), la racine du 
Tiqqoûn/restauration, cette notarique a été lue comme 
la venue de l'époque du Tiqqoûn, de la grande 
restauration. 

De même, le TaNaK et ses anagrammes sensées 
(ThKN, KThN...) a pu être lu comme ce même 
ThQN, d'où découle le Tiqqoûn. Pour les 
amateurs de la chose kabbalistique, j'ajoute que 
l'acrostiche des six ordres ZMN+NQT, en le 
lisant ZMN+ThQN - en lien à l'époque du 
thiqqoûn/ThYQWN - a pour élévation ou 
relèvement mathématique 

7x7+13x13+14x14+22x22+19x19+14x14 
1455. On se reportera à notre troisième étude 
pour voir fleurir toute la riche polysémie du 
réseau gématrique de ce 1455 ou 555 en lien au 
relèvement de l'Assemblée eschatologique (la 
Quéhilâh), au Saint le véritable (pour 
l'Apocalypse, le recréateur), ou à l'Adam 
cosmique et à l'unité des quatre mondes, etc. Une 
telle lecture des six ordres de la Mishnah selon 
les procédés de gématrie et notarique, n'a pas pu 
ne pas être consciente et voulue de la part des 
rédacteurs de celle-ci. La proximité avec l'emploi 
des procédés dans IV Esdras ou les Evangiles 
n'est pas fortuite, toutes ces œuvres sont issues 
d'une même époque de pleine floraison de la 
pensée hébraïque (entre premier siècle avant J- 
C. et fin du second siècle). Il y aurait lieu ici de 
creuser encore un peu l'architecture globale des 
ordres de la Mishnah, telle qu'une expression 
talmudique en donne la mesure. La seule 
expression imagée présente dans le Talmud pour 
dire les six ordres en pleine constitution 



109 



mouvementée - et qu'il faut avoir les coudées 
franches pour interpréter - se trouve en 
(r)Haguigah 14a (en dehors du simple diminutif 
shas/ShS, acrostiche pour shesh sedarim/six 
ordres, lequel donne d'ailleurs deux fois 36...). 
C'est la formule « six coudées des ordres de la 
Mishnah »/ShSh 'MWTh SDRY MShNH/shêsh 
'amôth sidrêy mishnah. Ces coudées sont tout à 
fait centrales dans le registre lié à la mesure tel 
que je l'ai dégagé plus haut (mesure des livres, 
mesure architecturale et mesure des corps et des 
« âmes » sont analogues dans le vivant langage 
du midrash). Les gR et gC de cette formulation 
sont de 186 et 1716, soit deux fois 186, gématrie 
du Lieu, du Dieu ressuscité et de l'homme 
relevé ! Mais j'en déduis surtout la différence de 
ses gématries : 153(0), le 153 de 
HPSHt/haPessa(r)h (gC), la Pâque et Cie. On y 
retrouve également le 63 des 63 traités de ces six 
ordres ou plutôt six coudées. Enfin, l'expression 
a pour notarique finale ShThYH/shethiyâh, 
fondation (comme dans 'even shethiyâh, la pierre 
de fondement de la ville sainte, mais qui est 
aussi shethiyâh, la boisson des noces, du 
festin/mi shthêh). Avec l'article hé devant, ce 
dernier a pour gR 63, indiquant que la fondation 
réside dans les 63 traités de ces six coudées des 
six ordres. Les six coudées, enfin, ne sont pas 
n'importe quelle longueur, mais bel et bien la 
longueur par excellence, celle du roseau à 
mesurer chez Ezéchiel (à mesurer la ville et les 
livres saints, ou comme ici leur redoublement 
mishnique) : « Et voici, en dehors de la maison, 
un mur tout à l'entour, et, dans la main de 
l'homme, une canne à mesurer de six coudées 
(qnêh hamidâh shêsh 'amôth), ayant [chacune] 
une coudée et une paume. Et il mesura la largeur 



110 



de la construction, une canne, et la hauteur, une 
canne. » (Ezéchiel 40, 5). La Mishnah comme 
redoublement de la Thora est ainsi comparée, par 
le sens des « six coudées », à la canne à mesurer, 
au divin calame ici tenu dans la main de cet 
homme ('ish) d'Ezéchiel qui est un homme du 
dieu ('ish ha'elohim), titre que portait déjà 
Moïse dans le Deutéronome. 
Après cette parenthèse, je reprends mes onze titres des 
onze écrits pour affirmer que leur gC est de 44(9)1. 
Preuve : 

gR=400+5+3 0+ 1 0+40+40+3 00+3 0+10+1+1 0+6 
+2+3 00+ 1 0+200+5+3 00+ 1 0+200+ 1 0+40+200+ 
6+400+ 1 + 1 0+20+5+1 00+5+3 0+400+ 1 +60+400 
+200+4+50+ 10+1+3 0+70+7+200+ 1 +4+2+200+ 
10+5+10+40+10+40 = 44(9)1. 
Remarquons que 9+1=10, d'où nous obtenons 441, la 
gC de 'MTh/'émeth, la vérité-fidélité elle-même, 
celle de la foi de même racine, la 'émoûnah, la vérité 
de la Révélation des écritures sacrées, celle des Ecrits 
de vérité qui est donc aussi l'une des vérités 
kabbalistiques des titres des Ecrits. Ne me reste qu'à 
faire la somme de cette gR et de cette gC des onze 
Ecrits : 630+4491 = 5121, or 5+1 = 6, donc il s'agit de 
621, nombre qui n'est autre que la gématrie ultra 
essentielle de HYWM (5+10+6+600), le Jour, celui 
de YHWH, de l'accomplissement de la Thora, de la 
venue messianique portant à sa perfection le triomphe 
eschatologique, chant qui est l'essence même des 
bienheureux Prophètes. Signalons que ce 621 est 
encore une fois le 63 de la prophétie 
(NBW'H/névoû'âh), de la pârâshâh liturgique, de la 
promesse eschatologique (autre lecture tout aussi 



m 



efficace de ce 5121 : 513, gC de l'union du fiancé et 
de la fiancée, (r)hathan et kalâh). 

Anamnèse de la totalité : 

Je n'ai plus désormais qu'à récapituler l'ensemble des 
vingt-quatre livres qui composent le TaNaK dans sa 
version plus typiquement pharisienne (d'autour de 
Yavnéh), depuis la Création de la Genèse jusqu'aux 
derniers versets des Chroniques, cette spirale 
vertigineuse de versets virtuoses, celle en trois temps, 
et qu'à amener au jour la gC de leur ensemble de 
lettres miraculeuses : 

BR'ShYTh (Genèse), ShMWTh (Exode), WYQR' 
(Lévitique), BMDBR (Nombres), DBRYM 
(Deutéronome) ; 

YHWSh' (Josué), ShWPTYM (les Juges), ShMW'L 
(Samuel), MLKYM (les Rois), YSh'YH (Isaïe), 
YRMYH (Jérémie), YHtZQ'L (Ezéchiel), ShNYM 
'ShR (Shénêm 'Assâr, alias les douze « petits » 
prophètes) ; 

ThHLYM (Psaumes), MShLY (Proverbes), ' YWB 
(Job), ShYR HShYRYM (Cantique des cantiques), 
RWTh (Ruth), 'YKH (Lamentations ou plutôt 
« Quoi ? »), QHLTh (Qohéleth), 'SThR (Esther), 
DNY'L (Daniel), 'ZR' (Esdras), DBRYHYMYM 
(Chroniques). 



112 



Ici, seule m'intéresse cette preuve incomparable, cette 

pierre de touche qu'est la gématrie classique de 

l'ensemble : 

gC= 2480 (pour la Thora) + 3139 (pour les Prophètes) 

+ 4491 (pour les Ecrits) = 1(0)11(0). 

Ce nombre se ramène - par suppression légitime des 

zéros - à 111, la gC de 'LP, l'Aleph ! 

C'est là la première des lettres de l'alphabet divin. Du 

point de vue du symbolique, elle est le condensé de 

toute la Sagesse, l'expression de la vie même de la 

langue, aleph qui signifie en outre enseigner, étudier, 

et étudier quoi si ce n'est la Thora au sens large, le 

TaNaK, le fondement même de l'étude ! 

Dans l'Aleph/'LP se devine d'ailleurs 'L/dieu et 
la lettre P, la bouche-parole, cette première dame 
des lettres - l'élue du Roi - étant alors audible 
comme la parole du dieu. 
Ainsi le Livre, le TaNaK, est-il lisible dans 
l'universalité de sa conception en tant qu'expansion 
totale de la lettre qui contient tout texte, en tant 
qu'ampliation infinie de l'Aleph et de sa science, de la 
première lettre de l'alphabet dont nous allons 
maintenant savourer le nectar, le divin miel, 
l'ambroisie. 

Je signale ainsi, en passant, que la conception 
mallarméenne du Livre comme « expansion 
totale de la lettre » est profondément hébraïque à 
considérer les enseignements secrets de la 
kabbale, et ce n'est pas la seule des remarques de 
Mallarmé qui puisse être rapprochée de la 
poétique hébraïque, loin de là, ce qui est 
fortement lié à sa prédilection toute élective pour 
le Livre, les lettres, les blancs qui « assument 
l'importance », etc. 



113 



De la science de l 'Aleph : 

Je cite ici pour preuve de ce 111 et in extenso, Bernard 

Dubourg dans L 'hébreu du Nouveau Testament (p 184 

et 185): 

« Ça n'est pas non plus par hasard que la somme 

arithmétique des initiales de tous les mots de ce début 

du prologue de Jean vaut 111 ; 111 est (outre la 

gématrie de 'LP, Y aleph qui figure en-tête de 

l'alphabet hébraïque) la somme des rangs des finales 

de tous les mots de Genèse I, 1 : 

- initiales du début du prologue de Jean : 
B+H+H+W+H+L+W+H+H+H+H+B+L = 2 + 5 + 5 + 
6 + 5 + 30 + 6 + 5 + 5 + 5 + 5 + 2 + 30 = 111; 

- gématrie (classique) de 'LP : 1 + 30 + 80 = 111 ; 

- finales de Genèse I, 1 : Th + ' + M + Th + M + Th + 
Sd = 22 + 1 + 13 + 22 + 13 + 22 + 18 = 111 (gématrie 
par rangs). » 

Où l'on voit, en clair comme de l'eau de roche, que ce 
111 et cet Aleph sont loin d'être accessoires, 
anecdotiques ou secondaires. 

Sur ce 1(0)11(0), résultat de tout le TaNaK, selon 
l'exposé ancestral de ses vingt-quatre noms, j'ajoute 
que ce nombre, en supprimant seulement le second 
zéro, devient 1011, soit la gC de la «Thora 
de»/ThWRTh (la formule consacrée étant la Thora de 
Moïse avec ce terme à l'état construit). 

Preuve : pour « la Thora de » HThWRTh = 

5+400+6+200+400= 1011 (gC). 
Ce 1011 ou 10110 est également 1101, la gC de 
'RSd/'érets, la terre, le pays, celui de la Création de la 



114 



Genèse, du 'érets Israël (terre d'Israël), mais aussi le 
monde, l'intégralité cosmique. 

Preuve : 'RSd = 1+200+900 = 1101, en gC avec 
tsadé final. 
Quand je parle ici d'intégralité cosmique, ce n'est pas 
en vain. Je le prouve en éclairant la fameuse formule 
apocalyptique désignant le contenu de la Création 
entourant le trône de dieu : « Et je vis : et j'ouïs une 
voix de beaucoup d'anges à l'entour du trône et des 
animaux et des anciens ; et leur nombre était des 
myriades de myriades et des milliers de milliers » 
(Apocalypse 5, 11). 

L'expression soulignée provient en droite ligne de 
Daniel : 

« Un fleuve de feu [d'où vient le Dinour de la 
littérature des Palais !] coulait et sortait de devant lui. 
Mille milliers le servaient, et des myriades de 
myriades se tenaient devant lui. Le jugement s'établit, 
et les livres furent ouverts. » (Daniel 7, 10). 
Dans l'hébreu de l'Apocalypse, « myriades de 
myriades et milliers de milliers » devient RBBTh 
RBBH W'LPY 'LPYM/rvâvâth rvâvâh v'alphê 
'alâphim de gC 11(0)1 comme la terre/'RSd (le 'érets 
d'Israël), l'univers dont le trône est le centre. 

Ces myriades d'anges, hébreu RBBH/rvâvâh, ont 
leur importance pour nos nazoréens de Jésus 
puisque RBBH a les deux mêmes gématries 
29/209 que BWR', le recréateur (terme 
technique typique dJsaïe, on le trouve par 
exemple par trois fois en Isaïe 65 versets 17 et 
18 :« Me voici, recréant [bôrê 1 , recréant car il 
avait déjà créé les ci eux et la terre en Genèse 
1,1] de nouveaux ci eux et une nouvelle terre, et 
on ne se souviendra plus de ceux qui ont 
115 



précédé, et ils ne monteront pas au cœur. Mais 
réjouissez-vous et égayez-vous à toujours de ce 
que je vais recréant (bôrê'). Me voici, recréant 
(bôrê') Jérusalem [d'où la nouvelle Jérusalem, la 
Jérusalem recréée], une jubilation, et son peuple, 
une joie. »). Ce 29 est celui du nom 
nouveau/YHtWH (le 26 de YHWH + 3), de son 
miracle permanent. 
Pour donner à nouveau un résultat central de 
l'Apocalypse de Jean, qui s'élabore continûment sur la 
base de la science de l'Aleph - aleph étant aussi le 
'éleph, le mille des « mille ans » du règne messianique, 
ou son anagramme pelé', le miracle, la merveille -, et 
parce que plus loin nous montrerons comment 
l'Apocalypse entend accomplir les vingt-quatre livres 
en une agape de jouissance sans précédent, j'ouvre 
cette Méguillâh et j'y lis : « Réjouissons-nous et 
tressaillons de joie, et donnons-lui gloire ; voici les 
noces de l'agneau ; et sa femme s'est préparée » 
(Apocalypse 19, 7). 

L'expression que j'ai soulignée se rétrovertit en fait en 
HNH MShThH ShH/hinêh mishthêh séh /« voici les 
noces (le festin) de l'agneau », dont les gR et gC 
sont une confirmation flagrante, une déflagration 
affirmative : 

gR= 5+14+5+13+21+22+5+21+5 = 111, 
et gC= 5+50+5+40+300+400+5+300+5 = 111(0). 
Les noces de l'agneau sont la lecture du Livre (et donc 
des livres) selon la science de l'Aleph : n'est-ce pas ce 
à quoi présentement nous nous attelons ? 
Mais l'Apocalypse chérit si singulièrement cette 
science de l'Aleph que je n'ai aucun mal à y débusquer 
un autre exemple : 

116 



« Et il me dit : C'est fait. Moi, je suis l'alpha et 
l'oméga, le commencement et la fin. À celui qui a soif, 
je donnerai, moi, gratuitement, de la fontaine de l'eau 
de la vie. » (Apocalypse 21, 6 ; je souligne.) 
Le Je suis ('Ani Hou' a pour gR et gC 37 et 73 comme 
HtKMH, la Sagesse) qui s'exprime ici, pour dire qu'il 
est le duo qui nous intéresse, est la Sagesse en chair et 
en verbe, identifiée dans son mouvement intrinsèque à 
l'ensemble de l'alphabet, de l'Aleph au thav (le 
'ôth/'WTh, le miracle, le signe), alphabet qui de même 
qu'il précéda la Création, précède ici la recréation 
complète et illuminante (la lumière de la Thora brûle 
en elle-même, sourd au-dehors, éclaire tout l'univers). 
Il est par conséquent le principe (créateur enjoué de la 
première création) et la fin (le sôph de la fin des 
temps) : la fin est l'affirmation de ce qui n'était 
contenu qu'en soi dans le principe, qui est 
essentiellement résultat ; ce n'est qu'à la fin que le 
principe est ce qu'il est en vérité. 

Le duo pour dire le commencement et la fin est 
probablement R'Sh/SWP (principe/fin), par 
midrash sur l'Ecclésiaste : « il a fait toute chose 
belle en son temps ; et il a mis le monde dans 
leur cœur, de sorte que l'homme ne peut 
comprendre, depuis le commencement jusqu'à la 
fin (mêrôsh v'ad sôph), l'œuvre que Dieu a 
faite. » (Ecclésiaste 3, 11). Cette perle intervient 
juste après l'énoncé des vingt-huit temps dont 
nous verrons plus loin le sens eschatologique. 
Ce duo me serait confirmé par les gR et gC de 
l'expression complète rétrovertie : « Je suis 
l'Aleph et le thav, le commencement et la fin » 
devient en effet in fine 'NY HW' H'LP WHThW 
HR'Sh WHSWP. Ses gématries sont : 



117 



gR=l+14+10+5+6+l+5+l+12+17+6+5+22+6+5 
+20+1+21+6+5+15+6+17 = 2(0)7 ; et 
gC=l+50+10+5+6+l+5+l+30+80+6+5+400+5+ 
200+1+300+6+5+60+6+80 = 126(9) (1269 qui 
peut être lu comme 189 ou 126, qui se réduit à 
son tour à 36), soit, par exemple, les gématries 
27/126 équivalentes du duo 27/36 gR respectives 
de HtSD/amour et 'MTh/'émeth, fidélité-vérité, 
le duetto de l'accomplissement messianique de 
la Thora selon l'Evangile de Jean. Un tel sceau 
kabbalistique confirme cette rétroversion. 
Comme souvent dans l'Apocalypse, la gématrie 
scelle le trésor d'une expression, d'un verset, 
voire de sentences plus développées comme 
nous le verrons. 
Sondons maintenant notre « Je suis l'Aleph et le 
thav ». 

C'est 'NY HW H'LP WHThW dont la gR est l'élément 
que nous retenons ici : 

1+14+10+5+6+1+5+1+12+17+6+5+22+6 = 111, notre 
sésame du royaume de la science de l'Aleph, science 
de la Création et recréation en Sagesse, avec 
l'alphabet. 

Un exemple plus biblique ? 

Nous avions vu que le Deutéronome, alias Dévârim, 
portait le nom de mishnêh hathôrâh (expression de 
Deut. 17, 18). 

Ce titre translittéré est MShNH HThWRH : 
de gR=13+21+14+5+5+22+6+20+5=lll, et de 
gC=40+300+50+5+5+400+6+200+5=l(0)ll. 
Par deux fois la science de l'Aleph ! Sachant que le 
redoublement de la Thora signifie aussi la seconde 
Thora qui accomplit la première, je vous laisse 
conclure à bon droit. 

118 



Encore ? 

J'ouvre donc le registre mental où viennent s'inscrire 
mes multiples notes de lectures bibliques, comme un 
vol tourbillonnaire apparemment désordonné 
d'hirondelles joyeuses - ces « oiseaux sacrés » - se 
pose soudain, avec une précision scientifique, sur tel 
ensemble de branches et de feuillages propice au repos 
et à la délectation, ou plutôt avec la même brièveté 
intense par laquelle l'œil saisit telle suite savante de 
signes jouant sur la page d'une partition de musique 
offerte à son regard : 

« Et il arriva, le soir, que des cailles montèrent et 
couvrirent le camp ; et, au matin, il y eut une couche 
de rosée autour du camp ; et la couche de rosée se 
leva, et voici sur la surface du désert quelque chose de 
menu, de grenu, quelque chose de menu comme la 
gelée blanche sur la terre. Et les fils d'Israël le virent, 
et se dirent l'un à l'autre : Qu'est-ce que cela ? (Kin \ù) 
Car ils ne savaient ce que c'était. Et Moïse leur dit : 
C'est le pain que l'Éternel vous a donné à manger. » 
(Exode 16, 13 à 15). 

C'est la seule occurrence de cette expression, 
soulignée par moi, de toute la Thora. Elle désigne la 
manne comme questionnement et se prononce « mân 
hou' ». L'ensemble de la tournure « qu'est-ce que cela, 
car ils ne savaient ce que c'était » est MN-HW KY L' 
YD'W (racine de la science-amour, da'ath) MH- 
HW'/man hou' ki lô' yâd'oû mah-hoû' de notarique 
initiale MH KLY MH/« quoi vase-instrument- 
vêtement (de) quoi ». Autrement dit, le 
questionnement a pour instrument le questionnement, 
sans fin, celui-ci est un mouvement tournoyant 



119 



incessant, jamais figé ; mais, il est aussi tel un vase qui 
toujours reçoit du questionnement sans jamais en 
déborder, sachant toujours se contenir, à l'inverse du 
métaphorique tonneau des Danaïdes signifiant, quant à 
lui, le mauvais infini qui toujours se dévide sans 
pouvoir jamais se contenir ; ou encore, peut-on dire 
qu'il y a toujours du questionnement revêtant du 
questionnement, du quoi à découvrir à l'intérieur du 
quoi, dans le sens où mettre à nu signifie révéler. 
Mais, si je me concentre à présent sur man hoû', 
j'observe que la formule comporte un Aleph (=1000), 
j'en pose donc la gC : MN HW' = 40+50+5+6+1000 = 
11(0)1, le 11(0)1 du 'érets, de la terre de l'entière 
Création, et surtout, le 111 de l' Aleph grâce auquel le 
résultat est scellé et dévoilé. 

En suivant le sillage luisant de ce verset, j'ouvre 
désormais mes yeux sur la réponse de Moïse qui 
n'est pas réponse statique, mais incisive 
incitation au questionnement : « lui le pain que 
donne YHWH pour vous pour nourriture- 
dépense »/HW HLHtM 'ShR NThN YHWH 
LKM L'KLH/hoû' hale(r)hem 'asher nâthan 
YHWH lâkem l'âklâh. Nouvelle notarique, 
finale cette fois-ci, que j'obtiens en opérant une 
infime permutation de deux lettres : 'MR HN 
MH/'amar hên mâh, « dire voici quoi », parler, 
énoncer, tel est le Quoi, le questionnement se 
mouvant par amour de la vraie manne, du feu de 
son essence. Par ses finales, la notarique forme à 
son tour le mot RNH/rinâh, « cri de victoire, 
chant de joie». La manne est bien le «non- 
argent» comme l'affirme Stéphane Zagdanski 
dans De l'antisémitisme. Elle est le 
questionnement, le mouvement incessant du 
quoi, tel qu'en lui-même comme à travers les 

120 



textes sacrés et les paroles de la parole. C'est le 
quoi qui tisse l'étoffe dont l'homme se fait. Il ne 
se monnaye pas. Et si l'argent est bien « la vie de 
ce qui est mort se mouvant en soi-même », 
autrement dit la décomposition ou la corruption, 
la manne est la vie du texte vivifiant qui n'a de 
cesse de se faire agissante, de se concevoir et, 
suprêmement incorruptible, de jouir de soi, 
éternellement ! Je conclus : le pain donné à 
manger, je ne sais par quelle facétie de mon 
esprit que vous jugeriez à bon droit diablement 
perverti par le midrash, me rappelle cet autre 
pain du questionnement que le Christ donne à 
manger (même verbe hébreu L'KL/le'ekôl) à ses 
thalmidim, et qui n'est autre que son 
enseignement messianique, sa lecture inouïe de 
la Thora. La manne MN a aussi pour gR 27, celle 
de 'WR/'ôr, lumière-joie du divin ou de RZ/râz, 
secret, ce qui fait qu'elle est comparée à la 
lumière du dieu vivant, de sa Thora. Enfin, man 
hoû'/MN HW' a pour gR 39, celle de YHWH 
'HtD, le dieu Un, la gC de TL/tal, la rosée 
(présente deux versets avant man hou', la manne 
en provenant, ou y étant contenue comme dans 
un écrin de diamant), le 39 gR de la 
révélation/HNGLH, etc. 
Une nouvelle excavation dans les galeries secrètes de 
cette mine de diamant qu'est la Thora ? 
Il y a, comme chacun sait, un voile ou rideau entre le 
saint et le saint des saints dans le Temple, ou plutôt 
déjà dans l'arche d'Alliance de l'Exode : 
« Et il apporta l'arche dans le tabernacle, et plaça le 
voile qui sert de rideau (pârôketh), et en couvrit l'arche 
du témoignage, comme l'Éternel l'avait commandé à 
Moïse. » (Exode 40, 21). Eh bien, levons ce rideau 
pour inspecter l'invisible, osons entrer dans le saint 

121 



des saints du midrash ! Pour y voir plus clair, il suffit 
en effet d'établir le plérôme du voile, ce qui permet au 
passage d'affirmer de nouveau cette méthode 
kabbalistique : PRKTh se développe en PH RYSh KP 
ThW, dont la gC est de 85+510+100+406 = 11(0)1, 
l'Aleph, condensé de la Science des écritures, le 'RSd 
(la terre) et Cie ! 

La gR de ce dévoilement du voile est de 129= 
'DN, l'Eden des réjouissances du Verbe 
alchimique. 
Un exemple plus talmudique ? 
Babli Berakôth 8a : « R. Hiyya ben Ammi au nom de 
'Ulla : " Depuis le jour de la destruction du Temple, le 
Saint béni soit-Il est seul (BLBD) au monde avec les 
quatre coudées de Halakah " ». 
Ces quatre coudées de halakah, il semble judicieux de 
les identifier avec les quatre tendances rassemblées à 
YBNH pour relever le Temple détruit par leur union, 
sens qui s'accorde aussi avec celui de ce texte et avec 
les quatre coudées de mesure de l'intérieur du Temple 
chez Ezéchiel : « Et la montagne de Dieu avait quatre 
coudées, et, depuis le lion de Dieu en haut, les quatre 
cornes. » (Ezéchiel 43, 15). Cette formule exprime 
donc et condense le Temple spiritualisé formé à partir 
de Yavnéh. Or, ces quatre coudées de halakah/rD?n Jw 
mûK ymN/'arba' 'amôth shel halakah ont pour gC 
111(0), le 111 de la science de l'Aleph. Le 
BLBD/« tout seul » qui accompagne la proclamation 
des quatre coudées peut encore être interprété comme 
dans/par + seul, unique. Les quatre coudées sont 
rassemblées en une unité, celle du Temple selon 
Ezéchiel, celle de Yavnéh (YBNH, un tétragramme) 



122 



renouvelant le Temple détruit, unité que scelle la 
science de l'Aleph, celle de l'écriture même. Encore 
une fois, tout se tient. 

Mais, pour couronner ces exemples, je reviens au 
Néant lumineux de ma première salve initiatrice. 
Nous avions vu alors que le 'êyn (néant, personne, qui 
est aussi le créateur) a pour maturation (riboû'a) la 
Sagesse même, par ses deux gématries, 37 et 73. 
J'ajoute juste que l'on peut donner un tour de plus à ce 
premier raisonnement en procédant aussi à la 
maturation du SWP/sôph qui accompagne le 'êyn 
formant ce raccourci syntaxique qui a pour nom Eyn 
Soph ou Infini : 

S trois fois, W deux fois et P une fois. 
Alors, la maturation complète de l'Eyn Soph donne 
pour gR 37 pour Eyn, et 74 pour Soph, soit au total 
111 ! 

L'Aleph est la maturation même de l'Eyn Soph, de 
l'Infini primordial précédant la Création, sachant de 
plus qu'il est présent secrètement par la gématrie des 
finales de Genèse 1,1 ou comme celle de la première 
séphirah selon le Zohar, Kether Elyôn (la Couronne 
suprême). 

Nous pouvons en déduire, où que l'on regarde - 
TaNaK, Nouveau Testament et apocryphes, Mishnah, 
Talmud, Zohar -, que la science de l'Aleph est une 
manière de dire, condenser et représenter le savoir 
suprême de l'art de créer et de recréer en hébreu. 

Ce que j'appelle (arbitrairement ? que non pas ; 
mais. . . patience, lecteur : tu ne vas pas tarder à faire la 



123 



connaissance de l'un de mes précurseurs en cette 
matière, si tu ne le connais pas déjà) la science de 
l 'Aleph constitue la condensation concrète de la 
kabbale, qui, nous ne le répéterons jamais assez, 
« n'est pas une pratique fumeuse », mais « le cœur 
même, l'épicentre de la science du Livre, sa Sagesse - 
la Sagesse et de sa production et de sa lecture et de sa 
pratique (et non pas seulement de sa lecture, comme 
on le croit et le dit trop souvent) ». Elle est sans doute 
aussi ancienne que celle-ci, c'est-à-dire bien plus 
ancienne qu'on ne le croirait si l'on voulait bien y 
penser ; mais à une époque où l'on a réduit la pensée 
au calcul, on a bien autre chose à faire que penser, 
puisqu'il y a maintenant des ordinateurs pour ça ; et 
acheter la Bible dispense de la lire, tandis qu'il faut 
quand même « scanner » le Zohar, ainsi que 
l'expliquent de prétendus rabbins aux caves célèbres 
ou fortunés qu'ils escroquent. On n'a de cesse de 
l'ignorer, et pourtant l'œuvre de la science de l'Aleph 
est très belle . . . 

L'un des passages les plus célèbres et les plus clairs du 
Zohar est celui où chacune des lettres se présente 
devant le créateur (dans l'ordre inverse de l'alphabet), 
afin d'être élue comme principe de la Création. 
L'Aleph vient en dernier, une fois que le bêth, principe 
de brêshith (par ou dans le principe), premier mot de 
Genèse 1, 1, a été choisi. Voici ce que le créateur dit 
alors à l'Aleph : 

« Aleph, Aleph, en dépit du fait que Je créerai le 
monde avec la lettre bêth, tu seras la première de 
toutes les lettres ['ThWWN commence par un aleph] 

124 



de l'alphabet, Je ['ThN, même remarque, ce Je divin 
étant d'ailleurs inclus dans les lettres avec lesquelles il 
joue] n'aurai d'unité [YHtWD7yi(r)hoûda', unité de la 
pensée juive, mot qui se termine par aleph - les aleph 
sont fréquents en araméen - et assone avec yehoûdah, 
juif-hébreu, mais aussi Juda] qu'en toi, et tu seras 
aussi le commencement [YShRWN yeshoûroûn] de 
tous les calculs [KL-HtWShBNYN] et de toutes les 
œuvres [WKL- WBDYNJ du monde [D l LM\ où se 
devine l 'hébreu 'ôlamj. Toute unification [KL- 
YHtWD 7kal-yi(r)hoûda'] reposera dans la lettre Aleph 
seule. » (Zohar 3a, je souligne.) 

Déterminons davantage le contenu de ce 
discours tout en glosant : l'unification YHtWD' 
est aussi la religion juive en général, et c'est le 
YHtYD/ya(r)hid désignant le dieu unique, Un 
comme l'Aleph est Un ; ici Ht(W)ShBNYN/ 
(r)heshbôn (de racine HtShB penser, méditer, 
considérer, respecter, compter, etc.) désigne les 
calculs, les nombres, les mesures et plus 
particulièrement les calculs des valeurs 
numériques des lettres (mais il désigne aussi les 
rétributions divines à la fin des temps, pour le 
meilleur, ou pour le pire), ce qui s'accorde 
d'autant mieux avec notre sujet que 
YShRWN/yeshoûroûn, commencement, qui est 
aussi la fermeté, la droiture, fait calembour avec 
ce terme désignant les calculs kabbalistiques. 
L'Aleph par sa science est ainsi le principe ferme 
de tous les calculs de gématrie et de toutes les 
œuvres, le principe de la science du dieu un et du 
judaïsme ! 
Je rappelle encore que si la Création commence par 
bêth, la Révélation au Sinaï, qui lui est d'ailleurs 
comparée par le midrash (cf. Genèse Rabbah), 

125 



commence par l'Aleph initial de Anokhi, le Je royal de 
la première des dix paroles, du « Je suis l'Eternel ton 
dieu qui t'ai fait sortir d'Egypte. » 
L'Aleph qui est au principe de toutes les œuvres et de 
tous les calculs est ainsi d'abord au principe de la 
Révélation, de la sortie hors idolâtrie. 
Pour dire un peu mieux ce que j'entends par science de 
l'Aleph, formule qui aura pu vous surprendre, je me 
propose, sans m'en émouvoir, de vous en livrer le sens 
en exhumant la richesse à tort ignorée de cet Aleph et 
de sa science, celle de l'alphabet, et par ce biais, celle 
de la lecture, de l'écriture, du chiffre et du compte, 
opération une et multiple formant le nerf de cette 
guerre de logique bien imprévue qu'est la kabbale. 

Comme je l'ai déjà dit, écartant tout éventuel 
malentendu, j'emploie kabbale au sens des 
procédés compris dans les règles herméneutiques 
de l'écriture du midrash ; mais en insistant, une 
fois de plus, sur le fait qu'elle n'est pas, 
« d'abord, l'art de lire le Livre tenu pour sacré », 
mais, «d'abord, l'art de l'écrire». Je ne parle 
donc pas ici de la Kabbale en tant que 
redéploiement de la kabbale à partir de sa 
floraison médiévale, dont l'indestructible chaîne 
de diamants rassemble des figures aussi diverses 
qu'Isaac l'Aveugle, Louria ou Rabbi Na(r)hman. 
Si j'attends que l'on m'explique les deux citations qui 
suivent, tirées de textes apocryphes, et qui semblent 
présenter la science de l'Aleph comme la vraie 
doctrine, et même comme celle qui serait la plus 
caractéristique de l'enseignement fondamental de 
Jésus, je risque fort de devoir attendre longtemps. Je 
n'attends donc pas. 



126 



Mon lecteur comprendra à cette occasion à quel point 
l'appellation « apocryphe » dut être commode chez les 
« chrétiens » (d'Augustin à Bossuet et au-delà, en 
passant par Benoît et Thomas d'Aquin, que Bernard 
Dubourg a, en toute rigueur, mais non sans ironie, 
définis, fort à raison, comme non chrétiens), comme 
les guénizoth l'ont été à des titres très divers chez les 
Juifs d'Israël (puisque la racine GNZ de guénizâh 
signifie non seulement enfouir un trésor, le cacher afin 
de le préserver, mais également prohiber la lecture, 
rendre un livre « apocryphe », voire « faire 
disparaître » !). 

Voici donc mes deux armes, la première jaillit du 
fourreau de L 'Evangile de l 'enfance selon Thomas, la 
seconde du Pseudo-Matthieu. 

« Si tu es vraiment maître et si tu connais [hypothèse : 
'M 'ThH YD'Th/'im 'athâh yada'ethâ] les lettres, 

Ce sont les 'othioth/'WTh(Y)WTh, avec aussi 
les sens de signes ou de miracles. Voyez encore 
le livre Othioth de Rabbi Aquiba, ou d'autres 
textes d'explicitation de l'alphabet - par 
exemple celui de Ben Ezra, bien qu'il soit plus 
tardif. Nous manquent ici d'hypothétiques 
Othioth de Rabbi Iéshoû'a Masshia(r)h, qui 
furent probablement orales... Dans la version B 
de celles d' Aquiba ben Yôsseph, l'on trouve que 
l'Aleph se déploie en l'acrostiche "pS "Tfi? 
nftN/'emeth lâmad pikâ/ "Ta bouche 
apprend/enseigne la vérité-fidélité", qu'il est le 
principe de la 'émoûnah/foi, ainsi que de la 
parole créatrice du Dieu, la 'imrah/'MRH - ce 
qui explique au passage qu'il soit d'avant le bêth 
initial -, ou encore s'y voit-il qualifié de prince 
et principe de toute existence, etc. 



127 



dis-moi quel est le sens de l'Aleph et je te dirai quel 
est le sens du bêth. » 

Cette question est tout innocemment posée par un 
Jésus jouant avec le vent, causant avec le nuage, et 
s 'enivrant en chantant du soleil de la Sagesse, emporté 
par l'Esprit sur la voie ascendante de sa divine 
instruction. Face à lui, un rabbin émérite, somme toute 
éminent, pétri de sérieux, de discipline formelle, de 
bonnes intentions, sûr de son fait et de sa prétention, 
feignant sourire aux lèvres de ne point redouter 
l'irréductible et miraculeux bambin. Mais, hélas, hélas, 
ce maître est si peu maître de la nouveauté et de la 
hardiesse qu'exige la situation qu'il ne parvient ni à 
convaincre, son savoir s 'avérant fade, ni à beaucoup 
éblouir de ses trop ternes lumières celui qui n'est autre 
que « la lumière des hommes » ! Car seul celui-ci, le 
rabbi des rabbi, bien que n'étant encore qu'un enfant - 
mais il est le Royaume au commencement de sa venue 
sur cette terre -, maîtrise la science, la da'ath de 
l'Aleph, cette porte s'ouvrant sur le château périlleux 
et inexpugnable de la science de l'alphabet, de 
l'écriture, du chiffrage, de la Création et de la 
recréation cosmique totale comprise dans le Verbe. 

Je précise que dans les exemples puisés à la 
fontaine des apocryphes où Jésus interroge quant 
au savoir des lettres, c'est bien le verbe YD' qui 
est présent, le verbe de la science du « bien » et 
du « mal » de la Genèse, le verbe à la racine de 
la gnose des Hébreux. Représenter la 
quintessence incarnée du savoir par des enfants 
virtuoses est un magnifique lieu commun du 
Midrash : cf. Genèse Rabbah 1, 11 où des 
enfants étudient les cinq lettres finales de 
l'alphabet à la place des sages absents ce jour-là 

128 



pour cause de tempête les empêchant de se 
réunir, etc. Cette enfance métaphorique est le 
Génie de la poésie hébraïque ne cessant de 
retrouver sa source, eaux claires et diaphanes, 
intarissables et profondes où flamboient, 
chantent, vivent et palpitent les myriades d'éclats 
dorés de la joie divine, de Sa Sagesse. 
D'où la nécessité de commencer par connaître la 
magie vraie de cette science « aléphique », avant 
d'aller plus loin. Car c'est par elle qu'on peut créer, 
élever l'Adam depuis la poussière jusqu'au verger. 
C'est pourquoi aussi le 111 de l'Aleph est présent sous 
les finales de Genèse 1,1, puis sous les initiales de 
Jean 1, 1+2, comme principe secret. 
Voici mon autre exemple : 

« Jésus leur dit encore : " ceux qui ne connaissent 
[racine yada'] pas Aleph, comment peuvent-ils dire 
thav, les hypocrites [écho des « pharisiens hypocrites » 
des Evangiles]. Dites-moi ce qu'est Aleph et je vous 
croirai alors quand vous direz bêth. " ». 
Suit de là une nouvelle réponse embrouillée du rabbin, 
bien incapable de saisir la moindre goutte de l'eau 
nouvelle qui lui est proposée, et pour cause, il en a 
oublié la source ! 

Mais tous ces rabbins sont en même temps 
fascinés par le divin enfant si instruit. . . Qu'il est 
mignon n'est-ce pas ? Il a à peine douze ans et il 
connaît déjà mieux que nous des textes que nous 
scrutons de père en fils depuis des siècles. . . quel 
bel enfant noble et instruit. . . En effet, douze ans 
est l'âge à partir duquel, d'après le Talmud, un 
enfant doit commencer à s'instruire en vue de sa 
majorité ; c'est aussi l'âge du début de la puberté 
ou adolescence, âge où l'homme doit dompter 
son penchant au ra'/mal (!), et ce n'est pas un 

129 



hasard. Je cite ici, comme en aparté, en prenant 
mon temps, un exemple tiré de l'Evangile du 
Pseudo Thomas : 

« Un maître d'école, du nom de Zachée [en fait 
un rabbin du nom de Zakaï...], qui se trouvait 
dans le quartier, entendit ce que Jésus disait à 
son père. Il était sidéré qu'un enfant s'exprimât 
de la sorte [il a dès le commencement - les 
douze ans - un savoir qui dépasse celui des 
adultes. Il y a en effet de quoi être sidéré : mais 
d'où lui vient un tel savoir ?]. 
VI. 2. Peu de jours après, il aborda Joseph et lui 
dit : " Tu as un fils plein de sagesse et 
d'intelligence. Confie-le-moi. Je lui enseignerai 
ses lettres, et quand il les saura, je l'instruirai de 
toutes les sciences. Je lui apprendrai à saluer ses 
aînés, à les honorer comme des aïeux et des 
pères et à aimer les enfants de son âge. " 
VI. 3. Il énuméra donc à l'enfant toutes les lettres 
depuis aleph jusqu'à thav, avec beaucoup de soin 
et de clarté. Mais Jésus, levant ses yeux sur son 
maître Zachée, lui dit : " Toi, qui ne connais pas 
les significations de l'Aleph, comment veux-tu 
apprendre aux autres le bêth ? Hypocrite, 
enseigne d'abord l'Aleph, si tu le connais, et alors 
nous te croirons quand tu nous parleras du 
bêth. " Et il se mit à interroger son maître sur la 
première lettre, et l'autre ne savait que répondre. 
VI. 4. Et devant un grand auditoire, l'enfant dit à 
Zachée [ZK'Y qui signifie juste, innocent] : 
" Apprends, maître, la disposition de la première 
lettre et remarque ses lignes droites et ce trait 
transversal qui les rapproche et les unit, tandis 
qu'elles se joignent en leur sommet. Le caractère 
de la lettre N se compose de trois signes, de 
même importance, de même qualité et d'égale 
mesure. " [Nous pouvons ainsi souligner 



130 



l'importance de voir l'Aleph comme trine : soit 
composé de trois waw 1 comme Jésus l'enseigne 
ici - ce qui donne à peu près la forme d'un 
oiseau, d'un « maître des ailes », et qui, au 
niveau des gématries, nous laisse avec trois fois 
le nombre six, triple présence qui peut aussi se 
lire comme le 666, nombre cardinal de Son 
enseignement kabbalistique, nous le 
découvrirons plus avant - ; soit d'un waw 1 
diagonal et de deux yôd •> perpendiculaires 
comme le retient la tradition de manière plus 
classique (l'écriture de l'Aleph est sujette à de 
nombreuses variantes dans les trésors du génie 
du judaïsme, je ne retiens ici que ces deux 
raffinements). De même est-il essentiel de savoir 
que l'Aleph se développe en 'LP, soit en trois 
lettres dont la gC est de 111. Essentiel aussi de 
savoir qu'il est un et trine, que sa gC se divise 
par trois pour donner le 37 gR de HtKMH, la 
Sagesse ! Et jamais à cours de nuances, j'ajoute 
que les trois lettres qui se lisent comme formant 
l'Aleph, un waw et deux yôd, ont pour gématrie 
26, soit le Tétragramme YHWH qui est ainsi lu 
dans cette lettre des lettres.] 
VII. 1. Lorsqu'il eut entendu l'enfant expliquer les 
significations si nombreuses et si profondes de la 
première lettre, le maître (le rabbi RBY) Zachée 
resta bouche bée [le mutisme momentané est 
aussi signe d'élection prophétique, cf. le père de 
Jean-Baptiste]. Après une telle réponse et un tel 
enseignement [talmud !], il se tourna vers 
l'assistance : " Quel malheur et quelle pitié ! Je 
me suis couvert de ridicule [la honte BWSh est 
liée par inversion à la racine ShWB de la 
théshoûvah, conversion, retour, réconciliation] 
en attirant cet enfant chez moi." » Pour 
conclure, voici comment le pauvre Irénée, piètre 



131 



père de la future ecclesia latine, passe à côté de 
la haute densité hébraïque de tels propos, les 
réduisant à de la vulgaire hérésie : « Outre cela, 
ils [les gnostiques, de l'Aleph ?] introduisent 
subrepticement une multitude infinie d'Écritures 
apocryphes et bâtardes confectionnées par eux 
pour faire impression sur les simples d'esprit et 
sur ceux qui ignorent les écrits authentiques [il 
est heureux que l'Eglise catholique en ait tout de 
même conservé...]. Dans le même but, ils y 
ajoutent encore la fausseté que voici : Lorsque le 
Seigneur était enfant et apprenait ses lettres, le 
maître lui dit, comme c'était la coutume : Dis 
alpha ; il répondit alpha. Mais lorsque ensuite le 
maître lui eut enjoint de dire bêta, le Seigneur lui 
répondit : Dis-moi d'abord toi-même ce qu'est 
alpha, et je te dirai alors ce qu'est bêta. Ils 
expliquent cette réponse du Seigneur en ce sens 
que lui seul aurait connu l'Inconnaissable, qu'il 
manifesta sous la figure de la lettre alpha [bien 
entendu, il s'agit ici de notre Aleph royal]. » {in 
Contre les Hérésies, livre I). En effet, la 
connaissance de l'Aleph est celle de la tête de 
l'alphabet, donc de l'Inconnaissable qui prélude 
à la Création. Celle-ci est d'ailleurs le but même 
des éons qui la constituent et l'organisent selon 
le plan divin (cf. Traité Triparti te de Nag 
Hammadi, texte dont on ne pourra pas dire qu'il 
a été trafiqué, remanié, expurgé, falsifié ou on ne 
sait quoi, vu qu'il a attendu patiemment dans une 
jarre pendant près de deux mille ans d'être 
découvert et enfin lu - et certes pas par des 
archéologues et autres prétendus spécialistes es 
écritures, mais par ceux qui, ayant lu Dubourg, 
rétrovertissent et rétrovertiront ce texte splendide 
dans son hébreu primitif). Si Jésus connaît 
l'Inconnaissable suprême dont il provient, 



132 



d'avant sa naissance, dans le récit évangélique 
(cf. début de la Pistis Sophia), Inconnaissable 
qui est aussi l'Aleph, ce n'est pas par hasard, 
mais parce qu'il est YHWH, fils certes, mais 
YHWH, celui qui siège sur le trône céleste et qui 
est au principe du tout. Un passage du Zohar 
traitant du même sujet eût sans doute 
pareillement scandalisé Irénée (s'il avait eu 
l'occasion de le lire) ; passage approprié, 
puisqu'il clarifiera pour nous en quoi l'Aleph est 
l'Inconnaissable : « Au principe de tout est 
l'Aleph, le commencement et la fin de tous les 
degrés [entendez les séphirôth], celui en lequel 
ils sont tous gravés et qui est nommé « Un » 
['HtD, commence par l'Aleph], afin de 
manifester que la tête de la divinité contient de 
nombreuses formes [puisque celles-ci sont 
tramées par les lettres de l'alphabet divin] tout 
en restant une [comme l'Aleph donc !]. C'est sur 
cette lettre que reposent les entités du bas, 
comme celles du haut. Le point supérieur qui 
couronne l'Aleph symbolise la pensée supérieure 
cachée, en laquelle est contenue, en soi, 
l'extension entière du firmament d'en haut. » 
(Zohar I, 21a). Allez, je vous livre un dernier 
éclat, pour bien enfoncer le clou, un exemple 
inédit en français, puisé des profondeurs 
anfractueuses de la Kabbale, en l'occurrence du 
Pardes Rimonim, deuxième porte, troisième 
section : « De plus, il y a des preuves indéniables 
de ce que " en principe-en tête " [brêshith] est la 
parole [ma'amar] de la Couronne suprême 
[Kether Elyôn, cf. sa gR de 111='LP, l'Aleph]. 
Tout d'abord, d'après le Sepher Ha-Bahir : 
" Quelles sont les paroles ? La première est la 
couronne suprême, bénie soit-Elle, etc. ; la 
Sagesse vient en second, etc. " Nous voyons 



133 



bien que la couronne suprême fait partie du 
décompte des [dix] paroles et vient en tête. De 
plus, il n'y a pas de difficulté ici, car même si la 
parole « en principe-en tête » représente la 
Sagesse [(r)Hôchmâh], cela signifie aussi la 
couronne [Kether], dont - à cause de sa subtile 
acuité et de sa proximité avec la source [i.e. 
l'Eyn Soph ] - une représentation est l'extrême 
pointe ['WQSdH] du yôd [considérée comme ne 
faisant pas partie de YHWH], mais cette parole 
est aussi l'Aleph [nous y voilà...], de la langue 
[MLShWN] le miracle [PL', pelé', anagramme 
de cette lettre], il est aussi nommé : bien gardé 
['MWN, 'amôn], secret [MWPL', mufla'], voilé 
[MKWSH, mekuse]. En outre, le bêth de 
brêshith est allusion secrète de la Sagesse [car, je 
le rappelle, la Sagesse est lue en Genèse 1,1], les 
pointes extrêmes de ce bêth sont tendues en 
direction de la couronne [KThR]. Nous le savons 
aussi de la bouche de Rabbi Aquiba : demandant 
au bêth « qui est ton créateur ? », celui-ci indiqua 
l'extrême pointe de l'Aleph, ce qui signifie 
qu'étant lui-même la Sagesse, le bêth pointe 
ainsi en direction de l'Aleph [comme principe de 
l'émanation, 'atsiloûth, qui commence par cette 
lettre divine]. » Est-ce assez clair ? 
Ici, d'ailleurs, il y a présence implicite des deux 
thémoûrâh essentielles de la langue sainte : la 
thémoûrâh ab gad (l'Aleph changé en bêth, etc., ou 
comment passer de l'Aleph au bêth, connaître le bêth 
une fois connu l'Aleph) ; et la thémoûrâh at bash 
(l'Aleph changé en thav, dire le thav ne se peut sans 
connaître l'Aleph et sa science rythmique !). Ce sont 
les deux thémoûrâh essentielles pour ces gnostiques 
hébreux et qui signifient, l'une comme l'autre, l'union 
du fiancé et de la fiancée à la fin des temps. 

134 



Un extrait du Zohar sur le Cantique des 
cantiques pris aux folios 67a et 67b va justifier 
cela : 

« Quand les lettres du Nom saint se conj oignent, 
le W descend pour attirer le H du bas vers le 
haut, pour constituer une même unité, alors 
l'ensemble des lettres de l'alphabet descendent 
et montent. L'Aleph descend vers le thav pour 
l'attirer à Lui, pour qu'ils se conjoignent l'un à 
l'autre. Le bêth monte vers le shin, de bas en 
haut, car il est attiré depuis l'en bas et désire être 
couronné par son époux. L'Aleph est le secret de 
la lettre waw qui veut relever l'Epouse [la 
fiancée] grâce aux cantiques qu'Elle suscite en 
bas quand Elle est parée. Et II lui tend la main 
pour l'attirer près de Lui, et les lettres se 
congratulent les unes les autres au moment où 
elle leur dit : " Entraîne-moi " (Cantique des 
cantiques 1,4)». Ce joyau, via l'exemple de la 
thémoûrâh at bash (T Aleph monte vers le thav, le 
bêth vers le shin, etc.), décrit la thémoûrâh 
comme union du haut et du bas, de la fiancée et 
du fiancé (d'où la citation du Cantique), de la 
Shékinah ou Assemblée et du dieu. 
Voyons maintenant une expression non dénuée de 
pertinence que j'introduis en me basant sur l'un des 
textes que nous venons de voir où Jésus dit que le 
principe de l'enseignement (pour en avoir le droit) est 
de connaître (yâd'a) l' Aleph. Nous sera ainsi encore 
davantage présente à l'esprit (notre esprit y sera 
davantage présent) la cohérence de la langue sainte 
selon les procédés de la kabbale qui en innervent à 
merveille l'écriture ancestrale. 
Il s'agit de l'expression de science-connaissance de 
l' Aleph : D'Th 'LP (da'ath 'aleph). J'en exhibe 



135 



prestement les gR et gC qui s'avèrent être de 72 et 
585. 

Preuve : gR= 4+16+22+1+12+17 = 72 = 
21+5+5+1+12+5+10+13 = ShH H'LHYM, 
l'Agneau du dieu, le duo HtThN (W)KLH, le 
fiancé et la fiancée. . . 

gC= 4+70+400+1+30+80 = 585. Vous pouvez 
aussi remarquer qu'en faisant le kollel (procédé 
qui ajoute un pour signifier l'entrée dans l'Un) 
de cette « science de l' Aleph », vous obtenez les 
gemmes gématriques 73, la Sagesse/HtKMH, et 
586, Jérusalem/YRWShLM, deux vêtures 
midrashiques de la divine Assemblée d'Israël ! 
Ici, c'est la différence de ses gématries (gC-gR) qui 
me requiert, soit : 585-72 = 513. 
Vous aurez reconnu là la gC essentielle du duo du 
fiancé et de la fiancée, HtThN + KLH, (r)hathan + 
kalâh, l'union du dieu et de son Assemblée, le comble 
de toute mystique et eschatologie en hébreu. 
La science de l'Aleph, qui est le don de l'alphabet, 
serait ainsi intimement liée au savoir de la fin des 
temps et de la recréation. Je rappelle que ce 513 est 
aussi la gC de la bessôrah, BShWRH, l'Evangile, la 
bonne nouvelle en effet. 

Comme autre soubassement à cette science de 
T Aleph, mentionnons l'identité de gR entre le 
verbe YD'/yâda', « connaître, aimer » et l'Aleph, 
'LP. Ils ont même gR de 30 (entendez le trois) ! 
Un autre des secrets enivrants puisés à cette rivière 
poétique et sans fin qu'est l'Aleph est obtenu par son 
plérôme. En effet, 'LP se métamorphose alors en 'LP 
LMD PH (où l'on devine que se côtoient 
amoureusement l'Aleph, le verbe « enseigner » et la 
bouche-parole) de gR = 30+29+22=81 et 

136 



gC=l 11+74+85=27(0), soit les inséparables 27 et 81, 
les gR et gC de KS'/kissê', le trône, le symbole même 
de la royauté divine ! Or, l'Aleph n'est-il pas associé 
par la Kabbale à Son trône, à Kether, à ce qui se cache 
dans le mot rêshith au principe de tout, bref à la 
royauté principielle de Sa gloire ? 
Mais, l'Aleph aurait comme secret le plus intime, à 
l'égard de la Nouvelle Alliance, celui que livre la 
somme de ses gR et gC, en considérant la valeur finale 
en gématrie classique de son phé, procédé « hors 
norme » que je ne me permets d'employer ici que par 
exception et qui ne relève pas, malgré sa curiosité, de 
quelque abracadabrantesque tour de passe-passe. 

En donnant à l'Aleph la valeur finale du phé en 
gR (soit 26, les finales KMNPSd prenant 
normalement les valeurs de 23 à 27 en gR), nous 
obtenons par rangs : 'LP=1+ 12+26 

=39=HNGLH, la Révélation ! 
Voici comment : 'LP= 1+12+800 et = 1+30+800, soit 
au total = 813+831 = 1644. Or 1+6 = 7, donc : l'Aleph 
livre comme son secret le 744, qui, avant d'être la gC 
de Jésus Messie, alias Iéshoû'a Masshia(r)h, est celle 
de l'élévation du plérôme du Tétragramme ainsi que 
celle de l'élévation du fiancé (cf. L 'hébreu du 
Nouveau Testament, p. 235-6). 
La Révélation de Son nom, tel est le secret de la 
science de l'Aleph, de la science des écritures sacrées. 
Dans le Pardès Rimonim, Moïse Cordovero représente 
l'Aleph en inscrivant les quatre lettres constitutives du 
Tétragramme à l'intérieur même du dessin de la lettre 



137 



1 ] 1 

•h. n 



comme ceci : " (cf. ce que nous avons dit 

plus haut sur la manière de lire l'Aleph comme un 
waw et deux yod, ce qui, en lui donnant la valeur 26, 
le rend équivalent à YHWH de même valeur). 
L'infinité du Nom est ainsi l'intériorité de cette reine 
des lettres, de ce résumé de la science des écritures 
(da'ath hashem). De même, nous savons que l'Aleph, 
toujours selon la Kabbale, représente l'homme se 
tenant debout, extatiquement éveillé à l'écoute de 
l'inspiration divine. L'idée d'identifier l'homme-dieu, 
Iéshoû'a Masshia(r)h lui-même selon sa royauté 
advenue, avec l'Aleph, identité dont nous venons de 
retrouver le soubassement, non seulement n'a rien 
d'étrange pour la mentalité hébraïque, mais 
s'harmonise parfaitement avec les riches trésors de la 
Kabbale juive. 

Preuves : 1644 c'est aussi 744 lequel s'écrit 
ainsi : 

744 = 10+300+6+70+40+300+10+8 = YShW 
MShYHt Jésus-Josué Messie lui-même. C'est 
aussi pourquoi Jésus sait, l'étant lui-même (ou 
plutôt ceux qui le revêtent), quel est le sens de 
l'Aleph. Savoir l'Aleph, c'est le savoir Lui ! De 
plus, sachant le sens de lAleph, il sait le sens de 
ce que l'Apocalypse de Jean nomme « un 
royaume de mille ans » (et mille ans sont comme 
un jour d'après une lecture nazoréenne du 
psaume 90 faite par la seconde épître de Pierre). 
Je rappelle en effet que mille, c'est 'éleph 'LP, 
soit à nouveau l'Aleph. Le royaume 

138 



eschatologique de mille ans de l'Apocalypse n'a 
rien d'historicisant, c'est le royaume spirituel de 
la science de l'Aleph, de la science des écritures 
sacrées à leur comble, le TaNaK étant alors 
accompli aux cieux comme sur la terre ; nous 
allons le comprendre d'ici peu. En fait, dans la 
trame d'Apocalypse 20 où le Satan 
(l'Adversaire) se voit lié ('QD, racine de la 
'aquedah, la ligature, pendant de la shéhitâh qui 
elle concerne lAgneau), délié (PThHt au piel) 
puis jugé (ShPT/shâphat), le éleph des mille ans 
est répété exactement six fois avant la conclusion 
qui est recréation et avènement glorieux de la 
Jérusalem céleste, « la cité du dieu vivant » 
(Hébreux 12, 22), i.e. celle du Nom vivant, du 
Messie. Cela suppose une conception 
eschatologique de l'histoire d'Israël en sept mille 
ans = sept jours (comme nous l'avons vu dans la 
troisième étude du tome I en lien au livre des 
Jubilés), soit en six jours que scelle un septième, 
de repos éclairé dans l'étude infinie, par calque 
sur le Shabbath de Genèse 2 (« avant » 
l'expulsion). 

Voici pourquoi Jésus dans les deux extraits de 
prétendus « apocryphes » que j'ai cités plus haut 
enseigne le secret intime de l'Aleph, lequel n'est pas 
seulement une lettre, mais principiellement / 'esprit de 
l'alphabet, de la Création comme de la Révélation. Les 
autres rabbins qui ne sont pas le Rabbi (qui est aussi le 
rabboûni de Marie, le dieu « recréateur » !) en restent 
interdits. Ils ne savent pas revêtir l'enfant Jésus, ce 
cœur de la science de l'Aleph et du royaume 
eschatologique, car seuls y parviennent les rédacteurs 
de ces textes, les membres de l'Assemblée nazoréenne 
de Iéshoû'a. 



139 



Conclusion partielle : 

J'ai donc établi l'identité spéculative entre les vingt- 
quatre noms des vingt-quatre livres saints du TaNaK 
pharisien, leur élection au roseau d'or, voulue comme 
telle, et la science de l'Aleph (111), celle que Jésus 
portera à son comble tout en accomplissant et 
renouvelant le saint TaNaK, les trines écritures enfin 
révélées au ciel comme sur la terre. 
Ainsi, le TaNaK (la Thora au sens large) est-il conçu 
dans le secret, par les glorieux pharisiens tout d'abord, 
comme expansion totale de la première des lettres, 
l'Aleph. C'est là son sceau et son socle. 

Je ne prétends évidemment pas, pas une seconde, 
réduire les lectures bigarrées et diverses que les 
écoles prophétiques opèrent sur le TaNaK à ce 
résultat. Ce dernier n'est que la quintessence du 
choix des vingt-quatre livres saints, leur 
fondement, leur secret. De même qu'il serait 
absurde de séparer le quatrième degré du 
PaRDèS - le sod - des trois précédents, de 
même une telle réduction serait absurde. 
De plus, quand nous donnons la mesure des cinq 
rouleaux de la Thora ou des douze Prophètes, 
etc., nous ne disons point par là que cela enferme 
ces textes ou les enserre dans une borne ou un 
enclos. Si le jardin du Livre est, comme la 
fiancée du Cantique, qualifié de jardin clos ou de 
fontaine scellée, il faut entendre en même temps 
que ce jardin (ou cette fontaine) reste toujours 
ouvert(e). Pour le dire autrement : si nous avons 
vu que le rouleau de la Thora - plus 
généralement le TaNaK, voire même l'ensemble 
déroulé de la littérature ancienne des Hébreux - 
formait un cycle de cycles se reprenant en lui- 

140 



même avec une somptueuse plasticité globale, 
nous pouvons le comparer en cela à un livre 
comme Finnegans Wake. Que ce dernier semble 
clos n'empêche nullement - au contraire ! - qu'il 
soit conçu comme toujours en mouvement dans 
lui-même (du the « final » au riverrun 
« initial »), comme toujours ouvert. Je n'effectue 
pas cette comparaison à la légère : Joyce s'est 
fortement inspiré de la vie de la langue 
hébraïque pour forger la langue inouïe de son 
Work in progress (voir déjà dans la deuxième 
étude la remarque sur les soixante-dix langues 
dont il dit se servir de base pour Finnegans 
Wake). Ainsi, le personnage féminin d'ALP 
(l'Aleph a été lu aussi comme la Trinité dans la 
Kabbale chrétienne via la gC de l'Aleph hébreu 
de 111, soit trois qui font Un) et ses 111 enfants ; 
le fait d'irriguer la narration par des rivières 
(comme dans le récit initial de la Création) ; 
d'écrire de longues successions de lettres sans les 
coupures et circoncisions permettant d'en lire les 
mots constitutifs (pour le midrash, le texte de la 
Thora a d'abord été transmis comme un même 
calme bloc ici-bas chu sans la moindre 
coupure) ; d'opérer des lectures en modifiant 
l'esprit, les voyelles des mots (litter/litière pour 
letter/lettre... manière de faire entendre ce à quoi 
comparer ceux qui ne lisent que des yeux, 
manière que je rapprocherai volontiers des 
doubles sens de péroûshim, pharisiens, mais 
aussi les excréments, ou de glilim, galiléens, 
mais aussi les détritus) ; de fonder aussi le 
discours sur des calembours, des acrostiches, 
alias notariques, comme H. CE., etc., etc. Le jeu 
qui résumerait peut-être le mieux ces 
rapprochements serait la formule qui clôt cette 
phrase « Are we speachin d'anglas landadge or 



141 



are you sprakin sea Djoytsch ? » (Je souligne, 
formule dont le lieu est le quinzième des dix-sept 
«chapitres», écrit après 1933...): l'océan 
d'élangues de Joyce est au plus proche du vieil 
océan de la Thora totale. 
Comme nous allons le voir désormais, faisant encore 
un pas de plus, ce secret est aussi celui de 
l' accomplissement des saintes écritures par la Nouvelle 
Alliance de Jésus le Nazoréen (l'observant, l'exigeant 
aussi). 

Avant d'offrir au lecteur, qui ne pourra que se réjouir 
de ce que j'approfondisse davantage ce que d'aucuns 
n'auront peut-être pas trouvé assez lumineux, un 
certain nombre de mises à nu imprévues, baroques, 
une musique jamais entendue, qu'une description aussi 
précise que possible présentera comme des extraits de 
la musique des sphères exécutée, pour les siècles des 
siècles, par les chœurs angéliques, merveilleux 
interprètes des portées infinies du Livre ; voici, en 
guise d'intermède . . . 

Ultime objection éventuelle avant l'exposé du résultat 
dans toute sa profondeur : 

Une objection plutôt « historiciste » qu'historienne 
pourrait en ce point nous être faite : le choix des vingt- 
quatre livres saints aurait été discuté pendant des 
années par les rabbins de l'historique Yavnéh, certains 
rejetant Esther ou Qohéleth, contestant le Cantique des 
cantiques pour lequel l'intervention décisive de Rabbi 
Aquiba fut nécessaire, les rabbins eux-mêmes auraient 
été en désaccord sur la vivante constitution des vingt- 



142 



quatre livres de telle sorte que peu d'entre eux auraient 
réellement adhéré à cette « thèse », etc. 
Bref, l'objection consisterait à prendre « à la lettre » 
les débats inventoriés dans la Mishnah ou le Midrash 
Rabbah, et à voir ici où là ce qui est dit de 
l'acceptation progressive des vingt-quatre livres, ceux- 
là et point d'autres, au tournant du 1er siècle de notre 
ère. 

Le problème de cette objection serait qu'elle 
s'empêcherait ainsi de voir que toutes ces discussions 
de rabbins reposent sur du midrash, sont, quant au 
sens, à considérer d'abord comme un midrash, et qu'au 
fond tous ces savants des quatre écoles rassemblées à 
Yavnéh/YBNH sont d'accord sur les mesures diverses 
et unes des vingt-quatre livres constituant le TaNaK et 
que c'est justement cet accord quant au TaNaK, appelé 
aussi Miqra' (la lecture, la proclamation), qui fonde 
originairement le rabbinisme issu de Yavnéh (ou peut- 
être même d'avant Yavnéh, rien ne permettant 
d'infirmer que cette constitution des vingt-quatre livres 
ait été connue avant). 

Il importe de saisir, spirituellement, et non à la lettre, 
que les rabbins issus de ces quatre courants divers (les 
quatre coudées de halakah dont parle le Talmud) 
goûtent pareillement le sens vertigineux de cette 
tripartition tel qu'il repose en son mouvement de 
pensée. 

Ainsi, la discussion autour du fait de savoir si Esther 
souille ou non les mains a pu prendre prétexte de 
l'absence explicite du Tétragramme dans la Méguillâh 
pour se déployer. Pourtant, les juifs-hébreux savent 
bien (en tout cas à l'époque ils le savaient) que le 



143 



Tétragramme est volontairement enfoui, caché dans la 
trame savante du texte selon le procédé de notarique, 
et ce conformément au sens même d'Esther : 'SThR/« 
je garderai secret », implicitement «jusqu'à la fin », 
comme pour cet autre des Ecrits qu'est Daniel. 

Quant à la présence discrète du Tétragramme dans 
Esther, citons le Meam Loez sur Esther : « Remarquez 
que le Tétragramme (YHWH) ne figure pas dans la 
Méguillâh, si ce n'est de manière allusive au début ou 
à la fin de certains mots ; par exemple dans les 
premières lettres de Yavo' Ha-mélekh Ve-haman 
Hayom, Esther 5,4 ; ou dans les dernières de kY- 
kaltaH TaV ha-ra'aH, Esther 7,7. La raison en est que 
n'importe qui ne devait pas comprendre ce miracle : 
tout devait apparaître comme s 'étant déroulé de façon 
naturelle, ainsi que nous venons de le voir. Le Saint, 
béni soit-Il, avait décidé de ne pas faire un miracle 
visible aux yeux de tous comme celui du passage de la 
mer Rouge, parce qu'à cette époque-là les enfants 
d'Israël méritaient nés betakh nés, " miracle au sein du 
miracle ". Tandis qu'au temps de Mardochée . . . [Ce 
temps est celui de l'Exil, conséquence du châtiment 
d'Israël par YHWH pour avoir violé les 
commandements, ce n'est donc pas, de manière 
générale, un temps de clémence divine et de mérite 
d'Israël, ce n'est que par l'intervention conjointe de 
Mardochée et d'Esther que les mérites brillent à 
nouveaux, éclairant la nuit de l'Exil vers l'aurore du 
jour du retour.] » (Raphaël Hiya Pontrémoli, Meam 
Loez sur Esther). 



144 



Le Tétragramme est même présent exactement par 
quatre fois dans la Méguillâh : versets 1, 20 ; 5, 4 ; 5, 
13 ; 7, 7. J'y note une nette progression du sens en 
accord avec celle de la Méguillâh. Ainsi, la première 
présence de YHWH a lieu au moment de l'envoi d'un 
édit en quête d'une femme pour remplacer Vashti 
auprès du roi (ce sera Esther) ; la seconde au moment 
de l'invitation d'Haman et du roi selon le souhait 
d'Esther ; la troisième au comble du mal, au moment 
où Haman dit qu'il lui insupporte même de voir 
Mardochée ; et enfin, la quatrième se dévoile dans son 
retrait lorsque Haman se rend compte que la calamité 
est dirigée sur lui et qu'il songe à obtenir sa grâce 
auprès d'Esther. . . mais il est du côté de la fureur 
maligne, non pas de la grâce illuminante. Cette 
présence volontairement secrète du Tétragramme est 
une manière typiquement hébraïque de faire du 
rouleau d'Esther un véritable trésor, un joyau 
sotériologique sans pareil dont la « canonicité » n'est 
évidemment jamais remise en cause chez les Hébreux 
de Yavnéh, bien qu'elle ait pu sembler l'être dans des 
têtes autrement moins bien faites pour raisonner. 
De même, si le Cantique est très discuté, c'est qu'y 
figure seulement YaH, diminutif du Tétragramme, 
alors qu'il en semble curieusement absent bien qu'en 
fait il se cache (là encore) sous les traits du glorieux 
fiancé ((r)hathan) attaché à sa fiancée, l'Assemblée. 
L'absence visible de YHWH renvoie cette fois-ci au 
secret du mariage mystique, des noces sous le dais, 
noces invisibles et non représentables, ce que la basse 
mentalité pornographique de cette époque-ci, 
abêtissant l'érotisme au point de se le représenter de 



145 



façon grotesque et évidée du verbe, aura bien 
évidemment des difficultés à entendre et à concevoir. 
A chaque fois, ce qui sert d'argument à la discussion 
est la spécificité de tel ou tel rouleau (les plus 
significatifs par leur singularité, leur langue plus 
tardive, etc.), ce qui fait que tel rouleau se démarque 
des autres. Dès lors, ce caractère remarquable du 
rouleau sert de prétexte pour en dire à mots couverts 
toute la noblesse, la beauté, la quintessence. 

Prenant l'exemple du Cantique des cantiques, 
disons qu'il est le saint parmi les saints (écrits) 
parce qu'il est la clôture en un jardin de l'épopée 
midrashique d'Israël, laquelle se récapitule en lui 
(cf. Targum sur ce rouleau) jusqu'à ce que mort 
et Shéol soient vaincus par l'avènement du 
fiancé et de la fiancée dans l'amour ('ahavâh) et 
le zèle (qinah) pour l'étude. Disons aussi qu'il ne 
comporte pas huit chapitres ou degrés par 
hasard, mais en lien à la symbolique du chiffre 
huit comme chiffre du (r)hêth, la huitième lettre 
de l'alphabet, l'initiale de la vie/(r)hayim, la 
lettre de l'Ogdoade gnostique, etc. 
Bref, retenons que ces discussions midrashiques - dont 
je ne nie en rien qu'elles aient pu aussi être « 
historiques » - servent à justifier les vingt-quatre 
livres, bien qu'il y ait trace dans ces discussions d'une 
véritable polémique - probablement plus tardive - 
autour de Qohéleth - du Messie ! (Dans la note 1, plus 
loin, j'envisage de front quelques-unes des archives sur 
cette question). 

Résumons en affirmant qu'à aucun moment la vision 
des vingt-quatre livres qui composent le TaNaK 
comme la véritable première Thora au sens large, 
comme le Livre, ou la Miqra', qui unifie les diverses 

146 



tendances et écoles rabbiniques, n'est en péril, même 
si cela n'est pas évident au premier regard. La volonté 
d'affirmer leur unité est au fondement du 
rassemblement sous forme de mishnayôth des 
discussions au sujet de la « canonicité » des livres 
saints, discussions passées au subtil tamis du midrash, 
forgées selon ses critères. 

Ces discussions pourraient même ne rejeter qu'en 
apparence les livres dits extérieurs, ceux que IV Esdras 
nomme « les soixante-dix livres », les livres clés du 
sod de l'écriture selon l'esprit saint, rien de moins. 
Parmi ceux-là, les livres des nôtsrim et/ou minim - 
d'un supposé ben Tigla par exemple. En revanche, ces 
derniers (et leurs livres) ont fini par être définitivement 
exclus du rabbinisme officiel. 

Retour au sens du TaNaK : 

Je reprends maintenant mes savants feuillages du 

TaNaK, leurs fugues, leurs variations, leurs 

oscillations. 

Voici encore une nouvelle confirmation fournie par le 

décompte des lettres qui composent cette répartition 

du TaNaK selon ses vingt-quatre livres : 

BR'ShYTh ShMWTh WYQR' BMDBR DBRYM 

YHWSh' ShWPTYM ShMW'L MLKYM YSh'YH 

YRMYH YHtZQ'L ShNYM 'ShR 

ThHLYM MShLY 'YWB ShYRHShYRYM 

RWTh 'YKH QHLTh 'SThR DNY'L 'ZR' DBRY 

HYMYM. 

Le nombre de lettres des noms des vingt-quatre 

composantes déroulées du saint TaNaK est exactement 

de 124. 



147 



C'est merveille : il y a ici en tout et pour tout 124 
lettres comme le 124 gC de l'Eden/'DN, les délices du 
jardin du Livre, la Volupté au sens des Hébreux. 

Preuve : 'DN = 70+4+50 = 124 ! Et ce n'est pas 
un nombre anecdotique, bien qu'il soit secret. En 
effet, ce 124 est la gR du (r)herev pipyoth 
(r)had/HtRB PYPYWTh HtD (l'épée à double 
tranchant, acérée) de Psaumes 149, 6 comme de 
l'Apocalypse de Jean - synonyme de la Thora, 
d'après Cantique Rabbah I, 16 -, glaive mettant à 
nu que détient le vainqueur, celui qui tranche la 
question de savoir qui a accès ou non à Son sein 
paradisiaque, qui entre et sort en paix ou qui est 
vomi, parce que jugé tiède (pshoûrâ') et ni 
bouillant ni froid. C'est encore la gématrie 
classique du nom de Jean/YWHtNN, ce 
précurseur ou « disciple » de Jésus, ou de cette 
parole d'Isaïe 40, 3 reprise dans l'Evangile « (Je 
suis) la voix criant dans le désert »/QWL QWR 
BMDBR (gR de 124). Dans l'Apocalypse, en 
lien à Jean et à l'Eden, ce 124 est aussi la 
gématrie par rangs du « livre de vie de 
l'Agneau »/SPR HtYYM HShH/sepher (r)hayim 
hasseh (cf. Apocalypse 21, 27, il rassemble, en 
tant que noms - vivants d'y être écrits -, les 
justes nazoréens destinés à l'Eden !). Mais aussi, 
ce nombre est-il le résultat en gR du plérôme de 
MShPT/mishpat, le jugement lui-même, soit de 
MM ShYN PH TTh ! C'est encore la gR du 
célébrissime « Mon père, mon père ! Char et 
cavalerie d'Israël ! »/'BY 'BY RKB YShR'L 
('âbi 'âbi rekeb yisrâêl) lancé par Elie au 
moment de s'élever dans la Merkavah - tout en 
élevant celle-ci -, vers l'Eden retrouvé, etc. 
Pour les pharisiens, il s'agit de l'Eden promis aux 
justes qui connaissent et conservent la lecture et les 



148 



midrashim pharisiens de la Thora au sens large, Thora 
écrite et livres apocalyptiques secrets, les vingt-quatre 
et les soixante-dix dont parle IV Esdras. Pour les 
nazoréens, il s'agit de l'Eden tel qu'ils le conçoivent 
comme lieu de la Résurrection effective du divin, qui 
est aussi bien le céleste relèvement du Temple 
terrestre, la venue de l'esprit (RWHt/réoû(r)ha) 
succédant à l'ascension du Messie Jésus. Cet Eden 
(jouissance et connaissance) du résultat va se trouver 
éclairé par la suite, ô combien ! 

L'ossature fleurissante de l'ensemble tripartite du 
TaNaK : 

Voyons, comme pour approfondir encore ces secrets 
de la kabbale qui nous font languir, l'étude minutieuse 
et justifiée de la formule hathôrâh vehanévi'im 
vehakéthoûvim/HThWRH WHNBY'YM 
WHKThWBYM (la Thora et les Prophètes et les 
Ecrits), le plein développement des trois composantes 
formant le TaNaK. 

On trouve cette tripartition avec articles en Midrash 
Tehilim 59,2. Ou encore, pour en citer une occurrence, 
en Mô'êd Qatan 18b : 

« Voici ce que dit Rab au nom de R. Reuben bar 
Estrobile, de par la Thora et de par les Prophètes et 
de par les Ecrits, on peut prouver qu'une femme est 
destinée à un homme [comme l'Assemblée à son dieu 
fidèle ?] » (Je souligne.) 

Voyons enfin le lien organique, vivant, entre cette 
tripartition et la Résurrection à la fin des temps. 



149 



Ainsi, sera établi le lien entre la composition du Livre 
et la venue du Messie ouvrant le jardin d'Eden des 
justes pharisiens. De là, nous pourrons comparer avec 
l'accomplir nazoréen de ce résultat, et conclure. 
Mais je commence par rappeler que nous avons déjà 
établi que le TaNaK/HThNK est un équivalent chiffré 
du Messie compris comme Livre vivant. 
Il va s'agir dès lors de creuser ce premier résultat. 

Méditations mystiques des lettres finales et souplesse 
des procédés 

La gématrie de (Ha)TaNaK s'avère complexe à 
étudier, puisque ce mot comporte deux lettres qui ont 
aussi une valeur finale. 

Comme prélude à cette étude, il me faut déployer une 
modeste armada d'arguments concernant l'usage serré 
des gématries lorsque des lettres existant aussi avec 
graphie finale s'y trouvent impliquées. 
Précisons d'emblée qu'il ne s'agit ici que d'une 
hypothèse, même si, comme nous le verrons dans la 
suite, tout semble converger, dans le cheminement 
même de l'écriture néotestamentaire, vers sa 
pertinente confirmation. 

Premier point, nous pouvons fonder sur l'incontestable 
autorité du livre d'Isaïe le fait qu'une lettre médiale 
ayant aussi une graphie finale puisse être parfois 
considérée selon sa valeur en tant que finale, bien 
qu'elle ne soit pas dans une telle position. En effet, 
dans son introduction à la traduction de l'ouvrage de 
Knorr Von Rosenroth intitulé Kabbala Denudata, 
Mathers affirme : « Dans Isaïe IX 6, 7, le mot rQ*iD?, 
Lemarbah, pour multiplication est écrit avec le 

150 



caractère pour le Mem final □ au milieu du mot au lieu 
de l'original Mem initial et médian û. La conséquence 
de cela est que la valeur numérique du mot, au lieu 
d'être 30 + 40 + 200 + 2 + 5 = 277 est 30 + 600 +200 + 
2 + 5 = 837. Par Guematria ?Tnn Tat Zal, celui qui 
donne "à profusion". Ainsi, en écrivant le Mem final 
au lieu du caractère ordinaire, le mot est construit pour 
avoir un sens kabbalistique différent » (Je souligne.) 
On peut imaginer, parmi les diverses hypothèses - 
notamment celle d'une origine rabbinique -, que ce 
mem fermé au milieu du mot serait d'invention 
nazoréenne (son interprétation est messianique, il 
suffit de songer au verset précédent. . .). Notons en tout 
cas que le grand rouleau d'Isaïe découvert à Qumrân, 
daté du second siècle avant J.-C, n'en porte pas trace, 
mais il est vrai qu'alors les lettres finales ne font que 
commencer à laisser poindre leur graphie, non sans un 
certain « arbitraire » d'ailleurs (par exemple, certains 
mem, bien qu'en position finale, sont notés 
« ouverts », tandis que, s'il n'y a pas de mem fermé 
dans notre lemarbah, il s'en trouve dans d'autres mots 
de ce rouleau. . .). Notre mem de Lemarbah est en fait 
le seul exemple visible du TaNaK officiel - d'ailleurs 
interprété messianiquement par la tradition juive -, un 
peu comme il n'y a qu'un seul et unique exemple de 
thémoûrâh explicite, le SheSheK de Jérémie 25, 26 et 
53, 41, thémoûrâh at bash de BBL/Babylone-Babel. 
Cette unicité, dans les deux cas, ne cache-t-elle pas 
une étrange stratégie chez ces savants auteurs et 
compilateurs du TaNaK ou chez leurs successeurs ? En 
effet, de même que ces auteurs employaient déjà des 
thémoûrâh à la pelle (le « je suis l'alpha et l'oméga » 



151 



de l'Apocalypse n'est-il pas assez clair sur ce point ?), 
bien que cela n'ait été clairement explicité que plus 
tard (notamment dans le Zohar), n'employaient-il pas 
déjà des gématries irrégulières, cavalières, défiant la 
rigidité formelle ? Ce mem fermé ne pourrait-il pas 
être lu comme manière de laisser une infime trace de 
la liberté qu'il est parfois légitime de prendre quant au 
code ? En guise de sésame secret ? 
Deuxièmement, pourquoi les gématries « lourdes » des 
finales se prêteraient-elles mieux à ce genre de jeu ? 
La racine pour dire qu'une gématrie est lourde {Le. 
élevée !) n'est autre que KBD/kâvad, à la fois être 
pesant, s'endurcir, et être glorifié, c'est la racine de 
kavôd, la gloire. C'est ainsi qu'il y a identité 
spéculative de la pesanteur et de la gloire au cœur de 
la kabbale, rendant tout leur poids aux gématries de 
valeur élevée, au premier rang desquelles - ces 
dernières sont les premières ! - figurent nos lettres 
finales. 

De plus, pour ne point laisser croire que nous 
parlerions à la légère du caractère mystique de ces 
lettres finales, dirigeons nos regards vers le Talmud 
afin d'indiquer les singulières spéculations dont elles 
n'ont pas manqué d'être l'objet. En effet, les lettres 
finales, qui sont cinq comme les doigts d'une main ou 
les rouleaux de la Thora, sont essentielles à la 
mystique des lettres hébraïques. Il y a double 
mouvement entre les formes médiales et finales de ces 
lettres selon la dialectique de l'ouvert et du fermé, du 
courbé et du droit, c'est-à-dire, au fond, du scellé et du 
révélé. Le Talmud, en Shabbath 104a, interprète ainsi 
la différence entre les deux formes du mem : « Mem 

152 



ouvert [PThWHtH] et Mem fermé [SThWMH] : 
parole [ma'amar] exotérique [PThWHt, lue] et parole 
secrète [SThWM, scellée]. » Puis, c'est le tour des 
quatre autres finales, qui jouent dans le registre du 
penché et du redressé : « Nun penché et Nun droit : le 
fidèle [Ne'eman] qui s'incline [KPWP], le fidèle qui se 
dresse [PShWT] », de même ensuite pour le phé, puis 
vient le tsadé : « tsadé courbé et tsadé redressé : le 
juste [tsaddiq] est courbé [dans le 'ôlam hazé] ; le juste 
se redresse [dans le 'ôlam haba'] ». De même en va-t- 
il pour le kaph, bien qu'ici il soit juste associé à kether 
(la couronne), en passant. A chaque fois, les formes 
finales désignent bien le secret, sur fond d'accès au 
'ôlam haba' (en allant vers le tsadé qui vient en 
dernier). Pareillement, Nombres Rabbah 18, 21 
associe les cinq finales, du kaph au tsadé dans l'ordre, 
respectivement à Abraham, Isaac, Jacob, Moïse (par 
lui au peuple), et enfin au Messie, en insistant sur le 
fait qu'elles ont été instituées par les prophètes (les 
tsôphim, gardiens, hommes inspirés, pas les 
spécifiques Névi'im, « les Prophètes »...). Ce midrash 
se conclut par la germination du tsadé sur fond 
d'avènement du règne du Messie, celui-ci étant 
entendu comme le tsemah tsaddiq (deux fois Sd !), « le 
germe de la Justice ». Si les finales se révèlent dans 
l'horizon de l'avènement messianique, le tsadé final 

C'est la lettre « finale » par excellence, puisqu'il 
conclut le mot qêts/QSd, la fin, l'extrémité, 
celui-ci valant alors le mille des mille ans du 
règne messianique, comparable auyôm 'e(r)had, 
au Jour Un de Gen. 1, 1 à 5, selon la lecture de 2 
Pierre 3, 8. En effet, voici comment celui-ci 
présente la fulgurante et très lente temporalité 



153 



messianique : « Mais n'ignorez pas cette chose, 
bien-aimés (dôdim), c'est qu'un jour est pour 
dieu [LYHWH, traduit par « auprès de dieu » 
dans le Prologue de Jean, il faut l'entendre 
comme un « dans le 'ôlam haba' » !] comme 
mille ans, et mille ans comme un jour. » (2 Pierre 
3, 8). YWM 'HtD/Jour Un a pour gR+gC = 
42+69=11 l='LP/'aleph, mais aussi 'eleph, 
mille ! 
fleurissant enfin avec celui-ci, le dévoilement de ces 
lettres n'aurait-il pas quelque enchaînement 
mystérieux ou dangereuse liaison avec celui des 
secrets du Messie, ce qui, je le souligne au passage, est 
le sujet même de ce livre ? 
Enfin, troisièmement, j'insiste sur le fait que les 
graphies finales commencent déjà à figurer, quoique 
de manière apparemment « anarchique », dans les 
manuscrits de Qumrân, l'antiquité des spéculations 
mystiques à leur sujet ne faisant pas le moindre doute 
chez ces sadducéens nazoréens, bien que la tradition 
issue des pharisiens ait attribué la paternité de ces 
lettres à ceux-ci dans la volonté obvie de faire oublier 
ceux-là, dont le souvenir ne fut pas moins ranimé par 
l'apocalyptique découverte de Qumrân. 

Revenons désormais au mot HaTaNaK. Je choisis mon 
premier exemple - tout à fait au hasard ! -, avec la 
gématrie par rangs et les deux lettres, noûn et kaph, 
considérées selon leurs valeurs en tant que finales en 
gC ou gématrie « lourde » (c'est-à-dire qui 
« glorifie »), soit avec le noûn valant 700 et le kaph 
500 J'obtiens ce résultat, à l'égard duquel l'on 
pourrait être réservé, mais que je ne conseille pas 

154 



moins d'observer et de garder en mémoire avec 
rigueur, tant il offrira de raccourcis vifs tel l'éclair et 
riches de sens : 

Car ces kabbalistes peuvent procéder ainsi, 
dérogeant au formel de la règle établie. 
D'ailleurs, a-t-on déjà vu une règle sans 
exception, et de même que le texte biblique 
n'entre pas dans la rigidité d'une grammaire 
rédigée bien après lui, pourquoi donc n'en serait- 
il pas de même, parfois, pour les procédés 
kabbalistiques ? L'essentiel est de bien saisir que 
cette alchimie verbale est toujours, en tout point 
de son cheminement logique, guidée par la 
pensée, gématrie d'une notarique de termes, 
lettre en milieu de mot considérée selon sa 
valeur finale, pouvant dans de rares cas, comme 
ici, devenir recevables dans la mesure où ils 
servent l'accomplissement du texte et sont des 
surdéterminations d'un résultat pouvant se 
légitimer autrement, en ayant le libre usage de la 
vaste palette du midrash. Nous supposons que 
c'est bien le cas ici, avec ce jalon de la puissante 
élaboration du messianisme infini, 

l'accomplissement des écritures dont parle le 
Christ dans l'Evangile n'étant autre chose que 
celui du HaTaNaK, celui-ci coïncidant, pour la 
plus grande gloire du Verbe, avec la Révélation 
du nom du Messie, à savoir Jésus-Iéshoû'a. 
Rappelons enfin que, « normalement », les cinq 
finales kaph, mem, noûn, phé et tsadé, s'ajoutent 
aux vingt-deux lettres et prennent les valeurs 23 
à 27 par rangs et les centaines de 500 à 900 en 
classique. Le procédé était sans doute connu des 
auteurs pharisiens et nazoréens qui ne 
manquèrent pas de remarquer, pour livrer un 
exemple, que HtThN, le fiancé, a pour gR et gC 
55/11(0)8, soit le duo 28/55 des gR et gC de 



155 



KLH/kalâh, la fiancée (n'est-ce pas un secret des 
noces ?) ! Ici, nous faisons l'hypothèse que dans 
certains cas, afin d'accroître l'intensité des 
voltiges et d'ouvrir les portails de la découverte, 
ces kabbalistes pouvaient employer une valeur 
finale gC dans un calcul en gR, ce dont nous 
avons croisé par expérience nombre de cas 
intéressants (essayez par exemple avec le mot 
Amen/'MN, en additionnant la gR ainsi obtenue 
à la gC conventionnelle. . .). 

HThNK = 5+22+700+500 = 1227. 
Ce qui ne nous dit rien, et pourtant. . . Si je me 
souviens bien, les pharisiens promettent à leurs justes 
le jardin d'Eden comme 'ôlam haba', ce monde-là 
accessible par la Résurrection à « la fin des temps » et 
déjà par l'étude permanente. Si je me souviens bien 
également, cet accès au 'ôlam haba' se caractérise par 
un festin eschatologique rédempteur, ce dont 
témoignent la Méguillâh d'Esther, la Lettre d'Aristée, 
Hénoch, etc. 

Je vais donc aller voir de ce côté, repartant du son (du 
shôphâr) de la négativité absolue, de l'infinité 
véritable, de la pensée la plus perforante en hébreu, 
celle du sod, malheureusement en partie « oublié » 
passés les premiers siècles par le rabbinisme des 
Amoraïm et de leurs successeurs : 
GNTh 'DN/guinath 'êden (le verger d'Eden, de 
Volupté, son terme secret) a pour gC : 
3+50+400+70+4+700 (avec le noûn final) = 1227, le 
même ! 

Je justifierai plus loin l'emploi de ce guinath qui 
pourrait en surprendre plus d'un. . . 



156 



Pour les pharisiens, l'accès au TaNaK est déjà compris 
comme avènement messianique et celui-ci comme 
équivalent du jardin d'Eden retrouvé s'accomplissant à 
la fin des temps. La Résurrection pharisienne, qui ne 
concerne que les justes (SdDYQYM/tsadiqim), est la 
pensée de cet accès. Pour le dire autrement, ce sont 
ceux qui jouissent d'une telle lecture dans toute son 
extension qui accèdent à cela. Ce qui confirme à 
nouveau combien le Livre est au centre du judaïsme 
antique (et pas seulement antique, bien sûr). 
Ce 1227 n'est pas uniquement cette identité entre le 
TaNaK de conception pharisienne et le verger du 
temps des juvéniles délices, il nous faudra aller voir 
comment cette proposition est lue et accomplie par les 
rédacteurs de la Nouvelle Alliance de Jésus. 
Pour l'heure, je propose une lecture complémentaire 
de ce 1227. 

Comme 12+27 = 39, ce 1227 est aussi bien lisible 
comme le 39, l'un des réseaux gématriques les plus 
serrés et pleins de sens dont j'ai déjà indiqué quelques 
composantes. Rappel : 'RSd, le 'érets, la terre d'Israël, 
les cieux, Le. l'unité de la terre et des cieux ('RSd = 39 
et ShMYM/les cieux, en gC= 390, soit 39, le même !), 
YHWH 'HtD, le dieu est un ou l'Un est le dieu, la 
proposition hébraïque fondamentale de l'unicité du 
dieu (par rapport aux dualismes et polythéismes 
voisins d'Israël ou internes, et vis-à-vis de certains 
gnostiques), c'est aussi HRWHt/1 'Esprit, BN H'DM/le 
fils de l'homme, HShM/le Nom substitut révérenciel 
de YHWH, et encore H'Sd/ha'êts, le bois-1'arbre, 
ThWK/thoûk, le centre (c'est ainsi que l'arbre est le 
centre du verger, celui de la divine création), et je 



157 



rappelle enfin que ce 39 et tout son vaste réseau est 
accompli par la notion d'Apocalypse 
(HNGLH/haniglah) et tout ce qu'elle implique, et ce 
sur quoi cette révélation se fonde. 

On pourrait encore y joindre le fondement secret 
du relèvement du Temple HYKL/heykal 
5x5+10x10+11x11+12x12 = 39(0) = ShMYM 
(les ci eux)... Le relèvement du Temple n'est-il 
pas le but de la Nouvelle Alliance, de même que 
la parousie ? 
Tout cela est déjà riche d'indications, mais voyons 
désormais comment ce 1227 et ce 39 sont lus par les 
nazoréens de Jésus. Sachant cela, nous reprendrons la 
répartition du TaNaK pour en exposer le sens de 
manière plus claire, concise, dégagée, et surtout 
définitive. 

Je viens de l'indiquer, ce 39 est aussi et avant tout pour 
les rédacteurs de la pointe de la Nouvelle Alliance : 
HNGLH/1' Apocalypse, révélation, découverte 
d'oreille, mise à nu, fin de l'Exil tant intérieur 
qu'extérieur, historique que midrashique. 
Les premiers mots de l'Apocalypse, véritable parole 
de feu à triple bouche, se rétrovertissent aisément : 
NGLTh YShW MShYHt/niglath Iéshoû'a 
Masshia(r)h (révélation de Jésus Messie). 
En voici l'incontournable résultat : 
gC=50+3+30+400+10+300+6+70+40+300+10+8 = 
1227 = HThNK, le glorieux TaNaK, la Thora au sens 
large, intégralement accomplie par la Nouvelle 
Alliance de Jésus Iéshoû'a. 

Cette dernière - qui est la première - opère un 
vaste midrash sur « la Thora et les Prophètes et 
les Ecrits », midrash qui sous-tend son écriture 

158 



froide et énergique. Voici rappelés, puisés parmi 
une myriade merveilleuse, quelques-uns des 
éléments que celui-ci subvertit et accomplit : la 
pendaison d'Aman sur fond de salut de 
Mardochée dans le rouleau d'Esther, l'expulsion 
d'Adam et Eve (l'homme séparable de la vie) lue 
à rebours (dieu et son Assemblée), 
l'établissement du Temple eschatologique de la 
fin dEzéchiel, le renouveau de Jérusalem de la 
fin d'Isaïe, le retour depuis lExil de Josué grand 
prêtre, la conquête de la terre promise par Josué 
fils de Noûn, le sacrifice d'Isaac remplacé par 
l'Agneau du dieu, Israël et les Douze renouvelés 
par Jésus et ses Douze, l'histoire de Joseph 
accomplie par celle de Jésus, l'affaire « Myriam- 
Marie », l'aigle de la promesse du Deutéronome 
devenu le sauveur apocalyptique, Jonas 
jaillissant du poisson-Shéol au bout de trois jours 
et se voyant révéler la prophétie de la future 
chute de la Jérusalem terrestre représentée sous 
la figure de l'étrange dépérissement d'un arbre 
(le qiqayôn), et tant d'autres épanouissements 
fournis du buisson luminescent que forme la 
prophétie biblique. Celle-ci s'est ainsi réalisée en 
hébreu, bien avant que le langage de 
l'accomplissement de toute littérature n'invente, 
selon une logique qui lui est propre (dont la 
trinité « analyse, synthèse, déduction » est une 
clé lumineuse du cheminement philosophique) 
où s'enracine et se nourrit tout un massif touffu 
de métaphores, le grand art de distordre, 
d'ironiser et de dépasser l'aspect représentatif 'de 
toutes les prophéties (généralement de toute 
littérature) ; mais, comme tout un chacun n'aura 
pas nécessairement reconnu le livre 
indescriptible et irreprésentable dont je parle, j'y 
puise l'exemple de cet homme qui éclata de rire 



159 



en voyant une figue manger un âne plutôt qu'un 
âne manger une figue, et puis celui de ce coq, 
qui, après avoir fendu avec son bec un 
candélabre en deux, et avoir plongé le regard 
tour à tour dans chacune des parties, se mit enfin 
à prophétiser, en battant ses ailes d'un 
mouvement frénétique, sous les yeux, privés des 
lumières naturelles de l'étonnement, d'un fou 
couronné ; comme chacun sait désormais de quel 
livre et de quel art dans le maniement du « gypse 
littéraire» j'ai ici fait mention, je reprends le 
déroulement instructif du fil d'Ariane de mes 
pensées, nous guidant ainsi dans le bien étrange 
labyrinthe qu'est cet ouvrage. 
L'Apocalypse me fournit immédiatement une autre 
preuve. En effet, comme en écho à ses premières 
paroles, elle recèle en son final d'apothéose une autre 
tournure susceptible d'éveiller notre étonnement. Il 
s'agit de deux paroles se répondant à l'intérieur d'une 
même formule, en Ap. 22, 20 : 

« Celui qui rend témoignage de ces choses dit : Oui, je 
viens bientôt. — Amen ; viens, seigneur Jésus ! » (Je 
souligne.) 

La rétroversion ne se fait pas attendre. 
'BL B'ThY BRG' 'MN B' YHWH YShW7« Oui je 
viens dans l'instant/bientôt Amen viens Seigneur 
Jésus » a ainsi pour gC : 

1 +2+3 0+2+ 1 +400+ 1 0+2+200+3+70+ 1 +40+50+2+ 1 
+10+5+6+5+10+300+6+70 =1227= NGLTh YShW 
MShYHt, la Révélation même. L'exhortation finale 
dite par celui qui témoigne des paroles de l'Apocalypse 
répond en toute logique à son commencement 
foudroyant. 



160 



Je justifie ici brièvement le choix que je fais pour 
le oui qui réconcilie tel que l'Apocalypse en fait 
usage. Ce « oui » de l'Apocalypse est le grec vca. 
Sa rétroversion, d'après le lexique de la Septante, 
me laisse trois choix possibles : soit 'P comme en 
Job 19, 4 ; soit HNH comme en Isaïe 58, 7 ; soit 
encore 'BL en Genèse 17, 9 et 42, 21. Dans les 
deux premiers cas, il s'agit d'un oui banal, alors 
que dans les deux derniers, il en va, 
premièrement du oui de la promesse d'avoir un 
fils pour Sarah (ce fils Isaac étant lu comme le 
Messie, l'agneau du dieu), et deuxièmement du 
oui de la reconnaissance de leur culpabilité par 
les frères de Joseph, oui de théshoûvah qui 
amène la réconciliation des douze frères, c'est-à- 
dire des douze tribus d'Israël. Je n'ai donc aucun 
doute sur ce 'BL qui par ailleurs signifie aussi le 
deuil (= l'Exil dans le code du midrash), ce qui 
fait de ce oui, par jeu dialectique sur les 
contraires, le oui de la fin du deuil (cf. Ap. 21, 
4 : « Il essuiera leurs larmes et la mort ne sera 
plus »), de l'Exil : la Révélation. Ajoutons enfin 
que ce « oui »/'BL est l'anagramme exacte de 
LB(W)', pour venir/qu'il vienne (qu'il vienne !), 
infinitif strict de la racine de Sa venue. 

De par la loi de la liberté, et Cie : 

Autre argument, rassemblant cette fois tant la pointe 

de la science de l'Aleph que celle de 

l'accomplissement du TaNaK : il s'agit de la loi de la 

liberté ou plutôt de la formule « en/par la loi de la 

liberté », elle qui inspira si fort l'héroïsme 

révolutionnaire du jeune Hôlderlin, cette parole 

biblique devenant un titre mémorable sous sa plume de 

génie. 

Elle se trouve en Jacques 2,12 : 

161 



« Ainsi parlez, et ainsi agissez comme devant être 
jugés par la loi de la liberté ». 
Cette rétroversion n'est pas aisée, car au moins trois 
termes se font concurrence pour le mot de liberté 
(comme souvent). Il y a d'abord le biblique HtPShY/ 
(r)hâfshi, lié dans la Thora à la loi jubilaire de 
libération des esclaves comme nous l'avons vu dans 
notre étude sur les Septante. Il y a ensuite deux termes 
plus tardifs : HtWR/(r)hôr et HtRWTh/(r)hiroûth ou 
HtYRWTh/(r)hêroûth. 

C'est un célèbre calembour rabbinique qui va me 
permettre de trancher et de constater ainsi une 
nouvelle fois l'incandescente proximité entre le corpus 
évangélique et la tradition talmudico-midrashique. 
« Et Moïse se tourna, et descendit de la montagne, les 
deux tables du témoignage dans sa main : les tables 
étaient écrites de leurs deux côtés ; elles étaient écrites 
de-ci de-là. 

Et les tables étaient l'ouvrage de Dieu, et l'écriture était 
l'écriture de Dieu (miktav 'elohim), gravée (HtRWTh/ 
(r)haroûth) sur les tables. » (Exode 32, 15 et 16). 
Le mot pour « gravée » est le participe présent de 
HtRTh/(r)hârath qui n'a que ce sens de graver, mais 
qui est le synonyme de HtRSh/(r)hârash, ayant en 
revanche l'éventail de sens suivant : tramer, forger, 
labourer, faire, fabriquer et bien entendu graver ; c'est 
la racine du fameux charpentier ((r)hârâsh, au sens 
d'artisan, forgeron, etc.). Comme le Messie Jésus est 
nommé charpentier (ou son père, lui-même étant « fils 
de charpentier »), nous pouvons dès lors le lire aussi 
(ou son père pas seulement terrestre) comme le dieu 
écrivain, ce dieu caché (au sens de la racine d'Esther). 

162 



Le midrash nous enseigne, d'après la règle du 'al tiqra 
(ne lis pas ceci mais cela), que sous (r)haroûth, il faut 
lire, soit HtRWTh/(r)hiroûth (en n'en changeant que 
l'esprit, la vocalisation du terme biblique), soit 
HtYRWTh/(r)hêroûth (en ajoutant un yôd à ce qui est 
écrit dans la Thora). Les deux proviennent du mot 
HtWR/(r)hôr, délivrance, liberté (c'est aussi ce qui 
troue), mieux connu par un nom célèbre : Ben Hur, le 
fils de la liberté (le compagnon biblique de Moïse et 
d'Aaron). J'opte pour celui des deux vivants vocables 
qui est le plus classique, le plus fréquent, ne changeant 
pas un yôd au mot de la Thora. J'obtiens dès lors 
comme hypothèse pour la loi de la liberté, la formule 
thôrâh (r)hiroûth/ThWRH HtRWTh, laquelle peut à 
son tour se laisser lire comme association de la Thora 
et du participe présent du verbe graver, évoquant cette 
Thora écrite (de Moïse) donnée au Sinaï. Je rappelle 
alors que les deux tables sculptées et gravées par 
Elohim, dont celui-ci fait don à Moïse au Sinaï, ne 
sont pas que le lieu physique de l'inscription des dix 
commandements, mais que le midrash y lit avec raison 
l'ensemble de la Thora, écrite comme orale, manière 
d'affirmer sans conteste que l'ensemble de la Thora au 
sens large est écrite du doigt de dieu (ou inspirée par 
lui), légitime (cf. Exode 24, 12 à aller lire en hébreu, 
pour les curieux). Et la Thora de la liberté de 
s'entendre dès lors, non pas comme un simple décret 
de même nature que celui renversé en son contraire 
par la miraculeuse Esther, mais comme l'ensemble 
accompli de la Thora dont la connaissance donne la 
liberté. 



163 



Je reviens maintenant au contexte de Jacques 2,12 : « 
Ainsi parlez, et ainsi agissez comme devant être jugés 
par la loi de la liberté. ». La partie soulignée devient 
dès lors BThWRH HtRWTh/bathôrâh (r)hiroûth suivie 
du verbe ShPT à l'infinitif (niphal), le verbe cardinal 
du jugement dernier (mishpat). L'expression sous- 
jacente de ce par quoi l'homme d'Israël est jugé 
(gouverné aussi) étant retrouvée et délivrée, je n'ai 
plus qu'à en établir les gématries providentielles : 
BThWRH HtRWTh a pour 
gR=2+22+6+20+5+8+20+6+22 = 111, et pour 
gC=2+400+6+200+5+8+200+6+400 = 1227. 
Ainsi, découvrons-nous non sans délices que 
BThWRH HtRWTh/dans-par (sublime ambiguïté de 
ce bêth/B initial) la Loi de la liberté a pour gR et gC, 
111 et 1227, ce qui conjugue et rassemble la science de 
l'Aleph et le TaNaK accompli, en lien secret avec le 
jugement que l'Apocalypse rendra effectif. Voilà qui 
offre une nouvelle couronne à ce développement. 

Glosant un instant. J'offre à mon lecteur la 
rétroversion complète, simple et laconique, du 
verset où scintille et s'inscrit ce jugement « par la 
Thora de la liberté ». « Ainsi parlez, et ainsi 
agissez comme dans/par la loi de la liberté pour 
être jugés. » redevient alors dans la lumière de 
ses lettres hébraïques primordiales : GM 'MRW 
WGM 'ShW KBThWRH HtRWTh LHShPT 
(KBThWRH/« comme dans la Thora » est une 
condensation de K'ShR BThWRH, de sorte que 
BThWRH HtRWTh/«en et par la Loi de 
liberté » soit bien ici sous entendu par le 
midrash) : gR=3(0)7 ; gC=2386(586). Je trouve 
ainsi un duo cher aux auteurs nazoréens, celui de 
HtKMH/la Sagesse (gR de 37) et de 

164 



Jérusalem/YRWShLM (gC de 586), soit deux 
substituts de l'Assemblée. Ce n'est certes qu'une 
hypothèse, mais tout y concorde à merveille avec 
une cohérence, me semble-t-il convaincante. 
Voici enfin un dernier exemple, évangélique cette fois 
ou plutôt vertigineusement talmudico-évangélique. 
Tâchons de restituer l'ensemble de la sentence de 
Matthieu 5, 37 : 

« Que soit [HYH, impératif ; que la lumière soit!] la 
parole de vous (HDBRKM) : " oui, oui ; non, non 
(H(Y)N H(Y)N LW LW) ; le surplus [YThR/yether, 
le reste cf. Exode 10, 5 - au sens de ce qui reste des 
sacrifices, par exemple -, ou plutôt YThRWN/yithrôn, 
qui a plus spécifiquement le sens de ce qui est ajouté, 
voire d'addition] cela (ZH) (est) du Malin (MN- 
HR')". » 

Sous cette dualité entre d'un côté la parole pleine 
« oui, oui ; non, non » et de l'autre ce qui y est ajouté, 
il s'agit de lire celle des deux penchants, yetser hatôv 
et yetser hara' (comme le confirme la présence du mot 
lui-même), et surtout la rigueur du "ni ajouter ni 
retrancher" à la pureté de ce qui est dit (dans ce 
contexte, c'est ne pas jurer en plus du oui, ou du non, 
cf. glose ci-après où je justifie cette rétroversion). 
On aurait dès lors (le duo HN/LW étant le plus 
fréquent et approprié): 

HN HN LW LW YThRWN ZH MN-HR7hên hên 
leva' leva' yithrôn zeh min-harâ7 « "oui, oui ; non, 
non", le superflu/ce qui vient en plus, cela (est) du 
malin [du yetser hara'] ». 

La gC de la proposition nous assure de sa juste et 
impeccable rétroversion : 



165 



5+50+5+50+30+6+1+30+6+1+10+400+200+6+50+7+ 
5+40+50+5 +200+70 = 1227 = NGLTh YShW 
MShYHt/la Révélation de Jésus-Iéshoû'a Messie, 

que j'identifie, par hypothèse, avec l'un des secrets de 
l'accomplissement du TaNaK 

(HThNK=5+22+700+500), etc. Que votre parole, pure 
de tout jurement, si elle est oui soit oui, si elle est non 
soit non, fondamentalement en accord avec la rigueur 
de l'accomplissement de la Thora, avec la parole du 
Révélé qui est la Révélation même. Ainsi, c'est la règle 
nazoréenne du parachèvement de la Loi qui se cache 
sous ce "oui, oui ; non, non", qui l'eut cru ! 

Côté gématries, la formule HN HN LW LW 
YThRWN ZH MN-HR' a en outre pour gR 228, 
ce qui fait un total gR + gC = 228+1227 = 1455, 
réseau lié au 555 dont nous avons donné 
quelques pistes d'exploration dans notre tome I. 
Mais voici maintenant comment je justifierai, 
généalogiquement, cette rétroversion. Si j'ouvre 
le Talmud, j'y vois se dégager par trois fois le 
double duo « oui, oui ; non, non » en 
Shavoû'ôth 36a, Gittin 70b, Méguillâh 32a. 
Le plus parlant est Shavoû'ôth 36a : « R. Eléazar 
dit : Non est un blasphème ; Oui également. Le 
Non selon ce qui est écrit : "Non, les eaux ne 
formeront plus de déluge" alors qu'il est écrit : 
"Voilà comme les eaux de Noé viennent jusqu'à 
moi ! Parce que j'ai juré [que les eaux de Noé ne 
viendraient plus couvrir la terre . . .]. Mais, 
pareillement Oui est un blasphème, d'où le 
savons-nous ? — Cela se comprend puisque le 
Non est un blasphème. Oui est aussi un 
blasphème. Raba dit : cela convient-il s'il est dit 
Non, non, deux fois ; ou encore Oui, oui, deux 
fois ? Il est écrit : " Et toute chair ne sera plus 

166 



retirée par les eaux du Déluge et aussi : et les 
eaux du Déluge ne se formeront plus. Et puisque 
il en va ainsi de "Non, non", il en va 
inséparablement de même de "Oui, oui" [duo 
HN et LW deux fois, expression la plus 
fréquente].» 

On retrouve un contexte de jurement tournant au 
blasphème, ce qui fait écho au passage précédent 
le « oui, oui ; non, non » de Matthieu puisque ce 
dernier y interdit tout jurement (par le ciel, par la 
terre, par Jérusalem et par un seul cheveu de la 
tête). Le « oui, oui ; non, non » évangélique 
serait ainsi une manière d'affirmer - dire du 
Rabbi Jésus à la sonorité ô combien talmudique 
(n'est-ce pas?) - : que votre oui soit oui, que 
votre non soit non, sans avoir besoin d'y ajouter 
quoi que ce soit (jurer de surplus serait dès lors 
laisser place au yetser hara', puisque jurer sur ce 
qui est saint est devenu blasphème pour les 
nazoréens, jurer en hébreu étant )]2V? dont les 
deux dernières lettres ne sont pas sans faire écho 
au « malin » y*l présent dans cette tournure). Le 
Talmud de A. Cohen entre en résonance avec 
notre propos : « " Le oui du juste est oui ; son 
non est non (Ruth Rabba sur 3, 18). " " Le Saint 
Unique (béni soit-Il!) déteste l'homme qui dit 
une chose en parole et une autre en son cœur 
(Pes. 103b). " » 
Voilà pour le 39 et le 1227 du TaNaK, pharisien dans 
sa conception et nazoréen (de Jésus) dans son refleurir 
véridique. 

Mais revenons aux notions que condense en lui le mot 
HaTaNaK, la Thora au sens large, développé, en le 
passant au subtil tamis des procédés kabbalistiques. 



167 



Nous avions vu l'égalité concrète avec le Messie, et le 

coup de la Révélation et de l'Eden (jouissance) 

éprouvé, mais quoi d'autre ? 

Revenons un peu en arrière, la gC de HaTaNaK est de 

475. 

Preuve : 5+400+50+20 = 475. C'est la gC de 
'ThH/'athâh, maintenant, l'instant « hors 
temps » (grec nuri) ou de son anagramme 
H'Th/ha'êth, le temps (non chronologique), 
l'heure (métaphorique), celle dont parle le Christ 
dans l'Evangile, celle de l'accomplissement (cf. 
« Maintenant ['ThH/'âthah, l'instant où tout 
bascule] est le jugement de ce monde ['ôlam 
hazé], maintenant le prince de ce monde [le 
Satan, ssar ha' ôlam] sera jeté dehors. » (Jean 12, 
31), et juste avant: «Maintenant ('ThH) mon 
âme est troublée, et que dirai -je ? Père, délivre- 
moi de cette heure [probablement H'Th] ; mais 
c'est pour cela que je suis venu à cette heure. » 
(Jean 12, 27), et comme souvent dans le 
Nouveau Testament, il y a présence ici de la 
racine de la parousie - racine bibliquement 
proliférante ! - dans le «je suis venu»/B'ThY, 
etc.) 
De là, j'en déduis la différence des gC et gR du 
HaTaNaK : 475- 52 = 423 = 400+8+10+5 = 
ThHtYH/la Résurrection. Pour les pharisiens, c'est 
la seule Résurrection qu'il y ait, celle de la fin des 
temps et de l'arrivée du Messie (le TaNaK ou plutôt 
celui qui en révèle la lecture, les « secrets » de ce cœur 
qu'est la Thora), celle du rite de la Résurrection des 
morts (ThYHtTh HMThYM/thi(r)ath hamathim). Pour 
les nazoréens, c'est la seconde, l'éternelle 
Résurrection, celle pour laquelle advient l'Agneau du 
dieu, le Fils, Iéshoû'a, lequel revient (fait théshoûvah) 

168 



pour juger les vivants et les morts, les grands et les 
petits. 

J'en viens désormais au plérôme du TaNaK, soit à 
ThW NWN KP dont la gR est de 90 comme 
MLK/melek (gC), le Roi, la royauté, et la gC de 612 
comme BRYTh/1' alliance, qui est aussi la gématrie 
« im hakollel », en gC, de la Thora (cf. justification de 
l'antiquité de ce procédé dans le glossaire) ! La 
somme des gR et gC est de 702=2+700=BN, le Fils, à 
nouveau le Messie ! Ce 612 devient en outre, puisque 
1+2 = 3, le 63 des vieillards/ZQNYM, du prophète 
NBY' et tout ce qui s'en suit que j'ai déjà exposé. 
Me reste encore l'élévation mathématique de ce mot 
central : 

ThNK = 22x22+14x14+11x11= 8(0)1= 81 par 
suppression légitime du zéro. Or, 81 est la gC de 
'NKY/'Anokhi, le Je divin de la sortie d'Egypte, de 
la première des dix paroles {Le. le premier principe de 
l'abondance de Sa parole !), ou encore est-ce la gC de 
KS'/kissê', le trône. 

Ainsi, le (Ha)TaNaK, la Thora au sens large, telle que 
conçue par les pharisiens (et déjà les hommes de la 
grande Assemblée ?), contient en germe et laisse jaillir 
le trésor des notions hébraïques suivantes : le Messie, 
la Révélation, le Jardin d'Eden, la Résurrection, le 
Roi, la royauté, la promesse prophétique, le Je de la 
sortie d'Egypte, le trône, etc. Bref, toute la pointe du 
sens de la pensée hébraïque, aiguisée et brûlante, s'y 
retrouve. 



169 



Je mentionne enfin une thémoûrâh du TaNaK, et de 

taille : la thémoûrâh ab gad, cette thémoûrâh ayant je 
le rappelle le sens secret d'amener la fin, l'union 
eschatologique du haut et du bas. Par ce procédé, 
ThNK devient, selon les logiques de l'hébreu, 
'SL/'assêl (hébreu tardif : chaîne, axe ou pivot. . . soit 
emprunté au grec, soit de la racine SLL, biblique). Ses 
gématries de 28/91 en exhibent le sens secret. En effet, 
ces deux gématries correspondent dans le sod, nombre 
pour nombre, à celles de l'Amen/' MN. Cet Amen 
(voyez aussi ses anagrammes exactes dont 
N'M/nâ'am, parler, racine de la parole de YHWH, son 
oracle) est la racine de la 'émoûnah (la foi) et de 
'émeth (la vérité). 

Dans le TaNaK, Amen est présent à peine plus 
d'une trentaine de fois, une cinquantaine dans la 
Mishnah, ce qui est déjà plus significatif, et, 
chose curieuse, il est présent respectivement 
environ cent cinquante fois et cent quatre-vingt 
fois dans le Talmud Yeroûshalmi et le Talmud 
Babli. Et dans les quelques feuillets du Nouveau 
Testament, si peu volumineux en comparaison 
du Talmud ? Dans environ cent trente versets, 
mais dans plus d'une trentaine il l'est de manière 
redoublée, ce qui porte le nombre à environ 
autant que dans le Talmud, et ce sans même 
avoir compté le continent des apocryphes 
chrétiens ! Que l'Amen ait pu prendre, dans 
certains contextes, le sens de l'avènement du 
TaNaK, accompli avec Jésus Messie, ne serait 
pas pour rien dans cette flagrante disproportion. 
Elle s'expliquerait plus généralement par le fait 
que l'Amen veut dire aussi le oui, le oui à 
l'avènement de la fin (ce qui serait à relier avec 
la lecture talmudique d'Amen comme 'el melek 

170 



ne'eman/dieu roi fidèle-éloquent, autrement dit 
le roi-messie !). Le secret permet encore 
d'affiner la chose. En effet, l'évangile de Jean 
répète à tout va la tournure « en vérité, en 
vérité » (25 fois environ). Ce duo est en grec 
ocuriv a|ir|v, non pas « en vérité, en vérité » au sens 
de Yaléthéïa grecque, encore moins de la veritas 
latine, mais « Amen, Amen » au sens du 
véridique avènement du midrash chrétien ! Si 
cette expression redoublée de l'Amen se trouve 
parfois dans le Midrash, elle abonde dans le 
Nouveau Testament. Exemple : « Jésus répondit : 
En vérité, en vérité [Amen, Amen], je te dis : Si 
quelqu'un n'est né d'eau et de l'Esprit [de la 
Thora et de l'esprit saint au sens de son 
accomplissement nazoréen], il ne peut entrer 
dans le royaume de Dieu. » (Jean 3, 5). Le 
baptême (tevilâh) d'eau et d'esprit pour tout 
fidèle, développant celui de Jésus au Jourdain 
(par lequel celui-ci accède à la terre promise, le 
Royaume, l'Eden), repris par exemple par Paul, 
signifie se plonger (tâval) dans la Thora 
accomplie, celle du Messie. C'est de cette 
nouvelle naissance dont parle Jésus chez Jean en 
la scellant du redoublement « Amen, Amen ». 
Pourquoi ce redoublement ? Le Midrash Tehilim 
à propos de Nombres 5, 22 le révèle : « Amen, 
Amen : 'amen ve'ôlam hazé voû'amen ve'ôlam 
haba'/amen dans-pour le 'ôlam hazé, amen dans- 
pour le 'ôlam haba' » ! Pour l'Evangile, la 
double formule clé signifie que la parole du 
Messie Jésus est le TaNaK accompli recréant 
alchimiquement le ciel et la terre comme dans 
l'Apocalypse (par midrash sur la fin d'Isaïe), 
transfigurant ainsi le 'ôlam hazé en le recréant 
tout en y amenant le 'ôlam haba', de sorte à 
supprimer, conserver dans cette suppression et 



171 



dépasser de concert cette différence entre les 
deux mondes-durées dans le règne messianique 
(comme l'exige le souhait « que ton règne 
vienne [B', verbe de la parousie] » du «Notre 
père»/'âvinoû, non pas pater noster...). La 
formule, rare en dehors du midrash chrétien, 
donc particulièrement savoureuse et significative 
pour nous, apparaît pour la première fois en 
Nombres 5, 22 (lisez 522), comme clé du rituel 
de la femme sôtâh (la femme adultère de 
l'Evangile, sôtâh ayant pour sens « manquer de 
foi » !) : « et ces eaux qui apportent la 
malédiction entreront dans tes entrailles pour te 
faire enfler le ventre et pour faire dessécher ta 
hanche. Et la femme dira : Amen ! amen ! [parce 
qu'elle sait, étant innocente, que les eaux de la 
malédiction l'épargneront] » (Nombres 5, 22 ; 
seule occurrence de ce duo dans toute la Thora ; 
preuve, s'il en était encore besoin, du soin 
extrême avec lequel les nazoréens ont 
patiemment scruté celle-ci). La femme ? 
Hébreu : nt^Nn/hâ'ishâh, le nom de la femme 
d'Adam, la chair de sa chair, l'Assemblée 
d'Israël ! Quand on sait que l'envoi en Exil de 
l'Assemblée est signifié dans le code du midrash 
par l'adultère ou la prostitution, on en déduit que 
les évangélistes lisent dans « Amen, Amen » le 
retour, la théshoûvah triomphale avec le Messie 
(annoncée par tous les Prophètes). La parabole 
de la femme adultère n'en prend que plus de 
relief. Le sceau de la gématrie vient confirmer 
cette lecture : 'MN 'MN a en effet pour gR 56, 
qui est la gC de YWM/yôm, le Jour, le jour de 
YHWH, la fin des temps. Quant au dépassement 
de l'opposition entre 'ôlam haba' et 'ôlam hazé 
par l'avènement du Royaume, quelques perles 
pourront satisfaire le désir du lecteur. H'WLM 



172 



HB'+H'WLM HZH a pour gR 129, la gC de 
H'DN, l'Eden ; H'WLM a pour gR 52 comme le 
Messie, ce qui explique que le 'ôlam haba' soit 
lu comme « le Messie vient (inaccompli) », 
comme parousie ; H'WLM a pour plérôme HH 
'YN WW LMD MM de gR et gC 117/3(0)6, ce 
qui veut dire que l'accomplissement du 'ôlam, 
de la durée cyclique et cosmique du monde est 
lié au duo 27/36, celui de l'amour/HtSD et de la 
vérité/'MTh, le duo signifiant que par sa venue, 
Jésus Iéshoû'a Messie accomplit la Thora de 
Moïse ; enfin, si le souffle ne nous manque pas, 
nous pouvons établir le plérôme des deux 
'ôlamim comme HH 'YN WW LMD MM HH 
BYTh 'LP HH 'YN WW LMD MM HH ZYN 
HH et inscrire sa gC de 1232 en remarquant que 
c'est le résultat du plérôme élevé de l'échelle qui 
relie les ci eux et la terre en Genèse 28, 12, le 
(H)SLM/(ha)soulam cet hapax du TaNaK 
(comme le buisson ardent. . .). En effet, HSLM se 
développe en HH SMK LMD MM, soit en 
élevant au carré lettre à lettre : 
5x5+5x5+15x15+13x13+11x11+12x12+13x13 
+4x4+13x13+13x13 

25+25+225+169+121+144+169+16+169+169 = 
1232. Et l'échelle, dont tout kabbaliste se doit 
d'être le maître honorable, est bien cette unité 
vive entre les deux mondes. Repérons que pour 
la Nouvelle Alliance, elle qui nous occupe, le 
1232 est 1227+5, soit HNGLTh YShW' 
MShYHt/la Révélation de Jésus Iéshoû'a 
Messie, avec l'article, un hé de souffle cette fois. 
Je termine en mentionnant Ephésiens 1, 21, me 
prouvant que les rédacteurs néotestamentaires 
connaissaient - tout autant que leurs adversaires 
- cette différence des deux « mondes » : « au- 
dessus de toute principauté, et autorité, et 



173 



puissance, et domination, et de tout nom qui se 
nomme, non seulement dans le monde celui-ci 
('ôlam hazé), mais aussi dans celui qui vient 
(haba'). » 
C'est le petit mot qui conclut les prières, prononcé 
encore aujourd'hui à longueur de dimanche et de 
samedi, sans que plus personne, a priori, ne sache son 
sens premier, ésotérique. En tout cas, nous 
découvrons, amusés et étonnés à la fois, que via ses 
gématries et cette thémoûrâh ab gad, cet Amen est lié 
au cœur de la fidélité hébraïque, au TaNaK, à la Thora 
au sens large. Je prononce « Amen » et le TaNaK est 
accompli au ciel comme sur la terre. Son Nom est 
sanctifié, son règne est advenu, sa volonté est faite. 
C'est-à-dire que s'en est fait de toute volonté finie, 
séparée, empêchée et empêtrée, ne s' élevant pas vers 
la puissance rayonnante du Verbe, sa vie, pour devenir, 
par-delà toute volonté, la volonté même de cette vie. 
Pour celui qui dit l'Amen en le sachant, le Nom, la 
royauté et le désir, qui se parfont et s'accomplissent 
réciproquement, forment un même trèfle, une même 
unité fleurissante qui n'est autre, fleurie dans le grand 
champ élyséen du divin, que le sens même de son 
existence, renée en dieu, devenue absolue. Ne 
sommes-nous pas les lys de Son vouloir au milieu des 
chardons de ce monde ? 

Quant aux subtilités de l'Amen, voilà ce que devraient 
savoir, en s 'élevant à la science de l'Aleph dans toute 
son extension kabbalistique, les petits et les grands, 
qu'ils soient chrétiens, juifs ou musulmans, et savoir de 
même comment les textes sacrés de leurs religions ont 
un socle commun. Mais ça, pour sûr, on ne leur 

174 



apprend pas à l'école, à l'université, à l'église, à la 
synagogue ou à la mosquée, puisqu'il ne s'y colporte 
que des enseignements séparés. 

Dernière remarque à propos du mot ThNK : l'une de 
ses anagrammes exactes est ThKN/thekan, « rendre 
droit, peser, mesurer, pénétrer, arranger » ; ou en tant 
que substantif « quantité déterminée, mesure ». Quelle 
pénétration pensante, quel arrangement savant, quelle 
mesure méditée ! Le TaNaK est décidément l'un des 
plus splendides habits de lumière dont se soit vêtue la 
Sagesse couronnée. 

Retour sur la formule tripartite et élucidation de celle- 
ci : 

Les jeux de l'amour kabbaliste et des lettres mystiques 
autour de ces trois mots ne manquent pas, car ils 
peuvent varier selon la manière de les écrire, avec 
article ou sans, avec waw ou non. Pour mettre en 
bouche, voici : selon la méthode qui attribue une 
valeur spécifique aux lettres en position (ou plutôt 
graphie) finale, ThWRH+NBY'YM+KThWBYM a 
pour gR = 

22+6+20+5+ 14+2+10+1+1 0+24+ 1 1 +22+6+2+ 1 0+24 
=189 =YWM MShYHt, le Jour du Messie 
(plérôme)., et gC = 

400+6+200+5+50+2+10+1+10+600+20+400+6+2+10 
+600 = 2322, d'où survient, comme 2+3=5, l'auguste 
symbolique du nombre 522, le Royaume du 
dieu/MLKWTh YHWH Ces deux notions, 
avènement messianique et Royaume, sont bien 
entendu à l'épicentre de cette propagation épique du 



175 



Verbe qu'est le Nouveau Testament, sur fond de « Je 
suis venu pour accomplir (LML'/lemalê') ». 
Mais j'en viens à ce qui me semble être le plus secret 
de tous ces jeux possibles, celui qui nous permettra de 
relier élégamment les temps du TaNaK et la demeure 
des justes dévoilée dans son secret. En effet, sans 
considération cette fois-ci pour les lettres finales et 
avec adjonction légitime des articles et waw : 
HThWRH WHNBY' YM WHKThWBYM (la Thora et 
les Prophètes et les Ecrits) a pour gC : 
5+400+6+200+5+6+5+50+2+10+1+10+40+6+5+20 
+400+6+2+10+40 = 1229. 
Rien d'autre que le 1227 de tout à l'heure auquel 
s'adjoint le deux d'un bêth ? 
Ce 1229 correspond, dans le secret, à la formule du 
« verger divin en-par l'Eden-la Volupté », à GNTh 
B'DN, le jardin (guinath) dans l'Eden, ce que je vais 
prendre toute la patience de bien fonder et affermir. Je 
dis « dans le secret », car cette formule est le pendant 
ésotérique de GN B'DN/gan b'êden (le jardin d'Eden), 
qui pour sa part figure en belle place dès le récit- 
chiffrage de la Genèse. En effet, son unique 
occurrence dans le TaNaK sous cette forme est : « Et 
l'Éternel Dieu planta un jardin en Eden (GN B'DN), 
du côté de l'Orient, et il y plaça (vayâssem) l'homme 
qu'il avait formé. » (Genèse 2, 8). 
Tout Juste est pareillement placé dans le paradis au 
moment de la Résurrection. 

Par exemple dans Vie d'Adam et Eve, ces 
derniers sont ressuscites les premiers et placés à 
nouveau dans le jardin dont ils avaient été 
expulsés ; ou dans la Dormition de Marie, cette 
dernière est placée dans le jardin, sous l'ombre 

176 



bienveillante de l'arbre de vie, obombrée de 
douceurs et auréolée de jouissances sous les ailes 
calmes et silencieuses du Livre vivant, etc. 
On retrouve bien évidemment cette expression dans le 
Talmud pour y désigner la demeure des Justes. 

(r)Haguigah 15a : « Il a créé les justes, et il a 
créé les impies ; il a créé le jardin d'Eden (GN 
'DN), et il a créé Gehinnom (la Géhenne 
GYHNM). Chacun a deux parts, une pour le 
jardin d'Eden et une pour Gehinnom. » La 
différence entre jardin d'Eden et Gehinnom est 
d'ailleurs fondée sur un calembour. Elle est 
abondamment connue des rédacteurs 
néotestamentaires, lesquels ne se privent en rien 
de l'accomplir. Voyez ce verset : « Et ne craignez 
pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent pas 
tuer l'âme ; mais craignez [la crainte de YHWH 
se renouvelle] plutôt celui qui peut détruire et 
l'âme et le corps, dans la Géhenne 
(BGYHNM). » (Matthieu 10, 28). « Ne pas 
pouvant tuer l'âme (!) » serait composé de L 
Y(W)KL + LHRG NPSh (laharôg nephesh/tuer 
l'âme). Ici la nephesh est concrète et désigne 
l'entière ipséité, la vie, le désir, la disposition, 
bien que ces sens ne soient apparemment 
qu'autant de mots piégés. Cette nephesh 
hébraïque serait à rapprocher de son équivalent 
grec chez les présocratiques, avant qu'Aristote 
ne définisse l'âme comme la forme du corps, 
c'est-à-dire du temps où « l'immortalité de 
l'âme » (!) s'entendait encore comme accès de la 
dite âme, de lapsuchè, à l'existant parménidien, 
à l'Un au sens des Eléates, avant que 
« l'immortalité de l'âme » ne prenne son sens 
« socratique » ou plutôt platonicien. Ainsi, c'est 
avec raison que le choix des Hébreux s'est porté 
sur ce mot fondamental des Grecs, la psuchè, 



177 



pour traduire la nephesh, et ce dès la Septante. 
Tuer l'âme s'entend alors comme une privation 
définitive de l'accès à l'Existant, un 
bannissement de l'Assemblée des justes, un 
retranchement des élus de l'Alliance nouvelle et 
éternelle. Pour en revenir à notre tournure, elle 
fait calembour avec la Géhenne, et contient 
HGN/hagan, le jardin, ou le verbe GRSh/gârash, 
chasser, expulser (du jardin d'Eden). «Lui 
pouvant et l'âme et le corps envoyer [racine 
'avad, à la fois envoyer et détruire, racine 
d'Abbadôn/'BDWN, la destruction, nom de 
l'ange qui ouvre le puits de l'abîme d'où 
jaillissent nombre des fléaux de l'Apocalypse 
préparant la seconde mort] dans la Géhenne » 
serait composé de HW' + Y(W)KL L'BD 
(W)BShR (W)NPSh BGYHNM où se laisse 
deviner la notarique initiale 'BN/'even, pierre, 
fondement, et la finale DRSh/dârash, la racine du 
midrash. Ce que l'homme a de plus fondamental 
en lien au dârash (à la pensée) est donc « l'unité 
du corps et de l'âme », de l'ipséité complète de 
son existence (au sens de l'Existant YHWH) et 
de son corps, lequel naît d'être revêtu de dâvâr, 
la parole-chose. Mais « l'unité de l'âme et du 
corps », c'est encore celle de la nephesh et de 
l'Assemblée (bassar qui veut dire aussi parenté 
est une manière de désigner l'Assemblée 
notamment chez Paul où celle-ci est pour 
l'Adam nouveau comme « la chair de sa chair », 
à l'instar d'Eve), si bien qu'il faut aussi entendre 
dans ce qui échappe à la Géhenne, autrement dit 
« et le corps et l'âme », l'accord du juif-hébreu 
et de l'Existant, l'âme et le corps au niveau 
individuel désignant déjà, pour cet individu, s'il 
a part ou non à l'Assemblée des justes. L'hébreu 
enseigne en outre que l'âme-ipséité et le corps- 



178 



parenté-assemblée ne trouvent leur unité 
hébraïque - retenez tous ces volumes de 
théologie poussiéreuse, car je crains qu'ils ne 
s'effondrent... - que dans la kabbale. En effet, 
nephesh a pour gR et gC 52/43(0), tandis que 
bassar s'équivaut au duo 43/5(0)2 selon les 
mêmes procédés, autrement dit la supposée 
« âme » et le supposé « corps », ces 
représentations familières, ont rigoureusement 
les mêmes gématries dans le sod qui les 
rassemble et les vivifie, dans leur unité. Et quelle 
unité ! Car l'une des deux gématries communes 
n'est autre que le 52 du Masshia(r)h, le Messie, 
le Qohéleth eschatologique, celui qui rassemble 
ceux qui le revêtent en une assemblée, « et les 
âmes et les corps », non pas dans la Géhenne 
mais dans le gan 'êden. 

Elle se trouve aussi, plus ou moins implicitement, dans 

les Evangiles, 

Le Seigneur ne ressuscite-t-il pas en un jardin où 
l'accueille l'humble et divine Marie-Miriam, le 
consacrant du titre divin et messianique de 
Rabboûni - ribbôn ha'ôlam(im) désignant le 
Maître du (ou des) monde(s), de sa (ou leur) 
création -, la gR de RBWNY étant de 52 ? Et 
notez ce détail : avant sa résurrection (dans 
lEvangile), il est nommé le RBY/rabbi, titre des 
sages docteurs de la terre d'Israël, alors que ce 
n'est qu'une fois ressuscité qu'il laisse ce titre 
d'homme mortel pour son pendant éternel, le 
RBWNY, le titre du dieu créateur incarné 
reconnu par son Assemblée, la Sagesse, la 
Prophétesse (Marie). Ce « mon 

maître »/rabboûni serait à rapprocher également 
de la désignation traditionnelle de Moïse comme 
« Moshè rabbénoû »/MShH RBNW (Moïse 
notre maître), sauf qu'ici c'est celui qui est plus 



179 



grand que Moïse, ou plutôt qui le relève, qui se 
trouve endosser un tel titre. 
bien qu'elle surgisse surtout dans l'Apocalypse, au 
terme de la terrible course du génie de l'eschatologie 
hébraïque. On peut encore la trouver dans de 
nombreux apocryphes, comme l'Apocalypse de Paul. 

GNTh B'DN = 3+50+400+2+70+4+700 = 1229, 
en gC avec noûn final. 1229 qui devient pour la 
Nouvelle Alliance la gC de BNGLTh YShW 
MShYHt/vniglath Iéshoû'a masshia(r)h, « en-par 
la Révélation de Jésus Josué Messie ». Être au 
cœur de la Révélation, c'est être dans le jardin 
d'Eden tel que l'Apocalypse l'accomplit en le 
renouvelant, couronne suprême et centre éclairé 
de la toute nouvelle création. 
Encore faut-il le prouver depuis l'intérieur du sens 
révélé à lui-même en montrant avec quel art celui-ci a 
ses racines dans la secrète saveur du texte. 
Voici une présentation claire du verger kabbalistique, 
le guinath : 

« Les procédés de la Kabbale se groupent 
classiquement selon les rubriques suivantes : 
1 GEMATRIE ; 2 NOTARIQUE ; 3 THEMOURA. 
Les premières lettres de chacun de ces mots forment le 
mot de GuiNaTh (jardin). » (Paul Vulliaud, La 
Kabbale juive) 

Voyons maintenant comment il se déploie en tant que 
verger du sod où le saint TaNaK trouve à se rejouer, à 
se parfaire. Les trois procédés du verger de dâvâr 
s'écrivent respectivement GYMTRY' (40 occurrences 
dans le Talmud contre 8 pour l'autre graphie 
éventuelle GMTRY') pour gématrie, NWTRYQWN 
pour notarique, et bien entendu ThMWRH pour 
thémoûrâh. Ces procédés figurent explicitement en 

180 



tant que règles herméneutiques dans une tosephta 
tardive consacrée aux trente-deux règles de Rabbi 
Josué le galiléen dont « la liste apparaît pour la 
première fois dans un texte du X e siècle qui a pour 
auteur Abou Walid ibn Janah » comme le souligne M.- 
A. Ouaknin dans Le Livre brûlé. On les trouve encore 
dans un chapitre intitulé « les trente-deux middoth de 
la haggadah » dans le recueil tardif Otsar 
hamidrashim (le grenier-trésor à midrashim !). On 
trouve toutefois les trois mots employés dans ce sens, 
couramment, dans les midrashim anciens (Midrash 
Rabbah. . .) et le Talmud. Ces trois mots pour gématrie, 
notarique et thémoûrâh possèdent deux notariques qui 
relèvent le sens de leur unité paradisiaque, une initiale 
et une finale. Par notarique initiale, je lis le 
GNTh/guinath, le jardin ; tandis que par notarique 
finale, c'est 'NH/'ânâh qui advient. Ce dernier ayant 
pour sens oppresser, gémir (dans l'éternelle peine), j'en 
déduis que ces deux notariques correspondent aux 
deux sens des rétributions (hapoûr'anoûth), du 
jugement (din ou mishpat) final, l'envoi à la seconde 
mort (pour les nazoréens), 

Dans l'Apocalypse de Jean, le jugement se solde 
soit par l'envoi dans l'étrange étang de feu et de 
soufre (cf. Ap. 20, 14), soit par l'élection au sein 
de la Jérusalem nouvelle. Dans les deux cas, il y 
a correspondance avec le commencement de la 
nouvelle création. En effet, dans l'étang de feu et 
de soufre (duo provenant du jugement de 
Sodome et Gomorrhe dans la Thora), c'est BGM 
'Sh WGPRYTh/vgam 'êsh vgâphrith, qui 
contient en toutes lettres le mot 
BR'ShYTh/brêshith/«à partir du rêshith », ici 
hors de la Création nouvelle et éternelle pour la 

181 



mort éternelle. De même, comme nous l'avons 
déjà indiqué, la Jérusalem nouvelle 
(YRWShLYM HtDShH) est-elle un équivalent 
rigoureux de BR'ShYTh/d'en-tête (par leur gC 
commune de 913) ; être accueilli dans son sein 
prend dès lors le sens d'entrée dans la Création 
nouvelle et éternelle, pour la vie éternelle (dès 
cette vie !). Ainsi, Genèse 1, 1 est-il enfin lu 
comme « La Jérusalem nouvelle "créa" 
Elohim », Jérusalem en faisant théshoûvah a fait 
retour au Jour Un de la Création, à son état 
accompli avant l'inaccompli qui entre en scène 
dès le troisième verset. Plus généralement, 
l'Apocalypse est massivement irriguée 
d'équivalents de brêshith, soit par gématries, soit 
par jeu de mot, soit les deux ; j'en donne un autre 
de chaque type : les sept églises sont ShB' 
QHLWTh/shva' quéhilôth de gC 913, tandis que 
le puits de l'abîme B'R ShHtT/b'êr sha(r)hat - 
Apocalypse 9, 2, calque de Psaumes 55, 23 - est 
un calembour évident de BR'ShYTh/brêshith, 
ayant de surcroît les deux mêmes gR et gC que 
R'ShYTh (74/911). 

ou bien l'accès au verger des élus sous l'aura 
archangélique du Verbe. 

Il y a aussi, pour chacun des trois termes, des racines 
discernables qui en éclairent le sens. 
Ainsi de MTR/mâtâr, pleuvoir, laisser pleuvoir (l'une 
des racines possibles de Métatron) dans gématrie, 
notion essentielle à la révélation en lien à la rosée et à 
la manne (au trésor du dieu qui est dans les cieux et 
dont nous pouvons dire, métaphoriquement, que la 
pluie nous abreuve). Ainsi de NTR/nâtar ou ntâr, 
garder, observer (lié à la racine NSdR/nâtsar des 
nazoréens), lisible dans notarique, ainsi que l'est 

182 



QWN/qin ou qoûn, arranger, planifier. On peut encore 
y deviner la notion de tiqqoûn/(Th)YQWN, réparation, 
retour. 

Enfin, en ce qui concerne la thémoûrâh, nous en 
retrouvons la racine directement en hébreu, c'est 
MWR/moûr, échanger, substituer. Ce verbe a encore 
un sens de Rédemption, voyez sa place dans l'échange 
de sandale au cœur de la loi du lévirat chez Ruth, ou 
même dès le Deutéronome, et jusque chez Jean- 
Baptiste ne se jugeant pas digne de délier la sandale de 
son Rédempteur. La thémoûrâh désigne en premier 
lieu l'échange des animaux sacrés lors des sacrifices. 

Sens codé du guinath : 

C'est l'Aleph, cette reine des lettres, condensant leurs 

secrets, qui va me dévoiler le sens le plus intérieur de 

ce guinath. 

En effet, Aleph a pour valeur secrète 1000 (ce qui 

repose sur le sens de 'LP lu 'eleph, le mille des mille 

ans qui sont comme le Jour de l'Un). 

L'Aleph, contrairement aux cinq lettres dites 
« finales » n'a pas de forme finale, sa valeur 
secrète de 1000 n'est donc pas liée à sa position 
finale - même s'il se trouve ici dans une telle 
position. 

Alors, si je récapitule mes trois procédés, et si j'en 
établis la somme en gR, j'obtiens : 
GYMTRY' NWTRYQWN ThMWRH = 
3+10+13+9+20+10+1000+14+6+9+20+10+19+6+14+ 
22+13+6+20+5 = 1229 = GNTh B'DN, la formule 
secrète du jardin d'Eden de la Genèse, lisant 
l'ésotérique GNTh (gématria, notarikôn, thémoûrâh) 
en lieu et place de l'exotérique GN (gan). 

183 



C'est le même 1229 que nous venons de mettre à nu, 
tout à la fois comme sens secret de la tripartition des 
vingt-quatre livres saints, HThWRH WHNBY'YM 
WHKThWBYM /« la Thora et les Prophètes et les 
Ecrits », et comme BNGLTh YShW 
MShYHt/« dans, par la Révélation de Jésus », dans 
l'Apocalypse. 

On peut d'ailleurs remarquer ici que révélation 
de/NGLTh (niglath) est l'anagramme exacte de 
LGNTh/« pour, vers le guinath, le verger- 
paradis ». Plus généralement, il nous faut 
remarquer l'insistance de la langue apocalyptique 
sur cette notion de verger. Exemple : sous le 
célèbre « Voici, Je viens [il s'agit bien d'un 
accompli en hébreu] comme un voleur » 
(Apocalypse 16, 15), se cache l'hébreu HNNY 
B'ThYKGNB/hineni bâ'thi kaganâv (cf. Joël 2, 9 
; et surtout Gen. 6, 17 : « Et moi, voici, je fais 
venir le déluge d'eaux sur la terre »). La tournure 
sémitique retrouvée laisse sourdre, telle la 
foudre, la formule BGNTh/bguinath, dans le 
verger (d'Eden). La suite du même verset ne 
laisse pas l'ombre d'un doute quant à 
l'inséparabilité de Son avènement et de la 
restauration du jardin d'Eden: «Bienheureux 
['ashrêy de gR 52] celui qui veille et qui garde 
[NSdR, racine des nôtsrim, gR 52] ses 
vêtements, afin qu'il ne marche pas nu et qu'on 
ne voie pas sa honte. » Ce qui devrait vous 
rappeler Adam dans le verger d'Eden avant son 
expulsion... tout juste nazoréen-conservateur est 
un Adam nouveau, et pour cette raison 
bienheureux. D'ailleurs, que pourrait bien être 
Sa parousie si elle n'était l'avènement du 
paradis ? 



184 



Mais cette dernière indication demande encore un tour 
(et même deux ! ) de plus pour être exactement 
prouvée. Le lien substantiel entre le TaNaK et ce 
verger divin peut se lire, avec de bons yeux de 
kabbaliste il est vrai, en plusieurs occurrences 
centrales de la Méguillâh d'Esther ('SThR). De même 
que le Tétragramme y est présent par quatre fois, 
encrypté par notarique, de même serait-il volontaire de 
la part des rédacteurs de la Méguillâh que soit présent 
par notarique, par cinq fois comme les cinq rouleaux 
de la Thora, le lumineux TaNaK. En effet, lisant très 
attentivement ce rouleau, j 'y ai relevé ces cinq cas 
fascinants. 

En effet, Esther 1,5 : « Et quand ces jours furent 
accomplis, le roi fit à tout le peuple (lkâl-hâ'âm/LKL- 
H'M) qui se trouvait à Suse, la capitale, depuis le 
grand jusqu'au petit, un festin de sept jours, dans la 
cour du jardin du palais du roi. » (Je souligne.) 
Esther est toute enrubannée et parée de vêtements - 
comme la Thora -, afin que son secret soit réservé aux 
sages et impénétrable à l'ordinaire et banale folie de ce 
monde. Ici, le mot pour « le peuple » est le même à 
charge de nommer Israël dans la Thora (par exemple 
lors du don de la Loi au Sinaï). Le festin de sept jours 
est celui de la Création. Le roi qui le donne à tous, 
derrière le nom d'Assuérus et cette apparence de roi 
païen, est le dieu d'Israël qui avance masqué. C'est 
pourquoi on le trouve au treizième verset de ce même 
chapitre premier, s' adressant à ses sept sages 
(hakamim), qui, bien qu'ayant l'air de n'être que de 
simples astronomes, sous leurs oripeaux de peu de 



185 



mine, sont en fait les sept archanges, nommés ShB'H 
ShRY/shiv'ah shârêy par le texte (au verset 14) ! 
Je reprends et dévoile la formule annotée: « un festin 
de sept jours, dans la cour du jardin du palais du 
roi ». C'est bien ainsi que nous est annoncé le lieu du 
second des sept festins (singulier mishthêh) rythmant 
la Méguillâh. 

Et il y a bien sept festins au cours sinueux et 
secret de la Méguillâh, sept du comble : Esther 1, 
3 présente le festin d' Assuérus à tous ses princes 
et serviteurs, festin qui dure 180 jours (!) ; 1, 5 
voit le début du festin pour le peuple - celui qui 
nous occupe ici - ; en 1, 9, c'est celui pour les 
femmes, organisé par Vashti ; en 2, 18, c'est le 
banquet en l'honneur d'Esther, il est nommé 
mishthêh esthêr, expression qui peut aussi se lire 
«le festin je le garde secret» à l'inaccompli, 
sachant que celle qu'Esther remplace à savoir 
Vashti/WShThY se lit comme un waw + ShThY 
« action de boire », de même racine que le 
festin... ; au chapitre 5 et à sa suite, entre en 
scène le festin pour Haman préparé par Esther où 
scintille par trois fois la fameuse formule 
«jusqu'à la moitié du royaume » reprise en son 
cœur par le midrash évangélique ; en 8, 17, c'est 
l'agape générale pour les Juifs, dans les 127 (?) 
provinces du royaume, suite au décret de 
Mardochée, décret, DTh, qui peut être lu comme 
le din du jugement eschatologique ; enfin, en 9, 
17, une fois le décret exécuté par les Juifs et une 
fois pendus les dix fils d'Haman en plus de 
celui-ci, c'est l'institution du festin du 14 Adar, 
le festin de Pourim et son carnaval, le septième 
de la Méguillâh, festin qui est bien le lieu du 
comble, de l'inversion, de l'indistinction, etc. 



186 



Bien évidemment, ce n'est qu'en son hébreu de vif 
argent que le texte parle : 

MShThH ShB'Th YMYM BHtSdR GNTh BYThN 
HMLK/mishthêh shiva'th yâmim ba(r)hatsar guinath 
bithan hamelek. Ici figurent ensemble le guinath 
(GNTh), le TaNaK et le Messie (MShYHt, lu par 
notarique initiale en exceptant le B devant HtSdR qui 
n'est qu'une préposition, « dans, par »), le verger 
kabbalistique, le Messie et le Livre, ce dernier 
apparaissant par notarique finale des trois derniers 
mots : ThNK ! 

Je vois aussi que ces trois derniers mots s'ornent 
d'une notarique initiale complémentaire : 
GBH/gôvâh, hauteur, sublimité. Je signale 
encore que, dans cette notarique, voulue des 
rédacteurs de la Méguillâh, le noûn et le kaph 
sont en position finale (de valeurs « lourdes » en 
gC), ce qui tendrait à légitimer davantage le 
calcul de la gématrie de HaTaNaK obtenue plus 
haut, l'identifiant au jardin du sod édénique et à 
la Révélation de Jésus Messie, alias Iéshoû'a 
Masshia(r)h, via le nombre 1227 (39). 

Pour renchérir un peu, je constate au passage que dans 
le palais royal/BYThN HMLK, le lieu du jardin, du 
guinath d'Esther (verger du dévoilement du secret) se 
laisse lire d'emblée le duo royal HtThN + KLH, le 
fiancé et la fiancée, le dieu et son Assemblée, à une 
lettre près ! 

Mais, fouillons ce passage, exhibons les gématries par 
« im kollel » de l'ensemble des dix lettres de GNTh 
BYThN HMLK : 

gR = 3+14+22+2+10+22+14+5+13+12+11 = 128, soit 
en ajoutant 1 pour le kollel, 129=H'DN, P'êden, la 
volupté qu'insuffle la science des écritures ; 

187 



gC = 3+50+400+2+10+400+50+5+40+30+20 = 1010, 

soit 1(0)11='LP, l'Aleph et sa science, résultat d'une 

pareille opulence. 

Je puis encore laisser se manifester le plérôme de 

l'expression, obtenant GYML NWN ThW BYTh 

YWD ThW NWN HH MM LMD KP ; 

gR=3+ 1 0+13+12+1 4+6+ 1 4+22+6+2+ 1 0+22+ 1 0+6+4 

+22+6+14+6+14+5+5 +13+13+12+13+4+11+17 = 

3(0)9, soit 39, par suppression légitime du zéro ; 

gC=3+10+40+30+50+6+50+400+6+2+10+400+10+6 

+4+400+6+50+6+50+5+5+40+40 

+30+40+4+20+80= 18(0)3, soit 183. 

Or, 1+8 = 9, ce qui nous donne 93. 

J'obtiens donc comme résultat de ce plérôme (cette 

abondance du plein savoir lire) le duo 39/93, 

HNGLH/haniglah, la révélation, l'apocalypse, la 

mise à nu, la découverte d'oreille. Ce jardin n'est-il 

pas royal ? 

Que se trouvent ainsi liés, dès l'entrée du rouleau 

d'Esther, au cœur du second des sept festins qui en 

rythment l'action, le guinath (le paradis des Hébreux) 

et le nom attribué aux vingt-quatre rouleaux de 

l'ensemble pharisien de ce que les nazoréens 

appelleront l'Ancienne Alliance par rapport à la leur, 

n'est en aucune manière l'œuvre d'un simple concours 

de circonstances. 

L'insistance de l'Evangile à se fonder par 
midrash sur la Méguillâh d'Esther ne l'est pas 
non plus, faudrait-il ajouter. En effet, l'Evangile, 
tout comme la Méguillâh, est ponctué par des 
festins, le Christ est suspendu au bois par 
midrash sur le sort d'Haman, etc. Cette 
persistance du midrash chrétien à s'écrire en lien 

188 



à Esther signe sa visée essentielle, qui est 
d'accomplir le TaNaK dont la Méguillâh garde le 
secret du jardin (le jardin du secret). 
En revanche, qu'il s'agisse d'un miracle issu de la 
main de l'esprit saint animant le clavecin des lettres 
des vingt-quatre livres parce qu'il en est l'auteur 
véridique, certainement ! Voici les quatre autres 
occurrences où figure le TaNaK, par notarique (ou 
rétrograde), à chaque fois avec un sens très 
relevé (comme pour celles de YHWH), chacun pourra 
se distraire à aller y jeter des coups d'œil plus 
kabbalistiques comme je l'ai fait sur le premier 
exemple : « Et Haman dit au roi Assuérus : Il y a un 
peuple dispersé et répandu parmi les peuples, dans 
toutes les provinces de ton royaume, et leurs lois sont 
différentes [de celles] de tous les peuples 
[(W)DThYHM ShNWTh MKL-'M/vdâthêhem shnôth 
mikâl-'âm, ces lois différentes, la notarique l'annonce 
de but en blanc, c'est le TaNaK !] ; ils ne pratiquent 
pas les lois du roi, et il ne convient pas au roi de les 
laisser faire. » (Esther 3,8); 

Ici, « leurs décrets » ou « lois », 
DThYHM/dâthâhem a pour gR 

54=BRYTh/l' Alliance, et gR+gC = 513 = 
HtThN+KLH, l'union mystique au cœur de la 
Loi . . . 
« Et le roi lui dit : Que veux-tu, reine Esther et quelle 
est ta requête ? [Quand ce serait] jusqu'à la moitié du 
royaume, elle te sera donnée [HtSdY HMLKWTh 
WYNThN LK/hatsêy hamalkoûth vyinâthên lâk, mais 
que peut-elle bien vouloir, qui ait quelque rapport avec 
le Salut des juifs-hébreux et qui soit autrement 



189 



essentiel que tous les royaumes terrestres qui 
pourraient être dépeints et imaginés ?] » (Esther 5,3); 
« Et Haman raconta à Zéresh, sa femme, et à tous ses 
amis, tout ce qui lui était arrivé. Et ses sages et Zéresh, 
sa femme, lui dirent : " Si Mardochée devant lequel tu 
as commencé de tomber est de la race des Juifs, tu ne 
l'emporteras pas sur lui, mais tu tomberas 
certainement [KY-NPWL ThPWL/ki-nâphôl thipôl, la 
prophétie de la chute d'Haman, le TaNaK étant lu à 
l'envers] devant lui." » (Esther 6, 13). 
Et enfin : « Et vinrent le roi et Haman pour boire 
[HMLK WHMN LShThWTh/hamelek vhâmân 
lishthôth, le début de la réalisation de cette prophétie 
de la chute d'Haman dont le contrepoids n'est autre 
que le Salut des Juifs, en TaNaK ; encore une fois, 
notarique rétrograde ! ] avec la reine Esther. » (Esther 

V, 1). 

Je récapitule ces cinq présences du TaNaK, décelées 
par hypothèse dans la Méguillâh : les trois premières 
sont lues dans l'ordre, lors même qu'elles sont 
positives (don au peuple sur fond de festin, spécificité 
des lois juives, comble de la demande d'Esther au 
Roi) ; les deux dernières sont négatives, alors qu'elles 
présentent la prophétie de la chute d'Haman qui n'est 
autre que le renversement, le tournant de l'intrigue, 
l'élévation de Mardochée, et avec lui d'Israël étudiant 
Son TaNaK. Que la première de ces situations 
savamment construites relie le Messie, le TaNaK, le 
jardin (guinath) des procédés fabuleux au cœur d'une 
telle agape de mots, quoi de plus rigoureux pour un 
rouleau qui, de même que les Evangiles, emploie ces 
procédés « à plein seaux » ? 

190 



Mais la différence majeure entre Esther et 
l'Evangile est que si la première laisse le trésor 
ne se manifester que dans son retrait, sous le 
voile du symbolique, le second le déploie en 
plein jour selon sa maxime phare « il n'y a rien 
de caché qui ne soit manifesté ((N)GLH) ». Si la 
première reste dans l'ordre du symbolique - si 
riche qu'il soit -, le second est la Thora 
manifeste, une offenbarung féerique. C'est 
pourquoi son contenu essentiel - qui deviendra 
celui de la foi chrétienne et inséparablement du 
Concept -, à savoir l'unité vivante de l'homme 
et du dieu, a pu se conserver à travers les langues 
tandis qu'Esther, une fois dépouillée de son 
hébreu nourricier, n'est plus lue - en dehors du 
judaïsme - que comme une historiette de bas 
étage, une fable banale qui narrerait - paraît-il - 
les manigances et la vengeance de ces Juifs 
retournant à leur avantage une situation 
malencontreusement défavorable grâce à la 
radieuse beauté de leurs femmes tournant la tête 
des roitelets du paganisme - mais c'est bien sûr ! 
Une dernière remarque justifiera encore cette lecture 
du guinath comme verger du secret des écritures, sans 
doute connu en tant que tel dès la conception 
pharisienne du TaNaK, particulièrement des rédacteurs 
d'Esther. Le mot guinath est l'état construit de 
GNH/guinâh, le féminin de gan. Si le dictionnaire, 
conformément à la tradition, prend bien soin de le 
distinguer de GNH, prononcé ganâh (et non guinâh), 
alors que ces mots ont pourtant le même sens, ce n'est 
pas pour rien. Notre guinâh ne se trouve qu'à l'état 
construit - étant généralement assez rare - dans le 
TaNaK, et par quatre fois (dont trois dans la 
Méguillâh...) : Cantique 6, 11 ; Esther 1,5, 7,7 et 8. 



191 



J'observe alors que ces deux livres font partie des plus 
tardifs des vingt-quatre, et le sont en tout cas 
suffisamment pour que leurs auteurs aient pu connaître 
les emprunts au grec et au latin que sont notarikôn et 
gématria (ou sinon pourquoi donc se seraient-ils mis à 
faire usage de ce féminin à la prononciation singulière, 
et en de telles occurrences, alors que jusque là, le texte 
biblique se passait fort bien de ses services et avait 
l'habitude d'employer - une quarantaine 
d'occurrences - le masculin gan ou - une quinzaine de 
fois - l'autre féminin, prononcé gânâh et non 
guinâh ?). La deuxième mention tirée d'Esther 
n'ajoutant rien à celle que nous venons de sonder, je 
me concentre donc sur celle du Cantique. Le guinath y 
affleure sous la formule « le jardin des noix » : 
« Vers le jardin des noix Je suis descendu [racine 
YRD. . .], pour contempler la vallée verdoyante, pour 
voir si la vigne bourgeonne, si les grenadiers 
s'épanouissent [i.e. si le temps est propice pour l'union 
avec la Shulamite dont le retour - la théshoûvah - sera 
souhaité dès le début du chapitre suivant. . . ]. » 
(Cantique des cantiques 6, 11). 
Hasard si les kabbalistes liront ce jardin des noix 
comme le PaRDèS, le verger de la science des 
écritures avec ses quatre niveaux (le mot noix 'GWZ 
comporte quatre lettres. . .), PaRDèS qui provient 
d'ailleurs de ce même Cantique comme nous l'avons 
déjà goûté ? Eh non, et comme il y aura un traité 
intitulé Pardès Rimonim (de Moshéh Cordovero), il y 
en aura un portant le titre Guinath Egôz (de Yoseph 
Gikatilla) ! 



192 



Ce n'est d'ailleurs que dans le sod que peut 
s'apprécier ce jardin des noix. Ainsi, GNTh 
'GWZ/guinath 'egôz a-t-il pour gR 56, gématrie de 
YWM/le Jour, et pour gC 47(0), celle de 'Th/'êth, le 
temps, l'heure (de Sa venue). Ce jardin où s'unissent 
mystiquement le dieu et sa fiancée, son Assemblée, 
n'indique donc rien d'autre, dans le secret, que le 
temps de l'accomplissement eschatologique. 

La floraison apocalyptique de la Loi : 

Voilà pour le lien vivant (puisque puisé à même la 

bouche d'un texte riche) entre le verger des procédés 

(le guinath) et le TaNaK, et pour la profondeur méditée 

de ce guinath. 

Je passe à l'autre preuve, laquelle va nous obliger à 

rétrovertir, patiemment et scientifiquement, deux 

versets de la fin de lApocalypse de Jean. 

« Moi, je rends témoignage à quiconque entend les 

paroles de la prophétie de ce livre : 

si quelqu'un ajoute à ces choses, Dieu lui ajoutera les 

plaies écrites dans ce livre ; si quelqu'un ôte quelque 

chose des paroles du livre de cette prophétie, Dieu 

ôtera sa part de l'arbre de vie et de la sainte cité, qui 

sont écrits dans ce livre. » (Apocalypse 22, 18 et 19, je 

souligne.) 

Le double principe qui clôt l'Apocalypse de Jean est 

celui du « ni ajouter ni retrancher » issu de la Thora, 

ou encore de Qohéleth. C'est le principe ferme et 

premier de la conservation, de l'observance de la 

Thora, du TaNaK, et de leur contenu. Il est déjà à 

entendre littéralement et allusivement, puis comme 



193 



œuvre de fouillage, de midrash, et enfin, jusque dans 
son secret. 

Voici déjà l'une des provenances du duo ni ajouter/ni 
retrancher : 

« J'ai connu que tout ce que Dieu fait subsiste à 
toujours ; il n'y a rien à y ajouter ('YN LHWSYP/'êyn 
lehôssiph), ni rien à en retrancher ('YN LGRV'êyn 
ligrô'â) ; et Dieu le fait, afin que, devant lui, on 
craigne. » (Ecclésiaste 3, 14). 
Les deux verbes pour ajouter et retrancher seraient 
ainsi HWSYP (hiphil de YSP)/GR'. 
Et voici celle dont la double sentence de l'Apocalypse 
de Jean est davantage encore tant l'actualisation que le 
développement : 

« Toutes les choses que je vous commande, vous 
prendrez garde à les pratiquer. Tu n'y ajouteras rien 
(L'-ThSP/lô' thôssêph), et tu n'en retrancheras (WL'- 
ThGRVvlo' thigrâ') rien. » (Deutéronome 12, 32). 
Dans les deux cas, comme dans l'Apocalypse, nous 
avons le duo YSP ou HWSYP/GR' pour ajouter et 
retrancher. La rétroversion de cette parole à double 
bouche qui clôt, comme une mise en garde sévère, ce 
verger qu'est l'Apocalypse, est pour le moins 
épineuse. Cette parole, une simple traduction invite à 
le constater, condense la pointe brûlante du sens de 
l'observance, de la conservation nazoréenne, tant du 
jardin d'Eden que des commandements, de la Thora ou 
plus généralement du TaNaK. Nous allons donc 
prendre notre temps pour porter au jour son 
intransigeante véracité, aussi tranchante que l'épée à 
double bouche de la vérité victorieuse. 



194 



Déjà, le verbe pour ajouter : est-il HWSYP ou YSP (la 
racine de Joseph) ou autre chose ? 
Le mot grec pour « ajoute » est emen de la racine 
Ti0r||ii dont la rétroversion majoritaire, via le lexique 
de la Septante, est ShWM/shoûm ou ShYM/shim, ce 
qui nous éloigne plus qu'autre chose, vu que le terme 
grec ainsi rétroverti a de très nombreux sens ne 
correspondant pas à la particularité technique du terme 
ici enjeu. Il faut donc procéder autrement, à partir des 
duos ajouter/retrancher du TaNaK dans le sens topique 
ici convié et en lien à la langue des Talmuds (celle de 
la Mishnah, singulièrement proche de la langue de la 
Nouvelle Alliance). Le duo grec 
7upoa08ivai/a(^8?i8iay présent dans l'exemple de 
Qohéleth s'apparente à celui de l'Apocalypse, il en va 
de même pour l'exemple du Deutéronome, je vais 
donc suivre cette voie de rétroversion du duo grec par 
HWS YP/GR' ou YSP/GR' . La formule du 
Deutéronome se trouve une autre fois en ce livre : 
« Vous n'ajouterez rien à la parole (L' ThSPW 'L- 
HDBR/lô' thôssiphoû 'al-hadâvâr) que je vous 
commande, et vous n'en retrancherez rien (WL' 
ThGR' W MMNW/vlô' thigroû mimenoûoû), afin de 
garder les commandements de l'Éternel, votre Dieu, 
que je vous commande. » (Deutéronome 4, 2). 
Le premier verbe, en ce sens, se construit 
généralement avec 'L, le second avec MN, notons déjà 
ce fait. L'emploi au hiphil de YSP/yâssaph, soit 
HWSYP/hôssiph est majoritaire comme me l'indique 
en outre la langue des Talmuds où ce verbe au hiphil 
est présent par au moins cinquante occurrences contre 
quelques-unes pour le qal. 



195 



C'est déjà quelque chose que d'avoir ce duo, mais il 
me faut maintenant indiquer quelques provenances 
midrashiques, lesquelles se trouvent puissamment 
ramassées dans ce verset. 

Par exemple, le fait de subir les plaies inscrites dans le 
Livre provient du Deutéronome : 
« Et la colère de l'Éternel s'est embrasée contre ce 
pays, pour faire venir sur lui toute la malédiction écrite 
dans ce livre. » (Deutéronome 29, 27). 
Cette malédiction renvoie aux plaies d'Egypte, 
lesquelles deviennent par midrash les fléaux de 
l'Apocalypse (et implicitement la plaie ou blessure de 
la première des deux bêtes d'Ap.13). L'expression « 
inscrit (racine KThB) + dans le livre celui-là (BSPR 
HZH/bassêpher hazeh) » présente deux fois ici 
provient de Deutéronome 28,58, ou 29,19, ou encore 
29, 26. Ce à quoi il s'agit d'avoir part et dont on se 
prive en retranchant aux paroles est : d'une part, 
l'arbre de vie dont l'accès est gardé par les chérubins 
depuis la Genèse (« il chassa l'homme, et plaça à 
l'Orient du jardin d'Éden les chérubins et la lame de 
l'épée qui tournait çà et là, pour garder le chemin de 
l'arbre de vie ('Sd-HHtYYM/'êts ha(r)hayim).» 
(Genèse 3, 24)) ; et, d'autre part, la ville sainte qui 
provient d'Isaïe (« Car ils se nomment d'après la ville 
sainte (' YR HQDSh/'ir haqdesh), et s'appuient sur le 
Dieu d'Israël : l'Éternel des armées est son nom. » 
(Isaïe 48, 2)). 

J'indique encore que le dieu, grec 0eoç présent ici par 
deux fois, est Elohim comme partout (ou presque) 
dans l'Apocalypse où figure l'Agneau du dieu/ShH 



196 



H'LHYM/séh ha'elohim ('elohim est le dieu du 

jugement). 

Enfin, il y a ici une formule que je n'ai trouvée dans 

aucun autre midrash : 

« les paroles du livre de la prophétie celle-là », soit 

HDBRY SPR NBW'H HZ'Th qui exhibe une 

notarique initiale : HSNH/hasnêh, le buisson ardent de 

la révélation du Nom/HaSheM à Moïse/Mo ShêH dans 

la Thora. 

Cf. Exode 3, 2 à 4 où ce buisson est présent par 
quatre fois : c'est un signe de YHWH. 
L'une des anagrammes exactes de SNH n'est autre que 
NSH/nassêh, éprouver, tenter (racine de la tentation au 
désert, probablement l'hébreu tardif 
nissayôn/N(Y)SYWN qui veut dire aussi merveille, 
rédemption), épreuve que l'Apocalypse mentionne 
implicitement dans l'expression qui introduit à cette 
double parole que nous rétrovertissons présentement, 
soit dans « Moi je témoigne pour tout écoutant les 
paroles de la prophétie du livre celui-ci », où la 
formule soulignée n'est autre que HDBRY NBW'H 
SPR HZH exhibant la notarique initiale NSH/nassêh, 
la racine de l'épreuve ! 

Voyez l'épreuve de dix jours dont parle 
Apocalypse 2, 10 : «Voici, le diable ['ôyêv 
l'ennemi, plus précisément le Satan] va jeter 
[quelques-uns] d'entre vous en prison, afin que 
vous soyez éprouvés [racine NSH ou SdRH] : et 
vous aurez une épreuve [éventuellement 
nissayôn, ou bien nom construit sur la racine 
SdRH] de dix jours. Sois fidèle jusqu'à la mort et 
je te donnerai la couronne de vie. » (Apocalypse 
2, 10). Ces dix jours sont ceux qui séparent rôsh 
hashanah (l' en-tête de l'année, septembre- 

197 



octobre), le premier du mois de Tishri (ThShRY, 
lu dans brêshith de Gen. 1, 1), du jour de la fête 
de rémission où, une fois toutes les confessions 
remises, le grand prêtre sonne du shôphâr, la 
fameuse trompette de l'Apocalypse (qui vient 
aussi du Sinaï, de la prise de Jéricho et j'en 
passe, et dont la sonnerie est le symbole du 
sacrifice d'Isaac - pour nous l'agneau du 
midrash chrétien). Ce jour se caractérise par une 
prière dont le texte vous rappellera sans conteste 
le contexte de l'Apocalypse et de son jugement 
dernier, cette prière est : « Fais-nous entrer dans 
le Livre de la vie. » Dans l'Apocalypse, il s'agit 
spécifiquement du yôm kippoûr de l'année du 
Jubilé pour d'autres raisons plus eschatologiques 
et liées au jugement final. Mais ce qui m'importe 
ici est de noter la provenance de l'épreuve de dix 
jours dans le livre de Daniel, ce qui permet de 
fortifier l'hypothèse avec calembours autour de 
la racine NSH. En effet, en Daniel 1,12 je lis : 
« De grâce, mets tes serviteurs à l'épreuve 
pendant une dizaine de jours (NS-N' 
'Th-'BDYK YMYM ' ShRH/nass-nâ' 

'êth-'avâdeykâ yâmim 'assârâh)», où l'on 
retrouve la racine de l'épreuve dans NS-N', en 
lien aux dix jours. L'expression figure par trois 
fois dans ce même chapitre de Daniel, là encore 
le dieu fait signe ! Signalons enfin que NSH et 
SNH sont aussi HNS/hanêss, le miracle. 
Fort de ces éléments, je me lance dans la rétroversion 
mot pour mot de la double sentence décisive. 
J'en rappelle encore une fois le sens littéral : 
« Si quelqu'un ajoute sur le cela, ajoutera Dieu sur lui 
les fléaux, les plaies 

De même que les dix dévârim de la Thora 
deviennent les sept dévârim de l'Apocalypse, de 
même les dix plaies d'Egypte de la Thora 

198 



deviennent les « sept plaies les dernières » de 
l'Apocalypse (ce sont aussi les fléaux liés à 
l'Exil d'Israël pour manquement aux paroles de 
la Thora). 
inscrit(e)s dans le Livre celui-ci ; et, si quelqu'un 
retranche aux paroles du livre de la prophétie celle-là, 
retranchera dieu sa part de l'arbre de vie et (de) la ville 
la sainte, les ayant été inscrits sur le Livre celui-ci. » 
Je donne maintenant le grec, puis la rétroversion mot 
pour mot en hébreu en précisant entre parenthèses la 
provenance biblique (ou une similarité mishnique, ou 
encore midrashique) de telle ou telle tournure non sans 
avoir vérifié sa pertinence via les Septante: 
eav tiç £7U0r| e% auxa £7U0r|G£i o 0eoç e% awov xaç 7tÀ,riy 
aç xaç 7£ypa(i(i8vaç ev xco (3i(3?iico xowco kou eav xiç atyek 
n ara» xcov À,oycov xou (3i(3À,iov xn(p 7upo(|yr|xeiaç xawnç a§ 
eÀei o 080 ç xo fiepoç amoi) a7to xot) ^uà.od xnç Çconç Kai 
7to?i8coç xnç ayiaç xœv yeypa|i|ievcov ev xco (3i(3?iico xowco 

Voici l'hébreu dans ses lettres de la rétroversion que je 

propose : 

ntn nsnn nmw nna r>?y dti?k r^nv nt ?y epmn •>a dn 
ip?n ûvtfN ynr nstn n«nj nso nmn p yu '•a n« 
mn naon t^nirn tinpn Ty pi n^nn ^y p 

Ces caractères se translittèrent comme suit : 

'M-MY (cf. Zevachim 32a) HWSYP 'L-ZH ('al-zeh, 

cf. Job 14,3) YWSYP 'LHYM 'LYWMKWTh 

(makhôth, cf. Deut. 28,59) KThWBWTh (notez le 

calembour avec le précédent) BSPR HZH (W) 'M-MY 

GR' MN-HDBRY SPR NBW'H HZ'Th YGR' 

'LHYM HtLQW MN-'Sd HHtYYM (cf. Gen. 3,24) 

WMN-' YR HQDSh (la ville sainte vient d'Isaïe 32,5) 

KThWBYM BSPR HZH. 

J'en établis alors la gématrie par rangs : 

199 



1+13+13+10+5+6+15+10+17+16+12+7+5+10+6+15+ 
10+17+1+12+5+10+13+16+12+10+6+13+11+6+22+1 
1+22+6+2+6+22+2+15+17+20+5+7+5+1+13+13+10 
+3+20+16+13+14+5+4+2+20+10+15+17+20+14+2+6 
+1+5+5+7+1+22+10+3+20+16+1+12+5+10+13+8 
+12+19+6+13+14+16+18+5+8+10+10+13+6+13+14 
+16+10+20+5+19+4+21+11+22+6+2+10+13+2+15 
+17+20+5+7+5 = 1229 = GNTh B'DN, le verger- 
jardin de l'Eden, jouissance-connaissance ultime de 
la science apocalyptique des écritures sacrées, ainsi 
que le TaNaK hébraïque achevé, considéré comme 
jardin « clos » : hathôrâh vehanévi'im vehakéthoûvim. 
C'est le jardin où l'esprit vivifiant se manifeste à la 
fiancée tout en la couronnant. C'est le lieu absolu, 
ombragé et fertile, où les membres 
('SdMYM/'atsâmim) de l'Assemblée nazoréenne, 
jouissent du repos transparent et simple, plongés dans 
l'étude infiniment dionysiaque. Car ils ont su 
s'approprier l'arbre de vie ('êts ha(r)hayim/' Sd 
HHtYYM) en sa vérité, le centre du jardin de l'esprit 
des Hébreux où le veilleur sait qu'il est son propre 
centre en dieu, que dieu est le centre de son intériorité 
manifeste, et qu'en conséquence, plus rien ne saurait 
l'atteindre. 

Ainsi, l'épreuve franchie s'est-elle renversée dans 
l'accès au divin jardin du TaNaK accompli, lui-même 
figuré dans l'Apocalypse par le quorum plein des 
vingt-quatre anciens sur leurs trônes, siégeant auprès 
du bélier digne d'ouvrir le Livre, c'est-à-dire de le lire. 
En ce qui concerne la double sentence placée au 
terme, on peut poursuivre avec sa gC de 6341, 
constater alors que la différence des gC-gR est 
de 5112 qui n'est autre que le 612 de 

200 



BRYTh/bérith (gC)/l' alliance, ou encore le 513 
du fiancé et de la fiancée dont la fin de 
l'Apocalypse célèbre l'union. Et l'on peut même 
proposer une hypothèse complète pour 
l'ensemble des deux versets où figure la sentence 
à double bouche, en l'y réinjectant. Ainsi, « Moi, 
je rends témoignage à quiconque entend les 
paroles de la prophétie de ce livre : si quelqu'un 
ajoute à ces choses, Dieu lui ajoutera les plaies 
écrites dans ce livre/ si quelqu'un ôte quelque 
chose des paroles du livre de cette prophétie, 
Dieu ôtera sa part de l'arbre de vie et de la sainte 
cité, qui sont écrits dans ce livre. » (re)devient en 
hébreu translitéré : H'YDThY *NY LKL-ShM' 
DBRY HNB'WH SPR HZH 'M-MY HWSYP 
'L-ZH YWSYP 'LHYM 'LYW MKWTh 
KThWBWTh BSPR HZH (W) 'M-MY GR' 
MN-HDBRY SPR NBW'H HZ'Th YGR' 
'LHYM HtLQW MN-'Sd HHtYYM WMN-'YR 
HQDSh KThWBYM BSPR HZH. La gématrie 
par rangs, en adjoignant à notre double sentence 
ce qui doit l'être, est de 1544, lequel se ramène 
au réseau essentiel du 644, gématrie de BYWM 
YHWH (2+10+6+600+26=644)/au Jour de 
YHWH, le Jour eschatologique de 
l'accomplissement, chiffre secret que l'on 
rencontre quelque peu fréquemment dans ces 
parages comme en témoigne l'exhortation finale. 
Cette dernière en effet est « La grâce du seigneur 
Jésus Christ (soit) avec tous [les traducteurs 
rajoutent un «les saints» ici, mais le grec est 
formel - et en dessous l'hébreu -, il s'agit de 
tous/KL, seul]. » (Apocalypse 22, 21). Sa 
rétroversion mérite un nouveau détour dans le 
détour : HtSD YHWH YShW 'M KL, amour 
du Seigneur Jésus/Iéshoû'a avec tous (qu'il faut 
entendre aussi comme son anagramme KL 



201 



'M/tout le peuple). J'ai souligné dans cette 
formule HtYY 'WLM/la vie éternelle puisqu'elle 
en résume l'essence (cf. fin de Daniel où elle est 
associée aux justes ressuscites et à l'ouverture du 
Livre scellé pour ce temps de la fin). Enfin, sa 
gC est de 

8+60+4+26+ 1 0+3 00+6+70+70+40+20+3 
644 = BYWM YHWH/beyôm IéHoûWaH (cf. 
Ezéchiel 13, 5, où il s'agit de garder la maison 
d'Israël et de se tenir droit au Jour de YHWH, 
jour de guerre comme dans l'Apocalypse) ! Ce 
644 du Jour eschatologique est bien l'un des 
sceaux incontournables de la fin de 
l'Apocalypse. Plus généralement, il se retrouve 
dans l'ensemble du corpus néotestamentaire, 
puisque évidemment toutes les gématries qui 
flamboient et chantent dans celle-ci jouent 
également dans les autres parties de celui-ci. 
Ainsi, exemple entre mille, si en Luc 1, 19, 
l'ange annonçant à Zacharie que son fils Jean le 
baptiste accomplira la prophétie de la fin de 
Malachie en relevant Elie se présente en disant : 
« C'est Moi Gabriel le se tenant devant dieu », 
c'est notamment parce que cette tournure - qui, 
une fois retournée en son hébreu premier, 
s'écrit : 'NY HW' GBRY'L H'MYD LPNY 
YHWH - a pour gR 212=H'WR/lumière-joie 
divine, et pour gC 644, celui qui nous occupe. La 
lumière de l'accomplissement « au Jour de 
YHWH » est aussi bien celle de la Thora 
évangélique ; concert de joies, explosion de feu 
grégeois, illumination sans fin, elle inonde 
littéralement l'Apocalypse de Jean. 
Voilà établi mon second lien vivant. 
Mais bien entendu, ce n'est pas tout : puisqu'on me 
parle de Jérusalem nouvelle, renouvelée, accomplie, je 
scrute calame en main le plérôme, la plénitude de cette 

202 



Jérusalem descendant comme une bien-aimée parée et 

parfumée. 

Voici : 

YRWShLM a pour plérôme : 

YWD RYSh W ShYN LMD MM (et ce en suivant la 

méthode du plérôme aléphique, selon la science de 

l'Aleph). 

En voici les gématries : 

- par rangs : 

10+6+4+20+10+21+6+1+21+10+14+12+13+4+13+13 
= 178; 

- classique : 

10+6+4+200+10+300+6+1+300+10+50+30+40+4+40 
+40 = 1051. 

Somme des deux qui est la plénitude complète, 
absolue, de Jérusalem : 

178+ 1051 =1229 = GNTh B'DN/guinath b'êden, 
le verger-jardin de l'Eden, jouissance-connaissance 
ultime de la kabbale hébraïque, ainsi que le TaNaK 
hébraïque achevé, haThôrâh vehaNévi'im 
vehaKéthoûvim . 

Un ultime exemple vient clore harmonieusement cette 
suite symphonique. Je le dédie nuitamment à la 
Musemathématiques . 

Ainsi, c'est en Romains 13,10 que Paul énonce la 
parole noble et indestructible « l'amour est le plérôme 
de la Loi ». Une rétroversion en est : 'HBH MLY'Th 
ThWRH/'ahavâh mlêy'âth thôrâh. Nous constatons 
déjà que l'expression est ponctuée musicalement par sa 
notarique initiale 'MTh/'émeth, la vérité de la Thora, 
celle qui libère, à la condition de se mouvoir dans la 



203 



rigueur extrême de son observance, en accord avec 
l'union conséquemment offensive et active de cet 
amour et de la vérité telle que scellée et celée par son 
inconditionnel renouvellement. On retrouve ainsi en 
filigrane le duo (r)hessed et 'émeth (grâce-amour et 
vérité-fidélité), lié à l'accomplissement par le Messie 
d'après les débuts de l'Evangile de Jean. 
Un moyen d'affermir la certitude en cette rétroversion 
- car la plénitude en hébreu biblique peut être 
ML' H/ML' Th sans yod, ou en hébreu tardif un 
masculin (malyâ'/MLY' par exemple) -, est bien 
entendu le recours aux procédés kabbalistiques dont 
nous savons par ailleurs qu'ils sont intensément 
présents chez Paul (comme dans tout le Nouveau 
Testament !). Ainsi, notre tournure sémitique, outre 
une notarique illustre, comprend en tout et pour tout 
treize lettres, ce qui ne serait pas le cas avec l'écriture 
de MLY'H sans son yod. « Et alors ? », me direz- vous. 
Je répondrai que ce treize est le nombre de l'amour 
lui-même, de l'unité, etc., mais surtout que cette 
manière de lire en comptant les lettres est coutumière 
de Paul - et bien avant lui des scribes de la Thora. Je 
le prouve de facto, en puisant dans mes carnets de 
lecture un exemple amusant et enfantin, lequel ravira 
très certainement les cervelles exercées de nombre de 
théologiens dits « chrétiens », pour peu qu'ils daignent 
un instant ne plus se contenter de l'ignorance de 
l'hébreu néotestamentaire de laquelle ils ont été pétris, 
et à leur supposer, ô fort momentanément, l'audace 
honorifique de me lire et de me bien lire. 
Que l'on m'explique donc ICorinthiens 13,13, cette 
base du dogme des « vertus théologales » : 

204 



« Maintenant donc ces trois choses demeurent : la foi, 
l'espérance, l'amour ; mais la plus grande de ces 
choses, c'est l'amour. » 

En hébreu, et cela ne s'avère qu'en hébreu, nous avons 
sous les yeux le trio virtuose : 'MWNH ThQWH 
'HBH/'émoûnah tiqwâh 'ahavâh. Il a pour notarique 
initiale 'Th' qui en araméen signifie « viens! ». On 
trouve ce dernier dans la célèbre expression 
maran 'atha '/« seigneur viens » ; il est l'équivalent de 
l'hébreu bô' que nous connaissons bien. C'est une 
formulation de la parousie, du comble, de Sa venue à 
la fin des temps. Maintenant, si Paul dit que des trois 
c'est l'amour qui est le plus grand (hébreu gadôl, 
précieux), c'est certes parce que des trois c'est celui 
qui est le plérôme de la Thora, mais c'est aussi parce 
que ces trois « vertus » comportent en hébreu 
exactement treize lettres, comme la formule « l'amour 
est le plérôme de la Loi » ! 
Mais il est temps, revenons à notre formulation 
raffinée et osons porter au jour la somme de ses gR et 
gC. 'HBH MLYTh ThWRH/« l'amour est le plérôme 
de la Thora » a ainsi pour gématrie : 
(1+5+2+5+13+12+10+1+22+22+6+20+5) + 
(1+5+2+5+40+30+10+1+400+400+6+200+5) = 124(= 
'DN/'êden, en gC) + 1105 = 1229 ! 

Tout concorde avec maestria chez les divins auteurs de 
la Nouvelle Alliance, quoique, je vous l'accorde, de 
façon très sous-jacente et secrète (c'est-à-dire 
précisément : ésotérique). Concordent ainsi et le 
renouvellement de Jérusalem (cette vigne du Seigneur, 
cette assemblée du Verbe !) ; et le fait que la plénitude 



205 



de la Thora se nomme amour, celui du dieu et de cette 
Jérusalem renouvelée ; et la maturation secrète de la 
trinité du TaNaK ; et le fait que nous soyons enfin 
entrés dans la Révélation du Messie Iéshoû'a ; et 
enfin, pour relever le tout, le sens du verger des 
procédés kabbalistiques des Hébreux de l'antiquité. 
La rigueur nazoréenne n'est pas un vain mot (cf. note 
infrà) ! 

L'aspect « kabbalistique » de cette rigueur n'est 
évidemment pas coupé des multiples lectures 
midrashiques du TaNaK, lesquelles jouissent de venir 
nourrir et abreuver les textes vivants de la Nouvelle 
Alliance. Toutes ces lectures midrashiques sont 
comme autant de fleuves s' écoulant depuis cet Eden 
du secret et y retournant pour couler à nouveau. Il 
n'est pas coupé non plus de la liturgie de ces élus 
lisant les textes sacrés chaque jour, faisant de la 
Révélation qu'octroie le nom de Iéshoû'a comme 
Messie leur pain, leur manne quotidienne savourée 
sous les ailes du Temps. 

Mais, voici posé et déterminé pour nous le rapport 
essentiel entre la Thora au sens large et la demeure des 
justes à la fin des temps, le jardin d'Eden. Soit en 
lisant selon l'angle « pharisien », soit en lisant selon 
celui des rédacteurs des Evangiles et de leur suite 
profonde et colorée. Ces deux tendances sont 
d'ailleurs tout autant proches à l'extrême, qu'opposées 
à l'extrême. 

Une étude détaillée des thèmes et paroles de Jésus et 
d'Hillel, Ishmaël ou Aquiba dans la Mishnah (et 
Talmuds en général) prouverait la proximité quant à 
l'essence même du dire entre Mishnah et Evangile. De 

206 



même, une étude serrée et minutieuse de la polémique 
réciproque entre nazaréens de la Nouvelle Alliance de 
Jésus et auteurs talmudiques opposés à ces nazaréens 
en prouverait la vivace véracité. De telles études sont 
éminemment souhaitables, ainsi que la comparaison 
raisonnée de celles-ci, avec laquelle elles ne 
formeraient en définitive qu'une seule grande étude, 
dont nous pouvons dire que La théurgie de L 'Autre, 
quoiqu'elle soit encore inachevée à l'heure où j'écris 
ces lignes, a d'ores et déjà grandement défriché le 
terrain, mais qui serait plus axée sur la signification 
des dits rabbiniques et évangéliques, pour la plupart si 
soigneusement masqués, que sur l'histoire sous- 
jacente à ceux-ci. 

La métaphore du jardin pour désigner le Livre vivant 
dont nous avons tenté de penser ici l'ultime raison 
kabbalistique (dans l'antiquité) est immanente au 
rythme même de la vie quotidienne, à sa libre liturgie 
« idéale ». Les justes cultivent le jardin du Livre 
chaque jour, c'est là pour eux, comme j'en ai fait 
d'emblée entendre la profonde tonalité, résider dans le 
'ôlam haba' dès cette vie (comme cette pensée 
s'actualise d'elle-même pour nous autres Argonautes 
de la nouvelle science philologique !). Le midrash 
tardif Yalkoûth Behouqotay redonne ses couleurs à 
l'unité du jardin des justes, de l'Eden et de l'étude 
permanente du Livre, voici comment : « [Il est écrit] 
" Je marcherai parmi vous " (Lév 26, 12) - parabole : 
à quoi la chose est-elle comparable ? A un roi qui sort 
se promener avec son jardinier dans son verger, mais 
ce jardinier cherche à se cacher. Le roi lui dit : 



207 



Pourquoi te caches-tu ? Ne suis-je pas semblable à 
toi? 

Cet étrange jardinier ne nous rappelle-t-il pas 
Adam dans l'Eden, Adam dont le 
commandement premier est de garder le jardin ? 
Oui, oui, mais ici à l'envers, pour cause de 
midrash inversif et de fin des temps ! En effet, 
ici Adam ne se cache pas pour cacher sa faute et 
dieu ne l'exclut pas du jardin, mais il se cache 
par pudeur et respect, tandis que le dieu lui 
rappelle qu'ils sont de la même « espèce », que 
cet Adam jardinier du verger du Livre est donc 
homme-dieu, lui-même « incarnation » du dieu 
vivant ! 
De la même façon, le Saint, béni soit-Il, se promènera 
avec les justes dans le 'ôlam haba', dans le jardin 
d'Eden, et, en le voyant, les justes seront tous saisis 
par Sa présence. Mais le Saint, béni soit-Il, leur dira : 
Pourquoi êtes-vous troublés ainsi devant Moi ? Ne 
suis-Je pas de la même espèce (min) que vous ? Puisse 
Ma crainte ne pas être sur vous ! L'Enseignement dit : 
" Pour vous Je serai Dieu, pour Moi vous serez peuple 
" (ibid.) » (672). 

Cette vivifiante unité du dieu et du peuple, 
l'Apocalypse la conçoit au fil de sa gestation 
interne. En effet, pour ses rédacteurs le nom 
nouveau, YHtWH, et le peuple, 'M/'âm, ont 
pour gématrie commune le nombre 29. Ils sont 
donc identiques dans les replis savants de la 
langue ! 
Ce midrash étant tardif, il semble ne plus savoir que le 
'ôlam haba' n'est pas un au-delà, mais bel et bien 
vivace dans le présent éternel de la pensée du Livre 
vivant advenu au ciel et sur la terre, idée concrète dont 
les nazoréens de Jésus ont su laisser vibrer toutes les 

208 



nuances, s'en drapant comme des couleurs fastueuses 
de leur triomphe discret et imparable, tel une botte 
secrète de l'épée à double bouche. 



Quelques clés décisives dans le corpus 
néotestamentaire : 

Il y aurait encore une objection de taille : il me faut 
prouver que le TaNaK (dans une version pré- 
massorétique, encore vierge de cette haie de retouches 
et de signes dont se para la version officielle des 
Massorètes contre l'éventuel retour des lectures 
opérées par le messianisme infini...) est connu des 
auteurs évangéliques et vénéré par eux, non pas 
seulement la dualité Thora/Prophètes qui y est très 
visible car maintes fois répétée. 
C'est « Luc » qui va nous permettre de faire toute la 
lumière sur cette question. 

En effet, peu avant de conclure son Evangile, il nous 
rappelle la tripartition du TaNaK de manière implicite, 
par deux fois, la première en Luc 24, 27, la seconde en 
Luc 24, 44. 



Moïse, tous les Prophètes, tous les Ecrits : 
Pour commencer, j'ouvre donc Luc 24, 27 ; et, non 
sans m'en réjouir, j'y lis ceci : « Et commençant par 
Moïse et par tous les Prophètes, il expliqua [il 
chercha, racine du midrash ! ] à eux [LHM, ou pour 
eux, auprès d'eux] dans toutes les Ecritures les choses 
[ZH, cela] au sujet de lui-même ['LYW, sur Lui] ». Il 
cherche et rend manifeste pour eux comment le nom 



209 



de Iéshoû'a Masshia(r)h, par sa Révélation même, est 
la clé de la lecture qui assume, abolit et accomplit tout 
ce qui s'est antérieurement écrit en hébreu selon les 
procédés du midrash. Ce passage a lieu au moment où 
Jésus ressuscite, au troisième jour (il s'est réveillé nous 
dit le verset 34). Des femmes viennent de s'apercevoir 
que son tombeau était vide. C'est alors que Jésus 
confie cette parole - où figure la tripartition cruciale - 
à quelques hommes qui viennent de croiser ces 
femmes, mais qui malgré son absence au tombeau 
semblent encore douter de sa venue. Il se fait un plaisir 
de contredire ce doute par les faits, en manifestant sa 
présence glorieuse. Jean placera le tout de la scène 
dans un jardin. Ainsi, l'accomplissement du TaNaK 
coïnciderait en filigrane avec la Résurrection (son 
prélude) de celui qui l'accomplit, et, bien entendu, 
dans un jardin. 

La tripartition que nous trouvons ici est bien celle du 
TaNaK, avec ses trois temps : 
Moïse (donc la Thora) et (tous les) Prophètes et (tous 
les) Ecrits. Cette proposition est même la clé de 
l'articulation entre dualité Thora/Prophètes (très visible 
dans les Evangiles, exotérique) et la tripartition du 
TaNaK (suggérée, invisible, ésotérique). En effet, les 
trois temps nous sont dévoilés en commençant par la 
dualité exotérique avant que ne soit mentionnée, juste 
après, la racine du midrash servant de pont des deux 
aux trois, le troisième terme, les Ecrits, révélant ainsi 
la totalité ésotérique en présence. 
Je considère d'abord la dualité exotérique : 
« Moïse et tous les prophètes »/MShH + KL- 
HNBY'YM/Moshé kal-hanévi'im a ainsi pour 

210 



gématries : gR 

=13+21+5+11+12+5+14+2+10+1+10+13 = 117, voir 
le 27 de la grâce HtSD/(r)hessed, la droite du dieu. . . 

J'indique ici, puisque nous sommes au cœur de 
l'Evangile, que ce 117 est avant tout pour les 
rédacteurs évangéliques la gR du plérôme, de la 
plénitude, de « la venue » de Jésus YShW : 
YWD ShYN WW 'YN 

10+6+4+21+10+14+6+6+16+10+14 = 117 (gR), 
c'est aussi celle du Royaume/MLKWTh (MM 
LMD KP W ThW = 26+29+28+7+28 = 117, en 
aleph), ou celle des cieux eux-mêmes (ShMYM 
se développe en ShYN MM YWD MM = 
45+26+20+26 = 117), voire encore de la durée, 
du monde, de H'WLM/ha'ôlam (HH 'YN WW 
LMD MM = 10+40+12+29+26=117)! 117 est 
aussi la gC de ML'K YHWH/« l'ange du 
seigneur », personnage éminent dès la Thora, et 
dont la gR est aussi de 63, etc. 
gC = 40+300+5+20+30+5+50+2+10+1+10+40 = 513 
= BShWRH/bessôrah, l'Evangile, le duo HtThN 
(W)KLH/le fiancé et la fiancée, l'Assemblée d'Israël 
et son dieu réunis, etc. Bref, l'ensemble de la prophétie 
tel que reçu et accompli en esprit par la Nouvelle 
Alliance nazoréenne. Ce duo des gR et gC, 117/513 
représentant le duo de « Moïse (et) tous les 
Prophètes », de la Thora et les Prophètes, se ramène au 
duo 27/63, le duo des gR et gC de nâvi'/NBY' 
prophète, le terme cardinal pour signifier l'esprit de 
prophétie, son incarnation comme l'Hébreu écrivain, 
dont le premier représentant est bien l'auguste Moïse 
(et ses anciens acolytes) dont les Prophètes ne sont que 
le développement jusqu'à la prophétie qui clôt 
Malachie et qu'ouvre à nouveau la Nouvelle Alliance 



211 



avec Jean-Baptiste - qui tout comme Elie est « le 
Verdoyant », puisque par lui tout reverdit -, ou plutôt 
qu'elle conclut de manière nouvelle. Ce duo dit 
fermement la totalité de l'esprit prophétique de 
l'Ancienne Alliance. Le terme qui vient ensuite étant 
les Ecrits, je puis dire que j'ai établi l'essentiel : la 
présence fine et discrète dans l'Evangile de la 
tripartition secrète du TaNaK. 

Loi de Moïse, Prophètes et Psaumes : 
Une seconde mention implicite du TaNaK survient au 
verset 44 du même chapitre 24 de Luc. Je me contente 
de la lire en précisant que « psaumes », c'est tehilim 
qui signifie chants, louanges ; ce mot, représentant la 
partie pour le tout pouvant aussi bien désigner 
l'ensemble des Ecrits, et ce d'autant mieux que les 
Psaumes est le premier des Ecrits selon l'ordre de la 
succession qui a été retenu comme « canonique ». 
Ainsi, comme l'Aleph résume la connaissance de 
l'alphabet, le livre des Psaumes pourrait désigner ici la 
totalité des Ecrits. 
Mais voici la preuve : 

« Comme, dans leur joie, ils ne croyaient point encore, 
et qu'ils étaient dans l'étonnement, il leur dit : Avez- 
vous ici quelque chose à manger ? Ils lui présentèrent 
du poisson rôti et un rayon de miel. Il en prit, et il 
mangea devant eux. Puis il leur dit : C'est là ce que je 
vous disais lorsque j'étais encore avec vous, qu'il 
fallait que s'accomplît [racine de la plénitude, hiphil 
HMLY'] tout ce qui est écrit [les choses écrites, 
hakéthoûvim : les écritures, c'est aussi les Ecrits...] de 
moi dans la Loi de Moïse, dans les Prophètes, et dans 

212 



les Psaumes. Alors il leur ouvrit l'esprit, afin qu'ils 
comprennent les Ecritures [hakéthoûvim ! ] . Et il leur 
dit : Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait, et qu'il 
ressusciterait des morts le troisième jour, et que la 
repentance (la théshoûvah) et le pardon 
(HSLYHtH/hasli(r)hâh) des péchés (!) seraient prêches 
en son nom à toutes les nations, à commencer par 
Jérusalem. Vous êtes témoins de ces choses. » 
J'en ai même cité un peu plus pour que l'on 
s'imprègne bien du contexte, qui est à nouveau celui 
de la Résurrection du seigneur Jésus en lien à 
l'accomplissement de la tripartition. 
Que l'on note aussi qu'il y a d'abord une agape où 
figure le miel de la terre promise enfin atteinte, festin 
associé à la Résurrection qui m'évoque l'indissoluble 
lien dans l'Apocalypse entre le banquet de l'agneau 
(celui de la science de l'Aleph), et le jugement par 
l'ouverture et la lecture des livres. 

Il est même précisé ici que le festin évangélique 
consiste notamment en un rayon de miel (tsoûph 
devash, SdWP-DBSh) : « Les paroles agréables 
sont un rayon de miel, douceur pour l'âme et 
santé pour les os [ceux d'un ressuscité ?]. » 
(Proverbes 16, 24) ; et « Je suis venu dans mon 
jardin, ma sœur, [ma] fiancée ! J'ai cueilli ma 
myrrhe avec mes aromates, j'ai mangé mon 
rayon de miel avec mon miel, j'ai bu mon vin 
avec mon lait. Mangez, amis ; buvez, buvez 
abondamment, bien-aimés ! » (Cantique des 
cantiques 5, 1). Ses disciples ne sont-ils pas son 
Assemblée et ses bien-aimés (cf. la thématique 
du saint baiser comme métaphore de la 
transmission du sod, pé 'al pé) ? 



213 



Tous les Prophètes et la Loi : 

J'ouvre Matthieu 11, 13 : 

« Car tous les prophètes et la loi ont prophétisé jusqu'à 

Jean. » 

Tous les prophètes et la loi, c'est KL-NBY'YM + 

ThWRH. Si je lis cette tournure à rebours, une 

rétrograde initiale s'allume et resplendit au-dehors : 

c'est ThNK, le TaNaK 

N'est-ce pas limpide ? 

Je puis même lire désormais d'une autre manière Luc 

16,16 : « La Loi et les Prophètes ont été jusqu'à Jean 

[l'Elie dont le retour est annoncé par la fin du livre de 

Malachie, le dernier des Prophètes du TaNa(K), Jean 

est Elie notamment parce qu'ils ont en commun la 

valence messianique 52, on pourra aussi comparer 

leurs accoutrements midrashiques, dont le fameux 

manteau « magique » - il permet de franchir les eaux 

du Jourdain ! - d'Elie...] ; dès lors le royaume de Dieu 

[cette expression ne figure qu'une fois telle quelle, 

dans 2 Chroniques, autrement dit dans les Ecrits dont 

elle résume le contenu, elle abonde dans « le Nouveau 

Testament »] est annoncé et chacun use de violence 

pour y entrer [verbe BW, celui de la parousie, du 

troisième temps advenu]. » 

Rien n'empêche donc de lire ici la tripartition Thora, 

Prophètes, Ecrits, masquée sous l'agencement de 

l'écriture pour en indiquer le mouvement 

accomplissant, en remarquant que les Ecrits 

correspondraient alors à l'annonce de la venue du 

Royaume. 

N'est-ce pas devenu évident ? 



214 



Les vingt-quatre anciens : 

Mais voici la référence absolue et incontournable, la 

présence des vingt-quatre anciens de l'Apocalypse de 

Jean. Elle juge selon la dualité des livres et du livre de 

vie : « Et je vis les morts, les grands et les petits, se 

tenant devant le trône ; et des livres furent ouverts ; et 

un autre livre fut ouvert qui est celui de la vie. Et les 

morts furent jugés d'après les choses qui étaient écrites 

dans les livres, selon leurs œuvres. » (Apocalypse 20, 

12). 

C'est une reprise de Daniel 7 que nous avons déjà 

appréciée. 

Dans l'Apocalypse, le trône (kissê'/KS') est entouré 

des vingt-quatre trônes où figurent les vingt-quatre 

anciens (ZQNYM), ceux de la mesure au roseau 

QNH/qâneh, lesquels correspondent aux vingt-quatre 

livres, tandis que l'agneau correspond à ce qui les 

accomplit : le livre de vie, registre des élus accédant 

au fruit de l'arbre de vie de Genèse 3 enfin retrouvé. 

Mais voici la mention des vingt-quatre siégeant sur 

leurs trônes - ce qui en fait un Sanhédrin ou un bêth 

din: 

Un précieux éclat midrashique me le confirme : 
« D'après les rabbins, le Saint Unique (béni soit- 
II !), dans l'au-delà, s'assiéra, et les anges 
disposeront des trônes pour les grands hommes 
d'Israël, qui y siégeront ; le Saint Unique (béni 
soit-Il !), avec les anciens [nos ZQNYM] 
d'Israël, siégera ainsi que le président d'une bêth 
din, et jugera les nations païennes, car il est dit : 
" L'Eternel entrera en jugement avec les anciens 
de son peuple " (Isaïe 3, 14). Il n'est pas écrit 
" contre les anciens " mais " avec les anciens ", 
ce qui indique que le Saint Unique (béni soit-Il !) 
215 



prendra séance pour juger les nations païennes. » 
(Tan(r)houma Kedoshim §1, cité par A. Cohen 
dans Le Talmud). Excepté que pour l'Apocalypse 
de Jean, les vingt-quatre anciens sont les vingt- 
quatre livres du TaNaK comme vérité des justes 
d'Israël et qu'ils ne jugent pas seulement les 
nations païennes, mais avant tout les hommes 
('anâshim) de la terre sainte d'Israël selon leurs 
mérites (zakhoûth). On peut aussi penser ici au 
petit Sanhédrin de 23 membres des pharisiens, il 
s'occupe en particulier déjuger des cas de peines 
de mort, lesquelles sont réparties selon quatre 
degrés, de la lapidation à la pendaison en passant 
par la mort par ignition et par l'épée, pour aller 
de la plus grave à la moins grave. Or, de quoi 
décide notre tribunal de l'Apocalypse ? De 
l'envoi au gouffre dans l'étang de feu et de 
soufre, du dragon - Hérode qui est aussi Achab - 
et de ses sbires, du faux prophète, et enfin, de 
mort et Shéol eux-mêmes. Or, cela correspond 
parfaitement au jugement de la fausse prophétie 
dans la législation rabbinique : sont de faux 
prophètes ceux qui prétendent prophétiser au 
nom des vingt-quatre livres, au nom de l'esprit 
saint qui les inspire, alors que la compréhension 
qu'ils en ont est jugée trop légère dans la balance 
du dieu de Daniel actualisé. Cela vise en premier 
lieu les pharisiens et tous leurs midrashim 
insuffisants pour accomplir le TaNaK, par 
comparaison avec le midrash chrétien bien sûr, 
ce qui est essentiellement vrai aussi longtemps 
que l'on reste à l'intérieur de la 
polémique hébraïque, mais se trouve être 
défiguré et perdre tout son sens dès que traduit 
dans un grec coupé de l'hébreu, puis interprété 
de travers, cette erreur d'interprétation devenant 



216 



légende douloureuse, si terriblement 

douloureuse... 
« et autour [WSBYB/vessavib, en provenance 
d'Ezéchiel 1] du trône (KS'/kissê'), vingt-quatre trônes 
(KS'WTh 'ShRYM W'RB'H/kisse'ôth ou kissâ'ôth 
'esrim v'arba'ah), et sur les trônes (W'L-HKS'WTh), 
vingt-quatre ('ShRYM W'RB'H/'esrim v'arba'ah) 
anciens (ZQNYM) assis (YSh(W)BYM), étant revêtus 
[LBWShYM, racine LBSh] de vêtements blancs 
[BLBWShYM LBNYM, sainte pluie de calembours] 
[ceux de la prêtrise aaronide], et sur leurs têtes des 
couronnes d'or [qui seraient 'TRWTh ZHB, vivants 
symboles de la royauté de la lignée de David] . » 
(Apocalypse 4, 4). 

Mais comment justifier que ces vingt-quatre 
personnages midrashiques soient à entendre comme 
personnifications des livres, quel argument 
supplémentaire y apporter, outre l'analogie entre la 
dualité du livre de vie correspondant au trône unique 
et à l'agneau d'un côté, et les livres correspondant à 
ces anciens et à leurs trônes de l'autre ? 
La Doctrine de l 'apôtre Addaï s'ouvre ici à propos : 
« Tout ce pour quoi notre Seigneur est venu dans le 
monde, c'est pour nous enseigner et nous démontrer 
qu'à la consommation de la Création il y aura une 
résurrection de tous les hommes et qu'à ce moment-là 
leurs conduites seront dépeintes sur leurs personnes et 
que leurs corps [GWPYHM, hypothèse] seront les 
rouleaux [MGYLWTh, calembour par quatre lettres 
avec « leurs corps »] des registres de justice. Là, 
personne qui ne sache l 'art d'écrire, puisque chacun 
ce jour-là lira les écrits de son propre livre et fera le 



217 



compte de ses actions sur les doigts de ses mains ; de 
sorte que même les ignorants connaîtront la nouvelle 
écriture de la nouvelle langue et qu'il n'y aura 
personne pour dire à son voisin : " Lis-moi ceci ", 
parce qu'un seul enseignement et une seule science 
régneront sur tous les hommes. » (Je souligne, cf. 
Pléiade Apocryphes chrétiens tome I.) 
Ce n'est plus seulement le Livre qui est le corps du 
dieu, c'est le corps de Ses élus qui est le Livre vivant. 
L'idée de la personnification du livre comme homme, 
renouvelé de se concevoir ainsi en tant que livre 
vivant, n'est donc en rien étrangère à l'esprit des 
rédacteurs de la Nouvelle Alliance. C'est même le 
point de perfection de l'idée d'incarnation du Verbe et 
des livres comme en témoigne la métaphore des vingt- 
quatre sages de la Révélation. 

A un moment, l'un des anciens parle pour réconforter 
Jean. Voici quel langage il lui tient : 
« Et l'un des anciens me dit : Ne pleure pas ; voici, le 
lion qui est de la tribu de Juda, la racine de David, a 
vaincu pour ouvrir le Livre et ses sept sceaux. » 
(Apocalypse 5, 5). 

Cet ancien se fait prophète comme un livre vivant qui 
s'ouvre et parle ! 

Les vingt-quatre sont les livres personnifiés, ils sont 
pleins d'un esprit de prophétie. On les trouve présents 
dans d'autres apocalypses chrétiennes, comme celle de 
Paul. 

Dans Mystères de la Bible, M. -A. Ouaknin, 
clarifiant le fait que les Juifs (notamment 
Josèphe) aient pu lire les vingt-quatre livres du 
TaNaK comme faisant vingt-deux par analogie 
avec le nombre de lettres de l'alphabet, cite un 

218 



fragment de la version grecque du Livre des 
Jubilés où est posé le « rapprochement entre les 
vingt-deux lettres de l'alphabet hébraïque et les 
vingt-deux chefs de l'humanité, d'Adam à 
Jacob.» Ces chefs sont en fait des patriarches, 
des anciens, des zqênim, comme nos anciens de 
l'Apocalypse. Nous avons bien ainsi une autre 
variante ou les vingt-deux livres du TaNaK sont 
« incarnés » par vingt-deux anciens ! Pour les 
vingt-quatre anciens de l'Apocalypse, comme le 
midrash juxtapose sans contradiction, ils sont à 
la fois les vingt-quatre livres vivants, les douze 
disciples de l'Agneau auxquels s'ajoutent les 
douze fils de Jacob-Israël, et encore les vingt- 
quatre chanteurs (ces anciens dans l'Apocalypse 
chantent Son avènement) de la liturgie du 
Temple. On trouvera ce dernier soubassement en 
1 Chroniques 25 où ceux qui accompagnent ces 
chanteurs tiennent des cithares 

KNRWTh/kinôrôth, comme les (r)hâyôth dans 
l'Apocalypse où ces cithares font heureusement 
calembour avec les chandeliers cosmiques 
(menôrôth). La liste des vingt-quatre chanteurs 
est la suivante : Joseph ; Guedalia ; Zaccur 
Jitseri ; Nethania ; Bukkija ; Jeshareéla ; Ésaïe 
Matthania ; Shimhi ; Azareèl ; Hashabia 
Shubaël ; Matthithia ; Jerémoth ; Hanania 
Joshbekasha ; Hanani ; Mallothi ; Élijatha 
Hothir ; Guiddalthi ; Makhazioth ; Romamthi- 
Ézer. En vous plongeant dans le texte considéré, 
vous pourrez constater que ces 24 noms forment 
126 lettres et ont pour gR 1422, soit le 522 du 
royaume du dieu/MLKWTh YHWH (gC). 
Chacun de ces vingt-quatre chanteurs est alors 
accompagné de onze musiciens, ce qui porte le 
total à 12x24 = 288, le nombre secret du 'êts/la 
croix (!) - le bois, le centre du verger-paradis 



219 



déjà vu. Que s'ouvre à l'écoute quiconque est 

doué d'oreille ! 
Le jugement que rend avec l'agneau cette cour 
martiale des vingt-quatre anciens, de ce Sanhédrin 
nazoréen, correspond au savoir philologique effectif 
des vingt-quatre livres, à la nouvelle naissance de 
Jérusalem, à la loi nazoréenne prescrivant de ne rien 
ajouter et de ne rien retrancher aux paroles de 
l'Apocalypse, et enfin à l'accomplissement du guinath 
(be)'êden (GNTh (B)'DN), au jardin d'Eden retrouvé, 
auquel conduit cette Révélation sans fin, via le 
jugement par les livres et le Livre, le jugement par 
l'agneau siégeant dans son Assemblée des vingt-quatre 
sages, son Assemblée en tant que TaNaK vivant dont il 
est la clé. Quel Mané, Thékel, Phares fabuleux outrant 
sans borne celui de Daniel ! 

Ainsi, le TaNaK est-il bien implicitement présent dans 
l'Evangile de Luc comme dans l'Apocalypse de Jean, 
accompli et renouvelé au cœur d'un chant nouveau. Il 
est devenu ce qu'il n'a jamais cessé d'être : 
l'incarnation paradisiaque du dieu vivant. 
Le corps du dieu comme Livre vivant a l'apparence 
d'un ensemble de lettres impassibles, mais il est aussi 
bien agile et éclatant quant à la richesse allusive de 
celles-ci, subtil quant aux feuillages midrashiques qui 
le trament et l'engendrent, et enfin tout entier glorieux 
par la manifestation de son secret. Nous voyons 
désormais, les yeux ouverts, en quoi, plutôt que de 
parler d'un « canon » des écritures, il serait autrement 
judicieux de parler des écritures des Hébreux comme 
de la voie, de la vie et de la vérité de Sa parole 
paradisiaque. 

220 



Ainsi se voient justifiées, me donnant matière à 
conclure, toutes mes lectures précédentes des éléments 
du TaNaK et de sa sainte totalité mesurée selon le 
roseau d'or du dieu vivant: ce dernier est l'esprit 
éveillé qui tient la plume hors du sommeil global et de 
l'ignorance abyssale de la véritable science de l'Aleph, 
de ses conséquences jusque dans la lecture et l'écriture 
du corpus évangélique et apocalyptique, ce corps 
glorieux incomparable. 

Note 1 : 

Voyons de plus près deux ou trois des archives où les 
discussions s'engagent, s'animent et s'avivent 
relativement à l'élection des vingt-quatre livres qui 
souillent les mains. 

Première archive (pour introduire le sujet) : 
Pour donner le ton de ces ma(r)halôquêth (polémiques, 
scissions), je vais citer Cantique Rabbah commentant 
le verset suivant : « Nous te ferons des colliers d'or 
pointillés d'argent. » (Cantique des cantiques 1, 11). 

Ici, or + argent/zahav et kassaph représentent la 
double hauteur interprétative, le récit qui sollicite 
par sa richesse unie à la puissance symbolique 
du secret, de son dévoilement. Voyez certains 
propos de Paul Vulliaud dans Le Cantique des 
cantiques d'après la tradition juive rappelant que 
le Cantique allie les deux en étant, d'après la 
tradition, « comme des pommes d'or sur un 
plateau d'argent. » 
Voici donc, dans la traduction de Maurice Mergui : 
« Nous avons appris [dans la Mishna] que R. Aquiba a 
dit : A Dieu ne plaise que quiconque en Israël puisse 



221 



douter que le Cantique des cantiques ne rende les 
mains impures [ne soit un livre inspiré], 

ThTM' 'Th-HYDYM construction avec le verbe 
TMVtama', être sale, inaccessible, en état 
d'impureté, déclarer impur... Et évidemment dans 
ce contexte tout le contraire ! Cette double 
entente est fréquente dans le lexique lié à 
l'impureté : cf. HtT'Th/(r)hathâ'th qui est à la fois 
le rite de purification et l'impureté, les errements 
et leur réparation rituelle ! Cette identité 
spéculative scellant le principe d'impureté est 
bien entendu de provenance biblique, on la 
trouve à l'œuvre dès le Lévitique. 
car le monde ne subsiste en quelque sorte que depuis 
le jour où ce livre a été donné. Pourquoi ? Parce que 
tous les ketoubim (les Hagiographes) sont saints, mais 
le Cantique des cantiques est saint parmi les saints 
(QDSh QDShYM). » (traduction Maurice Mergui). 
On notera que la plupart des Ecrits voient leur nom 
s'exprimer d' un seul mot (c'est plus généralement le 
cas des vingt-quatre livres). 

Seuls deux d'entre eux y font exception : le Cantique 
des cantiques et les Chroniques. Mais les divrê 
hayamim/paroles des jours (les Chroniques) est un 
titre qui ne se construit pas de la même manière que 
saint des saints ou cantique des cantiques, seuls ces 
deux derniers sont analogues quant à leur construction 
grammaticale par redoublement. 
D'où la pertinente acuité de la comparaison, 
notamment. 

Indication intermédiaire : 

Voici une part du sens de l'expression « rend(re) les 

mains impures ». 

222 



Je garde ici l'expression majoritaire dans les Talmuds 
(au masculin) : MTM' 'Th-HYDYM/mitâmê' 'êth- 
hayadayim. Elle est fréquente dans la Mishnah, les 
Talmuds et les midrashim, inconnue en revanche du 
TaNaK. A la scruter de plus près, nous voyons venir à 
nous la notarique finale ThM/'etham ou 'atham/ «avec 
eux », elle est l'anagramme exacte de Th'M/thâ'am, 
redoubler, jumeau (cf. Thomas/the'ôm/le double) et de 
'MTh/'émeth, la vérité au sens où s'y accomplit la foi 
(la 'émoûnah), de même racine 'MN/'âmên. 
L'importance des mains dans cet acte de sanctification 
est cruciale : tout un traité du Talmud est consacré - 
dans le seder Tho'arôth/puretés - aux mains, c'est le 
traité Yadayim (mains). La main, outre le fait d'être la 
partie exposée du corps (avec les lèvres) la plus 
directement liée à la pureté ou à l'impureté, 

Elle est aussi liée à la sensibilité erotique, à la 
caresse, tout comme les lèvres. Le fait que les 
mains et les lèvres soient les deux lieux non 
cachés du corps ainsi sensibles expliquerait les 
deux Sémika le baiser (racine nâshaq) 
correspondant à celle du haut en lien à la plus 
grande sensibilité (donc à la plus grande 
connaissance) et intimité des lèvres par rapport 
aux mains, et ces dernières correspondant à la 
Sémika au sens ordinaire, l'imposition des mains. 
Ce duo est encore lié au geste pour les mains et à 
la parole (transmission) du secret pour les 
lèvres : d'où le primat de ce qui est dit sur ce qui 
est fait. « Pardonnez-leur parce qu'ils ne savent 
pas ce qu'ils font, ne leur pardonnez pas parce 
qu'ils ne savent pas ce qu'ils disent », pourrait-on 
dire. 



223 



de ce que l'on peut toucher ou non, est également le 
vivant symbole de la puissance créatrice, car elle tient 
le sceptre (mitah) d'Israël dont nous avons vu qu'il 
désigne la connaissance des écritures sacrées. Ces 
quelques indications concourent à manifester la 
puissance de l'expression consacrée « ce qui souille les 
mains ». Elle est riche de l'aspect multiple de la divine 
impureté, de la vérité, racine et arborescence de la foi, 
et du savoir substantiellement théologico-politique, 
réunissant art de gouverner et science de la lecture, 
celui-là ayant son fondement dans celle-ci. 

La notion de ce que nous nommerions politique 
est pour les rabbins les plus éminents de 
l'antiquité toujours intimement liée au midrash : 
pour eux, le savoir régner procède d'un savoir 
lire (cf. David Banon soulignant dans sa 
contribution au C.I.E.M. 2005 que l'intelligence 
est - via l'étymologie inter-ligere /entve-live - le 
fait de savoir lire : or, peut-on gouverner sans 
intelligence, autrement dit sans savoir lire ?). Ce 
principe, peu goûté des gouvernants - souvent 
loin d'avoir la richesse herméneutique et éthique 
d'un thalmid/étudiant immergé dans la Thora ou 
d'un philosophe grec - guide l'élection du 
Sanhédrin, de qui est digne d'y siéger, le 
Sanhédrin détenant le pouvoir législatif et 
judiciaire. On peut encore penser à l'élection 
prophétique et éthique des rois d'Israël, comme 
c'est d'ailleurs le cas dans le TaNaK lorsque le 
roi s'en avère digne (David, Salomon). Le fait de 
relier le savoir des écritures, du dieu, de l'absolu 
et les instances qui gouvernent (quels qu'aient pu 
être les dénis de cette relation dans la réalité de 
l'histoire d'Israël) est quelque chose de très 
actuel en cette heure sombre où domine une 
ignorance crapuleusement fomentée sous l'égide 

224 



despotique d'une gouvernance cybernétique des 
choses, « au centre tranquille du malheur ». Ce 
lien substantiel entre l'absolu et le gouvernement 
politique est cardinal dans la pensée hébraïque. 
Le souligne encore le fait qu'en hébreu biblique 
l'économie se dise memshâlâh ou memsheleth 
(l'économie du cosmos, des luminaires de la 
Création, comme celle des hommes d'Israël) de 
la racine MShL/mâshal, à la fois parler en 
paraboles et régner. Le lien intra-hébraïque entre 
la royauté et le Verbe est à la fois profondément 
inactuel et singulièrement actuel, bref 
intempestif au sens noble. 
Le texte hébreu - comme le dieu - est impur, il souille 
les mains, et c'est en cela qu'il est reconnu comme 
sacré. « L'impureté, explique Stéphane Zagdanski dans 
Fini de rire, est en réalité un mélange de mélange et de 
dissociation, la dissociation œuvrant sans cesse à 
l'intérieur même du mélange. Autant dire que dès que 
l'impureté cesse son mouvement d' impurification, elle 
se fige en pureté, en quelque chose en tout cas qui 
n'est plus de l'impureté. » C'est en ce sens que doit 
s'entendre l'impureté des vingt-quatre livres, en tout 
cas en est-ce l'interprétation principielle, la source de 
toutes les autres, qui permet de saisir que « l'impureté 
n'est pas une souillure, [mais que] c'est l'autre nom de 
l'écriture » (Je souligne.) Les écrits sont saints en ce 
qu'ils souillent les mains ; et divinement impurs au 
sens où ils recèlent l'infinité même de l'écriture, sa vie 
dionysiaque que rien ne borne, n'assèche ou ne fige. 
Cette identité spéculative de la sacralisation et de 
l' impurification est au cœur de l'élection des livres du 
TaNaK. Elle est aussi essentiellement celle entre le 
danger et le salut, ou plutôt pour le dire plus 



225 



allégoriquement, entre l'amère disette de l'absence du 
pain de la vie qu'est la Thora et la profusion de manne 
diluvienne octroyée par œuvre de théshoûvah. C'est ce 
qu'illustre la métaphore des écritures rassemblées en 
un rouleau en vue de leur ingestion : le fruit, d'abord 
amer, se métamorphose pourtant en miel pour le 
palais, la langue, les lèvres, cependant que la parole 
revêt un nouveau corps amoureux. L'amertume est la 
douleur de l'Exil telle qu'elle se fait entendre dans le 
Livre - dans l'épopée midrashique d'Israël et de Juda 
- ; le nouvel amour n'est autre que le messianique 
épiphanique qui de son clin d'œil furtif nous fait don 
de la manne céleste. 

Archive 2 : 

Mais concentrons-nous désormais sur l'exemple le plus 
ramassé : 

« Un rouleau dont l'écriture s'est effacée, s'il reste 
quatre-vingt-cinq caractères lisibles, tout autant qu'il y 
en a dans les versets de Nombres 10, 35-36 : " Et il 
arrivait qu'au départ de l'arche, Moïse disait : Lève-toi, 
Éternel ! et que tes ennemis soient dispersés, et que 
ceux qui te haïssent s'enfuient devant toi ! ", etc., alors 
ce rouleau rend les mains impures. Même un simple 
fragment sur lequel restent écrites quatre-vingt-cinq 
lettres [Comme pour l'exemple précédent, ce 85 est 
purement symbolique : 85 = PH/phé (gC), la parole ; 
entendez : dès qu'il y a parole inscrite, parole vraiment 
parole...], tout autant qu'il y en a dans la section des 
Nombres précitée, le fragment en question rend les 
mains impures. Tous les écrits saints rendent les mains 
impures. Le Cantique des cantiques et l'Ecclésiaste 

226 



rendent les mains impures. R. Juda dit : Le Cantique 
des cantiques rend les mains impures, mais il y a 
polémique [ma(r)halôquêth] au sujet de Qohéleth. R. 
José dit : Qohéleth ne rend pas les mains impures, 
mais il y a aussi divisions au sujet du Cantique des 
cantiques. R. Siméon dit : La règle au sujet de 
Qohéleth est toute miséricordieuse [selon le côté 
(r)hessed] dans l'école de Hillel alors qu'elle est au 
contraire de rigueur [selon le côté guevoûrâh] pour 
l'école de Shammaï. R. Siméon Ben Azzaï parla à son 
tour : J'ai reçu une tradition héritée des soixante-douze 
anciens [zqênim], du jour où ils nommèrent R. Eléazar 
Ben Azariah à la tête de l'Académie [du bêth din] : le 
Cantique des cantiques et l'Ecclésiaste rendent les 
mains impures. R. Aquiba ajouta : A Dieu ne plaise 
que quiconque en Israël puisse douter que le Cantique 
des cantiques ne rende les mains impures [ne soit un 
livre inspiré], car le monde ne subsiste en quelque 
sorte que depuis le jour où ce livre a été donné. 
Pourquoi ? Parce que tous les ketoubim [les 
Hagiographes] sont saints, mais le Cantique des 
cantiques est saint parmi les saints. De sorte que la 
seule polémique porta sur Qohéleth. Jonathan Ben 
Yoshua fils du beau-frère de Rabbi Aquiba dit : il en 
fut selon la parole de Ben Azzaï, c'est ainsi [que Ben 
Azzaï le rapporte] qu'ils discutèrent et c'est ainsi qu'ils 
parvinrent à une conclusion [favorable à Qohéleth] . » 
(Traité Yadayim, Mishnah 5, je souligne.) 
En allant au fond des choses, le seul livre vraiment 
litigieux, condensant en son nom même toute la 
polémique serait le livre de Qohéleth. C'est ici Rabbi 
José qui endosse nettement le rejet de celui-ci. Ce 



227 



Rabbin, disciple de Rabbi Aquiba, fleurissant à 
l'époque de la guerre de Bar Kochba, ce rejet ne serait 
pas sans lien avec l'effervescence messianique d'alors. 
En Mas s eket Soferim 14, 3, un traité à peine ultérieur à 
la compilation du Talmud, il est même question, noir 
sur blanc et sans qu'il y ait alors d'avis contradictoire 

- ce qui est contraire à la vivante pratique talmudique 

- de la suppression pure et simple de Qohéleth du 
« canon » officiel. 

C'est dire que le seul souvenir de ce livre dût 
encore déranger de façon prolongée un certain 
sommeil latent, préférant s'éviter ainsi la 
noblesse d'esprit du rêve messianique, réel 
comme aucune réalité, tel « la voix du réveil 
dans la nuit éternelle » (autrement dit la 
Résurrection !)... 

Voyons ce qui du contenu brûlant de Qohéleth 
explique ce rejet momentané ou quelque peu 
persistant. Si Qohéleth est le Messie de la Quéhilâh 
(même racine QHL/quâhal), l'eschatologique, le 
meilleur moyen d'entrer en matière est de développer 
ici la structure essentielle des vingt-huit temps du 
chapitre trois de son livre, en accentuant ce qui de ce 
défilé rythmé en logique émane de pensée 
déterminante pour l'ensemble de la littérature sacrée, 
jusque dans son accomplissement néotestamentaire. 
« Il y a temps de naître, et temps de mourir ; temps de 
planter, et temps d'arracher ; temps de tuer, et temps de 
guérir ; temps de détruire, et temps de bâtir ; temps de 
pleurer, et temps de rire ; temps de se lamenter, et 
temps de se réjouir ; temps de jeter des pierres, et 
temps d'amasser des pierres ; temps d'embrasser, et 
temps de s'éloigner ; temps de chercher, et temps de 

228 



perdre ; temps de garder, et temps de jeter ; temps de 
déchirer, et temps de coudre ; temps de se taire, et 
temps de parler ; temps d'aimer, et temps de haïr ; 
temps de guerre, et temps de paix. » (Ecclésiaste 3, 2 à 

8). 

Ces vingt-huit temps courent sur sept versets, 
nombres liés respectivement aux sept mots et 
vingt-huit lettres de Genèse 1,1. De même, ces 
quatorze couples font-ils écho au même nombre 
de couples présents dans le chapitre un de la 
Genèse pour en décrire le contenu, depuis le 
« tohu et bohu » jusqu'au « mâle et femelle (il 
les créa) ». De plus, ce vingt-huit du nombre des 
temps est la gC de kô(r)ha/KHt, la force créatrice 
selon (r)Hôchmâh. Cette création par couples, 
selon la force du questionnement en Sagesse, est 
résumée en une formule illustre par le Midrash 
Rabbah : ha kol barati zougotes - « Le Tout, je 
l'ai créé par paires. » où HKL, le Tout, a pour gR 
28, le vingt-huit des temps et des termes, comme 
du nombre de lettres de Genèse 1, 1. Ces 
constats sont la base de raisonnements 
« gnostiques » sur les syzygies d'éons identifiées 
à même le texte du premier chapitre de la Genèse 
ou de son premier verset, mais passons, seul 
Qohéleth est ici l'objet de notre attention. 
Ces quatorze couples antinomiques sont orchestrés 
d'une manière savante : les seuls waw qu'il y ait dans 
ce texte sont ceux qui relient entre eux un temps 
positif et un temps négatif (ou le contraire), autrement 
dit ces waw indiquent le renversement (waw hipoûk) 
d'un temps dans le suivant, et ce à l'intérieur de 
l'organisation d'un même duo. Le registre est celui de 
l'Exil et de la Révélation, celle-ci étant le 
renversement de celui-là. Si l'on regarde de plus près 



229 



ces vingt-huit temps, l'on constate alors l'existence 
d'un mouvement d'ensemble rythmé par cinq 
renversements : les deux premiers duos sont du type 
positif/négatif (comme temps de naître/temps de 
mourir) jusqu'à ce que le fait de planter se renverse 
en celui d'arracher les plantes ; les cinq duos suivants 
sont du type inverse (négatif/positif) jusqu'à celui par 
lequel le fait de disperser les pierres se renverse en le 
fait de rassembler les pierres ; les trois duos suivants 
sont du type inverse (positif/négatif) jusqu'au duo 
dans lequel le fait de conserver (les 
commandements) se renverse en le fait de disperser 
ou être dispersé ; se succèdent alors deux couples 
dans l'ordre contraire (négatif/positif) jusqu'à ce se 
taire se renverse en parler (DBR) ; le quatrième 
renversement a lieu avec le duo aimer/haïr (le répit 
aura été de courte durée !) ; et enfin, le cinquième en 
passant au duo faire la guerre 
(l'eschatologique)/faire la paix (la messianique). 
C'est ainsi que l'ensemble de l'histoire (= haggadah) 
midrashique d'Israël (ses cinq ou dix temps) est 
comprise en filigrane dans l'écriture de la plénitude 
des vingt-huit temps du chapitre trois de Qohéleth, son 
économie cosmique, verbale et eschatologique. Les 
cinq temps (ou basculements) clés de l'histoire 
midrashique d'Israël lus dans ces vingt-huit temps en 
mouvement seraient aussi le renversement des cinq 
présences du mot HBL/haval,vanité, dans le second 
verset si célèbre du premier chapitre de Qohéleth : 
« vanité des vanités dit Qohéleth vanité des vanités 
tout est vanité »/?nn ?sn D^nn ?nn n?np io« D^in 
?in (le tout en question est d'ailleurs HKL/hakôl lié 

230 



au tout de la Création, aux 28 temps, aux 28 lettres de 
Genèse 1, 1). Pour délivrer d'autres trésors de kabbale 
sous entendus dans ce verset, je retiens juste que HBL 
a pour plérôme HH BYTh LMD, de gR 73 comme 
HtKMH/la Sagesse et gC 496 comme MLKWTh/le 
Royaume. Ainsi, la consumation totale de la vanité qui 
est en même temps l'arrivée à plénitude de l'histoire 
d'Israël amène la Sagesse et le Royaume, le Royaume 
comme œuvre de la Sagesse. 
Je récapitule désormais les cinq basculements 
rythmant ensemble l'histoire dans le sens de son 
redéploiement : cela commence par le duo verger et 
expulsion du verger (ce que signifie symboliquement 
le fait d'arracher les plantes ou d'être une plante 
arrachée) ; puis, vient le temps de tuer (Caïn) et de 
guérir. . . jusqu'au temps de la construction du Temple 
(rassembler les pierres) ; le temps suivant va jusqu'à la 
dispersion, l'Exil (à Babylone) ; vient alors la 
conversion du silence de l'Exil dans la parole du 
retour (qui est retour de la parole, puisque le comble 
de l'Exil se caractérise - comme le rappelle Eykah - 
par l'absence de la Loi et des Prophètes, c'est-à-dire de 
Sa parole) ; cela augure une ère d'amour, mais qui se 
renverse en haine, haine du Satan, des oppositions non 
surmontées, d'un pouvoir qui, divisé contre lui-même, 
ne règne par conséquent que peu de temps ; vient enfin 
le temps eschatologique final conduisant à 
l'établissement de la paix dans la Jérusalem 
renouvelée, rebâtie (c'est sur la prophétie non encore 
advenue d'une telle apothéose que se concluent les 
deux plus grands prophètes du retour de l'Exil : Isaïe et 
Ezéchiel). 



231 



Ces cinq ou dix temps de l'épopée midrashique sont 
bien immanents aux vingt-huit temps d'apparence 
banale. C'est là le secret de leurs secrets auquel la mise 
en mouvement des vingt-huit temps nous aura 
conduits. C'est parce que le Jésus évangélique est le 
maître des vingt-huit temps de Qohéleth - parce qu'il 
est Qohéleth ! - qu'alors, Son règne vient. Le sens 
secret du « notre père (qui êtes aux cieux) »/'âvinoû 
(shebeshamayim, 'BYNW ShBShMYM se trouve en 
Mishnah Sôtâh 9, 15, etc.) est d'accomplir les vingt- 
huit temps de Qohéleth (tout en accomplissant le 
TaNaK sur la terre, par procédé de condensation). Ce 
pourquoi il ne vient pas avec la paix, mais avec le 
glaive, selon la nécessité du dernier duo où la 
destruction prélude à son renversement dans le 
pacifique dévoilement du règne messianique. 

« Je suis venu avec le glaive (HtRB), non pas 
avec la paix (ShLWM) » comme le dit le Jésus 
de l'Evangile. Le duo HtRB + ShLWM (épée/ 
(r)herev + paix/shalom) a pour gR = 
8+2+20+21+12+6+13 = 82 et gC= 
8+2+200+300+30+6+40 = 586, ce sont les gR et 
gC de YRWShLM/Jérusalem, l'enjeu du dernier 
duo des vingt-huit temps. C'est aussi celui de la 
double bouche, du double tranchant de 
l'Apocalypse puisque PYPYWTh/pipyôth a les 
deux mêmes gR et gC que Jérusalem ! Autre 
exemple ? La demande du « notre père » peut 
certes sembler obscure en langue européenne. Si 
je rétrovertis maintenant en bon hébreu, le 
« Notre père des ciels, que ton nom se sanctifie, 
que ton règne vienne, que ton vouloir se fasse 
comme au ciel aussi sur la terre [pur 
hébraïsme]», j'obtiens 'BYNW ShBShMYM 
YThQDSh ShMK (cet emploi au hithpael de 

232 



QDSh et cette formule de yithqadash shimka que 
l'on trouve dans le Qaddish semblera familière à 
tout juif pratiquant, mais il est bon de l'entendre 
ici au sens de la glorification messianique du 
Nom) B' MLKWThK 'ShH HRSdWNK 
KBShMYM GM 'L-H'RSd de 

gR=l+2+10+14+6+21+2+21+13+10+13+10+22 
+19+4+21+21+13+11+2+1+13+12+11+6+22 
+11+16+21+5+5+20+18+6+14+11+11+2+21 
+13+10+13+3+13+16+12+5+1+20+18 =586 
=YRWShLM/Jérusalem ! Il s'agit de faire 
advenir Jérusalem, la céleste, l'Assemblée 
apocalyptique des justes, le terme secret du 
projet divin contenu dans les vingt-huit temps 
forts du Qohéleth... Sa volonté n'a rien à voir 
avec l'Eglise de l'Occident chrétien, mais tout 
avec la réalisation du Jubilé... C'est pourquoi il 
est question alors, dans la suite de cette ardente 
prière, de la remise des dettes, acte qui participe 
de la Shemita/ShM(Y)TH (annulation des dettes, 
repos, relâchement) et accompagne logiquement 
l'avènement jubilaire de la fin, la réalisation de 
la Jérusalem céleste, le Jubilé étant pris en son 
sens eschatologique depuis que les nazoréens du 
Livre des jubilés, et d'autres, en ont pensé 
l'acception. Ah, le notre père... Mais tiens, tant 
qu'à parler du père, demandons-nous - il y a 
belle lurette que nous n'attendons plus rien des 
prétendus spécialistes dont le nom est Légion - 
pourquoi l'évangéliste Jean, expert es guematria 
(n'est-ce pas ?), énonce ceci : « Mais l'heure 
vient, et elle est maintenant, que les vrais 
adorateurs adoreront le Père en esprit et en 
vérité ; car aussi le Père en cherche de tels qui 
l'adorent. » (Jean 4, 23). « Adorer le père en 
esprit et en vérité » ? La simplicité toute 
évangélique de cette expression n'apparaît 



233 



qu'une fois effectuée la rétroversion de celle-ci 
vers l'hébreu dans lequel elle fut forgée. En 
effet, 'BD 'B BRWHt WB'MTh (adorer - racine 
de la 'avôdah, la liturgie - le père en-par l' esprit- 
souffle et en-par vérité-fidélité) a pour gR 
16+2+4+1+2+2+20+6+8+6+2+1+13+22 = 105 
et gC 70+2+4+1+2+2+200+6+8+6+2+1+40+400 
= 744, soit le duo 105/744 des gématries de 
YShW MShYHt/Jésus Iéshoû'a Masshia(r)h. La 
liturgie du père (YHWH) en esprit et en vérité 
n'est autre que la manifestation du Fils ! 
Mais, pour satisfaire pleinement au souhait que 
formule le « notre père », il me faut encore 
convier l'Apocalypse et montrer, d'une phrase 
de feu noir en situation, comment ce texte 
répond à l'ardente prière évangélique. En effet, 
la fin de l'Apocalypse, chapitre 22 verset 3, 
célèbre la venue du « trône du dieu et de 
l'agneau en elle [en Jérusalem, l'auguste et 
céleste] » (je souligne) ; nous avons HKS' 
H'LHYM+ShH/« le trône du dieu (et) de 
l'agneau», il a pour gR + gC = 
(5+11+15+1+5+1+12+5+10+13+21+5) 
+(5+20+60+l+5+l+30+5+10+40+300+5)=586 
= YRWShLM/Jérusalem (gC), voilà la grande 
vision par laquelle Sa volonté est faite ! 
Par ses deux avènements contrastés, le Iéshoû'a 
nazoréen incarne le dernier couple d'opposés des 
vingt-huit temps conduisant à l'établissement de la 
Jérusalem nouvelle, dont les toits et les dômes 
rougeoient, à l'aurore, émus de refléter les chatoyantes 
roses de la vie enfin changée. 

Voilà qui était nécessaire pour clarifier l'un des jalons 
les plus puissants de la lecture messianique de 
Qohéleth, n'est-il pas ? 



234 



Indiquons encore que par sa gC de 744, Jésus 
Messie/Iéshoû'a Masshia(r)h est lu comme le 
Qohéleth. En effet, ce 744 est aussi la gC du titre de 
Qohéleth, présent en son premier verset, « fils de 
David et roi en Jérusalem »/BN DWD MLK 
BYRWShLM/ben dawid melek biroûshâlâm. 

De même en est-il du héros du Cantique des 
cantiques, le (r)hathan, le fiancé. En effet, ce 
HtThN a pour élévation mathématique : 
8x8+22x22+14x14=64+484+196 = 744, Jésus- 
Iéshoû'a alias Qohéleth. 
Ainsi, Qohéleth, grâce à cet effet àz/eedback 
nazoréen, n'est pas simplement lu comme Salomon, 

Ouvrez Méguillâh 7a, vous y découvrirez R. 
Siméon ben Menasia, rabbin de la fin du second 
siècle, affirmant que Qohéleth n'est que l'œuvre 
de Salomon, autrement dit que d'un simple 
mortel... 
lequel ne serait qu'un homme bien que type même du 
roi-messie, mais comme le fils de dieu lui-même. Cette 
lecture on ne peut plus forte de Qohéleth explique sans 
la moindre difficulté certaines des divisions à 
l'encontre de sa sainteté. Pour la Nouvelle Alliance de 
Jésus, l'auteur de Qohéleth, qui est Qohéleth lui-même, 
n'est pas qu'un simple mortel, ou plutôt le simple 
mortel visé est celui (ou plutôt ceux, une Assemblée) 
qui a (ou plutôt ont) osé revêtir l'élaboration 
midrashique par excellence, ses (ou plutôt leurs) os 
fleurissant tels les roses rouges du jardin d'Eden, leur 
silencieux incendie se propageant dans l'ardeur diffuse 
d'un ciel olympien. Si nous avons approfondi le cas de 
Qohéleth ici, il faudrait envisager de près (« donner 
visage à ») d'autres oppositions. Car, une fois épanoui 



235 



le midrash chrétien, d'autres livres ont pu être atteints 
comme le rouleau d'Ezéchiel (pour son Char jugé 
contradictoire avec l'Œuvre de la Création, ce qui sert 
aussi de prétexte dans le Talmud à l'affirmation du 
fondement et de la conciliation suprême des deux 
œuvres...), ou encore le Cantique. Atteinte éventuelle 
contre la puissance mystique et messianique de ces 
textes, s'ils sont lus d'une certaine manière, 
terriblement accomplissante et par là abolissante de ce 
qui refuse de s'y élever, donc dangereuse, voire rendue 
responsable de la germination de révoltes 
messianiques, qu'elles soient violentes, usant de la 
technique de guérilla, ou pacifiques ? En cela rien 
d'improbable. 

Mais n'ayant pas davantage le souci de développer ces 
aspects « historiens » (ce qui serait aussi risquer de 
s'enfermer dans la relative contingence de l'historique 
pour circonscrire des configurations causales), je passe 
et ne conserve que l'idée qui seule ici est nécessaire au 
développement de cette quatrième étude : il y avait 
accord de fond sur les vingt-quatre livres du TaNaK au 
début du second siècle, du temps de Yavnéh, voire 
avant, du temps des zoûgôth (dont la paire 
Shammaï/Hillel est la plus emblématique). 

Note 2 : 

Je me propose de creuser ici le rapport entre la formule 
ultime de la rigueur nazoréenne sur fond de plénitude 
complète du TaNaK et la malédiction anti-minim 
mentionnée dans le Talmud (cf. Berakôth 28b-29a et 
Méguillâh 17b du Babli, et Berakôth IV du 
Yeroûshalmi), ou plutôt d'étudier avec brièveté la 

236 



version de cette dernière réputée la plus ancienne en 
lien aux nazoréens auteurs de la première, pour voir si 
- et/ou à quel point - le lien s'avère pertinent. Car nous 
avons ainsi mis sous les yeux du lecteur le fondement 
« théorique », 

J'emploie ce terme pour ne pas négliger de 
rappeler la polémique impliquée par la pratique 
messianique - la vie même - de ces nazoréens 
revêtant Iéshoû'a et faisant leur dieu chaque jour 
! Ce pourquoi ce ne sont pas seulement leurs 
textes qu'il fut recommandé de brûler, mais aussi 
leurs téfilin et mezuzoth - voir Git. 45b, Yer. 
Shab. 14b -, ce qui symbolise leur liturgie, leur 
manière de vivre, leur rapport au Temps. Ce 
pourquoi également ce fut contre eux que l'on 
modifia les téfilin en retirant le décalogue qui 
leur était si fondamental, ou que l'on ôta le même 
décalogue du Shema', ce pilier de la liturgie. 
de cette dix-neuvième bénédiction ajoutée aux dix-huit 
premières. 

Voici comment le Berakôth du Talmud introduit la 
birkath haminim : 

« Les rabbins ont enseigné : Chim'on haPakkouli a mis 
en ordre dix-huit bénédictions devant Rabban Gamliel 
à Yavnéh. Rabban Gamliel dit aux érudits : Y a-t-il 
quelqu'un qui puisse composer [fpn 1 ? la racine du 
tiqqoûn] la Birkat haminim [DTûn n31D 
transformée par la censure - souvent « chrétienne » et 
tardive, et consistant en le retranchement exigé de 
pièces impliquant « Jésus » - en son inversion, birkat 
hatzedoukim/bénédiction des justes] ? Samuel le petit 
se leva et la composa. » - Berakôth 28b-29a (notons 
toutefois que c'est ici une pièce de guémara, donc 



237 



tardive et surtout à considérer avec une précaution 
extrême). 

Les dix-huit bénédictions auraient été composées à 
l'époque de la fondation de Yavnéh ou alentour, mais 
la birkath haminim est bien distinguée des shemoné 
'esré (les dix-huit), elle est en plus, composée par 
Samuel haqatan, tanna de la deuxième génération 
(première moitié du second siècle), du temps d'Azaï, 
de ben Zoma, d'Aquiba et de l'Autre. En tout cas 
d'après ce qu'en a conservé le Talmud. En Méguillâh 
17b, la bénédiction anti-minim nazoréens est précédée 
du souhait du rétablissement du temps des juges 
(shaftim). Celui-ci est le temps d'avant les rois d'Israël. 
C'est un temps de malheur extrême (cf. les prologues 
de Ruth Rabbah et Esther Rabbah interprétant Ruth 
1,1) où l'injustice règne. Mais c'est en même temps 
celui de Boaz, de la Rédemption, du renversement ; 
bref, c'est un temps eschatologique. 
Mais voici désormais la traduction de la formulation 
de la prière anti-minim (en fait il faudrait dire anti- 
minim nazoréens) qui serait la plus ancienne (en tout 
cas est-ce la plus claire) de celles qui ont été 
conservées (cf. chapitre consacré à cette birkath dans 
Les chrétiens d'origine juive dans la littérature 
rabbinique de Mimouni, livre auquel j'emprunte 
certains arguments) : « Pour les apostats, 

Hébreu meshoumadim, ce serait les Juifs qui 
collaborent avec les Romains, mais le mot 
signifie, soit ceux qui persécutent, soit ceux qui 
apostasient, soit les deux - d'après la double 
entente de sa racine ShMD/shâmad. 
Curieusement, les spécialistes lisent ici les 



238 



Romains avec la même hâte qu'ils lisent une 
attaque contre Rome dans l'Apocalypse de Jean ! 

qu'il n'y ait pas d'espoir. Que le royaume de 

l'impertinence 

Hébreu malkoûth zedin, lequel désignerait Rome 
conformément aux sens de zedin dans le TaNaK 
où il qualifie un pouvoir étranger à Israël, par 
exemple Babylone. Par double entente, je signale 
toutefois que l'on pourrait y lire une haine de 
ceux qui se sont fait le royaume de YHWH sur la 
terre, le messianique-nazoréen. Qualifier leur 
Royaume, ce comble de la science hébraïque du 
Livre vivant, de la même manière que l'on 
qualifie un royaume païen serait tout à fait dans 
le ton des accusations généralement portées 
contre les nazoréens, et notamment contre cet 
Helléniste diabolique qui a pour nom Jésus- 
Iéshoû'a ! Ce type de polémiques est lui-même 
très présent dans le midrash chrétien, voyez dans 
l'Apocalypse le trône de Satan (kissê' hassathan, 
de l'Adversaire qui ne désigne nullement 
Rome !). 

soit déraciné de nos jours, et que les nôtsrim 

les observants-conservateurs, terme technique 
désignant les nazoréens 

et les minim 

les espéciaux alias hérétiques, cf. minoûth = 
hérésie 

disparaissent en un instant. 

Eux qui auraient fleuri dans ce contexte, sur 
le «en un instant», voyez ce que j'ai dit du 
rega', instant du jugement eschatologique. 

Qu'ils soient effacés du livre de la vie et ne soient pas 

inscrits avec les justes. Béni sois-Tu Seigneur, Qui 

soumets les impudents. » (Je souligne.) 



239 



Nous voyons donc que cette « bénédiction » dit en très 
clair, sous la censure (souvent « chrétienne » et tardive 
dans le Talmud) : « que les nôtsrim et les minim [les 
espéciaux, les mêmes probablement, en tout cas dans 
ce contexte !, le terme min figure dès le troisième jour 
dans la Genèse où chaque arbre produit du fruit selon 
son espèce/leminô] soient retranchés du livre de 
vie... » 

Notons que ceux qui ont écrit cela emploient le même 
langage que les auteurs de l'Apocalypse qui eux aussi 
parlent de ceux qui sont inscrits ou retranchés en un 
instant du sepher ha(r)hayim, le livre des vivants- 
ressuscités, le registre de leurs noms (livre 
symbolique, non pas liste littérale). Mais il est vrai que 
cette expression d'être inscrit ou non dans le livre de 
vie, si elle est rare dans les textes n'en est pas moins 
ancienne et présente dans l'esprit de la tradition, de la 
Thora (Exode 22, 33) au Zohar (Raya Mehemna 43a) 
en passant par le Talmud (Rosh haShanah 1 6b où les 
impies sont inscrits dans le livre de mort par 
opposition au livre de vie), et dans le langage 
liturgique le plus courant du judaïsme (à propos de 
yom Kippour notamment). Par ailleurs, les quatre 
termes ici présents purent très bien désigner les mêmes 
selon quatre aspects (quatre, symbolique de l'unité et 
unicité de YHWH). Dans l'hypothèse où cette 
malédiction fut composée contre un même adversaire, 
on pourrait interpréter les choses ainsi : ils auraient 
apostasie (puisqu'ils vénèrent un dieu au nom 
nouveau), ils se sont fait un Royaume (ils ont réalisé 
sur la terre le Royaume messianique), ils se disent les 
observateurs-nazoréens de la Thora, et enfin ils sont 

240 



une nouvelle espèce (celle de la nouvelle Création, de 
la Création enfin accomplie, de l'Adam nouveau), tout 
concorderait avec le sens du midrash chrétien en ce 
qu'il a de plus essentiel sans avoir besoin, nullement, 
de convoquer Rome ou de séparer en plusieurs 
groupes visés ce qui a pu fort bien être composé pour 
les seuls nazoréens de Jésus, y incluant les gnostiques 
des Evangiles de Thomas ou de Philippe par exemple. 
Cela dépendrait aussi de savoir si la dernière sentence 
qui conclut cette birkath vise les quatre termes 
ensemble ou les deux derniers seulement (car on ne 
comprend pas bien pourquoi des Romains seraient 
retranchés du livre des vivants-ressuscités !). 
Quant à savoir si les minim, dans un tel contexte, 
doivent être distingués des nôtsrim (nazoréens de 
Jésus), signalons que Rachi, commentant Rosh 
haShanah 17a (leur péché y est comparé à celui de 
Jéroboam, lequel divisa le peuple sur fond de culte du 
veau d'or, polémique qui rappelle celle de 
l'Apocalypse rapprochant ses opposants de Balaam, 
celui qui avale, qui vainc le peuple - Nicolas en grec 
d'où les Nicolaïtes -, etc., type de langage polémique 
commun à tous les auteurs de midrashim anciens), 
affirme que les minim sont les thalmide yeshu (les 
étudiants-disciples de Jésus). Il est vrai que c'est à une 
autre époque et dans un autre contexte (les chrétiens 
commençant à se montrer encore plus bêtement 
agressifs vis-à-vis des Juifs que précédemment, 
notamment pour les communautés rhénanes), mais 
nous pouvons aussi accorder foi à la parole de l'un des 
plus grands génies du judaïsme. 



241 



En ce qui concerne un éventuel écho de la birkath 
haminim dans l'Evangile, Mimouni signale l'hapax 
aposunagogos (exclu de la synagogue), présent par 
trois fois chez Jean, et chez Jean seulement. Par 
exemple, en Jean 16, 2 et 3 : « Ils vous feront [ici sans 
doute figurait le verbe 'ShH, en général faire, œuvrer, 
mais aussi assigner, fixer par jugement, installer, voire 
offrir un sacrifice, la possibilité rémanente de ce sens 
faisant écho à la seconde partie du verset] exclus des 
synagogues [à la lettre] ; même l'heure vient que 
quiconque vous tuera pensera offrir un culte [un saint 
sacrifice] à YHWH. 

Et ils feront ces choses, parce qu'ils n'ont connu ni le 
Père, ni moi. » 

Le grec sunagogos pourrait se rendre par l'hébreu 
knesset (synagogue, assemblée) comme en témoigne 
un exemple choisi à dessein : « Je connais ta 
tribulation, et ta pauvreté (mais tu es riche), et 
l'outrage de ceux qui se disent être Juifs [judéens- 
hébreux de la terre d'Israël, polémique intra hébraïque, 
non pas antisémitisme] ; et ils ne le sont pas, mais ils 
sont la synagogue (sunagogué) de Satan. » 
(Apocalypse 2, 9). Ici, la synagogue de Satan (de 
l'Adversaire, de l'accusateur) devait être dans son 
hébreu primitif knesset hassathan/KNSTh HShTN, 
avec le brio d'un calembour à la clé. 

Cette rétroversion est confirmée par ses 
gématries, gR de 111 et gC avec noûn final de 
1544, soit le 111 de l'Aleph, et le 644 de BYWM 
YHWH/au Jour du jugement de YHWH. 
La synagogue de Satan, loin de désigner un 
quelconque ersatz marchand pour zombies 
spectaculaires, désigne ici la synagogue des pharisiens 

242 



de trop terrestre Jérusalem (la Babylone visée par 
l'Apocalypse, où elle est aussi la grande prostituée... 
qui n'est pas sans rapport avec la Sagesse...), autrement 
dit ceux qui dans l'Evangile jettent hors de leur 
synagogue les nazoréens refusant de renoncer à leur 
midrash. 

Je note une hypothèse de rétroversion pour 
l'expression de Jean 16, 2 : « hors synagogue ils 
vous feront (assigneront) » se rendrait par un 'L- 
(H)KNSTh Y'ShHW 'ThYM/'al (traduit par le 
grec apd) (ha)knesseth (traduit par le grec 
synagogos) ya'assêhoû 'ithkem dont je vous 
laisse apprécier l'effet sonore des allitérations. 
Les faux hapax composés de deux mots grecs 
accolés à la hâte ne sont pas rares dans le corpus. 
Ainsi, du zénith (cf. Ap. 8,13), en grec 
mesouranétaï, qui est en fait meso+ouranos, soit 
l'hébreu HtSdY ShMYM, la moitié du ciel - 
demandez-vous pourquoi c'est un lieu aimé de 
l'Apocalypse afin d'y prodiguer ses révélations, 
par exemple en recherchant ses gématries. . .-, ou 
encore de palingenesia chez Paul (Tite 3,5), qui 
se compose de palin, nouveau, HtDSh, et d'un 
composé de la racine enfanter, YLD, par 
exemple MWLDTh, etc. Mais il y a aussi de 
vrais hapax, souvent redoutables. 
Le rapprochement entre la version de la birkat 
haminim qui serait la plus ancienne et la sentence à 
double bouche qui clôt l'Apocalypse n'en prendrait que 
plus de relief. 

Nazoréens de Jésus : 

Les rameaux nazoréens sont divers. Enumérons au 
passage les sadducéens nazoréens auteurs de 
nombreux textes de Qumrân {Rouleau du Temple, 

243 



Document de Damas, etc. ; c'est Roland Tournaire, 
dans L'intuition existentielle, qui a émis l'hypothèse 
qu'il s'agirait ici d'une dissidence nazoréenne des 
sadducéens du Temple), les mandéens nazoréens 
(auteurs très engagés polémiquement avec les rabbins 
pharisiens comme avec les nazoréens de Jésus - voir 
Les Epîtres du Pseudo-Clément, faisant partie du cycle 
de Pierre évincé du canon chrétien, et bien entendu 
leurs propres textes dont le Ginza Rabbah, Le livre 
d'Adam, etc.), voire d'autres nazoréens qui seraient à 
exhumer (gnostiques séthiens ou valentiniens, auteurs 
d'apocalypses comme IV Esdras ?), mais il y a enfin et 
surtout les nazoréens proto-chrétiens, auteurs de la 
Nouvelle Alliance de Iéshoû'a. 
Pour le détail, disons que le pluriel « nazoréens » 
correspond à l'hébreu nôtsrim/N(W)SdRYM, « gardes 
(sens militaire, cf. la tour des gardes 2 Rois 18,8), 
conservateurs-observants (de la Thora), veilleurs (par 
rapport aux mishmarôth, tours de garde pour veiller 
sur le Temple, heure par heure), ou encore rameaux 
(nôtser étant lu nêtser) » ; ce sont des guerriers, des 
penseurs assidus dans l'étude de la Thora, des veilleurs 
éveillés, des rameaux démultipliés du jardin 
paradisiaque. Au singulier, le nazoréen est le nôtser ou 
nêtser/N(W)SdR, « rameau ou conservateur de la 
Thora (comme le nôtser thôrâh de Proverbes 28, 7 qui 
est un fils intelligent - entendez « messie qui a 
l'intelligence de la Thora ») ». Au sens de rameau, 
c'est l'exemple célèbre d'Isaïe 11, 1 : « Et il sortira un 
rejeton de la souche de Jessé [dont descend David, 
donc le messie « fils » de David], et un rameau 
(vnêtser) de ses racines fructifiera » (Isaïe 11, 1). 

244 



Voyez encore Isaïe 60, 21, etc. Passons à quelques 
gématries en guise de dessert ou plutôt d'entremets. 



Quelques menus éclaircissements kabbalistiques : 
Ces nôtsrim/NWSdRYM par exemple, mot que l'on 
trouve aussi dans le midrash chrétien comme celui que 
se donnent les auteurs de celui-ci, ont pour gR et gC 
81 et 3(9)6. Ces deux nombres se ramènent au duo 
36/81, celui du Je somptueux de la sortie d'Egypte, le 
Anoki/'NKY, tandis que le 81 est la gC du 
trône/KSVkissê', et le 396 la gC de ShH H'LHYM/séh 
ha'elohim, l'Agneau du dieu, et de ses substituts (MLK 
MLKYM + 'DN 'DWNYM, le « roi des rois et 
seigneur des seigneurs » d'Ap. 17, 14 et 19, 16, gC de 
396, etc.). Ces gématries sont bien des perles du 
midrash chrétien, plus généralement de la langue 
hébraïque. Leur importance est celle des multiples de 
neuf dans les réseaux de gématries (ou par exemple 
dans le décompte des lettres, mots et versets du 
Cantique des cantiques, tous multiples de neuf. . .), ce 
qui n'est pas sans rapport avec l'astronomie antique, 
particulièrement babylonienne. Si incongru que ce 
rapprochement puisse sembler, il ne l'est pas. 

Sukkah 28a nous l'indique puisqu'en ce texte, 
parmi les dix-huit matières chéries 
« quotidiennement » par le glorieux Rabbi 
Yohanan ben Zaccaï, dont le Talmud ou les 
saints écrits, figurent, côte à côte et dans cet 
ordre, les calculs astronomiques 

(ThQWPWTh/théqoûphôth, les cycles 

astronomiques, les équinoxes...) et les 
gématries. Ce lien étroit témoigne de ce que la 



245 



présence dans les réseaux gématriques de 
nombres importants de l'astronomie 
babylonienne et/ou égyptienne - avec au centre 
les multiples de neuf -, résulte d'un double 
mouvement de conservation et de suppression, 
de suppression de l'aspect idolâtre du « service 
des étoiles » et de conservation par la présence 
dans le judaïsme du calcul des cycles subsumé 
sous l'universalité de l'étude du Texte dans 
laquelle ce calcul se prolonge, s'affine en étant 
pris désormais dans le jeu virtuose des lettres 
hébraïques, et voit son unilatéralité quantitative - 
ce que Hegel nomme le mauvais infini - 
supprimée en étant mesurée dans le qualitatif du 
langage, sa pensée kabbalistique tout comme son 
rythme harmonique. Cette conversion logique du 
calcul à même le langage entre en résonance, 
non sans finesse, avec l'affirmation du YHWH 
'HtD, du dieu Un d'Israël. En effet, celui-ci 
supprime la multiplicité des dieux et des déesses, 
allée parfois jusqu'à la prolifération délirante 
comme dans la fantaisie indienne, tout en la 
conservant dans la diversité de ses noms (et de 
ses nombres), et la dépasse ainsi dans 
l'affirmation de l'infinité divine. 
Mais, notons également que la graphie avec article 
HNWSdRYM livre la gR 86 et la gC 4(0)1, soit le 
duetto de gématries 41/86, les gR et gC 
d'Elohim/'LHYM : le dieu (les nôtsrim sont aussi 
« comme dieu » dans ce sens) ! 
En Romains 2, 13, Paul énonce que ceux qui seront 
justifiés (racine de la tsedaquah) sont les observants, 
nostri, de la Thora, soit les HNWSdRY (ThWRH). Ce 
HNWSdRY qui exprime l'identité de nos nazoréens a 
pour gR et gC 73/361, soit le 37/73 de HtKMH/la 
Sagesse : ces observants de la Thora sont la Sagesse ! 

246 



Posons enfin un ultime exemple. La racine NSdR des 
nazoréens, au centre de leur inspiration, a pour gR et 
gC 52 et 340, les mêmes gématries que le Livre/SPR ! 
Ce sceau gématrique correspond bien au fait que 
l'accomplissement messianique du Livre, mis à nu 
dans sa merveille, soit le cœur de leur pensée. Le mot 
et la chose sont en parfaite adéquation. 

Le registre des espèces (minim) : 
Le midrash identifie couramment les membres de 
l'Assemblée ou les rabbis et thalmidim (disciples) à 
des plantes ou des espèces qui doivent croître et se 
multiplier. En effet, comme le souligne le Cantique 
dans un passage déjà cité, les membres de l'Assemblée 
sont ses envoyés (shelâha(r)hik, Cantique 4, 13), ce 
qui désigne encore les plantes de son jardin (celui du 
Livre et de son interprétation). 
Pour prendre un autre exemple, les rabbins, les 
nombreux, sont à rapprocher de la racine RBH/RB Y 
(râveh ou râvah), se multiplier, présente dans le 
commandement donné aux animaux de la Création 
tant au chapitre un qu'au chapitre neuf de la Genèse, 
après le Déluge : « croissez et multipliez »/peroû 
voûreboû/PRW WRB W. 

On peut encore mentionner la parabole du bon grain et 
de l'ivraie (en Matthieu 13) où le premier est l'adéquat 
au tôv (à la Sagesse), alors que la seconde représente 
le yetser hara', le "mauvais penchant". C'est ce dernier 
mal que Philippe dans son Evangile préconise 
d'extirper par la racine (shôresh qui peut être aussi la 
bonne racine céleste de l'arbre cosmique). Les 
talmudistes, quant à eux, l'identifient avec un mauvais 



247 



désir, une sexualité animale immédiate, non domptée. 
Cette définition de la racine du mal s'accorde d'ailleurs 
très bien avec le mot pour l'ivraie, la fameuse zizanie, 
ZWNYN/pJlT, zônin qui a pu être lue ZZNYN/pn en 
vertu de la proximité en hébreu du waw et du zayïn 
(d'où zizanie pour zônin, le mot grec pour zizanie étant 
par ailleurs un hapax). En effet, ces zônin (masculin 
pluriel en hébreu) sont associés à la prostituée (zônâh), 
à l'adultère (zana'), à celui qui est sans foi, suspect 
d'impiété (zânan) ou encore à ZWN/zoûn, racine de la 
nourriture et de la prostitution, toujours pour évoquer 
l'idolâtrie. De plus, zônim est un pluriel signifiant par 
là la potentielle prolifération de ces graines sauvages 
semées par le Satan (l'accusateur et diviseur qu'il s'agit 
de diviser), par derrière et pendant le sommeil. 
De son côté, la bonne semence est le blé (bar, dagan 
ou ha(r)hitim) au goût de paradis (gan), celui avec 
lequel on fait le pain de vie (le(r)hem ha(r)hayim, la 
substance de la Résurrection liturgique permanente) et 
qu'amène le fils (araméen bar). Or, le blé est un 
équivalent midrashique de la vérité lié au Rachat (= la 
Rédemption). Voyez-le à l'œuvre dans le récit 
génésique du rachat des frères de Joseph. A contrario, 
l'ivraie (comme la paille distinguée du blé) est le 
mensonge (sheker) proche du salaire (shakar) en son 
mauvais sens, celui d'une rétribution en échange d'une 
soumission à une domination extérieure (ce n'est pas 
celui obtenu en rétribution du service divin et que les 
sages identifient avec l'accès au 'ôlam haba'). 
Enfin, pour revenir à nos minim nazoréens, il convient 
d'associer la zizanie (qui à la fin de la parabole est 
jetée au feu) avec la balle jetée dans la Géhenne, 

248 



autrement dit avec ces fils du Satan (ou des ténèbres 
selon Qumrân) qui sont la proie du Shéol au moment 
du jugement. Du coup, le bon grain (qui, lui, est 
conservé dans les greniers du père pour la fin, le 
grenier, 'WSdR/'ôtsar, de la lumière, 'WR/'ôr, opposée 
aux ténèbres de l'ivraie) est la semence d'excellence en 
accord avec la Sagesse. Il représente cette nouvelle 
espèce que sont les minim et les nôtsrim avec leurs 
corps de ressuscites dès cette vie (comme le dit le 
gnostique Philippe). C'est du bon grain semé pour la 
fin que le Royaume croît et se fortifie. 
La qualification de minim donnée aux nazoréens de 
Jésus par leurs ennemis (et qu'ils ont pu aussi 
revendiquer pour eux-mêmes en un sens noble) 
participe ainsi du registre à double entente des 
semences (voir traité Zera'im du Talmud) et de leur 
symbolique. Le fait qu'ils se pensent comme nouvelle 
espèce, comme min eschatologique, s'explique par leur 
élaboration unique du nouvel Adam (cf. annexe 4), 
comme par leur pensée inouïe de la recréation de la 
première création, ou plutôt du retour à l'existant 
stable de Genèse 1, 1 (cf. glossaire à l'entrée 
« recréation apocalyptique »). Pour en donner un 
exemple suffisamment probant qui fasse bien sentir 
qu'ils se sont aussi conçus comme nouvelle créature, 
nouvelle « espèce », ou plutôt comme le genre 
spirituel lui-même (au sens affirmatif de la min 
hébraïque, à mille lieues de tout délire raciste), voici. 

Vérité de cette nouvelle "espèce " : 

Tout converti au midrash chrétien est tel un enfant 

symbolique. 



249 



« En vérité, je vous le dis : si vous ne vous 
convertissez et ne devenez comme des enfants, vous 
n'entrerez point dans le royaume des cieux. » 
(Matthieu 18,3). 

Dans la langue hébraïque ces enfants supposés ne sont 
pas dénués de sel. En effet, il s'agirait de 
N'RYM/n'ârim de gR et gC 73 et 37(0), autrement dit 
les gR et gC de HtKMH/la Sagesse ! Revêtus de la 
Sagesse des Hébreux, ces minim d'une nouvelle espèce 
entrent dans la nouvelle création fondée en dâvâr (le 
Verbe), celle qu'ouvre Jean 1, 1+2. Celle-ci est ce que 
l'Evangile nomme le Royaume : (ha)malkoûth (le 
'ôlam haba' advenu, d'où qu'il soit question d'une 
nouvelle naissance, une palingénésie spirituelle, ou de 
refaire sa naissance). L'enfant nouveau-né ainsi 
baptisé est un Adam nouveau. 

Le baptême, la tevilâh, prend un tour singulier 
dans l'esprit des rédacteurs évangéliques. En 
effet, pour eux, être baptisé (passif, sinon TBL 
qal) se rétrovertit en la racine NTBL, au niphal, 
dont il n'y a qu'une seule occurrence dans 
l'ensemble du TaNaK. C'est au moment où 
Josué- Jésus franchit le Jourdain au chapitre trois 
verset quinze du livre qui porte son nom. Lors de 
cette traversée, contrairement à celle de la mer 
Rouge par Moïse, les prêtres et eux seuls - le 
peuple des kohanim prophétisé par le 
Deutéronome ! - touchent l'eau ou plutôt sont 
touchés, trempés, baptisés par elle. D'où la 
puissance de la symbolique du double baptême 
de Jésus au Jourdain, d'eau et d'esprit, par 
midrash sur le franchissement du Jourdain par 
Josué, et sur l'esprit qui s'agite, plane ou 
tournoie au-dessus des eaux au début de la 
Genèse ! De plus, comme ce fleuve - 

250 



littéralement, « celui qui descend [des cieux ?] » 
- est la métaphore du fleuve sortant d'Eden (le 
fleuve Jourdain/NHR YRDN étant lu dans 
l'expression « et un fleuve sortait 
d'Eden »/WNHR YSd' M'DN de Gen. 2, 10), 
s'y baigner ou le franchir, c'est revenir à l'Eden 
et son jardin, c'est donc bien poser le pied une 
bonne fois sur la terre promise où coulent le lait 
et le miel. Le baptême au Jourdain est 
l'avènement du Royaume, ou plutôt l'entrée dans 
le Royaume pour l'élu baptisé (immergé dans les 
eaux de la Thora). D'ailleurs, la gématrie ne peut 
s'empêcher ici de venir une nouvelle fois abolir 
le hasard. En effet, « baptiser au Jourdain » c'est 
TBL BYRDN de gR et gC 73/3(0)7, les 
gématries des n'ârim (enfants) vus ci-dessus, 
celles de la Galilée - ou de la lumière des 
hommes/'WR H'DMYM du prologue de Jean -, 
mais surtout celles de la Sagesse ! Ce baptême 
est bien un moyen de revenir au tout début de la 
Genèse où figure encryptée dans le premier 
verset la somptueuse (r)Hôchmâh/HtKMH, la 
Sagesse. 

Celui qui est en Christ, dans le sein paradisiaque, 

Ce sein-paradis est « le sein d'Abraham » 
d'après Luc 16, 22, soit HtYQ 'BRHM, de gR 
78 = RWHt QDSh/« esprit saint », et gR + gC = 
444 = DMShQ/Damas ou MQDSh/le Sanctuaire. 
Il a pour notarique finale QM, « ressuscite, lève- 
toi ! », il exhibe même trois racines de 
l'élévation, HtYH, QWM et RMH ! Sinon, il est 
appelé « le sein du père », HtYQ YHWH - pour 
'B/'av qu'on entend dans Avraham -, cette fois- 
ci dans le Prologue de Jean. 

est même une nouvelle créature (racine BR' de Genèse 

1, 1, ou racine QNH) comme le dit 2 Corinthiens 5,17. 

Je propose la formule hébraïque QNYN HtDSh/qinyân 

251 



(r)hâdâsh pour cette « créature (ou possession ou 
troupeau) nouvelle ». Ses gR et gC - 90 et 522 - 
valident cette hypothèse puisque ce sont exactement 
celles de MLKWTh YHWH, le Royaume du dieu ! 
Ainsi ce renouvellement est-il un thème privilégié du 
midrash paulinien. Mais, c'est une rétroversion 
éclairée de l'Adam dernier (eschatologique) qui nous 
permettra de conclure. 

« Il est semé corps animal, il ressuscite corps spirituel. 
S'il y a un corps animal, il y en a aussi un spirituel. 
C'est ainsi aussi qu'il est écrit : Le premier homme 
Adam devint " une âme vivante ", le dernier Adam, un 
esprit vivifiant. » (1 Corinthiens 15, 44 et 45). 
La première partie, traitant du premier homme ou 
Adam rishôn, bien connu du Zohar, est un rappel de 
l'Adam de la Création : « Et YHWH Elohim forma 
l'homme, poussière du sol, et souffla dans ses narines 
une respiration de vie, et l'homme devint une âme 
vivante (WYHY H'DMLNPSh HtYH/vayêhi hâ 'âdâm 
Inephesh (r)hayâh). » (Genèse 2, 7 ; je souligne.) Le 
dernier Adam - ou Adam eschatologique - est 'DM 
(H)'HtRWN/'âdâm (ha)'a(r)harôn, il est l'Adam 
ressuscité de la nouvelle Création amenée par 
l'accomplissement eschatologique de l'Œuvre du 
Char. Il est apparemment propre au midrash paulinien, 
contrairement à l'Adam (ha)rishôn. Si le premier 
Adam est lié à l'Œuvre de la Création, le dernier ou 
eschatologique est lié, pour sa part, à celle du Char. 
C'est, comme je l'ai déjà indiqué, l'esprit vivifiant qui 
le caractérise qui permet de le deviner. En effet, cet 
esprit vivifiant n'est autre que RWHt 
HHtYH/réoû(r)ha ha(r)hayâh, lequel n'a que trois 

252 



occurrences dans le TaNaK, toutes trois chez Ezéchiel, 
en 1, 20, 1, 21, et 10, 17. C'est l'esprit qui anime les 
roues ('ophanim) du Char, autrement dit l'esprit qui 
anime le Char tout entier, cette allégorie de l'homme 
divin (faire le Char, c'est faire l'homme ; non pas un 
homme ordinaire, mais l'eschatologique à « l'image et 
à la ressemblance » du dieu). 

Ces éléments posés, je peux proposer une rétroversion 
de l'ensemble des deux propositions rassemblant les 
deux Adam, descellant ainsi le sens de l'unité des deux 
Œuvres telles qu'elles se renouvellent en leur 
accomplissement un : 

« Le premier homme Adam, " une âme vivante " ; le 
dernier Adam, un esprit vivifiant », c'est 'DM 
HR'ShWN LNPSh HtYH + 'DM H'HtRWN LRWHt 
HHtYH. 

gR=l+4+13+5+20+l+21+6+14+12+14+17+21+8+10 
+5+1+4+13+5+1+8+20+6+14+12 
+20+6+8+5+8+10+5 = 318(39) ; 
et 

gC=l+4+40+5+200+l+300+6+50+30+50+80+300+8 
+10+5+1+4+40+5+1+8 

+200+6+50+30+200+6+8+5+8+10+5=1677(777). 
L'unité des deux Œuvres, à entendre aussi comme 
celle de l'Ancienne Création et de la Nouvelle (qui 
comme la Révélation est inséparable de l'Œuvre du 
Char), s'identifie donc aux résultats du réseau essentiel 
du 39, celui de la Révélation, ou plutôt ici du 'êts/'Sd, 
le bois-l'arbre, ainsi qu'elle s'identifie à ceux du 
réseau du 777, plérôme de l'arbre de vie, unité des 
cieux et de la terre, et de tout ce qui compose ce réseau 
inouï déjà détaillé en partie dans mon tome I (en lien à 



253 



la vision unitaire des quatre mondes qui relient le ciel 
et la terre, tout comme à la vision de l'homme qui fait 
le Char ou à la Transfiguration). 
Les nazoréens de Jésus, ces glorieux recréateurs, ne 
plaisantent pas une seconde lorsqu'ils s'affirment 
comme des Adam nouveaux inspirés de la (r)hayâh du 
Char par lequel ils se sont faits en le faisant, 
passionnément et intégralement. Par ailleurs, nous 
avons donc ici comme degré ultime atteint par la 
Nouvelle Alliance l'unité des deux Œuvres à la fin des 
temps. Ce n'est pas anodin. Comme nous l'avons 
indiqué dans notre introduction, le ma'asseh merkavah 
offre la vision du trône et, par conséquent, celle de la 
fin des temps, qui est aussi le hors temps d'avant la 
Création (le 'ôlam haba' comprenant le temps et ayant 
tout son temps comme le Texte qu'il est lui-même, s'il 
est vu sous un certain angle mystique). De même, le 
ma'asseh brêshith est l'œuvre qui offre la vision du 
commencement « en Sagesse » et, par conséquent, 
donne accès au même Temps hors temps d'avant la 
Création, le 'ôlam haba'. 

L'usage que je fais des mots créer et Création, 
traduisant BR' et BRY'H/BRY'Th, n'est bien 
entendu que de simple convention. Si le latin 
traduit ce verbe par creare avec tous les 
malentendus qui s'ensuivent, la Septante le 
traduisait par le grec poien, lequel, s'il n'en 
devint pas moins problématique une fois perdu 
son sens véritable, est autrement plus juste, 
toutefois si l'on sait restituer et laisser vibrer 
dans ce mot son sens primordial. Ainsi, poien ne 
signifie pas seulement un usuel « œuvrer, 
fabriquer», mais plus fondamentalement un 
« faire entrer en présence », un peu comme la 

254 



racine de la phusis (qui n'est pas simplement « la 
nature », mais la profusion de dévoilement qui a 
lieu en et par elle, faisant signe vers l'esprit ou 
plutôt étant le signe de l'esprit qui la traverse, 
vers lui-même). Il ne faut plus entendre « au 
commencement dieu créa les cieux et la terre », 
mais quelque chose comme « à partir du 
rêshith, le dieu dévoila ou fit entrer en présence 
les cieux et la terre [leur unité, l'échelle qui les 
relie, la halakha divine... la Sagesse redoublée, 
secret du nombre 777] ». De même, l'Œuvre de 
la Création, le ma'asseh brêshith, doit s'ouïr 
comme le « décèlement par - ou à partir - du 
rêshith (principe, tête) », autre manière 
d'énoncer l'unité de celle-ci avec l'Œuvre du 
Char, puisqu'en cette dernière c'est le trône divin 
qui se montre, autrement dit le même principe 
qui se cache dans le rêshith initial, celui qui 
anime l'Œuvre de la Création ! 
Ainsi, ces considérations nous portent à affirmer qu'il 
existe un certain point de l'esprit du midrash d'où ces 
deux œuvres, de même que le commencement et la fin 
ou le haut et le bas, cessent d'être perçues 
contradictoirement. Ce point est \Qpunto victorieux et 
incandescent comme le (r)hashmal, l'éternité même de 
la Thora, ce qu'elle a de plus intérieur et libre, son 
point de vision infini, lequel précède la Création et se 
dévoile - le cœur même du saint des saints et le but de 
toute vision mystique - à la fin, par la venue du 
Messie. Cela rend d'une clarté irréprochable le triple 
passage talmudique où le rouleau d'Ezéchiel est 
apparemment contesté, comme ne devant pas entrer 
dans la totalité organique vivante des livres qui 
souillent les mains. 



255 



J'emploie ici organique en un sens « hégélien » - 
à l'opposé de l'usage arriéré et malade du mot 
organisch tel qu'il a été perpétré et perpétué dans 
la Lingua Tertii Imperii, la novlangue du 3 eme 
Reich décrite et percée à jour par le profond 
Victor Klemperer, lequel s'est comme par hasard 
passionné toute sa vie pour le français du 18 ème 
siècle, cette langue de nuances et de jouissances. 
En effet, cette contestation nous est contée d'une 
manière similaire exactement par trois fois, en 
(r)Haguigah 13a, Mena(r)hôth 45a et en Shabbath 
13b ; soit, dans cette dernière version : « Rab Juda dit 
au nom de Rab : En vérité, cet homme, Hannaniah fils 
d'Ezéchias est de mémoire bénie, même si pour lui le 
livre d'Ezéchiel aurait dû être mis en guénizâh [racine 
GNZ/gânaz], parce que, pour lui, ses paroles 
contredisaient la Thora [min nn jntûlD mm]. Que 
fit-il [nû ntPy, question cruciale du « faire », de la 
racine du ma'asseh, tant celui de la Création que du 
Char, ma'asseh au sens de grand œuvre] ? Il se fit 
livrer trois cents barriques d'huile, il s'assit dans une 
chambre haute [la 'aliya, lieu qui par excellence est 
celui de la méditation mystique] et il interpréta [îtsmi, 
la racine du midrash] . » Le terme pour dire que les 
paroles d'Ezéchiel entrent en contradiction avec celles 
de la Thora est de la racine SThR, ssâthar au sens 
d'invalider, contredire, dissoudre, énerver ; mais c'est 
aussi SThR/ssethar au sens de cacher, protéger, garder 
secret ; double sens qui évoque celui de la racine 
GNZ/gânaz, celle de la guénizâh : à la fois faire 
disparaître, déclarer apocryphe, supprimer, prohiber à 
la lecture, enfouir et, de conserve, garder secret, 
préserver, sauver (au sens de la conservation de la 

256 



Thora). Donc, c'est dans le secret (qui se dévoile par 
l'étude intensive, dans une chambre haute, etc.) que la 
contradiction est résolue et dissoute dans une unité 
élevée, ce point qu'est l'intériorité de diamant de la 
Thora, en laquelle fondent comme neige au soleil 
toutes les contradictions apparentes de son texte infini, 
laissant en retour émaner d'elle-même toute une 
polyphonie enjouée et subtile, interprétative et 
paradisiaque, que rien ne nous empêche dès lors 
d'entendre comme le Talmud lui-même, désormais 
inséparable des mets délectables et des vins rares du 
midrash évangélique, apostolique et apocalyptique. 



257 



CONCLUSION : 

« Qui n'augmente pas sa 
connaissance la diminue. » 

(Pirkê Avôth) 

Le Livre, dirai-je en m'inspirant d'une réflexion 
déterminante du lumineux Mallarmé, est expansion 
spirituelle totale de l'amour absolu du fiancé et de la 
fiancée, du père et des lettres de son redoublement 
alphabétique, il doit de ces dernières tirer, directement, 
une mobilité et spacieux, par analogies, condensations, 
calembours et procédés kabbalistiques, instituer un jeu 
qui sert avec passion le dessein délicat de la narration 
midrashique, sa pensée. Ce jeu miraculeux de l'Infini 
avec le néant est le moment cardinal de son 
développement en tant que Livre vivant. Celui-ci est 
création éternelle, vitalité éternelle et esprit éternel - 
animant l'Assemblée de ces « Corps sans prix, hors de 
toute race, de tout monde, de tout sexe, de toute 
descendance », immergés dans l'enseignement, 
l'étude, la recherche et la tradition. 

Récapitulons désormais le contenu de l'ouvrage, au 
terme de l'étude, laquelle est avant tout une quête de « 
l'heure du désir et de la satisfaction essentiels », 
toujours à reprendre et à laisser s'approfondir en elle- 
même. En un sens plus général, je puis dire que l'étude 

258 



est inépuisable parce que son infini mouvement est 
celui-là même de la parole. Elle convoque trois 
domaines qui s'éclairent et s'abreuvent mutuellement 
en nous abreuvant et nous éclairant, la pensée juive- 
hébraïque, la méditation de la poésie en repartant de sa 
source, et enfin la Science, la pensée spéculative, où 
les deux précédentes se trouvent relevées. Aussi 
l'étude, en ce sens universel où elle n'est plus 
seulement telle ou telle étude particulière, est bel et 
bien infinie. 

Les quatre études ici recueillies n'en forment donc 
qu'une seule, qui nous a conduits au plus secret de 
l'accomplissement des Ecritures par la Nouvelle 
Alliance de Iéshoû'a. 

Une première joute aura mis au jour le grand jeu de la 
pensée juive avec le Néant, et du même coup, celle-ci, 
saisie comme Œuvre de la Création (ma'asseh 
brêshith) et comme Œuvre du Char (ma'asseh 
merkavah). Nous connaissons de la sorte le 
déploiement de l'Infini dépourvu de tout attribut ('êyn 
soph) à travers ses prédicats essentiels, les séphirôth, 
jusqu'à la Shékinah ; et cette connaissance, comme la 
médiation de la suppression de la médiation. 
Dans un second temps, nous aurons déterminé la 
notion de « prosélytisme midrashique » comme don 
effectif de la Thora en langues, afin d'examiner les 
modalités suivant lesquelles cette pensée du don 
déploie ses arborescences dans les textes de haute 
voltige de la Nouvelle Alliance et de ses apôtres, eux 
qui, fidèles à l'esprit de la Shavoû'ôth eschatologique 
(la Pentecôte comme poursuite du « coup des 
Septante » par les mêmes moyens de la genèse 



259 



textuelle de la parole), cette nouvelle donation de la 
Loi, parcourent midrashiquement le monde, de l'Inde 
(pour Thomas) à la Grande-Bretagne (pour Paul, après 
qu'il eut fait le tour du bassin méditerranéen), sans 
oublier l'Egypte (pour Marc) ou la Grèce (pour 
Philippe), etc. Nous aurons retrouvé, au passage, 
/ 'esprit ayant présidé à l'écriture de la Lettre d'Aristée, 
cette haggadah justifiant la traduction des Septante. 
Commençant à apprécier le vent du large et les joies 
de la navigation, nous nous sommes attachés à délivrer 
le sens même de l'inspiration et de la reconnaissance 
des livres selon « l'esprit saint ». IV Esdras - et 
l'épisode clé de son récit en sept temps - nous aura 
alors servi de sextant, de guide, de boussole. 
Riches de ces premières expériences, guidés par la 
colombe, une feuille d'olivier dans son bec, nous 
avons retrouvé la Terre promise, où coulent et 
ruissellent le lait et le miel, comme nous avons pu le 
vérifier une fois que nous y eûmes abordé. Foulant le 
sol verdoyant du verger du sod apocalyptique, nous 
avons parcouru ces contrées inexplorées, désaltérés 
par l'eau des sources et nourris de la manne du matin. 
Ainsi avons-nous pu déterminer, grâce au roseau d'or 
de l'esprit saint, les mesures du divin jardin du TaNaK. 
Nous enfonçant alors dans les profondeurs suavement 
parfumées de cette forêt magnifique, agencée de façon 
si infiniment intelligente ; comprenant sans effort le 
langage des fleurs et des choses muettes, et nous fiant 
aux paroles, claires comme de l'eau de roche, que 
celles-ci, de concert avec les vivants piliers, droits et 
majestueux, qui les accompagnent, nous adressaient ; 
nous avons su trouver l'entrée du parc gardée par les 

260 



chérubins, qui, reconnaissant en nous les voyageurs 
emmenés par les lumières inouïes et les antiques 
nouveautés alchimiques de la science de l'Aleph 
héroïquement découverte dans l'extase harmonique et 
patiemment approfondie aux terribles soirs d'étude, 
cessèrent de faire tournoyer l'épée flamboyante et 
nous laissèrent accéder au cœur du jardin où tout n'est 
qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté, pour que 
nous puissions dès lors goûter le pain de l'arbre de vie 
et le vin de la loi nouvelle, qui n'est plus au ciel, mais 
aussi sur la terre, qu'elle renouvelle à son tour. Car 
telle est, par un décret des puissances suprêmes, terme 
fixe d'un éternel dessein, l'infinie réalisation de la Loi. 
Lorsque Jésus dit : « aujourd'hui tu seras avec moi 
dans le paradis » - fabuleuse contraction temporelle 
entre inaccompli et accompli exprimant l'inépuisable 
de l'éternité à même le temps ; la parole constituant 
alors ce franchissement du plus infime et redoutable 
des abîmes -, nous savons désormais quelle merveille 
de l'herméneutique hébraïque fait signe alors, et que 
cet aujourd'hui est l'ici maintenant de l'entrée - pour 
l'élu - dans le 'ôlam haba' au sens de la parousie, le 
verger de Ses envoyés séraphiques. 

Le midrash chrétien n'est pas seulement une 
particularité du messianisme juif, ni uniquement un 
midrash particulier à côté des autres ou parmi les 
autres midrashim antiques, mais la clé du judaïsme, 
qui ouvre à la compréhension de ses diverses 
tendances dans l'antiquité, dont il constitue l'unité 
négative, c'est-à-dire la singularité. Celle-ci permet de 
retrouver la totalité savoureuse du contenu du 



261 



judaïsme - et des formes diverses qu'il a prises de 
l'antiquité à nos jours -, enfin illuminée par les 
lumières conjointes de la poésie et de la philosophie. 
J'espère ainsi avoir suffisamment laissé entendre que 
le génie du judaïsme, tel qu'il s'éclaire et se médite à 
partir de son secret, est un même paradis par-delà toute 
séparation. 

La science que j'entreprends est une science distincte 
du judaïsme. Je ne chante pas ce dernier. Je ne 
m'efforce pas non plus de découvrir sa source. Je 
l'étudié librement, non pas comme misère religieuse, 
qui est « tout à la fois Y expression de la misère réelle 
et la protestation contre la misère réelle », c'est-à-dire 
un triste « état de névrose de l'humanité » ; mais 
comme pensée glorieuse, somptueuse, majestueuse, 
« prodigieuse lumière prodigieusement méconnue, ne 
se souciant d'ailleurs pas d'être reconnue, jouissant 
d'elle-même, pour elle-même, par elle-même, en elle- 
même, d'une indépendance d'esprit inouïe », 
resplendissant secrètement dans les plus belles œuvres 
des civilisations chrétiennes, juives et musulmanes, 
des évangiles à l'Antéchrist en passant par le Coran et 
le Vatican ; àçs Actes des apôtres à La Société du 
spectacle en passant par Venise et les Talmuds de 
Babylone et de Jérusalem ; de L'Apocalypse à 
L 'invention de Jésus en passant par La Divine 
Comédie, La Phénoménologie de l 'Esprit, Les Chants 
de Maldoror et Paris. Le genre que j'entreprends est 
aussi différent du genre si prisé des érudits et 
spécialistes, qui ne font que disséquer un cadavre, que 
ce dernier ne l'est pas des oraisons funèbres, de la 
stance religieuse, des liturgies mécaniques, des 

262 



psalmodies monotones de versets, où la pensée ne se 
retrouve pas. Il n'y a pas le sentiment de la vie ; ni, a 
fortiori, la force de la raison, qui paraît mieux en ceux 
qui la connaissent qu'en ceux qui ne la connaissent 
pas. Dans la nouvelle science, chaque chose vient à 
son tour, telle est son excellence. 
Elle énonce les rapports multiples et surprenants qui 
existent entre, d'une part, le corpus de la Nouvelle 
Alliance, très ramassé dans le temps - relativement à 
sa rédaction -, et d'une densité verbale de diamant ; 
d'autre part, l'ensemble des judaïsmes ultérieurs, 
ceux-ci s'étant développés sans connaître l'existence 
de celui-là (à tout le moins sans guère en tenir compte) 
; et enfin ce qui sert de socle à l'une et à l'autre de ces 
floraisons, la Thora au sens large, escortée d'un certain 
nombre d'apocryphes. 

C'est ainsi toute une pléiade de rapprochements 
émouvants et lumineux que j'aime à dévoiler. Entre 
l'abolition de la Thora telle qu'elle s'inscrit dans la 
Nouvelle Alliance et son pendant talmudique ou 
kabbalistico-messianique (cf. annexe 1) ; entre les 
péricopes évangéliques et le Midrash ; entre les 
massifs enfouis de Nag Hammadi, les gnostiques dont 
déparle Irénée, et la mystique d'un Cordovero ou d'un 
Louria - mais déjà du Zohar ou du Bahir - quant à la 
compréhension du monde séphirôthique à relier aux 
engendrements d'éons par syzygies ou aux descentes 
et ascensions de Jésus reliant le haut et le bas telles 
qu'elles sont clarifiées dans la gnose valentinienne, 
etc. ; entre les Apocalypses nazoréennes, de Paul ou de 
Jean, celles, plus anciennes, d'Elie ou de Baruch, et la 
subtile littérature des Palais ; entre la mystique 



263 



paulinienne du corps de l'Assemblée et le Shiour 
Qômah ; entre l'union de celle-ci avec son dieu et la 
dévékoûth au sens (r)hassidique ; entre « la Thora du 
Messie » méditée dans les épîtres néotestamentaires et 
la pensée de celle-ci dans la Kabbale alors que 
l'hébreu séraphique de la Nouvelle Alliance de 
Iéshoû'a demeurait occulté ; entre la vision des 
séphirôth, la pensée de la Jérusalem d'en haut dans le 
Zohar et l'établissement de la Jérusalem céleste dans 
la Nouvelle Alliance, etc. 

A chaque fois un rapprochement probant et éclairant 
vient à nous et se déploie comme de lui-même ; ainsi, 
ce qui est en apparence disjoint, séparé, différent, 
retourne, pour peu que nous le laissions se développer, 
dans une unité fondamentale, c'est-à-dire devient un 
savoir essentiel et concret pour une nouvelle science 
du judaïsme. 

Pour paraphraser Saadia Gaon, je dirai de ces 
rapprochements intuitifs entre le cœur qu'est la 
Nouvelle Alliance et les ramifications multiples du 
génie du judaïsme, soit en amont, soit en aval, qu'ils 
ont lieu de deux manières : ou bien ils se présentent 
d'eux-mêmes à celui qui les cherche, ou bien ils 
attirent celui-ci vers eux. 

C'est pour ne pas violenter la constitution un peu 
débile de gens qui tremblent à l'audition de certains 
mots que nous n'avons pas intitulé le présent chapitre 
Anaképhalose. Il aurait pourtant mieux convenu que le 
titre de Conclusion. L' anaképhalose consiste à 
récapituler tout en ajoutant, en complétant. L'exposé 
synthétique du résultat de nos recherches va 

264 



conséquemment se poursuivre par une méditation 
visant à déterminer plus finement le saut qualitatif que 
représente, par rapport au midrash « pharisien », le 
midrash nazoréen de Jésus, dit « midrash chrétien » ; 
ou plutôt à exposer le franchissement que réalise la 
Thora du Messie Jésus - résolvant au passage le 
problème de l'infinité de la Thora, c'est-à-dire de son 
secret, de son intériorité -, relevant et dépassant la 
différence entre Thora orale et Thora écrite. 
Quelques intuitions tendant vers cette clarification sont 
apparues au cours de l'ouvrage. Nous allons - grâce au 
sens même de la parole hébraïque - tenter de 
déterminer ce saut qualitatif comme la venue au jour 
de l'absolu en tant qu'esprit. 
Dans la dernière sous-section de la religion dans la 
Phénoménologie de l'Esprit, à savoir « la religion 
manifeste », Hegel explicite ce qu'il nomme « le 
contenu simple de la religion absolue » comme « cette 
humanisation de l'essence divine [où le dieu se trouve 
immédiatement saisi intuitivement de façon sensible 
comme un homme singulier effectivement réel], ou le 
fait qu'elle a essentiellement et immédiatement la 
figure de la conscience de soi. » 
Or, cette expression du contenu simple de la religion 
absolue - qui n'est évidemment qu'un moment de ce 
contenu, non sa totalité - ne correspond pas seulement 
au christianisme partant de l'avènement du Christ, 
mais il est dans la nature même de la plus haute 
mystique des Hébreux de correspondre à cela. 
En effet, le trait essentiel de cette dernière est de 
« faire Dieu » - comme disent les kabbalistes -, ou, si 
vous préférez, de le revêtir, de le faire advenir à la 



265 



conscience ouverte et extatique de celui qui le revêt, 
de manger du fruit de l'arbre de vie pour être « comme 
dieu » (K'LHYM/kê'lôhim est la formule de Genèse 3, 
5 frauduleusement et universellement traduite par un 
« comme des dieux » renvoyant au « polythéisme » 
afin d'éviter cette difficulté-là, celle de l'humanisation 
de l'essence divine sous la figure du Soi), ou encore 
d'amener sa Présence ici-bas selon une dense diversité 
de modalités symboliques, de métaphores subtilement 
tressées dans le secret : en faisant des tentes ou des 
cabanes (soukkôth), en construisant le tabernacle ou le 
Temple, en œuvrant au Char, en plantant la vigne, etc. 
Pensons ici à Moïse/MoShéH/MShH, œuvrant, 
en plein désert, à la tente du témoignage/'ôhêl 
mô'êd, afin de revêtir son anagramme exacte 
HShM/HaSheM, avec lequel il ne fait en 
conséquence qu'un, mais ceci seulement quant à 
la lettre, puisqu'il en diffère encore par la 
prononciation, c'est-à-dire en esprit. La Nouvelle 
Alliance rendra effectif ce qui est en soi déjà là 
dans la Thora, cette effectivité étant son 
accomplissement, le fait de révéler au jour son 
intériorité, son secret. Au sujet de cette intériorité 
de la Thora, je me base ici notamment - car les 
exemples sont nombreux et variés - sur Ruth 
Zohar : « De même que la noix a une coquille à 
l'extérieur et un noyau à l'intérieur, ainsi sont les 
paroles de la Thora, elles comportent : œuvre 
[ma'asseh], fouillage [midrash], récit 
[haggadah], et secret [sod] », ou bien encore sur 
Zohar III, 152a : « La Thora possède un corps 
fait de préceptes appelés "corps de la Thora" 
[gufêy thôrâh], ce corps est enveloppé dans des 
vêtements qui sont les récits de ce monde ['LM' 
où l'on devine le 'ôlam hazé]. Les sots et les 

266 



insensés s'obnubilent à contempler ses 
vêtements, ces récits que conte la Thora. Ils ne 
savent rien du reste, de ce qui est caché en 
dessous. Ceux qui sont pénétrés de la profonde 
intelligence du reste [YThYR] ne prêtent même 
pas attention au vêtement [LBWSh', hébreu 
LBWSh], mais voient le corps [GWP', hébreu 
GWP] qui est dessous. Les sages véritables, 
ministres du Roi suprême, ceux qui furent 
présents au pied du mont Sinaï [nos anciens !], 
ne regardent que le souffle [NShMTh', hébreu 
NShMH], le principe de la Thora elle-même [en 
fait rOurayitta'/'WRYYTh', quintessence de la 
lumière qu'est la Thora], et dans " l'avenir " [en 
fait le ZMN, le temps du tiqqoûn ou plutôt 
l'accès au 'ôlam haba'...], il leur " sera " donné 
de contempler le souffle du souffle [NShMTh' 
LNShMTh' correspondant à l'hébreu NShMH 
LNShMH] à l'intérieur de la Thora. Le vin ne 
peut se conserver que dans une jarre, il en est 
ainsi de la Thora, elle ne peut se garder que dans 
ce vêtement fait de contes et de récits, mais au- 
delà desquels il est nécessaire d'accéder. » ; 
porter au jour cette intériorité de la Thora, son 
sod (le vin !), en être la Révélation, tel est 
précisément ce qui caractérise essentiellement la 
Thora du Messie attendue pour la fin des temps 
(aux heures opulentes des noces de Cana !) ; ce 
pourquoi elle peut être dite antérieure et/ou 
supérieure à la Thora écrite, celle de Moshé 
rabbénoû. 
Nous avons vu l'antiquité de cette pensée en étudiant 
la notion de fils de dieu (cf. les quatre dans la 
fournaise, chez Daniel), ou le lien entre Œuvre du 
Char et Œuvre de la Création. Nous en verrons d'autres 
exemples dans les annexes. 



267 



Mais aussi bien cette « humanisation de l'essence 
divine » nécessaire à la religion manifeste n'en est-elle 
qu'un moment, et ce n'est certes pas tout le judaïsme 
mystique qui parvient à exprimer midrashiquement 
l'avènement de l'absolu en tant qu'esprit ; seul y 
parvient le midrash nazoréen de Jésus. 
Pour l'essentiel, retenons que l'antique tradition 
ésotérique du messianisme juif-hébreu tend vers cette 
pointe extrême : la Nouvelle Alliance de 
Jésus/Iéshoû'a, qui est la forme achevée de cette 
mystique visant à « faire dieu » ; et que le 
christianisme, le judaïsme rabbinique et l'islam en sont 
issus. 

La pensée de Hegel selon laquelle le christianisme, et 
lui seul, est religion absolue, est entièrement vraie. A 
condition toutefois de concevoir celui-ci dans un sens 
nouveau, où il dépasse la séparation entre judaïsme, 
christianisme et islam - dans l'acception ancienne de 
ces termes qui, comme séparés, constituent autant de 
mutilations du contenu total ; dont l'essentiel, l'unité 
vivante de l'homme et du dieu, n'est toutefois 
conservé que dans le christianisme - tout en les 
comprenant en soi, et se réalise en les posant comme 
ses différences. Ainsi l'islam, le judaïsme et le 
christianisme constituent-ils les moments toujours plus 
concrets de la religion révélée. S'il est vrai que Hegel 
fut dépendant des connaissances de son temps, il sut 
néanmoins s'affranchir de cette dépendance ; et 
s'élever - le premier - à l'idée du Système de la 
Science, donc à la vérité de la religion, et ce, quoiqu'il 
ne connût pas le midrash chrétien. 



268 



Il ne pouvait évidemment pas y avoir accès, étant 
donné : 

i) premièrement, que cette mystique de l'humanisation 
de l'essence divine relève en hébreu du plus secret 
(comme les soixante-dix livres) ; 
ii) deuxièmement, que ce secret a été partiellement 
refoulé par le judaïsme, lui-même rejetant les traces 
d'anthropomorphisme messianique présentes dans 
certains midrashim ou dans les Septante, bien que cet 
« anthropomorphisme » rejaillisse plus tard dans la 
Kabbale (mais dans un sens différent). 
Ainsi la version des Septante fut-elle par exemple 
recouverte par la traduction d'Aquila/Onquélos, tandis 
que les livres des minim nazoréens furent brûlés, la 
notion de « fils de dieu » devenant stigmate d'infamie, 
certains étant même peut-être allés jusqu'à menacer de 
brûler le livre d'Ezéchiel. 

De même, pour Hegel, vu l'état des 
connaissances au sujet du judaïsme en son 
temps, le paradis de la Genèse représente « l'état 
de la conscience innocente» et est un «jardin 
des animaux », alors que dans le secret de 
l'hébreu, nous savons qu'il relève déjà d'une 
conscience souveraine que délivre le goût du 
fruit de l'arbre de la vie (HtYYM/(r)hayim, vie 
interprétée comme résurrection phari sienne ou 
seconde résurrection nazoréenne, ce fruit 
devenant alors celui de la vie éternelle), et qu'il 
est le jardin-paradis de la science du Livre 
comme nous en retrouverons tout le goût dans 
une annexe prochaine. 
Il est vrai que cet aspect du plus secret peut aussi se 
lire - outre le vaste courant des apocalypses 
apocryphes - dans la Littérature des Palais, certaines 



269 



strates du Zohar, ou chez divers auteurs émérites de la 
Kabbale. 

Plus loin, dans la même figure de la religion 
manifeste, Hegel en vient à exprimer la nature même 
de la parole telle qu'elle surgit pour lui avec le 
christianisme, et pour nous d'abord avec le judaïsme : 
« L'essence n'intuitionne que soi-même dans son être- 
pour-soi : dans cette extériorisation, elle est seulement 
auprès de soi, l'être-pour-soi qui s'exclut de l'essence 
est le savoir de l'essence de soi-même de l'essence, elle 
est la parole qui, énoncée, extériorise celui qui 
l'énonce et le laisse vidé, mais est tout aussi 
immédiatement perçue, et c'est seulement cet acte de 
se percevoir soi-même qui est l'être-là de la parole. » 
Peut-être est-ce le souvenir plus ou moins présent du 
sens et de la substance de ce propos qui inspira 
Georges Bataille lorsqu'il écrivit : « Le christianisme 
n'est au fond, qu'une cristallisation du langage. La 
solennelle affirmation du quatrième évangile : Et 
Verbum carofactum est, est en un sens, cette vérité 
profonde : la vérité du langage est chrétienne. Soit 
l'homme et le langage doublant le monde réel d'un 
autre imaginé - disponible au moyen de l'évocation -, 
le christianisme est nécessaire. Ou sinon, quelque 
affirmation analogue. » 

Le judaïsme mystique est une telle affirmation 
analogue, le tout étant de bien avoir en tête le sens de 
cette analogie, ce que permet une lecture attentive de 
Dubourg. Que judaïsme et christianisme soient fondés 
secrètement - c'est-à-dire essentiellement - comme 
religion où l'absolu se manifeste comme la Parole, 

270 



explique qu'elles soient « des forces d' antinéant », 
« les fleurs vénitiennes intimes et indestructibles du 
Temps. » 

Ces purs bijoux de jouissance verbale scintillent 
dans Le Secret de Philippe Sollers. Ils qualifient 
alors catholicisme et judaïsme en lien aux 
métaphores florales affectionnées de Proust ; 
mais, si cela est plus singulièrement vrai du 
catholicisme - surtout pour ce qui est de le 
considérer comme fleur vénitienne -, cela n'en 
est pas moins vrai universellement du 
christianisme tel qu'il se saisit en ses créateurs et 
penseurs, certes pas en tant qu'inversion nihiliste 
de sa quintessence offensive. Quant au 
protestantisme en particulier, citons pour 
mémoire quelques noms glorieux parmi le 
massif de génies qui s'est épanoui en son sein (et 
pas nécessairement en accord avec lui !) : 
Rembrandt, Van Dick, Bach, Herder, Lessing, 
Goethe, Schiller, Novalis, Hôlderlin, Hegel, 
Schelling, Melville et même Nietzsche, etc. 
Christianisme et judaïsme ont en commun 
d'avoir le Verbe pour principe, lequel est d'abord 
le dâvâr lumineux des Hébreux. C'est bien là que 
le Verbe fleurit, irrigué par le Temps, faisant de 
ces religions, relevées par la pensée, des forces 
d' antinéant. 
Et cela explique aussi que, de nos jours, qui, comme 
chacun le sait, sont ceux du spectacle planétaire de 
l'Ennui faisant volontiers de la terre un débris, et qui 
est à proprement parler possédé par sa haine viscérale 
à l'encontre du Verbe, il soit profondément subversif 
de penser ce soubassement fondamental du judaïsme 
et du christianisme, leur croisement abrasif et brûlant 
faisant jaillir les étincelles de l'absolu qui dissolvent ce 



271 



monde, celui des écorces (quélipôth) d'un langage 
mort, libérant enfin la fécondité de l'esprit et 
l'immensité de l'univers, bénis par le ciel et les 
ombrages. 

Rappelons comment la parole se déploie en hébreu 
« en accord » avec la pensée de Hegel : elle est conçue 
comme entre-deux des êtres parlants, manifestant par 
eux sa présence même en tant que substance absolue, 
qui dès lors se découvre comme sujet, mais en vérité 
comme esprit. Cette présence prend soit le nom de 
Shékinah, 

Selon un certain courant de la tradition 
rabbinique, celle-ci prend le relais de l'Esprit 
Saint (entendu seulement comme esprit de 
prophétie) à partir de la clôture des Prophètes et 
de la prophétie de la fin de Malachie, le retour 
d'Elie restant alors un au-delà. Cela pourrait 
expliquer pourquoi le Targum Onquélos ne parle 
que de la Shékinah, et nullement de l'Esprit 
Saint, quoiqu'il emploie par trois fois, et par 
trois fois seulement, la notion d'esprit de 
prophétie (réoû(r)ha névoû'ah). Cette 
interprétation à visée polémique n'est 
évidemment pas la seule, et l'on trouve aussi 
bien l'inverse, à savoir l'Esprit Saint figurant la 
détermination essentielle de la Shékinah, celle de 
l'immanence du dieu ici-bas, souffrant et 
soupirant tous les soupirs et toutes les douleurs 
d'Israël : « On raconte qu'après la destruction du 
Temple, l'empereur Vespasien fit embarquer sur 
trois bateaux des convois de jeunes Juifs et 
Juives à destination de maisons mal famées à 
Rome. Pendant le voyage, tous ces expatriés se 
jetèrent à la mer plutôt que d'accepter un sort 

272 



aussi honteux. L'histoire s'achève en déclarant 
qu'à ce spectacle cruel l'Esprit Saint pleura et 
dit " C'est sur eux que je pleure. " 

(Lamentations 1, 16). » (Lam. Rabbah 1, 45 ; 
cité par A. Cohen in Le Talmud). 
soit celui d'Esprit Saint (réoû(r)ha haqôdesh), celui-ci 
ayant enfin un substitut qui est son diminutif, l'Esprit 
(haréoû(r)ha ou haroû(r)ha). Ces deux dernières 
appellations, qui, de même que la Shékinah, sont des 
féminins en hébreu, sont en usage dans le midrash des 
bienheureux nazoréens. Ceux-ci rouvrent la prophétie, 
réalisent concrètement, via l'élaboration du Baptiste, le 
retour d'Elie ; puis, par la venue de Jésus comme « le 
prophète véritable », le premier-né du Royaume 
messianique, toutes les prophéties, en faisant advenir 
celui-ci, c'est-à-dire Jérusalem, « comme au ciel aussi 
sur la terre ». Ajoutons que la Shékinah et l'Esprit 
Saint (ou l'Esprit) ont, tous les deux, trois sens 
essentiels qui sont plus ou moins discrets ou affirmés 
selon les midrashim, sachant qu'un midrash qui 
emploie la Shékinah (comme Genèse Rabbah) 
n'emploiera l'Esprit Saint qu'en son sens d'esprit de 
prophétie pour garder sa spécificité à la Shékinah. On 
trouve toutefois quelques rares cas où les deux sont 
employés ensemble pour former une même entité, ce 
qui indique bien que leurs sens se rejoignent. 

Ainsi, en Berakôth 31b trouve-t-on la formule 
ShKYNH (W)RWHt HQWDSh comme une 
même présence dont la notarique initiale n'est 
autre que ShRH/shârâh, princesse, ou Sarah, 
femme d'Abraham, l'une des incarnations de 
l'Assemblée d'Israël ! 
Ainsi, la Shékinah a pour sens : royauté, présence 
divine, inspiration sainte. Ces trois sens sont 

273 



exactement ceux de l'Esprit Saint dans le midrash 
chrétien : lors du baptême de Jésus au Jourdain, 
l'Esprit descend du ciel comme une colombe pour 
attester que celui que Jean vient de baptiser est le Fils 
bien-aimé, c'est-à-dire le Messie, et ainsi l'Esprit Saint 
est-il la royauté du roi ; mais il est ensuite la présence 
divine au sein de la Quéhilâh ; et enfin, en son sens 
restreint d'esprit de prophétie, il est l'inspiration sainte 
pour les nazoréens de Iéshoû'a. Shékinah ou Esprit 
Saint, cette présence est d'abord et avant tout celle, 
prophétique et élective, du dieu d'Abraham, d'Isaac et 
de Jacob, celui-ci s'unissant avec celle-là devenue 
l'Assemblée d'Israël transfigurée, l'Assemblée des 
justes dans le 'ôlam haba' alias gan 'êden. C'est ce 
sens qui accomplit les deux autres. La Shékinah et 
l'Esprit Saint nomment donc la même présence divine, 
la même royauté au sein de la communauté des 
fidèles ; cette présence est la liberté libre, qui ne 
dépend de personne, mais qui inspire et vivifie en 
même temps tout Hébreu véridique aussi bien que 
toute assemblée. Cette intense proximité des deux 
notions explique que l'on puisse relever, à propos de la 
parole conçue comme entre-deux par lequel le dieu se 
manifeste, un florilège de parallèles étonnants entre 
tradition rabbinique et évangiles. Je rappelle 
l'exemple significatif entre tous : « là où vous êtes 
deux ou trois entrant en présence en laissant fleurir les 
paroles de la Thora, la Shékinah [ou le Je divin ou 
l'esprit saint pour l'Evangile] réside au milieu [entre. . . 
entre] de vous ». 

Autre exemple pour saisir de façon plus générale ce 
qu'est cet entre-deux au cœur de la parole entendue 

274 



comme la ma(r)halôquêth, joute, combat, 
interprétation dont se tisse la parole, discussion infinie 
d'un à un, à l'image vertigineuse de MoShéH avec 
HaSheM à la cime du Sinaï et, à leur suite, de toute la 
tradition de l'apocalyptique juive (les Hénoch, Baruch, 
Shadrac, Elie, Ezra...), celle-ci étant à la fois prélude et 
contrepoint vis-à-vis de la Thora orale. 
Dans Le Livre brûlé, M.-A. Ouaknin précise comment 
Rabbi Nahman entendait la proposition 
talmudique « Toute ma vie j'ai grandi entre les 
maîtres » (PirkêAvôth) : « J'ai grandi " entre" (beyne), 
c'est-à-dire dans l'espace de néant ( 'êyn), dans le vide 
qui sépare et unit les maîtres en situation de 
Mahloquèt. » 

L'entre-deux en question est bien le Néant ('êyn) au 
sens du cœur de l'infinité du verbe, lequel fonde ce qui 
se dit, à chaque fois que l'esprit est présent, entre... 
entre, dans l' entre-deux des êtres parlants. 

Ce beyne/BYN/« entre, au milieu de », outre du 
Néant, est à rapprocher de BNHTbânâh, bâtir ; de 
BN/ben, le fils (gématriquement identique au 
Messie) ; de BYNH/binah, l'intelligence de la 
Thora comme de sa racine BYN/bin, examiner, 
rechercher, concevoir ; de NBY'/nâvi', prophète, 
etc. 

Je rappelle encore que par guézéra shava' 
(analogie) cette construction riche en beyne... 
beyne (ou variation en mïbeyne) est liée à la 
séparation des eaux entre... entre au niveau du 
firmament au début de la Genèse (donc à la 
mystique du Char comme cœur de la mystique 
juive) ; à celle entre les deux chérubins qui 
gardent l'arche d'Alliance, cet entre-deux étant 
le lieu de la manifestation de la parole divine (cf. 



275 



« Et je me rencontrerai là avec toi, et je parlerai 
avec toi de dessus le propitiatoire, d'entre 
(MBYN/mibêyn) les deux chérubins qui seront 
sur l'arche du témoignage, [et te dirai] tout ce 
que je te commanderai pour les fils d'Israël. » 
(Exode 25, 22)) ; on la trouve encore au cœur du 
Temple puisque le voile (pârôketh) qui sépare le 
saint du saint des saints sépare entre... entre (cf. 
Exode 27, 33, etc.) ; ou encore peut-on penser au 
moment de la sortie d'Egypte en Exode 14, 20 
avant que Moïse ne frappe les eaux, le dieu 
séparant entre le camp des Egyptiens et entre le 
camp d'Israël, etc. Cette double expression 
signifie donc : i) soit la séparation pure et simple 
(par sanctification, cas du pârôketh et de la 
séparation d'Israël vis-à-vis des Egyptiens), ii) 
soit la différence qui laisse surgir l'unité en elle 
(cas de l'affirmation du firmament par séparation 
des eaux vis-à-vis des eaux, cas plus rare mais 
qui touche au cœur du sens que cette expression 
revêt ici pour nous ; et cas de la parole de 
YHWH s' adressant à Moïse d'entre les deux 
chérubins). 
Des paroles des sages du Talmud il est dit « les paroles 
des uns et les paroles des autres sont paroles du Dieu 
vivant » (Elou véélou divré Elokim hayim, cf. par 
exemple Erouvin 13b où c'est une bath qôl qui 
l'annonce ne laissant aucune ombre de doute quant à 
la divinité du propos). En fait, il s'agit ici du dieu des 
vivants-ressuscités (HtYYM comme pluriel de Ht Y/ 
(r)hây). Les paroles des sages en état de 
ma(r)halôquêth sont les paroles du dieu des vivants, de 
ceux qui sont en permanence dans le 'ôlam haba' de 
l'étude. 



276 



Ils sont les vivants en qui la parole du dieu s'entend, 
s'aime et jouit d'elle-même, jouant avec la matière 
multiple et délicate de ses éclats. 
Si, dans notre tome I, nous avons laissé entendre qu'il 
y a quelque chose qui nous laisse sur notre faim, et 
pour cause, du côté de la tradition talmudique, c'était 
là un moment nécessaire du discours pour aller 
chevaucher l'interprétation du Rabbi de Nazareth et de 
ses thalmidim ; mais au final, même si le dire infini de 
ce dernier - sa Nouvelle Alliance - accomplit tous les 
dires hébraïques antérieurs en les recueillant comme se 
recueillent les étincelles de la gloire du dieu vivant, 
nous n'incluons pas moins avec lui les autres rabbis 
talmudiques dans une même affirmation de la nature la 
plus profonde de la parole hébraïque (de la nature 
hébraïque de la parole au sens de son infinité 
véritable), l'ensemble des discours étant ainsi compris 
comme ceux de ces vivants en qui, identiquement, 
contradictoirement et fondamentalement, parle la 
parole du dieu. 

Dans cette unité concrète de la parole, nous 
maintenons toutefois le moment de l'opposition entre 
certains rabbins et le Rabbi évangélico-apocalyptique, 
ce dernier étant le seul par qui l'absolu en vérité se 
manifeste en tant qu 'esprit. 

Reprenons. Nous avons donc vu que la profonde 
nature spéculative de la parole, ce sont bien les 
Hébreux qui, au sens de la religion manifeste exposé 
par Hegel - ou au sens du christianisme énoncé par 
Bataille -, la laissent être pour la première fois (il 
faudrait en faire la généalogie dans la mystique 



277 



orientale, ce champ de force entre la Thora et le Tao, 
mais ce n'en est pas le lieu). 
Le divin dâvâr a ensuite communiqué cette sienne 
essence au logos hellénique, certes déjà riche des 
diverses strates sémantiques déposées par plusieurs 
générations de poètes et de philosophes, mais toutefois 
dénué jusqu'alors de cette rationalité absolue. Les 
Grecs, ainsi que le dit Heidegger, « habitaient dans cet 
être du langage. Seulement ils ne l'ont pas pensé...». 
Dans le logos grec, ce n'est pas encore le principe de la 
subjectivité infinie, ayant élu l'hébreu afin de se 
manifester pour la première fois, qui mène le bal. 
Ce n'est pas encore l'identité concrète du dieu se 
manifestant en deux individus dont chacun se sait lui- 
même dans l'autre, lequel savoir réciproque se fonde 
par la parole (le dâvâr) conçue, pour nous, comme 
présence de l'essence absolue ou esprit. 
Dans la tradition ésotérique du messianisme judéo- 
samaritain, ce n'est plus la subjectivité finie qui guide 
les âmes orantes, mais la subjectivité infinie qui 
enflamme et nourrit les esprits. Cette subjectivité 
infinie que Hegel voit fleurir grâce au christianisme 
provient secrètement du Je divin des Hébreux (l'absolu 
comme Je). 

Voyez notre première étude sur le lien entre le 
Ani/Je divin et le Néant/' ayin (état construit, 
même esprit que le Je...) ou 'êyn, son 
anagramme ; sur le Je/Anokhi de la sortie 
d'Egypte, premier des commandements, 
première des paroles ; et enfin sur le Je (Moi) 
créateur alias Ani Hou' - équivalent de la 
Sagesse - très prisé d'Isaïe et que l'Apocalypse 
chérira plus que tout comme en témoigne la 

278 



parole du recréateur absolu : « Je suis l'alpha et 
l'oméga [en fait l'aleph et le thav/'LP WThW, par 
notarique c'est le miracle, 'WTh/'ôth, celui de 
l'alphabet divin en mouvement], le 
commencement et la fin. », etc. Il n'y a qu'en 
hébreu que l'Eternel dise Je de cette trine et une 
manière, ouvrant la porte à la venue de la 
subjectivité infinie et à la révélation de la 
profondeur absolue de la Thora par la parole 
évangélique, commencement et socle enfoui d'un 
monde nouveau - l'esprit du messianisme juif- 
hébreu devenu monde, mais par l'entremise de 
son aliénation dans le christianisme grec et de 
l'organisation théologico-politique de celui-ci 
sous la forme du catholicisme romain, comme le 
montre Roland Tournaire dans Genèse de 
l'Occident chrétien. Je ne veux pas non plus que 
l'on se méprenne sur un point. Si j'affirme la 
provenance hébraïque de la subjectivité infinie 
ou plutôt la présence première, dans cette langue 
et pour nous, de cette notion, je ne confonds pas 
celle-ci - qui correspond encore à un Soi 
représentatif- avec le Soi tel qu'il s'élabore au 
cours de l'histoire puis vient au jour dans 
l'idéalisme absolu, couronnant l'histoire 
effective en devenant la forme même du contenu 
absolu qu'il accueille et recueille en lui, qu'il 
manifeste en se manifestant. La première est du 
domaine de la représentation religieuse ; le 
second amène la conscience, dans l'expérience 
qui est la sienne, à s'accomplir comme l'Esprit 
se sachant dans l'élément de la Science, à savoir 
le Concept, lequel est par conséquent la véritable 
sortie de la représentation ; ceci se vérifiant en ce 
que, pour celui-là, elle devient moment de lui- 
même, est comprise dans sa jouissive giration 
interne par laquelle ses déterminations ne sont 



279 



plus des déterminations finies, d'entendement, 
mais deviennent infinies au sens où leur 
abstraction - celle de l'entendement - est 
toujours à nouveau dissoute dans le mouvement 
par lequel la dialectique s'affirme comme 
spéculative. Je ne confonds pas non plus ces 
degrés de la subjectivité infinie avec la 
subjectivité «absolue» de la société en 
lambeaux du spectacle mondialisé de la planète 
malade, cet ersatz à l'usage des masses de 
l'ironie moderne dont Hegel observait déjà 
qu'elle « sait faire pour elle de toute teneur 
objective un néant, une teneur vaine», mais 
qu'elle est par conséquent « elle-même l'absence 
de teneur et la vanité», qui, lors même qu'elle 
est certaine « de se tenir à la cime de la religion 
et de la philosophie, retombe, bien plutôt, dans le 
creux arbitraire ». 
D'où l'épanouissement et la surabondance des 
polémiques rabbiniques, et toute la richesse de la 
Thora jaillissant à chaque démarche des sages qui 
l'interprètent : de même que le Verbe se diffracte dans 
leurs paroles qui tissent l'incontournable Thora orale, 
ainsi les sources du verbe se jettent dans les rivières de 
leurs paroles qui suivent leurs cours sinueux à travers 
les tourbillons de leurs controverses, les fleuves de 
leurs conversations et les deltas de leurs divergences, 
jusqu'aux nobles, vastes et vénérables océans 
talmudiques, midrashiques et kabbalistiques. 
En déroulant le fil de notre démonstration, nous 
voyons que cette seconde Thora aura été conduite à 
s'accomplir comme l'enseignement du Rabbi 
évangélique, celui-ci supprimant et conservant d'un 
même geste la différence entre Thora orale et TaNaK, 
pour advenir en tant que la Thora de Jésus Iéshoû'a 

280 



Messie, sa révélation : l'Apocalypse de la Thora. Si la 
Thora du Messie est d'avant la Création du monde, 
comme le trône de gloire, elle ne se révèle qu'à la fin 
des temps, amenant celui-ci - c'est-à-dire la royauté 
messianique - sur la terre. Les promesses du 
messianisme infini n'ayant pas été tenues à la lettre, et 
quoiqu'elles s'avéreraient l'avoir été, mais bien plus 
tard, en esprit, le judaïsme rabbinique a dû rejeter ce 
qui semblait ne plus pouvoir être la Thora du Messie, 
et reprendre le développement de la Thora orale, qui 
eut pour principal résultat les Talmuds de Babylone et 
de Jérusalem. En effet, la mise à l'écart de l'essentiel 
des traditions de nature apocalyptique - qui restèrent 
cependant toujours présentes souterrainement ; et 
parfois reparurent violemment à la surface - par Rabbi 
Juda Ha-Nassi lors de sa mise en forme de la Mishnah, 
après les destructions de 70, et les sanglantes 
répressions romaines de l'insurrection messianiste du 
Fils de l'Etoile, permit de sauver la riche mémoire des 
enseignements oraux alors menacés de disparition. 
Lorsque deux membres de la Quéhilâh eschatologique 
(ou (r)habera, la « communion » des saints !) parlent, 
l'esprit qui est au milieu d'eux, lequel est « le vrai et 
l'effectif » et ce « mouvement circulaire dans soi » qui 
caractérise la parole, est avant tout l'esprit saint de 
l'accomplissement du Livre, la réoû(r)ha (ha)qôdêsh 
auteur des vingt-quatre et soixante-dix livres, selon les 
deux versants du verbe hébreu. 
Cette vérité qui rassemble, reprend et porte au comble 
toute parole hébraïque antérieure, est le jardin où il fait 
bon veiller, celui du Livre céleste transplanté sur la 
terre. Le jugement dernier n'est rien d'autre, via celui 



281 



des 'anâshim d'Israël selon leurs « mérites », que cette 
venue au jour de la profondeur absolue présente dans 
la nature de la parole hébraïque, l'absolu se 
manifestant alors en tant qu'esprit. 

Paris, mai 2006 -juillet 2009 



ANNEXE 1 : 

De la différenciation dans l'emploi des procédés 
classiques de la kabbale entre auteurs pharisiens en 
général et auteurs du corpus de Jésus/Iéshoû'a 

Nous déploierons ici quelques exemples illustrant ce 
qu'a de singulier l'emploi des procédés de gématrie, 
notarique et thémoûrâh dans la Nouvelle Alliance de 
Jésus. De cette façon, nous ferons nettement sentir tant 
la proximité que l'écart, quant à cette question, entre le 
corpus de Jésus et le Talmud ou les midrashim 
pharisiens traditionnels ; et nous déterminerons plus 
précisément le midrash chrétien en tant 
qu'accomplissement infini des écritures. 

L 'accomplissement infini : 

Mais tout d'abord, un préalable. En quoi le midrash 

chrétien est-il l'accomplissement infini de la Thora 

écrite ? 

Pour répondre à cette question, nous devons mettre en 

regard et croiser le midrash évangélique et le midrash 

paulinien. 

i) Dans le midrash évangélique, le Messie vient pour 

accomplir (LML'), non pas pour abolir (LBTL ou 

282 



LHShBYTh) les écritures, le TaNaK. Mais, comme le 
temps de l'Evangile est encore celui du premier 
avènement, et non du second, celui-ci étant le 
renversement de celui-là par le retour en gloire d'un 
Jésus victorieux et non plus défait, l'accomplissement 
évangélique n'est qu'en soi. Si la répartition du TaNaK 
y est déjà là, elle est volontairement maintenue secrète, 
pour ne se révéler un peu qu'en lien à sa Résurrection 
à la fin de Marc, mais elle ne se révèle vraiment 
qu'avec son second avènement, par les vingt-quatre 
anciens de l'Apocalypse siégeant sur leurs trônes. Ce 
n'est qu'avec ceux-ci et le « jugement dernier » que 
l'accomplissement des écritures devient effectif. 

ii) Le midrash paulinien se situe dans l' entre-deux des 
deux avènements, il tient compte du premier tout en 
annonçant le second. Mais comme il ne l'est encore, là 
aussi, qu'en soi, l'Apocalypse n'est présente chez Paul 
que par une thématique certes persistante, mais 
fragmentaire (sur les mille ans, la Jérusalem céleste, le 
Royaume, la seconde résurrection, etc.), et encore 
inaccomplie. Paul s'adresse à la diaspora en Exil pour 
préparer le retour et la nouvelle fondation. Son temps 
est comparable à celui des Juges pris en son sens 
eschatologique, ou plutôt à celui du roi Saiil qui 
précède la venue de la royauté de David. A ce temps 
succède le Temple et le règne messianique du Messie 
(fils de) David tandis que l'Evangile correspond à la 
geste de Jésus en Messie fils de Joseph. 

En effet, les deux avènements sont un midrash 
sur les deux Messies pharisiens, celui issu de 
Joseph représentant les dix tribus perdues, celui 
issu de David, la Judée et les deux tribus 

283 



complémentaires. Le premier est censé mourir 
pour que l'autre puisse advenir. D'où 
(notamment...) les deux avènements distincts, le 
fait que Jésus ait pour père « adoptif » un Joseph 
dans l'Evangile (il est dit également, par ses 
généalogies, « fils de David »), et qu'il soit le 
Messie davidique glorieux dans l'Apocalypse 
(« la racine et la semence de David, l'étoile 
brillante du matin ») - bien qu'il n'en soit pas 
moins continuellement les deux. Si les deux sont 
juxtaposés en lui, c'est pour concilier Nord et 
Sud, Judée et Samarie, le troisième terme, lieu de 
Sa Résurrection - lieu de Sagesse -, étant la 
Galilée. 
Paul emploie à de nombreuses reprises le grec 
katargeôlkatargêin en lien à la caducité de la Loi, en 
fait vingt- six fois. Il se trouve en revanche uniquement 
quatre fois dans la Septante, en Ezra 4, 21 et 23 ; 5,5 ; 
6,8. Il y est en usage pour dire la suspension dans la 
reconstruction du Temple, avant sa reprise et sa 
finalisation : « Et, de par moi, ordre est donné touchant 
ce que vous ferez à l'égard de ces anciens des Juifs 
pour la construction de cette maison de Dieu : Que, 
des biens du roi provenant du tribut de l'autre côté du 
fleuve, les dépenses soient promptement payées à ces 
hommes, pour qu'ils ne soient pas interrompus (di-lâ' 
lvatâlâ'). » Ce verbe katargeô sera traduit par Luther 
en l'allemand aufheben dont le devenir nous est 
connu. Si ce dernier verbe est hautement spéculatif 
dans la langue de Hegel, qu'en est-il de son ancêtre 
paulinien en cette autre cime de l'histoire ? 
Posons une apparente contradiction. 
D'une part, Paul dit : « ayant aboli [racine BTL, sujet : 
le Messie] la loi des commandements [qui consiste] en 

284 



ordonnances, afin qu'il créât les deux en lui-même 
pour être un seul homme nouveau, en faisant la paix. » 
(Ephésiens 2,15). 

Mais il dit aussi : « Annulons-nous [racine BTL] donc 
[la] Loi par la foi ? Qu'ainsi n'advienne ! Au contraire, 
nous établissons [racine 'MD, se tenir debout, durer, 
demeurer, mais aussi cesser] [la] Loi. » (Romains 3, 
31). 

Par la foi ('émoûnah), c'est-à-dire le fait d'être 
rassemblés dans la gloire avec l'Assemblée qui se tient 
sur la voie droite (celle de l'Existant stable), ce n'est 
pas la Loi qui est supprimée pour les membres de la 
dite Assemblée, mais les commandements (le joug de 
la Loi, incomparablement lourd par rapport à celui du 
Messie, Sa Thora), ou pour être plus précis ce n'est 
pas la Thora, mais le (r)hôq, le décret qui régit la vie 
communautaire selon les mitsvôth (sur l'usage de ce 
(r)hôq, cf. R. Tournaire dans L 'intuition existentielle). 
Cette foi est liée à l'espérance messianique (thiqwah 
de valence 52), elle s'accomplit dans l'amour comme 
plérôme de la Loi, ce qui annonce et rejoint 
l'Apocalypse (cf. le réseau secret du 1229). Ainsi se 
lève l'apparente contradiction entre les deux versets. 
L'avènement d'une loi allégée pour la fin des temps, 
comme le met en relief Maurice Mergui, est le cœur du 
midrash paulinien. C'est le développement d'un thème 
déjà là en soi dans l'Evangile mais que Paul 
développe ; ainsi, le manifestant pour soi, il le laisse se 
manifester en et pour soi. En effet, si le Christ chante 
déjà : « Car mon joug est aisé et mon fardeau est 
léger. » (Matthieu 11, 30), pour pouvoir soupeser ce 
fardeau, encore faut-il en rétablir l'hébreu original. 



285 



Celui-ci est MSh'/massâ', ce qui permet de 
comprendre sa légèreté en l'élevant par l'opération des 
mathématiques saintes : 
13xl3+21x21+lxl=611=ThWRH/laThora. Le 
fardeau léger - en fait simple, qal - n'est autre que la 
Thora, et c'est avec le tournant paulinien que la Thora 
devient la Thora messianique, pouvant dès lors se 
révéler en et pour soi dans l'Apocalypse ! 

Je commence par énoncer les sens de BTL dans le 
dictionnaire Jastrow : 

« être vide ou vidé, aboli, suspendu ; cesser d'exister ; 
cesser de travailler, ne rien faire (sens shabbathique) ; 
rester célibataire ; être exempté d'une tâche ; annuler ; 
négliger ; neutraliser ; interrompre, interférer avec ». 
Si maintenant nous faisons un tour d'horizon des 
divers sens de katargeô/lobatQl chez Paul, trois 
déterminations essentielles semblent s'affirmer, 
s 'accordant aux sens du dictionnaire, mais surtout 
dévoilant la portée spéculative de la racine : 
i) sens de suppression pure et simple (de la mort, de 
l'inimitié, des commandements anciens, du scandale 
de la croix - c'est-à-dire la chute d'Adam lié au bois... 
-, du voile - pârôketh - à la lecture de l'Ancienne 
Alliance, empêchant la juste lecture de l'Ancienne 
Alliance, qui est aussi celui protégeant pudiquement le 
saint des saints...) ; ii) de suppression toujours, mais au 
sens affirmatif où si ce qui était valable jusque-là est 
supprimé, il ne l'est que pour être porté à sa 
perfection, renouvelé, sens impliquant une interruption 
« miraculeuse » (des prophéties, de la science des 
écritures, des langues...) ; iii) et enfin, 

286 



d'accomplissement au sens d'une délivrance parce que 
la loi a été supprimée (l'Assemblée délivrée du joug 
des commandements, en Romains 7,2 où l'Assemblée 
est la femme et le joug la loi du mari), ces deux 
derniers sens étant très proches ou plutôt le troisième 
étant une variante du second. 

Je développe légèrement le second sens en 
soulignant sa finesse, sa délicatesse. « L'amour 
jamais ne chute. Que ce soit les prophéties, elles 
seront abolies-accomplies (ThBTLNH) ; que ce 
soit les langues, elles seront abolies-accomplies 
(ThBTLNH) ; que ce soit la connaissance, elle 
sera abolie-accomplie. » (1 Corinthiens 13,8). 
Ici, le verbe ThBTLNH/elles seront abolies- 
accomplies a pour gR et gC 64/496, celles de 
MLKWTh/malkoûth, le Royaume ! Avec ce 
dernier, c'est-à-dire la Loi du Messie, l'amour 
gouverne, et avec lui les prophéties (nevoû'ôth) 
sont accomplies (pas simplement supprimées), 
de même les langues (en fait le don de parler en 
langues). Enfin, la science ou da'ath des 
Hébreux n'est certes pas devenue caduque, mais 
elle a atteint son comble, son point 
d'accomplissement infini, afin que l'éclair de la 
manifestation de celui-ci - qui est l'amour 
comme plérôme de la Thora ! - interrompe le 
cours de celle-là, ce qui ne veut pas dire que l'on 
n'étudie plus la Thora dans le 'ôlam haba' 
advenu (da'ath étant la science des écritures, 
c'est-à-dire de l'étude), au contraire ! D'ailleurs, 
les exemples que donne Paul par la suite 
signifient clairement qu'il ne s'agit pas d'une 
suppression unilatérale. En effet, au verset 10, il 
nous dit qu'avec la venue de « la perfection» 
(entendre la racine ShLM, porter à sa perfection, 
et sous elle Jérusalem ou le Messie), ce qui était 



287 



« partiel » sera aboli (LBTL). Le verset 12 donne 
l'exemple le plus clair : « Car nous voyons 
maintenant au travers d'un miroir, obscurément, 
mais alors face à face (PNYM 'L-PNYM) ; 
maintenant je connais (racine YD') en partie, 
mais alors je connaîtrai à fond comme aussi j'ai 
été connu. » On a ici trois fois la racine de 
da'ath, la science dont Paul vient de nous dire 
qu'elle sera abolie-accomplie. En effet, elle sera 
portée à sa perfection, comme la Thora ! 
Ne disais-je pas que ce BTL paulinien n'était pas 
indigne, en ce qui concerne son intensité spéculative, 
de l'usage philosophique de sa tardive traduction 
allemande ? 

Je poursuis en ouvrant Le Livre brûlé de Marc-Alain 
Ouaknin : 

« La brisure des tables n'est pas la destruction de la 
Loi ; elle est, au contraire, le don de la Loi sous la 
forme de sa brisure. C'est là le sens bonifié de 
l'expression talmudique " l'annulation de la Loi, c'est 
sa fondation même ". C'est cette expression qui était 
au centre de la doctrine paulinienne et surtout 
frankiste (bitoula chel Tora Zéhou kiyouma), mais 
interprétée de manière totalement nihiliste et 
destructive. La brisure de la Loi est éminemment 
positive, elle signifie le refus de l'idole. » (Je 
souligne.) 

Ce livre date de 1986, d'avant L'invention de Jésus. 
Nous n'allons donc aucunement critiquer Ouaknin 
quant au fait que, dans ce livre, il sépare un peu vite 
les trois temps du judaïsme, du christianisme et de la 
philosophie alors qu'il s'agit de les penser ensemble, 



288 



mais nous allons bien plutôt prouver l'accord complet 
entre le Talmud et Paul sur cette question de 
l'annulation de la Loi, Paul accomplissant même les 
propos talmudiques, à l'opposé de tout nihilisme, de 
toute destruction. 

La formule talmudique dont nous allons partir pour 
sculpter sa vérité paulinienne, ou plutôt laisser 
ressurgir celle-ci de l'abîme du Temps - où seul se 
conserve ce qui a été, le reste étant broyé, concassé, 
dissout -, est située en Mena(r)hôth 99 b, et il faut la 
citer en entier avec le petit mot précédent, en 99a, en 
bas du folio : 

(Resh Lakish dit :) P'MYM ShBYTWLH ShL 
ThWRH ZHW YSWDH. 
On a ici une notarique finale : MH+LHWH, 
quoi+pour+étant, soit : « quoi pour que soit, qu'existe 
au présent », « qu'en est-il pour que cela soit ? » (ce 
LHWH/lehewêh se trouve une unique fois dans le 
TaNaK, en Daniel 4, 22, dans une fresque 
surabondamment messianique puisqu'il s'agit d'une 
parabole de l'avènement du Royaume...) ! 
Les gR et gC de cette notarique sont de 46/91, celles 
de H'LHYM/le dieu : comme quoi le Talmud lui aussi 
a quelques procédés kabbalistiques en réserve... 
Le petit mot préliminaire est une indication cruciale : 
il signifie les pas, les coups (comme pour rythmer), 
mais surtout, les temps. Notre tournure voudrait donc 
dire : « il y a des temps où l'annulation de la Thora est 
sa fondation. » Quels temps ? Il est fait alors référence 
au bris des tables par Moïse dans la Thora. Pour nous, 
et je veux bien en donner ma tête à trancher, ma 
cervelle à déguster et mon crâne à ronger... il s'agit 



289 



d'entendre ici les temps messianiques. Car la notarique 
« qu'en est-il pour que cela soit ? », qui forme comme 
un écrin pour notre formule, ne reprend tous ses sens 
que dans ce contexte messianique, temps où il s'agit 
de faire advenir (sous-entendue : la nouvelle fondation 
de la Loi). De plus, cette sublime parole 
talmudique est de la bouche d'un certain Resh Lakish 
qui se situe juste après Rabbi Juda haNassi, le 
compilateur de la Mishnah. Nous sommes encore en 
plein dans le souvenir vif du messianisme des deux 
premiers siècles. Je peux d'ailleurs poursuivre 
l'analogie entre les temps où Moïse brise les tables et 
le temps de l'annulation de la Loi avant la venue du 
Messie. Dans la Thora, il y a d'abord le premier don 
de la Thora, puis le second temps, d'entre-deux, 
caractérisé par l'idolâtrie du peuple juif, le bris des 
tables et leur ingestion par le peuple, et enfin il y a les 
nouvelles tables, la nouvelle donation de la Loi. De 
même, pour la Nouvelle Alliance, y aurait-il en 
premier le temps où Jésus apporte la plénitude de la 
Loi, les Evangiles étant centrés sur la terre d'Israël. 
Puis, viendrait le temps d'entre-deux où dominent les 
errements et l'Exil 

Les Actes et les Epîtres passent de la terre 
d'Israël en diaspora, et si vous vouliez me citer 
l'Epître aux Hébreux comme contre-exemple, je 
vous répondrais aussitôt que Paul s'y adresse en 
fait à des dôdim/bien-aimés de la diaspora, 
proches de l'Italie comme permet de le deviner 
le verset 14 de son chapitre 13... 
sur fond de caducité de la Loi (remplacée alors par 
l'amour qui prépare la fin et est déjà l'union du dieu 
vivant et de l'Assemblée des justes au jour de 

290 



YHWH). Enfin, troisièmement, il y aurait le temps 
ultime de la venue messianique et de la nouvelle 
donation définitive de la Loi refondée par le temps de 
son annulation et suspension où Paul intervenait, cette 
nouvelle donation ayant lieu conjointement avec le 
rassemblement des exilés dans la Jérusalem céleste 
descendant sur le nouvel 'érets Israël, recréé. 
J'affirme ensuite, revenant à Paul, que l'annulation de 
la Thora dont parle le Talmud est l'exact pendant des 
expressions pauliniennes : dans les deux cas, c'est la 
racine BTL. Et dans les deux cas l'annulation de la 
Thora précède sa fondation messianique, par sous- 
entendu dans la bouche de Resh Lakish, très 
clairement chez Paul, lequel est le champion des 
formules de l'accomplissement de la Thora, autour de 
la venue de la Thora du Messie. Et même davantage, 
car Paul est le chantre de la contradiction apparente 
entre les deux extrêmes que sont l'annulation de la Loi 
et sa refondation ou son plérôme, contradiction qui ne 
lui est pas extérieure, mais dont il est la pensée de la 
résolution, la résolution par la pensée. C'est bien lui en 
effet qui affirme que le plérôme de la Loi (racine ML', 
l'accomplissement dont parle Jésus dans l'Evangile) 
s'appelle amour ou qui parle de la Loi de l'esprit de 
vie dans le Messie Jésus en remplacement de la loi du 
« péché » (sic !), etc. 

Voyez Romains 8, 2 : « Car la Thora l' esprit- 
souffle des vivants en-par le Messie Jésus a 
libéré toi de la loi du péché [entendez de 
l'errance, du crime, mais aussi par double 
entente du sacrifice pour le « rachat »... ce qui 
renvoie aux lois rituelles du Temple...] et de la 
mort. » Il faut lire le début ainsi : (H)ThWRH 



291 



RWHt (H)HtYYM BMShYHt YShWV 
(ha)thôrâh réoû(r)ha ha(r)hayim bimsshia(r)h 
Iéshoû'a, avec pour rétrograde secrète le mot 
HtRTh/graver, hapax de la Thora en usage pour 
dire l'inscription-la gravure de la Loi. Il s'agit de 
« la Thora (qui est) souffle des vivants- 
ressuscités dans-par le Messie Jésus », autrement 
dit la Loi au sens messianique, accomplie pour 
les nôtsrim du jour dernier, la Thora du Messie 
qui leur octroie la grâce d'être ressuscites dès 
cette vie. Cette loi qu'est la Thora accomplie 
n'est pas la loi du «péché» (HtQ HtT'(H)), 
comme le dit Paul, c'est-à-dire le (r)hôq, les 
seules mitsvôth, les règles rituelles qui régissent 
la vie des communautés qui n'ont pas encore 
accès à la parousie nazoréenne ou qui s'y 
refusent ! L'ensemble de la tournure paulinienne 
aurait pour rétroversion éclairée KY ThWRH 
RWHt HtYYM BMShYHt YShW HtPSh 'ThH 
MN- HHtQ HtT' WMN-HMWTh de gR 486 et 
gC 3231(333), duo de choix dont nous 
dégusterons plus bas toutes les saveurs ; c'est 
l'une des clé chiffrées de l'avènement final. Une 
autre formule de Paul est par exemple « la fin de 
la Loi c'est le Messie» (dont le contenu est 
brillamment analysé par Maurice Mergui dans 
Paul à Patras) ou encore, dans l'Epître de 
Jacques, la loi de la liberté... 
Le midrash paulinien tient ensemble, dans sa 
composition même, l' annulation-caducité de la Thora 
et le renouvellement eschatologique de celle-ci. C'est 
en cela qu'il est le tournant du sens du midrash 
chrétien, nécessaire à l'affirmation de sa véritable 
infinité. 



292 



iii) Enfin, une fois déployé le temps paulinien de 
l'annulation de la Loi et de sa refondation, vient cette 
refondation effective dans le divin jardin que nous 
connaissons pour l'avoir déjà arpenté, le mesurant tout 
en mesurant les livres qui souillent les mains, dans leur 
accomplissement même. 

C'est par le mouvement qui traverse et fonde ces trois 
temps que la Nouvelle Alliance est saisissable comme 
accomplissement infini de la Thora. Comme je l'ai 
indiqué, les trois temps de la geste de Moïse s'y 
trouvent repris : première donation de la Loi, entre- 
deux où celui-ci la brise, et refondation enfin, lue 
eschatologiquement. Mais, si dans la Thora ce qui est 
inscrit sur les nouvelles tables est a priori identique - 
quoiqu'il y ait un jeu très fécond entre les deux 
manières dont les choses sont énoncées pour chacune 
des deux donations, allez-y voir vous-mêmes - à ce 
qui était écrit sur les anciennes, ici la Thora 
messianique n'est plus seulement l'ancienne Thora ou 
son premier accomplissement évangélique encore 
insuffisant, mais le plérôme de la Thora. Cette 
différence montre que si l'infinité de la Loi est déjà un 
principe présent dans la Thora, ce n'est que par le 
tournant paulinien de la Nouvelle Alliance qu'il 
devient effectif. Ici le résultat n'est pas seulement le 
commencement de retour et affirmé à nouveau, mais 
empli de la totalité du parcours de l'épopée 
midrashique (la haggadah) d'Israël permettant de la 
lire à rebours, et de tout lire dans la langue d'Adam et 
de Jésus. 



293 



Je puis revenir maintenant au « Je suis venu pour 
accomplir » que j'ai approché une première fois dans 
Le Génie du Judaïsme. Cette parole semble avoir trois 
déterminations concomitantes : 

Premièrement, elle serait un midrash sur la Création de 
la Genèse, passant de l'inaccompli à l'accompli par 
théshoûvah vers le jour Un (comme le remarque 
Roland Tournaire) ; deuxièmement, elle scellerait 
l'accomplissement du TaNaK tel que nous l'avons 
développé ; troisièmement, il faudrait entendre que 
Jésus, le Josué biblique, accomplit Moïse et sa Thora 
en donnant accès à la terre promise (cf. Sandrick Le 
Maguer, p. 113 et suivantes du Portrait d'Israël en 
jeune fille). 

On pourrait objecter à la première de ne pas tenir 
compte du contexte de Matthieu, où il n'est pas 
question de la Création, mais de la Thora et des 
Prophètes. On pourrait de même objecter à la 
troisième de ne pas tenir compte de l'accomplissement 
des Prophètes. Mais ces deux objections se lèvent 
d'elles-mêmes puisqu'il s'agit bien d'entendre 
l'accomplissement du TaNaK sous la Thora ou/et les 
Prophètes, c'est-à-dire celui de la Thora écrite au sens 
large, ce dont participent pareillement les trois 
déterminations dévoilées (dans les trois cas la 
détermination finale est la même, celle de la fin de 
l'Exil). Il faut donc prêter l'oreille et les entendre 
simultanément : il y a accomplissement du Livre, de la 
Création et enfin accès à la terre promise, 

L'Apocalypse de Jean est par excellence un 
midrash sur la conquête de Canaan par Josué, 
dans son livre. Dans le livre de Josué en effet, la 
prise de Jéricho se déroule en « six plus un » 

294 



jours à l'image de la Création, mais avec une 
inversion, car si le septième jour de celle-ci est 
jour de repos, le septième jour de celle-là est jour 
de comble, les Hébreux ne faisant plus un seul 
tour de la ville comme les autres jours, mais 
sept ! Si chez Josué ce sont sept tours de la ville 
qui s'opèrent au jour ultime, sept coups de 
shôphâr (corne de bélier) correspondant à ces 
tours, dans l'Apocalypse de Jean qui se situe en 
ce même septième et ultime jour - le jour de 
YHWH -, c'est l'envoi des sept fléaux où 
chacun est là aussi associé à un coup de shôphâr, 
ces sept shophrôth correspondant en outre aux 
sept cornes du bélier messianique. 
lequel est le terme conciliateur de l'accomplissement 
de la Création (du 'ôlam) et de celui du Livre, de 
Révélation et Création identifiées de façon féconde par 
le Midrash (cf. Genèse Rabbah, etc.). Quant à cet 
accomplissement trine et un, nous avons vu en quel 
sens il est infini. 

Ceci ayant été clarifié une bonne fois, préparons-nous 
à embrasser d'un profond regard midrashique la 
savoureuse Transsubstantiation évangélique, afin d'en 
dégager enfin toute l'unicité en lien à 
l'accomplissement infini de la Loi. 

Pain et vin ; chair et sang : 

Je commence par quelques remarques concernant le 
duo « pain et vin ». 

Le rite du pain et du vin remonte à la prêtrise du Très- 
haut, telle qu'exercée par Melchitsédec (mon roi de 
justice) dès Genèse 14, 18 : 



295 



« Et Melchitsédec, roi de Salem [à lire comme 

Jérusalem], fit apporter du pain et du vin, (or il était 

sacrificateur du Dieu Très-haut). » 

Le pain et le vin, c'est LHtM WYYN/le(r)hem 

vâyâyïn. 

Nous voulions des notariques et des gématries ? Nous 

allons être servis. 

En effet, trois notariques successives sourdent 

immédiatement du duo considéré : 

l'initiale est LWY/Lévi, les lévites étant l'ordre des 

prêtres de dieu comme sont censés l'être tous les 

nazoréens de la Nouvelle Alliance de Jésus ; la 

médiale, HtY/(r)hây (sans le waw), le Vivant, le dieu 

vivant-ressuscité ; enfin, la finale n'est autre que 

MN/manna, la manne ! 

La gR du duo est quant à elle de 73 comme la Sagesse/ 

(r)hôchmâh. 

Mais ce duo se retrouvant tant dans le TaNaK, dans le 

Midrash Rabbah, que dans le Talmud (cf. Berakôth 

40b ou Nazir 37a, etc.), ce n'est pas lui qui va me 

permettre de saisir la différence que je me dois 

d'exprimer plus finement. Précisons toutefois que dans 

le Talmud, la présence de ce duo n'est le plus souvent 

qu'une reprise de Proverbes 9, 5 (« Venez, mangez de 

mon pain, et buvez du vin que j'ai mixtionné. »), 

comme c'est le cas en Berakôth 57a où ce sont les 

thalmidim/étudiants, ou disciples, qui sont admis à 

boire le vin et manger le pain, de même que dans 

l'Evangile, même si c'est seulement dans ce dernier 

que ce cœur de la liturgie se clarifie vraiment grâce à 

la Transsubstantiation saisie à rebours. 



296 



Prélude biblique, Exode 12 : 

Avant de tenter de saisir la Pâque évangélique dans ses 
nervures et ramifications kabbalistiques, il nous faut 
voir comment la Nouvelle Alliance lit le passage 
d'Exode 12 consacré à la Pâque, Le. comment les 
jeunes plantes de l'Assemblée nazoréenne l'observent 
scrupuleusement. 

Pour aller vite, disons que dans ce passage biblique 
célèbre, nos nazoréens lisent la Pâque de leur dieu, 
agneau et Pâque pour YHWH, et qu'ils y lisent même 
à l'œuvre les soubassements essentiels de leur 
observance de la Thora. 

Ainsi, « Parlez à toute l'Assemblée d'Israël, disant : 
Au dixième [jour] de ce mois, vous prendrez chacun 
un agneau par maison de père, un agneau par 
maison. » (Exode 12, 3). Un agneau par maison ? 
C'est ShH LBYTh/sseh labâyith, où ShH de gR 26 
comme YHWH est le même mot que pour l'agneau 
sacrifié en lieu et place d'Isaac, autrement dit, ils lisent 
ici le sacrifice du fils du père de l'élévation, du fils de 
dieu qui est lui-même YHWH. De plus, ce « un agneau 
par maison » est lu comme un agneau pour le Temple, 
puisque bayith/maison est un équivalent commun de 
celui-ci employé par révérence, c'est ce que souligne, 
avec la force de l'évidence, l'expression bêth- 
hamidqash (demeure du sanctuaire) signifiant tout 
simplement le Temple. Mais quel est donc cet agneau 
sacrifié pour le Temple d'Israël ? 
Au sixième verset un autre jalon vient renforcer cette 
lecture. En effet, c'est le même verbe que pour la 
shéhitâh, l'abattage rituel de l'agneau sacrifié à la 
place d'Isaac qui vient faire signe ici : « et toute la 



297 



congrégation de l'Assemblée d'Israël l'égorgera 

(WShHtTW/vsha(r)hatoû) entre les deux soirs. » 

(Exode 12,6). 

Vient ensuite le verset huit où nous est exprimé 

comment l'agneau doit être mangé-consumé : 

« et ils en mangeront la chair cette nuit-là ; ils la 

mangeront rôtie au feu, avec des pains sans levain, et 

des herbes amères. » 

Hébreu translittéré : W'KLW 'Th-HBShR BLYLH 

HZH SdLY-'Sh WMSdWTh 'L-MRRYM 

Y'KLHW/v'âkloû 'eth-habâssâr balâilâh hazeh 

tsli-'êsh voûmatsôth 'al-mrôrim yô'klouhoû : 

gR=6+l+ll+12+6+l+22+5+2+21+20+2+12+10+12 

+5+5+7+5+18+12+10+1+21+6+13+18+6+22+16+12 

+13+20+20+10+13+10+1+11+12+5+6 = 441 = 

'MTh/fidélité-vérité(gC) ; 

gC=6+ 1+20+3 0+6+ 1 +400+5+2+300+200+2+3 0+ 1 0+ 

40+5+5+7+5+90+30+10+1+300+6+40+90+6+400+60 

+30+40+200+200+10+40+10+1+20+30+5+6= 

27(00), soit le 27 de HtSD/(r)hessed, amour-grâce 

(gR)- 

Les gR et gC de ce verset sont sans appel : s'y laisse 
lire le duo de grâce et vérité de l'accomplissement 
évangélique de la Thora au sens large (cf. Jean 1 , 17) ! 
Dans les synoptiques, Jésus observe très précisément 
ce rituel : le premier jour des pains sans levain, il fait 
préparer la Pâque (=l' agneau) et, le soir tombé, il la 
mange avec ses disciples sur une table qui a été 
dressée pour l'occasion (cf. le shoul(r)han 'arouk, la 
table dressée). Si le rituel tient alors pour partie des 
versets d'Exode 12, il se retrouve aussi en partie dans 
ce qu'en disent Mishnah et Talmud, car ceux-ci, bien 

298 



que postérieurs aux Evangiles en ce qui concerne leur 
rédaction finale, n'en conservent pas moins des 
traditions fort anciennes, le rite de Pessa(r)h étant lui- 
même antique. Il est à noter que dans l'Evangile le rite 
a lieu comme s'il n'y avait pas de Temple. En effet, il 
se trouve que normalement, le sacrifice, du temps où 
le Temple était debout, avait lieu dans celui-ci. Mais, 
comme nous le savons, c'est Jésus lui-même et son 
Assemblée qui sont le Temple spiritualisé, de même 
que leur repas au pain et au vin forme le sacrifice 
spiritualisé. Je n'ai nul besoin d'avoir recours à 
d'hypothétiques datations pour justifier cela. 
Enfin, le verset onze prévient : « et vous le mangerez à 
la hâte. C'est la pâque de l'Éternel. » 
C'est la Pâque ? Hébreu pessa(r)h hoû'/PSHt HW' de 
gR et gC 52/1(0)6, celles de BN/ben (16/52), le Fils, le 
Messie-fils, alors que s'y lisent aussi trois des lettres 
constitutives du nom nouveau YHtWH ! Enfin, cette 
Pâque est « pour YHWH », comme son fils est sacrifié 
pour Lui dans l'Evangile... le rapprochement 
midrashique avec l'agneau du sacrifice d'Isaac - et 
son actualisation nazoréenne - devient ici criant ! 

La Cène en sa quintessence midrashique : 

Ce n'est pas sans un certain savoir de danseur de corde 

et un goût prononcé pour le funambulisme sur la ligne 

du risque que nous allons nous avancer ici, mais il faut 

bien cela pour s'essayer au mieux à l'art aiguisé de la 

rétroversion. 

Trois passages s'ouvrent à nous : Matthieu 26, Marc 

14 et Luc 22. 



299 



A chaque fois le Messie parle de « mon corps » et de 
« mon sang » pour les offrir à ses thalmidim. Si le mot 
pour le sang ne pose pas de difficulté, en revanche le 
choix s'avère délicat pour « mon corps ». Soit 
bâssâr/BShR, biblique et général ; soit goûph/GWP, 
plus tardif et autrement déterminé. Le premier désigne 
la chair de sa chair, l'Assemblée, ce qui repose non 
seulement sur la description d'Eve dans le récit 
d'Eden, mais aussi sur la somme gR+gC de HBShR/la 
chair, la parenté, puisque celle-ci est de 555, 
l'élévation déjà vue de QHLH/1' Assemblée, la 
Quéhilâh eschatologique (cf. tome I). Le choix de ce 
premier vocable repose encore sur le rapprochement 
entre la chair/BShR (celle de Marie enfantant le Verbe, 
dans les douleurs de l'enfantement messianique, mais 
par Sa jouissance et pour elle), la Bonne Nouvelle, 
l'Evangile/BShWRH/bessôrâh, et le verbe 
BShR/bissêr (au piel), annoncer une bonne nouvelle, 
se réjouir, être doux, jouissif, bref le lien souple entre 
la jouissance du verbe, l'annonce, la chair qui s'en 
réjouit et l'Evangile lui-même ! D'où l'Incarnation 
évangélique, et nombre de versets pauliniens où se 
côtoient l'Assemblée et le corps au sens de bâssâr (le 
Christ étant la tête, le principe, rôsh, de ce « corps » 
dont les élus sont les membres - 'atsâmim -, c'est-à- 
dire les os qui fleurissent en verbe !). Voyez encore le 
début du Prologue de Jean où le Verbe (dâvâr) est dit 
équivalent à la chair (bâssâr), notamment parce que 
ces deux mots ont même esprit. 
Bâssâr, c'est aussi la chair au sens du duo « la chair et 
le sang », métaphore de la mortalité, ce qui nous 
pousserait à maintenir sa possibilité sous-jacente dans 

300 



la Cène évangélique. En effet, l'on trouve dès la Thora 
: « et tu offriras tes holocaustes, la chair et le sang 
(habâssâr vehadâm), sur l'autel de l'Éternel, ton Dieu, 
et le sang de tes sacrifices sera versé sur l'autel de 
l'Éternel, ton Dieu, et tu en mangeras la chair. » 
(Deutéronome 12, 27). Ce (H)BShR W(H)DM/ 
(ha)bâssâr ve(ha)dâm est commun au Midrash Rabbah 
(cf. Genèse Rabbah 1,1 ; 1,13, etc.), aux Talmuds et 
aux Evangiles. Il est là aussi lié à la prêtrise et à la 
sainteté rituelle. Il désigne plus particulièrement la 
mortalité ou l'humain par opposition au divin. Ainsi : « 
Or je dis ceci, frères, que la chair et le sang ne peuvent 
pas hériter du royaume du dieu, 

Le verbe yârash ici présent signifie hériter et 
conquérir. Le royaume du dieu est la paix 
messianique, laquelle est tout autre chose que la 
pax romana. Enfin, hériter du royaume du dieu 
se lisant comme hériter de la paix, l'expression 
désigne Jérusalem/YRWShLM lue comme la 
condensation de YRWSh+ ShLM/« héritant (de) 
la paix ». Seul un corps incorruptible - qui n'est 
pas que chair et sang, mais corps glorieux - peut 
entrer dans la Jérusalem céleste et ainsi hériter 
du Royaume, encore une fois tout se tient ! 
et que la corruption non plus n'hérite pas de 
l'incorruptibilité. » (1 Corinthiens 15, 50) 
Pourtant, pour les passages spécifiques de la Cène 
évangélique, nous faisons l'hypothèse de l'hébreu 
GWP/goûph, en l'empruntant à Maurice Mergui à la 
fin d' Un étranger sur le toit : « L'hostie, morceau de 
pain azyme, qui figure à ce titre la loi légère, est au 
centre du messianisme chrétien, elle serait donc tout 
naturellement devenue gufmashiaH, le " corps " du 
christ. » En effet, dans ces passages il est question du 

301 



corps du Messie comme doctrine spirituelle à ingérer, 
de même qu'est ingéré-mangé-joui - verbe 
L'KL/le'ekôl - la megillâth sepher, le petit livre avalé 
par Jean au onzième chapitre de son Apocalypse. 
Par analogie avec le duo du pain et du vin, on aurait 
alors GWPY(W)DMY pour « mon corps »+« mon 
sang », duo signifiant l'exotérique et l'ésotérique de 
Sa Thora ainsi subtilement rassemblés dans leur 
consumation renouvelante. Notarique initiale : 
GD/gad, coriandre (comparée à la manne dans la 
Thora), bonheur, anagramme de DG/dag, le poisson 
eschatologique chez Jonas. GWPY+DMY a pour gR et 
gC 63 et 153, respectivement comme la gR du duo 
HtSD+'MTh/amour et fidélité-vérité, et comme la gC 
de HPSHt/la Pâque, l'agneau pascal, celui qui est bien 
au centre de notre affaire. Mais il faut en outre avoir 
recours au plérôme, en yod ici. GWPY+DMY déploie 
ainsi ses lettres étincelantes de véracité : GYML 
WYW PH YWD DLTh MM YWD dont les gématries 
sont : gR=3 8+22+22+20+3 8+26+20 = 186, 
gC=83+22+85+20+434+80+20 = 744, le 186 de 
l'élévation de l'homme ou de YHWH, et le 744 de 
YShW MShYHt/la Révélation du Masshia(r)h 
Iéshoû'a ! 

L'accord est total entre le don de « mon corps » et 
« mon sang » par le dieu évangélique et le midrash qui 
révèle ce dieu. D'où, sans doute, le fait que cette 
liturgie du corps et du sang du Christ soit propre aux 
nazoréens de Jésus et distingue radicalement Son rite 
de Pessa(r)h du Seder traditionnel, bien que celui-ci se 
retrouve en partie compris dans celui-là. Voilà pour 
l'entrée en Cène. 

302 



Mon corps : 

La formule fleurit musicalement par trois fois, avec 
variations, Matthieu 26, 26 ; Marc 14, 22 ; Luc 22, 19. 
« Et comme ils mangeaient, Jésus ayant pris le pain et 
ayant béni, le rompit et le donna aux disciples, et dit : 
Prenez, mangez ; ceci est mon corps. » (Matthieu 26, 
26) 

La parole soulignée serait alors : QHtW W'KLW ZH 
GWPY/q(r)hoû v'ikloû zéh goûphi, de gR et gC 
117/288, le 117 plérôme selon la gR de YShWVJésus, 
ou de ShMYM/les ci eux (117 qui est aussi le 27 de 
(r)hessed), et le 288 de 'Sd/1'arbre, le bois par 
multiplication. 

J'en ai exprimé le secret dans « Maintenant, 
l'Apocalypse » en lien au septuple « que celui 
qui a une oreille entende, l'Esprit [ici masculin, 
RWHt ayant les deux genres] parle aux églises », 
soit MY Sh'ZN LW YShM' RWHt 'MR 
LQHLWTh. Sa gR est en effet de 288. S'y 
joignent un certain nombre d'autres choses qui 
illustrent parfaitement l'abondance des procédés 
dans la Nouvelle Alliance de Iéshoû'a, comme 
par exemple la notarique finale YNW'HtRTh de 
gC 744 : ce qu'il s'agit d'entendre - le nouveau 
Shema' Israël -, c'est la Révélation de Jésus 
Iéshoû'a Messie ! 
Le ZH ici présent pour dire le ceci a d'ailleurs pour 
thémoûrâh at bash le 'Sd/'êts, le bois-1'arbre, le centre 
du jardin-paradis, ce pourquoi, dans Apocalypse 21, 7, 
le vainqueur est dit hériter de « cela », autrement dit de 
l'accès au bois (de la vie), cette thémoûrâh ayant de 
plus le sens de fin des temps... 



303 



Je donne ici fort peu de thémoûrâhs, certaines 
pourtant sont singulièrement parlantes, qui 
s'accordent d'ailleurs tant spécifiquement 
qu'harmoniquement à la musique que joue le 
midrash chrétien. Ainsi, voici l'une des 
gématries (friandises ou desserts du banquet de 
la Sagesse, légers et riches de sens, comme la 
manne) sur lesquelles viennent se fonder les 
arborescences du midrash paulinien. Sh'WL/le 
Shéol a pour thémoûrâh at bash BThPK. Celui-ci 
fait calembour avec HThHPK/hithhapêk, le 
hithpael de la racine de la happêkâh, du 
renversement eschatologique. Eh bien, voici les 
gématries de cette thémoûrâh du Shéol : gR= 
2+17+22+11 = 52 et gC= 2+80+400+20 = 5(0)2. 
Ce duo se ramène à une double affirmation de 
52, la valence messianique par excellence ! Paul 
n'est-il pas renversé par l'annonce du Messie et 
pour l'annoncer ? 

Ce zeh/ZH concret qui se retrouve ici dans toutes ces 
formules est présenté ainsi par Sandrick Le Maguer : 
« Le terme hébraïque hazeh désigne toujours quelque 
chose d'absolument concret, que l'on peut toucher, 
tenir dans la main ou montrer du doigt. » L'un des 
douze pains de proposition ou la coupe de vin du 
kohen gadôl, voilà du concret ! Sachant de plus que ce 
zeh, comme le souligne l'auteur, abonde 
particulièrement dans le livre de Josué pour signifier 
l'aspect concret de l'arrivée en terre promise, on en 
déduit une étonnante légitimation à rebours du rite 
catholique. Le ceci du « ceci est mon corps » et « ceci 
est mon sang » conjugue à la fois l'immédiateté de la 
certitude sensible et le savoir le plus poussé. En effet, 
ce « ceci »/ZH désigne ici le corps et le sang du 
Masshia(r)h, l'exotérique et l'ésotérique de Sa Thora ! 

304 



Par la métaphorique ingestion de ce ceci sensible, tous 
les sens sont fondus en un dans la jouissance de la 
connaissance qui est reconnaissance par cette 
jouissance, vive, ramassée, inaltérable. C'est là le 
cœur de la sublime métamorphose mystique de 
l'apôtre se faisant Thora messianique vivante. 
Si, dans la préface de Fini de rire intitulée Le corps de 
Dieu, Stéphane Zagdanski note que « L'idée que la 
Thora est le corps de Dieu est une thèse mystique à 
laquelle » il adhère pour sa part « aussi farouchement 
que le Pape croit, lui, de toute la puissance du propre 
dogme qu'il incarne, que l'hostie est le corps du 
Christ », nous pouvons affirmer que c'est le fondement 
« oublié » de ces deux conceptions, tant kabbalistique 
que chrétienne, que nous venons de retrouver dans 
l'hébreu néotestamentaire. 

De même : « Et comme ils mangeaient, Jésus, ayant 
pris un pain [et] ayant béni, le rompit et le leur donna, 
et dit : Prenez ; ceci est mon corps. » (Marc 14,22). 
Ici, le « mangez » semble avoir disparu, nous laissant, 
non pas sur notre faim, mais avec une formule plus 
brève : QHtW ZH GWPY/q(r)hoû zéh goûphi, de 
gR=81 et somme gR+gC=3(0)6, où l'on retrouve 
36/81, les gR et gC du Anokhi/'NKY, le Je divin de la 
sortie d'Egypte, du premier des commandements, de la 
Pâque, le dieu mangeable ramassé dans son Je ! 
Enfin, « Et ayant pris un pain, [et] ayant rendu grâces, 
il le rompit, et le leur donna, en disant : Ceci est mon 
corps, qui est donné [ce don à double entente fait 
référence au mathane thôrâh, le don de la Thora] pour 
vous, faites ceci en mémoire de moi. » (Luc 22,19). 



305 



Je commence par dire que le « ceci est mon corps », 
ZH GWPY, commun aux trois situations, a pour 
gC=lll comme 'LP/Aleph, et gR+gC 159=HPSHtW, 
« saPâque ». 

La mémoire enjeu ici vient de loin, puisqu'elle 
resplendit déjà, et pour cause, en Exode 12, 14 : « Et 
ce jour-là [hazeh !] vous sera en mémorial [« pour 
vous pour mémoire », LKM LZKRWN/lâkem 
lzikarôn], et vous le célébrerez comme une fête à 
l'Éternel [...]. » 

C'est bien entendu le jour du début de la sortie 
d'Egypte célébré par la Pâque. La Cène marque le 
tournant par lequel le Messie Jésus lance sa sortie 
d'Egypte définitive. 

Ici se présente une difficulté de rétroversion, le verbe 
pour le don. 

Le grec didômi, donner, livrer, se rétrovertit 
majoritairement par le verbe NThN. Pourtant, ici, il 
s'agit du verbe SKR/sakêr. Une correspondance va le 
mettre en relief. En effet, ce même verbe didômi est en 
usage trois versets plus loin pour désigner Juda(s), le 
livrant lui, l'Iskarioth, racine sakêr. La double entente 
est ici voulue par les rédacteurs : c'est un don 
suprême, et en même temps une livraison infâme, une 
trahison sans égale. La contradiction se tient très bien, 
comme entre les deux sens de YHWDH : Judas le 
traître, le faux frère, et Jude (même nom hébreu), 
« frère » de Jésus, auteur d'une épître mémorable. 
Je propose donc comme rétroversion ce chapelet de 
lettres à égrener avec délices : 
ZH GWPY LKM HSKWR ZH ' ShW LZKRWN 
LY/« ceci mon corps pour vous l'étant livré, ceci 

306 



œuvrez pour la mienne mémoire », dont voici les 
gématries renversantes : 

gR=7+5+3+6+17+10+12+ll+13+5+15+ll+6+20+7+ 
5+16+21+6+12+7+11+20+6+14+12+10 = 288 = 
'Sd/'êts, le bois-la croix, à nouveau ! 
gC=7+5+3+6+80+10+30+20+40+5+60+20+6+200+7 
+5+70+300+6+30+7+20+200+6+50+30+10 = 1233 
(333). 

Cet incontournable réseau du 333, je m'en vais 
le développer un peu après... 
La somme gR+gC est de 1521, soit le 621 de 
HYWM/hayôm, le Jour eschatologique, la fin. Côté 
gématries toujours, j'admire un instant le fait que 
hazikarôn/HZKRWN, l'anamnèse du contenu des 
écritures sacrées, ait pour gR et gC 63/288, nouvel 
affleurement de l'abondance sous-jacente ! 

M'arrête à nouveau, en un autre instant, cette 
mémoire, hazikarôn. En effet, elle est singulière. 
Sa racine fleurie, zâkar, est à la fois se souvenir 
et célébrer, elle donne deux termes dont la 
correspondance étonne : zâkâr (l'enfant mâle, 
voire le membre viril) et zêker (mémorial, 
mémoire). De la ressouvenance considérée 
comme un des beaux-arts ? Oui, en hébreu 
l'anamnèse pointue et méthodique du texte, belle 
et virile, a lieu pour chacun au cœur de ce qu'il y 
a de plus intime, à l'opposé évident de toute 
commémoration, de toute mémoire qui en même 
temps qu'elle est mise en commun est mise à 
« mal », car, devenant commune, elle est 
banalisée, universalisée vers le bas, sur la pente 
de l'abstraction formelle. 

Je propose aussi ce résultat pour la seconde partie 
enfantine, calque du passage de l'Exode : ZH 'ShW 
LZKRWN LY/« ceci œuvrez par anamnèse de moi ». 

307 



Ses gR et gC en miroir sont de 147/741, dont la 
somme est de 888 = HH MM ShYN YWD HtYTh, le 
plérôme en gC de HMShYHt/hamasshia(r)h, le 
Messie : faire cela en mémoire de Lui, c'est-à-dire 
cette Thora, qu'à travers sa livraison et sa mort, il 
donne avec son goûph, c'est Le faire advenir ! 
Mais ayant quelque peu soif après l'énoncé d'un tel 
dire, je passe au vin, ce feu sombre des veines de mon 
corps spirituel, conviant mon lecteur à faire de même : 

Mon sang : 

Ici, je procède en allant d'abord chez Luc : « — de 
même la coupe aussi, après le souper, en disant : 
"Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, qui 
est versé pour vous." » (Luc 22,20). 
Puis chez Marc : « Et il leur dit : "Ceci est mon sang, 
le [sang] de la nouvelle alliance, qui est versé pour 
plusieurs." » (Marc 14,24). 

Et enfin chez Matthieu : « Car ceci est mon sang, le 
[sang] de la nouvelle alliance, qui est versé pour 
plusieurs en rémission des péchés. » (Matthieu 26,28). 
A chaque fois, il est question de « mon sang » (le vin 
est le secret) en lien à une refondation de l'Alliance. 
Comme nous l'avons vu avec la remémoration, il 
s'agit de l'Alliance associée à la sortie d'Egypte qui va 
donc de la Pâque jusqu'au Sinaï, le don de la Thora 
scellant cette alliance. Son renouvellement court ainsi 
avec tout le parcours eschatologique de Jésus, depuis 
la Pâque évangélique jusqu'à l'Apocalypse comme 
nouveau don de la Thora, en passant par la Pentecôte. 



308 



Mon sang est DMY de gR et gC 27/54 qui l'associent 
irrémédiablement à la grâce/HtSD (=27) et à 
l'Alliance/BRYTh (=54). 

Voici quelques-unes des miettes midrashiques du repas 
qui a continuellement cours sous le voile des versets : 
Chez Luc, la coupe celle-ci est HKWS HZ'Th 
(pendant féminin du hazeh, même sens) de gR et gC 
72/5(0)4 ; l'Alliance nouvelle est dite « dans/par mon 
sang », soit BDMY de gR et gC 29/56, équivalent de 
YWM/yôm, le Jour eschatologique ; si le contenu de la 
coupe est « l'alliance nouvelle dans mon sang pour 
vous étant répandu », je propose comme hypothèse 
l'hébreu BRYTh HtDShH (bérith (r)hadâshâh, vient de 
Jérémie 31,30) BDMY LKM HShWPK : 
gR=217='WRY/ma lumière (37 de la Sagesse) ; gC = 
1486 « = » 5 86= YRWShLM/ Jérusalem, etc. 
Chez Marc, nous aurions Z'Th DMY BRYTh LRBYM 
HShPWK/« celle-ci mon sang l'alliance pour la 
multitude ayant été versé » de gC 1767, soit 777, et de 
gC-gR=153(9), le 153 de hapessa(r)h/HPSHt, la 
Pâque. 

Chez Matthieu, la chose étant plus ardue, je vais 
développer. 

L'alliance pour la multitude - sous-jacente aussi chez 
Marc - provient de l'hébreu de Daniel : « Et il 
confirmera une alliance avec la multitude [BRYTh 
LRBYM/bérith larâbim, de gR 111 comme l'Aleph] 
[pour] une semaine [la dernière des soixante-dix 
semaines eschatologiques, de l'ordre du sod] ; et, au 
milieu de la semaine, il fera cesser le sacrifice et 
l'offrande ; et à cause de la protection des 
abominations, [il y aura] un désolateur, et jusqu'à ce 



309 



que la consomption et [ce qui est] décrété soient versés 
sur la désolée [littéralement celle qui est ruinée, la 
Jérusalem terrestre, voilà qui inspirera 
l'Apocalypse !]. » (Daniel 9, 27). La soi-disant 
« rémission des péchés [!] » qu'il s'agirait d'entendre 
ici est en fait : SLYHtTh HtT'YM, où 
HSLYHtTh/hassliy(r)âth a pour gR et gC 72/513, ce 
qui se passe de commentaires. Quant au sens, il n'a 
strictement rien à voir avec la « rémission des péchés » 
inventée par l'Occident chrétien comme interprétation 
qui omet la riche mémoire du judaïsme, mais il 
désigne la purification des kohanim (prêtres), 
purification rituelle liée au sacrifice de Pessa(r)h que 
l'on peut entendre comme un allégement ou une 
consumation afin de s'accorder davantage au diapason 
du temps liturgique. Les SLYHtWTh/sli(r)hôth sont 
aussi des prières d'indulgence. Cette rémission est 
extrêmement active. Cette activité, physique, 
liturgique, symbolique, consiste à se ramener soi- 
même dans la voie en se plongeant dans ce qui sauve ; 
car, si l'on peut y être constamment, l'on peut y être 
toujours, selon un degré supérieur d'intensité au point 
d'affirmation d'une parfaite purification. 
L'expression complète liée au ceci vient alors pour en 
clarifier le contenu : 

KY Z'Th (le sujet est la coupe, féminin en hébreu) 
DMYBRYTh LRBYM (H)ShPWK LSLYHtTh 
HtT'YM. Je la retraduirai par « c'est pourquoi ceci 
mon sang Alliance pour les nombreux [ou les 
rabbins !], répandu afin qu'ait lieu le pardon des 
errements [de ce qui fait que l'on n'est pas en plein 
accord avec la voie de YHWH, puisqu'on est a priori 

310 



ou immédiatement dans ce monde-ci, non pas encore 
dans ce monde-là... pour y être, il faut étudier, méditer, 
penser] ». 

Je note quelques notariques : LShLHt/leshala(r)h ou 
lishlô(r)ha, (pour) envoyer, l'infinitif de la racine de 
Ses apôtres, et deux fois le mot ThM/thâm, pur, 
intègre, sincère, qui est aussi ThMYM/thamim, parfait, 
sans tache, qualificatif de la Thora ou encore de 
l'apôtre Jean. La formule complète, ici un peu plus 
relevée, serait donc : KY Z'Th DMY BRYTh LRBYM 
HShPWK LSLYHtTh HtT'YM de gR+gC= 2772, le 
duo 27/72 de HtSD/(r)hessed, grâce, amour, le 
chiffrage même de « sa femme », 'ShThW/'ishthô (par 
multiplication : 1x21x22x6=2772), désignation d'Eve 
dans la Genèse et métaphore de l'Assemblée d'Israël. 
Il y a cinq noms qui représentent l'élément 
féminin, en plus des quarante-deux noms 
masculins, dans la « généalogie » de lésus, celle- 
ci ornant le début du selon Matthieu. Ruth est 
une païenne, fille de l'inceste, pourrait-on dire, 
puisque moabite, Thamar (la belle fille de luda) 
est accusée de prostitution, Rahab est une 
courtisane, Bethsabée, quant à elle, a commis 
l'adultère (d'où le fait qu'elle soit nommée 
indirectement par la formule « la femme d'Urie 
», plutôt que par son propre nom, ce qui est aussi 
une manière de laisser la lumière du sod 
resplendir dans son retrait, inaperçue). Marie, 
pour sa part, cette ultime perle ardente et 
lumineuse de ce chapelet de noms féminins, est 
pécheresse de manières diverses. Elle est une 
courtisane en tant que la splendide Marie 
Madeleine, elle est possédée de sept démons en 
tant qu'elle est la terre d'Israël occupée par les 
sept nations païennes, elle est atteinte de révolte 

311 



religieuse en tant que la Myriam biblique qui 
déparle de Moïse ; mais surtout, assumant le 
comble du mal en tant qu'elle est la Sagesse, elle 
en est le renversement, la B.V.M. couronnée 
dans l'Apocalypse par jeu de mot sur la racine 
KLL/kâlal, couronner qui est aussi la racine de la 
fiancée, KLH/kalâh, l'une des manières de la 
nommer. Si j'écris maintenant ces cinq noms 
précis : RWTh ThMR BThShB' RHtB MRYM, 
c'est pour constater par simple calcul que leur 
gR est de 252, leur gC de 2520, et la somme 
2772 ! C'est l'Assemblée d'Israël, « sa femme » 
- sa Thora, sa sœur, sa fiancée -, qui est 
engendrée en même temps que le fils de YHWH. 
Par cette consumation du sacrifice christique, l'on peut 
dire - comme il n'y a ni avant ni après dans le corpus 
néotestamentaire -, que ses apôtres sont déjà dans le 
'ôlam haba' - le lieu mystique à partir duquel leurs 
auteurs écrivent le dit corpus -, en état de parousie, 
c'est-à-dire purs. 

Brève comparaison avec le Seder talmudique : 
Les quatre ingrédients essentiels du Seder de Pessa(r)h 
sont pessa(r)h/l' agneau, la matsah/le pain azyme, 
yayïn/le vin, et marôr/les herbes amères. Si le Christ 
correspond à l'agneau de Pessa(r)h (celui qui 
ressuscite dans l'Apocalypse), si le pain azyme 
correspond à « l'hostie », et si le vin est bien présent, 
on pourrait se demander à quoi correspondraient les 
herbes amères. Même si elles semblent absentes du 
texte, on peut les lire comme ingrédient du plat dans 
lequel se servent les convives. Mais notons toutefois 
que le rite des Evangiles semble plus simple (plus 
observant-conservateur ? Ou tout simplement antérieur 

312 



aux élaborations talmudiques ?) que celui développé 
par la Haggadah rabbinique. Il ne faut pas non plus 
méconnaître que nous avons affaire ici à une 
condensation en une ou deux péricopes, chaque 
Evangile introduisant des formules et des éléments 
différents. 

Ces péricopes ne sont pas le lieu de développer le rite 
du Seder, de toute façon bien connu des lecteurs juifs- 
hébreux du rouleau évangélique, mais bien plutôt de 
porter au jour sa singularité abolissante au sens de 
l'accomplissement nazoréen des écritures. 
Comme le souligne Marc, les convives sont ici 
allongés à table. De même en va-t-il dans le Seder 
traditionnel par détournement de l'attitude dans les 
banquets gréco-romains, mais aussi en écho au futur 
banquet eschatologique. Cette table dressée, du fait 
que Jésus en tant que grand prêtre y rompe et partage 
la matsah en douze bouchées, est à assimiler à l'autel 
(mizbê(r)ha) du Temple que forme cette confrérie 
((r)haberah, la fameuse « communion » 
« chrétienne » !). 

On trouve bien la matsah rompue et partagée, mais ici 
une seule coupe de vin est présente pour les Douze (+ 
un) au lieu des quatre coupes réservées pour chacun 
dans le Seder traditionnel. Cette coupe unique pour la 
rémission des « péchés » correspondrait à la troisième 
des quatre dans le Seder... Quelques gouttes de ce 
breuvage messianique, sans doute d'une rare densité, 
semblent ici suffire à l'ivresse lucide et à la 
préservation des Douze et de leur rabbi, chose 
étonnante ! 



313 



Jésus dit les grâces avant le repas comme il sied selon 
la loi (présence dans le texte de la racine BRK). Le 
tout se termine par le Hallel, la lecture de certains 
psaumes, avant que, selon la coutume de l'époque 
(comme le dit le passage de Luc), Jésus et les siens ne 
se rendent au mont des Oliviers. Marc et Luc 
déterminent le lieu du repas, là où Matthieu reste 
évasif. Il s'agit d'une 'aliyah, une chambre haute, lieu 
par excellence des méditations mystiques du texte 
sacré, qui symbolise un attachement rémanent à la 
matérialité du lieu sacré (en lien au Temple terrestre), 
même si cette 'aliyah est à comprendre avec esprit, 
non à la lettre, c'est-à-dire comme nécessaire aux 
besoins de la narration, de l'histoire (au sens de la 
haggadah, nullement de l'enquête historienne). Elle 
désigne aussi le haut lieu du pèlerinage à Jérusalem, ce 
qui correspond parfaitement puisque nous sommes à 
Pessa(r)h, l'une des trois fêtes de pèlerinage. Enfin, si 
dans le rituel juif à la division de la matsah (ya'hats) 
succède immédiatement le récit de la Haggadah de 
Pessa(r)h, le magguide ; ici, c'est après avoir donné la 
matsah (son goûph !), que Jésus dit de boire la coupe 
et de faire cela en mémoire de lui, autrement dit en 
racontant cette nouvelle Haggadah de Pessa(r)h qu'est 
l'Evangile lui-même. Du moins est-ce une 
interprétation pratique possible - et non moins 
plausible -, par analogie avec le Seder de Pessa(r)h. 
Soulignons encore une curiosité. Dans le texte, Jésus 
respecte le rite de Pessa(r)h qui a lieu une fois l'an. 
Pain et vin y sont ceux du Seder traditionnel, bien 
qu'entendus en un sens spiritualisé à l'extrême. Dans 
le rite catholique, l'hostie - qui correspond à la matsah 

314 



- est mangée (et bue la coupe de vin pour les prêtres), 
non pas une fois l'an, pour la Pâque, mais bien plutôt 
chaque jour qu'il plaît au Seigneur (lequel ?) de faire ! 
Comment l'interprétation chrétienne est-elle passée de 
l'un à l'autre ? Mystère qui met en relief tout le 
décalage du dogme par rapport au texte. 

Apparemment, le dogme se serait fondé en 
fusionnant deux choses distinctes. D'une part, la 
fraction du pain présente dans le Nouveau 
Testament et qui est un midrash sur les rites 
d'offrande des kohanim dans le Lévitique, sur 
leur manière de prendre le repas (le grec d'Actes 
2, 42 permettrait de remonter à l'hébreu 
PTh/PThWTh, morceau de pain de Lévitique 2, 
6 et 6, 14 ; ou encore, celui d'Actes 20, 7 à 
(L)PRS + LHtM - cf. Jérémie 16, 7 où on trouve 
bien PRS -, pour rompre le pain... mais sans le 
moindre rapport avec la Pâque...), et d'autre part, 
la Pâque évangélique de son corps comme 
matsah... De là, viendrait le caractère 
« perpétuel » (à chaque heure, des messes se 
célèbrent de par le monde !) de ce qui dans le 
judaïsme n'avait lieu qu'une fois l'an. Mais cette 
identification des deux choses se différencie à 
son tour puisque le rite catholique célèbre aussi 
la Pâque une fois l'an, en lien à Pessa(r)h (bien 
que pas tout à fait à la même date, la Pâque juive 
étant fixée au 15 Nissan, tandis que la chrétienne 
est une fête mobile). Notons qu'en Actes 20, 7 il 
est écrit : « Et le premier jour de la semaine, 
lorsque nous étions assemblés pour rompre le 
pain, Paul qui devait partir le lendemain, leur fit 
un discours, et il prolongea le discours jusqu'à 
minuit. » (Actes des Apôtres 20,7), le premier 
jour de la semaine qui succède au Shabbath de la 
semaine précédente et commence donc le samedi 



315 



soir correspond bien au dimanche de la semaine 
chrétienne (le huitième jour, du renouvellement), 
mais je n'y trouve toujours pas le moindre 
commencement de rapport entre cette fraction 
rituelle du pain et le respect du Seder christique 
dePessa(r)h... 
Ce qu'il y a d'identique et ce qu'il y a de différent 
entre le Seder talmudique traditionnel et la Pâque 
évangélique du dieu vivant permet de manifester 
l'aspect conservateur-observant de cette dernière, 
laissant surgir dans ses expressions une densité de 
diamant, en même temps que l'antériorité de cette 
Pâque évangélique par rapport à des élaborations 
talmudiques plus tardives (cf. Rabbi Juda haNassi et 
Cie), et la manière novatrice dont elle préfigure ce 
qu'est une Pâque en l'absence de tout Temple terrestre. 
Ainsi, est-on ici en plein cœur de ce qui fait la richesse 
du Talmud en écho à celle de la vie juive 
(bénédictions, puretés, sanctifications, Seder de 
Pessa(r)h, etc.) et au centre de la conception mystique 
de la Thora comme corps du dieu, mais avec un degré 
extrême dans la spiritualisation de cette symbolique, 
accompagnée d'ailleurs, dans le sod, d'un 
fourmillement de procédés gématriques chéris 
singulièrement par la Nouvelle Alliance en lien à 
l'accomplissement. Ceux-ci viennent apposer leur 
sceau à la vérité brûlante du midrash chrétien. 

L 'exception johannique : 
D'ailleurs, si j'ai montré les liens resserrés et 
étonnants entre les formules des synoptiques, et si j'ai 
souligné leur rapprochement avec le Seder rabbinique, 
je n'ai pas détaillé l'exemple de Jean, pourtant 

316 



cardinal et singulier par rapport aux synoptiques. 
Singulier ? En apparence du moins, car au fond ce sont 
des soubassements kabbalistiques comparables qui 
viendront se montrer à nous pour être déchiffrés. 
Chez Jean en effet, la Cène commence par un « Amen, 
Amen » dont nous savons l'un des sens comme 
accomplissement définitif du TaNaK aux cieux comme 
sur la terre. Cela se confirmera-t-il dans le texte ? 
Voyons : « Jésus donc leur dit : En vérité, en vérité 
('MN 'MN), je vous le dis : " Si vous ne mangez la 
chair du fils de l'homme et ne buvez son sang, vous 
n'avez pas la vie en vous-mêmes. Celui qui mange ma 
chair et qui boit mon sang a la vie éternelle, et moi, je 
le ressusciterai au dernier jour. Car ma chair est en 
vérité un aliment, et mon sang est en vérité un 
breuvage [ici double emploi de 'émeth qui fait écho au 
double Amen du début, de même racine] . Celui qui 
mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi 
et moi en lui. Comme le Père [qui est] vivant m'a 
envoyé, et que moi, je vis à cause du Père, de même 
celui qui me mangera, celui-là aussi vivra à cause de 
moi. C'est ici le pain qui est descendu du ciel, non pas 
comme les pères mangèrent et moururent : celui qui 
mangera ce pain vivra éternellement. " Il dit ces 
choses dans la synagogue, enseignant à Capernaiim 
[KPR-NHtWM, le village de la « consolation », cf. le 
Paraclet/MNHtM !]. » (Jean 6, 53 à 59). 
C'est déjà l'occasion de confirmer une fois de plus la 
rétroversion proposée par Maurice Mergui, le goûph 
masshia(r)h, ou plutôt ici le goûph ben 'âdâm, le corps 
du fils de l'homme. En effet, GWP BN 'DM a pour 
gC=3+6+80+2+50+l+4+40 = 186, l'élévation de 



317 



l'homme ('DM) comme du dieu (YHWH), nombre qui 
est aussi le résultat du plérôme en gR de « mon corps » 
+ « mon sang »/GWPY+DMY ! Un calembour au 
besoin peut confirmer ce choix, entre GWP/goûph et 
(H)GPN/(ha)guephen, la vigne, dont il est 
abondamment question du fruit dans ces versets, vigne 
d'ailleurs graphiquement inscrite dans le corps même 
du fils de l'homme... 

Ici les voltigeurs se sont surpassés, je ne vous 
proposerai donc qu'un rapide coup d'œil, susceptible 
toutefois de donner le vertige. 
Le « Si vous ne mangez la chair du fils de l'homme et 
ne buvez son sang, vous n'avez pas la vie en vous- 
mêmes. » commence en fait par un « si ne pas »/'M L' 
('im lô'), de gR et gC 27/72 comme HtSD/amour. Le 
tout de cette proposition en voyant vivre l'hébreu sous 
le grec surgirait ainsi : 'M L' Th'KLW GWP BN 'DM 
WThShThW DMW L' LKM HHtYYM BKM, de gR 
et gC 36(0)/2133, soit 36 (='MTh, vérité-fidélité) et 
333, triple répétition du 111 de l'Aleph, 333 fortement 
lié à la recréation. 

Vous souhaitez un bref aperçu abyssal sur la 
présence du réseau du 333 dans l'Apocalypse ? 
Allons-y : Le fils de l'homme est dit blanc 
comme neige, notamment parce que la neige 
ShLG a pour gC 333... Dans le contexte de la 
description du fils de l'homme en gloire cela 
donne, au verset 14 du chapitre 1 : « et la tête de 
lui et les cheveux blancs comme laine blanche 
comme neige », soit l'hébreu WR'ShW 
WSh'RYW HtWRYM KSdMR HtWR KShLG, 
de gR 333 et gC 2286 (486 dont nous allons 
bientôt reparler...). 



318 



Ou bien : Apocalypse 2, 8 donne cette 
description du vainqueur : « ceci dit le premier et 
le dernier, lequel fut mort et est vivant- 
ressuscité», hébreu KH 'MR HR'ShWN 
WH'HtRWN 'ShR-NHYH MWTh WYHtYH : 
gR de 333. Mais encore ? Ap. 22, 13 : « Je suis 
l'Aleph et le thav, le premier et le dernier, le 
commencement et la fin », soit 'NKY H'LP 
WHThW HR'ShWN WH'HtRWN HR'Sh 
WHSWP, de gR 333. Ou enfin : « la ville la 
grande» d'Ap. 16, 19 est 'YR HGDWLH/'ir 
haguedôlah, de gC 333. Etc. 
Ou plus généralement, je propose pour la parole 
intégrale à partir de l'Amen, Amen : 
'MN 'MN 'MR LKM (Amen Amen disant pour vous) 
'M L' Th'KLW GWP BN 'DM WThShThW DMW L' 
LKM HHtYYM BKM de gR 486, gC 2646 et 
différence des deux de 216(0), le 216 du debir/DBYR, 
le cœur du Temple sacré. 

Cette fois-ci, je m'explique quant au 486 : c'est 
la gématrie du duo sceller et 
révéler/HtThM+GLH, au centre de la littérature 
apocalyptique, c'est encore la gC du plérôme 
LMD BYTh de LB/lev, le cœur (la Thora... ce 
plérôme est égal au duo sceller et révéler - sur le 
cœur ? dans le cœur ? - par double équivalence 
puisque les deux ont pour gR et gC 63/486 ; ce 
résultat est très important pour l'Apocalypse, 
mais je n'ai pas la place de le développer ici), 
c'est encore le résultat en gC du plérôme de 
YHWDH/Juda(s), la Judée, Le. de YWD HH 
WW DLTh HH... De plus, YHWH est la 
condensation des trois temps de HYH, il est 
« celui qui est, et qui était, et qui sera » 
(Apocalypse 1, 8), soit en hébreu 
HYH+HWH+YHYH. Or, si j'en établis la 



319 



somme des carrés des lettres constitutives, 
j'obtiens : 

5x5+10x10+5x5+5x5+6x6+5x5+10x10+5x5+ 
10x10+5x5 

25+100+25+25+36+25+100+25+100+25 
486 ! Quoi d'autre ? Je reviens à Apocalypse 3, 7 
que nous avons déjà vu dans notre première 
étude « Ceci dit le Saint le véritable ayant la clé 
de David et il ouvre et rien ne ferme et il ferme 
et rien n'ouvre », soitKH 'MR HQDSh HN'MN 
BYDW MPThHt DWD WPThHt W'YN SGR 
WSGR W'YN PThHt gR= 486/gC=3(0)33 où 
nous retrouvons en prime le 333 précédent, etc. 
J'énonce pêle-mêle que le jour dernier, celui de la 
Résurrection à laquelle on a part en Le mangeant, est 
YWM (H)'HtRWN qui contient l'Amen inaugurant ce 
passage d'une densité redoutable, mais aussi la 
manne/MN par notarique finale. On le trouve dans le 
Midrash, par exemple en Esther Rabbah 2,3 où il est 
comparé au premier jour. Le temps qui commence 
avec le temps de la fin est le temps qui prélude et 
préside au « commencement » de la Création. Il est 
bien le lieu d'une nouvelle naissance, d'une nouvelle 
création, cœur dardant de l'ardente Résurrection. 
YWM 'HtRWN a pour gR 78, c'est la gC de 
LHtM/le(r)hem, le pain, le pain de vie qu'est le goûph 
masshia(r)h ! 

Celui qui est ici invité au festin est le mâchant, le 
mangeant, soit H'KL de gR et gC 29/56, celles de 
YWM/le Jour, et de BDMY/dans-par mon sang (de la 
Nouvelle Alliance), etc. 
Voici d'autres trésors... 

Le verset 55, dont je rappelle déjà la traduction, vient 
faire signe : 

320 



« car mon corps vraie nourriture et mon sang vraie 

boisson ». 

On y trouve le duo « mon corps » + « mon sang » et 

deux fois 'émeth/fidélité. 

Une rétroversion serait : KY GWPY 'MTh 'KL 

WDMY 'MTh ShThH, gR de 234 (gC du plérôme du 

bois, H'Sd, soit HH 'YN SdD), et gC de 1827. 

La somme est de 2(0)61, soit le 261 de HDBYM/les 

paroles-choses. 

Mais continuons avec le verset 56 : « Celui qui mange 

ma chair et boit mon sang, en moi demeure et moi en 

lui. » 

La formule soulignée vous semble absconse ? Son 

hébreu premier la révèle pourtant comme du plus pur 

cristal : BY 'MD (W)'NYBW où vous n'aurez 

désormais plus de mal à lire dans l'ordre de ses lettres 

ce lieu de la félicité : B'DN/dans-par l'Eden, la 

jouissance-la volupté des écritures juives. Ici nous 

avons l'emploi du verbe 'MD, se tenir droit (station 

verticale et verbale d'un ressuscité), subsister, c'est la 

racine de la colonne 'MWD/'amoûd que l'on trouve 

dans l'Apocalypse dans la parole « le vainqueur sera 

une colonne dans le Temple de mon dieu » (entendez : 

tout vainqueur, tout ressuscité !). 

Le plérôme de ce lieu textuel de réciprocité absolue 

dans la jouissance et la connaissance se développe dès 

lors selon ce plérôme : BYTh YWD ' YN MM DLTh 

'LP NWN YWD BYTh WW. Il a pour gR=288, 

nombre clé du 'êts/'Sd, qui n'a plus à être présenté, et 

gC=1737 (ou 837 . . .), la différence gC - gR, enfin, est 

de 144(9), soit 144. Ce lieu est aussi ce que le début du 

Selon Jean présente comme le sein du père/Ht YQ 



321 



YHWH, avec sa gC de 144 (tiens !) et sa notarique 
initiale Ht Y, le Vivant ! Au sein du Vivant, le vivant 
rencontre le vivant, là nulle séparation ; telle est la loi 
de l'amour comme plérôme de la Loi. 
Le verset suivant, le 57 ème , commence par un « comme 
il a envoyé (moi) ». Eh bien, ce « comme il a envoyé » 
est KShLHt, de gR et gC 52 et 358, ce qui en fait un 
strict équivalent du Masshia(r)h, du Messie ! Le début 
du verset serait « comme il a envoyé moi le père le 
vivant »/KShLHt 'N(K)Y H'B (H)HtY, où l'on 
retrouve, par notarique, un « vivant en moi »/HtY B Y, 
évocateur de la merveille qui vient de surgir. 
Une autre expression retient mon attention, parce 
qu'elle exprime la teneur, ou plutôt la nature même, de 
ce qui est mangé. « C'est ici le pain du ciel descendu, 
non pas comme les pères mangèrent et moururent : 
celui qui mangera ce pain vivra éternellement. » Or, le 
pain issu du ciel surgit tout droit de la Thora, de la 
description de la manne : 

« Et l'Éternel dit à Moïse : Voici, je vais vous faire 
pleuvoir du pain depuis les deux (le(r)hem min- 
hashâmâyim), et le peuple sortira, et en recueillera 
chaque jour la portion d'un jour, afin que je l'éprouve, 
[pour voir] s'il marchera dans ma loi, ou non. » (Exode 
16, 4). D'où le choix de l'évangéliste pour 
l'expression « le pain du ciel descendu », LHtM MN- 
HShMYM YRD (avec notarique initiale LMH/lâmâh, 
le pourquoi, le questionnement), dont la gR est de 156 
et la gC de 777, 156 gC de YWSP/Joseph (le Messie) 
et 777 de l'unité savoureusement halakique des cieux 
et de la terre, des quatre mondes, de la Transfiguration, 
etc. Comme dernier signe émis dans cette volontaire 

322 



saturation du sens (à l'image de l'accomplissement 

qu'est le midrash chrétien !), je choisis de rétrovertir 

ce verset 58 où le lien entre la manne et le goûph 

Masshia(r)h est posé : 

ZH LHtM MN-HShMYM YRD L' K'KLW H'BWTh 

WYMThW H'KL LHtM HZH YHtYH 

L'WLM/« celui-ci le pain des cieux descendu ne pas 

comme ont mâché les pères et ils sont morts, le 

mâchant le pain celui-ci vivra pour toujours » 

(littéralement pour le 'ôlam, le haba') a pour gR 486 et 

gC 2133(333), toujours le même sceau savoureux des 

gématries multiples de neuf, etc., etc. 

Par cet acte consistant à manger la manne qu'est le 

goûph du fils de l'homme, l'intériorité de celui qui 

l'opère devient celle de la Thora telle qu'il la révèle. 

C'est aussi le sens, déjà apprécié, du zikrôn (souvenir, 

mémoire, « virilité »...). 

La vie qui est en celui qui mange ce goûph est celle de 

la Thora messianique. Le voilà ressuscité de toujours. 

D'où par exemple l'évangéliste Philippe : 

« Bienheureux ['ashrêy, de valence 52 comme le 

Messie, lui qui est d'avant la Création, « avant d'avoir 

été »] celui qui est avant d'avoir été. Car celui qui est a 

été et sera. » Bienheureux celui qui est de toujours tel 

le Messie qu'il revêt, car ayant en lui la vie du toujours 

et le sachant, il se sait « toujourisé » à travers le 

déploiement des temps de la prophétie biblique au 

grand complet rassemblée et articulée. 

L'exception johannique, non seulement confirme la 

règle, mais la redouble, la renforce. 



323 



En attendant l 'embarquement pour les noces 
messianiques : 

Je reviens encore un peu chez Matthieu pour relever la 
fin du verset 29 de son chapitre 26: 
« jusqu'au jour celui-là où je boirai avec vous, 
nouveau, dans le Royaume de mon père. » (Je 
souligne.) 

La formule soulignée est 'MKM (ou 'ThKM) HtDSh 
BMLKWTh 'BY. 

La notarique finale en est (M+) ShThY/ShThH, shthêy 
ou shatha, boire, s'enivrer, mais aussi fonder. C'est 
ainsi, avec le mem précédant le verbe, que se laisse 
scruter ici le subtil mishthêh, le banquet 
eschatologique, le vocable qu'emploie l'Apocalypse 
pour parler du festin de l'agneau, agape où le Fils 
ressuscité boit à nouveau avec les justes ressuscites ! 
C'est sur l'annonce discrète de ce banquet et de la 
Résurrection des « corps » que se termine ce 
paragraphe avant que Lui et ses thalmidim ne se 
dirigent vers le mont des Oliviers (har hazithim). S'ils 
chantent alors des hymnes - outre le respect du Hallel 
rituel -, c'est que les riants rabbis qui se représentent 
sous ces personnages - non sans un certain sens de 
l'humour talmudique vu les bévues ou les 
manquements que ceux-ci commettent - savent que 
par Son sacrifice en ce lieu du Crâne (GLGLTh(') ou 
GWLG(W)LTh('), lié à la racine GLH de la 
Révélation), la Résurrection et la promesse de 
l'Alliance vont devenir effectives. Grâce à ce moment 
clé de la construction évangélique, ils savent que du 

324 



mont des Oliviers au mont Thabor il n'y a qu'un saut 
hors du rang de la masse des mortels, entrant ainsi les 
premiers dans la vie nouvelle. 

Les écrits gnostiques du midrash chrétien 
insistent sur ce point : en allant au mont des 
Oliviers, Jésus ne fait que se défaire « de la chair 
et du sang », de la confusion de la mortalité. La 
croix de lumière est l'arbre de vie vers lequel il 
s'élève, laissant ici-bas cette croix-ci, laquelle 
correspond à l'arbre de la science du bien et du 
mal. Par cette élévation, il franchit la mort en 
s'en affranchissant, celle-ci n'est que la cause 
occasionnelle, elle a perdu son pouvoir. Le 
Crucifié n'est pas que cela, mais plutôt est-il le 
Ressuscité de toujours, le comble des yordê 
merkavah, un initié de la plus haute mystique 
(car, je le rappelle, s'élever ainsi vers le ciel, 
c'est descendre dans la Merkavah). 

Jouissance du savoir de la Pâque : 
Chez Luc, une fois l'heure venue, Jésus dit : 
« D'un vif désir j'ai désiré de manger la Pâque celle-ci 
avec vous, avant que je souffre, car je vous dis que je 
n'en mangerai plus jusqu'à ce qu'elle soit accomplie 
dans le royaume de Dieu. » (Luc 22, 15 et 16) 
Ici, trois expressions successives expriment la très 
grande jouissance à l'œuvre à l'orée de la Cène : i) le 
« d'un vif désir j'ai désiré » forgé sur un redoublement 
de la racine 'WH/'avêh, formant ainsi le vœu d'une 
sorte de « désir de désir », tout à son infinité qui se 
ressource, inépuisable, en celui qu'elle fait vivre ; ii) le 
verbe manger, L'KL/le'ekôl, puisqu'il signifie 
consumer, jouir (dans l'Eden c'est la jouissance 
spirituelle de tous les fruits du jardin - sauf un ? -) ; 



325 



enfin iii), il est question de la plénitude, du plérôme de 
la Pâque ! Qu'une telle jouissance ouvre la Cène est 
l'indice que, par-delà la mort, ce qui fait déjà signe est 
bien la Résurrection dans l'Eden retrouvé à loisir. 
A l'annonce de cette jouissance supérieure succède, ou 
plutôt correspond, par renversement, la plus grande 
douleur, celle de l'enfantement du royaume 
messianique, que l'on peut penser en rétrovertissant le 
grec paskô, le verbe de la Passion ici présent. 

Ce verbe serait HtLH/(r)hâlâh, par midrash sur 
Amos 6, 6 que je suis obligé de citer avec tout 
son contexte (les quatre autres occurrences de 
paskô dans les Septante n'offrent que peu 
d'intérêt en comparaison), le voici donc : 
« Malheur à ceux qui sont à l'aise en Sion, et à 
ceux qui vivent en sécurité sur la montagne de 
Samarie, les grands de la première des nations, 
auprès desquels vient la maison d'Israël ! 
Passez à Calné, et voyez ; et, de là, allez à 
Hamath la grande, et descendez à Gath des 
Philistins : sont-elles meilleures que ces 
royaumes-ci ? Est-ce que leur frontière est plus 
étendue que votre frontière ? 

Vous qui éloignez le mauvais jour, et qui faites 
approcher le siège de la violence, vous qui vous 
couchez sur des lits d'ivoire et qui vous étendez 
mollement sur vos divans, et qui mangez les 
agneaux du troupeau et les veaux gras de 
l'étable, qui chantez au son du luth, [et] inventez, 
comme David, à votre usage, des instruments 
pour le chant ; qui buvez le vin dans des coupes, 
et vous oignez de la meilleure huile, et ne vous 
affligez pas de la brèche de Joseph. C'est 
pourquoi, maintenant ils iront en captivité à la 
tête de ceux qui vont en captivité, et les cris de 
ceux qui sont mollement couchés cesseront. » 

326 



(Amos 6, 1 à 7) 

L'expression soulignée correspond à l'hébreu 
WL' NHtLW 'L-ShBR YWSP/vlô' ne(r)hloû 'al 
shêver-yôsseph, où le verbe traduit par paskô en 
grec est bien de la racine HtLH au niphal (voix 
passive). L'intérêt est dans ce shêver-yôsseph, 
car c'est la tribulation de Joseph (du Joseph 
biblique vendu par ses frères, séparé, et par 
midrash, c'est celle du Messie fils de Joseph), le 
motif même du premier avènement, celui du 
Christ dans l'Evangile. Ce ShBR est 
l'anagramme de BShR/bâssâr, la chair : le Christ 
évangélique ne doit-il pas souffrir dans sa chair 
(qui est autre chose que le goûph symbolique 
qu'il donne à ses disciples), et même beaucoup 
(M'D, anagramme d'Adam) ? 

De plus, ce shever yôsseph a pour gR+gC = 749 
= YHWSh' (graphie que je puis employer car 
Jésus est aussi le Josué de la Thora. . .) MShYHt, 
le Jésus Messie ! Quant au contexte, il est 
limpide : le rappel de la brèche de Joseph (du 
refus de regarder ce négatif bien en face) 
intervient au comble, au sixième temps, avant le 
septième qui tranche : c'est parce que Juda ici 
visé (les Judéens) oublie les souffrances 
messianiques (c'est-à-dire de porter le joug des 
commandements et d'étudier la Thora) qu'il se 
retrouve exilé (de même pour Samarie). Je vous 
laisse imaginer l'actualisation de tout cela dans 
l'Evangile, et je passe. 

Mais l'essentiel est bien dans le renversement de ce 

renversement, lequel est la plénitude de la Pâque 

advenant avec le festin eschatologique. 

Plénitude de la Pâque ai -je dit ? 

En effet, HPSHt/hapessa(r)h a pour plérôme HH PH 

SMKHtYTh: 



327 



gR= 5+5+17+5+15+13+11+8+10+22=111 

gC= 5+5+80+5+60+40+20+8+1 0+400=633 . 

La somme en est limpide : lll+633=744=YShW 

MShYHt/Iéshoû'a Masshia(r)h, comme pour mon 

corps + mon sang, duo au centre de cette Pâque 

nazoréenne ! Rappelons alors que pessa(r)h est certes 

la Pâque, mais surtout l'agneau mystique, que par 

conséquent cette jouissance-consumation de la Pâque 

est lue comme résurrection du pessa(r)h, de l'agneau... 

son Apocalypse sur fond de rappel, via l'immersion du 

vêtement dans le sang de cet agneau. 

Mais je me dois d'enrichir ce résultat de la plénitude 

de la Pâque comme Révélation du Messie véritable par 

quelques traits d'exégèse. 

Je rétrovertis l'expression fulgurante de l'Incarnation 

telle qu'elle orne le prologue du Selon Jean. 

Le « Et la Parole devint chair » de Jean 1,14 

Gabriel qui est la virilité du dieu considérée 
comme un art supérieur n'est pas sans raison 
identifié à dâvâr par certains gnostiques, toujours 
ceux auxquels Irénée reste sourd. 
en WYHYH DBR BShR/vyiyeh dâvâr bâssâr de gC = 
6+10+5+10+5+4+2+200+2+300+200 = 744, celui de 
la révélation de Jésus Iéshoû'a Messie, du plérôme de 
la Pâque, du savoir de Sa jouissance. 
A propos de ce 744 toujours. Il y a dans le judaïsme 
trois fêtes essentielles et inséparables, trois fêtes 
mouvantes qui forment un cycle et que nous présente 
par exemple le verset 16 de Deutéronome 16 : « Trois 
fois l'an, tous tes mâles paraîtront en présence de 
YHWH, ton dieu, dans l'endroit qu'il aura élu : à la 
fête des Azymes, à celle des Semaines et à celle des 
Tentes (BHtG HMSdWTh WBHtG HShB'WTh 

328 



WBHtG HSKWTh/be(r)hag hamatsôth voûve(r)hag 
hashâvou'ôth voûve(r)hag hassoukhôth), etc. » 
Or, ces trois fêtes s'inscrivent dans la narration 
évangélique et apostolique, quoique dans un ordre 
différent : figure en premier la fête des Azymes (pains 
sans levain), autrement dit Pessa(r)h/la Pâque, par 
exemple en Marc 14, 1 et 12 ; il est fait aussi mention 
de la fête des Cabanes (Soûkôth) en Jean 7, 2 au 
voisinage de Pessa(r)h, ces deux étant les deux seules 
présentes dans l'Evangile ; enfin, c'est la Pentecôte, 
Shavoû'ôth, dans le chapitre 2 des Actes des Apôtres. 
Si maintenant je reviens au verset du Deutéronome et 
que j'en extrais la formule soulignée, synthèse du 
cycle des trois fêtes de pèlerinage, je constate que 
Jésus Iéshoû'a Messie l'accomplit. En effet, BHtG 
HMSdWTh (W)BHtG HShB'WTh (W)BHtG 
HSKWTh (où brille par trois fois la notarique finale 
GTh/gath, le pressoir lui aussi lié aux fêtes 
(vendanges)) se développe ainsi selon un plérôme 
méthodique et rythmique : 

BYTh HtYTh GYML repris trois fois pour le leitmotiv 
trois fois répété « dans la fête de », auquel 
s'adjoignent les expressions des trois fêtes, en 
n'oubliant pas les waw de liaison, soit HH MM SdD 
WW ThW + WW HH ShYN BYTh ' YN WW ThW + 
WW HH SMK KP WW ThW. 
La gR de cette lecture pleine est de : 
(2+10+22+8+10+22+3+10+13+12) 
x 3+5+5+13+13+18+4+6+6+22+6+6+6+5+5+21+10+ 
14+2+10+22+16+10+14+6+6+22+6+6+6+5+5+15+13 
+11+11+17+6+6+22+6 = 112x3+ 408= 336 + 408 = 
744 = YShW MShYHt, Jésus Iéshoû'a Messie, le 



329 



révélé, la Révélation, lui dont la double venue 
symbolique reprend et accomplit le cœur essentiel de 
la liturgie des Hébreux, à commencer par Pessa(r)h 
comme nous l'avons goûté ! 
Concluons en affirmant que cette question de la 
Transsubstantiation singularise complètement les 
Evangiles vis-à-vis de la Mishnah, ce pourquoi je l'ai 
choisie. En effet, même si dans celle-ci le corps peut 
désigner la doctrine, ou le vin symboliser le secret 
(comme dans tout le judaïsme antique), nulle part ce 
miracle de la métamorphose métaphorique du pain et 
du vin en corps et sang du Messie ne semble se 
retrouver tel quel, formulé de façon si dense et précise. 

Les deux redoublements de la Thora : 
Si Mishnah et Evangiles se veulent également comme 
redoublement de la Thora, ce qui d'ailleurs les 
rapproche intimement, ce qui les sépare tiendrait au 
fait que les Evangiles sont à la fois la Thora écrite 
renouvelée et une Thora orale proche de la Mishnah. 
En effet, cela expliquerait que dans les Evangiles, en 
tant qu'accomplissement de la Thora écrite, il y ait tant 
de procédés kabbalistiques comme dans la Thora 
écrite, alors que ceux-ci seraient plus rares dans la 
Mishnah, car elle n'est pas comme la Thora écrite. 

Je ne veux en rien insinuer qu'il n'y a pas de 
procédés kabbalistiques dans le Talmud. Nous en 
avons vu un exemple plus haut avec la 
proposition « il y a des temps où l'annulation de 
la Thora est sa fondation même ». Je puis donner 
ici un autre exemple simple. Le 444 est le 
nombre codé du sanctuaire et de Damas 
(MQDSh et son anagramme DMShQ ont pour 

330 



gC 444). Eh bien, cette symbolique sacrée de la 
triple répétition du nombre quatre scintille à la 
surface sinueuse du Talmud, en Gittin 58a : 
« Rab Juda rapporte que Samuel dit au nom de 
Rabban Siméon b. Gamaliel : Que signifie le 
verset : Mon œil afflige mon âme à cause de 
toutes les filles de ma ville. (Lamentations de 
Jérémie 3, 51) ? Il y avait quatre cents 
synagogues dans la ville de Béthar, et dans 
chacune, quatre cents enseignants, et chacun 
avait quatre cents jeunes élèves, et quand 
l'ennemi entra là ils [tous ces élèves] le 
transpercèrent avec leurs calâmes, et quand 
l'ennemi prit le dessus et les captura ils les 
enroulèrent dans leurs rouleaux et y mirent le 
feu. » (Défense héroïque des membres des 
assemblées de Béthar, la ville du fils de l'Etoile 
et de la forteresse où il fut finalement défait ! 
Belle illustration de ce que les maîtres et leurs 
élèves sont les gardiens de la citadelle du 
judaïsme !). A faire le compte à la lettre on 
s'apercevrait vite de l'absurdité d'une telle 
méthode. En effet, 400x400x400 élèves, cela fait 
un total de 64 millions - sans compter leurs 
« maîtres » -, chiffre excédant de loin celui de la 
population d'Israël d'alors comme d'aujourd'hui. 
L'explication est symbolique. Cette triple 
répétition du 4(00) en Béthar qui est la citadelle 
du fils de l'Etoile est tout simplement une 
manière de désigner ce lieu comme absolument 
saint à l'égal du sanctuaire (damasheq/DMShQ = 
444) ou de la Damas métaphorique des 
manuscrits dits de la mer morte ou de Paul ! Je 
puis même creuser pour vous un passage 
talmudique où fleurissent des gématries 
affectionnées tant de la Thora écrite que de 
l'Evangile, afin de manifester à quel point je ne 



331 



néglige pas la présence de ces mêmes procédés 
dans le Talmud, mais, je le répète, ils n'y sont 
pas présents avec la même systématicité 
plastique que dans certains pans de la Thora 
écrite, de l'Evangile de Jean ou de l'Apocalypse. 
Ainsi, Pessa(r)him 54a énonce : « Sept choses 
[shiv'âh dévârim, la plénitude de dâvâr !] ont été 
créées avant (QDWM) que ne soit créé le monde 
[le 'ôlam, le hazé] : la Thora, la théshoûvah, le 
jardin d'Eden, la Géhenne, le trône de gloire, le 
Temple, et le Nom du Messie. » Ces sept 
expressions hébraïques sont ThWRH, 
ThShWBH, GN 'DN, GYHNM, KS' HKBWD, 
BYTh HMQDSh, ShMW ShL 

HMShYHt/thôrâh, théshoûvah, gan 'êden, 
guehinom, kissê' hakavôd, bêth ha miqdash, 
shmô shel hamasshia(r)h. Total de 45 lettres, gR 
de 486, gC de 3627 (27 et 36 !), somme gR + gC 
de 4113(513) : cela ne vous rappelle-t-il rien? 
Ou encore, voici Shabbath 119b, exemple 
fameux : « Resh Lakish dit : Celui qui répond 
Amen avec toute son âme, voit s'ouvrir pour lui 
les portes du Paradis, c'est pourquoi il est écrit : " 
Ouvrez les portes, afin que les nations justes qui 
ont conservé les vérités [shomer emunim] 
puissent entrer [j'ajoute : dans la nouvelle Sion 
restaurée] " : ne lis pas shomer emunim, mais 
she'omrim amen [qui disent : Amen]. Que 
signifie 'amen ? — R. Hanina répondit : El (le 
dieu), melek (le Roi) ne'eman (le fidèle- 
éloquent) [par notarique]. » La formule du secret 
de l'Amen obtenue par développement, soit 'L 
MLK N'MN/'el melek ne'eman a notamment 
pour gR et gC 91 et 262(28) qui se ramènent aux 
28 et 91, gR et gC de 'MN/1'Amen, le pont entre 
les deux tient aussi, et solidement, sur de la 
gématrie ! Etc. 



332 



Si la Mishnah officielle redouble la Thora, c'est au 
sens d'une lecture orale démultipliée, au sens du 
marteau qui frappe le rocher du biblique pour en faire 
jaillir autant de voix, d'échos divers, mais aussi afin 
qu'on ne puisse pas, comme le dit le traité Sanhédrin, 
de deux passages différents du TaNaK tirer une même 
interprétation (ce qui, curieusement, semble s'opposer 
au procédé midrashique de condensation). Cela 
signifie certes que la lecture ne doit point être 
unilatérale, que la polémique doit toujours rester vive, 
mais a pu signifier tout autre chose, un tir de barrage 
contre la levée de mascaret du verbe nazoréen, contre 
la grande convergence des écritures accomplies dans 
une interprétation unique et unitaire où tout est 
rebrassé et renouvelé. 

Voyez Jean 14, 6 : « Jésus lui dit : Moi, je suis le 
chemin/DRK, et la vérité/'MTh, et la 
vie/Ht YYM » où ces trois mots, par notarique et 
permutation, expriment 'HtD/'é(r)had, l'Un du 
«dieu un» du Shema', l'unité de cette 
convergence, mais aussi l'union mystique sous le 
sceau du sod. 
C'est celle du Jésus Iéshoû'a Messie ! 

Le passage de Jérémie 23, 29 « et comme un 
marteau qui frappe le rocher» (voûkphatish 
yephtsêts sala) nourrit en fait trois types 
d'interprétations différentes dans le Talmud. La 
première que nous avons citée est celle du lire 
aux éclats (Sanhédrin 34a), la seconde enjoint 
l'étudiant qui étudie vraiment la Thora de se faire 
aussi dur que le marteau qui frappe le rocher (du 
même métal, Taanith 4a), la troisième enfin 
compare les éclats qui jaillissent avec la 
subdivision des soixante-dix langues (Shabbath 
88b) et donc l'ensemble de l'opération avec 

333 



l'orfèvrerie ou alchimie de celles-ci. Une autre 
variante encore permet de lire à l'inverse qu'au 
lieu que ce soit le marteau qui divise la roche, 
c'est plutôt lui qui se divise au contact de 
l'indestructible Rocher (Sela) d'Israël (Rocher 
qui est la Thora même). Merveille de la 
polyphonie interprétative ! 
C'est à partir de ce constat que je juge nécessaire de 
chevaucher l'interprétation du Rabbi de Nazareth, pour 
voir comment, en un sens, tous ces éclats des 
interprétations possibles, il les a rassemblés en une 
même lumière, la véritable comme dit saint Jean. C'est 
celle qu'il incarne lui-même en tant que lampe 
messianique, la lampe du corps (de l'Assemblée), le 
Nêr rallumant la flamme des sept chandeliers 
cosmiques de l'Apocalypse, la lumière qui a, dans son 
expansion infinie et la force de son activité excluante 
et vivifiante, essentiellement la nature de la négativité 
absolue, celle de l'Esprit, de sa vie, ce pourquoi 
l'Adversaire et ses ténèbres platement et positivement 
pieuses ne parviennent, en aucun cas, à la saisir. Mais, 
plus généralement, ce livre se conçoit comme une 
invitation à penser ensemble les trois thôrôth que sont 
la Thora écrite (le TaNaK), la Thora orale, et la Thora 
du Messie qu'est la Nouvelle Alliance de Iéshoû'a. 
Cette ouverture est une introduction à une nouvelle 
science du judaïsme. 

Le degré supérieur dans l'intégration des procédés à la 
genèse même des textes de la Nouvelle Alliance de 
Jésus serait (là où il s'opère) le reflet ésotérique de la 
différence de sens qu'a le redoublement de la Thora 
selon Mishnah ou Evangiles. Celle-ci aurait pour 
correspondance, en amont, une différence dans la 

334 



lecture de la Thora, la lecture des nazoréens de Jésus 
étant la seule à vraiment accomplir le texte initial au 
sens d'un accomplissement infini, rompant l'histoire 
en deux tronçons dirai-je pour détourner ici une 
formule de Nietzsche. Cette intégration 
qualitativement supérieure des procédés dans le 
paradis évangélique, apostolique et apocalyptique 
témoigne du fondement qu'est la loi nouvelle par la 
contradiction vivante - propre à son écriture même - 
entre la complexité de sa nécessité interne d'une part, 
et son aisance, sa libre fluidité (son style si 
impeccablement plastique), d'autre part. On pourrait 
formuler cette contradiction ainsi : là où l'écriture est 
la plus dense et accomplissante, où sa nécessité interne 
est la plus ramassée et exigeante, elle est en même 
temps la plus libre. 

Ajoutons enfin que ces réflexions nous intimeraient 
d'opérer le recensement des procédés de gématrie et de 
notarique (leur gan/verger) selon les 63 traités des six 
ordres du Talmud de Babylone (en fait essentiellement 
pour la Mishnah, en hébreu donc). De procéder de 
même avec celui de Jérusalem. Puis, de faire la 
comparaison d'une telle statistique (à une époque où 
pullulent les statistiques folles, cela nous changerait) 
avec celle que l'on pourrait pareillement obtenir 
opérant d'abord la rétroversion des 27 livres du 
Nouveau Testament (réfléchis dans - et par - leurs 
apocryphes), pour ensuite les étudier très 
attentivement. 



335 



Concluons : 

Une autre différence doit être ici soulignée, qui n'est 
pas nécessairement sans lien avec celle de l'intégration 
des gématries à même ces écrits nazoréens si finement 
ouvragés. En effet, le Talmud se met à expliciter des 
exemples de gématries (ou de notariques), alors que 
jusque-là c'était supposé connu, intérieur à l'écriture 
même. En tout cas, les textes de la Nouvelle Alliance 
de Jésus, quant à eux, ne le font jamais. 

Il est vrai qu'on pourrait me parler du 666 
ouvertement cité dans l'Apocalypse, mais il n'est 
pas un exemple pédagogique comme ceux du 
Talmud, bien plutôt n'est-il qu'un aspect 
émergeant d'un incessant travail gématrique du 
texte dans son entier, pan par pan, étoffe par 
étoffe, comme si la chose même de la kabbale 
apocalyptique n'avait pu s'empêcher de rayonner 
un peu au-dehors, hors hébreu même (mais alors 
le 666 fut saisi n'importe comment, ce à quoi je 
remédie ci-après, car il est temps...). 
Voici l'un de ces exemples « pédagogiques » : 
« Que peut bien signifier la phrase " ils ne pouvaient 
saisir ce qui était écrit " [selon l'avis de R. Siméon, 
assurant que les caractères de cette écriture n'étaient 
pas différents, étrangers] ? — Rab énonça : c'est parce 
que le passage était écrit en gématrie [au sens général, 
le terme pouvant alors désigner soit gématrie, soit 
notarique, soit encore thémoûrâh, comme c'est le cas 
ici] : tûûn.313 "pN ntû" 1 ntûV Comment interpréter cette 
parole [qui a priori n'a pas de sens en hébreu - ou en 
araméen -, sauf à en opérer la thémoûrâh at bash] ? — 
Comme poifll ?pn NJû fcUû — " Mené ", le dieu a 
dénombré le royaume et est parvenu à une fin. " Tekel 
", tu as été pesé dans la balance et trouvé léger. " Pères 

336 



", le royaume est divisé et donné aux Mèdes et aux 
Perses. » (Sanhédrin 22a) 

Je peux encore rappeler l'exemple célèbre de Berakôth 
8a sur le nombre des modalités de mort (903), lu 
comme gématrie (G(Y)MTRY') classique du mot 
hathotsaôth/HThSd'WTh (les issues) dans Psaumes 68, 
21. 

Cette présence d'exemples pédagogiques à même les 
Talmuds pourrait s'expliquer de deux manières. On 
pourrait premièrement se dire qu'à partir d'un certain 
moment (temps des Amoraïm et de la composition de 
la Guémara), il a semblé nécessaire pour les rabbins 
d'expliciter les termes de gématrie, notarique et 
thémoûrâh en en donnant des exemples pédagogiques, 
ouvrant aussi la voie (bien plus tard...), malgré 
l'excellence de l'intention, au fait qu'ils ne soient plus 
considérés autrement que comme des moyens 
d'interprétation sporadiques, extérieurs à la genèse du 
texte biblique lui-même dans toute son extension (ou à 
celle du texte de la Nouvelle Alliance de Jésus, voire 
de certains pans éventuels de la Mishnah ou de 
midrashim). Cela indiquerait un moment à partir 
duquel le secret de leur usage vivant et systématique a 
commencé à se perdre (jamais Saadia Gaon, Juda 
Halévy, Maïmonide, Rachi, et même Aboulafia, etc., 
ne laissent deviner pareille connaissance, pourtant 
abondante dans les anciens midrashim, comme je crois 
l'avoir prouvé), ou en tout cas à être menacé (et/ou 
caché, certains ayant pu le savoir sans pour autant aller 
le crier sur la place publique... voir comment fut 
vertement critiqué Aboulafia lorsqu'il commença à 
révéler publiquement certains secrets...). 



337 



Mais, deuxièmement, l'argument est en même temps à 
double tranchant et l'on pourrait aussi bien dire que les 
endroits où ces procédés apparaissent nommément (en 
des exemples quasi enfantins) font partie de ce qui est 
exotérique (voire pédagogique) par rapport à d'autres 
pans plus secrets du Talmud lui-même ou à des livres 
secrets (que nous avons maintes fois croisés, avec là 
encore double entente entre exclusion et glorification 
du secret), ésotériques, comme le Zohar (qui 
affectionne particulièrement les thémoûrâh), ou encore 
à d'autres livres vertigineux (qu'on m'explique les 
496000 anges de la littérature des Palais - anges du 
Royaume/malkoûth - frères dans le secret des 144000 
de l'Apocalypse - anges du sein du père/hôq YHWH, 
ou encore les 12000 disciples de Rabbi Aquiba !). 

Mais, que je donne tout de même une 
indication : YHWDY/le judéen (l'habitant de la 
Judée) a pour gématrie par multiplication de ses 
lettres-chiffres 10x5x6x4x10 = 12000. Lorsque 
Rabbi Aquiba ravit 12000 disciples en Judée (par 
deux fois), il ne s'agit pas de l'entendre à la 
lettre, mais d'y entendre qu'il rallie les Judéens à 
sa cause, à son enseignement ! Voyez comme un 
coup de clarification kabbalistique peut 
dissoudre l'apparente contingence historique. 
L'on peut dire en tout cas que le midrash nazoréen de 
Jésus (et son singulier usage des procédés inscrits dans 
l'élaboration de ses écritures) a, quant à lui, été perdu 
environ à partir du troisième siècle, à un siècle près en 
amont ou en aval, selon comment les nazoréens de 
Iéshoû'a ont réussi à survivre en conservant leur savoir 
ou non, sachant en outre que leurs originaux hébreux 
ont dû être brûlés. C'est une bien triste ironie de 



338 



l'histoire de constater l'usage infâme, vil et méprisable 
qui sera fait du brûlement des livres dans le 
christianisme du Haut Moyen Age (en partie parce que 
le Talmud parle de brûler les livres des minim ou 
comporte des attaques contre les « premiers chrétiens 
», pitoyable prétexte d'avance tout trouvé !), ou encore 
dans la barbarie nazie. 

Et de brûler le Livre à brûler son peuple, il n'y a 
qu'un pas... C'est le mauvais pas, caractéristique 
d'un certain 20 eme siècle et de sa continuation 
présente, d'engagement dans la soumission au 
Mal lui-même, c'est-à-dire au développement de 
l'arraisonnement légal, cybernétiquement 
planifié, par lequel celui-ci s'avère, non pas 
comme ce qui laisse être le monde et vivre la 
joie dionysiaque du devenir, mais comme 
« l'immonde » mortifère, réticulaire et 
tentaculaire, se reproduisant et multipliant en 
tant qu'oubli du rapport infini au monde et à 
l'histoire, ou plutôt du recueillir de ce rapport en 
tant que dire poétique et philosophique, c'est-à- 
dire de ce que l'homme a en propre, le dégageant 
de toute animalité inconsciente, à savoir la 
pensée. Ainsi, cet engagement est-il le contraire 
de la véritable «humanité», laquelle n'existe, 
comme le dit si parfaitement Hegel, que dans 
« la communauté instituée des consciences » (je 
souligne) ; certes pas dans un quelconque avatar 
de l'humanisme, inconscient du négatif, et dont 
le langage reste par conséquent impuissant à dire 
celui-ci, c'est-à-dire à exprimer le séjour auprès 
de lui et son renversement. Le déchaînement du 
Mal dans ses chaînes, telle est la catastrophe se 
généralisant en laquelle ceux qui ne savent pas 
marcher autrement qu'au pas - autrement dit, 
ceux que Kafka nomme « le rang des 



339 



meurtriers» - s'empressèrent de se ruer -, 
comme on se noie dans la folie et le sang -, ou 
plutôt de se laisser mener par les soi-disant 
« puissants » de ce monde, petits archontes 
misérables de la technique aliénée et autres 
hécatonchyres tout aux manipulations 
phynancières de leur magie noire ; nombre de 
ceux-ci (banquiers comme les Warburg, 
industriels comme Henry Ford ou publicistes 
profiteurs comme Edward Bernays) ne 
manquèrent d'ailleurs pas de spéculer en secret 
sur les bénéfices sonnants et trébuchants de cette 
destruction - comme ils l'avaient déjà fait en se 
servant de « la crise de 29 » (Ah, la philanthropie 
du sieur Rockefeller !)... -: c'est le véritable 
augure du « capitalisme du désastre » régnant 
aujourd'hui sur toute la planète, l'un des traits 
les plus sombres et saisissants de l'esprit de ce 
temps. En effet, pour prendre un exemple qui ne 
nous fasse pas sortir de notre sujet, les 
Américains surent assez tôt - officiellement 
grâce à l'héroïsme de Jan Karski - l'existence de 
ces noirâtres heures d'Aman pour le peuple juif, 
également nommées Auschwitz, la Shoah ou 
l'holocauste ; mais, s'ils ne firent rien, c'est en 
définitive qu'alors - derrière le paravent d'un 
certain nombre de pseudo bonnes raisons, de 
raisons semble-t-il humaines -, d'une part, les 
intérêts de l'oligarchie étasunienne étaient dans 
la continuation de la collusion occulte avec le 
régime nazi, celle-là étant allée jusqu'à fournir à 
celui-ci tout le pétrole nécessaire au déploiement 
motorisé de son armée bien après avoir payé 
rubis sur l'ongle les moyens militaires de son 
accession au pouvoir, relayé en cela par le 
groupe pharmaceutique allemand I.G. Farben 
(accord et influence réciproque américano-nazie 



340 



qu'on ne soulignera jamais assez...), et d'autre 
part, cette destruction n'était pas sans intéresser 
la fausse conscience du spectacle se mettant 
alors en place mondialement, ce qui explique 
pour partie l'indifférence globale des peuples 
soi-disant civilisés, hors héroïsmes singuliers 
bien sûr. N'oubliez pas, n'oubliez jamais, que les 
Juifs d'Europe ont été les victimes d'une atrocité 
abominable et sans aucune comparaison - pour 
cette raison si difficilement nommable et 
pensable -, scellant la longue histoire du 
nihilisme européen (lire Dubourg permet de le 
déterminer...), et que toute la société planétaire 
peu ou prou y a trempé le doigt, ou, mettons, le 
cil d'une paupière, à commencer par la purulente 
crapule nazie, l'éhonté gouvernement de Vichy - 
ce placard qui s'ouvre dans tant de cadavres -, la 
mafia maudite des oligarques américains - cette 
monstrueuse exploitation militaro-industrielle -, 
ou encore une fausse conscience larvaire plus 
générale, celle de tout nihiliste qui s'ignore, 
c'est-à-dire de tout être « dit » humain (mais, le 
20 eme siècle ne nous a-t-il pas appris à quel point 
l'humanité ne va pas de soi, est tout sauf un 
immédiat, de même que la vie, la liberté ou la 
pensée ?). Bien entendu, ce qui est ici brossé à 
grands traits essentiellement thématiques 
mériterait à soi seul tout un livre « alchimique ». 
J'espère que cette annexe aura indiqué quelques voies 
nouvelles dans le questionnement de la pensée des 
Hébreux et éclairé le lien entre Mishnah et Evangiles 
du point de vue du sens que peuvent revêtir 
redoublement et accomplissement de la Thora, c'est-à- 
dire comment la Thora écrite est supprimée et 
conservée dans la Nouvelle Alliance de Jésus, 
contrairement à ce qui a lieu dans la Mishnah - ce qui 



341 



se voit à une abondance des procédés dans les 
Evangiles et Cie qui accomplit celle qui joue à même 
la Thora écrite. Ce pourquoi j'affirme que la Nouvelle 
Alliance de Iéshoû'a est la suppression, la 
conservation et le dépassement de la différence entre 
Thora orale et Thora écrite - ou plutôt entre un certain 
état de la Thora orale et Thora écrite, puisque celle-là 
s'est ensuite développée de façon autonome, en niant 
notamment que le Messie fût Jésus, et en rejetant par 
conséquent des écritures les midrashim évangéliques, 
apostoliques et apocalyptiques -, ce que ne saurait être 
la Thora orale considérée pour elle-même. 



ANNEXE 2 : 

La Pentecôte, le parler en langues et les soixante- 
dix (l)ang(u)es (ou comment s'accomplit "le coup 
des Septante" dans la Nouvelle Alliance de Jésus) 

« Le Saint, béni soit-Il, descendit avec les 
soixante-dix anges qui entourent le trône 
de Sa gloire et ils confondirent leur 
langage en soixante-dix nations et en 
soixante-dix langues. Chaque peuple a 
son écriture et son langage. Il assigna un 
ange sur chaque nation [...]. » (Pirké de 
Rabbi Eliezer 24,4) 

Nous commencerons par quelques préliminaires 
concernant les anges et leur langage avant d'en venir 
au substantiel, à la question de la Pentecôte du 
deuxième chapitre des Actes, plus généralement à celle 

342 



des langues du Nouveau Testament conçues comme ce 
que je nommerai le « pardès évangélique des 
langues ». Nous verrons ainsi comment advient la fin 
de « l'histoire » midrashique d'Israël et comment les 
soixante-dix anges des nations entourent le trône du 
dieu vivant et chantent sa parousie de leurs âmes de 
feu. 

Qu 'est-ce qu 'un ange ? 

L'hébreu mal'ak apporte déjà quelque réponse. L'ange 
n'est pas seulement ce que sous-entend le terme grec 
aggelos, lequel en fait un messager du divin comme 
Hermès l'est de Zeus. Ce grec aggelos pour ange est le 
même que celui qui constitue le mot grec pour 
l'Evangile : eu-aggelos (bonne nouvelle). Ainsi les 
anges sont-ils élus dans le grec de traduction du corpus 
comme les messagers privilégiés de l'Evangile (cf. 
dans l'Apocalypse l'ange qui proclame un évangile 
éternel par toute la terre/'érets, avec ici un calembour 
sur le grec) ! 

L'hébreu mal'ak est de la racine L'K/lâ'ak qui signifie 
« députer, envoyé un messager, administrer, attendre » 
(d'après Gesenius, qui se base sur les sens de 
l'éthiopien ancien et de l'arabe, la racine étant inusitée 
dans l'hébreu biblique). Mais cette racine, plus 
métaphoriquement, signifie œuvrer, travailler (au sens 
noble et non point ignoble). Elle donne le mot 
M'LKH/m'lâkâh, travail, œuvre, vocation, tâche. C'est 
en toute logique, celle que cultive la langue sacrée, 
que les anges œuvrent sans relâche à la Création 
divine (comme ils œuvreront à sa future 



343 



destruction . . . ), leur vocation étant déterminée par leur 
racine même. 

Les anges figurent et personnifient l'œuvre du dieu, 
les modalités (midôth) de son existence, de son opérer 
(c'est ainsi que dans la littérature mystique, l'on 
trouve des anges pour les modalités de l'apparaître 
divin, ou de la Création, ange des eaux, de la foudre, 
de la grêle, du jugement, etc.). Ils sont à la fois divins 
et imaginaires, voire magiques, si l'on ôte toute idée 
de superstition trop hâtivement accolée à ce mot. 
Ils sont en même temps physiques et humains, 
présents comme « corporés » dans l'immédiateté 
sensible, revêtus par tel ou tel maître. C'est ainsi que 
les rabbins peuvent se figurer eux-mêmes sous les 
traits d'anges, et en même temps comme des êtres 
« réels », historiquement présents, de même que 
bardés de leurs téfilin ils s'envisagent comme maîtres 
des ailes, comme des oiseaux nidifiant dans les 
branches de l'arbre du Royaume (cf. la célèbre 
parabole évangélique). Voyez pour le premier point les 
ascensions de Rabbi Aquiba ou de Rabbi Ishmaël dans 
la littérature des Palais, ou le fait que l'ange Métatron 
soit aussi Moïse par exemple. 

Cette identité se confirme dans le Shiour Qômah, 
par la manière dont est nommé cet ange : 
« Métatron prince du monde », soit MTTRWN 
ShR H'WLM/Matatrôn sar ha'ôlam, de 
notarique initiale MShH/Moïse. 
De même, les anges de l'Apocalypse ne sont pas 
figurés dans un au-delà imaginaire, mais ils sont 
l'armée de la recréation en acte, les membres des 
assemblées nazoréennes en ébullition d'intellect 
pleinement effectif. 

344 



Comment se fait-il que les anges aient des ailes ? 
Notons que le terme biblique pour les « ailes » des 
anges, KNPYM/kenaphim, signifie en outre, et au 
singulier, « voile » ou « couverture ». Kânâph est non 
seulement une aile, mais aussi le « coin », la 
« frontière » ou la « fin ». 
KNP, prononcé kânaph, signifie également 
« entourer », « enclore », « cacher ». Les anges 
peuvent ainsi se cacher ou couvrir leur visage, ne pas 
montrer toute la lumière d'intellect qui en rayonne, un 
peu comme Moïse redescendant du Sinaï voila son 
visage à la clarté démultipliée. En hébreu, paneh 
(PNH) signifie non seulement « visage », « face », 
mais aussi « présence », notion de première 
importance. Enfin, KNP prononcé kénâph veut dire 
« presser », « amasser », « rassembler » ; les anges, 
qui forment une Assemblée, sont bien liés à l'idée de 
collecte, de recollection, de rassemblement des 
éléments du grand édifice cosmique à l'économie 
archétypique vivante. 

Les ailes/KNPYM/kenaphim jouent un rôle central 
dans la première des trois visions d'Ezéchiel, celle aux 
vingt-huit versets, d'autant plus qu'elles font 
calembour avec les faces/PNYM/panim, et que le 
midrash qu'est Ezéchiel enjoué. 
Les anges sont des envoyés du dieu au sens où ils 
personnifient l'agir divin, ou au sens où ils 
particularisent son universalité. Leurs ailes leur 
permettent de voler aussi vite que la pensée, et de 
livrer ainsi ce qui brûle les lèvres du dieu. On les a très 



345 



souvent représentés comme ayant des ailes pour ainsi 
dire à la lettre. Mais on renoncera vite à cette littéralité 
- tout en la conservant pour sa beauté évocatrice - en 
rappelant que l'aile/KNP signifie « l'entrée dans la 
religion juive » ou sous la tente du dieu vivant, sous 
son ombre, sa protection vertigineuse de délicatesse. 
Approfondissons donc cette sphère luxueuse de la 
symbolique des ailes. 

Dans l'Apocalypse, les ailes des (r)hâyôth de sainteté 
leur servent à abriter les sages, les anciens 
(ZQNYM/zqênim). Nous n'aurons pas manqué de le 
souligner en posant l'analogie entre les vingt-quatre 
ailes des quatre (r)hâyôth de l'Apocalypse - elles ont 
chacune six ailes parce que ce sont des séraphins, ce 
qui leur en fait un total de vingt-quatre - et les vingt- 
quatre anciens ou vieillards qui viennent se reposer 
sous elles. Du fait que ceux-ci sont les incarnations des 
vingt-quatre livres du TaNaK accompli pour la fin des 
temps, nous déduisons le sens ultime de la symbolique 
du duo des anges et des anciens : les anciens et leurs 
anges gardiens figurent le Livre vivant (les vingt- 
quatre du TaNaK) accueillis sous les ailes d'une 
métamorphose séraphique perpétuelle. 

Le sceau de la kabbale confirme toute 
l'excellence de cette union symbolique des 
anciens et des séraphins. En Apocalypse 5,8, je 
lis : « Et quand il prit le Livre, les quatre 
animaux et les vingt-quatre vieillards tombèrent 
devant l'Agneau, ayant chacun une cithare et des 
coupes d'or pleines de parfums, qui sont les 
prières des saints. » (Je souligne.) 
C'est ainsi que se présente à nous la formule 
ramassée de cette union dont je lis le waw de 



346 



liaison entre les deux termes comme signe 
d'addition : 

'RB' HHtYWTh (W)'ShRYM W'RB'H 
HZQNYM/les quatre animaux et les vingt-quatre 
vieillards. Elle a pour gR = 
1 +20+2+ 1 6+5+8+ 1 0+6+22+ 1 6+2 1 +20+ 10+13+ 
6+1+20+2+16+5+5+7+19+14+10+13 = 288 ; et 
elle a pour gC = 

1 +200+2+70+5+8+ 1 0+6+400+70+3 00+200+ 1 
+40+6+1+200+2+70+5+5+7 
+100+50+10+40 = 1818. Reste à en établir la 
somme : 288 + 1818 = 21(0)6. 
Le 288 est celui du 'Sd/'êts, le bois4'arbre (de 
vie), le centre du jardin retrouvé, par sa 
multiplication interne, c'est aussi le « qui a une 
oreille entende : l'esprit parle aux assemblées 
»/MY Sh'ZN LW YShM' RWHt 'MR 
LQHLWTh (réoû(r)ha est ici masculin, cf. Ap. 
2,7, etc.), alors que le 1818 est aussi le 189 du 
Jour du Messie par plérôme, et enfin le 21(0)6 
est aussi 216, la gC du debir, le lieu le plus saint 
et intérieur du Temple sacré. 
Bref, leur symbiose subtile symbolise à merveille 
l'accomplissement ultime de la Révélation de la Loi, 
le comble de la reconnaissance - ce qu'il s'agit 
d'entendre -, la Loi se prenant elle-même sous ses 
propres ailes, se célébrant ainsi métaphoriquement et 
dans tous les sens. 

Le langage des anges : 

Il y a ensuite - toujours dans les hors d' œuvres - la 

question du langage des anges. 

Si ceux-ci ont des ailes, c'est aussi pour dire que leur 

langage est celui des oiseaux/tsipôrim, de ceux qui se 

posent sur l'arbre que la parabole aime à représenter 



347 



comme arbre du Royaume portant ses fruits pour la 
fin. Or, le langage des oiseaux (à entendre aussi 
comme les maîtres des ailes, ceux qui portent les 
téfilin) est le langage du secret, le secret même fait 
langage, ou plutôt parlant sa langue (qui est aussi Sa 
langue). Cette analogie entre la langue sainte et le 
langage des oiseaux repose - outre sur la beauté 
poétique évidente de l'image et bien avant les divines 
représentations d'un Uccello - sur l'équation célèbre 
identifiant SdYPWR/tsipôr/oiseau et 
LShWN/lashôn/langue ou langage (voir calomnie !) 
par leur gC commune de 386 (cf. Ouaknin in Mystères 
de la Kabbale). 

Le langage des anges, comme celui des oiseaux, est 
d'une redoutable légèreté, vive et insolente, 
tournoyante et acérée, cheminement d'air et de feu à 
l'opposé de la lourde lenteur larvée du bestiaire, figure 
de l'idolâtrie dans l'Apocalypse. Le midrash 
Chidushei Agadoth pose explicitement l'analogie 
pertinente entre le langage des anges/LShWN 
HML'KYM/lashôn hamal'akim et la langue de 
sainteté/LShWN HQWDSh/lashôn haqôdesh, et ce par 
différenciation d'avec la langue commune, parlée, 
comparée quant à elle à l'araméen (LShWN 
'RMY/lashôn 'arami). Je n'invente donc pas pareille 
analogie singulièrement développée dans la Nouvelle 
Alliance. Plus la profondeur du secret se révèle, plus la 
langue devient angélique au sens où elle a pour 
destination de convertir la nature humaine de celui qui 
la parle en nature angélique. Or, celui qui révèle le 
secret de la langue de sainteté dans sa profondeur 
absolue et la porte au jour en le renouvelant, c'est 

348 



Jésus, le trésor par excellence. Je rappelle en effet que 
Iéshoû'a/YShW a mêmes gR et gC 53/386 que le mot 
langue/LShWN. Que la Révélation soit le lieu absolu 
de l'accomplissement de la langue de sainteté comme 
langue de ses anges portés par leur musique de 
triomphe et d'allégresse ne relève pas d'un coup de dé, 
mais de la science des écritures juives, je ne me 
lasserai en rien de le répéter sur tous les tons. Enfin, 
outre la singularité de dissolution acosmique qu'est 
leur langage, les anges émettent une musique inconnue 
des mortels, musique de soie magnétique due au 
mouvement de leurs ailes (que l'on songe un moment à 
la douce jouissance, discrète et diffuse, du chant des 
cigales, lesquelles sont d'ailleurs des insectes 
tétraptères, ayant deux paires d'ailes comme les 
chérubins...). Ils sont accompagnés par les cithares du 
dieu vivant dont jouent les vingt-quatre anciens. De 
plus, le langage des anges est le parler en d'autres 
langues, il est lié à l'effusion spirituelle lors de la 
Pentecôte eschatologique où toutes les nations sont 
conviées sous le voile. Voilà qui va nous passionner en 
lien à la continuation du « coup des Septante » dans la 
Nouvelle Alliance. Si les soixante-dix nations sont 
représentées par des anges, c'est que ceux-ci parlent 
toutes les langues, ou plutôt, que, parlant la langue 
même du secret du langage, ils parlent - sont 
susceptibles d'apprendre et de parler - toutes les 
langues. 

Retour de la Pentecôte : 

« Or, tout le peuple vit les voix et les feux (Exode 20). 

Rabbi Yohanan enseigne : la voix jaillissait et se 



349 



divisait en soixante-dix langues, en soixante-dix voix, 
afin que le monde entier puisse entendre. » {Exode 
Rabbah, chapitre 5) 

« Et comme s'accomplissait le jour de la Pentecôte 
[(L)ML'+ YWM HShB'WTh/yôm hashavoû'ôth, 
notarique finale : 'MTh, vérité-fidélité], ils étaient tous 
ensemble dans un même lieu [en fait, il n'y a pas 
d'indication de lieu dans le grec, mais un « dans le 
même »...]. Et il se fit tout à coup du ciel un son 
[comme celui du shôphâr, la trompette soufflant au 
Sinaï, alors même que la Pentecôte, chez les juifs- 
hébreux, est la célébration de la donation de la Loi au 
Sinaï], comme d'un souffle [réoû(r)ha, le vent, 
« l'Esprit »] violent et impétueux, et il remplit toute la 
maison [BYTh/bayith, le Temple eschatologique] où 
ils étaient assis [verbe YShB/yâshav de \a présence à 
la prière, de la royauté] . Et il leur apparut se divisant 
[de la racine HtLQ/(r)hâlaq, au qal], des langues 
comme de feu ; et elles se posèrent [sorte d'imposition 
ou sémika qu'opère l'Esprit] sur chacun d'eux. Et ils 
furent tous remplis de l'esprit saint [ML' W RWHt 
QDSh, notarique initiale MRQ/mâraq, polir, purifier], 
et commencèrent à parler en d'autres langues, selon 
que l'Esprit leur donnait de s'énoncer. » (Actes des 
Apôtres 2, 1 à 4). 

Ainsi se renforce l'analogie : les apôtres, comme 
les anges, parlent toutes les langues. A la fin des 
temps, le terrestre se métamorphose en ange 
alors même que le céleste descend bénir la 
nouvelle terre recréée, ce qui coïncide 
parfaitement avec l'accomplissement de l'unité 
des ci eux et de la terre, c'est-à-dire de la 

350 



halakha. Dans ce paragraphe des Actes, la racine 
LML' du plérôme est présente par trois fois, 
indication grammaticale du grand miracle qui a 
lieu. 
J'indique que ce qui se divise est aussi bien - selon les 
sens de HtLQ/(r)hâlaq - la part (la moira en grec. . .) 
de ce qui échoit à chacun pour la fin des temps, ce qui 
correspond aussi aux portions du territoire conquis 
échues aux tribus dans la Thora ou le livre de Josué. 
Ainsi, les langues de feu qui se partagent, dans les 
deux sens, c'est LShWNWTh K'Sh/leshônôth k'êsh, 
des « langues comme de feu ». Ses gR et gC sont de 
114 et 1113 dont la somme est de 1227, la gC de 
NGLTh YShW MShYHt/la Révélation de Jésus 
Josué Messie, les premiers mots de l'Apocalypse de 
Jean, et, par hypothèse mienne, la révélation du 
HaTaNaK ! Voici posée l'analogie centrale : le buisson 
ardent des langues des soixante-dix nations est 
équivalent à la Révélation de Jésus Iéshoû'a Messie, à 
la Révélation dans laquelle la langue hébraïque 
s'accomplit. A la fin des temps, langue du secret 
manifeste et buisson ardent d'« élangues » forment un 
même concert spirituel que celui qui anime, à 
l'unisson, tant les apôtres que les anges, les Grecs que 
les Juifs, les « prosélytes » que les fils d'Israël, mais 
tout cela en hébreu, en hébreu seulement et pour qui y 
accède. La suite va s'éclairer d'elle-même, montrant à 
quel point se parfait l'analogie entre le langage des 
anges, le langage du secret manifeste, et le don du 
parler en langues comme don de la Thora accomplie, 
donnée aux soixante-dix nations, ou plutôt livrée aux 
Juifs/yéhoûdim des soixante-dix nations tous devenus 
de véritables Galiléens - comme dit le texte -, 

351 



autrement dit tous portés par la Sagesse nazoréenne 
renouvelant tout: 

« Or il y avait des Juifs [yéhoûdim] séjournant à 
Jérusalem, hommes pieux [des (r)hassidim, au sens 
ancien], de toute nation [KL-GWYM/kâl-goyim] 
d'entre ceux qui sont sous le ciel. Et le bruit [la voix, le 
son, WQWL/vqôl] de ceci s' étant répandu, la 
multitude s'assembla [racine 'SP/'assaph ou 
QHL/quahal, celle du Qohéleth], et fut confondue de 
ce que chacun les entendait parler dans son propre 
langage. 

Ce verset est directement calqué, avec inversion 
au passage, sur Genèse 11, 7 et 8. En témoigne le 
grec « fut confondue »/a\>vexver], délibérément 
choisi par midrash sur le verbe de la Septante 
traduisant le « confondons (leur 

langage) »/<ruvxeoonev. De même, le verbe 
disperser (NPSd/nâphats) devient-il tout 
naturellement un rassembler ('SP/'âssaph) avec 
une sorte d'écho subtil perceptible dans les 
sonorités. Enfin, si dans la Genèse ils ne se 
comprennent plus, ici au contraire ils se 
comprennent enfin parfaitement, parlant cette 
langue inouïe qui s'invente elle-même comme le 
fondement métaphorique et spirituel de toutes les 
langues, l'hébreu biblique (cf. Rachi interprétant 
la langue une de Genèse 11, 1 - d'avant la 
dispersion - comme l'hébreu soi-même). 
Et ils étaient tous hors d'eux-mêmes, et s'étonnaient, 
disant : Voici, tous ceux-ci qui parlent ne sont-ils pas 
des Galiléens [GLYLYM/guelilim, calembour de 
GWYM/goyim] ? » (Actes des Apôtres 2, 5 à 7). 

Je précise en son lieu que la seule occurrence 
intéressante de la Galilée dans tout le TaNaK - 
les autres étant anecdotiques, à ceci près qu'elles 

352 



nous apprennent que la Galilée est l'une des 
contrées de la terre promise - l'associe aux 
goyim par l'expression « Galilée des 
nations »/GLYL HGWYM/glil hagoyim. Cela se 
trouve en Isaïe 8,23 où celle-ci désigne la terre 
promise. La Galilée étant un substitut de la 
Sagesse, cela permet en outre de lire cette 
mention de la Galilée comme sagesse des 
nations, préfiguration de la situation à la fin des 
temps. 
C'est bien entendu ici le renversement eschatologique 
de la situation du jugement par la confusion sur ceux 
qui édifièrent la tour de Babel. L'expression de la 
Genèse pour exprimer le fait que le dieu confonde le 
langage des hommes qui ont édifié la tour est 
d'ailleurs à double entente. En effet, l'association de 
BLL/bâlal et de LShWN/lashôn peut être entendue 
tout autrement, comme l'affirme le Talmud à propos du 
don de parler en langues des soixante-dix membres du 
Sanhédrin. Ainsi, Menachôth 65a dit des soixante-dix 
membres du Sanhédrin qu'ils sont doués pour les 
soixante-dix langues des nations, les comparant même 
au juste Mardochée, lui-même qualifié d'un raccourci 
foudroyant : Bilshan. Ce Bilshan/BLShN est la 
condensation de BLL/bâlal et de LShWN/lashôn, il est 
celui qui est doué pour mêler les langues, pour en 
jouer avec art sans la moindre confusion. Lorsqu'il est 
dit du dieu qu'il descendit « pour confondre leur 
langage », il s'agit aussi d'y lire qu'il créa les soixante- 
dix langues - soixante-dix du sod, les soixante-dix 
nations issues des trois fils de Noé ayant été présentées 
au chapitre précédent de la Genèse, le chapitre 10, cf. 
Annexe 3 - à partir de la langue sainte, cette langue 



353 



première du « babil de Babel », cette invention 
diabolique. On peut même lire qu'il les créa pour qu'un 
jour des justes ou membres du Sanhédrin soient 
capables de devenir des virtuoses de cette lyre du 
secret et du « parler en langues ». Cette situation 
survient à son apogée avec la Pentecôte dans les Actes 
des apôtres. 

Le texte énumère ensuite ceux qui se trouvent touchés 
par l'effusion spirituelle : Parthes 
(PRThY'YN/parthônâyâ'), Mèdes 
(MDYWTh/mâdiyoûth), Elamites 
('YLMYM/'elamim), habitants (Y(W)ShBYM, 
yôshevim, racine YShB/yâshav) de Mésopotamie 
('RM/'aram), Judée (YHWDH/yéhoûdah), Cappadoce 
(QPWDQY'/qapoûdqyâ'), Pont (PWNTWS/pôntôs), 
Asie ('SY'/'assyâ'), Phrygie ('PRYQY/'aphriki, cf. 
Genèse Rabbah chapitre 37 où certaines des contrées 
nommées ici se retrouvent, dans le commentaire des 
engendrements de Genèse 10), Pamphylie 
(PMPWLY'/pamphoûlyâ'?), Egypte 
(MSdRYM/matsraïm), Libye (LWB/loûv ou 
LYBWY/livôyâ) - avec la mention étrange d'un « près 
de Cyrène (QYRY(Y)NVquirânâ') » -, les Romains 
(RWMYYM/rômiim), les Juifs 
(YHWDYM/yéhoûdim) et les prosélytes 
(GRYM/guerim), Cretois (ici probablement le terme 
kerethim/KRThYM pour Cretois où s'entend 
KRTh/trancher et BRYTh/1' Alliance), et enfin, Arabes 
('RBYYM/'arbiim). 

Dois-je compter ici la mention de Cyrène ? En effet, le 
texte trouve bon d'orner le nom de la Lybie d'une 
précision étonnante : « près de Cyrène ». N'est-ce là 

354 



que précision géographique ? Comme a priori chacun 
sait, à l'époque, où se situe la Lybie, l'on ne voit pas 
bien l'intérêt, si ce n'est peut-être de faire entrer en 
résonance avec les autres mots la racine QRN/qâran, si 
appréciée des auteurs évangéliques. Mais comme je ne 
décèle pas non plus de calembours virtuoses avec cette 
racine ici, je me pose cette question : N'y a-t-il pas là 
une raison plus profondément historique ? En effet, 
pour avoir perdu la liberté dont elles jouissaient sous 
les Ptolémées jusqu'en - 77 où la région de Cyrène 
devint province romaine, les communautés juives de 
cette ville se révoltèrent à plusieurs reprises contre 
Rome, mais surtout avec une plus grande violence en 
88, puis en 117, sous Trajan. En répression de cette 
dernière révolte - faisant déjà écho à celle du Bar 
Kochba -, l'armée romaine dépeupla la région de ses 
Juifs (deux cent mille morts selon l'historien romain 
Dion Cassius). On ne peut pas ne pas remarquer alors 
que si le nom de cette ville est ici expressément 
souligné, ce n'est sans doute pas seulement par souci 
de fignolage du détail midrashique, mais par rappel 
voulu des douleurs des Juifs cyrénaïques, car la 
Pentecôte associée au don de la Thora en langues est 
aussi le renversement de toutes les guerres, atrocités et 
souffrances passées dans la royauté messianique. 
Rappelons enfin que cette mention de Cyrène se 
trouve aussi dans le cyrénaïque Simon aidant Jésus à 
porter sa croix, acte que l'on peut interpréter en lien 
aux douleurs de l'avènement messianique (du 
Royaume), les fameuses (r)heblêy masshia(r)h. 
Mais revenons à notre décompte. Il y a donc en tout 
dix-sept termes figurant probablement dix-sept 



355 



communautés juives de la diaspora. Ce 17 est la 
gématrie de TWB, le bien, l'adéquation à HtKMH/la 
Sagesse, mais surtout ici la gR de 'BN/'even/la pierre, 
le fondement, la condensation du rapport entre père/'B 
et fils/BN par lequel l'Esprit se déploie. 

Il faut entendre cette unité du père et du fils au 
sens hébraïque, soit au sens de cette « logique 
singulière et plurielle » qui de « 1=1 ('adam 
assimilé à YHWH) déduit 1+1=1 », 
l'assimilation ne détruisant pas la personne, ce 
qui forme la base de la Trinité (d'après Roland 
Tournaire dans Genèse de l'Occident chrétien, p. 
395). Cette mentalité midrashique est bien 
entendu refoulée dans le christianisme à partir du 
tournant qu'est la mise en place du 
néochristianisme romain sous la houlette 
d'Augustin, sophiste « non-chrétien » à la 
sainteté volatile. Ainsi, dans son opposition 
forcenée aux donatistes, Augustin remplace la 
doctrine des deux Voies (qu'évidemment il ne 
comprend pas, parce qu'elle est orientale et 
hébraïque dans sa conception originale) par celle 
des deux cités, cette dernière fondant en grande 
partie ce qui deviendra la morale « chrétienne », 
dans laquelle le comportement quotidien du 
«chrétien» n'est moral qu'à condition d'être 
orienté vers la cité de Dieu, laquelle ne sera 
séparée de la cité des hommes qu'au jour du 
« Jugement dernier». Lorsque cette morale, loin 
de la noblesse d'un docteur séraphique, subtil ou 
angélique, tourne à la folie ordinaire, elle ne 
semble éprouver aucune peine à se légitimer et à 
avoir recours, en toute légalité, au bûcher, à 
l'inquisition, aux disputatio, au brûlement des 
Talmuds, à la rouelle, bref à se donner pour 
réalité la forme d'un royaume temporel de 
l'arbitraire grossier existant pour soi et de la 

356 



barbarie des mœurs. Toutefois, cette première 
époque du christianisme, en même temps 
capable d'une noblesse somptueuse (ce sur quoi 
il faut toujours insister contre les manies de 
rétrogradation anti-chrétienne qui ne sont au 
fond qu'une forme de ressentiment contre le 
Temps...), ne respirait pas encore la moraline 
par les pores comme c'est le cas de toute 
l'époque présente, sa magie civique étalée au 
grand jour, son nihilisme aggravé, ses mœurs 
maudites et malfaisantes, reflets de la perversion 
de la substance éthique s'achevant dans une 
corruption généralisée jusque dans l'intériorité 
évidée des Etats spectaculaires. La longue 
histoire du christianisme semble aboutir de deux 
manières radicalement divergentes, dont 
l'opposition souligne le caractère encore 
inachevé de celui-ci, bien qu'il soit accompli 
dans l'Idée qui ne cesse jamais de se mouvoir, de 
s'engendrer, de jouir de soi et de s'aimer. D'une 
part, c'est le nihilisme planétaire, stade dernier 
de l'infâme superstition ; mais, d'autre part, a 
lieu - dans la pensée et pour ceux qui la laissent 
se penser en eux - la dissolution victorieuse de 
toute superstition grâce aux Lumières définitives 
apportées par Dubourg, dissolution qui est en 
même temps l'affirmation suprême de cette 
victoire - tenant la contradiction entre elle-même 
et le présent aspect de la réalité effective du 
monde devenu « l'immonde », plongé dans la 
souffrance et la simulation de son envers comme 
d'elle-même - en tant que certitude vraie d'être 
toute réalité, raison au sens le plus noble, médité, 
intense, pensant le monde tel qu'il est. Durant 
cette longue et grande journée de l'Esprit que 
nous voyons finir - l'oiseau d'Athéna ayant pris 
son envol parmi l'intense diffusion colorée du 



357 



crépuscule -, certains génies ont su laisser être 
dans leur œuvre une ouverture à l'hébreu, ou en 
tout cas une possibilité de réconciliation vraie 
entre christianisme et judaïsme. Ce sont des 
peintres comme Le Tintoret, Le Corrège, 
Raphaël, etc. ; des musiciens, tels Haendel, 
Bach, Mozart (avec Da Ponte dans l'ombre) ou 
le glorieux Haydn (cf. l'oratorio La Création), 
ces peintres et ces musiciens formant le fleuron 
du génie chrétien, singulièrement catholique ; 
des écrivains, comme Cervantes (le « fondateur 
du roman moderne » semble avoir été 
kabbaliste !), Chateaubriand, Melville, Proust ou 
Joyce, ou certains jésuites doués à l'extrême 
comme Gracian - ou ne devrais-je pas dire des 
« jewjesuit(s) », comme Joyce l'énonce dans 
Ulysses ? - ; des poètes enfin, avec en premier 
lieu Dante (il se lit lui-même sous le nom du 
prophète biblique Nathan, les deux noms ayant 
le même sens, celui du don) ; bref, tout un massif 
d'individualités sculpté dans l'élément du son et 
qui forme comme les voix du Salut chantant 
l'impénétrabilité du Verbe. Ceux-là ont su, par la 
force dionysiaque de leur tonalité fondamentale 
témoignant du génie du monde chrétien (mais on 
peut aussi y ajouter contradictoirement un 
Voltaire ou un Céline, l'essentiel étant 
l'affirmation du Verbe comme « force 
d' antinéant »), ne pas se fermer à la possibilité 
de l'écoute des nombreux accords de la riche 
musique du biblique tout en échappant pour les 
plus récents - car ce n'était pas palpable avant - 
au vampirisme inhérent à ce que la morale 
chrétienne, en sa décomposition nihiliste, a de 
plus mauvais, l'infâme même rendu manifeste 
par la Terreur et la séparation entre l'effectivité 
se détruisant elle-même de la liberté absolue et 



358 



celle-ci comme intériorisation infinie et 
victorieuse. Personne ne pourra nier qu'il y a 
dans « les marais occidentaux » un fond infernal 
omniprésent, car c'est désormais par tous les 
modes de la propagande du Spectacle qu'il vous 
saute littéralement aux yeux et aux oreilles. C'est 
de cette infernalité des « marais occidentaux » 
dont par excellence témoigne Arthur Rimbaud 
avec Une saison en Enfer, tout en s' évadant vers 
une aurore nouvelle, peuplée d'illuminations. De 
même, cet autre voyageur du Temps mené par 
les lumières inouïes qu'est Isidore Ducasse, 
s'évade lui aussi définitivement de cet 
enlisement. Grâce au glaive de diamant de son 
verbe, il se fraye un chemin abrupt et sauvage à 
travers la poésie marécageuse de son siècle. 
C'est par l'écriture des Chants de Maldoror qu'il 
porte cette poésie à son comble pour ainsi dire à 
l'envers, en la subver tissant, tout en 
accomplissant du même geste la littérature des 
siècles, jusqu'à son double fond homérique et 
biblique. Ceci fait, réveillé du charme 
magnétique par l'action du talisman redoutable 
de son grand style, et ayant absolument sacrifié 
en lui-même le jeune homme littérateur encore 
ignorant de la question du mal comme de celle 
de son si spirituel renversement - c'est-à-dire 
devenant véritablement adulte -, il écrit Poésies. 
En cette publication permanente, c'est après 
avoir pourfendu une fois pour toutes les autres 
les grandes têtes molles de son siècle (qui 
comme « le siècle de Louis XIV » est d'une 
autre durée que celle d'un siècle), qu'il libère 
l'accès à la source de la poésie impersonnelle et 
de la pensée universelle, affirmant la 
méthode qui permet de tout reprendre : le 
plagiat. Les Chants de Maldoror et Poésies tenus 



359 



ensemble sont un même calme bloc qui renvoie à 
leur inanité tous les désastres obscurs. Par cette 
opération, Isidore Ducasse, cet impensable et 
auguste comte de Lautréamont, fonde une pensée 
originale et unique de la question du bien et de 
celle du mal comme personne avant lui - point 
en lequel achoppe le christianisme représentatif, 
non élevé à la Science, ou pour le dire autrement 
non préservé du doute. Ducasse écrit sa pensée 
avec ordre, sans qu'elle ne lui échappe un seul 
instant, jusqu'à ce qu'enfin elle se révèle telle 
qu'elle est en vérité, comme l'affirmation 
souveraine et pérenne de la non-existence du mal 
circulant à travers les pages, principe de 
l'écriture même de celles-ci, certitude vraie - 
celle de l'Esprit absolu se sachant - et bien 
suprême. Mais reprenons. 
Pierre, cet 'even bôhân (pierre de bâtisse) du Temple 
de pierres vivantes, est ici le témoin essentiel. Le 
miracle arrivant à ces hommes de dix-sept nations est 
ramassé ainsi : 

« Nous les entendons [ShM'NW/shama'enoû, de la 
racine ShMVshâma' du Shema' Israël] [cette totalité 
des hommes représentée par dix-sept termes] parler 
[racine 'MR, L'MR] dans les langues de nous 
[BLShWNWTh MMNW/bilshônôth mimenoûwoû] les 
choses magnifiques de Dieu [GDLWTh 
'LHYM/guedlôth 'elohim, cf. Psaumes 70, 19, les 
grandeurs ou merveilles d'Elohim]. » (Actes des 
Apôtres 2, 11). 

La formule qui concentre le sens de ce don dans toute 
son intensité est BLShWNWTh MMNW/bilshônôth 
mimenoûoû/dans les langues nôtres. En effet, cette 
formule savoureuse a pour gR et gC 129 et 93(0). Ces 



360 



deux nombres bien pesés correspondent au duo 39/93, 
les gR et gC de HNGLH/haniglah, la Révélation, alors 
même que nous venons de voir l'équivalence fouillée 
entre les langues de feu et le 1227 de la Révélation de 
Jésus Iéshoû'a Masshia(r)h : la pierre de bâtisse de 
l'édifice midrashique du don de la Thora en langues 
mérite d'être nommée par son nom : la Révélation ! 
Juste après cette révélation pointue, aiguisée, 
l'ensemble de ces « parlant en langues » est comme 
moqué, tourné en dérision pour avoir atteint un tel 
comble. Ils sont dits être pleins de vin doux. Cette 
métaphore apparaît comme une moquerie que d'autres 
adresseraient à ceux-là, les voyant plongés dans 
l'ivresse, parlant à bâtons rompus en des langues 
inconnues. Or, le terme pour le vin doux est le grec 
Y?i£dkouç, lequel n'a qu'une seule occurrence dans le 
lexique des Septante où il semble y traduire un banal 
YYN/yayïn, le vin ; mais dans quel contexte, là est le 
point déterminant. C'est en Job 32, 17 à 20 : « Je 
répondrai, moi aussi, à mon tour. Je ferai connaître, 
moi aussi, ce que je sais, car je suis plein de paroles, 
l'esprit qui est au-dedans de moi [réoû(r)ha bithny, 
dans les entrailles, l'intérieur] me presse. Voici, mon 
ventre est comme un vin [HNH BTNY KYYN/hinê 
bitny kyayïn, notre vin doux ! ] qui n'a pas été ouvert, il 
éclate comme des outres neuves. Je parlerai et je 
respirerai, j'ouvrirai mes lèvres et je répondrai.» Le 
choix du terme explicite la double entente : lorsqu'il 
est dit qu'ils sont pleins de vin doux comme en une 
moquerie, il faut entendre la langue sacrée se moquer 
des moqueurs en leur faisant dire la vérité sous leur 
dénégation apparente (Rappelons-nous alors qu'un peu 



361 



avant, les douze premiers initiés de la Pentecôte 
étaient dits pleins d'esprit saint !). 
Derrière cette moquerie, ils reconnaissent en effet que 
ceux dont ils se moquent sont des inspirés, de 
véritables prophètes comme l'est Job ou pour 
reprendre la métaphore, des anges parlant en langues, 
des envoyés de la Révélation à travers les langues. 
Une citation de Joël sur le don de prophétie vient 
ensuite clarifier ce point en précisant que s'ils sont 
ivres, alors que ce n'est que la troisième heure du jour, 
Ce trois est celui de la Résurrection, ce qui 
s'accorde avec leur statut de galiléens, c'est-à- 
dire de ressuscites... Ici, il s'agit du jour 
midrashique de douze heures réparti en quatre 
périodes, qui pour dieu sont l'étude, le jugement 
de la Création, la miséricorde, et enfin le jeu 
avec le Léviathan, cf. Avodâh Zarah 3b. Si les 
trois premières heures correspondent 
implicitement à l'étude, on en déduit qu'au bout 
de la troisième heure du jour, après avoir étudié, 
ces thalmidim sont ivres, inspirés par ce dont ils 
se sont enrichis. Pure hypothèse bien sûr. 
c'est qu'ils sont ivres du vin de l'amour de l'esprit 
saint (d'avoir étudié), non pas plongés dans une 
ivrognerie plus littérale. Dès le commencement, dieu 
savait qu'ils seraient ivres du vin de la Thora au jour 
de son don définitif ; s'ils ne l'étaient pas, la science 
de dieu serait vaine. Pierre se permet ainsi de 
reprendre les moqueurs dans leur égarement en leur 
signalant qu'il n'est que la troisième heure du jour, et - 
le fait d'être déjà ivre à cette heure, vues les mœurs 
judéennes de l'époque, étant très improbable - que, par 
conséquent, l'ivresse de ces inspirés ne saurait être à 
entendre à la lettre, mais au sens où c'est là pur miracle 

362 



de l'esprit saint, de l'inspiration prophétique. Pierre 

précise que ce qu'il dit, ils doivent bien se le mettre 

« dans l'oreille »/B'ZN/b'ôzên, entendez « dans la 

pensée ». 

C'est ensuite seulement, comme éclaircissement, 

qu'intervient la prophétie de Joël : 

« Et il arrivera, après cela, que je répandrai mon Esprit 

sur toute chair, et vos fils et vos filles prophétiseront, 

vos vieillards songeront des songes, vos jeunes 

hommes verront des visions, etc. » (Joël 3,1). 

Conclusion sur les quatre empires et le pardès 
évangélique des langues : 

Ce pardès serait la vérité fondamentale du « parler en 
langues », à commencer par le grec. Il conclurait une 
première fois la « dialectique » d'Athènes et de 
Jérusalem dans l'unité des « quatre langues antiques 
privilégiées de la pensée », pourrait-on dire, $ avant 
les langues européennes à proprement parler, 
lesquelles fleurissent et essaiment leurs œuvres 
immenses à partir de l'italien de Dante, ce 
« fondateur ». Eclaircissons les choses. 
Le parachèvement du « coup des Septante » dans la 
Pentecôte nazoréenne telle que les Actes la conçoivent 
pose le terme de l'épopée midrashique d'Israël, terme 
qui est en même temps le commencement d'un monde 
nouveau. Ainsi, il n'y a pas de fin de l'histoire sans que 
cette fin ne soit le commencement s' approfondissant 
en lui-même d'un monde nouveau dont la 
configuration est venue au jour en un éclair (en un clin 
d'œil ou rega' comme le chante l'Apocalypse). Tout 
comme l'enfant qui vient de naître n'est pas encore un 



363 



homme effectif, cette réalité nouvelle doit s'instruire, 
s'enrichir et conquérir ainsi son effectivité. Revenons 
donc sur ce terme 

C'est le quêts/QSd = 1000 (100+900), au sens 
des mille ans du règne eschatologique dans 
l'Apocalypse. Un Joachim de Flore aurait été 
bien étonné de la provenance hébraïque de ce 
mille ('eleph) qui n'a évidemment littéralement 
rien d' « historique » puisqu'il signifie aussi la 
pleine abondance de la science de l'Aleph, la 
venue au jour de la perfection des écritures dans 
le jardin ouvert que nous connaissons. Du coup, 
tout le remue-ménage théologique mis en œuvre 
afin de justifier l'avènement de ce royaume de 
mille ans dans le christianisme devient 
singulièrement comique - sur fond de tragique 
maintenu -, tout comme le délire autour des 
dates millénaristes, « an mil », an deux mille, 
etc. Comique de même la lecture à la lettre des 
1260 ans de la prophétie dans l'Apocalypse, 
celle-ci ayant dû se réaliser en l'année 1260 selon 
certains joachimites, alors que ce 1260 (un 
temps, deux temps et un demi temps, mais aussi 
42 « mois » de 30 «jours » ou encore une heure, 
deux heures et une demi-heure, quel 
époustouflant savoir de la relativité de la 
spéculation hébraïque et prophétique quant au 
temps...) est un midrash sur le rouleau de Daniel 
et le temps du déroulement de l'histoire 
midrashique conduisant à la délivrance 
messianique. Je rappelle aussi que le temps en 
araméen (celui de Daniel) peut être 
'(Y)DN/'idan, la période qui n'est autre que le 
mot 'êden, l'Eden (la jouissance), prononcé 
différemment. En hébreu, retrouver le temps, 
accéder au règne messianique, être en Eden, 
revêtir l'ultime réalisation du Livre (du TaNaK) 

364 



et ressusciter sont une seule et même chose. Pas 
de séparation ici : l'intérêt du temps est nôtre, en 
rien extérieur. 

de l'histoire midrashique d'Israël et déjà sur cette 
notion même. 

Je commence par citer un propos de David Banon dans 
son intervention au C.I.E.M. 2005: 
« Le Midrach Tanhouma (Vayétsé, 2) livre une 
interprétation très intéressante de ce songe [la vision 
de l'échelle par Jacob] . Pour Rabbi Shmouel bar 
Nahmane, les envoyés de Dieu évoquent les génies ou 
les princes protecteurs des nations : leurs représentants 
; l'échelle, c'est l'expression concrète du temps, du 
déroulement de l'histoire. Jacob a donc vu " le génie 
de Babylone redescendant après avoir gravi soixante- 
dix échelons. Puis celui des Mèdes et des Perses 
escalader cinquante-deux échelons et redescendre, 
ensuite il assista à l'ascension du génie des Grecs 
jusqu'au centième échelon pour enfin redescendre. 
Lorsque arriva le tour du prince d'Edom - Rome, 
l'Occident - Jacob ne pût compter les innombrables 
échelons qu'il gravissait. Alors, pris de panique, il 
s'écria : " Celui-là ne descendrait-il donc jamais ? ". 
Dieu lui répond : " N'aie pas peur, mon serviteur Jacob 
(Jérémie 30,10). Même si tu le voyais monter et 
prendre place à mes côtés, je le ferai descendre de là, 
ainsi qu'il est écrit : Même si tu t'élèves comme l'aigle 
[souvent identifié à Rome/'Edom d'après un passage 
du Deutéronome, ce que l'on retrouve par exemple 
dans le IV Esdras que nous avons étudié plus haut] et 
que tu places ton nid parmi les étoiles, de là je te ferai 
descendre, parole de Dieu (Abdias 1,4) " ". » 



365 



Le songe de l'échelle (SLM/soûlam) court du verset 12 
au verset 17 du chapitre 28 de la Genèse, soit sur 
exactement six versets, six comme les six jours de la 
Création ou comme les six mille ans de l'épopée 
midrashique conduisant au royaume messianique, six, 
nombre parfait. 

Rappel : un nombre parfait est égal à la somme 
de ses diviseurs, excepté lui-même. Il est 
remarquable que les trois premiers nombres 
parfaits touchent à l'essentiel même de l'antique 
jeunesse de la qabbalah. Ce sont six, vingt-huit 
et quatre cent quatre-vingt-seize. Le premier est 
le nombre de jours de la Création, le second la 
gR de KHt/kô(r)ha, la force du questionnement 
en Sagesse qui meut celle-ci, le troisième enfin 
est la gC de MLKWTh/malkoûth, le Royaume, 
le but ultime de ce mouvement. 
On retrouve ainsi l'analogie chère aux auteurs de 
l'Apocalypse entre le déroulement de la Création (les 
six fois mille ans rythmant le chapitre 20 de la 
Révélation) et la récapitulation totale de l'épopée 
midrashique d'Israël. L'on pourrait évidemment entrer 
dans le détail de la lecture renouvelante qu'opèrent les 
nazoréens sur ces six versets, mais ce n'est pas le sujet, 
allons donc à l'essentiel. Dans le passage du 
Tan(r)hoûmah cité par Banon, soixante-dix échelons 
correspondent à Babylone, cinquante-deux aux Mèdes 
et aux Perses, cent pour les Grecs, et un nombre 
indéterminé, ou volontairement non communiqué, 
pour Rome. Nous retrouvons ici la symbolique des 
quatre empires dominant Israël au long de son histoire 
jusqu'au jour de la libération eschatologique, telle que 
le midrash saisit celle-ci. 



366 



C'est ainsi qu'est interprétée, dans Daniel même, 
la venue des Macchabées délivrant du joug 
étranger, symbolique qui sera reprise par Jésus 
formant volontairement cinq avec ses quatre 
frères afin d'incarner Juda Macchabée et ses 
quatre frères, ceux de Jésus se nommant alors 
Jacques/Jacob ; Joseph/Yôssêph ; 

Judas/Iéhoûdâh ; Simon/Shimôn, cf. Marc 6,3. 
Ces quatre frères de Jésus sont des patriarches 
fondateurs de la Genèse et la somme des cinq 
noms YShW, Y'QB, YWSP, YHWDH, 
ShM'WN (vingt-deux lettres, comme l'alphabet 
hébreu), a pour gR 248 comme « la moitié du 
Royaume » (MLKWTh = 496 qui divisé par 
deux donne bien 248, « la moitié du Royaume ») 
(je rappelle qu'ils sont cinq, Le. la moitié de 1(0), 
de l'unité), ou HtMR/RHtM/HtRM, etc. Je 
renvoie au lien tressé dans notre quatrième étude 
entre ce 248 et la gC des cinq noms des cinq 
cinquièmes de la Thora ou de celle-ci elle-même. 
Les nombres qui parsèment ce texte ne sont pas 
anodins. Ce sont ainsi deux nombres essentiels qui 
nous sont communiqués : le quatre des quatre empires 
(celui du nombre de lettres de YHWH) et la somme 
des échelons que le midrash veut bien nous divulguer 
et qui est de 70+52+100 = 222. Or, 222x4 (le nombre 
des échelons que multiplie le nombre des empires 
dominant successivement Israël, opération 
kabbalistique que je suppose sous-entendue pour 
l'interprétation) donne 888, lequel est le nombre même 
de l'avènement messianique, le nombre duplérôme du 
Messie/HMShYHt/hamashia(r)h (HH MM ShYN 
YWD HtYTh=888, en gC). Que le Messie doive venir 
au comble de la domination de YImperium sur le 
monde, amenant ainsi la fin et le règne eschatologique 



367 



est un fait avéré par le Midrash et le Talmud, en voici 
un autre exemple (Talmud Yoma 10a) : 
« Rabbi Judas dit au nom de Rav : " Le fils de David 
(le Messie) ne viendra pas avant que la domination de 
l'Empire de Rome l'impie [harish'âh, impiété, terme 
violent associé au comble du yetser hara' dans le 
TaNaK] ne s'étende au monde entier ; et cela pendant 
neuf mois, car il est dit (Michée 5, 2) " C'est pourquoi 
il les abandonnera [à eux-mêmes] jusqu'au jour où 
enfantera celle qui doit enfanter [YWLDH/yôlêdâh, 
l'Assemblée d'Israël], et où le reste de ses frères 
viendra retrouver les enfants d'Israël. " " » 
Les neuf mois (thish'âh (r)hâdâshim) symboliques 
sont bien entendu ceux de la durée de gestation de la 
fiancée, l'Assemblée, conduisant à la venue du 
Masshia(r)h, le mot mois HtDShYM ici présent 
contient même en toutes lettres le mot MShYHt. 

Profondeur des quatre empires : 

Ce que nous venons de dire introduit à l'actualisation 

des quatre empires de Daniel à l'époque de la rédaction 

de la Nouvelle Alliance de Jésus. 

Chez Daniel, les quatre empires apparaissent 

successivement. 

Vient tout d'abord l'Egypte (MSdRYM), puis ce sont 

les Mèdes et les Perses (MDY (W)PRS) formant une 

médiation redoublée, enfin il y a l'adversaire 

redoutable : les Grecs, Javan (YWN). Le fils de 

l'homme (voir la grande vision de sa parousie et du 

jugement final en Daniel 7-8 et 10 à 12, reprise en 

guise d'ouverture dense par l'Apocalypse de Jean) 

vient au terme des combats des empires qui se 

368 



succèdent pour la domination, une fois vaincus les 
princes qui sont ces quatre bêtes et leurs cornes. Alors 
le jugement a lieu par l'ouverture des livres (leur 
lecture) et l'instauration du royaume de dieu avec les 
justes et sa royauté sur les peuples, nations et langues 
(on retrouve le même thème invinciblement repris, 
développé et actualisé par l'Apocalypse de Jean). 
Selon les midrashim considérés, l'actualisation nous 
donne deux variantes possibles, soit la gradation 
Mèdes (MDY), Perse (PRS), Grèce (YWN) et enfin 
Rome ('DWM) ; soit Babylone (BBL), la Médie, 
Yavan et à nouveau Edom (Rome). 
Le Midrash Rabbah sur Esther (traduction M. Mergui) 
s'en fait l'écho : 

« R. Houna et Hana au nom de R. Hanina dirent : " " 
Tel l'homme qui fuit devant un lion " (Am 5,19) se 
réfère à Babylone qui est désignée en ces termes : " La 
première était comme un lion. " (Dn 7,4). " Et tombe 
sur un ours " (Am 5, 19) se réfère à la Médie (MDY), 
désignée par ces mots : " Voici : une deuxième bête, 
tout autre, semblable à un ours. " (Dn 7,5) ". R 
Yohanan dit : " Le mot le dob (ours) est écrit de 
manière défective {Le. sans consonne vocalique) ". 
Cela s'accorde avec l'opinion de R Yohanan qui dit : 
' " Voilà pourquoi le lion de la forêt les attaque, le 
loup des steppes les dévaste, la panthère est aux aguets 
devant leurs villes, quiconque en sort est mis en 
pièces. C'est que leurs crimes sont nombreux, 
multiples leurs rébellions. " (Jr 5,6). Pourquoi est-il 
dit : " Le lion de la forêt les attaque " (Jr 5,6) ? Cela se 
réfère à Babylone (BBL/babal). " Le loup des steppes 
les dévaste " (Jr 5,6) se réfère à la Médie 



369 



(MDY/mâdaï). " La panthère est aux aguets " (Jr 5,6) 
se réfère à la Grèce (YWN/yavan). " Quiconque en 
sort est mis en pièces " (Jr 5,6) se réfère à Edom 
('DWM). " » 

Actualisation dans l'Apocalypse : 
Lisons d'abord la description de la première bête 
d'Apocalypse 13, nous creuserons ensuite l'« archi- 
texturalité » de sa symbolique : 
« Et la bête que je vis était semblable à un léopard, et 
ses pieds comme ceux d'un ours, et sa bouche comme 
la bouche d'un lion ; et le dragon lui donna sa 
puissance et son trône, et un grand pouvoir. » 
(Apocalypse 13, 2) 

Trois animaux à dents et à griffes servent ici à la 
description de cette première bête : la panthère, l'ours 
et enfin le lion, soit dans l'ordre inverse : 
'RYH/'aryeh (lion) et D(W)B/dob (ours) et 
NMR/nâmer (panthère), trois animaux tenus ensemble 
par leur notarique initiale 'DN, évoquant 
immédiatement le Seigneur, Adonaï/« mon seigneur », 
'DWNY, autrement dit le dieu du jugement 
eschatologique. 

Dans leur ordre inverse, les trois animaux donnent 
également une notarique : panthère, ours, lion/NMR 
DWB 'RYH se laissent ainsi lire comme RBH/râbah, 
« grand, multiple » qui évoque trois titres essentiels, 
celui de Rav, de Raban et de Rabbi. Ces deux notions 
de domination et de multiplication (ou de grandeur) 
renvoient aux têtes et aux cornes de cette bête dont la 
férocité et la puissance de dévastation sont au comble 
(cf. le sens de sept, de dix, et des racines des mots 

370 



QRN, corne, et R'Sh, tête). Cette puissance de la Bête 
est le pouvoir (shilthoûn/ShLTWN) du Satan (ShTN), 
de l'Adversaire du Messie lequel rassemble en lui la 
totalité de la domination exercée sur Israël par les 
païens au fil de l'histoire. Le choix polémique de ces 
trois animaux n'est donc pas un hasard ; dans ce joyau 
parmi les textes de la Nouvelle Alliance, chaque lettre 
en situation, chaque mot vainqueur, abolissent le 
hasard. De cet exemple, nous tirons que nos trois 
animaux participant de la description de la première 
bête - désignation cryptée des sadducéens -, sont 
Babylone, la Médie, et enfin la Grèce/Yavan, ce lieu 
midrashique de l'Apocalypse de Jean, à commencer 
par la précieuse Patmos. La description de la bête peut 
dès lors être relue ainsi : « Et la bête que je vis était 
semblable à une panthère (la Grèce, l'Ionie) et ses 
pattes comme d'un ours (la Médie) et sa gueule 
comme d'une gueule de lion (Babylone).» Cette 
première bête est mise en balance avec le Messie par 
divers moyens en réponse à la question que pose le 
texte, demandant à être interprété : « Qui est semblable 
à la bête, et qui peut combattre contre elle ? » 
(Apocalypse 13,4). Rappelons déjà que 
BHMH/béhêmâh, la Bête et MShYHt/masshia(r)h, le 
Messie ont 52 pour gématrie commune, et encore que 
Qui/MY se compose des initiales du Messie Jésus. 
Ajoutons que le plérôme en yôd de BHMH, la Bête, 
est B YTh HY MM HY de gR et gC 90/522 qui sont les 
gématries de MLKWTh YHWH/le Royaume du dieu ! 
Preuves : BYTh HY MM HY a pour gR = 
2+10+22+5+10+13+13+5+10 = 90 et gC = 
2+10+400+5+10+40+40+5+10 = 522. La 



371 



somme est même de 612, gC de BRYTh/bérith, 
l'Alliance. 
Ce qui s'interprète comme suit : la victoire sur la Bête, 
son anéantissement, son plérôme en négatif, est 
l'avènement du Royaume messianique. En effet ! 
La chute d'Edom qui se cache derrière la chute du 
clergé sadducéen (lequel est représenté par cette 
première bête), est l'élévation du Messie, de sa ville et 
de son Royaume ! 

De ces considérations sur les bêtes et l'épopée 
providentielle d'Israël nous pouvons déduire une 
correspondance entre l'universalité de cette aventure 
historico-midrashique d'Israël en tant que nation, et 
cette même aventure récapitulée dans l'intérieur de la 
singularité, de l'individu Jacob. La nation d'Israël 
traverse l'animalité pour la dompter en un sens 
spirituel (c'est une guerre), tout en traversant sa propre 
histoire jusqu'à la saisir et advenir ainsi à soi-même ; 
de même, l'individu Jacob (ou plutôt Jésus en bout de 
course de cette histoire) traverse en lui-même 
l'animalité (cf. la lutte de Jésus contre le bestiaire de 
l'Apocalypse symbolisant l'homme qui fait la bête) 
afin de se connaître lui-même en se métamorphosant 
en « ange », en digne envoyé du divin (cf. la fin de 
l'Apocalypse où l'Adam nouveau est enfin mesure 
d'ange, et ainsi la langue sainte rigoureusement 
accomplie, la langue angélique, est celle de cet Adam 
non plus immédiat, mais devenu). 

Glosons. Cette lutte, tant universelle 
qu'individuelle, est d'ailleurs le sujet essentiel, 
récapitulé en elle, de l'Apocalypse de Jean. Le 
sens du fameux 666 permettrait de l'éclairer. En 
effet, il est l'axe de l'Apocalypse, avec une force 

372 



que la seule occurrence du nombre en lien à la 
Bête, occurrence qui a tant fasciné, est très loin 
de pouvoir permettre de deviner. Ce nombre de 
la bête n'est pas que cela, je le baptise quant à 
moi « nombre de la dialectique angélique », à 
travers laquelle l'homme, en se dépouillant du 
vieil Adam, devient celui qu'il est, à savoir le 
vainqueur. Voici comment je le justifie. 
Ce nombre n'est pas présent qu'en Apocalypse 
13, comme une lecture extérieure à l'hébreu 
sous-jacent se contente de le constater. On le 
retrouve aussi implicitement en Ap. 21,17, en 
lien à la mesure angélique de l'Adam renouvelé 
au cœur de la cité céleste, la bien nommée 
Jérusalem. Mais commençons par l'occurrence 
explicite et célèbre. Ap. 13,18 : « [version 
littérale] Ici la Sagesse est. L'ayant de 
l'intelligence qu'il calcule le nombre de la bête, 
un nombre en effet d'humain c'est, et le nombre 
d'elle six cent soixante-six [shesh meit ve- 
shishim va-shesh]. » 

Brèves explications : 666, c'est la somme des 36 
premiers nombres entiers. Or, 36 est la gR de 
'MTh/'émeth, la vérité-fidélité. Donc, ce nombre 
de 666 peut déjà être interprété comme 
dévoilement ou plénitude de la vérité-fidélité. 
Cela a l'air incongru ? Ça ne l'est pas. Voyons le 
contexte : ce nombre de la bête (béhêmâh) est un 
nombre d'homme (mispar Adam/MSPR 'DM, 
lequel doit être aussi lu comme récit d'Adam, 
autrement dit en référence au récit initial, de 
l'élévation et de la chute d'Adam, ou plutôt, de 
sa chute et de son relèvement !). La rétroversion 
du verset du chapitre treize de l'Apocalypse, à en 
établir très tranquillement la gématrie par rangs, 
confirme notre intuition : 
PH HtKMH MY ShLB LW SPR MSPR BHMH 



373 



KY MSPR 'DM WMSPRH ShSh M'MTh 
ShShYMWShShH 

« = » 

17+5+8+11+13+5+13+10+21+12+2+12+6+15+ 
17+20+13+15+17+20+2+5 
+13+5+11+10+13+15+17+20+1+4+13+6+13+1 
5+17+20+5+21+21+13+1+13+22+21+21+10+1 
3+6+21+21+5 = 666, le fameux 666, lequel 
figure effectivement en ce verset. 
J'examine maintenant le sens exact du nombre de 
la bête dans son contexte, en me demandant tout 
simplement pourquoi il y faut de la Sagesse et 
pourquoi ce nombre est nombre d'homme (outre 
l'interprétation du récit de la bête en tant que 
récit de l'homme, et du récit initial d'Adam 
comme faisant la bête... Ce que confirme l'image 
de la bête/SdLM HBHMH (tselem habéhêmâh, 
de gR 73 comme HtKMH, la Sagesse, dont elle 
est une perversion ; de même que la 
prostituée/HZWNH/hazônah, quant à elle de gR 
et gC 37/73 !) présente dans le même passage 
d'Apocalypse 13, expression rassemblant le 
midrash inversif sur l'homme à l'image 
(SdLM/tselem) du dieu dans la Genèse). 
La « sagesse »/HtKMH, vous l'avez deviné, est 
ici la clé, sa gR est de 37. 

De même, Adam, l'homme 'DM a pour gR= 
1+4+13 = 18. 

C'est leur multiplication l'un par l'autre (la 
Sagesse étant celle de la kabbale) qui livre le 
666 : 18x37 = 666. Ainsi retrouvons-nous à 
nouveau ce secret spéculatif: le 666 représente 
la Sagesse portant sur Adam, sa connaissance, 
celle du questionnement infini qui anime et 
traverse de part en part l'écriture des Hébreux. 
J'en viens au renversement de l'homme « faisant 
la bête » en un homme nouveau, devenu à l'égal 



374 



de l' ange-envoyé du dieu vivant (ce qui rendra 
plus claire ma proposition précédente). 
Ap. 21, 17 : « Et il mesura [WYMDD, racine 
mâdâd] le rempart d'elle [HtWMThH/ 
(r)hoûmâthâh, celui de la Jérusalem nouvelle, 
éternelle et délivrée] cent quarante-quatre 
[M'H+'RB'YM+'RB'] coudées 

['MWTh/'amôth], mesure d'homme [MDTh 
H'DM/midath ha'âdâm] quoi [MH/mah] (est) 
d'ange [ML'K/mal'ak]. » 

Ici, les gématries pleuvent. Pour l'exemple, je 
dévoile que « mesure d'homme quoi d'ange » est 
MDTh H'DM MH ML'K, de gR et gC 
117/6(0)3, soit le 27/63 de NBY'/nâvi', le 
prophète, le penseur hébreu - dont l'anagramme 
exacte de mêmes gématries, lesquelles sont aussi 
celles de l'Eyn sôph, est B'YN/par le Néant, 
formule ramassée présente déjà chez Isaïe ou 
dans les Proverbes... Le réseau de calembours 
qui forge l'étoffe de ce «verset» est l'un des 
plus denses et signifiants qu'il m'ait été donné 
de rencontrer. S'y côtoient en effet : le verbe 
mesurer MDD/mâdad, la mesure MDH/midah, 
les coudées 'MWTh/'amôth (qui contient 'MTh 
la vérité-fidélité), le cent, M'H/mê'â, des cent 
quarante quatre coudées, le rempart d'elle, 
HtWMThH, le quoi du questionnement infini, 
MH, « l'ange »(!)/HML'K, et enfin 'DM Adam, 
« l'homme » ! 

'DM Adam, nous l'avons vu, a pour gR 18 (celle 
de MH le questionnement, de Ht Y, le ressuscité, 
le vivant, mais aussi de HtT', le «péché», 
l'errance, 'P, la colère...). A son tour, 
mal'ak/ML'K, l'envoyé, a pour gR 37 = 
HtKMH, la Sagesse hébraïque. Or, le produit de 
18 et de 37, de l'homme et de l'ange-envoyé 
(comme mesure l'un de l'autre) donne à nouveau 



375 



le fameux 666 comme renversement de 
l'exotérique nombre de la bête, ce qui justifie le 
nom que je lui donne comme « nombre de la 
dialectique angélique ». 

Le 666 est bien d'autres choses (cf. Annexe 4), 
par exemple 3x6, soit le 18 des 18 bénédictions, 
ou encore 6x111, le six, nombre parfait des six 
jours de la Création, que multiplie le 111 de 
l'Aleph, de sa science (les multiples du 111 sont 
pleins de sens, cf. plus haut le 444, le 555, le 
777, le 222 et le 888, sans oublier le 333 
apparemment plus discret), etc. L'essentiel à 
retenir est que nous pouvons désormais le voir 
comme gond autour duquel tourne l'histoire 
midrashique d'Israël et autour duquel, de même, 
tourne l 'Apocalypse de Jean ! Il incarne cette 
haute lutte par laquelle l'homme cesse d'être un 
monstre incompréhensible et parvient à 
comprendre qu'il est la sœur de l'ange ; lutte qui 
est la même sur le plan de l'histoire du peuple 
d'Israël que sa libération - via sa domination par 
les peuples étrangers comparés à des animaux - 
et sa constitution en tant que Royaume 
messianique avec les soixante-dix nations, leurs 
anges méditant et chantant autour du trône 
advenu, « au ciel comme sur la terre ». Cette 
métamorphose angélique, spirituelle, de 
l'homme vient de « la lutte de Jacob avec 
l'ange », laquelle mériterait d'être étudiée de 
près, comme y enjoint le nom du vainqueur 
inscrit sur sa cuisse dans l'Apocalypse. En effet, 
cette cuisse/yerek est celle que luxe l'ange dans 
sa lutte avec Jacob dans la Genèse... et en fait 
d'ange, il n'y en a pas, car celui avec qui 
Jacob/Y' QB lutte au Jaboq/YBQ se présente 
d'abord comme un homme, 'YSh/'ish, puis au 
final comme le dieu/'LHYM, d'où le nom de 



376 



Pêniel/PNY'L que Jacob donne à ce lieu alors 
même qu'il est renommé Israël par ce dieu. En 
effet, c'est bien dieu qu'il y voit face à face, ou 
plutôt déjà l' homme-dieu qu'il est d'ailleurs lui- 
même, puisqu'il est le premier « fils de dieu », 
« mon fils premier-né, Israël » comme le nomme 
celui-ci en Exode 4, 22. 
Après ces quelques développements rapides, il est 
temps de revenir aux considérations spéculatives 
concernant les langues. 

Les quatre langues élues du Nouveau Testament (le 
PaRDèS évangélique des langues) : 
Le PaRDèS évangélique des langues, ainsi que je le 
nomme, rassemble les quatre langues de la Nouvelle 
Alliance de Jésus Iéshoû 'a : Varaméen, le grec, le 
latin et l'hébreu. Il couronne la dialectique intra- 
midrashique entre Israël et les nations, déjà affirmée 
une première fois de façon victorieuse avec « le coup 
des Septante ». Si celui-ci accomplissait le don de la 
Thora en grec, le PaRDèS évangélique des langues est 
la réflexion, dans l 'essence même du langage, de la 
Pentecôte comme conclusion - dans l'hébreu - de « la 
dialectique d'Israël et des nations » (pour nous). 
Expliquons-nous : si la langue du Nouveau Testament 
est bien l'hébreu - son diamant de feu, sa pierre 
philosophale -, il élit à son tour trois autres langues 
dans le paradis textuel de son déploiement : le latin, le 
grec et l'araméen. Les langues du Nouveau Testament 
sont ainsi au nombre de quatre : l'hébreu pour l'écriture 
du texte, le grec et le latin comme langues des termes 
d'emprunt, et enfin l'araméen dont quelques 
expressions sont sporadiquement semées de-ci de-là, 



377 



langue mêlée à l'hébreu comme sa face exotérique, la 
partie émergente de l'iceberg, ou plutôt du continent 
souterrain qu'est l'hébreu midrashique. 

On trouve aussi, mais il est vrai que l'on 
s'aveugle opiniâtrement pour ne pas les voir, un 
certain nombre de mots d'hébreu qui brillent de 
leur feu discret à même le texte traduit du grec 
dans notre indo-européen familier : ainsi de 
Amen, Alléluia, mais aussi Emmanuel, 
Capharnaûm (KPR-NHtWM), Hosanna 

(HWShY'H N'), etc. Soit ils proviennent du 
TaNaK, soit on les retrouve dans la littérature 
midrashico-talmudique (cas de Capharnaûm). 
Rappelons à propos que les trois langues, grec, latin et 
hébreu sont les langues de gématrie (emprunt au grec), 
de notarique (emprunt au latin, bien que venant du 
grec), et de thémoûrâh (mot hébreu présent dans la 
Thora, et qui est même le titre de l'un des Traités du 
Talmud, de l'ordre Qidoushim/Saintetés). Aces trois 
termes correspondant au guinath s'ajoute un quatrième. 
C'est le tséroûph, en hébreu original alliage ou 
orfèvrerie. Ce n'est pas sans raison qu'Aboulafia, dans 
L 'Epître des sept voies, nomme ce quatrième terme « 
le secret des soixante-dix langues ». Ici, le secret le 
plus secret correspond à l'hébreu (dans thémoûrâh et 
tséroûph), tandis que le grec et le latin, comme 
emprunts, disent une part plus exotérique de ce secret. 
A cette mention des trois langues du guinath, le grec, 
l'hébreu, et le latin, s'ajoute le fait que certains 
passages de l'Evangile, il est vrai fulgurants, sont en 
araméen. En voici quelques exemples, rapidement, 
mais il faudrait réfléchir avec méthode au choix 
stratégique de leur emplacement, comme il faudrait le 



378 



faire pour les emprunts au grec et au latin 
effectivement présents dans le texte hébreu original 
(pas seulement comme termes choisis à la traduction, 
mais bien dans le texte hébreu lui-même). 
Ainsi, Marc 5,41 me livre l'expression talitha qoumi 
qui signifie « jeune fille lève-toi », ou encore Marc 
7,34 porte le mot effata, qui signifie « ouvre-toi ! », 
sans oublier le célèbre et central « Eli, Eli, lama 
sabachtani »/« mon dieu, mon dieu, pourquoi m'as tu 
abandonné ? » issu en droite ligne midrashique de 
Psaumes 22,1 - de ce psaume messianique par 
excellence ! -, ou encore les non moins célèbres 
Haqueldama (le champ du sang), Golgotha ou 
Gabbatha. 

Le recensement systématique des termes 
araméens dans le Nouveau Testament a été 
constitué. On consultera avec intérêt à ce sujet 
La Langue de Jésus : L'Araméen dans le 
Nouveau Testament du frère Bernard-Marie. 
Avant d'en venir au sens de la présence de ces quatre 
langues dans la Nouvelle Alliance de Iéshoû'a de 
manière plus déterminée, commençons par saisir la 
présence du grec et de l'hébreu selon leur proximité. 
Pour saisir un tel rapprochement de façon à la fois 
brève et vigoureuse, j'ouvre le traité Taanith du 
Talmud : « Partout où Israël a été en exil la providence 
l'a accompagné, en Grèce, comme il est dit (Zacharie 
IX, 13) : Et je soulèverai tes enfants, ô Sion, contre tes 
enfants, ô Yavan... l'Eternel au-dessus d'eux 
apparaîtra. » 

L'on appréciera ici le fait somptueux que 
SdYWN/Sion fasse calembour avec YWN/Javan, et 
même contienne ce dernier ! 



379 



Mais le rapprochement fécond, pour nous, est celui qui 
concerne nos quatre langues au complet. Le midrash 
élit quatre langues élyséennes, trois parmi les soixante- 
dix (le sod) langues des goyim, trois en plus de la 
langue sainte évidemment, ce qui nous donne dans 
l'ordre : le grec (pour la poésie), le latin (pour la 
guerre), l'araméen (pour les relations commerciales) et 
enfin la langue sainte, l'hébreu (pour la vigueur-force, 
KHt/kô(r)ha, celle du langage questionnant de la 
Sagesse, HtKMH/(r)hôchmâh). 

C'est ainsi que nous retrouvons l'élection paradisiaque 
qu'opèrent aussi les Talmuds (en écho, déjà, aux 
quatre degrés du PaRDèS, alias jardin-paradis ?) : 
araméen, grec, latin et enfin hébreu. 

Je signale ici une variante, il est vrai plus tardive 
que l'époque de l'Evangile. Celle-ci privilégie le 
perse sur l'araméen, mais n'en mentionne pas 
moins l'araméen ensuite, c'est Esther Rabbah 
4,12 : « R.Nathan de bet Gubrin dit : Il y a quatre 
langues ('arba' lashônôth) qui jouissent d'une 
valeur spéciale dans la communauté humaine : le 
grec pour le chant, le perse pour l'élégie, 
l'hébreu pour la conversion [entendez : pour le 
midrash, puisque ce dernier lui est nécessaire], le 
latin pour l'art militaire. Quelques-uns ajoutent, 
l'assyrien pour l'écriture. » Cette question des 
quatre langues comme des quatre empires a été 
en débat dans le judaïsme ; et ce, à partir de 
Daniel. Ces langues et ces empires sont quatre en 
lien au nombre de lettres du saint nom de 
YHWH, d'où le fait que ce soit le nombre de la 
« conversion » (!) midrashique des païens sous 
les ailes de la religion juive. 
Il faudrait déployer ici la question de savoir si les 
termes d'emprunt au grec et au latin sont présents dans 

380 



le texte hébreu, davantage en certains endroits qu'en 
d'autres, volontairement ou non, en lien aux sens des 
passages considérés. Posons d'abord une différence 
cruciale entre les termes d'emprunt présents par choix 
dans la langue de traduction du texte (le grec), et ceux 
effectivement présents, translittérés, dans le corps 
même du texte hébreu. Pour les premiers, la proportion 
est importante (entre un tiers et la moitié du lexique se 
retrouve ainsi en emprunts) ; tandis que pour les 
seconds, les choses sont d'un tout autre ordre, les 
termes d'emprunt effectivement présents dans l'hébreu 
étant relativement rares et comme concentrés autour 
de certains épisodes clés en lien à leur sens le plus 
intime, en tout cas d'après notre hypothèse. 
Ainsi, les récits de l'arrestation de Jésus dans un jardin, 
de la mort du Baptiste ou de la Passion (surtout la mise 
en scène si théâtrale de la dérision), fourmilleraient de 
termes d'emprunt au grec et au latin puisés dans des 
registres déterminés correspondant au sens du texte : la 
théâtralité (théâtre, danse, le roseau... registres de l'art 
et de la poésie pour lesquels le grec est élu selon le 
midrash), l'élément militaire ou administratif, etc. 

On trouve ici par exemple les termes de 
légion/LGYWN, bourreau, armée, soldat, 
prétoire, collecteur d'impôts, ou encore la lance 
perçant le flanc de Jésus, lance/LWNKY/Xxyyxn, 
calembour de celui qui la tient selon l'Evangile 
de Nicodème, Longuin/LWNGYN (?)... Là aussi 
cela correspond grosso modo à ce pourquoi le 
latin (ou le grec) est élu selon le midrash, à 
savoir l'art militaire et l'administration ; ou 
encore pour désigner l'argent en usage, les 
denarion... 



381 



Ainsi, le grec et le latin seraient associés, dans la 
langue même du Nouveau Testament, au pouvoir de 
domination sur Israël, pouvoir dont il s'agit de penser 
le renversement dans l'avènement du Royaume 
messianique ; non sans qu'un certain comble ait été 
atteint tout d'abord, que ces passages où les emprunts 
affluent sont justement chargés de représenter dans la 
trame du récit, et qui est d'autant plus un comble que 
l'Adversaire prend les couleurs de la domination 
(gréco-)romaine sur Israël (en plus d'avoir celles de 
l'opposition rabbinique intra-hébraïque). De même, 
dans les Epîtres ou l'Apocalypse (Patmos et les sept 
églises d'Asie), les termes d'emprunt seront privilégiés 
lorsqu'il s'agira de dire la conversion midrashique des 
païens. D'où encore les listes de noms grecs et latins 
des convertis affluant autour de Paul comme Thècle, 
Sylvain, Timothée, Eubule, Pudens, Lin, Claudia, etc., 
et jusqu'à Titus et Vespasien, voire même Néron dans 
les Actes de Paul. 

Ainsi, les quatre langues du PaRDèS de l'écriture 
évangélique répondent rigoureusement aux quatre 
empires ayant dominé Israël au long de son histoire 
épique telle que saisie par le midrash : le grec et le 
latin correspondent à Javan et Edom ; tandis qu'en 
amont, Babylone et la Médie sont directement liés à 
l'assyrien, c'est-à-dire aux langues aramaïques dont le 
syriaque, l'araméen et l'hébreu font partie, ce dernier 
tenant d'ailleurs ses caractères carrés de l'Assyrie 
(Aram est la Syrie en hébreu). 
Le PaRDèS évangélique des langues conclut ainsi, en 
parfaite logique, la récapitulation de l'épopée 
midrashique d'Israël, i.e. comment l'hébreu se forme 

382 



et s'affermit à travers les dominations successives sur 
Israël, du monde oriental (Perse, etc.), du monde grec 
et du monde romain, et comment il renverse cette 
domination à même l'infinité du langage en une 
affirmation paradisiaque du don de la Thora 
renouvelée, messianique ; celle-ci se déploie de deux 
manières dialectiquement reliées, d'une part en 
direction d'Israël et des nations en général, et d'autre 
part, vers l'ensemble de la diaspora méditerranéenne, 
ce qui donne leur sens unitaire aux Epîtres 
néotestamentaires comme midrash généralisé sur la fin 
de la galoûth (l'Exil), celle-ci trouvant alors à 
s'annuler dans le rassemblement spirituel qu'est la 
Jérusalem céleste. Ces deux significations du 
déploiement de cette affirmation du don de la Thora 
prennent racine dans la double entente du mot goyim, 
à la fois les nations en général (Israël compris ou non), 
et les juifs-hébreux en exil parmi les nations. 

L 'écriteau évangélique et les tables de la loi nouvelle : 
Le passage de l'Evangile où figurent les trois langues, 
à savoir grec, latin et hébreu, apparaît dans l'Evangile 
le plus fouillé des quatre, celui de Jean : 
« Jésus, portant sa croix, arriva au lieu du crâne, qui se 
nomme en hébreu Golgotha. 

Probablement GWLG(W)LTh('), la tête, le crâne, 
et l'impôt par capitation, mot issu de 
HGLGLTh/hagoulgleth, « le crâne ». Ce terme 
évoque le crâne de Jézabel associé à ses paumes 
et à ses pieds au moment de sa mort, ce crâne, 
ces paumes et ces pieds étant tout ce qui resta de 
son cadavre une fois celui-ci dévoré par les 
chiens - cf. II Rois 9,35. Ils deviendront les 



383 



stigmates du Christ par un renversement 

midrashique bienvenu. 
C'est là qu'il fut crucifié [racine ThLH/thâlah], et deux 
autres avec lui, un de chaque côté, et Jésus au milieu 
[bethôk, comme au milieu du jardin/bethôk (ha)gan se 
tient l'arbre de la science et de la vie] . Pilate 
[P(Y)LTWS où se trouve la racine PLT/pâlat, relâcher, 
sauver] écrivit sur un écriteau [grec xix?iov, hapax 
legomenon ne se retrouvant ni dans le lexique des 
Septante ni dans les termes d'emprunt de la littérature 
rabbinique et midrashique, on peut donc faire 
l'hypothèse du biblique LWHt/lô(r)ha, table, terme 
pour les tables de la Loi], qu'il plaça [racine ShYM] 
sur la croix ['L- H'Sd/'al-ha'êts], et où il était inscrit 
[verbe KThB, racine des Ecrits] : Jésus de Nazareth, 
roi des Juifs. Beaucoup de Juifs [des 
yehoûdim/YHWDYM] lurent cet écriteau [cette 
nouvelle table... double entente en pleine abondance], 
parce que le lieu où Jésus fut crucifié était près de la 
ville ['ir, de Jérusalem, centre de la Judée] : elle était 
en hébreu, en grec et en latin. Les principaux 
sacrificateurs des Juifs dirent à Pilate : N'écris pas Roi 
des Juifs. Mais écris qu'il a dit : Je suis roi des Juifs. 
Pilate répondit : Ce que j'ai écrit, je l'ai écrit 
[insistance par deux fois, comme dans « Amen, 
Amen » ou « oui, oui », sur le verbe KThB/kâthav, 
racine par excellence de l'inscription du sacré]. » (19, 
20 et autour ; je souligne.) 
Si je la rétrovertis, l'inscription dit ceci : YShW 
HNWSdRY (W)MLK (H)YHWDYM/Iéshoû'a 
hanôtsri (voû)melek hayehoûdim/ « Jésus le Nazôréen 
(et) roi des Juifs (où on lit au passage - par notarique - 

384 



qu'il est YHWH, le Tétragramme, crucifié et relevé 
dans l'Evangile, recréateur dans l'Apocalypse) », 
autrement dit des judéens-hébreux, ceux de Juda, 
différenciés de ceux de Samarie ou de Galilée (ce 
troisième terme de réconciliation selon la Sagesse). La 
formule « Jésus le Nazôréen » se retrouve dans le 
Talmud (cf. Sanhédrin 43 a ou 103a) où comme à 
l'accoutumée notre Rabbi, parce que qualifié 
d'Helléniste, se voit amputé de la dernière lettre de son 
Nom-Tétragramme en devenant un YShW/yeshoû, son 
nom banalement retranslittéré à partir du grec Inaouç. 
Ne lisant ce passage qu'à la lettre, nous resterions très 
loin de pouvoir en déceler toute la vivacité polémique, 
toute l'électricité. En le lisant en hébreu, muni du code 
adéquat, l'on s'aperçoit (ce que confirme le cycle de 
Pilate, où ce dernier est un véritable saint) que Pilate 
sauve Jésus par cette inscription, au sens où il inscrit 
que Jésus est le Roi (le titre messianique par 
excellence, laissant présager le second avènement 
glorieux du dieu vivant sur son trône) des yéhoûdim 
(donc roi à Jérusalem, comme le Messie fils de David, 
comme l'exemplaire Qohéleth), qu'il est le Nazôréen 
(celui par l'invention de qui la Thora est absolument 
conservée), et même par notarique qu'il est YHWH, le 
Tétragramme sacré, le tout inscrit sur une table qui 
n'est pas sans évoquer de nouvelles tables de la Loi 
comparables à celles de Moïse au Sinaï, ou encore à 
celles dont parle Paul, celles du cœur (= la Thora). 

On trouve une variante de cette inscription par 
Pilate dans L'Evangile de Nicodème où elle est 
d'ailleurs inscrite - dans les trois mêmes langues 
- directement sur la croix, autrement dit sur le 
bois qui est l'arbre/êts du jardin d'Eden. La 

385 



parole inscrite est un peu plus ramassée que chez 
Jean : « voici le roi des Juifs ! », soit HN MLK 
HYHWDYM/hên melek hayehoûdim dont je 
vous laisse découvrir les gématries. Si, chez 
Jean, Jésus le Nazoréen est dit Roi, cela repose 
aussi sur le riche terreau de la kabbale. En effet, 
YShW HNWSdRY a pour gR 126, tandis que 
MLK/le roi a pour gR + gC = 36+90=126, idem ! 
Ou bien, ici HN MLK HYHWDYM a pour gR + 
gC = 108+225=333, nombre à la symbolique 
explosive précédemment décrite, etc. 
Ce que dit cette inscription n'est rien d'autre que le 
pourquoi de la royauté absolue et sans concession du 
midrash chrétien. Pilate reconnaît ainsi, en témoin 
fidèle de la Révélation, que celui qui fut mis à mort 
par les Judéens était leur roi véritable. Dès lors, 
comme le crime doit être refoulé, l'ignorance 
volontaire est mise en scène, elle se mobilise pour que 
Pilate efface cette inscription puisqu'elle est trop vraie, 
mais ainsi porte la parole qui ne passe pas : ce qui est 
écrit est écrit ! 

Je reviens maintenant à la seconde expression que j'ai 
soulignée : « en hébreu et en grec et en latin (romain 
en fait) ». 

Rétroversion obvie : 'BRY + YWNY + RWMY ('ivri, 
yevani, rômi, ce sont ici les mêmes expressions que 
dans le Talmud ou le Midrash Rabbah). 
Cet « hébreu (et) grec (et) romain » a pour notarique 
initiale 'YR/'ir, la ville, terme qui désigne 
l'Assemblée, la Jérusalem terrestre, voire la Jérusalem 
nouvelle (cf. l'Apocalypse de Jean), mot qui scintille à 
quelques lettres de là pour désigner la ville ('ir) où ce 
fils incomparable a été crucifié. Ce terme très fort 
prouve que le midrash nazoréen pense, selon son 

386 



esprit, / 'unité même de ces trois langues comme ce qui 
fonde la ville (Jérusalem), la nouvelle, ouverte aux 
nations, une fois celles-ci guéries. C'est une 
confirmation de plus par rapport à leur présence déjà 
signalée dans la tripartition servant de socle au verger 
des procédés, le guinath. 

La ville, c'est avant tout sa ville, soit « Ma ville 
(du dieu) »/'YRY qui, comme le signale S. Le 
Maguer dans Portrait d'Israël en jeune fille, est 
un équivalent strict de Myriam-Marie, MRYM 
(ces deux mots ayant en effet les mêmes gR et 
gC), autrement dit de l'Assemblée d'Israël en 
chair et en mots. 
Au fond, l'écriteau évangélique où Pilate, double du 
Sauveur, inscrit le titre qui condense le mieux la vérité 
de la Révélation en trois langues, ne dirait rien d'autre 
que ceci : la ville nouvelle, l'Assemblée nazoréenne, la 
Jérusalem céleste est l'ouverture même de 
l'évangélique en langues, son émanation florale de 
soie et de feu en tant que parler en langues, les langues 
privilégiées et paradisiaques de cette Bonne Nouvelle 
n'étant autres que l'hébreu, le grec, le latin, l'araméen 
se voyant inclus dans l'hébreu entendu au sens large, 
selon ses deux faces, la triviale et l'angélique. 

La guérison définitive : 

Comme l'énonce un midrash : « Les soixante-dix 
nations sont les branches d'un arbre dont le tronc est 
Israël. » La ville, la Jérusalem nouvelle, selon la vision 
inspirée du divin Jean, est le lieu même de la guérison 
définitive, pour Israël, pour les nations. Le dernier 
chapitre du texte de l'Apocalypse johannique ne traite 
que de ce sujet. Il présente le nouveau jardin d'Eden 



387 



dont nous avons vu la justesse de l'inscription en 
caractères hébreux qui en scelle l'accès, laquelle 
condense l'observance nazoréenne de la Thora (au sens 
large) en une formule particulièrement laconique, et 
dont l'enjeu est bien la part ((r)halaq) à l'arbre de vie 
(de la guérison définitive) et à la ville la sainte où nos 
trois (ou quatre) langues du don de la Thora ne cessent 
de s'accorder dans la perfection harmonique de la 
pensée brûlante qui les concilie. Apocalypse 22 s'ouvre 
donc sur la vision d'un fleuve (NHR/nahar) d'eau de 
vie (MYM HtYYM/mayim (r)hayim) évoquant 
NHtM/nâ(r)ham par notarique initiale, autrement dit la 
racine du Meha(r)hem/Paraclet. Ce fleuve, qui - tout 
comme celui de la Science - est clair comme du cristal 
(haqara(r)h), sort du trône du dieu et de l'Agneau 
(kissê' ha'élohim + sséh). Ce cristal est celui du parvis 
du septième palais, du firmament à la beauté de saphir, 
d'émeraude, de rubis, etc., bref, constellée de tout 
l'éventail chromatique des pierreries les plus 
précieuses. Seuls ceux qui ont su descendre dans la 
Merkavah dont Jésus Messie est le relèvement 

HMRKBH a pour élévation mathématique : 
5x5+13x13+20x20+11x11+2x2+5x5 = 744 = 
YShW MShYHt/Jésus Iéshoû'a Masshia(r)h. 
De plus, HMRKBH a pour gR et gC le duetto 
56/272, soit 29/56, les gR et gC de YWM/yôm, 
le jour de gloire ! La Révélation, en Son Jour, 
accomplit la vision de la Merkavah. 
peuvent s'abreuver à cette source et goûter à loisir ce 
feu clair de la pensée sans se consumer. Au milieu de 
la place de la ville (toujours 'YR/'ir), la Jérusalem 
nouvelle (YRWShLYM HtDShH/yeroûshalahn 
(r)hâdâshâh), il y a l'arbre de vie, celui de la Genèse, 

388 



dont le retour est enfin pleinement conçu ici, et ici 
seulement. 

Or, que nous dit le texte à cet endroit (nous sommes au 
cœur de la ville telle que je l'ai interprétée juste 
avant) : cc et le feuillage de l'arbre [l'arbre de vie, 
Israël ! ] (est) pour la guérison des nations. " 
Voyons donc de quoi il en retourne pour celui qui se 
hisse à cette suprême pensée du retour, en 
commençant par la rétroversion de l'expression 
soulignée : 

W'LH H'Sd LThRWPTh HGWYM/v'elâh ha'êts 
litheroûphath hagoyim/« et le feuillage de l'arbre pour 
la guérison des nations ». On peut ici remarquer bien 
des jeux concourant à structurer et enrichir le sens de 
cette proposition conclusive. Par exemple, que la 
guérison, theroûphah/ThRWPH, est proche de 
thiphe'arah/ThP'RH, alias thiphéreth/ThP'RTh, de la 
racine YPH/yaphâh, celle de Japhet, des japhétiques, 
des Grecs, et qu'ainsi ceux qui seraient en premier lieu 
visés par cette guérison seraient les Grecs ! (et en tout 
cas les nations japhétiques, les nations 
eschatologiques, cf. Annexe suivante). 
On peut encore remarquer que « guérison 
de »/ThRWPTh a pour gC 1(0)86, le 186 de l'unité 
vivante de l'homme et du dieu, de YHWH élevé et de 
'DM/1'homme également élevé, le cœur pulsatile du 
midrash chrétien. 

A quelques versets de là, se trouve une autre fois 
ce 1(0)86 éclairant. En effet : « Et j'ouïs une 
grande voix venant du ciel, disant : Voici, 
l'habitation de Dieu est avec les hommes, et il 
habitera avec eux ; et ils seront son peuple, et 
Dieu lui-même sera avec eux, leur Dieu. » 



389 



(Apocalypse 21, 3). Or, ici « l'habitation de 
Dieu » soulignée par moi est MShKN 
YHWH/mishkan IéHoûWâH de gC 1(0)86, en 
considérant la valeur finale du noûn (=700). 
L'habitation du dieu pour la fin est aussi la 
guérison pour les nations, et c'est la conséquence 
logique de l'advenue de l'unité vivante de 
'DM/« l'homme » et du dieu/YHWH dont le 186 
est le secret. 
Ces indications suffiront à faire entendre la guérison 
définitive (la sortie d'Egypte, enfin !) que met en avant 
l'Apocalypse de Jean, couronnant ainsi les élaborations 
sublimes du midrash chrétien. Ainsi se mêlent, dans la 
rubification du sens, les conclusions de la deuxième 
étude et de la quatrième, la pensée du don de la Thora 
en d'autres langues initiée dans son déploiement 
effectif par le coup des Septante, et l'accomplissement 
nazoréen de la Thora (au sens large du TaNaK) 
transplantée sur la terre pour former le somptueux 
jardin que nous connaissons, et dont l'arbre fortifiant et 
central - à savoir Israël - est pour la guérison des 
nations. La pensée de l'ouverture maximale du don de 
la Thora aux goyim et l'ouverture maximale de la 
pensée de la continuation de la Thora à l'intérieur de 
l'hébreu coïncident en un même jardin, un même 
paradis manifeste de l'herméneutique hébraïque. C'est 
sur ce jardin qu'ouvre la Nouvelle Alliance de Jésus. 
Le Rabbi ne dit pas pour rien : " 'Amen à toi je le dis, 
aujourd'hui [HYWM ou YWM, le Jour eschatologique 
de la venue du 'ôlam haba'] tu seras [notez cet 
inaccompli alors que nous sommes déjà dans le Jour 
accompli] avec moi dans le Paradis [le gan Eden] . '' 
(Luc 23,43). 

390 



Désormais, nous savons de quel paradis (gan ou 
guinath) il s'agit, bien plus proche en son essence du 
jardin labyrinthique qu'est le Talmud que du par dès 
iranien, du nirvana ou àuparadiso catholique au sens 
de Dante, bien qu'il préfigure ce dernier par bien des 
aspects, ne serait-ce que par ceci : dans les deux cas, il 
s'agit d'un paradis de la pensée du Livre, de son 
interprétation tourbillonnaire, voluptueuse et 
opéradique. Rappelons enfin que le par dès 
évangélique des langues conclut l'épopée midrashique 
d'Israël, ce pourquoi la totalité de l'histoire de la 
domination païenne sur Israël et du renversement de 
celle-ci par emprunts successifs contribuant à forger la 
langue sainte (emprunts que la langue sainte, à son 
tour, « marque de son empreinte » comme le dit David 
Banon) est récapitulée dans cet hébreu du Nouveau 
Testament, qui n'est pas l'hébreu seul, mais comme le 
dit saint Paul de manière secrète et sous-entendue en I 
Corinthiens 1, versets 17 et 18 : « la langue de la croix 
du Messie » (lashôn 'êts hamasshia(r)h, avec notarique 
finale NSdHt/netsa(r)h, victoire, éternité). Ainsi, la 
langue des Egyptiens est-elle conservée dans l'hébreu, 
le sens de ses hiéroglyphes fondant celui des lettres 
hébraïques ; celle des Araméens pour les caractères 
droits ; celle des Babyloniens pour les procédés 
kabbalistiques, via leurs connaissances arithmétiques ; 
celle des Grecs et des Romains pour les termes 
d'emprunt qui nourrissent parfois la langue de sainteté 
d'une manière surprenante (cf. leurs situations 
stratégiques dans l'Evangile mais déjà dans le TaNaK, 
ou encore un mot apparemment banal, comme 
« androgyne », détourné du fond platonicien pour 



391 



acquérir en hébreu un sens autrement plus profond et 
différencié, voyez Le sexe des âmes de C. Mopsik) ; 
sans parler, évidemment, des diverses strates 
mythiques qui viennent alimenter le récit midrashique. 
Cette récapitulation suit bien le fil de l'histoire 
midrashique d'Israël, de l'Egypte aux guerres contre 
Edom (Rome), la langue de la croix du Messie s'en 
trouvant advenue ! 



ANNEXE 3 : 

Les Soixante-dix de Genèse 10 

Il m'a semblé nécessaire d'inclure ces quelques 
remarques à la suite de l'annexe précédente, et toujours 
pour éclairer la provenance et le devenir du don de la 
Thora en langues, tant par le coup des Septante que 
lors de la Pentecôte des Actes des apôtres. Ces notes 
seront brèves et porteront essentiellement sur la liste 
des soixante-dix nations dans le chapitre dix de la 
Genèse, de façon à mettre en relief les structures 
midrashiques du texte, ainsi que l'antiquité de la 
possibilité même du don de la Thora à Israël et aux 
nations rassemblées dans une même unité concrète, 
c'est-à-dire se différenciant dans soi-même. 

Je parle ici d'identité concrète telle que le 
passage en revue de la structure en mouvement 
de l'épître de Paul aux Romains permet de le 
montrer. En effet, la démonstration de Paul part 
de l'égalité des Grecs et des Hébreux « dans » la 
mort, dans l'abstraction et l'idolâtrie. Il part de 
l'égalité abstraite pour, renversant celle-ci à 
mesure que s'élabore son discours, amener au 
jour l'identité concrète, laquelle est la véritable 

392 



bonne nouvelle, à proprement parler 
révolutionnaire, pour nous. Le mouvement va 
ainsi de Romains 2, 9 jusqu'à la venue de la 
conclusion : « l'amour est le plérôme de la loi » 
(13, 10), soit 'HBH MLY'Th ThWRH, d'où 
sourd la notarique initiale 'MTh/'émeth : la 
vérité-fidélité (cf. étude IV, sur le 1229). 
Conséquence : la Loi renouvelée est donnée à 
tous ceux qui accèdent à l'amour, c'est-à-dire qui 
ont étudié et étudient la Loi jusqu'à la rendre 
pleine. Qu'ils soient Grecs ou Juifs ou barbares 
(où s'entend le fils BR - araméen - par deux 
fois !) n'importe plus, mais seulement qu'ils 
connaissent l'hébreu pour pouvoir « entendre » 
(Paul s'adresse aux Hébreux de la diaspora, en 
Exil parmi les nations...). Le point d'orgue de la 
féerie tourbillonnante du Cantique se retrouve ici 
en sous-main : l'amour est plus fort que la mort, 
la mort est l'égalité abstraite (le « tous égaux 
dans la mort») alors que l'amour est l'identité 
concrète. En effet, celle-ci est un « chacun à 
égalité avec son prochain dans la vie nouvelle », 
dans la mesure où il l'aime comme il s'aime lui- 
même, ou plutôt, aimant dieu en lui-même 
comme il l'aime en son prochain, il aime ce 
dernier comme il s'aime lui-même. Cette identité 
concrète est le lieu de la Nouvelle Alliance 
d'Israël et des nations. Paul, en tant qu'il est le 
Shéol renversé (l'associé de la mort, cf. le duo 
mort et Shéol tant dans le Cantique que dans 
l'Apocalypse de Jean où il est enfin envoyé au 
gouffre, comme représentant de la première mort 
devenue obsolète), en est le chantre par 
excellence. D'où l'aspect vertigineux de cette 
parole mise dans sa bouche : « Mort, où est ta 
victoire [nits(r)hakâ, commentaire d'Isaïe 25, 8 
où il est question de « la mort avalée/engloutie 



393 



pour toujours », parole forte qui annonce déjà un 
renversement eschatologique - celui qui trame 
Paul - dans la mesure où « normalement », c'est 
la mort qui engloutit en tant qu'elle est le Shéol, 
non le contraire] ? ». 
Voici d'abord une traduction du texte intégral des 32 
(22+10) versets du chapitre 10 (renouvelant les 10 
« générations » allant de la Création d'Adam à Noé, 
dix lui-même écho des 1 occurrences de « et Elohim 
dit » dans la Création des six jours, etc.) : 
« Et ce sont ici les générations des fils de Noé : Shem, 
Cham, et Japheth ; il leur naquit des fils après le 
déluge. 

Les fils de Japheth : Gomer. et Magog. et Madaï . et 
Javan, et Tubal . et Méshec . et Tiras . 

— Et les fils de Gomer : Ashkenaz . et Riphath . et 
Togarma . 

— Et les fils de Javan : Élisha . et Tarsis . Kittim, et 
Dodanim . 

— De ceux-là est venue la répartition des îles des 
nations selon leurs pays, chacune selon sa langue, 
selon leurs familles, dans leurs nations. 

Et les fils de Cham : Çush, et Mitsraïm , et Puth, et 
Canaan . 

— Et les fils de Cush : Seba, et Haviïa, et Sabta, et 
Rahma, et Sabteca . Et les fils de Rahma : Sheba et 
Dedan . 

Et Cush engendra Nimrod : lui, commença à être 
puissant sur la terre ; 

il fut un puissant chasseur devant l'Éternel ; c'est 
pourquoi on dit : Comme Nimrod, puissant chasseur 
devant l'Éternel. Et le commencement de son royaume 
fut Babel, et Érec, et Accad, et Calné, au pays de 

394 



Shinhar. De ce pays-là sortit Assur, et il bâtit Ninive, et 
Rehoboth-Ir, et Calakh, et Résen entre Ninive et 
Calakh : c'est la grande ville. 

— Et Mitsraïm engendra les Ludim . et les Anamim . et 
les Lehabim . et les Naphtukhim . et les Pathrusim . et 
les Caslukhim [d'où sortirent les Philistins], et les 
Caphtorim . 

— Et Canaan engendra Sidon . son premier-né, et 
Heth, et le Jébusien . et l'Amoréen . et le Guirgasien . et 
le Héviem et l'Arkien , et le Siniem et l'Arvadien , et le 
Tsemariem et le Hamathien . Et ensuite les familles des 
Cananéens se dispersèrent. 

Et les limites des Cananéens furent depuis Sidon, 
quand tu viens vers Guérar, jusqu'à Gaza ; quand tu 
viens vers Sodome et Gomorrhe et Adma et Tseboïm, 
jusqu'à Lésha. 

— Ce sont là les fils de Cham, selon leurs familles, 
selon leurs langues, dans leurs pays, dans leurs 
nations. Et à Shem, père de tous les fils d'Héber, [et] 
frère de Japheth, l'aîné, à lui aussi il naquit [des fils]. 

Les fils de Shem : Élam . et Assur . et Arpacshad . et 
Lud. et Aram . 

— Et les fils d'Aram : Uts, et Hul, et Guéther . et 
Mash . 

— Et Arpacshad engendra Shélakh . et Shélakh 
engendra Héber . 

Et il naquit à Héber deux fils : le nom de l'un fut 
Péleg . car en ses jours la terre fut partagée ; et le nom 
de son frère fut Joktan . 

Et Joktan engendra Almodad . et Shéleph . et 
Hatsarmaveth . et Jérakh, et Hadoram . et Uzal, et 
Dikla, et Obal . et Abimaël . et Sheba, et Ophir . et 

395 



Havila , et Jobab . Tous ceux-là étaient fils de Joktan. Et 
leur demeure était depuis Mésha, quand tu viens vers 
Sephar, montagne de l'Orient. 
— Ce sont là les fils de Shem selon leurs familles, 
selon leurs langues, dans leurs pays, selon leurs 
nations (crpu? nnïnxn onat??? nnns^a?). Ce sont là 
les familles des fils de Noé, selon leurs générations, 
dans leurs nations ; et c'est d'eux qu'est venue la 
répartition des nations sur la terre après le déluge 
(voûmê'êleh nipheredoû hagôyim bâ'ârets 'âhâr 
hamaboûl). » (Genèse 10, 1 à 32). 
Lisant les 32 versets de Genèse 10, c'est sans peine 
que s'effectue le relevé des soixante-dix noms des 
soixante-dix nations. Il y a 14 (gématrie de yâd/YD, la 
main, la puissance) fils de Japheth, 30 (gématrie de 
'LP, enseigner) pour Sham et enfin 26 comme YHWH 
pour les Sémites, les fils de Shem (de hashem pour 
certains), dont bien entendu les Hébreux et les 
Araméens. La ruse consiste à ne pas omettre Nemrod 
dans le décompte bien qu'il semble se distinguer des 
autres par le récit assez fourni de son existence, il faut 
compter méthodiquement tous les engendrés (racine 
YLD/yâlad, celle des thôldôth ou généalogies). 
D'ailleurs, le premier chapitre des Chroniques, qui 
reprend lui aussi ces généalogies des fils de Noé, ne 
comporte pas tout le développement narratif des cinq 
versets sur Nemrod, il se contente d'une indication 
elliptique. On en trouve bien alors 70 (=le sod) comme 
souligné dans le texte ci-dessus. Si l'on ajoute les trois 
fils de Noé on obtient le 73 de la Sagesse, et si on y 
adjoint encore Noé lui-même, on obtient le 74 du 
rêshith, l'en-tête, le commencement d'où procède la 

396 



répartition des nations dans lesquelles, comme Heber 
en témoigne, les Hébreux se comprennent. 

Préliminaire : 

Les trois fils, desquels proviennent les 70 nations (70 

qui est aussi 7, ce qui fait que cet engendrement de 70 

via 3 est aussi lisible comme une référence en filigrane 

aux 3 et 7 constitutifs des gR et gC de HtKMH/la 

Sagesse!) sont n&î un ûtP/ Shem, Cham, Japheth 

(gR et gC de 104/878 dont la différence est de 774 

comme la gC de 'DN, l'Eden). 

Les trois noms ont un total de sept lettres, encore une 

fois surgit l'union sapientielle du trois et du sept (l'une 

des lois kabbalistiques de l'écriture de la Thora 

nommée aussi « loi du trois et du sept »). 

Les trois noms engendrant les soixante-dix ont pour 

plérôme immédiat : 

ShYN MM HtYTh MM YWD PH ThW, de gR et gC : 

gR= 
21+10+14+13+13+8+10+22+13+13+10+6+4+17+5+2 

2+6 = 2(0)7 

gC= 

300+10+50+40+40+8+10+400+40+40+10+6+4+80+5 
+400+6 = 144(9) (j'ai suffisamment insisté sur la 
kabbale de ce 27 et de ce 144 pour ne pas y revenir... si 
ce n'est peut-être pour y ajouter quelque soupçon de 
(r)hidoûsh : le plan divin, le conseil est 'SdH/'êtsâh, 
dont la gématrie multiplicative est 16x18x5=144(0), 
ceci dit en rappelant que le 144 est le secret du rite de 
la sortie d'Egypte...). 

Le total des deux est 207+1449 = 1656, la durée du 
'ôlam (monde, durée), la somme des âges des dix 



397 



noms d'Adam à Noé, des thôldôth du monde de la 
Création au Déluge : par ces trois fils de Noé, c'est la 
remise enjeu de la durée, du monde, qui se conçoit 
midrashiquement « en Sagesse ». Je précise que ce 
nombre de la durée du monde se retrouve dans le 
commentaire de Rachi sur le premier verset du 
chapitre suivant de la Genèse, le onzième. De même, 
le Seder ôlam rabbah 

Il s'agit d'un midrash du second siècle qui 
récapitule toute l'histoire d'Israël depuis la 
Création d'Adam et Eve jusqu'à la guerre du Bar 
Kochba, notant par exemple un midrashique 52 
ans entre la destruction du Temple en 70 et la 
guérilla messianique sans pareille du messie-fils 
de l'Etoile, au mépris de la fixation de la 
substance historique dans la succession linéaire 
des dates, des historiens romains et des futures 
inquisitions archéologiques... 
commence par un « d'Adam au Déluge, mille six cent 
cinquante- six ans ». 

Commentant la formule des « paroles unes » dans 
« Désormais toute la terre ayant une seule langue 
[lèvre, bord, sapha] et des paroles unes (vayhi kâl 
hâ'ârets sâphâh 'e(r)hâth voûdévârim 
'a(r)hâdim) » (Genèse 11, 1), il énonce simplement : 
« Ils disent, " Une fois tous les 1,656 ans, le ciel 
s'ouvre comme il le fit au temps du Déluge. Allons et 
faisons-nous des moyens de défense." [les éléments de 
la tour et la tour elle-même dans son ensemble seraient 
ainsi à entendre comme moyens d'empêcher un 
nouveau déluge, d'assaillir et de boucher le ciel, Le. 
d'annuler la libre circulation communicationnelle 



398 



entre le ciel et la terre, allant ainsi à l' encontre de la 
halakha...] ». 

Ce 1656 est fondateur de la durée du monde (on se 
souviendra ici que dans l'Apocalypse de Jean, le ciel 
s'ouvre pour laisser voir le trône de dieu mais surtout 
le Temple céleste dont sortent les fléaux qui ravagent 
toute la terre, en un déluge sans précédent). 

Les nations japhétiques : 

Je remarque aussi que les nations eschatologiques sont 
essentiellement les nations japhétiques : ainsi de 
Magog (cf. Gog et Magog, d'Ezéchiel à l'Apocalypse 
et au Midrash), de Madaï (les Mèdes, cf. Daniel), 
Javan (les Grecs, cf. Daniel et les Macchabées), 
Meshak et Toubal (cf. Ezéchiel), des îles de la mer (cf. 
Isaïe), etc. Cette remarque me permet de relier cette 
annexe à la précédente, aux dix- sept nations 
auxquelles l'esprit est envoyé sous la forme du don de 
la Thora, juste après la Pentecôte. En effet, si l'on y 
trouvait les Judéens, les Mésopotamiens, les Arabes ou 
les Elamites, tous issus de Shem, ou encore les 
Egyptiens (avec la Pamphylie et la Libye ?) 
descendant de Cham, on y trouvait en majorité des 
nations japhétiques : Grecs, Mèdes, Parthes, Phrygie, 
Cappadoce, Pont, Asie, Cretois, et même les Romains 
via les Grecs (comme dans l'Apocalypse le choix se 
portera sur l'Asie). En tout cas, si les nations 
japhétiques sont en proportions moindres dans la 
Genèse (14 sur 70), elles deviennent majoritaires dans 
cette Pentecôte de la Nouvelle Alliance très centrée 
autour de la Méditerranée, en particulier en direction 
de la Grèce et de Rome (l'empire du comble du mal). 



399 



Autre rapprochement : dans les deux listes, il y a un 
terme qui n'en fait pas exactement partie, mais qui est 
mentionné comme en plus, de sorte qu'il y ait 
ouverture (comme toujours il y a à la fois clôture 
mesurée et ouverture). Dans la Genèse, ce sont les 
Philistins (PLShThYM) ; dans les Actes, c'est la 
mention fugitive de la ville de Cyrène associée à la 
Libye. 

Différence d'Héber vis-à-vis des autres nations : 
Rachi dans son commentaire remarque que Heber est 
le seul de ces personnages représentant les nations à 
être un prophète, dans la mesure où il est le seul à 
nommer l'un de ses fils par jeu de mots entre Peleg et 
le verbe diviser, racine PLG/pâlag. 

C'est un fait habituel chez les Hébreux et en 
hébreu, pas chez les païens. C'est ainsi que les 
douze enfants de Jacob sont nommés, par 
calembour, le dernier étant Benjamin pour lequel 
deux interprétations contradictoires - comme 
gauche et droite, Exil et retour ou seconde mort 
et résurrection eschatologique... - sont données. 
Ainsi les Hébreux sont-ils prédestinés comme nation 
pour développer la prophétie (au sens de la névoûâ' 
hébraïque... ce qui n'exclut nullement que les autres 
nations aient des prophètes, mais leur objet n'est pas le 
même, n'est pas le don de la Thora, mathan ou 
mathane thôrâh !) ; ainsi, d'emblée s'inscrivent-ils eux- 
mêmes comme trésor de la prophétie, de la science des 
écritures juives (la prophétie comme troisième terme 
surabondant par rapport à royauté et prêtrise, associée 
à l'écriture et à la transmission de la Thora, de son 
don). Il y a bien identité concrète, en filigrane, dès ce 

400 



chapitre de Genèse 10, entre Israël et les nations. Le 
midrash paulinien ne fait que porter à sa perfection ce 
qui est déjà là. 

Les quatre termes de l'envoi : 
Les quatre termes MShPHtThM + LShWNThM + 
'RSdThM + GWYHM/leurs familles 
(mishp(r)hôthâm), leurs langues (lshônôthâm), leurs 
terres ('artsôthâm), leurs nations (gôyêhem), scellent 
l'ensemble de ces trente-deux versets formant comme 
les trente-deux voies qui sortent de la Thora, ou les 32 
(10+22) occurrences d'Elohim dans la première 
création des six jours, ici implicitement et 
explicitement renouvelée. 
Je lis alors une rétrograde flamboyante G'LM, où 
G'L/gâ'al est la racine même de la Rédemption ! Le 
projet est clair (clair en bon hébreu, à savoir le lire) 
dès le principe : Israël et les nations engendrées 
d'après le Déluge participent d'une même Alliance, 
sans qu'aucun d'eux ne soit privilégié en cela, même si 
Israël (ici Heber, racine des Hébreux, participe des 70 
nations, de leur secret) reçoit d'abord la Thora avant 
les nations qui tout d'abord n'en veulent pas (d'après 
une tradition), l'eschatologique ayant pour mission - 
non sans nombre de mouvements et de difficultés tant 
midrashiques qu'historiques - de faire fleurir le don de 
la Loi dans leurs langues. 

On trouve cinq occurrences de G'LM dans le TaNaK, 
soit sous forme de nom, gô'alâm/leur Rédempteur, soit 
sous forme verbale, g'âlâm : en Isaïe 63,9 ; Jérémie 50, 
34 ; Psaumes 78, 35 ; Psaumes 107, 2 ; et Proverbes 
23,11. 



401 



Dans les cinq cas, le contenu s'attache à affirmer la 
Rédemption d'Israël, jamais des nations puisque le 
temps, dans le TaNaK, n'est pas encore venu, et que la 
domination des nations sur Israël, ainsi que la lourde 
prise en charge de la Loi par Israël, ont encore cours. 
Le joug n'est pas encore devenu léger, et le Messie 
n'est pas encore advenu pour libérer de la menace des 
nations en libérant du Satan qui les possède, mettant 
ainsi fin à toute affliction pour le Royaume où Israël et 
nations entrent comme dans une ville rebâtie et 
fortifiée. Je donne un exemple pour chacune des deux 
formes : 

« Dans toutes leurs détresses, il a été en détresse, et 
l'Ange de sa face les a sauvés ; dans son amour et dans 
sa miséricorde il les a rachetés (hoû g'âlâm), et il s'est 
chargé d'eux, et il les a portés tous les jours 
d'autrefois. » (Isaïe 63, 9) ; 
« Leur rédempteur (gô'alâm) est fort. Son nom est 
l'Éternel des armées ; il prendra certainement en main 
leur cause, afin de donner du repos au pays et de 
troubler les habitants de Babylone. » (Jérémie 50, 34). 
Quel est le secret de leur Rédempteur/G'LM ? Ses gR 
et gC sont de 29 et 74, gématries qui font mouche, et 
qui furent déjà soulignées pour leur importance dans la 
Nouvelle Alliance, ce sont les gR et gC de LMD 
(enseigner), YSWD (fondement), sans même rappeler 
que ce 29 est celui du « nom nouveau » et qu'ainsi leur 
Rédempteur est tout trouvé, etc. 
Cette base quatre du don aux nations sera reprise par 
les Prophètes, et dans la Nouvelle Alliance par 
l'incomparable Apocalypse, réalisant la fin inscrite à 
même le chapitre 10 de la Genèse et ses 22+10 versets. 

402 



Apocalypse 10, 11 : « Et il me fut dit : Il faut que tu 
prophétises de nouveau sur des peuples ('MYM) et des 
nations (GWYM) et des langues (LShWNWTh) et des 
rois (MLKYM) nombreux. » 

Là aussi fleurit une notarique, concluant le mouvement 
midrashique allant ainsi de la Genèse à l'Apocalypse : 
'GLM/« leur veau d'or » (celui des nations), le comble 
de l'idolâtrie. Ici, 'GLM, selon la méthode des 
gématries avec valeurs finales a pour gR = 
16+3+12+24 = 55, et gC=70+3+30+600=7(0)3, le 55 
gC de KLH, fiancée, et le 73 gC de HtKMH, la 
Sagesse, deux substituts de l'Assemblée d'Israël, 
identité spéculative des opposés à l'œuvre derrière les 
replis et coutures, au cœur des étoffes, matières et 
ornements dont se fait ce texte qui est un véritable 
manteau d'Arlequin, chose dont nous sommes 
désormais coutumiers. On notera d'ailleurs que ce 
'GLM - vu l'équivalence des deux gutturales 
« silencieuses » 'ayn et 'aleph - est l'anagramme 
exacte de la rétrograde (alias notarique inverse) 
présente en Genèse 10, de GLM/gô'lam. De la 
première à la seconde, il y a renversement et 
permutation, qui reflètent dans le langage l'ample 
accomplissement à l'œuvre dans l'Apocalypse. Voilà 
qui s'appelle savoir lire la Genèse ! 
Les nazoréens de la Nouvelle Alliance de Iéshoû'a 
sont si peu vains qu'ils ont su patienter dans l'étude 
jusqu'à ce que le vin de la loi ancienne se soit bonifié, 
ouvert et ait libéré ses arômes. Il sont si peu 
présomptueux qu'aux très riches heures des noces de 
Cana où tous les vins coulèrent jusqu'au plus spirituel, 



403 



ils ont voulu le faire partager à l'univers entier 
transfiguré dans la joie. 

« Nous ne sommes pas seulement en état 
d'errance parce que nous avons mangé de 
l'arbre de la connaissance, mais aussi 
parce que nous n'avons pas encore mangé 
de l'arbre de vie. L'état dans lequel nous 
nous trouvons est celui de l'errance 
indépendamment de l'erreur primordiale. 
Arbre de Vie - Seigneur de la vie. » (F. 
Kafka, Préparatifs de noce à la 
campagne, je souligne) 

ANNEXE 4 : 

Du relèvement eschatologique d'Adam et Eve (ou 
de la singulière lecture du récit initial de la Genèse 
par les nôtsrim de Iéshoû'a) 

Je reprends ici certains résultats établis précédemment, 
mais en leur adjoignant de nouveaux éléments, de telle 
manière qu'ils forment un ensemble cohérent, visant à 
éclairer l'art et la manière, propres à l'esprit de la 
Nouvelle Alliance, de cultiver le jardin d'Eden à 
même sa recréation ; le tout, bien entendu, avec force 
feuillages et opérations de kabbale. 

Le duo primordial : 

Adam et Eve, c'est 'DM (W)HtWH/'âdâm v(r)hawâh 
(cf. par exemple Brêshith Rabbah 5, 9, l'expression ne 
se trouvant pas explicitement dans la Genèse). S'en 
exhibe par notarique finale le mâh/MH, le quoi du 

404 



questionnement, au sujet duquel nous avons déjà parlé 
de l'inscription en lettres de feu dans HtKMH/ 
(r)hôchmah, la Sagesse lue comme « force du 
questionnement » mettant en mouvement la Création 
infinie comprise dans la trame même de ce qui s'écrit. 
Ce duo « Adam et Eve » a d'ailleurs pour gR 37, celle 
de la Sagesse. 

Mais, la formule éclairante qui représente ultra 
majoritairement le duo dans la Genèse est « Adam et 
sa femme ». Cette femme ('isha) est, et ce dès le début 
de la Genèse - lequel fut sans doute écrit en période 
hellénique dans sa version classique -, l'Assemblée 
d'Israël, la mère-ville capitale de tout vivant : 'M KL 
HtY/'êm kâl hây où se lit HtKMH, la Sagesse, à une 
lettre près. Avant d'en venir à la vérité de la formule 
« Adam et sa femme », duo pour lequel connaître et 
aimer sont un même verbe vertigineux (YD'/yâda'), 
nous allons voir d'abord comment Adam est formé, 
élevé depuis la poussière 

Cette poussière 'PR/'âphâr, proche du 
sepher/SPR, est celle de l'Exil. Ainsi, la 
poussière désigne-t-elle l'Exil dans le langage 
alchimiquement codé des Prophètes. Il y a unité 
de registre et de langue entre ces midrashim 
antiques : ainsi avons-nous vu, par exemple, que 
le mot qualifiant l'errance d'Adam dans le récit 
initial (où/'YKH, dans le « Où es-tu? » prononcé 
par YHWH) ne se retrouvait pas sans raison 
comme le Eika premier mot et titre du livre des 
« lamentations ». D'ailleurs, à celles-ci - dans ce 
temps sombre des eaux noires de TExil abyssal - 
répond l'absence de la Thora et des Prophètes ; 
c'est de ce gouffre de l'absence de Sa parole que 
découle la nécessité des Ecrits (les Kéthoûvim) 



405 



mettant en situation le retour depuis l'Exil. 
L'analogie entre la chute hors du jardin et l'Exil 
est très forte et ramifiée ; de même en est-il de 
son renversement, à savoir l'analogie entre le 
retour dans le jardin (ou sa refondation 
complète) et le retour d'Exil, avec, à la clé, la 
reconstruction du Temple, dont je n'ai pas besoin 
de rappeler qu'il a en son centre l'arche 
d'Alliance, laquelle est gardée par deux 
chérubins, par analogie avec la double garde 
assurée de l'êden initial. Les trois temps du 
TaNaK forment bien un jardin comprenant 
l'expulsion, c'est-à-dire la chute, mais aussi bien 
l'Exil, comme un moment du tout. Si le judaïsme 
est une profonde pensée qui sait séjourner auprès 
du négatif, ce n'est certes pas pour sombrer dans 
les sophismes d'un pessimisme abstrait, mais 
bien pour le renverser en étant la négation 
véritable, c'est-à-dire l'infinité de l'Esprit 
s'affirmant en vérité, in fine l'absolu manifeste à 
soi en tant qu'Esprit par Sa parole, nous l'avons 
prouvé. 

jusqu'au verger paradis de la GeNèse. 

J'ouvre et lis Genèse (2, 7 et 8) : 

« Et façonna (WYYSdR/vayitsêr) 

Ce mot est de la racine YSdR, c'est-à-dire la 
même que NSdR (à l'inaccompli), racine des 
nôtsrim : d'emblée, la formation d'Adam est lue 
comme celle du notsri en personne, de l'homme 
« nouveau » ayant quitté la poussière pour le 
paradis. Le midrash déduit aussi des deux yôd de 
la construction du verbe/yâtsar/YSdR à cet 
endroit (fait unique dans tout le TaNaK, de 
nombreuses fois cité et commenté dans la 
littérature midrashique) que sont présents dès le 
principe les deux penchants auxquels l'homme a 
affaire, le yetser hatôv (adéquation à la Sagesse, 

406 



bien éthique et bon goût) et le yetser hara' (son 
exact contraire : absence de Sagesse, perversion 
éthique substantielle, mauvais goût). 
l'Eternel Dieu (YHWH 'LHYM/IéHoûWâH 'elohim) 
l'homme-Adam ('Th H'DM/'êth hâ'âdâm) de la 
poussière du sol ('PR MN-H'DMH/'âphâr min- 
hâ'adâmâh) 

Je signale les calembours entre 'élohim/'LHYM, 
ha'âdâm/H'DM et ha'adâmâh/H'DMH, le dieu, 
l'homme, et la glèbe, dont est tiré le second, qui 
sera élevé vers le premier pour être enfin forgé à 
sa noble image, 
et fit passer dans ses narines (WYPHt 
B'PYW/vayipa(r)h be'apa) un souffle de vie-revie 
(NShMTh HtYYM/nishemath (r)hayim) et devint-fut- 
est-sera Adam (WYHY H'DM/ vayehi hâ'âdâm) un 
être vivant. 

L'expression ici est lue « une âme de 
ressuscité »/LNPSh HtYH/lenephesh (r)hayâh, 
l'âme, le souffle et la racine HtYH/(r)hâyâh, 
celle qui pour les nazoréens est la racine du nom 
nouveau/YHtWH/ié(r)hoûwah et de la seconde 
éternelle résurrection. D'où - notamment ! - 
l'Adam nouveau identifié au Ressuscité. 
Et planta-disposa le seigneur Dieu (WYT' YHWH 
'LHYM/vayita' iéhoûwah 'elohim) un jardin en-par 
Eden (GN B'DN/gan b'êden) vers-de par l'Orient 
(MQDM/miqedem) 

Ce QDM/qedem est lu aussi comme 
rêshith/principe, commencement, vu son autre 
sens d'« origine », cf. plus haut la troisième 
étude. Cela fait que le gan 'éden est lu au 
principe de tout et donc aussi à la fin de tout, la 
fin des temps. Voici un nouveau terme 
participant du réseau serré des calembours 



407 



d'Adam/'DM, beaucoup/M'D, le quoi mâh/MH, 
le sang dâm/DM, le verbe ressembler/DMH, la 
glèbe/'DMH, la mesure midâh/MDH, etc. 
et il plaça là (WYShM ShM/vayassem shâm) 
l'homme- Adam ('Th H'DM/'êth hâ'âdâm) qu'il y avait 
façonné ('ShR YSdR/'asher yâtsâr). » 
Le commencement et la fin de ces versets de la 
formation (yetsirah) de l'homme (Adam) au septième 
Jour sont les mêmes : nous retrouvons le verbe 
YSdR/yâtsar, racine proche de celle des nazoréens, 
ceux du maître de Justice (morêh tsédeq), du Jean 
mandéen, du Jésus-Iéshoû'a des Evangiles. 

D'ailleurs, si l'on retient comme les trois 
tendances nazoréennes essentielles ces trois-là, 
on peut alors remarquer que la première est 
sadducéenne, la seconde étant pharisienne 
relativement à la troisième enfin seulement 
parfaitement nazoréenne, ce qui se soutiendrait 
d'autant mieux que les nazoréens de Jean et de 
Jésus seraient d'abord issus des pharisiens. Nous 
constaterions ainsi que ces trois courants 
profonds seraient comme la reprise synthétique 
des trois temps sadducéens/pharisiens/nazoréens 
à l'intérieur du mouvement nazoréen. 

Au centre de cette élévation de l'homme qui se lit 
(comme elle a été écrite, après l'Exil à Babylone) 
comme fin de tout exil par élévation depuis la 
poussière du sol jusqu'au verger paradis, se trouve en 
situation le souffle de vie qui sera lu comme don de la 
seconde éternelle résurrection. 

On le retrouve lors de la résurrection des deux 
témoins dans l'Apocalypse de Jean, en 
Apocalypse 11,11, au cœur de cette Méguillâh : 
« Mais après trois jours et demi, un souffle de 
vie (NShMTh HtYYM, nishemath (r)hayim), 

408 



venu de Dieu, entra en eux et ils se dressèrent 
[depuis la poussière jusqu'au paradis ?]. » 
Ce souffle de vie, NShMTh HtYYM/nishemath 
(r)hayim, contient MNHtM/Mena(r)hem, le Paraclet, 
la réconciliation, de la racine NHtM/nâ(r)ham, 
pardonner, réconcilier, consoler. Cette racine est 
présente par notarique au moment où le dieu cherche 
sa créature supposée fautive, égarée. 

« Et ils entendirent la voix de YHWH Elohim 
qui marchait dans le jardin au souffle du jour 
[BGN LRWHt HYWM, baguân leréoû(r)ha 
hayoûvôm d'où jaillit NHtM/nâ(r)ham, consoler, 
par notarique finale]. Et l'homme et sa femme se 
cachèrent de devant YHWH Elohim, au milieu 
des arbres du jardin. » (Genèse 3, 8). 
Mentionnons une autre notarique discrète, au 
terme de ce récit d' en-tête, dans son ultime 
verset : « il chassa l'homme, et plaça à l'orient du 
jardin d'Éden les chérubins et la lame de l'épée 
qui tournait çà et là, pour garder le chemin de 
l'arbre de vie. » (Genèse 3,24). Ce qui doit être 
ici gardé-conservé, c'est « le chemin de l'arbre 
de vie », soit 'Th-DRK 'Sd HHtYYM/'eth derek 
'êts ha(r)hayim, expression qui a en effet pour 
notarique initiale 'D'H/« je saurais, je 
connaîtrais » (on le trouve par exemple en Job 
23, 5 «Je saurais les paroles qu'il m'adresse», 
où l'enjeu pour Job le juste est de savoir la 
science des paroles du dieu vivant...). Au 
moment de l'apparente clôture du récit, c'est 
depuis le secret que vient s'ouvrir le rappel de la 
racine de la science du bien et du mal liée 
apparemment à l'expulsion... manière de faire 
entendre que la connaissance permet de revenir 
au jardin et d'y être constamment ? Eh oui, les 
gnostiques n'insistent pas tant sur cette notion - 



409 



comme tout juif-hébreu aimant le texte ! - sans 
que cela ne relève d'une nécessité supérieure. 
Ce « souffle de vie » fait calembour avec 
ThHtYH/the(r)hiyah, la seconde résurrection. 
Autrement dit, la formation de l'homme- Adam dans la 
Genèse est lue comme élévation à celle-là, comme la 
fin de tout exil, de toute errance au niveau de la 
poussière du sol. 

La gR de ce souffle de vie/NShMTh 
HtYYM/nishemath (r)hayim, est de 1 1 1 comme 
l'Aleph/'LP, l'Aleph tête et résumé de toutes les 
lettres, de leur Science, l'Aleph somptueux et sa 
mystique de feu qui nous est un trésor de vie et de 
reconnaissance. 

Preuve: 14+21+13+22+8+10+10+13 = 111 = 
1+30+70 = 'LP, l'Aleph. 
C'est du don de la science de l'Aleph, de l'alphabet, 
de la Sagesse de la langue sacrée dont il est d'emblée 
question derrière le don de ce souffle de vie à Adam. 

Je rappelle que le 111 de l'Aleph est déjà présent 
comme gR des finales du premier verset de la 
Création (Th'MThMThSd). Mais les initiales de 
ce même premier verset n'auraient aucune raison 
de se sentir honteuses si elles devaient leur être 
comparées. En effet, elles sont dans l'ordre 
BB"HWH (pour BR'ShYTh BR' 'LHYM 'Th 
HShMYM W'Th H'RSd) dont la gématrie est de 
vingt-deux comme le nombre de lettres de 
l'alphabet. Il est impérieusement conseillé de les 
lire à l'envers et avec permutation par le souffle 
pour les révéler. Cela donne HWH (participe 
présent de la racine de l'Existant YHWH) + 'B 
redoublé (le père et l'alphabet, le père que 
redouble l'alphabet, redoublement par lequel il 



410 



opère la Création de toute éternité et 

constamment). 
L'émerveillement qu'est cette lecture embrassante et 
profonde qu'opèrent les Evangiles dessille les yeux sur 
l'absolue splendeur de ce don. 
Ainsi, la kabbale confirmant et redoublant l'effet, 
permet d'approfondir : 

le souffle dont est animé l'Adam nouveau lors de sa 
formation dans la paume du dieu, lui qui est tout le 
contraire d'un atome qui rampe, est ainsi su comme 
celui de la seconde résurrection, comme science 
hébraïque de l'Aleph, du Livre. C'est ainsi que le 
moment de la formation d'Adam dans le récit de la 
GeNèse est lu comme son renouveau intégral. Voici 
« l'homme nouveau » (!)/H'DM HtDSh/hâ'âdâm 
(r)hôdêsh, le Nazoréen de Jésus qui contient la racine 
MShHt/mâsha(r)h, oindre, celle du Messie/MShYHt. 
Il possède le savoir de la résurrection, de cette 
élévation du sens des mots métalliques de la langue 
sacrée, il est paré pour le jour grand et redoutable déjà 
annoncé par le prophète Joël, le jour de YHWH où le 
vin, le lait et le miel coulent sur les collines sanctifiées 
de la terre ('érets) recréée. Il est en outre question dans 
ce verset de l'homme formé « en tant qu'une âme 
vivante »/H'DM LNPSh HtYH, hâ'âdâm lenephesh 
(r)hâyah. 

En quel sens devient-il une âme vivante ? 
C'est la gC de cette âme (!) vivante (!) qui va nous 
éclairer sur sa vie : 

NPSh HtYH = 50+80+300+8+10+5 = 453 = 
GNTh/guinath, le « verger de », qui est aussi le 93 de 
la Révélation, ou encore le 453 gC de yôm hashevi'i, 



411 



le septième jour couronnant la parfaite création en six 
jours. Qu'Adam soit une « âme vivante » signifie bien 
qu'il est élevé depuis la poussière de l'Exil jusqu'au 
divin verger du septième jour, ce shabbath, et que c'est 
par cette ascension qu'il est sauvé, renouvelé, libre. 
C'est une lecture pleine qu'opèrent les nazoréens de 
Jésus, une clé que les rédacteurs du récit en question, 
eux, ne pouvaient pas encore connaître au sens où les 
nazoréens la forgent à partir des riches matières de leur 
savoir ultime. 

Preuve pour le lien entre le septième jour et « le 
verger de » : YWM HShBYY a pour gC= 
10+6+40+5+300+2+10+70+10 = 453 = GNTh, 
le guinath ! 
Mais je poursuis cette lecture : l'homme- Adam est tiré 
de la glèbe, de la terre, de la poussière du sol : 
ha'âdâm 'âphâr min ha'adâmâh/H'DM 'PR MN- 
H'DMH. 

Cette expression comporte pour notariques, 
respectivement initiale et finale, H'M/ha'âm, le 
peuple, et MRH, mârôh, s'opiniâtrer, désobéir. Cela 
évoquerait la révolte religieuse secouant et conduisant 
régulièrement le peuple au fil de la Thora. C'est un 
écho de l'expulsion du gan 'êden et l'envers de la 
situation présente, de l'élévation véritable de l'homme 
de sorte à ne pas être cette poussière illusoire 
violemment happée par le passage du temps, mais bien 
plutôt l'infrangible liberté paradisiaque infiniment 
résolue à goûter éternellement de sa manne dès cette 
vie. 

Cet homme (tiré) de la poussière de la terre est : 
(H)'DM 'PR MN-H'DMH. 



412 



Il a pour gR 126=B'DN (gC), dans l'Eden, son destin 
est inscrit ! Il a pour gC 540 qui est le 54 de 
BRYTh/bérith, l'Alliance, ou des dévârim/DBRYM. 

Preuves : 

gR=l+4+13+16+17+20+13+14+5+l+4+13+5= 
126; 

gC= 1 +4+40+70+80+200+40+50+5+1 +4+40+5= 
540. 
La somme des gR et gC de cet « Adam poussière du 
sol » (qui en est extrait tel un diamant des mines du 
midrash) est de 666. Ce même procédé de somme des 
gR et gC donne un résultat similaire avec un autre 
terme pour le moins essentiel : bérith/BRYTh, 
l'Alliance ! 

Preuve : BRYTh, bérith (l'Alliance), a pour gR= 
54 et gC= 612 dont la somme n'est autre que 666 
tandis que « Adam poussière du sol » a pour gR 
+ gC = 126+540 = 666 : le même ! Ici prennent 
place de nouvelles notations quant à ce nombre 
que l'Apocalypse n'appelle pas pour rien 
« nombre de la bête » et « nombre d'homme ». 
Ce dernier peut et doit aussi se lire comme récit 
d'Adam/mispar (ha)'âdâm... récit de sa genèse 
dont nous constatons ici tout l'à-propos et dont 
nous goûtons toute la véracité. Comme nous 
avons déjà dévoilé l'essentiel concernant ce 666 
en tant que condensé de la science qu'est 
l'Apocalypse, en tant que principe permettant 
d'estimer et de connaître les moindres plis et 
coutures des vêtements dont ses rédacteurs l'ont 
revêtus, je ne ferai ici qu'ajouter quelques 
remarques de circonstance. 
Je lis, en Apocalypse 3, 12 : « Celui qui vaincra, 
je le ferai une colonne dans le temple de mon 
Dieu, et il ne sortira plus jamais dehors ; et 
j'écrirai sur lui le nom de mon Dieu, et le nom de 

413 



la cité de mon Dieu, de la nouvelle Jérusalem 
qui descend du ciel d'auprès de mon Dieu, et 
mon nouveau nom. » 

Un coup de rétroversion réussie et voici délivrée 
la partie soulignée : 

ShM 'YR 'LHY (W)YRWShLYM (HHtDShH). 
Or, qu'y lit-on par notarique finale ? Eh oui, 
Myriam-Marie, la ville, l'Assemblée ! 666 est ici 
la gC de la formule « le nom de la ville de mon 
dieu»/ShM 'YR 'LHY/shem 'ir 'elôhê 
(3 00+40+70+ 1 0+200+ 1 +3 0+5+ 1 0=666). Ainsi, 
par le biais du 666, les nazoréens de Jésus lisent- 
ils le relèvement de l'Adam de la première 
création jusqu'en sa métamorphose séraphique 
au cœur de la Jérusalem céleste. 
Pour saluer la beauté de la Rose éternelle, je me 
permets d'ajouter encore que la Rose, 
HShWShNH/hashôshanâh - celle du Cantique, 
d'Osée, du début du Zohar - où elle a treize 
pétales et se tient assise sur cinq d'entre eux - 
dont je vous laisse deviner la signification -, 
cette sublime allégorie de la ville sainte, de 
l'Assemblée d'Israël, a pour gC 666 ! Et s'il est 
question de son jeu avec l'Alliance au début du 
Zohar, celle-ci conservant en elle la lumière qui 
féconde celle-là dans la mesure où elle conserve 
celle-ci, ce n'est sans doute pas sans que les 
auteurs de cette sublime mise en bouche n'aient 
su à l'évidence que l'Alliance et la Rose se 
trouvent reliées par cette gématrie « diabolique » 
du glorieux 666. C'est sans malignité aucune que 
je trouve plaisir à citer ici une partie de 
l'interprétation de ce nombre symbolique que 
donne le comique malgré lui Irénée, car, comme 
vous allez le voir, il prend l'affaire très au 
sérieux, avec esprit de sérieux aurait dit 
Nietzsche : « C'est donc à juste titre (sic !) que 



414 



le nom de la bête aura le chiffre six cent 
soixante-six, récapitulant en lui tout le mélange 
de mal qui se déchaîna avant le déluge par suite 
de l'apostasie des anges — car Noé avait six 
cents ans, lorsque le déluge survint sur la terre et 
anéantit les êtres vivants de la terre à cause de la 
génération perverse du temps de Noé — , 
récapitulant aussi toute l'erreur idolâtrique 
postérieure au déluge et le meurtre des prophètes 
et le supplice du feu infligé aux justes — car la 
statue dressée par Nabuchodonosor avait 
soixante coudées de hauteur et six coudées de 
largeur, et c'est pour avoir refusé de l'adorer 
qu'Ananias, Azarias et Misaël furent jetés dans la 
fournaise de feu, prophétisant par cela même qui 
leur arrivait l'épreuve du feu que subiront les 
justes à la fin des temps : toute cette statue a été, 
en effet, une préfiguration de l'avènement de 
celui qui prétendra se faire adorer lui seul par 
tous les hommes sans exception. Ainsi donc, les 
six cents ans de Noé, au temps de qui le déluge 
eut lieu à cause de l'apostasie, et le nombre des 
coudées de la statue, à cause de laquelle les 
justes furent jetés dans la fournaise de feu, 
signifient le chiffre du nom de cet homme en 
lequel sera récapitulée toute l'apostasie, 
l'injustice, l'iniquité, la fausse prophétie et la 
tromperie de six mille ans, à cause de quoi 
surviendra le déluge de feu. » Ce n'est pas sans 
intérêt, si l'on en prend de facto l'exact contre- 
pied. En effet, cette interprétation porte à son 
comble la « mauvaise » lecture (parce 
qu'unilatérale là où il s'agit de laisser voler en 
éclats toute unilatéralité) du 666, immédiate et 
visible, celle qui s'acharne à vouloir que ce 
nombre à la régularité rigoureuse soit le funeste 
symbole de ce qu'il y a de plus mauvais. 



415 



Désormais nous pouvons en rire de tout notre 
corps, car nous savons à quel point la 
symbolique de ce nombre est à elle-même son 
propre renversement dialectique, inaperçu de 
tant de siècles de commentaires s' enracinant 
dans les dires du pauvre Irénée, hérésiologue a la 
sainteté non moins volatile que celle d'un 
Augustin. 
Là où l'Adam pourrait être lu uniquement comme 
déchu, c'est l'Adam non imparfait, non déchu, dont le 
secret ne nous est plus inconnu, qui se manifeste enfin. 
Ainsi, nous ne cessons pas de le constater : l'écriture 
même de l'en-tête de la Genèse est de part en part 
midrashique, tout comme la lecture qui l'accomplit, la 
renouvelle et la porte à un degré supérieur dans 
l'intensité et l'offensive, celle qu'opèrent les nôtsrim 
de Jésus, ces « rabbins non canoniques » de 
l'apocalyptique recréation. 

Nous pouvons enfin reprendre l'ensemble des deux 
versets de l'élévation d'Adam depuis la poussière du 
sol jusqu'au verger-paradis, son mouvement 
d'Ascension dégagé selon le yetser hatov, la pleine 
adéquation à la Sagesse. En effet, les versets sept et 
huit de Genèse 2 se récapitulent ainsi : WYYSdR 
YHWH 'LHYM 'Th H'DM 'PR MN-H'DMH 
WYPHt B'PYW NShMTh HtYYM WYHY H'DM 
LNPSh HtYH/vayitsêr iéhoûwâh 'elohim 'êth hâ'âdâm 
'âphâr min-hâ'adâmâh vayipa(r)h be'apa nishemath 
(r)hayim vayehi hâ'âdâm lenephesh (r)hâyah 
WYT' YHWH 'LHYM GN B'DN MQDM WYShM 
ShM 'Th H'DM 'ShR YSdR/vayita' iéhoûwâh 'elohim 



416 



gan b'êden miqedem vayassem shâm 'êth hâ'âdâm 
'asher yâtsâr. 
La gR en est : 

6+10+10+18+20+10+5+6+5+1+12+5+10+13+1+22+5 
+1+4+13+16+17+20+13+14+5+1 
+4+13+5+6+10+17+8+2+1+17+10+6+14+21+13+22 
+8+10+10+13+6+10+5+10+5+1+4 
+13+12+14+17+21+8+10+5+6+10+9+16+10+5+6+5 
+1+12+5+10+13+3+14+2+16+4+14 
+13+19+4+13+6+10+21+13+21+13+1+22+5+1+4+13 
+1+21+20+10+18+20 = 1044. 

La gR du texte exprimant cette élévation d'Adam/'DM 
est donc de 1044, ce qui a priori doit vous rappeler 
quelque chose. Dans le récit initial, c'est le nombre 
occulte de la voie, le résultat en gC du plérôme de 
DRK/derek, « chemin, coutume, ordinaire », 
synonyme antique de la halakha (la voie de l'arbre de 
vie est halakha des vivants-ressuscités). En effet, celui- 
ci dispose ses huit lettres comme ceci : DLTh RYSh 
KP, de gC=4+30+400+200+10+300+20+80 = 1044. 
C'est la plénitude de la voie vers l'arbre de vie, celle 
qui donne son sens élégant et global à ce récit 
principiel. L'élévation de l'homme au gan 'êden 
s'accorde à ravir avec le plein déploiement de cette 
diritta via. 

Dans cette narration masquée de l' en-tête de la Thora, 
ce 1044 est aussi le 144 gC de QDM/qedem, orient, 
éternité, paradis. Le 'ôlam, le monde entendu comme 
le monde caché dans le rêshith radical de brêshith que 
seul le Messie dévoile, 'ôlam qui en ce sens est 
synonyme de QDM, a pour développement par 



417 



procédé de riboû'a : H+H'+H'W+H'WL+H'WLM, de 
gR = 5x5+16x4+6x3+12x2+13x1 = 144. 
Quant à d'autres sens, majeurs, de ce 1044 en lien au 
144 de « grâce pour grâce »/HtSD deux fois, je 
renvoie à la deuxième étude Le coup des Septante où 
la puissance symbolique imparable du réseau 
gématrique de ce nombre obombré sous les ailes du 
dieu se voit introduite dans ses grandes lignes. C'est la 
mesure de toute chose nouvelle, celle qu'est l'Adam 
nouvellement élevé au verger du divin. C'est aussi la 
gR des deux versets essentiels du franchissement des 
eaux de la mer Rouge opéré par Moïse dans le livre de 
l'Exode grâce à son sceptre (ou, pour les auteurs de la 
Lettre d'Aristée, celle des trois talents d'argent donnés 
à chaque traducteur des Septante en lien au don de la 
Thora). 

Je me permets toutefois de mettre les points sur les i et 
les barres sur les t en ajoutant un exemple irréfragable 
éclairant ce réseau du 144, Matthieu 4, 23 : « Et Jésus 
allait par toute la Galilée, enseignant dans leurs 
synagogues, et prêchant l'évangile du royaume, et 
guérissant toute sorte de maladies et toute sorte de 
langueurs parmi le peuple. » (Je souligne.) Eh bien, 
l'Evangile du Royaume, qui n'est sans doute pas un 
sublime texte gnostique du type de L 'Evangile de 
vérité, se rétrovertit en BShWRTh MLKWTh dont la 
gC est de 2+300+6+200+400+496 = 14(0)4, le 144 
clé! 

Prêcher (sic !) est en fait l'hébreu QR', lire, proclamer, 
racine de la qriyâ' (lecture du TaNaK, lui-même appelé 
aussi Miqra', de même racine), sens qui est donc 
éloigné le plus possible de la pauvreté souvent sans 

418 



esprit - tous les « protestants » ne sont pas l'héroïque 
Herman Melville ! - des prêches protestants de 
routine. Par jeu de mots, dans la formule WQR(W)' 
('Th) BShWRTh MLKWTh se laisse lire, à un yôd 
près, le mot brêshith/BR' ShYTh : l'évangile du 
Royaume annoncé est le Royaume évangélique de la 
fin des temps, d'une nouvelle création à l'aune de cette 
mesure de toute chose nouvelle que symbolise le 
réseau du 144 (en plus de la rituelle sortie d'Egypte 
définitive !). C'est cette chose même que réalise en 
grand et triomphalement l'Apocalypse de Jean. Parlant 
de celle-ci, je peux encore mentionner une formule qui 
y brille, inaperçue : c'est le « pour les siècles des 
siècles », tant et tant de fois répété dans les liturgies 
chrétiennes, alors que sa lumière primitive continue 
d'en être ignorée, occultée, dédaignée. Elle serait en 
fait L' WLMY H' WLMYM de gR 144 où il en va des 
cycles liturgiques et calendaires, des 'ôlamim 
hébraïques, lesquels n'ont rien à voir avec les siècles 
« chrétiens », que ceux-ci en soient ou non 
épouvantés. Enfin, comme complément, j'indique que 
ce 1044 s'interprète comme deux fois 522, nombre qui 
n'est autre que la gC de MLKWTh 
YHWH/malkoûth IéHoûWâH, le royaume du dieu. 
1044 a ainsi le sens, que je n'invente pas, de venue du 
« royaume de dieu », de façon redoublée, selon cette 
durée-ci et selon celle-là, 'ôlam haba' et 'ôlam hazé, la 
dualité métaphysique fondamentale de la pensée des 
Hébreux, des pharisiens comme des nazoréens. 
C'est ainsi que tournoie et resplendit leur génie 
kabbalistique, roue libre de lettres mystiques inscrites 
au cœur, loi du cœur brûlant du feu de la Loi. Heureux 



419 



sommes-nous d'en avoir retrouvé ces clés, conservées 
intactes dans le secret à travers le phénomène des 
siècles. 

Comme exemple de cette perte de certaines des 
clés, citons le fait que des rabbins se soient mis - 
ô aberration si explicable ! - à vouloir calculer la 
date précise de la fin du monde, faisant par là de 
la puissante pensée prophétique un piètre calcul 
flirtant avec l'historicisme et l'arbitraire pur et 
simple. Cela ne serait probablement jamais venu 
à l'idée des anciens membres de yeshivoth, du 
temps où les clés de la « Bible » étaient bien 
présentes parmi les Hébreux, et où ils se 
querellaient dans la joie (parfois aussi dans 
l'amertume) pour savoir lesquelles seraient les 
plus efficaces pour ouvrir le texte à sa propre 
profondeur. Mais il nous faudrait immédiatement 
nuancer en introduisant la différence entre, d'une 
part, le fait de calculer arbitrairement une date de 
fin du monde en prévoyant d'y être - c'est-à-dire 
d'introduire notre volonté subjective finie dans 
cette opération -, et, d'autre part, le fait de voir 
les écritures s'accomplir dans la réalité non pas 
de façon fantasmatique, mais parce que toutes 
les circonstances « historiques » et midrashiques 
convergent dans un même avènement substantiel 
du règne messianique. Cette distinction est à 
réfléchir avec la différence entre but fini et 
finalité infinie. C'est seulement dans la seconde 
que le dieu lui-même, ou plutôt l'Esprit, amène 
la fin, soit non pas l'opinion de tel ou tel rabbin, 
mais le Rabbi à la manière dont le lit 
l'Apocalypse, par notarique de R'ShYTh 
BRY'Th YHWH/principe de la Création du dieu. 
Lui qui amène la fin renouvelle tout dans celle- 
ci, et renouvelant tout en elle dans soi, il la 
délivre et l'accomplit éternellement tout en se 

420 



libérant lui-même. Cela ne saurait évidemment 
s'être produit en hébreu qu'une seule et unique 
fois, avec le midrash chrétien. De même que 
l'accomplissement des écritures que trouve et 
affirme celui-ci est véritablement infini, de 
même la finalité qui le meut. 
Nous avions vu comment Adam, par calembour, est 
issu de la poussière du sol (il est même compris dans 
ce sol, comme 'DM dans 'DMH), voyons désormais à 
quoi il est élevé et comment est lue cette élévation qui, 
dans la Nouvelle Alliance où chaque renouvellement 
des lectures traditionnelles vient à son tour, comprend 
toute errance et toute chute selon le souffle de 
rémission de l'Agneau vivant de la Résurrection : 
« Et planta le seigneur dieu un jardin en Eden » (Gen. 
2, 8) ; 

L'Eden par son sens de délices, de volupté, est 
l'autre extrême de 'PR/'âphâr, la poussière, la 
poudre, qui est aussi la cendre 'PR/'êpher, celle 
que mange le serpent NHtSh/na(r)hass (qui 
signifie aussi devin, voire magicien, cf. Simon le 
Mage comme une actualisation du Serpent, de 
l'Adversaire - dans l'Evangile deux des disciples 
sont traités de Satan, ce sont Judas et Pierre... 
par référence au fait que dans la vente de Joseph 
par ses frères en Genèse les deux qui y sont le 
plus mêlés sont Simon et Juda !) en Genèse 3, 
celle dont parle Job lorsqu'il stigmatise le 
mauvais rapport au langage comme « proverbes 
de cendre » (MShLY 'PR/mishlêy 'êpher, cf. Job 
13,12)! 

soit : 

WYT' YHWH 'LHYM GN B'DN/vayita' iéhoûwah 

'elohim gan b'êden. 

Cette formule a pour gC : 



421 



6+10+9+70+26+86+3+50+2+70+4+50 = 386 = 
YShWVJésus Iéshoû'a, lâshôn/LShWN, la langue 
(sacrée) ou le langage. Ainsi, l'homme- Adam en étant 
élevé depuis la poussière jusqu'au verger est-il bien lu 
comme un équivalent de Jésus, il conquiert le droit de 
le revêtir, devenant l'Adam nouveau couronnant le 
midrash paulinien. 

Voir par exemple ce verset : « ayant aboli [racine 
BTL] dans sa chair l'inimitié [en fait HtT', le 
« péché » ou plutôt le manquement aux 
commandements, notion typiquement hébraïque, 
sans le moindre commencement de rapport avec 
le « péché » tel qu'il grève le discourir 
diversement opportuniste des églises dites 
«chrétiennes»!], la loi des commandements 
[qui consiste] en ordonnances [en abolissant la 
cause des mitsvôth, il abolit la nécessité de 
celles-ci pour les ramener à un commandement 
unique, celui de l'amour, cette loi légère], afin 
qu'il créât les deux en lui-même pour être un seul 
homme nouveau, en faisant la paix [ShLWM, de 
même gR que le Messie]. Et il réconcilie les uns 
et les autres en un seul corps avec Dieu, par la 
croix (B'Sd) ayant tué la haine en elle. » 
(Éphésiens 2, 15). Il y aurait ici un midrash sur 
le thème de l'Adam « mâle et femelle il les 
créa », les deux faisant un (voir aussi ce thème 
des deux faisant un, via les ressemblances, dans 
la vision de la Merkavah) et sur l'union d'Adam 
et sa femme lue comme celle de l'humain et du 
divin, les deux unions selon les deux créations de 
l'homme inspirant la tradition de la dévékoûth 
(union de l'Assemblée avec dieu). Dans notre 
récit d' en-tête, Elohim, pluriel comme ce qu'il 
engendre, est lui aussi mâle et femelle, comme 
l'indique le redoublement au verset 1, 26 où il 

422 



dit créer Adam « à notre image et à notre 
ressemblance ». Par conséquent, nous pouvons 
légitimement entendre dans le « Et Dieu créa 
l'homme à son image ; il le créa à l'image de 
Dieu ; il les créa mâle et femelle. » de Genèse 1, 
27 (son image+l'image de dieu+mâle+femelle, 
quatre vocables, deux redoublements 
volontaires) une mise en quatre dans l'Unité 
entre l'homme et le dieu. L'Adam nouveau, un 
pour quatre et quatre pour un, est Un en tant 
qu'homme nouveau, deux en tant que mâle et 
femelle (ou en tant qu'homme allié à la chair de 
sa chair), et quatre en tant qu'homme, Dieu, mâle 
et femelle. Il y a pire, car cet Adam n'est pas 
seulement celui de l'Œuvre de la Création 
renouvelée, mais aussi, thème que nous avons 
aperçu et éclairé plus haut, l'Adam du Char, 
l'Adam fait Char. Ecoutons à nouveau Paul nous 
le distinguer de l'Adam ancien (BLH, vieux, usé, 
caduc) ou premier (rishôn) par référence au 
souffle de la (r)hayâh qui anime la Merkavah 
d'Ezéchiel : « C'est ainsi aussi qu'il est écrit : " 
Le premier Adam (l'Adam harishôn) devint une 
âme vivante " (nephesh (r)hayim), le dernier 
Adam [l'eschatologique/'HtRWN, cf. plus haut], 
un esprit vivifiant. » (1 Corinthiens 15, 45), le 
premier se réfère au passage de la Genèse dont 
nous avons partiellement lu l'actualisation et le 
couronnement, le second à la réoû(r)ha (r)hayâh 
qui anime les quatre (+une) roues du Char 
d'Ezéchiel comme nous l'avons déjà vu. L'Adam 
nouveau renouvelle l'ancien, celui qui obéit aux 
mitsvôth, il est celui d'une nouvelle création par 
lecture renouvelante de l'ancienne (là, déroulée 
sous vos yeux...), l'Adam qui accomplit les 
mitsvôth par-delà elles-mêmes dans le 
commandement résumant tout, et celui du Char, 



423 



fort comme quatre, animé par l'esprit de la 
(r)hayâh, planant sur les eaux du temps comme 
le souffle du Messie vole, ardent et souverain, 
sur les eaux de la Thora. Il y a encore une autre 
façon de voir que l'homme primordial « fait 
quatre » : il est mâle et femelle, mais le mâle 
contient en lui la féminité et la femelle contient 
aussi l'aspect masculin, le féminin du mâle et le 
masculin de la femelle étant bien entendu 
différenciés, ce qui fait que l'Un de l'homme et 
de la femme (dans ce que le midrash nomme 
dévékoûth, de la racine DBQ/dâvaq ou dâvêq, 
unir intimement, celle de Rébecca, cette 'almah 
comme Myriam-Marie) fait aussi comme deux et 
deux, c'est-à-dire quatre. 
Sans nous lancer dans une énumération exhaustive des 
procédés concourant à cette lecture du récit initial, qui 
par force risquerait d'être fastidieuse, fouillons a 
minima la notion et les sens du jardin d'Eden. GN 
B'DN/le jardin d'Eden a pour gR et gC 53 et 17(9) 
où se retrouvent les gR et gC de gan/GN, soit 17 et 53. 
Mais surtout, la somme des deux est de 232=DBR 
YHWH/la parole du dieu, le dâvâr placé au principe 
par la Nouvelle Alliance, depuis le Prologue de Jean 
jusqu'au massif luminescent de l'Apocalypse. En 
effet, le vainqueur apocalyptique sur son cheval à la 
blancheur immaculée a pour nom « le Verbe de dieu », 
soit ce même DBR YHWH. Ce n'est pas tout puisque 
je peux maintenant employer la méthode avec lettre 
finale (ici le noûn, « normalement » de 25 en gR et 
700 en gC) : gR=3+25+2+16+4+25=75, et 
gC=3+700+2+70+4+700=1479, soit en opérant une 
syzygie (moyenne de la somme des deux), 
(75+1479)/2= 777, la halakha sapientielle qui unifie 

424 



les deux et la terre. Que soient ainsi obtenues ces 
deux perles d'une joie étincelante et vibrante, par pure 
lecture conservatrice, cela ne peut que nous émouvoir 
et affermir encore le sens du jardin d'Eden selon 
l'inestimable perspective nazoréenne. 
J'adjoins ici l'identité fondamentale entre 
Jésus/YShW, le jardin/GN et la langue/LShWN, les 
trois ayant même gR de 53 et les deux extrêmes étant 
quant à eux doublement identifiés, par gR (53 
toujours), et par gC (386). Le langage, sans lequel il 
n'y a pas d'accès au divin, est un jardin qu'il faut 
savoir cultiver et Jésus Iéshoû'a, ce Messie, en est le 
gardien et la clé. 

J'attaque désormais par un autre angle : le fameux 
YHWH 'LHYM « seigneur dieu » (!) en lui adjoignant 
un hé de souffle légitime devient YHWH H'LHYM. 
Ses gématries témoignent de l'excellence de ce nom 
divin chéri des nôtsrim : 
gR= 10+5+6+5+5+1+12+5+10+13 = 72 ; gC= 
10+5+6+5+5+1+30+5+10+40= 117. 
Ce duo de 117 et 72 est aussi celui de 27/72, de 
« grâce pour grâce », de l'union mystique de la langue 
et du dieu. 72 est aussi la gématrie de ShH 
H'LHYM/séh ha'élohim, l'Agneau du dieu. Ce dieu 
créateur des cieux et de la terre est lu comme le 
recréateur intégral, ce que permettait déjà de pointer 
l'équivalence entre ShH/séh, l'agneau, et le 
Tétragramme/YHWH (même gR de 26). 

Je mentionne encore que la riboû'a (avec le sens 
de maturation, RB' voulant dire s'accoupler, et 
quart, quatrième partie - par rapport au 
développement en quatre du Tétragramme déjà 
croisé et qui donne son nom au procédé. . .) de la 

425 



langue HLShWN peut s'écrire 5xH, 4xL, 3xSh, 
2xW, lxN, ayant pour gR 25+48+63+12+14= 
162(72) et gC=25+120+900+12+50= 1107(27) : 
cette maturation de la langue se ramène aux gR 
et gC de 27 et 72 de HtSD/(r)hessed, l'amour 
évangélique. Autre exemple étonnant (l'hébreu 
confirme le lien intime entre Jean et la grâce 
divine), celui du début de la première épître de 
Jean : « Ce qui était dès le commencement, ce 
que nous avons entendu, ce que nous avons vu 
de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que 
nos mains ont touché, concernant [sur/'L] la 
parole de la vie » (1 Jean 1, 1). Eh bien, la parole 
de la vie (le dâvâr des vivants, par lequel il sont 
vivants !), c'est DBR HHtYYM/dâvâr 
ha(r)hayim, de gR et gC 72 et 243 (27), le 
sublime duo 27/72, décidément plein de sens. 
Le jardin d'Eden est lu comme la Révélation et le dieu 
YHWH Elohim de la première création devient le 
recréateur qui, « grâce pour grâce », engendre et 
conçoit la seconde, celle du livre des vivants, de 
l'Assemblée eschatologique. 

L 'arbre de la science du bien et du mal, et de la vie : 
Une fois établis tant Adam que le verger où celui-ci est 
élevé depuis la poussière, je me propose de bien lire, 
enfin, l'arbre double et un qui trône au centre de ce 
jardin où la mort naturelle a perdu son pouvoir. En 
effet, il n'y a de mort - pour autant qu'il y en ait -, 
qu'à partir de Genèse 4, après l'expulsion du verger 
d'Eden : c'est le signe, clairement émis par la pensée 
du dieu, de l'analogie entre ce verger et le 'ôlam haba', 
ce monde-là, le royaume messianique advenu. Mais 
voici Genèse 2, 9 : « L' Eternel-Dieu fit surgir du sol 



426 



toute espèce d'arbres, beaux à voir et propres à la 
nourriture ; et l 'arbre de vie au milieu du jardin, avec 
l 'arbre de la science du bien et du mal. » 
Voyons l'expression soulignée, celle du double arbre 
central du paradis « terrestre » : 

On pourrait lire de façon séduisante comme trois 
temps essentiels d'un seul et même arbre : le 
« bien » TWB/tov, le « mal » R'/ra', et la « vie » 
HHtYYM/ha(r)hayim, ou plutôt l'adéquation à 
la (r)Hôchmâh, sa négation errante, et enfin, la 
négation de cette négation : l'affirmation vivante 
du « bien », celui qui est présent par sept (= 
adéquation, plénitude) fois dans la Création en 
six jours. 
W'Sd HHtYYM BThWK HGN W'Sd HD'Th TWB 
WR' 

v(e)'ets ha(r)hayim vthaoûk hagân v(e)'ets hada'ath 
tôv vârâ' . 

Je n'ai plus qu'à en considérer chacune des deux 
propositions constitutives successivement avant d'en 
établir la somme, révélatrice de leur unité : 
W'Sd HHtYYM BThWK HGN/« et l'arbre de vie au 
milieu du jardin » a pour plérôme (milouï) : WW 'YN 
SdD HH HtYTh YWD YWD MM BYTh ThW WW 
KP HH GYML NWN. En voici la gématrie par rangs : 
1 2+40+22+ 1 0+40+20+20+26+34+28+ 12+28+1 0+3 8+ 
34 = 374. Ce qui, apparemment, ne donne rien. . . 
Mais, je procède de même avec le plérôme du second 
membre : 

W'Sd HD'Th TWB WR7« et l'arbre de la science du 
bien et du mal », arbre de la science de l'adéquat et de 
l'inadéquat à la Sagesse. 
Cette proposition nous donne : 



427 



WW ' YN SdD HH DLTh ' YN ThW TTh WW BYTh 
WW RYSh ' YN, 

soit, toujours en gématrie par rangs : 
12+40+22+10+38+40+28+31+12+34+12+51+40 = 
370, autrement dit le 37 de la Sagesse, HtKMH/ 
(r)hôchmâh ! 

Je ne donne que quelques résultats parmi une 
flopée, le jardin de la kabbale, comme vous 
pouvez maintenant vous en douter, est florissant, 
foisonnant, vivant. Si l'enquête vous tente, vous 
pouvez calculer le même plérôme de cette 
deuxième proposition, en gC cette fois. Vous 
obtiendrez 2701, celui du produit des gématries 
constitutives de (r)hôchmâh, la Sagesse, celui de 
Genèse 1,1 comme de Jean 1, 1+2. La plénitude 
de l'arbre de vie, je le rappelle, est aussi le 777 
de la halakha sapientielle unissant les cieux et la 
terre, tout deux subtils ornements de Gen. 1,1. 
Le sens kabbalistique semble aimanté par cet 
arbre à manne. 
Je n'ai plus alors qu'à en opérer la somme, et voici à 
nouveau la révélation - et en quel lieu ! - laissant 
entrevoir quelque éclat de feu de son aurore 
constitutive. En effet, 374 + 370 = 744 = YShW 
MShYHt/ Jésus Iéshoû'a, le révélé, la Révélation. 
Ainsi la Révélation est-elle l'accomplissement destinai 
des deux arbres qui ne sont que les deux aspects d'un 
même arbre, si pour la consumation, si pour la 
plénitude, celle-ci étant réservée à l'arbre de la 
seconde éternelle résurrection, cœur et résultat 
glorieux. A la fin des temps, la lecture vraie de ces 
deux arbres est enfin manifeste, ce qui n'est pas sans 
rejoindre ces paroles d'un midrash : « A l'avènement 
du Messie, Dieu déracinera l'Arbre de la Connaissance 

428 



et le jettera dans la Géhenne où il brûlera. Alors 
seulement sa véritable signification sera révélée. » 
Voilà : c'est fait ! 

Mais pour en revenir à l'aspect de « l'arbre de la 
science du bien et du mal », demandons-nous 
comment la Nouvelle Alliance lit ce « bien » et ce 
« mal », cette adéquation et cette inadéquation à la 
Sagesse ? Quels sens ont ces deux vocables en hébreu 
pour la Nouvelle Alliance revêtant la biographie de 
son Iéshoû'a ? 

Je rappelle que ce que l'on traduit par le duo de bien et 
mal est en fait TWB WRVtôv vârâ', ce qui est bien, 
bon, en accord avec la Sagesse, la voie de YHWH, et 
ce qui est mauvais, mal, en opposition avec la voie de 
YHWH, errant hors des sentiers de la Sagesse 
inégalée. 

Ainsi, « bien », tov/TWB, et « mal », ra'/R', ne 
sont pas des notions « morales » étriquées, mais 
elles désignent bien plutôt ou en premier lieu le 
goût du fruit de l'arbre. La science, da'ath, bien 
ruminée et digérée, est tov, sinon elle conduit à 
son contraire. Le « mal » vient du fait de mal 
saisir et mal digérer les produits de la science, 
évidemment pas de la science même ! Celui qui 
ne sait pas se retirer de ce mal, ne sait pas 
distinguer le tôv du ra', contrairement à celui qui 
sait, parce que pour lui la science est une manne. 
Cette métaphore m'inspire aussi ceci : il faut 
réfléchir (à) l'Exil, (à) la dispersion, (à) la 
négation, (à) la douleur, pour jouir vraiment du 
véritable endroit de cette gnose, lequel est la fin 
de l'Exil dans la Révélation de la vie. Point de 
«judéine» en ce jardin-paradis qui veille à 
l'ombre de l'épée des chérubins, ni de morale 

429 



des esclaves dans ce bien et ce mal de l'arbre 
initial, mais bien plutôt une haute et féerique 
aristocratie du savoir des écritures sacrées pour 
le dieu vivant avec son Assemblée. Tôv et ra' ne 
prendront le sens moral unilatéral de bien et de 
mal qu'avec Augustin, en lien au développement 
de la doctrine des deux cités recouvrant celle du 
tôv et du ra', des deux voies (voyez les travaux 
passionnants de Roland Tournaire). 
Mais développons le sens du tov La création 
parfaite des six jours est adéquate au sens du tov, 
parce qu'elle est rythmée par sept occurrences du 
tôv jusqu'au tôv mê'ôd pour la création 
de 'âdâm. Ces sept occurrences différenciées en 
six d'un côté, plus une septième singularisée de 
l'autre, renvoient au sept de la plénitude et à la 
structure globale en 6+1 temps, la création 
d'Adam étant ainsi l'équivalent du Shabbath, du 
repos éclairé du septième jour ! La formule « que 
c'était bien »/ki tov/KY TWB prononcée par dieu 
est dite six fois pour les six jours : une fois pour 
le premier jour, deux fois pour le troisième, une 
fois pour le quatrième, le cinquième et enfin le 
sixième. La septième occurrence, qui se 
singularise des six précédentes, est un comble, 
celui de la création d'Adam, un WHNH M'D 
TWB/« et voici très ou extrêmement bon », avec 
calembour entre M'D et 'DM. Pour dégager la 
cohérence de la structure d'ensemble de la 
Création des six jours, disons que nous avons 
ainsi six fois KY TWB, plus une fois WHNH 
M'D TWB ; cette « structure portante » du récit a 
pour gR 293, gC 410, et somme des deux 
703=GN/gan, le verger, le jardin lui-même avec 
son noûn final (en gC) ! Ce 703 est encore le 73 
de HtKMH/la Sagesse, ce qui renforce le constat 
de la finesse ici à l'ouvrage. Par ailleurs, le mot 



430 



pour l'inadéquation (le ra') n'apparaît qu'avec le 
septième jour, même si l'on peut le lire en soi 
dans l'absence de tôv pour sanctifier le deuxième 
jour (le midrash dira par conséquent que la 
Géhenne a été créée en ce jour...). On peut même 
le voir déjà dans le premier jour lorsque le Texte 
dit : « Et Dieu vit la lumière, qu'elle était bonne ; 
et Dieu sépara la lumière d'avec les ténèbres. » 
(Genèse 1, 4). Seule la lumière est tov, non pas le 
jour tout entier, les ténèbres qui en sont 
différenciées peuvent donc être lues comme le 
ra' (d'où la distinction des textes dits de Qumrân 
entre fils de la lumière et fils des ténèbres...). 
Voici donc le résultat essentiel de la lecture de ce duo 
telle qu'opérée par la Nouvelle Alliance de Jésus, la 
multiplication interne de ses chiffres-lettres : 
TWBWR' = 9x6x2x6x20x16 = 2(0)736(0). 

L'expression a même pour notarique finale 
BW'/boû'a, se réjouir, exprimer sa joie de façon 
sonore, verbe qui se confond avec la racine de la 
parousie, BW, venir. 
Ce résultat, inaperçu de l'exégèse « chrétienne » - ou 
plutôt néochrétienne - multiséculaire, se laisse lire 
comme le duo 27/36, les gR de HtSD/(r)hessed, bonté- 
amour et 'MTh/'émeth, fidélité-vérité, le célèbre duo 
tant des Psaumes que du Prologue de Jean, ramassant 
et annonçant la kabbale du sauveur- vainqueur. 
Je rappelle la mention essentielle du duo grâce et 
vérité, celle de Jean 1,17 : 

« Car la loi par Moïse fut donnée, la grâce et la vérité 
[HtSD W'MTh, (r)hessed ve'émeth, notarique finale 
DTh, pendant féminin de din, le jugement] par Jésus 
Christ arriva [B', cf. la parousie]. » Les anciennes 
notions midrashiques de bien (!) et de mal (!), de ce 



431 



qui est adéquat et inadéquat à la Sagesse, sont 
remplacées avec la Révélation qu'ouvre l'accès au duo 
(r)hessed ve'émeth, celui de l'amour et de la vérité- 
fidélité. C'est la même opération que celle par laquelle 
« le péché » (HtT'(H)), l'égarement, l'errance de ce qui 
est inadéquat à la Sagesse, est ôté du monde, de l'ère, 
du 'ôlam hazé, grâce au Messie devant pour cela 
mourir avant de ressusciter, résurrection qui ne signifie 
rien d'autre que la recréation effective de la première 
création, le retour à l'accompli initial et fondamental. 
Ce « par-delà bien et mal » au sens de l'hébreu, qui est 
la vie ((r)hayim = résurrection, même racine HtYH) 
telle qu'affirmée et métamorphosée midrashiquement, 
est aussi le rire du dieu nouveau, cet Isaac 
transfiguré. Voici comment. 

En effet, si Abram/'BRM est lu comme le père élevé 
'B + RM, son fils, lui, est lu comme le fils de dieu - ce 
père des hauteurs -, mais plus au fond des choses 
encore, comme son rire. Nous allons enfin pouvoir à 
nouveau entendre le rire du dieu en apparence enseveli 
par les ans. Car il y a bien un rire, et un rire doré, dans 
l'Evangile, un rire masqué sous les feuilles vineuses 
du midrash, un rire sous cape ou plutôt sous 
talith/TLYTh (manteau de prière traditionnel, de 
valence 53 comme Jésus, tandis que les 
franges/SdYSdYTh qui le bordent ont pour gR 78, la 
gC de BN YHWH/fils de dieu... et dans le Nouveau 
Testament l'on peut être guéri en touchant Son 
vêtement !). 

Ainsi, Isaac/YSdHtQ, « il rit », se construit comme 
inaccompli du verbe SdHtQ/tsa(r)hâq. Et il rit enfin à 



432 



son tour quand l'inaccompli devient accompli, Le. 
avec la parousie ! 

Le sacrifice de ce fils du père, ce BN YHWH, est bien 
évidemment lu par le midrash 

Voir Comprendre les origines du Christianisme 
de Maurice Mergui pour en avoir une 
démonstration dont ce développement 
concernant le rire divin se veut un effet d'écho 
amplificateur, et auquel il ne cesse de renvoyer. 
comme la Passion du fils de dieu évangélique. C'est 
d'ailleurs de là, comme nous l'avons vu, que vient le 
bélier, l'Agneau d'Elohim, celui qui sort tout armé de 
la droite vengeresse du tout-puissant, muni des chiffres 
kabbalistiques et des équations laconiques sur lesquels 
reposent les soubassements secrets de l'Apocalypse, 
ses si singulières lignes sculpturales. 
Jésus est dit rire explicitement dans les apocryphes, 
chez Barthélémy, dans l'Evangile de Judas, ou encore 
dans le livre du coq. Il y a sans doute à chaque fois une 
raison particulière (liée au texte) pour laquelle Jésus 
rit, mais il y a aussi une raison plus générale, plus 
fondamentale. Ce rire est d'autant plus rare qu'il 
touche à l'excellence même, j'en dévoile ici la raison : 
SdHtQ, rire, se railler, a pour gématrie multiplicative - 
méthode que nous venons d'employer à propos du duo 
« bien » et « mal » : 

18x8x19 = 2736 ! Ce duo 27/36, lu dans « la science 
du tôv et du ra' » de la Genèse, se laisse désormais 
interpréter et apprécier en son mouvementé triomphe 
eschatologique. 

Une chose encore : lorsque Adam outrepassa l'ordre 
divin en mangeant du fruit de l'arbre de la science sans 
y avoir été invité et préparé, et qu'alors, découvrant sa 

433 



nudité, il se cacha, le dieu l'interpella d'un « où es- 
tu ? ». Ce « où » est 'YKH. Or, les gR et gC de ce petit 
vocable discret sont de 27 et 36, la gR de HtSD/ 
(r)hessed (27) et celle de 'MTh/'émeth (36), amour et 
vérité-fidélité. Il y a ainsi équivalence entre le 
Où?/'YKH/'ayekâh du dieu et le duo qui remplace bien 
et mal pour la fin des temps, se métamorphosant en 
grâce et vérité ! 

A notre tour, c'est gorgés de cette céleste ambroisie et 
nourris de cette manne de l'esprit saint que, revêtant 
l'Isaac nouveau, il nous vient le désir soudain, 
impromptu et souverain, de rire à gorge déployée. 

L'interdit n'est là que pour être levé en ouvrant les 

yeux : 

Mais voici encore la lecture qui est faite par les 

premiers chrétiens du fameux « interdit » mis dans la 

bouche du dieu par les rédacteurs du jardin d'Eden et 

qu'il adresse au couple juvénile, à Adam et Eve, 

l'interdit de manger du fruit de l'arbre de la science du 

bien et du mal. 

Gen. 2,16 et 17 : « L'Eternel Dieu donna un ordre à 

l'homme, disant : 

" Tous les arbres du jardin, tu peux t'en nourrir ; mais 

l 'arbre de la science du bien et du mal, tu n 'en 

mangeras point : car, du jour où tu en mangeras, tu 

dois mourir ! " ». 

Je ne considère ici que le commandement souligné, 

positif et négatif. Pour lui rendre sa clarté, voici son 

hébreu subtilement explosif et autrement lisible : 



434 



MKL 'Sd-HGN 'KL Th'KL WM'Sd H'DTh TWB 
WR' L' Th'KL MMNW KY BYWM 'KLK MMNW 
MWTh ThMWTh 

gC=40+20+30+70+90+5+3+50+l+20+30+400+l+20 
+30+6+40+70+90+5+70+4+400+9 
+6+2+6+200+70+30+1+400+1+20+30+40+40+50+6+ 
20+10+2+10+6+40+1+20+30+20 
+40+40+50+6+40+6+400+400+40+6+400 = 3993, les 
gR (39) et gC (93) de HNGLH/haniglah, la 
Révélation ! 

Ce résultat est des plus probants : C'est ainsi que 
s'effectue, en osant s'aventurer dans les domaines de 
la kabbale, la levée effective de l'interdit de manger du 
fruit de la connaissance par la suspension-crucifixion 
de l'Agneau du dieu, du seigneur ouvrant, par sa 
Résurrection, le Divin Verger de son Verbe accompli. 
Cette levée est identifiée, via la gématrie de 3993, à 
HNGLH/haniglah, la Révélation, l'Apocalypse. 
L'Adam franchissant cet interdit de manger du fruit de 
la gnose doit mourir, par là devient-il l'Adam nouveau, 
ce Messie ressuscité qui, par sa mort et sa résurrection, 
abolit cet interdit par-delà bien et mal. 

Je fais écho ici à ce que dit M. Mergui dans 
Comprendre les origines du Christianisme 
comme quoi le Messie doit mourir (pour que 
s'accomplisse la prophétie de sa Résurrection) 
en montrant comment ce « doit mourir » (MWTh 
ThMWTh/môth themôth) provient en direct de la 
lecture renouvelante du récit initial, comme en 
provient le Ecce Homo évangélique 
(notamment). 
Mais cela ne s'arrête évidemment pas à ces quelques 
constats fondamentaux. Ils forment comme la nasse 



435 



dans laquelle le midrash chrétien dépose les mille et 
un poissons des lectures variées opérées par ses 
auteurs, et quel vivier ! Je puis par exemple espérer 
étonner mon lecteur en pratiquant kabbalistiquement le 
verset de Genèse 1, 28 : vavârek 'ôtham Elohim 
vayômer lâhem Elohim proû voûrboû voûmil'oû 'eth 
hâ'ârets vkivshoûhâ voûrdoû bidgath hayâm 
voûv'ôph hashâmayim voûbkâl-hayâh hârômesheth 'al 
hâ-'arêts/« Et Dieu les bénit ; et Dieu leur dit : 
Fructifiez, et multipliez, et remplissez la terre et 
l'assujettissez ; et dominez sur les poissons de la mer, 
et sur les oiseaux des cieux, et sur tout être vivant qui 
se meut sur la terre. » (Genèse 1, 28). J'ai souligné ici 
les cinq verbes essentiels exprimant doublement et 
conjointement le rapport de cette couronne de la vie 
subjective qu'est l'homme, premièrement à lui-même 
en tant qu'il jouit sereinement d'une libre et libérale 
abondance de bienfaits naturels, deuxièmement à la 
vie objective (la terre), et enfin à la vie subjective qu'il 
subsume sous son universalité agissante. Cinq verbes, 
qui ne peuvent pas ne pas évoquer les cinq rouleaux, à 
savoir la Thora - Sa Parole -, sont ici soulignés. Mais, 
si vous aviez quelque boulier dans vos parages, vous 
pourriez constater avec moi que la gématrie par rangs 
de ce verset n'est autre que 638 = LHtM, le(r)hem, 
pain, nourriture, repas, et guerre, sacrifice, soit la 
dualité de la nourriture abondante et de la domination 
sacrificielle et guerrière. Cette correspondance dont la 
gématrie sert de base serait voulue par les rédacteurs 
eux-mêmes, en tout cas n'échappa-t-elle sans doute 
pas à la vue d'aigle de nos nazoréens. Ainsi, la royauté 
de l'homme sur la vie comprend dans elle la 

436 



domination comme moment nécessaire, celui-ci étant 
aéré et régulé par le temps du shabbath (l'alliance du 
shabbath du Temps au cœur de l'Alliance). Ainsi y a-t- 
il équilibre dans la pensée juive (contrairement à ce 
qui a lieu dans la réalité effective de ces jours 
dévastés) entre le rapport à l'extériorité et celui à 
l'intériorité ; ainsi, cette royauté dont l'homme se vêt 
est-elle le pain, la nourriture, son infinité substantielle 
à soi-même : a-t-on vu chose plus actuelle ? 

Un dernier délice ? 

J'ai dit que l'ensemble du parcours des morts et 

résurrections du dieu se lisait dans la Genèse autour 

des deux aspects de l'arbre ? 

« Et l'Éternel Dieu dit : " Voici, l'homme est (HYH) 

comme l'un de nous, pour connaître le bien et le mal ; 

et maintenant, — afin qu'il n'avance pas sa main et ne 

prenne aussi de l'arbre de vie et n'en mange et ne vive 

(WHtY, racine HtYH) à toujours... " » (Genèse 3, 22 ; 

je souligne.) 

L'analogie redoublée laisse un instant sans voix, mais 

je reprends : le texte de la Genèse, tel que lu par les 

nazoréens, dit de lui-même, sans qu'il y ait même à le 

fouiller, que HYH, racine de la première résurrection, 

correspond à l'arbre de la science du tôv et du ra', 

tandis que HtYH, racine de la seconde résurrection, 

correspond à l'arbre de vie ! 

Ce verset a d'ailleurs un secret étonnant, connu de 

l'intelligence même de ceux qui l'écrivirent. Ainsi, son 

hébreu est-il : vayô'mer YHWH 'elohim hên hâ'âdâm 

hâyâh k'a(r)had mimenoûoû lâda'ath tôv vârâ' v'athâh 

pan-yisha(r)h yâdô vlâqa(r)h gam mê'êts ha(r)hayim 



437 



v'âkal vâ(r)hay l'ôlâm/WY'MR YHWH 'LHYM HN 
H'DM HYH K'HtD MMNW LD'Th TWB WR' 
W'ThH PN-YShLHt YDW WLQHt GM M'Sd 
HHtYYM W'KL WHtY L'LM, dont la gR est de: 
6+10+1+13+20+26+41+5+14+5+1+4+13+5+10+5+11 
+1+8+4+13+13+14+6+12+4+16 
+22+9+6+2+6+20+1 6+6+ 1 6+22+5+ 17+14+10+21+12 
+8+10+4+6+6+12+19+8+3+13+13+16+18+5+8+10+ 
10+13+6+1+11+12+6+8+10+12+16+12+13 = 774 = 
'DN/'êden, la volupté, les suaves délices sensibles de 
la science des écritures ! L'interprétation de ce verset 
en ce sens édénique, si elle ne coïncide pas avec son 
écriture, est probablement ancienne, puisque l'on 
trouve déjà des lettres finales dans les manuscrits de 
Qumrân du 3 ème et du 2 nd siècle avant J.-C. 

Ici, l'auteur arrête l'exhumation des trésors de la dense 
lecture du récit initial faite par les nazoréens. Car, 
comme le dit peu ou prou l'auguste saint Jean, si l'on 
écrivait un à un sur des rouleaux les actes de Jésus - 
les lectures par lesquelles il porte au jour l'infinité de 
la Thora -, « je pense que le monde [le 'ôlam hazé] ne 
pourrait pas les contenir [racine KWL ou KLKL où 
l'on reconnaîtra le tout/kôl] ». Ou encore, Angélus 
Silesius concluant son ouvrage : « Ainsi, en voilà 
assez. Et si tu veux en lire plus, /Va - et deviens toi- 
même le livre et l'essence. » 

En effet, ces actes de Jésus sont sans fin, ils sont l'agir 
même de l'infinité de la Thora. 
En mangeant le Livre qu'est la Thora au sens 
messianique, tel saint Jean dans son Apocalypse, 
l'initié devient « le livre et l'essence » ; il est alors lui- 

438 



même l'infinité des actes par lesquels Jésus accomplit 
les écritures. 

Voyez les nombreux « et Jésus fit [WY' Sh 
YShW vaya'ass Iéshoû'a] ceci pour accomplir 
[LML'/lemalê 1 , pour rendre pleine] l'écriture», 
ils constellent le corpus illuminé... Rappelons le 
calembour central entre YShW /Jésus et « il 
fit»/'ShH, calembour qui se retrouve dans les 
« et fit (Elohim) » de la Genèse, soit les WY'Sh 
('LHYM)/vaya'ass ('élohim) lus en toutes lettres 
YShWVJésus (Elohim), ce recréateur complet, 
rendant accompli ce qui était inaccompli. 



« Est-ce là le lieu du crâne ? Et 
pourquoi donc, alors,/ Voit-on ici la 
rose et le lys - et leur grâce 
inflétrissable/ Et là encore, l'arbre 
de vie, la fontaine aux quatre 
fleuves 11 C'est le paradis, enfin, 
quoi qu'il puisse être,/ Ce lieu et le 
paradis, pour moi, ne sont qu'un. » 
(Angélus Silesius, Le voyageur 
chérubinique) 

Retour au jardin de l'Evangile (retour du jardin de 
l'Evangile) : 

Cette lecture que nous proposons du récit de la Genèse 
pourrait sembler coupée des textes sacrés de la 
Nouvelle Alliance de Jésus. Il n'en est rien. Pour le 
prouver, il suffirait de montrer la place qu'occupe le 



439 



jardin (GN(Th) gan ou guinath) dans le récit 
évangélique. 

En effet, c'est en un jardin (gan) que Jésus veille avec 
ses disciples (thalmidim), là aussi où il est arrêté après 
la fameuse scène du baiser de Judas ; chez Jean, le gan 
ou guinath (verger) est à la fois le lieu de sa 
Crucifixion, de sa mise au tombeau, et celui où il se 
manifeste à Marie après sa mort, celle-ci le prenant 
tout d'abord pour le jardinier (gânan). C'est encore le 
lieu de la toute fin de l'Apocalypse, de la Résurrection 
finale, où la fiancée et le fiancé consomment leur 
union spirituelle, l'interdit ayant été levé pour 
toujours. 

Un verset crypté de l'Apocalypse laisse entendre la 
situation centrale du jardin quant à la mort (et 
résurrection) de Jésus : « et leur corps mort [des deux 
témoins] sera étendu sur la place de la grande ville qui 
est appelée en esprit Sodome et Egypte, là où aussi 
leur Seigneur a été crucifié » (Apocalypse 11,8 ; je 
souligne.) Dans GM-'DNYHM NThLH, cinq lettres 
limpides forment - par équivalence momentanée du ' 
et du ' - le GN 'DN/gan 'êden, le jardin d'Eden, celui 
où le dieu est en effet crucifié, suspendu au bois pour 
diverses raisons concourantes, inscrites dans l'ordre de 
la production du sens. 

Voici maintenant, en guise de digeste dragée ou de 
« comprimé de vie », cet extrait probant de YEvangile 
de Philippe : 

« (71) L'apôtre Philippe racontait que Joseph le 
charpentier [HHtRSh/ha(r)hârâsh qui est aussi 
l'artisan, le créateur, ou même celui qui grave la Loi] 
planta un jardin parce qu'il avait besoin de bois ('Sd) 

440 



pour son métier [HtRShTh, « travail »]. C'est lui [dieu 
le père !] qui fit la croix ('Sd/'êts) avec les arbres qu'il 
avait plantés, et le fruit de sa semence fut suspendu 
(NThLH/nithlâh) à ce qu'il avait planté. Le fruit 
(PRY) de sa semence [ZR' W où ZR' est aussi enfant, 
race, peuple] était Jésus (YShW) et la plante 
(NT'/neta') fut la croix ('Sd). Mais l'arbre de vie ('Sd 
HHtYYM) est au milieu (BThWK/bethoûk) du jardin 
(GN gan) et c'est l'olivier (ZYTh), d'où vient l'huile 
(ShMN/shaman) et de l'huile, la résurrection 
(ThHtYH). » 

Le lieu de la suspension de Jésus n'est autre qu'un 
jardin au sommet du mont des oliviers ; 

HR HZYThYM/har hazêthim, obtenu par 
midrash sur Zacharie 14,4 ; il est entouré d'un 
bon et d'un mauvais larron, ce qui, comme le 
souligne déjà Dubourg, est un midrash sur l'arbre 
de la science du bien et du mal de la Genèse. 
celui où il est enseveli est un jardin ; celui enfin où il 
goûte de l'arbre de la vie (de la résurrection de même 
racine HtYH) est à nouveau ce même jardin qui est à 
la fois le même et pas le même. 
Je n'ai qu'à ouvrir cet Evangile dont - entre tous - la 
parole est comme un fleuve d'eaux vives : 
« Or il y avait, au lieu où il avait été crucifié 
(NThLH/nithlâh), un jardin (GN/gan), et dans le jardin 
un sépulcre neuf [QBR HtDSh/queber (r)hâdâsh, où 
QBR est aussi son contraire anagrammatique 
BQR/bôqer, le petit matin, l'aurore, la lumière, le Salut 
: avec son tombeau neuf, le tombeau vide - au sens du 
'êyn, du Néant au centre de la (re)création -, c'est 
l'aurore nouvelle du Salut qui se lève enfin !], dans 

441 



lequel personne ['êyn, le néant, ce néant essentiel de la 
pensée juive en lequel se cache la richesse abyssale de 
l'Infini] n'avait jamais été mis. Ils mirent donc Jésus 
là, à cause de la Préparation des Juifs, parce que le 
sépulcre était proche. » (Jean 19, 41 et 42). 
Un peu plus loin : « Jésus lui dit : " Femme, pourquoi 
pleures-tu ? Qui cherches-tu ? " Elle, pensant que 
c'était le jardinier [ganân de la même racine 
GNN/guânan ou guenan que gan, racine qui signifie 
protéger : le jardinier est celui qui protège le jardin, 
cette métaphore si ample du Livre accompli], lui dit : "" 
Seigneur, si toi tu l'as emporté, dis-moi où tu l'as mis, 
et moi je l'ôterai ". Jésus lui dit : " Marie ! " » (Jean 
20, 15). Suit la reconnaissance de cet Adam nouveau, 
sous les traits du divin jardinier, par celle qui est sa 
nouvelle Eve, Marie, l'Assemblée nazoréenne, 
laquelle le nomme tout d'abord Rabboûni/RBWNY (de 
gR=52). 

Sa chair n'étant plus un fruit pendu à la croix, mais un 
corps glorieux délivrant le verger paradis et ses jeunes 
plantes en les recréant, le (r)hathan (fiancé) s'allie à sa 
fiancée du côté des jardins de palmes. Leurs quatre 
yeux étonnés rient, gorgés et abreuvés de cette 
allégresse qui transcende toute douceur, ce feu clair, ce 
brasier, cette musique. Ils s'embarquent pour de 
nouvelles journées enfantes, loin du soufre et du fiel. 
Leur œuvre est une maison musicale pour leur claire 
sympathie ; dans le jeu, la passion et l'amour, leurs 
corps se redécouvrent comme le trésor à prodiguer. 
L'illumination de l'instant doré sourd silencieusement, 
leur accordant la jouissance des heures les plus riches 



442 



où la beauté rencontre la beauté sous la précieuse 
égide, inaltérable et pure, de la pensée. 

L'union promise advient de toute éternité : 
« Moi, Jésus, j'ai envoyé mon ange pour vous rendre 
témoignage de ces choses dans les assemblées. Moi, je 
suis la racine (shôresh) et la postérité de David, l'étoile 
brillante du matin [le bôqer vu plus haut]. Et l'Esprit et 
l'épouse disent : Viens. Et que celui qui entend dise : 
Viens. Et que celui qui a soif vienne ; que celui qui 
veut prenne gratuitement [(h)inam/HtNM, de même 
racine HtNN/(r)hânan que HtN/(r)han, la grâce] de 
l'eau de la vie (mayim ha(r)hayim/MYM 
(H)HtYYM). » (Apocalypse 22, 16 et 17). 
Le duo ici souligné et qui scelle l'union advenue (le 
« viens ! », B'/bô', celui de la parousie dans l'instant, 
la transfigurante venue du 'ôlam haba') nous donnera 
le fin mot de toute cette aventure. C'est RWHt 
WKLH/réoû(r)ha vekalâh dont la notarique finale se 
dégage comme une vision : HtWH/(r)Hawâh, Eve la 
Vivante (de même vocalisation ou esprit que la 
fiancée/kalâh!), l'Eve restaurée du jardin d'Eden ! 
Cette Eve est le participe présent de la racine HtYH/ 
(r)hâyah du Tétragramme YHtWH (le nom nouveau), 
qui condense en lui les trois temps de sa racine : 
HtYH/HtWH/YHtYH, de même que l'ancien 
Tétragramme YHWH comprenait dans lui les trois 
temporalités de sa racine HYH/hâyah (cf. le « je suis 
celui qui était, qui est, qui sera », d'ailleurs rappelé par 
le texte de l'Apocalypse...). 

Eve la Vivante, l'Assemblée, couronne par son retour 
tout le mouvement interne à l'Apocalypse, et par celui- 



443 



ci la récapitulation de tout le mouvement midrashique 
depuis l'écriture du récit initial de Genèse 1 à 3 jusqu'à 
sa complète délivrance par re-création. Elle est l'entrée 
en présence au « présent absolu » de YHtWH. Elle est 
par excellence Son Assemblée, et ainsi, de la Genèse à 
l'Apocalypse, elle se révèle comme l'alpha et l'oméga 
de l'Assemblée d'Israël et du jardin des 
commandements qu'elle a pour charge de garder. 

Depuis le jardin où Jésus est arrêté jusqu'à celui qui 
clôt l'Apocalypse, le parcours que décrivent les 
occurrences du gan est le même que celui de Jésus, 
mourant, ressuscitant et franchissant en vainqueur la 
seconde mort pour revenir en gloire, et le même 
toujours que celui du relèvement du péché d'Adam et 
du rétablissement du jardin d'Eden. Le Jésus 
midrashique - l'Assemblée de ceux qui le revêtent - 
pourrait bien dire, tel l'électrique et raffiné Voltaire, 
« le paradis est là où je suis ». O combien ! 



ANNEXE 5 : 

Rétroversion intégrale du chant du bélier dans 

l'Apocalypse de Jean (une 'Amidah insoupçonnée) 

Ce chant clair est l'actualisation midrashique ouverte 
du chant de Moïse (et de Miriam l'accompagnant au 
tambourin) au moment de la sortie d'Egypte. C'est 
aussi le chant attendu pour parfaire le chant des chants 
(shir hashirim/ShYR HShYRYM, où se lisent comme 
notariques respectivement initiale et finale les deux 

444 



mots ShH, agneau, et RM, élevé !), et par là la 
restauration du Temple (comme « l'indestructible en 
l'homme »). C'est enfin celui que chantent les 
nazoréens de Jésus, ces minim et nôtsrim, n'ayant plus 
à boire jusqu'au fond le lait noir de l'Exil et voyant 
poindre enfin l'aurore pour entrer en la splendide 
Jérusalem. 

Mais, pour comprendre vraiment ce chant, 
commençons par un détour qu'offre la paraphrase 
chaldaïque (le targum) du Cantique des cantiques : 
« Schir- Cantiques et louanges que chanta le prophète 
Salomon, roi d'Israël, par l'Esprit saint, devant 
l'Eternel, maître du monde. Dix cantiques [en écho 
aux dix paroles fondatrices] ont été chantés ici-bas, 
mais ce cantique est le plus admirable de tous. Le 
premier fut chanté par Adam au moment où son péché 
lui fut pardonné. Le jour du Sabbath vint et le 
protégea. Alors il chanta et dit ce psaume-cantique 
(mizmor-schir) pour le jour du Sabbath. Le second 
cantique fut chanté par Moïse et les enfants d'Israël au 
moment où l'Eternel sépara en deux la mer Rouge. Ils 
le chantèrent ensemble, comme il est dit : " Alors 
Moïse chanta avec les enfants d'Israël. " Le troisième 
cantique fut chanté par les enfants d'Israël au moment 
où leur fut donné un puits d'eau, comme il est écrit : " 
Alors Israël chanta. " Le quatrième cantique fut chanté 
par le prophète Moïse quand le temps fut arrivé pour 
lui de quitter ce monde, et par lui il réprimanda la 
maison d'Israël, comme il est dit : " Ecoutez, cieux, et 
je parlerai. " Le cinquième cantique fut chanté par 
Josué, fils de Nun, lorsqu'il combattit contre Guibéon 
et que s'arrêtèrent le soleil et la lune pendant trente-six 



445 



heures, comme il est écrit : « Alors Josué chanta 
devant le Seigneur. » Le sixième cantique fut chanté 
par Barak et Deborah au moment où l'Eternel remit 
Sisara et son armée aux mains d'Israël, comme il est 
dit : " Et Deborah et Barak, fils d'Abraham, 
chantèrent ". Le septième cantique fut chanté par Hana 
au moment où, grâce à l'Eternel, elle eut un fils, 
comme il est dit : " Et Hana pria dans un esprit de 
prophétie et chanta un cantique. " Le huitième 
cantique a été chanté par David, roi d'Israël, pour tous 
les miracles que l'Eternel fit en sa faveur. " Il chanta 
dans un esprit de prophétie devant l'Eternel. " Le 
neuvième cantique a été chanté par Salomon, roi 
d'Israël, inspiré par l'Esprit saint, devant l'Eternel, 
maître du monde. Enfin le dixième cantique sera 
chanté par les enfants de l'Exil quand ils sortiront de 
captivité, comme il est dit et expliqué par le prophète 
Isaïe [lui qui prophétise le chant nouveau que reprend 
l'Apocalypse comme chant de l'Agneau 
messianique] : " Ce cantique vous sera une joie 
comme la nuit où l'on célèbre la fête de Pâque, et la 
joie de votre cœur sera comme celle du peuple qui se 
présentera devant l'Eternel trois fois par an, avec les 
instruments de musique et au son de la trompette, pour 
monter sur la montagne du Seigneur et se prosterner 
devant l'Eternel, le Fort d'Israël. " » 
Je remarque déjà que le dixième cantique est celui de 
la fin de l'Exil (GLWTh/galoûth, de la racine GLH), 
autrement dit de son contraire, la Révélation 
(HNGLH, de la même racine GLH). 

Cette Révélation chantée renouvelle celle faite à 
Moïse au Sinaï. On notera à propos du chant de 

446 



Moïse que lors de la sortie d'Egypte, il y a une 
première déclamation du chant par Moïse et une 
seconde par Marie-Miriam, celle de 
l'Assemblée/Marie étant comme un effet d'écho 
de celle de Moïse/MoShé, il faut souligner ce 
double franchissement sonore, différencié pour 
les hommes et pour les femmes, cet « autre 
peuple », cet autre du peuple à l'intérieur du 
peuple. Lorsqu'il est question, chez Zacharie par 
exemple, ou dans l'Apocalypse de Jean, du chant 
du fiancé et de la fiancée qui s'est tu ou reprend 
plus ardent, c'est au chant de Moïse et de Marie, 
du dieu et de son Assemblée, qu'il est avant tout 
fait allusion (je signale ici que la fiancée du 
Cantique est appelée «ma sœur »/'a(r)hôthi, et 
qu'a(r)hôth/sœur a pour gR 37, comme la 
Sagesse. De même, certains kabbalistes comme 
Moshè Hayim Luzzato appellent-ils la Thora 
« ma sœur ». L'inceste réussi dans le chant et la 
pensée, que glorifiera par exemple Baudelaire, 
n'est pas étranger à la langue hébraïque, car c'est 
une détermination de la poésie même, la langue 
sainte étant en elle-même substantiellement 
poétique). 
Ce chant du retour définitif depuis l'Exil est le chant 
de l'agneau, shir hasseh/ShYR HShH. Il est la vérité 
du Cantique des cantiques, comme ramassée et 
illuminée de l'intérieur en une nouvelle manière de 
chanter, tête libre, air léger, rire enjoué, geste dégagé, 
et voix de triomphe. La joie de ce dixième chant est 
celle de la Thora, joie lumineuse d'être enfin lue en son 
entièreté, telle une sphère d'indestructible liberté au 
cœur de l'homme : « une joie [de racine 
ShMHt/shâm(r)ha, anagramme de la racine 
MShHt/mâsh(r)ha, celle du Messie, avec même 



447 



souffle] comme la nuit où l'on célèbre la fête de Pâque 
((r)hag pessa(r)h) » dit notre paraphrase éclairante, soit 
une nuit telle celle de la sortie d'Egypte, toujours à 
garder en mémoire (racine ZKR/zakar, cf. le « vous 
ferez ceci en mémoire (zikârôn) de moi » du Christ 
dans l'Evangile par midrash sur la Thora, mémorial de 
feu du dieu de la Pâque éternellement rejouée dans le 
souvenir). Cette nuit, fugue et fête, conduit vers le 
Jour, et à l'aurore, se révèle comme ayant toujours été 
le Jour même, mais un jour qui n'est « ni jour ni nuit » 
au sens du phénomène, par-delà le rythme de 
succession des jours et des nuits (cf. « Et ses portes 
[les sha'arim de la Jérusalem céleste] ne seront point 
fermées de jour : car il n'y aura pas de nuit là. » 
(Apocalypse 21, 25), ce Jour sans fin est le Jour de 
YHWH/yôm IéHoûWaH, le lieu temporel inactuel de 
l'Apocalypse, sa lumière est la lumière de la Thora, la 
messianique) : c'est le Jour du GéNie jouissant tout 
entier de lui-même, ici le GéNie hébraïque 
intégralement « versé » dans l'écoute et la voix, l'ouïe 
passive et l'ouïe active se combinant dans une même 
effectivité, celle du Texte accompli, d'où la jouissance. 
Ce n'est pas un hasard, j'insiste sur ce point, si le seul 
autre chant que l'Apocalypse mentionne nommément, 
outre celui de l'agneau (et le chant nouveau qui est le 
même, l'expression ShYR HtDSh/shir (r)hâdâsh étant 
issue d'Isaïe 42, 10 et des Psaumes ; le chant de 
l'agneau étant la vérité du chant nouveau prophétisé 
pour la fin), est le chant de Moïse, celui de la sortie 
d'Egypte sur lequel 

La scène est célèbre : Moïse brandit le sceptre, 
symbole de la puissance immémoriale du dieu de 

448 



la Thora, de sa royauté, et les eaux - de part en 
part émues d'un tel geste - de se fendre pour 
livrer passage aux Hébreux (d'où la force de leur 
nom, par la racine), et de retomber alors - avec 
une rigueur d'autant plus terrible qu'est douce sa 
miséricorde à l'égard d'Israël - sur leurs 
impitoyables poursuivants. 
se fonde le nom des noms en hébreu, le shem 
hamephorash, le nom de 72 lettres, construit avec les 
trois versets d'Exode 15 où Moïse fend la mer (voir 
l'étude Le coup des Septante). 

Ce chant de l'agneau est aussi la joie du peuple/' âm. 
Or, l'Apocalypse est le chant du peuple accompli 
comme peuple de l'esprit saint hébraïque, dont le dieu 
est enfin avec lui, et non pas statufié dans un immortel 
au-delà, objet extérieur abstrait, unilatéralement 
transcendant. 

Apocalypse 21, 3 : « Et j'ouïs une grande voix 
venant du ciel, disant : " Voici, l'habitation de 
Dieu est avec les hommes, et il habitera avec eux 
; et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera 
avec eux, leur Dieu. " ». Rappelons que ce « dieu 
avec eux», c'est 'MHM 'L de gC 186 comme 
YHWH ou 'DM par élévation mathématique. Le 
chant, l'aspect liturgique que nous sommes en 
train d'étudier, clarifie ce point : un cantique 
comme celui de l'agneau pouvait être chanté tous 
les matins pour présentifier le dieu nouveau par 
la voix. C'est une hypothèse plausible, affleurant 
grâce à l'analogie avec la liturgie rabbinique de 
la 'Amidah. 



449 



Le texte du chant de l'agneau : 

Nous allons désormais pouvoir lire le texte intégral de 

ce chant de l'agneau tel que l'Apocalypse en livre la 

partition. Il intervient au chapitre 15 : 

« Et je vis dans le ciel un autre signe ['HtR + (H)'WTh, 

'a(r)her + (ha)'ôth, ces deux mots ont même gR de 29 

comme le Jour/YWM/yôm, ou comme le nom 

nouveau], grand et merveilleux (gadôl+niphla'h) : sept 

anges, ayant sept plaies, les dernières ; car en elles le 

courroux de Dieu 

C'est 'aph séh/'P ShH, la colère de l'agneau. Elle 
a pour gR 53 en considérant la valeur de 26 du 
phé final, et pour gC 386 sans considération de 
la position finale du phé (de valeur 700 et non 
50), les deux procédés étant possibles. On 
obtient alors, et de conserve, les deux gématries 
gR et gC de Jésus Iéshoû'a/YShW ! De plus, 
avec la seule considération des valeurs du phé en 
tant que finale, le mot 'P/colère engendre les gR 
et gC 27 et 8(0)1, soit l'indissociable couple 
27/81, les gématries de KS'/kissê', le trône, 
est consommé. 

Et je vis (W'R'(H)) comme une mer de verre, mêlée 
de feu [hypothèse : KYM ZKWKYTh + B(W)LL ou 
M(W)HL ou M(W)SK ou autre + B'Sh], 

Cette mer de cristal, YM ZKWKYTh/yâm 
zekôkith, a pour gR 90 qui est la gR de 
MLKWTh YHWH/le Royaume du dieu (le 
messianique), et pour gC 513, celle de HtThN 
WKLH ((r)hathan vekalâh), le fiancé et la 
fiancée, leur union bénie ! On l'aura compris, 
chanter sur cette mer de verre mêlée de feu est 
une fête amoureuse permanente qui sonne. Cette 
mer de verre est annoncée dès le chapitre 4 : « et 
devant le trône, comme une mer de verre (KYM 

450 



ZKWKYTh/kayâm zekôkyth), semblable à du 
cristal [K'YN HQRHt/k'eyn haquera(r)h, ce 
dernier mot est très riche : être chauve, glace, 
cristal et bien entendu Coré et sa révolte s'y 
entendent !] ; et au milieu du trône et à l'entour 
du trône, quatre animaux pleins d'yeux devant et 
derrière [en fait dedans et dehors, même duo que 
pour le dedans et le dehors du rouleau]. » 
(Apocalypse 4, 6). Voilà qui en indique plus 
nettement la provenance, à savoir l'Œuvre du 
Char, celle au principe de la grande vision 
savoureuse d'Ezéchiel. En effet, ce cristal s'y 
trouve devoir qualifier l'éclat du firmament 
(RQY'/raqya'). Celui-ci est aussi celui de 
l'Œuvre de la Création initiale, y séparant les 
eaux d'en haut de celles d'en bas. Cela nous 
rappelle encore l'interdit de dire « eaux, eaux » 
en atteignant le PaRDèS tel qu'Aquiba 
l'enseigne. Les eaux en question, comme de 
« marbre », sont celles que divise le firmament, 
lequel est vu en faisant l'œuvre de la Merkavah. 
Mais citons Ezéchiel : « Et au-dessus des têtes de 
l'animal, il y avait la ressemblance du firmament, 
comme l'apparence (K'YN/k'eyn) d'un cristal 
(HQRHt/haquera(r)h) terrible [HNWR'/hanôrâ', 
celui du jour grand et redoutable] étendu sur 
leurs têtes, en haut. » (Ezéchiel 1, 22). Ainsi, par 
la grâce de la parousie inépuisable, les nazoréens 
marchent-ils sur les eaux du firmament de la 
recréation et du septième palais (plénitude du 
Temple relevé), alors que lors du premier 
avènement évangélique, seul Jésus (les apôtres 
doutant encore puisque n'ayant pas encore reçu 
l'esprit, celui de la (r)hayâh qui anime le Char, 
qui est aussi l'esprit saint, ce feu) parvenait à 
cette œuvre splendide qui consiste à marcher sur 
les eaux du lac de Tibériade. Ce dernier n'est 



451 



autre que le mot TBYRY'/tebirya', équivalent 
direct - par leurs gR et gC communes, de 52 et 
232 - du DBR YHWH/dâvâr iéhoûwah, le Verbe 
de dieu qui illumine le Prologue du Selon Jean ; 
enfin, dans ce lac de Tibériade s'entend une 
curieuse condensation de TWB (tov, « bien ») et 
de BR' («créer»), par effet d'écho d'avec la 
Création en six jours de la Genèse, selon la 
plénitude du tov. 
et ceux qui avaient remporté la victoire [les 
vainqueurs, de la racine YSh'/yâsha', comme leur 
Sauveur, Jésus] sur la bête (béhêmâh), et sur son 
image, et sur le nombre de son nom, se tenant debout 
sur la mer de verre, ayant des harpes de Dieu. » 
(Apocalypse 15, 1 et 2). 

L'aspect important à souligner ici est la présence de 
« se tenir debout », 'MD/'âmad, la racine de la 
'Amidah, cette prière pour laquelle il faut se tenir droit 
et debout, comme en écho par avance à la station 
debout du Vivant, du Ressuscité, et à celle des 
(r)hâyôth de sainteté. Notre psaume de l'agneau n'est 
pas exactement lié à la 'Amidah traditionnelle des 
rabbins, mais il l'évoque par la station debout et le fait 
qu'il soit récité par les vainqueurs se tenant sur la mer 
du firmament, autrement dit ayant effectué leur 
descente dans la Merkavah, à l'image des (r)hâyôth de 
sainteté. En effet, la 'Amidah doit être récitée debout, 
pieds joints, afin d'imiter les (r)hâyôth qui, dans la 
vision d'Ezéchiel, avaient les pieds droits. Les orants, 
s'adressant à la Présence divine, doivent s'efforcer de 
ressembler aux anges, ôtant toute pensée matérielle de 
leur esprit. Nos vainqueurs apocalyptiques se tenant 
debout sur le parvis liquide et cristallin du septième 

452 



palais sont dans une situation comparable. De plus, la 
'Amidah ou Théphilah comprend « les dix-huit 
berakôth ou bénédictions », dont la fameuse « dix- 
neuvième », celle qui est « en plus », la birkath 
haminim, la prière qui, sous couvert d'un titre de 
bénédiction, est une malédiction des minim, de ceux 
qui, pour nous, revêtent glorieusement l'Adam 
nouveau, terme fixe du renouveau éternel de la 
Création, ce dessein divin. Ainsi, ce chant de l'agneau 
pourrait fort bien être lu comme une portion de la 
'Amidah et être mis en rapport avec la birkath 
haminim, comme son renversement par avance ou a 
posteriori. En tout cas, je ne puis m'empêcher de 
rapprocher les deux textes dans une contemporanéité 
contextuelle singulière. 

Voici enfin le texte de cette prière (théphilah), au 
verset trois de ce même chapitre 1 5 : 
« Grandes et merveilleuses les œuvres-actions de 
IéHoûWâH, le dieu des armées, justes et vraies tes 
voies le roi des nations ; qui ne te craindrait 
IéHoûWâH et ne glorifierait ton Nom ? Car unique 
vénérable, car toutes les nations viendront et se 
prosterneront devant toi, car tes jugements-actes de 
gouvernement sont manifestes. » (Ce dernier verbe est 
un accompli à l'image du ton victorieux et simple de 
l'ensemble de ce chant.). 
Voici l'hébreu sous-jacent au « grec de pacotille » que 

je prends pour hypothèse : 

To-n dtioki D'pHX niKixn DTi?Kn mm f^yo 

ikii'' tri: ?3 "o Ton -n? ^ -pt?? tidi mm ikt k? 
^ ci: i?o 

453 



En voici enfin une translittération pour faciliter la suite 
des opérations (accompagnée de quelques indications 
de rétroversion) : 

GDWLYM (guedôlim) WNPL'WTh (vniphlâ'ôth, cf. 
Ps 86, 10, même grec dans les Septante qu'ici ; notez 
la notarique initiale GN, gan, verger, avant-goût 
paradisiaque, qui s'accorde bien avec l'aspect musical) 
M'ShYK (ma'asseykâ) YHWH H'LHYM HSdB'WTh 
(iéhouwâh ha'élohim hatsevaôth, on trouve ce nom de 
trois mots exclusivement en usage dans les Psaumes - 
par quatre fois, par exemple en Ps. 59,8 -, s'y s'entend 
le dieu de la rigueur des mitsvôth dans le 'elohim 
(ha)tsevaôth ; de plus, il a sept esprits-accents et ses 
gR et gC en miroir sont de 126/621 - gématrie de 
hayôm, le Jour -, c'est l'un des grands secrets de 
l'Apocalypse) SdDYQYM (tsadikim) W'MThYM 
(v'amâthayim) DRKYK (drakeykâ cf. Ps 25,4) MLK 
GWYM (melek goyim, Gen. 14, 1 et 9 et Josué 12, 
23 ; ou hagoyim Jer 10,7) MY L' YR'K YHWH (Jer 
10, 7 : mi lô' yira'akâ melek hagoyim/ « Qui ne te 
craint pas, roi des nations? ») WKBD (voûkvad ou 
voûkvôd) LShMK (lishmekâ, cf. Ps 86, 9) KY (ki) 
LBD (unique, séparé, seul, levad, même sens que 
vad/BD) HtSYD ((r)hassid, très présent dans les 
Psaumes pour qualifier le Seigneur, Ps 4,4 par 
exemple) KY (ki) KL-GWYM (kâl-goyim) YBW'W 
WYShThHtWW (yavô'ôu vyishta(r)havoû, reprise de 
Psaumes 86, 9 : kâl-goyim 'asher 'assiythâ yavô'ôu 
vyishta(r)havoû lphaneykâ Adonaï vikabdoû 
lishmkâ/« toutes les nations que tu as faites viendront 
et se prosterneront devant toi seigneur et glorifieront 
ton Nom », de même les versets suivants de ce psaume 

454 



inspirent fortement notre chant de l'agneau qui en est 
comme une recombinaison alchimique des éléments 
essentiels) LPNYK (lphaneykâ) KY (ki) MShPTYK 
(mishpâteykâ) NGLW (nigloû, racine GLH de la 
nigla/NGLH Révélation! Le verbe grec (^avepoco a une 
seule et unique occurrence dans les Septante : Jérémie 
33,6 : « Voici, je lui appliquerai un appareil de 
pansement, et des remèdes, et je les guérirai, et leur 
révélerai (WGLYThY/vguilêthi) une abondance de 
paix et de vérité » ; pour ce qui est de l'abondance de 
shalom et 'émeth, avec l'Apocalypse, nous sommes 
servis !). 

La source essentielle soulignée ici est le psaume 86, 
dont il suffit de citer quelques versets autour du 
principal emprunt, le verset 9, pour en voir fourmiller 
de trésors les eaux abondantes : « Seigneur ! nul entre 
les dieux n'est comme toi, et il n'y a point d' œuvres 
comme les tiennes. Toutes les nations que tu as faites 
viendront et se prosterneront devant toi, Seigneur ! et 
elles glorifieront ton nom. Car tu es grand, et tu fais 
des choses merveilleuses ; tu es Dieu, toi seul. 
Éternel ! Enseigne-moi ton chemin ; je marcherai dans 
ta vérité ; unis mon cœur à la crainte de ton nom. Je te 
célébrerai de tout mon cœur, Seigneur, mon Dieu ! et 
je glorifierai ton nom à jamais. » (Psaumes 86, 8 à 12). 
Le mot MShPTYK (mishpâteykâ)/tes jugements 
rythme par dix occurrences comme les dix paroles le 
fameux psaume 119, lui qui est si puissamment 
structuré comme affirmation de la vie de l'alphabet 
hébreu. En effet, ce psaume voit ses huit premiers 
versets commencer par aleph, les huit suivants par 
bêth, etc. jusqu'à épuisement des 22 lettres, dans 



455 



l'ordre. Or, le huit désigné par le (r)hêth est bien le 
chiffre de la vie (de l'Ogdoade), et ainsi l'ensemble de 
ce psaume comme le chante sa structuration logique 
est bien un hymne à la vie de l'alphabet, c'est-à-dire de 
la langue des Hébreux (comme nous l'avons vu plus 
haut pour l'ensemble du rouleau des 
« Lamentations »). Qu'il comporte dix occurrences 
exactement de MShPTYK/mishpâteykâ, tes 
jugements, ne relève pas du hasard, mais de 
l'affirmation - au sein de celle de la vie de la langue - 
de la plénitude (sens du nombre dix) de ses jugements, 
de leur révélation, comme dans la conclusion de notre 
psaume de l'agneau messianique. 
Par ailleurs, le mot pour les « jugements » se retrouve 
dans la Thora pour dire le secret de cette dernière : 
« Ils [ceux de Lévi, les prêtres de dieu, ceux à qui 
s'identifient les nazoréens de la Nouvelle Alliance] 
enseigneront (yôroû/YWRW) tes ordonnances 
(mishpâteykâ) à Jacob et ta loi [vethorathkâ/ta Thora] 
à Israël ; ils mettront l'encens sous tes narines et 
l'holocauste sur ton autel. » (Deutéronome 33, 10). Les 
jugements sont réservés à Jacob (l'individu héroïque), 
alors que la Thora est pour le peuple d'Israël dans son 
ensemble (la communauté). Ce verset liant la Thora et 
son secret (les jugements divins, ses décrets) n'a pas 
manqué d'inspirer le Midrash et les Talmuds puisqu'il 
y est cité plus d'une dizaine de fois, dans le midrash 
Tehilim ou le traité Yoma' par exemple. 
Les jugements du dieu (cf. la section mishpatim juste 
après celle des dix paroles révélées à Moïse, clarifiant 
et étendant les dix commandements du Sinaï) sont la 
révélation de la Thora, de la Loi, ce sont les décrets 

456 



divins qui éclairent et explicitent le contenu de la 
Thora. Ils sont même comparés au théôm, à l'abîme en 
Psaumes 36, à l'insondable profondeur de la Loi et du 
dieu, l'impénétrable des sentiers de Sa Thora. 
Ils viennent donc bien à la fin des temps et en 
conclusion de notre psaume, en association avec le 
verbe même du dévoilement, son anamnèse gnostique 
contre toute fielleuse amnésie méphistophélique. 
Le dieu, avec ses trois noms de feu noir et ses sept 
esprits illuminants, est qualifié de levad (r)hassid/LBD 
HtSYD, « seul pieux ». Ces deux termes - bien que 
jamais ensemble - le qualifient déjà dans les psaumes 
impeccables du TaNaK. Or, cette expression a pour gR 
et gC 55 et 1 1 8, soit les 28/55 de KLH/kalâh, la 
fiancée. L'affirmation la plus forte de l'unicité du dieu 
vivant est en même temps l'affirmation de sa fiancée, 
son autre dans la divine dévékoûth (union), son 
Assemblée eschatologique (la Quéhilâh). 
Nous pouvons désormais revenir au texte du shir de 
l'agneau et en établir les gématries. 
Cette rétroversion nous donne un total de 124 lettres, 
124 gC de Jean/YWHtNN, ou surtout de 'DN/1'Eden, 
124, réseau déjà croisé. 
J'ai le calame en main, je reprends : 
GDWLYM (guedôlim) WNPL'WTh (veniphlayôth) 
M'ShYK (ma'asseykâ) YHWH H'LHYM HSdB'WTh 
(iéhouwâh ha'élohim hatsevaôth) SdDYQYM 
(tsadikim) W'MThYM (v'amâthayim) DRKYK 
(drakeykâ) MLK GWYM (melek goyim) MY V 
YR'K YHWH (mi lô' yira'akâ iéhwoûhâ) WKBD 
(vôkevad) LShMK (lishmekâ) KY (ki) LBD (levad) 
HtSYD ((r)hassid) KY (ki) KL-GWYM (kâl-goyim) 



457 



YBW'W WYShThHtWW (yavô'ôu vyisheta(r)havoû) 
LPNYK (lphaneykâ) KY (ki) MShPTYK 
(mishpâteykâ) NGLW (nigloû). 
La gR en est : 

3+4+6+12+10+13+6+14+17+12+1+6+22+13+16+21+ 
10+11+10+5+6+5+5+1+12+5+10 
+13+5+18+2+1+6+22+18+4+10+19+10+13+6+1+13 
+22+10+13+4+20+11+10+11+13 
+12+11+3+6+10+13+13+10+12+1+10+20+1+11+10+ 
5+6+5+6+11+2+4+12+21+13+11 
+11+10+12+2+4+8+15+10+4+11+10+11+12+3+6+10 
+13+1 0+2+6+ 1+6+6+1 0+2 1 +22+8+6+6+1 2+17+14+ 
10+11+11+10+13+21+17+9+10+11+14+3+12+6= 
1227. 

Or, 1227 est la gC de NGLTh YShW 
MShYHt/niglath Iéshoû'a Masshia(r)h, la révélation- 
apocalypse de Jésus-Josué Messie, les premiers mots 
de l'Apocalypse de Jean, avec leur si somptueuse 
rétrograde, MYN/espèce, le min, le nouvel Adam à qui 
les jugements du dieu vivant sont pleinement révélés 
(il est vrai que pour cette lecture de min, ce n'est 
qu'une hypothèse) ! C'est aussi le 1227 secret du 
TaNaK (HThNK) comme nous l'avons vu dans la plus 
« ésotérique » des quatre études composant cet 
ouvrage. 

On en déduit donc que le chant de l'agneau est à la 
fois ce court paragraphe de feu et l'ensemble du 
rouleau dévorant infini nommé l'Apocalypse de Jean, 
lequel n'est autre que la transfiguration du TaNaK pour 
la fin des temps en le calme paradis perpétuel de 
/ 'instant. 



458 



Le chant de l'agneau de l'Apocalypse est à rapprocher 
du « chant nouveau » qui lui aussi figure dans 
l'Apocalypse, tout droit sorti d'Isaïe et des Psaumes. 
D'après Zohar 1, 123b, ce chant est destiné à être 
chanté par l'esprit saint à l'époque où le Tout-puissant 
relèvera Israël de la poussière (de même qu'Adam est 
élevé de la poussière au gan 'êden). Ici, l'épithète 
« nouveau » n'est pas accolée pour rien, mais pour la 
raison fondamentale, nous dit le texte, « qu'un tel 
chant n'aura jamais été chanté depuis la Création du 
monde ['ôlam] ». Il en est de même du chant de 
l'agneau ! 

Question subsidiaire: 

Pourquoi l'Apocalypse ne mentionne-t-elle que ces 
deux chants, le chant de Moïse et le chant de l'agneau, 
et pourquoi de concert ? 

Parce que pour le midrash qu'est l'Apocalypse, de 
même que le chant de Moïse représente la sortie 
d'Egypte, la Thora, l'Ancienne Alliance, le chant de 
l'agneau représente la sortie d'Egypte définitive, cette 
Pentecôte universelle concrète qu'est l'Apocalypse de 
la Thora en langues, la Nouvelle Alliance. Ainsi, les 
deux chants se faisant écho dans un même tourbillon 
de voix paradisiaques sont comme les deux Alliances 
s'éclairant l'une l'autre, sans fin. Ces deux chants 
correspondent en outre aux deux noms sacrés du dieu, 
l'ancien (YHWH) et le nouveau (YHtWH, le 
recréateur, celui qui relève Eve/Ht WH, la Vivante). 
En effet, Moïse/MShH est l'anagramme exacte de 
HShM/le Nom, ce substitut du Tétragramme, tandis 
que l'agneau ShH est le vainqueur, le nom nouveau 



459 



YHtWH. Les deux chants glorifient ensemble le cycle 
des vies, morts et résurrections du Seigneur/YHWH, la 
totalité de l'épopée midrashique d'Israël telle que 
récapitulée dans l'esprit de son devenir Un. 



460 



Glossaire : 

Voici l'éluci dation de quelques notions clés, en guise 
de glossaire scientifique 

777 : dans la troisième étude, nous sommes entrés 
dans le détail des significations charriées par ce 
nombre, que nous rappellerons donc ici rapidement, 
avant de le mettre en rapport avec l'éclat de 
l'Assemblée des justes, cette Jérusalem, à la fin des 
temps. 777 est la clé de l'unité sapientielle des cieux et 
de la terre, de la halakha unitaire de leur 
communication. Ainsi est-il avant tout la gématrie de 
ShMYM (W)'RSd (les cieux et la terre), par somme 
gR + gC. Il peut s'écrire comme le produit 111x7, soit 
comme plénitude (le sept) de l'Aleph ('LP=111), de sa 
Science. De plus, sa réduction en facteurs premiers se 
note 37x7x3, où se lit le 37 gR de HtKMH/la Sagesse, 
ainsi que les nombres 7 et 3 constitutifs de la gC de 
cette même Sagesse, si bien que ce nombre, comme je 
l'ai énoncé, symbolise Sa Sagesse redoublée, toute à 
sa ferme affirmation. Il est caché sous les trois héros 
célestes de la Transfiguration, Moïse, Elie et Jésus ; 
mais aussi, dans les représentations du va et vient 
permanent entre les cieux et la terre, ou encore dans le 
fait de descendre et de remonter depuis le lieu de 
l'Exil - ce puits -, ces deux verbes n'étant pas choisis 
fortuitement dans un tel contexte (voir le secret des 
« soixante-dix ans »). Il se retrouve enfin comme unité 
des quatre mondes dans la Kabbale. C'est une 
constante, un classique. Cette puissance symbolique 
du 777, celle de la Transfiguration et de la 
communication halakique des cieux et de la terre, se 



461 



cache aussi sous le nombre 343. Ce nombre est tout 
simplement le résultat du produit 7x7x7. Juges 5, 31 : 
« qu'ainsi meurent tous tes ennemis, YHWH, mais que 
ceux qui t'aiment soient comme le soleil quand il se 
lève dans sa force ! ». On y reconnaît aisément la 
dualité eschatologique du jugement des impies et du 
salut pour les justes, ainsi que le couple « mort » et 
« résurrection ». Le Targum Jonathan croit bon d'orner 
ce verset, qui, comme tout verset biblique, demande à 
être interprété, d'un commentaire idoine : « les justes 
[à la fin, comme lors de la Transfiguration ! ] 
rayonneront trois cent quarante-trois fois plus que les 
sept étoiles des sept jours de la Création ». Autrement 
dit, l'éclat des justes - il n'est pas interdit de penser ici 
à Moïse couvrant son visage après avoir parlé avec le 
dieu - n'est autre que trois cent quarante-trois fois 
celui des astres naturels. La puissance de ce 
rayonnement spirituel, comparable à la lumière 
messianique, réside bien dans le secret du 777 en lien 
à l'éclat de la Transfiguration. Tout se tient. 
Alliance(s) : l'Alliance est une, jamais figée, toujours 
en mouvement. Elle se renouvelle telle l'alliance 
perpétuelle qu'est le Shabbath. Ainsi la voit-on qui 
s'affirme et s'affine au fil de l'écriture et de la lecture 
de la Thora, le peuple ne pouvant s'empêcher de 
retomber périodiquement dans l'idolâtrie, une 
réaffirmation de l'Alliance venant alors le tirer de cette 
chute momentanée. En témoigne par exemple, en 
Nombres 25, l'alliance avec Phinéas (ce petit fils 
d'Aaron - singulièrement vénéré par les Samaritains - 
dont la descendance est ainsi élue à perpétuité pour la 
prêtrise suprême), après que le peuple se fut livré une 

462 



nouvelle fois à la méprisable impureté, ici avec les 
filles de Moab. Comme nous l'avons vu, il y a 
principalement quatre alliances essentielles dans la 
Thora. D'icelles, la plus centrale est celle qui est 
« tranchée » au Sinaï, dans la mesure où les tables qui 
en témoignent furent conservées dans l'arche dite 
« d'alliance », primitivement recueillie dans le saint 
des saints, c'est-à-dire au centre brûlant de l'univers, 
là où le Néant s'avère être l'Infini, au cœur de la 
Parole (le DBYR/dévir, cœur du Temple où la divinité 
se manifeste, est aussi DBRY/dévârây ou divrêy, ma 
parole ou mes paroles). Comme je l'ai indiqué, 
l'alliance paulinienne de la circoncision de cœur, qui 
exigerait de nombreuses circonvolutions et multiples 
vortex de raisonnements, prend assise sur la 
circoncision de cœur dans le Deutéronome, celle-ci 
étant associée par prophétie au retour d'Exil, ainsi que 
sur les Prophètes, Jérémie et Ezéchiel brillant ici tels 
des feux grégeois. Vous pourrez aller déchiffrer, en 
hébreu, les trois mentions de la circoncision de cœur 
chez Ezéchiel en 11, 19, 18, 31 et 36, 24-26, vous vous 
ferez alors une idée de ce que signifie - lorsque la fin 
se révèle comme Sa venue spirituelle -, avoir un cœur 
nouveau (et un esprit nouveau. . . qui souffle où il 
veut ?) ; il sera ici particulièrement conseillé de se 
souvenir de la signification des nombres 186 et 386 
pour le midrash nazoréen de Iéshoû'a et de bien saisir 
les mots cœur (lev=thôrâh) et nouveau ((r)hâdâsh, 
même racine que le hiddoush). Jérémie n'est pas en 
reste. Ainsi, Jérémie 31, 30 à 32 : «Voici (HNH) des 
jours (YMYM) vont venir [B'YM, bâ'im, vous aurez 
reconnu ici la racine de la parousie, cf. cette entrée . . . ] 



463 



[ . . . ] parole de YHWH où je conclurai une alliance 
avec la maison d'Israël au terme de cette époque dit 
YHWH : et je ferai pénétrer ma Thora en eux, c'est 
dans leur cœur que je l'inscrirai ; je serai leur dieu et 
ils seront mon peuple. » (Je souligne.) 
NThThY Th-ThWRThY BQRBM W'L-LBM 
'KThBNH WHYYThY LHM L'LHYM WHMH 
YHYW-LYL'M/nâthathi 'êth-thôrâthi bquirbôm Val 
libâm 'ekthavenâh vhâyithi lâhem l'êlôhim vhêmâh 
yihyoû-li l'âm. 

Voici les gR et gC de la tournure soulignée : gR = 612 
« = » 63, et gC = 4176 « = » 486. Or, 63 et 486 sont 
les gématries rigoureuses de la plénitude, du plérôme 
du cœur LB/lêv (de la Thora). En effet, le cœur lêv/LB 
se développe en LMD BYTh (ce qui veut aussi dire 
enseigner + maison/Temple) de gR et gC respectives 
63 et 486, qui peuvent encore être identifiées comme 
celles du duo HtThM/GLH, sceller et révéler (gR et 
gC). Puissance de l'identité vivifiante entre cette 
proposition de Jérémie « et je ferai pénétrer ma Thora 
en eux, c'est dans leur cœur que je l'inscrirai ; je serai 
leur dieu et ils seront mon peuple » et sa vérité selon le 
secret de la kabbale : la plénitude, le plérôme, la 
circoncision du cœur (= la Thora), ainsi que le jeu 
spéculatif du sceller et du révéler, centre épiphanique 
de toutes les Révélations de la veine des apocalypses 
juives ! 

Armageddon (en fait, har-mégiddôn) : ce « lieu » de 
la grande bataille eschatologique finale de 
l'Apocalypse de Jean est un midrash renversant - dans 
tous les sens - sur la vallée de Mégidô où périt le roi 
Josias au seuil de l'Exil, celui-ci étant lu par 

464 



l'Apocalypse comme le vainqueur, voir cette entrée. 
Cet acte qui précède immédiatement l'Exil se trouve 
logiquement lié au retour d'Exil, à la fin des temps. 
Quelques versets de Zacharie, particulièrement 
saisissants, s'en font l'écho : « Et il arrivera, en ce 
jour-là, que je chercherai à détruire toutes les nations 
qui viennent contre Jérusalem. Et je répandrai sur la 
maison de David et sur les habitants de Jérusalem un 
esprit de grâce et de supplications ; et ils regarderont 
vers moi, celui qu'ils auront percé, et ils se lamenteront 
sur lui, comme on se lamente sur un [fils] unique 
[passage que l'on retrouve remis enjeu à l'intérieur du 
texte de l'Apocalypse, parmi ses multiples pièces 
d'étoffe et de musique], et il y aura de l'amertume pour 
lui, comme on a de l'amertume pour un premier-né. En 
ce jour-là, il y aura une grande lamentation à 
Jérusalem, comme la lamentation de Hadadrimmon 
dans la vallée de Mégidôn (vbiq'ath mgidôn). » 
(Zacharie 12, 9 à 11). L'Apocalypse lit donc, à 
l 'inverse, que par son retour en gloire il y aura une 
grande réjouissance dans la Jérusalem céleste, 

Ce substitut de la Jérusalem nouvelle est 
probablement YRWShLYM MShMYM par 
condensation syntaxique de YRWShL(Y)M MN- 
HShMYM. Cette formule dense se situe, 
néotestamentairement parlant, en Hébreux 12, 
22. Ce passage - et pas que lui ! - ruisselle, tel 
un véritable Pactole, de jeux gématriques 
exactement comparables à ceux de l'Apocalypse, 
à commencer par la dite Jérusalem céleste, 
l'usage de la gématrie en yod de celle-ci étant 
ainsi à nouveau rendu à sa lumière. . . 
comme celle de Sa victoire en la montagne de 
Mégiddôn. 

465 



Ben Tigla (livre) : probable manière qu'a Qohéleth 
Rabbah sur Qohéleth 12, 12 de désigner l'Apocalypse 
de Jean en l'associant au livre de ben Sirah, 
mentionner celui-ci étant une manière de parler de 
Jésus sans le nommer (cf. Maurice Mergui, in Un 
étranger sur le toit). Ce verset commenté est en fait 
interprété comme un interdit d'ajouter des livres aux 
vingt-quatre de la Miqra', dont les deux susmentionnés 
accusés de porter le trouble dans la maison (sic ! et 
entendez le Temple sous maison...). Jastrow, dans son 
célèbre dictionnaire, rapproche ce livre de Ben Tigla 
des livres de ben La'anah. Or, ces livres de Ben 
La'anah, nous savons - grâce à Sandrick Le Maguer 
dans Portrait d'Israël en jeune fille -, qu'ils désignent 
les Evangiles, La'anah nommant Myriam-Marie. Ce 
qu'indique le jeu de mots entre ben thigla' et niglah ou 
niglath (titre probable de l'Apocalypse) se verrait ainsi 
renforcé et le livre de Ben Tigla ne désignerait nul 
autre que ce vingt-septième joyau du Nouveau 
Testament. 

Diable (Satan) : du latin diabolus, lui-même du grec 
diabolos, adversaire, ennemi, traduisant 
majoritairement l'hébreu 'ôyêv (mêmes lettres que 
'iyôv/Job, mais avec permutation du waw, si bien que 
si celui-ci signifie le haï, celui-là est le haïssant). Ayant 
accès à l'hébreu des textes, nous savons que dans le 
Nouveau Testament, comme dans l'ancien, il n'y a 
jamais eu le moindre « Diable » au sens des Eglises et 
de leurs représentations confuses. Voyons comment. 
Première confusion : entre diabolos dans les Septante 
qui ne traduit que le nom commun « adversaire » - 
souvent il est vrai celui d'Israël - et le Satan, les deux 

466 



étant amalgamés à partir d'une lecture paradigmatique 
du Nouveau Testament dans son grec littéral. En effet, 
cette lecture, qui dans toute son extension est cette 
interprétation métaphysique servant de paradigme à 
l'Occident chrétien, a traduit le grec diabolos à travers 
les langues de telle façon que l'Adversaire 
néotestamentaire de Jésus soit devenu « il Diavolo », 
« le Diable », « the Devil », « el Diablo », etc. 
Deuxième confusion : quant au sens de l'Adversaire 
hébraïque, confusion que nous allons lever de ce pas 
assuré. L'hébreu hassatan signifie l'accusateur, 
l'adversaire, celui qui se présente devant le Christ pour 
l'accuser (d'où Y antichrist si l'on entend bien le grec 
anti au sens d'être « en présence de », « auprès de »). 
On le trouve à l'œuvre dès Zacharie, face au grand 
prêtre du retour, i. e. pour les rédacteurs 
néotestamentaires Jésus, ou encore au début de Job. 
Dans la Nouvelle Alliance de Jésus, il est le moment 
de la négation comprise, saisie, maîtrisée dans et par le 
langage. Ainsi, quand le texte dit : « Qui est le 
menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ ? 
Celui-là est l'antichrist, qui nie le Père et le Fils. » (1 
Jean 2, 22), ce nier n'est autre que M'N/mâ'ên, 
anagramme inverse de N'M/ne'oum, oracle, parole (du 
dieu) : celui qui nie l'accomplissement du langage est 
compris comme moment négatif dans ce même 
langage, par là même lisible et audible comme 
victorieux par essence. Si le Satan a la prunelle irritée 
par ce midrash chrétien dont le langage de feu brille si 
intensément, et qu'il ne parvient pas à lire sans en être 
excédé, celui-ci en revanche - pour l'avoir toujours 
par avance vaincu - le lit, le sonde, le fouille jusqu'en 



467 



ses entrailles de lettres d'encre et de pensée, le fait 
tourner avec un fouet aux cordes d'acier, l'enchaîne 
par le raisonnement, le retourne. De même, dans 
l'Apocalypse, le Serpent (autre nom de l'Adversaire), 
soit NHtSh/nâ(r)hâss, est-il compris dans la chaîne 
NHtShT/ne(r)hsseth - celle des raisonnements 
midrashiques ? - qui sert à le lier (cf. Ap. 20, 1), ou 
encore, HShTN/le Satan - qui est le même - se voit-il 
compris dans le pouvoir qui le tient entravé, 
HShLTWN/hashiltoûn. De plus, comme nous l'avons 
vu, le Satan est un équivalent gématrique de « Son 
Messie » ; cela répond au principe d'identité 
spéculative des contraires qui se ramifie et foisonne 
dans le midrash, singulièrement, et à tous les niveaux, 
dans l'Apocalypse de Jean. Le supposé « Diable » 
vient et ne vient pas du Satan, de l'Adversaire tel que 
pensé par le midrash hébreu. Il vient aussi de certains 
mythes orientaux, dans lesquels s'oppose au dieu 
lumineux et bénéfique (Horus, Ormuzd. . .) un 
adversaire non moins divin, mais ténébreux et 
maléfique (Seth, Ahriman). Ces dieux ennemis ne sont 
pas des sujets, mais des principes « substantiels », 
ayant un sens astrologique lié aux cycles des temps, au 
temps cyclique. Cet antagonisme sert alors à 
l'affirmation du principe lumineux, la lumière ayant 
« essentiellement la nature de la négativité absolue » 
contrairement aux ténèbres qui, bien qu'apparemment 
négatives, sont en fait positives et impuissantes à 
résister à la lumière ; ainsi, Seth est-il toujours vaincu 
par Horus, mais ici, temps cyclique oblige, Horus doit 
à son tour être vaincu pour ressusciter, et le cycle 
articulé autour de leur opposition de recommencer de 

468 



plus belle. Toutefois, ce n'est plus le cas avec 
l'eschatologie juive, le « mal » étant définitivement 
vaincu par l'avènement du soleil messianique ayant la 
guérison sous ses ailes, illuminant le monde recréé 
dans la lumière de sa parousie. Les Hébreux ont 
conservé et dépassé cette représentation mythique en 
concevant le hassatan midrashique, l'Adversaire lié à 
un temps eschatologique, non plus seulement à un 
temps cyclique, bien que celui-ci se trouve conservé et 
dépassé dans celui-là (ainsi les Hébreux ont-ils un 
temps cyclique centré sur l'étude liturgique du Livre, 
dont les cycles se déploient à l'intérieur de la durée du 
Jubilé, la succession des Jubilés étant elle-même 
comprise dans l'avènement messianique, qui donne sa 
structure à l'Apocalypse - en sept parties, chacune 
étant subdivisée en sept temps, à quoi s'adjoint une 
conclusion). Ainsi, le hassatan incarne-t-il le principe 
du ra' (« mal »), lequel est essentiellement déterminé 
comme l'opposé du tov, de l'adéquation à la Sagesse 
(cf. Annexe 4), mais il est en même temps un terme de 
pure polémique qui pour le TaNaK, au niveau de sa 
conception par les pharisiens (ou les membres de la 
grande Assemblée), a d'abord désigné les samaritains 
ou les sadducéens. Puis, la situation se renverse dans 
l'eschatologie nazoréenne, et, pour l'Apocalypse de 
Jean, il condense la juxtaposition subtilement déclinée 
de toutes les oppositions essentielles au midrash 
chrétien : le Satan de l'Apocalypse est le dragon, alias 
Hérode-Achab, mais il est aussi la première bête - les 
sadducéens -, et la seconde bête - les pharisiens. Deux 
formules extraites de la chair savoureuse du texte 
prouvent cette juxtaposition, « le trône de Satan » lié à 



469 



Hérode, ainsi que « la synagogue de Satan », référence 
codée au Sanhédrin constitué de sadducéens et de 
pharisiens, dont les vingt-quatre « anciens » incarnant 
les livres sont l'envers exact. Le jugement définitif du 
Satan est opéré par l'ultime opus johannique, de sorte 
que la « nouvelle création » (voir l'entrée « recréation 
apocalyptique »), le ra' ayant été idéalement supprimé, 
soit à nouveau adéquate au tôv par-delà tôv et ra', 
c'est-à-dire soit la vie même (le (r)hayim de l'arbre de 
vie, des vivants-ressuscités, d'où l'interprétation du 
Zohar où les âmes des justes se posent sur les branches 
de l'arbre. . .), la Jérusalem nouvelle comme assemblée 
des nôtsrim ressuscites, effectuation de la seconde 
résurrection. Cette double entente dont se tisse 
savamment ce hassatan est complètement perdue une 
fois l'hébreu néotestamentaire passé dans le grec, 
perdue pour l'Occident chrétien qui fabrique 
théologiquement le Diable dans l'oubli de la si subtile 
invention de Iéshoû'a, comme de celle de son opposé 
polémique ramifié. Cet oubli se caractérise aussi par 
une identification du plus mauvais goût - digne de ces 
pauvres cervelles mollement baignées dans les eaux 
croupies d'une croyance indigente - entre le 
« Diable » et les Juifs, ceux-ci étant identifiés à celui- 
là dans la fausse conscience chrétienne. En effet, celle- 
ci lit ceux-là comme les adversaires obstinés de Jésus, 
lisant ainsi un « les Juifs déicides » abstraitement 
universel et vide là où le texte, par pur polemos 
midrashique, parlait des yéhoûdim - originellement les 
« judéens-hébreux rabbiniques », certainement pas 
« les Juifs » ! Ce n'est pas un hasard si les obscènes 
caricatures par lesquelles les Juifs furent si 

470 



couramment calomniés ont eu constamment recours à 
la figure du Diable. Déjà, comme le note Stéphane 
Zagdanski dans Domination et dépossession chez 
Heidegger et dans la pensée juive, le funeste Jérôme 
de Stridon écrivait, commentant saint Jean, ce tsaddiq 
méconnu : « " Ils [vous aurez deviné de qui il s'agit...] 
ne reçoivent pas sa parole ", parce qu'ils ne le peuvent 
pas. Ils ont fermé leurs oreilles à la Parole de Dieu. 
Celle-ci en retour les identifie comme le diable ... » En 
ce supposé « Diable » lu par les soi-disant 
« chrétiens », s'est supprimé le sens profondément 
polémique du hassatan, tandis que s'est conservé celui 
d'incarnation du mal, hérité du mythe, mais bien 
entendu il s'y est conservé sans le dépassement opéré 
sur ce point par les juifs-hébreux. Toutefois, le 
christianisme va plus loin que les mythes en faisant du 
Diable un sujet, chose impensable avant, et que l'on 
voit aussi se développer, parallèlement aux débuts de 
l'Occident chrétien, dans les Talmuds (où cette 
incarnation du yetser hara' qui « participe de la 
division » « donne en effet beaucoup à penser »). 
Ceux-ci prennent appui sur Job et Zacharie et sur le 
fait que l'Accusateur a part au verbe divin puisqu'il est 
capable de placer dieu en face d'une contradiction. 
Mais, comme nous autres, Argonautes de la 
rétroversion éclairante, savons que dans l'hébreu 
biblique et évangélique il n'y a jamais eu de Diable, 
nous pouvons bien dire que le « Diable » est mort - 
d'autant plus que le Satan a été définitivement envoyé 
au gouffre avec l'Apocalypse, ce dont ne tinrent pas 
compte les Talmuds, développant le personnage plus 
qu'aucun texte antérieur. . . - et que le dieu est 



471 



/ 'absolument vivant. Laissons donc à la bêtise 
universelle ce hochet dérisoire, ce pauvre pantin de 
papier ! En tant que sujet il a fait long feu, il s'est 
consumé dans son fondement autrement difficile à 
penser, le Mal « comme le tournant de l'Esprit » 
(Hegel) ou comme « le spirituel » (Schelling), ou 
encore comme ce qui, « dans l'éclaircie de l'Être » 
paraît « en même temps que l'indemne » (Heidegger). 
Pour revenir au niveau de son sens, si le hassatan n'a 
aucun rapport avec « le Diable » tel qu'on se le 
représente dans le christianisme entendu comme 
nihilisme (et pour cause), c'est qu'il signifie 
l'opposition essentielle avec laquelle il s'agit de jouter 
pour en triompher, en un sens pré-talmudique, 
singulièrement aiguisé par le midrash chrétien (la 
fameuse tentation au désert du chapitre quatre du selon 
Matthieu n'est rien d'autre qu'une joute talmudique 
entre le Messie et son Adversaire - il cite sa Thora ! -, 
il faut apprendre à la lire comme cela. . .). Dans 
l'Apocalypse, on le trouve par exemple en ce verset 
universellement caviardé : « Mais à vous je dis, aux 
autres qui sont à Thyatire, autant qu'il y en a qui n'ont 
pas cette doctrine [l'enseigner LMD des fils de Jézabel 
que l'on peut rapprocher des Nicolaïtes, ces fils de 
Balaam], qui n'ont pas connu les profondeurs de Satan, 
comme ils disent : je ne vous impose pas d'autre 
charge » (Apocalypse 2, 24). Ah, les profondeurs de 
Satan ! Elles donnent le vertige n'est-ce pas ? Certains 
ont été jusqu'à voir ici une accusation contre des 
adeptes de Satan. N'y avait-il pas déjà des 
« satanistes » au premier siècle ? ! Ainsi, Satan aurait 
des profondeurs - comme YHWH ! - que nous autres, 

472 



pauvres mortels, méconnaîtrions. . . Or, les profondeurs 
du dit Satan sont tout simplement l'hébreu M'MQY 
HShTN/ma'amakêy hassâtân, « les secrets de 
l'Adversaire », qu'il suffit de mettre à nu pour 
renverser cette opposition, ce qui sous-entend le libre 
usage de la kabbale. En effet, M'MQY HShTN/« les 
secrets de l'Adversaire » (en Daniel 2, 22 l'équivalent 
araméen 'MYQTh' veut dire exactement « secret ») a 
pour gR 120 et gC 624, soit pour somme des deux le 
744 gC de YShW MShYHt/Iéshoû'a Masshia(r)h. Il 
relève des « secrets du Satan » d'être défait par son 
opposé spéculativement identifié avec ceux-ci par la 
kabbale, c'est-à-dire avec lui ! Un autre calcul 
gématrique s'y adjoint, par multiplication cette fois : 
HShTN = 5x21x9x14 = 189x7x10, le 189 de la venue 
du Jour du Messie (YWM MShYHt, par plérôme) et 
les sept têtes et dix cornes de la Bête, de l'Adversaire, 
têtes et cornes qui désignent métaphoriquement sa 
puissance (cf. les racines R'Sh et QRN des têtes et des 
cornes), tout comme son animalité désigne 
métaphoriquement son refus de l'élévation spirituelle 
(cf. ce que nous avons clarifié concernant le 666 
comme axe secret de l'Apocalypse). La même 
arithmétique s'avère effective avec le Dragon ThNYN 
= 22x14x10x14 = 616x7x10, les sept têtes et dix 
cornes et le 616 gématrie de YWM/yôm, le jour de 
l'avènement messianique ! 

Dix séphirôth (ou middoth) : dans le langage de la 
Kabbale, les « attributs divins », ses middoth - qui ne 
sont plus seulement les règles de l'exégèse rabbinique 
-, n'existent pas au sens de causalités, comme c'est le 
cas dans la théologie « chrétienne ». En effet, pour la 



473 



Kabbale, les séphirôth lues comme middoth ne sont 
justement pas des « attributs » au sens chrétien, mais 
bien plutôt sont-elles des « émanations » (notion 
« détournée » du néoplatonisme. . .), ou mieux des 
« miroirs » (aspaklariôth) de la divinité, autrement dit 
ses aspects. Le dieu peut être perçu et pensé tel qu'en 
lui-même drapé de sa lumière « supernelle » au sein de 
son identité secrète avec le Néant, Le. comme 
l'Existant sur son trône (la plus haute séphirah, 
Kether), vision de sa bonté rayonnante et de sa justice 
immanente ; ou bien, dans une même vision 
embrassant, selon ses différents aspects graduels, 
droite et gauche (amour et force, bonté et colère, etc.), 
haut et bas, ceux-ci étant eux-mêmes lus dans la Thora 
(par exemple dans les paires ou zoûgôth constituant la 
« création », à commencer par Kether et (r)Hôchmâh 
au niveau de Genèse 1,1). 

'êyn : hébreu pour dire néant, rien, etc. L'occurrence 
biblique qui en révèle le mieux toute la portée se 
trouve sans doute - hormis celle au cœur du récit 
initial de la Création, mais les deux sont reliées - chez 
Job : « La Sagesse tu la trouveras à partir du néant. » 
Galilée : GLYL de gR et gC 37/73, équivalent de 
HtKMH, la Sagesse. La mention biblique la plus 
intéressante se trouve en Isaïe 8, 23 où il est question 
du « chemin de la mer [la Thora ?], au-delà du 
Jourdain, la Galilée des nations », autrement dit de la 
terre promise ! Indication en passant : curieusement le 
Christ évangélique, qui est le Temple vivant, se relève 
en Galilée, trois jours après sa mort (sa destruction). 
Curieusement, c'est exactement le même parcours que 
suit le judaïsme : destruction du Temple, 

474 



reconstruction en Galilée, via Yavnéh (qui bien 
entendu est en Judée). Cette importance de la Galilée 
dans l'Evangile est d'autant plus étonnante que sa 
mention est extrêmement rare dans les textes 
antérieurs. Elle fait signe quelques rares fois dans le 
TaNaK, et sans doute peut-on en relever quelques 
autres occurrences dans les apocryphes ou à Qumrân. 
Curieusement encore, les seuls autres textes anciens où 
la Galilée a une telle importance sont les midrashim et 
talmudim du second siècle et au-delà... 
Gématrie « im (ha)kollel » : ce procédé consiste à 
ajouter « un » à une gématrie obtenue par gR ou gC. 
Cette simple adjonction numérique est riche, car elle a 
pour sens l'unification dans l'Un, l'accès à sa totalité 
constituée, conformément à la racine KLL du kollel : 
« perfectionner, rendre parfait, achever. » Ce procédé 
est connu des auteurs néotestamentaires, comme le 
prouvera un exemple simple et digeste. Ephésiens 4, 
22 et 23 : « en ce qui concerne votre première manière 
de vivre, d'avoir dépouillé le vieil homme qui se 
corrompt selon les convoitises trompeuses, et d'avoir 
revêtu (LBSh) le nouvel homme, créé selon Dieu, en 
justice et sainteté de la vérité. » Le nouvel 
Adam/homme ? 'DM HtDSh a pour gR 51 et gC 357, 
son kollel ne produit rien d'autre que 52 et 358, les gR 
et gC de MShYHt/masshia(r)h, le Messie, ce soleil 
(ShMSh, présent ici par notarique dans « revêtir le 
nouvel homme »/LBSh ('Th-H)'DM HtDSh) ! Nul 
mystère concernant ce revêtement du « nouvel 
homme » ne saurait demeurer. 
« Histoire midrashique d'Israël » : j'ai forgé cette 
formule afin de désigner les modalités suivant 



475 



lesquelles, sis à même l'élaboration de la Thora, se 
développe - selon une progression midrashique qui le 
« réalise » - le plan divin (conseil, 'SdH), dont la 
vérité n'est autre que l'avènement messianique, grand 
retour ou grande réparation (tiqqoûn), qui conduit à 
son tour au dévoilement des secrets de la Thora, 
lesquels « précèdent » la Création. Cette « histoire » 
court depuis la Genèse jusqu'à l'Apocalypse. Trois 
cycles essentiels, bien que se subdivisant en eux- 
mêmes, et se répondant, semblent ainsi se dégager. Ils 
s'articulent autour des trois avènements du Temple, à 
la fois le même et pas le même : c'est d'abord celui de 
la Jérusalem d'avant l'Exil (livres de Samuel et des 
Rois), puis celui du retour depuis l'Exil babylonien - 
c'est le « second Temple », qui fut détruit en 70 après 
J.-C. -, et enfin celui de l'apocalyptique nazoréenne, 
intériorisé et devenu le dieu lui-même. Le premier 
Temple correspondrait - schématiquement - au temps 
où l'essentiel de la pensée juive la plus florissante 
émane des sadducéens, le second au temps où cet 
essentiel provient des pharisiens (temps d'Esdras - ou 
plutôt de Simon le Juste -, figure emblématique du 
parfait pharisien digne de Moshè), enfin, c'est le temps 
du troisième Temple, lié à l'eschatologie nazoréenne, 
cette incontournable réjouissance du Verbe. J'insiste ici 
sur deux aspects cruciaux pour ne pas se méprendre 
sur « l'histoire midrashique d'Israël ». Premièrement, 
histoire est ici employé au sens de haggadah, de récit 
voire d'épopée, pas au sens de l'historiographie 
grecque dont Hérodote et Thucydide sont les pères, 
encore moins à celui de l'histoire entendue et 
développée à partir de la théologie chrétienne sur le 

476 



modèle d'un temps linéaire irréversible (qui n'était pas 
encore celui, plus récent, de la production 
« économique »), car celui-ci est en tant que tel 
inconnu des Grecs et des Hébreux. D'ailleurs, il fut 
même inconnu de toutes les civilisations antiques, car 
bien que les empires ou royaumes aient compté les 
temps des dynasties, les années de règne des empires, 
etc., tous ces peuples vivaient dans un temps 
globalement cyclique, où l'année calendaire n'était 
vue et vécue que comme un cycle. Aussi bien ne 
pouvaient-ils pas concevoir une « fin des temps » au 
sens « chrétien », c'est-à-dire comme venue du Messie 
en telle date par avance calculable - aberration dans 
laquelle se perdirent d'ailleurs nombre de rabbins et de 
savants tardifs -, ou, pour l'Eglise, comme retour rêvé 
d'un Jésus glorifié, cet « au-delà du futur » dont la 
représentation métaphysique se sclérose, se fossilise, 
se décompose. Ces peuples antiques ne connaissaient 
pas encore le temps linéaire irréversible. Ce qui nous 
conduit au second point : si histoire est ici à entendre 
comme récit, haggadah, il faut préciser que le temps 
de son déploiement n'est pas linéaire, mais cyclique 
(cf. les entrées « ni avant ni après dans la Thora » et 
« pour les siècles des siècles »). En effet, le temps 
linéaire, que Roland Tournaire nomme « le temps 
chimérique », au sens de l'histoire « chrétienne », est 
apparu par le biais d'une conjonction entre la pensée 
aristotélicienne du temps, et une lecture naïvement 
linéaire de la Création de la Genèse - plus 
généralement du récit biblique - faite par les pères de 
l'Eglise, avant que la puissante théologie 
d'entendement de celle-ci n'élabore l'histoire tendant 



477 



vers l'au-delà du futur - dont je crains fort que nous 
n'ayons à l'attendre éternellement, si nous ne nous 
saisissons pas nous-mêmes de l'éternité concrète, 
vivante au cœur du texte, en ressuscitant dès cette 
vie. Le temps de « l'histoire midrashique d'Israël » est 
donc à appréhender sur le mode du temps cyclique, 
celui des 'ôlamim (hérités des cycles astronomiques, 
cf. le sens multiple des théqoûphôth) : voir l'entrée 
« pour les siècles des siècles ». Lorsque, dans la 
seconde note qui succède à la première étude de ce 
livre, je tentais de méditer l'histoire midrashique en 
introduisant et résolvant « l'antinomie » apparente 
entre l'affirmation « néant ('êyn) de l'avant et de 
l'après dans la Thora » et le fait qu'il y ait en même 
temps une progression (certes cyclique, voire 
labyrinthique !) du récit midrashique, j'allais sans 
doute un peu vite en besogne. Je crois toutefois que 
cela reste vrai à condition de bien entendre les deux 
termes et de bien lire le « sans fin » qui « précède » - 
en un sens logique - la Création et « vers lequel » la 
fin fait retour, à savoir de l'entendre comme 'êyn soph, 
comme l'Existant, infinité du paradis du Temps, de la 
jouissance de l'Eden du Verbe échappant à toute 
représentation (et en particulier à toute représentation 
du temps). J'ajoute enfin que la structure 
mouvementée du TaNaK répond à cette temporalité 
cyclique. En effet, nous avons vu que les trois temps 
que sont la fondation, l'Exil et le retour marquent la 
globalité de celui-ci. Ce cycle se subdivise à l'intérieur 
de soi, le premier de ses cycles internes commence par 
la Révélation édénique, son moment négatif s'initie 
par l'expulsion nécessaire au mouvement narratif, ce 

478 



cycle se poursuivant dès lors jusqu'à la fondation 
d'Israël en douze rameaux subtils, ce qui conclut ce 
premier mouvement génésique (qui lui-même se 
subdivise...). 

Ni avant ni après dans la Thora ('YN MWQDM 
WM'WHtR BThWRH) : principe midrashique 
servant de première approche afin de saisir la 
temporalité à l'œuvre dans la Thora. Ce n'est qu'une 
définition négative, donc insuffisante. Ainsi ne doit- 
elle pas être séparée de l'ensemble des règles de 
l'écriture de la Thora, comme de ses mesures. Car ce 
sont celles-ci qui livrent l'accès à ce paradis du Temps, 
aux détours imprévus parmi sa richesse labyrinthique, 
aux « brèches opéradiques » ouvertes dans les cloisons 
du texte par le souffle de questions paradoxales, aux 
anfractuosités souterraines où se cueillent d'étranges 
fleurs de jouissance magique, aux « bonds successifs 
entre réalités secrètement analogues » dont le lieu 
n'est autre que la pensée du texte. Le midrash semble 
peiner à trouver une justification explicite de 
l'antiquité de ce principe dans la Thora (le 
Tan(r)houma cite Proverbes 5, 6 où il est fait mention 
des voies errantes - bifurquantes ? - de l'Assemblée 
lue comme la Sagesse, la Thora selon son verso 
d'amertume). Cela n'a rien d'étonnant dans la mesure 
où il est formulé par opposition au temps 
chronologique de la théologie chrétienne apparaissant 
dans les premiers siècles. En effet, « la Bible » est 
alors « lue » chronologiquement sur la base d'un 
temps linéaire irréversible, à commencer par le récit de 
la Création, celui-ci étant entendu naïvement par les 
pères comme chronologique ; la valse « chrétienne » 



479 



des aberrations de lecture commençait déjà à faire 
tourner les têtes. Les plus anciennes mentions que l'on 
trouve de cette règle sont dans la guémara du Talmud 
de Jérusalem (Shekalim 25b et Sôtâh 37a) rédigée 
autour de l'an 400, ce qui correspond bien aux débuts 
du « christianisme ». Si, dans cette tournure, « avant » 
(racine QDM), tout comme « après », prennent un 
instant un sens chronologique, c'est par ruse, afin de 
mieux déjouer par la suite toute entente chronologique 
du texte biblique, car ils ont avant tout un sens logique 
ou géographique. Ainsi, dans la fameuse formule 
mettant en situation le jardin d'Eden « à l'Orient », 
nous avons vu que ce miqedem traduit par « à 
l'Orient » se lit surtout comme un « avant le 
commencement », en un sens logique, en rien 
chronologique (pensez à la parole proférée par le 
Christ, « avant qu'Abraham ne soit, je suis », en effet 
le Messie est « d'avant la Création »...). Enfin, vous 
n'aurez pas oublié de remarquer la présence 
rougeoyante et secrète du 'êyn dans cette tournure, de 
sorte que la dernière phrase de ce paragraphe se sera 
avérée absolument inutile. 

Nicolaïtes : formule tout sauf énigmatique par laquelle 
les auteurs de l'Apocalypse entendent non seulement 
désigner, mais fustiger, insulter et pilonner leurs 
adversaires principaux, tout en restant bien entendu 
dans l'esprit du langage polémique propre au midrash. 
Elle repose sur un jeu de mots avec Balaam, Nicolas 
étant un équivalent traduit en grec de l'un des jeux lus 
à même ce nom hébreu. En effet, celui-ci est décrypté 
comme condensation de BL '/avaler, détruire + 'M le 
peuple. La racine grecque nikaô signifie d'abord 

480 



vaincre, prévaloir, gagner une cause, mais aussi 
détruire, comme BL' (au piel), tandis que laos signifie 
bien peuple. C'est pourquoi Nicolas traduit en grec 
Balaam. Partant de là, les Nicolaïtes seraient les bnêy 
Bile'am, les fils de Balaam (le pluriel d'un nom propre 
en hébreu se note généralement ainsi, cf. les bnêy 
Israël pour dire bibliquement les « israélites »). Ici, les 
« désinformations » diverses fournies par les 
hérésiologues de l'Eglise ne sont évidemment 
d'aucune aide. En revanche, s'instruire des polémiques 
talmudiques et midrashiques ô combien ! Car nous 
savons, dès lors que nous ouvrons le Midrash et les 
Talmud plutôt que les patrologies poussiéreuses qui 
s'accroupissent sur les rayonnages des bibliothèques 
désertées par les lecteurs vérifiés, que Balaam est une 
désignation cryptée du Jésus nazoréen pour la 
polémique du midrash (cf. par exemple Yalkoûth 
Shimoni sur Nb. 23, 7 où il est accusé d'avoir voulu 
« se faire Dieu », ou Talmud Qtpassim). Par ailleurs, 
comme nous l'avons vu, Balaam est à la fois borgne et 
instruit de la science du Très Haut, celle du temps de 
la fin. Ainsi, les auteurs de l'Apocalypse renversent-ils 
l'accusation envers Jésus (c'est-à-dire eux-mêmes) et 
critiquent-ils vertement leurs adversaires en 
rapprochant leur enseignement de celui de Balaam et 
de ses fils, c'est-à-dire d'un enseignement à 
« l'intelligence borgnesse » quant au temps de la fin, 
impuissant à réellement déceler, distinguer et penser ce 
temps subtil entre tous, ce rega' fulgurant du divin. 
Les prétendus Nicolaïtes ne sont autres que ces 
adeptes de l'intelligence borgnesse qui ne veulent pas 
voir la fin et désirent donc toujours la différer sans fin, 



481 



ce qui se confond justement avec l'accusation de 
l'Evangile à l'égard des pharisiens, diversement 
réticents ou hostiles à l'égard du midrash chrétien. De 
plus, Tiqqoûnê Zohar 142b identifie ces fils de Balaam 
(seule mention que j'ai pu en trouver, mais qu'il y en 
ait une est déjà un signe) aux deux magiciens 
égyptiens Yanis et Yambris - le midrash inventant 
leurs noms - qui s'opposèrent à Moïse lors de la 
célèbre joute biblique sceptre-serpent contre serpent- 
sceptre, Moïse ayant l'avantage décisif de la puissance 
miraculeuse de YHWH. Or, ces deux magiciens 
figurent aussi dans le Nouveau Testament. Ainsi, en 2 
Timothée 3,8, Paul dit : « de même que Yannès et 
Yambrès s'opposèrent à Moïse, ainsi ces gens-là [mais 
qui donc ?] s'opposent à la vérité [la voie du tôv de 
l'accomplissement messianique, le fait de se tenir dans 
cette voie], ce sont des humains ['anâshim, des 
membres de yeshivôth et synagogues d'Israël !] 
corrompus pour l'intelligence [borgnesse, vous disais- 
je. . . ] » etc., bref ce sont des fils de Balaam, des 
Nicolaïtes ! Sachant que l'Apocalypse juge elle aussi 
des humains ('anâshim), qu'ils soient lapidés par la 
grêle (BRD, anagramme exacte du verbe, dâvâr/DBR), 
calcinés par le feu du soleil du réel ou encore envoyés 
avec le Satan et le faux prophète dans l'étang de feu et 
de soufre rappelant le jugement de Sodome - ce 
premier jugement de l'idolâtrie d'après le Déluge -, 
j'en déduis bien que les adversaires des auteurs de 
l'Apocalypse et ceux du midrash paulinien sont les 
mêmes, les Nicolaïtes, les 'anâshim d'Israël qui 
refusent le midrash chrétien. Un passage de Paul 
permet même de préciser que ces 'anâshim, dont font 

482 



partie les Nicolaïtes, ne sont autres que des 
(r)hakamim, des sages pharisiens : « Car la sagesse de 
ce monde [du 'ôlam hazé. . . de ceux qui n'accèdent 
pas dès cette vie à la parousie, au 'ôlam haba'] est 
folie devant Dieu. Ainsi est-il écrit : « Celui qui prend 
les sages ((r)hakamim) dans leurs ruses», et encore : « 
Le Seigneur connaît les raisonnements des sages, qu'ils 
sont vains ». Que personne donc n'ai de confiance en 
les hommes ('anâshim) » (1 Corinthiens 3, 19 à 21). 
En voilà pour la confusion au sujet des Nicolaïtes, 
colportée dès les premiers hérésiologues de l'Occident 
chrétien, introduisant par erreur une dissonance 
majeure entre Paul et l'Apocalypse ou entre des 
gnostiques et les auteurs de celle-ci. Eh bien, non ! Les 
auteurs de l'Apocalypse et du midrash paulinien sont 
issus des mêmes assemblées nazoréennes, et, en ce qui 
les concerne, les fils de Balaam sont à chercher du 
côté des rabbis opposés à l'avènement du Rabbi 
apocalyptique, ce principe de la recréation divine, par 
exemple chez un certain Rabbi Tarphon de triste 
mémoire, puisque c'est dans sa bouche que fut mise la 
parole à ma connaissance la plus dure et venimeuse 
contre les midrashim évangéliques, enjoignant de les 
laisser brûler en cas d'incendie, etc. Choses pour 
certains familières, mais pas pour autant connues, car 
là encore il ne faut pas prendre cela au pied de la 
lettre, mais commencer par rappeler que ces propos 
relèvent de ce poivre ou de cet arsenic métaphorique - 
étrangement délectable pour qui a foi en pareil poison 
- qu'est le langage de la polémique, même s'il est vrai, 
hélas, que cette parole fut aussi appliquée à la lettre. 



483 



Un apocryphe méconnu, Correspondance entre Paul 
et les Corinthiens, vient faire écho à la polémique 
apocalyptique, mais cette fois-ci dans la bouche de 
Paul. En effet, ce texte oppose les fils de la justice 
(bnêy tsedaqah) qui sont les auteurs du midrash 
chrétien à de « mystérieux » fils de la colère ; l'on 
reconnaît bien sûr droite et gauche du jugement final 
dans cette opposition. Plus loin, ces opposants sont 
qualifiés de « ces maudits qui professent la doctrine du 
Serpent (LMD NHtSh !) ». On pourrait s'attendre à 
des gnostiques de type naassènes ; eh bien, là encore, 
pas du tout. Car peu après, ces mêmes « qui enseignent 
la doctrine du Serpent » sont qualifiés de « race de 
vipères », « d'engeance de serpents et de basilics », 
expressions bien connues de nos évangiles de poche 
pour cribler les opposants pharisiens et sadducéens au 
midrash chrétien (cf. Matthieu 3, 7), ceux qui 
enseignent la doctrine de Balaam ou du Serpent 
(Nahass est aussi l'un des vocables clouant 
l'Adversaire dans l'Apocalypse), toujours les 
Nicolaïtes ! 

Mais il est temps de conclure en réinjectant le terme de 
notre rétroversion dans l'hébreu de l'Apocalypse. Tout 
d'abord, Ap. 2, 15 nomme les adversaires comme ceux 
qui détiennent l'enseignement des « Nicolaïtes ». Sous 
ce « détiennent » il s'agirait de lire la racine B'L, 
posséder, détenir, faisant jeu avec la racine BL' avaler, 
détruire, présente dans nos bnêy Bileam. L'expression 
complète des « détenant l'enseigner des fils de 
Balaam » serait dès lors B'WLYM LMD (H)BNY 
BL'M dont la notarique initiale n'est autre que 
BLBB/bélêvâv, dans le cœur, celui qui n'est pas 

484 



circoncis, symbolisant l'idolâtrie elle-même, alors 
qu'il peut aussi désigner tout le contraire, le cœur pur 
(lev tahor) de celui qui voit (râ'ah, équivalent strict de 
dâvâr. . .) le dieu, son Royaume. Cette présence du 
cœur rejoint l'accusation portée contre « l'enseigner 
de Balaam »/LMD B'LM au verset 2, 14, celui 
d'enfreindre les lois noachides, i.e. de s'adonner à 
l'idolâtrie, ou plutôt de ne pas assez bien « conserver » 
la Thora, au sens nazoréen. Les pauvres pères de 
l'Eglise n'ayant plus souvenir de cette polémique 
propre à l'hébreu, il est comique de les voir crier aux 
Nicolaïtes à la moindre débauche de tel ou tel 
« chrétien » supposé, au moindre appel à la jouissance, 
eux dont le lot est de consumer leurs jours en 
d'austères études, mais passons sur ces pauvres diables 
et tous les basilics de leur espèce, Nietzsche ne les a-t- 
il pas déjà parfaitement portraiturés ? 
Un peu de kabbale en guise d'afikoman dionysiaque ? 
Cet « enseigner des Nicolaïtes » repose en effet sur de 
la gématrie. L'enseigner est ici LMD de gR et gC 
29/74, tandis que les Nicolaïtes sont les bnêy Bile'am, 
soit avec article HBNY BL'M de gR et gC 74/2(0)9, 
les mêmes réseaux gématriques ! 
Parousie : au cours de l'ouvrage, nous en avons 
proposé deux rétroversions possibles, mâvô' (avec jeu 
de mot autour de Moab et de l'Alliance préparant 
l'entrée en terre promise, i.e. préparant l'avènement 
final) et bâ', en lien au 'ôlam haba'. Commençons par 
la racine, BW'/bô'. Si je cherchais, afin d'éclairer 
l'Apocalypse, à en épuiser les sens possibles qui 
forment comme un kaléidoscope riche de nuances 
luminescentes, je les énoncerais ainsi : i) entrer (sens 



485 



opposé à YSd', sortir), présent en Ap. 3, 20 au moment 
où le dieu dit entrer et souper avec l'élu ; ii) entrer 
dans la maison du mari (sens particulier où l'on 
reconnaîtra sans peine les noces mystiques) ; iii) entrer 
en jugement, sens qui correspond à la première 
occurrence biblique de B W lors du Déluge où toute 
chair vient devant Lui. . . voyez aussi Isaïe 3, 14 où il 
est en usage avec mishpat ; iv) venir, sens présent dans 
le souhait final « Viens seigneur Jésus ! », sens qui 
scintille déjà dès Exode 20, 17 « Ne craignez pas, c'est 
afin de vous éprouver que dieu est venu [bâ' 
hâ'elohim, B' + le dieu du jugement] » ; v) aller ou 
s'en aller, même sens que HLK, la racine de la 
halakha, Jésus vient aussi dans ce sens où il donne Sa 
halakha ; vi) guider, conduire, ce qui est bien entendu 
la fonction même du Roi-Messie, etc. N'avons-nous 
pas lu ainsi les sens les plus divers et essentiels de 
l'Apocalypse réfléchis dans ceux de cette racine 
profonde et vitale ? 

Mais revenons à la rétroversion de la parousie. Parmi 
l'échantillon des occurrences néotestamentaires du 
grec parousia (vingt-cinq environ, aucune dans 
l'Apocalypse où c'est par sa seule racine qu'elle fait si 
intensément signe), il s'en trouve trois au moins (1 
Thessaloniciens 2, 19 ; 1 Corinthiens 15, 23 ; 1 Jean 2, 
28) qui calquent très précisément l'Ancienne Alliance, 
ce qui est pour ainsi dire providentiel, car parousia est 
absent du lexique des Septante correspondant au 
TaNaK, sa présence une fois chez Judith ou dans les 
livres des Macchabées ne nous étant d'aucun secours 
vue la perte plus que dommageable de leurs 
« originaux » hébraïques. Ainsi, en 1 Jean 2, 28, il est 

486 



question de ne pas avoir honte (racine BWSh dont 
l'envers est ShWB, racine de la théshoûvah) loin de lui 
« lors de sa venue (parousie) ». Cette formule vient en 
fait très méticuleusement de Daniel 8, 17 lorsque le 
dieu lui-même vient auprès de Daniel pour lui 
enseigner à scruter la fin, à saisir la manne de la 
vision : « Et il vint près du lieu où j'étais, et lors de sa 
venue (WBB'W/voûvôô), je fus effrayé et je tombai 
sur ma face ». C'est là l'occurrence majeure de ce 
« dans-lors de sa venue » dans le TaNaK, la seule où il 
en aille du dieu lui-même. On notera toutefois les 
exemples d'Exode 28 ou Lévitique 16 où « sa venue » 
est celle du grand prêtre dans le saint, de même encore 
pour l'homme vêtu de lin d'Ezéchiel 10, 3, celui-ci 
entrant alors dans le Temple céleste surplombant la 
vision du Char. Quelques occurrences 
néotestamentaires de la parousie pourraient démontrer 
sans encombre que bâ' est bien le terme le plus 
probable de la rétroversion du mot parousie. 1 
Thessaloniciens nous parle de ces vivants (HtYYM, 
les ressuscites) qui attendent (racine de la thiqwâh 
messianique) la parousie du dieu, autrement dit B' 
YHWH/bâ' IéHoûWaH, la venue eschatologique du 
Seigneur (temps de l'Apocalypse). Cette formule a 
pour gR 29, comme YHtWH, le nom nouveau. 2 Pierre 
3,12 exprime le fait d'attendre et de hâter « la venue 
du jour du dieu », soit de habâ' yôm IéHoûWaH/HB' 
YWM YHWH de gR de 63, de gC de 90 comme 
MLK/le roi, et de somme gR + gC de 153 comme 
HPSHt (gC), le glorieux agneau dont la Pâque se 
prolonge jusque dans les fastes apocalyptiques des 
cieux et de la terre. Le lecteur pourra poursuivre 



487 



l'épuisement des occurrences jubilatoires de la 
parousie en commençant peut-être par celles de « la 
venue du fils de l'homme » chez Matthieu (quatre fois 
au chapitre 24), soit de B' BN 'DM ; il notera alors, 
mutatis mutandis, ses deux notariques, l'initiale BB' 
« lors de la venue », et la finale 'NM/'ânam, élever (un 
enfant), être stable, durable. Or, ne s'agit-il pas ici 
d'élever gématriquement le fils de l'homme pour 
constater qu'en résulte la gC de Jésus-Iéshoû'a, 
laquelle est pareillement l'élévation du fils de 
YHWH? 

Patmos : lieu célèbre, mais évidemment pas pour les 
bonnes raisons, celles-ci étant encryptées dans 
l'hébreu savant de l'Apocalypse de Jean. Revisitons ce 
lieu méconnu. Ce serait - dit-on - le lieu où saint Jean 
le théologien aurait écrit ce rouleau sublime. Des 
cohortes de touristes ennuyés s'y engouffrent chaque 
année pour faire « comme si » c'était bien là que saint 
Jean écrivit. Pauvre lecture occidentale et littérale des 
textes sacrés, comme tu t'égares ! Car c'est selon un 
dessein supérieur que Patmos a été choisie, en hébreu, 
par les rédacteurs de l'Apocalypse, lesquels serait 
profondément surpris de découvrir que l'on a pu 
prendre leur Yehoû(r)hânan midrashiquement inventé 
pour un vulgaire personnage réduit à son historicité. 
En effet, tous les lieux de l'Apocalypse de Jean sont 
choisis pour forger un pont entre le grec et l'hébreu - 
ce que verra en le disant le très grand poète Hôlderlin 
dans son poème Patmos -, en rapport à la dialectique 
d'Athènes et de Jérusalem, la Jérusalem céleste étant 
en quelque sorte le dépassement de leur opposition, 
celui-ci se donnant son être-là effectif. C'est pourquoi 

488 



tous les « lieux » de l'Apocalypse sont en Asie ('SY' 
de gR et gC 27/72, celles de HtSD, amour, grâce, ce 
qui s'accorde avec le nom de Jean « dieu fait grâce », 
le thème de la grâce messianique - sa droite 
bienveillante - traversant et irriguant l'Apocalypse 
dans son secret), dans l' entre-deux médité, 
« historial », du grec et de l'hébreu. Il y a les noms des 
sept églises, et un peu au large de cette côte d'Asie 
mineure, la souveraine Patmos. Ce qui ne veut 
certainement pas dire, j'y reviens, que les auteurs de 
ce rouleau ne vivaient pas à Jérusalem ou en Galilée 
près de telle ou telle yéshivah. En fait, Patmos se 
translittère en PThMWS qui a pour gR 73, valeur de la 
Sagesse - et de la Galilée ! -, et gC 586=YRWShLM, 
Jérusalem. Voilà qui rejoint parfaitement et illustre à 
nouveau le réseau d'analogies hébraïques par nous 
maintes fois souligné sans le moindre petit 
commencement de rapport avec l'histoire et la 
géographie, d'ailleurs le plus souvent réduites à des 
stocks de connaissances abstraites, c'est-à-dire à du 
formalisme mort là où il faudrait étudier la vie même 
de ces matières, leur non séparation qu'Hegel a su le 
premier concevoir, parlant du « fondement 
géographique de l'histoire ». Comme pour Patmos, les 
sept églises prennent assises sur les tours et codages de 
la lettre hébraïque. Ainsi, une translittération des sept 
églises serait 'PSWS + ShMYRN' + PRGMWS + 
TY'TYR'+ SRDYS + PYLDLPY'+ LWDQY' 
(Ephèse, Smyrne, Pergame, Tiatyre, Sarde, 
Philadelphie, Laodicée, en notant l'orthographe des 
deux ou trois qui se trouvent dans les Targum ou le 
Midrash, Ephèse dans le Targum sur les Chroniques 



489 



par exemple. . .) de gR 466 = ShH/1'agneau par 
élévation (21 x21+5*5=466), l'agneau immolé- 
ressuscité comme le nomme l'Apocalypse, celui qui 
est passé à travers sa propre shéhitâh, le vif, le sauf, 
l'indemne. Elles formeraient ainsi comme le corps du 
vainqueur, du Ressuscité, ce que le nombre de leurs 
lettres constitutives (quarante-trois comme la gR de 
BShR/bâssâr, le corps, la parenté, l'Assemblée) 
confirmerait. Par ailleurs, une rétroversion 
d'Apocalypse 1,11 prouverait la justesse de ces 
interprétations : 

« Ce que tu constates [vois, penses], écris-le dans un 
Livre ['ShR R'YTh KThB BSPR où se lit noir sur 
blanc le fameux BRShYTh/le premier mot du Livre] 
et envoie-le [racine ShLHt] aux sept églises [les shva' 
quéhilôth/ShB' QHLWTh, équivalent de brêshith, 
comme nous l'avons goûté] : à Ephèse, et à Smyrne, et 
à Pergame, et à Thyatire, et à Sarde, et à 
Philadelphie, et à Laodicée. » La partie soulignée 
redevient alors dans son hébreu fondamental : 
L'PSWS WLShMYRN' WLPRGMWS WLTY'TYR' 
WLSRDYS WLPYLDLPY' WLLWDQY'. Nous 
avons ici un nombre de lettres de 56, gC de 
YWM/yôm, le Jour et une gR de 586, Patmos, ou 
plutôt la belle et incontournable Jérusalem, la céleste 
où se joignent Orient et Occident enfin réconciliés par- 
delà leurs différends. Plût au ciel. . . 
« Pour les siècles des siècles » : hébreu probable 
L'WLMY H' WLMYM. 

Cette formule fait partie de ce lexique choyé par 
« l'instinct théologien », servant de base aux 
« valeurs » chrétiennes, « dieu », « bien », « mal », 

490 



« jugement dernier » (celui-ci fait le plaisir de ma 
deuxième prémolaire, en haut à droite en partant du 
fond, qui le concasse et le brise allègrement), 
« siècle » (l'une de mes dents de sagesse - si, si, la 
Sagesse a des dents - se charge de sa dévoration, sans 
scrupule aucun. . .), « vérité », « charité », « amour » 
(quel rapport entre l'amour « fort comme la mort », 
(r)hessed ou 'ahavâh dans l'hébreu nazoréen, et 
l'amour chrétien au sens plébéien larmoyant ?), « foi » 
(!), « péché » (!), « confession » (!), « sainteté » (!), 
etc. Comme tous ces mots, notre formule « pour les 
siècles des siècles » est entachée d'erreur et de 
mensonge interprétatif (je ne parle pas ici de la 
manière dont ces mots sont entendus dans la poésie et 
la pensée où ils retrouvent un sens au moins aussi 
puissant que dans l'hébreu dont ils proviennent 
médiatement). Un coup de rétroversion bien ajusté met 
fin au simulacre. En effet, cette formule ne désigne en 
rien la succession linéaire de l'écoulement des siècles 
se trouvant malencontreusement prise dans les glaces 
du mauvais infini, mais bien plutôt l'infinité du temps 
cyclique juif-hébraïque ayant l'étude de la Thora pour 
base et pour fondement. La fin des temps, qui est 
retour à l'Eden et de l'Eden, est l'accomplissement de 
ces cycles par lesquels se reprend dans soi et progresse 
« l'épopée midrashique d'Israël ». Elle « progresse » 
au sens des détours et tournoiements merveilleux qui 
sont inhérents à sa manière énergique de raisonner 
« texte sur texte ». Le contenu de cette « épopée » 
s'approfondit et se bonifie au fil de ce work in 
progress, au fur et à mesure que la Thora est davantage 
fouillée, creusée, et enfin forée jusqu'à laisser jaillir 



491 



d'elle la source de son essence. La formule hébraïque 
sous « pour les siècles des siècles » dit ainsi 
exactement le contraire de ce qui est entendu de nos 
jours par le sombre despotisme de l'Occident 
planétaire : elle dit l'instant de la parousie, l'accès à 
l'Eden du Livre ici maintenant. Le mot 'ôlam (celui du 
'ôlam haba' !) n'a pas de rapport avec le mot « siècle » 
par quoi il s'est trouvé pauvrement traduit via le grec 
de pacotille. Toutefois, si le grec aicov conserve encore 
de nombreux sens de 'ôlam dont « durée de la vie », 
les deux mots pouvant s'entendre en des sens proches 
selon la pensée archaïque (cf. Roland Tournaire), il 
n'en va plus de même par passage au latin. En effet, le 
sens de saeculum devient rapidement celui d'une 
période de cent ans, les siècles s 'accumulant de façon 
calendaire plutôt que de faire retour. Malgré cela, le 
Moyen Age n'en aura pas moins maintenu une 
conception noble de la formule dans la liturgie 
catholique où se renouvelle cet aspect de perpétuité 
glorieuse et cyclique d'un temps spirale insufflé de 
prières, de chants, de pensées, ce qui advint 
effectivement dans les réjouissances de la venue 
opulente et triomphale de la grande parousie baroque 
(il suffit d'écouter la musique catholique pour entendre 
jouir ce rapport au temps cyclique, tout doré, illuminé 
et béni !). Mais le cyclique 'ôlam, ainsi que l'oacov 
héraclitéen, quittant les domaines du sacré, sont 
malgré tout devenus cette pauvre et illusoire 
représentation d'un temps linéaire figé que nomme 
spectral ement le mot « siècle ». L'expression qui ouvre 
sans doute le mieux au sens du 'ôlam présent dans la 
rétroversion du « pour les siècles des siècles » (A 

492 



rebours le fleuve de tous ces siècles ! ) est la formule 
bérith 'ôlam, l'alliance perpétuelle qui nomme le 
Shabbath en Exode 31,16 (au centre épique de la 
Révélation), cette permanente reprise et cette poursuite 
incessante de l'étude hebdomadaire de la vivifiante 
Thora, cette plongée dans l'Eden du temps. 
Prononciation de YHWH : au début de ce livre, j'ai 
émis rapidement certaines considérations au sujet de la 
prononciation nazoréenne du Tétragramme en 
IéHoûWâH, indiquant l'enjeu polémique de celle-ci en 
lien à la venue messianique (prononciation à voix 
haute de ce nom, de son souffle). La question du sens à 
donner au « blasphème du Nom » est des plus 
difficiles. En effet, « blasphémer » le Nom n'a pas un 
sens unique, immédiat, dont on pourrait faire montre, 
mais il a tout un buisson de sens ramifiés, selon 
l'époque, le contexte... Ainsi, dans l'Apocalypse, 
contrairement à ce que j'ai laissé entendre un peu vite, 
ce qui est reproché aux tièdes opposants pharisiens, ce 
n'est pas de prononcer YHWH de travers (ce qui a été 
le cas aussi, mais a priori ce n'est pas ce qui leur est 
reproché dans ce texte), mais de le prononcer dans un 
discours trompeur, aux fins de maintenir leur exégèse 
bien trop littérale pour les envolées spirituelles de la 
Nouvelle Alliance de Iéshoû'a. J'ajoute qu'il me faut 
encore affirmer la puissance résurrectionnelle du 
YHWH (et de son YShW') nazoréen, par son souffle, 
son esprit. Ainsi, le dernier cri de Jésus le Christ en 
Matthieu 27, 50 doit être rapproché de celui du grand 
prêtre énonçant le nom divin le jour de Yôm Kippour 
(symboliquement jour de la fin, de l'Apocalypse). En 
ce verset, on trouve Jésus (Iéshoû'a) « de nouveau 



493 



criant [QWR', verbe de la lecture du TaNaK ou de 
l'annonce de la Bonne Nouvelle] d'une voix forte 
[BQWL GDWL/vkôl gadôl] rendant [racine 
NWHt/néoû(r)ha] l'esprit [RWHt/réoû(r)ha] ». Le 
lumineux esprit en question est celui de YHWH. 
Qu'advient-il alors ? Le voile du sanctuaire (pârôketh 
haqôdesh, cf. Lévitique 4, 7) se déchire, des 
tremblements de terre et des résurrections s'ensuivent, 
etc. Bref, c'est l'annonce du grand miracle de la fin 
des temps, le voile rappelant bien le cœur du saint des 
saints et le rite du grand prêtre prononçant le Nom. Il 
m'amuse d'introduire désormais un nouvel exemple 
pour montrer que cette prononciation du Nom, 
théurgique et savante, était efficace en tout lieu - du 
midrash du moins. En Actes 3, 6, Pierre et Jean 
opèrent un miracle que l'argent et l'or seraient bien 
impuissants à obtenir, mais certes pas le nom de Jésus, 
ou plutôt son esprit (celui qui souffle où il veut et dont 
il s'agit d'entendre la voix, le son, ou plutôt la 
négativité absolument affirmative telle qu'audible dans 
ce son). « Au nom de Jésus Christ dresse-toi et 
marche » commande Pierre. Ce « dresse-toi et 
marche », c'est QM WLK de notarique initiale sans la 
moindre ambiguïté sur ce qui déploie ici la puissance 
miraculeuse : QWL/qôl, la voix, le son ! Puissance de 
l'esprit du Tétragramme ! 

Recréation apocalyptique : la recréation qui a lieu 
dans l'Apocalypse est singulière, elle est à l'image du 
soi-disant « jugement dernier » (le mishpat) qui avait 
lieu pour les nazoréens de la Nouvelle Alliance de 
Jésus dans l'immanence de l'ici et du maintenant, et 
certainement pas dans un futur transcendant. 

494 



L'ancienne création est donc annihilée, à l'exception 
de ce qui la précède et qui est contenu dans son rêshith 
(« principe, prémices, ce qu'il y a de plus exquis »), 
soit pour être précis et en suivant l'Apocalypse : la 
Thora, le trône, le jardin d'Eden, le Messie et 
l'Assemblée des justes. Cette série rejoint le traité 
Pessa(r)him tel que nous l'avons goûté, tout en s'en 
distinguant : « la Thora, la théshoûvah [pour nous ici, 
celle de l'Assemblée, de la Jérusalem célestielle], le 
jardin d'Eden, la Géhenne, le trône de gloire, le 
Temple [pour Apocalypse 21, 22, il n'y a plus de 
Temple, car le Temple c'est le dieu, alias le Messie lui- 
même], et le Nom du Messie [le Temple donc] ». 
Seule exception apparente, la Géhenne. Elle est 
pourtant présente, mais fermement posée à part : c'est 
« l'étang de feu et de soufre » (gam 'êsh vgâphrith) où 
se lit le rêshith du récit initial, choisi pour cette raison 
en lieu et place de la Géhenne rabbinique toutefois 
présente dans l'Evangile, avec le même sens, quoique 
plus profond, puisqu'il s'agit ici de la seconde mort 
qui, comme cette seconde résurrection à l'étrange 
sagesse, est restée étrangère aux midrashim pharisiens. 
Nous avons constaté avec Roland Tournaire que 
Genèse 1, 1 et 2 est à l'accompli tandis que le reste de 
la Création jusqu'au verset 1,31 est à l'inaccompli, 
dans un aspect mutable, soumis au changement - et ici 
à la destruction -, tandis que Genèse 1 , 1 à 2 est 
immuable, non soumis à quoi que ce soit, éternel 
dirions-nous, mais enfin saisi dans sa lumière 
véritable, la messianique. C'est en raison de ce dernier 
aspect que l'appellatif « neuf, nouveau »/(r)hâdâsh est 
abondant dans l'Apocalypse où tout est « vu sous un 



495 



jour nouveau » ; on pourrait rendre ce mot hébreu par 
un « enfin lu », avec les yeux neufs des auteurs 
nazoréens (ils ont des yeux neufs parce qu'ils ont des 
oreilles nouvelles). Lorsque je parle de recréation 
apocalyptique, il ne faut pas se méprendre : ce qui est 
« recréé » - en fait décelé - ce ne sont « que » les 
cieux, la terre et Jérusalem, autrement dit ce que 
l'Apocalypse trouve dans le seul verset de Genèse 1, 
1, accompli de toujours et s'en allant chanter partout la 
bonne nouvelle de Son infinité. Quant au volcanique 
étang de feu et de soufre, bien qu'il soit en même 
temps un équivalent du R'ShYTh du premier verset, il 
pourrait se lire dans le tohu-bohu du second, celui-ci 
étant inclus dans le même accompli que celui-là. Il n'y 
a pas là contradiction, car ce mot rêshith désigne 
l'accompli du 'ôlam, temporalité qui englobe les deux 
premiers versets et les distingue radicalement de la 
suite de la Création. L'Apocalypse, disions-nous, 
renouvelle Jérusalem, les cieux et la terre ; ce qui nous 
donne d'un côté « la Jérusalem 

nouvelle »/YRWShLYM HtDShH, équivalent strict du 
brêshith de Genèse 1, 1, et de l'autre « les cieux 
nouveaux et la terre nouvelle », sachant que les cieux 
et la terre proviennent eux aussi de Genèse 1,1, mais 
surtout que ShMYM HtDShYM W'RSd HtDShH/« les 
cieux nouveaux et la terre nouvelle » (cf. Ap. 21, 1) a 
pour gC 1366, soit le 466 des noms des sept 
assemblées, de ShH/séh par élévation, l'agneau vivant- 
ressuscité (cf. l'entrée Patmos) - ainsi, les cieux 
nouveaux et la terre nouvelle sont l'Assemblée elle- 
même ! La recréation apocalyptique, qui n'est autre 
que le fondement dans lequel s'abîme l'ancienne 

496 



création, est en même temps la base dont celle-ci 
procède. Voyant ce vers quoi tend l'ensemble de 
l'édifice évangélique, johannique et paulinien, à savoir 
vers ce qui résulte de la « recréation apocalyptique », 
nous pouvons remettre en cause la séparation 
traditionnellement maintenue entre les textes du 
corpus néotestamentaire, et un pan important de ceux 
dits « gnostiques ». Dans le procès apocalyptique, 
l'ancienne Création est anéantie par les sept fléaux de 
fiel, c'est-à-dire le comble de toute catastrophe. Si 
ceux-ci sont envoyés depuis le cœur même de l'arche 
sainte du Temple céleste, celle-là n'est autre que la 
création démiurgique imparfaite, le 'ôlam hazé. De ce 
dernier, les gnostiques disent qu'il n'est qu'un 
cadavre, hébreu nevêlâh, voulant dire aussi « bête 
morte », à entendre selon les variations 
contrapuntiques de sa racine, successivement comme 
nevâlâh, « infamie, action honteuse, punition », nâvâl, 
« insensé, lâche », mais encore naval, « se faner, 
succomber, tomber, être avili ». Si gnostiques et 
évangéliques se distinguent dans la qualification 
d'Elohim comme « démiurge », ils ne se rejoignent 
pas moins sur le sens de leur théshoûvah. En effet, 
pour les uns comme pour les autres, celle-ci implique 
nécessairement la dissolution par la pensée du 'ôlam 
hazé (cette pensée étant par exemple l'écriture de 
l'Apocalypse), et consiste à revenir au principe du tout 
(hakôl), cette racine (shôresh, où se lit rôsh, la tête, 
comme dans le brêshith initial) de l'arbre céleste dont 
ils proviennent. Celui-ci est enfin dévoilé grâce à 
l'avènement messianique, il est ce qui « précède » la 
Création, le 'ôlam haba' caché ('LM) dans le premier 



497 



mot de la Genèse. La gnose, qu'elle soit valentinienne 
ou évangélique, donnant accès à l'Eden, manifeste 
l'accompli primordial pour ceux qui, plongés dans les 
eaux de la Thora, s'élèvent à ce savoir, qui les libère 
de ce monde comme cadavre pour jouir des délices du 
'ôlam haba'. 

Cet accord de fond du gnostique et de l' évangélique 
est un point capital. 

Roseau à mesurer : j'ai proposé dans la troisième 
étude de mieux - ou plutôt d'enfin - entendre la 
mesure au roseau d'or du dieu telle que chérie des 
juifs-hébreux, ce qui permet de comprendre comment 
sa connaissance change radicalement celle que nous 
avons de la mesure des livres et de la cité sainte, plus 
généralement de l'écriture (la midah ou mesure est 
d'abord principe d'écriture, c'est elle qui rayonne dans 
la loi rabbinique midah keneged midah, « mesure pour 
mesure »). Les livres sont mesurés au roseau d'or par 
le dieu vivant comme il mesure sa Création, Son 
Temple ou Sa ville ; ils n'ont pas de « canon » au sens 
usuel, pauvre, et ignorant du code hébraïque. J'ai 
proposé d'entendre organique plutôt que canonique 
pour qualifier la mesure des livres afin d'insister sur 
leur vie - leur organisation vivifiée et vivifiante - 
parce que canonique est un terme technique ne tenant 
aucun compte de cette vie mirifique des livres et, pire 
encore, la réduisant à quelque chose de purement 
instrumental, de figé, de mort. Pour saisir plus 
finement la subtilité kabbalistique de la mesure au 
roseau d'or du dieu vivant, je propose ici une exégèse 
acrobatiquement apocalyptique. Ap. 21, 15 : « Et celui 
qui me parlait [à Jean] avait pour mesure 

498 



(LMDH/lemidah) un roseau (QNH/qâneh) d'or 
(BZHB/bazâhâv), pour mesurer (LMD/lâmôd) la ville 
et ses portes et sa muraille » (Je souligne.) 
Jetons ici un coup d'œil abyssal dans la Merveille. Ce 
qui est mesuré est « la ville et ses portes et sa 
muraille »/H' YR WHSh'RYH WHHtWMThH. La 
tournure a pour gR + gC = 

(5+16+10+20+6+5+21+16+20+10+5+6+5+8+6+13 
+22+5)+(5+70+10+200+6+5+300+70+200+10+5+6+ 
5+8+6+40+400+5) = 199 + 1351 = 155(0). Or, ce 155 
est la gC de QNH/qâneh, le roseau, ce calame qui est 
la langue même de l'âme divine. De plus, Jésus est 
pour l'Apocalypse le principe de la Création de dieu 
(Ap. 3, 14), soit R'ShYTh BR'YTh YHWH 
(autrement dit le RBY/rabbi. . .) de gR 155 et gC 
155(0). La correspondance avec ce qui est mesuré 
dans notre chapitre 21, à savoir « la cité et ses portes et 
sa muraille », a retrouvé son arithmétique saisissante 
et vraie. Ici, le roseau du divin scribe, le dieu 
recréateur comme mesure de la Création, et Sa ville 
divine, sont en harmonie dans une sublime tension 
spéculative figurée par le réseau secret du 155, du 
qâneh ! 

Science de l'Aleph : nous avons été amenés au cours 
du développement de notre quatrième étude à clarifier 
l'importance primordiale de la connaissance de 
l'Aleph, après avoir prouvé l'identité gématrique entre 
les titres des vingt-quatre livres du TaNaK et le 111, 
gC de l'Aleph ('LP). Je ne reviens pas ici sur les 
divers aspects implicites dans le secret des midrashim 
antiques. J'ai cité alors un extrait du Zohar résumant le 
sens de cette lettre royale, mais le Zohar fourmille 



499 



bien évidemment d'indications concernant l'Aleph, ce 
sur quoi prend base la Kabbale. C'est ainsi que dans le 
Pardès Rimonim de Cordovero, l'Aleph est pensé via 
des représentations amenant à la lumière ses sens les 
plus enracinés. Il est ainsi figuré comme un oiseau, ou 
encore comme un visage d'homme profondément 
humble, voire comme un homme se tenant debout. 
Comme il est dessiné à l'aide d'un waw transversal et 
de deux yod extrêmes, l'un au-dessus, l'autre en 
dessous (j'en ai donné raisons et illustration), il se voit 
également représenté comme ayant en lui les lettres de 
YHWH, c'est-à-dire celui-ci. De plus, il est mis en 
rapport avec les dix séphirôth, les trois supérieures 
(Kether, (r)Hôchmâh et Binah) surplombant le yôd 
supérieur tandis que les autres séphirôth se répartissent 
à l'intérieur du corps de l'Aleph, subdivision qui 
s'appuie sur le fait que les trois séphirôth supérieures 
appartiennent au monde de l'émanation ('atsiloûth), ne 
faisant ainsi pas partie de la Création, contrairement 
aux autres contenues dans l'Aleph lui-même, qui 
figure la Création ou plutôt la contient. Nous avons vu 
que cette inclusion dans l'Aleph n'est pas fortuite, 
mais qu'elle relève de ce que nous nommons « la 
science de l'Aleph », s'étendant très en amont de la 
Kabbale jusqu'au fait d'inclure le Livre lui-même (les 
vingt-quatre livres) en lui. 

Shem hamephorash : à ce nom apparaît une légère 
divergence - mais révélatrice - entre certains penseurs 
juifs. Si, selon Maïmonide, il ne désigne que le Nom 
lui-même, le Tétragramme « imprononçable » (!), 
Rachi pour sa part, sachant de quoi il retourne dans le 
secret, ne lui donne pas que ce sens. . . Comme nous 

500 



l'avons vu, il désigne aussi le nom de soixante-douze 
lettres et son secret intrinsèquement lié à rien de moins 
que la sortie d'Egypte, reine des métaphores pour un 
juif-hébreu plongé dans Sa Thora. Shem hamephorash 
signifie à proprement parler le Nom développé, 
expliqué, clarifié, prononcé, ce qui laisse une certaine 
latitude dans l'interprétation ! La lecture de Shem 
hamephorash comme « Nom imprononçable » est une 
antiphrase datant des premiers siècles et dont l'origine 
rabbinique serait à chercher dans la peur 
qu'occasionna la pensée conséquente de « la 
prononciation de YHWH » (voir cette entrée) telle que 
conçue par le messianisme infini. Je ne résiste pas à la 
tentation de traduire et de citer in extenso un 
commentaire éclairant du Zohar (Z. Nb. 2, 51b) sur 
Exode 24, 18 : « R. Shimeon ajoute que la "Lune" [la 
Shékinah] était alors [au moment de la traversée de la 
mer Rouge] dans sa plénitude et perfection, 
manifestant les deux attributs [(r)hessed et guevoûrâh, 
droite et gauche, que le texte vient d'identifier 
respectivement à la colonne de nuée guidant les 
Hébreux le jour, et à la colonne de feu les secondant la 
nuit] et contenant inscrits en elle soixante-douze noms 
saints selon l'ordre suivant [celui des lettres des trois 
versets Exode 14, 19-21 formant le nom de soixante- 
douze lettres autrement appelé Shem hamephorash] . 
En vertu du premier déploiement ou ordre des lettres, 
elle [la Lune, alias Shékinah] se revêt de l'ornement de 
la grâce, brillant de la splendeur de la lumière que le 
Père céleste [l'Infini surplombant Kether] laisse 
émaner d'elle ; en vertu du second ordre [le second 
verset lu à l'envers] elle se vêt des attributs de la 



501 



guerre, exprimant la Rigueur, et soixante « lanières » 
de feu [comme d'un fouet !], émanent de la Mère 
céleste [gare ! ] . Le troisième ordre des lettres la figure 
enveloppée de robes de pourpre, en tant qu'elle est 
l'ornement du Père céleste manifestant la "Beauté" 
[Thiphéreth], celle-ci se communiquant au fils sacré 
[i.e. la lettre waw dans YHWH] par le biais de 
soixante-dix couronnes issues du côté du Père [Yôd] et 
de la Mère [Hé] . Il nous a été enseigné que du côté de 
la Grâce, il y a soixante-douze témoins ; de celui de la 
Rigueur, soixante-douze scribes ; de celui de la 
Beauté, les soixante-douze couleurs avivées de la 
gloire. Dans la sphère céleste, elles sont reliées entre 
elles [les trois vertus correspondant aux trois côtés] 
pour former le Nom sacré, le secret du divin Char [que 
chacun apprécie ce parallèle entre la descente dans le 
Char et la sortie d'Egypte . . . ] . Ici [dans les trois versets 
d'Exode 14, 19-21] sont inscrits ensemble les 
patriarches, formant le saint Nom de soixante-douze 
lettres de nos trois versets. Et voici l'ordre de la 
combinaison de leurs lettres : le premier verset doit 
être écrit à l'endroit, car toutes ses lettres 
correspondent à (r)hessed ; le second verset (20) doit 
l'être à l'envers [moment du négatif], car ces lettres se 
fondent en Guevoûrâh ; ainsi le Jugement se lèvera 
muni de toutes les puissances du côté gauche. Les 
lettres du dernier verset une fois écrites à leur tour et 
dans l'ordre révèlent les couleurs qui couronnent le 
Roi sacré ; et toutes ces lettres sont unies en Lui, et II 
est couronné de son diadème comme il sied à Sa 
royauté. Tel est le saint Nom gravé en soixante-douze 



502 



lettres, couronnées avec les pères pour former le saint 
Char céleste. » 

Temps des Juges : nous avons apprécié les sens de 
cette expression dans le corps du texte. Je n'y reviens 
que pour indiquer comment elle s'entend au cœur du 
Nouveau Testament, en lien au temps qu'ouvre la mort 
de Jésus. En effet, voici comment débute le livre des 
Juges : « Et il arriva, après la mort ['a(r)harêy môth] 
de Josué [Jésus !], que les fils d'Israël interrogèrent 
YHWH, disant : Qui de nous montera le premier 
contre le Cananéen, pour lui faire la guerre ? » (Juges 
1,1). Dans cet « après la mort », vous aurez reconnu 
Arimathie, qui donne son nom au fameux Joseph venu 
réclamer le corps de Jésus. Dans le N. T. et dans la 
suite, l'eschatologique temps des Juges commence 
après la mort de Jésus. Il s'achève avec l'Apocalypse 
et la fondation de la royauté messianique, de la même 
façon que le règne de David, « Son oint », succède - 
via l'entre-deux du règne de Saiil figuré dans le 
Nouveau Testament par le temps de suspension de la 
Thora, temps de l'annonce de Saiil/Paul qui se 
caractérise par une suppression de la lourdeur des 
mitsvôth, des commandements de la Thora, c'est-à- 
dire du plus prosaïque hôq, décret, correspondant aux 
règles de la vie, aux mitsvôth - au livre des Juges. 
Thôldôth Yeshu : à ce propos, je reviens à 
IéHoûWaH. En effet, dans cette parodie polémique des 
Evangiles, dont Sandrick Le Maguer confirme toute 
l'antiquité dans son livre sur Marie tout en en donnant 
les tenants et aboutissants midrashiques, Jésus pénètre 
par fraude dans le saint des saints pour voler les lettres 
du Shem hamephorash (voir cette entrée), autrement 



503 



dit les lettres « secrètes » de la prononciation de 
YHWH. C'est grâce à cela - l'esprit de YHWH - que 
Iéshoû'a. . . (non pas Iéshoû, à l'esprit ainsi estropié...) 
opère miracle sur miracle sur fond de dérision (en 
commençant par guérir un aveugle d'une manière fort 
évangélique... mais cela lui permet aussi de voler dans 
les airs, de se transformer... ce qui semblera quelque 
peu éloigné des Evangiles !). Or, qui vient le 
concurrencer, envoyé par le Sanhédrin lui donnant le 
secret du Nom tout en le monnayant au passage ? Eh 
bien oui, Juda(s) ou plutôt Yehoûdah, cet autre porteur 
en son nom même de l'esprit de YHWH. Je reviens 
alors à ce fait plus étonnant encore. La narration se 
montre ici instructive, dévoilant que l'esprit du Nom 
est gravé sur une pierre dans le saint des saints. Pour 
cela trois lettres suffisent et dans cet ordre : Y (son e 
ou i) W (son o ou où) H (son a ou e). Ce sont les trois 
matres lectionis - ou « consonnes vocaliques » pour 
une grammaire plus moderne - du discours hébraïque, 
l'alpha et l'oméga de toute prononciation, ancêtres des 
points voyelles massorétiques. Ainsi, le souffle de 
YHWH est aussi miraculeux en ce qu'il résume et 
engendre l'esprit de toutes les lettres, de toute lecture 
en hébreu ! 

Tsimtsoum : il faudrait sans doute apprendre à lire la 
pensée tardive du Tsimtsoum en relation avec la 
Création ex nihilo prônée par l'Eglise de l'Occident 
chrétien. Développons cette intuition : Gen. 1, 1 
énonce : brêshith (en-tête ou à partir de la tête, du 
principe) bârâ' (produisit, dévoila) Elohim « le ciel et 
la terre », soit (Th) HShMYM W (Th) H'RSd ; 
comme Sh et Sd sont interchangeables (via le samek), 

504 



j'y lis en toutes lettres SdYMSdWM, le Tsimtsoum ! 
D'autant qu'avec les cieux et la terre, j'ai une 
rétrograde finale SdM, qui, elle-même redoublée (en 
écho à la dualité des cieux et de la terre et au fait que 
l'on puisse aller soit dans un sens, soit dans l'autre), 
me donne SdMSdM/tsimtsêm, la racine du Tsimtsoum. 
Après, il suffit d'entendre BR' en le rapprochant de 
l'araméen bar - non pas de sa traduction latine par 
creare propagée dogmatiquement par l'Eglise -, et 
vous avez la genèse du Tsimtsoum par opposition à la 
doctrine chrétienne (et il faut bien le dire, souvent 
entendue de façon plate et bêtement chronologique...) 
de la creatio ex nihilo (sic!)... 
Vainqueur : nom donné au héros magnétique de 
l'Apocalypse de Jean par toute une convergence de 
raisons serrées, évidemment toutes d'ordre 
midrashique. Le fait que son nom soit inscrit sur sa 
cuisse (yerek) indique par exemple qu'il est Jacob se 
changeant - via l'alchimie d'un combat spirituel - en 
celui qu'il est, à savoir Israël ; Genèse 32, 28 : « Et il 
dit : Ton nom ne sera plus appelé Jacob, mais Israël ; 
car tu as lutté avec Dieu et avec les hommes, et tu as 
prévalu [vathoûkâl, de la racine YKL/yâkal, pouvoir, 
oser ; vaincre, surmonter, etc.]. » Un autre candidat 
pourrait être forgé sur la racine NSdHt qui signifie 
également vaincre et correspond à la racine grecque 
nikaô dans le lexique des Septante. Mais, comme le 
nom nikôn pour le vainqueur ne figure pas dans ce 
lexique - on peut d'ailleurs constater que les 
traducteurs hébreux du corpus néotestamentaire 
s'éloignent parfois de ce choix lexical qui est celui des 
Septante, en comparant leurs traductions de versets 



505 



bibliques imbriqués dans le Nouveau Testament avec 
ces mêmes versets tels que traduits par les Septante ; 
ceux-ci ne sont donc que partiellement fiables pour 
« rétrovertir et repartir » -, je n'ai pas de raison de 
privilégier un nom qui serait forgé sur cette racine 
NSdHt plutôt qu'un autre. Par ailleurs, seul l'hébreu 
YWShY', yôshiya' - reposant sur l'un des sens de la 
racine YSh', celle de Jésus, signifiant vaincre au hiphil 
- explique conjointement, d'une part la lecture 
renversante du terme « Armageddon » - puisqu'elle ne 
se justifie que par la lecture de Josias/Y'ShYHW, 
yô'shiyâhoû, comme le vainqueur/(H) YWShY', 
hayôshiya' (avec une similitude d'esprits entre les 
deux termes tout à fait criante), le destin de celui-là 
s'inversant ainsi - ; d'autre part, celle que fait 
l'Apocalypse des rois d'Israël dans le second livre des 
rois pour conduire au relèvement de Josias (les sept 
têtes et dix cornes de la Bête sont lues comme les rois 
impies qui régnent après la mort de Salomon, 
Jéroboam en tête avec ses deux veaux d'or, en passant 
par le septième roi d'Israël descendant de Jéroboam, 
soit Achab-Hérode - lequel est l'un des sept, mais 
également un huitième, comprenne qui le pourra) ; 
mais aussi la présence insistante de la figure de 
Jézabel-Hérodiade accouplée à la Bête, Le. Achab- 
Hérode - ce dragon méconnu - ; mais encore l'un des 
feuillages des deux témoins les désignant comme Elie 
et Elisée/'LHYW W'LYSh', 'êliyâhoû ve'elisha', le 
nom du vainqueur dont ils témoignent brillant à même 
l'association de leurs noms, ces deux témoins étant 
bien les contemporains midrashiques du règne 
d' Achab-Hérode. Je vous passe l'afflux des 

506 



occurrences bibliques de cette racine YSh', avec toute 
sa riche polysémie, en particulier les passages 
nombreux où il est question du salut d'Israël par la 
victoire sur ses ennemis ou de sa Délivrance finale, je 
vais me contenter - puisqu'il faut justifier plus avant 
cette rétroversion - du feuillage de l'occurrence 
biblique de ce mot qui est la plus relevée et 
déterminante. « Exulte, fille de Sion ; pousse des cris, 
Israël ! Réjouis-toi et égaye-toi de tout ton cœur, fille 
de Jérusalem ! L'Éternel a éloigné tes jugements, il a 
écarté ton ennemi. Le roi d'Israël, l'Éternel, est au 
milieu de toi : tu ne verras plus le mal. En ce jour-là, il 
sera dit à Jérusalem : Ne crains pas ! Sion, que tes 
mains ne soient pas lâches ! L'Éternel, ton Dieu, au 
milieu de toi, est puissant, vainqueur (yôshiya') il se 
réjouira avec joie à ton sujet : il se reposera dans son 
amour, il s'égayera en toi avec chant de triomphe. » 
(Sophonie 3, 14 à 17 ; c'est là la fin de ce livre). Outre 
les émanations enchantées des profondes joies 
nuptiales de l'avènement messianique qui s'exhalent à 
la lecture de ces versets telles une débandade de 
parfums, il faut en considérer la matière en hébreu, car 
sinon je crains fort que l'identité secrète de ce 
mystérieux vainqueur messianique ne nous reste à 
jamais inaccessible. En effet, quoique nous sachions 
par la lettre du texte qu'il s'agisse de YHWH, les 
nazoréens vont plus loin et le déterminent comme leur 
Messie, Jésus/Iéshoû'a, simplement en lisant ce 
passage. En effet, le premier de ces versets est RNY 
BTh-SdYWN HRY'W YShR'L ShMHtY W'LZY 
BKL-LB BTh YRWShLM/râni bath-tsiôn hâri'oû 
yissra'êl ssim(r)hi v'âlzi bkâl-lêv bath yroûshâlâm. 



507 



Acrostiche souligné par moi : RBH YShW BLB Y, « il 
croît, se multiplie Jésus/Iéshoû'a dans mon cœur, mon 
intellect [c'est la fille de Sion qui parle] », et 
acrostiche de l'acrostiche avec une légère permutation 
RB Y/maître, rabbi, terme qui, je le rappelle, est lu par 
l'Apocalypse comme R'ShYTh BRY'Th YHWH, 
principe de la Création divine (Ap. 3, 14). Quelle 
voltige virtuose peut être à l'œuvre dans un verset 
biblique ! La racine de Jésus qui signifie premièrement 
sauver, délivrer, manifeste davantage son sens plus 
rare de vaincre au contact effervescent de la venue 
messianique, et si la Jérusalem céleste se réjouit dans 
l'Apocalypse de Jean, nous savons bien par quelle 
infinie et immarcescible raison puisant sa sève 
abondante dans les versets du TaNaK, à l'aide de ses 
racines puissantes. Afin de finir de me justifier tout à 
fait, j'insiste à nouveau sur l'esprit spéculatif de la 
langue sainte via la racine du vainqueur et offre une 
occurrence apocalyptique de celui-ci, de même qu'une 
de celle-là. Ainsi, cette racine condense-t-elle les sens 
opposés de vaincre et de sauver, gage tant de sa 
subtilité que de sa véracité. Apocalypse 17, 14 : 
« Ceux-ci avec l'agneau feront la guerre, et l'agneau 
les vaincra ». Les vaincra ? Hébreu YWShY' HM (les 
sauvera-t-il ?) gR 81, gC 441, somme de 522 = 
MLKWTh YHWH, le Royaume lui-même. Ce « les 
vaincra » fait de plus calembour par cinq lettres avec 
la formule antécédente « avec l'agneau ils feront la 
guerre », soit 'M-(H)ShH YLHtMW. . . Mais passons 
au vainqueur pour ne rien laisser échapper de ce divin 
mets. Apocalypse 2, 7 : « Au vainqueur je donnerai à 
lui pour manger de l'arbre de la vie qui est dans le 

508 



paradis du dieu. », LYWShY' 'ThN LW L'KL M'Sd 
HHtYYM 'ShR HYH BGN H'LHYM (notarique 
'ahavâh, l'amour, fort volontairement rapproché de 
(r)Hâvâh, Eve, cette fiancée couronnée d'étoiles et de 
clarté) : gR=386=YShW7Iéshoû'a Jésus (ce vainqueur 
gravé dans le cœur et qui sauve), somme 
gR+gC=232(0), soit le 232 gC de DBR YHWH/le 
Verbe du dieu qui pour l'Apocalypse est l'un des noms 
du vainqueur sur son cheval blanc (cf. Ap. 19, 13). 
Enfin, LYWShY' 'ThN LW/« au vainqueur, je lui 
donnerai » a pour gC 913, celle de brêshith, mais 
surtout ici de YRWShLYM HtDShH, la Jérusalem 
nouvelle ! 



509 



Indications bibliographiques : 

Je mentionne ici une partie des auteurs et ouvrages que 

j'ai cités, commentés, critiqués ou détournés ; ou 

encore, plus généralement, que j'ai respiré en m'en 

inspirant. 

Abraham Aboulafia : L'Epître des sept voies. 

Aggadoth du Talmud de Babylone (traduction 

française). 

Théodor Wiesengrund Adorno : Minima moralia. 

Georgio Agamben : Ce qui reste d'Auschwitz ; Le 

temps qui reste. 

Heinrich Cornélius Agrippa : De la supériorité des 

femmes (introduction et traduction par Bernard 

Dubourg). 

Gunther Anders : L'obsolescence de l'homme ; Nous, 

fils d'Eichmann, etc. 

Jésus d'Arimathie : Abolition de la Bible et 

accomplissement de la poésie. 

Antonin Artaud : Suppôts et Suppliciations, etc. 

David Banon : La lecture infinie ; Le midrash ; Le 

messianisme, etc. 

Georges Bataille : Le coupable ; La littérature et le 

mal, etc. 

Charles Baudelaire : Les fleurs du mal ; Fusées ; 

Mon cœur mis à nu, etc. 

Bernard Barc : Les arpenteurs du temps. 

René Pierre Boullu : La théurgie de lAutre. 

Signalons ici que d'un point de vue logique, il n'y 

aurait rien d'incohérent à ce que le comble du mal (la 

510 



destruction du Temple par Vlmperium, puis la 
répression de la révolte du fils de l'étoile) ait coïncidé 
avec le comble de la pensée messianique, même si 
cette thèse identifiant l'Autre talmudique avec le Jésus 
évangélique, en supposant une part historique à ce 
dernier - ou plutôt à celui qui le revêt ou à l'un de 
ceux qui l'ont revêtu ? -, dans l'état actuel de son 
élaboration, ne nous semble pas en mesure de 
supprimer tout doute que l'on pourrait avoir à son 
endroit. Je n'en salue pas moins l'énorme travail de 
fond en souhaitant une heureuse destination à ce 
navire talmudico-évangélique d'une salutaire 
érudition. J'ajoute que dans mon tome I, lorsque je 
visais le problème de logique qu'il y a à identifier les 
Douze et leurs équivalents rabbinico-talmudiques, s'il 
y a lieu, je voulais surtout parler de logique au sens 
occidental. Or, comme nous le savons de mieux en 
mieux, les logiques électriques et vibratoires des 
midrashim et talmudim sont tout autre, la porte est 
donc ouverte et je tiens à souligner que ce 
rapprochement historien est par lui-même 
puissamment éclairant. 
Abraham Cohen : Le Talmud. 
Moshé Cordovero : Le palmier de Déb or a (Tomer 
Dévora) ; Le jardin de grenades (Pardès Rimonim). 
Dante Alighieri : De l 'éloquence en langue vulgaire ; 
Vita Nova ; L 'Enfer ; Le Purgatoire ; Le Paradis. 
Arsène Darmesteter : Le Talmud. 
Guy Debord : Mémoires ; La Société du spectacle ; In 
girum imus nocte et consumimur igni ; Commentaires 
sur la société du spectacle , Panégyrique tome premier, 
etc. 



511 



Bernard Dubourg : 25 Poèmes ; Parcours ; Digest 

sur J. H. Prynne ; Sous couvert de péages... ; A partir 

de dorénavant ? ; Un coup de vasistas sur Judas ; Ce 

que je sais du Sefer Yetsirah ; L'invention de Jésus 

(deux tomes), etc., etc. 

Isidore Ducasse : Les Chants de Maldoror ; Poésies I 

et Poésies II ; Lettres. 

Maître Eckhart : Traités et sermons. 

Rabbi Eliezer : Pirké de R. Eliezer 

Sigmund Freud : L'avenir d'une illusion ; Malaise 

dans la civilisation ; L 'homme Moïse et la religion 

monothéiste. 

Moses Gaster : Les Samaritains (traduction par 

Bernard Dubourg) 

Cet érudit incomparable a jadis publié un article 

intitulé An unknown hebrew version ofthe history of 

Judith. Cette version inédite permet de mieux saisir le 

récit traduit par les Septante, sa genèse. Si nous avions 

repéré qu'Holopherne est un jeu de mots en grec - 

dans la langue de l'ennemi !-, cet ennemi nous restait 

quelque peu énigmatique. Grâce à cet inédit, nous 

pouvons donner plus de substance à celui-ci. En effet, 

il s'agit ici de Seleucos (SLYQWS qui est aussi la 

Séleucie-Syrie comme Judith est la judéenne ou plutôt 

la Judée ! ), le roi de Syrie dont les Macchabées ont 

libéré Israël. La ville assiégée n'y est pas Bethouliah 

comme dans le récit conservé par les Septante, mais 

Jérusalem. Judith y est une bethoulah, une jeune fille 

(veuve), elle symbolise l'Assemblée d'Israël, tout 

comme dans les Septante Bethouliah - la ville associée 

à Judith - symbolise la jeune fille (la vierge d'Israël), 



512 



c'est-à-dire aussi bien Jérusalem, comme personnage 
midrashique, hors de toute géographie. 
Oscar Goldberg : L'édifice des nombres dans le 
Pentateuque. 

Georg Willem Friedrich Hegel : Phénoménologie de 
l'Esprit ; Science de la Logique ; Encyclopédie des 
sciences philosophiques en abrégé , Principes de la 
philosophie du droit. 

Martin Heidegger : Être et Temps ; Schelling ; 
Acheminement vers la parole ; Nietzsche I ; Nietzsche 
II ; Questions, etc. 

Friedrich Hôlderlin : Le plus ancien programme 
systématique de l 'idéalisme allemand ; L Esprit du 
Temps ; Andenken ; Le pain et le vin ; L 'Unique ; 
Patmos ; Le Printemps, etc. 

Flavius Josèphe : La guerre des Juifs ; Les antiquités 
judaïques ; Contre Apion. 

James Joyce : Portrait de l 'artiste en jeune homme ; 
Giacomo Joyce ; Ulysse ,■ Finnegans Wake, etc. 
Franz Kafka : Préparatifs de noce à la campagne ; 
Journal. 

Omar Khayyâm : Rubbayat. 
Victor Klemperer : LTI, la langue du Illème Reich. 
Ce livre qui radiographie les tenants et aboutissants de 
la langue nazie avec un génie philologique précis, est 
d'une actualité incontournable et étonnante, ne serait- 
ce que par la méthode d'investigation qui le porte. Il 
suffit pour s'en convaincre d'analyser de la même 
manière le langage que le spectacle tient sur toutes 
choses réduites à lui-même, sur lui-même réduisant 
toutes choses ou, de façon plus resserrée, le langage 
des « corporations » ou multinationales, les phrases 



513 



volontairement réduites à des slogans d'images 
assénés tels des électrochocs et qui reviennent plus 
souvent qu'à leur tour, la prolifération de sigles et 
d'abréviations, l'appauvrissement voulu des tournures 
logiques, du vocabulaire, et du sens des mots, ainsi 
que le mépris généralisé de la richesse du langage en 
accord avec la promotion toujours assurée d'une 
novlangue qui correspond aux besoins 
d'asservissement de ce « nouveau » despotisme 
planétaire repu de ses ignobles horreurs cybernético- 
économiques, pareil à une grande prostituée cuvant le 
sang des massacres sans nom qu'elle commandite et 
organise - cette mafia du secret généralisé - pour le 
seul profit inepte de sa gidouille phynancière. 
Gérard Lebrun : La patience du Concept ; L'envers 
de la dialectique. 

Sandrick Le Maguer : Portrait d'Israël en jeune fille. 
Signalons que l'auteur de ce bel ouvrage développe de 
manière singulière et romanesque des variations - 
centrées sur Myriam-Marie - qui répondent au réseau 
d'analogies que nous avons soulevé dans notre 
première étude entre l'arbre, Jérusalem, l'Assemblée, 
etc. L'une de ces variations renversantes est par 
exemple le puits d'eau (be'êr mayim, lisible comme 
l'association du verbe bara', créer, et de la Thora, les 
eaux étant un substitut de cette dernière), etc. 
Le Canon de l'Ancien Testament, sa formation et 
son histoire, collection Labor et Fides. Ce recueil du 
savoir de spécialistes es canonicité, instructif par 
certains aspects, est évidemment tout à fait contingent 
dès lors qu'il s'agit de pénétrer et de saisir la substance 
de la vie organique des vingt-quatre livres, son sens à 

514 



la mesure de la prodigieuse puissance créatrice du 
roseau d'or du dieu, ce calame de diamant. Il est un 
exemple de plus de la stérilité de l'opinion admise. 
Moshéh Hayim Luzzato : Le philosophe et le 
kabbaliste. 

Stéphane Mallarmé : Igitur ou La folie d'Elbehnon ; 
Quant au Livre ; La musique et les lettres ; Un coup de 
dés, etc. 

Karl Marx : A propos de « La Question juive » ; Pour 
une critique de la philosophie du droit de Hegel, etc. 
Herman Melville : Moby-Dick. 
Dans ce livre sublime proche des Chants de Maldoror 
par sa manière d'actualiser la Bible, son sens aiguisé 
de la métaphore et sa profonde pensée de l'une de ces 
deux questions qui intéressent les cœurs non solitaires, 
il est intensément question d'un « animal » que nous 
avons rencontré au cours de ce voyage, le Léviathan. 
Nous avons vu que celui-ci est un divin mets réservé 
pour les justes dans l'Eden à la fin des temps, par jeu 
de mots condensant LWY (Lévi, tribu des prêtres) et 
YThN (il donnera) et à l'aide d'une double 
équivalence gématrique entre LWYThN et MLKWTh, 
le Royaume. Or, Melville identifie le Léviathan avec la 
baleine, plus particulièrement avec le cachalot - 
espèce dont Moby Dick fait partie bien qu'il soit à ce 
point singulier qu'il excède l'espèce -, ou plutôt faut-il 
dire qu'il qualifie le cachalot (ce don du vieil océan 
dont Melville décrit curieusement le front en usant de 
l'épithète de « chaldéen ») du nom de Léviathan. Peut- 
on le justifier ? Le Léviathan dont vient 
immédiatement à l'esprit la description qu'en fait le 
livre de Job n'est pas sans ambiguïté et pourrait 



515 



n'évoquer qu'un simple crocodile. Mais le mot hébreu 
livyâthân désigne, lui, soit un serpent terrestre (ou un 
dragon si l'on tient à croire qu'il a existé ailleurs que 
dans le mythe. . .), soit le crocodile, soit la baleine (ces 
différentes lectures possibles n'expliqueraient-elles 
pas l'ambiguïté du texte de Job ?) ; c'est le milieu dans 
lequel il évolue, éclairé selon le contexte biblique, qui 
détermine de quel type de Léviathan il est question. 
Ainsi, les Septante, en Job 3, 8, traduisent bien 
LWYThN par kêtos, baleine, tandis qu'en Genèse 1, 
21 ce mot grec traduit l'hébreu ThNYN qui peut certes 
vouloir dire « serpents des eaux », mais nomme bien 
ici des baleines et nul autre animal (Melville se sert 
une fois de cet exemple du début de la Création, sans 
doute en se basant implicitement sur la version des 
Septante ; Genèse Rabbah 11, 9 le rejoint en lisant le 
Léviathan là où il y a ce ThNYN/thanin). Ce 
qu'énonce l'auteur sur le spermaceti des baleines, les 
rendant extrêmement précieuses, et sur la saveur sans 
comparaison de leur chair, se voit ainsi faire un écho 
étonnant et réjouissant avec la tradition juive- 
hébraïque. En effet, en Baba Bathra 74b et 75a, 
lorsque les talmudistes discutent du Léviathan, il ne 
fait pas le moindre doute qu'il s'agit du cachalot 
(généralement de la baleine). Gabriel lui-même est 
censé organiser sa chasse pour le donner aux justes. 
Mais la pêche s' avérant redoutable et même 
impossible (le Talmud s'interroge en citant Job 41, le 
prendre avec un hameçon ? lui serrer la langue avec 
une corde ?), c'est YHWH lui-même qui devra se 
charger de tuer l'auguste et majestueux cétacé. Puis, 
dans le sillage de cette révélation de l'identité du 

516 



Léviathan, le texte poursuit : « Rabbah énonce au nom 
de R. Yohanan : " Le Saint béni soit-Il dans le 'ôlam 
haba' fera (!) un festin pour les justes de la chair du 
Léviathan, car il est dit " les compagnons feront (!) un 
festin de lui. " (Job, 40, 30) " » Si le cachalot est bien 
le Léviathan - et je ne vois guère ce qui viendrait s'y 
opposer étant donné que même le Talmud l'affirme -, 
on comprend mieux que celui-ci soit réservé pour les 
justes, c'est-à-dire que la manne des océans leur soit 
réservée ! Par ailleurs, m 'imaginant mal me régaler de 
serpent ou de crocodile, je ne puis qu'affirmer 
absolument l'objectivité de mon goût en proposant le 
succulent cachalot (dans les apocalypses - chez 
Hénoch par exemple - le Léviathan est bien un animal 
marin opposé au Béhémoth terrestre, Lévitique 
Rabbah 13, 3 affirme même que le Léviathan dans son 
combat équilibré contre le Béhémoth atteint celui-ci 
avec ses nageoires, et avec une vigueur telle que cela 
peut difficilement décrire un autre animal que le 
cachalot lui-même, les baleines étant d'un naturel 
généralement non seulement peu féroce, mais 
essentiellement pacifique). . . Melville insiste sur les 
plis et replis de son Léviathan poétique, ses entailles 
dues à l'ardeur des batailles qu'il interprète comme de 
vastes signes kabbalistiques ou hiéroglyphiques 
inscrits en guise de lois fulminantes à même le corps 
de cette « Baleine albinos [qui] est le symbole de 
toutes choses ». Celui-là n'est-il pas un in folio de 
guerres divines et glorieuses ? J'ajoute que pour le 
Midrash le luxe de dieu, son enjouée détente 
quotidienne, consiste à jouer avec le Léviathan après 
avoir étudié. Enfin, Melville aurait été heureux 



517 



d'apprendre - s'il ne l'a pas su, car ce qui précède 
porte à croire qu'il n'était pas nécessairement ignorant 
de la tradition juive-hébraïque, fusse par une 
connaissance de seconde main. . . - ce que disent les 
Hébreux de la blancheur mystique qu'Ishmaël 
(autrement dit l'auteur, l'écrivain, lequel peut avoir 
d'autres noms comme le suggère l'ambiguïté de la 
première phrase « Call me Ishmaël. ») voit si 
ardemment en Moby Dick et décrit de façon 
passionnée en lien à de multiples traditions, quoique 
sans référence directe à celle des Hébreux. Car pour 
ceux-ci, le blanc - sans insister sur sa double entente 
en lien à la lèpre - est la couleur même du 'ôlam 
haba', l'éclat sans retour de la lumière messianique, le 
Zohar l'imaginant métaphoriquement comme un pays 
neigeux et associant le blanc à (r)hessed (la Rose est 
rouge et blanche), autrement dit à Sa droite d'amour 
relevant les justes à la fin des temps. . . et pour quel 
festin ! 

Maurice Mergui : Un étranger sur le toit ; 
Comprendre les origines du christianisme ; Paul à 
Fatras, et nombre d'articles lumineux. 
Moïse de Léon : Le sicle du Sanctuaire. 
James Alan Montgomery : Les hommes du Garizim 
(traduction par Bernard Dubourg) 
Charles Mopsik : sa traduction du Livre hébreu 
d'Hénoch, du Zohar (malheureusement inachevée), et 
en particulier du Zohar sur le Cantique des cantiques ; 
Cabale et cabalistes ; Le sexe des âmes, etc. 
Rabbi Na(r)hmanide : La dispute de Barcelone. 
Je souligne l'argument de Na(r)hmanide contre le fait 
que le Messie ait pu venir en la personne de Jésus, cet 

518 



argument ne s'entendant qu'à condition d'avoir en tête 

l'hébreu BW, racine de la parousie, avec ses divers 

raffinements. En effet, Na(r)hmanide affirme que Jésus 

ne saurait être le Messie qui est venu, parce que le 

monde chrétien dirigé par l'Eglise est constamment 

déchiré de guerres intestines et de querelles fratricides, 

n'étant donc pour lui, logiquement, que la continuation 

de l'empire romain, nullement le règne glorieux de la 

paix messianique - même si ce monde chrétien est en 

même temps un tout autre monde que le monde 

romain, dans le sens où pour la pensée il est le règne 

enfin advenu de la totalité, ce que ne pouvait 

évidemment pas deviner Na(r)hmanide puisque Hegel 

fut le premier à le concevoir. 

Rabbi Nathan : Pirké de Rabbi Nathan. 

Fabien Nguyen-Huu : Empyrée. 

Friedrich Nietzsche : Aurore ; La Gaya Scienza ; 

Ainsi parlait Zarathoustra ; Le Crépuscule des idoles 

ou Comment on philosophe avec un marteau ; 

L Antéchrist ; Ecce Homo, etc. 

Etienne Nodet : La Bible de Josèphe, L le 

Pentateuque ; Essai sur les origines du judaïsme ; 

Flavius Josèphe, l'homme et l'historien. 

Pascal Orosco : La Science de l Expérience de la 

Jouissance ; Le Plan de la Providence ou La 

Constitution du Système de la Science 

Marc- Alain Ouaknin : Le Livre brûlé, lire le Talmud, 

Mystères de la Kabbale -, Mystères de la Bible, etc. 

Philon d'Alexandrie : De VitaMosis, etc. 

Marcel Proust :A la recherche du temps perdu, etc. 



519 



Jeremy Halvard Prynne : Oripeau clinquaille ; Du 
nouveau dans la guerre des clans ; Massepain 
(traductions de Bernard Dubourg), etc. 
Arthur Rimbaud : Lettres dites du « Voyant » ; Une 
saison en enfer ; Proses évangéliques ; Illuminations. 
Saint-Simon : Mémoires. 

Il est par excellence « l'historien original » de l'esprit 
français (au sens que Hegel donne à « l'histoire 
originale », parlant du talent des Français en cette 
matière, par contraste avec les Allemands. . .), et en 
même temps, conjonction unique, il est un orateur de 
génie qui subjugue tout par l'enchaînement fluide de 
ses raisonnements imparables, jusqu'aux princes et 
aux rois (même si ceux-ci n'ont que trop rarement le 
courage d'assumer les bons conseils de cette 
intelligence hors de mesure). C'est ainsi, par exemple, 
que, sous la Régence, il se manifesta comme la vérité 
victorieuse du parti des ducs contre « la prétendue 
noblesse » ayant voulue s'opposer à celui-là, par une 
sorte de mauvais avant-goût pour un nivellement 
« démocratique » au sein de la noblesse. De surcroît, il 
incarne ce que j'appellerai « la noblesse de 
plume », en sa pointe, aiguisée en « ennemie de toute 
populace et de tout despotisme » (Nietzsche, à propos 
de la nécessité d'une « nouvelle noblesse »). Saint- 
Simon n'a jamais pu se défaire d'écrire rapidement 
(« mort, où est ta victoire ! »), s'instruisant à 
proportion de la dépense de ce qui de plus subversif 
coule dans ses veines, son sang bleu spirituel, 
christique. Il serait temps qu'il soit reconnu comme 
notre Thucydide et notre Périclès. 



520 



Gershom Scholem : Les grands courants de la 
mystique juive. 

Selon la Septante, Trente études sur la Bible 
grecque des Septante, en hommage à Marguerite 
Harl 

J'y relève ceci (pour citer, par pure dérision, l'un de 
ces notables spécialistes d'importance nulle) : « selon 
lui [Moses Gaster, ce savant grandement estimable...], 
la LXX aurait vu le jour à Jérusalem parce que seule 
une origine palestinienne pouvait avoir un prestige 
suffisant pour que la traduction fût reçue dans la 
diaspora. La faiblesse de cette argumentation de pure 
vraisemblance est double : elle repose sur l'idée 
implicite que l'origine de la LXX est à chercher du 
côté de la communauté juive - ce qui reste à 
démontrer - et elle est incapable de rendre compte de 
la tradition bien établie, tant dans le judaïsme 
alexandrin que dans le judaïsme palestinien, sur 
l'origine égyptienne de la LXX. » La réponse est 
pourtant simple et il suffit de me lire pour s'en 
convaincre : premièrement, la Lettre d'Aristée étant un 
midrash, ce que j'ai démontré, et la langue de cette 
traduction des Septante étant volontairement gorgée de 
sémitismes sous couvert d'une rhétorique sémitique, la 
provenance de cette traduction peut difficilement être 
trouvée ailleurs que dans la « communauté juive », ce 
à quoi j'ajoute trois questions afin de pourfendre et 
renverser les rangs ennemis par trois fois. 
Premièrement, comment se fait-il que sur les plus 
vieux manuscrits de la Septante figure en caractères 
hébraïques et en toutes lettres, n'ayant pas été traduit 
par révérence, le brûlant YHWH ? Deuxièmement, 



521 



comment se fait-il que la Septante, certes 
fragmentairement, fasse partie des trésors retrouvés à 
Qumrân ? 

Troisièmement, comment ces ramasse-miettes 
indigents expliquent-ils cette parole du colophon 
d'Esther (glose qui fut l'œuvre des traducteurs de la 
Septante et qui orne la fin de la traduction grecque de 
la Méguillâh) : « Dans la quatrième année du règne de 
Ptolémée et Cléopâtre, Dosithée, prêtre et Lévite, et 
Ptolémée son fils, amenèrent cette « épître de 
Pourim » [grec epistolen ton Phrourai, hébreu 
'iguereth hapourim/'GRTh HPWRYM] qu'ils disaient 
la même [que l'original], et que Lysimaque, le fils de 
Ptolémée, a traduite [ermeneukenai, racine 
ThRGM/thirguem, celle du Targum] à Jérusalem. » (je 
souligne) ? 

Par ailleurs, si Philon a peut-être ignoré (j'ai bien dit 
peut-être...) que l'attribution alexandrine des Septante 
et tout son décor sont de l'ordre du midrash, ce n'est 
aucunement le cas ni de Josèphe, ni des rédacteurs de 
la dite Lettre, ni de ceux des Talmud. D'ailleurs, 
comment expliquer autrement que par des variations 
midrashiques les contradictions apparentes entre ces 
différentes versions ? Comment ne pas trouver plus 
que bizarre sinon d'avoir des versions supposées 
fidèlement historiques - de purs témoignages 
d'époque ! - qui divergent à ce point et sur le lieu et 
sur le nombre de personnes présentes et sur la date et 
sur le temps que cela a pris et sur la manière dont tout 
cela a été orchestré, bref sur ce qui formerait les bases 
de témoignages historiques recevables ? A de pareilles 
questions, je ne donne certes pas ma langue au sphinx 

522 



ou à qui que ce soit, mais renvoie calmement aux 

arguments que j'ai développés dans ma seconde étude, 

ainsi qu'à d'autres éventuels, disséminés dans le corps 

de l'ouvrage, ceux-ci et ceux-là démontrant que ces 

variations ne sauraient s'expliquer autrement que par 

le midrash. 

Angélus Silesius : Le voyageur chérubinique. 

Philippe Sollers : Nombres ; Logiques ; Lois ; H ; 

Paradis ; Femmes ; Paradis II ; Le cœur absolu ; Le 

secret ; Le rire de Rome ; La Divine Comédie ; Eloge 

de l 'infini ; Une vie divine ; Les voyageurs du temps, 

etc. 

Baruch Spinoza : Tractacus théologico-politicus ; 

L 'éthique ; Traité de la réforme de l'entendement ; 

Grammaire hébraïque, etc. 

Roland Tournaire : Genèse de l'Occident chrétien ; 

L'Intuition existentielle, Parménide, Isaïe et le 

midrash proto-chrétien ,Modernité de la logique 

archaïque. 

Sun Tse : L 'art de la guerre. 

Raoul Vaneigem : La résistance au christianisme. 

Paul Vulliaud : La Kabbale juive ; Le Cantique des 

cantiques d'après la tradition juive ; La clé 

traditionnelle des Evangiles ; La fin du monde. 

Stéphane Zagdanski : L'impureté de Dieu ; De 

l'antisémitisme ; Fini de rire ,Debord ou la Diffraction 

du temps, etc. 

Bibles, commentaires, midrashim, dictionnaires 
« classiques » : 

CD Rom Davka pour le Talmud, le Midrash Rabbah, 
Midrash Tehilim, Tan(r)hoûmah, Zohar, Bahir, etc. 



523 



Dictionnaire Jastrow des targumim, talmudim et 

midrashim 

Midrash Rabbah éditions Nouveaux Savoirs 

CD Rom Talmud de Jérusalem aux éditions « Les 

temps qui courent » 

Bible traduction Segond ou Darby (pour la plupart des 

citations, sauf traductions miennes) 

Commentaire de Rachi sur le Pentateuque 

Intertestamentaires et Apocryphes chrétiens dans la 

collection de la Pléiade 

Concordance ofthe Septuagint de Hatch et Redpath 

pour les Septante ainsi que^4 Greek-English Lexicon 

ofThe Septuagint q&. Deutsche Biblegesellschaft 

Dictionnaires d'hébreu : Sander et Trenel, Gesenius, 

etc. 

Nouveau Testament interlinéaire grec/français (éd. 

Alliance Biblique Universelle) 

Traduction du Nouveau Testament en hébreu par Louis 

Segond 

Hébreu Biblique, Méthode élémentaire par J. 

Weingreen, etc., etc. 

Ressources internet : 

Ce sont les revues Le Champ du midrash et Nigla (sur 
ce site mien, vous trouverez de nombreux articles 
connexes vis-à-vis de ce livre, articles qui ont été 
contemporains de sa genèse, ou en ont découlés), le 
site L'axe du temps, le projet Judéopédia, l'excellent 
dictionnaire Comprehensiv Aramaïc Lexicon 
disponible en ligne, enfin, voici l'adresse où l'on peut 
télécharger une partie de La théurgie de l'Autre : 
http://www.the-historical-rabbi-ishmael.com/ . etc. 

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