4 *
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale cle France
BROCHURES ÉDITÉES PAR LA RÉVOLTE
Epuisées à 1 heure actuelle, mais dont réimpression sera faite.
L'Esprit de révolte, par Kropotkinr , » 1 5
Le Salariat,. par Kropoikmc » 15
Evolution et Révolution, par E. Redits » 15
lies Prisons, par Kropothine . .....*....,.... » 15
La Morale, parXropotkine , . , . . . . » i 5
Les Produits de la terre et les Produits de l'industrie,
par X. ................. » 15
Rienesse et Jtàzsèmypat 3t, ............... » 1 5
Les hommes et les théories de l'Anarchie, par Ramon . . » 15
L'Anarchie dans révolution socialiste, par Kropotkine. . . » 15
Aux Jeunes Gens, par Kropotkina , » 15
Déclarations d'Etiolant » 15
#àfecîe et Internationalisme^ par Ram on , .. ,.:.....-. » 15
Jn dehors <£e l'^ïburaj n#us avons >
0n repaire de malfaiteurs, par ^ilîaume. . ,
I/Ek An-Archist d'Amsterdam
Le 11 novembre ïf$37} eau-forte . ,
Proudhon, pàrtraït au burin par Bàrbottiri , v
Un frontispice en couleur, p«r WîUaume, pour
le premier-volume du Supplément i 25 — 1 40
1
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Publications des « TEMPS NOUVEAUX » — N' S
JEAN GRAVE
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ACHIMIE
Première édition : 10.000 exemplaires
ÎO <3EN*MES'
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TMë:$\mM^&: « ■ S1MPS N«p£A1K" »
140, rue:; MOÏJFFETÂR», 140
*898
f
Extrait de la Société Future, i voiume, 2 fr. 75,.
chez Stock, éditeur, Çaleries dit Théâtre Français/ou
aux bureaux des Temps Nouveaux,
LE IMCHINISiWE
La Révolution est fatale, avons-nous dit, et, pour
celui qui étudie les phénomènes sociaux, ce n'est pas
une affirmation. en l'air, ce n'est que la constatation
d'une vérité qui nous crèverait les yeux, si la com-
plexité de ces mêmes phénomènes ne nous en cachait
la marche réelle, en enchevêtrant leurs effets de telle
sorte que, bien souvent, nous prenons les efïets pour
des causes, et les causes pour des effets.
C'est ainsi que beaucoup de travailleurs frappés de
ce fait brutal : leur remplacement par le machinisme,
ont pris celui-ci en. haine, en sont arrivés à en dési-
rer la suppression, ne s'aperce vant pas qu'ils n'en res-
taient pas moins f eux, à l'état de machines à produire ;
que la suppression des machines ne leur apportait
qu'une amélioration relative et toute momentanée,
qui ne tarderait pas à disparaître par la rapacité des
exploiteurs.
Dans la société actuelle, cela est de toute évidence,
la machine porte un grand préjudice aux travailleurs,
quoi qu'en disent les économistes qui font ressortir
que l'outill âge? mécanique économise 1 es forces de
l'ouvrier, qu'en réduisant les frais de production elles
amènent le bon marché des produits dont profitent
les travailleurs en tant que consommateurs. Gela
n'est que 1& beau côté de la chose, quî serait vrai en-
(j0rçiM'eaat si ïa société était; mieux organisée; mais,
acUttiliemeatï d& par l'exploitation du capital, cela
est loin d'être exact. --.. l
La machine^ en produisant, plus, vite* a augmenté
en même temps la? consommation, faisant diminuer
4 —
les prix des produits, cela est vrai; mais cette dimi-
nution, si elle a apporté quelques bénéfices aux tra-
vailleurs, ce ne peut être que dans une proportion très
limitée, étant ^lonné que son salaire ne lui permet de
satisfaire qu'une très minime partie des besoins qu'il
éprouve. La faculté de consommation est donc limitée
de suite, tandis que la puissance productrice de la ma-
chine n'est limitée par rien.
Ou du moins, si, elle est limitée : par les besoins dé
la consommation, mais cette limitation est contre le
travailleur; car la machine produisant indéfiniment,
mais la consommation ne s 'opérant pas, cela occa-
sionne les chômages, la misère pour celui qui n'a que
le produit de son travail pour vivre.
En plus de cela, par ses mouvements combinés et
réglés d'avance, s'opérant automatiquement, la ma-
chine a fait baisser l'instruction professionnelle. On
apprend plus vite à suivre une machine qu'à fabriquer
un objet de toutes pièces. Dans un grand nombre de
professions, au bout de huit jours de pratique, un in-
dividu est capable de diriger sa machine, quand aupa-
ravant il lui aurait fallu plusieurs années d'apprentis-
sage avant d'être capable de produire un spécimen des
objets qui vont sorjtk J>ar centaines sous les engre-
nages de l'ouvrier de fer. jj
Cette facilité de s'adapter à un métier pourrait
être profitable, sans doute, à l'ouvrier, en lui permet-
tant de trouver du travail dans un autre métier, lors-
qu'il n'y en a pas dans le sien. Mais, là encore, l'or-
ganisation capitaliste a su faire tourner l'avantage au
profit de l'employeur. ^ ^
Queïïe que fut la rapacité des capitalistes, ayant *pe;
l'outillage mécanique eût envahi l'industrie, il y avait
des considérations dont ils étaient bien forcés détenir
compte dans une certaine mesure, le moins qu'ils pou-
vaient certainement., mais il y avait des limites qu'ils,
ne pouvaient dépasser, et quand ils avaient un person-
«
5
nel habile, exercé, intelligent, ils étaient forcés de faire
certains sacrifices pour le conserver.
Aujourd'hui, plus besoin de tout cela; pourvu
qu'ils aient un Oi^ (feux hommes, connaissant la fa-
çon de procéder de la maison et capables de dégau-
chir un nouveau personnel, cela leur est suffisant.
Le reste n'est qu'un vulgaire troupeau que Ton em-
bauche quand on en a besoin , et qu'on jette sur le
pavé lorsqu'on n'a plus de quoi l'occuper.
De plus, cette facilité à remplacer son personnel a
rendu les capitalistes bien plus exigeants et plus ar-
rogants. Autrefois, un ouvrier qui avait conscience de
sa valeur pouvait se permettre d'envoyer promener
Monsieur son patron lorsque celui-ci se permettait de
venir Fem...bêter hors de propos. Aujourd'hui il ne
suffit plus d'être un àbatteur de besogne, de bien con-
naître son affaire, il faut être humble et soumis envers
son Excellence le capitaliste. Le personnel ne manque
pas sur le marché, la force, l'activité, l'intelligence
sont denrées communes; on exige, de plus/ l'humilité
et la platitude. •
Mais Use s ; arrêtent pas là les effets néfastes de Fou*
tiilage mécanique. Être occupe toute Une journée à
suivre les évolutions d'une machine pour en voir sor-
tir un morceau de ferraille tout estampé, cela n'a
Tien de bien récréatif ni qui puisse élargir le cerveau,
et, lorsque ce travail se répète tous les jours, sans
trêve ni repos, pendant des années et des années, on
comprend que celui qui n'a fait que cela touU: sa vie
soit incapable d*autre chose, si cette occupation vient
à lui manquer, et que cette incapacité le mette à la*
merci de celui qui l'exploite.
A toutes ces caisses de ruinepourje travailleur, que
l'on ajoute son remplacement, auprès du nouvel ou-
tillage ^par des femmes et des enfants, et ï'on ne s'éton>- 5
nêrâ plus quéyiiè voyant que; les effets qui « semblent »
dériver . de sou- introduction dans le monde indus-
— 6 — .
triel, il s'en prenne à cet outillage des maux qu'il
subit.
Il suffit dé Regarder autour de soi pour voir que
nous décrivons exactement ce qui se passe. Dans cha-
que corporation, l'ouvrier disparaît pour faire place
au spécialiste. Pour ce dernier, assujetti au mouve-
ment régulier et automatique de la machine dont la
vitesse s'accélère chaque jour, son attention subit une
telle tension d'efforts exigée par son labeur quotidien
que son travail en devient plus fatigant que lorsqu'il
le faisait sans le secours de la machine.
Le remplacement de l'ouvrier -homme par l'élé-
ment femme et enfant, la facilité de l'apprentissage
ne sent pas les seules raisons du chômage, elles n'en
sont que les moindres causes.
La machine, avec dix, vingt, trente ouvriers, fait
le travail qui en aurait nécessité autrefois trente, cin-
quante, cent. Certaines modifications permettent,
parfois, de faire avec un ou deux hommes 4e travail
de plusieurs centaines. Où il fallait autrefois à
^Industriel six mois pour répondre à une commande»
■■IL sera -prêt maintenant & la livrer en .quinze jours,
avec moitié/ moin& de inonde.
Autrefois, I industriel était forcé de fabriquer d'a-
vance pour être an mesure de répondre a^ix com-
mandes qu'il prévoyait; c'était une raison pour lui de
■i ménager son personnel ; afin de l'avoir toujours là,
sous la main, cela amortissait les causes de chômage;
^on outillage mécanique étant des plus rudimentaires,
il lui fallait pouvoir compter sur to personnel exercé ;
Ma contmaniès, même, faiblissaient-elles un peu, il
étaifcforeé ide sUngénier pour garder son personnel.
•Ilji'em iest^ius to 4 m£me. Avel les machines qui
remplacent des, centaines d'ouvriers,, avec l'innom-
brable armée des sans-travail qui attend, tous les
matins, à la porte de l'usiné, le capitaliste n'a pflus
m
'M
besoin de sHaquiéier de ceux qu'il met sur le pavé
aux temps de disette. Wae commande se protkri&*eHe?
Vite on embauche dix, vingt, cent travailleurs, se-
lon les^beswns. J^a Commande exécutée, aucune autre
n'est-elle venue? C'est bien, on met tout le monde
à la porte. Et le dur pèlerinage à travers les rues, la
longue station . à la porte des usines, aux heures de
l'ouverture^ recommencera, avec ses espoirs, ses dé-
ceptions et ses angoisses.
Autrefois, on partait le matin^ om sonnait à la porte
ties^ttsiBesvët l'on faisait ses o&esde^ services ; on pou-
vait ainsi, dans la même journée, visiter un grand
nombre (FateMers. "Actuellement, il' faut être dès de
Tïiatin à l'ouverture de Fatëlien pour passer la revue
du ooniremaltre. qui, avant le choix, embauche ceux
dont la tête lui revient le mieux. Avec ee système-là^ si
vous n'êtes pas embauché^ votre journée est perdue, car
l'ouverture desateliers^eft^antàpeuprèsiaux mêmes
heures, il est trop tard pou^courir; ensuite à d'autres.
Et c'est ainsi que, de jour en jour, d'amélioration
en amélioration, 1- exploitation f capitaliste se perfec-
tionne, dévient plus savante, permet a^: capitaliste
^'Économiser du *temps en combinant miem ses^moa?-
ve^nèa# ; mtsâ s cette ^amélferafeion v c'est ; sur le nêos
des* travailleurs q^elle^s'opère,- ce sont eux qui, en
^éMiMve, en f entres frais } «ar, tous les jours, ils se
sentent un peu plus enchaînés, unpeuiptas misérables.
Mais les économistes^ -gens teès sensés et très-seien^
#ês ; -^tçësoât euxqtii leèisemt — ^ m& soaatjpas embar-
rassés de réporidreà cela : <i«Il^.«uif^':'iiiïs@Be r ''6eiâ'
est vrai. La faute en est à ce que la planète n f est pas
encore adaptée : à «os* besoins. • » ^ertes^rajèutem^ils
hypocritement, « notre société b^éao4es^r& t ï elle
gaspîÈebien 4és forces, mais enfin l'évolution isttit
Jte *e^é*n^Éureî f ^t^^l^tf^^^ 8 ^^*® 1 ^^ 110 ^ 1161 *
■ -- ' M . , , „ :/ji x
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v^'/'m^
— 8 —
« Les socialistes voudraient partager la fortune des
capitalistes — ce sont toujours les économistes qui
parlent — r que produirait cela à chacun? Une mi-
sère! Ne vaut-aï pas mieux que les uns continuent à
avoir tout et que les autres continuent à crever de
faim? Ces derniers ont au moins la satisfaction de
savoir que la part dont ils sont frustrés contribue à
augmenter le bien-être d'une classe d'individus bien
intéressante, allez î, — nous en sommes — et qui est
1 Cill/C UC i. liU*«GWlil.^. »
Us ont même fait le calcul de ce que ce partage pour-
rait rendre. JM. Novieow (1) estime toute la fortune de
la France; à £00 milliards. Partagée entre tous les
habitants, il trouve que cela ferait environ 21. 000 francs
pouBune F Camille de quatre personnes. Et 21.000 francs
pour une famille, ea sera encore la misère. M. Novicow
en conclut que ça ne vaujt pas la peine de partager;
que^a misère est une chose indépendante du capital,
que tout est, sinon pour le mieux, tout au moins aussi
bien que ça peut être.
N'en déplaise à M. Novkow qui est, paraît-il, un très
riche banquier, tout le monde n'éprouve pas le même
dédain, aristocratique que lui pour de si petites
sommes. ,21 .000 fraucs, jpîacés à 3 0/0, rapporteraient
encore 630 #ancs^nàr an. 630 francs ne pourraient
fsûre^ivre une famille sans travailler, cela est évident,
mais que le s^alredes famiOes ouvrières se trouvât
ainsi augmenté dé 600 francs, ça serait beaucoup plus
que cBrjtai^^n^osent demander.
Les fortunes ainsi nivelées, il n'y aurait plus de
luxe, c'est vrai, mais il n'y aurait plus - d'individus
€reva^|^fam|ï ^la/mérite consMération. v /
Mais, à l'heure actuelle, personne ne vise à partager
les fortunes; on. veut, au contraiçe^ les mettre en
commun, pour les faire produire à la satisfaction de
— 9 —
tous, afin qu'elles ne servent plus exclusivement à la
jouissance de quelques-uns.
Ce qui fait la misère, nous en donnerons d'autres
raisons plus loin, ce n'est pas parce que quelques-uns
ont accumulé des capitaux, mais parce qu'ils se ser-
vent de ces capitaux pour entraver la production.
Quand un industriel n'a plus de commandes, il ralentit
sa production; les ouvriers, ne travaillant pas, dimi-
nuent leur consommation : autre cause de paralysation
de production. Si le commerçant ne fait plus de com-
mandes lorsque ses magasins sont pleins, c'est parce
qu'on ne lui achète pas, mais ce n'est pas parce que
les produits manquent. Que les commandes se fassent,
et tout de suite l'activité reprend son cours.
Les travailleurs sont forcés d'attendre que les maga-
sins se vident pour pouvoir travailler.
Messieurs les économistes voudraient-ils nous ex-
pliquer pourquoi la production se ralentit toujours
ainsi, pourquoi l'on n'a jamais vu se fermer une usine
parce qu'elle ne trouvait pas de produits à manufac-
turer, comment il se fait que c'est un encombrement
de richesses qui suscite la misère?
Un économiste est passé à côté de l'explication,
dans un de ses ouvrages (1) où il explique que la
grande erreur des hommes, c'est d'incorporer la ri-
chesse dans Tor, la monnaie, qui n'en est qu'une re-
présentation , tandis que la vraie richesse consiste dans
les objets de consommation.
La monnaie, en effet, n'est qu'un moyen d'échange;
elle n^ existe qu'en nombre limité. Des lois en régissent
la fabrication^ Cette représentation de ift richesse cir-
cule, il est vrai, entre différentes mains, mais certains Se
la sont accaparée et; avec elle, ïîs ^r^issent l^umanitév
Laterrêv -fos mines, la mer né demandent qu^âiiou^
inonder de le%ra^oM
(1) Les Gaspillages dans? les socUtésmùdê^ttés.
— 10 —
prêtes à les transformer au gré de nos besoins, ceux
qui n'ont que leurs bras pour vivre ne demandent qu'à
les occuper.
Mais eela/ hélas ! n'est pas suffisant. Avant de pro-
duire d'autres objets dont l'encombrement déprécie-
rait la valeur de ceux qu'ils ont en magasin, ceux qui
se sont emparés des moyens de ; production veulent
écouler ceux qu'ils possèdent, et ils arrêtent la produc-
tion, et voîlà ce qui fait qu'une trop grande richesse
entre certaines mains engendre une grande misère
pour les producteurs. Ceux qui veulent une société où
tous les besoins puissent être satisfaits ne demandent
doncpas le partage des richesses existantes, mais une
Organisation sociale où l'égoïsme des uns ne puisse
être préjudiciable aux autres.
Mais nous aurons eneore l'occasion • de traiter ce
sujet plus loin, revenons-en à l'outillage mécanique.
Les économistes s'extasient sur le travail immense
qu'a nécessité la fabrication de l'outillage existant, et
lé bien-être que cela a apporte aux travailleurs. 11 est
de fait que, durant toute la période où l'industrialisme
M commencé à: se ^éyeiopper, la construction de' l'ou-
tillage eréant#es occupations: nouvelles à- ceux quH
supplantait dans ? l'atelier au fur et à ^mesure de sa
coustruetîon, l'équilibre s ? est maintenu^ pendant quel-
le temps, penchant même en faveur des travaiMeurs ;
^notais cela n'a été que temporaire efeide courte Idarée,
une -génération à. peine. Aujourd'hui, l'équilibre est
rompu en faveur du capitalisme. ,
|i ; ëutilïage s est graduellement perf eetimané ; il
existe un matériel capable dé fournir à tous les besoins,
qui ne demande qu'à être entretenu, opération de-
mandant 5 un personnel bien moâns considérable que
lorsqu'il a- fallu le construire de toutes pièces.
iSfalgré ^SEméporatiou. momentanée dont Ont joui
les travailleurs, leurs moyens de consommation ont
— 11 —
toujours été des plus restreints; nombre de leurs
besoins ont dû rester « insatisfaits » ; l'encombrement
de produits s'aceumulant dans les magasins est arrivé ;
de hardis spéculateurs en ont profité pour produire la
hausse ou la baisse selon leurs intérêts, ruiner leurs
concurrents, agioter tout à leur aise, mais cela n'a pas
vidé les magasins. Le commerce crève de pléthore
et les travailleurs de faim, à côté des produits qu'ils
ont fabriqués.
Pendant longtemps, on a cru que les conquêtes co-
loniales serviraient de débouché à ce trop-plein de
produits qui nous « embarrasse » ! mais elles devien-
nent de plus en plus difficiles : les «grandes » puis-
sances s'étant presque complètement approprié ce qui
était appropriable. De plus, on ne s'est pas contenté
d'exploiter commercialement les populations que
Ton allait «protéger», on a voulu aussi les exploiter
industriellement. On les a pliées à un régime qui ne
pouvait leur convenir. Le résultat ne s'est pas fait
attendre : les races les plus vivaces ont tellement été
saturées des bienfaits de la civilisation qu'elles en
crevaient au bout de deux ou trois générations. Les
rares individus qui ont survéetr aux massacrés systé-
matiques dépérissent lentement par la phtisie, l'al-
coolisme et la syphilis.
Là ou le «ombre de la population était de nature à
fatiguer 'lés éfiferis des civilisateurs, et capable, par sa
prôïifteité, de comî^er les trous que faisait la civili-
sation, les populations ont pu se maintenir, mais on
commence à les courber sous le niveau industriel; -
Elles commencent, comme lès Indes, par exemple, à
inonder les marchés de leurs produits et à faire con-
currence aux producteurs de la « Mère^Fatrie », cette
goule qui mange ses enfants. "■*
Aussi, à la suite de ce beau régime, les s krachs
financiers se précipitent, continuant à rendre le ma-
laise général encore plus lottfd: &es trlpoteurs en^pro-
— 12 —
fitent pour organiser des rafles gigantesques de capi-
taux, par des promesses de dividendes insensés, chacun
voulant s'enrichir le plus vite possible, en tournant le
dos au travâijt, qui non seulement n'enrichit pas celui
qui le pratique, mais qui n'existe même plus pour tous.
Chacun vend ce qu'il peut, même ce qu'il n'a pas
— n'a-t-on pas parlé d'hommes politiques ayant vendu
leur conscience? — En fin de compte, les capitaux
affluent de plus en plus entre les mains d'une mmcrité
qui devient de plus en plus restreinte, précipitant
chaque jour dans le prolétariat quelques nouveaux
petits rentiers, petits propriétaires, industriels et com-
merçants qui se sont laissé prendre dans les engre-
nages de la spéculation.
Pour s'attirer ces derniers, certains socialistes s'a-
pitoient sur leur sort; nous n'aurons pas cette hypo-
crisie, car leur sort ne nous émeut guère ^ et nous
trouvons que celui qui n'a jamais connu que la mi-
sère est bien plus intéressant que celui qui ne cher-
chait son bien-être qu'en exploitant lés autres.
C'est dans la classe des capitalistes au petit pied
que l'on trouve les plus féroces i réactionnaires* les
exploiteurs les plus impitoyables ; leur avidité i et leur
amour de lucre étant en raison directe de tout ce
luxe qu^ils voient au-dessus d'eux et qu'ils espèrent
atteindre en devenant de plus en plus rapaees.
lorsque les gros financiers, à l*aide d&4euré jnen-v
songères promesses, leur raient leur modeste péculév J
les plongeant au fond de la géhenne d'où ils voulaient
sortir ehgrimpânt sur les épaules des autres, ils n'ont
que ce qu'ils méritent,^il^recoltiénl> lëÉ fMts di >lèu^*
aveuglement Leur intérêt bien entendu leur con-
seillait de remettre avec lès travailleurs, de solida-
riser leurs intérêts avec les leurs, <}e tenter leur éman-
cipation ensemble ; leur égoïsme, leur âpreté au^aiâ 1 ^
leur vanilé sfc m ipoiïssés ^vers-lés grw e^ploitieurl :
tant pis pour eux, si ceux-ci les écrasent! « Qui cuyde
— 13 —
engeigner autrui, s'engeigne soi-même », dit le
vieux proverbe. Pour cette fois, la sagesse des
nations a raison; ce qui ne lui arrive pas si sou-
vent. *
Les travailleurs ne savent pas s'entendre entre eux ;
c'est ce qui fait leur faiblesse. Mais les bourgeois, heu-
reusement, s'ils sont unis pour exploiter le travailleur,"
ne le sont guère pour mener la défense de leur système.
I^a concurrence effrénée, la concurrence à mort
qui régit leur société règne parmi eux avec la même
intensité que parmi leurs victimes. Leur société est
une chasse où tous se précipitent, ardents, sur le gibier,
se heurtant, se bousculant, se foulant aux pieds, pour
arriver bon premier, chacun se défendant à son tour
pour disputer la proie, dont tous veulent leur part.
L'hallali a sonné dès le début de la chasse, et la curée
a commencé aussitôt, se continuant, depuis, sans inter-
ruption, la victime renaissant sous les coups' des chas-
seurs qui la dépècent pour s'en approprier des lam-
beaux. Mais la victime n'est pas morte, elle peut se
remettre sur pied* elle s^y remettra grâce à la division
des bourgeois qui, solidaire^ dans l'idée d'exploita-
tion» ne ïe sont plus dans la façon de l'opérer.
Si les bourgeois pouvaient faire abstraction de leurs
intérêts personnels, pour favoriser leurs intérêts de
classe, Jaisituà^on-sèràit insurmontable pour les tra-
vailleurs. De l'entente des bourgeois; il ressortirait
un ensemble de mesures qui auraient pour effel de river
les travailleurs sous leur joug d'une façon indéfinie;
Heureusement que cette entente est impossible, que
l'amour du lucre individuel les régit au point de ne plus
comprendre l'intérêt de classe; que les an^bit ions poli
tiques ^.es mènent à se faire la guerre les uns aux
autres. . j
Et, > se faire la guerre, ils sont forcés de se porter
des coups j ces coups, c'est leur système d'exploitation
— 14 —
qui, en définitive^ en subit les eftets destructeurs ;„peu
à peu, ils enlèvent un icoin du masque, dévoilent, une
turpitude qui, en s'étalant au soleil, fait réfléchir les
travailleurs, leur enlève le respect d'un ordre de choses
qu'on les avait habitués à regarder comme immuable .
Les fautes ^e la .bourgeoisie contribuent pour une
aussi grande part que la propagande socialiste dans
la .démolitions de l'ordre bourgeois; Le système produit 1
iui-même le h ver rongeur qui le mine. II. est de toute
logique que ce qui est constitué anormalement pro-
duise les causes quile désagrégeront. Ne nous: en plai-
gnons pas, c'est une partie de notre besogne qu'ils
font; .
. Les temps ne sont pas loin t où c eux qui » craignent
encore la Révolution en viendront à l'envisager avec
moins d'efilrou, La société elle-même les amènera à
désirer-cette. commotion ; quis doit les débarrasser des
turpitudes où elle .nous enlize tous les jours .
L'idée de -révolte gagne continuellement du terrain ;
elle s'incruste graduellement dams les cerveaux,, elle
se répand dans: l'air, formant un e seconde atmosphère
qg&À les individus r- respfrent f « dont - s 'imprègne tout
leur être ; Laissons^la cgagner encore un peu de terrain;
le jour n'est pas ïoin;;otLil suffira d'un bien petit choc
doué qu>U& éclate^ eniramanidans son, tourbillon^ à
l'assaut, du pouvoir, à^la destruction, des privilèges^
ceux qui r aetùellément r > n'envisagent lalutte, qu!avec
crainte ekdéâance.
Âllons r travailleurs,,, il est. certain? .que dans la
société actuelle, les machines vousJont tont. Ce. sont
elles qui vous, enlèvent,, lé travail, qui ^occasionnent
vos chômages, font baisser: ^osssalaires ; ce sont elles
qui, à unïmoment donné,; .en* mettant ^un tropv g£aad
nombre des?; vètresàiSur le^ave, feus forcent à lutter
lés uns contre les autres^ pour vous disputer la. pir-
, tance que vous ra^oniientwos, maitres^ jus^^ee que
.Fexcès ^^deiimsère^Qus Morceaux résolutions extrêmes.
— Va —
Mais», est-ce bien à elles que vous devez vous en
prendre de tout ce mal ? Est-ce bien à elles que vous
devez reprocher de prendre votre place au travail ?
. — Ne seriez- vous pas satisfaits de n'avoir plus qu'à
vous croiser les. bras et à lés regarder produire* en
votre lieu jet place ? Ne serait-ce pas là le plus bel
idéal à. donner à l'humanité ; dompter les forces, nar
turelles pour leur faire actionner cet outillage rnéca-
niquei leur faire , produire la richesse pour tous, tout
en, demandant moins d'efforts aux individus?
Eh bien, camarades ! cela se peut, cela , sera si vous
le voulez ; si vous .savez vous débarrasser des para-
sites? qui non * seulement absorbent le produit de
votre travail, mais, de plus, vous empêchent de pro-
duire selon vos besoins. *«.
La machine est un mai dans la société actuelle,
parce que vous avez des maîtres qui ont su faire
tourner à leur profit exclusif toutes les améliorations
que le génie et l'industrie de l'homme ont apportées
dans les moyens de production.
Si ces machines appartenaient à tous, au lieu d'ap-
partenir à une minorité, vous les feriez produire sans
trêye^ni repos r et plus elles produiraient, plus vous
seriez heureux, car vous pourriez satisfaire tous vos
besoins» ¥@tre production n'aurait de bornes que par
votre faculté de consommer. Quand vos magasins se-
ràientfpleins, voua ne vous amuseriez pas à produire
des choses dont vous n'auriez plus besoin, cela est
èvidem^ ; mais éâmé vous jouiriez de votre repos en
paix, vous n^am?i&z p&â ï là peur de la misère comme
aujourd'hui, lorsque vous chômez. /Dans la société
actuelle, quand vous ne travaillez pas, vous n'êtes pas
payés V avec une organisation tout autres le salariat
étant disparu, vous auriez la disposition de ce que
vous produisez et leur encombrement serait pour vous
la richesse, et non la misère.
Dan&ces cOndîtroîrsviBS machines seraientiiirbien-
«,
;—. 18 S"' ■'■'" '■■'.
fait pour vous. Donc, ce ne sont pas elles qui «ont la
cause de votre misère, mais ceux à qui eHes servent
de moyen {(^exploitation. * * • -'■■ :-*A
CamaraaeSde misère, quand énervés par un long
chômage, quand, désespérés par des privations de
toutes sortes, vous en arriverez à maudire votre si^
tuation et à réfléchir aux moyens de vous en assurer
une meilleure, attaquez-vous aux vraies câBse^rde
votre misère, à L'organisation capitaliste qui fait de
vous les machinés des machines; maïs ne maudisse^
pas cet oufilla^e qui vous aiFrânchirâ -dès forces ;*&$-■
tureiiés, si vous" "savez vous affranchir de ceux qui
vous exploitent. C'est lui qui vous donnera le bîen-
être... si vous savez vous en rendre les maîtres.
PARISï — * ÎMPRIMEBIK CHARLES BLOÏ, 7 t RBE BI
m
uv
jucs j«riixij.s.vixa5 /vu/ jin-t; îict/?^
Bibliographie anarchiste, par Nettlau .......
Volumes de chez Stock :
La Conquête du pain, par Kropntkhtc
L'Anarchie, son idéal, par Kropotkine
Œuvres de Bakounine . .
La Société future, par J. Grave . .
La Grande Famille, roman militaire, par J. Grave . . .
L'Individu et la Société, -par J. Grave
Biribi, de Darieti
Bas les cœurs ! de Darien
Sous-oijfs de Descaves .«=.,......,....
Psychologie de l'anarchiste socialiste,, par A. Hamon.
Psychologie du militaire professionnel, par A. Hamo
L*Inquisitiou en Espagne, par Tarrida dei Marmot .
Révolution sociale et Révolution chrétienne, par Ma /al
La Douleur universelle, par S. Faure
Le Socialisme en danger, par Dometa Nieuwenhuixr . .
Evolution et Révolution, par Elisée ' Heclus
De chez Flammarion :
X*es Paroles d'un révolté, par Kropotkine
De chez Perria :
Correspondance de Bakounine
2 75
3
II
O
Les Temps sont proches, par L. Tolstoï, . ,
Enquête sur la question sociale, par J. Huret .......
De la Plume :
Similitudes, par A. Retté
Aspects, de A. Retté
La Forêt bruissante, par A Retté,
De chez Sçbleicher frères (Reinwald) :
Les Religions, d'André Lefèvre . . . ,
Force et Matière, par Buchner . ,
Science et Matérialisme, par Letourneau
De chez Dentu :
Le Primitif de l'Australie, par E. Réélus
De chez Charpentier :
Au Port d'armes* par Henry Fèvre. . , , . . ,. . . ; franco
Souvenirs â*s» matelot, par Georges Hugo. J. . . . —
La Mêlée sociale, par G, Clemenceau .
Le Grand Pan, par G. Cïémmceati. ............
^ ; ^ ^ ^ De chez Oïlendorff :
Le Calvaire» par Mïrhem . . .■•,.,■._.....,.,,...
De chez Pedone :
L Histoire sociale au Palais de Justice, par de Saint- Auban.
2 75
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2 75
LES TEMPS NOUVEAUX
Parpi^arinf tnns !p« Rïnnrs iLVP.c, un SuDolément littéraire,
10 centimes le numéro. — Administration : 140, rue Mouffetard.
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Pages d*hlstoire Socialiste, par W. Tcherkesoff. .......
L'Anarchie, par E. lïeélm ...,.,...«.
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deux ensemble . iO francs.
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Hollande, franco i fr. 40; édition d*am.tteur : 3 fr. 25, franco 3 fr.. 40.
BIBLIOTHÈQUE DÉS TEMPS NOUVEAU*
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» 10
» 10
L'Evolution légale et Ktaàrôh% p^r EUsée Redits » 10
Un anarchiste devant les tribunaux : Georges Etiévant ■ » ■ 1
r ^^^i^M^^^4mrê&3^^1S'e^0uë':' .S: : r -,V * . V . .:'** * - *-10
L'inévitable Anarchie, -jjft'r Piixrè/Kmpotkhe. ....... » 10
La Grande Giève t&es ^^^Xlo^s/pâr /. Btirnf èÉ |». Kropol^tne. » 15
••>*p^^#yÉiWv'ii&a--iïi^aa'ï^ par un certain nombre, à la fois, les petites
brochures se vendent a fr. 85. les Ittnôîgïafebies fr. 15, et les volâmes
• ■■p^te. : -.- " * ; . ..
I^Ôt^K^»^ /' ' " ôf-»6fi? PARIS. — DTÏ>Ra«T.RîE Ck\KIiES lîLOT. 7. RPE BLEUE.
ï
r
fc< VOLUTE
CRav<
**M M0UFRT4*)>
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
BROr.HlKES KDITKKS PAU LA lŒYnLTK
épuisées ;i l'heure actuelle, iikus dont réimpression mm'h i'aifr
L'Esprit de révolte, par Krrpotkine . . . . ■ 15
Le Salariat, par Kropotkine » 15
Evolution et Révolution, par E. Reclus » 15
Les Prisons, par Kropotkine ■■. . . , ^ 15
La Morale, par Kropotkine «15
Les Produits do la terre et les Produits de l'industrie,
pav X, ...... . I » 15
Richesse et Misère, par X. s 15
Les hommes et les théories de l'Anarchie, par Hamov . . » 15
L'Anarchie dans l'évolution socialiste, par Kropotkine. . . «15
Aux Jeunes Gens, par Kropotkine. » 15
Déclarations d'Etiévant . 15
Patrie et Internationalisme, par Hamon . .......... » 15
v En dehors de l'album, nous avons :
Un repaire de malfaiteurs, par Willaume. '. .
L'Ecrasement, édit. par An-Archht d'Amsterdam
ï^llaoyemhre 1887, eau-forte v
Bakounine, portrait au burin par Barbottin. . .
Proudhon, portrait au burin par Barbottin . . .
IÇa frontispice en couleur, par Willaume, pour
le pfëauer! %$&!%& M Su^îémetit . . .... ), 2§ — 1 40
»
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publications des « TEMPS NOUVEAUX
iV° 7
JEAN GRAVE
e édition : 10.000 exemplaires
10 oisivi^iwpes
»jBP'Qffe«B@MLt-
i..«sWI.
'1'"
■\&èi3# ...
f.
.-^ V. ' PARIS ;.-:|;; ; -,
'A^;;^rea;ux des «^«^^^^«V^AU^ ;>> r
1898
iêîS^L
Extrait de Vlridividù et la Société, 1 vol. ,2 fr. 75,
«chez Stock, éditeur, Galeries du Théâtre Français
-et aux bureaux des Temps Nouveaux. \
'1
v
re ■JiWfïiïlSf; mWW^^LâMMipfiïlM
Beaucoup de révolutionnaire^ . s'imagi^M,^© la.
révoj^on^Ea ca^b^4e t^ns^pr^ç^ à^^e ^le,t0^ur
tes les îÇ0n«B{^ns. Il^at,})^ d$ \.<pé$P*i : fe )Wi@P< ^te
am^^ei^en^caîç e&$iÊ$ÏM5^
préfre#sipttv(te ^ . - t
rem^ir^i^pMi^
Ont-s'est .f^eg^^;-^bJËt^ : ^|iâ^jpi 1% bp^^t^, de ;
puissances surnaturelles y que lors^u'iLs'ajIt^s^^àl^
bienfaiteurs inconnus. ;',-■■■
Après l'avoir attendue le Dieu, on l'attendit du Roi;
les rois étant mis à terre; on plaça sa confiance en
l'Etat; raison anonyme des gouvernants; puis ce fut
en le journaliste du coin que #on espéria v après aveu*
nous^esfc e^aajr^voluti^^^aii^ttn^ l^ère^O*^
soirm^ae. . . ,^
actuelle .ne^dera que -devant um soulèvement jd^s.désr -
:•.
hérités, certains s'imaginent que le seul but à poursuivre
est la révolution. — .Violente, ajoutent-ils, par amour
des qualificatifs redondants, comme si l'emploi dé 1 a
force n'était pas la violence.
Absorbés par cette pensée unique : la révolution
nécessaire, l'essentiel, selon eux, est de la hâter, de la
provoquer toute affaire cessante, et, l'ordre de choses
actuel renversé, tout irait pour le mieux dans le meil-
leur des mondes possible.
Leur raisonnement est celui-ci : « Si nous atten^
dions que chaque individu ait accompli son évolution,
nous en aurions pour, des siècles avant de voir s'opé-
rer une transformation. L'homme est dans un milieu
qui le rend mauvais; il faut changer eè milieu pour
lui permettre de devenir apte à comprendre notre
idéal d'harmonie. »
Or, c'est retourner les termes de la question, mais
ce n'est pas la résoudre.
Le milieu dans lequel nous évoluons rlehd les indfc
vxdus fourbes, insôckblés,rapà
haieuTs; cela" est de toute évidence ; il fôutlë-ëhângéï%
cela est encore vrai; et si nombre de ^otis-àûtres
avions en notre possession lui de çèsbohs^ vieux
t^ishiaiïs dès Montes de fées" qui ont chaire notr¥ en*
fanée, à, Faidé desquels il n'y av^it qè'à formuler son
.— 5 „ •
souhait pour que « cela fût », le vieux monde, cela est
certain, aurait vécu.
Mais, génies et fées ne sont, hélas! existants
que pour la crédulité enfantine ; les sorciers, s'il
en reste quelques spécimens en quelques bourga-
des reculées, sont en train de disparaître devant
l'instruction ; et les talismans, s'ils ont cédé la
place aux tables tournantes, n'ont pu leur trans-
mettre leur puissance. Il suffit d'un incrédule en
leur présence pour les réduire à l'inertie °. C'est sur
les seules forces humaines qui se trouvent en ce
milieu pourrisseur qu'il nous faut compter pour le
changer.
Or, si le milieu impulse l'individu; s'il est vrai que
ce dernier ne peut échapper complètement à son in-
fluence, il est également vrai que c'est l'individu qui
crée, en le transformant, le milieu en lequel il se
meut
Quelle que soit la puissance que notre état social
fournisse au capitalisme, si ce dernier ne trouvait pas
dans l'ensemble de ceux qui subissent ses effets un
appui moral qui lui permet de perdurer, cette puis-
sance lui coulerait des mains, car les forces dont
il dispose refuseraient de le servir plus longtemps. Et,
quelle que soit notre impatience, quels que soient nos
désirs, ce ne sont pas nos objurgations révolutionnaires
qui enlèveront au capital ses défenseurs* mais la com-
préhension •—• vaguement intuitive, sinon nettement
formulée — qu'ils font métier de dupes
eu aB&uiraut a*
■ _„• 6 ■—'
*
"il
leurs exploiteurs h! traîïqùïlïe jouissancp ëe ce que? &
eux, spoliés, il a été enlevé. r —
Si, après tant de révolutions, les anciens abus ont
persisté, du oét réussi, àms le nouvel état decboses, à
se faire jour sous de nouvelles formes, c -était, il faut
bien le reconnaître , ou que les i initiateurs dm mouve-
ment, trop en avance sur la foule, n'avaient pikréussir
à l ! en traîner dans leur marcfee en avant, "ou ■r-'- ce iqjui
est plus probable — - leur àyanee sur la masse, plus ap-
parente qu'élective, laissait en réalité teïjrs concep-
tions au niveau de la moyenne et tout leur ; Eévolution-
narisme se bornait à des changemeiiats t de ^m£. Mais,
d'une façon ou d'une autre, l'état social revenait tou-
jours au »i veau des conceptions moyennes.
Le milieu agit sur l'individu, mais, 4 son tour, Fin- §
?dividu réagit isur le milieu : voilà le dilemme. Cola- "U
ment en sortir?
i
Je comprends ^impatience qu'éprouvent nombre de |
\nos camarades, a voir les idèi33 ofe^ine^ si lentement |
— en. apparence, car il ^y a pas d-i^êeOTi ait marché If
m vite , que l'i dée anarchiste ;■' — Ji ^st légitime le îdésir i
de ceuxquit souffrant de Jas^^ |f
Réaliser une vie m^Uleure; fîo^n^e efe je voudrais
v&ir se Réaliser «imi$^^ #aixf de
^p#be^et dfharm
tp^te^BOS; /a^ir^a^
s
enânsoctir 4e cette atmosphère iqui étoufi%. les meil-
leurs .sentiments, comprime dos aspirations ver& îe
mieux-, écrase le& volontés Jes plus* fécondes.
Mais r quels ^u,e soient nos désirs, quelle que soit
noire volonté ard&nte td'eci âujr avec« (milieu corrup
teuf, iliïiw faut Gômpta avec la -réalité., et la réalité
est .que, quelles que soient les vertus » bienf atonies
dont notre imagination ait doté là révolutioin, quelle
quesoit la puissance que nous lui attribuions en nos
désirs, elle ne poucra; être que ce que seront ceux qui
l'accompliront.
La résolution qu'est pas Jine entité idont la puissance
agit en vertu d'une force secrète qu'elle tirerait d'elle-
même. Ge n^estipas?un'peP5Qnnag.e*j3aéi;apniyBif uedoué
de toutes: les virtualités. :>G>st tuinîfaitqui s&ccomplit
sous l'Im/piulsion ^d'tndimdu^Mtés qui ne ^omtront opé-
rer auteur belles, qiue les feRansfommations qu'efes'&u-
•ronk&u, au préalable,, déjà) opérer rthns leur cerveau .
■..■ ■■,';. -Cle&t, ressasser une yéiàbé reconnu^ en répétant que
,1a Révolution s'accomplira sous la pression de ciamoas-
tane&sdoçalesL "*. ,
Quand iceux, qui, à l'Eure actuelle, ^uèissent ou
^s#uti«n^eiBfe BoKÔVe\ de rcnoses actuel auront compris
i <$ue 4a société qu'ils «ufeissent ou défendent ne peu t
^àe#e#âtei^ur e&p&oita$ion; *■.
^u$n<k fe é& eo^r apx?è&îdes réforaa^llusoires,
eeùxrgul^
4îra^siopaé ; se-SÉaî©nt ©endu ^om^te^que c/est: en .son
^nfemMeiquëKdoit. êtr^^^é f eÉ non en ses#aa3tdss r
®mmm$m$%m
AÊ
S
si ron veut en modifier les effets, il se sera alors crèWttn
état d'esprit favorable à la révolution, là moindre dès
circonstances, suffira à la faire éclater.
Les irï&ivio'us ayant évolué, leur manière d'agir
s'étant insensiblement mais graduellement transfor-
mée, ils arriveront en conflit avec les institutions so-
ciales. Comme la sève qui, gonflant l'amande mise en
terre, finit par faire éclater le noyau qui renferme,
Tidée aura amené les esprits au moment où, sentant
les barrières sociales leur être une entravé intolérable,
ils les briseront sous la poussée interne qui les en-
traîne vers l'affranchissement intégral de tout leur
.être. ■'"""■
Mais, encore une fois, pour être en état d'accomplir
cette révolution/ faut41 que les individus aient, en
leurs conceptions, su faire table rase des anciens pré-
jugés; qu'ils en aient compris toute l'absurdité et se
soient fait un autre idéal de vie; qu'ils aient, en eux,
en leur cercle restreint, opéré, en petit, la transfor-
mation qui doit s'opérer en l'état social : celui qui ne
sait pas se réformer lui-même étant, du reste, toujours
très mat venu à vouloir réformer les autres, v
Mais ici nous tournons en un cercle vicieux, et ceux
qui croient à la toute-puissance de la révolution pour
créer un état d'esprit adéquat â /de nouvelles^ mcSûrs
me répondront;; «Gomment vbule#vous4Uelésindî- 1
vidus deviennent iràncs/ solidaires et conscients dans
un milieu qui les abêtit- les rend fourbes, ràpacesy et
agressifs ? — Si je leur réponds : Gomment pou ve«-vous
■'■m
'i
m
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■ ■■à
m
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,v,.-, H .^ rv -.-- ..,:■,,,--,-. / ■_ - ; : g;_Nr ■ ■•**./ ;■■■■:.:'',>::- ■ :• : : ', ;. fe
opérer changer un tel milieu avec des éléments qui
trouvent cette marche des choses toute naturelle et
n'éprouvent nullement le besoin de sortir de la fange
où ils senlizent? — je serai absolument dans la même
logique, et nos arguments auront égale valeur.
*
Si, de tout temps, ils ont été majorité ceux qui avaient
à souffrir de l'arbitraire social, ils n'étaient que mino-
rité très infime ceux qui avaient compris que le mé-
canisme social fonctionnait à leur détriment.
De tout temps aussi, cette minorité a existé. Tou-
jours il y a eu des individus qui étouffaient sous l'état
de choses existant et voulaient élargir le cercle dans
léquelsemouvaU l'humanité. Mais, en temps ordinaire,
ces individus restaient isolés, incompris de l'énorme
masse. Ce n'était que lorsqu'un noyau plus important
d'individus était parvenue s'assimiler quelques-unes
de leurs vérités que ces vérités devenaient aptes à
commotionner les foules.
Or, à l'heure actuelle, l'idée anarchiste remue for-
tement certains cerveaux; par certains côtés, elle a
j Jîrîs^suE la/ mas$ç ■ elle commence h vouloir entrer
dans , les^its^maîs force nous est bien de reconnaître
: 'MffS 1: *> n accepte certains de ses détails,, elle est
- W n ëS'^é;COïBprise en son ensemble y efequ'elle a en-
" j ^^^■J^^e-1>éiîiQde évolutive à accomplir avant
^re^u^^issante suriesloules.
!' : % ■.'•" ■ '
Mais cette évolution des idées nnOiUSuproïive f ipie T
quelle que soit l 'influence .du milieu., il y a dès «orga-
nismes qui y sont plus ou moins ?réfr.aetaires ■.; quelle
que soit l'ambiance, il y a des aptitudes qui s'acquiè-
rent et se transmettent d'une génération à l'autoe,
finissant par amener ceux qui en héritent à suivre une
voie évolutive différente de ceux qui, continuant à
subir les influences premières, se modèlent plastique-
mentaux conditions -d'existence qui leur sont faîtes.
Ce qui se passe dans l'ordre physiologique semasse
également dans le domaine intellectuel. Iî y a — je
néglige les nuances— ceux qui, croyant l'autorité et
• le capital les deux assises nécessaires \de tout ordre
social, les subissent ou les défendent sans chercher à
les analyser, se conformant passiveïftent aux ensei-
gnements de la morale qu'on leur inculque dès leur
naissance; il y a ceux qui veulent les mitiger en y
apportant quelques perfectionnements, rt ceux,
enfin — dont nousifaisons partie -— qui, tr®UîVant ctsout
le système mauvais, veulent le détruire de iond-en
comble, et cherchent à réagir contre les conditions
d'existence qu'on leur imf ose.
".;.'■'. .Analysant les préceptes qiu'on leur &nseigaa r ces
derniers n'acceptent .qu'après ^nûre «délibération ce
| que leur t rakon leur ^aitvtopuverv^
tait ee qui ne leur, paraît pas absolu^o^nt démosttiré.
Et si cet esprit critique -ne se transmet; pasvtoujiours
4'iasGendant à- 4esçea4&mV cornue çertai©eB aptitudes
physiologiques, il ..m transmet v#arf J^xem#î^,Kpar
l'enseignement, au sein des gé&ér&tions vwaa&tes,- et à
celles <cmi suivent. Chaque progrès epi s'accomplit
est>un pas de fait- v^s ^possibilité ide Aa révolution.
*
lorsque j'ai déjà traité ce- sujet (1), quel que &wma ont
cru /que j e désirais voir reculer la révolution ^OfU<r>que
chacun eût le temps de transformer sa mentalité. C'est
là une erreur. En parlant de Rendre les individiU^COns-
cients, j'ai toujours en vue la minorité agissante, -la
minorité qui, par son -exemple, .doit exciter là masse
plus >réfraetaire, n'attrapant que les bdbesdes Idées
jetées au veM. Mais il ne faut pas lotiblier que ce sont
ces bribes qui germeront plus tard sous la ipoussée
des -événements, et qu'il faut les semer pou* quelles
germent.
al est, je crois* ira fait indéniable : $*lus JMée aura
le i^mps d'évoluer et de se développer, plus^aatéMoki-
tioa qu'elle engendrera sera mûre , consciente * et fo-o-
ffifnde ; maïs il ne dépefnd/de ^personne d- avia^er «ou 4e
^reéiiler les événements à la réalisation desq*uels cqu-
^©u^eïit des miniers de causes. Chacun 4e ^ious,MP^r
son action , y eistre Men^pour^nepart^inais si>ininité-
simale, que , cette part d'action disparaissant, le cours
dès événements n'en serait pas sensiblement modifié.
Donc:, à quelque point de vue que riou^ envisagions
{4aéésÉlulidn, si nW reste pas moins aeqrtiqu'ellè est
fî) B^jqts les Temps Nouveazix, 2 e année.
ntïimtsii
*
_- 12 ._
nécessaire, inévitable. Et alors, quand nous ^eman-
dons aux individus qui travaillent à sa réalisation de
ne pas se tfqrner à de simples désirs, à de vagues as-
pirations, à d'indécises formules que Ton répète sans
savoir ce qu'elles signifient, ce n'est pas ajourner la
révolution, ni la diminuer, mais bien au contraire
l'amplifier en la désirant plus grande, plus profonde et
plus féconde.
Bien mieux, si chaque individu, en ses actes, dans
son entourage, dans sa sphère d'action, dans la me-
sure de ses moyens, selon l'intensité de ses convic-
tions, arrivait déjà à corriger, à supprimer dans ses
actes, dans sesrelations, ce qui lui semble choquant de
la société actuelle, il aurait contribué à avancer la
révolution en aidant à créer un état d'esprit en désac-
cord avec les institutions présentes.
N'est-ce pas faire œuvre révolutionnaire des plus
rationnelles que d'essayer d'apporter, en nos relations
présentes, un peu de ce que devront être nos relations
futures? Et comme une nouvelle manière d'agir amènV
insensiblement ceux qui sont en contact avec elle à
une nouvelle façon de penser, c'est, en agissant ainsi,
agrandir les possibilités révolutionnaires.
■*.
La révolution n'est pas une idée, ce n'est pas Une
conception sociale C'est un fait, une nécessité, un,
moyen. Elle doit déblayer le terrain des obstacles qui
' -13- '." ' " '
empêchent l'évolution humaine ; rien de plus, rien de
moins. Elle n'apporterait pas un facteur nouveau à
l'évolution sociale; v/ si" ceux qui l'accomplissent n'ont
pas, en puissance, en leur cerveau, une idée qui les
fasse agir.
Aussi, dire que Ton veut grouper les individus pour
faire la révolution, c'est parler pour ne rien dire ; car, x
sauf exceptions des plus rares, on n'est pas révoiution-
naiie pour le, seul plaisir de se battre ou de culbuter
un gouvernement. On groupe des individus autour
d'une idée; si cette idée, pour sa réalisation, comporte
les moyens révolutionnaires, ces individus se prépa-
rent â la révolution en développant leur, idéal.
Les autoritaires qui ont la prétention de s'emparer
du pouvoir et de s'en servir pour le bien de tous, peu-
vent, eux, considérer comme secondaires leurs idées
de transformation sociale. Qu'importe que les indi-
vidus Cachent plus ou moins ce que l'on attend d'eux,
si l'on espère s'en servir polir assurer l'autorité à l'aide
de laquelle on opéreraîes transformations que l'on aura
décrétées L'olîjectif étant de s'emparer du pouvoir, il
sufftt de grouper les individus désireux d'un simple
changement politique, sans qu'il y ait besoin de leurin-
çùlquer des notions de ce que devra être le nouvel ordre
de choses, puisque s. Ton se charge de penser pour eux.
Lorsqu'on a la volonté de commander vaux autres, il
estintïtliês*-^ voir#*dangereux •**. 4e-chérçher à les
instruire sur ce qui leur serait lë a mietk.Pour^^tie
léschetssa^
'■^/■ < f'.*.v ' ; "-,Vv ■' ■ ■ '-'■■■ù--\ l - J! .i.^'- ^-^ ^•'V.rv-'-. '■ •■:•.-■ •■:-/-.--A".'s'*>;V; v ''; ., J' *" ; ,' ' ; \
^>:^i
14-
main de la victoire, iautite de;p©rdms0j34@iMpstM<Dïitë~
rer des idées dans laj tête décerna qm aw<Mit à obéir.
Et encorev celajne réussit-Mi pas» toujours ; car il arrive
que ceux que Von* a enrôlés éelia^pen* à ; -votre com*-
mandement pour aller à un chef qui leur sembfe plus»
apte;
Ums g' est pour les* anareMst -s;-: qu'il n'eaa! va pas de
mêirâfe iftïfaut que ceux.qui partkipeKGiit àf là révolur
tionr alenet la conscience claire de ce qu'ils veujlenît
^ux^B^êmes, et ce n'est qsue; 1&: compJtébeBsàQn, nette
d'u^iidtèailquèprtMeu^d^^
desi;i#ées dans \ la tète des ^ntoidus qtoe> consister la^
véritable besegne révol^otH^ipey
EûMtemps; aorraal; c^est la*naésse ignorante qmi i®r
pose^sesivoîontésv retarde révotBitiaia, et travaiMe- au
maâiÉfciea des vieilles imsfcitiBliioHS. Le; sucrage uni-
versel! j c©freeîïnteiaà*( tde « JiïéÇÈioeritfêsv est s bien d'iasiatti-
me*»t*app*ap^awègaeà.
Mte,; auiseiH ; de-cétte a*ass% s& c^éetnfo d©s>eentres
d'a^atreni quii -^aduelkiïi^tv wtitomt&lv.* c6M$ui
ni(f^t(im&\$wià&êfailimr&i trépidation^ fy rentralner*
dattst; leur orîie. 6'est làv ou * \$ -, mimrité in4e&i$&^
prewd- sa! ravàœe&ej sur; l%n®raswîey en I^*fceal~
-naat^i .m&iprér eli^ am ^Ofâq&é e$ & Fïa#j?a&e&i&.
senώttl.
Sn^é^l^iwia^tdeHeïn^
lutiojà se#a$fcfée&nd$ en r^srtatf »; mai^ât y a <Je&*ei$-
«ori^nees^iti^i^ï cêinrg^tpê^^ d<er> sa$tses;é@Q&o*
M
.. i m
■m
" I
' 1
-SI
■sa
avant que les idées aient accompli leur lent travail ~
d'évolution.
Malgré cela, si elle a bien compris son rêle> la mino-
rité agissante peut asroiïn une mitante» énorme *«atr le
cours de cette révolution. Qu'elle acquière donc une
conscience nette de l'idée.
Mais si, comme dans les révolutions politiques pas-
sées, elle n'a, elle-même, aucune idée dans la tête; si
tout son révoluMonnaiâsme n'est q s ue de surface, en les
mots, en une attitude plus ou moins belliqueuse, c'est
la masse qui la*submeKgeE& encore, enrretou^a^t^sojï*
point de départ. C'est pour qu'elle rie se laisse noyer
ni déborder que- je voudrais la voir consciente.
■■/ .,v,> ■•- .'
'■"{'
PÂU* j. — liK-RiMERlE CHARLES BLOT, 7, HUE BLKDE.
'(':>$r^V'-''"-
l^î ié.i.
Brochures éditées par le groupe des E. S. R. ï. :
Les Révolutionnaires au Congrès de Londres »
Réformes et Révolution . . . .",..■■ » 20
L'Individu et le Communisme . . . . » : 20
Comment l'Etat enseigne la morale . . . I 50
Misère et Mortalité. . ... .... » tq
Pourquoi nous sommes internationalistes . » 20
■r-'i
Brochures éditées par -VA \rt Social :
L'Art et la Révolte, par F. PeltoUtier . . .;
L'Organisation corporative et l'Anarchie,
par F. Pelloutier. (Epuisé.) . . . .
L'Ecrivain et l'Art social, par Bernard Lazare .
L'Art et la Société, par C h,- Albert . . -. .
Brochures éditées par le Père Peinard :
Variations guesdistes, par Pouget . ...
Almanachs 94, 06, 97, 98, chaque. .
Chansons en musique : 1° Les Anti-proprios .
2° Les Libertaires, chaque fascicule . . . .
» 15
» 15
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» 20
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Brochure éditée par la Cravache :
Réflexions sur la propagande anarchiste à
Roubaix, brochure éditée par le r groupe de
Roubaix . . . . . '-v-'. ■•^ i . : -- ■ ■ '^^.^r^.^-0-
.iâi
EN VENTE AUX TEMPS NOUVEAUX :
Les Primitifs, par Elie Reclus 2 75
Bibliographie anarchiste, par Xcttiau ....... 5
Volumes de ctiez Stock
l»a Conquête du pain, par hropotkiae
L'Anarcnie, son idéal, par KropotLin
e » 60
Œuvres de Bakounine . . . . . 2 75
La Société future, par J. Grave 2 75
La Grande Famille, roman militaire, par J, (Wave 2 75
L'Individu et la Société, pai J. Grave. . . 2 75
Biribi, de Darien . 2 75
Bas les cœurs ! de Darien 2 75
Soùs-offs, de Descaves ; 2 75
Psychologie de l'anarchiste socialiste, par A. iiamon. 2 75
Psychologie du militaire professionnel, /!/ t. iiamon, 2 75
L'Inquisition en Espagne, par Tarrida del Marmot . . . 2 75
Révolution sociale et Révolution chrétienne, par Ma/ah» , 2 75
La Douleur universelle, par S. Fauve 2 75
Le Socialisme en danger, par Domela NieiiuenfaUs 2 75
Evolution et Révolution, par Elisée Redit s. 2 75
De chez Flammarion :
Les Paroles d'un révolté, par Kropotkine 1 25
De chez. Peri'in :
Correspondance de Bakounine 2 75
Les Temps sont proches, par L. Tolstoï » 50
Enquête sur la question sociale, par J. Hwct 2 75
De la Plume :
Similitudes, par A. Retté 2 75
Aspects, de A. Retté 2 75
La Forêt bruissante, par A Retté 2 75
De chez Schleïcher frères fRfMnwald! ■
- - - - - i —j ■
Les Religions, d André Lefèvre 6
Force et If atièrê, par Buchner . . . 6 »
Science et Matérialisme, par Lctourneau . 5 »
De chez Dentu :
Le Primitif de V Australie, par E> Reclus 2 75
De chez Charpentier :
Au Port d'armes, par Henry Fèvre . .-.'.-, franco 3 25
Souvenirs d'un .matelot, par Georges Hugo . ..... — 3 555
La Mêlée sociale, par G. Clemenceau 3 25
Le Grand Pan, par G. Clemenceau. . r ......... . 3 25
De chez OUendorff :
Le Calvaire, par Mirbeau 3 25
De chez Pedone :
L'Histoire sociale au Palais de Justice, par de Saint- Aub cm. 2 75
^ - LES TEfcPS NOUVEAUX
.;' Paraissant tous ies 8 jours avec un Supplément littéraire,
10 centimes le numéro. *— Administration , 140, rue MoufFetard.
■Abonnements : Fkanck. un an, (> l'r.; ExTictuRcn, 8 f'r.
1)
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»'
15
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15
En' von le aux Temps Nouveaux :
L'Agriculture, par'Jir&otkine, franco (I) .
Un Siècle d'attente, par Kropotkmc ,
l.e Machinisme, par J. Grave . . .
lia. Grande Révélation, par Kropotkine
,; Les Temps nouveaux^jwr Kropotkine, avec couverture M. par
;€. Pissarro ........
Pages- d'histoire socialiste, <p« / W . Tchcrkesôff. '. .' .
: ^^narcnie,, par E. Reclus .,...'
^.rliàpanacée^RBVOlution, par J. Grave, avec couverture de
MOrdre pajr l'anarchie, par />. Saur in. ■.■ 1 .'.'.'.'. I '. I
La Société au lendemain de la révolution, par J, Grave . .
^f^ueatio». — Autorité paternelle, £«r ;4 . forard, arec cov-
^f|È|*rer Paysans, p>tr:Matatesta r avec couverture <$e-m0aume .
i^'ÈBfi/T^s'.^o^t^ifâ;, i r < ci ^ années, coin prête t | fV, Vannée. — t es
fcjlenx ensemble r 10 flânes.
V. 1.* Révolte, c«41^tion coînpiêie (plus que Ir 01$} : isp ïranes.
j^ mi deAjW : L'Incendiaire, ^r^ce|4fau^sééj,^#orteuses do
; : } &a* JSmn$s,^ar Ryïselberg& .«-, L'Hom^ mourant, p#r L. Pbsarw.
^Sanf^te, par €. Pissarro. . ; . ^---'- A. .,:,... . , . 1 40
^ ; îr^ rI i^^î*^:: 90, it-*ëndn*;s i fr. Jjjji l'exemplaire sur papier de
^Hollande, jfr&ncp i fr: 40; édition d^ptéâràf^^^aoc^ a fr. 40.
:!^ : U ^iv-^^^^^TN€oô^E ; des ■i^f^;^^^t]àiii\,
f'^^^^^^^ %W 8 %«W«^%f imÉimk^AIMr^ frmeo . ' »:■ 10
$1hB@S£Ë T?^ '^N^ soliste* nar />. Kropotànë . » lô
aJ|S|g|||g^^ ; -/V. v.IO
lîPWW^tont les fenfemnâux : Georges Etiëvant >> 10
M^^SW^^w :G ^gès^mou4 r ::.. \ n / ... .; ; » 10
^J^gpftfl^^^ehieipa/ mertetropaihîm. . \ .".-■.-' - -V |o
^fiÉli?^* ^ % Service olâ%âtoiré T pfrr 'ïMh ToUm ..:'■■. » 10
" W^^*FW«ol A»4renie (préface é'B.mcUis),parmuiâu q »
::^:2*°TO e ^^ Ert anarcîiistejpar Jacques MèmU; ' . . „-. V ■ » 15
^tfgpT QTh ?* *** Ooc^S, par J. Burns et P. Kropotkine . » 1 5
^il^tf^ ^ s ft ^ bureaux ou par ua certain nombre à la fois, les petite^
^^^v^dent o fr. 05, les lithographies fr. 15, et lès vilua^
Ô7-M7. I*AR!S r — IMMmiKRtE CUARLKS »IX)T. 7. tlVE ftW^Tv.
ït \ 4IKA ! i0Ni> DES «■ f '*~MPSN0W£AUfa:~4l?l\
Source gallica.bnf.fr ■■' Bibliothèque nationale cle France
EN VENTE AUX TEMPS NOUVEAUX :
Bibliographie anarchiste, par Nettlau 5 „
» * Volumes de chez Stock :
La Conquête du nain, par Kropotkine 2 75
L'Anarchie, son idéal, par Kropotkine * » qq
Œuvres de Bakounine , [ 2 75
La Société future, par J. Grave ....!! 2 75
La Grande Famille, roman militaire, par J. Grave 2 7?
L'Individu et la Société, pai J. Grave ." 2 75
L'Anarchie, son but, ses moyens, par J. Grave . . . . 2 75
Mais quelqu'un troubla la fête, par Marsoileau 1 „
Biribi, de Darien 2 75
Bas les cœurs! de Darien 2 75
Sous-offs, de Descaves \ 2 75
L'Inquisition en Espagne, par Tarrida del Marmol '.''.'. 2 75
Le Socialisme en danger, par Dôme la Nieuwenhuis 2 75
Evolution et Révolution, par Elisée Reclus. . . 2 75
Fabrique do pions, par Zéphyr in Raganasse * 2 75
La Commune, par Louise Michel. 2 75
L'Instituteur, roman, par Th. Chèze 2 75
Sous la Casaque, par Dubois-Desaulle . . 2 75
L'Amour libre, par Ch. Albert . . , .' 2 75
De chez Flammarion :
Les Paroles d'un révolté, par Kropotkine. . . , 1 25
De chez Perrin :
Correspondance de Bakounine T . . . 2 75
Les Temps sont proches, par L. Tolstoï » 50
Enquête sur la queption sociale, par J. Huret '. 2 75
De chez Schleicher frères (Reinwald) :
Les Religions, oV A ndré Lefèvre .... 6 »
Force et Matière, par Buchner ] 7 ;>
Science et Matérialisme, par Letoumeau 5 »
Les Guerres et la Paix, par Ch. Richet 1 15
De chez Dentu :
Le Primitif de l'Australie, par E. Reclus 2 75
De chez Charpentier :
Au Port d'armes, par Henry Fèvre. . . . „' ........ 275
Souvenirs d'un matelot, par Georges Hugo . . . 3 25
La Mêlée sociale, par G. Clemenceau S 25
Le Grand Pan, par G. Clemenceau 3 25
De la Revue Blanche :
Sous le Sabre, par Ajàlbert 2 75
L'Armée contre la Nation, par V. Gohier . 2 75
La Débandade, par M. Lami .........,..,., 275
La Clairière, par Donnay et Descaves . . - 2 75
/ÛfcPOT tK U\C
y IHIlilM I iji ""'^y
ENSEIGNEMENT BOURGEOIS—^
ET
ENSEIGNEMENT LIBERTAIRE ï [{)
* -1
^/Camarades,
V /■■.. ,.,,'6/
:(G'fest4 dessein que j'emploie ce mot : camarade
qui, n'ayant pas de genre, exprime parfaitement ma
pensée, en nous réunissant tous sous une appellation
commune, supprimant les distinctions d'âge et de
sexe qui ne doivent plus exister lorsque nous nous
réunissons pour une couvre d'étude ou de propa-
gande.) r r
Donc, camarades,
Avant de vous dire ce que seront les cours dont
cette réunion est l'annonce, il sera peut-être bon do
vous faire l'historique de ridée qui nous y a menés
A différentes reprises, plusieurs d'entre nous avaien t
eu 1 occasion d'entendre les doléances de pères de
famille en quête, pour leurs enfants, d'une instruction
saine et logique, et se plaignant de ne pouvoir trou-
ver cela dans la société actuelle.
L'éducation, ce qu'elle est, ce qu'elle a été, vous le
savez tous, et nous ne sommes pas les seuls à le recon-
naître, — nombre de bourgeois des plus fieffés com-
mencent eux-mêmes à en comprendre les inconvé-
nients. — L'éducation, accaparée parl'Etat, ne pouvant
se donner que sous son contrôle, ayant créé une caste
à part de- ceux qui sont chargés de renseignement,
part de cette vérité originelle que l'homme est un être
paresseux qui ne pense et n'agit que sous la pression
du besoin, mais qu'i s ont trouvé le moyen de Chancer
en erreur, en raetta ^s entraves à la satisfaction
des besoins, et en venant substituer leurs volontés, et
leurs métho des, à celles du besoin lui-même.
aJM Lu p 5 le c ? m P a g n0n , Gra^e à la séance d'inauguration
SociS'saviXf ementlibertaire > le * 2 février, à rtfôtel de*
. >
k ■-
t t. » •
Et alors, au lieu de chercher à développer le besoin
'd'apprendre que possède tout individu, au lieu de
s'inspirer des résultats acquis pour faciliter la recherche
à toute conscience en éveil, au ileu de lui rendre la
tâche attrayante, ils ont fait de Téducation un instru-
ment de torture, ils ont prétendu fourrer de force,
dans la tête des gens, des idées qu'ils n'étaient même
pas sûrs de bien comprendre eux-mêmes, de façon à
répugner même aux plus assoiffés d'apprendre.
Ce système qui avait pour résultat de façonner les
cerveaux à la guise des éducateurs, de tuer l'initiative
de Télève, en le bourrant d'idées toutes faites, ne lui
demandant que de la mémoire, et non de l'esprit cri-
tique, ayant bit n soin même d'étouffer ce dernier,
lorsqu'il voulait s'exercer, cette éducation faisait trop
bien l'affaire de ceux qui se Sont donné pour mission
de diriger l'humanité, pour qu'ils n'essayassent pas de
l'amplifier et de la perfectionner dans ce sens.
« Inculquer l'esprit d'obéissance, de soumission aux
maîtres, annihiler sa volonté devant celle d'une auto-
rité supérieure, toujours abstraite, mais représentée
par des êtres de chair et d'os : le prêtre, les gradés de
tout poil, civils ou militaires : ie gendarme, le juge,
le député, le policier ou le roi, au besoin, l'habit ga-
lonné du garçon de bureau. » .
Voilà quelle fut la tâcha de ceux à qui incomba le
soin d'élever les jeunes générations. Nous en avons
aujourd'hui les résultats. Ils y ont si bien réussi, que
ceux qui devaient en bénéficier, commencent à s'en
plaindre, atteints eux-mêmes du mal qu'ils auraient
voulu ne voir se propager que parmi ceux-là seuls
qu'ils exploitent.
Leur oeuvre, nous lavons sous les yeux : des hommes
prétendus intelligents, se faisait les défenseurs du
faux, de l'iniquité et du mensonge, pour essayer de
redonner un peu de vie aux institutions décrépites qui
s'anémient sous l'effet de lauto-infection de leurs
propres principes, ne s'apercevant pas qu'ils contri-
buent à les démolir davantage.
Et voilà des siècles et des siècles que notre pauvre
humanité subit cette compression; l'une après l'autre,
les générations ont dû se laisser pétrir le cerveau, ré-
citer comme articles de foi les divagations de ceux qui
bêlaient faits le*irs maîtres. Comment l'esprit critique
a-t-il pu résister à cette compression formidable? C'est
que, après tout, s'il est très facile d'obtenir une sou-
mission apparente des individus, il est impossible
d'atteindre leur pensée intime; et qu'il n'appartient
même pas à l'individu lui-même de changer sa pensée.
On peut le forcer à agir différemment qu'il ne pense ;
on peut le plier à agir de lui-même — combien nom-
breux en sont les exemples! — en contradiction avec
toutes ses façons de raisonner. Il ne manquera jamais
d'arguments plus ou moins subtils pour se prouver
qu'il avait toutes sortes de raisons d'agir ainsi. Mais
le besoin même de se justifier implique mécontente-
ment de soi-même. Et voilà pourquoi, de temps à autre,
s'élèvent quelques cris de protestation contre Terreur,
contre le mensonge.
*
Mais, si le caractère intellectuel de l'être humain a
pu, en se réfugiant en son for intérieur, résister à la
compression et à l'éteignoir, il n'en a pas été de même
de son caractère moral.
Au lieu de la franchise, de l'indépendance de carac-
tère qui doivent être naturelles à l'homme, puisqu'on
les trouve très développées 'îhez les peuples que n'a *
pas contaminés notre prétendue civilisation, — il est
vrai que nous les accusons alors de grossièreté et d'inr
sociabilité, — partout le respect des convenances que
l'on méprise au dedans de soi, mais qu8 Ton n'ose
secouer, sous crainte de crever de faim, — ce qui est,
certes, à considérer — mais aussi parce que cela vous
mettrait en froid avec tel et tel de votre entourage, de
vos relations; de crainte, le plus souvent* de paraître
original ! comme si ce n'était pas là le iiond même do.
développement de notre individualité.
Aussi, au lieu de tendre à s'élever, au lieu d'essayer
de sortir de l'abaissement général, l'on n'a qu'un but:
ne pas trop détonner au milieu de l'effacement am-
biant.
Partout des gens qui, pour ne pas avoir à lutter pour
leur existence, cherchent à l'accrocher au fameux char
de l'Etat. Partout l'oppression subie par les individus,
parce qu'on leur a fait croire qu'ils s'opprimeraient
mutuellement, si personne n'était spécialement chargé
de ce soin. Partout la misère endurée par ceux qui
produisent, la misère endurée jusqu'à la crevaison,
parce que l'autorité, en bonne protectrice des privilé-
giés, a fait croire aux exploités qu'ils seraient forcés
de se disputer les fruits de leur travail, si une orga-
nisation tutélaire n'était pas là pour leur en enlever la
meilleure part.
Et ainsi marchent nos sociétés, dites policées, —
sans doute parce que la police en est le plus ferme
soutien.
Ne pouvant empêcher la science de se faire jour,
«os maîtres l'ont canalisée, ont mis des entraves à
son expansion, l'ont réservée soigneusement à ceux
de leur caste, ne laissant filtrer jusqu'aux exploités
que ce qu'il était impossible de leur cacher, mais en
la dénaturant et la bourrant de préjugés absurdes, de
façon à fausser la conception de ceux auxquels elle
arrivait ainsi sophistiquée.
Et ces préjugés, ces idées boutes faites, ces notions
fausses nous sont tellement incorporés, que nous les
apportons pour ainsi dire en naissant, nous les ramas-
sons tout le long de notre existence, et ils deviennent
autant d'entraves à notre émancipation intellectuelle.
Car, où le rôle du pouvoir est encore plus néfaste,
c'est lorsqu'il agit par persuasion. L'excès de pouvoir
engendre souvent la révolte, mais quel recours avoir
contre ceux qui abusent de votre ignorance pour vous
fausser le jugement?
* *
De tous les côtés, on nous assure <fue nous vivons
sous un régime de liberté. Et il est indéniable, en effet,
que, en beaucoup de cas, nous pouvons dire haut et
ferme ce que nous pensons, jeter quelque vérité à la
face du système qui nous écrase. Il en résulte bien,
de temps à autre, quelques mois de prison, comme
avertissement, à ceux qui se laissent entraîner trop
Y
poussait a avoir raison contre leur époaue
sance. Et ce que celle^c 1 su ^ni» C 5 e " f ? rce et P»'S-
trave s * la plnsée hunS ^' ^ * d en "
de fai m , « $ S* ^XtaT^r 6 ^
* #
réagir, en cré^iLw te*] eu ™ d £5£?«? et ven,ei >»
ont fait, «n mSS„,"?I * c * té ** » m'Us
énergies endomfe^de 8 naeiSri!f . d ?,. r 3 veiller •!«
culées. Tel M.^^'fiSîX^j^W
— 6 —
sensation, annonce l'ouverture d'une éeole do ce genre.
« Susciter les questions de l'élève, découvrir ses
aptitudes pour les diriger, au Heu de mettre en pré-
sence un inférieur (relève) et un supérieur {le maître),
faire que l'élève se sente une personnalité en face
d'une autre en même temps que Ton ouvre son intel-
ligence, exercer ses muscles à des travaux manuels
qui le mettent à même desavoir se sorvir de ses mem-
bres ; réveiller son émulation par l'attrait de ce qu'on
lui enseigne, et non par des récompenses ou châti-
ments toujours arbitraires », voilà ce que propose
M. Demolins, voilà ce que nous voulons nous aussi, et
que nous n'avons inventé ni les uns ni les autres,
puisque déjà Mlle Dupont k> pratique depuis dix-sept
ans dans son école professionnelle, et que cela est
pratiqué aussi en Angleterre, si nous en jugeons
d'après les exemples que M. Demolins cite lui-même.
Seulement M. Demolins croit à la légitimité de la
propriété individuelle, il est convaincu des droits du
capital; les énergies et les initiatives qu'il rêve d'éveil-
ler, sont celles de ces manieurs de capitaux ne reculant
devant aucune innovation lorsqu'il s'egjt de leur faire
rendre le maximum, ne se laissant arrêter par aucune
considération sentimentale lorsque leur intérêt est en
jeu et habitués à ne voir dau's le personnel qu'ils em-
ploient que des outils que l'on met au rancart lors-
qu'ils so»t brisés 1
Ah! si : M. Demolins croit en Dieu. Vais nous sa-
vons que l'amour de Dieu n'a jamais empêché per-
sonne de tondre saintement les brebis que lui confiait
sa volonté toute-puissante. Aussi, M. Demolins nous
préparerait-il une belle génération de jolis messieurs
qui se chargeront de serrer la vis au prolétariat, si
les événements, plus puissants que la volonté humaine,
ne viennent changer le cours des choses.
»■•
C'est ce désir, ee besoin de sortir de renseignement
abrutisseur de l'Etat, qui donna à quelques-u^s de
nous l'idée de chercher à créer un embryon d'école,
où les enfants des camarades auraient trouvé une
éducation saine et rationnelle.
c:
..^. : _._^._. r .__..... y: . ,, ._. __ ^
>
— 7 —
^ Mais les causes économiques, dont je parlais tout à
l'heure, ont fait leur œuvre. Après deux ans de pro-
pagande, nous avions en caisse 1,800 francs, lorsqu'il
nous aurait fallu 30.000 francs au moins.
En commençaFity certes, nous ne nous étions pas
leurîés sur les difficultés à surmonter, nous savions
«me nous entreprenions une œuvre de longue haleine;
mais de ce train-là, nous risquions fort de n'ouvrir
l'école que lorsque nous serions nous-mêmes retournés
à l'état d'enfance. Autre inconvénient : les individus
se détachent si facilement des choses qui traînent en
longueur !
Pour intéresser les gens, il nous fallait mettre quelque
chose sur pied, leurindiquer, déjà, un commencement
de réalisation.
Des cours du soir coûtaient beaucoup moins cher à
établir. Ne pouvant parler aux tout petits, nous parle-
rons aux grands. Si nous réussissons à réaliser tout
ce que nous concevons, peut-être trouverons-nous, par
la suite, les concours nécessaires qui nous permettront
de réaliser notre idée première.
présentons est
si tout à l'heure
parlant "des sujets qui seront
traités, infini est te nombre des connaissances humain
nés, et nos six pauvres coufrs font piètre figure.
Mais il s'agissait avant tout de commencer. Nous
ne nous sommes pas arrêtés à la simplicité de notre
liste. Une fois l'exemple donné, les adhésions nous
viendront. Déjà, nous avons quelques promesses pour
la suite. Chaque année, nous en sommes convaincus*
nous pourrons ajouter quelque sujet nouveau aux
choses enseignées, un nouveau nom à la liste, des six
camarades de ia première heure.
*
* *
Ce n'est pas que manquent les gens capables d'avoir
une vision nette des choses. Mais, on ne saurait trop
y insister, les conditions économiques sont telles,
que la plupart ne peuvent dire tout haut ce qu'ili
pensent, et que le simple fait de venir ici essayer
d'expliquer leur façon àVjyjnôevoi* les choses, les
b *4-
? 7 ' ^M
\ s.
■<>
— 8 —
aurait mis dans FimpossibllUc de trouver à gagner
leur vie.
Lorsqu'on est seul, on peut se permettre le luxe
dètre indépendant. Cela ne dépend plus de vous
seul, lorsque d T autres êtres dépendent de votre travail.
Et comme l'état de notre caisse ne nous permet pas de
payer les bonnes volontés que nous sollicitons, on
comprend les difficultés.
Mais il y en a d'autres qui n'ont pas les mêmes
excuses. Dans les sciences, dans les arts, dans la litté-
rature, nombreux sont ceux qui se laissent entraîner
à des aveux édifiants, à formuler nos conclusions, à
exprimer nos aspirations, à faire plus acerbes les cri-
tiques que nous formulons contre l'organisation qui
nous écrase.
Seulement, lorsqu'on va leur demander de se join-
dre à ceux qui cherchent à réaliser ces aspirations, à
combattre la cause des maux si bien décrits, à appli-
quer au régime économique les vérités scientifiques si
clairement exprimées, bernique 1 la plupart de ceux-là
reculent effrayés !
Ils veulent bien consentir à formuler des vérités;
mais à condition qu'on ne cherche pas à en tirer au-
cune application pratique : Justice, Progrès, Solida-
rité, Initiative, grands mots avec lesquels ils veulent
bien jongler, auxquels v au besoin, ils mettront des
capitales; mais à condition que cela, pour eux, reste
toujours matière à discours. Ils n'en sont plus, du
jour où des individus, assez malavisés, veulent en
faire des vérités sociales, dans l'ordre économique
aussi bien que dans Tordre politique.
Nos cours n'ont pas pour but de faire des spécialis-
tes. Notre ambition serait de permettre à chacun
d'acquérir des notions générales en chaque branche
du savoir humain, des notions nettep et précises qui,
leur faisant embrasser la complexité' des choses, leur
permettront de se former un jugement sûr, logique et
rationnel. Certains « intellectuels » vont peut-être nous
traiter de Bouvard et Pécuchet. Mais si Flaubert était
un grand littérateur, il était réactionnaire en beaucoup
9
de points, et loin de me moquer des deux types créés
par le romancier, je garde mon mépris pour ceux qui
se targuent des quelques bribes de savoir qu'ils doi-
vent à leur situation privilégiée pour se moquer de
ceux qui font tous leurs efforts pour sortir de l'igno-
rance où voudrait les condamner notre état social.
Pendant longtemps, — encore aujourd'hui — on a
cru que l'homme était un animal fantasque, capricieux,
fainéant, qui n'accomplissait rien rationnellement,
n'agissant que sous la pression du châtiment ou l'ap-
pât de la récompense, et qu'il fallait, de bonne heure,
plier à la discipline, habituer à la coercition.
Les économistes, gens très savants, — ce sont eux
qui l'affirment — en ont fait un aphorisme pour jus-
tifier l'état social actuel : « L'homme, disent-ils, re-
cherche le plaisir et fuit la douleur. » La Palisse n'au-
rait pas mieux trouvé.
Seulement, ajoutent-ils : « Consommer étant un
plaisir, produire étant une peine, l'homme livré à lui-
même voudrait toujours consommer sans jamais pro-
duire. Il faut donc tout donner aux uns, ne rien lais-
ser aux autres ; de cette façon il y en aura toujours un
certain nombre qui seront bien forcés de travailler.
Mais l'axiome des économistes n'est vrai qu'à moi-
tié.
Que l'individu se tourne du côté du moindre effort,
cela est tout naturel. Forcer les autres à travailler a
votre profit, à la brute ignorante, alors que toutes ses
facultés étaient tendues vers la conquête de sa pâture,
pouvait sembler Une solution très désirable, et l'on ne
s'est pas fait faute de l'appliquer; cela a pu même du-
rer sans grands efforts tant que les gens ont été assez
bêtes pour se plier à cette solution.
Seulement, chaque chose a ses inconvénients, cha-
que action appelle sa réaction. Le travail qui devrait
être un plaisir, une gymnastique pour vos muscles, un
aliment à votre activité, par ce fait que quelques-uns
sont forcés de produire pour tous est devenu, au con-
traire, une véritable peine, entraînant une souffrance
d'autant plus grande qu'il vous était imposé, non par
V
— 10 —
vos besoins, mais par des conditions extérieures à
votre volonté. Et ceux qui y sont assujettis ne veulent
plus s'y plier. Nous entrons dans la phase où la loi du
moindre effort forcera nos dirigeants à travailler eux-
mêmes à la satisfaction de leurs besoins personnels.
*
Tout s'enchaîne dans l'état social. Ceux qui ont or-
ganisé l'enseignement,* sont partis des mêmes prin-
cipes que ceux qui aidaient à révolution économique.
Ils ont été aussi intelligents!
L'étude, qui aurait dû être un régal pour le besoin
d'apprendre que possède tout être ayant des facultés
saines, a été rendue si aride, si revêche, que c'est,
pour notre cerveau, une peine aussi dure que le tra-
vail de production podr nos muscles.
On n'a pas demandé aux intelligences ce qu'elles
voulaient connaître, ce qu'elles étaient susceptibles
de s'assimiler. Dans ce qui semblait le plus connu, -
on a pris ce qui chatouillait le mieux les besoins <
de ceux qui se faisaient éducateurs, on a fait un pot '*
pourri que Ton s v est ingénié à faire entrer, de gré
ou de force, dans les cervelles les plus reJbelles, sans
s'inquiéter de celles qui en crevaient.
Puis, comme la plupart regimbaient à cette nourri-
ture indigeste, comme d'aucuns se refusaient aux mé-
thodes d'ingurgitation, on s'en est autorisé pour dé-
clarer doctoralement que l'homme n'est qu'un être
ignorant, qui n'apprend que sous la crainte de la fé-
rule. Cette dernière, de tous temps, ayant été consi-
dérée comme la raison suprême.
Et depuis des milliers d'années s'est ainsi faite j
l'éducation humaine. Inutile de s'étonner ensuite si ]
l'homme est vaniteux et rampant — l'un n'exclut pas
l'autre. — Ce qui doit «tous étonner heaucoup plus,
c'est qu'il ne s'y soit pas perverti complètement.
C'est qu il est plus facile d'établir un programme et 4
de décréter que tous auront à s'y conformer, que d'é- \
tudier les aspirations de chacun et de trouver la mé-
thode qui lui soit adéquate.
Il y aura toujours des esprits faibles pour se con-
former aux ordres reçus. Si, en route, on brise des
f
.1
V
M
— 11 —
caractères indépendants, c'est tant mieux pour Tordre
social, qui n'admet pas qu'on le discute.
Ce qu'il y aura de bon dans les résultats obtenu»,
sera attribué à la façon de procéder; les résultats
néfastes n'étant attribuables qu'au caractère \icieux
de la bête humaine.
Ainsi s'établissent les opinions.
*
Un enseignement vraiment rationnel, capable de dé-
velopper les intelligences, et — ce qui est encore plus
difficile — capable de former des caractères, doit donc,
<Ure débarrassé des récompenses comme des châti-
ments. Lorsque l'âge de celui qui apprend ne lui
permet pas de comprendre que la nécessité d'acquérir
certaines connaissances est une des conditions du déve-
loppement de son être, l'attrait du travail poursuivi
doit en être le seul mobile.
L'enseignement rationnel doit tenir compte des pré-
férences et desrépugnances de l'individu. Son but n'est
pas de créer des aptitudes, mais de les rechercher et
de les aider à se développer. Ce qu'il doit viser, ce
n'est pas à fourrer dans les cerveaux une science toute
faite, indigeste, parce qu'incomprise, et par conséquent
inassimilable.
Ecartant les formules-clichés, c'est à provoquer
la réflexion de celui qui écoute que doit tendre l'exposé
de celui qui enseigne. C'est à. susciter ses questions, ses
objections qu'il doit viser.
Elargir le cerveau, mais respecter l'individualité de
l'élève. Eveiller sa curiosité, son initiative ; lui mettre*
en présence les opinions contradictoires pour que
s'exerce son esprit de critique et de déduction ; l'amener
à ce qu'il n'accepte les explications données que lors-
qu'il les a lui-même fait passer par sa propre critique,
voilà l'œuvre à faire.
Si l'on sait rendre renseignement attrayant, inutiles
les châtiments et les récompenses, nuisibles au con-
traire. Pour éveiller l'activité de l'élève, le plaisir qu'il
y trouvera sera suffisant. Tolstoï, en son écote de Ya$-
naïa Poliana, nous le démontre surabondamment. Les
leçons seront toujours trouvées trop courtes.
~r-n
— 19 -
Il en est de même, du reste, pour le travail des adul-
tes. Autant sont dures et longues les minutes que nous
passons au travail imposé, autant passent vite etlégères
les heures consacrées au travail qui nous agrée, choisi
par nous.
Apprendre à l'individu à se développer dans toutes
ses virtualités, à agir selon sa nature, ses tendances,
ses affinités, ses conceptions; lui apprendre qu'il ne
doit rien attendre en dehors de sa propre initiative,
qu'il ne doit supporter d'autres entraves que celles
amenées par les circonstances ; respecte? les autres
initiatives pour être à même de faire respecter la sienne
voilà le premier travail de l'éducation — et ce dont
nous avons le plus pressant besoin.
• *
Un autre point de l'enseignement rationnel, c'est
celui de la coéducation des sexes. Là-dessus encore
nous n'en sommes pas les promoteurs, puisque l'ami
Robin l'avait accompli avec d'assez heureux résultats
pour que le système ait survécu à sa destitution.
Nous n'avons pas, .du reste, la prétention d'avoir
découvert 1 Amérique. Nous savons que tout ce que
nous pouvons dire, a été dit avant nous; nous ramas-
sons les idées éparses «t essayons de les coordonner
du mieux qu'il nous est possible. C'est encore une
tâche assez belle. Ily en a si peu qui en soient capables.
Mais revenons à notre projet.
Donner aux filles et aux garçons l'habitude de se
traiter en camarades, fera beaucoup plus pour l'éman-
cipation de la. femme que toutes les lois réclamées par
les féministes. Beaucoup plus, surtout, aue tous les
prétendus droits dont ils veulent lui faire cadeau et
qui ne sont que des attrape-nigauds.
L'homme en sait quelque chose pour en avoir assez
usé pour son propre compte.
En bas âge, filles et garçons restent confondus dans
les mêmes jeux. Mais, sitôt que commence à s'éveiller
1 âge de raison, on les sépare et on les éduque à part,
comm« s'ils étaient d'espèces dissemblables, appelés
à vivre d'une vie différente.
On ne leur dit pas, — mais cela ressort de toutes
lu
nos habitudes, de toute une littérature, de toutes les
conversations, — que la femme est un gibier dont le
garçon aura à mener lachasss lorsqu'il sera grand et
que ses mérites seront proportionnés au nombre de
pièces qu il aura abattues.
A la femme : que l'homme fst un être brutal, égoïste,
qu elle dewa essayer d'ama louer et d'enchaîner par
toutes les grâces et la duplicité dont elle pourra être
capable.
L amour, si nous en jugeons d'après notre littéra-
ture suffirait presque à lui seul à remplir le cadre de
I activité humaine. Tout apprend à l'enfant, au jeune
homme, à la jeune fille qu'ils sont faits pour aimer
Mais on les tient éloignés l'un de l'autre. Après leur
avoir exalté les douceurs de l'amour, on fait tout son
possible pour leur en faire un mystère; si on ne leur
dit pas que c'est une chose hideuse à consommer, on le
leur laisse supposer.
Les sexes restent un mystère l'un pour l'autre. Leur
imagination, surexcitée, les fait s'envisager comme
une chose que 1 on redoute, mais que l'on brûle de
connaître. Tout 1 être se trouve tendu vers cet inconnu •
les facultés autres sont annihilées par cette hantise'
Aussi, lorsque arrive rheure de l'émancipation, c'est
une poussée irrésistible, et l'amour qui devrait être
I union harmonique de deux êtres n'est, le plus sou-
vent, que la rencontre de deux besoins physiques
surexcités dont il ne restera plus rien lorsque sera
venue la satisfaction.
L'amour étant une fonction normale, et la femme
et 1 homme étant appelés à vivre côte à côte toute leur
vie, pourquoi envelopper de mystère cette fonction
organique, alors que, tous les jours, elle s'accomplit
sous nos yeux, malgré la pruderie de nos éducateurs?
Pourquoi les sexes ne s'habitueraieat-ils pas, dès le
jeune âge, à se connaître, puisque cette connaissance
leur sera indispensable pour savoir orienter leur vie?
N est-ce pas en nous habituant à voir les choses
comme elles sont que nous nous ferons une conception
nette de 1 existence, nous prémunissant ainsi contre
les emballements irréfléchis qui amènent à leur suite
— 14
de cruelles déceptions, et contre les déceptions elles-
mêmes, qui ne sont que la suite de nos fausses notions
de la réalité?
Apprenons à faire respecter notre personnalité;
apprenons à respecter celle de tout être humain, ce
sera un grand pas de fait vers l'affranchissement com-
mun.
*
La bourgeoisie se vante d'avoir propagé l'instruction.
Cela est vrai. Aujourd'hui, nous avons beaucoup moins
d'individus illettrés. Mais cela veut-il dire qu'ils en
soient plus intelligents? Hélas noni car l'instruction
que mesure l'Etat peut bien gonfler le cerveau, mais
ne l'exerce pas, ni ne le développe. Et nombre de gens
qui se pavanent à l'idée de « l'instruction » donnée a
leur progéniture me rappellent une anecdote qui me
fut contée par une dame anglaise de mes amies, qui
avait vécu quelque temps en Espagne, et y avait quelque
peu étudié les mœurs.
Elle y avait fait connaissance d'un brave ouvrier,
sobre, honnête, laborieux, plein d'amour-propre et de
dignité, comme le sont, là-bas, la plupart des travail-
leurs.
Il parlait à cette dame de sa famille, de ses nom-
breux enfants ; comment il les avait élevés, et dirigés
dans la vie.
Beppo était apprenti chez un menuisier, Alfonso
cordonnier,. Carmen apprenait le métier de modiste,
Pedro apprenait à être aveugle !
— A être aveugle ! s'écria la dame avec horreur.
— Mais oui! J'ai donné un beau métier à chacun de
mes enfants. — Et le père se redressait avec fierté. —
Mais c'est Pedro qui a le meilleur de tous. C'est que,
aussi, il me ressemble, et j'ai un faible pour lui.
Et alors il expliquait à la dame scandalisée combien
il payait cher pour le traitement dû fortuné Pedro
dont on affaiblissait la vue par un obscurcissement
graduel de ses beaux yeux vifs et hardis. Il ne faudrait
guère plus de deux ou trois mois pour qu'il fût tout
à fait aveugle. C'est une si belle carrière que celle d'un
mendiant aveugle 1
Certes le père était fier des sacrifices faits pour
i
< ï
o
chacun de ses enfants. Mais c'étaient ceux faits en fa-
veur de Pedro qui l'tjiiorgueiilissaient le plus.
Tous les pareils, en notre état social, en sont là
lorsqu'ils se vantent de l'éducation donnée à leurs
enfants. Ils donnent à l'Université des intelligences
éveillée:;, hardies, curieuses de voir et d'apprendre,
on se chargera d étouffer cela. L'opération demande un
peu plus de trois mois, mais les résultats n'en seront
pas moins complets. On leur rendra des êtres déviri-
lisés qui, par peur de la lutte, n'auront qu'un objectif ;
se caser dans quelque fonction où ils n'auront plus à
réfléchir, plus à s'inquiéter du lendemain.
Les injustices les plus criantes se perpétreront sous
leurs yeux sans qu'ils les voient. Les plaintes des
victimes s'élèveront, stridentes, à leurs oreilles sans
qu'ils les entendent. L'éducation universitaire aura fait
son oeuvre en interposant, entre eux et la réalité, le
voile des hypocrisies et des conventions, en obscur-
cissant à jamais, en totalité ou en partie, la lumière de
la vérité .
*
Qui de nous peut se vanter d'avoir conservé la vision
intacte? Notre éducation faussée nous empêche de
voir les choses telles qu'elles sont. La pleine lumière
nous gêne, il nous faut des lunettes, des ombrelles,
des rideaux, des volets, des écrans qui nous tamisent
la lumière, ne la laissant pénétrer que graduellement,
de façon à ne pas fatiguer nos pauvres yeux désaccou-
tumés du plein soleil.
Que d'idées, que de conceptions nous avons ainsi,
en quelques coins de notre cerveau, que nous croyions
excellentes, dont nous serions prêts à soutenir mordicus
la justesse !
Mais, lorsque en contradiction avec les laits, nous
les analysons, les passons à la critique, nous nous
apercevons que nous les tenons nous ne( savons pas de
qui, les avons prises nous ne savcins où, et qu'elles se
sont formées dans notre esprit nous ne savons pas
comment.
Et combien passent ainsi toute leur existence à res-
sasser religieusement des idi ^s ainsi reçues, sans
avoir jamais su les analyser?
L
r
— 10 —
C'est pourquoi le progrès a été si lent, ne s'est
fait qu'à k* lueur des bûchers, et que, au siècle de la
vapeur, de l'électricité, nombre de gens en sont en-
core aux croyances de l'âge de la pierre.
*
* *
En l'école telle que nous la comprenons, les enfants
apprendront à envisager la vie telle qu'elle est, à
ouvrir les yeux sans peur, à regarder les choses en
face, les hommes sans crainte; ils apprendront à cher-
cher, examiner, peser, discuter, critiquer, n'acceptant
une solution que lorsque leur raisonnement la leur
indique comme plus logique, et non parce qu'on la
leur aura enseignée telle.
A cette heure où l'on fait des ligues pour apprendre
aux individus à respecter les lois, en méprisant ceux
qui sont chargés d'en assurer l'exécution, à certains
autres à mépriser les lois pour garder toute sa foi à
ceux qui les interprètent; d'autres encore ayant la
naïveté de croire qu'ils pourront faire respecter l'indi-
vidu par les lois et ceux qui les font, nous, nous vou-
lons simplement apprendre aux individus qu'ils doi-
vent savoir se respecter, et se faire respecter, sans
lois, envers et contre les lois, et leurs parasites.
Et en faisant ainsi, nous avons conscience de faire
excellente œuvre révolutionnaire.
Car, lorsque aura crû le nombre des individus cons-
cients de leur être, de leur rôle en la vie, de leur force
et de leur volonté, c'en sera fait des dirigeants et des
exploiteurs; car, n'attendant plus leur émancipation
de causes qui leur sont extérieures, ils sauront, ceux-
là, vivre comme ils l'auront conçu, en renversant ce
qui tentera de leur faire obstacle. yîS^iS.
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permettra l'état de la caisse.
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Proudhon, portrait au burin par Barbottin ...» 50 — » 60
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Pour les détenus de Montjuich, dessin de Luce 1 »
Un frontispice en couleur,par Wuiltaumc, pour
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L'Internationale; Crevez-moi la sacoche; Le Politicien,
de E. Pottier . ..,.....'...... » 10
Ouvrier, prends la machine; Qui m'aime me suive ; Les
Briseurs d'images » 10
La Chanson du Gas; A la Caserne; Vivaient, brav' Ouve-
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J'n'aime pas les sergots; Heureux temps ; le Drapeau
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L'Art et la Société, par Ch.-Albert ............. » 20
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pi*. rro. ■-*- Les Sans-gîte, par C: Pissarro* — $%JpM^esté
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Paul. — La Vérité au Conseil de guerre, par huoe, ,,-■*- Mineurs
beiges, par Constantin JMâte«.^'-4AJl^
%Mauit* ~ La Ouerre, de Mawin* >r Epouvantails, de ÇhevWjsr: —
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] Au camarade qui nous trouvera f O souscripteurs, il sera fait cadeau de la liùo-
j graphie. ■— Celui qui" en trouvera 3(0, recevra Veau-forte.
j Les souscriptions peuvent être versée» par fractions mensuelles ou trimes-
| irielles, etc., an gré des souscripteurs.
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| promisse, il sera, a- la fin du trimestre, adressé' un remboursement pour le» 3 mois.
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LES TEMPS NOUVEAUX
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la Colonisation
\nV
La colonisation prend trop d'expansion à notre
époque pour que les anarchistes ne disent pas leur mot
sur cette question. A l'heure où les nations dites
civilisées se disputent des zones d'influence en Afrique :
en Tripolitaine, au Congo, au Maroc, se partageant les
peuples comme un bétail, tout cela cachant les plus
louches combinaisons financières ; les pasteurs de
r\emr>'tac! n'<Stnnt tVIuq friiP loo. r.faartrécs H'affairpis. Hps
requins de la finance, des tripoteurs d'affaires véreuses,
nous devons nous élever contre ce produit hybride du
patriotisme et du mercantilisme combinés, — brigan-
dage et vol à main armée, à l'usage des dirigeants.
Un particulier pénètre chez son voisin ; il brise tout
ce qui lui tombe sous la main, fait la rafle de ce qu'il
trouve à sa convenance, c'est un criminel ; la « Société »
le condamne. Mais qu'un gouvernement se trouve
acculé à une situation intérieure où le besoin d'un
dérivatif extérieur se fasse sentir ; qu'il soit «encombré
*chez lui de bras inoccupés, dont il ne sait comment se
— 6 —
débarrasser, de produits qu'il ne sait comment écouler,
que ce gouvernement aille porter la guerre chez des
populations lointaines, qu'il sait trop faibles pour
pouvoir lui résister, qu'il s'empare de leur pays, les
soumette à tout un système d'exploitation, leur impose
ses produits, les massacre si elles tentent de se soustraire
à l'exploitation qu'il fait peser sur elles, oh ! alors, ceci
est moral ! Du moment que Ton opère en grand, cela
nérite l'approbation des honnêtes gens ; cela ne
s'appelle plus vol ni assassinat ; il y a un mot honnête
pour couvrir les malhonnêtes choses que la société
commet; on appelle cela «civiliser» les populations
arriérées !
*
* *
Et que Ton re crie pas à l'exagération I Un peuple
n'est réputé colonisateur que quand il a su tirer, d'une
contrée, le maximum des produits qu'elle peut rendre.
Ainsi PArKrlpf.'rrp A«t. un riavQ orvlrmienfiani» -nnri^o
qu'elle sait faire « rendre » à ses colonies le bien-être
pour ceux qu'elle y envoie, qu'elle sait faire rentrer
dans ses coffres let impôts dont elle les frappe.
Dans les Indes, par exemple, ceux qu'elle y envoie
font des fortunes colossales ; le pays, il est vrai, est bien
ravagé de temps à autre par des famines épouvantables,
qui déciment des centaines de milliers d'hommes :
qu'importent les détails, si John Bull peut y écouler ses
produits manufacturés, en tirer, pqur son bien-être, ce
que le sol de la Grande-Bretagne ne peut lui fournir.
Ce sont les bienfaits de la civilisation ! *
_- 7 —
Aujourd'hui, il est vrai, il faut déchanter. L'Inde
fait concurrence aux produits de la « Mère Patrie »*
Qu'à cela ne tienne, les capitalistes y transporteront
leurs capitaux et leurs usines, et, comme les Hindous
S9 nourrissent d'une poignée de riz, on pourra encore
édifier des fortunes ; tant pis si les ouvriers anglais
paient la différence. — Pour leur faire prendre patience,
on leur promettra l'empire du monde, et on les lancera
contre les Boërs ou les Allemands.
En France, c'est autre chose, on n'est pas colonisateur.
Oh ! rassurez-vous, cela ne veut pas dire que l'on soit
moins brigand, que les populations conquises soient
moins exploitées, non ; seulement, on est moins
« pratique ». Au lieu d'étudier les populations que l'on
conquiert, on les livre aux fantaisies du sabre, on les
soumet au régime de la « Mère Patrie » ; si les popu-
lations ne peuvent s'y plier, tant pis pour elles, elles
disparaîtront petit à petit, sous l'action débilitante
d'une administration à laquelle elles n'étaient pas
habituées. Qu'importe? Si elles se révoltent, on leur
fera la chasse, on les traquera comme des fauves, le
pillage sera alors non seulement toléré, mais com-
mandé ; cela s'appellera une « razzia ».
La bête féroce que l'on élève et entretient sous le nom
de soldat est lâchée sur des populations inofïensives qui
se voient livrées à tous les excès que pourront imaginer
ces brutes déchaînées : on viole les femmes, on égorge
les enfants, des villages sont livrés aux flammes, des
populations entières sont chassées dans la plaine où
elles périront fatalement de misère. Ce n'est rien que
— 8 —
cela, laissez passer, c'est une nation policée, qir porte
la civilisation chez des sauvages !
***
Certes, à bien examiner ce qui se passe tous les jours
autour de nous, tous cela n'a rien d'illogique ni d'anor-
mal ; c'est bien le fait de l'organisation actuelle ; rien
d'étonnant à ce que ces « hauts faits » d'armes obtiennent
l'assentiment et les applaudissements du monde bour-
geois. La bourgeoisie est intéressée à ces coups de
brigandage, ils lui servent de prétexte à entretenir des
armées permanentes, cela occupe les prétoriens qui vont,
dans ces tueries, se faire la main pour un « travail »
plus sérieux; ces armées elles-mêmes servent de
débouché à toute une surie d'idiots et de non-valeurs
dont elle serait fort embarrassée et qui, au moyen de
quelques mètres de galons, deviennent ses plus enragés
souteneurs. Ces conquêtes lui facilitent toute une série
de tripotages financiers, au moyen desquels elle écumera
l'épargne des gogos à la recherche des entreprises
véreuses, elle accaparera les terrains volés aux vaincus ;
ces guerres occasionnent des tueries de travailleurs dont
le trop-plein la gêne chez elle. Les pays conquis ayant
« besoin » d'une administration, nouveau débouché à
toute une armée de budgétivores et d'ambitieux qu'elle
attache ainsi à son char, tandis qu'inemployés, ils pour-
raient la gêner sur sa route.
Plus encore, ce sont des populations à exploiter,
qu'elle pourra courber sous le travail, auxquelles elle
pourra imposer ses produits, qu'elle pourra décimer
sans avoir à en rendre compte à personne. En vue de
ces avantages, la bourgeoisie n'a donc pas à hésiter,
et la bourgeoisie française l'a tellement bien compris
qu'elle s'est lancée à toute vapeur dans les entreprises
coloniales.
Mais ce qui nous étonne, ce qui nous écœure, c'est
qu'il y ait encore des travailleurs qui approuvent ces
infamies, ne ressentent aucun remords de prêter la
main à ces canailleries, et n'aient pas compris cette
injustice flagrante de massacrer des populations chez
elles, pour les plier à un genre de vie qui n'est pas le
leur. Oh ! nous connaissons les réponses toutes faites
qu'il est d'usage de débiter lorsqu'on s'indigne des faits
trop criants : « Ils se sont révoltés, ils ont tué des nôtres,
nous ne pouvons pas supporter cela... Ce sont des sau-
vages, il faut les civiliser... Nous avons besoin des
terres qu'ils ne savent pas cultiver... Les besoins du
commerce l'exigent... Oui, peut-être, on a eu tort d'aller
chez eux, mais les colonies nous ont trop coûté
d'hommes et d'argent pour les abandonner, etc., etc. »
« Ils se sont révoltés, ils ont tué des nôtres. » Eh bien !
après? Qu'allait-on chercher chez eux? Que ne les
laiscait-on tranquilles ? Est-ce qu'ils sont venus nous
demander quelque chose ? On a voulu leur imposer des
lois qu'ils ne veulent pas accepter, ils se révoltent, ils
font bien, tant pis pour ceux qui périssent dans la lutte,
ils n'avaient qu'à ne pas prêter la main à ces infamies.
« Ce sont des sauvages, il faut les civiliser. » Que l'on
- 10 —
prenne l'histoire des conquêtes et que Ton nous dise
après quels sont les plus sauvages, de ceux que Ton
qualifie de la sorte ou des « civilisés » ? Quels sont ceux
qui auraient le plus besoin d'être « civilisés », des
conquérants ou des populations inoffensives qui, la
plupart du temps, ont accueilli les envahisseurs à bras
ouverts et, pour prix de leurs avances, en ont été tor-
turées, décimées ? Prenez l'histoire des conquêtes de
l'Amérique par l'Espagne, des Indes par l'Angleterre,
de l'Afrique, de la Cochinchine et du Tonkin par la
France, et, à l'heure actuelle, la Tripolitaine par
l'Italie, et venez, après, nous vanter la civilisation !
Bien entendu, dans ces historiques, vous n'y trouverez
que les « grands faits » qui, par leur importance, ont
laissé une trace dans l'histoire ; mais s'il fallait vous
faire le tableau de tous les « petits faits » dont ils se
composent, et qui passent inaperçus, s'il fallait mettre
à jour toutes les turpitudes qui disparaissent dans la
masse imposante des faits principaux, que serait-ce
alors ? On reculerait écœuré devant ces monstruosités.
J'ai, pour ma part, — ayant passé quelque temps
dans l'infanterie de marine, — entendu raconter une
foule de scènes qui prouvent que le soldat qui arrive
dans un pays conquis s'y considère, par le fait, comme
un maître absolu ; pour lui, les habitants sont des bêtes
de somme qu'il peut faire mouvoir à son gré ; il a droit
de prise sur tout objet à sa convenance, malheur à
l'indigène qui voudra s'y opposer, il ne lardera pas à
apprendre que la loi du sabre est la seule loi ; l'insti-
tution qui défend la Tropriété en Europe, ne la recon-
— H —
naît pas sous une autre latitude. Le soldat, en cela, est
encouragé par les officiers qui prêchent d'exemple, par
l'administration qui lui met la trique en main pour
surveiller les indigènes qu'elle emploie à ses travaux.
Que de faits répugnants vous sont racontés là, naïve-
ment comme choses très naturelles, et, lorsque, par
hasard, — si l'indigène s'est révolté, a tué celui ou ceux
qui l'opprimaient — vous dites qu'il a bien fait, il faut
entendre les cris de stupeur qui accueillent votre
réponse : « Gomment? puisque nous sommes les maîtres!
puisque l'on nous commande ! il faut bien nous faire
obéir ; si on les laissait faire, ils se révolteraient tous,
ils nous chasseraient. Après avoir dépensé tant d'argent
et tant d'hommes, la France perdrait le pays, elle
n'aurait plus de colonies !
Voilà où la discipline et l'abrutissement militaires
amènent l'esprit des travailleurs; ils subissent les
mêmes injustices, les mêmes turpitudes qu'ils aident
à faire peser sur les autres ; et ils ne sentent plus
l'ignominie de leur conduite, ils en viennent à servir,
inconsciemment d'instruments au despotisme, à se
vanter de ce rôle, à ne plus en comprendre toute la
bassesse et l'infamie.
Les civilisateurs européens, Italiens, Français ou
autres, feraient bien mieux de tirer partie des terres
qui sont incultes chez eux, avant d'aller voler celles des
autres.
Quant aux besoins du commerce, voilà bien le vrai
motif : Messieurs les bourgeois s'étant embarrassés de
produits qu'ils ne savent comment écouler, ils ne
12
trouvent rien de mieux que d'aller déclarer la guerre,
pour imposer ces produits à de pauvres diables impuis-
sants à se défendre.
Certes, il serait facile de s'entendre avec eux, on
pourrait trafiquer par la voie des échanges ; comme ils
ne sont pas très ferrés sur la valeur des objets, ceux-ci
n'ayant, pour eux, de valeur qu'autant qu'ils leur tirent
l'œil, il serait facile de les « enfoncer » et de réaliser ae
beaux bénéfices ; n'en était-il pas ainsi avant que l'on
pénétrât dans le continent noir? N'était-on pas, par
l'intermédiaire des peuplades de la côte, en relation
avec les peuplades de l'intérieur? N'en tirait-on* pas
déjà les produits que l'on en tire à présent ?
Oui, cela est possible, cela a été, mais voilà le diable !
Pour opérer de la sorte, il faut du temps, de la patience,
impossible d'opérer en grand, il faut compter avec la
concurrence : « Le commerce a besoin qu on le protège! »
On sait ce que cela veut dire : vite, deux ou trois
cuirassés en marche, une demi-douzaine de canonnières,
un corps de troupes de débarquement, saluez, la civili-
sation va faire son œuvre. Nous avons pris une popu-
lation forte, robuste et saine, dans quarante ou cin-
quante années d'ici nous vous rendrons un troupeau
anémié, abruti, misérable, décimé, corrompu, qui en
aura pour très peu de temps à disparaître de la surface
Au globe. Alors sera complète l'œuvre civilisatrice !
Si Ton doutait de ce que nou avançons, que Ton
prenne les récits des voyageurs, qu'on Jise la description
des pays où les Européens se sont installés par droit de
conquête, partout la population s'amoindrit et disparaît,
— 13 —
partout l'ivrognerie, la syphilis et autres importations
européennes les fauchent à grands coups, atrophient et
anémient ceux qui survivent. Et peut-il en être autre-
ment? Non, étant donnés les moyens que Ton emploie.
Voilà des populations qui avaient un autre genre de
vie que nous, d'autres aptitudes, d'autres besoins ; au
lieu d'étudier ces aptitudes et ces besoins, de chercher à
les adapter à notre civilisation, graduellement, insen-
siblement, en ne leur demandant de prendre, de cette
civilisation, que ce qu'ils pouvaient s'assimiler, on a
voulu les plier d'un coup ; on a tout rompu ; non seule-
ment elles ont été réfractaires, mais l'expérience leur
a été fatale.
Que le rôle de l'homme soi-disant civilisé aurait pu
être beau, s'i avait su le comprendre, et si "lui-même
n'avait été affligé de ces deux pestes : le gouvernement
et le mercantilisme, deux plaies affreuses dont il devrait
bien songer à se débarrasser avant de chercher à civiliser
les autres.
La culture des peuplades arriérées pourrait se pour-
suivra pacifiquement et amener la civilisation des élé-
ments nouveaux susceptibles, en s'y adaptant, de la
revivifier. Que l'on ne vienne pas nous parler de la
duplicité et de la férocité des barbares ! Nous n'avons
qu'à lire les récits de ces hommes, vraiment courageux,
qui sont partis au milieu de populations inconnues,
poussés par le seul idéal de la science et le désir de
connaître. Ceux-là ont su s'en faire des amis, ont pu
passer chez eux sans en avoir rien à craindre ; la
duplicité et la férocité ne sont venues que de ces misé-
14 —
rables trafiquants qui se décorent faussement du nom
de voyageurs ; ne voyant, dans leurs voyages, qu'une
bonne affaire commerciale ou politique, ils ont excité,
contre le blanc, l'animosité de ces populations, en les
trompant dans leurs échanges, en ne tenant pas les
engagements consentis, en les massacrant, au besoin,
quand ils pouvaient le faire impunément.
Faut-il apporter des faits? Qu'on lise les livres de
Vigne d'Octon ; Chez les Hovas, de Jean Carol. Les atro-
cités des Chanoine et des Voulet ne sont pas si loin de
nous que l'on ne se les rappelle encore. Quant aux
exploits des « civilisateurs » italiens en Tripolitaine, ils
sont de l'heure présente.
Allons, allons, philanthropes du commerce, civili-
sateurs du sabre, rengainez vos tirades sur les bienfaits
de la civilisation. Ce que vous appelez ainsi, ce que
vous déguisez sous le nom de colonisation a un nom
parfaitement défini dans votre Code, lorsqu'il est le
fait de quelques individualités obscures ; cela s'appelle :
« Pillage et assassinats en bandes armées. » Mais la
civilisation n'a rien à voir avec vos pratiques de bandits
de grands chemins.
*
* *
Ce qu'il faut à la classe dirigeante, ce sont des
débouchés nouveaux pour ses produits, ce sont des
peuples nouveaux à exploiter ; c'est pour cela qu'elle
envoie les Soleillet, les de Brazza, les Crampel, les
Trivier, les Fourreau, les Lamy, etc., à la recherche
de territoires inconnus pour y ouvrir des comptoirs qui
15
livreront ces pays à son exploitation sans bornes ; elle
commencera par les exploiter commercialement, pour
finir par les exploiter de toutes les façons lorsqu'elle
aura placé ces peuplades sous son protectorat ; ce qu'il
lui faut, ce sont des terrains immenses qu'elle s'annexera
graduellement, après les avoir dépeuplés ; ne faut-il pas
beaucoup de place pour y déverser le trop-plein de la
population qui Fembarasse ? et acheter les parlemen-
taires qui se font leurs complices à la Chambre.
Vous, dirigeants, des civilisateurs ? Allons donc ! ■
Qu'avez-vous fait de ces peuplades qui habitaient
l'Amérique et qui disparaissent tous les jours décimées
par les trahisons, auxquelles, au mépris de la foi jurée,
vous arrachez, peu à peu, les territoires de chasse que
vous aviez dû leur reconnaître? Qu'avez-vous fait de
ces peuplades de la Polynésie, que les voyageurs s'accor-
daient à nous montrer comme des populations fortes,
vigoureuses ; de vrais types de beauté ; et qui, mainte-
nant, disparaissent sous votre domination ?
Vous des civilisateurs ?. Mais du train dont marche
votre civilisation, si les travailleurs devaient succomber
dans la lutte qu'ils vous livrent, vous ne tarderiez pas
à périr à votre tour, sous votre indolence et votre paresse,
comme sont tombées les civilisations grecque U romaine,
qui, venant prendre part à la lutte, dans la plénitude
perdu toutes les facultés de lutte pour ne conserver que
celle de jouir, ont succombé bien plus sous le poids do
leur avachissement que sous les coups des barbares,
qui, venant à prendre part à la lutte, dans la plénitude
~ 16 -
de leurs forces, n'ont pas eu grand'peine à renverser
cette civilisation en pleine décomposition.
Gomme vous avez pris à tâche de détruire les races,
non pas inférieures, mais seulement retardataires, vous
tendez de même à détruire la classe des travailleurs,
que vous qualifiez aussi d'inférieure. Vous cherchez tous
les jours à éliminer le travailleur de l'atelier, en le
remplaçant par des machines. Votre triomphe serait ia
fin de l'humanité ; car, perdant peu à peu les facultés
que vous avez acquises par la nécessité de lutter, vous
retourneriez aux formes ancestrales les plus rudimen-
taires, et l'humanité n'aurait bientôt plus d'autre idéal
que celui d'une association de sacs digestifs, comman-
dant à un peuple de machines, servies par des auto-
mates, n'ayant plus d'humain que le nom.,
\
k * »
> v >
Ixnpr. LÀ PRODUCTRICE (As?, ouv.), 51, r. Saint-Sauveur.— Tél. 121.78. - 193
COLLECTION DE LITHOGRAPHIES
Capitalisme, parCommin'Ache.— Education chrétienne
p; • Roubillo. — La Débâcle, dessin de Vallottoa, gravé par
Iï ger. - Le dernier gîte du trimardeur, par Daumont. -~
L^ssassmé, par C. L. — Souteneurs sociaux, parDelanoy
7 Les Défricheurs, par Agard. _ Les Bienheureux, par
Heibdrinck.-- La Jeune Proie, par Lochard. — Le Mission-
mure, par Willaume. — Frontispice, par Roubille -
L Homme mourant, par L. Pissa ro- Sa Majesté la Famine
par Luce.- La Vérité au Conseil de Guerre, par Luce —
Provocation, par Lebasque. — Ceux qui mangent le pain
noir, par Lebasque. — L'édition ordinaire 2 francs.
Il neresteplusqu en nombre restreint: L'Incendiaire, par Luce
-Porteuses de bois, par C. Pissaro - L'Errant, par X -Le
Démolisseur, par Signac. — L'Aurore, par Willaume. — Les
Sans-Gîte, par C. Pissaro. — On ne marche pas sur l'herbe
parHermann-Paul. — Mineurs belges, par, Constantin Meunier!
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Luce, Maurin, Raïier, Rodo, Si^nac et Steinlen.
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binaire 2 francs; d'amateur. 3 fr. 50; La ConfeseioU, ïfermann Pan é^ ï^a ord
.ire, 2 francs ; d'amateur, 3 fr. 50.- Ces lithos ont été tirées pour servir de frontfl
■e aux volumes de notre supplément, mais peuvent s'encadrer, 37-28.
„*?£«£ t1 Malfe * t «™r 8 » par Wilîaume, tirage ordinaire, 2 francs ; tirage dama-
ui, 5 francs. Il en reste tros peu des d*ux. .
Album, contenant les 52 dessins parus dans la 11» année des Temps Nôuoeaux
isuucravon de Agabi>, j3radb E rrv, Couturier, W. ChaneV DkLannoy dIl^w'
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Prix : 5 ï'uncs; Franco: 6 francs.
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EN VENTE AUX 'TEMPS NOUVEAUX
Aux Jeunes Gens, par Kropotkine, couverture de Roubille » 15
1,. 'Education libertaire, par D. Nikuwhkshuis, couverture de Hermann-Paul » 15
Enseignement bourgeois et Enseignement libertaire, par J. Grave, cou-
verture de Gaoss » 1b
Le Machinisme, par J. Grave, couverture de Luce » 15 |
Pages d'histoire sooia liste, par W. Tgiikrkesoff » 30
La Panacée-Révolution, parj. Grave, couverture de Mabbl (épuisé) » 15
A mon Frère le Paysan, par E. Reglus, couverture de Raieter » 15
La Morale anarchiste, par Kropotkine, couverture de Rysselbekghe ..... » 15
Déclarations d'Etiévant, couverture de Jehan net — » 15
Rapporta au Congrès antiparlementaire, couverture de C. Djssy » 85
La Colonisation, par J. Grave, couverture de Couturier m 15
Entre Paysans, par E Malatesta. couverture de Willaume ... » 15
Patrie, Guerre et Caserne, par Cn. Albert, couverture d'Aoûts » 15
L'Organisation de la Vindicte appelée Justice, par Kkopotkine, couver-
tire de J. Hênaul*s,.. ...♦. iû %» » 1S
L'Anarchie et l'Eglise, par E. Rien* et Guvorr, couverture de Daumont.. . » 15
La Grève des Electeurs, par Mirbeau, couverture de Roupille » 15
Organisation. Initiative, Cohésion, par J. Grave, couverture de Signac... » 15
Le Tréteau électoral, piécette en vers, par Léonard, couv. de IIkidbrinck. » 15
L*Eleotion du Maire, piécette eu vers, par Léonard, couverture de Valloton. » 15
La Mano-Negra, couverture de Luca » 15
La Responsabilité et la Solidarité dans la Lutte ouvrière, par Nettlau,
couverture dé Delannov . » • » 15
AnaTOhie-Communisme, par Kkopotkine, couverture de Lochard. ........ » 15
Si^uvais à parler aux Eleoteurs, par J. Grave, couvert, de Hermann-Paul » 10
La Mano-Negra et l'Opinion française, couverture de Henallt » 10
La Mano-Negra, dessins de Hermann-Pai l ; » 40
Entretien d'un Philosophe avec la maréchale, par Diderot, couverture
de Grandjouan.. . » 15
L'Etat, son rôle historique, par Kropotkine, couverture de Steinlen » 25
La Femme esolave, par Chaughi, couverture do Hermann-Paul » 15
Vers la Russie libre, par Bullard. couverture de Grandjouan » 45
Le Syndicalisme dans l'Evolution sociale, par J. Grave, couv. de Naudin. » 15
Les Habitations qui tuent, par Michel Pstit, couverture de Frédéric Jagque. » 15
Le Salariat, par P. Kropotkine. couverture de Kupka.. ............ .> ....... » 15
Evolution-Révolution, par E. Reclus, couverture de Steinlen » 15
Les Incendiaires, par Vermbsch, couverture de Hermann-Pauï ............. » 15
La Vérité sur 1* Affaire Ferrer, par Auguste Bertrand, couverture de Luge. »> 10
Le Cols des Enfants, 2», 3* série, chaque, brochés 2 »
Le Coin des Enfants, 4 T# , 2« et 3* série, chaque, reliés . . . 3 ■ »
Terre Libre, par J. Grave ,.■. 3 »'
Patriotisme, Colonisation, illustré.. *.. ... 6 »
La Conquête des Pouvoirs Publios. publiés par J, Grave, couverture
de Luge ../.- /. ■" » ]0
Les Prisons, par Krop .tkink, couverture de Dauj#ont -. . . . . . » 15
L'Esprit de Révolte, couverture de Delannov . . . . .V. — ■-"'• • * • * 1 §
L'Enfer militaire, par À . Girard, couverture de Lues . . » 20
Sur rindividnalisme. par Pierrot, eouverture^te Maùrin. . . . . . . — » ]5
L'Entente' pour l'Aotton, par J. Grave, couverture de Raieter . .... » 15
Aux Femmes, par Gohier, couverture de Lues; . . ... X ...» » 10
Suelques Vérités économiques, par Louis Blanc, couverture de Dissy. .. » 10
ne des Formes nouvelles de l'esprit politicien, par Jean Gbavi, cou-
verture de Ltgk v . » 10
Travail et Surmenage, par M. Pierrot — » J»
Contre la Guerre, couverture de G. Lefèvre '...<,.........-.; .. » 15
Lu Conquête des Pouvoirs Publios, par .1- G* ave. couverture do Luce. » 10
Le Parlementarisme contre l'action ouvrière, par PrBaaoxet Girard, epa*
verture de Rono Fissako.. .................... *. « --^ .v.-» ** »§;
La Royauté du Peuple souverain, par Paouniio», couverture de Raistr*.,.. , s 1U;
Les Condition* dm Travail dans la Société àtrtttrfla» jàr Siaf lice.. t . > . . s 10
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Les Aventures de Nono,par J Grave, illustration» de luce,
Rysselberghe, Charpentier, He- ^nn-Paul, Lucien Pissarro.
C, Uefèvre, Hetdbrrock, Mah ..,,.' , , , f 275
Ceux de PocUipnaTa, par r .nnikatf .,.,..., # 2 75
Autour d'une vie, par Kr^^otHne 3 »
Les Jugentents du Président Magnaud, annotés par lÀtyret. 2 75
La Colonne, par Descaves . »... , 2 75
La Poigne, pièce, par J. Jullien. ' ' \ 2
L'Ecalière, — — f ....,., 2
De chez Dentu :
Le Primitif d'Australie, par Elie Reclu» • , , , 3
De chez Schleicbar :
La Vie ouvrière en France, par Ptlfomicr , t 5
Les Enigmes de l'univers, par Haechel ^ . . 10
Librairie dramatique :
La Vie publique, pièce, par Fabre . . , , , 3 »
De chez Yillerelle ;
La Faiseuse de gloire, par P. Bru/a< , 2 75
De chez Ha&ette :•
Petite Histoire du peuple français (pour les «niants)) par
P, Lacombe . » J 75
De chez Bellais;
La Guerre et l'Homme, par P. Lacoro6e . , . . 3 75
De chez Charpentier :
Sous la toque, par A. JuhelU . . v .,.,».....,, 3 »
De chez Coilin : '
Le Conflit, par Le Dantec, à la Revue Blanchi 3 »
Ce* Messieurs, pièce, parG.Ancey. , ; 2 75
De chez Pion :
La Vie privé* d'autrefois : L'Hygiène, par Franklin ... 3 »
LaVie privée d'autrefois; Les Soins de toilette, par Franklin 3 >>
»
»
Publications des « TEMPS NOUVEAUX » — N° 25
Jean GRAVE
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/vrftV^ 4 '
Initiative
Cohésion
Première Edition i «O.OOO Exemplaires
Prix: ÎO Centimes
PARIS
Au Bureau des « TEMPS NOUVEAUX»
; ) 4, RUJE BROCA, 4
V „ 1902
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r
Organisation, Initiative, Cohésion 1|
S'il est une chose difficile à faire entrer dans le
cerveau des gens, c'est, à coup sûr, l'esprit de lo-
gique et de pondération nécessaire pour examiner,
soi s toutes ses faces, toute question disculée, avec
assez de hauteur de vue, qui vous permette de vous
dégager d'un particularisme étroit, et de la voir, avec
toutes ses contingences, en tous ses rapports avec
d'autres questions.
Ainsi, parce que, jusqu'ici, on a essayé d'enrôler,
de discipliner et de mener les individus en des sys-
tèmes hiérarchiques et centralisés, que l'on déco-
rait du nom d'organisation, nous avons vu, parmi
les anarchistes, des camarades affirmer que, ne
voulant plus d'autorité, Us ne voulaient plus d'orga-
nisation.
Il n'y a pas à .s'arrêter aux affirmations de
ceux qui, sous prétexte de vouloir paraître plus lo-
giques, ou plus révolutionnaires que qui que ce soit,
poussent leurs raisonnements jusqu'à l'absurde, ou
qui, possesseurs d'un raisonnement trop rudimen
taire, ne s'aperçoivent pas de la complexité des rela-
tions de cause à effet, ne voient jamais une ques-
tion que sous une seule lace, et viennent nous dire
lue leur individualisme ne leur permet pas de se
iier. d'avance par des promesses lorsqu'ils s'asso-
it! Rapport oui devait Hyc lu au Congrès antiparlementaire
:nier ntiotial de 1900, interdit par le ministère socialo-libéral
Miù^aiid-Waldeek-Rousseau .
— 4 — »
cient avec d'autres, affirmant n'avoir d'autre guide
que leur volonté ou leur caprice.
On ne discute pas des absurdités.
D'autres, plus rationnels, comprennent que,
dans la plupart des cas, il est profitable d'associer
ses efforts aux efforts d'autres camarades pour
obtenir une plus grands somme de résultats, qu'il
n'y a d'association possible qu'à condition de s'en-
tendre , au préalable , avec ses coassociés , pour
I bien déterminer l'action commune aussi bien que
l'action de chacun pour une bonne coordination des
efforts associés. Seulement, disent-ils, ce n'est paff
; de l'organisation, c'est de « l'entente libre ».
« Entente libre », organisation, cela en somme
serait peu important, si la confusion ne permettait
d'épiloguer là-dessus, faisant discuter sur des mots
des gens qui sont d'accord sur le fond ; permettant
! aussi à nos ennemis de profiter de la confusion pour
nous présenter comme des hurluberlus qui ne savent
pas ce qu'ils veulent.
Mais cette incompréhension de la question ne-
s'arrête pas là, et c'est bien ce qui prouve combien
il est difficile de s'arrêter au point juste. Compre-
nant la perte des forces qui résultait de cette dissé-
mination des forces anarchistes, d'autres camarade»
ont voulu réagir contre cet individualisme outré,
tenter de réunir les efforts, se faisant les défen-
seurs de l'organisation, venant à chaque occasion
propice présenter des systèmes de fédération qui
n'avaient qu'un tort : d'être Calqués sur les systèmes
centralisateurs et autoritaires, n'assurant la coor-
dination des efforts qu'au détriment dé l'esprit d'ini-
tiative, i
Et cest ainsi que nous \ oyons le groupe des
EtvdianU S, R. I. venir nous présenter le fameux:
r
— 5 —
projet de « bureau de correspondance » qui a été
proposé si souvent aux anarchistes, sans jamais
pouvoir s'acclimater parmi nous.
Bien entendu, dans l'esprit des camarades qui
nous le présentent aujourd'hui, aussi bien que dans
l'esprit de ceux qui le proposèrent autrefois, ce
«bureau de correspondance » ne doit pas avoir
d'autorité ; les groupes qui y adhéreront conser-
veront leur autonomie; son rôle se bornera à servir
d'intermédiaire, et rien de plus.
Ceci, c'est la théorie ; mais il faudrait voir ce
qu'en vaut la pratique.
* *
De quoi se plaint- on? Que les anarchistes man-
quent de cohésion, qu'ils tiraillent un peu au hasard,
sans lien d'aucune sorte, perdant ainsi une partie de
leur force faute de solidité pour donner plus de
suite à leur action.
Il est vrai que, bien souvent, groupes ou indi-
vidus ont bataillé chacun de leur côté, sans chercher
à relier leur action avec celle d'autres qui batail-
laient à côté. Il est bien vrai que les anarchistes
manquent, en apparence, de cohésion, qu'en plus
d'une occasion on s'est trouvé embarrassé pour
trouver des camarades dont on avait besoin.
Mais je ne crois pas que cela soit un si grand mal.
C'est la méthode des partis autoritaires de décréter
l'entente, la fédération, en créant des organisations
et des groupements qui avaient pour but d'assurer
cette union et cette unité de but. Les anarchistes
combattant cette façon de procéder, il était tout
naturel qu'ils commençassent a lutter chacun de
leur côté, l'entente et l'union ne pouvant découler
que de la communauté de but ou d'action.
C'est des groupes eux-mêmes, se reliant peu à
— 6 —
peu les uns aux autres que doit sorti** la fédéra-
tion anarchiste, et non pas parce que Ton aura dé-
cidé de créer un groupement chargé de l'organiser.
Il n'est, du reste, pas tout à fait exact de dire
qu'il n'y a pas d'entente, pas / de relations entre
groupes anarchistes. Ces relations existent aussi
bien entre les groupes qu'entra les individus, seule-
ment elles manquent de façade. Et pour beaucoup, la
façade c'est tout.
Ces relations manquent cependant de coordina-
tion, de continuité et de généralisation. C'est à cette
généralisation, à cette continuité, à cette coordina-
tion que nous devons travailler.
Mais d'autres camarades vont encore bien plus
loin Parce que la p* opagande n'a pas pris la tour-
nure qu'ils avaient cru pouvoir lai imprimer, d'au-
cuns, nouveaux Jirémiea, vont pleurant sur la dis-
pat tion du mouvement anarchisie; clamant que
la propagande je meurt, que la « propagande n'est
plus I »
Ces camarades ont seulement oublié de regarder
autour d'eux et d'examinfïr les faits-
Se rendant fort peu compte combien îes idées
nrogressent lentement, ils attendaient de leur pro-
pagande des coups de foudre qui allaient illuminer
le monde 1
Il y a eu dêsi coupa de fondre, mais le monde n'a
pas été illuminé.
Ils avaient -d'avance élatoné un programme au-
tour duquel les foules allaient se grouper i tracé la
route par laquelle on allait marcher à la conquête
de l'idéal; l'évolution de l'idée devait prendre la
direction que leurs efforts allaient lui imprimer.
Et la propagande s'est ùuùe devant eax, derrière
«ux, de droite, de gauche, en long, en large, en
travers. Ce n'est pas ce qu'ils s'étaient imaginé;
par conséquent, pensent-ils, il «y a rien de frit.
i
— T —
S'ils regardaient autour d'eux, ce» camarade»
Yerriient le travail de désorganisation, lent mais
sûr, qui s'aeeompHt dans l'état social. Ils verraient
l'idée sourdre de toutes part» : en science, en art en
littérature, dans toutes les fauches de l'activité
humaine.
Peut-être le nombre des individus ayant compris,
l'idée anarchiste en toute son ampleur, l'acceptant
dans toutes ses conséquences, progresse- t-il lente-
ment; mais il n'y a pas, à l'heure actuelle, un indi-
vidu réfléchissant qui s'accepte la légitimité de
quelques-unes de no» revendications.
Certes, oe n'est paala trouée rêvée ; ce ne sont que
des Lézardes, infimes encore, mais qui iront sur-
gissant jusqu'à ce qu'elles entraînent ta ruine totale
de l'édifice.
Sans no» vingt ans de propagande antimilitariste
et de négation de l'autorité, croît-on que l'affaire
Dreyfus aurait pria l'ampleur qu'oïl© a acquise» en-
Usinant, quoi qu'ils fissent, la plupart de ceux qui
s'y mêlèrent? accomplissant, en. retour, une besogne
de démolition que n'auraient pas faite vingt autres
années de propagande.
* *
Il faut voir les événements d'une façon plus large,
et bien &l pénétrer de cette idée, que les événe-
ments, que l'évolution même à laquelle nous tra-
vaillons, ne prendront pas la direction que nous
croyons pouvoir leur imprimer. Leur complexité est
bien, trop vaste pour se contenter des petites cana-
lisations oà nous voudrions les endiguer; noire vue
est trop courte pour pouvoir les juger dans leur
ensemble, et les apprécier à leur juste valeur.
Il est de toute nécessité de se faire une idée
nette de ce que l'on veut et d'agir dans ce sens. Mai*
8
les événements dirigent plus les hommes que les
hommes n'influent sur les événements. Et de ce que
cela ne marche >jas selon nos désirs, gardons-nous
de conclure à la négation de ce qui se fait. C'est
peut-être par les côtés dont nous nous doutons le
moins, que s'opérera la transformation désirée.
^Frappons aux obstacles qui nous gênent; mais
n'ayons pas la prétention de croire que le monde
reste immobile parce que nous ne pouvons pas e.i
diriger la marche.
Il n'y a qu'à jeter un coup d'ceil sur les progrès
accomplis par l'idée, depuis le jour où, il y a une
vingtaine d'années, s'affirma en France l'idée anar-
chiste au Congrès du Centre, pour voir que, tout in-
disciplinés et tout morcelés qu'aient été les efforts,
révolution des idées a fait un progrès énorme com-
parativement à la marche des autres idées; et que,
étant donné le peu de- moyens ddmt disposent les
anarchistes, la pauvreté de la plupart, ils ont donné
une somme d'efforts quo n'atteignent pas d'autres
partis disposant de plus de monde et de plus d'ar-
gent.
Le demi-quartercn a fait de nombreux petits.
S'ils s'étaient centralisés ou fédéralisés au début
de leur propagande, les anarchistes auraient perdu,
en initiative et en autonomie, ce qu'ils auraient pu
gagner en unité. Et, du reste, logiques avec eux-
mêmes, sortant de secouer les entraves des partis
révolutionnaires autoritaires, ils faisaient l'appren-
tissage' de leur liberté, en ne prenant conseil que de
leur initiative propre. l
Peut-être, ici, y a-t-il une réserve à faire, et à
reconnaître que cet esprit d'initiative ne fut que
I apanage d un trop petit nombre, qui arrivaient à
— 9 —
entraîner dans leur action ceux qui les entouraient,
action q^i s'éteignait lorsque, pour une cause ou
pour u ul autre, ces individualités venaient à dispa-
raître.
C est pourquoi nous avons vu se former tant de
croupes qui disparaissaient ensuite après une acti-
vité plus ou moins longue, plus ou moins courte.
Mais croit-on que cette initiative ^era suscitée,
parce que l'on aura chargé un groupe de l'orga-
niser? Si les individus ne sont pas pénétrés de cette
idée que telle chose doit être faite, et si, pour la faire,
il est nécessaire de grouper cinq, dix, cinquante,
cent individus, il faut se mettre à l'œuvre de suite,
et se remuer jusqu'à ce qu'on les ait réunis : croit-
on que ce sera un « bureau de correspondance » qui
mettra cela dans la tête des gens? ïïst-ce en créant
un groupe de plus que l'on suscitera les initiatives
qui manquent? Si les anarchistes n'ont pas su, jus-
qu'ici, s'unir et créer entre eux un lien de solides
relations, n'est-ce pas plutôt parce que, jusqt'ici, ils
n'en ont pas senti le besoin, ou que, l'ayant senti, ils
ont manqué de la conviction nécessaire pour agir
dans cette direction ?
Ce fameux « bureau de correspondance » n'est
pas une innovation. On tenta de le créer à la suite
du Congrès que les anarchistes tinrent à Londres
en 1881. Le dit bureau ne put jamais fonctionner.
Plus tard, les camarades d'Italie, dans un de leurs
congrès, décidèrent la création d'un centre pour
eux. L'auteur de cette idée fut désigné pour rece-
voir la correspondance. Et, depuis, il a avoué que
jamais il n'avait moins reçu de correspondances que
lorsqu'il fut désigné officiellement pour les recevoir.
Voilà comment on suscite lès initiatives lors-
qu'on veut commencer par le sommet au lieu de
partir de la base et que l'on confond toujours cohé-
sion avec unification.
— 10
Et la preuve que -1b groupe des étudiants S. R. L
tombe dans cette confusion, ce sont les motifs qu*il
donne pour la création d'un organe international,
venant renforcer le « bureau de renseignements».
*
Etant moi-même l'éditeur d'un journal, j'aurais
bien laissé de côté cette question, si, dans ses consi-
dérants, le rapport des étudiants ne nous donnait un
aperçu de leurs tendances centralistes, dont ils ne
se rendent peut-être pas bien compte eux-mêmes.
Ils pensent faire le procèp des journaux anar-
chistes, en constatant « qu'ils sont aux mains de ceux
qui les font, et que le parti n'a aucun recours contre
eux; que, s'il plait à ces propriétaires de journaux
d'éliminer une question, ils peuvent le faire, les
anarchistes se trouvant à leur égard aussi désarmés
que devant les journaux bourgeois ».
En formulant cette critique, nos camarr.des du
groupe des étudiants se montrent ignorants de ce
que peut et de ce que doit être un journal pour faire
de la bonne besogne, et ils oublient une chose,
c'est que, s'il y a un courant d'idées se dénommant
anarchisme, courant qui a, en effet, quelques lignes
générales nettement définies quant au but, par
contre les façons d'en concevoir la réalisation sont
multiples; et la divergence est telle que Ton se
traite, plus d'une fois, mutuellement de réaction-
naires. Ces divergences subsisteront toujours assez
grandes pour se refuser à, toute unification, seront
toujours assez contradictoires pour refuser de s'as-
socier à la même œuvre, et, loin de désirer à les voir
s'atténuer, nous devons, . au contraire,, espérer
qu'elles évolueront chacune dans leur direct" en.
Personnellement, je n'ai, contre la désignation de
* parti », aucune répulsion prononcée. Si, sous ce
A
— il —
vocable, on veut désigner seulement une catégorie
d'individus qui, ayant un fonds d'idées communes,
ont, de ee fait, une certaine solidarité effective et
morale contre Beur adversaire : la société bour-
geoise, j'accepte J'épithète de « parti anarchiste ».
Mais si l'o» vienit me parler de groupe chargé
de or représenter le parti », d'organe « chargé d'ex-
primer les idées du parti », je déclare que je re-
pousse, pour ma part, cette façon d'envisager les
choses ; car, dans un groupe, si petit soi Ml, il y a
toujours forcément certaines divergences d'idées
parmi les membres qui te composent. Et lorsque
ce groupe alErme des idéei comme siennes, ce n'est
qu'une moyenne de ces idées, car s'ils les exposaient
toutes, ce ne serait plus une affirmation qu'il ferait,
mais un simple exposé contradictoire.
Or, comment iepez~vottS un organe officiel du parti
anarchiste exprimant les idées, du * parti anar-
chiste », alors que lest anarchistes ne sont et ne peu-
vent être d'accord sur toutes les questions?
Ainsi, pour ne prendre quie quelques points, nous»
sommes tous d'accord qu il faut lutter contre la pro-
priété, mais par quels moyens la renverserons-
ikhiSt? Voilà où il est difficile de se mettre d'accord.
D'aucuns préleedeûi que le vol est un de ces
moyens; d'autres — dont je suis — ne voient dans
ce moyen qu'une adaptation à la société bourgeoise.
Certains voient dans les associations coopérative*
le germe des groupements de la société future,
d'autres les considèrent comme des moyens bour-
geois d'étayer la société bourgeoise.
Nous sommes tous d'accord qu'il faut lutter contre
le patronat ; quelqiies-uaa de bobs, tout en considé-
rant que les syndicats ne sont pas la perfection
— 12 —
comme moyens de lutte, pensent qu'il est utile de s'y
mêler pour y faire de la propagande; tout en sachant
qu'une augmentation de salaire n'est qu'une amé-
lioration temporaire, sans aucun effet sur le> résultat
désiré, ceux-là pensent que tout anarchiste est soli-
daire des ouvriers de sa corporation, puisque, à
l'heure actuelle, eu égard à leurs conceptions, c'est
le seul moyen qu'ils aient de lutter contre les exi-
gences patronales. D'autres encore, trouvant les
syndicats trop réactionnaires et les grèves trop ano-
dines, refusent de s'y mêler.
Quelques-uns pensent que, le mariage légal étant
reconnu absurde, il est du devoir de tout anarchiste
de ne pas se prêter à cette comédie. D'autres préten-
dent que, étant donnée la société bourgeoise, c'est
une sauvegarde pour la femme, et qu il n'y a rien
d'antianarchiste à passer devant le maire.
Nous voulons tous l'affranchissement le plus com-
plet de l'individu, sa liberté d'action la plus absolue ;
mais comment s'opérera cet affranchissement? dans
quelles conditions agira cette liberté ? voilà où com-
mence le désaccord.
D'aucuns, et j'en suis, pensent que, l'individu
n'étant pas un être abstrait, mais bien une réalité
tirée à près de deux milliards d'exemplaires, ces
libertés doivent se respecter réciproquement les unes
les autres pour pouvoir évoluer harmoniquement.
D'autres affirment que l'individu est tout, "et n'a
à tenir compte que de lui.
Mais, le plus souvent, il arrive que ce sont ceux
qui affirment la solidarité de tous les êtres humains,
qui sont forcés de défendre les droits de l'indivi-
dualité contre l'autoritarisme de c ux qui préten-
dent être les seuls défenseurs de l'individu.
Or, notez que je ne prends que les opinions ex-
trêmes ; entre chacune, la diversité est grande, il y a
des gradations et, sur chaque point fondamental où
— 13 —
nous pouvons être d'accord, il y a aussi une diver-
gence de vues quant à la réalisation, divergences
qui, en une foule de cas, vont à l'antagonisme absolu
Rien que cela démontre déjà l'impossibilité de
faire un organe officiel du parti.
Mais il y a autre chose. Il est nombre de cama-
rades dont je ne veux pas contester le dévouement
et îa sincérité, mais qui ont parfois des inconti-
nences de plume un peu menaçantes pour tout or-
gane qui voudrait leur prêter ses colonnes.
De ceux-là, insërerez-vous la copie? — Je n'en-
visage pas l'hypothèse de l'insertion, car les résul-
tats ne tarderaient pas à devenir comiques ; mais à
côté de ceux-là, il y en a un plus grand nombre
dont les communications, se tenant entre le bien et
le mal, ne sont pas à la rigueur mauvaises, mais
n'apportent rien de saillant dans la question qu'elles
traitent, et n'ont que l'inconvénient de tenir la place
d'un article plus utile. Qui ou quoi décidera de leur
insertion ou non?
Je ne vous demande pas comment vous aurez re-
cruté votre comité de rédaction; si vous l'aurez
nommé à lu majorité, ?l.y acclamation, ou s'il se
recrutera lui-même ? — je constate qu'il vous fau-
dra bien choisir un petit nombre de camarades aux-
quels vous aurez confié la besogne; leur mandat
devra être, ou d'insérer tout ce qui leur arrivera, ou
ils auront mission de faire un tri? Et alors, quel
sera leur critère de ce qui devra être inséré, ou de
ce qui devra être repoussé? — Devront-ils convo-
quer tout le parti, lorsqu'il y aura contestation?
Je ne -.'eux pas faiie de questions personnelles
au Congrès. Seulement, comme on a mis en cause
les journaux existants, il me faut bien en parler
- il —
aussi. Nous sommes, aux Temps Nouveaux, un petit
groupe de camarades qui faisons un journal pour
y développer nos idées, notre façon d'envisager les
choses sous notre propre responsabilité.
Nous n'avons nullement la prétention de repré-
senter toute l'anarchie. Nous disons ce que nous
pensons ; ceux qui pensent que nous faisons de la
bonne besogne nous aident, ceux qui n'en sont pas
satisfaits ne nous aident pas* cela va de soi. Chacun
porte ses efforts vers ce qui répond à sa propre façon
de voir, c'est conforme à l'idée que nous nous faisons
de l'initiative.
Néanmoins le rapport du groupe de» Etudiants
S. R. I. contient une affirmation que je ne veux pas
laisser passer. Pour appuyer sa proposition de créer
un organe appartenant au parti anarchiste, il donne
comme argument que» lors de l'affaire Dreyfus, il ne
put trouver d'organe où exprimer son idée sur ce
sujet.
S'il se fût adressé aux Temps Nouveaux, il aurait
pu se faire qu'on lui en, eût refusé l'insertion. À ce
que noust insérons, nous demandons des qualités de
fond et de forme qui nous rendent assez sévères là-
dessus. Il est toutefois une chose certaine, c'est
que, au sujet de l'affaire Dreyfus, notre censure n'a
pas eu à se prononcer sur la prose du groupe des
lltudiants. Il ne nous a jamais rien présenté sur
cette question.
Si je relève ce petit fait, ce n'est pas pour faire
une apologie, croyez-le bien, la rédaction des Temps,
Nouveaux n'a à demander de certificat d'anarehisnie
à qui que ce soit. Nous insérons ou refusons de la
copie selon nos idées, selon nos impressions du mo-
ment, Nos insertions comme nos,; refus peuvent ne
pas être toujours absolument justifiés. Nous serions
plus que des hommes si nous ne nous trompions ja-
mais. C'est cependant comme cela que se créent les
r
15 -
légendes. Aujourd'hui, on affirme qu'il y a eu des>
journaux anarchistes pour refuser de laisser ex-
primer l'idée d'un groupe sur l'affaire Dreyfus,
demain un autre demandera quel intérêt il pouvait
bien avoir à ne pas laisser ouvrir cette discussion,
un troisième affirmera qu'il était payé pour cela.
Moi aussi, à mes débuts dans le mouvement, j ai
cru à une conformité absolue d'idées entre tous 1 s
anarchistes; moi aussi, je croyais que l'on pouvait se
fondre tous dans le même effort. Cette croyance
ne provenait que de mon ignorance.
L'expérience nous démontrera complexité des
choses. Au fur et à mesure que notre cerveau s'en-
richit d'une connaissance nouvelle, c'est comme si
nous gravissions une montagne oi, plus nous mon-
tons, plus le panorama s'élargit à nos yeux. A cha-
que acquisition nouvelle, nous nous apercevons de
la multiplicité des facteurs qui concourent à une
question qui, au début, nous paraissait si simple,
nous la montrant avec des conséqu es que nous
étions loin de soupçonner, modifiant nos intransi-
geances premières.
Les hommes ne peuvent bien représenter que
leurs propres idées, leurs propres aspirations, ne
défendre que leur seule façon de concevoir les
choses.
Une unité de vue est irréalisable ; ensuite, elle
serait funeste, parce que ce serait l'immobilité. C'est
parce que nous ne sommes pas d'accord sur cer-
taines idées que nous les discutons, et qu'en les dis-
cutant nous en découvrons d'autres que nous ne
soupçonnions pas. Il faut une grande, divergence
d'idées, de vues, d'aptitudes, pour organiser un état
social harmonique. C'est seulement lorsque toutes
ces divergences peuvent s'affirmer et évoluer quil y
— 16 —
a vie. C'est pourquoi un journal, s'il veut faire une
besogne sûre, continue, ne peut être l'œuvre que
d'un ou plusieurs individus, d'accord sur ce qu'ils
veulent, ne tenant de mandat que de leur seule
volonté, et le faisant à leurs risques et périls. L'œu-
vre vaudra par ce qu'ils vaudront eux-mêmes.
Plus leur ligne de conduite sera nette et définie,
moins ils s'en laisseront dévoyer, plus ils auront
chance de satisfaire moins de monde. Mais n'est-ce
pas là la véritable initiative anarchiste ?
Ceux qui n'en sont pas satisfaits n'ont qu'à faire
mieux à côté ; c'est encore là de la bonne initiative.
C'est en voyant mifltiplier les journaux, les livres et
les brochures, où chacun tâchera de démêler et
d'expliquer sa façon de concevoir les choses, que
nous avons chance de voir se développer toutes les
idées, tandis que ce serait un moyen sûr d'en
étouffer en essayant de canaliser le mouvement —
chose absolument impossible, du reste.
Maisque Ton ne s'y méprenne pas, j'explique ici
les fonctions d'un journal. Je n'ai nullement la pré-
tention de m'élever contre la création d'un nou-
veau. S'il y en a qui ne »ont pas contents de ceux
qui existent, qu'ils en fass »"it d'autres à côté, rien de
mieux ; plus il y aura de irnaux qui vivront, plus
ça montrera que l'idée ai^rcniste prend de l'exten-
sion. Et comme je suis convaincu que les efforts que
Ton apportera, pour faire vivre ceux que l'on créera,
ne seraient pas faits pour ceux existants, puisque,
justement, on ne veut les créer que parce que les
autres ne répondent pas aux desiderata des dissi-
dents, c'est toujours autant de gagné pour l'idée,
puisque cela donne lieu à des efforts qui ne se pro-
duiraient pas autrement. (
Seulement, sachons bien définir ce que nous vou-
lons, ne nous laissons pas influencer par les survi-
vances de notre éducation autoritaire, ne nous
— 17 —
payons pas de mots, et sachons surtout démêler, en
notre esprit, nos propres mobiles, afin de ne pas
donner une fausse direction à notre action.
Nous avons aboli, pour nous, la délégation aux
parlements; une bonne fois pour toutes, mettons-
noas dans l'idée que si, en certains cas bien spé-
cifiés, bien déterminés, un mandataire peut nous
remplacer avantageusement, il n'en est pas de
même s'il s'agit de questions générales.
Et c'est vrai pour un journal. Vous pouvez bien,
en le créant, décider qu'il sera l'organe de tous. En
fait, il sera l'organe de ceux qui le feront ; de par
la force même des choses, il ne peut en être autre-
ment.
*
Mais j'en reviens au « bureau de correspon-
dance ».
Nous avons vu que ce ne sont pas les moyens qui
manquent aux anarchistes de se mettre en rapport,
mais -le sentiment de Futilité de ces relations. Ce
n'est donc pas à créer un rouage inutile que nous
devons nous essayer, mais à bien faire comprendre
cette ^nécessité d'avoir des relations directes entre
groupes, entre individus, même lorsqu'on ne pense
pas absolument de même sur toutes les questions.
Gardons-nous de réintégrer parmi nous les impe-
dimenta que noua critiquons chez nos adversaires.
Travaillons à faire comprendre à chacun de nos ca-
marades combien il est utile, combien il est néces-
saire de se connaître, d'échanger des idées, de se
prêter un appui mutuel dans la mesure de ses forces.
Et le meilleur moj^^<jjj<j^^ d'exemple.
Que les groupes gU^Swfr cam^r^ : cette utilité com-
mencent de suit£ jbs'àboucheréiyksemble, formant
ainsi le premier àfoyâu* aigYieï^ifendront s'ajouter
ceux qui en auront cofi^rife Vvimp par la suite.
\ - ;<*■■■/
— 18 —
Je ne m'appesantirai pas longtemps sur le danger
«que présente, au point de vue de la police, un groupe
central. Il lui suffira de tracasser ce groupe, d'en
disperser les membres, pour entraver cet échange de
correspondanccb que l'on veut créer.
Tandis que s'il y a cinquante, cent, deux cents,
cinq cents groupes en relation les uns avec les au-
tres, correspondant directement, ayant chacun les
adresses de ses correspondants, le travail devient
beaucoup plus difficile pour la police; car vingl,
-cinquante, cent groupés peuvent disparaître ; s'il en
reste dix debout, rien n'empêche ces dix de corres-
pondre.
* »
Mais cela n'est qu'un petit côté de la question. De
<juoi se plaint- on? que les groupes anarchistes n'ont
pas assez d'initiative pour se rechercher et nouer des
relations entre eux, et quel remède propose-t-on?
Créer un groupe aux attributions mal définies qui
aura l'air de vouloir faire ce que les groupes ne sa-
vent pas faire eux-mêmes.
Le groupe aura-t-il pour mission de recevoir les
correspondances, d*y répondre, de les communiquer
aux autres? Ce serait une centralisation pouvant
devenir dangereuse, et que je combattrais de toutes
aie» forces.
Ne sera-t-il là que pour centraliser les adresses et
tes communiquer à ceux qui les demanderont, tâ-
chant, par surplus, de relier les groupes entre eux?
Alors, c'est inutile de créer un rouage qui peut être
«ne entrave. Je l'ai déjà dit, que les groupes exis-
tants commencent eux-mêmes et par eux-mêmes.
Ayons la réalité au lieu de la façade, ça sera beau-
coup mieux.
<3etle façon d'envisager les choses est un autre
reste de notre éducation autoritaire. Parce qu'il
r
— ifr —
n'existe pas un groupe spécialement chargé de la
correspondance, on s'imagine que la correspon-
dance n'existe pas. Les groupes et les individu»
peuvent bien, échanger leurs idées, cela ne compta
pas. Il n'y a pas de façade^ — Tandis qu'avec us»
groupe portant Véti<$uette de bureau de corres-
pondance, la façade existe. Tant pis s'il n'y arien
derrière.
*
Les organisations centrales: ont leur utilité dan»
les partis autoritaires» ayant un, programme unique,
discuté — ou accepta — point par pcUt, duquel il
n'y a pas. à s écarter, et que chaque adhérent ac-
cepte intégralement.
'tant que les individus ne mettent pas ce pro-
gramme en discussion, le groupe central ordonne,
dirige, semble rendre des services, en assumant
l'initiative <gi'il a tuée ehea les individualités.
Mais quand ces dernière» commencent à* se sentir
entravées, aile» croient « sa libérer en changeant
les hommes chargea de les diriger. Nous autres qui
avons compris l'abaurdU* du système,. cpû avons
commencé à* nous débarrasser des individualité»
directrices, ne tombons pas en. de semblables tes**
yers, ne nous contentons pas de changer le nom d un
rouage, nous imaginant avoir changé la chose.
Unissons-nous, solidariaons^nous, coordonnons
nos effort*, mais en le» forme*, neuve liée qu'exige
notre nouvelle conception den relations d'indiviau
à individu,
Autrefois,, au début du mouvement anarchiste en
France, il me souvient qu'un, groupe, le G*x**p* d'E-
tudié soeiaksdes V* etXII& arrondi^emenls de Pari**
esoaya.de réaliser ce projet de Xédér ation de* groupe*
anarchistes, et réussit, pous sa nact», à la maintenir
tant qu'il vécut.
;:)
■!}'■
>
"I
— 20 —
Pénétrés de cette idée qu'il est bon de se con-
naître, d'échanger ses idées, de se tenir mutuelle-
ment au courant dé la besogne faite, les membres
dudit groupe écrivirent à tous les camarades ou
groupes dont ils purent se procurer les adresses ;
au bout de six mois, ils avaient des correspondants
partout où il y avait des anarchistes avec lesquels
ils échangeaient leurs idées.
Afin, de, généraliser cette façon de faire, et pour
que ïa correspondance ne se bornât pas entre le seul
groupe des V fl et XIIP et ses correspondants, mais
aussi entre ses correspondants eux-mêmes, et afin
de les y stimuler, le dit groupe imagina de fonder
un bulletin qui aurait été l'organe de cette fédéra-
tion, où Ton aurait publié les travaux des groupes,
les parties intéressantes de leurs discussions, soit
au sein de chaque groupe, soit entre groupes,
Et toujours pour éviter la centralisation, les
groupes en relation devaient, chacun à leur tour,
publier un numéro du bulletin. Cela les forçait à cor-
respondre avec les autres ; cela leur donnait égale-
ment de la vitalité, en les intéressant à une action,
en leur donnant de la besogne; car, à cette époque,
nous étions trop peu nombreux pour penser à des
essais de réalisation; nous ne pouvions aborder que
la discussion.
Le groupe des V* et XIII e publia le premier numéro
de ce bulletin tiré au polycopie. Mais vinrent les
événements de Montceau, de Lyon, les arrestations
qui s'en suivirent : plusieurs camarades furent forcés
de changer de localité ; l'œuvre avait encore trop peu
de racines pour subsister après la dispersion du
groupe initiateur, l'essai en resta là. Mais le peu qui
fut réalisé nous montre que l'idée est pratique, qu'il
ne s'agît que* d'y apporter de la persistance, avec
cet avantage énorme que les groupes sont forcés
d'user d'initiative ^eux-mêmes, alors qu'un groupe
/. \
-1
— 21 —
spécialement chargé de la correspondance aurait
pour effet, sinon de l'annihiler, de ilatter tout au
moins l'inertie des individus ; ceux-ci n'ayant que
trop de tendances à^se reposer de la besogne à faire
sur ceux qui leur promettent de les remplacer.
Et si, depuis vingt ans que Ton cherche à créer
des relations, par la création de « centres », un
groupe de camarades s'était mis à la besogne, en
commençant par entrer lui-même en correspon-
dance avec les groupes qu'il aurait pu découvrir,
s'il avait tenu c itte correspondance suivie, persis-
tante, essayant d'amener ses correspondants à cor-
respondre eux-mêmes avec les groupes et individus
de leur connaissance, il y aurait aujourd'hui un fort
noyau de groupes et individus en relations systéma-
tiques entre eux.
Mettons-nous bien «dans l'idée que rien ne se crée
de toutes pièces ; commençons par les unités, ce sont
des unités ajoutées Tune après l'autre à un premier
noyau qui arriveront à former le bloc que nous dé-
sirons.
Mais il ne faut pas nous le dissimuler, si les
groupes sont isolés, s'il s'est si peu créé de. rela-
tions entre eux, c'est que, en somme, il existe peu de
groupes, que la durée de ceux qui se créent, à part
quelques exceptions, est éphémère et que, pour parer
à ce ooté faible de notre propagande, ce qu'il fau-
drait surtout, c'est donner aux groupes une direc-
tion, et réveiller l'esprit, d'initiative qui, jusqu'ici,
n'a été le fait que d'un très petit nombre parmi ceux
qui se disent anarchistes.
Mais expliquons-nous. Lorsque je ^dis direction,
je m'eiiteiids l je veux dire qu'il faudrait trouvée des
motifs de groupement assez puissants pour stimuler
l'activité de ceux qui y participent, de façon que
i
«
ç>2 — •
ces groupes se maintiennent par l'action, et ne dis-
paraissent pas, comme cela arrive la plupart du
temps, faute de savoir quoi faire.
^ S'il existe si peu de groupes, si ceux qui tentent
oe s organiser dureat... « ce que durent les roses »,
cela tient à ce que noua savons bien tous, ce dont
nous ne voulons plus; nou» savons bien» au fond, ce
que nous vonbn»; mais, de quelle façon détruirons-
nous ce dont nous ne voulons plus? comment réali-
serojaa-nous ce que nous voulons ? voilà où nous di-
vergeons tous* et ce que nous ignorons à peu nrès
totalement.
Nous voulons la Révolution, d'accord. Mais la Ré-
volution n'a aucune vertu, par elle-même ; elle n'ac-
complira que ce que sauront faire ceux qui y parti-
ciperont. Et, en dehors des lignes générales, autant
d idées que d'individus.
Et puis, la Révolution ne se fait pas d'un bloc, il
faut qu elle soit amenée par un, état d'esprit, par une
évolution d'idées qui la préparent* Ét r là encore, à
ptktt le vide à faire autour des institutions politique»
sur lequel nous sommes tous d'accord, nous sommes
plus ou moins à la recherche des moyens pratiques
a* tenter, dès à présent, U propagande contre le
snlatiat, contre la propriété individuelle, capitaliste*
centre les préjugé* existants, etfemt ce qui concerne
1* vae économique»
* »
îlStea que je ae veux pas faire le proeè* de la d*
v*«*gence d'idées existant parmi nous. te la crois*
éll contraire, iaévitabie d r aner< et ensuite néces-
saire et très utile. C'est de la diversité, que naisses*
la vie et le mouvement* Noms vouions; l'harmonie
•iftOtt runiôcatton^ce qui n'est pas du tout La marne
énttte.
11 est donc arrivé ceci : d*accor4 sur les lignes
— 23 -
général es, chaque fois que des individus tentent de
former un groupe, c'est dans un but de propagande
générale. Cela est large comme idées, mais très res-
treint comme activité ; aussi, ce que fait le groupe,
c'est d'ouvrir des discussions en son sein, s'il a des
adhérents capables de les soutenir, ou de faire un
journal, s'il y en a qui pensent écrire des choses in-
téressantes.
Tant que les discussions restent intéressantes,
i«« réunions du groupe sont suivies ; mais si la con-
tradiction vient a manquer, ou que les membres du
groupe arrivent à être à peu près d'accord, l'intérêt
faiblit, •&, après un tempe plus ou moins long, les
réunions au groupe sont peu ou point suivies, le
groupe disparait, Pour un journal, c'est bien moins
long encore, car il faut de l'argent pour faire vivre un
journal, et c'est ce qui manque toujours.
Aujourd'hui, quelques groupes si sont mis à or-
ganiser des causôràfla^awtouction et des bibliothè-
ques; quelques-uns yunttaravé une source de vie
et d'aoti vite. Seulement* il est bien évident que là ne
peut se borner 1 activité de tous tes anarchistes., et
que Ton ne refait pas ne qal existe déjà.
t »
Un autre défaut» c'est que Ym ne veut s'attaquer
qu'aux choses immé&ateuiea* téaHsables. €e qui
demanderait de longs efforts, des «muées de patience
et de travaH n'a aucun attirait; l'on veut lorsqu'on
entreprend quelque chose, obtenir des résultats im-
médiats. Et comme H existe peu de pft»ts de notre
idéal qui soient réalisables immédiatesment dans
l'état social actuel, les chances d'agir/el de se grou-
per se trouvent d s autant plus réduites".
81 nous étions moins dm patients, noua ne nous
pas détourner de certains buta, parée
— 24 —
qu'ils exigent trop de temps. Le temps n'est rien
dans la marche d'une idée, l'important est que
Ton fasse quelque chose.
Or, si Ton veut faire quelque chose, il ne faut pas
vouloir trop embrasser, mais prendre une idée bien
nette, bien définie et essayer de la mettre en pratique.
Il est impossible de donner une énumération de ce
qui pourrait être fait, il m'est impossible de définir
un programme si vaste ; nous ne pouvons le con-
naître que par l'initiative de ceux qui, convaincus
que telle chose peut être réalisée, se mettront à
l'oeuvre pour l'essayer.
Mais je puis prendre quelques exemples parmi
les desiderata qui se font jour, déjà, dans les journaux,
dans les discussions.
* *
Ce qui empêche beaucoup d'individus d'affirmer
pius carrément leurs idées, c'est qu'ils peuvent per-
dre leur travail, et condamner à la misère ceux fiont
ils ont charge. Pîus d'un, parfois, se révolterait
contre une loi, contre un préjugé, qui ne se sentirait
nullement arrêté, par la perspective de quelques se-
maines de prison, s'il savait que les siens ne seront
pas abandonnés pendant ce temps.
Certes, la solidarité ne manque pas parmi les anar-
chistes, chacun fait ce qu'il peut autour de lui,
chaque fois que le besoin s'en fait sentir, mais ce
n'est pas la fortune qui gêne les anarchistes ; on
peut bien faire un sacrifice une semaine ou deux,
mais si la situation se prolonge, on est forcé de
penser à ceux qui vous sont plus proches, et la soli-
darité est forcée de se restreindre.
En quelques cas, les journaux ont» pu suppléer,
mais ce ne sont que des efforts intermittents,
qui ne font que parer au plus pressé, et ne valent
pas les efforts d'un groupe permanent qui s'occupe-
— 25 —
rait spécialement de ramasser de l'argent pour le*
familles des détenus, soit en lançant des listes de
souscription, soit en organisant des confiances,
des représentations ou attractions susceptibles de
faire tomber de l'argent en caisse, soit en se pré-
sentant chez ceux qui ont de l'argent et prétendent
être avec nous {!).
Il y a l'idée de la Grève Générale dont on parle
beaucoup, mais autour de laquelle aucune propa-
gande bien suivie n'a été faite. Là encore il se for-
merait un groupe spécial qui donnerait tous ses
efforts àfaire pénétrer cette idée partout, au moyen
de conférences, brochures, manifestes, intervenant
dans les grèves partielles, en venant à la rescousse,
afin de pouvoir se faire mieux écouter.
Nous avons la propagande contre la guerre, et
antimilitariste. 11 n'y a pas àvous démontrer tout ce
que pourrait faire un groupe spécialement adonné
à ae. genre de propagande. Quand ça ne serait que
pour aider à trouver du travail les conscrits qui
préfèrent fuir à l'étranger.
Il y a la propagande dans les campagnes qui
demanderait à être faite d'une façon spéciale par un
groupe ayant cet objectif, et se pénétrant bien de
la façon dont il faut opérer.
Nous avons la « journée de huit heures », dont
les politiciens se sont fait une plate-forme électorale
et qu'ils présentent comme un remèds à tous lés
maux.
Or, si travailler seulement huit heures par jour
n'est pas une panacée, ce n'en fest pas moins un
progrès sur l'état présent. Pourquoi ne prendrions-
nous p:»s cette idée à notre compte, et ne tenterions-
nous pas de la réaliser, puisqu'elle a chance de
grouper les travailleurs ?
(1) Ce groupe s'est formé depuis.
— 28 —
Non pas pour demander au Parlement de voter
cette loi, mais pour organiser lçs travailleurs et les
amener à ce qu'ils la mettent eux-mêmes en prati-
que, en se présentant un beau jour à l'atelier et disant
au patron : « Nous avons décidé de ne travailler
que huit heures, nous ne ferons pas dix minutes de
plus », et tenant ban jusqu'à ce que le patron se ré-
signe à leur volonté»
Cette amélioration, réalisée, les individus vou-
draient en réaliser d'autres. Ayant compris la
force de la volonté et de La cohésion, soyons sûrs
que ce n'est plus aux législateurs qu'ils iraient de*
mander la réalisation de ce qu'ils voudraient.
Il y a l'éducation des enfants dont l'Etat a gardé
le monopole et auquel noua pourrions., tout au
moins, enlever celle des nôtres. Un groupe s ^occu-
pant de réunir les enfants pourrait rendre de grands
services.
Je vous cite ici des exemples d'action plus immé-
diate ; mais il y a des cas d'action plus éloignée pour
lesquels on pourrait cependant se grouper.
Il y aie refus de l'impôt; la grève des locataires;
la résistance à certaines lois, à certains règlements.
Il peut y avoir association d'individus pour orga-
niser entre eux une entente économique pour se
procurer les facilités de la vie, en abolissant entre
eux toute valeur d'échange.
11 y a des cas de résistance aux lois où un indi-
vidu isolé n'osera pas le tenter, mais qu'il accomplira
aisément, s'il se sent soutenu, imité, ou s'il peut le
faire au milieu d'aut es.
* *
Nous nous réclamons de rinitiathfe, et c'est ce qui
existe le moins parmi nous. Ajoutons à cela le
désir de transformer l'état social d'un bloc, voilà
i
F" —
i n B . .. i n »i 1 n B nj pp m 1 1
— 27 — '
pourquoi nous n'avons, jusqu'à présent, fait que
discuter, et rien essayé encore pour préparer cette
transformation.
Je voyais, dernièrement, dans un livre sur l'Amé-
rique, comment là-bas l'initiative individuelle avait
réussi à se substituer à l'omnipotence de l'Etat.
Certes, celui-ci est toujours le défenseur du capital ;
m*ûs au lieu qu'il se glisse dans toutes les relations
sociales, jusque dans la vie journalière de l'individu,
ce sont les individus eux-mêmes qui, lorsqu'ils sen-
tent le besoin d'une chose, se frroupent^ s'unissent.
et organisent ce qu'ils ont décidé.
Ici, bientôt, lorsqu'on voudra obtenir une dimi-
nution de son loyer, on demandera à l'Etat d'inter-
venir.
Pourquoi, lorsque nous sentons la nécessité d'une
chose, que no<uscroyo»s à sa réalisation, ne ferions-
nous pas appel à ceux qui sentent cette nécessité,
qui croient à sa réalisation ?
On ne sera que dix, que ving-t au début, alors qu'il
faudrait être des milliers pour réussir : e h bien ! que
ces dix, <iue ces vingt fassent la. propagande pour
cette idée, qu'ils travaillent jusqu'à ce qu'ils aient
amené à eux le nouerions nécessaire pour la réalisa-
tion de leur idée. Qu'importe le temps? Que Ton
n'ait phis foi aux transformations miraculeuses
qui ne relèvent que de ialoi à 1» Piwide noe.
ïi en est de même poux les ressources pécuniaires.
Onatoajours tablé sur les millions providentiels qui
devaient tomber dans la oaisae des groupes, pour
leur permettre de foire la propagande, et on n'a-
pas su s'astreindre à la cotisation patiente, régulière,
qui fait plas que toutes les combinaisons imaginées
pour amener la grosse somme.
> — 28 —
Il ne s'agit pas ici d'imposer des cotisations
fixes, sous peine d'exclusion ; mais il faudrait que les
individus sachent qu'ils ne peuvent compter que
sur eux-mêmes, sur leur seule action, sur leurs
seuls efforts, et que les sous ramassés un à un finis-
sent par faire des sommes importantes, lorsqu'on y
met de la persévérance.
Je sais qu'il y en a qui ont dit que c'était prêcher
^'abnégation ; que, pour les anarchistes, tout cela
était changé ; que ce n'était qu'en améliorant son
propre sort que l'individu arriverait à changer l'état
social, que les privations qu'ils pouvaient s'imposer
pour la propagande ne signifiaient rien, que c'était
aux bourgeois qu'il fallait faire payer les frais
de la guerre.
Tout cela est morale de jouisseurs qui, dans l'anar-
chie, n'ont voulu voir que ce qui flattait leurs appé-
tits.
Il est évident que les anarchistes n'ont pas à faire
vœu de pauvreté. S'ils peuvent améliorer leur situa-
tion personnelle, ils auraient tort de ne pas le faire,
puisque, s'ils sont réellement convaincus, c'est un
supplément de ressources pour la lutte qu'ils y
trouveront. Mais il est difficile, dans l'état social
actuel, d'améliorer sa situation, sans que cela soit
au détriment de quelques autres. Les cas sont très
rares où les individus puissent devoir cette amé-
lioration à leur seul travail. Et ils restent toujours
des cas individuels, sans aucune influence sur la
situation générale.
Notre propagande n'est qu'une lutte contre ï'état
social actuel. Toute lutte comporte efforts, sacri-
fices. Et lorsque la conviction ne sait pas s'astreindre
à quelques-uns de ces sacrifices Qu'exige la lutte,
c'est une conviction bien peu efficace et bien peu
solide. Ce n'sst pas du dehors que nous devons
attendre les ressources pour mener la lutte. Et
, — 29 —
lorsqu'on dit que « l'émancipation des travailleurs
ne sera l'œuvre que des travailleurs eux-mêmes », il
rie faut pas sous-entendre l'œuvre d'une entité qui
surgira cTon ne sait ou, mais bien la besogne de
chaque travailleur qui se mettra à l'œuvre lui-même,
travaillera dans son milieu, associera son action à
celle d'autres travailleurs.
De même pour la révolution anarchiste. Elle
sera l'œuvre des individualités qui auront *su agir
dans leur propre milieu, auront su s'associer, se
grouper pour les besognes trop fortes pour être
entreprises isolément. Seulement, ce qu'il ne faut
pas oublier, c'est que l'œuvre des collectivités n'est
que la somme des efforts des unités qui les com-
posent, qu'elles sont impuissantes si ceux qui les
composent ne savent pas agir eux-mêmes, et y
consacrer les efforts nécessaires à la réussite.
* »
Comme je l'ai dit plus haut, il est impossible
d'énumérer toutes les formes du groupement ; ce
sont les préférences de chacun qui doivent les diri-
ger, leur faire rechercher ceux qui pensent comme
eux.
Et quelle que soit la diversité de but, ces groupes
peuvent être utiles les uns aux autres. En dehors de
l'idée qui peut absorber vos efforts, il peut y avoir
nombre de cas et de façons où Ton peut être utile à
ceux qui consacrent les leurs à une autre réalisation.
Soi-même on peut avoir assoz de forces à dépenser
pour faire partie de plusieurs groupes à objectifs
différents, c'est pourquoi il serait urgent d'établir
le plus de relations possible^ entre groupes et
individus, à condition que ces relations soient spon-
tanées, directes, sans intermédiaires.
Un autre avantage de cette façon de procéder en
■ww
— 30 —
dehors de celui de faciliter la propagande, c'est
qu'elle nous préparera à la vie de la société future,
en nous habituant à agir selon nos conceptions',
selon notre tempérament, selon nos aptitudes. C'est
en développant notre initiative que nous pourrons
résister aux empiétements de nos maîtres écono-
miques ou politiques. Et du jour où nous serons
habitués à cette façonne procéder, nous n'aurons
plus peur d'être su*j*ris par h Révolution, car
nous aurons, nous ^.ntfrsi, uaa« organisation nouvelle,
prête à se substituer à cejle^que nous aurons ren-
versée, , ;i ■; \ \
i -
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Hollande, franco t f r . «o ; édition d'amateur : 3 & 50. p *
Il ne reste qu'un nombre très limUé" de collections complètes, Elles
it vendues 7& francs ce qui est paru de l'édition ordinaire, 180 francs
sont
celle d'amateur.
En dehors de l'album, nous avons:
Un repaire de malfaiteurs, par Vuillaume ... I » franco 1 15
Bakounine, portrait au burin par Barbottin , . , » 50 - » 60
Proudhon, par trait au burin par Barbottin. , . , » 50 — » 60
Caflero *> 50 ~ » 60
Un frontispice en couleur, par Vuttiaum, pour
le premier volume du Supplément . . , , . , 2 25 - 2 40
Celui du deu^me volume, par JPwtaro . . . t . 2 25 - 2 40
Celui du troisième, par Willette, est en préparation.
■»*i^»« i ia mm
BROCHURES DE BRUXELLES
A M. Emile Zola, par Ch. Albert franco. » 15
Quelques Vers, par Hiehepin » 15
L'Humanisphère, par Dejacques \ 20
ï - ?? ^^^W»** Internationale, par W Teherheso/F '. 1 20
L'Art et la Révolution, par Wagner ..... l 20
Un peu de théorie, par Malatesta » 15
Pour la vie, par Myrtal » qq
Droits et Devoirs, par Myriat ; ,> Y5
La Servitude volontaire .".."..'.'."," » 30
Le Prisonnier, par Morrow » 15
Un procès en Russie, par Tohtoï «30
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Le Militarisme, par Domela Nieuwenhuis, couverture de Co-
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Patrie, Guerre et Caserne, par Ch. Albert, couverture de
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NOUS E(N PRÉPARONS UNE ""-4m* SÉRIE
BIBLIOTHÈQUE DOCUMENTAIRE
Tous ceux qui exècrent la GUERRE,
Tous ceux quL ont la haine du MILITARISME, doivent lire :
Guerre-Militarisme
Patriotisme-Colonisation
Recueils de tous ce que les écrivains les plus en vue, de toutes
les époques, ont écrit contre la GUERRE et tous les maux qu'elle
engendre.
Belle édition sur papier glacé, avec illustrations de Luce,
Herman-Paul, Steinlen, etc., etc. Edité à 9 francs l'exemplaire,
nous laissons chaque volume à 6 francs pour remplacer l'édition
de propagande épuisée.
TERRE LIBRE
Par J. GRAVE. Illustrations de Jtt. H. T.
Dans ce conte, écrit pouf la « Escuela Moderna » de Ferrer,
l'auteur a tenté de donner un aperçu de ce que pouvait être, dans
une société égalitaire, l'organisation du travail.
Prix de l'exemplaire : 3 francs.
Publications des « TEMPS NOUVEA UX » .♦— N° 26
Jean GRAVE
i W
Si flvais à parler
aux Electeurs
Tirages et distributions : 50,000 exemplaires
PRIX : 6 CENTIMES j
< «
PARIS
Au Bureau des " TEMPS NOUVEA UX "
4, RUE BROC A, 4
IÇII
Sf J^ÀIS A PARLER
AUX ÉLECTEURS
f .1
Voici ce que je leur dirais :
Voilà plus de cinquante ans jue vous êtes en possession
du bulletin de vote, et êtes censés maîtres de vos desti-
nées; voilà plus d'un demi-srôcle que, vous et vos pères,
confiants en les promesses de ceux qui sollicitent vos
suffrages, vous nommez ceux qus vous croyez aptes à légi-
férer sur votre bien-être et votre liberté, et vous ne vous
êtes pas encore aperçus que des lois de plus en plus
nombreuses, empiétant de plus en plus sur tes actes de
votre vie qui» jusqu'ici, y avaient échappé, votre sujé-
tion est encore plus grande que lorsque vous n'aviez
quo le fusil et la barricade pour résister aux empiéte-
ments du pouvoir.
Plusieurs générations, déjà, sont parties dans la tombe,
confiantes en les panacées que leur promettent les pan-
tins de la politique, et les suivants attendent toujours la
réalisation des mômes promesses, — la meilleure des
preuves qu'elles ne furent jamais réalistes — et vous
voilà encore une fois à discuter les mêmes programmer,
les mêmes réformes.
Electeur, vieille bête! tu aurais la foi tenace, si, depuis
le temps que dure ia comédie, cela ne prenait un autre
nom : DÔtise ou veulerie. Les deux, peut-être.
Bêtise pour être assez simple de croire que d'autres s'oc-
cuperont de réaliser ce que tu ne te donnes pas la peine
de réaliser toi-même; bêtise pour te fier à la bonne foi
de ceux qui te promettent, alors que, en ton for intérieur,
tu sais bien que, si tu étais à leur place, tu te moquerais
pas mal de « l'intérêt public », pour ne penser qu'à ton
intérêt particulie»*.
Veulerie, puisque, toi qu'on dit, et qui te crois le maître,
tu es assez lâche peur, à chaque faillite de leurs promes-
ses, tendre les poignets aux nouvelles chaînes qu'ils te
forgèrent, ne te sentant pas assez de volonté et d'énergie
pour agir par toi-même.
Ce que cinquante années de régime paflem en taire t'ont
avachi, mon pauvre ami, ce n'est rien de le dire.
Ce qui excuse ta bêtise et ta veulerie, c'est que les efforts
combinés, depuis des siècles, de ceux qui se sont faits tes
maîtres et tes éducakuis, n'ayant l ndu qu'à i'c^ètir et à
t'avachir, l'étonnant fslque lu aies pu y résister, jusqu'au
jour où ils ont inventé de te msltre ce hochet, le bulletin
de vote, entre les mains.
De tous temps* tes maîtres se sont moqués de toi, ne se
sont h Usés au pouvoir qu'en vue de satisfaire leur besoin
de parader, leur soif de domination, ou de lucre.
Les maîtres passés, comme moralité^ valaient bien ceux
d'aujourd'hui.
Mais, la plupart du temps, ils y mettaient quelque pu-
deur; leurs palinodies essayaient de se mettre un masque,
leur vénalité préférait l'ombre des coulisses. Les gou-
vernés, du reste, aimaient d'autant plus intervenir dans
leurs tripotages, quon leur déniait ce droit. 11 y a cent
ans, soixante et môme quarante ans, tes aînés n'auraient
pas souffert les scandales que tu acceptes placadement
aujourd'hui. Pour leur imposer toutes les lois restrictives
dont on t'a chargé depuis une vingtaine d'années, il au-
rait fallu mater une révolte
Depuis que tu nommas des députés pour faire des lois,
tu trouves très logique qu'ils interviennent jusque dans
les affaires privées.
Somme toute, à quoi cela servirait de se donner des
maîtres, si ces maîtres ne faisaient sentir leur pouvoir!
L'exemple venant de haut, la gangrène n?a pas été sans
t'atteindre. Tu es aussi pourri que tes maîtres; plus &ucun
mobile généreux n'est capable, je ne dirais pas de l'indi-
gner, mais même de te chatouiller, si peu que ce soit,
l'épiderme. Tes maîtres volent, tuent, pillent des peuples
plus faibles, tu laisses partir tes fils se prêter à ces igno-
minies, leur ayant appris l'obéissance; puis, à leur retour,
tu vas lécher les bottes pleines de sang, de ceux qui les
menèrent aux massacres.
A l'heure actuelle, chez toi, tu es la proie des mou-
chards; c'est la police internationale qui te gouverne :
que t'importe! Il n'y a que les imbéciles qui ne veulent
pis s'avachir comme toi qui en souffrent. Toi, tu veux ce
que veulent tes maîtres, que t'importe que celui qui veut
êtie libre soit traqué comme une bête malfaisante!
Si ta curiosité s'égare quelque jour dans une manifesta-
tion, et que tu écopes, tu seras prêt à faire des excuses
pour t'ètre trouvé sous les coups de tes dompteurs!
Il semblerait, même, que le cynisme de ceux qui te
bernent, te soit un titre de plus à ton admiration; car en
le député, tu ne vois que celui qui t'obtiendra place ou
faveurs. L'intérêt public 1 L'intérêt générall ce que tu t'en
moque3Î Combien tu ptéfères le député qui pourra te dé-
crocher une place dans la hiérarchie gouvernementale —
ne serait-ce que comme garçon de bureau — ou te fera
voter dos droits protecteurs de ton industriel
— 5 —
* *
Que tu cherches ton profit personnel, cela est très na-
turel. Notre étatt social actuel est ainsi basé sur {'antago-
nisme, non seulement de l'intérêt particulier et de l'in-
térêt général, mais encore des intérêts particu'iers entre
eux. Ils mentent effrontément ceux qui viennent te dire
qu'ils veulent se dévouera I intérêt public. Jt n'y a pas
d'intérêt public, il n'y a que des intérêts de groupes, de
castes et d'individus, éternellement en conflit les uns avec
les autres.
Et lorsqu'on te dit qu'il faut savoir parfois, sacrifier
l'intérêt particulier pour le. plus grand bien de tous, c'est
un marché de dupe que Ion te propose; on se moque de
toi en te roulant.
Donc, que tu cherches ton intérêt particulier, rien de
mieux. Mais pourquoi être aussi hypocrite que les charla-
tans de la politique? Montre-toi donc tel que tu es. Nous
discuterons ensuite si tu prends bien le chemin de ton af-
franchissement, en essayant de disputer quelques faveurs
à l'état social actuel.
« *
D'abord, si tu états moins serin, tu te serais aperçu de-
puis longtemps déjà, que, dans ce conflit d'intérêts et
d'appétits, tu es le plus mal armé, et que tu y seras tou-
jours l'éternel roulé.
Ceux qui viennent te promettre de s'occuper de toi à la
Chambre, d'y travailler à ton affranchissement politique
et économique, ne sont que des fourbes ou des imbéciles.
Des fourbes, s'ils savent ne pouvoir tenir les promesses
qu'ils te font, s'ils ne te promettent ce qui flatte que pour
mieux te duper; des imbéciUs, s'ils sont convaincus de
pouvoir les réaliser: car cette conviction impliquerait
qu'ils ne se sont jamais rendu compte des complications
de l'ordre social actuel, de sa marche, et de ses possibi-
lités.
S'ils avaient étudié les phénomènes économiques, ils
sauraient quffacune réforme utile ne peut y être opérée
sans s'attaquer à l'organisation fondamentale; et, 3uste-
ment, toutes les réformes qu'il* inventent et te préconi-
sent, ne sont qu'un prétexte pour évitfer de toucher à ces
base s considérées comme sacrées par la plupart, ou aux-
quelles on ne peut toucher sans péril.
T'affranchir, et te mettre à même d'obtenir ta part inté-
grale de production, ils ne demandent que cela! Mais en
même temps, ils veul* nt respecter les privilèges dés maî-
tres. Lorsque tu auras bien compris l'antinomie de ces
deux affirmations, tu Beras fixé sur leur état d'esprit.
— 6 —
Il y a, je le sais, — je passe les nuances — une troi-
sième catégorie de citoyens, qui ne sont pas très con-
vaincus de pouvoir réaliser à fa Chambre les promesses
qu'ils te font, et te l'avouent plus ou moins clairement.
Seulement, disent-ils, « si nous laissons la place à d'autres,
ces autres seront les maîtres de faire ce qu'il voudront,
c'est ce qu'il ne faut pas. 11 faut que vous nous envoyiez
là-bas, pour y porter vos doléances, — d'aucuns disent
vos volontés, — y faire obstacle au réactionnarisme . »
Ceux-là, encore, ou bien leur désir — conscient ou
inconscient — est de parader. en ton nom, ou bien ils ne
savent pas ce qu'ils disent, et te trompent en se trompant.
En participant à la comédie du vote, tu ratifies ton
asservissement, en acceptant le rôle qu'on te donne dans
la comédie qui se joue contre toi. Tes députés à la Cham-
bre ne peuvent y parler qu'à condition de s'y conformer
aux lois et règlements. Et, i ois-en certain, ces règlements
sont assez nombreux et variés pour qu'on y étouffe leur
voix, si elle s'avisait d'y être trop discordante. On ne les
y laissera parier qu'à condition que ce soit pour ne rien
dire. Et leur présence ne fera que donner un semblant
de légitimité aux mesures qui sont prises contre toi.
Contre toi, comprends bien cela, car la loi ne peut que
restreindre tes droits, ta liberté. Si tu avais le droit de
penser, d'agir comme bon te semble, tu n'aurais pas
besoin de lois pour en sanctionner l'exercice .
D'autre part, tes maîtres n'osent, contre toi, que ce que
ta es assez lâche pour supporter. Même les lois faites avec
ta participation, ifs n'osent les faire appliquer que lorsque
l'opinion publique est assez veule pour les subir. Et lors-
qu 11 hésitent à les appliquer, ce ne sont pas les déclama-
tions de tes députés qui les font hésiter, mais la clameur
4e tes réunions, la crainte de ta résistance, la saine ter-
reur de voir les pavés se lever, les criailleries de la presse,
cette prostituée du pouvoir et de la finance, mais qui mar-
che toujours avec toi, lorsque tu sais vouloir.
Apprends donc à faire tes affaires toi-même, pauvre brute,
et envoie donc, une bonne fois pour toutes, promener tous
ces quémandeurs de mandats qui, surtout lorsqu'ils sont
sincères, ne font que se tailler une réclame de ta misère,
et te desservent en te faisant espérer des autres ce que
toi seul peux réaliser.
Maintenant, tn vas peut-être me demander pourquoi je
te raconte tout cela ? Quel est l'intérêt qui me pousse à
démolir les jouets qui tant te charment? •
Hassure-toi, je ne te demanderai pas de me nommer à
i....
leur place. Je n'ai pas de panacée à te proposer. Si
j'éprouve le besoin de te raconter cela, c'est que ton as-
servissement fait ie mien, ton exploitation assure U
mienne, je ne pourrais être affranchi autant que je le con-
çois, que lorsque tu stras libre toi-même.
Sachant que je ne puis m'afîranchir sans toi, ni m'af-
franchir, en t'atfranchissant, sans ta participation, iorce
m'est bien de chercher à te faire comprendre ton aveu-
glement, quitte à passer auprès de toi, pour un fou, ou
un autre marchand d'orviétan.
Oui, imagine loi qu'il y a certains individus, — il y a
de singuliers types tout de même — qui ne se sentent pas
libres, lorsque d'autres êtres à, côté d'eux sont esclaves;
les jouissances de la vie les plus pures leur semblent
amères, lorsqu'ils savent que c^s jouissances sont l'œuvre
d'autres êtres dont la vie est faite de misère etde douleur.
Les souffrances des autre.* ternissent leurs joies.
Tu hausses les épaules? tu ne peux comprendre cela, et
penses en toi-même qu'il faut être fou pour se chagriner
de ce qui ne vous atteintpas. « Encore un qui me conte des
blagues, qui ne fait le désintéressé que pour me demander
davantage, ou qui ne crache sur le plat pour en dégoûter
les autres, que parce qu'il ne peut y montre lui-mêm»». »
Pense ce que tu voudras. Je me moque de ton opinion.
Mon orgueil, vois-tu, est de penser que. si ces ligues te
parviennent sous les yeux et que tu les lises, tu sera!*, tôt
ou tard, forcé de reconnaître la vérité de ce que j'avunce.
Il y a des jours de détresse où l'on est écrasé par
l'indifférence des choses et des êtres, où la nature en
fête insulte à votre douleur, où l'on se teai bien petit
dans le monde, où Ton éprouve le besoin de la sympathie
des autre», où. l'on se reproche l'égoïsme dans lequel on a
vécu. C'est en ces moments de détresse que Ton recon-
naît l'urgence de la solidarité.
Si tu n'as pas connu ces moments-là, tu les connaîtras,
sois-en sûr,
En attendant, c'est une jouissance accessible à très peu,
de pouvoir se dire que Ton a raison contre tous ; c'est là
où l'on se sent vraiment supérieur aux petitesses, aux
vilenies qui font la joie du vulgaire. Pouvoir exprimer
son dégoût à ses maîtres, à ceux qui les adulent, vaut
bien quelques sacrifices matériels.
Quant à toi, électeur, p^uVr^mîtoton tondu — lorsque
tu n'es pas égorgé — con^în^elà^hAsir^jpafmi ceux qui te
cajolent pour te tondre; mieux TlëuftÂjte. Va votei% va.
Choisis tes maîtres! Ghgtaîs-les Jrîen. jru\ n'auras janais
que ceux que tu niérfteg» 1 > \ K ' ïli
Voilà ce que je dira|s3i\j'|v^i9là par*to aux électeurs.
v -^MyGiuvi.
COLLECTION DE LITHOGRAPHIES
Capitalisme, par Comin'Ache. — Education chrétienne,
par Roubille. — La Débâcle, dessin de Vatlotton, gravé par Berger.
— Le dernier gîte du trimardeur, par Daumont. — L'Assas-
siné, par C. L. — Souteneurs sociaux, par Delannoy. - Les
Défricheurs, par Agard. — Les Bienheureux, par HeidbnncK.
— La Jeune Proie, par Lochard. — Le Missionnaire, par
Willaume. — Frontispice, par Roubille, — L'homme mourant,
par L. Pissaro. — 3a Majesté la Famine, par Luce. — La
vérité au Conseil de Guerre, par Luce. — Provocation, par
Lebasque. — Ceux qui mangent le pain noir, par Lebasque.
— L'édition ordinaire, 2 francs. .
Il ne reste plus qu'en nombre restreint : L'Incendiaire, par
L uce . — Porteuses de bois, par C. Pissaro. — L'Errant, par X.
Le Démolisseur, par Signac, L'Aurore, par Willaume. — Les
Sans-Gîte par C. Pissaro. — On ne marche pas sur l'herbe,
par Hermann-Paul.— Mineurs Belges, par Constantin Meunier
Ah I les sales Corbeaux, par J. Hénault. — La Guerre, pai
Maurin. — Epouvantalls, par Chevalier. — La Libératrice, par
Steinlein. — L'édition ordinaire, 3 francs S Pour les éditions d ama-
teur, s'informer au préalable, quelques-unes sont épuisées.
Aux petits oiseaux, de Willette, I O fr.
Reproduction des Errants, de Rysselberghe, édition ordinaire,
I fr. 25 ; sur japon, 3 fr. 50.
Contre Biribi, album de 9 dessins de : Delannoy, Grandjouan,
Luce, Maurin, Raïeter, Rodo, Signac et Steinlen.
Une Hue de Paris en Mai 7 1, par Luce, tirée en sous-
cription à 75 exemplaires, dont 15 sur Japon ; 7 fr. ordinaire, 10 fr.
sur Japon.
Miséreux, par Naudin, même tirage, même prix.
Il ne re»^ plu? qu'un nombre très limité de collections complètes. Elles sont
vendues 75 francs l'édition ordinaire, 150 francs celle d amateur.
LITHOGRAPHIES EN COULEURS
Les Temps Nouveaux, Willaume, épuisé, une dizaine d'exemplaires a 5 fr. ;
La Charrue! PUsaro, édit. ordinaire., a fr. ; d'amateur, ? tr. 50; drapeau rouge,
Lvc??*™*™* tr. '; d'amateur, 3 fr. 5<> ; La Mère, Êeb asque, édit ord la jr
d'amateur * fr ko • La Confession, Hermann-Paul, edit. ord., 2 tr. ; d amateur,
3 f™ S. - 3 <Si ?£hbs »ôur été Tirées pour servir de frontispice aux volumes de notre
supplément, mais peuvent s'encadrer 37-28. A „ niw . a „ «v . ti raa t> rf'ama-
JRepaire de Malfaiteurs, par Willaume, tirage ordinaire, a fr. ; tirage d ama
teur, 5 fr. il en reste très peu des deux.
Album, coûtent* les 5â dearin. pa*us dan. la 11' année des *J"^SJ?«uJ" ^"gS^pîïS
«.^«i7 Vlon^TBT». w Crans, D^awkoy, d*law, Qkuc«b, Gbasdjouaî», H*nàttlt, ™JS^„ va»
?r to^"ï^î!^Sl, L.bW«, 1*01, B. NATT^, BOBI*, BOUBOU L BTSSBLBMOHK, ST^NUBIN, VA*
dokotc» et Wh^aum». Prix 1 B trmmmmt F+mnmo t e»mnom*
t r» U rrun» unilurillV « Paraissant tous Ibb 8 joura ar«c un Supplémeut littéraire.
Lfc5 I tMrO miUïtAUÀ 10 cent, te numéro. — 4<*m<nfa/TOrt<m ; 4. rue Brooa.
Abonnement France, un An, 6 fr. — Extérieur, 6 fr.
q j-uXi-j-u-u-U-M-^ B -^- i ^t* ■■«■■ m^^m ^^^^^^mmi
EN VENTE AUX " TEMPS NOUVEAUX "
Aux Jeunes Gens, par Kropotkine, couverture de Roubille ■> 15
L'Education libertaire, D. Njsuwenhuis, couverture de Hermann-Paul » Il
Enseignement bourgeois et Enseignement libertaire, par J. Grave,
couverture de Cross i&
Le Machinisme par J. Grave, avec couverture de Luck >» 15
Les Temps Nouveaux, Kropotkine, avec couverture de C.Pissaro (épuise). » 30
Pages d'histoire socialiste, par \V. Tcherkesoff > 30
La Panacée-Révolution, par J. Grave, avec couverture de Mabei « 15
A mon Frère le Paysan, par E. Reclus, couverture de Raieter » 15
La Morale anarchiste, par Kropotkine, couverture de Rysselberghk » 15
Déclarations, d'Etiévant, couverture de Jkhannet » 15
Rapports au Congrès antiparlementaire couverture de C. Dissy » 85
La Colonisation, par J. Grave, couverture de Couturier » 15
Entre Paysans, par E. Malatesta, couverture de Willaume. » 15
Le Militarisme, par D. Nieuwenhuis, couv. de Comin'Ache (en réimpression) » 15
Patrie, Guerre et Caserne, par Ch. Albert, couverture d'AGARD. id » 15
L'Organisation de la Vindicte appelée Justice, par Kropotkine, couv.
de J. HÉNAUÎ.T ••■•• M }J
L'Anarchie et l'Eglise, par E. Reclus, et Guyou couverture de Daumont » 15
La Grève des Electeurs, par Mirbeau, couverture de Roubille » 15
Organisation, Initiative, Cohésion, J. Grave, couverture de Signac » 15
Le Tréteau électoral, piécette en vers, par Léonard, couv. de Heidbrinck. » 15
L'Election du Maire, piécette en vers, par Léonard, couv. de Valloto*. . . » 15
La Mano-Negra, couverture de Lues * 15
La Responsabilité et la Solidarité dans la lutte ouvrière, par Nettlau,
cou vertu re de Dblannov » 15
Anarchie-Communisme, Kropotkine, couverture de Lochard » 15
SI i'avais à parier aux Electeurs, par J. Grave, couvert, de Heidbrinck. . » 10
La Mano-Negra et l'Opinion française, couverture de Hénault » 10
La Mano-Negra, dessins de Hbrmann-Paul » 40
Entretien d'un Philosophe avec la Maréchale, par Diderot, couverture
de Grandjouan. . • *
L'Etat, son rôle historique, par Kropotkine, couverture de Steinlen
Militarisme, par Fischer » »
La Femme Esclave, par Chaughi. couverture de Hermann-Paul » 15
Deux Tsars, par M. S . . .. • — » jj
Vers la Russie libre, par Bullard, couverture de Grandjouan. » J»
Le Syndicalisme dans l'Evolution sociale, J. Grave, couvert de Naudin. » 15
Les Habitations qui tuent, par Michel Petit, couv, de Frédéric Jacques. . » 15
Le Salariat, par P. Kropotkine, couverture de Kupk* » «
Evolution- Révolution, par E. Reclus, couverture de Steinlen * 15
Les Incendiaires, par Vbrmkrsch couverture de Hbrmann-Paul • 15
La Vérité sur l'Affaire Ferrer, par Auguste Bertrand, couv. de Lues.,*. j 10
Comment l'Etat enseigne la Morale - J •
Le Coin des Enfants, a% 3» série chaque { 2 »
Terre Libre, J . Gravb •[ *
Patriotisme colonisation, illustré g •
Guerre, Militarisme, illustré : 6 J
Les Prisons, par Kropotkine, Couverture de Daumont » }»
L'Esprit de Révolte, Couverturî de Dblannoy »
L'Anarchie, de Malatesta • *
L'Enfer Militaire, par A. Girard, couverture de Lues »
Sons prssss .*
Sur l'Individualiste, par Pierrot, couverture de Mauiun
15
25
15
20
20
PRIX : fr. 10
AUX BUREAUX DES TEMPS NOUVEAUX
1011
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale cle France
Groupe * e Propagande pana Brochuii
, m
La propagande par la Brochure est une des meilleures propagandes si on
peut la taire avec suite. ,.,
Le Récolté, La RéooUe : Les Temps Noumaux s'y sont employés de leur
mieux. A l'heure actuelle, plus de 60 brochures diverses, dont les différents
tirages réunis, dépassent un million d'exemplaires, ont été lancées par eux.
Malheureusement, les fonds manquent pour pouvoir eu imprimer plus
souvent de nouvelles, oa réimprimer, lorsque c'est nécessaire, celles qui sont
épuisées.
Il s'agit donc de trouver 500 souscripteurs ■s'engageait à verser chacun
12 francs par an. Nous serions alors en mesure d'imprimer chaque mois —
ou de réimprimer parmi celles épuisées — une nouvelle brochure de fr. 10
ou deux de fr. 05.
Par contre, voici les avantages que nous offrons aux souscripteurs:
1° A chaque tirage, il leur sera expédié 15 exemplaires, si c'est une bro*
chure à fr. 10; 30 exemplaires, si c'est une à O fr. 05. C'est-à-dire le mon-
tant de leur souscription calculé avec une remise de 40%, frais d'envoi déduits.
Ce qui leur permettra de s'employer à la propagande, en faisant circuler
les brochures parmi ceux qu'ils connaissent, soit en les distribuant eux-]
mêmes, soit par la poste lorsqu'ils ne voudront pas faire savoir qu'ils s'inté-
ressent à la. propagande.
2°^ A chaque souscripteur, qui sera libéré de sa souscription, il sera ]
envoyé une lithographie spécialement tirée pour les souscripteurs. |
Cette lithographie, ne sera pas mise en vente et vaudra, à elle seule,]
largement, le prix de souscription. Pour cette année, c'est Steinlen qui a bien :
voulu s'en charger.
3 Ô A ceux qui souscriront 15 francs par an, il sera expédié un nernbre do
bmçhures dont le montant égalera celui de la souscription, calculé, toujours!
avec, une remise de 40 %, plus une eau-forte qui, elle aussi, sera tirée spé-
cialement pour eux, et non mise dans le commerce.
Ceux qui savent le prix d'une eau-forte artistique apprécieront le cadeau
que nous leur offrons. Pour cette année, elle sera de Frédéric Jacquc.
4° A ceux qui souscriront au-dessus de 15 francs il sera fait cadeau délai
lithographie et de l'eau-forte.
Au camarade qui nous trouvera ÎO souscripteurs, il sera fait cadeau de!
la. lithographie. — Celui qui en trouvera 20 recevra l'eau-forte.
Les souscriptions peuvent être versées par fractions mensuelles ou tri-
mestrielles, etc., au gré des souscripteurs.
A ceux qui s'engageront mensuellement et qui ne se libéreraient pas de]
.leur promesse, il sera, à la fin du trimestre, adresse' un remboursement pour]
les 3 mois.
Adresser les souscriptions au camarade Ch. BENOIT,
3, rue Bérite, PARIS»
N.-B. — En discutant avec des camarades,* il. est facile de leur glisser!
une brochure, et de leur arracher deux sous. Les souscripteurs pourront ainsi
récupérer le montant de leur souscription, et augmenter leur propagande.
Brochures à l'étude : La Lutte contre la tuberculose de Pierrot. — L'HyyièM\
des nourrissons, de Michel Petit, couverture de Rodo-Pissarro. - ^M
aliments, de Michel Petit. — L'anarchie dans l'évolution; La loi et l' au '\
toritè, de Kropotkine.
1
pour l'Action
(Tirage ÎO.OOO fi}3KO*x*i>l£aJbc*e«)
PRIX : fr. 10
PARIS
AU BUREAU DES T JMPS NOUVEAUX"
4, Rue Brocca> 4
1911
L'Entente
pour l'Action
De temps à autre, quelques mécontents, révolution- k
naires ou anarchistes, se plaignent que Ton piétine sur
place! qu'il faut faire quelque chose! Ces récriminations
reviennent de temps à autre, comme une ritournelle,
surtout lorsque d'aucuns ne savent à quoi employer
leurs forces et leur temps, ou lorsque les , événements
ne prennent pas la direction qu'ils voudraient leur im-
primer. , . , . * |)
C'est pourquoi il ne faut pas prendre trop au pied de j
la lettre ces récriminations et s'imaginer que les anar- }
chistes n'ont fait que bavarder ou dormir sur leurs j
lauriers. Il serait difficile de le soutenir. j
Que tout ce qui aurait pu être fait ait été fait, que !
chacun ait donné la somme d'efforts qu'il aurait pu i
donner ça c'est une autre paire de manches. Et lorsque i !
nous envisageons toute la besogne qui « pourrait être
faite », si tous -ceux qui se prétendent anarchistes vou-
laient donner la somme d'efforts qu'ils peuvent don-
ner (1) on peut, certes, regretter que ces efforts ne soient
pas faits.
Mais, si en constatant qu'il y a peu de fait en compa-
raison de ce qu'il faudrait qu'il soit fait, et de ce qui
pourrait être fait, si chacun voulait donner l'effort dont J
il est capable, si nous regardons derrière nous, si nous J 1
. (}) Bien entendu, je ne parle pas de la somme d'efforts dont un
individu est capable, mais seulement de la part qu'il peut donner
a la propagande.
\
- 4
comparons notre petit nombre, le peu de ressources dont
on a disposé et du chemin parcouru depuis trente ans,
on peut constater que des progrès inespérés ont été faits
et que, par conséquent, le reproche « on ne fait rien »,
signifie seulement que ceux qui l'émettent ne sont pas
contents de ce que font les autres, — et de ce qu'ils
font eux-mêmes, je l'espère pour eux.
« Ils veulent faire quelque chose ». Mais « vouloir
faire quelque chose » implique que Ton ne sait pas quoi
faire, sans cela on nous dirait : « Faisons telle ou telle
chose » ! Et, faute de mieux, on décide que si les anar-
chistes n'ont rien fait, c'est parce qu'ils manquent de
cohésion, qu'il faut les rassembler en un vaste groupe-
ment qui leur donnera ce qui leur manque.
C'est, à mon humble avis, vouloir asseoir une pyra-
mide sur sa pointe. Si la cohésion manque aux anar-
chistes, ce n'est pas parce qu'ils ne sont pas groupés,
mais parce qu'ils manquent de la volonté d'agir, ou
n'ont pas su trouver la besogne à faire pouvant les inté-
resser qui les aurait groupés.
Et ce manque de volonté tient à une foule de raisons
qu'il est bon d'analyser avant de voir ce qui pourrait
être fait.
*
Lorsque, il y a une trentaine d'années, les anarchistes
se séparèrent des socialistes révolutionnaires tombés
dans le « programme minimum », ils y furent entraînés,
d'abord à cause de la trahison des guesdistes qui étaient
allés,' chea Marx, chercher le programme électoral tfit
minimuir., et qu'ils étaient déjà antiparlementaires,
antiétatisk*s, antimilitaristes, oui ; mais ce que tout cela
était vagiie, mal défini, et ce que toutes les idées qui s'y
associent avaient besoin de se préciser. Certes* nous
sentions d'instinct où il fallait aller, mais que de survi-
vances dans nos façons d'agir ei de nous exprimer.
Cette précision, cette définition, ce classement des
idées purent s'opérer parce que les anarchistes, refu-
sant de se mêler aux autres mouvements, ils purent,
entre eux, poursuivre sans entraves — je parle des
entraves apportées par )a création d'un parti — cette
5 —
élucidation des idées dont ils avaient besoin, avant de
tenter des besognes pratiques.
C'est parce que chacun put dire ce qu'il pensait, et
agir comme il l'entendait, que toutes les définitions pu-
rent se faire jour, chacun se ralliant à la définition qui
répondait le mieux à ses propres aspirations.
Cette liberté eut ses avantages et ses inconvénients»
Quelques détraqués, quelques ignorants, qui prennent
pour de la logique leur inaptitude à voir un ensemble
de faits, puient faire une besogne néfaste et servir de
jouets à 'ceux qui avaient intérêt à discréditer l'idée
anarchiste, ou jeter le -trouble dans les cerveaux, mais
en somme, le bien, à mon avis, l'emporte sur le mal,
et il n'y a nullement à regretter que l'évolution ait suivi
ce chemin. Je ne la désirerais pas autre.
Mais, de ce que les anarchistes ont bataillé en tirail-
leurs, s'ensuit-il que, dans les luttes qu'ils menèrent,
l'entente et la solidarité ne se firent pas jour? Il ne
faudrait pas connaître le mouvement pour oser l'af-
firmer.
Si elles ne se cristallisèrent pas en fédérations, en
groupes centralisés, ayant des organes représentatifs,
les anarchistes surent se sentir les coudes pour se
défendre contre les attaques du dehors; s'ils se disper-
saient pour propager leurs conceptions particulières, ils
surent faire bloc lorsque c'était nécessaire.
L'isolement ne s'est fait sentir que lorsque, devenus
plus nombreux, ne se connaissant pas, des éléments
hétérogènes trouvèrent plus de facifité pour accomplir
parmi nous leur besogne de désagrégation.
**
Il y a aussi que l'esprit de prosélytisme, qui animait
les premiers anarchistes, manque chez les nouveaux,
et c'est à (jette absence qu'il faut attribuer les motifs
d'inertie de la plupart de ceux qui se prétendent anar-
chistes.
Cette disparition de l'esprit de prosélytisme tient à
différentes causes, dont la principale est une mauvaise
digestion des idées, et, surtout, à la besogne néfaste
mi^-
accomplie par ceux qui s'intitulent « individualistes »,
mais que moi j'appelle des bourgeois ratés, auxquels
il ne manque que le capital pour faire les types les
plus accomplis du mufle exploiteur.
Sous prétexte que « l'individu est tout, qu'il prime
tout », on a soutenu que, pour l'individu^ le meilleur
moyen de travailler à changer l'état social était d'abord
de travailler à s'affranchir soi-même », chose excellente
en soi, mais par n'importe quels moyens, ce qui justi-
fiait tous les appétits.
De plus, cette exaltation de l'individu b'a pas été
sans détraquer quelques cerveaux faibles; ajoutez-y
quelques lectures mal digérées, et nous avons cette
sorte d'anarchistes qui prétendent tout enseigner aux
autres, sans avoir besoin d'apprendre eux-mêmes.
D'autre part, ce sentimeut que, pour être anarchiste,
il fallait connaître un peu plus que les autres, allié au
sentiment de la valeur individuelle, cela a développé
chez quelques individus mal équilibrés, un orgueil
insupportable qui fait qu'ils se croiraient diminués,
s'ils consentaient à travailler à la diffusion d'idées
courantes, professées par le commun des anarchistes.
Ceux-là ne veulent faire de la propagande qu'à condi-
tion d'être en tête, et «'est ce qui fait qu'il semble y
avoir tant de division parmi les anarchistes, alors qu'en
réalité, il n'y a que des différences d'interprétation sug-
gérées par une sotte vanité chez quelques-uns.
*
**
De tout oeci, il ressort que tout n'a pas été parfait
dans ce qui s'est accompli, et qu'il aurait pu se faire
mieux; mais cela a été comme cela pouvait être, étant
donnée l'imperfection humaine. Ne demandons aux
hommes que ce ^qu'ils peuvent donner; Et, aujourd'hui,
que la période d'incubation des idées est passée, au-
jourd'hui qu'elles ont acquis assez de netteté et de pré-
cision pour qu'en nous jetant dans la mêlée, nous ne
risquions pas de perdre pied, maintenant que nos idées
bien assises nous .ouvrent, chaque jour, des horizons
nouveaux, nous apportent de nouvelles indications d'ac-
uu... îiolio devons chercher des modes d'agir en dehors
<le ceux qui nous furent légués par les conceptions que
nous avons rejetôes. Ces moyens existent, à nous de
les trouver.
Une autre ritournelle, c'est que « nous avons suffi-
samment de théorie, que nous en sommes saturés, que
ce qu'il nous faut, c'est de l'action ».
Encore un reproche qui n'est pas nouveau. De tous
temps, il a existé des gens pour affirmer que la théorie
c'était de la blague, que de la discussion ils en avaient
par-dessus la tête, qu'il n'y a qu'une chose de vraie,
l'action !
Parmi ceux qui font ce reproche, il faut distinguer.
Il y en a qui sont de bo/ine foi, et de ce que leur tempéra-
ment les pousse à se dépenser autrement qu'en efforts
pour faire comprendre à ceux qui ne savent pas, s'ima-
ginent que les efforts en ce sens sont inutiles; mais il
y a ceux pour qui faire de l'action consiste à n'user
que d'une phraséologie ultra-violente, pour engager...
les autres à agir.
A ceux-là on peut répondre que l'action se fait et ne
se prêche pas, et aux premiers qu'il y a toute sorte
d'action, que c'est à chacun de se grouper pour le genre
qui lui convient. Nous reviendrons sur ce point plus
loin.
Mais il y en a une troisième sorte, ce sont ceux qui,
sous prétexte que la théorie ne peut rien leur apporter,
prétendent s'employer à des besognes plus pratiques. Ce
qui ne cache, en réalité, qu'un retour déguisé vers les
partis parlementaires qui ne s'avouent pas encore tels.
**
. Dans une brochure : Initiative, organisation, cohé-
sion (1) que personne, ou, pour être plus exact, presque
personne ne lit, j'ai, il y a quelques années, essayé de
aire ce queje pense sur le sujet; on m'excusera donc si
je me répète, mais puisqu'il faut longtemps taper sur
le même olou pour qu'il s'enfonce, se répéter est un
devoir.
t
(1) fr. 10 aux Temps Nouveaux.
8 —
Donc, on se plaint qu'il manque d'entente parmi les
anarchistes, mais pour la diffusion des idées anarchistes
qui, sauf dans les lignes générales, ne comportent pas
d'unité, cette entente est-elle si indispensable?
Ce que nous voulons, c'est que toutes les idées qui
tendent à la dispersion de l'état social actuel, à l'anéan-
tissement de Pautorité, voulant, pour chacun, la liberté
d'exprimer ses propres idées, et celle de les réaliser, il
y aura donc de tous temps, forcément, de par les diffé-
rences de conceptions, endettement, éparpillement des
efforts. Qu'importe cela. L'idée gagnera en largeur
ce qu'elle semblera perdre en cohésion et en intensité.
Je dis semblera, car la certitude de travailler à la dif-
fusion de leurs propres idées poussera les individus à
dépenser toute la somme d'efforts dont ils sont capables,
que leur permettent les conditions de la vie. La convic-
tion n'est-elle pas le meilleur des stimulants?
Si, parfois, l'activité anarchiste est en sommeil, ce
n'est pas la faute à l'éparpillement des efforts, mais
bien à l'indolence, à l'apathie, à l'indifférence du plus
grand nombre des individus, e tde ce que, chez eux, les
idées ne sont pas encore passées à l'état de « convic-
tions ».
**
On a dit aussi « que nous vivions tous, plus ou moins,
sur un certain nombre d'aphorismes, qui ne sont trop
souvent que de doux oreillers; que ces principes ne
résistaient pas tous, ou tout entiers, à une critique sin-
cère et loyale ».
C'est très facile d'accuser les principes; mais, est»ce
nous ou eux qui sommes dans l'erreur?
Sans doute, parfois, on a été trop absolu en certains
cas; car l'absolu n'existe pas. Dans la vie, qui nous
apprend à être tolérants, il nous faut, parfois, aban-
donner la ligne droite pour prendre un sentier, à droite
ou à gauche. Mais si nous voulons ajifiigdrB le but que
déterminent les conceptions que irolïs prétendons pro-
fesser, il ne nous faut pas perdre de vue que ces
« écarts », imposés par des circonstances plus fortes
que notre volonté, que notre pouvoir, ne sont que des
9
déviations que nous devons abandonner sitôt l'obstacle
tourne, pour revenir à la ligne droite.
Un principe viendrait à nous être démontré faux
nous aurions à le reconnaître; mais que de fois ne sem-
blent-ils tels que parce que nous ne savons pas en
dégager la véritable ligne de conduite qu'ils impliquent
*
♦ *
Lue autre erreur des anarchistes, et de certains révo-
lutionnaires qui les empêchent de trouver les moyens
d action ou ils pourraient dépenser leur besoin d'activité
c est qu ils ont le défaut de voir trop eh grand
Amener un adhérent aujourd'hui, un deuxième
demain est une besogne trop au-dessous de leurs apti-
tudes. 11 leur faut, pour débuter, frapper des coups de
maître. Si, lorsqu'ils veulent réaliser quelque chose, on
ne repond pas en masse à leur premier appel, ils ne
veulent pas s'attarder à faire la besogne ingrate de
marcher quand même au milieu de l'indifférence géné-
rale, de persister malgré tout, et contre tous, en accom-
plissant la besogne que permet le petit nombre d'indi-
vidus que 1 on a pu réunir, jusqu'à ce que, si l'idée est
econde on ait pu réunir assez d'adhérents pour se
(l ^\^ Qdre * Ils P réf èrent déclarer que c'est la faute
C'est un peu dans le caractère français — et pas
particulier aux anarchistes — de manquer d'esprit de
Trouver l'idée à réaliser, chercher quelques cama-
rades partageant là-dessus votre façon de voir, se -par-
tager la besogne selon les aptitudes, et commencer; ne
serait-on que dix, et même que deux où 1 trois, jusqu'à
ce que 1 on soit vingt, cinquante, cent et des milliers
nsmte cela demandât-il cinq, dix, vingt ans, mais en
> travaillant continuellement, sans trêve, recrutant les
ad lerents au fur et à mesure que se dessine l'œuvre
entreprise attirant à elle, peu à peu, tous ceux auxquels
«'il' 1 semblera utile et rationnelle, voilà ce dont peu
><>"t capables. Il est bien plus simple de déclarer qu'il
j *.
>
10
est impossible de rien faire tant que l'on ne se sera pas
entendu.
*
**
Mais ces questions d'idées et de tactique sont beau-
coup plus complexes qu'on ne se l'imagine.
Si un des principaux dogmes de l'anarchie — si j'ose
m'exprimer ainsi — est la proclamation du respect de
l'initiative individuelle, il faut avouer que, par contre,
elle a été fort mal pratiquée, sinon pour se refuser à
collaborer à l'œuvre des autres, parce qu'on n'en est
pas l'initiateur, et aussi par le manque d'esprit de prosé-
lytisme que je constatais plus haut. A ceux qui n'éprou-
vent pas le besoin de batailler par eux-mêmes, il ne
vient pas l'idée qu'ils pourraient aider ceux qui sont
dans la mêlée. Il y a tant de façons de déployer de
l'initiative.
Il y a aussi ceux qui ne s'imaginent pouvoir faire
quelque chose que s'ils sont en nombre, pour qui tout
le révolutionnarisme consiste à aller faire du boucan
dans la rue, et ne peuvent s'imaginer qu'une transfor-
mation dans les façons d'agir dans nos relations est une
révolution autrement importante.
Mais, qu'il n'y ait pas équivoque, je n'entends nulle-
ment faire ici le procès du boucan dans la rue. Il est
parfois très utile, même nécessaire, de casser quelques
vitres pour se faire entendre. Il ne s'agit que de savoir
employer chaque moyen à son heure.
Et puis, enfin, nous avons ceux qui ont un tempéra-
ment de « meneurs », et ce nom je ne l'emploie pas en
mauvaise part. — Qui n'a pas passé par cet état d'esprit?
— qui se voient, entraînant les foules, s'imaginant qu'ils
pourront les diriger, les canaliser, les lancer à l'assaut
de la « Bastille » quand et comme ils voudront.
Et alors ils voudraient avoir leur armée sous la main,
et quoi de mieux de chercher à réunir tous les individus
dans le même groupement? Si l'état, d'esprit des pre-
miers est celui de soldats à la recherche de généraux,
les seconds sont des généraux à la recherche d'une
armée.
_ il _,
Mais, pour ma part, je suis revenu de ces illusions.
Lorsqu'on est orateur, ou beau parleur, on peut avoir —
lorsqu'on est à la tribune — une certaine influence sur
les foules. On peut les faire vibrer à l'aide de certains
mots, de gestes appropriés, d'intonations étudiées, les
exalter, les enthousiasmer.
Mais, pour faire la révolution, il faut des causes plus
profondes, plus puissantes, qui sont l'oeuvre d%n en-
semble de faits dépassant le pouvoir d'un homme ou
de quelques hommes.
Lorsque ces causes agissent sur les foules, il peut se
trouver à point l'individualité qui saura déclancher
FetTort qui les lancera à la ruée, mais il ne sera
que l'accident fortuit qui, inévitablement, doit se pro-
duire.
Et alors, arrivé à cette conception, je m'inquiète fort
peu si les anarchistes et les révolutionnaires font plus
ou moins corps. L'œuvre individuelle de transformation
qu'ils accomplissent autour d'eux me préoccupe* davan-
tage.
Mais, entendons-nous, lorsque je dis individuelle,
j'entends les individus isolés, s'il s'en trouve qui ont
le tempérament et l'énergie d'agir isolément; mais j'en-
tends surtout les groupements d'affinités, estimant que
l'initiative n'est pas annihilée parce que l'on s'associe
entre gens qui pensent de même sur un but défini. ,,
C'est du pur blanquisme, une autre face de l'esprit
militariste, cette idée de « Sans-Patrie » qui, dans la
Guerre Sociale prêche l'organisation des révolution-
naires en des espèces de régiments qui s'entraîneront
à l'émeute, à la révolution.
L'exemple de Blasnqui est là cependant pour, démon-
trer que ces coups de force, préparés au sein des sociétés
secrètes, n'éclatèrent jamais au moment psycholo-
gique, et que ces fameux cadres n'eurent jamais aucune
influence sur la révolution ou n/importe quelle ruée
dans la rue, qui éclataient toujours sans que les ehefs
occultes aient rien prévu.
La révolution, pas même une manifestation mettant
aux prises la foule avec la police, n'a de chances de
réussite que si elle est spontanée*
— 12 .—
Or, les \ événements dépassent toujours les individus.
Apprenons leur à savoir agir lorsque l'occ.asion se
présente, au lieu de vouloir les diriger.
La révolution, elle-même, ne sera pas l'œuvre de me-
neurs plus ou moins influents, ni de groupements orga-
nisés dans le but de la faire éclater plus ou moins vite.
Ils pourront, chacun dans leur sphère, préparer les
esprits autour d'eux, y savoir accomplir leur besogne
lorsqu'elle éclatera; mais la révolution ne sera amenée
que par des causes assez puissantes pour secouer les
masses, ne portera ses fruits que lorsqu'une nouvelle
façon de penser aura pénétré dans les cerveaux, lorsaue
des besoins nouveaux, matériels, moraux et intellectuel
seront assez forts pour impulser une minorité cons-
ciente. Et les efforts de cette minorité consciente, eux-
mêmes, ne vaudront que si ces nouvelles façons de
penser, ces nouveaux besoins, ont créé « l'ambiance »
qui fait que la masse, sans le savoir en est elle-même
touchée.
. * ■<*■■'* ■ «►. ■--'• '"• ' :
Et pour cela, ce n'est pas de rester « entre soi » pour
se concerter sur ce qu'il sera mieux de faire lors de la
révolution. Puisque l'on veut agir, c'est à préparer cet
état d'esprit, à créer cette ambiance qu'il faut s'adonner.
» Je ne veux pas dire, par là, qu'il n'y ait plus de pro-
pagande anarchiste à faire; que tout le monde ait son
éducation faite. Combien d'anarchistes auraient besoin
d'apprendre ce que c'est l'anarchie. A plus forte raison
ceux qui ne connaissent de l'anarchie que ce que leur
en a raconté la presse bourgeoise.
Mais cette besogne est l'œuvre de nos journaux, de
nos brochures, de tous ceux qui, n'étant pas satisfaits
des définitions fournies, ont leur propre définition à
apporter. Cette œuvre, en réalité,, reste ïa besogne d'un
petit nombre, ou, pour beaucoup tout au moins, n'est
pas de nature à absorber toute leur activité. Il reste
des forces disponibles à exercer. A quoi peuvent-elles
s'employer? .1. _ , .__ - — *• -
— 13 —
Il est absurde, d'abord, de vouloir amener les anar-
chistes à se concerter en vue d'un programme commun
d'action. Il y a des différences de tempéraments, de
caractères, qui entraînent des façons de voir les choses
différemment. Et ces façons de voir et d'agir ont le droit
de se faire jour e^ de s'exercer au même titre les unes
que les autres. C'est pour cela que, malgré les difficultés
de vivre, il y a tant de tentatives de journaux (abstrac-
tion faite des petites vanités personnelles). Et il n'est
pas désirable que les anarchistes s'entendent pour éta-
blir un programme commun, ce ne pourrait être qu'au
détriment des initiatives et de la naissance d'idées ori-
ginales.
D'autre part, pour longtemps, très longtemps encore,
les anarchistes ne resteront qu'une minorité infime, eu
égard au chiffre total de la population, n'ayant qu'une
action très restreinte sur la masse, condamnés à dis-
cuter éternellement sur ce qui pourra ou ne pourra pas
être fait, s'ils continuaient à rester entre eux.
M
**
Il sera toujours impossible de réunir une masse impor-
tante d'individus, absolument d'accord, pour une action
d'ensemble sur un programme d'idées générales. Les
partis politiques n'y réussissent que par une telle im-
précision, qu'ils n'arrivent à se maintenir qu'en s'abs-
tenant de réaliser leur programme, quelque incolore ils
l'aient conçu.
Mais, s'il est impossible de grouper des forces impo-
santes sur des programmes généraux, il y a tels et tels
points particuliers des revendications sociales" sur les-
quels pensent la même chose, ou sur lesquels il leur est
facile de s'entendre, un nombre considérable d'individus
appartenant à des groupements socialistes et même
politiques différents, points particuliers qui peuvent
réunir en un seul bloc des forces assez considérables
pour imposer à, la société la transformation de tel ou
tel rouage.
Les exemples abondent. Nous en avons en ce moment
un qui est d'actualité : la disparition de Biribi. Jusqu'à
T
- 14 —
présent, ce ne sont que des protestations isolées qui se
sont fait entendre. Le « Comité de défense sociale » a
pris l'affaire en main, mais s'il se créait un groupement
de pères et mères de famille, désireux de soustraire leurs
fils au sort des Rousset et des Aernoult; si, au lieu de
se faire les complices des chaouchs en laissant faire,
tous ceux qui ont des fils que le même sort peut at-
teindre, — car une fois au régiment cela peut atteindre
chacun, — formaient une ligue puissante, ils impose-
raient à nos maîtres une mesure qu'ils ne sont assea
forts pour refuser de prendre que parce que nos pro-
testations sont isolées.
*
**
En un autre ordre d'idées, tout le monde se plaint de
la façon dont est pratiqué renseignement. Sous prétexte
de faire la guerre à l'Eglise, l'Etat est parvenu à s'assu-
mer, de fait, le monopole de l'éducation, à imposer sa
surveillance et ses programmes aux écoles que, sans
doute par dérision, on qualifie de libres.
Que tous ceux qui pensent que la personnalité de
l'enfant, son originalité, doivent être respectés; que ceux
qui veulent qu'on lui apprenne à penser par lui-même,
et non lui fourrer des idées toutes faites dans la tête; que
ceux qui veulent qu'on lui apprenne à choisir dans les
idées qu'on lui soumet, et non en faire un perroquet qui
ne sait que répéter ce qu'on lui a seriné, se groupent
Sour forcer l'Etat à changer ses méthodes, en attendant
e pouvoir se passer de lui.
Si, au lieu, comme on est' habitué, de toujours se
plaindre et récriminer sans résultats appréciables, de
toujours attendre de la Providence que les méthodes
changent, on s'organisait pour les changer, je suis
convaincu qu'il y a assea de geris désireux d'introduire
4es méthodes plus rationnelles dans l'éducation pour
pouvoir, dès à présent, imposer des transformations
heureuses dans l'enseignement.
Et comme il ne s'agit pas de remplacer une croyance
par une autre, mais, bien au contraire, mettre l'élève à
>~
- 15 —
stalt ficiL aV ° ir Se faiFe Sa propre diction, l'entente
En cet ordre d'idées, nous faudra-t-il prendre exemnle
des catholiques qui se sont groupés en assocîaE de
Ah! voilà, il faut se. grouper, il faut amr il faut
faire quelques sacrifices, et surtout ne pas s'émotionnër
des échecs II faut avoir de l'esprit de sut», de la persc-
yerance. C'est wen plus facile de déblatérer, chacun eîi
to° U Vr,', d u e n^u U r dlI,e "^ 6t Cr ° ire <* Ue ce,a ^ang/ra
Quelques camarades ont pris l'initiative de faire révi-
vre la ligue que Ferrer avait fondée dans oe but Epe-
rons qu'ils sauront se faire entendre, qu'ils auront u££
de persévérance pour se maintenir, même si ks adhé?
siens étaient longues à venir, jusqu'à ce que les inrfl
vidus ayant enfin compris que l'on obtTenl fue ce quo
Ion sait imposer, les adhésions viennent assez nom
Er^ P qUe la j igue puisse faire œu ™ Sce("".
D autres camarades ont fondé la « Liirae doup la
Z %,* re , nfanCe " (2) - Je ne sui « P as S*" sûr
qiiq eelle-d ne fasse pas double emploi avec l'autre
™ f n ,S U r P< f te '- e î pér0ns que toat ° s deux Pourront
un jour, ayant pris force, essayer quelques réalisations
• *
Nous sommes a une époque où la puissance de la
police est devenue formidable. Les républicains souî
1 Empire, se plaignaient avec raison de seV mZœuvrës
policières Après quarante ans de Hép^uJSTÏÏuS
Sn!, P u 1 p. devenir „ le r éritabIe gouvernement ' P
ou'eX « P mpir -» elle ét î lt r™ 1 * 6 : on la désavouait lors-
d'hf, .fi f< VS u , t P"» 1 ** la main dans le sac; aujour-
dhui elle s'étale et envahit tout. C'est elle oui Z
mande les ministres obéissent. Le v^rUabie^hef de"
1 Etat, ce n'est m le président de la République/ni le
de ! rL^^ ll I 'i 8 u U e e de n Œ 1 ° n * ,e P ° Ur rEducattol » ^nn e lU>
(-') Adresse: Roy, secrétaire, 73, rue Daguerre.
— 16 -
président -du Conseil, e'est le préfet de police, Le mou-
chard ne se dissimule i plus pour exercer son métier
malpropre, c'est ouvertement qu'il s'infiltre dans tous
les actes de la vie du citoyen. Et la presse n'est plus
qu'une succursale de la rue de Jérusalem.
On sait quels anathèmes ont pesé sur l'Empire pour
les fusillades de Saint-Aubin et la Ricamarie. C'est par
douzaines qu'il faut compter ces actes de répression
sous la République. A la moindre manifestation, on
lance les policiers et la cavalerie sur les manifes-
tants (1). Il n'y a pas de ministère qui n'ait quelques
cadavres sur la conscience. C'est à se demander où cela
finira.
Cependant, si les individus voulaient, ils pourraient
résister à cet envahissement de mouchards. Nous ne
devojis pas être tombés si bas pour que cette ignominie
ne répugne pas à la majorité des individus. Pourquoi ne
se concertent-ils pas pour résister à ce chancre?
Et lorsque je parle de la police, je n'en disjoint pas
la magistrature, qui n'en est qu'une autre face.
Il y a le « Comité de défense sociale », dont j'ai déjà
parle, et aussi la « Ligue des Droits de l'Homme ».
Celle-ci, formalise? étudiant les faits au point de vue
légal, n'intervenant qu'au nom d& là légalité, lorsqu'elle
n'a pas été respectée. Le Comité de défense, lui, ne
s'inquiétant guère de la légalité, mais s'insurgeant au
nom de la conscience humaine. Ce sont deux modes
différents d'action, mais rendant des services, et qui
peuvent, dans beaucoup de cas — cela est arrivé — unir
leurs efforts. Mais il faudrait que les adhérents arri-
vent par milliers au Comité de défense, que des sections
fonctionnent dans chaque localité. Ici, l'action et la
bonne volonté de quelques-uns ne peuvent suppléer au
nombre. Lorsque le Comité comptera 50.000 adhérents
décidés à le soutenir, il aura une action efficace journa-
lière. *'
(1) Sans préjudice des chiens dressés à cet effet.
— 17 —
**
t'.S
vis;
j\ous sommes exploités par le commerce, à la merci
de la rapacité dss. industriels, victimes de leur mauvais
goût. Pourquoi ne s'unirait-on pas pour leur résister?
Il existe déjà des ligues d'acheteurs dont le seul but
t d imposer quelques réformes philanthropiques et ne
sant nullement à une refonte sociale.
Leur but est respectable, mais insuffisant. Il faudrait
Umcler des ligues avec des buts plus largement écono-
miques : résister aux augmentations de prix injustifiées,
boycotter les produits fabriqués dans de mauvaises con-
ditions pour les ouvriers, imposer des modèles esthé-
tiques dans la. fabrication des objets usuels, etc., etc.
1 ont le monde se plaint des propriétaires. Une lkrue
de locataires pourrait faire beaucoup dans cette direc-
tion. Ici encore, résister aux augmentations injustifiées
toiver les propnos aux réparations, aux travaux d'as-
sainissement de leurs immeubles. One grève générale
de locataires serait une belle préface à la révolution (1)
Mais diront les révolutionnaires à panache : « -Nous
;i y voyons pas là l'action révolutionnaire, l'action dans
la me, la préparation de la révolution.
Lorsque les individus, par leur seule action arrivent
a imposer une limitation à l'arbitraire gouvernemental
a imposer de meilleures conditions à leurs exploiteurs'
j appelle cela de l'action révolutionnaire au premier
fit, je l'ai dit plus haut, l'action dans la rue, ne
s organise pas.
Le travail Incessant de ces groupes de revendications
, a ?!î? e £ de plus en P lus > leg individus à supporter
])J us difficilement l'arbitrlire et l'exploitation, créant
ainsi cet état d'esprit qu'on croit pouvoir créer à l'aide
fie la déclamation.
11 est évident qu'au fur et à mesure que croîtront leurs
1 orées, ces groupements exigeront des* mesures de plus
n plus incompatibles aysc-1'état social actuel. Ftat et
(1) U existe, je crois, D*î$èiVs* groupements de ce «enre mais
-18 —
patrons ne voudront pas subir les continuelles exigen-
ces de ceux que, jusqu'ici, ils se sont habitués à mener
et tondre à 1er guise. Et alors, inévitablement se pro-
duiront des conflits qui, à certains moments pourront
avoir leur répercussion dans la rue.
Aux individus conscients à savoir ce qu'ils auront à
faire lorsque les circonstances se présenteront.
La Société future ne surgira pas spontanément des
pavés soulevés. La révolution qui brisera les entraves
qui arrêtent l'évolution, ne sera rendue possible que
parce que cette évolution aura, justement, fait sentir
plus vivement, la malfaisance de ces entraves.
En temps de révolution ne se développeront que les
groupements qui auront déjà fait preuve de vitalité. Et
les genres de groupements que nous venons de passer
en revue ne sont que des groupements de lutte contre
l'ordre social actuel — de même que les syndicats — et
ne sauraient, par conséquent, fonctionner dans une
société libre qu'en se transformant pour des actions
nouvelles. Les ligues d'acheteurs, par exemple, pour la
répartition des produits, et les ligues de locataires pour
la répartition des logements. Mais il est bien difficile de
changer les but3 d'un groupement sans y- apporter de
perturbation préjudiciable à son fonctionnement. Il
nous reste à voir s'il ne pourrait, dans la société actuelle,
se former des groupements pouvant, tels qu'ils fonc-
tionnaient avant la révolution, servir, après, d'amorce
à d°!S groupements nouveaux, r
Quelle que soit l'illusion que professent à cet égard
beaucoup de révolutionnaires, on ne réorganise pas
d'en haut, et de fond en comble, une société. Pour que
la société désirée soit stable, il faut qu'elle soit un
groupement logique, normal, qui se développe et pro-
gresse au fur et à mesure qu'elle fonctionne.
Il faut donc, dès à, présent, que lés anarchistes trou-
vent des modes de groupement et de production qui,
lorsque les dernières entraves seront abattues pourront
remplacer les vieilles organisations déchues. Peut-être,
en existe-t-il que nous ignorons.
Prenons, pour exemple, une société qui existe, une
société d'esprit nullement révolutionnaire, qui ne vise
- Il) •
qu'à des améliorations spéciales dans la société actuelle,
le Touring Club. C'est un groupement qui, si je ne
me trompe, s'était tout uniquement formé en vue 'de
fournir en voyage quelques facilités à ses adhérents, et
de leur procurer quelques avantages financiers.
Ce groupement a si bien répondu à son programme
qu'il est devenu assez puissant pour, en dehors des
avantages particuliers qu'il continue à procurer à ses
membres, créer des routes nouvelles facilitant aux tou-
ristes l'accès de coins pittoresques, protéger les sites
méritant d'être* préservés lorsqu'ils sont menacés par
la rapacité d'un propriétaire ou l'imbécilité administra-
tive, et même s'occuper du reboisement des montagnes.
Voilà un groupement dont les attributions se sont
étendues bien au delà de ce qu'il se proposait et qui, à
mon avis, pourrait avoir son utilité dans la société fu-
ture, en continuant son œuvre de préservation et de re-
constitution des forêts, pouvant y adjoindre le dessèche-
ment des marais, l'amélioraion des terrains incultes.
Si, dans un état social harmonique; il se trouvait des
individus assez détraqués pour affirmer que, pour leur
satisfaction personnelle, ils n'ont pas à tenir compte des
autres individualités, ni à se préocouper d'aucune con-
sidération, ils ne seraient pas dangereux par leur nom-
bre, mais pourraient l'être par leur outrecuidance et
leur ignorance, un groupement, comme le Touring Club,
s'occupant de la défense d'intérêts généraux, aurait son
utilité en face des prétentions d'aliénés de cette sorte,
en opposant comme contre-poids son esprit « social »
à l'individualisme outrancier qui prétendrait sacrifier
l'intérêt général à une conception bornée des droits de
l'individu.
C'est un exemple. Il peut y en avoir d'autres,
i ' A- . , , .-'•,, ••
Mais j'en suis fermement convaincu, on peut dès à
présent constituer des groupements de production qui
pourraient facilement s'adapter Jt la société future.
J'ai déjà cité bien souvent l'exemple suivant; mais,
puisqu'il est bon, pourquoi ne pas le resservir encore?
I
— 20 -
ÀuU*efoîs, il y a longtemps, c'était avant les lois-*scé*
lératas, sous le nom de Commune de Montreuil, des
camarades de cette localité émirent Pidée de se grouper
et de cotiser, en vue de louer un atelier commun —
auquel par la suite, aurait été adjoint un jardin maraî-
cher — * où les adhérents seraient venus, aux heures de
loisir, travailler h la production d'objets d'utilité ou
d'agrément, selon leurs goûts et leurs aptitudes.
Poup cette fabrication, il aurait fallu se procurer de
la matière première, bois, fer, cuir, étoffes, etc., on aurait
fait appel à ceux qui auraient pu les fournir, et il sa
serait ainsi établi des relations d'échanges, où les uns
auraient fourni les matériaux, d'autres l'effort, l'inven-
tion, d'où aurait été exclue toute valeur d'échange. Les
camarades se proposaient même, lorsque les conditions
l'auraient permis, 4à faire, à titre d'exempte, participer
à la distribution des produits, sans rien demander en
échange, ceux qui, sans être participante, auraient mon-
tré un intérêt quelconque à l'étude de leurs efforts.
L'idée était va$ue, manquait de précision; mise à
exécution, la pratique aurait indiqué le mode de fonc-
tionnement qu'il aurait fallu y adapter. •
Mais vint ta répression de 93*04; ces camarades fu-
rent emprisonnés, dispersés, l'idée ne fut jamais reprise.
Il y avait cependant une indication.
Nous nous plaignons tous que les marchands ne noua
vendant que de la camelote, que le mauvais -goût des
industriels .encombre notre vie journalière d'ustensiles
et de meublas ignobles dont la maladaptation à leur
usage n'a d'égale que leur laideur; est-ce que ceux qui
sentent le besoin de s'entourer d'objets confortables tout
en étant agréables à voir, ne pourraient pas s'unir pour
les fabriquer eux-mêmes?
Ainsi, pour les meubles, je vois très bien des cama-
rades éWnUtes, menuisiers^ serruriers, tapissiers, des-
sinateur*, sculpteurs, se groupant pour créer des modè-
les àieur goût, et étendant leur groupement à ceux qui
— SI
ïïïïXKr"** la maMère p wmiè '* •»» «•
Evidemment, dans oes premiers essais, oa ne serait
pas la libre participation à la consommation? maïs
même pour la société future, je ne vois pas les indivi-I
dus produisant comme des aveugles, toujours Je £
££?£ P ° Ur de * gens * u ' û * n « connaissent paTje
dT^s^coX^ 111 t ° UJ0UrS eD VU ° «° sa?i!rfai ™
ta^sffî^Su'rfÏÏS au * f° upes de la sooiéiô «•
nielle, s il y avait, chez eux, échange ds produits, on au-
rait tout au mons, dès le début" supprimé la valeur
d'échange, et, selon la largeur d'idées des participants
ou S moin a sX g r rraient " ,aiw ^ une *&™%fc
(«fi ™ TV p t eut a ? t î Âre P° ur les meubles peut se
faire pour toute sorte de produits. La question d'outil-
lage n'est pas insurmontable, d'autant plus que l'on peut
it^aiT ? 0IS à ? ier . 3elon les modèles, faiw fondre
le métal dont on a besoin et se passer ainsi d'acheter un
outillage mécanique trop onéreux.
*
On objectera la diffloulté, pour celui qui travaille nour
gagner sa vie, de trouver le temps nécess*ire à aW
ployer a tout ce qui sollicite son activité.
Les conditions de travail sont, fortement améliorées.
On travaille moins d'heure»; presque plus persoonVnè
Sfr 1 * dun r che - D ' au(ïfl »**> c ro«-°n que »o5e
a »v^n. h,8S T ent „ n 2 u " viendra to «» 8 « u », si nous ne
savons pas faire l'effort qu'il nécessite?
Ensuite, il ne s'agit pas de faire une production In*
» nL 4 ^ u ï. d f eroupement ne consistera p<»s dans
a quantité d'objets qu'il aura produit, mais dans là
valeur et le nombre dits individuï qu'il âu?a uoU, dMs
twists de ,eura rapports - ^-vsun
ici, on le remarquera, le» individus ne seront bu
groupés corporativement, ni en vue de ooopémà uni
— 22 —
seule branche de production. Ce seront leurs besoins
qui les auront réunis, et la diversité des matériaux em-
ployés aura pu réunir dans le même groupe des gens
exerçant des métiers différents. C'est là, selon moi, la
véritable base de l'organisation sociale future.
Ces groupes auront certainement besoin les uns des
autres, c'est un autre stade de l'évolution qui agrandira
le cercle des relations et permettra à chacun de trouver
la satisfaction de tous ses besoins, car il est bien en-
tendu qu'au cours de son existence il ne pourra pas
travailler à la fabrication de chacun des objets qui lui
seront nécessaires.
* -
**
Mais si, dans la société future, il sera impossible à
l'individu de participer à tous les groupements qui
pourront solliciter son activité, à plus forte raison dans
la société actuelle. Laissons à la société future le soin
d'empêcher qu'il en subisse un dommage et voyons ce
qu'il peut faire dès maintenant.
Il est bien entendu que chacun ne participe qu'aux
œuvres qui répondent à sa façon de voir; mais sa façon
de comprendre les choses peut être très large, et ses
facultés d'action sont forcément restreintes; il lui faudra
donc choisir.
Mais, 3i le même individu ne peut être militant dans
chaque groupe, cela n'est pas nécessaire du reste, il
peut y adhérer pour jouir des avantages qu'il procure,
laissant à ceux que cela intéresse plus particulièrement
le soin d'y agir. Cela est utile à l'individu et au groupe,
car il est de toute nécessité que les groupements soient
puissante par le nombre, non seulement parce que le
nombre est une force, mais aussi parce que seul le
nombre peut fournir l'appoint financier, qui est une
autre force.
Je sais fort bien que l'argent ne remplacera jamais
l'initiative et la volonté, mais il peut leur être d'un
grand secours.
Quand je. pense à toute la besogne que l'on pourrait
faire, et que Ton ne fait pas, parce que les fonds néces-
saires manquent, à tout le temps dépensé — et qui
— 23 —
pourrait l'être beaucoup mieux — pour trouver la pièce
de cent sous qui permet de faire paraître le journal à
l'heure, d'éditer une misérable petite brochure, je ne
puis que déplorer toute l'énergie gaspillée.
*
L'individu doit donc se faire inscrire à tous les grou-
pements dont il approuve l'action, dans la mesure,
évidemment, que lui permet son budget, mais plus les
groupements seront puissants en nombre, plus basses
ils pourront mettre les cotisations.
Le Touring Club, dont je parlais tout à l'heure, pour
accomplir toute la besogne qu'il fait, ne demande que
5 francs par an à ses adhérents.
Du reste, si les aptitudes de l'individu peuvent être
variées, eïles ne peuvent — sauf de rares exceptions —
être égales en chaque ordre d'idées, c'est déjà une limi-
tation. A chacun de savoir choisir la besogne où ses
efforts peuvent rendre le maximum d'effets.
Lorsque chacun aura bien compris cela, on aura fait
un grand pas vers la réalisation des idées que, jusqu'à
présent, beaucoup se contentent d'affirmer. On aura
trouvé les formes de groupement non seulement pour
« agir », mais qui dorvipt omettre à la société de
demain de remplacer/tçwe d'aujourd'hui.
ç?
'*
L'Estëruu»,- imprimerie Communiste, 1 et 3,* rue de Steinïei<ojue, Pari» (18*0
I
%
i ;.«" ww^ijiw .ywu$ i > ' W'M^ ' -^JTf
A I,IR^
Notre Soeiete-cst travaillée par un malaise général qui se
nçlmt par des conflits que nos gouvernants solutionnent dans
la rue par des coups de fusils ; à la Chambre, par des lois dîtes
ouvrières. \, ' ; ^
Les travailleurs, ne savent pas davantage où trouver le
vem.dc. Tantôt, ils refusent toute confiance aux députés, anx
gouvernants, et, aux périodes d'élection, ils se précipiter t aux
..rues pour en faire sortir celui qui leur aura fait les promesses
les plus mirobolantes.
Devant le renchérissement de la vie, ils n'ont d'autre solu-
tion que de fa,re augmenter leur salaire, ce qui entraîne une
nouvelle hausse des produits. Ce petit jeu peut durer indéfi-
ni m on t.
S'ils veulent sortir un jour de leur situation précaire il faut <
que les ouvriers apprennent quelles sont les causes de leur
■msero, et en cherchent eux-mêmes les moyens. La lecture des '
leivps Nouveaux pourra les aider.
Il existe une légende que la lecture en est ardue. C'est une
erreur propagée par ceux qui s'imaginent qu'un' jountal.doit
cm- apporter la solution de tous les problèmes. Evidemment la
lecture d un article sociologique n'est.pas.ausssi.distrayante' ni
auss, amusante qu'un roman do Paul de Kock, mais il n'y a
nul ornent besoin d'études préparatoires pour le comprendre '-'
Les collaborateurs des Temps Nouveaux n'ont pas Wp^f
tontion d- apporter une solution toute faite à tous lés' Sif' 1
SOf*!:iiiv II* Acr>A,» rtr ,i ««..i l _. . , . * ' »m?\ •' h"
sociaux. Ils espèrent seulement amener le lecteur à /féfléc^ïr ; ^
par lui-même. • • , . ■■ / .".<>.
;\o-~
Le Sejyîcé de quelques exemplaires sera fait <rra~
t*™ m *.~~.-A—. on voudpa bien fa *
rue Broca, Paris.
•ue oeCTice ae quelques ex
n*™^?^ ******** < ï u, ° n voudra bien faire par-
venir k l'administrateur, 4, ru ~ F
«T»
«4
Paraissant tous les 8 jours avec un Supplément 11
1 cent, le numéro. — Maiiistnt
Abonnement : France, un an, 6 fr.; Extérieur, 8 fr.
LES TEMPS NOUVEAUX lO uni, le numéro. — MaiiUtrattei : 4, rue
Broos.
EN VENTE AUX "TEMPS NOUVEAUX"
Aux Jeunes Gens, par Kropotkinb, couverture de Roubille *j
L'Education libertaire, par 1). Nieuwenhuis, couverture de Hermann-Paul. , , ,{||
Enseignement bourgeois et Enseignement libertaire, par J. Grave, couver-
ture de Cross . £3
Le Machinisme, par J. Grave, couverture de Lues. ,«^
Les Temps Nouveaux, par Kropotkinb, couverture de C. Pissaro (épuisé) . . \ JO
Pages d'histoire socialiste, par W. Tgherkesoff , g
La Panacée-Révolution, par J. Grave, couverture de Mabel , . . . ,i|?
A mon Frère le Paysan, par E. Reclus, couverture de Raieter # £|
La Morale anarchiste, par Kropotkinb, couverture de Rysselberghe
Déclarations d'Etiévant, couverture de Jehannet , jj"
Rapports au Congrès antiparlementaire, couverture de C. Dissy .|y
La colonisation, par J. Grave, couverture de Couturier »
Entre Paysans, par E. Malatesta, couverture de Willauhr
Le Militarisme, par D. Nieuwenhuis, couv. de Cohin'Achs (en réimpre$sion) . . •
Patrie, Guerre et Caserne, par Ch. Albert, couverture d'AGARD H|
L'Organisation de la Vindicte appelée Justice, par Kropotkinb, couverture
de .1. Renault , •
L'Anarchie et l'Eglise, par E. Reclus et Guvou, couverture de Dauhont. . . . • fts
La Grève des Electeurs, par Mirbeau, couverture de Roubille »m
Organisation, Initiative, Cohésion, par J. Grave, couverture de Sionac ... •
Le Tréteau électoral, piécette en vers, par Léonard, couverture de Heidbrisck • ttj
L'Election du Maire, piécette en vers, par Léonard, couverture de Valloton. . ♦
La Mano Negra, couverture de Luce »
Là Responsabilité et la Solidarité dans la lutte ouvrière, par Nettlau,
' coiivhiIiiiv rie Delannoy **i
An archi -Communisme, par Kropotkinb, couverture de Loch aud *
Si java s à parler aux .Electeurs, par J. Grave, couvarture de Heksank-Paul •
La Mano-Negra et 1 Opinion française, couverture de Hénault ■•
La Mano-If egra. dessins de Heriiann-Paul * ;
Entretien d'un Philosophe avec la Maréchale, par Diderot, couverture de
Granojouan i m
L'Etat, son rôle historique, par Kropotkinb, couverture de Steinlen •
Mil tirisme, par Fischer >j
La Femme esclave, par Chacghi, couverture de Uermann-Paul *
Deux Tsars, par M. $••••• •'. ».
Vers la Russie libre, par Rullard, couverture de Grawdjouan •
Le Syndicalisme dans l'Evolution sociale, par J. Grave, cou* m. de Naudin. •
Les Habitations qui tuent, par Michel Petit, couverture de Frédéric Jacqie . *
Le Salariat, par P. Kropotkinb, couverture de Kupka •
Evolution- Révolution, par E. Reclus, couverture dp Steinlen v
L is Incendiaires .par Verubsch, couverture de Hëcmann-Paul •
La Vérité sur l'Affaire Ferrer, par Auguste Bertrand, couv. de Luce V
Comment l'Etat .enseigne la Morale ......./... S
Le Coin des Enfants, t' % 3* aérip. chaque, brochés . |>«
Le Coin des Enfants, 1 M , 2 ê et 3* série, haque, reliés \
Terre libre, par J. Grave.' '•••-. I
Patriotisme. Colonisation, illustré m
(lu rre, Miitarlsme, illustré m
Les Prisons, par Kropotkinb, couverture de Daumont •
L'Esprit de Révolte, couverture de Delannoy •
L'Anarchie, p<r Malvtesta •
L'Enfer militaire, par A. Girard, couverture de Luce *
Nouii preme :
Sur T Individualisme, p^r Pierrot, couverture de Maurin. --m
Aux Femmes, nar Gohier, couverture de Lues. M
Publications des « TEMPS NOUVEAUX » - No 47
\ >
meteFûte
PRIX : 05
A>' />•
<«m<«.* rf« « TEMPS NOUVEA IX », -/, ,-«« ftwn. ttwis
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale cle France
Groupe de Propagande par la Brochure
La propagande par la Brochure est «no des meilleures propagandes si on peut la
faire avec suite. , . . , ,
ie Révolté, La Révolte, Le& Temps Nouveaux s'y sont employés de leur mieux. À
l'heure actuelle, plus de 60 brochures diverses, dont les différents tirages réuni*,
dépassent un million d'exemplaires, on! été lancées par eux.
Malheureusement, les fonds manquent pour pouvoir en imprimer plus souvent de
nouvelles, ou réimprimer, lorsque c'est nécessaire, celles qui sont épuisées. '
IïbVit donc de trouver 500 souscripteurs Rengageant à. verser chacun 12 fr.
par an. nSus serions alors en mesure d'impûmer chaque mois — ou de réimprimer
parmi celles épuisées — une nouvelle brochure de f r. 10 ou deux de O f r. 05.
Par contre, voici les avantages que nous offrons aux souscripteurs :
1° A chaque tirage, il leur sera expédié 15 exemplaires si c'est une brochure à
O fr 10 • 50 exemplaire*, si c'est une à fr. 05. C'est-à-dire, le montant de leur
souscription calculé avec une remise de 40 0/0, frais d'envoi déduits.
Ce qui leur permettra de s'employer à la propagande, en faisant circuler les bro-
chures parmi ceux qu'ils connaissent, soit en les distribuant eux-mêmes, soit parla
poste kLiu'ilB ne voudront .s faire «avoir qu'ils s'intéressent à la propagande;
2° A chaque souscr our qui sera libéré de sa souscription, il Bera envoyé une
lithographie spécialero o tirée pour les souscripteurs. ,
Cette lithographie qui sera demandée a l'un des artistes qui ont déjà donné au
journal, ne sera pas mise en vente et vaudra à elle seule, largement, le prix de sou».
C " P 3» À ceux qui souscriront 15 franc» par an, il sera expédié un nombre de bro-
chures dont le montant égalera celui de la souscription, calculé, toujours avec une
remise de 40 Ùfi, plus une eau-forte qui, elle aussi, sera tirée spécialement pour eux,
*' ""ceu^ut^entT^rd'une eau-forte artistique apprécieront le cadeau que nos.
6Ur 4" A ceux qui souscriront au-dessus de 15 francB, il sera fait cadeau de L litho-
*~^ ïi^^iS^Sio. trouvera 10 souscripteurs, il sera fait cadeau de la IN»
^slou^^ ruelles ou trhncs-
^Ye^ et qui ne se libéreraient pas de tar
promisse, il sera, à la fin du trimestre, adressé un remboursement pour les 3 moi..
Adrssssr les souscriptions su osmsrsde Ch. BENOIT,
3, rus Bénits, PARfS,
N -B.- En discutant avec des camarades, il est facile de leur glisser une bro
ohure et de leur mâcher deux sous. Les souscripteurs pourront ainsi récupérer ta
momant de leur souscription, et augmenter leur propagande.
Ri™fc.,r*« ii l'étude • Les dessous de la campagne du Maroc de Merrheim. — If
^ZcomjMc^ deB?thaugm. - Travail ««""«W*
ÇZT-Le ^àZrimJàk D. Nieuwenhuis. - Origines et maiaU du Ckr<**
niêrne de Letourneau.
Publications des <r TEMPS NOUVEAUX » — N° i7
-.M
Jean Q-^a-vtp.
Une des formes
AVir,\^'
fe l'Esprit politicien
Prix : fr. 05
1" Tirage, 10.000 Exemplaires
>~' r ' .A
4/ V
PARIS
TEMPS NOUVEAUX
4, Rue Broca, 4 "
1911
Une (lesfoflnes de l'Esprit politicien
■i:!\v
Des cens très bien intentionnés, mais superficiels nui
s imaginent qu'il suffirait que chacun fît abstract Ko
ses idées personnelles pour former un seul parti de tous
ceux qui veulent une transformation de l'état social
actue , émettent de temps à autre, après la faillite de
tous les partis, l'idée baroque de former un seu parti
révolutionnaire de tons ceux qui, unifiés, anarchistes
font la guerre à l'état social présent. auar cnisces,
Ces bonnes gens ne voient qu'un côté de la Question •
^ r „ Sl J e V socialis . tes révolutionnaires veuleK fin dé
prix d une révolution, là se bornent les points de contact
^nTrfffi? 8 P *° Ur t& re cette évolution sont? non ser-
ment différents, mais antagonistes.
Certains socialistes pensent amener la révolution en
nommant des députés qui feront des lois en faveur «to
aésherités en envoyant des leurs à tous les échelons de
Administration, en s'emparant dos fonctions adminis*
tratiyçs qui leur permettront de réformer la ^société
?lt l6 W de la ? t ouve i ,e - De P>«Tcette société
future devra toujours être régie par un pouvoir oui
aura à penser et à agir pour le bien commun q
La société future qu'ils entrevoient sera basée sur
1 autonomie complète des individus, l'ordre devant se
créer par la libre entente, et non obtenu par leur écra-
sement par une autorité quelconque. P
n arti e ?l V £ ai q ue . ceux qui veulent réunir en un seul
parti les forces révolutionnaires, oht toujours soin de
déclarer que l'autonomie de chaque groupe y sera res!
pectée, et, sans doute, ils croient fermement* cTqu ? iîs
nsé me o n »V 2*i ^J*? 11 ™ ï«™ groupement c 6 eK
use — car, en réalité, c est pour centraliser les efforts que
— 4 —
l'on juge devoir être ainsi plus productifs, ouà l'état
dispersé, que l'on iuge nécessaire la création d'un parti —
ne devenait pas, à la longue, une entrave pour ses adhé-
rents.
Les mêmes critiques que font les anarchistes à l'exis-
tence d'un gouvernement surgissent pour la création
d'un parti.
Si le gouvernement doit borner son activité pure-
ment et simplement à enregistrer l'action des groupes et
des individus, son existence est inutile. Laissons les
groupes et les individus rechercher et établir eux-mêmes
le mode de relations qui doit les relier, en dehors de
tout groupe central, qui est un danger, de par le fait
seul de son existence.
Si ce gouvernement doit réglementer, coordonner,
susciter on limiter cette activité des groupes et des indi-
vidus, il faudra lui adjoindre la force qui sanctionnera
sa volonté ? Alors c'est l'arbitraire.
Si, dans le nouveau parti, l'union, la cohésion doivent
résulter d'une identité d'efforts et de conceptions, de-
Chacuu, évidemment, doit agir selon ses préférences,
mais admettre que les préférences des autres sont tout
aussi légitimes et que l'on peut se prêter un mutuel
appui, lorsque ces préférences ne se contredisent pas.
Inutile, alors, d'établir a priori une charte qui ne doit
être que le résultat des formes d'activité en cours.
Si, au contraire, cette union doit être acceptée
« d'avance », en vertu d'un pacte, conclu au préalable,
et auquel il faut adhérer en entrant dans le nouveau
parti, c'est une limitation de la pensée et de l'activité de
chacun, c'est la cristallisation, à un moment donné,
d'une façon Ce concevoir les choses, et l'arrêt de son
évolution.
Des pactes semblables ne sont obtenus que par le con-
sentement de chacun de supprimer de son action ce qui
peut gêner ceux des contractants qui ne pensent pas de
- 5 —
bien ia perce, SLoffie'Iain. 1 ^ '" a " W Je * vûis
*
Declé^m, Jtt^^ UX I des P actes semblables ne sont res-
lent passer à la réalkati™ JJ V souh f ïte ^ * et veu-
tance^ reSte la qUOStion de P^on nahtés a son impor-
vuîS? bourŒ'„l y ? Ce J teins ^«liâtes, voire de
a plus grande erreur oui nuiase «*«*«/« - ' « *
Ion peut trouver un programme mSS ^f„?I°l re que
«n grand nombre d'indivŒ^eft re^.fr^n^* 8 pou ?
qu aux dépens des initiatives que se font les centra-
- 6 -
lisations, et elles ne se réalisent que par la compression
des idées et des actions originales.
Oui, c'est tout ce qu'il y a de plus politicien cette idée,
ce besoin de réunir en un seul faisceau les forces —
révolutionnaires ou autres — d'un parti» et de croire
qu'elles seront plus faciles à « diriger ».
Mais « direction » implique « dirigeants » et, en effet,
c'est bien le besoin d avoir sous la main une fore* Quel-
conque qui vous permettra de diriger la propagande et
la révolution dans la voie que Ton envisage, qui se tra-
duit par ce besoin d' « union ».
Mais quel sera ce « on » ? C'est que 1' « on » lie sait
pas. C'est là l'inconnu qui peut cacher bien des décep-
tions» Mais « on » croit que, si elles étaient groupées, les
forces révolutionnaires frapperaient toutes en même
temps, et au même endroit. C'est un raisonnement faux.
D'autre part, il n'est pas vrai qu*il soit nécessaire de
frapper sur, un centre, pour obtenir une plus rapide
démolition de l'état social. Tout se tient dans la société :
1 extirpation d'un préjugé, la démolition d'un rouage,
c'est autant de fissures dans l'ensemble et c'est en élar-
gissant ces fissures que l'on obtiendra l'écroulement des
murailles. Et ce n'est qu'en laissant la plus grande lati-
tude aux énergies de se développer que Ton obtiendra le
maximum d'efforts.
Oui, elle est bien politicienne en son essence cette
conception de vouloir reconstituer un parti révolution-
niaire sur les ruines du parti dit socialiste. C'est la
défiance des individualités, le besoin de discipliner sous
le dogme, et en vue d'avoir, en prévision des futurs coups
de mains, une force que Ton puisse diriger, qui a amené
cette boutade d'Hervé, qu'il ne peut y avoir contre l'or-
ganisation d'un parti, que quelques théoriciens, bien
intentionnés, sans doute, mais éloignés de toute action.
— Et il faut savoir quel mépris cache cette appellation
de « théoricien » pour ceux qui ont la prétention d'être
les seuls hommes d'action, pour en apprécier la saveur.
Or, on peut être théoricien et savoir payer de sa peau,
à J occasion. La théorie, lorsqu'elle a pour but d'engen-
drer l'action devient action elle-même. Toutlemo^dë
"p SS , L pM -* êt,e daDS . n 2 état d 'é'éthisme pYrman™?-
e qui serait une maladie -. Il y en a qui n'aiment nas
a se dépenser eu efforts stériles et pouVqui TpaK
«alêne ne représente pas le summum^d'efforts utifes
L erreur de tous ceux qui se considèrent comml les
« meneurs des foules » est de croire que l'on peut en si
mettant en avant, en l'excitant et il surexcitant co«
duire la masse à une action révolutionnaire quf omettra"
a ceux qui sauront la diriger, d'assurer le suWde 1»
révolution. Erreur politicienne. e la
Daucuns théoriciens sont convaincus que l'on ne
devient « meneurs » qu'à condition que l'on sera tout
autant « mené » par la foule qu'on la mènera Test à
i ou veut réaliser dans la pratique — ne vous élnio-nA
ront pas trop des conceptions^ la masse Caswî tes
vitres est un beau geste lorsqu'on sait le wutenir mate
c est un geste stérile lorsqu'il îaut attendre qu'enessoTen?
remplacées pour recommencer. H
a
Les coups de force ne «ont rien si la foule oui les
Slï'A* P* 8 com P ri ». le but « le mob?le Ce
u est pas en dehors de ceux qui agissent que doit venir
la poussée oui les ruent à ^destruction dune entrave
niais en dedans d'eux, pour qu'ils soient consciente d«
1 œuvre qu'ils accomplissent, et ne pSt^lés mains
au rétablissement de l'obstacle rompu.
La révolution ne doit pas avoir pour but de mettre aux
mains d'une minorité .intelligente.» la force oSTui
;if,T > î tr * " d « é cuter les transformations néce^aires
En un mot, lu révolution sociale ne peut pas com-
i >rce — première période — qui assurera — deuxième
— 8 — '
période — l'exécution des mesures reconnues nécessaires
pour transformer l'état social. La révolution sociale,
Î>our réussir» ne peut avoir qu'une période, — ' d'une
ongneur de temps indéterminée — la réalisation des
aspirations conçues parles masses et accomplie en cours
de lutte.
Évidemment, ce ne peut être que 1 œuvre d'une mino-
rité, mais d'une. minorité qui fera sentir son action au
sein de la foule elle-même, l'entraînant par sa propre
action, et non en se plaçant en dehors et au-dessus d'elle,
et la poussant par contrainte. En habituant la foule à
accomplir elle même ce qu'elle aura compris être utile
d'accomplir, et de ne pas l'attendre d'une force révolu-
tionnaire constituée; car cette force constituée ne pour-
rait être qu'un obstacle Jt l'évolution paisible du nouvel
état de choses, et qui, du reste, n'aura pu se constituer
qu'en comprimant, déjà, des aspirations trop faibles pour
résister. * * " v
li;Jt>. — Imp. La PiiojiucTfticK (Àss. ouvM, 51, rue Saint-Sauveur.
Téléphona 181-78.
A LIRE
Notre Société est travaillée par un malaise général qui se
traduit par des conflits que nos gouvernants solutionnent
dans la rue par des coups de fusils; à la Chambre, par des lois
dites ouvrières. '
Les travailleurs ne savent pas davantage où trouver le
remède. Tantôt, ils refusent toute conCance aux députés, aux
gouvernants, et, aux périodes d'élection, ils se précipitent aux
urnes poui en faire sortir celui qui leur aura fait les promesses
les plus mirobolantes.
Devant le renchérissement de la vie, ils n'ont d'autre solu-
tion que de faire augmenter leur salaire, ce qui entraîne une
nouvelle hausse des produits. Ce petit jeu peut durer indéfi-
niment.
S'ils veulent sortir un jour de leur situation précaire, il
aut que les ouvriers apprennent quelles sont les causes de
leur misère, et en cherchent eux-mêmes les moyens. La lec-
ture des Temps Nouveaux pourra les aider.
Il existe une légende que la lecture en est ardue.- C'est
une erreur propagée par ceux qui s'imaginent qu'un journal
doit leur apporter la solution de tous les problèmes. Évidem-
ment, la lecture d'un article sociologique n'est pas aussi dis-
trayante ni aussi amusante qu'un roman de Paul de Kock
mais U n'y a nullement besoin d'études préparatoires pour lé
comprendre.
Les collaborateurs des Temps Nouveaux n'ontpas la pré-
tention d'apporter une solution toute faite à tous les m&ox
sociaux. Ils espèrent seulement amener le lecteur à réfléchir
par lui même.
Le Service de quelques exemplaires sera
lart gratuitement aux adresses qu'on voudra
bien faire parvenir à l'Administrateur, 4, rue
Broca, Paris.
I ■?£? t TEWDC lHAlîVffillY " t'a"» 8 **» 1 * 0UH ,,iS 8 i ours avec Utt Supplément lillfrtirt,
LuU " I ftiHl S liwUf IiilUA ~ iO cent, le numéro — • Administration; <4, rue Brooa.
Abonnement : Franco, un an, 6 fi' ; Extérieur, 8 fr.
il •m^mmrs.^% tiAllWrillU >i
EN VENTE AUX TEMPS NOUVEAUX
Aux Jeunes Gens, par Kropotkinr, couverture de Rouuille » 15
L'Eduoation libertaire, par D. Nikcwenhuis, couverture de Hermann-Paii » 15
Enseignement bourgeois et Enseignement libertaire, par J. Grave, cou-
verture de Cross * * " ]G
Le Machinisme, par J. Grave, couverture de Luck » 15
Les Temps Nouveaux, par Kropotkine, couverture de C. Pjssaho {*j>uisê). » 30
Pages d'histoire socialiste, par W. Tcherkesoff » 30
La Panacée-Révolution, par J. Grave, couverture de Maurf -. . . » 15
A mon Frère le Paysan, par E. Reclus, couverture de Raietrh » 15
La Morale anarchiste, par Kropotkine, couverture de Ryssrlberohk » 16
Déolarations d'Etiévant, couverture de Jehannet » 15
Rapports au Congrès antiparlementaire, couverture de C. Disby » 85
La Colonisation, p if J. Grave, couverture de Couturier » 15
Entre Paysans, par E Malatesta, couverture de Willaume » 15
Le Militarisme, par D. Niruwenhuis, couv. de Oomin'Acur (en réimpression) » 15
Patrie, Guerre et Caserne, par Ch. Albert, couverture d'AGARD » 15
L'Organisation de la Vindiote appelée Justice, par Kropotkinr, couver
ture de J. Hénault V'**V v; " ÎS
L'Anarchie et l'Eglise, par E. Reglus et Guvon, couverture de Daumont.. . . » 15
La Grève des Electeurs, par Mirbeau, couverture de Roupille » 15
Organisation, Initiative, Cohésion, par J. Grave, couverture de Sionac. » 15
Le Tréteau électoral, piécette en vers, par Léonard, couv. de Heidbrïnck. » 15
L'Eleotion du Maire, piécette en vers, par Léonard, couverture de Valloton. » 15
La Mano-Negra, couverture de Lu m • • *
La Responsabilité et la Solidarité dans la Lutte ouvrière, par Nrttlau,
couverture de Delannoy » Jj
Anarohi© Communisme, par Kropotkinr, couverture de Loghard » JO
Si j'avais à parler an Eleoteurs, par J. Grave, couvert, de Hermann-Paw. » io
La Mano-Negra et l'Opinion française, couverture de Hénault » 10
La Mano-Negra, dessins de Hermann-Pall • • • • ■ • » *°
Entretien d'un Philosophe avec la Maréchale, par Diderot, couverture
de Grandjou an ' • — • • ■ • * lî
L'Etat, son rôle historique, par Kropotkine, couverture de Steinlen » «
La Femme esclave, par Chaughi,* couverture de Hermann-Paul » «>
Vers la Russie libre, par Bullard, couverture de Grandjou an. » *J
Le Syndicalisme dans l'Evolution sociale, par J. Grave, couv ; de îjàuvmn. » JJ
Les Habitations qui tuent, par Michel Petit, couverture de Frédéric Jacque. » JO
Le Salariat, par P. Kropotkine, couverture de Kupka w JJ
Evolution-Révolution, par E. Reclus, couverture de Steinlen » Jg
Les Incendiaires, par Verm» sch, couverture de Hermann-Paul » J J
La Vérité sur l'Affaire Ferrer, par Auguste Bertrand, couverture de Luge. » w
Le Coin des Enfants, 2«, 3« série, chaque, brochés . \ \
Le Coin des Enfants, tr% 2« et 3« série, chaque, reliés j* J
Terre Libre, par J . Grave . . » j?
Patiiotisme, Colonisation, illustré «; r
Guerre, Militarisme, illustré * 1fi
Les Prisons par Kropotkinr, couverture de Daumont ■;
L'Esprit de Révolte, couverture de Delannoy » 'S
L'Enfer militaire, par A. Girard, couverture de Lucr • j
Sur l'Individualisme, par Pierrot, couverture de M aurin jï
L'Entente pour l'Action, par J. Grave, couverture de Raieter •' "j
Aux Femmes, par Gohier, couverture de Luge -g
Suelques Vérités économiques, par Louis Blanc, couverture de Dxssv. . . » w
ne des Formes nouvelles de l'esprit politioien, par Jean Grave, cou- ^ ^
verture de Luge
Publications des « TEMPS NOUVEAUX » — N° Cl
Prix : îi Centimes
U CONQUETE
POUVOi
fuwks
inreauœ des « TEMPS NOUVEA UX », 4, r«e tfroca, Pans
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale cle France
Groupe de Propagande par la Brochure
La propagande par la Brochure est une des meilleures propagande* si on peut h
faire avec suite.
Le Révolté, La Révolte, Les Temps Nouveaux s'y sont employés de leur micas. A
l'heure actuelle, plus de 6G brochures diverses, dont les différents tirages n unis,
dépassent un million d'exemplaires, ont été lancées par eux.
Malheureusement, les fonds manquent pour pouvoir en imprimer plus soir, ent de
nouvelles, ou réimprimer, lorsque c'est nécessaire, celles qui sont épuisées.
Il s'agit donc de trouver 500 souscripteurs Rengageant à verser chacun 12 fr.
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parmi celle* épuisées — une nouvelle brochure de O fr. 10 ou deux de fr. 05.
Par contre, voici les avantages que nous offrons aux souscripteurs :
1° A chaque tirage, il leur s* i expédié autant d'exemplaires que le comportera
le montant de leur souscription alculé avec une remise de 40 0/0, frais d'envoi
déduits.
chures
poste lorsqu'ils ne voudront pas faire savoir qu'
2° A chaque souscripteur qui sera hbéré de sa souscription,, il sera envoyé une
lithographie spécialement tirée pour les souscripteurs.
Cette lithographie qui sera demandée à l'un des artistes qui ont déjà donné au
journal, ne sera pas mise en vente et vaudra & elle seule, largement, le prix de sous-
cription;
3° A ceux qui souscriront 1 5 francs par an, il sera expédié un nombre âe bro-
chures dont le montant égalera celui de la souscription, calculé, toujours avec une
remise de 400u0, plus une eau-forte qui, elle aussi, sera tirée spécialement pour eux,
et non mise dans le commerce.
Ceux qui savent le prix d'une eau-forte artistique apprécieront le cadeau que now
leur offrons ;
4° A ceux qui souscriront au-dessus de 1 5 francs, il sera fait cadeau de la litho-
graphie et de l'eau-forte.
Au camarade qui nous trouvera 10 souscripteurs, il sera fait cadeau da la litho-
graphie. — Celui qui en trouvera 20, recevra l'eàu-forte.
Les souscriptions peuvent être* versées par fractions mensuelles ou tnmei-
trielles, etc., au gré des souscripteurs.
A ceux qui s'engageront mensuellement et qui ne se libéreraient pas de leur
promesse, il sera, à la fin du trimestre, adressé un remboursement pour les 3 mois.
Adresser les sousorlptlont lueamapidi Ch. BE? OIT,
3, rus Bénite, PARIS;
H.-B. — En discutant avec des camarades, il est faoile de leut glisser une bro'j
chure, et de leur arracher deux sous. Les souscripteurs pourront ainsi récupérer
mont uut de leur souscription, et augmenter leur propagande.
Brochures a l'étude : *Les dessous de la campagne du Maroc de Merrheim. —
trois complice* (Prêtre, Juge, Soldat) de R. Chaughi. — Le Militarisme
D. Nieuweohuis. — Origines et morale du Christianisme de Letourmau.
L'Evangile de l'heure.
Publications des a TEMPS NOUVEAUX » - N» 51
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Prix: Ofr. OS
l" r Tirage, 10,000 Exemplaires
. PARIS
TEMPS NOUVEAUX
4, Rue Broca, 4
1911
~n
ftftptBM'
u
te qui trappe d abord, dans toutes les grèves qui se
déroulent en ces temps derniers, c'est que nombre S'entre
elles sont provoquées par des questions de dignité perso™
nelle ou de solidarité ouvrière h person
Kt je constate avec satisfaction cette tendance, non pas
parce que je pense que la question salaire soit à mépriser
!;vvJ )0U] , n f ° ter ai I passa ^ e cetle tendance qu'ont Tes
ouvriers, de faire entrer en ligne de compte à côté de ?a
îiilfntTpt^' 161 . 16 ' économi ^e. le sentiment °de leur
• lignte, et compris que ce n'est qu'en se solidarisant les
uns les autres qu'ils arriveront à résister à leurs maîtres
***
<
It
Refendre son salaire, chercher à l'augmenter, c'est la
lutte de 1 heure présente. Si le travailleur ne veut pis se
uni- réduire à des salaires de famine, il lui faut bien hâte?
n ZVZZw 1 malS Cette lutte ne fait <* ue ie dtodrecS
une exploitation sans mesure, elle ne l'empêche pas d'être
«xp juté, n'entame en rien le principe du £tronat et du
capitalisme ; elle peut durer indéfiniment. p * ironai el du
Mais lorsque les travailleurs auront compris qu'ils sont
*s égaux de ceux qui les paient ou les commandent
lorsqu'ils sauront que la vie doit être égale pour toi* si la
■juestion de la défense du salaire continue à «ie pour eux
dans l'état social actuel, une question de vie, ils sauront
; cjii que là n'est pas l'affranchissement que la vraie lutte
(l«.it être pour la suppression de l'exploitation et du saJaïïat
Hie o?r nt % de dign l té et de s ^^arité se déllloppant
fitv ; eux ils sont amenés peu à peu à réclamer à leurs
maîtres de nouvelles améliorations et, conscients de fa
.justice de leurs réclamations, ils sont entraînés à vouloir les
""poser lorsque ces derniers les leur refusent VJUmir ies
• %
0<> (
V,M S V&°" r Celu t ^ > ent ? e donner la oeine de réfléchir,
'im frappe surtout dans les événements de ces derniers
j
temps, c'est la faillite du fameux svstème de la conquête dos
pouvoirs publics.
Tous les socialistes se disant plus ou moins révolution-
naires vont partout, affirmant à leurs lecteurs, auditeurs et
électeurs : La société est mal faite. Vous êtes spoliés volés
exploités ; c'est l'organisation sociale qui le permet, vous
devez en réclamer la transformation.
« Cette transformation ne se fera pas sans luttes Vos
exploiteurs n'abandonneront pas de plein gré leurs privi-
lèges. Comme ils procédèrent en 1789 à l'égard de h\
noblesse, pour la déposséder de ses privilèges, il faudra que
vous vous révoltiez pour leur reprendre ce qu'ils vous ont
volé.
« Seulement, comme cette révolution sera lente à venir
comme il faut la préparer, comme il faut une discipline et
des chefs pour mener cette lutte, usons de leurs armes pour
les combattre. • r
« Ils se sont emparé du pouvoir politique pour assurer
leur exploitation. Emparons-nous de ce même pouvoir
politique pour détruire leur système. Nous avons le suffrage
universel aui vous permet d'envoyer vos défenseurs à la
Chambre, dans les conseils municipaux, au Sénat où ils
pourront faire des lois en votre faveur, exercer l'autorité
pour vous faciliter la conquête de droits nouveaux. »
***
C est la théorie, mais à la pratique, il en est autrement.
Qu'ont fait les socialistes au Parlement depuis qu'ils y
sont une force ? Rien en faveur de la réalisation effective
de quelques points de leur programme.
Ils s'y livrent à un marchandage d'influences, où seuls
les arrivistes trouvent satisfaction, rien pour la masse des
électeurs.
Ces révolutionnaires en théorie,, une fois élus, une fois
qu'ils participent à la « gestion des affaires publiques », on
sentent aussitôt la responsabilité. Eux qui, pour être élus,
affirmaient à leurs électeurs que la société, étant mal orga-
nisée, elle doit disparaître, que les travailleurs ne doivent
pas cesser de protester et de réclamer, une fois nantis du
pouvoir légal, une fois que, « responsables de Tordre », ils
ont à user du pouvoir qu'ils détiennent, c'est toujours pour
engager la population au calme, à le modération, à l'inertie,
usant de la force pour faire respecter les ordres du pouvoir
central.
§twr
Nous avoué vu cela, jad ; s, au temps où Limoges avait une
miuucipa ité et un maire socialistes. Leurs électeurs s'étant
révoltés, le maire, Labussière, se mit à genoux, les larmes
aux yeux adjurant la foule de se tenir tranquille, d'attendre
béatement de .ses exploiteurs le don gracieux de ce qu'elle
demandait, alors que c'était leur refus net, décisif, de rien
accorder qui était la cause du tumulte.
En une autre occasion, lors de manifestations du 1" Mai
c étaient le maire et la municipalité de Toulon, socialistes!
eux aussi, qui dans un ordre du jour conçu en des termes
énergiques stigmatisaient et flétrissaient d'infamie quel-
ques-uns de leurs électeurs qui avaient osé malmener
quelque peu des officiers dont la morgue avait dû être
* *
On objectera que leur méthode n'est pas la nôtre : quïls
sont pour les moyens pacifiques contre les movens violents •
«lue, convaincus de l'efficacité de l'action légale, ils né
Tordre 1 qUe réprouver tout mouvement 3™ va contre
D'accord, mais alors pourquoi parlent-ils révelut on ? Et
lorsque, en des périodes d'exaspération, la foule se précipité
contre les agenfs de l'autorité, pourquoi les voit-o/faire la
besogne du gouvernement ?
Dans les mouvements populaires, tous les révoltés ne sont
pas des anarchistes. Il s'y trouve sûrement des électeurs
de ces révolutionnaires repentis qui, eux, naïfs, ont pris
pour argent comptant les boniments qu'on leur débitait
pour obtenar leur vote. Seulement, en restant dans la foule,
ils sont restés des réclamants, des protestataires qui
» avaient pas à s'inquiéter des responsabilités ; ils se sont
trouvés entraîné à l'action lorsque les circonstances l'ont
exigé. Et c est ce qu'auraient pu faire le maire, le député,
les mumçipalisés si, sincères, ils étaient restés dans la
touie, au heu de conquérir le pouvoir.
Du reste, conquérir le pouvoir n'est qu'un euphémisme
ï»our un socialiste dont le rôle est de r protester, toujours et
quand môme Un socialiste ne conquiert pas le pouvoir,
c est le pouvoir qui le conquiert.
On ne voit pas un maire, un député, un ministre — si
socialistes se diraient-ils — se mêlant aux mouvements de
— 6 —
lu rue (1), faisant partie des démonstiations contre les
patrons, contre l'autorité, alors qu'ils ne manquaient pas
de le faire lorsqu'il fallait se faire connaître ou dans leur
période de sincérité ; mais, une fois en leur nouvelle
situation, ils ne peuvent plus être des adversaires résolus,
intraitables, du pouvoir et des exploiteurs ; s'il se présente'
un conflit, ils adjurent « leurs chers administrés » de se
tenir tranquille, d'oublier les paroles de révolte que la
chaleur et l'entraînement d'un discours leur ont autrefois
tait lâcher. Devenus détenteurs de l'autorité, ils ne peuvent
s'en servir que pour défendre les institutions existantes.
S'ils ne veulent pas se mettre carrément contre les
révoltés, ils se font enlever momentanément leur part
d'autorité — comme on l'a vu à Limoges — par leur supé-
rieur en grade. On les en récompense plus tard par une
recette générale.
Et les bourgeois ont si bien compris combien l'exercice du
pouvoir était néfaste aux idées de bouleversement social
qu'ils n'hésitent pas à l'exercer de concert avec les
socialistes.
*
On n'a pas encore compris qu'il y a, dans l'ordre social
actuel, des réformes anodines qui, bon gré, mal gré, peuvent
se réaliser sans trop de secousses, le parlement les enre-
gistrant une fois qu'elles ont conquis la masse ; mais qu'il
y en a d'autres — les plus vitales — qui ne peuvent
s'accomplir qu'en culbutant par la force ce qui les entrave,
et qu'il faut que cette force s'affirme de temps à autre.
L'émeute dans la rue ne prouve rien en faveur des reven-
dications ouvrières, diront les légalistes ; c'est une folie, et il
est humain de chercher à enrayer un mouvement qui ne
peut que faire des victimes.
Lorsqu'un mouvement débute, on ne sait jamais comment
il se terminera. Si on n'en est pas partisan, on n'a qu'à se
retirer, mais c'est faire œuyre de réactionnaire que
d'essayer de l'empêcher. Car, on n'empêche jamais 1a
(1) On l'a vu cependant dans les événements du Midi et de la
Champagne, mais il ne s'agissait pas, là, de transformer l'état
social, mais de réclamer de l'Etat, certains avantages commer-
ciaux, assurant un certain monopole aux régions révoltées.
Et encore désertèrent-ils le mouvement lorsque les manifestants
eurent recours aux moyens révolutionnaires pour appuyer fies
revendications qui ne Tétaient pas.
»i*k,»- r'^Kp
- 7 —
poussée révolutionnaire d'une foule nn ™ <•„•*
"i apportant le trouble et S
veulent agir. indécision parmi ceux qui
.^lâmaUon. d d£ iUSfra™ nCT **" e , n faVeur *»
P<>ur qu'une collision se "-odu se nZ« Xploit * u ï*/> mais
une raison, cela habitue les ?n*SvWnl I a "J 1 rnotif ' sinon
elle les habitue à exiger enonàrmL a r £ 8lsi 2* a autorité,
f«ùs Que, pour intimfder un "moSvttfu? P - Et Si ' à ch ^™
permet d'arrêter à tort et à?r« V p« « ' le . gouvernement se
les gens se soli darisaien avec Z iSÏÏ l6S P lu s résolus,
sans doute pas encore l a ^dTpa r Uio P n dn^ff' n ° US "'au^ns
une notable diminution de P son action S »™™ ™" , mais
quelque chose en attendant m"eux qm Serait dé J a
**•
tomberont sur les plus en vue W ,,T e C ?f res P°nsabilités
''iitourage. Sous neino d» „v),L P onn,e , rs de ] e ur nouvel
voir expulser de ïeiî nouvXVlfSfrï, **% f ° US ' ou de se
'•ester (les intransigeants en thLwi Uatl0 • n • lls Pavent bien
fait prendre parti d,n« il. ° ,e> ï" ais en P^tique il leur
inopportune*; f / E ' son?" inopportune? 8 ♦ " V tpo ^ unea ou
'J'rttent à nu l'antagon smè X SSïïdanh^t Ce " eS qui
«l-wte entre gouvernants et gouvernés '' non -P ossé -
«'e^quwtl^s ïwrtSXi f0nt P. artie d » Pouvoir, H y a
•u réserve. Mais il pourrait hier i </f U ?™ e I tains avenir tient
'armement qa'on pei daL m. -f* 1 - e <&* ceux <* ui croient
'"Ue a la rWo ut oh fissent bon SSSî? / 0yal i e ' ™ vrir une
;;'««! Que pour s« trouver enX ïïïffi* VrS l alut de rent °u-
i;'"'re-cour©nne. ils marchassent L i»i \»„ ? ce a fa , ce avec un
« "* courtisans secouée "S isptraée wmn»« U »îf a iy ei ^ I e v la tourbe
*' «'s bombes. » ^,.ui&peis»ee, rompus au bruit et à la lueur
4 x k$*
ï.
t:-
V
y
8 —
pas gêné à serrer la main du morveux d'Espagne, dont les
ministres font torturer pour délit d'idées les anciens core-
ligionnaires du président du conseil municipal de Paris ; à
voter contre la suppression des lois scélérates, comme les
députés socialistes, ou à voter un ordre du jour de confiance
en faveur du ministre qui couvre de son autorité les
iu&illeurs d'ouvriers. Il n'y a pas de questions d'opportunité
ou d'inopportunité pour ceux qui souffrent de la misère et
de l'exploitation.
Pour eux, il y a des revendications à formuler à toute
heure, en tous lieux, en toute occasion. Il y a à résister
contre l'exploitation, contre l'oppression à tous moments,
à tout essai de les faire peser plus lourdement sur leurs
épaules: passivement quan£ ils toi peuvent davantage;
activement, lorsque l'occas^ôn^ten présente. Et cest ce qui
fait que les foules auront toujours contre elles ceux qui pré-
tendent les diriger. /■>>
|§- V ' ■ ■■ ,
-./
1:>m. — Itup. U I'kooucTKic* (Àsa. ouv4, 51, rue Saiul-Sauveur.
Télépbouo 121-78.
LECTURES POUR ENFANTS
lotis les livres de lecture pour enfants sont entachés défausse
morale religieuse ou bourgeoise. Nous avons cherché, dans la litté-
ratm.de divers pays, les contes qui pouvaient amuser sans fausser
1 esprit et, à cette heure, nous avons en vent-* trois volumes de contes
choisis intitulés Je Coin aee Entente, 1» 2« et 3* séries, contenant
îles illustrations de Hermànn-Paul, Kupka, Delannoy, Hénault, Iribe
Willaume, M. H. T. Delaw, et de Roèck. * *
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5gJ n d , rT ,<mt éCrU COatre la GUERRE et &us le" maux qS'e»?"
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EN VENTE AUX " TEMPS NOUVEAUX "
Aux Jeunes Gêna, par Kuopotkine, couverture de Roubillï » 15
L'Eduoation libertaire, par D. Nieuwenhuis, couverture de Hermann-Paul » 15
Enseignement bourgeois et Enseignement libertaire, par J. Grave, cou-
verture do Ghoss » 16
Le Machinisme, par J. Grave, couverture de Luck . » 16
Les Temps Nouveaux, par Kropotkine, couverture de 0. Pjssaho [épuisé). » 30
Pages d'histoire sooialiste, par \V. Tcherkesoff » 30
La Panaoée-Révolution, parj. Grave, couverture de M a bel (épuisé). » 15
A mon Frère le Paysan, par E. Reclus, couverture de Raieter » 15
La Morale anarchiste, »^ar Kropotkine, couverture de Rysselberghe » 15
Déclarations d'Etiévant, couverture de Jerannet » 16
Rapports au Congrès antiparlementaire, couverture do O. Dissy » 86
La Colonisation, par J. Grave, couverture de Couru hier » 16.
Entre Paysans, par E. Malatesta, couverture de Willaume » 16
Le Militarisme, *p ar D. Nieuwenhuis, couv. de Comin'Aciie (en réimpression) » 16
Patrie, Guerre et Caserne, par Ch. Albert, couverture d'AaARD » 16
L'Organisation de la Vindicte appelée Justice, par Kropotkine, couver-
ture de J. Hknàult » 16
L'Anarchie et l'Eglise, par E. Reclus et Guyou, couverture de Dauuonï... . » 16
La Grève des Eleoteurs, par Mirbeau, couverture de Rourille , » 16
Organisation. Initiative, Cohésion, par J. Grave, couverture de Signac. . . » 16
Le Tréteau électoral, piécette en vers, par Léonard, couv. de Hkidbrinck. » 16
L'Election du Maire, piécette en vers, par Léonard, couverture deVALLOTcw. » 16
La Mano-Negra,' couverture de Luoi » 16
La Responsabilité et la Solidarité dans la Lutte ouvrière, par Nettlau,
couverture de Delannoy » 18
Anarchie-Communisme, par Kropotkine, couverture de Lochard. » 16
Si j'avais à parler aux Electeurs, par J. Grave, couvert, de Hermann-Paul » 10
La Mano-Negra et l'Opinion française, couverture de Hênault » 10:
La Mano-Negra, dessins de Hermann-Paul » 40
Entretien d'un Philosophe avec la Maréchale, par Diderot, couverture
de Grandjouan • » 15
L'Etat, son rôle historique, par Kropotkine, couverture de Steinlen » 26
La Femme esclave, par Chaughi, couverture de Hbrmann-Paul » tofê
Vers la Russie libre, par Bullard, couverture de Grandjouan. , — » 46
Le Syndicalisme dans l'Evolution sociale, par J. Grave, couv. de Naudin. » 1|
Les Habitations qui tuent, par Michel Petit, couverture de Frédéric Jacqur. » 1»
Le Salariat, par P. Kropotkine. couverture de Kupka » Jjg*
Evolution-Révolution, par E, Reclus, couverture de Steinlen » J *;
Les Incendiaires, par Vermbsch, couverture de HerSiann-Paul » J»;
La Vérité aur l'Affaire Ferrer, par Auguste Bertrand, couverture de Lu ce. » W
Le Coin des Enfants, 2», 3* série, chaque, brochés 2 .»&
Le Coin de» Enfants, 1", 2« et 3« série, chaque, reliés 3 m
Terre Libre, par J. Grave .... 3 *V
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La Conquête dea Pouvoirs Publios, publiés par J, Grave, couverture s&,
do Kuce ... '{ » Jffl
Les Prisons, par Kropotkine, couverture de Daumont. . . .,*- *■ J]
L'Esprit de Révolte, couverture de Delannoy. . . . '. * "
L'Enfer militaire, par A . G irard, couverture de Lues »
Sur l'Individualisme, par Piibrot, couverture de Maurin. » _
L'Entente pour l'Action, par J. Grave, couverture de Raieter M Jj
Aux Femmes, par,GoniEi«, couverture de Lucb % . . . . » «
Suelques Vérités économiques, par Louis Blanc, couverture de Dissy. . • »
ne des Formes nouvelles de l'esprit politicien, par Jean Grave, cou- . _
verture de Lnc« * ? J
Travail et Surmenage, par M. Pierrot » (j
Contre la Guerre, couverture de G. Lefèvre " *'
Publications des « TEMPS NOUVEAUX » N» 68
Jean ÇRAVE
PIQUES
: O ft*. 05
iux Bureaux des « TEMPS NOUVEAUX », 4, rue Broca, Paris
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale cle France
Groupe de Propagande par la Brochure
La propagande par la Brochure est uim des meilleures propagandes
si on peut la faire avec suite.
Le Révolte, La Révolte, J^es Temps nouveaux s'y sont employés de leur
mieux. A l'heure actueUe. plus de 80 brochures diverses, dont les diffé-
rents tirages réunis dépassent un million d'exemplaires, ont été lancées
par eux.
Malheureusement, les fonds manquent pour pouvoir on imprimer
plus souvent de nouvelles, ou réimprimer,' lorsque c'est nécessaire,
celles qui sont épuisées.
Il s'agit donc de trouver 500 souscripteurs «'engageant à verser
chacun 1S fr. par an. Nous serions alors en mesure d'imprimer chaque
mois — ou de réimprimer parmi celles épuisées — une nouvelle bro-
chure de O fr. ÎO ou deux de O fr. 05.
Par contre, voici les avantages que nous offrons aux souscripteurs ;
1° A chaqne tirage, il leur sera expédié autant d'exemplaires que le comportera le montant
de leur souscription calculé avec une remise de40o[o. frais d'envoi Réduits.
Ce qui leur permettra de s'employer à la propagande, en faisant circuler les brochures par-
mi ceux qu'ils connaissent, soit en les distribuant eux-mêmes, soit par la poste lorsqu'ils ne vou-
dront pas faire savoir qu'ils s'intéressent à la propagande ;
2° A chaque souscripteur qui sera libéré de sa souscription, il sera envoyé une lithographie
spécialement tirée pour les souscripteurs.
Cette lithographie qui sera demandée à l'un des artistes qui ont déjà donné au journal, ne
sera pas mise en vente et vaudra à elle se u!fe, largement, le prix de souscription ;
3° A ceux qui souscriront 15 francs par an, il sera expédié un nombre de brochures dont
le montant égalera celui de la souscription, calculé, toujours avec une remise de 40 op>, plus
une eau-forte qui, elle aussi, sera tirée spécialement pour eux, et non mise dans le commerce.
Ceux \qui savent le prix d'une eau forte artistique apprécieront le cadeau que nous leur
offrons ;
4° A ceux qui souscriront au-dessus de 15 francs, il sera fait cadeau de la lithographie et
de l'eau-forte.
Au camarade qui nous trouvera ÎO souscripteurs, il sera fait cadeau delà lithographie. —
Celui qui en trouvera fîO recevra l'eau-forte.
Les souscriptions peuvent être versées par fractions mensuelles ou trimestrielles, etc., au
gré des souscripteurs. ■ * ■
A ceux qui s'engageront mensuellement et qui ne se libéreraient pas de leur promesse, il
sera, à la fin du trimestre, adressé un remboursement pour les 3 mois.
Adresser les souscriptions au camarade Oh. BENOIT,
3, rue Bérite, PARIS
N.-B. — En discutant avec des camarades, il est facile de leur glisser
une brochure, et de leur arracher deux sous. Les souscripteurs pour-
ront ainsi récupérer le montant de leur souscription, et augmenter
leur propagande. , ft
Brochures à l'étude : Le Militarisme de D. Nieuwenhuis. — Origines et
morale du Christianisme, de Letourneau. — L'anarchie dans Vévo-
'luiion socialiste y La libre initiative, la Révolution sera-t-elle collectivis-
te, Le principe anarchiste, L'action anarchiste dans la Révolution, de
Kropotkine. — La République, des Financiers, de Delaisi. — La Mo-
rale Anarchiste, de Kropotkine. — L'Education, dé Laisant. —
L'Anarchie et V Église, de Reclus et Guy ou.
tw-
Puhlication de* « TEMPS NOUVEAUX » — N° 62
Jeak GRAVE
SCIENTIFIQUES
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l or Tirage : 10.000 Exemplaires
PARIS
LES TEMPS NOUVEAUX
4, n-ue Broca, 4,
19 1 H
^m
piM r> ^'
Les « Scientifiques »
On ne saurait trop s'élever contre le pédantisme
de certains qui, lorsqu'ils ont éjaculé : « c'est scien-
tifique ! » s'imaginent vous avoir à tout jamais cloué
le bec. Et aussi contre le sectarisme de quelques sin-
cères qui ne peuvent admettre que la science ne peut
résoudre, à l'heure actuelle, tous les problèmes hu-
mains.
Cette maladie, pendant longtemps, avait été spé-
ciale aux économistes politiques qui , pour avoir
considéré l'homme comme un outil, et la société
comme un mécanisme à engrenages ayant une mar-
che déterminée par sa construction, et ne pouvant
donner que les mouvements dictés par ces engrena-
ges, pensaient avoir fait de la science inattaquable.
Sont venus après, à la suite de Marx ; lesguesdis
tes qui, comme les économistes, considérant davan-
tage l'homme comme un rouage que comme un être
pensant, pouvant se déterminer pour et par des
motifs que la vraie science n'est pas toujours à même
de prévoir ou de découvrir, se sont déclarés les
grands prêtres du « socialisme scientifique ».
LES SCIENTIFIQUES
De là, enfin, cette manie a gagné certains milieux
anarchistes, où on cite : Nietzche, Stirner, Bûchner,
Letourneau, sinon sans les avoir lus, sans les avoir
compris tout au moins. Et il faut voir la morgue de
ces « savants » lorsqu'ils parlent de la « masse ava-
chie, de la foule ignorante avec laquelle il n'y a rien
à faire, ni à s occuper, pour so consacrer au dévelop-
pement de son propre « Moi ! »
On ne saura jamais combien de cervelles de jeunes,
ces prétentions au scientifisme ont détraquées.
Mais ne confondons pas, s'il vous plaît. Je ne viens
pas, après Jules Lemaître, proclamer une nouvelle
faillite de la science, ni après de jeunes idiots bour-
geois, me moquer de ceux qui, prenant sur leurs
loisirs, et, le plus souvent sur leur repos, pour sup-
pléer à l'insuffisance de l'éducation reçue dans leur
jeunesse, s'astreignent au dur labeur d'acquérir les
connaissances dont ils sentent tout le prix. Je m'élève
seulement contre la suffisance de ceux qui, pour avoir
lu deux ou trois bouquins de science, s'imaginent
avoir emmagasiné toutes les connaissances humai-
nes, et, sortant à tort et à travers quelques phrases,
qu'ils ont mal comprises le plus souvent, s'en auto-
risent pour traiter d'ignorant, d'abruti ou d'idiot tel
qui, sans appuyer son raisonnement de citations si
« savantes » pourra cependant dire des choses justes.
Ces gaillards-là ignorent qu'une vérité scientifique
ne s'élabore pas seulement pari raisonnement, mais
cjue, pour être confirmée, elle doit avair passé par
1 expérience, et des expériences sévèrement contrô-
lées pour être convaincantes.
Les scientifiques
5
Ce n'est pas faire preuve de « science » mais d'éru-
dition de citer Darwin, Spencer, Letourneau. Et,
comme ces pseudo-scientifiques ne sont pas difficiles,
ils ont même pour autorités les Le Bon, les Vacher
de La Pouge, les Lombroso et eutres seigneurs de
noindre importance, dont les travaux menés avec
un parti-pris absolu n'ont la réputation d'être scien-
tifique que parce que le savoir-faire et le bluff arri-
vent toujours à en imposer h quelques-uns.
Certes, il est indéniable que, pour pouvoir discuter
avec fruit des sociétés, il faut connaître pas mal de
choses, quand ça ne serait que la nature ae l'homme,
sa physiologie, sa psychologie et son évolution.
Non seulement de l'homme-individu, mais aussi de
l'homme-social , comment ie milieu influe sur lui,
comment il réagit contre ce milieu ; car la mentalité
de l'individu en foule n'est plus la même que celle de
l'individu isolé.
Quelle transformation subira sa mentalité dans ses
rapports avec ses semblables? Quelles formes pren-
dront ces rapports ? Et comme innombrables sont les
caractères, les tempéraments, innombrables sont —
et seront encore plus — les formes de groupements.
Les complications de plus en plus nombreuses se font
au fur et à mesure que l'on serre la question de plus
près.
Donc, la sociologie est une science qui doit s'aider
non seulement de toutes les autres sciences, de toutes
les connaissances acquises, mais aussi des « con-
naissances » que nous pressentons exister, mais qui
LES SCIENTIFIQUES
nous échappent jusqu'à présent, ce qui revient à dire
que si la sociologie est. une science elle n'est en-
core qu'une science incomplète qui laisse place à toutes
les interprétations possibles, à toutes les erreurs.
Et c'est ce qui fait que ceux qui ont voulu la traiter
le plus scientifiquement possible ont, le plus souvent,
dit les plus grosses bêtises, car, Oubliant que, s'il y a
en science, quelques vérités établies, ces vérités
n'étant qu'en petit nombre, et le grand nombre des
autres n'étant que des « vérités actuelles » peuvent,
demain, être remplacées par d'autres vérités plus
sûrement démontrées, ils prenaient leurs erreurs et
leurs préjugés, pour des preuves scientifiques.
Faut-il donc renoncer à faire de la sociologie? Nul-
lement, car la vie en société amène chaque jour des
problèmes qui réclament leur solution immédiate.
Ceux qui souffrent et crèvent de la mauvaise Orga-
nisation sociale, n'ont pas le temps d'attendre que les
« savants » se soient mis d'accord sur les questions
qui les divisent. Si notre intelligence est bornée, la
vie suit son cours, et c'est de notre vivant que nous
devons chercher à résoudre les problèmes qui nous
la font bonne ou mauvaise. Et, du reste, combien de
lois naturelles ont été expérimentalement découvertes
et appliquées par l'homme, bien avant qu'il pût les
expliquer scientifiquement? ^
Il faut, évidemment, lorsqu'on discute une ques-
tion, s'entourer de tous les éléments qui participent
directement ou indirectement à cette question. Plus
on envisagera de faces à cette question, le plus de ses
LES SCIENTIFIQUES
conséquences envers d'autres questions on pourra
prévoir, plus de chances on aura de serrer de près la
vérité ; mais que de fois une objection sortie de l'ex-
périence ou du sens commun suffira pour détruire
des hypothèses construites à grand renfort de con-
naissances apprises dans les livres.
Comme Ta si bien exprimé celui quia dit que « le
vrai savant était celui qui savait qu'il ne savait rien »
chaque nouvelle connaissance que nous acquérons
nous met à même d'en constater un plus grand nom-
bre qui nous échappent.
L'individu qui pourrait prévoir, non seulement dans
le temps mais dans l'espace, la répercussion du moin-
dre acte qui s'accomplit, de la moindre pensée qui
s'exprime, celui-là serait vraiment le « savant », celui-
là serait Dieu, puisque Dieu c'est celui qui sait tout,
prévoit tout ; or celui-là nVxiste pas et n'existera pro-
bablement jamais,' puisque tous les dieux que les
hommes ont inventés n'ont jamais su rien prévoir ni
prévenir quoique inventés après coup et passent leur
temps à chercher, sans y réussir, à réparer les bêti-
ses qu'ils ont faites, ou à punir l'humanité de fautes
qu'ils auraient dû prévoir, étant données les condi-
tions dans lesquelles ils la plaçaient.
Nous devons étudier, nous devons élargir le cercle
de nos connaissances pour notre propre développe-
ment, aiin d'élargir nos facultés d'adaptation avec le
milieu qui novfs entoure ; mais gardons-nous de croire
que nous avons atteint l'infaillibilité et de traiter les
autres d'ignorants ou d'abrutis, lorsque noué n'avons
pas su nous faire comprendre d/euX.
8
LES SCIENTIFIQUES
La science n'existe pas par elle-même. Ce n'est
qu'un mot pour désigner l'ensemble de connaissan-
ces auxquelles est arrivée l'humanité, et ces connais-
sances personne ne les détient dans leur ensemble.
Chacun s'en assimile ce qu'il peut, les uns plus, les
autres moins ; mais les plus grands cerveaux n'en
emmagasinent que ce qu'ils sont capables d'en emma-
gasiner, sans jamais arriver à englober toutes les
connaissances acquises. Tel cjui sera supérieurement
ferré sur la physiologie, la biologie, la psychologie,
pourra n'avoir que des connaissances imparfaites sur
d'autres sciences accessoires et raisonner comme un
pied dans les choses les plus ordinaires de la vie.
Sans compter qn'il ne suffît pas d'emmagasiner le
plus grand nombre de connaissances, faut-il encore
savoir s'en servir.
Invoquer l'opinion de tel ou tel savant peut bien
apporter des probabilités en faveur de la vérité que
nous énonçons — ou que nous croyons telle — mais
ce n'est pas une preuve irréfutable.
Et lorsque nous avons réussi à acquérir quelques
bribes de connaissances , restons convaincus que
nous avons fait quelque effort pour approcher de la
vérité, mais ne nous croyons pas les détenteurs de
la vérité absolue, car ces connaissances acquises ne
deviendraient pour nous que la source des plus
grossières erreurs.
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Les^Ci^diaireS, par Vhrhssch, couverture de Hbrmann Paul. » M
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La Ouerre, P«r £j«rre KropoTbjne, eouverture de Steinlen- f T. . *
Contre la loi MUIeraiid, par Dblaiw, couverture de CoercRiaR ..........*..... »
A bas ICI J^eiS, par J. Déjacqcb*, couverture de Sionac . . . ri]
La Loi et l'Autorité, par Kropotkine, couverture de Au grand. .....;........,. » t|
Publications des « TEMPS NOUVEAUX » — No 63
jtds^.3St q-K-a/v^e
Contre la Folie des Armements
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Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale cle France
Groupe de Propagande par la Broehare
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Le Révolté, La Révolte, Les Temps Nouveaux s'y sont employés de leur mieux A
rheure actuelle, plus de 60 brochures diverses, dont les différents tirages réuni*
dépassent un million d'exemplaires, ont été lancée! par eux. '
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Il s agit donc de trouver 500 souscripteurs Rengageant à verser chacun 12 fr
par an. Nous serions alors en mesure d'imprimer chaque mois — ou de réimprimer
parmi celles épurées — une nouvelle brochure de fr. 10 ou deux de Ofr. 05.
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1° A chaque tirage, il leur sera expédié autant d'exemplaires que le comportera
le montant de leur souscription calculé avec une remise de 40 0/0, frais d'envoi
déduits ' '
Ce qui leur permettra de s'employer à la propagande, en faisant circuler les bro-
chures parmi ceux qu'ils connaissent, soit en les distribuant eux-mêmes, «oit par la
poste lorsqu ils ne voudront pas faire savoir qu'ils s'intéressent à la propagande;
i-a ** A J h *W e . souscripteur qui sera libéré de sa souscription, il sera envoyé une
lithographie spécialement tirée pour les souscripteurs.
Cette lithographie qui sera demandée à l'un des artistes qui ont déjà donné au
journal, ne sera pas mise en vente et vaudra à elle seule, largement, le prix de sous-
cription ;
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chures dont le montant égalera celui de la souscription, calculé, toujours avec une
remise de 40 0$, plus une eau-forte qui, elle aussi, sera tirée spécialement pour eux.
et non mise dans le commerce.
Ceux qui savent le prix d'une eau-forte artistique apprécieront le cadeau que nous
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4« A ceux qui souscriront au-dessus de 1*5 franco, il sera fait cadeau de la litho-
graphie et de 1 eau-forte.
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graphie. - Celui qui en trouvera 20, recevra I'eau-forte» **•'■"
Les souscriptions peuvent être versées par fractions mensuelles ou trimes-
trielles, etc., au gré des souscripteurs.
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promesse, il sera, à la fin du trimestre, adressé un remboursement pour les 3 mois.
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N.-B. -- En discutant avec des camarade», il est facile de leur glisser une bro-
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L Anarchie dam l'évolution socialiste, de Kropotkine. — La libre initiative, de
Kropotkine. — La Morale anarchiste^ de Kropotkine, etc., etc.
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CONTRE LA FOLIE DESARMEMENTS
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La Réaction en marche!
S'il y avait un point que l'on croyait avoir acquis,
celait bien celui de la diminution du temps de service,
actif. Même, pour la majorité des gens, le service de
deux ans n'était qu'un maximum provisoire en attendant
mu- réduction nouvelle et, peut-être, un acheminement
wi'ï Je système des milices, qui, n'exigeant que des
périodes très courtes de service, auraient été moins
désastreuses moralement, intellectuellement, matérielle-
ment. Ce n'aurait pas encore été la disparition des
années permanentes, mais tout au moins un commence-
ment.
il a suffi de quelques ministères radicaux-socialistes
pour faire crouler tout ce qui était gagné, pour nous
ramener au lendemain de 71 et voir se développer une
chanvinite aiguë, qui va se traduire par un an de plus de
service pour «es classes à venir, une augmentation
d'effectifs et, par conséquent, des impôts en plus, sans
compter l'augmentation des chances de guerre que tout
ce ! i ntamarre entraîne avec lui .
lie qui prouve que les étiquettes politiques ne valent
pas mieux que celles qui, dans le commerce, recouvrent
le? produits sophistiqués avec lesquels des mercantis
sans vergogne empoisonnent les consommateurs,
puisque des ministres socialistes — voire révolution-
naires — osent les mesures de réaction que n'oseraient
employer de simples conservateurs.
Nous sommes menés par la banque, le commerce et
1 industrie et les politiciens, qu'ils soient conservateurs,
— 4 —
modérés, centre-gauche, radicaux, radicaux-socialistes
ou socialistes, ne sont que les hommes d'affaires de ceux
qui les gouvernent dans la coulisse. C'est le peuple qui
les nomme, c'est la finance qui les choisit et leur dicte
ses volontés.
* *
Je veux bien espérer que, derrière tout ce bluff pa-
triotique, il y a surtout — et pardessus tout — une
question de fournitures.
La combinaison Poincaré, Etienne et Baudin en était
l'indice. Cette floraison de patriotisme n'est que l'effet
de sa réussite.
Présidence et ministère d'affaires, syndicats d'inté-
rêts: intérêts des fabricants de drap pour uniformes,
intérêts des confectionneurs desdits uniformes, intérêts
des fabricants de cuirs pour harnais et souliers, intérêts
des selliers et des cordonniers, intérêts des fabricants
d'armes et de canons, intérêts des fournisseurs de vivres,
de literie, d'objets de campement, des fabricants d'aéro-
planes, sans compter les casernes à construire, les achats
de terrains, les expropriations que cela entraîne. Ces
intérêts, c'est une autre armée qui vit de la première, ci.
si le peuple ne sait pas se défendre, eux autres savent
se faire entendre.
Si on rappelle une ou deux classes sous les drapeaux
— si on maintient celles qui y sont un an de plus, te
résultat est le même — cela veut dire trois à quatre cent
mille hommes de plus à habiller, à nourrir, à chausser,
à loger, 4 blanchir, à armer. Or, s'imagine-t-on ce que
cela représente de millions à manier ? ce que ces millions
représentent de bénéfices jx>ur les fournisseurs, pour les
actionnaires des compagnies concessionnaires, de pots-
de-vin pour les intermédiaires et de places d'officiers
pour la graine de bourgeois ?
Le service de trois ans pour tous, sans exception...
Quelle bonne blague ! L'étudiaiitf qui serait forcé d'in-
terrompre ses études pendant trois ans n'aurait qu'à
recommencer à sa sortie de l'armée, ayant travaillé
jusque-là pour rien. La bourgeoisie n'acceptera pas celn
pour les siens, soyez-en sûrs.
"7T
Comme toutes les loiSj la loi de trois ans, en principe,
s'appliquera à tous. A tous, sauf les exceptions, et ces
exceptions* soyez-en sûrs, ne concerneront pas les ou-
vriers. Et voilà comment on se moque d'eux — puisqu'ils
laissent faire.
On l'a dit depuis longtemps: Je système de la paix
armée est un système qui ne peut s'éterniser, qui mène
les nations à la faillite ou à la guerre ! Et cependant voilà
plus de quarante ans que ça dure et que l'on tire encore
sur la ficelle.
Mais, lorsqu'on demande à la ficelle de souleveir plus
que sa force de traction ne le comporte, la ficelle casse.
Et plus on tire dessus, plus on lui demande de tirer, plus
vite on approche du moment où elle cassera.
Seulement, les requins qui vivent de la paix armée
ne craignent pas que la corde casse, car, dans le conflit
que pourra amener cette folie de l'armement, ils pour-
ront trouver moyen de gagner encore plus et encore plus
vite.
Oh ! le Populo grogne d'avoir tant d'impôts à payer ;
il grognera sans doute aussi lorsqu'il verra ses fils rester
trois ans à la caserne, au lieu de deux. Il grognera
encore davantage lorsqu'il les verra partir se faire casser
la gueule pour le plus grand profit des flibustiers qui
ie grugent; il pleurera sans doute un peu lorsqu'il les
ou qu'il pleure, pourvu qu'il paie et que, bien sage, il
réponde aux ordres de mobilisation ?
Or, il faut avouer que les tripoteurs auraient bien tort
de se gêner. Populo est admirable, Populo est le modèle
des citoyens. S'il grogne, c'est de façon à ne pas inter-
rompre le eoncert patriotique que nous font entendre
ministres, députés et journalistes vendus.
On ne voit qu'eux, on n'entend qu'eux. Partout, c'est
la note patriotique qui se fait entendre. Populo, s'il
grogne, grogne tout bas, afin de ne £as troubler un si
bel unisson.
Ah 1 s'il restait encore quelque énergie chez les tra-
vailleurs, s'ils avaient conscience des cataclysmes vers
r. ■-. •■■. . ■ ■ ,* V ■■■ ■ , -■' .m t. ■".n- ,i (.■,!.'■ -., ?• --Il ■•■.. - J_- -M ■ .».W.-*,V ,V#mRK!
'f. ,'
/r
- e
lesquels on les achemine, dès qu'il a été question de la
loi de trois ans, on aurait dû voir se lever de tous côtés
les protestations indignées de ceux qui en ont assez de
payer de leur liberté, de leur sang, de leurs sueurs, les
honteux tripotages qui doivent assurer quelques millions
de bénéfice aux mercantis de la finance, de la politique,
de 'l'industrie...
Les cris de réprobation auraient dû être tels qu'ils
auraient dû couvrir la voix des braillards du milita^
risme, faire taire la gueule des loups-cerviers du pa*
triotisme.
La G. G. T. a organisé un meeting de protestation,
c'est très bien, mais c'est insuffisant, de genre de mani-
festations ne peut se répéter souvent, et il faut que les
protestations soient incessantes: il ne faut pas qu'elles
s'arrêtent.
Est-ce que les mères de ceux que l'on va enlever n'au-
raient pas -dû, déjà, faire entendre leur voix ? Est-ce que
leurs pères attendront que la guerre soit déclarée pour
exprimer leur volonté de ne plus supporter le cynisme
des politiciens qu'ils ont élus ? Et, parmi ceux qui sont
visés, n'y en a-t-il pas de conscients, dont l'esprit se
révolte aux besognes auxquelles on veut les vouer ? En-
fin, tous ceux dont le travail seul alimente les dépense?
extravagantes de la militante aiguë, dont nous allons
crever, n'ont rien à dire qu'ils se taisent»
Est-ce que le pays ne devrait pas déjà être couvert de
groupes de résistance et de protestation sous toutes les
formes ? Et, puisque la peur de la non-réélection est le
commencement de la sagesse de l'élu, est-ce que les
électeurs, dans chaque circonscription, n'auraient pas
dû agir auprès des comités électoraux pour signifier à
leur élu que le vote de la loi infâme serait kt fin de son
mandat?
Allons donc ! on grogne, on grogne en soi-même, on
grogne entre copains, entre deux verres sur le zinc, on
grogne en famille, on grogne c(ù l'on peut, mais on n'a
plus l'élan énergique qui, dressant ropinion publique
devant les gouvernant*, les force à réfléchir, à s'arrêter
dans leurs mesures rétrogrades.
Cependant, ce qui ne s'est pas fait peut se faire encore.
""P^T. — y •y.H ' m i ;p) i » '; ;n |' ' r "T[ ."■jï!!,,.. ', - ',! ,'<.
7 —
'•V "V- ')l«|!f
,]■■■:: a,T\
Que les gens se ressaisissent, que les protestations se
fassent entendre, que les groupes s'organisent, et l'opi-
nion publique finira par avoir raison des sangsues qui
sont collées à notre peau, qui, sans cela, finiront par
tuer en nous toute vitalité, si nous n'avons pas l'énergie
de nous en débarrasser.
J. GRAVE.
->r
. •?■■
_J
9
A ceux qui n'ont rien
à espérer de la Guerre
Sous prétexte de patriotisme, de défense du territoire,
vous consentez depuis quarante ans, à donner vos fils
pour créer une armée formidable. Vous vous êtes laissé
imposer à l'extrême pour que les grandes usines métal-
lurgiques fabriquent des armes, des munitions, que Ton
transforme périodiquement, afin de renouveler les com-
mandes.
Il s'est ainsi créé au-dessus de vous une féodalité fi-
nancière et usinière qui vous a imposé d'entretenir un
personnel et un matériel de meurtre surchargeant le
budget de plus d'un milliard pour une œuvre de des-
iruction, alors que tant de travaux utiles restent en
souffrance, qu'un cinquième du territoire reste en friche.
Mais on n'entretient pas une meute de meurtre sans
être entraîné à l'exercer et, comme chaque nation est
en proie à la même folie, la possibilité de la guerre pèse
continuellement sur vous, empêchant des progrès que
tout le monde désire et absorbant les milliards qui les
permettraient.
Et c'est ainsi qu'à l'aide des grands mots de Dieu,
Patrie, Liberté, quatre bandits couronnés, avec la com-
plicité plus ou moins tacite d'autres forbans, viennent
de lancer les peuples balkaniques dans une guerre qui
peut déchaîner un conflit général.
Des prétextes plausibles ne manquent jamais, même
aux actions les plus abominables. C'est ainsi que Serbes,
Monténégrins, Grecs et Bulgares se font massacrer pour
le plus grand profit des bandits qui les mènent alors
qu'ils croient travailler à l'émancipation de leurs frères
ethniques.
Puis, comme si ce n'était pas assez des fusils à tir
rapide, des canons à longue portée, des mitrailleuses et
des shrapnells, fauchant les bataillons comme la faux
j
— 10 —
Demain 8 if^.fVP' If Cholém se raet de la Partie,
uemain, il peut être chez vous.
hon,"^ nt a * UX ^y s&ns et autres prolétaires des nations
belligérantes qui auront échappé au massacre, à l'éDidé
tuèriés7 qU ° la lutte «™ finie , qu'auront-ils gagné a ?£
Comme les vaincus ne seront pas assez riches nom'
Klïff «Tfn d t Ja ê , Krre ' ^s P vainqueurs auro^ta
payer les frais de leur gloire : pensions aux blessés intt-
anrnnf e 1 I 1 1 'H OUrS ? , ? ent aux P^istes des sommes quïls
auront prêtées a leurs maîtres.
Puis comme, le matériel de destruction aura lui-
a^mnnis erntn?^' " faUdra le reno «veler ; et comme un
cl! «oZn^rT 6 «W un agrandissement
n?rS£rSïïï """"V 1 fa ! ,dra augmenter ce matériel et ce
h^ïf r.vlfT 61 "* 1 ^ et de de struction, et, sans doute, la
liste civile des maîtres: on empruntera de nouveau
Mais comme c'est celui qui travaille qui est le seul à
payer pour tou , Jes vainqueur8 et ^ $* se ^ <
« libères », courbés sous le même joug, auront vu leurs
uberfé^nfinuét 6 ''' '" ™ ^^ plu8 ^«cKt C
Enfin, comme un crime en entraîne un autre il est
fort possible que les annexions qui se préparent ne
soient pas du goût de ceux qui dirigent les autres nations
européennes, et que l'intervention d'une seule même
amène une conflagration générale. '
3 y us-mê m e S> sere z entraînés au carnage sans
qu on vous ait consultés.
Car vos gouvernants — quoique vous soyez souve-
rains — peuvent déclarer la guerre sans prendre votre
avis, ou s ils n osaient en prendre la responsabilité, ils
sauraient la rendre inévitable et, se la faire déclarer ce
qui reviendrait au même. • uecj arer, ce
™^ S „/w Vent "?",* ac î n,ler a la S uerre ' sans même
consulter vos soi-disant représentants, les députés, ce
SS'j , reste '. ," a aucune importance, ceux-ci étant à la
^L t l™, S ^ Cle - tés ^"f 1 *? 8 ! ( ï ui - aujourd'hui, sont les
seules souveraines des destinées des peuples, et décident
selon leurs intérêts, de la guerre ou de la paix.
Cependant, si vous en avez assez de payer pour en-
n
— 11 —
voyer vos fils s'abrutir à la caserne, si vous en avez assez
de payer pour la fabrication d'un matériel de destruc-
tion, si vous ne voulez pas que l'on vous envoie à un
massacre d'où rien de bon ne peut sortir pour vous, vous
pouvez l'éviter en redressant l'échiné que vous tenez
courbée depuis si longtemps devant vos maîtres et en
leur faisant entendre une bonne fois pour toutes votre
volonté.
Cent, mille, dix mille protestations isolées n'auront
aucune valeur, mais des centaines de milliers de pro-
lestations s'élevant ensemble sur tous les points du ter-
ritoire arriveront à se faire entendre surtout si elles
expriment la volonté formelle de leurs auteurs de ne pas
se laisser enrôler et de faire retomber les responsabilités
sur ceux qui les auraient encourues.
Si vous criez à vos maîtres assez haut que vous ne
souffrirez pas que vos fils soient envoyés à la boucherie,
si les mères se réunissent en masse, pour déclarer que,
la guerre votée, elles arracheront les armes des mains de
leurs enfants, vos maîtres seront bien forcés de tenir
compte d'une volonté nettement exprimée.
Et alors, si vous arrivez à empêcher la guerre, vous
comprendrez combien il est absurde de se ruiner pour
entretenir un personnel de destruction, pour fabriquer
des instruments de mort, vous serez sur la voie de
l'affranchissement car les armées auront vécu.
Sachez que les gouvernants — quels qu'ils soient —
n'osent que ce que les gouvernés sont assez lâches pour
supporter, et que si, encore une fois, la civilisation est
appelée à rétrograder devant la guerre, c'est à votre
lâcheté que vous le devrez, et que les lâchetés se paient
«l'oppression et d'exploitation.
LE "GROUPE DES TEMPS NOUVEAUX".
— 1;î —
A ceux qui supportent
toutes les charges
La réaction qui, sous la poussée des événements et
de l'opinion publique avait fait quelques concessions à
l'esprit moderne, relève la tête de toutes parts. Et la
plus dangereuse n'est pas celle qui proclame hardiment
sa volonté de nous ramener la monarchie — celle-là est
vouée à une agitation stérile — mais bien celle qui,
prenant le masque du radicalisme, essaie, sous prétexte
de patriotisme, de ressusciter l'esprit militariste et co-
cardier qui commençait à s'effacer.
Le service de deux ans, que la plupart croyaient n'être
qu'une étape vers une diminution nouvelle du temps
que les jeunes gens doivent passer à la caserne, est me-
nacé d'être reporté à trois ans, et, sans doute, dans
l'esprit des réacteurs, devoir être encore prolongé dans
l'avenir.
Vous êtes écrasés par un budget de quatre milliards
dont un quart et plus est absorbé par les charges mili-
taires. Vous êtes le peuple le plus imposé d'Europe, et
voilà que vos maîtres veulent encore augmenter ce
budget d'un demi-milliard, allonger la durée du service
militaire, afin d'avoir plus d'hommes à nourrir, à habiller.
et équiper, afin d'augmenter les bénéfices des industriels
qm vivent de ce rapt.
On vous vole le produit de votre travail pour entretenir
une armée destinée à vous fusiller en temps de grève;
mais encore on veut vous assujettir une année de plus à
cette vie de caserne si avilissante et démoralisatrice.
Est-ce qu'à l'énoncé d'une pareille prétention une cla-
meur de réprobation n'aurait pas dû s'élever par tout le
pays faisant taire les mensonges de la presse vendue ?
Oh ! sans doute, ce bluff ne cache peut-être que quel-
que combinaison financière visant à vous arracher un
.._J
— h —
demi-milliard de plus destiné à boucher la gueule des
requins des sociétés anonymes de constructions de cui-
5?i?f?ni er ? p l a il? Sï . des fournis seurs de subsistances,
ci Habillement et d équipement. Vous rendez-vous compté
de ce que ce milliard et demi de dépenses militaires re-
présente de dividendes aux actionnaires, de gros emnlois
grassement rémunérés, et de pots-de-vin ?
Mais n'est-ce pas jouer avecje feu que d'accumuler
sans cesse les moyens de. guerre, alors que, surtout
certains loups-oerviers sont intéressés à lancer les
nations les unes contre les autres, afin de se disputer
es marchés de l'extérieur? Sans compter que tout ce
biutt patriotique ne va pas sans rodomontades, ni me-
naces plus ou moins déguisées.
Or, les frais de cette guerre, c'est vous qui les paierez
de votre argent, de votre peau ; car c'est vous, vous
seuls, que l'on enverra tuer ou se faire estropier; c'est
vous seuls qui paierez les milliards sauvagement gas
pilles dans ces orgies de meurtre, et c'est encore vous
qui paierez les indemnités des pertes et destructions que
la guerre aura amenées.
Mais il y a encore un mal moral plus grand que le
mal matériel, c'est la régression qu'apportera la guerre
Si vous êtes vaincus — chose tout à fait admissible,
étant donné que nos culottes de peau sont à la hauteur
morale de celles qui nous valurent la raclée de 71 —
c est la porte ouverte à une nouvelle recrudescence de
revanchardisme, c'est le triomphe du militarisme.
Si vous êtes vainqueurs, ce sera pis. Le militarisme
triomphant et insolent sera votre maître incontesté —
après la police. Et comme les masses énormes mises en
mouvement auront absorbé toutes les ressources finan-
cières des combattants, vous n'aurez pas même la res-
source ; de faire payer aux vaincus l'argent que vous
aurez dépensé.
Vous pouvez, si vous voulez, 'empêcher ce retour
agressif de la barbarie. Chaque fois que les gouvernants,
ayant une iniquité à commettre, ont trouvé devant eux
une opinion publique résolue à les en empêcher, ils
ont toujours reculé de commettre l'infamie qu'ils pré-
méditaient.
— 15 —
Au lendemain de l'affaire Dreyfus, vous n'avez pas su
exiger la réalisation des promesses faites, vous n'en avez
pas profité pour rogner les griffes du militarisme. Rome
et l'Etat-major relèvent la tête et veulent vous dominer.
Mais, encore une fois, ce triomphe de la réaction
vous pouvez l'arrêter, ces menaces de guerre, vous pou-
vez les briser. Est-ce que, parmi ceux qui sont menacés,
il n'y a pas assez d'individus conscients pour faire en-
tendre qu'ils ne veulent pas se laisser brider ? Est-ce que
les mères acceptent, résignées, qu'on envoie leurs fils au
massacre, qu'aucune ne bougera pour crier son dégoût
ii la, face des réacteurs ? Est-ce que vous tous, vous ac-
ceptez de voir sans cesse augmenter les charges et les
devoirs, que, pour une fois, vous n'oserez pas vous
dresser devant vos maîtres et leur dire que vous êtes
résolus à les empêcher de vous traiter en bétail soumis ?
Ceux qui ont intérêt à la guerre sont puissants, parce
que, unis et fortement organisés, sans scrupules, et ré-
solus à tout: mais ils ne sont qu'une infime minorité
devant ceux qui désirent vivre et se développer en paix.
Que ceux-ci sachent donc se faire entendre, et leur voix
couvrira celle des impudents. ,..
Vos députés qui, pour la plupart du temps, se moquent
de vous, sont cependant retenus de s'en moquer indéfini-
ment par la crainte de la non-réélection, si vous savez
exiger d'eux ce que vous êtes en droit de leur demander,
l'exécution de vos volontés. Qu'attendez-vous donc pour
les manifester ?
Tandis que, si vous restez inertes, non seulement
vous aurez la loi de trois ans, mais vous aurez la guerre,
et la botte éperonnée du soudard triomphant vous écra-
sera de plus en plus. Ce seront des charges nouvelles,
un accroissement de despotisme, un accroissement de
misères, non seulement pour les générations futures, qui
paieront pour votre lâcheté, mais aussi pour vous qui
n'aurez que ce que vous aurez mérité.
LE 'GROUPE DES TEMPS NOUVEAUX
11
17 —
LA GLOIRE
La gloire, sous ses chimères
Et sous ses chars triomphants
Met toutes les pauvres mères
Et tous les petits enfants.
Notre bonheur est farouche :
C'est de dire: allons, mourons'
Et c'est d'avoir à la bouche
La salive des clairons.
L'acier luit, les bivouacs fument;
Pâles, nous nous déchaînons;
Les sombres âmes s'allument
Aux lumières des canons.
Et cela pour des altesses,
Qui, vous à peine enterrés,
Se feront des politesses
Pendant que vous pourrirez.
Et que dans le champ funeste,
Les chacals et les oiseaux,
Hideux, viendront voir s'il reste
De la chair après vos os !
Aucun peuple ne tolère
Qu'un autre vive à côté
Et l'on souffle la colère
Dans notçe imj)$ciîîtt**.
C'est ujâ Classe ! Egorge\ assomme.
Un Cvptâtàl feu roulant.*
C'est mgtG- Pçuilcjuoi jj.et homme
Avait-îl r%\h tiàbrl blanc?
'•VîT\^
es; :
rr^—*-
— ; ■ ^T-T ' l sp 1 "" • 'r^^h^m ^ «^ ,uij.i i.i-JH-li 'ffiHUPP"
10
Cet autre, je le supprime.
Et m'en vais le cœur serein,
Puisqu'il a commis le crime
De naître à droite du Rhin.
Rosbach ! Waterloo ! Vengeance !
L'homme ivre d'un affreux bruit,
Nia plus d'autre intelligence
Que le massacre et la nuit...
V. HUGO.
(Chansons des rues et des bois.)
-:t " ' , r t .vn r
■ ■ . ■ j ■:■■■ . : ' J '<v- ■-..■■ ■' L ■ ■■ ■■ ; ■;. | '■-■■;.' ; : i. ; ■ , |it ' ' i ■>. ■'■> t ' ' y? ■! ..V
— 19 -
LA GUERRE
/
Faisant un bruyant accueil
A la guerre,
Les chefs ont au front Torgueil
De la guerre»
Mais chaque famille en deuil
Par la guerre
Attend en pleurs un cercueil
De la guerre.
Les typhus, les choléras,
Sourde guerre,
Les déciment, les soldats,
A la guerre ;
Sous la neige et les frimas,
A la guerre,
Leurs cadavres font des tas,
Triste guerre !
Qui fait pleurer les mamans ?
C'est la guerre.
Qui nous détruit nos enfants ?
C'est la guerre, -
S'ils partent, gais et chantants,
Pour la guerre,
Combien reviendront vivants
De la guerre ?
.Air : - Lei Tarre » de J viles J'o-o.-y ^
:M
Quand deux peuples ennemis -M
Font la guerre, #
Les soldats sont réunis r:. u
Pour la guerre.
Quittant parents et amis
Pour la guerre,
Ils s'en vont, troupeau soumis,
A la guerre. fc|
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'ï-'~ '
— 20 — '
Tout commence et tout finit
Par la guerre :
L'enfant qui joue et sourit
A la guerre,
L'homme jeune et fort qui vit
Pour la guerre,
L'invalide qui survit
A la guerre.
Mais quand les hommes lassés
De la guerre,
Et de tous les maux causés
Par la guerre,
Se seront débarrassés
De la guerre,
Tous chanteront, enlacés :
Plus de guerre !
SPES
(Officier de l'active).
*v w>#w«
■■--^"■-r
TT*
— 21 —
PATRIE
« Tuez ! tuez î le sang de rennemi qui meurt
Abreuve l'avide patrie;
Elle veut, pour concert, l'effroyable rumeur
Qui jaillit de la chair meurtrie;
Elle a des cris de joie, elle a des cris d'amour,
Quand, fauchant ses moissons arriéres,
La guerre fratricide a détruit, en un jour,
L 1 ultime espoir des pauvres mères.
Elle aime le sang chaud, le sang rouge et fumant,
Qui sourd des veines, par secousses,
Les cadavres bleuis d'affre, innombrableraent
Jonchés sur les collines rousses;
Les coteaux labourés par les âpres boulets;
Les froments, les vignes, les orges,
Dévastés, pantelants; les arbres, tors et laids,
Brûlés comme au foyer des forges !
Tuez ! tuez I la guerre attise au fond des cœurs
Les appétits anthropophages;
La patrie a la main pleine, elle offre- aux vainqueurs,
Avec la gloire des pillages,
Aux vaincus, de la haine, aux mères des remords,
~ Aux mourants de toutes les races,
Pour suaire la nuit froide et pour croque-morts,
Les corbeaux âpres et voraces
»
Ainsi le clairon chante en trilles éclatants,
Ainsi le tambour des batailles
Clame, en rythmes joyeux, aux guerriers exultants,
Aux valets des rouges mitrailles,
— 22 —
Le devoir commandé de par tous les drapeaux
Aux fils de toutes les patries*
« Tuez ! tuez ! » Et les soldats, fauves troupeaux
Se vautrent dans les tueries.
O guerre, qui veux des cadavres en tribut,
Broyés en hécatombes vaines,
Guerre, qui fais saigner, dans un coupable but
L'humanité par toutes veines
Quand donc cesseras-tu de nourrir' les corbeaux
De chairs vivantes et soumises *>
Quand donc cesseras-tu de combler les tombeaux
Des crânes que tu fanatises ?
Quand t'arrêteras-tu de jeter aux esprits
L'appât de ta gloire-chimère,
Et de, brutalement, arracher tant de cris
Au cœur broyé de toute mère ?...
Les soldats contre les soldats se sont rués
Et la force contre la force
. S'acharne sans merci. « Tuez ! tuez ! tuez »
Visez le front, visez le torse
Où le cerveau divague, où le cœur bat trop fort
Où la raison, presque complice
Ne comprend plus l'angoisse ultime, qu'en effort
Laisse s'exhaler la justice. »
Et le flot de sang coule et bouillonne, en sourdant
Des largement béantes plaies,
Et de râlants hoquets couvrent l'appel strident
Des balles qui s'envolent, gaies ;
Et les cadavres roux s'essaiment, tas humain
De chairs informes et meurtries,
Que se vont disputeras rapaces, demain ;
Et voilà votre œuvre, ô patries !...
Patrie ! ô dieu Moloch, c'est là ton nouveau nom-
Pour remplir ton sinistre office,
la haine est ton église, et l'affût d'un canon
Sert d'autel à ton sacrifice.
"'vr.Y.:,'
— 23 —
Va donc, ô dieu nouveau, rejoindre les dieux morts
Dans le!> olympes chimérique?,
Va mêler à leurs ris fous le bruit du remords
De tes crimes patriotiques;
Sombre ! puisque ton nom — amour vague du sol
Où le hasard nous a fait naître —
N'est plus qu'un gras humus où croît le meurtre fol,
Où germe la force du Maître ;
Sombre ! et nous taillerons dans les plis du drapeau,
Loque sangante, loque immonde,
Un suaire pour les loups-gardes du troupeau
Qui peine et souffre par le monde ;
Sombre ! notre patrie est plus grande que toi :
Au delà de toute frontière,
Sans maître et sans drapeau, sans autel et sans loi,
C'est l'humanité tout entière;
Et que sombre avec toi le monceau rebutant
Des dieux dont îu crainte nous mène:
Nous voulons librement être frères, étant
Tous taillés/ dans la chair 1 humaine.
\
W v
LEO KADY.
V;^tV v
S>'
vVIAVWi/sh^VvWVwWtfiyWWf
- . J
.ar-;
24 —
L'ÉPÉE
Qu'est ce tranchant de fer souple, affilé, pointu *
Ce ne sont pas les flans de la terre qu'il fouille
Ni les pierres qu'il fend, ni les bois qu'il dépouille
Quel art a-t-il servi, quel fléau combattu ?
Est-ce un outil ? Non pas ! car l'homme de vertu
L'abhorre: ce n'est pas la sueur qui le mouille
Et ce qu'on aime en lui, c'est la plus longue rouille
« Lame aux éclairs d'azur et de pourpre, qu'es-tu ?
« — Je suis l'épée, outil des faiseurs d'ossuaires
« Et, comme l'ébauchoir aux mains des statuaires
« Je cours au poing des rois, taillant l'homme à leur gré.
« Or, je dois tous les ans couper la fleur des races,
« Jusque l'heure où la chair se fera des cuirasses,
« Plus fortes que le fer, avec le droit sacré. »
SULLY-PRUDHOMME.
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Dans ce conte, écrit pour la « Escueïa Moderna » de Ferrer,
l'auteur a tenté de donner un aperçu de ce que pouvait être, dans une
société égalitaire, l'organisation du travail.
Prix de l'exemplaire : 3 franos.
LES "TUFS NOUVEAUX " *^i\^i**'*™ l ™« «m sù PP ié««»* u W
■ *•»«« m nvw i umuA to cent h numéro. — Administration : 4L rue Broai
Aboskemknt : France, un an, *3 fr.; Extérieur, 8 fr.
»
EN VENTE AUX TEMPS NOUVEAUX "
Pages d'histoire sooia liste, par W. Tcherkesoff.
A mon Frère le Paysan, par E. Reglus, couverture de Raieter*" ".'.*. '. » ,
La Morale anarchiste, par Kropotkine, couverture de Rysselbekôhe .'[" » f
Déclarations d'Etievant, couverture de Jehannet "' »!
La Colonisation, par J. Grave, couverture de Couturier .*. . " " .' » «*
Entre Paysans, par E Malatesta, couverture de Willau'me. ..'... „ S
F SKI 6 ' 7 a ?" e ^ C î a8 4^ I1 5'. p . ar Ch ' Albert > couverture d'AoARD {épuisé) '. '. » if
L Organisation de la Vindiote appelée Justice, par Kropotkine; couver- *
ture de J. Hénault ' » f É î
L^narchie et l'Eglise, par E. Reclus et Guyou,' couv/de* DaumÔVt '(épuisé). » Tfi : !
La Grève des Electeurs par Mirbeau, couverture de Rourille ........... » ift i
Organisation. Initiative, Cohésion, par J. Grave, couverture de Sionac. . » iji
T tuSSi^ï 6 !» ^ a ' -Ç iec îî te en vers ' Par Léonard, couv. de Heidbrinck. » 16
L élection du Maire, piécette en vers, par Léonard, couverture de Valloton. » 16
La Mano-Negra, couverture de Luge {«
La Responsabilité et la Solidarité dans la Lutte ouvrière,' par NettlÂu .
couverture de Delannoy r * B 4gj
Anarohie-Communisme, par Kropotkine, couverture de lÔghard' j^û^) ". » 16
t Jiïr * S 4 P arlei l a 5? Eleoteurs, par J. Grave, couvert, de Hermann-P aul » ia
La Mano-Negra et l'Opinion française, couverture de Hénault » 10
La Mano-Negra, dessins de Hermann-Paul ' * » 40
Entretien d'un Philosophe avec la Maréchale, par DxdÊrot' couverture
de Grandjouan ># _ » fg
L'Etat, son rôle historique, par Kropotkine', couverture de Steinlen .* .' .' .' ." ' » 20
La Femme esclave, par Chauohi, couverture de Hermann-Paul . . HÊ'k
Vers la Russie libre, par Bullard, couverture de Grandjouan* . . .' .".'.".' » 46
Î^L^wf^KS? ? Vt* ♦ ° 1Ut TÎ? I V B i ?î ale ' P ar J * GïtAVE > C0UV de NAUD.N.
Les Habitations qui tuent, par Michel Petit, couverture de Frédéric Jacqub.
Le Salariat, par p. Kropotkine. couverture de Kupka
E™l*t*on-Revoiution, par E ' Rkclus » couverture de Steinlen (épuisé)'. '.'.'.'. »
Les Incendiaires, par Vermesch, couverture de Hermann-Paul. ... ... »
feÎJT t *l liur ^ r ai S e Fei & rer » P ar Auguste Bertrand, couverture de Luge. »
rerre Libre, par J . Grave 3
Patriotisme, Colonisation, illustré. \ .V.WWWY ". .\ ,".'.\\ 6 I
£*£? Ç 1 * 180 ^ 8 » Ç ar Kropotkine, couverture de Daumont. ..... . » 16
L'Enfer militaire, par A. Girard, couverture de Lues ..." ■.•••••• ^ ^j
?Si£ïïî ilrl * ial ft?^i par Pier t r °t> couverture de Maurin... './.. '..'/. . » !«l
fe^ïîS2Î! S xR2ff2A 0tl<m ' P . ar J ' Grav "> couverture de Raieter » 16 |
Rîî TÏiS rX™ t * f, * cono ,?^ < I»o«» Par Louis Blanc, couverture de Dissy. . . » 10
One des Formes nouvelles de l'esprit politicien, par Jean Gravi;, cou-
verture de Luge .*.*.. » 10 «
Travail et Surmenage, par M» Pierrot .*.'. V.'.ï "."'.* » \§i
La Conquête deo Pouvoirs Publics, par J. Grave, couverture de Luge' » 1Cf[
Le Parlementarisme contre l'aotion ouvrière,par Pierrot et Girard, cou-
verturede Rodo Pissaro. ...... .._..?. » 16
La Royauté du Peuple souverain, par Proudhon, ouverture de Ramter* ... » 1flLa
Les Conditionsdn fravail dans laWiété actuelle, par Simplicb. . . . . . » W
Sîr va ?i g i le ii e /Ho«re, par BERTaBLOT ouverture de Jehannet » 1# I
7lS V »Sîi? a î? !nfa 5 ce ^f}*y ****** . par Delzant, dessin Grandjouan.
Les Trois Complices (prêtre; juge, soldat), par R. Chaughi, dessin Raieter.
La Guerre, par Pierre Kropotktnr, couverture de Steinlen
F S?*!?* 1 * 1 2 t M ii lera »** Par F. Delaisi, couverture illustrée.. . . ."..*.' .'.'.'..' ."."
L Hygiène des Nourrissons, par M. Petit. . .>
A bas les Chefs, par Dêjagques ... f. . .
Les Scientifiques, par Jean Grave .' . ' * :
La Loi et r Autorité, par Kropotkine
Le Militarisme, par Domela Nieuwenhuis
Contre la Folie des Armements, par Jean Grave. . .V.V.V
ji -i
Prix : S centimes
lux Bureaux des « TEMPS NOUVEAUX », rue Broca, 4, Paris
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale cle France
Groupe de Propagande par la Brochure
La propagande par la Brochure est une des meilleures propagandes si on peut 1
faire avec suite.
Le Révolté, La Révolte , Les Temps Nouveaux s'y sont employés de leur mieux.
l'heure actuelle, plus de 80 brochures diverses, dont les digèrent» tirages réunis
dépassent un million d'exemplaires, ont été lancées par eux.
Malheureusement, les fonds manquent pour pouvoir en imprimer plus souvent d
nouvelles, ou réimprimer, lorsque c'est nécessaire, celles qui sont épuisées.
Il s'agit donc de trouver 500 souscripteurs s'engagcant h verser chacun 12 fr
par an. Nous serions alors en mesure d'imprimer chaque mois — ou de réimprime
parmi celles épuisées — une nouvelle brochure de O f r. 10 ou deux de O f r. 05.
Par contre, voici les avantages que <nous offrons aux souscripteurs :
1° A chaque tirage, il leur sera expédié autant d'exemplaires que le comporter,
le montant de leur souscription calculé avec une remise de 40 0/0, frais d'envo
déduits
Ce qui leur permettra de s'employer à la propagande, en faisant circuler les bro
chures parmi ceux qu'ils connaissent, soit en les distribuant eux-mêmes, soit par 1
poste lorsqu'ils ne voudront pas faire savoir qu'ils s'intéressent à la propagande;
2° A chaque souscripteur qui sera libéré de sa souscription, il sera envoyé un
lithographie spécialement tirée pour les souscripteurs.
Cette lithographie qui sera demandée à l'un des artistes qui ont d£jà donné a
journal, ne sera pas mise en vente et TT audra à elle seule, largement, le prix de sous
cription ;
3° A ceux qui souscriront 15 francs par an, il sera expédié un nombre de bro
chures dont le montant égalera celui de la souscription, calculé, toujours avec un
remise de 40 0(0, plus une eau-forte qui, elle aussi, sera tirée spécialement pour eux
et non mise dans le commerce.
Ceux qui savent le prix d'une eau-forte artistique apprécieront le cadeau que nou
leur offrons ;
4° A ceux qui souscriront au-dessus de 1 5 francs, il stra fait cadeau de la litho
graphie et de l'eau-forte.
Au camarade qui nous trouvera I O souscripteurs, il sera fait cadeau de la litho
graphie. — Celui qui en trouvera 20» recevra l'eau-forte.
Les souscriptions peuvent être versées par fractions mensuelles ou trimes
trielles, etc., au gré des souscripteurs.
A ceux qui s'engageront mensuellement et qui ne se libéreraient pas de leo
promesse, il sera, à la fin du trimestre, adressé un remboursement pour les 3 mois.
Adresser les souscriptions au osmarade Ch. BENOIT,
3, rue Bérlte, PARIS.
i
1
N.-B. — En discutant avec des camarades, il est facile de leur glisser une bro
chure, et de leur arracher deux sous. Les souscripteurs pourront ainsi récupérer 11
montant de leur souscription, et augmenter leur propagande.
Brochures à l'étude : Origines et morale du Christianisme, de Letourneau. — h
République des financiers, de Delaisi — '• L'Anarchie dans l'évolution socmïïiU
de Eropotkine. — La Morale anarchiste, de Kropotkine, etc., etc.
CE QUE NOUS VOULONS
A;,
Nous voulons l'affranchissement complet, intégral de
1 individu.
Nous voulons son affranchissement économique le
plus absolu.
Mais comme, pour se développer, l'individu doit
unir ses efforts aux efforts dé ses semblables; comme il
n y a que l'état de société qui lui permette de développer
ses facultés, nous voulons une société où ça ne soit plus
la volonté des morts qui domine.
Nous voulons une société où l'individu libéré de toute
entrave, n'ayant à lutter que contre les difficultés natu-
relles, puisse se mouvoir à Taise, s'associant selon ses
besoins, selon ses affinités, rompant l'association lors-
qu'elle est une entrave ou lorsqu'elle a accompli l'œuvre
pour laquelle elle avait été "formée, pour reformer
d'autres groupements, en vue de nouveaux besoins à
satisfaire, de buts nouveaux à atteindre.
Enfin, comme l'individu n'est pas une entité, ni un
être abstrait, que nous savons qu'il n'y a pas que
« l'Individu », mais des individus, il en découle logique-
ment, pour nous, que, pour se développer librement,
sainement, les droits de chacun doivent tenir compte
des droits voisins, qu'ils doivent s'harmoniser par l'en-
tente et non se confronter.
Il est absurde de parler au singulier des droits de
l'individu, alors qu'il est démontré que l'individu isolé
n'aurait jamais pu acquérir U développement qu'il a
atteint au cours des siècles, mais que, sans doute, il
— 9
aurait été incapable de satisfaire aux besoins primor-
diaux de la vie, faible et desarmé comme il l'est.
Depuis qu'elle a commencé, l'évolution humaine n'a
été qu'un long conflit d'intérêts et d'appétits opposés où
les plus forts, les plus adroits, les plus favorisés, exploi-
tant le besoin d'entente et de sécurité qui réunissait les
hommes en société, surent imposer leur suprématie sur
le plus grand nombre, les exploitant, les opprimant, et
pour assurer cette exploitation, donnèrent une vie
propre à tel société, lui attribuant une vie propre sous le
mot, lui créant ainsi des intérêts antagoniques des inté-
rêts des individus qui font son existence.
De sorte que la société créée pour que chacun, dans
ses rapports avec les autres, y trouvât plus de bien-être,
plus de liberté, une plus grande somme de jouissances
en raison d'une dépense moindre d'efforts, ne servit qu'à
une minorité de parasites qui, sous prétexte d'assurer
la vie, le bien-être et la liberté de chacun, d'empêcher
l'empiétement des uns sur les autres, d'assurer la justice
à tous, s'en firent les maîtres, confisquant à leur profit
tous les bienfaits de l'association, ne laissant à la grande
majorité que les charges, l'ignorance et la misère.
Telles qu'elles sont organisées, nos sociétés ne sont
pas des associations d'hommes libres et égaux, mais
des conflits d'intérêts où ceux qui détiennent le pouvoir
et le capital écrasent sans pitié ceux qu'ils ont dépouillés,
où les mots droit, justice, liberté, détournés de leur
signification, ne sont que des règles pour assurer à ceux
qui se sont érigés en maîtres la possibilité d'assurer leur
domination, leur exploitation.
Au lieu d'être basées sur l'entente, sur la communauté
d'intérêts, nos sociétés actuelles sont basées sur l'anta
gonisme des intérêts.
L'intérêt des gouvernants est de développer leur auto-
rité afin de s'assurer de l'obéissance des gouvernés, alors
que l'intérêt des gouvernés est de restreindre, chaque
jour, l'autorité des gouvernants s'ils ne veulent pas, un
jour, se trouver complètement dominés.
L'intérêt du patron est de tirer de ses serfs le plus de
travail possible en retour d'un moindre salaire et une
subordination de plus en plus grande, alors que l'intérêt
— 3 —
des salariés est d'obtenir un salaire plus élevé pour
moins de travail, plus de liberté à l'atelier.
L'intérêt du trafiquant est de vendre le plus cher pos-
sible, de tromper l'acheteur sur la qualité des marchan-
dises, l'intérêt des parasites qui ont su se glisser comme
intermédiaires dans les rapports entre consommateurs
et producteurs est de faire croire à la réalité des services
qu'ils sont censés rendre et d'en tirer le plus de profits.
Il n'y a pas, jusqu'au médecin et pharmacien qui ne
désirent leur petite épidémie, lorsque les affaires
baissent.
Dans les administrations basées sur la hiérarchie,
l'intérêt des subalternes est la disparition des supérieurs
dont ils convoitent la place. Jusque dans les familles où
l'intérêt des héritiers est de voir se réaliser, à bref
délai, les « espérances » que l'on a fait entrer en ligne
de compte dans les contrats négociés pour les accouple-
ments que l'on a maquignonnés.
Les rapports entre individus ne sont pas en vue d'une
aide mutuelle, mais des trocs où chacun cherche à « en-
foncer » l'autre.
Tout cela, il est vrai, est masqué par un vernis de
conventionnalisme qui transforme en paroles onctueuses
d'amour, d'amitié, de déférence et de sympathie les
appétits les plus féroces; mais les rôles dont sont sur-
chargés les tribunaux nous indique combien le vernis
est léger et que, souvent, lorsque les « espérances » sont
trop longues à se réaliser, d'aucuns savent leur donner
le coup de pouce.
Nos sociétés bourgeoises sont l'exemple le plus parfait
de cet individualisme outré qui, posant l'individu au-
dessus des contingences, réclame pour lui les droits les
plus absolus sans tenir compte des droits des individus.
Trop longtemps les sociétés ont été détournées de leur
but ; elles doivent revenir au rôle pour lequel elles ont
été instituées : apporter plus de bien-être, plus de facf-
lités au développement des individus, plus de liberté
en diminuant le temps consacré à la lutte pour l'exis-
tence.
Pour arriver à cette société, résultat de l'entente libre
des intéressés, nous voulons que tout ce qui est sol,
— 4
soub-sol, immeubles, outillage, tout ce qui est le produit
enw n f Ure et d ? tra , vail d6s générations passée S o
enlevé à ceux qui se les sont appropriés indûment et
mXe"™ i h libre ^^«on de ceux qui auront à les
mettre en œuvre, qu'ils ne soient plus accaparés par
des individus ou des groupes les exploitant à leur prom
L outillage surtout, ne devant être ni social, compris
dans le sens de propriété d'une entité sociale quelconque
mii ^nTh tlf ' n ° US voulo i 18 . qu ' i! soit à la disposition dé
qui en a besoin pour produire et le mettre en œuvre par
lui-même, soit en tant qu'individu, soit en groupe
Nous voulons, partout, l'abolition du salaire, puisque
chacun aura la libre disposition des produite dé son
travail; nous voulons également l'abolition de la mon"
n a f 0l L d % t0 ï te a V tr ? vaIeur d'échange, la répartition
des produits devant s'opérer directement entre produc-
^" r ?,^ Consommateurs groupés P« r bes » in s et affinités
™,.„lr a ge d ? s P roduits n e sera plus qu'un échange
mutuel de services. 6
Nods voulons la disparition -de l'Etat, do fout gouver-
nement, quel qu'il soit, centralisé ou fédératiff dicta-
torial ou parlementaire, basé sur un suffrage plus ou'
™ZnS t 'i ,luS °^ m T s é i argi P ar une soi-disant
représentation des minorités. Tous les srrouDements
ffi s lp au H dessus d ^ s in £ vidus a * ant u ™ teS^t
liberté d ° mineri a se dév «ï°PP<* au détriment de leur
n^TmTSV 0118 ^ , d î?P a ï ition ! ^s armées permanentes
SS ^ q? / lles "i? nt d autre ob J ectif <* UQ la défense des
privilégiés, quelles ne sont que des écoles de débauche
d avilissement et d'abaissement et une menace perpé-
tuelle de guerre entre les peuples. H
Nous voulons que les groupes et individus se tenant
«nJ « # nS cons . tan î?? entr « eux règlent eux-mêmes,
sans suffrages ni délégations, les questions d'intérêt
général, comme ils auront su régler, au sein de leurs
groupes, les questions d'intérêts privés
Enfin comme la libération des individus ne eur
viendra d aucune providence, céleste ou parlementaire,
comme les privilégies ne renonceront à leurs privilèges
que lorsque ceux qu'ils ont spoliés sauront les leur
wt^mf»mmf/impfmm0m
— 5
arracher, les anarchistes reconnaissent qu'il n'y a que
la révolte qui puisse affranchir ceux qui veulent sortir
des entraves présentes pour établir une société de justice
et de liberté sur les ruines de la société d'arbitraire et
de spoliation d'aujourd'hui.
Etant donné ce qui existe, les moyens d'affranchisse-
ment ne sont au choix de personne. En se réclamant de
la révolution, les anarchistes n'expriment pas une pré-
férence, ils constatent un fait, subissent les conséquences
d'une société faussée, détournée de son but.
En attendant que l'esprit de révolte grandisse parmi
les opprimés, en attendant qu'ils aient pris conscience,
que l'on n'obtient que les libertés que l'on sait prendre,
que l'es concessions que l'on sait imposer, tout en .recon-
naissant que les améliorations partielles, dans la société
présente, dans laquelle il faut vivre et dont on ne peut
s'abstraire, n'ont aucune valeur relativement à l'affran-
chissement complet que tout individu doit chercher, tout
en travaillant, toujours et sans cesse, à préparer la révo-
lution qui, seule, affranchira les individus en faisant
table rase des institutions d'oppression et d'exploitation,
les anarchistes reconnaissent que, surtout pour les tra-
vailleurs qui, chaque jour, à chaque heure, ont à dé-
fendre le salaire que leur consentent leurs exploiteurs,
à défendre leur liberté et leur dignité à l'atelier, il y a
des luttes d'améliorations partielles à soutenir, — quand
ça ne serait que la défense de ce qui a été acquis au
cours des siècles, — mais que ces luttes — que les faits
imposent — ne doivent jamais absorber tous les efforts
des individus, ni leur faire perdre de vue la révolte
générale, seule capable de les affranchir. Travailler
pour l'avenir, c'est aussi une façon d'améliorer le pré-
sent.
Le syndicalisme et ses luttes pour la défense des
salaires, la diminution des heures de travail ou l'obten-
tion de meilleures méthodes dans l'organisation du tra-
vail, est une conséquence fatale de l'organisation écono-
mique qui nous régit. En attendant la révolution qui
doit les libérer, les travailleurs ont à défendre leur vie
de chaque jour,, mais tout en les aidant dans cette lutte,
le rôle des anarchistes est de leur faire comprendre
— 6 —
pn^i^i 80 ? 1 PJ éca î res &* améliorations qui n'entament
en nen le fond même du régime capitaliste, puisqu'il
l£l r S re ^? inin . ence r chaque jour; combien est passa-
gère 1 amélioration amenée par une augmentation de
nonr r ri c ?H^ q H 6 V étendue à cha( * U€ corporation, elle a
pour résultat de faire augmenter le coût de la vie et que
la diminution des heures de travail elle-même ne
s obtient que par une intensification de la production
pendant les heures de travail. p uon
Contrairement à ce que prétendent les syndicalistes
le syndicalisme ne peut se suffire à lui-même; à lui seul
mi!** Tf ?u* ent6 nulIement Taffranchissement général
nW mîlnl r l P T SU1V i *?*, c ^ ac » U€ être conscient. Il
n est qu une des phases de la lutte poursuivie. — Mettons
îajplus importante si on veut, mais un des. côtés seul?-
Car s'il est u*g**ût pour les travailleurs de ne pas & e
laisser affamer en attendant la révolution, il n'en reste
^i m °H nS n ai ^toii'obtîeiidront tout le bien-être au*
quel a droit tout être humain, toute la liberté et le déve-
loppement auxquels ils doivent aspirer non par des
réductions des heures de travail, nip*r des augmen-
tations de salaires, mais par une transformaUo» com-
plète du régime politique et économique, c'est-à-dire
par la révolution sociale.
Pour arriver à cette révolution, tout ce qui a pour but
de détruire ou d'affaiblir l'autorité politique ou écono-
mique est bon :
Syndicats d'ouvriers contre les patrons, syndicats de
locataires contre les propriétaires, groupes pour obtenir^
un enseignement rationnel de l'enfance; ligues de
consommateurs contre les débitants, la lutte contre
lalcoolisme, ligues — comme celle des Droits de
i Homme — contre les abus de pouvoir, contre l'omni-
potence des juges, de résistance contre les empiétements
de la police, etc., etc.
Enfin, comme au lendemain de la révolution ne se
développeront que les formes de groupements qui au-
ront préparé le mouvement, les anarchistes ont, dès à
présent, à rechercher quelles formes pourraient, dès
— 7 —
à présent, prendre les groupes de production, basés sur
les affinités et les besoins communs.
Tous ces moyens de lutte sont d'autant meilleurs qu'ils
peuvent grouper, sur des points précis des individus
pensant différemment sur l'ensemble, et qu'il n'est pas
nécessaire de les avoir convertis à une vue d'ensemble
pour les faire travailler à la révolution, celle-ci n'étant,
en réalité, que la somme du mécontentement général et
non le résultat d'une idée philosophique, si juste soit-
elle.
Il n'y a qu'un danger à éviter : c'est l'esprit de parti-
cularisme qui tend à faire envisager à chacun que son
moyen est le moyen par excellence et considérer les
autres moyens non seulement comme insuffisants,
comme inutiles, mais, bien souvent comme adversaires
ceux qui les emploient — nous entendons des moyens
qui peuvent coopérer, sans être la négation l'un de
l'autre.
C'est ce qui est arrivé aux anarchistes tombés dans le
syndicalisme qui, aujourd'hui, leur fait chercher le
moyen de le soustraire à la propagande anarchiste, ou
bien, comme les néo-malthusiens, qui, partis de l'idée
juste de liberté pour la femme de se soustraire aux
maternités « indésirées » et, pour tous les individus, en
général, de n'avoir d'enfants qu'autant qu'il leur plaît
et que lorsqu'ils sont dans des conditions physiologiques
leur permettant d'espérer une descendance saine, en
sont venus à ériger en dogme que, pour faire la révo-
lution, il ne faut plus faire d'enfants, et font de la
question sociale une question de population, alors
qu'elle est, surtout, une question de mauvaise distri-
bution des richesses.
Pour démolir la société actuelle, il n'est pas indispen-
sable que tous les coups portent à la fois sur le même
point. Il peut y avoir autant de points d'attaque qu'il y
a de conceptions, mais les anarchistes devront toujours
se guider sur leur conception de la société future s'ils
veulent échapper aux déviations inhérentes à l'impor-
tance que chacun attache à ses propres efforts et qui ne
tardent pas à faire prendre le moyen comme but.
Aussi, si les anarchistes veulent se mêler à toutes les
— 8 —
luttes qui ont pour but -de démantèlement de la forte-
resse capitaliste, la disparition d'un abus, le redresse-
ment d une injustice, la répartition d'une iniquité, ils
veulent aussi garder l'œil sur le but final, auquel
A?J~ n î t ® r ? dre > .^sciemment ou non, tous les efforts
épars, la disparition de la société capitaliste et l'instau-
ration d une société harmonique où l'individu libéré de
1 exploitation et de la do^apon^e parasites divers
exploitation et de la dojHftiaïioïr^fl parasites divers
trouvera à développer ^vtitua^>>ur son plus
grand bien et celui de /^ semblable* A v
\ V
\
./.
:V/
v tùvY^y
-^a*e-
Pam. - Imprimerie " LA PRODUCTRICE", 51, rue Saint-Saureer
COLLECTION DE LITHOGRAPHIES
Capitelisme.par Commln Ache - Education chrétienne,
par Roubille. -- La Débâcle, dessin de Vallotton, gravé par
Berger. - Le dernier gîte du trimardeur, par Daumont —
L Assassiné, par C. L. — Souteneurs sociaux, par Delanoy.
o •£?" défricheurs, par Agard. - Les Bienheureux, par
Heibdrinck. - La Jeune Proie, par Lochard.'— Le Mission-
naire, par Willaume. — Frontispice, par ftoubil e. —
L Homme mourant, par L. Pissaro — SaMajestéla Famine,
par Luce. - La Vérité au Conseil de Guerre, par Luce — <
Provocation, par Lebasque. — Ceux qui mangent le pain
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Il neresteplusqu'en nombre restreint: L'Incendiaire, parLuce
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Démolisseur, par Signac. — L'Aurore, par Willaume. — Les
Sans-Gîte, par C. Pissaro. — On ne marche pas sur l'herbe
parHermann-Paul. — Mineurs belges, par Constantin Meunier.
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Maurin. — Epouvantails, par Chevalier. — La Libératrice,
par Steinlein. — L'édition ordinaire, 3 francs. Pour les éditions
d amateurs, s informer au préalable, quelques-unes sont épuisées
Aux petits oiseaux, par Willette, 10 francs.
Reproduction des Errants, de Rysselberghe, édition ordinaire,
1 fr. 25; sur japon, 3 fr. 50.
Contre Biribi, album de 9 dessins de : Delannoy, Grandjouan,
Luce, Maurin, Raïter, Rodo, Sig-nac et Steinlen.
. H 11 ®?? 6 de Par *s en Mai 71, par Luce, tirée en sous-
cription à 75 exemplaires, dont 15 sur Japon ; 7 francs ordinaire ;
10 francs sur japon.
Miséreux, par Naudin, même tirage, même prix.
renâL^^flLï^L^- 1111 n S mb - re tr ^ l i mité de „ collections complotes. Elles sont
Tendues 75 francs 1 édition ordinaire, 150 francs celle d'amateur.
LITHOGRAPHIES EN COULEURS
L» &• J£7H!f Nouve A? x > Willaume, épuisé, une dizaine d'exemplaires à 5 francs ;
t n ^î? 16 ' Pl ?? ar ?> édition ordinaire, 2 francs ; d'amateur, 3 fr. 50; Drapeau roue©.
Lune, édition ordinaire, 2 francs ; d'amateur, 3 fr. 50 ; La Mère, Lebasaue édition
ordinaire 2 francs ; d'amateur. 3 fr. 50 ; La Confession, Hermani Pauf, éïtion S
naire, 2 francs ; d'amateur, 3 fr. 50— bes lithos ont été' tirées pour servirdê fîonUs-
pice aux volumes de notre supplément, mais peuvent s'encadrer, 37-28.
t P nv * ££?£ n Malfei 4 t « ui r 8 > par Willaume, tirage ordinaire, 2 francs ; tirage d'ama-
teur, 5 francs. Il en reste très peu des deux. B
Au, Alhnm ' contenant les 52 dessins parus dans la «• année des Temps Nouveaux
dus au crayon de Agard, Bradberry, Couturier, W. Crâne, Drlaknoy Delaw
uTn'K^Z 30 ^' ** É * AUL *» Hermann-Paul, P. Ir,be, Jossot, Kw^JSSm,
i-Lc«,B. Naudin, Robin,Roubille,Ryssei.berhe, Steinlein, Van DomEKetWiLLkiMK.
Prix: 5 irancs; Franco: 6 francs.
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A mon Frère le Paysan, par E. Reclus, couverture de Raieter »> 15
Déclarations d'Etiévant, couverture de Jehannet » 15
La Colonisation/ par J. Grave, couverture do Gouturiek ...... » 15
Entre Paysans, pur E Malatesta, couverture de Willaume. . . : » 15
L'Organisation de la Vindicte appelée Justice, par Kropotkine, couver-
ture de J. H.ÉNAULT ' t n ig
L'Anarchie et l'Eglise, par E. Reclus et Guvou, couv.de Daumont . . ....... » 15
La Grève des Electeurs, par Mirbeau, couverture de Roiirille. » 15
Organisation Initiative, Cohésion, par J. Grave, couverture de Signag. . . » 15
Le Tréteau électoral, piécette en vers, par Léonard, couv. de Heidbrinck. » 15
L'Election du Maire, piécetteen vers, par Léonard, couverture deVALLOTON. » 15
La Mano-Negra, couverture de Lu«*.e w 15
La Responsabilité et la Solidarité dans la Lutte ouvrière, par Nettlau,
couverture de Del annoy , » 15
Si j'avais à parler aux Electeurs, par J. Grave, couvert, de Hermann Paul » 10
La Mano-Negra et l'Opinion française, couverture de Hbnault »> 10
La Mano-Negra, dessins de Hermann-Paul ..'..... » 40
Entretien d'un Philosophe avec la Maréchale, par Diderot, couverture
* de Grandjouan ; ....... ,/ „ 15
L'Etat, son rôle historique, par Kropotkine, couverture de Steinlen >• 25
La Femme esclave, par Chaughi, couverture de HermaNn-Paul .1 15
Vers la Russie libre, par Bullard, couverture de Grandjouan. . »» 45
Le Syndicalisme dans l'Evolution sociale, par J. Grave, couv. deNAUom. » 15
Les Habitations qui tuent, par Michel Petit, couverture de Frédéric Jac que » 15
Le Salariat, par P. Kropotkine, couverture de Kupka. ..... » 15
Les Incendiaires, par Vermesch, couverture de Heruann-Paul. » 16
Sur l'Individualisme, par Pierrot, couverture de Maurin » 15
L'Entente pour l'Action, par J. Grave, couverture de Raïkter » 15
Quelques Vérités économiques, par Louis Blanc, couverture de Dissy... •< 10
Une des Formes nouvelles de l'esprit politicien, par Jean Grave, cou-
verture de LncE . , -. „ 10
Travail et Surmenage, par M. Hiehkot. . . . .'..'.'."' '.".'. » 15
La Conquête des Pouvoirs Publics, par X. Grave* couverture de Luce. » 10
Le Parlementarisme contre l'aotion ouvrière, par Pierrot et Girakd, cou-
verture de Rodo Pissa&o t i, 15
La Royauté du Peuplé souverain, parPaouDHON, couverture de Raieter » 10
Les Conditions du Travail dans la Société actuelle, par Simplicb » 10
L'Evangile de l'Heure, par Berthelqt, couverture de Jbhannbt .. » 15
Travail de l'Enfance dans les Verreries, par Dblzant, dessin Qn/w wooah . » 1 5
Les Trois Complioes fprôtre, juge; soldat), par R. Chaughi, dessin Raieter . » 1 5
La. Guerre, par Pierre Kropotktne, couverture de Steinlen » 15
Contre la loi Millerand, par F. Delaisi, couverture illustrée. .'. » 15
L'Hygiène des Nourrissons, par M. Petit, dessin de Signac. ... » 16
A bas les Chefs, par Déjacques, couverture de Sigkac <> 15
Les Scientifiques, par Jean Grave, couverture de Hbhmann-Paul » 10
La Loi et l'Autorité, par Kropotkine, couverture d'ANGHANi> »> 15
Le Militarisme, par Doubla Nieuwbnhuis » 15
Contre la Folie des Armements, par Jean Grave, couverture de Luce. . . » 15
L'idée révolutionnaire dans la Révolution,par P. Kropotkine, couv.Maurin •• 1 5
L'Education de demain, par G A. Disant » 15
Socialisme et Syndicalisme, par M. Pierrot, couverture de Raieter .... » 15
Anarchistes et Bandits, par A. Girard, couverture de P. Larivière » 1*>
L'Esprit de révolte, par Pierre Kropotkine » 15
Ce que nous voulons, par Jean Grave » 10
Esprit révolutionnaire et Syndicalisme, par Jacques Mesnil » 10