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>7,QuaiS*Michel
• PARIS •
•es Aeafs & d'Occasion
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Digiti
zedby GoOgk
ESQUISSE
D'UNE
GRAMMAIRE COMPARÉE DE ^ARMÉNIEN CLASSIQUE
PAR
W MEILLET
VIENNE 1903.
IMPRIMERIE DES PP. MÉKHITH ARISTES.
•
zedby GoOgk
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A LA MEMOIRE
DE
M GR ARSÈNE AIDYN
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3m ci'
Avant-propos.
L'objet du présent opuscule est double: esquisser
la structure de l'arménien classique, et en exposer, dans la
mesure où elles sont connues, les origines historiques. Il
est destiné aux linguistes qui désireraient être orientés
sur l'un des aspects les plus originaux qu'ait pris l'indo-
européen au cours de son développement, en même temps
qu'aux personnes qui, sachant déjà la langue arménienne,
sont curieuses de son passé.
Il est extrêmement sommaire: on n'a pas visé à tout
expliquer ni à discuter toutes les hypothèses proposées,
moins encore à en proposer de nouvelles; beaucoup de
problèmes restent obscurs, beaucoup de faits sont encore
dénués de toute interprétation ; là même où une explication
paraît plausible, rien ne prouve qu'on ne soit pas dupe
d'une apparence : les moyens de démonstration ordinaires
de la linguistique font souvent défaut et l'on doit se con-
tenter presque toujours de constater la possibilité d'une
théorie, sans aller jusqu'à en affirmer la certitude: les
doctrines qu'on trouvera ici ne sont enseignées que sous
le bénéfice de cette réserve générale.
Les principales publications relatives à la grammaire
comparée de l'arménien ont été signalées dans l'introduction;
une bibliographie particulière de chaque question a été ainsi
rendue inutile.
On s'est efforcé de mettre le lecteur en mesure d'aborder
la grande grammaire du maître incontesté des études de
è
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VI
linguistique arménienne, M. H. Hirschmann. Le but qu'on
s'est proposé sera pleinement atteint si Ton a préparé un
certain nombre de linguistes à tirer profit de la partie parue
de cet ouvrage capital, et si on leur en a fait souhaiter le
prompt achèvement.
Afin de faciliter la lecture des pages qui suivent
aux personnes qui n'ont pas étudié l'arménien, les mots
ont été donnés à la fois en transcription et en caractères
nationaux.
La composition de ce petit ouvrage a été provoquée
par une demande que m'a adressée le R. P. J. DaSian; déjà en
1890 — 91 il m'avait consacré bien des heures d'un temps si
précieux aux progrès de la philologie arménienne ; cette fois
il a pris pour lui la part la plus pénible de la correction des
épreuves, et je ne saurais exprimer ici tout ce que je lui
dois. Je tiens aussi à remercier l'illustre congrégation des
Mékhitharistes de Vienne qui a bien voulu se charger d'éditer
mon livre et qui a mis à ma disposition avec la plus grande
libéralité les ressources de son excellente imprimerie; je
donne un faible témoignage de ma reconnaissance en dédiant
ces pages à la mémoire de leur abbé vénéré, Mgr. Arsène
Aïdyn, dont la mort récente a été pour la linguistique
arménienne une perte si sensible.
Paris/ 31 juillet 1902.
A. M.
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Table des matières.
page
Avertissement V
Corrections et additions IX
' Abréviations X
Introduction XI
Chapitre I: Phonétique . 1
I. Accentuation 1
IL Consonnes proprement dites [A. Occlusives indo - euro-
péennes, 7; B, Sifflante indo-européenne, 17] 5
III. Voyelles proprement dites 19
IV. Sonantes [1. Sonantes voyelles, 21; 2. Sonantes seconds
éléments de diphtongues, 23; 3. Sonantes consonnes, 25] 21
V. La syllabe 30
VI. La fin de mot 33
VIL Conclusion 35
Chapitre II: Alternances 36
Chapitre III: Les formes nominales 40
A. Substantifs et adjectifs 40
a) Description sommaire de l'état arménien classique. . . 40
b) Origines indo-européennes des formes de la déclinaison
Sa. Types vocaliques, 44; /£. Types à liquides et à nasales,
>2; y. Mots anomaux, 58; ô. Sort ultérieur de la décli-
naison arménienne, 59] 43
B. Déclinaison des démonstratifs et interrogatifs, etc 60
1. Démonstratifs 62
2. Interrogatifs et indéfinis 63
Emploi de la désinance -um -—-d" de datif-locatif singulier 64
C. Pronoms personnels 65
2>. Emploi des formes nominales [a) Genre, 66; b) Nombre, 66;
c) Cas, 66] 66
Appendice [I. Composés, 70 ; IL Noms de nombre, 71 ;
III. Adverbes, 73] 70
i
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M3P-
VIII
page
Chapitre IV: Les formes verbales 75
ormation des thèmes [1. Thèmes de présents, 76; a) Type
l -e- -*-, 77; b) Type en -t- -A-, 79; c) Type en -a- -«•-, 81 ;
Type en -m- -«*--, 82. — 2. Thèmes d'aoristes, 83; a) Aoriste
.dical, 84; b) Aoriste en -<?- -j-, 85. — Déverbatifs, 86] 75
Lexion [a) Flexion de l'indicatif présent, 87; b) Impératif,
I; c) Subjonctif, 91; d) Indicatif aoriste, emploi de l'aug-
ent, 92; e) Imparfait, 94; f) Formes nominales, 96) ... 87
rvations sur l'emploi des préverbes ......... 97
as anomaux 99
Chapitre V: La phrase 103
ègles d'accord 103
rare des mots 105
ropositions subordonnées 106
Chapitre VI: Le vocabulaire 108
lusion 111
£ 112
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Google , j
Additions et corrections.
Les premières feuilles de ce livre étaient déjà tirées et le reste
entièrement composé quand a paru le second cahier du volume
XXXVIII de la „Zeitschrift" de Kuhn, avec un important article de
M. Pedersen „Zur armenischen Sprachgeschichte" (p. 194 et suiv.). Il n'a
donc plus été possible de tenir compte ici des hypothèses hardies,
mais intéressantes, présentées par M. Pedersen sur quelques-unes des
difficultés les plus graves de la morphologie arménienne et sur beau-
coup de points de la phonétique et de l'étymologie. Quelques-unes des
principales théories de ce savant semblent du reste très contestables;
ainsi -r -j» de cunr é-»«-fy et des autres thèmes en -u- ne saurait représenter
un ancien -s, comme le veut M. Pedersen, car ce -r ne se trouve que
dans d'anciens neutres (v. ci-dessous, § 49); de même on a peine à
croire qu'une 8 finale aboutisse à un Je, comme le suppose M. Pedersen
pour expliquer le ~kh -^ du pluriel; ~Jch -# ne se trouve d'ailleurs
pas dans certaines des formes qui avaient *-* finale en indo-européen,
notamment les nominatifs singuliers et les génitifs singuliers et les
2mes pers. secondaires du singulier et il se trouve dans une forme qui
n'avait pas *-«, la 2**© personne du pluriel des verbes; enfin l'hypo-
thèse de M. Pedersen n'est pas conciliable avec les règles d'accord
(v. ci-dessous, § 104) non plus qu'avec la phonétique (v. § 34).
P. 3, 1. 15 du haut; en réalité *-iyo- est devenu *-iwo-, d'où
--MO- (Pedersen, toc. cit., p. 199).
P. 10, 1. 5 du haut, lire: Entre voyelles, ce 3 perd son occlusion.
P. 16, 1. 5, lire: et le th, au lieu dé: et que th.
P. 17, 1. 12 du haut, lire: skr. rûçant-.
P. 23, 1. 16, ajouter : Sur le traitement des diphtongues à nasale
devant s, v. § 15.
P. 25, 1. 22 du bas, lire: lat. f rater.
P. 29, L 3 du bas, après: *dhy a donné yj, ajouter: dont lej£
subsiste entre voyelles.
P. 30, 1. 18 du bas, lire: /. V* •
P. 31, 1. 22 du bas, après: entre voyelles, ajouter: Un groupe
complexe *rjn se simplifie en rw, d'où rn «A, ainsi barnam pwn%unr
„j'enlève", cf. l'aoriste barji p—p&l» „j'ai enlevé" et l'adjectif barjr
piêip&p „haut".
P. 49, 1.24, lire: d'autres fois.
P. 54, 1. 7 du bas, lire çorekhhariwr.
P. 80, 1. 9. du bas, ajouter l'exemple : ankanim uA4««ty«r„je tombe"
(aor. arikay «A^), cf. go t. sigqan.
P. 87, 1. 14 du bas, lire : pour exemples des cinq séries.
P. 96, 1. 13, ajouter: Le complément au génitif serait le sujet
d'une forme personnelle du verbe.
Digiti
zedby GoOgk
Abréviations.
Les abréviations employées dans cet ouvrage sont celles qu'on
rencontre ordinairement
et
ne présenteront aucune difficulté au
lecteur, ainsi:
ags.
anglo-saxon
arm.
arménien .
att.
attique
dor.
dorien
got.
gotique
gr.
grec
irl.
irlandais
lat.
latin
lit.
lituanien
pruss.
prussien
si.
slave
V.
vieux
v. h. a.
vieux haut allemand
zd.
zend ^langue de TAvesta)
etc.
-
Il est moins utile encore d'expliquer les abréviations de termes
grammaticaux: gén. ou génit., génitif; aor., aoriste ; sing., singulier; etc.
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Introduction.
1. — L'arménien est une langue indo-européenne, c'est
à dire Tune des transformations d'une langue non conservée
qui est représentée aussi par l'indo-iranien, le slave et le
baltique, l'albanais, le grec, le germanique, le celtique et
l'italique (latin et osco-ombrien).
C'est l'idiome des populations qu'on rencontre dès le
VI me siècle avant J.-C. dans les régions montagneuses de
l'Ararat, du lac de Van, des sources de l'Euphrate et du
Tigre qu'elles occupent aujourd'hui encore; le nom par
lequel se désignent ces populations est celui de Z,-j Hay
(au pluriel 4«^ HayJcK); les inscriptions Achéménides se
servent du mot Armina-, Arminiya- et les Grecs de 'Ap/xévcoç ;
et ce nom est celui qui a été adopté partout.
L'arménien est un rameau de la famille indo-euro-
péenne aussi nettement indépendant de tous les autres
que le sont par exemple le grec ou le germanique. Il est
de plus tout à fait isolé, n'étant pas accompagné d'une
langue d'aspect très analogue, comme le slave l'est du
baltique, ni même d'une langue présentant des innovations
importantes en commun avec lui, comme l'italique l'est du
celtique. Enfin il ne présente pas de dialectes: il n'est
attesté au début que sous une seule forme, et les parlers
modernes n'offrent aucun trait qui suppose l'existence de
dialectes gravement différents les uns des autres au V me siècle
après J.-C. ; en tout cas, ces parlers ne renferment à peu
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XII
près rien qui suppose des particularités indo-européennes
ignorées de l'arménien classique. — Toutes les ressources
que donne dans les autres langues la comparaison des dialectes
pour déterminer la solution des problèmes qui se posent
manquent donc à qui étudie la grammaire comparée de
l'arménien.
On est strictement, réduit à examiner les faits tels
que les présente la langue dite classique, c'est à dire celle
dans laquelle ont été écrites les traductions des livres saints
que les documents historiques arméniens attribuent au
V me siècle après J.-C, et les œuvres originales composées
dans le même idiome. Comme l'irlandais, le gotique et le
slave, l'arménien n'est connu qu'à partir du moment où
le christianisme s'est introduit, et ce sont les besoins de
l'évangélisation qui l'ont fait fixer par écrit. Les particularités
propres aux écrivains taxés de vulgarisme comme Lazare
de Pharpi sont surtout lexicographiques ; dans la mesure
où elles sont grammaticales, il n'est nullement certain
qu'elles soient attribuables aux auteurs, et il est au moins
possible qu'elles proviennent d'innovations dues à des re-
viseurs et à des copistes, car les manuscrits de ces auteurs,
assez rares d'ailleurs, datent tous du moyen âge. — Certaines
traductions de textes philosophiques qui sont écrites d'une
manière très artificielle et qui sont presque partout un
calque servile des originaux grecs ont aussi des parti-
cularités, dont les unes proviennent visiblement d'innova-
tions qui s'expliquent en partant de l'état classique, ainsi
les locatifs en -wm -»tiT et en -oj —$_ de substantifs quel-
conques (voir §§ 31 et 58), et dont les autres sont de purs
faits de vocabulaire.
La seule langue que la grammaire comparée indo-
européenne ait à considérer est donc la langue classique,
le grabar f/»»/»»/» (langue écrite), et c'est aussi la seule dont
il soit question ici: quelques indications données sur les
parlers modernes ont seulement pour but de marquer en
quel sens l'arménien a tendu à se développer et à se modifier.
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xni
En l'absence de différences dialectales anciennes, on
ne saurait déterminer quelle est exactement la région où
a été fixé l'arménien classique. Toutefois, dans un cas où,
par une exception presque unique, certains dialectes ont une
forme sans doute plus ancienne que . la forme classique,
limifiq»*- „langue a en regard du classique lezu^^nu (voir §25),
les parlers actuels de la plaine d'Ararat ont lizu tandis que
ceux des environs du lac de Van ont la forme classique
lezu) or, d'autre part, par une coïncidence qui n'est sans
doute pas fortuite, c'est aussi dans les parlers des régions
voisines du lac de Van qu'est conservé l'emploi de z ^
devant l'accusatif qui joue un si grand rôle en arménien
classique (voir § 63), mais qui n'apparaît pas dans la plu-
part des parlers modernes.
2. — Sur le développement de la langue dans le long
espace de temps compris entre la période indo-européenne
et la fixation de l'arménien classique par l'écriture, on ne
possède aucuù renseignement direct. Les inscriptions
vanniques cunéiformes sont rédigées en un idiome absolu-
ment différent de l'arménien. M. Jensen a proposé un
déchiffrement des inscriptions hittites qui tendrait à y faire
reconnaître de l'arménien (voir son livre: Hittiter und
Armenier, Strasbourg 1898), mais les formes arméniennes
indiquées sont ou invraisemblables ou dénuées de tout intérêt
linguistique. D'après quelques témoignages d'historiens grecs,
les Arméniens seraient des colons phrygiens et les Phrygiens
eux-mêmes seraient d'origine thrace, ce que quelques décou-
vertes archéologiques tendent peut-être en effet à confirmer
(voir P. Kretschmer, ^Einleitung in die Geschichte der griechischen
&prache u , page 171 et suiv.) ; mais on sait si peu de chose et
de la langue des Phrygiens et de celle des Thraces qu'il est
impossible d'affirmer, d'après les faits linguistiques connus,
que l'arménien, le phrygien et le thrace sont en effet
apparentés les uns avec les autres. — Il n'existe donc sur le
passé de l'arménien avant le V me siècle après J.-C. aucun
document utilisable.
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XIV
Deux circonstances historiques ont été décisives pour
le développement de la langue.
La première, c'est que l'arménien a sans doute été
apporté dans le pays où on le parle entre le X me et le
VI me siècle avant J.-C. Il y a donc lieu de tenir compte
de l'influence de la langue des anciens occupants du pays.
On n'a malheureusement pas réussi jusqu'à présent à
déterminer ce qui, parmi la masse considérable des mots
arméniens dont l'étymologie est inconnue, provient de la
langue des indigènes. Mais il est probable que les tendances
propres auxquelles sont dues les transformations, profondes
qu'a subies l'indo-européen en Arménie, proviennent, en partie
du moins, de ces populations. On a constaté en effet que
l'aspect général du système phonétique arménien ressemble
d'une manière frappante à celui des systèmes caucasiques.
Une autre concordance est peut-être plus remarquable encore :
les langues caucasiques du sud ont une déclinaison très riche
en cas, mais ignorent le genre grammatical ; or l'arménien a
gardé, malgré la chute de ses finales, la distinction de presque
tous les cas de la déclinaison indo-européenne, mais il n'a
plus trace de genre. (Le persan au contraire n'a plus ni
déclinaison ni genre : or la langue des inscriptions aché-
ménides du second système qui a disparu, remplacée par
l'iranien, n'a ni déclinaison ni genre.) Il est donc probable
que les tendances linguistiques des anciens habitants du
pays ont déterminé dans une large mesure les destinées
de l'arménien.
En second lieu, depuis le moment où le pays a été
incorporé au royaume mède par Cyaxare et par la suite
à l'empire perse, les Arméniens n'ont cessé d'être soumis
plus ou moins directement à des dominations iraniennes.
De 66 après Jésus-Christ jusqu'à 387, l'Arménie a eu une
dynastie arsacide ; et durant ce temps la noblesse a été
parthe ou assimilée à la noblesse parthe; de là viennent
les nombreux mots iraniens dont le vocabulaire arménien
est rempli ; la date de ces emprunts est indiquée par leur
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XV
forme qui n'est pas celle du vieux perse, mais celle d'un
pehlvi très archaïque. L'importance de l'élément iranien
est telle qu'on a pris longtemps l'arménien pour un dialecte
iranien. Tel phonème qui, comme le £ **, n'existe que par
exception dans un mot original n'est pas rare, simplement
parce qu'il se rencontre dans beaucoup de mots empruntés;
il a été emprunté assez de mots de même forme pour
donner naissance à des suffixes, ainsi le suffixe -aikan -»%*,%
de mots comme vataràkan ilua^u,n.u,i i u,% n marchand a , de vafaf
q^tfuin. ^marché". Des locutions même comme phol harkand
fa^ Çu, P t[u,%lr L „ jouer de la trompette a , littéralement „ battre
de la trompette", sont visiblement calquées sur les locutions
iraniennes correspondantes : ici harkanel ^u»p^uAtr L est une
simple traduction d'un ancien pehlvi jatdni (persan mdari).
— En revanche la grammaire arménienne paraît être restée
à peu près indemne de toute influence iranienne.
Les mots syriaques et grecs que renferme auàsi
l'arménien proviennent presque tous d'emprunts ecclésias-
tiques et savants, et, malgré leur nombre, n'ont que peu
d'importance linguistique (sur les emprunts de l'arménien
au grec, voir en dernier lieu le travail de M. Thumb, Byzan-
tinische Zeitschrift, IX, 388 et suiv.).
3. — L'alphabet arménien, qui est parfaitement adapté
à la langue et qui a un caractère rigoureusement phonétique,
est rangé dans l'ordre de l'alphabet grec; mais de nom-
breux signes nouveaux y sont intercalés pour rendre les
phonèmes inconnus au grec. En voici le tableau, avec
en regard les lettres grecques correspondantes, la trans-
cription adoptée ici et les valeurs numériques; la trans-
cription est celle de M. Hubschmann, sauf ceci que j est
toujours transcrit par y, »- par w et £ par v, tandis que
M. Hubschmann transcrit ««/ par ai, «««- par au, { et c
consonnes par v sans distinction ; de plus les aspirées J>, p-, ^
sont rendues par les groupes ph, th, kh qui ont l'avantage
d'indiquer la prononciation.
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La voyelle u est exprimée par le groupe »*., sur le
modèle du grec ou. La lettre © a été ajoutée au XII me siècle
pour rendre la prononciation o ouvert prise par la di-
phtongue aw w- ; à la même date # a rendu dans les trans-
criptions de mots étrangers le phonème / qui ne figure
pas dans les mots arméniens.
La prononciation de ces lettres sera indiquée au
chapitre de la phonétique; il suffit d'indiquer ici que c *-,
c d et j l représentent les mi- occlusives sourde, sourde
aspirée et sonore de la série sifflante (type du russe car
„tsar") et £ *, ç i_ et 3 î_ les mi-occlusives correspondantes
de la série chuintante (type de l'italien ci, gia).
4. — Les seuls travaux de grammaire comparée relatifs
à la préhistoire de l'arménien qui aient actuellement un
intérêt sont ceux dont les auteurs ont accepté, avec toutes
ses conséquences, la démonstration du caractère non iranien
de l'arménien qu'a donnée M. Hûbschmann dans son bel article
du volume XXIII de la n Zeitschrift u de Kuhn, pages 5 — 42.
Les publications antérieures n'ont plus maintenant qu'un
intérêt historique, et les publications plus récentes dues
à des personnes qui ne possèdent pas les méthodes rigou-
reuses de la linguistique moderne n'en ont jamais eu aucun.
Les ^Armenische Studien" de P. de Lagarde (Gœt-
tingue 1879; extrait du volume XXII des r) Abhatidlungen u
de l'Académie de Gœttingue) résument toutes les recher-
ches antérieures sur l'étymologie ; mais le seul livre qui
doive être consulté actuellement sur l'étymologie arménienne
est le premier volume de l'„ Armenische Grammatik" de M.
H. Hûbschmann, Strasbourg 1897 (cf. un important compte-
rendu de cet ouvrage par son auteur, ^Indogermanische For-
schungen, Ameiger", X, p. 41 et suiv. ; les autres volumes qui
doivent renfermer la grammaire proprement dite n'ont pas
encore paru) ; c'est au fond sur les étymologies admises par
M. Hûbschmann que reposent en principe les lois phonétiques
et par suite toutes les doctrines exposées dans le présent
ouvrage. Au contraire on n'a guère pu emprunter que des
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Va
XVIII
rapprochements isolés aux publications de M. Bugge
(^Beitrdge eur etymdogischen Erlâuterung der armenischen
Sprache", Christiania 1889, et divers articles dont les prin-
cipaux sont celui de la ^Zeitschrift" de Kuhn, XXXII, 1 — 87
et celui des v lndogermanische Forschmgen", III, 437 — 469); la
plupart des hypothèses de l'illustre savant norvégien ont
paru ou inexactes ou trop douteuses pour être reproduites.
Sur quelques points, les théories qu'on trouvera ci-dessous
différent de celles de M. Hûbschmann; on verra les raisons
de ces divergences dans les articles qu'a publiés l'auteur du
présent livre dans les ^Mémoires de la Société de Linguistique
de Paris" (vol. VII et suiv.) et dans le ^Banasèr" dirigé par
M. Basmadjian. A la page XVII du I er volume de son
^Armenisclie Grammatik" M. H. Hûbschmann signale de plus
des travaux importants de Fr. Mûller et surtout de
M. Bartholomae. Il y faut maintenant ajouter divers
articles des ^Sprachwissenschaftlicke AbhancUungen" , dirigées
par M. Lucas von Patrubâny (Budapest), principalement
celui de M. Hûbschmann sur la ^Chronologie der armenischen
Vocalgesetze" (vol. I, p. 129 et suiv.) et celui de M. Osthoff,
„Zur armenischen Laut- und Wortforschung" (vol. II, p. 49
et suiv.). La ^Zeitschrift fiir armenische Philologie", dirigée
par M. Finck, dont le premier volume çst en cours de
publication (Marburg 1901), fait une part importante à la lin-
guistique. L'arménien occupe d'ailleurs sa place dans les
divers travaux publiés sur la grammaire comparée, notam-
ment dans les ^Etymologische Parerga u de M. Osthoff (Leipzig
1901) ; il figure au même titre que le sanskrit ou le grec
dans le grand ^Grundriss der vergleichenden Grammatih" de
M. K. Brugmann (Strasbourg, vol. I, 2 me édition, 1897;
vol. II, 1889 — 1892), mais n'est pas considéré dans la syntaxe
que M. Delbrûck a jointe au même ouvrage. \j\Anzeiger"
annexé à la revue ^Indogermanische Forschungen" donne la
liste des travaux publiés sur la grammaire comparée de
l'arménien chaque année depuis 1891 ; les mêmes indica-
tions se trouvent aussi dans Y ^Orientalische Bibliographie"
(depuis 1888). Parmi les travaux publiés en arménien, il
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XIX
convient de citer surtout ceux de M. Adjarian, notamment
un très intéressant article sur le redoublement, paru dans
le ^Hantes" A^H^" 1899, p. 202 et suiv.
Sur les destinées de l'arménien après la période
classique voir, outre de nombreux articles dans des pério-
diques arméniens (notamment dans le ^Hantes" z,-%f.k« de
-Vienne) : ULjffcH-* , ^ïAuiÇu,*, ^fr r }uiîn,L^^ tm etb Ç-y^
P k% fii»^ (Vienne 1866) ; Karst, ^Historische Grammatijc des
Kïïikisch-Arme¥tischm a i Strasbourg 1901 (avec une bonne biblio-
graphie des travaux antérieurs; voir le compte-rendu de
M. Hûbschmann, „Indogermanische Forschungen, Anzeiger", XII,
p. 46 et suiv.); McepiaHuï>, 9tk>aw no apiiHHCKOfi aiaJieKTO-
jioriâ, Moscou 1897 et 1901 (cet ouvrage reprend l'histoire
des faits modernes depuis l'indo-européen et doit par suite
être joint à la bibliographie précédente de la grammaire
comparée) ; u$-.f-i.~i t »£t»w^/tfc *\u* P uipiùqf, puippmn-pi, (Va-
gharshapat 1899, extrait de l\Ararat a ):
Le< moyens dont on dispose pour étudier l'arménien
sont très défectueux. La grammaire de Petermann (^Brevis
linguae armeniacae grammatica" , dans la ^Porta linguarum
immtaMwn", 2 me édition, 1872), celle de Lauer (Vienne
1869) traduite en français et revue par Carrière (Paris 1883)
et celle de Kainz (Vienne 1891) sont trop sommaires et ne
donnent pas sur tous les points une idée exacte de l'arménien
classique; la volumineuse grammaire de Cirbied (Paris 1823)
est trop ancienne. Les meilleures grammaires de l'ancien
arménien sont des ouvrages scolaires en arménien moderne:
Q-y^y-X t ^IrputljuSbni-P ftt.% . . . u»^»utinufUppiFut£_ fu ^ • H • U^g^t**^
(Vienne 1885) et ir-tH- 1-**, <±e-p™eb *-H5r«--£ (Tiflis 1891)
et fyivpmrf Çu*<fiuXu U %n t -p [,<-%£ (Tiflis 1892). Il n'y a pas de
grammaire donnant des renvois précis aux textes.
Le seul dictionnaire qui donne des citations est le
grand dictionnaire publié par les Pères Mékhitharistes de
Venise (à Venise 1836 — 1837, 2 volumes in-folio) qui est
l'ouvrage essentiel de la lexicographie arménienne ; les
passages de la traduction de la Bible peuvent en outre être
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retrouvés au moyen de la Concordance (assez imparfaite et
incomplète) ou t,wJmpu.ppu,m. publiée à Jérusalem en 1895.
Le petit dictionnaire manuel (}&*.&£*%) du P. &{*>£—%
(Venise 1865) renferme des mots qui manquent au grand
dictionnaire. Pour la traduction des mots dans une langue
européenne, on pourra recourir au Dizionario armeno-italiano
de Ciakciak (Venise 1837) ou au petit Dictionnaire arménien-
français de Calfa (Paris 1861, dernier tirage Paris 1893,
^avec le nom d'auteur de : Narbey de Lusignan).
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. I
Chapitre I.
Phonétique.
I. Accentuation.
5. — C'est à l'accent qu'est dû le changement essentiel
d'aspect des mots indo-européens sur le sol arménien;
c'est donc par l'étude de l'accent que doit commencer la
phonétique comparée de l'arménien.
Un accent d'intensité, sans doute fort, s'est fixé en
arménien à une date notablement antérieure à l'époque histo-
rique, sur l'avant-dernière syllabe du mot indo-européen.
Soit, par exemple, un mot *ebheret „il a porté", répondant
à skr. àbharati gr. ë<pspe] il a présenté en arménien à une
certaine date une forte intensité de l'avant-dernière syllabe,
ainsi *ebhéret. Cette intensité a eu deux effets principaux:
1° L'élément vocalique de la dernière syllabe s'est
entièrement amui dans tous les cas et par suite, là même
où il reste de la dernière syllabe un élément consonantique
ou sonantique, un mot polysyllabique indo-européen est
en principe réduit d'une syllabe en arménien ; à skr. pànca,
gr. lièvre „cinq" l'arménien répond par hing Çftt (à l'intérieur
du mot Ve final est conservé dans hnge-tasan <Çfc ï .A-»«»«iM»V'
„ quinze") ; à skr. àbharat, gr. ëtpepe „il a porté" par eber
*/**/*; à skr. ddhât „il a posé" (c'est-à-dire i.-e. *edhët) par
ed bf ; aux nomin. sing. skr. svdpnah^ lat. sornnus „sommeil",
accus, sing. skr. svdpnam, lat. sommtm, locat. sing. skr.
svdpne par khun £"<& et à l'ancien accusatif pluriel *swôpnons
par Hhuns .£»*.%» ; à gr. narrjp, lat. pater ) v. irl. afhir, got.
fadar „père" par hayr Ç-jp) à gr. nôda „pied" (c'est-à-dire
*podn) par otn -uA^ l'arménien peut être considéré comme
ayant perdu une voyelle ici de même que dans les cas
précédents, car le traitement normal de i.-e. n en arménien
est an «•>#, etc. (cf. § 26.). — Si dans l'accusatif eris *rf«
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„ trois" un i de syllabe finale egt maintenu, c'est qu'il s'agit
d'un ancien monosyllabe *trins (cf. got. prins) et que Ve
initial résulte d'une prothèse arménienne.
Par suite, tout mot arménien est, dès le début de
l'époque historique, accentué sur la dernière syllabe, et cette
accentuation a persisté jusqu'aujourd'hui dans la plupart des
dialectes; mais, comme il arrive d'ordinaire quand l'accent
d'intensité frappe la dernière syllabe du mot, il s'est pro-
gressivement affaibli, et actuellement l'accent arménien est
faible, au lieu que, à en juger par ses effets, l'ancien accent
frappant la pénultième a dû être fort. — D'autre part on
observe en arménien moderne, outre l'accent principal de
la fin de mot, un accent secondaire frappant l'initiale ; cet
accent secondaire existait dès une date antérieure à la chute
de a intérieur qui s'est produite postérieurement à la fixation
de la langue classique; en effet a ne tombe que s'il est
entre la syllabe initiale et la syllabe finale du mot: en
arménien de Cilicie au moyen âge, arm. cl. hawatam Ç™ l»»« J*
„je crois" est àvdâm, ce qui suppose hàwatdm; * vàëafakaneàr
(pluriel de vaëafakan £«#av««-«^«àr ^marchand") vàjrgnér (en
accentuant d'après la prononciation moderne), etc.
2° Quelques-uns des éléments vocaliques des syllabes qui
précédent la syllabe finale, accentuée, de l'arménien classique
(ancienne pénultième) subissent des altérations.
a. — Arm. i et u tombent, quelle que soit leur origine:
sirt ufip— „cœur", marmin «/z«7»*#fo „ corps", patiw «y«»«»^*-
„honneur", cul gn*-t_ „taureau", anjuk <«w««.# „étroit", etc.
font au génitif srti »?>»£, marmnoy Ji-p3Lnj % patuoy êy*—» L 0y 7
du gpi-i anjkoy «A<ty»/; le comparatif de hin Çfà „ vieux"
est hnagoyn ty—fyb ; de surb ««*/7* „pur, saint" on a
srbuthiwn » r Ff.p/u.% ^sainteté", srbel -ceh. ^purifier"; le
pehlvi niëân „signe" emprunté dès l'époque des Arsacides
devient nSan ^iuA, le pehlvi dusrav „qui a mauvaise répu-
tation" donne de même dsrov 7-^»^ „ blâmé" ; à béot.
Fixait, lat. uïgintï, zd vïsaiti „ vingt" l'arménien répond par
khsan .guu/b (de * gisdn) et à lit. rûgiu „je rote", lat. ë-rïïgô par
orcam -ft-J* (de *orucdm) „je rote, je vomis".* — Un i et
un u non accentués ne subsistent régulièrement que dans
deux cas : à l'initiale du mot devant une seule consonne et
en hiatus. A l'initiale, iz f»J- ^serpent", us »<-" „épaule"
font au génitif izl ^«*^, usoy '"-«y) Vi de l'ablatif imè f»Jk
„de quoi" subsiste dans la forme isolée, mais tombe après
consonne dans znw i^k (de *g-imë) „ pourquoi " ; quand i ini-
tial est suivi d'un groupe de consonnes, il tombe d'ordinaire,
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ainsi dans inçkh fi^i^ „ choses", gén. vn$iç g^ifo, mais m sub-
siste souvent en cette position : ult "*•?*' „ chameau", génit.
ultu mt-i**»!-, unkn nAlfo „ oreille", génit. unkan »*-%![-%, etc.
Le h <> étant une consonne, i et u tombent dans les groupes
initiaux hi, hu, ainsi hur <>»«-/» n feu u , génit. hroy Çpy) mais,
par suite de la faiblesse du souffle du h arménien, la voyelle
subsiste dans quelques mots, ainsi himn $fi& ^fondement",
génit. hvman ÇfiM*] hing Çfit „cinq", hingerord ^fi%f.érpn r ^.
^cinquième". En hiatus, on a par exemple ji *fi „cheval",
gén. jioy *fiy ; lezu £*?"- „langue", gén. Xezui fi^fi ; mi Jfi „un",
miaban Jfi-pufc w qui est d'accord", etc.; en dehors du cas
spécial des mots monosyllabiques comme ji &fi et mi Jfi,
un i en hiatus forme une diphtongue ea *«• avec un a sui-
vant, ainsi à l'instrumental de teli mkqfi „lieu", teteaw —y?*—*.,
et, par une transformation assez singulière, devient w >-
devant o «, ainsi dans telwoy «•y^y au génitif du même
mot; barwokh pwp*-nç „bon" dérivé de hari p-pfi „bon".
ft. — Les diphtongues oy y et ea y-> deviennent en syl-
labe inaccentuée u —- et e y; l'ancienne diphtongue *ey,
toujours représentée en arménien classique par ë 4, devient
i fi: yoys jy „ espoir", arakheal u, n . u{ gbu, L w apôtre", sèr «kp
„amour" font au génitif yusoy ,/««-«"»/, arakhdoy u»n.u$gtr L aj }
siray »fipy\ la 1 èr6 personne de l'aoriste gorceaç ^p^y-g w il
a fait" est gorceçi t n p^^fffi\ l es anciens emprunts de date
arsacide spitah u^fiu,^ w blanc" de pehlvi spëtak et patmufan
ufUiMni/;,<.7fuSb n vêtement" de pehlvi patmôtan ont i et u en
regard de pehlvi ë et ô issus d'anciennes diphtongues
iraniennes ai et au, alors que l'arménien représente d'ordi-
naire les diphtongues iraniennes dans les mêmes condi-
tions par ë £ et oy w; les diphtongues anciennes *oi et *ou,
représentées en syllabe accentuée arménienne par ë k et
oy *»/, le sont en syllabe inaccentuée par i fi et u «*, ainsi
gini f-fi^fi „vin" en regard de gr. Foïvoç et lusin i»i-ufi% „lune"
en regard de lat. lïina, v. si. lima „lune a , v. pruss. lauxnos
„ astres" (de i.-e. *louksnâ-). — La triphtongue eay y*y devient
en syllabe inaccentuée e A-, comme ea y-, ainsi dans le sub-
jonctif aoriste keçem #£#£«/* „que je vive" de *kea^yçem]
hreay ^py^j „juif", génit. hrei Çpyfi {Çpkfi dans les textes
imprimés).
Les voyelles autres que i et u et les diphtongues autres
que oy, ea, *ey (historiquement ë £) ont un même traitement en
syllabe accentuée ou inaccentuée: a dans ban puiu „ parole",
génit. bani p^fi; e dans aruest -pm-irau, „art", génit. aruesti
tupn^trumfi^ o dans gorc t"p^ „ œuvre", génit. gorcoy t-p^y]
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ay dans orogayth »fi*+uuP „rayon a , génit. »p»+"yPt î <*w dans
jsawr i*»*-p „ force", génit. zaïvru ^v-; w dans dwr ?/«-/»
„facile u , génit. diwri theh L'exception que semble pré-
senter la flexion de Astuac U""»m-~*- „Dieu u , génit. Astiicoy
\\umm^ nJl est purement apparente : en effet ce mot est toujours
écrit en abrégé îi»A- dans les plus anciens manuscrits ; mais le
pluriel astuacoç u»uu$ n ^tuh *# ^des dieux", constamment écrit
en toutes lettres,, indique que l'abréviation ™±y doit être
lue astuacoy] astucoy n'est pas de l'ancien arménien; c'est
simplement une lecture du moyen âge, c'est-à-dire d'un
temps où a intérieur était tombé.
Les mots monosyllabiques accessoires de la phrase
présentent des altérations particulières qui échappent aux
règles ordinaires; ainsi la négation 06 »t_ a aussi la forme
ë t_> par exemple dans âë ik „il n'est pas".
Il n'est pas inutile de rappeler ici que, en arménien
comme dans les autres langues, tous les mots ne sont pas
également accentués; les prépositions par exemple se
groupent avec le mot suivant dana la prononciation et de
là vient qu'elles n'ont pour la plupart pas de voyelle propre
en arménien: dnd /A7-, dst £»—, ç &t f_ (on notera que 9 /»
n'est qu'une voyelle accessoire et n'existe pas en syllabe
accentuée); les formes monosyllabiques du verbe „être tt se
groupent souvent avec le mot précédent et ne sont pas
accentuées en ce cas : geteçik e t^ntdbk * „il est beau u ;
dans 68 inx »t_ fn»i_ „rien u , c'est oè »i_ qui est accentué; inë
fol_ est alors inaccentué ; mi Jfr »un a employé comme article
indéfini n'est pas accentué: mdrd mi A-ft Jfr „un homme";
ainsi s'explique la prononciation md >% de l'arménien moderne
occidental.
On ne saurait déterminer si l'accent qui a si grave-
ment altéré l'aspect des mots en arménien doit être considéré
comme une transformation en accent d'intensité du ton
(accent de hauteur) indo-européen ou comme une innova-
tion indépendante. Dans le premier cas, on devrait admettre
que le ton aurait perdu en arménien sa mobilité et se serait
fixé sur la pénultième syllabe; en tout cas l'arménien ne
présente soit directement soit indirectement aucune trace
sûre du ton indo-européen. D'autre part, il est remarquable
que les langues caucasiques du sud accentuent la pénul-
tième et que, de très bonne heure, les dialectes arméniens
du Karabagh et d'Agulis qui sont ceux de populations
caucasiques arménisées ont remplacé par l'accent sur la
pénultième l'accent sur la finale de l'arménien classique.
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Le plus probable est que la fixation préhistorique d'un
accent d'intensité sur la pénultième tient, dans une très
large mesure, à l'influence de populations indigènes armé-
nisées qui, comme les populations actuelles de langue cau-
casique, accentuaient la pénultième ; on ne doit pas oublier
d'ailleurs que la pénultième est l'une des places les plus
fréquemment occupées par l'accent d'intensité dans les lan-
gues connues.
Les effets de l'accent arménien qui viennent d'être
décrits ne sont pas anciens; ils avaient, il est vrai, cessé
sensiblement avant la fixation de l'arménien par l'écriture,
mais des exemples cités il résulte que l'action sur les voyelles
i et u et sur les diphtongues oy et *ey est postérieure aux
emprunts à l'iranien de date arsacide. La chute des finales,
qui a été beaucoup plus complète que celle des autres
voyelles, est elle-même postérieure aux anciens emprunts
à l'iranien ; en effet les thèmes nominaux iraniens en -a-,
-t-, -w- donnent, dans ces vieux emprunts, des thèmes
arméniens en -a- (ou en -0-), -i-, -m-, ainsi *daiva-
„ démon" donne dew q-b*-> diwac rf'- u 'âi *pâttra- „garde u donne
pa(r)h «y«r^# pahoy «y«»^/; *axti- „mal u donne axt -fau,,
axtic ui/uu.fo- *xratu- „ sagesse" donne xrat fa--, ocratu
fu r u,ufat- : au moment où ont été faits les emprunts, les mots
pehlvis n'avaient donc pas encore entièrement perdu leur
finale, et c'est en arménien que les finales sont tombées en
même temps qu'elles tombaient aussi sur sol iranien;
l'absence d'une finale u dans xrat en pehlvi et en arménien
résulte de deux développements parallèles et indépendants.
II. Consonnes proprement dites.
6. — L'arménien possédait un système consonantique
très riche et dont les éléments accusent un parallélisme
d'une frappante rigueur.
Il y avait trois séries d'occlusives: labiales, dentales
et gutturales, chacune d'elles existant sous forme de sourde
non aspirée, de sourde aspirée (c'est-à-dire où l'explosion
était suivie d'un souffle) et de sonore, soit:
sourdes sourdes aspirées sonores
labiales p «y ph # b /*
dentales t *» th p- à 7-
gutturales k i kh ^ g t
et de plus deux séries de mi-occlusives articulées sans doute
à peu près aux mêmes points que le c et le S des langues
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slaves, et qui étaient aussi sourdes, sourdes aspirées ou
sonores:
sourdes sources aspirées sonores
sifflantes c *- ç g j *
chuintantes 6 * è t_ j £
Les aspirées ft p-t #» g$ t. ont conservé jusqu'aujourd'hui
leur ancienne prononciation dans les dialectes arméniens: en
vertu de leur caractère d'aspirées, elles ne comportent qu'une
pression faible des organes d'occlusion; néanmoins elles ne
sont nulle part devenues de simples spirantes et ont par-
tout conservé leur caractère d'occlusives. Le caractère
sourd de «y» «», %, $-, * et sonore de /*, 7-, y-, *t L es ^ établi
par tout l'ensemble des rapprochements de l'arménien avec
l'iranien, le syriaque, le grec et le géorgien et n'est pas
contesté. Mais ces deux séries d'occlusives se sont altérées
dans la plupart des dialectes, et c'est seulement dans
les dialectes orientaux que «y, «», #, *-, X sont maintenant
encore des sourdes non aspirées et /*# y.» y.» <*, £ des sonores;
au contraire dans les dialectes les plus occidentaux, «y, ««, %,
a-, * sont devenus 6, d, g, j,j et #>> ?-» ?-» ** £ sont devenus
p 1 t, k, c, £ ou ph, th, kh, Çj ç: tel est l'état que présente déjà
l'arménien de Cilicie au XI me siècle. L'altération des an-
ciennes sourdes «y, ««# #, *-. rf* en sonores permet de soup-
çonner que ces sourdes étaient prononcées avec une faible
pression des organes d'occlusion, c'est-à-dire qu'aucune des
occlusives arméniennes n'était vraiment forte comme le sont
les occlusives sourdes du français; l'altération des anciennes
sonores ? , q- 1 y- > * » £ en sourdes, aspirées ou non aspirées,
indique d'autre part que la sonorité de ces consonnes était
incomplète; elle ne commençait sans doute pas, comme celle
des sonores françaises, dès l'implosion de la consonne, mais
seulement durant l'implosion ou au moment même de l'ex-
plosion.
Si l'arménien avait un système très complet d'occlu-
sives et de mi-occlusives, il ne possédait en revanche qu'une
seule spirante, la spirante gutturale x fa (le ch allemand);
il n'avait ni spirante labiale /, ni spirante dentale \) ; et il
ne possédait pas de spirante sonore, sauf peut-être v £,
dont il sera question ci-dessous au chapitre des sonantes,
où seront aussi traitées les nasales n fc et m <f*.
Les sifflantes sourde s » et sonore z y_ et les chuin-
tantes sourde £ ^ et sonore i «* n'appellent aucune ob-
servation.
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Enfin h < note un simple souffle.
Ce système consonantique est très différent du système
indo-européen, et en effet les consonnes indo-européennes
ont été radicalement transformées en arménien.
A. Occlusives indo-européennes.
7. — Sous la forme où il apparaît dans ses dialecte»
orientaux (indo-iranien, slave, baltique, albanais et arménien),
Pindo-européen comprenait des occlusives ou mi-occlusives
articulées en quatre points: labiales, skr. p, lit. p } si. p;
dentales, skr. t, lit. t, si. t\ palatales, skr. ç, zend $, si. s,
lit. fi ; gutturales, skr. k (et c, c'est-à-dire c), si. k (et £),
lit., k ; les labiales et les dentales se retrouvent exactement
dans les autres dialectes, ainsi lat. p, t, gr. tt, r; le traite-
ment des gutturales diffère au contraire d'une manière essen-
tielle: aux palatales du type skr. ç, zend s, si. s, lit. fi,
les dialectes occidentaux (grec, germanique, celtique,
italique) répondent par des gutturales pures: gr. x, lat. c;
aux gutturales du type skr. k (c), si. k (c), lit. k, les mêmes
dialectes répondent par des gutturales munies d'un appendice
labio-vélaire, comme lat. qu, dont plusieurs ont fait des
labiales, ainsi gr. n (et r devant s ou y), ou, dans certaines
conditions, par des gutturales : gr. x, lat. c. L'arménien fait
partie des dialectes orientaux et répond au k du sanskrit
et du slave par Jch ^, au ç du sanskrit, s du slave par s « .
— Ceci posé, on constatera aisément, à l'aide des exemples
donnés ci-dessous, que l'arménien n'a pas apporté de change-
ment essentiel à l'état indo-européen oriental en ce qui
concerne les points d'articulation des occlusives.
En revanche la manière d'articuler a été transformée.
Si l'on néglige provisoirement les sourdes aspirées dont
l'importance est médiocre en indo-européen, l'indo-européen
avait, d'après le témoignage concordant des dialectes indo-
iraniens, slaves, baltiques, celtiques, italiques, helléniques
et albanais, trois séries de consonnes : les sourdes, les
sonores et les sonores aspirées (confondues avec les sonores
ordinaires en slave, baltique, celtique et albanais), soit t, d
et dh pour les dentales. En arménien les sourdes sont de-
venues des sourdes aspirées et les sonores des sourdes
(faibles, comme on l'a vu plus haut), c'est-à-dire que le
commencement des vibrations glottales a été retardé: les
vibrations, qui, pour les sourdes, commençaient sans doute
dès le moment même de l'explosion (type français, italien,
slave, etc.), n'ont commencé qu'après l'explosion, de sorte
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que, entre l'explosion du t et le commencement des
vibrations d'une voyelle suivante, un souffle a été émis;
*pe, *fe, *Jce sont devenus *phe, *the 1 *khe; les vibrations,
qui, pour les sonores, commençaient sans doute dès l'im-
plosion (type français, italien, slave, etc.) n'ont commencé
qu'au moment de l'explosion (type d'une partie des dialectes
allemands); *be, *de, *ge sont devenus *pe, *te, *ke (avec
p, t, h faibles); c'est le premier degré de la mutation con-
sonantique (Lautverschiebung) par lequel les occlusives
germaniques ont dû nécessairement passer: p, t, h ont dû
devenir ph, th, kh pour aboutir aux /, [?, *x (d'où h) du
germanique ; car c'est la faiblesse caractéristique de l'occlu-
sion des aspirées *jpA, *th 7 *kh qui explique la trans-
formation de ces occlusives en spirantes ; 6, d, g ont été des
sourdes faibles avant d'être les p, t, k forts qu'ils sont en
germanique. L'arménien présente donc une mutation exacte-
ment parallèle à la mutation germanique, mais qui s'est
arrêtée à un degré moins avancé tant pour les sourdes que
pour les sonores. — Quant aux sonores aspirées *M, *dh,
*gh 7 dont la prononciation indo-européenne n'est pas exacte-
ment connue, elles sont représentées en arménien par les
sonores b, d, g (resp. j).
La mutation consonantique arménienne est antérieure
aux plus anciens emprunts de l'arménien à l'iranien; car,
en principe, ces emprunts y ont entièrement échappé;
de même les noms propres attestés par Strabon ou Ptolémée
présentent le consonantisme de l'arménien classique:
TapwvcTtç, Taratvn s*»/""**; ^nyv^, VU n*-«^î J Axdior)V7), Ekeleac
Ces principes une fois établis, le traitement des occlu-
sives indo-européennes en arménien apparaît fort clair.
a) Sonores aspirées.
8. — Les sonores aspirées sont représentées par les
sonores arméniennes; à l'intérieur du mot entre voyelles,
on observe une tendance à supprimer l'élément occlusif
de la sonore ; cette tendance à la diminution du mouvement
articulatoire des consonnes intervocaliques se constate en
arménien pour d'autres cas, comme on le verra ci-dessous;
elle n'a d'ailleurs rien de particulier à l'arménien et apparaît
pour les articulations les plus variées dans des langues
différentes; les effets en sont particulièrement sensibles
dans le cas des sonores, à cause de la faiblesse d'articula-
tion de celles-ci. — Au contraire après liquide ou sonante,
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c'est-à-dire après les continues, l'élément occlusif est tou-
jours conservé, par suite d'une sorte de différenciation.
Labiale :
A l'initiale, i.-e. bh donne arm. b /*: berem ^y^yj* „je
porte", cf. skr. bhdrâmi, gr. <pépw, lat./<erô, got. baira\ à l'in-
térieur du mot, w (v) «- (£) entre deux voyelles, mais b ?
après nasale ou liquide; ainsi la désinence d'instrumental
représentée en sanskrit par -bhih (pour le pluriel), en grec
par -<pi (pour le singulier et le pluriel) est en arménien
-w (v) après voyelle, -6 après w, r, l: bani-w p-ifi- w par la
parole", ama-w «"£*- „par l'année", khno-v ^»t „par le som-
meil", mais garam-h ?. u " L '— r f. „ par l'agneau", har-b Ç-pf> „par
le père".
Dentale:
A l'initiale, L-e. dh donne dt : dnem n%y*r „je pose", impér.
dir q-fo, cf. skr. dhâ- (dddhâmi), gr. Hy- {zIOtjijli). Le traitement
intervocalique n'est attesté par aucun exemple sûr : un mot
à redoublement comme dedewim ^y^y^tP w je suis branlant 1,
en regard de skr. dodhavïti „il ébranle" ne prouve rien, car
le d intérieur peut avoir été maintenu sous l'influence du d
initial; les exemples du traitement z ^ de i.-e. dh entre
voyelles (énumérés dans la Zeitschrift de Kuhn, XXXII, 37
et suiv.) sont faux ou incertains.
Palatale:
A l'initiale, c'est arm. j * qui répond à skr. A, zend g,
v. si. z, lit. è (et gr. /, lat. A, got. g) : jmern ijyn.% n hiver u
(de *jimefri), jiwn ifr**» „neige", cf. skr. héman „l'hiver" ;
zd zyâ, génit. zimô „hiver" ; v. si. zima ; lit. èëmà ; gr. zeipwv ;
lat. hiems. — Entre voyelles, j perd son élément oc-
clusif et devient z: dëz t-4^ ^monceau", dizanem ^J^u^yj"
„j 'entasse", cf. skr. déhi „amas", zd (uz-)daëzô „entas&e-
ment", gr. Tofyoç, got. daigs „pâte". Après nasale et liquide^
subsiste: barjr pmp&p „haut", cf. skr. tyhdnt-, zd bdrdzant-
„haut", v. h. a. berg ^montagne"; inj fo* „à moi", cf. skr.
mdhyam, lat. mihi, en regard de Jchez ^y^ „à toi", avec j de-
venu z entre voyelles.
CruUuxule:
Devant voyelle non palatale *gh est représenté par g t
en toutes positions : gan t-,% „coup", cf. skr. ghandh v massue",
gr. <p ôvoç ^meurtre" ; mêg Jk>t „nuage", cf. skr. meghdh
„nuage", v. si. mïgla, lit. miglà, gr. àfié^Xr].
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Devant voyelle palatale, gh devient j f_ : Jerm fkpJ*
„ chaud", cf. gr. tieppàç, skr. ghartnàh „ chaleur" ; jer }*?
„chaleur", cf. skr. hdrah „chaleur", gr. ttépoç „chaleur d'été";
jilfyt „ tendon", cf. lit. gis&a „ veine, tendon", v.sl. ïiHa „ veine".
Entre voyelles, j perd son occlusion et se réduit
à £ l: iè fr* (génit. iii f>é-f) „ serpent, vipère", cf. skr. àhih,
zd aïïè\ cf. z i issu de j intervocalique. — La prononcia-
tion prépalatale des gutturales devant e et i est commune
à tous les dialectes orientaux de l'indo-européen et a en-
traîné dans la plupart d'entre eux le changement des oc-
clusives anciennes en mi-occlusives du type c ou £; en
arménien, la sonore aspirée est seule à présenter cette
altération; la sourde et la sonore simple sont restées oc-
clusives en tous cas.
b) Sonores simples.
9. — Les anciennes sonores sont représentées en armé-
nien en toutes positions par les sourdes : p «y, t — } c *-, k f.
Pour b donnant p, il n'y a pas d'exemple tout à fait sûr ; le
meilleur est: stëp «««Éy ^fréquent", stipem u-fabJ* Je presse,
je force", cf. gr. areiftw Je foule, je marche", artftapôç „serré,
pressé". Pour d donnant t, on a: tam -wT Je donne",
cf. skr. dâ-(dâdâmi), gr. ow-^dldwpt), lat. dô) sirt -fo- „cœur",
cf. gr. xapdta, lat. cor, cordis, got. hairto; ateam f-y-J* Je
hais", cf. lat. odï, etc. Pour la palatale sonore donnant c & :
cm &ffc ^naissance", cf. skr. jdnah „race", gr. yévoç, lat.
gênas; ayc *«/£- „ chèvre", cf. gr. a?£, aly-ôç, etc. Pour la gutturale
sonore donant h % devant voyelle, même palatale: kov t»£
„ vache", cf. skr. gdûh, génit. gavdh; gr. .ftoôç, fto(F)ôç] eker
k^r „il a mangé", cf. lit. geriù Je bois", skr. girâti „il
avale" ; keam ^h^s Je vis", cf. zd JyâtuS „vie", gr. fttc&vai
„ vivre", etc. La mi-occlusive ë * ne répond à aucun phonème
indo-européen ; elle n'est guère employée que dans les mots
empruntés à l'iranien, comme cara/c -&-p*ti „pâture" de
pehlvi ëarak ; si elle se rencontre peut-être dans un mot,
indo-européen, c'est par suite d'une altération secondaire:
le c de l'aoriste caneay ï—Atruy J'ai connu" répond bien
à la palatale de skr. jânati „il connaît", v. si. znati „ con-
naître", cf. gr. yiyvéoxa) ; le £ du présent correspondant
fanaçcm ^u,%u,^bjr Je connais" résulte sans doute de l'assi-
milation du c initial d'un ancien *canaçem *>~*~ £•**, à la
chuintante intérieure, de même que ïogï ^-j* „ patience"
semble bien être un ancien *&-oyz (*t-y«J-), ainsi dans é-yé-
n ^^L „ avoir patience".
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Après nasale, les sourdes p, t, c, £, k subsistent à date
ancienne, mais, de bonne heure, tendent à devenir sonores
dans certains dialectes, et, tandis que certains manuscrits
distinguent encore entre *f et fc?-, fc«* et fc?., etc., d'autres
écrivent indifféremment fcf et &?., *"» et ^7., la prononciation
étant toujours ng, nd, etc.; ainsi ankanim uAÇuiifij* Je
tombe", qui répond à got. sigqan ^tomber", est écrit
uSr,i t u,î,/. t r déjà dans un manuscrit du IX me siècle comme
l'Évangile de Moscou.
c) Sourdes non aspirées.
10, — Les anciennes sourdes non aspirées de l'indo-
européen sont devenues aspirées, mais l'aspirée n'est con-
servée historiquement que pour la dentale et la gutturale,
à -l'initiale du mot devant voyelle et à l'intérieur entre deux
voyelles, ainsi kh ^ de i.-e. k (ou k w ) dans ïJchanem ^t^yj*
„je laisse" (de *likhanem), cf. skr. rinâkti, lat. linquit „il
laisse", v. pruss. -lïnka „il reste"; élikh ^ikp = gr. ëline „il
a laissé" ; th p- de i.-e. t, dans the pk „que", cf. ags. pe,
v. sax. the „que", lit. te. Donc le Je 4 de anjuk «A<Wf „étroit"
ne répond pas au -A- du v. si. qzùkû „ étroit", où le suffixe -ko-
provient d'ailleurs d'un élargissement proprement slave ; ce
k l( arménien ne peut être qu'un plus ancien g ; si quelque
chose répond au suffixe -ko- du slave, -fta- de l'indo-iranien,
c'est le suffixe arménien -kho- -^«- de barwokh p-p*-ig „bon"
en face de bari p-pf» (cf. gr. <pépeazoç ^excellent"). —
Le p indo-européen a dû aussi devenir ph, mais, aucun des
ph de l'arménien ne représente plus i.-e. p ; l'occlusive la-
biale sourde est en effet sujette à perdre son caractère oc-
clusif: en arabe où le t et le k du sémitique sont main-
tenus, le p du sémitique commun est devenu la spirante /,
et en celtique, où t et k subsistent également, p est devenu
h qui a finalement disparu; à l'initiale, devant voyelle,
l'i.-e. *p, devenu *ph, a aussi abouti à arm. A; ce change-
ment a été facilité par le fait que les aspirées ont une oc-
clusion plus faible que les non aspirées correspondantes :
hur <./» n feu" répond ainsi à gr. 7tï>p, ombrien pir 7 v. h. a.
fiur ; comme le h arménien est très faible, il arrive qu'il dis-
paraisse, ainsi c'est otn nuâ* „pied" qui répond à gr. nôda
(nom. xoùç), tandis que le mot de même famille het Çb-
„ trace de pas", cf. skr. paddm „ trace de pas", gr. nédov „sol",
conserve h ; ailleurs, au lieu de h on trouve y j, déjà sans doute
en voie de prendre la prononciation h à laquelle il a abouti :
.yisun jf»-nCu n cinquante" (de *hingisun)j cf. gr. /Tevnfxovrô,
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skr. pancâçât-, à côté de hing Sfri- „cinq", cf. gr. névTe, skr.
pdnca. — Enfin, pour la palatale, on attend un c aspiré
mais en fait ç s qui est le c aspiré de l'arménien classique
ne représente jamais la palatale sourde ancienne et c'est
8 « qui, en toutes conditions, est l'aboutissement de cette
palatale, ainsi à l'initiale sarn —**.% „glace", cf. lit. Jlarnà, v. isl.
hjarn „neige solidifiée", skr. çiçirah „froid", et à l'intérieur dv
mot, tasn —*»-% „dix", cf. skr. ddça, gr. ôéxa, lat. décent] comm:
le traitement h de p, la substitution de s à *cA s'expliqua
essentiellement par la faiblesse caractéristique de l'occlusioii
des aspirées. (M. Osthoff, Etymdogische Parerga, I 232 et
suiv. propose une ingénieuse explication du S ^ de ëun z»*ù
„chien" en regard de gr. xôwv, skr. çvâ.) — La mi-occlusive
ç i_ ne représente jamais la gutturale altérée devant voyelle
palatale, car seule l'aspirée sonore s'est altérée en arménien
devant e et i; le traitement normal kh # apparaît fort bien
devant e, ainsi dans kherem ^êrpinT „je gratte, j'écorche",
cf. gr. xeipa), v. h. a. sceran „couper, tondre". — De ce qui
précède il résulte que seules les deux aspirées th p-etkh^
représentent, dans une partie des cas, les occlusives indc
européennes correspondantes t et k ; les trois autres aspirét*
ph $, ç & et ç i_ reconnaissent toujours d'autres origines.
11. — La faiblesse du mouvement de pression dan*
les aspirées a eu pour conséquence des altérations assez
complexes et variées; elles ont atteint plus ou moins toute
les occlusives de cette série, sauf la palatale qui est con-
stamment représentée par s.
Après les nasales et les liquides, l'aspirée est res»
placée par l'occlusive sonore correspondante:
hing ^t % t ^cinq 44 , cf. skr. pâfica, gr. névre, lit. penM,
argel —r^L ^ empêchement", cf. gr. âpxéa), lat. arceô.
dr-and +p"à»t „ devant de porte", cf. lat. antae, skr. atâh,
ard «vt „ arrangement" (gén. ardu «t»^"*), cf. gr. àpri-
aùvzaicç Hesychius, lat. artus, skr. çtûh „saison".
thmbrim pjjtpfrJ* „je suis dans la stupeur", cf. lat. stupel
gr. rùnra) „je frappe".
On voit par hing (de *hinge avec e conservé dans 1^
composé hnge-tasan Ç%i-bu,u. U uA „ quinze") et par argel qu
même en passant à g ^, le représentant arménien ûe k
subit pas la même mouillure en j f_ que le g t issu de 1
sonore aspirée.
A l'intérieur du mot, entre voyelles, le *ph issu d
i.-e. *p (qui doit être bien distingué du ph f attesté) per
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son occlusion comme à l'initiale, mais conserve son point d'arti-
culation et devient sonore sous l'influence des voyelles pré-
cédente et suivante, d'où w *- (v £) : ew *«- „et, aussi u , cfi skr.
ipi „aussi, ensuite 44 , gr. sut „ ensuite 44 ; thathawem p---
*9-u,L.yjr w je plonge 44 , cf. v. si. topiti ^enfoncer (dans un
iquide) ; cf. le traitement de bh intervocalique, § 8.
Entre voyelle et consonne, le ph # de l'arménien
classique devient w *, ainsi dans le redoublement de thaphem
VuiifiLiT r je jette, je verse 44 , soit thawthaphem p-m^p-m^tT
• ; j'enlève en secouant 44 de *thaphthaphem. La même altération
ntteint /, dans les mots empruntés à l'iranien, d'où par
txemple tawth u.u.±p ^chaleur 44 , cf. persan taft\ devant r le
Résultat, très curieux, est wh et, comme hr se renverse nor-
malement en rh en arménien, le groupe devient wrh, ainsi
fans awrhnem «.c/i^^iT (de *awhrînem) „je bénis 44 , en regard
*i zend â/rïnâmi „je bénis 44 , ou dans patuhas «y«««"«.<Ϋ#«
fpunition 44 (de *patiwrhas, avec réduction de hr à h entre
royelles normale en arménien), en regard du pehlvi pâtfrâs
ancien * pâtifrâtia-) ; à l'initiale du- mot, le w de ce wh tombe
t c'est hraman „ ordre 44 (de *whraman) qui représente l'ancien
anien *framâna- (persan firmâri). De même, dans les mots
( rméniens originaux, le *ph issu de l'i.-e. *p donne w après
oyelle devant consonne: ewthn b L p% «sept 44 , cf. skr. saptd,
: ênzd, lat. septem) Jchun ^««-fc „sommeil a de *swopnos (skr.
, 'âpnah, cf. v. isl. suefn et gr. Sîtvoç) ; uth »»-P „huit" de *optô, avec
% ,biale substituée à l'ancienne palatale, sous l'influence de
sept 44 , comme dans éléen ànvco) dans les deux derniers mots w
est combiné avec un o précédent pour donner ti; la di-
htongue de date indo-européenne *ou était déjà transformée
la date où s'est produit ce fait, car elle est représentée par
1/, ainsi qu'on le verra § 19. — Le th intérieur devenu ph
avant r par une différenciation comparable à celle de pr
î fr en latin (cas de frïgus, crïbrum, etc.) est aussi repré-
mté par w, ainsi arawr uipuH-p v charrue 44 , cf. lat. arâtrum;
■/wr <;«".? „du père 44 (génitif-datif-locatif), cf. gr. îrarpàç,
t. patris ; la même altération semble s'être produite devant
si le -awt des mots comme cnawl ***»«.£_ „parens u est
ipliqué par *-â-fl-, et le -U rapproché du suffixe slave
d- des noms d'agents. — A l'initiale, *pr devait être *hr,
où r qui comme toute r initiale reçoit une prothèse, ainsi
?c ypkg 7) 7rpe<T^ÙTspo; a 1 cf. lat. prïsctis, crétois 7tpetoyi)ç\
*t de *&, devenu *th } puis *ph a subi le même traite-
ent: erékh bpkç „ trois", cf. skr. trâyah, v. si. trije, gr. rpeïç,
,. très.
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Devant w, les aspirées th et kh perdent leur aspiration,
ce qui s'explique aisément ; le germanique présente dés faits
analogues et de même le crétois a remplacé par zvârôç
l'ancien tivârôç. Les exemples arméniens sont akn vlfy „œil",
cf. v. si. oJcûj lit. alcis, lat. octilus, et matn Jî***% w doigt", cf.
v. gallois maut (de *mâto-) „ pouce". — De même, après s,
c'est t «» et non l'aspirée th p qui représente i.-e t, ainsi;
stetj —»bpl_ „ stérile", cf. gr. ereïpa, lat. sterUis; z-gesb f^-fr*-
„ vêtement", c£ lat. uestis, etc. Pour le traitement de sp on
manque d'exemples certains ; quant au groupe sk, il aboutit
à ç g: çélum gb^uj* ^je fends", cf. lit. skeliù „je fends"' ,
v. isl. skïlja „fendre, couper" ; harcanem Ç*-e 9 u*,yj % n ji e
demande", cf. skr. ppcchàti, lat. poscô, v. h. a. forscôn. Là o* 11
l'on rencontre sk »t(, il s'agit donc d'autre chose que d'u* 11
primitif si; oskr »»in> „os" ne peut être rapproché de corniqvSe
ascorn „jambe", zd aSëu- „tibia", ce qui ne va d'ailleurs jf%s
pour le sens, et doit remonter de quelque manière au mot d'cS'ù
sortent aussi skr. dsthi „os", gr. doréov (v. § 22). De mên^e
*zgh a donné *j qui, entre voyelles, est devenu z ^ : mozi S?»fefi
„veau", cf. gr. fiooyiov. — D'une manière générale, une fois
les cas de tn, kn et de st mis à part, un traitement arménien
t et k de i.-e. t et k n'est pas attesté ; les exemples qu'on a
proposés (en fort grand nombre) sont pour la plupart très
suspects en eux-mêmes et en tout cas inconciliables avec
l'ensemble du traitement arménien des occlusives sourdes
de l'indo-européen.
En ce qui concerne i.-e. t à l'intérieur du mot, on
n'est pas encore parvenu à poser de règles fixes. Le th p
attendu se trouve en effet dans erewoyth bpkuyp^ génit.
erewuthi bpbi.»i.p[i „ apparition", où ~pfi- représente le suffixe
indo-européen *-&-; dans canawth h-uAut^p „ connu", où le
*th- semble répondre au -£- de mots comme gr. àfvwç,
dj-vw-T-oç ; dans buth p,, L p „émoussé", cf. go t. baups „sans
goût, muet". Mais i.-e. t devant une voyelle de dernière
syllabe qui tombe, devient y j, par une transformation
analogue à celle de p intervocalique en w ; ainsi le *-ti de
la 3 me personne du singulier active primaire des verbes est
représenté par -y: ala-y »—n—j „il moud", berë /«*/»£ (de *bere~y)
„il porte", cf. skr. bhdrati „il porte" ; de même à la 2 me per-
sonne du pluriel ala-y-kh —qu-jy» „vous moudez", berèkh
p^fa» (de *bere-y-kh) „vous portez", cf. gr. (pêpeze, v. si. berete;
Jiayr Ç-jc „père", cf. gr. xaryp) bay f»>j ^parole", cf. gr.
(pdrcç. Après w et devant i final, i.-e. t n'est plus représenté
par rien dans en b% w ils sont", cf. skr. sânti, dorien èvn
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et dans Jchsan #«-1 „ vingt" (de *gisan), cf. béot. Fixart,
lat. uïgintï. Si, comme l'indiquent ces exemples, le t de l'indo-
européen devenu *th a perdu son occlusion devant une
voyelle (ordinairement de timbre e ou i) de la fin du mot,
on attendrait en regard de gr. <pârtç une flexion boy p»y 1
génit. *bathi et le génitif bayi p"yfi devrait être tenu* pour
analogique du nominatif; au contraire, le 4h du nominatif
erewoyth y^y^jp- serait analogique du génitif erewuthi t py^^pf».
Toute cette question du traitement de i.-e. t à l'intérieur du
mot arménien est encore obscure.
Dans du t—- „toi", cf. lat. tu, etc. et dans la famille
du démonstratif ayd »yi „iste", da, -d, etc., cf. l'accusatif
skr. tdm 7 gr. tôv, etc., le t indo-européen a donné d 7- d'une
manière tout exceptionnelle ; ce traitement anomal tient sans
doute au caractère particulier de ces mots qui sont des
éléments accessoires de la phrase et en cette qualité
échappent en quelque mesure aux règles communes. On
.notera d'ailleurs que le d du démonstratif ayd a de nouveau
un traitement anomal dans l'arménien de Cilicie au XI siècle,
où il est représenté par d et non par t D'autre part le d
de ayd est peut-être normal après la diphtongue ay dans
certaines conditions, car, si un ancien *auti- „lieu de séjour"
a donné awth ""-P, un ancien *auti- „ chaussure" a donné
awd ««-7., génit. awdi *»«^. Ici encore le problème reste sans
solution; mais, en tout cas, le d de du 7.»*- et de ayd -jt
n'est autre chose qu'un affaiblissement secondaire d'une
aspirée *th.
L'aspirée kh représentant un plus ancien k se main-
tient en règle générale; toutefois dans le thème d'interro-
gatif et d'indéfini 0- »- ^qui?, quelqu'un", t- f>- „quoi?, quel-
que chose", qui se présente naturellement dans des conditions
toutes spéciales par suite du caractère de ses emplois, elle
est devenue h qui est finalement tombé devant et u dans
ov »£ „qui?", cf. skr. kàh, ur ««-/» „où?", cf. lit. kur, okh *\ç
„ quelqu'un", etc., mais qui a subsisté devant % dans him Ç/W
„ pourquoi?" et dans des formes de la langue des traductions
philosophiques telles que hizan ^^^ „ comme". Le kh s'est
au contraire maintenu dans d'autres formes du même thème :
khan #-& „que", cf. lat. quant] -kh dans o-kh »ip „ quelqu'un",
cf. skr. kàç-ca, lat. quis~que.
d) Sourdes aspirées.
12, — L'arménien est, avec l'indo-iranien, celle de toutes
les langues indo-européennes où les sourdes aspirées ont
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le traitement le plus clair. Comme les gutturales ont une
articulation moins forte que les dentales et sont plus su-
jettes en général à perdre leur caractère occlusif, le *kh
est représenté par x A»; mais le *ph donne ph 4>, restant
ainsi bien distinct de l'ancien p, et ypfe *th donne th p,
se confondant ainsi en apparence avec l'ancien t. Exemples
de *kh: çax^-lu ^rameau", cf. persan Sâx (de *ksâJchà, comme
le mot arménien), lit. fiakà, skr. çakhâ) sxalim -(**,£ J* w je fais
un faux pas a , cf. skr. skhalaii „il bute, il se trompe".
Exemples de *ph:phuJch #—-# „souffle a , cf. gr. y baa ^soufflet",
lit. pûsti „souffler* ; laphem i-fts „je lèche", cf. gr. laipùoow,
v. h. a. laffan flécher". Le th p- issu de i.-e. th se reconnaît
à ce qu'il reste sourd après r : orth *pp- „veau a , cf. skr.
Pfthukah „petit d'animal", gr. 7rôpnç (le h initial, issu de
i.-e. p à l'initiale, est tombé ici devant o comme dans otn
" m% ^pied" et ov «£ ^qui"). A la fin du mot le *ih est
tombé, comme le t non aspire, dans hun <J««-fc n chemin u ,
cf. skr. pdntJiâhf v. si. pqtï } lat. pons.
13. — On peut donc résumer par le tableau suivant le
traitement général des occlusives indo-européennes en armé-
nien; les formes indiquées sont les formes initiales devant
voyelle ou intervocaliques ; là où il y a deux traitements
l'intervocalique est entre parenthèses.
Labiales Dentales
Sourdes indo-européennes h < (w *-) th p-
Sourdes aspirées „ ph $ th p-
Sonores „ p «y t »>
Sonores aspirées „ bp(w-) dt
14, — Remarques.
I. Devant une autre consonne et notamment devant une
gutturale ou devant une mi-occlusive, les mi-occlusives
deviennent respectivement sifflantes ou chuintantes: Les
formes redoublées de kic W& et *1coë- sont kskic f «^a- „ brûlure"
(de *kickic), koëkotel fc^H**"/. „battre" (de *koSkoëd)\ le sub-
jonctif aoriste (ou futur) dont la première personne du
singulier est sireçiç ufoïgfo r j'aimerai a fait à la seconde
du singulier siresçes ufoirugbu (de *sircçiçes), et à la seconde
, du pluriel siresjikh -^pir-lkg (de * sireçijikh). Donc es *« „moi",
qui répond à gr. èfw, lat. ego, got. ik et qui devrait avoir c
comme mec «A*- en regard de gr. f^éyaç, got. mikils est la
forme originairement employée devant consonne initiale d'un
mot suivant. — De même j devient z devant n dans ozni
Palatales
Gutturales
S «
kh #
—
X lu
C**
kt
J*(*'Ù
g*Jl(*+)
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17
—g>fr ^hérisson", cf. lit. ezys, gr. è/îvoç, v. h. a. igil; et la
préposition z ^ <ï u î répond pour le sens à v. si. za (et aussi
à got. ga-) représente le traitement de *j devant certaines
consonnes.
II. Après u, l'arménien semble n'avoir que les pala-
tales représentées par s, c, j et ignorer les gutturales re-
présentées par Jch,kjg] ainsi dustr t-»*"*^ „fille", cf. persan
duxtar, lit. dukter-; boyc py*- ^nourriture", cf. skr. bhôgah
^jouissance". Cette particularité remonte peut-être à un fait
dialectal de date indo-européenne, car loys t»j- ^lumière"
se trouve en regard à la fois de skr. rokàh „ clarté ", lit.
laûkas „qui a une tache blanche au front" et de skr. ruçânt-
„brillant". Mais d'autre part elle se rencontre aussi dans
deux cas où l'arménien a, d'une manière très énigmatique,
w *- pour i.-e. *n: awcanel u*^ m %k L „ oindre", cf. skr. andkti
„il oint", plur. anjânti, lat. unguô; awj ««-<* w serpent", cf. lit.
angis, lat. anguis, c'est-à-dire là où w résulte d'une innova-
tion arménienne.
III. Chacune des consonnes arméniennes remonte
à l'une des occlusives indo-européennes, sauf £ * et 8 £,
qui ne se trouvent que dans certains cas particuliers,
e ^ Ç âj Ç t-j qui représentent toujours un groupe de con-
sonnes.
B. Sifflante indo-européenne.
15. — L'indo-européen n'avait à proprement parler
qu'une seule sifflante *s (prononcée * z devant une oc-
clusive sonore, ainsi *zd, *zgh, etc.).
A l'initiale du mot, devant voyelle, *s est devenue h )
comme dans les deux dialectes les plus immédiatement
voisins, l'iranien et le grec; ce h est tombé d'ordinaire,
ainsi al «»^, ait wq- „sel", cf. lat. sal, v. si. solï, gr. âXç,
got. sait] ewthn bi-P*, w sept", cf. skr. saptd, zd hapta, gr. ènrd,
lat. septem, etc. On trouve h Ç dans hin Çf& „ancien",
cf. skr. sànah, zd hanô, lit. senas, lat. senex ; mais il n'est
nullement évident que ce h représente le h issu de i.-e. *s,
car on rencontre aussi h Ç dans de nombreux cas où la
voyelle était originairement initiale, ainsi hum <£««-«/* „cru",
cf. gr. âuôç, skr. âmâh; hot <« „ odeur", cf. lat. odor, gr.
ôdfnfj] haw Ç«»- „oiseau", cf. lat. auis] haw <î«". „grand père",
cf. lat. auos) han ^«A „ grand mère", cf. lat. anus „ vieille
femme"; parfois le même mot se présente avec et sans A,
ainsi hogi Ç«tl* e ^ ogi »tfi „esprit". La singulière faiblesse
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du h initial arménien est d'ailleurs attestée par le fait que
ce h disparaît toujours dans le redoublement ou en com-
position après consonne : hec-ecem Çkà--kbk>r „je gémis pro-
fondément" ; hel-el ^A^r*^ n torrent" ; jefn-at <$£«-fc--«rm ^qui
a la main coupée", cf. hati Ç~"»fi „j'ai coupé"; phol-ar $—£
-c Joueur de trompettetfTcf. phot hari $-i_ Ç~pb „j'ai joué
de la trompette"); y-et j-^N^près" de *y-het „ sur la trace
de . . . u etc. ^v
A Tintérieur du mot, entre voyelles, i.-e. *$ a égale-
ment disparu en passant par *A, ainsi: nu i»*-, génit. nuoy
„bru", comme gr. vuôc, >uoiï, en face de skr. snusa, v. si.
snûcha, v. h. a. snura, lat. nurus; bok ?»$ „nu-pieds", cf. lit.
basas, v. h. a. bar, représente *bhoso-go-; garun tT" L% n prin-
temps", cf. gr. Féap, lit. vasarà, skr. vasantdh, représente
*wesf-, d'où *ge(h)ar-, *gar-. La chute de h est très ancienne
ici, car elle est antérieure à la chute des voyelles finales
et à l'altération de la diphtongue indo-européenne eu ou
tout au plus contemporaine de celle-ci ; c'est ce que prouve
khoyr ^»jp „sœur" ; en effet ce mot repose sur un ancien
*swesôr (cf. skr. svâsâ, lit. sesû, lat. soror) où *esô est devenu
*eAw, puis, par chute de A, * eu qui a subi le même traitement
qu'un *eu de date indo-européenne.
Un arm. S" ne représente i.-e. *s que dans fort peu
de cas:
1. Quand il s'agit de *ss: es I*» „tu es", cf. homérique
seat, lat. es (c'est-à-dire ess, car il est souvent compté pour
une longue chez les vieux poètes).
2. Devant t: sterj «««£/»£, cf. § 11; devant kh: sxalitn
ufum^J" et ph: sphiivf m^l*. „ dispersion", peut-être aussi
devant p.
3. Après nasale (qui tombe) : us »«-« „ épaule", cf. skr.
dmsah, got. ams\ amis -Jt- „mois", cf. lat. mensis.
4. Après p (qui tombe), si l'on admet les étymologies :
sut "»*-»> „faux", cf. gr. fisûdoç ^mensonge", et ères */»*«
„ visage", de *prep-s-, cf. erewim yph^J" „je parais", en face
de gr. npéna) (v. § 11); alors ephem irifckJ* „je cuis" ne serait
pas à rapprocher immédiatement de gr. ï<pw „je cuis",
son ph >p reposerait sur ph et le <p du gr. È<pw résulterait
d'un élargissement de type connu.
Le *# indo-européen devrait subsister devant les an-
ciennes sonores aspirées qui restent sonores en arménien,
mais les exemples font défaut; on sait seulement, par
skizbn «khiê 1 * „ commencement" en regard de sksanim «%—»ifiS
„je commence", que arm. s devient z devant occlusive so-
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19
nore. Devant les sonores simples devenues sourdes, *2 est
naturellement devenu s * : nist %fru- „siège", cf. skr. nïddh
(de *ntâfas) „siège", lat. nldus (de *niedos), v. h. a. nest.
Après r, *s est représenté par la chuintante ë comme
en indo-iranien et en letto-slave, d'où un groupe rë ?£_ qui
subsiste ou qui se réduit à r «., ainsi fliarëamim p-u,p£u,Jl,J >
et tharamim p-m^mJ^JT Je me flétris", cf. gr. répaopat „je
deviens sec", got. paursus „sec", skr. tysyati „il a soif"; de
même, d'une part garëim ^.m^J" J'ai horreur de . . . a , cf. skr.
hpsyati „il se dresse (en parlant des cheveux), il a peur, il
se réjouit", hdrsate „il a une joie intense", ghpsûh „excité",
lat. horrëre, et kharëem .ç^^mT »3 e tire", cf. skr. kârsafi,
zd karëaiti „il tire" (le kh # initial rend peu probable l'hypo-
thèse d'un emprunt à l'iranien) ; de l'autre moranam Jhn.m%*.J %
„ j'oublie", cf. skr. mpsyate „il oublie", lit. miffiti „ oublier" ;
orkh -«# ^derrière", cf. v. h. a. ars y gr. oppoç (de *opooç).
Après î, i.-e. *s est aussi ë en indo-iranien et en letto-
slave ; au premier abord l'arménien ne laisse rien voir de
pareil, car c'est ç g qui répond à *ks tout comme à *sk : veç
4±g „ six", cf. gr. *Fé$, lat. sex, etc., et de même aussi au
groupe grec xr (correspondant à skr. ks) dans çin sb % „milan",
cf. gr. ixrîvoçj mais ce ç a été anciennement chuintant, car
là où devant consonne il perd son caractère mi-occlusif
(v. § 14, 1), il devient non pas s «, mais ë^: veë-tasan ^^"-"""^
n seize", et là où après z il devient sonore, comme les an-
ciens *ph, th, kh issus de i.-e. *p, t, k (et à la différence du
ç g issu de *sh, type harçanem Ç-w-MiP „je demande"), il
devient non pas j <*, mais j £ : arj -?£ „ours", cf. gr. âpxzoç,
skr. fksah, lat. ursus. Devant arm. s «, le *ç g s'est réduit
à th p- dans vathsun i^p-mnA n soixante" ; g est devenu kh #
devant s « dans khsan #—»* „ vingt", de *gisan, cf. béot.
Fixartj et est tombé entre n et s dans yisun jfr»nA „ cin-
quante", de *hingisun, cf. gr. 7revT7/xovTa.
III Voyelles proprement dites.
16. — Les voyelles arméniennes sont a **», e *, ë h, i fa
o », u »*- et 9 /». La voyelle 9 a est à part; elle ne figure ja-
mais qu'en syllabe inaccentuée et sert simplement à éviter
les groupes de consonnes qui font difficulté en arménien;
elle ne peut être examinée qu'à propos de la structure de
la syllabe (§ 24). La voyelle ë 4 se distinguait sans doute
de e *, non par la quantité, car rien n'indiqué qu'elle fût
longue, mais par le timbre : elle était plus fermée que e * ;
2*
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20,
elle est toujours issue d'une ancienne diphtongue et re-
présente un plus ancien *ey.
Les voyelles restantes a *», e L, i fi, o», u »«- représentent
les voyelles indo-européennes; elles se distinguent profon-
dément de celles-ci en ce que les voyelles indo-européennes
avaient une quantité rigoureusement fixe et que â } ë, ô,
s'opposaient à à, ë, ô, tandis que les voyelles arméniennes
n'ont pas d'oppositions de quantité : la perte des oppositions
quantitatives qui étaient l'un des traits les plus essentiels
du système phonétique indo-européen tient à l'importance
prise en arménien par l'accent d'intensité; l'accent d'inten-
sité très fort du germanique a de même ruiné peu à peu
toutes les anciennes oppositions de brèves et de longues
et en a créé de nouvelles à la place. Il ne suit d'ailleurs
pas de là que les voyelles longues et les voyelles brèves
indo-européennes aient abouti en arménien au même résultat ;
car les différences de quantité ont entraîné des différences
de timbre; les longues se sont fermées et è, ô ont été par
suite autrement traités que ë et <5; pour a seulement, il
n'y a pas eu changement de timbre et la longue et la brève
ont été confondues.
I.-e. *â donne arm. a ««: acem *»£*«/* „je conduis", ci.
skr. djâmi, gr. âym, lat. agô.
I.-e. *ë donne arm. e *: cer ^k P „ vieillard", cf. gr.
yépcjv; quand la voyelle e est partiellement nasalisée, devant
nasale suivante, elle se ferme en i: cin ±fi% „ naissance",
cf. gr. yévoç, lat. genu$\ im fi*r „de moi", cf. gr. èjué.
I.-e. *ô donne arm. o »: hot Ç-» „odeur", cf. gr. ôS/jljj,
lat. odor; devant nasale, o se ferme en u: hun ^«^ „ chemin V
cf. lat. pons. Dans quelques mots il semble que i.-e. * ô soit
représenté par arm. a «*, mais, comme il est impossible de
faire entrer ces quelques cas dans aucune règle, il est permis
de douter qu'il s'agisse vraiment d'un ancien o ; par exemple
Va de àkn -tf* „œil" est peut-être un ancien *a substitué
à un degré vocalique sans e de l'initiale, cf. l'a de lat. aurës
^oreilles" en regard de Vo du génitif homér. oiïazoç.
I.-e. *â donne arm. a ««, tout comme à, ainsi am-a-w
usJLsl. ^par l'année", cf. l'instrumental pluriel skr. $âm-à~bhih.
I.-e. *è donne arm. i fi et i.-e. *5 arm. u: mi Jfi (néga-
tion prohibitive), cf. gr. /ir/, skr. ma; tur •»»*-/» n^on", cf. g r -
àdtpov, v. si. darû.
De plus l'i.-e. *9 défini par la correspondance skr. i =
gr. à, lat. a, est représenté par arm. a **, tout comme â ou
*â; à skr. pitâ, gr. izârrjp^ lat. pâter répond arm. ha-yr Ç-j?
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21
^père"; à skr. mata, dorien pazyp, lat. mater répond arm.
ma-yr «%/» „mère". En syllabe intérieure *3 semble être
tombé comme en slave, en baltique, en germanique et en
iranien: dustr t**.»-? ^fille", comme gâthique dug(9)dà } v. si.
dûtti, lit. dukter-, got. dauhtar en face de skr. duhi-tà, gr.
&UYâ-T7]p.
Enfin la voyelle très réduite qui apparaît parfois en
alternance avec Ye et Yo indo-européens et qui est repré-
sentée en baltique par i (et u ?), en slave par ï (et û ?), en
latin par à, donne en arménien a; c'est celle de tasn -u* u %
„dix", cf. russe (tri-)dcat' „ trente" de * (tri-)dïseti, v. h. a.
(drï-)zug „trente". De même la de layn i^fi» ^large" repré-
sente probablement *l° de *pl°thd-, cf. gr. nkarùç „large",
lat. planta, lit. spiïsti „ s'étendre".
IY. Sonantes.
17. — Les sonantes indo-européennes *y, *w, *r, *l,
* m, *n sont les phonèmes qui avaient la propriété d'être
voyelles, consonnes ou seconds éléments de diphtongues.
En arménien, comme dans la plupart des autres langues,
le système des sonantes a été disloqué, et chacun des types,
voyelle, consonne et second élément de diphtongue, a eu des
traitements à part, si bien que par exemple l'ancien w con-
sonne, l'ancien w voyelle (c'est-à-dire u) et l'ancien w second
élément de diphtongue (dans * m, *au, etc.) n'ont plus rien en*'
de commun. Cette dislocation du système des sonantes s'est
accomplie indépendamment dans chacune des langues et
c'est une des choses qui ont le plus contribué à donner à
chacune un aspect particulier, et tout différent de l'indo-
européen.
1. Sonantes voyelles.
18. — L-e. *t, bref ou long, donne arm. i fi: elikh
y Lb*g flîl a laissé", cf. gr. ëkine] ring/fc „milan", cf gr. Ixrîvoç.
L-e. *w, bref ou long, donne arm. u »«-: dustr 9.««.»otj»
„fille a , cf. gr. ftuyâzrip, lit. dukter- ; Jeu #«*- „fumier", cf. skr.
gûthah „ fumier".
I.-e. *f donne arm. ar «7» : arbi —ppl> „j'ai bu", cf. lat.
sorbêre, lit. surbiù. — Ce qu'on est convenu de nommer */•
long indo-européen n'est qu'une combinaison de r et de 2,
dans laquelle d tombe en arménien; il est donc impos-
sible de dire si le ar- de arm. armukn «t»^*-^, „coude"
répond à ïr- de skr. ïrtndh v coude", ir- de v. pruss. irmo
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22
^bras", c'est-à-dire à i.-e. f long, ou au rar (issu de *ara-) de
v. si. rarno „ épaule". — Enfin r voyelle devant voyelle,
qu'on peut noter "r, donne aussi arm. ar -p : garirikh T«*«./%p
„agneaux", cf. gr. Fapijv, skr. tlranah (de *w*ren-)] le r ^
est analogique de celui du nominatif garn *£*»*% ^agneau";
en effet, devant w, r second élément de diphtongue
(ancienne ou récente) est toujours remplacé par r roulé:
r «-, ainsi dans garn f.«f«-fc; l'opposition est très nette dans
la flexion des mots qui ont une alternance vocalique, parce-
que l'action analogique ne s'y est pas produite : dufn ^««-«.fc
„porte", dran w*% „de la porte a , durkh t-'-mp ^les portes" ;
on peut citer aussi le verbe anomal arnem -nblrJ* Je fais**,
arari «vt/ „j'ai fait", et beaucoup d'autres exemples.
I.-e. *l donne arm. al wq_\ galt T u "L m » e ^ secret"
'cf. sans doute lit. -vilti „ tromper" ; * °l donne al «•»/_ : $al »«•/_
„enclume", cf. skr. çilâ „pierre". — La différence de l /_
et l 2_ tient à une innovation arménienne : l /_ est la forme
de l employée devant voyelle et l i_ celle qui est employée
devant consonne. La lettre l q_ désigne une l vélaire, sans
doute analogue à celle du français ancien, car c'est q_ qui,
encore dans l'arménien de Cilicie, sert à rendre l vélaire
française, sur le point alors de devenir u y ainsi fdnalt frjfruiqm
Renault (Renaud) et, dans le glossaire latin-arménien antérieur
au X me siècle qu'a édité Carrière (Paris 1886), le l arménien
est noté l et aussi hl dans ahl „sel", c'est à dire ai -q_\ au
moment où a été constitué l'alphabet arménien, i_ et q_ dé-
signent également Z, et c'est ^ (l) qui occupe la place de À
grec et sert le plus souvent à le transcrire; peu à peu •
les deux phonèmes ont divergé: l /_ est resté Z, mais l ^
est devenu une spirante gutturale sonore, c'est à dire la
sonore de x fi*. A date ancienne 2 ^ a souvent été étendu
par analogie; ainsi c'est *kalin *4 ug ii ii ' „gland" avec al de
*°l qu'on devrait avoir en regard de gr. ftâÀavoç, lit. gïlé,
mais le l ^ du génitif Jcalnoy 4 u "ûfV et du dérivé kalni 4— fit
„ chêne" a été étendu par analogie au nominatif d'où halin
4u,qf,% , H est à noter que le passage de l à l vélaire à la
fin d'une syllabe et surtout devant consonne suivante est
fréquent; on le retrouve notamment en latin et en vieux
crétois. Le caractère vélaire de l ?_ n'a pas été sans con-
séquence pour le vocalisme; devant l ^, i est remplacé
souvent par e L, ainsi aseln u,uh^u „ aiguille", génit. aslan
u>uqu$% (de *asilan), ou par iw fi*-, ainsi iwl fi<-q_ „huile", cf.
gr. ëkaœv (d'où le mot est sans doute emprunté, mais d'une
manière populaire, et sans qu'on puisse déterminer les
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23
intermédiaires); les dialectes modernes ont pour la plupart
ey l"i_ et non un représentant de iwl fi<-q_.
I.-e. *w et *m donnent an wi, am -»T\ hhsan .^««A „ vingt",
cf. béotien Fixart, zd vïsaiti, lat. uîgintî) de même * 9 n 7 *°m
donnent an -?*, am «••/*: amarn —Jî-nS. „été", cf. v. h. a.
sumar. Il est impossible de reconnaître si an -l dans (dr-)
and tr-~ x T ^devant de porte" répond au *n long de skr. atâh
ou au *awa- de lat. antae (de *amtai).
2. Sonantes seconds éléments de diphtongues.
19. — Les anciennes diphtongues composées de
voyelle suivie de *r, *l } *n, *m sont représentées en
arménien par des voyelles suivies de r /», l ^, n **, m f
et n'appellent pas d'observations, ainsi erg bpi- „ chant",
cf. skr. arkàh „ chant", sirt »frp- „cœur", de *kërdi, cf. gr.
x Wi g°k huirtûj skr. hardi (avec h énigmatique) ; ait wi«>
„sel", cf. got. sait; eresun bpb—**.% „ trente", cf. gr. rpidxo^ra.
Le traitement w *- de n dans awcanél »-^uAbr L ^oindre" et
awj «»«.<* ^serpent" signalés ci-dessus (§ 11, II) et dans giwt
th an „ trouvaille", cf. skr. vinddti „il trouve" est difficilement
contestable, mais les conditions n'en sont pas connues.
Les diphtongues en i et u ont des traitements plus
compliqués. Les plus claires sont *ai et *au qui donnent
ay «y et aw «»*-: ayc -y*r „ chèvre", cf. gr. a?£, acyôç; awth
-"-P- „lieu où l'on passe la nuit", cf. gr. aokcç. La simpli-
fication de aw «»- en o est postérieure à la fixation de l'ancien
arménien et la graphie o de la diphtongue, qui date
seulement du moyen âge, n'a pas à être considérée ici. —
C'est la diphtongue arménienne oy y qui répond aux di-
phtongues i.-e. *eu et *ou, ainsi loys w ^lumière", cf. gr.
Xeuxôç, Xooaoov\ boyc py± „ nourriture", cf. skr. bhôgah (indo-
iranien *bhaugas) 1 etc.; c'est de même oy y qui représente,
la diphtongue iranienne au (persan o) dans les mots em-
pruntés à l'iranien, ainsi kapoyt ff—yy-, ^bleu" de iran.
*kapautar } pehlvi kapôt; on a vu ci-dessus § 15 comment
s'explique le oy de îchoyr ^yp „sœur" ; la diphtongue y ne
représente o suivi de y que dans des formations proprement
arméniennes, comme celle des imparfaits du type heloyr ^>^iyr
„il versait" de *heln-yr, cf. ala-yr wq^jp. — La voyelle simple
è k (c'est-à-dire e fermé) sort toujours d'une diphtongue
*ey parallèle à oy ; elle est issue d'une diphtongue indo-
européenne en i, par exemple dans dès 7.4^ „amas", cf. gr.
rofyoç „mur", ou, dans les emprunts, d'un ai iranien (persan ë),
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24
par exemple dans tèg «•£* n lance" de * taij-a- (persan tëf),
ou enfin, dans les formations proprement arméniennes, de e
suivi de y, ainsi à l'imparfait berër pLpkp „il portait", de
*bere-yr. De plus la triphtongue *iay est devenu ë k dans
ter "kp „ seigneur", de ti-ayr; le génitif tearn —Iru,n3, pareil
au génitif anomal arn *»*& de ayr uyp w homme" et le rapproche-
ment avec tikin -,{,%{,% ^maîtresse" (de */è- et kin ifo „femme")
montrent qu'il faut tirer ter -kp de *ti-ayr; la réduction de
ey à e fermé s'explique aisément par le voisinage des points
d'articulation des deux parties de la diphtongue. Les
autres diphtongues ont toutes été simplifiées par la suite
dans les dialectes arméniens, et ainsi la simplification
de ey en arménien ancien n'est que le premier moment d'une
transformation qui est devenue générale postérieurement à la
fixation de l'arménien par l'écriture. Dans les plus anciens
manuscrits, k ne note jamais une voyelle issue d'une voyelle
simple ; mais, de bonne heure, les timbres de * et de k ont
tendu à se confondre, et l'on observe une tendance ortho-
graphique à noter e de toute syllabe finale par £ et non
par t*\ ainsi le the pi* „que u des plus anciens manuscrits
devient au moyen âge ^4, forme qui a passé dans les textes
imprimés. *
Les autres diphtongues arméniennes résultent de
divers changements et ne répondent à aucune diphtongue
indo-européenne; ainsi ea de Tceam /[tn—r „je vis" repose
sans doute sur *iyà, cf. *iyô dans gr. jitêbvui) ea du génitif
jean lhrm% ^de la neige" repose sur -*w/°w-, en regard de -iyow-
de gr. /tôvoçj etc. De même ew de ewthn tr*-p-% „sept" a été
expliqué (§ 11) par *ep; iw de jiwn *£«A „neige" représente
*-iyô- ou -vyo- devant nasale, cf. gr. %td>v yiova, etc.; miws
JJ,v„ „ autre" est *mi-ews „un encore"; iwr /«./* „de soi" est
*sewe-r ou *sewo-r, cf. gr. é(F)i, é(F)ôç.; on doit noter ici
l'hésitation graphique entre &<- et fi*., par exemple albewr
ut^hn.p ou albiwr «"ipf>^p „ source " ; ew issu d'un ancien ew
est noté iw fi*- dans iwr j>±p „de soi", mais devant w *- issu
de labiale, e b subsiste, par exemple dans ewthn én.p% „sept",
écrit tr e p% au moyen âge, ou dans un adverbe, ancien in-
strumental, comme ardewlch wp^tr»^ 7) à la vérité, sans doute",
écrit au moyen âge ^p^-hrog,
3. Sonantes eonsonnes.
20. — I.-e. *r consonne donne arm. r /», ainsi berem
pbrpinr w je porte", cf. skr. bhdràmi, gr. <pépa>, lat. fera, etc.;
à l'initiale, r est toujours précédé d'une prothèse comme
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25
en grec, par exemple e dans erek £/»*# „soir", cf. got. riais
^ténèbres", skr. rajah ^espace obscur", gr. ëpeftoç ; a dans
arew —pin. ^soleil", cf. skr. ravih; o dans orcam *phru,jr ^je
rote a , cf. lit. rûgiu, lat. ructô, gr. èpsô-fo/iac, etc. Un r inter-
vocalique a été dissimilé en I ^ dans le mot salawart
uutqvi^u.p*. w casque" emprunté à l'iranien *sâravfti-, cf. zd
sàravâra-, — Comme second élément d'un groupe, r subsiste en
général, parfois en altérant la consonne précédente; on a
vu *tr §11; *pr se réduit à rp (avec voyelle prothétique:
érèç trpka „ancien", cf. lat. prïscus (v. § 11); *sr donne r «-,
ainsi Icher ^Im. ^de la sœur", cf. le datif skr. svâsre et de même
à l'initiale avec voyelle prothétique ara —m.—. v canal, courant
d'eau", cf. skr. srutih ^courant", irl. sruth ^rivière", gr. purôç
„ coulant". Quand la cousonne précédente subsiste, elle passe
devant r, ainsi *bhr donne rb pp : surb «««-/»/» „pur, saint",
cf. skr. çubhrâh „ brillant, pur"; *dr donne ré p-, ainsi
Tchirtn ^fr-fc „sueur", cf. gr. idpa>ç, lette swëdri, et à l'ini-
tiale, avec prothèse, artasukh -pu,u$ un ^ „ larmes" de *drak'u-,
cf. gr. âdxpo et v. h. a. trahan, m. h. a. traher „ larmes" ;
*gr donne rk pfy, ainsi, à l'initiale, avec prothèse, erkan trpÇ-î,
„meule à broyer", cf. skr. grava ^pierre à moudre", v. irl.
brô, lit. gïmos. Le r déplacé devant b a été dissimilé en l i
dans elbayr ^qp^jp „frère", cf. skr. bhratâ, lat. frâtër, et al-
bewr wqpb L p ^source", cf. gr. <ppéap\ cette dissimilation est
limitée au cas de r devant b, comme le montre le mot
ardar ™pf"p ajuste" qui conserve son r dans des conditions
pareilles.
I.-e. *l donne arm. l^, soit à l'initiale soit entre
voyelles: lizem ip^s „je lèche", gr.. Xei%to, lit. lëèiù, lat.
liwgô, etc.; gelum ^b^uj* v je tourne", cf. gr. FeXùoiïr] „il s'est
courbé", lat. uoluô. Quand il vient à être employé devant
consonne quelconque, l §_ devient vélaire, soit l ^ (cf. § 18)
ainsi tin trjt, „cerf", cf. v. si. jelenï, gr. eXa-<poç, v. irl. élit
„ chevreuil", et le l ^ du nominatif eln ^H» a été transporté
aux autres cas, d'où le génitif elin ^^ avec l ^ au lieu de
1 1 ; ainsi l ^ a été étendu bien au-delà des limites de son
emploi normal. De plus, quand par suite de la chute des
finales, l s'est trouvé finale de mot, et par suite de syl-
labe, il s'est trouvé dans la situation où l devient en
arménien l vélaire, c'est-à-dire l 7 ; beaucoup de substan-
tifs ont donc l ^ à la finale au nominatif et ce l ^ a passé
à tous les cas; ainsi al «*^ r,sel u , génit. ali "»£ (au lieu de
*aZï), cf. lat. sal, v. si. soli; après une diphtongue en y
(ou après ê k) les anciens manuscrits ont souvent l ^ dans ces
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conditions, ainsi ayl -ji_ w autre", gayl t-jq_ ,,loup", nëoyl
î'ZfWL „rayon", mais, dans ce cas particulier, l i_ n'a pas
passé à la spirante gutturale comme d'ordinaire, les manu-
scrits postérieurs ont l ^ et l'arménien moderne prononce l /_
et non y ^. — Le groupe si donne l qui peut devenir l ^
à la fin du mot, ainsi Jil #t_, Jil tbi_ „ tendon", cf. lit.
gisla „ veine, tendon a . — A l'initiale, une consonne sourde
tombe devant l: lu §»i- „ connu", cf. skr. çrutâh, gr. xXotoç.
Il n'est pas certain qu'on en doive dire autant des sonores;
du moins les exemples manquent, car lu t—- „puce" peut
être rapproché de lit. blusà, afghan vraïa „puce", mais aussi
de skr. plus i h „ sorte d'insecte nuisible", albanais pVe&t
„puce" (?).
21. — I.-e. *n donne arm. n % à l'initiale et entre
voyelles: nist %[»—» „siège", cf. skr. nîdâh, lat. nïdus, v. h. a.
nest) hin <^» „ancien", cf. skr. sânah, lit. senas, lat. senex.
Le mot elungn y^n^^u ^ongle" est difficile à expliquer dans
le détail, mais on ne saurait le séparer de gr. ovuÇ, lat.
unguisj etc.; le l i_ doit provenir d'une dissimilation de n
par n de un et le e * initial serait prothétique. — Partout
sn se réduit ànV nu *'«*- „bru", cf, skr. snusâ, v. si. mûcha,
v. h. a. snura] gin ?fà „prix", cf. skr. vasndm „prix" ; z-genum
i< t k,% n ujr Je m'habille", en face de z-gest if-l*»*» „ vêtement",
cf. lat. uestiSj gr. Févvufiou, Féarai.
I.-e. *w donne arm. m •/* à l'initiale et entre voyelles:
mis tf>» n chair", cf. skr. mâmsâm, got. mimz, v. si. meso; im
frf „de moi", cf. gr. èjiê. Devant m initial on rencontre
une prothèse isolée dans amis ««<#« ^mois", cf. lat. mènsis,
gr. fiyv, fiyvoç, etc. — Le groupe *sm se réduit km: mi «#
„un", cf. gr. [lia (de * afiia) en face de eh „un" de *sem-s]
datif um »«-•/* „à qui", cf. skr. Msmai, got. hwamma {mm de
*zm, ancien *sm), v. pruss. stesmu n à celui-ci". — Le groupe
mn subsiste à l'initiale dans mnam 3LmT w je reste", à moins
que mn ne représente ici *min- issu de *men- ou *fwën-,
cf. gr. fiéva), jiifjLva), lat. manëre, ce qui est le plus pro-
bable. A l'intérieur du mot, après voyelle, le même
groupe semble aboutir à ivn «-fc, sauf peut-être après w,
par une altération de mn en wn dont des exemples se ren-
contrent ailleurs et qui s'explique aisément ; ainsi, tandis que
les noms en -umn- "<-3L du type ëarzumn ^«/»<f»«.^K n mouve-
ment" conservent leur -m« -^ final, on trouve au contraire
après les autres voyelles: paëtaivn ^.u^nu,^ ^service, culte",
génit. paStaman «yo^mi^VA ; mrjiwn «#$«.*/ „fourmr*, génit.
mrjman Jf£fiu%] anun -Sy-uî* ^nom", en regard de gr. ovo/icr,
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s'expliquerait très bien par *mwwn de *anomn (le génit.
anuan m%mê.m% devant alors sa forme à l'influence du nomi-
natif.)
22. — Le traitement de w consonne est beaucoup plus
compliqué que celui des liquides et des nasales. Tout d'abord
l'arménien a deux continues v £ et w «-, toutes deux issues
de i.-e. w, au moins en partie; en arménien moderne toutes
deux notent la spirante labio-dentale v\ mais, au moment
où l'alphabet a été constitué, elle représentaient deux
phonèmes différents, puisqu'on a créé deux signes : l'alphabet
arménien n'a pas de doubles emplois ; il est probable que *-
avait encore à peu près la valeur du u consonne, car c'est
le phonème employé dans les diphtongues, notamment
dans aw «■»«- qui devait aboutir à o et dans ew **- qu'on a
fini par prononcer dialectalement io (Jr*p% de **-/?*» „sept a ).
Quand, par suite d'une chute de voyelle, w *- vient à être
en hiatus, il est d'ailleurs noté u «*-: patiw mw—fr*. „ honneur",
génit. patuoy u^uÊtnnunj^ de même aluës «-^«-é*, génit. aluesu
u0q»L&»»t- „renard a repose sur *al(u)wes-, cf. gr. àXénrjÇ,
âXa>7Taxo<; ; car ? 7^ ne s'explique que devant w consonne, et
le u qui répond à gr. co est naturellement tombé en syllabe
inaccentuée. Au contraire £, qui est la seule forme employée
à l'initiale des mots, devait avoir déjà un caractère plus
franchement consonantique , plus spirant ; toutefois la
différence entre £ et «- ne pouvait pas être très grande,
car l'emploi de •[_ après - et de <- après toutes les autres
voyelles à l'intérieur et à la fin du mot s'explique par une
nécessité graphique: «*- servant à noter la voyelle simple u,
la notation par —- d'un groupe ow (avec w consonne) aurait
été ambiguë ; l'emploi de £ dans »<[_ a permis d'éviter cette
ambiguité, mais il montre que *- et £ étaient des phonèmes
très voisins l'un de l'autre.
A l'initiale, i.-e. *w se ferme en occlusive et aboutit
à g*% comme en brittonique, d'où g t, ou devient v *l_ :
g t dans gitem ^^ètT v je sais u , cf. skr. véda, gr. Foîâa, got.
wait\ gorc ^«/»£- „œuvre a , pf. gr. Fépyov, [F]ôpYavov, v. h. a.
werc) (8-)genum (q-foUnutT w je m'habille", cf. gr. Fivvofiat,
Féazat, skr. vaste „il s'habille a ; mais v dans: veç 4^u ^six",
cf. gr. FâÇ, etc. On notera que arm. ge- ?-*- dans les mots
originaux ne peut représenter que *we-, puisque *ghe- aboutit
à *]e- fr-, La différence entre le traitement g- et le traite-
ment v- tient sans doute à des faits de phonétique syn-
tactique. — En effet w *-, resp. v £, est le traitement normal
entre voyelles: tiw-^ „jour a , cf. skr. divé-dive „de jour en jour":
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kov li»>l_ „ vache", génit. Jcovu #»£»*, cf. le génitif skr. gavdh,
gr. fto[F]dç, lat. louis, etc. Mais g + apparaît aussi devant des
sonantes: Icogi fatfi „ beurre" (produit de la vache), cf. skr.
gdvyah „de bœuf 4 ; taygr ">»*/*? »frère du mari", cf. skr. devâr-,
gr. darjp, lit. dëveris; loganam [n^Sut—r „je me lave", cf. gr. Xoôw,
lat. lauô: le*w devenu g t se trouvait ici devant y, r, n, mais
le détail précis des conditions ne se laisse pas déterminer.
Devant r, le *w semble disparaître dans quelques mots:
nor ï-p ^nouveau", cf. gr. ve(F)apôc] sor «7 „trou", cf. lat.
cauer-na (avec eau- issu de *Jcow-)] génit. alber «^fy de albewr
usqptti-r ^source", cf. gr. (pprj[F]ap ; ici non plus les con-
ditions précises de la chute ne se laissent pas déter-
miner.
Dans les groupes composés de consonne plus * w, le w
devient aussi guttural; certaines consonnes précédentes
perdent leur point d'articulation propre, mais toutes con-
servent leur caractère de sourde ou de sonore, d'aspirée ou
de non aspirée qui est attribué à la gutturale; ainsi
* $w-, devenu *hw-, donne, avec assourdissement du w
par h, arm. kh ./? : khoyr .g-jp „sœur", cf. skr. svdsâ,
got. swistar) Jchun #«à> „ sommeil", cf. skr. svdpnah] Jchirtn
^foutî* ri sueur u J cf. skr. svéduh, v. saxon swët; *k'w donne
avec le traitement normal de *&' et assourdissement de w,
arm. sk «f : skund »^%^. „petit chien", de *k'wont-, cf. skr.
çva, accus, çvanam, got. hunds; de même skesur u^brunup ^mère
du mari", cf. skr. çvdçurah „père du mari" (le ç sanskrit
et le s » arménien proviennent de l'assimilation de i.-e. *s
initial à la palatale de l'intérieur du mot, cf. gr. éxupd,
got. swaihro, etc.) ; après s, on ne saurait naturellement
attendre que k if et non pas kh ./?, cf. arm. st »- et non *sih
de i.-e. st, § 11. Le groupe tw donne kh ^: accus, khez ^%_
„toi", cf. skr. tvâm, gr. ai (de *zFé); l'aspirée arménienne
est bien ce qu'on doit avoir comme résultat d'une sourde
indo-européenne; après s, *tw doit aboutir à k t, puisque *st
aboutit à arm. st »—, ôt en effet oskr —»lu» „os" sort sans
doute de *ostw-er, cf. lat. ossm et gr. ôozè(F)ov (?). On
attend dès lors k comme résultat de *dw, et en effet c'est
mèlk Jkq!( „mou" de *méldwi-, qui répond à skr. mfduh,
fémin. rnfdvi et à lat. mollis (de * moldwi-) ; mais, à l'initiale,
c'est rk ch précédé d'une prothèse suivant la règle générale,
qui répond à *dw~: erku ^«*- „deux", cf. skr. duvà, dvâ,
gr. duo), ô(6-(âsxa)y v. si. dûva) erknçim kplfrzfrJ* (de *erki-nçim)
„je crains", cf. gr. dFé(y)oç ^crainte", âéôFo(y)a, ôéàFifiev]
il est certain que erku hrpti»*- „deux" est un ancien mono-
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syllabe, et que, comme dans l'accusatif eris fy^« „ trois" en
regard de got. prins, Ye est une prothèse arménienne (voir
§ 20), car autrement le u (ancien *ô) de la syllabe finale serait
tombé. Ce traitement est instructif; en effet l'occlusive k est
bien la sourde arménienne attendue en regard d'une sonore
indo-européenne; mais r est un reste de l'articulation
sonore d: l'altération du groupe dw est donc antérieure
à la mutation consonantique arménienne. Le traitement k-
de *dw dans krkin Mffo n double u (cf. me-kin Jy^% „ simple 44 ,
erékh-kin fy^f/fc ^triple 44 ) s'explique sans doute par une
dissimilation : r de l'intérieur du mot a empêché le dé-
veloppement de r dans le groupe initial.
23. — Le y j est la forme consonantique de i />;
ainsi la préposition qui est i fi n dans, de 44 devant consonne
est y j devant voyelle : i telwoj f> «»*2«.«£ „dans le lieu u , mais
yami j*»lb „dans l'année u . Il ne suit pas de là que le y j
arménien réponde au *y indo-européen. Mais on ne possède
aucun exemple pour le traitement de i.-e. *y en arménien ;
si l'on rapprochait jur £■«-/» „eau a de lit. jurés, v. pruss.
juryaiy „mer tt , c'est j $_ qui représenterait *y et ce traite-
ment n'aurait rien de surprenant en effet, étant donné que,
à l'intérieur du mot, dans diverses positions, *y aboutit
à arm. g £* Quand au *y intervocalique, il est tombé, comme
en grec, et sans doute dès avant les chutes de voyelles en
syllabe finale, ainsi: erekh kfkg „ trois a de *treyes, cf. skr.
trdyahj v. si. trïje; de même le -e- des dénominatifs en -e-, tels
que sirem ufoys J'aime 44 de sër- »kp „amour u , représente
*-eye-, cf. skr. aya-, et le -a- des dénominatifs en -a-, tels que
ytisam jm-*w»r ^j'espère 44 de yoys jy n espoir a , représente
*-âye-, cf. skr. -âya-. Après n, r, l, l'i.-e. *y donne arm.
j t_\ sterj u—br V ^ ^stérile 44 , cf. gr. areïpa (de *oTépya)\ anwj
u,%nu v 2_ „ songe 44 , de *anôryo~j cf. gr. ovecpov (de * ovepynv))
olj —i£ ^entier 44 , cf. irl. uile (de *olyos)', muwj •&*-*<£ ^muet 44 ,
de *munyos (?), cf. gr. ptùv-doç, lat. mïï-tu$j skr. mu-lcah;
jnjem iyfàJ* ,, j'essuie, je nettoie 44 , cf. peut-être gr. 6eLvo> „je
frappe 44 (de *g w henye-). Le groupe *% aboutit à ç i_ dans :
açkh u»i^ „les yeux 44 , formation sans doute analogue à
gr. oaae de *ok w ye, cf. v. si. oci et en tout cas dans eu i»u
^départ 44 , cf. skr. cydvate „il se met en mouvement 44 , gr. osùœ
(de *kyew-) „je mets en mouvement 44 . Le traitement de *dhy
est indiqué par mëj Jk$_ ^milieu 44 , cf. skr. mddhyah, gr. piéaoç,
/ lat. médius: *dhy a donné yj. Quant à *sy, le seul té-
moignage est la finale de génitif -oy -»j des thèmes en
-o -» du type mard Jî«rt „ homme 44 , génit. mardoy Jùrt-j,
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qu'il est très tentant de rapprocher de -asya de skr. mâr-
tasya et de -oto de l'homérique ftporoto „de l'être mortel,
de l'homme".
L'arménien possède donc un y j\ deux sortes de w:
w «- et v <l_] deux r: r /• et r «- (r roulée); deux l: l /_
(l palatale) et l q_ (l vélaire); n i et m «r, soit neuf pho-
nèmes distincts, là où l'indo-européen en avait seulement
six: *y, *w, *r, *i, *w, *m.
Y. La syllabe.
24. — Si l'on se fiait à la graphie, l'arménien devrait
passer pour une langue renfermant des groupes de con-
sonnes très complexes; mais, 'à cet égard au moins, la
graphie ne traduit nullement la réalité. En arménien
moderne il n'y a pas de groupes de consonnes à l'initiale;
une voyelle 9 /» est toujours prononcée entre les deux con-
sonnes qui se suivent immédiatement dans l'écriture; ainsi
un mot tel que ta"-/* „tête" n'est pas monosyllabique,
il se prononce, suivant les régions, gdlux ou hlux et vaut
deux syllabes; son pluriel n'a pas la forme en -er -*/» des
monosyllabes, mais celle en. -ner -Mp des polysyllabes, soit
^^lu'bbrp. Cette prononciation était déjà celle de l'ancien
arménien; la voyelle 9 /» n'est écrite que dans une petite
partie des cas où elle existait, à savoir à l'initiale absolue,
ainsi mciçc^ibs „des choses u , mais elle se prononçait toutes
les fois qu'il y a groupe initial (ou quand r r, n % , m s,
l 7.1 l L semblent former la voyelle de la syllabe, ainsi srti
u P ut[, ^du coeur", lire sdrti «ppvfi] Ikhi i^fi „j'ai laissé", lire
tekhi\ serndean -y^bm^u ^de la postérité", lire $er9ndean, etc.);
et la grammaire en témoigne encore ; un verbe comme gnci
t %ut L „ aller", n'est pas traité comme le monosyllabe hoi
\-i_ „se tenir", mais comme un polysyllabe; les mono-
syllabes ont un augment à la 3 me personne du singulier
de l'aoriste: ékaç t>^-g „il s'est tenu"; or gnaç i-iwg „il est
allé" n'en a pas; les monosyllabes conservent le groupe
çç gg au subjonctif (futur): kaçç*s ^gd lru „tu te tiendras";
mais gnasçes ^uM U9 ku n tu iras" a le traitement se -g usuel
dans les polysyllabes ; et ainsi de tout. Malgré les apparences
graphiques, l'arménien n'avait donc pas de groupes de con-
sonnes à l'initiale; gnal ^- L était en réalité gdwd ?t$'>"L
dissyllabique. On notera que, si le mot commence par
sifflante plus occlusive, c'est devant la sifflante que se
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place 9, ainsi dstanal £u—ufou>i_ „acquérir u , subjonctif aoriste
stasçis «uw*M*0fi Uj c'est-à-dire dstasçis; si *sta- était mono-
syllabique, on attendrait *staççis.
Cette prononciation, si caractéristique des groupes
initiaux, n'a rien de surprenant; en effet, si Ton fait ab-
straction des groupes qui proviennent des chutes relative-
ment récentes de i et u sous l'influence de l'accent,
l'arménien apparaît comme une langue d'où les groupes de
consonnes avaient disparu. Les groupes de consonnes
y proviennent en principe de chutes de voyelles, ainsi grél
tr b L ^écrire" sort de *girel, cf. gir tfo „écriture u . A un
certain moment, l'arménien a eu des groupes composés de
sifflante plus occlusive, comme st »— dans aruest m^n^hum
„art u et des diphtongues telles que ay «y, aw ««-, ar «7»,
al *»ij an -i t am «»«/*; mais il n'avait pas de groupes comme
*Jcs: il en avait fait ç g\ ou comme ky, il en avait fait ç*_;
à plus forte raison n'y trouvait-on pas de groupe tel que
*kt: il est probable que ce groupe a donné ç i_ t car
çorkh ifftp „quatre u ne saurait s'expliquer autrement que
par *Jctwores (*kt- comme dans zd à-xtûirïm „pour la qua-
trième fois a ); en partant de *ketwores on ne pourrait aboutir
qu'à Vchekhor-kh, puisque k ne se mouille pas en arménien
devant e, et que t et à plus forte raison tw ne semblent pas
tomber entre voyelles. Les métathèses, au premier abord
singulières, des groupes à r finale font partie du grand en-
semble des changements qui ont éliminé tous les groupes de
consonnes, sauf ceux à sifflante initiale, et n'ont laissé sub-
sister que les diphtongues: *subro-, *khitran étaient impos-
sibles et sont devenus *surbo-, *khirtan, avec des diphton-
'gues *ur, ir, conformes aux exigences du système syllabique
de l'arménien, d'où surb m*.??, khirtn .çfrp—%. Dans une langue
qui n'admet pas les groupes de consonnes, il n'y a pas non
plus de consonnes géminées, et en effet l'arménien n'en
possède pas, autrement que dans les mots empruntés, comme
vatthar ^^p-uMp „pire", ou par suite de chute de voyelle,
par exemple kaççes k ut aa hu n^ u ^ e tiendras", de *kaçiçes. Ainsi
l'arménien, avant les chutes de i et u, ne possédait en somme,
comme le slave ancien, que des syllabes ouvertes; et c'est
là une différence profonde avec l'indo-européen.
L'élimination des groupes de la forme consonne plus
nasale s'est peut-être faite par développement de a - devant
nasale; au moins dans le type des verbes à nasale comme
harçanél ^râ m%tr L ^demander", le a» a une valeur à part:
dans les dialectes où l'accent a reculé d'une syllabe et où
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par suite a intérieur est conservé, comme celui du Karabagh,
le -anél -"»%h L de ces verbes se réduit à -nél -^*/_, ainsi
forçnél de liarçand, tésnél de tesand „voir", etc. On s'ex-
plique ainsi que, dans mefanim dkn.u$%l,J % Je meurs u , on
trouve le r «- usuel devant n et non le r /• usuel devant
voyelle.
25. — Les actions d'une syllabe sur l'autre se réduisent
à peu de chose en arménien. On a déjà noté quelques dis-
similations comme celle de salawart uuÊ^tuu^pu, n casque" § 20,
de eiungn bq^^^ï, ^ongle" § 21, de elbayr ^^pwjp „frère" et
albewr u.qphn.p ^source" § 20.
La voyelle u semble exercer une action sur certaines
voyelles de la syllabe précédente : i devient e k devant un
a "«- de la syllabe suivante; ainsi de ter wk? „ maître" on a
tirel »»foli_ ^dominer", mais teruthiwn nbpm.pfu3, ^domination"
(écrit avec e * dans les anciens manuscrits de l'Evangile)
et teruni —irpni.%f, ^du maître"; le e de henum <J*fc«*-•/ , Je
file", cf. got. spinnan „filer", v. si. peti „ tendre" et de z-genum
n^b^m-f Je m'habille", cf. gr. Févvvpacj devrait être i devant
n: le e k est dû à Vu suivant; l'ancien i est d'ailleurs maintenu
dans certains dialectes modernes, où l'on a lim ^^»«- ^langue"
(attesté dès le X me siècle dans les manuscrits arméniens et
dans le glossaire latin-arménien édité par Carrière) d'un
ancien *leym, *lèm, attendu en face de lit. lëzùvis (où ë repré-
sente, comme on sait, une diphtongue en i): lezu itr^u de
l'arménien classique s'explique par l'influence de u. — Une
altération de e par u est plus difficile à admettre, car keru
Çlrpau n l'an dernier" conserve son?*, aussi que nombre d'autres
mots, mais vathsun ^U^««*.fc ^soixante" à côté de veç fê s 7,six u
indique néanmoins une action de u sur e.
Quand un u tombe dans la syllabe finale du mot, il
se produit une épenthèse de w après un a de la syllabe
précédente; ainsi artatvsr -p—u,uu C ^larme" ne peut s'expliquer
que par *drak'ur, d'où *artdsur) de même awr w-p „jour"
en face de homérique ijpap suppose une finale en *-ôr (type
gr. réxfiwp à côté de réxpap, cf. anurj u/h n ».p£ „ songe" en
face de gr. ovap) et s'explique ainsi par * amur, * awmr, avec
chute de m dans ces conditions ; pour l' épenthèse et la chute
de la nasale, on peut comparer ayr »«#» „homme" de *a^wr,
cf. gr. àvijp.
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YI. La fin de mot.
26. — En arménien comme dans les autres langues
indo-européennes, la fin du mot est sujette à des altérations
particulières.
La principale de ces altérations a été signalée ci-
dessus § 5 : la voyelle de la syllabe finale des polysyllabes
tombe, alors que, dans le reste du mot, seules les voyelles
i et w non accentuées tombent et que les autres voyelles
se maintiennent quoique inaccentuées.
Les diphtongues ne sont pas traitées autrement que
les voyelles simples, et par exemple la diphtongue en *-i
du locatif des thèmes en -o- et la diphtongue à nasale de l'ac-
cusatif des mêmes thèmes tombent aussi bien que la voyelle
simple du vocatif: khun ^-A n sommeil" répond également
au nominatif skr. svdpnah (cf. gr. uxvoç), à l'accusatif svdp-
nam (cf. gr. oxvov) et au locatif svdpne (cf. gr. dialectal
otivoi). Seules font exception les diphtongues en *-r et *-Z
qui perdent leur voyelle, mais conservent leur sonante:
Iwyr Çwjp „père a , cf. gr. nazi/p, lat. pater; dustr y-n^u-p „fille u ,
cf. gr. #oyâzrjp) asti u, umfL „astre u , cf. gr. àdrrjp (avec r) et
lat. Stella (de *std-na). — Dans les monosyllabes, la sonante
finale subsiste au contraire: khan ^-f*» „que u semble répondre
au lat. quant et indique ainsi que la nasale finale a été en
arménien préhistorique *-n comme en grec et en baltique
et non pas *-m comme en indo-iranien et en italique.
Comme *n est représenté en arménien par an «A, on
s'attendrait à ce que, à la fin du mot, ce *-aw fût tombé
comme toute autre diphtongue finale, mais en fait la nasale
a subsisté, précédée d'un 9 /» non écrit, ainsi: ewthn t^p-ir»
„sept u (prononcé: ewthdri), cf. gr. ênrâ, lat. septem; tasn mu,uù
„dix u , cf. gr. déxa, lat. decem; otn *—% „pied a , cf. l'accusatif
gr. noda, lat. pedem; *-rnn dans les abstraits du type SarZumn
^upé-nuUL ^mouvement", cf. gr. -//a, lat. -men. — Dans ce cas,
comme dans celui de dustr n-—-*—i$ et asti #«««»^ (prononcés:
dûstdr, âsfol), la syllabe accentuée est suivie d'une syllabe
inaccentuée à voyelle d /» non écrite.
Les occlusives finales sont tombées: eber VV ^il a
porté" répond exactement à skr. dbharat. De même *s finale
n'est jamais représentée: khun ^nu% répond au nominatif
skr. svdpnah (cf. gr. oizvoç). Toutefois, après *-n, *-s se main-
tient, ainsi à l'accusatif pluriel, -s -« répond à *-ns de
crétois -vc, got. -ns, ainsi gets ^mu ^fleuves" (*-0ws), bans /»«"&«
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^paroles" (*4ns), etc. Et *-w- d'une finale en *-nt se maintient :
ekn ytfl» „il est venu u , de *egentj cf. skr. dgan.
L'arménien ne conserve donc d'éléments consonantiques
de l'ancienne fin du mot que dans fort peu de cas; mais
la chute de la voyelle de toute syllabe finale a eu pour con-
séquence que tous les mots de l'arménien classique se sont
trouvés terminés par un élément consonantique. Ainsi on a
un nominatif-accusatif-locatif khun #—5> „ sommeil u terminé
par -n -fc, un génitif-datif khnoy ^«j terminé par -y -j, un
instrumental khnov ./?">"»£ terminé par -v -£, etc. Lorsqu'un mot
arménien autre qu'un monosyllabe est terminé par une voyelle,
c'est que son élément consonantique en finale est tombé
à une date relativement récente ou s'est combiné avec une
voyelle précédente; ainsi -è -4 représente toujours *-ey; la
3 me personne berè ff*pk repose sur *bere-y et est parallèle
à ala-y w^y „il moud". Après -i- fi et -w- »«., un *-y tombe
toujours en arménien, ainsi beri ^cfi „il est porté" de *fteW-t/,
het-u <*2««- „il verse" de *helu-y, heru $!>?—. n l'an dernier",
de *heru-y, cf. gr. népuot, etc. Un -oy -y issu de*-0s^o sub-
siste au génitif khnoy ^«j „du sommeil". Quant à -ay —y, il
y a souvent hésitation dans les manuscrits entre -ay ~-j et
-a —> ; toutefois, le -y manque d'ordinaire dans certains mots
comme la finale des démonstratifs du type na ***», génit. nora
%n C u* 1 où il s'agit d'une diphtongue finale dès le principe,
cf. lit. tas-ai „ celui-ci", et ne reparaît alors que si un article
enclitique s'y ajoute, ainsi noray-n fc«/i*«/-V — De même
-w -t- tombe après -u: zgestu ^*"«"*«-, instrumental* de zgest
n^lruu, „ vêtement", a un -w -«*- final issu de *-uw. Dans le cas
particulier du -y- intervocalique, la chute de la sonante con-
sonne est très ancienne; on a ainsi 4 -fi final issu de *-iyos
ou *-iyâ dans les mots tels que ari -pfi „brave".
Sans disparaître, l'élément consonantique final peut
subir quelques altérations; ainsi le c final de *ec „je" cor-
respondant à gr. èya>, lat. ego a subi le traitement de c
devant consonne, c'est-à-dire est devenu s, d'où es £« ; -r final
devient -r -«- dans nombre de cas, sans doute sous l'influence
des mots à w- fc- initiale, ainsi cur *-««-/*- w oblique, courbé,
plié", cf. gr. yopôç „courbé, arrondi". — A l'impératif
aoriste la consonne finale d'un polysyllabe disparaît même :
l'impératif de sireaç ^fiptrwg „il a aimé" est sirea -fipbu> ^aime" ;
l'impératif de hasoyç Ç"»»jg „il a fait arriver" est ha*d <>«««:
(avec chute de ç et aussi du y de la diphtongue) ; l'impératif
de arar -r»p „il a fait" est ara t>» „fais" ; cette mutilation
est tout à fait isolée et ne rentre dans aucune règle.
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35
Y IL Conclusion.
27. — L'arménien présente donc un système phonétique
terni différent de celui de l'indo-européen.
1. L'indo-européen avait un accent de hauteur (ou ton)
mobile; l'arménien a un accent d'intensité à place fixe; cet
accent a dû être fort pendant un certain temps et sans
doute encore en arménien classique; il a causé de nom-
breuses chutes de voyelles et, en particulier, de la voyelle
de toute syllabe finale.
2. Le rythme de l'indo-européen était essentiellement
quantitatif; les voyelles arméniennes ne présentent aucune
différence de quantité indépendante de la place de l'accent.
3. Les occlusives sourdes et sonores ont subi un retard
du commencement des vibrations glottales, d'où a résulté
une mutation consonantique complète, analogue à celle
du germanique.
4. L'indo-européen avait des groupes de consonnes
nombreux et variés; l'arménien les a éliminés et a fait de
presque toutes ses syllabes des syllabes ouvertes.
5. L'indo-européen avait toute une série de phonèmes
qui étaient, suivant leur position dans le mot, voyelles,
consonnes ou seconds éléments de diphtongues; l'arménien
a entièrement perdu le jeu délicat de ces sonantes y, w, r,
l, m, n.
Par suite, un mot indo-européen qui n'a subi jusqu'à
l'époque de l'arménien classique d'autres changements que
les changements phonétiques réguliers a entièrement changé
d'aspect: hayr Ç-jp „père u ressemble fort peu à Ttarypj elbayr
i"ipwj r „frère u fort peu à (ppavrjp et khoyr ^- JP ^sœur 44 moins
encore s'il est possible à skr. svâsar- (nominat. svàsâ, lat.
soror), et l'on hésite au premier abord à reconnaître i.-e.
*dwô dans erku */»#««. „deux a , i.-e. *treyes dans ere(kh) V A (^)
„trois u , i.-e. *penk e e dans hing Sfir „cinq a 7 etc.
Si graves qu'ils soient, les divers changements phoné-
tiques auxquels l'arménien doit son aspect particulier, pro-
viennent, on l'a vu, d'un petit nombre de tendances caracté-
ristiques dont l'origine est obscure, mais qu'il n'est pas
téméraire d'attribuer, au moins en partie, aux populations
indigènes auxquelles les envahisseurs arméniens ont imposé
leur langue.
3*
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Chapitre II.
Alternances.
28. — La partie vocalique de chacun des éléments
morphologiques indo-européens, surtout des racines et des
suffixes comportait des alternances dont la nature et la
valeur significative étaient rigoureusement définies et qui
caractérisaient les formes grammaticales d'une manière
essentielle et nécessaire. Le type normal des alternances
était :
ë (et e) 6 (et ô) zéro.
L'aspect en était compliqué par la présence des sonantes,
mais on reconnaît sans peine que:
skr. âs-ti „il est" s-ânti „ils sont"
et
lat. es-t s-urtt
skr. é-mi „je vais" i-màh „nous allons"
gr. eï-pt ' ï-pev
sont exactement parallèles et présentent une même alter-
nance ë: zéro. — Ces alternances sont surtout claires en
grec, dans des cas comme:
Xé(Fj-co X<>(F)-Q> %u-tôç
Xeù-oiD v
ou
rév-cjv tov-oç ra-râç (de *tn-tos).
Elles se sont maintenues partiellement jusqu'aujourd'hui
dans certaines langues, par exemple dans les verbes forts alle-
mands tels que binde „je lie", band, gebmiden ou dans le russe
so-berû „je réunirai", so-bràt' „ réunir", so-bor „ réunion", cf.
gr. (pépo), (papérpo, yôpoç. Mais d'une manière générale elles
n'ont pas cessé de perdre de leur importance depuis l'époque
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indo-européenne et aucune langue historiquement attestée
ne les présente avec toute l'étendue qu'elles avaient en indo-
européen. Le bouleversement complet du système des sonantes
et les graves altérations des voyelles en rendaient la con-
servation impossible en arménien, et en effet on n'y en
trouve plus que des traces isolées; les alternances voca-
liques de l'indo-européen, comme telles, ne jouent plus aucun
rôle dans la morphologie arménienne.
La principale survivance est celle de l'élément pré-
désinentiel des thèmes en *-n- (v. § 43); l'arménien a ici:
génitif sing. hars-in $—?»/& „de la fiancée", instr. sing. har$-am-b
Çu.puu.Jp n avec la fiancée", nomin. plur. hars-un-kh $-?»**.%£
^es fiancées", où l'alternance de -in-, -an-, -t«w- représente
une alternance indo-européenne *-e«-7oS (gr. -ev-oç), *-n-bhi
(cf. skr. -a-bhih au pluriel), *-on-es ou *-ôn-es (gr. -ov-ec ou
-a>v-£ç), cf. gr. <ppyv, (ppavôç, (ppatri, a<ppoveç. En indo-européen,
cette alternance faisait partie d'un grand système général
dont relevaient les mots de toute forme ; en arménien, c'est
une particularité isolée de quelques thèmes en -w-. — L'alter-
nance de o et de e qui existait dans le type thématique
ne se reflète plus que par Ye de l'adverbe hete-w ^*«»£-«.-,
dans hetewim ^««^«r Je suis", à côté de Yo généralisé
de la flexion en -o-: het <>*«» „ trace de pas", génit. hetoy
De même pour la racine, il arrive que l'arménien ait
conservé deux ou même trois des types vocaliques de l'indo-
européen, mais ce sont de pures survivances fortuites et
isolées, et dans une partie des cas au moins, la parenté
des deux mots n'est plus sentie: otn ««fc „pied", cf. gr. nàda,
et het Çbu, „trace de pas", cf. skr. paddm (et gr. nédov)
appartiennent à une même racine indo-européenne, mais
sont tout à fait indépendants l'un de l'autre en arménien ;
meranim t&n.ujihfij* Je meurs" a le vocalisme e de v. si. mrëti
„ mourir", mord J^pq. „ homme" le vocalisme sans e du skr.
mftâh „mort", mais le sens de „ mortel", qui est le sens premier
de marcl, n'est plus perceptible en arménien ; hysiy „ lumière"
a une diphtongue oy -j qui répond au eu de gr. leuxôç
„ blanc* ou au ou de kouaaov „ point blanc du sapin", et
lusn !»*.«% „ tache blanche de l'œil, Aeùxa)pa a , Imanam l ut»»'uu,J %
„je blanchis" (de *lusnanam), avec u issu de i.-e. *w, cf. gr.
(àfjL(pi-)\ûx7} „demi-jour", sont nettement séparés par le sens.
L'alternance de e et o attestée par gr. <fép<o: (fôpoç, (pàpa\
v. si. berq: -boni apparaît en arménien dans berem pSrphJ"
Je porte" d'une part et de l'autre dans -ivor -«-"/» des mots en
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-awor -«•»«-*/» tels que lusatvor imê.——.»p ^lumineux" (littérale-
ment „qui porte la lumière") ; mais, au point de vue propre-
ment arménien, -awor -«■»*-*/» n'a rien à faire avec berem pkplrjr ;
un degré zéro de la même racine est peut-être conservé
dans le mot également isolé bard p-rt „amas" (instr. bardiw
pmpi.jii., donc thème en -i-), qui, pour la forme, répond
exactement à skr. bhftih ^action de porter", got. -baurps,
v. h. a. -Lurt. Les deux verbes iherern ^kpbj* et khorem
^"rirS w je gratte" présentent une trace de l'alternance e : o.
Le rapport de l'adjectif barjr p m Ph „haut" avec le vocalisme
zéro et du second terme de composé -berj -pbpl „ hauteur",
par exemple dans erkna-berj y^ffum^y^l w qui a la hauteur de
ciel" est évidemment identique à celui de skr. bfhdn „haut"
et de dvi-bârhàh „qui a une double grandeur" (cf. le type
gr. tipaoùç: 'lnno-ftèporjç)] ici la parenté des deux mots ne
pouvait pas ne pas être sentie en arménien, mais le cas
est complètement isolé. Enfin le nominatif singulier hin ffl
„femme" a le vocalisme e de v. pruss. yenna, v. si. zena, et
le nominatif pluriel kanaykh %«'*»»/.£ ^femmes" le vocalisme
zéro de gr. yu^aheç, béotien ftavi/xeç: conservation accidentelle
des formes d'un mot très anomal. Et, si les finales -san et
-swn de Jchsan #»-& „ vingt", cf. béotien Fixait, et eresun
bphu»^, ^trente", cf. gr. rpidxovro, représentent respective-
ment le nominatif-accusatif duel et le nominatif-accusatif
pluriel d'un mot signifiant ^dizaine" en indo-européen, cette
valeur n'est plus apparente en arménien.
Les alternances des séries à voyelle longue du type
è (à, ô), ôj d ne sont plus conservées en arménien que dans
un seul exemple: *ô dans etu *««»«- „j'ai donné", cf. skr.
âdâm, gr. ëdw-xa] tur -»"-r „don", cf. gr. d&pov, v. si. darû]
*d dans tant --J* „je donne" (d'un thème *cfo-ye-, cf. lat.
dâ-mus „nous donnons").
En résumé, si l'on excepte la flexion des thèmes en -w-,
les alternances vocaliques de l'indo-européen n'ont pas laissé
de traces dans la grammaire arménienne et n'apparaissent
plus que dans des particularités isolées de vocabulaire,
telles que celles signalées plus haut et peut-être quelques
autres.
29. — En revanche, les alternances récentes qui résul-
tent de l'action de l'accent arménien sont d'une parfaite
régularité et l'on observe dans toute la flexion, aussi bien
que dans la formation des mots, les oppositions suivantes
entre syllabes accentuées et inaccentuées.
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Syllabe accentuée
Syllabe inaccentuée
i b
zéro
u —-
zéro
oy v
U "*-
ë k
if.
•
ea h*»
e *■
Ainsi dans la flexion nominale sirt «fo- „cœur u , génit.
srti »r—t] Sarzumn zu»pé-—-Ui$ „ mouvement", génit. ëarzman
£i» r <fi/Ztffc; loys iy ^lumière", génit. lusoy t?»-—u\ hrawër <J/i«#*-4/» 7
^invitation", génit. hrawiri ^/»«»*.^; génit. thagaworuthean
^« f «, t » rt /J^i ^de la royauté", ablat. thagaworuthenè p--~
tk.tuunnnufl' triât; ,
Dans la flexion verbale: dïkh.trikp „il a laissé", IJchi
l-ffi 7?,T a i laissé"; beriç p^rfo Reporterai", berces pkp&t« »ta
porteras"; ethuJch yp-n^g ^il a craché", thkhip-^f' R'ai craché" ;
Jiasoyç Çu.u„j g w il a fait arriver", hasuçi ^«*#««t^ R'ai fait
arriver" ; è] k£ „il est descendu", tfi /££ „je suis descendu" ;
sireaç -tpk-g „il a aimé", sireçi "fipfyfi „j'ai aimé", etc.
Dans la dérivation et la composition: erkin trptfi. „ciel",
erJcnawor fyfWc»,» ^céleste" ; burn p—-n.% „ violence", brnel
ftn.%ir L ^empoigner" ; boyr pyp „odeur", burastan pn^mumu/ù
Jardin"; ter -kp „ maître", tiraspan «i^«#««y«#î» r qui tue son
maître"; learn ifrmn.% ^montagne", lefnotn iSmù-uà, „pied de
montagne".
Ces alternances qui traversent toute la flexion et
toute la formation des mots en arménien seront désor-
mais tenues pour connues et ne seront plus rappelées : elles
sont constantes (sauf les limitations phonétiques indiquées
ci-dessus § 5) et presque aucune action analogique n'en
altère l'absolue rigueur.
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Chapitre III.
Les formes nominales.
30. — La déclinaison de l'arménien ancien comporte
deux nombres : le singulier et le pluriel ; sept cas : nominatif,
accusatif, génitif, datif, locatif, ablatif, instrumental. Il n'y
a pas trace d'une distinction des genres masculin, féminin
et neutre.
A. Substantifs et adjectifs.
a) Description sommaire de l'état arménien classique.
31. — La flexion normale de l'arménien comporte quatre
types vocaliques: en -0- -"-, -a- -««-, -i- -^- et -w- -»«-- et, en
outre, des thèmes en -w- -fc-, -r- -/»- et -/- -^-.
Observations générales:
1. Au singulier, le nominatif et l'accusatif ont une
même forme, caractérisée par l'absence de désinence: get
r lu, ^fleuve" est à la fois nominatif et accusatif; le nomi-
natif-accusatif ne permet donc pas de reconnaître à quel
type de flexion appartient un nom.
2. Dans les quatre types vocaliques, le nominatif
pluriel s'obtient par addition de -kh -# et l'accusatif-locatif
pluriel par addition de -s -« à la forme de nominatif-ac-
cusatif singulier; ainsi nomin. plur. getkh t-b-ig „fleuves a ,
acc.-loc. plur. gets t-£«»«. Dans les types à liquide et à nasale,
le nominatif et l'accusatif ajoutent les désinences -kh -^
pour le nominatif et -s -« pour l'accusatif à une même
forme, différente de celle du nominatif- accusatif singulier,
ainsi harsn ^u$ pu % ^fiancée", nom. plur. harsun-Jch ^««/f**»^-^?,
ace. plur. harsun-s Ç*»p»n*\.- U . — Le locatif et l'accusatif
pluriels n'ont toujours qu'une même forme, caractérisée par
la désinence -5 -".
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3. Une seule forme autre que les précédentes a dans
toutes les séries une même caractéristique, celle qui est com-
mune au génitif, au datif et à l'ablatif pluriels ; la caracté-
ristique est -ç -ff ; devant cette désinence, chacune des séries
vocaliques présente sa voyelle propre: geto-ç +k-»-g „des
fleuves" ; ama-ç —J~-# ^des années" ; hani~ç p^fi-y „des
paroles"; zgestu-ç <ft.k—*mu- 9 ^des vêtements". La désinence
est la même dans les autres types: harsan-ç ^«t»««a-# „des
fiancées".
4. La désinence d'instrumental était originairement
la même dans tous les types, mais la phonétique a intro-
duit des différences suivant l'élément précédent (cf. § 8):
-w -*- après -a- et -i-: arm-w W2u-*-; hani-w p— %£-*-) -v -£
après -o-: geto-v ?.£«««-£; zéro après -m: zgestu ^.Jr-"»»**.; -& -/s
après nasale et liquide: harsam-b Ç-p-ufT-p ; on voit que
chacun des types vocaliques présente ici sa voyelle propre,
comme au génitif-datif-ablatif pluriel. — L'instrumental
pluriel ne diffère de l'instrumental singulier que par l'ad-
dition de -kh -^, ce qui rappelle immédiatement le con-
traste du nominatif singulier et du nominatif pluriel :
ama-wkh «m/»-^; bani-wkh F«à>ft-* m p] geto-vkh ^"""fe]
zgestu-kh ^huu, nL ^g^ harsam-bkh Çu. rt swjr- Pm g.
5. Au singulier, le génitif et le datif ont une forme
commune dont l'aspect varie suivant les types ; dans le type
vocalique, une voyelle ou diphtongue s'ajoute à la forme
du nominatif-accusatif singulier : -oy —j pour les thèmes en
-o-: get-oy i-trin-y, -i -[» pour les thèmes en -i- et en -a-:
ban-i ?*%-£, am-i -S-fi-, -u -«*- pour les thèmes en -m-:
zgestu ii-buM-ni-. Dans les thèmes à liquide et à nasale, la
désinence est zéro, mais le vocalisme de l'élément pré-
désinentiel est autre qu'au nominatif: /tarsn ^«v«fc, génitif-
datif harsin Çu,f, u f,% 7 asti ———i_ „astre B , génitif-datif astel
uiuutltq^ etC.
6. Le locatif singulier est identique au génitif-datif
singulier dans tous les types, sauf celui en -0- où il est
identique au nominatif- accusatif: y -am-i j-tuS-fi „dans
l'année", mais i get fi t^— „dans le fleuve". Une désinence
propre au locatif se rencontre dans une seule série de noms :
celle des mots à nominatif en -i -^ qui sont thèmes en -a-;
le locatif de ces mots devrait être identique à leur génitif-
datif, mais, par exception, ce génitif-datif est en -oy -7/ et
par suite impropre à servir de locatif (le génitif-datif du
type getoy ?.£■««/ ne servant justement pas de locatif); en
regard du nominatil-accusatif tell ™i*ib „lieu", instr. teleaiv
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tnhqbuMi.^ génitif-datif telwoy ^it»j, on a donc une forme
propre de locatif tetwoj mb %*.ȣ>
7. L'ablatif singulier est identique au datif-génitif
dans le type en -0-: get-oy j.*-»-*»/; partout ailleurs il pré-
sente la désinence -ë -£: am-è *—r-k\ Jiarsn-è <J««/mA-£.
Si Ton rapproche les observations précédentes les unes
des autres, on constate que l'arménien, tout en ayant sept
cas distincts, a pour chaque nombre seulement trois ou
quatre formes différentes ; le génitif et le datif en particulier
ne sont jamais distincts dans les substantifs et n'ont une
forme propre à chacun d'eux que dans les flexions des
démonstratifs et des pronoms personnels.
Les paradigmes des types vocaliques sont les suivants :
Thèmes en -a- -—- Thèmes en -i- -p- Thèmes en -w- -««--
Singulier :
Nom. ace. am m*r ban pu/ù zgest q+kutn
G en. dat. loc. am-i ->iPp ban-i puA-p zgest-ic ^ £•«■-»*.
Ablat. am-t —iT-h ban-ë p—1-k zgest-t ^A-««»-4:
Instr. am-aw ««P«t ban-iw p*uu~pi. zgest-n n^bu m-»*.
Pluriel :
Nom. am-Jch mJtg ban-kh ?«*%-# zgest-kh ^Ir—i-jf
Ace. loc. am-8 mX-m bans pufa-u zgest-8 q^kutn-u
G en. dat. abl. am-aç uiifcuig ban-iç puîi-fo zgest-uç ^£«â«-»«-^
Instr. am-awkh «mT-im^ ban-iwkh pu/b-pt^ zgest-ukh ff-fr»*»-**^
Le paradigme des thèmes en -0- -«- est:
Singulier :
Nom. ace. loc. get t^-
Gén. dat. abl. get-oy q-bw-»j
Instr. get-ov ^.^«f-»^
Pluriel :
Nom. get-lch ?.£•««- g
ACC. loc. get-S*^—-"
Gén. dat. abl. get-oç n.bu,-„ 3
Instr. get-ovkh tln—mfe
Les mots polysyllabiques terminés au nominatif-accu-
satif singulier par -i -fr ont deux flexions, l'une en -0-
propre aux dérivés en -açi ~"»gl» du type giwl-açi ^f»».^—^
„ villageois" (de giwl t^q_ „ village") et à quelques mots
comme (Ji)ogi (<)<»?/ „esprit a , ordi *fifi „fils", l'autre en -a-,
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43
mais avec
en -i -^,
génitif en -woy -«--j/, commune aux autres mots
tels que teli -^ib „lieu u .
Singulier:
Type en -o- Type en -a-
Nom. ace.
Loc.
Gén. dat.
Abl.
Instr.
lwgi ^"th teli —k^
Jwgi Ç—tfr telwoj m^»£
liogwoy Ç»f-»j telwoy -bqin/
Iwgtvoy Ç"f-'u telwoy mbqt-nj et telwojê mb^nfk
hogwov Ç-fi-»£ teleaw »^^«*.
Pluriel:
Nom. hogilh Ç»tfig telikh —bikp
Ace. loc. hogis Ç—tfr« telis »«y^ u
Gén. dat. abl. hogwcç Ç»r-»s tcleaç u,bqSru» â
Instr. lwgwovkhÇ»f-»t[ m g teleawlh -kqfnu^
Les paradigmes des thèmes à nasale et à liquide seront
indiqués ci-dessous § 43.
b) Origines Indo-européennes des formes de la déclinaison.
32. — Les quatre types qui viennent d'être décrits
se rapprochent tout naturellement des thèmes en -o-, -â-,
-i- (et -I-), -u- (et -w-) de l'indo-européen ; par exemple khun
.gat.*, ^ sommeil ", instr. khnov ^»4_, répond à skr. svàpnaji,
lat. somnuSy cf. gr; onwç\ am *—r „année u , instr. amaw ««/2»«-,
à skr. sdmâ; aruest uM Pnt .buu, „art a , instr. aruestiw «7»««-*#,«»^«.,
au type en *-ti- de v. si. junostï ^jeunesse", zard i^rt
„ ornement", instr. mrdu ju> n ^ } à gr. âprùç. Le parallélisme
qu'ils présentent résulte d'un développement postérieur à
la période d'unité, car en indo-européen le type en -0-, dit
thématique, se distingue essentiellement du type athématique
auquel appartiennent les thèmes en -z- et en -w-. Ce dé-
veloppement n'a d'ailleurs rien qui soit propre à l'arménien ;
la prononciation vocalique de i et de u a naturellement
entraîné dans la plupart des langues un rapprochement
avec les thèmes qui ont devant la désinence une voyelle
proprement dite, c'est-à-dire avec les thèmes en *-o- et en
-à-. Quant aux thèmes du type athématique qui sont
terminés par d'autres sonantes, c'est à dire par w, r et l
(il n'y a pas de thèmes terminés par m), l'arménien les
fléchit d'une manière spéciale qui appelle une étude détaillée.
Les thèmes indo-européens terminés par une occlusive n'ont
au contraire fourni aucun type régulier à l'arménien, non
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44
plus qu'à la plupart des autres langues: ce type proprement
consonantique, encore abondant en sanskrit et en grec
ancien, disparaît rapidement avec le temps dans chaque
langue: les prâkrits et le grec moderne l'ont entièrement
éliminé.
Dans les quatre types vocaliques, la voyelle qui
caractérise chaque série appartenait originairement au thème,
mais, au point de vue arménien, il n'y a plus qu'une finale
où l'on ne saurait distinguer une voyelle du thème et une
désinence ; ainsi la finale du génitif de khun .g»^ ^sommeil"
est -oy -«/ dans Jchnoy ^"u, la finale d'instrumental est -ov -«£
dans Jchnov ^—l_\ mais il n'y a pas de thème *kh(u)no-.
Ceci encore n'est pas proprement arménien : un Athénien ne
percevait pas un thème 5nvo- dans finvoç, dxvou, Znvq), etc.;
la finale -mç des datifs pluriels tels que um/oiç a même
passé dans certains dialectes, notamment à Delphes (depuis
250 avant J.-C), à tous les noms masculins et neutres, ainsi
àvdpotç, <ja>fidTotç. Les voyelles du type vocalique se sont
ainsi adjointes aux désinences dans les diverses langues ; la
désinence du datif-ablatif pluriel n'est plus en latin -bus, mais
-i-bus: ped-ibw, de même la désinence du datif pluriel est en
slave -î-ww et non plus -mû dans les mots comme slovesïmû, etc.
En ce sens, l'arménien s'est donc développé comme
les autres langues indo-européennes, et les choses sont
seulement rendues plus nettes par la constance avec laquelle
tombe la voyelle de la syllabe finale : c'est cette chute qui a
donné aux formes casuelles arméniennes leur aspect caractéris-
tique. On s'attendrait à ce qu'une forte réduction du nombre
des cas en eût résulté ; or, chose remarquable, malgré la mu-
tilation des finales, l'arménien n'a perdu qu'un seul des huit
cas indo-européens, le vocatif. Tous les autres sont bien,
conservés, grâce naturellement à des innovations dont
plusieurs sont encore . tout à fait inexpliquées. C'est l'un
des traits les plus remarquables de l'histoire de l'arménien;
seules de toutes les langues indo-européennes, les langues
baltiques et slaves ont conservé à la date où l'arménien
est connu une déclinaison aussi complète ; dès avant l'époque
historique, le grec, si archaïque à d'autres égards, avait
perdu trois des huit cas indo-européens.
a. Types vocaliques.
33. — La confusion du nominatif et de l'accusatif
singuliers et l'absence de toute désinence à la forme com-
mune de ces deux cas s'expliquent par la chute phonétique
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des finales: khun ^-^% répond au nominatif skr. svdpnah,
lat. somnus (cf. gr. Sîtvoç) et à l'accusatif skr. svdpnam, lat.
somnum (cf. gr. vnvov) ; de même am -»r à skr. sdmâ (nomin.)
et sdmâm (accus.); zard i"vt à gr. àprùç et dpzù», etc. La
perte "de toute forme propre du vocatif a la même cause:
khun #"±% répond aussi à skr. svdpna, lat. somne (cf. gr. Sxve) ;
sirt «frp- „cœur" (instr. srtiw «/»«^*.) a une forme parallèle
non seulement à celle de lit flirdbs (nomin.), filrdi (accus.,
ancien *Jiirdiri) } mais aussi à celle du vocatif J3irdë 7 etc. Et
de même le locatif singulier des thèmes en -o- est identi-
que au nominatif-accusatif parcequ'il a perdu la diphtongue
finale *-ei ou *-oi: khun ^««.fc (locatif) répond exactement à
skr. svdpne (locat.), cf. gr unvoi (locatif et datif de certains
dialectes), v. si. sûnë.
34. — Le nominatif pluriel des thèmes en *-o- et en
*-â- se confondait phonétiquement avec le nominatif singu-
lier: c'est arm. *am qui répondrait phonétiquement au no-
minatif pluriel skr. samâh, tout comme à sdmâ et à sâmâm ;
c'est Hhun qui répondrait phonétiquement au nominatif pluriel
skr. svdjmâh ou, si l'arménien a étendu aux substantifs la
forme de nominatif pluriel à finale *-oi des démonstra-
tifs, au lat. somni (cf. gr. onvot)) et en fait c'est bien *am
et *khun que présente l'arménien, mais élargis par une
caractéristique -kJi -./?, purement et simplement ajoutée à la
forme phonétique attendue. L'origine de cette finale est in-
connue ; pareille addition se rencontre à l'instrumental, c'est-
à-dire là où, comme au nominatif, la forme du singulier et
celle du pluriel seraient sans cela identiques; et, dans le
verbe, les premières personnes du singulier et du pluriel
ne sont pas non plus autrement distinguées : em bJ* „je
suis", emkh *«£ n^ous sommes" ; la deuxième personne du
pluriel a aussi -kh -#: ekh 4^? „vous êtes". L'addition du
-kh ^? du pluriel n'empêche pas la chute des voyelles des
syllabes finales : *çorekh „quatre" (cf. dorien riro/>ec), conservé
dans çorekh-tasan ^pbgunuuufu „ quatorze", çorekh - hariwr
tïckçÇ-cb't ^quatre cents" où il se trouve en syllabe inté-
rieure, est devenu à l'état isolé çorkh i?pg ; le -kh -^ se com-
porte donc tout autrement que la particule enclitique -kh y»
de iwi-kh t'-fr-^ „en quelque manière", en regard de iw h-
„ comment", qui a maintenu le -i -fi final de l'instrumental.
Devant le -kh -# du .pluriel, le traitement est celui
de la finale absolue: à la 2 me personne du pluriel, un
ancien *lieluy-kh „ vous versez" perd son y comme *Jieluy „il
verse", d'où lielukh ^^^«^ comme to ^ b i nu i tandis que, au
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contraire, devant -r -/» final de */ieluyr „il versait", uy donne
oy »u - heloyr ^î*//». — D'autre part il convient de noter
que -Jch ^? est ajouté aux deux noms de nombre dont la
flexion est celle du pluriel dès l'indo-européen: erékh bp^
„trois" et çorkh i»ag „quatre", mais non au nom de nombre,
aussi fléchi, qui était au duel: erku tp^—- „deux". — Toutes
ces particularités auxquelles il faut joindre les règles d'accord
(v. § 104 et suiv.) déterminent dans une certaine mesure
le problème de l'origine du signe du pluriel arménien -kh -^,
mais sans permettre de le résoudre.
Les nominatifs des thèmes en -i- et en -m-: sirikh
ufo-ig n cœurs ", mrdkh i^-n^ „ ornements" ne répondent pas
aux nominatifs en *-eyes 7 *-ewes attestés par skr. -ayah, -avah,
v. si. -lje 9 -ove, gr. -s(y)sç (att. -s^c), -i(F)sç (att. -etç); car on
aurait alors des finales : *-e-M (cf. erekh i*rkg „ trois" en face
de skr. tràyah, v. si. trïje, att. rpecç), *-ew-kh. Les formes
arméniennes admettent plusieurs explications entre lesquelles
aucun critère ne permet de faire un choix et sur lesquelles
il est par suite inutile d'insister.
35. — Les anciennes finales *-0-w$, *-â-ws (avec res-
titution de -ns comme en grec; car l'indo-européen n'avait
que -s), *-t-ws, *-u-ns se réduisaient phonétiquement à -s -«
en arménien (v. § 26); de là Jchun-s ^««.fc— # 7 am-s mT-», sirt-s
ufou,-u j zard-s ^/»t--», de *swopnons, *s°mâns, *k , ërdins, *ptuns.
— La valeur de locatif des mêmes formes est beaucoup
plus malaisée à expliquer; en effet la désinence *-su attestée
par Tindo-iranien, le slave et le baltique (cf. gr. -ai) suit
toujours une voyelle dans les originaux indo-européens des
formes arméniennes ; -s était donc intervocalique et devait
tomber; d'autre part l'élément prédésinentiel devait sub-
sister: à skr. svdpnesu devrait répondre *kh(u)nè et non khuns
^nu'hu^ à skr. ftûsu, *(z-)ardu et non {z-)ards ^-«t»^*», etc.
C'est dans les types athématiques dont le thème est ter-
miné par une nasale, par une liquide ou par une occlusive
que la confusion de l'accusatif et du locatif peut s'expliquer;
-s- subsistait après nasale ou liquide, et sans doute après
certaines occlusives; dans des locatifs comme anjin-s —%*/&-*
„ personnes", astel-s ---irq-u „ astres", durs q-»<.p-« „ portes"
(avec restitution de -s- au lieu du -S- attendu, v. § 15,
cf. skr. dur-su), ot-s —*-» „pied" (cf. skr. pat-sû), la con-
servation de s s'explique ; la confusion de l'accusatif et du
locatif s'est réalisée par suite de diverses actions analogiques
sur le détail desquelles on ne peut faire que des hypo-
thèses; et c'est par analogie de ces types de mots qu'a
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dû se constituer l'usage du locatif en -s -« dans les types
vocaliques.
36. — L'instrumental singulier et l'instrumental pluriel,
distingués seulement par le -kJi -^ du pluriel, s'expliquent
immédiatement par le rapprochement avec les formes
grecques en -tp *(v) qui ont à la fois les valeurs d'instrumental,
de datif et d'ablatif pour le singulier et pour le pluriel,
et avec l'instrumental pluriel du sanskrit en -bhih, du zend
en -bië: -o-v -—/_ de khnov .£*»»£ répond à homér. -o-^é;
-a-w --*- de amaw -Jî—- à hom. -7]<pt (ancien -â<pz), cf. skr.
-â-bJiih; -i-w -f—- de srtiw «/»««^«- à homér. -i-<pt (par exemple
Ft<pc ^fortement"), cf. skr. -i-bJiih; -u -—- (c'est-à-dire -u-w)
de zardu i-rt—- à homér. *-u-<pc, cf. skr. -u-bJiih. Une trace
curieuse du -i final de la désinence est conservée, grâce à l'ad-
dition de l'enclitique -Jch -# (ancien *ke, cf. skr. ca, gr. re),
dans iwi-kh fiifrç „de quelque manière", en regard de iw /»».
„ comment". — On notera deux circonstances remarquables :
1. L'arménien a l'instrumental en *-W&-, comme l'indo-iranien,
le grec, l'italique et le celtique et non en *-m-, comme le
slave, le baltique et le germanique (ainsi v. si. -ml au singulier,
-mi au pluriel). — 2. Les désinences en *-bJi- ne subsistent
en arménien qu'avec l'unique valeur d'instrumental, tandis
que leur valeur indo-européenne était multiple.
37. — Les finales -oç --g, -aç -•-&, -iç -fo, -uç -—■#
de génitif-datif-ablatif pluriel ont, après la voyelle caractéris-
tique de chaque type, un -ç -g qui se retrouve également
dans tous les autres types de déclinaison, mais dont l'origine
est obscure. Comme ce -ç -g n'alterne pas avec une sonore
après liquide ou nasale, ainsi anjan-ç u,%lu,% & w des per-
sonnes", harç Ç-pg „des pères", il doit représenter *-sk- et
non *-Jcs- (v. § 15); et en effet M. Bugge a proposé (dans
ses ^Lykische Studien u , I, 74) l'explication suivante, qui est
fort ingénieuse, mais non susceptible de démonstration:
-ç -g représenterait le nominatif et l'accusatif singuliers
de formes à suffixe secondaire *-sJco- 7 comparables à v. si.
nébesïskû „du ciel", dérivé du thème nebes- de nebo „ciel" ;
ainsi khnoç ^"»g serait un ancien *swopno-sJco-s, *swopno-
sko-n et aurait tenu d'abord la place d'un génitif complément
de nom, puis aurait pris les valeurs de datif et d'ablatif;
de même -aç -«*#, -iç -fo, -wç -««-# représenteraient *-â-sko-s,
*-i-sko-$, *-u-sko-s et l'on s'expliquerait bien la présence ré-
gulière de la voyelle caractéristique de chaque série. —
Quoiqu'il en soit de cette supposition, il est certain que la
désinence -ç -g est de création arménienne et en effet une
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innovation était inévitable: la désinence de génitif attestée
par skr. -âm, gr. -oiv, lat. -um devait tomber tout entière
en arménien ; la désinence de datif-ablatif pluriel dont, le
skr. -bhyah, le lat. -bm, le v. si. -mû et le lit. -mus présentent
des formes d'ailleurs assez divergentes ne s'est pas conservée
et se serait confondue avec celle d'instrumental.
38. — Le génitif-datif-locatif singulier en -i -f* et
-u -,#*. des thèmes en -i- et en -u-, soit srti »p'»l> et zardu ^pi-n*.,
ne répond ni au génitif en -eh, -oh du sanskrit, -es, -aus
du lituanien, -ais, -aus du gotique, ni au datif en -aye, -ave
du sanskrit, 4, -ovi du slave, ni au locatif en *-ë(i) ou *-ô(i),
*-è(u) ou *-du; car l'arménien répondrait à ces formes des
thèmes en -i- et en -u- par zéro pour le génitif et le locatif,
par *-ë et -ew pour le datif. C'est à des formes comme génit.
-iyah, -uvah, dat. -iye, -aoe du sanskrit, génit. -i(y)oç, -u(F)oç 7
dat. -ï, -oi du grec que répondent arm. -i -fr et -u -»«- ; un
génitif arm. srti est donc comparable à un génitif ionien
noXioç. La confusion des thèmes en -ï- et -ï-, en -û- et -û-
est sans doute pour beaucoup dans la création de cette forme,
mais il faut aussi tenir compte d'autres actions; ici, comme
en tant d'autres cas, le détail échappe, puisqu'on se trouve .
en présence d'un paradigme arménien régulier sans ex-
ception et qu'aucun intermédiaire n'est attesté.
Le génitif-datif-locatif singulier en -i -fr des thèmes
en -a-, ainsi ami -Jfr est très énigmatique; il ne répond
exactement à aucune forme d'une langue autre que l'arménien,
sauf peut-être au génitif également énigmatique des thèmes
correspondants de l'irlandais : fûaithe, génitif de tûath ^peuple"
(ancien thème * tenta-). — Le génitif en -ay --j est limité
au cas particulier des noms propres tels que Trdat Srf»*-,
génit. Trdatay Srt- m "u et ne représente certainement pas
une forme ancienne des thèmes arméniens en -a-.
39. — Dans les thèmes en -0-, le datif singulier ancien
en *-ôi (gr. c/j, lit. -ui) devait perdre sa finale ; le génitif en
*-osyo (skr. -asya, homer. -oto) pouvait sans doute aboutir à
arm. -oy -y et par analogie des autres types, cette forme
a pu aussi servir de datif; ainsi khnoy ^"u, cf. skr. svâpnasya
(cf. homér. iïnvoio).
Le seul type de substantifs où l'ablatif singulier eût
en indo-européen une forme distincte de celle du génitif
était les thèmes en -0-; la finale de cette forme casuelle,
attestée par skr. -â', v. lat. -ôd, gr. -& (dans des adverbes)
devait tomber purement et simplement en arménien ; et
c'est khun qui répondrait à skr. svapnât, v. lat. somnôd. Au
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contraire il se trouve que, en arménien, l'ablatif a la même
forme que le génitif dans les thèmes en -0-: khnoy ^t/y ©t
que, en revanche, il a une désinence propre -ë -k dans tous
les autres types. Quelques thèmes en -w- conservent à l'ablatif
Vu du thème en hiatus : zarduë ^^«t-É. — Le -y qui figure
dans khnoy ^i*y et que renferme aussi le -ë -£• de amë wJk,
srtë "r-'kj etc. (-ê -£ étant *-ey) peut être issu de *-tes (ou
*-fos?), cf. le développement de -tah en sanskrit, ainsi
mukha-tdh „de la bouche ", lat. -tus dans funditus, etc., gr.
èvTôç) mais on ne saurait rien affirmer à cet égard.
Le -j -£ des locatifs singuliers tels que telwoj mirqt-n£
est inexpliqué.
40. — Il reste maintenant à examiner quelles sont
les origines indo-européennes de chacun des types voca-
liques.
Les thèmes en -0- -«- représentent le type thémati-
que indo-européen; le thème peut être composé de la racine
seule avec la voyelle thématiqiïe: gorc t-p^ „ œuvre" instr.
gorcov f-*»f^«£, cf. gr. Fépyov (et [F^opy-avov pour le vocalisme
radical); Jcer ffy „ nourriture", instr. kerov ^t—[_ (type gr. lôyoç,
(pôpoç, mais avec le vocalisme du verbe, cf. heray „j'ai mangé",
les alternances vocaliques de l'indo-européen étant éliminées
de l'arménien); hin tyb „ ancien", instr. hnov &»»{_, cf. skr.
sânah, lit. senas; d'autre fois il y a un véritable suffixe indo-
européen, ainsi *-yo- dans mëj «££ „ milieu", instr. mijov
*#£»£, cf. skr. mâdhyah, lat. médius ; *-no- dans mun J**%
„mouche", instr. mnov ffi—L, cf., avec d'autres suffixes, lat.
mus-ca, lit. mus-é (cf. gr. pu ta), v. si. mucha; *-to- dans mard
*R»P1- „ homme", instr. mardov Jfm n m^ cf. skr. mptdh „mort" ;
*-fo- dans barwdkh p^f-np w bon"; *-ro- dans tur «««*/», instr.
trov —r«{_, cf. gr. dwpov, v. si. darû; et *-°ro- dans dalar
i tr u, i ui P „vert, frais", instr. dalarov t—urr"^, cf. gr. &oXepôç ;
*~tro- dans arawr -p-*.? ^charrue", instr. arawrov u»pv<-p—l_,
cf. lat. arâtrum, etc. — En outre il semble bien que les
anciens thèmes en *-es- du type skr. ndbhah „nuée", génit.
ndbhasah, gr. vé<poç, véyeoç, v. si. nebo 7 nebese aient donné en
arménien des thèmes en -0-: hot <»«* „odeur", instr. Iwtov
Çnufn£ rappelle lat. odor (ancien *odôs), gr. (eb-)a>dyç „de bonne
odeur" ; get t**— ^fleuve", instr. getov i-bu,»^ avec vocalisme
radical e qui s'explique bien par i.-e. *wedes-, cf., avec un
autre vocalisme, gr. udeo- dans le datif 5ôei d'Hésiode (avec
M- d'après uâwp), et le dérivé skr. ût-s-ah „ source". — Il
est probable que, avant la perte du genre, quelques thèmes
en -0- admettaient le genre féminin en arménien comme en
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grec et en latin, car nu *»*•«- ^bru 44 , instr. nuov &*«-»£, est
thème en -o-, comme gr. vuôç; le mot mun «&«A „mouche u ,
cité ci-dessus, est thème en -o-, alors que dans les autres
langues, la mouche est du féminin.
Les thèmes en -a- représentent les thèmes indo-
européens en -â- : am W „année a , instr. amaw -<&«-,
a déjà été noté; on peut citer encore skesur *$*««*-/» „mère
du mari u , instr. skesraw «$*«/•«»«., cf. gr. éxopâ, et lezu itv-
^langue 44 , instr. lezuaw i t V i-m^ 1 dont la finale rappelle celle
des synonymes skr. jihva, lat. lingua. Dans les composés
qui désignent des persoiïnes, on retrouve un -a- qui répond
alors au suffixe des thèmes masculins tels que v. si. vqje-voda
^conducteur d'armée 44 , lat. agrirccla, gr. ôpvt#o-&ii}fj&ç, ainsi
on-ker £*$*/» ^compagnon 44 (littéralement „qui mange avec 44 ,
cf. pour le sens fr. compagnon, got. gahlaiba, littéralement
„qui a le même pain 44 ), instr. drikeraw e^^e»"-: le thème
-kera- qui est ici n'est donc pas le même que celui de
ker 4*? „ nourriture 44 , instr. Jcerov $*/"»£; de même les mots
en -awor -«#«.#»/> se fléchissent en -a-, ainsi thagawor p-mt—umf
„roi a (porte-couronne), instr. thagaworaw p-^^ui^^m^^ -wor
ne répond donc pas exactement à gr. -<popo- de arefavr^
<pôpoç 1 mais repose sur *-W&0râ-. Les noms d'agents en -iç
-frt sont aussi fléchis en -a-, par exemple datiç ^m—fr^ ^juge 44 ,
instr. datçaw ^«m^m ; ils ne reposent donc pas sur un
ancien suffixe complexe *-ik~yo- (cf. v. si. kovaëî „faber a ,
kotoriëï „ batailleur 44 , etc.), mais sans doute sur *-î&-#â- (avec
i bref ou long).
Les mots arméniens terminés au nominatif-accusatif
par -i -fr sont les uns thèmes en -o-, les autres thèmes en
-a-; les premiers reposent donc sur i.-e. *-iyo-, c'est le cas
des noms indiquant les habitants de tel ou tel lieu, comme
giwlaçi i-fruqu, 3 fr „ villageois 44 , de giwl tfaq_ „ village a , instr.
giwlaçwov rf*.qu,ijL»£ ; le suffixe -açi -—gfr répose donc sur
*-a-sk-iyo- ; il s'est formé sur des noms en *-â- et renferme
deux suffixes secondaires. Les mots en -i -fr qui sont thèmes en
-a- reposent sur i.-e. *-iyâ-; c'est le cas par exemple des noms
d'arbres comme kalni b->qi»fr „ chêne 44 , instr. kalneaw ^m^km^ de
kalin Çwqffo w gland 44 , ou des dérivés comme matant ifi——*%[,
„bague u , instr. mataneaw Jîuuiufuhu,*., de matn Ji»»à» „doigt a .
Les très nombreux adjectifs dérivés en -i -fr sont aussi de
la flexion en -a-, ainsi -azgi —"%+& „de race 44 , instr. -azgeaw
-«# 77 .*«u., de azg «* w ^race 44 ; plus anciennement ces ad-
jectifs avaient à la fois un masculin en *-iyo~ et un féminin
en *-iyâ-, ainsi lat. patr-ius, patr-ia; gr. Trdzptoç, nazpia\
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skr. pUriyah, pitriyâ ^paternel" ; de là vient peut - être
que les mots en -i -fi fléchis en -a- -«»- présentent une
combinaison de la flexion en -o- et de celle en -a-, génit.-
abl. -azgtocy —» w «.i»/, mais instr. -azgeaw -«• ï ^^-»«., et de
même matanwoy J**m*,%L V ^de la bague", mais instr. mataneaw
JmmamlirirtêÊL ! etc.
4L — Les thèmes en -i- comprennent d'abord les
anciens thèmes en *-*-: iï l>J- „ serpent 44 , instr. iziw fié-fiu
(de *èghi-), répond à skr. dhih, zd oéï£, gr. S<ptç; le suffixe
*4i- est conservé par exemple dans atoth *—-p- „lieu de repos",
instr. awihiw -*-Pf"- en regard de aganim m^ufofrJ* w je passe
la nuit", cf. gr. caù<o, a\>Xtç\ bard p-ri- „amas", instr. bardiw
F-'ri-h, ©f- skr. bhftih) spand —yuA^ ^tuerie", instr. spandiw
«*Y~H^7 cf. spananél *i~a-%i l „tuer" ; le suffixe *-ni- dans
ban p*fc ^parole", instr. baniw p-^*-, cf. dor. (pâfit, att. (prjfii,
(po)vij y v. si. basnï, etc. — En second lieu les thèmes
arméniens en -i- paraissent représenter dans certains cas
des thèmes indo-européens de féminins en *-yâ- ou *-yë-,
dont le nominatif était en *-F, ou des thèmes en *-â-, ainsi
ayc -ub- „ chèvre", instr. ayciw «ï/*/«- ne répond pas à gr.
a?£, atyôç, mais à un féminin *aig'î-\ gort t-p- ^grenouille",
instr. gortiw ^«/«w^ rappelle lette warde, c'est-à-dire un
thème baltique *wardyë-, — Enfin beaucoup d'adjectifs com-
posés se fléchissent en -i-, comme angorc u$%^ n pb- w inactif",
instr. angorciw m%^tÊfb^ } de gorc t-r^ „ œuvre", instr. gorcov
?.f»/^»£; srbazan w-ymï. ^sacré", instr. srbazaniw «/^«•^•«tyt.,
de azn -j* „race", instr. azarnb -^J?, etc. On comparera
le type latin somnus, exsomnis (voir un essai d'explication
dans les Mémoires de la Société de Linguistique, XI, 390 et
suiv.).
Les thèmes en *-w- représentent les thèmes indo-
européens en -u- et en -w-: orth *pp- „veau", instr. orthu
*rP*i-, cf. skr. pfthu-ka-; avec suffixe *-tfw-: zard ii»pt „ orne-
ment", instr. zardu fu»^» tj cf. gr. dprùç; zgest it*—" „ vête-
ment", instr. zgestu ^humn^ de la racine *wes-, cf. lat. ues-tis.
Les mots terminés au nominatif par w *. et v £ ont en
grande partie passé à ce type, ainsi Jcov <f«£ „ vache", cf.
gr. jîoûç, jîo(F)<)ç\ haw <>«»*. „ oiseau", instr. hawu <>um.»i-, cf.
lat. auis. — Les anciens neutres en -w- ont au nominatif-
accusatif une forme élargie par r, ainsi cunr *-»«.fy „genou",
cf. gr. y6vo, et de même les adjectifs comme khalcr ^-ibj»
»doux" (v. § 49).
42. — Par ce qui précède on voit assez que les suffixes
indo-européens ont perdu en arménien leur caractère ancien ;
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ce qui en indo-européen comprenait deux éléments distincts,
racine et suffixe, n'est plus en arménien qu'un mot un:
mard Jï*pt „homme a n'a plus une racine *mer-, *w/*- et un
suffixe *-fo-; il n'y a plus qu'un mot mard J«vt, et ainsi
dans tous les cas. Seuls les suffixes dissyllabiques, comme
*-iyo-, ont pu conserver leur individualité et subsister en
tant que suffixes, dans le type -azgi -—nf, matani *fiM,uM*Aj> } etc.
(v.§40); de même -in -ffc dans arajin : wn-utftï, „ premier 44 , instr.
arajnov -n.u,f%m^ et les autres adjectifs en -in -ffr, de *-w?o-,
cf. gr. aYxiaT'îvoç „qui est tout près 44 . Par suite les suffixes
arméniens ne représentent la plupart du temps pas des suffixes
indo-européens, mais, comme ceux des autres langues à même
date, des formes élargies de ceux-ci; par exemple on a
-oyth "uP- de *-eu-ti- dans erewoyth y f y^njP „ apparition 44 ,
instr. erewuthiw tyïLni-Pfu. à côté de erewél kpért.ï L ^paraître 44 ;
cf. -eu- dans gr. reX-eu-ri) „fin a (?); -awth -—.p de *-au-ti- dans
ataîcfhrkh -qu^p-^ ^prière 44 , gén. dat. abl. alawthiç *>ii*—.pfo J
en face de alaeél u,qu.ik L n prier 44 ; -st -«- de *-s-/t- dans aruest
u*P»i-buu, „art a , instr. aruestiw m^n^hau,^ ou dans af-agast
uMn-u*, t uM U u, v rideau 44 , instr. afagastiw ut^ut^usu^». y cf. aganel
u> tt , u %ir L n se vêtir 44 ; et même certains suffixes sont issus d'un
second terme de composé, ainsi ~aw<yr -«»«.»/» de thagawor
pui^mt.nf „roi a (de fhag P-t ^couronne 44 ), melawor Jt^^/t
^pécheur 44 (de md-lch &<[# ^péché 44 ), erknawor y^lfru,^^
^céleste 44 (de erkin bftfo w ciel u ), etc., dont le second membre
est, comme on l'a vu § 28, un mot signifiant „qui porte 44 , cf.
gr. -<pôpoç.
fi. Types à liquides et à nasales.
43. — Les thèmes terminés par la nasale *-w- sont con-
servés en très grand nombre en arménien et ont même
fourni des types qui ont servi à la formation d'un nombre
illimité de mots nouveaux. Leur flexion est soumise dans
l'ensemble aux règles générales de la déclinaison arménienne
exposées au §31; mais néanmoins ils ont gardé un aspect
très archaïque et présentent des restes remarquables des
alternances vocaliques indo-européennes (cf. § 28).
La flexion de ces thèmes peut se ramener aux types
suivants :
a. — Mots isolés comme anjn -m ^personne 44 , mianjn
Jfcufbto, w moine 44 (littéralement „qui est une personne
seule 44 ).
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63
Singulier:
Nom. ace. anjn —%&
Gén. dat. loc. anjin —%&[&
Abl. anjnè «AA£
Instr. anjamb -H-Jp
Pluriel:
Nom. anjirikh u,%lf,%^
Ace. loc. anjins -Hffo»
Gén. dat. abl. anjanç ufol-%g
Instr. anjambkh u*%imJfcç
mianjn Jjfu*%&%
mianjin Jfc-%11,%
mianjnë Jfc-mt;
mianjamb Jfcu&lmJf.
mianjurikh Jp— %*—.'%£
tnianjuns Jj[fuA^*.%a
mianjanç Jfcufblufcg
mianjambkh i^uAl^Jf^
b. — Abstraits en -umn -*t-3l, comme ïarïumn i^pé-n^aù
^mouvement", ou en -uthiwn -—.p-frA*, comme gituthiwn
tfmmê p-frA „ science" (et aussi les autres mots en -itvn -£*& comme
ariwn «v^'k^sang"); quelques mots isolés comme durn j.««-*fr
„porte a (génit. sing. dran rr*»*, nom. plur. drurikh wA^) ;
et les monosyllabes comme tun —nA ^maison", Sun £»«■*»
„ chien", génit. tan «»«&, San £»*.
Singulier :
Nom. ace. sarïumn ^pJ-^Sù gituthiwn ^mn^p-^%
&én. dat. loc. Sarïman £-r«* JïA gituthean nJ»—ni-p-lrui%
Abl. Sarïmariè ^pJ-J^bk gituthenë ^—mt-p-Vul;
Instr. Sarïmamb zu»pé-Jï»Jp gitutheamb ^t>—**-p-yu»Jp
Pluriel :
Nom. Sarïmunklfi i^pé-J^^kg
Ace. loc. Sarimuns i^^é-JU^ùa
Gén. dat. abl. Sartmanç i^pé-J^t^
Instr.
gituthiwnkh ^^uLp-f>ê\g
gituthiums tfw.p-fi'.iiu
gitutheanç +f*——-p-yufyg
Sarïmamb)chiu'fé-J x u,Jp t g gitutheambkh ^mn^p-hoêJ^
44. — Le trait caractéristique de cette flexion, ce sont
les alternances : -in-, -an-, -un- qui se présentent au complet
dans le type mianjn: mianjin, mianjamb, mianjunkh, et au
nombre de deux dans les autres: anjn: anjin, anjamb et
fariumn: SaHman, ëarZmunkh; ces alternances remontent à
l'indo-européen et l'arménien est ici d'un archaïsme presque
unique.
Devant les désinences commençant par consonne, l'indo-
européen employait toujours le vocalisme sans e dans la
syllabe prédésinentielle ; l'instrumental pluriel des thèmes
sanskrits en -n- présente donc une nasale voyelle, avec son
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54
traitement normal -a-, soit, à l'instrumental pluriel, -a-bhih ;
l'arménien a de même -am-b -—£p sans exception dans tous
les types. — Le traitement est le même au génitif-datif-
ablatif pluriel ~anç -~%g.
L'ablatif singulier est d'ordinaire tiré du génitif-datif-
locatif par simple addition de -ê -4, mais il y a trace d'un
vocalisme spécial sans e, représenté par arm. -an —*, dans
quelques mots comme jern **«.* „main", génit. jerin ibn-ffo,
abL jeranë M«~-%k.
Au génitif-datif-locatif singulier on rencontre deux
vocalismes: -in -ffc et -an -«»*; l'un représente le type *-en-es,
*-etiros de gr. not/iév-oç, noe/iev-t, v. si. kamen-e, skr. brâhman-ah
(„de la prière") et brahmâtv-ah „du brahmane" (génit. abl.),
brâJtman-e (dat.), brâhman-i (locatif); l'autre une ancienne
forme à vocalisme prédésinentiel sans e, *-°n-eSj cf. skr. vj-sn-ak
„du mâle", etc.
Le nominatif et l'accusatif pluriels avaient en indo-
européen des vocalismes prédésinentiels différents ; mais les
deux cas ne diffèrent plus en arménien que par les désinences,
-kh zp au nominatif, -s — à l'accusatif; le vocalisme qui a
persisté est celui du nominatif. Le type -in-kh -[&•# de anjinkh
uAAfihg ^personnes" représente *-en-es, cf. gr. \notp-)év-e<;)
le type -un-kh -m^-^ de micmjunkh dp-Ai—ty représente *-on-es }
gr. -ov-eç ; l'opposition du simple anjinkh >»%&}%£ et du com-
posé mianjunkh J/>-î*ln*A m p reproduit celle de gr. <ppéveç :
âypoveç] mais l'arménien a conservé un état plus ancien que
le grec en ceci que le grec a généralisé le vocalisme o à
tous les cas de la déclinaison de â<pp<ov : génit, â<ppovoç, dat.
àypovt, tandis que l'arménien a conservé l'ancien vocalisme e
au génitif-datif-locatif sing. mianjin ÊifruAlffa ; cf. le contraste
du nominatif lit. akmà „ pierre" et du génitif akmens\ du
nominatif got. hairtô „cœur" et du génitif Jiairtins. De
même dans tous les anciens masculins et féminins -un-kh
-iti.'b-^ représente *-ones ou *-ônes, ainsi dans harsunkh <Ç««/»«««.i^
„brus". La désinence *es du nominatif pluriel a laissé sa
trace -e- -*- quand un élément ajouté empêche la voyelle de
se trouver en syllabe finale: amen-e-kh-ean u,Jk%-y^g-kufr
„tous", cf. çor-e-kh-tasan inpbçu,MM,uu,% ^quatorze" et Zorekhhariwr
t»rkpÇuirft. i , ,,400". Dans les anciens neutres *-un-kh —*.%-^
repose sur *-owa ou *-ôwâ, cf. got. hairt-ona „ cœurs", skr.
brdhmâni ^prières".
x 45. — Dans la mesure où il s'agit d'anciens neutres,
l'identité du nominatif et de l'accusatif singuliers s'explique
immédiatement: -mn de Hariumn i^pé-n^UL ^mouvement" re-
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55
présente le nominatif-accusatif indo-européen en *-mw (skr.
-ma, gr. -//a, lat. -tnen). Pour les anciens masculins et féminins,
la confusion du nominatif et de l'accusatif est analogique
de celle des types vocaliques ; le nominatif avait une simple
voyelle longue: skr. -â, lat. -ô, lit. -û, ou une voyelle longue
plus nasale: gr. -çv et -o>v; l'accusatif avait une syllabe de
plus: skr. -ânam et -anam, gr. -ova et -eva, lat. -iwem, etc. —
Dans un certain nombre de substantifs désignant des per-
sonnes et d'adjectifs, c'est le nominatif ancien, c'est-à-dire
une forme sans trace de nasale (puisque *-ô ou *-ôn abou-
tissaient également à zéro à la finale arménienne), qui a été
généralisé ; c'est ce qu'on rencontre dans les mots en -ik -fi
et -tûc -*«•#: aljik ^%îtk Jeune fille", gén. aljkan -iH*>%,
nom. plur. aljkunkh -,%£ f«*->^? ; manuk JùA»*-t[ „ enfant a , gén.
mankan -/2»fc$«.fc, nom. plur. wankunkh «£•&(««>;£; pJiokhrik f'igrH
„petit tt , génit. phokhrkan f^rf-A-, peut-être aussi dans le
mot isolé kMr .g»»r „pierre u , nom. plur. kharinkh .p—rPkp. —
Dans tous les autres mots, on trouve -w -fc, par exemple
garn +—*.% „agneau u en face de gr. Fapiljv: ce -n -fc n'est
pas explicable directement ; il résulte en partie de l'influence
des anciens neutres du type $arïumn imfJ-—.9l\ il y a eu
en même temps contamination de *anj qui serait la forme de
nominatif et de *anjinn qui serait la forme d'accusatif. On
ne saurait rendre compte du détail, mais on entrevoit l'ex-
plication.
46. — Dans un assez grand nombre de mots, une
flexion à nasale apparaît aux cas du singulier autres que le
nominatif-accusatif sous la forme suivante : Jmngist ^-a^*»-»
„repos a , génit. Jiangstean ^u^^.umbut'y^ pJiaxust ^-fun^uu, „fuite",
génit. phaxstean f-fauuiiruSb ; ïolovurd «/*»£« £^f. „ assemblée,
peuple 44 , génit. zolovrdean é-nqn^^hu/b ; tesïl ml*»frL „ vision 44 , génit.
teslean —!*»£*»%) etc. Dès lors il est très naturel de con-
sidérer le type en -uthiwn -—.p-frt-'u, génit. -uthean -—-p-hufi,
comme une forme élargie du type en -oyth -»jp- qu'on a
dans erewoyth y^h^-jp- ^apparition 44 ; et, comme ce dernier
type appartient à la flexion en -f-, en réalité -thiwn ~p-fc**u est
ici *-#- suivi d'un suffixe d'élargissement en -«-, c'est-à-dire
qu'on doit rapprocher le type latin de inentiô, mentiônis.
D'une manière générale les thèmes arméniens en -w-
représentent fort bien les thèmes indo-européens en -n-;
ainsi eln ife „cerf a répond à v. si. jelen-. Le type en -wm
de jermn &?& ^fièvre 44 , sermn uk v 3L ^semence, descendance 44 ,
répond bien à celui de skr. jdnima „ naissance 44 (génit.
jânimanah), gr. Trveù/Jta ^souffle 44 , etc. Le -w- de -umn -»**
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56
dans le type ëarzumn s'explique par la nécessité de donner
plus de corps au suffixe ; M. Osthoff a essayé de déterminer
le point de départ de cette addition dans les „Sprach-
wissenschaftliche Abhandlungen" de L. v. Patrubâny, II, 62
et suiv.
47. — Les thèmes en -r- -/»- et -£■ -^- sont moins nom-
breux et leur aspect est beaucoup moins archaïque que celui
des thèmes en -w-, en ce sens qu'on n'y trouve plus trace
d'alternances vocaliques de la syllabe prédésinentielle. Les
paradigmes sont:
Singulier :
Nom. ace.
Gén. dat.
Abl.
Instr.
loc.
oskr "-fa „os a
osier »«$*/»
oskerè n-l^hpk
oskerb »«\*pp
Pluriel :
asÛ —w—i_ „ astre"
OStel uiumbfj_
astelë uêauthnk
astelb uiêÊinbup
Nom.
Ace. loc.
Gén. dat.
Instr.
abl.
oskerkh «-^pg astelkh w-^k^g
oskers »»{*/»« astels w-mb-qa
oskeraç nu^hpuê^ astélaç wumbuwg
oskerawkh n-^pm^ astelawkh^u^bqu»^
Le vocalisme e de la syllabe prédésinentielle a été
généralisé ; astelkh -umb^ répond bien à gr. àarépeç (sauf la
différence de r et l)\ dsterkh i-u—Lpp (nom. plur. de duçtr
^nuuuip n fiUe") à gr. âbj-drepeç, etc. — L'extension de -a-
-«»- du type vocalique en -a- ne s'est pas produite dans
tous les mots: le génitif-datif-ablatif pluriel de hamr <>«»«#
„muet tt et de tarr —-pp „élément u est hamerç ^-dkp gi tarerç
ututpirpa,
48. — Trois thèmes en -r- -/»-, tous trois termes de
parenté, ont conservé un aspect plus archaïque et, par suite,
anomal: hayr Ç-jp „père", cf. gr. narijp, mayr J»>jp „mère u ,
cf. gr. p^rrjp } etbayr bqç-jr „frère u , cf. gr. <ppdryp. Ils se
fléchissent ainsi:
Singulier :
•kt _ ? >• \ cf. jzazrjp: ancien nominatif généralisé
Nom. ace. hayr ^u. Jr J comme '^ ns les mots en . k \ v . §46 .
Gén. dat. loc. hawr *>««-/» cf. gr. jzoltqoç, natgt, skr. (datif) pitre.
Abl. hawrë Ç«"-i*k dérivé de la forme précédente.
Instr. îiarb ^"77* la forme radicale har- <«•/»- fait difficulté.
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Pluriel:
Nom. harkh Ç~pp
Ace. loc. hars <J«r« / e ^ e P eut " être Phonétiquement sur
Gén. dat. abl. Jiarç *>«•»/«#
Instr. harbkh 4 m eag>
49. — Les thèmes en -u- indo-européens étaient sujets
à être élargis par *-ew- et *-er-, de là des thèmes alternant
en *-wen- et *-wer- dont le plus remarquable est skr. ptvan-
(masculin), féminin pïvarï, gr. tziwv, neutre ntap, féminin
msipa. De là vient que les adjectifs arméniens thèmes en -w-
tels que phokhr $içp „petit u ont une flexion compliquée dont
le nominatif singulier en -r -/» repose sans doute sur une
ancienne finale de neutre en *-ur et dont le pluriel a le
suffixe -w-; ce qui montre bien que -ur est une finale de
neutre, c'est que le mot erëç t*rkg „ancien, prêtre 44 , qui ne
peut représenter qu'un masculin, a l'élargissement -w-, mais
non pas le nominatif en -r; ainsi:
Singulier :
Nom. ace. phokhr ^tft erëç kpkg
Gén. dat. loc. phokhu $»g—- eriçu ïrèâ-*-
Abl. phokhuë ^ngn^k eriçuë kpfant-k
Instr. phokhu $ip»i. eriçu £/»/#««-
Pluriel:
Nom. pJwkhunkh ftp»*- 4 *^ eriçunkh *rfo"**ip
Ace. loc. phokhuns f^ç—Au eriçuns trpfy»Li,u
Gén. dat. abl. pliokhunç $» J pn*.'ug eriçawç k P f» 3 u,% g
Instr. phokhumbkh fngmJfiç eriçambkh bpfousJfe
Les thèmes neutres qui avaient en indo-européen des
élargissements en -w- comme celui du nom du „ genou 44 (skr.
januy duel janunï ; gr. yovo, rov(F)aToç) n'ont pas en arménien
-n-, mais ils ont au nominatif -r -/t : cunr a-««-fy „ genou " ; de
même melr JLqp „miel a , génit. melu JLq»*-\ asr «»«/* „ toison 44 ,
génit. asu -*»<-, etc. Plusieurs de ces mots ne sont plus
fléchis en arménien; c'est le cas de cunr a-««-fy ^genou 44 , de
artcifWsr wp—u$*.u[, v larme 44 , cf. gr. dâxpu.
Par ailleurs la flexion en -r- -n- de skr. ydkft^ yàkndh,
gr. rjnap, Tfjizazoç, lat. iecur, iecinoris ne s'est pas conservée en
arménien; mais il en subsiste une trace dans l'opposition
de hur <>»v» ^feu 44 , cf. gr. nup, v. h. a. fiur et du dérivé
hnoç &»g ^four 44 , cf. got. fon, génit. funins „feu a .
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y. Mots anomaux.
50. — En arménien, comme dans les autres langues,
les mots anomaux sont en grande partie des restes isolés
de types autrefois réguliers.
Le nominatif - accusatif singulier îchoyr .gyp „sœur a
est l'ancien nominatif *swe$ôr (v. § 16); le génitif-datif-
locatif kher #**- représente *swesros, *swe$rai, *swe$ri (v. §20);
l'instrumental kherb ^pp a été refait sur le génitif, car
*swesrbhi aurait sans doute abouti à *kharb 7 et l'on expliquera
de même le génitif-datif-ablatif pluriel kherç jstpj] le no-
minatif pluriel khor-kh #»p^ repose sur *swesores.
L'explication de ayr -jp „homme u est discutée ; le plus
probable est qu'il faut rapprocher gr. àvyp] alors ayr ~yr
serait l'ancien nominatif à identifier à gr. àwfjp) le génitif-
datif-locatif arn -*b répondrait à âvdpàç, àvdpi et représen-
terait une transposition de nr en m, d'où rn **; l'instru-
mental aramb «»/»«»«£ serait fait sur arn —"t ; l'accusatif pluriel
ars T* peut s'expliquer par *anrns, cf. àvdpaç, et de là le
nom. plur. arkh «7»/?. — On a vu § 19 que ter -kp est com-
posé de M- (ancien */ê-) et ayr\ ceci posé la flexion de ter
—kp „ seigneur u , gén. tearn —kuinù s'explique d'elle-même.
Sur la flexion de atvr u»-p „jour a , gén. dat. abl. awur
un.™.? (d'où abl. awrè «"- r k y ancien *awurê), v. §25.
51* — Les mots otn »—% „pied a et jern M-A w main tt ,
thèmes en -n- au singulier, font au pluriel, l'un otfch »«iç }
otiç -—fa, l'autre jefkh 4*«l£, jefaç iy*-—g\ c'est que ce ne
sont pas d'anciens thèmes en -w-; la nasale du singulier
provient de ce que la forme de nominatif-accusatif repose
sur l'ancien accusatif: otn »•»*» répond à gr. nàda, jern à
gr. x &i P a \ sur * e nominatif - accusatif il a été fait une
flexion du singulier en -w-; mais le pluriel n'a pas suivi;
otkh —ip répond à gr. nôdeç (ou au duel nôde?). De même,
si durn 7-»*-«-îr n porte" est thème en -n-, c'est que durn
i.*un.% repose sur un plus ancien accusatif *dhurn; mais
ici le pluriel même a passé à la flexion en -w-, et les formes
sans -n- ne sont conservées que partiellement; toutefois
l'adverbe durs 7-««-/»» „ dehors" employé comme lat. foras,
révèle l'ancienne forme et d'ailleurs l'accusatif pluriel durs
T-ft/*", le génitif-datif-ablatif draç tp-g, l'instrumental drawkh
T-pw^ subsistent à côté de drunkh +p»i.%g, dranç +p"à'&. —
Plusieurs autres thèmes en -w- s'expliquent sans doute
comme otn »-&, jern &bn.% et durn i-—-n-%, mais ils n'ont pas
conservé l'ancien pluriel sans -n-.
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69
Il est possible que la nasale de akn "fo „œil" soit
aussi celle d'un ancien accusatif. Le pluriel aôkh -i# „yeux"
génit. açaç -ifj, du même mot représente un ancien duel,
cf. homér. oooe, v. si. oti, lit. aJcï (v. § 23). — Le mot unkn
m L %t(h ^oreille", évidemment inséparable de zd uëi „les deux
oreilles", gr. o5c, etc. mais de formation obscure, suit le
modèle de ahi **ffc; pluriel akavjkh «4«A£j» „ oreilles" avec j f_
après n, c'est-à-dire la sonore attendue en regard de ç i_
(v. § 15). H n'est pas impossible que cungkh ï— -%?.-& „genoux"
à côté de cunr ^-t-fy ^genou" repose sur un duel *g'onm\
g * représenterait alors w après n.
52. — Le caractère extrêmement anomal de la flexion du
nom de la „femme" en indo-européen a persisté en arménien ;
l'alternance vocalique de *^r , cn-: g ,e9 n- J g w n-, attestée par
l'irlandais: nom. btn „ femme", génit. mnd, et le contraste
entre un thème simple et un thème élargi, attesté par gr.
forf, yuvaîxeç, subsistent dans arm. nom.-acc. sing. kin 1rffc
„femme", cf. v. pruss. genna, v. si. Zena, et nom. plur. kanaykh
(«•feMf^, cf. gr. yuvaîxeç. L'instrumental kanamb ^-A-dp. et le
gén.-dat.-abl. pluriel banane tj-iwig rappellent les formes cor-
respondantes de ayr «#/" „homme" : aramb -p~Jp, aranç «r«»fy,
et en sont sans doute analogiques. Il reste le génitif-datif-
locatif singulier knoj {&«£, complètement énigmatique avec
son o et son J.
L'explication du génitif tmnjean -—.pigàr^f. de tiw -»^«-
„jour" est inconnue, comme aussi celle de l'espèce de locatif
% tue f» -»*-k „le jour". — Et l'on ne connaît même pas
l'étymologie de giwl th»L „ village", gén.-dat. gelj t^ii.)
loc. giwl tt'-'L*
S. Sort ultérieur de la déclinaison arménienne.
53. — Bien que résultant déjà d'innovations analogiques
étendues et systématiques, le système de la déclinaison de
l'arménien ancien n'était pas encore parvenu à un état .
d'équilibre durable.
1 Le singulier et le pluriel n'étaient pas parallèles, l'un
distinguant Jà oii l'autre confondait et -inversement ; par
exemple le singulier confondait le nominatif et l'accusatif
et le pluriel les distinguait. Le -kh zç du pluriel provoquait
des groupes de consonnes étranges et compliqués. Toutes les
difficultés ont été levées par la substitution de collectifs
aux anciens pluriels ; l'ancien arménien avait déjà quelques
cas de ce fait: orear -pb-r „les gens", gén. oreroy "/•*/"»/;
mardik J%ut etbk ^Igs hommes", gén. mardkan Jùtpf^m% } servant
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ordinairement de pluriel à mard -/2»/>t- „homme u ; mankti
Jim'uti-fc „enfants a de manuk ■&*««.$ „enfant u ; awagani *»•-•**
^m%[. „grands u de awag -*--i- „grand u ; xozean fr-ibufc „porcs u
de ocoz /»*f nporc" ; toutefois, en arménien classique, la
valeur collective subsiste encore nettement et c'est erhuç
mardoç bpfa'-a ^n-a qui traduit duo dvtipwîrwv Jean, VIII, 17.
Le type en -ear -*««/» de orear »/»*-*/» et celui' en -awi — &/>
de awagani im±m+m%fi sont devenus réguliers l'un dans les
monosyllabes, l'autre dans les polysyllabes. Par là même la
flexion du pluriel est devenue la même que celle du singulier,
en arménien moderne comme dans les langues caucasiques
du sud, coïncidence singulièrement frappante.
D'autre part les divers types de déclinaisons ont des
formes communes; le nominatif-accusatif en. particulier n'a
une forme caractéristique dans aucun; au singulier, un
thème en -t- et un thème en -a- ne se distinguent qu'à
l'instrumental, tous les autres cas ayant mêmes finales. Des
confusions étaient donc faciles et on en rencontre dès l'ancien
arménien : zawr i*"-? „ force", thème en -m- au génitif singulier
zawru i***-/!"!-, est thème "en -a- au génitif pluriel zatvraç
lu,L pu , â . Il en resuite que, au cours du développement
de l'arménien, les divers* types ont tendu à se réduire à
un seul.
La déclinaison, telle qu'elle apparaît en arménien
ancien, est donc dans une période de transition.
B. Déclinaison des démonstratifs, interrogatifs, etc.
54. — Les démonstratifs, interrogatifs, indéfinis, etc.
avaient en indo-européen une déclinaison dont la plupart
des cas avaient des formes propres; l'arménien a conservé cette
particularité dans une certaine mesure. La flexion de no-yn
% »v % r> ce m ème a (où no- est l'élément fléchi et -yn une parti-
cule invariable) et celle de ov —[_ „qui a illustreront le fait,
si on les rapproche de celle du substantif thème en -o-
get t-km (v. § 31); on notera que, seul, l'ancien masculin
en *-o- est représenté; le féminin en *-â- des mêmes thèmes
a disparu:
Singulier :
Nom. ace. no-yn W/fc ov »»l_
Gén. nor-in %-p-ffc oyr y?
Dat. loc. nm-in W^r (de *num-iri) um »«-*r
Abl. „ umë ««-•*
Instr. now-in i-j-p. n
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Pluriel :
Nom. nokh-in iip-fi oyhh »j#
Ace. loc. nos-in i»"-ffc oys y
Gen. dat. abl. noc-in i^-pu oyç »jg
55. — Le datif et le locatif qui ont des formes
distinctes dans les substantifs thèmes en -o- ont au con-
traire une même forme ici, et cette forme a un aspect
caractéristique; elle répond au datif attesté par ski\ tdsmai
„à celui-ci", v. pruss. stesmu, cf. got. tyamma, et au locatif attesté
par skr. tdsmin, v. si. totnï. La même forme a sans doute
aussi servi d'ablatif, car les démonstratifs du type de ayn
wji ont encore, quand ils précédent le substantif et qu'ils
ne sont par suite pas accentués, un ablatif tel que aynm
«s/W; ainsi yaynm kolmanë j-JU* 4»fJ*Ak „de ce côté-là" ;
la formation est alors comparable à l'ablatif skr. tdsmât (ce
qui ne veut pas dire, bien entendu, qu'elle soit indo-euro-
péenne) ; mais d'ordinaire la caractéristique -ë -4 de l'ablatif
est ajoutée, ainsi dans umê —-Jk „de qui u .
La caractéristique -r -/t du génitif nor-in fc»/»-^, oyr y?
n'est pas un reste de désinence indo-européenne comme -m -r
du datif-locatif; le sanskrit a le démonstratif tdsya „de
celui-ci", comme le substantif mârtasya „du mortel", la
langue homérique a voco comme (ipozoto ; mais, de même que
le latin et le slave, l'arménien s'est constitué un génitif
propre au type des démonstratifs; les innovations de ce
genre, par ceci même qu'elles sont limitées à une seule
langue, ne sauraient être expliquées que d'une manière
hypothétique; arm. nor- et oyr ne sont pas moins obscurs
que lat. istius et v. si. togo. On est tenté de voir dans -r -/» une
ancienne particule apparentée à gr. pa } lit. ir f et qui se
retrouve en arménien même peut-être dans le relatif o-r »-/»
„qui, lequel", et dans le verbe, notamment à l'impératif.
Dès lors oyr -j? „de qui" représenterait *kosyo-r, cf. skr.
kdsya, et èr kp „de quoi", *kesyo-r, cf. gâthique tahyâ et
aussi v. si. ëeso „de quoi", v. h. a. hwes, gr. réo, tou. — Il
reste alors à rendre compte du contraste de oyr »jpi °ykh
»/./?, etc. et de nor-in fc«/»-^, nokh-in ïnp-ffa^ etc. ; la diphtongue
finale *-oi du nominatif pluriel (homér. toc „ceux-ci") devait
donner arm. -o, de même que *-ai final a donné -a -«*
(v. § 26); donc no-kh-(in) %—^-ffc est la forme attendue au
nominatif pluriel; le -kh -# n'empêche pas le traitement
de la finale (v. § 34); au contraire *-osyo devait donner
-oy -y, donc oyr «#» est la forme attendue au génitif singulier ;
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-o- -*•- aurait été généralisé dans les démonstratifs et -oy- -y-
dans Tinterrogatif. La prédominance du génitif singulier dans
l'interrogatif tient à ce que le singulier ov »£ est beaucoup
plus usuel que le pluriel et à ce que l'indéfini o-kh «^ n*! 116 !"
qu'un" (cf. skr. Jcàç ca) a seulement le singulier.
56. — La flexion qui vient d'être décrite se retrouve
seulement dans deux groupes: 1° les démonstratifs; 2° les
interrogatifs et indéfinis.
l. Démonstratifs.
Les démonstratifs forment trois séries exactement par
rallèles, caractérisées parles-consonnes radicaler, * «r pour l'objet
rapproché (notamment de la personne qui parle) ; d t pour
un objet moins proche (rapproché par exemple de la per-
sonne à qui l'on parle); n *» pour l'objet éloigné. L'élément
s « est identique au radical du démonstratif indiquant
l'objet rapproché dans la plupart des autres langues : v. si.
sï, lit. J3is 7 alb. si-, got. Ai-, lat. cis, citrâ et phrygien oe(iouv\
arm. ays awr "y- w-r ^aujourd'hui" répond bien à v. si. dïnï
si, lit. fiehdën, got. himma daga, gr. cnçfispov (de *kyârneron.) L'é-
lément fc est le même que dans v. si. onû, lit. a fis „ celui-
là", got. jains, etc. Enfin d f a été rapproché ci-dessus
(§ 11) du thème skr. td-, gr. ro-.
De chaque série on a: 1° un ^article": s *> d *, n %,
particule invariable, qui sert à déterminer un mot, un
groupe de mots ou une phrase et se postpose: mard-s
Ju* Pn .-u n l'homme-(ci) a . — 2° un démonstratif proprement
dit: ays "y», ayd *yr, ayn -yi. — 3° un pronom anaphorique:
sa —», da f», na w, composé d'un élément fléchi so-, do-,
no-, suivi d'une particule -a, ancien *-ai (v. § 26); le nomi-
natif sa —» est *so-ay, génit. sor-a —>i—*, dat. sm-a —£**. —
4° un adjectif et pronom marquant identité soyn »»fr, doyn
tvh noyniiyi', composé du même élément fléchi que le pré-
cédent et d'une particule -in, sans doute identique au -*v
de gr. obroo-iv. — 5° des adverbes de lieu, pour les trois
questions ubi, quo et unde, chacun accompagné d'une forme
à particule -in -fi marquant identité:
ubi: ast ->»- „hic u aydr uyw „istic u and »à»t „illic u
quoi aysr *y*r „huc u aydr -y^p „istuc u andr «A?./» ^iHuc"
unde: asti *»«*>£ „hinc u ayti »y—}> „istinc u anti -%*,£ ^îllinc".
L'opposition du t de ast ™»*i „hic u et du d de and «^7-
„illic a montre qu'il s'agit d'un *-t- indo-européen; au con-
traire asti uê U u,[, w hinc u et anti -,%*,$ „illinc a ont un ancien
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63
*d; le -r y de aysr *y»r „huc", etc., rappelle celui de ur —.?
„où" (ubi et gwo), cf. lit. kur. Les formes à addition d'encli-
tiques comme ure-kh ««./^ ^quelque part", astèn -.**.&. ^ioi
même" (de *aste-yri), andrén m%^. r ^% „là même" (de *andre-yn), etc.
indiquent que la voyelle finale qui est tombée dans ces ad-
verbes est un e, cf. v. si. kûde ,,011". Il faut citer aussi astust
uimuim^um ^d'ici", et andust -A^n^m ^de là", cf. usti «*-«««^
„d'où a . — 6° Des mots signifiant „ voici, voilà": awasik
u0LM,m/if J awadik uiLm^f^ awanik â*«.«»tyf.
Les démonstratifs ays »y, ayd —ji, ayn —j*» ont aux cas
autres que le nominatif-accusatif singulier deux formes, Tune
brève employée quand ils précèdent le substantif, l'autre longue
quand ils suivent le substantif qui est alors muni de l'article :
aysm lerin ^j-J* itefi* „à cette montagne" ou lerin-s aysmik
érb % " m j uJ tk n& cette montagne-ci". La forme longue est
caractérisée par l'élément -ik -H qui maintient la voyelle
précédente; dans la forme brève la voyelle tombe phoné-
tiquement; soit le génitif *aynor: forme brève aynr «j/fy,
forme longue aynorik -»fl"v{'4.
2. Interrooatifs et Indéfinis.
57. — Les interrogatifs sont, pour les personnes: ov
"i. n ( l u i 4 S °£ s kr. kdh, v. si. kû-to, pour les choses: i- „quoi",
cf. gr. rt, v. si. 8ï-to, lat. quid; le v final du nominatif-
accusatif ov «£ n'a sans doute pas de valeur étymologique : c'est
peut-être le traitement phonétique de *-os et *-on à la finale d'un
monosyllabe; le nominatif-accusatif *i est inusité; on ne
trouve que z-i tfr ou *inç fit., La flexion du singulier
est donc:
Nom. ace. ov »i[_ %-i ib (et inç p*t_)
Gén. oyr n JP èr h?
Dat. loc. um »«-«r Mm <#«/*, %m fif
Abl. umè —-Jk imè fiA (et z-mè <£*!£)
Instr. (remplacé par orov «/»»£) iw }>»-.
Les indéfinis (employés dans les propositions négatives
et conditionnelles) s'obtiennent par addition de la particule
-kh -4? , ancien *-khe, correspondant à skr. m, lat. que, gr. re ;
la flexion présente quelques complications:
Nom.
ace.
Ml nç
*ikh*fe (dans
çikhifig
n rien
u )
Gén.
urukh —-pn^
irïkh fo/iç
Dat.
loc.
umekh
nutflrp
imikh frJ{iç
Abl.
umékhê
t»Li/lrn£
imekhë frJkçk
Instr.
7
f
iwikh f"-kp.
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Un autre indéfini omn -Su „ quelqu'un" (employé dans
les propositions positives) n'avait sans doute rien à faire
originairement avec les mots précédents; il est identique
pour la forme à got. sama n le même" (cf. gr. ôjiàç) et pour
le sens à got. sums ^quelqu'un", gr. (oàd-)afiôç „ personne";
mais l'action de ov —[_, ôkh np a maintenu au nominatif
Yo qui devait devenir u devant m et changé toute la flexion,
d'où, au singulier: nom. ace. omn -&, gén. urutnn nM. (t nM.X }
dat. umemn —.&&, mais instrumental omamb —r-Jp^ et plur.
nom. omankh ««/Z^, etc.
Emploi de la désinence -um -««.«r de datlf-locatlf singulier,
58. — La désinence -um -*«-«^ de datif-locatif singulier
se rencontre en outre dans beaucoup d'adjectifs qui se
fléchissent suivant le modèle de get t*"": instr. getov ^hu,»^
à tous les autres cas; tous ces mots ont l'ablatif corres-
pondant en -me -Jk :
le relatif or »r n qui, lequel", gén. oroy »/t«/, dat. loc.
orum "/»»«-«/*, abl. orme »pJk\
les adjectifs possessifs: im fis „mien", gén. imoy fr^y,
dat. loc. imum ^t.J % \ et de même: hho ^- „tien", mer JLp
„notre", jer M? „ votre";
les mots signifiait „ autre" : ayl >»ji__ (ayl -ui_ des vieux
manuscrits), cf. cypr. atXoç, et miws «#«-« (combinaison armé-
nienne de mirews „un encore"); dat. loc. aylum u i/l a L j % i miw-
sum ^«.«mmV; le grec a de même le neutre âlXo ; le sanskrit
fléchit dnyah „ autre", dat. anyâsmai, loc. anydsmin) le latin
alius, génit. alius, etc.;
le mot signifiant „un", mi «#, gén. mioy Jfry, dat. loc.
mium J/mt-J*) mais il y a une autre forme concurrente très anomale
pour le génitif, wiioJ^«£, et c'est de là qu'est tiré l'ablatif
miqjë «#"££; cette finale -oj —f_ est la même qu'au locatif
telwoj u.bqi.n£ (cf. § 31) et au génitif-datif-locatif hnoj tfi»l_
(v. § 52). Pour la flexion de démonstratif, cf. lat. Unus, Unius,
skr. ékah 7 loc. ékasmin, etc.;
les adjectifs en -in -ft, comme arojln u,*-u,2£ù ^pre-
mier", locatif arajnum «#«.«^^1/*, cf. le datif skr. purvasmai
„pour le premier" ; et de là d'autres ordinaux qui ne sont
pas thèmes en -0-, ainsi erkrordum yp^-^nudr ^second" (au
locatif). Au contraire aj~£ „ droit", génit. ojoy «<£«/, dat. loc.
ajum «^««.-r, abl. ajm'e w£Jk n'a pas agi sur aheak mÇhwti
„gauche", qui n'est pas thème en -0-.
En arménien classique, la désinence -um -^s n'a pas
franchi ces limites ; néanmoins on trouve déjà chez un écri-
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vain aussi pur qu'Eznik: i hnumn ew i norums fi <Z%»i.*% b*.
fi %n r „uj^ ^dans l'ancien et le nouveau (testaments)".
La désinence -um -»«-«/• s'est étendue ensuite en fonc-
tion de locatif; elle fournit des locatifs à des substantifs
quelconques dans le langage spécial des traductions philoso-
phiques, et aujourd'hui dans les dialectes orientaux.
C. I
'ronoms personnels.
59.
— Flexion.
l n pers. sing.
2«»« pers. sing.
l re pers. plur.
2"'« pers. plur.
Nom.
es L«
du 7-w«-
mekh Jkg
duJch t-*»*^
Gén.
im fi>r
kho .g-
mer u%p
jer Urp
Àcc. loc.
is fi"
kliez ^k>L
niez >&<L
jez *&i
Dat.
inj fil*
khez #*t
mez Ji"L
jez M*i_
Abl.
inên fi»&»
Jchën #fr
mênj J&£
jënj &&>$_
Instr.
inew fi^hn-
khew ^b*-
mewkh Jlr^g
jewkh M*^
L'interprétation des formes de pronoms personnels est
difficile dans toutes les langues indo-européennes; on ne
peut faire que des hypothèses sur la plupart.
Le nominatif a conservé son indépendance vis-à-vis
des autres cas; es l» a été expliqué § 26 et du ?-—- §11;
mékh Jkg „nous a rappelle lit. met (et v. si. my) ; dukh „vous u
est sans doute un arrangement de la forme (*]ukh?) corres-
pondant à lit. jus, got. jus, zd yû§, d'après le singulier du 7.»*-.
Les thèmes des autres cas sont : im fi*r, cf. gr. èpé,
èfioiï (n intérieure de inên fi^h**, inew fi^"- est sans doute
due à l'influence de *ins, d'où is fi", et de inj fin)', khe- cf.
gr. aé de * zFè ; me- A- et je- M*-, ces deux derniers assez
obscurs; le nominatif mekh Ap „nous u est sans doute pour
beaucoup dans la fixation de me- &-] quant à je- *£-, on
n'en saurait rien dire; mais on sait que le pronom de
2 me personne du pluriel a des formes très divergentes dans
les diverses langues.
Le -r -/» du génitif mer &? „de nous" et jer <*fy „de
vous" est le même que celui des démonstratifs, type nor-a
inp-u* j il ge retrouve dans le réfléchi iwr fi*-r, aussi génitif,
qui doit reposer sur * sewe-r ou *sewo-r, cf. les accusatifs
lit. sav§, homér. é(F)é.
La distinction de" l'accusatif-locatif is fi» „moi" et du
datif inj fin „à moi" montre que la confusion de l'accusa-
tif-locatif et du datif dans les autres pronoms est secon-
daire. Le j l de inj fi*** répond exactement au h de skr.
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66
%m „à moi u et de même à h de lat. mihï, ombrien
méhe ; il a passé de là aux autres pronoms en devenant z q_
entre voyelles. Le -s -* de is h peut représenter un plus
ancien c, comme celui du nominatif es k* et alors on y
verra le correspondant du i.-e. *g'e de got. mik, gr. èpi-ye;
la nasale de l'ancien accusatif *in$ répondant à gr. ipÀ
est tombée devant s. Dans les autres pronoms l'accusatif-
locatif *khes, etc. et le datif khez, etc. ont été identifiés
Pun à l'autre.
D. Emploi des formes nomlnalea
a) Genre.
60. — L'arménien, conservant une distinction de
thèmes en -0- et en -a-, pouvait très bien maintenir les
genrefe masculin et féminin; néanmoins il n'a plus la
moindre trace d'une distinction de ces deux genres; il est
remarquable que l'iranien ait également éliminé la no-
tion de genre grammatical, notion qui ne se retrouve,
on le notera, ni dans les inscriptions achéménides du
second système, ni dans les langues caucasiques du sud.
b) Nombre.
61. — Le duel a disparu, comme d'ailleurs il avait
disparu à la même date ou était en voie de disparition
dans toutes les langues indo-européennes autres que le bal-
tique, le slave et le celtique.
L'emploi du singulier et du pluriel est le même que
dans les autres langues. Le pluriel indiquait souvent en
indo-européen un objet unique composé de plusieurs par-
ties, et l'arménien a conservé cette particularité : le pluriel
ereskh Lpl"ig v visage" désigne un objet unique de même
que homér. izpôau)na\ alawthkh m^^p^ „prière a est exacte-
ment synonyme de lat. precës; etc. Mais le sens l'a emporté
d'autres fois et un singulier a été créé; ainsi l'arménien
a le singulier durn ^—.n.% „porte u en regard des pluriels
lat. fores, v. h. a. turi 7 lit. dùrys, etc.
c) Cas.
62. — Sauf le vocatif qui n'a plus d'existence propre,
tous les cas indo-européens sont demeurés distincts les uns
des autres en arménien. Souvent deux cas n'ont qu'une forme
commune dans certaines flexions, mais ils ont ailleurs des
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67
formes différentes ; et c'est assez pour maintenir la distinc-
tion. Ainsi le locatif est un cas à part, bien qu'il soit
presque toujours identique à une forme d'un autre cas,'
d'abord parce qu'il a une forme propre dans le type i telwoj
fi ~*2<.»£ w dans le lieu" (et dans des mots isolés, surtout
y-amsean j-JUr-fo w dans le mois" en regard du génitif-datif
amsoy -J*y de amis ™Jfr* „mois tf ), et ensuite parce qu'il ne
se confond pas toujours avec le même cas, mais qu'il est
identique tantôt à l'accusatif et tantôt au datif. — Le
maintien de la déclinaison en arménien coïncide d'une
manière remarquable avec la présence d'une déclinaison très
riche dans les langues caucasiques du sud.
Les cas à sens local net sont toujours accompagnés
de prépositions, comme ils tendent aussi à l'être dans les
autres langues.
Les emplois indo-européens des cas se sont bien main-
tenus en général.
63. — Le nominatif est resté le cas du sujet et du
prédicat qui se rapporte au sujet.
L'accusatif sert à déterminer un verbe: Luc I, 13
cnçi Jchez ordi h% s f ^i_ "Ftb T evv V 0£t °'° v aoc > e ^ avec double
accusatif: Luc VI, 9 harçiç inç zJchez Ç«*râfo b % L. 1^%. {rogàbo
te cUiquid), ou avec prédicat: Mt. XV, 32 arjakel zdosa nawthis
,*(,£** q k L t^nuuM %u0Lf&fi* ànokvoai aozobç vTjaretç. Il indique
aussi la durée: Luc I, 56 ékaç amiss eris H^s u»Jf,uu & r f,u
ë/iecvev . . . pijvaç rpetç. Avec les prépositions if „dans a , ar
«"*- „près u , dnd p^q- w à travers", ç 3 „vers a , il marque le
lieu vers lequel est dirigée l'action, ainsi Luc I, 23 gnaç
i tun iwr +*—# A —-**» f"-r ànrjliïev eiç tov otxov aàroiï. L'ar-
ménien reproduit ici le même état que les autres langues
de la famille. — Le nominatif-accusatif anun uA»L% y dans
les exemples tels que Luc I, 5 khahanay omn anun Zakharia
^uaÇimîiuy ntRi ufhntïb QtMêgiupfiui UpSUÇ TtÇ ÔvÔfiaTt Za%OiptaÇ
répond au nominatif-accusatif gr. ovopa dans homér. xôxXwneç
d'ôvofi'jjaav ou v. perse nâma dans Kambujiya nâma „un nommé
Cambyse u . — L'innovation la plus considérable de l'arménien
est celle-ci: tout accusatif d'un nom déterminé reçoit la
préposition z ^> s'il n'est déjà précédé de quelque autre
préposition, ainsi Luc I, 32 taçë nma . . . zathorn Dawthi «#£
%J2~ *iu»p-niA ^utup-fi dciaet abrcj) tov &pdvov Jaueid] les démon-
stratifs et les pronoms personnels étant déterminés par
essence sont toujours accompagnés de z $., et même l'inter-
rogatif zi qb „quoi u n'est attesté qu'avec la préposition z ^,
si bien que zi qb a fini par servir de nominatif. Cette inno-
5*
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68
vation de l'arménien est achevée dès les plus anciens textes ;
il est donc impossible d'en suivre le développement; la valeur
ancienne de $ ^ était ici sans doute „par rapport à".
64k — Le génitif indo-européen était le cas auquel se
mettait le complément d'un substantif; et, en second lieu, il
exprimait le tout dont on prend une partie; en ce second sens
il pouvait servir de complément direct d'un verbe: homér.
XmToto yaydtv „ayant mangé du lotus 44 . L'arménien n'a conservé
que le premier emploi, mais avec toute son étendue ancienne ;
le génitif prédicat n'en est qu'un cas particulier, ainsi dans
Luc III, 11 oyr içen erku handerjkh -jp fofà £/i$«t- Çu&y.Lpïp
(de qui sont deux vêtements) 6 i^cov ôôo ^trdivaç. Le génitif
n'est jamais accompagné d'aucune des prépositions propre-
ment dites, non plus qu'en indo-iranien ou en latin. — Il y a
de plus deux emplois très singuliers: 1. Le génitif absolu,
semblant servir de sujet au verbe qui suit : Luc VIII, 54
nora haneal zamenesin artakhs kalaw %>»p- Çui%hu, L ^Jh^buf^,
uipufuspu ![u,iusm. . . . aàroç ôè èxpaXibv ë$<o ndvraç xal xpa>-
rijaaç ... 2. Le génitif semblant servir de sujet à la forme
impersonnelle (à la 3 me pers. sing.) composée du participe
en -eal -£«y_ (en principe seulement quand celui-ci est tran-
sitif) et du verbe être: Luc II, 26 ër nora hraman areal kp
%n r u, Ç r u,injî, W n.kuM L ^U. avait reçu le décret..."; avec im
fr*r au lieu de nora fcw/m», la phrase signifierait „j'ai reçu. . ." ;
avec mer Jlp w nous avons reçu...", etc. Ce tour, qui semble
trahir des influences caucasiques, suppose sans doute que
les participes arméniens en -eal -L^l seraient d'anciens sub-
stantifs (v. § 98). ,
65. — Le datif indique à qui ou à quoi l'action est
destinée : Luc I, 49 arar inj mecamecs tu»? pul Jhïïu.Jbh»
ènotTjoév fioi peydka] le datif avec un verbe signifiant „ en-
tendre" signifie en arménien, comme en sanskrit, en grec
et en latin, ^entendre pour obéir à quelqu'un, obéir" :
Luc IX, 35 dma luarukh fR* /»«-«*7»««^? „écoutez-le" (obéissez
lui). La construction du type lat. est tibi nomen est fréquente :
Luc V, 27 orum anun ër np—-J* -a» •*.% kp ^dont le nom
était". — Le datif ne s'emploie dans les diverses langues
indo-européennes qu'avec très peu de prépositions (en san-
skrit avec kâm postposé, en slave avec kû } en zend avec à) ; en
arménien il se trouve avec d$t p—" „ selon" : Luc I, 38 eliçi
inj 9st bani khum l*ibgt ft»& p_—» p«à»fc ^—-J* yivmro pot xarà
rd c p9jpâ <tou ; Luc II, 22 dst awrinaç xarà zov vôpov ;
Luc II, 24 dst asaçéloyn p»— u>u—gbi?Jb xarà zb eïprjpévov ;
chacune des formes citées ici est ambiguë, mais rapprochées
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elles indiquent nécessairement le datif, car bani khum puAfi
^n^J" est datif ou locatif, atorinaç u,^fi%uB 9 et - asaçeloyn
uimuigLinju génitif-datif ou ablatif: le datif seul est com-
mun. — On a aussi le datif avec dnd: Luc V, 36 dnd
hnoyn çmiabani fiq- &H*fi ^Jfi^pu»ùfi z<p naXai<p oà oup.-
<pwv7]oet.
66. — Le locatif, toujours accompagné de préposi-
tion en arménien, indique le lieu et le temps où l'action
s'accomplit, ce qui est exactement la valeur indo-euro-
péenne. La préposition est le plus souvent i fi, sans doute
identique à gr. év, lat. in, got. m, etc. : Luc I, 10 kayin
yalawths artakhoy i iamu xnkoçn k' a ub' b j«»u_»*-P» —p—u^y fi
é-u»Ji,u [u'ul t ng% fjv npo<jeo)(ôfjLevov ëça) rfi &pq. zoo iïuptàpazoç
(littéralement : étaient en prière dehors à l'heure . . .) ; la
nasale de la préposition est conservée devant voyelle ini-
tiale dans la langue des philosophes : n-enthakayum %-k%pu,~
iim.ju^tT ^dans le sujet"; on attendrait *tn-, mais les petits
mots non accentués qui s'appuient sur un jnot suivant
tendent à perdre leur voyelle, cf. oç «i_ „ne pas" : ç-ê £•£
„il n'est pas". La préposition peut aussi être ar *««- „près
de" (cf. gr. 7capa), ainsi Luc X, 39 nstaw ar otsn tearn %—nmt-
um*. if—m'y ™&u*nJh napaxadeafreïoa npoç zobç ndâaç zoo xopéou,
ou dnd fit ^avec".
67. — L'ablatif marque, comme en indo-européen,
le point de départ. Il se trouve le plus souvent avec la
préposition i fi „de" (cf. v. si. jis, jiz, lit. (/??): i skzbanë
fi u \^uM%k w dès le commencement" ; c'est l'ablatif avec i fi
qui indique le tout dont on prend une partie: mi i noçanê
Jfi fi %n d ui t bt i ^unus ex eis", et qui, avec un verbe passif,
indique la personne qui fait l'action: Luc II, 21 or Jcoçeçeal
èr i hreëtakën »? ^n^gLu»^ kp fi Ç r lr£u,u*/ffa zo xXrjïïév bno zoo
àyyèXoo. L'ablatif se trouve aussi avec dnd /»^, ainsi Luc
I, 11 dnd ojmë selanoy xnkoçn fiq. -£Jt ukqu,%.,j fu%i i » 3 'h èx
âsçcâ)* zoo &uoiaaT7]piou zoo ëupidpazoç, etc. ; avec ^ pour
signifier „autour de, au sujet de" : Luc VIII, 54 kalaw
zjeranë nora %-huêu ^kn.$M/i»k *i*npu» xpazrjoaç z?jç %etpdç abzjjç ;
Luc II, 38 : xawsër znmanë fi»*—.*!;? fëJùAk èkàket nepl aàz9jç.
La préposition ne manque que dans des tours particuliers,
comme Luc X, 7 mi phoxiçikh tanë i tun Jfi ^"fi'fiafi^ -*,*%!;
fi u,nA p.ij fjLezaftafasze è$ oixéaç sic oixiav.
68. — L'instrumental, qui marque, comme en indo-
européen, avec qui ou avec quoi s'accomplit l'action, a
toujours une forme distincte de celle des autres cas ; aussi
s'emploie-t-il très souvent sans préposition; ainsi pour ex-
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70 -
primer l'accompagnement : Marc m, 7 Yisus aëakertawkhn
iwrovkh Qfi**L* m^im^ftm$u0t i g% fi$.pmi[ m ç ô ' Itjoovç fiera ztbv jua-
ûjjtwv aàrov', en ce sens l'instrumental est d'ordinaire
suivi de handerj ^»m% tt ir r l : Maremaw handerj it«»j»**Am.
Ç*,%q.k r À w avec Marie tt ; — pour exprimer l'instrument,
le moyen employé: Luc I, 61 arar zawrvbhiwn bazhaw
iwrov uipimp 2*»f. / t»t./?/i.i pui^us*. fit- r ~£ w ii a fait un mira-
cle avec son bras." — Diverses prépositions peuvent aussi
accompagner l'instrumental, ainsi ond^t ^sous" : Luc VII, 6 :
et he 9nd yarkaw imov mtaniçes tp-ir &t jmpl^mu /t«/*£ ifi-u&foàrm
ha bîto rijv arèy-^v fioo eiaéÀ&gç; z %_ ^autour de, au delà de tf :
L. V, 26 ar eiwrew -»«■- qfi'-r'"- ^il a P r * s avec ^ u ! L. I, 7
ançeal ein mtourbkh iwreanç u,% 8 km L ifo ^m*.*^^ fi*. F ir*,% &
npofteftyxÔTeç èv tclcç jjfiépaiç abrùv Ijaav ; ar «»«. „le long de" :
L. VIII, 6 ër or ankaw ar ëanaparhaw fy «y» «**>(-»«. *»«.
ifvAwyu.pÇu.t. à fikv iîretJèu napk rijv ôdov.
Jusqu'aujourd'hui les cas ont conservé en arménien
leur principale valeur indo-européenne sans changement
essentiel et cette conservation est d'autant plus remarquable
qu'on n'en retrouve l'équivalent nulle part en dehors du slave
et du baltique.
Appendice.
I. Composés.
69. — L'arménien a gardé la composition dans une
très large mesure ; il a encore et des composés de dépendance,
du type gr. narpâdeXyoç „frère du père", ainsi cov-ezr *-*£-
*W „bord de la mer", et des composés possessifs du type
gr. fxeyaXàdo^oç „qui a une grande gloire", ainsi mecatun Jlk~-
*>—$> „qui a une grande maison, riche"; les composés les plus
remarquables sont ceux dont le second terme est un nom
dérivé du thème verbal de l'aoriste; ce type a pris nais-
sance dans les cas où un nom d'agent à suffixe *-â- se trouvait
au second terme, ainsi on-ker /»*{*?» „ compagnon" („qui mange
avec"), instr. dnkeraw ifo^r-*- ; akanates -»f *■&«»«»*« „ témoin ocu-
laire", etc. Ces deuxièmes termes ont été rapprochés des
aoristes keray k^r-u w j'ai mangé", 3 me pers. éker *f*/»; tesi mir»fr
„j'ai vu", 3 me pers. êtes l-l», etc.; et dès lors sur les aoristes à
suffixe -ç- ■#- comme keçi ^db aj'ai vécu", 3 me pers. eJceaç *$*«#
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71
on a formé des deuxièmes termes de composés, ainsi miayna-
keaç Jftmjh^ymg „qui vit seul" ; de même anmoraç -Wi>n.vg
„ inoubliable", de moraçay «&«.«•£«»/ „j'ai oublié", mofaçeal «&-
m.«,giru, L „ayant oublié", etc.; toutefois ceci n'arrive que là
où le participe passé est en -çeal -j*—i_ 9 et Ton a mardasër
J^mp^mmkp „qui aime les hommes" en regard de sireçi "fip^gfi
„j'ai aimé", sireàl »foirm L w ayant aimé" (cf. § 84).
Originairement le premier terme du composé était le
thème sans aucune désinence ; mais le thème n'est plus senti
en arménien; et c'est la forme du nominatif-accusatif sin-
gulier qui est employée à la place ; si le second terme com-
mence par une consonne, une voyelle est insérée; cette
voyelle est issue de la voyelle finale des thèmes indo-
européens ; le grec a généralisé le o des thèmes en -o-, ainsi
Travp-o-xTôvoç, l'arménien a généralisé a des thèmes en -a-,
ainsi hayr-a-span Ç*yp--—* i i*% ^qui tue son père". — Au
lieu du nominatif, des raisons de sens entraînent souvent
l'emploi de formes d'autres cas, ainsi le génitif dans hator-
elbayr Çun.p-k^puMjp KarpâSeXtpoç- l'instrumental dans jerb-a-kal
lir rg i-im-4*. L ^prisonnier" (pris par la main), l'accusatif pluriel
dans bans-arku puÊ%m-» P l (n *. n délateur" (jeteur de paroles) ; etc.
La répétition d'un adjeëtif suivant les règles de la
composition forme un superlatif absolu, mec-a-mec >&&-*—&&
„très grand". — Des composés avec le mot goyn *.«/*>, em-
prunté à l'iranien, servent à exprimer le comparatif, mais
le positif seul suivi de khan ^"&, de la préposition ^ et de
l'accusatif suffit à indiquer le sens du comparatif: „plus
grand que moi" se dit mecagoyn khan zis Ah-ui^ju ^uA tfu 7
et, le plus souvent, mec khan zis •&& ^«& qfr».
II. Noms de nombre.
70. — Le nom de nombre „un" est mi Jfi) c'est-à-dire
*sm-iyo- dérivé de i.-e. *sem- représenté par gr. sk, pia. —
L'ordinal correspondant est arajin u.n.u.ffu^ dérivé en -in -fil
de araj «"«-^f n devant", dont l'élément radical est ar *—*.
„près de", cf. gr. napa, nept 7 npo, npatTQç, etc*
Les noms „deux", „trois" et ^quatre" étaient fléchis
en indo-européen et sont restés fléchis en arménien:
erku trrt—. „deux" répond à homér. Siiw, etc. (§ 22) ; en
sa qualité d'ancien duel, il n'a pas pris le -kh -# du nominatif
pluriel; mais il se fléchit d'ailleurs: ace. loc. erkus bpb»*--,
gén. dat. abl. erkuç A-ff»^; une forme erko- */»}«- qui ré-
pond à gr. ôôo, lat. duô, est conservée dans erko-tasan */»{«-
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72
uu0% „12"; erki-, au premier terme du composé erlceam
b^hutS rt de deux ans" répond au premier terme skr. dvi-
gr. fit-, lat. bi~ ,(bi'pes, etc.), des composés;
erelch kpkp „ trois" répond à skr. trdyah, v. si. trïje, gr.
rpetç-, ace. (loc.) eris fy^« à skr. trïn, got. prins, etc. (v. § 51);
toute la flexion est en -2- -^-; le premier terme de composé
m- répondant à skr. tri- y gr. rpt- est conservé dans ere-am
bpb-uMtT ^de trois ans";
çorÂA i?fig „quatre" de çorelch- conservé dans çorekh-tasan
^ph k pu,u*uuM a b „14", çorekh-hariwr i?rkpÇ—rhp „400" répond pour
la finale à dorien réropsç, skr. catvarah; sur le ç^_ v. § 24;
ace. loc. cors zrr»\ le reste de la flexion est en -i- -^- d'après
ere&& ^pkg, ainsi gén. dat. abl. çoriç i?rfa*
Les noms de nombre suivants n'étaient pas fléchis en
indo-européen; ils n'ont jamais en arménien ni -kh -# au
nominatif, ni -s -« à Faccusatif-locatif ; ils ne sont fléchis
aux autres cas que par exception:
hing Çfit „5", cf. skr. pdnea, gr. névre, lit. penki; le e
final est conservé dans hnge-tasan <fr*tk- u ,uMu, u % „15 tt ;
veç 41*3 n ^ a ? °f« g r - «^'f? !&*• sex i e ^c.;
ewtfm £^fc W 7 U , cf. skr. sapfd, gr. £7zr«, lat. septem\
uth »l/ï „8", v. § 11;
inn ftâ> 7 ,9", cf. gr. èwéa;
tasn utuÊU% „10", cf. skr. ddça, gr. dexa, lat. decem) sur
a v. § 16.
De 11 à 16 on a des composés: metasan JLm—»m% „11"
de *mea-tasan), erkotasan £/»f«mnmnA „12", erekhtasan k v bç-
utuMuasu „13", çorekhtasan inpkguiuiuuSb „14", hngetasan *>2-£i»a#««*k
„15", veètasan fê^u,,»*.**, „16"; le second terme -tasan ——«»uSii
est un dérivé en -i- de tasw; quand, par exception, il est
fléchi, tasn ««"* fait au génitif tasanç «««#«*«*#, mais metasan
Jhu,u»u,ut, fait metasaniç Jku,utuuShfo %
Les noms des dizaines étaient en indo-européen des
juxtaposés; le second terme avait une forme dérivée de
*dek'm sans e radical, d'où au nominatif-accusatif duel *k'mt~ï,
o / o /
au pluriel *k'omtd ou *k'omtâ (avec bref ou long); ces no-
minatifs-accusatifs neutres se sont fixés en grec et en latin
comme formes invariables, ainsi pi-xart (avec t final bref),
lat. uï-gintï „20", gr. rptd-xovra, lat. trî-gintâ „30", etc. On
a de même en arménien:
khsan ^««A „ 20", de *gi-san, cf. béot. crét. FixaTt, lat.
uïgintï, zd vïsaiti)
eresun kptruniï* „30", cf. gr. rptàxovza]
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kharasun ^-n.*. U nA w 40", avec Jchaf- ^*««.- de *tw?-, cf.
skr. turïyah „ quatrième";
yisun jf»»^ ^50" (de *hingisuri) 7 cf. gr. TrevTjqxovza, skr.
pancâ-çât-]
vathsun ^p *>»*.% „60"; — ewthanasun b*.p- -%*,»„*.% „70";
— uthsun ™.p-u»A „80" ; — innsun fcVbunCu „90" n'appellent
pas d'observations.
Le nom de nombre „100" hariwr Ç-rfi'-p est d'origine
inconnue; erheritvr bp^f»^ ^200" est *erki-(h)tzriwr traité pho-
nétiquement; hazar Ç-i^p „1000" et biwr pf"-p „ 10.000" sont
iraniens.
Le suffixe des ordinaux a dû être en -r-, à- en juger
par eri-r tpfc "troisième" ; il est ordinairement élargi par
-ord -»pq- (instr. -ordaw -»/f7-«#«.), ainsi erkr-ord ^p^p-pi- „ second",
errord bpp»pt ^troisième" ; le ^cinquième" est hinge-r-ord
^fcf.&-f-fY>7-, dont le e *■ a passé aux noms de nombre sui-
vants: veç-erord fêg-bpnp^ ^sixième", etc. Ces formations sont
propres à l'arménien.
Parmi les adverbes indiquant répétition, il faut citer
erkiç bpktd „deux fois" qui rappelle pour la forme v. h. a.
zwiski „ double".
III. Adverbes.
71. — Les adverbes sont des formations fléchies fixées
et isolées de l'ensemble de la flexion; la fixation peut être
très ancienne ; elle est sans doute indo-européenne dans
heru Çtrp-i. „l'an dernier", cf. gr. nèpvoi ; mais la plupart
des adverbes que présentent les diverses langues indo-
européennes n'ont été fixés à l'état d'adverbes qu'au cours
du développement particulier de chacune. Beaucoup se
laissent immédiatement expliquer: y-et j-b- „ après" est le
locatif et y-etoy j-b"»y w en arrière de" l'ablatif de het <*«
„ trace" (thème en -0-) ; d'autres sont plus obscurs ; parfois
la forme ne rentre dans aucun type connu de flexion,
ainsi i mëj I» Jk$ „au milieu" est un locatif très clair et
i mijoy fr Jfrfry l'ablatif correspondant, mais i miji f» «#££, par
exemple dans i mtfi merum fr Jfcïb Mpit-J* „au milieu de nous",
ne représente aucune forme connue d'un thème en -0- tel que
l'est mef «#£; d'autres fois le sens a divergé: on n'aperçoit
pas du premier coup d'œil que art- np-- ^dehors" est le
locatif de art -p«> „ champ" (avec un ^ « énigmatique en
regard de gr. âypôç, lat. ager, skr. àjrah), instr. artov uM Ptnn ^
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(pour le sens, cf. lit. laûkas ^champ", laukè „dehors a );
souvent enfin le mot n'est conservé que dans les formes
adverbiales, ainsi ner- ity- v k l'intérieur" est le locatif
singulier d'un thème * n-ero- qui vaut la même chose que skr.
ântarah ^intérieur" (avec même élément radical et le suffixe
*~ero- au lieu de *-fero-); nerkhs **&* „à l'intérieur" et
artaJchs -» r ««^« ^à l'extérieur" sont les locatifs singuliers des
thèmes dérivés *werifto-, *artahho- qui ne sont pas fléchis,
et dont on a seulement par ailleurs les ablatifs singuliers
nerkhoy l^nçy et artalchoy -r-uiçy } aussi employés comme
adverbes, etc.
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Chapitre IV.
Les formes verbales.
72. — Les formes verbales indo-européennes, dont la
complexité et la variété étaient immenses, ont été simpli-
fiées au cours du développement ultérieur de chacun des
dialectes. Il s'est ainsi constitué des conjugaisons relative-
ment simples qui diffèrent d'une langue à l'autre. Au
moment où l'arménien a été fixé par l'écriture, le travail de
réfection était accompli et l'on se trouve en présence d'un
système bien équilibré et durable et non pas d'un groupe-
ment de formes qui, comme celles de la déclinaison,
appelaient de nouvelles innovations et une entière refonte.
A. Formation des thèmes.
73. — Les thèmes primaires indo-européens, c'est-à-
dire ceux qui se rattachent directement à des racines,
étaient indépendants les uns des autres et leur nombre
n'était pas limité; de la racine *men- „rester u le grec ancien
a par exemple un présent ixévw, un présent à redoublement
fiépvw, un futur jievâ), un aoriste ëfiecvaj un parfait pefiévyxa:
cette complexité a été presque partout ramenée à l'opposi-
tion pure et simple de deux thèmes; c'est ce que présente
le grec moderne avec son présent fxivo> et son aoriste
êfietva] dès les plus anciens textes, le latin n'a plus pour
chaque verbe que deux thèmes, auxquels se rattachent
tous les autres, celui du présent, ainsi manéô, et celui du
parfait, ainsi mansï\ et de même dans les autres langues;
l'arménien n'échappe pas à ce remarquable parallélisme et
son verbe est à deux thèmes, l'un de présent: mnam fàu,x
„je reste", l'autre d'aoriste: mnaçi fà-gfr w je suis resté".
Inversement les verbes dénominatifs indo-européens
n'avaient qu'un seul thème, et il n'en pouvait être autre-
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ment, puisque chaque thème verbal était indépendant; le
suffixe -ya- de skr. pftariâ-yâ-ti „ il combat", de pftanâ „com-
bat a , fournissait un thème verbal et n'en pouvait fournir
qu'un avec ce substantif. Les dénominatifs ont reçu pour-
tant par la suite un second thème, à l'imitation des verbes
primaires; le grec a tijiw, èrifXTjaa de n/zjy et de même
l'arménien a liawatam Çui^u,™^ Je crois", aoriste hiwataçi
ÇtuLuimuMiffi J'ai cru" de hawatkh ^«#«-«#«^ nf°i a -
Les deux thèmes essentiels du verbe arménien sont
un thème de présent indiquant l'action qui dure et un
thème d'aoriste indiquant l'action pure et simple. — Le
parfait indo-européen a totalement disparu, comme d'ailleurs
toutes les formes à redoublement ; et rien n'est plus naturel :
du jour où la racine a cessé d'être l'élément fondamental
des verbes, le redoublement de l'initiale n'avait plus de sens :
sur le modèle de //e/iév^-xa, le grec a pu faire reTifirjxa du
dénominatif rifid), mais une pareille formation était transi-
toire et le grec moderne ne connaît plus de parfait.
Le thème de présent fournit: 1. l'indicatif présent,
ainsi Iklianem Lm puAl<r „ je laisse" (valant teinta)) — 2. l'im-
parfait (prétérit exprimant l'action qui dure): Ikhanei ^guJhtr/*
„je laissais" (valant ëleiTrov); — 3. l'impératif prohibitif:
mi Ikhaner rf z ^«Afy „ne laisse pas" {fxrj Xeirre)] — 4. le
subjonctif présent: Ikhaniçem ^uih^hrX^ — 5. l'infinitif:
Ikhanei L ^-/uk L ^laisser".
Le thème d'aoriste fournit: 1. l'indicatif aoriste (pré-
térit exprimant l'action passée pure et simple), ainsi ïkhi i^pf>
„j'ai laissé" (valant ëXtnov) ; — 2. l'impératif: likh /A/? ^laisse" ;
— 3. le subjonctif aoriste (servant souvent de futur) : Ikhiç
L*gbd n<l ue j e laisse, je laisserai" ; — 4. ordinairement le
participe passé: Ikheal l-ç^^L n a yant laissé" (v. § 84).
1. Thèmes de présents.
74. — L'arménien a quatre types de présents caracté-
risés par les voyelles e £, if», a -» et u "«- ; chacun des
types comporte une forme sans nasale et une forme à nasale ;
exemples: 1. e £, sans nasale: berem pbpbJ* w je porte" (aor. beri
P k rt)) avec nasale: Ikhanem L ^i-%b»r „ je laisse" (aor. Ikhi i^fi).
— 2. i fr\ sans nasale: berim F trp[»>r „je suis porté" (aor. beray
P^P'-j)) avec nasale: Ikhanim L ^uAfiiT ^je suis laissé" (aor. Ikhay
L4?"ii)> — 3. a «», sans nasale: yusam jnuuuiJ" ^j'espère" (aor.
yusaçay jn*. U u, gu ,j) ; avec nasale: zarmanam na* v J % u.%u.J % ^je
m'étonne" (aor. zarmaçay n*u V J:» au .j) % — 4. u -- } sans nasale:
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helum <Ç^^t«-«/* Je verse" (aor. heti ^it)\ avec nasale: arnum
um~.%»*-J* Je prends" (aor. ari -««.^). De plus, dans la série
en i fi, il y a une caractéristique ç *., ainsi phaxçim f-faifiS
Je fuis a (aor. phaxeay fwfatruy).
Ces types arméniens résultent du mélange de plusieurs
formations originairement bien distinctes et de réfections
analogiques étendues.
a) Type en -e- -*-.
a. Forme sans nasale.
75. — Les trois verbes suivants remontent à d'anciens
thèmes radicaux du type thématique, ce qui se reconnaît
à leur aoriste primaire (sans ç g) :
berem plfinT Je porte", aor. beri ^rf, cf. skr. bhdrâmi,
gr. <pépo>, lat. fera, irl. berim, got. baira, v. si. berq Je
porte".
acem -kl^r Je conduis", aor. aci «*ty, cf. skr. âjàmi,
gr. £70), lat. agô Je conduis", v. isl. aka ^conduire".
Jianem Ç-AlrJ* Je tire", aor. hani < >««^, cf. peut-être
skr. sanôti „il gagne", optât, sânema „ gagnons", participe
sânant-.
Les autres verbes sont secondaires, en général nette-
ment dénominatifs; -e- -£- y répond alors non à i.-e. e
comme dans bere- /»*/»*- = gr. <pepe-, mais à *-e-ye-, skr. -ayà-,
gr. "£(y)e- (type (pckéw) ; il a pu y avoir mélange avec le
type des causatifs et itératifs en *-eye- (skr. -aya-) et gorcem
^P^biT Je travaille, je fais, j'agis" (aor. gorceçi ^.-pb-y^fi) peut
être considéré à la fois comme dérivé de gorc t»r^ „ œuvre"
et comme représentant un i.-e. *worg'-eye-, de même que le
grec ifopéa) peut être dénominatif de <pôpo" ou issu de i.-e.
* bhoreye- (itératif) ; on s'explique ainsi que le type arménien
en -e- -*- fournisse les dénominatifs transitifs exprimant
une action, comme dntrcm ^u^pbJ^ Je choisis" (aor ontreçi
ph^pÊrgfi) de 9ntir fi-fc n choisi", et non des dénominatifs
exprimant un état ou l'entrée dans un état, comme lat. seneô
Je deviens vieux". Les dénominatifs en -e- -*- qui ont
cette signification sont tirés de thèmes quelconques et non
plus seulement des thèmes en -o- (anciens thèmes en *-e-/-o-).
/#. Forme à nasale.
76. — Les verbes à nasale de ce type sont primaires
et ont tous l'aoriste sans ç 3. Beaucoup d'entre eux tiennent
la place des formes indo-européennes à nasale infixée; la
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transformation est exactement parallèle à celle qu'on ob-
serve en slave où les verbes à suffixe -ra- comme v. si.
bûnq Je m'éveillerai" tiennent la place de verbes à infixe
comme lit. bundù Je m'éveille". Exemples:
Vchanem ^gmhirJ* Je laisse" (aoriste Ikhi i^f>) } cf. skr.
rindkti, Jl laisse", lat. linquô, lïquîj v. pruss. -linka „il reste".
awcanem «•t.*--A^-r J'oins" (awci ""-&/*), cf. skr. anàkti „il
oint", lat. ungô (ici la nasale appartient à la racine, mais
a été prise pour un élément de formation).
bekanem p^u/bk^r Je brise" (beki /»*#), cf. skr. bhandkti
„il brise", v. irl. comAmng „il brise".
bucanem P ni3r*»'ki r J % Je nourris" (buci /*»«-*/), cf. skr.
bhunkte Jl jouit de", et peut-être lat. fungor.
gtanem t—uM%kJ % Je trouve" (gti t—f>, 3 me pers. egit
bf/»"), cf. zd vïnasti „il trouve", skr. vindati (aor. âvidaf).
dizanem q-p^/itàrJ* J'amasse" (dizi tfrifr), cf. lat. fingô }
gr. Hiyydva} (avec y au lieu du / de Tefyoç).
lizanem ^i^irJ" Je lèche" (Im ifiqfi), cf. lat. Ungô; le
v. h. a. leckôn repose sur *lighnâ- et a aussi substitué un suffixe
à l'ancien infixe; cf. encore gr. Ài/veôto.
anicanem -%f»ku,%bJ* Je maudis" (anici -fofi&f), cf. skr.
ninddti „il outrage" (et gr. ovetdoç). Il reste à expliquer
comment c *• a remplacé le t - attendu; on a vu la substitu-
tion inverse de t — à c * dans art »>r— „ champ", cf. gr.
àrpàç, § 71. .
hasanem Çi**uAb,r J'arrive" (hasi ^"fi), cf. skr. açnôti
Jl atteint", à côté de nâçati, lat. nanciscor.
D'après les exemples précités et quelques autres pareils,
il a été formé sur des aoristes primaires ou d'aspect primaire
beaucoup d'autres verbes de même forme.
La chose est évidente dans le cas suivant. De même
que le thème de présent *bhere- fournit un présent berem
F /r r &tr Je porte" issu du présent et un aoriste beri pbrf
J'ai porté" issu de l'imparfait (éber k P h P Jl a porté" = skr.
àbharat, gr. £<pepe), on attend en regard d'un thème *pfkrske-
de verbe à suffixe *-ske- un présent *harçem répondant à skr.
lycchdmi Je demande", lat. poscô, et un aoriste harçi Ç-psfr
répondant à l'imparfait; or, on a bien eharç kÇ-pg Jl a de-
mandé" en face de skr. àpfcchat, l ère pers. sing. harçi ^«wA
J'ai demandé", mais le présent est harçanem ^«#^«#>^«/* Je
demande", où. -ane~ «**- est une addition arménienne. On
expliquera de même Z«çawem/»«#«A£«/* J'allume" (aor. luçi e"-^f>) }
de *leuk-$ke- 1 cf. arm. loys ty „ lumière", çuçanem ##»*#«* *-r
Je montre" (aor. çuçi 3'"-ab)i de *skeu-slce-, cf. v. h. a. scouwôn,
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„ contempler", gr. &uo-<ix<I(F)oç] sans doute aussi ançanem «A-
d uAi rt r v je passe u (aor. ançi ~*fff).
Les factitifs en -uçanem -««.^fc^iT appartiennent au
type en -anem —aïs, y. § 85.
b) Type en -i- -h.
77. — Le type en -i- -A- a deux fonctions.
1. Il fournit des passifs aux verbes en -e- -*- par
simple substitution de -i- -/&- à -e- -*- : berim e^vb^ 7>J e suis
porté", Ikhanim i^uA/i*r w je suis laissé".
2. Il forme des verbes de tous points pareils à ceux du
type en -e- -*- et qui jouent le rôle que jouent en indo-iranien
et en grec les verbes à désinences exclusivement moyennes,
en latin et en irlandais les déponents, ainsi nstim %—»fi<r
„je m'assieds", cf. gr. ëÇo/xac; mefanim AiuiXfiJ* w je meurs",
cf. skr. mriyâte „il meurt", lat. morior.
Ce -i- -^- rappelle immédiatement le slave -i- ou le
lituanien -ï- des verbes exprimant l'état, comme v. si. bïd-
i'tû „il veille"; une forme thématique du même suffixe a
fourni à l'indo-iranien ses passifs en -#a-, comme skr. budh-
yà-te „il est éveillé" et au grec des verbes exprimant l'état,
comme fxaiverat „il est fou." Ce serait la forme athématique,
attestée en baltique et en slave, qu'on retrouverait en ar-
ménien, à moins qu'on ne suppose une forme *-iy£-, indiquée
par skr. mr-iyâ-te „il meurt", par gr. Ftd-ia) „je sue" et par
quelques autres verbes ; car un ancien *-ye- aurait donné
avec les consonnes précédentes des combinaisons diverses
et n'aurait pas abouti à -i-; c'est ainsi que le *-ye- du type
indo-européen connu en *-#e- constamment thématique semble
avoir donné -Je- dans jnjem îyî±»r J'enlève, j'essuie", cf. gr.
#etva> ; l'arménien n'a presque aucune trace de cette formation.
— Le type en -i- du slave est accompagné d'un thème d'in-
finitif en è-, ainsi sèdë-ti „être assis" à côté de sedi-tû „il est
assis", et le grec a de même l'aoriste fjLavrj-vai à côté de
fiaivszai ; il n'est donc pas impossible que -i- de nstim € u—«l»»r
„je m'assieds" repose sur i.-e.*-è- ou sur un dérivé *-ët/e-,
cf. lat. sedéôj sedëre. Il convient par suite de ne rien affirmer
trop précisément sur l'origine des verbes arméniens en
Au point de vue arménien, le type en -i- -^- n'est
qu'une forme secondaire du tj'pe en -e- -*- et la caracté-
ristique -i- se montre seulement au présent et à l'impératif;
mais l'infinitif, l'imparfait, le subjonctif ont -e-, ainsi l'in-
finitif de berim pkrfi»r est bere-l /»£/»*/_ , l'imparfait berei /«*/»*/
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Je portais", le subjonctif beriçim e^vbab^ (d e *berëçim, an-
cien *bere-yçim).
Abstraction faite des passifs dérivés des présents en
-e- -£-, les verbes en -i- forment deux séries parallèles à
celles des verbes en -e- -*- et une série en -ë- -£-.
a. Forme sans nasale.
78. — Un verbe est primaire:
nstim lu—fiiT Je m'assieds" (aor. nstay i'—"*»j), de *ni-0d-,
cf. skr. ni-sïdati „il s'assied", zd niShioaiti (même sens); Vi
radical apparaît dans le substantif nist %fn»u, ^siège".
Les autres verbes sont secondaires, ainsi hotim Ç—nfiJ*
Je sens, j'ai de l'odeur" (aor. hoteçay <>»«"*#«£/), de hot ^«««
„ odeur", ou, avec un redoublement intensif de tout l'élé-
ment radical dont les exemples ne sont pas rares en arménien,
hot-otim Çn-auifiJ* Je sens, j'ai la sensation d'une odeur".
/9. Forme à nasale.
Les verbes de ce type sont primaires et ont l'aoriste
sans -ç- -#- y comme les verbes en -e- -*- correspondants, ils
sortent de l'ancien type à nasale infixée:
usanim n^uu/b^jr J'apprends" (aor. usay **-«»;/), cf. v.
si. vyknqti „s'habituer, apprendre" (de *unk r ), lit. j-imJc-ti
„ s'habituer".
aganim —i- uA f" r nî e m'habille" (aor. agay -t-j), cf. lit.
aunù Je n^e chausse".
Ils ont souvent été substitués à un présent sans na-
sale, ainsi:
cnanim biuSbfiiT Je nais" (aor. cnay *-^«r/), cf. skr. jdnate
Jl engendre", gr. jiyvo^at^ lat. gignô, nâscor, etc.
meranim JknLUMîifuT Je meurs" (aor. meray Jlm-wj), cf. skr.
mriydte Jl meurt", v. si. mira Je meurs".
phlanim $i*u%l»Jr Je tombe" (aor. phlay fa-a)) °£ lit.
Je tombe", v. h. a. fallan, et sans doute gr. a(pdkXw.
y. Forme en -ç- -i-.
79. — Ces verbes essentiellement primaires ont- l'ao-
riste en -eay -buy. Les uns sont sans nasale ; les principaux
exemples sont: thàkhçim p--&i£S Je me cache" (aor. thakheay
p-iuçbfj), cf. gr. nrwÇj 7rrdÇ, Ttxwoxâ&iv „se retirer d'une
manière craintive", peut-être aussi lat. tacëre, go t. pahan,
„se taire"; thrçim p»-ib<r Je m'envole" (threay p^n.b^j)^
karçim #*««^£r Je m'accroche" (Jkareay Çw*.lr« u ) ; hangçim
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81
<Z t »% tti j.iT Je me repose" (hangeay ^««A?.*,»,); matçim J^m^f
Je m'approche" (mateay Ji*—lr-j) • phaxçim fu*fai(,»r Je m'en-
fuis" (phaxeay ifr-futt-y). D'autres ont une nasale; ils sont
au nombre de trois: erknçim Irpifr^b^ J'ai peur" (aor. erkeay
bplftruy)', kornçim %*r%t£tT Je péris" (koreay ti»plrvj)\ martnçim
Jï. r m%ifrX Je combats" (marteay Jù,pu.kru.J). L'emploi du type
en -i- -I- dans ces verbes tient simplement au sens; et
en effet deux verbes de forme nasale qui ont le même
suffixe ont -e- -*- ëanaçem tf-»%«f£*«r Je connais" (aor. caneay
\uAiru0j 1 avec le c ^ étymologique conservé, v. § 9) ; melan-
çem Aqufk^yjr Je commets une faute" (aor. melay Jkq?y).
Le phonème ç t_ représente une gutturale suivie de y ;
d'autre part le sens assez nettement inchoatif de la série
suggère un rapprochement avec les verbes latins en -scô,
grecs en -<rxw, etc. Il y a donc élargissement d'un verbe
en *-ske- par le suffixe *-ye-, comme sans doute dans gr.
èyprjaffù) et dans att. âsdîTrojuac en regard de âsdiaxo/iat Je
crains" : la formation de erknçim hplfr^J" serait ainsi parallèle
à celle de âediTro/iac, sauf le redoublement que l'arménien n'a
pas et la nasale qui ne se trouve pas en grec. Il est tombé
une voyelle devant -ç- -£.-, sans doute i à en juger par le
-ea- -*"*- de l'aoriste, qui paraît issu d'un plus ancien *-ia- :
thafchçim P-içifiS, thakheay p-v^kay supposant *thakhi-; on rap-
prochera donc lat. -iscô, gr. -taxe», types reminiscor, âlioxofiai.
<0 Type en -a- — »-.
8(h — Les verbes en -a- «« indiquent pour la plupart
un état ou l'entrée dans un état, valeur qui rappelle celle
des verbes latins comme cubâre „être couché", micàre „être
brillant", et des fréquentatifs lituaniens tels que rymôti
„être appuyé, reposer sur", en regard de remti „ appuyer".
a. Forme sans nasale.
Tous les verbes de cette série ont sans doute leur -a- -«*-
issu d'une contraction de *-à-ye-; ceux qui ne sont pas dé-
nominatifs doivent en effet être formés comme lit. èio-ju Je
suis béant" et lat. hiô (type *hià-(y)e-); en fait orcam
* P hru.jr Je rote, je vomis" répond exactement à v. si. rygayq
Je vomis" ; keam l(lru»Jr Je vis" n*est identique ni à gr.
£37- (de *g w yè-) ) ni à gr. fttw- (de *g'°iyô-), mais repose sur un
thème * g'Hy-â-ye-, où -«- est un élément suffixal, auquel
s'ajoute le suffixe secondaire *-ye- pour la formation du
présent; mnam ffi^s Je reste" ne répond évidemment pas
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82
à lat. manë-re, gr. (ft*-)fiévy-** f mais a aussi un groupe
suffixal *-â-ye-, et il faut sans doute partir de *mên-a~yë-
qui serait exactement formé comme lat. cèlâ-re, celô ou v.
si. -mëta-ti Jeter", -meta~jq. Ce -a- -«•- se retrouve d'ailleurs
à l'aoriste, qui est toujours en -ç- -#-: orcaçi npk-wgfa mnaçi
ffiw&h keçi h b ab (d e *keaçi). — Les dénominatifs comme
yu8am j«*-«wT J'espère 44 de yoys jy ^espérance 44 répondent
au type de skr. jpftanâyâti „Ù combat 44 , gr. Ti/iâw, lat. <mem,
v. si. kotorojq Je combats 44 etc., et leur -a- -— est sûrement
issu de *-â-#e-.
y9. Forme à nasale.
En indo-européen il n'existait et ne pouvait exister de
verbes en * -wâ- que dans les racines dissyllabiques terminées
par une voyelle longue alternant avec *a; c'est ainsi qu'on
a skr. ppwti „il emplit 44 et dorien iïdfDtàfju. Il a été tiré
de là un suffixe -wâ- en sanskrit, et le suffixe -na- -*«•»- de
l'arménien reconnaît sans doute pareille origine. Ce suffixe a la
forme -no- -'fc*»- dans deux cas isolés où l'aoriste est primaire :
barnam p^^tu^r J'enlève 44 , de *barjnam (*pu, P l% u , l T) ) aor. barji
fwpll*, et darnam ^.uM^.'UMujr Je tourne 44 , de darjnam (•^«■yA-f-T),
aor. darjay n.-plfj. Partout ailleurs -na- suit un -a-, ainsi dans sta-
nam—nuA—'T Je me procure, j'achète 44 , aor. staçay «««mj«^, cf. lat.
(de- , prae-)stinâre) banam p-fo-iT J'ouvre 44 , aor. baçi ?'*/?£, etc.
ou encore loganam ^^u^ub^ Je me baigne 44 , cf. gr. louai, ou
luanam i »<-u,î, u .J % Je lave 44 , cf. gr. nkùva). Le suffixe -ana-
-u$îsuÊ- sert à former un nombre illimité de verbes exprimant
que le sujet devient telle ou telle chose, ainsi Jchahanayanam
a guÊ^M U 'bu0ju,%u, l r Je deviens prêtre 44 , de khahanay ^ÇuA—j
^prêtre 44 ; tkaranam u,l i u, P uÊ%u,jr Je deviens faible 44 , de tkar
m kT „faible", etc. Le -e- -*- des verbes tels que arbenam
uMppbfcwj* Je m'enivre 44 représente *ea devenu e * en syl-
labe inaccentuée.
à) Type en -u- — •--.
a. Forme sans nasale.
81. — Le présent gélum ^ r b l nuJ % Je tourne 44 (aor. geli
t^lh) rappelle gr. FeXù-otir) „il s'est tourné 44 , lat. uoluô, gr. s&u-
opai, got. walwjan „rouler u et peut s'expliquer par un thème
*welu-j fléchi sans voyelle thématique, ou par ce même
thème avec suffixe secondaire *-«/£-, soit *welu-ye-. On est
par là conduit à expliquer d'une manière analogue les autres
verbes en -w- -»«-- d'aspect primaire : henum Ç&%»i-*r Je couds,
je tisse 44 (aor. lieni <î*ty) est à rapprocher de lit. pinà Je
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83
tresse" et surtout de got. spinnan „filer", de *spenwe*;
helum Çtrq»*-*r Je verse" (aor. heli Çkqb) est à rapprocher de
lit. pUù Je verse", mais aussi de lat. pluit; le -m- -«*•- de
çdurn j^i^s Je fends" n'a pas de correspondant connu en de-
hors de l'arménien, à moins qu'on ne rapproche gr. xoXoùa)
Je mutile".
Il y a quelques dénominatifs en -w- -*«-- : argelum mp+k*
f^é.tT J'empêche" (aor. argdi u0 / ,^.& i p) y de argd wp^.l*i_ „empêche-
ment" ; y-awdum j^^^^J" J'accrois" (aor. yaweli j«"-tift), de
aweli -«-£/£ „plus". On peut les expliquer soit par *-ô-#e-,
cf. le type lituanien en -ûrju et les verbes grecs tels que
djjXàw, ÔTjXc&ffw, soit par *-u-ye-, cf. le type latin de statua, etc.
fi. Forme à nasale.
Les verbes en*-new-, *-ww- n'existaient originairement
que dans les racines terminées par -m- ; mais de bonne heure
il en a été tiré un suffixe *-wew-, qui joue un assez grand
rôle en sanskrit et en grec; l'arménien a de même des
verbes en -w«- -t»^ ainsi:
arnum ~*.%—.*r Je prends" (aor. ari «««-^), cf. gr. àpvu-
fiai (aor. i]pàfA7j\>).
z-genum i r +ifrmÈ.jr Je m'habille" (aor. z-geçay w %««/),
cf. gr. Févvofxac.
L'arménien a même -ww- -*««.- là où *-wâ- existait
autrefois : Inum fe—s J'emplis" (aor. Ici isf, 3 me pers. eliç
*/&r)i °£ s kr. pfnati Jl emplit".
"81 bis. — De ce qui précède il résulte que tous les
thèmes arméniens de présents normaux ou anomaux sont
terminés par l'une des voyelles e *, i ^, a «», u *«-. Un seul
verbe reste en dehors de ce système, c'est gom t—r Je suis"
dont le thème est terminé par o : c'est un ancien parfait sans
redoublement correspondant à got. was J'ai été" et où le
sens particulier du parfait a abouti au sens du présent ; le
cas est le même que dans gitem ^ f^n&J* Je sais" (passé au
type en -e- -*-) qui répond à skr. véda, gr. Foïda, got. wait
Je sais".
2. Thèmes d'aoristes.
82. — U y a deux sortes d'aoristes en arménien, des
aoristes radicaux, sans aucune caractéristique propre, et des
aoristes caractérisés par -ç- -#-. Tous deux admettent deux
flexions, l'une en -e- -*- à l re pers. -i répondant pour le
sens aux présents en -e- -*-, type beri p^pf* J'ai porté",
6*
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84
gorceçi ^^b 8 f, ^j'ai fait", l'autre en -a- -«*»- répondant pour
le sens aux présents en -i- -^-, type beray /**/"*/ „j'ai été
porté", gorceçay ^.n^b 8 u,j ^j'ai été fait". On peut nommer
l'un type „ actif", l'autre type „ moyen" d'après le sens, la
forme n'ayant d'ailleurs rien de commun avec les désinences
actives et moyennes de l'indo-européen.
A en juger par les formes de la flexion dont on aper-
çoit l'origine, les aoristes actifs représentent des types thé-
matiques indo-européens à désinences secondaires : elikh ^ikp
„il a laissé" répond à ëhne\ Ikher i^tr? n tu as laissé" à Uneç,
avec addition d'une particule. Mais, comme les désinences
secondaires indo-européennes se composent pour la plupart
d'un seul élément consonantique et n'accroissent pas le
mot d'une syllabe, la voyelle thématique est généralement
tombée, comme on le voit à la 3 me pers. eber */*£/» = ë<pepe 7 _
skr. âbharat, et le thème apparaît en arménien comme ber-
/**/•-; c'est ce que montre la formation du subjonctif: le
thème bere- /*£/»£- du présent fournit un subjonctif *bere-
yçem, *berëçem, beriçem ptrpfoirir, 2 me pers. beriçes ^rfalr», le
thème ber- ety- d'aoriste un subjonctif ber-îç /**/»/#> 2 me pers.
ber-çes pbp 9 lru.
Le -a- -«»- de l'aoriste moyen, type beray pb?**/ est
d'origine obscure; il ne fait pas partie intégrante du
thème d'aoriste et, sauf la l re personne du singulier due
à une action analogique, ne figure pas au subjonctif: ber-
çis p^rsh nfri seras porté", non plus qu'à l'impératif ber-ir
F^rfr „sois porté". — L'aoriste en -a- -«•- est employé dans
tous les verbes dont le présent est en -t- -^-, et en outre dans
ceux des verbes à présent est en -a- -«•»-, -ti- -»*-- dont le sens
appelle la forme moyenne, ainsi barkanam ^^^^1-%^^ ^je m'ir-
rite", aor. barkaçay pwpbwg-j \ zgmum ^JHw-T „ je m'habille",
aor. ëgeeay tt & â"U] ©te.
a) Aoriste radical.
83. — L'aoriste radical répond à des formes théma-
tiques indo-européennes à désinences secondaires. Les formes
sont parfois celles d'aoristes, ainsi dans dïkh ^ikp „il a
laissé", cf. gr. ëfone) egit Sf^fiu, V H a trouvé", cf. skr. dvidat.
Mais elles peuvent tout aussi bien être des formes d'im-
parfaits, ainsi eber trpk r n H .a porté", cf. gr. ë<pepe } skr.
dbharat] eharç ^u, V9 „il a demandé", cf. skr. âpfechat En
effet l'arménien, ayant constitué un imparfait entièrement
indépendant de l'imparfait indo-européen, a pu affecter à
l'emploi d'aoriste les anciennes formes d'imparfaits; c'est
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86
ce qui s'est passé en slave où, un imparfait nouveau ayant
été créé, l'imparfait padû d'un verbe padq } pasti „ tomber"
a pris l'emploi d'aoriste. On sait d'ailleurs qu'il n'y avait
en indo-européen qu'une seule différence de forme entre un
imparfait et un aoriste : c'est que l'un est accompagné d'un
présent (à désinences primaires) du même thème et que
l'autre ne l'est pas: le skr. djanata est l'imparfait du présent
jânate] le gr. èyévsTo qui y répond lettre pour lettre est au
contraire un aoriste, parce qu'Û n'y a pas de présent *yeveTai,
mais un présent y^ezat, avec imparfait lèvera 5 l'arménien
a l'aoriste cnaw b%un. „il est né", avec la même valeur que
le gr. èyévsTo.
Ont des aoristes radicaux les verbes en -ane- -««fc*-,
-ani- -«ty-, et quelques verbes en -e- -*- et -i- -^- in-
diqués ci-dessus, de plus les verbes en -w- -•«-- et ceux des
verbes en -nw- -fc**-- dont le thème ne se termine pas par une
voyelle devant -nu- -*"•«.-, ainsi éhel *<*t_ „il a versé"; ar
u*n. „il a pris" (présent arnwn «"^««.-r), cf. gr. âpero; jeray
gkn-uy ^je me suis échauffé" (prés, jernum j^ n -^""- ,r ) ; ou, en
-eay- -*«g/-, zartheay n^pp-y-j „je me suis éveillé" (présent
zarfhnum n^ppi—S) j l'aoriste erduay ty?.—-"!/ jj'&i juré",
du thème erdu- êrp?.—- (présent erdnum ^/»^ir««.iT) est excep-
tionnel.
L'aoriste en -ea- -*«»- qu'on rencontre à côté des pré-
sents en -ç- -£.- et dans quelques cas isolés comme yareay
juMpïwj Je me suis levé", est sans doute issu d'un ancien
imparfait ; si l'on fait abstraction du -a- -*«- qui caractérise
tous les aoristes moyens, on y trouve en effet -i-: (y~)ari-
rappelle exactement lat. ori-tur „il se lève", et le -i- -^-
apparaît bien à plein dans l'impératif anomal (sans le pré-
verbe^/-) ari >»rfi „ lève-toi". D'autre part, on a vu § 79 que
le *-iske- que renferment les verbes en -ç- -£.- est l'élargisse-
ment par *-ske- d'un thème en *-i-, ainsi lat. (re-)ininiscor
„je me souviens" en regard de v. si. mïni-tû „il pense".
L'aoriste en -ea- -*««- a donc conservé l'imparfait du thème
dont le présent en -ç- -£• représente un élargissement.
b) Aoriste en -c- -^-.
84, — La caractéristique -ç- -#- de l'aoriste repose sur
un ancien *-sfe-; le grec a de même des prétérits comme
(pâaxov, (peùyeoxov, {pùyeaxov^ <pdée<rxov, etc.; le suffixe n'a
rien de proprement aoristique: on a vu au paragraphe
précédent que l'aoriste arménien représente une forme indo-
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86
européenne à désinences secondaires, mais non pas nécessai-
rement un aoriste.
Cette caractéristique s'ajoute toujours à un thème
terminé par une voyelle: régulièrement à tous les verbes
dont le présent est en -a- -«»-, ainsi mnam SL—J* Je reste 44 , aor.
mnaçi ffi-rf Je suis resté" ; yusam j^u^J* J'espère 44 , aor.
yusaçay j»L U u,juy' luanam v «*»—r Je lave 44 , aor. luaçi £?*-->#£ ;
zarmanam qu*pJùA<—r Je m'étonne 44 , aor. zarmaçay ^p^n-g—j ;
à tous les verbes à présent en -ww- -*>—.- qui ont (ou avaient
avant la chute de i et u) une voyelle devant -ww-: zgenum
tfrb'hmuJ* Je m'habille 44 , aor. zgeçay i+bg-j; Inum fe—S J'em-
plis 44 (de *linum), aor. Ici /^ 3 me pers. diç ^fo; les présents
en -e- -*- et en -i- -^- sans nasale sont accompagnés d'un
aoriste en -ç- -#-, sauf les exceptions. indiquées aux §§ 75 et 78 ;
mais le -ç- -#- s'ajoute à -ea- -*«*- et non à -e- -*- ou -i-
-^-; ainsi gorcem f.»p&kiT Je fais 44 , aor. gorceaç ^.npMr-g „il
a fait 44 , l re pers. gorceçi fMph-irgfr] gorcim ^-pb-friT Je suis
fait 44 , aor. gorceçay t-T^fy-j J'ai été fait 44 ; l'origine de cet
élément -ea- -*«*- n'est pas connue. Quatre verbes ont seule-
ment -a- -««-: asem w«inr Je dis 44 , asaçi »»»,»#/, - gitem rf—b*r
Je sais 44 , gitaçi tf-u>#fi) marthem Jî-pp-yJ* Je puis 44 , marthaçi
j^pPiugf,^ Jcarem fy-pbf Je puis 44 , karaçi it-p-st*
Il est à noter que le suffixe du participe passé en -lo-
~i«- s'ajoute aussi à -ea- -*«»- dans les verbes à présent en
-e- -£- et -i- -^-, aoriste en -eaç- -£*«#- ; ainsi gorc-ea-l f.*pb--lrim-i_
„fait, ayant fait 44 , comme gorc-earç t*ph-lruM- a Jl a fait 44 et
dans tous les verbes à aoriste radical, ainsi afecd —n-lr^
„ ayant pris 44 en face de ari wm.fi J'ai pris 44 . — C'est sans
doute de là qu'a été transporté -eal -*«»/_ dans les autres
verbes où le participe est tiré de l'aoriste en -ç- -#- : baçeal
pus 3 hu, L „ayant ouvert 44 de baçi p-gfi J'ai ouvert 44 ; zgeçeal
t^bgbui^ ^s'étant habillé 44 de zgeçay q^s"U) asaçeal •*-—$&&!_
„ayant dit 44 de asaçi »»««»afi, etc.
Déverbatlfs.
85. — L'arménien n'a qu'un type de verbes dérivés
d'autres verbes, les factitifs en -uçanem -n>. a wî*trjr, aoriste
-uçi ->*sfi (3 me pers. sing. -oyç -un)) les factitifs sont régu-
lièrement tirés de l'aoriste, que celui-ci soit radical ou avec
phaœ-eay ifi-fi-buy J'ai fui 44 : phax-uçanem »finfi>»i-gui%lr»r
Je fais fuir 44 ;
mecaçay jyhu, gu y J'ai grandi 44 : mecaçuçaneni Jbb-wg——
ffuAktT Je fais grandir, je magnifie 44 .
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87
Ce -ç- -#- rappelle gr. -<rxû>, lat. -scô; la diphtongue
-oy- ~v~ qui précède est inexpliquée; la caractéristique nasale
du présent résulte sans doute d'une addition postérieure,
comme dans harçanem Ç-r a *fci*>r Je demande" (v. § 76).
Cette formation est si étroitement associée à la con-
jugaison que, dans les verbes qui, comme ceux à aoriste en
-eay -*«2/, n'ont pas de participe en -eal -l*u. Ll c'est le par-
ticipe du factitif qui en tient la place : phaxuçeal ^«^#»«.^£«^
sert de participe passé à phax-eay ^fubuBj J'ai fui"; zarthu-
çeal iuTP»*.glru, L à zartheay ^-pP^y Je me suis éveillé"; etc.
Quelques verbes ont un factitif anomal: kornçim ^«/A^-T
r je péris", aor. Jcoreay frptrwj, a horusanem li n pnu UU .%yjr Je fais
périr" et les verbes dont le radical comprend l i_ ont z ^
au lieu de ç #, ainsi phlanim ^luAfiiP Je tombe", aor. phlay
4?u?h a phluzanem ^cquAlrJ' Je fais tomber"; toutes parti-
cularités inexpliqués, comme la formation normale elle-même.
B. Flexion.
86. — L'arménien a perdu le duel dans le verbe,
comme dans le nom; la distinction des désinences actives et
moyennes n'est pas non plus conservée.
a) Flexion de l'indicatif présent.
87. — Tous les indicatifs présents se fléchissent d'une
même manière; les différences qui semblent apparaître au
premier abord s'évanouissent aussitôt si l'on note que ë h
représente *ey, et que, à la finale, *-uy et *-iy donnent -w -"«- et
•i -^. On prendra ici pour exemples les cinq séries : em t*<r
Je suis" (qui représente exactement la flexion de berem
pbrpbj* Je porte"), berim pirpp.r Je suis porté", ïam i^J" Je
pleure", Inum fc—-<r J'emplis", gom t"^ rtî e su i sU -
Singulier :
1. pers. em b»r berim phpfij* lam ^««T Inum £»»•.«/* gom +—**
2. „ es bu beris ?&?£- las £■#« Inus fc-Lu gos *t*»«
3. „ eh beri pkpf» lay £«y Inu £»»*- goy m
Pluriel: *
1. pers. emkh in(g berimkh /»£/»A«(p lamkh £««£ Inumkh (unuiQ, gomkh *t—(g
2. „ ekh kg berikh pbpkg laykh [uyg Inukh ^«^g goykh typ
3. „ en ifa berin pbpfiu lan (ut'ù Inun QtmJu gon *}*»%
Le parallélisme des cinq séries est si parfait que e
et o ont été restitués devant les nasales dans em £«/*, en fà ;
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gom f.«*/*, gon ffo, au lieu de i et u que font attendre les
lois phonétiques (v. § 16).
Les formes s'expliquent assez aisément:
l ère pers. sing. — -m -T répond à i.-e. *-wt du type athé-
matique et est ancien dans em *«/* „je suis a , cf. skr. àsmi,
gr. eîfit, v. si. jesmï, bafnarn pw«-%~S „j'enlève", cf. le type
gr. dâfivcLfic; Inurn fc—S „j'emplis", cf. le type gr. ^eùyyvfit. —
La finale *-ô du type thématique devait tomber et c'est *ber
qui répondrait phonétiquement à gr. <pépw, lat. fera, got.
boira „je porte" ; l'extension de la voyelle thématique
et de -m -«/* dans berem /«*/»*«r Je porte" se justifie donc
bien; on observe des faits analogues en sanskrit dans
bhdrâmi, en irlandais dans berim et dans des dialectes slaves
(serbe berem).
2 me pers. sing. — Comme -s- intervocalique tombe en
arménien, un ancien *bheresi (skr. bhârasï) ne pouvait aboutir
à beres plrplr- ; la désinence -s -« ne s'explique que dans une
seule forme où la désinence *-si suivait -s- finale et où l'on
avait ainsi -55-: es *« „tu es", cf. homér. èaat, v. lat. ess
(chez Plante par exemple); on notera d'ailleurs que *essi
s'est réduit à *esi dès l'indo-européen: skr. àsi, gr. et, et
que *essi résulte sans doute d'une restauration analogique
dans les langues où apparaît cette forme. Quoi qu'il en soit,
la désinence s -« est partout analogique de l'unique forme
es b« ^tu es a .
3 me pers. sing. — Le *-ti final, attesté par skr. -ti, v.
russe -tï, etc., est représenté par -y, d'où berë pbpk (de *berey)
en regard de skr. bhdrati, v. russe beretï, etc. La 3 me per-
sonne ë k „il est" ne répond pas à skr. asti, gr. iart, mais
est analogique du type berë /»*/»£.
3 me pers. plur. — *-n -î» repose sur *-n&: m *■% „ils sont"
répond à skr. sdnti, gr. *évri (d'où ecût), got. sind; barnan
puin.%ui% ^ils enlèvent" au type dorien ôâpvavTi; etc.
Le timbre o de la voyelle thématique de dorien <pé-
povri, lat. ferunt, got. bairand „ils portent" n'est pas con-
servé; e y a été généralisé par analogie des autres types,
d'où beren p^p^\ de même à la l re personne du pluriel
beremlih plrphJç „nous portons" en regard de dorien (pépopeç.
Pour ces quatre personnes on pourrait également partir
d'anciennes formes moyennes ; arm. -m -t/ 1 peut répondre à
gr. -fiai aussi bien qu'à -fit) es *» „tu es" s'expliquerait
par *essai aussi bien que par *essi) etc.
l re pers. plur. — Aux désinences telles que skr. ~mah,
dorien -peç, lat. -mus, etc. l'arménien devrait répondre
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89
par -m -r et en effet la l re personne du pluriel n'est
distinguée de la l re personne du singulier que par le -kh
ig inexpliqué qui caractérise certaines formes du pluriel
(v. § 34); on a Inumkh fe-t-Jç „nous emplissons" (cf. le type
dorien Çeôrwpez) en face de Inum /W«/* „j'emplis".
2 me pers. plur. — Le -y- de berekh ptyfy „vous portez 44 ,
laykh m^ „vous pleurez", etc. rappelle skr. bhdra'ha, gr.
(pépe-re, v. si. bere-te „vous portez", etc.; on n'a aucun moyen
de déterminer si les formes arméniennes repo&ent sur i.-e.
*-the ou sur i.-e. *-fe; le -kh -^ est une addition inexpliquée.
b) impératif.
88. — L'arménien a deux impératifs, l'un de l'aoriste
servant à donner des ordres positifs, l'autre du présent
toujours prohibitif et accompagné de mi Jf> qui répond à
skr. ma, gr. fiij ; la 2 me personne du singulier de l'impératif
aoriste actif répond exactement aux formes correspondantes
du grec et du sanskrit, ainsi:
ber plrp „porte" = skr. bhàra, gr. <pépe.
likh [kg „ laisse" = gr. Aine.
harç Çwfâ n demande" « skr. pfcchâ.
L'impératif présent a au contraire une finale -r -/»
ajoutée à la voyelle caractéristique du type, ainsi: miberer
Jjp pbrpkp w ne porte pas", mi Ikhaner Jf t^^^ r ^ne laisse
pas", mi Inur Jf /W/t ^n'emplis pas", etc.; l'élément -r -/»
ne peut être ici qu'une particule, issue d'une forme *-r
plus voyelle apparentée à gr. pa, lit. ir, ce qui a permis la
conservation de la voyelle; ainsi berer p*p*p serait *bhere-r(e)
[e représentant une voyelle quelconque], Inur fi—.? *plênu-r(è),
cf. le type gr. Çeô^d, etc. L'addition de particules à l'impératif
n'a rien de surprenant i l'impératif lituanien comprend de
même une particule -ki, ainsi ec-ki „va".
La 2 me personne du pluriel de l'impératif a la forme
d'une 2 me personne du pluriel de présent: berekh p^ph^g „ por-
tez", mi berekh Jf p^pk^ n ne portez pas"; Ikhekh /^t/? „ lais-
sez", mi Ikhanèkh Jp Lt p,M&k# „ne laissez pas", etc. En effet
berekh p^phzç répond bien à skr. bhàrata, gr. <pépeze „portez",
llchèkh ifpkp à gr. liners „ laissez", etc.
La limitation de l'impératif présent à l'emploi prohi-
bitif et de l'impératif aoriste à l'emploi positif trouve son
explication dans une règle connue du grec : l'impératif pré-
sent admet à la fois la valeur positive et la valeur prohi-
bitive: kecns ^laisse", prj Xectts „ne laisse pas"; mais l'im-
pératif aoriste admet seulement la valeur positive: âctts
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90
„laisse" ; l'arménien est allé seulement plus loin que le grée
en réservant le sens positif à l'aoriste. On conçoit d'ailleurs
fort bien que Ton donne un ordre positif par le thème
(Faoriste qui indique le fait pur et simple, et que Ton sig-
nifie une défense par le thème de présent qui indique la
durée; le slave a d'ordinaire le perfectif pour les ordres
positifs, l'imperfectif pour la prohibition: ne nosi „ne porte
pas 4 *, ponesi „ porte ".
89. — Les formes d'impératif précitées sont fort claires:
d'autres sont plus obscures. Il suffira de citer la 2 me per-
sonne du singulier de l'impératif aoriste moyen en -ir -fo
ainsi ankir u^^p „ tombe" de ankay us%^ u ,j ^je suis tombé",
ou simplement en -r -/», ainsi lur i?>-p „ entends" de luay i?<-»»j
„j'ai entendu" ; et la 2 me personne du pluriel correspondante
en -arukh --pn tu g, ankarvikh u/bl^pn»^ „ tombez", luarukh /««-«<*-
P» tm p ^entendez", thakheruJch p^uig^p-^p „cachez-vous" (de
ihàkheay p--ig^"u) 1 etc.
Un -ç -y final disparaît à la 2 me personne du singu-
lier de tout aoriste non monosyllabique, ainsi; gorcea r»r^
hku, ^fais", impératif aoriste, cf. gorceaç t»p&b<»g „il a fait";
mna 3L- „reste", cf. mnaç &»># „il est resté", haso ^«#««
„fais arriver", cf. hasoyç Ç*—»ug „il a fait arriver"; mais
Jcaç tfuig „ tiens-toi", cf. ekaç ^-g „il s'est tenu", lie rf>g
„emplis", cf. eliç ^[bg „il a empli", etc.
Il y a un impératif 2 me personne du singulier en
jir- Ifr, 2 me plur. -jikh -£kp (anciens * -ijir, * -ijiJch) qui est
surtout employé à l'aoriste moyen, mais qui se trouve aussi
à l'actif et au présent; ainsi hayesjir ^wjbufbp ^regarde" de
hayeçay Ç-jkguy „j'ai regardé" ; kalgikh k-lîkp n tenez" de
kalay 1y-i?u „j'ai tenu, j'ai eu" ; asasjikh ——*u2jêç „dites" de
asaçi mu-gf» ^j'ai dit" ; aganijikh —f.m%l»2kg ^uévere*' (Luc X, 7)
de aganim „je reste, je passe la nuit" ; utijikh ««.«/f/^ ^man-
gez" (Luc X, 7) de utein »*--l> J* ^je mange". Cette forme
est fort importante, car la 2 me personne du pluriel en -jikh
-Ikg a été substituée à la forme correspondante du sub-
jonctif aoriste: la 2 me personne du pluriel de gorceçiç t»r-
kkgfrg est ' gorcesjilch f-np^buffi^ . — Le -J- -£ de ces formes
peut être *-#A- et alors on chercherait une particule cor-
respondante à skr. ha, lit. gi, gr. -de (de et-tfe, at-He), ou
* -dhy-, et alors on pourrait songer à un rapprochement avec
la finale de 2 me personne du singulier d'impératif skr. -dhi
(-M) gr. -Oc, si l'on admettait l'addition d'un élément voca-
lique provoquant changement de *-dhi en *-d%-. Il est im-
possible de rien déterminer ici avec précision.
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91
c) Subjonctif.
90. — Le subjonctif présent de em *«/* est içem fo^s
„que je sois", qui se fléchit exactement comme em *^:
2 me pers. içes fo*», etc. Ici encore on retrouve le suffixe
*-sJce- } ce qui rappelle lat. escit „il sera" et pâli acchati,
prâkrit acchaï „il reste"; la voyelle initiale i- f- représente ,
peut-être un ancien i, qui reparaît dans isk fi*4 „en réalité"
(de *is-two-?), et qui serait alors à rapprocher de gr. ta-6i
„sois", tchèque jsem „je suis" : ce i- initial devant s-, en
alternance avec e, serait une voyelle prothétique déve-
loppée devant la forme sans e, s- de la racine *es-; cf. peut-
être v. si. jis, ji0, lit. iJJ t arm. i „de" en regard de gr. è£,
lat. ex. On ne saurait dire d'où vient que içem fo^f a la
valeur de subjonctif, non plus que pourquoi lat. escit a la
valeur de futur.
Quoiqu'il en soit, tout se passe comme si le subjonc-
tif présent était formé par l'union du thème verbal et de
içem fat"**: beriçem fthpfakJ" „que je porte" de *berêçem, an-
cien * bere-yçem \ layçem L-Ud 1 *' 1 * n^} 16 J e pleure", guçem ^«i^W
„que je sois", de *go-yçem. Les présents en -i- -f- fléchissent
leur subjonctif aussi en -i- -{»-: beriçim pir r fafiiT „que je
sois porté* ; les présents en -u- -««-- fléchissent le leur
en -u- -«*--, ainsi arnvçum *««-*»«*#««-•/* „que je prenne" de
arnum *««i««-iA , 7 le tout évidemment sous l'influence de l'in-
dicatif présent; le u ««- intérieur de arnuçum uin.% nLanL J x re-
présente -oy- issu de *-u-y-: *afnu-yçum.
91. — Le subjonctif aoriste présente la même ca-
ractéristique (sauf dans le verbe anomal toi »"»i_ ^donner",
v. § 101), - mais avec une flexion un peu différente, et,
en partie au moins, plus archaïque: la l ère personne du
singulier de l'aoriste actif est en -iç -fo, ainsi ber-iç p^r-h
„que je porte, je porterai", gorceç-iç ^npb-brg fo „que je fasse,
je ferai"; -iç -fa représente *-Mô, et c'est la seule trace
arménienne de la première personne en *-ô du type gr.
tpépû) ; la flexion est la même que celle de -içem -fat**r aux
2 me et 3 me personnes du singulier et à la 3 me du
pluriel : ber-çes ?£(,-#&», ber-çè F&r-gk, ber-çen /*&/,-#&% ; la chute
de i entraîne rencontre de deux ç dans tous les aoristes
dont le thème est terminé par ç #; le groupe subsiste
dans les thèmes monosyllabiques, ainsi baç-iç p^g-fa n<l ue
j'ouvre, j'ouvrirai", cf. baç-i e ,u d"b\ 2 me personne haççes pfggbw,
mais devient -se- —g- dans les thèmes polysyllabiques :
gorcesçes ?.'7»à-£"jA« „ que tu fasses, tu feras", cf. gorceç-i tt~
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92
±kg-f> „j'ai fait a ; mnasçes 3L~vnir» ^ops tu restes, tu resteras",
cf. mnaç-i 3L*>gl> r je suis resté". La l ère personne du pluriel
berçttkh pi*p3»:g „que nous portions, nous porterons" est énigma-
tique; l'absence de -m- ne peut s'expliquer phonétiquement et
résulte probablement de l'absence de -m- à la l ère personne
du singulier beriç pbpfo] 1© w représente o, cf. subjonctif
(pépa>fi£\> ou un o bref correspondant à celui de <pépopev et
altéré en u devant la nasale qui a été éliminée par analogie.
— Le subjonctif aoriste moyen est identique au précédent
à ceci près qu'il a -i- -/&- là où celui-ci a -e- -*- : berçis p^pat"
„que tu sois porté", tu porteras", berçi pfyafi, berçin pSrpaf>* }
et que la première personne du singulier est faite sur la
première personne de l'aoriste moyen, sur le modèle de beriç
p k rba en regard de beri p^pfi, c'est-à-dire que l'on a berayç p^p^ua
„que je sois porté, je serai porté" d'après beray pkp-j „j'ai
été porté", et ainsi dans tous les cas; les formes berçukJi
P L r9 ni^ et berjfikh p^pîkf son ^ communes à l'actif et au
moyen.
Le subjonctif des aoristes en -ea- -*«»- a la forme
suivante: erkeayç trp^Mujg „que je craigne, je craindrai",
erkiçes kp^ 3 b Uj erkiçè bp^fak, etc., en regard de erkeay */»#*«•/
„j'ai craint".
92. — Le subjonctif arménien, bien qu'étant une forma-
tion entièrement nouvelle, répond exactement aux emplois
du subjonctif et en partie aussi à ceux de l'optatif indo-
européen. C'est la forme où la différence de valeur des
thèmes du présent et d'aoriste est le plus sensible, l'un indi-
quant l'action qui dure, l'autre l'action pure et simple ; ainsi :
Jean XVI, 21 ty% jnp+i—r bbuAfofi (est en train d'engendrer
ziXTTj) utpintTitLP'fiult k *bJtu* uft Çtuuiruti £ J-tuiF 'hapiu, "fil jnptt-tMêJT
V*'db (enfante r evv ^ <7 3?) iJZ&—-fb» »t_ *«-« jfizï fë&q»Ll&fiMi £*»%
fuUq.nt.p-lruSh'u, tjfi &%,ut_ tHuprj. jut^faiupÇ YJ fO^ OTOLV T t* T J)
Xùxrjv e/ety orc jjktiev tj wpa aùrrjç' 8rav âè •fsvvijaTj rd Tratâtov,
oàxézi pvypoveôst rqç HXfyewç ma ttjv gapàv Sri kyevijSrj
âvtipwnoç sic zov xôapov. C'est le subjonctif aoriste qui
traduit d'ordinaire le futur grec: beriç p^rfo traduit olam
aussi bien que le subjonctif aoriste hvéyxuy, et c'est ce qui
fait qu'on désigne souvent cette forme par le nom inexact
de „ futur".
d) Indicatif aoriste; emploi de l'augment.
93. — Les trois personnes du singulier des formes
qui ont donné l'aoriste arménien devaient se confondre
lors de la chute des finales: à skr. bhdram^ bliârah, bhàrat,
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93
homérique <pèpov, yépeç, yépe devait répondre uniformé-
ment arm. * ber, ou, avec l'augment, à skr. dbharam, âbharah,
dbharat, gr. ëtpepov, ê<pepeç, êyspe, arm. *éber. Cette forme
sans aucune désinence a en effet subsisté, mais seulement
à la 3 me personne active: éber */»*/» „il a porté", gorceaç
^n P &tru, d ^il a fait", etc.
Celles des troisièmes personnes ainsi obtenues qui se
trouveraient être monosyllabiques ont conservé l'augment,
ainsi: e-ber b-php = skr. â-bharat, gr. ë-<pepe] e-lïkh tr-[kg „il
a laissé" = gr. ë^Xure; e-harç b-<»-rg „il a demandé" = skr.
à-prcchat; e-kaç b-Çuij „il s'est tenu", etc. Celles au con-
traire qui étaient polysyllabiques n'ont pas d'augment, ainsi
gorceaç ^.nphlru, a ^Û a fait", mnaç ffi<~g „il est resté", etc.
L'arménien a tiré ici un parti très original du fait que
l'augment ne faisait pas partie intégrante de la forme
verbale: dans la langue védique et dans la langue
homérique, on trouve en effet les mêmes formes avec ou
sans augment, sans que le sens change pour cela: véd.
bhdram et àbharam, homér. <pépov et ë<pepov signifient
également „je portais" ; les langues autres que l'indo-iranien,
le grec et l'arménien, ignorent tout à fait l'augment. — De
ce que l'augment sert seulement à donner plus de corps
aux formes trop brèves il résulte que l'on ne saurait s'at-
tendre à trouver trace d'augment dans les verbes à initiale
vocalique; l'aoriste de acem w^i^r est ac >«*■ „il a conduit",
qui pourrait répondre soit à védique djat, homér. àye, soit
à skr. djat, dorien âye, puisque arm. a >» représente i.-e. *â
et *â; mais elanem tr^%bJr Je monte" fait él ^ L ^il est
monté", e * représentant e bref et non è. — Les verbes
commençant par a reçoivent parfois l'augment e-, ainsi eac
écrit k—h- „il a conduit" ; c'est une innovation postérieure
à l'époque classique et le texte de l'Evangile notamment, le
seul attesté par plusieurs manuscrits des IX e et X e siècles,
en est tout à fait indemne.
Au moyen, une désinence -w -«- est ajoutée uu -a-
•u.- caractéristique: bera-w pkpu,-*- ^il a été porté", gorceça-w
^nphhgiu-L. ^il a été fait", de même dans l'aoriste anomal ele-w
y lï—- „il est devenu". Ce -w -*- est inexpliqué.
94. — La première personne du singulier a reçu une
désinence -i d'origine inconnue, qui apparaît comme voyelle
4 -t après consonne, donc dans tous les aoristes actifs, et
comme second élément de diphtongue -y y après voyelle,
donc dans les aoristes moyens: ber-i /»*/»-£ „j'ai porté";
bera-y n*r»-j J'ai été porté", et de même elè l>qk (de *ele-y)
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94
„ je suis devenu" ; la l ère personne n'est donc jamais mono-
syllabique et i^'a par suite pas d'augment, non plus que toutes
les formes autres que celle de 3 me personne du singulier,
sauf quelques verbes anomaux (v. §§ 101 et 102).
La 2 me personne du singulier a une finale -r -/»:
bere-r p^pt-p „tu as porté", bera-r pbpu-p w tu as été porté" ;
c'est sans doute la même particule qu'à l'impératif, ou plutôt
c'est une forme influencée par l'impératif; Ve thématique
du védique bhârah, homérique <pépeç est conservé par suite
de l'addition de cette particule: berer fVV ©st *bheres-r(e)
(v. § 88).
La première personne du pluriel est en -akh --g pour
l'actif et pour le moyen: berakh pbp-j* „nous avons porté",
et ^nous avons été portés" ; l'absence de -m- de la désinence
correspondant à skr. -ma, gr. -//sv, etc. ne peut être qu'ana-
logique, comme dans berçukh p^pg-^ ^qne nous portions"
(§ 91). La voyelle a dans la forme active est inexpliquée.
La 2 me personne du pluriel est en -ykh: berekh pbpkg
„vous avez porté" (de *bereykh), beraykh p^p-j^t „vous avez
été portés" ; berè-kh pbpkzg répond bien à skr. bhàrata, gr.
(pépere et n'appelle pas d'observation. Le -kh -# est celui .du
pluriel comme au présent.
Pour la 3 me personne du pluriel, c'est sans doute *bern
(d'où *befn) qui devrait répondre à védique bhdran, homér.
<pépov, de i.-e. *bheront, car la forme isolée ekn bfi „il est
venu" en face de skr. âgan (de *agant, ancien *egemt) montre
que n du groupe *-nt final se conserve en arménien; mais
les finales attestées sont pour l'actif -m -fo: berin pW* ^ils
ont porté", pour le moyen -an -*& : beran pLp-% w ils ont été
portés". Ces voyelles résultent d'additions arméniennes qui
ne sont pas mieux expliquées que la plupart des formes
précédentes.
En ce qui concerne le sens, l'aoriste arménien est à
peu près équivalent à l'aoriste grec, ainsi Ikhi /^ vaut
ëkinov, etc.
e) Imparfait.
95. — L'imparfait de tous les types est constitué par
l'addition de certaines caractéristiques aux thèmes du pré-
sent; on notera seulement que le type en -e- -£- et le type
en -i- -f" ont un même imparfait dont le type est fourni
par l'imparfait de em £«/* „je suis" ; à berem /**/»£«/* et à berim
ptrpfuT répond la forme unique berei phplfr Je portais" et
J'étais porté". Les paradigmes sont:
Digiti
zedby GoOgk
9B
ei bfi J'étais" layi p»jp ,ge pleurais" Inui jWA , j'emplissais"
eir bfcp îayir t*yfrp înuir /^—-pp
êr hp (de *eyr) îayr r^jp Ihoyr fc»jr de *hiu~yr goyr *«//•
eakh y*iç îayakh i*y*ig întiakh /*»*«-««/£ w il était"
eikh khe layikh i~jfo înuikh /Wfe
tin irpi layin £g£& htm» jW£î» goyin fut'*'
Sauf Pinsertion de y j dans le type en -a- -««-, le
parallélisme est parfait. Au moyen âge le e- *- employé
dans tous les plus anciens manuscrits pour ei ^, etc. a été
remplacé par ê- £- qui a passé dans les éditions modernes.
Ces formes sont en partie parallèles à celles de l'aoriste;
elles o.nt -r -/» à la 2 me personne du singulier, -àkh -«^? à
la l ère du pluriel; la 3 me personne du singulier a une syl-
labe de moins que les autres, dont elle diffère d'ailleurs
par l'addition de -r -/». Mais ce qui appelle l'attention, c'est
le -i- -/- qui se retrouve presque à toutes les personnes:
bere-i p^p^-b w j© portais" a l'aspect d'une forme composée
comme l'imparfait vieux slave nesë-achû „je portais" ; si l'on
se souvient que le subjonctif beriçem ptpfa&f a aussi l'aspect
d'un composé (v. § 90), on est tenté de voir dans -i -fi, -ir -fr,
etc. des formes d'un prétérit de „être u ; *i répondrait bien
à homérique ?ja, skr. asa, c'est-à-dire à l'ancien parfait; la
3 me personne *-y~r aurait un aspect particulier parce
qu'elle reposerait sur une ancienne forme monosyllabique
d'imparfait *èst, skr. ah, gr. 9jç (-r -/» étant une particule
comme à la 2 me personne). L'emploi du thème du présent
avant cet ancien prétérit du verbe être est un fait qu'on
constate, mais qu'il est malaisé d'expliquer, à peu près
comme les premiers termes des formes composées analogues
des autres langues, lat. legë-bam, v. si. nesè-achû, got. nasi-da,
etc. — L'imparfait ei kfr etc. de em bf „je suis" devrait alors
sa forme à l'imitation du type berei pirpifi : em et berem pb~
pbjr ont en effet des flexions complètement identiques d'un
bout à l'autre, et leurs flexions s'expliquent, on l'a vu, par
des influences mutuelles.
Pour le sens, l'imparfait n'indique pas, comme l'im-
parfait latin, une action antérieure à une autre action, mais,
comme l'imparfait grec (et, d'une manière générale, comme
l'imparfait indo-européen), une action qui a duré dans le
passé. Il n'a pas de subjonctif. — On notera particulièrement
l'emploi de l'imparfait dans les propositions conditionnelles
pour indiquer ce qui n'est pas réel: Luc VII, 39 ««*• p-l*
Juipi-iupl; nç ty % uMu^tu tg-fmkp etc. OUTOÇ £t jjv TCpOfTjTTjÇ,
èyivwaxev âv . . .
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96
/; Formes nominales.
96. — Du thème du présent on a un infinitif en -Zo-
-i"-: -d -Ijl pour les thèmes en -e- -£- et en -t- -fi-: berel
P & r k L „porter" et „être porté a ; -al -t_ pour les thèmes en
. a _ .«,-: tkaranal m\m P mi,tÊ$ L „ devenir faible"; -ul —^t_ pour
les thèmes en -m- -»«--: arnwZ «"«.fc*!*/^ n prendre a . Cet infinitif
qui se fléchit en- 0- -«-, se comporte exactement comme un
substantif, et a son complément au génitif: Luc IX, 51 fi
• l/iMêututph^ »tft.ni.ftg i{lr[,uA*u*i»j %„ptu sv r<j) aup.nXTjpoùa&at zàç
yj/iépaç T7jç àvarWjfKpewç aùzou, ce qui n'empêche pas d'ail-
leurs des emplois de caractère nettement verbal, comme
LUC IX, 60 P~ n 1_ q*^r'*-btu£uii P' au 1^l__ aJÊrn-butgu fit-phutba OUfëÇ
zobç vsxpobç 0d(pat zobç éauzàtv vexpoùç.
De l'infinitif sont dérivés deux adjectifs:
l'un en -i -fi, avec le suffixe qui sert à former une
foule d'adjectifs (v. § 40), indique la possibilité: sirel-i "bp b il*
dérivé de sirel «fip^i__ » aimer", signifie „qui peut être aimé,
aimable", etc.;
l'autre en -oç -«#, sert de participe futur: beréloç /*fr-
r^i?/? ^q.'u.i doit porter" et „qui doit être porté".
97. — Le participe passé est tiré des thèmes ver-
baux dans les conditions indiquées ci-dessus, au § 84; il
est toujours en -eal -*««£ et se fléchit en -0- -«-. Ce participe,
en tant qu'adjectif, a une valeur intransitive et souvent
passive, ainsi Luc VII, 25 «yj» fi <iutbq.bpltt tfiutififinLfiUruSb
autpt^utplrut^ âvt}p(D7rov ev paXaxocç ipazioiç ijpipiëopévov] mais,
quand, comme il arrive souvent, il forme une proposition
participiale, il peut avoir le sens actif et recevoir un com-
plément direct, ainsi Luc V, 20 ^bt»but L <£ u * l .i» tnu î, %„ g , u „>uk
idtov ttjv maziv aùzwv eins] ces deux exemples suffisent
à indiquer combien sont variés les emplois du participe en
Le participe en -eal -tr>»i_ sert, avec le verbe „être"
à former des temps composés, comme cneal em Mbu, L b*r
„je suis né", cneal ei h*,b.t, L bfi ^j'étais né", cneal içeni
h%bu, L fobtT ^que je sois né". Ces formes composées ne sont
pas transitives; mais un tour curieux permet d'exprimer
le sens transitif: l'agent de l'action est au génitif, le temps
composé à la 3 me personne du singulier (donc impersonnel),
ainsi Jean IX, 8 "p«g tnbuirut L fy ftut ol itewpoovzeç abràv zb
npôzepov (v. § 64).
Il y a de même des temps composés avec le futur
en -loç -£?#, qui est à la fois actif et passif: beréloç em /**-
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97
/**/*# yj* „je dois porter" et w je dois être porté" ; Jean XIII,
21 Jfc ** /b lfr£ Jù,M*%lrin 9 k ib* sfc èÇ bfiwv napadcooei pe;
Luc IX, 44 "rt-t J^efu •fouMcs k 6 oibç zoo àv&pdtnoo
psXXec napadidoo&at „le fils de l'homme doit être livré". La
construction impersonnelle, fréquente avec le participe en
-eal -l""L} ne s 'y rencontre donc pas.
98. — L'infinitif en 4 -/_ et le participe en -eoZ -*«-/_
ont en commun le même suffixe *-&>- qui répond au ~h- du
participe des temps composés du slave: nes-lû jesrnï „j'ai
porté", littéralement „je suis porteur" ; l'emploi, au premier
abord singulier, du génitif dans les tours signalés aux
§§ 64 et 97 provient sans doute de ce que les participes
en -eoZ -*«»/_ représentent d'anciens substantifs: nora bereal
ë %m V m e kj»bu. L £ „il a porté" a dû signifier originairement
„il y a porter de lui", c'est-à-dire que l'infinitif et le par-
ticipe auraient été différenciés secondairement. L'arménien
et le slave sont les seules langues où le suffixe *-fo- ait
fourni des formes nominales qui aient été rattachées aux
thèmes verbaux, mais il n'est pas rare par ailleurs, ainsi
gr. ovpeji-Xà-ç „tourné", pipy-Xà-ç „imitant", atry-Xô-ç „si-
lencieux", oxànsXoç ^pointe de roc" (littéralement „obser-
vatoire"), atitaXoç ^rouille", etc.
Les participes en -ot ~-l (fléchis en -a- -«*-) à signi-
fication de présent, comme berol /s*/»« t ^portant", sont assez
peu employés. Leur suffixe est sans doute apparenté à ce-
lui des formes précitées; il en faut distinguer le type de
cnawl tou,Ly_ „parens u (v. § 11) avec lequel ils sont souvent
confondus.
Enfin les adjectifs verbaux comme gnayun t%uy—%
„mobile" (littéralement ^allant") de gnal ft-ti cwasun uAu,^
«»«-*' „ animal" (littéralement „ne parlant pas") rappellent
peut-être les participes moyens indo-iraniens en -âna- du
type athématique.
Observations sur l'emploi des préverbes.
99. — En arménien, comme dans les autres langues,
les mots invariables originairement indépendants qui devant
les substantifs jouent le rôle de prépositions peuvent se
juxtaposer aux verbes (type gr. èç-épxopac, npo-fépa), etc.)
mais l'importance de ce procédé y est relativement très
petite, quoique toutes les prépositions, sauf ç #, puissent
être „ préverbes" :
£- £-: ançanem m% 9 *Ê%irjr Je passe" : z-ançanern y-uAyuAkS
„je transgresse"; Mtauem Çw-ufubiT Je coupe", z-atanem
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98
^-««••Kfffe&ir Je sépare" ; z-getnem q-^yu^yj" J'atterre, je mets
sur le sol a de getin ^y-pu „sol"; etc.;
i- fi- : toujours devant voyelle sous la forme y- j- :
y-ançanem j—Ag-Ays Je transgresse" (avec aoriste y-ançeay
j-u/hgbuy en regard de ançi -Agfi J'ai passé"); y-afnem
j-umïirj* Je me lève", cf. gr. ôpvo/iat, lat. orior (avec aoriste
y-areay ju^y-j)]
af- *««.-: dans af-awelum uin.-u.^y^f J'accrois, je
m'accrois", de aweli -^y^ „plus", cf. y-awélum j-m^y^^^r
J'ajoute" avec y- j-\
dnd- ^7-- : dans unim -tAfidr J'ai" : dnd-anim gA^-a^fiiT
„ je reçois" (aor. dn-kalay /^"V uy)^ If tient ?-.%!* J* n j'empoigne",
dtn-lfnem n^nAyjr Je saisis", etc.;
gst- £uu-: gtamm t-uAbJ* Je trouve", dst-gtanem /»•»«»-
ij-ws/ubJ" J'accuse" ; dst-anjnem nuu-uB%Xuy»r Je prends sur
moi", de anjn «Ato» „ personne";
De plus deux préverbes n'existent pas comme pré-
positions :
am- «•«£ et ham Cm* 1 : bafnam fu*n%u*J % Je lève",
am-bafnam iuJîpwnAwJ* Je monte"; berem py^yf Je porte",
ham-berem <>*««£/*£/»£«r Je supporte"; ham-arjakim Ç<atfc<»r&wt/»<r
Je m'enhardis" de arjak «t»<Ju*£ Jibre"; cf. gr. âva-?]
n(i)- *»(/> dans n-stim î-—n(iiT Je m'assieds" v. § 15; ha-
yim ÇuyfiJ*; n-ayim %-u>jf,jr Je regarde".
Les préverbes arméniens sont étroitement unis à leur
verbe; souvent même, le verbe n'existe plus isolément et
et l'on n'arrive à l'isoler que par des rapprochements, ainsi
z-armanam ^mpdiAu»^ et dnd-armanam t A^u,pJ % uM'h,ujr Je m'é-
tonne". Néamoins le sentiment de l'existence du préverbe
n'était pas perdu; bien que * genum ne soit pas attesté iso-
lément, le sentiment que dans z-genum q-^y^t^J" Je m'ha-
bille", z- yt es t préverbe a persisté, car le traitement du
thème d'aoriste z-geç- tt^d" a ^ subjonctif z-geç-çis t-t^'^fi"
(et non *zgesçis * n h*gfiu) est celui d'un monosyllabe (v. § 24),
et non celui d'un polysyllabe; le rapprochement avec gr.
(F)évwfiai indique d'ailleurs que z- ^- 'est préverbe et ne
fait pas partie de la racine. Ailleurs le traitement du sub-
jonctif aoriste est la seule indication du préverbe, ainsi dn-
thefnum jA-p-ynAai.iT Je lis", subjontif aoriste dntherç-çis
i^'P y [>#-#/'« „que tu lises".
Du verbe, le préverbe a passé aux substantifs appa-
rentés, ainsi z-gest q-^-y-u, „ vêtement" d'après z-genum ^-^^«t-T;
z-at <£»»» „ séparé" d'après z-atanel n-uMu.uAir L ^ etc. Les pré-
verbes ont dû avoir à date ancienne une importance
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99
beaucoup plus grande que celle qu'on observe en arménien
classique ; autrement on ne sîçxpliquerait pas des formes
comme z-ard iz-p+ ^ornement" en face de gr. àpzuç, sans
verbe immédiatement voisin (on a cependant z-ardorem
1-mrq.u.plnr J'orne 44 ), n-eçuk %-k^^ „appui", en face de
yenum jk%»uJT Je m'appuie", aoriste yeçay jk#-j\ etc. —
En arménien classique les préverbes sont à l% veille de
disparaître et en arménien moderne ils ne jouent phiç au-
cun rôle.
Verbes anomaux.
100. — Si l'on ne tient pas pour anomaux les verbes
dont le présent et l'aoriste fléchis d'une manière normale
ne se répondent pas dans les conditions ordinaires, ceux
par exemple qui, comme yançanem jufcgufkbf Je trans-
gresse", ayant un présent à nasale en -ne- -%b-, ont un
aoriste en -ea- -£««-, comme yançeay ju,% 3 buMj J'ai trans-
gressé", on ne peut citer en arménien que fort peu de
verbes vraiment irréguliers.
101. — a) Verbes dont le présent et V aoriste appartiennent
à la même racine:
elamm ïqs*%fiiT Je deviens" a un thème d'aoriste ele-
*"!*-, unique en son genre, mais qui se fléchit avec les
caractéristiques ordinaires: elë ^ Je suis devenu" (de *eley),
cler b*i*p 7 elew ^vt*-} e ^ c -i subjonctif elèç trqk# (de *ele-yç), eliçis
klbgfr», etc.
Zimm^ty*'* Je suis, je deviens" n'a pas d'aoriste à l'in-
dicatif, mais le thème d'aoriste a ses autres formes : un im-
pératif fer §lrf „sois*, un subjonctif liçis ibgb- n c L VLe ^ u sois",
etc. (sans première personne du singulier) ; et il y a aussi un
participe passé leal t^*»i*
gom i-aj* Je suis" est très défectif et n'existe qu'à
une partie des formes du présent signalées ci-dessus §§ 87
et 95; ceci s'explique par le fait qu'il représente un par-
fait indo-européen, v. § 81 bis.
àrnem wnùirJ* Je fais" a pour aoriste arari ut^utpfi J'ai
fait", impératif ara -p*» „fais" (sans* consonne finale, cf. § 89),
subjonctif arariç wpu»pfo, 2 me pers. arasçes u, V u,u d hu (avec s
u analogique), participe passé arareal ^puMphu,^ cet aoriste
est une forme à redoublement et répond exactement à
gr. âpapeïv ^arranger" ; le changement de sens ne fait
aucune difficulté ; la forme à nasale du présent rappelle zend
drmâvi „a été fait."
7*
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100
dnem ^yj* w je pose 44 est à skr. dâdhâmi „je pose u ,
gr. riHy/ic ce que v. si. stanq „je me mettrai debout" est
à skr. iisfhâmi „je me tiens 44 , gr. taTTjjii, lat. sistô. L'ancien
aoriste radical est conservé: ed y+ „il a posé 44 répond à
skr. ddhàt; et, comme les autres formes seraient mono-
syllabiques, elles ont l'augment: edi y+fi „j'ai posé 44 , etc.;
l'impératif dir i-fo „pose u est resté monosyllabique; mais
la l ère personne du subjonctif ediç y^fo n*! 116 j e pose, je
poserai 44 et le participe passé edeal y+y^L on ^ reçu aussi
l'augment, tandis que la 2 me personne du subjonctif diçes
i-fyy» et les autres ne l'ont naturellement pas.
tant --J* „je donne 44 est sans doute le seul verbe
arménien dont la conjugaison ait gardé des alternances
vocaliques indo-européennes (type lat. dônum : dâtus, gr. â(-
dœfjLi: didojxev)) le -a- -«•»- du présent tam *——r ne peut re-
présenter que i.-e. *9, et, par suite, tam ~*»r doit reposer sur
*cfo-ye-, c'est-à-dire que la formation est analogue à celle de
v. si. da-jq „je donne 44 . — Au contraire l'indicatif aoriste
a -m- -**.- issu de i.-e. *ô dans du y*»»*- „j'ai donné 44 ; la
3 me personne et y- „il a donné 44 répond à skr. ddât\ toutes
les autres personnes ont l'augment sauf la l ère pluriel tuakh
mmuuMg qui n'est pas monosyllabique. La l ère personne du
h*,**- ^j'ai donné 44 ne répond pas à skr. âdâm, car on aurait
*et; c'est *duy 7 avec la désinence -y de la l ère personne de
l'aoriste arménien régulièrement tombée après -u (v. § 26) ;
etur y-*<-p ^tu as donné 44 , cf. skr. âdàh, a conservé son -w-
-*«.-, exactement comme Ikher i^r „tu as laissé 44 a conservé
son e (v. § 94), et comme edir y+fo „tu as posé 44 , cf. skr.
ddhâh, a conservé son -i- -/&- issu de i.-e. *ë. — Le sub-
jonctif aoriste tac —-g A que je donne, je donnerai 44 , taçes m-gy-
„que tu donnes 44 , etc., a de nouveau a issu de i.-e. *o:
c'est le seul subjonctif arménien qui n'ait pas le i de içem
foyS) il semble représenter directement un thème *dd-ske-
formé comme le thème * (i)s-(s)1ce- lui-même, d'où sort içem
feys „que je sois 44 .
Isem i*y>r ^j'entends 44 a un aoriste luay if-»u „j'ai en-
tendu 44 ; le présent Iserri i»yj* repose sans doute sur un élar-
gissement par *-&- et l'aoriste luay £»«-«*/ sur un élargissement
par *-s- (cf. skr. çrus-tih „ obéissance 44 , v. si. sly$-ati a „ en-
tendre") de la racine attestée par skr. çrtUdh ^entendu 44 ,
gr. xXôû), etc. — L'impératif est lur /**./» ^entends 44 .
Imrkanem ^u» v l i u,'byj % ^je frappe 44 , aor. hari Ç**rf ^j'ai
frappé 44 ; l'aoriste est à rapprocher de lette pèru, pêrt ^frapper 44
(de verges); le présent harkanem ^^u^yjr a un élargisse-
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101
ment -g-, et repose sur *fif-0-; ce -p- se retrouve dans le
nom sanskrit du dieu du tonnerre: Parj-dnyah; le dieu slave
correspondant Per-unû a son nom de la même racine sans
élargissement et le lit. Perkunas a un élargissement h comme
aussi le v. irlandais Fiorgyn.
fanacem *v*fc«*^W Je connais", aor. caneay kufcymj^
v.§9. '
(anim —-A fis „je conduis", aor. taray -wp-y.
102. — b) Verbes dont le présent et l'aoriste appartiennent
à des racines différentes.
Dans l'expression de certaines notions très familières
et courantes, on recourt souvent à des racines différentes
pour former les divers thèmes qui indiquent les nuances
grammaticales; ainsi le présent du verbe „ aller" est en attique
ëp^ofiat, le futur sept, l'aoriste fjktiov, le parfait èXijXvda] le
présent de „voir" est ôpm, le futur ôipopai, l'aoriste etôov, etc.
L'arménien, qui a un verbe à deux thèmes seulement, ne peut
présenter l'opposition de plus de deux racines différentes,
et c'est en effet ce qui arrive pour plusieurs des notions qui
présentent dans les autres langues cette particularité:
utem «•-•nbjr Je mange" a la même racine que skr. âdrni,
lat. edô, gr. ëâopac ; le u- «*-- suppose un ancien ô que le grec
présente dans le substantif à redoublement èdwôi] ^nourriture",
mais dont l'emploi au présent est inexpliqué ; il est d'autre part
très hasardé de supposer que le présent utem n^bf représente
un ancien parfait. — A l'aoriste, le sanskrit et le grec ont
des racines autres que *ed-: skr. dgMh „il a mangé" et gr.
ëipays; l'arménien a keray i^p^j „j'ai mangé", cf. skr. girâti
„il avale", v. si. zïretû (même sens), lat. nord, etc. La
3P 1 * personne d'aoriste et l'impératif ont une forme active
inattendue en regard de keray ^p^j: éker b^p Jl a mangé",
ter $fy„ mange"; le subjonctif est Jcerayç b^p-yy, keriçes $*-
ph btt i etc.
dmpem ^J^bf Je bois", présent d'origine obscure, mais
difficile à séparer tout à fait de skr. pibati Jl boit", lat.
bibô, v. irl. ibim Je bois" ; aoriste arbi *»ppfi J'ai bu", cf.
lat. sorbeôj lit. srebiù, surbiù J'avale en humant, je suce",
gr. pofécj.
gam ?«"/* Je viens", cf. la racine *wâ- } élargie par -de-
dans lat. uâdô, et dans ags. wadan, v. h. a. watan w aller
(par eau)". — L'aoriste éki b^fi Je suis venu" est insépa-
rable de skr. dgâm et de dorien l/9âv, attique ëjirjv] l'aug-
ment s'y est maintenu, de manière à éviter le monosylla-
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102
bisme, comme dans etu h-»*- „j'ai donné" et edi i"tt J'ai
posé"; il y a encore trace de à de la racine dans l'im-
pératif ékaykh kk-j^ „ venez"; la 3 me personne ékn bip»
„il est venu" appartient à une racine voisine mais diffé-
rente, qui comprend une nasale, cf. skr. âgan „il est venu",
got. qiman „ venir", lat. uenîô, etc. Enfin le subjonctif ehiç
k khi ekesçes êr^u^ku (avec augment généralisé) est tout à
fait énigmatique.
erfham trpp-i—r w je vais" n'a pas d'étymologie évidente;
l'indicatif aoriste est èogay is't'V qu'on ne peut séparer de
çu t»<- ^départ", v. §23; mais les autres formes de l'aoriste
sont tirées de la racine .de ertham b^p-viT: impératif erth
fyp nVa", subjonctif erthayç bpp-uyg, erthiçes ir r p-fyku } parti-
cipe passé ertheal irpp-i*u, L pétant allé".
unim —ïbfcj* Je prends, j'ai", aoriste kalay b»>i«y (im-
pératif Ml k-'L ^prends, aie"), tous deux sans étymologie
certaine (v. maintenant la Zeitschrift de Kuhn, XXXVIII,
p. 203); l'albanais oppose de même Jcam „j'ai" kpatSe „j'ai eu".
Les quelques formes isolées: gog t»t w dis", gogçes t»t-
gb» „tu peux dire", gogçë t-tsh „il peut dire", sans doute
de la racine *weg te h- de lat. uouéô, skr. vâghàt- ^priant" (cf.
gâthique aogddâ „il a dit", de l'indo-iranien *augh~) sont
sans doute les restes d'un aoriste de „dire" dont le présent
n'existe pas. On sait que les verbes signifiant „dire" sont
de ceux qui ont le plus souvent des racines diverses dans
leur conjugaison: gr. As^û), èpâ>, slnov.
Enfin tesanem ^huuAb jt Je vois", aor. tesi *»£»£ „j'ai
vu", s'explique par une contamination des racines *derK-
et *spek'- } dont l'une fournit l'aoriste sanskrit ddarçam „j'ai
vu" (cf. gr. ëdpaxov), en regard du présent skr. pâçyati „il
voit" (cf. lat. speciô, a-spiciô, etc.). Il est donc probable que,
ici encore, l'arménien a eu l'alternance d'un présent, tiré
de *spék'- } soit *hesanem (?), et d'un aoriste, tiré de *derft'-,
soit *iem, et que les deux combinés ont abouti à un élé-
ment radical arm. tes- -h—.
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Chapitre V.
La phrase.
103. — La structure de la phrase arménienne ne dif-
fère pas essentiellement de ce qu'on observe dans les autres
langues indo-européennes anciennes: l'Evangile a pu être
traduit du grec littéralement, avec maintien presque absolu
de Tordre des mots du texte grec, sans que l'aspect de la
traduction diffère gravement de celui des ouvrages arméniens
originaux. On ne saurait entrer ici dans le détail des règles
relatives à la phrase arménienne, et Ton se bornera à marquer
quelques-unes des principales particularités sur l'explication
desquelles la grammaire comparée donne quelques lumières.
A. Règles d'accord.
104. — Le nombre et la personne du verbe ont
continué d'être déterminés par le sujet: sur ce point l'ar-
ménien n'a rien innové, sauf ceci que la disparition du
genre a entraîné la disparition de la règle indo-européenne
conservée par le grec : rà Çwa Tpé/et.
En revanche l'accord de l'adjectif avec le substantif
auquel il se rapporte ne se fait plus dans un très grand
nombre de cas et les règles d'accord sont multiples et
fuyantes. Le point de départ de cette innovation se laisse
encore aisément reconnaître: c'est la forme du nominatif
pluriel qui se confondait phonétiquement avec celle du
nominatif singulier, et qui n'en a été différenciée que par
l'addition d'un -kh zg d'origine inconnue (v. § 34): or le
-kh •# n'a pas été ajouté partout, mais tout se passe comme
s'il avait été employé là seulement où la clarté le deman-
dait. Sans ce -kh ^, la forme du nominatif pluriel est
identique à celle du nominatif singulier et apparaît dé-
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104
pourvue de toute flexion ; comme d'autre part le nominatif
et l'accusatif singuliers sont toujours identiques au singulier,
dans les noms arméniens autres que le pronom personnel,
la forme sans -kh -# du nominatif pluriel a aussi servi par
analogie pour l'accusatif pluriel, dans les situations où le
nominatif pluriel était identique au nominatif singulier.
C'est donc du nominatif-accusatif qu'est partie la tendance
à laisser invariable l'adjectif; et en effet les adjectifs pos-
sessifs et relatifs, fléchis aux autres cas, ont au nominatif
et à l'accusatif pluriels la même forme qu'au nominatif et
à l'accusatif singuliers : „mes paroles" se dit im bankh ^J* p«Ag
ou bankh im pw\g /&«r et à l'accusatif z-im bans q^b^ t" m%u ou
z-bans im fp-A* fif\ au contraire, aux autres cas, les posses-
sifs et les relatifs ont la marque du nombre et du cas:
imoç baniç £</•& p^bâ ou baniç imoç e-^bd b^-d »de mes pa-
roles"; de même la forme brève du démonstratif au nomi-
natif et à l'accusatif pluriels est identique au nominatif-
accusatif singulier: ays bankh -y» /«««fy? „ces paroles", mais
elle est fléchie aux autres cas: aysç baniç -j»g p-^ba r> ^ e
ces paroles".
105. — L'état ancien attesté par les exemples précé-
dents a été modifié en deux sens différents:
1. Les substantifs sont fléchis à tous les cas du sin-
gulier quand ils sont précédés de noms de nombre non
fléchis: nominatif-accusatif hing awr ^t % t ""-r „cinq jours",
génit. dat. abl. hing atvur Çfi't iut ~ nL p „de cinq jours", etc.;
au contraire, ils sont fléchis au pluriel s'ils sont accompagnés
d'un des noms de nombre fléchis, comme erekh awurkh
bpb^ ,ui-»€.fl£ ^rois jours", ou, si un nom de nombre
non fléchi le suit: atvurkh hing -un*.^ Çfo?. ^cinq jours",
awurç hing ua.nt. r3 $b % * r>& e c i n( l jours", etc. — En
arménien moderne le nom de nombre précède toujours
le substantif, qui est constamment au singulier. — L'état
que présente l'arménien ancien est donc une phase de
transition entre l'état indo-européen (substantif au pluriel)
et l'état arménien moderne (substantif au singulier).
2. En général, l'adjectif épithète est à la forme du
nominatif-accusatif singulier, s'il précède le substantif; il a sa
flexion normale, au pluriel, s'il le suit : bazum awurkh p-^^x
uMunt-fig w beaucoup de jours", mais awurkh bazumkh -*.»*.££ pu.^
V! t - J 4f „jours nombreux"; bazum awurç pui^uS u> Ln u Pa ^de
nombreux jours", mais awurç bazmaç *—.n^ vd putqJ^ â v de jours
nombreux", etc. Toutefois, quand ils précèdent leur substan-
tif, les adjectifs dont le nominatif- accusatif est monosylla-
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105
bique conservent encore souvent l'état ancien, c'est-à-dire
les génitif, datif, ablatif, locatif, instrumental fléchis, mais
nominatif et accusatif pluriels identiques au nominatif-
accusatif singulier : mec arJchaykh &*■ <*&"!/£ » grands rois"
à côté de meci arkhayi «Aty m P4^jt „<lu grand roi", mecaç
arkhayiç JL^-g —{ip»yfy „des grands rois", etc. — De même
l'adjectif prédicat n'a pas reçu le -Jch -# du pluriel quand
il précède immédiatement le verbe: Xi en £ M* „ils sont
pleins". — Le détail des faits relatifs à l'accord est
trop menu pour être donné ici. — En arménien moderne
l'adjectif épithète précède régulièrement le substantif et
l'adjectif prédicat le verbe; tous deux sont constamment
invariables. Ici encore l'arménien classique présente une
phase de transition.
B. Ordre des mots.
106. — Non plus qu'en grec ancien ou en védique,
les mots ne sont rangés en arménien dans un ordre fixe
qui serve à en indiquer le rôle grammatical; la place des
mots a une valeur purement expressive; le mot sur lequel
l'attention est attirée est mis en tête de la phrase et les
autres mots se groupent par rapport à celui-ci. Soit par
exemple cette phrase du second livre de l'historien Elisée
auiauàutni.p-fiuli trl[knlrnt.iij uinLuêitl^a [§ b- us n. uy n ufl- fi ub -la liberté
de l'église, il la changeait en servitude", le mot essentiel
est ici us V M,u,i,i.p-^% ^liberté" ; il est jeté au début de la
phrase et le mot opposé h^u»n^uM jn ^p-f,A ^servitude" lui fait
pendant à la fin; quelques lignes plus loin, on lit: ^ ^Af £-
qjTff*-iij ifius^u u*qu t uu„ l bu 3 b% „pour qu'ils détruisent la gloire de
l'église" ; cette fois l'église t^^^y est le mot important
mis en tête et le génitif précède le substantif qu'il détermine.
Ailleurs, c'est le verbe qui commence la phrase : £*«.«* £«.
%nçu. uA&u*fau*4«,% <Ç/»ft£ ^ils se sont enflammés eux aussi d'un
feu inextinguible".
Toutefois on observe une tendance à fixer l'ordre des
mots ; ainsi l'adjectif précède le plus souvent le substantif
et, s'il est placé après, c'est pour attirer l'attention; «"«-«,««
^usp^k^ut^g signifie simplement „par des dons généreux",
mais ^utp^.ifi.MUL^ Jb^uiJh^uMug ^par les dons les plus grands"
est plus expressif.
L'usage indo-européen de mettre les petits mots atones
immédiatement après le premier mot tonique de la phrase
a laissé sa trace en ceci que les particules s «, d q-, n fc
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106
(v. § 56) occupent cette même place quand elles portent sur
l'ensemble d'une proposition, ainsi : Luc I, 35 «p b%ufclr L -gi
k fi 4?4fc to -rsvvwpevov èx aoû] Luc IX, 32 nkmpm* in.
„ p fin. %Jù,ji êr/â, ô ôè Flézpoç xal ol abv aùr<p (la préposition
&1- n'est pas accentuée et forme un groupe avec le mot
suivant.); Jean XVIII, 2 tt^kp £*- 3—-f* -p 'fe-J* Jù,-**!**
L-a **? ydei dk xoi 'loùSaç ô napadtdobç aàrôv.
C. Propositions subordonnées.
107. — Le pronom et adjectif or «/» „qui", génit. oroy »py,
qxri introduit les propositions relatives est apparenté à l'inter-
rogatif ov •£ w q^ U j cf. got. himrjis (et lit. leurs), v. Pedersen,
dans la Zeitschrift de Kuhn, XXXVIII, 237; en effet d'une
part le pluriel oykh y^ de ov »£ est employé avec valeur rela-
tive et de l'autre c'est or *p qui sert d'adjectif interrogatif :
np wjp „quel homme ?", ov «£ étant purement pronom. D'ailleurs
zi «fi, c'est-à-dire la préposition z ^ avec l'interrogatif i- fi-
„quoi" est employé avec la valeur de „ relativement à ceci
que, comme" et simplement „que". Ce passage de l'inter-
rogatif au sens relatif, aisé à expliquer par des phrases
comme „je sais qui est venu", s'est produit dans une grande
partie du domaine indo-européen, par exemple en latin, en
germanique, en baltique; en slave, on le voit -se produire
à date historique. — Aux propositions relatives se ratta-
chent toutes les propositions introduites par l'une quel-
conque des formes de l'interrogatif employées avec valeur
relative, c'est-à-dire toutes les propositions introduites par
or -p et ses composés, zi ifi, ur »«-/• „où" (cf. lit. leur „oii"),
erb tpp „ quand" (cf. pour la formation gr. 3~<ppa?) 9 etc.
108. — Quant à la conjonction the pb, ethe tp-b „que",
elle a été rapprochée ci-dessus, § 10, de lit. tè ; elle signifiait
sans doute „ ainsi, de cette manière"; si l'on admet ce rap-
prochement, ethe bp-ir ne serait pas la forme ancienne, mais
comprendrait une particule e £, suivie de the pt. Quoiqu'il
en soit, cette conjonction n'a pas le caractère relatif; c'est
un petit mot qui annonce une proposition énoncée sous
forme directe et non sous forme indirecte, ainsi dans cet
exemple de l'écrivain Eznik: ^«U/» 1 Lpk «£ b» «--u
„il questionnait ainsi: qui es-tu?", ou bien encore chez
Elisée, livre II, uikufiV p^ wjunu mA%u»j%fit. ^ui^^ju^ , . . n ils
ont vu que par tout ceci ils ne pouvaient pas", littérale-
ment: w ils ont vu, ainsi, par tout ceci nous n'avons pas pu . ."
L'emploi de the p^ rappelle donc celui de skr. iti qui marque
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X07
une incise; la position des deux mots est seule différente.
Ceci est plus clair encore dans le tour fréquent dont la
phrase suivante d'Eznik fournit un exemple : ^«««^ »t_ hph
U0%i%un.» r tti f -ji_... „la gloire n'est pas une personne,
mais...": ypt annonce simplement ici ce qui est nié.
Tel est le sens ancien de the p^ y ethe bp**] mais le sens
de „que a s'est fixé et se rencontre déjà dans les plus anciens
textes. — Toutefois ce n'est pas de „que u qu'on peut passer
au sens de „si u qu'a très souvent the p-b, c'est du sens de
„ainsi a , de même que par exemple dans le lat. su On sait que
les conjonctions qui introduisent les propositions condition-
nelles diffèrent d'une langue indo-européenne à l'autre.
Dès les plus anciens textes, l'arménien présente un
système de propositions subordonnées très complet et très
varié, et la traduction des phrases grecques ne présente
à ce point de vue aucune difficulté grave.
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Chapitre VI.
Le vocabulaire.
109. — Les mots arméniens forment souvent des
groupes naturels dont il n'est pas toujours facile de déter-
miner les relations exactes, mais où la parenté est évidente
au premier coup d'œil. Ainsi à côté de serem «b^bf ^j 'en-
gendre" on trouve ser «fy, gén. plur. série «*/•/# et set uk*-,
gén. plur. série «£«-/# ^févoc", sern -tm.% rfvyatoç" , sermn
uhpSù v semence tt , serund «tr r ni.%q. v postérité". Ces formations
sont préhistoriques ; car d'un verbe tel que serem »êr r inr
„ j'engendre" on ne tire plus en arménien classique des noms
tels que ser «fy (gén. seri «fy^), sern -lm.%^ sermn "Ap#, etc. ;
et en effet on se trouve sans doute ici en présence d'une
ancienne racine indo-européenne, la même sans doute que
celle de lat. creâre, et ces mots peuvent avoir été formés
soit dès l'époque indo-européenne, soit à l'un des moments
du long espace de temps compris entre la période indo-
européenne et la fixation de l'arménien classique.
Le nombre des groupes de mots arméniens qu'on peut
avec quelque vraisemblance considérer comme étant d'origine
indo-européenne ne va pas à quatre centaines. Ces mots ne
sont d'ailleurs pas tous des mots indo-européens communs,
et plus d'un, se retrouvant seulement dans une autre langue
ou dans des langues géographiquement voisines, est suspect
d'avoir eu un caractère dialectal dès l'indo-européen ou
d'avoir été acquis après la séparation des langues. Il con-
vient de signaler à cet égard certaines particularités.
Quelques mots qui semblent communs aux diverses
langues de l'Europe mais qui manquent à l'indo-iranien se
retrouvent en arménien; 1er deux" plus notables sont le nom
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109
du „sel" : arm. al -?_ et ait -»t ur > cf. v. si. soli, got. sait, lat.
sàl, gr. Sic, et la racine du „ labourage": arm. arawr *~ r —- r
„charrue", cf. lat. arâtrum, gr. àpazpov, lit. drJclas, etc. Au
contraire, d'autres mots qui se trouvent dans les langues
du Nord et de l'Ouest de l'Europe, mais qui manquent en grec,
manquent aussi en arménien; c'est le cas delà racine *së-
„semer" de lat. sera, sèui, satus (le gr. %zc „j'envoie"
n'appartient pas à cette racine) et du mot „grain": lat.
grânum, got. kaurn, v. si. erùno. Quand l'arménien a des mots
en commun avec une ou deux langues indo-européennes
seulement, c'est avec l'indo-iranien, ainsi: ji *fi „cheval"
(gén. jioy */>y) 9 cf. skr. hâyah ; avec le grec, ainsi : erewim
kpy^jr w je parais", cf. sans doute gr. npénm „je me montre,
je parais"; ou avec le baltique et le slave, ainsi macanim
J^v/y^r Je me colle", cf. v. si. maeati w enduire"; un
même nom du ^poisson" est propre à l'arménien jukn £»«-{%,
au grec */05c, et au lituanien zuvïs\ etc.
110. — Les anciens mots indo-européens ne forment
qu'une petite partie du vocabulaire arménien. On a déjà
vu plus haut (§ 2) quelle est l'importance des emprunts
à l'iranien. Les emprunts au grec et au syriaque omt aussi
été caractérisés ; on notera, à propos de ceux-ci que les
mots proprement arméniens se sont, sous l'influence des
langues savantes voisines chargés de sens qu'ils ne possé-
daient pas par eux-mêmes; ainsi erëç fy£# „ ancien" a pris la
signification de „prêtre" sous l'influence du gr. npeopûrspoç:
au lieu d'emprunter le mot, l'arménien a simplement emprunté
le sens; l'autre mot signifiant „prêtre" khàhanay j»-<>w*imj
est au contraire un emprunt pur et simple au syriaque.
L'iranien, le grec et le syriaque sont les langues aux-
quelles l'arménien a notoirement beaucoup emprunté; mais
il y en a eu sans nul doute beaucoup d'autres. Par exemple
le mot gini f-f^fi „vin", visiblement apparenté au gr. Foïvoç,
n'est pas pour cela un mot indo-européen; c'est un mot
méditerranéen qui se retrouve en sémitique et aussi dans
le géorgien yvino et les autres langues caucasiques du sud.
L'arménien a quelques mots qui semblent assyriens et qu'il
a reçus on ne sait par quel intermédiaire, ainsi knikh fofig
v sceau"; le l i_ de ult "*-?»» „ chameau" en regard du zd
uStra-, skr. ûstrah ne paraît pouvoir s'expliquer que par un
passage de S à l qui est justement attesté en assyrien. La
ressemblance de arm. karkh %-»#, gén. kafaç £•»«-««#, „ehar"
et du gaulois carros pourrait sembler fortuite si l'on ne
songeait aux Galates de l'Asie Mineure. Enfin une quantité
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110
de mots sont entièrement isolés et doivent avoir été em-
pruntés aux langues diverses avec lesquelles l'arménien a
été en contact depuis la séparation de l'indo-européen jusqu'à
la date des premiers textes ; ainsi les membres de la famille
de la femme pour lesquels l'indo-européen n'avait pas de
noms sont désignés par des termes sur l'origine desquels
on ne sait rien: aner u.%k P „père de la femme", zdkhanç
l»,çuM*bt_ ^mère de la femme", etc. Pour donner une idée de
l'importance de l'élément inexpliqué du vocabulaire arménien,
il suffit de signaler que le nom de nombre „cent" hariwr
^ujp^p n'a pas d'étymologie connue.
111. — Il arrive que des mots qui sont associés dans
l'esprit s'influencent mutuellement; on en a vu ci-dessus
des exemples pour kin Irffr „femme" § 52 et pour tesanél
m &uuAir L „voir" § 102. Entre autres cas on pourrait encore
citer celui de tal -u>l „sœur du mari", cf. gr. ydX(Dç 1 lat.
glas, v. si. zulûva, où t « a été substitué & c & sous l'in-
fluence de taygr -"otr „ frère du mari".
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Conclusion.
112. — Bien qu'il soit attesté à une date relativement
basse, l'arménien conserve donc un grand nombre de parti-
cularités indo-européennes caractéristiques: l'emploi des
cas, la flexion des substantifs thèmes en * -n- par exemple,
sont d'un archaïsme singulier.
Mais, dans l'ensemble, le système phonétique et mor-
phologique de l'arménien est profondément distinct de celui
de l'indo-européen; la prononciation a un aspect tout nou-
veau; les formes grammaticales sont agencées d'une manière
originale; et au moment où l'arménien a été fixé par l'écri-
ture, le travail de réfection était déjà si avancé que la
plupart des anomalies étaient éliminées et que la grammaire
était parvenue à un rare degré de régularité.
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Index des mots arméniens étudiés.
Les chiffres renvoient aux pages.
Les mots sont rangés dans l'ordre de l'alphabet arménien (v. p. XVI).
Par conséquent n (arm. «.) figure sous te.
Les suffixes figurent à leur rang alphabétique ; on les reconnaîtra au petit
trait dont ils sont précédés.
Chaque lettre a un article qui renvoie aux pages où est étudié le pho-
nème correspondant.
a ~ 19, 20, 21, 22, 23,
25, 32
-a -««» (des démonstra-
tifs) 34, 62
aganel ««^ «AA^ 80
axt ui/um 5
acel ~U L 20, 77
akanates uM^mfuuitmhm 70
akanjkh «•»$-»*£.£ 59
akn -$* 14, 20, 59
al ~ T 17, 25, 109
alawthkh uiqu$i.p^ 66
albewr ^ v ^p 24, 25, 28
aluës -qmi-k» 27
aljik —qlf>t 55
ait -v* 17, 23, 109
am- «■«/*- 98
am «mT 20, 43, 50
amafn ⻫/Z»«% 23
ambafnal aM^«f«.Wig_98
amenekhean «»WM»A^Aa»î»
54
amis wJb u 18, 67
ay «^ 23
ayd W 15 > 62 , 63
avdr «*yw 62, 63
ayl ~ JL 26, 64
ayc »y* 23, 51
ayl «^t 26
ayn <#* 62, 63
ays *y (démonstratif)
62, 63
aysr m r p 62, 63
ayti •?/*>{* 62
ayr w 32, 58
-ana- —»W- 82
angorc tA^mpb- 51
and -H 62
andust ««i^»*.»*» 63
andr «A^/t 62
aner u»%bp 110
-ani -- *A 60
anicanel u,%p^u,%èf_ 78
ankanel •«Sr^i»!»^ IX
anjn «Wi 52, 53, 54
anjuk uAÂuuÇ 11
anmofaç «*«/&«. ««^ 71
anun ~%«<.l 26, 67
anurj «*-./.£ 29, 32
anti «•!»«■£ 62
ançanel «fy-A^ ?9
aôkh «££ 29, 59
aj «»£_ 64
ai- ««- 67, 69, 70, 98
aragast ■»«.<«£ <«««i 52
af ajin mm.mfjh 52, 64, 71
arawelul ««j*.-»*.^^ 98
arnel ".«Jfcfy_ 22, 34, 99
arnul «*«.*•<.£_ 83, 85
af u uim.mu 25
asel —-i*i_ 86
aseln ««fr^ 22
ast -—" 62
astên -um&i 63
asti *■»»«»£ 62
asti ~— » t 33, 56
aStuaC mmmmê.m$& 4
ast US t mmmmutttn 63
asr "»«/t 57
ateal ««««ir-»^ 10
arawr mptuup 13, 49,
- 109
arbenal ««/»^4W»^ 82
arbi ~ppt> (aoriste) 21,
101
argel —t+^L 12
argelul •"»/»5r*C IL Z- 83
ard —pu- (arrangement)
12
ardar *»ct—p 25
ardewkh *■»/»?**.£ 24
arew «»/t^«- 25
ari mpp (brave) 34
ari mp P (lève-toi) 85
armukn —p»l»'-p' 21
arueSt mpmubuan 52
arj -pf_ 19
art u, V m 73
artasukh —pm—*»^ 25
artawsr mpmu»ump 32, 57
artakhoy -pwuigy 74
artakhs mpmu^m 74
-açi — *£ 42, 50
aw -«. (o) 23, 27
awadik mum^H 63
awagani «•»!-«»*«•*£ 60
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113
awanik um_«A^ 63
awasik utùiump^ 63
awd ««.7. 15
-awth -ut-p- 52
awth —./* 15, 23, .51
awcanel «MLé-nM^ 1?,
23, 78
awj mU 17, 23
-awor -« «-»/» 37, 50, 52
awr «•*./» 32, 58
awrhnel un.pfrki_ 13
b f« 5, 6, 19, 12
-b ~p (de l'instrumental)
41, 47
bay p<«y 14
ban p.uîu 51
bafnal p-mOw^ 82, IX
bard p-pq. 38, 51
bari ptp 11
barjr p-Hr 9, 38
barwokh puip^^g 11, 49
bekanel pkqu&k^ 78
ber pkp 89
berel pkpk L 9, 24, 37,
77
biwr p/im-p 73
bok p*i 18
boyc Pî/ * 17, 23
buth pm-P- 14
bucanel p—-&uAk L 78
g * 5, 6, 9, 12, 27
gai ifM» L 101
gaît +u.qu, 22
gayï ^«y^ 26
gan 7«*A 9
gafn f-m.% 22, 55
garâel t-, Pz k L 19
garun 7«*/«»c.V18
gelul 7 k u ,u l _ 25, 82
get 7*«t 49
gin *fo 26
gini tflfi 3, 109
gitel rA-*£_ 27, 83, 86
gituthiwn 7^<»»<-^^i_l
53
giwt 7 /^ t 59
giwîaçi tt'-v^'dt 50
giwt 7^»-«» 23
gog 7*7 (dis) 102
gom 7»«r „je suis" 83
-goyn -t"ji' 71
gorc 7»/»* 27, 49
gorcel q.np&&i_ 77
gOrt q.uptn 51
gtanel qmiuitk^ 78
grel ff^ 31
d t- 5, 6, 9, 12, 15
d t (article) 15, 62, 106
dalar q.u*[u* P 49
dafnal ig.-m.%ui L 82
dedewel ^.Ir^ln-ki^ 9
dew 7**- 5
dëz 74^ 23
dizanel qpquJhkf 78, 9
dnel 7**, 9, 100
doyn q.yh 62
du i-nt. 15, 65
durn fr-t-n-fc 22, 58
dustr TM <.« M/ > 17, 21, 33,
56
dukh t-»*^ 65
dsrov t»p"i_ 2
drand q.pu.%,/. 12, 23
e fr 3, 19, 20, 25, 32
ea tu. 3, 24
-eal -ku. L 96, 97
eay k*.j 3
-ear -kmp 60
eber kpkp 1, 84
egit ktg.pt, 84
ed £7. 1
ethe ty** 106
elikh kfe 84
eki kq P (aoriste) 101
ekn ktp, (il est venu)
34, 94, 102
eharç k$u, Pa 84
elanel kquibk L 93, 99
etbayr *t*« w 25, 56
etn £7*» 25
eîungn kqni\q% 26
es ku 16, 34, 65
erb k P p 106
erg k ptt 23
erdnul k P m.%m.g_ 85
erek fyAf 25
eresun k P k»nu% 23, 38,
72
eres(kh) k P k u (#) 18, 66
erewel k P k^.k L 18, 109
erewoyth kpku. u p 14,
52
erekh fy% 13, 29, 46,
72
erëç kpk a 13, 25, 57, 109
erthal k P pu, L 102
eris k P p» 1
erir k PPP 73
erkan kp^ml* 25
erkeam kpÇku„r 72
erkeriwr k P ljk ppLp 73
erkic(s) MM") 73
erknaberj k P fhu*pk P Ji 38
erknôel */»4V*_ 28, 81
erkotasan £f(««ft««»t«ir
71, 72
erku */»4»«- 28, 46, 71
erkrord &/*$/"*/>7- 73
-erord A/»/»? 73
errord k PP n P ^ 73
ew fr«- (diphtongue) 24,
27
ew *«- (et) 13
ewthn k^p% 17, 24, 33,
72
ephel k+k L 18
z t 6, 9, 14, 16, 18
z t (préposition) 4. 17,
67, 97
zançanel quib^u/hki 97 '
99
zat 7«««n 98
zatanel yu»u»iu1,ki_ 97
zard 7-^7. 43, 45, 51, 99
zarthnul i^pP^ut-^ 85
zarmanal qu» P du*l*uii_ 98
zawr 7o#i_{i 60
zgenul 77*W L 26, 27,
34, 83, 98
zgest ifkuu, 14, 26, 51,
98
zgetnel* qqkmhk^ 98
zi ? £ 63, 106
zrne 7</t 2
zokhanô n*>gui%i_ HQ
ê t 19, 23, 24, 34
e 4 (inaccentué) 4
-ë -4 (de l'ablatif) 49
9 p 19, 30, 33
embinel £*£«&£,_ 98
ampel p^tk L 101
end ^7. 4, ^67, 69, 70,
98
endunel plu^m^Xk^ 98
onthernul pi$pk*.u»i-i_
98
enker /AJfy 70
antrel pi»*n P kf_ 77
est p ««- 4, 68, 98
astanjnel ^«iwa/Wîrfr^ 98
9Stgtanei P uu$^$nuê%ki_
98
th^5, 6, 11, 14, 16,19
tharamei ^•»«-u»i/fr^ 19
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114
thathawel p-mp-utuir^
13
tharâamel p-mpimA^ 19
thawthaphel Pmuput-
thakhÔel P^^l 80
the pi 11, 24, 106
thë Ph 24
thmbrel P^ph 12
thf cel P«**z. 80
2 «f 6, 10
ZOÎOVlird é-nqmilmLfii. 55
zoyè «*ç/«* 10
i A 2, 3, 20, 21, 34
i ^ (préposition) 67, 69,
98
-i -A (suffixe) 34, 51, 52
-i -A (du génitif) 48
i- A- (interrogatif) 63
iz A* 2, 10, 51
-ik -A4 55
im A^ 64
i mêj A «#£ 73
i miji A mb 73
i mijoy A 'ttv 73
inn A^ 72
iw A«- 24
iwl A*-t 22
iwr A«-r 24, 65
*ikh *A* 63
1 L 22
-1 - L 96, 97
layn i^fl* 21
laphel i-4>lri_ 16
lezu jfr^».- 32, 50
-li - Z A 96
lizanel itv? %b L ?8
lizel jAï*/_ 25
lizu ibq»L- 32
linim /A*»A -r (je'deviens)
99
likh /&» (impératif) 89
lnul fimu L 83
loganal /-*«Wt£ a 28, 82
luanal j»*.»!»"»^ 82
loys *#- 17, 23, 37
-loç -au 96, 97
lu /»»«- (connu) 26
lu i^u (puce) 26
luay i?*-w (aoriste) 100
lusin imi-mpl 3
lusn i-^mù 37
luçanel i»^***^ 78
lsel L *k L 100
lsnanal £»WW£_ 37
lkhanel L ^u.%k L 11, 76,
78
x A* 6, 16
xozean fam^u/b 60
Xrat fupiuan 5
c * 6, 10, 17
canawth &—%iuup 14
caneay *««fc*i^ (aoriste)
10, 81
cer *fy 20
cin *A* 20
cnanel *%m%i L 80, 85
cnawl M»«»t-fl_ 13
covezr ^mqk^p 70
cungkh *«iA»j.^ 59
cunr £»*.fy 51, 57
cur *«*.«. 34
k ( 5, 6, 10, 14, 28
kalay b—i*y (aoriste)
102
kalin (wf/fr 22
katni {-.ftp 50
kapoyt (iwaytyM 23
karôel $«**.^ 80
kafkh i-*4> 109
karel $«v*L 86
keal 4*« L 10, 24, 81
ker ^p 49
keray (*/>««/ (aoriste)
10, 101
kin $A* 38, 59
knikh {ifa 109
kogi WA 28
koâkoôel 4-^-^z. 16
kov «»<_ 10, 28, 51
kornôel t-p^^ 81
korusanel $»/»*•«- *-Afr/
87
ku 4»«- 21
kskic 4-4A* 16
krkin Mfr 29
h « 7, 11, 17
hazar S-n-p 73
ham- *««./•- 98
hamarjakel ÇwJù*plu*^
ttr L 98
hamberel ^mJpkplt L 98
hamr <«o(p 56
hayr *«y r 1, 20, 33, 56
hayraspan Çutjpt*êiu[i$îii
71
han <«* 17
hangist ^u^^um 55
hangôel {«>Vtt*L 80
hanel $«•**£_ 77
hasanel ^««^ 78
hari <>*«/»A (aoriste) 101
hariwr <?««/»A«-r 73, 110
harkanel Çuip4tÊi%h^ 100
harç <"»/»^ (impératif)
89
harçanel ^mp S ui%lfi 14,
78
haw <>««- (oiseau) 17, 51
haw $««*- (grand père)
17
hawrelbayr Çuu-pbiypuyp
71
hawatal <>a«-««i*«^ 76
hececel Çh*1r*b L 18
heleî «* t * t 18
helul &q* a -L 83, 85
henul &%»i- L 32, 82
het **«» 11, 37
hetewel $k-.bul? L 37
heru &p~- 32, 34, 73
hizan 4^1^ 15
him *A«f* 15
himn #** 3
hin #% 17, 26, 49, 65
hing UH 1, 12, 72
hingerord ^fA^kpap^. 3,
hngetasan <^Ar«««^«««li
12, 72
hnoc <*»ar 57
hogi t*ffi 17, 42, 43
hot *««• 17, 20, 49
hôtel $«-k L 80
hum $»*-^* 17
hun <«A 16, 20
hur $»*-p 11, 57
hraman ^putJh/it 13
j * 6, 9, 17
jefn àkm.% 54, 58
jefnat i^««» 18
jer tep 64
jerbakal Àhppat^^_ 71
ji iA 109
jiwn 4A*-* 9, 24
jmern titoaù 9
jukn *««-$* 109
1 t 22, 23, 25, 26, 32, 33
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macanel tiù»h-uAlr^ 109
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martnfiel JmfmA^k^ 81
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meranel Jbm.u,%k L 32, 37,
79, 80
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mêj Jkt 29, 49
mi # (un) 4, 26, 64, 71
mi Jfr (négation) 20
miaynakeaç dfugflrm^mjf
71
mianjn Jfi~m 52, 53,
54
mis Jb» 26
miws «#*-* 24, 64
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mnal »« L 26, 75, 81
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yusal j*u—»i_ 29, 82
n * 23, 26, 33, 34
n 1» (article) 62, 106
n- *- (préverbe) 98
na W. 34, 62
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orth »/»f* 16, 51
orcal »p*-l 2, 25, 81
u •«- 2, 3, 13, 20, 21,
27, 34
uth »«-#• 13
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-umn -»«-«tt 54, 55, 56
unkn •ifrffc 3, 59
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-s — (désinence) 41, 46
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v <_ 9, 13, 27
-v -<_ (de l'instrumen-
tal) 41, 47
vatthar ^a»«ifJ-a»/» 31
vathsun t[u>p-*ni\ 19,
32
veâtasan qb^^—A 19,
72
veç ik â 19, 27, 72
veçerord ^g^p-pt 73
t «» 5, 6, 10, 14
tal w—i_ (donner) 10, 38,
100
8*
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r
<-HL C
vC
116
tal uêu»i_ (sœur du mari)
110
ta yg r mu iltv 28, HO
tanel miMti 101
-tas an •««•«i 72
tasn m—tr 12, 33, 72
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tesanel <» £•»«•*»£{_ 102
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32
teruni m*/*«*.V 32
tëg **£* 24
ter **fy 24, 58
tikin «-MA* 24
tirel ™fol*i_ 32
tiw «"A*. 27, 59
tkaranal ut^uip$u%ut^ 82
tun «•wt.î» 53
tur mmu P 20, 38, 49
r r 21, 23, 24, 25, 33
-r -p (au génitif des dé-
monstratifs) 61
ç a 6, 14, 17, 19
ç g (préposition) 4, 67
-ç -0 (désinence) 41, 47
çax 0—fa 16
celui s k L" L l 14 > &
çin j£* 19, 21
cuçanel g—.gimulr^ 78
w *. 3, 9, 13, 26, 27
-w -*- (de l'instrumen-
tal) 41, 47
ph + 5, 6, 16
phaXUSt +u*[m»i-iitn 55
pbaxôel #«»A#^^ 81
phlanel ft!»**!. 80
phluzanel ^«t-^fc*-^ 87
pholar ifrnqutp 18
phokhr ^i£/» 57
phukh ^"si 16
kh^.5, 6, 7, 11, 19,28
-kh -4» (du pluriel) 41,
45, 103, IX
khahanay ^«{«A*?/ 109
khahanayanal ^«»^«r«.
W /M ,W^ 82
khaïçr ^-qar 51
khan ^^ 15, 33, 71
khataSUn ^mta.mmmt.% 73
khar ^«7» 55
kharâel •**■»/»£*/_ 19
kherel ^/»*Z_ 12, 38
khirtn #h"»* 25, 28
kho *» 64
khoyr * w 18, 25, 28,
58
khorel ^«v*/. &&
khun ^muh 1, 13, 18,
33, 43, 45
khsan ^-«A 2, 19, 23,
38, 72
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TS
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Prix : Francstftr— •
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