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Full text of "Reponse du fr. Denis Fortin de Surville au memoire du fr. François Barbou"

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REPONSE 

Du Fr. Denis Fortih de Sur vil le au Mémoire dv Fr. 
François Barbou. 

N ne fçait pourquoi dans le Titre de ce Mémoire on a 
fuprimé l'intervention du fieur Abbé du Val. 

L'Abbaye du Val n'étantpoint fùrchargée , n a pas befbin 
de décharge. 

Ces Religieux ne perdront point la cotte-morte , qui, fui- 
vant l'accord fait entre cette Abbaye & la Congrégation de France en 
T702, doit retourner à cette Abbaye. 

Il faut être à foixante lieues de l'Abbaye du Val pour ofèr comparer 
fa régularité avec celle de Sainte- Geneviève. 

Cette Abbaye n'a pas toujours été un exemple de pieté, elle a eu befoin 
du zéiede feu M. Druel dernier Abbé Régulier, pour mériter l'éloge 
qu'en fait le Fr. Barbou. 

Ces illuftres témoignages, dont parle le Fr. Barbou, ne dépoient en 
faveur de cette Abbaye que pour le règne feulement de ce pieux Abbé, 
dont tout le monde reipede la mémoire. Mais que tout a changé depuis 
fà mort ? 

Le fcribe du SrdeLaverdy fa furpris au fujet du nombre des Reli- 
gieux dû Val. M e . Cochin a dit > que lors de la vacance du Bénéfice de 
Tournebu, il n'y avoit que deux Prêtres dans cette Abbayes fçavoir, 
les Frères Barbou & Cottard, dont l'un étoit Prieur & l'autre Procureur 
Le fait eil vrai : en un mot vpici ce qui compofoit cette Abbaye. 
Le Fr. Barbou Prieur, le Fr. Cottard Procureur, tous deux Prêtres : le 
Fr. Hanin Soûdiacre , le Fr. Cahangne., Profès depuis fix ièmaines $ le Fr. 
Longueval, Religieux de Chœur j & enfin trois Frères Lais : On y peut 
ajourer le Fr. de Gouey Prêtre, mais homme perclus de tous fes mem- 
bres , & par conféquent hors de combat. Voilà donc les dix-huit Cha- 
noines de la célèbre Abbaye du Val. . 

Jean de Tournebu ne donna point dan?éfc treizième Siècle le Patro- 
nage à l'Abbaye du Val: c'étoit un de fes Ancêtres qui l'a voit donné > 
comme il le dit lui-même > ainfi il ne fit que reftituer à cette Abbaye ce 
qu'il avoit ufurpé > il n'avoir donc pas de droit d'y faire aucun chan- 
gement» . 

On ne produit point la confirmation de l'Evêque & du Chapitre de 
Bayeux. 

On cite des préfentations faites en 1570 & 1 577 » mais on ne rapôrte 
ni Provifions de l'Ordinaire, ni prifès de pofleffion $ on en pourroit pro- 
duire cent qui ne prouveroient pas davantage. On a prouvé que les Re- 




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ï^gïeux du Val ne joliiiToient point alors du Patronage 5 ainfl ces présen- 
tations n'avoient point de lieu. 

* 11 n'eft point vrai que le jeune Thomas Rouxelin fût obligé par la con- 
dition de là réfignation de prendre l'habit à l'Abbaye du Val j il y eft 
lèulement porté, qu'il fera Profeflîon dans une Maifon de l'Ordre & 
rien de plus. Ses Provifions font au Procès , aufll le Fr. Barbou ne raporte 
point fa Profeflion. Pour ce qui regarde la déclaration des Curez de l'Ab- 
baye du Val, qui ne veulent être confiderés que comme de fimplesObe- 
diantiaires : on développera dans la fuite ce -prétendu myftere» 

Ainfï cette fameufe pofîeflîon qui a coûté au iieur de Laverdy une 
û furieufè dépeniè d'éloquence, lé réduit donc depuis quatre cens ans 
•à deux feuls Religieux de l'Abbaye du Val , fçavoir Thomas Rouxelin 
l'aîné, & Michel le Mannier. 

Le fieur de Laverdy a trop chargé la mémoire du nombreux cata- 
logue des Prieurs de Tournebu» Proies de l'Abbaye du Val, pour la fiur- 
charger de tous les Textes de la Diplomatique. 

Le Fr. de Surville n'a pu avouer que la préièntation de l'Abbé fut 
en blanc. Qu'en fçavoitdl , puifque tout le pafla à fon infçû ? On par- 
donnerait cette furprife, fi elle n'étoit pas fuivie de quelques autres plus 
importantes. 

c. Il y a dit, dit-on, une interligne qui n'eft point aprouvéej c'eftune 
furprife plus fènfible que la première. L'interligne eft aprouvée au bas 
de fa pséiëntation. Que répondre donc ; hacdixijii qua fnxifii f 
. Mais voici ce qui étonne prodigieufement Me. de Laverdy. Com- 
ment une lettre envoyée en toute diligence par le Fr. Barbou^ a pu -faire 
trente lieues en près de trois jours, c'eft-à-dire, en foixante heures ? 
On lui permet de ne pas fçavoir l'alure des Portillons. Il n eft point 
vray que le Fr. Barbou ait demeuré à Tournebu pour fupléer au grand 
âge du Fr. le Mannier. Il [ne s'ymêloit que du temporel & de quelques 
Catechifmes. Le Fr. Prieur a toujours fait fes fonctions jufqu'à un, mois 
ou fix femaines avant fa mort j & il y avoit cinq ou fix ans qu'il en étoit 
fbrti loffque Dieu difpofa du Fr. le Mannier. , -, 

Ce n'eft point i'ufàge de la Congrégation quelesparens fignent l'ac- 
te de profeflîon j ainfi reflexion inutile du Fr. Barbou. 
• On reproche fans cette à la Congrégation de France l'équivoque de 
noms. C'éft infulter le Confèil , qui par Ion Arrêt a reconnu la droiture de 
cette Compagnie > mais quejiepeut-on pas dire quand on veut tout dire? 
- Pour la critique que lelirae Laverdy ofe faire du Plaidoyer de Me. 
Cochin, elle le détruit d'elle-même. Me. Cochin a- eu l'aplaudiffement 
de tous ceux qui l'ont entendu. >. acïâfrj-itii ;.; a« h 1 

On juftifie , dit l'Avocat, une poiTefîîon d'un fiéde & demi j chez 
lui les années vont plus vîtes que la pofte. Six Proies qui ont pofledés 
cette Cure* qui de fix ôte quatre, relient deux. . .... 10 ; . 

Le Fr. Fortin, dit-il, ne détruit point ces pofîefîîons. De his qttœ non 
apparent , tanquam de bis qua non funt ,idem't$ judtcium. Déplus on a prouvé 
que le Patronage n'étoit point entre les mains de l'Abbaye du Val? donc 
ces présentations portoient àJàux,Quiaaprk au Sr. de Laverdy que le 




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£eur Defcoches avoit été pourvu en Cour de Rome ? il en fçait plus que 
le Fr. Barbou. 

Il fût obligé, dit-on, de remettre ce Bénéfice à un Prqfès de l'Ab- 
baye du Val : quelles façons de parler ! Ge Prieur fût vingt-cinq ans 
paifible pone/Teur du Prieuré de Tournebu > il le permuta avec un au- 
tre Bénéfice de l'Abbaye du Val , le réfèrvantdoo liv. de penfionj que 
cela eft favorable au Fr.-Barbou ! 

Réflexions fut le titre trmfcrit dans le Mémoire, 

ïl ne s'agit point de ce e viàlrwi$>> ce n*eft point lui qu'on accule dans 
la fuplique , on n'y reclame que le Titre de fondation > c'eft donc lui 
qu'il faut produire : or on ne le produit point - r c'eft donc chercher à 
Surprendre la Religion de la Cour. 

• Il eft -dp dans la fupplique , cavetur exprejjè , il faut donc que cela s'y, 
trouve formellement, expreffé , c'eft-à-dire, ipfîjjimis terminis : or l'Avo- 
cat »e juftifie la iùppiique, que par l'interprétation de, fon Titre» donc 1 
il. détruit lui-diemeie droit de ia Partie, en détruifant fa fupplique. 

Le Fr. de Surville produit le vray Titre de fondation pafïe fous le 
Règne de Philippes le Valois; ce n'eft à la vérité qu'une copie \ mais* 
une copie tirée fiir l'original , copie bien <&duëmentcollationnée,fcel- 
lée -, fignée & paraphée. L'original eft déclaré avoir été vu fain & en- 
tier* avec des lacs. 4ç ibyes, Se autres caractères d'autenticité* 

Or ce Titre primordial donne bien le patronage del'Eglife de Tour* 
nebu à l'Abbaye du Val, avec toutes ks Dixmes, mais il ne ditpasun 
feul mot de ce qui eft énoncé dans la fupplique. 

Cette fupplique eft donc fubreptice , s'il en fût jamais , Se le Frère 
Barbou eft d'autant plus coupable, que de fon aveu il n'avoit jamais vu 
ce Titre de fondation fiir lequel il a 'fondé fa fupplique > ainfitous les 
raifonnemens fi fouvent répétez à l'Audience, ne la purgeront jamais de 
la fubreption dont elle eft vitiée. 

Reponfi au Jujet du prétendu envahijfement de f Abbaye du Val» 

L'Abbaye du Val, tant par fa iîtuation , que par fon revenu, n'a au* 
cun apas qui ait pu charmer la Congrégation de France* 

Cinq ou fix Religieux' dé çet^^bÇaye frpliferent leRv-ÎVAbbé de 
Sainte Genneviéve , de les réunir a fa Corigregâtion^ > on y confèntit avec 
peine, mais M. de Bayeux ayant fait la même demande, on ne pûrefifter 
plus long-temsj en 1719 le tfrire Néel Archidiacre & Grand Vicaire 
du Dioceze, faifànt la vifite de cette Abbaye, drefla un procès verbal 
dé la prière que lui firent tous les Religieux du Val , de procurer cette 
réunion. 

En confequence de ce projet prefque confbmmé ils élurent le Père 
Mignot Religieux de la Congrégation, pour leur Supérieur* ce fût le 
Frère Barbou lui-même qui en donna la première idée. 

Le R. P. Hubert Vifiteur de la Province de Normandie s'y tranlporta> 



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ïïs lui déclarèrent tous en Chapitre qu'ils (buhaitoient ardemment cette 
réunion * & pendant que le Frère Barbou luifaifoit cet aveu, de concert 
avec fès confrères, il avoit mis un HuuTier en campagne pour faire ibm- 
mer le R. P. Hubert de fortir fur le champ de l'Abbaye du Val. 

Cétoitune neceflité de donner des Bénéfices à ceux de ces Religieux 
qu'on en jugeoit les plus capables , parce que n'acculant que 6000 1. 
de rente, dont ilenfalloitles deux tiers au fiâ#eAbbé, il entêté impof- 
fible de leur donner à tous chacun yooL de penfîon qu'ils exigeoient, 
& entretenir avec cela une nouvelle Communauté, Se nourir leurs Frères 
Lais. 

Ces Bénéfices qu'on donna à quelques-uns excitèrent la jaloufie du Fr. 
Barbou, qui ne pût s'en venger autrement qu'en faifànt échouer cette 
réunion, & on peut dire que c'eftlà le dénouement de toute fà conduite. 

Ils engagèrent leurs Curez à le déclarer {impies Obedientiaires , & à 
promettre de quitter leurs Bénéfices pourfoutenirleuf Abbaye, ce que 
pas un ne voulut faire. 1 

Us mandierent de tous cotez des attestions, comme ils chantoient 
la Méfie , Vêpres & Compile : en vérité on leur en avoit bien de l'obli- 
gation. 

M e LÉ P A IGE» Avocat 

Mare* ch al, Proo. 



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De l'Imprimerie de P. G. lx Merci» fils & A. MoMM,0të 
S. Jacqutt , i S. HilaiieCc à S.Aûdié , 1717, 



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