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Full text of "Glossaire gaulois"

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GLOSSAIRE GAUL6IS 



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SNIE GAULOISE 



ou 



MEMOIRES CRITIQUES 



L'ORIGINE ET LA PARENT^ DES CIMM6RIENS, 

DES CIMBRES, DES OMBRES, DES BELGES, DES LIGURES 

ET DES ANCIENS CELTES 

PAR 

ROGET Bo" DE BELLOGIET 

PREMIER PRIX GOBERT DE 1869 A l'aCAD^MIE DES INSCRIPTIONS 



Quid verum... euro et rogo, et omnis in hoc sum. 

( HOR. ) 



INTRODUCTION. — PREMIERE Pf^RTIE 

GLOSSAIRE GAULOIS 

AT IC DBUX TABLEAUX G*n£bAUX DB LA LANGUB GAULOI 

DEUXltiME EDITION 
Revue, corrigee et consid^rablemenl augmentee 



PARIS 

MAISONNEUVE ET C ie , LIBRAIRES-GDITEURS 
15 , quai Voltaire 

1872 



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ETHNOGENIE GAOLOISE; 



GLOSSAIRE GAULOIS, 

ATEC DEUX TABLEAUX G^RADX 
DE LA LANGUE GAULOISE, 

PAR 

ROGET B<» DE BELLOGUET 

HONORS BE PLUSIEDRS MEDAILLB8 D'OR PAR L'lNSTlTUT 

deuxieme Edition 

Revue , corrigee et considerablemenl augments 



PARIS 

MAISONNEUVE ET C'% LIBRAIRES-SdITEURS 

15 , quai Voltaire * 



1872 



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0UVRA6E8 DU MEME AUTEUR. 

ETHNOGENIE GAULOISE. — dedxiemb partie : Preuves phystolOQW&$> 
Types gaulois et celto-bretons. 1861,in-8°, br., fig. 7 fr. 
— troisieme partie : Preuves intellectuelles. Le genie gaulois. Carac- 
tere national, moeurs, institutions, druidisme, industrie. 1868, in-8°, 
br. 9 fr. 

Cet ouvrage, que l'Institut, dans sa seance du 16 juillet 1869, a recom- 
pense par le grand prix Gobert, est un monument elev6 a l'histoire, aux 
mceurs, a la langue, a la religion, etc., de nos ancetres. 

Questions bourguignonnes , ou Me" moire critique sur I'origine et les migra- 
tions des anciens Bourguignons , et sur les divers peuples, royaumes ou 
contries qui ont porti leur nom; avec deux cartes. — Ouvrage honord 
d'une mSdaille d'or par PAcademie des inscriptions et belles-lettres au 
concours de 1847. 

Ces questions, dont le rapport fait a l'Institut a dit qu'elles devaient 
laisser une trace durable dans V etude de notre histoire, font partie, 
comme introduction , de la nouvelle Edition de Courtepee, Description 
generate et particuliere du duche de Bourgogne, public W Dijon en 1841, 
4 vol. in-8°. 

Carte du premier royaume de Bourgogne, avec un Commentaire sur VetenduS 
et les frontier es de cet Etat, d'apres les vingt-cinq signatures episcopates 
du concile d'Bpaone, en 677. — Ouvrage honor6 d'un rappel de meclaille 
par la meme Academie au concours de 1849. 

Cette carte avec son Commentaire, veritable service rendu d la geo- 
graphic des temps merovingiens , dit le rapport fait h l'Institut, est le com- 
plement quelquefois rectificatif des Questions bourguignonnes, notamment 
pour la maniere dont la Suisse et la Franche Comt6 se trouverent parta- 
gees entre les Bourguignons et les Alamans, a la suite de leur double inva- 
sion. Cet ouvrage fait partie des MSmoires de VAcadSmie des sciences, arts 
et belles-lettres de Dijon, dans le volume des annees 1847 et 1848. 



Origines dijonnaises , degagees des fables et des erreurs qui les onfenvelop- 
pees jusqu'a cejour, et suivies d'une Dissertation particuliere sur les actes 
et la mission de saint Be'nigne, Vapdtre de Dijon, avec une triple carte et 
un tableau g^nealogique des ancetres et de la famille de Grt$goire de Tours. 
Dijon, 1851, in-8°. Ouvrage honors d'une m&laille d'or par la meme Aca- 
demie au concours de 1851. 



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PREFACE. 



Cette preface a preincrement pour objet de remer- 
cier le public de Faccueil inesp^r6 qu'il a bien voulu 
faire k la premiere Edition, si promptement £puisee 
de ce Glossaire, et de l'indulgence avec laquelle on m'en 
a souvent demand^ une seconde ; — travail dont je ne 
pouvais m'occuper avant d'avoir termini toute la partie 
demonstrative de mon Ethnog^nie. Je m'y suis mis aus- 
sit6t que je Tai pu, avec le vif d£sir de justifier la con- 
fiance dont on m'honorait, et de completer, par de nou- 
velles recherches jet par les corrections qu'elles devaient 
me suggerer, un ouvrage qui a, le premier, offert aux 
6tudes celtiques un point d'appui fonde k la fois sur un 
vocabulaire chronologique de la langue gauloise, et sur 
l'authenticite des mots qui lui avaient incitement appar- 
tenu. Cette authenticity repose non-seulement sur la veri- 
fication des textes qui nous les ont conserves, mais encore 
sur l'epoque h laquelle remonte chacun de ces mots et 
sur Tindication des pays fort divers oil les Anciens les 
avaient recueillis. Ce vocabulaire etait naturellement 
accompagne de gloses comparatives pour lesquelles 



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ii PREFACE. 

j'avais expressement, p. 52, averti le lecteur qu'en con- 
frontant tous ces termes gaulois avec leurs semblables ou 
leurs analogues, — pour la forme etpour lesens^ — qui 
existaient dans les idiomes n£o-celtiques, je n'entendais 
faire que des rapprochements plus ou moins d^monstra- 
tifs, et nullement un livre de philologie proprement dite 
ou un recueil d'&ymologies. J'en donnais plusieurs rai- 
sons, ce qui n'a point emp6ch6 deux ou trois savants lin- 
guistes dont je respecte l'autorit£, tout en me plaignant 
de la precipitation de leurs critiques ou de leurs exigences 
trop exclusives, de me blamer pour ce que je n'avais point 
voulu faire, ou de regarder du haut des regies de leur 
fomeuse Lautverschiebung njon travail comme peu pro- 
fitable au progr^s des etudes celtiques. Je n'opposerai 
point h leur opinion le suffrage du public, dont l'esprit de 
syst^me est toujours pret h contester la competence. Je 
ne me prevaudrai mSme pas de la haute distinction * dont 
TAcademie des inscriptions et belles-lettres a honore les 
trois volumes de mon Ethnog&iie gauloise. Je r^pondrai 
seulement que je connaissais d'avance le reproche qu'on 
pourrait adresser h ce qu'un de mes critiques a nomm£ 
ma mithode, — et que je me suis efforc6, dans cette Edi- 
tion, de rendre encore plus claires et plus convaincantes 
les raisons pour lesquelles je persiste h croire que les 
regies absolues poshes par Grimm ou par Bopp ne sont 
point applicables h nos mots gaulpis, qui ne nous sont 
parvenus, pour la plupart, qu'alter&s plus ou mpins 

1. Le premier prix Goberl de Panned 1869. 



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PREFACE. 

in 

capricieusement par les euphonies grecques ou latines. 
Les additions et les principaux changementsapportds 
dans cette nouvelle Edition sont : 

1° Quelques vocables gaulois qui avaient dchapp<$ i 
mes recherches precedentes, ou qui se trouvent dans le 
petit glossaire decouvert a Vienne (Autriche), par Endli- 
cher, en 1836; mais, h peine mentionnd dans une note 
de Zeuss, Gramm. celt., p. 13, il n'&ait pas encore 
connu en France en 1858; 

2° Les inscriptions dScouvertes ou reconnues pour 
gauloises depuis la publication de mon Glossaire ; Tune 
d'elles encore ignore, si je ne me trompe, de tous les 
Celtistes ; 

3° Un relevS, par ordre alphab&ique , des noms 
propres gaulois interprets par Zeuss, Gluck et Ad. 
Pictet; 

h° La recapitulation des resultats grammaticaux ob- 
tenus par l'6tude des inscriptions gauloises; 

5° La suppression d'une partie, desormais superflue, 
de ma discussion avec M. Holtzmann, remplac^e par celle 
que j'avais h, soutenir contreun nouvel adversaire d'outre- 
Rhin, M. Kunssberg; 

6° Enfin de nombreuses rectifications exig6es par le 
progr^s des etudes eel tiques, soit dans ^'interpretation 
des monuments £pigraphiques, soit dans les rapproche- 
ments que j'ai tenths entre les mots gaulois et ceux des 
idiomes modernes qui repi^sentent l'ancienne langue de 
nos pfcres. La publication du Lexicon cornu-britannicum 
de R. Williams m'a permis de donner une plus grande 



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IV 



PREFACE. 



plaice au Cornique, et j'ai en outre, autantque je Pai pu, 
tir6 parti des travaux encore plus r6cents de Whitley 
Stokes, d'O'Donovan, d'Ebel, de J. Becker, de Pictet, 
de Jubainville et d'autres Celtistes que j'aurai Foccasion 
de citer. J'ai en revanche supprim6 les rapprochements 
qui m'ont paru trop hasard^s. C'est ainsi que j'ai pu 
consciencieusement ajouter au titre de cette seconde edi- 
tion : qu'elle 6tait revue, corrigie et consider ablement 
augmentee. 



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SOMMAIRE DE CETTE PREMIERE PARTIE 



AVANT-PROPOS ET DEFINITIONS ^ i 

I. Extreme difficult^ des Etudes celtiques. — II. Celles qui vont suivre se 
rattachaient a un vaste plan d'ethnographie universelle. — HI. Des ori- 
gines celtiques et du systeme aujourd'hui dominant de M. Am. Thierry. 

— IV. Definition des trois termes, Ethnologie, Ethnographic, Ethhogenie. 

— V. Des moyens dtSmonstratifs de l'Ethnogenie, philologiques, physiolo- 
giques, ethologiques ; faiblesse de ces derniers. — VI. Ces preuves, soit 
philologiques, soit physiologiques, ne sont pas toujours aussi de*cisives 
qu'on Pa prtHendu, et se contredisent quelquefois. Ce sont, dans ce cas, 
les premieres qui doivent ordinairement l'emporter. 

PREMIERE PARTIE. — Preuves philologique p. 9 

I. Principes fondamentaux des recherches qui vont suivre. — II. l er Prin- 
cipe : Torigine indo-europ^enne des langues celtiques. Elles ne doivent 
leurs elements sanscrits ni au tudesque ni au latin. — III. Nombreuses 
similitudes de noms dans les geographies de la Gaule et de l'Orient. — 
IV. Tableau comparatif de ces noms dans lTnde, en Gaule et dans les 
pays intermediates. — V. 2 e Principe : l'etroite parents des idiomes ba- 
tons et irlandais. Pretentions exclusives emises des deux cotes, et con- 
damnees aujourd'hui. — VI. 3 e Principe : l'identite originelle, soit du 
Gallois, soit du GaSlique avec l'ancien Gaulois. — VIL Ancien systeme 
allemand sur l'identite du Gaulois et de la langue germanique. Historique 
de la question. Erreurs de M. Holtzmann. — VIII. II chasse de la famille 
celtique les Gallois et les Irlandais sans les rattacher a aucune autre; 
pretendue mediation de M. Kunssberg. — IX. Du Gaulois queparlait Ario- 
viste. Des Gothini et des ^Estyi de Tacite. Des Gaulois deguises en Ger- 
mains par Caligula. —X. Premier texte de Cesar refaitpar M. Holtzmann. 

— XI. Du druidisme des Bretons. Deuxieme texte de Cesar et passage de 
Tacite, encore refaits par M. Holtzmann pour transporter les Druides de 
Bretagne en Germanie. — XII. Treuves que les termes druide et barde 
appartenaient anciennement aux idiomea britanniques. — .XIII. Insuffi- 



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vi ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

sance des preuves philologiques de M. Holtzmann. — XIV. Examen de 
celles qu'apporte M. Kunssberg. Refutation de son systeme sur Torigine 
non celtique des idiomes kymmryques et gafiliques, et — XV, des popu- 
lations qui lesparlent. — XVI. Causes qui ont anient les nombreuses syno- 
nymies du Celtique, les significations multipliers de ses mots, et ses 
rapports particuliers avec les langues germaniques. — XVII. Caracteres 
particuliers du Celtique ; son influence sur la langue francaise. — 

XVIII. Preuves que l'ancien Gaulois etait encore parte aux m% iv e , v e et 
vi e siecles, et n'etait pas entierement 6teint au vn e et au vni e . — 

XIX. Autres preuves qu'on en a donntSes; passage ct$lebre de Sulp. Se- 
vere; abus qu'on en a fait. — XX. Derniere preuve de la ressemblance du 
Breton avec le Gaulois. Mission de saint Germain et saint Loup en Bre- 
tagne. — XXI. Epoque ou parait s'etre dSfinitivement 6teint le Gaulois. 

— XXII. Autres ressemblances des Gaulois et des Bretons. Preuves 
geographiques. Les Germains entierement Strangers a toutes les autres 
nations, suivant Tacite. — XXIII. Systeme de M. Moke. Faiblesse de ses 
preuves philologiques|; — XXIV. Et de quelques-unes de ses citations. 

— XXV. Ignorance ou nous sommes de la constitution grammaticale de 
l'ancien Gaulois; r^ponse a quelques assertions hasarde"es par M. de La 
VyiemarquG. — XXVI. Petit nombre de faits grammaticaux constates 
par notre Glossaire. 

GLOSSAIRE GAULOIS p. 63 

I. Veritable caractere de ce Glossaire; il n'est point Stymologique, et les lois 
de la permutation des lettres ne sont point applicables aux mots gaulois 
que nous ont transmis les anciens. — II. Changements qu'ont subis les 
idiomes gafiliques et kymmryques. Etranges manieres dont ils ont trans- 
forme' les noms et les mots latins. — III. Permutations systSmatiques 
qu'on peut toutefois reconnaitre, par exception, entre le Latin, Plrlan- 
dais et le Gallois. — IV. Mais il nous reste la confrontation des mots 
gaulois avec ceux d'une signification pareille ou analogue, qui existent 
dans le Celtique moderne. — V. Toutes les confrontations faites jusqu'a 
ce jour sont incompletes, sans m^thode et souvent inexactes. Faux Gaulois 
et faux Celtique. — VI. Classifications ndcessaires des mots gaulois, d'apres 
leurs origines particulieres, leurs dates et les auteurs qui nous les ont , 
transmis. — VII. Categorie particuliere des mots dont les anciens ne 
nous ont point donne* la signification. — VIII. Motifs du petit nombre de 
rapprochements auquel je me suis borne" avec les langues germaniques 
et le vieux Francais. — IX. Difficult^ inh^rentes a l'ex^cution de ce 
Glossaire; Owen et O'Reilly accuses de faux; intrusion de mots latins 
ou autres dans leurs dictionnaires, etc. — X. Auteurs que j'ai suivis ou 
consulted pour mon travail. — XL Orthographe et prononciation du 
Celtique moderne. — XII. Echange ordinaire de certaines lettres entre le 
Gallois et l'lrlandais. 
Signes et abreWiations employes dans ce Glossaire. 



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SOMMAIRE DE CETTE PREMIERE PARTIE. 



VII 



PLAN DU GLOSSAIRE. 

PREMIERE CAT^GORIE. 
Mots que les anciens nous ont transmis avec leur signification. ... p. 82 

PREMIERE DIVISION. 

Mots qu'ils ont expressement cit<5s comme gaulois. 
Section premiere. — Avant l'&ablissement des Barbares dans les Gaules. 
A. ficrivains latins, du nM k 79. — B. Ecrivains grecs, 80-112. — 

C. Nonas de plantes donned par le m<5decin Aputee et les manuscrits de 

Dioscorides, 113-146. 

Section deuarieme. — Apres l'^tablissement des Barbares dans les Gaules ius- 
qu'au vni e siecle. 

A. Auteurs latins, 147-174. — B. Auteurs grecs, 175-184. — C. Petits 
GJossa/res de l'Itine"raire de Bordeaux a Js., et d'Endlicher, 185-207. 

DEUXIEME DIVISION. 

Mots qui ne sont pas expressement donnas pour gaulois, mais qui semblent 

indique* comme tels par les Anciens p. 194 

A. Auteurs latins, 208-244. — B. Auteurs grecs, 245-249. 

APPENDICE. 

Mots qu'on peut, pour quelque autre raison qu'une similitude peut-etre for- 
tuite, croire gaulois, quoiqu'ils ne soient donnas ou indiqugs comme tels 
par aucun auteur ancien p. 219 

A. Noms de poissons donnas par Ausone, A-F. 

B. Mots fournis par divers auteurs, G-IL (Total des motsde l'Appendice, 45.) 

Note sur les Ghses malbergiques et les mots barbares de Virgile le gram- 
mairien; ses douze latinites. p. 242 

DEUXIEME CAT^GORIE. 
Mots dont les Anciens ne nous ont pas transmis la signification.. . . p. 248 
Section premiere. — Mots autres que des noms propres (sauf peut-etre quel- 
ques exceptions), donnas par les Scrivains, les inscriptions et les m^dailles. 

A. Par les eaivains, 250-267. 

B. Par les inscriptions : 1° Mots isoles ou ne formant point de phrase, 
268-276. — 2° Mots faisant partie de phrases 6pigraphiques, 277-341 . 
(Inscr. 1 a xxix). 1 

C. par les me"dailles, 342-345. 

RSsultats grammaticaux des deux Guides prec^dentes p. 344 

Section deuxtime. — Elements caracteristiques des noms propres d'hommes, 
de peuples et de localites, 346-390. 

1. Les deux dernieres en ancienno langue bas-bretonno. 



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viii ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

Section troisUme. — Noms propres dont quelques circonstances nous indi- 
quent la signification, 391-430. 

Complement. — Noms propres, autres que les precedents, interprets d'une 
maniere purement philologique par Zeuss, Glttck et Ad. Pictet. (Par ordre 
alphabetique.) 

Note sur les for mules de Marcellus de Bordeaux p. 416 

CLASSEMENT DES MOTS RASSEMBL^S DANS LE GLOSSAIRE 
ET CONCLUSIONS p. Z|25 

I. Recapitulation preiiminaire. Des 700 mots gaulois de M. de La Villemar- 
que* ; appreciation de ce chiffre et du travail dont il -est accompagne\ — 
II. Glassement de nos 430 mots gaulois d'apres l'indication de leur ori- 
gine ; l er tableau. — III. D'un autre classement tente dans la l r « Edi- 
tion, d'apres les idiomes celtiques auxquels ces mots se rattachent le 
plus naturellement aujourd'hui. — IV. Les 24 mots inexpliques dans 
notre l re edition reduits a 7 au plus, et peut-etre a 4 ; tableau (le 2 e ) 
de ceux dont l'origine parait decidement etrangere au Geltique. — 

V. Liste de 96 mots gaulois qui se retrouvent identiquement dans le 
Celtique moderne. Notre 3 e principe fondamental est ainsi demontre. — 

VI. L'ancien. Gaulois etait-il kymmryque ou gaglique? Pretentions de 
rirlandais;systemes particuliersd'Ed.Davies etdeBetham. — VII. Appre- 
ciation des travaux de J. Grimm et d'Ad. Pictet sur Marcellus de Bor- 
deaux. — VIII. Pretentions du Kymmryque; arguments de Zeuss; demi- 
conversion de Pictet. — IX. Systeme mixte et dualite gauloise de 
M. Am. Thierry; l re 6preuve qui lui est defavorable; communaute de 
noms propres et de noms geographiques entre les Gaulois,' les Beiges, 
les Bretons et les Galates. Remarque de M. Littre sur l'uniformite de 
langage des inscriptions gauloises. — X. 2 e Epreuve qui condamne cette 
dualite : traces de flexions gaeliques dans le Kymmryque ; symetrie de 
ces flexions rapprochee des cas egalement symetriques du sujet et du 
regime dans nos langues romanes. — XL Unite reelle de la langue gau- 
loise. — XII. Derniere objection : la difference des langues beiges et 
gauloises suivant Cesar; je lui oppose Strabon, Tacite, Appien et lui- 
meme. — XIII. Conclusions : la langue gauloise etait une sans 6tre uni- 
forme, — tenait a la fois au Kymmryque et au Gafilique, — enfin n'etait 
point germanique, mais entierement celtique. 



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PREMIER INDEX. 

MOTS BONNES POUR GAULOIS, OU QO'ON A QUELQUE RAISON D'ADMETTRE 

COM ME TELS. 

X \ T . /?. ■ — V. signifie : Voyez. — Cherchez au K les mots qui ne sont pas au 
C. — Ap. design e ceux qui sont classes dans l'Appendice, ou leur place est ( 
indiquee par la serie*des lettres de Palphabet. — Les numeros places entre 
parentheses sont ceux de la l re Edition. Les mots qui n'en ont qu'un 1 sont des 
additions a celle-ci. — Enftn les termes tout a fait inexpliquSs ou incertains 
des inscriptions sont simplement renvoy6s, ainsi que les noms propres qu'on 
y reconnalt 6videmment, au num<5ro d'ordre qu'elles portent elles-m6m e 
dans ce Glossaire. 



Abranas, n° 175 -(174). 

Acaunutn, 168 — (168). 

Acaunumarga, 30 — (30). 

Acum, cau,241 -(211). 

Acus, propriety, 238 — (209). 

Acus, filiation, 379 — (275). 

iEgosages, v. Tectosages. 

Agasseus, 109 — (113). 

Agennum,169 — (169). 

Al, 265 — (221 ten). 

Ala, Ap. ee. 

Alauda, 17— (H). 

Alausa, Ap. A. 

Albicratense ou Albucrarense, 260. 

Albion, v.Alpes. 

Albiorix, v. aux surnoms des dieux. 

Alesi, v. 275. 

Aliouggia, v. Saliougka. 

Alisanu, 280 - (235). 

Alisiia, inscr. V. 

Alixie, inscr. XIII. 

Alkft, 248- (219). 



Alia d'Allobroges, 78 — (75). 
Alpes, 70 — (67). . 
Ambactus, 1 — (1). 
Ambarri, v. Ambi. 
Ambe, 196. 
Ambi, 346 — (246). 
Ambiani, v. Ambi. 
Ambidravi, v. Ambi. 
Ambilici, v. Ambi. 
Ambisontii, v. Ambi. 
Ambitrebius, v. Ambi. 
Ambitui, v. Ambi. 
Amellus, 210. 
Anala? 314. 
Anam, 199. 

Anareviseos, inscr. XVI. 
Andate ou Andraste, 110 — (114). 
Ande ou Ando, 347 — (247). 
Andebrogios, v. Ande. • 
Andecamulos, inscr. II. 
Andecavi, v. Ande. 
Andecumborius, v. Ande. 



1 . Presque tous ceux de l'Appendice ont conserve leur lettre indicatiye. 



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ETHNOGfiNIE GAULOISE. 



Anepsa, 127 — (131). 

Anokopogios, inscr. XVI. 

Anvallonacu, 277 — (232). 

Apenninus, Ap. H. 

Aquitania, 425 — (317;. 

Ar, d'Arverni, v. ce dernier mot a la 
note. 

Arar, 100 — (104). 

Arcantodan, v. aux mgdaill. gaul. 

Ardoina ou Arduenna, 410 — (303). 

Are, d'Aremorici, 186 — (77). 

Arecomici, 253. 

Aremorici, 185. 

Arinca, 213 — (187). 

Armia, inscr. XX. 

Armoracia, Ap. M. 

Ai-temia, 239 bis. 

Artuas, 322. 

Arverni, 189 — (79). 

Asia, 18 — (18). 

Asplenion, v. Splenion. 

Asta? 319. 

Ate, 348 — 248). 

Atinia, 211 — (185). 

Atpilli, v. aux m£daill. gaul. 

Augustidunum, v. Dounos. 

Augustonemeton, y. a la fin du Com- 
plement. 

Avallo, 204. 

Axiac?301. 

Bacchinon, 151. 

Baditis, 57 — (54). 

Bagaudae ou Bacaudae, 53 — (50). 

Bakkar ou Bakchar, 128 — (132). 

Balma,170 — (170). 

Barakakai, 176— (175). 

Bardaea ou Bardala, Ap. ii. 

Bardiacus ou Bardaicus, v. Bardocu- 
cullus. 

Bardocucullus, 223 — (196). 

Bardus, 47 — (44). 

Baro, Bero ou Varo, 76 — (73). 

Barrigenee? y. Sense. 

Barron, v. Varro. 

Bascauda, 224 — (197). 



Bebronna, 239 — (210). 

Becco,220— (193). 

Belatucadrus, 412 — (305). 

Belenus ou Belinus, 395 — (287). 

Belg83,426— (317 ter). 

Belinuntia, 113 — (117). 

Belis, v. Belenus. 

Belisama ou Belisana? 396 — (288). 

Beliucandar ou Belliocandium, Hi — 
(118). 

Belliccus, 268 — (224). 

Belliocandium, v. Beliucandar. 

Bellona, v. Belliccus. 

Benna, 48 — (45). 

Berciolum, Ap.'W. 

Bero, v. Baro. 

Betilolen, 115 — (119). 

Betulla, 214— (188). 

Bibracte et Bibrax, v. 360 et inscr .V J, 
n. 

Bidillanoviakos, v lllanouiakos 

Bigerra, Ap. cc. 

Biti, 302. 

Bluthaggio, 58 — (55). 

Bod, 359 — (260). 

Bodincus, 86 — (91). 

Boduognatus, v. Nate et Gnatus. 

Bogi et Boii, 380 — (276). 

Boiodouron, v. a la fin du Comple- 
ment. 

BolussellumouBolusseron,116— (120). 

Bona, 381 — (277). 

Bormonia et Borvo, 400— (292). 

Bosbuc?18i — (182 bis). 

Bovi, inscr. XI. 

Brace, 19 — (19). 

Brakai, 90 — (94). 

Brannovices et Brannovii, 254. 

Bratoude, 311. 

Brenos, v. aux mSdaill. gaul. 

Brennus, 417 — (310). 

Bricumus, 59 — (56). 

Briga ou Bria, 360 — (261). 

Brigantes, Brigantia, etc., v. Briga. 

Brigindoni, 292 — (244). 



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INDEX. 



XI 



Brio, 195. 

Britanni ou Britones, v. Scoti. . 

Britannia, 424. 

Britannium, Ap. ff. 

Briva, 361— (262). 

Brivatiom, 295. 

Brogse, 79 — (76). 

Brogi ou Broc, 362 — (263). 

Broxu, inscr. XXIII. 

Buccones, Ap. KK. 

Bulga, 49 — (46). 

Burdigala, v. 251. 

Buricus, v. Manni. 

Buscilla, 312. 

Caesaromagus, v. a la fin du Comple- 
ment. 

Caio, 200. 

Caledonii, v. 110. 

Caleti, 331. 

Calliomarcus, 60 — (57). 

Calocatanus\ 61 — (58). 

Calox-cardiatos, 116 bis. 

Camb, 363. 

Cambiare, 203. 

Cambus, v. Cambiare, 

Camulogenus, v. Nate. 

Camulognatus, v. Nate. 

Camulus, 411 —(304). 

Camuris, Ap. J bis. 

Candetum, 11 — (11). 

Candosoccus, 12— (12). 

Canecosedlon, 278 — (233). 

Canocimbis, v. Sirona, n. 

Cant, 364. 

Cantalon, 293 - (244 — 2°). 

Canthus, Ap. T. 

Cantium, v. Alpes. 

Capanna, Ap. gg. 

Car, 340 - (249). 

Caracalla, 229 - (202). 

Caradsitonu, 303. 

Carnaanos ouGermanu,v.aux m£daill. 
gaul. 

Carnutes, inscr. VII, n. 

Carpentum, Ap. J. 



Carroco, Ap. B. 

Carrus, Ap. I. 

Casnar, 42 — (39). 

Casses, dieux, v. Cassi. 

Cassi ou Casses, 365 — (264). 

Cassino, v. Cassi. 

Catamantaloedis, v. Mant. 

Cateia, 233 — (206). 

Caterva, 158 — (159). 

Cattos, v. aux medaill. gaul. 

Catugnata, v. Nate. 

Caturix, v. aux surnoms des dieux. 

Cean? 338. 

Cecos ou Caecos, 4 — (4). 

Celicnon, 287 — (238). 

Celts*, 427 et au Complement de 1& 
3«sect. — (317 ter). 

Cenomani, 257. 

Cernunnos, 391 — (283). 

Cervisiae ou Cerevisia, 215 — (189). 

Cetra, ou Cajthra, 219 - (192). 

Ceva, 13 — (13). 

Chius, 216;— (190). 

Chrotta ou Rotta, 234 — (207). 

Cimber, 50 — (47). 

Cimenice, 232 — (205). 

Cingetorix, v. Vercingetorix. 

Cintogenus, v. Nate. 

Cintugnatus ou Cintucnatus, v. Cnos. 

Circius, 45 — (42). 

Cissiambos, v. aux medaill. gaul. 

Cnos, 382 — (278-2°). " 

Cnus, 382 bis — (278-2°). 

Coccus ou Coccum, Ap. N. 

Cocolubis, Ap. O. 

Colisata, 217. 

Conda, Condate, Condi, v. Condadis- 

cone. 
Condadiscone ou Condatescum, 171 — 

(171). 
Contextos, inscr. I re . 
Corinci, Ap. dd. 
Covinus, 15 — (15). 
Cricuro, v. 275 — (231 bis). * 
Crispos, inscr. XI. 



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XII 



ETHNOGfiNlE GAULOISE. 



Crupellarii, 41 — (38). 

Cubi, 250. 

Cucullus, 222 — (195). 

Culcita, 20 — (20). 

Cuntinus, v. Segomon. 

Curmi, v. Korma. % 

Cusculium ou Quisquilium, Ap. N. bis. 

Dadsilas ou Dadsisas, 244 — (210). 

Damona ou Tamona, 401 — (293). 

Dan, 194 — (84). 

Danima? 317. 

Dannotali, inscr. V. 

Datalages? 316. 

Deanala? 315. 

Debeto, 337. 

Deirona ou Dirona, v. Sirona. 

Denteel, 333. 

Dervones, 404 — (296). 

Diablitai ou Diablintes, 256. 

Dicavi? 328. 

Dituctea, inscr. XXVI. 

Divona, 403 — (295). 

Doiros, inscr. III. 

Dolumen, Ap. hh. 

Dontaurion et Dontaurios, inscr. XIV. 

Doro, 205. 

Doukone, v. Odocos. 

Dounos ew Dunum, 99 — (103). 

Drausus, Ap. U. 

Dricca, v. aux m6daill. gaul. 

Drouggos, 112 — (116). 

Druidae ou Druides, 22 — (22), 

Druis ou Druias, v. Druidae. 

Drunemeton, 247 — (218). 

Druta, inscr. XI. 

Drysidae, v. Druidae. 

Dubn ou Dumn, 366 — (265). 

Dnbrae ou Dubris, v. Dubrum. 

Dubrum, ou Dur et Duro (eau), 367 

— (266). 
Dugiava, 325. 
Dugiiontiio, 290 — (241). 
Dui ou Duici, 336 — (v. 295, n.). 
Dula ou Dulon, 120 ter. 
Dulovio, 335 bis. 



Dunasou Dunates, 414 — (317). 

Dunum, v. Dounos. 

Duorico, 298: 

Durn, 350— (250). 

Durnacos, 342. 

Duro, Durum ou Durus (solide), 368 

— (266). 
Durovernum, v. Duro. 
Dusii, 147 — (151). 
Ebor, Ebur ou Ebru, 350 bis — 

(v. apres 250). 
Eboracum, v. Eburovices. 
Ebrekton ou Ekbrekton, 177 — (176). 
Eburodunum, v. Eburovices. 
Eburomagus, v. Eburovices. 
Eburones, v. Eburovices. 
Eburovices, 255. 
Ec, v. Vicus. 
Eglecopala, 23 — (23). 
Egousiai, v. Ouertragoi. 
Eiwpou, 283 — (237). 
Electrum, Ap. G. 
Eleutheri? 257 bis. 
Emarcum 14 — (14). 
Empone, 97 — (101). 
Endromis, 225 — (198). 
Eorue? v. l'inscr. V. 
Epenos ou Eppenos, v. aux mGdaill. 

gaul. 
Epo, v. Eporediae. 
Epomanduodurum, v. Mand. 
Epomanduus, v. Mand. 
Epona, 398 — (290). 
Eppi, v. aux m^daill. gaul. 
Eridanos, v. Ap. G, n. 
Esanekoti, inscr. XVI. 
Esox, 218 — (191). 
Esseda ou Essedum, 75 — (72). 
Esus,392— (284). 
Etic, 288 — (240). 
Eu, 303. 

Eubages, v. Eubages. 
Eugubim, v. Usubim. 
Euhages ou Eubages, 228 — (201). 
Eurises, 270 — (226). 



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INDEX. 



XIII 



Exacon, 25 — (25). 

Fario, Ap. G. 

Fitagit ou Fitacit, 297 — (245). 

Frame®, 152 — (155). 

Frontu, inscr. "VII. 

Gsesi on Gaesati, 71 — (68). 

Gsesum ou Gessum, 72 — (69). 

Galba, 44 — (41). 

Galli, v. Celtse. 

Gallicenae, v. Senae. 

Galliculans, v. Laurio. 

Ganta ou Gansa? 40 — (37 ter). 

Garta ou Iartai? 306.^ 

Gegenioi ou Gugenioi, 151 — (154). 

Gelasonen, 129 - (133). 

Gemmades, 164 — (165). 

Genus, v. Cnos. 



Ialona, v. Ona. 

lardari, 341. 

Iartai, v. Garta. 

Iaseiani? ou Seiani? inscr. XI. 

Iccavos, inscr. VI. 

Idennica, v. 406, n. 

Ieuru, 279 — (234 et suiv.). 

Ik, v. Iccus ou Viccus. 

Ilil? ou Llil? v. aux m^daill. gaul 

... Ulanouiakos? 307. 

Illus, 384. 

In, 291 — (243). 

Inc, Incum, 369 — (267). 

Ino, 335. 

Inscriptions en ancien 

no» XXVIII et XXIX. 
Insubres, v. Isombres. 
Inter, 196 bis, 



breton , 



German!, 429 - (318). 

Germanu ou Garmanos? v. aux m(§- Ioskoi, v. Vibisci. 

daill. gaul. Ioumbaroum, 130 — (134). 



Ges ou Gses, t. Gaesum. 

Ges(sa)vim? v. Datalages. 

Gigarus, 62 — (59). " 

Gigonia, Ap. W bis. 

Gilarus, 63 — (60). 

Gilum, v. 381. 

Gisaci, inscr. XI. 

Glastum, 26 — (26). 

Glesum, Ap. G bis. 

Glissomarga, 31 — (31). 

Gnabat, 165 — (166). 

Gnatus, 383— (278). 

Gobedbi, 289 — (242). 

Gontaurion? v. Dontaurion. 

Graffiti cVAmelie-les-Bains, insc.XXlV 

Graiae, 420 — (313). 

Grannus, 415 — (308). 

Gurdus, Ap. S. 

Guvia ou Gunia, 159— (160). 

Haematiten, 117 — (121). 

Halus, 27 - (27). 

Helice? 262 bis. 

Hludana, v. Liduna. 

Hociamsani, Ap. X. 

Has, 101 - (105). 



Ioupikellouson, 131 — (135). 
Isarnodori, Isandori, v. Ysarnodori. 
Iscus, Isca, Isco, etc., 385 — (279) 
Isombres ou Insubres, 428 — (apres 

319). 
Isporon? 276— (231 bis). 
Istatlif, v. 276— (231 bis). 
Istillu? v. 275— (231 bis). 
Itas, inscr. XXV. 
Iubron, 299. 
Kaletedou? 343. 
Karitha, v. inscr. XXV, n. 
Karnitu ou Karnidu, 320. 
Karhitus, 324. 

Karnon ou Karnux, 178 — (177). 
Kartamera, 181 — (180). 
Kerker, 132 — (133). 
Kloupaia, v. Skolopidos. 
Korakion, 83 — (88). 
Korma ou Curmi, 88 — (92). 
Korna, 133 — (137). 
K..tesasoioiken, inscr. XVI. 
Kultos, inscr. XVI. 
Kurtiai, 179 — (178). 
Labarum, Ap. U bis — (Ap. V). 



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XIV 

Lseti ou Leti, 430 — (319). 

Laginon, 134 ~ (138). 

Lagkiai ou Lanciae, 91 — (95). 

Lainai, 93 — (97). 

Larix, 94 — (98). 

Lars, 230- (203). 

Latenae, Ap. jj. 

Latera, 264. 

Laurio, 68 — (65). 

Lautro, 197. 

Ledo ou Liduna, Ap. aa. 

Legasit? 313. 

Legousmata ou Leiousmata, 180 — 

(179). 
Lekatos, inscr. XVI. 
Leherennus, v. aux surnoms des 

dieux. 
Lemanus, 422 — (314). 
Lemovices, v. 255. 
Leuca ou Leuge, 69 — (66). 
Licnos, inscr. l re . 
Liduna, v. Ledo. 
Ligur, 425 bis — (317 bis). • 
Lill ou Llil, v. aux m<5daill. gaul. 
Limeum, 28 — (28). 
Linna, 235 — (207 bis). 
Lisinia, v. Ap. Z. 
Litana, 258. 
Livius, 416. 

Lixovios, v. aux mSdaill. gaul. 
Lokan, 321. 
Lougos, 98 — (102). 
Lug, d£sir<§; 190 - (80). 
Lug, brillant, 191 — (81). 
Lynca, 87. 

Mag, Magus, 370 — (268). 
Magalu, 313 bis. 
Magulus, v. Mag. 
Mairae, 405 — (298). 
Malina, Ap. bb. 
Mand, 371 — (251). 
Mandalonius, inscr. XIX. 
ManiakG ou Maniakon, 245 — (216), 
Manni, 150 — (154). 
Mant, 372 — (251). 



ETHNOGfiNIE GAULOISE. 



Mantalum, v. Mant. 

Maponus, v. Marunus. 

Marga ou Maria, 29 — (29). 

Marka, 103 — (107). 

Maros ou Marus, 386 — (280). 

Martialis, inscr. V. 

Marunus? 404 bis — (297). 

Mastramela, 263 bis. 

Materis ou Matara, 209 — (184). 

Matrabus? v. Mairae. 

Matrebo, 309. 

Maufenius, v. aux mgdaill. gaul. 

Mauz, de Mauzacum, v. ce mot. 

Mauzacum, 240— (211). 

Mediolanum, 236 — (v. Vellaun). 

Menta, 118 — (122). 

Mercasius, 172 — (172). 

Meriseimorion, 135— (i39). 

Min, 266 — (222). 

Moai? inscr. XX. 

Molu, 135. 

More, 187 —(78). 

Mori, v. 187. 

Morini, v. More. 

Morvinnus, v. More. 

Murcus, 52— (49). 

Myrmillo, 226 — (199). 

Namandei, 334. 

Namausatis, 282 — (v. Ieuru). 

Namausicabo, 310. 

Nantou Nan, 198 —(252). 

Nate, 202. 

Nausum, Ap. V — (Ap. W). 

Neh», 373 — (269). 

Nehalennia, 409 — (302). 

Nemetis, 157 — (158). 

Nemeton, 284. 

Nemetona, 401 — (v. Ona). 

Nert ou Nertus, 374 — (270). 

Niedfyr? ou Nodfyr? v. 242. 

Nimidae, 242 — (213). 

Nintrix, inscr. XXVI. 

NoiouNoio, Novi ou Nivo, 351 — (253). 

Obuldunu? 329. 

Odocos, 64 —(61). 



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INDEX. 



xv 



Ogilolu,340. 

Ogmios, 397 — (289). 

Olca, 155. 

Olium ou Ogilum, v. 381 — (v. 277). 

Olombroi, v. Isombres. 

Omasum, 183 — (182). 

Ona, 402 bis— (294). 

Onno, 201 . 

Onuava, v. 402. 

Oppianicnos, inscr. VI . 

Opulus, 8. 

Orge, v. Ura, n. 

Orgetorix, v. Vercingetorix. 

Oualidia, 119 — (123). 

Ouateis? v. Euhages. 

Ouenniknion, v. 382 — (v. 278 bis). 

Ouergiouios ou Vergivius, 423 — (315). 

Ouertragoi ou Vertragus, 105 — (109). 

Ouilloneos, inscr. IV. 

Ouilombroi, v. Isombres. 

Ousoubim, v. Usubim. 

Pades ou Padi, 85 — (90). 

Padoa, v. Pades. 

Padus, 85 bis — (v. 90). 

Parada, Ap. W. 

Parasitoi, 89 — (93). 

Passernices, v* Possernices. 

Patera, 54 — (51). 

Patus, 231 — (204). 

Peculium? 46 — (43). 

Pemp, 120 bis— (124). 

Pempedoula ou Pempaidoula, 120 — 

(124). 
Penninus ou Peninus, 9 — (9). 
Peperakioum, 136— (140). 
Peroco, inscr. IX. 
Petora, 51 — (48). 
Petorritum, 5 — (5). 
Petrinos, 106 — (110). 
Petromantalum, v. Mant. 
Petroviaco, v. Mant. 
Piphe? v. 262 ter. 
Plaumorati ou Planarati, 33 — (33). 
Ploxenum ou Ploximum, 221 — (194). 
Ponem ou Pona, 121 — (125). 



Pontones, 208 — (184). 

Possernices ou Passernices, 32 — (32). 

Publicos et Publica, v. aux. mgdaill. 

gaul. 
Pyctae, 55 — (52). 
Pyrene, 418 — (311). 
Quat, inscr. XXIII. 
Quisquilium, v. Cusculium. 
Raphius ou Rufius, 35 — (35). 
Ramedon ou Ramedont? 300. 
Ratin, 294. 
Ratis, 65— (62). 
Ratum, 376 — (272). 
Redo, Ap. D. 
Renne, 206. 
Reno, 6 — (6). 
Rhed, inscr. XXV. 
Rheda, 43 — (40). 
Rho, 193 — (83). 
Rhodanum, 192— (82). 
Rhodora ou Rodarum, 34 — (34). 
Rico, Rigo, etc., 375 — (271). 
Rigosages, v. Tectosages. 
Rinionibolituri? v. l'inscr. XII. 
Rito et Ritum, v. Rot. 
Rix et Riges, etc., 387 — (281). 
Rosamos ou Rosamus et Rosmoc, 

inscr. XXIV. 
Rot et Roto, Rut, etc., 352 — (254). 
Roth, 92-bis. 
Rotomagus = Mag-rath, v. les Preuv. 

philol. n* XVII, n.). 
Rubresus, 262 ter. 
Rufius, v. Raphius. 
Rumpotinus, 212 — (18G). 
Rut, v. Rot. 
Sacer, inscr. IX. 
Sagum, 7 — (7). 
Salar, Ap. E. 

Saliougka ou Aliouggia, 137 — (141). 
Salusae, 423 bis. 
Samolus, 36 — (36). 
Santonion, 95 — (99). 
Sapana, 138 —(142). 
Sapinia, 259. 

b 



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XVI 



ETHNOGfiNIE GAULOISE. 



Sapon, 90 — (100). 

Sardnides, 92 — (96). 

Sassadis? 326. 

Saunion, Ap. K. bis — (Ap. K). 

Scordisci, v. Iscus. 

Scoti, 160 —(157). 

Sebodsdsu? 305. 

Secu, v. Sego. 

Secusiai, v. Ouertragoi. 

Sego, Sege, Secu, 351 — (255). 

Segomari, inscr. III. 

Segomaros, inscr. IV. 

Segomon, 413 — (306). 

Seiani, v. Iaseiani, 

Selago, Ap. P. 

Semnotheoi, 81 — (86). 

Senae, 16 — (16). 

Senani, 271 — (227). 

Serus, inscr. VIII. 

Setupokios, inscr. XVI. 

Sevi..rios, 275 — (231). 

Sexti, inscr. XVII. 

Sigunnai, 80 — (85). 

Sil? v. Halus. 

Siligo, Ap. Q. 

Silodounoi, v. Soldurii. 

Simissos, v. aux m^daill. gaul. 

Sirona, 399— (291). 

Sistrameor, 139 — (143). 

Skobies, 140 — (144). 

Skolopidos, 84 — (89). 

Skoubouloum, 141 — (145). 

Soldurii, 2 — (2). 

Sordicen, 262. 

Sosin, 285 — (236). 

Sosio? 312 bis. 

Sotiata, v. aux mgdaill. gaul. 

Soubites, 142 — (146). 

Spadonia, 37. 

Sparum, 227 — (200). 

Spatemam? 318. 

Spatha, 246 — (217). 

Splenion ou Asplenion, 143 — (147). 

S.ronis, v. Sirona. 

Staliocanus, 261. 



Suleviae ou Suliviae, v. Sulfi. 

Sulfi, 406 — (299). 

Sulis ou Sul, 407 — (300). 

Sumeli, inscr. X. 

Surbur, 269 — (225). 

Surnoms tpigraphiques de diverses 
divinites gallo-romaines, apres le 
n° 416. 

Syleianus, v. Sulfi. 

Tamona, v. Damona. 

Tanarus, v. Taranis. 

Taniacae ou Tanacae, Ap. K. 

Tanotaliknoi, inscr. XVI. 

Tanotalos, inscr. XVI. 

Taranis et Taranuco, 394 — (286). 

Taranucno, v. 382. 

Tarbeisonios, inscr. VII. 

Tarbelli, v. inscr. VII. 

Tarbidolopion ou TarbeLodathion, l2-"> 

- (126). 
Taringse, 173. 
Tarkno, inscr. XVIII. 
Tarvos, 273 — (229). 
Tasc, ou Tasg et Tax, 377 — (273). 
Taskos, 111 — (115). 
Tau, 267 — (223). 
Tauredunum, v. Taurini. 
Taurini, 421. 

Taurisci, v. Taurini — (v. Iscus). 
Tauron, 263. 
Taurouk, 144 — (148). 
Tax, v. Tasc. 
Taxea, 161 — (162). 
Tectosages ou Tectosagi, 252. 
Tekos, inscr. XVI. 
Tektorenoi, v. Tectosages. 
Tetto ou Teteo, 296 — (309). 
Tetumus, inscr. XVII. 
Teut ou Tout, 354 — (256). 
Teutates, 393 — (285). 
Teutomatus, v. a la fin du Comple- 
ment. 
Teutoni, 162 — (v. 163 et Cateia^ 
Textumahae, v. Tectosages. 
Thexiraon, 145 — (149). 



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INDEX. 



xvn 



Thona, 146 — (150) 

Thureos, 249 — 

Tinea, Ap. F. 

Tinu? 330. 

Titumen, 123 — (127). 

Tog et Togi, 355. 

Togirix, v. a la fin du Complement. 

Toles ou Tolles, 163 — (164). 

Toloutegon ou Totoulegon, 107 — 

(111). 
Tome? 327. 
Tomentum, 21 — (21). 
Tooutious, 281 — (237). 
Tortela, v. Vela. 
Totoulegon, v. Toloutegon. 
Toutiorix, v. aux surnoms des dieux. 
Toutissicnos, icscr. II. 
Toutiu, 323. 
Toxikon? 82 — (87). 
Trajectus, 167 — (167). 

Treicle, 207. 

Tri, i 04 — (108). 

Triccos, v. aux mddaill. gaul. 

Trigaranos, 274 — (230). 

Trimarkisia, 102 — (106). 

Tri nan to, v. Nant. 

Tripetize, 56 — (53). 

Troias? 112 bis. 

Trutikni, inscr. XV. 

Tuceta on Tucceta, 77 — (74). 

Turonos et Turona, v. aux medaill. 

gaul. 
Tutela, 4-08 — (301). 
\3bisci, v. Vibisci. 
^gd; iBSCT. XXIV. 
flcuete et Ucuetin, 286 - (239). 
0ra ,plante,124- (128). 
Cr a,fontaiae ; vl24. 

UsJbim ou Eugubim, 125 - (129). 

Ctrum,Ap.tf--(Ap. Y). 

Uuogin ou Wiugin, v. apres le n°l74, 

, n 'e!'uxel, 356 - (257.) 
Vanti,v.Wanti. 



Vargus, 149 — (153). 

Varro ou Barron, 182 — (181). 

Vasso, temple, 153 — (156). 

Vasso, surnom de Mercure, 332. 

VehigeJorum, 237 — (208). 

Veilo et Weilo, Veilom ou Wielom, 
272 — (228). 

Vela ou Velarus, 38 — (37). 

Vellaun ou Velaun, 378 — (274). 

Vellicus, v. Belliccus. 

Venna, Ap. Z bis. 

Venta ou Ventia, v. Vint. 

Ver, de Vernemetis, 156 — (157). 

Verbena, A p. Z. 

Vercingetorix, 419 — (312). 

Vercobreto, v. Vergobretus. 

Veredus, v. Rheda. 

Vergivius, v. Ouergiouios. 

Vergobretus, 3 — (3). 

Vernemetis, v. 156. 

Vernetus, 66 — (63). 

Vernodubrum, v. Dubrum. 

Vero, v. Viro. 

Vertragus ou Vertagus, Vertraba ou 
Vertagra, v. Ouertragoi. 

Vettonica, 38 bis — (37 ter). 

Vibisci, 251. 

Viccus, 389. 

Vices, v. Vix. 

Vicus, 389. 

Viducasses, v. a la fin du Comple- 
ment. 

Vigentia, 126 — (130). 
Vinceluna?242bis. 

Vind ou Vint, 357 — (258). 

Virgae, 73 — (70). 

Virgilius ou Vergilius, v. Virgae, et a la 

fin du Complement. 
Viriae, 39 bis. 
Viriolae, 39. 

Viro ou Vero, 358 — (259). 
Viscus, Ap. R. 
Visumarus, 67 — (64). 
Vivos, 335 ter. 
Vix et Vices, 390 — (282). 



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XVIII 



ETHNOGfiJNIE GAULOISE. 



Vlat, inscr. XXIV. 

Volema, 74 — (71). 

Voreto, inscr. X. 

Vosseno, inscr. XVIII. 

Wanti ou Vanti, 166. 

Weilo, Weilom ou Wielom, v. Veilo. 



Wiugin ou Winugin, v. Uuogin. 
Wlali, v. Sirona, n. 
Xunema, 108 — (112). 
Yrias, 243 — (214). 
Ysarnodori, 174 — (173). 
Zuthos, Ap. L. 



DEUXlfeME INDEX. 

MOTS NOW ADM1S, REJETE*S OU SIMPLEMBNT CITES POUR DIVERSES RAISONS. 

(Voir, pour ceux qui n'ont pas dedication, le preliminaire de l'Appendice, p. 219 et 
suiv., et pour ceux qui sont renvoy^s a CI., le premier numero des classifications, 
p. 444 et suiv.) 



Abellio, v. Belenus. 

Acounse ou Alaunae, v. Acaunum. 

iErarius (pons), v. 261 . 

iEsar, v. Esus. 

Akonai, v. Acaunum. 

Ala, mot carien. 

Alaudae, v. Alauda. 

Albolon, v. apres le n° 130. 

Alburnus, v. les noms de poissons 

d'Ausone. 
Al-Cluyth, v. les Preuv. philol. n° XVII, 

n. 
Alec ou Halec. 

Alphabet gaulois?? v. apres le n° 276. 
Ambrones, v. Cimber. 
Amma. 
Ango. 

Annaroveci, v. inscr. XVI. 
Aon ou On, CI. 
Apluda, v. apres le n° 174. 
Argel, a. 

Assandum, v. apres le n* 174. 
Attacotti. 
Attilus. 
Attis. 
Auca. 
Augur, v. le n° 228. 



Aven ou An, CI. 

Baburrus. 

Baduhenna, v. Arduinna. 

Bandos (d'Alabandos). 

Barbeel. 

Barbus, v. les noms de poissons d'Au- 

sone. 
Bardaei, v. Bardocucullus. 
Barditus ou Barritus, v. Bardus. 
Barren, CI. 
Basil aea. 
Basterna. 

Bebeekos, v. Pades. 
Bebra, v. Bebronna. • 
Beg, CI. 

Belebrunno > v. Bebronna. 
Belek, v. le n° 395. 
Belena, Belend, Bielun, Bilin, etc., v. 

Belinuncia, n. 
Bellus, v. apres le n° 174. 
Belues, v. le n° 395. 
Berounos ou Vir unus, v. Baro. 
Birrus. 

Boas, v. Bogi. 
Bochersos, v. Pades. 
Boia, v. Bogi. 
Brachio, v. les Preuv. philolog. n°XIII 



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IJSDEX. 



Bracus, v. apres le ti° 174. 

Braium, v. apres le n° 174. 

Bre, CI. 

Breboniacum, v. Bebronna. 

Bresk, CI. 

Brian tica, v. Briga. 

Brig, v. Briga, n. 

Briges, v. Briga. 

Brisa. 

Broduna. 

Buda (pour Bruda?). 



XIX 



Emarum, v. apres le n° 174. 

Endovellicus, v . Belliccus. 

Floces, v. apres le n° 45. 

Follis, v. apres len° 174. 

Fordicen, pour Sordicen.* 

Gabalus. 

Gadales. 

Galgacus, CI. 

Galiarioi. 

Gallaika, v. Briga. 

Galnape. 



Burgus, v. les Preuv. philolog. n° XIII. Gariola*, v. Ap. jj. 

Barrae. Garr, CI. 

Caia, v. Cateia. Gauranis. 

Camisia, v. les Preuv. philolog. n° XIII. Gith. 



Camum ou Kamos, v. Korma. 

Cantherius, v. Can thus. 

Capys. 

Carrago, v. Carrus. 

Casnus, v. Cassi. 

Cassiterides, v. Cassi. 

Cathbhudach, v. 359, n. 

Causiae. 

Cema, v. Cimenice. 

Ceres. 

Characatta?. 

Cippi. 

Combina. 



Glen, CI. 

Gwinmeled, CI. 

Halec ou Alec. 

Helenion, v. Belinuncia. 

Inscription de Guadalimar, v. apres 

l'inscr. XX. 
Janus. 
Komb, CI. 

Korbimaqas, v. l'inscr. XXV, n. 
Lanna (Pauli), v. le n° 236, ik 
Latos, v. Latenae. 
Lautomia, y. Latenae. 
Leudi. 



Cormac ou Corbmac, Korbimaqas, v. Liburnae, v. Pyctse. 

les Preuv. philolog. n<> XVII. Litavia ou Letavia, v. Litana. 

Cotonea, v. le no 27. Lodix. 

Cuneglasus, v. les Preuv. philolog. Luc'h, marais, CI. 

n° XVII. Luc'h, souris, v. le n° 98, n. 

Curuca, v. apres le n° 174. Lucius, v. les noms de poissons d'Au- 

Cyneticum (littus), v. 261. sone. 

Daal, v. apres le n° 174. ' Lucus (Augusti). 

Dalivus. Mafors. 

Dearmach, v. Magus. Magalia, v. Magus. 

Dero, v- Saronides. Magdelent, v. Mediolanum. 

Dianus, v. Ap. jj. Magn Liffei, v. Magus. 

Didoron , v. les Preuv. philolog. n° XVII. Man ou Men, CI. 

Div ou IMou, CI. Maro, v. Marunus. 

Dorn on Doron, CI. Marra. 

Drangus, v. Drouggos. Mastruca ou Mastruga. 

Durius, v. 368, n. Mat-vallis, v. apres le »° 174- 



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xx ETHNOGtiNIE gauloise. 

Milimindrus, v. Belinuncia. Scramasaxi. 

Monument bilingue d'Eauze? v. apres Segusii, v. 105, n. 

le n° 276. Sennis. 

Mori, CI. Serra. 

Morvinnus et Morven, v. More, n. Setiana (arx), v. 261. 

Muro. Siser, v. Ap. M. 

Nagarba. * Socci. 

Nia, v. Neh». Stannum, v. Cassi. 

Ninon, v. Belinuncia. Strath-Clyde, v. les Preuv. philolog. 
On, CI. n° XVII. 

P ft * a » Subalternicum, v. Elektron. 

Palla. Tallus. 

Panicum. Taxo. 

Penates. Taxonicus. 

Petroviaco, v. 372. Tiniaria. 

Platessa, v. les noms de poissons d'Au- Torr-e-benn, v. le n° 4. 

son e. Trifenn, CI. 

Pomponianis, v. le n° 261. Tructa, v. Ap. C. 

Pyren. Uris. 

Rosami, v. l'inscr. XXIV, n. Vallemachiae (pour Vallemacpia), v. 
Rumpi, v. le n° 212. apres le n° 165. 

Rusca. Vallus. 

Sacrium, Sacrum ou Satrium, v. Glae- Vecturius. 

sum ' Veltris, Velter ou Veltrai, v> Ouertra- 
Sal. go i # 

Saletio ou Saliso, v. 423 bis. Verruca. 

Sambracitanus (portus), v. le n° 261. Vertigernus, v. Ver. 
Saronicus, v. 92. 



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ERRATA ET ADDITIONS. 

Page 9, ligne 2 de la note : ude — lisez : une. 

— 18, ligne 10 : 6 6ra — lisez : 6ra. 

— 65, ligne 8 : difform6 — lisez : deTorme\ 

— Idem, ligne 11, apres 667, lisez : ainsi que l'historien juif Josephe*. 

Et dans les notes, apres la premiere, lisez : 2. Antiq. jud., 1-6, 1 ; 
Did. (La note 2 prend le n° 3.) 

— 98, lignes 13 et 15 : Rhouid — lisez : Rhouidd. 

— Id., ligne 29, effacez Z 4 , et reportez le Z en tete de la note 4. 

— 99, ligne 7 : 96 — lisez : 92. 

— 121, ligne 1 : Kymmrique — lisez : Kymmryque. 

— 160, ligne penultieme du texte : 120 — lisez : 116. 

— 221, ligne 24, effacez la virgule apres xxx. 

— 224, ligne penultieme du texte, apres chasseur, lisez : He'lico, nom propre 

gaulois (Pline, xn-2). 

— 233, ligne 9, substituez un point a la virgule apres Ce*sar. 

— 265, note 1 : Dunotaurus — lisez : Donnotaurus. 

— 274, ligne antep^nultieme, substituez deux points : a la virgule apres 

eure. 

— 291, corrigez ainsi l'inscription VII: 

RATH BRlWTlOM 
FROlTV- TARBfflSON<>S 
IBVRV 

302, corrigez ainsi l'inscription XI : 

i»clusposiovi 

\AMEDOtT 

AXIACBITI EV* 

)0 CARABITONV 
fj lASEIANlSEBOBDVl 
( REMfFILIA- 

jdrvTagisaciciviss\ 

— 325, ligne 6 de l'inscription : Obul dunutinu — lisez : obuldunn tinu. 
An grand tableau, ligne 1, apres les mots : 1" TABLEAU, ajoutez : a placer 
vis-a-vis de la page 428. 



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INTRODUCTION 



AVANT-PROPOS ET DEFINITIONS 



I. Si j'osais commencer une seconde fois par une image 

poetique la preface d'un ouvrage aussi serieux, je dirais au lec- 

teur que c'est du fond d'un ablme que je lui rapporte ce Iivre, 

6crit sous le choc des systfemes les plus contradictoires , et au 

milieu des t^n&bres dont trois sifccles de disputes et d'exaggra- 

tions passionn^es ont encore recouvert les origines celtiques. 

Frangais, Beiges, Allemands, Anglais, Irlandais sont descendus 

dans Tar&ne, les uns accaparant le nom de Celtes comme une 

gloire , les autres le repoussant avec mepris; les enthousiastes 

voulant que TEurope entire, Rome et la Gr6ce elle-m6me aient 

du a cette race unique leur population primitive et jusqu'aux 

dieux qu'elles adoraient; les exclusifs refusant m6me de recon- 

naitre pour frfcres des voisins dont la langue, les institutions et 

les plus lointains souvenirs attestaient l'etroite consanguinity 

avec ceux qui les reniaient. Depuis Camden et Gluvier jusqu'a 

M. Am. Thierry, sans parler des Pezron, des Pelloutier, des Spe- 

xver, je me suis vu successivement ballots de Jos. Scaliger k 

^ontanus, de Fr^ret k Sharon Turner, de D. Martin a Schoepflin, 

d'Ed. Davies et de Betham a Chalmers, de Mone et d'Eckermann 

h M. Holtzmann, et de ce dernier k MM. Brandes et Gluck, dans 

une m$16e ardente, opini&tre, ou j'ai encore rencontre le grand 

1 



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2 INTRODUCTION. 

Leibnitz, Niebuhr et Schafarik, des g^ographes cSlebres comme 
Mannert, Ritter et Ukert, et d'illustres philologues tels que Ade- 
lung, J. Grimm, Pott et Bopp. Si nos Celtomanes ont voulu faire 
parler bas-breton a toute TEurope, d'autres &rivains, emportes 
vers un extreme contraire, ont r&solument contest^ a cet idiome 
et a ses frfcres d'Angleterre et d'Irlande leur origine celtique, et 
change en vieux tudesque la langue de Brennus et de Vercinge- 
torix. Du moins TexagSration des premiers avait-elle une excuse 
avant la decouverte du Sanscrit, et Texplication de l'6tonnante 
• parents qu'ils remarquaient si justement, depuis Ed. Lluyd, 
entre les debris du Gaulois et les autres langues indo-euro- 
p£ennes, l'Allemand, le Grec, le Latin, etc. Enfin Phistoire natu- 
relle de l'homme a £voqu£ a son lour cet immense proems a son 
tribunal, et la science des Prichard, des Retzius, des Nott et des 
Gliddon est encore venue croiser ses arrets avec tous ceux qu'on 
avait d£ja rendus au nom de Thistoire et de la philologie. D£pas- 
sant mSme l^poque celtique, elle nous a fait entrevoir sur le 
vieux sol des Gaules et de la Catedonie, dans un loin tain ou se 
perdent tous les regards de la critique historique, des races ante- 
rieures a ces Gaels qu'on avait crus jusqu'ici les plus anciens 
habitants de l'Occident. Nous aurons done a nous occuper des 
Pri-celtiques de Wilson et des Crania britannica de Thurnam et 
Davis, sans remonter toutefois jusqu'aux Anie-diluviens de Bou- 
cher de Perthes, qui ne sont point encore sortis des arcanes de 
la g£ologie k laquelle nous les laisserons, ayant assez a faire 
sur le terrain des sciences historiques. 

II. Parmi ces dernteres, les Etudes celtiques ont £te f rappees 
d'une telle d^faveur par Tabus qu'on en a fait , et beaucoup 
d'esprits ont encore gard£ contre elles de si fortes preventions, 
que je crois utile d'apprendre au lecteur comment j'ai 6t6 amen£ 
sur ce terrain. A cet &ge ou Ton ne doute de rien, ou le peu que 
nous avons appris ne nous r6v£le pas encore toutes les difficul- 
ty ou rimpossibilitS m6me d'une ceuvre dont la grandeur nous 
a s£duits, j'avais form£ le projet d'une Ethnologie universelle, 
complement de toutes les histoires qui ont usurps ce titre, mal- 
gr£ les plus Granges omissions. Je voulais, pour en combler 
toutes Les lacunes , que des mers du Japon aux extremites de 



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AVANT-PROPOS ET DEFINITIONS. 3 

TOccident et aux demises lies de la Polyn&ie, depuis la pre- 
mise aabe des temps historiques jusqu'& nos jours, si petite 
qu'eut 6t6 la moindre peuplade ayant joui d'une autonomic quel- 
conque, monarchic, rSpublique ou simple tribu inddpendante 
deses voisins, elle eut sa place dans ce repertoire complet de 
tous les peuples qui ayaient exists. Je voulais, en outre, que la 
biographie de chacun fftt rfeumde d'aprfes les sources originales 
de son histoire, ce qui n'impliquait rien moins que la con- 
naissance de toutes les langues dcrites des uns, et de toutes les 
traditions orales des autres. C'6tait un travail k tuer dix bdnd- 
dictins et a remplir je ne sais combien d'in-folio. Quand 1'w 
et I'exp^rience des etudes s^vfcres et consciencieuses m'eurent 
appris combien une pareille entreprise etait au-dessus des forces 
d'un seul homme, mon ambition se r&luisit k ne tenter qu'une 
petite partie de ce travail gigantesque, et se renferma dans l'his- 
toire de nos pfcres, dans le vieux monde gaulois. Je m'occupai 
d6s lors de rassembler, sous la forme de monographies particu- 
lars et par ordre alphab&ique , tout ce que Tantiquite et nos 
travaux modernes nous avaient appris sur chaque peuple des 
Gaules, jusqu'a sa reunion definitive a Tempire romain *. 

III. Je me trouvai imm&iiatement aux prises avec cette 
formidable question de nos origines celtiques , et, voulant 
modifier compl&ement k leur sujet, je commen<;ai Texamen 
approfondi du systfcme le plus en faveur aujourd'hui, celui de 
M. Am. Thierry. L^difice est beau, et je me plairai toujours 
k rendre hommage au talent qui Ta £lev£, quoiqu'il ait profits 
plus qu'il n'a vbulu dire des travaux de ses devanciers, et nfe 
m6me, chose Strange, qu'on exit tenth avant lui de ramener aux 
proportions dune histoire ces fragments sans liaison , qui con* 
tiennent le secret de la vie de nos pbres V Mais je reconnus 



1. C'&ait justement le sujet du prix propose^ pour 1858, par r Academic 
des inscriptions et belles-lettres. Je n'ai point voulu, pour les chances 
de ce concours qui se present ait inopin^ment a moi, abandonner les fonda- 
tions de mon ouvrage et le plan que je m'Stais consciencieusement propose. 

2. Pr6f. de la3 e edit. Comment M. Thierry a-t-il pu oublier qu'il existait, 
entre autres, une Histoire des Gaulois, par D. Martin, 2 vol. in-4°, 4752, non 
terminee; une autre par Picot, qui se dit aussi le premier (p. ix), en 3 vol. 



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U INTRODUCTION. 

bient6t avec surprise que la base de ce monument, ou s'&aient 
log&i la plupart de nos historiens fran<jais contemporains, 6tait 
pour une part incomplete et pour Tautre ruineuse, c'est-k-dire 
formSe de mat&riaux peu solides ou employes k contre-sens; de 
telle sorte que la moitte dei'6difice devait s'^crouler sous la 
main de la critique, et qu'k l'autre, destinSe, pensai-je, a rester 
debout, manquait une partie de ses meilleurs appuis. Cest 
en voulant creuser ces questions pr&iminaires que je suis 
descendu dans cet abime dont j'ai parid au lecteur, et c'est k 
lui de juger si j'en suis victorieusement revenu. Mon ambition 
serait satisfaite si je pouvais r&iabiliter k ses yeux ces Etudes 
celtiques, malheureusement discrgdit^es par de nombreuses 
extravagances, mais qu'ont d6ja relev^es en Allemagne et en 
Angleterre les progr&s de la critique contemporaine. 

IV. Pour ne pas m^garer, comme tant d'autres l'ont fait, 
dans ces t^ri&bres vraiment cimm^riennes , j'ai emprunte sue- 
cessivement leur lumtere aux divers flambeaux de TEthnologie, 
cette science nouvelle ou plut6t cet ensemble de sciences dont 
an a donn£ en France et jusqu'en Am&ique i de si magnifiques 
definitions. A crorre ses enthousiastes , elle embrasserait la 
g^ographie, l'histoire naturelle de Phomme et toute l'histoire 
civile et intellectuelle des soctetfe humaines, depuis leur 
premiere formation dans la plus haute antiquite jusqu'aux 
perfectionnements qu'on peut espSrer de Tavenir. Ce cadre 
me paralt beaucoup trop vaste pour la signification rationnelle 
de ce mot, en presence de ceux qui existaient deja pour designer 
les principales branches de nos connaissances historiques et 
anthropologiques. Sans Clever ici de discussion sur un terme 
dont Pusage n'a pas encore fix£ la valeur r^elle, j'entends 
simplement par Ethnologie la connaissance, au point de vue 
physique et intellectuel , de tous les peuples dont se compose 

in-8°, Geneve, 1804; sans compter Ant. Gosselin : Historia veterum Gallorum, 
in-8% 1636? 

1. M- Jomard, Appendice sur l'Arabie, dans le troisieme volume de 
I'tigypte sous MShem. AU, p. 403. — M. Burke, London, Ethnolog. Journal, 
juin 1848, n* i. •— MM. Nott et Gliddon, Types of Mankind, p. 49,50.— 
Conf. avec Ampere, Essai sur la philosophic des sciences, deuxi&me partie. 



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AVANT-PROPOS ET DEFINITIONS. * 

-Tespfcce humaine. Gette science, tout en conservant d'intimea 
rapports avec celles que je vais nommer, sera ainsi distincte d* 
] anthropology ou Stude des individus, de la geSographie ou des- 
cription de notre terre, de J'histoire qui est le rdcit des faits- 
elle n'absorbera ni les theories politiques ni Jes doctrines mol 
rales ou religieuses. Elle se divisera en deux branches d&i 
gn<§es chacune par des noms Sgalement nouveaux. I/un de ces 
termes, cr& pour ainsi dire en concurrence avec celui d'Ethno- 
logie, et souvent confondu avec. ce dernier, convient particulife- 
rement aux descriptions des peuples, c'est-a-dire de leur consti- 
tution physique, de leurs moeurs, de leurs arts et de leurs 
institutions. C'est V Ethnographie , science toute positive. UEttv- 
nogenie , au contraire, presque toute speculative, sera, comme 
Ta dit 1'illustre Ampere, a qui nous devons ce mot, l'dtude des 
origines primitives des peuples et de leur gen&dogie. Au dela 
des r^cits historiques, dans ces &ges dont la po&ie nous a seule 
conserve quelques traditions, commencent ses aventureusejs 
recherches. Elle est en quelque sorte la Pateontologie de This- 
toire. 

V.. Ses moyens pour la d&ouverte de la v6rit6 sont: 1° la 
comparaison des langues, partie linguistique ; 2° celle des carac- 
t6res physiques particuliers a tel ou tel peuple, partie physiolo- 
gique ; 3° celle des moeurs et des coutumes pour ainsi dire in- 
stinctives qui appartiennent a. chaque race, partie ethologique, 
ou, pour ^viter toute confusion de termes, Y&thopee. De ces trois 
categories la derni&re est fort inf&ieure aux deux pr&edentes 
en r^sultats certains et concluants. Les peuples les plus Gran- 
gers les uns aux autres par les differences de race et de climat 
nous offrent quelquefois une inexplicable conformity de cou- 
tumes les plus Granges et des idees les plus extravagantes. 
Ainsi, lePolyn&ien perdu dans les lies de la mer du Sud, et 
Tlndien des savanes de l'Am&ique, ont imaging, comme nos 
Gekes Bretons, de se couvrir le corps de tatouages; et dans 
notre France m6me, a dit un savant professeur *, il se trouve 

1. M. Geoffroy -Sain t-Hil aire, Cours de zoologies voy. le journal ia Scte™*, 
AS mai 1855, p. 139. 



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6 INTRODUCTION. 

encore des demi-sauvages qui compriment, un peu moins bru- 
tal e merit que les Caraibes, la tete de leurs enfants. Quelques 
races, il est vrai, presentent des traits de caractere qui leur sont 
particuliers, mais elles me paraissent en petit noinbre, et la plu- 
part montrent, dans leurs dispositions morales et intellectuelles, 
autant de varies que le r&gne humain tout entier. Ainsi, dans 
la race helienique, dont toutes les tribus pretendaient sortir 
d'une m^rne souche, quoi de plus different qu'un Spartiate et 
un Ath&rien, qu'un Ath&iien et un Beotien? Je n'attache done 
qu'une importance secondaire a la plupart des deductions qu'on 
peut tirer de cet ordre de faits. 

VI. 11 n'en est pas de meme de la comparaison des langues. 
Elles sont incontestablement un des caractferes les plus per- 
sistants et les plus demonstratifs de toute nationality. Depuis 
les premiers temps de l'histoire 1 , leurs similitudes et leurs 
dissemblances sont invoquees comme une preuve decisive 
pour etablir ou nier la parente des peuples dont on cherche 
l'origine. Cette preuve est cependant moins infaillible qu'on 
ne Pa pretendu. Si des peuples ont conserve pendant de lon- 
gues series de si&cles, et a travers les migrations leg plus 
lointaines, la langue de leurs pfcres, il en est aussi que l'his- 
toire nous indique comme ayant change d'idiomes. Je ne 
parle pas des hordes barbares telles que les Goths, les Bour- 
guignons, les Normands, les Bulgares, etc., dont la faiblesse 
numerique fut promptement absorbee par les populations 
qu'ils avaient assujetties; ni des peuples qui se sont, a la 
longue, convertis aux moeurs et au langage du conqu^rant 
qui leur dtait sup^rieur en civilisation, comme nos Gaulois 
devenus Romains; « — mais de ceux dont la langue s'est per- 
due naturellement par le seul cours du temps et l'infiltration 
coutinuelle d'eiements Strangers, comme il est arrive aux 
Lowlanders ou iScossais des basses terres, dont Tidiome etait 
devenu anglais 2 , assez longtemps avant la reunion de rGcosse 
et de l'Angleterre sous les Stuarts. Nott et Gliddon, qui s'ap- 

i. Voy. des Herodote, i, 57, 58, etc. 

2. Ce que Chalmers nomme le scoto-saxon. Voy. sa CcUed., i, p. 478, 480.- 



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AVANT-PROPOS ET DEFINITIONS. 7 

puient sur Humboldt et sur leur maltre Morton pour placer 
naturellement la physiologie en premiere ligne dans les Etudes 
ethnologiques 1 , citentd'autres exemples depareils changements 
accomplis chez les ^pirotes dans l'ancienne Grece, chez les 
Car&iens en Russie, etc. Mais ce sont apres tout de rares excep- 
tions qui doivent seulement £veiller 1 attention de la critique 
sur les consequences trop absolues qu'on a voulu tirer du 
principe de la persistance des langues, surtout quand ces con- 
sequences paraissent contredites par les indications physiolo- 
giques. Dans ce cas, il devient souvent tres-difficile d'arriver k 
un r^sultat positif, et d'etablir lequel des deux doit l'emporter; 
car, si les langues ont pu quelquefois changer a notre insu, il 
est des peuples qui ont pareillement subi, par diverses causes, 
des transformations qui protestent contre cet autre principe, 
pos£ d'une manure non moins absolue, de la persistance des 
types. Le Midi a ses races blondes, et le Nord des yeux et des 
cheveux noirs; et Ton s'est deja plus d'une fois £tonn£ de la 
parent^ du beau Magyar avec ses miserables cousins les Ostiaks 
et les Vogoules. Aussi, tout bien considgre, pense-je que, dans 
les conflits de la linguistique avec la physiologie, c'est la pre- 
miere, sauf quelques cas tout particuliers, qui doit primer la 
seconde, ses donnSes <§tant toujours plus precises et d'une 
appreciation a la fois immediate et beaucoup plus positive. Tou- 
tefois l'^vidence ethnologique n'existera pour nous que dans 
r accord de ces deux sciences, les affirmations de Tune sans 
l'appui de r autre n'ayant plus la m6me force demonstrative a 
nos yeux. 

Comraengons done par la philologie. 

1. Indigenous races, 1857, p. 225 et al. La plupart des anthropologistes 
soutiennent la meme opinion, vers laquelle inclinait aussi Niebuhr. Kla- 
proth* Latham et Flourensattribuent aucontraire l'importance preponderant e 
h la linguistique. M. de Quatrefages tient la balance a peu pres egale entre 
les deux partis. 



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ETHNOGfiNIE GAULOISE 



PREMIERE' PARTIE 



PREUVES PHILOLOGIQUES 

I- Parmi les questions pr61iminaires dont j'ai parle, il en est 
trois que j'ai prises comme point de depart, les tenant, avec 
le plus grand nombre des philologues, pour resolues d&initive- 
ment, malgrS quelques dissidences qui se rgveillent encore de 
temps a autre, surtout pour la troisifcme. Ges questions sont : 

1° L'origine indo-europ<§enne des langues appelees com- 
mun^ment celtiques, et encore parlees aujourd'hui, savoir 
le Gallois on le Kymmryque, dont notre Bas-Breton ou Armori- 
cain est un dialecte 1 , et le Gaelique, divis6 en Irlandais, erse ou 
ficossais des hautes terres, et manks ou patois de Tile de Man. 
Le Cornique, ou dialecte kymmryque de la Cornouaille anglaise, 
s'est &eint le Steele dernier. 

2° L'dtroite parent^ de ces deux langues, le Kymmryque et le 
Gaelique, attestant la tige commune dont ellessont sorties. 

3° L'identitg, sinon absolue, du moins originelle de 1'une 
ou de Tautre de ces langues avec Je Gaulois et le Breton partes 
a 1'dpoque de la conquSte romaine. Peut-6tre partageaient- 
elles ensemble ce vaste territoire ? Nous verrons de quel c6tg 
penchent les plus fortes probability. 

Je pose done ces trois faits qui dtablissent philologique- 

T. Dans lequel on distingue particulierement aujourd'hui l e sous-dialecte 
<ie Vannes, sujet d'ude remarquable etude de M. de Jubainville dans 1* 
Revue celtique, ann« 1810. 



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10 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

ment l'origine orientale des Celtes, l'unit^ des races et la 
filiation directe des populations qui parlaient et qui ont con- 
serve les idiomes britanniques et gaulois, comme autant de 
principes fondamentaux sur lesquels reposent les premieres 
recherches dont je vais m'occuper. Je ne remonterai pas au 
delk de ces faits, le premier m'offrant un point de depart 
solide et g&igralement admis, sans que j'aie besoin de m'en- 
foncer dans les tdn&bres qui recouvrent Texistence primitive 
des nations indo-europ£ennes, et les revolutions qui les ont 
successivement d6tach£es de leur souche asiatique. Je ne 
m'occuperai done ni de ce peuple myst&rieux, les Aryas, qui 
parla le plus ancien idiome Sanscrit, ni du pays qu'il doit avoir 
habite, soit dans la Bactriane, soit vers les sources de l'Oxus 
ou les hauts plateaux de Pamir. Je m'arr^terai cependant, parce 
qu'on peut tirer de cette discussion quelques faibles lueurs, & 
notre g£n£alogie Japb&ique et au nom de Gomer. 

II. Le premier de ces principes, reconnu par Adelung et 
d£j& fortify, en depit de son propre sysXeme, par les anciennes 
recherches du g£n£ral irlandais Vallancey \ avait et£ ni£ par 
Fred. Schlegel et quelques savants plus ou moins accredits, 
Pinkerton, V. Kennedy, etc. Ge fut pour d^truire leur opinion 
que le c6\hbre Prichard publia en 1831 son livre de Torigine orien- 
tale des nations celtiques prouv£e par la comparaison de leurs 
idiomes avec le Sanscrit, le Grec, le Latin et les langues teuto- 
niques (The eastern origin of the Celtic nations 2 , etc.). Le savant 
etymologiste Pott, tout en admettant la tr6s-grande probability 
de cette origine, ne jugea point suffisante Targumentation de 
Prichard • il pensa que l'616ment Sanscrit, qu'il reconnaissait en 
assez forte proportion dans les langues celtiques, pouvait leur 
avoir 6t6 transmis, d'abord par le Teutonique, puis par le Latin; 
et que tout le reste appartenait a une souche compl&einent 
etrangere a lafamilleindo-europSenne 3 . M. A. Pictet lui repon- 

1. Essay on the primitive inhabitants of Great Britain and Ireland, 1807. 

2. Latham en a donne\ en 1857, une deuxi&me Edition avec de savants 
commentaires. 

3. Etymologische Forschungen; l rt <§d., 2* vol., p. 478. 



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PBEUVES PHILOLOGIQUES. 11 

dit par la demonstration de YAffinM des langues celtiques avec 

le Sanscrit, 1837; compile plus tard par le ceifcbre Bopp dans 

sesKellische Sprachen, etc., 1839. Je ne puis mieux faire que de 

renvoyer a ces deux ouvrages * le lecteur curieux de s'assurer 

par lui-m6me de la parente r^elle du Celtique et du Sanscrit. 

II y verra que Bopp, qui etait porte d'abord a nier ce fait, a fini 

par reconnaltre noh-seulement qu'il etait la verite, mais, de 

plus, que l'etude approfondie de la dernifere de ces langues ne 

peut Stre complete sans la connaissance des premieres 2 . Cette 

verity proclamee en outre par un maitre illustre, Eug. Burnouf, 

a 6t6 defini ti vement raise au-dessus detoute contestation parun 

nouvei ouvrage de M. Pictet : les Origines indo-europeennes ou 

les Aryas primitifs (1859-63), qui a remporte le prix de philo- 

logie decern** par notre Institut. J'ajouterai seulement aux 

conclusions du savant genevois 3 , et en reponse a M. Pott, ces 

deux reflexions : * 

1° Que les Celtes ayant du, puisque ce sonteux qui ont f en 
definitive, occupe les extr^mites occidentales de l'Europe 4 , pre- 
c£der \a race teutonique dans son mouvement vers l'ouest, ce 
n'est point \a masse de leur population, ni par consequent 
1'ensemble de leur langue, qui ont pu subir grandement In- 
fluence du peuple qui les poussait devant lui; mais celui-ci, 
au contraire, qui a du se pendtrer d'eiements celtiques, en 
absorbant les tribus retardataires et en recevant bon gre mal 
gre, dans son idiome, les termes attaches au sol et aux tra- 
vaux imposes aux vaincus. 

2° Quant au Latin, que Tauteur d'un livre anglais fort 

1. Voy. aussi Diefenbach, Celtica, i, 1839, et le Mtm. de M. Ch. Meyer, 
dans le premier volume de Bunsen, Outlines of the philosophy of universal 
history applied to language, etc. 

2. Voy. entre autres les p. 4 et 80. 

3. R^sumees en neuf articles, p. 263 de son premier ouvrage. On peut 
consulter en outre les Philological essays de Garnett,*et ineme les longues 
listes de mots celtiques? confronted avec le Latin, le Grec, et les idiomes ger- 
maniques dans les Ansicht. Uber die Keltisch. Alterth. de Keferstein, t. u, 
1848-50, ainsi que dans l'ouvrage de Parrot sur les Lives, les Estoniens, etc., 
t. ii, 1828. 

A, Je parlerai plus tard des Celtes finnois de Arndt et des Craniologistes. 



r 



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12 ETHNOGtiNIE GAULOISE. 

remarquable * regarde aussi comme s'^tant infus6 dans le 
Gaelique d'ficosse, et m6me dans rirlandais^ et plus encore 
dans le Gallois, je pourrais m'appuyer, pour nier au moins 
cette derntere assertion, sur deux autres savants fort opposes 
Fun St I'autre, Betham et Chalmers, qui s'accordent nSanmoins 
pour affirmer, Tun qu'il n'existe que fort peu de mots latins 
dans le Kymmryque actuel; Tautre qu'il n'en existe pas du 
tout dans Pancien Kymmryque 2 , ce qui devient une autre 
exag&ration. J'aime mieux r^pondre que les Romains n'ayant, 
pour ainsi dire, jamais mis les pieds dans Tile de TOuest, 
Taction de leur langue sup PIrlandais n'a pu commencer 
qu'avec Introduction du christianisme ; et comme il n'y a pas 
lieu de penser, ce me semble, qu'elle se soit beaucoup Vendue 
au dela des termes particuliers a la nouvelle religion et des for- 
mules sacramentelles, elle n'a certes pas introduit beaucoup de 
racines sanscrites dans le vieil idiome d'firin 3 . Dfcs lors, celles 
que le Gallois possfcde en commun avec PIrlandais ne lui sont 
pas, suivant toute probability, venues par la conquGte romaine. 
D'illustres savants, Leibnitz, Adelung, Ott. Miiller, etc., ont 
m6me pens6, a Pinverse de Pott, que c'6tait le Celtique qui 
avait au contraire fourni au latin P element non grec entr6 dans 
sa formation 4 . Des travaux plus r^cents n'eussent-ils pas 
achev6 de mettre en pleine lumi&re leur Stroke parent^, il 
serait toujours certain qu'au i er stecle de notre hre on comptait 
dans le second de ces idiomes un assez grand nombre de mots 
d'origine gauloise, comme Quintilien en signale mGme {Inst, 
orat. I er , 5.) dans Horace et dans Gic^ron. Mais ces questions 
ont perdu leur importance depuis que, Porigine commune de 
toutes ces langues £tant reconnue, il en r^sulte n^cessairement 

1. Britannia after the Romans, 1836-44. 

2. Betham, Gael and Cymbry, p. 335; Chalmers, Caledonia, t. i er , p. 220. 

3. On pourrait penser, dit M. Newman (voy. la note suiv.), que les ouvrages 
ecclesiastiques, qui ont form6 pendant plusieurs siecles toute la literature 
irlandaise, ont latinise\ jusqu*a un certain point, cet idiome; mais Ton ne 
peut avoir le meme doute sur le dialecte Gcossais, dans lequel on n'a com- 
mence d'e'crire qu'a une epoque assez r6cente. 

4. Voy. particulierement dans le sixieme volume du Classical Museum, 
1849, la dissertation de M. F. Newman : On the intrusive elements of Latin, 



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PREUVES PHILOLOGIQUES. _ £ 

deVvxne a Tautre la communautg originelle (Tun grand nom- 
bre&s mots et de formes grammaticales (voy. Bopp, ibid. p. 81) 
Ge fut pour expliquer ces ressemblances, qu'ils ne pouvaient 
comprendre, que les Audits des deux derniers sifecles attribuk- 
rent, chacun a un peuple qu'il choisissait et nommait a son 
gr£, Ph^niciens, Scythes, Phrygiens ou Brigantes, Titans, Ger- 
mains, Celtes, Goths, etc., la domination universale ou la 
population de TEurope primitive. Quant a distinguer dans ces 
langues antiques les mots qui leur viennent du fonds commun 
ou elles ont puisg, de ceux qu'elles se sont postdrieurement 
emprunt^s Tune h l'autre, par suite de leur voisinage, d'assu- 
jettissement, ou de progr&s dans la civilisation, ce serait une 
&ude a la fois si compliqu^e, si delicate, et la plupart du temps 
si incertaine dans ses r&ultats, que je ne pense pas que TEth- 
Uologie en tire jamais grand parti. 

Cette question du Latin mele au Celtique moderne nous 
reviendra ndanmoins, quand nous exposerons les principes de 
notre glossaire gaulois. 

III. La philologie, au surplus, n'est point la seule science 
qui d^montre Porigine indo-aryane des Celtes. La confrontation 
des dogmes principaux du Druidisme avec ceux des Aryas et du 
Mazd&sme conGrmera, nous l'espgrons 1 , cette importante,d6- 
couverte. En attendant, la gSographie ancienne de Plnde com- . 
par6e avec celle des Gaules, et tous ces noms gaulois diss^mi- 
n£s, comme autant de jalons, sur la route que les Celtes ont 
suivie, depuis la Haute-Asie jusqu'aux bords du Rhin, suffiraient 
pour £tablir, a d£faut d'autres preuves, la verity de ce grand 
fait ethnologique. Le lecteur pourra en juger par les nombreuses 
similitudes que j'ai choisies dans ce vaste espace (pour rSpondre 
particulferement aux doutes de Latham 2 ), en passant par le 
nord et le sud de la mer Noire, et en dcartant, bien entendu, 

1. Voir la 3 e partie de cette Ethnoge*nie, Gtnie gaulois. 

2. Dans la deuxieme Edition deVEast. orig. of the Celts de Prichard,il admet 
pleinement que les Celtes appartenaient a lagrande familleindo-europ6enne, 
mais il semble repousser la conclusion qu'ils soient venus <j e l'Asie, et admet- 
tre pour eux, sans s'expliquer nettement, je ne sais quel autochthonisme eu- 
rope*en. 



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Ux ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

les noms qui peuvent remonter a des colonies grecques ou gau- 
loises, et ceux de la Germanie qui forment une question parti- 
culifcre entre TAllemagne et nous. 11 est possible que queiques- 
unes de ces similitudes, tiroes pour la plupart de Pline ou de 
Ptolemee 1 , ne soient que des assimilations grecques ou romaines 
a des noms ant&rieurement connus; mais cette observation, qui 
ne peut, dans tous les cas, concerner que les plus nouvelles, 
n'entevepas sa valeur demonstrative k Tensemble de ce tableau. 
J'en dirai autant des objections qu'on pourra faire, au nom de 
telle ou telle loi philologique, a quelques autres de ces rapproche- 
ments; il en est aussi qu'on jugera peut-6tre cherch^s trop loin 
des Aryas dans le midi de Plnde ou bien au dela du Gange; 
mais c'est, je le repete, non dans Texactitude absolue de cha- 
cune de ces similitudes, mais dans leur vaste ensemble et dans 
leur nombre, qu'il serait encore facile d'augmenter, que je fais 
consister la forge de cette demonstration g^ographique. II m'a 
sjembie, par la m6me raison, superflu de remonter pour les 
noms indiens, sauf quelques exceptions, jusqu'a leurs formes 
sanscrites, recherches qui m'auraient lane£, pour une demons- 
tration accessoire , dans de longues discussions h la suite de 
M. Vivien de Saint-Martin, dont TAcademie des inscriptions a 
publie les savantes Etudes sur la g&ograpJiie Grecque et Latine de 
I'Inde dans ses rapports avec le Sanscrit, 1858. On verra que plu- 
sieurs de ces rapprochements nous seront d'une certaine utility, 
quand nous nous occuperons des Cimm£riens. 

IV. 

Noms gaulois et bretons. Noms intermediaires. Noms indiens. 

Aballo Abalus, lie de la c6te bait. . Abali, pp. 

Aballaba, Br. 

Adunicates Adunas, fl. Susiane. 

Agenisates. Acesinus, fl. Sarm Akesines, 11. [Asi- 

knt, Sk.J 

1. C'est a ces deux auteurs, qui sont sous la mainde tout le monde, qu'ap- 
partiennent les noms dont je n'indique pas Torigine. 



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PREUVES PHILOLOGIQUES. 15 

Nonas gaulois et bretons. Noms intermediates. Notes indiens 



Aginnum. 



Alaunium. . . . : 

Alauna, G. et Br. 
Alaunus, fl. Br. 

Alone, Br 

Alpes (Albhain, I'Ecosse.). 



Ambatia. 



Ambrones. 



Umbranici. 
Umbranotes, Cisalp. 

\ (Umbri dTtal.) 



Aginis, Susiane. . . . 
Aginna, Ib6r. 
Alaunus, Mt. Sarm. 
Alauni. 



Aloni, Ass. 

Albania du Caucase. 

Albania, Assyr. 

Albanus, fl. 

Ambatai, oa Am-bautai, Pa- 

rop 

Sambatai, Assyr 

Ambrodax, Arie 

Ambrodax, Parthie. 
Ombraia, M6sop. ...... 



Aginnates. 



Anamari, Gis. 
Andecavi. . . 
Anderitum. . 



Ombrdues, Sarm. 
Anamis, fl. Caram (Arrieri). 



Andomatunum 

Arar et Arauris, fl.. . . 
Bardi, ordre de pretres.. 
Bebryces 



Brige, Br. 

Brigantes, Br. Irl. 

Brigantion. 
! Brigiani. 

Brixentes, Rhet. 

Brixia, Gis. 

; Bergusium 

* Bergintrum. 
( Bergomum, Gis. 



Bituriges. 



Anderica ou Arderica, Sus. 

(Herod.) 

Andera, Mysie. 

Araros de Scythie (Herod.). 

Bebryces, As. min. etThessal. 

(Lucain). 
Phryges ou Briges. 
Briges, Thrace (Hirod.). 
BriantiJtG (d'abord GalaMke*). 
regio, Thrace (Htrod.). 



Bergae ou Belgae, Scyth. (Mela). 

Bergan, Sus. 

Berge, Mac<§d. 

Pergamum, Thrace, Troade 

et Mys. 
Bituris, Assyr. 



Ambastes, fl. Sine. 
Ambastai, pp. id. 

(Ambastha,SK.J - 
Ambri, etSygambri 

(Justin). 
Umbrae. [Oumranis 

S K.] 
Umbrittas ou Gum- 

brittaa (Bis-am- 

brittae). 

Andaka(i4rrten). 
Andarte. 

Andomatis,fl.(-4r.) 
Bardaotis. 



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16 ETHNOGtiNIE GAULOISK. 

Nonas gaiilois et bretons. Noms interm6diaires. Noms indiens. 

Bremenium, Br. Bregmentani, Mys. 

Boii Boisci, Caucase (Jornand.). 

Caballio Cabala, Alban., Cauc Cabolitae[leKaboul] 

l Gabellio ou Cabalaca, id. 

Cabalia regio, Pamphyl. 

i Cabillonum. Ga ^ i l . Uyd. (Herod.). 

et Cabahoi, J 

Cabali. Kabalis, Phryg. (Hecat.) 

Caenus, fl Kainai, Mesop. (Xen.). • . . Kainas, fl. 

Kainiketai, pp. (Med.) Kaine, Gapp. 

(les Csenicenses?) Kainoi ou Cseni, Thrace. 

Kainos, port. Br. 

Csenomani, 

Caeresi Kairon. Adiab. (Joseph.). 

Caeresus, fl. Troade. 

Caesena, Gis * Gesi. 

Kalaton, Br. Galatis ou Callatis, Moes. . . Kalatiai (Hecat.). 

Galon. Galonitis ou Chalonitis, Ass. 

Gamaracum Kamaritai. Alban Komareus, cap. et 

Kamaria. 

Comari, Scyth. As Kimara. 

Chomari, Bactr. 

• Komaros, fipire. 

Cantii et Cantium. Br. . . Can taces, Bactr.? Kanthi, golfe. 

Kantai ou Dekantai, Br. 

Sept. Canted, Sarm. As. 

Carnutes Carnx, Sarm. 

Cassi, Br. . . Cassiopaei et les Cassii montes. 

Cassivelauni. Cassiope d'Epire. Cassida. 

Cassiterides, lies. Cassipolis de Cilicie? Casia regio ( les 

Khaca, Sk.) i. 

Cauci, lrl. et Germ Caucones, Bitb. ; Cocondae. 

Caucasus, Mt. 

Caucadae, Scyth. As. 

Cauchae campi, Babyl. 

Cavari Cavaris, Bactr. 

Condate. Kontadesdos , fl. Thrace 

(Hirod.). Conddta. 

Cossio Cossaei, Sus. Kossoanos, fl. (Ar.) 



1. Le Khasgar. Remarquons aussi Pancien nom de Benares, Kaci. 



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PREUVES PHILOLOGIQUES. 



17 



Nonas gaulois et bretons. 

Cottia ou Cotia sylva. . . 
(Gaule Belgiq.) * 



Damnioi, et. . . 
Damnonioi, Br. 
Osti-damnioi. 
J Darinoi, Irl. . . 
f Dariori gum. 

Dinia. 

( Duranius, fl. . . 



Noms intermediates. 

Cotieri, Scyth. As. 
Cotyorum, As. min. 



I Itaxonum. 

\*\xrobriv«, Br., etc. 



Edenates. 



Isara, fl 

Isca, Br 

Esca, id. 

Larius, lac 

Larignus, Cis. 
Ligyes ou Ligures.. 



Daritis, Med. 

Dinia?, Phryg. (T. Liv.). 
Douros, fl. d'Ass. (Zos.). 
Tyras, fl. de Scythie. 
Doura, Mdsop. (Polyb.). 
Doura, Baby]. {Daniel). 
Douraba, id. (Ptol.). 
Eden, M6sop. 
Edones, Scyth. As. 
Edones, Thrace. 
Isauri, As. min. 
Iscus ou Escus, fl. Moes. 



/jtfanapioi, Irl 
Menapii. 

/ Mandubii 

I Mandu-essedum, Br. 
' Mantala 



Ligyes, As. min. (Htrod.). 
Ligustike, Golch. (Lycoph.). 
Ligurci, Thrace. (Arts tot. 

dans Macrob.) 
Menapia, Bactr. 



Margi-dunum. 



T&axici 

• ^|^x\-dunum ouMori-d. Br. 

} Morini 



Mantalos, Phryg. (Et. Byz.). 

Margis, fl., etMargum, Maes. 
Margus, fl., et la Margiane. 
Marykaioi, Bactr. 
Mares, As. min. (HScatte). 
Mori-marousa, part, de la 
Bait 



Noms indiens. 



Kottiara. 

Kottis. 
Damnai. 



Dari. 



Isari. 
Izgi. 

lArite(Larika,Sk.). 
Lariagara. 



Mandi. 
Mandei. 
Mandalai (Manda. 

Sk.). 
Margana(#«ram). 



M6ri-eis(Ef. Byz.). 
Moruni, pp. marit. 



4. Je laisse de cdte* le roi Cottius et ses Alpes, mais je remarquerai cette 
ginguliere ressemblance du nom de la riviere de Quimperle" (en aval) la Laita 
avec celui de la Leitha austro-hongroise. 

2 



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18 ETHNOGfiNlE GAULOISE. 

Noms gaulois et bretons. Noms interm6diaires. Noms indiens. 

Massalia Massaioi, Scyth. As Massaga(i4rr.)(Ma- 

caka, Sk.). 
Massava. Massanoi. 

Morgus, fl. Cis. Mogrus, fl. Colch. {Arr.). 

Morginnum. Morges, anc. nom d'Ephese. 

Mosa, fl., et Mosella, id. . Mosaios, fl. Sus. 

Mosega, Alban. As. 

Mosconnum Moschi, As. min. 

Moscheni, Arm. 

Moschios, fl. Mobs. a 

Oratelli Oratha, Babyl. {Arr.) 6 Ora. 

Horat© i. 

Oraturae (les Rah- 
tors). 

Orobis, fl 2 Oroba, Ass. 

Orobii, Cis Orobatis, Perse. Orobatis (A rr.). 

Oromansaci. Oromandos, Arm Oromenus, Mt. 

Parisii Parisara (nom Sk.). 

Pretiani Preti. 

Quariates Kouaris, Bactr. 

Kama Rami-dava, Dacie. 

Remi Rami, Sarm. As. 

Sabata ou Sabotes, etc., 
Ligur. Sabata, Ass. 

Sabadioi, Bactr. 
Zabatos, Ass. {Xen.). 

Sabis, fl Sabis, fl. Caram Sabi {Q. Curt.) ou 

Sambi. 
Sabis, fl. Cis. Sabus. Arm. (Not. Imp.). Saboutai {Strab.). 

Zabai. 

Saii et Saius Saioi, Thrace (Archiloq.). 

Saitae, Sus. 

Senos, -fl. Irl Sena," Marg Sainos, fl. 

Salo-dunum Salae, Cauc Salatha. 

Salo-macum. Sale, lac Lyd. Salene ou Chaline, 

lie. 
Salassi. Sala, Thrace {Herod.). 

Salyes ou Sallii, etc. Saloi, Sarm. Eur. 

Samara, fl., etSamarobriva. Samariane, Hyrc. {Strab.). Samarobrise. 

Samarade. 

1. Souratta, alteration du Sourachtra. Sk. 



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PREUVES PHILOLOGIQUES 

19 

Noms gaulois et bretons. Nonas interm6diaires «- 

Noms indiens. 

Sambracitanus (golfe). SambroceTi. 

„ Sambra. 

Sanagenses SanakG, M<5sop. 

Sanais, Med. 
Sanition ou Sanecium. Sanis, Lyd. 

Sane, Thrace (Herod.). 

Sapaudia Sapaioi, Thrace (Herod.). 

Saravus, fl Saros, Asie min Saraba. 

Sarabos, fl. 
Sardones Sardes, Lyd Sarophages K 

, Sardonix, Mt. 

SardenG, Mt. id. (Herod. V. 
Horn.). 

SardikG, Mocs. 
Silvanectae Silouon on Silvum, Pamph. 

Sylvi, Jbene. 
Simenoi, Br Simena, Lycie. 

Simana, Bith. (Et. Byz.). 
Sinnius, fl. Cis 2 Sinna, Me"sop. 

Sinnaus, lac Asie. 

( stura ' fl ' Cis * * Stoura (Mara.). 

J Sturium, He de la Narb. 

( (Sturii,insul.delaBatavie). 

Suanetes. Suani ou Soanos, Colch. 

Soana, fl. Sarm. As. 
Sura, fl Soura, Ass Surae [Sourabhira]. 

Soura, Iber Syrieni. 

Surius, fl. Colch. 

STamare, Br Tamaros ou Tomaros, Ma- 
c6d. (Strab.). Tomara. 

Tomaros, tpire. 
(Tomeros, Gedrosie. (Arr.). 
Tamaros, fl. Br. 

Tamesis, fl. Br Tamasi-dava, Mces Tamasis. 

Tameia, Br Tamos,Mt. (Mtla.) 

Tanatis, lie Br. Tanatis, Moes. 

{ Tarais, fl Tam6,font.Lyd.-Ville(#ow). 

j Tarnadae. 

i Tasconi Taska, Arm. 

} Tasciaca. Taskoi, Perse (Den. Per.). 

i . Le Sarcebhdn moderne. 



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20 ETHNOtfGNIE GAULOISE. 

Noms gaulois et bretons. "Noms intermedial res. Noms indiens. 

Tasta .• • • Tastina, Arm. 

Tastache, Parth. 

Tavus et Taus, Br Taua, Parop. 

Tectosages Tectosages, Scyth. As. 

Umbranici, etc. Voy. Am- 
brones. 

( Ura,riv. (aupontduGard.) Uri (les Haouras. 

( Driconium. 

Urba.. Urbi - 

Utis, fl. Cis. Outioi, Perse {Herod.). 

Utus, fl. Dae. 
Outi-daua, Dae. 
Uti-dorsi, Sarm. As. 

IUxantis, He Ouxia et Oxii, Perse Ouxentos, Mt. 
Uxisama, He (peut-etre la 
meme). 

Verterse, Br Vertae, Perse {Am. Marc). 

Vindalium *Bindas, fl. 

Ouindana, port, et Ouin- 

dinon. Benda, fl. 

Vindo-magus* Ouindios, Mt. 

Vindomum, Br. 
Vintium, etc. 

Une partie de ces noms se r^pfctent encore dans d'autrej 
directions, surtout au midi de la ligne que nous avons suivie 
on en trouve jusqu'en Afrique. 

V. Nous n'avons point a nous occuper ici des conclusion 
plus generates qu'on pourrait tirer de ce fait, et nous passons i 
notre second principe : l'etroite parents du Gallois et de Tlrlan 
dais, Stablie preincrement par YArchseologia britannica d'Ed 
Lhuyd, 1707, et confirmee depuis; — du c6t6 des Kymmrys 
par cette observation pSremptoire d'Ed. Davies 1 , qu'on retrou 
vait dans Tlrlandais les racines aujourd'hui perdues d'un gram 
nombre de composes gallois et armoricains, tandis que les Galloii 
employaient encore beaucoup de termes not^s comme tomb& 
en d&u&ude dans les dictionnaires irlandais ; — et du cote de* 

1. Celtic Researches, 1804, p. 233, 234. Conf. Garnett, Philolog. essays 
p. 152. 



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PREUVES PHILOLOGIQUES. 21 

Gaels, par Tassertion semblable de l'ficossais Chalmers *, que 
les Highlanders ont conserve dans leur dialecte bien des mots 
bretons ou kymmryques, que Panalogie des deux langues leur a 
fait comprendre.de tout temps. Un celtiste plus autorisg que ces 
deux savants, R. Williams, affirme que le vocabulaire irlandais 
est pour les deux tiers au moins identique au vocabulaire gal- 
lois (voy. les Crania-britann., 5 e d£c.,p. 136); et Fhabile gram- 
mairien O'Donovan a expliqu^ de quelle mantere les differences 
qui semblent exister entre les mots des deux idiomes pro- 
viennent bien plus de leurs syst&mes graphiques que de leur 
prononciation (Irish gram., p. LXXXI et s.). Leur parent^ n'en a 
pas moins 6t£ ni6e par trois hommes d'une science r^elle, mais 
d'un patriotisme aussi exclusif qu'exaltS, le Gallois Roberts 2 , et 
les Irlandais Betham et Vallancey. Celui-ci trouvait si peu d'affi- 
nit6 entre le Kymmryque et le Gaelique, qu'il jugeait impossible, 
si Tun des deux peuples &ait Celte, que Pautre le fut 8 . Roberts 
concluait Sgalement qu'ils appartenaient k deux races diflterentes, 
mais il nous dit lui-ro$me que Vallancey ne savait pas le Gallois, 
et que, pour son propre compte, il entendait trfcs-difficilement le 
GaElique 4 . J'ignoresi Betham Stait en v£rit£ plus competent que 
ses devanciers pour se prononcer aussi hardiment contre la 
parents de ces deux langues, et consid&er la partie irlandaise 
du Kymmryque comme de simples emprunts de voisinage, ou 
un heritage des premiers possesseurs du sol britannique. Mais 
ces tranchantes assertions ruinSes d'avance, malgrS Tappui que 
leur avait donng le baron d'Eckstein 5 etpar l'Essai que j'ai &6}h 
cit6 de Prichard 6 , ont 6t6 complement renvers£es, soit par le 
premier ouvrage de Pictet dont nous avons £galement parte, soit 
par les travaux plus r6cents de W. Edwards et de Zeuss, savoir : 
Les recherches sur les langues celtiques, pour lesquelles le pre- 
mier a obtenu, en 1834, le prix Volney a Plnstitut 7 ; — et la 

1. Caledonia, t. i, 1810, p. 481. 

2. Sketch of the early history of the ancient Britons or Cyrnry, 1803. 

3. C'est ce que nous donne a entendre Bethanj, Gael and C, p. 14, 1834. 

4. Voy. Gael and C. y p. 331, les citat. de Betham. 

5. Voy. le Catholique, t. xv, 1829, p. 123. 

6. Voy. aussi sa Phys. hist, of Mankind, t. in. 

7. Elles n'ont 6t<§ imprimis qu'en 1844. —Voy. encore VEssai sur la ton- 



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22 ETHNOGtiNIE GAULOISE. 

Grammatica celtica du second, qui a paru en 1853, compose 
d'aprfcs les plus vieux monuments des idiomes celtiques, et 
peu que nous savons de Tancienne langue gauloise. Le lectei 
y trouvera, ainsi que dans le Glossaire que nous lui present 
rons tout a l'heure, les preuves les plus 6videntes du secor 
principe que nous avons pose. 

VI. Quant au troisteme fait, l'identit6 originelle du Gallo 
ou du Gaelique avec l'ancien Celtique des Gaules et de la Br< 
tagne, il me paralt non moins d£montr£, pour Tune ou Taut] 
de ces deux langues; mais la question se complique, d'un cot 
par cette alternative raeme qui partage encore les Celtistes , < 
de Tautre par les pretentions qu'une partie de l'Allemagn 
savante conserve toujours sur notre vieux Gaulois, dont elle vei 
absolument faire un dialecte germanique. Un professeur d 
TUniversite d'Heidelberg, M. Holtzmann, avait tentg, dans un 
brochure qui a produit quelque sensation, Kelten und Germaner 
1855, de ressusciter ce vieux systeme qu'on croyait definitive 
ment enterr6 par les progrfcs de la science moderne, et qu' 
presente lui-m6me com me une opinion devenue paradoxale. Pa 
une singulifcre coincidence, un savant beige, M. Moke, Texhi; 
mait en m6me temps a TUniversite de Gand *. Puis est ven 
M. Kunssberg. C'est done un point qu'il faut 6claircir imm£dia 
tement pour le lecteur : commengons par M. Holtzmann. 

VII. Ce fut une chose fort naturelle, au premier abord, qu 
de confondre le Qeltique et le Tudesque, comme les anciens eu3 
mSmes avaient souvent confondu sous le nom commun d 
Celtes les Germains et les Gaulois. Aussi pardonnerons-nous a 
pfcre de l'histoire Suisse, Tschudi, et a Glareanus d' avoir pos£, \ 
je ne me trompe, les premieres pierres de ce systfcme, au profi 
il est vrai, de leurs Helvdtiens, dont ils faisaient les v6ritable 
descendants des Celtes. Les nombreux rapports de-mots qi 
r&ultent, comme nous Tavons dit, de la communaute d'origin 
des langues indo-europgennes parurent confirmer, a mesur 

gue bretonne de M. de La VillemarquS, Diet, fr.-bret. de Legonidec, p. xi 
et suiv., les Philolog. essays de Garnett, etc. 

1. La Belgique ancienne et ses origines gauloises, gerrnaniques et franquei 
1855. 



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PREUVES PHILOLOGIQUES. 23 

qu'on les remarqua entre l'Allemand et Tancien Celtique ou les 
idiomes qu'on en croyait sortis, Tidentit^ de ces divers langages. 
Mais quand M. Holtzmann semble r^duire a trois voix settlement 1 ,' 
pendant plus de deux sifccles, le nombre de celles qui protes- 
t&rent contre l'opinion g£n6rale, il se trompe &rangement. I] 
oublie d'abord Tune des plus 6clatantes de son temps, celle du 
fameux Joseph Scaliger, qui r^pondit nettement a Is. Pontanus 
qu'il ne trouvait pas dans tout le vieux Gaulois I'ombre d'un 
seul mot a rapporter auTudesque 2 . M. Holtzmann ignore-t-il 
ensuite que les c61£bres arch&>logues ahglais Camden, Ed. Lluyd 
et Baxter n'admirent jamais comme descendants directs de Tan- 
cienne langue celtique, queleur Gallois et ses d€riv6s*? Toland, 
dans son Histoire des Druides 4 , disait que le Gothique ne dif- 
f6re pas moins du Celtique que l'Arabe du Latin. II est m£me k 
remarquer que \e-Strabon de VAngleterre, ainsi qu'on nommait 
Camden, traitait de petite minority, au commencement du 
xvu e siecle, les £crivains qui voulaient que les Gaulois eussent 
parle Germain 5 . Tout au plus Baxter accordait-il aux Allemands, 
auxquels il appliquait Tancien nom de Celtoscythes, d'etre un 
melange de Scythes et de Celtes teutonises par cette fusion. Je 
citerai encore dans notre France Thistorien de l'Aquitaine, 
Hauteserre; en Hollande, Paul Merulla et Boxhorn lui-meme qui, 
d&nentaiit, a la fin de ses Origines gallicx, ce qu'il avait dit et 
r£p£te jusque-la, y revient d&idement, ou peu s'en faut, & l'opi- 
nion de Scaliger, p. 3 et 112 bis. C'est en cela que consiste la 
veritable contradiction ou il est tomb£,et non, comme M. Holtz- 
mann essaye <§tourdiment 6 de Yen justiiier, pour avoir reconnu 

1. Bodin, Hottomannus et Beatus Rhenanus. 

2. A la fin de sa lettre placee en tete de YItiner. Gall. Narbonn. de Ponta- 
nus, 1606. 

3. Y compris, pensaient-ils, plus ou moins l'lrlandais. 

4. Cit6e par Betham, Gael and C, p- 7. 

5. Britannia, p. 12. Camden y cite Conr. Gessner parmi les soutiens de 
l'opinion contraire, c'est-a-dire de la sienne. Mais ce savant, dans son Mithn- 
dates du moins, ne fait que rapporter les raisons donuees pour et contre, en 
les jugeant puissantes de chaque c6t6. 

6. A ce premier tort M. H. en ajoute, p. 3, un plus grave, celui d'accuser 
d'un veritable faux litteraire, sans en donner lamoindre raison, l'editeur pos- 
thume de Boxhorn, son ami, et un savant respectable, G .Hornius. 



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2Zt ETHNOGtiNIE GAULOISE. 

finalement la ressemblance du Gallois avec Tancien Gaulois 
car cette ressemblance est une des pens^es dominantes de so 
livre, et Boxhorn l'avait d£ja exprimSe plusieurs fois sans 1 
moindre variation, voy. p. 19, 50, 83, etc. 

Je ne m'explique pas, en v6rit6, le mgpris avec lequ* 
M. Holtzmann traite, dans sa preface, p. xi, les pretentions d 
ce petit peuple inconnu dans un coin de I'Angleterre, puisque 
sans parler du vieux Gessner 1 , ce sont les Pontanus, les Cluvier 
les Boxhorn, qui ont soutenu le celticisme du Gallois dorit leu 
trompeuse linguistique faisait un idiome tudesque, et d^duisai 
ainsi de ce celticisme m6me le germanisme du Gaulois. Vh6ri 
tage des Celtes ne devait-il pas tout naturellement rester am 
anciens Bretons (y compris m6me les Irlandais, dans le systfeme 
de Cluvier 1 ), quand l'Allemagne fut obligee d'y renoncer? E 
lorsque M. Holtzmann gourmande, dans cette m6me preface, 
F abnegation et la simplicity avec lesquelles cette derniere s'esi 
laissd d£pouiller de milie ann£es de gloire, on demeure Sbahi 
en se rappelant les vives querelles oil ses compatriotes, non 
contents de nous enlever la langue de nos pfcres, voulaient s'at- 
tribuer exclusivement r eclat et les conquGtes dont brilient dans 
Thistoire, soit le nom des Celtes, soit celui des Gaulois. Ce fut 
m6me, si je ne me trompe, Tinsolent Spener, autepr d'une autre 
Germania antiqua, 1717, qui, pour s^parer d^finitivement de ses 
invincibles ancGtres le peuple lathe et abdtardi de la Gaule Cis- 
Rhenane, r^clama le premier, au xvni e si&cle, le divorce complet 
des deux idiomes et des deux races, faisant des Germains, sans 
tenir compte de C&sar, de Diodore, de T. Live, les vrais Celtes 
et les vrais Gaulois de l'antiquit^ ; p. 125, 129, 160, etc. D. Martin 
luir£pondit en s'efforgant d'enlever a la souche teutonique, non- 
seulement les Cimbres encore en litige aujourd'hui, mais jusqu'a 
ses propres Teutons, qu'il greffait surnotre arbre gen^alogique 8 . 
Mais la question des races devait s'&laircir plus surement par 

1. Auteur du premier Mithridates, 1555. Britannica lingua vetus, dit-il, 
2 e e*dit., 1610, p. 14, ea est qua Wallica hodie apud Anglos vocatur, etc.; et 
p. 15, eamdem esse arbitror Britonum in Gallia, etc. 

2. Germ, ant,, p. 58. 

3. Hist, des Gaul., t. i, p. 115 et suiv. 



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PREUVES PHILOLOGIQUES. 25 

les progr&s de la philologie, et Leibnitz, que M. Holtzmann s'est 
trop press£ de compter parmi ses patrons, avait d^ja conclu 
dans sa lettre k Chamberlayne, 1714, que, tout bien consid£r6, 
I'ancien Gaulois n'&ait pas la mSme langue que le Tudesque, 
mais un idiome de la mSme famille, semi-germanique si I'on 
voulait 1 . Cen'&aitpas encore la separation absolue. de Spener 
et de Scaliger, mais une distinction d6]k positive, a laquelle 
donnaient bien plus d'autorit^ les Etudes universelles et le grand 
nom de son auteur. 

En France nous 6tions tombfe, on vient d'en voir un exemple 8 , 
dans un travers pareil a celui que nous avions combattu. Cluvier 
germanisait presque toute TEurope; Pezron n'y voulut voir que 
des Celtes-Gaulois, et fonda cette 6co\e trop fameuse qui devait 
faire parler le Bas-Breton k presque tous les peuples de Tanti- 
quite. C'est d'elle que sortirent les attaques en r&gle de D. Bou- 
quet et de Schoepflin, auxquelles M. Holtzmann attribue d'abord, 
puis aux animosity nationales de notre 6poque, la chute complete 
du systfcme allemand ; ne voulant pas avouer qu'elle fut amende 
par les progr&s de la science philologique, malgr^.toute l'drudi- 
tion de Wachter, la prudente moderation de Wernsdorff et l'ou- 
trecuidance de Pelloutier. Ce semi-germanisme, qu'admettait 
encore Leibnitz, tenait, dit Adelung, k Terreur g£u6rale qui 
avait fait prendre le Gallois et TArmoricain pour les seuls reprg- 
sentants de Tancienne langue celtique, Mithrid., t. h, p. 33. On 
ne connaissait, pour ainsi dire, que de nom Tlrlandais et le GaS- 
Hque d'ficosse 3 , que le c£16bre philologue proclama enfin,comme 
les v^ritables descendants du Breton ou du Gaulois, tout k fait 
distincts des idiomes teutoniques. II maintint, du reste, quant 
au Kymmryque, Topinion de Leibnitz, et classa cette branche 
sous le titre particulier de Celto-germanique, la donnant comme 



1. Oratio Dominic, 2 e part., p. 26 Cluvier et Pontanus, dit-il encore dans 
un autre endroit, Opera, t. vi, p. 126, sont all£s trop loin, en identifiant le 
Germain et le Celtique ; 3d. de Geneve, 1708. 

2. Par Jos. Scaliger. 

3. Voy., dans le Mithridates de Gessner, sa lettre a l'Sveque d'Ossory. — 
Si qucs alia Britannici regni lingua est, nam et Hibernice et Monoe insulis 
suas esse audio, etc. 



X' 



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26 ETHNOGtfNIE GAULOISE. 

formSe pour moitte de PAllemand, et pour les deux aut 
quarts, de Celtique et de Latin. La science actuelle n'a pas c( 
firm£ cette classification, malgr£ Tassentiment de Schafarik 1 . 
grand germaniste J. Grimm, a qui M. Holtzmann n'a pas era 
de d&Iier son livre, a r6pudi6 au nom des langues teutoniqi 
le celticisme tout entier. Tel est, sur cette question, — sauf 
rapports qui tiennent a leur communaut6 d'origine, — le dern 
mot de la philologie contemporaine ; mot prononc£, il y a de 
siecles, par le c61&bre Scaliger, et auquel se sont ralliees, 
Allemagne comme en France, malgr£ Topposition de Radlof 2 
de Ch. Barth 8 , l'histoire et la geographic D3ja Ritter n'av 
donn6 aucune place aux Geltes dans le monde indo-germaniq 
de son Vestibule (Vorhalle) de l'histoire ancienne de TEuroj 
1820. Mannert, Luden, Ukert, etc., ont successivement soute] 
cette opinion, g£n£ralement £tablie aujourd'hui, comme l'avo 
M. Holtzmann lui-m6me. Voyons done comment il a rajeui 
pour en faire un paradoxe, cette vieillerie du teutonisme 
l'ancien Gaulois. 

VIII. C'est ainsi que nous nous exprimions, il y a douze ar 
dans la premiere Edition de ce Glossaire. Mais depuis eel 
£poque, M. Holtzmann, compl&ement battu dans son pays p 
MM. Brandes et Gliick, a trouv£ en Allemagne, au moment < 
Ton s'y attendait le moins, un alli£ qui s'est pos6 en mediate 
entre lui. et ses nombreux adversaires 4 . La mediation < 
M. Kunssberg consistait a reconnaltre, — comme avait deja fc 
Moke en Belgique, — qu'il avait exists dans la Gaule et dans 1 
lles-Britanniques, une population non gauloise de la m£n 
souche que les Kymmrys et les Irlandais, et dont la langue, to 
a fait dtrangere au veritable Gaulois, s'est conserve chez n< 
Bas-Bretons et chez ces peuples regards a tort comme les de 
cendants des Celtes. L'idiome de ces derniers dtait^pureme 
germanique, et on voit que ces messieurs admettaient du moi; 

1. Slawische Alterthumer, t. i, p. 32. 

2. Neue Untersuchungen des Keltenthumes, 1821. 

3. Deutschlands Urgeschichte, 1840, 2 e edit. 

4. Yoy. Wanderung in das german. Alter t hum, par M. Kunssberg, 186 
p. 105. 



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PREUVES PHILOLOGIQUES. 2 7 

J'existence d'une population Pre-celtique subjuguge par les con- 
qu^rants gaulois, existence que nous pensons avoir mise en 
pleine lumi&re dans les deux demiers volumes de notre Ethno- 
genie. Mais qu'etaient-ce que ces pr&lecesseurs des Celtes? C'est 
a quoi M. Holtzmann n'avait point song<*. Nous avons remarqud 
qu'il mettait tout simplement a la porte de sa grande famille 
celtique les Gallois et les Irlandais, sans s'inqui&er de la race a 
laquelle auraient, en dehors de cette origine, appartenu la popu- 
lation et les idiomes des lles-Britanniques et de notre vieille 
terre armoricaine. C'6tait cependant une question que soulevait 
imm£diatement son systeme, et qui m&itait bien quelques mots 
d 'explication. Premiere difficult^ ethnologique qu'il suffisait d'in- 
diquer, et a laquelle M. Kunssberg a voulu pourvoir en nous 
ramenant au systeme de Spener. Retournons done sur nos pas, 
et cberchons encore une fois s'il peut etre vrai que ces idiomes, 
qu'on a, d'un accord si g£n£ral, nommes Neo-celtiques, ne deri- 
vent p.as de la langue des Celtes, et que nos ancetres gaulois 
aient reellement ete des Germains occidentaux, parlant le 
Tudesque de leurs frSres d'outre-Rhin ? Ce Glossaire a deja 
r^pondu et va repondre de nouveau a la premiere de ces ques- 
tions, et les Anciens eux-m6mes, en depit de toutes les subtilitgs 
des Germanomanes, ont bien positivement tranche la seconde. 
IX. En effet, d&s le xvi e siecle, Beatus Rhenanus avait ob- 
serve 1 y — ce que P. Merula rep&a dans sa Cosmographie, p. 323 
et stiiv., — quele fait seul du Germain Arioviste, qui parvint, 
apres un long s^jour dans les Gaules, a comprendre le Gaulois- 
Celtique, prouvait toute la difference de cet idiome avec celui 
de son pays. Mais le concert des pretentions nationales fut k peu 
pres unanime de l'autre cote du Rhin pour fausser et repousser 
c e t^moignage de Gfear, si d&nsif n^anmoins qu'il aurait du, ce 
m e semble, pr^venir toute divergence d* opinions sur un fait 
aussi clairement etabli. Commodissimum visum est ( Caesari) C. 
Valerjum Procillum... cujus pater a C, Valerio Flacco civitate 
donatus eral, et propter fidem et propter lingux Gallic^ scien- 
tiam, qua multajam Ariovistus longinqua consuetudine utebatur. . . 

i. Rer. gerrnan., n, p. 211. 



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28 ETHJNOGtfNJE GAULOISE. 

ad mm mittere. (B. Gall. l er , 47.) Simple difference de dialecte 
s*6criait Is. Pontanus 1 . Et c'est avec cette argutie d'avocat qu 
croyait se d£barrasser £galement de trois autres passages nc 
moins dSmonstratifs de Tacite et de Su^tone : 1° Le Gaulois qi 
parlent les Gothins prouve qu'ils ne sont pas Germains (Gothin 
gallica lingua coarguit non -esse Germanos; Tac. Germ., 43 
2° les £styi ont les mceurs, le costume des Su&ves, mais lei 
langue se rapproche du Breton, lingua Britannica propio 
(Ibid., 45.) Or nous savons par le m£me Tacite que le Bretc 
diff&rait tr&s-peu du Gaulois, sermo hand multum diversu 
(Agr., 11); 3 e Caligula, dit Su&one, voulant faire passer d< 
Gaulois pour des prisonniers Germains, leur fit non-seulemei 
teindre et porter les cheveux longs, mais encore, sed e 
apprendre la langue germanique, et leur imposa des noms bai 
bares. (Sermonem Germanicum addiscere et nomina barbaric 
ferre. Cal., 47.) Le langage des uns gtait done, m6me pour de 
oreilles etrang&res, bien different de celui des autres. Maisadm 
rez ici la subtilit£ de nos voisins du xvn e sifccle. Ce fait m£m€ 
disaient-ils, projive la ressemblance des deux idiomes, par 1 
peu de temps qu'on donna probablement a ces Gaulois pou 
parler le Tudesque. Comme s'il fallait qu'ils en sussent beau 
coup pour representee pendant quelques heures ou m£m 
qiielques jours, de pa^vres captifs, train^s derri&re un char d 
triomphe! 

X. D&Iaignant de pareils arguments, M. Holtzmann, p. 52 e 
suivantes, refait pour son usage le lexte de C&sar 2 , conteste le 
connaissances de Tacite en linguistique, et fait pousser comm 
en serre chaude la civilisation romaine des Gaules, pour expli 
quer comment les Gaulois du temps de Caligula ne parlaien 
plus le Germain. Le savant qui s'est particuli&rement chargd 
en Allemagne mSme, de relever les nombreuses erreurs et le; 

1, Itiner. Gall. Narbonn., Append., p. 88, et Gloss. Pr. Gallic, p. 167 

2. Void le texte arrange par M, H., p. 34 : « Procillum cujus pater... 

civitate donatus erat, quorum amicitia jam Ariovistus longaconsuetudine ute 
batur, et propter fidem et propter linguae Gallic© scientiam, et quod in e< 
peccandi, etc. » M. H. cite encore, Ji l'appui de sa correction, Orose, chez le 
quel (voy. vi, 7)je n'ai rien trouv6 qui la concerne. 



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PREUVES PHILOLOGIQUES. <$ 

t6m6rit6s de Pauteur des Kelten und Germcmen, M. firandes 1 , 
a r£tabli le texte et la veritable pensge de C3sar, et ntfm'a Ja/sstf 
qu'un mot a ajouter, c'est que, abstraction faite dupeu de valeur 
(avouSe par M. Holtzmann lui-mSme) des manuscrits surles- 
quels il a fond£ sa correction , le dernier motif donn6 pour le 
choix de Procillus, quod in eo peccandi Germanis causa non esset, 
et celui de Mettius pour deuxifcme n^gociateur, parce qu'il gtait, 
disent expressSment les Commentaires, lid avec Arioviste par des 
rapports d'hospitalit^, repoussent l'idde qu'aucune relation ami- 
cale edt exists prgc&lemment entre le chef barbare et le jeune 
Gallo-Romain. Pour Tacite, son livre de la Germanie et divers 
passages de ses histoires nous donnent a penser qu'il avait vu 
et £tudi& sur les lieux les Germains et la Gaule septentrionale. 
Ami, gendre et historien d'Agricola qui avait conquis et gou^ 
verng pendant sept ans la Bretagne, il tint, sans nul doute, de 
son beaa-pere les renseignements les plus exacts qu'ait pu nous 
transmettre sur cette lie aucun des historiens romains. Et quand 
M. Holtzmann le raille au sujet de la langue des jEstiens, il 
oublie que le commerce de l'ambre et la mission spSciale de Julien 
sous Neron (PJine, xxxvn, 11) avaient pu donner aux savants de 
Rome des notions particuliferes sur les peuples de la Baltique; 
Enfin Caligula, quand il monta cette comddie des prisonniers 
germains, 6tait sur la fronti&re septentrionale des Gaules, k 
soixante-sept ans au plus de la conqu&e definitive d'Auguste, et 
dans un pays de bois et de marais ou la civilisation, de mSme 
que plus tard le christianisme, ne pSndtra qu'avec une extr&ne 
lenteur. Nous verrons d'ailleurs que le Gaulois 6tait encore 
Tidiome populaire trois ou quatre sifccles aprfes Caligula. 

XI. M. Holtzmann n'est pas plus heureux dans deux autres 
batailles qu'il engage encore sur des textes de C£sar et de Tacite ; 
c'est toujours Tesprit de systfcme en rgvolte contre les arrets qui 
le condamn^nt. II ne veut pas que les Bretons aient eu des 
Druides, et nie en consequence que C&sar ait voulu dire, vi, 13, 
que la jeunesse gauloise allait dans leur lie gtudier a sa source 
la doctrine du druidisme. II rature sur les tablettes m£mes du 

1. Das Etnogragh. VerMltniss der Kelt, und Germ., etc., 1857, p. 95 etsv. 



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30 ETHNOGtiNIE GAULOISE. 

conquSrant le nom de Britannia pour y inscrire celui de C 
mania, et substituer, p. 76 et 77, a Tile britannique celle 
S^eland (Danemark) dont la mer n'a certes jamais 6t6 o 
fondue par aucun ancien avec celle des Gaules. Et cela pa 
que le grand capitaine raconte, iv, 20, qu'il ne put tirer ni < 
Gaulois, ni des marchands qu'il avait r^unis, aucun renseigi 
ment sur File qu'il voulait envahir. Je ne m'arr6terai pas 
combattre une seconde fois cette correction mort-nde qui a\ 
a la fois contre elle Je sens commun et cinq on six autres p. 
sages de G^sar 1 . Son temoignage confirmeraif done encore, s'il 
6tait besoin, la veritable legonde Tacite surlesDruides deMom 
mais il suffit pour cela de Tacite lui-meme, qui affirme, dans la ^ 
de son beau-p&re Agricola, que les Bretons avaient le m6me cul 
que les Gaulois 3 . Encore un texte a refairepour M. Holtzmani 
II ose esperer, dit-il, que les abr^viations lombardes du man 
scrit de Florence confirmeront le changement qu'il propose dai 
les Annales; et e'est ainsi que, de supposition en supposition, 
arrive, p. 77, a s^crier d'une voix triomphante : La voila doi 
r&luite a rien cette formidable phalange de t&noignages q\ 
prouvaient l'identit<§ des Bretons et des Celtes ! Malheureus< 
ment pour lui, M. Brandes a d&noli, p. 46 et suivantes de so 
livre, tout l'^chafaudage de mauvaises raisons qui soutenaier 
cette nouvelle correction. Je conseille done a notre adversair 
d'aller voir h Florence s'il y trouvera un triomphe plus r<*el, c 
qu'il aurait du faire d'abord en bonne critique, au lieu d' 
envoyer, pour ainsi dire, ses Jecteurs avec si peu de cefremonie 
XII. Une incroyable consequence de ces tem£rit£s, ce n'es 
pas seulement de transferer aux Germains nos Druides et leu 
culte, malgrd la d&iegation absolue de C&ar 4 et le silence d 

1. Voy. dans la Guerre des G. les Hv. n-4, ni-8 et 9, iv-21, v-12, etc. 

2. Ann, xiv, 30. « Intercursantibus feminis in modum iEuriarum, qua 
veste ferali, cnnibus dejectis, faces pratferebant druid*que circum, etc. 

Ho^tzmann, partant de la lecon fades que porte le manuscrit de Florence 
vent (p. 74) qu on lise « fades pratferebant druidarum. » II ne serait plui 
question de druides presents au combat, mais seulement de femmes rou/t* 
bre et fanattcum agmen, ayant l'exteneur des druidesses. 

3. Eorum sacra deprehendas, etc. (Agr. xi. Conf. Pline, xxx-4.) 

4. Neque Druides habent, etc., vi-21. 



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PREUVES PH1LOLOGIQUES. 3± 

tous les anciens, d' une part; et de l'autre, malgrg V attribution 
qu'ils ont universellement faite de ces pr6tres k la religion des 
Gaulois et des Bretons. Que le nom des Druides soit passd dans 
la langue germanique 1 , et s'y soit attache* k quelques locality 
ou a d'anciennes superstitions allemandes, qu'est-ce que cela 
prouve quand nous savons par Tacite, Germ., 29, et par This- 
toire du Haut-Empire, que, sous la denomination de Champs 
Decumates, une partie de Touest et du sud-ouest de la Germanie 
£tait peuptee de colons gaulois? La consequence que nous avons 
en vue, et sur laquelle a gliss£ rapidement M. Kunssberg, mais 
qu'avait audacieusement soutenue M. Holtzmann, c'&ait celle 
d'enlever aux Bretons et aux Irlandais leurs Druides et jusqu'a 
leurs Bardes. D£ja ce celtophobe de Pinkerton 8 avait avancd que 
ces deux termes etaient Strangers aux idiomes et aux institutions 
des anciens peuples dela Bretagne et de Tlrlande, et qu'ils n'y ' 
ont 6t& introduits qu'au xn e Steele, tirgs vaniteusementdeLucain 
et de Pline (p. 59, 102, etc.). M. Holtzmann, qui a repris pour son 
compte cette Strange assertion, pouvait assurSment rdcuser nos 
chants populaires bretons et les vieux poemes gallois, ainsi que 
les pretentions de ce poete cambrien du xn e Steele justement, 
qui se vantait d'appartenir a une race de Bardes 3 , et reprocbait 
h son rival de n'en compter aucun parmi ses aieux. L'authenti- 
cit6 de toutes ces oeuvres, fut-elle d&iniiivement prouv^e, ne 
garantirait point, nous le savons, l'int^gritg absolue de textes 
qui ne s'appuient que sur une transmission orale ou sur des 
manuscrits relativement peu anciens. Je ne ferai done k ce sujet 
qu'une seule observation. L* absence si complete de toute allu- 
sion aux Druides et au culte druidique dans les histoires si popu- 



1. Com me Pentendait entre autres M. d' Eckstein, quand il disait que les 
Germains avaient eu leurs Druides nomm6s Truhtan, mais qu'ils ne s'etaient 
pas laisse gouverner par ce corps sacerdotal. (Le Catholique, t. vm, p. 158 
et suiv.) 

2. Dans son Enquiry into hist, of Scotl, cit6 par O'Connor, Hibern. scriptor, 
t. i, P- xc « Latham pr6tendait aussi, Ethnol. of the brit. isl., p. 140, que 
l'existence du druidisme irlandais manque de preuves peremptoires. 

3. Stephens. The litterature of the Kymmry, p. 113; comme lesr Amori- 
caina Patera et Phoebitius d'Ausone, stirpe Druidarum sati. 



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32 ETHNOGtiNIE GAULOTSE. 

laires du Brut Tysilio et de Geoffroi de Monmouth * ne prouve- 
t-elle pas que les £crivains et les poetes gallois du x e au 
xra e sifecle ne songeaient aucunement k parer de ces souvenirs 
classiques les vieilles traditions ou les fictions de leur vanitg 
nationale? Mais les loisd'Hoel le Bon, certainement ant^rieures * 
k T6poque indiquSe par Pinkerton, mais le recueil des Hibemici 
scriptores d'O'Connor, mais les gloses irlandaises pubises par 
Zeuss, — M. Hqltzmann, M. Kunssbergont-ils cru qu'il suffisait de 
n'en tenir aucun compte pour annuler leurs irrSfragables t£moi- 
gnages? En consultant ces sources, ils auraient vu que Druid et 
Druith, se trouvent Tun et l'autre dans les gloses irlandaises des 
fipltres de saint Paul 3 , manuscrit de Wurtzbourg qu'on rapporte, 
au plus bas, au x e sifccle, et qui date trfcs-probablement du vni e4 . 
II est question, dans la seconde que je cite ici, des deux magi- 
ciens de Pharaon, Da Druith xgeptacdi, en lutte avec Moi'se 5 . Les 
mages de l'£vangile sont aussi nomm£s Draoith dans l'ancienne 
version irlandaise de saint Matthieu.Enfin ce qui prouve peremp- 
toirement Fexistence d'un druidisme hibernien, ce sont lespro- 
pres termes d'un hymne en Thonneur de saint Patrice attribu£ 
k son disciple Fieccus, et qui fait partie du Liber hyrnnorum*, 
manuscrit qu'Usserius rapportait au vu 6 sifecle, mais qui date 
au moins du ix e ou du x e (O'Donov., Irish, gramm., introd., p. mi. 
et pi.). 11 y est dit, strophe n e : 

A druidh ar Laoghaire Les Druides de Laogaire 

Tichta Patraic ni cheiltis ?. Ne lui cacherent point Tarriv^e de Patrice. 

Cet hymne a eu son scholiaste, qui, selon Colgan, p. 7, 
aurait v&u a la fin du vi e sifecle. Les Bollandistes le croient 8 

1. Voy. le Taliesin de Nash, 1858, p. 331 et suiv. 

2. Le plus ancien ms. de . ces lois, Cod. Venedotianus, est rapporte aux 
xii* s., Zeuss', p. xiii. Hofil mourut vers l'an 950. 

3. Voy. Zeuss., p. 274 et 276. 

4. Zeuss, p. xxn, xxiii et xxix. 

5. Ad Timoth., II, ch. 3-8. La version de l'Ancien Testament se sert du 
meme terme, Exod., vii-ld. 

6. Colgan.— Trias thaumat, p. 6. 

7. Colgan, id., p. 2. O'Connor, Script, rer. hibern. Prolegom., p. xcn. 

8. 2 e vol. de mars, Comment, praw. sur les Vies de S. Patrice, n ° xv. 



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PREUVES PHILOLOGIQUES. 33 

posterieur au vu«. Ce qui est certain, c'est qu'il a ecrit longtemps 
avant le xii« siecle que ces Druides etaient des devins ou pro- 
phetes, vates, Colgan, p. 5. Leur existence est encore ConOrmee 
par un biographe de saint Patrice, Macutenius, dont les notes 
redigees avant l'an 700, nous ont ete conserves dans le Livrl 
<£ Armagh, autre manuscrit du vm« ou du ix e siecle * ; — etle nom 
de ces anciens pretres nationaux se trouve memeen toutes lettres 
dans la Vie de saint Columb, ecrite par Adamnan, mort en 705 
Un voleur y est nomme.i", 41, Ere mocu Druidi, e'est-a-dire ffls 
ou descendant des Druides 1 . Dans la Vie tripartite du meme 
saint Patrice, ecrite partie en Latin, partie en tres-ancien Irian- 
dais, et qui remonte probablement a saint Evin, abbe du 
vu e siecle, ce litre est egalement donne aux mSmes pe. sonnages 
qui, un peu plus haut, et generalement dans les autres biogra- 
phies latines de l'apotre d'Erin, sont appeles Magi K C'est juste- 
ment ainsi que Pline avait nomme les Druides des Gaules, xvi 
95, etxxix, 12. Done, quand Adamnan et les hagiographes d'Hi- 
bernie nous parlent des Mages des Pictes, des Bretons ou 
d'Irlande 4 , il faut toujours entendre des Druides, de meme 
qu'on a vu tout a l'heiire ce nom applique aux Mages de 1'fivan- 
gile et aux sorciers de Pharaon. Aussi l'avons-nous rencon- 
tre diffeYentes fois dans les Annales, irlandaises de Tigernach, 

^„°? ar Z y \ Lectures °f th » mss. materials or anc. irish hist.,m\, p. 390 
et 397. Conf. Wh. Stokes, Irish glosses, p. 70, n° 369. 

2. Voy. Tarticle de Stokes dans les Beitrage zur vergleich. sprachfors- 
■ chung de Kuhn et Schleicher, 1858, p. 345. L'ancienne traduction irlan- 
daise de Nennius rend aussi par le mot Druidhe le Magi du Latin. (Nash 
Taliesm, p. 331.) v * 

3 Vita trip., I, 55, 57 et 43. - 2 e Vie, par. 27 et al. - 3«Vie, par. 38 
eta*. — ViedeS. K.eran,5 mars, par. 17; dans Colgan, Trias etActa SS. Hib 
Mais je n'ai pu trouver ni dans Probus, ni dans Jocelin, ce que leur attribue 
O'Connor, d avoir dit que ces Mages se nommaient en Irlande des Druides 
Epit. dedicat., p. txv. 

,r-, 4 •e A t m ^'^ V % 5 * Columb - "-34; - les Vies de S« Brigide, passim.- 
Vtt. S. Mochtei, 23 mars, Colg. Dans celle-ci, c'est un Mage breton qui 
vient s'etabliren Irlande; - Vit. S. Moling. Le nom du roitelet, Druien 
l'oiseau-druide, y est rendu en lat. par Magus avium. (Stokes, trad. angl. 
du Gloss, de Cormac, v°. Dris, ms. B.) Tous ces saints SO nt anterieurs au 
vni e siecle. 

3 



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3/j ETHNOG6NIE GAULOISE. 

mort en 1088, dans celles d'Ultonie, dans les Lectures d'< 
Curry, etc., — comme attach^ a quelque locality ou a d'ai 
ciennes traditions; c'est la Montague des Druides dans le comi 
de Sligo; c'est le mondment d'apres lequel fut noramee un 
bataille de Tan 596, Cath slathan Druadh; c'est le Combat o 
Dubcomar, Druide c&fcbre qui p&itdansce m£melieu en 322, o 
encore le Draoi Maelcon dont les sortileges font mourir le gran 
roi Cormac * en 25i, etc. Un autre roi du mSmei nom, evSque e 
poete, raort en 903, parle dans son Glossaire des Druides qt 
allumaient les feux sacres de mai, Belltaine, entre Jesquels ils fai 
saient passer les troupeaux pour les preserver de maladies pen 
dant toute l'ann^e 2 . Get auteur fait aussi mention, dans uj 
fragment qui nous reste de lui, d'une famille de Druides qu 
existait en Momonie 3 . En v^rite je crains qiTune pareille accu 
mulation de preuves n'ait impatiente le lecteur. 

Nous nousarreteronsmoinslongtempssur les bardes et le bar 
disme gallois, Bardhony, qui tiennent unesi grande place comm< 
institution nationale et en plein exercice dans les lois d'Hoe 
le Bon. Un hagiographe du vm e stecle nous montre que ce term< 
devait 6tre bien r^pandu parmi les populations de Tile, puis 
qu'il avait fourni au Latin barbare de cette epoque un adjecti 
qui n'a certainement rien de classique. II s'agit (Tun saint bre- 
ton de TEast-Anglie. Dans sa biographie adressee au roi Ethel- 
bald, mort en 749 (Bolland., 11 avril), Tauteur dit, ch. 9, que 
le jeune Guthlac : non puerorum lascivias, non garrula matro- 
narum deliramenta , non vanas vulgi fabulas, non ruricolarum 

bardigiosos vagitus, non falsidica parasitorum frlvola imita- 

balur. Du Cange, qui ne cite pas d'autreexernple de cet adjectif, 
paralt le tirer du bardus latin, sot, imbecile ; interpretation que 
je crois fausse. 11 s'agit ici des chants populaires ou bardiques 

1. Voy. O'Conn., Script, rer. hib., t. n et iv, cites par Zeuss, p. 273: el 
O'Curry, Lectures, etc., p. 28 i et al. 

2. Voy. Belltaine; voyez encore aux mots Etarbad et Serb. (Gloss, de 
Cormac, ed. de Stokes, 1802, puis trad. angl. de 1808. O'Brien cite, d'apres 
Lhuyd, un fragment presque semblable d'un ancien Glossaire egalement 
irlandais, et en donne la traduction, v° Belltaine. 

3. O'Connor, id., t. n, p. 54. 



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PREUVES PHILOLOGIQUBS. 

35 

(K. Berddig.) que lespaysans apprenaient a Jeurs enfants, et de 
ces melodies nationales pleines de fables que Gildas ' de 
stecles auparavant, reprochait amerement aux princes breto 
de preferer encore aux hymnes de I'figlise 1 . Ces scdlerafs d 
panegyristes, furciferorum prxcorium, dtaient-ils autres que les 
anciens bardes dont Prudence r^prouvait de la m£me maniere au 
v e stecle l'enseignement oppose aux Jivres de Molse : nonBardus 

pater aut avus augur Rem docuere Dei 2 . 

Je n'ai point rencontre le mot barde dans les hagiographes 
irlandais, mais ils nous montrent sous des termes latins un bar- 
disme officiel, ^galement reconnu a la cour des rois de la verte 
Erin, dont leur harpe est encore aujourd'hui l'embl&me h^ral- 
dique. C'est un fait atteste d'ailleurs par l'ensemble des traditions 
historiques de l'lrlande 3 . Dans deux biographies de saintPatrice 
certainement ecriteslongtemps avant le r&gne du legislateur gal- 
lois, Dubtachus est qualifie poete du roi Laogaire, poeta regis 
(3 e Vie, par. 40) ; et d'archi poeta regis et regni, archi poeta sive 
princeps poetarum istius regni (Tripart. I er , 61 et III, 21). Le 
premier de ces titres r^pond evidemment au Barde domestique, 
Bardd-Teulu, des rois cambriens ; le second est pareil a celui de 
president des Bardes, Bardd-Cadeiriawg, chef de 1'ordre dans le 
pays de Galles. Oncroirait memequ'un autre historien del'apo- 
tre irlandais, Probus, qui ecrivaitau commencement du x e si&cle, 
a eu quelque idee de l'ancienne division des Druides en trois 
classes, quand il nous montre autour de ce meme Laogaire ses 
Magos, aruspices et incantatores... et prophetando prxcinebant in 
modum cantici lyrici modo compositi (l er , par. 26, Colg., Trias.). 
Ajoutons que dans la troisieme Vie de sainte Brigide, qui date 
du vii 6 si&cle, le maitre de sa mere est appel6 indifferemment 
poeta et magus, par. 3 et k ; et la quatrieme dit expressement, 

1. Epist., p. 162, ed. San Marte. Dans son livre De exc Brit., p. 148, 
Gildas s'6tait d6ja plaint de cet amor mendacii cum suis fabricatoribus, tou- 
jours vivant parmi ses compatriotes. 

2. Apoth., v. 296, ed. ad us. Delph. Nous reviendrons plus loin sur ce 
texte. 

3. Entre autres par le fameux livre de Leinster, ms. du xu« siecle. Voy. 
l'extrait d'O'Cuny, Lectures, etc., p. 248. 



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36 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

qu'il 6tait Tun et Pautre, par. 7, c'est-a-dire barde et druide 
Toutefois le premier biographe de saint Kteran distingue nette 
ment des Cytharistx ou harpistes du roi de Momonie ses mage 
ou aruspices. (Colg., Act. SS. Mb., 5 mars, par. 17.) Nous voyon 
encore, dans la Vie de saint Column par Adamnan, un poet 
scot, c'est-a-dire irlandais, allant chanter dans les maisons 
comme nous savons que faisaientles bardes gaulois: aliquod ec 
more sux artis canticum modulabiliter decantari, l er , 42. En fin 
quand ce terme appartient egalement aux six idiomes neo-cel 
tiques \ n'y a-t-il pas quelque triste souvenir de l'ancienn* 
chute de leur ordre, dans le sens de chant plaintif attach* 
aujourd'hui par le Mancks au.dgrivd Bardoon? 

XIII. Cette l£g£ret6, — singulier reproche sans doute 
adress^ par un Frangais a un savant Allemand! — avec laquelle 
notre premier adversaire traitait ou passait sous le silence les 
textes qui le contrariaient, se revile pareillement dans la partie 
philologique de son livre. Son examen des mots gaulois se r&luit 
a quarante mots dont il faut en d&luire premierement quatre 
qu'aucun ancien n'a donnes comme tels 2 , puis trois qu'il n'a 
pu, de son propre aveu, retrouver dans les idiomes tudesques 3 . 
II en reste done trente-trois, avec lesquels on pretend germa- 
niser tout Tancien Gaulois. Nous ne nous arr6terons point a 
toutes les arguties et aux assertions plus ou moins erronees de 
M. Holtzmann. Nous le laisserons dans les mains de MM. Bran- 

i. II me semble toutefois que le mot barde e*tait plus particulierement 
kymmryque. Walker, dans ses ffistor. Memoirs of the Irish Bards, 1786, donne 
les noms sp^ciaux des sept classes de leur ordre, et emploie toujours celui 
de la premiere, Ollamh, ou le terme de filea, pogte, comme titres officiels des 
grands dignitaires, Ard-fllea, Ard-Ollamh, le barde en chef du roi, le chef 
de Tordre, etc. 

2. Burgus, Camisia, Brachio et Didoron. Brachio, ourson, est un nom 
thuringien, c'est-a-dire positivement germanique (Gr6g. de Tours, conf. 
Vitce patr., xn-2, et Hist. FrariQ., v-15) — et Mone a eu toutaussi tort de le 
rtSclamer obstine"ment comme celtique, que M. Holtzmann de le croire gau- 
lois. Quant a Didoron, terme purement grec, il a donn£ lieu a un plaisant 
debat, qui rappelle Phistoire de la dent d'or,ces deux linguistes s'&ant dis- 
pute* ce mot d'apres un texte de pline qui n'existaitque dans une fausse cita- 
tion d'Adelung. 

3. Alauda, Cateia et Epo. 



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PREUVES PHILOLOGIQUES. 37 

des et Gluck *, en pensant qu'opposer a sa petite phalange dix 
foisplusde motsqu'il n'en a pureunir contre nous,c'est le meil- 
leur moyen de le combattre. Gar, s'il jette chaque fois un cri 
de victoire pour les cinq qu'il proclanie incontestablement ger- 
maniques, ne doit-il pas, en conscience, s'avouer vaincu par 
Tecrasante. majority de ceux dont il est impossible de nier 
l'&roite parente avec les idiomes ndo-celtiques ? Le lecte 
en jugera par le glossaire gaulois que je vais mettre sous ses 
yeux, long et rude travail dont Pontanus, a son point de vue 
tout germanique 2 , a eu Je premier la judicieuse pensefe et 
qu'on aurait du reprendre et completer depuis longtemps ' au 
lieu de se quereller pendant deux siecles, com me l'ont fait 
sur des sables mouvants des deux c6t& de la Manche et du 
Rhin, un trop grand nombre d'erudits. 

XIV. M. Kunssberg, dont j'ai maintenant a entretenir le lee- 
leur, ne s'est guere arrSte a des v&illes de textes a corriger 
ou a changer. (Test aux auteurs mSmes qui le cbntrarient 
que s'attaque ce savant, auquel on ne peut contester un esprit 
subtil et une erudition teconde en arguments nouveaux. 
Cependant je ne vois pas que son livre ait eu, comme celui de 
M. Holtzmann, la chance d'attirer grandernent Pattention de ses 
compatriotes. Peut-6tre sont-ils fatigues de ces continuelles, 
mais impuissantes protestations contre une verite' qu'ils ont 
eux-m£mes fini par reconnaitre gen^ralement. Quoi qirilen soit, 
notre nouvel adversaire, pour restituer plus surement les Gau- 
lois a Ja race germanique, s'est efTorce d'abord de d^molir 
l'autorite' de Ce'sar et celle de la Germania de Tacite, ceuvre 
indigne de l'auteur dont elle porte le nom, affirme M. Kunss- 
berg, et qui n'est, suivant lui, qu'un pastiche ou Ton a imite* 
et m^me caricature' la maniere et le style du grand histoiien 8 . 

1. Le premier deja cit£; le second a public, mais avec de nombreuses 
omissions, un m6moire sur Die bei J. Ccesar vorkommenden Keltischen A T a- 
men, etc., 1857. 

2. Voy. son Gloss, prisco-gallicum, a la suite de son Itiner. Gallia nar- 
bonn. 1606. Christ. Mylaeus avait toutefois compost ses 3 livres De prisca 
GcUlorum lingua avant 1553. 

3. P. 121,128, 130 eta/. 



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38 ETHNOGfiNIE GAULOISR. 

Quant a C6sar, s'il a fait des Gaulois et des Germains deux 
peuples differents dont il se complait a signaler tous les traits 
distinctifs, c'est pour doubler T^clat de sa gloire et Ti impor- 
tance de ses conquStes, aux yeux des Romains mystifies par ses 
exag^rations et ses mensonges *. M. Kunssberg releve en mSme 
temps dans ses Commentaires de nombreuses contradictions, 
comme nous en avons rencontrd nous-memes en gtudiant le 
g&iie gaulois 2 . 

Ce n'est qu'apres avoir de cette mani&re, pense-il, emport£ 
les principals positions de ses adversaires, qu'il aborde enfin, 
dans son ix e chapitre, la partie philologique de son sujet, en 
s'occupant d'abord de la langue des Celtes, champ de balaille 
qu'il n'a cependant parcouru qu'en partie. Notre Glossaire lui 
£tant connu (note de la p. 208), il s'est naturellement renferm^ 
dans des limites beaucoup moins £troites que M. Holtzmann, 
mais il est rest£ fort en deqk du nombre des mots gaulois que 
nous avions recueillis. 11 compte, dit-il, p. 1Z|5, plus de 90 noms 
communs dont les Grecs et les Romains nous ont transmis la 
signification ; et plus du triple de noms propres dont ils ne nous 
ont point indiqu6 le sens, et auxquels, sauf quelques exceptions, 
nous n' avions point a donner de place dans notre Glossaire. H 
a compris dans la~ premiere categorie, ajoute-t-il, p. suiv., une 
quarantaine de noms de plantes, dont il pense qu'il n'y a rien 
d' important a tirer, quoiqu'il en ait analyst un certain 
nombre. Parmi les cinquante autres, et surtout parmi les noms 
propres, il a m613, conformdment a son syst&me, des mots qui 
n'ont jamais 6t6 citds comme gaulois par les Anciens, tandis 
qu'il en a laiss6 en dehors de ses recherches beaucoup d'aussi 
authentiquement celtiques que Covinus, Arepennis, Possernices, 
Murcus , etc. A-t-il d6sesp£re, comme j'en ai soupgonn^ 
M. Holtzmann, de pouvoir les ramener d'une manure quel- 
conque a des Etymologies germaniques? On est d'autant plus 
en droit de le penser, qu'il a souvent avec bonheur rapprochE 
des mots gaulois d'anciens vocables fort ^loignes appartenant 

1. Voy. les p. 100, i07, 211 et al. 

2. Principalement dans la 5' section du volume qui porte ce titre. 



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PREUVES PHILOLOGIQUES. 39 

aux idiomes tudesques ± . II avoue cependant que ce genre de 
preuves n'a pas toute Timportance qu'on pourrait lui attribuer, 
a cause de la communaute d'origine de ces deux langues indo- 
europ^ennes, et des emprunts r&iproques qu'elles ont eu de 
tout temps la facility de se faire, par le constant voisinage des 
deux peuples et le flux ou le reflux de leurs anciennes migra- 
tions. Aussi invoque-t-il , pour soutenir J'identit^ de leurs 
idiomes, d'autres similitudes qu'il regarde comme plus demons- 
tratives, celles des regies fondamen tales, et communes a elles 
seules, de leurs grammaires respectives; — puis celle des 
inflexions de leurs mots, autant qu'on en puisse juger par les 
formes qui sont parvenues & notre conixaissance. Double asser- 
tion, dont il va, dit-il, p. 158, £tablir la verity. Or il se con- 
tente , pour la premiere , d'exposer les systemes k peu pr&s 
semblables de transformations des lettres (t<§nues, moyennes et 
aspir^es) qu'il pr&end reconnattre dans les mots appartenant par 
leurs racines au Celtique etau Tudesque, ainsi qu'au Grec. Com- 
ment un linguiste peut-il oublier que tous les vocables gaulois 
ne sont parvenus jusqu'a nous qu'en passant par les oreilles ou 
par les alphabets des Grecs et des Romains, dont les euphonies 
capricieuses les ont plus ou moins modifies pour la plupart, et 
par consequent jet^s en dehors de ces regies? L'intervention 
d'un 3 e idiome indo-europ^en accroit encore le vague d'une 
pareille demonstration, dans tous les cas fort insuffisante pour 
la similitude que Tauteur veut £tablir, surtout quand il a 6t6 
oblige de convenir 2 , p. 101 et 146, qu'il devait exister de 
notables differences entre les dialectes de la Germanie centrale 
et ceux de la Belgique occidentale et de la Celtique proprement 
dite. Ce que M. Kunssberg ajoute sur les mots composes, et sur 
les lettres supprim^es par ex^rfcse ou qu'on y avait introduces 

1. Ce n'est pas toutefois quand il s'obstine a germaniser des noms aqui- 
tains aussi positivement basques que celui des Osquidates, p. 181, 342, etc. 
11 torn be aussi parfois dans deranges etymologies, les Abrincatui d'Avran- 
ches, par exemple, dont il fait les Mdui de la petite rivihre, p. 166. 

2. A propos des aspirees F, Th, Ch et H, qui manquent tout a fait, suivant 
lui, aux noms g^ographiques celtiques de ces deux parties de la Gaule. Voy. 
ci-dessous. 



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40 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

par epenthese, n'est pas plus concluant, pas me* me l'emploi 
de notre t euphonique (aime-t-il, l'almera-t-on) qu'il pense 
avoir retrouv£ dans un assez grand nombre de noras propres, 
les uns celtiques, les autres germaniques du moyen age. Ce t 
n'est tout simplement qu'un debris de l'ancienne forme de la 
3 e personne sing, de nos verbes frangais *. 

La seconde assertion de notre adversaire n'est pas mieux 
demontree. II nous donne, en quelques lignes pour chacun , 
deux tableaux comparatifs : 1° des finales caracteristiques de 
quelques cas; 2° des inflexions verbales des deux langues. Sur 
quoi nous remarquerons simplement que Tinterpre*tation des 
desinences gauloises ne consiste encore, pour un certain nombre, 
qu'en conjectures plus ou moins plausibles; — et que plusieurs 
de celles que presente M. Kunssberg pourraient bien n'etre que 
des suggestions de son propre systeme. C'est ce que nous ver- 
rons quand nous aurons Toccasion d'y revenir. 

XV. Pour ce qui concerne Torigine celtique de nos Bretons 
et des Gallois, le savant qui nous combat, oblige" de convenir 
que la langue gauloise s'etait Vendue sur presque toute la sur- 
face de la Gaule et de la Grande-Bretagne, soutient (chap, x) 
qu'elle y fut importee, ainsi qu'en Irlande, par des conqueYants 
de race germanique, et adoptee seulenient, pendant la duree de 
leur domination, par une partie des populations qu'ils avaient 
subjuguees. Les habitants des canipagnes et les tribus eloigners 
des villes principals conserverent, suivant M. Kunssberg, leurs 
idiomes pre-celtiques, qui resisterent pareillement, aux extre"- 
mites de Tempire , a Tascendant de la civilisation romaine, et 
sont devenus le Kymmryque et le Gaelique de nos jours. La 
question, nettement posee entre notre antagoniste et nous, 
est done celle-ci : L'existence d'une population anteneure et 
conquise par les Celtes etant admise de part et d'autre, est-ce a 
elle ou bien h ses vainqueurs qu'appartenait la langue-mere 
dont le Kymmryque et le Gaelique sont derives? II est certain 
que la r^ponse de M. Kunssberg est plus conforme que la n6tre 

1. On disait, en langue d'Oil,il kantet ou chantet, il chantat, il chart- 
terat, etc. Voy. entre autres, Burguy et Chevallet. 



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PREUYES PHILOLOGIQUES. Ui 

au principe de la persf stance des langues; mais ce principe ne 
doit-il pas, dans la question qui nous occupe, flechir devant des 
considerations superieures? Le principal argument de notre ad- 
versaire est la grande difference qui existe entre ces deux 
idiomes, iesquels ne peuvent en consequence provenir de 1'an- 
cien Celtique; — argument qu'on est d'abord surpris de ren- 
contrer encore sur son chemin, apres les demonstrations con- 
traires et p&remptoires de W. Edwards *, de Zeuss et d'Ad. 
Pictet, et qui ne prouverait d'ailleurs point que Tun des deux 
au moins n'ait pas I'origine qu'on lui attribue geneYalement. l\ 
nous fait ensuite entrevoir dans la Gaule et dans les lles-Bri- 
tanniques, non plus une seule population pr£-celtique, mais 
deux distinctes et contemporaries , n'ayant plus roeme entre 
elles la parente des Galls et des Kymmrys de M. Am. Thierry, 
et qui neanmoins seraient, anteneurement aux migrations des 
Celtes, venues comme eux du berceau bactrien de la race indo- 
europeenne habiter l'Europe occidentale. Car 1'incontestable - 
affinity du Kymmryque et du Gaelique avec le Sanscrit et les 
autres langues de la meme famille est un fait qu'on ne peut 
expliquer d'une autre maniere en dehors de leur origine cel- 
tique. Or cette consequence, si peu vraisemblable que M. Kunss- 
berg n'y a point songe\ aurait contre elle tous les renseigne- 
ments que nous a fournis 1'Anthropologie pour notre volume des 
Types gaulois et celto-bretons. lis s'accordent pour rattacher les 
populations pre-celtiques a une race tres-differente de Tindo- 
europdenne, soit qu'on les regarde comme finnois, soit qu'on 
leur attribue preferablement, les Iberes excepts, une origine 
meridionaie. En outre, les Elements dont se composent presque 
tous les noms geographiques de la Gaule independante et la 
plupart de ceux qu'ont portes ses personnages historiques se 
rapprochent bien plus naturellement de nos deux idiomes que 
du Tudesque; et il est assur^ment peu probable que ces con- 
querants aient ete chercher dans la langue des vaincus les noms 



1 . Ses Recherches sur la lang. celtiq., 1 844, couronnees par l'lnstitut, ont 
perdu de leur autorite, mais l'ensemble de ses confrontations d6montre tour- 
jours les intimes rapports que ces idiomes ont entre eux. 



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42 ETHNOGtiNIE GAULOISE. 

qu'ils donnaient a leurs enfants. Celles que , malgr£ toutes 1< 
subtilit&s de M. Kunssberg, nous continuerons d'appeler n& 
celtiques, sont done bien positivement les filles du Gaulois qi 
parlaient nos ancStres. Qu'elles aient perdu presque tous s< 
cas et une partie de ses suffixes verbaux, pareille chose est arr 
v£e aux langues n£o-latines, sans qu'on ait pour cela jama 
61ev£ le moindre doute sur leur filiation. Les autres pertes qi 
notre adversaire nous oppose encore, celles du T euphonique • 
du systfcme celto-germanique de la transformation des lettn 
lei qu'il a voulu l'^tablir, ne sont pas plus demonstratives. I 
seul des changements qu'il signale serait plus digne d'attentioi 
e'est l'existence dans le celtique actuel des aspir^es F, Th, C 
et de TH, qui 6taient 6trang6res, r^pfcte M. Kunssberg, p. 20( 
a la langue des Gaulois occidentaux. Sur quoi il faut observe 
qu'il se prevaut ici d'un fait (exagdr£ d'ailleurs dans sa g6n£r< 
lisation 1 ) auquel il n'avait accord^, p. 151, que peu d'impoi 
tance quand il s'efforgait de nous germaniser. Je m'&onne a 
surplus qu'il n'ait pas fait valoir, parmi ses raisons, la perl 
presque absolue de l'ancien x gaulois, lettre qui a disparu d€ 
alphabets n^o-celtiques, mais dont le son, d£ja rare dans le 
gloses de Zeuss (voy. p. 80 et al.), s'est conservd dans certain 
mots Ir, Deicsin, voir aicsi, patrimoine, etc. Dans ceux que nou 
aurons a comparer, il s'est gen^ralement adouci, nous dira Zeus? 
en H, Sou Ch. 

XVI. La double discussion que je viens de soutenir n'es 
encore une fois qu'une de ces querelles, si souvent r£veil!6es pa 
1' esprit de systfcme, mais auxquelles se m&l&rent parfois les an 
mosit^s nationales, et qui etaient particulierement entretenue* 
entre les Cehomanes et les Germanistes, par la parent^ m6m 
des deux langues qui se disputaient le Gaulois, l'ancien Ti 
desque et le Celtique moderne. Aux similitudes originelles dor 
nous avons d£j& parte, se joignaient 1'extrSme vari&e des form* 

1. Sans parler des Helvii et du mont Helanus, qu'il a oubltes dans s« 
exceptions g6ographiques, on rencontrera dans ce Glossaireun certain nomb) 
de mots ou flguraient, a l'exception du Ch, une de ces lettres, Hus, Halu 
Spatha, Rafius, etc. Voy. au surplus Zeuss, 1 M 6d., p. 89 et suiv., 188, etc 
et 2% p. 47, 76, etc. 



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PREUVES PHILOLOGIQUES. ^ 

de lapremifere; et dans la seconde, la multitude de ses syno- 
nymes jointe a l'etrange abondance de significations toutes 
diverses qu'on y voit si souvent attributes au m£me mot. 
Embarrassantes richesses, qui, donnant tour a tour une appa- 
rence de raison aux syst&mes les plus opposes, jetaient les 
meilleurs esprits dans une penible incertitude, et contribuerent, 
pour une part, au discredit dans lequel finirent par tomber les 
Etymologies celtiques. Ce luxe de variantes, de synonymes et de 
significations differentes s'expliquait cependant par deux faits 
tres-simples. Le premier, observe par Max Muller, c'est que la 
plupart des noms etaient dans le principe des appellatifs « expri- 
mant ce qui semblait rattribut le plus caract&istique de Tobjet. 
Mais comme beaucoup d'objets ont beaucoupd'attributs, il arriva 
n^cessairement que la plupart des objeis, durant la pdriode pri- 
mitive du langage, eurent plus d'un nom... Plus un langage est 
ancien, plus il est riche en synonymes 1 . »— Le second fait est la 
perpetuation de cette multitude d'acceptions m&aphoriques si 
familieres aux peuples primitifs, et dont Toubli de cette origine 
fait autant de tropes p£trifi£s 2 . II faut, en outre, tenir compte de 
T^tat de dispersion et d'isolement ou v^curent pendant tant de 
si&cles toutes les tribus dont se composaient ces grandes nations 
barbares, chacune de ces peuplades conservant ou corrompant 



1. Mythol. comp. dans la Rev. german. 31 juillet, 1858, p. 9. Ainsi PArabe 
entre autres laisse, sous ce point de vue, le Geltique bien loin derriere lui, 
avec ses cinq cents mots pour dire un lion, deux cents pour le serpent, mille 
pour l'^pee, etc., etc. 

2. Ed. Davies, dans ses Celtic Research., 1804, p. 235, en donnait une 
autre raison. Suivant lui, les racines primitives du Celtique, toutes monosyl- 
labiques ou meme formees d'une simple voyelle ou diphthongue, n'avaient 
point un sens fixe et absolu. Ce n*6taient que des sons indicateurs d'idees ou 
de sensations ge'ne'rales au point de vue descriptif, et prenant au besoin des 
acceptions plus precises et fort variees, suivant Pobjet auquel pouvait s'appli- 
quer la vague signification attach ee a cette racine. Ainsi, le radical irlandais 
ur presente Pide"e premiere d'une chose qui en recouvre une autre, ou s'etend 
sur celle-ct, et elle s'est appliq U e*e successivement aux objets qui, d'une ma- 
mere ou d'une autre, rappelaient auxyeux la meme id^e : terre, eau, feu, ver- 
dure, bruyeres, tombeau, etc. M. Renan signale le meme pbenomene dans 
l'He'breu; Hist, des lang. semit., I, p. 131. Voy. encore les Recherches deja 
citees de W. Edwards, p. 9l. 



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uu ethnogSnie gauloise. 

plus ou moins pour son usage particulier, modifiant quant 
sens, alterant quant a la forme, suivant les circonstances et 
lieux, tous les vocables qu'elles avaient emportes de leur pat 
primitive. D'un autre c6te\ les relations de commerce, de c< 
quetes et d'assujettissement amenerent entre les tribus < 
marchaient a la tete ou a Tarriere-garde de leur race et eel 
d'une autre langue dont elles etaient voisines, de nombr* 
^changes de mots. Puis, quand des circonstances exterieures 
les progres de leur tardive civilisation rapprocherent tous 
membres £pars et les reformerent en corps de nations, de me* 
que se reunissent dans le lit du Rh6ne ou du Rhin toutes 
sources, les ruisseaux, les torrents des Alpes franchises ou al 
mandes, chaque tribu versa dans la langue commune son cc 
tingent particulier de termes, les uns tout a fait etrangers, 
autres plus ou moins d6tourn&$ de leur forme ou de leur acc< 
tion primitives. 

Ce sont la des faits philologiques qui appartiennent a l'h 
toire des premieres migrations. Mais Taction reciproque qu'exi 
cerent Tun sur l'autre le Tudesque et le Celtique s'est prolong 
et mSme fortement accrue, surtout de la part de ce dernie; 
dans un temps beaucoup moins eMoigne* de nous, et par de m 
tuelles et profondes immigrations sur leurs territoires respecti 
Soit par un retour offensif des races gauloises contre celles c 
les poussaient incessamment vers l'ouest, soit que, prot^g* 
par la foret Hercynienne, elles se soient maintenues dans 
bassin du Danube, pendant que l'avant-garde teutonique s'ava 
gait au nord de cette immense barriere jusqu'aux rives de Tl 
caut, — nous voyons, au de'but de leur histoire, des Germai 
implantes dans la Gaule septentrionale et des Celtes occupa 
encore le sud de la Germanic A peine ces derniers avaient- 
disparu, non pas tous extermine's comme on Ta dit trop souve 
en pareil cas, mais absorbed par leurs voisins orientaux, q 
d'autres colonies gauloises vinrent, sous la protection des aigl 
romaines, repeupler entre les sources du Danube et le Mein I 



1. Voy. entre autres M. Meyer deja cite" dans Bunsen, Outlines, etc., 1. 1 
p. 154, 158, 162 et al. 



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PREUVES PH1LOL0GIQUES. 45 

champs D^cumates, ou leur post£rit£ fut sans nul doute un de 
ces 6I3ments d'origines diverses dont se forma plus tard Ja 
nation al&nanique. Le Tudesque et le Celtique, consid^r^s dans 
leur ensemble, devinrent ainsi deux immenses mosaiques qui se 
touchaient sur beaucoup de points, et dont Toeil ne peutplus 
reconnaitre avec line enttere certitude, sur leur ancienne ligne 
de separation, ce qui appartenait primitivement a Tune ou a 
l'autre; — mais qui ne restent pas moins, par leur structure 
differente et leurs caract&res respectifs, deux monuments tout a 
fait dis ducts. 

XVI J. Les formes grammaticales et les lois propres a chaque 
langue les s^parent, en eflfet, les unes des autres plus comple- 
ment que le fond de leurs vocabulaires; et si nous nations prive 
de tout renseignement sur la grammaire de l'ancien Gaulois, fait 
sur lequel nous reviendrons, nous ne renfermerions pas dans un 
simple Glossaire presque toute Tetude de la question qui nous 
occupe en ce moment. Mais nous pouvons toujours dire : 1° que 
le Celtique moderne se distingue profondement du Tudesque 1 

1. Voy. Pictet deja cite\ p. 170; Latham, English language, t. 1, p. 326, 
4* 6d., etc. II y aurait encore, suivant Chalmers, Caledonia, t. 1, p. 491, une 
autre difference caracte>istique entre le Gaelique et les idiomes germaniques, 
dans la maniere de placer Padjectif et le substantif dependant d'un autre 
substantia le premier disant : Baile-beag, ville petite (et d6clinaison a part), 
Mac-Fergus, fils-Fergus, ou l'Atiglais dit : Little-town, petite ville, et Fer- 
gusson, Fergus-fils. Ainsi Strath-Clyde, ou valine de la Clyde, 6tait devenu 
en Anglo-Saxon Clydesdale ou Clyde-vallee. Mais ces deux regies gaelique s 
gtaient et sont encore sujettes a de nombreuses exceptions; les irlandistes eux- 
memes n'y pensent guere dans leurs etymologies. Cormac leur en a donne 
l'exemple dans son Glossaire, ou il interprete son nom (primitivement Cor- 
bmac et Korbimagas), par fils du chariot, Korb, c'est-a-dire ne" dans un cha- 
. riot. Domnal ou Doman-nuall y signifie : la Gloire du monde, doman; Nemiath, 
terre du ciel, etc. (Voy. la trad. angl. de Stokes). Conf. dans Betham,Ga6l and 
Cym., p. 196etsuiv., les noms de Boadicea, Cadwallader , Caledonii, etc. 
L'Erse dit encore Muir-robainn , mer-vol, pour la piraterie; — FIrlandais, 
Garbh-lus, rude plante, pour le grateron,et Dobhar-chu, eau-chien,pour une 
loutre, commerArmoricain, Dour-gi; — le Gallois, Krefdour, forte-eau, pour 
Teau forte; Mor-bryf, mer-animal, pour animal marin,etc.,etc. Voy. du reste, 
O'Donovan, Irish. Gramm., p. 337, et pour le Kymmrique, M. deLa Villemar- 
que*, Essai, etc., p. xxvij. Uemarquons toutefois que rancienne langue disait 
Durobriva, Uurovernum en Bretagne, et Brivodurum, Vernodubrum dans les 
Gaules; tandis que le Gaelique du vn e siecle cotnposait en meme temps Al~ 



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46 ETHNOGtfNIE GAULOISE. 

par ses permutations de. consonnes initial es, par la mani< 
dont ses pronoms personnels se combinent avec certaines p 
positions, et par la presence de suffixes pronominaux ou indi< 
tifs des personnes dans la conjugaison de ces verbes; — 2° q 
Tinfluence reconnue du Gaulois sur la formation de la lang 
franchise n'a point un caract&re germanique, mais une origi 
v^ritablement celtique. Ce n'est pas que nous lui devions excl 
sivement, comme je Tai r£p6t6 dans la premiere Edition de 
Glossaire, des sons et des proc&tes que W. Edwards 1 a crus ir 
particuliers a notre langue, tels que le J, TU et PL mouilh 
qui nous venaient, suivant lui, du Kymmryque, et 1'E mu 
final, TE trfcs-ouvert et le T euphonique que nous aurait legu 
le Gaelique. Mais c'est dans le Frangais que ces sons se rencoi 
trent, soit le plus fr&juemment, soit avec 1* ensemble le ph 
complet. De son cot6, M. Kunssberg lui-m£me cite, p. 21 1 
comme remontant a cette source non germanique, la tendanc 
prononc^e de notre langue a rejeter du radical ou a affaiblir 1 
voyelle qui suit une muette, quand elle n'est pas prot£g£e pa 
une liquide plac^e entre elle et cette autre consonne; — pui 
la facultd que nous possddons de composer des mols par un 
simple juxtaposition, Hotel-Dieu, Chien-Lovp, Fort-VEcluse, etc 
Ce savant croit mSme, p. 219, que cette influence du Welch 
(car c'est le nom qu'il applique definitivement aux population 
pr^-celtiques) se montre d£ja dans le Latin des Gaules, soit pa 
de fi^quentes m&ath&ses comme Taranus et Tanarus, Vosegu 
et Vogesus, Nemausus devenu Nimes, etc ; soit par une auir< 
tendance, celle de substituer une muette, particulierement le B 
aux spirantes labiales, telles que le V par exemple, Bixit poui 
Vixit. Mais la permutation de ces deux lettres appartient pluto 
aux populations du midi, et elle est fr^quente en Espagne, oi 
j'ai vu £crire indifferemment Vorvon et Borbon (Bourbon) et Bal 
ladolid pour Valladolid. 

Cluyth et Dearmag; et le Kymmryque Cynoglase et Assandum (Rocher de 
la Cluyth, et des chenes-champ, boucher-roux, et de 1'a.ne-montagne). L'Irl 
Mag-rath est notre Rotomagus, observe Wh. Stokes (Irish, gloss, p. 158). 
Conf. Zeuss, p. 820 et 859. 

i. Recherches sur les lang. celtiq., p. 10, 15, 80, 88 et al. 



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PREUVES PHILOLOGIQUES. 47 

Une autre autorite que M. Kunssberg, son compatriote le 
celebre philologue Diez, avait £te plus large dans les concessions 
qu'il faisait au Geltique. II rapportait d'abord a cette langue, 
avec quelque doute, il est vrai, les deux cas de notre vieux 
Frangais, dont nous nous occuperons plus tard; — puis, son 
ancienne maniere de compter par vingtaines, trois vins, six 
vins , quinze vins; — Temploi possessif de la proposition a 
(Kymmr. i), la fille a Nicolas, la gent au roi; — - les sens diffg- 
rents que peut prendre un adjectif placO avant ou apres uu 
substantif, un honnete homme, un homme honnete, un mauvais 
livre , un livre mauvais; enfin notre coutume de designer par 
les nombres cardinaux au lieu des ordinaux les personnages 
qui se succ&dent sous le m£me nom, Henri IV, Louis XIII, Cas- 
sini IV, etc. 1 . 

A ces Elements inlimes de notre Frangais se joignent un assez 
grand nombre de mots d'origine celtique dont il a h<Srit<§, comme 
le prouvent les listes qu'en ont donnges, en France et en Alle- 
magne, MM. Ampere 2 , de Courson 3 , de Chevallet 4 etrBrandes 
d£ja cit£. Travaux certainement d^monstratifs dans leur ensem- 
ble, mais que je me contente de signaler aux lecteurs; la discus- 
sion de tant de mots, — il y en a plus de trois cent soixante^ 
— sortant des limites rationnelles de cet ouvrage, et ne voulant 
pas, pour mon compte, m'exposer a tant de hasards <*tymo- 
logiques 5 . 

XVIII. Cette influence du Gaulois sur notre langue, que nous 
remarquerons encore a la fin de cette premiere partie, nous 
ramfene a un dernier argument, ou, pour mieux dire, a une sup- 
position que nous avons vue hasard^e par M. Holtzmann, c'est 

1. Etymolog.Wdrterbuch des romanisch. Sprach., preT.. p. xvn et suiv. — 
J'ajouterai que je n'ai vu nulle part ce grand nombre de pluriels beiges en s, 
d'ou serait venu, dit Burguy, le rdle dominant de cette lettre dans les plu- 
riels francais, Gramm. de la langue d'oil, t. i, p. 65. 

2. Hist, litter, de France, t. i. p. 34 et suiv. 

3. Hist, des peuples bretons, t. i, 1846. 

4. Orig. et format, de la lang. franc-aise, 1. 1, 1853. 

5. Un pareil travail, pour etre complet, devrait d'ailleurs fouiller tous les 
patois de France, comme avait commence de le faire M. de Courson; oeuvre 
immense, et qui ferait, a elle seule, un ouvrage considerable. 



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US ETHNOGtiNIE GAULOISE. 

qu'il aurait&£, des le rfcgne de Caligula, c'est-a-dire a la secon 
ou troisifcme generation depuis reorganisation de la Gaule p 
Auguste, &ouffe par la langue et la civilisation romaines. Obsc 
vons d'abord que le professeur allemand nous prend la 
vieilles id£es de Barbazan*, notre celtophobe du xvm e siecle. J 
second lieu, quelque adroite ou quelque tyrannique qu'ait | 
6tre la politique qu'on nous dit avoir ete suivie g£ngraleme 
par le peuple-roi dans les pays conquis 2 , nous avons obser 
qu'un changement aussi rapide etait impossible, et nous savo 
d'ailleurs quecette politique n'a pu triompher qu'a la longue,- 
et non sans exceptions, — de l'obstination routiniere ou patri 
tique des vaincus 3 . Or c'est ce qu'attestent formellement, poi 
la Gaule du m e siecle, Ulpien et Lampride dans deux passag< 
trop connus pour s'y arr£ter, et qui garantissent pour le siec 
precedent, ainsi qu'un mot de Lucien 4 , le sens dece temoigna^ 
d'A. Gelle : Quasi nescio quid tusce aut gallice dixisset, univer 
riserwnt, xi, 7. Si nous passons au iv e siecle, Marcellus de Boi 
deaux aurait-il donn£ dans ses formules medicates les nons 
gaulois de quelques-unes des plantes dont il prescrivait l'usage 
s'il n'avait jug£ la chose necessaire pour une partie de ses lee 
teurs? Precaution que prit aussi le medecin Apulee, et qu 
jug&rent encore a propos d'imiter les copistes de Dioscoride^ 
Ces formules mSmes, Marcellus ne dit-il pas qu'il en tenait u: 
certain nombre de la bouche meme d'hommes du peuple 01 
de paysans , remedia fortuita atque simplicia, ab agreslibu 
et plebeisf (De medicam. epist. dedic.) Au v e siecle, a la mem 
epoque ou le poete Chretien Prudence nous montre en quel 
que sorte les chants des bardes encore en lutte avec le christia 



i. Voir ses deux Dissert, sur l'orig. de la langue francaise et sur la langu 
des Celtes, t. i et u deses Fabliaux, 6d. Me*on. 

2. Voy. -S. Aug., de Civ. D., xix, 7; Val.Max., n, 2; Ulpien., Dig., xui,t. 
Dion Cass., lx, 17, etc. 

3. Voy. Varr. l. v , 55, pour l'Etrusque; Ulp. Dig., xxxn, t. i.,H, pour l 
Punique qui existait encore du temps de saint Augustin, Conf., i-14, etc. 

4. Ulp., Digest., ibid. Fideicommissa quocumque sermone relinqui possun 
non solum latina vel graeca, sed etiam punica vel gallicana. — Lamp., Alex 
Sev., 59. — Luc.,, Zeus trag., xm, Taubn. 



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PREUVES PHILOLOGIQUES. 49 

nisme 1 , saint J6r6me comparait l'idiome des Galates d'Asie k celui 
des Tr&vires : Galatas... propriam linguam eamdemquc pene ha- 
bere quam Treviros, nee referre si aliqua exinde corruperint. (Ad 
Galat. ii, praef.) T&noigtiage p<*remptoire, et que n'aftaiblira pas 
la subtilit6 avec laquelle on a demand^ si ce P&re avait parte 
d'apr&s son propre jugement, ou sur la foi de quelque auteur 
plus ancien. C'est bien au temps m6me ou il ^crivait que se 
rapportent ce verbe habere, et le peu d'importance des altera- 
tions que le Galate avait subies jusqu'alors. Nous sommes d'ail- 
leurs certain, par un passage de saint fipiphane, qu'on le par- 
lait encore a cette £poque*, ce qu'on devrait en consequence, s'il 
en 3tait besoin, conclure aussi de l'idiome auquel 1'assimile 
saint J£r6me. Or le pays de Treves n'&ait point un obscur can- 
ton reste, au fond des hois ou des marais, Stranger a la civilisa- 
tion romaine; son chef-lieu gtait devenu Tune des capitales des 
Gaules et la residence de plusieurs empereurs. Ce fait est done 
Tun des plus forts arguments que Ton puisse invoquer en faveur 
de r existence dela langue gauloise, jusqu'& la chute de TEmpire 
et l'gtablissement des barbares dans les contr&s ou la France 
devait lui succ&ler. Et l'agonie du vieux Celtique se prolongea 
m^me longtemps encore sous ces nouveaux maitres ; car a la fin 
du vi e si&cle, Gregoire de Tours et Fortunat 3 nous en citent plu- 
sieurs mots comme appartenant a une langue qu'on n' avait point 
cess£ de parler : Avis quam Alaudam vocamus, Alauda, deja 
signal^ comme gaulois, a trois si&cles Tun de l'autre, par PJine 
et par Marcellus de Bordeaux; — Delubrum Mud quod gallica 

1 . Percurre, dit-il en parlaut de Moise, 

Scrinia primi 
Scriptoris, quem non bardus pater aut avus augur 



Rem docuere Dei. 



Ces Vers ont leur explication dans les textes qne nous avons deja cites au 
sujet du bardisme breton. 

2. Et, meme au vi e siecle, voy. au Gloss, le mot Taskos, repute par Timo- 
thee de C. P., et ceux qu'a conserves Lydus. 

3. Burguy s'est on ne peut plus tromp6 en s'appuyant sur eux pour avan- 
cer le contraire, Gramm. de la tongue d'oil, t. i er , p. 12. 

!i 



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50 ETHNOGtfNIE GAULOISE. 

lingua Vasso vocant; — Vernemetis quod quasi fanum ingens gal- 
lica lingua refert 1 . Je ne ferai point valoir la vague indication 
d'une celtica lingua, dans laquelle Tauteur du poeme de Wal- 
iharius* disait au x e Steele, v. 763, que s'exprimait son hdros; 
mais quelques passages des hagiographes nous font regarder le 
Celtique comme vivant toujours, dans une province ou dans 
Tautre, pendant toute l'^poque m^rovingienne; — et nous ver- 
rons Isidore de Seville et B&de nous en renvoyer encore, a des 
dates plus precises, les echos de l'autre cdte de la Manche et 
des Pyrenees. 

XIX. Le lecteur aura sans doute remarqu£, dans cette rapide 
Enumeration, qu'elle ne comprend point des textes souvent cil£s, 
mais a tort, en faveur de mon opinion, ni d'autres dont le veri- 
table sens a £t£ ou pourrait etre r£ellement mis en doute. Ainsi, 
j'ai laissE de c6te, dans le n e si£cle, les termes eel tiques employes 
dans la Tactique d'Arrien, l\h; et les plaintes du Grec S. Ir&i^e 
sur Tidiome barbare au milieu duquel il vivait a Lyon (Adv. 
Hxres.prxf., et S. Epiph., Hxres. xxxi,10). Au v e si&cle pareille- 
ment ces gallica verba, barbarici soni, avec lesquels les muletiers 
gaulois, nous dit Claudien, Epigr. I re , savaient se faire com- 
prendre de leurs mules. J'ai repousse le sermonis celtici squa- 
mam de Sid. Apollinaire (Epist. ui, 3), qui ne se rapporte proba- 
blement, comme la chose est evidente pour Vincultum transalpini 
sermonis horroremde Pacatus (Paneg. ad. Theod., 1), qu'au mau- 
vais latin de leurs contrees natales, l'Auvergne et l'Aquitaine. Je 
ne me suis point pr^valu de ce grand nombre de mots gaulois 
continuellement cites par les ecrivains des quatre premiers 
si&cles, ni de ces vulgo dicunt dont on s'est empare quelquefois, 
pour le Buricus de saint J£r6me, par exemple, avec trop de pre- 
cipitation 8 . J'ai mSme renonce au fameux passage de Sulp. 
Severe : Celtice aut, si mavis, gallice loquere, dum modo jam 
Martinum loquaris, dont M. Am. Thierry et quelques savants 

1. Voy. ces mots au Gloss. Le nom de Vasso 6tait sans doute reste aux 
ruines du temple dont parle Greg., ou peut-etre avait-il 6tg rebati. 

2. Ou De prima expedit. Attilm in Gallias, Leipzig, 1780-92. M. Du Sleril, 
Poesies popul. lat., 1843. 

3. Entre autres M. Brandes, p.. 279. Voy. le Gloss., n. 150. 



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PHKIVKS PHILOLOGIQUES. 51 

ont abus6, pens6-je, quand ils en oat voalu tirer une preuve de 
1* existence, au v e Steele, de deux grands dialectes dans Tancien 
Gaulois. Ce n'est pas en ce moment Ie fait que je conteste, mais 
Pargument; car dans cette phrase : Parle-nous celtique ou, si 
tu Palmes mieux, gaulois, — adress^e a Tun des interlocuteurs 
du premier dialogue sur la vie de saint Martin, par. 26, il n'y a 
probablement qu'une allusion a la synonymie celto-latine, pos& 
en principe par ttsar, entre les deux noms de Celte et de Galli. 
C'est une fa$on de parler familtere que j'ai moi-m6me entendue 
quelquefcris : Parlez-moi anglais ou, si vous aimez mieux, english; 
— un brave Helv^tien ou,si vousvoulez, un Suisse;— demfime que 
dans Test de la France, le terme allemapd Jude, juif, est sou- 
vent r6uni au mot frangais dans les reproches ou les injures 
populaires: vieux juif, vieux Jude, qu'on adresse a des avares ou 
a des Israelites. Mais ce n'est pas la le point le plus important. 
M. Brandes nie que cesdeux adverbes, Celtice et Gallice, doivent 
s'entendre du Gaulois. II y a plus de cent ans que Duclos 1 appli- 
quait le dernier a la rustica romana (ce qui aurait du ^veiller la 
defiance de M. Thierry sur la solidity de son argument), et le 
savant professeur de Leipzig rapporte Funet Tautre terme au latin 
des Gaules, plus corrompu dans Ie nord, gallice, et moins alt£r£ 
dans Ie midi, celtice. II observe avec raison qu'il s'agit en defini- 
tive d'un livre 6crit en latin, et d'une conversation suppos^e dans 
ceite m£me langue entre d'61£gants Aquitains et un homme qui, 
se donnant pour un Gaulois grossier, hominem gallum, gurdoni- 
cum, demande la permission de parler comme son maltre saint 
Martin, en d&laignant tous les ornements du langage. Soit, pour 
ce qui concerne Imposition de gallice avec inter Aquitanos; mais 
que celtice d&igne le latin plus correct de ces derniers qui ne 
furent jamais Celtes dans Pacception latine de ce nom, c'est une 
etrangete que M. Brandes ne m'a pas fait comprendre. 

XX. Un t&noignage plus positif, mais d'une date trop peu 
ancienne pour avoir par lui-m6me une grande autorit^ dans la 
question qui nous occupe, estcelui de Josselin, auteur d'une vie 
de saint Patrice, <§crite aprfcs Tan 1180. L'apdtre de l'lrlande 

1. Mem. de I' Acad, des inscr., t. xxm, in-12, p. 535. 



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52 ETHN0G6NIE GAULOISK. 

parlait avec facility dit-il, quatre langues, britannica videlicet, 
kibernica, gallica, latina, par. 18. Bolland. 1 , 17 mars. Ce bio- 
graphe, qui n'avait probablement aucune idge de la rustica 
romana du v e si&cle, n'a pu designer ici que l'ancien Gaulois, 
Tidiome avec lequel, a cette meme £poque, saint Germain 
d'Auxerre et saint Loup de Troyes, appetes pour combattre le 
p&agianisme, prechfcrent la foi catholique aux populations de 
la Bretagne insulaire. Car ce ne fut pas seulement dans les villes 
ou pouvait dominer le Latin, mais par les champs et dans les 
carrefours ou le peuple des campagnes se pressait pour les 
ecouter 1 . Or il y a peu d'apparence que les grands personnages 
de la Gaule centrale, parmi lesquels il faut ranger ces deux 
6v6ques, prissent alors la peine d'apprendre le Breton insulaire, 
si celui-ci eut beaucoup differ^ de notre Gaulois. II en 3tait done 
pour le moins fort rapproch£, comme l'a dit Tacite, Agr., xi, et 
e'est une preuve de plus contre la thfese de M. Holtzmann. 

XXI. Nous avons suivi d'une manure certaine Texistence de 
cette derniere langue jusqu'a la fin du vi e Steele et nous en avons 
retrouv6 des traces encore vivantes dans le vn e et le vm e . Le 
plus ancien document, si je ne me trompe, qui fasse pr^sumer 
son extinction definitive dans notre France, except^ en Armo- 
rique, e'est un canon du concile de Tours de Tan 813, prescri- 
vant h chaque £v6que de /aire traduire, pour les mettre a la 
port^e du peuple, ses homilies en langue romaine rustique ou 
en langue tudesque 2 . II n'est pas question du Gaulois. Aussi, 



1.« Populus innumerabilis, immensa multitudo, » diseutleurs biographes. 
— « Divinus sermo non solum in ecclesiis, verum etiam per trivia, per rura, 
per devia diffundebatur ut passim et fide catholici firmarentui*. » ( Vie de 
saint Germ, a" Aux., par Constance, a la fin du v e siecle, i, 47. Bolland., 
31 juillet.) — « Per eos verbi divina semina, verum etiam per rura, per tri- 
via spargebantur et compita. » (Vie de saint Loup de Troyes, 18. Boll., 29 
juillet.) — Conf. Beda, Hist. Angl.,\, 17, Nenn., Hist. Brit., 31, etc. J'ai 
efface 1 une citation de la Vie de saint Magloire et des Actes du 3« synode de 
Landaf, t&noignages poste*rieurs a l^tablissement des Bretons insulaires dans 
TArmorique. Quant au conte des femmes auxquelles le fabuleux Conan M<5- 
riadec fit arracher la langue pour abolir Pancien idiome du pays, il ne nieri- 
tait pas qu'Em. Souvestre s'en occupat dans ses Derniers Bretons. 

2. Canon 17,Concil. id., t. iv., col. 1025. 



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PREUVES PHILOLOGIQUES. 53 

peusai-je que La Ravaltere s'est complement m^pris ' en croyant 
que cet idiome ^tait celui dans lequel l'dvGque de Verdun, Aimon, 
fit sa harangue au concile de Mouzon, en 995. Contrairement a' 
r usage regu dans ces assemblies, il parla Gallice*. c'est-a-dire 
en franqais, suivant toute probabilin*, par rapport a cette epoque. 
II y a cependant une observation a faire sur ce silence du con- 
cile de Tours a regard du Gaulois, c'est qu'il ne parle pas 
davantage de l'Armoricain, qui £tait et est encore, quoiqu'il ait 
perdu beaucoup de terrain, l'idiome d'une partie considerable 
de la province ecctesiastique ou se trouvait cette assemblee. 

XXII. Au surplus, cette ressemblance des Bretons avec les 
Gauloissous le double rapport du langage et de la religion; cette 
ressemblance qui s'etendait encore aux maisons, Cds., v, 12; 
aux mceurs en general et aux chiens de combat, Strah., iv,' 
p. 166, Did. ; aux armes, Mela, m, 6; aux chars de guerre (voyez 
au Gloss, les mots Covinus et Esseda) ; aux proems agricoles, 
Plin., xvn, U; a certains ornements, id., xxxm, 6/etc, Tacite 
l'attribue au caractfcre m6me des deux peuples, et, tout bien 
consid^re, il conclut que la Bretagne devait avoir Sk* peuptee 
par ses voisins du continent. On ne peut, dans tous les cas, con- 
tester a C&ar que les Beiges en aient occup6 les parties rnari- 
times, c'est-a-dire une grande partie de File, v, 12, et qu'un 
roi des Suessones (Soissons) y ait rSgnd, u, 4. Ces autorit&s 
romaines nous suflisent et nous dispensent d'invoquer les asser- 
tions vagues ou contradictoires des (Scrivains grecs, auxquels 
M. Holtzmann prete m6me parfois des choses qu'ils n'ont point 
dites. Strabon, par exemple, liv. n, p. 75 (de 1620, Did. 62), ne 
reproche point a Hipparque d'avoir rattach6 les Bretons aux 
Celtes, mais d* avoir etendu trop au nord le pays de ces derniers. 
Au surplus, les auteurs classiques nous feraient d£faut, ainsi 
que les vies de saint Loup et de saint Germain d'Auxerre, que 
notre troisifcme principe, — celui de l'identitg originelle des 
idiomes bretons et n^o-celtiques avec le Gaulois, — serait encore 



1. Hist, de I' Acad, des inscr., t. ix, in-12, p. 430. 

2. « Facto itaque silentio, cum residentibus qui aderant, Aymo episcopus 
sunrexit, et gallice concionatus est. » (Concil. ?<i., t. vi, l w part., col. 734.) 



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bU ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

victorieusement d^montre par la seule confrontation des noms 
ggographiques de la Bretagne avec ceux de la Gaule. M. Brandes 
en a rduni pr&s de cent cinquante, dont les quatre cinqui&mes 1 
au moins sont identiques ou presqae pareils aux n6tres. Plu- 
sieurs s'enfoncent j usque danslenord de Tile, telsqueAballaba, 
Alauna, Brigantes, Cantae, Damnii, Uxella, Varis, etc. 

Quant aux Germains, je n'ai jamais pu comprendre, avant la 
revoke ouverte de M. Kunssberg, qu'avec un C£sar ou un Tacite 
sous les yeux, on put leur assimiler les Gaulois : 1° quand le 
premier constate expressdment la difference des deux nations, 
quo di/ferant ex nationes inter sese, vi, 11; et qu'au par. 21 il 
nous signale les fails principaux qui la conslituaient. Voyez 
encore au 24 ce qu'il dit des Volcae-Tectosages de la Germanic 
C'est la meme pens£e d'un bout h l'autre des Commentaires, du 
livre i er , 31 et 39, au jv, 3, sur l'origine et les moeurs adoucies 
des Ubiens, et jusqu'au vm, 25, ou sont caracl£ris&s, d'une 
faQon toute contraire, celles des Tr^vires. C'etait ^videmment 
aussi l'opinion de Tite-Live, quand il qualifiait de semi-germani, 
xxi, 38, les montagnards des Alpes Pennines 2 , aprfcs nous avoir 
montr£, id., 32, ceux du versant des Gaules, presque semblables 
de moeurs et de langage avec les autres Gaulois ; 2° et lorsque 
rillustre ethnographe de la Germanie pose en principe, dfcs le 
d£but de son livre, par. 2 et h' Ipsos Germanos indigenas credi- 
derim, minimique aliarum gentium adventibus et hospitiis 
mixtos, etc., puis : Ipse eorum opinionibus accedo, quiGermanix 
populos... propriam et sinceram et tantum sui similem gentem 
exstilisse arbitrantur. Ce principe, il l'applique aux Gothini dont 
nous avons parte et aux Gaulois des champs Decumates, par. 29, 
et nous le retrouvons encore dans les souvenirs nationaux des 
Ubiens, dans Torgueil tout germanique des Nerviens et des Tre^ 



1. Voy. p. 58 et suivantes. Conf. Prichard, Phys. hist, of Mank., t. in. Je ' 
dis les quatre cinquiemes pour ^carter un certain nombre de similitudes qui 
peuvent sembler douteuses ou force'es. Quelques noms aussi me paraissent 
peu certains, ou sont tires de Richard de Cirencester. 

2. Ce qui explique tout naturellement ce nom d'Arioviste donn6 a un chef 
alpin ou insubre par Florus, ii, 4, et dont les germanistes veulent aussi se 
faire un argument. 



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PREUVES PHILOLOGIQUES. 55 

vires, par. 28, et dans le portrait desCal&loniens,;4^\,xi.Aprds 
< des textes aussi positifs 1 , et celui de Sudtone ddj& cit£, nous 
n'avons nul besoin d'en glaner d* a utres naoins explicites dans 
Pline, Sen&que, ou tout autre ^crivain; ni de nous arr&er aux 
confusions et aux erreurs de noms qu'on rencontre dans Dion 
Cassius et d'autres&rivainsgrecsdont l'autoritd ne peut jamais, 
sauf de rares exceptions, valoir, relativement aux Gaules et a Ja 
Germanie, le t&noignage direct des Romains. Nous serons d'ail- 
leurs r amends a cette question quand nous nous occuperons 
particulifcrement des Celtes. Le passage indole de Plutarque 
relatif a l'idiome gaulois que pari a Sertorius dans le camp des 
Gimbres appartient au chapitre qui les concerne. 

XXIII. En passant aM. Moke, nous serons d'abord frappgs des 
consequences opposes qui sortent d'une meme thfcse et nous 
verrons dans ces resullats contradictories une nouvelle preuve 
de rinanite de ces sysi&mes qu'on s'efforce, avec tant de 
science et de travail perdus, de substituer a la simple veritd. 
Cette thfcse, I'identitg des Gaulois et des Germains, Holtzmanu 
et Kunssberg Pont soutenue en germanisant d'une part la Iangue 
gauloise , et en niant, de l'autre, le celticisme des Bretons et 
des Irlandais, qui ne devaient jamais avoir eu quoi que ce soit 
de commun avec la grande famille celto-germanique. Nous avons 
vu qu'ils leur enlevaient le druidisme pour le transferer aux 
Germains. M. Moke, au contraire, regarde les Gallois (il est 
moins explicite sur les Irlandais) comme les restes d'une race 
ant&rieure qui occupait les Gaules et les lles-Britanniques avant 
Tarriv^e des Celtes, et qui, vaincue et asservie par eux, absorba 
danssa nombreuse population ses conquerants et leur idiome,de 
maniere ales detacher sans retour de la famille gerinanique.C'est 
de ce peuple dont le nom meme est perdu qu'ils auraient regu 
le druidisme. Place a ce point de vue nouveau, M. Moke n'avait 
presque plus a s'inqui&er du vocabulaire gaulois; aussi nes'est- 
il occup^ que fort peu de la question philologique, et ne s'est-il, 
pas plus que M. Kunssberg, doule des invraisemblances de son 
systSme, relativement a la parent^ de cet idiome pr£-celtique 

I. Voy. dans M. Brandes la refutation de toutes les chicanes de M. H. 



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56 ETIIMMifiNIE GAIL0IS1-. 

des Gaules. 11 s'est borne a tirer du Tudesque les Etymologies 
de quelques noms propres, et a relever dans les noms geogra- 
phiques un petit nombre d'ei£;nents qu'il declare germaniques, 
et pose en consequence com me les dehris et les preuves de 
l'idiome primitif des Celtes. Ces elements, onze en tout 1 , se 
retrouvent tous aussi bien ou mieux dans le (leltique, et le 
savant beige a oublie, de meme que M. Holtzmann, que les 
Iangues europeennes doivent a leur communaute d'origine une 
foule de racines communes. Le m£me point de vue a egalement 
dispense M. Moke de citer et de discuter la plupart des textes 
que nous avons examines jusqu'ici. Je n'ai done, pourle moment, 
rien a ajouter pour mon argumentation precedente, si ce n'est 
quelques observations que voici : 

M. Moke conclut, page 32, de deux ou trois mots seulement, 
que les Iangues celtiques sont dans Timpuissance de fournir 
une explication probable des denominations gauloises , sauf 
celles dont l'gpoque est plus recente. J'esp&re lui prouver 
tout a rheure, et a peu pres mot par mot, le contraire. En 
attendant, ceux qu'il cite a Tappui de cette imprudente asser- 
tion ne sont m£me pas du tout convaincants. D'abord le corni- 
que lug a , tour (a propos de Lugdunum), n'est pas comtne notre 
adversaire le pretend, p. 39, un terme isoie dans les Iangues 
celtiques et ne se rapportant a aucun autre. Le Breton du 
xv e sifcele nous olTre deja Log, tugurium (Lagadeuc), etPIrlandais 
log, cachot, deviation de sens absolument semblable a celle 
de TAngl. dungeon. Le mot est d'O'Reilly, mais TE. nous 
donne Lag, caverne, et de plus Lugh, jointure, qui se rap- 
proche beaucoup du sens de cloture, d'enceinte, qu'offrirait le 
tudesque lugo. En second lieu, le nom de verone, qui, avec 
Bergame, a rEsiste, suivant M. Moke, p. 43, a toutes les etymo- 
logies celtiques, pourrait bien recevoir une meilleure explica- 
tion que le fero, laiche, de Zeuss, qui n'est reellenaent pas 



1. Ces onze 616ments sont : Briga, Sego, ebor, lanum, durum, novio, me- 
dio, acum, lugo, dunum et magus. 

2. Notez que ce mot ne se trouve pas dans le Lexic. Cornu. britann. de 
R. Williams. 



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PRELVES PHILOLOGIQUES. 57 

trfes-satisfaisant *. Ce mot peut rentrer dans trois families de 
noms gaulois; celle de plusieurs divinites, Epona, Sirona, 
Damona, Nemetona, etc., et celle de rivieres 011 de fontaines 
telles que Axona, Matrona, Divona, etc. On a done avec i'ini- 
tiale ver que nous verrons avoir signify grand, les deux sens 
fort raisonnables de grande d^esse ou grande rivtere (voy. le 
Gloss.) que je donne seulement comme possible, — par rap- 
port, soit a l'Adige, soit au culte particulier de quelque divi- 
nity, — et non comme pr^terables au veer passage, qu'indique 
M. Moke. Je serai plushardi pour la troisieme famille, celle des 
rivieres ou des villes de Vernodubrum, Veronius, Verunum, Ver- 
nosole, etc., qu'onpeut rattacher fortnaturellementau kymmryq. 
Gwern, aulne, marais, inondation, — en Armor., aulne, lieu 
plants (Taulnes. — Irl. et Erse, (earn 2 , aulne. Fearann, dans 
Fun et l'autre, signifie terre, pays, et beam, fente, brfcche, ce 
qui pourrait convenir a la position de V^rone, a l'entree des 
gorges du Haut-Adige. Pour Bergame, j'avoue que le tudesq. 
berg, montagne, s'adapte parfaitement a son nom et a sa situa- 
tion; mais cette initiale se retrouvant dans les noms gaulois de 
Bergintrum, Bergusium, des Bercoartes, etc., le berg allemand 
pourrait bien 6tre, relativement a cette cit£ cisalpine, un indice 
troinpeur. C'est une chose frequence que le d6placement de la 
voyelle avant ou apres IV quand cette lettre suit une labiale. Le 
Bregetio ou Bregitio d'Am. Marcellin, xxx, 5, devient Bergentio 
dans l'Epit. d'Aur. Victor, in Valent., et le nom presque sem- • 
blable de Brigantion ou Briganlia dans nos Alpes est ecrit 
Virgantia par le m^ine Marcellin, xv, 10. C'est ainsi que d'An- 
ville a fait du Pergantion d'fitienne de Byzance le Breganson 
des cdtes du Var. II est done fort possible que Bergomum 
remonte a la m6ine racine que les noms precedents, au Brig, 
Brag ou Braigh, sommet, montagne, des langues celtiques. 
Dans tous les cas, Tirl. Bearg, guerrier, ou Bairche, brave, 

1. Ainsi que le compose* suspect et d'une application si vague, Fear-flwn, 
terre partagee par tfite d'homme, adopts par M. Am. Thierry. 

2. Que le lectear ne s'arrete pas a cette diphthongue qui se prononce a peu 
pres eu, ni au G initial du mot kymmryque qui precede, et qui disparalt dans 
plusieurs positions. 



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58 ETHNOGtiNIE GAULOISE. 

auraient, quoi qu'en dise M. Moke, quelque chance de possibi- 
lity, les Gaulois, fondateurs de Bergame, suivant Justin, xx, 5, 
ayant fort bien pu se parer d'un tel surnom. Mais que devi'ent 
l'argument de notre adversaire, — et en meme temps ma 
r6ponse, — si Ton adopte la tradition du vieux Caton qui faisait 
de cette ville une cit6 orobienne, c'est-a-dire grecque, suivant 
Corn. Alexandre? Voy. Pline, in, 21. 

XXIV. EnQn dans le petit nombre de textes anciens que 
cite M. Moke, fen remarque prScis&nent deux d'une authenti- 
city plus que douteuse: — Fun dont il combat les consequences, 
p. 13, sans connaltre, a ce qu'il parait, la savante et spiri- 
tueile critique de M. V. Leclerc 1 ; il s'agit debouclier cimbrique 
dont il est question dans le faux Diariumde Pigliius, — I'autre, 
surlequelM. Mokes'appuie, p. 13 et^^commes'illui offrait un 
argument d'une valeur non contests ; c'est cette mention des 
Germani dans les Fastes Capitolins, Fan 222 avant J.-C. 

XXV. Ayant done repousse dans leur ensemble les attaques 
philologiques de M. Kunssberg etdes deux professeuis de Hei- 
delberg et de Gand, et donne les preuves exterieures, si je puis 
m'exprimer ainsi, 1° de la ressemblance de la religion et de 
la langue gauloise avec celles des anciens Bretons; — 2° de la 
dissemblance de cette m6me langue avec la germanique, — je 
passe aux preuves intfrieures, e'est-a-dire a la confrontation 
avec le Geltique moderne de tous les mots gaulois que nous 

•ont transmis les anciens. Des mots seulement, puisque j'ai 
d£ja fait entendre au lecteur que nous avons perdu pvesque 
tome connaissance des formes et de la constitution grammati- 
cale de l'ancien idiome, et qu'ainsi nous a &ha pp4 sans 
retour ce qui lui donnait son caractfcre propre et la vie. Sauf 
quelqaes remarques isotees, peu importantes d'ailleurs, les 
habiles et patientes recherches de Zeuss n'ont pu remonter plus 
ham que ces gloses de Tepoque carlovingienne dont il a su 
tirer un si grand parti. Un autre celtiste d^ja cite, M. de La 
VillemarquS, a cru (Diet. fran. breton, xi et xn) reconnaitre 
dans les debris qui nous sont restes du Gaulois quatre fails 

1. Des Journaux chez les Bomains, p. 273 et suiv. 



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PKEUVES PHILOLOGIQUES. 5g 

grammaticaux: 1° l'existence de 1'article armoricain ar, et de 
1'article irlandais ann; — 2° du plur. armor, o ou io, en Gal- 
lois au; — 3° d'un g&iit. sing, en os; — k° le systftme de per- 
mutation des initiates, caractfcre si distinctif du Celtique 
moderne. Les preuves a l'appui de ces quatre faits sont absolu- 
raent insuffisantes. Les deux articles el le pi. en o ne sont 
fond^s que sur les conjectures ^tymologiques de M. de La Vil- 
lemarqu£ lui-mGme: la terminaison en os est regards comme 
un nominatif imit6 du grec * par les numismates, et elJe ne ' 
peut £tre que cela, — si elle n'est pas uniquement gauloise, — 
dans presque toutes les inscriptions que nous aurons k exami- 
ner, et ou elle appartient a des norns propres *. Enfin rien n'est 
encore prouv£ pour fes permutations d'initiales de Tancienne 
langue. G'est une question qui a paru k M. Pictet si int&es- 
sante et si douteuse, qu'il 1'avait r6serv£e 3 pour un examen 
plus approfondi. Les composes gaulois Calliomarcus, voy. 
Gloss., n° 60; Armorica, 185; Myrmillo, n° 226, etc., nous sont 
parvenus sans changement dans Tinitiale de leur second ele- 
ment. M. de La Villemarque* convient lui-meme, p. xxiv 4 , que 
les manuscrits bretons donnent les mots sous leurs formes radi- 
cales sans dgard aux permutations orales. O'Donovan, p. 64, 
fait une remarque analogue pour l'lrlandais. l/histoiien* 
esiim£ de la literature galloise, Stephens, dit nettement, 
p. 452, que ces mutations £taient autrefois beaucoup moins 
nombreuses, et c'est en effet ce qu'on peut conclure d'un grand 
nombre de citations kymmryques et irlandaises, que Zeuss a 

1. L'habile epigraphiste M. Leon Renier pense que cet os repr^sente 
plutdt la Gnale latine us qu'on prononcait ous ; les deux opinions peuvent 
tres-bien se concilier, mais les accusatifs en on que nous rencontrerons mili- 
tent pour Porigine grecque. 

2. Cequi n'exclut pas les adjectifs ethniques qu$ Ch. Lenormant pensait 
avoir reconnus dans les formes Lixovios, Turonos, Santonos, etc., des m6d. 
gauloises. 

3. De I'Affinite, etc., p. 170. Jo n'ai pu d<5couvrir s'il s'en est effectivement 
occupe* depuis. 11 n'en dit rien dans la partie qui lui appartient du M6moire 
de J. Grimm sur les formules marcelliques, quoiqu'il parle, p. 67, de quel- 
ques formes grammaticales que la langue gauloise, d'apres leur explication de 
ces textes, aurait encore poss&lees a la fin du iv e siecle. 

4. Voy. aussi sa Notice des anciens manuscrits bretons, p. 17 et 34. 



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60 ETHNOGEMK GAUbOISE. 

rassembl^es dans le deuxieme chapitre de sa grammaire. 
M. de Jubainville est encore plus affirmatif en parlant de notre 
armoricain dans un article de la Revue critique du 2 mai 1868. 
(Ce n'est, avance-t-il resolument, que depuis les derni&res 
anntSes du xv e si&cleou le commencement du xvi e , que la loi des 
lettres muables est venue bouleverser le syst&me phonique de 
cette langue.) Ces reflexions faites, je r^pondrai directement a 
M. de La Villemarqud que les exemples sur lesquels il s'appuie, 
p. 12, ne sont encore que des conjectures de sa part. II y en a 
meme d'assez incertains, tels que le nom de Garvilius que C6sar 
semble avoir confondu avec celui d'une ancienne famille 
romaine. Ar-boi*ychoi, pour Ar-morici, n'est pas une legon fort 
certaine de Procope, et les gcrivains romains n'ayant employ^ 
que la derni&re forme, cet exemple tournerait plutdt contre la 
th&se que nous combattons; ar-gel n'est encore pour nous 
qu'un mot ciuim^rien, que nous pourrons expliquer autreinent 
et mieux par le Gallois ; quant a tri-fenn, je n'ai pu le retrou- 
ver ni aux endroits indiqu^s par M. de La Villemarqu6, ni 
ailleurs, Alpes Graix pour alp-kraigau, reste done — sauf 
I'euphonie ou la tegende mythologique qui peuvent avoir intro- 
duit ici le nom des Grecs — le seul exemple qui nous montre- 
rait une permu.tation du h en g. Ce n'est pas assez pour decider 
une pareiile question. - 

XXVI. En somme, nous n'avons pour passer du vocabulaire 
de la langue gauloise a sa gfaminaire, dont nous franchirons 
a peine le seuil, qu'une arche bien £troite, ou plutot une 
simple passerelle; ce sont les inscriptions malheureusement en 
trop petit nombre que nous avons r^unies dans ce glossaire. 
La seulement, comme l'a remarqu^ Tun de nos plus savants et 
de nos plus habiles explorateurs de I'antiquitS, M. Egger, nous 
trouveronsdes phrases bien courtes, il est vrai, mais ayant leur 
sujet, leur verbe et ses deux regimes, direct et indirect. La 
seulernent, nous pourrons nous faire une bien faible idee de 
leur syntaxe et de leurs diverses constructions. Ce n'est que 
par une singuli&re distraction que Charles Meyer a pu dire 1 

1. Dans le t. i er de VOutlines of philosophy, etc., de Bunsen, p. 146. 



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PREUVES PHILOLOGIQUES. 6t 

que des (Scrivains grecs ou latins avaient cit<* des phrases 
appartenant a notre gaulois. Je n'en ai pas rencontn* un seul 
exemple (a moins qu'il n'ait voulu compter pour tel les deux 
mots Cxcos Caesar! Voy. ci-dessous, n° 4), - et je n'ai vu nulle 
part qu'il en ait jamais 6te question, avant les tentatives de 
J. Grimm etd'Ad. Pictetsurquelquesformulesmarcelliques, dans 
lesquelles ils ont, les premiers, recpnnu des 6\6ments celtiques, 
ni£s m^me par Zeuss dans sa Grammatica celticaK Nous ne 
pourrons done qu'apr&s avoir &udig ces inscriptions gauloises 
presenter au lecteur les bien minces r&ultats de nos investi- 
gations. Nous observerons simplement ici, et en attendant les 
conclusions de notre Glossaire, que les cteclinaisons dont ces 
textes lapidaires nous offriront de nombreuses preuves rappro- 
cheraient l'ancienne langue gauloise du Gaelique plut6t que 
des idiomes Kymmryques qui, sauf quelques pronoms person- 
nels, sont eriti&rement ctepourvus de cas aujourd'hui. Peut- 
£tre decouvrirons-nous quelque trace de leur existence pri- 
mitive; e'est ce que nous apprendra la suite de nos recherches. 

i. En 4853. II s'est r^tracte dans la suite; voy. ci-dessous : Note sur les 
form u les de Marcellus de Bordeaux. 



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GLOSSAIRE GAULOIS 



I. Ce Glossaire n'a 6t6 entrepris qu'au point de vue histo- 
rique. L'auteur n'a voulu faire ni un traits de philologie pro- 
prement dite ¥ ni un recueil d'&ymologies. II s'est uniquement 
propose de r£unir d'abord, d'une mani&re plus complete et 
plus exacte qu'on ne 1'avait fait avant lui, tous les mots gaulois 
que nous ont transmis les anciens; puis de chercher dans les 
idiomes celtiques encore existants les termes qu'on pouvait, 
en remontant toujours aussi haut que la chose &ait possible, 
rapprocher des precedents pour le sens et la forme a la fois. 
Le lecteur n'a done point h craindre, dans cette nouvelle con- 
frontation du Gaulois et du Celtique moderne, les ridicules 
aberrations des celtomanes, qui d^composent minutieusement 
un mot, pour attacher h la moindre de ses lettres, ne fut-elle 
qu'une desinence grecque ou latine, une signification plus ou 
moins arbitraire. Mais aussi que les v^ritables philologues 
veuillent bien comprendre a leur tour que j'ai regard^ comme 
une autre exag^ration de transporter sur un terrain aussi 
peu solide que celui des vocables gaulois, leur savant systfcme 
des permutations de lettres et d'affinite qui les rdgissent dans 
les revolutions de etiaque idiome, ou dans les emprunts qu'ils 
se font entre eux. Ou l'usage qu'en ont fait, pour soutenir des 
opinions diam&ralement opposes, MM. Holtzmann et Ldo, a- 
t-il conduit ces deux savants? fitablies dans le principe, il ne 
faut pas Toublier, pour les idiomes germaniques, ces lois ont 
6t6 successivement Vendues aux autres langues indo-etiro- 
p^ennes; mais lorsque, partant de bases aussi sures que le 



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6Zi ETHNOGtiNlE GAULOfSK. 

Sanscrit, le Grec et le Latin, pour systematise^ des transforma- 
tions aussi certaines que celles des mots tudesques ou des 
langues n&)-latines, elles rencontrent encore dans le Frangais 
particulierement 1 , un grand nombre deceptions ou de resis- 
tances, — dont quelques enthousiastes, il est vrai, ne tiennent 
aucun compte, — est-il d'une critique juste et £clairge de vou- 
loir tyranniquement leur soumettre l'£tude des anciens mots 
gaulois? Ceux dont nous possedons la signification ne nous 
sont parvenus, — de contr^es souvent fort eloign^es les unes 
des autres et parlant en consequence des dialectes divers, — 
que par Tintermediaire des Grecs et des Romains, c'est-a- 
dire de deux peuples qui avaient horreur de ces termes 
barbares, dont leurs lettres d'ailleurs ne pouvaient pas tou- 
jours reprgsenter les sons rau'ques et sauvagee. Depuis le 
barbaro atque immani terrore verborum des Gaulois de Gic^ron, 
pro Font., 14, jusqu'aux Scoti cum latratoribus Unguis d'Isidore 
de Seville, Orig., ix-23, c'est un concert de plaintes chez les 
gcrivains grecs et romains contre les effroyables idiomes de 

1. II y a dans la i** Edition, p. 55, une longue note sur les transformations 
si diverses qui ont fait sortir de tel ou tel mot latin des vocables tout diffe- 
rents Tun de l'autre, et qui par consequent ne s^taient pas formes d'apres les 
memes regies philologiques. Cette note est aujourd'hui distanced par les ou- 
vrages qui ont paru dans ces dernieres annees. L'action predominante que 
l'accent latin avait exercee sur la formation de nos mots d'origine populaire 
ou primitive a 6t6 mise dans tout son jour, et ces mots soigneusement dis- 
tingue^ de ceux qu'ont crtes dans la suite, pour des besoins.nouveaux et aux 
premieres lueurs de la renaissance, les classes plus ou moins cultivees des 
sjecles posteneurs ou Ton avait presque entierement oublte Faccentuation 
latine. Celle-ci a preside a la formation de notre idiome d'une maniere tout 
a fait independante des regies de la Lautverschiebung , meme pour les ele- 
ments que nous avons pu dans le principe emprnnter au Celtique, comme 
Diez le reconnalt implicitement dans son Dictionnaire etymologique (Etymol. 
Wdrterbuch) des langues romanes, p. xvi. Ce n'est que dans les mots d'ori- 
gine secondaire ou savante qu'a pu commencer Tobservation instinctive ou 
quelque peu raisonnee de telle ou telle de ces regies, en laissant toujours une 
tres-large part aux contradictions et au hasard dans ces creations variables a 
l'infini, comme l'a fort bien remarqu£ Tun de nos plus savants et de nos plus 
ing6nieux chercheurs, M. Bdel. Du Menl. (Introd. de Floire et de Blanceflor. 
— Vqv. M. Gaston Paris, Du rdle de Vaccent latin, p. 6; A. Brachet, Diet, des 
doublets, p. 27. Conf. les articles de MM. Egger, Journ. des Savants, 1B57; 
Alf. Maury, Rev. archeolog., Janvier 1860, etc.) 



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GLOSS AIRE GAULOIS. 65 

l'Espagne, des Gaules, de la Germanie, etc., quorum nomtina 
nostro ore concipi nequeunt ou vix est eloqui ore romano, s'ecrie 
par deux fois Ppmponius M61a *. Aussi les modifiaient-ils, 
comme nous en avons la preuve par les monuments nationaux 
de l'figypte et de l'Asie, au gre de leurs d<§licatesses euphoni- 
ques. Qui reconnaitrait par exemple, sans le secours de This- 
toire, dans le grec Karchedon, le nom qui 6tait si c&ebre de 
Karthu-Hadath, deja difformS en Carthago par les Romains? 
Strabon, qui trouvait dans le principe la transcription de ces mots 
si d£plaisante (av)£e<;, p. 129, Did.), finit cependant par repro- 
cher aux Grecs, p. 667/ leurs continuelles mdtaptoses ou defor- 
mations de noms etrangers. II en cite de curieux exemples, et 
longtemps aprfes lui Lydus nous avertit encore qu'ils avaient, 
pour £viter un son barbare, substitu6 dans leur langue au nom 
de la Pannonie celuide Paionia, qui leur etait d^jaconnu. (De Ma- 
gistral., ni-32.) Les savants modernes n'ont eu que trop souvent 
Foccasion de constater des metamorphoses non moins f&cheuses 
dans les Merits des Anciens. lis sacrifiaient l'exactitude a l'eu- 
phonie, a dit Ch. Lehormand 2 , et meme en dehors de leurs 
exigences particuli&res, Hase observe, dans ses Lemons de paleo- 
graphie comparee, combien la difference de prononciation dena- 
ture les mots transmis par les £crivains d\une autre langue. 
Nos rudes croisgs, dont les oreilles n'etaient cependant pas bien 
delicates, n'ont-ils pas rendu aux Grecs leurs mauvais proced^s 
philologiques, en faisant d'Abydos Havie, de Kyzikos Esquise, 
de Theodoros Lascaris Thordres li Ascars; et changeant a leur 
tour, par de simples assimilations, Colonis ou Coron en Cou- 
ronne et Mothon£ ou Modon en Mouton f Certes C£sar et tous 
les auteurs que nous avons a compulser ne songerent pas plus 

4. iii-i et 3. Voy. les voces ferincB d'Ovide, Trist., v-12; Pline, m-3 et 4, 
iv-18, v-i; Martial, iv-55 etal. Avienus, Ora mar., v-670; Julien, Misop.,p. 56, 
ed. de 1630. Nos troubadours, enfants de la Provincia romana, montrerent la 
meme aversion. Peyre Vidal, dans une sortie contre les Allemands, traite leur 
parlar de hurlement continu de chiens; il ne voudrait pas etre seigneur de 
Frise, oblige d'entendre tout le jour ces cris de suppliers. (Le Correspondent 
du 25 nov. 1857, p. 499.) La savante Allemagne s'est noblement vengee d'eux. 

2. Rev. numism., 1840, p. 5. Diez se plaignait aussi de Tincertitude des 
.^tements celtiques dans sa Grammatikder ronton. Sprach, t. i er , p. 79 et suiv. 



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66 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

que Villehardouin aux lois de la Lautverschiebung ; et Ton pen 
juger par taut ce qui pr6c&de, commepar les violentes assimila 
tions qui ont transform6 quelques-uns des term es qui nou 
occuperont, tels que Saronidas, Endromis, Scolopidos Graiso 
des alterations de toute esp£ce qu'ont subies ou pu subir no 
malheureux vocables gaulois. Sachons done, comme le docteu 
Scherrer, nous contenter quelquefois d'un simple ^cho 1 , et d« 
quelques rares observations particulifcres, comme celle di 
changement assez frequent dans le latin de You celtique en au 
et de la transformation ordinaire de notre ancien x en h ou cl 
dans le Kymmryque, en s dans PIrlandais 2 , etc. Ajoutez a cett( 
tache originelle que portent, sinon tousles mots de ce Glossaire, 
du moins la plupart de ceux qui en feront partie, les fautes 
des copistes et Tincertitude d'un grand nombre de lemons que 
je signale chaque fois au lecteur, et dites-moi sur quelle authen- 
ticity j'aurais pu asseoir dans mes recherches Implication de 
ces lois, — dont les fervents apdtres ne sont m6me pas tou- 
jours d'accord entre eux, — et ces analyses rigoureuses qu'on 
a ingenieusement compares h celles de la chimie 3 . 

II. Voila pour notre point de depart; notre point d'arrivee 
ne serait pas moins incertain : — 1° a cause des changements 
qu'ont £prouv£s dans leur orthographe et dans leur prononcia- 
tion, sans parler de leurs dialectes quelquefois trfcs-divers, les 
deux principaux idiomes celtiques de nos jours, le Kymmryque 
ou Gallois et Tlrlandais. Owen Pughe et O'Donovan, O'Reilly, 
O'Brien et Stephens les avaient reconnus avant que Zeuss 
n'achevat de lesconstater par de nombreux exemples 4 . Ce n'est 



1. Wir konnen zufrieden sein in demNamen « t'uhages nAnkldnge zu fin- 
den. (Die Gallier, p. 41.) 

2. Voy. Zeuss, 1" edition, p. 38, 58, 138; 2 e 6d., p. 47, 118, etc., Wh. 
Stokes, Gloss, de Cormac, trad, angl., p. 400. 

3. M. Littre", Journ. des Savants, 1855, p. 299. 

4. Voy. encore pour ces changements Ad. Pietet, De I'afflnite des langues 
celtiques, etc.; Nash., Taliesin, p. 62; les gloses du ms. de Juvencus publics 
par Wh. Stokes; la Grammaire irl. d'O'Donovan, p. lxxiii, lut, et toute sa 
i rf partie. Walker avoue que les pogmes irlandais qu'on fait remonter au v ft 
et au vi« siecle sont en partie ineiplicables, Irish Bards, p. 40. 



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. GLOSSAIRE GAULOIS. 67 

m6tae qu'en apprpchant des temps modernes 1 que le Gaelique 
s'est surcharge d'aspirations et de ce monstrueux amas de diph- 
thongues, de triphthongues et de lettres parasites dont O'Dono- 
van cite comme exemple curieux, Gramm. irl., p. h5, un mot 
erse de quatre syllables 6crit avec dix-huit lettres, Dhearbhrai- 
threacha. Mais c'est de tout temps que l'lrlandais paralt avoir 
£chang£ r^ciproquemeot entre elles, suivant le caprice de cha- 
que 6crivain, les voyelles de mSme classe, Ye avec Yi, et Yo 
avec YaetYu; m6me dans les diphthongues ai, oi, ui, ces 
^changes se sont encore faits, mais assez rarement, d'une 
classe a une autre. Les consonnes n'ont pas toujours 6t6 a l'abri 
de ces variations 2 , ni quelquefois mSme d'une Elimination 
complete, ce qui est arriv<§ aussi dans le Kymmryque. C'est a 
cause de ces changements que je me suis particulierement 
attach^ aux anciennes gloses et aux vieux textes qui servent 
d'exemple a Zeuss, et d'aprfcs lesquels on peut souvent, il est 
vrai, remonter des formes actuelles aux formes contemporaines 
de ces manuscrits. Mais les plus anciens ne datent que du 
vni e sifecle, et nous ne possddons aucune indication sur les rap- 
ports de dialecte, de prononciation et d'&riture que le Gaulois 
•pouvait avoir avec l'lrlandais ou ie Kymmryque de cette 
gpoque. 

2° A en juger par la veritable anarchie (si je puis employer 
ce terme en face de l'absolutisme attribu6 aux lois dont nous 
parlons) avec laquelle les noms et les mots latins qui passaient 
dans le Celtique se sont transform^ notamment dans 1' Irian- 
dais. Gluck s'en est timfcrement plaint dans la preface de son 
livre 3 . Italia et Italus y sont devenus Iodalt et Eodailt, lodallach 

1. Armstrong le dit eipressement pour l'Erse, Diet., p. ix. Ce fut une con- 
sequence facheuse de la loi des voyelles, faible avec faible, forte avec forte, 
dont le principe se retrouve encore dans une langue orientale, le Turc. Voy. 
la Grammaire turque de M. Dubeux. O'Mahony, se conformant, dit-il, PreT., 
p. 14, a l'ancienne simplicite* des formes iflandaises, s'est debarrassS de cetto 
loi et de tout ce f*tras de voyelles, dans sa trad, de VHist* d'Irl. de Kealing, 
1857. 

2. Entre autres mb devenu mm, nd devenu nn. Voy. Zeuss, p. 74 et sui- 
vantes, etc., et les suppressions du g final, id. p. 462, etc. 

3. Die bei J. C»s. vorkomm. Keltisch. namen, p. xvii. 



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68 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

et Iolhtaineach; Pilatus et Palatium ont abouti l'un et l'autre a 
Piolaid; les quatre noms de J6sus, Jacobus, Judith et Johannes* 
commenQant par la m6me consonne, se sont neanmoios changes 
en Josa, Seumas, Siubhan et Eoin, jadis Seathan, dont le feminin 
(Johanna) est d6figur6en Sinkad. L'ancien nom d'Eoglian, TOwen 
gallois, rSpond a Eugfenes, et Europe, avec la m6me diphthongue, 
a fait Oirp (var. Eorp, Eoraip). Nous avons au moins trois 
formes difterentes sorties de Judaeus, Judach ou Juduighe, Uid 
etJuil, et Zeuss nous fournit encore, p. 247, l'ancien vocatif 
Judidi. Elisabeth, Helena, Nicolaus et le nom relativement mo- 
derne de Stanislas, sont devenus dans l'Erse, Ealasaid, Eilidh, 
Neacal etAineslis, pendant que le Manks transformait Alexander 
et Matthaeus en Alister et Mian. Observons toutefois que la pro- 
nonciation, nous le verrons plus loin, ne paralt pas s'Stre 61oi- 
gn6e d'une manifcre aussi extra vagante des termes primitifs. 
Parmi les mots du langage commun, Christus et Liber ont fait 
Criosd et Leabar; Natalitia dans le sens de Noel, Nadlog; Eccle- 
sia, Eaglais; Januarius (un cfnquteme J), Gionbhair, et Infer- 
num, Ifearn, Jfrionn ou Ithfrionn. Incarnatio, qui <3tait devenu 
Incholnigud, avec l'ancien gdnitif Incholnichlho 1 , n'est-il pas 
arrive aujourd'hui a Ioncollnughadh ! Le Kymmryque est a la 
verity beaucoup moins excentrique, quoiqu'il pr&ente encore 
d'assez fortes Strangers : Ruuein, par exemple (aujourd'hui 
Rhufairi), pour Roma 2 , Griw pour Graecus, le cornique- Ethow 
pour Judaeus, etc. D'habiles philologues expliqueront peut-£tre t 
tant6t d'une mantere, tant6t d'une autre, une partie de ces 
gtranget&; mais quelle demonstration la critique peut-elle 
fonder sur des explications isotees, et pour la plupartplus ou 
moins hypoth&iques dans 1'ftat actuel de nos connaissances ? 

III. Du Celtique au Grec et au Latin, comme du Latin au 
Celtique, je pense done que ces lois g&ieSalogiques des mots qui 
font reconnaitre leurs ligndes jusqu'au terme du d6veloppement 
d'une langue ou de sa descendance, ou dans le passage d'une de 
ses branches a une autre; que ces lois, dis-je, nrnlgrS le long et 

l! Ebel corrigeant Zeuss, Gr. celt., 2 e <*d., p. 239. 

2. Le Manks la nomme Raue, et Iiautagh, ce qui est romain. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 

69 
patient travail de Zeuss sur les derivations celtiaues ™ 
point a quelques exceptions pres, applicables aux emlaTts 
fortuits et aux citations accidentelles qui, depuis Ieur se . 
definitive, onteu lieu entre des idiomes d'une phonaliteTS^ 
rente, quoiqu'ils soient sortis du meme berceau L'echelle h" 
ticulations que Ch. Mayer a tente d'etablir* entre les • **' 
idiomes germaniques et le Celtique actuel, fut-el le accent J' 6 "* 
pourrait pas, je le repete, s'etendre avec plus de certitude t 
l'ancien Gaulois. Nous remarquerons seulement dans le Kvmm 
ryque, d'apres Lhuyd, le changement frequent de I'M et du v 
latins en Fet en Gw, terminus donnant Terfyn, vinum Gwyn etc • 
— et dans 1 Irlandais les echanges du B ou du P avec le C Coi' 
cur pour purpura, et Caisc pour pascha, etc. Cette transform/ 
tion existait deja dans les rapports du Kymmryque, aussi bien 
que du Grec, avec le Sanscrit. Voyez ]esOrig. indo-europ d'Ad 
Pictet, t. !«, p. 346. Wh. Stokes a observe en outre que it 
gaulois s'adoucissait toujours en une simple s dans l'ancien 
Gaelique. (Beitrdge de Kuhn, n, p. 107.) 

IV. Mais, pourra-t-on me demander, - avec des elements 
aussi peu certains que vous l'affirmez, quelle puissance demons- 
trative esperez-vous donner a votre travail, et qu'aura-t-il pro- 
duit de plus pour la critique historique, qu'une reunion peut-etre 
complete et la classification, a un triple point de vue des mots 
gaulois parvenus jusqu'a nous? Ce serait deja quelque chose 
qu'un pared r&ultat, mais je repondrai, quant aux preuves que 
j'en pretends tirer, que si la philologie est un auxiliaire de l'his- 
toire,^ elles n'en sont pas moins deux sciences fort differentes, 
et qu'ou la matiere manque aux demonstrations pour ainsi dire 
mathematiques de la premiere, la seconde peut encore trouver 
dans un ensemble complet de similitudes, etablies conformement 
aux principes de la critique moderne, des elements suffisants de 
conviction. Si les formes particulieres que la langue gauloise 
avait donnees a ses vocables nous echappent a travers leurs 
transcriptions grecques ou latines, il nous reste du moins les 
radicaux que nous pouvons chercher dans le Celtique moderne, 



1. Voy. Buiwcn, Outlines, etc., 1. 1", p. 157. 



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70 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

et la confrontation des termes composes ou des idees analogues 
qui ont pu se grouper autour de chacun d'eux. Mais, je le r£p£te, 
c'est outrer l'application des rfcgles de la philologie allemande, 
que de vouloir, sur un terrain aussi mouvant que le ndtre, exiger 
plus que ces ressemblances, quand elles sont positives et portent 
a la fois sur la forme et le sens, au propre ou au figure. Je 
pr&ente done au lecteur, avec chaque mot gaulois, les rappro- 
chements les plus plausibles que j'aie pu dfoouvrir, a quinze ou 
dix-huit sifecles de distance, entre ce terme et chacun des idiomes 
n£o-celtiques, Tlrlandais et TErse, le Kymmryque et rArmori- 
cain, sans negliger le Cornique, quoique 6teint aujourd'hui 1 , ni 
le Basque 2 , qui appartient a une autre famille, mais auquel 
peuvent se rattacher des termes aquitains et ligures. Chaque 
mot de ce Glossaire est done comrae une petite place forte que 
j'investis en t&tant successivement toutes ses approches. Je leur 
fais ainsi subir h tous une quintuple et parfois sextuple epreuve, 
dans le triple dessein : 1° de v£riGer d'abord, pour ne pas me 
laisser surprendre par des similitudes isotees qui pouvaient 6tre 
dues au hasard, jusqu'a quel point chacun de ces 'termes se 
rattachait au fonds commun de Tancienne langue; — 2°de faire 
juger au lecteur, par la confrontation continue de ces idiomes, 
dussions-nous parfois arriver a des resultats assez 6\oign6s du 
mot gaulois qui en est cause, T&roite parent^ du Gaelique et 
du Kymmryque si Orangemen t ntee par quelques savants; — 
3° enGn de preparer, par cet examen, l'gtude de la question qui 
doit suivre, concernant celui de ces idiomes que parlaient le 
plus vraisemblablement les Gaulois, soit Beiges, soit Galls pro- 
prement dits 8 . J'ai eu soin d'indiquer, en consequence, ce qu'on 

1. J'ai laiss6 a peu pres de c6t6 le Manks, comme ont fait Pictet, Zeusset 
la plupart des Celtistes, ce dialecte 6tant trop mete de Scandinave pour n'etre 
pas souvent recuse dans la cause que nous d6battons. Voy. le Diet, Manks-En-^ 
glish d'A. Cregeen. 

2. D'apres le grand Diction n. de Larramendi, et les Vocabul. de L'Ecluse et 
de Salaberry. 

3. Zeuss s'elait prononcS pour le Kymmryque, et c'est par deference pour 
l'opinion du grand Celtiste que j'ai donne* dans cette confrontation, malgre* les 
droits d'ainesse de 1'Irlandais, le pas au Gallois sur le Gaelique. Cet ordre 
une fois adopts, je m'y suis presque toujours conform^, quoiqu'il rejetat 



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GLOSSAIRE GAULOIS 

71 

avait neglige de faire jusqu'a present 1 , a quelle partie des 
Gaules appartenait chaque mot, toutes les fois que cette ori ff i ne 
a pu m'Stre connue. ° 

V. C'Stait une premiere distinction introduite dans ce p<§le- 
m£le de mots pris de toutes mains et a toutes les fyoques dont 
se composent les listes, d'ailleurs fort incompletes et souvent 
fautives, que nous ont successivement donndes Camden, p on - 
tanus, Gluvier, Boxhorn, Bochart, Hauteserreou Altaserra 2 ,' Leib- 
nitz m^me, Baxter, Adelung, Radiof, etc. Le travail qui'offrait 
le moins d'omissions Stait celui de Diefenbach (Celtica, l r * par- 
tie, 1839), qui m'a £te d'une Vande utilite, quoique j'aie eu 
quelques reproches a lui faire dans ma premiere edition. Jl a 
depuis, dans la 2* partie de ses Origines europev 9 , 1861, refondu 
avec autant de critique que de science son premier essai de 
lexicographie gauloise, expurge des fautes que lui avait princi- 
palement fait commettre l'auteur du Mithridates. Ces deux pechds 
de citations fausses et de lectures inexactes, dans lesquels £tait 
torn bee la vieillesse d'Adelung, et qui ont donn6 cours h un cer- 
tain nombre de pretendus mots gaulois et souvent a du faux 
Celtique 4 , sont malheureusement communs a presque tous les 
<§crivains qui ont rassemble quelques-uns de ces debris, depuis 
Camden jusqu'a MM. Am. Thierry et Holtzmann. Tous en outre 
ont presenter sans aucune hesitation, comme gaulois beaucoup 
de termes qui paraissent bien, jusqu'a un certain point, indiques 
comme tels par la manure dont les anciens les ont employes ou 
cites, mais qui ne sont, en fait, garantis par aucune affirmation 

quelquefois en troisieme ou quatrieme ligne les rapprochements les plus frap- 
pants. Mais la question n'en reste pas moins entiere jusqu'a la classification 
qui r6sultera de ce Glossaire, unique moyen de la resoudre et de prononcer 
entre Zeuss et Grimm. 

1. Malgre" la demande deja ancienne de Paul Merula, Cosmogr., p. 323 et 
suiv. 

2. Rerum Aquitanicarum libri V, Toulouse, 1648. 

3. Lexikon der von den Alten aufbew. Sprachreste der Kellen der 

Germanen und der Hispanien. C'est a ce Lexique qu'appartiendront g&iera- 
lement mes nouvelles citations de Diefenbach. 

4. Sans m6me parler du grand ouvrage de Bullet, enfin mis a I'index de 
la science comme ceux de son maltre qui avait pour devise bien digne des 
Celtomanes cette superbe extravagance : Celtica negata, negatur orbis! 



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72 ETHNOGtfNIE GAULOISE. 

positive. C'est done a tort qu'on les confond avec les mots pour 
lesquels cette affirmation existe rdelleraent; aussi en ai-je fornix 
deux divisions. 

VI. En second lieu, aucun de ces auteurs n'a distingu^ les 
mots transmis par les Romains de ceux que nous devons aux 
Grecs, ni les epoques auxquelles remontait la connaissance que 
nous avons de chacun de ces termes. Cette double classification 
6tait cependant fort importante pour la question tant d^battue 
du germanisme des Geltes et des Gaulois. Aucun Scrivain latin 
postSrieur a Auguste n'a confondu ces derniers avec les Ger- 
mains, et il est clair qu'un terme donne pour gaulois par un 
Romain voisin des Gaules, quelquefois mSme proprietaire ou 
domicilii dans ce pays, offre une plus grande garantie d'authen- 
ticitd que des mots cit^s comme celtiques, avec plus ou. moins 
d' exactitude, par un Grec Soigne de r Occident. Jedirai m^me, 
h ce sujet, qu'il est arrive fort rarement, on en jugera par ce 
Glossaire, que les Romains aient donn6 pour gaulois, sans dai- 
gner y regarder de plus prfes, comme on les en a accuses, des 
mots qui appartenaient a d'autres langues barbares. D'un autre 
c6te, ceux qui nous sont parvenus post^rieurement a Tinvasion 
des Goths, des Bourguignons et des Francs, ne peuvent plus avoir, 
aux yeux de la critique, uneorigine aussi certaine que ceux qu'on 
rencontre dans les ecrivains anterieurs. Je les ai reunis dans une 
section particultere en m'arretant au viu e sifccle, 6poque ou le 
Gaulois parait s'etre eteint dans la France Carlovingienne. J'ai 
aussi range dans une subdivision speciale les noms de plantes 
qui setronvent, sans autre explication que leurs synonymies avec 
des noms grecs ou latins, dans le traits attribue au m&lecin Apu- 
lee, et dans les Mss. de Dioscorides. Je ne les ai point rejet^s, si 
suspects qu'ils soient a beaucoup de savants, parce que Fidee 
premiere de ces traductions doit remonter au temps ou le Grec 
se lisait encore dans les Gaules, et qu'une partie de la popula- 
tion n'y parlait que le Gaulois. La plupart sont d'ailleurs justifies 
par les rapprochements dont ils ont et6 l'objet. 

VII. Tous ces termes dont la signification nous est connue 
forment la premifere cat^gorie de ce Glossaire. Ces divisions 
d&ruisant l'ordre alphabetique ordinal rement adopttS pour ce 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 73 

genre de travaux, je lui ai substitud dans chaque section Tordre 
chronologique des auteurs qui s'y trouvent cites, classement qui 
pr6sente l'avantage de constater a quelle 6poque remonte au 
moins chaque mot. La deuxteme cat^gorie se compose des termes 
dont nous ignorons la signification, mais qu'on peut croire cer- 
tains, parmi ceux qui nous sont parvenus, soit par les inscrip- 
tions et les medailles, soit comme Elements caracteristiques 
d'un grand nombre de noms propres d'hommes ou de locality 
gauloises. Enfin, je termine par Implication de quelques-uns de 
ces noms, dont une circonstance quelconque peut nous indiquer 
la signification, laissant de cot£, pour tous lesautres 1 , ces inter- 
pretations si arbitraires et si contradictoires avec lesquelles 
Frangais et Allemands se disputent depuis trois siecles, et qui 
ont fait dire avec tant de raison au savant WernsdorfT : In his 
etymologein est olio et ingenio insolenter abuti (Galat., p. 335). 

VIII. Ne cherchant que la v£rit<§, j'avais dans le principe 
impartialenient ajoute aux rapprochements tirds du Celtique 
tous ceux que m'offrait Tancienne langue germanique, et je dois 
dire qu'ils <§taient nombreux, beaucoup plus nombreux que ne 
le faisaient supposer les quelques mots travailtes par M. Holtz- 
mann. Mais apr&s avoir poursuivi dans Wachter et dans Grimm, 
et jusqu'au fond du labyrinthe de Graff, les innombrables 
variantes des anciens idiomes tudesques, j'ai reconnu que cette 
seconde confrontation n'aboutirait veritablement a aucune con- 
clusion demonstrative. II y a eu, comme je l'ai expliquS plus 
haut, n° XIV, trop de points de contact entre les deux peuples et 
les langues de la Gaule et de la Germanie, pour que la ressem- 
blance ou la communaute inSme de beaucoup de mots soit une 
preuve en faveur du germanisme des Gaulois. L'avantage du 
nombre et de la vraisemblance des rapports restait tou jours, avec 
une grande superiority du c6t6 qu'indiquent k la fois les posi- 
tions g^ographiques, les traditions nationales et presque tous 
les t&noignages historiques. Je me suis done bom<§ a quelques 
rapprochements d'un int6r$t particulier, ou dans lesquels le mot 

1. Sauf ceux qu'ont scientifiquement interprets trois de nos maitres, et 
que j'ai r£unis dans un complement final. 



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74 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

ancien me paraissait plus pres deS sources germaniques que da 
Celtique moderne. 

Un motif du mSme genre m'a fait recourir rarement aux 
similitudes que pourrait m'offrir notre vieux Franqais, Diez ay ant 
posd en principe 1 que les termes communs acette langue et a 
Tancien Celtique, et qui avaient en outre appartenu ail Latin, 
n'dtaient entrds dans la premiere que par Pintermediaire de 
celui-ci. Je crois cette opinion fort contestable, mais les preuves 
manquant pour Pattaquer aussi bien que pour la dtfendre, je 
me suis ordinairement abstenu, quoique k regret, de ces rap- 
prochements qui eussent interessS le lecteur. Diez serait sans 
doute plus accommodant pour P Anglais, compose, suivant Chal- 
mers, a peu prfes pour un tiers, de mots celtiques. Voy. sa Cale- • 
don ia, t. i er , p. 222. 

IX. II me reste k faire connaitre les difficultes particuli^res 
que j'ai rencontrdes dans P execution de mon plan, et dont je 
dois compte k la critique, pour qu'elle m'en tienne compte k 
son tour. Les premieres concernaient non-seulement la valeur, 
mais la sincerity des termes de comparaison que j'allais prendre 
dans les dictionnaires n^o-celtiques. On a vu que Pott et Pau- 
teur de Britannia after the Romans regardaient comrae des im- 
portations ^trangfcres les &dments d'apparence latine qui exis- 
taient dans le Kymmryque et dans le Gaelique; 61£ments qu'on 
prend aujourd'hui pour du pur Celtique, ajoutait Pauteuranglais, 
-et dont on fabrique £tourdiment des racines primitives. Nous 
avons d&s les premieres pages de ce livre (Preuves philolog., 
par. II) rdpondu sur ce point au savant etymologiste allemand 
et k M. Herbert. Mais celui-ci impute de plus k Ow. Pughe 
d' avoir fait entrer dans son dictionnaire, uuiquement parce 
qiPils Staient donnas pour gaulois, des termes Strangers au 
Kymmryque; accusation formulae encore plus nettement par 
M. Holtzmann contre PIrlandais d'O'Reilly. Or ils sont, chacun 
pour son idiome, les deux lexicographes les plus importants et 
Jes plus g6n£ralement consults *. Cette double imputation, ainsi 

1. Grammatik der Romanisch., Sprach., p. 80, t. i cr . 

2. Owen, Dictionn. et grammaire, lr e gdit., 1803; — 2 e t§dit. d'Oweu 
Pughe, 1832; — O'Reilly, Dictionu. et grammaire e"galement, 1817. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 75 

que Fobjection pr<§c6dente, &ait faite pour me d&ourager au 

moment d'entreprendre un travail dont les Celtistes auraient du 

s'occuper avant tout autre, et que je voulais ex&uter aussi 

consciencieusement qu'il me semblait n^cessaire et je puis dire 

p^nible. Allais-je done, comme ua g<5n6ral qui s'en remet au 

hasard, me mettre en campagne avec des troupes sur lesquelles 

je ne pouvais pas compter? Je me suis rassur£ cependant apr£s 

avoir verifie que, si Tun ou Y autre de ces auteurs s'6tait rendu 

coupable d'une pareille faute, ce ne pouvait Stre que dans des 

cas tout a fait exceptionnels, la plupart des mots gaulois, quel- 

ques-uns m6me des plus vulgairement connus, ne se trouvant 

pas dans leurs dictionnaires. Ce n'est que par les racines de ces 

mots ou leurs analogues que je les ai le plus souvent retrouv^s. 

Aussi ne doute-je point qu'O'Reilly et Pughe, qui a rempli son 

dictionnaire de citations des vieux poetes ou prosateurs gal-' 

lois y ne soient innocents de toute fraude systematique de ce 

genre. 

Je n'en ai pas moins frapp<§ a toutes les portes que je pouvais 
m'ouvrir, et e'est principalement pour ne laisser au lecteur que 
le moins dedoute possible surl'autorifc? de mes rapprochements, 
que je les ai cherches pour chaque mot, ai-je dit, dans les cinq 
ou sixidiomes a la fois. lis doivent former en effet, pour tous 
les termes qui leur sont communs, une veritable assurance 
mutuelle, car sans compter la loyautS certaine de John Dayies, 
d'Edw. Lhuyd et de notre sage Legonidec, — et Mac-Alpin a 
poussd pour son compte le scrupule jusqu'a rejeter de son petit 
dictionnaire erse, Pronouncing Gaelic Dictionary, tous les mots 
que leur d&su&ude lui rendait suspects, — il me parait fort peu 
vrai§emblable, sauf quelques cas tout particuliers, qu'un terme 
(Stranger se soit implante k la fois dans les deux ou trois 
dialectes kymmryques et dans les deux dialectes gaeliques, ou 
qu'on l'ait introduit en contrebande dans chacun de leurs dic- 
tionnaires respectifs, 

X. Toutefois je ne puis cacher au lecteur que ceux d Owen 
Pughe et d'O'Reilly que je viens de d&endre contre Herbert et 
M. Holtzmann sont tomb^s auprfcs des plus savants Celtistes 
dans un discredit qui semble croitre avec le progres de leurs 



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76 ETHNOGtiNIE GAULOISE. 

etudes. Owen est encore plus maltrait6 par Gliick 1 qu'O'Reilly, 
« contre qui vous ne sauriez trop vous tenir en garde, » ecrivait 
cependant Wh. Stokes k M. Ad. Pictet 2 . On vient n&tnmoins de 
donner a Dublin, 1864, une nouvelle Edition de son dictionnaire, 
ni revue, ni corrigee, mais simplement augmentee d'un supple- 
ment de J. O'Donovan, ou le savant grammairien, qui aurait Men 
du refaire sur ce plan Fouvrage tout entier, cite pour chaque 
mot les passages d'auteurs qui ^tablissent son authenticity. 
Heureusement que j'avais sous la main, pour controler Tancien 
lexique, jene dirai pas r&olument celui d'O'Brien (2 e ed. 1832), 

— on pourrait me demander comme dans YAuberge de Bagneres, 

Du r^pondant, monsieur, qui done me repondra ? 

— et toutefois leur accord nous offre, quand il existe, une cer- 
taine garantie, car ils sont fort ind^pendants Tun de I'autre, — 
j'avais done sous la main, ai-je dit, les Vocabulaires polyglottes 
mais trop peu etendus de YArchgeologia britannica d'Ed. Lhuyd, 
1707, et le grand Dictionnarium Scoto-celticum, public par la 
Soci&6 higblandaise d'Ecosse, 1828. Celui-ci joint a son merite 
intrinseque pour la langue erse Tutilite d'un crit^rium pour 
Tirlandais d'O'Reilly, les deux idiomes gaeliques dtant encore 
semblables Tun k r autre dans la premiere moitie du xv e si&cle 3 . 
J'ai compulse en outre pour TErse les lexiques de Mac-Leod et 
Dovar, 1845, de Mac-Alpin, 3 e ed., 1847, sans oublier celui 
d' Armstrong; — et pour le Manks, le dictionnaire de Crageen, 
1835. Je n'ai eu que tardivement 4 connaissance de celui qu'a 
public, en 1866, la Society de Tile de Man, Manx-English et 
English-Manx. Voila pour le Gaelique. 

Quant au Kymmryque, j'avais pour controler Owen Pugjie la 



1. Voy. sa preface, p. xvm et suiv. 

2. Voy. son Nouvel essai sur les inscript. gaul. {Rev. ArcheoL, avril 1867). 
Le Dr Siegfried s'exprimait en termes encore plus sereres sur l'ceuvre d 
vnoit'U pseudo-irlandaise d'O'Reilly. 

3. C'est ce que prouve un acte Scossais de 1408, public par Reeves, Pro- 
ceeding of the R. irish Academy, 12 Janvier 1852. 

4. Je ne compte pas T English- Irish Dictionary trop incomplet de Conel- 
Ian, 1863. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 77 

meme Archseologia britannica du precurseur de Zeuss, Ed. 
Lhuyd ; les anciens dictionnaires aussi trop succincts de J. Da- 
vies, 1632, et de Boxhorn, 165/», auxquels j'ai pu joindre depuis 
Y English et Welsh Dictionary de Richards, nouv. 6dit. Robert 
Williams m'ad'ailleurs ouvert par la publication de son Lexicon 
cornu-britannicum, 1862-65, un plus vaste champ de confronta- 
tion entre le Kymmryque d'Owen et le Cornique. Ce dernier ne 
m'etait connu jusque-la que par le vocabulaire si peu sur de 
Pryce, et le Latin-cornique (du ix e au xm e sifccle) dont Zeuss a 
enfin <§tabli le veritable texte a la fin de sa Grammatica celiica, 
texte qui prouve, dit Williams, combien cet idiome et le Gallois 
de cette epoque diflteraient encore peu Tun de l'autre. Les deux 
dictionnaires de Legonidec £dit£s par M. de La Villemarqud me 
donnaient ensuite leur Armoricain, que je puis maintenant con- 
fronter avec celui de Lagadeuc qui date de U64 1 . Je tenais en 
outre tou jours prfcs de moi, comme une vieille garde, Zeuss 
avec ses bataillons de gloses irlandaises et cambriennes, la plu- 
part du vm e ou du ix e siecle, et auxquelles sont venues se joindre 
entre autres celled de Wh. Stokes 1 du xv e et le Glossaire de 
T6v£que-roi Cormac 3 , r^dige vers Tan 900 de notre 6re. D'autres 
gloses non moins anciennes existent dans les biblioth^ques de 
Cambridge, de Milan, de Turin, de Nancy, etc. Wh. Stokes a 
public les premieres, celles du manuscrit de Juvencus, qui sont 
kymmryques, dans les Beitrdge de Kuhn et Schleicher, t. iv, 
U e cah. 1865; et des extraits des irlandaises de Milan dans ses 
Goidilica en 1866. L'ambassadeur d'ltalie, M. Nigra, en a fait 
imprimer un long specimen dans le premier num£ro de la Revue 
celtique, 1870, apres avoir publid en entier les Gloses de Turin, 
1869. Celles de Nancy, 6galement irlandaises, Font 6t€ dans la 
Bibliothcque de CEcole des Charles, d'abord par M. de Jubainville 

1. Le Catholicon, imprint seulement en 1499, et dont M. Le Men vient 
de donner une nouvelle edition. 

2. Irish glosses, publiees en 1860. 

3. Publie d'abord par Wh. Stokes en 1802, d'apres le ms. A (le plus an- 
cien) dans les Three irish glossaries, avec ceux d'O'Davoren et du culdee 
Oingus; — puis traduit en Anglais par le meme Irlandiste, avec de nom- 
breuses notes et les additions du ms. B (a Calcutta, 1808). 



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78 ETHNOGJfiNIE GAULOISE. 

en 1866, puis traduites en 1867 par M. H. Gaidoz. Elles sont 
fort peu nombreuses. 

Je ne suis pas remonte dans mes recherches jusqu'aux poe- 
sies des fameux bardes gallois du v c et du vi e Steele; leurs 
v&*itables textes, pour ne pas dire leurs ceuvres, n'ayant point 
une authenticity suffisamment" £tablie. Mais j'ai consult^ avec 
empressement la Grammaire galloise d'Edeyrn a la langue d y or, 
compos^e vers Tan 1270, et qu'a publi^e, en la faisant suivre 
d'une traduction anglaise, le recteur J. Williams ab Ithel, 1856. 
Je me suis aide aussi des ouvrages de Camden 1 , de Baxter 1 , de 
la Grammaire irlandaise d'O'Donovan, 18Z»5, et des travaux des 
principaux Celtistes de notre £poque. Enfin je n'ai rien ndglig£ 
de tout ce que je pouvais atteindre pour m'&lairer et rassurer 
le lecteur, choisissant, du reste, ce qui me semblait preferable 
avec une entiere inddpendance, et sans me laisser dominer par 
aucun systdme ni par aucune renommde. 

Malheureusement nous avons en France, dans les Etudes cel- 
tiques, un veritable d^savantage : c'est que les dictionnaires 
(sauf celui de Davies et le Scoto-celticum) et les grammaires 
particulieres des idiomes britanniques sont tous rt5diges en 
Anglais. Je ne connais en Frangais d'ouvrage de cette nature que 
notre dangereux Bullet. Ce n'est done que par l'interm&liaire 
d'une langue tierce que nous pouvons 6tendre nos recherches 
aux principales branches de ce vieux tronc, inconvenient qui 
nous expose h des apprises sur l'usage et la veritable "acception 
des mots que nous traduisons ainsi de seconde main. Je signale 
moi-m6me cet dcueil contre lequel il est possible que je me sois 
heurt£; mais ce n'est point sur quelques fautes de detail, c'est 
sur l'ensemble de ce Glossaire qu'il sera juste d'en appr&ier les 
conclusions. Je n'en regrette pas moins qu'un Irlandais ou un 
Gallois, ou tout au moins un Anglais, Garnett par exemple ou 
Whitley Stokes, ne se soit point charge de cette rude t&che. 11 
aurait eu sous la main, pour Intelligence des mots et princi- 
palement pour ceux qui ont disparu des langages actuels, des 

i. Britannia dans le texte latin et dans la trad, anglaise de Gibson. 
2. Glossarium antiquit. Britannic., etc., 2« 6d., 1733. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. ' ?9 

ressources qui nous manquent absolument de ce cM6 de Ja 
Manche. 

XI. Enfm l'orthographe et la prononciation de cette foule de 
termes que j'avais a produire me cr^aient un dernier genre de 
difficult^. (Test en cela que l'inconvenient d'un intermddiaire 
tel que la langue anglaise s'est fait surtout sentir. L'orthographe 
des idiomes celto-britanniques n'est pas encore Gx6e, el il n'y a 
pas longtemps qu'Owen changeait dans son petit dictionnaire, 
en Dd, en F, etc., les Z, les Vet autres combinaisons de lettres 
qu'il avait adopts dans le grand. Je me suis conform^ pour Je 
Kymmryque a ce changement suivi dans I'gdition de 1832, et 
pour l'lrlandais au syst&me de transcription d'O'Reilly, si' ce 
n'est que j'ai substitute partout le K au C qui dans Jes cinq 
idiomes n'a pas d'autre prononciation que celle-ia 1 . Le G y est 
dgalement toujours dur; l'L initiale, toujours double en Kymm- 
ryque, s'y prononce mouiltee, avec un leger sifflement 2 , dit 
Gibson; le double d est pareillement sifflant, mais d'une manure 
beaucoup plus douce que le Tfi; le Ch est guttural comme celui 
des Allemands et des Grecs; enfin le w rgpond a notre ou, et 
Yy a peu pr&s h notre e. Ces indications sommaires peuvent 
suffire pour le Gallois, maisjene puis pas meme en donner 
d'^quivalentes pour le Gaelique soit d'Jrlande, soit d'&osse. 
L'orthographe n'y semble faite que pour d^router les Strangers 
par ses Granges complications. Quand je dirais, avec O'Dono- 
van, p. 16 et 26, que la diphthongue ao se prononce dans le dia- 
lecte d' Ulster comme le serait en anglais'ueeu etla triphthongue 
aoi dans l'Erse comme ueaei ; ou bien avec M'Alpin, que Terse 
Breitheamh se lit Br-auv, et Athair, A-hyur', mon lecteur en 
sera-t-il plus avanc£? Je me bornerai done a quelques observa- 
tions g&idrales. L'ancien GaSlique, ai-je dit avec Armstrong et 
O'Mahony, n'&ait pas chamarr^ comme aujourd'hui de diph- 
thongues et de triphthongues. Le plus court est done de ne 

1. Oq sait qu'il en 6tait de meme dans le Latin, oi Ton prononcait'Kaesar, 
Keltffi, Kirkious, etc. C'est l'orthographe adopted dans l'Armoricain, et par 
O'Mahony pour l'lrlandais. 

2. On l'a m6me e"crit avec le th anglais : thl, et encore dl (Voy. Wh. 
Stokes, Beitrttge de Kuhn,iv-cah. 4, p. 413). 



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80 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

prendre, conformdment aux remarques d'O'Donovan, que pour 
de simples e, ea, ei, eu; eo paur un o long; — ia et to 1 pour an 
simple i; — aoi pour ai ou oi; eoi pour eo; — ae varie de Yx 
latin a Yay anglais, et iu de Yiou a You trfes-bref du m^me 
idiome, etc. L'h annule la consorme qu'elle suit, except^ le b et 
Ym qu'elle change k peu prfes Tune comme l'autre en v. Ainsi 
Tighearna se lit (en Anglais) Tierna; Bruighean, Bruian; Cean- 
fhail, Cenail; Sadhbh, Soyv, Gabhail, G^vail; Amhas, Avas. 
Quelquefois cependant Th annule aussi le b et-Vm; Beth'am le 
dit pqsitivement pour cette derni&re lettre, Gael and C, p. 342, 
et donne constamment Ann pour la prononciation d'Abhan, 
rivtere. Domhnal, suivant O'Brien, se lit simplement Donal, etc. 
XII. Je dois ajouter a ces indications quelques mots sur les 
^changes de lettres, que font entre eux le Gallois et l'Jrlan- 
dais. Une mutation frgquente est celle dont nous avons ddja 
parte a propos du Latin, du P ou B kymmryque en C gaeiique : 
Pen, t6te, = Ken; Mab ou Map, fils, = Mac; Pimp, cinq, devient 
Koik ou Kuig comme le Penle grec est devenu Quinque en Italie ; 
Petuar, quatre, rgpond de meme & Kethir et ail latin Quatuor. 
Cette particularity caracteristique est une des considerations que 
nous ferons valoir pour soutenir que le Gaulois se rapprochait 
surtout du Kymmryque. Dans Gwein, au contraire, le Gallois s'est 
tenu entre Fir. Ban, blanc, et le Canus latin, qui n&nmoins lui 
a peut-etre fourni le synonyme Kan. L'S initiate des motskymm- 
ryques ne souffre pas de consonne immSdiatement apres elle 
sans s'etre fait pr^der par une voyelle, prononciation qui s'est 
conserve dans VEsquelette, etc., de nos mSridionaux. — Le 
Gaeiique change encore souvent en F ou en S les initiates Chw 
du Kymmryque, Fillim, je tourne, au lieu de Chwylaw ; Sidr ou 
Fiar, sceur (Wh. Stokes), au lieu de Chwiawr; Se, six, pour 
Chwech. II substituel'M au W final gallois. Lham, main, = Llaw; 
— PS h l'H et a l'F (mSme latin), disant Sen, vieux, pour Hen; 
Sorn, four, pour Ffiorn et Furnus; Suist, fteau, pour Ffust et 
Fustis. II rend par SI le son des 11 initiates du Gallois, Slad, vol, 
four Lladyr; Sluag, arntee, pour Liu, etc. Enfin il rdpugne aussi 

1. Suivant M. Gaidoz, qui est Francais, to reprǤsente un e long. 



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GLOSS AIRE GAULOIS. 81 

aux nasales de ce dernier; il dit Read, cent, au lieu defiant- 
Deut, dent, au lieu de Dant, etc. * Quant aux variantes que nous 
oflrent certains noms gauloisou bretons, Yuow Vo, entre autres 
prenant la place de Ya : Camulodunum et Camalodunum; Dum- 
nonia ou Domnonia pour Damnonia, Rafius ou Rufius, etc., je 
ne pense pas qu'on doive les regarder comme des ^changes dia- 
lectiques. — Ges renseignements suffiront, je Tespere, au lecteur 
pour se faire une id6e nette des vocables qui vont passer sous 
ses yeux, et pour apprgcier, quant aux formes matdrielles, les 
rapprochements que je vais lui presenter. 

N. B. Les abr^viations ordinaires employees dans ce Glossaire 
n'ont pas besoin duplication . II en est de m£me pour les noms 
d'auteurs frdquemment cit^s 2 . Pour eviler une fastidieuse rdpd- 
tition d'adjectifs en ique, j'ai compris sous le nom tudesque 
(abrdg6 : Tud.) toutes les anciennes branches de la famille ger- 
manique. Un motif du m£me genre m'a fait conserver le nom 
d'Erse au Gaelique d'ficosse que j'ai indiqu£ par un E. — Ir. veut 
dire Irlandais ; — M. Manks ; — K. Kymmryqne ; — C. Cornique ; 
— Ar. Armoricain ; — SK. le Sanskrit. Les id. (idem) se rappor- 
tent toujours au dernier mot qui les precede, soit terme celtique, 
soit traduction d'un mot ant^rieur. Les deux tirets = sont connus 
pour signifier : £gale. Z. indiquera les anciens termes tir£s de la 
Grammaire celtique de Zeuss. Cm, L, WS, O'D et P, ceux que je 
devrai a Gormac, a Lagadeuc, a Wh. Stokes, a O'Donovan et a 
M. Pictet. 

1. Voy. la Grammaire de Zeuss, les Beitr&ge de Kuhn, t. vr, 1" cah. 1868, 
p. 6 et suiv. J'ai parle" plus haut des ^changes de lettres entre le latin et nos 
idiomes neo-celtiques. Voyez encore les Philological essays de Garnett, etc. 
Le Celtiste anglais reproduit a ce su]et,p. 172, une remarque fort interessante 
d'Ed. Lhuyd, a savoir que, dans les cas ou le Grec et le Latin different quant 
a la forme d'un radical qui leur estcommun avec le Kymmryque et le Gafilique, 
celui-ci est g£n£ralement plus conforme au Latin, et celui-la au Grec. 

2. Orelli, Henzen, Mommsen, Stein er, Hefner, M. Ed. Lambert, M. de 
Boissieu, etc., sont des auteurs de collections gpigraphiques bien connues. 



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82 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 



PREMIERE CATEGORIE 

MOTS QUE LES ANCIENS NODS ONT TRANSMIS 
AVEG LEUR SIGNIFICATION. 

PREMIERE DIVISION. — MOTS QU'lLS ONT EXPRESSE* Al ENT CIT^S 
COMME GAULOIS. 

Section premiere. — Avant l'^tablisiement des Barbares 
dans les Gaules. 

A. — Ecrivains latins. 

Ce que je sais le mieux, ce n'est pas mon commencement, 
dirai-je au rebours du Petit-Jean des Plaideurs, car l'ordre 
chronologique que j'ai adopts am&ne precis^ment en premiere 
ligne quelques-uns des mots les plus difficiles a reconnaitre, 
par cela mSme, sans doute, qu'ils sont les plus anciens. Nous 
commencerons par Ennius, au n e siecle avant Jesus-Christ. 

1. Ambactus, esclave (Ennius, d'apr&s Festus, h. v.); — 

mercenaire dans le Gloss, de Philox&ne, h. V; — serviteur 

militaire dans C&ar, vi, 15; sens parfaitement expliqud par 

Diodore, quand il parle, v, 29, des hommes de condition libre, 

mais tres-pauvres, qui s'attachaient au service des chefs gaulois, 

pour conduire leurs chars et combattre h leurs c6tes. Cdsar 

distingue done les Ambacti des Clientes, et e'est a tort, pense-je *, 

qu'on a regard^ ce dernier mot corame T interpretation du prg- 

c^dent, et celui-ci comme synonyme de Soldurii; voy. n° 2. 

Je ne m'arr^terai pas aux variations de la triple definition de 

ce terme; elles tiennent sans aucun doute h des differences 

d'^poques, de pays ou de points de vue. Mais j'observe qu'on 

trouve dans l'abr<§g(* m^me de Festus ou de Paul Diacre, 

v° Am, une autre Stymologie qui ferait $ Ambactus un simple 

1. Voy. U 3« partie de TEthnog^nie, p. 377 et suiv. 



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GLOSSAIRE GAULD1S. 

composd latin ou tout au moins hybride, dquivalant h circum- 
actus. Hybride, dis-je, car Am a precis^ment en K. Je sens 
d'autour que lui attribue cette dtymologie, a peu pres accepts 
par Zeuss, circumagcns, comes, servus, p. 761. — Mais quelle 
que soit la ressemblance ou le rapport de ce terme avec cer- 
tains mots latins, nous sommes assures par des rnedailles gau- 
loises qu'ont ddcrites Lelewel et Duchalais 1 , qu'Ambactus 
appartenait bien a cette langue 2 ; et plusieurs inscriptions 
gallo-romaines de la Belgique et des bords du Rhin nous le 
montrent egalement comme nom propre ou qualificatif, Ambac- 
tus, Ambacthius, Ambal, derniere forme ou nous devons remar- 
quer la suppression du C. Nous pourrions meme, d'apr£s 
1' inscription qui la donne 8 , prendre cette derniere forme pour 
un nom Stranger, si nous n'avions eu, dans le cceur meme des 
Gaules, le chateau d'Ambatium ou Ambatia (Amboise), deja 
vieux du temps de Sulp. Severe; DM. 3 e , 8. Nous retrouvons 
en outre, dans Phlegon de Tralles, un Ambatos de Lusitanie, 
parmi des noms visiblement celtiques, tels que Keltios, Kantol- 
gounios, etc. (De Macrob. Hist. Graec. frag. Did. in, p. 609.) 

L'emploi qu'a fait Ennius du terme qui nous occupe le rat- 
tache au Gaulois cisalpin non moins qu'k celui de la Transal- 
pine, mais c'est assur^ment de tous les mots de cette langue 
qui nous sont parvenus le plus discut£, et celui que se disputent 
avec le plus d'apparence de raison le Celtique et le Tudesque. 
J. Grimm a oppose a Tisolement d'Ambactus dans le premier de 
ces idiomes la nombreuse famille qui entoure dans le second 
le gothique Andbahts, serviteur, anc. h. allemand Anpath; anc. 
norwdg. Ambatl 4 , servante, etc. II aurait pu y joindre le flamand 

1. Typ Gaul., p. 25'* et pi. ix; et Descr. des fixed, gaul., p. 158 et suiv. 
Ambactus etle pi. aiibacti y paraissent indiquer une protection acceptee pen- 
dant Je cours de la conquete romaine par le peuple qui a frappe cette me"daille ; 
lesSequani, suivant une inge'nieuse conjecture de M. Lenormant. 

2. Quoique Lelewel lui-meme veuille le tirer du Grec. 

3. C'est TtSpitaphe d'un soldatqui n'avait commence son service qu'a vingt- 
trois ans. Urbanus Ambat. annorum XXX. stipendiorum VII, Steiner, 
Hhen., 822. Voyez pour les autres noms, id., Dan. et Rh., 1M6 et l400 ' 
Orel., 2774. 

4. Geschichte d. deut. Sprache, t. i, p. 432. 



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&U ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

et hollandais Ambacht, mdtier, confrerie. D'un autre cotd, Die- 
fenbach, qui repousse philologiquement cet Andbahts*, commo 
avait deja fait Gluck, p. 20, avoue qu'il n'a point trouvd pour le 
mot d'Ennius de ratine appartenant h Tancien Celtique; — et 
Zeuss lui-m6me n'a propose qu'en hesitant, p. 179, le K. Amaeth, 
laboureur; Amaethu, labourer, gtymologie si peu convaincante 
qu'il l'avait oubltee h l'endroit que j'ai cit£ tout h l'heure. Ne 
nous d&x>urageons cependant pas plus que M. Pictet. Comae et 
O'Donovan nous donnent d'abord un ancien compost n£gatif irl. 
qui nous met au moins sur la voie, Ambux, pauvre, mechant. 
Un autre vieux mot gaelique qui a la m6me signification, Ir. et 
E. Bocht, M. Boght, — (C. Bochodoc derive de Bochod, K. Bycho- 
dawg forme de Bychod, petite chose; Ar...*),peut avoir com- 
post de la mSme mani&re, avec la particule intensitive an, 
YAnbhochd, tr&s-pauvre, d'O'Reilly, pareil k YAnmhor, tr6s-grand, 
d'O'Brien. C'est d'autant plus supposable que la preposition K. 
AmoxxAmm, Ir. imm, imb, avait quelquefois, nous dit Zeuss, 
p. 870 (conf. 847), la mSme valeur corame pr^fixe, et il citepre- 
cisdment comme exemple la glose Am-dlawt, egenus (dlodi, 
paupertas). Pictet a prefer^ prendre cette preposition avec sa 
signification ordinaire : autour de, Sk. Abhi; et rapportant Bocht 
.au Sk. Bhakta, suivant, servitcur, il interprete Ambactus, — 
auquel s'atiacha naturellement dans la suite le sens de pau- 
vretd, — par : celui qui sert autour (d'un chef) 3 . C'est tout a 
fait l'idde que nous en donnent Cesar, vi-15, plurimos circum se 
ambactos habent (les nobles), et Festus au mot Ambaxi : circum- 
euntes catervatim. M. Pictet ne croit point du reste que ce 
terme soit passe du Gaulois dans le Tudesque. II pense que les 
s germaniques qui lui ressemblent de si pr&s sont aussi 
escendus en droite Iigne, mais collat^ralement du m6me verbe 
Sanscrit. Maintenant pourquoi Diefenbach a-t-il dedaigne de 
iscuter cette double etymologie, c'est ce qu'il aurait bien du 

2.' Wen ' ei ' r ° P '\ p - 227 - 
dans son Diction "^j* qUG Ic P * Gn5 S on ' e de Rostrcnen nous donne sans fa<;on 
breton. nD " Amfjaci > pi. Ambacted, scrviteur, pour un vieux mot bas- 

i-Orio. inao-europ. , x . „, p . „ 7 . 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 

85 



nous apprendre avant de passer aux derives posterieurs amb 

ambassade, etc. Citons pour finir, d'apr&s W. Stokes ] e ^^' 

Ir. Arnhas, soldat mercenaire, satellite (Corm 2 e ed 'x,o t ! fl0 ^ eQ 

****•» v Amos). 



Par Ctesar, i" siecle avant Jesus-Christ. 

2. Soldurii, serviteurs dSvouds jusqu'a la mort au chef qui 
les nourrit (in, 22); Silodounoi ou Silodouroi, lite par un vceu 
(Nicol. Dam. dans Athen,vi, 13). Terme aquitain, d'apr&s Cesar, 
et que je ne vois cependant pas rapportd au Basque ou il pour- 
rait deriver du verbe Saldu, vendre, et designer des hommes 
qui ont vendu et engagd leurs services 1 , sens qu'il ne faut pas 
confondre avec l'id£e moderne qu'implique Tetymologie alle- 
mande, Soldner, soudoye, soldat. Nous voyons dans Strabon 
(in, p. 137, Did.), dans Val. Maxime, n-6, dans Plutarque, Sert. 
\lx% et dans Dion., uii, 21, que ces d£vouements existaient par- 
ticuli&rement dans les moeurs hispaniques. Mais ils n'&aient 
nullement Strangers aux coutumes des Celtes, voy. C£s., vu, 40, 
viii, 48, etc. Aussi le K. nous donne d'un cote Salder, salut, 
surety, et de Tautre, Tancien terme swill, pecunia, Z. p. 177; C. 
Sols. Deplus, Sawd, gage, engagement; — combat selon Baxter 
et J. Davies; — jadis Sold, d'ou Sawdwr, homine de guerre, Ar. 
Soudard. Gibson rejette comme n'&ant pas K. le Sowdiwr de 
Camden, d6vou6 a la vie et a la mort 2 . L'id^e de dSvouement 
est tres-rapproch^e de la signification de Salder; mais elle est 
complete dans le tud. Hold, Huldi, fidfele, d6vou6, pi. Holdun, 
qui appuierait la legon Silodounoi. II se pourrait done, la m6me 
coutuuie ayant exists chez les Germains (tac, Geim. Ik; Am. 
Marc, xvi-12) que ces deux mots Soldurii et Silodounoi eussent 
chacun leur dtymologie particulifere, et que Fauteur grec eut 
confondu le terme tudesque avec le terme celtique. Ir. Sealtuir, 
6p6e. — E. id. (Armstrong). — Voyez, pour les Berones de 
C£sar, le n° 76. 

1. On pcut remonter encore a Zaldia, cheval, Zaldun (et noa Saldun), 
cavalier. 

2. Britannia, i, p. xxij, <5d. de Gibson. 



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86 



ETHNOGfiNIK GAUL01SE. 



3. Vergobretus, le magistrat supreme desjEduens (l er , 16); 
Vereobreto, surdes m6dailles de Lixovium (Lelew., Type gaulois, 
p. 230. Ed. Lambert, p. 115). Virgobretus, nomen magistrates, 
dans le Glossaire d'Isidore, de m6me qu'on disait Vergilius et 
Virgilius. Mot compost, dit-on, de Fear (jadis Fer, Z; M. id.) 
cobreiih, Ir., l'homme qui jugement (rend), ou Fear-go-breilli, 
l'homme du jugement 1 ; mais la formation r^gultere de cos 
composes est vivement et justement contests. GIQck la Iraite 
d'effroyable, grauliche, p. 130. On a recount aussi au K. 
Kyfraith, loi, joint avec Ver qu'on pr&end avoir signify grand, 
voy. n° 15G ; ou avec Ffer, ce qui est dur, fort, solide.— Zeuss, 
qui n'a tenu compte ni de Tune ni de l'autre <3tymologie, a pro- 
pose le terme un peu Strange de Guerg-breth (Guerg, ancien K. 
efficace; Brelli, ancien Ir. le jugement), c'est-&-dire l'homme qui 
fait ex&utcr les jugements, Gr., p. 825. II se pourrait que les 
syllabes Vergo, qui commencent plusieurs noms propres gaulois, 
constituassent en effet la premiere partie de ce mot que Mone 
rattache, Celt. Forschung., p. 248, au verbe lr. Fargaim, je fais 
mourir, proche parent de l'ancien terme Fere, colore, Z. p. 13. 
Nous savons par C&ar que le Vergobret avait droit de vie et 
de mort sur ses concitoyens. — Un autre mot qu'on pourrait 
3galement faire entrer dans la composition de celui-ci, d'apr&s 
la variante d'Isidore, e'est le Virgx, couleur de pourpre, que 
nous rencontrerons au n° 73; on aurait ainsiavec l'lr. Breilh, le 
juge rouge. Le premier magistrat d'Autun se nommait encore le 
Yierg ou le Verg au xvn e sifecle*. Un fait du moins certain, e'est 
r^troite affinity de Vergobretus avec le mot Firbrithem, varus 
judex, que Zeuss, p. 826 (conf. p. xxjx), a relev<§ dans les gloses 
' irlandaises d'un ancien ms. du couvent de Bobbio, fond£ par 
S. Columban. C'etait un compost de Fir — K. Ar. C. Gwir, v6ri- 



\. « Vir ad judicium, ou ad judicandum, » dit O'Brien, preT, p. xxviij, 
2* 6d. fctymologie qui remonte a Ed. Lhuyd. 

2. Le president de justice de plusieurs cite* allemandes portait encore le 
titre de Verger, au xvi e siftcle, suivant Tschudi cite" par Pontanus (Gloss., v° 
Vergobretus), soit derive" du tud. Vorgjan, condamner, soit imports par les 
colons gaulois des champs de*cumates. II se peut toutefois quo Vierg vienno 
plut6t de Vigerius, Viguier. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 87 

table ; — et de Brithem, aujourd'hui Breith et Breitheamh, E. id.; 
K. Braivdwr, G. Brodit, juge. — Ir. Brelh, Z. p. 82, ou Bratk 
(Corm. 2 e 6d.); E. Breith; K. Braut, Z. p. 110, et G. Bres ou 
Breuth, jugement. L'Ar. a consent Brent, plaidoyer, Breutaat, 
plaider, dgfendre. Nous retrouverons cet Pigment dans les norm 
gaulois ou bretons de Bratuspantium, Mandubratius, etc. 

k. Cecos ou Caecos Caesar! s'<§cria un Gaulois, en insultant 

le grand capitaine qu'il reconnaissait dans un prisonnier que 

venait de faire Tun des siens; mais Cecos signifiant aussi en 

langue gauloise : laisse aller, celui qui tenait C&sar le I&cha. 

(D'apres Servius, Mn., xi, 743.) Ge mot Cecos est douteux, et 

d'aulant plus difficilek retrouver, qu'il doit avoir eu un double 

sens, suivant le r&it m£me de C6sar. La Tour d'Auvergne Tin- 

terpr&ait par l'Ar. Sko, frappe (C3sar). — Gibson lisaitcomme 

Camden, Cetos, et trouvait le double sens dans les deux imp£- 

ratifs gall. Gadwch, lache, laisse aller, et Kedwch, garde bien. 

Mais ni frapper, ni garder ne r^pondent k Yinsultans ail du 

Latin. M. de La Villemarqud, pensant que le Gaulois qui fit cette 

exclamation voulait en effet que C&ar fut l&chd 1 , recourt a 

l'imperatif K. Ysgog, prononc<§ Sgog, Ir. Sgaoidh, qu'il prononce 

Sekoz. Lelewel adopte pour son compte Interpretation arm. 

d'E. Johanneau, Kb (C. id.), imp&ratif du verbe Mont, aller, et 

Kos, vermine du bid, injure commune en Bretagne. Ainsi Ke, 

Kos Kxsar! aurait signify : Va-t'en, gueux de C&arM Mais 

cette g^nSrosite, que n'indique pas du tout le texte latin, est 

fort peu probable. II est plus naturel de croire que les deux 

Gaulois ne parlaient pas le mSme dialecte, et qu'une injure 

quelconque dans Tun ressemblait au terme qui signifiait I&cher 

dans 1' autre. En Irl., par exemple, nous avons d'abord I'excla- 

mation Ka! quoi! puis Kak, excrement, W. S. (E. et C. id. M. 

Kukh, et K. Kakh.; et Ar. id.) — ou bien, Kak, m<§chant (Corm. 

d'apr&s O'Reilly), et Go, fou, E. id. ; — et Yon comprend que, 

dans le tumulte du combat, cette insulte gaelique: Ah! fou, ou : 

1. Dictionn. FranQ.-Bret. de Legonidec, p. ix. 

2. Type Gaul., p. 343, 350; Miorcec, dit F GSsar, Hist, de la lang. 

des Gaules, p. 20. 



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88 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

Mtchant fou de Cesar! rendue en Latin par Kxkos Kxsar, ail &e 
entendue par une oreille kymmryque, comme Fimpgr. citd plus 
haut, Gadwch Kxsar 1 . 

Quel qu'ait 6t6 le calembour qui sauva le vainqueur de 
Pharsale, de quelle petite cause ont dgpendu les destindes du 
monde ! 

Par Varron, au 1" siecle avant J6sus-Christ. Pour le nom de ce savant romain, 
dont Lydus nous donne la signification, voy le n° 182, BarrOn. 

5. Petorritum, espece de char (d'apres A. Gell. xv, 30, 
lequel ajoute que ce terme est tout a fait transalpin). — Mot 
gaulois (Quintil., i, 5); — Petoritum , char k quatre roues 
(Festus, h. v. qui le donne dgalement pour osque). — Mot com- 
post : 1° K. Pedwar on Petuar 2 , Z. p. 324 ; masc. Peteir, fem. 
Z. ibid, quatre; C. Pedar ou Peder; Ar. Pevar, masc, Peder, 
fem. — Ir. Kethir ou Kethar*, Z. p. 310 et s. quatre; E. Keithir; 
— en osque Petora. — 2° K. Rhod, roue; Arr. Rod et Rot, L; 
C. Ros; — Ir. Roiih, ou Roth (Corm.); E. id. roue. — Ces 
seconds rapprochements si satisfaisants pour le sens T&aient 
moins pour la forme; et j'y avais en consequence supptee par 
ceux que me fournissaient le K. Rhyd; Ar. Rit, Ir. Rith, O'D., 
course; ce qui me donnait le sens pittoresque de quadruple 
course; voy. Rheda, n° 43. Un Geltiste fort distingue (qui m'a 
toutefois accuse bien a tort 4 de n'avoir fait attention qu'aux 
sons des mots) a rejet£ ce dernier rapprochement comme super- 
flu, me renvoyant pour le changement en i de Yo, qui avait ddja 
pris la place de Ya du Sk. Ratha, — a la Grammaire compar^e de 
Bopp. J'aimerais mieiix recourir plus directement a Tlr, Id, 

1. Diefenbach, Orig. eur., p. 289, a spirituellement rattache a ce Ceeos 
Ccesar une bourde chauvinesque d'Alan Dumoulin, rep6t(5e a plaisir par nos 
Celtomanes bretons. Suivant cet autenr d'une Gramm. de la langue celtiq. 
publiee a Prague (en Boheme) en 1800, Cesar aurait ecrit en toutes lettres 
dans son livre De bellogallico : Quam terribiles sunt Biitones quando dicunt; 
Torr 6 ben da Ccesar! Frange caput Caesaris! 

2. Ptotemee nomme Petuaria une villc de Bretagne. 

3. Le lecteur se souvient que du Kymmryque au Gaelique, P = K. 

4. M. de Jubainville, Rapport sur les progres de la philol. celtiq., p. 139 
<pour l'exposition de 1867;. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. g9 

^tvx\^vL, cercle, d'CTReilly, admis par le Dictionnarium scotd- 
telticwm, et garanti par le verbe E. iadh, former un cercle 
sntourer, etc. 

Le Tud. offre presque identiquement a nos adversaires • 
Fidur, quatre, et Rad, roue. 

6. Reno, vStement (L. Lat. v, 167, Nis. Voy. Ctesar, vi, 21). 
— Rheno, habit fait de peaux a longs poils, et particuli&rement 
germanique (Salluste d'aprfcs Servius, Georg., m, 383, et Isidore 
de Sev, Orig., xix, 23). — Vulgairement nommd Replus, ajoute 
ce dernier, et il rattache ce ternie au latin Reptare, comme celui 
de Rheno au nom du Rhin sur les bords duquel ces vetements, 
dit-il, &aient le plus en usage; Stymologie fondde, ainsi qu'il lui 
arrive trop souvent, sur de simples ressemblances de mots. Le 
traducteur latin de Clement d'Alexandrie et son dditeur Potter 
ODt confondu plus complement encore ce terme peu connu 
avec le nom du grand fleuve qui limitait notre Gaule {Pxdag., in, 
p. 267). Mais passons a nos rapprochements : K. Kroen, peau; 
C. Krohen, id. pi. Krehen; Ar. Kroc'hen. — Ir. Roin, fourrure ; 
E- id. objet couvert de poils. Puis viennent le K. Rhawn, long 
poll, crin; C. Ren; Ar. Rem, id. — Ir. et E. Ron; M. Renaig, 
criniere. — Tud. Ren ou Rein, renne, animal dont la. peau ser- 
vait a faire des vetements (Paul Diacre, Hist. Long., i, 5). 

7. Sagum, autre esp&ce de vStement (Ibid. Isidore, Orig. xix, 
24. — Sagali, dans Cicdron, Pro Font., lft, et al. les Gaulois). 
— Autrement&^us, etm6meautem.Sa0a,v6tement,oudumoins 
terme adopts chez la plupart des peuples de Tancienne Europe *, ou 
Ton a depuislongtempsremarqudrubiquit^d'un radical presque 
semblable, Sac. — K. Sae, espfcce d'&offe de laine ; Segan, cou- 
verture, manteau ; — Ar. Sae, habit long, robe; Sae-reiin, cilice, 
L. ; Saeek, robe ray& mi-partje, L. — C... — Ir. Sdi, tunique, 
manteau, Z. p. 73 (apocope du^. 2 ). — ■£. Saighdair, casaque. 
Seach signifie encore un manteau dans le compose E. Saidseach, 
manteau de mendiant. — Enfln, qui ne se rappelle le nom des 
fameux Tectosages? 

1. Voy. Diefenbach, Orig. europ., v° Sagum. 

2. Que nous verrons postfc par Zeuss corame frequente dans lcGa^Uque. 



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90 ETHNOG^NIE GAULOISE. 

Pour Karlamera, voy. le n° 181. 

8. Opulus, nom que les Milanais, c'est-k-dire les Insubres 
cisalpins, donnaient a un arbre qui servait de support a leurs 
vignes (R. R. 1.-8). Pline, dans le texte duquel on lisait autrefois 
populus, xiv, 3, lui attribue encore le nom de Rumpotinus, que 
Golumelle applique de son c6te, v, 7, a un arbre d'origine gau- 
loise, qui doit 6lre VAcer gallicum de ce m£me Pline, xvi, 26, 
Perable blanc, pseudo-platan us (Littrd), ou ¥ Opulus acer d'autres 
botanistes *. Celui-ci £tait riommd en vieux Frangais le hautaln. 
Voy. Rumpotinus, n° 212. 

Je n'ai rien trouv6 dans le Celtique qui r^ponde directement 
au nom d'Opulus, si ce n'est peut-Stre, — et de loin, — Tlr. 
Obela, ouvert , par rapport aux diff^rents Stages circulaires que 
forment les branches de cet arbre (Pline, xiv, 3); description 
qui aurait du faire rejeter depuis longtemps la legon populus, 
peuplier, des anciennes Editions. Elle repousserait de m£me un 
rapprochement avec le K. Pawl, pi. Polion, perche; Ir. Pola; 
mais elle ne serait plus en opposition avec le M. Pohllys, devoir 
soutenir; — non plus qu'avec PAr. Boull, transparent, qui sert 
a composer le nom breton de Phifeble, Boull-skad, sureau a tra- 
vers lequel on peut voir (La Villemarqu6) ; ce qui nous ramfene 
h YObela d'O'Reilly. Ce nom de Skao est appliqu£ d'autre part k 
Parable lui-m$me, Skao-grac'h, sureau de la vieille; bizarre 
denomination ! 

Par Tite-Live, i r «- stecle avant J£sus-Christ. 

9. Peninus, nom d'un sommet sacre de cette partie des 
Alpes qui en a pris le surnom de Penines (xxi, 38). Quelques 
traducteurs ont entendu, au lieu du sommet, le dieu m6nie 
Penninus ou Peninus, connu par des inscriptions locales dont la 
plupart Pidentifient avec Jupiter, JOVI PENINO. Une pierre 
antique du Valais le nomme Penus (Deo Peno, Mem. des Antiq. 
de France, in, p. 531). Servius en a fait une d&sse Poenina qui 

1. Observez que Pline distingue positivement VAcer de VOpulus (oudu. 
populus?), xvn-35. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 91 

aurait donne son noin a ces montagnes {Mn., x, 13). Mais ce 
nom, le m§me que celui d'Apennin 1 , JOVI APENNINO, en Italie, 
Orel., 1220, a une signiGcation bien plus g&i<*rale, et cette iden- 
tity seule repousserait, sans l'appui de Tite-Live, r&ymologie 
tir6e du passage d'Annibal (Pline, m, 21). L'erreur.est si difficile 
a extirper, que Servius lui-m£me, Am. Marcellin, xv, 10, et Isi- 
dore, Orig., xiv, 8, ont encore repete celle-ci plusieurs socles 
aprfes l'historien romain, et que la plupart des inscriptions dont 
je viens de parler portent POENINO. Voy. Orelli ou Mommsen, 
Irtscr. helvet.* Telle est meme Tbrthographe g&uSralement adoptee 
par les auteurs grecs, noivtvov, etc. Le K. nous donne, avec 
une parfaite Evidence, Pen ou Penn,Z. p. 99, tele, extr£mit£; ' 
Penyn* chapiteau. — Ar. Penn, tete; C. Pen, Z. ibid. — Irl. 
Kenn, t£te, Z. id. — E. Keann. L'Irl. nous donne encore Benn, 
et l'E- B en ou Bti m -> montagne. Notre ancien Frangais avait 
gard£ Penne, Pennette, pour dire des Eminences de terrain. II 
faut observer que Tite-Live norame semi-germaniques les popu- 
lations de ces montagnes {I. ciL), et que Pfui, Pinn, signifiaient 
en Tud. tete, haut, £levd. 



Par Columelle, i er siecle apres J(5sus-Christ. 

10. .Arepennis ou Arapennis, mesure agraire, demi-arpent 
romain (v, l);Aripennis, lacinquifemepartied'unstade(ffis*.Fr. 
Greg. Tur., i, 6). Terme qui a pris dans les langues n<§o-latines 
bien des formes difterentes dont nous avons gard<§ celle d'ar- 
pent. Un texte d'lsidore de S3v., vaguement indiqu<§ par Diefen- 
bach, en fait d'autrepart un mot hispanique, et rapporte a l'idete 
de labourage, ab arando, le premier element dont il est com- 
post. C'est bien celle qu'on peut supposer en effet (malgr<§ les 
scrupules du savant linguiste sur la r£gularit<§ de cette deriva- 
tion), — d'aprfes les idiomes celtiques qui nous donnent : K. Ar, 
terre labourde; Aru, labourer; G. Aras et Ar. Ara, id. — lr. 

1. Voy. a l'Appendice, lettre H, Apenninus. 

2. Pas une n'y offre la Writable orthographe, Pen, et deux y ont encore 
gat6 la fausse, portant Peoen et Puoen... 



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92 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

Araim et E. Ar. id. et de plus en Ir. terre cultiv£e (O'D.). Voy. 

Planarali, n° 33. — Comrae mesure agraire, le K. et le C. disent 

encore Tun Erw, l'autre Eru (ancien plur. K. Z. p. 323). Ir. 

Arba, pour une acre de terre. — Ar. Ero, sillon. — Reste Pennis. 

J'avais rapproch£ de ce second 616ment le K. Ffan, surface, ou 
Pennill, division; TAr. Penn, lieu, endroit; Fir. Ban, champ 
(prd, O'D.), etc. Diefenbach a contest^ soit Tauthenticit^ de ces 
vocables, soit leur origine celtique ou leur signification rdelle, et 
s'appuyant sur Pott 1 , il recourt simplement au K. Penn, tSte, 
qui signifie aussi fin, extrdmit^, voy. le n° 9. Ce que j'accep- 
terais s'il a entendu parler des limites d'un labour qu'on 
peut faire dans un temps donn£, comme un jour ou une demi- 
journ^e. Penn nous est effectivement indiqu£ dans ce sens, par 
le nom latin d'une mesure agraire du moyen &ge, en basse Bre- 
tagne Penaterr% (Orig. europ., p. 233), et par une locution pro- 
verbiale de la mSme province, Kas ann ero da benn, conduire le 
sillon jusqu'au bout (La Villemarqud). 

Ge mot et les deux suivants, ^galement dus a Columelle, sont 
probablement cisalpins. 

11. Can de turn, mesure de centpieds, etc. (v, 1, r6p£t6 par 
Isidore de Sdv., Orig., xv, 15, qui ajoute que Candetum est quasi 
centetum. — Conf. PAnon. de limit, agrorum). — K. Kant, cent; 
Ar. id. Kantvad, centime. — C. Kans, cent; Ir. Ket, Z. p. 31Z|, 
auj. Kead; E. Keud. 

12. Candosoccus, provin, marcotte de la vigne (v, 5), mot 
compost tout simplement, suivantM. Cancalon,de Cand, provin, 
etsoccus, souche de vigne (Hist, de VAgricult., etc. 1857, p. 260). 
Un glossaire serait lestement fait de cette manure. Moins heu- 
reux que cet agronome, je n'ai rencontr^ pour la premiere partie 
de ce mot que le K. Kaing, Kangen, branche; C...; Ar. Kaned, 
bois a bruler. — Ir. Geag, E. Geug, branche. — 2° K. Sog, exten- 
sion, propagation; C...; Ar. Soucha, se coucher, se tapir. — Ir. 
Soich, 6tendre, O'D. — E. Soc, l'extrgmitS de quelque chose. 

13. Ceva, vache des Alpes*, petite, mais excellente laitifcre 

1. Etymol. forschung, t. n, p. 117 et suiv., Uber Kelt-acker mass nahmen. 

2. Je regarde toujours comtne prouve par les passages cites ici de Pline et 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 

93 

(vi, 23 et 26; voy. Pline, vm, 70), et pour les fromages renoni- 

mes des Alpes centroniennes 1 (la Tarentaise), xi, 97. Conf j i~ 

Capit. Anton. Pins, 12. — Le K. ne nous avait offer t gue d 

rapprochements tir&3 de trop loin; nous en devons de pins 

directs a M. Pictet, si, comme en d'autres cas, Je g Sanskrit s'esi 

r^ellement change en b (Orig. indo-eur., t. i er , p. 332). K Bu 

vache ; Ar. Bit,; C. Buck, plur. Bew. L'Ir. et l'E. disem aussi Bo' 

et le M. Baa, Booa ; mais les deux premiers poss&dent en outre 

Gabhuinn (du theme primitif Sk. Gava, P.), g&iisse et veau d'un 

an. O'Reilly nous fournit encore, — avec citation a l'appui, — 

Kian, b&ail, ou Introduction du digamma nous montre sur-Ic- 

champ Ceva; — Keo, lait. L'E. id. et de plus Ke, creme; Geum 

et Geim. Ir. id. beuglement. Notez dans le Frangais le merae 

change ment du G en B. Ces analogies sont dans tous les cas 

faciles a saisir. — En Tud. Chua, Chuo, Kuh, une vache. Le 

M. Ghovo donne par Pictet ne prouverait done rien, ne fut-il pas 

produit par la simple mutation du d radical, Dow, taureau, plur. 

Detv. — Les populations alpines semi-germaniques, nous a d^a 

fait observer T.-Live au n° 9. 

1Z|. Emarcum ou Emarcus, esp&ce de vigne gauloise petile 

et peu productive (in, 2; voyez Pline, xiv. 4). Rapprochements : 

Ar. Amarc'h, 3pargne, gconomie. — K. Ymarbedu, s'abstenir. 

— Ir. Amharc, faute, defaut ; Amharkakh, ce qui est laid h voir, 

CD- ; JEkmakh,tZ. p. 34, mauvais, impuissant. — E. Eugmhais, 

defect uositeS. — On a dit aussi en Franqais vigne emarc, d'apres 

une note du Pline Panckoucke; et nous disons encore du marc 

de raisin, Ar. Markou, r&sidu de fruits quelconques ecras^s au 

pressoir. 



de Capitolin, qu'il faut lire Alpines au lieu d'Altinae que portent les pre- 
mieres Editions. D'ailleurs Allinus ne serait pas l'adjectif derive^ dWltiiium. 
Columelle dit lui-meme, vn-2, AUinates oves,en comprenant au surplus cetu 
ville dans la Gaule cisalpine, comme a fait Vitruve, i-4. 

4. Veritable forme de ce nom, constated par MM. L. Renier et Aug. Ber- 
nard. Ne pas confondre ces fromages avec le Cebanus de la Ligurie, fait dc 
lait do brebis (aCcba), Pline, ibid* 



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94 ethnogGnie gauloise. 

Par M«la, i" siecle. 

15. Coyinus ou Covinnus, char arm£ de faux des Bretons 
(in, 6, conf. Sil. Ital. xvn, v. 417); — des Beiges (Lucain, i, 426); 

— simple char (Mart, xn, 2Z»). Voy. Essedum, n° 75. — Terme 
qu'on rencontre, sous une forme ou sous une autre, avec des 
significations analogues, dans beaucoup d'idiomes europdens. — 
K. Koff, ironc creux; Kywain et Kowain, charroyer, particuliere- 
ment les r^coltes c^reales, dit Gibson; Gwain, transport, voi- 
ture. — Ar. Koff, ventre, L. Ainsi Koff an lestr, le ventre du 
navire, la carene, L. de meme que nous disons le coffre d'une 
voiture; Ar. aetuel, Kov, ce qui fait ventre; et dans un autre 
ordre d'idees, Gwanuz, ce qui affaiblit ou afflige. — Ir. Kap, char 
(Gorm. d'apres P.); E. id. — Ir. Kobhan (g^nit. Kobhain) E. id. 
coffre, caisson. Notre vieux Fran^ais avait Coffin, un panier rond. 

— L'lr. nous donnerait encore Kaomh, courant ensemble Tun 
a cote de l'autre (combattant et conducteur,.voy. Diodore, v, 
29), et Kobh, victoire, etc. Nous avons dit que mh et bh se pro- 
noncent v. Covinarius (lac, Agr., 35), le conducteur de ces 
chars. 

16. Senae (al. Zenx), mot douteux qu'on lit encore Gallicenee, 
Barrlgense, etc., suivant les manuscrits ou les diverses correc- 
tions 1 des savants, m, 6. Je me suis toujours £tonn6 que la 
legon de Turnfebe, Galli Senas vocant, n'ait point fait cesser toutes 
ces divergences. Eile nous donne les Senes ou les femmes de Tile 
de Sena (celle de Sain), et s'appuie en outre sur le Senani de la 
fameuse inscription reiigieuse de Notre-Dame de Paris. Voy. le 
n° 271. M. de La Villemarque retrouve dans Gallkenx les Galli- 
canae druides de Vopiscus (Aurel., Z|3), dont il tire le nom de 
Galligan pour les Korrigan ou sorci&res bretonnes 2 , mais Galli- 
canae n'est qu'un adjectif latin qui date au moins de Cic6ron 
(CatlL, ii, 5), et la prophetesse Ganna de Dion, lxvii, 5 (mais 
non de Tacite), ^tait Geraiaine, et nullement Gauloise. Les Senes, 

1. Voy. Keysler, Anttquit. sel. septenlr., etc., p. 453. Radlof cite encore 
d'autres corrections passablement Granges, Neue untersuch. d. Kellenthums, 
p. 206. 

w 2. Chants popul. bret., 4* <5d., t. i, p. xlvij. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 95 

du reste, Staient des prStresses qui commandaient aux vents, 
guSrissaient les maladies, et pnSdisaient l'avenir, Mdla, ibid. ~ 
K. San, regard, contemplation, et adj., prudent, avise; oU Hen, 
Z. p. 99 et Ar. id.; C. Hen, vieux. — Ir. Sean, Sen, Z. p. 12 et 
Corm. vieux; Senan, petit vieillard, Z. ibid, et d'autre part San, 
bonheur, charme magique. — E. Sean, vieux. Gibson indiquaU 
le K. Lleian, une vieille, une religieuse, dont Ja double initiale, 
sifflant comme l'S, a pu etre prise pour telle par les oreilJes 
romaines (Britannia, p. xxm). El. Johanneau, pour arriver au 
mSme sens, pretendait qu'il fallait lire : Len$\ Ar. Leanez. Le 
nom de Tile de Groix (Morbihan) n'est autre, suivant la plupart 
des Celtistes, que Tile de la Vieille, Ar. Groac'h. 

Par Cornutus, i* r siecle ; voy. n° 70, lc Schol. de Perse. 



Par Pline, i er siecle. 

17. Alauda, nom de Talouette huppee,^ou cochevis (xi, 44; 
Marcel, de Bord., 29; Gn§g. de Tours, Hist., iv, 31; voy. encore 
Varron, L. L., vm, 65, Nis); — donn6 a une legion (Plin., ib. 
Voy. Cicdr., Phil., 1, 8, et al.); levde par Cesar dans la Gaule 
transalpine (Su<5t., J. Ces., 24). — En K. Hedydd, Uchedydd, 
noms qui indiquent simplement l'idde de vol, de vol dleve 2 , en 
G. Ewidit; —comme Hawd, celle de mouvement rapide, der- 
nier mot dont on voit qu'est derive, avec Fintensitif Al, le nom 
Arm. de cet oiseau, Alchoueder ou Alchouedez, que M. Holtzmann 
a imaging de faire venir du frangais m6me Alouette, p. 90. 11 
faudrait done en tirer £galement l'ital. Allodola et Pancien 
espag. Aluda 8 . Mais Alouette n'est qu'une forme diminutive de 
notre vieux Frangais d'oil, Aloe, Alone, £videmment sorti 

1. Mem. Acad. Celt., 1, p. 179. 

2. M. de La Villemarque" indique deux autres sens : Alaw-Hed, harmonie 
aiteer, ou Alaw-adar, oiseaux de l'harmonie; Diet. Fr.-Bret., p. vij. Quanfk 
l'Ar. Allouidi ou AHoueder qu'il met aussi en avant, je ne l'ai pas trouvS 
dans les deux dictionnaires dont il est lui-meme 6diteur; mais Aloud 1 existe 
encore dans le Wallon. 

3. Diez. Etymol* WOrterb., Auj. Alondra. 



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96 ETHNOGtiNIE GAULOISE. 

d'Alauda, et il est facile de reconnaitre dans ce dernier la char- 
pcnte du mot Al-c'houd-der, de fagoh toutefois a nous prouver 
de nouveau combien les Latins, et a plus forte raison les Grecs, 
ont quelquefois ddnaturd les noms gaulois 1 . — Ir. Uiseog ; — 
Uiseag. D'apres le silence de Pictet sur ces noms de l'Alouette, 
aucun ne remonte au Sanscrit. Voy. a FApp. Bdrdxa, ii. 

18. Asia, nom que les Taurini des Alpes italiennes donnaient 
au seigle (xvm, Z|0); mot ligurien, probablement d'origine ibe- 
rique, car je n'ai rien trouve qui s'en rapproche autant que le 
basque Asia ou Hacia, semence, Haz, nourrir. Asia ndanmoins 
n'est pas tout a fait depaysd dans le Celtique; il touche d'un 
c6td au M. Aase, croitre, pouss^r, et de l'autre au G. Eys ou Tz, 
graine en general et particulierement le bid. — K. Ith, grain, 
nourriture. — Ar. Ed, grain, bid. — Ir. Ith, bid; (Conn.); Itha, 
je mange; (id.); E. Ith, nourriture, manger. Cette sdrie de per- 
mutations se reprdsente dans le Tud. : Az, JEz, nourriture; Azen 
ou Ezzan, aujourd'hui Essen, manger; en Ang.-Sax., Etan et 
Ytan. 

19. Brace, et non Brance, espece de bid d'un grain tres- 
blanc (xvm, 11). K. Brag; C. id., ce qui pousse au dehors, 
dreche, grain fermentd. — Ar. Bragez, germe de grain, Bra- 
gezi, germer; Brdz, grain meld ou moulu, signification que 
M. de La Villemarqud attribue a tort au Bracd de Pline, p. \u. 
— Ir. Brak, malt(Corm.); Braich, E. id. dr£che. Dans Tancien 
Frangais, Brais ou Bres signifiait Forge preparde pour faire la 
biere. Quant au froment blancd ou blanzd, c'est de sa blan- 
cheur qu'il tire simplement ce nom. 

20. Culcita, al. Culcitra, matelas, invention gauloise (xix, 2), 
tenne gaulois (vm, 73), d'apres la confrontation des deux 
textes 2 , et quoique Varron Fait cru ddrive du lat. incuhare. L. 
L. V. 167. C'est pi Mot (si Ton ne s'arrdte pas au calx de cette 
langue) l'inverse qu'il aurait du dire. Ce mot, dans tous les cas, 
devait tenir au dialecte italique, car Culcitra se trouve deja 
dans Plaute avec le sens de bonnet, Mil. Glor., ac. rv, sc'4. — 

1. iEthicus a donne" le nom d'Alaudes a run des peuples qu'il attribue & 
rOci'an oriental. 

-. BiiMi que Dicfcnhacl) montre ici quelque hesitation, Ong m europ , h. v. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 

97 

K. Kilkez ou Kilket, Z. p. 1095, tapis, couverture de Jit pi 
actuel Kylchedau, les foarnitures d'un lit. — En Ar. d'une 
part,Gu/e, Guele,L.ouGwele, lit; Kut, dodu, potel<3; et deVautre 
Kousquet, L. auj. Kouzked, dormir; Kouzkedik, qui fait dormir k' 
Kwsg, sommeil. — G. Kuske, dormir; Kuscki, Z. * endroit pour 
dormir. — Ir. Killkeis, laine gfossiere; Kolkaid, W. S. lit de 
bourre; Kuilt, E. Kolhach, Kolkaidh, lit; Kolk, Je canard a 
£dredon, J'eider (IVTLeod). Notez Pancien fran^ais Coulte, 
Couelte, auj. Couette. 

21. Tomentum, lit rembourr^, invention gauloise (xix, 2), 
terme gaulois (viu, 73). 11 peut se rapporter a deux id^es dif- 
ferenles, celle du repos et celle de la chaleur d'un bon lit. 

1°K. Tau, etendre, Stre tranquille, Twm, tas arrondi. — Ar 

— G — Ir. Tamain, je repose, je dors. — E. Tamh, rester, 

demeurer en repos, sommeil. — 2° K. Twym, chaud; C. Tom; 
Ar. Tomm, %oem, L. Ir. Timeach; E 

22. Druides, nom que les Gaulois donnaient a leurs mages 
(ou magiciens), xvi, 95; — Druidai, idem, a leurs philosophes et 
devins (Dion Chrys., Or. 49); — Druides, dans C3sar, vi-13, a 
leurs pretres, juges de toute la nation; conf. Strabon, iv. 
p. 164, Did. Variantes ou corruptions nombreuses de ce mot, 
Drouidai, Druades, Dryudx, Drysulx, etc., fern. Druis et Druias. 
Drysidx, d'Am. Marcellin, xv-9, paralt une forme gr£cis£e 
d'apr&s le grec Apu<;, chene, 6tymologie qui remonte aPline lui- 
meme. Mais le nom des Druides, d£ja connu du temps d'Aris- 
tote etde Sotion, voy. n° 81, ne peut avoir 6t6 que celtique, n'en 
dgplaise aux h^brai'sants exalt^s, ou aux ultra-germanistes 
comme il s'en trouve encore de nos jours. Non-seulement les 
rapprochements, mais les etymologies qui se combattent, abon- 
dent pour ce nom c&febre, qui se dit en K. Derwydd et Dryw; 
Ar. Derouiz ou Drouiz*, Druz ? — C.... — en Ir. et E. Druidh, 
jadis Druith, Z. p. 17. et Druid, g£n. Druad, Z. p. 265; M. 

1. p. 1121. Williams corrige cette lecon a tournure polonaise, et lit 
Kuskti. 

2. Ce z final et le dd du K. expliquent peut-etre les variantes Drysidas,, 

DrysulcB. 



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98 ETHNOGSNIE -GAULOISE. 

Druaight. L'Ir. Draoi, pi. Draoith, sorrier, signifiait autrefois 
Druide. De plus, suivant O'Mahony \ un ancien nom de la poe- 
sie en lr. Drecht, serait meme une contraction de Draoidecht, 
druidisme (ou de Drai-acht, present des Druides). 

Etymologies diverses : 1° Celle qu'on a si g&i^ralement, 
comme les Anciens, d&luite du nom de leur arbre sacre, le 
chSne, n'est s&iuisante qu'en K. Dar, C. id. ; pi. K. Deri ou 
Derw, pi. C. Derow; Ar. Dero ou Derv, Deruenn, L. — lr. Duir 
et Dair, W. S. Dairde, adj. Z. p. 8, de chene; E. Darach, 
chSne. — M. Ddrrug. Les Druides seraient les hommes des 
chenes. — 2° Celle de Freret 2 , qui, s'appuyant sur le titre de 
th&>logien que Diodore donne a ces prStres, tire leur notn de 
Druide de deux racines celtiques: De, Dieu, et Rhoud ou Rhouid, 
parlant. De est bien le g&iitif de Pancien Jr. Dia = deus, mais je 
n'ai pu trouver nulle part ce participe present, Rhouid, a-phy- 
sionomie toute kymmryque. Cormac m'a seulement donne, v° 
Ai, le verbe Raidhim, je dis, je parle; E. Radh, j'ai dit (du 
verbe irr£g. Abair), — et O'Donovan, Deirid, ils disent, du 
verbe Deirim; lequel Deirid a pris dans PIr. moderne la signi- 
fication remarquable de mystere. — 3° Form£e du Derw ci-des- 
sus, et du K. Gwydd, en composition Wydd, science, sagesse; 
la sagesse des chSnes; — ou bien, 4° de ce meme Gwydd avec 
Pintensitif Dar, tres-sage, tres-savant. Ed. Davies distinguait, a 
ce point de vue 3 , le prStre sup6rieur, le vrai Druide, du Go- 
wydd ou O-wydd, le.pretre interieur, VEubage. Laissons de 
cote le Gwydd de la Tour d'Auvergne qui a trompe J. Reynaud 
et M. Henri Martin. Cet autre mot K. signifie, non le gui, mais 
des arbres en g£n£ral. — Enfin 5°, Schener faisant rernonter le 
Gwydd d'Ed. Davies a Pane, verbe irl. Guidhim, je prie, Z 4 em- 
prunteen m6me temps au K. Drud, hardi, prompt, fort, et traduit 
Drugwyddon par ceux qui prient fortement, ou d'une manifcre 



1. Hist, oflrel., trad, de Keating, p. 121, n. 

2. Observat. sur la relig, d. Gaul. (M<§m. de FAcad. d. Inscr., t. xli, in-12, 
p. 23, ou t. xxiv, in-4°). 

3. Celtic, researches, p. 130. 

4. P. 433 et 441. Les indications de Scherrer sont inexactes. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 

99 

efficace A . — Quant aux pretentions tudesques, nous rdp^terons gue 

les vocables Dryhlen, Druhtin, maitre, seigneur, Truhtan, p r <§tre 

Drude, Drutan(Ai]g\.s.Dry), magicien, sorctere, etc., neprouvent 

rien pour l'origine germanique du nom des Druides , puisgue 

sans remonterplushaut, les colons gaulois des champs Ddcumates' 

peuvent certainement Tavoir implant^ de Tautre c6t6 du Rhin 

Voy. Eubages, 228, Saronides, 96, et Sernnotheoi, 81. 

23. Eglecopala (var. Glecopala), la marne colombfne ou 
violate (xvn, Zi), terme probablement compose et qu'on a voulu 
aussi tirer du Grec. — 1° K. Klai, marne, argile; Kleiawg, 
marneux. Ar. Kleiz; craie. — lr. etE. Kre, argile. — E. Lagus, 
marne. Le K. Eglwg, brillant; l'lr. Glee, Z. p. 23, clair, ou 
Glegheal, tr&s-brillant, me paraissent fort chanceux pour le sens. 
Le K. G. et Ar. Glds, pi. K. Gleision, bleu livide, grisatre, ver- 
datre; lr. et E. Glas, conviendrait mieux sous ce rapport; mais 
je n'ai rien vu qui r^ponde: — 2° a pala ou copala, si ce n'est 
pali qui signifie en K. doucement luisant, et pourrait devenir 
r^pithete de Klai. Je n'ai retrouv£ nulle part le Copal, gras, de 
Bullet. Voy. Marga, 29. 

24. Eporediae, al. Eporedicz*, — bons dompteurs de che- 
vaux, d'ou derive le nom de la ville d'Eporedia (Jvr6e, in, 21). 
Mot du Gaulois italique, mais dont les dlSments se retrouvent 
dans tous les dialectes ' transalpins. M. Holtzmann ne . cite 
comme r^pondant au sens de cheval qu'Osw en K. et Each, en lr. 
Mais le premier possedait Ebol, Z. p. 99, ou Epaul (Williams), 
aujourd'hui Ebawl, Ar. Ebeul, L.; C. Ebol, poulain. — LesK. Eb, 
cheval, et Ebwr , cavalier, donnas par Mone, Celt. F., p. 326, ne 
sont pas dans Owen, mais on y rencontre encore Ebran, patu- 
rage de chevaux; Ebrwydd, rapide; — Ar. Ebeulia, pouliner. 
Ir. E. Peall, cheval, jadis Ekh, Z. p. 99, c'est-i-dire Ep. (puis- 
que K=P 3 ) racine K. et Ar. reconnue par Z. ibid, et par Gar- 

1. Die Gallier und ihre Verfassung, p. 39, n. 1865. 

2. Nombreuses deformations de ce mot; voy. Gluck, p. 144* «• ou Diefen- 
bach, Orig. europ. Eporedios doit etre la veritable lecon, dit le premier, et n 
conteste a Pline la juste entente de ce terme, p. 145, n. 

3. • Equm notamment = Hippos. Voy. ci-dessus les reflexions prennn- 
naires, par. XI. 



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100 ■" ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

nett, p. 149. Le Gaelique dit encore Each, dont Armstrong 
rapproche l'espagnol Haca et notre vieux frangais Haque et 
Haquen^e. — Ep se retrouve dans les noms gaulois d'Epore- 
dorix, PorSdorax, Epaone, Epomanduodurum, Epoissus, etc. 
Voy. Epona, 398. Observe/ qn'Osw, derive du verbe os, signifie 
proprement coursier. La deuxi&me partie d'Eporedia n'est pas 
moins certaine. K. Ret, necessarius, gl. de Z. p. 100; Rheidiaw ; 
Ar. Redia, forcer, contraindre, c'est-a-dire dompter; C. Reys, 
n£cessit£ ; Rethy, lat. oportet (Diefenbach ; mais n'est pas dans 
Williams). — I r. Riadh, correction (O'Reilly); Reidhim, E. Rei- 
tich, preparer, mettre en train ou en ordre. — Zeuss, Gliick et 
Pictet ne s'accordent point d'ailleurs sur Texplication de ce 
cSl&bre compost, et M. de Jubainville contredit encore ce der- 
nier. Nous reparlerons de ce ddbat a la fin de la 3 e section. 
Voy. A3, Rheda. 

25. Exacum ou Exacon, esp&ce de centaury fort amfcre, 
ainsi nominee par les Gaulois a cause de son action purgative 
(xxv, 31). Autre mot conservant dans sa forme gr&isde la 
m6me signification. — K. 1° Es, pr^fixe equivalent en compo- 
sition a VEx latin, pour indiquer un mouvement de sortie ou 
de separation; Ir. As ou Es, Z. p. 591, proposition ayant le 
meme sens ; E. As, id. — 2° K. Agori, Agawr, ouvrir, rdpandre ; 
Ar. Egori, G. Agery, ouvrir. — Puis le K. Esg, ce qui pousse 
au dehors, ce qui sort. — Ar. Heska, 6puiser, tarir. — Ir. Eis- 
kim, j'exclus, Asgaim, curer, purifier. — > E. Askaoin, excommu- 
nier. M. Pictet qui, d'accord avec Zeuss, retrouve Ex m£mc 
dans Tancien lr. adjoint a ce pr^fixe, pour composer le mot 
gaulois : aice, action de conduire, au dehors par consequent 
(Marcell. form.). 

26. Glastum, var. Guastum, Glastrum, gu&de ou pastel, 
plante "dont le sue teignait en noir (xxn, 2) ; — vitrum, qui 
donne une couleur bleue (Ces., v. 14). G'est avec ce sue 
que se tatouaient les Bretons (id. ib.). ApulOele m^decin donne 
ce mot comme simplement lat. avec la variante Glutam, al. 
alula, ch. 69 de 1788. — En K. la plante se nomme encore 
Glaslys, Glasddwr; G. 'Glesin; Ar... (Glasten y designe fyeuse).— 
Ir. etE... ; mais Glds, bleu, vert pale, livide, gris&tre. E. Glasd- 



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GLOSSAIRE GAULOIS 

101 



haidh, id. — Memes couleurs di verses dans le K. C et Ar ar * 
(comme celles de la mer). ' ' las 

II est a remarquer que ce n'est pas de Glastum mais de l. 
var. Giuwtutn, que la plupart des idiomes ndo-Jatins ou eer 
niques ont tir<§ le nom qu'ils donnent a cette plante \!T 
waid, woad, etc. Le K. mSme dit aussi wedd-l ys ^/-ff; 
suivant Diefenbach. Voy. Utrum, a 1'App. Y. y ' e ™ a J 

27. Halus, autem quam Gallisicvocant,nomgauloisdaS 
phyton pierreux des Grecs, plante qui croit parmi Jes pierS" 
et puissante pour la gugrison des blessures (xxvi-26 et xxvn-2b) 
Des editions recentes d'Allemagne ont adopte, au lieu de sic 1 
legon sil de sorte que le nom gaulois donnd par PJine seratt 
non plus Halus, mais Sil, ce qui est contradiction positive avec 
le texte de Marceltus de Bordeaux, De Medicamentis, ch 10 
Radicem Symphyti quod Halum Galli dicunt; — et tr&s-prob - 
blement aussi avec le medecin Aputee, ch. 60 de l'ddition d " 
1788. (Voy. ci-dessous la subdivision C.) 

Je pense done que Halus est bien le nom gaulois, passe dans 
la langue latine, du Symphyton pierreux 2 , qui, Iongtemps con- 
fondu avec la grande consoude Sumphuton alio (Pofficinale 
d'aujourd'hui), est maintenant regarde comme la Corisde Mont- 
pellier. Du reste Pline donne encore le nom d'Alus ou Alum a une 
esp£ce d'ail, xix-34. Nos rapprochements remontent h trois id^es 
differences : 1° par le K. Al, excellent; ce qui pdnfctre ; Halu 
pen<§trer, et son adjectif verbal Halus (Jdu radical commun cel- 

tique Hal ou Sal);— 2° par Tlr. et E.Al, pierre, rocher 3 ; enfin, 

dans ces deux idiomes, par Ala, blessure. — Allas-muire ainsi 
qxx'Eala-buidhe sont, dans Fir. d'O'Reilly, les noms du mille- 
pertuis vulgaire, egalement employe jadis pour le traitement 
des plaies ; et le K. donne au lis 'celui d'Alaw qui s'&end a 
d'autres plantes. 

Quant au mot Sil, Diefenbach, qui a adopts le nouveau texte 

1 . Dans les gloses du ms. de Juvencus, carula, viridis etglauci (Wh. Stokes). 

2. Les Venetes d'ltatie lui donnaient un autre nom, celui de Cotonea 
observation a retenir. (Pline, xxvi-26.) ' 

3. Al-Cluyth, quod lingua eorum signiacat Petram Cluyth. (Bede, Hist 
Angl.,1'^) 



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102 ETHNOGtiNIE GAULOISE. 

pense que Pline y a fait quelque confusion, et qu'il ne fant pas 
rapporter ce terme a l'ancien Ir. Sit, sentence, de Zeuss, K. 
Hil (W. S.). 

28. Limeum, plante v£n£neuse dont le sue, nomm£ Poison 
du cerf, servait a empoisonner les filches, et purgeait les boeufs, 
(xxvn-76). Cette plante, qu'on n'a pu retrouver jusqu'a present, 
serait Tell^bore, d'apres le xxv, 25, et A. Gelle, xvn-15, — et 
Toxicon le nom gaulois de ce poison suivantle Ps. Aristote, voy. 
le n° 82. Galien d^crit presque de la m§me maniere les effeis 
v£n&ieux de l'h£l£nion, voy. Belinuntia, 115. Strabon parle 
aussi, p. 165, Did. d'un sue mortel dans lequel les Gaulois 
trempaient leurs fleches. On l'obtenait en coupant le fruit d'un 
arbre semblable au figuier, mais dont il ne dit pas le nom. Ce 
fruit avait la forme d'un chapiteau corinthien. — On a tire 
Limeum du grec Loimos, peste; mais nous avons le K. Llym, 
cuisant, acerbe; G. Lym, cuisant, amer; Ar. Lemm, aigu, 
piquant; — Ir. Leamh, brulant; Leamaim, je brule; E. Leamh, 
blessant, douloureux; Liomh, aiguiser 1 . — Lira est l'ancien 
nom de la glu en Tudesque. 

29. Harga , dans quelques manuscrits Maria, marne, 
engrais decouvert par les Bretons et les Gaulois; — 30. Acau- 
numarga (al. Caunumarga ou Capnomarya) , la marne rousse, 
pierre qu'il faut piler; — 31. Glissomarga (al. Gliso ou Glis- 
comarga, Gliscromarga, etc.), esp&ce de marne blanche, m61ee 
de terre grasse, particuli&rement bonne pour les pr£s (xvn-4). 

— K. Marl; C : Ar. Marg,\d'oii Margidunum en Bretagne 

avait sans doute ur6 son nom ; — Ir. et E. Maria, la marne. 
Marie est reste dans quelques-uns de nos patois. — Tud. Marg, 
moelle; Merg, Mergel, marge. 

Aux deux composes se rapporteraient : 1° pour la legon 
Acaunumarga, aujourd'hui adoptee, YAcaunum, pierre, roche, 
qui nous reviendra plus tard (voy. le n° 68), et qui donne a ce 
terme le sens de marne pierreuse conforme a la description de 
Pline; — 2° pour Capnomarga, rien; — 3° pour Glissomarga, 

1. On rencontre limeo, nom propreou fragment de nom dans une inscrip- 
tion britannique d'Orelli, 2069. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 103 

soit le K. Glwys, brillant, pur ; ou FAr. Glisi, Z. p. 783, paieur • 
C. G/oys, id. (angoisse dans Williams) ;— Loys, gris,blanchatre.' 

— Ir. Glus, brillant; — E. Gleusta, id. Gliosq, £clat, scintil- 
lation ; — soit le K. Llysau, pi. herbes ; Llyseuan, faire pousser 
les plantes. — Ar. Louzou;. Ir. Luis, Lus, herbe; E. et M. Lus- 

— Ir. Luiseanach; E. Lusach, plein d'herbes. Je n'ai pas 
retrouvd le Glisc, blanc, de Bullet. 

32. Possernices ou Passernices, plur. pierres a aiguiser, 
terme gaulois transalpin (xxxvi-47); mot compost: 1° K. Hogi, 
aiguiser, affiler; Hog, repassage; — C... ; — Ar. Higolen, pierre 
a aiguiser; Ir. Kotud (Gorm.) — Ir. Ogh, E. Oir, bord tranchant, 
affile ; — Ir. Oighe, lime; E. id. (Armstrong). — 2° K. Ermig, 
instrument, outil, qui, joint avec Hog ou Hogi, a fort bien pu 
composer, pour une oreille romaine, un mot analogue a Posser- 
nix (Hog-ermig?). — Ar. et C... On pourrait encore le former 
avec Tancien C. Hern, fer, dans lequel, observe M. Pictet, Orig. 
indo-eur., i, p. 164, Yh remplace un s primitif, tout a fait 
tomb£ dans le Gaelique; voy. le n° 174. 

33. Plaumorati ou Plammorati et Planarati 1 , charrue 
de la Rh6tie gauloise 2 , a laquelle on aurait ajoutd deux petites 
roues (xvni-48), mot probablement compost et appartenant au 
Gaulois italique. On voit que sa veritable legon n'est pas tr6s- 
certaine; Hardouin voulait m£me le latiniser enti&rement en 
lisant Plaustrarati. Diefenbach propose le moyen terme Plaum- 
aratri, dont le premier Sldment dans le latin barbare des lois 
lombardes (liv. i er , titre 19, etc.) semble signifier la charrue 
enti&re, mais peut n'en avoir d^signd, du moins dans le prin- 
cipe, que la partie anterieure, celle a laquelle se rapportait 
Tinvention des deux petites roues. C'est ainsi que 1'avait ddja 
compris Wachter, Glossar. germanic, 1737, v°. Pflugrad (rotula 
aratri). 11 regardait Planarati comme la veritable le$on, et ce terme 

1. Diefenbach cite encore d'autres deformations e"videntes de ce mot. 

2. L'ensemble de ce texte prSsente encore d'autres variantes, notamment 
celle qui sSparait Rhatia de Gallics par un point rejete* aujourd'hui. Mais 
Plaumorati n'en reste pas moins un mot gaulois, et cette Rhe"tie peu connue 
elait le Veronals, voy. Pline, m-2'J. Servius, Georg. 1«% v . 174, 6tend l'usage 
de ces charrues au paysde Virgile, le Mantouan. 



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10/| ETHNOGtiNIE GAULOISE. 

commetout a fait celtique d'apres Interpretation de Boxhorn 1 . 
En fait, il est trfcs-possible que le Plaum ou Plourn germa- 
nique ait pris, sous la plume de copistes allemands , la place 
du K. Blaenn, ou qu'il en soit une simple deformation tudes- 
que. Ce mot signifie effectivement la partie anterieure d'une 
chose ; Blaenu, aller devant , Blaenrad (du verbe Rhedu, cou- 
rir), ce qui court devant ; — et ce dernier, applique a la 
charrue, designait les rotulx przcursores, suivant Boxhorn et 
Wachter. Je n'ai trouve d'analogues a ces vocables, ni dans 
l'Ar., ni dans le C, mais Tlr. nous offre Brain et Braine, com- 
mencement, avant-garde, conducteur. Nous pouvons done 
abandonner le K. Plana, semer, planter; et 1' alternative du K. 
Arad, charrue, Ir. Arach;— ou du celtique Bhod, roue (voy. 
le n° 5) de notre premiere Edition ; sans nous arrSter plus que 
nous ne Tavon's fait au gaelique Crann-araidh de Brandes, 
charrue sp^ciale. — Le Tud. mis aussi en avant, Plog-met-rat, 
charrue a roue, serait encore preferable. 

3ft. Rodarum, al. Rhodora et Rhodara ; plante a tige 
noueuse etdontles feuilles deviennent rouges (xxiv, 112). Elle 
se plaisait dans le voisinage du Rumpotinus, ce qui, d'apres le 
xiv, 23, rapporterait son nom au Gaulois italique. On pense que 
e'est rOrmifcre ou reine des pres. K. Rud t Z. p. 161, et C. id., 
rouge ; K. actuel Rhudd ; Rhwd, rouille ; Rhwdaw, couleur de 
rbuille. — Ar. Ruz; Ruzder, rougeur. — Ir. Rol, Rodaidh, 
Rwdh, E. id., rouge 2 . — Rappelons-nous les flam Rutheni de 
Lucain, 1-102. 

35. Rufius ou Raphius (on a lu aussi Rufinus), nom du 
Chama ou Chaus, animal qui a la forme du loup et les taches 
du pard,viu, 28 ; e'est le loup-cervier, id., 34. — K. Rhaib, avi- 
dity Rhedbiaw, ravir. — Ar. Krafa, id. Brifa, d^vorer. — C... — 
Ir. Reubhaim, je dechire, j'arrache. — E. Reub, d&hirer. 
Nous avons encore, relativement au pelage de cet animal, le K. 
Rhuf, rougeatre, et l'E. Robach, couvert de poils longs et rudes, 

1. Orig. gallicar. liber, 1654, dans le Lexique. 

2. Cette plante pr6par6e constituait un remede dont on se faisait frotter 
par trois hommes de trois nations diffe*rentes ; prescription ou Mone reconnak 
line triade de lam6decine druidique. Nord. Heidenth, n* p. 403, n. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 105 

h6riss<§. — Tud. Raban, Raupon, ravir. — Hrafli, Rakf, renard. 
L'Ir. dit Reabh, pour rase, trompeur. — Rouphiana, viJle des 
NSmfctes dans Ptotemee. 

36. Samolus, al. Samosum (on a lu aussi Samiolus, Sa- 
muto, etc.), plante mar&ageuse, ainsi nommde par les Druides, 
et qu'on broyait pour la faire manger comme pr&servatif pour les 
boeufs et les pores (xxiv, 63). Norn reste en Frangais, Samole, au 

mouron d'eau ; —en K. Symwl, a la primevere 1 .— Ar — ir. 

Samh, tranquille; Sabhal, salut, conservation; Samhluth, vif, 

dispos. — E. Sabhail, sauver. — Samulocenx, ville de la Rhdtie. 

Bullet donne Sarwmos, salutaire aux cochons, compost dont le 

premier element ne se trouve avec cette signification ni dans 

Owen ni dans Legonidec, et dont le deuxieme devait Stre Moc'h. 

37. Spadonia, nom que les Beiges donnent a une esp&ce de 

pommes, parce qu'elles n'ont point de pepins, a conditions castrati 

seminis (xv, 15). Mot qu'on a d'autant plus lieu de croire simple- 

tnent latin (Spado, Spadonius, ennuque, sterile), que Plineddsigne 

ggalement ainsi, par. 39, une espece de laurier. Ce serait done 

un terme emprunt^ par les Beiges a l'idiome de leurs maitres en 

horticulture 2 , les colons romains. Diefenbach observe ndanmoins 

qu'il n'est peut-etre pas etranger a Tancien Celtique, d'apr&s la 

descendance qu'il a laiss^e dans 1'Ar. Spdz, Spdzad, chatr£ ; le 

K. Dispaidd oxxDysbaidd, id.; PIr. Spothaim, je chatre, participe 

Spothte, chfttrf; et PE. Spoth, chatrer. — C... 

. 38. Vela ou Velarus (al. Velum StmSme Tortela), Pirio latin, 

sorte de c6r6ale, — dont la graine ressemble a celle du cresson, 

plante d'ailleurs plus particuli&rement m&Hcinale (xxn, 75, 

conf. xviu, 10 et 22); l'herbe au chantre ou notre Velar officinal. 
Je n'ai trouv£ d'analogues, au dernier point de vue et au premier, 
que les K. Beta, la jusquiame, et Belys ou Belysen, Je chaume 

1. Primrose ou Cowslip dans Owen, qui rappelle la vertu m6dicinale attri- 
bute jadis a cette plante v6n6r6e par les Bretons. Ed. Davies nomme le Sa- 
molus Gwlydd,etJ. Grimm y voit l'Anemone pulsatile, Myth., p. 1139. D'au- 
tres, la V6ronique Becabunga, ou une Barbare'e qu'on cueille encore de la 
m£me maniere que le Samolus de Pline, a la Saint-Roch, dans quelques 
provinces de France (Plin. Panck*). 

2. Voy. Columelie, I« r ; Isidore, Orig. ivii-5, etc. 



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106 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

doat on couvre les toits. Mais relativement au cresson qui res- 
semble effectivement au Velar, nous avons le nom m£me de 
cette plante, en C. et Ar. Beler;K. Berwr; Ir. Biolar, jadis Biror 
(Corm.), E. Biolaire; M. Burley (W.). Celuide Velar est encore 
reste dans notre langue a l'herbe de sainte Barbe, Erysimon Bar- 
barea, et nous appelons en outre Tortelle une esp&ce de Velar. 

38 bis. Vettonica. Je ne place ici que pour m^moire ce nom 
gaulois de la B^toine 1 (Pline, xxv, 46), evidemment du aux 
Vettones , peuple espagnol qui, suivant cet auteur, decouvrit 
les propriety de cette plante. L'Ir. la nomme encore Lus- 
mhic-Bethaig, Pherbe des enfants de Beth..; — E. Lus-Beathaig 
ou Biatas; — Ar. Bentonik. — Son nom basque est Sugueria. 

39. Viriolae, en Gaulois (var. Utriolx), — et 39 bis, Viriae, en 
langue celtibere (c'est l'inverse dans quelques manuscrits), bra- 
celets d'or, xxxiii, 12. Mot qu'on a vpulu tirer du Basque, comme 
se rattachant au nom du h^ros lusitain Viriathus; mais il est 
assur&nent plus probable que ce sont les Celtes qui Tont porte 
en Espagne. — K. Wyr, pi. Wyrion, ce qui est dtendu, dtir^; — 
ou bien Gwyr, courb£, et aussi : ij tourne, du verbe Gwyraw.— 
C Gwarak] ce qui est courbe; — Ar. Gwar ou Gour (Williams). 
— Ir. et E. Fiar, courb6, tors- — et Fireann, jarretifcre. Nous 
avons conserve de cette famille les mots virole, virer, etc. 

Nous retrouverons dans la catdgorie suivante plusieurs 
autres termes qu'on a tir<§s de Pline; mais c'est ici que doit 
prendre place le mot : 

40. Ganta ou Gansa (al. Gasa, Ganza, que Du Cange, Diefen- 
bach et mSmeWachter ont regard^ comme gaulois, quoique Pline 
dise expressement que c'est en Germanie qu'on donnait ce nom a 
une petite esp£ce d'oies, de couleur blanche, x, 27. On a d'abord 
confondu ces oies avec celles de la Morinie dont le haturaliste 
parle quelques lignes plus haut; puis entendu sans doute par 
Germania la partie des Gaules a laquelle les Romains avaient im- 
post ce nom. Cependant rensemble du texte et ce terme absolu 
de Germania au sing, indiquent plus naturellement la grande 

1. Qu'il ne faut pas confondre, comme on l'a fait souvent, avec la Bri- 
tannica du meme auteur, xxv-6. x 



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GLOSSAIRE GAULOIS. i07 

Germanie au dela du Rhin. Mais d'un autre cote\ un auteur franc- 

comtois dux e siecle, Adson, pretend qu'on a nommd les oiessau- 

vages gantae, a cause de leur blancheur et des cris qu'elles font 

entendre (Vit. S. Walbert, par. 5),etGiraldle Gallois affirmedans 

sa Topogr. Hibern. que les Irlandais appelaient Gantes les oies 

blanches et petites. lis nomment encore les males Gandal et 

Ganra, E. Ganradh. On peut repondre que ce terme avait 6t6 

port6 en Irlande par quelque colonie germanique (Caucii, Me- 

napii?) ou danoise; mais il se retrouve d'une maniere si recon- 

naissable dans presque toutes les langues indo-europdennes 4 , 

qu'il remonte evidemment a leur berceau commun, Sk. Hafisa. 

(Test dommage pour l'etymologie d' Adson, assez bien justified, 

quant a la blancheur, par le Celtique Kan, Kami ou Kain, blanc, 

des idiomes modernes, collateral mais non descendant, pense"-je, 

du canus latin; voy. le n° 278. 11 se peut done que Pline ait reel- 

leraent parle de la Germanie gauloise, et que nous soyons en droit 

de retainer ce mot. Le biographe de sainte Amalberge, Bolland., 

10 juill., p. 98, a ecrit Gances, et parait attribuer ce nom aux 

oies en g&ie>al; mais Fortunat distingue, vn, 4, Yanser et la 

ganta. Quoi qu'il en soit, les termes germaniques Ganza, Kans, 

Gans, Gander, Gent, sont plus rapproch^s de celui de Pline que 

le Celtique actuel, K. Gwydd; C. Guit et Goydh; Ar. Gwds; — Ir. 

et E. Geadh, O'D. (Gedh, dans Corm.), oie en general. 

Par Tacite, au i e r siecle. 

41. Crupellarii ou Cruppellarii, gladiateurs tout couverts 
d'une armure de fer, continuum ferri tegumen (Annal., in, 43). 
Nombreux rapprocbements : les uns, si le mot est simple, con- 
cernant soit I'armure complete : K. Krwb ; Ar. Krugel, ce qui 
est ramassS en un tas; bosse; d'ou Krwban, tortue. — G. Krup- 
pya, ramper. — Ar. Krab; Ir. E. Krxxban, crabe; Ir. Krupadh, 
contraction, resserrement. — E. Krub, se tapir, se blottir tvoy. 
Legousmata, n° 180), — soit, ce qui me parait preferable, l'or- 

4. Anc. Fran$. Gante; Esp. et Portug. Ganso ; Valaq. Gdnscd, etc. Le 
Basque meme dit Anzara; ce mot n'est-il vraiment que VAnser latin? 



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108 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

nement de casque distinctif de celui du Mirmillo, voy. Ien°226- 
le K. Kribell, Ar. Kribel, crete de coq, cimief. C. Criban, crete; 
— Ir. Krib, id. — E... ; — les autfes, si le mot est compost :' 
1° K. Kryf, serre, joint. C. Krif, fort; Ar. Kre, superl. Kreva, 
tres-solide. —2" Pellus, entourant, compacte ; — Ir. Peallaim, je 
coovre; E. Peileid, coquille, sac; ce qui nous ramenerait a 1'ar- 
mure complete. Remarquez dans le meme auteur, Ann., iv, 73, 
le nom frison de Cruptorix, dont la finale n'est pa's moins 
gauloise. Voy. 387, Rix; et dans Graff, les Tud. Crupel, podius, 
Kryppil, gibbosus. 

Par Quintilien, au n« Steele. 

42. Casnar, al. Casern, Casmi, Casmo; qui accompagne 
poursuit quelqu'un, une femme, etc. (Instit., i, 5). Mot proba- 
bleraent cisalpin, d'une forme peu certaine, et qui, sous celle 
qui est adoptee aujourd'hui, 6tait egalement osque, avec le sens 
de vieillard (Lat. Cascus), qu'on peut deja soupconner dans 
Quintilien (Festus et Varr. l. l. vh, 29). K. Kasnori, persecu- 
tor. — Ar. Kas, envoyer, conduire. - Ir. Kasan, chemin. 
E. chemm, promenade. D'un autre c6te le sens de vieillard se 
retrouve dans l'Ar. Koz, L. vieux; Kosni, Z. p. 783, vieillesse- 

C. Koth, id. - K. Ir. E _ Ne pas confondr ; 

tasnar et Casnus, dont nous parlerons au mot Cassi, 365. 

43. Rheda ou Reda 1 , mot gaulois, i, 5 ; voiture gauloise '■ 
(Fortun., Carm., m, 22), jadis reta, char a quatre roues (Isid., 
Or., xx, 12). Ce terme est dans Ciceron avec celui de Rhedarius, 
conducteur du char {Pro Milon., 10), et plus tard constructeur 
de voitures 3 . 11 devait done faire partie du Gaulois italique. — 
K. Rhedu, courir, Rhedus, dispose pour courir. — C. Redek, cou- 
rir; — Ar. id., Ret, Z. p. 100 et Ir. id. Z. ou Reth, Z. p. 13, et 
Riad, course. Observez qu'une glose de Z. p. 21, rend Deriad 

1 . L'un des vieux glossaires, publics par Mar, <5crit Rhmda, ou Rheda. C\*&- 

™lTeJL!\£Z c I*: Grecs ont pouss * ,es variantes de ce mot j-** 

3. Hist. aug. Max. et Balb., 5. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 109 

(De = deux) par Bigx, char a deux chevaux; — E. Ruith, cou- 
rir. — Rette se dit encore dans les montagnes du Jura. Pour le 
rapport de reta avec rota, voy. Petorritum, 5 ; et pour Epprediae 
Je n° 2l\. Gliick rapporte en outre au m6me radical le nom &es 
Redones. 

Veredus, d'abord cheval de voiture, puis de chasse £gale- 
ment, enprovenait aussi, soit par une formation hybride, veho 
rhedas, comme le suppose Festus, soit qu'il fut d'origine pure- 
ment celtique, ce qui me seinble plus naturel ; voy. Gliick, p. 90, 
a la note. 

Par Suetone, au n e si&cle. 

hk* Galba, tr&s-gras (Galb., 3); mot du Gaulois italique, 
puisque ce surnom de la famille Sulpitia datait au moins de 
\l\k avant J.-C. (Fast, consul.) La cause du surnom 6tait incer- 
taine ou obscure, nous disent Su&one et Quintilien, i, k ; mais 
ce terme n'en reste pas moins acquis h la langue gauloise, quoi- 
qu'il ait signiG6 en Latin un ver qui s'attaque aux chines, et 
suivant Cassiodore 1 , jaunatre, luridus (al. Lucidus, brillant). 
C'est aussi le nom d'un roi beige dansCes., n, 4, et d'un chef car- 
p^sien en Espagne, c'est-a-dire celtibere, Galbus; T. Liv., xxiu, 
26. Les idiomes K. n'ofifrent rien de satisfaisant, mais l'E. avec 
T^change si frequent de \'L et de IV nous donne Garbh, gros, 
3pais; Garbhanach, un homrne corpulent; Kalbhair, gourmand, 
vorace; — Ir. Gcdbha, force du corps. — L'E. Garbh signifie 
aussi grossier; K. Garw; C. Garow; Ar. Garv. 



Par Aulu-Gelle, au n e siecle. 

45. Circius ou Cercius dans Gaton, vent trfcs-violent de la 
Gaule, ainsi noram^ peut-Stre d'apr&s les tourbillons qu'il forme 
(n, 22); particulier a la Gaule narbonnaise (Plin., n, 46;, voy. 
Seneq., Quxst. nat. y v, 17) ; Circio, vent qui souffle entrele nord 

1. Martin, Lex. philol. cit6 par Diefenbach, Orig. eur., V Galba, qu'on 
peutconstiltersur toutes les variations anciennes et niodernes de la significa- 
tion de ce mot. 



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110 ETHNOGtfNIE GAULOISE. 

et l'occident (Gloss. d'Isid.). A peu prfcs le mistral des Proven- 
gaux, un de ces vents du N.-O. qui portait en latin le nom de 
Caurus ou de Corus. II a conserve dans le bas Languedoc ceux 
de Cerce et de Cers. — Le mot gaulois peut comporter deux 
id£es diflterentes; d'abord du K. Kyrch, irruption, attaque; 
Kyrchu, assaillir. — C. Ketches, chercher; — Ar. Kerc'hout, cher- 
cher vivement. — Ir. et E... — Puis, celle de tourbillon, K. 
Kylch, cercle ; Kirkhinn, dans les gloses du ms. de Juvencus, 
circonterence. — Ar. Kelc'h, jadis Quelch, L. cercle; Kelchek, 
cir'culaire. — C. Kerchen, ce qui entoure. — Ir. Kerkenn, cycle, 
cercle (Corm.) *. 

A. Gelle cite encore, xi, 7, deux mots latins tomb£s en com- 
plete desuetude, Apluda, du son, et Floces, de la piquette, dont 
l'emploi avait fait rire, dit-il, aux ddpens d'un avocat, comme 
s'il eut parte toscan ou gaulois; ce qui n'implique pas que ces 
termes aient originairement appartenu a Tun ou a l'autre de 
ces idiomes. Je ne les ai point, en tout cas, retrouv^s dans le 
Celtique. 

Par Ulpien, au iu e siecle. 

66. Peculium, c'est ainsi que les Gaulois nommaient les 
Parapherna des Grecs, c'est-a-dire les choses donnees dans le 
mariage en sus de la dot (Digest., xxm, Tit. 3. De jure dot., 9); 
terme tout latin, mais qui devait, dans ce sens, se rapporter a 
quelque mot gaulois que je n'ai pu retrouver. II est vrai qu'un 
. commentateur du Corpus juris, 6d. de Lyon, 1618, dit que cette 
opinion est une sottise; mais j'ai, pour m'excuser, Tedition de 
Gothofredus, 1663, dont une note affirme que Peculium est un 
ancien mot gaulois, comme Combine, Petoriti, Alaudx. 



Par Festus, au m e Steele. 
47. Bardus, chanteur gaulois: — poete (Diod., id., v, 31. 

1. L'E. Kearkall, comme l'lr. Kirkul (Corm.) ou Kerkol, Z. etc,, ne sont 
autres que le latin Circulus, dont le M. a fait de son c6te* Karkyl. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 1U 

Voy. Posidonius, au n° 98ci-dessous. — Strab., rv, p. 164 Did. — 
Lucan., l er , v, kkk- — Am. Marc, xv, 9. — H^sych.). — K. 
Bardd 1 , poete, Bardhony, Z. Bardisme. — G. Earth, musicien, 
mime. — Ar. Barz, poete; Ir. Bard, O'D.; Bairdne, composition 
bardique, id. — E. Bard, poete; Bardan, mauvais poete; Bar- 
dachd, poesie; Ir. id. — M. Bardagh, poete. On a vu que Holtz- 
mann voulait, bien a tort, que ce terme ne datat que du 
xi e si&cle dans les idiomes neo-celtiques. Lesraisons qu'il allegue 
pour germaniser cemot nesont pas meiileures. II tombed'abord 
dans la faute qu'il a reprochee a O'Reilly, en ddcidant a priori, 
d'apr&s le Barditus de Tucite, Germ., 3, que Barde est un mot 
tudesque; lequel Barditus estlui-rn£me fort peucertain, n'etant 
qu'une variante ou une correction de Tancienne le^on Barritus, 
(auj. Baritus) qu'appuient si fortement les passages d'Am. Marcel- 
lin, xvi, 12, xxxi, 7, etc.,et deVegece, in, 18. II me semble evi- 
dent que les chants des Bardes gaulois ou des poetes germains 
qui c61ebraient les heros et les antiques traditions nationales 
3taient tout autre chose que ces cris inarticules et progressifs, 
pouss&s de concert dans le creux des boucliers ou au milieu des 
combats, et s'enflant jusqu'a imiter le bruit des vagues bris<§es 
contre les rochers. Ge chant terrible, dont le nom, dit Am. Mar- 
cellin, etait emprunte aux Barbares 2 , peut s'etre appel£ Barritus 
du Tud. Bar en, crier, chanter; Bar id , cri (Ir. Bairidti), aussi 
bien que Barditus, de Bordi, bouclier, ou de Bar ten, combattre; 
et rexpression v aoglo-saxonne que citait M. Holtzmann : Vordum 
and bordum (p. 92 et suiv.), me parait mtaie prouver contre 
lui, car elle repond pr&nsement a cette distinction des paroles 
chantees, Vordum, et du mugissement des boucliers, bordum 3 . 
Je crois done que nous pouvons en toute conscience conserver 
le mot Bardus comme notre propri&e 4 , quoique Radlof le donne 

1. Ce mot aurait fait en L. Barsus ;il fautdonc que la prononciation du K. 
ait change^ ou que Bardus vienne du Gaelique Meme observation pour Nertus, 
n° 374. 

2. xxx, 7. Voy. Freret, Hist. Ac. Inscr., t. xi, in-12. 

3. Cette distinction se montre deja dansT.-Live, xxi-28 : « Galli cum va- 
riis ululatibus cantuque moris sui, etc. » 

4. Brandes cite le Rebarder de nos vieux poetes francos; Ethn. Verh. d. 
Kelt, und Germ., p. 314. Voy. Fauchet, De lingua gall., i-ch.8. 



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112 ETHNOGtfNIE gauloise. 

encore aux Frisons, p. 29ft. H figure corame nom propre, vrai- 
semblablement helv^tien, dans cette inscr. de Hafner, Rom. 
Bay em, 162. Cattao Bardi F. Helvetio, en 64 de J.-C. Voy. encore 
Bardaea, App. ii. 

48. Benna, sorte de voiture, d'ou combennones, ceux qui s'y 
trouvaient ensemble. Caton en parle, R. R., 23, ce qui prouve 
que ce mot appartenait au Gaulois italique. Dans la vie de 
saint R£my (Bolland., 13 janv.), Benna est un grand vase ou 
panjer dans lequel on mettait des denrees et des bouteilles de 
cervoise. Un bas-relief gallo-romain de Dijon represente un de ces 
paniers pos6 sur des roues et attele de deux chevaux * ; c'est la 
banne de nos charbonniers. Bannetle, Benaton, etc., corbeille, 
panier, sont rest^s dans le patois boilrguignon; et Banne dans le 
franc-comtois. Dans d'autres provinces on dit encore Manne. 
Mais il ne faut pas oublier que ce terme a de profondes racines 
dans le Tudesque 2 , soit qu'il derive d'une source commune aux 
deux langues, soit que les Germains nous l'aient fort ancienne- 
ment emprunt£. Ce sont eux, penserais-je volontiers., qui lui ont 
donn6 dans la Gaule franke le sens de cloture pour arreter les 
poissons, comme on le voit dansDu Cange, qui cite a Tappui des 
chartes de Childebert l er et de Childeric II, dans lesquelles 
Venna (al. Vinna, Benna) est synonyme de piscatoria ou peche- 
rie 3 . Cela s'explique fort naturellement par les claies d'osier 
dont ces clotures dtaient sans doute faites. Charles Martel en 
avait fait etablir dans la Seine, prfcs de Rueil, une qui portait son 
nom, Caroli-Venna*. — Le Celtique nous fournit pour le Benna 
de Festus : K. Men ou Ben, chariot; — C... — Ar. Mann, panier 
d' osier. — Ir. Ben, Fen, Z. p. 22 et Feun, E. id. de voiture, cha- 



\. Legouz-Gerland, Dissert, sur Vorig. de Dijon, 1771, pi. XX,, fig. I. 

2. Ne pasle confondre toutefoisavec Fen, boue, marais, Venna ou Fenna 
dans Graff, et qui est rests dans le Flamand (Ven, tourbiere) et dans 
l'Anglais. 

3. Voy. D. Bouquet, tv, p. 622 et 651. Gonf. au t.v, p. 687, un capital, de 
Charlemagne. Observons cependant que le Wanna du l e * de ces textesparait 
le nom particulier d'une pecherie distincte de celles dont il est en meme 
temps question comme Stablies dans le lit de la Seine. 

4. Voy. D. Bouquet, vi, p. 505 et suiv.Dipldme de Louis le Pieux. Caroli- 
Venna se reconnait encore dans le nom actuel de Ghalevanne. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 113 

riot. M. Holtzmann a nie Pauthenticit^ du Ben K., mais il est 
donne par J. Davies et par Lhuyd, et Owen Pughe cite les lois 
galloises et le Mabinogion pour le diminutif Benyn et le derive 
Benaid. Quant au Fen gaelique rejete aussi par Diefenbach, il 
nous est garanti par O'Donovan, d'apr&s Cormac. 

La Venna dans nos chartes frankes aurait aussi de proches 
parents dans l'Ar. Bann, jetee, barrage (d'ou notre mot vanne) et 
Fenna, couler par-dessus, en K. Ffenni? (La Villemarque.) 

19. Bulga, petit sac depeau; motdu GauloisitaJiquepuisqu'il 
se trouve deja dans Lucile, Sat. 6 et 26. — K. Bolgan, Bwlgan 
sac, bourse ; Boliaw, se gonfler. — G. Bol, ventre. — Ar. Porbo'- 
len, vessie, ampoule; — Bolz, voute, arcade.— Ir. Bolc.Z., p. 17, 
outre; Bolg, id. (Corm. O'D.) et sac, ventre; Builg, soufflet.— E.' 
Balg, sac; — dimin. Balgan; — M. Bolg, ventre, wessie. ~ Tud. 
Balg, Bwlg, sac de peau. Belgi, outre. 

50. (Umber, voleur, brigand. — Suidas, id. — Plutarque, 

id., mais il en fait un mot gennanique, Mar. 11; et je crois 

qu'il a tout a fait raison, quoique le K. nous donne Kymeryd. 

prendre, saisir, en Ar. Kemeret, C. Kemeras ; Le Pelletier di't 

avoir vu l'ancienne forme Quempri (Diet. bret.). L'Ar. dit encore 

Kemerer, celuiqui prend, et PE. Kampar, vexation, grief; Kam- 

parach, celui qui vexe, celui qui foule aux pieds; sens qui peut 

n'Stre qu'une simple degeneration du K. Kampwr ou Kampiwr, 

Ar. Kampier, Ir. Kampur, qui signifie champion. Ce serait line 

proration pareille a celle du nom m6me des Cimbres, dans la 

bouche des populations qu'ils avaient vaincues et piliees dans les 

Gaules et dans la Germanic Ce nom, dont les termes precedents 

peuverit Stre derives aussi bien que du campus latin, signifiait 

en Tudesque les combattants, de Kaempan, combattre, Kambar, 

brave; ou les heros, les geants, Kaempe, Kemper, termes fort 

proches parents de Kimpan, ravir, Kimpare, etc. Wachter 

remontait pour son compte au gothique Quiman, perdre, faire 

perir, d'ou il tirait Kymmer t Kymber, qui sont aussi fort rappro- 

ches de PAr. et du K. cites en premier lieu. Le nom des Am- 

brons, ces allies gaulois des Cimbres, subit, d'aprfcs *le m£me 

Festus, une injure encore plus grande. II resta dans la langue 

latine avec le sens d'homme k vie honteuse, ou, suivant le 

8 



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114 ETHNOGtiNIE GAULOISE. 

Gloss. d'Isidore, de pillards, de dissipateurs , etc. (V. Ambro; 
Devoratores, Mandones.— Conf. Placid; Mai, Glass, auctor. T. 3). 
Notre vieux frangais Embron, Embrwte, pour dire colore, cha- 
grin (Du Cange, t. vn, n. 6d.) f ne vient point d'Ambro, mais 
peut-6tre bien du cri tfAmbrons ! Ambrons ! que poussent, dit- 
on, les Provengaux pour exciter leurs bStes de sorame. 

51. Petora, qiiatre en Gaulois et en Osque. Voyez Petori- 
tum, n° 6. 



Par Am. Marcellin, iv e sidcle. 

52. Murcus, nom que les Gaulois donnaient a ceux qui se 
coupaient le pouce pour s'exempter du service militaire (xv, 12). 
Ce sera en Italie, ou par plaisanterie, suivant qu'onlira localiter 
oujocaliter. La premiere legon a pour elle l'ancienne existence de 
ce nom dans Rome m6me, ou se trouvaient une valine Murcia, 
un mont Murcus (l'Aventin, dans Festus, Cf. T. Liv., i, 33.Serv., 
JEn., viii, 636); une Murcia, d^esse de la paresse (S. August., 
Civ. D., iv, 16), qu'il ne faut pas confondre avec V6nus aux 
Myrtes, Murtia. La deuxteme legon pourrait £tre rapport£e dans 
les langues n6o-celtiques a trois ordres d'idees. D'abord a la 
d6esse Murcia par l'Ar. More 9 hi, mortifier son corps; Morc'hedi, 
6tre languissant, dormir; Morc'heduz, indolent, paresseux, en 
K. Musgrell. — Ir. E. Murkach (d£riv£ de Mur), triste, mSlanco- 
lique. — 2° Ir. Murkakh (ddriv^ de Murk, corruption, ordure), 
puant.-— E.Malkahh, pourri. — K. Burgun, charogne.— 3° Ir. et 
E. Meur, doigt; E. Meurakh, qui a des doigts. Quel qu'ait et£ le 
sens de cette plaisanterie, on voit que ce terme n'&ait mat&iel- 
lement Stranger a aucun des quatre idiomes. 



Par Aurel. Victor, iv e stecle. 



53. Bagaudae, brigands (De Cms. LHoclet. Voy. Zosirne, vi, 2. 
Salvien, De Gub. Dei, v, ou se trouvent les variantes Baogaudx, 
Baogandx).Bacaudse, nom que sedonnerent les paysans souleves 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 115 

dans les Gaules (Eusfeb., Chron., an 285; Eutrop. ix. Son tra- 
ducteur grec Poeanius n'entend par ce mot que leurs chefs 
Tupawotemx^ptot)- Dans Orose, vn, 25, Vacaudae, on^Bauco- 
dx 1 ; la forme ggn^ralement reconnue aujourd'hui est Bagaudx. 
— K. Bagad, troupe, Bagadu, s'amasser, s'attrouper. — \ r ' 
Bagad, troupeau, attroupement. — C. Bagat, assemble, multi- 
tude. — Ir. Bagaid, groupe; Bagh, menace, O'D.; Baqhad 
combat, escarmouche; Baghach, soldat ; Bacad, capt'if, ddriv<§ 
peut-6tre de Bagaudae m6me. — E. Bagh, bataille, Bagach, bel- 
liqueux. — Gibson n'a pas reconnu, Britain, p. xxv, le sens de 
gardeur de cochons donn<§ par Camden au K. Beichihd, d'ou [\ 
tirait Bachaudx. Une revue galloise, le Cambro-briton, t. m 
p. 39, reproche sSverement k Camden ce faux kymmryque — 
Notez dans le Tud. Baga, querelle, dispute. 

54. PatSra, nom des prStres de Bdtenus Apollon parmi ses 
adorateurs particuliers (Profess, iv). Au Carmen, x, id. Ausone 
parait employer, comme Equivalent de Patera, le terme Jatin 
Mdiluus, gardien d'un temple. Le mot gaulois nous rappelle le 
surnom de Patareus qu'Apollon tirait de son oracle de Patara en 
Lycie. — K. Pad, celui qui conserve, qui entretient continued 
lement ou avec un autre. — C — Ar. Paotr, serviteur, em- 
ploy^ (mot isol<3, mais qui remonte directement au Sk. putra, 
lat. puer). — Ir. E. Paidhir, couple, paire. — II se peut aussi 
que les copistes, preoccup<§s du Pater latin, aient change en P 
leTd'un mot comme Tatera, qu'on peut tirer du K. Tad, pere; 
Tadu, 6tre pfere. — Ar. Tat; C. Tad; Ir. Bald; E. Athair, pfcre; 
Ir. Dadan, O'D., pfcre nourricier. Voy. au n°231, Patus, et le 
Sk. Pdti, maltre, — exemple avec Putra des contradictions aux- 
quelles peuvent aboutir les recherches Etymologiques-. 

Suivant M. de Closmadeuc (Revue arcMoL, decemb. 1865), 
on nomme dans le Morbihan Goukad-patereu, gorgee de grains, 
des colliers de femme composes de grains d'ambre ou d'autre 
mature; colliers b&ris et conserves depuis un temps immemo- 
rial, comme talismans, dans les families bretonnes. 

1. Diefenbach cite encore d'autres deformations de ce mot. 



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116 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

Par Vegece, a la fin du iv e siecle. 

Pour Caterva, voy. a Isidore de Seville, n° 158. 

55. Pyctae, noms que les Bretons donnaient a des bateaux 
compl&ement peints en couleur de mer, pour mieux surprendre 
l'ennemi (lnstit. mil, v. 7, al. Pictse, picatx). Ce mot n'est-il 
qu'une traduction lat., ou doit-on le regarder comme le terme 
original confondu par les copistes avec le participe lat. qui lui 
ressemblait? Gette derniere opinion est celle que me font adop- 
ter les variantes m6mes des manuscrits ; ces bateaux n'etant 
d'ailleurs pas les seuls qui fussent plus ou moins orn6s de pein- 
tures, et V^g&ce me paraissant avoir voulu citer r^ellement le 
mot breton. — K. Peilhas, bateau d'^claireur, et le verbe Peit- 
hiaw, aller a la ddcouverte, observer. — L'Ar. n'a conserve que 
l'adv. Piz, attentivement. — Ir. Beachdaim, apercevoir, d£cou- 
vrir; Beachloir , espion; E. Beachdair, du verbe Beachdaich, 
observer. Dans un autre ordre d'id&s, nous aurions encore 
K. Ffith, action de glisser, passer rapidement. — Ar. Ficha, fre- 
tiller, changer souvent de- place. — Ir. et E. Feachd, voyage, 
expedition. — E. Feachd, tenter, eprouver. Enfin le nom m6me 
du peuple Picte, en K. Gwyddel ou Gatt-F/ichti 1 . 



Par Sulpice Severe, au commencement du v e siecle. 

56. Tripetiae, petit banc semblable au tripous, ou stege a 
trois pieds des Grecs (Dialog, ii, 1). Ce mot, £galement lat. sous 
la forme tripes, existe encore dans le K. Tribedd ou Trybedd, 
tr^pied; C. Tribet, jadis Tribath; Ar. Trebez, d'ou le verbe K. 
Trybedda, placer solidement. II s'y compose : 1° du K. C. Ar. Ir. 
E. Tri, Z. trois, voy. Trimarkisia, 102, et Trigaranus, 27 1\ ; — 
2° du K. Pedd, pied, dont sortent plusieurs derives non moins 
rapproch^s du lat.; c'est trfcs-probablement un terme venu de 
cette langue, car il est Stranger aux autres idiomes n^o-celtiques, 

1. II est a remarquer que Vegece donne aux bateaux bretons le nom de 
LiburncB, terme reste* dans l'lrl. Libhearn, bateau, avec les senssuccessivement 
de>iv£s d'habitation, b&ail, douaire. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. H7 

et le K. lui-m£me en possMe en commun avec eux un autre, 
savoir : Troed ; Ar. Troad;G. Truit, Troys; Ir. E. Troidh, qui 
signifie pied (voy. n° 109). Aussi M. de La Villemarque veut-il, 
Diet. bret. v°, Trebez, substituer aux pieds les dovgts, kx. Bez, 
C. Bes, K. Bis et Byz ; — Ir. Bos, la main; E. Bas,\a p&ums de 
la main. — Etymologie fort peu naturelle, et a laquelle s'oppose 
Sid. Apollinaire qui emploie, pour designer ces sieges de peu de 
valeur, les deux mots tripodes sellse, Epist. iv, 24. — Tud. Thry, 
dri y trois. — Fot, pied, Fit, pi. Angl. Sax. 



Par Marcellus, de Bordeaux : De Medicamentis, etc. (Medici principes, 1567. 
— Medici antiqui, 1547, et 6d. particul. de Bale, 1536, fol.), a la fin du 
iv e siecle 1 . 

Noms de plantes. 

57. Baditis, Grec : Nymphaea, Lat. : Clava Herculis (ch. 33) 
le nenuphar. — K. Badd, bain, Boddi, noyer, G. Bedhy.— Ar. 
Beiizi, submerger. — Ir. Baidhthim, noyer, d'ou Badud, Z. p. 20, 
naufrage; Badudh (Corm.),qui se noie. E. Baite, du verbe Bath, 
noy£; Bileag-Bhaite, ou Ir. Duilleog-bhaite, la feuille noyde, le 
nenuphar. — K. Bwltys, le nenuphar jaune. 

58. Blutthagio, plante marecageuse (ch. 9). — K. Blodeu 
ou Blodau, Z. p. 1117, et C. Blodon, fleur, K. Blodewwg, tout 
fleuri; Ar. Bleunvek ; Ir. Blathach, id. — Ir. E. Blath, fleur. Le 
K. fournit encore Blawd, pi. Blodion, farine, en Ar. Blend 
Bleuda, r^duire en farine. 

59. Bricuma ou Bricumus; L.Artemisia (ch.26), l'armoise. 
D'aprfes la haute tige de cette plante et les vertus qu'on lui 
attribuait, on pourrait rapporter ce nom au K. Brygu, croltre, 
pousser beaucoup. — Ar. Bragezi, germer, pousser; ou a 1'ir! 

Brig, Z. p. 26. valeur, vigoureux; Brighach, droit, O'D. E. 

Brigh, essence, 6nergie. Tout cela est vague. Diefenbach, observant 
que difterents noms n6o-celtiques de cette plante se rapportent 
a ses couleurs grises ou varices, tire Bricumus du K. Brych, lat 

1 . J. Grimm fait remarquer la bonte generate du \e*te de cet autew. Ub 
Mar cell, form., p. 54. 



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118 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

canus, varius. J. Grimm voulait qu'on lut Britumus ou Britunus, 
d'apr&s le K. actuel Brytwn, nom de cette plante; Ub. Marc, 
p. 9 ; mais je n'ai trouve ce mot ni dans Owen ni dans Lhuyd; 
et Tilluslre philologue renonce k cette correction dans ses Mar- 
cell, form., p. 57. J. Davies nomme seulement Bryttwn, Taurone 
dont la nature ne differe pas beaucoup de l'armoise, que nous 
verrons encore appeler Ponem, n° 121, et Titumen, 123. 

60. Calliomarcus, en lat. Equi-ungula (ch. 16., c'est-a-dire 
sabot de cheval, nom que garde encore, en K. Karn yr ebavol, 
Ar. Troad-, ou Paomarch, et en allemand, Rosshuf, le tussilage, 
plante m&Iicinale que nous appelons de notre cot£ Pas-d'dne). 
Le terme gaulois avait certainement la signification qu'indique 
le lat. puisque la 2 e moitie nous est connue par Pausanias, 
comme voulant dire cheval; voy. Trimarkisia, 102. C'elait done 
un mot compost, mais nous n'avons pour sa premiere partie 
que le K. Karn, Z. p. 863, sabot d'animal. — Ar. id. corne du 

pied. — C — Ir. E. ionga, ongle, sabot, d'ou Grimm suppose 

ioncall, qui se serait reduit par apher&se a Call dans la compo- 
sition de Calliomarcus; Ub. Marc. Bord., p. 8. Mone a rejet£ 
avec raison Gall. Spr., p. 100, ce rapprochement par trop forc6. 
11 est tr&s-possible, avec Taffinit^ de l'L et de l'R, qu'une oreille 
romaine ait change Karn en Call, et metamorphose euphonique- 
ment Karn-march en Calliomarcus. On pourrait encore remon- 
ter a Tancien K. Kallet, Z. p. 828, auj. Kalad, C. Kalys, dur, 
qualiflcatif naturel du sabot des chevaux; Ar. Kalet; Ir. Kola ou 
Kaladh; E. id. 

61. Calocatanus, var. Calocatonos, L. papaver sylvestre 
(ch. 30). Le coquelicot. J. Grimm corrige encore ce mot en 
Catocalanus, d'aprfcs l'lr. Kodlainean, pavot (de Kodal, Kadal ; 
E. id. M. Kadi, sommeil), id. p. 8. — K. C. Ar.; rien d'analogue. 
— Ir. Cadalach, ou Kodalta, E. Kodalach, Kadaltach, somnifere. 
Kadalan, court sommeil. — H. Monin, dans sa triste imitation 
de notre Glossaire 1 , a imaging d'extraire de Kalocatanos, p. 186 
et 2ft8, un nom gaulois du coq, calocas, auquel remonterait 
TAr. Kilok. Mone, de son autorit^ priv^e, a bien substitu& au 

1. Monum. des anc. idiom, gaulois, 1861. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 119 

coquelicot de Marcellus une tige de moutarde, Kal-y-Kedw, 
anciennement Kel-o-Kalo, suivant lui ! Gall. Sprache, 92. 

62. Gigarus, Gr. Dracontion; L. Herba proserpinalis, plante 
bonne pour la garrison des polypes (ch. 10). PJine nomm^m 
11, et xxvn, 104, Proserpinaca, une plante qu'Apulee \fc\w 
tifie avec un polygonum, autrement dit Sanguinaria dont on 
fait une renouee, tandis que le Dracontion est pris pour le *ouef 
serpentaire. Du reste, rien pour Gigarus, si ce n'esr, suivant 
M. Ad. Pictet, l'lr. Geg, Geag, membre, branche,~E. Geug d'ou 
les adj. Geagach et Geugach, branchu, etc.; sens qu'i] rapproche 
du gr. Polygonon et du lat. Centumnodia. (Ub. Marcell form 
p. 57.) Diefenbach cite de son cote* le nom E. du chardon' 
Giogan. f 

63. Gilarus ou Gelarus, L. Serpyllum (ch. 11). Le serpolet 
plante a fleurs purpurines. Rien que le compost K. Geleurudd, 
tach<§ de rouge, qui n'est peut-etre pas tres-ancien, et le K.' 
Geloer, frais, £gayant, qui serait bien vague. Voy. Laurio, 68. 

Pour Bolus, voy. ci-dessus, 27, et pour Hociamsanum, 
l'App. lettre x. 

66. Odocos, Gr. Chamxacte. L. Ebulus (ch. 7). L'hieble, 
arbrisseau a baies noires; Ducone dans Apule*e, ch. 91 de 1788, 
Doukone dans Dioscor., iv, 172. Spr. Je ne trouve rien d'autre 
que le K. Hodi, arbuste sauvage, pour la premiere forme, la 
veritable, suivant Grimm (Marcell. form.) et Duawg, noir&tre, 
pour la deuxieme. — Tud. Atoch, aujourd'hui Attich, hieble. 

65. Rat is, L. pteris, Filicula (ch. 25). La fougere, K. fl/ie- 
dyn; C. Reden; Ar. Raden; Ir. Rath, Raith ou Raithnech (Corm.); 
E. Raiihne. — Ratis, ou Ratsef ville de Bretagne (Itinbr. d'Ant.). 
Pott rapproche de ce terme le basque Iratzea {Etym. Forsch, 2 e , 
p. 102). — Ancien francais Ralin 1 . 

Voyez pour Utrum et Verbena, a PAppendice, Y et Z. 

66. Vernetus, plante herbacee (ch. 9). Vern, d'apres les 
gloses mss. sur Alexandre Jatrosophe, liv. l er , citees par Du 
Cange, h. v, etait le nom de l'aulne, ce qui nous eloigne passa- 
blement de Yherba de Marcellus. Mais cette signification est 

1. Brandes, Eth. Verh. d. Kelt, und Germ., p. 315. 



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120 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

attests par le Gloss. d'Isidore et par notre vieux mot frangais 
Verne ou Vergne. On le reconnait dans la composition de plu- 
sieurs noms g6ographiques anciens ou du moyen age, Vernodu- 
brum, Durovernum, Verno, Vernogilum, etc. Vernetus parait 
done un diminutif ou d^signe peut-6tre une plante mar&ageuse, 
le K. et Ar. Gxoern, signifiant a la fois aulne et marais; C. Guern, 
ou Gwem; — Gwernik, ma^cageux; Guernen, aulne, Z. p. 151. 
— Ir. E. Fern; ou Fearn, aulne. — lr. Fearndha, adj. qui tient 
de Taulne. — Guerni, alni, glose K. de Z. 

67. Visumarus. L. Trifolium (ch. 3), le trifle. Le K. Meil- 
lion, et l'Ar. Melchen, Melchon, trefle, n'ont rien de commun avec 
ce terme; mais on pourrait supposer, de prime abord, que le 
K. Llysau, herbe, avec la prononciation mouillee du double L, 
est cache dans la premiere moitte de ce nom. Marus deviendrait 
alors, comme dans les noms propres gaulois ou cette finale est 
commune, l^pith&te mawr, grand; mais comment l'appliquer a 
une plante telle que le trifle? L'Ir., beaucoup plus satisfaisant, 
la nomme encore aujourd'hui Searnar, E. id. — M. Sam'ark; en 
Anglais Shamrock 1 . — E. Samhrag, qui appartient k Y6t6. Quant 
al'init. Vi, Grimm, Marc. formuL, la rapporte a l'lr. Ui ou i, 
plur. d'ua, fils, et interprete le nom entier par : Ills du soleil 
ou de r&6, Samh; rappelant, entre autres raisons, que le trifle 
est encore le symbole national de la verte £rin. Je ne fais que 
citer, car le nom helv&ien Visu-rix (Mommsen, Inscr. helv.) est 
certes peu favorable a l'ambitieuse interpretation de Grimm. 



Par Pline Valenen ou Seburius, De re medicd (Med. ant. Venise, 1547) au 
commencement du v e siecle. Cet auteur nous apprend lui-meme l'epoque 
ou il ecrivait, en se placant, iv, 29, environ 600 ans apres Caton. 

68. Laurio, nom du Serpillus des Latins, l er , 33; cette 
plante que Marcel, de Bord. vient de nommer, 60, Gelarus ou 
Gilarus, le serpolet. La ressemblance des deux mots saute aux 
yeux; ils ne different que par la suppression de la syllabe initiale 
du dernier, ge ou gi, qui se rapproche assez, pour une oreille 

1. Diefenbach cite en outre l'ancien norse Smdri, en Jutlandais Srndre. 



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GLOSSATRE GAULOIS. 121 

6trang&re, dela prononciation de l'article kymmrique Y. Mais je 
n'ai rien trouv£ de plus pour ce nouveau terme que pour le prg- 
c£dent, si ce n'est que Llawrig est le nom K. de la grande per- 
venche. M. Littr6 nous ram&ne au serpolet, en constatant que 
Laurin 3tait son nom dans notre langue d'Oil 1 . 

Le m6me auteur parle, l er , 37, de la semence de I'herbe 
Galliculans, alaquelle on donne encore, dit-il, les noms de Den- 
talis et de Symphoniaca. Nous savons par Aputee, voy. n° 113, 
qu'ils appartenaient a la Belinuntia ou jusquiame, consacree au 
dieu Belgnus, et qu'elle est probablement l'Hgl&iion ou Bunion 
dalmate de Galien. Je suis convaincu que ce mot Galliculans 
doit 6tre d£compos6 en deux parties : 1° Gallice, c'est-a-dire : 
en Gaulois; 2° queique terme appartenant a cette langue et se 
rapprochant de Lans, qui n'est peut-£tre qu'un reste mutite de 
B61£nus, comme Laurio qui pr^cfede paraitl'Stre deGelarus. 



Par saint Jerdme, au commencement du v e siecle. 

69, Leuca, mesure itineraire {Comment, sur Joel, in, v. 18, 
Isid., Orig., xv, 16. Var. Leuva, Lewa*. Voy. Am. Marc., xv, 11. 
— Leuge dans Hesych.). Mesure de 1,500 pas romains (Jorn. 
Get. 36), mot sans mil doute transalpin d'apres Ammien et la 
carte de Peutinger, Usque hie leugas. — K. Llech, Z. p. 174; C. 
Lech? Ar. Leac'h, ou Liac'h; Ir. et E. Leak ou Liak, Z. p. 21, 88; 
E. Leak, pierre plate, dalle (borne milliaire). — Ir. Leg, W. S. 
ou Lak, O'D. pierre; — E. Leug, pierre precieuse; — Ar. Leo, 
Leu 3 , lieue; Ir. Leige, id. dans O'Reilly. — Leuca se retrouve 
encore dans les noms gaulois ou bretons de Leucl, de laville de 
Leucaro, de Mars Leucdtius, etc. 



Par Servius, au commencement du Y* siecle. 
70. Alpes, nom g£n6ral que les Gaulois donnaient au som- 

1. Journ. des Savants, septembre 1859, p. 546. 

2 et 3. Zeuss constate ces exereses frequentes du g, p. 162, 166 et at. 



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122 ETHNOGtfNIE GAULOISE. 

met des montagnes {jEn.,. x, v. 13); aux montagnes 61ev6es 
(^i. ,iv, v. Zi42); conf. Philarg. Georg., m,Jv. Zj7Zi. — Isid., Orig., 
xiv, 8. Alpeis, nom que les habitants des Pyr&i£es donnaient 
aux cols ou passages de leurs montagnes (leurs portes d'aujour- 
d'hui), et qui appartenait en m6me temps aux Alpes gallo-ita- 
liques (Procop. Goth, i, 12). Alpis, forteresse ou barri&re qui 
defend les montagnes (Eustat. in Dionys. Did. v. 29Zj). — Les 
Alpes, \adis Albia et Alpionia dans Strabon, iv, p. 168, Did., et 
Olbia dans Ath6n£e, vi, h ; nom qui s'etendait, dit le premier, 
jusqu'en Illyrie. Festus le fait venir du sabin Alpus, lat. Albus, 
blanc, par rapport a la blancheur de la neige, ce qui a 6i6 r£p6te 
par d'autres auteurs 1 et particulierement appliqu^ a Tancien 
nom de la Bretagne, Albion, ile blanche 2 , quoique la premiere 
mention de celui-ci nous vlnt d'un ^crivain grec (Arist.? De 
Mundo, ch. 3). — K. Alp, rocher, terme que l'Ar. et le G. ont 
perdu, mais commun dans les montagnes du Glamorgan, au 
pays de Galles; Alban, partie sup^rieure cTune chose; la Haute- 
ficosse, Ir. Alba, Albain et Alpu (Corm.); E. Albainn. Chalmers 
explique ce nom par : montagnes les plus dlev^es (Caled., t. i, 
p. 6i). — Ir. Alpai, les Alpes, dans une glose de Z. p. 56. Ailp, 
grosse masse; — Alp, montagne, etc. — Nombreuses Albes 
b&ties sur des hauteurs; les Ligures Albioeci, Albienses, etc. — 
Tud. Alp, Alpe, haute montagne; en Island. Alpa-folc, monta- 
gnards, prdprement saxicolx. 

71. Gaesi ou Gesi, al. Cxsi, Gxsati, Gsesosi, hommes forts 
ou courageux (JEn., vm, 662); et 72, Gessa ou Gaesa, Gese, 
Cwsa, etc., la lance gauloise, comme \epilum, dit Servius, etait 
la lance romaine, et la Sarissa celle des Mac&loniens. Mn., vn, 
664- Or, ces deux termes £tant Tun lat., Tautre particulierement 
macedonien (T.-Liv., xxxvn, Z»2), il est Evident que Gaesa n'est 

1. Aucun Ancien, que je sache, n'a attribue" cette signification au mot Alp, 
en tant que gaulois ; elle n'est donn6e par aucun des dictionnaires n6o-celti- 
ques que j'ai sous lesyeux, quoique M. de La Villemarque' et H. Martin, apres 
lui, traduisent Alpes Penninae par les blancs sommets. 

2. Ce serait plutot les blancs rochers, lr., Onn., pierre (d'apres les blan- 
ches falaises de sa c6te meridionale). De la aussi le nom du Cantium, K. Kann, 
blanc, Z. p. 187. 



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GLOSSAIBR GAULOIS. 123 

pas moins gaulois que Gsesi ou mieux Gxsali. C'est le gtesum des 
Alpes a la main, dit Virgile, que les compagnons de Brennus mon- 
t&rent a Tassaut du Capitole, JEn., vm|, 661. Claudien, De laud. 
Stil, ii, 242, et Nonius, xviii, 19, Tappellent unearme gauloise, 
celui-ci en citant Varron. C£sar dit qu'on la langait, in, k- Conf. 
Fest., v° Geswm. Athdnde seul pretend que les Romains apprirent 
des Ib&res ou Espagnols la manifcre de s'en servir, vi, 21. D'un 
autre c6td, Polybe, n, 22, Plutarque, Marcel., 3, etOrose, iv, 13, 
attribuent au mot Gaisatoi, Gessatai, al. Gcsatai, Gessati, qu'ils 
paraissent croire transalpin, le sens d'hommes qui combattent 
conime mercenaires f , sens qui s'accorde avec un de ceux 
qu'Hesychius attache au mot Gaisos * ; les autres sont ceux 
d'arme tout en fer ou d'arme defensive- D'autres Scrivains grecs 
n'ont pas manque d'interprgter helldniquement ce terme, qu'ils 
£crivaient Gazetai et Gazatai, par porteurs d'or (Et. de Byz., 
v° Toluol). U est a remarquer, observe Diefenbach, qu'aucun 
Ancien n'a dit qu'il fut un d£riv£'de Gsesum, mais le vieil Ir. va 
nous donner cette etymologie. Strabon, p. 177 et 180, Did. em- 
ploie simplement Gaisatai comme un nom de peuple, dont la 
syllabe initiale se montre en effet quelquefois dans la nomen- 
clature g^ographique des Gaules, Gesoriacum, Gesonia, Gaeso- 
cribate 3 , etc. 

Rapprochements : 1° Pour Gaesi ou Gaesati : K. Gwds, Z. p. 96, 
Gwais, un jeune homme, un serviteur; C. Guas, serviteur; Ar. 
Gwaz ou Goas, Z. p. 1Zj3, jeune homme, vassal, auj. valet. — 
Ir. Gas, jeune homme, soldat; Gaisde, homme arm6; Gaide, 
gl. pilatus, Z. p. 6/1, c'est-a-dire arm<§ du pilum ou javelot; Gai 
ou Ga, gl. hasta, Z. Le savant celtiste Wh. Stokes affirme que ce 
Gaide est identique a Gaisatai, Vs se perdant entre deux voyelles 
dans Tancien lr.,exemples : iaran, fer, pour isarn;iach, saumon, 
pour Esox, etc. (Irish Glosses, n° 216). Soit, mais ce serait alors 

1. Mone a pris sur ce point, Celt. F., p. 221, la defense de Polybe contre 
Zeuss, Gr., 64. 

2. Lequel rendait assez inutile la jolie trouvaille du gr. Gin zttein, cher- 
cher la terre. Voy. VEtymol. magnum^ v° rouCnrat. 

3. Notez aussi le dieu Gisacus, au Vieil-Evreux, Mem. des Anttq. de 
France, t. xiv. Voy. ici l'inscr. XI. 



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124 ETHNOGJSNIE GAULOISE. 

le terme irlandais qui viendrait du Latin, et cela prouverait plu- 
t6t contre le radical gaulois, s'il ne nous £tait garanti par le 
Sk. Kdsu, sorte de lance, et le zend Gaesu, arme (inddtermin^e). 
P. — L'E. nous offre de son cot£ Ga ou Gath, lance, javelot; 
Gathach, armd de javelots. Gas, soldat; Gaise ou Gaisge, bra- 
voure. — Nous avons pour le sens indiqu£ par Polybe, Ir. Kais, 
rente, loyer; Gasradh, soldat mercenaire, dont O'Brien fait 
venir Gessatai (Geratai, var. du texte de Plutarq. Marcell., 3). — 
Ir. Kis, payement, tribut. — Rien en K. C. et Ar. — 2° Pour 
Gsesum: les Ga, Gai ou Gath qu'on a vus; l'lr. Keis, pique, et le 
M. Gah, aiguillon (javelot, Williams); — K. Gwaew, jadis Guaeu; 
C. Gew, jadis Gwagu; Ar. Goad, lance, javelot. — Tud. Geir, 
Ker, lance; Kesia, trait, dard; Gesinda, la suite, la compagnie 
d'un homme. Grimm pense que Gwsum etait commun aux deux 
langues ; il entre , en effet , comme 31£menf dans les noms 
propres germaniques, Gaiseric, Radagaise, comme dans les cel- 
tiques Gaesatodiast, Gaesatorix, etc.; mais est-ce bien avec la 
meme signification qu'il se montre dans les premiers? 

73. Virgae,la couleur pourpre (JZn., vm, 660, mot 1 qu'on 
peut rapprocher du nom meme de Virgile, enfant de la Gaule 
cisalpine). — K. Gwridawg, rouge; Gwridogi, devenir rouge. — 
C. Gwres, chaleur. — Ar. Gwiri, ^chauffer. — Ir. Bare, rouge 
(Corm. d'apres O'D.); Barg, ardent, rouge de chaleur (Ya 
s'echange avec Yi, Druadh = Druidh; l'lr. imb = le K. amb; 
Leabar, livre, vient du lat. liber, etc.); — Ir. et E. Dearg, rouge; 
E. Deirge, rougeur. — M. Jiarg ou Jerg, rouge; Jiargea, rougir. 

7ft. Volema, choses grandes et bonnes (Georg., n, 88. Pas- 
sage qui manque gen^ralement dans les manuscrits de Servius, 
mais qui se trouve dans Ted. des Auctores ling. lat. de Gotho- 
fredus, 1585, p. 1371, et en note dans le Servius d'Alb. Lyon. 
Confirm^ d'ailleurs par la copie litterale qu'en a faite Isid. de 
S6v., Orig., xvn, 7). Mot qui devrait venir, dans ce sens, du Gau- 
lois italique, Virgile nommant ainsi une grosse esp&ce de poire. 



4. Diefenbach veut que Servius se soit tromp6 sur l'origine de ce terme tout 
latin, employ^ par Ovide, Ars am., III-v. 269, pour une espece de fard, pur- 
pureis virgis. (Orig. eur., p. 355.) 



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GLOSSAIRE GAULOIS. " 125 

II se trouve eflfectivement dans Caton, R. R., 7, comme l*a remai> 
qu£ Pline, xv, 16. — Ir. Folamh, £lan, croissance (O'Reilly) . 
Follain ou Fallain, E. id. sain, pur; Bolunta, fin, exquis. — . ! 
E. Bolanta, excellent. Je ne trouve dans le K. que le sens indi- 
rect de Ffol, rond; Ffolenu, devenir rond. — C. Bol, ventre; — 

& r — J*ai dit que ce mot n'etait gaulois que dans le sens 

de grosseur et de bont^reunies, parce que Servius pr^ftre Tdty- 
mologie lat. de Vola, le creux de la main, ibid, et JEn. m, 233. 
Je range aprfcs Servius les scholiastes, c*est-a-dire les recueils 
de scholies, d'Spoques diverses, que nous possSdons sur Horace, 
Perse et Juvenal. 



Par les scholiastes d 'Horace. 



75. Essedum, al. Esseda, sorte de char gaulois destine aux 
reines et aux princes captifs; mot gaulois, dit Tun de ces annota- 
teurs (Epist., u, l r % v. 191, Hor. Zanni, Venise, 1514). —Char 
beige (Virg., G. t ni, 204. Servius ajoute : invent par les Beiges); 
char breton (Prop, n, l e, \ v. 76) ; char de combat des Gaulois et 
des Bretons (C6s., iv, 33, et d'aprfcs Philarg. Georg., m, 204); 
char breton arm6 de faux (Jorn. Get. 2, par confusion avec le 
Cov\nvxs,wi. V^V O^ervoas que ce mot fit sans doute aussi 
partte dw^\A^^V\que, puisqu'il se trouve dansCiceron ainsi 
qu'Essedarius, le conducteur de ces chars, Ad Attic, vi, 1, etc. 

K. Assedda 1 , s'asseoir; Eistedd, 6tre assis; C. Esedhe; -1 Ar! 

Azeza, jadis Assedha (Williams) ; Asezaf, L. s'asseoir. — Ir. Ais, 
" char, voiture; Eisidhim, je m'assieds, Suide, Z. et E. Suidh, s'as- 
seoir. A noter en outre : 1° Plr. Eisidh, declaration de guerre, 
Ess, vase, vaisseau quelconque; — 2° les finales g^ographiques 
en Essedum, Tarnessedum, vers les sources du Rhin, Manduesse- 
dum, en Bretagne. Voy. 15, Covinus. 

Essedarius, qu'on retrouve dans Cesar, iv, 24, devient Assi- 
darius dans une inscr. de Lyon (M. de Boissieu, p. 469). Ir. Asdar, 
voyage. — E. Astar, distance, voyage. 

1 . Je vois dans les Orig. europ. qu'on avait deja, au moyen age., demand^ 
une 6tymologie semblable a la langue latine, Essedum ab assidendo. 



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126 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

Par le scholiaste de Perse (peut-etre son ami Cornutus, au i er siecle). 

76. Baro ou Varo, valet de soldat, goujat, et cons&juem- 
ment un homme encore plus stupide queceux qu'il servait (Sat., 
v, 138). Ce sens de stupidite , de niaiserie est celui de Perse 
lui-m6me et de Cic^ron, Ad famil., ix, 26 et at., m£me quand il 
parle des sectateurs d'unephilosophie qu'il meprise, Epist. v,ll. 
Ce terme, qui etait done cisalpin, se relfcve un peu dans Cesar, 
De bell, alex., 53, ou Berones* parait signifier les serviteurs, les 
gardes d'unchef militaire. II se raontre mSmecomme nom propre 
dans plusieurs inscriptions 2 . — Dans le Latin des lois germa- 
niques (Saliq. lit. 31; Rip. tit. 58; Alem, etc., Baro et sa var. 
Barus signifient simplement homme, de meme que dans Phi- 
lox&ne et dans notre vieux Fran^ais Ber, Bers, Baron, etc. ; aussi 
ce terme meparalt-il, dansce sens, avoir une origine tudesque 8 
ainsi que le Far ones de Fredegaire, 41. Isidore de Sev. le fait venir 
du grec Bapu;, avec les significations de fort au travail et de 
mercenaire, Orig.ix, /». Voy. pour le surplus Du Cange, h. v. Un 
autre mot qui se trouvait d£ja dans Lucile (Fest. v. Squarrosi) 
pour designer des hommes grossiers, e'est le pi. Varrones avec 
deux R; mais je le crois aussi different du Baro du schol. que 
Bardus, sot, inepte, peut-6tre d£riv£ de ce dernier terme, l'etait 
originairement de Bardus, chanteur ou poete. Nous savons par 
Servius, JEn.,\i> 743, que le savant Varron faisait remonter son 
noma un guerrier ennemi, fait prisonnier en Illyrie par un de 
ses ancetres. Ce guerrier devait 6tre d'origine gauloise, car Lydus 
nSpfcte, De Mag., i er , 12 et 23, que Varron, qu'il ecrit Barron, 
signifiait chez les Celtes force , courage ou courageux, sens 
adjectif que poss^dait aussi notre mot Ber d£ja cit£; voy. le. 
n° 182. — Nous n'avons a nous occuper en ce moment que du 



1. Mot douteux dans lequel on a voulu voir, entre autres, une garde com- 
posed de Berones, peuple celtibere. 

2. Baro, inscription gallo-rh6nane cite"e par Mone, Gallische Sprache, 
p. 177. Varo, Kelt. Namen der r6m. Inschr. dela Carinthie, par Pichler,p. 59. 

3. J'observe toutefois que M. Littre" le rattache a Fir. Fear, jadis Fer, Z. 
p. 12, homme. Journ. des Savants, 1855, p. 575. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 

127 

Barodu scholiaste, dont le sens pdjoratif r&mltaitnaturellement 
pour un pekin, du metier de ces valets de soldat et mSme des 
gardes d'un chef militaire. — K. et Ar. Bar, branche d'arbre- 
C. Baren. Nous traitons encore de souche un homme stupide' 
Nos Bretons l'appellent aussi Barged, buse. lis ont le mot Bader 

ou Badouer, niais, de Bad, niaiserie, en G. stupide. K. Barus 

miserable, mauvais, Ir — E. Burraidh, insens<§. — Le Bero 

deC^sar aurait pour lui le K. et le C. Ber, Ir. Bear, lance; — 
Ar. Ber, broche. 

Nous n'avons que faire du prdtendu norique BW UV ouc 
c'est-a-dire Vir unus de Suidas. . ? > 

77. Tuceta, ou mieux Tucceta, viande de pore on de 
boeuf farcie d'assaisonnements pour la conserver, mot du Gau 
lois cisalpin, dont Plautius, ami de Virgile, avait tire son sur- 
mom de Tucca (Sat., n, 12. Gonf. Martial, xn, 42). Tucetum 
salaison en usage chez les Gaulois des Alpes (Isid., Gloss. Conf' 
Fulgent.), ou Tuccentum, nom qu'ils donnaient a la viande du 
boeuf, suivant un vieux Gloss, de Mai* (Classic, auct., vi, p. 549). 
Tuccetum ou Tucetum, sauce ou ragout tr&s-gras (Philox./h. v.' 
Conf. Lydus, De Mag., 1, 23. Toukkas, carnivore). Autres va- 
riante, Toceta. — Les aualogues en partie indirects que four- 
nissent les quatre idiomes sont assez disparates. — K. Twk 
coupure, morceaux; Twkiad, rognure.— Ar. Trouc'ha 1 , couper,' 
participe passd Trouc'het. — Le G. n'a plus que Tukh ,court espace 
de temps. Ir. Tighe, E. Tighead, graisse; Ir. et E. Tiugh, gras, 
epais; et Tvkadh, foulage, garniture (en dedans).— Tocca, noui 
propre donn6 par une inscription helv&ique, Mommsen, n° 130. 
Voy. Taxea, n° 161. 

Par le scholiaste de Juvenal. 

78. Alia, — et 79, Brogae. Les Allobroges tiraient leurnom 
des deux mots Alia, autre, et Brogw, champ, pays (Sat., vin, 

1. Cette intrusion de IV se pr6sente aussi dans \e C. Trykkiar, foulon, par 
rapport an gatH. Tukadh qui suit. 



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128 ETHNOGtfNIE GAULOISE. 

234). Sur quoi il faut observer que ce nom varie chez les 
anciens, Allobriges, Allobruges , Allabrox au sing.; une 
m&Iaille 1 donne Alabroagios, ou Alabrodiios? — 1° K. All, Z. p. 
404; Ar. id. C... — Ir. Ala, O'D.; Aile ou AM, Z. p. 363, et E. 
Eile, autre. Ir. et E. All, id., et un etranger; — 2° K. G. et Ar. 
Bro, pays, contr^e; pi. K. Broydd, qui explique peut-etre la 
forme Alabrodiios observee ci-dessus. — Ir. Bri, champ, plaine ; 
Bra, contr^e; Bruach, E. id., bord, frontifcre, contr^e, selon 
Williams qui pense en outre 2 que les mots prdc&tents ont perdu 
leur g primitif, conserve dans le M. Broogh. — Le K. nous 
donne de plus le compost Allfro, un autre pays, un exil£, et Fir. 
Alabruigh ou Allabrug, O'D 3 . — Bro se montre encore dans les 
noms d'Ecobrogis et de Brogitarus en Galatie, des Brodontii, 
de Bromagus, Brocomagus, etc., voy, 360. Toutefois un schok 
d'Horace (Epod., xxi, 6) et le Gloss. d'Isid. semblent donner 
au mot Allobrogae le sens particulier de Gaulois roux, que Pon- 
tamis retrouvait dans le danois Albrogit, tout roux, de couleurs 
diverses , et que Baxter adoptait sous la forme Gal-brick, le K. 
Brych, Ar. Bric'h, signifiant encore marque de taches de rous- 
seur. Je ne sais pourquoi O'Brien a voulu, pref. p. xxvm, donner 
une troisi&me §tymologie, Aill bhrogaig, les habitants des mon- 
tagnes rocheuses, et pourquoi Ton s'est, de nos jours, avis6 
d'une quatrifcme, AU brog, les hauts villages, quand les anciens 
nous en avaient transmis une si vraisemblable dans ses £1£- 
ments. Voy. Brogi, n° 362. 



1. Lelew., Typ. Gaul., p. 211. — Numism. anc, p. 93. La lecture de ce 
nom est devenue fort doutejuse; voyez YArt gaulois de M. Hucher, p. 24. 

2. V» Bro. 11 confirme done les formes Kymbrog et Ken brog signalees par 
Gluck. 

3. D'apres Curry, Transcriptions of Brehon-law Tracts, pour la com- 
mission charged de publier ces lois. — Gluck confronte, p. 26, n. avec cet 
Allfro le nom tant debattu des Gallois, Kymbro ou Kymbrog, al. Kymmro^ 
pi. Kymmry, les compatriotes, en Ar." Kenvr6, pi. Kenvroidi, Voy. Zeuss, 
p. 873 et 875. 

* N. B. Les numeros qui suivaient dans la 1" Edition, de 77 & 84, sont 
reportes dans la seconde section. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 1 29 

B. — iZcrivains grecs. 

par Herodote, v e siecle avant J^sus-Christ. 

80. Sygunnai, peuple riverain da Danube, et dont le nom. 
signifiait marchands dans la langue des Liguriens sup^rieurs, 
qui habitaient au-dessus de Marseille (v, 9. Ce passage souvent 
supprime comme une glose interpose, mais d<5fendu par le 
comte Miot, notre meilleur traducteur d*H<§rodote, a 3te* con- 
serve dans Ted. Didot, 1844). Le schol. d'Apollonius de Rhodes 
fait ce peuple Scythe, et donne a ce nom, iv, 320, le sens de 
piques qu'il avait aussi chez les Cypriens (n, 99, Herod, ibid.), 
et chez Jes Mace'doniens (Suid. v° Styuwj). Je n'ai point trouve' 
dans nos idiomes celtiques de terme analogue a Sigunnai qui 
se rapproche de l'idee de marchand. Rien non plus dans le 
Basque. 

Par Aristote et par Sotion, d'apres Diogene La6rce, iv e et n e siecles avant 

Jesus-Christ. 

81. Semnotheoi, nom donne, avec celui des Druides, aux 
sa^as ^ow tos&w. *no\y ete, chez les Celtes et les Galates, les 
taUntewva Aa \* ^*A° S0 P^ e {Prooem., i). On a pretendu que 
les Celtes designaient ici les Germains, mais on voit dans Sui- 
das, v° AputSat, qu'il n'est question que des Gaulois. 11 parait 
meme avoir pris Semnotheoi pour un simple synonyme de 
Druidai. Ce nom, qui nous fait penser aux Semnoi, ou philosa- 
phes indiens dont parle saint Clement d'Alexandrie {Strom., in) 
signifierait effectivement en grec ceux qui v4nerentles dieux ou 
qui ont la majesty des dieux. Mais pour qui se rappellera le 
Senani des inscriptions de Notre-Dame de Paris, le Senodon des 
m^dailles gauloises, et les noms bien connus des Senones, des 
Samnages, des Samnites ou Amnites de la Loire, etc., il deviendra 
tres-probable, avec les rapprochements suivants, que Semno- 
theoi n'est qu'une assimilation euphonique d'un terme verita- 
blement gaulois. Ges rapprochements sont nombreux, mais de 
significations diverses : K. Hen, Z. p. 99; Ar. id., vieux; C. Hen, 



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130 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

K. Henoed, dfolin de l'&ge, Heineiddiaw, devenir vieux; Seneddu, 
former un s£nat, une assemble 1 . — Ar. Sentuz, ob&ssant, par 
allusion peut-6tre k l^ust&re ob&ssance des Druides; voy. Saro- 
nides, 92. — Ir. Sen, Z. p. 12, Sean, ancStre, vieux ; Senathir, 
Z. p. 827, grand-p&re; Senm'athir, Z. id., aieule; Seanadoir, 
magicien, etc. Remarquons en passant Seanachaid, historien, 
d'ou le nom de Senachies, que les modernes ont attribu£ aussi 
aux Druides. — E. Sean, Seandaidh, vieux, Seanachaid, racon- 
teur d'histoires. — M. Shenn, vieux. 



Par le Ps. Aristote, des narrations merveilleuses, au m e siecle avant Jesus- 
Christ. 

82 et 83. Tozikon, nom que les Celtes, ceux qui &aient 
voisins de Tltalie; des Celto-Ligures et des Jb&res, donnaient a 
un poison trfcs-violent, dans lequel ils trempaient leurs fleches. 
— Korakion, nom qu'ils donnaient aussi h une ecorce de ch6ne, 
oii, suivant d'autres auteurs, a une certaine feuille qui £tait le 
contre-poison duToxikon, indique par l'usage qu'en faisaient au 
besoin les corbeaux (par. 86, 87). II est Evident que ces deux 
mots sont grecs (To^wco;, ce qui concerne les arcs ou les fl&ches; 
Kopooceios, ce qui se rapporte aux corbeaux), et la traduction ou 
la transformation probablement marseillaise des termes origi- 
naux. Pline nous a transmis le nom gaulois de ce poison ; voy. 
Limeum, 28. Je n'ai trouve, pour rapprocher Toxicon de cette 
signification, que i'lr. Daigh, empoisonn^, v£n£neux; E. douleur; 
— ou le K. Tagu, C. et Ar. Taga, Wrangler, £touffer; Ir. Tach- 
daim; E. Tachd; proche parent du lat. Taxus, l'if, dont les Can- 
tabres savaient extraire un poison mortel, Flor. iv, 12; — et de 
Taxa, esp&ce de laurier, classe de v£g£taux plus ou moins v£n£- 
neux. Remarquons cependant I'lr. et E. Deoch, potion, breuvage. 

1. Semno signiftait en K., suivant Ed. Davies, M yth. , p. 3iO (d'apres Mone, 
Nord. Heid., n, p. 388), explorateur de Pavenir. Quoi qu'il en soit, Sennis 
etait passe\ avec le sens de vieux ou de venerable, dans le Lat. britannique, 
Vit. metr. S. Wilfrid, par Fridegode, dans Mabill., Act. SS. B., m* siecle, 
t. i« r , p. 192. 



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GLOSSAIRE GAULOIS 

±31 

— Pour Korakion, l'lr. seul nous offre Kor, sant£, salut- r 
cheas, surete, protection. ' ; Korai - 



Par Callisthenes de Sybaris *, n« siecle avant JSsus- Christ. 

8&. Skolopidos(dans le Ps. Plutarque, Defluv., 6),Kloupaia 
(dans Stob., Serm., 98, de 1559), grand poisson de Ja Sadne 
alternativement blanc et noir, et dont la tete renfermait une 
pierre pareilie a un grain de sei qui gu&issait la ftevre quarte 
ce qu'avait r6p6t6 un autre historien des Gaulois, TimagSnes le 
Syrien. Pline attribue le mot de Clypea a un tres-petit poisson du 
P6 (ix, 17), le m&ne, sans doute, dont Ennius avait d£ja parle. 
Ce sont deux poissons diflterents, comme*on le voit, et peut-6tre 
aussi deux mots, malgr<§ l'analogie de leurs structures. Skolopidos 
touche de tres-pres au grec Skolops, pieu (arete, suivant Diefen- 
a ch) ; et de Clupea viendrait, ajoute-t-il, l'italien Cheppia, qui 
Hgnilie alose. Les riverains de la Saone donnent ce nom a un 
poisson beaucoup plus grand que celui de Pline, peut-Stre 
X'Alausa, qu'Ausone place dans la Moselle. Voy. App. A. — K. et 

Ar — Ir. Klipim, E. Klip, prendre a Fhampgon. Je Vai rien 

trouve de plus, mais Diefenbach cite l'ancien terme haut-alle- 
mand Culhoubit, goujon? 



\. N. B. Auteur dont quelques critiques regardent le nom et les citations, 
aiosi que celles de Clitophon que nous rencontrerons plus loin , comme des 
suppositions du Pseudo-Plutarque, TraiU des fleuves. Mais tel ne paralt pas 
etre pourle premier qu'aurait connu Timagenes, et tel n'est certain ement pas 
pour le second, l'avis de Ch. Muller dans son volume des Historiens d'Alexan- 
dre, et dans le 4« des Histor. grcec. fragm. de la Bibliotheque gr. lat. de 
Didot. Clitophon notamment est cit6 dans un autre ouvrage attribue* a Plu- 
tarque, les Petits paralleles, et dans le Florilege de Stob6e. Au surplus les 
mots que nous devons a ces trois auteurs* nous sont toujours transmis par 
des Anciens, et nous n'avons pas le droit de les exclure de notre Glossaire, 
quand leur forgery n'est pas d^montree. Nous pre"viendrons seulement le lec- 
teur que Tun de nos plus savants et plus ing^nieux critiques, M. Egger, enve- 
loppe de la meme defiance et les deux pretend us livres du philosophe de 
Cberon<§e, et les deux ouvrages mentionnes dans le premier sous les titres des 
Galatiques de Callisthenes et des Fondations des miles, par Clitophon. 



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132 ETHNOGtfNIE GAULOISE. 

Par MStrodore de Scepcis, i er siecle avant J^sus-Christ. 

85 et 85 bfs. Padj, ou Pades, arbre resineux en grand 
nombre aux sources du P6, qui en a regu son nom de Padus 
(d'apres Plin., m, 20). — K. Ffawwydd, pin. Le mot K. est com- 
pose de Gwydd, arbre, et de Ffaw, que Ton dit venu du lat. 
Fagus, h6tre; ne fait-on pas confusion avec Ffawydd, qui est le 
nom gallois presque identique de cet arbre? — Ar. Boden, bos- 
quet; Paduz, de longue duree. — Ir. Badan, bouquet d'arbres. 
— E. Bad, bocage ; Giuthas (G = P) y est le nom du pin. Polybe 
nomme particuli&rement Padoa Tune des deux embouchures du 
fleuve, ii, 16. 

86. Bodincus, sans fond, nom ligurien du P6 (d'apr&s Pline, 
ibid., Bodegkos 1 dans* Polybe, n, 16). Pline ajoute qu'en effet la 
ville d'Industria, situSe au point ou le P6 prend sa grande pro- 
fondeur. s'appelait jadis Bodincomagus. On a conclu de ces deux 
noms du P6 que Je Ligurien etait un idiome different du Gau- 
lois. Cependant on a aussi cherch£ Bodincus dans cette langue 
dont Bodincomagus avait certainement tir6 sa finale caract^ris- 
tique 2 . Elle nous offre d'ailleurs plusieurs noms g^ographiques 
qui confme'ncent ou tinissent par Bod ou par incus, incum, etc.; 
Bodotria, Bodobriga, Segobodium, Incarus, Agedincum, Alkin- 
cum, Aldrincus, etc. — Nous connaissons d£ja, voy. le n° 57, le 
K. Bodi t noyer, immerger, et Plr. Baidhthim ou Bathaim, id. 
qui ne nous pr£sentent que des rapprochements bien indirects 
ainsi que Tlr. Badhug, Dimersio (O'D. d'apres les Anml. ulton. 
an. 534). D'un autre cote, l'Ar. Pod, qui designe toute concavity 
contenant quelque chose; l'lr. Badh, ouverture; l'E. Bot, rivage, 
qu'on peut rapprocher de la premiere partie de Bodincus, de 
mSme que le K. Ko, concavity, etl'Ar. Kao, lieu souterrain, de 
la deuxieme, laissent £galement ces confrontations incompletes. 
L'lr. nous fournit bien le privatif ing, avec lequel t)n pourrait 
composer le gaelique Boting] sans rivage, ce qui n'arriverait pas 

1. Les H£nete's, voisins de son embouchure, le nommaient, suivant H^sy- 
chius, BebeSkos, corruption probable de Bodegkos, ainsi que le Bochersos de 
Theon, Ad Arati phoenom., 359, cite" par Diefenbach, Orig. europ. 

2. Zeuss declare le mot entier gaulois, p. 774. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 133 

encore au fundo carentem de Pline, et ne vaut pas le Tud. Boden, 
fond ; Bodenlos, sans fond, mot qui diff&re si peu de Bodincus, 
qu'on a voulu le mettre a sa place en changeant le c en l x . G. de 
Humboldt, en citant ce dernier, ne le rapproche d'aucutv terms 
basque. II y a cependant quelque rapport entre ce mot, c\vu ^v\V 
avoir £t<§ ibfcre d'origine, et le basque Hondoa, fond, suivi de la 
post-proposition gue ou gabi, sans. (M. Boudart (§crit ce compost 
Ondi-Koy*.) II est en outre singulier qu'on nomme pn§cis<5ment 
en Espagnol Podenco le chien qui chasse le lapin de son ter- 
rier. — Enfin Diefenbach, en desespoir de cause, recourt m^me 
au Slave, qui ne lui repond pas assez nettement pour nous arrSter 
a l'id^e que les Ligures aient jamais parte cette langue. 

Nous reviendrons, n° 8 359 et 369, sur ces deux ^l&nents de 
noms gaulois, Bod et Inc. 

87. Lynca. D'apres les derni&res Editions allemandes de 
Pline, — entre autres celle de Jahn, 1854, — nous devrions a 
Mdirodoreetau min^ralogiste grec Sudines un autre mot I' 
rienou gaulois? le riom de l'arbre qui produisait, pensaient-fl<T 
ramfere des rives du P6 (peut-etre le peupJier des sceur d 
Pha&hon).Ces editions ajoutent a 1'ancien texte, liv. XxX v S * 
aprfcs les mots : Sudines arbor em quae gignal in Liguria ccux'' ' * 
vocari Lynca. Ce n'est certes pas le terme grec qui design* -"n : 
lynx. Pline nous apprend en outre que d'autres auteurs all 
buaient la production de l'ambre, soit a cet animal, soit % i" 
qu'on nommait dans la region du P6, Langa (al. Largo) ou / 
guria. De la les noms de Lyncurion 9 ou Languriwn donn/^" 
cette pr<§eieuse substance. — D'ailJeurs pas d'autre rapproche 3 
raent, maisil est remarquable pour Torigine ligurienne 4 de ce" 

1. Pour en conclure que la race germanique>vait, des les premW* t<^ 
occupe le nord de l'ltalie. P miers tem P 8 ' 

2. Numism. iberienne, p. 123. 

3. QueVques auteurs les ramenaient peut-etre, mais sans le savoir a leur 
veritable etytnologie, en ecrivant Ligurion, comme nous l'avons remaraui 
dans la i re edition. Ligurius lapis (pierre de Ligurie), lisons-nousdanslsid de 
Sev., Ovig., xu-2. 

4. Voy. dans les Types gaulois et celto-bretons, sect, v, subdiv. A Pori- 
gine pre-celtique d'une partie de la population de rArmorique. 



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134 ETHNOGtiNTE GAULOTSE. 

nom de Lynca, que l'Ar. Liiik, glissant, coulant, soit iso!6 dans 
nos idiomes celtiques. 

Par Posidonius, i er siecle avaht J6sus-Christ. 

88. Eorma (le Derkoma des anciennes Editions a disparu de 
toutes les nouvelles), bi&re faite de froment (d'apr&s Athen^e, 
iv, 13. L'attribution de ce terme aux Gaulois transalpins me 
paralt £vidente dans le texte). — Kourmi, biere d'orge ou d'au- 
tres grains, comme on en faisait en Espagne et en Bretagne 
(Dioscor. n, 110); Curmi ou Cervisa (cervoise), dit Marcellus de 
Bord. 16; Kurrnen dans le Glossaire de Philoxene. — K. Kwrw, 
Kwrwf ou Kwrwy (Gibson); Kwref, Z. et C. Koref, id. p. 135, 
biere; — Ar. moderne, Kufr, bi&re forte; — Ir. Korma, boisson 
forte; Kuirm, jadis Komi, W. S. bi&re; — Ir. E. id. f6te, ban- 
quet. — Diefenbach pense que les tennes K. peuvent faire pr£- 
sumer un allongement de Curm en Cyrmhisi, d'ou serait venu 
le latin Cervisia (Orig. europ., p. 292). D' autre part, il traite de 
fictions lexicographiques (avec le sens de bi&re) le Koirm, ou le 
Kuirm gaelique ; mais Korma se trouve dans le Glossaire de 
Cormac, et Korm est affirm^ par Stokes (qui cite ce m£me Glos- 
saire, Irish glosses, p. 63), — de meme que Koirm Test par Wil- 
liams pour Tlr. et Pancien E. ■ — Ajoutons que c'est a tort qu'on 
avait corrig£ en Curmi, qui se trouvait ainsi distingu£ de la Cer- 
visia, le Camum, — al. Carenum, — des premieres editions 
d'Ulpien (xxxui, tit. 6, 1. 9. Dig.). Kamos etait le nom de la biere 
chez les Pannoniens (Jul. Afiic. cit£ par Du Cange), et a la cour 
d'Attila 1 . — Voy. Cervisia, n° 215, etZuthos, App. L. 

89. Parasitoi, commensaux habituels des chefs des memes 
Celtes, charges de faire leur eloge a tout venant, mais differents 
des Bardes ou poetesqui lesc£l£braient en vers (d'apresAthgn., 
vi, 12). Mot regard^ comme la traduction grecque du terme 
gaulois que Casaubon pensait avoir 6t6 le soldurii de C&sar; 
voy. 2; mais ceux-ci £taient des compagnons de perils, et les 
Parasites ne sont donnas que pour des compagnons de table. Ce 

i. Voy. Priscus, dans les Histor. grate fragm. Didot, t. iv, p. 83. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 135 

mot me parait done simplement gr£cis6, careen K. Ar. C. Bara; 

Ir. Bar ou Bairgen, Z. p. 6, et E. Aran signifient pain, nourriture; 

rencontre singuliere avec Je silos des Grecsqui formait la seconde 

partie de leur mot Parasitos. Le K. donnerait encore Paraus, de 

longue duree* continu, e'est-a-dire habitue]. Quant au sitoi gau- 

lois, je n'ai vu d'analogue que le K. Seddu, s'asseoir; Ir. Eisi- 

dhim, E. Suidh ; voy. 75, d'ou resulterait : s'asseoir autour du 

pain; mais je doute fort qu'une telle combinaison ait jamais 6t6 

celtique. II est toutefois singulier que nous retrouvions ce mot 

de parasite employ^ presque avec le meme sens par un dcrivain 

breton du vm e sifecle, comme nous l'avons vu |au n° xn ci-dessus, 

Preuv. philolog. 

Par Diodore, au i er siecle avant Jesus-Christ ; — pour Bardoi, voy. 44. 

90. Brakai, pantalons que portaient les Gaulois (v — 30; 

Suet., J. Ces., 80; conf. Polyb. n, 28, etc.); les Bretons (Mart. 

xi, 21. Braccx, al. Brachx 1 ?); les Getes et les-Perses (Ovid., Tr., 

v,7, v. 49, — et 10, v. 33); les Sarmates (Lucain, !«', v , 430^ 

V. Flaccus, Argon, v, 425); — et dont la Gaule Narbonnaise avait 

pris le surnom de Braccata, donn6 plus tard a un corps de troupes 

romaines (Juven., vm, 234; A. Marcel., xv, 30). M£Ja nomme 

encore ainsi un habillement scythique qui enveloppait tout ie 

corps, ii — 1 . Ge mot, dont nous avions tir£ celui de braie, 

oublte aujourd'hui, s'est conserve presque sans changement 

dans le patois bourguignon, Bragues. Le K. Brykan, v&ement, 

couverture, maintenant peu usite dans ce sens, se dit encore 

d'une sorte de chaussure Scossaise*. — Ar. Bragez; C. Lavrak- 

Ir. Brigis; E. id. et Briogais, culottes; M. Brychyn, pi. — £.' 

Braighe, la partie sup<§rieure d'une chose, comme nous disions 

jadis : haut-de-chausses. — Ir. E. Breakan, le plaid et Pftoffe 

bariolee dont il est fait. — Tud. Bruech, Brok, Braec, culottes. 

Voyez 176, Barakakai. 

1 . On trouve aussi le sing. lat. Brax, et le pi. gr. Brdkes. Eustathe a ecrit 
Brakion. 

2. La Brogue des iles occidentales, dit Fred. Mercey, Scotia, t. ii, p. 214, 
; faite de deux morceaux de cuir de boeuf cousus le poil en dedans, etc. 



est 



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136 ETHNOGfiNIE gauloise. 

Braccarius, ouvrier qui faisait ces braies. (Lampr. Al. 
Sev., 123.) 

91. Lagkiai, sorte de lances coartes ou de javelots, au fer 
large et trfcs-long (v, 30). Sisenna attribuait cette arme aux 
Sieves, d'apr&s Non. Marcell., xvm, 26, et Florus nous la montre 
dans la main des Cimbres, in, 4. Terme espagnol suivant Varron 
(dans A. Gell., xv, 30), ce qui veutdire probablementCehib&re; 
pass£ du reste de bonne beure dans la langue militaire des 
Romains, lancea; voy, Caes., vm, 48, etc. Festus le tirait du grec 
^YX. 71 ' v ° Lancea ; et Isidore de S£v. du lat. Lanx, balance; encore 
une de ses Etymologies! — K. Llach, coup, Llachbren, baton, 

Llachlaw, batonner. — Ar. Lam, lance. — C — Ir. Lang, 

Laighean, lance, Lainneach, arm£ d'une lance. — E. Lannsa, et 
Sleagh, lance. — En basque, pour repondre a Varron, Lanza ou 
Lancia; et de plus Lancea, hacher. 

92. Saronides (al. Sarouides), philosophes et thEologiens 
des Gaulois (v, 31). Leqop fort contests, corrig^e en Drouides, 
mais a tort, pense-je, car Saronides pr&entant en grec le m<§me 
sens littoral (ch£ne; voy. Callim. et son SchoL Jup. 22. Pline, 
iv 1 , 9) peut d'autant mieux avoir el£ employ^ par Diod. comme 
synonyme de Druide, voy. 22, que le mot existe encore dans le 
K. avec une signification qui se rapporte parfailement, si ce 
n'est au chene, du moins a la science astronomique de ces pra- 
ties (voy. Caes., vii, 14) ; et que diverses inscriptions, dont je par- 
lerai plus tard, reunissent justement avec Apollon une deesse 
gauloise dunom de Sirona. Voy. 399. — Seronydd, astronome 2 
du n. pi. Ser, les Etoiles; Seron, le systeme general des&oiles; 
Seirenn, Z. p. 300, astre. — En Ar. Steronid, de Ster, Steren; G. id. 
Etoile; ancien E. Stkdm (Williams). La parent^ de ces derniers 
mots avec le Tud. Sterro, Sterno, Etoile, est remarquable, ainsi 
que la suppression du T dans le K., particularity que nous avons 
signalee dans le Gallois, ou l'S initiale d'un mot ne souffie point 

1. M. de La Villemarque\ p. vn, conclut de ce passage de Pline ou il est 
question de l'ancien Grec et non du Gaulois, que Dero, chene, 6tait un mot 
de cette derniere langue atteste" par les Anciens, double erreur. 

2. Seronyddion est le titre que les Triades galloises donnent aux trois 
grands astronomes de Tile de Bretagne. Ed. Dav., Celt. Res., p. 461, 173. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 137 

qu'une consonne la suive imm^diatement. Diefenbach ne veut 
pas que cette idiosyncrasie cambrienne soit d'ancienne date, 
maisGarnett, si je ne me trompe, pensait le contraire, Philolog. 
Essays, p. 153. L'Ir. qui nomme une £toile Reall et Bean, E. 
Reannag, n'a ici rien de commun avec les autres idiomes cel- 
tiques; mais il nous donne Sar, parfaitement sincere, pur; 
voyez Semnotheoi, 81 ; sans compter Searthonn, poete, ou le 
th ne se prononce point. 



Par Nicolas de Damas, i er siecle apres J6sus-Christ. 
Silodounoi. Voy. Soldurii, 2. 

Par Strabon, i« r siecle apres J6sus-Christ. 

93. Laina, espece de sagum en laine £paisse (iv, p. 163, 

Did.), non des Beiges seulement, mais des Gaulois en g<*n<*ral 

(voy. Sagam, 7. Conf. Diod., v, 30). Mot qu'on a suspect** 

comme trop semblable au grec Chlaina ou au lat. Laina. D'au- 

cuns ont voulu corriger le texte en faisant dire a Strabon que 

c'etaient les Grecs, ou bien les Romains, qui nommaient ainsi 

cette sorte de v£tement. Ch. Muller proposerait 1 de substituer 

a ces derniers les Morins, ce qui du moins laisserait a Laina sa 

nationality gauloise. D'autres ont fait porter la correction sur 

le mot\ui-m6me qu'ils changeaient en Linnx, al.Lenx, sorie de 

sagums carres particulars aux Gaulois, suivant Isidore de Sev., 

Origin., xix — 23. ll-cite a ce sujet un passage d'une comedie 

perdue de Plaute, ce qui fait remonter ce terme au Gaulois ita- 

lique. — K. Lenn, Z. p. 1121, n, couverture 2 , ou Gulan, Z. 

p. 151, laine. — Ax. Lenn, voile, couverture de lit; Gloan, Z. 

p. 790, et C. Gluan, laine. — C. Len, jadis un sagum, aujour- 

d'hui couverture, manteau. Ir. Lenn, Z. p. 1095, saie; Leann ou 

Leine, id. et manteau; ancien E. id. (Williams), et chemise, W. 

S. — lr. et E. Olann, laine. — Enfin, pour revenir a la Linna 

1. Strabon, Did. Varise lectiones,'p. 964. 

2. Glose du ms. de Juvencus, palla (W. Stokes). 



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138 ETHNOGtiiNIE GAULOTSE. 

cT Isidore, n'a-t-on pas eu tort de confondre ce v£tement souple 
et doux, mollia saga, avec P^paisse et rude laine de Strabon? 
La Leine ecossaise de W. Stokes rappelle au contraire la Linea 
que les soldats nommaient Camisia (S. Jer6me et Cormac 1 ); 
un vetement de lin, — plante k laquelle tous les idiomes indo- 
europ^ens donnent, quant a la ratine 2 , le m^me nom : K. Llin; 
C et Ar. Lin; Ir. Lin ou Liin (Cormac). E. Lion; M. Lieen. 



Par Dioscorides, i er siecle apres J6sus-Christ. 

94. Larix, dansquelques Mss. Dalax; la resine liquide de 
pin ou de pic£a, chez les Gaulois voisins des Alpes (l er , 92, £d. 
de 1598, partie incontest£e du texte). C'est dans Pline le nom 
m6me du M31&ze, arbre qui donne beaucoup de resine, xvi, 19; 
— mais Paul d'figine emploie ce terme dans le m£me sens que 
Dioscorides (livre vn). Pline, s'il est douteux qu'il d^signe cette 
substance par le dimin. Laricina, dit du moins que la meilleure 
resine, celle qu'utilisent les m^decins, vient de l'ltalie subal- 
pine (id. 22, conf. xiv, 25), seul pays, dit Vitruve, ou Tarbre 
nomm£ Larix soit connu, 11, 9. C'est done un terme du Gaulois 
italique. II exista, en effet, non loin des Alpes un fort de Lari- 
gnus ou Laricinus (dont cet arbre m6me, pretend Isidore de 
S£v.,xvn,7,auraittir£ son nom, var. Larex),et uneville de Larix 
en Norique; le lac de G6me portait merae, avec une 16gere 
modification, le nom de Larius. — Le K. Larswydden, li aba- 
tement arbre-mel&ze, et TE. Learagh, id., doivent 6tre empruntds 
a nos auteurs classiques, car leurs analogues n'existent pas, 
que je sache, dans les autres idiomes n^o-celtiques. Nous 
n'avons a faire valoir que le K. Liar, ce qui se repand, ce qui 
tombe par gouttes. Llariaiz, doux, mou. — Ar. Lard, gras, 
Larjez, graisse, qui d^coule des viandes qu'on rotit. — Ir 

Voyez, pour les autres mots de Dioscorides, la subdivi- 
sion C. 

1. Leine a linea, dit son Glossaire, et Lend (=Lenn) laine blanche, manteau 
blanc. 

2. Tres-probablement SK. Voy. Pictet, Orig. indo-europ., t. i fcr , p. 320. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 139 

Par Ar6t6e, i er si&cle apr6s J6sus-Christ. 

95. Santonion, espfcce d'absinthe commune dans la Gaule 
du cote des Alpes, ou elle portait ce nom comme origin aire de 
la Santonis (pays des Santones, m, 28 de 1598. Le texte porte 
Sardonis, faute 3vidente d'apres le nom m^me de la plante, et 
ce qu'avait dit ant£rieurement Pline, xxvn, 28, qu'elle le devait 
a une cite des Gaules). — Santonicon dans Oribaze, Collect, me- 
dic, xn, lettre Z. Santonica herba dans Marcellus Burdig. 28, ou 
Virga dans Martial, ix, 95. — Ces Santones habitaient la Sain- 
tonge, qui a garde leur nom. 

96. Sapdn, boule fabriqu^e avec une substance alcaline, 
Litrodeis, pour nettoyer le linge (Chron. Nous, therap. u, 13) ; 
invention gauloise, melange de suif, — lat. Sebum, — et de 
cendres qui rongissait les cheveux (Pline, xxvm, 51) ; g^ndra- 
lement employ^ par les Germains et les Bataves (ibid.-Mart., 
xiv, 26, vm, 33). Terme dont on peut rapprocher les noms pro- 
pres gaulois Sabaudus, Sapaudus, Sapaudia; et le mot Sapana,. 
voy. 138. — K. Sebon, savon, Swyf, suif. — . C. Soa, id. — Ar. 
Soavon, savon, soav, jadis Siuf, suif. — Ir. Siabunn, savon; E. 
Siopunn. — Tud. Sapa, Sape, savon. 



Par Plutarque, fin du i er Steele apres Jesus-Christ. 

97. Empone, heroine ou h^roique, nom de Tillustre Gau- 
loise, modele de devouement conjugal, que Vespasien fit mounr 
avec son mari Sabinus (Erot., 25). Eponina, ou Epponina dans 
Tacite, Hist., iv, 67. — Pepolina ou Peponila dans Dion Cas., 
lxvi, 16, etc. La veritable legon doit^tre celle de Plutarque, qui 
connut un des'fils meme d'EmponS, ibid., et apprit sans doute 
de lui la signification du nom de sa mere. Mettre en doute avec 
Diefenbach si ce sens d'heroine appartient a son nom, ou n'a 
6ie qu'une consequence de la c£lebrit<§ de son devouement, me 
parait une vaine subtilit£. Notre Geltique ne nous fournit toute- 
fois rien de fort satisfaisant. J. Da vies donne le sens d'heroine 
an K. Unbenes, qui signifie proprement princesse, monarque, au 



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*40 ETHNOGfiME GALLOISE. 

tem. (Masc. Unberm). — Ar. et C — Ir. Anbha, grand, ter- 
rible; Anbhaine, extase; E. id. Anbheix, en Gaelique, a pu signi- 
fier uue noble femme, une femme virile. 



Par Clitophon, dans le Ps. Plutarque. 
(Voy. le N. B. sur Callistheoes, n # 84.) 

98 et 99. Lougdounos, nom de Lyon, tird de Lougos, cor- 
beau, Dounos, lieu £leve\ c'est-a-dire la montagne desCorbeaux. 
Voy. De fluv., 6, le fait qui explique cette denomination, dont 
la forme primitive £tait Lugudunum (Inscr. — Dion Cas., xlvi, 
50, Lougoudounori). Nous verrons, aux n 08 190 et 191, attribuer 
au latin Lugdunum les deux sens de Mont-Desir£ et de Monta- 
gne-Lumineuse; et le moine H£ric nous r£p£tera au sujet d y Au- 
gust idmum, 

August i montem quod trans fert celtica lingua*, — 

quo Dunum signifiait montagne. La valeur de cette finale, la 
plus commune et la plus r^pandue des anciens noms de locality 
celtiques 8 , a ete debattue au sifccle dernier par les academiciens 
Falconet, Fenel et le celebre Freret; Mem. de CAcad. des Inscr., 
xx, in-4°. Ceux qui ne voyaient point de montagne a Caesarodu- 
num (Tours) 3 , a Londinium (Londres), etc., soutenaient que Dun 
voulait dire ville. Wachter admettait deux Dunum, Tun avec le 
sens de montagne, I'atitre avec celui d'enclos de haies, d'en- 
ceinte fermee ou fortiiiee, etc. On oubiiait que dans le langage 
des peuptes qui cherchaieut a garantir leurs premiers etablis- 
sements contre les auaques de leurs voisins, ces diverses signi- 
fications tenaient Tune a I'autre et arriverent promptement a se 
confondre, ainsi que le demontre le Pergamon des Grecs 4 et que 

t. Vit. S. Germ. Alt., i, 3. Quelques manuscrits portent momen, aa Hen de 
nwntem, fuute reconnue. 

2. Voy. en une liste dans Cluv. Germ., p. 52. Fenel en avatt compte qu»- 
raute-ciuq. 

S. Fenel montre que Tours doit avoir £t£ primitivementsituee sur le coteac 
de la rive droite de la Loire. Canf. Greg. Tur. Hist., v, 14. 

4. Suidas. Voy. encore YEtymoL magn.,v° Astu; d'Anvih, Not. des Gaul. 
p. 1 19, etc. 



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GL0SSA1HE GAULOIS. ±^ t 

nous le verrons encore au mot Briga, 360. C'est d'ailleurs ce que 
nous allons verifier dans le Celtique et dans le Tudesque malgre 
les tranchantes assertions de Barbazan qui, dans son latinisme 
exclusif,ne voulait voir dans dunum qu'une abnSviation du tumu- 
lus | a t. K. Don, ce qui est le plus £lev£, au-dessus de tout. — 

G. Dun ; Ar. Tun, montagne, colline. — K. Z)m,Z.p. 118; Q. etAr. 
id.; Ir. Dun, Z. p. 29, montagne fortifi^e, forteresse. — Ir. Dunadh, 
camp, cl6ture; Dunaim, imper. Dun, fermer, clore. — E. Dun, 
monceau, montagne, forteresse. Dunum finit par garder ce der- 
nier sens, et m6me celui de ville en g<§n£ral, mais les mots 
frangais que nous avons tires du radical, Dune, Dunette, indi- 
quent encore sa signification primitive. — Le Tud. disaitpareil- 
lement Dun, montagne, Dun, Tun, cloture de haies, ville, etc., 
le mont Taunus, pr&s de Mayence (Tac. i, 56, et al. M£la). On 
rencontre aussi Dunus a la fin de quelques noms d'hommes, 
Conetodunus, Gogidunus, et Zeuss, p. 30, en fait un adj. avec 
le sens propre de ferme, fort, le K. nous fournit Dun, uni, 

joint. 

Pour Tautre partie de Lougdounos, nous sommes moins heu- 
reux avec Lougos, signifiant corbeau, qu'avec Lug, signifiant 
desire. Gr^goire de Rostrenen dit a la v£rit6 que Long on Lug 
voulait dire corbeau en Bas-Breton, mais il s'appuie pr&isement 
sur le nbm de Lugdunum, en lui adjoignant toutefois celui de 
Coetlogon qu'il interprfcte : Bois des corbeaux 1 . D'un auire cdt<§, 
Wachter rSpfcte, d'apresl'irlandais Toland, que Lug signifie cor- 
beau en Gaettque; et Falconet, qui les cite Tun et l'autre, ajouie 
que c'est bien cet oiseau, et non un aigle, qu'on voit sur une 
m^daille lyonnaise d'Albin, aux pieds du g£nie de cette ville, avec 
cette legende : GEN. LVG 2 . Ni Mionnet, ni les autres numis- 
mates, autant que je sache, n'ont tenu compte de cette obser- 
vation si curieuse, mais M. Ch. Lenormant, avec qui j'ai exa- 
mine cette m&laiUe, s'est prononce sur-le-champ pour Fopinion 
de Falconet. Ce corbeau, symbole de Lyon, de nouveau reconnu 

1. Ce qu'ont copie* F6nel, Bullet et Tamiral Thevenard, Memoir., t. n, 
p. 39T. 

2. COS. 11, c'est-a-dire de 104 de J.-C, med. d'argent, a la Biblioth. imp. 



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U2 ETHNOGtfNlE GAULOISE. 

sur de£ m&lailles de Munatius Plancus 1 , nous garantit done 
1' exactitude de Interpretation de Lougdounos, mais Long n'en 
manque pas moins a l'lr. de Lhuyd et d' O'Reilly, ainsi qu'aux 
autres dictionnaires nouvellement publics des idiomes celtiques. 
Cormac nous offre a la v£rit£, mais indirectement, Loch, noir. 
Zeuss, qui rapporte en entier le passage de Glitophon, p. 64, 
pour preciser la signification de Dun, ne dit pas un mot du 
terme qui lui est assocte. Toutefoisil nous donne, p. 727, Adirc- 
liu avec la glose : comix; adharc, cornu; d'ou W. Stokes se 
demande si liu ne r^pond pas au gaulois Lougos {Irish Glosses, 
p. 155). Seul de ces trois mots, autant que je sache, Adharc 
existe encore dans le Gaelique actuel. Le K. ne m'a offert que le 
trks-faible rapprochement de Llwg, ce qui est de couleur livide; 
et l'lr. Lacha, E. Lack, canard, ou Lachar, vautour. — A ces 
trois interpretations contemporaines du nom de Lugdunum, les 
modernes ont voulu en substituer d'autres; — Lucii dunum, 
tir£e du prdnom de son fondateur Munatius Plancus, et triple- 
men t mauvaise. — L'lr. Lugh, petit, propose par Mone, Celt. 
F., 228, — et dont je regrette que Tidee -soit aussi venue au 
D r Siegfried et a Stokes 2 , — exag&re passablement, pour ceux 
qui gravissent les" pentes rapides de Fourvi&res, le huic non 
altissimo monti 3 de S£nfcque, Ep., 91. — Une troisieme en fin 
qui serait du moins plus vraisemblable d'apr&s la position de 
Lyon, et qui conviendrait dgalement au Lugdunum batave 
(Leyde), et au Luguvallum de Bretagne (Carlisle), e'est le G. 
Llvoch, affluence d'eaux, Ar. Louch, Ir. E. Loch, amas d'eaux, 
lac, etc. 4 . 



1. Le fondateur de la colonie romaine; voy. la Rev. archiol. juin 1868, 
p. 415 et suiv. 

2. Rev. arch., mai 1868, p. 341. 

3. Le Ao^ptp de Strab., iv, p. 159, Did. est horsde cause, puisqu'il faudrait 
d'abord changer vnb en lid. 

4. Prichard, Physic. Hist, of Mank., t. hi. Ajoutons pour mgmoire que, 
dans la Vie de S. Congal, Irlandais du vn e siecle (Boll., 10 mai, par. 20), le 
nom de femme, Luch, veut dire souris, sonat latine mus. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 143 

Par le Pseudo-Plutarque. 

100. Arar, riviere de la Celtique, qui tire son nom de sa 
jonction avec le Rhone, ou elle se jette pr&s du pays des Allo- 
broges {De fluv., 6). Premiere <§tymologie donnde parcet auteur, 
qui en rapporte ensuite une autre purement mythologique. — 
K. Araws, demeurer, attend re quelqu'un ; Arwaru, apaiser, sur- 
monter. — Ar. Arar, charrue, d'ou peut-Stre l'idge d'attelage 
des deux fleuves; Arzao, pause, station. — Ir. Ar, engag<§, en- 
chaine; Arac, conflit. E. Arach, lien, attache. Ir. E. Araon, en- 
semble, les deux ensemble. Ge que dit C<*sar, i, 12, de la lenteur 
du cours de TArar, les epith&tes de paresseuse et de lente que 
lui donnent Pline, in, 5, et Glaudien, xvn, 53, indiqueraient 
peut-6tre une interpretation plus simple, le K. Araf, Z. p. 14, 
doux, lent, fort rapproch**, du reste, de TAraws ci-dessus. Cam- 
den signale dans V Yorkshire un fleuve Arus 1 , d'un cours aussi 

douteip mie l'Arar de CSsar. fa ^ £ , ^ ^ ^v |C ..*tr^. ^ U U^ 
^o^L^^^t^.Sa^^^a f je^ * v uc ******* ^Wv** W*» tu,, t c 

Pic ft^C*^^^^^^^ 

101. Hus, nom que les Galates ou Gaulois d'Asie donnaient 
au Kokkos des Grecs, arbuste dans les fruits duquel se developpe 
un insecte dont le sang servait de teinture (x, 36). Dans Pline 
Coccum designe la graine m6me qui fournissait la couleur rouge,' 
dont le melange avec la pourpre de Tyr produisait YHysginum. 
Le meilleur 3tait celui de Galatie ou de Mdrida en Lusitanie 
(ix, 65). Ce grain se nommait proprement Cusculium, al. Quis- 
quilium; il se trouve sur une espece d'yeuse, et ressemble 
d'abord a une gale de l'arbre, scabies, id., xvi, 22. H&vchius 
appelle cette couleur Husginon et Husge; mais Suidas fait 
d'HusgS une plante. Le K. abonde en mots commengant par Ysa 
noms de plantes ou autres. J'y remarque dans un sens Ysqwl 
excroissance, croute, gale, qui nSpond particuliferement au Cus- 
culium de Pline, termequi me parait aussi gaulois que Hus et 

1. Ptol. nomme Ouarar ud estuaire du littoral britannique; n 2 Wilb 



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ilxlx ethnogSnie gauloise. 

m6me d6riv6 de lui, voy. ci-dessus, N bis; — et dans un autre 
ordre d'id^es : Wsg, Ysg, principe de mouvement et de separa- 
tion; Yssig, 3cras£, broy£, d'ou le verbe Yssigaw; Isgal, Ysgai, 
3cume, ce qui mousse, presque identique a YHusge grec. — Rien 
dans les autres idiomes, a moins que nous n'abandonnions TY 
initial. Ar. Skarra, s'ouvrir, se fendre. — lr. Sgaradh, separa- 
tion, fracture. — E. Sgar, diviser, separer. Le K. Ysgarlla, ou 
Ysgarlad*, couleur de blessure, ^carlate; lr. Skarloid; E. Sgar- 
laid, est rest£ dans Tital. Scarlatto, dans Tesp. Escarlata, dans 
les langues germaniques, etc. Notons pour m&noire que le C. 
nomme Yz toute sorte de graine. Nous verrons a l'Appendice, N, 
les mots Coccum et Cusculium. 

102 et 103. Trimarkisia, element de la cavalerie gauloise 
qui envahit la *>rece, compost d'un maitre et de deux serviteurs 
a cheval, Marka signifiant cheval en Celtique (x,19). — K. et C. 
March; Ar. Marc'h; lr. Markach, Z. p. 47, et Mark (Gorm.) ; E. 
id. — En K. Marchawk, Z. ibid, ou Marchwys, pi.; C. Marheg ; 
Ar. Marc'hek, cavalier; Ar. Marc'hegiez, cavalerie. — lr. Mar- 
kuiseachd, equitation. Dans la loi Al^mannique, 69, et dans celle 
des Bavarois, xm, 10, Marah, Marach, r£pondent a Equus. — 
Quant k la premiere partie du mot, Pausanias n'en dit rien, 
mais la signification en est indiqu^e par lui d'une mani&re si 
^vidente, ainsi que dans les mots Tripetiae, 56, et Trigaranus, 
274, que je crois pouvoir le maintenir a cette place, sous le 
n° 104, sans attendre le Glossaire d'Endlicher; voy. ci-dessous. 
C'est le Tri, trois, de nos quatre principaux idiomes, C. Tre. — 
M. Tress, troisieme. 



Par Arrien , u e siecle. 

105. Ouertragoi, espfcce de chiens celtes, ainsi nommes 
d'apr&s Jeur vitesse a la course (Cyneg., 3). Arrien parle des 
chiens gaulois signals par Ovide, Met., i, 533 ; puis par Martial, 
xiv, 200, sous le nom de Verlragus ou Vertagus, — et par Gra- 

1. Mots de la premiere Edition d'Owen, mais qui ne sont pas dans la 
deuxteme. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 145 

tius, sous celui de Vertraha 1 ou Vertagra (Cyneg., v, 203). — 
Veltris, nom, dans la langue gauloise, d'une esp&ce de chiens 
tr&s-rapides, nos ldvriers (Monach. S. Gall, i, 21). — Arrien cite 
en mSme temps, parmi d'autres races de chiens, ceux qu'on 
appelait Egousiai, comme originaires, pense-t il, du pays des 
Celtes de ce nom (les Secusini des Alpes?), et qui etaient d£ja 
connus de l'ancien X^nophon. — La loi salique (vi, Herold et 
Emend, id. D. Bouq. t. iv) parle des chiens Segusii ou Seusii, 
et Veltres; — Segutii et Veltrai* dans la Loi Gombette, Add. i, 
— 10. 11 est encore question des Segusii dans d'autres docu- 
ments du moyen age, mais avec des variantes de plus en plus 
Granges, Sugii, Sugosi, Suses, etc. — Veltris ou Veller se re- 
trouvent presque identiquement dans le C. Guilter, grand chien, 
et le K. Gwyltred, rapide, litteralement : course sauvage, Gwyll- 
tred (Rhed, course). Mais Vertragus repr&sente un autre com- 
pose : 1° de Ver (grand?), particule intensitive, voy. Vernemetis, 
156; ou de ce mSme Gwyllt, sauvage, Z. p. 166; C. Gwylls; Ir. 
et E. Geilt; — 2° de l'lr. Traig, Z. p. 6, pied, trace; K. pi. Traet, 
pieds (= Traget, Z. p. 6.) ; E, Troigh*. — Ebel, dans la 2 e (§d. 
de Zeuss, p. ft, rejette cette Stymologie, et recourt directement a 
une racine dont il n'indique pas Tidiome celtique, Trag, courir, 
et que je n'ai pu retrouver que dans le Sk. ou Trac signifie 
aller. — Voy. ci-dessous le n° 207. 

Tous les mots que nous avons recueillis jusqu'ici nous sont 
bien positivement donnes comme gaulois par nos auieurs; Ja 
meme certitude n'existe pas pour les trois termes militaires qui 
suivent, Arrien seul les ayant cit£s dans sa Taclique et ne disant 
rien qui precise de quels Celtes ilveut parJer. II est trks-probable 
toutefois qu'il entendait ceux des Gaules, de m$me qu'au ch. 33 
ou il nous apprend que les Romains empruntdvent a la cavalerie 

1. Radlof a fait ici, Neue untersuch. des Keltenth., p. 417, un plaisant 
contre-sens, en prenant pour le peuple sicambre les chiens de ce nom cites 
avec les Vertrahae. 

2. D'ou notre ancien francais Veltre, Vialtre ou Viautre (Burguy), et vau- 
trer. — Z. releve de son c&tepour Segusii 1*1 r. Sechim, suivre, p. 167. 

3. L*E ecrit <§galement Troidh, comme l*Ir., ce qui est indifferent pour la 
prononciation, observe Diefenbach. Orig. europ., p. 333. 

10 



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l/i6 ETHNOGtiNIE gauloise. 

celtique, dont ils faisaient beaucoup de cas, un assez grand 
nombre de termes d'gquitation. 

106. Petrinos, ch. 37. — 107. Toloutegon, al. Totoulegon, 
Sloloutegon, ch. 43. — et 108. Xungma, ch. 42. — Noms 
qu'on donnaitdans la langue desCeltes a trois manures parti- 
culi&res de lancer, 3tant a cheval, un trait ou un javelot. — 
1° La premiere partie de Petrinos commence pareillement les 
noms gaulois des Petrocorii, de Peiromantalum, etc. Dans ce 
mouvement, le trait se langait en arri&re, dans la direction de 
la queue du cheval. K. Pedrein, Z. p. 793, tergum equi, auj. 

Pedrain, fesses, croupe; C. Pedren. — Ar. Ir. E — 2° Le 

Toloutegon consistait a lancer egalement un javelot en arri&re, 
apr6s l'avoir fait tourner en cercle au-dessus de sa t£te. — K. 
D'abord Doli, faire un cercle, Dolystum, force circulaire ; — puis 
Tawlu, lancer, Tawliad, jet. — C. Toleugha, jeter, lancer. — 
Ar. Taol, jet, Taoladen, coup. — ir. Tolllach, E. Tolladh, per- 
gant, perforant. Le K. Tech, embuscade, surprise, entrait peut- 
etre aussi dans la composition du terme d'Arrien pour lequel 
Mone a 6t6 chercher l'lr. Dadolach, sorte de couteau, Celt, F., 
244. — 3° Quant a XunSma, les langues neo-celtiques n'ayant pas 
d'X, avons-nous dit, cette lettre r6pond a leur c'h, H, on S. 
G^tait un exercice fort difficile, ou il fallait, en tournant son 
cheval, lancer I'arme au but indiqu£. Je n'ai trouve d' analogue 
que le K. Chwin, activity, travail fatigant. Chwynaw, se donner 

du mouvement. — G. et Ar — Ir. Sonnaim, je perce. — 

E. Sonn, percer, jeter bas (Mac-Leod). 

Par Oppien, m« si&cle. 

109. Agasseus ou Agassaios, excellente espfcce de chien 
de chasse breton (Cyne'g., i, 470, et al. notre basset? Conf. Strab. 
iv, p 166, Did. — Gratius, Cyneg., 175 et seq.) — K. Gast, 
chien, aujourd'hui chienne; Kadgi, chien de combat. — C. 
Gasti; Ar. Kiez, chienne. — Ir. Gadhar, chien, dogue. — E. 
Gadhar, chien qui guette le gibier ; gasair, couvrir une chienne 
(Mac-Alpin). — Ces mots combines avec Particle, en Ar. Ar; en 
Ir. An ou A. L'lr. donned'ailleurs Achlais, la chasse; l'E. Again, 



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GL0SSA1RE GAULOIS. 147 

poursuivant (en justice). — Peut-Stre Agassaios n'est-il pas sans 
quelque parente avec TEgousiai d'Arrien, n° 105. 



Par Dion Cassius, in* siecle. 

110. Andatfi ou AndrastS, la Victoire, d^esse britanniqlie 
(lxu, 7, Sturz; on a lu aussi Andasle, Adraste). Dea Andarta 1 sur 
deux inscriptions, dont une 2 de Die en Dauphine (D. Mart., Rel. 
des Gaul., t. n, p.| 12, d'apr&s Gruter; — Orel. 1958). Ande 
sert d'initiale a plusieurs noms propres gaulois, Andegavi, Ande- 
matunum, Anderitum, etc. — En K. et Ir. Andras est aujour- 
d'hui un ennenri, Satan, une Furie, modification de sens due 
sans doute au christianisme. Mais les variantes d'Andate nous 
am&nentd'autres rapprochements : K. Andwyaw, mettre en d£s- 
ordre, ruiner; Adorth, diligent, actif. — Ar. Handeein, chasser, 
expulser. — C... — Ir. Ada, victoire; Adh, succes, bonheur; 
Adrath, horreur, effroi. — E. Adh, prosp6rit£ ; Adhart, progr&s ; 
Art, dieu, dans Cormac 3 ; Artaios, surnom gaulois de Mercure. — 
Enfin Andrustehix est un des surnoms donnas aux Matronae gau- 
loises. Stein, Dan. et Rh. 1093. Notez le Basq. Andrea, dame 
d'un rang £lev£; — et de plus* chez les fitrusques, le nom de 
Borde, Andas (Hesych.), et chez les Perses, celui <Tun de leurs 
g&iies celestes, Anadates ou Anandates (Strab. xi, p. /»39, Did.). 

Je laisse de cot6 une citation fort obscure de Dion faite par 
Jornandes, Get. 2, et dont le texte doit Stre allure. II s'agit du 
nom des Calidonii, ou peut-Stre des Bretons en general, que 
ces peuples devraient a un. m^tal de la Cal&Lonie 4 . Je ne puis 

1. Mone distingue Andarta d'Andraste, faisant de la premiere une deesse 
de lachasse, du KSAndred, lieu en friche, bois, Gall. Spr., 89. 

2. De Wal en rapporte trois, Mythol. septentr. monum., etc., xvi-xvm; en 
evoquant, pour expiiquer le nom d' Andarta, leceltique de Cluvier et de La- 
bastie! 

3. Stokes en deduit le fern, gaulois Arta dans le nom d'Andarta (Ir. glos- 
sar., p. xxxiii). 

4. Cunctis tamen in Calidoniorum metallum concessisse nominandi (ed. 
Nisard). Passage qu'on ne retrouve nulle part dans ce qui nous reste de Dion 
Cassius. Panckoucke avait adopte un autre texte qu'on lit en marge de Ted. 



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148 ETHNOG^NIE GAULOISE. 

qu'entrevoir dansce texte quelque confusion faite parJornandes 
avec le nom de Cassit^rides. 



Par saint Epiphanes, fin du iv e Steele. 

• 111. Taskos, pieu, — et 112. Drouggos ou Drougos, nez, 
d'ou le nom des her^tiques Tascodrugitx ou Tascodrugi (confon- 
dus a tort avec les Ascodrugi, etc.), dans la langue des Galates 
d'Asie (Hxres., xlviii, lft. — Timoth. de C. P. De recip. hzret. 
in Coteler. Monum. Eccl. Graecae, t. m, p. 278). Deux passages a 
remarquer comme indiquant que le Gaulois se parlait encore 
en Asie Mineure a la fin du iv e siecle, et peut-6tre au vi*. Dans 
le xm e , Nic^tas Ghoniates attribuait ces deux mots au Phrygien 
(Thesaur. Orth. fid., ce qu'avait ddja fait le Schol. des Basilika), 
mais en dchangeant leurs significations respectives, Taskos deve- 
nant le nez, et Drouggos ou Drougtos le pieu. (Wernsd. Galat., 
p. 33ft.) Saint J£r6me latinise, d'apres le Grec, le nom de ces 
h£r6tiques en Passalorincitx (Goiat., xi, pref.). Taskos se montre' 
comme Element de plusieurs noms propres gaulois, Tasgetius, 
Tasconi, Tasciasca/Moritasgus, etc. — Rapprochements : 1° K. 
Tasged, ce qui est raide; Tasgell, vergette, petit balai. — Ar. 
Takh, clou; Ir. Taka, E. Takaid, pointe, clou. — Ir. Tas, fouet, 
fleau. Voy. Tasg. 377. — 2° K. From, Z. p. 9ft, auj. Trwyn; G. 
Trein ou Tron, nez, trogne. — Ar. Fron, narine; Fronek, qui a 
de larges narines. — Ir. Sron, Z. ib. (par Eclipse, Tron), et E. 
id. nez; M. Stroinn. — Le Drouggos galate n'a rien de commun 
avec le Drungus de Vopiscus et de V^gfcce, corps de troupes bar- 
bares. Toutefois Tlr. dit encore Drong pour une troupe quel- 
conque, ancien K. Drogn, Z. Dans les gloses K. Luxemb. co&tus, 
Drogn... factionem Drogn, Z. p. 1097 et 1099. 

112 bis. Troias, pore et machine de guerre pour renverser 
des murailles. — J'ai rejete a la fin de ces deux premieres cate- 
gories ce mot que je n'ai pu trouver dans aucun de nos auteurs, 
et dont je n'ai connaissance que par une citation de Cambry. 

de Cassiodore de 1609 : Cunctos t. in C. Meatarumque c. nomina, et qui du 
moins se rapporte au lxxvi-12 de Thistorien grec. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 149 

C'est en fait de critique et d'&rudition une assez pauvre garan- 
tie. Voici toujours le textedont i\ s'agit, et qu'il nous presente, 
p. lide ses Monuments celtiques, 1805, apres avoir cit6 succes- 
sivement, au sujet des inventions gauloises, Pline, V^gece, Dio- 
dore et Apollodore : Habuere, ajoute (dit-il) le m6me auteur 
(c'est-a-dire Apollodore), etiam Galli machinas, guatiendis ac 

fodiendis rnuris, non arietes, sed sues, aut sua lingua Troias. 

J'ai vainement cherch£ ce passage dans les auteurs qu'il avait 
nommes, ainsi que dans Varron et dans Isidore de S6v. Je ne 
puis done qu'observer le rapport efl'ectif de Troias avec notre 
mot truie que plusieurs lexicographes ou 6tymologistes bnt re- 
gard^ comme celtique, entre autres Pott, qui le faisait ddriver de 
Tlr. Triath*, pore, d'ou le Bas-Latin aurait tirg pour sa femelle 
le nom de Truia, Troja, etc. Twrkh en K. et Torkh en G. d6si~ 
gnent le cochon en ggn&al, et Twrc'h en Ar. le cochon male.— 
Ir. fork (Corm.), un pore; E. id. 



C. — Noms de plantes donnes par le me'decin ApuUe 
et les manuscrits de Dioscorides. 

Par Aputee (Edition d'Ackermann, 1788, et autres consumes. LesnurmSros des 
chapitres varient d'une Edition £ Tautre. 

Alus, ch. 60. Voy. Halus de Pline, n° 27. Du reste, Galli Alum 
pour Gallicum allium, est une correction d'Humelbergdans Ted. 
de 1537, adoptee toutefois par Ackermann. 

113. Belinuncia ou Bellinuncia, Gr. Hyosknamos. L.ApoU 
linaris Insana, etc. (ch. 5). Bilinountia, dans Dioscor. iv, 69. r^ a 
Jusquiame ou Apollinaire de Pline, xxv, 17, qu'on dit avoir 6t& 
consacrSe a B6\6nus 2 , l'Apollon gau!ois,et qu'on a assimifee, en 
lisant Bettnion, a l'H&enion de Galien, autre plante v<$n3neuse 

1. 11 est Strange, si ce n'est par trop philosophique, que ce mot signifie e 
meme temps roi ou prince (Corm.) ; qu'ii en soit de meme pour un autre no ° 
irlandaisdu cochon, Ork, et qu'il ait exists un rapprochement analogue dan^ 
le K.; voy. Ow. Pughe, aux mots Hwch et Twrch. 

2. Je ne puis comprendre qu'en presence d'un rapprochement aussi evident 
Mone ait ete chercher, Celt. F., son Ir. Bil-neanta, fleur d'ortie. 



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150 ETHNOGfiNIK GAULOISE. 

dont les Daces et lesDalmates se servaient pour lememe usage 1 
que les Gaulois du Limeum de Pline; voy. 28. Gette correction 
se justiGerait par la grande difference de cet H£l£nion avec YHe- 
lenium de ce dernier (xxi, 33 et 91), si rapproch£, quant au 
nom, de YAileann ou Ellea des Irlandais, TAun^e. La Jusquiame 
se nomme encore en K. Beta, en Ar. herbe de sainte Apolline. — 

Ir. Deodha; E ; — Belene en Angl. sax. — Felen en C. desi- 

gnait l'absinthe, en Dace Pelinu, et dans FAlbanais Pelint (Dief.). 
Isidore rapporte, Orig., xvn, 9, qu'on la nommait vulgairement 
Milimindrus, c'est-a-dire rendant fou, terme sans doute ibdrique 
et dont on retrouve les traces dans le Basq. Bil, changer les dis- 
positions de quelqu'un: Bilaka, devenir, et Mens, imbecile; Min, 
mal ; Minkhor, aigre, inquiet. II s'est conserve d'une mani&re 
frappante dans le portugais Meimendro; l'Esp., qui disait jadis 
Milmandro, n'a gard^quele celtique Belefio. Voy. Belenus, 395. 
J'ai parte de Galiiculans, donn£ pour un autre nom de cette 
plante, au n° 68. 

114. Beliucandar, al. Belliocandium, Bellicocandium 2 , ou 
Vigentia, Vigentiana, plante qui gu&it les blessures, et decou- 
verte par Achille. L. Millefolium (ch. 88). Belioukandas dans 
Dioscor., iv, 115. Notre Millefeuille, esp&ce d'Achill^e, aujour- 
d'hui Milddail en Gallois (millefolia; voy. Pempedula, 120). Le 
K., le C. et PAr. sont'dgalement insuffisants avec leurs Gwleli, 
Guli et Gouli, blessure, mais l'lr. offre la similitude frappante 
de Bileog, E. Bileag, feuilles; Ir. Bileogach, feuillu. Si ce dernier 
ne parait pas suffisant pour former Beliocandum ou Belioukan- 
das, j'ajouterais a Bileog Fir. Kath, combat, ou Kead, blessure, 
ce qui reviendrait a notre nom vulgaire d'herbe aux coupures. 
Cela me paraitrait toujours pr^fdrable au K. et Ar. Kant, cent, 
de Diefenb., car je ne pense pas que le Celtique ait jamais dit 
les feuilles-cent pour les cent-feuilles. A preuve que l'lr. donne 

1. Tlteriak. ad Pis. Galien ajoute que ces barbares donnaient a PHelenion 
le nom de Ninon, debris peut-etre de celui de Belinus. II est remarquable, 
en tout cas, que Belena ou Bjelena, et Bielun, Bilyna, ainsi que Bilin et Zfe- 
lend, soient encore des noms de la jusquiame en Slave et en Magyar. (Diefenb., 
Diez, Gyarmathi, Afftnit. ling. Hungar.) 
r . 2. Garnett, p. 150, ecrit Beliocanda. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 151 

pr£cis6ment ce nom de cent-feuilles, Keadbhilich, E. Keudbhi- 
leach a la Centaury. Voy. pour Vigentia, 126. 

115. Betilolen ou Betidolen, suivant Zeuss, Gr. p. 301 ; le 
Manifoliunr ou Personatia (ch. 37). Grande Bardane, esp&ce 
d'Achillee medicinale. La correction de Zeuss nous donne pour 
deuxi&me Element de ce mot le K. Dalen, etc., voy. Pempedula, 
120; mais rien pour la premier, Beti, qu'on pourrait rapporter a 
l'lr. et E. Beatha, Bith, O'D. la vie; Ir. Bith, blessure, ce qui 
aboutirait a feuille de vie, ou feuille aux blessures. 

Ducone, voy. Odocos, 6i. — Eugubim, voy. Usibim, 125. 

116. Bolussellon ou Bolusseron, Bolusserron ; L. Hedera 
nigra (ch. 98).*Lierre noir, mot sans doute compost : 1° K. Pol, 
rond; Bolawd, boule, balle. — Ar. Bolos ou Polos, et Bwlas 
(Dief.), prune sauvage, ce qui peut se rapporter aux fruits ronds 
et noirs de cette plante. — Ir. Bulos, prune; E. id. suivant 
Brandes 1 . — 2° Je n'ai trouv£ d'acceptable que l'lr. E. Searbh, 
amer, acide, appliqu^ aux fruits de cette plante; Voy. Soubites, 
H2. On pourrait a la rigueur citer le K. Sar, ce qui est sur, ou 
le long de... (des murs). 

116 bis. Diefenbach voudrait naturaliser gaulois, Orig. europ. 
p. 229, un des noms donnas par Apulee, ch. 1, au Labrum Ve- 
neris ou Bassin de Vdnus 2 , — celui de calox cardiatos, parce 
que sa premiere partie lui rappelle Calocatanos, voy. n° 61; et 
la seconde, une plante nomm£e Cardiacus, qu'il ne precise pas 
davantage. 11 propose en consequence de lire Galli au ]j eu 
d'alii qui prtofcde Caloxcardiatos dans le texte d'Aputee. C*est 
assez p\aus\b\e, un copiste ayant reellement ecrit le second de 
ces mots pour le premier, dans un autre endroit; voy. Je n°l25 
Mais Diefenbach ne produit aucun terme cehique a I'appu/ de* 
cette correction. Je prdsenterais le K. Kalon, coeur, Ar. id. C 
Kolon, qui offre un rapport frappant avec le sens de l'adj. grec 
Kardiakos (I at. -us). Je ne puis toutefois expliquer cette rencontr* 
peut-Stre fortuite, et les synonymes que Diefenbach cite d'apr^s 

1. Brandes cite a ce sujet, Ethn. Verh. d. Kelt., p. 291/notre ancienmot 
Belloces, prunes, dans le Rom. de la Rose. 

2. Littre, Pline, xxv-108; le Dipsacus sylvestris de Linne. Conf. xxvn-62, 
le Dipsacus pilosus. 



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152 ETHNOGtfNIE GAULOISE. 

Dioscorides, m-11 (Dipsakos, chardon a foulon, etc.) me parais- 
sent rendre assez confuse I'idde qu'on peut se faire de la plante 
d£sign£e par Apulee. 

Eugubim, voy. Usubim, 125. 

117. Haematiten, al. Hematites; l'Heliotropion des Grecs. 
L. Vertumnum, ou Mulcetra, etc. (ch. 50). Plante qui tourne 
ses feuilles vers le soleil, etc.; voy. Pline, xxu, 29. Ce mot, a 
physionomie si heltenique, aurait sa traduction litt^rale dans 
Fir. Urn, tome, Z. p. 587, autour, et Tithin, soleil. L'E. donne 

pour Imme, Uime; l'Ar , et le K. Am, avec Tydain, 6pithete 

r6serv£e au soleil, la maison, le centre du feu, Tan, Z. p. 102, 
Ar. id. — Ir. Tene, Z. ibid. — E. Teine. Noifs avons encore 
Tancien K. Did (Williams), le jour; C. Tydh, Ar. Deiz. Si l'onse 
d<§Gait d'une pareille ressemblance qui doit 6tre une traduction, 
il reste en K. Hemiad, ce qui entoure, Dit ou Titen, ce qui 
tourne. — Ar. Tiz, marche, allure. — E. Titheach, applique &, 
ardent pour... 

118. Henta, L. Mentastrum (ch. 90). La menthe. Ce mot se 
trouve d£ja dans Ovide, Met., x, 729, et il £tait ancien dans le 
Grec, car la Mythologie en avait fait le nom d'une nymphe chan- 
g£e en menthe par Proserpine ou par C6r£s, suivant Oppien, 
Cynkg., ch. 3. II n'en est pas moins du pur Geltique : K. Mintys; 
C. Mente, jadis Minte; Ar. Mennt, Bennt; Ir. Mionntas; E. 
Meannt. — On retrouve ce nom dans presque toutes les langues 
ananes de Y Europe. 

119. Ovalidia,a1. Oualidia, Gr. Chamoemilon; L. Beneolens. 
Superba (ch. 24). La camomille. Rien. 

Piperatium, voy. Peperakioum, 136. 

120. Pempedula, al. Pempedulon. L. Quinquefolium (ch. 3). 
Pemprdoula ou Pompaidoula dans Dioscor., Gr. Penlaphullon 
(iv, 42). Notre Quintefeuille. Tous ces mots ont le meme sens 
dans les quatre langues, c'est-&-dire cftiq feuilles, et sont pa- 
reillement composes : — 1° de 120 bis, Pempe : K. Pimp, Z. 
p. 324, et G. Pymp; Ar. Pemp, cinq. — K. Pumbys, Ar. Pempez, 
la quintefeuille m6me, comme en Ir. Kuigeag, de Kvig, cinq. 
— 2° de 120 ter, Dulaou Dulon, K. Dalen, Delen, Z. p. 109; Ar. 
Delien, d'ou le K. Pumdalen et l'Ar. Pempdeil, autres noms de 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 153 

la mSme plante; G. Delen; Ir. Duillen, W. S.; E. Duille, feuille. 
Ce mot,dont I'origine est si 6vidente, est un de ceux qui donnent 
le mieux la mesure des tours de force de M. Holtzmann. 

121. Ponem, al. Porta. Gr. Artemisia; L. Serpyllum majus, 
Valentia, etc. (ch. 11), Ponem dans Dioscor. et l'Artemisia des 
Grecs (in, 117, Spr.). L'Armoise ou herbe de la Saint-Jean, que 
nous avons d6ja vue noram^e Bricumus, 56, par Marcell. de 
Bord. Plante a tige droite et tres-haute. — K. Bon, Bonyn, tige; 
Ban, Bon, haut, £lanc£. — C. Ben, tige, tronc; — Ar. Bann, jet, 
pousse. — Ir. Ban, le pied d'une chose, Ponaire, f&ve. — E. 
Bonn, base, appui. Voy. 123, Titumen, troisi&me nom de cet(e 
plante. —En Tud. Diefenbach cite a son sujet le Sued. Bona et 
le Dan. Bonne, Tarmoise. 

122. Tarbidolopion, legon fort incertaine, aL Tarbeloda- 
thion ou Tarbedolathion, Carbidolupon , Tardaslotios, Tardos, 
Lottos; Gr. Arnoglosson et Gynoglosson; L. Plantago lata vel 
major, plante mar6cageuse (ch. 2). Tarbelodathion dans Dioscor., 
11, 152, Spr. Les Editions ant^rieures ne donnaient point ce 
terme pour gaulois, mais simplement comme synonyme de Plan- 
tago minor. Nous avons ici en presence deux especes de plan- 
tain, le grand a larges feuilles et le petit. — Les nombreuses 
variantes de ce mot ont embarrass^ les Celtistes et provoqud les 
corrections. Les legons Tarbidolopion et Tarbedolathion ont 
l'avantage d'indiquer pour deuxi&me Anient de leur compo- 
sition leK. Dalen, Deilen, feuille que nous connaissons ddja par 
Pempedulon, 120. Mais on ne s'y est point arrStd, sans doute a 
cause de V autre 6\6ment qui semblait £tre ^videmment PAr 
Tarv, taureau; K. Taru, Z. p. 160, auj. Tarw*; C. Tarow; l r . e t 
E. Tarbh; M. Tarroo. Zeuss, s'attachant, p. 90, au Tarbelodathion 
de Dioscorides, l'a corrig£ en Tarbotabation, pour remonter au 
K. Tafawd, lingua, — vet. Tabdt (C. Tavot; Ar. Teaut, L. auj 
nod; ancien Ir. Tenge, W.S. auj. Teanga, E. id.), ce qui' nous 
donne Langue de taureau, compost pareil aux noms grecs que 
nous venons d' avoir sous les yeux, et de plus a ceux de diverses 

1. Avec lequei j'avais confondu a tort le K. Tarf, expulsion, du nom gal- 
lois de la matricaire, Tarfgryd, qui indique un febrifuge (Kryd, flevre). 



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154 ETHNOGtiNIE GAULOISE. 

plantes dans lesquels est entr£ le m^me -Sl&nent en K. eten 
Ar. Tafawd yr ych, langue de boeuf (la bourrache); Tafawd yr 
hydd, langue de cerf (la scolopendre) ; Teod-ejenn, langue de 
boeuf (la buglose), etc. — Garnett, pr6occup£ des vertus vulnfr- 
raires attributes au Plantago major, n'admet, p. 150, que Car- 
bidolupon, qu'il interpr&ait exclusivement par le gaelique Rear- 
badh, coupure, blessure, et Lubh ou Lhuib, herbe; — 1' herbe 
aux coupures. — Diefenbach fait valoir aussi cette leQon, en la 
rapportantau K. Karw, cerf; Ar. Karu, L. auj. Karv;C. Karow; 
a cause du nom frangais Come de cerf, donnd a une esp&ce de 
plantain. Reste une finale, lopion, qui paraltrait au savant alle- 
mand r^pondre au Tud. Loppe, puce, le plantain portant dans 
le Danois, le Su&iois, etc., desnoms qui reviennent pour le sens 
a celui qu'il a en Grec, *Fu^>tov, herbe aux puces. 

123. Titumen, autre nom gaulois de l'Artemisia, etc. Voy. 
121, Ponem, et 59, Bricumus; peut-etre tir6 de sa puissance 

abortive. — K. Dyddymu, detruire, an&intir. G — Ar. Dis- 

mannt, destruction. — Ir. Dilim, je condamne; Teidhm, colique 
(Gorm. d'aprfcs O'D.), la mort. — E. Dithich, extirper. — Les 
gloses K. de Luxembourg nous donnent en outre : Dodimenu, 
decreat, Z. p. 1098. • 

124. Ura, al. Via; Gr. Satyrion ; L. Priapiscon, Testiculum 
leporinum (ch. 16). Notre Satyrion, espfcce cTOrchid^e, qui se 
plait dans les lieux sombres et bumides. Nous rencontrons 
d'abord, avec un sens analogue h ceux du Gr. et du Lat., le K. 
Gwr, Z. p. 151, homme, et (comme adjectif), masculin, comp. 
Gwrach, sup. Gwraf. — C. Gur; Ar. Gour, homme. — Puis en 
Ir. Ur, lieu humide, vallon ; Varan, eau, O'D. — Ir. E. Urach, 
terre, terreau, — Ir. Urach-bhallach, une orchis. Les deux dia- 
lectes donnent Urabhallach, la scabieuse .des bois. — Vra, en 
Basque, signifie eau et c'&ait le nom d'une fontaine de Lyon 
(Boissieu, p. 49); ainsi que d'une rivi&re 1 dont les eaux dtaient 
portSes par le Pont du Gard k la ville de Nimes. Voy. 148, Uri. 



1. UroB fons, auj. l'Eure. Voy. Walckenafir, Giogr. anc. d. Gaules, t. ii, 
p. 181. Pline donne a une autre fontaine de la Narbonnaise, xvin-51, le nom 
VOrgi, peufc^tre grec (6pyd«o). 



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GLOSSAIRE GMJLOIS. 155 

125. Usubim ou Eugubim, al. Usibim, Usiben, Usuben 
Usumbis et Eugulim. Gr. Chamaidaphn£; L. Mustellago, Lactil 
lago, Laureola, etc. (ch. 28. L'edition de 1547 porte alii au lieu 
de Galli, mais Dioscor. continue ce dernier mot, ainsi que j a 
veritable legon Ousoubim, iv, 147, Spr.). Plante sur laquelle les 
modernes ne sont pas d'accord; la Laureole probablement 
arbuste qui se plait a l'ombre des bois. Le nom d'Usubim esl 
presque identique avec ceux d'une bourgade de VAquitaine, 
Ussupium, qui avait son dieu topique, Ussupius (Henzen, 5926); 

— d' Ousbion et des Usipii de la Germanie; noms auxquels il 
faut joindre, pour leur evidente analogie, les Esuvii, Vidubia, 
etc. Du reste, rien dans le Gaelique, mais le K. nous offre : 
Hudd ou Huz, ombre, couvert, Huzawg; Huliawg, qui est a 
Sombre, a couvert; Huliedig, couvert; varidt£ de formes qui 
repond peut-£tre aux variantes de ce nom. C. Kus, for§t; — Ar. 
Kuza, cacher, couvrir. 

126. Vigentiana, al. Vigentia; nom ggalement donn£ par 
les Gaulois au Belliocandium, 114, paralt tout simplement 
latin. Cependant remarquons, pour l'emploi de cette herbe dans 
la gu&ison des blessures, le K. Gwy chain, h^roique. — Ar 

— ou l'lr. Big, toute matiere glutineuse. — E. Bigh, glu, 
gomme. 

Par des gloses qu'on croit ajoutees au texte primitif de Dioscorides (edition 
Sprengel, 1829, in-8°, 1598, in-fol. et autres 1 consumes). 

Albolon, rejet<§; voy. les quatre Editions de 1529, 1549, * 598 
et 1829, iv, 93, qui portent non pas Galloi Albolon, mais Gate- 
obdolon, constat^par Pline, xxvu, 27, Oribase, etc. 

Aliouggia, voy. Saliougka, 137. — Belioukandas, voy. Beho- 
candium, 114. 

127. Anepsa, l'EUebore blanc (iv, 148). Plante vtotoeuse, . 
sternutatoire, purgatif violent, que nous verrons nomnier £n : 
core Laginon, 134. — K. Anaws, exciter, attaquer; Artful , roau-< 
vaise rencontre ; Anhapus, malheureux. — C Annes, ce qui ^ e 

1 . Les niimeros des chapitres varient souvent d'une Edition a^r autre. 



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156 ETHNOGtfNIE GAULOISE. 

mal a Vaise. — Ar. Anes, mesaise, L. Ar — Ir. Anabuidh, 

amer, acerbe; Aneal, d^faillance, evanouissement. — E. Anei- 
bhinn, triste, malheureux. — Tud. Nyusan. Angl. Neese, £ternuer, 
d'ou le nom meme de TEllebore, Nieswurz, Neesewort, plante 
qui fait dternuer. 

128. Bakkar ou Bakchar, Gr. Asaron (ce qui est errone 1 
suivant Pline, xxi, 16), L. Peripresam, c'est-a-dire la Perpressa 
du mSme Pline, id., 77, etnotre digitale pourprge (i, 9, de 1598. 
Sprengel a rejet£ les deux mots Galloi Baccar). Ge nom est deja 
dans Virgile comrne celui d'une plante qui £cartait les malefices, 
Bucol. vii, 27, et doit avoir appartenu dfcs lors au Gaulois ita- 
lique. Je ne trouve que le terme m6me de Bachar dans Tlr. 
(Lhuyd) pour designer le Gant-Notre-Dame qui est la m^me 
plante, mais depuis quelle £poque ce mot, dgalement grec et 
latin, appartient-il au Gaelique? Dans I'Erse, il signifie faine ou 
gland. II est restd dans l'ltalien, Baccaro ou Bacchera. 

Doucdne, voy. Odocos, 6ft. 

129. Gelasonen, al. Gelasonem, Gr. Gnaphalion (in, 122; 
120 est une faute d'impr.). La cotonni6re, plante a feuilles 
blanches et molles, qui servaient de bourre (Pline, xxvn, 61). Je 
trouve en rapport avec ces deux id£es : 1° K. Gwelw, couleur 
p&le. Ar. Gwelevi, reluire. — Ir. Gealadh, blancheur. Gealai- 
ghim; E. Gealaich, blanchir. — E. Gealagan, blanc de l'oeuf. 
— 2° K. Gweti, Z. p. 783, lit, Gwelyddu, se reposer. — Ar. 
Gwele, lit; Gwelead, contenu du lit. — Ir. Kuilsean, couvre- 
pieds. — E. Kuil y lit. II y a encore le K. Geloer, frais, mais rien 
pour Sonen. 

130. Ioumbaroum, var. Jubaros; Gr. Leimonion, L. Vera- 
trum nigrum (iv, 16), c'est-a-dire l'Eltebore noir, ce qui rTest 
pas confirme par Pline, ou le Limonium r^pond k la Beta syl- 
vestris, Bette sauvage, xx, 28. Rien autre que le pr&ixe multi- 
plicatif Ir. lorn, signifiant beaucoup en composition. Iubhar ou 
Hibar (Gorm.) est dans cette langue le nom de l'if, E. id. K. Yw, 
Ywen; Ar. Ivin, C. Hivin; mais il y a bien loin de cet arbre a 
l'ell^bore. Diefenbach soupqonne dans cette synonymie de Jum- 

1. Mais main ten u par Sprengel. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. -^ 

157 

barum quelque mSprise de l'ancien glossateur; mais Jubhar 
avec le determinatif Ir. Sleibhi, E. Shleibhe (Sliabh, montagne) n * 
d<§signe pareillementque^armoise, qui n'estaussi qn'une plante 
mais v£n£neuse en certain? cas, comme l'if passait pour l'gtre' 

131. Ioupikellouson, Gr. Arkeuthos, L. Juniperus (1<* ^q^' 
Le genevrier, arbre toujours vert a feuilles aigugs et piquantes 
sur les coteaux pierreux et st^riles; — en Ir. et E. Jubhar beinne 

% (encore if de montagne), le genevrier, Jupicelle en vieux Fran- 
cis (Dief.). Le nom gaulois me parait evidemment an compose' 
K. de VYw du numero precedent, if, et de Pikell, dard, PikaU 
lawg, arm6 de dards. — C. Piga; Ar. Pika, piquer, percer. — 
Ir. Pikidh, pique, longue lance. — E. Pik, id. — Sk. Pic, divi- 
ser, Pice (Williams), piquer. 

132. Eerker, mot fort douteux donn£ par un Ms. comme un 
nom gaulois de l'Anagallis m&le; les autres ne portent que Sa- 
pana, voy. 138, et font entrer Kerker dans le nom dace de cette 
plante, Kerkeraphron (n, 209). C'est le mouron rouge. Je ne 
trouve rien, car je ne compte point le K.Keirch, Ar. Kerc'h, Ir.. 
E. Koirke, avoine. Le K. Kerch, qui s'dl&ve, me parait encore 
moins supposable ici. — Rapport de Kerker avec le nom gr. de 
l'Anagallis fern. Kdrkoros. 

133. Korna, Gr. Argemone (n, 208). L'aigremoine, plante a 
tige droite, assez haute. — K. Korn, Z. C. et Ar. id. come. — 
Ir. E. id. come, corne a boire, etc. Gonf. Z. p. 150 et I* ?' 

134. Laginon. L'ellebore blauc que nous avons d6ja vu 
nommer Anepsa, 127 (iv, H8). Nous restons avec ce second 
terme dans le m6me ordre d'id^es. — Ar.. Lac'hein, Laza; K. 
Ladd; C. Ladha, tuer. — Ir. E. Lag, faible, dtfaillant. — lr. 
Lagaighim; E. Lagaich, affaiblir. — Le K. Llewyg, dSfaillance, 
syncope, sert a nommer plusieurs plantes v£n6neuses, la jus- 
quiame, etc. 

135. Meriseimorion. Gr. Melissophyllon (in, 108). La M6- 
lisse, dont l'odeur est h la fois suave et tr&s-p£n6trante. Mot 
probablement compost et qu'on peu t d^couper de trois ma D ^ reS ; 
Boxhorn le reduisait m£ine aux quatre syllabes Merimorion. 
Diefenbach et moi nous avons, Tun apres l'autre, cbercbS biea 
loin, et demand^ dans le K. et l'Ar. aux fourmis, aux violettes, 



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158 ETHNOGtiNIE GAULOISE. 

a des gouttes en general, etc., les laments de ce terrae qui 
nous £taient tout donnes par l'analyse la plus simple* J'avais 
bien indiqud parmi ces rapprochements le K. Mer, pi. Merion, 
moelle, d'ou les id£es de s6ve, d'essence, que rgunit effective- 
ment avec la pr£c3dente Tanglais Marrow. — Ar. Mel, moelle, 
s6ve ; Ir. Smier, et E. Smear, moelle. — K. Mereiddiaw (pro- 
noncez dd a peu pr&s comme ds), devenir comme la moelle; 
verbe qui pouvait repr&senter la premiere partie — supposde? 
— du terme gaulois. Merisei. Mais l'Ar. Mel signifie aussi miel; 
cette double signification aurait du me rappeler sur-le-champ 
l^troite affinity de VL et de l'R (Mer pouvant egaler Mel), \t 
m'attacher davantage a ce dernier mot, commun a un grand 
nombre d'idiomes aryans et d£riv£ du Sk. 1 — K. et C.Mel; Ir. 
et E. Mil, g£n. Meala; M. Mill. — Mel peut done fort bien 6tre 
cach£ sous le Meri du terme gaulois, et ces deux syllabes en 
avoir seules form£ le premier £l£ment. Le second serait dfcs lors 
Seimorion, dans lequel j'avais d6ja soupgonnd l'lr. et E.Seamar, 
trefle, qui, dans un sens plus gdndral, sert a composer d'autres 
noms de plantes comme Seamar-mhuire, une esp&ce de mouron; 
Seamar-chre, la vdronique, etc.; — de m6me que ses syno- 
nymes K. Meillion et Meillionen (Ar. Melchen ou Melchon) ont 
form6 ceux de Meillion-Kedenawg, une espece de cumin ; Meil- 
lionen-y-Keirw, le M^lilot; Meillionen-felen, la vulnScaire; etc. 
Remarquez le rapport materiel des trois termes dont nous par- 
Ions avec les divers Elements de Meriseimorion, qui aurait alors 
la signification de trefle ou de plante a miel 2 ? comme le grec 
Melissophyllon. — D'anciens Celtistes a la Bullet pourraient 
encore diviser ce mot en trois parts, dont les deux derni&res 
deviendraient l'lr. Seimh, actif, penetrant, et Mear, doux, 
agreable; ils arriveraient ainsi a quelque chose comme moelle 
ou essence qui pgn&tre agn§ablement; sens analogue a celui du 
nom anglais de la m&isse : Balm-gentle. 

135 bis. Hdly, nom que portait dans la Galatie asiatique et 
en Gappadoce la rue sauvage, nvfyavov aypiov (in-46). Plante 

i. Voy. Pictet, Orig. indo-europ., t. i er , p. 408 et 409. 

2. Un nom meme du trefle en lr. est : Lus-na-meala, herbe k miel. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 159 

qui differe du M61y d'Homfcre, Od. t x, v. 305, etde Pline, 
xxv, 8, dont la description repond a une espece d'ail. — Ce 
mot peut Stre cappadocien aussi bien que celtique, mais n'ou- 
blions pas que les Armeniens donnaient a la Cappadoce l'an- 
tique nom de Kamir, dans lequel ou reconnait ceux de Gomer 
et, dirai-je prSmaturement ? — des Kimm6riens. — Du reste, 
aucun rapprochement que je puisse soumettre au lecteur. 

Ousibim, voy. Usibim, 125. 

Pernpecloula, voy. Pempedula, 120. — Ponem, voy. 121. 

136. Peperakioum. Gr. Akoron, plante qui ressenible a 
Tiris, etc. (l cr ,2). Apul6e decompose ce mot en deux latins, Piper 
apium, poivre des abeilles; un manuscrit porte cependant Pipe-, 
ratium, ch. 7. Le Pseudo-acorum ou Iris des marais, suivant 
Sprengel, racine purgative. Motpeut-£tre compost : 1° K. Pipre, 
diarrhee. Hien dans les autres idiomes. — 2° Je n'ose ajouter le 
K. Ach, liquide, ou Achos, 6cume. Peut-£tre Achaws, Achwys, 
cause. Voy. SplSnion, 143. 

137. Saliougka ou Aliouggia, var. Aliouaska (Dief.); nom 
du nard celtique, chez les montagnards des Alpes voisines de la 
Ligurie (l er , 7, dans le corps du texte. On voit dans Paul d'£gine, 
Medici principes, t. i, que la veritable legon est Saliounca, v, 52; 
Saliunca dans Virgile, EgL v, 17). Esp6ce de Valeriane; plante 
dont les racines ont une saveur acre et amere, une odeur forte 
et repoussante. Mot peut-etre iberique; du moins existait-il une 
ville de Saliunca en Espagne. Nous avons toutefois dans Je K. 
Salwin, mauvais, meprisable. — Ar. Alouein, raifortqui gate les 
b\6s. — Ir. Sail, amertume, Salanngha, amer. — Ir. £. Salach* 
sale, meprisable. — Tud. Diefenbach cite les noms de cetie 
plante dans l'Allemagne m&id. Seling, Seliung, etc.; et Grimm 
les rapproche de ceux du saule, en K. Helygen, C. Helagan; Ar. 
Halegen, Ir. E. Sailcach,—ce qui donnerait a celuide Saliougka 
une origine plutot celtique que basque, langue dans laquelle je 
n'ai d'ailleurs rien trouve. Brandes tire de ce mot notre vieux 
frangais Aluine, absinthe 1 . 

1. En Ar. Huelen, dit-il ea se trompant, au moins, sur la consequence qu'il 
en tire, car l'ancienne forme etait Huzelen. Voy. sa p. 288. 



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160 ethnog£nie gauloise. 

138. Sapana, Gr. Anagallis m&le, remade pour la morsure 
des vip&res, le mal de dents, etc. (n, 209). L'anagallis ou mou- 
ron rouge qu'un manuscrit nomrae aussi Kerker, voy. 132. Le 
K. ne m'a donn6 que Hap, bonheur, Hapus, heureux. — C. et 

Ar — L'Ir. et YE. prdsentent Sabh, baume, remade; Ir. 

Sabhail, salut, ce qui sauve. — E. Sabhaill, sauver, preserver. 
— Forme analogue, Sap6n au n° 96. 

139. Sistrameor, Gr. Hippomarathron, ou fenouil des che- 
vaux; L. foeniculum erraticum (m, 75). Le grand fenouil? Tige 
haute et forte, racines fort utiles en infusions, odeur agr6able 
et p&ietrante, etc. Mot sans doute compost, mais dont je n'ai 
pu r^unir que des elements de significations diverses dans nos 
deux idioraes principaux. — 1° K. Syth, droit, £leve; Sythdra, 
position droite, rigide ; — ou Fir. Seis, pjaisir. — 2° Le G. Meor, 
grand; Ar. Meur; K. Mawr; Ir. E. Mor, — ou Fir. E. Meor, doigt, 
branche. Je ne m'arr£te pas a l'Ar. Sistr, cidre ; mais j'observe 
que Dreimire est en lr. un nom commun a plusieurs plantes, la 
Centaur^e, la Gentiane, etc. C'est neanmoins le K. Sythdra-mawr 
ou meor qui me semble preferable. 

U0. Skobies, Gr. Akt6 (iv, 171). L. Sambucus, le sureau 1 , 
en K. Ysgawen, Ar. Skav, G. Skavan. Le nom gaelique n'a rien 
de commun avec ceux-ci : c'est Troman ou Tromm. Dans quel- 
ques dialectes Tud. encore existants, on dit Schubiken, en 
Basque, Sabicoa. L'hieble qui ressemble beaucoup au sureau se 
nomme en Espagnol Yezgo. 

HI. Skoubouloum, Gr. Struchnos des jardins (iv, 71). La 
morelle noire, a fleurs en bouquet, fruits qu'on disait v£n£neux, 
poussant comme la mauvaise herbe dans les jardins. — K. Ys- 
gub, faisceau, gerbe, balai : Ysgubolion, pi. ordures. — Ar. Sku- 
bien, balayures; Skubelen, G. Skubilen, balai. — Ir. Skuabh; E. 
Sguabh, gerbe, faisceau (Lat. Scopx, balai). 

U2. SoubitSs, Gr. Kissos (ii, 210). Le lierre, voy. Bolusser- 
ron, 120. Mot sans doute compost, car on peut d^gager, comme 
Tun de ses &6ments, le nom m6me que cette plante porte en- 

1. En anglais Elder, que Pott et Zeuss, observe Diefenbach, ont confondu 
avec Alder, l'aulne. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 161 

core : K. Eiddew; C. Idhio; Ar. Ilio; Ir. Eden (Corm.); Eideann, 
E. Eidheann. L'autre dtement serait en K. Swb, Swba, bouquet, 
touffe; Ar. Bod. — L'Ir. nous donnerait Subha, baie, fruit, E. 
Subh, et Soubites eut alors design 6 les fruits du lierre plut6t que 
le lierre mSme. On peut au surplus decomposer autrement ce 
mot en K. Sw, ce qui demeure, ce qui reste dessus, et Bid, haie 
vive, Bidan, rameau, par allusion k la verdure perp&uelle des 
tapis ou des massifs que forme cet arbuste. Diefenbach cite 
comme anciennement francj. Subites ou Suibite. 

U3. SplSnion, nom de l'Acoron en Galatie et en Colchide 
(1, 2, al. Asplenion, et Aspletion). L'iris des marais, tige lisse et 
glabre, racine purgative. Comment ce terme galate (dont le 
pareil en Grec signifie bandage) dtait-il passg dans la Colchide, ou 
pourrait-il en Stre venu, c'est ce que nous ignorons. Voy. le nom 
gaulois Peperakioum, 136. — K. 1° Yspelwi, creuser, ronger, 

irriter; 2° Ysplan, clair, limpide. — Ar. Spladn, pur, net. q] 

Splan, id. — Ir. Sleirnhne, ce qui est bien glissant, bien poli. ! 

E. Sleamhna, plus glissant, plus lisse. 

Tarbelodathion. Voy. Tarbidolopion, 122. 

144. Taurouk, Gr. esp6ce de Potamogeit6n, herbe de pr& et 
de marais (iv, 99). Quelque potamot, trop peu d&erming pour 
indiquer, autrement qu'au hasard, quelque vague rapproche- 
ment. Le K. donnerait Tarw, taureau, ou Tatar, couverture ce 
qui pourrait convenir aux esp^ces aquatiques de cette plante. 
Les autres idiomes rien. 

H5. Theximon, Gr. Aristolochia clematitis (m, 6, entre 
parentheses sp^ciales, paragraphe qui manque h plusieurs Edi- 
tions). Au ch. 5., id. Teuxinon est comme un simpie synonvme 
grec de Aristolochia makra ou longue; de m£me dansApuMe 
ch. 20, Texinos, al. Teuxinon, Teuximenon, Teuxitemon (Dief/ 
Zeuss, Gr., p. 58, corrigerait Theximon en Deximon. Plante 
ulc^rante h saveur &cre et cuisante. Nous savons ddj& que 1 
Celtique moderne n'a point d'X. — K. Tesach, ardeur, chaleur 
Tesiad, qui donne la chaleur., — C. Tes, chaud. — Ar. Tezuz 
brCilant, cuisant. — Ir. Tegh, chaud, ardent. — $. Xeth 
Teith, id. 

U6. ThOna, Gr. Chelidonion mega, ou grande Chelidoine 

11 



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162 ETHNOGENIE GAULOISE. 

(n, 211); vulgairement la grande lSclaire, plante a sue laiteux et 
tr&s-corrosif, ratine violemment purgative, poison. Dioscoridqs, 
id. 213, donne presque le m6me nom, OthAnna, a une plante 
d'Arabie, laiteuse comme la ch&idoine; et Pline nomme Othonne 
un oeillet d'lndequi croit en Syrie, xxvn, 85; d'ou Diefenbach 
cWduit Torigine s&nitique du terme gaulois. Thdna nous sugg^re 
du reste un double rapprochement d'id&s. — K. T6n, peau, 
Tdni, peler, Scorcher, et Tonawg, mdchant. — C. Duon, dou- 
leur; Dyene, ddfaillir. — Ar. Tonnen, couenne, Scorce. — Ir. 
Tonn, peau, et Donadh, mauvais, mdchant; E. Dona. — Ir. Ton- 

nadh, vomitif, eau empoisonnSe. — E — Les gloses K. de 

Luxembourg portent Tona mortalem. Mone, Gall. Spr., p. 76 et 
81 ; passage omis par Zeuss dans la nouvelle publication de ces 
Gloses, Gr., p. 1096. — Diefenbach dit qu'en Su&lois cette 
plante se nomme Sonner-Donnes. 



Seotion deuxilme. — Apres l'ttablissement dei Barbaras 
dans les Gaules, jusqu'au VUV sieole. 

A. — Auteurs latins. 
Par saint Augustip, v e siecle. 

147. Dusii ou Duscii, demons incubes qui surprennent les 
femmes dans leur sommeil (De civ. Dei, xv, 23). R6p&£ par Isid., 
Orig. viii, 11, et Gloss.; il ajoute que e'est a cause de leurs 
attaques continuelles que les Gaulois leur ont donn6 ce nom, 
Dusius, d&non : Hincmar en parle encore au ix e sifccle dans son 
livre De divortio Lotharii. — Dusiolus, dans le Lat. du moyen 
&ge (Du Cange). Nos Armoricains appellent tou jours ces demons 
Duz, dimin. 'Duzik; Teuz, lutin, fantdme 1 . — - K. Tusiaw, Her, 

1. Em. Souvestre a cite comme Ar. Dus, g6nie des elements; Ir? Duss, 
lutin, mot qu'il dit fitre encore usite* en Suede {Foyer bret., p. 156). Je n'ai 
pu les retrouver ni dans Tun ni dans l'autre de ces idiomes. 

J'eflace ici la mention du dieu Dus ou Duis, cite* mal a propos j voy. le 
n° 336. 



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GLOSSAIRE GAULOLS. is $ 

envelopper. — Ir. Duis, n. amour; adj. merveilleux; Dusas, 
insomnie; E. Dusal; — Ir. Tais, apparence; Taisbeun, E.Tais^ 
bean, vision. — Tud. Dense est encore le diable en anglais. 

Pour Ledo et Malina du pseudo-saint Augustin, voy. App Aa 
et Bb. 



Par Macrobe, v« sidcle. 



148, Uri, boeuf sauvage (vi, h). Mot trfcs-rapprocW d'Ura, 
que nous avons rencontrd dans Aputee, voy. 124; mais Cdsar 
range cet animal parmi les espfeces particulteres qu'il signale 
dans la forSt Hercynienne, conf. vi, 25 et 28, d'ou il r^sulterait 
qu'Uri est un mot germanique. Voy. Pline, vin, 15. Servius 
affirme cependant que ces boeufs existaient dans les Pyrdndes 
Georg., n, 374; et s'il n'dtait fort probable que Virgile n'a 
employ^ ce terme que pour la mesure de son vers, Georg. m 539 
on pourrait le rapporter au Gaulois italique. Mais Pencycloi>6 $ 
diste espagnol Isidore ne connait, comme C£sar, d'Urus a ' * 
Germanie, Orig., xn, 1. II est done a peu pr£s certain que^ce 
terme est tudesque : Ur, aur, sauvage, ancien ; Urochs, Aurochs le 
boeuf sauvage. Toutefois nous le retrouvons dans le K. Ur, essen- 
tiel, pur, supdrieur, d'ou Uriad, ancien : Gwrys, violent ~ 
Ar. Gour, prdfixe indiquant superiority; — et dans l'ir. Uras 
E. Urrach, puissance. — Ir. Urchoid, m<§chancet<S; E. donirnage' 
malheur. L'Ar. nous ofifre encore Urc'ha, hurler ou mugir. On 
lit en outre dans les Inscriptions de Gruter, p. 490-9, les noms 
lyonnais d'Urogenius, Urogenia, Urogenonertus, et celui $Uriu$ 
k Bordeaux 1 . En tout cas, le terme qui nous occupe existait au 
moins dans le Latin d'Irlande au ix e si^cle, puisque Dicuil bl&me 
le vulgaire de donner le nom de Bubale aux bceufs k cornes 
gigantesques que nous nommons Uri, dit-il, vn, 4. — Conf. au 
n° 124, Ura. 

1. N° 74 du Mus6e; voy. Notes sur des sepult. antiq., etc , par M Sansas 
1363, p. 39. 



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164 ETHNOGfiNIE GAULOTSE. 

Par Sidoine Apollinaire, ▼• siecle. 

149. Vargus, voleur dans le Gaulois arverne (Epist*, vi, ft). 
Ainsi disions-nous avec le savant linguiste Graff et avec Holtzmann, 
dans la premiere Edition de ce Glossaire. Diefenbach a relevg 
leur erreur. Le texte porte en effet : hoc enim nomine indigenas 
latrunculos nuncupant, car tel est le nom par lequel on d&signe 
les voleurs indigenes. A qui se rapporte cet On? Aux Arvernes ou 
aux Visigoths qui avaient tout r£cemment conquis leur pays? 
Sidoine Scrivait h un £v6que de la Gaule, S. Loup de Troyes, qui 
n'avait pas besoin duplication pour comprendre un mot gau- 
lois 1 . II est done plus que probable qu'il parlait des Visigoths, 
et que ces nouveaux maltres nommaient ainsi des out-laws 
gallo-romains, qui vivaient encore libres dans leurs montagnes, 
des maraudes et des brigandages exeregs sur les habitants de la 
plaine. Wargus se trouve dans la loi salique 2 , et dans celle des 
Ripuaires, lxxxv-2, avec la signification fort analogue de banni, 
de chass6, et l'ancien Tud. nous donne Vargr ou Ware, exite, 
voleur; Wargjam, condamner'; Bargus, adj. farouche, n. potence; 
Warg, loup, etc. 

Voyons cependant nos idiomes n£o-celtiques, qui sont, excepts 
peut-Gtre l'lr., passablement distances dans ce cas particulier. 
L'ancien K. Veriad, voleur, avait 6t6 mis en avant par Camden, 
mais Texistence de ce terme, peu concluant d'ailleurs, est nide 
parson traducteur anglais, Gibson, non moins savant que lui, 
Britann.,ip. xxv.Viennent ensuite Gwarogi, subjuguer, soqmettre. 
— Ar. Gwareger, archer, de Gwarek (racine Gwar, courb6); — 
C. Gvoaroh, arc. — Ir. Bearg, maraudeur, voleur; E. champion; 
Ir. Garg, violent, cruel; E. id. Gargadh, cruautg. 

Par le gram maiden Consentius, ?• siecle. 

150. Hanni, terme gaulois pass6 dans la langue lat., au 
sing. Mannus (Collect, de Putsch., p. 2049). La signification qui 

1. Voy. ci-dessus, Preuv.philol., xx. La pr&endue affirmation de Sidoine, 
rep6t6e ausw parMone, Celt. Forsch., est done fausse. 

2. lviii-1 d'Eterold, ou lvii-5 de Baluse (D. Bouq., t. iv). 



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GLOSSAIRE GAULOIS. *« B 

manque dans Consentius nous est donn^e par Isidore : un petit 
cheval, Orig., xii, 1, et par divers endroits de Lucrfece et d'Ho- 
race, ce qui prouve que ce terme.a du appartenir au Gaulois 
italique. Ovide l'emploie pour des chevaux attelSs k des chats 
rapides, Amor, n-16, v. 49; et Martial de m£me en renc\\6ris&tf&X 
sur l'id£e de petitesse par le diminutif Mannuli. — K. Man, Z., 
p. 862, petit. — Ar. Mann, rien, n£ant. — Ir. Mann, de nulle valeur, 
une once. — E. Min; Ir. Mion, petit. — C'est ce mot Mannus 
que saint J6r6me explique par le terme vulgaire de Buricus 1 , 
qui a sembld gaulois a M. Brandes; mais rien n'indique que le 
vulgo du texte d&igne particulifcrement le Latin des Gaules.C'est 
au contraire Mannus qui avait une origine celtique, et besoin de 
cette explication dans la pens£e du saint commentateur, tandis 
que Buricus est proche parent de Bums, ancien mot d' origine 
grecque signal^ par Festus ; conf. Philox&ne, v° Barus. 

151. Je placerai ici pour m^moire le Gegenioi ou Gougenioi 
de Strabon, nom donnd, dit-il, p. 168, Did., k une espfece de 
chevaux et de mulets que produisait la Ligurie. On pourrait en 
conclure que ce mot appartenait a la Jangue.de ce pays, soit 
gauloise, soit ligurienne; mais il se rapprochait tellement du 
Ginnos ou mulet nain d'Aristote (Hist, des Anim., vi, 24 ; conf. 
le lat. Ginnus ou Hinnus de Pline, vm, 69), qu'on a pris ce 
terme grec pour corriger le texte douteux du gSographe. Quant 
a moi, je n'ai rien trouv£ qui milit&t en faveur de G6g6nioi ou 
GougSnioi, k moins qu'on ne veuille tenir cotnpte du basque 
Cecina, taureau. 

Par legrammairien Placide, au y« siecle. 

152. Frames, noms que les Armoricains donnaient aux 
lances trfes-longues dont ils se servaient (Suppl. de son Qloss 
au t. vi des Classic, auct. de Mai, qui conclut de ce passage 
m£me, p. 553, que Placide 6tait Gaulois). II a 6t<§ dans tous les 



1./n£ccles., 40. 
dans les man user its 



. Le mot Buricus est, au surplus, <§trangement deagure 
j, ainsi qu'a l'endroit cit4 plus haut d'Isid. de Se>., qu | 

a repeie Implication de S. Jer6me. Un scholiaste d'Horace a ecrit a la grecque 

Burrichus. 



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i66 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

cas pr6c&te par Tacite, qui nous assure que ce mot dtait germa- 
nique (Germ., 6, 14 et 18; conf. Juvenal, xm, 79), ce que 
prouve en effet Fancien Tud. Isidore de S6v. fait de cette arrae 
une dp6e a deux tranchants, dont le nom vulgaire, dit-il, dtait 
Spatha, Orig., xvih, 6. Nous verrons, 246, que ce dernier terme 
6tait tr&s-probablement gaulois; l'Ar. actuel, non plus que les 
autres idiomes celtiques, n'offre rien qui justifie Passertion de 
Placide sur ce mot de framea, qu'il a peut-6tre confondu avec 
celui de Cateia, arme du m6me genre dont nous parlerons 
n° 233. 

Par Gregoire de Tours, vi e siecie. 

153. Vasso, al. Vasa, nom d'un magnifique temple des 
Arvernes, ruind par les Barbares au m e siecie (Hist. Fr., i-30). 
Temple de Mars, disent quelques savants, mais il dtait plus 
vraisemblablemeht d£vou6 a Mercure, dont Pline nous fait coa- 
naitre une statue colossale faite par Zenodore pour la cite des 
Arvernes (xxxiv-13). Cette conjecture paralt confirmee par une 
inscription de Bittburg : Deo Mercu Vasso 1 , etc., Stein (Dan., 
1839), — Mot qui parait identique au lat. Vas, dans le sens de 
vaisseau de pierre ou d'^glise 2 , mais que nous retrouvons dans 
les noms gaulois de Vassorix, de Vasio et des Vasates d'Aqui- 
taine. Celui du temple dont nous parlons pourrait Stre fort 
ancien, puisque Gregoire le donne, par un archaisme fort inat- 
tendu, comme un terme galate; texte probablement fautif, voy. 
ci-dessous, Inscr. xvn. On peut ' le rapporter a plusieurs id£es 
diff^rentes : K. C. et Ar. Gwas, jeune, c'est-a-dire le jeune dieu ; 
Gwasel, £clat, ce qui brille. Mais ce Mercure gaulois n'&ant 
autre, pens6-je, que Tancien Teutatfcs, je prgfererais Hr. et E. 
Bas on- Baas, la. mort. Z., p. 737, donne la glose Ambos, mors. 
— Ir. Bassa, le destin. — Je supprime ici d'autres rapproche- 

1. Quelques epigraph istes^ ont yu dans Vasso le nom d'un adorateur du 
dieu. De Wal, avec grande raison, pens6-je, n'est pas de leur avis, Jnscr. 272. 
C'est bien un surnom du dieu lui-meme, comme on le verra au n° 332. 

2. Adelung cite des eglises qui avaient conserve ce nom en Auvergne et en 
Dauphin^. Mithr., t. u. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 167 

ments trop vagues qui, suivant l'observation de M. Littrd, pour- 
raient s'&endre de proche en proche dans le Latin, dans le Grec 
et dans l'Allemand (Journ. des savants, sept. 1859). 

15fr. Bacchinon, £cuelles ou coupes de bois, pateris ligneis 
quas valgb vocant (Hist. Fr., ix-28), Le sens du verbe est mieux 
d6termin£ dans le Livre des miracles de S te Austreberthe, morte 
en 704, urceos (vases a pied), quos vulgd Bachinos vocamus. On 
voit que la finale on de Gr^goire de Tours ne peut Stre consid£r£e 
comme une desinence caract^ristique. — Ce mot, qui parait 
aussi proche parent de Tallemand Becken, jadis Bechin (anglais 
Basin) que de Titalien Bacino ou du frangais actuel Bassin, — 
doit n^anmoins £tre d'une origine celtique plutot que tudesque, 
car il se trouverait egalement en famille dans le lat. de Festus, 
Baccar, Bacrio, a une epoque ou le Tud. ne s'6tait certainement 
pas encore infiltr£ dans cGtte langue ou se montre aussi plus 
tard le terme Bachia 1 (parvi urcei). Les uns et les autres d^rivent 
au surplus du Sk. Baghana, vase, devenu en Ir. et E. Buaigh et 
Buaig, coupe; et en Ar. Bah, bateau, de la ineme manure que 
nous employons en ce double sens, comme dans celui d'gglise 
le mot vaisseau, et qu'on dit encore en K. Llestr; Ar. Lestr- C 
Lester; Ir. et E. Leastar, pour un vase qnelconque et un vaisseai* 
a voiles. L'Ar. a conserve en outre, ou bien empruntg, Je vocabi 
Basin, plat rond ou ovale. En dehors de cette origine aryan 
nous n'aurions de recours dans le Celtique, pour le mot Bacchi- 
non, qu'a Tidee de petitesse, parvi urcei, K. Bach, petit; c" 
Bechan, qui &ait rest6 dans notre ancien Frangais (Williams) • 
Ar. Bychan; anc. Ir. Beg, W. S. ou Becan (Williams) ; Ir. et e! 
actuels Beag. 

155. Olca, nom par lequel on d&ignait des champs d'une 
certaine fertilite, dont l'&endue ne nous est pas r^vetee par 
r auteur (Glor. Confess., 79).— Mot conserve dans notre ancien 
Frangais : Ouche, terre labourable entour6e de haies ou de fosses 
comme dans les bocages de la Vendue. Diez le compare au 
Dorien oSXa£, accus. poetique riftxa, sillon; et Diefenbach refuse 
de 1* identifier avec le K. Sylch, qui a le m&ne sens ainsi que le 

■1. M. L. Quictierat, Addenda lexic. latin. 



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168 ETHNOGtiNlE GAULOISE. 

Sulcus lat. Une aph6r6se facile k supposer nous met en presence 
d'un autre mot de cette langue : Porca, la partie haute du sillon, 
qui d&ignait dans la B&ique une mesure agraire de 30 pieds de 
large sur 180 delong, suivant Columelle, v-1. Ces deux termes 
porca et oka, Tun hispanique et l'autre celtique, pourraient 
bien 6tre proches parents par les Celtibfcres ou par les Celtici. 
Quoi qu'il en soit, Tid6e dominante de sillon ou de fossg se 
retrouve avec une m&athfcse mutitee dans Tancien K. Kladd, et 
Klais; C. Kledh; Ar. de Vannes, Kle; lr. et E. Klau ; M. Kleiy, 
— Le K. nomme encore Klas un champ entour6 d'une cloture. 



Par Fortunat, vi e siecle. — (Pour Chrotta, voy. le n° 234.) 

156 et 157. Vernemetis, grand temple, ancien nom du lieu 
ou L6once, 6v6que de Bordeaux, 6rigea une^glise k saint Vincent 
d'Agen (Carm., liv. i cr -9, conf. 8). Ce mot, qui est aussi le nom 
d'une ville de File de Bretagne, Vernemetum, dans Pitin^raire 
d'Antonin, ce mot, dis-je, est done compost : 

1° De Ver, que nous avons rencontre pareillement comme 
initiate, — mais trfcs-probablement avec une autre signification, 
— dans Vergobretw, n° 3, et qui commence plusieurs noms gau- 
lois, tels que Vercobius, Veragri, Verjugodumnus, etc. Le plus 
C&fcbre de tous, Vercingetorix, se distinguait par cette initiale 
mgme d'un autre nom ou titre gaulois contemporain, celui de 
Cingetorix, tout comme le Vercassivellaunus de C6sar du Breton 
Cassivellaunus. — Le C. nous donne de prime abord Ver 1 , ah 
Mir ou Meur; ancien Ar. id.; et ancien K. Maur, grand. — lr. 
et E. Mor. Le Gaelique possfcde en oujre Er, grand, noble; M. 
Fear, grandement. Cependant Zeuss s'est particuliferement atta- 
ch^ a la particule intensitive K. Guer, Gwer ou Gor; C. id.; Ar. 
Gour; en citant pour preuves, p. 151, 867, etc., le nom du 
fameUx Wortigern des Bretons, Gworthigernus ou Guerthiger- 
nus, qu*on trouve 3crit aussi Vertigernus (du K. Tigern, aujour- 
d'hui Teyrn; lr. Tigheama, chef, seigneur; c'est-&-dire le grand 
chef). Notre maltre avait m6me affirm^ dans sa preface, p. vii, 

1. Ecrit aussi Veor par Borlase etpar W. Price. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 16g 

qu'il n'avait trouv6 dans Fir. aucune trace du Ver gaulois. II 
Tassimile cependant, p. 867, a une autre particule intensitiveK. 
Er, laquelle a exists aussi, reconnait-il p. 834 et 839, dans l'lr. 
ou elle 6gale For, de m6me que le K. Guer ci-dessus dgale Gor. 

2° De Nemetis, que nous retrouvons dans plusieurs noms 
g6ographiques gaulois, bretons et hispaniques, entre autres 
Augustoneinetum, Nemetocenna, Nemetobriga, Tasinemeton, les 
Nemetatoi, etc. Gliick a relev£, p. 17, dans les Vies des saints 
cambro-bretons, un nom presque identique a notre Vernemetis, 
celui de Guornemet. (Test k ce dernier dldment qu'appartenait 
dans le mot gaulois le sens de temple 1 , en vieux Ir. Nem, Z. 
p. 52, le ciel ; auj. Neamh; E. id. — K. et C. Nef, id. — Ancien 
Ar. Nev, auj. (par renversement) Env. — Famille de mots fort 
nombreuse, surtout en Gaelique, eta laquelle appartiennent J'jr. 
Nemde, Z. p. 764, celeste; Neimhead, terre consacree, auj. j e 
domaine curial; Nemeth (Corm.) ou Nemed, Z. p. 11, chapelle- 
ancien K. Norn, Z. p. 134 ; gl. templa, p. 1082; C... — anc. Ar. 
Nemet, for£t, Z. p. 102 (elles £taient les temples primitifs des 
Geltes). — En outre, Nemon 3tait une ddesse irlandaise, probable- 
ment diflterente n^anmoins de la Nemetona assoctee k Mars dans 
des inscriptions de Bath et d'Altrip pr&s de Spire 2 . Voy. le 
n° 402. 

Conf. aux n 08 2/»7 et 242, Drunemetum et Nimidae. 



Par Isidore de Seville, vn e siecle. 

158. Caterva, la legion gauloise, comme Phalanx d&ignait 
la legion macddonienne [Orig., jx, 3). Veg6ce Aend le premier 
de ces noms aux corps de batail/e des Gaulois, des Celtib&res et 
d6 presque tous les peuples barbares, corps composes, dit-il, de 
six mille homines armls, n, 2. Ce terme, que je ne crois pas 

1. Quoique Baxter et Wachter aient pense* l'inverse, le premier en s'ap- 
puyant sur le grec Uron doot il tire Vern; le second sur une glose d'Isidore 
de Sev. Nimiticus, 6norme, excessif, adj. evidemment tire" du latin NimU. 

2. Voy. Lysons, Relk. Brit, rom., t. i er , pi. xi-2, et Hefner, Rdmische 
Bayern, 85. 



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170 ETHNOGENIE GAULOISE. 

avoir vu dans C6sar, doit avoir appartenu au Gaulois italique, 
car Virgile et Horace l'ont frdquemment employ^ dans le sens 
d'une troupe quelconque et m6me non militaire. Les charges 
indisciplines des troupes cisalpines avaient de plus donnd k la 
langue lat., outre Padj. Catervarius, l'adv. Catervatim, par 
bandes s^par^es, en d&ordre, etc. Le terme celtique &ait mSme 
pass£ dans le Lat. d'Afrique, pour signifier des combats de 
guerres civiles, d'aprfes un passage de S. Augustin, De doctr. 
christ., iv-24, cit^ par Diefenbach. — K. Katyrfa, arm^e, le 
nombre cent mille; on reconnait aisement, dans ce mot, les 616- 
ments K. Kat, Z. p. 820, auj. Kad; C. et Ar. id., bataille, et K. 
Torf, troupe, Tyrfa, multitude, armee; Kadwr, guerrier. — C. 
Dorraf (du v. Torry), je briserai, j'enfoncerai. — Ar. Kadir, 
champ de bataille. — Ir. Kath, Z. ibid., bataille, corps de trois 
mille hommes ; Kathfear, homme de guerre. — Kath, combat, 
Katharni, anciens soldats ecossais, les Kerns de Macbeth. Cam- 
den affirme que des manuscrits de Vegfcce portent Calerna, p. 13 
de 1607. 

159. Guvia, Guuia ou Gunia 1 , echalas, levier (xix, 19. L'6d. 
d'Arevalus, reimprim^e par Migne, 1850, a fait des trois mots : 
Cantherium, Galla (al. Gallia) et Guvia, autant d'alineas, suivis 
de points). Legon incertaine, signification et origine Ggalement 
douteuses d'aprfcs les Mss., mais confirmees par les idiomes 
modernes. — K. Gwif (jadis Gwyn, suivant Gibson, Britann., 
p. xxvn, la veritable le$on serait alors Gunia), levier de bois ou 
de fer. — Ar. Gwindask, levier. — C... — Ir. Geamhlog; E. Geam- 
hlag, levier de fer. L'Espagnol dit encore Gubia pour un ciseau 
de menuisier, et nous une gouge. 

160. Scoti ou Scotti, les Scots, c'est-a-dire les habitants de 
l'lbernia ou l'lrlande (xiv, 6), ainsi nommds dans leur propre 
langue, d'apr&s les peintures dont ils se couvraient le corps, etc. 
(ix, 2). Aucun atiteur ancien, aucune interpretation celtique ne 
confirment ce sens donn6 au nom de Scot ou Scuit, malgr6 ses 
nombreuses variantes. Je n'ai trouvd d'approchant que Hr. 

I. Diefenbach iudique eucore d'autres variantes, (jubia, (Julbici, OuJwa. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. i7i 

Sko.th, fleurs, vartete de vives couleurs 1 ; mais devant lea Etymo- 
logies si naturelles qu'on a donn^es de ce nom, celle-ci ne saii- 
rait se'soutenir; aussi Pinkerton 2 et Pott n'h&it&rent pas a voir 
dans ce passage une confusion des Scoti avec les Picti 3 . Quoique 
cette confusion parajsse fort probable, en comparant avec ce 
passage d'lsidore' celui du liv. xix-23, ou il fait des Pictes la 
mSme description, il me semble qu'elle se rapporte plutdt aux 
Britanni (al. Britones et Brittones), car Picti, dans le sens de 
peinture, est un terme purement latin (voy. le n° 55), et le 
savant SvSque parle express&nent d'un mot de la langue scote, 
de la m6me manifcre qu'il affirme autre part que rile Britannia 
tire son nom d'un mot breton 4 , xiv, 6. D'un autre cdt<5, son 
Glossaire nous dit que le mot Britanium signifiait marbre, ou 
pareil au marbre, marmoricum. Or le K. Brithior, — de Breith, 
Z. p. 116, ou Brith (gl. du Ms. de Juvencus), varte, bigarr<§, 
peint, — a prdcis&nent le sens que cet auteur attribue au mot 
Scoti, celui d'homme peint de diverses couleurs, et les anciens 
nous ont particulierement signal^ le tatouage des Bretons. C'est 
du reste l'etymologie la plus gengralement citee. — Ar. Briz 
G. Bruit, bigarre, bariote; Ar. Briza, peindre de diverses cou- 
leurs. — Ir. Brit, tachet<3, bariote; Britinneach, qui a la 
geole. - E. Breac, jadis Briot (Williams), tachetd; Britinne T °T 
rougeole. —Quant au nom des Bretons, Britanni, il Merit av^' 
y dans le K. pi. Brython (les guerriers, de Brwth, combat su^ Un 
Pictet 8 et Diefenbach). — G. Brethon; Ar. Breizad; en Ir. fa J™ 
nach; E. Breatunnach ; — M. Bretnagh. 

161. Taxea, lard (xx, 2). Terme du dialecte cisalpin, car 
Afranius s'en est servi, cent ans avant J.-C M pour parler'd'u 
Gaulois engraissS de lard ; il paralt d'ailleurs, nonobstant son 

1. IndiquS, non par un des anciens hagiographes du recueil des Bolla 
distes, mais par TSditeur de la Vie de S. Patrice, 17 mars. "»an- 

2. II cite, a l'appui de son opinion, un ms. ignore" d'Arevalus ainsi oue dn 
dernier 6diteur d'lsidore, l'abbe" Migne. H 

3. Pott. EtymoL, n, p. 528. 

4. Ce n'est done que pour memoire qu'il avait, ix-2, cite" une autre <kv 
mologie, d'apreg laquelle le nom des Britones venait du \at. Bruti, les Brutes 

5. Del'aflfinit6 des lang. celt., etc., p. 161 et&uto. 



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172 ETHNOGtfNIE GAULOISE. 

ancien x, de la m6me famille que le Tucceta du n° 77. — Ir. 
tighe, Tigheachd, graisse; Ir. et E. Tiugh, gras, £pais; Ir. Takar, 
provisions de vivres; E. Teaghar, nourriture. — K. jadis *77<;u(s) 
W. S., auj. Tew, gras; K. Tewau, engraisser. — Tewychiad, qui 
3paissit. — C. Tew; Ar. fev, gras; Tevaat, devenir gras. — C. 
Ithik, gros. Taximagulus, nom d'un prince breton. M. de La Vil- 
lemarqud, p. vu, a confondu Taxea avec Taskos, pieu, n° 111, et 
cit6 doublement h faux Isidore a propos de ce terme. 

162. Teutoni ou Teutones, sorte de dard, voy. Cateia, 
n° 233. 

163. Toles ou Tolles, glandes, les araygdales (xi, 1). Ce 
terme est d6j& dans Festus, et Marcellus de Bordeaux l'emploie 
avec un sens de douleur dans cette partie sujette a des endures 
qui font beaucoup souffrir, ch. 15; et al. Toles parait entrer 
aussi dans la composition du nom des Tolostoboii d'Asie. — K. 
Twl, ce qui est arrondi ; Twla, une grosseur. — C... — Ar. Tula; 
Ir. et E. id., Eminence. — Ir. Toll, tSte; Tola, superfluity. 

Je place ici, d'aprfes le Liber glossarum d'Isidore, d'une 
authenticity tontefois contests, les* termes suivants (3d. Migne). 

164* Gemmades, en langue gallique, les femmes lucx domi- 
nicse, mots inintelligibles 1 au lieu desquels Graevius lisait : Lace- 
demonicx, substituant en m6me temps h Gemmades le grec 
Gymnades, les femmes nues, et a gallica, grxca, c'est-k-dire en 
langue grecque. Ces corrections aboutiraient h un texte qui n'au- 
rait plus rien de commun avec celui quiexiste, et ou Ton entre- 
voit cependant que Gemmades d^signait une classe particuli6re 
de femmes, peut-Stre consacrdes au Seigneur, l'lr. et TE. nous 
donnant Geanmnaidh, pur, chaste. L'Ar. Kemma, changer, tro- 
quer, d'ou Kemmadur, changement, mutation, me paraltrait 
inoins vraisemblable pour le sens. Toutefois Du Cange donne k 
ce mot le sens d'institutrice, pueW# educatrix t s'appuyant sur ce 
passage d'une Vie ms. de J.-C. en ancien Fran^ais : 

Joseph garde, vit une femme, 
Une pucelle, et une gemme. 

1. Bullet les interpr&ait : la priere du dimanche, du gallois Lluch, priere, 
suivant lui, ce qui n*est pas dans Owen. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 173 

165. Gnabat, fils, prog6niture, enfantement. — K. Gan, 
naissance, (Toil le verbe Geni; Ar. Gana (participe Ganet), 
naltre ; au pr&6rit K. Ganet, Z. 1 ; et Ar. Ganat, Z. p. 525, il est 
ne. — C. Geny, §tre n6. — Ir. Gen, Gein, naissance, Gnealh, n6. 
— E. Gin, engendrer; M. Gient. — Ir. Naidhe, jadis Noidiu, 
Z. p. 41 ; E. Naoidhean (de Nuadh, nouveau), petit enfant. — Jr. 
Gnae, un homme, etc. — laments nombreux dont Gnabat est 
toutefois moins rapproch£ que du Tud. Knabe, jeune gargon, 
d6riv6 de Knawan, procrSer. 

Voy. les n oi 202 et 382, 383. 

Vallemqcpia, chants d£shonn6tes, etc. (lisez Vallemachix, 
d'aprfes les Excerpta Pyth. ex veter. gloss.'*), n'est donnd nulle 
part pour gauiois, quoiqu'on en ait fait d&honneur aux Bardes. 
Suivant les Excerpta, ce mot serait simplement grec, BaXXtff- 
(xaTta (de BaXXi£a>, couriren dansant). 

Par Jonas de Bobbio, vn e siecle. 

166. Wanti, al. Vanti, gants : tegumenta manuum quse Galli 
wantos vocant (Vie de S. Columban, 25 3 ). Ce terme, qu'on ren 
contre encore dans la Vie de S. Betharius (D. Bouquet 

p. 490) et dans d'autres Merits du m6me temps (bucane ) ^ 
6chapp6 aux recherches de Diefenbach, et ne doit pas £tre * 
fondu avec le Mantum d'Isidore de Sev., mantelet qui couvr°^ 
seulement les mains 4 . II n'est pas da vantage parent du Mam*i 
et du Mantelium lat M qui 6taient des serviettes. Aucun Ancie* 
ne nous fait connaltre V usage des gants chez les Gauiois, et le 
mots n$o-celtiques qui ont cette signification sont ^videmment 
d6riv6s du lat. Manicx ; K. et C. Maneg; Ar. Manek; Ir. M an 
et Maineog ; E. Manag. Aussi suis-je fort tent6 de prendre 
Wantus, — dont Jonas a jug<* k propos de donner la significa- 

1. P. 525, ou aanet est une faute evidente depression- vov phim, 
p. 169. * oy# wuck » 

2. Auctores L. L. de Godefroid, 6d. de 1602. 

3. Mabillon, Acta SS. ordinis S. Bened., u* Steele, t. u. f 

4. On'?., xix-24. A/antem fftspani vocant quod monus tegafr. Es* enim br*ve 
amictum. 



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174 ETHNOGfiiUE GAULOISE. 

tion, -r- pour une importation germanique, et de le rapporter 
au Hand ou Hant tudesque, la main, dont les Gallo-Francs 
auront rgduit a sa premiere syllabe le compost barbate Hand- 
schuh (jadis Hant-skof), Soulier de la main, tegumenta manuwm. 



Dans Bede, viu e siecle. 

167. Trajectus, nom queportaiten langue gauloise la ville 
de Wiltaburg, en lat. Oppidum Viltorum (Hist. Ang. Sax., v, 11). 
Sigebert de Gemblours precise, h propos du m6me fait, Tan 697 
de sa chronique, la signification de ce terme gaulois, dit-il, 
Trajectum, ville. Forcellini Pa reconnu pour tel, malgr£ son air 
tout latin, et quoique le sens affirm^ par le chroniqueur ne 
r&ult&t pas absolument du texte de B6de, mais il le tenait pro- 
bablement de quelque autre ecrivain des sifecles pr&Sdents, 
Nous trouyons non-seulement dans les Gaules, mais en Bretagne, 
d'autres trajectus, pour lesquels le terme lat. passage, lieu ou 
Ton d^barque, a pu se confondre avec le Celtique. — K. Traig, 
ce qui tend au deli; Traeth; C. Traith; Ar. Tfaez, L. plage 
sablonneuse 1 . — Ar. Treic'h, Treiz, passage de mer ou de 
rivi&re. — Ir. Tracht, bord d'uoe rivi&re; Tragh, rivage, port; 
Traighim, j'6choue. — Ir. et E. Traigh, rive sablonneuse; 
M. Traih. Mais le Trajectus de Bfede se rapporte k Utrecht, et, 
dans le sens de ville, nous aurions (rapprochement rgprouve 
par Gluck, p. vm) le K. Trig, s£jour; Trigam, habiter; 7W- 
giant, demeure. — Ar. Trev, village. — C. Tregva, lieu d'habi- 
tation. — Ir. Treabtha, village, de Treabh, habitation, O'D. — 
E.. Treabhair, pi. maisons. 

Dans les Bollandistes, du v e au vm e siecle. 

168. Acaunum ou Agaunum, pierre, rocher en ancienne 
langue gauloise, nom rest6 au couvent de Saint-Maurice en 
Valais (Vit. S. Romani, 28 tevr., praef. — Pass. Interpol. S* Mau- 
ritii, 22 sept. par. 3). Nous avons vu ce terme entrer dans la 

1. Voy. dans Zeuss, p. 180, le coinmentaire de Girald Cambr. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 175 

composition d' Acaunumarga, 30; et il se retrouve a peu prfes 
dans les noms alpins des Agones, des Jngauni, d'Albingaunum, 
dansl'Uxacona de Bretagne et dans Icauna, l'Yonne. Une Inscr. 
da Tyrol, de Tan 219, nous montre mSme des divinitds du jiom 
A'Acorni ou d'Alounx assoctees au dieu Gadolus, Orel. 1995 *. Ce 
mot se rallie toutefois moins facilement au celtique qu'au grec 
Akdne, pierre h aiguiser ; Akdnai, les rochers, nom d'un lieu voisin 
d'Hfractee en Bithynie , ou nous rencontrerons plus tard des 
hordes cimm&riennes, et d'ou Taconit avait, disait-on, pris le 
sien (ThSopompe, fragm. 200, Did. Conf. Ovide, Mktam. vii, 419). 
Ce qui montre du moins le peu de croyance que mgrite P^tymo- 
logie de ce dernier terme donnSe par Pline, xxvii, 2. — K. 
Agalen, — Ar. Higolen; G. Agolan, pierre a aiguiser. — K. Agarw, 
raboteux, h£riss6. — Ir. Acha, rocher. — Aonach; E. id, col- 
line, precipice. — Voy., pour la formation du mot Acaunum, 
JubainviLle, Rev. archeoL, sept. 1869. 

169. Agennum ou Aginnum, l'ouverture d'une caverne 
(Vit. S. Caprasii); citation de Diefenbach emprunt^e h Adelung; 
mais je n'ai pu retrouver ce passage dans les vies, ni de saint 
Caprais de Wrins, l er juin, ni de saint Caprais d'Agen, 20 oct. 
quoiqu'il soit question dans celle-ci d'un rocher feijdu par j'J 
saint, et de la source qui en jaillit, et que Bullet cite m&ne ]'j n . 
terpr&ation latine hiatum speluncx*. La transcription de ces 
deux mots me porte ndanmoins a croire que la citation, inexacte 
quant au renvoi, est vraie pour le fond, d'autant plus qu'Agin- 
num est un terme entifcrement celtique. — K. Agen, fente 
ouverture, crevasse ; Ach, un liquide, l'eau. — Ar. Agen, AUnen] 
source. — C. Agery, ouvrir. — Ir. E. Gag, Gagadh, fente, ouver- 
ture. — Ir. Agen, O'D. (d'apr^s Corm.), Aigein, la mer, l'ablme. 
Voy. n° 241. 

.170. Balma, mot gaulois, pense l'auteur de la vie de saint 
Romain (28 fevr., par. 19), et qu'il donne pour synonyme du 

1. Conf. id., 1964, et de la meme annee : Bedaio Aug. et Alounis, etc., 
a Salzbourg. De Wal rejette ce dieu Gadolus pour s'en tenir a Bedaius, lnscr' 
314. 

2. Memoires, etc., 1. 1, p. 98. Ce rocher porte encore aujourd'hui le nom 
de l'Ermitage, dit M. de Crazanne au t. n des Mem. des Antiq. de France. 



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176 ETHNOGtiNlE GAULOISE. 

lat. Cingulum, lequel, entre autres significations indiquSes par 
Du Cange, avait pris celle de montagne, rocher {Ibid., 'par. 9). 
Balma r^pond k Altapetra dans YHist. Mediani Monast. l de 
Jean de Bayon, 11, 67 et al., et au mot grotte, ainsi que l'attestent 
les saintes Baumes de la Provence et de la Franche-Comtd, et 
les Balm de la Suisse (voy. Bochat, t. in, p. 82). — Le K. et l'lr. 
se partagent ces deux sens : K. Bal, montagne, pic; Balawg, 
pinacle, Batch, Slevd, orgueilieux. — Ar. Balc'h, id ; Baleg, saillie 
(Tun b&timent. — Ir. E. Falamh, creux, vide; Ir. Falmuir, trou, 
caverne. Le K. dit pour cela Ffau; et l'lr., E. id., a gard6 
Balla pour rempart, barrifcre. — C. Palas, creuser. — Mone, 
Celt. F. f p. 14, 202, compose Balma du K. Bal et de mam, 
pierre, ce qui traduirait mot k mot TAltapetra? 

171. Condadiscone, al. Condatescum, nom donn£ primitive- 
ment au monastfcre de Saint-Claude, a cause de sa position au 
confluent de deux riviferes (M6me vie, par. 2; conf. Mabill., 
Ann. Bened., t. i er , p. 23). C'est le mSme nom que Condate qu'on 
voit souvent r£p6t6 sur les cartes des Gaules et sur celle de la 
Bretagne, soit seul, soit en composition, Condatomagus, Conda- 
tisco, etc., et toujours a la jonction de deux cours d'eau. Voy. 
Z. p. 994. — On n'a point, que je sache, dans les explications 
modernes de ce terme, fait attention k l'lr. Kovnhuadh de 
Lhnyd, non plus qu'au Kon-abhann de Shaw (Diet, scoto-celt.) 
donn6s Tun et l'autre avec le sens de confluent. lis pr&sentaient 
au moins, comme premier 616ment, Tancienne proposition 
gaelique Ko, Kom ou Kon, qui entrait dans la formation des 
mots composes, mSmeen K. (Z., p. 841, 873, etc.), avec la signi- 
fication du cum latin, avec, ensemble. — Restent Date, Dad is- 
cone ou Datisco. M. Morin de Rennes * rapporterait ie premier k 
Tancien verbe irrdgulier Tel ou Dotet, aller, venir, Z., p. 491. Le 
K. actuel offre en outre Kydiad, jonction, reunion; Kydunded, 

unite, union. C — Ar. Konn, angle. — Ir. Komhthathaim, 

je joins, j'assemble; Komhthath, Komhthathadh, jointure. — 
E. Komhaontaich, s'accorder; Komhdhalaich, rencontrer, joindre. 



1. Voy. celle du P. Belhomme, 1724, in-4o. 
4. Revue des Soci6t$s sav., octob. 1859, p. 429. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 177 

— Pictet a cit6 rgcemment pour Condate, le moyen Ir. Koihde, , 
rencontre 1 . 

172. Mercasius ou Marc asms, ancien terme qui signifiait 
&ang, petit lac (Vit. S. Agil, 30 aoftt, par. 21), Le Lat. dit Lacu- 
nar; ce mot manque dans ce sens a Du Cange, qui ne donne que 
Laguna; mais c'est ainsi que 1'ont entendu Mabillon, Annal., i e % 
p. 363, et lesauteursde la grande Gallia ChrisL, vm, col. 1679 : 
c'est ce que justifient, d'une part, le double &ang, gemellus 
mercasius, j>rks duquel fut fondd le couvent de Rebaix (Seine- 
et-Marne), et de l'autre, le nom latin de Johannes de Lacu donn6 
quelquefois a Jean de Marchez, abb£ de Coulombs, a la fin du 
xrv° sifccle (Gall. Chr., id. col. 1256). Je n'ai du reste rien trouv£ 
de mieux que le K. Morgath, gouffre (maritime), ou un compost 
qui me semble preferable, de Merai, ruisseau, foss6 d'^coule- 
ment, avec le mot Kaws, ce qui tend k r6unir, ce qui rassemble 
(les eaux). Dans les autres idiomes, rien, car je ne compte point 
Padj. Ir. Margha, marin. — Nous serions peut-6tre plus heu- 
reux avec le Tud. Maersche, Merse, dont viendrait notre vieux 
frang. Maresqs. 

173. Taringae ou Tarincae, tiges de fer ou de bois double 
de fer, dont les bourreaux se servaient pour percer et martyri- 
ser leurs victimes (Pass. S. Quintini, et Invent. J a ejusdem, sui- 
vant Du Cange, v° Tarings). Les Bollandistes n'ont pas encore 
donn6 les Actes de ce- saint, f£t6 le 31 octobre, mais ils se 
trouvent dans Surius, et les deux textes rapport^s par Du Cange 
.n'y ont, ni Tun ni Tautre, Pincise qui fait de ce mot un terme 
gaulois : sudes ferreas, quae gallica lingua Tarings vocantur. 11 
reste done h verifier, quand les Bollandistes publieront Jeur 
dernier volume d'octobre, PauthenticitS de cette double incise 
et Pdpoque probablement fort ancienne k laquelle appartiennent 
les Actes de S. Quintin ou Quentin, mort en 287. Du Cange cite 
encore pour la variante Tarincse ceux des SS. Fuscien et Victoric, 
dont la fSte est le 11 d£cembre. Ce mot n-y est pas donn6 comme 
gaulois; mais il a trfcs-bien pu appartenir h cette langue; le 

4. Revue archeol., juillet 4867, p. 4, d'apres O'Curry. Conf. M. Houze 
£tud. sur les noms de lieux, p. 99. 

12 



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178 ETHNOGfiNTE GAULOISE. 

Celtique moderne nous dormant : — K. Taran, et Taren, ce qui 
frappe, perce, p<*n6tre; Taradru, percer, forer ; Taradr, tari&re, 

— C. Tarad, pergoir, vilebrequin. — A. Tarar, Tanr, tarfere. 

— Ir. Tar, 0'D. h travers, Tarran, Tarrnge, clou ; Tarrangoir* 
cloutier. — E. Tarrun, Tarraing, clou. 

174. Ysarnodori (et non Isardori ou handori de Wachter 
et de Pontanus), porte de fer, ancien nom d'un village du Jura, 
d6riv6 des portes qui fermaient un temple cdlfcbre au temps du 
paganisme 1 (V.S. Eugendi, V r jaov M par. 2; l'auteur dit, par. 15, 
avoir 6t6 t<§moin de la mort du saint arriv& vers Tan 510). — Mot 
compost, plus rapprochS dans sa premiere partie du Tud. que 
du Celtique, et qu'on pourrait attribuer aux Bourguigaons, si 
le vetusta paganitas du texte ne nous reportait beaucoup plus 
haut que leur etablissement dans Fancienne S^quanie 2 . I/ancien 
Tud. nous donnant identiqueraent hern, ham, pour le fer, il est 
a croire que Pauteur avait appris ce nom d'une bouche germa- 
nique, ou que Panalogie des sons avait germanis£ le nom cel- 
tique. — 1° K. Haiarn, Haearn, fer; Haiamawl, qui a la qua- 
lit<§ du fer; — C. Hern, Hoem, Z. p. 120 ; Ar. Houarn, ffeirn, 
fer; — Ir. Hiairn, Z. p. 63 3 , auj. Iarann; E. larunn, fer, Ir. 
Hiarnoir, marchand de fer ; Iarnach, qui est de fer. — M, Iaarti, 
fer. _ Nous rencontrerons dans le Glossaire d'Endlicher, sous 
la forme Doro, n° 205, la deuxifeme partie du nom d'Ysarnodori, 
presque aussi germanique que la premiere : K. Dor, Z. p. 44, 
battant de porte, auj. porte; Ar. id.; C. Darat et Daras; — 
lr. Dorus, Z. ibid, et E. porte, portail, — • Tud. Tor, Dor, etc. 

On rencontre encore dans les vies des saints et dans lea 
Chroniques, ainsi que dans quelques gloses ou glossaires du 
ix e ou du x e si&cle, d'autres mots donnas soit pour galliques ou 
britanniques, soit comme appartenant au langage vulgaire, tels 
que Follis, fou (voy. Z. p. 93) ; Bracus, valine, et l'hybride 

1. Texte dont M. Nigra n'avait pas connaissance, quand il a contests la 
signification du mot Isarn. Glos. Hibern. cod. taurin., p. xvm. 1869. 

2. Apres Tan 456, date a laquelle d'ailleurs ils etaient de"ja Chretiens ; voy. 
les Questions bourguign.,sect. ix. 

3. C'est a propos de ce Hiairn que Zeuss rappelle la regie irlandaise de 
l'eclipse de Vs, seule entre deux voyelles. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 179 

Mat-Vallis, bonne valine ; Wiugin ou Winwjin, petite mesure 
pour le vin 1 ; Emewm, Speautre ; Braium, boue, attribu^ k tort 
k* Marculfe ; Gronna, marais, auxquels on peut joindre Sennis, 
vSn&ra'ble, etc. * ; mais leur date ne permet plus de les titer, 
mSme le dernier (voy. n° 16), en preuves de Tancienne langue 
gauloise. Nous n'avons pas davantage h nous occuper de quel- 
ques mots latinises apr&s coup en Angleterre, en Iriande, etc. , 
et qui ne prouveraient en consequence rien, tels que Curuca, 
barque decuir, Assandum, montagne de.l'&ne, etc. 11 en est de 
m6me pour le Daal, VAlcluith et le Dearmag de B&de (voy. les 
n oi 27 et 370) et pour le Cuneglasus de Gildas, Epist. 6, ou pour 
tout autre nom ou expression locale qu'on peut rencontrer (Jans 
les chroniques de notre Bretagne, du pays de Galles et de 
r Iriande. 

B. — tcrivains grecs. ' 
Par Etesychius 8 , au v e Steele? 

175. Abranas, dans la langue des Celtes, un singe. ~ Mot 
que je croirais volontiers prd-celtique, ou du moins d'importa- 
tion m^ridionale, ne le voyant point rapportd au SK 
M. Pictet, et ne sachant trop comment les CeJtes auraiem ^ 
connaissance du singe avant leur arrives dans le midi de 1'Eur 6U 
Mais Diefenbach , qui cite d'abord le pi. arabe Abrama^es 
singes, puis le fmnois 4pma,~ remonte par une aphdr&se au SK 
Kapi, d'ou serait derivSe la racine Ab, commune au moins h 
quatre de nos idiomes celtiques : en K. un singe ; Gwrab, singe 
m&le (Gwr, masculin). — C... — Ar. Mab, suivant le Diet. 

1. Secundum idioma Galliensium (Vit. S. Othilice, par. 21, Act. SS. Be 
ncd., 3« s% t. n). Ce mot qu'on lit Uuogin dans un ms. de cette meme Vie k 
Bruxelles (Mone v Gall. Sprach.,p. 203) n'est done ni latin, ni tu^esque, et 
quoiqu'elle date seulement du xi e siecle, il est assurement celtique • fc-. 
Uibne (Corm.), petite cruche, ou K. Ug, ce qui enveloppe ou renferme une 
chose, — combine (comme dans Matvallis) avec le vinum latin, it. Fin (Gorm.); 
K. Gwin. Notons en outre le K. Ugain, ce qui cldt un compte. 

2. Mane joindrait a ces termes, comme synonyme de Villa {Gall. $pr„ 
p. 117), le Bellus de cette phrase : Villa qua Bellus Pauliacus dicitur. Ann! 
Benin. 868 (Pouilly-sur-Loire). 

3. Auteur d'un lexique important par les mots anciens ou peu usiies, et 
meme exotiques, qu'il y a recueillis. 



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180 ETHNOGtiNIE GAULOISE. 

Scoto-cell. Ce mot n* est point dans Legonidec chez qui Ton ne 
trouve que Marmouz, mais qui nous offre le d6riv6 Abeki, singer. 

— lr. Ab, singe; E. id. pi, Aban. — M. Ape (Diet. Scoto.-celt.). 
Loscher, Litter, celta, p. 13, a mis en avant le Cambrieri Apra- 
nolag, j'igaore d'aprfcs quelle autoritg.— Tud.^pa, Affo,Af[e f etc. 

— Mais Ab tout seul ne suffit pas pour expliquer le mot entier 
d'Abranas. Le K. pourrait nous donner comme complement 
BMn, queue, ce qui ferait ab-rhdn, quelque chose comme singe 
h queue, ou peut-6tre queueMe singe; et l'lr. Abrann, Ajprainn, 
mdchant, malfaisant. 

176. Barakakai, pi. peaux de chfevre (atyetoi, correction 
d'aytoi, sacr^es, adoptee aujourd'hui ; — celle qui substituait 
en outre au terme baroque qui nous occupe le Brakkai du n° 90 
avait contreellele motBarakis qui pr&fcde justement Barakakai). 
Quelques doutes qu'on ait Sieves sur r authenticity mat&rielle de 
ce mot et sur son origine celtique, je trouve dans le Gaelique, 
avec l'id^e de poils ou celle de chaussure, si rapprochdes de 
Taspect ou de l'usage d'une peau d* animal : Tlr. Barrchas, che- 
veux cr^pus, — lr. E. Brogach, chaussS, de Brog, Soulier, 
M. Braag, le Brykan actuel du K. ; voy. 90. Mone est remontS k 
ri'r. Bark, livre, E. id., e'est-k-dire parchemin, dit-il, en aver- 
tissant que ce mot se prononce? Barac {Celt. F. 266.) 

177. Ebrekton ou Ekbrekton et Esbrekton, corrig<§ Em- 
brekton et Embrokton, nom que les Galates donnaient a YEntriton 
grec, repas ou collation offerte a Bacchus (v° fevrpirov) . C'&aif 
suivant Wernsdorff, Rep. Gal., p. 330, du pain &nie dans du 
vin, une sorte de soupe au vin, comme Tintritum lat. II reproche 
du reste aux corrections ci-dessus d' avoir 6\A faites pour rap- 
procher encore plus le terme galate de Yeinbrocken allemand, 
gmietter du pain. — K. Nous avons d'abord le sens gdndral 
d'Ysporthi, nourrir, d'Ysporth, nourriture. — Ar.... — Le C. 
offrirait un autre sens, Hambrokkya, laver, niouiller. — lr. 
Enbroth, iouillie, Enbruithe, bouillon, termes qui se trouvent 
d£j& dans le Gloss, de Cormac (Enbret, Enbruthi), et qui d6ri- 
vent de En, eau, et pour le premier, de Broth, bl6, O'D; pour 
le second, de Bruith, viande. L'lr. et PE., disent encore Ean- 
bhrith, Erm-bhrigh, pour un bouillon depoulet (Ean, Eun, poule, 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 181 

Ir. etE.Brachd, Broth, jus, sue. — E Brot. potage. As. Bero 

bouillon. —K.Brwch, fermentation, bouillonnement). Quant k 
la signification de big donnde aussi h Fir; Broth, Cormac la tire 
lui-m$me du Nortmannique (ed. W. S.), les Danois possSdant 
d6ja une partie de File du vivant de cet 6v6que lexicographe et 
roi. — Tud. Brand, Brod, etc., pain. 

178. Karnon, trompette chez les Galates d'Asie, la Salpinx 
des Grecs. Eustathe dit que les Celtes nommaient cet instrument 
Karnux, et le d£crit comme fait de mdtal fondu, le pavilion 
ayantla forme d'un animal sauvage, etc. (//., xvm, v. 219). La 
Gaule avaitson dieu Kernunnos, voy. 391 ; sesCarnutes, Carno- 
tena, etc. — K. Korn, corne, trompette, deux sens qui ge r&inis- 
sent comme dans le Tud. Kawrn, ou Horn. — Kyrnad, un trom- 
pette. — Ar. et C. Korn, corne, trompette. — ir. Korn, corne 
(Conn.), corneaboire;£or, musique, harmonie; Kornet, instru- 
ment de musique. Koranach, chant funfebre; E. id. et Korn, corne 
a boire, trompette. 

179. Kurtiai, pi. boucliers, chez les Celtes. Diodore donn 
ce nom aux boucliers ronds et de grandeur ordinaire que no ° 
tait une partie desCeltibferes, les autres 6tant armds de boucliers 
gaulois plus legers (v, 33). H&ychius nomme encore ceux des 
Ib&res en g&i6ral Kaitreai ou Kaitrai, jal. Kestreai, mais il 
ajoute qu'on les appelait aussi quelquefois Kurtiai, mot qu'on a 
voulu corriger en Kutriai. Tacite attribue les Cetras ou Caetrae 
(Suet. Cal. 9 19) aux Bretons septentrionaux, Agr., 36; Virgile, 
aux Osques, Mn., vn, 732; Servius, ibid., et Lucain, vn, 232,' 
ainsi que Silius, m, 278 et 348, aux Espagnols et aux Africains;' 
Isidore qui £crit Scetraf a ces derniers et aux Maures 1 , Orig.\ 
xvni, 12, de m6me que le Schol. de Juv&ial, xi, 140, avec la 
variante Citura, al. Citona. Boucliers ronds et tegers dans Nonius 
Marcellus, ch. 2 et 18, faits de bandes de cuir, disent Servius et 
Isid., ibid., et sans bois, ajoute celui-ci. C'est ce que dit aussi 
un vieux gloss, de Mai, en donnantcette espfecedeboucUers aux 
Marses (Classic, auct., vi, p. 515). lis retentissaient n6anmoins sous 



1. Ce nom d' une arme defensive qu'on retrouve chez tant de'peuples dWera 
ne serait-il pas pr6-celtique, et probablement ligure? 



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182 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

les coups dont on les frappait en chantant. (Siir, ibid., et x, 
231; voy. le Schol. de Juvdn. ib.). La veritable legon serait 
Cetra d'apres un dictionnaire espagnol ou ce mot signifie encore 
ancien bouclier de cuir. Le Celtique autoriserait peut-6tre 
Kurtia autant que Cetra, en remontant k des idSes difterentes. 
— K. Kethrain, pousser, pressor; Kethru, percer, enfoncer, d'ou 
Kethrawr, pique; Kuredig, battu, frapp6(en fabrique). — Ar. et 
C... — Ir. Kurtha, poussS, combattu; Kaithreim, victoire. — E. 
Kailhream, coups r6p&6s sur un objet,cris de victoire, clameurs. 
180. Leiousmata ou Legousmata, sorte de cuirasse de fer 
chez les Galates. Mot qui semble avoirs rarrienS k la racine 
grecque Xetoc, lisse, poli. M. Pictet, en critiquant cet article de 
mon Glossaire, n'a point tenu compte de cette observation, faite 
pour preparer le lecteur aux rapprochements hasard&s, j'en 
conviens, que j'allais essayer pour un mot aussi difficile. 11 me 
reproche, en outre, d'avoir laissg de cdt£ les deux syllabes 
finales mala qui ne sont que des formes plurielles des sub- 
stantifs verbaux terminus dans le grec en (/.a, gen. fxaTo;, 
tels que ayaXjxa, a>cou<j[xa, <W&a\jjia, >ta8ap|/.a, etc. Sommes- 
nous done de l'dcole de Bullet, pour chercher a donner, comme 
il Ta fait si ridiculement , une signification celtique aux sim- 
ples desinences grecques et latines? Venons maintenant a nos 
rapprochements : — K. Llechu, Ow. Pughe traduit ce mot en 
Anglais par to lurk, qui signifie se tapir, se cacher ; — Llechwr, 
en Anglais Sculher, quelqu'un qui se cache; Llechwrus, dispose 
a se cacher. — C... — Ar. Kus, ou Kuz, pi. Kusiou, cachette; 
Kuza, cacher, couvrir. — Ir. E.... — - Que ces mots se rattachent 
aux K. Kudd, Kuddiaw, obscurity, cacher, ce double dd ou d 
aspiri n'empSche pas, je le r^pfete, que des oreilles grecques 
aientpu confondre ce son avec celui de Vs. de gous que nous 
donne aussi TAr. D'un autre cot6, Zeuss a cit<5 pr^cis^ment 
Legousmata comme un des exemplesderex£r&sefr6quente du g 
dans les idiomes celtiques, p. 166. En somme, ces indications 
concordent singulifcrement, comme nous Tavons dit, avec celles 
qui repondent au mot Crupellarii, n° 41. N'est-il pas naturel 
que des peuples qui mettaient leur orgueil a combattre presque 
nus aient d6sign6 dans le principe par des terrnes de m^pri? 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 133 

des inventions d'une bravoure en decadence, teJles que les cui- 
rasses, les armures completes, etc. ? 

Le C. ne ine fournit rien, et j'abandonne Tlr. Falaighim, que 
M. Pictet avait raison de rejeter. 

Leuge, voy. Leuca, n° 69. — Pour Madareis, article inintelli- 
gtble, voy. Materis, n° 209. 

Par Lydus, vi« siecle. 

181. Kartamera. LesGaulois nommaient ainsi, et non Kar- 
talamon qui est le termevulgaire, l'ornement complet du cein- 
turon (De Magistr., n-13, peut-£tre d'apr&s Varron). Je n'ai rien 
trouv£ d'analogue si ce n'est dans Tid£e du nettoyage, du brillant 
qu'on devait conservera ces ornements. — K. Karthu;G... — Ar. 
Karza; Ir. Kartam et Kartadh, O'D.; E. Kari, nettoyer, 6claircir. 

182. B&rrdn (pour le nom propre latin Yarro), force, courage 
ou courageux, id. l er , 12 et 23. Nous savons en outre par Ser- 
vius, Mn., xi-743, que le savant Varron faisait remonter son 
surnom & un guerrier ennemi fait prisonnier en Illyrie par un 
de ses ancStres. Ce mot pourrait avoir appartenu aussi au Gau- 
lois ifalique, car nous Pavons rencontre au n° 76, dans le Latin 
de Lucile, avec le sens d'homme grossier qui peut tr&s-bien 
driver des pr6c£dents, et r avoir fait d'un autre cot£ confondre 
avec Baro, goujat, comme on le voitdans Tertullien,Zte anima 1 . 
Nous avons protests contre cette confusion dans ce m£me n° 76. 

— K. Bar, colore, furie; Baranrh, rang6e de soldats, compose 
dont le Gaelique seul a conserve le principal 31£ment. — C.... 

— Ar. Barr, violent, imp^tueux. — Ir. Baire (Corm.), homme ou 
vaillant ; Baran, un guerrier. — Ir. et E. Bar ou Barr, le sommet 
d'une chose, un chef. — E. Barr, un h£ros. — Quant au Baron, 
guerrier du Kymmryque de Bullet, je ne Pai rencontre nulle part. 

Par Philoxene (Glossaire latin-grec, 6d. de Labbe, 4670), vi« siecle. 

183. Omasum, morceau gras de viande de boeuf. Mais Pline 
donne k ce terme le sens d'intestins ou de tripes, ^a,tt\culteTe- 

I. Baronum, correction de barbarorum. 



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184 ETHflOGfiNIE GAULOISE. 

ment de boeuf, vm-70. Gonf. Horat. Epist., i-15, v. 34, Satyr., II, 
v. 40, et ses scholiastes qui ne disent rien de rorigine.de ce 
mot. Diefenbach observe qu'il se trouve ddja dans VAulularia 
de Naevius, cit6e par Nonius, liv. 2 e . Je Pai vainement cherchd 
dans ce grammairien et dans les fragments de ce poete rassem- 
btes par Bothe; je n'y ai pas m§me rencontre le titre d'une 
Aulularia. — K. C. et Ar. rien. — En Ir. Maodal, panse; E. 
tripes, s'&oigne trop de la forme d'Omasum, dont je ne connais 
rien de plus rapproche que Fir. Mas, morceau ou fesse, culotte 
d'animal; E. id.: deux sens qui conviendraient ^galement a 
la definition de Philoxfcne. 

184. Pour ne rien nSgliger de ce quipeut completer ce GIos- 
saire, je placerai ici un autre mot fort incertain du m£me lexi- 
cographe : Bosbitc, porsyepoi w$ oi rdtikoi, Corruptissime, 
s'&rie dans son commentaire Vulcanius qui r&ablit ainsi ce 
texte : Bos, (3ou$, Box, eTepotw; T&Xkoi, en s'appuyant sur le 
Bo'icus ager de Festus. Philox&ne aurait ainsi voulu dire : Bos, en 
grec (3o0$; les Box, autrement Gaulois. Lajranscription .en 
majuscules grecques de ce texte et de cette correction donne 
a cette dernifere beaucoup de vraisemblance.Jepense n&nmoins 
que Philox&ne doit avoir cit6 un mot gaulois synonyme de boeuf, 
car le K. dit encore : Bu, vache, Buck, des bestiaux ; — C. Bench, 
vache, Ar. Bu, jadis Bmh (Williams); Ir. Bo, O'D; E. id. vache. 
— Bobug est en E. un petit gargon. 



Dans le petit Glossaire, De verbis gallicis, de l'ltineraire de Bordeaux a 
Jerusalem, 6d. Wesseling. 

Les mots tir& de ce Glossaire avaient £t6 mal places dans 
la l re section, ou ils portent les n 08 77-84. II est Evident, par 
Fassimilation du celtique Dan k un pareil vocable de la langue 
Wbraique, que ce court fragment ne peut remonter plus haut 
que la complete diffusion du christianisme dans les Gaules , et 
c'est de plus une raison pour penser que ce texte date plutdt 
des derniers temps m&rovingiens que des sifecles antdrieurs, 
quoique le food de ces petits lexiques soit sans doute beaucoup 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 1 85 

plus ancien. Celui-ci fait m6me partie d'un Glossaire plus 
6tendu retrouv^ par Endlicher, et dont noas parlerons tout a 
Pheure. II ne consiste qu'en quatre alineas , qui faisaient suite 
dans un manuscrita l'ltineraire de Bordeaux a Jerusalem, qu'on 
croit g6n6ralement de la fin du iv e siecle ou bien du v e ; et ils 
furent publics ensemble par Pithou. Ce fragment a 6t6 retrouv6 
r&emment dans trois manuscrits de la Bibliothfeque imp^riale, 
chaque fois a la suite d'un catalogue des cit£s de la Gaule, et 
avec des variantes que M. de'Jubainville a r^unies dans un 
article de la Revue archhologique , novembre 1868. Le plus 
ancien de ces Mss. date de Tan 796. 

185. Aremorici *.- Leur nom (Pline, id. iv-31 ) signifie ceux 
qui sonten face de la mer; il vient de: 186, Arx, devant (ante) 
et : 187, More, mer. De ce dernier derive aussi le nom: 188, 
de Morini, marins (sans doute les Morins), — Aremorici, 
antemarini, quia Are, ante. (Gloss. d'Endlicher.) ~ Les cites 
qui bordent l'OcSan etque les Gaulois nomment commun^ment 
Armoricx. (C&. vii-75.) — Nom qui se rencontre souvent dans 
nos auteurs , sous Tune ou l'autre forme , mais celle d' Aremorici 
paralt la plus gauloise d'aprfes ceux d'Arecomici, d'Arelate, 
d'Arebrignus, etc. Voy. Gluck, p. 31* et suiv. C'est toutefois 
Tautre qui Ta emportS, et qui est restd fidfele a la terrebretonne, 
en armoricain du moyen &ge, Armory, Z. p. 130, 872, etc.-^ 
1°K. Ar, Z. p. 632, sur, prfes de; C. et Ar. War, Ar, sur, 
dessus.— Ir. Ar, Z. p. 576 et E. Air, sur, contre.— 2° K. C. Ar.' 
M6r; Ir. et E. Muir, Z. p. 16, g&iit. Mora, la mer. — K. Morig, 
maritime (J. Davies) ; Moricos, marinen gaulois, suivant W. S. * 
plur. Morici. D'ou les composes , K. Ar. Arvor, bord de la mer ; 
K. Arvorawl Ar. Arvorek, maritime, et les Arborychoi de 
Procope 8 . Mor entrait encore ainsi qu* Are dans la composition 
d'un assez grand nombre de noms gaulois ou britanniques, 

1. Var. Armmurici, puis Are pour Aroe; Mure pour More; et Murxni pour 
Morini; trad, latine : marmi. 

2. Rev. arch6ol.,mai 1868, p. 341. M. de La Villemarque* pre"fere r%mo- 
logie tirte de Tadj. breton M6rek t maritime, avec Particle Ar, les. 

3. Comprend-on qu*en presence d'une 6*tymologie aussi simple et aussi 
justified on en ait cherche* d'autres? 



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188 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

Moritasgus, Moricambe,Morbium, etc; mais quelques-uns, comme 
Morvinnus, le Morvan, remontent au K. Mawr, Ir. Mor, grand *. 

189. Arverni, var. Areverni, les Arvernes (dans le grec de 
Plut. Cte. 25, Arbernoi) dontle nom signifie: place-toi devant, 
oppose-toi, anteobsta (Glossaire d'Endlicher, id.). Cet obsta sus- 
pect k Wesseling, et consid£r£ par Diefenbach comme une le<jon 
corrompue de quelque substantif latin , semble au contraire h 
Wh. Stokes, qui ne s'occupe que de Vernus, traduirerSellement 
un imp^ratif gaulois en us qu'il explique par le SK. vrnoma, 
rac. vr, rdsister (loc. cit.). M. de Jubainville, encore plus hardi, 
rejettela glose ante obsta comme un contre-sens. II tire le nom 
d'Arverni du gaulois (hypoth&ique) Arvo , champ (rad. Ar, 
labourer; voy. le n°10, ci-dessus); et l'interprfete au moyen 
d'un suffixe SK. par campagnards , sens qui me paratt bien 
vague en face de celui que suppose pour Arverni, comme il existe 
pour Armorici, le rapprochement des deux termes fond6 sur la 
signification de leur syllabe initiale. Ante obsta peut trfcs-bien 
faire allusion aux montagnes qui dependent TAuvergne du cdt6 
del'est, barrtere r£put£e infranchissable pendant Phiverjusqu'& 
la tentative de C3sar, vn-8. — Mot compost : l°de Ar du n°pr6- 
c&ient ', avec le sens de : en face, devant; — 2° C. et Ar. 
Bern , monceau , montagne suivant Lebrigant. — K. Baran, ce 
qui est en presence ou en vue, de Bar , sommet, C. Ar. Ir. E. 
id. — Ir.et E. Barran, ciraes ou chalnes de montagne, de Barr, 
sommet. — II y a encore le K. Gwara, d^fendre, protSger, en 
compos, wara; et l'lr. Feoran, vallde montueuse, ou Fearann, 
contr^e , d'ou provient sans doute VAr-ferann ou Al-verann t les 
hautes habitations de M. H. Martin. 

190. Lugdunum, var. Luddunwm, mont d£sir£ (Gloss. 
d'Endlicher, id.). Nom de Lyon, compost dans ce cas : de Dunum, 
que nous avons vu signifier . montagne au n° 99, et comme 
Patteste d'ailleurs H6ric dont nous allons parler; — et en 



4. La 2 e partie de Morvinnus doit avoir 6te Ben ou Pen; voy. le a° 9, ce 
qui nous donne un Morven 6duen. 

2. Zeuss parait distinguer Ar de Are, en observant, p. 737, qu'on ne ren- 
contre jamais Arverni £crit comme Aremorici, Arecomici. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 187 

premier lieu de Lug, qui aurait eu par consequent le sens de 
desire. — Lluch, n. elan, coup d'ceil; adj. pris d'un d&rir 
ardent; Llawg, qui a un vif desir, voracity. — Ar. Lik, lascif ; 
Likaouuz, attrayant, — Ir. Luaigh, achat , obtention ; Lughadh, 
besoin, necessite, soif de boire ou d'avoir. — E. LuacK n, 
prix, valeur; v. appr&ier. 

191. Le nom de Lugdunum nous est arrive avec deuxautres 
interpretations, Tune plus ancienne et dont on a altegue du 
mains la raison plus ou moins historique ; voy. n° 98 ; — l'autre* 
la troisi&me en date, que j'admettrai dans ce glossaire*, quoi- 
qu'elle appartienne an ix e siecle, parce qu'elle s'appuie sur un 
quondam, anciennement , et quelle doit £tre en consequence 
parvenue traditionnellement a celui qui nous Fa transmise.C'est 
le biographe poetique de S. Germain d'Auxerre, le moine Heric, 
^ a qui nous devons en outre une double conflrmation du sens 
attribue a Dunum ; Tune au sujet d'Autun, c'est-a-dire la 
montagne d'Auguste, traduit-il, liv. i er , ch. 3; I'autre a propos 
de Lyon, dont le nom antique Lugdunum signifiait, suivant lui, 
montagne brillanteou lumineuse, lucidus, dans la' langue des 
Gaulois, liv. iv, ch. 2, sect. n. 11 n'en donne aucune raison, 
mais c'est des trois interpretations celle que justifient le mieux 
les idiomes modernes. — K. Lluch, brillant lumineux ; Llug, 
Lou, Z. p. 122, lumiere; G. Luchas. — Ar. Luc' ha, luire, 
briller. — Ir. Log, feu, Logha, brillant; Luchar ; E. Leus , 
lumiere; — E. Loisg, bruler. 

192. Rhodanum, var. Kodliauum, violent (Roth, 192 bis, 
id. dans le Gloss. d'Endlicher) ; mot forme de : 193, Rho, trop, 
et de : l%,Dan, juge, comme en hebreu (id. dans Je mdme 
Gloss, quiajoute: idd Hrodanus, judex violentus). — Nom du 
Hhdne. Cette idee de violence estadmise dans le sens d'extrSine 
rapidite, K. Rheda, courir, par notre pere celtiste, Zeuss,, qui 
considere an comme un simple determinatif du radical Roth; 
p. 13, n. Wesseling avait deja rejete avec mepris cette interpre- 
tation de juge violent pour le nom d'un fleuve qui cependant, 
par cela meme qu'il servait de limite commune a des peuples 
riverains, a fort biea pu decider quelquefois d'un c6te ou de 
I'autre, par la violence ordinaire de ses caprices, des contesta- 



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/- 



188 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

tions de territoires ou d'lles, etc. La preoccupation du Dan 
h^braique peut toutefois avoir amen6 nos deux Glossateurs a 
confondre dans le Gaulois des terines qui exprimaient des id^es 
de justice ou de rapidity. Voyons d'abord celle d'excfes indubi- 
tablement attache au mot Rho, car elle se retrouvedans le K. 
Ro, trop, Z. p. 867 ; E. id. — C. et Ar. Re ; Ir. Ro , Z. p. 833, 
beaucoup; et nous garantit en quelque sorte la r6alit6 de notre 
second 61&nent, quoiqu'il sed^gage moins clairement duK. qui 
ne nous offre que Dannod, reproche, et faire des reproches, 
censurer. — C... — Ar. Taflva, gouter, essayer. Mais l'lr. 
progresse deDan, destin , fatalitd , a Tm, poursuite, recherche; 
Tanas, domination, pouvoir; Tanaise, ou Tanaiste, O'D. et E. 
gouverneur de province; Ir. Tann, prince. — Quant aux termes 
analogues qui exprimaient la rapidit6ou la violence, nousavons 
Tlr. Dana, imp&ueux; Dene, c£16rit6, Z. p. 22; Deine, t 
comparatif de Dian, violent , E. id. — K. Tan, qui se r^pand ; 
Tanbaid, violent. — C. Ten, tendu, sSv&re. — Ar. Tenn, rude, 
rigoureux. 

Suivant Pline , m-4, et d'autres auteurs , le Rh6ne aurait 
du son nom k Tancienne colonie rhodienne de Rhoda, voisine 
de son embouchure. II est singulier de retrouver j usque dans 
ce nom, si Ton veut bien admettre cette Stymologie de Plutarque, 
le sens de courant ; la rose , Rhodon, ayant 6td ainsi nommSe a 
cause de l'odeur qui se rdpand autour d'elle, p80|xa rfi; 
6$<t>$7j$. (Sympos., m-1, 3). 

Dans le petit Glossaire d'Endlicher, De nominibus gallicis. 

Ce Glossaire, k peine mentionng par Zeuss, p. 13, n. et 
d6daign£ depuis plus de trente ans ,- m6me par Tinfatigable 
lexicographe Diefenbach , a'6t£ publie k Vienne en Autriche par 
le savant dont il porte le nom , dans son Catalog. Codd. mss. 
biblioih. palat., l re part., p. 199 ;1836.Wh. Stokes s'en estenfin 
occupd dans un m^moire public par M. Pictet (Revue arckbo- 
logique x , mai 1868) et suivi au mois de novembre d'un autre 

1. Ce memoire vient de parattre on Allomand avec de legeres differences, 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 189 

article de M. de Jubainville. Quoique le Ms, ou se trouve ce 
petit Glossaire ne date que du rx e sifecle, et qu'il soit par 
consequent en dehors des limites que nous nous sommes 
imposes, il a 6td certainement tirg d'une source plus ancienne, 
comme celui de Tltin^raire de Bordeaux k Jerusalem qtf\\ 
reproduit en en tier, nous venons de le voir , dans ses k premiers 
alingas. II n'en contient en tout que 17. Les mots latins qui 
traduisent les gaulois ne sont point au mGme cas, mais tantdt 
& Pablatif, tantdt au nominatif , h Taccusatif, etc., sans rapport 
constant ou mSrne toujours vraisemblable avec la d&inence du 
terme traduit, d'ou Ton peut conjecturer que le compilateur ne 
savait point la langue dont il a recueilli ces quelques mots *. 
Peut-Stre m6me n'dtait-il pas trfes au courant des dSclinaisons 
latines, d^jk tombees dans une grande confusion. Nous n'en 
sommes pas moins certains qne les termes donnfe pour Gaulois 
appartenaient bien h. Fidiome de nos p6res, d'abord par ceux 
qui sont communs h ce Glossaire et k celui de HtinSraire de 
Bordeaux, puis par le mot d'Avallo si notoirement celtique, 
et par quatre autres qui avaient d6]k pris place dans notre 
l re Edition : Brio, voy. Briva, n° 361 ; Nanto ou Nam ; Nate (pour 
Gnate) et Doro, voy. le n° 174. Ces neuf mote ne rgpondent-ils 
pas en queJgue sorte des huit qui restent? Aussi pensd-je que 
Tun et l'autre de ces fragments informes de glossaire doivent 
provenir, plus ou moins directement, d'anciens vocabulaires 
gallo-latins, comme il a du en exister sous la domination 
romaine, et comme j'ai souvent esp^rg qu'on en ddcouvrirait , 
un jour ou l'autre, quelque debris plus considerable. Examinons 
en attendant celui qui est sous nos yeux. 

-195. (5 e alin£a de la Rev. arcMol ; nous n'avons plus rien k 
dire des 4 premiers.) — Brio , ponte , c'est-k-dire pont. Glose 
qui cldt le d£bat sur les noms de lieux en Briva ou Bria, et fait 
d&id&nent de cette partie de ces composes un element celtique, 

mais pareillement date" de Calcutta, decembre 1867, dans les Beitrdge de 
Kuhn, t. vi, cab. 2 e — I860. 

1. Quoique Wh. Stokes (soit dit sans manquer au respect que nous lui 
deyons) ait pretendu determiner par ces rapports les cas des mots gaulois. 



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190 ETHNOGtiNIK GAULOISE. 

quoique, suivant laremarquedeG. de Humboldt, il ne se trouve 
plus dans les idiomes actuels. M. Pictet en appelte toutefois, 
dit Wh. Stokes, au K. Briw, coupure (C. Brew, briser, rompre); 
c'est-k-dire couper la rivtere, comme le Tud. Brueke, pont, se 
rattache au verbe Brechen, briser. — Ir. Brise, rupture; E. Bris, 
rompre. — Ar. Breva, briser, piler. — Voy. au n° 361 , Briva. 

196. (6° alinSa.) Ambe, nvo/ruisseau; inter ambes, inter 
twos, entre deux ruisseaux. — K. Afen, riviere, jadis Amori 
(Williams) ; C. Avon; Ar. Aven et Avonn; L. — Ir. Abhan ou 
Amhan; E. Abhuinn, Amhainn, pi. Aimhna. — E. Amhnag , 
petit ruisseau. 

196 bis. Aprfcs cela qu'est-ce que Y Inter du compost qui 
suit? Le mot latin qui a servi a former les noms presque iden- 
tiques tflnteramnes, Interamnium, etc.; ou bien une forme 
r&llement gauloise de la proposition Ir. Idir ou Indir, Eler et 
Itar dans Z. p. 615, 844 et al. — K... — C. Inter ou Inter; 
Intre dans Lhuydd. — Ar. Etre, Entre Z. p. 645. — E. Eadar; 
— M. Eddyr. — Toute latine que cette proposition paraisse & 
premiere vue, il est d'autant moins probable qu'elle ait 6t3 
empruntOe a la fois par cinq de nos idiomes n6o-celtiques , 
qu'elle peut tr&s-bien venir directement du SK. Antar. 

197. (7 e alinOa.) Lautro, balneo, bain , pourrait bien n'Stre 
que le grec >.ouTpov, empruntO , comme peut-6tre l'usage des 
bains chauds, aux colonies marseillaises. Ce vocable, suivant 
M. Pictet, n'aurait point d' analogue dans le nOo-celtique, mais Z. 
donne p. 744 les gl. Lothor, alveus, Lothur, canalis; — Corm. 
Lotar, vase pour les grains ; Ar. Louazr, auge a pore , barque, 
L. — Je ne pourrais accepter qu'a dOfaut de tout autre rappro- 
chement le nora trop peu ancien de la ville de Lure, Luthra, 
ou Lutera. 

198. (8 e alinOa.) Nanto, valle, vallon; Trinanto, tresvalles, 
trois vallons. — Mot que nous avions admis dans notre Glos- 
saire, n° 252, sous la forme Nan ou Nant, comme OlOment 
caractOristique d'un certain nombre de noms gOographiques 
gaulois. Le sens donnO a ce terme est confirm^ par des gloses 
de Z. p. 172 et al. D'un autre cdtO, un acte de Tempereur 
Lothaire i er , datO de852, nous dit que le couvent de Nantuadis 



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GLOSSAIRK GAULOIS. i9i 

•tirait son notn des sources qui Pavoisinaient (D. Bouquet, t. vi//, 
p. 388). La Chronique de S. B&iigne, ann& 875, l'explique 
par la multitude des eaux qui s'y rdunissaient. Nos idiomes 
iymmryques donnent encore h Nant ces deux sens, d'ailleurs 
fort voisins Tun de l'aulre: — K. Nant, Z. p. 172, et C* Nans, 
vallon ; aujourd'hui Nant est une ravine, un petit ruisseau; Ar. 
Nant, id. Annt , rigole, tranchge. — Ir... E... — Nan ou Nant 
sont restSs en usage dans la Suisse franchise et dans la Savoie . 
pour dire torrent, cascade, — celle du grand Nant pr&s de 
Sixt; — et quelquefois encore vallon : les deux Nant-Bride 
dans le m§me canton ; etc. 

Pour Trinanto, Tri, trois, nous est d6j& connu par le n° 56; 
et Wh. Stokes veut que To de ce pluriel, identique k Vablatif 
singulier qu'il attribue au Nanto pr£c£dent, ne soit autre que Va 
des pluriels neutres latins. M. de Jubainville lui oppose pr^ci- 
s^ment le K. pi. Trineint, trium vallium de Z. p. 323. 

199. (9 e alin.) Anam, paludem, marais. Mot qui n'est pas 
sans parent^ avec le pr&Sdent, et pour la forme et pour le sens. 
Stokes cite uniquement k son sujet An, eau^ d'O'Reilly, garanti 
par un vieux dictionnaire Ir. en vers. J'observe qu'il est aussi 
dans O'Brien, 'et dans le Scoto-celticum avec la signature de 
Lluyd. Dans le K. rien autre quM/bn, rivtere ; C. Avon, Ar 
Aven, que npus connaissons d£j&. 

200. (10 e alin.) Caio, Brealo sive Bigardio; mots latins dont 
Stokes avoue qu'il ignore la signification, mais il rapporte Caio 
au K. Kae, pi. Kaiou, Z. p. 291, cldture, haie; en vieux Ir. Kae 
(Irish gloss.), — et au bas-latin Caium, maison, qui est effecti- 
vement dans Du Cange. Ajoutons que Kai a le mSme sens en Ir. 
et dans PE.— De son cdt£, M. de Jubainville corrige et le mot gau- 
lois et le premier mot latin ; Pun en Coito, qui serait le K. Koit, 
Z. p. 126, for£t, et V autre en Brogilo, pare, dans la basse latil 
nit6. La variante Broilo ou Briulo offrirait une substitution 
encore plus facile. Reste Bigardio, que Phabile celtiste rattache- 
rait h Bigarus, chasseur, pour en faire le synonyme oblige de 
Braiolo. 

201. (ll e alin.) Onno, flumen, fleuve. C'est le troisifcme mot 
de ce petit glossaire qui nous pr&ente a peu prfcs le mdme sens 



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^ 



192 ETHNOGtiNIE GAULOISE. 

aquatique. II doit done 6tre pareillement rapprochd des termes . 
K. et C. Afon ou Avon, et plus particuliferement de l'Ar. Avonn. 
Nous avons de plus le K. Ton, pi. Tonau, les vagues ; — uoe glose 
du Ms. de Juvencus, ir (l'article) Tomou, xquora, Ar. pi. id. — 
G. Ton, la vague. — Ir. Tonn ou Tonna (W.S.), id. E. Tom; 
et par la m6me aph^rfese qu'Onno, Onfadh, la furie de la mer. 
M. Tonn, l'onde, la vague. — Wh. Stokes remonte en outre k la 
Divona d'Ausone : Fons addite divis : voy. au n° 403. — Glose 
ir. de Z. p. 52 ; Tonn, unda. Rappelons-nous en outre tous les 
noms de rivieres de la Gaule, Axona, Matrona, Carantonus, 
Drahonus, etc. 

202. (12 e alin.) Nate, fUi. 6videmment pour Gnate. M. Am. 
Thierry avait de son chef donn6 ce terme comme positivement 
gaulois, avant la d&xmverte d'Endlicher, et je Tavais pour 
mon compte admis au n° 278, parmi les finales caractgristiques 
de nos anciens noms propres, mais sans avoir obtenu la certi- 
tude complete de sa signification, a cause de sa ressemblance 
avec Tlr. Gnath, ou Gnat, habitue, que faisait valoir Z. p. 19. 
II ne se rappelait point le Nate d'Endlicher, et Ebel ne s'en est 
pas souvenu davantage dans la 2 e 6d. de la Grammatica celtica, 
p. 16, quoique TSchange de la finale genus ou gena, enfant, 
rejeton, et du gnatus de ces mSmes noms propres dans quelques 
textes anciens indiquassent d<§ja la signification de ce dernier 
suflixe. Nous avions effectivement citg, d'apres deux inscriptions 
de Bordeaux \ les noms de Cintugena et de Cintugnata, qu'un 
de nos plus savants critiques jugeait appartenir a la m£me per- 
sonne 2 , et nous avions dit que la Camulognata des vases de 
Berthouville 8 avait tout Fair d'une variante feminine de Camu- 
logenus. Camulus £tant un surnom du Mars gaulois (voy. n° 411), 
il est tout naturel que le nom du h<§ros parisien signifie fils de 
Mars ; il Test beaucoup moins qu'une fille gallo-romaine ait regu 
celui d'habitu&e b Mars, comme Gluck le traduit, p. 102. Gnata 

1. Giraud de la Vincelle, Rec. de monum. antiq., t. n, p. 235, et pi. 29, 
cippes funer. 1 et 17. On rencontre aussi Cintogenus au musee de Bordeaux. 

2. M. Al. Maury, Mem. de la Soc. des Antiq. de Fr.,i. xix, p. 23 et auiv. 
Voy. au complement de la 3 e sect. 

3. Voy. le Mem. de Le Prevost, p. 29. 



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GLOSSAIRE GAULOIS, 193 

devenait done ainsi une finale synonyme de Gena, et Boduogna- 
tus, cit6 parmi les exemples de Zeuss, pouvait aussi vouloir dire 
fits de la vlcloire; voy. le n° 359. . , 

Restart a verifier le sens de Genus, que nous verrons, n° 382, 

etre non pas le terme latin si connu, mais peut-6tre bien le 

Cnos celtique latinisS avec sa signification de ills, commune -a 

ces deux termes, — conjecture qui a valu a Holtzmann et a 

J. Beckor les grossi&ret^s ordinaires de M. Gluck, p. 170-174. La 

finale Gnatus n'est done rSellement dans beaucoup de cas que 

le Nale d'Endlicher, et Diefenbach nous en donne une derniere 

preuve dans cette citation d'un vieux Glossaire (Codex amplonia- 

nus d'Erfurt) : Gnalus, filuis, lingua gallica, et natus. Gonf. Isid. 

de S£v., Orig., i-26 et ix-5, lequel nous a fourni en outre une 

autre forme de ce mot, celle de Gnabat, n° 165, ou nous avons 

fait nos rapprochements. 

203. (13 e alin.) Cambiare, rem pro re dare, donner une 
chose pour une autre. Une inscription de Steiner, Rhen. 181 
(De Wal, 70), nous pr&enteen effet Cambus comme un surnom 
de Mercure, le dieu du commerce ; surnom qui n'a qu'une res- 
semblance fortuite, — je me irompais en pensant le contraire, 

avec le nom de la deesse Gambona, divinity topique de Cham- 

bon, Tancien chef-lieu des Cambiovicenses dans la Creuse. 
Cambiare (.luparavant Cambire) est un terme £videmment lati- 
nise que M. de Jubainvi.le rapproche avec bonheur de l'Ar. 
Kemma (mm = nib), changer, echanger. Toutefois ce verbe et j a 
racine Kcmm, ^change, troc, n'ont point de parents dans les 
auties idiomes, oil je trouve seulement le C. Kafus, obtenir, se 
procurer, K. Kaffael; — et PE. compose Koimhbheir, Ir. Koimh- 
bheirim, contribuer, de Beir, apporter, et de Koimh, ensemble. 
M. Chcbb, enchere, et mettre une enchere ; Chebbys, devoir 

encherir. 

20&. (U e alin.) Avallo, poma, pomme. La notortetS de ce 
terme celtique, si fameux dans les poesies bretonnes, nous dis- 
pense de tout commentaire. K. A[al, pomme ; Afallon, pom- 
meraie ; C. et Ar. Aval, pomme. — Ir. Abhal et Abhall. — Aball, 
Z. p. 731, ou Cbalh pommiers, dans Cormac. — La ville gallo- 
romaine Abalo, auj. Avalon. Ce nom de la pomme se retrouve 

13 



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194 ETHNOGtfJNIE GALLOISE. 

dans beaucoup de langues differentes, et jusque dans le turc de 
Crim£e, Apel. 

205. (15 e -alin.) Doro, osteo (pour ostio), porte. Voy. 173, 
Ysarnodori. 

206. (16 e alin.) Renne, arborem grandem, grand arbre. 
Stokes n'a trouv6 pour ce mot, et en y supposant la perte d'un 
P initial, que le K. Prenn, qui est effectivement co'mmun aux six 
idioines, sauf le changement re*gulier du P en K. — C. et Ar. 
Pren; — Ir. et E. Krann, arbre. — M. Kroan ou Kron, arbre et 
m&t. Aussi ne doute-je pofnt de cette aph^rese, dont il y a tant 
d'exemples admis par la science philologique, que je m'etonne 
de la timidite du maltre dans cette occasion. 

207. (17* alin.) Treicle, pede, pied, que M. de Jubainville 
corrigerait en Treide. Ce terme d'une physionomie assez etrange 
en effet est cependant admis par Stokes, comme pouvant se rap- 
porter a la racine Tragh, de Vertragus ; voy. Z. p. 6, ou il cite 
1'Ir. Traig, pied. — Traighle, dans les Irish Glosses, n° 74, est 
une courroie. Le pi. K. Traet (de Troad, voy. ci-dessus, n° 56) 
= Traget, Z. ibid. Ar. Treid. — K. Treiglad, voyageur, vaga- 
bond (pietori). Voy. n° 105. 



DEUXI&ME DIVISION. — MOTS QUI NE SONT PAS EXPRESS^MENT 
DONNAS POUR GAULOIS, 
MAIS QUI SEMBLENT INDIQUtfS COMME TELS PAR LES ANCIENS. 

Cette cattSgorie serait fort etendue, si j'y admettais tous les 
termes qu'on a plus ou moins arbitrairement presentes comme 
gaulois. Je n'y comprendrai que ceux dont les pretentions se 
fondent au moins sur quelque texte ancien, renvoyant a un 
appendice ceux qui manquent de cet appui, mais qu'on peut 
raisonnablement admettre pour quelque autre motif. 

A. — Par les auteurs latins. 

208. Pontones, dans C£sar, sorte de bateau gaulois (£. 
Civ., 111, 29) ; Pontonium, bateau de rivifcre, lent et lourd, n'allant 



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GLOSSAIRK GAULOIS. 195 

qu'a la rame, isid., Orig., xrx, 1.11 servait aux transports de 
troupes, et Ausone donne a entendre qu'on employait encore ce 
terme pour les ponts de bateau. Idyll., xn. Gramm. mast. — 
Rapprochements divers : K. Pwnt, reunion, ce qui est r&in\, 
et par suite reservoir; Pant, cavite; Pantu, envelopper, conte- 
nir. — C... — Ar. Pant. L. ce qui est courbe. — Ir. Pont, four- 
riere pour les animaux, vivier. — E. Pund, fourri&re, pare de 
moutons. — Apr&s cette idde de contenance ou de capacity 
vientcelle de pont : K. Pont, C. Pons; Ar. Pont, pi. Pofitou- 
termes qu'on peut d'autant plus croire d'origine latine qu'ils 
n'existent pas dans le Gaelique, et que le Briva nous est bien 
connu ; voy. n° 361. 

2A9. Materrfi, dans Cicdron, arme particuli&re des Gaulois 
transalpins (ad Her., iv, 32); des Gaulois (Sisenna, dans Nonius 1 , 
xvin, 26); arme gauloise qu'on langait (Strab. iv, p. 163, Did.' 
al. Madaris, Maaris ou Mairis et Men's). Matarus dans Tite-Live' 
vii, 24 . Mataris, Matara ou Mazara dans Cds., l er , 26. Combien 
de varianies pour un seul mot, et il en reste encore a ciier! 
Entre autres Madareis, terme positivement donne pour celtique 
par H6sychius; mais le surplus du texte est si corrompu, qu'il 
n'est plus intelligible. Son temoignage nous manquerait d'ail- 
leurs que la mani&re dont CiceSron emploie Materis pour desi- 
gner les Gaulois, de mSme qu'il se sert de Sarissa pour dire les 
Macddoniens, suffit pour ddmontrer que, dans sa pensee, J e 
premier de ces termes appartenait a Tidiome de nos p& res 
comme le second, nous dit Tite-Live, xxxvn, Z,2, dtait particul 
liferement macedonien. — K. Medru, Medryd, lancer, frapper un 
but; Medyrvab Methredyd, jaculans Olius jaculatoris, Z. p. 97 
— C...— Ar. Mataraz 011 Bataraz, massue. — Ir. Meadach, cou- 
teau-poignard. — F. Meadag, Mhiodog, couteau. Matras &ait 
rest^ comme arme de jet dans notre vieux Frangais. 

210. Amellus ou Amellum, de Virgile, nom que les labou- 
reurs des bords de la Mella avaient donnd a une plante dont les 
fleurs de couleur d'or et les feuilles pourpnSes en dessous £niail- 

1. Gltick cite d'apres lui la var. Matera ; a l'endroit que j'indique il y a 
deux fois materibus. 



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196 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

laient leurs prairies 1 . (Georg., iv, v. 271 et suiv.) Le poete recom- 
mande de faire bouillir ses ratines dans du vin, pour rechaufler 
les abeilles engourdies par le froid. — Servius nous dit que 
YAmello (ul. Amelia) devait son nom a la riviere mGmequi, sui- 
vunt un autre co/nmenta.teur de Virgile, Philarg^re, arrosait la 
Cisalpine, presde Brescia. LaMella peut avoir requ le sien d'une 
population pre-celtique aussi bien que des Gaulois; mais celui 
de la plante £tait dans tous les cas passd dans l'idiome rusiique 
du pa\s apres sa conqueUe par nos Cenomans. — Point d'autre 
rapprochement que sous le rapport de la couleur : le K. Melyn, 
jaune ; C. et Ar. Melen; et le K. Mill, violette, qui respond au 
violae sublucet purpura nigrx de Virgile. 

211. Atinia, al. Alinea, dans Columelle, Forme gaulois, plus 
haut et plus touffu que celui de FItalie (v, 6); nom que les 
paysans donnent a cet arbre d'une croissance luxuriante (De 
arbor., 16). Pline distingue au contraire ce qu'on nomme en 
Italie, dit-il, les Aliniae, de Forme des Gaules, espece moins 
61ev6e, xvi, 29. Dans cetie contradiction, je pense que c'est Colu- 
melle, Fauteur special, qui doit etre cru. Atinia n'en parait pas 
moins un terme du Gaulois italique. — K. Athyn, tr&s-tenace, 
qui s'attache fortement; Any fa, bourgeonner de nouveau. — 
Ar. Didinva, bourgeonner ; Til, Forme m£me. — Ir. Aula signifie 
aujourd'hut Fajonc, le gen§t epineux. — E. Atuinn, poutre. Je 
ne sais ou Bullet a pris son Atin, herbu. 

212. Rumpotinus, adj. ddsignant des arbres plantes a la 
maniere gauluise pour soutenir les vignes (id. v, 7). Varron dit, 
R. H. l er , 8, qu'on appelle aussi rumpi les sarments qui courent 
d'un arbre a un autre. Rumbotinus ou Rumpotinus dans Pline, 
subst. arbuste a larges Stages ciiculaires, qu'on nommait aussi 
Populus (lisez Opulus, voy. n° 8); propre a Fltalie transpadane, 
c'est-a-dire au nord du P6, et servant a soutenir la vigne, xtv, 3. 
Ce mot, qui aurait appartenu au Gaulois italique, se retrouve 
entierement dans le Celtique moderne , en se d^composant : 
1° en K. Rhum, ce qui pousse, se projette en avant ou s'enfle, 



1. fareund pense que c'est Paster pourprS d'ltalie; d'autres la m£lisse, etc. 
Voy. Diefenbach. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 
Mumawg, rond. - Ar... - C — r r F ft "' 

devanteux, a travers eux. -' 2 » K p't, a ^^ Rompa ' 

c rot 7 Ar ; Bode ^l tZZ gr ° s vemre - - 

Gaufe ^atvl^t : u n : si P ( ,ine 'K eSP§Ce de fr ° ment ^* * «• 

on nomnte enc reV^l? P 7 E "l^ S '^' fi ? '^^ ™ s 
- Nous connaissons, Z Tu^&tZ TrZ** T^ 
Araim, labourer. L'lr et IT Z V j ' Cme ^ r - *"*. 

*™. dans ,es trois id oles 7* Ta * TV"*' ^ 
2U. Betulla al »,,/,, ^ ranac ^ al/mentaire* 

215. CervL a ». ? P lanta l«™ de bouleaux. 
avec des c^ie^L^?' ^ ^ daM IeS Ga " ,es 

dans vL : 01 1 °i z ;:"r s faites avec des gii inf ^ 

ce passage, raonLh/ i' peut hardi,nent conclure de 
gauLsJ^sdux'Xt d , Up '^ dent ' q^e ces tennes sont, 1'un 
ticuiierement numln? bs J>™«l^- Touiefois C«//a, qui etait par- 
»>Vfenbad K' (F '° r - '- 1 »)• devi « par la suite, observe 
e««ou Cm/ d ,ri T' nUn danS ' eS "^Britanniques. Cer- 
Cervisia da„ s -, enC °' e * ,arcellu ^«rd., 16. Voy.f our^z/, 88. - 
Were, en K « r.,\ 19 " 33 ' lit 6 ' L 9 - Notre Cervoise ou 
d'bui *„/>. _ ;T ; A r^' bi ^e forte; Ar. Wf, at.jour- 
/ r » C ^ ou Koref; Z. p. 788.- Ir. E. Koirm,- 



dite aujourdhui Aranzada 1 " ^" *** nomniait Ar inchada, une mesure agraire 

2. Nous avons deji pu L m „ 
nomenclature botaniaut T rf ' e '" ar< I ue r cette fluctuation embarrassante dans la 

i.Jen' ui t rouv«!„;r u eSt:e , teS - 
est nommie Gararnoa. " "" aUtre de ces mots dans ,e Ba sq- ** bi6ro y 

*• Cervisia, suivant Wh "♦ 
?&«*>«. c a ^ u IIp ,5^' ker ' s 'gniflait eau-f or te, strono-toater (Logan, 



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198 ethnog£nie gauloise. 

Kerbsire, brasseur : a cervisia, dit Cormac. — Le K. nous offre 
encore Keirch, avoine, avec laquelle on flt peut-etre la premiere 
boisson de ce genre. Ar. Kerc'h; C. Kerh; Ir. Koirke ; E. Kork> 
Voy. Zuthos, Ap. L. 

216. Chius, nom qu'on donnait dans les Alpes maritimes a 
Tunique et fort petit pepin qu'y produisait une espfece de vigne 
dite rhe*tique (id., xiv, 4, fin)- Ce terme, qui semble tout a fait 
grec, devait §tre ligurien, et peut neanmoins remonter au K. 
Kiw, complet, compacte. — M. Chiu ou Chioo. Remarquez que 
ce K ei ce Ch deviennent un T dans l'Ar. Ted ou Teu, compacte, 
epais; sens qui se confond avec celui de gros dans le C. Tew; 
Ir. Tiugh;E. Tin (Williams), ainsi que dans le M. meme. 

217. Golisata, sorte de voiture gauloise, dont le nofti — qui 
nous est donne par le meilleur des Mss. de Pline, celui de Bam- 
berg, au liv. xxxiv-48 — remplace dans les dernieres Editions 

* allemandes de cet auteur le terme general des anciennes, vehi- 
cula. Et ce nom doitStre gaulois, car le texte dit, en parlant de 
nos ancetres, qu'ils : Ccepere deinde esseda sua, colisataque ac 
petorila exornare, elc. Ce pronom possessif sua, et la mention 
de ces Colisdta entre deux mots que nous savons 6tre indubita- 
blement gaulois, ne me laissent pas plus de doute qu'a Diefen- 
bacb sur la provenance celtique de ce terme si r&emment 
retrouve. C'est le quatrieme que nous rencontrons appartenant 
a la carrosserie gauloise, et nous en aurons encore d'autres a 
examiner. Mais celui-ci n'dtant accompagne* d'aucun renseigne- 
ment sur la forme ou l'usage special de cette espece de voiture, 
nous ne pouvons indiquer que l'lr. Kul, char (Corm.); — et en 
K. Kwl, coflYe a charbon; Kyi, ce qui contient, renferme, ou 
nous retrouvons l'idee dominante de Covinus, n° 15. . — Puis le 
C. Holye, suivre, pour un chariot de bagages. 
• 218. Esox (et non Exos), grand poisson du Rhin (id., ix, 17); 
•de la Loire (Sulp. S£v.,Z)ia/.,w, 10), qu'on pgchait en Auvergne 
(Greg. Tur., GL conf.,5); dans la Marne (Flodoard), etc.; ce qui 
me fait croire que ce terme est plutot gaulois que germanique. 
ill se trouve toutefois dans des textes lat. de l'Allemagne, cites 
ipar Du Cange, sous les formes Eso et Esocius, VIsocen d'Isid., 
Cr., xx, 2, et probablement Yisox d'Hesychius. — Le brochet, et 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 199 

quelquefois le saumon, d'apres la loi des Visigoths, liv. vm, 
tit. fc, 29 (Mesoces, isoces). Dans le glossaire latino-germanique 
de Florence on lit : Esox, Salmo, tasks (Eckhard, Fr. Or., t. 2, 
p. 988).— K.Ehawc, Z., p. \kh\ Eog, saumon; Eogyn, petit sau- 
mon. — C. Ehoc; Ar. Eok, pi. Eoked, saumon; Ir. Ed.— Ir. Jask, 
gen.Eisk; E. Iasg, poisson 1 . — E. Fior-ias'g, saumon, litter, le 
vrai poisson, le poisson par excellence des Aquitains, Pline, ix, 
32 ; en Basque Isokia. 

219. Cetra, de Tacite, bouclier breton; voy. 179^ Xurtiai, 
mot probablement different. 

220. Becco, de Su£tone. Antonius Primus, nd a Toulouse, 
avait regu dans son enfance le surnom de Becco, qui signifiait 
bee de coq (Vitel., 18). J'observe d'abord que ce mot, toujours 
Tun des premiers cites comme gaulois, quoique Su^tone n'in- 
dique pas express^ment son origine, se montre sur la lisi&re de 
TAquitaine de Cesar, et pourrait £tre (sauf l'origine beige des 
Tectosages?) venu du Basque aussi bien que du Celtique. Le pre- 
mier ne nous donne pour bee que Mokhoa; mais le second nous 
fournit le K. Pig;G... Ar. Bek*, L. Beg; Ir. Bek (O'Reilly), qui 
n'est ni dans Lhuyd, ni dans O'Brien, non plus que dans le Diet, 
scoto-cclt., ainsi que Beik. W. Edwards donne les deux, mais je 
n'ai trouve dans le Gaelique que la forme inverse, Gob. jy s 
idiomes nous oflfrent toutefois quelques analogies remarquables ; 
K. Baieh, un grand cri, Beichiaw, crier, beugler. — G. Begy, 
braire. — Ar. Begia, b£ler. — Ir. Beic; E. Bene, grand cri, d'ou^ 
penserai-je, le Bucco, bavard et sot, du Gloss. d'Isidore de S<§v! 
Voy. App. KK. — K. Poc, baiser. — Ancienne glose Ir. Boc,oscu- 
lum, Z. p. 28. 

221. Ploxenum, al. Ploxinum, Ploxemum et Ploximum, mot 
importe, dit Quintilien, des bords du P6 par Catulle (1", 5; voy. 
en eflet son obscene epigramme contre jEmilius), et qu'on peut en 

4. On lit dans Cormac (Ms. B. de Wh. Stokes) Esse (poisson) ab esoce. 

2. Quelque confusion dans les notes de M. de La Villemarque lui a fait 
faire un double emploi de ce mot, auquel il auribue en premier lieu, p. vij 
(Essai sur I' Hist, de la L. brel.), le sens de crochet, en cuant le meme pas- 
sage de Sue* tone qu'il invoque, p. suiv., pour celui de beuche, au lieu de bee. 
Et Barbazan qui re*pete que e'est tout simplement le lat. Veher$ ! 



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200 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

consequence attribuer au Gaulois italique. Coffre de voiture, ou 
selon quelques savants une haie, signification que Diefenbach, 
dans ses Celtica, t. i er , pr&entait comme seule appuy^e par le 
Celtique moderne. Mais elle a contre elle Festus, les diction- 
naires lat.,les traducteurs de Catulle,et leK. nous offre prdcis<§- 
ment Blwch, coffre, boite, Blychyn, petit coffre. Ar. Blotfh, tout 
ensemble. — Ir. Blaosg, Plaosg, coque, coquille, capsule; — 
Blaosgaoin, petite coquille. — E. Plaosg, coquille. — Les dimi- 
nutifs me feraient penser que la veritable leqon est Ploxinum. 
Le K. fournit encore a Diefenbach, qui preTere maintenant cette 
autre interpretation , Plethu, tresser ; Ar. Plega ; C. Plegye. — Ar. 
Plec'han, haie de branches entrelac^es; — a cause des simples 
paniers qui servaient souvent de caisses aux voitures. Voy. 
Benna, 48. 

222. Cucullus, de Juvenal; d'abord Sat., in, 170, vetement 
grossier des V£n£tes, ou de couleur vert de mer; le schol. 
-indique les deux sens, mais ne precise pas quels Venetes, ceux 
de TAdriatique ou ceux des Gaules. Les premiers probablement 
dans la pensee du satirique, puisqu'il parle des Marses, et Mar- 
tial cite en effet les Cuculli liburnici, xiv, 139. Mais ce seraient 
aussi bien nos Venetes, d'apres un autre passage de Juvenal, 
vni, 1/|5, ou Cucullus regoit r^pjth^te de Santonique, c'est-a-dire, 
suivant les memes scholies, fabrique' dans la ville des Santones 
(Saintes). Casaque gauloise, disent-elles; mais il est clair que le 
poete emploie ici ce terme, comme Martial, xi, 98, et aL, dans le 
sens de cape ou de capuchon. Voy. dans Columelle, i er , 8, Sagis 
ciicullis ou Sagatis cucuUis, xi-1, des saies a capuchon. On en 
voit une nettement figuree sur un cocher gaulois, dans un bas- 
relief public par Caylus (Bee. d'Antiq. 1 , t. iv, pi. 122, 3, et 
p. 399). Ce mot appartenait dans tous les cas au Gaulois italique, 
puisque le diminutif Cuculllo se rencontre deja dans Caton, R. 
R., 2. Saint Jer6me a dit au feminin, Cuculla. — K. Kochol, ou 
Kochl, Kochyl, manteau, casaque; KwqH, couronne, calotte; Kill, 
Kwkwl, C. Kugol, capuchon. — Ar. Kougoul, cape, capuchon. — 

1. Voyez aussi les Monum. ant. des Gaul., par Gr. de la Vincelle, t. ir, 
pi. x, et p. 88, et notre 3« vol., le Genie gaulois, sect. II. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 201 

Jr. Kokul, manteau (Corm.), Kochal, capuchon, manteau. — E. 
Kochull, balle ou enveloppe du bl£, coquille. Nos moines avaient 
leur cagoule. Le Basque dit encore Cucula, crete, sommet; 
Cuculcea, se cacher. Voy. le mot suivant. 

223. Bardocucullus, de Martial; ce terme, qui parait com- 
post du precedent et d'un autre qui nous est bien connu, se 
rencontre dans cet auteur avec les deux dpithetes de Santonique, 
comme le Cucullus simple, xiv, 128, et de Lingonique ou fabri- 
que a Langres, i, 54. C'etait, xiv, ibid., un vStement particulier 
a la Gaule, grossier et mepris£, ce qui repousse Tidee d'en faire 
le costume des Bardes, comme Font entendu plusieurs traduc- 
teurs ou Scrivains modernes, et rend suspect a Diefenbach le 
Barddgwkkwl d'Oven, qu'on ne trouve en effet ni dans J. Davies 
ni dans Lhuyd. Celui-ci en revanche donne le mot Bardhaud 
comme traduction de Bardocucullus (supplem. de Davies). Le 
schol. de Juvenal rapporte express^ment a cetle origine gmloise 
le Bardaicus ou Bardlacus de la sat. xvr, 13, ce qui exclut du 
moins les Bar d% i d'lllyrie, peuple ou esclaves (voy. PhiloxSne), 
auxquels on avait songe pour expliquer ces deux mots. Nous v 
arrivons lout naturellemenr, ce me semble, par le K. Parddu 
noir de fumee on de suie, Parddaw, devenir noir. Le Bardocu- 
cullus serait un cucullus noir, cucullus Bardaicus (Hist. August 
Penin., 8); les autres dtant probablement de couleur rousse 
ordinairement prefer^ par les Gaulois dans leurs vSiements* 
(Mart., xiv, 129). On retrouve dans ce dernier Bardiacus employ^ 
seul, iv, 4, et Bochard l'assimile a la Burda dont parle S. Au^us- 
tin (voy. Chan, i er , ch. 42, sect. 4). — C... — Ar. Paredi, 
cuire. — Ir. E. Beart, vSrement, hardes; et dans TE. Faccessoire 
quelconque d'une chose. — Le Barrdog irl., panier, bolte, cite 
par Diefenbach, ne fournirait qu'un rapprochement metapho- 
rique, mais juste en ce que les ^paisses capes que j'ai vues aux 
patres des Pyrenees les protdgent contre la pluie ou la neige, 
comme s'ils dtaient dans des boites. 

224. Bascauda, du m6me, al. Bascanda, espfcce de vase ou 

1. L'ancien schol. de Juvenal, vm-145, attribue, il est vrai, mais beaucoup 
pi us tard, une couleur de suie, fusco, aux cuculli en general. 



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202 ETHNOGtiNIE GAULOISE. 

de cuvette qu'on fabriquait en Bretagne, xiv, 99; grand vase 
ou Ton en lavait d'autres tels que coupes, etc. (ancien schol. 
Juven., xu, 46, al. Mascauda, Barcauda); conque ou vase d'ai- 
rain dans le Gloss. dMsidore. — K. Basgawd, Basged ; C. Basket; 

Ar ; — Ir. Basgaod ou Baskoid, E. Baskaid, panier, cor- 

beille. Le K. est deriv6 de Basg, un ouvrage en osier ou en 
menu bois tresse. -* //> o c!*t* it 

225. Endromis, du meme, vetement d'hiver epais et tisse 
chez Jes Sequanes, porlant, quoique ce fut un produit de pays 
barbare, un nom lac&temonien (iv, 19; conf., xiv, 126, Juv^n., 
in, 103; V[, 245). Nous avons en effet le grec -Endromides, Sou- 
lier pour la course. Du Cange cite Andromeda, habit de peaux 
de mouton; mais l'Endromis sSquanaise etait un tissu, et ce 
mot n'est qu'un echantillon de la maniere dont les euphonies 
grecques ou romaines doraient tous ces noms barbares. — K. 
Trym, compacte ; Erdrym, tres-eompacte, Z. p. 867, Trwm, Iourd, 
pesant; C. Trom ; Ar. Tuzum , — - Ir. Trom, Z. p. 15. Tronxdha, 
pesant. — Ir. E. Antrom, lourd, accablant 1 . M. Littre n'accorde 
aucune confiance 2 a ce rapprochement entre 1'idee de pesanteur 
et celle de vetement; mais la premiere ne- se lie-t-elle pas natu- 
rellement a la seconde par lepoids que donnaita l'Endromis son 
£pais et grossier tissu, pinguis et sordida, nous a dit Martial ? Les 
Allemands ne disent-ils pas du drap lourd, schwerer tuch, pour 
du gros drap, et n'appelons-nous pas zephyr un drap tres-leger ? 

Sid. Apollinaire nous donne l'adj. Endromidalus. 

226. Myrmillo, ou Mirmillo, Murmillo, de Festus (v° Retia- 
rio). C'est ainsi qu'on nomma d'abord le gladiateur gaulois 
revGtu d'une armure nationale dont le casque portait une image 
de poisson; puis, suivant le schol. de Juvenal, vm, 200, cette 
armure gauloise m6me, a cause du poisson qui en ornait le 
casque. On a \iv6 ce terme du grec Mormulos, sorte de poisson 
de mer; mais il est bien plus vraisemblablement gaulois, et 
compost; car j'y reconnais d'abord l'lr. et E. Muir, mer; K. Ar. 



1. On a rapproche" d'Endromis notre ancien mot Balandran ou Balandron, 
sorte de casaque militaire. 

2. Journal des savants, septembre 1859. 



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GLOSSAIKE GAULOIS. 203 

Mor. Le deuxienie element n'est pas raoins reconnaissable dans 
le K. Ar. C. et Ir. Mil, O'D. bete, animal ; E.... ; d'ou le K. Mor- 
vil, Z., p. 859, un grand poisson de mer en general.— De plus, 
l'Ar. Mel ou Meill; C. Mehil, Jr. Muilleid, E. Mullead ; mulet, 
sorte de poisson de mer ; K. Mul, dans J. Davies. 

227. Sparum ou Sparus, du m&me (v°Rumex). Rumex, dit-il, 
dard semblable au sparus gaulois, ce qui peut indiquer seule- 
ment une sorte de sparus, arme .qui n'etait, suivant le m£me 
auteur, v° Spara, qu'un trfcs-petit javelot. Nonius dit qu'elle ne 
servait point a la guerre, mais aux chasseurs et aux paysans ; il 
est contredit en cela par Sisenna qu'il cite lui-m§me, xvm, 12 
et 21 ; par Tite-Live, xxxiv, 15, etc. On voit que ce terme, assez 
ancien dans la langue latine, etait, dans tous les cas, italique. 
Lucile s'en &ait servi aussi, et Festus le tire de spargere, Jeter 
Qa et la. Nous avons toutefois le K. Yspar, Ysper, Par, lance. — 

G — Ar. Sparr, lance, gaffe. — Ir. Sparr a, clou, Sparr aim, 

j'enfonce, je perce. — E. Sparr, enfoncer, ficher. — Ir. Bear, 
E. Bearra, lance. — Tud. Sper, lance, javelot. 

228. Euhages ou Eubages, d'Am. Marcellin, les membres 
de Tune des trois corporations savantes de la Gaule, nomm e 's 
entre les Bardes et les Druides, et charges de P&ude des grands 
phenomenes de la nature (xv, 9). Svidemrnent les Ouateis de 
Strabon, que concernait en outre le soin des sacrifices (iv, p. iq, G 
Did.). Ce mot, qu'on a voulu confondre avec le grec Vayvf ' 
pur, saint, a paru d'un autre cote nMtre que le latin Votes*" 
devin, tandis que Zeuss pretend, p. 57, qiril n'est qu'une mau- 
vaise lecture d'Oudteis. Mais on pense gdneralement qirAmmien 
nous a conserv'6, — du moins a peu pres,— la veritable forme du 
mot celtique, qiTon a cru reproduire plus exactement encore en 
lisant Eubates. Diodore, v-31, a tout simplement employe le 
terme grec Mantels, et donne pour fonction a ces devins gaulois 
de consulter le vol des oiseaux et les entrailles des victimes. — 
Du reste, Iqs Etymologies abondent. On en acherchg jusquedans 
nos vieux patois ; ainsi K. Barth a mis en avant (Uber die Drui- 

i. Vatus se montre comme nom propre helvetien dans les recueils d'ln- 
srriptions de Steiner. 



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204 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

den, p. 20) YEuves de Du Cange qui signifie rouvre. Mais les 
allemandes sont les plus varices, comme on pent le voir dans 
ce inline Barth, dans Keysler, dans 1'article Druides de l'Ency- 
clop&lie d'Ersch et Gruber, etc. Le docteur Scherrer (Die Galller, 
p. 40 et suiv.) pense qu'on peut en demander de celtiques a 
trois id£es diffgrentes : 1° celle de sacrificateur, — pour laquelle 
il se contente vraiment de trop faibles echos, ancien Ir. Edbart, 
glose ; Oblatio, Z. p. 7; Ir. mod. Iodhbhairt ou Iobhairt; E. Iodh- 
nadh, K. Abertfi; — 2° celle de juge, K. Euogoad, qui condamne; 
— du verbe Euogi ; ou Euogdu, ce qui serait s&iuisant, mais les 
Euhages n'exerQaient point de fonctions judiciaires * ; — 3° celle 
de prophfcte : ancien Ir. Faith, que Zeuss rattache, p. 20, au lat. 
Vales; et Diefenbach au SK. Vddi, poete, orateur (Vad, parler, 
interpreter) ; Ir. mod. Faidh ou Faigh. Scherrer se trompe en 
affirmant qu'aucun verbe n'est d£riv£ de c6 mot; Faighim, dire, 
est quelques lignes plus bas dans le Dictionnaire m6ine qu'il cite, 
de celui d'O'Beiily, et dans O'Brien. — K. Faidh, prophele, et v. 
trouver. Le savant Alletnand a de plus oublie, pour cette troisi&me 
interpolation, la syllabe initiale Eu qui pourrait se rattacher k 
Tlr. E6, bon, respectable. Nous ajouterons a ces rapprochements 
le K. Hebu, parler, r£v61er; C... — Ar.... Mais j'y remarque^it 
ou Avu, foie, en K. Afu ; C. Avy; Ir. E. Ae, dont Pezron et Wach- 
ter tiraient Yaugur latin 2 . — E. Eubh, cri, et v. crier ; Eubach, 
crier ; Ir.... — II est a noter que tons les mots qui se rapponent 
au sens pai ticulier de proph^te ou de devin favorisent bien plus 
la leQon Eubages que celle d'Euhages. 

Nous n'avons encore rien dit du K. Ofydd, philosophe, Z. p. 3, 
et dans Ow. Pughe; Ar. Ooiz, Ovate 8 ou prStre, suivant M. de La 
Villemarqu£. J. Reynaud faisait remonter ce pretendu nom 
d'Ovate aux Oudteis de Strabon (Esprit de la Gaule, p. 124). Les 



1. Voy. an 3 e vol., le Genie gaulo is, sect. IV. 

2. Avec gwr, homme, virjecoris, qualification qui aurait plutdt convenu 
aux Aruspices. 

3. Au siecle dernier on disait Vacie, autre derivation d'Onateis. Bucherius 
ecrit de son c6t6 Vates ou Vactes; ce dernier, tout a fait arbitraire, pour faire 
passer l^tymologie germanique, Wacht, Wachter, garde, gardien {Belg. rom, 
1655, p. 156 etsuiv.). 



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GLOSSA1RE GAULOIS. 205 

Ovydd, suivant Ed. Davies, £taient les pr6tres inferieurs, Go- 
wydd, voy. Druides, 22; mais ni J. Davies ni Lhuyd n'ontconnu 
ou admis ce tenne d'Ofydd, quoique Owen cite, sous le nom 
de Taliesin, fatneux barde du vi e siecle, et de Gwalchmai, elc, 
des vers ou il se trouve. 

229. Caracalla, d'Aurel. Victor; vStement apporte des 
Gaules par Fempereur Antonin III, et qui lui valut le surnom 
de Caracalla. II l'avait allonge jusqu'aux talons (Epit. Carac. ; 
conf. De Ca&sar., id. — Hist. Aug. Caracallus, 9). L'ancienne 
Caracalla ou Garacallis dtait courte, et quelques savants la 
prennent pour la Pallet, gauloise de Martial, laquelle depassait 
peu les reins, i, 93. Elle avait un capuclion, cucullus, d'apres 
saint J£r6me, Epist., 128. Dion la decrit au ch. 3 de son liv. lxxvhi. 
Le Dictionnaire scoto-celtique nous fournit d'abord , d'apr&s 
quelques manuscrits, le compose Karach-ullamh, vehement de 
dessus, v qui semblerait nous dispenser de toute autre recherche, 
mais il ne dit pas ce que cest que Karach, et Ton peut en con- 
sequence suspederce lerme de n'eire qu'une imitation du Latin. 
Force nous est done d'analyser Caracalla qui parait eflecti- 
veraent un mot compose *. Sa seconde moiiie se rapproche 
beaucoup de Cucullus, voy. 222. — K. Kill, Ir. Kalla, Kkualla 
capuclion. — Ar. et C... — E. Kallaid, bonnet; Ir. Kulaidh 
veiement. Je-n'ai rien rencontr^ pour la premiere parlie de plus 
satisfaisant que la "prep. K. et Ir. Gar, tout pres, contre, ce qui 
donnerait le sens de : tout pr&s du capuchon, appuyant ainsi 
Topinion de la brievete primitive de ce vStement. Le Gaelique 
arriverait au m6me r&ullat d'une autre manifere, par l'lr. et E. 
Kara, jambes (K. Esgair, C. Esgar, Ar. Esker) et l'lr. et E. Kal- 
laidh, agile, dispos; remarquez Karachal, moteur, qui fait agir; 
— E. Karaich, agir, se mouvoir; une veste courte laissant. les 
jambes parfaitement libres dans leurs mouvements. — L'An- 
glais a conserve quelque chose de cette faqon de composer des 
mots, dans Go-carl, par exemple, chariot pour marcher (pour 
Jes enfants). 

I. Zeuss s'&ait demand**, p. 275, si Tancien nom n'et&\t p*»C«rocaUa,de 
CAer? moutoo. Ebel & supprimg cette conjecture dans la2 e edition. 



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>J06 ETHNOGfiNIE GAULOISF. 

230. Lars Aremoricus, d'Ausone, Idyll., xn, de Hist or. C'est 
ainsi qu'il designe le roi anquel furent enlev6es les troisiemes 
depouilles opimes. II s'agit done de Viridomarus, roi, sinon des 
Insubres d'llalie, au moins des Gaesates ou mercenaires (voy. 
Gxsi, 71), qui avaient traverse les Alpes a l'appel des Gaulois 
cisalpins (Plut., Marcel., 3, conf. 6 et 7 ; Florus, n, 4). J e n'ai 

. vu nulle part releve'e cetie qualification d'armoricain donn^e a 
ce chef, et pourtant si curieuse de la part d'un homme qui 
devait £tre aussi bren inform^ qu'Ausone d'une foule de parti- 
cularity historiqnes que nous ignorons. Ces Gaesates venaient-ils 
done de notre Armorique? C'est peu probable, et Polybe indique 
comrae leur patrie le pays entre le Rhdne et les Alpes ; n-22. 
D'un autre cdie\ Properce, iv-10, v. 41, fait de Virdomarus un 
descendant du Rhin, si ce n'est plulot du Rhone 1 . — Lars n'est- 
il ensuite que le titre toscan bien connu, qu'Ausone aura appli- 
que" a un chef gaulois, pour se procurer un monosyllabe de plus 
dans sa puerile collection metrique, ou doit-on prendre ce mot 
pour veriiablement gaulois? Le Celtique moderne re'pond indi- 
reciement a cette question, au point de vue militaire comme au 
point de vue social. — K. 1° Llawrudd (dd= dz), qui a la main 
rouge (en C. Lau-rudh, en Ar. La-ruz), un tueur ; Ar. Lazer • 
C.... — Ir. et E. Arg, champion, prince, heYos ; Ldarg dans Cor- 
mac. — 2° Llawr, fondement, base; C. Leur. — Ar. Leur, sol ou 
Ton batit. — Ir. Larach; E. id., champ. — If. Lar, O'D. E. id., 
centre, base. — Lars n'est pas le seul mot toscan que nous 
retrouverons dans le Celtique 2 . 

231. Je n'hesite pas a placer dans ma 2 e division, au prix 
d'une correction qui me semble impdrieusement comniandee 
par l'ensemble du texte, le Patus, de l'auteur du Querolus, 
corn6die du iv 6 siecle, ou du commencement du v e . Plusieurs 
passages de cette piece d&iiee a un Rutilius, qui peut fort bien 
6tre l'auteur gaulois du poeme de Yltinerarium, ont fait penser 

1. Genus hie Bheno jactabat ab ipso(Rhodano?). 

2. Suivant M. de Gobineau, Fnegal. d. races hum., t. in, p. 50, Lar ou 
Larth serait positivement celtique, et signifierait seigneur. A la p. 213, il 
rapproche ce mot du Laird £cossais, et du \jord anglais. 



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GL0SSA1RE GAULOIS. 207 

a de tres-bons esprits * quelle &ait aussi I'oeuvre d'nn Gaulois. 
Cette opinion qu'a soutenue M. Ampere dans son Histoire title- 
raire de la France, et adoptee par M. de Courson dans celle des 
peuples Bretons, me parait vraie. S'il en est.ainsi, ne faut-il pas, 
en consequence, substituer Gallia h Grsecia dans le passage ou 
se trouve le mot Pathus? « Va-t'en vivre au bord de la Loire, 
dit le dieu Lare a Querolus, Sc. 2 e , p. 18 2 , en Jui faisant le 
tableau de l'etat social et religieux qu'il y trouvera (soit parmi 
les Bagaudes, soit parmi les Armoricains revolted con tre J'empire. 
Zos., vi, 2 et 5). La, tout est permis. Si tu deviens riche, on 
t'appellera Patus. Ainsi parle notre Grece. » — Que fait ici ce 
nom de Grsecia, en regard des illic et des ibi rentes qui 
designent les rives de la Loire? Jbi totum licet; si dives fueris, 
Patus appellaberis. N'est-il pas Evident que c'est dans le pays 
mSme ou il se sera enrichi qu'on lui donnera ce nom de Patus, 
qui n'a dans le Grec aucune signification analogue au sens de 
ce passage? Nous savons d'ailleurs par des inscr. de la Gaule 
cisalpine que c'&ait un mot gaulois, une epithete ordinaire du 
dieu Caulus ou Gautus: CAVTO. PAT1, a Bresce, Orel., 5056; 
DEO GAVTO PAT, id., 2041; conf. 2040 3 . Celle-ci et d'autres 
pareilles pourraient a la ve>ite\ comme l'a remarque M. Egger, 
6tre aussi bien lues PATRI \ mais la premiere nous suffit, si 
meme elle n'indique pas le veritable sens des autres. Grsecia ne 
peut done etre qu'une distraction de copiste; a moins qu'on ne 
voie ici un jeu de mots sur la ressemblance du terme gau/ois 
avec Patos, boue, ordure : « Voila comme la Grece te nommera 

1. Entre autres Camden, puisqu'il appliquait a PH(5sus gaulois VAnubis 
latrans du Querolus, p. 35 de l'e'd. de 15b4. Voy. Brit., p. 12. 

2. fid. de Paris, 156 i. Cette come'die se trouve aussi, comme appendice a 
la fin de la ce"lebre 6d. de Plaute, par M. Naudet. 

3. Quelques inscriptions semblent r6unir ces deux mots en un seul et 
Steinera meme fait de Cautopati une e'pithete de Mithras (Dan, 195, a Fried- 
berg), mais Orelli rapporte, 1848, une inscr. de Rome, DEO CAVTK V seul 
confirmee par Henzen, 5848, 5851. On trouve dans Steiner meme, Rh., 433* 
Rufus Coutus Vati F. natio Elvetius, etc. 

4. Je dois en effet signaler ici, dans la Descr. des Medailles gaul., de 
M. Duchalais, au n° 429, p. 149, une faute qui m'aurait induit en erreur, si 
je n'avais ve"rifte par moi-meme que le titre donne a Auguste sur cette m6d. 
est en toutes lettres : PATER, et non PATE. 



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208 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

quand tu seras devenu riche, patus, parmi ces brigands. » Mais 
de cette maniere tout comme en r^tablissant Gallia, ce mot ne 
peut 6ire que gaulois, et il se rattache imm^diatement au Patera 
d'Ausone, ce titre des prStres de B&enus; voy. 54. Peut-Stre 
remonte-t-il au SK. Pali, maitre; en Zend, PailL — Un tr&s- 
ancien glossaire public par Mai, Classic, auct., vi, p. 538, inter- 
prfcte Patus par auribus magnis vel cervice, sens qui convenait 
peut-6tre au dieu Cautus, mais qui n'est guere admissible dans 
le texte qui nous occupe, et qui n'existe pas dans nos langues 
n6o-celtiques. Celles-ci nous en rev&lent un autre dont Tdvi- 
dence est frappante : K. Bath; C. Bat, monnaie, argent mon- 
nay ^ — k. Balhu, battre monnaie; Balhoriayth, Z. p. 172, 
droit de battre monnaie. — C. Balhor, changeur de monnaies. 
— K. Balhawg, riche, opulent.— Ar. (m=b) Madek, riche, Madou, 
pi. richesses. — lr. Bathas, le sommet des choses; Patanta , 
gros, 6norme; Beartadh, richesse. — - lr. E. Beartach, riche. 

232. CimenicS, d'Avienus, eontrSe desGaules, bordtSe par le 

Rhone, et qui devait son nom a la hauteur de ses montagnes, 

nominis auctor est mans dorsa celsus (Ora. mar. v. 615 ; pdyiq 

dpetvv) de Sirabon, p. 106, Did.),— puis au v. 669, le territoire 

Cemenicus que le mSme fleuve traverse au milieu des A 1 pes. II 

n'est pas, que je sache, question autre part de ce dernier, mais 

nous retrouvons Cimenice avec des variantes de nom fort 

remarquables, dans CSsar, Moris Cevennaow Gcbenna, vn-8; dans 

M£la, Montes Gebennici et Cebennx, u-5; dans Ausone , id. 

(CI. urb. xu); dans Pline, Cebenna, al. Gcbanna, nr.-5 ; Lucain, 

id. i er , v. Zj35; dans Strabon, Kemmenon, p. 106, Did. et dans 

PtolemSe, n-8.— Pline cite, iu-5, un mont Cema (al. Omnia) dans 

les Alpes,ou existait aussi pies de Nice une ville de CSnemeleon 

ou Cenemelium. C'est encore le meme nom que T.-Live nous 

montre en Etrurie, ix-36, dans \e Mons Ciminius qui lecommu- 

niquait aux forets et au lac voisin. Nouvelle preuve des violentes 

alterations que faisait subir aux noms barbares, jusque dans le 

iv e siecle de notre ere, Toreille des Grecs et des Remains. G'est 

m6me a propos de ce Cemenicus ager qu'Avtenus r<Spfcte l'tfter- 

nelle plainte des Anciens sur la durete des sons etrangers. — k. 

Kefyn, C. Kein ou Chein, Z. p. 163, .dos, chaine de montagnes; 



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GLOSSAIHE GAULOIS. % 209 

— K. Kefn, pi. Kefneu, dans Gibson, montagne; Kefnen, jolie 
colline; Kemi, courbure. — Ar. Kein ou Kcvn, pi. Kevnou, dos ; 
Kevnek (ancien), qui a un gros dos. L'auteur de la Numismatique 
iberienne, M. Boudard, joint a Kein un autre tervne bretotv, 
Mene, montagne *, compost qui r^pond a la double interpreted 
tion d'AviSnuset de Strabon. — - Ir. Keim, degr£, gradin, dldva- 
tion, pi. Keimeanna; E. Keum. Notez en Angleterre les monts 
Cheviot et les Chevin, chaine de rochers escarp&s dans le 
Wharfdale (Garnett, p. 79). — M. Chamm, ce qui est courb£. 

M. Boudard, que nous venons de citer, distingue le nom eel- 
tique de Cimenice, Kein-rnene, de celui de Cebenna qu'il croit 
iberique : Basque Ke, nuage, et Penn ou Penn, rocher, les 
C^vennes vues de Nlmes et du bas Languedoc paraissant tou- 
jours couronn£es de nuages, raeme dans les plus beaux jours ou 
il y en a encore de petits (ibid.). Mes recherches ne m'ont donne 
que Kea ou Quha, fumee, et pour rocher Pena. — Penn est pure- 
ment celtique, voy. le n°9. 

233. Cateia, de Straus, trait gaulois (JEn., vii, 741); qu'on 
langait, dit Virgile, ibid., a la maniere des Teuions. Quelques 
manuscrits de Servius ajoutent (par confusion peut-6ire avec la 
fram^e germanique, voy. n° 152) que ce terme signifiait lance 
en theoiisque ou tudesque. Isidore de S£v., qui r£pete, d'apr&s 
lui, la description 2 de cette esp^ce de projectile pesantet fractu- 
rant (Conf. Festus, v° Clava; Am. iMarc, xxxi,7, clavx ambustx, 
massues des Goths durcies au feu), affirme que les Espagnols et 
les Gaulois le nommaient Teutoni, d'apres son origine, xviu, 7, 
stir quoi Ton a remarqu£ que l'Espagnol dit encore Chuzon, pour 
un grand javelot. Mais ce motn'est autre, pens^-je, que le basq. 
Chuzoa. Quant au synonyme Caia, que le mSme auteur dit se 
trouver dans Horace, e'est une triple erreur sur la Caia de 
Lucile, qui n'^tait qu'un baton ou un pieu de palissade (Servius, 
AZn., vi, 1). Cateia, dont Papias fait de son c6t£ un mot persan, 
est du reste ggalement tudesque, Katten, lancer, et celtique. 11 
est certainement de la meme famille que Caterva du n° 158. — 

— K. Katai, arme de jet, massue qu'on lanqait; Kateia, couper, 

1. Revue archeol., avril 1858, p. 41, et Numism. iber., 1859, p. 122. 

2. Voy. au 3« vol., le Genie gaulois, sect. V. 

ill 



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210 ETHNOGtiNlE GAULOlSi:. 

lancer un trait vibrant; Katau, combattre. — Ar. Kat, combat. 
— C. Kad, bataille; Ir. et E. Kalh. — Ir. Gath, Geal, dard ; 
Gealhar, 6tre blesse\ — E. Gath, dard, trait; en SK. Gdtha, 
flee le. Je ne crois pas avoir besoin du compose qu'on a imagine, 
Galhr-teth, dard brulant, sens que M. de La Villemarque* unit 
pour son compte, je ne sais comment, avec celui de couteau de 
combat. II est vrai que Cesar parle, v, 43, de dards enflammes 
lances par les Gaulois, mais il ne dit point le nom de cette 
arme, a laquelle ne conviendraient guere les priced entes deTi- 
nitions de la Cateia, non plus qu'aux pieux brule's par le bout 
dont il fait aussi mention, vii, 22. 

23Z». Chrotta ou Rotta, al. Crota, de Fortunat (livre vii, 8). 
Instrument de musique chez les Bretons. — K. Krwt ; C. Krowd; 
violon ou rote, mot qui £tait reste* dans notre langue; en Ar. 
Rebel. — Ir. Krol, Z. p. 77, luth. — Ir. E. Kruit (Corm. v° Bind), 
harpe, violon: Ir. Kruittire, citharista, gl. de W. S. ; Loch na 
Kruitireadh, le lac des joueurs de harpes, en Irl. dans la pre- 
miere vie de saint Kieran (5 mars, par 17. Golgan). 

235. LinnaB, d'lsidore de Sev. Voy. 93. 

236. Mediolanum du meme auieur, Orig., xv-1, ville de la 
Cisalpine fondee par les Gaulois quand ils conquirent ce pays, 
et nominee ab eo quod ibisus in mediolanea ptrhibetur inventa 
(al. sus mediolanea inventa prohibetur) . Ce latin resterait peut- 
etre inintelligible, si Claudien ne nous l'avait explique' d'avance 
en d&ignant les murs de Milan (De nupt. Honor., v. 183): 

Gallis 
Condita, lanigeri suis ostentantia pellem. 

Le toutsignifie done que les Gaulois avaient trouve* dans cet 
endroit une truie a moilie* couverte de laine, et qu'on voyait 
encore sur les murs de cette ville la peau (ou la figure) de cette 
truie prodigieuse, a laquelle Mediolanum devait son nom. 
T.-Live avait dit longtemps auparavant qu'elle avait e'te b&tie et 
nommee par les Gaulois, "v-35. — Le sanglier 6tait bien un de 
leurs embiemes ordiuaires, mais la faussete* de cette £tymologie 
est d^montree par le grand nombre de Mediolanum qui existaient 
dans les Gaules, et dont le nom compose* designait evidemment 



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GLOSSAIKE GAULOIS. 211 

le centre et le chef-lieu du territoire de la tribu. — 1° Medio, 
qui doit signifier a demi, par moitie, dans Tetymologie d'Isidore, 
avait en realite le sens fort rapproche de milieu ou de centre; 
K. Medd, ou Mez; G. Mesh. Ar. Metou ; Ir. Medon, Z. p. 1U0 
(et Corm. v° Seist), auj. Meadhon; E. id. Voy. n° 2!i0. — Nous 
avons de plus le K. Mid, cl6ture, enceinte; Midlan; terrain clos, 
rapprochement qui suffirait peut-6tre a lui seul. Tousces termes 
remontent au SK. Madhya, medius. — 2° Lanum que l'auteur 
des Origines a visiblementconfondu avec Lanea (pour Lanigera), 
ou le celtique Olann, laine, n'est autre que le K. Llan, lieu 
d^couvert, ou de rassemblement ; — C. Lan , enclos; — 
Ar. Lann, Z. p. 146, territoire i ; — Ir. Lann ou Land; E. Lann; 
M. Llan, terrain, enclos. — Quant a interpretation italienne 
d'Interamna (Mone, Celt. F. p. 231), si medio peut aussi avoir le 
sensd'mter, comme nous le verrons, n° 240, Lanum n'a jamais 
eu, que je sache, celui d'eaux ou de rivieres 2 . 

237. Vehigelorum, du Gloss. d'Isidore, sorte de bateau 
dont les Gaulois se servaient sur les rivieres. Les variantes 
Vehiculorum, Vehiculum feraient de ce terme un mot lat., niais 
trop commun pour avoir pris place dans ce Glossaire. Diefenbach 
donne encore la forme Veligebum. La premiere, mot sansdoute 
compose*, est garantie par les elements Irl. 1° Feibh, biens, 
richesse; Feil, Feighil, marche\ E. Feill, jour, de marche". — 
2° Geoladh. E. Geola, petit bateau; Ir. Geilios , transport, 
commerce. De son cote§ le K. nous pre*sente Feiriaw, echanger, 
trafiquer, de Fair, une foire; C. Fer, Ar. Foar ; — et Lhwry, 
subst. precaution, provision, vivres, — ou adv. sur-le-champ. 
— C... — L'Ar. nous ramene a l'idee de bateau, Laouer, pi&ce 
<Je bois creus^e, auge, etc. 

238. Acus, indique dans la vie de saint Domitien, comme 
signifiant propria ; villa Latiniacus, la villa deLatinus, devenue 
la ville de Lagnieu en Bugey (Bolland., l er juiil. ch. 2. Voy. en 
outre le Viriziaco de la vie de saint Basolus , dans MabiJl., 
Act. SS. Bened., t. n, p. 71. Greg. Tur.,G/or. Conf.,%, etc.). Les 

1 . Lanna Vault, le lieu de S. Paul (de Leon) dans la Vie de ce saint, 
par. 28, nom breton du monastere fond£ par lui. (Bolland., 12 mars.) 

2. Nous parlerons plus loin du Magdelent de Lescalopier. 



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212 ETHNOGtiNIE GAULOISE. 

tertninaisons acuStacumJacum 1 , sont communes k un grand nom- 
bre de noms g&>graphiques gaulois, Juliacum, Tiberiacum, etc., 
et c'est d'elles que nous viennent presque tons les ac du Midi. 

— K. Ach; C....; Ar. Ach, propositions signifiant chez , de, 
appartenance, comme l'lr. Ag, TE. Aca, Ale. — Ach est, suivant' 
Ed. Davies, un suffixe irl. formant avec les substantifs des 
adjectifs de propria *. Nous avons en outre: K. Achel, retraite. 

— Ir. Ag, chose poss&tee 3 (O'Brien). Achadh, O'D. ; E. Ach, 
Acha, champ. — Ir. Acaidh, Agag, habitation, ^tablissement. — 
Aids, dans notre Lat. du moyen age, £tait le nom d'une division 
territoriale. Voy. Mabil., Act, SS. B., in siecle; vol. n, p. 195. 
Gu^rard, etc. En patois champenois, Accin, enclos 4 . Ach signifiait 
encore de 1'eau, comme on le verra a Mauzacum, 242, et postd- 
ritO, au n° 275. Enfin Accus, suivant une glose irl. de Zeuss. p. 
80, voulait dire voisin. 

239. Bebronna, nom que le meme saint Domitien et son 
compagnon donn&rent a la plus grande des fontaines qu'ils 
trouvfcrentdans le desert appele depuis Bebronnensis locus {ibid., 
par. 6). Ce desert est devenu la ville de Saini-Rambert en 
Bugey, etces fontaines s'appellent encore aujourd'hui les eaux 
BrObonnes, forme que reproduisait dans l'lle-Britannique Tan- 
cien Breboniacum. Un canton du Lyonnais portait au moyen age 
le nom d'ager bebronnensis ou brebonnensis, qu'il devait a sa 
petite riviere, la Brevenne B . Le terme primitif a le plus grand 
rapport avec Tallemand Brunn, fonlaine; mais Don)itien pr&- 
c6da dans ce pays l'arrivee des Bourguignons, post&ieure a 
Tan 436 6 . C'est done un mot celtique dont la premiere syllabe 

1. M. J. Quicherat, qui attribue dans le livre que nous avons citg, p. 41 , a 
deux radicaux celtiques diflterents, les finales acus ou acum et iacum, rattache 
pr£cis£ment a celle-ci ces deux noms, dans lesquels le dernier t est assu- 
r6ment une desinence genitive qui appartient au premier element dont chacun 
est composed Voyez, quant a cette distinction, le n° 379. 

2. Celt, research., p. 481. 

3. Ag, initiale des noms de lieux comme dans Ayedincum, peut encore 
avoir signing colline, Ir. Aighe; voy. Gluck, p. 17. 

4. M. de Jubainville, Repert. archeol. de VAube, p. 6. 

5. Aug. Bernard, d'apres le Cartulaire de Savigny. (Divisions admin, du 
Lyonn. au X e s e .) 

6. Ce queje crois avoir ctemontre" dans les Questions bourguign, en 1847. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 213 

forme une esp&ce de redoublement hell&iique, qui se prdsente 
dans le K. Benben, tete (J\ Davies), dans Bebryces, Bebriacum, 
Bibracte, Bibroci, Vivisci i , etc., mais auquel je ne vois pas que 
Zeuss ail fait attention, quoiqu'il s'occupe de Tancien adv. Ir. 
Beos, p. 569, encore*, de l'intensitive K. Byth, p. 575; ou Ir. Bid 
et Bilh, p. 834, laquelle prenait en Ir. le sens d'a toujours, etc. 
Be en est-il derive, ou serait-il ici pour le K. Benben ou 
Penn, Ir. Benn modifte, soit par une euphonie lat., soit pour 
entrer en composition avec le sens superlatif de principal, du 
plus haut ou du plus grand, fons maximus, dit le texte, lequel 
exclut, dans tous les cas, la signification actuellement diminu- 
tive du By K. ou du Bi Ir. indiquee par Mone 2 ? Bronna serait 
alors Tlr. Braon, E. id. Broen (Corm. v° Nimb), lequel ne signifie 
plus aujourd'hui que goutte d'eau, pluie; Braonach, bruin3, 
pluvieux. Le Gaelique nous fournirait encore Barne, eau, Bronn, 
perp^tuel, Bronnaim, je distribue, je repands. — K. Brona, 
allaiter, de Bron 3 , mamelon, G...., qui sedit aussi des hauteurs 
de terrain; en Ar. Bronn el Bronna; et Pennbronn, le bout du 
pis, noin qui ne serait pas plus Strange que celui de Pisse-vache 
ou du Manneken-pis a Bruxelles. Une riviere du Bourbonnais 
s'appelle encQre la Bebre. 

239 bis. Artemia, nom d'un rocher dans la vie du m6me 
saint, p. 53. Zeuss n'hesite pas a le citer coinme celtique, p. 78 
en le faisant deriver de l'lr. Art, pierre; E. Arlan, petite pierre. 

— K. C. et Ar — C'est ainsi qu'il traduit encore Artobriga 

(en Norique) par Collis lapidosa, p. 101. 

240 et 241. Mauzacum, al. Mauziacum, entre les eaux, 
nom donne a un monastere fonde dans une position semblable 
vers 681, pres de Riom en Auvergne, aujourd'hui, Mauzac ou 
Mozac, probablement le Musiacas de Greg. Tur., Glor. Conf., 

1. Je crois qu'on peut joindre hardiment a ces mots gaulois le Bebra, de 
Vegece, nom barbare d'une espece de trait, 1, 20, facile a rapprocher de nos 
idiomes celtiques. Le Lat. avait aussi ses redoublements, didtci, populi, etc. 

2. Celt. F., p. 211. A la 24* il cite, comme signifiant fontaine, le mot Bele- 
brunno, d'apres Joannis Scriptor. rerum Moguntin. Du reste, je n'&\ trouve ni 
dans le K., ni dans PIrl., le sens de montagne que Bullet donne & Bi. 

3. Bronneu, les mamelles, Z. p. 292. — Bruinech, dans Gormac, une mere 
qui nourrit. 



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2U ETHNOGfiNIE GAULOISK. 

M. — Diefenbach avait, aui er de ses Celtica, cit£ inexactement 
Mabillon, en lui empruntant le texte que j'ai eu bien de la 
peine a retrouver enfin dans la Nova Bibliotheca du P. Labbe 
{Rer. Aquitan., 1657, p. 503). II appartient a Thistoire de la 
2 e translation des reliques de saint Austremoine, qui se fit de 
Volvic a Mausacum en 761. Cette autorit6 est done un peu 
tardive pour Tobjet de ce Glossaire; mais il s'agit d'un fait 
du si&cle prudent, et dont la tradition devait avoir 616 fidele- 
ment conservee parl'&at m^me des lieux. Mauzacum est d'ail- 
leurs bien celtique, quoique Diefenbach nous dise que le K. 
Medd ou Mez, milieu, centre, lui est inconnu, et qu'il nie carrd- 
m ntla signification de l'autre £l£ment K. Ach, eau. Car nous 
avons rdellement sous les yeux un compost : 1° de ce Mez (Ow. 
Pughe, et Pictet 1 ), jadis Mywn ou Meun, Z. p. 161 ; — C. Mesk; 
Ar. Metou ; — Ir. Medon, Z. p. 40, ou Meadhon, O'D. ; E. id. — 
Ir. et E. Meask, entre; — et 2° de YAch, eau, d'Ow. Pughe, 
qu'appuient YE. ou ce mot signifie rivage; l'Ar. Agen, source; 
et Fir. Aigen, la mer, du n° 169. — M. Aae, eau, gu£. — Le 
Tud. possede, il est vrai, Ach, eau, Acha, fleuve, etc. ; mais le 
radical commun estle SK. Ap, eau. Nous connaissons F^change 
frequent du p avec le c ou le ch. — Conf. les n 08 238 et 379. 

2Z»2. Nimidae. On trouve dans les collections des conciles 
(Hardouin, t. in, Delalande, etc.), annexd aux actes de celui de 
Liptines en Hainaut tenu en 743, un Indiculus ou liste des 
anciennes superstitions paiennes proscrites par cette assemblee, 
et par le maire du palais Carloman. On a regard^ ces supersti- 
tions comme particuli&rement saxonnes (Grimm, Mythol. 2 e dd. 
p. 615, n.). Mais parmi les noms populaires donnas a quelques- 
unes, j'en reconnais d'abord un dvidemment lat., celui de Vince- 
luna, relatif aux eclipses de lune (voy. Du Cange, Grimm, id., 
p. 668). Cette liste, en outre, a ete dress^e ou pour le moins 
publtee officiellement dans une province des Gaules 2 ; les autres 



1. De l'affinite* des lang. celt, avec le sansk., p. 47. 

2. Pertz, Mori., Germ. Histor. Leg., i, p. 19, ne conteste pas que cet 
Indiculus se rattache aux canons de Leptines; il semble, en eflfet, le comple- 
ment natnrel du quatrieme qui est le dernier. 



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GL0SSA1RE GAULOIS. 215 

noms qu'elle renferme peuvent done Gtre aussi bieii celtiques 

que tudesques, et e'est ce qui me paratt Evident pour Nimidae; 

je ne vois mSme que le mot Niedfyr (Pertz; al. Nodfyr, Nedfri, 

Nedfres, Nodsyr), ddsignant des feux sacrileges d£ja d£fendus 

par le conqile germanique de 742, qui soit incontestablement 

tudesque ± . Pour Nimidde, on appelait ainsi des superstitions 

"cachdes dans le fond des forSts, de sacris syloarxim quas Nimidas 

vocant, et nous avons d£ja rencontr£, avec une d^esse Neme- 

lona, le mot Vernemetis, dans lequel nous savons que Nemetis 

signifiait temple, fait confirme par le K. Nomet fir. Nemed ; — 

Neimheadh, terrain consacr^, etc., du primitif Nem, ciel, Ir. 

Neamh, g&). Nimhe, Z. p. 52. Voy. 157. Breithe Neimhidh, les 

jugements celestes, titre d'un ancien code de lois irlandaises 

(O'Mahony, Hist, dirt., p. lvi). Nemet 6tait mSme le nom d'une 

forSt de l'ancienne Armorique, Sylva quae vocatur Nemet, dit un 

document de 1031 2 , ce qui nous dispense de recourir avec 

Mone, Celt. F., 235, pour la finale ida a son anc. pi. Ir. Fhida, 

for£ts. Voy. encore Dunemetum, 247. 

243. Yrias, ibid. Course faite avec des vetements d£chi- 
r£s, etc. : de pagano cursu quern Yrias vocant. Ce mot n'est ni 
dans Du Cange ni dans Wachter, et je ne Tai point trouv6 dans la 
mythologie allernande de Grimm. Eckhard, dans ses commen- 
taires sur cet Indiculus {Franc. Or., t. i er , p. 433), changerait 
Yrias en Scyrias, pour arriver a TAllem. Schuhriss, d^chirement 
de souliers, mais il n'explique pas l'essemiel, a savoir pourquoi 
on d&hirait si ^trangement ses souliers pour cette course. On 
a, d'un autre cdt£, propose de lire Frias, en Thonneur de Ja 
d^esse Freya; mais Yrias est un mot purement cehique. — K. 
Gyru, s'^lancer, courir ; Gyrfa, course; Hyred, propre a courir, 
courant ais&nent. — C. Gyrhas, aller chercher, atteindre. — Ar. 
* Hirrez, empressement, impatience; Redi, courir. — ir. Ireas, 

1. Feu ngcessaire, Notfeuer, suivant les savants allemands. Le texte porte : 
De ignefricato de ligno, id est Nodfyr. Voy. les divers process dans la 
Mythol. de Grimm, 2 e 6dit. p. 573 et suiv. Conf. Logan, The scot. Gael, t. u 
p. 64; les Crania britann., etc. 

2. Chartul. Kemperl. ap. D. Morice, i, 3C8, Memoires pour servir de pr. d 
Vhist. de Bret. 



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216 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

impulsion, choc; Eirim, E. Earrcmn, course a cheval. — E. 
Reis, course ; Ruag, poursuivre. 

244. Dadsilas, al. Dadsisas ; De sacrilegio super defunctos, 
id est Dadsilas. Du Cange emend ies repas qu'on faisait sur la 
tombe des morts, et Wachter les hurlements des fun^railles, 
coutumes qu'on voit d&endues Tune et l'auire par les Capi- 
tulaires de Charlemagne, et qui existaient dans la Gaule 
romaine avant I'&ablissement des Barbares, notarpment en 
Auvergne, nous dit Gr^goire de Tours, De mir. S. Juliani, 1. Ges 
chants et ces repas funebres etaient ddja odieux aux chrdtiens, 
comme ayant deg£n6r£ en incantations magiques ou en orgies 
brutales *, et on les voit encore apr&s le concile de Liptines, 
defendus par les capitulaires de Charlemagne. — Suivant 
Loescher (Litteralor celta, 1726, p. 99), Dad etait le nom de la 
Morten Frison, et Dadsisa y signifiait la Veiltee des morts. Grimm 
s'etait arrete dans la l re Edition de sa Deutsche Mylhologie, 
p. 628, aux Nenies ou chants funebres, mais il a supprime ce 
passage dans la 2 e 2 . Toutes ces interpretations reposent sur le 
Tud. Tod, Dead, Dautb, etc., un inort, lequel semble le premier 
Element d'un mot compost; le second serait, d'apr&s ce qu'avait 
pens£ Grimm, le Tud. Sisas, naeniae ; Sisesang, carmen lugubre. 
— Dans le celtique, 1'Ir. nous offre Tathaim, je tue, et ses 
derives Tadhbach, spectre, etc.; E. Tathbeum, coupmortel; le K. 
ne nous fournit que Tad ou Tat, p&re ; Ar. et C. id. comme repr£- 
sentant nos morts les plus chers. — Pour Silas, je n'ai que le 
K. Syllu; C. Sylly; Ar. Sellet; lr. Silim; E. Seall, regarder, 
observer; et Sealladh, vision; ce qui indiquerait une sorte de 
n6croinancie. Mais les rapprochements germaniques sont a la 
fois plus directs et plus vraisemblables. Dans le Glossaire latin- 
allemand de Florence, qu'Eckhard a public & la fin de sa Franc. 
Orient., on lit, t. 11, p. 990: Temo (je crains), Dihsilla, terme* 
qui me parait bien rapproch6 du Dadsila de l'indiculus. Enfin 
Burchard de Worms nous apprend qu'au xi e siecle, les veiltees 



i. Voy. les Bolland.,Ft£. S. Dunslan, 10 mai, par. 1, et Burchard que nous 
allons citer. 

2. Du moins n'ai-je pu l'y retrouver, ni meme le nom de Dadsisa. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 217 

des morts 6taient encore accompagnEes en Allemagne de chants 
et de danses diaboliques (Decretor. libri xx; Cologne, 1548, 
fol. 195, verso). 



B. — Par les auteurs grecs. 

245. ManiakS ou Maniakon, de Polybe, n, 31, conf. le 29; 
ornement en or que Jes Gaulois (d'ltalie) portaient autour des 
poignets et du cou ; terme dont on rencontre la parent^ ou les 
analogues en Latin, en Grec, dans le Tudesque, en Armenien 
(Maneak), et jusque dans les langues s^mitiques *. — K. Mwn et 
Mwnwg, cou, d'ou Mwndlws, collier; Mynygl-dlws, un ornement 

du cou; — Ar — C. Myngar, collier de cheval; — K. 

Mynkyn, attelle de ce collier. — ir. Muin, cou, jadis Muinel 
(Corm.); Muinke (presque identique a Maniakfc), collier, brace- 
let ; — E. Maineal, cou; — M. Mwannal, cou, collier. — Nous 
avons en outre, pour le sens de bracelet seul, le K. Mun et Man, 
main; Ar. et G... — lr. Man, Main et Mana; E. Man. Enfin l'lr. 
Igh, anneau, joint avec Man, formerait un compost dont l'ana- 
logue existe dans Manaois, lance. 

246. Spatha, de Diodore, v, 30 ; longue ep<*e des Gaulois, 
mot par consequent different du Spatha grec ou lat., outil de 
tisserand, — et d'origine tellement etrangere que Modestus, xi, 
Nis. et Vegece, ii, 15, en donnent encore la definition. Tacite dis- 
tingue positivement du gladius romain la spatha des auxiliaires, 
Ann., xii, 35. Gependant A. Gelle dit ce terme d&ja ancien dans 
la langue latine, x, 25. 11 y eut ensuite des Semispathx ou poi- 
gnards (Vegece, id., Semispatium dans Isid., Grig., xvm, 6), et 
des Spatharii ou fabricants de Spathae. Isidore, qui, ibid., cite 
de ce mot deux Etymologies, Tune grecq. et l'autre lat., assi- 
mile toutefois cette arme a la fram£e des Barbares. — Le K. se 
tient assez loin de nous avec son Lhedffed, epee (J. Davies). — 

Ar — Mais l'lr. et TE. nous offrent Spad, beche ; E. Spaid, 

houe; lr. Spadaim, E. Spade, abattre, tuer. Les Basques, de 

1. Voy. Diefenbach, Orig- europ., p. 31T ; Scoffer, De antiquor. torquibu* 
syntagma, 1707, p. 22. 



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•218 KTHNOGfiNlK GAULOISE. 

leur cdl£, reclamentce terme, qu'ils £crivent Ezpata.—Spatharia, 
dans la Notice de l'Empire d 'Occident, fabrique de Spathae; 
Spalharius, le fabricant. 

247. Drunemeton 011 Drunaimeton , de Strabon, lieu 
d'assembtee du grand conseil des Galates ou Gaulois d'Asie (xn, 
p. 485, Did.). Ce n'est point ici le nom d'une ville, mais celui 
d'un lieu consacrt§ aux stances de ce conseil. Ce mot 6tait 
Gvidemment compose, car nous avons d£ja rencontrS Nemetum 
(voy. Vernemetis, 157, et Nimidae, 2Z»2), et noussavons que ce 
terme signifie temple, lieu consacr£. — Reste Dru, qui vient 
probablement de Derw, ch£ne, voy. Druides, 22. Le K. pr&sente 
encore Drud, h£ros, et les cinq idiomes : Trl t trois, assez 
£loigne de Dru, mais en rapport direct avec les trois peuples 
dont se composait la nation galate. Drunemeton peut done avoir 
signiG3 le chGne sacr6, les trois temples ou bien temple des 
heroset temple des trois nations. Le Tud. presente une grande 
conformity de rapprochement. Thrins, trois, Thrynen, triple, 
heimen, cohabiter. 

Ouateis, de Strabon, voy. Euhages, 228. 
2Z»8. Alk£, de Pausanias, animal de la Celtique, pourvu de 
corne, v, 12; du pays des Celtes, et d'une forme qui le range 
entre le cerf etle chameau, ix, 22. C£sar applique le nom d'Alces 
a un animal de la Germanie (et non des Gaules, comme Diefen- 
bach Pa dcrit par distraction), un peu plus grand qu'urie ch&vre 
et k peau bigarr^e; mais sans comes, vr, 27. VAlce de Pline 
diff&re encore de Tun et de Pautre ; il se rapprochait des bStes de 
somme avec un long cou et de longues oreilles; et habitait 
aussi le nord de 1* Europe, ressemblant du reste h YAchlis de la 
Scandinavie, vm, 16. La Celtique de Pausanias comprend ici la 
Germanie, et le nom d'Alke paralt effectivement germanique 
bien plus que celtique; nos idiomes ne fournissant d'analogues 
que pour noire mot frangais Elan, en Ir. et E. L6n; Ar. Elan 
(K. Eilon, cerf, etc.); en Tud. Elch ou Elach, Elm, aujourd'hui 
Elk. — Alx, genus bestise, id est, Elaho, dit le Gloss, lat. germ, 
de Florence (Eckhard, Fr. Or., t. 11, p. 986). Nous savons par 
Tacite qu'Alcis etait le nom fraternel de deux divinitfe germa- 
niques (Germ., 43). 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 219 

249. Thureos, du meme (tacitement rejete en dernier lieu 
par Diefenbach); long bouclier particulier aux Gaulois comme la 
Gerra aux Perses (vm, 50 ; conf. i, 13, et Strab. iv, p. 163, Did.); 
— fait d'une maniere particuliere a cette nation, x, 20 et 21. 
C'est aussi a son sujet que Polybe emploie, le premier, ce mot 
jusqu'alors, dit Bochart, Chan., p. 745, inconnu dans la langue 
grecque. Athene^ nous apprend, de son c6te, vr, 21, que les 
Romains en prirent Tusage aux Samnites voisins des Gaulois 
d'lialie, a l'idiome desquels ce terme aurait ainsi appartenu. 
LMtymologie grecque tire'e de thura, porte, me parait, dans tous 
les cas, bien invraisemblable. — K. Tarian, bouclier, de 
Tariaw, frapper sur ou contre; Twrif, mouvement, tumulte 
d'un combat. — C. Terhi et Tyrry, rompre, gcraser. — Ar. Tarz, 
coup violent, fracas. — Ir. Turog, E. Turrag, lutte; Ir. Turraic, 
coup, attaque. — K. Targed (de Targ, choc, fracas); Ir. E. 7ar- 
gaid, grand bouclier, targe. 



APPENDICE. 

Mots qu'on pent, pour quelque autre raison qu'une similitude 
peut-etre fortuite, croire gaulois , quoiqu'ils ne soient donnes 
ou indiques comme tels par aucun auteur ancien. 

Je me restreins ainsi, pour ne rien livrer au hasard, dans la 
courte excursion que je vais faire en dehors dece terrain solide, 
ou chacune de mes stations m'^tait designee par quelque te'moi- 
gnage formel ou a peu pres direct des Anciens. Je ne m'arr£- 
terai done pas a ces mots latins d'une ressemblance tellement 
caract£rise*e, quMls paraissent e'videmment sortis de la langue 
gauloise ou de la meme souche que le mot gaulois correspon- 
dant : Alec, ou Halec, Boia, voy. Bogi, n° 380; Burrae et Babur- 
rus, Cippi, Gabalus, Gadales, voy. Z. p. 186; Gauranis 1 , Gilh, 

1 . Les vulgo dicunt ou vocant, par lequel Isidore caracterise ce terme et 
celui de Brunitum ou de Buricum, xn, 1, ne me paraissent pas une indication 
suffisante. Voy. pourcelui-ci le n° 150. 



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220 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

Rusca, Sal, voy. Salusa, n° 423 bis; Serra, ou d'autres moins 
frappants, Bebra et Causix de Wg&ce, Leudi de Fortunat (plus 
vraisemblableuient tudesque que celtique 1 ), Belues, Boas*, Buda 
(pour Bruda?) du Gloss. d'Isidore, etc. Quelques-unes de ces 
similitudes, telles que les italiennes JEsar, Capys, Ceres, Janus, 
Penates, Dalivus, etc.; ou dans l'Asie Mineure, Ala, Bandos et 
autres nous occuperont d'ailleurs dans la suite de ce travail. 
D'autres enfin nous sont connues comme ayant uneorigine posi- 
tivement latine, telles que les Liburnse de V^gfcce, v, 3, devenues 
Libhearn en Ir.; voy. Pyctae, 55. J'^carterai ensuite, malgr£ les 
rapports v^ritables de quelques-uns d'entre eux avec le Geltique 
moderne, les mots qu'on n'a donn&s pour celtique? , comme l'a 
trop souvent fait Tauteur ni^me du Mithridates, 1° que par une 
fausse interpretation des textes; — 2° ou sans aucune autorisa- 
tion ; — 3° quelquefois m6me en opposition formelle avec ce 
que nous savons de leur origine. Tels sont, en premier lieu : 
Basilea d'Am. Marcellin; Barbeel de Vincent de Beauvais; Birrus 
du Schol. de Juv&ial; Brachio de Gr^goire de Tours, d£ja re- 
connu 3 ; Lucus (Augusti) de Pline; Palla de Martial; Fordicen 
d' Avi<§nus, c'est-a-dire Sordicen (voy. 269); Majors de Cassien; 
et Scramasaxi de Gregoire de Tours, dont le vulgd (H. Fr., iv, 
52), ne d^signe certainement pas un mot gaulois. 

Puis Attilubs et Panicum de Pline, que je ne puis admettre 
comme Diefenbach; Vallus du m6me auteur; Basterna de Lam- 
pride; Brlsa et Marra de Columelle ; Camisia k de saint Jerome; 
Lodix de Martial ; Nagarba du Ps. saint Augustin ; Socci de la vie 
de saint Lupicin, inais qu'on rencontre d£ja dans Plaute; Tallus 
du poeme de Valtarius; Iris de Tite-Live; Tiniaria, de Mar- 
cellus de Bordeaux, ch. 17; Taxonicus qui lui est attribu^ 5 ; Ver- 

1. Laeidh, piece de vers, est un tres-ancien mot irl. Mais Fortunat parle 
gvidemment de chansons germaniques : Nos tibi versiculos, dent barbara 
carmina kudos. Carm., lib. vii, 8. 

2. Voy., pour Belues, le n° 395, et, pour Boas, le 380. 

3. Au n° XIII des preuves philologiques ci-dessus, ainsi que Didoron. 

4. Les noms bretons d'Criconium et d'Ourolanion ne sont point assez cer- 
tains pour que nous nous emparions de ce terme ibgrique, certainement 
basque, Uria, iria, ville. 

5. Je l'ai vainement cherche" dans son livre, ainsi que le substantif Taxo, 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 221 



ryca de Caton (A. Gelle); Attacolli, dans le sens de S^veres, 
qu'on a donn£ a ce nom d'un peuple des iles britanniques; enfin 
Auca, Ango, Combina, etc. Joignez a ces mots trois fausses cita- 
tions de Pline, Broduna, Muro et Didoron, que j'ai d6ja rele- 
vees, de mtoie que j'ai rejetS Torr-e-ben et Vallemachix. Cest 
aussi de la fagon la plus arbitraire que Fischer, le premier edi- 
teur du poeme de Waltharias, nous donnait pour celtiques 
(1 re partie, Pref., p. xm) un assez grand nombre de mots, dont 
quelques-uns sont simplement latins ou grecs, et la plupart 
germaniques. 

Nous rangeons dans la tfoisieme categorie : Altis d'Arnobe, 
nom du soleil en Phrygien (voy. son liv. v, p. 187, Varior); 
Characallae de Columelle; Galiarioi d'Eusebe, que lui-m$me dit 
etre un mot latin (Syncel. fol. t p. 276); Burdunculus, de Mar- 
cellus de Bord., ch. 5, simple diminutif de Burdo; Mastruca ou 
Mastruga, dont le Glossaire de Florence 1 ferait encore un mot gau- 
lois, si Quintilien, i-5, etCiceron (De prov. cons.,1; conf. Isid. de 
S6v.,0n*0., xjx-23), ne 1'avaient positivement indiqu<§ cooime 
Sarde; enfin Pyren, ce prdtendu nom gauloisde la cervoise, que 
Loscher croyait avoir vu dans Pline. II y a encore une ridicule 
et supersiitieuse etyrnologie celtique du nom de Milan, Medio- 
lanum, metamorphosd en Magde-lent. terre de la Vierge 2 pur 
Tudesque I (Voy. le n° 236.) 

• Le Vecturius de Treb. Pollion, xxx, Tyr. 7, ouvrier en fer 
me paralt, ind^pendamment du souvenir historique de Veturius 
Mamurius, oubliS par Zeuss et par M. Gluck, plus naturellement 
voisin du latin Vectura que du C. Gueidvur, et du nom des Vec- 
turiones d'ficosse dont ils l'ont rapproch^. Voy. la Gramm. du 
premier, p. 180, 742. Je crois qu'il faut aussi laisseraux Iberes 
YAmma, hibou, d'Isidore de S£v., et le Pala, lingot d'or, de Stra- 
bon, quoique je n'entende pas faire le moindre rapprochement 

blaireau, dans nos idiomes n6o-celtiques, ou cet animal est nomme* Brokh ou 
Brok. Ta*o est le Tud. Dachs, qui ne peut guere s'etre introduit chez nous 
qu'apres l'6poque de Marcellus. 

1. Eckhard, Francia Orient., t. ii, p. 985. 

2. D'apres une inscription de l^glise de Sainte-Tecle a Milan ; voy. Lcsca- 
lopier, Theol. veler. Gall., p. 125. 



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T22 KTHJNOGfiNlE GALLOISE. 

entre le Basque Ama, mere, et la ridicule dtymologie de Tauteur 
espagnol. Mais Balio, valeur, Balios, pr&ieux, r^pondent fort 
bien dans cette langue a Pala. Quant a Galnape, du Testament 
de saint C^saire, il ne me parait qif une variante du Gaunape ou 
Gausapa des Latins, qu'on rencontre deja dans Tdrence 1 , dans 
Lucile etdans Varron, le KaunakS des Perses et des Grecs. Perse, 
Sat. vi, v. 16, parle des Gausapa lutea des Germains. Je n'ai 
trouv£ d'ailleurs pour ce terme aucun analogue dansle Celtique 
moderne. 

J'ai encore a rejeter quelques autres mots donnas par M. de 
La Villemarqu£, mais ils seront Fobjet d'un examen particulier, 
quand nous rel&verons le nombre des termes contenus dans ce 
Glossaire. 

Je commence cet Appendice par : 

A. — Les noms de poissons qui se trouvent dans Ausone. 

11 a reuni dans sa x' Idylle et dans sa iv e Epitre les noms des 
poissons de la Moselle, et de ceux qu'on pSchait dans la mer ou 
dans le fleuve autour de Bordeaux. Quelques-uns ne se retrou- 
vent dans aucun autre auteur grec ou latin, ou ne sont r£pet£s 
que par Sid. ApoIIinaire et Isidore de S6v. Je laisse de cdt£ ceux 
qui ont une physionomie toute latine, Albumus, Lucius, Barbus; 
— ou toute grecque, comme Platessa, quoique cesdeux derniers 
aient leurs proches analogues dans le K., et Platessa dans le 
Basque, ou la sole se nommait Platucha. Les autres, qui parais- 
sent Strangers a ces langues, doivent avoir ei6 gaulois, bien que 
jen'aie presque rien trouv£ dans le Celtique moderne qui vienne 
a l'appui de cette opinion. Ce sont : 

A. Alausa, Mos., v, 127, l'Alose. Aucun ancien n'a cite 
comme gaulois, quoique Diez l'affirme (Gram, romane, t. i, 
p. 79), ce mot qui ressemble tant a Alauda. Je n'ai rien trouv6 
dans le Celtique; seulement on voit en Ir. la truite nommde Ala, 
et le [nenuphar blanc en K. Alaw, chef des eaux. Le latin pro- 
vengal du moyen age nommait Alausar un filet qui servait a 

1. Fragm. dans Priscien, liv. vii. Le Latin a dit aussi Gaunacus. 



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GLOSSA1RE GAULOIS. 



?23 



prendre les alausas. Observons toutefois que I'Allemand Jeur a 
conserve le npm d*Alse ou Else. Voy. n° 84. 

B. Carroco ou Corroco, al. Carrhoco, Corrocho, poisson de 
mer (Epist. iv, 60). Le tuibot, d'apres le dialecte gallicien, qui 
nommece poisson corrujo; mot par consequent aquitain 1 , mais 
que je n ? ai point trouv6 dans le Basque 2 . L'Ar. seul nous offre, 
comme rapprochement d'id^e relative a la mer, Koronnka, se 
baigner. 

C. Fario, poisson qui tenait le milieu entre le saumon et la 
truite (Mas., 130); la truite saumonde. Norn qu'Isidore a confondu 
avec le latin Varii, en disant celui-ci tir£ de la variety des cou- 
leursde ce poisson vulgairement appele, ajoute-t-il, tructa, xn,6. 
Pline dit tructus. Rien, si ce n'est pour ce dernier mot, le G. 
Trud, truite. 

Z). Redo, poisson sansepines (Mos., 89); la loche, a peau vis- 
queuse. Je n'ai que l'Ar. Reduz, coulant, fluide; Ir. E. Reidh, 
uni, doux. 

E. Salar, poisson au dos tachet£ de pourpre (Mos., 88); la 
truite, dont Sidoine parle egalement sous ce nom, Epit., n, 2. 
Rien; voy. Fario qui precede. 

F. Tinea, poisson de couleur verdatre, nourriture populaire 
(Mos., 125); la tanche. Rien, si ce n'est TAr. Tafich, et qu'un 
Plaisantin, e'est-a-dire un Italien de la Gaule cisalpine dont 
parlent Cicdron et Quiniilien (t er , 5), portait ce nom ou ce 
surnom. 

B. — Mots tires d'auteurs divers. 

G. Elektron, l'ambre apportS de l'extrgmitg de l'Europe 
(fcterodote, in, 115), Diodore r^pete par trois fois, en parlant de 
ce prod u it de rOc&n septentrional que le commerce gaulois 
procurait aux Romains, v, 23, la p^riphrase : ce qiCon nomme 
electron, comme pour avertir le lecteur que e'est un terme Stran- 
ger et different de Telectron de Sophocle 3 , qui etait un rn&al 

i. Vox vibisca, s'^crie Scaliger, Auson. lectiones, p. 1(58. 

2. Diefenbach prefere le bordelais et languedocien Creac, l'esturgeon. 

3. Aniig., v. 1035. Et probablement aussi d'Hom&re, Od., iv., 73, comme 



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224 ETHNOGtiNIE GAULOISE. 

compos d'or et d'argent. Les Latins Temployerent aussi dans 
ces deux sens, voy. Virg., Mn. f vm, 624 ; et 402, Serv. id., etc. 
Ce mot acquit encore par la suite une troisi&me signification, 
celle de lysine (Dioscor.). Pline nous montre, xxxvn, 11, les 
Grecs promenant ce nom de la Bretagne a la Mauritanie, et des 
Syrtes aux cdtes de la Scythie, ou Philemon, qui s'6tait procure 
sur le nord de TEurope des renseignements fort remarquables, 
disait expressdment qu'il existnit deux esp&ces d'ambre, Tun 
appele Electrum, blanch&tre 6u couleur de cire, et Tautre Sualiter- 
nicum (al . Subalternicum) , de couleur rousse Ces deux termes, 
quelque d&igurd que soit le second, venaient done probable- 
ment du pays meme oil Ton recueillait cette precieuse substance, 
et ou les jEstyi parlaient encore au temps de Tacite, Germ., 45, 
un langage rapproch£ du Breton. Le premier deces mots, non 
plus que le nom des lies Electrides vers I'embouchure de PEms, 
ou celui d'une bouche meme du Rhin, V Helium, n'etait par con- 
sequent point derive du grec Elektor ou Helios, mais d'un verbe 
que nous retrouvons pn*cis£ment dans le Celtique moderne, et 
dont la ressemblance avec ces mots grecs donna sans doute 
naissance au mythe des H&iades, pleurant en larmes d'ambre, 
sur les bords d'un fleuve celte ou ligure nommd FEridan 1 , la 
mort de leur frere Phaeton; — K. Hela, H&ly, recueillir; Helion, 
glanage; Heliad, collection ou celui qui recueille; Helghatl, Z. 
p. 144, chasser. — C. Helhial, celui qui poursuit, Z. p. 145; 
chasseur. — Ar. Heiilia ou Heliein, suivre. — Ir. Eilkim, piller; 
Eiliomh, poursuite, sollicitation. — E. Eallach, charge, fardeau 2 . 

le dit Pline, xxxui, 23, quoique Eustathe et divers savants aient pensg que 
l'electren du palais de M6n61as 6tait de l'ambre. Hgsiode l'aurait aussi connu 
sous ce nom, s'il faut en croire Hygin, Fab. 154. 

l.Aveclequel les anciennes traditions grecqnes paraissent avoir confondu 
le Rhodanos ou Eridanos de la Baltique, dont Hgrodote avait ddja entendu 
parler, ni-1 15; (le Rodaun a I'embouchure de la Vistule, ou plutot le Bhou- 
ddn, — vulg. Rhoub6n, — des Anciens, auj. la Duna; voy. Schafarik, Slaw, 
alter thum. trad, allem. t. i er , p. 497.) Eridanos n'est pas moins celtique que 
Rhodanos; voy. pour celui-ci le n» 192. L'autre est compose* du K. et Ir. Er. 
grand, particule intensitive, — et de Tain ou Tana, eau en Gaglique, ou du 
K. Ton, onde, vague; Don, cequi serepand par-dessus. 

2. L'ambre se nommait en K. Ambr (J. Davies), ou Anbar (Lhuyd); et se 
nomme en Ir. Omra, Ombra et Omar, E. id., dont Brandes, p. 288, fait 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 225 

En revanche, l'autre Electrum paralt avoir fourni au K. Je nom 
d'Elydr, qu'il donne a l'airain, m£tal egalement compost. Quant 
a Subalternicum qui repr&sente le nom de la seconde espece 
d'ambre, et devrait se retrouver a la meme source qu'filectron, 
il s'est -tellement deformd et probablement allonge dans les 
bouches romaines, car il n'a rien de grec, qu'il est tout a fait 
m&onnaissable aujourd'hui. 

G bis. Ces m£mes jEstyi, dont je viens de parler, donnaient 
a l'ambre le nom de Glesum ou Glsesam (Tac., 1. cit.), mot ger- 
manique, suivant Pline, xxxvn, 11, et d'apres lequel les Romains, 
dit-il, nommfcrent Glessarix ces iles Eleclrides que j'ai pareille- 
ment citees tout k l'heure (Ibid, et iv, 30; conf. Solin, 21). Jl 
est impossible de ne pas reconnaitre dans ce mot le Tud. Glass 
ou Glaes, verre, cristal, qui conduit a l'Angl. Sax. Glaere, l'ambre ; 
mais c'est, jecrois, le seul dialecte ou un vocable de cette famille 
ait conserve cette signification. Dans tous les autres l'ambre doit 
ses noms a sa grande inflammabilite, et Ton a meme prdtendu 
que le Lat. Succinum avait le m6me sens 1 (du verbe succendere, 
bruler, ei* K. Kinneu). Ainsi Glxsum vient-il de Glaes, ou celui- 
ci est-il tire de la transparence du Glaesum? 11 est certain que 
Glas (glose Ir. glaucus, Z.) ou Glais s'est maintenu dans la N6o- 
Celtique avec le sens de couleur grise ou pale, verte ou bleue 
(voy. n° 26), c'est-a-dire avec une signiOcation cbangeante comme 
Taspect de la mer qui produit l'ambre, et que les Irlandais 
nomment elle-m6me Glas. Mais il est egalement vrai que les 
denominations kymmriques et gaeliques de l'ambre n'ont plus 
rien de commun avec Glaesum, ni m^me, dois-je ajouter, avec 
Electron. Les Scythes l'appelaient pour leur compte, dans le 
i er Steele de notre fcre (Pline, xxxvn, id.), Sacrium ou Sacrum, 
qu'on peut rapporter au Lettique ou au Lithuanien 2 . 

deriver le terme francais queje croirais plutdt d'origine germanique (Anbren- 
nen, bruler), chacun de ces termes 6tarft avec cette signification isole dans 
son idiome. 

1. Peu probable a cause des lettiq. et lithuan. Sakas, Swekkas, etc, resine 
Sunkti, Silkt, suinter. o fift 

2. Voy. Schafarik, Slaw, alterth. i^ y p . 104; Diefenb., Orig. euroP->P- dDU 
et 466. 

15 



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226 ETHNOG^NIE GAULOISE. • " 

H. Apenninus, noai de la chalne de montagnes qui, partant 
du pied des Alpes liguriennes, divise en deux versants V Italic 
dans toute sa longueur. Strabon nomme encore ainsi, p. 172, 
Did., une partie des Alpes orientates, oil se retrouvaient des popu- 
lations celtiques. II est done tout naturel de rattacher ce nom au 
radical K. Pen ou Penn, montagne, que les conqu^rants gaulois 
de la Cisalpine auront portS en Italie. Voy. Penninus au n° 9. 
y observe en outre que le faux Caton du Liber originum faisait 
d'Apennina un synonyme de Taurina; mais en raltachant ce 
nom a celui du dieu Apis, ce qui, dans sa pensee, au lieu de 
Fidee de montagne (voy. le n° 421), impliquait celle de taureau. 

j Carrus ou Carrum, mot joint par T.-Live, x, 28, aw 
terme gaulois Essed urn, voy. 75, en parlant des chars de bataille 
des Gaulois^ GSsar s'en 6tait servi comme d'un terme special 
plut6t que du lat. currus pour pr&iser l^troitesse d'un chemin 
de la Gaule qui n'avait que la largeur de ces voitures, i-6. 11 
continue ensuite a employer ce terme pour designer non-seule- 
ment leurs chariots, i-26 et al., mais aussi ceux des Germains, 
i-51 -iv-lft, etc. Une phrase de Varron, cite§e par Non. Marcellus, 
m-35, mettrait ces Carri en rapport encore plus direct avec la 
carrosserie gauloise dont l'industrie ^tait si variee*. Ge texte 
assez obscur ': Galtica porta carros adcurat usque politos signifie 
a mon sens que la valetaille gauloise nettoyait contiouellement 
ses voitures d6ja polies (voy. Pline, xxxiv-48). Toutefois Sisenna 
s^tait d<§ja servi de ce mot avant Varron (Non. ibid.), ce qui le 
rattacherait pleinement au Gaulois italique. — Ridicule dtymo- 
logie forgte par Isidore de S<fr.,0ryjr.,xx-12. Carrus se retrouve 
dans nos six idiomes : K. Karr, Z. p. 130, auj. Kar, voiture, 
chariot; Kariaw, charrier. — G. Karios, charrette, voiture; Ar. 
Ir. etE. Karr, M. Kayr. — Carrago, nom donn6 au retranche- 
ment circulate que les Barbares formaient avec ces chariots; 
Am, Marc, xxxi-7. 

J. Carpentum. Les Rooming, dit Florus, i-18, n'avaient vu, 
jusqu'au triomphe du consul qui vainquit d<§finitivement Py rrhus, 
iigurer dans ceux de leurs g6n£raux les plus heureux que les 

1. Voy. ci-dessus les Esseda, les Rhedm, les Petotrita, etc. 



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GLOSSAIRK GAULOIS. 227 

troupeaux des Volsques ou des Sabins, les armures bris^es des 
Samnites et les carpenta des Gaulois, dont parle aussi Tite-Live, 
x-30, a propos d'une de leurs anciennes defaites. — Ce genre 
de voitures qui fat consacr^ a des usages si divers, depuis les 
matrones de l'antique Ausonie, s'il faut en croire Ovide \ jus- 
qu'a rartillerie des legions imp&iales (V^gece, n-25), paratt 
n&nmoins avoir ete, dans le principe, particulier aux Gaulois,. 
et le meme Florus a rendu cdl&bre le carpentum d'argent du roi 
Bituitus, iu-3. II donne encore ce nom, m-11, aux chars de 
bataille des Bretons, et meme aux chariots des Cimbres, id. 4. 
Ge terme n'en est pas moins purement celtique; il existait dans 
notre Gaule une ancienne ville de Carpentoracte, et en Bretagne 
celle de Carbantorigon. Voy. le radical Karr du n° pr£c£dent, 
et l'lr. Karpat (Corm. v° il.) ou Korpi (id. v° Cormac), cha- 
riot; E. id. Karbadoir, cocher ; Karb, litiere. — Adjectif lat. 
Carpentarius, constructeur de voitures. 

J bis. Gamuris (ablatif). Macrobe, au m6me endroit de ses 
Saturnales, vi-4, ou il fait d'Uri un mot gaulois (voy. n° 148), 
signale comme un autre terme etranger le camurus de Virgile* 
Georg., ni-55,. qui l'a employe avec le sens de recourb6, in se 
redeuntibus (cornibus), ditson commentateur. Le rapprochement 
qu'il fait de ces deux mots nous autorise a penser que le 
second lui semblait gaulois aussi bien qu'Uri, et le fait est con- 
firme tant par l'origine cisalpine du grand poete, que par le K. 
Kara ou Kamm, Ar. id. courbe, Z. p. 75; G. Kam ; Ir. E. et M. idem. 

K. Taniacae, al. Tanacx, et que Ton a voulu, pour l'amour 
du Grec, changer en Taeniacae, d&signe dans Varron, R. R. n-4, 
une esp&ce de viandes saTees qui arrivaient chaque anode de la 
Gaule, avec des perme tomacinw et des petasiones, jambons, cer- 
velas, etc. On ne peut done pas absolument cohclure de cette 
origine que ce terme soit plus gaulois que ceux qui l'accom- 
pagnent dans-ce texte, et Ton n'est point d'accord sur sa veri- 
table signification, jambons, langues, ou bandes longues et 
^troites. J' entendrais des bandes de lard, car, en fait, le K. nous 

1. Fdst., i-v, 619. II voudrait mte nous faire croire que Carpentum vient 
du nom de la mfcre d'fivandre, Carmenta; oh, les poeMes! 



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228 ETHNOGfiME GAULOiSE. 

donne Tannu, &endre, allonger; Teneu; C. Tanow;kr. Tanav; 
Ir. E. Tana, mince. — Ir. Tanaighim, j'amincis, en E. Tanaich. 
— M. Thannog, mince ; Thannaghey, rendre mince. 

£ bis. — Tavais placS ici com me gaulois le nom d'une anne de 

jet que Diodore donne en effet, v-29, a une sorte de dard que 

lan^aient nos ancStres, je veux dire le Saunion. Mais il 1'attri- 

bue pareillement, d&s le paragraphe qui suit, a d'autres peuples 

barbares, puis, au xvn-20, aux Perses, ainsi que Strabon, xv, 

p. 625, Did., tandis qu'Arrien en -arme les Indiens, Ind. 16. 

Aucun auteur latin, que je suche, n'a employ^ ce terme, pas 

plus en parlant des Gaulois que des autres nations. On peut 

done croire que les Grecs l'empruntfcrent a l'Orient. Festus lui 

donne dans leur langue la signification de lance, en ajoutant 

que les Samnites, suivant une opinion assez repandue, lui 

devaient leur nom. II se peut nganmoins que Saunion ait et6 

gaulois aussi bien que perse ou indien, d'aprfcs le SK. Kshan, 

blesser, tuer, et le persan San, lance; Shani, javelot, etc. 1 , dont 

nous retrouvons les similaires dans Je celtique : Ir. Sonn, pieu, 

dard, un h^ros; Sonnaim, percer. — L'E. Sonn signifie de m£me 

un h&ros, puis une massue, et, comme verbe : transpercer, 

tuer> _ k. Safpwn, flfeche, dard; Saffwy, lance. — Ar. Sannka, 

piquer; Sannkuz, qui pique. — C.... 

L. Le SK. nous montre ^galement que le Zutos de Diodore 
peut avoir eu un proche parent dans le Gaulois. C'est ain3i que 
se nommait, dit cet historien, v-26, une boisson qu'oii fabri- 
quait dans la Gaule avec de 1'orge, e'est-a-dire la biere. 
Pline semble attribuer ce terme aux figyptiens, de mSme que 
la Ceria aux Espagnols et la Cervisia aux Gaulois, xxii, 82 
(voyez ce mot, 215, et Korma, 88). Columelle mentionne en 
effet sous ce nom la bifere de P&use, x, v. 116. Mais Strabon 
(xvu, p. 679, Did.) et meme Galien , Comm. in Hippocr., n, aph. 
20, paraissent en restreindre r usage a la population pauvre 
d'Alexandrie, tandis que le geographe rattribue. en Espagne aux 
montagnards Lusitains, m, p. 128, Did. Geci nous ram&ne trfcs- 
pr&s de Celtes, et nous pouvons en effet rapprocher de Zuthos 

1. Pictet, Orig. indo-europ., t. n, p. '207. 



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V . GLQSSAIRE GAULOIS. . 229 

\'lr.Juth, jus, extraitfE. Suthan (Logan aJ SunhAny i 

joire, Dl0? S W .^r^: ^SSso^ 

fesutot a nmparf. du verbe Zuchten, nourrir (Walter)" • 

M. Armoracia, nom qu'on donnait en Italie au raifort sau- 
vage qu on y mangeait pendant Pet* (PJi„ e , xx, 12 et x,x 26) . 
Arraoracea dans Pal.ad., xz, 11 • Armoracium aussi dans Co urn ' 
x„ , , aojourt-ho, le Cod.le.ri. de Bretagne. c e double rappo 
de nom, ancien et moderne, avec notre Armorique, me persuade 
que ce terme <&ait gaulois comme ce dernier, dont il est si rap- 
proche par ses elements, voy. 185. Ce celebre antiscorbutique 
est particulierement commun sur notre littoral armoricain. 

Une autre plante qui rfussissait particulierement dans la 
Gaule septentrionale, legume dont Tibere s'approvisionnait 
chaque annee a Gelduba, dans la seconde Germanie (Pline, xix, 
i»; conf. Hor., Sat., «, 8, v. 9), le Siser ou chervis, en grec 
bisaron (mot sans racine dans cette Inngue), ne m'a rien often 
d analogue a son nom dans le Celtique moderne. J'observe 
seulement que les Gallois l'appellent carotte (moron) de France 
ou d Allemagne. 

N. Coccus ou Coccum de Pline, coccum Galaliz rvbens 

granum, ix,65 : conf. xxiv-4 ;' — et N bis, Cusculium (var. 

Quisqmlium), xvi-12, deux noms que Pline donne a la graine 

decarlate, ix, 65, xvr, 12, xxiv, U- Nousavons interprets celui-ci 

avec le Hus de Pausanias, 101, et notons celui-la comme ayant 

6t6 faussement comptt* parmi les mots gaulois sous le couvert 

de saint Jer6me. C'etait par Camden. Mais Pline nous dit, ix, 65, 

que le Coccus * le plus estime - etait celui de Galatie , ou de 

Lusitame, et le fait est que ce mot, admis dans le Grec 

(Koxxo?), avec le sens general de graine, est pur K. Koch, Z. 

en l&^lSS'fir CitaDt ' "• 7 ' *"**' "' 13 ' a Cha " g6 ZUth ° S 
J^JZZST* P articuW — t ce „o m , x,v-38, a la graine d. Cka- 



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230 ' ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

p. 7W; C. id.; Ar. Koc'h, rouge; K. Kochi, rougir. — Ar. 
Kok, le fruit du houx, qui est d'un rouge vif. — Ir. ancien, 
Kuikk, rouge (Williams), Kokuir, Z. ibid., coquillage dont on 

tirait la pourpre. — E — La numismatique et T^pigraphie 

gauloise nous donnent les noms de Cocilia, Cocestius, etc. — 
Ainsi les Grecs et les Latins auraient empruntS au Celtique 
d'Asie et d'Europe trois termes pour designer cette mati&re 
colorante. — . Celui de Cusculium 6tait devenu pareillement 
iberique. Les pauvres de TEspagne acquittaient avec cette 
graine une partie de l'impot qu'ils devaient au fisc imperial 
(Pline,x'vi-12), et Cusculla est le nom basque de l'yeuse on quer- 
ent cocci fera (Espagnol, Coscoja ; Catalan, Coscolya). — En outre 
Cusquia signifie en Basq. la coque d'un fruit ou d'une graine. 
' 0. On peut rapporter encore a cette racine K. et Ar., comme 
probablement celtiberien, le Cocolubcs de Columelle, ni-2, Coco- 
lobis de Pline, xiv, 4, nom que les Espagnols, disent-ils, don- 
naient a la vigne basilique, ou du moins a une de ses varies. 
LeK.nous ofTrirait en outre Kochlas,de couleur pourpre ; ou pour 
deuxieme *616ment de Cocolubes: Llwb, ce qui se gbnfle outre 
mesure, ce qui tend a crever en se gonflant, comme il arrivait 
peul-etre particulierement a cette esp&tie de raisin *. — G. et 

Ar — Ir. Lubte, courb£, arrondi. — E. hub, courbure. 

P. Selago, nom d'une plante qui ressemblait a la sabine, et 
que les Druides ne cueillaient qu'en suivant un rite special, et 
comme s'ils commettaient un larcin ; particulierement bonne 
pour les maladies d'yeux (Pline, xxiv, 62). On n'a pu se fixer sur 
la plante que d&ignait ce nom 2 . L'Irl. nous pr&ente sur-le- 
champ un mot presque identique, mais d'un sens beaucoup 
trop vague pour nous convaincre, Selagh, qui pen&tre, qui 
perce, imbibe. Le K. nous dirige vers des id£es plus precises, 

1. On voit dans les not. du Pline Panck. que plusieurs commentateurs 
attribuaient a Cocolobis le sens de crete de coq. Je n'ai trouve" cela ni dans 
le Celtique, ni dans le Basque, mais il y a encore du rouge dans cette indi- 
cation. 

*2. Suivant M. de La Villemarque* et tm. Souvestre (Le foyer bret. % y>. 48), 
je Sewage serait l'herbe d'or des Bretons, Aourgeoten, plante m^dic. Ch- 
popul., ii P- 102; Ed. Davies en fait une Gratia Dei, et d'autres, dit Sou- 
vestre, croient encore que e'est la camphorate, sorte de Didynamie. 



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GLOSSAIRE GADLOIS. m 

f^reTarf l,V ' T ff "' VOir de loi "' ** ™ e ^ ante - - *r. 

r^lT ?" rS* VUe ' P ers P ectlv e. - Ir. 5u«, Z. p. 68 fet 
Cam ), ce,, E . ld>; Ir ^^ £ . _ P (e 

p combiner avecrancien K.Iakk, Z. sante, p. 173.; tote,.. 

d 8 IT A !\ tachet ' Z - P- 60 ' gu«ri. - Ir. Iokaha ou **, z. 

avec^ /"/?' ~ E - i0k ' m ^ dedne: - ou P lus ^Plement 
avec le K. 4c/w, sauver, conserver. 

M Hp'im! 1 !? ;^?' SeUg0 ' InSCr - Le meilleur froment des Gaules 
, taI ' e ^ ,in - *™. 20 ; conf. Colum., n, 6 et 9; Juven., v, 

_ V ' ;. * XV "' 3 ' °" i] tire cemotdn lat. Seligere, choisir). 

nettov? /W V rodnir f ' Van " er le grain; ^'^ grain vanD<5 < 
Jm! ~ A'"" ~~ Ar - Sila ' P asser > filtrer - - Ir - ««. Z- P- 24., 
semence^-E.&oUd.ge-n.S;,. P 

Pn i i t YU T °" Viscum - Ge mot, qui a diverges significations 
par if rk. y S1 ^" ait entr6 autres ,e & ui ' cette P»a»te si celebre 
c^Ln qU ?- J0Uait P arti culierementcelui du chene, dans les 
2™p eS 1 rei,g,e,,sesd6s Dr «ides. lis l'appelaient d'un nom 
DressPnM ° ,S V ° Ulait dire : <* ui ^ rit tout ( pline - ™- 95 )' 0n 
raison a '| ng, f gal,(>Cisalpine de Vir B ilfe a I'&latante compa- 
m.i „ • V avec cette P Iante Strange, du rameau d'or 

v\LTJ7 P ° rte des enfers - *"» VI - 205. Hauteserre et la 

re-nonHif 'I. 83 ™" 18 ° nt VOulu <I ue ce fut Viscum m§me qui 
r P L * J«»nta sanantemde Pline ; d'autres ont rapport 

recueil?"t . ° n a " $hikme J our de Ia lune « ce,ui °" r ° n 
lat a ' gl " *' inter P r6tati on pen vraisemblable du texte 
id^e h"' D 6 f rdelleme,lt P as tres-clair sur ce point. Mais une 
cette . . p,us ^nge a ete celle d'Eckhard, qui transportait 
du ff , •? "', t,on au no m si connu d'Esus dont il faisait celui 
dtiifL'i T 6 parait certa J n que la propriety de tout guerir 

pens/ ^ a C6tte P,ante ' mAi3 n rest fort P eu ( l ue Plin ° ait 
ittr a eD nt CeIa ' au mot Viscum, peut-etre grec d'origine, 
n a cc'/7 eUl ! Uk0S - ll est a remarquer toutefois que ce terme etait 
passe dans le Basque, ou | a gl u (qu'on tire du gui) se nomme 

i. D. Mar «„, ?e/ . d GarU 

Orm p P 7 2 P 4° S de v rEs « 8 des c^bre, plerras de N.-D. de Pari*, De or*. 

•>• Dec. iv, p . 118) n 



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232 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

Visca. On a pr&endu, d'autre part, que guerissant tout se dirait 
aujourd'hui en Ir. Uil-iok, ou Uil-ik, et les savants auteurs du 
Crania britann. affirment en effetce nom du gui 1 : (Uile, Z. p. 16, 
et E. id., tout, chaque; Ik, Z. p. 26, sant£; Ikim, je gu&ris; Ioka, 
qui gu^rit; E. lok, m^decine), — nom qui serait Olliach, en K. II 
n'est pas impossible qu'une oreille latine ait change Uil-ik en 
Viscus; mais pour les deux noms actuels dju gui dans le Gaelique, 
Ir. Uile-ikeadh, E. Anluil-iok, ils me paraissentun peu fabriquds 
d'aprfcs Pline. O'Reilly nous donne encore Gius. Le K. se prSterait 
beaucoup moins bien a cette assimilation de Viscus ; Uile y devient 
Oil, Z. p. 405 : Ar. id. Z. p. 406; C. 01, Z. ibid.; et gu£rir s'y dit 
iac'hau ; iach, bien portant. II s'y trouve des mots fort rapproch^s 
de Viscus, mais dont les significations ne se rattachent en rien k 
cette plante, qu'on y appelle la haute branche, Uchelfar, 
Uchelwydh, Ar. Huelvar l . Je n'ai pu retrouver nulle part que 
Wydd (de Gwydd, arbre) ait signify le gui, comme le pretend 
La Tour d'Auvergne, Orig. Gaul., p. 157, mais il y a un rappro- 
chement plus facile que tout ce qui precede enter Tlr. Guiseog, 
tige, et Viscus ; E. Cuiseag. 

S. Gurdus, sot, nigaud, terme populaire, mais d'origine 
espagnole, avait-on dit a Quintilien, i er , 5; dans ce cas, proba- 
blement celtibe;rien, puisqu'il avait cours en Italie, et que Labe- 
rius l'avait employ^ dans ses Mimes (A. Gell., xvi, 7) ; ce qui le 
rattacherait au Gaulois italique plut6t qu'a la langue ibSrienne. 
Toutefois le Basque et TEspagnol disent encore, Tun Gorra, 
Gordoa, sourd, ou pareil h un sourd ; Gordura, surdity ; Tautre, 
Gordo, gras, lourd, massif. Gurdonicus se trouve dans Sulp. 
S£v., Dial, de S. Mart., i er (ad. calc), et Gurdi revient a diverses 
reprises dans le latin d'Abbon (Siege de Paris, i er , v. 424 et al. ; 
conf. Isid., Gloss.). 11 est rest£ dans notre langue, gourd, 
de!gourdir. — K. Hurt, Hyrt, buche, stupide. — C.... — Ar. 
Gourt, roide, rude. — Ir. Gurt, trouble, chagrin ; E. id. ; Goirt, 
sans esprit, sans cceur; en E., triste, douloureux. 

1. L'herbe qui vient d'en haut (£m. Souvestre, Le foyer breton, p. 34). 
Pline donne au gui d'Arcadie le nom grec d'Hyphear, qui a quelques rapports 
de sons, mais non de sens, avec PAr. et que le naturaliste latin emploie aussi 
pour le gui du chene, xvi-93. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 233 

T. Canthus, bande de roue, autre mot que Quintilien, quoi- 
qu'il soit cominun au Lat. et au Grec, cite, ibid., comrae afri- 
cainou espagnol. C'est cette cj^rni&re indication qui paralt juste, 
et par espagnol il faut encore entendre, ce me semble, celtibS- 
rien, car ce terme paralt dans ce sens Stranger au Basq. (ou 
j'ai rencontre toutefois le v. Kami, se mouvoir), tandis qu'il se 
retrouve identiquement dans le K. Kant., cercle, la bande d'urie 
roue. — Ar. Kannt, cercle. — C...; dans Cantorix, nom connu par 
les m&lailles de Tours, etc., sans parler du Cantium de C^sar, 
Le Lat. du moyen age disait Cantus et Canta, qu'on rencontre 
dans YHist. des miracles de S\ Germain d'Aux., Bolland, 31 juill., 
App. i er , par. 3. C'est de ce mot que nous avons tir£ notre frangais 
Jante. L'Ir. a change la voyelle primitive dans Kuidhal, roue, E. 
Kuid-heal; mais il s'en est rapproch£ dans Keanntar, O'D., le 
monde, si toutefois ce terme est tire de l'id£e de sa rondeur... 

La forme, mais nullement le sens, rapproche de Canthus le 
Cantherius (cheval hongre) de Plaute dans ce vers de YAulularia 
citd par Diefenbach : Sunt viliores gallicis cantheriis. Aucun 
texte ancien, aucun terme celtique n'etant venus a notre aide 
pour determiner dans cette phrase la port£e de l'adj. gallicis, 
nous ne pouvons revendiquer ce mot d'assez vieille latinit£ 
qu'on rencontre aussi dans Lucile. 

U. Drausus, de Su6tone; nom d'un chef ennemi * pass6 
comme surnom au Romain qui le tua, et qui fut un des ancStres 
de Tib&re, un Livius, le mSme qui, £tant propridtaire dans la 
Ganle (cisalpine), en rapporta, dit-on, Tor paye aux S3no- 
nais (Tib., 3). II y a tout lieu de croire que le chef tud fut un 
Gaulois, et queTexploit de Livius se rattache a la conqu£te du 
pays des S&ionais d'ltalie, en 283 av. J.-C. C'est a peu d'ann^es 
pr&s l'6poque que lui assigne naturellement sa quality de tri- 
saleul du consul Drusjjs, vainqueur des Scordisques en 112. Ce 
nom de Drausus appartenait done au Gaulois italique, et devenu 



1. Zeuss, Gr., p. 29, attribue a Ciceron d'avoir dit, Brut., 28, que ce chef 
6tait Gaulois ; mais le passage qu'il cite appartient a rinde* d'Ernesti, et non 
a Torateur romain. Faute rep£tee par plusieurs Celtistes, et conserved dans la 
nouv. 6d. de Z., p. 25. 



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234 ETHNOGfiNIK GAULOISE. 

Drusus en Lat. \ il avait, dit le Glossaire d'Isidore, le sens de 
rigide, patient. — K. Traus, Z. p. 1090, auj. Traws, homme 
dur, sauvage; Drud, audacieax; G. Drews. — Ar, Dreo, gaillard, 
alerte. — ir. Tresa, compar. Z. p. 45, plus fort; Ir. et E. Treise, 
> force. J*<§carte l'Ar. Druz, gras; l'lr. Draos, rebut, un dr61e, 
et d'autres termes d'aussi mauvaise signification dans le Cel- 
tique moderne^, Drus, Druth, Droug*, etc. Du reste, ce terme 
qu'on a rapproch£ du grec Tfirasus pourrait remonter encore au 
Tud. Droes, g6ant, hSros ; dans le Hollandais actuel, diable. — 
Les Condrusi, peuple gallo-germain. 

V bis. Labarum, al. Laborum, terme Stranger au Lat. avant 
la conversion de Gonstantin, et qui signifie lance, dans une vie 
du saint irlandais Fingar, par Anselme, biographe d'une £poque 
incertaine (Boll., 23 mars, par. ft). Ceci indique que ce mot est 
celtique, tnais il est a remarquer qu'il ne se trouve ni dans 
O'Reilly, ni dans O'Brien, M'Leod ou M'Alpin. Le Dictionn. scot, 
celt, nous donne seulement Ldbhar, sonore, retentissant, qu'on 
pourrait rapporteraux fanfares qui saluaient sans doute les appa- 
ritions du saint gtendard; — K. Llafar. Labarus, nom d'un 
guerrier gaulois dans Sil. Italicus, v, 232. — Reste done le K. 
ou J. Davies nous offre Lab, coup, et Llabyr, 6p6e; et Owen, 
Llabiaw, f rapper ; Llab, drapeau, bande d'&oflfe, racine qui des- 
cend dans TAr. jusqu'au sens de Labasken, guenille, et Lavrek, 
culottes. — C.... — Je n'ai pu retrouver dans le Basque le 
La6araz/banni£re, donne par Adelung; mais Larramendi 
reclame, dans son grand dictionnaire, le nom mSme de Laba- 
rum, qu'il fait synonyme de Cantabrum, £tendard. 

V. Nausum (et non Nauso qui est 1'abl.,) autre sorte de 
bateau mentionnS deux fois par Ausone dans son &pU. 22, et 
dont ne parle, si je ne me trompe, aucun autre 6crivain. Terme 
peut-6tre aquitain ; en rapport du moins pen direct avec le 
Celtique moderne. — Soit : 1° K. Nawsaidd, doux, coulant. — 

1. On trouve dans les lnscr. les formes Drosus, Orel., 1620, et Drauso, 
Stein. Rhen. 727. 

2. Parmi lesquels je ne comprends pas que Zeuss se soit arr6t6 & n r . 
Drds. libido, p. 29, et que Glttck en ait d&iuit pour le nom d'un chef gaulois 
le sens de libidinosus, p. 64. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 235 

Ar. Naoz, pi. Naosiou, canal ; —2° K. Nofiaw, nager; Ar. A«a. 
— Ned, vase, vaisseau, mais probablement d'origine lat. comme 
Tlr. Naoi, Not ou Naebh, id. — 3° Ir. Nets, grand.— Rien dans le 
C. et dans YE. — En Basq. Uncia signifie vaisseau, et Nausia, maltre. 
W. Parada 1 , du m6me auteur, Epist. v, et de Sid. Apolli- 
naire, Epist. vin-12. Les seuls Anciens qui aient, dans leurs 
Merits, employe ce terme par lequel ils ont d6sign£ les drape- 
ries ou la toile qui abritaient les passagers sur le pont d'un 
navire. Jos. Scaliger voulait k tort 2 que ce mot, qui semble 
proche parent du lat. Paro, petit navire de guerre, signifiat une 
esp&ce de bateau de plaisir. Forcellini, de son c6t£, a pens6 qu'il 
£tait gaulois, et nos idiomes celtiques appuient son opinion. — 
K. Par, ce qui est sur une chose ou en continuity ; Ffar, cequi 
etend ou continue par-dessus. — C... — Ar. Tarda, charger 
un navire, attacher un cable. — Ir. Faradh, cargaison, litiere 
pour des chevaux embarqu^s. — E. Faradh, cargaison, hauban 
d'un navire; Farradh, litiere de paille sur un bateau. 

W bis. Gigonia, nom d'un rocher qui existait sur le rivage 
de TOcean, et qu'on pouvaitfaire mouvoir avec un simple rameau 
d'asphodele, tandis que de toute autre maniere aucune force ne 
pouvait l'<*branler (Ptoldm. H3ph., in, p. 313, 6d. fifafc/1675). 
II s'agit, on le comprend, d'une de nos fameuses pierres bran- 
lantes; et ce nom est probablement celtique* s'il n'est pas ante- 
rieur & Tarriv^e des Celtes dans l'Occident. Leur langue nous 
fournit du moins : K. Gwing, mouvement; Gwingaw, remuer, 

tressaillir; — G — Ar. Hikein, faire tressaillir, chatouiller. 

— Ir. Gig, chatouillement ; E. Kidgail, chatouiller. 

X. Hociamsani (g£n. d'Hociamsanum?) synonyme d'Arge- 
monia, Taigremoine dans Marcellus de Bord., ch. 20. — II ne 
dit pas dans quelle langue, mais, suivant toute apparence, dans 
le Gaulois comme un grand nombre d'autres termes botaniques 
qu'il nous a deja fournis. C'etait alors un mot compost, car la 
premiere moitte r^pond de prime abord au K. Bohys, mauve, 
lequel, suivi d'un qualificatif, sert k designer d'autres p\antes, 

1. Paroida dans le Diet, tat. de M. Quicberat, par faute d'itupre^sioo? 

2. Auson. lectiones, p. 176. 



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236 ETHNOGtiNIE GAULOISE. 

Hohys y morva, la guimauve, etc. — L'Ar. nomme Hogan le 

fruit de rauMpine. — Ir. Vkas, mauve. — E — Je n'ai rien 

trouvS pour Sani, mais j'ai rencontre dans le K. Sur; — Ar. 
id. acide, aigre; — K. Surni, acidic, aigreur, Suran, une plante 
acide, l'oseille. — Ar. Svroni, aciditS. — Ir. E. Geur, aigre, 
acide, et il se pourrait bien qu'on dut lire Hociam-Sumi ou 
Snri, ce mot n^tant pas, que je sache, Scrit autre part que 
dans Marcellus de Bordeaux. — Du C. rien. 

7. L'herbe que nous nommons Utrum et les Grecs Isatis, 
dit le m6me auteur, ch. 23, en parlant d'une plante qui s&rvait 
aux teinturiers; le guede ou pastel dont on extrait une couleur 
bleue. Sur ce quam nos, Ton n'a pas hesitS a ranger Ultrum 
parmi les mots gaulois, sans faire attention que cet auteur 
oppose quelquefois de la m6me manure, a d'autresnoms grecs, 
des termes certainement latins, tels que Sylvae mater, dans ce 
mSme chapitre (un des noms que porte le lierre dans cette 
langue, dit Dioscorides, n, 210, Spr.) Voy. encore Argemonia, 
ch. 8, Saxifraga, ch. 26, etc. CSsar, v, lft, et M<§la, m, 6, ont 
£crit Varum, ainsi que Vilruve, vii, 1ft, lemons que Forcellini 
regarde com me peu certaines. Des manuscrits portent Ultrum, 
dit-il, sans accoriier de place a Utrum dans son immense lexique, 
exemple suivi par M. Quicherat. Nous avons vu Pline donner a 
cette plante, dont les Bretons usaient pour se tatouer, un autre 
nom gaulois, Glastum, n° 26. Le K. nous fournit cependant ici 
Hudd, sombre, noir; Budr (J. Davies), sale, malpropre; auj. 
Budyr ; Ar. Hudur. — Ir. E. Odhar, brun foncS, noiratre ; Ir. 
Otrach, salet<5. — C. mais avec une signification d£riv6e, Huder, 
qui trompe. 

Z. Verbena, un autre nom de plante que Marcellus de Bord. 
oppose au grec Hierabotane, en se servant des m6mes expres- 
sions que pour Utrum, quam nos dicimus, ch. i er , conf. 23, 26. 
Le premier de ces mots pent done §tre pris pour gaulois au 
mSme titre que le dernier et qu'Horiamsani ; mais Pline le dit 
positivement latin, xxv, 59, Verbenaca. II 6tait meme ancien 
dans cette langue pour designer la verveine officinale, et les 
rameaux sacr^s qu'elle fournissait particuliferement dans le prin- 
cipe (Serv., jEn., xn, 120, m, 2ft. Cicer., Ver., iv, 50). Le corn- 



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GLOSSAIRE GAULOIS.. 237 

mentateur ajoute, Bac, viu, 65, que ce nom, donng encore au 
romarin, etaittird de la verdure perpetuelle de ces plantes; reje- 
tant ainsi l'explication de Piine, qui interpr&ait verbena ainsi 
qy\^ Sagmen, un gazon arrach£ d'une citadelle avec sa motte de 
\me, xxn, 3. Isidore arrive ensuite, xvn, 9, avec une 3 e signi- 
fication, cellede pur, qui a effectivement du rapport avec le nom 
armoricain de la verveine. Des scholiastes d'Horace et de Terence 
nousdisent encore que Verbena est pour Herbena(Od., iv, 11, v. 
7 ; Andr., Ac. iv, v. 727). Suivant d'aulres, ce mot est une con- 
traction de Veneris vena, cette plante servant aussi a composer 
des philtres. 

Pour moi, d'apres ces interpretations contradictoires et la 
. plurality de synonymes lat. qu'Apulde nous fournit encore 
pour ce noui, ch. 3, je le croirais volontiers celtique d'origine; 
ce qui suit vient a Tappui de cette conjecture. Sacr^e pour les 
Grecs, Hierabolane, et pour les houiains, la verveine Tetait 
particuli&rement pour les Gaulois. C'etait pour eux une 
plante inagique, que les Druides ne cueillaient qu'avec des 
precautions superstitieuses, et qui, entre autres vertus, faisait 
connaltre Favenir. lis avaient sans doute, comme les domains 
(Pline, xxv; 59), remarque la ressemblance de ses feuilles ave 
ceJJes du chSne, puisqu'ils en avaient tire le nom qu'ils lui don 
naiern, K. Derwen y ddaear, chSne de terre 1 , ou tout pr^s d " 
terre. Fferffaen, dans J. Davies, n'est probablement que le nom 
lat. repassd dans le Gallois, du berceau duquel il etait venu 
penserais-je volontiers, par une tegfere modification de Derwen 
Celui-ci aurait alors appartenu egalement au Gaulois ital. -J 
Ar. Varlen ou Barlen, qui me parait n'Stre que le K. Purlan 
parfaitement pur, sens indiqud plus haut par Isidore 2 . L'Ir. ne 
m'a rien offert; Fearban y d&igne le ranunculus repens; la 
verveine s'y norame Crubha-Leomhain, qu'on peut rendre par 
griffe ou patte de lion, E. Crubhan-Leoghaim. Une esp&ce de 

1 . Dne espece de Germandree porte aussi le nom de Petit-Chene. 

2. Barlen en K. signifie sein, giron, ce qui pourrait indiquer un autre genre 
de rapport avec cette herbe talismanique qu'on portait sur soi. Du reste, 1e 
nom Ar. le plus usit6 aujourd'hui est Louiaouen-ar-groax, herbe a la croix 
on Kroaiik, petite croix. 



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238 ETHNOGtiNIE GAUL01SE. 

verveine anglaise se norame en Ir. Trombhod. M'Leod donne 
pour l'E. Trombhad les deux sens de verveine et de mauve. 

Parmi ces synonymes lat. 6num6res dans Apulee, fen re- 
marque un d'origine certainement gauloise, celui de Lisinia qui 
se retrouve dans les cinq idiomes; c'est le nom general des 
plantes : K. Llyseuyn, ou Llysieuyn; Ar. Louzou, Louzaou; 
C. Lysudn; Ir. E. Lus; Ir. Lusan, petite plante. 

Z bis. Venna. Voy. le n° 48. . 

aa et 66. Ledo ou Laedo, Ledona, et Malina, deux termes 

que B&le dit adoptes, placuit appellare, pour fndiquer celui-ci 

le flux, celui-la le reflux de la mer (de Tempor., rat. 29), et qui 

n'Staient point tires de r Anglo-Saxon , puisqu'ils se trouvent 

dans Marcellus deBord., ch. 36, le premiersous la forme Liduna 

(id. ch. 16 et 25), qui rappelle le nom de la deesse Hludana, 

connue par une inscription de Cleves, Orel., 20U. Dans le Gloss. 

d'lsidore, Ledo signifie la maree inontante; et dans son traite De 

ordine creat., ch. 9, de mSme que dans le livre Demirab. S. Script. 

attribue jadis a S. Augustin, ch. 7, on voit ce terme employe 

pour designer les petites mardes, et Malina, les grandes. Mais 

sur les c6tes de Normandie, au xi e stecle, on 6tait revenu a la 

double definition de Bfcde 1 . Ces mots sont certainement gaulois, 

comme Ta pens6 Du Gange. Zeuss cite, a la verity p. 833, 

des gloses Irl. qui donnent d'autres noms a ces divers mouve- 

ments de la mer; mais nous avons pour soutenir la celticite : 

1° de Liduna; d'abord les anciens nomsceltiques de Concolitanos, 

de la vaste foret de Litana, dans la Gaule cisalpine (T.-Liv., 

xxin, 2/j, voy. ci-dess. n° 258), et de Litanobriga, en Belgique; 

puis le K. Lied ou Llyd, largeur, etendue; Lied, compar. plus 

large; Lledanu, se r^pandre.— C Ledan, large, vaste.— Ar. Leda, 

s'&argir; Ledanaat, s'&endre.— \r.Lethan, Z. p. 82, e\Leud, E. id. 

large, &endu. — E. Leudaich, s'&argir; rapprochements qui 

cadrent mieux, il faut en convenir, avec l'id£e d'une maree quel- 

conque qu'avec celle de reflux. — Et 2° de Malina (terme qui se 

. 1. Raoul Glaber, in, 3. Maris eaxremetitum Malinas vocant, dearementum 
quoque Udones tmncupant. — Maline, en teroae de mariue, est eocore syno- 
nyme de flux, et oppose a jusant. . 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 239 

retrouve encore dans la vie du saint breion Hermenland, ecrite 
au vin* siecle 1 ), d'une part, une inscription de Cologne adress^e : 
Matronis M'ahlinehis, Henz. 5939; voy. ici 373; et de Tautre le 
K. Mai, ce qui s'&end, depasse, ecrase; Malen, ce qui use de 
violence. — Ar. Mala, broyer. — C. Malye, rouler, envelopper. — 
Jr. Maili (O'D. d'apres Cormac, v° Gaire), malfaisant, mauvais; 
Meilim, E. Meil, broyer, moudre. 

cc. Bigera ou mieux Bigerra, vetement poilu et roux (rufa 
pour gufa dans le Gloss, d'isid., suivant une correction dictee 
par le Vocab. de Papias); — habillement bigerrique (Sulp. Sev., 
Dial, de S. Mart., h, 1) et nbn biherrica, comme le prouve la 
vie du meme saint, par Fortunat, iil, v, 49. 11 me paralt evident 
que ce genre de manteau, la marlotte rousse et grossiere, encore 
portee par les patres de Bigorre, devait son nom aux Bigerriones 
ou Begerri, d£ja connus de Cesar, m, 27, et de Pline 2 , plutot 
qu'au Tud. Beharich, poilu, velu, mis en avant par Pontanus, 
Gloss, prise. Gall. II reste peut-etre quelque trace de cet ancien 
noui dans l'lr. Biyeun, Bigin, coiffe, capuchon. 

dd. Corinei, amas de pierres que font les paysans (Placid., 
Gloss., au t. in des Classic, auct. de Mai). Mot Stranger a Tan- 
tieme latiuite, et qui appartient par consequent au langage 
rustique de l'ltalie ou de la Gaule, car il n'est autre que le 
K. Karn, pi. Karnou, lapidum tumuli, gl. de Z. p. 291, tas de 
pierres, tumulus. Le K. Koryn, sommet, couronnement, serait 
encore plus rapprochd. — C. Karn, roc, moncean de pierres; Ar. 
grosse pierre ; Karnak, amas de grosses pierres, et le nom des 
celkbres allees de Caraac. — Ir. Kairn ou Kam z , amas de pierres% 
tumulus; E. et M. id. pi. M. Karnyn. — E« Kuirnean, petit tas de 
pierres ; Karn, v e amonceler. 



1. Ch. 14, dans MabilL, Act. SS. B., m e siecie, vol. i". 

2. Le tres-savant Walckenaer a fait, au sujet de ce peuple, une singuliere. 
confusion dans la Geogr. anc. des Gaul., t. i, p. 292, en prenant le vent du 
Bigorre, turbo Bigerricus, dont parle Sid, Apoll., Epist., vin, 2, pour les 
habitants de ce pays. 

3. Suivant O'Brien, les Irlandais nommaient Kairneach, quasi Koroineach 
(pi. Karnaikk), les Druides qui sacrifiaient sirr les Kairn erig^s au sommet 
des montagnes. Voy. son Dictionn. h. ?• et Karn; conf. O'Reilly. 



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240 ETHNOGfiJNIE GAULOISE. 

ee. Ala, nom que les paysans donnent a l'lnula des Latins 
(Isid., Or., xvii, 11). L'aun^e, plante qui se nomme encore ainsi 
dans 1'Espagnol actuel. Mais Torigine de ce mot est-elle ib^rique 
ou celtib&rienne? Alan est encore un nom commun a plusieurs 
plantesenK., et March -alan y ddsigne particuli&rement Taunee. 
— C. et Ar.... — Ir. E. Ailleann. L'Ir. dit aussi Ellta, et TAnglais 
Ele-campane. En allemand, Alant. 

ff. Britannium, voy. Scoti. 

gg. Capanna, nom que les paysans donnent aux huttes que 
se font les gardiens des vignes (Isid. id. xv-12; il ajoute niaise- 
ment : quod capiat unum). Autre mot sans doule celtib&ien, car, 
outre notre frangais cabane, nous avons l'Ar. Kabann, le K. Kab 
et Kaban, Fir. Kaban. E. id. M. Kabbanc. — lr. Kabhan, trou, 
caverne, O'D.— Kapan, Z. p. 793, dans Tancien K. couverture de 
tSte, chapeau; Cappa, dans le Vocabul. lat. Corn., (raduitle bas- 
latin Capa. 

hh. Dolumen, petit temple (Delubrum, Gloss, d'isid.). Je 
place ici ce terme parce que Du Cange s'y est totalement trompe, 
et n'y a pas reconnu 1'un des noms de ces monuments celtiques 
si c^I&bres aujourd'hui, celui de Dolmen. II corrige d'abord 
Dolumen en Dolamen, pour changer ensuite Delubrum en Dola- 
brum, hache, si bien qu'il metamorphose le texte tout en tier. 
Mais Pauteur du Glossaire a bien ecrit Delubrum, et quant au • 
veritable sens du mot celtique Dolmen particulterement armori- 
cain 1 , nous aurons plus tard Toccasion d'y revenir. 

ii. Bardaea ou Bardala, l'alouette, mot trouvg dans un 
ancien lexique par Turnfebe (Advers., xx, 37 et xxm, 2l\); ce qui 
est tonfirm^ par le Gloss, lat.-grec de Philoxene, et par Du 
Cange, d'apres les Exc. veter. Gloss, de Avibus: Bardaia, Bardea. 
Ce nom , duquel d^rivait le vieux frangais Bardac ou Bardal 
(Roquefort), est ^videmment iir6 de celui desBardes, voy. 17, et 
convenait parfaitement au chantre ail£ qui rejouissait les cam- 
pagnes des Gaules, Paimable oiseau qui parait avoir et6 pour 
nos aieux l'embteme ch&ri de la patrie. Voy. Alauda, 17. 

jj. Latenae, barque du Rhone qui servait aux transports du 

1. Et qui n'eUiit ni temple ni autel. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 241 

ble (Vit. S. Cxsar., par Cyprien, auteur du vi e siecle. Boll., 
27 aout, l er , 8). Le Gloss. d'Isidore nous donne, de son cole, 
Lalos, vaisseau; Latororum? batiment de pirates; et Du Gauge, 
Lautomia, navire,. d'apres la vie de saint Wilfrid par Fridegode, 
anteur anglais du x e siecle. — K. Llast, vase, vaisseau quelconque, 
Llateawd, vasepeu profond. — C. etAr.... — Ir. Lad, E. id., charge, 
fardeau ; Ladhaim, O'D. exp&lier, envoyer, j'envoie ; Ladh, -expedi- 
tion, envoi. — E. Lod, charge d'un navire; Lodaich, charger. — 
M. Laad, pi. Laadyn, fardeau. 

OntrouveencoredanscetteViedesaintC^saire,quidtait^veque 
d'Arles, et dans son testament, deux termes de Tidiome local 
anxquels je ne m'arr£terai point; le premier, Diamis, qui designait 
un d£mon, n'&ant qu'une derivation 6vidente du nom de Diane; 
et le second, Gariolx, indiquant un objet dont le saint dispose, 
mais que les Bollandistes n'ont pu reconnaitre. 

kk. Buccones, pi. fleurs de la Bretagnequi naissent dans les 
bois, dit un tr&s-ancien Gloss, de Mai, Classic, auct., t. vx, p. 512. 
II donne en second lieu a ce terme le sens de sots. Le Gloss. 
d'Isidore dit sot et bavard, derniere signification qui ajoute 
encore a la ressemblance materielle de Bucco avec le Becco de 
Su^tone, voy. 220. Nous retrouvons Tun et Tautre sens dans le 
Celtique moderne; d'abord celui qui convienta Toiigine brilan- 
niqiie qui nous est indiqu<3e. Ar. Buh, le petit houx, plante 
m^dicinalequi croit dans nos bois. — K. etc.... — En Ir. Bugh et 
Bugha sont aussi des noms de plantes, le poireau, etc. ; E. Bugha. 
— 2° K. Buck, pi. bestiaux, C. et ancien Ar. Buck, vache. — K. 
Buchiaw, crier, beugler. — Ir. Beic, E. Bene, cri, beuglemcnf. 
Buacach, £tourdi. — E. Bucack, enfant. 

//. Berciolum, nom vulgaire de Yagitarium ou berceau d'en- 
fant {Vit. S. Pardulfi, Bolland., 6 oct.); mot qui n'est done point 
latin. — Rien dans nos idiomes celtiques que les Ar. Bransel, peti. 
berceau suspendu, qui est bien eloigndde Berciolum; — et Bers, 
qui en parait proche parent, mais qui signifie prohibition, empe- 
chement. L'ancien frangais Berser, chasser, tuer avec des filches, 
en est aux antipodes pour le sens. Aussi croirais-je Berciolum 
d'origine tudesque, du radical Berg, lieu de surety, lieu ou l'on 
se couche, taniere, nid d'oiseau ; allemand actuel Bergen, mettre 

16 



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242 ETHNOG^NIE GAULOISE. 

en surety. Nos vieux mots francais Bierch, puis Bers, me semblent 
bien accuser l'origine germanique de notre Berciolum ou ber 
ceau. 



Note sur les gloses Malbergiques et les mots barbares de Virgile le 
grammairien; ses douzb latinit£s. 

C'est dans cet appendice que se placeraient naturellement 
s'ils m'inspiraient quelque confiance, tous ces mots qu'on a voulu' 
reconnaitre pour gaulois dans les gloses Malbergiques et dans 
Virgile le grammairien. L'epoque qu'on peut assigner aux pre- 
mieres est fort incertaine. Je n'ai point vu, parmi tous les manu 
scats de la loi salique, decrits par M. Pardessus, qu'aucun de 
ceux qui portent ces gloses remonte au dela du ix e siecle ou des 
dernieres annees du vm% point de depart qui les rejette en 
dehors des limites ou je me suis renferme. Elles varient ensuite 
d'une maniere d&esperante d'un manuscrit a l'autre. Quelques 
savants y voient les debris du texte primitif de cette loi rSdigee 
en langue franke, puis traduite en latin a differentes reprises 
et en divers lieux, ce qui explique les grandes et nombreuses 
differences des textes que nous possesions. D'autres nient cetle 
premiere redaction germanique, en maintenant toutefois l'ori- 
gine tudesque de ces gloses, que precede presque toujours l'ayer- 
tissement Malb d'ou elles ont tire leur nom. Mais les difflcultds 
que l'on trouve a les expliquer par les dialectes germaniques con- 
nus ont pousse Leo a vouloir les celtiser toutes, comme autant 
d'interpre'tations gauloises des principaux termesdu texte latin * 
Son syst&me n'a pas fait fortune, etdes i'annee suivante M. Edel-i 
Du Merilrdclamait ces gloses 5 pour l'idiome tout germanique des 
Francs. Leo parait d'ailleurs avoir change d'opinion, car il n 'a 
point, autant que je puisse le savoir, terming ce travail ; et il 
n'en dit rien, si je ne me trompe, dans le 1« vol. de son dernier 
ouvrage sur l'histoire des Allemands, date de 1854. Cependant 
Mone, en blamant toutefois 1'exageralion de son syst&me, releva 

1. Dinmalbergische glosse, Leipzig, 1842. 

2. Hem. sur la langue des gloses malbergiques,. Paris, 18i3. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 2/j3 

son drapeau dans ses Celtische Forschungen, 1856. 11 est certain 
que ces gloses ainsi que les autres mots barbares qu'on ren- 
contre dans les textes memes de la loi salique, avec ou sans 
explication subsequente, contiennent un assez grand nombre de 
racines celtiques, mais c'est d'abord un caract&re, qui leur est 
trop commun avec tous les idiomes indo-germaniques, pour 
nous donner le droit de les accaparer. Quelle conviction peut-on 
se former ensuite d'apres des termes qui varient continuellement 
d'un texte a l'autre, sans qu'on puisse, pour la plupart, fixer 
leur veritable legon? Suivons done, en les mettant de cot£, 
l'exemple de Zeuss et de Grimm 1 , et passons au grammairien 
Virgilius Maro, qu'ils ont pareillement repoussd. 

Get el&ve d'un autre Virgile, dit l'Asiatique parce qu'il 6tait 
n6 en Cappadoce , fait entendre a diverses reprises qu'il 6tait 
Gaulois. 11 doit m6me avoir et6 Toulousain , d'apres le t&noi- 
gnage d'Abbon de Fleury 1 , et avoir vecu dans le vi e si&cle, sui- 
vant l'£diteur qui a retrouv£ ses oeuvres, le c61fcbre cardinal 
Mai. D'autres ont pense qu'il avait du vivre cent ans plus tdt, du 
temps de Clovis. Un critique allemand, Osann, voulait au con- 
traire qu'il eut et6 contemporain de Charlemagne 8 . Ozanam a 
d^montre, ce me semble, qu'il fallait s'en tenir a l'opinion de 
Mai. Ce Virgile appartenait a l'&ole d'Aquitaine ou de Toulouse, 
qui fleurit pendant un si&cle, et dont 1'influence grammaticale 
et lexicographique s'elendit, suivant Imminent anteur de la Civi- 
lisation chretienne chez les Francs (3 e &L, 1861), jusqu'en Bre- 
tagne et en Irlande. Ses ouvrages, savoir : un traits en forme 
d'^pitres, De oclo parlibus orationis, et des Epitomse ou lettres 
grammaticales adressees a un Fabianus d'Afrique, faisaient 
partie d'un manuscrit napolitain du xi c siecle extremement diffi- 
cile a lire, et dont presque tous les mots prdsentaient des fautes 
qui assaillirent MaT, ce sont ses propres termes, de doutes et 
d'anxi^s 4 .Le toxte qu'il en a tir<5 n'a done pas une tres-grande 

1. Gramm. Celt., p. xjviij. — Ueber die Marcell. form., 1855, p. 53. 
ne s'y trouve pas, dit Grimm, le moindre petit mot celtiquc. 

2. Voir une note de Mai, p. 349 du t. v de ses Classic, auctor., in-8. 

3. Be'dr&ge zur Ulterat. Geschichte, etc., t. n. . . 

4. On a rctrouve, depuis, un autre manuscrit a Rome, ct il en exis 



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2AA ETHNOGtiNIE GAULOISE. 

certitude pour les termes barbares que ce Virgile nous a transmis 
en si grand nombre, et qu'on peut classer en deux categories : 
ceux qui &aient entres dans le latin usuel, et ceux qui apparte- 
naient aux onze autres Jatinitds, qui, s'il faut Ten croire, exis- 
taient de son temps. Les premiers consistent sou vent en propo- 
sitions dont il donne, De oct. part. : Episl. vii, une longue listo 
appuy^e de quelques exemples; en interjections et en substan- 
tifs ou autres mots qu'il cite ou emploie lui-meme a 1' occasion 1 . 
La plupart de ces termes qu'on ne sait a quel idiome attribuer, 
ces onze latinitOs qui se seraient greffSes a la fois sur le latin 
veritable, quelques-uns des specimens qui nous en sontpr^sen- 
tes, tout cela est si Strange qu'on croirait volontiers a quelque 
mystification. Mais le venerable Oditeur, qui &ait, par la sinc&ite 
£prouv£e de sou immense Erudition, au-dessus de tout soupgon, 
a d&ouvert ou public depuis d'autres compositions non moins 
Granges, les Hisperica famina, dont l'auteur, suivant Ozanam, 
p. /|8/i, doit avoir 6t6 un Irlandais 2 ; et le Polypticon d'Atton, 
(Svequede Verceil au x e siecle 3 . M. Edel. Du Mdril m'a en outre 
signal^, avec Tobligeance qui accompagne son vaste savoir, 
d'autres ouvrages du meme genre ou qui se rapprochent de ces 
latinitds baroques, entre autres YInstrumentum plenarix securi- 
tatis, public par le jurisconsulte Gonradi dans ses Parerya, vers 
1745. Enfin Ozanam a mis- liors de doute l'authenticitg des 
ecrits du Virgile toulousain, et Texistence de son ecole. 

Ozann, dans sa Notice sur notre grammairien, n'avait pas dit 
un seul mot de cet etrange phenomene des douze latinit£s, dont 
il est toujours bien singulier, quelque rdponse que Ton fasse a 
cette objection, qu'isidore de Sev. et B&de, ces deux savants 
encyclop^distes du vn e et du vm e siecle, n'aient eu aucune con- 



encore un, mais incomplet, a Amiens. Voy. le Catalog, des manuscr. de cette 
ville, par M. Gamier, 1838, p. 349. 

1 . Mai en donne l'lndex particulier dans le meme volume ou il a public ce 
Virgile. 

2. Et non le Virgile de Toulouse, comme le dit la Biographie universelle, 
2 e 6d., a l'article d'Atton. 

3. Voy. dans les Classici auctor. le meme t. v, et le vi e des Scriptor. 
veterum fragm. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 245 

naissance. Le premier, qui s'est tant occupy de philologie, ne 
parle que d'une langue m616e, mixta, c'est-a-dire d'un latin 
corrompu par les nombreux idiomes encore en usage dans toute 
l'&endue de l'empire (Orig., ix, 1). C'&ait cette rustica si cdl&bre 
aujourd'hui, variant sansdoute de province en province, et dont 
quelques elements, parvenus jusqu'a nous dans les divers dia- 
lectes romans de la France m^ridionale et de la Suisse, non-seu- 
lement sont tout h fait Strangers au Latin, mais paraissent avoir 
appartenu a une langue pr^existante, et diflterente soitdu Basque 
et du Celtique, soit du Tudesque 1 . II se pourrait qu'une partie 
de ces termes inconnus de notre Toulousain eut la mSme origine. 
Quoi qu'il en soit, confrontation faite de tous ces mots avec le 
Celtique, auquel il etait nature! de les rapporter d'abord, je 
n'en ai trouvOqu'un petit nombre qu'on puisse opposer a Parrot 
de Zeuss qui les a rejet^s en bloc, et au silence volontaire de 
J. Grimm. Mais quelques-uns me paraissent Ovidemment d'ori- 
gine gauloise; tels sont (comme objets de curiosity plutot que 
comme Element de demonstration) : 

1° Parmi ceux qui avaient &6 regus dans le Latin ordi- 
naire : 

Les propositions : Aram, L. tenus. — Ir. Ar-amus, pres, vers 
une chose. 

Caom, L. pen&s. — Ir. Kaomh, relation, Kaomhaim, je pro- 
^& e i J e garde; E. Kaomhain. 

Farax, L. secundum. — Ir, Farradh, comparaison; Abh far- 
radh, en comparaison de, conjointement. — E. Farradh, en 
m6me temps que. 

Gabil, L. usque. — Ir. Gabhail, direction. 

Trasso, L. contra. — K. Traws, Tros,Trosodd, sur, par-des- 
sus. — Jr. Trasd, id. 

Les interjections — pour se hater, Cetiu. — K. Kerth, ce qui 
est de nature active, pdnetrante; Ir. Kedas, d'abord, en pre- 
mier. 

Pour se plaindre : Tatans. — Ir. Tathaim, je detrins, \^ 
tue. 

L Voy. Fauriel, Dante, etc., t, ii, p, 257, 260, et al. 



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246 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

Les substantifs : Pus, g£n. Puris, L. custodia (prison). — K. 
Ptvys, 6tat de ce qui est d£pos£ quelque part, mis en repos. 

Thors, L. rex (a propos de thronus, trdne). — Ir. Torstol, fau- 
teuil d'apparat. 

Je laisse en saspens Con, L. apud, 6galement rapproch£ du 
L. Cum et du K. Con, avec; — ainsi que Mane, L. virtus; Gla- 
res, L. gloria, et Pope, L. fortitudo, vel roanuum, vel sensus, 
malgr6 leur identity avec les Ir. Manas, force, pou voir; Maon, 
h6ros, Mann, dieu. — Glor, r^cit, Glorach, fameux, — etPopa, 
maitre, professeur; parce que ces trois termes peuvent sembler 
aussi d'origine classique. Reste line prdp. dont notre grammai- 
rien n'a pas donn6 le sens, mais qui signifle £videmment Ante, 
c'est Audi (Andi ssecula, dans une priere adress£e a Dieu a la On 
de r£p. 7 des Oct. part.). — Ir. Ande, hier; E. An-de. 

2° Parmi les mots des diverses latinites, c'est la 5 e dite 
Melrofia aut intellectualis (Epitom. i er ) qui nous fournira presque 
tous les suivants : 

Blaqth, L. lux solis. — Ir. Bla, jaune; Blath, clair, chaud. — 
Tud. Blitz, Eclair; Holl. Blaken, bruler; Augl. Blaze, flamme. 

Bova, L. fortitudo. — K. \Bwa, arc ; Bw, objet terrifiant ; 
Bwbachu, effrayer, ^pouvanter. — Ir. Buadh, victoire. Voy. le 
n° 380. 

Coivum, L. veneratio. — Ir. Koibheis, 6qiut6 ; Koibhseaclu , 
biensdance. 

Fan, L. recognitio. — K. Ffan, surface; Ir. Fan, voyage, 
Fanear, observation, attention. 

Gabtal, L. obsequium. — Ir. Gabhaltas, intendance, service 
• de maitre d'h6tel, ferme louee. 

Gnux, L. utilitas. — Ir. Gno, ouvrage, besogne; Gnim, dans 
O'D. — Gnai, ing&iieux ; Gnumh, amas, Gnumhadh, qui amasse. 

Mymos, L. dignitas. -r Ir. Muim, possession. 

Sral, L. dies et nox. — K. Ser, les 6toiles, Serawl, astral. 

Uliob, L. honor. — Ir. Ull, grand, fier; Uil, science. 

Dans la 9 e dite Bresina, ou unum phonum multa significat: — 
— Sur, L. amnis. — Ir. Suir, rivi&re. — Sura, rivi&re de la 
Gaule (Auson.). 

Dans la 10 e dite Militam, ou pro uno phono multa ponuntur: — 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 247 

Selon, Sualin, L. cursus. — Ir. Seolaim, naviguer; Sealad, cours 
du temps. 

Dans la ll e dite Spxla, quires terrenas semper loquitur : — 
Gariga, L. grus. — Voy. au n° 274, Garan, grue. 

La 12 e qui s'occupait des choses sup^rieures est dite Polema, 
terme a peu prfcs identique h notre Volema, grand et bon, n° 7Zj. 

Enfin, parmi les grammairiens que cite Virgile, je remarque 
un Galbungus, et un Glengus duquel il vante la pure latinild. Le 
premier nous rappelle notre Galba, kh, et PIr. Galbha, rudesse, 
rigueur ; le second est tout a fait analogue aux noms highlan- 
dais bien connns de Glencoe, Glenelg, etc. II est a remarquer que 
la plupart de ces similitudes appartiennent a PIr. (16 contre 
k K. et 5 communes aux deux idiomes). 

J'ai fait la m£me comparaison avec le Basque, comme repr&- 
senlant getieralement reconnu de PAquitanique qu'on parlait 
entre Toulouse et les Pyrenees. Mais L&luse et Larramendi 
ensemble m'ont a peine fourni quatre ou cinq rapprochements, 
encore peu concluants, comme Haina, industrie, g&iie, ou 
Manua, ordre, commandement, pour Mane, virtus. — Gogoa, 
deliberation, volonte, pour Pinterjection de persuasion (Sua- 
dendi), Goos! — Huna, voici, Hunat, ici, pour celle qu'on adres- 
sait a quelqu'un, Hunave! — et Beltza, noir, pour le nom de la 
8 e latinite, la Belsabia, qui £changeait entre eux les cas des 
noms et les desinences des verbes : legibus pour lex, rogant ou 
rogate pour rogo. II se peut qu'Etchea, maison, soit derive d'Et, 
ignis ; mais Loria, gloire, est beaucoup trop rapproche du L. 
gloria, pour que nous lui attribuions Glores, que nous avons vu 
plus haut. Je laisse done la ces mots et ces latinitds d'argot, 
sur lesqueJs on pensera peut-6tre que je me suis arrete trop 
longtemps. II y a n^anmoins quelque chose detr&s-remarquable 
dans cette 8° latinite, e'est la mani&re dont elle employait, nous 
dit Virgile, les mots latins pour se les ap"proprier, procede qui 
larattache a la gen&tlogie des langues romanes ou neo-lnth>es. 



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248 ETHNOGfiNIE GAILOISE. 

DEUXIEME CATEGORIE. 

MOTS DONT LES ANCIENS NE NOUS ONT PAS TRANSMIS 
LA SIGNIFICATION. 

Si ceite seconde partio nous replace en terre ferme par rap- 
port au gallicisme bien certain des mots que nous allons exa- 
miner, nous n'y retrouvons pour nous eclairer que de faibles 
lueurs, qui nous manqueront mSme pour un assez grand nombre 
des termes qu'elle pourrait contenir. A s'enfoncer avec ces der- 
niers dans les tdnebres ou regnent les fantaisies (kymologiques, 
et ou le hasard meme d'une heureuse rencontre ne porte- 
rait point unelumi&re demonstrative, il n'y a de profit ni pour 
L'auteur, ni pour les Etudes qu'il veut rehabiliter. Nous devons 
done ici redoubler de circonspection, convaincu qu'if s'agit bien 
moins, pour Ja saine critique, d'allonger de quelques interpre- 
tations douteuses ce Glossaire de l'ancienne langue gauloise, que 
d'&ablir, aussi bien que possible, la nationality des mots que 
nous pr^sentons au lecteur. II nous faut pour cela quelque 
indice qui nous mette du moins sur la voie d'une interpretation 
plausible, laissant de cot6 les termes sur lesquels nous n'avons 
aucune prise. 

Gette seconde categorie se divise naturettement en trois 
sections: les mols du langage commun, ceux que nous voyons 
rep£t£s d'une maniere caracterislique dans la composition des 
noms propres, et parmi ces noms ceux dont quelque circon- 
stance nous indique a peu pres la signification. 

Section premiere. — Mots autre* que des noms propres donnes 
par les ecrivains, les inscriptions et les medailles. 

A*. — Par les ecrivains. 

La i-lupait des mols qui appariiennent a cette subdivision 
sont des adjectifs ethniques ou topiques. Les premiers distin- 
guaient les fractions s^parees d'un m6me peuple, par exemple les 
Bituriges Cubi et Vivisci, les Volcac Tectosages et Arecomici, etc. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 2/19 

Cetaient certainement deg.qualiQcatifs adopts, soit en raison 
de Torgueil de la cite qui avait pris tel ou tel surnom, soit par 
rapport a sa position gSographique, a sa gdne'alogie, etc. L'insou- 
ciance des Anciens nous fait ignorer la plupart du temps 
Torigine et le sens de ces qualifications. Nous sommes done 
obliges de les demander a l'histoire ou aux idiomes n6o-celtiques. 
Commenqons par les Bituriges, ces rois du monde, suivant la 
signification outre cuidante de leur nom (voy. le complement 
de la 3° sect.). 

250. Cubi, e'est ainsi que Pline, iv-33, Strabon, p. 158. Did. 
(KouSot) et Ptolemde nomment ceux qui habitaient toujours 
Avaricum (Bourges) et le centre de la Gaule. Nous lisons dans 
T. Live, v-3Zi, qu'ils avaient jadis etendu leur domination sur 
toute la Celtique proprement dite. De \h vint probablement leur 
surnom, les Victorieux, Ir. Kobh, victoire, Z. p. 50, Kobhach, 

vaillant; — E. Kobhaltach, victorieux. — K. C. et Ar 

251. Vivisci, Vibisci ou Ubisci (Pline, iv, 33); Otocoi ou 
focxoi, Strab., p. 157, Did. 'Oui'£i<ncoi, Ptol., h-8; surnom des 
Bituriges qui all&rent s'etablir de l'autre c6t£ de la Garonne, 
chez les Aquitains et autour de Burdigala (Bordeaux, Ir. et E. 
Kala, port). Le nombre et la divergence de ces variantes nous 
indiquent assez que Teuphonie. grecque et romaine se trouva ici 
aux prises avec un terme plus que gaulois pour ainsi dire, et 
particulierement barbare, quoiqu'on puisse le rattacher avec 
Gluck * a la finale celiique iscus (voy. n° 385). Peut-Stre dtait-ce 
un terme hybride, comme on a lieu de le pr&>umer dans l'opi- 
nion gengralement recjue que les Aquitains de l'histoire appar- 
tenaient a la race iberique ou des Basques, qui se nomment 
eux-m£mes Euscaldunac ou Euskualdunac s et leur langue 
YEuscara ou Eskara et Escuara 1 . La racine de ces deux mots est 
Eusk ou Esk qu'on reconnait dans les noms de plusieurs peuples 
de l'Aquiiaine, entre autres les Ausci ou Auscii 8 , que M£la qua- 

1. Notamment dans le noua de Viviscum des Helvetes. Gluck, p. 166, n., 
considere comme deux mots differents Vivisci et Ubisci. 

' 2. Voy. Larraracndi et M. Blade\ Etud. sur Vorigine des Basq., p. ^^ 
245. 

3. Ces., iu-27; 'A*jg'.«, Strab., 158. 



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250 ETHNOGtfME GACLOISE. 

lifie les plus illustres des Aquitains, m-2. C'&ait en effet, suivant 
toute apparency celui que portaient en general ces lbferes cis- 
pyr6n£ens. Ne peut-on pas des lors penser qu'il existait un rap- 
port ethnographique entre ce nom des Euskes (le m£me que ceux 
de Vascons et de Basques) et le surnom de ces Bituriges qui 
vinrent se fixer sur leur territoire et se m61er naturellement avec 
eux? On leur donna done, pens£-je, pour les distinguer de leurs 
freres de la Geltique, cette qualification d'Aquitains, e'est-a-dire 
d'Auscii, que nous retrouvons dans le grec de Strabon, Oterxot, 
— ou bien celle de descendants des Euskes, Vibiski ou Ubiski, 
suivant la prononciation romaine. Ir. Ui, pi. (O'Curry) enfanls, 
posterity; E, Ua, au sing. — M. Oe, petit-fils. — Pictet avait 
reconnu, de son c6t£, cette initiate gaelique, mais il transformait 
le nom entier en l)i-bescna (Ir.), les Fils de la paix i , etymologic 
encore moins satisfaisante pour le sens, au point de vue gaulois, 
que pour le rapport forc£ de Bescna et de Bisci. 

252. tectosages ou Tectosagi, surnom des Volcae de Tolosa 
(Toulouse), Strab., p. 155, Did. Pline, m-5 ; conf. C£s., vi-24. 
?to\6m6e nomme ceux d'Asie Tectosayai et Tectosakes. Dans 
Tindex g^ographique du Char de Lemaire, on tire, — probable- . 
ment d'aprfcs Wernsdorff J , — ce nom du sagum que portaient 
particuliferement ces vaillants guerriers. Mais ce vStement etait 
celui de tous les Gaulois, et je ne crois pas qu'il y ait aucun 
rapport entre lui et la finale du nom des Tectosages, ainsi que 
des jEgosages de Polybe, v-77 et ah, on de ses Rigosages 3 , v-53. 
J'y crois d'autant moins qu'fitienne de Byzance nous dit que h j 
nominatif sing, £tait Tectosax. Cette finale (au pluriel) serai t 
plutot une forme adoucie du K. ac/i/souche, rejeton; en G. 
posterite ; lequel est en Ir. un suffixe patronymique, voy. le 
n° 379. Le Gaelique nous donnerait encore Aike, famille, tribu; 



1. A la fin di 2* M6m. de Grimm sur les formules marcelliques. 

2. De republ. Galat., p. 112. 

3. Noms de lectures douteuses, comrae celui des Tektorenoi de Pausanias, 
dans lequel renoi (voy. le n« (5) semble tenir la place de sagum. Mgosages 
peut ccpendant signifier la tribu des Mgons, peuple cisalpin dont parlu 
Polybe, n-17; et Rigosages, les fils de chefs ou de princes, un corps d'6Iito 
aitstocratique. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 251 

et dans un autre ordre d'idees, Aige, vaillant. — Reste Tectos, 

qui serait le nom du premier anc£tre de ce clan devenu si 

celebre et repandu dans tout le nord de l'ancienne Europe et 

en Asie. Nous poss^dons dans nos textes lapidaires un A. Textus 

(de Melun) ainsi que le compost Contextos; et des d^esses- 

maires Textumahx sont invoqudes dans deux inscriptions de 

Zulpich (Prusse Rhdnane) *. Les Tectosages seraient ainsi les 

Enfants ou le clan de Textos. Wh. Stokes a de son cote, Irish 

Glos., p. 104, propose une autre interpretation dont Tanalyse 

toutefois n'est pas complete. Jl part de l'ancien Ir. Techt, venir ; 

K. Tailh, voyage, marche, pour arriver au sens de l'anglais 

March-sustaining , les bons rxiarcheiirs, sens qui s'accorderait 

effectivement avec les longues peregrinations de ce peuple, 

mais oil je ne vois pas que Thabile Celtiste rende compte de 

Sagi *, — Remarquons en passant que Cesar, qui conserve aux 

Volcae arecomici leur nom national, ne donne plus a ceux de la 

Garonne, quand il a occasion d'en parler, que le nom tout 

nouveau de Tolosates, MO, vu-7. 

253. Arecomici, surnom des Volcae de Nemausus (Nimes), 
Ges., vn-8, 'ApyjxojjttGKoi, dans quelques Mss. de Strabon, p. 154, 
Did. lis s'etaient done etablis au pied des C^vennes, et le premier 
element de ce nom Are, devant, nous a etd traduit au n° 136, 
dans le mot Aremorici. Le sens du second nous a 6t6 donne, 
pens^-je, au n° 232, par le Gimenice d'Avidnus, mons dorsa celsus 
{Kemmenon dans Strabon). Nous y avons reconnu l'ir. Keim, 
degr£, gradin, elevation, E. Keum. — M. Cliamm, courbe. — 
K. Kemi, courbure ; — C. Chcin, dos, chaine de montagnes, etc. 
— La forme adjective ici, en Gaulois icos au sing., est constatee 
par Aremorici meme et par Namausicabo de PInscr. xn ci-des- 
sous. Arecomici veut par consequent dire : ceux qui habitent 
devant ou au pied des montagnes (les CtSvennes). 

254. Brannovices (var. Blannovices, Blannovii, etc.), sur- 
nom que Cesar donne, vn-75, a une fraction des Aulerci, cliente 
des Eduens. 11 signilie a la lettre les Enfants de Bran, ou du 



1. Voy. Muratori, Inscr. p. 1282, n° 5, ct Decker, Beitr. de Kulm, m, p. **-, 

2. Variante qu'il suit dans le nom grcc et latin des Tectosages, 



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252 • ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

corbeau, dans nos cinq idiomes, soit que tel ait 6l6 le nom de 
leur aieul, historiquement port6 par plusieurs chefs gallois ; — 
soit qu'ils aient, comme les Scandinaves, pris cet oiseau pour 
enseigne de leur tribu. Les poesies d'Ossian nous ont rendu 
familier le nom de Branno. — Quant a vices, voy. le n° 390. 
Nous croyons d'autant mieux Tavoir bien interpr£t£ que Bran- 
novii, soit simple variante de Brannovices, soit le nom d'un autre 
peuple, a tout a fait la m6me signification, Tlr. ui n'etantqu'un 
synonyme de Mhik, comme pi. de l'lr. ua, fils, posterity. 

255. Eburovices (al. Ebroices,- Ebroici, etc., Ebouraikoi ou 
Ebourouikoi dans Ptolem.), autre qualification patronymique 
d'une seconde fraction des Aulerci, C&>., vn-75; ceux d'fivreux. 
Mot a mot les Enfanls d'Ebur, ou d'Ebwr, en K. terrible; C. et 

Ar — Ebron en Ir. signifie fer (Corm.). Ge n'est probable- 

ment pas de ce dernier mot que les Eburons, peuple d'origine 
germanique, avaient tir^ leur nom, mais plutdt de Tancien Tud. 
Ebur, auj. Eber, sanglier. Gliick, ne pensant, p. 116, qu'a leur 
pays mardcageux,.est remonte a l'lr. Ebar, boue, qui convient 
mieux pour certains noms de villes, Eburomagus, plaine mare- 
cageuse ; Eboracum qu'explique litteralement l'lr. Ebrach, 
boueux, etc. Mais quand il interprete de la mSme maniere 
YEburodunum d'Embrun, ce terrible donneur de ferules tombe 
lui-m6me dans une Strange faute, celle d'asseoir dans les 
marais une ville non-seulement sitifee sur un plateau eleve, 
mais perchge sur un rocher. Voy. au n° 350 bis l'initiale Ebor, 
Ebur ou Ebru; — et pour Vices, le n° 390. 

Le nom des deux peuples Lemovices (du Limousin et de 
PArmorique) doit avoir une signification analogue, les Enfanls 
de Lemos, — ou de I'Ormeau 1 ? 

256. Diablitai, 3 e division des Aulerci, selon Ptol&n^e, n-8. 
C3sar, qui les nomme, m-9, Dlablintres ou Diablintes (var. Dia- 
bintes, Dlalintres, etc.),et Pline, qui change encore leur nom en 
Diablindl ou Diablinti, ne disent rien de leur parent^ avec les 
Aulerques, dont ils &aient au moins proches voisins, habitant 
autour de Jublains dans la Mayenne. Les nombreuses variantes 

1. Voy. Lemonum, au complement de la 3* section. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 2« 

que dous venons de r&inir ont donn6 beaucoup de peine a Gluck 
pour les rdduire a une furme normale qu'il putexpliquer. II s'y 
est p'ris a deux fois, p. 93 et 190, sans pouvoir y parvenir ; 
d&omposant d'abord ce mot en Dia et blintres, le premier devant 
6lre en Gaulois leprivatif K. et Ir. Di; et le second derive du K. 
Biin, paresseux, ou Blinder, fatigue ; ce qui nous donnait les 
diligents, les infatigables ; — puis, rejetant ce prStendu Dia et 
negardant que Di avec ablintres, tire d'un Ablin dont il n'indique 
ni Tidiome ni la signification. — Zeuss cite seulement, p. 837, 
le nom de Diablintes pour en extraire une particule Ir. Die, qui 
aurait eu le sens d'au dela, par dela. II ne dit rien d'ablintes, ni 
d'ablitai, dont nous rapprocherons PIr. Abheil, terrible, E. Aidh- 
bheil, K. C. et Ar....; adjectif auquel Die donnerait comme 
prSfixe une signification exagerative. Abellio, Abilus, Abileia, 
sont des noms connus par Pdpigraphie gallo-romaine. 

257. Enfin les plus c61fcbres des Aulerci, ceux qui fond&rent 
en conqu^rants des colonies dans la Provence, dans la Cisalpine 
et peut-Stre dans Pile de Bretagne (les Genimaghi *), etaient les 
Cenomani ou Cenomanni, Ces.,vn-75. Leur chef-lieu, Le Mans, 
nous rappelle encore leur surnom. On peut aisement reconnaitre 
les deux elements dont il devait Stre compose, Ceno et Mani ; 
le premier pouvant avoir le sens de lointain, eloigne, Ir. Kein 
ou* Kian, Z. p. 735; E.Keann, Kinn, extr^mite; — etle second, 
celui de lieu, endroit; K. et G. Man; Magen dans Zeuss, p. 5 et 
738. L'illustre Geltiste et son plus que rude disciple, M. Gluck, 
ont en consequence interprets le nom des C^nomans par : Ceux 
qui sont les plus eloignes*. lis n'ont pas refl^chi que, si une 
pareille signification convenait par hasard a la position des 
Aulerques cisalpins, la plus crientale des colonies gauloises 
dans la haute Italie, elle dtait un non-sens pour ceux du Mans 
leurs ancetres qui habitaient au milieu de notre Gaule, entourSs 
de leurs freres les Eburovices et les Diablintes. II faut done 
chercher une autre explication. Celle qu'on tireraitduK. Kenaw, 



1. Glttck maintient avec raison dans letexte.de Ctesar, v-21, ce nom que 
garantit la traduction grecque des Commentaires. 

2. Voy. Zeuss, p. 735, n., et Gluck, p. 62. 



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254 ETHNOG'fiNIE GAULOISE. 

race, posterity Kenal, et Kenedl, tribu, clan; Ar. idem. — C.... 

— lr. Kenel, race, enfants, W. S., E ; — et de TAr. Man, 

homme; — K. Maori, peuple; — C... — lr. Maori; pi. Main, 

h^ros; E.... me semblerait toujours preferable : le clan des 

honimes par excellence ou des h<§ros. Zeuss. et Gluck citent eux- 
mSmes des noms propres d'hommes, tels que Viromanus, 
Germanus, etc., dans lesquels manus ne peut avoir le sens 
d'endroit ou de lieu. 

257 bis. Eleutheri, surnom que plusieurs ediuons de Cesar, 
m6nie celle de Nipperdei, donnent aux Cadurci, vn-75, et qui 
ne me parait pas moins inadmissible qu'a D'Anville et a Wal- 
kenaer, quoiqu'on d^fende cette legon par une semblable, qui 
pr6c£derait aussi, ibid., le nom des Suessiones dans quelques 
anciennes publications desCommentaires. 1° Eleutheri est un mot 
grec qui signifie libre, et dont on ne s'explique pas la presence 
dans le texte de CSsar, soit comrae un surnom Stranger prdce- 
dant le nom principal , soit comme contradictoire a l'etat poli- 
tique des Cadurques annexes ici aux Arvennes. — 2° La plupart 
des Mss.,— Nipperdei lui-m6me nous l'apprend,— portent Elm- 
teii ou Helveteli, c'est-a-dire le nom d'un peuple particulier sur 
lequei nous laissons Walkenaer contester la supposition de 
D'Anville *. Gluck s'est prononce pour les Helvii, p. 111. 

258. litanasylva; c'est ainsi que les Boiens d'ltalie nom- 
maient une vaste for6t de leur pays (T. Liv., xxm-2 4). Litana, 
mot oublte jusqu'ici, est evidemment un adjectif dont on peut 
croire que le latin erat vasta indique a pen pi^s la signification. 
Cette conjecture se change en certitude par Tunanimite de nos 
idiomes celtiques. K. Llyclan, jadisJWtan, Z. p. 1'03 , large, vaste, 
(Hendu; C. et Ar. Ledan; lr. Lelhan, Z. p. 11, aujourd'hui Lea- 
than; E. id. M. Lhean. — Une montagne de Ligurie est nomm^e 
Letum, par Val. JVfaxime, i-5 et 9; et notre grande p&iinsule 
armoricaine : Uydaw, en K., nom latinise en Letavia ou Litavia. 
Voy. Z.p. 103. 

259. Sapinia ou Sappinia tribus, la tribu Sapinia, nom que 
les Boiens d'ltalie donnaient, suivant quelques traducleurs 2 , a 

1. Geograph. anc. des Gaules, p. 351. 

2. Voici le texte, 6d. Nisard: Per mbriam quarn tribum Sapiniam vocant, 



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GLOSSAiRE GAULOIS. 255 

un canton de Tancienne Ombrie, limitrophe de leur pays (T. Liv M 
xxxi-2). Gette interpretation du verbe vocant, tacitement acceptde 
dans le savant commentaire de Ph. Le Bas, est justiftee par Je 
double fait que ce canton avait fait partie du territoire des 
SSnons, et que son nom, corarae celui du fleuve Sapis auquel on 
pense qu'il le devait \ se rapproche beaucoup de ceux de Sabis, 
de Sapaudia et de Sapaudus, bien connus pour etre gaulois, de 
meme que le Sap6n et le Sapana des n 0i 96 et 138 ci-dessus; 
Sapinia est done, corame Litana, un adjectif, £galement ,oubli£ 
jusqu'a present, et qui designait d'abord quelqueclan, tribus, 
ainsi nomme, soit d'apr&s le chef qui en avait £t£ FancStre, soit 
d'apres le fleuve sur les bords duquel il s'dtait £tabli. II aura 
communique par la suite & toute la contr^e ce nom devenu ter- 
ritorial. Je n'ai du reste pas d'autre rapprochement a faire, le 
G. Sapan, sapin, Ar. Sap, £tant, selon R. Williams lui-m^me, 
derive du latin. 

260. Albucrarense ou Albicratense metallum, nom que 
Yon donnait, quod vocant, au meilleur or que produisit la- 
Gaule, suivant nos Editions frangaises;' — la Gallice, suivant les 
dernieres pubises en Allemagne (Pline, xxxm-23). II se pourrait 
bien que les ndtres eussent raison, car la premiere partie de ce 
mot se montre assez souvent comme initiate dissyllabique dans 
les noms gaulois, Alba, Albici, Albiga, etc., auquel il faut 
joindre celui de la britannique Albion. Nous Tavons vue, n° 70, 
signifier montagne, et probablement aussi blanc ou blancheur. 
Quant a Crarense ou Cratense, je ne suis arrive qu'& deux rap- 
prochements tres-vagues, Tun pour ainsi dire topographique, le 
K. Krawd, ce qui s'eleve par-dessus, de l'autre cdtg, ou bien 
surface, couche (superpos^e), — et l'autre peut-Stre metallur- 
gique, l'lr. d'O'Brien Karradh, resserrer, condenser. 

261. Staliocanus ou Saliocanus, nom d'un port dont la 
situation sur la mer de Bretagne est si vaguement indiqu^e dans 
Ptoldmde, n-8, que les g^ographes modernesle placent, les uns 

agrum Boiorum invadere jussit (le consul P. ^Elius). Gonf. le xxxni-37 : L. 
Furius per tribum Sapinam in Boios venit. 

1. Cluvier et d'autrcs savants. G'est aujourd'lmi le Savio, qui baigne les 
murs de Sarsine et de Ctfsene. 



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256 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

prfcs du Gonquet ou s'enfonce une anse appel^e Portz ou Pors- 
Liocan 1 , les a litres a Tembouchure de la riviere de Morlaix ou bien 
a celle du Legu£ de Saint-Brieuc. Ces deux derni&res opinions 
s'appuient sur ce fait, qu'il existait a Tune et k Tautre de ces 
embouchures une Tour blanche, signification que D. Lobineau 
attribue au nom du Liogan prfes du Conquet 2 . Mais d'apr&s la 
2 e Edition du Dictionnaire de la Bretagne d'Og£e, t. i er , p. 472, 
il en avait, disait-on, une autre, celle de Gouleur-blanche, Liou- 
gwen, et Terreur etait fondle sur la confusion qu'on avait faite 
de ce nom avec celui d'une anse voisine, les Blancs Sablons. Ce 
qui est positif, e'est que ni Lio, ni Slio, ne se trouvent avec la 
signification de Tour dans les dictionnaires bretons de Lagadeuc 
et de M. de La Villemarqud , ou dans ceux des autres idiomes 
celtiques que j'ai sous les yeux. Le K. nous donne seulement, 
quant au port : Lliaw, provenir du flux; racine : Hi, flux, inon- 
dation, cours d'eau; C. Lif; Ar. Liv (Williams) ; Ir. et E. Lia. — 
Kan, blanc, existe r£ellement ou a exists dans les cinq idiomes, 
^crit Kann en Ar. et Kain en Gaelique. Nous pouvons done 
en tirer, sinon le sens de Tour-blanche , du moins celui de 
gr6ve ou de rivage blanc. — Pour la syllabe initiale Staon Sa, 
oubliSe dans ces discussions, je ne vois que le K. Sal, salut, 
secours, qui puisse en 6tre r'approchd. Saliocanus serait alors 
Vanse blanche du secours ou du salut. 

La g^ograpbie de la Gaule nous offre encore d'auties adjee- 
tifs topiques, mais qui appartiennent sojt au Grec ou au Latin, 
soit a la langue iberique ou au Liguiien. Ainsi Kakkabarui 
est le surnom grec d'Heraclee aux perdrix, sur la cote de 
S. Tropez (llin. mar.); Pomponianis et Ponsserarius, Arx setiena 
(du m l Setius*), etc., ne nous presentent que du Latin. Le Cync- 
ticum (littus) d'Avtenus, Ora mar., v. 566; le Sambracitanus 
(sinus) de l'ltindraire maritime ne sont aussi que des adjectifs 
de cetfce langue, quoique le premier, qui remonte aux sources 
primitives ou puisait le poete g^ographe, derive du nom des 

1. Et non Port-Sliocan; Portz signifie port en bas-breton. 
% D'Anville, Notice de Vane. Gaule, p. 616 ; Walkenaer, Geogr., etc., t. n, 
p. 256; Gosselin, etc. 

3. Nom probablement ligure qu'on retrouve en Espagne et en Italic 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 257 

Cynetes d'Herodote, dont il atteste l'antique sejour sur notre 
littoral, au pied des Pyrenees i ; — et quoique le second, qui 
designe un golfe de la M^diterranee qu'on nomme aujourd'hui 
Grimaud, nous fasse supposer Texistence d'une ville de Sam- 
brax ou Sambracis, dont il ne reste toutefois aucun autre souve- 
nir. II se pourrait cependant que ce terme, d'apres son suffixe 
hispanique tan, nous vint des Iberes ou des Ligures ; je n'ai 
pu le rattacher par aucun rapprochement au K. ou au Gaelique. 
D'autres denominations topiques qu'on peut croire ddcidd- 
ment liguriennes, ou pour le moins ibdriques, ont 6te empruntees 
par Avienus aux anciens documents qu'il avait sous les yeux. 
D'abord, 262, Sordicen (qu'on avait d'abord mal lu Fordicen), 
nom que les habitants du littoral entre le Rhdne etles Pyrenees 
donnaient a un vaste etang situ6 vers la frontiere orientale des 
Sordes, et qui est aujourd'hui celui de Leucate ou peut-Stre de 
Saint-Nazaire. Ges Sordes ou Sordones sont les Ligures cis-rho- 
daniques de Scylax, venus de la Sardaigne et de la Corse *. Sor- 
dicen stagnum signifierait done l'£tang sordique, ou si Ton veut, 
des Sordes, la desinence en pouvant avoir indique un genitif 
pi., comme il arrive dans le Basque. En tout cas, il ne faut pas 
le confondre avec l'adjectif latin Sordicenus, par lequel notre 
auteur ddsigne Tancien territoire de ce peuple. Les autres 6tangs 
qui se suivent tout le long de cette cote avaient regu des noms 
ou des qualificatifs de la mSme origine. Ceux de Vendres et de 
Sigean, au territoire des Elesyces ou Elysices 3 , ^taient nomm^s 
Helice et Rubresus 4 . Je lirais volontiers pour le premier, — qui n'est 
certainement pasgrec, — 262 bis, Helicen, comme un adjectif 
en rapport avec le nom de ce peuple limitrophe des Sordes, et 



1. L'Stymologie grecque tiree de Kudn, chien, par M. de Saulcy, Rev. 
archdol., Janvier 1867, p. 69, me paratt tout a fait erronee, malgr6 les noms 
al!6gu6s a l'appui de Canet et du Ganigou. 

2. Avi6n. id. Ora mar., v. 570 et suiv. — Periple de Scylax, 3. — M£la, 
H-5. Conf. Pausan., x-17, etc. 

3. Avign. id. v. 584. Je ne compreuds pas qu'ou s'obstine a substituer ici le 
nom de B6bryces a celui de ce peuple constate par Hcrodote et par Hecat£ e > 
fragm. 20, Did. 

\. Voy. pour le l ir Avien., id. v. 588 ; et pour le 2 e , Mela, u-5. 

17 



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258 ETHJNOGfiNIE GAULOISE. 

qai serait alors corr&atif k Sordicen. Quant au deuxieme, le mot 
(262 ter) Rubresus ne peut avoir 6t€ qu'un qualificalif, puisque 
Pline l'avait latinis^ sous la forme adjective, Rubrensis lacus, 
m-5. J'ai vainement cherch6 quelque rapprochement entre nos 
idiomes celtiques etlestrois mots qui precedent, ainsi que pour 
le nom collectif des quatre petites lies du lac Rubresus : Piplx 1 . 
Avi&ius, continuant sa route, signale encore le Tauron 
paludem, et le Maslramela, celui de Berre. Quelques Sditeurs 
ont substitu6 k (263) Tauron le mot grec Tapliron; D'Anville 
opposait avec raison h cette pr^tendue correction le fait que 
cette vaste lagune se nomme toujours l'6tang de Taur ou de 
Thau. Mais il a confondu la legon qu'il d^fendait avec le taurus 
latin, sans faire attention que le texte d'Avi&ius porte, non pas 
Tauri (l'&ang du Taureau), mais Tauron paludem, double accu- 
satif, qui prouve, ce me semble, la presence d'un adjectif ni 
latin ni grec, duquel je rapprocherais m£me, n'en d^plaise a 
£tienne de Byz., le nom d'une colonie marseillaise, Tauroeis ou 
Tauroentum, fondle sur le territoire des Ligures. Toutefois Tau- 
ron s^loigne moins du Celtique que les mots precedents, m6me 
en laissant de c6te le Tarvos gaulois, par son double rapport 
avec le Taurouk ou potamot des marais (voy. le n° Hi), et avec 
le K. Tawr, couverture, celui-ci rappelant le tissu de plantes 
entrelac^es qui couvrait un de ces £tangs des Volques, au dire 
de Mela, n-5. — Le nom bizarre de (263 bis) Hastramela, qui 
parait un mot compose non moins Stranger au Gaulois, s'en 
rapproche pourtant dans sa seconde moitte par le K, Mel, miel 
(Ir. Mela), d'ou le K. Melen, jaune, couleur de ces greves sablon- 
neuses, — et le K. Mela, recueillir du miel. — Enfin, Pline nous 
entretient, ix-8, des pSches singulieres qui avaient lieu sur 
T&ang Latera, n° 264 (celui de Maguelone), au territoire des 
Volques de Nimes, et pr&s duquel existait un fort du m6me nom*, 
probablement construit par eux. Ce nom nous ram6ne directe- 



1. Avi6n. id, v. 583. Priscus usits dixit has omnes Piplas, nom qu'on a 
encore voulu corriger en Triplas, malgrS Tauteur qui parle positivement de 
quatre lies. 

2. M41a, n-5; quelques Editions donnent la var. Latara* 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 

^o9 



roent sur le terrain de notre Glossaire. JJ est en offer ., , 
significations diverses ega.ement acceptable en ! 2 
pour a forme avec 1'Ar. Latar, brouillard , Latar i/rZll tZ 
brouillards ; - avec le K. Laiihr, brillant, Lathru T 7^J™. 
-et avec le gaehque Lathar, lieu de reunion ou dTCtat' 
Phne rapporte que les populations accouraient tons les ans p 0ur 
y voir les dauphms, de concert avec les pecheurs chair i 
combattre les muges a leur sortie de 1'etang 

265. Al ; — 266. Min ; — et 267 T»„ r 0£ . » • 
•abes sent, en exceptant Tri que' ^ '£ £™£ 
seal, mots de cette categorie que j'aie trouves dans es auteurs 
c as S1 ques 1 s sont dus tons les trois au plus illust re enfent de 
laGaule cisalpine, a Virgile.il les avait rassembles dans . Z m 
gramme * qu'il lanca centre le rheteur GmT^S^fa 
Thucyd.de breton, a cause de 1'obscurite de son style el de sa 
manie de larder ses phrases de termes surannes^et meme a e 

fratricid7donM t,qUeS - ^ *** **"* *" 0Utre «"»^n au 

?t ' ° P T ^ PUbIiq " e Chargeait ce P^onnage «?«*. 

^Sht.7' '.r 011 '- CiC * T - Phm P-> »• 6). VirgHedonne 

svllabes nlrn, , f^"* 5 rt AuSOne ' * ui cite ces tr ™ ™no- 
bn^f/ ? les tortures des grammairiens, Idyl., xu, qua- 

ItlLlelnr 6 • " ^ d00C t0Ut natUrel de ™*e q«e *» 
etanegalementgaulois; mais nous ne pouvons guere espeYer 

rr en ,h r n e ", qU ! IC P ° 6te aquUain ne comprLah paslui- 

:™ e ' f ° r f <krange ' SOit P° ur lui ' s '» a P^e serieuse- 

ment, son pour les grammairiens romains, a une epoque ou 

ancienne langue nationale etait encore parlee dans les Gaules. 

ue iait est que Al appartient, avec des significations diverses, a 

quatre de nos idiomes, production, race, K. et E. ; - sa live en 

Ar ; — aliment et epouvantail en Ir. ; - lettre encore en K., etc. 

Bede nous garantit en Gaelique, Hist. A. Sax., x, 12, celle de 

1# Corinthiorum amator iste verborum, 

Thucydides britannus, atticaj febres, 
Tau Gallicum, Min, Al, spinas illi sit. 

2 Al Cellar,,^ £.° mnia "* Verba miscuit fratri. 
1. Al Celtarum (Gramtnaticom., r. 5.) 



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260 ETHNOGENIE GAULOlSfc. 

rocher. — 11 en est de meme de Min qu'Ausone appelle leiife- 
rum mqrtel,.et qui, signifiant entre autres en Ir. et E. farine, 
repas pouvait se rapporter, ainsi quMJ, aliment, a la mamere 
dont Cimber empoisonna son frfere. — Tau n'est pas aussi g&i<§- 
ral; mais sous des variantes, Tad, Taoi, Tamh, de l'Ar. et du 
GaSlique; — C. Taw, sois silencieux, — il conserve l'idSe de 
silence qu'il exprime en K. II y possede aussi le sens de se 
dSployer, de s'etendre, et Borlase, de m6me qu'Ed. Davies, en 
ontconcluque c'&ait le nom consacr<§ d'un chSne auquel on 
donnait, en abattant toutes ses branches, except deux, la forme 
d'une croix 1 , et qui devenait ainsi, disent-ils, l'embleme du 

Jupiter druidique 2 . . 

D^jk SchSdius avait rSvS que ce mot, qu il Sent Thau, sigmfiait 
Dieu en celtique, et il en tirait le nom de Teutates (Z)e diis ger- 
manis, p. 292). — D'un autre cote, M. Kunssberg reconnait dans 
ces trois mots du pur ancien Allemand : Du Min Al, toi ! mon 
tout ! cri de desolation pouss<§ par ses parents les plus proches sur 
le lit d'un mourant. 

Cette faQon d'ecrire le mot Tau, que nous venons de remar- 
quer dans Schedius, est aussi celle de Gregoire de Tours, Hist. 
Franc, iv-5; mais il s'agit dans cet historien d'un signe sau- 
veur qui apparut sur les murs des maisons pnfcerv&s de la 
peste regnante en Auvergne vers 550, et auquel les paysans don- 
nfcrent le nom de Thau, e'est-a-dire celui de la lettre hSbraique 
dont un ange du Seigneur regut l'ordre de marquer au front 
tous ceux que devaient Spargner les ministres de sa colere. II 
n'est done pas question dans ce passage d'un terme celtique, 
mais d'une lettre dont les paysans de 1' Auvergne apprirent le 
nom par leurs prStres. 



1. C'est probablement d'apres Isidore, Or., i, 3, qu'on rattache Tid6e dc la 
croix a ce Tau, et Adelung s'est tromp<* en citant Quintilien a ce sujet. 

2. Voy. Davies, Celtic research., p. 143, ou il reovoie a YHistory of the 
Druids de Borlase, p. 108. 



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GLOSSAIRE GAULOTS. 2 1 

B, — Par les inscriptions. 
1° Mots isol^s ou ne formant point de phrases. 

268 et 269. Belliccus et Surbur, mots inscrits sur la mSme 
pierre, le premier au-dessous de la figure d'un chien (qu'on 
avait d'abord pris pour un lion), et le deuxteme sous celle d'un 
sanglier, qui lui fait face. — Cette pierre faisait partie des ruines 
decouvertes sur le Donon ou Framont, haute montagne des 
Vosges (Voy. Schoepfl., Alsat. ill, t. i er , p. A52 et pi. in; D. Mar- 
tin, Bel. des Gaul., t. i er , p. 340). L'inscription et ces ruines 
appartenant a Y6co\e gallo-romaine, il ne peut 6tre question ici 
du sus gallicus, un des symboles de la nationality gauloise. D'un 
autre cdt6, ces mots ne peuvent 6tre que latins, grecs ou celtiques ; 
mais Surbur 6tant Stranger aux deux premieres de ces langues *, 
il semble certain que Belliccus, avec ses deux c 1 , appartenait 
£galement k la troisteme. D£ja connu comme nom propre gallo- 
romain, mais avec un seul c, par plusieurs inscriptions 3 , il figure 
encore sur une pierre r^cemment trouv^e k Vienne comme celui 
d'une famille consulaire originaire de cette ville. Cette inscrip- 
tion, qui sera prochainement publiee avec toutes celles qui appar- 
tiennent a cette antique cite, rectifie le nom de Bellicius inscrit 
dans les Fastes aux annSes 876 et 895 de R. (124 et 143 de 
J.-C). II s'y trouve m6me un Bellicus Natalis subrogS en 820. 
On a 6mis diverses opinions au sujet de ces deux mots ; la plus 
probable en fait les noms des animaux dont ils sont accompa- 
gnds, lesquels figuraient sans doute une chasse an sanglier. Il 
y a dans les fragments des Satires de Varron un Vellicum qui 

l.Lire sus robur, comme on l'avait si hardiment propose^ est inadmissible 
en presence de 1'inscr. de Zurich, SVRBVRO. (Mommsen, Inscr. helvet.,\%5* 
n° 352. s. n° 198.) 

2. Le second, beaucoup plus petit que le premier, paralt avoir 6te* ajoute 
apres coup. 

3. Voy. entre autres celles de Worms citees par Duchalais, Medaill- OouUt 
p. 180, et une de Dijon, Bellicia, Bellici soror. (Legouz-Gerland, Dissert, sur 
I'orig. do cette ville, 1771, pi. xiv-3.) Conf. Steiner, De Wal, etc. 



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262 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

me parait bien signifier, non un paysan, villicus, mais un chien 
de chasse : 

Venatum ejecitjejunio 
Vellicum *. 



Ce mot appartiendrait dans ce cas au Gaulois italique comme au 
transalpin. On le voit^encore assocte a deux chiens sur une pierre 
d&ouverte a Sens, il y a quelques ann^es, et quirepr^sente un 
forgeron avec ces animaux k ses pieds, et cette courte inscrip- 
tion : Memor Bellici Bellator (Revue des soc. sav., fevr. 1858, 
p. 2Z|1). C'est un d6rivd du radical K. Bel, tumulte, guerre ; — 
Ar. id. combat ; dans Tun et Tautre idiome Bela, combattre. — 
C.... Je ne pense pas que le doublement de VL dans Bellicus y 
fasse obstacle, car Lagadeuc dcrivait encore, avecce doublement, 
Bell, ainsi que ses d£riv6s Bellaff, combattre, Belter et Belluz, 
batailleur. Ce sera, si Ton veut, par confusion avec la forme lat. 
Bellum, mais n'oublions pas que celle-ci se montre avec une 
desinence toute celtique dans le nom de Bellona (Voy. le 
n° 412 bis, Ona, divinity. Et un autre nom, celui du dieu 
celto-hispdLnique Endovellicus, ne se rencontre-t-il pas aussi avec 
une seule I dans la variante Endobolicus 2 ? — Je continue done : 
K. Belawg, prompt a ravager, etc. — Ir. Beol, voleur, brigand ; 
Beolaoch, bon soldat; — E. Beolach, un vif jeune homme. 

Nous n'avons pour Surbur que des &&nents incomplets, mais 
leurs significations presque pareilles justifient, sinon l'&ymolo- 
gie, du moins le sens pr£sumt§ par Schoepflin, sus ferus , 
id. p. 457. — 1° L'Ar. Soroch veut dire grognement de pore ; 
— C. Sor, grognement ; — K. Sur, maussade, intraitable. — 
2° Le G. Bora, sanglier 8 , tr&s-proche parent du Boar anglais, et 
qui compose, avec Sor ou avec Sur, un mot presque identique 
avec Surbur. — En Bavtere, dit Radlof, p. 298, on nomme un 

1. Voy. Rhein. Musceum fiir philol.,xiv* arm., I er cah. 1859, p. 108. Quelle 
que soit la signification de Vellicus, il ne se trouve pas dans les dictionnaires 
que j'ai sous les yeux. 

2. Voy. De Wal, MythoL septentr. monum., etc., 1847, n°» 102-105. 

3. Donne* par Price, mais non par Williams. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 263 

verrat Saubar (cochon-ours). II y a bien encore le K. et Ir. Bur, 
colore, violence, mais tout seul il ne nous avance gufere. 

Nous arrivons au monument le plus considerable de V6pi- 
graphie gauloise, a cet ensemble de pierres ddcouvertes en 1711 
sous le sol de Notre-Dame de Paris, et qui portaient en bas- 
reliefs sur leurs quatre faces, les unes des divinit&s romaines 
ou gauloises, les autres des personnages divers, chacune avec le 
nom de la divinity ou une ldgende explicative du sujet qu'elles 
repr^sentaient. Malheureusement une grande partie des carac- 
t&res et des figures 6tait fortement endommag^e ou m6me effa- 
ce. La principale inscription qui est lat. nous apprend toutefois 
que ces pierres faisaient partie d'un monument religieux £lev£ 
par les Nautes parisiens, sous le regne de Tib&re, entre 14 et 37 
de J.-C. Les divinitds romaines nominees sont Jovis, Volcanus, 
et Castor qui fait reconnaitre Pollux; les gauloises, Esus et Cer- 
nunnos; les 16gendes : 1° au-dessus de trois bommes arm£s, 
Eurises; 2° au-dessus d'un groupe de graves personnages, Senani 
Veilo ? — 3° au-dessus du taureau placd sous un arbre ou dans 
un bois, et portant trois grues, Tarvos trigaranus; — Zi° enfm 
au-dessus d'un bomme avec une massue ? levee en face d'un 
serpent dressd contre lui, Sevi. ri.. is. Ces inscriptions nous pr£- 
sentent done au moins six mots qui, n'dtant point latins, mais 
accompagnant une dSdicace faite dans cette langue, ne peuvent 
6tre que gaulois et nullement grecs, et doivent designer, de 
m^me que les noms d'Esus et de Cernunnos, des fonctions ou 
des cboses pour lesquelles les auteurs de ce monument ont voulu 
conserver les termes consacrds dans leur propre idiome. Ces 
figures, qu'on peut dtudier au musde de Saint-Germain, ont 6l6 
souvent reproduites et expliqudes de bien des fagons par Mau- 
tour, Baudelot, Leibnitz, J.-G. Eckhard, Lobineau, Dulaure, etc. 

270. Eurises. Ces trois hommes amies de piques et de 
boucliers, le premier portant en outre un grand cercle, sont 
accompagnSs, sur une autre face de la m6me pierre, de trois 
autres hommes arm£s de m£me, mais avec des boucliers de 
forme difterente. Cette face est sans inscr. Le K. possfcde une 
s6rie de mots fort rapproch^s d' Eurises, mais qui se rapportent 
h Tor et aux travaux qui le concernent, Eurych, ouvrier en or, 



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26/i ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

Euiydd, affineur (Tor, sens qui ne conviennent pas k notre bas- 
relief. II est vrai qu'Eurych signifie aussi, d'une manure g£n£- 
rale, ouvrier en m£taux, et c'est Interpretation qu'avait adop- 
tee Leibnitz. L'Ar. Euruz n'est autre que notre franqais heureux. 
L'Ir. Eiris, ami, est bien vague. Si nous decomposons le terme 
gaulois, Eu pourrait r^pondre au K. Ew, Ey, ce qui coule, l'eau 
(Chalmers) ', C. et Ar.... ; — et Rises h Rhys, course, 61an ; Rhy- 
sedda, s'dlancer en avant ; Rhyswr, combattant; C. et Ar.... — 
Nous avons de cette mani&re les coureurs ou les guerriers de 
l'eau, les Naulx mSmes que le bas-relief nous pr&sente avec 
leurs armes, les navigateurs de cette epoque devant toujours 
6tre aussi pr£ts a combattre qu'a trafiquer. L'Ir. Eur, escorte, 
nous conduit encore a cette interpretation, parfaitement en rap- 
port avec Tinscr. suivante qui appartient a la m£me pierre. 

271 et 272. Senani et Veilo qu'on a lus aussi : Senan Weilo, 
Senani V. eiloon V. eilom, Senanie Wielom, ou Wieilom. J. Bekker 
donne encore pour ce dernier mot la variante V..ilom, et Stokes 
dubitativement VeilonL Le double w 6tant tout a fait etranger 
a l'6pigraphie lat. n'a jamais 6i& qu'une mauvaise leqon, et les 
autres variantes sont peu importantes, a la distance de dix-huit 
siecles, pour Tobjet qui nous occupe en ce moment. C'est du 
reste la premiere qui est gendralement regue. Nous avons 
d£j&, au sujet des Semnotheoi, 81, cit£ Senani qui est certaine- 
ment ddriv6 du K. Hen, Z. p. 99; pi. Henon; Ar. Henann; C. Hen; 
Ir. E. Sen, Z. p. 12; Sean, vieux; K.Henadur, ancien,s£nateur. 
— Ir. Senan, senecio 1 , glose de Z. p. 12; Seine, ancien, prStre; 
Seanaid, s&iat 3 . (Voy. le n° 16.) — Reste Veilo, qu'on a tantot 
gr6cis£, tant6t pris pour le nom gaulois du gui, je ne sais 
vraiment a quel propos, car il n'y a rien qui concerne cette 
plante dans le bas-relief que couronne cette tegende. Le K. nous 



1. Owen Pughcs donne pour Ew ce qui est propre a glisser ou couler, co 
qui est clair ou lisse. 

2. Buchanan parle des Senecioncs d'Kcosse ainsi que des Bardi au livre u 
de son Histoire. 

3. On a remarque dans le paysde Chartrcs, centre du culte druidique dans 
les Gaules, C($s., vi, 13, le voisinage des noms dc Srinautes ct de Droux, mais 
ce dernier vicnt des Duroca««s« , «* ot non den D'-uides. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 265 

ofTre un rapprochement si frappant que je n'h&ite pas a inter- 
preter Senani Veilom par les anciens, ou le sknat de la naviga- 
tion, : Huil, Z. p. 144, auj. Hwyl, voile; Hioyliaw, naviguer; 
Hwyleawg, etant sous voile. — Ar. Gwel, C. Guil; Ir. Fial et Seol, 
Z. p. 29, et E. id. pi. Siuil, voile; M. Shiaull et Shiauill, navi- 
guer. — Ar. Gwelia, mettre h la voile. Que si la proche parent^ 
de ces mots avec le velum lat. les rendait suspects, nous avons, 
pour les appuyer, ou m6me h leur defaut, Tlr. Geilios, trafic ; 
E. Geall, gage, nantissement; Geill, admettre, soumettre, tr&s- 
proche lui-m6me du K. Geilig, exploration, chasse; — et le 
K. Gweilgi, la mer : Ir. Gil, eau; Geoladh, E. Geola, petite barque. 
II me paralt done certain que Senani Veilo d&rigne le s^nat 
mGme, le conseil des Nautse parisiaci, comme Eurises les jeunes 
Nautae, la partie active de la corporation. Voy. sur ce g&iitif pi. 
en omf le n° 295. 

273 et 274. Tarvos Trigaranus. Ces mots, litt&ralement 
celtiques, sont presque aussi grecs que gaulois; mais comme 
les Celtes n'ont certes pas 6t6 demander aux Grecs les noms 
du nombre 3 et de Tanimal qui tralnait leurs chariots ou labou- 
rait leurs champs, on peut regarder cette inscr. comme une 
preuve positive que les prec^dentes sont pareillement gauloises. 
Tarvos est identique au K. Taru, Z. p. 160, Ar. et C. Tarv et Tar 6; 
Ir. Tarb, Z. id. et Tarbh, E. id. taureau 1 ; — et les deux parties du 
mot Trigaranus le sont egalement : Tune au Tri t que nous con- 
naissons ddja, n 08 56 et 104; Tautre au K. Ar. et G. Garan, grue*, 
du K. Gar, jambes (Garnett, p. 151); — Ir. Korr, E. id. grue, 
cigogne et hgron, suivant les £pithfctes qui Taccompagnent. 
Taureau a 3 grues, e'est ce que repr6sente pr£cis£ment le bas- 
relief. Quant au sens de ce singulier embleme, au culte de ce 
taureau et de ces grues, et au rapport de ces derniferes avec 
les corbeaux d'ArtSmidore (Strab., iv), je n'ai pas h m'en occu- 
per ici. 



1. Remarquez la finale du nomde Dunotaurus, prince des Helvicns, dans 
Ces., vu, 65, du galate Dejotarus, etc. 

2. Les montagnards des Pyrenees centrales nomment encore les grues ou 
les cigognes : Garu. ( tf. Chaix, Nouv. guide aux Vyren., p. 645.) 



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266 ETHNOGENIE GAULOISE. 

275. Sevi.ri..os, 16gende toute mutil^e et dont les troncons 
n'ont pas mfime dtd lus de la m6me manifcre par les antiquaires. 
Quelques-uns les ont r&iuits k R. os. La moitte encore visible 
de Favant-derni&re lettre peut venir d'un D ou d'un Q, mais 
beaucoup plus probablement d'un 0. L'espace vide entre cet 
et ri qui.pr£c£de a pu contenir deux lettres. Le tout formait-il 
un seul mot ou plusieurs, c'est ce qu'on ignore. L'homme en face 
d'un serpent qu'il parait combattre semblait avoir son explication 
toute trouv^e dans le passage ou Pline raconte comment on enle- 
vait Foeuf magique, appete anguinum, produit par ces reptiles, 
xxix, 12. S'il en £tait ainsi, l'inscr. Sevi-ri-os devait offrir un 
sens en rapport avec les id^es d'oeuf ou de serpent, de magie ou 
d'enlevement. Je n'ai trouv£ aucun nom de reptile pouvant entrer 
dans cette l^gende, mais FAr. Vi signifie oeuf; K. Wy, C. Wiy.— 
Ir. Ubh, E. Ugh. Je n'ai rien pu faire du se qui prdc&de. Les 
lettres suivantes, ri, ont pu appartenir a un mot derive, soit de 
FAr. Ribla, voler, ravir; soit du K. Rheibiaw ou Rheibio, saisir, 
charmer par magie. Rheibes est un enchanteur, un fascinateur. 
— Ir. Reabh, artifice, ruse ; Reuban, E. Reubainn, vol. 

On rencontre sur un grand nombre de poteries d'^utres 
inscriptions; les unes n'etant, comme Cinna, que la signature 
6vidente du potier, ou quelquefois une indication de prove- 
nance, comme peut-§tre celle-ci : 

t trouvee aupr&s d'Alaise, et qu'ont fait valoir en faveurde 
ci l eurs pretentions sur FAlise de C^sar les savants franc-com- 
^' tois 1 ; — quelques inscriptions enfin pouvant Stre (comme ci- 
dessus au n° 269 ?) le nom de Fob jet que repr&ententces ddbris 
oudes figurines dematieresdifferentes 2 . Ainsi, sur une statuette de 
chien lancd h la course, on lit cricuro. Est-ce le nom de Fani- 
mal ou celui de Fartiste? La premiere supposition n'a rien qui 
Fappuie suffisamment; la seconde a pour elle les mldailles et 
une inscription de Langres qui constatent le nom propre Cricirus 



1. Voy. la Rev. d. Soc. sav., aout 1859, p. 216. Lecture fort douteuse, 
suivant le Diet, archeol. de la Gaule, p. 26. 

2. Voy. entre autres, pour tous ces noms, l'ouyrage de Tudot, Collect, de 
figurines, etc. 1860. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 267 

(Lelew, p. 223. M. de Saulcy, etc.). Celui de Crixus est bien 
connu. Deux autres statuettes en verre repr&entant des femmes 
assises, Tune avec un enfant dans les bras et le mot Istillu par 
derri&re ; 1' autre avec deux enfants et Inscription : (276) Isporon, 
ont occupy les savants du stecle dernier 1 , qui voulaient y voir 
soit du Grec, soit du Gaulois. Ces mots se laissent ramener a 
peu prfes aussi bien a Tune qu'a l'autre langue 2 . Mais le premier 
parait d&mitivement £tre la signature du potier Pistillus, noiii 
assez commun que reproduisent diverses mddailles, Pichti- 
los, etc. 3 , et une inscription de Worms dont j'ai ddja parl£, 
n° 269, Pistillus f. de Bellicus. Isporon n'est pas "aussi bien 
eclairci. Un 3 e mot, fort rapprochd d'Istillu, et de physionomie 
toute celtique 6galement\ Mstatlifde la Haute-borne de Fon- 
taine, pr&s de Joinville, autre sujet de discussions (Viromarus 
Istatlif), ne me parait encore, ainsi qu'a Caylus, qu'un nom 
propre, Istatli filius. On lit dans Diodore, xxv-10, celui d'lstolla- 
tios, chef celto-hispanique. 

II y a du reste, dans la quantity toujours croissante de ddbris 
arch^ologiques qui sortent de Tancien sol des Gaules, statuettes, 
vases, instruments, fioles ou formules m^dicales, etc., un grand 
nombre de mots ou d'assemblages de lettres plus ou moins 
Granges, dont on a fait ou dont on veut faire tous les jours des 
inscriptions gauloises. Un assez grand nombre nous apprennent 
simplement les noms de petites divinit&s ou de dieux topiques qui 
nous etaient absolument inconnus. Mon intention n'est pas, et il 
serait impossible d'ailleurs, dans l'Stat actuel des choses, de 
passer en revue tous ces debris pour leur arracher quelques 
termes incertains. Quand toute l'dpigraphie gallo-romaine aura 
6t6 rdunie en un vaste corpus, il sera possible de comparer et 



1. Voy. D. Martin, Rel. d. Gaul., t. ii, p. 265 et suiv. 

2. Grec, Eis telos et Eis poron.— K. Ysteliw, ystyl, ysdil,et yspori, yspo- 
rion, etc.; Tellou, Bron, avec Pancien article Ys (sens d'61an, d'extension, 
etc., et de nourriture ou de mamelle). 

3. Voy. Grivaud de la Vincelle, Duchalais, Lelewel, M. de Boissieu, etc. 

4. K. Dathlu, Dathliad, Dadl,Z. avec le meme art. Ys. Conf. l'lr. Tatlai- 
ghim, Deadla (sens de c61ebrite\ de querelle, etc., ou de domination et de 
hardiesse). 



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268 ETHJNOGfiNIE GAULOISE. 

d'&udier tous ces fragments, et d'ajouter a nos glossaires les 
mots qui auront support^ Tdpreuve d'une verification s£v£re. 
N'oublions pas ce pr&endu monument bilingue d'Eauze, latin et 
gaulois, qui a fait quelque bruit, m6me h Tlnstitut, dans les 
premieres anndes de ce stecle; il devait 6tre pour le Celtique 
une autre pierre de Rosette, et n'a ete qu'une mystification. Plus 
consciencieuse, mais non moins illusoire, a 6t6 la ddcouverte de 
cet alphabet gaulois gland sur les pierres et les rochers de notre 
Basse-Bretagne par Tamiral Thdvenard 1 , cet autre brave fascine, 
comme le premier grenadier de France, par la celtomanie de 
son temps. Aussi n'ai-je pas dissimuld ma defiance quand, aprfcs 
de longues recherches, je m'etais vu oblige de reconnaitre que, 
dans ce grand nombre ^inscriptions que j'avais interrogdes, il 
se trouvait k peine quelques mots dont je pusse tirer parti; — 
et c'est une chose qui me paraissait fort singuliere, que la plu- 
part des vocables gaulois, cjui nous ont 6t6 transmis par les ecri- 
vains, trouvant dans le Celtique moderne leurs semblables ou 
leurs proches analogues, nous n'arrivions a expliquer avec quel- 
que certitude que deux ou trois au plus des principaux textes 
lapidaires que j'avais eu le premier la pensde de reunir. Une 
partie de ces mots semblait m6me, disais-je, tout k fait etran- 
g&re aux idiomes actuels. M. Kunssberg n'a pas manqu£ de se 
faire,p. 208, n., un argument de notre impuissance, k M. Pictet et 
a moi, — relativement a la grande inscription d'Alise, — pour 
appuyersesrevendications ultra-germaniques. Mais ont-ilsdonc 
&6 plus heureux avec leur Gothique ou leur Tudesque, lui et un 
autre Germanomane aussi aventureux, M. le comteL. Hugo, dont 
M. Maury nous a faitconnaltre, en la r6futant 2 , la nouvelle inter- 
pretation? L'Allemagne elle-meme a laissetomber leur drapeau, 
que desavouait la science des Diefenbach, des Ebel et des 
Schleicher. 

Depuis dix ans les persdv6rantes et profondes etudes des 
€eltistes contemporains, inaugurges avec tant d'gclat par Zeuss, 
nous ont familiarises avec les formes et les desinences qui carac- 

4. Voy. ses Memoires, t. h, p. 417, 448, 422 et 550. 
2. Dans la Revue archeol., juillet 186G. 



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GL0SSA1RE GALLOIS ' 269 

terisent les mots gaulois, et Ton peut actuellement, dans Ja phi- 
part des cas, decider si telle ou telle inscription appartient en 
realite a l'ancienne langue de nos peres. Plusieurs ont etd tra- 
duites avec certitude, et Ton a pendlre, au moins en gros, le 
sens du plus grand nombre. Reprenons done avec plus de con- 
fiance l'examen de ces monuments dpigraphiques, aides que 
nous serons par tous les travaux de ces derniferes ann^es. 

2° Mots faisant partie de phrases epigraphiques. 

Je m'&ais bornd, dans ma premiere Edition, a citer comine 
de simples specimens quelques-unes de ces inscriptions emprun- 
t£es seulementa laLyonnaise, pour ne pas me heurter, disais-je, 
au Midi contre TAquitanique, quel qu'il fut, et au Nord contre 
le Tudesque. 

Nous pouvons hardiment, apres les progr&s que nous venons 
de constater, elargir notre cadre poury admettre les inscriptions 
que Ton a rdcemment d^couvertes et qui ont 6te, comme les plus 
anciennement connues, Pobjet d'opiniatres essais de d^chiffre- 
ments, tenths a diverses reprises par Ad. Pictet, Wh. Stokes, 
J. Becker 4 et d'autres savants que je citerai a F occasion. Le nombre 
de nos inscriptions s'est ainsi elev6 de sept ou huit a plus d'une 
vingtaine. II est encore trop faible pour chercher a les classer dans 
un ordre quelconque; les anciennes s'dtaient naturellement 
groupies autour du mot IEVRV quis'y trouvait rep£t£, et qui fut 
en consequence la premiere de nos conquetes sur ce terrain 
myst^rieux, et la clef avec laquelle on parvint d'abord a ouvrir 
quelques-unes de ces dnigmes. Les nouvelles suivront dans 



1. Apres son Essai de 1859, jugtS sSverement par les maltres celtistes 
d*outre-Manche, M. Pictet en a public un second en 5 articles, dans la Rev. 
archM. de l'annee 1867 (livr. d'avril a aout). — Ceux de Wh. Stokes ont 
paru principalement dans les Beitrdge der Vergleich. Sprachforsch. de Kuhn 
et Schleicher, 4« cahier du t. i er ; l e r cah. des t. u et m, 1859 et 1801. — 
Enfin J. Becker, apres une courte tentative dans le Rheinisch. Museum de 
1859 (XIV* annee, l e ' cahier), a fait paraitre dans cesmemes BeUrOge,% m, 
cah. 2, 3 et 4, et t. iv, 2« cah. (1802-1864), un travail fort 6tendu*sur nos 
inscriptions gauloises. 



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70 ETHJNOGfiNIE GAULOISE. 

Tordre ou les a placees M. Pictet, et je les ai toutes comprises 
dans une m6me serie de numdros en chiffres romains, pour faci- 
liter, a la table des matures, les recherches du lecteur. 

La premiere provenait de fouilles recem- 
N° i. ment faites a Autun, et avait ete publiee 

LICNOS C°N dans V Autun archeologique de M. de Fonte- 

TEXTOS-IEVRV nay, et par M. Devoucoux*. Licnos Contextos 
ANVAL°NNACV. nous avait paru, avec cette finale des nomi- 
CANEC°SEDL°N natifs sing, en os si commune sur nos me- 
(Dict. archeoi. de la dailies gauloises, — (et les pierres de N.-D. 
Ganle, pi. insc. \K) de Paris), — un double nom propre, comme 
il s'en prdsente assez souvent dans leurs 
l^gendes. Ces deux faits sont maintenant acquis a la science. Le 
nom de Licnos, sans parler de ses analogues epigraphiques 
dans les recueils de Steiner, etc., ni du Licaunusf de Silius Ita- 
licus, iv, v. 206 (voy. Zeuss, p. 736), se retrouve dans une 
inscription d'Aquilee, citee par J. Becker d'apres Philippe de la 
Torre 3 . Les noms de Textus et de Textumahx (Matres) nous sont 
aussi connus par des monuments lapidaires (J. Becker, id. 
p. 442). M. Pictet avait rapproche 4 le compost Evident Con- 
textos, qu'il interpr&ait par compagnon, associe, de l'lrl. Co- 
techt, gl. conventus, Z. p. 842. — Stokes bl&me cette assimila- 
tion parce que Yx se transforme dans Tancien Gaelique en un 
simple s, et pense que ce nom signifiait Men bath solide 8 . 

277. Anvalonnacu est un datif sing, en u reconnu par 
Stokes 6 ; mais il s'etait deja present^ a nous comme le regime 
indirect du verbe ieuru, que nous expliquerons tout a l'heure. 11 

1. Licnos est bien le nom tout entier; il n'y a dans l'encadrement de 
l'inscription aucune place pour une premiere partie qui aurait disparu. Avis 
a M. Stokes. 

2. Hist, d' Autun par Ed. Thomas, nouv. 6d. MM. Devoucoux et Fontenay 
ont lu Leuru et Ieuru; celui-ci est la veritable lecon. 

3. M. Foulcus C. F. Licnus. (Beitr. m-cah. 4, p. 428.) 

4. Pictet, premier Essai, p. 36. — Stok., Beitr., h, p. 107. 

5. Beitrdge, n, p. 107, et Irish glos., p. 103, 104, ou il cite le Cumtach de 
Z. p % 777, gl. fabrateria. — Tech, maison. 

6. Voy. Beitr., t. n, p. 103. Conf. la Gramm. Celt, de Zeuss, 6d. d'EbeL 
p. 222 a 225. * 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 271 

peut 6tre pris pour un nom de personne, de localite, on pour un 
adj. soit topique, soit ethnique (voy. n 08 238 et 379), et semble 
dans tous les cas assez proche parent de Tancien nom d'Aballo, 
aujourd'hui Avallon, lequel est visiblement d£riv£ de YAvallo, 
pommes, que nous a donn6 le petit glossaire d'Endlicher, 
voy. n° 204; en K. actuel : Afal, d'ou Afallon et Afallenau, des 
pommeraies. Ge rapprochement est toujours plus naturel que la 
proposition de lire (en alterant mSme le texte des Itineraires 
romains) Anvadonnacu, pour aller chercher bien loin Aunay 
dans la Charente-Inferieure. Les inscriptions suivantes nous 
montreront qu'Anvalonnacu doit designer une divinite, suivant 
toute apparence topique, a laquelle s'adresse par le verbe ieuru 
Thommage de Licnos indiqu£ par le mot Canecosedlon. 

Celui-ci, n° 278, est un accusatif en on (Gramm. celt., 2 e ed., 
p. 222, 225), comme ceux que nous allons voir danstrois autres 
phrases repr&senter pareiilement un regime direct. Les Geitistes, 
qui n'ontpu s'accorder encore surlesens de ce mot, s'entendent 
n^anmoins pour le decomposer, ainsi que nous avions fait, en 
deux parties, Caneco et Sedlon. J. Becker seul, autant que je 
sache, a prdterd (Beitr.,iv, p. HI) lire cane et cosedlon, co ou con 
£tant pour lui un prdfixe qui indique en effet ensemble ou asso- 
ciation. M. Pictet, qui a renonc£ a sa premiere interpretation 1 , 
n'adopta qu'h moitid celle de Siegfried et de Stokes, c'est-a-dire 
le sens de sidge pour Sedlon; et il substitue a leur Sk. Kanaka, 
or, qui n*a point de repr^sentant dans le n&>celtique, Tancien 
Irl. Kain, loi, pi. Kana, d'ou Tadjectif Kainech, l£gal; — ce qui 
lui donne, au lieu d'un sidge d'or, un stege judiciaire ou un 
tribunal. Malheureusement il s'est appuyg, pour soutenir ce der- 
nier sens, sur une inscription latine ou le mot tribunal ne signi- 
fie que stylobate ou soubassement, comme Pa demontr£ une 
note inserfe dans la Revue arMologique de mars 1868, p. 2ft3 
et suiv. — Pour nous, a qui cette interpretation du savant g£ne- 
vois parait peu vraisemblable, nous remarquerons d'abord Tab- 
sence qu'elle suppose, dans la phrase gauloise, d'un pronom 
d^monstratif, qui lui etait necessaire, comme le Sosin des 

t. Domum lacustrem; voy. la Rev. araheol., }\iin 1807. 



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272 ETHNOGfiNlE GAULOISK. 

inscriptions iv et v, et dont je donnerais volontiers dans celle-ci 
Temploi a Caneco ou Cane. Et si Ton croit pouvoir passer sur 
cette observation, je pr^tererais reprendre dans le premier Essai 
de M. Pictet son irl. Kdin qui signifie aussi : beau, pur, en E. 
Kanach; — K. Kain, C. Kan, et Ar. Kann, blanc, brillant; — et 
qui, joint a Sedlon, nous donnerait : Licnos Contextos a consacre 
a Anvallonac... ce beau siege. Ce n'est pas seulement avec le lat. 
Sella, autrement Sedile, qu'on peut comparer Sedlon, mais avec 
le K. Sedd, un siege, Z. p. HO; Sedoli, rendre sddentaire; Ir. 
Saidhe ou Suide, Z. ibid., un stege; Saidhil (O'Reilly), repos.— 
Au radical S. Sad, s'asseoir, se rattache encore Pirl. Sadhail, 
habitation,. maison, avec lequel Kdin, qui peut £galement se tra- 
duire par religieux, formerait peut-6tre, quoique M. Pictet Fait 
6cart6,le sens le plus naturel pour l^poque gallo-romaine, celui 
de temple ou d'&lifice religieux, trfcs-supposable d'aprte les 
inscriptions iv et v qui suivent. 

Inscription connue depuis plusieurs stecles a 

ii. Nevers 1 . Elle commence, de m§me que lapr&- 

ANDE c&lente, par deux nominatifs sing, en os, dont le 

CAMV second suivi d'ieuru seul repousse la significa- 

LOSTOVTI tion de fils, que Tun de nos plus habiles dpigra- 

SSICNOS phistes voulait dans le principe attribuer a ce 

IEVRV mot. II n'en est plus question aujourd'hui que 

cette signification a 6t6 positivement reconnue 

dans la finale cnos de Toutissicnos (voy. l'inscr. xv), soit qu'on 

la separe avec M. Pictet des syllabes pr6c6dentes, soit qu'on n'y 

voie qu'une desinence patronymique, comme dans les noms 

gaulois de Cintugenus, Camulogenus, Camulognata, etc. (voy. le 

n° 382). Dans le premier cas, Toutissi devient un g&ritif en i, 

comme nous en reconnaitrons tout a l'heure deux autres. Dans 

le second qui me parait plus vraisemblable 2 , Toutissicnos reste 

1. Sainte-Marie, Rech. histor. sur Nevers, p. 8. Toiti de notre 1" ed. est 
une faute typographique. Le celebre abbe Leboeuf avait renonce a dechiffrer 
cette inscription, quand un autre antiquaire est venu Texpliquer en faisant 
tfieuru le nom de Jesus ! 

2. Parce que, entre autres raisons, Pancien nom irl. de forme toute pareille, 
Corpi-maqas, que cite M. Pictet lui-meme dans son premier Essai, p. 42, et 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 273 

ce que nous avons pr£sum6, un nom patronymique compost de 
la m6me mani&re qu'Oppianicnos et Trouticnos que nous ren- 
contrerons dans la suite. Toutissos est effectivement un nom 
tout gaulois; voyez ci-dessous Tooutious, inscr. iv. — Celui 
d'Andecamulos ne Test pas moins dans les deux parties qui le 
composent. II rappelle d'abord les Andecamulenses d'une inscrip- 
tion trouv^e a Rangon, dans le Limousin 1 , et qui nous a seule 
r6v6\6 Texistence d'une ville d'Andecamulum. Elle dtait sans 
doute sous le patronage special de Camulus, le Mars gallo-ro- 
main, que nous ont fait connaitre piusieurs monuments dpigra- 
phiques, et dont le nom diversement varie se montre souvent 
parmi ceux que portaient les Gaulois de Tdpoque imp&riale. Voy. 
le n° 411, et pour Ande le 347. 

Reste, 279, cet ieuru, si souvent r£p&6 dans nos inscriptions, 
et que nous avions reconnu de prime abord pour la 3 e pers. 
sing, d'un pr£t&rit, conform&nent aux flexions verbales doroigu, 
robbu, etc., que Zeuss a reiev^es dans des gloses irlandaises 2 , 
p. 439, 481, et al. Nous lui avions donne le sens de vouer, con- 
sacrer, en mSme temps que Tabbe Auber de Poitiers h&itait 
entre cette signification, dicavit, et celies de posuit ou de fecit 3 ; 
et que Becker, en Allemagne, arrivait au jnSme r&sultat que 
moi, dans le Rheinisches Museum, xm e ann£e, p. 290 et suiv. 
Telle 6tait encore son opinion trfcs-positive en 1862 4 , et celle de 
M. Pictet dans son premier Essai, ou il dit que le D r Siegfried, 
de Dublin, s'^tait de son c6tg prononcd pour fecit, au t. i er , p. 451, 
des Beitrage de Kuhn et de Schleicher. Ce ne fut toujours pas 
sans tergiversations ult&rieures, d'aprfcs une citation des Irish 
Glosses de Wh. Stokes, 1860, p. 73, dans laquelle le docteur 
traduit encore notre pr&drit gaulois par dedicated. Toutefois ces 
deux maitres se sont d^finitivement rallies au sens de fecit dans 



qui signiflait fits du chariot (Gloss, de Conn.), s'est contracts comme un 
seul mot dans le dissyllabe Cormac. 

1. Gruter, p. 112-6; Orelli, n° 1804. 

4 2. Conf. Stokes, Beitr., ii, p. 106. 

3. Bulletins de la Soc. d. Antiq. de l'Ouest, ann. 1855 et 56. 

4. Beitr., in, p. 185 et suiv. C'e'tait aussi celle de Diefenbach, Orig. europ., 
p. 323. 11 rapproche en outre, p. 366, ieuru de VEurises de N.-D. de Paris. 

18 



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274 ETHNOGtiME GAULOISK. 

ce$ mSmes Irish Glosses, p. 161 (Conf. Beitrage, t, n, p. 105), et 
M. Pictet s'est rangg a l§ur opinion, dans son nouvel Essai, Rev. 
archeol., mai 1867. 

Sur quels rapprochements avons-nous de part et d'autre 
appuy£ cette double interpretation? Nous avons pour notre 
compte mis entre autres en avant les K. Jor, r£ternel, Dieu, — 
Seigneur, dans J. Davies, — et (L = si souvent R) Jol, implorer, 
Z. p. 1099, auj. Joli, prier, adorer. — Ar. Jouli, vouloir, d&i- 
rer. — EnQn l'lrl. Jarraim, demander, prier; E. Jarr, M. de La 
Villemarqug, avec sa 16g6ret£ ordinaire, m'a cit6 fort iuexacte- 
menta cette occasion 1 , pour se donner le plaisir de me preter 
une grosse sottise, et de changer en affirmations positives de 
simples questions que je soumettais au lecteur. Du reste iar- 
raim a &6 seul, mais vivement discute par M. Pictet et les deux 
savants anglais , particuli&rement irlandistes comme lui. A ce 
terme, definitivement mis hors de cause, Siegfried a substituS 
avec bonheur Tancienne racine irl. iur ou ior, d£gag6e d'abord 
des composes Fritamm-iurat (me adficiunt) et Fritamm-iorsa 
(me adficiet) tir^s des gloses recueillies par Zeuss, p. 336; — 
puis rencontr^e seule, iurat, factum est, dans le livre d'Ar- 
magh, cetebre manuscrit irlandais du vin e ou ix e siecle. Stokes, 
et aprfcs lui M. Pictet 2 , citent d'autres composes avec ce radical, 
ou avec une seconde forme equivalents uar, voy. Z. p. 27, etc. 
Le philologue g&ievois a cherche cette fois dans le K. des 
parents du verbe irlapdais, et il y a trouv6 iorth, actif, indus- 
trieux, etc; ii est remonte ainsi a notre ior, Dieu, crdateur. II 
n'a pr6t6 aucune attention, s'il les a connus, aux rapproche- 
ments que M. de La Villemarqu^ a faits (ibid. p. 468), a l'appui 
de Yiur de Siegfried, avec les prdt&rits des verbes irr^guliers 
qui signifient faire, Goru et Gurel en K. et en G.; Ober en Ar., 
et dont je ne citerai que le dernier, eure, il a fait (eureu 
dans la Grammaire bretonne de Gr6g. de Rostrenen, 1738). 
Je le cite parce que M. de Jubainville a fortement protest^ 3 

1. Rev. des Soc. sav., novembre 1862, p. 467. 

2. Voy. Irishglos., p. 161; Beitr., n> p. 105 ; Pictet, Rev. archtol., mai, 1867. 
. 3. Rev. crit., 1868, t. h, p. 215 et suiv. Cet eure se montre plusieurs fois 

dans le Hecueil des Chants populaires de la basse Br etagne, de Luzel, p. 42, etc. 



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GL0SSA1RE GAULOIS. 275 

au nom de l'ancien g initial contre la confusion de cet eure, 
au moyen age gueure ou guerue, avec notre ieuru. J'observerai 
seulement qu'en C. Pdclipse grammaticale de ce g (qui a 3ga- 
lement lieu en K.) ramfcne bien souvent dans les temps du 
verbe Guray, faire, les formes wra, wre, wreuch, etc., k cha- 
cune desquelles R. Williams a consacr£ dans son Dictionnaire 
un article particulier. 

II est done certain qu' ieuru doit signifier fecit, a fait, mais 
en lui laissant, demanderai-je, dans les formules religieuses, 
une signification implicite de consecration, comme dans le latin 
tumulaire ou votif erexit, votum solvit, etc. C'est ce que me 
semblent d&nontrer les inscriptions iv et v qui suivent. — En 
somme, la brifevetS de cette inscription peut-6tre incomplete, et 
Pabsence de tout renseignement sur la destination que pouvait 
avoir regue la pierre ou elle est grav^e, ne nous permettent pas 
d'y lire autre chose que : Andecamulos fits de Toutissos a fait ou 
6rig£... 

Cette inscription, 6crite en poin- 
iii. tilte sur le manche d'une patfere en 

DOIROS- SEGOMARI m£tal (que Ton aaussi prise pour une 
IEVRV. ALISANV M simple casserole 1 ), a €i€ trouv^e en 
(Diet. arch, de la Gaule, 1853, dans les environs de Dijon, et 
Pi. inscr. vi.) appartient au Musde d'arch(§ologie 

fondS par la commission d'antiquitSs 
de cette ville. L'abbS Auber en a public dfcs 1856, avec son inter- 
pretation, te dessin et le texte dans les Bulletins de la Society 
des antiquaires de POuest, h Poitiers. — Doiros, nomin. sing. 
comme dans les inscriptions pr6c£dentes; nom propre d'appa- 
rence toute celtique : K. Dor, un garde ; — C. Boar ou Dor, la 
terre. — Ir. Dair, ch£ne (en K. Dar), Dorgart, la cime d'un 
ch£ne ; — Dorulacus, chef boien d'ltalie dans T.-Live, xxxiv-46, etc. 
Stokes n'admet pas ces rapprochements de M. Pictet, parce qu'il 
ne connalt point, dit-il, Beitrdge, n, p. 109, d'exemple d'une 



1. La capacity donnee a la profondeur de cette patere Pa fait prendre pour 
ce vulgaire ustensile, mais Montfaucon nous en montre a peu pres d'aussi 
grandee, t. it, pi. 59. 



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276 ETHNOGtfNIE GAULOISE. 

diphthongue oi qui ait pris dans le Celtique la place d'un o; il 
repousse de mSme Dair, malgrS ses d£riv<Ss Ir. et E. Daire et 
Doire, un bois, Doireach, boisd, bocager. Ces rapprochements 
me paraissent ndanmoins prSterabiee au Doir, esclave, auquel ii 
s'est arr$t(5 (Irish glos., p. 156). Le lecteur va en juger. — Sego- 
mari, qu'il <§tait facile de reconnaitre pour un g<§nitif sing, en i, 
comme nous en lirons incontestablement un dans l'inscription 
d'Alise, et comme les Celtistes irlandais en ont constat^ depuis 
dans les textes lapidaires oghamiques * ; — gSnitif d'autant 
plus certain que nous verrons tout a l'heure ce m6me nom au 
nominatif singulier Segomaros. Cela posd, et la formule patro- 
nymique grecque et latine qui sous-entend le mot fils 6tant 
bien connue, Doiros Segomari doit signifier : Doiros, fils de 
Segomar, et non un esclave anonyme de ce Gaulois. Je me 
trompe peut-6tre, mais je ne connais point dans l^pigraphie 
ancienne d'exemple d'une anonymie de ce genre. D'un autre 
cdt<§, l'absence de 1' article me parait aussi une objection grave. 
II ne s'en est point encore rencontr^ dans les textes gaulois, 
mais il occupe d6ja sa place dans les plus anciens manuscrits, 
soit kymmryques, soit irlandais; et son authenticity remonte 
peut-£tre jusqu'au m e Steele de notre ere 2 . Doiros done : ieuru, 
a fait ou consacrS. 

280. Alisanu, datif sing, en u pareil a Anvalonnacu, et 
comme lui regime indirect du verbe, indiquant, de meme que 
dans Tinscription i re , soit une localite, soit la personne a laquelle 
avait pens6 Doiros. On a rejetS, k cause de l'absence du second 
i Tassimilation qui s'offrait d'abord avec l'ethnique Alisianus, 
qui mettait si naturellement en scene un habitant ou une divi- 
nity topique d'Alise (voy. l'inscr. v), et ce rejet paraitrait d'au- 
tant plus fond<§, que deux exemplaires d'une ptece de plomb 
(l'un desquels a 6t6 trouv<§, dit-on, a Alise m6me) portent autour # 

1. Stokes, Beitr., n,p. 402, d'apresle Catald'antiq. irlandaises de Wilde, 
p. 135, 139 et suiv., et Beitr., m, p. 70. 

2. Voy. Zeuss, p. 229 et 239, O'Donovan, Irish, gramm., p. 67 et xlv, 
pour Tinscription oghamique d'une tombe erigee sur le champ de bataille de 
Gabra, et qui serait celle d'Oscar, d'apres les Lectures of tfie row., etc., 
d'O'Curry, p. 304. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 277 

d'une palme le mot ALISIEN * ou ALISIENS. Remarquons Depen- 
dant que e pagus Alisiensiss'appela aussi Alsensis au vm« siecle* 
guoi qu il en soit, il nous reste toujours, suivant toute probabi- 

situi%t\ D z: a du surnom * Muanos ' auquei s,adres - 

Cette inscription, decbuverte a Vaison, en 

/~ci-^ JI' 184 °' et qui a PP artient a « Muse-e d'Avignon, a 

CETOMAPOC e"te public par M. de La Saussaie, dans sa 
OYILLONEOC Numismatique de la Gaule mrbonnaise, en 

Z?£ J l0YC m2 - Me est en cara< =t^es grecs, dont on se 
NAMAYCATIC servait dans presqae toute la Gaule a l'epoque 

^ ^V 1 YBHAH de C<5sar ' Comm -> VI -14 et i«-29 ; le Grec meme 

CAMICOCIN etait beaucoup parte dans la partie mendionale 

NEMHTON de la province romaine au temps de Strabon, 

p^insc"*" P ' 15 °' m ' Cette inscri P tion est au surplus 

. msc. ii.) fort lisib]e . seuIemen( . leg s y gont remp]ac ^ s 

par des C, suivant un usage assez repandu dans la Transal- 
pine-. — Les dtudes des Celtistes dans ces dernieres annees 

?«? o° Ur aU1Si dire rien cnan ^ a notre interpretation de 
1858 . Segomaros est rest<5 le nomin. sing, d'un nom propre 
dont les deux elements, Sego et Maros , appartiennent bien 
a la langue gauloise, dans laquelle ils ont servi a composer 
dautres noms, Segonax ou Segovax, Segodunum, Viridoma- 
rus, etc.; voy. les n°»353 et 386. — Ouilloneos, il est vrai, ne 
serait plus un genitif a la grecque d'Ouilloneus, mais un 
deuxieme nom propre, tel que Contextos dans l'inscriplion i™ ou 
Cattos dans les medailles de Cisiambos, etc. La finale d'Ouillo- 
neos n est effectivement pas ecrite avec un <o comme le premier 
o d Eiupou, mais, sans insister sur les genitifs en os que pou- 
va )e nt aussi prendre des mots grecs en eus, nous demanderons 

\. Diet. arcMol. de la Gaule, par la Comm. minist, p. 3'2. Rev. archeol., 
»oui, t. iv, p. o9. 

2. Valois, Not. Gall., v° Alesia. 

dou'^\ Re l ier pe " 8e que rusa ee du C se generalisa au n« siecle, mais il 
IW?™ . beaucou PP lus hai «. car il est fort peu probable que les Gallo- 

l^eT^ST"' Ce,UJ ^ "* daDS ,6urS i nscri P tions ° fflcieU « s ' SOU& 



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278 ETHNOGfiNlE GAULOISE. 

si Ton est bien stir que ces deuxifcmes noms gaulois, qui, si je 
He me trompe, ne se montrent nulle part dans nos auteurs, ne 
sont pas des surnoms patronymiques, Equivalents en pareils cas 
aux g6nitifs grecs et latins, des abr<§viations ^pigraphiques des 
formes que nous connaissoris de Toutissicnos, Oppianicnos, etc.? 
Segomari de Inscription prfc&iente, Dannotali % de celle d'Alise, 
ne peuvent-ils pas 6tre des latinismes introduits par imitation 
dans ces textes gaulois ou plutdt gallo-romains 1 ? Je serais tout 
porte a voir dans Contextos le p&re de Licnos, et a traduire 
encore Segomaros Ouilloneos parSEgomar fils d'Ouilloneos. Cette 
finale elliptique, qui 6conomisait a la fois, pour les m&lailles et 
pour les monuments, le temps, la main-d'ceuvre et Tespace, 
n'est pas sans exemple dans les coutumes onomastiques des 
nations du nord; et ces pr&ioins de Mathieu, Denys, Martin, etc., 
ne sont probablement devenus des noms de famille si communs 
que par un usage de ce genre. N'a-t-on pas du souvent dire, 
quand il n'existait pas encore de noms de famille parmi les 
classes populaires, Louis Mathieu, Jean Martin, pour Louis fils 
de Mathieu, Jean fils de Martin? Mais revenons a Ouilloneos. Ce 
dernier nom m'avait paru le m6me que Vellaunus, qui termine 
ceux des Segovellauni, de Cassivellaunus, etc.; voy. n° 378. 
M. Pictet a pY6tev6 le rapprocher du Villonius de Gruter, que 
nous avions Ggalement cit£, et d'autres noms en onius, tels que 
Sollonius. II Ta compart en outre au Fillean d'Ossian, de m6me 
qu'il a retrouve Segomaros dans l'lr. Seaghmhar =± Segmar (pre- 
mier Essai). Stokes, qui remonte a Tancien Ir. Fell, g6n. Fill, 
cheval; K. Gwilwsl, id. Guil, jument, propose pour Ouilloneos le 
sens de chevalier, Eques. (Beitr., h, p. 105.) 

281. Tooutious nous pr&ente une desinence particulifcre, 
affaire de prononciation sans doute, sous l'influence de Vus latin 
dont Yos gaulois, suivant M. L6on Renier, &ait r&juivalent. Ce 
terme rappelle un surnom gallo-romain d'Apollon, Toutiorix, et 
les noms propres Toutus, Touto, Toutio, Tutius, etc., des inscrip- 
tions de la inSme £poque. II pouvait, disions-nous, remonter a 

1 C'est pcu probable d'apres le double ge"nitif Ategnati Drulicni de 
l'inscr. xv. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 279 

trois sources : 1° au K. Twt, ce qui est simple, parfait, Twtiaw, 
rendre une chose complete, parfaite; — 2° avec plus de proba- 
bility au K. et Ar. Tut, Z. p. 118; C. Tus, peuple; Ir. Tuath, pi. 
Tuati, Z. p. 28; id.— Tuith, association, confederation. — E. Tuath, 
le peuple des campagnes, les paysans. Voy. n° 354,— et 3° a l'lr. 
Tuth, esprit, Z. p. 31. Ces divers rapprochements, joints k la 
signification qui nous est connue du regime du verbe, savoir 
Nemeton, im temple (voy. n° 157), nous avaient indique un titre 
de fonctionsciviles ou religieuses, une magistrature nlmoise, dont 
S^gomar ftait rev£tu. Stokes et Siegfried voulaient s'en tenir a 
la simple signification de citoyen; et M. Pictet avait admis cette 
rectification (l eT Essai); mais J. Bekker a maintenu, Beitrzge, in, 
p. 196, la magistrature de notre Nimois, namausatis, et M. Pictet 
y est revenu dans son Nouvel Essai, converti par Inscription 
r^cemment decouverte a Novarre *; voy. ci-dessous la xvi e . — 
282. Namausatis n'a 6t6 l'objet d'aucun doute; il se rapportait 
incontestablement au Namasat et au Namau ou Neman des 
medailles de Nimes, en lat. Nemausus*. 

283. Etcopou, d'aprfcs les nominatifs qui le prdcfcdent et le 
regime Nemeton qui suit, ne pouvait 6tre qu'un verbe, et nous 
avions a premiere vue reconnu sous sa forme gr£cisee notre 
ieuru. L'assentiment des maltres de la science a confirme 
l'identite de ces deux preterits, entre lesquels Stokes ne voit 
qu'une difference dialectique, Beitrxge, n, p. 105. II serait done 
tout a fait oiseux de rouvrir une discussion sur la parent^ plus 
ou moins rSelle qui a pu exister entre etcapou et le verbe grec 
Upoco, consacrer. Disons plutot que M. Pictet explique mainte- 
nant 1'e initial de cette variante $ ieuru par l'adjonction de la 
preposition prefixe (dans ce cas done intensitive?) Ex, aussi bien 
gauloise quelatine; — voy. le n° 25 — en K. Eh; lr. Es ; et deve- 
nant euphoniquement un simple e, Eiorou pour ex-yorou, d'ou le 
savant philologue tire pour ce verbe le sens d'effecit au lieu de 
fecit. {Rev. archeoL, mai, 1867, p. 316.) 

Aucun Celtiste, que je sache, ne s' est occup<§ d'une msenp- 

i. Rev. archeoL, juin 1867, p. 386. de Nlmes 

2. J'ecarte pour l'instant le Namaus de la pr£tondue inscr. geogr. 
que nous cxaminerons plus loin, 



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230 ETHxNOGtiNlE GAULOISE. 

tion d&ouverte a Sens, vers la On de 1857, et dont on avait 

transmis le texte a la Revue des Soctetes savantes, qui Fa public 

ainsi (tevrier 1858, p. 241) : 

Cet eorue d'une inscription qui 

M, est pour le reste entiferement la- 

BRILLAEIAC tine est probablement du a une 

STITVTVM.CVRAATILI mauvaise lecture, — d'Eoirai peut- 

MPEIANI-FIL-EORVE 6tre? Autrement il nous offrirait 

une forme interm&liaire remar- 
quable entre ieuru et TEidrou d' Avignon. Le mot qui suit ce 
verbe et qui pr&£de son regime direct d&ja reconnu, Nemeton, 
— c'est-a-dire Belesami, Stait certainement, disions-nous, comme 
Anvalonnacu, Alisanu, etc., un regime indirect, mais avec une 
autre desinence que nous avions remarqu^e dans les datifs sing. 
fgiD.inins lr. en i, citds par Zeuss, p. 2hh et 257 *. C'est effective- 
ment un nom de femme, la dSesse Belisama, que d'autres in- 
scriptions assimilent a la Minerve romaine; voy. n° 396. C'est a 
elle que SSgomar 6rigea, — n° 281, — le temple, Nemeton, ou 
plutot Nemeton, toivait Stokes, Beitr., u, p. 100. Nous avons vu 
cet accusatif en on dans la I re inscription, et nous en reverrons 
u n pareil dans celle qui va suivre. II est pr6c£d6, — 285, par le 
pronom d^monstratif Sosin, que nous retrouverons dans un autre 
texte, ou il remplit 6videmment la m£me fonction. Nous avions 
pens£ qu'il devait avoir 6t6 Tune des nombreuses formes du pro- 
nom lr. So, Siri, Isin, Soiri, Sodin, etc., ce — ou peut-Stre un redou- 
blement emphatique comme ceux des personnels Sisi, Sesin. 
L'E. et rir. disent encore, pour ce, So dans le sens du latin hie, 
etSin, dans celui d'ille'; Sosin 6tait done un double ddmonstratif. 
Le K. pour ses trois genres a Hwn, Hon, Hyn ; — Ar. Se ou le, 
la, cela. — Cette signification de Sosin a 6t6 imm^diatement 
admise ; seulement Stokes, Ebel et Pictet sont entr^s en discus- 
sion sur les rapports 6tyinologiques du pronom gaulois avec les 
formes irlandaises. Le savant g&ievois avait cru (l er Essai) le 
reconnaitre dans le reduplicatif inso sin (en deux mots), signale 
par Zeuss, p. 354. Stokes et Ebel ont rejet£ cette assimilation 2 , 

1. 221 et 247 de la nouv. (id. Conf. Stokes, Beitrdge, n, p. 103. 

2. Voy. Beitrdge, n, p. 101 et 105; et in, p. 25, 34 et al. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 281 

que Pictet maintient dans son Nouvel Essai (mai 1867, p. 320). 
J'observe pour mon compte que le second editeur de Zeuss cite, 
p. 349, comme souvent joint au pronom d&nonstratif Ir. Fadverbe 
Sis, infra : Inso sis signifierait done : ci-dessous. 

Ainsi nous pouvons conserver notre interpretation de 1858; 
Segomaros fils d'Ouilloneos, magistrat du peuple nimois, a erfge 
ce temple a Belisama. 

Nousarrivonsacelle de nospre- 
v * _ mieres inscriptions qui dtait la plus 

MARTIAL IS. DANNO^ Vendue, et partant la plus difficile. 
lEVRV.VCVETE.SOSto D&errte en 1839 dans lesol mSme 
CELICNON^ETIC d'Alise , regards gdndralement 
GOBEDBI-DVGI|°NTI|° comme YAl&sia de C£sar, elle fut 
^^VCVETIN* transports au palais des archives 

IN ALISI|A M de Dijon, ^ toutefois n'en pos- 

(Diet, arch, de la Gaule, sfcde plus qu'un moulage en pl&tre, 
pi. mscr. vii.) parce qu'elle a 6t6 rendue a la petite 

ville c616bre dont elle porte le nom. L'ann^e meme de sa 
decouverte, elle fut publtee dans les MSmoires de la Com- 
mission d'antiquitSs de la Cdte-d'Or; et, depuis, par Tabbe 
Auber a Poitiers ; par Thabile et spirituel ddfenseur de 1'Alise 
bourguignonne dans son premier M&noire sur cette bruyante 
question, 1856, et par les principaux Celtistes de la France, de 
FAngleterre et de l'Allemagne. Elle se compose de trois parties 
s^parges par la feuille d'arbre, qui dans les inscriptions de 
cette £poque, — nous en avons vu un exemple dans celle de 
Doiros, — indique assez souvent la fin d'une phrase. La 
3 e partie, qu'on a quelquefois r^unie & la seconde 4 ,ne consist 
que dans les deux mots IN ALISI1A sSpards par une cassure de 
la pierre, due a Tun des coups de pioche qui d^gagferent cette 
pr&rieuse decouverte 2 . 

1. Suivant M. Kunssberg, cette seconde moit6 nous offre le plus ancien 
specimen de la versification celto-germaoique ; il croit reconnaftre dans ces 
deux hemistiches des rapports <Tallit6ration. ( Wanderung in das germ. Alter- 
thum. d. 181 et i*G.\ 



thum, p. 181 et 186.) 



m, p. 181 et 186.) 

2. Voy. dans la Rev. archeoh, fe>r. 1862, p. 118, la description du g6ne>al 

Creuly. 



de Creuly 



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282 ETHN0GI5NJE GAULOISE. 

Les deux premiers mots, qui commenceraient tout aussi bien 
une inscription latine, Martialis Dannotali, se lisent d'emblee: 
Martialis fils de Dannotalos. L'un de ces noms est sans nul doute 
tout romain; mais Pautre, qu'on regarde comme un g^nitif 
gaulois pareil au Segomari de la 3 # inscription, nous montre un 
compost celtique, dont une forme feminine, Danotala (sic) 
existe dans Gruter, p. 7Zj6, 6. Nous le retrouverons dans la 
Cisalpine, Inscr. xvi. Les 61£ments dont il est formd, Danus ou 
Dannus et Talus*, se rencontrent dans plusieurs noms, que nous 
ont conserves la numismatique ou P^pigraphie gallo-romaine, 
Dannius, Verotal, Carotalus, etc. — Ieuru, qui vientapr&s, n'est 
plus en discussion, mais : 

286. Ucuete, rep£t£ a la 5 e ligne avec une desinence diffe- 
rente Ucuetin, ui'a oppose des diflicuit&squine sont point encore 
entterement r&olues par les Celtistes. J'y avais bien entrevu un 
regime indirect d'ieuru, comme dans les textes que nous 
venons d'interpr&er et celui qui nous occupera tout a Theure. 
Tous les quatre presentent effectivement la m6me formule 
d&licatoire : 

Licnos Contextos ieuru Anvalonnacu canccosedlon. 
Doiros Segomari ieuru Alisauu. 

Segomaros Ouilloneos.... eidrou Belesami sosin nemeton. 
Iccavos Oppianicnos ieuru Brigindoni cantalon. 

Formule qu'il faut bien reconnaltre dans ce cinquteme texte, 

Martialis Dannotali ieuru Ucuete sosin celicnon. 

Ucuete m'apparaissait done comme une divinity locale, de 
m£me que Anvalonnacu, BSlesami, etc; mais jen'avais point vu 
dans les langues celtiques, et plus tard on ne pensait point 
encore qu'il s'y trouvat des exemples de datif singulier en e % ; 
puisqu'on allait en chercher dans le Sanscrit et dans 1'Ombrien 

1. Ir. Dana, impetueux, voy. le n° 194; ou leK. Dan, attrait, charmc; — 
et K. Tal, front; Ir.To/ ou Tut. (Voy. Pictet, i« Essai.) 

2. Notez cependant sur le vase de Bourges le dat. ablat. Alixie dont nous 
parlerons plus loin. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 283 

(voy. Pictet, i er Essai, p. 29; Stokes, BeiWage, ii-p.104). J. Becker 
repondit, Beitrdge, m, p. Zj22, que c'&ait inutile, et renvoya leg 
sceptiques au t. xvii du Rheinisches Mweum, ou cette desinence 
se pr&entait dans plusieurs noms de divinit£s gauloises. Les 
" Geltistes n'en ont pas moins d&iuit de ce datif si probable, et 
en s* aidant de l'accus. apeu prfcs certain, Ucuetin 1 , un nominatif 
en is, Ucuetis, dont ils ont nomme un dieu gaulois, qui nous est 
du reste inconnu. La racine de ce nom, avions-nous observe, est 
toute celtique : Uch ou Uc'h indique dans les trois idiomes 
kymmryques, au propre et au figure, Ovation, superiority ; en 
Gallois, Uched, haut, sublime ; Uchuch, dessus et encore dessus ; 
Uchot, C. Huchot, en haut. — Dans l'lr., Ucht signifiait sommet 
d'une montagne, W. S. ; E. Uchd. — De plus Uchdan d<§signe 
en Ir. unecolline; Uchdach, une ascension, E. id. —La Narbon- 
naise avait sa ville d'Ucetia (Uzes) situde sur une hauteur, et 
un dieu Uxovinus* dans le pays montagneux d'Apt (Vaucluse). Je 
serais done bien tente de voir dans Ucuetis une divinity des 
montagnes mandubiennes sur Tune desquelles s'eievait Alesia, 
mais je ne dois point oublier un autre rapprochement, que 
me suggfcre le supplement du Dictionnaire d'O'Reilly par O'Dono- 
van, e'est-a-dire son Ucuset, choix des vaches, qui nous indi- 
querait un dieu des bestiaux, si Ton admettait ici l'eclipse 
irlandaise de r* entre deux voyelles, pos£e en r£gle par Stokes, 
Beitr., ii, p. 101, au sujetdu pronom Sosin. 

Viennent ensuite ce mSme Sosin que nous connaissons d6]k 
par inscription prec^dente ; et — 287, Celicnon, autre accus. 
en on et regime direct d'ieuru comme Nemeton. Les rapproche- 
ments que j'avais tentes, et qui pouvaient donner h ce terme la 
signification d'un lieu de retraite religieuse, ou celle d'un edifice 
de forme circulaire, etc., ont ete de prime abord repousses par 
M. Pictet; cette derni£re conjecture n'etait cependant pas si 
eloignee de ce qu'il a ensuite admis comme une verite dans son 
Nouvel Essai, c'est-Mire l'identite de Celicnon avec le gothique 
d'UIfilas, Kelikn, une tour(mai 1867, p. 318). C'estleDr. Graves, 

1. Gramm. celt., 2« ed. f p. 254, 266, conf. 270. 

2. Recueils d'inscript. d'Henzen, n° 5,927 ; de De Wal, u° 290. 



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284 ETHNOGtiNTE GAULQ1SE. 

de Dublin, qui a d&ouvert ce mot dans la traduction des fivan- 
giles de S. Marc, xu-1, et de S. Luc, xiv-28, oil il represented 
rcupyo<; du texte grec. Siegfried et Stokes ont applaudi, Beilrage, 
n,-p. 108, a cette solution allemande, au sujet de laquelle Pictet 
s'est hat6 de protester contre toute induction qu'on en pourrait 
tirer en faveur du germanisme de la langue gauloise, Kelikn 
£tantun mot tout k fait isol6 dans le Gothique, et qui devait 
avoir, suivant Grimm lui-mGme, une origine Strangle. Grimm 
s'est en effet beaucoup occupy de ce terme dans sa Grammaire 
et dans son Histoire de la langue allemande*, et il le rapproche 
k di verses reprises de l'altemannique Chilicha, temple (suisse 
Chilche, all. Kirche), qu'il croirait volontiers d'origineirlandaise. 
Nous avons quelque peine a nous soumettre k cette interpre- 
tation qui fait £riger une tour au dieu Ucuetis, et M. Pictet a si 
bien senti son peu de probability qu'il en a greff^ une autre 
sur ce m6me Kelikn, qui est 6galement Stranger aux idiomes 
n^o-celtiques. Renongant a son chSne gufrisseur (i er Essai), et a 
ses pr&endues feuilles qui ne sont, avons-nous dit, que des 
signes de ponctuation, il voit maintenant dans le Celicnon 
d'Alise un Mtiment 61ev6 pour observer des presages, — d'apr&s 
l'ancien Ir. Kel, augurium, Z. p. 22; K. Koil, plur. Koilou, 
auspicia, z. p. 1086 (conf. p. 113 pour e=o£) — C. Cuillioc ou 
Chuilliod, augur, id. p. 1108; — et comme deuxi&me Element, 
Tlr. Gne, ratio, Z. que je n'ai pas trouv6 a la page indiquee 234, 
mais p. 989 et 1083 (et de plus Erne, cognitio, p. 840). — En 
K. le radical Gnau qui a le sens d'observer, etc., Z. p. 1083. 
Ce b&timent augural, de forme sans doute ronde, aura, dit 
Pictet, p. 320, laiss£ son nom aux tours d'observations et de 
defense. 

Cette nouvelle interpretation est-elle aussi naturelle qu'ingS- 
nieuse ? On peut en douter, et, malgrS les acclamations dont on 
a salu6 ce vocable exotique, Kelikn, en tant que tour, ne me 
paralt pas le dernier mot de Pgnigme. Grimm en revenait tou- 
jours pour ce terme au sens d'un Edifice religieux. C'est aussi, 

1 . Gramm., t. n, p. 160 et al. — Hist. , t. i er , p. 318, 428, etc. Conf. J. Becker, 
Reitrdge, iv, p. 136 et suiv. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 285 

parait-il, l'opinion de J. Bekker, Beitr., iv, p. 136 et suiv., et 
Pictet lui-m6me, citant comme moi l'lr. Keill, del (Keal dans 
Corm.)., observe que Celicnon pourrait en Stre dSrivS comme 
NemGton de l'lr. Nem; voy. le n° 157. Mais a PidSe religieuse se 
joignait, pense-je, dans ce mot particulier, celle d'une retraite 
pieuse que m'avait suggdrSe le K. Kelku, cacher, Kelkyn, celui 
qui se cache. — G. Keles, cacher, partic. pass6 Kills. — Ar.... Ir. 
Keilim, cacher; E. Keil, et M. Koil ou Choil. — Get asc&isme 
n'&ait pas etranger aux moeurs religieuses des Druides, et Flr- 
lande et PlScosse n'ont-elles pas eu plus tard leurs Culd&es 
solitaires, en lat. Colidei, les serviteurs par excellence de 
Dieu? 

Martialis, fils de Dannotalus, a done Srig6 & Ucuetis cet ora- 
toire ou lieu de retraite pour la prtere. Mais si nous avons & peu prfes, 
soit Tun, soit Pautre d'entre nous en France ou & J'&ranger, 
d6chiffr6 la premiere partie de cette inscription, la seconde laisse 
a peine entrevoir un sens qu'on puisse accepter. Ces trois mots : 
Elic Gobedbi Dugiiontiio, qui precedent Paccus. Ucuetin, ont des 
formes toutes particulifcres, et Ton n*a pas encore pu en d^gager 
avec quelque certitude les radicaux dont ils sont d<§riv£s. II n'est 
pas mGme tout a fait certain que les doubles i du troisi&me ne 
doivent pas Gtre lus comme des e, Dugeonteo, ainsi que dans les 
noms d'AVRHLIANVS, V1IPOTAL, etc., qu'on rencontre dans 
(Tautres inscriptions ou sur les mSdailles. Mais Pine'galitS de 
longueur de ces deux lettres qui se repr&entent une seconde fois 
dans ce mot, et dans le nom si connu d'AusilA, font penser que 
ces doubles traits indiquent simplement un i long, Alisla 1 . D'une 
mani&re comme de Pautre, ces trois mots ont mis a la torture 
les Saumaises de la philologie celtique, et plusieurs lettres dont 
m'a honorg le z&6 autant qu'habile M. Wh. Stokes, montrent 
combien il &ait pr£occup6 de la signification qu'ils pouvalent 
avoir. J'ai sous les yeux huit ou neuf essais de traduction (y 
compris les deux germaniques de M. Kunssberg et du comte 

1. Voy. la Rev. numism., 1856, p. 79, n. M. Pictet cite meme (Nouvel Essai, 
mai 1867, p. 328, n.) des exemplesde ces deux u pour un t simple, Boiiorix, 
d'une inscr. de VAutun archeol., p. 260. 



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286 ETHNOGENIK GAULOISE. 

L. Hugo), qui ont paru depuis que j'avais reconnu mon impuis- 
sance; et si nos mattres, en reprenant tour k tour cette tache 
difficile, demontrent Tun aprfes l'autre que leurs devanciers 
se sont trompes, il est malheureusement trop vrai que leurs 
refutations sont plus convaincantes que leurs interpretations. 
Toutes reconnaissent naturellement que la 2 e partie de Tin- 
scription doit Gtre en rapport direct avec le sens de la premiere; 
mais, ce principe pose, combien elles different dans les conse- 
quences qu'elles en tirent 1 Voici les trois essais qui se presentent 
avec le plus d'autorite , et dont nous resumerons les analyses 
grammaticales l . 

Stokes : Et delectavit opera (var. munimentum) Ucuetim. 

Ebel . — Ei propitiabit sinceritas Ucuetim. 

Pictet, 1867 : — Protege apericulis, 6 munimentum! Ucuetim. 

288. Etic, d'aprfes Stokes et Ebel, serait la conjunction et, du 
Sln.Ati, grec. en; — d'aprfcs Pictet, un imperatif present, 2 e pers. 
sing, d'un verbe Ir. Tig, couvrir, compose avec la proposition 
intensitive Ex ou E (voy. ci-dessus eio>pou t n° 283), qui lui 
donne le sens de proteger. Ce verbe ne se trouve ni dans O'Reilly, 
ni dans O'Brien, ni dans les ouvrages de Stokes que j'ai cites; 
mais le premier de ces auteurs nous donne, avec Teigh, couver- 
ture, Tigh, maison (Tach, dans Cormac). autrement Teagh, d'ou 
Teaghair-im, defendre, proteger; E. Teaghair. 

289. Gobedbi, le seul de ces trois mots pour lequel j'avais 
hasarde un rapprochement avec le K. Gobaith, esperance; Gobei- 
thiaw, esp^rer; — ou avec Plr. Gubha, deuil, lamentation. Stokes 
et Ebel ont voulu mal si propos corriger ce G parfaitement 
formO 2 , et lire Cobedbi, dont ils faisaient un verbe compost de 
Tlr. Co ou Con, avec (voy. Z. p. 586 et 842), et de la racine Bed, 
correspondante au K. Boddaw, plaire, rejouir. Bi devient dfes 
lors pour le Celtiste irlandais une desinence verbale de la 3 e pers. 
sing, du preterit, proche parente du vit latin; — et pour le Cel- 

1. Voy. pour Stokes, Beitr., n, p. 104 et suiv.; in, p. 75; pour Ebel, id. v, 
p. 79 et suiv.; pour Pictet, Rev. archeol., mai 1867, p. 322 et suiv. Conf. 
J. Becker, Beitr., in, p. 332 et iv, p. 156, et suiv. 

2. II est meme plus grand que les autres lettres. Voy. dans la Rev. archiol. 
de fevrier 1862 la description du general Creuly. 



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GLOSSAIRE GAULQIS. 287 

tiste allemand, celle de la mGme personne 4u futur, pareille au 
bit du mGme idiome. Le premier a done traduit : placuit, delec- 
tavit, a plu, a rejoui; — et le second ; propitiabit, rendra favo- 
rable, flechira. Pictet fait au contraire de Gobedbi un substantjf 
a l'ablatif pi. dont le th6nae Gobed se retrouve dans l'ancien Ir. 
Gabud ou Gabhadh, p^ril (Stokes, Goidilica, p. 78 et al.); la 
desinence bi remontant alors au S. Bhyas, etc,, comme le bis des 
pronoms personnels latins. Elle est analogue d'un cdt£ aux datifs 
pi. Matrebo, Namausicabo, que nous offrira une inscription de 
Nimes, et de l'autre a ceux en ib de l'lrlandais (voy, Z. p. 2kk 
et al.); Gabudib pour Gabudbi, etc. 

290. Dugiiontiio, plaisamment metamorphose par le comte 
L. Hugo en Vesuntio (Besangon). Stokes a d'abord cherch6 {Beitr., 
ii, p. 108) la racine de ce mot Strange dans la syllabe giion qu'il 
rapprochait du verbe Ir. Gen, faire, compost aveq la preposition 
Do ou Du, Dugneu ou Dugneo, facio, Z. p. 671 et 891. II en tirait 
pour Dugiiontiio, qu'il considerait comme un nominatif sing., le 
sens d'ouvrage, opera. II changea ensuite d'avis, id. m, p. 75, 
et rapporta ce d£riv£ si incertain a une autre racine que lui indi- 
quaient ses initiales Dug, lesquelles commencent pareillement 
un autre mot, Dugiava, dans l'inscription probablement celtique 
de Limone en Italie. Voy. ci-dessous, laxv e . Stokes comparait en 
outre la forme grammatical de Dugiiontiio a celle du datif pi. 
Vediantiabus (Matronis) d'une autre inscription gallo-romaine, 
Z. p. 725, indication inexacte et comparaison peu concluante, 
ce nom 6tant celui des Vediantii, peuple ligurien 1 . II ne trouva 
du reste d' autre rapprochement k faire qu'avec le radical tudesque 
Dug ou Daug, du verbe Taugen, convenir, 6tre fort 2 , d'ou il 
conjecturait pour le terme gaulois le sens de Munimentwn, 
quand son ami Siegfried lui rappela l'ancien Ir. Ditiu, qui avait 
precis^ment cette signification. Ce Ditiu devait Stre, pensait-il, 
une contraction de Dugiiontiio, devenu d'abord Duitui par la 
perte du G comme dans plusieurs autres mots celtiques, tels que 



1 Voy., pour cette inscr. nicoise, le recueil general d'Orelli, 2093; et pour 
les Vediantii, Pline, ui-7. 
2. Stark sein, dit Stokes. 



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288 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

Sagum, reduit k Sat, etc. Ebel et Pictet ont rejete cette transfor- 
mation passablement violente. Le premier a recouru a un radical 
Tug conserve dans le Tud. Tugundi, virtus, aujourd'hui Tugend; 
puis k l'ancien Ir. Duitte ou Diuite, simplicitas, sinceritas, dont 
I'adjectif Diuit, simplex, nous est donne par Z. 983. Ebel tirait 
de cette double source, soit un participe Dugiant, soit uu adjectif 
Dugianta, d'ou le substantif Dugiantia, sincerity, en gaulois 
Dugiiontiio, au nominatif sing. 

J. Becker, qui ne s'etait pas trompe sur Gobedbi, pense que 
ce mot en iio est un datif, regime indirect place com me dansles 
inscriptions pr6c£dentes avant le regime direct Ucuetin. Pictet 
y voit pour son compte, et pour le simple besoin de son inter- 
pretation, un vocatif o munimentum! sens qu'il maintient d'aprfes 
le Sk. Dagh, tueri, custodire, et l'lr. Daingen ou Daingean, ferine, 
solide, et enceinte defensive; Daijignigim, je fortifie, Z. p. 30 4 . 
Pictet recommande ainsi k la tour, celicnon, b&tie par Martialis, 
de preserver de tous perils Ucuetis dans la ville d'Alise, inter- 
pretation qui me parait peu vraisemblable, et dont il a bien 
senti la singularity quand il insinue que ce dieu peut n' avoir et£ 
qu'un simple chef des Mandubiens qui regnait dans cette cite. 
Que le lecteur choisisse entre ces trois versions. Peut-etre existe- 
t-il encore d'autres rapprochements qu'on pourrait tenter, soit 
dans Fir. avec Tughaim, je me fie; soit dans le K. avec Tuhwnt, 
de Tautre cdte de ; Dygiannus, chef, conducteur, etc. — Les deux 
derniers mots de Inscription, tels qu'on les lit, ne soul&vent 
aucune difficult^ pour le sens : 291, In, qu'on pourrait croire 
purement latin, est une proposition Ir. et K. qui a la meme signi- 
fication, dans (Z p. 579 et 635). Alisiia est en consequence un 
datif ablatif du nom de la ceifcbre Alise dont la forme classique, 
Alesia, offre encore d'autres variantes, Alessia, Alexia, etc. Pictet 
observe seulement que cet ablatif est en e dans Inscription du 
vase de Bourges, IN ALIXIE, soit difference dialectique, soit 
faute de recrivain ; voy. ci-dessous, lnscr. xm. 



1. Voy. Dunum, n° 99. Pictet n'admet point Tassimilation que Zeuss 
avait faite de Daingean avec le bas-latin Dangion, d'ou notre fran^ais Donjon. 
Rev. archeol., mai1867, p. 327. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 289 

Cette inscription, que j'ai publtee dans 
vi. ma l re Edition, d'apr&s une gracieuse com- 

ICCAVOS* 0* munication de notre savant et habile £pigra- 
PIANICNOS- IEV phiste L. Renier, a <*t£ trouvle a Volnay, 
RV'BRIGINDONI pres de Beaune, vers la source d'une petite 
CANTALON riviere intermittente, dont le nom, la Cave, 

(Diction, arch, de la semble offrir (en dehors de son etymologie 
Gatile, pi. inscr. iv.) latine) quelque rapport mysterieux avec 
celui du Gaulois que cette pierre nous fait 
connaitre, Iccavos, filsd'Oppianos. Elle etait assez endommagee, 
et les deux derni&res lignes de la copie qu'on avait envoyee a 
M. Renier n'avaient pas 6t6 bien d&hiffrees. Unde nos premiers 
antiquaires, le general Creuly, est parvenu par un estampage 
plus soign£ a la lire telle qu'elle est ici 1 ; et les interpretations 
qu'on avait d'abord essay^es des lemons Brigindon et Cantabon 
ou Cantaboix sont naturellement comme non avenues aujour- 
d'hui. — Le commencement nous montre pour la sixieme fois la 
mSme formule. Nous reconnaissons, dans Iccavos, le nominatif 
sing, d'un nom propre de la m6me famille que ceux d'iccius, 
Iccianus, Icco, etc., etdans Oppianicnos une forme patronymique 
que nous avons deja rencontr^e. C'est m6me ce nom c&fcbre 
d'Oppianos, la gloire de Thellenisme cilicien, qui nous a r£v61e 
la signification du suffixe Cnos, fils, que nous verrons pleine- 
ment confirmee par ['inscription xv. — Nous ne nous arrStons 
plus a ieuru. 

292. Brigindoni est son regime indirect, un datifsing. proba- 
blement feminin, comme B616sami dans l'inscriplion d'Avignon. 
Cependant Pictet, sans en donner la raison, le regarde comme 
masculin, et en fait le nom d'un dieu Brigindo, au lieu d'une 
d^esse Brigindona. II me semble que ce nom masculin aurait eu 
son datif en u de m6me qu'Anvalonnacu et Alisanu. Quoi qu'il 
en soit, nous avons encore ici, ce me semble, une divinity 
montagnarde comme Ucuetis, celle de la C6te-d'Or 2 , que devaient 



4. Voy. la Rev. archeol., Janvier 1862, p. 27. Museede Beaune. 
2. Stokes, attir6 sans doute par le Briginn de la table gSograph. d'Anduse, 
est all6 chercher bien loin le Brignon actuel du Gard. 

19 



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290 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

illustrer ses fameux vignobles : K. Brig, sommet, Brigant, 
montagnard; Ir. Bruighin, montagne, etc. Voy. le n° 360. 

293. Cantalon. Cet accusatif en on, regime direct d'ieuru 
comme NSmSton, Celicnon, etc., d^signe dvidemment la chose 
faite ou consacrde h la deesse. II se presente sans pronom 
d&nonstratif, absence que nous avons ddja remarqu^e et que 
nous remarquerons encore dans d'autres inscriptions, ou l'article 
ne prend pas m6me sa place, quoique son existence dansles 
idiomes n^o-celtiques remonte peut-6tre jusqu'au vi e si&cle 1 . 
Cela dit une seconde fois pour toutes, nous sommes vraiment 
embarrasses par le nombre des rapprochements qui se pre- 
sented pour Cantalon. Nous avions cM le K. Kant, cercle ou 
centaine; Ar. Kant, auxquels Pictet ajoute 8 le derive Kantel, 
bord circulaire. Le premier sens nous avait ramen6 aux id£es 
d' Edifice ou de temple a forme ronde que nous avions reconnues 
dans Celicnon. D'un autre cot£, l'lr. Kantail, qui vote pour; E. 
suffrage, nous avait reporte vers celle de vceu, votum. Le philo- 
logue g£nevois a multiple ces rapprochements, parmi lesquels 
je reproduirai seulement, avec l'Ar. Kant, une tour, le K. Kant, 
ouvrage de vannerie ; l'Ar. Kdntier, vannier, qui font penser au 
van mystique de D6met6r et de Bacchus 3 ; — et le K. et Ir. Kan, 
chanter, d'ou Tancien gaelique Ketal, un chant, pour Rental, par 
eclipse reguli&re de Yn devant le t (Stokes, Beitr., n, p. 109). 
Pictet a certainement repousse avec raison la conjecture hasar- 
d£e par ce savant Celtiste\ qui partait de cette signification 
pour pr^sumer qu'Iccavos aurait constat^ par une inscription 
solennelle qu'il avait compost un hymne en Fhonneur de Bri- 
gindo. Mais lui-meme, quand il veut que Cantalon soit simple- 
ment le latin Cantharus, pass£ dans la langue gauloise, oublie 
qu'il serait tout aussi Strange d'attester par une pierre monu- 
mentale la fabrication d'un vase consacr^ a une divinitd quel- 
conque. Ces formules d&licatoires s'inscrivent sur Tobjet m6me 
qu'on dedie, et la description que le general de Creuly a faite 

4. Voy. ci-dessous l'lnscr. xxvm (celle de Lomarec). 

2. Voy. la Rev. archtol. de juin 1867. 

3. Voy. le Genie gaulois, sect. 3«, n 08 LXV et LXVI. 

4. Beitr Oge, t. iv, p. 402, n. Voy. la Rev. archeol. de juin 1867, p. 389. 



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* GLOSSAIRE GAULOIS. 291 

de cette pierre commemorative prouve qu'etle etait encastree 
dans un monument plus considerable auquel ce cartouche servait 
sans doule de dedicate i . Je me permettrai a ce sujet une humble 
observation, dont je prie nos maitres en philologie de ne pas 
se formaliser. Leur science, trop souvent exclusive, et qui se 
montre, poiir de simples rapprochements de mots et d'idees, si 
exigeante a regard d'une voyelle ou d'une consonne qu'ils sup- 
posent en contravention, — leur science, dis-je, tient aussi 
parfois trop peu de compte des circonstances extra-plrilologiques 
et du degre de vraiseinblance qu'on pent exiger a son tour, soit 
de leurs corrections dans la critique des textes anciens 2 , soit 
des interpretations qu'ils nous presentent. Cantalon, par exemple, 
nepeut, d'apresla description du cartouche ou ce mot estinscrit, 
avoir designe, comme Nemeton ou Celicnon, qu'un Edifice tr&s- 
probablement religieux, quelque chapelle ronde construite ou 
dediee par Iccavos. 

L* etude de l'inscription sui- 
vii. vante fera encore mieux ressortir 

RATN BRIMTIOM ' la justesse de cette observation. 

FRONT V* TARB B'SON OS Nous voyons dans le premier Essai 
IBVRV de M. Pictet les Tarbelli, peuple 
(Diet, archeol. dela Gaule, aquitain, pris pour les Geltes, et 

pi. inscr. m.) leur nom interpret^ en conse- 

quence par rir. Tarbhealach, 
habitants des d^Gles, eux dont le territoire consistait dans un 
pays de plaines comme celui de Dax et des. Landes 3 . En troi- 
si&me lieu, cette inscription lui paralt la plus ancienne de 

1. Rev. archfol., Janvier 4862, p. 27. Musee de Beaune. 

2. Ainsi tel editeur renomm6 comme Sillig, ai-je lu, a quelquefois rejet6 
de son Pline les lecons les plus plausibles, ou indiquees par des faits, parce 
qu'elles n'6taient point d'accord avec quelqu'une de ses exigences philologi- 
ques. Et Thypercritique Gluck, que nousavons deja pris dans une faute. de ce 
genre, tire, p. 43, les noms de Bibracte et de Bibrax du C. Defer, le castor, 
sans s'inquteter si cet animal aquatique a pu habiter les hauts sommets ou 
Ton place maintenant ces deux oppida. 11 estvrai que la faute vient de Zeuss, 
p. 761. 

3. M. Pictet est tombe" dans la meme distraction au sujet des Camutes, 
ces montagnards de laBeauce! (Rev. archfol., aout 1867, p. 126.) 



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292 ETHNOGfiNIE GAULOISR. 

toutes, a cause de ses caract&res tres-diffdrents de l'dpigraphie 
ordinaire, et parce qu'eUe se trouve sur une pierre druidique, 
le menhir du Vieux-Poitiers i . II est bien difficile d'admettre 
cette priority de temps en presence du nom de Frontu que ren- 
ferme-ce texte, et qui semble si douteusementceltique a M. Pic- 
tet, que lui-m£me, devenu plus hardi dans son Nouvel Essai 2 , 
ne veutplus voir dans ce mot qu'un Equivalent latin du nom 
propre gaulois, nos ancStres, assujettis par les Romains, ayant 
parfois traduit leurs noms indigenes dans la langue de leurs 
maitres, pour se concilier leur faveur en se debarbarisant. 
Cette inscription appartiendrait done a l'epoque gallo-romaine; 
et s'il y avait lieu de poser une pareille question, e'est vrai- 
semblablement au Nemelon de Segomaros qu'il faudrait attri- 
buer l'anteriorit^, dont s'est pr^occupe M. Pictet. Ge nom de 
Frontu nous servira encore tout a l'heure pour combattre sa 
seconde interpretation. Mais examinons premierement ce texte 
dont j'avais simplement reproduit, comme inintelligible, la lec- 
ture la plus autorisEe dans ma premiere edition. On n'a pu, en 
effet, malgrE la grandeur des lettres, le dechifTrer completement 
qu'a la longue et avec peine, a cause des in^galites de la. pierre 
brute sur laquelle il a £t£ trac£. Public pour la premiere fois en 
1786, par Bourignon, dans sa Dissertation sur le Vieux-Poitiers, 
il a ete reproduit plusieurs fois, avec de notables variantes, entre 
autres dans le t. v des Memoires de la Soci£t£ des antiquaires de 
France. 11 n'est devenu a peu pres certain que depuis 1* etude qu'en 
a faite la Commission des Gaules. Elle reconnait deux I qu'on 
n'avaitpoint encore distingu^s; Tun transversal qui coupe le T et 
l'N du premier mot, qu'on croyait monosyllabique, RATJN • l'aulre 
qui surmonte le petit a la fin de la seconde ligne; puis elle 
rend dans le mSine mot, TARBEISONIOS, leur valeur aux lettres 
a demi effacees qui Tavaient fait lire TARBELLINOS. Ces recti- 
fications ont encore une fois supprime ou grandement modifie 
les interpretations anl^rieures. 

A cette singularity d' avoir 6te ecrite sur un menhir, cette 

4. Nom que porte Templacement d'une ancienne ville dans la commune 
de Ce'non, pres de Chatellerault. 

2. Rev. archioL, juin 1867, p. 389. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 293 

inscription joint pour nous celle de presenter 6videmment une 
construction de phrase toute differente des six premieres. Nous 
y retrouvons bien notre ieuru, mais non la formule dont il fai- 
sait toujours partie ; et nous passons brusquernent de la con- 
struction analytique des textes precedents aux libert^s transpo- 
sitives de la langue latine. C'est du moins la conclusion que les 
Celtistes ont tiree de cet accusatif en in (comme l'Ucuetin du 
n° 286), je veux dire Ratin qui est en tete de la phrase; — dece 
nominatif bien connu en os, qui est refoul£ a l'avant-derni&re 
place ; — et de celle qifoccupe ieura, apr&s son regime direct, 
dont il est en outre separe par deux mots a desinences insolites, 
Tune desquelles est encore une £nigme grammaticale. Remar- 
quons en passant, pour les Irlandistes dont nous aurons plus 
tard a combattre une conclusion favorite, que ce verbe est rejete 
a la fin de la phrase, quand, suivant les rfcgles de la syntaxe 
irlandaise, il devrait occuper la premiere place *. Les difficult^ 
de ce texte partagent encore ses principaux interpretes, et 
leur ont suggere trois versions difiterentes 2 . Celle de Stokes n'a 
qu'en partie surv^cu aux rectifications dont nous venons de par- 
ler ; la voici : 

Propugnaculum Brivationi Fronto tarbellinus fecit. 
Pictet l'a corrigee conformement a la lecture actuelle : 

Propugnaculum ponlilium Fronto Tarbeisonios fecit. 
La troisteme version, celle de J. Becker, s'^loigne singulifcrement 
des deux autres. Sa traduction allemande rattache l'inscription 
a Terection m£me du menhir : 

Diesen Gotterstein hat Fronto der tarbelliner errichten lassen, 
c'est-a-dire : 
Fronto le tarbelle a erigg cette pierre consacree aux Dieux. 

Rdsumons leurs commentaires : 

294. Ratin est done un accusatif sing, dont on a d&luit un 

1. Gramm. irland. d'O'Donovan, p. 357. 

2. Voy. BeitrOge, n, p. 109, ni, p. 331 ; et iv, p. 143. — Rev. archeol., 
juin 1867, p. 393. 



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294 ETHNOGtiNIE GAULOISE. 

nominatif Ratis, pareil (ce qui a dchappG mSme h M. Pictet) au 
nom gaulois que porte la foug&re dans Marcellus de Bordeaux, 
voy. le n° 65. Mais 1'Ir. et E. Balh signifie encore un tumulus 
(sens qu'avait deja adopte Pictet dans son premier Essai), une 
tombe, un fort, un village. — K. Rhath, Eminence, colline, lieu 
fortifig. Stokes a preterm Pancien Ir. Raith, habitation entour£e, 
soit d'un rempart circulaire en terre, soit d'un fosse, et il a tra- 
duit Ratin par Propugnaculum, fort ou retranchement, sens 
accepte par Pictet, et au sujet duquel nous remarquerons de 
nouveau Tabsence du pronom demonstratif, parce que Becker 
veut precisSment donner cet emploi a Ratin, ou du moins celle 
d'un qualificatif de Brivatiom. Mais il n'a fait aucun rappro- 
chement a l'appui de son opinion, et je n'ai pour mon compte 
trouv^que le K. Rhad, ce qui est fait volontiers, libre- 
ment, etc., auquel nous reviendrons tout a Pheure. 

295. Le mot suivant, Brivatiom, n'est malheureusementpas 
de nature a determiner le sens de Ratin. Stokes, qui reculait 
devant cette finale en om, desinence nouvelle pour les Celtistes, 
lisait Brivationi, datif sing, d'un nom topique, Brivatio, mais 
la netted de YM grave sur la pierre ne permet pas de le chan- 
ger en NL Cette finale, d'ailleurs, n'est pas sans prudent 
pour ceux qui lisent Senani v. eilom, l'inscription de N.-D. de 
Paris, que nous avons rapportee au n° 271. Cette lecture nous 
r^vele peut-£tre un g^nitif pi. qu'implique jusqu'a un certain 
point, si le lecteur veut bien s'en souvenir, Finterpr&ation de 
ce texte en partie efface : les Anciens des Nautcs ou de la navi- 
gation. Pictet, qui avait d'abord vu dans Brivatiom un accusatif 
sing., s'est, en dernier lieu, prononc£ pour ce genitif pi. regi 
par Ratin, et partant de la racine Briva, pont (voy. le n° 361), 
il a fait du mot qui nous occupe un adjectif Brivas ou Brivalis, 
en lat. ad poniem perlinens, ponlilis. Ce dernier terme,peu 
usite, se rapporte au materiel des ponts, et je ne comprendspas 
bien, je Tavoue, comment Thabile Celtiste attache a ces deux 

l.Caronne peut mettre en avant, pense-je, l'agregatif K. Rhai, plusieurs, 
qui sen a former le pi. du pronom d^monstr. Y-rhai-hyn , ces, etc. 
Ow. Pughe). M. de La Villemarqu6 donne h. ce compost une autre origine; 
voyez ci-dessous, Inscr. xxvm. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 295 

mots propugnaculum pontilium le sens de rempart ou de fortifi- 
cation d'un pont. Viennent ensuite de fortes objections extra- 
philologiques. II n'est pas vraisemblable que le Clain qui passe 
a Poitiers, Fancienne capitale des Pictaves, ait £te" plus bas, a si 
peu de distance, la frontiere de leur territoire qui, adosse" a la 
mer et a la Loire, s'etendait a Test jusqu'a Fines, aujourd'hui 
Heins, de l'autre cote" de la Gartempe (voy. Walckenaeret D'An- 
ville). — Secondement, cette tete de pont, ainsi qu'on nomme 
ces fortifications defensives, ne pourrait avoir 3te construite, — 
en supposant qu'elle fut de quelque utilite pour empecher le 
passage d'une petite riviere comme le Clain, — qu'au temps ou 
les peuples gaulois, jouissant de toute leur independance, se 
faisaient des guerres continuelles. Or, s'il est vrai que le nom 
de Frontu qui figure dans notre inscription ne soit que Fequi- 
valent latin d'un nom gaulois, il la rattache incontestablement 
a l'gpoque de la domination romaine, laquelle, nous dit Stra- 
bon, mit fin a toutes ces luttes intestines. II y a plus. M. Pictet 
reconnait lui-meme, d'apres le general de Creuly, que les liga- 
tures que Ton remarque dans l'inscription, et qui n'ont guere 
6t6 en usage que vers la fin du n e siecle, empechent de lui attri- 
buer une antiquity plus recuse. Je pense done, malgre" Tauto- 
ritd qui appartient si justement a la science de MM. Stokes et 
Pictet, que le sens de propugnaculum attribu^ par eux a Ratin 
n'est pas celui que comporte cette inscription. 

Elle peut encore moins concerner Terection du menhir, veri- 
table fantaisie de Becker, qui n'explique en aucune facon com- 
ment son accusatif Brivatiom serait arrive* de la signification de 
son radical, un pont, a celle de pierre consacree aux dieux, 
Golterstein. II est fort douteux, pour ne pas dire plus, que les 
menhirs soient des monuments celtiques ; et dans tous les cas, 
rinscription ne pouvant remonter au dela du n e siecle, il est 
hors de toute probability que les Gaulois aient encore elev£ de 
pareils monuments sous la domination romaine, qui £touffait 
tout souvenir de leur nationality. Mais Tanachronisme 6pig ra ~ 
phique de Becker n'empeche pas que Brivatiom ne puisse ^ tre 
un accusatif gaulois comme les precedents regimes directs 
dHeuru; -— accusatif dont Y n caract^ristique se serait, dit-i , 



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296 ETHNOG^NIE GAULOISE. 

change en m devant la labiale initiale du mot suivant, Fronlu. 

C'&ait du moins pour Vn devant le b, autre labiale, une rSglede 
Tancien et du moyen Irlandais 1 pos£e par Stokes lui-meme, Bei- 
trage, 11, p. 103, et que Becker applique au Gaulois comme font 
les Irlandistes quand l'occasion s'en presente. D&s lors Brivaliom 
d£signe positivement l'objet soumis a Taction du verbe ieuru, 
et sa signification radicale nous etant connue, nous pouvons en 
d&luire qu'il s'agit d'un pont sur le Clain construit dans le 
voisinage du menhir, et dont on a efTeciivement retrouve des 
vestiges au Vieux-Poitiers. Pont d'un genre probablement special 
d'apr&s la forme particuliere du terme que nous etudions, et 
qu'on petit prendre pour un diminutif, ou qui designe peut-6tre 
un pont submersible comme celui dont il existe aussi des ves- 
tiges decouverts dans la Mayenne en 1866 (Pictet, ibid., p. 396). 
Que devient alors Ratin? Un pronom d^monstratif? Aucun 
rapprochement n'a confirme cette conjecture de Becker, mais la 
recherche que nous avons faite nous a conduit, on l'a vu plus 
haut, au K. Rhad, ce qui est a bon march<§, gratuit, — ou, ce 
qu'on fait librement, genereusement, sens qui r^pondraient pre- 
cis^ment au libens ou au de suo des inscriptions latines. Ce 
radical, pere d'une nombreuse famille de mots kymmryques, 
Rhadu, accorder une favour, etc., n'existe plus dans le C. et 
dans TAr., mais Fir. a conserve Radaim ou Rataim, livrer, 
remettre. Le sens le plus naturel de notre inscription gravee 
apres coup sur un vieux monument ou elle devait perpetuer la 
memoire de cette liberalite patriotique serait done, en donnant 
a Ratin une fonction adverbiale : Fronlu Tarbeisonios a construit 
ce pont gratuitement (libens ou de suo). Verilions maintenant ces 
deux noms propres. 

Frontu, dont Yu final avait d'abord etonne les Celtistes, qui 
ne parvenairnt point a faire de ce mot, — la place du verbe 
(Stant prise par ieuru, — un datif qui fut son regime indirect 
comme ceux des inscriptions precedentes; Frontu, dis-je, parait 
d&initivement le nominatif sing, d'un nom propre qu'ils ont 

t identify avec le latin Fronto, soit que le premier ne fut qu'une 

1. Commune a d'autres langues indo-europeennes, notamment auFran^ais. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 297 

mauvaise orthograplie ou une prononciation dialectique du 
second, soit que celui-ci fut la traduction de quelque nom gau- 
lois tir£ du radical K. Tal 1 , front, Ir. Toloa TuLLes riominatifs 
sing, en u sont effectivement assez communs dans l'ancien Ir., 
et cette voyelle s'echange parfois avec Yo dans les desinences 
£pigraphiques en os. D'un autre cote\ les de'riv^s de Fronto ne 
sont pas rares dans les inscriptions gallo-romaines, Frontia, 
Frontasia, Frontaccus, etc. — Enfin Tarbeisonios, nom essentiel- 
lement celtique et dont je ferais, ainsi que je l'ai explique' plus 
haut, celui du pere de Frontu, peut etre un surnom personnel, 
que Pictet interprete par taurind voce prseditus, a la voix de tau- 
reau, et qui serait compose* de Tarb ou Tarw (voy. le n° 273) 
d'ou l'adjectif Tarbeios? — et de l'ancien Ir. Son, voix (Stokes), 
en K. Swn. II cite dans le Sk. un nom tout pareil pour la significa- 
tion, Gonarda, instar tauri rnugiens. 

MM. Pictet, Stokes, Becker m6me ont laisse de c6t6 la der- 
niere inscription que nous avions recueillie dans notre l re Edi- 
tion. L'ont-ils jugde simplement latine ou l'ceuvre d'un faussaire? 
Nous l'ignoroos. On peut effectivement leur preter l'un ou 
Tautre motif. Cette inscription, relevee sur une patera en poterie, 
provenait, avons-nous dit, de Rheinzabern, dans la Baviere 
rhdnane 2 , ou J'on en a trouve' plusieurs a peu pres semblables, 

il y a une trentaine d'ann^es. 
viii. Lersch et Mone qui les ont etu- 

SILVANO diees n'avaient, parait-il, aucun 

TETEO (aJ-TETTO) doute sur leur authenticity, non 

SERVS plus queDeWal 3 , en 1847, mais 

FITACIT fal. FITACITI\ Henzen n'en admit une dans son 
EX VOTOR\etFITAGIT/ Recueil epigraphique, n° 5,754, 

qu'en nous prevenant, d'apres 
Mommsen, qu'il y avait peu a s'y fier. L. Renier pensait toutefois 
qu'elles £taient des copies d'une inscription veritable meat 

1. Pictet cite, independamment des composes Dannotalos que nous connais- 
sons deja, Dotalus, etc., les noms gallo-romains de Talio, Talussius et autres. 

2. Voy. Hefner, R6m. Baym, n 09 102 et suiv. et 116. 

3. Voy. Mone, Gallische Sprache, p. 186; De Wal, Mythol. septentr. 
monum. epig, latino, n os 267 et 338. <t< 



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298 ETHNOGtiNIE GALLOISE. 

ancienne. Je m'en etais rapporte et je m'en rapporte encore a 
sa grande sagacite pour conserver a cette inscription sa place 
dans ce Glossaire. Gar nous la croyons, sinon tout a fait cel- 
tique, du moins mixte, c'est-a-dire gauloise, sauf le nom du dieu 
Silvanus et les deux derni&res lignes qu'on lit en latin : Ex voto 
restituit, sens qui serait burlesque, s'il ne s'agissait que d'un 
raccommodage depotsde terre. II concerne probablement Pautel 
ou De Wal affirme que ces pateres ont ete trouvdes. Ge texte 
mixte ne serait pas le seul que nous eiit laissd repigraphie 
gallo-romaine; on peut s'en assurer dfcs Inscription suivante. 
— Quant a Serus dont on a voulu faire un fils de Tacitus, ou 
bien un esclave, servus, de Fitacitus, auquel appartiendrait le 
nom de Tetto, ni Tune ni Tautre de ces interpretations n'ont 
satisfait les critiques. La seconde dispose arbitrairement du 
texte, et le filius Tacili de la premiere est une derogation sans 
precedent de la formule ordinaire qui se contente d'un F pour 
filius, et place cette lettre apres le nom du p&re. Pour nous, 
Serus, qui est inscrit entre le surnom essentiellement celtique 
de Tetto ou Teteo et le mot Fitagit que nous allons reconnaitre 
pour tel, e&t le nom propre duGaulois qui s'est acquitte de ce 
devoir religieux. Ce nominatif sing, en us est pareil a ceux 
d'Esus et de Trigaranus des pierres de N.-D. de Paris. 

296. Tetto, al. Teteo, le surnom de Silvanus, et nullement 
le nom du pretendu esclave de Fitacitus, est un datif sing, a 
desinence probablement latine, d'un adjectif gaulois que Zeuss i 
a expliqu6, p. 80, d'une maniere qui convient parfaitement a la 
mauvaise reputation de ce dieu a regard des femmes : — Ir. 
Tete, gl. luxuria; Text, id, luxuriosae, — E. Teth, chaud, ardent, 
— K. C. et Ar. Tes, chaleur, d'ou le verbe bas-breton Teuzi, 
fondre, et Teuz, fonte, au figure: ruse, lutin. 

297. Fitagit, legon qu'a prefe^e Mone, serait suivant lui un 
participe du verbe Ir. Fiadaighim, aujourd'hui perdu, mais dont 
le proche parent Foith s'est maintenu dans la langue actuelle 

1. II cite les noms de Teteus, et Tettceus. Par une rencontre singuliere, 
une pierre votive de Durham, de"die*e a la meme divinite* par un chasseur 
breton, le nomme C. Tetius (Th. Wright, The Celt., etc., p. 207). On trouve 
un Tettienus dans les Inscr. helvet. de Mommsen, n° 78. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 299 

avec le double sens de forSt et de garde, Fitagit signifierait done 
un garde forestier 1 , ce qui conviendrait parfaitement a un ado- 
rateur du dieu des bois. Seulement je n ai retrouve nulle part 
la mention de l'ancien verbe cite par Alone qui, dans tons les 
cas, s'est arretea moitid chemin, car 1'Ir. actuel lui aurait offert 
des rapprochements plus directs, que Foiih. D'abord la racine 
m6me, Fiadh, sauvage (O'D. et W. S.), bete fauve, pi. Feidh; 
en E. un cerf. — Fiadhaich, E. id. sauvage; Fiadhach, chasse; 
Fiadhaighe, chasseur. — Le K. nous abandonne a peu pr&s sur 
ce point, car il ne possfcde que Ffith, action de glisser, mou- 
vement rapide. — G. et Ar. rien. Le sens de chasseur me sem- 
blerait preferable a celui qu'indique Mone pour deux raisons : 
1° parce que ces inscriptions, suivant Henzen, accompagnent 
une figure qui represente un chasseur attaquant un monstre 
marin; 2° a cause du rapport qui existe entre*elles et celle de 
Birdoswald en Angleterre : Deo sancto Silvano Venalores Banna SS 
(les chasseurs de Banna, localite britannique; Wright, The Cell, 
p. 267). Je pense que ces rapprochements justifient pleinement 
l'opinion de L. Renier sur l'authenticite originelle de ce texte. 
A ce petit nombre descriptions, les seules que nous avions 
pu recueillir dans notre l re edition, nous allons, comme nous 
Tavons annonce', joindre celles qu'on a d<§couvertes depuis, ou 
qu'on n'avait pas encore reconnues pour celtiques. Nous les rap- 
porterons a leur tour en suivant l'ordre adopte par M. Pictet, 
puis par J. Becker, et en nous aidant naturellement des etudes 
faites par nos devanciers. 

Cette inscription a ete decouverte, il y a 
ix. environ quatre ans, sur un bloc de granit 

SACERPEROCO pr6s de la gare de Marsac (Greuse), et le 
IEVRV DVORI savant et zel£ conservateur du musee de 
CO.V.S.L.M. Gueret, M. Fillioux, l'y a fait d^poser avec 

empressement. Elle est facile a lire et nous 
prdsente pour la 8 e fois notre verbe ieuru qui prouve sdi'celMile. 
Mais e'est une inscription mixte comme la pr6c6dente, puis- 

1. Le sufflxe it oq id indique effectivement en K. m6iier ou fonction, Z. 
p. 803. 



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300 ETHNOGtiNIE GAULOISE. 

qu'elle se termine par les sigles ordinaires V. S. L. M. de cette 
formule latine si connue, Volum solvit libens meritd. Communi- 
quee a la Revue archeologique au mois de fevrier 1866, elle fut 
des le mois suivant l'objet d'une premiere dtude de M. Pictet, 
etude qu'il a reprise fannee d'apres dans la meme Revue, juin 
1867. Ni Becker, ni Stokes, autant que je puisse le savoir, ne 
s'en sont encore occup^s. 

Sacer, dit le Geltiste g^nevois, est le prenom latin d'un Gau- 
lois ddja romanise\ Peroco. Ce nominatif sing, en o est le meme 
que nous ont deja donnd les noms de Divico, Vertico, etc.; et sa 
racine se montre egalement dans ceux de Perus, Peronius, etc. 1 
C'est le K. Per, doux, de'licieux ; voyez ci-apres Inscription de 
Lomarec, n° xxvm. Un seul mot peut done susciter quelque diffi- 
cult^, le suivant: — 298. Duorico serait pour un dieu topique 
un datif sing. masc. npuveau que dementent ceux que nous 
avons vus jusqu'ici en u. 11 est Egalement insolite com me accu- 
satif sing, a cause de Tabsence de Vn final, que Pictet expliquait 
d'abord par un anouswara Sanscrit, e'est-a-dire par la suppres- 
sion de cette lettre dans les syllabes ou elle suit une voyelle et 
peut lui donner un son nasal, telles que con dans le lat. consul 
ecrit parfois cosuL Ges e'clipses de Yn ont ddja ete remarque'es 
sur les meMailles gauloises; voyez la Revue numismatique, t. ix, 
1864. Mais, dans son Nouvel Essai, le maitre abandonne cet accu- 
satif sing. Duorikon, et lui prelere un accus. pi. neutre ou Yo 
final tient la place de Ya v^dique, grec, latin, etc. Ce change- 
ment sans doute discutable n'est du reste que grammatical, et 
n'influe sur le sens qu'en substituant au sing, porticum le 
pi. porticus. Gar telle est la signification latine que Pictet attribue 
au mot gaulois, d'apres le Sk. Dvdram ou Dear, porte, qui devient 
en slave Dviri, puis Dvoru, porte et cour; — et en K. Dor (pour 
Dvorori); Ir. id. voy. n° 174; — et dont les derives Dvaraham, 
portique, et Dvarikas, portier, ont une si grande analogie avec 
Duorico. Ces constructions ou restaurations de portiques sont 
mentionne'es par diverses inscriptions dans les recueils de 
Steiner, De Wal, Orelli, etc. Nous n'avons rien & contester dans 

1. Mommsen, Inscr. helvet., n° 352/i60j Muratori, Inscr., n° 1606. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 301 

cette interpretation qui se formule done ainsi : Sacer Peroco (ovk 
fils de Peroco, voy. Tinscr. iv) aconstruit ceou ces portigues, etc. 
Le nom de la divinity envers laquelle il s'acquittait de ce voeu 
n'est point venu jusqu'a nous. 

Texte qu'on lit sur un fragment de cippe trouv6 

x. a Vaison \ d'ou nous vient d£ja Inscription du 

IVBRON Segomaros de Nimes. Nous avons ici, dit Pictet, 

SVMELI comrae dans inscription du Vieux-Poitiers, l'accu- 

VORETO satif en tSte de la phrase et le verbe a la fin ; mais 

VIRIVS^F celui-ci n'est plus ieuru, e'est le preterit latin des 

inscriptions gallo-romaines, indiqud parson initiate 

bien connue, F pour fecit. Premier exempleparfaitement autlien- 

tique que nous rencontrions du melange dans un mSme texte 

du Latin et du Gaulois. — 299. Iubron, cet accusatif pareil a 

Nemeton, Celicnon,etc.,pr£sente, observait simplement Becker, 

la mSme syllabe initiate que Jura, Joupi Kellouson et Joum- 

baroum. C'dtait peu pour aflirmer la celticite de ce mot; mais 

Pictet 2 Ta rapprochd de l'lr. Jubhrach, vase de bois, 6troit par 

le hautet large par le bas (O'Donovan, Gloss.). O'Reilly nomme 

ainsi un vaisseau sous voile, dont Timage en pierre ou en bronze 

pourrait avoir et£ pos£e sur ce cippe, mais il est plus naturel de 

s'en tenir a un simple vase, — ou peut-etre a un if, Ir. et E. 

Jubhar, consacr^ par Virius. Ce nom propre latinis^ est tout 

celtique, Virios ; il se trouve dans les Inscripliones helveticx de 

Mommsen, n oS 5 et lft, dans Steiner, etc. ; et d^rivait du radical 

Ir. Fir, juste, vrai, Z. p. 116; Firian, id. — K. Gwir s id. Z.ibid. ; 

* d'ou Viridomarus, Viriotalus, Virianus, etc. — Sumeli Voreto, 

double datif ^galement latinisd (pour Sumele Voretu) nous ofifre 

done Je nom et le surnom du dieu auquel s'adressait I'ofTraude 

de Virius. Le premier rappeJait a Becker, id. p. 352, le Samulo- 

cenis des Champs d£cumates, ecrit Sumelocenna dans une 

inscription d'Orelli, 5,2ft8; — et le nom de Samulonius dans 

Steiner (compost celtique du radical Ir. Su ou So, bontg, et de 

rir. Mills, doux, K. Melys* ; Somailse, douceur, Z. p. 7ft9). — 

l.Deloye, Biblioth. de I'ficoledesChartes, 2 e s<$rie,t. iv, 1847 et 1848, p. 326. 
2 et 3. Revue archeol., juin 1867. 



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302 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

Voreto nous est garanti, pense encore Pictet, par le K. Gwared, 
protection, et par d'anciens noms gallois et armoricains qui 
en sont formes, tels que Catquoret, Tuduuoret, etc. Voreto pour- 
rait etre aussi rapport^, ce me semble, a la racine, K. Gor on 
Gwor, ce qui est supdrieur; en Ir. ce qui est bien, chaleur, 
lumiere. 

La mutilation de l'inscription qui suit est d'autant plus 
regrettable, qu'elle etait de beaucoup la plus Vendue de toutes 
cellesque nousposs&ions. Malheureuseuient la plaque de bronze 
qui la portait a 6t6 brisee a droite et a gauche, de sorte qu'il ne 
reste plus guere du texte que le milieu, encore est-il en partie 
latin! Ddcouverte en 1836, parmi les ruines du Vieil-lSvreux 
voisines de l'ancienne cit£, elle a et6 publiee dans les Memoires 
de la Socidt£ des antiquaires de France, t. xiv, 1838 ; puis repro- 
duite plusieurs fois avec de legeres variantes dans divers 
ouvrages frangais et etrangers, entre autres dans les Anliquites 
gallo-romalnes des Eburoviques, parM. Bonnin, 1860, pi. xvm-2, 
inscr. du Vieil-fivreux. Nous la transcrivons d'apresle fac-simile 
du Dictionnaire arcbeol. de la Gaule, PI. inscr. vnr. 

Observons d'abord : 1° que le 

xi. caractere final de la 2 e ligne 



SsCRISPOS BO VI \ nous ^ a isse indecis entre la lec- 
RAMEDON \ tureRamedont'et celle que don- 
AXIACBITI EV S \ naient les precedentes transcrip- 
DO CARABITONV \ tions, Ramedon. — 2° Qu'on li- 
J IASEIANISEBOBBV^i sait gendralement a la 3 e ligne 
REMI FILIA Axlac. — 3° Qu'on ne sait trop 
DRvTaGISACICIVISSV 8 si le trait 9 ui la termine, ainsi 
que la 5 e , est un signe de sepa- 
ration ou une S minuscule. — Enfin que cette inscription 
nous presente deux sortes de D, le simple et le barre, celui- 
ci indiquant probablement un son tres-sifllant , quoiqu'on lui 
attribue aussi quelquefois et tout simplement la meme valeur 
qu'a Tautre, Caraditonu. Voyons maintenant ce que nous 
pourrons tirer de ce texte, apr&s Becker et Pictet 1 . Le pre- 

i. Beitrdge, m, p. 189, 333, 417 et al. — Pictet, Rev. archeol., juin 1867. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 303 

mier d'abord n'en poss6dait pas, comme il Je pressentait 
une copie assez exacte. Ainsi , a la 3 e ligne , il lisait d'une 
maniere pea vraisemblable : Axlacbit en un seul mot et en 
separait l'l qui suit pour le reunir a TEV qui vient ensuite 
et y voir en abrege, comme l'habile antiquaire normand Le' 
Prevost\ notre fameux verbe ieuru. Mais EV est a une distance 
telle de VI qu'on ne peut les consideYer comme appartenant a 
un m^rae mot, et de plus un signe de separation (ou une petite S) 
Tisole decelui qui venait apres, sur le fragment qui est perdu. 
Cet ieuru fantastique etant donne\ Caratsitonu devient naturel- 
lement pour Becker un datif sing, en u, regime indirect du 
verbe, et le nom propre d'un dieu Caralsitonos, envers lequel 
Druta, fille de Remos, citoyen de Gisacum, a accompli a ses frais, 

— S V (o) de la derniere ligne, — un voeu fait par son pere. Ici 
le savant Geltiste me parait etre tombe dans une singuliere 
distraction, car il dit que l'auteur de ce vceu est le Crispos de 
la l re ligne, tandis qu'il reconnait pour le pere de Druta le Bemi 
de la 6 e . Nous remarquerons encore, sur la partie latine de 
cette inscription mixte, que Druta est un nom essentiellement 
celiique, dont le masculin Drutos est constate" par celle de Todi; 

— et que Gisaci peut designer, outre Gisacum — (lieu sur lequel 
se taisent tous nos anciens auteurs), — un citoyen nomme Gisa- 
cus, ou un dieu probablement topique dont parlent d'autres 
textes lapidaires du Vieil-fivreux meme et d' Amiens 2 . 

La partie non latine de notre inscription est incontestable- 
ment gauloise. Crispo^ est un nominatif en os qui nous est 
devenu familier, du nom romain de Crispus. — Je laisse de c6te" 
Bovi qui est incomplet, et Eu, n° 300, pour lequel je n'ai pu 
recueillir aucun rapprochement. — 301. Ramedont ou Ramedon 
(dans ce dernier cas un accusaiif en on comme Nemeton, etc.) 
peut etre considere comme intact et rapporte, soit a Tlr. Ramhad, 

grande route; E — Ramut, route secondaire dans Gorm. 

p. 38, &1. Stokes; — K. Rham, elevation au-dessus, ou d'un 
cote a Tautre d'une chose; Ramiad, Vendue au dela d'un point 

1. Vlnstitut, 2 e section, n° 37, p. 8, 1839 (d'apresM. Pictet). 

2. Catal. du mus^e d'Amiens, p. 30. 



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304 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

donn£; Rhamu, s^lever, prendre l'essor. — C... — Ar. Ramps, 
geant; — soit au K. Rhamant, presage; Rhamanta, p£n£trer 

dans Tavenir. — C — Ar. Rambre, vision chimerique. — 

Je n'ai decouvert pour Axiac, n° 302, dont le x s'adoucit en s 
ou ss dans nos idiomes modernes, que le K. Asiaw, joindre, Her. 
— En revanche, 303, Biti que je separe d'Axiac, malgre l'absence 
de tout signe sdparatif (absence qui a pareillement lieu dans 
les lignes 5 et 7), se trouve en nombreuse famille : Ir. et E. Bitxi, - 
jadis/H'tfi, Z. * p. 824, le monde, Texistence, etc.; en K. Byd; 
C. Bit ; Ar. Bed ou Bet. — K. et G. Byth, a toujours, etc. 

304. Garatsitonu ou Garaditonu, dans lequel on a pense 
que se retrouvait le nom de l'lton qui baigne les murs d'fivreux, 
est aussi consid£r£ comme un datif sing, par Pictet, Rev. 
archeoL, aout 1867, p. 134. II se pourrait cependant que ce fut 
la 3 e personne sing, d'un pr&^rit tel qu'ieuru etkarnitu, car, 
dans ces quatre premieres lignes de notre fragment, nous ne 
d&ouvrons pas d'autre forme verbale qui nous soit connue. — 
Nom propre, le mot qui nous occupe et qui nous rappelle le 
Carassounius de Mommsen 2 peut se rattacher au K. Karad, 
aimant, tendre ; G. Karadow, aime, cher ; Ar. Karadek, aimable, 
du verbe Karout, aimer. — Ir. Karad, ami; Karadaim, Stre 
aim£, favorisd; E. Karaid, amitie. Caraditonu serait-il quelque 
Cupidon gallo-romain? — Verbe, i! peut d^river du K. Karad, 
transport de marchandises; Karaid, camion; C. Ar. Ir. E... — 
Ce qui nous ramfcnerait a l'idee de grand chemin, que Ramedon, * 
puis Axiac nous ont sugg£r£e, cette route ayant et6 construite 
ou poussee jusqu'a Gisacum aux frais d'un de ses citoyens et par 
ses enfants. La construction et la reparation des routes sont des 
faits qu'aimait a constater Tepigraphie romaine. 

Becker n'a trop su comment lire la ligne suivanie, ou ft a 
fait du deuxi&me SE, d'abord une syllabe finale de SE1ANISE 
(id. p. 196 et 198); puis une initiale de SEBO££V, Beitr., iv, 
p. 155. ResteraitlASEIANI, inintelligibleetdont je n'imagine pas 
qu'on veuille extraire le nom de S£jan. — Enfin, 305, Seboddu 



1. Pr6flxe intensitif dans la composition des mots, ibid. 

2. lnscriptiones helvetica, n° 287. 



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GL0SSA1RE GAULOIS. 305 

ou Sebotstsu, mot qui a toute l'apparence d'un preterit, mais 
appartenant a une autre phrase, pent deliver du radical K. Bod, 
1° existence; 2° habitation; C. id. ainsi qu'en Tud. — SK. Abaci, 
demeure. — Ar. Bod, assemblage de maisons, village. — Le K. 
nous offrirait encore Bodd, consentement, Z. p. 27; Boddus, 
agreable, Z. ibid. — et le Gaelique Boid 1 , un \ce\i;Boidhim, 
vouer, consacrer; E. Boidich; — K... — Je ne parle pas du K. 
Boddi qui n'offre aucun rapport d'idee, soit avec l'achevement 
d'une route, soit avec l'accomplissement d'un vceu provoqu£ par 
quelque prediction, Rharnant. Voila tout ceque la perte des deux 
tiers peut-etre de cette inscription me permet de tirer des rap- 
prochements fort divers que j'ai presentes au lecteur. 

L'inscription suivante, beaucoup moins difficile a comprendre, 
a et6 l'objet de deux interpretations absolument contradic- 
toires. 

XII. 

■ APTAP..iAAANOYiAN02AEAE 
MATPEBONAMAY2IKABOBPATOYAE 

(Diet, archeol. de la Gaule, PL inscr. i re .) 

Elle a (§te d£couverte en 1742, pres de la.celebre fontaine de 
Nimes, et fait actuellement partie de ces beaux restes d'archi- 
tecture qu'on nomrae le Temple de Diane. Elle est en caracteres 
grecs graves sur le tailloir d'un chapiteau, disent les uns ; sur 
la traverse superieure d'une porte d'entrde, pensent les autres ; 
— et se compose de deux lignes, dont la premiere est assez 
endommagee en quelques endroits pour que la lecture en soit 
impossible ou demeure incertaine. Le mot qui la commence 
£tait lu Iartai, mais le premier i est par sa distance de l'A 
plutot un r, et le second doit etre un B. Suit une brisure de la 
pierre qui a enleve trois lettres, sauf la trace d'un I pour la der- 
niere. La sixieme qui vient ensuite est bien un Y, et sa voisine de 
droite mutitee dans le haut ne peut etre qu'un I ou un r, car 
la place manque a gauche pour completer la traverse d'un T. 
Enfin, le reste de lettre qui est entre TA et TO pourrait bien 
indiquer un N au lieu d'un K, mais je n'insiste pas sur un doute 

1. Peut-6tre derive du lat. votum. 

20 



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306 



' ETHNOG^iME GAULOlSt:. 



d'aussi peu d'importance. II faut done abandonner la premiere 
lecture de ce texte demeure in^dit jusqu'en 1851, epoque ou 
M. Germer Durand la dgchiffra enfin de cette maniere : 
Iartai (Bdi) llano Itako Sdedema Trebo Namaus lkabo Bratoude; 
— et meme la rectification de Stokes l : 

Iartai llanoitakos dede Matrebo namausikabo bratoude. 

II faut, dis-je, lire avec Pictet : 

Gartab . . illanouiakos dede 
ou bien : Iartab . . illanougakos dede 

puis: Matrebo namausikabo bratoude (Rev. archeol., 
juillet, 1867). 

D'aprfcs la premiere de ces lectures, Germer Durand et Colson 
qui rinterpr£t£rent ensemble dans un Essai sur Vinscription 
celtique de la fontaine de Nimes, etc. (lu a TAcad^mie du Gard 
le 10 et le 24 juin 1851), ne virent dans cette inscription qu'une 
liste de localitds arecomiques, comme V&leillan , Treves, 
Nimes, etc., liste pareille a la fameuse table geographique 
latine, qui fut trouv6e ^galement a Nimes, 1747. Celle-ci qui 
est au musee de cette ville se compose de onze lignes, chacune 
form£e d'un seul nom de ville ou de bourg du m£me territoire, 
Andusia, etc. 1 L'interpr&ation de ces deux antiquaires rencon- 
tra des adherents, parmi lesquels je citerai seulement Tauteur 

1. Beitr&ge, n (1859), p. 100. Nau.av<xtxa6e de la p. 101 est une faute 
d'impression. J. Becker, id. in, p. 162, et Ebel (2» 6d. de Zeuss), p. 32, ont 
adopte* la lecture de Stokes. Celui-ci nous previent toutefois, p. 104, que 
Siegfried inclinait a lire pour le dernier mot Bratou De, cette syllabe devant 
en commencer un autre Aeovctv (dearum)^ dont le reste a disparu. AeSe qui 
est au-dessus serait alors egalement incomplet. C'est peu probable, et Stokes, 
qui a reproduit sa version dans une note de ses Irish glosses en 1860, n'y 
parle plus de cette supposition de son ami. Nous allons voir que lui-meme 
corrigea plus tard sa premiere lecture. 

2. Andusia est Anduze. Les autres noms sont Brugetia, Tedusia, Vatrute. 
Ugerni (Beaucaire) Sextant..., Briginn.., Statumce, Virinn, Ucctiw (Uzes) et 
Seguslon. Vatrute offre seul quelque ressemblance avec un mot de notre in- 
scription, Bratoude. A la verity, Statumae pourrait re'pondre a Sdedema, mais 
cette lecture, si peu vraisemblable, a de plus contre elle ces deux initiates 
Sd, dont il n'y a pas d'exemple, dit Pictet, dans le Gaulois, non plus que daus 
le Grec, le Latin ou le Basque. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 307 

trop peu apprecie de la Numismatique iberienne, M. Boudard. 
Mais Stokes et Siegfried reconnurent bientot que ce texte qu'on 
brisait en morceaux renfermait une veritable phrase celtique, 
et nulleraent une liste de noms qu'on assimilait, avec plus ou 
moins de t£m6rite, a ceux que portent aujourd'hui quelques 
localit&s du Gard. Sans entrer dans une discussion dont Pictet 
s'est victorieusement acquits (I. I. p. 10 et suiv.) pour demon- 
trer que la version de Germer Durand et Colson n'&ait pas de 
nature a inspirer autant de confiance que la sienne, nous obser- 
verons simplement, avec M. L£on Renier, que la place que 
devait occuper la pierre ou est grav£e leur inscription, et la dis- 
position horizontale de ses deux lignes, compare a la verticale 
de la table g^ographique, sont de prime abord peu favorables a 
leur interpretation. Colson a eu d'un autre cot£ le tort de farcir 
son commentaire d'6tymologies pr&endues celtiques et de rap- 
prochements tirgs de Bullet; et quoique son opinion fut encore, 
£crivaiten 1867 le g&igral deCreuly 1 , partagee par des juges 
fort comp6teii.ts(que la refutation de Pictet doit avoir convertis), 

— nous ne pouvons reconnaitre aux deux antiquaires du Gard 
que le m£rite trfcs-rSel d'avoir les premiers tent£ un d£chiffre- 
ment difficile, — et appeld ainsi 1' attention des Geltistes sur 
un texte oubli£ depuis plus d'un siecle. 

La deuxieme lecture a donn£ a Stokes et a Siegfried le sens 
que voici* : 

Iartai llanoitacos (ou fils d'illanoitax?) dedit Matribus 

nemausicis (ex) imperio (ipsarum). 

Je passe sous silence la variante Dearum au lieu d'ipsarum, 
nde d'une lecture fantaisiste qui parait 6tre abandonn^e, et dont 
j'ai parte dans une note pr&edente. 

La version de Pictet ne differe de celle de Stokes que par 
la lecture des deux noms propres : Iarta ou plutot Garta (Bid) 
illanoviacos dedit Matribus nemausicis (ex) imperio (\e\decreto); 

— Elle a ete adoptee d'ailleurs par le Geltiste anglais dans sa 

1. Voy. Pictet, Bevue cit^e, p. 20. 

2. BeitrdQe, id. p. 109; Irish glosses, p. 100, n. 



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308 



ETHNOGtiNlE GALLOISE. 



traduction du Glossaire de Cormac, en 1868 ; p. 18. Passons a 
r analyse grammaticale. 

306. Garta, nominatif sing, en a justifie par les noms gau- 
lois de Galba, d'Ateula, de Tocca, etc., est done le sujet de la 
phrase. C'est aussi un nom propre derive d'une racine toute 
celtique, soit : K. Garth, rempart, sommet; Garlhen, bataille; 
Garthon, aiguillon, Z. p. 10%. — C. Garlhou et Ar. Garzou, id. 
— soit: Ir. Gart, gen6rosit6, renomm£e; la tete, dans Cormac; 
E # id. _ Pictet cite en outre plusieurs noms irlandais composes 
avec ce radical. 

Vient ensuite un autre nominatif d'une desinence bien 
connue en os, dont le B initial paralt d'apr&s un nouvel et minu- 
tieux examen de la pierre, dit M. Pictet, avoir 6t6 suivi d'un I et 
d'un A,cequinousdonne, — 307, Bidillanoviacos pour la lecture 
de ce deuxi&me nom probablement patronymique ou ethnique. 
(Voy. Acus au n° 275.) C'est dans ce dernier sens que le prend 
M. Pictet. II se rapproche , pour 1' explication de ce mot, de 
Germer Durand, qui avait effectivement rencontr^ a peu pres 
juste en lisant Bdillano. Garta serai t done un descendant de 
Bidillanovius, ou un citoyen de Bidillanovium, soit Vedeillan 
prfcs de Nimes; soit quelque autre locality d'un nom analogue, 
lesquelles ne manquent pas sur la carte de notre pays. La ter- 
minaison en ovium ou ovia est en outre justifi^e par les noms 
de Lexovium; de Vinnovium et Durocornovium en Bretagne, de 
Gergovia, etc. 

La clef de Inscription est dans les trois mots qui suivent, 
tels queues a lus Siegfried : Dede Matrebo namausicabo, et Ton 
peut ajouter a cette remarque de Pictet que de ces trois mots le 
premier a toute l'apparence d'un verbe et les deux autres de 
datifs pluriels. En effet, la forme redouble de — 308, Dede a la 
plus grande ressemblance avec le dedit latin, trfcs-anciennement 
Dede 1 comme en osque 2 , etc. Ges formes remontent au radical 
S. Da, donner ; dadd a la 3 e personne sing, du preterit. Pictet 

1. Pictet cite du Corpus inscr. vet. latin, de Berlin : Nomelia dede du 
n° 180; Statetio dede du n° 169. 

2. Voy. Fabretti, Glossarium italic, h. v° et Dedet. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 309 

s'est etendu sur cette origine avec laquelle se trouve ici en con- 
currence un autre radical du mSme idiome, Dhd, poser, faire. 
II conclut : 1° que Dede n'est pas un emprunt fait au latin 
archaique, comme le pensait Becker, mais un collateral gaulois 
de la meme famille ; et — 2° qu'il doit avoir signify : donna ou 
posa, drigea, et preferablement le premier de ces verbes con- 
sacr<§ par la formule latine d'un grand nombre descriptions. 
Le neo-celtique a perdu ces deux radicaux, mais on retrouve leur 
descendance dans le K. Bawd, don, depot; Dodi, donner, poser. 

— C. Dedhewy, promettre. — Ar — Ir. Dan, glose : donum, 

Z. p. 20, en Sk. Dane. — E... — K. Dawn. Pictet evoque encore, 
d'aprfcs Stokes, Pancien compost Ir. Adcotedx, dedit, concessit, 
du livre d' Armagh, et pour lequel le savant anglais renvoie a 
Zeuss, p. 336, ou il n'y a rien qui lui ressemble. 

" 309. Nous avons dit que Matrebo avait toute Tapparence 
d'un datif pi. Ne rappelle-t-il pas immediatement le Matrabus 
des inscriptions gallo-romaines, cette forme que Ton prenait 
pour un ignorant barbarisme qui s'&ait substitu£ au latin Malri- 
bus, aux M&res. Mais ce mot est du pur Gaulois un peulatinisg, 
si Ton veut ; et notre Matrebo remonte d'une part au Sk. Malar, 
mere, et de l'autre a son suffixe caractSristique du datif pi. 
Bhyas, devenu bus en latin. L'Ir. disait jadis Mathrib ou Maihraib, 
aux M6res, et cette desinence si marquee existe encore dans ses 
ddclinaisons. Le nominatif actuel est Mathair; E. id. — M. Jfotr. 

— K. et C. Mam; Ar. id. L. aujourd'hui Mamm. La confusion que 
nous releveronsplus loin, n°405, entre lesD<§essesM&res des Grecs 
et des Latins et les Mairx gauloises, avait done d£ja commence 
dans Tesprit des populations celtiques de la province romaine. 

310. Namausicabo, mSme datif pi. d'un adjectif en accord 
Evident de nombre et de cas avec Matrebo, et, sauf leurs finales 
latines, semblable aux formes si connues des surnoms topiques de 
ces m6mes deesses, au nord comme au sud des Gaules, Uberca- 
bus en Provence, Vediantiabus dans le pays deNice, Gabiabus, Vat- 
viabus, etc., dans la Germanie romaine. Le nominatif a d&hiire 
de Namausicabo est done Namausica (au masc. Namausicos) ; e'est 
un ethnique dont la derivation saute aux yeux. Synonyme du 
Namausalis de Inscription d'Avignon, il est comme lui iir£ du 



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310 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

nom de la cdl&bre Namaus ou Nemausus latine, la Nimes de nos 
jours. 

311. Vient ensuite le mot final Bratoude. L'analogie qu'il prd- 
sente avec le Vatrute de la table geograpbique dont nous avons 
parl£ a entrain^ Becker dans une sorte de milieu entre Inter- 
pretation de Stokes, qu'il suit pour le reste de l'inscription, et 
celle de Germer Durand, qu'il adopte pour ce mot seul. L'exemple 
lui en avait 6t& donne dans le Philologus, xn, 4, par un autre 
savant d'outre-Rhin, M. Sauppe. Bratoude est done, a leur avis, 
le mSme nom que Vatroute, et Tun comme Tautre designent 
un des vingt-quatre bourgs qui, d'apfes Strabon, faisaient par- 
tie de la cit£ de Nimes. C'est dans ce lieu, Bratoudx (datif loca- 
tif)* que Garta aurait £rig6 aux Dresses M&res de cette ville un 
monument dont Finscription dedicatoire aurait 6t6 retrouvee a 
Nimes. Premiere improbability relev^e par M. Pictet. La secqnde, 
qui est plus grande, serait que le nom d'une locality ait 6te 
ecrit d'une manure si diflterente dans deux inscriptions offi- 
cielles du m6me temps. Ce n'est que dans les manuscrits qu'on 
peut rencontrer pour un nom g6ographique des lemons aussi 
divergentes que celle de Vatrute et de Bratoude. Le plus sur est 
done de s'en tenir a l'opinion de Stokes, et d'accepter ce dernier 
mot comme un terme commun dont Tanalyse grammatical est 
encore obscure, mais dont la signification nous est indiquee par 
le nom de Vergobretus, n° 3. Nous y avons vu que l'lr. Brdth, 
K. Braut, signifiait jugement, ce qui implique decision, ordre, 
et nous conduirait directement aux formules des inscriptions 
gallo-romaines : imperio ou ex-imperio, jussu, decreto ou ex- 
decreto. Apr&s cela, que Bratoude soit un simple datif-ablatif, ou 
que son suffixe de ne soit autre que le 6s ou 6sv qui donne adver- 
bialement aux mots grecs le sens d'un ablatif , c'est pour un 
travail surtout lexicographique comme le notre un point secon- 
daire, et ce que nous apprendra peut-£tre un jour quelque autre 
ddcouverte. Le sens general de Tinscription n'en derneure pas 
moins celui qu'on a vu plus haut : Garta Bidillanoviacus a donne 

ou hriqe aux Deesses Meres de Nimes, et sur leur injonction 

Quoi? L'objet n'est point ddsignd, mais e'est Svidemment l'gdi- 
fice sur lequel on avait pos6 cette inscription. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 311 

xni. 

BVSCILLASOSIOLEGASITINALIXIEMAGALV 

Inscription tracfe a la pointe et en spirale autour du col d'un 
vase de terre noire a large ouverture, ou elle forme une ligne 
continue, parfaitement lisible au dire de M. Monin. D£couverte 
en 1848 h SSrancourt (pr6s de Bourges), elle fut aussit6t publtee 
par son propridtaire, M. de Ggrardot, puis avec un facsimile 
dans la Revue archeologique de 1849, t. vi, p. 554. Dispute pen- 
dant dix-huit ans par les Latinistes et lefe Celtistes, c'est k ceux- 
ci qu'appartient jusqu^ present le dernier mot; et avec raison, 
pense-je apr&s avoir Studte les deux faces de la question dans 
un article de M. Froehner (mSme Revue, novembre 1866) et 
dans le Nouvel Essai de Pictet (id., juillet 1867). Becker, qui a 
soutenu * la celticit£ de ce graffito, n'a point entrepris de le tra- 
duire. II est bon d' observer tout d'abord que les deux Latinistes 
de 1849 et de 1866 n'y sont Tun et Tautre parvenus, suivant 
leurs pretentions respectives, qu'en changeant le texte partout 
ou il ne se pr£tait pas a leur fantaisie. Le premier y a vu du 
latin d£ja corrompu au iv e sifccle, date qui semble r&sulter de la 
forme des caract&res. II y a fait sept changements qui vont jus- 
qu'a substituer a une partie de l'inscription un texte tout diffe- 
rent de celui qui existe. Pictet n'a pas jugd necessaire de discu- 
ler sa version. L'autre Latiniste qui lisait, en s^parantles mots : 

Buscillas osio legos III (i) n alixiemagalu 
a fait dans cette phrase, — ou lui seul voyait d6jk un chiffre III 
k la place de la finale de Legasit, — sept corrections qui la 
m&amorphosent en : 

Buccellas olio legas ires in alexi?nanganum. 

c'est-k-dire : 

Mange en silence trois bouchees de pain, et le poison (ou le 
charme) ne le fera pas de mal ! 

prdcepte superstitieux dans le genre des formules de Marcellus 

1. Voy. les Beitrdge, in, p. 164, 352, etlv, p. 154, etc. H paratt que Cette 
inscription n'£tait point encore connue de Stokes et de Siegfried en 1862. 



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- 312 ETHNOGtNIE GAULOISE. 

de Bordeaux, dont nous entretiendrons plus tard le lecteur. — 
Pictet rel&ve, entre autres, dans cette interpretation : 1° cette 
lecture U\ qui n'est pas suffisamment justiftee par le fac-simile 
de la Revue archeologique ; 2° le grec Aleximanganon transform^ 
en Alexiemagalu, d'une mani&re qui paralt d'autant plus fantai- 
siste que ce grec m6me, observerai-je, pour mon compte, est 
un mot que s'est cr£6 Tauteur (1. 1. p. 319); — 3° des significa- 
tions forcees ou arbitraires attributes a quelques-uns des mots 
qu'il a bien voulu conserver sans les corriger. 

Les Celtistes, au contraire, au moins ceux dont je connais les 
traductions \ se sont strictement attaches au texte publie dfcs la 
decouverte de ce vase. Celle de Pictet, qui est la derniere, est 
aussi la seule dont on doive s'occuper. II a partagd l'inscription 
en six mots : 

Buscilla sosio legasit in Alexie Magalu. 

Le premier de ces mots, 312, Buscilla, lui parait le nomina- 
tif sing, d'un nom propre teminin de forme toute gauloise, 
comme Becker, in, p. 352, en cite un assez grand nombre: Bos- 
cillus,,Tascillus, Daysillus, Tasgilla, etc., plus concluants que 
ceux qui ont 6t6 mis en avant par Pictet, parce que celui-ci les 
a pris comme des derives de Tancien Ir. Bus, puret£, eclat, sans 
remarquer Tabsence du C qui Ieur manque et qui doit avoir 
fait partie du radical de Buscilla (Becker, id., p. 353). Je pr£f£- 
rerais done remortfer au gaelique Bus, bouche, a cause de ses 
derives, Ir. Busog ; E. Busag, un baiser. 

312 bis. Sosio serait une variante du pronom demonstratif 
redouble Sosin, que nous connaissons par deux inscriptions prd- 
c&lentes, et dont une forme primitive, suivant Stokes 2 et Pictet, 
a du 6tre Sosion. C'est peut-6tre ce mot m£me, pense ce dernier, 
qu'on doit lire dans notre texte, en lui appliquant la regie de 
1'Anouswara Sk. dont il a et6 question a l'inscription ix. On se 
souvient qu'elle supprimait, quoiqu'on le pronongat, Yn nasal 
dans la transcription des mots. S'il en est ainsi, Sosio tiendrait 

1. Voy. la Rev. d. Soc. sa v., avril 1858; Monin, Monum. des anciens 
idiomes celtiques, 1801, et Pictet citt* plus haut. 

2. Conf. Stokes, Beitr., n, p. 105; Becker, id. iv, p. 154. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 313 

seul la place du regime direct, indiquant Tobjet meme que le 
lecteur avait sous les yeux en lisant l'inscription ; ceci, dirions- 
nous en frangais, pour designer le vase sur lequel elle est trac^e. 

313. Legasit, le verbe de la phrase suivant toute apparence, 
puisqu'il ne se trouve ni dans les mots qui precedent, ni dans 
ceux qui suivent, et que la desinence sit indique un temps passe, 
de m6me que dans une autre langue indo-europdenne, mansit, 
scripsit, vulsit; en Sk. Sat. A-dikshat, lat. die-sit (Voy. le Nouve 
Essai de Pictet, 1. 1. p. 15). Becker voit aussi dans Legasit un 
verbe dont il compare la desinence it a YAxtacbit de l'inscription * 
prdeddente. Si telle est done la fonction de ce mot, quelle est 
niaintenant sa signification? L'Ir. nous presenterait, non le verbe 
Leigiml envoyer, permettre, dont ne peut, affirme Pictet, sortir 
une forme telle que Legasit, mais un autre verbe Logaim, 
remettre, envoyer (O'Don.). Ve gaulois se changeant volontiers 
en o Ir. Ver = For, Nem (elon) = Nom, etc. Ce sens est a la fois 
simple et naturel, mais le verbe irlandais n'a dans la glose de 
Zeuss, invoqu^e par Pictet, que celui de remettre des offenses, 
de pardonner, Z. p. 987. 

In nous est deja connu par Tinscription d'Alise, dont le nom 
Alisiia (a Tablatif) est £crit ici Alixie, si toutefois e'est bien le 
m£me, car nous sommes assez loin du pays des Mandubiens 
pour h^siter entre leur cite et TAlaise de la Franche-Comte ou 
TAlesia du Gard. Toutefois quelques manuscrits changeant aussi 
en x VS de 1'Alesia de Cdsar ou de Pline, — changement qu'on 
rencontre dans d'autres noms, Pistillus et Pixtillus, Bonosus et 
Bonoxus, Andossus et Andoxus, etc. , il est a croire que nous 
sommes r^ellement dans la cdl&bre Alise. Quant a la desinence 
de cet ablatif en e, Pictet nous a dit au mois de mai de la meme 
Revue, p. 328, qu'il la croyait plus correcte que celle en a. 

Maintenant ce don ou cet envoi est-il fait a un simple parti- 
culier ou a un dieu, nomm6 l'tin ou Tautre Magalos? — 313 bis, 
Magalu est bien un datif sing, et le regime indirect du verbe, 
pareil a ceux d'Anvalonnacu et d'Alisanu. C'est de plus un nom 
propre qui nous est connu par T.-Live, xxi-29, et dont Tepigraphie 
gallo-romaine pr&ente de tres-proches analogues, Magulus, etc. 
Becker voit dans le Ma gal us de Bourges un dieu, Bciir.,iv* 



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314 ETHN0G15NIE GAULOISE. 

p. 154, et Pictet un simple mortel a qui Buscilla envoie ce vase 
dans Alise. La signification un peu flottante du verbe ne nous 
permet pas de d6cider la question. Nous finirons par cette 
remarque relative h la construction de la phrase gauloise, qu'elle 
aurait suivi dans ce cas particulier un ordre intermediate entre 
celui des premieres inscriptions et la grande liberty de la vn e . 

Nous passons maintenant a la plus difficile de toutes, celle 
dont Stokes lui-mSme avait abandonn^ l'etude, craignant d'y 
perdre sa peine comme a une sorte d'abracadabra, Reitr., in, 
p. 74. La persistance de Siegfried et celle de Pictet l'y rame- 
nferent en 1868, ou il proposa dans les Beitrsege une 3 e lecture 
et par suite une troisi&me interpretation de ce texte si obscur. 
Son obscurity tient d'abord a Tincertitude de sa lecture. C'est un 
graffito d^couvert k Poitiers en 1858, dans un terrain remud et 
parsemg d'ossements humains. II consiste en k lignes et demie, 
Writes h la h&te, sans intervalles, ni separations de mots, sur 
une lame d'argent 1 , comme le present une des formules de 
Marcellus de Bordeaux 8 , ch. 20. Les lettres sont les unes cur- 
sives, les autres minuscules, et semblables k celles dont on se 
servait au vi e sifccle. Cette lame &ait enferm^e dans un dtui qui 
s'est malheureusement perdu 4 La difficult^ que pr^sente encore 
le d<§chiffrement de certains passages et le melange Evident de 
deux idiomes, latin et gaulois, ont fait r^diger successivement 
trois textes de cette formule superstitieuse, analogue a celles 
que Marcellus de Bordeaux prescrivait d'^crire ou de lire pour 
conjurer telle ou telle maladie. — Elle fut publtee d'abord avec 
un fac-simile et le rapport de M. de Longuemar de Poitiers, qui 
avait tentS de le d&hiffrer, dans les Bulletins de la Socidte des 
Antiquaires de TOuest, 2 e trimestre de 1858. Pictet entreprit 
aussit&t et prematur6ment de la traduire sur cette premiere 
lecture, dont il tira une formule a prononcer contre la dysurie*. 
Becker, qui reproduisit dans les Beitrzge, 111, p. 170, le texte de 

1. Longueur m ,135, sur0 m ,0i de large. (Rev.d. Soc. sav., novembre 18CO 
p. 570, d'apres le M^moire de M. de Longuemar.) 

2. N° 48 du l er M6m. de J. Grimm sur ces formules. Gonf. les n os 21, 5 1 et 82. 

3. Mcmes Bulletins, 2 e trim. 1859; d'apres le mot de la 4 e ligne qu'on lisait 
Mastars, Ir. Maistir, urine. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 315 

M. de Longuemar, avait de son c6t6 reconnu, p. 212, qu'il devait 
appartenir a quelque amulette. Le void : 

xiv : 
f ra lecture. 

Bisgontaurion anala bis bisgontaurioso 
Ceanala bis bisgontaurios catalases 
Uimcanimauims pater namasta 
Mastars se tu ta te justinaquem 
Peperitsarra *. 

Becker n'adopta pas les corrections que Siegfried et Stokes 
firent k cette premiere lecture, dfcs le l er cahier du 3 e volume 
des Beitrxge, p. 7 /», corrections qui ne furent le dernier mot ni 
de Tun ni de l'autre. Nous ne croyons pas devoir nous y arrSter, 
et nous passons a la<lerai&re lecture de Siegfried, sur laquelle 
fut faite Interpretation qu'il laissa dans ses papiers, et que son 
ami Lottner publia apr&s sa mort en 1863 a . 

2* lecture. 

Bis, dontaurion anala, Bis, bis, dontaurion 
deanala. Bis, bis, dontaurios datala ges (sa) 
-vim danimavim. Pater nam esto, 
Magi ars secuta te, Justina quern 
peperit Sarra. 

Remarquons d'abord que Siegfried a de son chef ajout6 une 
syllabe sa a la seconde ligne, pour arriver k Gessavim, et qu*il 
supprime comme un trait purement fortuit une kgratignure du 
m^tal, Ts de Danimavims. C'est ensuite d'apres le sens des mots 
qui terminent son texte que la pensSe lui est venue d'un charme 
contre la stdrilitd, d'une formule magique qui doit Eloigner Don- 
taurios, dont le nom peut justement signifier, en remontant aux 
radicaux zends et sanscrits, le destructeur de Tembryon : Ir. Dnina 
*» Donio ; procr^d, posterity, embryon; — et Taur=Tur, blesser, 
ddtruire. (On trouverait encore dans l'lr. d'O'Reilly Bonn, femme 
enceinte, Tar, mSchant, mauvais pour....) — Siegfried et Lottner 

1. lilt quern peperit ilia, dit pareillement la formule marcellique indiqu£e 
ci-dessus. 

2. On the gaulish inscription of Poitiers, Dublin, 1803. 



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316 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

ont done traduit en anglais, et Pictet en frangais, d'apr&s leur 

version : 

Deux fois : souffle contre le Dontaurios. 
Deux fois deux fois : chasse en soufflant les Dontaurios. 
Avec un charme tres-puissant. Sois pere! 
L'art du magicien t'a suivi, toi que Justina Sarra a enfant^! 
{Rev. archtol, juillet 1867.) 

Dans cette traduction, Anala, Deanala et Datala, n os 31 &, 315 
et316,sontdes impdratifs. Les deux premiers qui regissent l'accu- 
satif sing, en on, Dontaurion, remontent au radical Sk. An, dont 
la famille fleurit toujours dans nos idiomes celtiques, Ir. An'al, 
haleine, souffle; K. id. Analu, souffler, etc. Le 3 e se rapporterait. 
au K. Dadl, ou Datl, contestation, lutte; Z. p. 1077 ; Dadleu ou 
Dadlenaw, mettre en cause, en proefcs (Voy. p. suiv.) ; — Don- 
taurios, qui revient ici avec une autre desinence, ne peut £tre 
le nominatif en os d'un sujet de cette phrase imperative ; il est 
au contraire le regime du verbe, a raccusatif pi. — Nous ver- 
rons a l'inscription deTodi que l's en etait effectivement,dans la 
langue gauloise, une finale caract^ristique. — Gessavim (com- 
plete par Siegfried?) est un substantif au cas instrumental en vim, 
analogue au prefixe grec <pt ou eptv; il se rapproche beaucoup de 
l'lr. Geasa ou Gels, charme, enchantement. — Danimavim, 
depouilie de son s douteux, est un adjectif au superlatif, en 
accord de nombre et de cas avec son substantif Gessavim, et 
dont la racine existe dans Ylr.'Dan, fort, hardi, puissant 1 . Le 
reste est simplement latin, ainsi que les bis r£pet£s dans les 
deux premieres lignes. — Siegfried pensait en outre, comme 
Kunssberg pour Inscription d'Alise,que le textegaulois etait en 
ver5; maisLottner observe que son amin'endonne aucunepreuve. 

Becker se rallia cette fois, Beitr., iv, p. 161, au texte de Sieg- 
fried, ainsi qu'Ebel, id. p. 212. Mais Stokes, qui avait dout6 que 
l'idiome principal de cette inscription mixte fiit du gaulois, n'en 
demeura pas compl&ement satisfait, et du fond de Tlnde, ou le 
passionn^ Celtiste continue ses savantes recherches sur Tancienne 
langue d'Erin, il adressa a Kuhn et a Schleicher en 1868 {Beitr., vi, 

1. Voy., pour les developpements de ce rapide resume, la brochure de 
Lottner. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 3l7 

p. 5) ce texte revu et corrige avec une troisieme version que 
nousplaQons £galement sous les yeux du lecteur. Nous imiterons 
du reste la reserve de Pictet, qui n'a point tent6 d'interpr<*ter 
apr&s Siegfried le texte qu'il acceptait de lui, et dont la lec- 
ture n'est peut-6tre pas encore iixde par la revision de Stokes. 

3 e lecture. 

Bis : Dontaurion anala! 

Bis, bis : Dontaurion deanala ! 

Bis, bis : Dontaurios datalages ! 

Vim danima ! 

Vim spaternam asta ! 

Magi arssecuta te, Justina quam peperit Sarra. 

^interpretation allemande de Stokes peut 6tre ainsi rendue 
en frangais : 

Deux fois : souffle contre le Dontaurios ! 

Deux fois deux fois : souffle au loin le Dontaurios! 

Deux fois deux fois : maudis les Dontaurios ! 

Fortifie ta force ; 

Soutiens la force engendrante du pere ; 

L'art du magicien te suit, Justina qu'a enfant^e Sarra! 

Stokes se s^pare done de Siegfried a partir du mot Datalages*, 
dont il fait, en rejetant Gessavim, un autre impdratif, qu'il rap- 
porte au K. Datolaham, gl. lego, Z. p. 1078. — Vim, avant et 
apr&s Danima, est purement latin, et Danima, n° 317, un qua- 
tri&me imperatif dont la racine existe dans l'lr. Dona, fort.— 318. 
Spaternam, ou Stokes r&ablit Vs de la premiere lecture, lui 
offrait une modification du P initial latin, dont il cite d'autres 
exemples. — 319. Asta, n'est aussi qu'un imperatif du verbe 
adsto. — Enfin le savant anglais a lu quam au lieu dequem,ce qui 
fait de Justina la fille de Sarra 2 ; et il regarde ce charme comme 
destine a combattre la sterility de la femme plutot que Timpuis- 
sance de Thomme. 

En voila sans doute assez sur cette formule magique, d'un 
texte encore douteux. Les antiquaires possfcdent dans leurs cabi- 
nets un assez grand nombre d'arnulettes, de fioles a collyre, etc., 

1. Voy. ci-dessus, n° 316. 

2. Voy. dc nieme pour les developpements le t. vi des Beitrdge. 



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318 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

du mSme genre sur lesquelles sont gravies des lettres apparte- 
nant on ne sait h quel idiome 1 , et qui presque toutes n'offrent 
que d'imp&i^t rabies gnigmes ou de veritables non-sens. II serait 
toutefois utile, dit Becker, Beitr., in, p. 212, de les r^unir dans 
un recueil a la fois critique et m^dico-philologique. Nous avons 
deja des essais de Grotefend et de M. Sichel. Ce dernier nous 
promet un travail plus complet, et Ton nous en fait espgrer un 
autre deM. L£on Renier 2 . 

Le classement adopts par M. Pictet nous fait maintenant 
sortir de notre Gaule pour passer dans la Cisalpine, ou nous 
appellentdesd£couvertes,sinon toutes les trois£galementr£centes, 
du moins reconnues seulement dans ces dernieres ann£es pour 
appartenir h la langue gauloise. La premiere, celle de Todi, — 
Tancienne Tuder, situ^e sur le Tibre a la frontiere de la Toscane, 

— fut trouv^e en 1839, et publtee (incompletement) peu de 
temps aprfes par Campanari, dans le Giornale arcadico, t. lxxxi, 
p. 86. Elle est non-seulement double, c'est-a-dire r£p£t£e avec 
quelques variantes sur les deux faces d'une pierre de travertin 3 , 
mais encore bilingue, ce qu'il ne faut pas confondre avec le 
melange d'idiomes, que nous avons remarqu6 dans les inscrip- 
tions mixtes qui prudent. Dans celle de Todi, le texte latin est 
sinon litt^ralement traduit, du moins r£sum6 en langue gauloise; 

— par quoi elle eut pu servir aux Celtistes comme la fameuse 
pierre de Rosette aux pferes de la science £gyptologique, si elle 
eut 6t6 plus Vendue et d&ouverte dans un moment plus favo- 
rable. Sa place n'en est pas moins marquee a la t6te des futurs 
recueils d'^pigraphie gauloise, comme bilingue et comme plus 
ancienne probablement que toutes nos inscriptions transalpines. 
Les deux parties celtiques 4 &ant Writes en caracteres dtrusques 
du nord 5 , elles furent malheureusement prises pour de rombrien, 

i . Ce genre descriptions se rencontre aussi . sur des camttea ; voyez le 
Catal. de ceux de la Bibliotheque imp., n 09 2692, 2696, etc. 

2. Voy. la Revue critique, 1867, 2 e semestre, p. 85 et suiv. 

3. m ,75 de haut, k peu pres autant de large, d^posee au Mus£e grggorien 
a Rome (J. Becker, Beitrttge, t. iv, p. 161). 

4. Seules, les deux parties latines sont en caracteres romains. 

5. Dit Pictet, mais j 'observe que Mommsen les riommait West-etrus- 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 319 

et inserees a ce titre, avec une pretendue interpretation, dans 
les Umbrische Denkmxhler d'Aufrecht et de Kirchhof (t. 2, Ber- 
lin, 1849). Mommsen releva rudement leur erreur, et se moqua 
de leurs visions etyraologiques dans son Nord-etrushische Alpha- 
bet, 1853, p. 229. Aassidoit-ons'dtonneravecPictet,i?ei;.arc/ieo^, 
aout 1867, p. 124, qu'il se soit plus tard prononce corame eux 
pour l'ombrien (Corpus inscript. latin., n° H08), faute dans 
laquelle est pareillement tombd l'auteur du Glossarium italicum, 
Fabretti, en 1858. 

Mais des Pannde suivante, Stokes — et ensuite Lottner 1 — 
reclamaient pour le Celtique les parties non latines de cette 
inscription, s'appuyant sur cet aveu de Mommsen, que l'alpha- 
bet nord-£trusque ne poss&lait point de caracteres particuliers 
pour les consonnes moyennes, le d et le g par exemple, qu'on 
peut done lire au besoin a la place du T et du K du texte de 
Todi. Stokes proposa en consequence une lecture qu'il revisa et 
completa en 1861, d'apres Hubsch,.et qui regut Tassentiment de 
Becker, sauf sur une seule lettre, et celui de Pictet*. La voici 
pour les deux faces de Inscription : 

(«) xv. (b) 



•••••••0i 



:::s:: v:::::::: m(?)ep.::crvm 

:oisis.drvti.p ::::is 

IRATER.EIVS DRVTELF-FRATER 

IINIMVS-LOCAVIT EIVS 

:: atvitqv: : : minimvs.locav 

I.'eknati. Trutikli IT-ELSTATVIT 

::;nitu.lokan. :oisis Ateknati. Trut 

riutiknos. ikni. karnitu 

artuas (?) Koisis. T • 

rutiknos 

(Conf. Fabretti, Gloss, italic. Inscr. ornbr. tab. xxi, d'apres Aufrecht ) 

kische en 1853, p. 229 de son alphabet nord-elrusk., et n'y a point donnS 
place a cette inscription dans ses planches. 

1. Beitr. h, p. 110 et suiv., et in, p. 66 et suiv. 

2. Voy. BeitrOge, in, p. 65 et suiv.; — p. no et suiv. — Rev. archeoL, 
aoat 1867. 



r 



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320 ETHNOGENIE GALLOISE. 

Faisons remarquer an lecieur : 1° que Stokes a interverti la 
position attribute primitivement aux deux inscriptions, noni- 
mant ((J) Ya de Fabretti, et (a) son 6, en debarrassant le texte de 
celle-ci d'une ligne de lettres ou de vestiges trop incertains ; — 
2° que YM? de la deuxieme ligne devienL dans Stokes et dans 
Pictet VS de Sepulcrum, lecture tres-justifiable, mais qui deman- 
dait un mot d* explication ; — et qu'enfm le caractere dit 
brusque i*i , qui termine a Tavant-derni&re ligne du (6) le mot 
artuas, avait d'abord el6 lu n et f, mais on est a peu pr&s cer- 
tain aujourd'hui qu'il repr^sente un s trfes-dur 1 . 

L'ensemble des deux textes latins nous apprend que le fils 
cadet de Drutos a fait construire pour son frere aln£ la tombe 
qui porte l'inscription. Les textes gaulois nous r^velent leurs 
noms : Ateknatos et Koisis. II semble, dit Pictet, que la seule 
presence de ces noms propres, d£cid£ment et exclusivement 
gaulois, aurait du tout d'abord ne laisser aucun doute sur la 
question d'origine; 1. 1. p. 125. II refute a ce sujet Mommsen 
dans une note de la page suivante, avec laquelle on peut confe- 
rer la r^ponse qu'avait deja faite Lottner au savant allemand, 
Beilr., in, p. 68. Ateknati ou Ategnati, au g^nitif sing, en i qui 
nous est ddja connu, est un nom celtique par ses deux elements, 
Ateet Gnatus; voy. n 08 348 et 383, sans compter les Ategnala des 
inscriptions celto-pannoniennes 2 . — Trutiknos ou Druticnos, au 
nomin. sing., nous presente un suffixe cnos qui nous est deja 
familier, et dont la partie latine de nos textes fixe d&initivement 
le sens, Druti filius. — Trutikni nous tnontre ce m6me patrony- 
mique au g&iitif en accord avec Ategnati. Ce nom de Trutos ou 
Drutos, au fem. Druta, dans l'inscription du Vieil-Evreux, n° xi, 
n'est autre queje K. Drud, hardi, brave, jadis Drut. — Koisis ne 
s'etait encore rencontre ni dans les livres, ni dans Tepigraphie 
celtique; mais il se rattache de tres-pres a Tlr. Koisir, hospita- 
lity, et a Koisin, tige; racine, Kos, pied, dont est pareillement 

1. Les savants espagnols et M. Boudard ont encore attribue* d'autres signi- 
fications a ce caractere, qui est egalement ibe>ique. Voy. la Numism. ibe- 
rienne, pi, i. et v. 

2. Conf. les Ategnatus, etc., de la Carinthie dans le Recueil des Keltischen 
namen der rdm. inschr. de ce pays, par Fr. Pichler, 1 869. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 321 

d£riv£ Koisidhe, pieton, E. Koisiche. Sa desinence en is lui est 
d'abord commune avec Taranis,Convictolitavis et d'autres noms 
gaulois. 

Viennent maintenant le verbe Karnitu ou Karnidu, et son 
double regime direct, sur une face de la pierre, Lokan; et sur 
l'autre Artuas. — 320. Karnidu est, de mSme qu'ieuru, la troi- 
si&me pers. sing, d'un preterit; il ne peut Stre un datif comme 
Alisanu, parce qu'il n'y a pas dans la phrase d'autre mot qui 
puisse remplir le role du verbe. II est visiblement derive de Fir. 
Kdrn; K. Karn ou Karnedd, amas de pierres, tumulus ; Karnou, 
lapidum cumuli, Z. p. 291; et signifie par consequent amasser, 
amonceler. Cest exactement le mSme sens que le K. Karneddu 
mein, congerere lapides, des Ancient laws of Wales, t. n,p. 116, 
cit£ par Pictet; mais il aurait du prevenir ses lecteurs qu'Ebel, — 
sans entrer dans aucune explication, il est vrai, — opposait a ce 
rapprochement si plausible une difficult^ majeure suivant lui, 
celle de la construction g&i&rale de la phrase. — Ir. Karnaim, 
entasser, empiler; E. Karn. Observez que ce verbe rdpond seul 
dans le texte gaulois aux deux pr6t£rits du latin, locavit et sta- 
tuit, rdpet^s sur les deux faces de la pierre. — Cest le contraire 
pour leur regime Sepulcrum que reprdsentent deux mots celti- 
ques : 1° Lokan, n° 321, que Stokes a rapprochE de Tancien Ir. 
Lige, lit, Z. p. 46. Cormac lui donne la signification meme de 
tombe, v° Art. — Ir, actuel, Luighim, £tre couchE, racine Log, 
place, cavite. — K. Llech, pierre plate, dalle; C. Lehen; Ar. 
Leach; Ir. E. et M. Leac. Logan est done un accusat. sing, en an, 
comme on Tavait d'abord pens£, et comme Becker s'obstine k 
soutenir qu'Artuas en etait un. Mais ce second Equivalent de 
sepulcrum, n° 322, paralt d£cid£ment un accusatif pi. en as, 
primitivement ans, et avoir le sens fun6raire de tumulus. (Voy. 
Stokes, Beitrdge, in, p. 72.) II provient du radical Ir. Art, pierre; 
E. id.; la pierre plate d'une tombe, dans Cormac. Voy. dans Z. 
p. 78, Artemia. Le pi. Artuas indiquerait done particulterement 
la matifcre dont est formE le tumulus ou le cairn, e'est-a-dire les 
pierres s^pulcrales. — Ainsi cette double inscription de Todi, 
d6)h si remarquable k d'autres points de vue, a encore pour 
nous le merite, unique jusqu'a ce jour, de nous apprendre ce 

21 



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322 ETHNOGtfNIE GAULOISE. 

que c'&ait qu'une tombe gauloise, Gelle-ci fut grig^e par la pi&u ' 
fratemelle du plus jeune fils de Drutos, a son ain6 Ategnatos, 
mort en pays dtranger, motif pour lequel Koisis a peut-6tre fait 
graver son Qpitaphe en latin et en gaulois* 

La seconde inscription cisalpine que nous avons h presenter 
au lecteur est aussi gravfie e & caract&res brusques pareils, on 
peu s'en faut, a ceux de Todi, Elle a 3te d&ouverte r&emment, 
en 1864, par le comte Tornielli Brusati, i S. Bernardino, com- 
mune de Briona, dans le Novarais. Elle est gcrite sur une pierre 
assez brute, haute de ro ,98 sur l m ,40 de large. Fabretti en com* 
muniqua une copie h TAcad^mie de Turin, et la publia dans la 
Gazette officielle du royaume d'ltalie, n° 80, sans la reconnaitre 
pour gauloise. Ge fut no autre savant italien, Flechia, qui en 
d^moutra la celticit6 dans une brochure qui parut la weme 
annde 1 , et dont M, Alf. Maury rendit compte d&s le mois de 
decembre dans la Revm archiologique, ainsi qu'EbeU dans le 
t. iv des Beitrage, 1865, p« 486, La premiere ligne de Pipscrip- 
tion n'est plus intelligible, mais il en reste neuf d'une lecture 
facile, plus une onzifcme d&acMe verticaleroent a gauche, qu 
elle se lit en remontant. EUe est separ^e du corps de Tinscrip- 
tion par quatre roues a huit rayons, places Tune au-dessous de 
Tautre, et telles qu'on en voit sur des m&Iailles gauloises, 

Voici le texte qui resulte du facsimile que la Revue orchzo- 
logique nous a donu£, p. 454, d*apr£s F16chia 2 : 

xvi. 
K . . tesasoioiken 
Tanotaliknoi 

§ Kuitos 

+2 Lekatos 

o Anokopogios 

^ Setupokios 

S Esanekoti 

<£ Anareviseos 
Tanotalos 
Karnitus 

i.Di tin* iscritione celtica trovata nel Novarese, Turin, t86*. 
3. Conf. Pictet, Rtv. mrcktoi., &out 1867. 



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GLOSSAIRE GAULOIS, 323 

Le dernier mot de la ligne verticale offre seul encore quelque 
incertitude, Fabretti le lisant Touti pu. II faut aussi remarqner. 
dans le nom d'Anareviseos, que le premier S y est figure par ce 
caract&re brusque, d'une signification nagufere douteuse, que 
nous avons vu dans Tinscription pr3c£ctente. 

L'dtat de la premifere ligne nous condamne h ignorer quelle 
gtait la destination du monument de Briona, quoique le verbe 
Karnitu, qui s'y trouve inscrit comme sur celui de Todi, nous 
fasse penser qu'il devait pareillement Stre un tcynbeau. Les huit 
lignes suivantes ne contiennent qu'un terme patronymique, 
Tanolaliknoi, et les noms des sept fils de Tanotalos. Ce terme, 
qui nous remet sous les yeux un nom propre que nous a fait 
connaitre Inscription d'Alise, n° v, nous montre en m^rae 
temps le nominatif pi. en oi du suffixe Knos, dont la significa- 
tion pr&umde par nous a- &6 confirmee par la pierre bilingue 
de Todi. Les noms des sept frferes sont en partie nouveaux pour 
nous, mais on reconnalt de prime abord les Pigments gaulois 
dont plusieurs sont composes : Pokios 011 Bokios, autrement 
Bogios; et Setu. Celui que forme ce dernier, Setubogius, avait 
d6ja, il y a plus d'un Steele, &6 lu dans une inscription 
d'Amiens 1 . Le plus jeune des Danotalides se nomme en outre 
comme son p&re, et Pictet rapproche* Anareviseos des Annaro- 
veci des m&Iailles aduatiques. (Voy. le Dictionn. archeol. de (a 
Gaule, p. 12.) Esanekoti (os) a pareillement une physionomie 
celtique. Ftechia, qui s'est parfois trop avancS en voulaut ana- 
lyser tous ces noms, reconnalt la pure latinit£ des deux pre- 
miers, Kuitos ou Quintus, Lekatos ou Legatus, fait admis par 
MM. Alf. Maury et Pictet. — Enfin Tekos de la ligne verticale 
est aussi considers comme un nom propre, au nominatif de 
mSme que tous les prgc&tents, et proche parent du Teca et da 
Tecconius d'autres inscriptions du Recueil de Steiner, n 08 1748 
et 4503. Pictet le rapporte k Tancien K. Tek, beau, Z. p. 2§ft, 
aujourd'hui Tig, compar. Tegach, superl. Tekkaf, Z. p. 213; C. 
Teg t beau; Ar. lr. etE... 

1 . Voy. le Recueil de Muratori et celui de De Wal, no 274. 

2. Revue archeol., ibid., p. 131, a. 



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324 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

323. Toutiu (s) est une variante du Tooutious d'Avignon, 
que nous avions, d&s 1858, interpr6t£ par magistrate lnscrip. iv. 
F16chialui donne la mSme signiGcation, et nous avons vu que 
Pictet y dtait revenu 4 . 

Nous avons Iaissd pour la fin le mot qui forme la dernifere 
ligne du corps de rinscription , 32/i, Kamitus ou Karnidus. 
Sauf son s finale, il est absolument le m6me que le Karnitu du 
texte de Todi. Celui-ci esl la 3 e personne sing, du preterit regi par 
lenom Koisis; nous devons consequemment, k cause du pj. Tano- 
taliknoi et des sept autres nominatifs qui le suivent, voir dans 
Kamitus la 3 e personne pi. du m6me temps , congesserunl. 
Deduction qu'appuie Tune des formes de la conjugaison Sk., dit 
Pictet, 1. 1. p. 132, et justifi^e en outre, sans evoquer TOsque 
et TOmbrien, par une desinence pareille du verbe £tre, en Ir. 
filus, ils sont, Z. p. 1007. Cet us a remplace les formes primi- 
tives ant, unt et uns. — Les fils de Danotalos auraient done, 
sous la magistrature de Tekos, &ig6 ou amonceld ce tumulus ou 
ce tombeau. Pour qui ? C'est ce que la premiere ligne apprenait 
sansdoute a ceux quipouvaient encore la lire. Toutefois F16chia 
donne a Kamitus une signification un peu diflferente, et qui 
Sloigne l'idee d'un tombeau; il rapporte ce verbe au radical Sk. 
Kar, faire, et en tire le sens latin de faciendum curaverunt. 
Ebel semble, 1. 1. p. 488, preferer ce rapprochement a celui de 
Stokes, et il est fort singulier que Pictet, tout entier a l'iuterpre- 
tation du savant anglais, n'ait pas dit le moindre mot, soit de 
Particle du celebre Geltiste allemand, soit du compte rendu de 
M. Alf. Maury. 

Cette inscription est au surplus la derni&re dont il s'est pecupe 
dans son Nouvel Essai, qui n'en contient par consequent que 
quinze. 11 a laiss6 en dehors de ses recherches la suivante qui 
devait lui oflrir cependant un certain int^ret. (Test la 3 e de 
nos inscriptions cisalpines ; elle a etd d&ouverte dans le mur 
d'un clocher, aux environs de Lipaone, surlarive occidentale du 
lac de Garda. Mommsen, qui Ta publtee en 1853 dans son Nord- 



\. Ebel estalle* plus loin en proposant cellederoi, Beitr., iv,p. 489, d'apres 
los quatre roues figures a c6te" de son nom. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 825 

etruskische Alphabet, tab.ii, n°17, recula, p. 210, non-seulement 
devant lesdeux derni&res lignes £crites en caractfcres particuliers, 
mais encore devant les quatre premieres dont les lettres sont 
simplem'ent romaines, sauf une seule. N6anmoins Stokes, attirS 
par le mot Dugiava, qu'il avait rapprochS du Dugiiontiio d'Alise, 
Inscr. v, entrepritde la traitercomme celtique dans les Beitrage, 
vi; 1868, p. 17, et suiv. La void, telle qu'il Ta d£chiffree et 
expliqu^e : 

La responsabilit6 decette lecture, faite 

xvn. d'apr&s Tensemble des anciens alphabets 

TETVMVS italiques, appartient, si jeneme trompe, 

SEXTI tout entire k Stokes. II lui a plu de 

DVGIAVA repr&senter par un grec x le caract&re 

SAO AD IS etrusque dont j'ai parte ci-dessus, Inscr. 

tome decavi xv et xvi, mais en lui conservant dans son 

obul dunutinu interpretation la valeur de VS dur qu'il 

lui avait reconnue ant&rieurement. Sui- 

vant lui, ce texte signifie en latin : Tetumus Sexli (filius) protector 

sassadensis (vel sassensis) me dicavlt Obulduno Tino. 

Analyse : — Tetumus Sexti, deux noms propres, nominatif en 
us et genit. en i, ellipse patronymique bien CQnnue ; Tun de ces 
noms purement latin, l'autre d'apparence toute celtique ; voy. du 
n° 296, Teteus ou Tetteus, et dans les Inscr. helvet. de Momm- 
sen 2 , Tetiius et Tetto? Quant a" la finale umus, nous Tavons 
d£j& rencontr^e dans Bricumus, n° 59. — 325. Dugiava, rapportd 
& la racine Dug, voy. n° 290, est un nominatif sing, en a comme 
Ateula, Galba (de Soissons), qui prend ici, suivant Stokes, le 
sens de protector, c'est-a-dire magistrat de la cite que d6signe 
l'ethnique, Sassadis. Becker observe, Beitrage, in, p. 411, que 
ce radical se montre pr£cis6ment dans plusieurs noms propres 
de la Cisalpine, que nous a reviles l^pigraphie gallo-italique, 
— tantot avec un G, tant6t avec un C: — Dugius ou Ducius, 
Dugonius, etc. Becker cite m£me, id. p. 343, d'apr&s Rossi, 



1. En imitation peut-etre d'une medaille gauloise ou le nom des Velio- 
cassi de Rouen est ecrit (V)ELIOCA0I (Gluck, p. 152, d'apres Akermann). 

2. N°» 352/203 et 298. 



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326 ETHNOGtiNIE GAULOISE. 

Mem. Bresc, p. 287, une Dugiava Sex. F. (Sexti filia). Cetle 

desinence en ava ou avus est d'ailleurs bien celtique, Lacavus, 

Cobledulitavus, Amava, Messava, etc. (Voy. Z. p. 7^6.) — 326, 

Sassadis, dont la composition estpresque identique. k celle de 

Kamausatis, n° 236 bis, nous apprendrait 1' existence d'une cite 

du nom de Sassa ou Sassada — ou Sana, comme lit encore 

Becker, ibid., p. hH, mais suivant lui Sanadis est le pere de 

notre Dugiava, p. 3/j3. — 327. Tome l paralt au Geltiste anglais le 

pronom personnel me ; — et 328, Decavi, la 3 e personne sing, d'ua 

pr&drit correspondant au lat. Dicavit, a consacr^. — 329, Obul- 

dunu, et 330, Tinu, deux datifs sing, en u pareils a Alisanu, etc., 

regimes indirects du verbe, et double nom propre du dieu 

auquel Telumus a erig^le monument qui portait cette inscription 

mixte, dont la celticit<§ partiellen'est peut-6trepas encore entiere- 

mentprouv^e* Pourquoise serait-on servi de deux alphabets diffe- 

rents dans une seule fet mSmepbrase? D'un autre cote la Dugiava 

de Rossi fait grand tort, dans man esprit, au Protector de Stokes. 

Becker, la Revue arch^ologique, celle des Societes savantes, 

Monin, du M6ge, dont il faut se d&ier, etc., ont recueilli en 

outre un certain nombre ^inscriptions et de fragments qui 

paraissent plus ou moins celtiques. Plusieurs ne consistent qu'en 

•in seul ou deux mots insignifiants, ou qui doivemStredes noms 

propres comme : 

♦ , trac6 en caracteres nord-&rusques 

xvm. sur un vase d'argile trouve pres 

TARKNOVOSSENO d'Este en Italie 2 , et ou Yo latin 

pe.ut avoir pris la place de Yu qui 

caracterise les datifs gaulois des norns en os. Tarkno rappelle-le 

Knos, fils, des inscriptions precedentes, et le Kno de TaramcnO, 

voy. n° 382 bis ; mais aussi faut-il dire, l'&rusque Tarchnas du 

tombeau des Tarquins a Cervetri (Mommsen, id. p. 229). Pictet 

ne s'est point occupy de ce menu fretin ^inscriptions, parmi 

lesquelles il s'en trouve aai moins. une d'interessante. C'est celle 

1. Stokes lit comme un M le W du tcxte, caractere d'une valeur encore 
• i«certaine. 

2. Mommsen, Nord-etrusk. Alphabet, pK iu-32, et p. 243. Becker, B$Ur., 
in, p. 172. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 327 

qui existe sur une pierre entree dans la construction d'un mur 
a Bittbourg dans la Prusse rh&iane. Elle peut en effet servir k 
corriger un passage de GrSgoire de Tours, Hist. Franc, i-30, oft 
Ton s'est toujours etonn£ de voir appliquer le nom de Galate 
aux Gallo-Romains du vi e sifccle, ou pour le 
xa. moins du in*. Vmiens (Chrocus rex) vero 

N*H*D« Arvernos delubrum Mud quod gallica lingua 

DEO- MERCV Vasso Galalss vocant, incendit, etc. Becker 

VASSO-CALETI pense, k propos de cette inscription 1 , qu'il 
MANDALONIV serait mieux de lire, au lieu de Galatx s 
GRATUS«D Calate, Calati, ou Calcli. Mais dans quel 

sens cette correction rectifierait-elle ce texte 
justement suspect de notre vieil historien ? l/inscription mixte 
de Bittbourg nous montre : 331, Caleti (pour Calete) comme un 
datif latinise de Caletis et un second surnom de Mercure Vassos. 
*Ce dernier mot, 332, est, incontestablement k ce cas, Vasso 
£crit pour Vassu par Tinfluence visible du latin Mercurio. II n'est 
pas dans Grdgoire de Tours un nom de ce dieu, mais celui de 
-son temple, voy. n°153, et se rapporte k des iddes de mort avec 
lesquelles s'associerait tres-bien la signification du K. Kaled, dur, 
rigoureux, et aussi bruld, troisi&me sens, venu peut-£tre du latin, 
mais qui nous remet en m^moire les horribles holocaustes des 
Gaulois. — C. Kales ou Kalas, dur; Ar* Kalet; Ir. Kaladh; E. id. 
Kal, bruler. II est probable que les Caleti du pays de Caux 
avaient tird leur nom de ce terme celtique, mais ils n'ont assu- 
r6ment rien k d£m61er avec notre inscription. — • Que Mandalo- 
nius (nom tout gaulois, voy. n° 371) ait donnd deux surnoms k 
la fois a ce Mercure gallo-romain, c'est un fait trop commun en 
dpigraphie pour s'y arrSter, et nous en avons d^ja rencontr6 un 
exemple dans notre x e inscription. Le D final est un sigle latin 
usite pour Dedimvit, mais l'inscription ne nous apprend pas quel 
objet notre gallo-romain a d6di£ k ce Mercure si redoutable, in 
honorem domus dwinx, dit la premiere ligne. (De Wal, n° 272.) 
Un autre texte lapidaire, recueilli par Monin et par Backer 
dans une notice de Le Bonnetier sur Tancienne ville de Scar- 

1. BeitrOge, hi, p. 169, 344. Conf, Diefontacfc, Ortfl. europ., p. 434- 



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328 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

xx. pone 1 , aujourd'hui Charpagne, dans le d£par- 

NAMANDEI tement de la Moselle, ne nous offre, dans l'&at 
DENTEEL A oil il nous est parvenu, qu'un seul mot acces- 
RMIA MOAI sible. Aussi Becker s'est-il content^ de pr&u- 

| mer qu'il pouvait £tre gaulois. Je n'ai rien pu 

PPPIIS- -SC faire de — 333, Denteel, mais on peut, dans le 
nom de : — 334, Namandei, rapprocher Naman 
de Tancien Ir. Nem, aujourd'hui haomh, ciel ; E. un saint (voy. 
au n° 158, Nemetis)\ — et Dei, de Hr. De ou Dei; W. S. gftiitif 
de Dia, dieu; pi. Ir. Be; E. Dee, les dieux. On arriverait ainsi a 
quelque chose comme les Dieux du ciel ? 

La xx e et derntere inscription relev^e par Becker, Beitrage, m, 
p. 213, lui Stait venue de Guadalimar, dans la province de Jaen 
(Espagne). Elle est maintenant h Grenade, et c'est E. Hiibner qui 
Ta publiee dans les Monatsberichte de TAcad^mie de Berlin, Jan- 
vier 1861, p. 32. Les mots jusqu'a present inintelligibles dont' 
elle est compos6e ne prAsentent k mon avis rien de celtique, si 
ce n'est le nominatif en os du surnom de M. Folvi Garos, qu'on 
lit a la premiere ligne. lis sont tr&s-probablement ib^riques, et 
je n'ai pas pens£ qu'ils dussent prendre place dans un Glossaire 
gaulois. 

Une autre inscription aurait eu, ce me semble, ne fut-ce que 
par sa provenance gallo-romaine, plus de droit a Gtre comprise 
dans le long travail de Becker. C'est celle que Monin 2 a emprun- 
t£e k Spon (Ignotorum deorum ar%), et qu'ont reproduite succes- 
sivement divers epigraphistes, entre autres De Wal, n° 98. Elle 
vient encore de Vaison, et appartient a un autel qui portait sur 
sa face anterieure le bas-relief d'un dieu entour£ de palmes 
triomphales. 

Surchacune des autres faces 6tait 

xxi. grav£e une courte inscription d^dica- 

INO DVLOVIO VIVOS toire au dieu Dulovius, deux latines 

et une probablement gauloise, car 
T interpretation classique que De Wal propose pour le mot 

4. M6m. de la Soc. des Antiquaires de Fr., vm. — Coiif. Becker, Beitr^ ui, 
p. 212. 

2. MoQum. des anc. idiomes celtiques, p. 63. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 329 

VIVOS: Vtllusserat VOtum Solvit, me parait fortpeu admissible, 
ainsi que le nom mythologique d'Ino. Ce dernier mot, n° 335, 
qu'on peut rapprocher du K. In, p6n£trant, saisissant, se rap- 
porterait plut6t, pens£-je, au pronom K. In (pour I-yri), a notre ; 

— C. Yn, nous, Ynnom, dans nous; — Af. In, moi (regime); 

Ir. Inn, nous; E. Sinn. On pourrait done traduire ces deux 
* datifs, — latinises pour Inu Duloviu : — A noire Dulovios. Le 
nom de ce dieu, 335 bis, a une physionomie toute celtique; soit 
par le K. Duloyw, noir brillant; Dulas, noir et bleu, ainsi que 
se nomment plusieurs rivteres de la Grande-Bretagne ; soit dans 
le mSme idiome, par la racine Dvol, raison, jugement; — Ir. 
Dul, pens^e. — Que devient alors, 335 ter, Vivos? Un nominatif 
gaulois en os, un nom propre &6ri\6 du radical Bin, la vie, en 
C. — K. Byw, vivant, vigoureux; Byaws, vivifiant; — Ar. Bev, 
vivant, actif ; Bividik, vivifiant. — Ir. ancien, Bin, W. S. aujour- 
d'hui Bed, vivant; E. Bed; M. Bio. — Le surnom du principal 
d^dicateur de cet autel, M. Licinius Goas, inscrit sur une autre 
face, est du pur celtique; Ar. Goas, puer, Z. p. 153; en K. Gwas, 
jeune; voy. Vasso, n° 153. — II y aurait encore Tlr. Guach, 
excellent. 

Becker a encore oublid, ainsi que Monin, une inscription bri- 
tannique qui aurait du prendre place dans leurs recueils, k 
cause de la double lecture dont elle est Tobjet depuis la Britan- 
nia de Camden. Je veux parler de celle ou Fl. Aur. Aurelianus 
donne et d&Iie a la divinity qu'il veut honorer un autel qu'on a 
d&ouvert k Bradley, dans TYorkshire. 

Quelques gpigraphistes, De "Wal, entre 
xxii. autres, n° 95, lisent en un seul mot : 336, 

DVI«CI«BRIG DVIGI, et en font sortir un Duix, dieu parti- 
ET NVM-AVGG culier des Brigantes. Mais Camden, qui avait 
& vu cet autel, a s£par6 par un point ces deux 

syllabes, faisant de la derniere l'initiale du 
mot latin civitatis, et traduisant : Au dieu de la cite des Bri- 
gantes, d'aprfcs le K. Diw, dieu; jadisZ)iu et Duw, Z. p. 116 et 
117; — C.Z)uy;Ar,Z)oi^,jadisZ)tv;Ir. Dia, g£nit. Dei, W. S. ou 
Dee, Z. p. 25; E. id. — Les Brigantes auraient done donnS au 
divin protecteur de leur puissante cit6 le nom de dieu par excel- 



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330 ETHNOGfiNlE GAULOISE. 

lence, peut-6tre le dieu sans nom particulier des Celtib&res, dont 
nous avons parte dans le Gtnie gaulois, sect. 3% par. xm. 

Je n'ai pu retrouver, dans les inscriptions helvgtiques de 
Mommsen, le Rinionibolituri que Monin dit, p. 101, y avoir vu, 
sans en indiquer l'endroit. Je ne m'arrSterai done pas a cette 
reunion de syllabes inintelligibles quant k present, aussi bien 
que deux textes lapidaires recueillis par le c&fcbre 6pigraphiste 
allemand. L'un, sous le n° 172, se lit sur le fragment d'une 
table de bronze qui existe k Avenche. Trois mots m'y paraissent 
Strangers au latin : 1° — 336 bis, Ridier, 
xxm. qui m'a fait penser k la racine K. Rhyd, 

y/ RIDIERN. course; verbe Rhedu, courir; Rhedwr, cou- 
/5VAT. BROXV/ reur ? pl- Rhedwyr. — Ir. Ridire et E. Ridir, 
DEBETO / cavalier, chevalier; voy. le n° 43. — 

VSSA EXTRA / 2° Broxu, qu'on peut bien trailer de bar- 
bare, de compagnie avec le Brocchus des 
n oi 8/i et 116 du m6me recueil; Tun et Tautre paraissant se rat- 
tacher au Broc ou Brogi personnel de notre n° 362; — et 
3° : 337, Debeto, verbe K. Debed, partir. — La quatri&me ligne 
paralt exclusivement latine. 

L'autre texte, sous le n° 273, est une sortede graffito presque 
illisible, 6crit sur une brique dont on n'a retrouvd que trois 
fragments, qui s'adaptent toutefois Tun a l'autre. Mommsen, qui 
n'a pu d&hiffrer ces caracteres grossiers d'une manure tant 
soit peu intelligible, en a tird deux mots k peu pr&s latins, 
inter. a et reliquid; mais le premier de son fac-simile, Cean, 
n° 338, est assurement celtique; il signifie dans Tlr. et daos 
l'E. faveur, affection, ou bien faute, dette et m6me crime. 

xxiv. 

Monin seul, que je sache, a tent6, p. 25 et suiv. de son Hvre, 
de d&hiflrer au point de vue celtique les graffiti des feuilles de 
plomb vomies en 1846 par une des sources chaudes d'Amflie- 
les-Bains dans les Pyr6n6es-Orientales. Becker s'est content^ de 
les mentionner en passant, Beitr'dge, in, p. 212. lis consistent en 
caracteres traces k la bate, avec une pointe tr&s-fine ,- sur ces 
feuilles de plomb qui sont tr&s-minces et d^chirdes en mor- 



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GLOSSAIRE GAULOIS. - 331 

ceaux qu'on a recueillis au nombre de huit. Elles 3taient routes 
sur elles-mSmes, l'&riture en dedans ; une seule est £crite des 
deux c6t£s. Une grande partie des caract&res sont tellement 
m616s ou Wis entre eux, parfois meme d'une ligne a Pautre, 
qu'ils sont ind£chiflr.ables. lis sont g6n£ralement romains, il y 
en a de grecs 1 et d'autres qui doivent 6tre hispaniques. La 
Revue archeologique a public en 1847 le fac-simile de ces graf- 
fiti dans la i re partie de son 4 e volume, pL lxxi, avec une 
lettre de M. Henry sur cette d&ouverte, dont le capitaine du 
gdnie Puiggari informa pareillement son oncle du m£me 
nom, antiquaire a Perpignan. La source avait entrain^ avec ces 
rouleaux de plomb quelques m6dailles tellement corrod^es par 
ses eaux bruiantes qu'on n'en a pu tirer aucun renseignement. 
Quelques mots de ces graffiti sorit certainement latins. II est 
peu probable que ceux qui n'appartiennent point a cette langue 
soient gaulois ; nous sommes a Am61ie-les-Bains, dans un pays 
qui &ait presque enti&rement ib^rique, et nous avons a peine 
rencontre, dans les huit fragments, deux ou trois mots qui 
pourraient Stre celtiques, corame ema du 2 e fragment (Voy. 
ci-dessous l'inscr. xxvm) et Rosamos, auquel je reviendrai tout k 
l'heure. Nous mettrons n&mmoins sous les yeux du lecteur ceux 
dont la lecture nous a paru, sinon toujours certaine, du moins 
tr£s-probable,d'apr&s l'Stude que nous en avons faite sur le fac- 
simile de la Revue, en confrontant avec le texte les r&sultats 
partiels des efforts de Monin. R&ultats peu satisfaisants, car il a 
quelquefois transpose des mots d'une ligne a une autre, et fait 
ainsi de doublesemplois; il a de plus pris une partie d'un frag- 
ment pour la r&inir a quelques lignes d'un autre, et en com- 
poser ainsi une inscription latine, suivant lui 2 . J'observe en 
outre qu'il a, sans aucune explication, donrid constamment la 
valeur d'une S a un caractfere qui ressemble tout autant a TV 
ou a TY des alphabets ibgriques, celtib^riens ou novd-6trnsques 
de Boudard, de Ch. Lenormant et de Mommsen. Cette lecture 

I. Zeuss cite un ciemple de cette confusion des deux alphabets J usque 
dans le vm e siecle. Voy. sa Gramm. celt., p. 925 et 927, n. 

2. 11 a aussi,sans dire pour quel motif, changS en partie le numerotage des 
huit fragments de la Revue. 



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332 ETHNOGlSNIE GAULOISE. 

est n^anmoins, dans tous les cas, la plus probable, quoiqu'on 
reconnaisse dans ces griffonnages des S latines en assez grand 
nombre, et je l'ai adoptee en distinguant loutefois cette lettre 
douteuse et celles qui ne m^ritent pas une endure confiance 
par des caractfcres plus petits. J'ai marqud par des points les 
signes que je n'ai pu d&hiffrer dans les mots dont ils faisaient 
partie. La transcription, avec leurs lettres latines et grecques, 
des mots que nous avons pu dgchiffrer, donnera du moins une 
id6e de ces textes presque enti&rement ignores, et 'de Tidiome 
dont ils nous ont conserve des debris. 

Fragment n° I, ligne 1 — KANTAs NIsKAT AIKEIE 

2_ ROSAMOs ET DE KILITIVsl 

3 — PECAMV KICsOT METAT 

4 — sAIATENON KrV£T 

5 — LERANI DE PosOl 
6— UXNEsOA 1 VETEIA 

7 — NoE LETELETp 

8 — oA uLAT (peut-6tre sLAT) 

9 - XUK. 
10-AYIN Et 

11 et 12 tout a fait illisibles. 

Les deux fragments qui suivent sont ceux qui ont 6t6 Merits 
sur la mSme feuille de plomb, au revers Tun de 1' autre; ils 
semblent 6tre divisds chacun en deux colonnes par une dechi- 
rure de la feuille. 

Fr. II, ligne 1 — Nl KAsAQUI.E ] Quelques let- 

2 — ROSAMVs I tres isptees 

3 _ TIs.T. NUm EMA I ^parses en 
k — ul... (peut-Stre SI) UEL DELAj face des six 

5 — REs (peut-Stre REY) .NUQUAi premieres li- 

6 — AUTE tE I gnes. 

7 — UMAs 

8 — Illisible. MoM 

1 . Peut-etre Uxnetoa, mot a physionomie basque en tout cas. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 333 

Fr. Ill, ]. 1 — ENUyAENC \.'AXIMIE TL.U..E 

2 — KLIVsslRCcAT )..QUAI..NTCLVIL.qUiD 

f (peut-etre UCD) 

3 — ASETIvAT LA ACIOs (peut-etre IOY) 

4 — NIsAPOslMA \ 

5 — OuNlyL.AINIv) ALXIAIA 

6 — . NOy] . UOuTRI . . (peut-etre VOSTRI) 

7 — .MeT ATINII M 

8 — . . IRVLL .KYKI 



Les deux fragments qui viennent ensuite faisaient partie dc 
la menie feuille que les deux precedents : 
Fr. IV, 1. 1 — DEMETI 
Les sept autres lignes illisibles, sauf a la peiiultieme : 
LOINC. P. 



Fr V, 1. 1 — |A.. 'sVy.A 
2- Ns. 

3 - Al AMIKlOu (peut-etre AAAAIKIOS) 
h— .XOIu.. 
5 — IN CUD. 
6- VOd-. 

7 — Tls . . (peut-Stre TIY) • Ve 

8 — 



L 2 



LEl. .mE 

9 — sE 

10 — YA ' 
DE XE 

H— -IcRK. 4 

12 - /AVK 



1. Cne moitied'M? 

2 et 3. Aiosi places enti-e deux lignes. 

4. Un r pareil a nos minuscules. 



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33/i ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

Fr. VI, 1. 1-AxiAIB:. 

2 — PEAY 

3 — Ayy..V\ 



Fr. VII, 1. 1 _ DOMxSAA 
2 — NIt-ASROS' 
3-MOCETDE 

4 — TAMVs 

5 — DINNc 
6 — NN 

Le VIII* fragment ne porte que le mot : cOAOS 

Maintenant, que pouvaient etre ces graffiti dont - a ma 
conusance du moins, - l'authenticite n'a pas ete' mise en 
doute? £ta>ent-ce des griffonnages d'ecoliers, cooime on r»d? 
ou des prieres, des actions de graces a la divinity de ces eaux 
thermales sceur desBormona et des Tamona, que nous rencon- 
rerons p us lorn ? On ne sait. Tons ces fragments, sauf qjgues 
legeres d.fferences, paraissent de la meme main. Un mot n OUS 
a frappe par sa triple apparition, celui de Rosamos*, deux S 

nT f d6 ' l \T r' Seme ^ ^ C ° mme un n^inatff gau 
en os, et rappelle les noms de Roscillus et de la deesse ™ Z 
romaine Rosmeria. Son radical, ou du moins son premier I u 
ment, possede, entre autres, trois significations qui pourraSni 
se rapporter, soit aux rouleaux de ces feuilles de plomb soi 
aux eaux brulantes de cette source, soit a 1'ex-votQ qu'on h 
auranconsacre. - K. Rhos, enroule, brule; et JlfcoAl (prononce 
Rhodz), present; Rhoddfawr, consacre\ - C Ros ™i~i 
(verbe) il a donne.- Ar. Ros, cuire, MrJ^Za?^, 

a*1'- LA 1 ui ^P 1 ^ ici le mot Bosamoc a et(§ sans doute emn^ 

2 Fra I" t'Ti ", ,G C final tient P-bablement lieu Tu T * *** ,a 
1. Fragm. i«, l. 2 ; f rag m. n, l. 2, Bosamus, et Fr vii i 9 » ' 
que dans la note precedents ' h 2 ' Rosmoc <*f>U- 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 335 

bruler : E. Rdst, id. — Bruler est, comme on le voit, le sens le 
plus general, et Rosamos est bien prfcs de Rosaim 1 . — Ucd, qu'on 
peut aussi lire au 3 e fragment, 1. 2, ne Test pas raoins du K. 
Uched, haut, sublime; gaelique : Vchd, etc.; voy. le n° 356. — 
On peut assiiniler aussi au Vialos de nos medailles le Vlat pro- 
bable du l er fragment, 1, 8, — Quant k YAtinii du 3 e fragment, 
1. 7, il se rapporte sans doute au nom propre latin d'Atinius, 
bien plutot qu'i notre Atinia du n° 281. — Voil& tout ce que 
j'ai pu tirer de ces etranges graiflti, et je ne sais m6me pas ce 
qu'ils sont devenus. 

Nous avons dit qu'on etait porte & voir du Geltique dans la 
plupart des inscriptions gallo-romaines ou se trouvait quelque 
assemblage de lettres qu'on ne pouvait expliquer comme des 
abreviations latines. Ces lettres sont effectivement en trop grand 
nombre quelquefois, pour n'indiquer qu'une des simples et 
courtes formules finales de repigraphie romaine, et souvent 
m£me leur reunion n'offre rien de commun avec ses sigles bien 
connus. EUes forment de veritables mots d'une physionomie 
toute barbare, qu'on ne sait parfois comment lire ou interpreter. 
Je ne puis avoir la pretention, ni m'imposer Tobligation de ras- 
sembler et d'eplucber des textes disperses en si grand nombre 
dans tous les departements, et la plupart plus ou moins nautilus 
ou maltraites par le temps. Ge travail, ajoutais-je, ne sera pos- 
sible qu'apr&s la publication du grand Corpus inscriptionwn que 
nous a depuis longtemps promis le ministre de Instruction 
publique. Je me bornerai a presenter, comme specimens de ces 
6nigmes> les trois inscriptions suivantes, qui n'ont point encore 
attire Tattention des Geltistes. Inscriptions d'une parfaite authen- 
ticity, dois-je observer, car nous savons, par Texempte encore 
recent des briques de Neuvy-sur-Baranjou, avec quelle tenacity 
de travail certains antiquaires se sont plu k forger de faux 
textes pour se faire un nom, — quand ce n'est pas une hon- 
teuse speculation, — ou pour mystifier peu honorablement leurs 
confreres. 

1. Monin cite* p. iS3, le mot fiojomi d'une Uacr. goootkpte aor une fe&ma- 
tite de la Bibliothfcque nationals. 



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336 ETHNOGlSNIE GAULOISE. 

La premiere de ces inscriptions mixtes a ete publtee, en 
mars 1868, par la Revue archeologique. La pierre ou elle est 
gcrite venait d'etre d£couverte parmi les moellons d'un ancien 
rempart de Rennes, et a &e d^pos^e dans le 
xxv. Mus£e de cette ville. On n'y peut plus lire 

: HONOR.. que le milieu de chaqae ligne, et la der- 

. /INAEE** nifcre ne se compose certainement pas de 

. INIMAE. . sigles latins. II y a done tout lieu de croire 

• OSTVM... qu'elle est en langue gauloise. Mais de 

. EETAVGO 1 quelle manifcre la lirons-nous? lias rhed, I 
. ITASRfr ED • • tas rhed ou It as rhed? Essayons la pre- 
miere. L'orthographe Rhed, n° 339, nous 
renvoie au K,, ou se pr&ente imm^diatement la racine Rhed, 
course, d'ou le verbe Rhedu, courir, et Rhedwr, coureur, cour- 
rier; voy. l'inscr. xxm et le n° 43. Observez qu'il ne parait man- 
quer que deux lettres a la fin de cette dernikre ligne, ou se 
nommait certainement le d^dicateur, .Mas, probablement un 
cursor ou courrier public. Je dois convenir loutefois que je ne 
merappelle aucun nom propre gaulois termini en as\ etfaire 
remarquer dans mon interpretation I'absence de tout verbe 
dont nous allons voir un autre exemple, indubitable cette fois. 
— Les deux autres lectures ne nous fournissent pour /, It et .4s 
que des pronoms personnels ou possessifs, et pour Tas le sens 
de pere en C. (K. et Ar. Tad), ou celui d'habitation en Irian- 
dais. 

La deuxteme inscription, decouverte en 1826, est au Musee 
de Bordeaux, n° 39 3 . Le nom de Nemetocea (pour Nemetocese) est 
incontestablement gaulois, voy. le n° 158; et il nous garantit 
en quelque sorte la celticit^ de ceux dont il est accompagn^, 
et qui ne sont pas plus latins que lui. Elle nous est au surplus 
confirmee: 1° pour Samocxi, par l'lr. Samh ou Samhach, E. id., 

-1 . Probablement un second G. 

2. Quoiqu'il en existe, tels que Corpimcgas, dans les plus anciennes inscrip- 
tions irlandaiscs. Une m^daille trouvee au camp d'Amboise nous pr^sente un 
nom en itha, KARI0A. (V Art gaulois, pi. 18 et p. 36.) 

3. Notes sur diverses sepultures antiques de Bordeaux, 1863. (Extrait du 
Congres scientifique de France, t. iv, 28 c session.) 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 337 

xxvi. agitable, doux; K...; — et 2° pour Dituclea, 

D par la racine gaelique Dilh, manque, priva- 

NEMETOCEA tion, d'oii Tlr. Diiho, pauvre; Diditiu, dd- 
SAMOCAE pouilte; Dithlachtach, enfatit sans m&re. — 
I FIL K. Didwg, peuriche; Didud, exile, etc. — 

DITVCTEA Nintrix (si ce n'est pas une mauvaise lecture 
NINTRIX pour NVTRIX) a <5chapp6 k mes recherches, 
OGILOLV mais ce nom doit §tre dgalement gaulois, 
D» AN. VX comme le sont un tr&s-grand nombre de ceux 
P. C. qu'on lit sur les pierres sdpulcrales rassem- 

bl6es dans le m6me mus£e. Le mot qui 
precede ensuite les sigles latins des deux derni&res lignes, 
auxquels il ne peut 6tre assimite, n° 340, Ogilolu, est done 
pareillement celtique. Non-seulement il se rapproche beau- 
coup pour la forme du C. Hogul, etc., mais il a toute l'appa- 
rence d'un preterit k sa 3 e personne sing., de m£me que ieura 
et karnita. Toutefois je ne puis le rapporter, en tant que verbe, 
qu'a Tlr. Olleim, nourrir, allaiter, qui en est peut -6tre une 
forme contracte, ce que semble indiquer l'E. Oghail, plein de 
jeunesse, et Oighail, virginal. Nous retrouvons au moins la* 
racine d'Ogilolu dans le K. Ogl, ce qui est plein de vie, crois- 
sance, etc., lequel est en rapport direct pour le sens avec Tlr. 
Og, et Ogamhuil, jeune* et avec Oileim, dontla signification me 
parait assez satisfaisante, en consid^rant l'&ge qu'avaitl'enfant 
couchd dans ce tombeau, probablement grige par la pauvre 
esclave qui l'avait nourri de son lait. Toutefois le sens plus 
ancien d'entier, d'achev£, qu'une glose de Zeuss donne, p. 28, 
a cette racine 6g, nous fait aussi penser au simple achfevement 
du monument. 

L'inscription qui nous reste a examiner appartient 6galement 
au Mus£e de Bordeaux, sous le n° 66 (m£mes Notes, p. 53).Tous 
les noms propres et les mots dout elle se compose, quoique 
Merits d'une main fautive, sont latins, excepte lardari, nom 
propre dont les elements sont bien celtiques : 1° K. far, ce qui 
s*£tend par-dessus; G. tige, tronc; Ar... En Ir. et E. noir, et 
Touest; — et 2° K. C. et ancien Ar. Dar, chSne; Ir. et E. Darach; 
d'oii Tune de ces trois denominations m^taphoriques : le tronc 

22 



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53 $ ETHNOGfcNIE GAULOISE. 

xxvii. (Tun chine, le chine noir, on le chine de 

D» M. Vouest? II n^y a dans ces racines rien 

SHVHRA SHVHRI P our un ve * e <!*" auralt eu la 3 e per- 

FILIA DHFVNTA sonne sing, de son pr6t£rit en i (voy. 

ANOR XVIII Zeuss ' P- 429 et 439 ) ; et ce mot si im " 

SHVHRVS PATHR portant est done sous-entendu dans cette 
IARDARI phrase £pigraphique , ou le nom de la 

d^funte est au nominatif (si ce n'est a 
l'ablatif absoln). • Iardari, n° 3/jl, reste par consequent un 
simple g&iitif en i, pareil a SeSgomari, Ategnati, etc. ; — et 
Iardaros, le nom d'un fils de Severus, soit du pfcre de Severa, 
dont l'affliction aura voulu associer h ce deuil nouveau le cher 
souvenir d'un enfant qu'il avait d6ja perdu; soit d'un parent 
du m6me nom qui aura <§leve cette tombe a la jeune fille qu'il 
pleurait avec 'son fianc6. Tous les regrets d'un pere et d'un 
amant rSsumds peut-6tre dans le laconisme de cette Spitaphe, 
d'une mystSrieuse singularity 

A ces 27 inscriptions gauloises ou gallo-romaines, je crois 
devoir, d'aprfes l'dpoque que leur assigne M. de La Villemar- 
quS 1 , rSunir les deux armoricaines dont lui seul a tente Tinter- 
pr&ation. Que leur idiome ait 616 importe dans notre peninsule 
par les colonies britanniques, corame le prdtendent quelques 
savants, e'est toujours du Celtique qui rentre dans le cadre de 
nos recherches, et qui, dans tous les cas, ne differait presque 
point de la langue de nos peres 2 . L'une de ces inscriptions a&£ 
relev£e, en 1855, sur la paroi intSrieure d'un cercueil conserve 
dans une chapelle du village de Lomarec (pres d'Auray, Mor- 
bihan) 3 . Elle 6tait grav£e en grands caractfcres, a la gauche de 
la figure d'une croix intaillee dans le 
• xxvm. granit de ce tombeau, qu'une tradition 

IRHAEMA X INRI imm£moriale en toure encore de prati- 
ques superstitieuses. Ces caractfcres 

1. Et conform<§ment au desir qu'il en a exprinn5 lui-meme, p. 19 du Mem. 
quo uous citerons. 

2, Sermo haud multum divsrsus, Tac. Agr. XI. Voy. ci-dessus, aux prcuves 
philologiques, n° xix. 

X. MtSmoire sur Tinscr. de Lomarec, 1858, in-4°. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 339 

sont pareils a ceux des m&lailles armoricaines du vi e siecle, et 
la croix ainsi que le chrisme' qui separe rinscription en deux 
parties sont d'une forme encore plus ancienne, tandis que la 
formule abreviative INRI, pour Jesus nazarenus rex Judaeorum, ne 
date que du moyen age. Ces faits bien £tablis (si les citations a 
Tappui sont exactes), M. de La Villemarque lit ce texte de la 
mani&re suivante : Ir ha ema J. Christus in re, et le traduit en 
latin comme une profession de foi chr&ienne : (Illius) cujus est 
Jesus Christus in regem; — (de celui) dont J&sus-Christ est le 
roi. Voici le resume de son commentaire. — Ir est Tancien 
article gallois employ^ ici au g£nitif devant un pronom relatif. 
L'emploi ex abrupto de ce cas, au commencement d'une phrase 
absolument isotee, me parait, je l'avoue, un peu singulier. — 
Ha, ce pronom relatif que le moyen age 3crivait a en Gallois et 
en Breton, existe encore, lte a son article, dans le pluriel K. Yr 
hai, lesquels, desquels, incorrectement orthographic Y rhai 1 . — 
Ema, 3 e personne sing, du present de Tindicatif d'un verbe dont 
il ne reste plus que ce temps dans la langue bretonne. ton le 
retrouve dans le Gallois du x e si&cle, Loix (THoel le bon, sous la 
forme emae, aujourd'hui mae. Ajoutons qu'en G. Ema signiGe 
encore : il y a. — Le signe qui repr&ente le nom du Christ, 
sujet de la phrase, suit le verbe, conform&nent a la rfegle des 
deux idiomes kymmryques. — In est la proposition en, dans, 
qui nous est d6]k connue; voy. l'inscr. v. — Ri existait littdrai- 
rement dans le Breton du vi e sifccle avec le sens de roi, ainsi 
qu'en Ir. au xi e , oil Zeuss nous le montre (pr£cis&nent rdgi par 
la m6me proposition inri) p. 933. C'est l'ancien Rix gaulois; voy. 
le n° 387. 

Cette interpretation a paru fort plausible, et celle de rin- 
scription suivante Test peut-6tre autant, mais il se trouve, dans 
le commentaire dont elle est accompagnde, au moins quelques 
citations inexactes. II s'agit d'une lOgende 2 qui descend du haut 
en bas d'une clochette de TOglise de Stival, au canton de Pon- 

1. Voy. ci-dessus, Inscr. vn, au mot Rat in, n. 

2. Memoire sur l'inscr. de l'ancienne cloche de Stival, dans ceux de 
l'Acad. des Inscriptions, t. xxiv, 2 e partie, 1864. 



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340 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

tivy (Morbihan). On la nomme toujours le bonnet de S. Mdria- 
dec, a qui la tradition veut qu'elle ait appartenu au vn e si^cle. 

Les caractferes, fort lisibles, sont pareils a 

xxix. ceux des plus anciens manuscrits irlandais 

PIRTVRFICISTI qu'on fait remonter a cette ^poque. La 

langue difffere sensiblement, dit M. de La 
Villemarque, du Breton moderne, et m6me de celui duxvi e Steele. 
Effectivement, tous les mots de cette legende, telle qu'il la 
lit : Pir turfi is ti, sont Strangers au Catholicon de Lagadeuc, et 
notre auteur l'explique ainsi : — Pir est facilement reconnu pour 
l'adjectif gallois Per, doux, m&odieux; C. et Ar...; il est employe* 
ici adverbialement. — Mais pour Turfi, j'ai vainement cherche 
dans les trois idiomes kymmryques, et m^me dans le Gaelique, 
lesubstantif Tarf, tintement, dont cet adjectif serait provenu; 
et le verbe gallois Tyrfu, qui a du signifier tinter, suivant M. de 
La Villemarque, a maintenant des significations tres-differenles. 
Ow. Pughe le fait driver de Twrf, tumulte, ce qui est bruyant, 
retefttissant — ainsi que Tyrfau, le tonnerre gronde, v° Twrf.— 
Is, verbe substantif invariable dans ses trois personnes, dit notre 
auteur en invoquant i'autoritd deZeuss,p.476; maisrillustreCel- 
tiste y parle d'une flexion impersonnelle du verbe irlandais Am, 
je suis, et non d'un verbe gallois. Is, qu'il <*crit aussi ys (l'ortho- 
graphe actuelle), n'est dans sa Grammaire, p. 536, que la 3 e per- 
sonne sing, du present de Tindicatif K. il est. C'est dans TE. 
qu'on dit Is me, je suis, Is tu, tu es, etc. (et non Is ti, autre 
inexactitude de M. de La Villemarqu<§). — Ti, dont il fait le pro- 
nom personnel tu, sous la garantie de Zeuss, p. 1086 (iisez 376), 
existe encore dans le Gallois, et avait conserve cette signification 
dans le C. En definitive, cette inscription, qui s'adresse a la 
clochette mSine, signifierait: Comme tu sonnes doucement! (I. I., 
p. 399.) Je doute que tel en soit, d'aprfcs Tanalyse m6me de 
notre auteur, le sens littoral, qui serait plut6t : Tu tintes melo- 
dieusement, — si toutefois il ne doit pas 6tre compris impera- 
tivement. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 341 

G. — Mots donnas par les mddailles. 

Si ces inscriptions nous ont entrain^, plus loin peut-etre que 
nous n'en avons l'habitude et le gout, dans Taventureuse voie 
des conjectures epigraphiques , nous serons beaucoup plus re- 
serve avec les m&lailles gauloises.Je ne vois pas que j'en puisse 
rieo tirer, quoique Beale-Poste nous ait par deux fois donn£ un 
Glossaire particulier des titres royaux ou autres qu'il croyait 
avoir reconnus sur les anciennes monnaies de la Bretagne insu- 
laire *. J. Evans dans son beau livre : The coins of the ancient 
Britons, 1864, s'est moquS en plusieurs endroits, p. 132, 142, 
155, de son compatriote qui change, par exemple, en Commu- 
naute des Firbolgs, un nom aussi connu que celui de Commius. 
« A. Tignorance ou nous sommes, disions-nous en 18f»8 v de la 
signification des mots qu'elles pr^sentent, se joint fort souvent 
Tincertitude de leur veritable forme, parmi les continuelles varia- 
tions ou les difliciles lectures de ces pieces barbares ; — et les 
plus habiles numismates se disputent en outre sur 1'emploi de 
ces termes, soit comme noms propres d'hommes, de peuples ou 
de villes; soit comme titres ou qualifications qui rentrent dans 
le langage commun. » Cette partie de la science numismatique 
a fait depuis lors de grands progrfcs, et nous croyons que les vives 
et opiniiitres discussions qui roulaient sur les tegendes Germanu 
ou Carmanos, Tasc, Eppi, Atpili, la finale Ml ou Ml, etc., sont 
a peu pr&s &eintes aujourd'hui. Nous n'en dirous pas autant 
pour DVRNAGOS, par exemple, ge terme si controversy au sujet 
duquel nous observerons en premier lieu que les numismates 
se payent trop souvent de faux Celtique; — et secondement 
qu'ils negligent parfois, comme les philologues auxquels j'ai 
adress£ le m£me reproche,. les circonstances ext^rieures qui 
peuvent dominer le sujet qu'ils traitent. Ainsi pour ce — 3Zj2, 
Durnacos, dont on a fait un nom d'homme, de ville, de confe- 
deration, etc., M. Hucher s'appuie itdrativement sur M. de 

4. Voy. dans sa Britannia anhqua, 1857, un premier essai d6velopp<§ 
ensuite dans ses Celtic, inscr. on gaulish and british coins, 1861. II n'y parle 
plus de son Aregwedd ou reine Boadic£e. 



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3/j2 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

Saulcy, pour attribuer k ce mot le sens de Montagnards ou de 

Riverains des torrents (au pluriel) et l'appliquer a une ligue que 

les peuplades voisines de la Durance auraient formSe contre 

Arioviste 1 . Dur, dit-il, 6voque l'idee de l'eau, ce qui est vrai, 

voy. le n° 266; et aprfcs? Que faites-vous de Nacos? Nac et ses 

d6riv£s n'ont rien de commun en K. et encore moins en Ir. avec 

la signification de Montagnard ou de riverain. II faudrait ne 

tenir aucun compte de l'N pour arriver au suffixe ach qui veut 

bien dire propria, domaine (voy. le n° 238), et m£me, si l'on 

veut, proprtetaire (Ed. Davies), mais non riverain ou habitant 

(k moins que vous ne compreniez m&aphoriquement, — et tr£s- 

abusivement,— cette dernttre signification dans celle d'enfants 2 , 

de post<§rit<5, qu'a aussi la niSme finale (voy. le n° 379). Obser- 

vons en outre que Durnacos est dans le Gaulois un nominatif 

sing.; du moins n'en connaissons-nous jusqu'a present aucun 

qui prenne cette desinence au pluriel. Enfin cette interpretation 

fut-elle exacte, nous demanderions encore comment les cit£s de 

la Province romaine, que la conquSte avait depuis soixante ans 

s<§vferement d^pouillees de tous leurs droits politiques, ont pu 

se contedSrer contre Arioviste ? 

Une autre tegende dont ces deux savants et habiles numis- 
mates extraient du moins un adjectif vraiment celtique, c'est 
celle de — n° 343, KAAETEAOY, qu'ils lisent Kalet Edou, les 
Celtes ou les durs Eduens*. Kaled, au pi. Kaledion, signifie effecti- 
vement dur en K; voyez ci-dessus l'inscr. xix; mais nous pen- 
sons que la coupure de cette l^gende est peu vraisemblable, et 
le sens de fort ou d'audacieux, que possfcde aussi le mot Kaled, 
me parait preferable a celui de dur pour une Spithfcte officielle 
du peuple £duen. 

En somme, nous n'avons vu sur toutes les m£dailles gau- 
loises qui nous sont connues que des noms propres d'indivi- 

4. Voy. sa Revision des ttgend. d. monn. de la Gaule, p. 21, et son Aft 
gaulois, p. 23 et 56. 

2. Ce serait une mStaphore ossianique, les Fils des torrents, c'est-a-dire les 
habitants de leurs bords. , , # 

3. voy. VArt gaulois, p. 28, de M.Hucher, et la Rev. arcb»ol.,\xMi low, 
p. 410. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 343 

dus, de peuples ou de viiles, sauf les trois sortes d'excepiions 
qui suivent: 1° Le titre de Vercobrelo,-T)\i supreme magistrat 
que prend Cisiambos sur une monnaie lixovienne *. C&sar nous 
a appris, au n° 3, toule la valeur de ce terme qui a perdu, faute 
de place suffisante autour du type, Ys finale de son nominalif. 
II est passible qu'il se trouve sur nos mddailles d'autres qualifi- 
cations du m£me genre, telles que, 344, BRENOS (YArt gauloiSj 
p. 25) que Ton identifie, malgr6 l'absence d'un second n, avec 
le fameux nom de Brennus, voy. le n° 417. Mais les Etudes eel- 
tiques ne sont point encore assez avanc£es pour reconnaitre ces 
exceptions avec plus de certitude qu'on ne Fa fait jadis, en 
interpretant de cette manifere Ml, Epenos, Atpilli*, etc. — 
2° Les deux mots Simissos publicos, qu'on lit sur des mddailles 
de ce meme Cisiambos et d'un Maufenius Arcantodan, autre 
personnage tout a fait inconnu jusqu'a present. Ces deux mots 
sont tout simplement le Simissis ou demi-as latin avec l^pithfete 
aussi latine de publicus, Tun et l'aulre celtises par la finale os 
des nominatifs sing, gaulois. II est a remarquer qu'une de ces 
monnaies, au lieu de publicos, porte publico, (YArt gaulois, pi. 56), 
comme si Ton avait voulu mettre cet adjectif au feminin. Ce 
n'est toutefois pas tres-certain, car une pi&ce du roi des Sotiates 
Adietuanus lui donne le qualificalif sotiata, qui ne peut Streque 
masculin (ibid., pi. 90). Nous reparlerons tout a Theure de cette 
desinence. D'autres de ces Simissos ont encore cela de parti- 
culier, qu'ils offrent a la suite de publicos le mot Lixovio avec 
toute la place ndcessaire pour l's final du nominatif. Ce n'est 
done point un adjectif ethnique. Serait-ce un ablatif locatif da 
nom jnSme de la cit6 : a Lixovion* (Lisieux)? 

La troisteme exception consiste en quelques adjectifs 
ethniques qui peuvent se rencontrer sur nos m&lailles, ou le 
nom m^me d'un peuple prendrait un sens qualificatif; par 
exemple : 345,TYRONOS, qui devient Turona sur plusieurs pieces 

1. Lelewel, Typegaulois, p. 230, pi. vii, 41, 42. Rev. nurotsm.,1837, p. 13 , 
et al. — M. Hucher, VArt gaulois, p. 38. 

2. Voy. Lelewel, t.i., p. 245, 246, etc. . 

3. La forme du nom primitif (change" depuis en Noviomagus) n'est indiquee 
nulle part. Celui du peuple e*tait Lixovialis. Lexovii dans C6sar. 



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Mx ETHNOGtiNlE GAULOISE. 

qui portent le nom de Dricca (ibid., p. 37). M. Hucher ne pense 
pas que ce soit celui (Tune femme, et nous venons de citer un 
elhnique dont le nominatif sing, est bien en a au masculin. II y 
a cependant un rapport qui parait frappant entreces Dricca 
Turona et les Triccos Turonos de la pi. 54 de son Art gaulois. 
Esperons que les etudes numismatiques nous r£v£leront pro- 
chainement d'autres mots k placer sans hesitation dans notre 
Glossaire. 

Resultats grammaticaux des deux dtudes precddenles. 

C'est maintenant, aprfcs avoir etudie*ou explore nos inscrip- 
tions et nos medailles, que nous pouvons remplir notre promesse, 
et soumettre au lecteur les resultats grammaticaux de cette 
investigation. lis sont peu de chose en proportion de l'&endue 
et de Timportance du sujet que nous ne pouvons qu'effleurer, 
mais ils font du moins p^netrer quelques traits de lumifere dans 
les tenfcbres dont il est couvert. Nous ne donnerons pas a ce 
r^sum6 de nos analyses epigraphiques les developpements dans 
lesquels M. Pictet est entre a la fin de son Nouvel Essai (Rev. 
arcMol., aout 1867), en ne distinguant peut-Stre pas suflisamment 
les resultats qu'on peut croire definitifs de ceux qui ne sont 
encore dus qu'a des interpretations plus ou moins conjecturales. 
Nous ne recapitulerons ici que les premiers. Le but des recherches 
du savant genevois etait particuliferement philologique, les n6tres 
n'ont pour objet que la constatation historique des faits. Ainsi, 
pour commencer, nous ne parlerons ni du genre neutre, ni du 
duel qui existaient l'un et Tautre dans Tancien Irlandais, et 
m£me, parait-il, dans Tancien Kymmryque *, mais dont aucune 
de nos inscriptions n'atleste l'existence dans le Gaulois. Pictet 
pense n6anmoins que la forme latine de Nemeturn nous assure 
du genre neutre de Nemcton, Inscr. iv. L'article brille encore 
davantage par sa complete absence, si ancien qu'il puisse Stre 
-d'ailleurs dans les idiomes neo-celtiques. Cela dit, nous rangeons 

1. Voy. pour le neutre, Zeuss, 2 e <5d., p. 220 et 270, et pour le duel, id. 
p. 220, 280 et al. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 345 

les r&ultats que nous avonsobtenus sous quatre chefs, ddclinai- 
sons, conjugaisons, syntaxe et construction des phrases. 
- I. Nous avons constate de prime abord des nominatifs sing, 
masc. en os. Ce sont les plus nombreux. lis appartenaient en 
propre au Gaulois, comme derives du Sanscrit, observe Pictet, 
et n'etaient par consequent point une imitation du Grec ou du 
vieux Latin. On peut regarder comme des variantes d'autres 
desinences que nous avons rencontr^es en us et en ous. Les 
formes en ou et en u sont peut-6tre douteuses, mais non celles 
en is et en a. 

Nominatif sing, teminin en a, fr^quemment reconnu dans 
les inscriptions gallo-romaines comme un fdminin des noms 
propres en os ; et peut-etre, d'apres quelques medailles, des 
adjectifs qui ont la m§me terminaison au masc. 

Des genitifs sing. masc. en i. lis ne sont pas davantage une 
imitation latine, puisqu'ils se montrent dans les plus anciennes 
inscriptions irlandaises, les oghamiques, comme Fa observe 
Stokes, Beitrage, 11, p. 102. 

Des datifs sing. masc. en % quelquefois latinises en 0; — 
d'autres en e, parfois aussi latinises en i. 

Dalif sing. fern, en i. 

Des accusatifs sing. masc. en on, in et an. Pictet veut que 
ce dernier soit.f&ninin (a propos du mot Lokan, inscr. xv). 

Des ablatifs (locatifs?) sing, en a, variante en e; genre dou- 
teux. — Turona, que nous avons cit£ plus haut, est peut-Gtre a 
ce cas. 

Ceux du pluriel ne sont pas aussi complets : des nominatifs 
masc. en oi, et peut-6tre en es et en i (Eurises, Senani) ; — un 
gdnitif en omf — des datifs tern, en ebo et abo ; — et un accu- 
satif en as, que Pictet dit feminin, a propos A'Arluas, inscr. xv. 
— J'ajouterais volontiers un autre accusatif en es, d'apres {'inter- 
ambes du Glossaire d'Endlicher; voy, le n° 196. 

II. En fait de conjugaisons, nous n'avons que des troisi&mes 
personnes sing, du preterit en u et en e ; et uneplur. en us. 

III. Pour la syntaxe, l'adjectif s'accordait avec son substan- 
tif en genre, en nombre et en cas ; — et le verbe actif voulalt 
son regime direct a Taccusatif, I'indirect au datif. II pouvait 



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346 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

£tre employe comme neutre, c'est-a-dire sans aucun regime. 

IV. Construction des phrases. Analytique dans la plupart de 
nos inscriptions, le regime direct place toutefois aprfes l'indirect. 
Elle pouvait Stre aussi transpositive, mettant le nSgime direct en 
tSte et le verbe h la fin. — De mSme dans les mots composes de 
deux substantifs ou d'un substantif et d'un adjectif, — faculte 
dont parait avoir pleinement joui la langue gauloise ; — nous 
avons vu aux preuves philologiques, n° xvn (en note), que le mot 
r£gi pouvait suivre ou preceder celui qui le regissait. 

Peut-£tre les formules marcelliques, dont nous n'osons pas 
invoquer dans ce moment Tautoritd encore incertaine, nous 
feront-elles entrevoir du moins la vraisemblance de quelques 
autres ddcouvertes. Nous ne pouvons pour le surplus que ren- 
voyer an chef-d'oeuvre grammatical de notre maitre Zeuss et 
aux savants articles de ses eifeves dans les Beilrdge de Kuhn et 
Schleicher le lecteur curieux de connaitre leurs diverses conjec- 
tures sur tel ou tel point de grammaire gauloise, entre aulres, 
sur les superlatifs en imo(s), isto, et tamos du D r Siegfried. 
Beitr., t. vi, l er cah. 1868. 



Section deuxieme. — Elements oaracteristiques des noma propres 
dhommes, de peuples et de localites. 

J'entends par elements caracteristiques les syllabes initiates 
ou finales dont on a remarqud la frequente repetition dans les 
noms gaulois, et qui sont en consequence regard^es comme 
Tindication d'une origine celtique partout ou elles se trouvent 
reproduites. Gette repetition, qui se combina meme quelquefois 
avec les noms des empereurs romains, prouve que chacun de ces 
elements avait sa signification. Je n'y comprendrai point un cer- 
tain nombre de ces initiales ou prefixes, pour la plupart mono- 
syllabiques, qui sont communes a plusieurs langues, et n'ont 
plus d&s lors pour nous de valeur demonstrative, toutes gau- 
loises qu'elles peuvent 6tre reellement, telles que Ad, Ar, Be ou 
Bi, Argento, Cat, Com, Con, Cor, Cyn, Div, Ec ou Ic, Med, Tre 
ou Tri, etc. Car, seul, me parait exiger une exception. On peut 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 347 

consulter sur tous ces dl&nents de composition la Grainmaire 
celtique de Zeuss. Les finales, par leurs formes particuliferes, sont 
g£n£ralement plus caractdristiques. 

line reflexion g£n6rale a faire, pour cette Stude de noms 
propres, c'est que les Celtes, ainsi que d'autres races barbares, 
aimaient a se donner, comme peuples ou comme individus, des 
noms qui indiquaient des qualitds guerrteres, et Teffroi ou la 
haine m6me qu'ils voulaient inspirer a leurs voisins ou aux 
vaincus. 

Quand nous dcrivions ce petit avant-propos dans notre pre- 
miere Edition, nous n'avions derriere nous en France, pour 
cette partie de nos recherches, que T^norme dictionnaire d'ety- 
mologies celtiques de Bullet, veritable Corpus ineptiarum, et les 
fantaisies celtomanes auxquelles s'&aient livres, sou vent au 
hasard, quelques Audits dont les uns ne connaissaient que le 
bas-Breton, et dont les autres nous fabriquaient ^tourdiment ou 
sans scrupule du faux Celtique ou du faux Gaulois. Mais depuis 
Tapparition de notre Glossaire, plusieurs disciples de Zeuss ou 
6mules de Gluck 1 , — je ne parle point de xMone, — se sont par- 
ticulterement occupds des noms propres de nos ancStres ou des 
innombrables locality de notre territoire. Nous citerons, entre 
autres, M. Ad. Pictetpour les noms d'hommes, et MM. A. Houz6 
et J. Quicherat pour les noms de lieux 2 . Ces dernieres etudes qui 
ont relevd, ou plut6t fond^parmi nous la science toponomastique, 
ne nous ont cependant pas 6t6 d'une grande utility, le point de 
vue de leurs savants auteurs &ant particuli&rement franqaiset 
non gaulois. 

1. Le lecteur connait deja le titre de son livre, Die bei C. J. Ccesar vor- 
kommenden Keltischen Namen, 1857. 

2. Etudes sur les noms d'hommes gaulois, emprunte's aux animaux, par 
Pictet, Rev. archfol., octobre 1804 et fe'vrier 1865.— Etudes sur la significa- 
tion des noms de lieux en France, par Houze*, 1864, suivies de plusieurs 
articles de la meme Revue, septembre 1866; fe'vrier 67; septembre et octobre 
69. — De la formation francaise des anciens noms de lieux par J. Quicherat, 
1867. 

Je citerai encore en Allemagne Ad. Bacmeister, pour ses Alemannische 
Wandemngen, 1867. Quant fc-M. W. Obermuler, qui eut jamais pense* que 
Torgueilleuse reine de la philologie aurait de nos jours son Bullet ! 1 



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348 ETHNOGtiNIE GAULOISE. 

Je commence par les initiales : 

346. Ambi, d'Ambigatus, des Ambiani, Ambibarri , Ambi- 
liates, Ambitui en Galatie, du Vicus Ambitarinus, etc. Zeuss rap- 
porte cette initiale, premi&rement a la proposition et prefixe 
K. Am qui aurait 6t6 jadis Ambi, dit-il p. 6Z|0 et al. — Ir. Imm 
et Imb, en E. Uime, autour, reciprocity, intensity ; mais elle com- 
porterait encore d'autres significations. En Ar. Ambil est celui 
qui est en tSte, qui marche le premier. — Ir. Am, peuple, Anbha, 
grand, terrible; Anbhail, tres-grand, O'D. Le sens intensitif me 
paratt avoir doming dans les noms d'individus, tel que Pex- 
pliquent Zeuss, p. 870, et M. Gluck, p. 20 ; mais dans les noms 
de peuples, ceux des Ambarri 1 et de trois tribus du Norique 
regardees comme gauloises dorigine, les Ambisontii, Ambilici 
et Ambidravi doivent se rapporter k leur position geographique 
aulour des trois rivieres de l'Arar (la Saone), de Vlsonta (la 
Salzach), du Lech et de la Drave. Voyez le Pagus Ambitrebius 
aux bords de la Tr^bie, dans la fameuse Table alimentaire de 
Veleia 2 . 

Zeuss nous prSsente en seconde ligne, pour les Ambiani et 
les Ambitui, p. 75, Fancien Ir. Imbid, Imbithe, devenu Imbed, 
abondance; conf. W. S. Irish glos., p. 86. 

347. Andeou Ando, d'Andebrocirix, Andarta, des Andes ou An- 
degavi, de 1' Andes de Virgile, d'Anderitum, Andethanna, Andoma- 
tunum,etc. Celte initiale commence encore aujourd'hui un grand 
nombre de noms geographiques frangais, Andilly, And-uze, etc. 
Zeuss lui donne comme particule Ir. hit, p. 848, le sens de 
mouvement parti d'une chose ou vers une chose, mais je trouve, 
comme elements de composition plus probables en certains cas, 
par exemple pour Andegavi, ceux d'Andate, la victoire, n° 110, 
du K. Andwyaw, ruiner, detruire, Ar. Hanndeein, chasser, Ir. 
Andan, E. Andana, audacieux, t^mdraire, fou. 11 y a encore Plr. 
Andeigh, apres, qu'on peut opposer a V Ambil, du numdro prece- 
dent, et Andoihain, abondance, qui semble tout fait pour Ande- 
thanna.— Zeuss a aussi rapprochg Ande du grec ami que Gluck 

4. Pour Ambaran, Gluck, p. 19; conf. Z. p. 838. 

2. Rapport de M. Em. Desjardins, Rev. d. Soc. sav., 1857, p. 605. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 349 

interprete dans ce cas 1 , p. 25, par mutuellement. 11 en compose 
ainsi, avec le K. Raw, lien, Kawiaw, lier, le nom des Andecavi, 
les r&iproquement unis, les confed6r&. — Tud. Anden, aller. 

348. Ate, d'Atepomaros, At^porix, At^boduus, des Atesui, etc.; 
il faut distinguer cette initiale de la finale accidentelle de quel- 
ques mots tels que Condate, ainsi que des formes adjectives en 
ate ou atus. Elle repond a Tancien Ir. Aith, autrement Ate ou 
Ati, Z. p. 840, auj. Ath; E. id. — K. At, Z. p. 872, particule rei- 
terative, quelquefois privative en Gaelique. — Ar. Ato, toujours, 
continuellement. — C.... — Pictet conclut en outre du SK. Ati, 
que Tinitiale gauloise avait de plus un sens de superiority, 
d'ex'cellence ; celui (Tiierum ne convenant pas a des noms tels 
qu'Ateporix, Atepomaros, etc. 

Are, ouAr, d'Arelate, Arebrignus, d'Arverni, etc., voy. le 
n° 186. 

349. Car, qui me parait tout k fait celtique dans les noms 
de villes, tels que Carpentoracte, Carbantorigon, etc. K. et G. 
Ka'er, fort, ville. — Ar. Ker; Ir. E. Kathair, ville, ville fortifide. 
M. Gluck repousse ce rapprochement, du moins pour ce dernier 
nom, qu'il tire du mot Carb, dont il ne donne pas la signiflca- 
tion ; p. ix, probablement celle de char (voy. App. I.). Je n'en ai 
point trouve de plus satisfaisante , et j'observe qu'une ville 
d'foosse s'appelait, au moyen age, Cairpentaloch. (Nennius, Hist. 
Brit., 19.) 

Conda et Condi, voy. Condadiscone, 171. 

350. Dura, de Durnum, Durnomagus, Durnovaria, etc. — 
K. Duryn, bee, extremity, ce qui peut se dire d'une position 
extreme ou escarpde, comme est, dit-on, celle de Dorchester. 
Nous disons le bee d'Ambfcs, le bee d'Allier, etc. — K. Turn, 

rond. — Ar — Ir. Tom, t£te, sommet; Dumaidhm, forte- 

ment attache. — Torran, colline. 

Epo, d'Eporedorix, Epasnactus, d'Epomanduodurum, etc., voy. 
Eporediae, 24. Initiale qu'il ne faut pas confondre avec 350 bis, 



1. A la p. 27, e'est le sens d'opposi qu'il met en avant pour le nom d'An- 
debrogius, regionis contrarioB incola; et a la page 29, pour celui d'Andecum- 
borius, Ir. Kumar = Kwnbar, yallis. 



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350 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

Ebor, Ebur, Ebru, non moins celtique (K. Ebri, passage, Hebrwng, 
conduire ; Ir. Ebar, boue, Ebrach, fangeux, Ebroh, fer, etc.), 
mais qui se retrouve, inddpendamment de TEspagne celtiM- 
rienne, chez les Germains, Eburones; en Lucaoie, Eburini; 
en Grfcce, Hebros, et jusqu'en Palestine, Hebron, etc. Voy. le 

n° 255. 

Mori de Moritasgus, Moridunum, Moricambe, etc. Voy. 187. 
Nant ou Nan, voy. le n° 198. 

351. Noi ou Noio, de Noiodunum, Noiomagus, ou Noeoma- 
gus, etc.; assimildparlesRomains a leur noms qu'ils modiflerent 
encore en Nivo; ils Scrivirent aussi Noviodunum, Novimagus ou 
Nivomagus, Novigentum, Noviregum, les Novantae, etc. — K. 
Newyd, Z. p. 154, ou Nowyd, id. p. 106 (rac. New, ce qui avance, 
ce qui sort); Ar. Nowid, Z. p. 107. Nevez, Ntoue; C. Nowyth, 
Z. p. 106; Neve; Ir. No, Nil, Z. p. 68, Nuis, Nuadh, E. id. et 
hodha, nouveau. — Tud. New, Neowe, Neu, id x . 

352. Roto ou Rod (qu'il ne faut pas confondre avec le Rho 
de Rhodanum, voy. 193), ou Rut, des Ruteni, de Rotomagus, 
Rodium, Rodumna, Rutupise, etc. Plusieurs sens se pr&senteraient 
dans nos idiomes modernes, mais nous sommes assures par 
d'anciennes chartes bretonnes que Rolon, le nom primitif du 
monastere de Redon, signifiait en Ar. un gu£*, auj. Rodo, ou 
Red; en K. Ril ou Ryt, Z. p. 103, et C. Rid, Z. p. 104 ; Ir. Rod, 
passage, route, O'D. — E. id. — Nous rencontrerons plus loin 
les finales Ritnm et Ratum, n° 376 ; la premiere n'est, a mon 
avis, qu'une variante de Roto. 

353. Sege, Sego, Segu ou Secu, de Segovax, Segonion, des 
Segusiavi, Segovellauni, Segobrigii, de Segedunum, Segobodium, 
Segustero, Secussio, etc.; et peut-etre encore de Sequani, 
Sequana, etc. L'initiale Sego se montre aussi dans plusieurs 
noms de 1'ancienne Espagne 2 . Elle peut remonter k trois 
sources distinctes, suivant qu'elle a servi a composer des noms 
d'hommes ou de locality : 1° K. Seg, sans ouverture, inacces- 

1. Voy. M. de Courson, Hi$t. d. pp. bret., i, p. 32G, n. 
9. Entre autre* celui de la principale ville des Celtiberes, Segobriga. Plin., 
in, 4. Je ne dis rien, pour le moment, du nom de Sigovesus. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 351 

sible; Segfa, ce qui est fermd, clos. — C. Ar. Ir. E — 

2°K. Seek; C. Seygh, Z. p. 104, auj. Sech; Ar. Scac'h, Sec'h; 
Ir. Sekk, Sechda;E. Seac, sec, aride. — 3° Ir. Segh, taureau sau- 
vage, buttle; Seigh, sorte de faucon; Seich, combat, attaque; 

Seighion, guerrier, champion ; Seacha, Seagha, rusd, habile. 

E. Sigh, s'dlancer, briser. — K. Ar — Tud. Sig, Seg, victoire. 

Moke assimile Segodunum au Siglun d'Odin ou ville de la vic- 
toire; Belg. anc, p. 37. 

354. Teut ou Teud, Tout, de Teutomatus, Ten talus (Sil. It., 
iv, 199, le Tuathal gaelique), de Toutiorix, surnom d'Apollon, 
des Teudobodiaci, de Teudorum, etc., auxquels je r^unis le nom 
galate de Duteutos, et celui de Tutela, dfesse ou plutot dieu 1 
particulierement gaulois, et different du Genius loci ou du Custos 
hominis qu'on nommait ainsi en latin. Cette initiale commune 
aux noms germaniques des Teutons, de Teutoburgium, Deudo- 
rix,etc, et quirappelle si vivementleDeutschallemand, apparte- 
nait done aux deux langues. — Tud. Deut, Teut, terre ou peuple. 
— K. Tut, Z. p. 118, et C. Tus ; Ar. Tud; Ir. Tuath, peuple ; E. 
population, canton. — K. Tud, Tuedd, region, contr^e. — Ir. E. 
Tuaith, territoire, seigneurie, etc. Voy. 281, Tooutious, et 393, 
Teutates; remarquez en outre sur les m6d. des S^quanes le mot 
Sequanotuos. — Tutela &ait done le pays ou le peuple m6me 
ddifi£, et e'est bien ce que ddmontrent le genre masc. (celui du 
radical K. Tud ou Tuedd) donn£ a ce terme, et les deux inscr. : 
Deo Tutelx, a Tarragone 1 , et Tulelx Aug. Ussupio labram Sil- 
vinus Scipionis f. anlistes D. (Henz., 5926); chaque dieu Tutela 
recevant le nom du territoire ou de la ville qu'il prot^geait, 
Tutela Vesunna, Tutela Ussupius 2 , etc. 

355. Tog, de Togodoumnos ou Togidumnus, de Togius, 
Togidius, Togirix, des Togienses et du fleuve Togisonus de la 
Cisalpine, etc. — Zeuss, p. 163, indique, pour cette initiale, le 
K. To, qui signifiait multitude, ou arm^e, terme qui avail perdu 

1. Voy. Orel., 2622; autre au 1698.— Deo Tulelce genio Mentesani, a Men- 
tesa (Morales, Antigued. de las ciudad. de Espafia, 1575, fol. 73, a). 

2. Pengueux, voy. D. Martin, Rel. d. Gaul., t. ii, p. 361. Ussubium, posi- 
tion encore incertaine entre Agen et Bordeaux. L'inscr. a 6i& trouvSe au Mas 
d'Age'nais. 



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352 ETHNOGENIE GAULOISE. 

son g final. Le K. actuel Tok ou Tauch n'a pas ou n'a dIus h 
memesens; il designe ce qui est au-dessus, ce qui s'&L ou 
setend par-dessus. - En Ir. Tog, c'est prendre; Toahe choh 
desir.etc. -E. Tog, enlever.- Stokes me paralt assezmai insS 
en voulant composer ces noms d'hommes avec 1'lr twJ! 1. 
stramen lit de paille (Irish glos., p. H 6 ). Aujourd'nu le 
chaume dont on couvre une maison; E. Tugh. 

-356. Ux plus particulierement Uxel, d'Uxela, Uxellodunum 
Uxantis etc noms auxquels s'adjoignent naturellement Jes' 
Ocellum des Alpeset de I'lle-Britannique. L'assiette de ces lux 
mdique le sens de leur nom : K, Uch, sur, z. p. 118 . Uche , ? 

T*m. C " VgM ' An WM - haut: en Ir ' e < E - "™<£ 

Verde Vercingetorix, Yeroductius, Vergasillaunus, des Vera- 
gn, de Verometum, etc., et qu'il ne faut pas confondre avecTe 
lev de Vergobretus, n» 3, non plus qu'avec le Vern deVerno! 
dubrum, Vernosele, voy n» 66, et le Ver de Vergivium (mare) 

li ~, Q T ,° nSmeS Ct qUatre acce P^ns differentes 
Voy. pour la plus ordinaire, Vernemetis, n° 156. 

357. Vind ou Vint, de Vindia, Vindalium,' Vindesca Vin- 

donissa, Vindomagus, Vindocladia, Vintemelium Vintir.m' *tr 

peut remonler a deux idees : 1» K. Gwyn, Gwm blanc- 

Givendon, peau blanche; Gwyndcr, blancheur ; Ar «W 

C. Gwyn; Ir. Finn, frdis Find, Z. p. 65. - E. Fionn blanT 

2o K. Gwynt, Z. p. 1 05 ; Ar. Gmnnt, G. Gwynz, vent. T^Zin7t 

elevation. - Ir. Guent, Z. ibid. auj. Gaoth; E. id ven t - Je 

eras ce mot tout a fait different du nom de Venta donne" a 

plusieurs villes de la Bretagne romaine, Ventia dans la Gaulo 

cls'ir b^dW ^ *. K ' GWmilh ' fr ° mem ' d ^ naDt en « 

zs^^sr^ ce teme signiQe enc ° re 

358. Viro (que je distingue ici de Vir et de Vim dans 
Viromagus, Virosidum, Viroviacum, etc., et dont Vise change 
parfois en ., comme dans Verodunum, peut aussi provenirie 

rJ\ CeM ~? T^ du K ' Gwr ' P 1 - Gw * r > hon "ne; Ir. Per o« Fear d1 
Fir; exemples Viromarus, Viromandui (etnon Veromaidui), ete. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 353 

deux ratines difterentes : 1° si Yi est long, K. et Ar. Gwir, pur, 
vrai, juste, K. Gwired, verity — C. Fir, prudent, sage. — Ir. 
Fir, Z. p. 65, et Fire, vrai, fidfele, juste, honn&te; E. Firinn, 
v&ite, justice, loyaut6. Fir, comme initiale, n'a quelquefois 
qu'une valeur intensitive, Z. p. 834. — 2° si Yi est bref, K. Gwyr, 
vigoureux, frais, vert; Gwyrdd, id. Gwyrddon, champ de ver- 
dure. — Ar. Giver, vert clair. — C. Gwirt, vert. — Ir. Guirme, 
verdure. — E. id. Dans M'Leod, couleur bleue. 

Parmi les initiales, quelques-unes sont mixtes, et se pr£sen- 
tent souvent au milieu ou a la fin des mots qu'elles servent a 
composer. Ce sont : 

359. Bod, que nous connaissons deja comme Element g£o- 
graphique de Bodincus, sans fond, et de Bodincomagus, n° 86, 
ne peut se rapporter a la m6me racine dans les noms propres, 
Boduognatus, Ateboduus, Bodiontici , Bodiocasses, Teutobo- 
diaci, etc. Zeuss en cite, p. 27, un assez grand nombre, gallois 
et bas-bretons, composes avec Bodu ou Bud. Les uns et les 
autres peuvent 6tre tir&s, soit : 1° du K. et Ar. Bud, Z. p. 118, 
prix, victoire ; C... ; en Ir. Bold, Z. ibid. Buaidh, Z. p. 27, et 
E. id. — Budicaul,Z.\>. 118; Buadach, O'D. victorieux, Buddy g, 
vainqueur, Budd, profit. — Ir. Butadh, E. Buidhin, profit, butin. 
— Boadicea, ou Boudicca, etc., nom d'une reine fameuse des 
anciens Bretons *. — Soit, 2° du K. Bodd, volont£, consentement; 

C. Bodh; K. Boddus, plaisant, agrdable. — Ar Ir. Buidhe, E. 

Buidheach, content, agreable. 

360. Briga ou Brica 2 (quelquefois Bria) qu'on a trop sou- 
vent confondu avec Briva a , est k la \6rit6 rSpandu sur la surface 



i . Cathbhudach, in bellis triumphator. — Vie du saint irl. Declan, vi e siecle, 
Boll., 24 juillet, par. 9. 

2. L'identitS de ces deux finales est prouvee par l'emploi qu'en ont indiflte- 
remment fait les Anciens. L'ltineraire d'Antonin donne par trois fois la var. 
Lacobrica pour Lacobriga, dont Pline nomme les habitants Lacobricenses de 
meme qu'il ecrit Arabricenses pour ceux d'Arabriga, Juliobrica pour la villa 
des Juliobrigenses (Inscr.), etc. Voy. au surplus, relativement a ces finales, 
Diomedes, liv. 2 e (collect. Putsch). • 

3. Cluvier, Germ, ant., i-7,Wachter, Du Cange, d'Anville, Not. d. Gaul. 
'— Werhsdorff, Galat.— Prichard, Research., etc. Petit-Radel a dt*finitivement 
r6fut$ l'erreur de ces savants dans ses Orig. his tor. des villes d'Espagne. 

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354 - ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

de toute TEurope ancienne, et peut avoir appartenu k plusieurs 
langues ; mais il se montre si frdquemment dans les Gaules et 
en Bretagne, et sa signification est si Svidente par rapport aux 
lieux &ev£s auxquels il est toujours attach^, qu'on ne peut pas 
douter qu'il soitle K. Brig (i bref), sommet d'une chose ; Bry, 
haut; lequel Sgale Brig, Z. p. 101; voy. sa p. 162, sur la dispa- 
rition du g celtique k la fin de certains mots; — Bre, C. et Ar. 
id., montagne; K. Brigant, Ar. Brigannt, montagnard, pillard, 
brigand. — It.' Bri, O'D. Bruighin, montagne, colline; Brug, 
place fortiftee ; Braigheach, montagnard ; — E. Braigh, sommet. 
De la, les Brigantes de l'lrlande, ceux de la Bretagne et^Ieur 
d&sse Brigantia (Henz. 5881), les Brigantii et les Brigiani des 
Alpes, les Bebryces des Pyr6n£es, les Latobrigi de la Suisse; les 
villes.de Brigantio, Brige, Arebrigium, Eburobriga, Baudo- 
brica, etc. On a pu voir, a propos des Allobroges, n° 75, que les 
anciensconfondaientvolontierscesdeux finales Brig et Brog ; ils 
disaient Latobrigi et Latobrogii, Ecobriga et Ecobrogis. Aussi 
G. de Humboldt, qui ne reconnaissait point le premier de ces 
termes pour ib&rique, p. 90, 143, quoique Tancienne Espagne 
soit la contr^e qui nous montre le plus grand nombre de noms 
terminus en briga 1 , l'assimilait-il comme celtique a Bro, lni 
donnant la meme signification, celle de pays, mais reslreinte au 
territoire d'une ville, et devenue par extension la ville elle-m§me. 
Gluck a eu raison, p. 130, de repousser cette assimilation; mais 
la dernifere interpretation qu'en d&luisait Humboldt est confir- 
mee par le nom de Brutobria en Espagne {Et. de Byz. v° Bpou- 
ToSpta) et par un texte, quoique altdr£, de Festus, au mot Laco- 
briga 1 . On comprend ais^ment que, les hauteurs servant de 
refuge dans les invasions de l'ennemi, leur nom, le K. Din, ou 
Tun, par ex., ainsi qu'on Fa vu n° 99, ait signifie par la 
suite un lieu fortifie, une ville \ Le Tud. va nous montrer une 

4. Pline nous montre, il est vrai, cette finale chez des peuples particuliere- 
ment celtiberes ou celtiques, Segobriga, Mirobriga, etc. Remarquez encore 
Nemetobriga, dont le premier element est essentiellement gaulois. 

2. Lacobrigse nomen compositum, a lacu et briga Hispanim oppido; lisez 
hispanice. 

3. M. Am. Thierry change cette consequence en affirmation ; Briga, en 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 355 

transition toute semblable. Le sens de ville est celui que 
Strabon donne expressement au Bria desThraces *, si rapproch^ 
de notre Briga qu'il paratt en Stre sorti. II est h remarquer, en 
effet : 1° que cette forme n'est pas (Strangle a notre Gaule, oil 
nous avions Magetobria, Sodobria, et ou Brigantio et Brigiosum 
sont devenus Briangon et Briou, etc. ; 2° que le pays de Mesem- 
bria s'appelait au temps d'Hdrodote, vu, 108, Briantica, et 
ant^rieurement Gallaica, noms qui semblent par leur reunion 
un retentissement lointain du premier s£jour des Galls et de$ 
Brigantes dans cette Thrace ou etaient restgs les Briges (Et. de 
Byz.), et ou nos Gaulois devaient revenir cent cinquante ans 
plus tard. Nous parlerons ailleurs des Phrygiens. 

Nous remarquerons seulement : 1° que le nom de Briges 
donn6 par Brutus aux goujats combattants de son arm£e 
(Plutarq. Brut. 15) venait probablement de ces Orientaux; — et 
en second lieu que la signification de ville ne pouvant gufere 
convenir a des noms propres portds par des Gaulois, tels que 
ceux de Brigios (numismat.), de Briganticus (dans Tacite), etc., 
ils cterivaient sans doute d'un autre radical, Tlr. Brig (i long) 
vaillance 2 , Z. p. 26; — K. Bri, autorit6, puissance, Z. p. 115. 
— H&ychius nous apprend, d'apr&s le roi Juba, que Briga avait 
le sens d'homme libre en lydien 3 , v° Bptye?. 

La ressemblance de Briga avec Tancien Tud. Bryga, Brygge, 
Brugge, en allem. actuel Bruche , a fait croire que cette fin. 
signifiait pont. C'Stait d'autant plus naturel que Briga me parait 
avoir quelquefois pris dans les manuscrits la place de Briva, a 
qui cette signification appartient rdellement, et que, si l'id^e 
de ville s'est facilement li6e k celle de hauteur comme lieu de 
refuge, elle a du tout aussi aisgment se joindre avec celle de 
pont. Au point de vue allemand, le Tud. Berg, Bierg ou Biarg, 
montagne, qui a donn6 le verbe Bergan, Birgan, Birigan, sau- 

langue galiique, ville fortifiee, dit-il, 1, p. 39, 3« 3d. Je n'ai vu cela nulle 
part. 

1. P. 265. Did. — Et. de Byz. id. v* Me<n}|i.6pia. 

2. Le biographe du saint irlandais Endeus, vi e siecle, dit que sa mere se 
nommait Brig, id est vigorosa vel virtuota. (Bolland., 21 mars, par. 1.) 

3. Et non en Thrace* comme l'a dit Adelung, Aelt. gesch., p. 285. 



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35$ ETHNOGfiNIE GAULOISE. * 

ver, mettre en sdretcS, et quise joint par les variantes angl.-sax. 
Berig, Byrg, etc., au Burg actuel, chateau, bourg, est tres-rap- 
prochS de Briga. On disaitdans les Alpes Byrigantum et Virgan- 
tia, aussi bien que Brigantia 1 . D'un autre cot£, Briga se montre 
sur nos cartes en des endroits ou il n'existait fort vraisem- 
blablement pas de pont du temps des Bomains, a Baudobrica ou 
fioppart sur le Bhin, Sodobria ou Sufevres sur Loire, etc.; — et 
«n&ne dans des situations ou il ne pouvait y en avoir (voy. 
Petit-Radel cit6 plus haut). Si Litanobriga est devenu Pont- 
Sainte-Maxence, ce qui n^tait pas Y opinion de D'Anville, il ne 
faut pas oublier que ce pont est au pied d'une haute colline, oil 
la ville fut probablement b&tie avant de descendre au bord de 
TQise ; ville ou simple forteresse, comme 6taient sans doute 
aussi dans le principe les Bibracte ou Bibrax, dont le nom 
remonte a la mSme source. Voy. 239 et inscr. vi, n. 

361. Briva (quelquefois aussi Brio), de Briva-Isarse ou Bri- 
Visara, plus tard Pons-Isarae (Pontoise), de Briva-Curretia, Bri- 
vodurum, Samarobriva ou Sommonobria dans Sigebert de 
Cemblours, an. 385, Durobrivae, Durocobrivae, compares h 
Duroli-pons, autre ville de la Bretagne insulaire, etc. G. de 
Humboldt a deja remarquS que ce terme ne se retrouvait, ni de 
rpr&s ni de loin, dans aucun idiome n^o-celtiq.; mais la com- 
position des noms de villes ou il est joint a ceux des deux 
riyi6res de l'Oise et de la Corr&ze, et le remplacement de ce 
terme par le Pons latin 2 , ne laissaient aucun doute sur sa signi- 
fication, quoique Mone l'ait niee pour lui attribuer celle de lieu 
ou ville 61ev6e, K.Bre ou Bri-ma {Gall.Spr.,?. 92).— Gall. Briva, 
pons, dit tout simplement Zeuss, p. 758; et le Glossaire d'En- 
dUcher a dSfinitivement tranche la question dans ce sens ; voy. 
Brio, n° 195. Briva subit en effet la m£me syncope que Briga, 
comme on le voit-dans Brivodurum, devenu Briodurum, Briare, 
ct cette nouvelle forme continua de se combiner avec des noms 
de rivi&res, Briouera ou Briva Vera sur la Vire, Saint-L6; 

1. Nous voy ons dememe dans la Cisalpine Bergomum, et le dieuBergimus 
4 Bresce. 

2. Je citerais encore Pons-Audomari s'il £tait plus certain qu'il soit un de 
cos Brivodurum, que Walckenaer place a un autre Pont, a Pont-Autou. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. Ztt 

Carobria sur le Cher, Chabris, etc.; voy. Valois, Not. GalL 

362. Brogi ou Broc, de Brogitarus, Antebrogius, Andebro- 
cirix, de Brocomagus, etc.; voy. Allobroges, au n° 79; mais il 
est peu probable que cet Element ait dans tous ces noms, notam- 
ment celui de Brocomagus, le sens de pays'ou de contrge, et j'obr 
serve que dans ncs six idiomes celtiques Broh ou Brokh signifies 
un blaireau. 

363. Camb des Cambolectri, de la dSesse Cambona et d& 
Mercure Canjbus , de Cambonum (Inscr.), Cambodunum, Mori- 
cambe, etc.; — parfois gcrit avec un p par confusion avecte 
campus latin dont il faut bien le distinguer. — K. Kamm ei* 
Karnb, Z. p. 75 et 132, courbe; C. Kam; Ir. E. et M. id.; Ar» 
Kamm. Observez, pour les noms d'individus, que Kam signifie 
aussi en Ir. fort, puissant ; — et en G. un homme aux yeax 
louches, suivant Williams. 

36ft. Cant, du Cantium, de Cantilla, Cantobenna (Gr6g„ 
deT.), Avicantus, etc., et qu'il ne faufpas confondre avec leK. 
Kant, cent ou cercle ; — signifiait blanc en K. voy. Z. p. 825; 
auj. Kan, C. et Ir. id. Ar. Kann ; E. Kain; M. Bane. L'Ir. dit 
aussi Ban, d'apr^s le changement normal du c en b. — Le Cm* 
Hum latin (auj. le comtg de Kent) est done synonyme du nom 
celtique d' Albion, voy. le n° 70. 

365. Cassi ou Casses, de Cassivellaunus, Cassignatus, 
des Cassii, Bajocasses, Durocasses, Tricasses ou Tricassini, etc., 
n'est caracteristique que comme finale, puisque le Grec nous 
offre des noms commengant par Kass, et que celui des Cassite- 
rides, ces Iles-Britanniques fameuses par leur gtain, remontait, 
d'apres une gtymologie d'Avienus, au Mont Cassius 1 de TEspagne 
m&idionale, Or. mar,, 260. II est peu probable qu'il soit d'ori* 
gine celtique, ce serait plus supposable du Lat. Stannum; K- 
Ystaen, Ar. G. Stean; Ir. Stan; E. Staoin; M. Stainney; ce m£tal 
ne pouvant gufcre avoir perdu son nom dans le pays m£me qui 
le produisait, pour en prendre un etranger. Nous avons pour 
Cassi ou Cases, nom que portfcrent aussi des divinit^s gauloises 

1. Je n'ai pas trouve* de rapport dans le Basque entre ce nom et celui 4b 
retain qui s'y dit Esteinua. Mais dans le Sk. retain se nomme Kastira*- . 



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353 ETHNOGtiNIE GAULOISE. 

{Diis Cassibus, Orel., 1979; Hefner, 119 et 120), 1° Plr. Kath, 
tribu, descendant, convenable pour le sens, moins peut-6tre 
pour Toreille, quoiqu'on Use le nom des Veliocassi <§crit avec un 
6 grec sur une m&laille dont nous avons parte, Inscr. xvir. Ce 
nom que Gluck renon^ait a expliquer signifie peut-6tre tout 

simplement les descendants de Velios. — E. K. C. et Ar — 

2° le K. Kas, 6tat de separation ou de haine ; lieu fortifie ; — ou 
bien, d'aprfcs Zeuss (pour Cassivellaunus, p. 97), le verbe £m- 
siaw-Kassiaw, chercher, du radical Keis, recherche, attaque, 
auquel le Maitre rattache Tid^e de chasse, Kas, p. 1 095. — Ar. 
Kas, inimitie et rapiditd ; — Ir. E. vif, rapide, emporttf; Ir. 
Kassal, tempete; Kasgar, destructeur; E. Kasgair, massacre. — 
Cassinomagus et Cassinogilum doivent avoir une autre origine ; 
ils rappellent a la fois le Casnar de Quintilien (voy. le n° 42), 
et le latin du moyen age Casnus, chGne, certainement celtique ; 

— Ir. Kasnaidh, bois fendu; M. Kassan, petit bois? — G. Kos, 
forSt; Ar. Kos, Koat; — K. Koed, id. Koeden, un arbre;Ar. 
Gwezen, arbre. 

366. Dumn ou Dubn, de Verjugodumnus, Dumnacus, Dum- 
norix (Dubnorex, numism.), Togodoumnos, Dumnotonus, Dum- 
nissus, et peut-etre des Damnii, Damnonii ou Dumnonii, ainsi 
que des Ostidamnii, etc. — Plusieurs analogues : K. Dwvyn, 
auj. Dwfn, profond, rus£, grand; Damnodi, proteger. — Ar. Don 
ou Doun; C. Down, profond^ haut; — Ir. et E. Domhain, pro- 
fond ; Ir. Domnu, Z. p. 272, profondeur ; Dub, Z. p. 17, couleur 
noire ; — Ir. et E. Dubh; K. et Ar. Du, Z. ibid.; G. Duv, noir. 

— Dubh en Ir. veut encore dire : grand, prodigieux, et entre, 
ainsi que Dumn, dans la composition des mols avec une valeur 
intensitive, Gluck, p. 73. Voy. le complement de la 3 e section, 
Dumnorix. 

Dunum, voy. Dounos, n° 99. 

367. Dubrum, Dur ou Duro, de Duranius, Vernodubrum, 
Durovernum, etc., qu'on a longtemps confondu avec: — 368, 

. Duro, Durum ou Durus , de Duro-Catalaunum, Divodurum, 
Octodurus, Augustodurus, etc. — en est cependant tres-£loign6 
pour le sens et mSme par sa forme primitive. II derive de Tancien 
K. Dobr ou Dubr, Dwfr, etc. Z. p. 160, auj. contract^ en Duor, 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 359 

eau; C. Lower, Lour ou Lur, et Ar. Lour, Z. p. 163. — Ir. 
Lobur (Corm.) ou Lobhar, auj. Lur; E. id. et Lobhair 1 ; — 
M. Loour, digue et reservoir. — De Lwfr, dit encore Zeuss, 
le bas-latin Lovra, mare, eau stagnante, en vieux franqais 
Louvre, ce qui ferait croire quel'ancien nomdu Douvresang\a\s, 
Lubrx ou Lubris, vient de la mfime source. On se tromperait 
peut-6tre, car il remonterait aussi bien au gaelique Lubhras, 
sombre foret (racine Lubh, noir, cit£ au numdro pr6c£dent). — 
Quoi qu'il en soit, il est certain que Yernodubrwm (voy. le n° 66) 
signifiait la Riviere des aulnes; telle 6tait aussi, pensait-on, la 
signification de Lurovernum, nom pour lequel M. de Jubainville 
semble indiquer plut6t celle de Fort des aulnes 1 . — Nous avions, 
en effet, d£ja remarquS dans notre l re Edition que Luro, Lurum 
ou Lurus ne pouvait avoir le m6me sens dans des composes tels 
qu'Augustodurus, par exemple, et qu'on devait leur attribuer 
celui de fort ou de chateau. Zeuss n'h&site pas a faire, p. 30, de 
Durum un synonyme de Dunum, et le rattache k Tlr. Lur, expli- 
qu£ dans O'Reilly par une ancienne glose : Luingean, ferme, 
solide ; E. id. — Ir. Luras, habitation. — En K. Lur, Ar. Lir est 
Tacier; Luraw, durcir; Lir, solide, certain. — Ainsi Brivodu- 
rum et Lwobriva ne signifient pas le Pont de la riviere, mais 
la Forteresse du pont. 

Essedum, voy. ce mot, 75. 

369. Inc, qu'on rencontre si fWquemment dans les noms 
gaulois Aquincus, Pervincus, Abrincatui, Ingena, leur capitale, 
Incarus, Vapincum, Lemincum, etc., ne peut avoir partout, et 
surtout pour les peuples ou les individus, le m6me sens que 
dans Bodincus, n° 86. Zeuss rSunit k cette finale, p. 774, celles 
en arte, em et uric, mais pour la forme et non pour le sens, car 
le K. Ang et Eng, ample, signifient justement le contraire d'Ing, 
dtroit, qui se dit en Ar. Ennk; Ir. Ing (O'R. une langue de 
terre) ; Kubhaing, E. Kumhann, 6troit. 

370. Hag, de Magus (numism.), Magunus, Magiorix (inscr.), 

1. En Basque Ithurri, source, fontaine, l'Adour? etc., mais le nomdu 
DouroouDuero d'Espagne (Durius) est bien celtique. 

2. Rev. archeol., avril 1867, p. 273, ou il releve l'erreur de M. Houze sur 
le nom pre'tendu celtique de l'Adour. 



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360 ETHNOGtiNIE GAULOISE. 

de Magiovinium, Magetobria, Augustomagus, Caesaromagus, etc., 
ne peut gufcre avoir dans les noms d'individus ou de peuples, — 
les Vacomagi,— le sens de plaine ou de champ qu'on lui attribue 
g6n£ralement d'aprSs Bfede * et l'lr. Mag, Z. p. 5 ; E. id. — 
Cette interpretation est en outre incompatible avec la position 
d'Argentomagus, Argenton, de Caturigomagus (Ghorges chez les 
Caturiges, montagnards des Hautes-Alpes), des Noviomagus, 
Noyon, Senlis, Nimfcgue, etc. J'ajouterais : avec le sens qui en 
r&sulterait pour le nom de Bromagus (voy. Brogae, 79), si cette 
leqon 6tait parfaitement certaine. II faut done admettre au moins 
deux significations diff&rentes, la premiere pour les personnes, 
de Tlr. et E. Mak, fils, O'D. en Tud. Magus, K. Mdb ou Map 
(P = K). — C. Mab. — K. Magu, C. Maga, nourrir. — K. Mael 
pour Magel, Z. p. 121 , enfant, serviteur, dont il tirait Ja finale 
personnelle magulus (Taximagulus de C6sar, Vidimaclus de Gr6g. 
de Tours, etc.). Conf. Gluck, p. 51. — Ar. Map, ills, L. etc.; Maga, 
nourrir; — 2° pour certaines villes du moins , le K. Ma, Mag&n, 
place, lieu (Ma M ouric, locus Mauritii, Z. p. 96) ; Maes = Mages, 
Z. p. 5; G. id., plaine, champ. — Magwyr, enceinte, rempart, 
maison.— Ar. Moger, un mur; Mog, feu, le foyer de la famille, 
maison 2 . — Ir. et E. Mag, champ ; Ir. Magen, Maighean, lieu, 
endroit. — Ajoutons que plusieurs Novimagus ou Noviomagus se 
nomment aujourd'hui Neufch&teau, Netiville, Gastelnau, etc. Le 
faux Berose donnait a Magus le sens de Domificator. 

371. Hand, de Mandubratius, des Mandubii, de Manduus, 
Manduessedum, Epomanduodurum , Cartismandua , des Yiro- 
mandui, etc. — et 372, Mant, de Mantala, des Mantua d'ltalie 
et d'Espagne, de Petromantalum, Catamantaloedis, etc., sont 
difficiles a distinguer nettement Tun de l'autre, et comportent 
trois ou quatre interpretations difiterentes. Gliick rattache le 

1. Hist. Eccl. Angl., hi, 4. In Hibernia, .... Dearmach lingua Scottorum, 
hoc est campus roborum. Voy. pour les Bolland., Zeuss, Gr., p. 5, etc. Ajou- 
tez-y, d'apres la vie du saict irl. Endeus (21 mars, par. 10), Magh Liffei, la 
plaine du fleuve Liffe. 

2. Ce sens est peut-etre confirms par le Magalia de Virgile, quoique Placide 
tire ce termedu punique Mager, Villa (Gloss., supptem. au t, vi des Classic, 
auctor. de Mai). 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 361 

nom de Catamantaloedis a 1'ancien K. Montol 1 , Z. p. 1080, 
balance, auj. Mantawl; et le traduit par equitable, juste. II n'a 
trouv£, dit-il, p. 134, ni en Ir., ni dans le K., rien qui puisse 
r^pondre a Mand. Mais Pictet a relevd dans le vieux Glossaire 
d'O'Davoren, public par Stokes, le mot Mann ou Mand donnd 
comme synonyme d'Imat, etqui signifiait jnultitude, abondance, 
richesse a . II interprele done Epomanduus par riche en chevaux, 
et Epomanduodurum par le chateau d'Epomanduus, sens tr&s- 
plausible, mais pour lequel il faut accepter un g£n. sing, en o, 
que nous n'avons encore rencontrd nulle part 3 . — Les deux 
rapprochements de Gliick et de Pictet ne suffisen t pas pour expli- 
quer les noms de locality dans lesquels Mant est entr6 comme 
un element. Nous l'avions rapportS et le rapportons de nouveau, 
premi&rement en K. Bant (B = M), haut, £lev£; Tirbant, le haul 
pays, sens qui convient a la situation de plusieurs des villes que 
nousavons nominees ; — et en seconde ligne, comme possible, 
au K. Mando, toit fait en tuiles ou en pierres plates. Nous ajou- 
terons que Mant meme signifie dans cet idiome ce qui enferme 
ou clot bien (SK. Mandala, un cercle).— C... — Ar. Mann, lieu, 
place ; — et que le Petromantalum ou mantulum de l'ltin. d'An- 
tonin est nomm£ Pelroviaco sur la carte de Peutinger, change- 
ment qui nous indique peut-etre un synonyme de Mantalum. 

373. Neha, nom d'une d^esse particuli&re (ou abr^viation 
de Nehalennia, voy. le n° 409), termine un grand nombre d'epi- 
thfctesf&ninines donn^es aux deesses Maires (voy. Ie n° 405), et 
qu'on peut croire, d'apr&s leur 6tranget6, toutes topiques, e'est- 
k-dire tirees du nom des lieux ou ces divinit^s protectrices 
6taient ador^es, comme les Veteranehae de Vetera castra 4 , Ama- 



i. Sic; probablement une faute dlmpression ; il y a Mantol dans le Die- 
tionn. de J. Davies. 

2. Pictect, Rev. arcMol. ferrier 1865, p. 115. — Stokes, Irish glossar., 
p. 105. 

3. Stokes en cite, d'apres le docteur Grave, un exemple dans l'lr. oghami- 
que,7ris/i gloss., p. 159. Gliick n'attache aucune importance a cette sufcstitu- 
tion de To a l't dans les composes, p. 61. 

4. Cette Stymologie me semble evidente d'apres Pinscr. 5941 de Henzen, 
trouvee a Tolbiac. Conf, Steiner, Dan, et Rhen., 1234 et suiv. * 



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362 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

nehae, Asericinehae, ou Acemehae?Axsinginehae,Hamanehae (pour 
Hamavebae), Maviatinehae, Romonehae, Vacallinehae, etc. Toute- 
fois Mahlinehae que nous avons vu, App. bb, doit faire excep- 
tion. Elles ne sont connues que par des inscriptions trouvdes 
sur les bords du Rhin ou dans les Pays-Bas. K. Nef, del, Naf, 
crSateur, Neifion, dieuceltique de la mer, suivant Owen. — Ar. 
Nef, Ir. E. Neamh, ciel. Neha se rapportait done h Vid6e d'une 
puissance celeste. C'dtait Topinion de Zeuss, p. 57. Cependant 
Mone n'attacbe a ce mot que Tid^e de femme, Ir. Nae (Celt. F. 
234 et246). Keysler, remontant auTud. Aha, eau, rivi&re, en ten- 
dait par ce nom des divinit^s aquatiques (Antiq. Septentr. et celt. 
1720, p. 263). Pougens * et J. Grimm repoussent cette assimila- 
tion, et Wachter, partant du Tud. Neh ou Nahe, proche, voyait 
dans ces divinitSs les Proxumx de la Gaule Narbonnaise ; inter- 
pretation reprise par Kunssberg, p. 309. 

Nemeto ou Nernelum, de Nemetocenna, Augustonemetum, etc.; 
voy. Nemetis, 157. m 

37i. Nerto ou Nertus, de Nertomarus, Esunertus, Cobner- 
tus, etc. ; Nertobriga en Espagne. Mot qui se retrouve dans tout 
le Celtique moderne avec les sens de valeur, force, puissance, 
K. et C. Nerth, Z. p. 99 et 100; Ar. Nerz\ Z. p. 100 ; Ir. Nert, 
Z. p. 12, et E. Nearl. 

375. Rico ou Rigo, Rigon, ou rigium, de Ricomagus, Rigo- 
dulum, Rigodounon, Dariorigon, Egorigium, etc. Zeuss, p. 25, 
semble ramener ces noms g^ographiques au meme radical que 
la finale Rix, chef ou roi. Je pense qu'il pourrait bien s'Stre 
trompd, et que plusieurs comporteraient plutot des interpretations 
tirees entre autres des travaux de la terre ou de ses produits. — 
K. Rhyg, seigle ; Rhich, Rhych, foss£, sillon ; Rhig, rivage dans 
Baxter. — Ar. Rega, fouir la terre. — Ir. Reigh, plaine. — E. 
Reidh, id. Voy. au n° 387, Rix. 

Rita ou Ritum, de Ritumagus, Anderitum, Augustoritum, etc., 
me parait une simple variante de Roto, n° 352. II en est de 

1. Mem. Acad. Celt., i er . Je n'ai retrouve" nulle part la Nia ou Cer6s polo- 
naise de Keysler, dont Karamsiu fait le Pluton des Slaves. 

2. Voy. la note sur la prononciation du mot Bardus, 47. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 363 

m£me pour Tinitiale Ratu, dans le nom de Rotomagus ou Ratu- 
macos (numism.), mais non pour la finale : 376, Ratum d'Argen- 
toratum (Stra sbourg),etc.,qui doit avoir, pense-je,signifid un fort 
comrae le burg allemand, Ir. Raih (voy. n° 294); — en K. une 
colline a pente douce, un sommet uni. 

377. Tasc ou Tasg, et Tax, de Tasgius ' Tasgetius, Taxima- 
gulus, Moristasgus, des Tasconi, de Tasciaca, Taxgaetium, etc., 
nous rappelle le Taskos galate du n° 111, qui peut convenir a 
une enceinte fortifi^e avec des pieux. Nous avons en outre le K. 
Tasg, ouvrage, tache, tribut; Tasgu, imposer une tache, une 
contribution; Tasgiad, celui qui l'impose. — Ar. Tas, taxe, 
taux. — Ir. Tasgadh; E. Tasg, ouvrage; Ir. Tasgaire, esclave, 
serviteur; Taschide et Toisc, Z. p. 73, n^cessaire; Tasgid, Z. 
p. 71, aliments. L'Ir. offre de plus : Tasg, rumeurs, renommSe; 
Tasgamhuil, c6\bbre. 

378. Vellauu ou Velaun, de Cassivellaunus, Bellaunus du 
Monument d'Ancyre, des Velauni, de Vellaunodunum, etc., pour- 
rait bien 6tre lui-m6me un compost de Vel qui se montre au 
commencement des noms de Vellocatus, des Vellavii (autre nom 
des Vellauni), des Vellates, Vellocasses ou Veliocassi (et Bello- 
cassi, etc.), VeIiboroi,Vela(odurum, etc.; — et de Laun qui ter- 
mine entre autres ceux de Vergasillaunus ou Vercassivellaunus, 
Catalauni, Orolaunum, Alauna. Je n'ai point trouv£ d'analogue a 
Yellaun m£me, si ce n'est Y6\6ment qui domine dans les noms 
propres gallois et armoricains de Caswallawn, Riguallaun, ou 
Riwallon, Indguallon, etc. En ddcomposant le mot ancien, nous 
avons pour Vel, dans les noms d'hommes, celui d'Huwel, Hoel, 
Higuel, Z. le grand l^gislateur gallois ; puis le K. C. et Ar. Gwel 
ou Guell, Z. p. 306, en composition, Guallon, id. p. 824, meil- 
leur; K. Ffel, subtil, habile; Ir. E.... — Ou bien K. Ar. Bel, 
combat, devastation ; Ir. Fel, lutte, d£bat. — Et comme position 
de lieux, l'Ar. Huel ou Uc'hel, Uhel, haut, ou bien Gwel, vue, 
auquel se rattachent l'lr. et PE. Suil, ceil. 

Launum, — qu'il est possible en certains cas d'identifier 
avec Lanum, n° 236, — peut se rapporter, d'une part au K. 
Llawen, Z. p. 123; C. et Ar, Lowen, Z. p. 124, auj. TAr. Laouen, 
joyeux, agrdable. — Ir. Lon, lumtere, 6clat; Loinneach, E. id., 



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364 ETHNOGtiNIE GAULOISE. 

joyeux, elegant; — et de l'autre, au K. Llawn, Z. p. HO, C. 
Len, et Ar. Leun, Z. p. 112 ; Ir. Lan, Z. p. 110 ; et E. id. plein. 
Passons aux finales absolues : 

379. Acus, que nous avons d<*ja vu, dans les noms de iieux, 
r^pondre aux iddes de propria, n° 238, et d'eau, n° 241 , repa- 
rait encore dans beaucoup de noms personnels, Divitiacus, 
Dumnacus, Caractacus, Galgacus, etc. — K. Ach, Z. p. 80, gene- 
ration, souche, rejeton ; G. id. Z. p. 1104, posterite', enfants; Ar. 
Ac'h, race, gen<§alogie. — Ir. Aichme, descendance, race, Z. 
p. 80 ; Ir. et E. Ach, suffixe palronymique, Brianach, Donul- 
lach, descendant de Brian, de Donull ou Donald 1 ; Ir. Aike, 
famille, tribu; E. proximity — Zeuss, p. 772, et Gluck, p. 80 et 
suiv., rattachent une partie de ces noms propres a une finale 
tongue, dc ou tec (en K. actuel awg et iawg), a lagueiie ie second 
de ces Celtistes attribue un sens de consuetude ou de propriety 
non materielle, comme dans Bodiacus, victorieux, ou Vlrland. 
Glorach, glorieux*. Zeuss n'en parle point, et remarque seule- 
ment, sans y attacher d'importance, les variations de quantite de 
Va d'acus, tanl6t long, p. 18, tantot bref, p. 20, 773 et 813. 
Voy. a ce sujet le n° 393. 

380. Bogi, de Vercumbogius, Adbogius, Setubogius (DeWal), 
du galate Adobogion , etc., et mSme des Tolistoboii que Pline 
et les Grecs nomment Tolistobogii, ce qui implique un rapport 
Stroit enlre Bogii et Boii, le nom c<§lebre des Boiens. Celui ci 
remonte naturellement au K. Bw, objet menagant, terrible ;&>, 
Bwg, C. Bukka, dpouvantail, fant6me ; Ar.... — h\ Bokan et 
Puka, fantome, esprit (lePuck de Shakespeare) ; Bogher, menace, 
ou bien Bogha, arc,; E. id. Le Bo, ou Bw, K. n'est-il pas encore 
proche parent du L. Boas, serpent, et raeme de Boia, carcan, 
instrument de torture? Henzen nous donne en Italie un dieu 
Bocius, 5827;Bugius a Tarquinpol, 5882. Voy. Beaulieu, Archeol. 
lorraine, i er , p. 16. 

1. ODonovan ; Ahlwardt, Gramm. gael. 

2. Cette distinction entre les noms d'hommes en acus n'est pas applicable 
aux noms de lieux, et ce n'est par consequent pas la meme que M. J. Quiche- 
rat croyait reconnaitre entre acum et iacum; voy. le n° 238. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 365 

381. Bona, d'Augustobona, Juliobona, Bonna? etc. 1 Ce mot 
qu'Adelung interpr&ait source, ou embouchure (Mithr. T e 2), 
avait au moyen age le sens de borne ou de limite, d'apres le 
chroniqueur du xi e Steele, Raoul Glaber, it, 10, et plusieurs 
documents cit&s par Du Cange et Valois (Not. Gall, Juliobona). 
C'etait conforme a l'Ar. Bonn, mais je ne pense pas que telle fut 
la signification primitive. Qu'auraient signify, sous la domina- 
tion romaine, ces noms de limites d'Auguste ou de Jules? Les 
autres idiomes ont conserve soit le sens de fondation, Ir. et E. 
Bonn ; K. Bonad ; ou de base, de fondement, K. Bon; Ir. Bun; — 
Bunait, habitation; — soit celui de terre, domaine, Bonn, Z. 
p. 1123, ou Fonn, p. 95, en Ir. et E. — M. Bon'dagh, un serf. — 
Rien dans le G. 

Adelung a £galement donn6 a la finale Gilum, qu'on ren- 
contre quelquefois parmi les noms de la Gaule franke, Argento- 
gilum, Vernogilum, etc., deux significations celtiques differentes, 
forSt d'abord, puis maison 2 , que j'ai, Tune et l'autre, aussi 
vainement cherchSes que celle dont il gratifiait Bona 3 . Je n'en 
parle ici que pour r&ablir le sens de cette finale, dont je ne 
me rappelle aucun exemple dans la gdographie gallo-romaine. 
Gil en Ir. signifie eau; E. id. (Armstr.). — M. Geill, source jail- 
lissante. — C. Gy, ruisseau. — K. Gel, disposition a suinter, a 
couler ; Gsle, ruisseau lent. — Ar.... — Mone en fait driver le 
nom gaulois de Gelduba ; celui de Nantogilum (Voy. Nant, 198), 
se refuserait peut-6tre a ces rapprochements. Le Celtiste allemand 
cite encore une autre terminaison du mSme temps, Olium, a 
laquelle un passage de la vie de S. Agile donnerait, pense-t-il, 
un sens d'appartenance ou de propri&S 4 . Ce terme , simple 
contraction d'Ogilum, nous ramfcne done vers celui d'habitation 
que poss^dait aussi le C. Gy. 

1. II ne m'a point paru certain que ce fut le m'eme mot que Pinitiale Bon 
des Bononia de notre Gaule, d'ltalie, de Pannonie et de Moesie. 
* 2. Mithrid., t. ii, p. 50 et 60. — Gil, petite habitation, suivant Schoepflin, 
Alsat. ill. t. i er , p. 57. 

3. Zeuss, p. 1123, cite l'ancien K. Bonedd, fons, qui m'avait echappe\ 

4. Ch. 14 : Rado monasterium sedificavit quod ex suo nomine Radolium 
nominavit (Act. SS. Ben., t. n). Voy. Mone, Gall. Spr., p. 36, 188. 



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366 ETHNOGtiNlE GAULOISE. 

M. Houz6, que nous avons cit6, regarde, p. 5 et suiv., Ogilus, 
Oilus et Olium comme de simples diminutifs. II fonde son opi- 
nion, p. Z|3, sur un texte d'Anselme, ^crivain liegeois dir 
xi e si&cle, rapport^ par Grandgagnage dans son Memo ire sur les 
noms de lieux de laBelgique, p. 68. II y est dit qu'une petite pro- 
pria voisine de Lovanium (Louvain) dut a ce voisinage son nom 
de Loviniol, c'est-i-dire petit Louvain, diminutivum ex suo 
nomine. Mais ce diminutif peut Stre simplement latin comme 
Filiolus, Simiolus, Ferreolus, etc., et n'exclut pas absolument 
pour d'autres locality 1 le sens d'habitation. 

382. Cnos, fils, signification definitivement confirmde par 
le monument bilingue de Todi (voy. ci-dessus les inscr. vi, xv 
et xvi). K. actuel, Kenaw, enfant, fils; Kenau ou Knyw, le petit 
d'un animal quelconque, etc. — Cnos n'est done point a notre 
avis un simple sufiixe, mais un veritable substantia synonyme de 
Gnabat et de Nate qui pr&fedent, et dans certains cas de Gnatus 
qui suit. Nous avions pens6 que Teuphonie latine avait donne a 
cette finale un peu rude la forme adoucie et famili&re aux oreilles 
romaines de genus (Camulogenus par exemple, pour Camulocnos). 
Telle n'est pas Topinion de Pictet, qui veut que Genus soit un 
terme aussi gaulois que Cnos, et qui cite en preuve (premier 
Essai, p. 40) un grand nombre de noms propres irlandais, gal- 
lois et armoricains terminus en gen, d'apres l'lr. Gein, posterity, 
ou le K. Geni, naitre; SK. Gan, engendrer. La preuve parait en 
effet concluante ; j'observe cependant que ces noms sont pour 
la plupart, sinon tous, d'une £poque posterieure a la diffusion 
de la langue latine dans la Gaule, en Bretagne et dans Tlrlande 
de S. Patrice, et qu'il serait vraiment singulier que les Gaulois 
eussent employ^ h la fois quatre suffixes patronymiques, acus, 
gnatus, genus et cnos a , dont le dernier ne se rencontre dans au- 
cun auteur grec ou romain. — Quant au change ment du c en g 
dont la supposition relativement a cnos et a genus avait valu a 



1. Nantogilum entre autres, nom qui peut difficilement signifier un dimi- 
nutif de ravin ou de ruisseau. 

2. 11 existaitmemedansrir.Otoacnus, Beracnus. (Stokes-, Beitr.j n,p. Ill, 
et Zeuss, p. 1137.) 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 367 

J. Becker un si grossier ereintement de la part de son aimable 
compatriote, M. Gliick, celui-ci n'avait pas moins tort pour le 
fond que dans la forme. Premi&rement, n'a-t-il pas Iui-m£me 
posd en fait, p. 56, n° 1, que le g se montre souvent, haufig, 
dans Tlrlandais pour le ch=C? Admettons d'une manure ou (Tune 
autre que ce ne soit chez le subtil philologue qu'une contradic- 
tion apparente, Pictet n'a-t-il pas,ifoU, sans en appeler aux pre- 
cedes habituels de l'euphonie latine, relevd, non-seulement dans 
l^pigraphie gallo-romaine, mais dans les anciens documents n&> 
celtiques, un grand nombre de noms propres dcrits tantdt avec 
un c, tant6t avec un g? J'y remarque pr&ns&nent parmi ceux 
de la premiere cat^gorie notre Cintugnatus et sa variante Cin- 
tucnatus 1 ; puis dans la*seconde Concen et Congen, Wrken et 
Wrgen 1 , etc. Ce critique si exigeant, M. Gluck, ignorait-il done 
que dans les textes les plus anciens le radical gan ou gen se 
montre aussi sous la forme Cen*, et qu'une partie de ses d&*iv6s 
se rattache a cette variante, Tlr. Kenel par exemple, Z. p. 23, 
race; et le K. Kenaw cit6 plus haut? N'avait-il pas vu dans ses 
auteurs latins Gneus &rit quelquefois pour Cneus et Gaius pour 
Caius ? Et pour revenir a notre Cnos-gcnus ? l'lr. et l'E. ne disent- 
ils pas encore Kineal et Gineal, enfant, post<§rit£; Kno* et Gno\ 
illustre, etc.? — Arr6tons-nous un moment a ce dernier. C'est a 
lui, pensons-nous, qu'il faut rapporter la finaledu nom deTaranu- 
cnus. Ce dieu britannique, voy. le n° 394, assimite a Jupiter, ne 
peut gufere avoir 6t6 le fils de Taranis ou du tonnerre, mais bien 
Taranis lui-m6me avec ce suffixe amplicatif Kno\ illustre, excel- 
lent, dont nous venons de parler. Je crois done qu'il faut, pro- 
visoirement du moins, distinguer le Cnos gaulois du — 382 bis, 
Cms breton. Quant au nom dun cap d'Hibernie, Ouenniknion, 
dont un peuple voisin, les Ouenniknioi, avait sans doute pris le 
sien (Ptol.n-2 et 3), sa dernifcre syllabe se rattache naturellement 
h l'lr. Knok, O'D.; K. Knykyn, colline, Eminence; Ar. Kneac y h. 



1. Voy. le recueil de Steiner, n os 1624, 1449 et 1484, et ci-desius, notre 
n° 202. Gluck, p. 60, s'inscrit naturellement en faux contre le c. 

2. Lib. Landav., 143 et 197; Chartul. Rhed., i, & et 24. 

3. Pictet, ibid. Conf. Zeuss, p, xxxvi. 



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368 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

383. Gnatus et Gnata, dont il faut distinguer les deux signi- 
fications. — Nous n'avions point trouv£, et Zeuss ni Diefenbach 
ne connaissaient avec le sens de fils, disions-nous il y a douze 
ans, le Gnat ou Nat gaelique de M. Am. Thierry. Le Glossaire 
d'Endlicher a justify sa supposition, voy. le n° 202. Mais nous 
gtions <\&'}h certain que cette finale commune a beaucoup de noms 
gaulois ne venait point du lat. natus, puisqu'elle se montre en 
Europe et en Asie ant^rieurement a la conqu£te romaine, Crito- 
gnatus, Boduognatus, les galates Carsignatos, Eposognatus, etc. 
Zeuss n'y voyait, p. 19 et 31, que l'ancien Ir. Gnath, ou Gmd, 
habitu£, auj. Gnathach; Ir. et E. actuels Gnath, habitude; K. 
Gnawd, jadis Gnaut. Ce sens est effectivement tr&s-probable pour 
quelques noms tels que Boduognatus, qui aurait signifl6 : habi- 
tu6 a la victoire, voy. les n 08 359 et 202. Mais quoique Gnatus et 
Gnatius forment seuls, ainsi que Zeuss l'a remarquS, des noms 
particuliers dans Steiner (Inscr. 200 et 203), nous savons main- 
tenant que le premier de ces mots,employd comme suffixe, indi- 
quait dans d'autres cas filiation ou post£rit£, de m6me que le 
Gnabat du n° 165. C'est done pour sa signification Sventuelle 
d'habilue que Gnatus prend ici un n° particulier; celle de fils Je 
renvoyant aux deux indiqu^s ci-dessus. 

384. Illus, des nomspropresCeltillus, Roscillus, Cavarillus, 
Pistillus, Gabrilla, etc., et que Zeuss traite comme une sorte de 
diminutif, p. 728, 729, pourrait bien avoir quelquefois une 
signification toute contraire, d'apr&s le K. Ill, ce qui est au- 

dessus; C. et Ar — Ir. II, p. 826, lie, grand, beaucoup; E. 

II, abondance, grand. 

385. Iscus, Isco, Isca, Iscum, de Vertiscus, des Taurisci, 
Scordisci, de Matisco, Viviscum, Petenisca, et des Isca dela Bre- 
tagne. Cette finale dont Zeuss a rapproch6 les formes en esc et 
en asc, p. 775, est peut-Stre moins certaine que d'autres, car 
elle se retrouve dans leTudesque etle Slave. EUepeutremonter, 
pour les noms de peuples, au K. Ysg, tendance a se mouvoir, k 
se sdparer ; Ysgoi, se jeter de cote ; Ysguth, fuite ; Ysgw, refuge. 
Scordisci youdrait dire les r£fugi£s du M l Scordus (voy. Just., 
xxxn, 3. Athen.,*vj, 5), Taurisci, ceux des montagnes, voy. le 
n° 421. — -C. et Ar — Ir, Eiskim, j'exclus, j'excepte ; E 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 369 

— Quant aux noms de villes, ils dfrivent peut-£tre de l'lr. Uisg, 
ou Uiski, O'D., eau, rivtere, E. Uisge. — K. Wysg, id. ; Uisk, 

Z. p. 117, et Usk, rivieres du pays de Galles. — C. et Ar — 

Le Gaelique formait au surplus des adjectifs en she ou isske: 
Muirske, maritime, etc., Z. p. 780. 

386. M&rus, Mara ou M£ros, de Virdumarus, Indutio- 
marus, Civismarus, Segomaros, Brogimara, etc. — K. Maur, 
Mor et Mawr, Z. p. 110; C. Mear; Ar. Meur; Ir. Mar., Z. p. 19, 
et Mor; E. Mor, grand. — Britomarus, dit M. de La VillemarquS, 
le grand Breton * ; voy. le n° 160. 

Ona, voy. le n° Z|02. — Ratum, voy. le n° 376. 

387. Rix ou Ricus, au pi. Riges, de Vercingetorix, Ambiorix, 
Org&orix, Togirix, des Bituriges, Caturiges, etc., finale com- 
mune aux noms gaulois et germaniques et qui n'est probable- 
ment pas diffterente, au moins dans les noms d'hommes, de 
Tinitiale Rico ou Rigo, n° 375. — K. Rhi 2 , chef, Rhiydd, roi ; 
Ar. Rue; C. Ruy ; Ir. Rig, Z. p. 25, 280 ; et E. Righ, roi. — 
Tud. Reich, Rich, puissant, fort; Chilpericus signifiait adjutor 
fortis, dit Fortunat, Carm., ix, 1. Mone pense, Celt. Forsch., 
p. 186, 192, que cette finale ne peut avoir eu le mSme sens 
dans les noms de serviteurs ou de colons qu'il cite, et y fait 
intervenir l'Jjr. Reach, homme. 

388. Vicus, dans les noms gSographiques de Cambovicus, 
Borcovicus, des Latovici, etc.; et qu'il ne faut pas confondre 
avec le : 389, Vicus ou Viccus et Iccus des noms d'individus, tel 
que Litavicus ou Litaviccus, Mariccus, etc. ; — non plus qu'avec 
le : 390, Vix, au pi. Vices, des noms d'hommes ou de peuples, 
Viridovix, Eb uro vices , Brannovices, Ordovices, etc. — Nous 
sommes ici en presence de trois interpretations savantes. Sut- 
vant Whitaker, d&nenti sur ce point par Betham 8 , ic, uc, ou vie 

1. Observons toutefois que e'est un nom de princes cisalpins (Appien, 
Florus). 

2. Nous avons deja remarque* la disparition assez frequente du g radical; 
voy. Z. p. 160, etc. 

3. Gad and Cymbri, p. 365. C'est a Baxter cite" par Phistorien de Man- 
chester que remonte ce dementi, qu'appuie le fait que Uk ou Vik ne se trouvent 
pas dans le Diction n. d'Ow. Pughe, et que Ik ne s'y montre qu'avec la signi- 
fication que nous lui donDons ici. 

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370 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

auraient signifies brave, courageux ; les Iceni Staient le peuple 
brave. Quoi qu'il en soit, je ne pense pas qu'on doivc confondre 
la finale Vicus ou Vices avec l'initiale Ic ou Ec d'Iculisna ou 
Eculisma, d'Icidmagus, du cap Iccium (plut6t quMtium), etc., 
laquelle remonte .certainement , d'apr&s F aspect des lieux 
(AngoulSme, Usson ou Yssengeaux, le cap Grinez), au K. Ik, aigu, 

pointu. — Ar. Ek, pointe. Ir. E — L'Irlandais Betham 

tire vices de Mhic, qu'on prononce vie, pi. de Mac, ills ; E. id. 
pi. Mic ; en K. C. et Ar., Mob (b = c). C'est ainsi que nous avons 
interpr6t£, n° 8 254 et 255, les surnoms des Aulerques Branno- 
vices et Eburovices, et que l'feossais dit encore les Mac-Donald, 
les Mac-Alpin, etc.; mais ce pluriel ne peut s'appliquer au nom 
d'un individu. — Gluck est remontS pour les noms de lieux, 
p. 115, a Tancien Ir. Fich, village, E. id.; ancien K. et C. Guik, 
auj. Gwig en K. — Ar. Gwik, jadis un bourg. — Sk. Vega, 
maison. — Enfin Zeuss, p. 799 et 150, a donn<§ k Wic ime signi- 
fication qui tient, pour ainsi dire, le juste milieu, celle d'ori- 
ginaire d'unpays. Litavicus aurait signify originaire du Llydaw, 
notre Bretagne, en Lat. barbare Letavia ; voy. le n° 258. 11 cite 
en effet le nom de Lletewic, pi. Lletewicion, donnd aux Armori- 
cainsdans Nennius et dans le Mabinogion ; mais il oublie que 
le personnage ainsi nomm<§ par C£sar sortait d'une grande 
famille Eduenne ; voy. B. Gall., vn, 37. En somme, je placerais 
pour les noms personnels, a c6t6 du Mhic de Betham, les 
K. Gwych, brave, brillant, et Gwich, grand cri, fracas, qui don- 
nerait aux noms en Vic un sens analogue a celui des Germani 
deJ. Grimm. Voy. 429. 



Section troisiemd. — Noms propres dont quelque circonstanoe 
nous indique la signification. 

391. Cernunnos, c'est ainsi qu'on lisait, mais on ne le peut 
plus aujourd'hui, le nom d'un dieu repr£sent<§ sur une des 
pierres trouv6es k N.-D. de Paris, avec deux cornes, h chacune 
desquelles pend un anneau. — K. Korn, au pi. Kyrn, corne ; 
C. Korn, pi. Kernow, et Ar. Kom^ pi. Kern, id. — Ar. Kern 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 374 

ounnf comes de taureau *. — Ir. E. Korn, corne a boire. 

Ir. Kern, victoire 2 . Ne pas confondre ce nom avec le Jupiter 
Cernenius d'une colonie dacique, au n° 6087 d'Henzen. 

392. Esus, nom inscrit encore fort lisiblement au-dessus 
d'un autre dieu represents sur les mSmes pierres, auprfes d'un 
arbre qu'il semble frapper d'une hache, et sur lequel on a prd- 
tendu qu'il coupait le rameau qui porte le gui. C'Stait du moins 
1'opinion d'Eckhard, qui en avait conclu qu'Esus Stait le nom 
m6me decette plante que r&oltait un Druide (voy. Viscus, App. R.). 
Mais nous savons par Lucain, 1, 440, par Lactance, Imtit., 1, 21, 
par Tertullien, etc., que ce mot d^signait Tune des deux ou 
trois principales et des plus terribles divinites gauloises. Cette 
inscription et celles d'Esunertus, d'Esumagius 8 , etc., nous 
donnent mSme la veritable forme lat. de ce nom, qu'on voit 
encore 6crit Hesus et jEsus. 

Cette derntere variante n'a rien d'insolite. On Scrivait pareil- 
lement iEdui et Edui (voy. Gluck, p. 9), de m6me que le dialecte 
6olien changeait fi<jicoSo$ en Ai<jio£o$ 4 . Nous savons en outre par 
Su&one, Aug., 97, que Msar signifiait dieu en langue etrusque. 
H&ychius, quirSp&e cette assertion, dit Aisoi,z\i pi., pr&>ccup6 
sans doute de YAisa des Grecs, le Destin. Un rapprochement 
pareil se prSsente dans l'Ombrien, 6u Esuna voulait dire Divin 8 . 
Tous ces termes, peut-on conclure avec Pictet, ibid., remontent 
ou peuvent remonter a une origine commune, Asu, Tun des 
noms Sanskrits de l'£tre par excellence, Dieu. D'un autre cot£, 
ce mot d'Esus n'est peut-£tre pas sans parents ou sans descen- 
dance dans nos langues celtiques. Nous rencontrons l'lr. Msar, 
Dieu, qui ne se retrouve pas dans l'E. et me serait suspect s'il 
n'6tait, pens6-je, en quelque sorte garanti par la ratine Ais, 



1. Ounn, contraction d'Ouhen, jeune taureau (El. Johanneau, Mem. Ac. 
Celtiq., 1, p. 166, 169 )? Legonidec ne donne que Ounner, g&aisse. Ounn, chez 
lui, est le frene. 

2. Mone cite un dieu irl. nomme* Carneios, Nord. Heid., 1. 11, p. 490. 

3. Mommsen, Instr. helvet., 80. — Pictet, Orig. indo-europ., 1. 11, p. 655. 

4. Etymologicon magnum, v° ©vVjaxw. 

5. Fabretti, Glossarium italicum, col. 406, 



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372 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

g<§n. Aisa, Z. page 37, &ge, Steele 1 ; E. Aois, age, antiquity ; 
M. Aesh (Williams); — puis le K. Esu, repousser (rennemi) ; 
Heus, ce qui est capable d'entourer; Heusaw, proteger, sauver. — 
On avait aussi, dans un autre sens, en souvenir des atrocites 
de son culte, rapproch^ bien naturellement du nom d'Esus 
l'Ar. Euzuz, terrible, derive d'Euz, terreur, horreur; G. Euth. 
M. de Jubainville conteste cette Gliation, en s'appuyant sur la 
longueur de quantity de Ye d'Esus, et sur les regies de transfor- 
mation des sons propres au Bas-Breton 1 . II a sans doute raison 
a ce point de vue exclusif, mais j'ai bien de la peine a croire 
qu'Euzuz vient du latin odiosus, plulot que de la tradition des 
effroyables sacrifices qu'on faisait a TEsus de Lucain. Nous allons 
m6me voir que la longueur ou la brtevet£ des syllabes n'a pas 
toujours une importance decisive dans la discussion des mots 
gaulois. — Je pense aussi que Yn du nom des Arises de Jor- 
nandfes, ces anc6tres des Goths (De reb* get., 13), ne prouve pas 
absolument que YAs dieu, et les Ases scandinaves ne peuvent 
point tirer leur origine de l'Asu Sanskrit. 

393. TeutatSs, dieu que Lactance et Lucain, ibid., associent 
a Esus dans les sacrifices de victimes humaines que les Gaulois 
faisaient a leurs principales divinites. Nous avons vu, n°» 281 
et 354, Tinitiale Teut r^pondre a Tid6e de peuple, Tut ou Tuath; 
et comme Tad en K, Tat en G. et Ar. signifient p6re, ainsi qu'en 
latin Tata ; Ir. et E. Daid, Athair, g&i. E. Athar; — Ir. Tath, 
seigneur , maitre ; — il etait facile d'en conclure pour Teu- 
tatfes le sens de p&re du peuple, de mSme que Toutiorix en 
signifiait le roi. C'est pnScis^ment ce qu'indique un passage 
c61ebre de C&sar, vi, 18, ou il dit que tous les Gaulois se pr6- 
tendent issus de Dispater, qui pour lui est le Pluton romain. 

1. Pictet neparle plus dans ses Orig. indo-europ. de VAZsfhean, lTiomme 
des siecles, qu'il substituait a cet JZsar, et il y doute meme de l'authenticitS 
de ce dernier. 

2. Revue bibliogf. univers., novembre 1868, p. 259. Ce savant Celtiste a 
publie" depuis dans la Rev, archSol., Janvier et juin 1870, un travail particu- 
lier sur l'origine du nom d'Esus, et y conclut du sabin Aisos', priere, de 
Tombrien Esunu , sacrifice, et de YMsar brusque, que Esos ou Aisus vou- 
lait dire : Gelui auquel on adresse des prieres ou des sacrifices, R. indo- 
europ. Is, Sk. Ish, de"sirer. (Juin, p. 413 et 415.) 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 373 

Nous pensons que la correlation dvidente de ce nom avec la 
signification si naturelle que nous donnons a celui de Teutat&s 
repond victorieusement a Tobjection de M. de Jubainville, ibid., 
fondle sur la difference de quantite entre Ya long de ce dernier 
et Ya bref de Tad ou Tat ; Zeuss et Gluck ayant eux-m$mes 
remarquS des changements notoires dans la quantite de plu- 
sieurs voyelles gauloises, entre autres Ya et Ye. Conf. Zeuss, 
p. 18, 20, 174, 776, 813, et Gluck, p. 54, 100 et notamment 
16-17, pour lesnoms de Nepirat (Ptol&n.),NEMHTOVde notre 
inscription IV, Ne^erov de Strabon et de Ptol£m£e lui-meme, et 
le nemetis de Thexam&tre si connu de Fortunat : 

Nomine Vernemetis voluit vocitare velustas. 

Toutefois, si Ton veut s'en tenir strictement aux idees qu'im- 
plique le nom du Dispater de C6sar, nous avons dans le K. Tudd, 
ombre, tenfcbres ; Tudlad, obscurity ; et dans l'lr. Tit, la terre. 
Teutates aboutirait de cette mani&re : au Dieu pere, — ou au 
Pere des tenebres, ou bi^n au sol pere d'une race autochthone. Le 
vieil auteur anglais Sammes Stait remonte, non sans quelque 
vraisemblance par rapport a l'assimilation romaine de ce dieu 
avec Mercure, au K. Duw-taith, dieu des voyages. — Quant k 
notre maitre Zeuss, il dormait sans doute lorsqu'il proposait, 
pour expliquer le nom de cette terrible divinity, le K. Teu- 
taut, aujourd'hui Tewdawd, ferme, dpais, d<§riv6 de Tew, gras 1 , 
solide, abondant, ce qui me parait aussi peu vraisemblable 
pour le sens que ressemblant pour la forme. Je ne m'arrGte 
point au Mercurius Teutatfcs de Carthag&ne en Espagne, T. 
Liv. xxvi, 44 ; cette legon ayant disp'aru des Editions modernes 
de cet historien. 

394. Lucain a joint en troisifeme a ces deux divinitds homi- 
cides de nos pfcres, Taranis, al. Taramis, nom sans nul doute 
identique a Taramcus*, qu'on a rencontrg en Bretagne, tant6t 

4. Voy. Zeuss, p. 127 et 956, et ci-dessus, n° 161. 

2. II semble que Taranuco soit une faute du sculpteur, ou un adoucisse- 
ment lat. pour Taranucno, mais il se peut* aussi que cesoit une forme ad]ec- v 
tive, pour dire tonnant. Voy. du reste le n° 382, et Em. Walchius, De Deo 
Taranucno, ftna, 1767. 



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37/j ETHNOGfiNIE GAULOTSE. 

seul, Orel., 2055, tantdt donnS comme surnom de Jupiter, 

I. 0. M. Taranuco, idem 2956; voy. 382. Cette assimilation 

prouve que Taranis £tait bien Je dieu tonnant des Celtes, con- 

form&nentacequ'indiquentlesidiomes actuels.— K. etc. Taran, 

Z. p. 96, tonnerre, Taranidd, Taranus, celuiqui lance lafoudre. 

— Ar. Taran, feu follet, Eclair, peut-Stre aussi tonnerre. — Ir. 

Torin, Ir.E. Torrunn, E. Toireann, tonnerre. Un autre surnom 

de Jupiter, <§galement breton et fort rapproche de Taranis, 

c'est celui de Tanarus, dans une inscription 1 de Tan 154 ; on a 

pr&endu qu'ils etaient identiques, en s'appuyant sur Tanar, 

fausse variante du celtique Taran. Tanarus peut effectivement 

avoir eu quelque signification du m£me genre, s'il provenait 

du K. Tan, Z. p. 102, et Ar. Ir. id. ; Ir. Tene, Z. ibid, et E. Teine, 

feu. Mais Tan veut dire aussi pays en Ir., et Tann, prince, 

Seigneur; en E. et ancien Ir. (O'D.) Tanaiste. Tanarus toutefois 

rappelle le Tud. Thonar, thunar; tonnerre, comme Taranis le 

dieu Thor, et le Scand. Thorr, a qui Graff donne aussi le sens 

de tonnerre. 

395. Belenus ou Belinus 2 , dieu gaulois identify avec Apollon 
(Hist. Aug. Maximin., 22), de mSme que le Belis d'Aquilee 
dans H^rodien, vra, 7. Inscriptions diverses a Apollon Belenus 
ou Belenus Apollon, dans Gruter, 36, Muratori, De Wal, etc. ; 
Cf. Ausone et ApulSe, aux mots Patera, 54, et Belinuntia, 
113, de ce Glossaire. Peut-Stre la m6me divinity que l'Abellio de 
Comminges; mais ce dernier nom parait grec, car Abelion 
signifiait le soleil chez les Cr&ois, comme Bela en Laconie 
(Hesych.). Nous pouvons, d'aprSs Yid6e qu'on se fait d' Apollon, 
le dieu blond, aux cheveux d'or, assimiler Belenus au K. Helen 
(= Belen), Melyn, jaune d'or, Melynu, rendre jaune, Welen, 
safran, suiv. M. de La Villemarqu6. — Ar. Helen; G. Milin, 
jaune, Ar. Melenuz, jaunissant. C'est probablement dans ce sens 
de brillant comme de Tor aux rayons du soleil qu'Aquilee avait 
donnS a une de ses fontaines le nom de Belenus, Grut. 37, L'Ir. 
nous place sur un autre terrain; Beal, Bcul, le soleil lui-m6me; 

1. De Chester, voy. Wright, The Celt., etc., p. 260. II voit dans Tanarus 
Tindice d'une influence germanique enBretagne des cette epoque. 

2. Le Bellinus d'une inscr. helvet. Mommsen, 289, est un nom d'homme. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 375 - 

Belltaine (Cormac); ou Bealtine, O'D. Ie feu de la Saint-Jean 
all ume jadis au l er mai, qu'on nomme encore ainsi (E. Beal- 
tainn) en souvenir d'un dieu Beal ou Bell. — Ir. Bit, idole. 
Voy. Belatucadrus, n° 412. 

Les proprtetds malfaisantes de la Belinuntia ou jusquiame 
qui porte encore en K. Ie nom de Bela comme le loup, voyez 
)e n° 113, nous ouvrent un autre point de vue, peu probable 
toutefois sous le ciel brumeux des Gaules, qui ne connaissait 
guere les traits mortels d'Apollon. On a cependant tir6 Bel&ius 
du grec Belos, fl&che, quand on avait sous la main le K. Bel, 
Z. p. 273, Beli, devastation, guerre; C... 1 — Ar. Bel, combat; 
Beluz, belliqueux. — Ir. Beal, brigand. — Beolach, soldat. ~ 
E.... — Les Belli, peuple celtibere. — Belues dans le Gloss. d'Isid. 
signifie la pauvrete, parce qu'elle est ordinairement, dit-il, 
causae par la devastation. — Dans le Lat. allemand du moyen 
age, la jusquiame se nommait Belisa (Burchard, Decret., xix, 
5 ad calc), en Tud. Pilisa et aujourd'hui Bilsenkraut, ou plante 
de Belis. Peut-Stre faudrait-il distinguer, quoique appartenant 
au meme dieu, ces deux noms de Belenus et de Belis, le premier 
derive de Melen, le second de Beli 2 . On a trouve pr6s de Virton, 
en Belgique, Inscription Lino Marti, probablement pour Belino 
{Journ. de Vlnstitut, 1853, p. 144). Le fait est que Belin semble 
nomme le dieu du carnage dans une citation que M. de La Vil- 
lemarqud tire d'un vieux poeme gallois, 
M1NERVAE Not, d. arte, manuscrit Bret., p. 23. — 

BELISANAE Belinus? et Cynobellinus, noms de rois 

SACRVM bretons. 

Q. VALERIVS 396. C'est a Beli qu'il faudrait alors 

MONTANVS- rattacher le surnom de Belisana ou Be- 

(Orelli, 1969, BELISA lisama, donne a Minerve 3 dans une 
-MAE au n° 1431.) inscription de Conserans, aujourd'hui 

1. Belyny, dans Williams, ne signifie que disgrace, dgshonneur. 

2. On a voulu tirer de Belenus PArm. Belek, pretre , et M. de La Ville- 
marquS a fauss6 dans ce sens, p. viij, un passage d'Ausone, Prof*, 4, qui se 
rapporte express^ment aux noms de Patera, de Phaebitius et de Delpkidius. 
£m. Souvestre faisait venir Betek tout simplement de Belc'h, Un. 

3. Voy. sur cette Minerve gauloise le M<§moire de Chaudruc de Crazanne 
dans ceux de la Soc. des Antiq. de France, t. xyi, 1842. 



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376 ETHNOGtiNIE GAULOISE. 

Saint-Lizier. Une inscription pareille de S. Berlrand de Com- 
minges (si toutefois ce n'est pas la mSme; De Wal., n° 52), et 
celle d' Avignon (voy. ci-dessus, n° iv), prouvent que le nom 
veritable 6tait Belisama. Cette divinity gauloise ne r^pondait 
point, dans ce cas, a la dSesse de la Sagesse, mais a la Minerve 
giierrifcre, h Pallas; c'&ait la Beineid ou Beneid irlandaise, en 
rapport £troit de nom et d'union avec Neid, le Mars gaelique. 
(Voy. O'Reilly d'aprfcs Cormac ; Betham, Elrur. Celt., t.2, p. 41 J 
PtotemSe donne h un aestuarium de Tlle-Britannique le noni de 
Belisama, n, 3. 

397. Ogmios, nom gaulois d'Hercule, suivant Lucien, mais 

d'unHercule vieux, dieu de l'&oquence et de la bouche duquel 

partaient, dans les peintures ou il £tait repr&sentd, des chajnes 

d'or et d'ambre attaches aux oreilles des hommes qui s'empres- 

saient h le suivre (HeracL). M. Hucher (Rev. Numism., 1850, 

pi. 3, p. 106 et suiv.) weconnaissait ce symbole sur des medaittes 

oul'onvoitdepetites t6tes enchainSes a la tete principale. Lucien 

nomme plus loin cet Hercule comme T Eloquence merae per- 

sonnifide, le Logos, ce qui indique un rapport an moins indirect 

de signification entre ce terme et Ogmios. On a rapport ce 

nom au grec Ogmos, sillon, sender; mais les Irlandais donnent 

justement a l'inventeur de leur ancien alphabet national le nom 

d'Ogma, et k cette ecriture m6me celui d'Ogham ou A'Ogum 1 , E. 

Oghum. Betham dit qu'Ogam ou Ogum signifia d'abord le secret 

de cette invention (Gael and C, p. 88 et 90). Ces traditions 

paraissent trop clairement d^couler de l'auteur grec pour inspirer 

une grande confiance. S'il est vrai n^anmoins qu'un ancien 

alphabet irlandais eut pour principes des brindil'les de branches 

d'arbres ou de plantes combines pour former des lettres (voy. 

Ed. Davies, Research., p. 237 et suivant.; Zeuss, Gr. p. 3), 

l'£criture gaelique a pu tirer son nom d'Oigan, Ir. et E. brin- 

dille, ramille. II nous reste a part cela : Ir. Ogh, oreille ; — 

-Oighim, je regarde, j'examine. — Oigheam, E. Oighain, ob&s- 

sance; Ir. Okmil, 6\bve. — Og, 7*. p. 988, entier, parfait; — en 

K. jeune,pleindemouvementetdevie; Of, Pigment, 61ementaire; 

• 1. Voy. l'ioscr. ogharaique rapportee par O'Donovan, Gram. irL, p. xlv. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 377 

Ofydd, savant, philosophe, ces derniers rapprochements faits 
par Zeuss, p. 3. 

398. fipona, ddesse des palefreniers (Schol. Juv., vni, 157); 
des bStes de somme (Tertull., Apolog., 16 et al.). Plutarque dit 
en outre qu'un certain Fulvius ayant eu de sa jument une fille, 
la nomma l£pon6 , et qu'elle devint la d^esse des chevaux 
(Parall. gr. et rom., 29). On a voulu bien h tort corriger en 
Hippona, pour le faire venir du grec, ce nom constats d'ailleurs 
par de nombreuses inscriptions, entre autres celle-ci ou cette 
d&t6 chevaline est r£unie d'une mani&re curieuse h plusieurs 

autres divinitds : MARTI M1NERVAE GAMPESTR1BVS HERO 

EPONAE VICTORIAE M. COCCEI FJRMVS o LEG II AVG 1 . Un 
autel qui lui £tait consacrg la reprgsente entre deux chevaux. 
Voy. Beaulieu, Archtol. de la Lorraine, l er , p. 160. — Mem. d. 
Antiq. de Fr., 1840. Voy. Eporediae, 24. 

399. Sirona, divinity connue par des inscriptions de Rome, 
Orel., 2001; du Wurtemberg, Orel., 2047, — de Nierstein, au 
bord du Rhin, ou les Allemands ont relevS depuis 1826 des 
thermes romains qu'ils ont nommds Sironabad 2 (Steiner, Rh., 
305), etc. F. G. Mathiae s'est particuliferement occupy de cette 
divinity 3 , la ra^me sans doute que la Dirona ou Deirona de 
Saint-Avoid et de Treves (Orel., 1987; Henzen, 5890), quoique 
L&) persiste a les distinguer 4 , faisant de Tune la ddesse des 
hommes libres, Ir. Soir, Z. p. 40, et de Tautre celle des esclaves, 
Ir. Doer, Z. p. 41. Sirona est presque toujours r^unie a Apollon, 
et je crois, d'apr&s ce rapprochement habituel et la signification 
de son nom, en K. Seron (voy. Saronides, 92), qu'elle pr6sidait 
aux astres; interpretation plus simple et plus naturelle, pens^-je, 
que celles de Steiner et de L£o. Sirona &ait done, k mon sens, 

1. A Auchindavy, en fccosse; Wright, The Celt., p. 262; De Wal, qui a 
reuni les inscriptions d'Epona, a omis celle-ci. 

2. Voy. Lehne, Sironabad und seine Heilquellen, Mayence, 1829. 

3. De Sirona deaprolusio, Francf., 1806. Des absurdity, dit un excellent 
juge, p. 56 de Particle que nous allons citer. 

4. Die Malberg. Gloss., l er cah., p. 23. Je n'ai rien a dire d'une inscr. 
probablement foft mal dechiffree que Steiner donne, Rhen, 925, etou Ton a 
lu 5. ronis Wlali suivi d'une se>ie de lettres inintelligibles et du mot Cano- 
cimbis. Une autre inscr. nous donne le nom de Sironius (Gori, Inscr. ant.). 



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378 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

la d6esse lunaire, ainsi que je Tai r6p£t6 dans le Genie gaulois. 
M. Alf. Maury la regardait pareillement comme une Diane qu'on 
invoquait dans les maladies, et surtout aux eaux thermales; 
mais ii partait d'un rapprochement different avec Plr. Sir, O'D. 
perp&uel (une source qui coule toujours) — ou bien: sollicite, 
recherche (comme une eau salutaire, etc. Revue arclieoL, Jan- 
vier 1860, p. 59). 

fcOQ et 101. Bormona et Damona (et non pas Bormpnia 
Damona), dresses auxquelles s'adresse une inscription trouvee a 
Bourbon l'Ancy, et rectified par Berger de Xivrey [voy. De Wal, 
p. kh et 225]; — Deo Apollini Borvoni et Damonse, divinites 
rdunies dans une autre invocation post&ieurement d£cou- 
verte a Bourbonne-les-Bains 1 . Une 3 e pierre qu'on voit encore 
dans la merae ville porte, suivant l'ancienne lecture, les noms 
d'Orvo ou Borvo Tamona, ce dernier raal lu d'abord : ET MONA, 
THMONA, MAMMON A (Caylus, Antiquites, t. 5« ; Berger de 
Xivrey, etc.); — et suivant De Wal, n° 61, corrige p. 225 : 
BORVONI TAMONAE. — Enfin un dernier texte lapidaire de la 
Bourgogne nous fournit encore la variante Borvonia, De Wal, 
n o 52. — Ces inscriptions nous presentent avec le nom classique 
d'Aqux Bormonis, Bourbon l'Archambault, au moins trois loca- 
lity d'eaux thermales portant le mSme nom, et ces eaux dei- 
fiees sous celui de Bormonia ou Borvonia au f£m. ; — au masc. 
Bormo ou Borvo. C'etait probablement, disais-je en 1858, la 
m6me divinite que Bormana, invoqu^e sur une pierre votive, 
incrustee dans le mur de Teglise de S. Vulbas en Bugey 2 . Mais 
il n'existe point d'eaux thermales en cet endroit, observe 
M. Allmer qui, en revanche, etend cette identity a la deesse 
Bormia de Bormio dans la Valteline 3 (Aqux Bormix, Cassiod. 
Var. X-29). Nous avons vu au n° 239 le mot Bebronna, et notre 
Frangais a gard£ celui de bourbe, plus rapproche du Latin du 
vm e Steele, qui disait Burbo. Ce nom, qui parait bien avoir £te 



1. Berger de Xivrey, Lettre a M. Hase sur Bourbonne, etc., p. 5. 

2. Guillemot, Introduct. a la Monogr. du Bugey, p. 105. 

3. Sur deux inscr. votives en Vhonneur de Bormo, dans la Revue du 
Lyonnais, juin 1859. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 379 

un nom propre, n'&ait-il qu'un simple qualificatif d'Apollon? 
J'en doute beaucoup, et je croirais plutdt, d'apres celai d'Aquae 
Bormonis, qu'il s'agit dans la l re inscription de Bourbonne-les- 
Bains cit^e plus haut, de trois divinit^s et non de deux. Quoi 
qu'il en soit, Borvo est identique a l'Ar. Bourbon, Bourbounen, 
ampoule, Ebullition, bouillonnement; — C. Burm, levure, fer- 
ment ; K. Burym, id.; Berw, bouillonnement, Bwrlymu, faire 
glouglou, Bwmbivr , murmure. — Ir. Borbhaim , j'enfle; 
Bearbhad, bouillonnement. — E. Borb, enfler, enflammer; 
Borbhan, murmure; Beirm, ferment. M. de Xivrey pense que 
Borvo Etait particuli&rement le g6nie de la boue salutaire des 
eaux de Bourbonne, id. p. 56. 

Reste Damona avec ses variantes (Orelli nous montre, 2013, 
deux Bretons nomm^s Tammonius). C'est elle peut-6tre, plut6t 
que Sirona, qui 6tait nomm6e avec Apollon Grannus, dans une 
inscription d'Irsing en Bavtere, dont les lettres, presque effacees 
h cette place, ont 6t6 lues Pomonx. Je ne rapporterai pas son 
nom a l'lr. Deamhon, E. Deamhan, qui vient trop visiblement 
du lat. Ddemon. Damona ou Tomona doit §tre un mot compost 
corame Divona etNemetona, dont nous allons parler : K. Twym, 
Twymyn; G. Turn, Tubm, chaud; Ar. Tomm, id. Tomraa, 
chauffer. — Ir. Tomhaidhm, Eruption, jaillissement d'eau; 
Doimhamij E. Doimhain, profond. II y a encore le K. Damunaw, 
dEsirer. 

402. Nous avons dans les trois noms de dresses qui pru- 
dent, Epona, Sirona, Damona, une m6me finale qui se retrouve 
encore dans ceux de Nemetona que nous avons vue, 157, asso- 
ciEe a Mars dans une inscription d'Altrip pres de Spire 1 ; des 
Fatx Dervones, voy. le n° 404; de Jalona, en Angleterre 2 , et.de 
Divona, la fontaine divine de Bordeaux 3 . II est done difficile de 

1. Henzen, 5904. Une autre en Anglet., id., 5898, mais due a un citoyen 
de Treves. 

2. A Ribchester. Wright, The Celt., p. 295. 

3. On peut sans doute joindre a ces noms ceux d'Acionna connu par une 
inscr. d'Orteans, Orel., 1955; d'Aponus, d'Arciaconus et de Maponus en 
Angleterre; voy. Wright; — enfin POnuava de Scaliger retrouvee dans une 
inscr. du musee de Bordeaux : C. IVLIVS FLORVS ONVAVAE. (Notes sur 
di verses s£pult. antiq. de Bord., 1863, p. 36.) 



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38 o ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

ne pas reconnaltre dans cette finale, &02 bis, avec Mone et 
Valois i un sens analogue h celui de divinity. — K. On, ce qui 
s'&fcve, est trfcs-supSrieur; Ion, Dieu; Ar. etc... — Ir. On, bon, 
excellent, Ion, soleil. — E. Ion, convenable. — Aussi quelques 
savants regardent-ils Neraetona comme la d^esse topique des 
N6m6tes qui habitaient cette partie de la rive gauche du Rhin. 
Peut-Stre exergait-elle un pouvoir d'une nature diffdrente et 
beaucoup plus g£n6rale, car Ton retrouve son culte en Angle- 
terre 1 , et encore assocte a celui de % Mars comme une autre Bel- 
lone. Ou bien £tait-ce une d^esse des forSts, Nemetf Voy. le 
n° 242. — Mais pour revenir a notre finale, sa signification est 
& peu prfcs d^montree dans le mot suivant : 

403. Divona d'Ausone, Clar. Urb., 1£; Duiona, suivant les 
premieres Editions, mais 1' autre legon est confirmee par lemdme 
nom que portait Cahors, et que constate une inscription trouvee ' 
a Rhodez : SATVRN...D1VON...CADVRC.... 8 . C'est ainsi que se 
nommait, ai-je dit, la grande fontaine de Bordeaux, et ce mot 
aurait signifid : fontaine mise au rang des dieux, r^pete-t-on 
depuis trois sifecles, d'apr^s ce vers cS16bre, Divona Celtarum 
lingua, fons addile Divis. J'ai d£ja eu Toccasion 4 d'exprimer 
mes doutes sur le sens que Ton pr6te a ce vers, qu'on cite tou- 
jours isote des trois qui le precedent. Or les quatre ensemble 
n'offrent qu'une longue s6rie de vocatifs dont Fons addile Divis 
est tout simplement le dernier. Ausone n'a done pas dit, pens£- 
je, que ces trois mots donnaient la signification de Divona, mais 
que cette fontaine nommee ainsi dans la langue des Geltes avait 
6t6 mise au rang des dieux. Telle est toutefois, pouvons-nous 

1. Notit. Galliar. Divio. 

2. Lysons, Beliq. Britann. rom., t. i er , pl.xi-2, a Bath. Henzen, n«5898, 
inscr. due a un citoyen de Treves. 

3. Revue numism., 1851, p. 387. Lapretendue nuSdaille Douedna de Cahors 
est reconnue aujourd'hui pour un Divitiacus. (Voy. dans la metne Revue, 1859 
et 1863, les articles de MM. Hucher et de Saulcy.) 

4. Origines dijonnaises, p. 74. Vinet, dans l'Ausone de Tollius, avait deja 
remarqu6 que Fons addite Divis 6tait du Virgile, Mn., vm, 301, decus addite 
Divis. et Pott (£tym. F., it, p. 212), tout en citant le vers du po6te gallo- 
romain, proposait, en contradiction avec lui, Pe'tymol, K. de Dyfan, pur, sans 
tache. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 381 

croire, d'apres ses dements, l'idde qu'exprimait r^ellement ce 
nom. On l'a expliqu6 de deux manures inverses Tune de 
F autre, Div &ant pour les uns les dieux ou la d^esse, pour les 
autres la fontaine, et Ona, par contre-coup, la fontaine pour les 
premiers, la d^esse pour les seconds. Le piquant de l'affaire, 
c'est que les deux explications peuvent Sire ggalement justes. — 
1° K. Diu, Z. p. 116, Diw, Dew, Duw; Ar. Dout, jadis Div; G. 
Dew, Duy ; Ir. E. Dia, g£n. Dee, Z. p. 25. Dieu, divinity. — K. 
Dwio ; Ar. Douea, d&fier. C'est h cet element que je rapporterais 
les noms gaulois de Divico, Divitiacus, Divodurum, etc. — Puis, — 
sans compter le K. Ffoun, source; — le K.Awon; G. Aon ou Aen; 
Ar. Avon ou Aven, riviere. — Ir. An et On? eau; Abhann (pro- 
noncez Ann), E. Abhainn, rivifere. — Ir. Fions ? fontaine. Enfin 
le grand nombre des rivi&res de France dont les noms se ter- 
minaient en ona, Axona, Saucona, Matrona, etc.; voy. au n° 201, 
Onno. — L'interpr&ation inverse a pour elle les noms de 
rivi&res Dee, Dify, r£p6t£s en Angle terre com me Dive StDivelte en 
France ; le K. Difrdwy, eau sainte, ancien nom de la Dee gal- 
loise; Dyfer, goutte, Dyferu, tomber en gouttes; Ar. Divera, 
d^couler. Dhuis, Douix, Dwi, d^signent encore des sources plus 
ou moins remarquables de la Bourgogne, du Nivernais et de la 
Saintonge. Dans quelques villes de Bretagne, les lavoirs publics 
s'appellent Done ou Douet i . On ne peut regarder enfin comme 
une coincidence fortuite Tidentit^ de noms dont deux magnifi- 
ques fontaines offrent F explication a Gahors comme a Bordeaux, 
et dont est si proche celui de Divio ou Dijon, vant£e par Gr6- 
goire de Tours pour la beauts de ses eaux. En Ir. Dob, rivifcre. 
— E. Dibhe, Dibh, g6n. et dat. de Dhoch, boisson, liqueur. Reste 
done pour Ona le sens de divine ou de d^esse qui ressort par- 
ticuliferement d'Epona et des autres noms mythologiques qui 
pr&fedent, auxquels se joindrait le latin Bellona, probablement 
d'origine celtique ; voy. le n° pr6c£dent, et au 395, la 2° inter- 
pretation du nom de BtSl&ius 1 . Notons pour mSmoire qu'il exis- 

l.Voy. £m. Souvestre, Derniers Bretons, p. 159, 318; la Douez, Foyer 
breton, p. 73. 

2. Une inscr. de Langres donne le nom de Bellorix. 



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382 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

tait une ville de DouSdna en Germanie, Ptol., u, 10, Wilb.,el 
une Dipone ou Dipo en Espagne. 

404. Dervones ou Dervonnae fata, que j'ai citdesau n°402, 
tTaprfes une inscription des environs de Bresce en Italie. Ce nom 
parait aMone, Gall. Spr. t p. 95 et 97, designer dvidemmem des 
Dryades ou nymphes des chines, et n*£tre que Ja traduction 
gauloise du terme grec. — K. Derw, Ar. Dero, et Derf, chene, 
Derven, un seul chSne; voy. 22. Notez le Dervensis sallus, ou Ja 
grande for6t du Derf en Champagne, autour de Montier-en-Der 1 . 
A ddfaut d'une assimilation peut-Stre douteuse au point de vue 
de la mythologie celtique, il semble au contraire que ces f&s 
primitives doivent leur nom aux chSnes dont elles habitaient 
sans doute les solitudes comme leurs soeurs sep ten trionales, les 
Nimidae du n° 242. 

404 bis. Marunus, lu comme un surnom de Mercure dans 
une inscr. fort d£grad<§e, recueillie auprfes de Baden en Suisse 
(Orel., Inscr. Helvet., 237). Mommsen, qui en reproduit le fac- 
simile dans son recueil 2 , dement cette lecture et ne dechiffrait a 
la place de Marunus, que le mot latin Matutino, epithete tout a 
fait insignifiante pour Mercure. La lecture d'Orelli peut au con- 
traire alleguer en sa faveur plusieurs textes historiques, qui lui 
donneraient un sens tr&s- plausible. Nous avions cite, cTaprte 
Du Cange, un passage de la Chronique de S. Trond, ou il est dit 
que le mot Marones 3 avait dans les Alpes la signification d'indi- 
cateurs des chemins, viarum prwmonstratores, quaiificatif tr&s- 
naturel pour le dieu du commerce et des voyageurs, auquel sans 
nul doute s'adressait cede invocation trouvee dans le Yorkshire: 
Deo qui vias et semitas commentus est, etc. (Wright, The Celt., 
p. 274). Or une autre inscription du comtS voisin de Cumber- 
land s'adresse de son cdt6 a un dieu (DEO MAPONO, Henzen, 
5,900) dont le nom me parait a mon tour mal lu, et devoir Stre 

1. Et la riviere Deruventio de Bede, H. Angl., u, 9, aujourd'hui leDerwent 
du C. d'York. 

2. Inscr. confcederat., helvet. n° 243. 

3. Marrones, dans la Vie de S. Odon de Cluny cit6e aussi par Du Cange. 
— Marruci, dans celle de S. Ge>ald, teite au commencement du x* siecle 
par ce meme Odon. Voy. les Bolland., 13 octobre. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 383 

corrigS en MARONO. — Ce nom de Marones, a propos duquel 
Pott rappelait le surnom m6me de Virgile, Maro x , s'est con- 
serve dans les Alpes, ou Ton nomme encore Marroniers les ser- 
viteurs du couvent de S. Bernard, qui vont h la recherche des 
voyageurs. On rencontre du reste ces termes de Marroniers, 
Marons ou Marrons, avec des acceptions diverses, mais toujours 
analogues, dans Rabelais, dans les montagnes de UAuvergne, 
dans le jargon maritime de nos ports de mer, aux colonies, etc. 
Le primitif Maro remonte naturellement au K. Mair, Z. p. 119; 
Maeron, celui qui garde, qui veille sur quelqu'un, en C. Mair. 
—, Ar. Maer, jadis surveillant, Mera, conduire, surveiller. — 
Ir. E. Maim, garde, surveillance. 

405. Mairae, al. Matrx, les dresses Maires, dont les Romains 
eux-m6mes ont confondu le nom avec les mots de leur langue 
qui signifiaient m&res et matrones, celui-ci dans le sens de pro- 
tectrices. Aussi Banier, repoussant l'id£e de Keysler qui en fai- 
sait des Druidesses deifies 2 , n'a-t-il vu, ainsi que D. Martin 3 , 
dans les datifs Mairabus ou Malrabus qu'une corruption du latin 
Matribus qu'on lit'quelquefois k leur place 4 . Je pense que c'est 
justement Tinverse. Ces dresses sont connues par un grand 
nombre ^inscriptions ou leur nom est ordinairement accom- 
pagn6 d^pithfctes qui semblent presque toutes topiques, et ter- 
minus fort souvent en Nehx,. finale gauloise que nous avons 
examinee n° 373. Divers monuments les repr&entent au nombre 
de trois avec des fruits dans les mains et des cornes d'abon- 
dance, ce qui me parait assez peu conciliable avec le. r6le de 
Parques qu'on a voulu leur attribuer. C'etaient les protectrices, 
les genies tut&aires des provinces, des cites, des bourgs, des 
families. Matribus Suis Similio, porte une inscr. de Bonn {Lersch. 
Centr. Museum, 145). Matribus Mopaiibus suis, dit le Nervien 
LibSrius dans une inscription de Nimfegue., Stein. Rhen., 932. 

1. Etymol. Forschung. l rB 6d., t. n, p. 589. 

2. Voy. les Antiquit. septentr. et celt., p. 275, 394 et suiv. 

3. Rel. de Gaul., n, p. 149. 

4. Dissert* sur les D6esses Meres, M4m. <te VAcad. d. Inscr., t. x,in-12. II 
y avait effectivement des divinitSs qu'on nommait ainsi, meme chez les Grecs 
de Sicile, voy. Plut., Marcel, 20. Diod., iv-79, etc. 



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38A ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

Aussi pens^-je que le nom de Mairae, ni latin ni grec (Moirai, 
les Parques), n'est autre que le' K. Maer, pi. Mairi, qui a le 
mSme sens que le Mair du num&ro prSc&lent, auquel je prends 
la liberty de renvoyer le lecteur, en leur adjoignant le K. Met- 
riones, surveillante g£ngrale ou maitresse de la maison, — Tud. 
Mxr, vierge, jeune fille. 

&06. Sulfi, au masc., et Sulevae ou Sullevae et Sulevise, 
Suliviae, au tem., autres divinit^s protectrices connues par 
diverses inscriptions; les derniferes confondues sou vent avec les 
Maires, et representees comme elles au nombre de trois sur 
quelques monuments. Mais elles paraissent avoir 6te parficulife- 
rement champStres 1 ; et les Sulfi attaches plus sp^cialement au 
foyer domestique, Sulfts suis qui nostram* cur am agunt, disent 
Banira et ses frferes dans uneinscr. du pays de Vaud (Muralori, 
1987,2; Forcellini; Orelli, Coll. inscr. to*.; n° 327). Je les pren- 
drais volontiers pour ces follets de nos campagnes qui faisaient, 
pendant la nuit, le service de propret6 et d'arrangement des 
maisons dont ils 6taient les g6nies familiers. Les modernes ont 
emprunte leur nom gaulois pour leurs sylphes. Le K. nous offre 
a leur sujet deux interpretations : 1° Sulwi, observer, Sulwy, 
inspection, exploration. — Ar. Sellout-piz, regarder avec inten- 
tion; Sul, Suliaf, ou Sulivus, nom d'un saint breton, vulgaire- 
ment Suliau. — Ir. Suil, Z. p. 778, E. id., oeil ; lr. Suilbheim, 
qui charme par son regard, qui fascine; Suilbhir, E. id. gai, 
joyeux, plaisant. La denxi&me interpretation se rapporterait a la 
mysterieuse destin^e qui attachait ces g^nies k certains foyers : 
K. Sylfa, fondation ; Sylfaenwr, Sylfaenydd, fondateurs. — C. 
Sel, fondation ; — Ar. Sevel, fonder. — Ir. E. Seilbfi, posses- 
sion, propriety. II y aurait encore le K. Sxoglaw, sauver; C. 
Selwel. Le nom du dieu Syleianus, constate par une inscription 

1. Une inscr. deNlmes rtSunit cependant les trois noms suivants qui peuvent 
etre entendus de plusieurs manieres : Sulivios IdenniccB Minervos votum. 
Orel., 2051 ; De Wal, n° 329; voy. son M6meire De Moedergodinnen. 

2. Mommsen,qui lit d'abord Suleis au lieu de Sulfis (Inscr. helvet., n° 134), 
a maintenu sans observation le VESTRA de Montfaucon, corrigS cependant, 
comme parait l'exiger absolument le sens, en NOSTRAM. Voy. D. Martin, 
Rel. d. Gaul., t. n, p. 181. De Wal a omis cette inscription si remarquable. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 385 

des charpentiers de Fears, devait remonter h la mGme source 
(D. Mart., Rel. des Gaul., t. 2, p. 190; De Wal, n° 260). 

407. C'est au contraire a la premiere de ces deux explica- 
tions que je rattacherai celui de Sul ou Sulis, deesse de Bath 
en Angleterre, confondue par la suite avec Minerve 1 ; Orel., 
2052; Henz, 5914. Wright joint les deux noms ensemble, Suli- 
minerva; The Celt., p. 263. — Une ville de nos Yenfetes armo- 
ricains se nommait Sulis. (Table de Peut.) 

408. Tutela, voy. 354. 

409. Nehalennia ou Nehalenia, al. Nehalea, Neihala (De 
Wal); deesse dont la mer d&ouvrit, en 1647, prfes des bouches 
du Rhin, un temple en ruines et plusieurs figures qui la reprg- 
sentaient avec des paniers de fruits et un chien. On en a trouv6 
une apeu pr&s pareille a Nimes, cequi repousserait l'idde qu'elle 
ait 6te, comme on Fa pr6tendu, quelque divinitd frisonne ou 
germanique (voy. D. Martin, Rel. des Gaul., t. 2, p. 79 et suiv.). 
C'est encore moins la nouvelle lune ou Nea> Selene des Grecs *. 
Nous avons veriGS, n° 373, que la premiere partie de son nom 
Neha 6tait celtique, et devait signifier un pouvoir celeste. La 
seconde, Lennia, peut se rapporter soit aux fruits de la terre 
places sous la protection de cette divinity ; soit a la chasse indi- 
quee par son chien et par le chasseur figure sur une des pierres 
dont elle occupe une autre face; soit enfin a quelque puissance 
sur les flots de FOcean, puissance dont une proue placee sous 
ses pieds parait Femblfcme, et qui semble constatee par une 
pierre votive du negotiant Silvanus pour le saint de ses mar- 
chandises (D. Mart., id., Spon, De Wal, n° 188; etc.). Aussi 
Pougens, rSunissant tous ces attributs, faisait-il de Nehalenia une 
deesse Lare, protectrice des marches et du commerce maritime *. 
Cette dernifere hypothese, en rapport avec la position m£me de 

l.DE^E SVLI MINER ViE, DEAE SVUSM.... etc. (Lysons, Reliq. Brit, 
rom., t. i er .) 

2. El. Johanneau, qui adoptait cette nouvelle lune, en faisait,dans un Arm. 
qui me parait fort douteux, une vierge affligge, Neh-al-Lean {Mem. Acad. 
Celtiq., i, p. 177). 

3. Mem. Acad. Celtiq., i, p. 243. Nehalennia et son culte ont 6te* le sujet 
de nombreuses dissertations ; voy. De Wal, p. 131 et suiv. 

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386 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

son temple et l'image de Neptune trouvSe parmi les siennes, est 
fortement appuyee par le Celtique moderne. — K. Llenwi, arri- 
ver en abondance, grossir comme la maree; Llenw, le flux, en 
Ar. Land; Ir. E. Lann, Lanmara. Voy. Mahlinehae, a l'App. bb. 
Mone composait-ce mot difiteremment, de Tintensitif K. Ny etde 
Halenai, qui produit ou procure le sel; Gall. Spr., p. 98. 

ilO. Arduinna, surnom de Diane dans une inscription de 
Gruter, p. 40, ou Ardoina, son nom seul sur un monument ou 
elle est representee en chasseresse, avec Camulus, Jupiter, Mer- 
cure et Hercule (id. et D. Martin, Rel. d. Gaul., t. i er , p. ^86. 
De Wal, n 08 20 et 21). On Tavait ainsi nominee probablement a 
cause de cette vaste et sombre forSt dont parle Cesar, v, 3, et 
dont on comprend qu'elle ait et6 la divinity topique. — X. Arddu 
et Ardwn, tr&s-sombre; Hardd, &evd; C. Ard; — Ar. Harz, 
obstacle 1 , qui rappelle le nom d'une montagne fameuse du 
Hanovre; — Ir. et E.Ard, haut; Z.p. 70; A rdan, colline; Arddu, 
compar.,Z. ibid., plus haut, plus 6\e\6. Owen ne donne pas 
VArd, eievd, avec lequel Mone, Gall. Spr., 107, compose en K. 
son Arduenna, par l'adjonction de Gwaen (en comp. ivaen), haut 
plateau, hautes prairies. Lapartie orientale des Ardennes, dit-il, 
se nomme encore en Allemand Hohe Veen, les hautes Venn 2 . Un 
boisde la Frise au del& du Rhin portait un nom analogue, celui 
de Baduhenna. Tac, Ann., iv, 73. Ajoutons qu* Ardenn a pris en 
patois champenois le sens general de for£t. 

411. Camulus, surnom de Mars dans plusieurs inscr. Orel. 
1977, 1978, et son nom seul dans celle que je viens decker 8 
au sujet d' Arduinna. On a pretendu a tort que ce terme etait 
d'origine sabine; Tune de ces inscriptions est d'un Remois, et 
1'autre des citoyens de Reims, en l'honneur de Tibere. C'est 
d'ailleurs un element tr6s-gaulois du nom de Gamulogenus et 
d'autres que nous ont r6vel£s nos inscriptions, Andecamulos 

1. J'ai supprimS le rapprochement compost de l'article Ar, le, et de Du ou 
Dubn, etc., parce qu'il supposait, des cette epoque, Pexistence d'un article 
dans le Celtique. 

2. Zeuss, id., Die Deut., p. 11, mais il tire ce nom du Tud. Fenni, marais. 

3. Voir sur cette divinity une Dissert, particuliere deM. Alf. Maury, Mem. 
d. Antiq. de Fr., t. xix, 1849. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 387 

(voy. la 2 e ), et les Andecamulenses, Camulia, Camulognata, etc. 
— Kara, courbe, quoique commun aux cinq idiomes, voy. le 
n° 363, me plait peu pour le sens, mais nous avons Tlr. Kam, 
fort, puissant, et querelle, duel. — Ir. E. Kama, brave, — et 
leK. Kam, mauvais; Kamu, Ar. Kamma, courber (Pare). Gluck, 
p. 101, s'est prononc£ pour le sens de fort, de puissant. Notez 
en Bretagne Camulo ou Camalodunum, et Camulossesa du G3o- 
graphe de Ravenne. 

412. Belatucadrus, al. Belatucardus et Belutucadrus, Orel., 
1965, 1966, Henzen, 5879 (Belatuca n'est qu'une abr^viation) ; 
tant6t nom d'un dieu particulier : Deo Sancto Belatucadro 
(Wright, The Celt., p.' 292), — tant6t simple surnom de Mars, 
dans des inscriptions britanniques, ou Betham Pinterpr&te : Dieu 
ami des hommes, Ir. Beal tuath Caidreach i ; Owen : Mars le 
Dieu puissant , K. Bel y Duw Cadr, et M. de La Villemarqud : 
Bel toujours guerrier, elu Cadr. L'assimilation de Belatucadrus 
et de Mars repousse naturellement Tinterpr^tation de Betham. 
Celle d'Owen suppose queite/'signifiait Mars en K., ce qui ferait 
r£p£ter assez inutilement le nom de ce dieu dans Tinscription 
ou il se trouve d£ja en latin, mais d'une langue a l'autre ces 
redondances sont communes. Nous disons tous les jours 1' Alcoran, 
la montagne de Montmartre, la ville de Civita-Vecchia. Nous 
avons vu Bel, Bil, signifier carnage et idole, au mot Belenus, 395, 
et Duw, dieu, au mot Divona, 403, ou bien Atu, toujours, au 
n° 3/j8. — Reste le K. Kadr, beau, Z. p. 165; C. et Ar. Kaer. — 
Kadr dans le K. actuel veut dire: fort, puissant; Hu Gadarn, 
dans les Triades, est le chef de la race bretonne. — Ar. Kadam, 
brave, Kadour, guerrier. — Ir. Kaithreim, victoire. — Kailh- 
ream, cri de victoire. 

413. Segomon (ou Segomo, suivant Gluck, p. 150), 
Orel., 1356; M. de Boissieu, p. 9, etc. Autre surnom de Mars, 
qu'on trouve dgalement comme nom propre d'une divinitS, et 
m6me accompagn^ d'^pithfctes particulifcres, telles que Cuntinus, 



1. Gael and Cymr., p. 227. Voy. encore Baxter, Mone, etc.; eclui-ci aVait 
d'abord vu dans Mars Belatucadrus une trinity de Mars, Bel et Hu-Gadarn ou 
le Fort, pere de la race kymmryque, Nord. Beidenlh., t. ii, p. 489, n. 



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388 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

probablement topique, etc. D'apr6s Fir. Maon, hdros ; E. id. 

(Armstr.); — K. Maon, peu pie, population ; — C — Ar. Man, 

homme; — et les deux significations qu'on peut attribuer en Ir. 
a S6go, combat ou taureau 1 , voy. 353; nous aurions ici le h&ros 
des combats ou le taureau hSroique, dernier sens qui aurait 
peut-£tre quelque rapport, sinon avec le fameux taureau des 
Cimbres, du moins avec ces statues de taureau a trois cornes, 
trouvSes en Bourgogne et en Franche-Comt6 2 , ou avec le Tarvos 
aux trois grues de N.-D. de Paris, voy. 273. Quant au grec Sekdma, 
recompense, il est tout a fait hors de cause, ce me semble, dans 
les montagnes de la S&juanie ou Mars portait particulierement 
ce surnom. Mais il est une autre interpretation fort curieuse 
assurdment, qu'a sugg£r6e une statuette d'&ne trouve'e a Nuits 
{Autun archeol., p. 262) et d<5di(§e : DEO SEGOMONJ. M. L6on 
Renier a rapprochd cette brfcve inscription de l'etrange dSdicace 
que porte une pierre de Craon (Mayenne) : AVG. MARTI MVIAONI 
TAVRICVS, etc., a Mars Muletierl Serait-ce, demande le savant 
gpigraphiste, la traduction latine du nom de Segomon, ce dieu 
auquel on vouait des images d'&ne ou de mulet ? C'est peu pro- 
bable, Fane ayant en K. le nom meme de Mul ; Mules, une 
&nesse, Mulyn, un petit Sine, Bastardd-Mul, un mulet. L'Ar. em- 
ploie Mul pour le mulet m6me, en Ir. Muille, E. Muileid, et une 
glose lr. de Z. nous donne Muldae, Mulionicus. Un Gallo-Romain 
n'aurait done pas eu besoin de chercher un nom aussi eloigne du 
Latin que celui de Segomon pour son dieu muletier. Mone en 
fait le genie local des habitations, Sigh, esprit, fantdme, 
Omhna, fidele ; Celt. F., 239 ; cette double ressemblance Iui fait 
oublier qu'il s'agit d'un dieu Mars. 

414. Dunas ou Dunates, Spithete donn£e a Mars Segomon 
dans une inscription de Culoz, Ain (Henzen, suppl., p. 500. Rev. 
archeol, 1852, p. 315). C'est absolument Fir. Dunattx de Zeuss, 
p. 29, avec sa glose Castrensis, et d^rivS de Dun, chateau, for- 



4 . Suivant Ed. Davies, Moyn signifiait dans Fancier) K. des Bardes un tau- 
reau, ce qu'appuie le K. actuel Mon, vache. Ainsi nous retombons encore de 
ce c6t£ sur un taureau de guerre. 

2. M. de Fontenay, Autun archeol., p. 259 et suiy. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 389 

teresse; K. actuel et C. Dinas; voy. 99. Cette invocation s'adres- 
sait done a Mars protecteur des citadelles, ce qui nous rappelJe 
la Minerve Poliade des Grecs. 

415. Grannus, surnomdu soleil (Orel M 1997, 2001; voy. la 
dissert, sp&iale d'Eckhart), qu'on trouve aussi joint en Alsace a 
celui de Mogounus, Apollini Granno Mogouno, Orel., 2000. 
Nous savons qu'une des principals dpith&tes d'ApolIon le nom- 
mait le dieu a la belle chevelure. — Ir. Granni; E. Green, longue 
chevelure. L'Ir. Grian, gen. Grene, Z. p. 21, 22; et E. id. signifie 
encore le soleil aujourd'hui. — K. Greian, ce qui>repand la cha- 
leur, le soleil; Grain, anneau, orbite. — C.... — Ar. Grias, ardent. 
Notez dans le Tud. Granni, barbu, un des surnoms d'Odin; 
Isidore de S£v. nomme grani les moustaches des Goths, Or., 
xix, 23. Quant au grec Gryneus, venu de TAsie Mineure, je le 
crois tout a fait different de notre Grannus, quel que soit celui 
de ces deux surnoms qu'il faille lire dans Dion, lxxvii, 15. 

416. Livius, al. Livicus, autre surnom d'Apollon (Steiner 1 , 
Rhen, 785, et Danub, 1046; De Wal, 164). — K. Lliw, couleur; 
C. Liu; Ar. Liv ; — Ir. Li, couleur, £clat; E. colore. — Gliick 
traduit ce surnom par splendide, p. 106. — T. Live £tait comme 
Virgile un glorieux enfant de la Gaule cisalpine, ainsi que 
Pline et Catulle!! 

Mars, Apollon, Hercule et d'autres dieux avaient en outre 
regu dans les Gaules un grand nombre de surnoms que nous 
fait ^galement connaitre l^pigraphie, les urts d'apparence toute 
latine, Saxanus, Magusanus, etc.; d'autres simplement topiques, 
tels que Arvernus, Devsoniensis, Gabix, ou pouvant Stre reven- 
diqu£s par le Grec comme Dolichenus, Olloudius*, etc. Mais il 
en estqu'on peut hardiment prendre pour des^pithetes gauloises, 
non-seulement parce que leurs dtements ont une significa- 
tion qui nous est connue, mais encore quand le sens nous echappe 
au milieu des attributions si diverses de toutes ces divinit&s. 
Une circonstance quelconque pouvant chaque jour amener l'ex- 



1. II a public trois recueils d'lnscr. lat., celles desbords du Rhin, celles 
des bords du Danube, puis celles du Rhin et du Danube reunies. 

2. A remarquer toutefois qu'on lit OUordio dans Orel., 2066. 



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390 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

plication dequelqu'un de ces termes, le lecteur sera sans doute 
satisfait de voir rassembler ici lous les surnoms de ce genre que 
j'ai rencontres, et dont je n'ai pas encore parte. 
' Pour Apollon : Aponus; en Angleterre; Whitaker, Wright, 
p. 263. — Cobledulilavus, h Pfrigueux (Rev- d. Soc. sav., Jan- 
vier 1858, p. 106). — Mogowius, en Alsace; Schoepflin, OreIJi, 
2000, etc., probablement identique au dieu Mounus et Mogon 
des Cadeni de la Bretagne 1 ; Orel., 2026 et 2027 ; De Wal, 168 
et 172. Mogon* est lui-m6me surnomm£ quelquefois Vitires, 
nom qu'on trouye plus souvent seul, ainsi que Vitirineus, De Wal, 
170 et al. — Toutiorix, a Wiesbaden ; Orel., 2059 (le roi da peuple 
ou de la contrge, voy. Teut, 354, et Rix, 387). Mone a prefere le 
K. Dydd, pi. Dyddiau, c'est-a-dire Roi des jours, Gall. Sprache, 
p. 104. — Siannus, que Wachter rapportait au Tud. Sonne, 
le soleil, p. 1197, et Mone a Tlr. Siann, voix; — Siansa, har- 
monie, — n'est qu'une fin de mot tronqu^ dans les Inscriptions 
lyonnaises, de Boissieu, p. 18. Voyez cependant De Wal, n° 250. 
Pour Mars Albiorix, h Avignon; Henzen, 5867 (le roi des 
montagnes ou des citadelles, voy. Alpes, 70, et Rix, 387);— Bra- 
ciaca, en Angleterre; Gibson, Wright, p. 262. — Britovius, a 
Nimes; DeWal, 64. — Cabetius, en Souabe; Stein. Dan. etRhen., 
34. — Caturix, en Suisse et en Souabe; Mommsen, 70; Orel., 
1980 (le roi des combats, voy. Gaterva, 158, et Rix, 387). — 
Ceaiius, en Angleterre, Orel., 1981 ; Wright, p. 295. — Cigoeluis, 
a Dijon; Belloguet, Orig. dijonn., p. 180.— Cocidius ou Cocideus, 
en Angleterre; trouv£ aussi seul et m§me avec l'dpith&te Taurunc, 
suivant Wright, p. 293; mais il s'est trompg, c'est le nom du 
dSdicateur T. Auruncus, De Wal, 93. — Cososus, dans le Cher; 
De Wal, 94, Orel., 1984. — Halamardus, pr&s de Ruremonde, 
De Wal, 94. — Lacavus, a Nimes ; De Wal, 158. — Leherennus, 
plusieurs fois dans le mus6e de Toulouse, trouve aussi seul a 
S. Bertrand de Gomminges, De Wal, 162, 320 et al.; ainsi qu'& 
Strasbourg, Leherenhus, De Wal, 324, M^rimee (Rev. archgol., 
t. i er ). Nom probablement aquitain, Basq. Lehercea, briser, Sera- 

4 Les Gadtnoi de Ptol6m., n-3, 10. 

2. A qui Mayence doit son nom de Mogontiacum, Z. p. 772. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 391 

ser 1 . — Linus, voy. le n° 395. — Loucelius ou Leucetius, h Wies- 
baden; Steiner, Men., 309 et 248; De Wal, 339, 340; surnom 
peut-etre topique comme celui de Vintius 1 , a Vence, port£ aussi 
par Pollux, mais a Seyssel, id. 277 et 278. 

Pour Jupiter : Addus? Henzen, 5610, omis par DeWal, mais 
appuye par YAdoneicus de Milan, id. 5611 (Conf. Agganaicus de 
Pavie, id. 5612). — Alannicus ou Alanninus a Brescia (Spon et 
Orel.) — Cetius, en Angleterre; Lysons. — Bemi luc, en Bour- 
gogne; Orel., 1970; De Wal, 54; tres-douteux , car on en fait 
aussi un dieu particulier, celui des vendanges entre autres, sous 
le nom de BEMILVClOVIa? ou BEMILVCIOVlus. — Cingiduus a 
Gen&ve; De Wal, 87. (Lu aussi les deux Cingi, d&licateurs. 
Voy. Mommsen, 67.) — Eidcus, dans le Pas-de-Calais ; De Wal, 
156. — Melo, Steiner, 363 ; confirm^ par Melia, surnom .donng 
a une d^esse Maire, id. 362. — Saranicus? Orel., 1261, probable- 
ment Taranucus, ci-dessus, n° 394. Conf. Steiner, Dan. et 
Rhen., 570. — Poeninus ou mieux Penninus est au n° 9. 

Pour Hercule : Andossus dans les Pyrenees (M&n.-de 
M. Barry sur cette divinite 3 ). — Peut-etre aussi Gilius ou Gylius, 
sur une pierre de Pouzzoles ; Orel., 1540. — Macusanus ou Magu- 
sanus et Macsusanus, en £cosse et dans les Pays-Bas, De Wal, 245 
et al. M&lailles. — Illunus-Andosis ou Ilunnus-Andose suivant De 
Wal, 154, a Toulouse, et Toliandossus ; voy. sur ces surnoms 
composes Jes Mem. des Antiq. da midi de la France, t. i er , p. 285 
et 287, et ceux de la Soc. d. Antiq. de France, t. xvi. 

Pour Mercure: Nous avons vu Marunus, 404, Vassus, 332, et 
Cambus, 203, auquel se rapporte peut-6tre le Mercure CBR1ANO 
de Steiner, Danub., 1677.— Alaunus, a Mannheim, De Wal, 291. 

1. Eloi Johanneau a rejetS avec toute raison, pense-je, rinterpr&ation 
armoricaine Lec'h-er-ren^ pierre de la conduite, Mem.de VAcad. celti(i.,t. in, 
p. 223. Chaho, quia fait de ce dieu une des graudes divinit6s des auciens 
Basques, decompose ce nom en Lehen-heren, premier-dernier (Hist, primit. 
d. Euskes, p. xvn). Keysler, de son c6t6 (Antiq. septentr., p. 276), l'avait 
identifi<5 avec un dieu thuringien, Lahran, que je n'ai pas retrouve dans la 
Mythol. de Grimm. Le mus£e de Toulouse possede une deesse Laha, Henzen, 
5896. 

2. Qu'on a lu aussi INVICTO. 

3. Voy. la Revue d. Soc. sav., novembre 1863, p. 449. 



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392 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

— Arcecius, Orel., l&l&,omis par De Wal.— Biausius, De Wal, 
301. — Canetonnessis et Canetus t en Normandie ; A. Le Prevost 

(M&n. sur les vases de Bertbouville, p. 17 et 23). Moccus a 

Langres; De Wal, 167.— Secate, Steiner, Danub., 838, omis par 
De Wal. — Tourenus, k Spire; De Wal, 265. — Toorencetanus? 

M£m. de la Soc. d. Antiq. de France, t. xvn, p. 39. Visucius 

ou Vesucius, en Souabe et en Franche-Comt<* * ; Steiner, Bhen., 

63, avec une ddesse, Visucia; voy. De Wal, 279-282. Cisso- 

nius, Cisonius ou Cesonius, k Besangon et le long du Rbin (De 
Wal, 88 et suiv.), rapport<§ au grec Kissos, lierre, mais reclame 
par Mone au nom du K. Kyson, harmonieux, Gall. Sprache*, p. 93. 

Pour Minerve : Arnalia, var. Arnalya, en Bourgogne; De 
Wal, 22. — Lada? ou Cur.lada? Henzen , 5 , 211 • omis' par 
DeWal. 

Pour Neptune : Sarabosinus? (Neptuno Sarabo Sino) en Angl 
Wrigbt, p. 295. "' 

Pour Sylvain : Sinquates, Henzen, 7416, a, et 7417. 

Pour les deesses Maires (voy.. 405 et 373) : Aufanise, Aflix, 
Malvisix, Mopates, Melia, Ubercx, Vapthix, Vediantise, un grand 
nombre d'epith&les enfin, qui doivent avoir €t6 presque toutes 
topiques. Le premier de ces surnoms, dans tous les cas ne 
venait certes point d'Ofen en Hongrie, ainsi qu'on Ta suppose 
avec si peu de vraisemblance, malgrd son frequent emploi dans 
notre pays, et comme le prouve ce \ceu:Matronis Aufanib., dont 
Mansuetus s'acquitte a Cologne aprfcs l'avoir fait au pied du Cau- 
case; Henz., 5930. 

L'^pigrapbie gallo-romaine nous a pareillement t6v6\6 un 
grand nombre de divinit£s gauloises qui dtaient , et qui sont 
encore, a leurs noms pr&s, entierement inconnues. Quelques- 
uns de ces noms, Aghon, Caprion (De Wal), Sucellus (Momm- 
sen), etc., sont ou paraissent grecs ou latins; la majeure partie 
est certainement gauloise; mais sauf les dieux topiques, tels 



1. Aussi a-t-on tir6 ce surnom de Vesuntio, Besancon. 

2. Un epigraphiste allemand a interpret ces quatre surnoms celtiques 
Cissonius, Biausius, Visucius et Tourenus, par custos, nundinator cultor et 
rex. Je n'ai pu retrouver que le radical possible du dernier, rir Tor roi. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 393 

qu'Avenlia, Luxovius, Lixo 1 , Nemausus, Vesunna*, et peut-Stre 
les deux Mars, Divanno et Dinomogetimarus, d'une inscription 
de Saint-Pons (H^rault) 3 , rien n'indique, du moins avec quelque 
certitude, le sens de ces termes, ni le role ou les attributions 
de ces divinit^s. La critique ne peut accepter, ai-je dit, comme 
demonstratives d'une signification quelconque, de simples simi- 
litudes, qu'on peut toujours traiter de fortuites, avec tels ou 
tels mots du Celtique moderne. Je crois done inutile de rappor- 
ter ici tous ces noms absolument isolds, d'autant plus que ce 
travail a d£ja 6t6 fait par M. Berger de Xivrey dans sa remar- 
quable lettre a M. Hase, que fai cit£e 4 . Je passe done a ceux 
qui suivent. 

417. Brennus, en grec Ppevvo? et (Spfiwoc ((Sepvo; dans le 
Syncelle), nom donn6 par ies historiens, non-seulement aux 
chefs qui conduisirent les Gaulois a la prise de Rome, et k 
Tattaque de Delphes, mais encore a. celui que vainquit Sos- 
thanes en Mac^doine *, coincidence qui a fait penser avec raison 
que c'&ait moins un nom propre qu'un titre de commandement. 
En effet, nous avons dans le K. (ces mots fussent-ils d'anciennes 
contractions 6 du Brigentin de Zeuss, p. 162): Breen, supr&- 
matie, Br'eeninn ou Brennhin, Z. ib. auj. Brenin, et Ar. Brenn, 
roi. — C. Brenlyn, noble, souverain (adj.); Brenniat, timonier, 
celui qui tient le gouvernail. — Ir. Brain, chef, capitaine; 
Brainteagh, la maison du prince, le palais 7 . — Ir. E. Breas, 

1. Remarquez l'analogie de ces deux noms d'eaux thermalcs, Luxeu et 
Luchon. 

2. J'observe, au sujet de cette dSesse de PSrigueux, qu'une V6suna Stait 
adoree en Italie ; Henz, 5830, qui renvoie a Lanzi, Saggio, t. in. 

3. Divannoni Dinomogetimaro Martib. V. S. L. M. M4m. de la Soc. d. 
Antiq. de Fr., xm, p. xviij. 

4. On peut ajouter aujourd'hui quelques noms a cette liste, tels que Bopien- 
nus, Henzen, 5880, a; — Heliougmon, mi-part, grec, idem, 1850. Sornauses, 
Henz., 5913; Ancasta, Wright, p. '294, etc. 

5. Euseb. Chron., l p « part., 6d. Mai, p. 175; nous retrouverons encore ce 
nom dans l'Asie Mineure, Plutarq. Parall. min., 15. 

6.M. Gluck, p. 129, n'admet point qu'ils aient rien de commun avec notre 
Brennus, malgre* le doute exprimS par Zeuss lui-meme, p. 1107. 

7. II y a encore les Brehan, anciens juges de l'Irlande et de la Catedonie; 
voy. Whitaker, Chalmers, Walker, Ir. Bards, p. 10, etc. 



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394 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

prince. — Remarquez toutefois le nom propre germanique 
Brinno, Tac, Hist., iv, 15, et celui des Alpes Brennoises ou 
Mont Brenner, du Tyrol, dont les Brenni d'Horace (Od., liv. iv, 
lft, et autres auteurs) attestent Tantiquit^. C'est a leur pied que 
nalt la Drave, le haut lster d'H^rodote et d'Aristote qui plagaient 
la source de ce fleuve chez les Celtes, Tun, n, 33, pres d'une 
ville; l'autre, Meteor., i, 13, pr£s d'une montagne, qu'ils nom- 
maient dgalement : 

ftl8. PyrSnS. Denys le PSrtegfcte, d'aprfes les documents sou- 
vent fort anciens sur lesquels il composa son poeme, transporta 
ce nom aux sources de l'Eridan ou du P6 (v. 288; conf. Eus- 
tathe, ib.), c'est-a-dire dans les Alpes, quoique Polybe, in, 35, 
et d'autres £crivains l'eussent A6]h attach^ aux montagnes qui 
s^parent la Gaule de PEspagne. PyrSnS £tait done, ainsi que 
Tont prdsumd Wachler et Diefenbach, un lerme d'origine cel- 
tique et d'une signification generate applicable a toutes les 
hautes sommit£s. II se ratlache ainsi au nom du Brenner comme 
celui-ci au K. Breen, Bryn, Z. p. 101 ; Ar. et G. Bryn, Bre; Ir. 
id., montagne, colline. — E. Bri, Eminence. — Les Brenni ou 
Breuni n'&aient done que des montagnards/ Diefenbach a fait 
encore un autre rapprochement avecleK. Pyr, cone, sapin; — 
C... 1 — Mais voici Diodore avec une etymologie grecque tir£e 
d'un incendie qui aurait embras£ les forSts de nos Pyrenees, et 
chose singuli&re, la langue allemande en fournirait, quant au 
sens, une toute pareille pour le Brenner, Breim.cn y signifiant 
brtiler. Sur quoi j'observe: 1° que ces traditions d'incendie 
existaient dans plusieurs contr^es; 2° que le PyrSne des Alpes 
tyroliennes n'avait point uneorigine grecque, quoiqu'on ait fort 
longtemps attribue cette denomination locale a une confusion 
g6ographique d'tterodote, supposition que r£futait r existence 

1. Le C. Pir de ma i r ' ed. n'est point dans R. Williams, et Peran n'y 
signifle qu'une poire. Le gagliq. Per, Ber ou Pir, d'Ad. Jouanne, avec son 
pi. Birennou, n'existe pas davantage dans le Dictionn. Scoto-celtic. ou dans 
M'Alpin. Est-il plus exact en disant qu'on nomme encore dans PAriege les 
hauts paturages Piren ou Biren? — J'ai pareillement cherche sans le retrou- 
ver ce -mont Pyrenee de la Grece continentale, mentionne sans citation d'au- 
teur par M. de Gobineau, Inegal. d. rac. hum., t. in, p. 71. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 395 

m^me des noms de Brenner et de Brenni vers les sources de la 
Drave. La raeme raison m'empSche de croire ib&ien ou basque 
ce mot barbare que les Grecs ont harmonieusement rattach^ a 
leur propre idiome. 

ftl9. C'&ait probablement aussi un simple titre que ce 
fattieux nom de Vercingetorix dont Florus a dit qu'il semblait 
fait pour inspirer la terreur, in, 11. Nous avons deja remarqug 
qu'un pr&ixe dont le sens nous est bien connu, voy. Verne- 
metis, 156, distinguait seul ce mot d'un autre nom conteropo- 
rain. D'apr&s cette observation, Vercingetorix aurait d'abord 
signifi^ le grand Cingetorix, et celui-ci n'eut 6t6 lui-m6me qu'un 
titre vraisemblablement traduisible par roi ou chef des braves : 
Ir. Kingeadh, de King, fort, vaillant; E. Kingeadh, vaillance; 
Kingeach, brave. — K. Pink, vif, vigoureux (on se rappelle 
qu'en Ir. le K. remplace souvent le P initial du Kymr.). Ar. et 
C... — Nous avons vu Rix au n° 387. La double interpretation 
de Gluck: vaillant et trfes-vaillant chef, p. 76, est assur^ment 
plus satisfaisante que le Fear-cin-go-toir , ou Yhomme tete de 
V expedition, d'O'Brien, p. xxvm, et le Cinn-ceto-righ, ou chef 
de cent tetes, de M. Am. Thierry qui fait si 6trangement dire a 
Tlr. les teles-cent 1 . MSme faute, Montagnes-cent, pour Orgetorix 2 , 
qui viendrait plutot de l'lr. Orcadh, tueur, exterminateur; 
Orgiat, Z. p. 71, qui coupe. 

420. Graiae (mont Grains, dans Tacite, Hist., iv, 68 ; conf. 
Pline, in, 21), nom d'une partie des Alpes dont P&rone signale 
les rochers, mais sans dire, quoique Diefenbach raflirme, que 
telle fut la signification de ce mot, Satyr. Sect. 122 3 . II rappelle au 
contraire la tradition qui rapportait ce nom au passage d'Her- 
cule ( voy. Plin., id., 24), et que T.-Live, v, 3/j, traite de fable, 
laissant a ce terme son origine locale et toute celtique. Le sens 
nous en est indiqu£ par celui de la Crau (du provengal crauc, 
pierreux); nom donn6 en Provence aux Campi Lapidei des 

, i. Le K. Gwr-Kyncad-or-wych qu'il met en regard de son gaelique valait- 
il la peine d'etre cite? 

2. Or, montagne, ne se trouve ni dans O'Reilly, ni dans M'Alpin. Gorcad 
donngpour K. n'estpas davantage dans Owen, 

3. Ou Carm. de bello civ., v. 14i. 



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396 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

Anci8ns,etqu'un document du moyen Sgetraduit par : champ de 
pierres, in Cravo sivein agro lapideo (Diefenb., Celt., i er , p. 241). 
— K. et Jr. Kraig; E. Kreig, rocher. — G. Kreeg, montagne; — 
At. Krag, gr&s, caillou ; Mene Kragou, montagne de notre Bre- 
tagne 1 , le nom mSme des Cragus de Lycie et de Gilicie. Celui-ci 
n^tait qu'une 3norme roche escarpSe de tous cdtes, ainsi que 
1'Anticragus, nous dit Strabon, xiv, p. 570 et 568, Did. 

421. Taurini, Taurisci, voy. 385; Tauredunum de Grdgoire 
de Tours (castro in monte collocato, Hist. Fr., iv-31), etc., desi- 
gnent des montagnards ou des situations montagneuses; — K. 
Tor, pro&ninence, renflement ; Twr, monceau ; — C. Tor, id. 
et montagne; Ar. Tor et Teur, gros ventre. — Ir. Torr, emi- 
nence, montagne; en E. montagne abrupte. — Le fameux mont 
Taurus des Anciens et les Tauri ou montagnards da Bosphore 
cimm^rien. — Observez que dans les noms d'hommes, Donno- 
taurus par exemple, cette finale a un tout autre sens; voy. le 
n° 273. 

422. Lemanus ou Lemannus, un des noms les plus fre- 
quents de la g^ographie gauloise ou britannique, donn6 au lac 
de Geneve, dans C£s. i er , 8; en grec Lemane, Strab. ou Limene, 
Ptol. Lemanos ou Lembanos, Dion C. — puis a la Limagne d'Au- 
vergne, Lemene, Lemmane et Limane, dans Gr£g. deT.; — au 
port Lematinis ou Lemanna de Bretagne, I tin. Ant.; Notit. Imp.; 
dans Ptol. Limen; — au golfe Leilamnonios ou Lemannonios, auj. 
le Loch-Fyn d'ficosse; au Loch-Ieuen, du meme pays, etc. Ce 
mot, si proche parent du grec Limen et Limne, doit avoir signify 
une vaste concavity un grand bassin (cavo Lemanno, dit Lucain, 
i er , 396) rempli d'eau comme le lac de Geneve, ou vide comme 
la Limagne, dont une partie s'appelle encore le Marais. Mais je 
n'ai rien trouv6 qui fortifiat cette conjecture, si ce n'est le nom 
du lac Lyfann, Z. p. 100, au pays de Galles, £crit Liuan dans le 
Latin de Nennius, p. 76, 6d. San Marte. Je laisse de c6te les 
similitudes vocales dont Baxter et Betham ont tirg, le premier, 

i . II y a en Provence une chaine de montagnes dite aussi de la Crau, auN. 
de Grasse ; et pres de Batz en Bretagne, des Scueils ou Hots nomme*s les 
Craux. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 397 

du Gallois, Llym aim, Aeris aqua; — le second, de l'lrlandais, 
lac ou rivifere a bateaux, Learn Abhan (ce dernier mot prononc^ 
aun). J'aimerais mieux regarder le K. actuel Llyn, jadis Linn, 
Z. p. 100; C. Lin; Ar. Lenn, 3tang, marais; Ir. . Linn, E. Linne, 
lac, mer; comme une contraction de Fancien mot Leman 1 . Ne 
pas confondre ce dernier avec PAr. Loman ou Lokman, de qui 
nous vient notre mot Lamaneur. 

423. Ouergiouios, var. Ouiergiouios, en Latin Vergivius, et 
fautivement Verginius, 3tait le nom de cette partie de POcean 
qui baigne le c6t6 sud de l'lrlande, entre elle et la Gornouaille 
anglaise; Ptol., 11, 2 et al.; Marcien d'Her., 11, 13, lft. Nous con- 
naissons la premiere syllabe de ce mot pour avoir signify grand, 
n° 156, qualification qu'on a pu donner au notable Slargissement 
du d&roit qui sdpare l'lrlande du pays de Galles. Nous aurions 
pr6cis£ment pour rdpondre k cette idee le K. Gwyf, ce qui 
s'^tend, Ver, grandement, largeme^t; — ou Gweilgi, la mer, 
Veilgi suivant Price; en C. Vylgy ; Ar... — Mais les gloses irl. 
de Zeuss nous fournissent le mot lui-m6me, Foirggae, Thetis, id 
est Oceanus, ddrivd probablement de fergg ou fere, Z. p. 13, ou 
foirge, p. 1ft, agitation, colore,. fercach, Z. ib. irritS. Fearg veut 
encore dire la mer en Ir. ; Fairge en E. ; M. Faarhey. 

ft23 bis. Salusa, fontaine de la Narbonnaise dont les eaux 
gtaient plus satees que celles de la mer (M&a, u-5). C'est ainsi 
que Zeuss lisait ce nom, p. lftft, et avec raison puisque le dimi- 
nutif Salsulse des Editions modernes (ant&rieurement Salsusx), est 
en contradiction manifeste avec le comparatif salsioribits qui 
suit. — K. Halm, sel ; C. Halein ; ancien lr. Salann, rapproche- 
ments faits par Zeuss, ibid., pour prouver que Vs gaulois devient 
volontiers un h dans les idiomes neo-celtiques. — II ajoute que 
le Saletio ou Saliso d'Am. Marcellin avait tir£ son nom de ce 
ip6me radical. 

ft2ft. Britannia, Tile de Bretagne qui tirait son nom d'un 
mot m£me de la langue des Bretons; lsid., Orig., xiv, 6. Voy. 
160. 

ft25. Aquitania, la 3 e partie des Gaules, suivant Ces., 1, 1 

1. Lemania en Basque, leyain. 



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398 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

et in, 20, entre la Garonne et les Pyr6n£es, et nomme'e anterieu- 
rement Aremorica, dit Pline, iv, 31. II ajoute, id., 33, qu'elle 
devait son nouveau nom (qu'il 6crit Tune et Tautre fois Aquita- 
nica) k un peuple particulier appel£ Aquitani, dont ne parle, si 
je ne me trompe, aucun autre ancien. On a pretendu^parce que 
cet auteur dit autre part, xxxi, 2, que les Tarbelli de Dax 
etaient un peuple aquitain, qu'ils etaient les memes que ces 
Aquitani, et Walckenaer a observe, a l'appui de cette opinion, 
que le golfe aquitanique du g<§ographe est appeie TarbelUque 
par Lucain, i er , /|21, et par Ausone, Parent., iv. Cette synonymie 
aurait quelque chose de specieux, si Pline lui-meme n 'avait 
positivement distingue les Tarbelli des Aquitani, dans son enu- 
meration des peuples de cette province, iv, 33. Pour moi, je pense 
maintenant avec M. Bial * que ce peuple dont il n'est fait men- 
tion que cette unique fois dans tous les livres des Anciens 
n'etait autre que les Ausci ou Auscenses, — Auscetani suivantla 
forme hispanique, — c'est-a-dire celui qui portait particulifere- 
ment, conrme le plus illustre des Aquitains, observe precis4- 
ment Mela, m-2, le nom national d'Euskes ou de Basques etendu 
a toutela contr^e trans-garonnique. Ces denominations cis-pyre- 
neennes ne repondent-ell^s pas .exactement a celles d'Oscenses 
et de Vescilania de Tautre c6te des monts, ou se trouvait encore 
un autre nom presque identique, celui des Ausetani, Pline, ni-3? 
Le grand compilateur n'a pas reconnu dans son peuple eponyme 
des Aquitani 2 , celui dont Teuphonie romaine avait adouci le 
nom barbare (TAuscitani, de maniere & lui donner Tapparence 
d'un d^rivd du mot latin aqua, Teau. D'Aftville s'y est laisse 
prendre (Notice des Gaules), de m£me que d'autres ont cru 
qu'Aquitania 6tait un synonyme du celtique Aremorica qu'il 
avait remplacd au sud de la Loire. Nous avions partage cette 
erreur, seduit que nous etions d'abord par les K. Ach, eau; Ir. 
Oiche; — et Aig ou Eigiawn, la mer; Ir. Aigein; — puis, d'un 
cote, par la preposition K. Tan, jusqu'a, contigu (mot qui signi- 



1. Chemins, habitations, etc. de la Gaule, p. 167. 

2. N'a-t-il pas aussi confondu, d'un paragraphe a l'autre, rv-31 et 33, 
l'Aquitaine d'Auguste et celle de Ge"sar ? 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 399 

fiait a ussi Vendue); et de l'autre, par l'lr. Tan, g£n. Tain, pays, 
territoire ; E. id. — Mais nous abandonnons ces rapprochements 
celtiques, comrae ceux qui soutenaient, soit l'&ymologie tir^e 
des eaux therraales de cette contree 1 , soit toute autre, en nous 
Stonnant toutefois de ce double fait : que la finale Tani Slant si 
fr^quente dans Tancienne g^ographie de FEspagne, je n'ai pu 
la retrouver dans le Basque, et que G. de Humboldt n'ait pas 
m£me dit un seul mot de ce nom d'Aquitania dans son c&ebre 
ouvrage. 

425 bis. Un autre nom dont les elements doivent 6tre encore 
moins celtiques, bien que j'aie'SvitS de me prononcer a cet 
Sgard dans ma l re Edition, c'est celui de Ligur, en grec Ligus, 
pi. Ligues. Oe peuple a incontestablement precede l'arriv^e des 
Celtes sur les bords de la MSditerranee, et son nom remonte 
(Tune part aux colonies libyennes et hispaniques qui se sont 
Stablies sur notre littoral et dans les iles britanniques 2 ; — et 
de l'autre aux plus anciennes traditions ethnographiques des 
regions du Cadcase. C'dtait done une pure r6v.erie que de ratta- 
cher, comme on l'a fait, Torigine de ce nom h celui du Liger ou 
de la Loire; — et une autre erreur que de lui attribuer, d'apres 
des rapprochements n^o-celtiques, la signification d'hommes de 
la mer ou du littoral. II est vrai qu'ils Staient s&iuisants; le K. 
Lli, flot, mar^e, ou l'lr. Li, la mer, Stant appelS avecle K. Gwr, 
pi. Gwyr, les hommes (Ir. Fir), k composer, dune maniere 
quasi demonstrative, le mot Ligur. lis avaient convaincu raeme 
Tillustre Freret 3 . D'un autre c6t6, Tancien et opiniatre prejugS 
qui confondait les Ligures avec les Ib6res avait fait chercher 
dans le Basque une dtymologie qui s'y pr&entait presque aussi 
naturellement, Gora, montagne 4 ; Ili-gor, ville de la montagne, 



4. Notamment celles de Dax ou des Tarbelli. Je gouterais encore moins 
l'Stymologie basque, Ach-itz, eau de rocher, de M. Boudard, Numism. iber., 
p. 122, par trop vague en v6rite\ 

2. Voy. sur ce sujet les Types gaulois ou le Genie gaulois, section derniere, 
dans laquelle j'ai r£uni les temoignages d'Eratosthene, dePausanias, de Solin, 
d'Avienus, etc. 

3. Recherche sur I'orig. d. pp. de Vltalie. 

4. En K. meme Gor signifie un lieu 61ev£, une frontiere. 



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400 ethnog£nie gauloise. 

dit G. de Humboldt, p. 5 et 6. Elle a 6te adoptde par Michelet 
dans son Histoire de France, ainsi que par Fauriel et Henri 
Martin, mais je n'ai pu retrouver dans le Basque ni le Ligorac, 
montagnard, de Fun, ni le Lli-gor de Fautre, dont le double / 
doit 6tre une faute d'impression*. Ce qui appuyait encore cette 
gtymologie, c'est un passage de Strabon, p. 2^6, Did. ou il est 
dit que les Taurisci (voy. le n° 621) sont aussi nommes Ligvr 
riskoi; et Walkenaer en concluait sans hesiter que ces deux 
noms Staient synonymes, Tun et l'autre signifiant montagnard 2 . 
C'6tait d'abord se fier & une legon fort douteuse de Strabon 8 , 
puis forcer mSme le sens du texte qu'on lisait de cette manidre. 
Cette synonymie d'ailleurs, — fortuite ou consequence d'une 
similitude g^ograpbique entre les deux pays qu'habitaient ces 
barbares, — pourrait-elle pr^valoir contre les plus anciens docu- 
ments, dont la confrontation prouve que les Ligures et Ieur 
nom avaient pr6ced6 dans notre Occident les lberes aussi bien 
que les Celtes? 

Apr&s ces deux noms d'Aquitania et de LigureS, se placeraient 
naturellement les trois autres denominations gen&rales de 
Beiges, de Celtes et de Gaulois ; mais les Anciens ne nous ont 
transmis, et les circonstances historiques ou locales ne nous 
fournissent aucune indication plausible sur le sens probable de 
ces mots, qu'on a interprets de tant de manieres. 

Je ne puis cependant leur refuser une place dans ce Glos- 
saire, surtout pour: 426, Belgae, dont Zeuss a propose, p. 1126, 
une interpretation si plausible, tirde du verbe K. Beta, Ar. et 
C..., faire la guerre, racine Bel, tumulte, combat. Plusieurs de 
ses derives prennent apr&s 1'/ un g; Belg, ce qui fait explosion, 
ce qui ecrase; Belawg, envahisseur, d^vastateur; Ar. et C... 
Diefenbach regarde, p. 275, le premier comme un mot invent^ 
precis&nent pour expliquer le nom K. des Beiges, Belgiaid ou 
Belgwys, mais le rapprochement qu'il substitue a celui de Zeuss 

4. Hist, de France, 4* 6dit., p. 6, n. Ou bien est-ce une confusion in?o- 
lontaire avec le K. Lli-gor? 

'2. Geographie anc. des Gaules, t. i« r , p. 19. 

3. Repouss£e meme par Saumaise et par Coray (trad, franc, de Strab.) et 
condamnee par Cb. Muller, Index, variar. lect. de l'edit. de Didot. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 



401 



n'est gufcre heureux pour le sens. C'est celui de notre mot Bulga, 
sac de peau, voy. le n° 49. II est vrai que l'lr. Bolg ou Bolgan 
signifie aussi un carquois. Ce numdro nous a pareillement mon- 
trd des g intercates aprfcs VI du radical, dans le K. Boliaw et 
Bolgan, le C. Bol, et le gaelique Bolk ou Bolg; auxquels on peut 
joindre d'autres exemples, tels que l'lr. Bolan, une vache en 
g^n^ral; Bolgan, une vache qui a toute .sa taille. Mais pour 
revenir a Interpretation du maitre, Je Gaelique nous offre pour 
sa part l'lr. Beol, brigand; Beolach ou Beolaoch, un jeune homme 
alerte, un soldat; E. Beolach, un jeune hdros. — On s'accordait 
en outre a peu pr&s g£ndralement pour reconnaitre des colonies 
beiges dans les cdlfcbres Fir-bolgs (Fir = hommes) des tradi- 
tions irlandaises. Cette assimilation, que conteste aujourd'hui 
M. Henri Martin, avait pour elle diverses variantes de nos textes 
classiques ou Belgx se trouve ecrit Bolgx, et le nom du chef 
gaulois qui envahit la MacSdoine Belgius ou Bolgios, tandis qu'on 
lit dans presque tous les manuscrits de Cicdron Belgarum pour 
les Volcx de Toulouse, nomm^s parfois Volgx dans ceux de 
Cesar 1 . On a d&Iuit naturellement de cette complication de 
variantes l'identite originelle de ces deux noms de Belgx et de 
Volcx, la veritable forme de celui-ci nous &ant donnee par M^la, 
Pline et Strabon. Mais Zeuss ne parait pas .avoir admis cette iden- 
tity, car s'il a rattachd le premier de ces mots au K. Bela, com- 
battre, il n'a rapproch£ du second que le verbe Ir. Folkaim, gl. 
humecto, lavo, JC. Golchu, p. 66 et 78; £tymologie assez bizarre 
pour le nom d'un peuple batailleur, comme tous les Celtes. Ed. 
Davies en indiquait une plus naturelle, du moins pour le sens, 
qui serait celui d'hommes de mer ou ^habitants des bords de la 
mer, en K. Gweilgi ou Vylgy; voy. le n° 423. Mais Gluck a mieux 
r&issi encore avec Fir. Folg ou Folk, prompt, agile, p. 56; — 

K 

427. Quant au nom de Celtae, et a son synonyme latin Galli, 
je ne puis, dans ce Glossaire, que protester de nouveau contre 
la distinction qu'on a voulu 6tablir entre les Galls et les Celtes, 

A. Ausone, Clar. Urb. Narbo. — Justin, xxiv-6. Pausan., x-19.— CicSroD, 
Pro Fonteio, xi. 

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402 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

soiten faisant des premiers les habitants des terres cultiv&s, et 

des seconds ceux des for£ts (Owen, Edwards 1 , etc.); soit en 

restreignant dans d'&roites limites le sens du mot Celtx, pour 

ggn^raliser celui de Galli, identique, affirmait-on, au Galatai des 

Grecs. Tousles raisonnements de M.Am. Thierry, et les auteurs 

grecs dont il invoque 1'autorite lointaine, ne peuvent pr^valoir 

contre ces paroles du conqu&rant m6me des Gaules, de l'histo- 

rien qui, pendant neuf ans, a 6t6 plus que tout autre a meme 

de constater un fait aussi simple et aussi facile k vdrifler. — Qui 

ipsorum lingua Celtx, nostra Galli appellantur, i er , 1; c'est-a-dire 

que Celtae (conf. Paus., i-3) 6tait le nom m£me que se donnaient 

les Gaulois proprement dits, et Galli celui qu'ils portaient dans 

la langue latine. L'un de ces termes £tait absolument l'equiva- 

lent de P autre. Or, & quelle £poque et par qui Jes Jtomains 

apprirent-ils le nom des ennemis qu'ils allaient avoir a com- 

battre pour la premifere fois? Ce fut quand ceux-ci s'avancerent 

dans le centre de PItalie, en passant sur I e ventre des Etrus- 

ques. Galli est done, suivant toute probability, un nom n£ en 

Italie*, disions-nous en 1858, un nom que je croirais d'origine 

toscane, et port6 ensuite au dela des Alpes par les Romains vic- 

torieux. Nos Etudes post^rieures, en nous demontrant la grande 

expansion de la race brune dans tout notre Occident 3 , et Pexis- 

tence du mot Gal avec le sens d'dtranger ou d'ennemi, dans les 

idiomes ndo-celtiques, nous ont conduit a penser que ce terme 

avait appartenu, avec cette signification, a la langue meme des 

figures, qui Pont de proche en proche fait connaitre aux autres 

peuples de l'ltalie, quand les conqudrants de la race blonde 

1. Double et puerile Stymologie qui n'est fondle sur aucun fait, sur aucune 
tradition, et que Ow. Pughe n'applique d'ailleurs qu'aux deux fractions qu'il 
suppose dans la nation kymmryque, sans penser que ces deux noms de Galli 
et de Celtce embrassaient chez les Anciens tous les peuples gaulois de 1' Europe 
et de l'Asie. — Voy. la fin du Complement de cette section. 

2. Morel a deja, dans la Revue de Paris (15 mai 1857, p. 251), risqu<§ cette 
conjecture, en renvoyant au liv. v-17 de T.-Live, ou il n'y a que ces mots 
peu concluants : gentem invisitatam (en fctrurie) novos accolas Gallos esse, etc. 
Suivant lui, Gallos signinait precisement novos accolas, et ces etrangers se 
nommaient eux-memes Ambra, vaillants. 

3. Voy. les Types gaulois, sect. V, et le Ge'nie gaulois, sect, yi et vu. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. #>* 

commencerent h franchir les Alpes. C'est d'abord un argu- 
ment qui me semble peremptoire que Tobservation de G. dc 
Humboldt : — que ce nom demeura toujours complement 
Stranger aux Celtes d'Espagne 1 . Puis, ne serait-ce point par ime 
Strange singularity qu'un des noms nationaux des Celtes e&t 
pris, chez leurs descendants les plus directs, les significations 
que nous venons d'indiquer : K. Gal, un envahisseur, un ennemi:; 
Ar. Gall, Stranger, ennemi; G. Gal, ce qui est mauvais, malfai- 
% sant; Ir. et E. Gall, un etranger, un homme qui ne parle point 
le Gaelique, V Anglais! et auparavant les Danois'; Inse Gall, Jes 
lies des Strangers, c'est-k-dire les Hebrides, longtemps possdd&s 
par les Norwegiens ; Galion ou Gallian, la province irlandaue de 
Laighean (le Leinster), conquise la premiere par les Anglo-Nor- 
mands. — Ge fait ne peut s'expliquer que par .la fusion de la race 
pr^-celtique avec les Celtes, dans la langue desquels sera pass6, 
ainsi que beaucoup d'autres sans doute, ce terme ligurien, macs 
d'origine peut-6tre asiatique 3 , car on retrouve ses analogues dans 
le Tudesque et, si je ne me trompe, dans le Slave 4 . 

Quoi qu'il en soit du nom de Galli, il est tr&s-diflterent, 
pensd-je, du Galatai des Grecs, bien que Polybe nous apprenne, 
n-21, qu'un roi des Boiens d'ltalie s'appelait Galatos. Zeusa, 
p. 758> rapporte Tun et l'autre nom a la racine K. et Ir. G*i, 
dispute, combat, et leur donne, p. 993, le sens d'hommes bfclii- 
queux ou toujours arm&s. Soit done pour Galatos ; Gall (E. Gail) 
signifie encore dans l'lr. actuel : vaillance, combat; K. puis- 
sance, capacity. Mais nous ne pouvons voir dans Galatai qu'ao 
nom donne aux hommes a peau remarquablement blanche da 
Nord 5 , par les Grecs h une^poque ou ils ignoraient absoJumetft 
celui de Galli. 

1. Urbewohn. Hispan., p. 146. 

2. Chalmers, Caledonia, t. i er , p. 332, d'apres les Annates de VUlster, 
an. 839. 

3. Je fais allusion ici aux Ligures»du Caucase, et a la parente* qu'on soup- 
Conne entre nos Pre-celtiques et la race finnoise. 

4. Conf. le latin Alius, Alienus, le grec Alios, etc. Voy. au surplus la 
nouvelle interpretation de Gluck a la fin du complement de cette section. 

5. Gr. TaXa, lait; voy. S. Je>6me, Lactance, Isidore de Seville, etc. Galatai 
peut cepeadant n'etre qu'uae forme adoucie du nom des Keltes. 



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404 ETHNOGSNIE GALLOTSE. 

Je m'etais encore occupy, aprfcs les derniers num^ros de mon 
Glossaire, du nom des Isombres ou Insubres de la Gaule cisal- 
pine, des Olombres et des Vilombres de M. Am. Thierry, en ren- 
voyant toutefois, pour un plus ample examen, cette question au 
Mdmoire qui devait concerner particulifcrement les Ombres. Je 
lui conserverai cependant ici la petite place que je lui avais 
donn^e, puisque nous savons par Tite-Live, v-34, qu'un pagus 
tSduen avait port£ dans la Transalpine le m§me nom que — 
428, ces Insubres d'ltalie. II nous dit en effet que les Gaulois 
6migr£savec Bellovfcsechoisirent, a cause de cette similitude, qui 
leur sembla d'un heureux presage, le territoire de ces derniers 
pour y fonder la ville de Milan. lis adopt&rent m£me leur nom, 
sous lequel ils sont connus dansThistoire romaine, mais que les 
£crivains grecs alt&rfcrent successivement, d'abord ; Insobroi, 
Polybe, xvi, d'apr&s fitienne de Byzance; Insoubroi, dans Stra- 
bon, p. 177, Did., et dans Ptoldm^e, in-1, 33; puis Insobares, 
suivant fitienne de Byzance lui-m&ne. Jusqu'ici rien des Ombres, 
pas plus en Italie que dans la Transalpine. Mais d'autres pas- 
sages de Strabon et de Polybe nous rapprochent d'eux. On lit 
dans le premier par deux fois Syrnbroi ou Symbrioi, p. 179 et 
181, Z)td.;etdansle second, aux livres n et in, tels que nous les 
poss^dons, constamment Isombres. C'est de cette forme particu- 
late queM. Am. Thierry s'est empard (de m£me que Fr^ret) 1 , 
pour faire des anciens Insubres du P6 desOmbres infdrieurs {K.Is, 
bas, en bas), par opposition aux Olombres ou Ombres supdrieurs, 
sur les deux versants de TApennin (Ir. Oil, haut, eleve), et aux 
Vilombres, 'OuiXo|*£poi ou Ombres maritimes, entre le Tibfe et 
l'Arno; Ir. Bil (lisez Bile), bord, rivage; K. Byle (lisez Byl). Sans 
chicaner sur le sens de haut au lieu de grand donnd au mot 
Oil, ni sur le veritable nom grec des Ombres, Ombroi ou Ombri- 
koi, j'observerai d'abord, pour ce qui concerne les Olombres et 
les Vilombres, que les positions qui leur sont assignees par Pto- 
16m£e (le seul auteur — que je jsache — qui nous ait transmis, 

4. Rech. sur. Vorig. des anc. peuples de Vltalie, Mem. de TAcad. des 
Inscr., t. xvin, in-4% mais il n'y dit pas un seul mot des Olombres, ni des 
Vilombres. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 405 

in-1, 53 et 5ft, ces deux noms si obscurs et dont le premier est 
m&ne tres-douteux ) sont en contradiction formelle avec la 
double interpretation de M. Thierry. En effet, TOlombrie du 
gdographe grec, avec sesvilles de Fossombrone et d'I£si, est 
beaucoup plus maritime que saVilombrie,dont les citds, Spello, 
Bevagna, Spolette, Narni, etc., sont dans une region centrale et 
fort £levee entre les deux mers. II y a plus. Pas une des villes 
vilombriennes nominees par Ptol&nee n'est meme situ6e entre 
le Tibre et l'Arno, et s'il est vrai?? que les Ombres aient parte 
un idiome celtique, le prdGxe Byl ou Bile n'a pu se rapporter 
qu'a la rive gauche du Tibre et non aux bords de la M&iiterra- 
n6e. Ajouter a Tunique renseignement de Pto\6m6e que sa 
Vilombrie, dans les temps primitifs, s'est Vendue sur le littoral 
tyrrh&iien 1 , c'est une pure supposition combattue par le silence 
de toute l'Antiquit6, qui n'a connu sur cette c£te, en laissant de 
c6t6 les Ligures, que des Sicanes, des Sicules, des Aborigenes, 
des P&asges et des fitrusques. En admettant meme le fait 
avanc6 par M. Thierry, pour quelle raison aurait-on donng le 
surnom de maritimes aux Ombres d'un cdte de l'Apennin plutot 
que de Tautre? — En somme, le nom des Insubres n'a proba- 
blement rien de commun avec celui des Ombres 2 , et pourrait 
fort bien etre tout simplement derive de la position quasi insu- 
laire (Ir. Ms, pi. Inse, lie; E. Innis, pi. Innse) des peuples qui 
Font port£ entre les affluents du P6 ou ceux de la Saone, de 
m§me qu'un canton de la Transalpine, entre le Rhone, l'lsere et 
les Alpes, s'apjfelait sp^cialement Vile, Polyb., in-49. 

Je crois pouvoir joindre aux mots de cette section deux noms 
qu'aucun texte formel ne donne pour gaulois, mais qu'un grand 
nombre de savants ont regards comme tels, et qui me parais- 
sent P6tre v^ritablement, malgr6 toutce qu'on a soutenu contre 
ou en dehors de cette opinion. Ces mots sont : 

1 . Cette Ombrie maritime est sans doute nee de l'idee qu'a eue Freret de 
rattacher les Ligures a la nation ombrienne, idee qull n'a fondle sur aucune 
preuve. L'illustre ethnographe a du reste dans cette partie de ses Recherches 
brod6 quelque peu, en les d^veloppant, les textes qu'il avait sous les yeux. + 

2. Une ville d'Isubrius est mentionnee dans les notes tironiennes, et fort 
anciennes, qui portent le nom de Magnon, auteur du viu e ou du ix e siecle t 
ch. Yi- 60. 



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^ ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

&29. Germani, nom nouveau, dit Tacite, vocabulum recem 

einuper additum 1 ; et restreint d'abord aux Barbares d'au dela 

du Rhin, qui franchirent les premiers le fleuve pour s'etablir 

dans les Gaules. II s'est dtendu depuis peu k la nation entire, 

adopts successivement par les autres tribus, a cause de la ter- 

jeur qirinspiraient les vainqueurs, a viclore ob melum, — ou 

bien : dt§riv6 de la crainte des vaincus a victis ou victo (Germ., 2). 

Tels sont les deux sens attribute, depuis Juste Lipse et Bochart, 

h cette phrase qui a soulcvl tant de discussions, et provoqud 

sar plusieurs points de ce texte si obscur des corrections tou- 

joors contests. II en r&sulte (sans nous arr£ter a \a pauvre dty- 

mologie latine de Strabon et aux vrais Gaulois que M. Holtz- 

mann 2 voulait en tirer) que Germani, suivant les uns, est un 

mot tudesque; suivant les autres, un termfc celtique. Cette der- 

niere opinion, cejle d'Adelung, de Zeuss et J. Grimm, estcertai- 

nement plus naturelle et plus logique, par rapport a V ensemble 

de ce passage; mais il faut accepter dans ce cas lechangement 

de victore en victis ou victo, et c'est k quoi s'opposent tous les 

roanuscrits, disent les savantes notes du Tacite-Naudet. II faut 

convenir en outre que Germani s'explique plus simplement par 

leTud. Ger-mann, homme arm6 de traits, homine de guerre 

(Goldast, Wachter, Gwer-man, suivant Lelewel), que de toute 

autre manure; mais independamment de toute objection philo- 

logique, la simplicity m6me de cette interpretation la rend peu 

probable, car les Gaulois avaient les memes armes e{ ne se pre- 

tendaient pas moins hoinmes de guerre que ces Germains pri- 

mitifs. Aussi les savants ne s'accordent-ils pas plus dans une 

1. Recens doit s'entendre toutefois dans un sens assez large, pres de deux 
aiecles, car ce nom (Stait d<5ja connu de Posidonius vingt ou trente ans peut- 
etre avant l'epoque de C6sar, d'apres une citation d'Athenee, iv, p. 153. Les 
premiers Germains me paraissent s'etrc dtablis en Belgique a la suite de 
l'invasion des Cimbres. Quant aux pr6tendus Germani des Fastes triomphaux, 
en 222 avant Jgsus-Christ, il n'en est, je pense, plus question parmi les 
savants. 

2. P. 45 et al. 11 ne s'est attache, dans cette Stymologie, qu'aux Germains 
d'Arioviste avec lesquels il veut confondre ceux de la Belgique, dont le nom 
existait (Svidemment (C6s., h, 4) avant que C6sar ou aucun soldat romain eut 
mis les pieds dans ce pays. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 4Q7 

langue que dans l'autre sur l'dlymologie de ce terme. Zeuss lui 
attribua d'abord en Celtique la signification d'habitant desforets 
montagneuses, soit celle des Ardennes en Belgique, soit l'Her- 
cynienne au dela du Rhin 1 ; l'Espagne m6me, dit-il, avait ses 
Germani ou montagnards (Oretani de Pline, m, 3; Ptol., n, 6) 
dans la Sierra-Morena. Mais ce nom, observe Ukert, Germ., p. 77, 
peut y avoir etd portd par une colonie de Germains auxiliaires. 
La Gaule en pr^sente d'analogues dans ses Bormanni, Ceno- 
niani, etc., dont la finale r£pond si remarquablement a l'Ar. 
Man 2 , homme, M or-van (pour wan), hominede mer; — K. Maon, 
peuple, population; — Ir. Maon, pi. Main (E. id., jadis), h6ros. 
L'E. Maoim, attaque soudaine, Maom, terreur, s'en dloignent 
pour le sens particulier, mais non pour l'idde en g£n£ral. Mais 
Zeuss, qui avait laissd dans le vague les 613rnents de cette pre- 
miere 6tymologie, en a par la suite adopts une autre qu'il dit 
toute simple, celle devoisins : K. Gar, Ger; Ir. Gar, jadis Gair, 
pr&s, tout contre 3 . — Ax... — E. Gair, le voisinage, les voisins. 
Trop simple en effet, rep&erai-je, c'est-a-dire d'une signification 
beaucoup trop gdnerale 4 . J. Grimm et Leo en ont produit, cha- 
can de leur cot£, une nojivelle qui se rattache du moins a un 
fait caractdristique signal^ par Tacite, le barrilus ou cri de 
guerre terrifiant des Germains, lanc£ du creux des boucliers, 
voy. ie mot Bardus, 17, et si propre a frapper Timagination des 
vaincus; cri tout particulier dont quelques troupes romaines 
adopt&rent Tusage dans la suite (Am. Marc, xvi, 12). — K. Ger, 
Garm, C. id., Z.. p. 133, cri, clameur; K. Germain, crier sou- 
vent; Garmiaw, pousser un cri. — Ar. Ger, parole, Garm, cri, 
Garmi, crier; G. id., crier fort. — Ir. Gairim, appeler, crier; 
Gairm, appel, acclamation dont Grimm tire leplur. Gairmeanna*; 
Gairmchuillein, hurlement de chiens. — E. Gairm, faire appel. 

1 . Die Deutsche, p. 59. 

2. Qull ne faut pas confondre avec le K. Man, petit, ou Man, lieu, place. 

3. Gramm., p. 735. Mone, qui soutient cette etymologic contre toutes les 
ant res, la complete avec le K. Maon, peuple. Celt. F., 330. 

4. Celle de petits voisins, que M. Holtzmann decouvre encore a la p. 862 
de Z., n 'est qu'une malice de sa part, p. 41. 

5. Gesch. d. A Spr., p. 787. 



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608 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

Ce qui vient k Tappui de cette Stymologie, c'est : 1° que le K. 
en a tir£ le mot Garmwyn, guerrier, proprement un jeteur de 
cr is ; __ et 2° qu'un passage trop peu remarqu£ de C£sar, v, 26, 
signale justeraent cette habitude de crier propre aux Eburons, 
c'est-k-dire aux Germains primitifs. Zeuss oppose a cette inter- 
pretation, appuy£e sur un usage positif, des difficulty gramma- 
ticales qui, a dix-neuf sifccles de distance, me paraissent de pures 
chicanes, p. 735. II est assurement plus facile (Tadmettre que 
Teuphonie romaine a change le plur. Germnann (s'il a jamais 
exists) en Germani que de croire qu'un nom nouveau et devenu 
si terrible ait signiGS tout bonnement voisins. Du reste, en par- 
tant toujours de Man ou Maon pour deuxieme Element de ce 
mot, on aurait encore pour le premier : K. Geri, colere, ou Fir. 
Gear, compar. Geire, E. id., tranchant, coupant; lr. Gearaim, 
E. Gearr, couper, Gearait, un guerrier. Je crois done que Ger- 
mani est un terme certainement gaulois 1 . C'est de plus unnom 
propre constat^ par nos m&Iailles : Germanus lndutilli f.; Com- 
mios Garmano 2 , etc. Pour le Germanoi, Dschermanen ou Erma- 
nen de l'Orient, je n'ai point a m'en occuper ici. 

&30. Laeti ou Leti, autre mot encore plus vivement debattu 
que le precedent, et que, malgrS la science et les sarcasmes de 
M. Boecking 3 , je me permettrai de croire d'origine plus vraisem- 
blablement gauloise que germanique. On Fa confondu, tantot 
avec le latin Ixlus, joyeux, et quelquefois avec le grec Laita, 
domaines publics; tantot avec les Leudes m^rovingiens, ou 
avec.Lifi, Ledi ou Lassi, qui voulaient dire esclaves chez les 
peuples de la Germanie septentrionale. Ces trois premieres assi- 
milations sont presque universellement abaadonnees aujour- 
d'hui ; il se peut que la quatri&me remonte a une racine com- 

4. L'Ir. nomme encore PAllemagne Gearmain. 

2. VArt gaulois, p. 41, pi. 50, et p. 31, pi. 62(1868). M. Hucher attribue, 
• p. 41, la premiere de ces medailles aux Tr6vires, et veut que Germanus ne 

Boit que le nom germanique d'Hermann, deux conjectures superposed a 
Tune desquellesj'opposerai l'habile numismate lui-meme qui. deux ans aupa- 
ravant, classait encore cette m6daille parmi les incertaines de l'Est (Re?i- 
sion des legendes, etc., p. 25). 

3. Yoy. Notit. Dignit. Imp., t. n, p. 1044 et suiv , sa dissert, sur les Lsti. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. ^09 

mune au Celtique et au Tudesque 1 , ou bien indique une d6g6a&- 
ration r6elle de nos Laeti, mot qui est certainement, quant aux 
t£moignages qui nous restent de Tun et de Pautre, plus ancien 
que Liti. On comprend que la fiertd germanique n'ait vu que 
des esclaves dans ces captifs et ces transfuges dont Rome faisait 
des colons de condition libre, il est vrai, mais assujettis a un 
tribut et au service militaire. Or, ce qui me parait prouver que 
le terme qui nous occupe 6tait bien d'origine gauloise, c'est que 
ces colons ayant et£ a diverses £poques, mais pour la plupart 
sans doute aux monies conditions, gtablis en diverses provinces 
de l'empire, on ne voit que ceux des Gaules qualifies de Laeti, 
quoique ceux d'italie entre autres, dont parle Am. Marcel lin, 
xxvm, 5, fussent £g41ement de race germanique 2 . Aussi le Grec 
Zosime dit-il, 11, 54, que ce nom d&ignait un peuple gaulois. 
Plusieurs modernes ont encore voulu que les Laeti fussent une 
nation particulifcre venue d'au dela. du Rhin, et qu'on a meme 
plac£e en Souabe, d'apr&s un passage mal compris, a mon sens, 
d'Am. Marcel., xvi, 11. Schafarik a 4t6 plus loin. Le cel&bre 
Slaviste ne veut-il pas que nos Laeti soient des Lithuaniens, 
Letuwis, venus peut-6tre dans la Gaule a la suite des Venfctes de 
la Baltique 3 ! La Notitia dignitatum d^montre cependant que ce 
mot n'&ait qu'une qualification applicable au contraire a des 
troupes de nationality diverses, Bataves, Francs, peut-£tre Sar- 
mates, etc., et dont la signification me semble indiqu^e par 
Eumenes, quand il parle h la fois du Lsete rStabli dans ses 
foyers, et du Franc devenu ou redevenu l'hote de l'empire 
romain (Paneg. a Const. Ces., 21, conf. 8; et Paneg. a Constant. 
Aug., 6). — K. Lletyyd, locataire, hdte, du verbe Lletyu, loger. 
— Ar...; mais j'y remarque Leton, terre en friche. — Ir. Laid- 
him, je me couche, je me repose. E. Laidh, se tapir. 

C'est a ce mot de Lzti que se terminent, comme danslapre- 
mifere Edition, mes Etudes sur les noms propres gaulois dont 

1. Comme le Leute allemand, les hommes, les gens; K. Llwyth, tribu, 
famille; ancien Ir. Lucht. 

2. Comme ceux de la Thrace et de la MacSdoine, voy. Zos., i, 40, car les 
Scythes de ce passage sont les vaincus de Claude le Gothique. 

3. Slawische alterth., t. i er , p. 261, n. 



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410 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

quelque circonstance particulifcre pouvait nous indiquer la 
signiOcation. Mais je pense Gtre agitable au lecteur en rassem- 
blant ici les interpretations purement philologiques qu'ont 
tent6es d'un certain nombre de noms historiques Zeuss et les 
deux Celtistes qui se sont particulifcreuient occupes de Pono- 
mastique gauloise, Gluck et ^d. Pictet. 

Noms propres, aulres que les precedents, inlerpretds 
(tune maniere purement philologique par Zeuss, Gluck et Pictet. 

II n'est plus question, sous ce rapport, de Pezron et deses 
imitateurs, non plus que de Mone et de M. Am. Thierry, avec 
lesquels il ne faut pas confondre M. Beal, qui, dans les notes 
de son livre, s'est g&iSralement conform^ aux ex6geses de Zeuss 
et de son disciple. Mais ces noms propres Stant presque toujours 
des termes composes dont ils n'ont souvent indiquS qu'vin seul 
element, parfois hypothetique, nous avons dcarte ces interpre- 
tations incompletes, quipeuvent Stre modifies par de nouvelles 
Etudes, comme le cas s'est ddja prdsente pour quelques-unes 
des traductions positives du Maitre, rectifies apres lui, soitpar 
Gliick, soit par Wh. Stokes ou Pictet. J'ai aussi laisse de cote" 
quelques noms dont la lecture est encore incertaine. Nous avons 
done, sans revenir sur ceux qui ont deja pris place dans ce 
Glossaire, range les noms qui suivent par ordre alphabe'tique, 
avec leur traduction latine 1 et l'indication de leurs elements, 
en renvoyant, pour Tanalyse ou les explications qui concerned 
chacun d'eux, aux ouvrages ou ces savants les ont interpret^*. 



Abrincatui, — duces (C. Hebrenciat), 

Z. p. 758. 
Adiatunnus, — cupidus (K. Addiad), 

G. p. 7. 
Aduatuci, — audaces (K. Addu), 

G. p. 9. 



iEdui, — iguei (K. Aidd, Ir. Aed, 
Aodh), G. p. 14; Cf. Z. p. 45. 

Agediucum, — montanum (Ir. Aighe), 
G. p. 17. II a neglige" incum, pour 
lequel voy. le n° 369. 

Ambibarii, — furiosi ( Ambi, voyez 



1. Francaisc dans Pictet. 

2. Les initiates renvoient : Z. a la Gramm. Celt. -— G. aux Keltische- 
namen de Gluck. — p. aux Etudes sur les ncms gaulois, etc., de Pictet, 
Rev. archeol. d'octobre 1864 et de femer 1865, ou au mois d'aoutl867, 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 



411 



le n° 346, et K* Bar), G. p. 21. 
Ambigatus, — persapiens (Ambi, ibid. 

et Jr. Gdlh), G. p. 20. 
Ambiliati, — aestuosi (Ambi, ibid, et 

K. Iliad), G. p. 21. 
Ambirenus, — Rcni accola (Ambi, 

ibid.), G. p. 20. 
Ambivareti, — mutuo se defendentes, 

ou bien : circum muniti (Ambi, 

ibid, et K. Gwara), G. p. 23. 
Anareviseos, — carminum laudis gna- 

rus (Ir. Andir et Fis, K. Gwys), 

P. aout. 
A.ncalites, — infirmi, haud duri (Ir. An 

privatif, et Ar. Kalet, voy. le 

n° 331), Z. p. 828. II est peu vrai- 

semblable qu'un peuple gaulois se 

soit donne* un pareil nom; An est 

aussi intensitif, voy. le n° 1, et 

peut donner au contraire le super- 

latif Durissimi. 
Arebrigius, — in monte situm (Are, 

voy. le no 186, et Brig, voy. le 

n° 360), G. p. 30. 
Arelate, — in luto sita (Are, ibid, et 

K. Llaid), G. p. 116. 
Atepomaros, — grand par ses bons 

chevaux (Ate, voy. le n° 348; Fpo, 

voy. le n° 24, et Maros, voy. le 386), 

P. fe>r. 
Ateporix, — chef des bons chevaux, 

ou bons cavaliers Ate et Epo, ibid. 

Bix (voy. le n<> 387), P. fevr. 
Atrebates, — iacolae, possessore^ K 

et Ir. Ad, et K. Treb, Trefat), 

G. p. 40; Cf. Z. p. 836. 
Bellovesus, — belli gnarus (Ir. Fis, K. 

Gwys; voy. pour Bello, le n° *95), 

P. aout. 
Bibroci, — Castoris (homines). (C.Be- 

fer), G. p. 43. 



Bituriges, — aut semper, aut mundi 

vel late dominantes (Ir. Bilk, voy. 

le n° 303, et Bix, voy. le 387), 

Z. p. 14. On peut aussi, je pense, 

traduire plus simplement : les rois 

du monde 1 . 
Boudicca, — victrix (K. Bddi), G. p. 54. 
Brigantes, — collium habitatores 

(voy. Briga, n° 360), Z. p. 101. 
Brigiani, — monticolae (Briga, ibid.), 

G. p. 128. 
Caballodunum', — • le Fort des che- 
vaux (Ir. Kapall), P. fevr." 
Cabellio ou Kabalo (Strab.), — (la 

ville) des chevaux — (id.), ibid. 
Cabillonum, — meme signification 

(id.), ibid. Zeuss remontait, p. 788, 

au K. Keffyl, equus vilis. G. Kivel. 
Caeracates, — ovium (homines), (Ir. 

Kair), G. p. 41. 
Caeroesi, — meme signification (id.), 

ibid. 
Gambodunum, — arx curva (K. et 

Ir. Kamm et Dunum, voy. le n° 99), 

G. p. 34. 
Cambovicus, — curvus vicus (Kamm 

et K. Guik), Gl. p. 34. 
Cantobenna,— album comu (Ar. Kann 

= Cant, etK. Bann), G. p. 176. 
Capellatium, — tcgmen? (K. Kapanri), 

Z. p. 793. 
Caractacus ou Caratacus, — plenus 

amoris (K. Karat), G. p. 7. 
Cartismandua, — possddant beaucoup 

de chars (K. Kart et Ir. Mand, 

voy. le n° 371), P. fevr. 
Catalauni, — pugna gaudentes (Cat, 

voy. le n° 158, et K. Llawen, voy. 

le n° 378), Z % p. 123-124*. 
Catamantaloedis, — asquabilis (K.Kant, 

cum, et K. Mantawl), G. p. 47. 



1. Zeuss, parait lui-m6me revenir a cette interpre*tation en indiquant le 
sens de Caturiges, p. 820. 

2. Zeuss parait se contredire, p. 837, ou il assimile ce Cata a la pr6pos. 



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412 



ETHNOGtNIE GAUL01SE. 



Catumandus, — l'homme aux nom- 
breux combats (Cat. voy. len° 158, 
et Ir. Mand) voy. len°37i). P. fevr. 

Caturiges , — pugnarum priucipes 
{Cat, id. voy. le n° 158, et Mx, le 
no 387), Z. p. 820. 

Catuslogi, — pugnarum agmina [Cat, 
id. et Ir. Sluag), Z. p. 27. Conf. 
W. S. Irish gloss., p. 116. 

Catuvolcns, — alacer ad pugnandum 
(Cat, id. et Jr. Folg), G. p. 56. 

Centrones, — calcaria (gerentes). 
(Ar. Kentr ou Ir. Kinteir), Z. p. 53 
et G. p. 63. L'un et l'autre repous- 
sent la var. Ceutrones, demontr6e 
aujourd'hui comme le veritable nom 
par plusieurs inscriptions. 

Cintognatus, — un de ces noms que 
Z. n'a point traduits, mais qu'il a 
rapportte vaguement a la racine 
K. Cyn=cint, praestans, praecipuus; 
p. 827. Je lui donne place ici n6an- 
moins pour le comparer avec le 
Cintugenus ou Premier-ne de Wh. 
Stokes, Irish glosses, p. 82. K. Ken- 
taf; Ir. Ketne et Ketgen, nom 
propre. Pour le second element, 
voy. le n° 382). 

Cogidumnus,— bellicosus (i r# Kogaim 
et Dumn, voy. le n° 366), G. p. 74. 

Commontorius, — (contribulis). (Ir. et 
K. Kon, et Ir. Muintir), G. p. 30. 

Conconnetodumnus, — valde conr 
cors (Ir. Konkonnid et Dumnus, 
voy. le n°366),G. p. 73. 

Condatomagus, — campus ad confluen- 
tes situs (Condate et Magus, voy. 
les n os 171 et 370), G. p. 65. 

Convictolitanes, — magnarum expedi- 
tionum vir (K. Kyweithas et Litan, 
voy. le n° 258), Z. p. 824; mais G. 
lisait Convictolitavis et traduisait : 



comitatu amplus? ( C. Kowethas\ 

p. 91. 
Cosconius, — pacificateur (Ir. Kosal 

P. octob. yJ 

Crixus ou Chrixus, — crispus (K. 

Krych), Z. p. 90. 
Danubius, — fortis, audax (Ir. Dana), 

Z. p. 994. ; 

Domnocleios, — (celeberrimus?) (Ir. 

Klu et Dumnus du n° 366), G.p. 71. 
Domnotonus, — BaOOrovo? (Dumno' 

voy. le n» 366 et K. Ton au 201)' 

G.p. 71. " 

Dubnotalus, — alta fronte praeditus 

(K. Dowfn et Tal, voy. Dannotalds; 

Inscr. V), G. p. 73. 
Dumnorix, — synonyme de Biturix, 

ci-dessus, Z. p. 14 et 17, ou bien 

Roi du monde, voy. le n° 366. G M 

qui prend aussi Dumno dans son 

sens intensitif (en composition), tra- 

duit : potens dominus, p. 73. 
Eburomagus, — campus lutosus (Ir. 

Ebar et magus, voy. les n os 255 et 

370), G.p. 116. 
Epagatus, — connaisseur en chevaux 

(Epo, voy. le n<> 24 et Ir. Gdth), P. 

f6vr. 
Epasnactus, — qui a des c6tes de 

cheval (Epo, ibid, et Ir. Aisne, pi. As- 

nac/ij, P. fe*vr. 
Epenos, — cavalier (Epo, ibid.), P.oct. 
Epidioi, — Equi (homines) (EpoAbid.), 

G. p. 42. * ' J 

Epillos, — petit cheval (Ebol, ibid. 

pi. Ebilli), P. octob. 
Epoissum, — station de chevaux 

(£>o,ibid. et Ir. Ess ou iss, particule). 

P. octob. 
Epolonus, — qui aime les chevaux 

(Epo, ibid, et laun, voy. le n° 378), 

P. fe"vr. ; 



Ir. Kate, cum, ce que fait aussi Gltick, p. 46, et Pictet qui traduit • les iouewn 
compagnons, K. Red, avec (Fe'vr.) ' J°J/«** 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 



413 



Epomulus, — cheval-ane (Epo, ibid, 
et K. Mul), P. f(§vr. Gluck a traduit 
Equomulus, p. 42. 
Eporedorix ou Eporedirix, — celer 
instar equi (Epo, ibid, avec l'lr. 
Biad et K. Bhwydd), G. p. 145. II 
rejette done Interpretation de 
Pline (voy. le n° 24), en l'accusant 
d'avoir ajoute' de son chef a domi- 
tores l^pithete de bonos. Pictet Pa 
refute" et traduit pour son compte : 
les bons dresseurs de chevaux (Ir. 
Beidh, preparer). — Rapprochement 
critique" a son tour par M. de Ju- 
bainville qui s'en tient a l'Ar. Red, 
course, Redek, courir *. — Eporedo- 
rix est done, suivant Pictet, le chef 
des bons dresseurs de chevaux. 
Eposognatus, — connaissant bien les 
chevaux {Epo, ibid, avec l'lr. So et 
Gndth), P. fe"vr. 
Esuhii, — soit mavortii, bellicosi 
(Esus = Mars); soit heroes (Ir. 
Eis), G. p. 100 et 102. 
Esunertus, — Esi virtus (Esus, id. et 
Ir. Nert, voy. le n° 374), Z. p. 820. 
Exomnus, — intrepidus (Ir., Esomum)! 

Z. p. 58. 
Gabrantikoi, — Caprae (homines) (K. 

Gabr), G. p. 43. 
Gabromagus, — campus caprilis (K. 
Gabr et magus, voy. le n° 370), 
G. p. 43. 
Gabrosentum, — via caprilis (Gabr, 

ibid, et K. Hint), G. p. 43. 
Geidumni, — aestuosi, impetuosi (K. 
Gai et Dumnus, voy. le n° 366), 
G. p. 103. 
Geneva, — os (fluminis sive lacus), 
(K. Genau), [Z. p. 152. Conf. 
G. p. 105, 107. 



Gobannitio, — faber (Ir. Gobhan), 

Z. p. 105. Conf. G. p. 109. 
Latovici, — in locis lutosis habi- 

tantes (K. Llaid et Guik),*G. p. 115. 
Lemonum, — ulmorum (urbs) (Jr. 

Leamh), G. p. 118. Voy. pour les 

Lemovices, le n° 255. 
Litanobriga, — latus collis? (Li tana et 

Briga, voy. les n°« 258 et 360), 

Z. p. 101. 
Lutetia, — (lutosa). (Ir. Loth, gen. 

loithe), Z. p.* 18. 
Magetobriga, — collis amplus (K. 

Maith et Briga, voy. le n° 360), 

G. p. 130. 
Mandubii, — les riches ou les nom- 

breux (Mandu, voy. le n° 371), 

P. fe>r. 
Manduessedum , — riche en chars 

(Mandu, ibid, et Essedum, n° 75), 

P. fe*vr. 
Mandubratius, — riche en trahisons 

(Mandu, ibid, et Ir. Brat), P. fe"vr. 
Marcodurum, — le Fort des chevaux 

(Marc et durum, voy. les n°* 103 

et 368), P. fe"vr. 
Marcomanium, — Tendroit des che- 
vaux (Marc, ibid. etK. Man), P. fe*vr. 
Maroboduus (forme gauloise donne*e a 

un nom germanique), — magnus 

voluntate (K. Maros, voy. le n° 386 

et K. Bodd), Z. p. 27 et 825. 
Mediomatrici , — medium telis pe- 

tentes, sive : medium jaculantes 

(sic). (Ir. Medon et Mater is, voy. 

le n° 209), G. p. 138. 
Mellodunum, — arx colli na (Ir. Me all 

etdunum, voy. le n° 99), G. p. 139. 
Morikambe, — mare curvum (Mori et 

Kamb, voy. les n 09 187 et 363), 

G. p. 35. 



1. Voy. Pictet, fe>r. 65, p. 112 et suiv. — M. de Jubainville, Bapport s. U 
progr&s de la philoU celtiq., p. 142. (Exposition de Paris, 1867.) 



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iiik 



ETHNOGfiNIE GAULOISE. 



Moridunum,— maris castellum (Mori, 
ibid, et dunum, n° 99), Z.p.820. 

Namnetes, - fortes (Ir. Neamhain), 
G. p. 140. Conf. W. St. Ir. gloss. 
p. 86 : les Blancs? 

Nantuates, — vallis incol© (K. Nant, 
voy. le n° 198), G. p. 8. 

Nitiobriges, — pugna potentes (Ir. 
Neith et Brig, valor, potentia), 
G. p. 127. ^'observe, malgre cette 
s6duisante etymologie, que ce nom 
devait etre aquitain plutot que gau- 

lois. 

Noviomagus, — campus novus (Novio 
et magus, voy. les n°« 351 et 370), 
G. p. 124. 

Octodurus, — arx in angustia sita (Ir. 
Octe et Dilrus, voy. le n° 368), 
G. p. 133. 

Osismii, — audaces (K. Osiaw), 
G. p. 141. 

Otadini, - singulares, pauci (Ir. Hud- 
thad), Z. p. 27. 

Parisii, — efficaces, strenui (K. Peri, 
infin. du v. Pdram), Z. p. 97. 

Rauraci, — domini, inclyti (Ir. Mi- 
reach), G. p. 143. 

Redones, — celeres, aut melius : cur- 
ribus utentes (Reda, voy. le n° 43), 
G. p. 149. Conf. Z. p. 50; mais 
Pictet rejette ce sens de possesseurs 
de chars, avec raison, pens6-je, et 
preTere celui d'habitants de la 
plaitie, Ir. Reid (Rev. arch. f6vr. 65, 
p. 114, n.). 

Rigodounon, *— arx regia (Rigo et 
dounon, voy. les n os 375 et 99), 
G. p. 157. 
Rigomagus, — campus regius (Rigo, 
ibid, et magus, n° 370), G. p. 157. 
Ruteni, — hilares (Ir. Roithnech), 
Z. p. 18. 



Samarobriva, — Samara pons (roy- 
le n° 361 J, G. p. 73. 

San tones, — avari, cupidi (Jr. Sanf, 
Z. p. 52 (qu'il approche du K. 
Chtuant, p. 145) ; G. p. 155, copie 
l'interpretation de Z.jmais Stokes la 
blame nettement (Irish, gloss, p. 86). 

Senomagus, — campus vetus (Seno et 
magus, voy. les n os 271 et 370), 
G. p. 124. 

Sigovesus, — potestatis seu Yictoriie 
gnarus (Sigo, voy. 413 ei!r.Fis,K. 
Gwys), P. aotit. 

Sontiates ou Sotiates, — fortes, auda- 
ces (fr. Sonn), G. p. 155. 

Treviri, — prudentes (Ir. Trebir), 
Z. p. 941 . 

Triboci, — per clivos habitantes (Ir. 
Tri, prepos. per, et Bokaim), 
G. p. 159. Zeuss et Grimm rappor- 
taient ce nom a la langue germa- 
nique, Dri-buochi 1 , les Troi$-Hfe- 
tres ; voy. ce dernier : Geschichk 
der dei+tschen Sprache, I", p. *)7. 

Trogmi, mlseri (Ir. Trdg), Z. p. 28; 

Trogus , — miser, id. et.ibid. 

Tylangi ou Tulingi et mieux Tolaogi, 

— apti, periti (Ir. Tualang), 1> P- **• 

Vellavii, ■ — boni, fortes (K. Gwell), 

G. p. 165. 
Veragri, — pugnaces (K. Bar et Aer), 
G. p. 20. Conf. ci-dessus le n° 356. 
Vernomagus, — alnorum campus (K. 
GwernQt magus, n° 370), G. p. 35. 
Vindomagus, — campus albus (Vindo 
et magus, voy. les n os 357 et 370), 
G. p. 124. 
Virodunum, — arx firma (K. Gwyr 
ou biea Gwir et dunum, voy. te 
n°99),G. p. 187. Conf. ci-dessus le 
n° 356 et le 358. 
Viromandui , — virorum copiam ha- 



l.GlQck, p. 1C0. n. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 415 



bentes (K. pi. Gwyr ou Ir. Fir et 
mandu, voy. le n° 371), P. fevr. 
p. 116, ou il rejette le Gwir de 
G. p. 187. 



Voccio, — efficax, fortis (K. Gogwy), 

G.p. 188. 
Voconius, — glorieux (K. Gogoni) , P. 

octob. 



Zeuss, Gluck et Pictet ont en outre, dans leurs ouvrages, inter- 
pret^ en passant un grand nombre de noms propres gallois ou 
irlandais qui facilitent beaucoup Intelligence des noms gaulois. 
On peut deja, avec le vocabulaire qui precede et les nombreux 
rapprochements qui se trouvent dans notre Glossaire, pendtrer 
le sens d'une grande partie de ceux qui n'y sont point traduits; 
tels que Togirix, le roi ou le chef de Tarmde , voy. les n oS 355 
et 387; — Boiodouron, le Fort des Boi'ens, voy. le n° 368; — 
Teutomatus, le bien du peuple ou bon pour le peuple, voy. le 
n° 35i, et le K. Mad, bien, bon, etc. ; — Viducasses, les defri- 
cheurs ou les chasseurs des bois, Ir. Fid, arbre, et casses du 
n° 365 ; — Csesaromagus, le champ ou Tenceinte de Cesar, 
Augustonemetum, le bois sacre ou le Temple d'Auguste, voy. les 
n° 8 370 et 157 ; — Vergilius (plutot que Virgilius) pour lequel 
Zeuss indique la racine K. Gwerg, efficax(voy. Virgae,73); etc., etc. 

J'ajouterai h ce complement une derntere interpretation des 
noms de Galli et deGeltae, par Gluck, dans le t. v des Beilrage 
de Kuhn, l er cah. Nous avons, au n° 427, regarde ces deux mots 
comme Strangers Tun a l'autre. Gluck les ram&ne au contraire 
a un merae radical, Kel, jadis Kal, eieve, dont etait derive le 
keliknon de rinscription d'Alise, en Gothique une tour ; voy. le 
n° 287. Gluck retrouve ce radical dans le lithuanien Kel-ti, 
tollere, le latin Celsus, etc. ; et pense que le nominatif sing. 
Keltos, qui en etait forme avec le suflixe to, avait ete un participe 
passe, signifiant au pi. les Aleves, Ceux qui dominent, les Braves. 
Sur quoi j'observerai : 1° que les savants gallois donnent plut6t 
& cette racine Kel le sens de cachette, de retraite, de foret 1 ; — • 
et en second lieu, que si la forme Kal etait non-seulement eel- 
tique, mais la plus ancienne, le nom de Galli ou Galli aurait 
ete connu le premier des Grecs qui visitaient TOccident, tandis 

1. Voy. Owen Pughe, v u . Cel et Gaf;le Cambro-briton., t. i er , p. 48, 373, 
et al. Ed. Davies, etc. 



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6l6 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

qu'on rie trouve uniformement dans Hgcatde, dans H6rodoteet 
dans Scylax, que celui de Keltai. 

Note sur les formules me'dicales de Marcellus de Bordeaux. 

Ces formules sont tout simplementdes mots ou des phrases 
qu'il fallait prononcer, — ou &rire et appliquer sur Fendroit 
souffrant, — pour assurer PefficacitS de quelques-uns des 
remfcdes dont Marcellus a rassembte les ordonnances ou les 
recettes populaires 1 . Caton, R. R., 160 (conf. Pline, xxvin, 4), et 
Pline, xxvii, 75, nous ont transmis plusieurs de ces formules 
superstitieuses, qui dtaient tantdt grecques ou latines, tantot 
composees de termes barbares ou bizarrement assembles, ou 
bien d'une suite de syllabes inintelligibles. Quelgues-unes de 
cette derni&re categorie se trouvent dans Marcellus, et le grand 
philologue allemand, J. Grimm, a cru reconnaitre, dans ces 
mysterieux baragouins, du Celtique et m<§me de Tlrlandais, 
d&ouverte qui serait d'une grande importance, car il en tire 
cette conclusion qu'un dialecte gaelique dtait au rv e siecle 
Tidiome populaire de l'Aquitaine, patrie de notre m&lecin. 
Plusieurs de ces noms de plantes gaulois que Marcellus nous a 
conserves, et les mots isotes de Toles et d'Arithmato lui servent 
a soutenir cette these dans son m^moire sur l'auteur bordelais, 
public en 18/j9 2 . Malgrd l'autorifc? de son nom, elle trouvapeu 
de crSance, m£me parmi les Geltistes, et Zeuss lui porta un rude 
coup en declarant, Gram., p. xlviii, que ces formules, aussi bien 
que les gloses malbergiques de L6o, ne contenaient pas un mot 
de Celtique. £chec en partie compens^ en 1855 par l'importante 
adhesion de M. Ad. Pictet, qui aida Grimm a composer sur cette 
question un second m^moire intitule : Ueber die Marcellischen 
Formeln, apres lequel Zeuss reconnut enfin leur celticit6\ Cette 
cooperation toutefois n'implique pas dans les details le mSme 
accord que sur le fond, car les deux auteurs se controlent etse 

i. J'ai cit6 ses propres termes : Ab agrestibus et plebeis didici. 

2. Ueber Marcellus Burdigalensis, in-i°. 

3. Voy. la lettre de Grimm a M. de La VillemarqueS, Mem. sur rinscr. de 
Lomarec, p. 19. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 



417 



critiquent meme, dans leur brochure franco-allemande, avec 
une independance qui lui donne une piquante originality 

En resume, Ton trouvedans le premier mdmoire ouGrimnta 
reunitoutesces ordonnances superstitieuses quatorze formules 1 
inintelligibles en Grec et en Latin; les deux savants en expli- 
quent ensemble ou separement dix, plus les deux mots Toles et 
Arithmato, qui figurent dans deux invocations latines, ch. 15 
et 20. Nous avons vu Toles au num^ro 163. Arithmato ddsigne 
un gSnieou une divinity invoqude contre les douleurs d'estomac, 
aufer dolores stomachi, etc. Marcell., ch. 20. Grimm y voit 
(premier M&n., p. 32, et M. Pictet (Sgalement) l'Ir. Ardhmath, 
Summum bonum, c'est-ft-dire 6tre souverainement bon. Ard> 
haut, supreme, E. id. — Malh, bon, E. id. — Ce serait done un 
vocatif singulier en o, interpretation certainement plus satisfai- 
sante que toute autre tir^e du grec Arithmos ou des nombres. 
Nous avons du resteremarqu6 plus haut les similitudes decette 
ordonnance m&Iicale avec Tamulette de Poitiers, Inscr. xiv. 

La chose n'est plus aussi simple quand il s'agit de formules 
mysterieuses dont la langue est inconnue, et dont la significa- 
tion flotte des lors sur un oc&m de possibility et d'id^es super- 
stitieuses, aussi bien en dehors qu'au dedans des limites de la 
raison. II est incontestable que ces longues series de syllabes 
monstrueusement soudges Tune a Tautre dans les textes que 
nous avons sous les yeux se partagent fort ais^ment, avec peu 
ou m6me point de changement, en mots irlandais ; mais le sens 
que forment ensuite ces mots ressuscit^s ne me paralt pas tou- 
jours convaiftcant, ni m£me bien plausible. J'en fais juge le 
lecteur. 

1° Marcell., ch. 8. Pour la chassie des yeux : — arracher une 
millefeuille entiere, la plier en forme de cercle, et regarder a 
travers ce cercle en disant trois fois Exckumacriosos, etc. Pictet 
lit, p. 59 : Exci cuma criosos, vois la forme de la ceinture. — 
Exci rapportd h Ecet, ils virent (pr6t£rit donn6 par O'Reilly) ou 
au verbe Cim, voir, composd avec la prefixe ex ou ess, au 
dehors; — cuma, forme; — Criosos, de crios, ceinture. Les 

1. Monin s'est aussi occupy do ces formules, p. 78 et suiv. 

27 



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418 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

cercles ou ceintures paraissent avoir joue un role dans les Ancan- 
tations irlandaises, observe Piciet en nous renvoyant au Mochris 
(Cingulum raeum) traduit par.Zeuss, p. 933. J'y remarque entre 
autres ce passage : Cingulum Viminis cingulwm mevm contra 
morbum et curam, etc. Pictet nous y ramenera au numdro 8 
suivani. 

2° Ibid. Pour une petite ordure entree dans Toeil : le frotter 
16g6rement avec les cioq doigts, et dire trois fois : T-etuncre- 
sonco, bregan, gresso, etc. Grimm et Pictet lisent ensemble, pre- 
mier M£m.„ p. 27, et deuxifeme, p. 58, Tel un ere son to, mais 
le premier continue de lire : bregan gresso, et le second ; breg 
angressa; ce qui donne k cette formule deux fins differences 
qui ont chacune leur sens, Grimm en ayant m£nie propose 1'un 
apr&s Tautre deux pour la sienne. Que Tel un ere son signifie : 
Fuis loin de nous, ordure, (fuis) d'ici ! — Teith, imp&. donn£ 
gar O'R., fuis; — un pour uainn, de nous; — ere, pous&iere, 
ordure; — son pour soin* qu'O'R. rend par there, la, et non par 
hence, ici (difference peu importante au fond), — e'est une inter- 
pretation fort vraisemblable ; mais grande est ensuite ia diver- 
gence entre les deux sens prates aux derniers jnots : par la verlu 
de la formule (Pictet).; — ou : Vaaudiable! (Grimm). — -Celui-ci 
juge Fautre fin., qui est si calme, peu en rapport avec le ton dn 
commencement, soit I mais les termes figures qu'il rapporteau 
diable me semblent appartenir a un ordre d'idees posterieur au 
si&cle de Marcellus. 

3° Ibid. Pour un oeil qu'une enflure tient ferme : — le fvic- 
tionner avec patience, et dire trois fois, encrachant chaque fois: 
Inmon dercomarcos axalison, que Gr. lit, ier Mem., p. 27 : 
Jnmon derc omarcosax all son, (sois) agr^able (pour moi), Jit de 
l'oeil; au loin la douleur et le gonflementl — Inrnhuin, agreable; 
— dearc, ceil; — omar, auge, e'est-a-dire cavite, orbite de 
J'oeil; Cos pour gus, douleur; — Ax pour agus, la conj. et; — 
Ati pour ailh, gonflementl, — son-* d£ja peu exactement expliquS 
tout a Theure, serait encore plus £ioign£ de signifier dehors, au 
loin ! Ce qui, avec la mani&re un peu leste dont on dispose de 
cos et d'ax, donne a un sens aussi satisfaisant des appuis peut- 
£tre contestables. Le D r Siegfried i&terprdtait in mon derco par : 



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GLOSS AIRE GAULOIS. M9 

in oculo meo, rapporte Wh. Stokes, dans sa traduction du 
Glossaire de Oormac, p. 106, n. 

k° Ibid. Pour un orgelet : *— couvrfr TceiI avec trois doigts 
de la main gauche, cracher trois fois et dire autant de fois : 
Rica rica soro. Pictet traduit, p. 59 : viens, viens, 6 mall 
c'est-a-dire, sors de mon ceil. — Rica, du verbe Roichim, venir 
Riach, il vint (pr£t£r. donng par O'R^racine, Ric, voy. Zeuss 
p. 493, glose : Rigthir cuccuib, venit ad vos, etc.). — Soro de' 
mor, mal, douleur. Cette repetition de rica est semblable k 
celles qu'offrent plusieurs fornwles grecq. et Jat. Pheuge, 
pheuge! Fuge, fuge! et Implication en devient trds-vraisem- 
blable. Rica serait done un imp6ratif, a la deuxi&me pers. du 
singulier. 

5° Ibid. Pour le m£me mal : — piquer Papostume avec des 
grains d'orge, etc., en disant k chaque piqure ces mots Merits 
en lettres grecques : Kuria Kuria Kassariasourorbi. Grimm cor* 
rige d'abord, n e Mem., p. 62, unefaute depression du dernier 
mot, qui doit 6tre, suivant lui, sourdphbi, et lit : curia, curia, 
casaria, sor obhi, que ce charme 61oigne ce mal de vous ! — 
Curia est r£p£t£ ici comme les Pheuge! et les fuge! dont on 
vient de parler. Il d&iverait de cuirim t poser, ddposer, que 
Grimm prend dans le sens drearier de soi; — Cassaria, que 
nous verrons tout a l'heure 6crit gasaria, repr&senterait geasa, 
charme, enchantement ; — Sor vient d'etre expliqu^ ; — et Ophfoi 
ou obhi serait une ancienne forme d'uaibh, de vou§'; — assimi- 
lation qui pourra, de m&ne que le sens d&iuit de Cuirim, 
paraltre hardie a pltis d'un lecteur. 

6° Ibid. Encore pour les orgetets : — les toucher avec le 
doigt annulaire, en disant trois fois : Vigaria gasaria, et les 
bruler ensuite avec un grain d'orge ardent, etc. G'est Pictet qui * 
a reconnu, p. 61, gasaria pour le Geasa ti-dessus ; il rapporte 
Vigaria a feig, aigu, tranchant, qui prendrait, avecte suf&xe ar, 
le sens d'incisif, mordant. Grimm rejetie cette interpretation, 
effectivement pen satisfaisante* de charme incisif , et se rattacfae 
Jt Fichim, je brise, dont vigaria aurait ^t6 PimpSratif passif : 
charme, sois brise ! 

7° Ch. 12. Pour le mal- de deats : — r<5p6ter sept fois le 



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fi20 ETHNOGtiNIE GAULOISE. 

mardi ou le jeudi : Argidam margidam sturgidam, que Pictet, 
p. 62, lit : argi dam, margi dam, sturgi dam. II y reconnait trois 
imp^ratifs : chasse la douleur, maudis la douleur, dissipe la 
douleur.— Airgim, je chasse, j'emporte; — Mairgim (pour Mair- 
gnighim, de mairg, douleur), je me lamente, je deplore, done je 
maudis; — Stroighim {Stroichim, dans O'R.), j'enlfcve, j'arrache; 
— enfin damh, souffrance, douleur. 

8° Ch. H. Pour une douleur* h la luette : — passer la main 
renversSe, les doigts joints, depuis le gosier jusqu'au cerveau,et 
dire : Crisi crasi concrasi, etc. Pictet traduit, p. 63 : mets la 
ceinture jusqu'k la gutfrison. — Cris, ceinture j — creasaim, je 
mets; — Con pour co in, de go, Jusqu'4, et de l'ancien art. 
t - n ie ; — Crasi de greas, preservation. Grimm avait aussi, 
i«M6m., p. 31, pensS a ces deux sens de ceinture et de gu6- 
rison ; mais il n'y a, pas dans cette ordonnance de Marcellus un 
seul mot qui se rapporte, comme dans la premiere incantation, 
de prfcs ou de loin, a TidSe de ceinture. 

La longueur de la formule suivante lui donnerait, comme 
phrase gauloise, une importance decisive, si son interpreta- 
tion <§tait aussi clairement justifi^e que quelques-unes des prd- 

cSdentes. 

9° Gh. 15. Tout ce qui s'arr&e dans le gosier en est expulse 

quand on dit trois fois et en crachant chaque fois: Heilen prosag- 

qeri uome sipolla, nabuliet onodieni iden eliton, formule dont quel- 

ques mots ont une physionomie slave, observe Grimm, i er M6m., 

p. 30. Pictet les ramfcne tous au Celtique, p. 64. II lit : Heilen, 

prosag geri uome! Sipolla, na buliet ono dieni / % den e Won I 

Ordure, sors promptement de moi 1 pars afin que ne (te) frap- 

pent pas les hommes! va vite au large! — On peut objecter 

sur-le-champ qu'un pepin, une arSte ou toute autre chose qui 

reste dans le gosier en mangeant, n'est pas une ordure, et que 

donner, en tout cas, k une ordure la crainte d'etre frappde par 

les hommes, est une id(§e fort Strange. Mais voyons l'analyse 

de la phrase. — Heilen est Eilne, jadis Hvllned, Z. p. 766, 

saletS, souillure, — Prosag d£compos<§ en Pro, qui devient un 

prSfixe, le For actuel des hi.? et Sag, impgratif d'un verbe 

Saighim, que suppose le prft&it Saighsiot, ils vinrent, donne 



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GLOSSAIRE GAULOIS. ^ 2 4 

par O'R. ; — Geri, de Ger, tranchant, aigu, d'ou le sens de 
prompt, promptement; — Uome pour Uaim, de moi; — Sipolla, 
impdratif pour Siubhal de Siubhlaim, je pars; — Na, non, que 
ne; — Buliet, conjonctif de Buailim ou Bualaim, je frappe; 
Bailie, coup; — Ono, art. pour ana, auj. na, les; — Dieni pour 
Duini, pi., de Duine, homme ; — i serait Timper. d'un verbe 
radical eit, ou et, aller, lequel n'est lui-meme qu'une deduc- 
tion que Zeuss, p. Z|92, a tir^e de quelques gloses, niais con- 
firmee par l'lrl. actuel eaihaim, je vais; — Den, de Dein, 
promptitude; E pour i, prepos. in, dans; — Liton, pour lea- 
than, large. — Ce detail nous oflre, a cote de rencontres heu- 
reuses, des suppositions passablement hasardees, telles que 
Pro-sag, etc. 

La 10 e forme est encore plus longue, mais les repetitions 
dont elle est composee lui enlevent, a notre print de vue, une 
partie de son importance. ^interpretation qu'en donne Pictet 
n'est d'ailleurs pas exempte de suppositions du meme genre, et 
repose sur deux changements qui ne sont motives que par cette 
interpretation m£me. 11 s'agit encore de quelque chose qui s'est 
attach^ au gosier. Dites en le frottant : Xi exucricone xu crigrio- 
naisus scrisumiouelor exugriconexugrilau. Pictet divise ainsi les 
mots : Xi ex u cricon, ex u crig Hon aisus. Scris u mi ouelor. 
Ex u gricon, ex u grilau; — et traduit : Sors hors du gosierl 
hors de la gorge (par) la voie du vomissement! glisse hors de 
mon cou, hors du gosier, hors des entrailles! . — On ne pense 
gu&re aux entrailles en pareil cas, mais passons. Xi qui ne donne 
aucun sens est complete en Ex-i, forme de la preposition pre- 
Gxe Es ou ex, hors (voy. le n° 25), et de rimp£r. i suppose ci- 
dessus; — Ex, la m£me preposition encore repetee plus loin, 
ainsi que u assimiie a ua, de; — Cricon, augmentatif de eric 
ou crig qui suit, lequel est le craig actuel, gosier (je n'ai point 
vu d'augmentatifs irl. dans O'Donovan). — Rion pour rian, che- 
min; — Aisus pour aisios, disposition a vomir, aisioc, ce qu'on 
a vomi; — Scris (imper.) de scriosaim, je balaye, je glisse sur; 
— Mi pour mo, mon ; — Ouelor formant avec Yi qui precede, 
dit M. P., une accumulation insolite de vo^elles, roue, est visi- 
blement corrompu ; il le corrige en cuelor, pour coileir, cou ; — 



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422 ETHNOGfcME GAULOISE. 

Gricon est le iu6me mot que le cricon ci-dessus; — enfin Grilau, 
anc. dat. en u (voy. 0'Don M p. 81), se retrouverait dans grm- 
lach, entrailles. 

Telles sont ces dix interpretations qui acquerraient unetrfes- 
grande importance, si leur exactitude venait quelque jour a se 
conGrmer. En somme, balance faite des parties faibles et des 
rapprochements heureux, je pense qu'aux yeux de tout homme 
impartial ceux-ci remportent sur celles-te, et que Zeusseutpar 
consequent raison de retracter un jugement beaucoup trop pr6- 
cipite. L'hypothfcse dont est parti Grimm, que ces formules, 
tfetant ni grecques, ni latines, pouvaient 6tre gauloises, puis- 
qu'elles nous ont ete transmises par un m&lecin bordelais, est 
en elle-meme fort naturelle. Sans prendre la defense de telle ou 
telle de ces interpretations, Tensemble de son travail me parait 
rapprocher nSellement ces formules du Celtique, et me porte a 
les regarder comme ayant effectivement appartenu a la langue 

gauloise. 

Faut-il en conclure avec eux que cette langue (sans faire 
^exception pour les Beiges) etait probablement gaelique, et que 
l'lrlandais particulifcrement 6tait l'idiome de TAquitaine 1 ? 
C'est une question qui nous reste a examiner, quand nous 
aurons classe tous les elements de ce Glossaire. Mais une obser- 
vation k faire d&s ce moment, c'est que la th&se de Grimm 
suppose que le Gaulois de la Celtique proprement dite aurait 
refoule vers les .Pyrenees TAquitain parie du temps de Cesar, 
et que Ton croit generalement avoir 6t6 Ib&re ou Basque. 
En second Heu, ni Grimm ni Pictet ne disent s'ils ont essays 
la m6me confrontation avec le Kymmryque; ils se sont con* 
tentes de mettre en presence de cinq ou six mots irlan* 
dais le terme gallois qui leur ressemble. Cette epreuve &ait 
cepeqdant necessaire pour completer leur demonstration. J'ai 
done tent<*, pour mon compte, de retrouver dans le Gallois 
les interpretations qu'ils avaient tirees du Gaelique; l'avan- 

i. Mr. P. pent n'avoir penseV p. 67, qu'aux Celtes bituriges Stablis k Bor- 
deaux des le temps de Strabon, mais Gr. parle de ridiome dominant gene- 
ralement en Aquitaine, i er Mem.., p. 10, et meme dans les Gaules, u e Mem., 
p. 52. 



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GLOSSAiftE GAULOIS. ^ 

tage est reste enii&rement a ce dernfer. J'ai m6me si pea 
r^ussi, qu'en comparant avec cet insuccfcs l'a facility que m'arait 
pr^sentSe, pour la plupart des mots: gaulois qui nous sont 
garantis par les anciens, leur confrontation avec les cinq 
idiomes nSo-celtiques a la fois, j'en ai gardd quelque doute de 
plus sur la parfaite exactitude de ces traductions. Quoi qu'il* en 
soit, voici les termes gallois que je puis comparer avec les 
textes irlandais. 

Pour le mot ArithmatOj supreme bien ; Mad, bon, bien. 

l re formule.— Pour Exi : Es, separation, Esgar, Ysgar, spa- 
rer, quitter* 

2 e — Pour Gresso : Gresi, pitte, compassion. 

3 e — Pour Cos : Kos, d^mangeaison, ce qui est irrit£. 

k e — Pour Rica, deux sens diflterents Tun et Fautre de PRr. 

— Rhygas, tres-halssable, — ou Rhygen, grain de seigle, singa- 
lier rapport avec le grain d'orge ou d'orgelet. — Pour Soro: Sor; 
irritation; Sori, offenser; Swri! Sivri! crie-t-on en Gallois an 
chien qu'on veut irriter contre quelqtflin. 

5 e ; — Pour Kuria : Kur, coup>, douleur; Kuriaw, vexer, tour- 
menter. — Pour Kassaria : Kasau, hair; Kasaus, haissable. Deux 
sens qui different des mots irlandais. 

6 e — Pour Vigaria : BUira, vexer, tourmenter: 

7 e — Pour Margidam : Margidaham, evanesco, glose de Zeuss ; 
s'^vanouir, disparaltre. 

a e — Pour Grisi : avec un autre sens, Krys, promptitude; 
Krysia, hater. 

9 e — Pour Geri : un autre sens, Ger, cri; — pour Home, 
de m6m3, en s^parant wo, imp£r. arrSte, demeure tranquille, 

— de me, pron. (regime) le; — pour Sipolla, Syfalu, agir 
avec inconstance; Pictet dit : se mouvoir, Stre instable; — Na, 
non, ne; — e particule indicative d'un mouvement; — pour 
Dieni, Dyn, homme, Ar. Den; — (pour i, imp&ratif suppose 
d'Eit, auj. eathaim : a, impgr. d'athu, aller). — Pour Liton, 
llydan, large. 

10* — Pour Ex. : Es dSjk citd, Esg, ce qui sort, pousse au 
dehors; — pour Exu, Esu, repousser, Eloigner. 

A ces dix formules, qu'on peut done croire d'origiaegauloise, 



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424 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

je joindrais une de celles que les deux c&ebres philologues 
n'ont pu expliquer, et qui me parait avoir un veritable air de 
famille avec les pr£c<§dentes. Elle appartient au ch. 10 de Mar- 
cellus.— Si le sangse porte avec excfcs \ers une partie quelconque 
du corps, entourer cette partie malade avec ua linge auquel est 
attach^ un papier vierge ou Ton a £crit ces mots : Sicycuma 
cucuma ucwna cuma uma ma a. Nous retrouvons ici le cuma 
de la premiere formule. Le mot mSme donl les suivants ne sont 
qu'un £cho successif, Sicycuma, touche de tres-pres a Exi* 
cuma, et rappelle deux verbes K. d'une signification fort oppo- 
s£e, Sikiaw, tremper, mouiller, et Sychu, s^cher; Ir. Siochaim; 
— Sik, sec. Nous avons la une sorle d' Abracadabra gaulois. 

Les trois dernteres tommies inexpliquges sonl mixtes, c'est- 
k-dire un melange de latin et de termes etrangers a cette ian- 
gue, mais qui se rapprochaient plut6t du Grec que du Geliique. 
Ainsi au ch. 21, le vers Utos Utos Utos, dans une invocation que 
j'ai peine a croire d'origine juive, malgre Tautorite de Grimm, 
ce peuple n'ayant encore p6ndtr£ que fort peu dans les Gaules, 
au temps de Marcellus. Utos represente tout simplement, pense- 
je, aiilos, moi-mSme, moi-meme, moi-meme prseparabo libi 
vinum leve, etc. — Enfin, au ch. 31 : Absi apsa phereos, et Absis 
paphar, dont je n'ai rien a dire. 

Notre inventaire enfin termine, passons a la double classifi- 
cation des mots que nous avons recueillis et confrontes. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 425 

CLASSIFICATION 
DES MOTS RASSEMBLfcS DANS LE GLOSSAIRE 

ET CONCLUSIONS. 

I. Nous sommes arrives dans cette nouvelle Edition de notre 

Glossaire a un total de Z|30 mots, sans compter les 39 de l'Ap- 

pendice qui feraient 469, et les n 08 bis et ter, que nous n'avons 

adrnis qu'en sous-ordre parce que, saufquelques exceptions 1 , ils 

pr&sentaient, pour leur authenticity ou leur celticit£, moins de 

garanties que les autres termes de leurs series respectives 2 . 

Nous sommes done moins £loign£s du nombre de 700 mots que 

M. de La Villemarquddisait(Essaisur l'histoire de la langue bre- 

tonne, p. vi) avoir comples parmi ceux qui sont cites et Iraduils 

par les tcrivains de V Antiquite , comme se retrouvant dans les 

quatre dialectes celtiques modernes. — Nous pensons encore que 

ce chiffre 6tait fort exager£, et si nous nous en sommes rappro- 

ch£s, e'est bien moins par des omissions que nous avons r£pa- 

r6es que par Tadjonction d'un grand nombre de termes qui 

nous £taient alors inconnus a Tun et h l'autre, comme ceux du 

petit Glossaire d'Endlicher et des inscriptions d^couvertes ou 

ddfinitivement reconnues pour celtiques depuis une douzaine 

d'ann^es. II y avait bien aussi quelque exag^ration de la part 

de Garnett, quand il pr^tendait, h peu prfcs a la raeme £poque, 

que les tcrivains grecs et latins nous avaient conserve plusieurs 

centaines de mots gaulois ou bretons 3 , parmi lesquels il ne 

comptait certainement pas plus que M. de La Villemarqu6 les 

prefixes et les suffixes caract^ristiques qui entrent pour une cin- 

quantaine a peu pr&s dans notre total de 430 mots. Mais que 

dire des deux mille que ce Celtomane d'j£loi Johanneau avait 

retrouvds, avec le m6me sens et le mSme son, dans les auteurs 

1. Ces exceptions consistent en quelques mots ajoutes en dernier lieu, et 
qu'on a numerous de cette maniere, pour ne pas de>anger toute la s6rie 6ta- 
blie, Pempe, Dula, Roth, Inter, Dulovio, Vivos et Onus amplificatif. 

2. La i re Edition comprenait 321 mots numerous, et en totality 371. c ^®" 
ci, avec les n oi bis et ter qui sont au nombre de 35, eleve le chiffre total a 50*. 

. 3. Philological essays, p. 149. 



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426 ETHNOGfcNIE GAULOISE. 

et les monuments anciens, et dont il devait publier la liste dans 
les Memoires de VAcadkmie ceitique 1 ! Vaine promesse ! Cette liste 
n'a jamais vu le jour qui aurait fait d'eile, comme de tant d'autres 
reveries du mSme genre, le jouet des vents, Ludibria ventis! 

Revenons aux sept cents mots de M. de La Villemarque. Ce 
nombre formidable se rgduit dans les pages ou il a r£uni ses 
preuves, vii-xii, a 108, dont 46 nonis de divinit^s, d'hommes, de 
peuples ou de lieux, interprdtds, sauf une douzaine, d'une fagon 
purement arbitraire, c'est-a-dire sans que nous possedions le 
plus l£ger renseignement sur leur ancienne signification. QueJ- 
ques-uns le sont mSme, en depit de la science philologique de 
rauteur, d' une manfere assez peu satisfaisante ; Galgacm, par 
exemple, qui signifierait b&gue, malgrd le magnifique discours 
que Tacite a plac6 dans la bouche du heros caledonien. QueJques 
autres font, par les elements dont ils sont composes, double et 
meme triple emploi avec. des mots deja cit^s ant^rieuremenU 
C'est done aux 62 termes communs qu'il faut nous en tenir, et 
nous en retrancherons encore 3 autres doubles emplois, Pen, 
Kraeg, Beg, et le fantastique Didoron, que nous avons deja rejet£. 
Nous descendons ainsia 58, et c'est par consequent le chiffrede 
M. de La Villemarqud qui se trouve fort au-dessous du notre, 
defalcation faite dgalement des quelques noms propres que nous 
avons essaye d'expliquer. 

De ces 58 mots, 39 avaient pris place dans notre Glossaire. 
On a vu, num^ros 92, 395 etApp. L.,que 3 autres, Dero y Belch 
et Siston, n'dtaient dus qu'a des m^prises sur les textes de 
Pline, d'Ausone et d'Ath&iee. Restent 16 mots, c'est beaucoup; 
mais je n'ai pu, d'une part, decouvrir aucun ancien qui ait 
jamais cit6 comme gaulois: Div ou Diou, deux, et Dom ou Boron, 
main ; ni retrouver de l'autre, soit aux endroits indiqu^s, soil 
dans leurs oeuvres entieres, les citations que M. de La Villemar- 
que a faites : — de Pline, 18, pour Gwinmeled 2 , et Bresk, gateau 
de miel ; — de Festus* pour Barren venrou; — de Perse, Sat. 6, 

1. Voir cette affirmation et cette annonce cfenrar les Mvnumertiv ceftiques de 
Cambry, p. 381. 

2. Pline parle de la- tariere gauioise, ter$bra gallica, xvir, 25, mais il He 
lui donne pas d'autre nom. 



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GLOSS AIRE GAULOIS. 427 

pour Garr, jambe; et de Plutarque, ainsi que de Leibnitz, 
MiscelL, p. 157, pour trifenn, dard a trois pointes. En troisieme 
lieu, Argel et Mori nou&sont donnas, non pour gaulois, mais le 
premier pour cimm^rien et le second pour cimbrique ; ce qui 
n'est pas encore la raeme chose pour nous. Enfin des sept de- 
ments de noms g£ographiques qui competent ces 16 mots : Bre, 
montagne; Komb, valine ; Glenn, vallon ; Luc'h, marais; Man ou 
Men, pierre; Lenn, lac, et Aven, Aon, An, ou On, eau, riviere, 
— aucun ne m'avait paru assez caract^ristique pour figurer 
dans mon Glossaire. Glen et Lenn n'entrent m6me, si je ne me 
trompe* comme elements particuliers, dans aucun nom de la 
gSographie des Gaules 1 , mais Bre avait toutefois sa place mar* 
qude aupres de Briga, n° 360, et le Glossaire d'Endlicher nous a 
depuis fait connaitre VOnno du 201. 

Je regretterais vivement que ces remarques, d£ja pr£c£ddes 
de quelques critiques dans mon Glossaire, parussent empreintes 
du moindre sentiment de malveillance envers un homme auquel 
nous avons tons, litterateurs non moins que celtistes, de v£ri- 
tables obligations. Personne n'appr&ie plus que moi ce que nous 
devons au continuateur de Legonidec, mais sa reputation m£me 
donnant plus d'importance aux fautes qu'il a pu commettre sur 
les limites de son terrain, j'ai du, pour eviter, autant qu'il 
ra'&ait possible, tout reproche d'omission, m'expliquer avec 
franchise sur ce qui m'a sembie faux ou contestable dans le Gau- 
lois de M. de La Villemarque. La v£rit£, d'ailleurs, ne doit-elle 
pas toujours nous 6tre plus ch&re que Platon ? 

II. Consid^rons maintenant Tensemble de nos 430 mots. La 
raani&re dont nous les avons distribu^s dans notre Glossaire 
etablifcsait entre eux un premier classement h la fois chronokn 
gique et litt^raire, par rapport aux sources ou nous les avions 
puisds. On a vu qu'ils forment deux categories. La premiere 
comprend les 249 termes dont nous connaissons la signification, 
et sur lesquels 207 sont expressement donn6s pour gaulois; mais 

4. Je ny ai vu ni Glenum, ni Lendunum, nomm4s par M. deLa Villemarq. 
Peut-etre a-t-il voulu parler de Glanum et de Landunum ; celui-ci, retrouv£ 
dans le canton de Laignes (Cdte-d'Or), ne touchait a aucun lac dont il put 
tirer son now. 



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628 ETHNOGfiNIE GA15LOISE, ' 

Ton peut hardiment regarder comme tels les /*2 autres d'apres 
la manure dont les Anciens les out cit£s. De ces 249 mots, 172 
detent des temps ant^rieurs a l'invasion des Barbares, et sont 
avons-nous dit, ceux qui doivent inspirer le plus de confiance. 
La deuxi&me cat^gorie contient les termes ou les elements 
caracteristiques des noms propres gaulois dont la signiGcation 
nous est inconnue, mais dont nous avons tent£ Interpretation 
d'apres les indices qui pouvaient nous mettre sur la voie. Partie ■ 
toute conjecturale, mais qui nous a fourni des rapprochements 
si evidents, que nous pouvons en metlre plus de la moitid apeu ' 
prfcs sur la m£me ligne que les 249 mots traduits par les j 
anciens. Nous avons en meme temps not£ dans Jes deux catego- 
ries, quand le fait nous <§tait connu, de quelle partie des Gaules 
chacun de ces vocables avait £te transmis. C'etaii le principe 
d'une seconde classification, plus imporlante au point de vue ; 
philologique, mais qui restera toujours fort incomplete par Via- * 
suffisance de nos renseignements. Nous sommes done forc£ ! 
d'abandonner a la langue gauloise en general tous les vocables 
dont l'origine ne nous est pas indiqude, e'est-a-dire les deux j 
cinquiemes de ceux que nous avons rassemblds. [i est vrai que 
la plupart consistent en noms propres ou elements de noms 
propres, le plus souvent communs aux diverses branches de la 
grande famille celtique, et d'une importance nioindre que les I 

mots de l'autre moitie. Ceux-ci, parmi Jesquels s'en trouvent 
encore de peu certains, se r^partissent fort indgalement entre 

la Gaule cisalpine ou italique, — les Alpes, — j a Ligurie 

l'Aquitaine, — l'Espagne, — la Celtique proprement dite la 

Belgique, — laBretagneinsulaire et la Galatie ; neuf categories 
qui n'ont rien d'absolu, beaucoup de ces mots ayant certaine- 
ment appartenu a plusieurs a la fois. Elles ^lablissent seule- 
ment le point de depart connu de chacun de ceux qui s'y trou- 
vent compris. 

On en jugera par le tableau ci-contre,* dans lequel nous 
n'avons compris ni les noms propres que notre Glossaire n'a 
point expressement interprets, ni les mots par trop incertains 
de quelques inscriptions celtiques. Sur les 354 indications dont 
ce tableau se compose (en compiant les doubles et les triples), il 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 429 

y en a 56 qui appartiennent a la Cisalpine; — 12 aux dia-* 
lectes alpins; — 12 ou 13 a la Ligurie cis et trans-rhodanique; 
— 15 a la Belgique; — 21 a la Bretagne insulaire ; — 6 a l'Aqui- 
taine; — et 15 a la Galatie, 9 de plus que n'en avait reconnu 
Wernsdorff. — Dix autres nous viendraient de l'Espagne et deux 
enfin des bords de la Ballique. Restent laGaule proprement dite 
ou celtique et la Province romaine auxquelles on peut en attribuer 
205, en y comprenant les noms de plantes que nous devons a 
Marcellus de Bordeaux, et les termes que nous rapportons aux 
contr^es ou Ton a trouv6 les inscriptions dont ils font partie. 

III. Cette classification retrospective nous avait conduit a une 
troisi&me, celle de tous nos mots gaulois d'apr^s les idiomes 
celtiques auxquels ils se raltachent le plus naturellement aujour- 
d'hui. J'avais apport£ dans ce dernier classement toute l'atten- 
tion et toute l'impartialitg qui pouvaient en diminuer Tarbitraire 
aux yeux du lecteur. C'dtait une chose delicate, apr&s tant de 
si&cles et en presence des opinions opposes qui se disputent les 
debris' du Gaulois, que de faire entre les deux branches si rap- 
prochdes du Celtique moderne un partage Equitable de tous ces 
mots d'une forme souvent peu certaine, et dont quelques-uns 
n'ont pu se rattacher qu'a des sens d£tourn£s ou a de simples 
analogies. II etait probable que le lecteur serait plus d'une fois 
en disaccord avec moi sur les attributions que j'avais indiqudes, 
mais qu'il me permette de lui rappeler encore que ce n'est point 
d'apr&s les details, mais sur Tensemblequ'ilfaut juger un travail 
consciencieux de ce genre. Son importance est dans les r^sultats. 

IV. Or, le premier et le plus frappant de tous, celui pour 
lequel j'ai entrepris ce Glossaire et qui en resume la partie 
demonstrative, c'est qu'a Texception de 24 mots, tous ceux que 
j'avais recueillis se sont retrouv^s, disais-je, directement ou 
indirectement , dans le Celtique moderne : 

Directement, par leurs semblables de formes et de significa- 
tions a la fois, ou par une communaut£ de racines dont on ne 
peut nier l'^vidence. J'avais, dans le second tableau de la l re edi- 
tion 1 (a la fin du volume), marqu£ ces demiers d'un ast^risque 

1. Tableau que j'ai supprime"; j'en dirai plus loin la raison. 



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430 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

(on de deux quand leur composition rev61ait deux radicaux), et 
ddsigng par des initiates semblables a celles du Glossaire les 
mots qu'on pent regarder comme identiquement conserves dans 
Tun ou l'autre des idiomes aotuels. 

Indirectement, par de frappantes analogies, ou des rapports 
faciles a saisir entre lesens propre de Tun des termes compares, 
et le sens figure qui a pu s'attacher a l'autre. 

Des 2k mots dont nous venons de parler, plus de la moitte 
ont 6t€ expliqu^s depuis comme des noms propres, ou rendos 
soit au Grec ou au Latin, soit au Basque ou au Tudesque. Strr 
10 ou 11 qui &aient rest£s rebeHes a toute assimilation, Tun a 
6t6 retrouvd dans le Glossaire d'Endlicher; c'est Briva (quelque* 
fois Brio), pont; voy. Brio, n° 195 et le n° 361. Troisautres, 
Gilarus, Laurio et Iowmbaroum, avaient 6t6 ranges, ce me sem- 
ble, avec trop de h&te parmi les irreconciliables* D'un autre c6t6, 
les analyses opiniatres de Stokes, de Pictet, d'Ebel, etc., ont 
lev6 en partie le voile qui enveloppait Canecosedlon, Etic et Dur 
giionliio. II ne nous reste done plus que quatre de ces mots, — 
d'origine peut-etre pre-celtique, — Sigunnai, Lougos, Oualidia 
et Kerker, auxquels nous devons joindre a present Molu et ceux 
qu'on n'a pu encore lire avec quelque certitude dans nos inscrip- 
tions gauloises. Nous avons r<*uni tous ces termes exceptionnels 
avec ceux dont nous avons reconna ou presume l'origine non 
celtique, dans un 2 e tableau ou ils sont classes sous sept titres 
particuliers. Leur nomfore m d^passe pas 68, dont 21 incentains 
et 16 seulement rebelles a toute explication. II nous reste par 
consequent pres de 430 mots gaulois ou rapportables * cette 
langue, que nous pouvons opposer aux 40 de M. Holtzmann et a 
tous ceux de M. Kunssberg. Et comme les cris de victoire que 
poussait le premier quand, sur un nombre aussi restreint que le 
sien, il avait rencontr<§ k ou 5 termes quasi tudesques, se per- 
draient au milieu des hourrahs avec lesquels nous en pourrions 
signaler plus d'une centaine identiquement retrouvds dans le 
Celtique moderne ! Nous en soumettons au Jecteur une lisle 
dressSe, soit conform&nent auxlexiques ordinaires, soit d'aprfes 
les sources indiquees par Zeuss, Wh. Stokes, etc. Nous n'y avons 
compris ni certains mots qu'on pourrait revendiquer pour le 



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2e TABLEAU. 

S e CLASSIFICATION DES MOTS DE CE GLOSSAIRE * 

Pour ceux d'une origine presumee non celtique, ou dont la lecture est incomplete ou 
trop incertaine dans nos inscriptions. 



*. Mots rendus au Latin. 
Asta, n° 319. 
Peculium, 46. 
Spadonia, 37. 
Spaternam, 318. 
Vinceluna, 242 bis. 
5. 

II . Mot s rendus au Grec. 

Korakion, 83. 
Toxicon, 82. 
2. 

III. .Mots rendus au 

Basque. 
Aquitania, 425. 
Asia, 18. 

?Carroco, App. B. 
GegGnioi, 151 bis. 
Soldurii, 2. 
Vettonica, 38 bis. 

6. 
(Leherennus). 

IV. Mots Liguriens. 



Sigunnai, 80. 
Sordicen, 262. 
Tauron, 263. 
7. 
(Pipla). 



V. Mots rendus au 
Tudesque. 

Alke, 248. 

Berciollum, App. 11. 
Cimber, 50. 
Dadsilas, 244. 
Frameae, 152. 
? Ganta, 40. 
Niedfyr, 242 ten 
Uri, 148. 
Vargus, 149. 
Wanti, 106. 
10. 

VI. Mots inexpliquis. 
Alausa, App. A. 
Danteel, 333. 
Eu, 303. 
Fario, App. C. 
Iardari, 341. 
Kerker, 132. 
Lougos, 98. 
Mastramela, 263 bis. 
Mdlu, 139 bis. 
Oualidia, 119. 
Rubresus, 262 ter. 
Salar, App. E. 
Sigunnai, 80. 
Tauron, 263. 
Tinea, App. F. 
(Piplce). 

16. 



VII. Mots d'une lecture 
ou d'unsens tout a 
fait incertains dans 
nos inscriptions. 

Axiac, 301. 

Biti, 302. 

Buscilla, 312. 

Cean, 338. 

Danima-vim, 317. 

Datala-ges, 316. 
ou 

Datala ges(sa)vim, id. 

Decavi, 328. 

laseiani, 305. 

Legasit, 313. 

Marunus, 404 bis. 

Obuldunu, 329. 

Rhed, 339. 

Ridier, 336 bis. 

Sassadis, 326. 

Sebotstsu, 306. 

Sevi..ri.os, 275. 

Sosio, 312 bis. 

Tinu, 330. 

Tome, 327. 

Vim, voy. 316 et 317. 
21. 
(Ne sont pas compris 

dans cette classe les 

noms propres inexpli- 

que*s ou les mots qui 

ne component aucun 

sens.) 



tique 



1. Les mots souligne*s sont d'une lecture encore contestable. 

2. Bodincus, donne* comme un mot ligurien, peut fetre expUque par le Gel- 



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GLOSSAIRE GAULOIS* 



433 



Latin comme Tripetix, ni — (sauf quelques exceptions qui 
s'imposaient d'elles-mSmes) — les radicaux que nous avons 
reconnus dans les termes composes, ou ces nombreuses parti- 
cules qui entraient comme suffixes ou prefixes dans leur for- 
mation. Inutile de dire que les simples desinences grecques 
ou latines ne detruisent point une identity £vidente sans elles. 



Acum, n° 241. 
Acus (propria), 238. 
Acus (filiation), 379. 
Agennum, 169. 
Alia, 78. 
Alpes, 70. 
Are, 186. 
Armorici, 185. 
Avallo, 204. 
Bagaudae, 53. 
Bakkarou Bakchar, 128. 
Bardus, 47. 
Bascauda, 224. 
Becco, 220. 
Benna, 48. 
Betuila, 214. 
Bolus, 116. 
Brakai, 90. 
Brennus, 417. 
Brogffi, 79. 
Bulga, 49. 
Canthus, App. T. 
Capanna, App. gg. 
Carpantum, App. J. 
Carrus, App. I. 
Casnar, 42. 
Cateia, 233. 
Caterva, 158. 
Cetra, 179. 
Cbrotta, 234. 
Circius, 45. 
Coccus, App. N. 
CoTinei, App. dd. 



Covinus, 15. 

Cubi, 250. 

Cucullus, 222. 

Dan, 194. 

Doro, 174. 

Druidae, 22. 

Dubn ou Dumn, 366. 

Dubrum, Dur ou Duro, 
367. 

Dunates, 414. 

Dunum ou Dounos, 99. 

Duro ou Durus, Du- 
rum, 368. 

Dusii, 147. 

Emarcum, 14. 

Esox, 218. 

Galba, 44. 

Garanos, 274. 

Grannus, 415. 

Illus, 381. 

In, 291. 

Ino, 335. 

Inter, 196 bis. 

Ioupikellouson, 131. 

Karnitu, 320. 

Korma ou Curmi, 88. 

Lagkiai, 91. 

Limeum, 28. 

Linna,9$ bis. 

Litana, 258. 

Livius, 416. 

Lug (brillant), 191. 

Mant, 372. 



Marga, 29. 
Marka, 103. 
Marus, 386. 
Matara ou Materis,209. 
Menta, 1 18. 
More, 187. 
Nant, 198. 
Nemetis, 157. 
Nimidae, 242. 
Noio ou Novi, 351 . 
Patus, 231. 
Pempe, 120 bis. 
Pempedula, 120. 
Penninus ou Peninus,9. 
Petora, 6. 
Petrinos, 106. 
Ploxinum ou Ploxe- 

num, 221. 
Ratis, 65. 
Rheda, 43. 
Ritum et Roto, 352. 
Rix, 387. 
Sapdn, 96. 
Senani, 271. 
Saronides, 92. 
Sparum, 227. 
Spatha, 246. 
Taranis, 394. 
Tarvos, 273. 
Tri, 104. 
Velarus, 38. 
Ver, 156. 
Yrias, 243. 



Le lecteur pourra s'assurer, en parcourant ce Glossaire 
au'avec un peu moins de circonspection j'aurais pu grossir 
H 28 



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434 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

notablement cette lisle de 96. mots, sans recourir m£me aux 
radicauxet aux particules dont j'ai parte plus haut. Que Ton 
chicane ensuite sur tel ou tel mot pass6 dans le Gallois ou dans 
Tlrlandais par l'entremise da Latin, ou dont la racine appar- 
tiendra £galement au Tudesque, le Gaulois n'en restera pas 
moins, — avec les consequences qu'on peut tirer de ce fait, — 
acquis au Celtique, jusqu'a ce qu'on ait convaincu de b&tardise 
la majeure partie des vocables modernes qui rdpondent a nos 
/»30, ou qu'on ait ramenS chacun de ceux-ci a des^l^ments 
germaniques plus simples et plus vraisemblables que les Ele- 
ments celtiques. 

VI. Je crois done avoir mis hors de doute, pour tout lecteur 
impartial, le troisifcme principe fondamental que j'avais pos£, 
celui de ridentit£ originelle du Kymmryque ou du Gaelique avec 
Pancien Gaulois. Cette alternative nous reste a examiner. La 
question a divisE les Celtistes, non moins que les philologues. 
Dfcs le siecle dernier, nous trouvons en presence le Bas-Breton 
et Tlrlandais. Le ridicule n'aurait pas tue les pretentions uni- 
verselles du premier qu'elles seraient aujourd'hui confondues 
avec celles du Gallois ou de la branche kymmryque. Le second 
n'appuya d'abord les siennes que sur Interpretation du titre 
de Vergobretus donn^e par Ed. Lhuyd 1 ; — puis sur une m£- 
prise de Chamberlayne qui avait attribue aux Vaudois des Alpes 
une version gaelique de TOraison dominicale*, rendue enfin 
par Adelung a la petite colonie irlandaise de Walden du comte 
d'Essex en Angleterre 8 . Le Gothiste Pinkerton faisait de ces mon- 
tagnards, enfermgs dans leurs quatre vallees ptemontaises, les 
restes des Gaulois de Brennus; et de ces derniers, des Beiges, 
prtfparant ainsi le systeme qu'allait&hafauder Ed. Davies. Celui- 
ci, partant en effet des mSmes donnees, et pensant en outre 
que les noms gdographiques de la Rh&ie, de la Vinddlicie et de 
la Pannonie, se rapportaient plus directement a Tlrlandais qu'au 
Gallois, vit dans le Kymmryque Tidiome des Gaulois et des 
Bretons primitifs, et dans le Gaelique celui des envahisseurs 

1. PreT. galloise de son Archeol. Brit. Conf. Betham, GaSl and C, p. 1U. 

2. Orat. domin., etc., 1715, p, 39. 

3. Mithrid., u. p. 101. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 433 

beiges et scots 1 ; — justement Fin verse de ce qu'on soutient 
aujourd'hui. Le savant Cambrien abandonnait done a ces nou- 
veaux venus a peu pr&s toute la Celtique continentale et J'lr- 
lande; mais e'est le Gallois qui, suivant Iui, p. 222, nous a 
conserve le plus parfait specimen de la langue des Oruides. II 
aurait du cet avantage tant a sa consistance et a son caractere 
d'uniformit6 qu'a ses Merits qui remontent a plus de dix si&cles, 
et dont quelques-uns sont des monuments evidents du drui- 
disme, plus pur en Bretagne que dans les Gaules. Le fougueux 
Irlandiste Betham ne veut point de ce partage; il n'accepte 
point pour ses Gaels ce r61e de conquerant. Dans son systfcme, 
tout Celte 3tait Gael, et le Gaelique runique langage paiie dans 
Tltalie gauloise, les Gaules et les Iles-Britanniques 2 . Les Gallois, 
sous leur ancien nom de Cal^doniens et de Pictes, n'auraient 
jamais 616 que des intrus arrives de la P^ninsule cimbrique, — 
race intermediate entre les Germains et les Celles, — et aux- 
quels les Anglo-Saxons seraient venus disputeret arracher, dans 
la Bretagne, la plus grande partie de l'heritage des Romains. Cha- 
cun de ces vainqueurs imposa son idiome aux populations con- 
quises, lesquelles avaient depuis longtemps oublie leur propre 
langue 3touff£e par le Latin 8 ?Ce n'est pas tout. Les Celtes 
eux-m£mes n'dtaient que des colons ph&nciens, et cons&juem- 
ment le Carthaginois du Poenulus dePlaute estdu pur Irlandais. 
Mais ce texte peu certain oe lui paraissant plus assez d^monstra- 
tif, e'est aux fameuses Tables Eugubiennes elles-m6mes que 
Betham s'est attaqug avec ses vieux monosyllabes gaeliques, et 
ces antiques inscriptions ombriennes sont devenues tout sim- 
plement un recit officiel de la d^couverte de Tlrlande par les 
Phdniciens 4 ! 

VII. Nous avons vu d'autres philologues trouver dans Mar- 
cellus de Bordeaux des arguments plus sdrieux, pour soutenir 

1. Celtic Research., p. 207, 210, 211, 224 et 226. 

2. Gael and C, p. 220; Etruria Celt., t. 1, p. 3, etc. 

3. Gael, p. 327, 338, 398, etc. Nous aurons a examiner plus tard les fon- 
dements historiques de ce systeme, dont se rapproche beaucoup M. Nash, 
dans son Taliesin paru tout r6cemment. (Note de la \* 6d.). 

4. Gael, etc. — Etruria Celtica, 1, p. 95, etc., 1812. 



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W 6 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

que Tancien Gaulois appartenait probablement a la branche 
gaelique, ou que l'lrlandais, pour le raoins, 6tait la langue 
dominante de TAquitaine. Grimm avait compris dans son pre- 
mier travail, avec les formules barfcares transcrites par Marcel- 
lus, unequinzaine de mots gaulois que celui-ci nous a* conserves 
dans son livre. Or, il faut remarquer, relativement a ces der- 
niers, que l'habile philologue n'est parvenu a en expliquer que 
le tiers. II en a laissS six sans solution, et reconnu Alauda pour 
armoricain; Bricumum (avec une correction) pour gallois; la 
seconde moitid de Calliomarcus pour galloise et irlandaise a la 
fois; Ratis pour irlandais et armoricain. II ne lui reste done de 
purement gaeliques que- les cinq suivants, Visumarus, Caloca- 
tanus (avec une correction), Baditis, Toles et Arithmato. Ce ne 
serait pas assez pour maintenir son opinion, mais les formules 
lui sont, h mon avis, plus favorables, entre autres la 4 e , Rica; 
la premiere partie de la 2 e , Tat; et peut-Stre la l re , Exci; la 6 e , 
Vigaria, et la 7 e , Argidam. Toutes les dix offrent des rapproche- 
ments assez frappants pour admettre en principe, ai-je dit, leur 
origine gauloise. Ce fait accept^, il faut reebnnaitre avec Pictet 
qu'elles tiennent beaucoup plus de Tlrlandais que du Gallois. 
Noussommes arrive au m6me r&ultat'' avec les mots barbares 
de Virgile le grammairien, et nous avons en outre observe que 
Texistence des cas dans Tancienne langue la rapprochait plutot 
du Gaelique que du Kymmryque, dont les trois rameaux en sont 
presque entiferement ddpourvus. Nous reviendrons tout a l'heure 
sur ce fait. 

VIII. Ces considerations n'empSchferent point Zeuss d'adopter 
dans sa preface, p. v et suiv., l'opinion contraire, et d'avancer 
que le Gaulois, s'il n'dtait pas la mSme langue que le Kymm- 
ryque, en dtait du moins beaucoup plus voisin que de l'autre 
branche. C'est ce que le c&fcbre Prichard avait deja cherchd a 
gtablir par une confrontation de termes et de noms propres 
gaulois d'hommes et de locality avec les deux idiomes celtiques 1 , 
travail execute sur une trop petite quantity de mots pour 6tre 
d&nonstratif. MM. Brandes, Garnett, et Thistorien de la langue 

1. Physic. Rist. of Mankind, t. ui, 3 e 6dit., 1841. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 437 

anglaise, Latham, se sont born^s a un nombre encore plus res- 
treint pour soutenir d'une mani&re encore plus affirmative qu'il 
est certain, ou presque certain que l'ancien Breton et l'ancien 
Gaulois appartenaient a la langue kymmryque 1 . Zeuss du moins 
s'dtait appuyd sur des raisons tiroes du fond m6me des idiomes 
actuels, et qui, — si elles ne sont pas tout a fait convaincantes, 
puisqu'ils ont certainement perdu, chacun de son cote, pendant 
quinze ou dix-huit si&cles, une partie des traits qui leur gtaient 
communs, — me paraissent en definitive plus puissantes que 
celles des Irlandistes. Ainsi : 1° la similitude particuli&re de 
certains sons entre le Gaulois et le Kymmryque, celle du P par 
exemple, auquel nous avons vu que le Gaelique substituait le K, 
Ken, Kethir, Ech, etc., au lieu de Penn, Petuar, Epo; — 2° la 
communaute de quelques finales, on, en, le pluriel et, inconnues 
a Tlrlandais; — 3° 1' existence dans le Kymmryque de plusieurs 
^l^ments qui entraient dans la composition des mots gaulois, et 
qu'on ne retrouve plus dans le Gaelique, entre autres Kun, et 
le prdfixe Gwr, Gur ou Gor. EnQn Zeuss remarquait des trans- 
formations, des Eliminations et des additions de lettres sem- 
blables dans le Gallois et dans la formation de notre langue 
romane, V ou W devenant dans Tune et l'autre Gu ou Gw; — 
le g disparaissant de m£me dans l'int£rieur des mots, — et 
le Kymmryque faisant prec^der d'une voyelle faible, particulifc- 
rement de Yy fort rapproch£ de notre e, les doubles initiales 
Sc, Sp, St, auxquelles le Roman ajoutait pr£cis£ment cet e. 
Des mots latins Schola, Spina, Stola, etc., le premier a fait : 
Tsgol, Yspin, Ystol, et le second : Eschole, Espine, Estole ; — 
et notre Frangais dit encore aujourd'hui, avec cet adoucisse- 
ment : escabeau, esp^rer, estomac, pour Scabellum, Sperare, 
Stomachus, etc. 

Tels Etaient les arguments de Zeuss', au premier desquels 

1. Brandes, Ethnogr. Verh&ltniss, etc., p. 89; Garnett, Philolog. essays, 
p. 148; Latham, English language, 1, p. 320 et 328, 4* ed. 1855. Latham s'6tait 
d£ja, en 1852, prononcg tres-fortement contre le gaelique dans son Ethnology 
of the british isles, p. 84. 

2. Ont pareillement rattache" le Gaulois au Kymmryque, Diefenbach, Orig. 
euro? ,p. 248 ; Littre\ Journ. des Sav. f septembre 1859, p. 547 ; Diez, EtymoU 
WQrterbuch, etc, 1853, p. xv ; Newmann, etc. 



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438 ETHNOGfiME GAULOISE. 

nous croyons donner encore plus de force en observant, — ce 
qui me semble a peu pr6s d^cisif, — que les Anciens ont tous 
entendu et 6crit avec le P kymmryque, et non avec le K gaelique, 
les mots gaulois qu'ils nous ont transmis : Peninus, Petorrilum, 
Eporcdix, Pempedula 1 , etc. Ajoutons que Girald le Cambrien, 
dont les ouvrages d'histoire et de topographie datent du 
xn c sifecle, regardait le Cornique, encore florissant a cette dpoque, 
comme le dialecte le plus rapprochd de I'ancienne langue 
britannique, c'est-a-dire, ou peu s'en faut, du Gaulois d'apres 
le t&noignage de Tacite*. Mais voici venir M. Am. Thierry qui 
pretend tout a coup que Zeuss est revenu sur ses pas, et qu'il 
s'est principalement servi du Gaelique pour I' interpretation des 
formules de Marcellus*. Je n'ai pu decouvrir ce fruit lardif de la 
conversion de l'illustre Celtiste, laquelle ne peut avoir eu lieu 
qu'aprfes la publication du second Memoire que Grimm fit 
paraitre, avec Pictet, sur ces mSmes formules en 1855, c'est-a- 
direune ann^eau plus "avantla fin de notre regrettable maitre. 
Je soupgonne fortement M. Thierry d'avoir fait une double con- 
fusion, 1° en attribuant a son converli Tceuvre meme de Grimm 
et de Pictet; — puis en prenant pour une retractation generate 
la simple reconnaissance de la celticit^ de ces formules, que 
Zeuss avait d'abord ntee, comme nous l'avons dit. II n'est pas 
question d'autre chose dans le passage, que M. de La Villemarqu£ N 
cite a ce sujet, d'une lettre adress^e a lui-m^me par Grimm, 
en 1858 au plus tard. (Voy. le Mem. sur I'inscription de Lomd- 
rec, p. 19.) 

line demi-con version, du moins plus certaine, est celle du 
chef de nos Irlandistes qui, devenu d£ja moins absolu dans le 
n° d'octobre 1864 de la Revue archeologique, p. 308, n., faittex- 
tuellement, a la fin de son Nouvel Essai sur les inscriptions gau- 
loises 4 , la declaration suivante : « Quant aux rapporis du Gau- 
« lois avec les deux branches neo-celtiques, je dois reconnaitre 

4. Pempe, et non pas Kuig, quoique ce dernier se rapprochat bien plus du 
latin Quinque. 

2. Voy. ci-dessus, aux Preuv. philolog., par. xx, et ci-apr6s, par. viu. 

3. Hist, des Gaul., 6 e <*d M t. i e r, p. xv. 

4. Revue archdol., aout 1867, p. 140. 



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GL0SSA1RE GAULOIS. 439 

« que je suis actuellement moins affirmatif sur le fait d'une 
« affinity plus grande avec l'lrlandais que je ne l'ai 6t6 dans 
« mon premier Essai. » — Ces deux concessions faites de part 
et d'autre rapprochent singuli6rement les deux opinions, qui se 
disputaient parnii les Celtistes 1'idiome de nos peres. En 
presence de cette sorte de dgsarmement r&iproque, qui annonce 
le triomphe prochain de notre opinion sur Punitd de la langue 
gauloise, nous avons juge inutile de maintenir dans notre 
2* tableau le partage que nous avions eu la t^mdrite de tenter 
entre les mots de cette langue, selon que nos rapprochements 
nous paraissaient les rattacher de plus prfcs au Kymmryque ou 
au Gaelique. Nous £tions arrives k ce r&ultat que les trois cin- 
qui&mes de ces mots pouvaient remonter aussi bien a Tune qu'k 
l'autre de ces deux sources, et que, sur les 128 qui semblaient 
ne se rapporter qu'a une seule, il y en avait 40 seulement de 
gaeliques contre 88 kymmryques. J'avais certainement mis a ce 
partage toute Timpartialit^ possible, mais une nouvelle revision 
m'a dSmontrg qu'il £tait, pour la plupart de ces mots, aussi 
difficile a faire qu'incertain dans ses r&ultats, dont la majeure 
partie peut-etre demeurait toujours sujette k contestation. C'est 
done tr&s-judicieusement que Pictet ajournait cette question, qui 
ne peut 6tre r&olue, a-t-il dit, ibid., qu'k la suite d'une £tude 
approfondie de tous ses £13ments, y compris celle d'un onomas- 
ticum gaulois bien complet : Hoc est in votis! 

IX. Voyons maintenant le syst&me mixte de M. Am. Thierry. 
Le lecteur aura sans doute remarqu^, dans ce conflit d'opi- 
nions, qu'Jrlandistes et Kymmrystes ne me paraissent point 
avoir tenu compte du fameux passage de C&ar relatif k la diffe- 
rence d'idiomes qui existait entre les trois grandes divisions de 
la Gaule, la Celtique, la Belgique et l'Aquitaine. Laissant de 
c6t6 TAquitain, qu'elle rattache a la famille ib6rique, une troi- 
si&me opinion, dont la premiere manifestation appartient k 
Niebuhr 1 , et qu'on pourrait nommer celle des Bi-linguistes y s'est 
attachge au texte de C&ar pour faire parler le Gaelique aux 

f. Voy. les Crania britann., 5« decade, p. 138, ou sont cities du c&ebre 
savant allemand, ses Lectures on ancient ethnology (trad, angl.) 1. 11, p. 305 ; 
et son Hist, rom., id., 1851, t. 11, p. 522. 



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MO ETHNOGfcNIE gauloise. 

Gaulois proprement dits, et le Kymmryque aux Beiges etablis 
les derniers dans le nord de la Gaule et le midi de la Bretagne. 
M. W. Edwards n'est pas alieplus loin; mais dans le syst&me 
complet de M. Am. Thierry, les Celtiberiens d'Espagne et la 
majeure partie des colonies cisalpines appartiennent encore a 
la premiere de ces branches, et les Galates d'Asie k la seconde. 
Si ce syst&me est vrai, les mots qui nous sont venus de la Gaule 
centrale et de l'ltalie doivent se rattacher particulierement au 
Gaelique, et ceux de la Belgique, de la Bretagne et de la Galatie 
au Kymmryque. Or, il suffit de feuilleter les pages de ce Glos- 
saire pour se convaincre que cette consequence n'a pas du tout 
lieu d'une mantere generate; et qu'en particulier les 96 mots 
gaulois que nous venons de signaler comme se retrouvant avec 
une entifcre Evidence dans le Celtique moderne appartiennent 
pour la plupart au Kymmryque aussi bien qu'au Gaelique, de 
quelque-contreequ'ils proviennent, l'ltalie, la Gaule celtique, la 
Belgique ou Tile de Bretagne. Les noms propres qui tiennent ega- 
lement aux deux langues ou qui dtaientcommuns aux diverses 
nations gauloises ont partout la m£me majority. Prichard avait 
consacre dix pages de son 3 e volume 1 a relever dans toutes les 
parties du monde celtique les denominations geographiques 
qui prouveraient a elles seules 1' unite de son langage, malgre 
les differences de dialecte qu'on doit naturellement supposer. 
Brandes a complete sa demonstration 2 . Gitons seulement quel- 
ques-uns de ces noms propres pour montrer toute Tinanite de 
la philologie de M. Thierry, que nous verrons, jusqu'a la derni^re 
edition de son livre, ignorer toujours ou faire semblant d'ignorer 
tout ce qui refute son fameux systfcme. 

Les Galates de Delphes et de l'Asie Mineure ont leur Brennus 
et leur Bituitus (Bitoetos), comme les Senonais d'ltalie et les 
Arvernes. Je vois un Divitiacus, un Galba, en Belgique, comme 
chez les fiduens et dans la Gaule cisalpine; un Gingetorix a 
Trfeyes, et Vercingetorix chez ces m£mes Arvernes; Orgetorix 
chez les Helvetes et Lugotorix en Bretagne. Ce Lugo, element 

1. Research into the physical hist, of mankind, 3 e 6d., 1841, p. 114-123. 

2. Voy. aux Preuves philologiques, par. x. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. kki 

du nom lyonnais de Lugudunum, se prdsente dgalement dans le 
Luguvallum breton. Gomparez ensuite les noms beiges et galates 
Boduognatus, Carsignatos, Eposognatos, avec Tarverne Crito- 
gnatus, le bordelais Cintognata, etc., et le 3 e encore avec 
l'gduen Epor&iorix, le cisalpin Eporediae; — lesbretons Sdgovax, 
Cassivellaunus et Cogidunus avec Fdduen Segomarus, l'arverne 
Vercassivellaunus et le carnule Conetodunus, etc. La Belgique 
et la Bretagne ont, de mSme que le centre ou le midi de la 
Gaule, des Mediolanum, des Gondate, des Bibrax on Bibracte, 
des Nemet..., des Uxell..., des Caesaromagus et des Noviomagus, 
des Noviodunum, des Brigantes ou Brigantii 1 , des Ceutrones, 
des Eburones, Eburobriga, Eburovices, ou des noms termines 
par cette meme finale, par dorum, durum, acus; d'autres com- 
mengant par Sego, Bodi, Vind, etc. J'ai d£j& citd la curieuse 
opposition britannique de Durobriva et Durovernum avec notre 
Brivodurum et Vernodubrum. Enfin la Galatie avait aussi ses 
briga, et son Drynemeton comme Agen son Vernemetis; Ucena 
y reproduisait le nom des Uceni des Alpes, et Vasata celui des 
Vasates d'Aquitaine, etc. Ce melange general et r&iproque de 
noms geographiques ne peut Stre attribud a la premiere occupa- 
tion du sol par la race gaelique, puisque ce sont des hordes kym- 
mryques, dit-on, qui ont portd au loin ceux de la Gaule centrale 
et meridionale, et que les appellations significatives de Noviodu- 
num, Noviomagus, Augustodunum, Caesaromagus, etc., apparte- 
naient dvidemment a des fondations rdcentes chez Tune etTautre 
race. La repartition que M. Thierry a faite en tre elles du territoire 
des Gaules, de la Bretagne et mSme de la Galatie, n'est done jus- 
tifi^e ni par les mots, ni par les noms propres qui nous sont v 
arrives des pays ou des peuples qu'il leur avait attribuds. 

Un dernier argument contre la duality du langage de 
nos aieux, — en attendant que nous rdfutions au volume sui- 
vant celle de leur race, — est cette observation frappante de 
M. Littrd. II remarquait d6ja en 1859 l que nos inscriptions* 

1. Je necite point les Hedui bretons de Richard de Cirencester, autorite 
si just^ment suspecte, et contre laquelle j'aurai plus d'une fois occasion do 
protester. 

2. Journ. d. Savants, septembre, p. 539. 



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442 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

gauloises, quoique provenant de contr&s fort difiterentes, portent 
dans leur extreme bri£vet6 le caractfere d'une langue commune. 
Fait, ajoutait-il, qui doit 6tre pris en grande consideration, 
comme si, au-dessus des dialectes provinciaux, il avait exists un 
langage compris de toute la nation, et employ £ pour les Merits 
et les inscriptions. Ce serait aller beaucbup trop loin que de se 
figurer a ce sujet une langue littSraire gauloise, comme predo- 
mine dans tous les livres'de rAllemagne cellede Goethe et de 
Schiller. Mais les d^couvertes epigraphiques faites depuis douze 
ans, mSme en Italie 1 , n'ont fait que confirmer et rendre encore 
plus probante Tobservation de M. Littr6. Tout nous conduit done 
au mSme r&ultat, et a la confirmation du second principe que 
nous avons posd au commencement de ce Glossaire, e'est-a-dire 
la plus £troite parent^ de langage entre les deux branches qui 
auraient, suivant M. Am. Thierry, divis6 la grande famille gau- 
loise. De cette conclusion a l'unite m6me, il n'y a plus qu'un 
pas ; ce qui suit va peut-Stre nous le faire franchir. 

X. En effet , au point oil nous en sommes, ,je ne mets pas en 
doute qu'en creusant plus profond&nent que je ne puis le faire 
les antiquites du Celtique moderne, on afriverait a reconnaitre 
que le Kymmryque et le Gaelique s'eloignaient anciennement 
beaucoup moins Tun de l'autre qu'ils ne le font aujourd'hui. 
Nous avons deja vu (Preuves philolog., par. v) que le Gallois et 
Tliiandais actuel poss&dent chacun des families de mots et 
des composes, dont les radicaux ou les &6ments perdus chez 
Tun se sont conserves chez l'autre, et reciproquement. Nous 
avons, en second lieu, reconnu des cas dans Pancien Gaulois, en 
ajoutant que, sauf quelques flexions dans les pronoms person- 
nels, les idiomes kymmryques en Staient aujourd'hui tout a fait 
ddpourvus. On va voir que j'allais trop loin, mais j'ajoutais deja 
comme correctif qu'on pouvait en retrouver encore des traces 
dans chacun des truis, — et des traces toutes gaeliques, dans 
la formation d'un assez grand nombre de pluriels, qui rem- 
placent l'adjonction extdrieure des suffixes par le changement 

1. Voy. le Nouvel essai de Pictet, Rev. archSol., aout 1867, p. 124, sur les 
formes de langage et les noms prqpres conformes aux ndtres, que r6veleDt les 
. inscriptions cisalpines. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 



4(4(3 



interieur des voyelles du singulier. Cette conjecture a trouvd sa 
confirmation dans le Cornique. Le savant etsagaceEd. LIuyd 
avait d6ja recomui que cette branche du Kymmryque possedait 
anciennement' et avait conserve dans certains mots un genitif 
comme l'lrlandais 1 . Mais Edwin Norris a mis le fait en pleine 
lumi&re dans sa Cornish grammar, et de la mSme mani&re que 
nous Tavions essay£ pour le Gallois. Une des plus int^ressantes 
particularity du Cornique, dit-il 2 , est la possession d'un ggnitif 
forme a la fagon gaeliqne, par le changement interne d'une 
voyelle. 

Pen, montagne, gdn. Pyn. Mark, cheval, g£n. Merh. 

Kres, centre, gen. Kreys. Merh, fille, g&i. Myrh. 

Ces changements, ajoute Norris, se font le plus souvent par 
r attenuation {Umlaut) de la voyelle; et c'est absolument de la 
m6me maniere que se forment les pluriels kymmryques dont 
j'ai parle plus haut. Ow. Pughe observe express&iient que les 
subslantifs qui forment ainsi leurs pluriels sont g&ieralement 
des mots primitifs. Ainsi : 



LeK. 


Bardd fait Beirdd, 


les Bardes. 




Bran Brain, 


les corbeaux. 




Tarw Tehtu, 


les taureaux. 




Bychan (adj.) Bechen, 


les petits. 


Le C. 


Mahr fait Mehr, 


les chevaux. 


L'Ar. 


Gavr Gevr, 


les ch&vres. 




Dannvad Dennved, 


les brebis. 




Askourn Eskern, 


les os. 



C'est aussi par le changement interieur de la voyelle que le 
masculin devient f&ninin dans les adjeclifs primitifs gallois: 
Crwn, rond, Cron, ronde, etc. — Or, c'est pr£cis£ment la manifcre 
dontTIrlandais et l'Erse forment une grande partie de leurs nomi- 

1. ArcMol. britann., p. 242. II est curieux devoir Garnett, qui a cite" ce 
passage si important, Philolog. Essays, p. 84, Toublier pour affirmer le con- 
traire, p. 204. 

2. En 1859, p. 17. Conf. Diez, Etymol. WMerbuch, p. xvii. 



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r 



txtxk ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

natifs pi Uriels; Baird, de Bard ; Tairbh, de Tarbh, Etc ou Eich 
d'Each; mais ces nomin. pi. ne sont autres dans le Gaelique que 
les g&iitifs du singulier, auxquels on a donng cette seconde 
fonction, tandis que le nomin. sing, devient symdtriquement le 
g<§n. pi. 

Norn. S. Bard, le Barde. Nom.'Pl. Baird, les Bardes. 
GSn. S. Baird, du Barde. Gdn. PI. Bard, des Bardes. 

Cela pos6, n'est-il pas ddja vraisemblable que le genitif gae- 
lique a exists dans le Kymmryque et dans l'Armoricain de m&ne 
que dans le Cornique, et cette vraisemblance n'acquiert-elle pas 
une trfcs-grande probability par le curieux rapprochement que 
voici? Nos deux langues romanes du midi et du nord qui 
n'avaient, en se ddgageant du Latin, conserve que deux cas, les 
employaient exactement avec la m6me sym^trie, Tun avec un s, 
pour le sujet de la phrase au sing, et le regime (quelconque) au 
pluriel, et Tautre sans s, pour le regime au sing, et le sujet au 
pi. Ainsi dans la langue d'Oil : 

Sujet sing. Li cuers, le coeur. Sujet pi. Li cuer, les coeurs. 

R6g. del cuer, au cuer, Rdg. des cuers, as cuers, 

le cuer, par son les cuers. 
cuer. 

MSme r&gle dans le Provengal pour les noms masculins et 
neutres 1 . 

Ce n'est certes point par reflet d'une rencontre fortuite 
que nos idiomes romans ont, en se substituant peu a peu au 
Latin, employ^ ce singulier procdd£ d'une langue ant&rieure a 
celui-ci sur le sol gaulois, — et que, des cinq d^clinaisons 
latines, ils ont choisi pr^cis^ment pour lui emprunter les deux 
cas qu'ils voulaient garder, celle dont les desinences se pr6- 
taient le mieux a limitation de ce proc6d6 : 

N. S. Dominus. N. PI. Domini. 

G. Domini. Ace. Dominos; 

i . Voy. les Grammaires provencales du xiu e siecle pubises par M Gues- 
sard, 2 e 6d., 1858, p. xxv et 5 d'Hugues Faidit. 



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GLOSSAIRE GAULOIS 

accusatif que la prononciation en ous de Dominus rend > 
presque identique au nom. sing. 

XI. M. LittrS trouvait ce rapprochement curieux, ibid. p. 54s 
mais il ne l'acceptait point comme ddmonstratif , parce que 
le Gaulois avait plus de deux cas; — parce que ceux des Jangues 
romanes £taient trop 6videmment latins pour remonter jusqu'& 
lui, — et en 3 e lieu, parce que le principe de Jeurs desinences 
6tait tout different de celui des cteclinaisons celtiques. Tout cela 
n'est point inconciliable avec l'influence latente et prolong^ 
que le genie de Pancien idiome peut avoir exercde sur la decom- 
position du Latin et la formation toute populaire de nos langues 
romanes. J'en appelle a Diez, qui admettait fort bien la possi- 
bility de mon rapprochement, comme on l'a vu plus haut, 
Preuv. philolog., par. xvn. En tout cas, ce rapprochement intime 
entre le Gaelique et le Kymmryque primitifs ne serait certaine- 
ment pas le seul qu'on pourrait d&ouvrir, en gtudiant leurs 
plus anciennes formes et leurs plus vieux monuments, tels que 
les inscriptions irlandaises ou la grammaire galloise, compos£e 
par Geraint, au ix e Steele, et qui nous est parvenue revisSe 
d'abord par Eynion, puis par Edeyrn a la langue d'or, vers 
1260; — mais cette similitude dans la formation de leurs plu- 
rielsetces restes ou traces de cas dans les idiomes kymmryques 
sont h mes yeux ce qu'il y a de plus significafif. Elles justifient 
ce que Tacite nous a ddja dit du peu de difference qui existait 
entre le Breton et \e Gaulois 1 , et la consequence que nous . 
avons tir£e des predications de S. Germain d'Auxerre et de 
S. Loup de Troyes dans la Bretagne insulaire. Ces populations 
rustiques, qui accouraient en foule par tous les chemins pour 
les entendre a leur passage, parlaient le Kymmryque *, et ces 
deux dvSques appartenaient a la Gaule celtique. De toute 
manifcre, quels que fussent encore ses rapports plus ou moins 

1. Sarmohaud multumdiversus, Agr.12.Cest justement par une semblabte 
negation que Tite-Live e"tablit, xxi, 32, la ressemblance des dialectes alpins 
avec le Gaulois. 

2. Voy. ci-dessus le n° xx de la l* partie. Betham lui-meme ne pourrait 
reclamer en faveur du Gaelique, puisqael'ancienne langue bretonne avait 6t6 
suivant lui, Gael and C, p. 327, complement 6touff£e par le Latin. 



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^ 6 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

intimes avec le Kymmryque, l'lrlandais, a peu pr&s, sinon tout a 
fait confine dans son ile, 6tait devenu, d&s le i er steel e de noire 
ere, comme au v e , Stranger a notre Gaule. La dualite gauloise 
de M. Am. Thierry me paralt done bien prfes de sa ruine au 
point de vue philologique, et ce n'est pas le fameux passage de 
Sulp. SSvfcre 1 qui pourrait Yen preserver. 

XII. Mais il lui reste un plus puissant appui, l'imposante 
autorit6 du conquSrant mSme des Gaules, qui nous dit, au 
c616bre d<§but de ses Commentaires, que les trois parties dont 
se composait leur population differaient entre elles, inter se 
differunt, par le langage, les institutions et les lois. Lui-m6me 
nous demontrera plus tard ce qu'il y a d'exagfrS dans ces deux 
dernifcres assertions. Nous avons d6ja eu l'occasion de remar- 
quer, a propos de la Bretagne, qu'il doit avoir <§crit ses Com- 
mentaires, pour ainsi dire, chaque jour, en mSme temps qu'il 
combattait, et qu'il faut en appeler quelquefois des premiers 
renseignements qu'il avait pu se procurer aux connaissances 
plus exactes qu'il acqu^rait h mesure que ses conquetes lui fai- 
saient mieux connaitre les hommes et les choses. Nous n'avons, 
pour le moment, a nous occuper que des differences de langage 
signalees par lui, en laissant de c6t<§, sauf a revenir plus tard 
sur ce qui les concerne, les Aquitains qu'un assentiment a peu 
prfcs general a depuis longtemps d£tach£s de la grande famille 
celtique. La question reste done, comme elle Stait posSe, entre 
. i es Beiges, — ouKymmrys, — et les Gaulois du centre etdeTest, 
— ou Galls de M. Thierry. 

C3sar leur donne pour ligne de separation la Seine et la 
Marne, en adjugeant toutefois h la Gaule celtique , bornee au 
sud par la Garonne 2 , les SSquanes qui habitaient la Franche- 
Comte. M. Thierry veut, de son c6t£, que les Beiges se soient 
gtendus le long de 1'OcSan jusqu'a la Loire et leur attribue par 
consequent les cit£s armoricaines ou notre Bretagne. C'est un 
point sur lequel nous reviendrons en temps et lieu ; il ne s'agit 

1. Voy. ibid., le n° xix. 

2. Et dans laquelle il faut comprendre, au S.-E., la Province romaine qui 
s'Stendait jusqu'a la MSditerramte. Voy. Strab., p. 147, Did. 



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GLOSSAIRE GAULOIS. ^ 

ici que du veritable sens de V inter se differunt des Com wen- 
taires. Les Allemands en gdndral et une partie des savants de la 
Belgique, domin£s par des preoccupations de national/^, ot 
pris le verbe latin dans sa signification la plus absoJue, pour 
sSparer enticement de la langue gauloise et des Gaulois celle 
des Beiges et ce peuple qu'ils pr&endaient rattacher a la souche 
germanique. Ceux qui veulent au contraire les maintenirdans 
la famille celtique accusent C£sar d'exag^ration, ou attenuent le 
sens de ce verbe de manure a r&luire cette difference d'idiomes 
h une simple variete de dialectes. lis en appellent, d'une fagon 
comme de l'autre, a Strabon qui dit expressement (iv, p. 146, 
Did.) que si les Aquitains se distinguent, d'une mantere absolue, 
des deux autres peuples, ceux-ci n'offrent entre eux que peu de 
difference, sous le triple point de vue indique par Cesar, le lan- 
gage, les moeurs et les institutions. 11 me parait Evident qu'en 
s'exprimant ainsi, Tauteur greca voulu reduire a sa juste valeur 
ce qui lui semblait excessif dans ce passage des Commentaires 
qu'il avait sous les yeux 1 . Le lecteur a vu que, dans tout ce qui 
eoncernait les Gaules, la Bretagne et la Germanie, nous pr£fe~ 
rions toujours le temoignage des ecrivains romains; mais nous 
pensons que ce principe doit admettre dans cette circonsiance 
une exception que justifie la suite mSme du r£cit de Cesar. En 
effet, il n'est plus une seule fois question, dans les huit livres de 
la Guerre des Gaules, d'aucune difference de langage entre 
toutes les nations qui se ligu&rent tant de fois pour les defendre 
ou les affranchir du joug que leur apportait leur continuel vain- * 
queur. Les Beiges (except^ ceux dont Porigine germanique est 
constate par lui-m^me ou par Tacite) — et les Gaulois de la 
Celtique s'assemblent, se concertent, font en commun la guerre, 
comme des peuples unius labii el sermonum eorumdem*. Nous 
voyons m6me parmi ces derniers d'intimes liaisons formees avec 
quelques - lines de ces tribus kymmryques qui les auraient 
chassis; entre les Edues par exemple et les Bellovaques, C£s., 
n,*4, et dans un autre endroit, iv, 4, les Carnutes clients des 



1. Voy.,son 4 C liv., p. 147., Did. 

2. Genesi, xr. 



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4/jg ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

R^mes.Lamanifcre dontceux-cis'exprimenten expliquantaC&ar 
1* Stat politique de la Gaule septentrionale : plerosque Belgas esse 
orlosab Germanis... Gallosque expulisse, etc., ibid. , indique, ce me 
semble, qu'ils regardaient une grande partie des Beiges corarae 
appartenant a une autre race que la leur et celle des Sues- 
siones, qu'ils appellent leurs parents et leurs fr&res, u, 3. Ce 
nom de Beiges aurait ainsi perdu v dfes cette (Spoque, sa signifi- 
cation ethnologique, pour n'etre plus, en dehors du Belgium 
proprement dit (dont la veritable dtendue n'a pas encore etg 
bien dStermineSe), qu'une simple appellation gfographique.C'est 
une question qui nous occupera en son lieu. 

Revenons a notre sujet. L'enseignement religieux commun a 
toutes ies Gaules et a la Bretagne, les vers en si grand nombre 
qui en contenaient les doctrines, les jugements que rendaient 
les Druides sur presque toutes les contestations publiques et 
privies, enfin tout 1' ensemble du tableau que Cesar, arrive k 
une complete connaissance des peuples qu'il avait subjugu&>, 
nous pr&ente dans son sixi&me livre, repousse cette dualite 
d'idiomes sur laquelle on insiste si fortement aujourd'hui 1 . 
Nous avons vu ce qu'en pensait Tacite; sa comparaison du 
Breton avec le Gaulois exclut certainement Pidfe que ce mot 
comprit, a sa connaissance, deux langues difterentes. Aussi peu 
favorable a cette supposition me parait la mani&re dont la nou- 
velle des grands 6v<§nementsse transmettait de proche en proche, 
par des cris poussfe dans la campagne, a toutes les cit6s de ce 
vaste territoire des Gaules et avec une incroyable rapiditd, incre- 
dibili celeritale, vu, 3, et v, 53. L'unite de la langue gauloise se 
montre encore dans le r6cit qu'Appien nous a fait de la fuite et 
de la mort de D&imus Brutus, qui comptait sur la connaissance 
qu'il avait de cette langue pour gagner, d£guis<§ en Gaulois, la 
Mao&loine a travers les contr&s barbares qui la sSparaient du 
Rhin. Arr6t£ par des voleurs sur la route d'Aquitee, il les ques- 
tionna et apprit d'eux h quel prince appartenait le pays oil il se 

1. Observez que les partisans de cette duality Toublient quelquefois d'une 
maniere singuliere, par exemple, pour le nom ou le peuple essentiellement 
celtiques des Mdui qu'ils font venir du chef kymmryque Aedd Mawr, ou le 
Grand (M. d'Eckstein, Ch. Meyer, etc.). 



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GLOSSAIRE GAULOIS. 449 

trouvait; G. Civ., 111, 97 et 98. Enfin, pendant toute la dur£e de 
la domination romaine, depuis Strabon jusqu'a la pr&endue . 
distinction de Sulp. S£v&re, on ne trouve pas, que je sache, un 
seul mot des anciens qui fasse soupgonner l'existence de deux 
langues particulifcres dans les Gaules; et ceux qui parlent du 
Gaulois, A. Gelle, Ulpien, Lampride, s'expriment comme des 
contemporains qui n'en connaissent qu'un seul. 

XIII. J'ai dit unite et non pas uniformite, car^ est incontes- 
table et nous avons d6j& reconnu qu'il devait exister d'assez 
nombreuses vartet&s de langage parmi tant de peuples repandus 
sur une surface immense et separ^s les uns des autres, tant6t 
par des mers, tantot par de hautes montagnes. J'en ai parte au 
num£ro XVII de cette premiere partie. Mais ces differences n'al- 
t&aient pas le fond de la langue et ne les empSchaient pas de 
s'entendre r&iproquement. Strabon, que nous avons citd tout 
d'abord, ne les attribue mSme qu'a un petit nombre d'entre eux, 
evtot. D'un autre c6t£, T.-Live r&Iuit a fort peu de chose, haud 
sane multum, xxi, 32, celle qui pouvait exister entre le langage 
des Gaulois d'Annibal et celui des montagnards des Alpes 
cottiennes. Enfin, au bout de six sifccles et a une distance qui 
d£passait toute la longueur de TEurope, l'idiome des Galates 
n'&ait-il pas encore, h quelque corruption pr&s, nous dit saint 
J&^me 1 , le m&ne que celui des Trevires? G'est done dans son 
sens le plus restreint qu'il faut prendre, au point de vue linguis- 
tique, le differunt de C3sar, a moins qu'on ne pense que, dans 
ce premier coup d'oeil jet£ sur des contreSes jusqu'alors incon- 
nues, il a confondu les anciens Beiges avec les populations ger- 
maniques nouvellement £tablies parmi eux. Pour rdsumer mon 
opinion, je pense que l'ancien Gaulois, avec ses varies ou, si 
Ton veut, ses dialectes encore flottants peut-6tre dans cet 3tat 
de promiscuite primitive d&ritparM. Renan 2 , ne formait qu'uue 
seule et mSme langue qui tenait h la fois au Kymmryc\iifc fct. axi 
Gaelique du Geltique moderne, plus rapproch6e du premier^ son 
vocabulaire, etdu second par les desinences ou les flexions qtfeWe 

i Ad Galat., 11, prtf. 

*2. Hist. d. lang. sSmitiq., i«» vol., p. 90 et suiv. 

29 



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4o0 ETHNOGtiNIE GAULOISE. 

possSdait encore comtne ses soeurs indo-europ&nnes. Cette langue 
. Ǥtait done positivement celtique et non tudesque. Telle est pour. 
nous la double conclusion des recherches philologiques que 
nous avons rSunies dans cette premiere partie. Nous verrons, 
dans la suivante, si les donnges physiologiques que nous posse- 
dons sur les Gaulois confirment ou contredisent ce premier 
r£sultat, et les rattachent pareillement a la race celtiqiie. Je 
prie eo consequence le lecteur de ne voir dans ce jugement par- 
ticulier qu'un arrSt de premiere instance, et de ne pas oublier 
que nous ne faisons, jusqu'aux conclusions definitives de cette 
introduction, qu'&udier consciencieusement, et en passant d'un 
ordre de preuves a un autre, les documenta qua simus origine 
nati *. 

1. Ovid., Metam., i, v. 415. 



HIIS. - IMTKIMERIB t>B J. CLAVE, 7, RUB SAINT-BBNqIt [420) 



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450 ETHNOGfiNIE GAULOISE. 

poss<§dait encore comme ses soeurs indo-europSennes. Cette langue 
dtait done positivement celtique et non tudesque. Telle est pour 
nous la double conclusion des recherches philologiques que 
nous avons r£unies dans cette premifcre partie. Nous verrons, 
dans la suivante, si les donnges physiologiques que nous poss6- 
dons sur les Gaulois confirment ou contredisent ce premier 
rdsultat, et les rattachent pareillement k la race ceitiqUe. Je 
prie en consequence le lecteur de ne voir dans ce jugement par- 
ticulier qu'un arrSt de premiere instance, et de ne pas oublier 
que nous ne faisons, jusqu'aux conclusions definitives de cette 
introduction, qu'&udier consciencieusement, et en passant d'un 
ordre de preuves a un autre, les docummta qua simus origine 
nali 4 . 

1. Ovid., Met am., i, v. 415. 



PARIS.- IMTUIMERIE ©B 



J. CLAYK, ~» RUB SAINT-BBNOtT.- U2Q\ 



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