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;•
BCU - Lausanne
llllllllilll
1094764806
/Google
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HISTOIRE
L'EMPIRE OTTOMAN
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SB TBOVVE iOALINENT
a Bruxelles,
cbez P. Melioe.
Frahcfort,
Gins,
Jiigel.
Yve*<ynroer.
Florehce,
Piatti.
Leipzig,
Brockhauss.
Viemhe,
Vaejotie,
Moscou,
Bossange pere.
Rohrman et ScbwejgerA
£. Gluckjberg.
A. Semen.
V« Gautier et fils.
Ch. Urbain et (X
Odessa,
J. Sauron.
. COHSTAK TlftOFLE ,
J.-B. Dubois.
IMPRHIERIE DE REKRI DtJPUT, II, RUE DE LA MORHAIR.
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HISTOIRE
DE
L'EMPIRE OTTOMAN
DEPUIS SON ORIGINE JUSQU'a NOS JOURS
PAR J. DE HAMMER.
OUYBAGE WISE XVX SOOECES LBS PLCS AVTBEMTIQUES BT BEDtGE SUE BBS DOCVMEBTS
BT DEi MAltUSCRITf LA PLUPAET IKCOKVUS EM ECBOPF.;
fcratarit be I'aiUmanb
PAR J. J. HELLERT;
ACCOMPAOXIK D*CH ATLAS COMPARE OB l'eMPIBE OTTOMAN, COMTBICAHT 31 GABTES
ET l5 PLARS DB BATAILLBS DRESSES PAR LB TRAVVCTEUB.
TOME CINQUIEME.
DEPUIS l'aVENEMENT DB SOU LE] MAN I, JDSQu'aU PREMIER TRAITE DE PAL\
DE l'aUTRICHE AVEC LA PORTE OTTO MANE.
1620—1547.
PARIS
BELLIZARD, BARTHES . DUFOUR ET LOWELL,
X bis, RUE DE VERNEC1L.
Con&rcs.
BOSSANGE, FARTHES ET LOWELL, Fd. BELLIZARD ET Cie, HBRAIRE.S
14 , Groat Marlborough Street.
Baint-jpetcrebourg.
au Pont-de-PoIice.
m nccc XXXVI
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APERCU DES SOURCES ORIENTALES
DONT ON A FAIT USAGE POUR LA TROISIEME PERIODE
OE CETTE UISTOIRE.
I. jjietoim jjjeneralt*
DES R^GNES DE SOULEIMAN I ET BE S^LIM II.
1°. TABAK.4TOUL-MEMALIK. WE DEREDJATOUL MESALIK,
c'est-a-dire les diverses Classes des pays et tes divisions des
routes, par le nischandji Moustafa Djelalzade* , mort en Tan-
nee de Phe'gire 975 (1567), connu sous le nom de grand
nischandji; un vol. in-fol. de 371 feuil. Get ouvrage fut co-
pie* a Szolnok en l'ann^e 983 (1^75), par consequent douse
ans apres qu'il fut termini ; dans ma collection.
2 . Tarikhi Sultan Souleiman; c'est-a-dire Histoire du
Sultan Souleiman, par Ferdi, depuis le commencement de
son regne jusqu'a Pannee 949 (i542);un toI. in-4°i tr ^s-
bien ecrit, de 364 feuil., par Moustafa, prince du sang d'Os-
man ; dans ma collection.
3°. Souleimanname, Histoire de Souleiman, par le moufti
Abdoutaziz Raratschelebizade, en deux exemplaires, dont le
premier est complet; petit in-fol. de 186 feuil.; le second,
qui est incomplet , forme un vol. in-4* de 159 feuil. ».
> Le Souleimanname' , ou le Livre de Souleiman t ouvrage rime 'par
Schemsi, se trouve a la Bibliotheque Barberini a Rome; c'est t» tres-bel
eaemplaire. Cet ouvrage fait partie des Schehname's, ou Livres des Hiros;
nous avons deja citi dans les volumes precedent ceuz ecrits avant Souleiman.
Le Persau Fetfaallah Aarif fut le premier poete que Selim II nomma sckeh-
t. v. a
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ii SOURCES ORIENTALES.
4°. Tarirhi Petschewi , Histoire de Petschem de Funf-
kirchen, qui, ne* d'un pere turc a Fiinfkirchen, admini strait
plusieurs provinces comme sandjakbeg, et devint en Pan-
ne'e io32 (1622) beglerbeg de Bakka. Cette excellente his-
toire pragmatique commence a Pavenement de Souleiman et
ya jusqu'a Panned 1041 (i63i). L'auteur raconte la plus
grande partie des eV^nemens de son epoque , comme temoio.
oculaire, et, sur le r^cit de son pere et d'autres te^noins,
ceux de Pe'poque pre^dente ; il a soin de recourir, dans sa
narration, aux historiens hongrois contemporains dont il
connait les ouvrages traduits ; petit in-fol. de 5i 7 feuil., a la
bibliotheque imp. roy. de Vienne, sous le n° 127. Un autre
exemplaire se trouve a la bibliotheque du chapitre d'Al-
miitz. Voy. Archivfur Geschicht, Geographic und Statislik
[Archives pour Vhistoire, la gdographie et la statistique) ,
1822, n<> 87-88.
5°. Tarikhi Selaniki , Histoire du Thessaloniote ; elle
commence avec les trois premieres annexes du regne de Sou-
leiman, et Ta jusqu'a Pannee 1008 (1599). L'auteur raconte
comme temoin oculaire les e'ye'nemens de cette pe'riode de
trentc-six ans; depuis le siege de Szigeth, il assista a toutcs
les campagnes, et remplit de hautes fonctions, d'abord celles
de maitre des ceY^monies , ensuite celle de president de la
chambre des Gomptes des saintes villes de la Mecque et de
M^dine, et a la fin d'Anatolie. Sa position lui rendait facile de
rassembler des notions statistiques exactes, et, sous ce rap-
port, son ouvrage est une des sources les plus pr&ieuses.
Un petit vol. in-fol., tres-bien ecrit, de843 pages; dans ma
collection.
namcdji ou poete epique. Outre Aarif , le molla Ahmed-Paraparasade, mort
en Pannee 968 (i56o), chantait encore les hatits-faits de Souleimah I,
ainsi que le poete Mahremi qui nous a laisse une description des conquetei
de SouMman jusqu'a la prise de Bagdad.
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SOURCES OWENTALES. m
n. Jjjtfttoirre special**.
A. SUB LE REGNE DE SOULEIMAN I.
6°. Tarikhi Fethi Rhodos, Histoire de la conquete de
Rhodes, en langue arabe, par Ramazan, medeciu de Sou-
leiman , qui assistait a ce stege. Get ouvrage a ete traduit en
extraitpar Tercier; voy. M6moires de I'AcacUmie des ins-
criptions, t. XXII.
7°. Tarikhi Fethi Rhodos , Histoire de la conqmte de
Rhodes, par We'isi. Ce traite* se trouve lie* dans mon exem-
plaire a son Inscha ou Collection de lettres.
8°. Ghazewadi Mahadj, la campagne victorieuse de Mo-
hacZy par Remalpaschazadd ; cet ouvrage porte aussi le titre :
Tewarikhi AH Osman {Histoire de la dynastic d'Osman) y
depuis l'avenement de Souleiman I", en l'annee 926 (i5ao),
jusqu'a la conquete d'Ofen (Bu<Je), apres la bataille de Mo-
hacz, en l'annee 933 (i5a6); en deux exemplaires , dont
Pun un vol. in-4° de ia3 feuil., el Pautre de 83 feuil. Un
autre exemplaire tres-bien ^crit de cet ouvrage se trouve a
la Bibliotheque royale de Dresde.
9 . Ghazewati Istroughoun we Oustouni Belgrad, lei
Victoires de Gran et de Stuhlweissenbourg, ou la campagne
de Hongrie depuis l'annee i54a jusqu'a l'annee i544» P ar
Sinantschaousch , le m&pae auquel, par ordre de Soulei-
man I er , Khaireddin Barberousse dicta ses aventures; un
vol. in-4° de 190 feuil.; dans ma collection eta la Biblio-
theque royale de Paris r n° 75.
io°. Fethnamei Sigetwar, le Livre de la conque'te de
Szigeth, ouvrage rime* par Merakhi; 29 feuil. in-8° '•
1 Le Fethnamei Siget, ouvrage rime par Agehi, se trouve cite dans le,
Diciionnaire hibliographique d'Hadji Khalfa. Je n'ai pas pu me le prociw
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it SOURCES ORIENTALES.
1 1°. Berkoul Yemani fi fethil Osmaxu, Foudre tombe'e
sur VY6men lors des conqu&es par ies Ottomans, par le
scheikh Koutbeddin de la Mecque, mort en I'anne'e 990
( 1 585) ; petit in-fol. de 206 feuil. , e*crit en l'anne'e 986 (1673);
dans ma collection et en quatre exemplaires a la Bibliothe-
que du Roi , a Paris , sous les n°* 826, 826 A, 827 et 828.
II 9 . K.ITABOUL-TIDJA10IL WAFRETSI-SEMEN FI TARIRHIL Ye-
men, le Livre de prScieuses couronnes sur la prise de pos-
session de VY6men par le sabre, sans nom d'auteur ; a la
Bibliotheque de Paris, n° 829. (Voy. Particle de SyWestre
de Sacy, dans les Notices et extraits, t. IV, p. 5 12).
1 3°. Mathalioun-Niraw, les Orients des lumikres, par
Ahmed Ben Yousouf Ben Mohammed Firouz ; a la Biblio-
theque de Paris, n° 28.
l4°* BoULAUGBOtJL-MBRAM FI TAR1RHI DEWLET MeWLANA
Behram , par Mohammed Ben Yahya el-Moutayib el Hanefi
ezzebidi, e'est-a-dire VobtentjUm du ddsir dans le gouverne-
ment de notre maitre Behram , ou du gouverneur de l'Ye*-
men, le successeur de Sinan-Pascha; a la Bibliotheque
royaie de Paris , n° 829.
i5°. Fethey Yemen, la Conqu&e de VY6men y ouvrage
rer non plus que les deux ouvrages suivans : le Heft dasitan , c'est^a-dire
les Sept Narrations, comprenant 1'histoire des trois dernieres annees du
regne de Souleiman , la conquete de Szigeth et l'aveneraent de Seiim II ,
par Ali-Moustafa ben Ahmed , l'auteur de l'Histoire universelle intitulee
Kounhoul-Jkhbar, ou Mines des Connaissances , mort dans l'exercice des
fonctions de pascha de Djidda; cet ouvrage se trouve a la Bibliotheque de
I' Arsenal de Paris, et dandles manuscrits de celle de Saint-Germain, no 1 1 S :
le Nadiretoul Maharib , e'est-a-dire les Raretes des Batailles, comprenant la
guerre civile entre les princes Selim et Bayesid, par I'Historien Ali. Outre
cet ouvrage rim6 d'Ali, il eziste encore deux epopees rimees sur cette guerre,
Fune par le derwisch Roumi, et l'autre par Ahmed du Kermian : ces deux
poemes ont le litre de Djengname', e'est-a-dire le Livre de la Guerre.
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SOURCES OR1EOTALES. r
rime de JSifoali; a la Bibtiotbeque imp. roy. de Vienne,
i6°. S£limnamk! Oussouli, le Litre de Setim, par Ous-
souli, qui vivait deja a la cour de ce prince lorsqu'il n'ltait
encore que gouverneur de Magn£sie; un volume m-8 9 de
69 feuil. »; dans ma collection.
170. Tarikhi Fethi Kibris, Bistoire de la conqu&e de
Cfyypre, par S'irek; cet ouvrage, e*crit en 1'annee 982
( 1 574)9 forme un yol. petit in-8« de 63 feuil.; dans ma col-
lection.
1 8°. Tarikhi Fethi Kibris, Histoire de la conque*te de
Cfyrpne, e*crite en Panned 1 160 (1746) » par l'imam Ahmed;
dans ma collection.
HI. €>*t>rai0f0 biograptjiqa**.
190. Ajlhlaki SotJLBhEAHt> les qualitis de Souleiman, par
le poete Fouri. Cet ouvrage donne le tableau des haute s
qualites du Sultan : ce tableau eat tire* du commentaire sur
ses po&ies ; un vol. in-8° de 106 feuil. ; dans ma collection. •
ao°. Gewdjinei Akhlak , le Trisor des qualiUs^ biogra-
phie apologltique de Moustafa Sokolli, gouverneur d'Ofen,
neveu du grand-vizir Sokolli; un grand vol. in-8° de 178 f . .
mais incomplet ; dans ma collection.
s 21°. Ghazewati Khaireddin-Pascha, les Victoires de
■) Khaireddin-Pascha (Barberousse) ^ que ce dernier, par or-
« Outre Nihali, les poetes Roumouii et Mimayi (Ali, f. 35o) chanterent
encore la conquete de I' Yemen.
» Schehabi, le fils de Schoukri, auteur du S&limnamt, a ecrit un autre
ouvrage portant le meme titre, Ces deux SMmnames ne doivent pas etrtt
confoadus : car Schoukri chanta les hauts-faits de Selim I, et Schehabi le
regne de Selim II.
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ti SOURCES ORIENTALES.
dre <Je Souleiman I er , avait dicte* au tschaousch Sinan. II
existe de cet ouyrage deux Editions en langue turque : la
premiere , avec beaucoup de details , est ecrite en style gros-
sier; la seconde, plus precise , se distingue par un langage
plus pur, et a senri de base au Precis des guerres maritime*.
La premiere Edition forme un vol. in-4° de 89 feuil., la
seconde un toI. in-8° de 1 28 feuil. II s'en trouve un exem-
plaire peu correct, mais super be, a la bibliotheque Barberini
a Rome.
22°. HaDAIKOTJL-HakAIK FI NEKEMULLETESCH ScHAKAlK,
les Jar dins de la vSrite* dans le completement des parcelles
animones; cet ouyrage est la continuation du grand ou-
trage biographique de Taschkoeprizade* , par Atallah Ben
Yahya Newizade% et contient les biograpbies de mille le-
gistes et scheikhs, depuis le regne de Souleiman I er jusqu'a
la mprt de Mourad IV; un yol. in-fol. de 433 feuil. ; dans
ma collection.
a3°. Khalifeter-rousea, le Successeur des secretaires^
d'fitat; cet ouyrage, contenant les biographies des reis-
efendis, est du a Resmi Ahmed-Efendi ; un yol. grand in-8*
de 107 feuil.
IV. Collection fre Cot* Cctriramentale*
et fre fKece* fr'€tat.
^4°. Ranounwamei Souleimah, Lois fondamentales du sul-
tan Souleiman, recueillies par Ebousououd et le nischandji
Mohammed ; les deux exemplaires de cet ouyrage se trouvent
a la Bibliotheque imp. roy. de Vienne , sous le no 94.
a5°. Mounschiati Sultan Souleiman, les Pieces d'Etat
du sultan Souleiman; cet ouyrage contient quatorze Merits
de Souleiman et les journaux de ses huit premieres cam-
pagnes; un vol. in-fol. de quinze pouces de hauteur sur
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SOURCES ORIENTALES. yh
neuf de largeur, et compost de 4°5 feuil. Cest probable-
ment un des volumes qui faisaient partie de la collection de
pieces d'Etat en onze volumes que Feridoun preaenta k
Mourad III. Je suis redevable de ce pre*cieux manuscrit au
chevalier de Raab , interprete de S. M. Fempereur d'Au-
triche a Constantinople.
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u
Hf,
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,.^- ^^»%»V%%IV%%%»^ » ^V%<%i%V%>W%^% ^
I. SCHEIBAJTI
Mahmoud Oil
SCHAHIBXG, -f
4. Abdoullah,
-)-enrann6eg46
(i539),ilportait
Djanibeg.
appele
joum , -}- en
g36 (i5ao);
en I'ahnee 916 encore le nom *■ ^ a * * * -*^ ****™***** ***** ^
(i5io).
d'ObeidouIlah.
IO. IftKBVDUU 9* Pni-MOHAM-
MED, f 978
(i5 7 o).
6. Abdoullatif,
f 961 (i554).
IV.
Jill
3. Eao4beg(le'
9*9 Ofeypte
ki 7 ),et
Luleimanj
kafe-Pa*
djeKasi
trente-c
d-Pasch
djeKas
a5).
im(leO
Eman-Pa4
Table gfaealogiquc des Scherifs de la Meet iew " p "
de la famille Kotadi. ****'
mol
kPascha
tscha (4
Hasan, depose* en 1'annee 818 (i4i£)> peiit-fils d'ldjlan, qui abdkp harrem
arriere-petit-fils de Remische, fits d'Ebou Nemi Mohammed; ighinl
(i454).
wchaO'J
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Gbogle
y*
w
HISTOIRE
I/EMPIRE OTTOMAN.
LIVRE XXV.
Aveneraent de Souleiman-le-Grand , dixieme saltan ottoman. — Rewrite de
Ghazali, — Premiere campagne-en Hongrie. — Conquete de Belgrade.
— Traite avec Venise. — Seconde expedition contre les chevaliers de
Saint-Jean. — Siege et conquete de Rhodes. — Ambassades de Perse et
de Russie. — Mariage du grand-vizir Ibrahim avec la seeur deSouleiman.
— Expedition dn Sultan en £gypte«
Les grands ev^nemens sont dus k la puissance de
rhomme, et plus encore k la force m&ne des choses.
L'ensemble de l'humanit£ presente toujours un spec-
tacle plein de hauts enseignemens, lors m6me qu'au-
cune crise r&volutionnaire ne vient interrompre ou
acceterer sa paisible gravitation vers le progrfes; Tim-
portance des £v6nemens ne doit pas toujours 6tre
calcu&e sur celle de leurs auteurs, mais sur le cercle
qu'ils embrassent, et les faits plus ou moins graves,
plus ou moins multiplies, dont ils sont les g£n£rateurs.
T. T. I
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2 HISTOIKE
Cependant les actions de haute portee, les nobles oeu-
vres sont l'apanage exclusif des grandes ames; mai-
heureusement les £poques qui les voient nattre sont
rares dans Thistoire de I'humanit£. Mais il n'est pas un
empire, ayant jou6 un r61e de quelque gravid (tens les
destinies des nations, qui n'ait eu une de ces phases
fecondes oii tous les gennes de civilisation £closent
k la fois. Quelquefois ce mouvement qui emporte un
peuple a l'apogee de sa puissance se fait sans la par-
ticipation et m£me contre la volont£ du maitre ; mais
ordinairement c'est Tinfluence des grands hommes
qui impose aux masses le progr&s. L'int£r6t immense
qui se rattache toujours a la vie des souverains illus-
tres, augmente encore, s'ils sont la mesure du plus
haut point de grandeur oii soit arriv^e leur nation, si
non seulement ils ont surpasse leurs predecesseurs et
leurs successeurs, comme conquer ans, comme legis-
lateurs ou comme hommes politiques , mais encore
si leur £poque est signage par le passage de grands
hommes et de grands £venemens dans les empires
voieins. A <jes divers titres le rggne de Souieiraan , «ur-
nomt»6 le Ugistattwr, le magniftque, le grand, est le
plus important de tous ceux de 1'hisfoire ottomane.
C'est k Imi que l'empire doit la phis large extension de
sa pwseance , de nouvdles conqu&es de territoire et
de civilisation, *et ses plus beaux monomens de l£gis-
lation et d'archkeofure. Souieiraan est le seal souve-
rain de sa nation a qui les tustoiiens europeens aient
doaa6 le toe de grand, tandis que les Ottomans lui
ont decerne celui plus* modeste de Ugislateur. Le
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 3.
temps de Souleiman est un ties plus remarquables
de Fhistoire moderne, par les grandes choses qui
s'accomplirent alors dans le monde entier. Quelle
6poque en efFet plus magnifique dans son travail et ses
r&ultats que le commencement du seizieme stecle ,
ou , peu aprfcs la decouverte de VAm^rique , le syg-
tfeme de l'&juilibre politique de TEurope s'assied et
se constitue, et ou la reforme vient ouvrir une voie
nouvelle k Tesprit humain! II est peu de momens
dans Thistoire qui nous montrent une reunion aussi
imposante de souverains que celui ou Henri Vfll et
Francois P r rfcgnent en France et en Angleterre , od
L£on X preside au mouvement de la renaissance des
arts et des sciences, ou Charles-Quint lutte contre la
reforme, oil Andreas Gritti occupe avec gloire le stege
ducal des doges de Venise, ou Vassilji ^wanowitsch
jette les fondemens de la future grandeur de la Russie,
ou Sigismond P r affermit pendant un rfegne de qua-
rante ans la puissance de la Pologne, et enfin ou
Schah-Ismail, fondateur de la dynastie des Safi et \&-
gislateur de la Perse, se releve du coup que lui a
port6 S£lim, tandis que dans Tlnde. Schah-Ekber, le
plus illustre des grands-mogols, donne k son empire
une constitution qui devient le module de toutes celles
de TAsie '. Souleiman parut sur la sc^ne politique
concurremtnent avec tous ces princes justement c6-
lebres. C'est par erreur que les historiens europ£ens
i Robertson, Charles F, t. II, ne nomme que Leon X, Charles Y,
Francois T, Henri Till et Souleiman I.
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4 HISTOIRE
lui donnent le nom de Souleiman II; les Ottomans
n'ont jamais reconnu Souleiman, fr&re et rival de
Mohammed I cr , comme souverain legitime, mais seu-
lement comme pretendant. Les surnoms de grand,
de magrufique, ne se retrouvent pas davantage chez
les Orientaux , qui ne designent Souleiman que sous
ceux de Idgislateur l , de dorrdnateur de son siicle a , de
celui qui accomplit le nombre de dix 3 . Gependant quel-
quefois les historiens nationaux l'appellent Soulei-
man Dl, c'est-k-dire Salomon II; chez les Arabes, les
Persans et les Turcs, Salomon est devenu Souleiman.
Cest k ce bienheureux nom de Salomon et a la cir-
constance non moins significative en Orient d'&re
n£ au commencement du dixi&ne si£cle de Thegire
(900 — 1 494), que ce prince doit I'enthousiasme qui
salua son av^nement. Nous avons d£ja parte dans le
livre d'Osman du pr6juge des Orientaux, d'apres
lequel, au commencement de chaque siecle, surgit un
grand hommequi s'empare de son £poque, la saisit
par les comes, pour nous servir de leur expression,
se Tidentifie, et en devient la formule vivante; nous
devons dire ici quelques mots d'une autre supersti-
tion relative au nombre dix, et de son application au
regne de Souleiman.
Dans l'ancienne doctrine de la puissance des nom-
bres, apport6e de TOrient par Pythagore, le nombre
sacr£ de sept tient la premiere place apr&s ceux de
trois et d'un, comme exergant la plus grande influence
i Ssahibi kiran. — a Kanouni. — 3 Ssahib-oul-aaschiret el kamilet.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 5
. sur les revolutions de la nature et les crises des 6ve-
nemens ; cependant le nombre dix obtient la pr6f£-
rence sur celui de quatre (t&ractys de Pythagore), et
il est consider^ comme le plus parfait de lous, parce
qu'il termine la s6rie des autres chiffres, et que, pour
compter au-delk, il faut recommencer par les pre-
miers. La perfection du nombre dix est consacree en
Orient par les dix doigts des mains et des pieds, les
dix sens (cinq interieurs et cinq ext£rieurs), les dix
parties ' et les dix variantes * du Koran, les dix com-
mandemens du Pentateuque, les dix disciples de Mo-
hammed 3 , les dix divisions de Tarm^e (dtaurion 4 ,
centurion 5 , chiliarque 6 ) , les dix cieux astronomi-
ques 7 , et les dix g£nies immateriels qui habitent dans
ces cieux [1]. D'apr&s ces anciennes id6es sur Timpor-
tance et la perfection du nombre dix, le dixi&ne stecle
de Fh^gire et le r^gne du dixi&me sultan ottoman ne
pouvaient 6tre regard^s en Orient que comme une
« Ces dix parties du Koran s'appellent Jschr, et ceux qui doivent en
faireHa lecture publique dans les mosquees Aascherkhouan. Voyez Mouradjea
d'Ohsson.
a Les sept et les dix variantes du Koran font le sujet de Yllmoul-Kiruyet
ou connaissance de la lecture du Koran.
3 Void les noms de ces dix disciples : Eboubekr, Omar, Osman , AH ,
Talha, Sobeir, Saad lbn Ebi Wakass, Saad Ben Seid, Abdourrabman
Seheii et Obeide.
4 Onbaschi. — 5 Yuz-baschi.
fi Binbaschi. Voyez Institutes de Timour, p. 74 et 75. Paris, 1787.
7 Les dix cieux aslronotniques comprennent les sept cieux des planetes,
le buitieine ciel ou ciel du zodiaque, le neuvieme ou ciel des etoiles fixes, et
le dixieme dans lequel s'eleve le trone de llheiiiel. Voyez le Desatir et les
Seven seas du sultan d'Aoude.
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(i H1STOIHE
£poque portant le germe de grands ^venemens '.Si
l'histoire d'Asie personnifie le neuvieme s&cle en Ti-
mour, elle personnifie le dixi&ne en Souleiman, et si,
d'apres elle, le nombre neuf a preside a la vie du con-
qu£rant tatare, celui de dix a coordonn6 egalement les
^venemens du regne du sultan ottoman. N6 dans la
premiere ann£e du dixieme siecle, le cBxi&ne souve-
rain de la race d'Osman monta sur le trdne k la fleur
de son ftge; dou6 de toutes les qualites du coeur et de
l'esprit, d'une constitution robuste et dun genie en-
treprenant, Souleiman, que rehaussait encore le pres-
tige du prejug6 national, apparut aux Ottomans comme
un souverain envoy^ de Dieu, et la voix du peuple,
predisant les hauts-faits de son avenir, lui appliqua ces
paroles du Koran , dites par le messager de Salomon a
la reine Saba Balkis, en lui remettant la lettre de son
maitre : « Ceci est de Salomon, et ceci est au nom du
tout bienfaisant et du tout mis£ricordieux [n]. »
Ainsi que nous 1'avons vu dans le livre pr£c6dent,
le grand-vizir Piri-Pascha, craignant que la mort de
Selim ne Vint a transpirer, avait envoy 6 en toute bate
(23 septembre 1520) le kiaya des silihdars, Soulei-
man- Aga, a Magn&ie, residence de Souleiman, et le
troisieme vizir, Ahmed-Pascha , beglerbeg de Rou-
milie , k Constantinople \ Mais a la nouvelle de la
prochaine arrivee du nouveau souverain, il rassembla
» L'anuee de la naissauce de Souleiraan, qui est pour I'Europeeii Ja der*
uiere du quatorzieme siecle, est pour I'Orienial la premiere du dUieoae.
a Hisioire de Djelalzade , le grand uiacliandji , f. 17. ffi&toire du rooufti
Kaialschelebizadc Abdoulaziz Efeudi , f. 9.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 7
les gardea-d#*qorps (sol?k*), pow Igqr apprendre la
mort du Sultw; il$ jet&reni, lemrs bonnet* &. twre ,
ponsserent des crjs de douceur, et dan$ toi# le camp
les tentes fgrent ^battues en signe de deutt. Piri-Pa&cl*a
apposa les scell£s ayx chariots du tr&or , et charges
le second \izir Moust^fa-Pascha et Ferhad-P?scha
de conduire les rentes de S6Um k Constantinople; U
s'y rendit lui-m&ne deguise en courier, pour ^ece-
voir son maitre '. Le diroanche, 30 septembre 1530
(16 schewal 926), Souleimau s'embarqua k Scu-
tari, et descendit au nouyeau $erai [hi], ou l$s ja-<
nissaires, raug&> en haie, lui dewwd&fnt le p?6sent
d'usage en honneur de son ay£nement. Imra&liate-
ir\ent apres larriv^e de Piri-Paacha t qi|i neut Ueu
que dans rapresrnajkii de ce m6m$ jour, oq apnqn<#
pour le lendemain I3 c£r&nonip du baise-m^ip * , et
le diww du deuil et de l'enterreroeqt. 1$ V r Qctobpe
(17 sclwal) 3, Souleiman, rey£tu d'habits pqdjs et
apcqmpagne du gran^-vispr , se rendit de, fes ?ppar-
temens int£rieurs a la salle'de reception, ou il fut regu
par les acclamations d'altegresse des tschaouschs, Le
moulU , les oulemas et les autres grands diguitaires
de l'empire vinrent baiser la mam du Sultan. Vers
midi, la nouvelle s'&ant r£pandue que les restes de
S^lim approchaient de la porte d'Andrinop}e, Soulei-
man alia a la rencontre du char fun&bre au-dehors de
1 Djeialzad£, f. 17.
* Le baise-main equivaut en Orieqt a la prestation dy sennent.
3 Ferdi, f. 6, et le Rapport de I ambassadeur vdn'uicn, dans Marifti
Saauto, XIX.
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8 HiSTOIRE
la ville '. Les paschas descendirent de cheval, et por-
t&rent eux-m&nes le cercueil, que Souleiman accom-
pagna k pied. Les d^pouilles mortelles de S£lim furent
d£pos£es sur la sixi&ne des sept collines de la ville,
celle qui touche au palais du patriarche grec. Apres la
prtere des morts qui fut faite dans la mosquee du
sultan Mohammed *, Souleiman commenga l'exercice
de sa puissance, en ordonnant qu'un mausol^e, une
mosquee et une 6cole fussent elev& a Tendroit m6me
oA reposaient les restes de son p£re 3 . Le troisifrne
jour de son arriv^e k Constantinople, le nouveau Sul-^
tan fit lever les sceltes du tresor, pour satisfaire aux
exigences des troupes qui r£clamaient le present da-
vdnement et une augmentation de solde 4 . Les janis-
saires, que Selim, en montant sur le tr6ne, avait grati-
fies de trois mille aspres chacun (cinquante ducats) 5 ,
en demandaient alors cinq mille 6 ; les pretentions des
autres corps de Tarm^e avaient suivi la m6me pro-
gression. Les janissaires regurent ce qu'avaient regu
» Djelalzad£, f. 18. Rapport de V ambassadeur venitien, a la date du
i octobre : li Bassi smontati lolsero la cassa e ilfiol a piedi andano apresso
il Patriarcato in uno loco duo Mysakoi (pour Miraa Serayi).
» Djelalzade, f. 18.
3 Abdoulaziz Efendi, f. 9. Rapport de V 'ambassadeur ve'miien : Dove
yosero questa eassa con it corpo.
4 Rapport de V ambassadeur vinitien, dans Marini Sanuto, XJX. : U
a ottobre cavb dal Casne (khazine de yoc£a, trejor) sachetti 507 di aspri So m.
Vuno per dar ai Janizeri, e a mandato per i libri del Casne, che sono in
Adrianopoli.
5 Solakzad6, a l'avenement de Selim, f. 8a.
6 Marini Sanuto, t. XIX : li Janizeri volono aspri 5ooo uno, e per li
Jgemi (recrues) aspri 3 000.
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DE L'EMPIKE OTTOMAN. g
huit ans auparavant les sipahis, les silihdars, les ghou-
rebas et les oulbufedjis , c'est-k-dire le tiers du pre-
sent, avec ime augmentation proportionnelle de solde ;
les sipahis et les silihdars eurent leur paie quoti-
dienne &e\ie de cinq aspres, les ghourebas de qua-
Ire, et les ouloufedjis de trois '. Souleiman investit
de hautes dignit£s et combla de pr£sens les agas qui
l'avaient accoanpagn6 dans son gouvernement de Ma-
gn&ie, et nomma son pr£cepteur Kasim-Pascha aux
fonctions de vizir ou pascha k trois queues a . Apr£s
avoir consacrS les trois premiers jours de son r&gne k
I'accomplissement de ses devoirs envers sonp^re, ses
troupes et les personnes pr6c6demment attaches £ son
service, Souleiman ne tarda pas k faire connaitre par
ses actes les principes de justice et de g6n£rosit# qui
devaient pr&ider k son gouvernement [iv].
Six cents malheureux Egyptiens, que S£lim avait
arrachls k leur patrie et transplants a Constantinople,
regurent la permission de retourner dans leurs foyers.
Une somme de plus d'un million d'aspres fut distri-
bute , k titre de dommages-int£r6ts * , aux negocians
qui avaient eu leurs marchandises confisqu&s pour
contravention k Tordonnance de S61im, defendant le
commerce des soies avec la Perse. Souleiman destitua
l'aga des silihdars dont les troupes avaient commis
quelques d£sordres , et fit ex^cuter cinq des coupa-
bles.Djtferbeg, kapitan de la flotte, k qui sa cruaut6
» Djelalzade, f. ig. Ali, a*3. — a Djelalzadc, f. 19, et Ferdi, f. 8.
3 Ferdi, f. 9.
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io HISTOIRE
a vait valu le surnom de sanguinaire, fill d&oonc<§ par
son kiaya; sur cette deposition, le Sultan ordonna la
mise en accusation de Dj&ferbeg, et le condamna a
6tre pendu, apr& que Instruction eut etabli sa culpa-
bility \ La nouvelle de ces actes de rigoureuse jus-
tice et de g£n£reuse cl£mence se r^pandit dan& tout
1' empire jusqu'& l'extr£mit£ des frontteres, avec plus
de rapidity que les lettres d'av&nement exp&li&s quel-
ques jours apr&s aux gouverneurs des provinces d'Asie
et d'Europe, k Khairbeg en Egypte , au sch^rif de la
Mecque et au khan de Grim£e [v]. Les Ragusains ,
qui les premiers vinrent f&iciter Souleiman sur son
avinement et lui offrir de riches tissus d or et d'ar-
gent d'une valeur de huit mille deux cent quatre-
vingts ducats, furent gracieusement regus et confirm^
dans leurs privileges et franchises a . Souleiman s'ex-
prime ainsi dans le ferman qui continuait le gouverne-
ment d'Egypte a Khairbeg : « Mon ordre sublime, qui
protege et frappe comme le destin, est que les riches
et les pauvres , les habitans des cit^s et des campa-
gnes, les sujets et les tributaires, t'ob&ssent tous sans
distinction ; si quelques-uns manquent h lews devoirs,
tu dois les forcer a la soumission, qu'ils soient &nirs
ou fakirs. En te rappebnt la sentence : V^otre vie,,
magistrals, repose sur I' equitable repartition de la jus*
tice, tii pr£viendras tqute Q$p&;e de d&ordres. C'est
» Ferdi, f. 9. Djelalzade, f. 90. AH, f. a a 3.
a Engel , Geschichte von Rag us a (Histoire de liaguse) , p. 1 98 , commet
une grave erreur en pla^aiit l'aveDement de Sou lei man eu 1 519 au lieu de
|5'20.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 1 1
ainsi que tu m&iteras notre faveur el notre protec-
tion. Tu eprouveras la v^rite de ces paroles'. Oest
parce que vous Aes reeonndissans queje vous combkrai
de plus grands bienfaus encore. En vertu de la sen-
trace ; La reconnaissance garantit la durie des grdces,
tu ex6cuteras avec empressement les ordres £man£s
de ma Sublime-Porte, to en paisiras hien le sens, et
tu t'appfiqueras k prot^ger les grands et les petits
places sous fa juridiction , etc. » Khairbeg disait au
Sultan, dans sa r£ponse, qu'il avait repandu Theu-
reuse nouvelle de l'av6nement do Sa Hautesse, et son
sublime ferman de confirmation depuis le Caire jus-
qu'aux fronti&res de Kairawan et de Nubie; que la
majesty du Sultan &ait reconnue par la pri&re du ven-
dredi (faite en son nom) et la monnaie (battue h son
coin) ; qu'il avait regu pour le Sultan les lettres de
felicitation de tous les scheikhs arabes, et qu'il les lui
transmettrait prochainement avec les presens qui les
avaient accompagn&s , et le sien propre. Un ordre
semblable k celui de Khairbeg fat, suivant toute appa-
rence, envoy£ au gouverneur de Syrie, Ghagali, qui
se revolta au lieu de prater hommage au nouveau sou-
yerain. Djanberdi-Ghazali, Esclavon de naissance, qui,
&ant 6mir des Mamlouks, avait trahi Kanssou-Ghawri ,
1'avant-dernier sultan dgyptien , et avait ttok nomm£
par Selim, en recompense de sa trabison, au gouver-
nenaent de la Syrie, regarda la mort du Sultan otto-
man comme une occasion favorable pour secouer te
joug des Turcs et se declarer ind^pendant; il s'em-
para de la citadelle de Damas, fit occuper Beirout par
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12 HISTOIRE
un de ses esclaves les plus d£vou6s, et envoya deux
emissaires dans les montagnes de Syrie et en Egypte
pour insurger les Druzes et les Arabes [vi]. II s'ef-
forga en m6me temps d'entrainer dans sa r^volte le
gouverneur d'Egypte , complice de sa premiere tra-
hison , en lui repr&entant la facility d'une telle en-
treprise sous le r&gne <J'un jeune prince sans expe-
rience * ; Khairbeg lui repondit d'une mani&re Eva-
sive, qu'il devait d'abord s'emparer de toute la Syrie
et de son premier boulevard , Haleb , et qu'alors le
succis de la rebellion serait assure. Mais il envoya en
ra&ne temps la lettre de Ghazali au Sultan par un de
ses confidens nomm6 Alayi a .
Au commencement de novembre 1520 (silhidj6
926), Ghazali sortit de Damas a la t6te de quinze mille
cavaliers turcomans et mamlouks et de huit mille ar-
quebusiers, et prit l£ route de Constantinople. Ferhad-
Pascha, troisi&ne vizir de Souleiman, nomm6 g£n£ral
en chef de Tarmee d'exp&iition contre les revolts ,
passa vers le m6me temps THellespont k Gallipoli ,
avec quatre mille janissaires et autant de sipahis , et
reunit sous son commandement les troupes du beg-
lerbeg de Karamanie et celles de Schehzouwaroghli,
prince vassal du Soulkadr [vn]. Maitre de Tripoli, de
Beirout et de tout le littoral de la Syrie, Ghazali avait
mis le siege devant Haleb ; le commandant de la place,
Karadja-Pascha, qui avait appeK a lui les begs d'An-
> Souhetli, f. 49. Kodjibeg, f. io3.
* Djelalzade, f. aa. Ferdi, f. n. Ali, f. a*4. Solakzad6, f. 100.
Abdoulaziz-Efendi , f. i r . Loutfi , f. a i .
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. i5
tioche, Tripoli, Hama et Himss, opposait depuis six
semaines ' la plus vaillante resistance aux rebelles,
lorsque Fapproche de Ferhad forga Ghazali k se re-
tirer (22 d&embre). Ghazali retourna a Damas, et
invita k un grand festin les cinq mille janissaires que
S£lim y avait laisses en garnison; lorsqu'ils furent
r&inis, il les fit tous massacrer ? , dans la crainte de les
voir passer k l'ennemi. Cependant les troupes reunies
de Ferhad-Pascha et de Schehzouwaroghli &aient arri-
ves k marches forcees devant les murs de Damas ,
quatre jours apres leur depart de Haleb. Ghazali etant
sorti de la ville pour tenter sa fortune, on en vint
aux mains sur la place Masstab£ (27 Janvier 1 521 —
17 safer 927); la bataille ne fut qu'un long massacre
des troupes du rebelle, qui dut s'enfuir d£guis£ en
derwisch; mais trahi par son propre tr&orier, il fut
pris, et sa t6te jet^e aux pieds du vainqueur (6 f6-
vrier — 27 safer) 3 . Lorsque la nouvelle de cette vic-
toire arriva k Constantinople , Souleunan nomma au
gouvernement de Haleb , le beglerbeg d'Anatolie ,
Ayas-Pascha, que nous avons vu se distinguer dans
la campagne d'Egypte comme aga des janissaires; il
« Oggi (a a decembre) vi e lev a to I'assedio. Rapport du consul ve'nitien
a Haleb, dans Marini Sanuto, t. XXIX.
a Djelalzade, Solakxade, Abdoulaziz, Ali.
3 Marini Sanuto, t. XXX: Havendo con grandistima fatiga e frequente
invesUgazione scritto de mie memo volumi XXIX, etc. Le Rapport du
consul venitien a Damas ai Rettori di Cipro : Bntrb il $ di questo mese
(febrajo) Vesercitovittariosoturco. — Lavittoria quasi senta occision di niuno
Turcho. — Furono tagliati a pezzi col G at ali morli 5ooo da Damasco.
i a febrajo i5ai.
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1 4 HISTOIRE
exp&lia k Ferhad-Pascha Tordre d'&abKr son camp
au pied du mont Ardjisch dans les environs de Kais-
sariy£, pour observer les mouvemens de Tanm^e per-
sane, qu Ismail, dans l'attente de l'heureuse issue de
la r^volte de Ghazali, avait concentr^e sur ses fron-
t&res 1 .
La victoire de Syrie Causa une telle joie au Sultan,
qu'il voulut la faire partager au doge Loredano en
lui envoyant la t&e de Ghazali, comme une preuve de
son amitte particultere ; ce ne fiit qu'avec beaucoup
de peine que le baile de Venise rlsidant a Constanti-
nople parvint k Ten dissuader \ Souleiman re$ut, avec
la t&ede Ghazali, la nouvellequeBehramtschaousch,
envoy£ aupr&s du roi de Hongrie pour lui demander
untribut, avait &6 insult^ et mis k mort [vin]. Sou-
leiman, furieux du meurtre de son ambassadeur. r£-
solut d'entrer imm6diatement en campagne contre les
Hongrois ; dejk, dans les premiers jours de son r&gne,
les paschas de Semendra et de Verbosanie lui avaient
frayi la voie des hostility, par la prise de Srebernik,
Tesna, Sokol et Knin. Les garnisons chretiennes de
ces trois premieres places avaient && passes par les
armes contrairement aux capitulations qui sripulaient
une libre retraite ; Knin avait 6l6 saccagee et livr^e aux
flammes, et le vaillant evSque Berisslo traitreuse-
» Djelalzade, f. aa-29. Solakzade, f. ioo et 101. Ali, f. 2*4. Ferdi,
1. ii-i5. Abdoulaziz, f. xi-ao. Souherti, f. 49 et 5o. Kodjibeg, f. 104
et io5. Loutfi, f. ax.
» // Baglio fece tanto, che non fu mandate {la testa) dice n do scrivcr lui.
Muriui Sanulo, t. XXX. f
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DE L'EtyPIRE OTTOMAN. i5
meat assassin^ sur les rives de la Corenitza ! . Le beg-
Jerbeg de Roumilie, Ahmed-Pascha, regut l'ordre de
se rendre aussitdt de Constantinople k Ipsala; quinze
mille asKtbs farent enr61£s; un pare d'artillerie de cent
pieces de canon fut envoy£ k la strite de Tarm^e, et
quarante galtotes furent &juip£es\ Souleiman, apr&s
avoir pos6 la premiere pierre de la mosqu£e ^levee
en m&noire de S^lim , et avoir visits les tombeatix
de son p£re et de ses aieux, Bayezid II et Moham-
med H 3 , quitta sa capitale et onvrit la campagne en
personne. Ferhad-Pascha, qui, depuis son retour de
I'exp&Ktion de Syrie, avait &abli son camp k Ipsala
en attendant l'ordre de se mettre en marche , joignit
le Sultan a Sofia, et lui amena trois mille chameaux
charges de poudre et de plomb et d'autres munitions
de guerre ; trente mille autres chameaux qu'il avait
rassembles en Asie le suivaient a une journ6e de dis-
tance *. lea rayas des sandjaks de Sofia , Semendra ,
Aladjahissar et Widin , furent requis de fournir dix
mille chariots de farine et d'orge ; le prix de ces pro-
visions qu'on transporta k dos de chameaux , et la
paie des chameliers furent k la charge du tr£sor pu-
blic 5 . Le beglerbeg de Roumilie, Ahmed-Pascha, fut
envoy£ de Nissa k Sabacz ; les akmdjis furent divis£s
en deux corps, dont Tun command^ par Mohammed
« btuanfi. Catona, XIX, p. aa5 el suiv. Voyes aussi Engel, Geschichte
von Servien {Histoire de Servie), p. 437.
> Ferdi, f. 19. Ali, f. a 2 5, se trompe en fixant le nombre des navires a
qnatre cents.
3 Ferdi, f. 17 et 19. - 4 Ibid., f. *3. — S ibid., f, 24.
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i6 HISTOIRE
Mikhaloghli , fut charge de ravager la Transyl vanie .
et dont l'autre , sous les ordres d'Omarbegoghli ,
devait £clairer la marche de l'arm£e. Le grand-vizir
Piri-Pascha prit la route de Belgrade avec mille ja-
nissaires, les sipahis et azabs, tandis que Souleiman
continua sa marche sur Sabacz l , par Alaschehr.
dependant Ahmed-Pascha pressait vivement le stege
de Sabacz ; mais la garnison, forte seulement de cent
hommes et de quelques cavaliers , se defendit vaillam-
ment sous les ordres de son h£roique chef Simon Lo-
godi. Lorsque les Turcs eurentcombte les fosses, les
braves defenseurs de cette place auraient encore pu
se sauver fadlement en mettant la Save entre eux et
l'ennemi ; ils pr£f£r6rent, quoique r6duits k soixante
hommes, attendre l'assaut qui leur cofita la vie a tous,
mais aussi k sept cents Turcs a (8 juillet — 2 sch&ban).
Les t&es des Hongrois furent placees sur des pieux
le long du chemin par lequel Souleiman se rendit le
jour suivant dans la place, apr&s avoir admis au baise-
main le vainqueur Ahmed-Pasqha et les sandjakbegs 3 .
II ordonna d'ajouter de nouveaux ouvrages aux for-
tifications de la ville , et fit jeter un pont sur la Save
pour le passage de ses troupes en Syrmie. Pendant
les neuf jours que durerent ces travaux , Souleiman
resta sur les bords du fleuve sous un tschardak , afin
i Ferdi, f. a5. Ali, f. aa5. Cet Omarbegoghli eUit fib de Tourakhan.
Ali appelle le gouverneur de Bosnie Yaya Pascha Oglili Bali beg, et le gou-
verneur de Semendra Khosrewbeg.
* IstuanB, 1. VII. Tubero, 1. XI. Catona, t. XIX, p. 273.
3 Le Journal de Souleiman dit que Logodi avail ete fait prisoonier.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 17
de stimuler par sa presence I'ardeur des travailleurs,
tandis que les agas de Tarmee et de la cour ajoutaient
k cette influence morale celle non moins puissante du .
baton \ Dans cet intervalle on apprit que la place
de Semlin etait tomb£e au pouvoir du grand- vizir a ,
que la chatelaine de Koulpenic avait fui de son cha-
teau , que Balibeg , fils d'Yahya-Pascha , s'&ait em-
pare de plusieurs forts et avait fait trancher la t&e k
soixante prisonniers 3 . Le dixieme jour apres le com-
mencement des travaux, le pont long de dix-huit cents
aunes &ait entferement termini; mais une cruesubite
de la rivtere le detruisit en partie , de sorte que le
passage des troupes ne put s'effectuer que huit. jours
aprfes (21 sch&ban — 27 juillet) *. Depuis un mois, le
grand- vizir Piri-Pascha tenait Belgrade bloqu6e, lors-
que Souleiman arriva avec le reste de l'armeeet con-
vertit le blocus en stege. Ayant su par des trans-
fuges que la partie faible des murs &ait au confluent
m£me de la Save et du Danube, le Sultan fit battre
en brfeche ce c6t6 de la ville par des canons places
dans Tile de la Guerre; le feu continue! des batteries
turques eut d'autant plus de succes, que les assi£g£s
manquaient d'artillerie, et se trouvaient ainsi priv£s
du plus puissant moyen de defense. Le voievode de
» Journal de Souleiman. — * Ibid. — 3 Ibid.
4 Ferdi , f. 3o. Le Journal de Souleiman nomine paiini ces chefs le
sandjakbeg d'Awlona, qui prit possession du chaleau de Koulpenic; Beh-
ram, sandjakbeg de Nicopolis, et Mahmoudbeg, saodjakbeg de Silistra, qui
poursuivirent la chatelaine de Koulpenic; Ilasanbeg, fils d'Omarbeg, san-
djakbeg de la Moree, et Ballaoghli Piribeg, descendant le premier du c 011-
qucrant de la Morce, le second de I'amiral de Mohammed If.
T. V. a
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18 HISTOIRE
Hawala (CavaUa) , en abandonnant Vehement le fort
confie k sa garde, avait livr£ tous les canons de Bel-
grade aux mains de Tennemi (9 aoAt) ! . Les troupes
auiiliaires bulgares quitterent les remparts de la ville
pour se retirer dans la citadelle : les commandans Bla-
sius Olah, Janus Botbius et Jean Morgay, apr6s en
avoir refusi d'abord Tentr^e k ces l&ches merce-
naires , dans la crainte de compromettre la defense
de la place par leur presence, finirent cependant par
les y recevoir. Les chefs hongrois continu£rent a
d^fendre avec le plus grand courage ce boulevard de
la chr£tient£, qui avait toujours rfeiste aux attaques
des pr&tecesseurs de Souleiman ; ils avaient d6j& re-
pouss£ plus de vingt assauts', lorsque le Sultan, sur
le conseil d'un renegat italien ou frangais, ordonna
de miner la plus grande tour de la ville, que les his-
toriens hongrois appellent Milliaire, et les Ottomans
Neboise (ne crams rieri) 3 . II restait k peine aux assi£-
g£s quatre cents hommes en &at de porter les armes;
cette poign£e de braves se serait ensevelie sous les
murs de Belgrade plut6t que de se rendre, si la tra-
Wson de Frangois de Hedervar, de Valentin Toeroek
et la haine v religieuse des Serviens l , ne Feussent
forcie de capituler aux conditions d'une libre retraite.
La garnison £vacua done la forteresse le 25 ramazan
927 (§9 aoAt 1 521 ) ; mais les Turcs tinrent mal leurs
» IstuanG, VU, ed. Col. Agrippa, p. 96, i6aa. — > Ibid., p. 97.
1 Djelalzad6, f. 34. Ferdi, f. 36.
4 Catona, XIX, p. 3i3 et 3i4, et d'apres Dubravius, Pray, Istuanfi et
Engel, Geschichte vonServien (Histoire de Sctvic), p. 455.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 19
promesses, car iis sabrcirent plusieurs Hongrois \ et
envoy&ent les Bulgares k Constantinople % ou un
quarlier de la ville et un village sur le Bosphore por-
tent encore le nom de Belgrade. Le Sultan nomma
Balibeg gouverneur de la place , et lui laissa , outre
trois mille janissaireg , vingt-un mille Yalaques pour
en r^parer les fortifications 3 . La chute de Belgrade
entraina celle des chateaux-forts de Syrmie, tels que
Baridj, Perkas, Slankament, Mftrovitz, Carkwitz et
Uilok [ix].
Souleiman annonga cette importante conqu&e k tous
les juges et gouverneurs de Fempire [x] par de pom-
peuses lettres de victoire, et au doge de Venise par un
ambassadeur dont les archives de la r£publique nous
ont conserve la reception solennelle au s&iat 4 . Le
jour qui suivit la reddition de la place, Souleiman
consacra la cath£drale de Belgrade en y faisant la
prtere du vendredi , et la changea ainsi en mosqu^e,
lorsque , pour nous servir de l'expression des histo-
riens ottomans, elle eut &e purg£e des idoles. lis en-
tendent par Ik non settlement les croix et les images,
mais surtout le corps de la sainte servienne Swata
Patniza {sainte V&i&rande) , que Souleiman permit aux
tnoines serviens d'emmener avec eux k Gonstanti-
■ Istuanfi, ed. Col., p. 99. Le Journal de Souleiman dit que ce fut
le 3o septerabre que lei Hongrois furent embarques poor Slankament.
a Ferdi, f. 38. Djelalzade, t 45 — 3 Ferdi, f. 4o.
4 Marini Sanuto, XXXII. 28 ouobre venne POrator tureo Challl Ciaus,
vcstito di casacha rosa par raUegrarsi della creasionedi Doge e eignificar la
viuoria di Belgrade 11 recut du senat un present de trois cents ducats*
Voyea au&si Laugier, Histoire de Vtnue, 1. XXXIII, p. a*.
2*
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ao HISTOIRR
nople ! , en recompense de leur cooperation au siege
de Belgrade; mais ils ne jouirent pas long-temps de
ce prix de leur trahison ; car bient6t le patriarche grec
fut force d'acheter cette relique, un bras de sainte
Barbe et un tableau de la Vierge au prix de douze
mille ducats a . Apr£s avoir recompense ses troupes,
organise l'administration de la ville . pourvu k sa
defense par deux cents canons, et garni les remparts
de Sabacz par vingt pieces d'artillerie, Souleiman re-
tourna a Constantinople, oii il fit son entree au milieu
du cortege triomphal des habitans venus k sa ren-
contre [xi].
Pendant sa marche de Belgrade k Constantinople
(19 octobre), le Sultan avait appris la mort de son
fils Mourad , &ge de deux ans , puis celle dune fiUe
deux jours avant son arrivee ; il eut encore a deplorer
dix jours apr6s son entree a Constantinople la perte
de son fils Mahmoud, Age de neuf ans, mort de la
petite verole (29 octobre). Les vizirs accompagnerent
a pied le convoi des enfans de Souleiman, qui furent
ensevelis a c6te du mausoiee de Selim I" J . Le Sultan
fut un peu distrait de sa douleur par les diwans qui se
succedaient avec rapidite, et par la reception des am-
bassadeurs de Raguse, de Russie et de Venise, qui lui
apportaient les felicitations de ces diverses puissances.
Les Ragusains obtinrent de pouvoir acheter du bie
i Engel, Hutoire de Setvie , p. 455, d'apres Brutus et IstuanC : le der-
nier appelle celle sainte fetea; Tubero, Petica.
a Spandugino., p. 91.
3 terdi, f. 41 et 44. Journal de Souleiman. Djelalzade, Abdoulaziz,
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 21
pour leurs besoins et d'etre exempts des droits de
peage dans tous les ports et toutes les places mar-
chandes de r empire '. Sur la demande de l'ambassa*
deur de Russie, Tretjak Gubin, le Sultan signifia au
khan de Crim£e qu'il eftt k ne pas inquirer les Russes,
qu'autrement il s'attirerait son courroux a . A son re-
tour k Moscou, l'ambassadeur russe fut accompagn6
par le prince Iskender Menkoub, qui &ait charge de
temoigner a Vassili les sentimens d'amitie du Sultan.
Le tzar, qui sentait toute l'importance dune alliance
avec la Porte, envoya plus tard un officier de sa cour,
Jean Morosof, aupr6s de Souleiman, pour conclure
un pacte offensif et d^fensif entre les deux empires,
mais il ne put atteindre le but qu'il s'etait propose 3 .
Yenise, depuis la mort de S£lim, &ait dans les meil-
leurs termes avec la Porte; elle renouvela, par Ten-
tremise de son ambassadeur, Marco Memmo, les
anciennes capitulations (1 Qr moharrem 928 — 1 cr d£-
cembre 1 521 ) [xn], et signa un traits en trente articles,
dont Texistence est restee jusqu'a present inconnue
aux historiens de la republique, tant &aient grands les
soins du gouvernement a ensevelir dans le plus pro-
fond mystere les secrets d'Etat. Ce trait6 consacrait
la libertd du commerce, la sAret6 des n^gocians, et
reglait le s£jour a Constantinople des ambassadeurs
venitiens qui seraient changes tous les trois ans. Les
' esclaves fugitifs devaient &re rendus a la Seigneurie,
1 happens de l' ambassadeur ve'niiien, dans Marini Sanulo, t. XXXIL
3 Engel, Histoire de Raguse, p. 198.
3 Karamsin, Histoire de Russie , t. VII, p. 129 et 142.
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aa HISTOIRE
ou pay& a raison de mille aspres, dans le cas oft ils
se seraient fails musulmans; les princes devaient&re
rendus k la liberty, les naufrages 6tre respect£s. Tout
capitaine &ait responsable de son navire, lors mtoe
que son navire entrait dans un port sans lui. K extra-
dition des assassins et des malfaiteurs &ait r&iproque
entre les deux puissances. Dans les affaires fitigieuses.
les drogmans &aient admis k parattre devant les tri-
bunaux ; nul baile ne pouvait 6tre emprisonn^ pour
dettes; les n^gocians v^nitiens ne pouvaient voyager
dans l'empire ottoman sans la permission du baile,
mais lairs affaires de succession &aient r£gl6es par ce
magistrat, et ils &aient exempts de la capitation. II ne
devait point &re apport£ d'entraves au commerce de
Venise avec les Etats barbaresques ", les navires de la r£-
publique ne devaient &re visites qu'& Tentr^e des Dar-
danelles, k Constantinople, et point k Gallipoli. Enfin
Venise devait payer deux tributs annuels, Tun de dix
mille, et l'autre de cinq cents ducats pour la possession
des iles de Chypre et de Zanthe ' . Ge document diplo-
matique est dune grande importance en ce qu'il con-
tient les clauses principales, que la Porte stipula plus
tard dans tpus les trait^s avec les autres puissances.
Les frontteres furent maintenues telles qu'elles avaient
exists au quatorzi&me stecle entre la Seigneurie et les
rois de Bosnie.
Ainsi se ptfssa la premiere ann£e du rigne de Sou-
leiman, egalement glorieuse en paix comme en guerre,
digne module de toutes les ann£es suivantes. L'atten-
» Mar. Sanuto, t. XXXII.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. a5 .
lion du Sultan n'avait pas && distraite un moment des
affaires de l'empire , et chacun de ses actes r6v&ait le
caractire du grand homme, du grand souverain, du
Musulman accompli. Vivant dans une sphere d'idees
£Iev6es et d'immenses projets , fenne et prompt dans
1 'execution, in£branlable dans ses opinions, obser-
vateur z£le des pr^ceptes de l'islamisme, Souleiman
prot£geait les sciences et les arts, &ait plut6t ami
qu'ennemi des chretiens, et haissait mortellement les
juifs. Un front large et pro&ninent, un teint brun, une
contenance grave, annongaient son naturel k la fob
ardent et m&litatif ; et son turban qui lui descendait
jusque sur les yeux ajoutait encore a la s6v&it£ de
son aspect [xin]. II modifia la coiffure adoptee par
son p&re. S£lim portait un turban de forme sph&ique ;
Souleiman roula en plis nombreux la mousseline au-
tour de son bonnet qui ne fut plus visible que par
son extr£mit£ ! . La coiffure est consid£r£e comme une
chose fort importante en Orient oii elle marque la
difference des rangs, des emplois et des ordres reli-
gieux. Sous Souleiman, les turbans et les habits furent
soumis k des regies encore plus rigoureuses a . Le tur-
ban du Sultan seul &ait de forme 61ev£e et orn6 de
deux plumes de heron; celui des vizirs, large k la
base , &ait couronne a la partie sup^rieure par une
large bande dor (kalewi) courant dans la mousse-
i Le turban de Selim a conserve le nom de silimi; celai de Souleiman a>
ele appeUyotuoufi, probablement en bonneur d'Yousouf (Joseph d'£gypte] r
011 d'Yousouf Salaheddin , tous deux types de sagesse en Orient.
» Voyez le Schamailname, sous Souleiman.
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*4 HISTOIRE
line; la coiffure des autres grands fonctionnaires de
la cour (moudjewez£) imitait celle du Sultan, mais
dans des proportions moindres. Les oulemas ou les
l£gistes portaient une esp6ce de bourrelet (khorasani) ;
les gardes-du-corps de l'int&ieur du palais , un bon-
net brod6 d'or (ouskouf) ; les gardes de Text^rieur
ou bostandjis, un bonnet (bareta) , dont I'extr&nite
de derrtere descendait sur les £paules. Les officiers
des janissaires avaient un bonnet en forme de casque
et garni de plumes (kouka) ; les simples janissaires ,
un bonnet de feutre (ketsch£) ; dans les classes ordi-
naires, on portait un turban de fantaisie (perischani) ,
un simple turban (dulbend). ou un schall (schemte)
n£gligemment tourne autour de la t6te f . Accompagne
des hauls dignitaires de sa cour ainsi distingu£s par
leurs coiffures, Souleiman se rendait tous les ven-
dredis k la mosquee imp£riale pour y assister a la
priere. Le premier de tous les sultans ottomans, il se
fit assister dans Tadministration de Tempire par quatre
vizirs ; le nombre de ces dignitaires n 'avait jamais
d6passe trois sous le rigne de son pr^decesseur [xiv],
Ces vizirs &aient : Piri Mohammed-Pascha, n£ en Ka-
ramanie de la famille du scheikh Djemaleddm Akser-
ayi, qui, lors de la bataille de TschalcKran, avait ga-
gn6 au plus haut point la confiance de S£lim et avait
depuis &6 eleve au grand-vizirat apres la campagne
dXgypte; Moustafa, Esclavon de naissance, beau-
fr6re de Souleiman et fondateur de la belle mosquee
» Voyez Mouradjea d'Okssoii*
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 25
de Guebis£; Ferhad, originaire de Sebenico, plus 4g6
de dix ans que Souleiman, homme belliqueux, vio-
lent et plein d'ambition; Kasim, blanchi au service de
l'£tat , pr£c£demment gouverneur et defterdar de
Souleiman, lorsque le prince r&idait encore k Ma-
gn£sie '. Apr6s la prise de Belgrade, Kasim, acoable
de vieillesse , demanda sa retraite ; le Sultan la lui
accorda avec une pension de deux cent mille aspres
(valant alors quatre mille ducats) 3 , somme qui depuis
ftit le taux des pensions des vizirs. Le fils de Kasim,
Ahmed, fut en m£me temps nomm6 sandjakbeg 3 .
L'hiver se passa en diwans et en constructions. A
Constantinople s'&eva insensiblement la mosquee con-
sacr£e a la m£moire de S£lim ; sur les frontteres de
Hongrie , Sabacz , Belgrade , et dans le voisinage de
cette derni&re place, le chateau d'Hawate *, la ville de
Kawale sur les bords de la Mer-Blanche, furent for-
tifies ; dans Farseqal mille bras &aient occup£s k cr£er
et k £quiper des flottes nouvelles. Jamais £poque plus
favorable ne s'&ait pr£sent6e pour la realisation des
projets d'agrandissement congus par les sultans otto-
mans. Charles-Quint et Frangois I cr s'£puisaient dans
leurs rivalites; la minorite de Louis II avait livr6 la
Hongrie a la tyrannie des nobles; L6on X etait en
lutte avec un moine allemand, et ce moine n'&ait rien
moins que Luther. C est au milieu de circonstances
« Petschewi et Ali , dans la Liste des Vizirs de Souleiman.
» Un ducat valait cinquante aspres. D'apres Solakiade, un ducat vaUil
soixante aspres a l'avenemeut de Selim.
3 Ferdi, f. 47. — 4 Ferdi, Solakzade, AU.
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, y Google
26 HISTOIRE
semblables que Souletroan r&olut la conqu&e de Tile
de Rhodes. La situation de l'Europe ne fut pas la seule
raison qui le d£termina k tenter cette entreprise dans
Jaquelle avait £chou£ Mohammed II; il avait compris
qu'aussi long-temps que Rhodes resterart entre les
mains des chevaliers, la navigation de la M£diterran&
serak au pouvoir des puissances marhimes de la chr6-
tient£. H sentait en outre la n£cessit£ d etablir un point
de communication entre Constantinople et la nouvelle
conqu&e de l'empire, Fltgypte, afin d'assurer ainsi la
liberty du commerce et la sftretl des nombreux pte-
rins qui se rendaient par mer en Syrie, et gagnaient
ensuite la Mecque. A ces motifs d£ja puissans venaient
s'en joindre d'autres d ambition personnelle. II &ait
flatt6 par l'id^e de d£livrer les Musulmans g£missant
dans les fers des infid£les, d'effacer la tache qui avait
terni la gloire de son aieul et de vaincre Ik oik Mo-
hammed II avait &6 vaincu. En emportant Belgrade,
consid£ree jusqu'alors comme imprenable , il avait
renvers6 un des boulevards de la chretient^ au nord de
ses &ats ; maintenant il voulait s emparer de Rhodes,
cet avant-poste des Chretiens dans TArchipel, et eten-
dre ainsi la domination musulmane sur terre et sur
mer '*. Toutes ces raisons r^unies auraient sans nul
doute paru suffisantes k Souleiman, lors m6me que son
« Bourbon, Fontanus, ct, d'apres eux, Bosio et Vertot se rencontrenta
peu pres, dans les motifs assignes a celte guerre, avec DjeUUade, Ferdi et
l'Arabe Ramaxan, qui accompagna Souleiman a Rhodes en qualite de
medecin. V. Tercier, Mimoire sur la prise de la wile et de I'tle de Rhodes,
en i5a? 9 par Soli man II.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 27
belliqueux vizir Moustafe, son grand-amiral Kourd-
oghli ', n'auraient pas encore par leurs solicitations
aiguillonn^ son besoin de conqu&e; il feat ajouter k
cela que deu* Iraitres , un docteur juif et Andr£ de
Merail (plus particulterement connu sous le nom d'A-
maral), grand-chancelier de l'Ordre, lui avaient mis
sous les yeux, k plusieurs reprises, l'opportunit^ d une
attaque contre Rhodes, en lui repr&entant la capital*
de Tile comme mal approvisionnta et d&nantelee en
plusieurs endroits. L'exp&lition fat done r£solue ; mais
avant de commencer les hostility, Souleiman, pour
accomplir la formality prescrite par le Koran, envoya
au grand-maitre une lettre dans laquelle il le som-
mait de se rendre et jurait, comme k l'ordinaire, par
le cr6ateur du ciel et de la terre, par Mohammed son
proph&e, par les autres cent vingt-quatre mille pro-
ph&es de Dieu, et par les quatre livres sacr£s envoy^s
du ciel, qu'il respecterait. dans le cas d'une soumis-
sion yolontaire , la liberty et les biens des cheva-
liers [xv]. Le 18 juin 1522, la flotte ottomane, forte
de trois cents voiles [xvi], appareilla de Constantinople
pour Rhodes. Outre une immense quantity de pro-
visions, die avait k bord dix mille soldats de marine et
pionniers a , sous les ordres du vizir Moustafa-Pascha,
1 Les historiens ottomans parlent des instances de Kourdoghli, mais Fon-
tanus, Knolles, Meseray et beaucoup d autres auraieot mieux fait d'omettre
les longs discours qu'ils lui font lenir, et de ne pas prater anx vixirs des
lettres qui sont evidemment apocryphes.
» La flotte, dit l'atiteur arabe, ne portait que deux mille hommes de de*-
barquement et huit mille soldats de marine. Tercier, p. 733.
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a8 HISTOIRE
nomm6 serasker (g£n£ral en chef) de 1' expedition.
Deux jours auparavant (21 redjeb — 16 juin) , Soulei-
man, k la t6te de pr£s de cent nrille hommes [xvii],
s etait mis en marche pour aller par terre au golfe de '
Marmaris. Le deuxi&me jour de son depart, il eut la
satisfaction de voir de son camp de Maldep£, la flotte
ottomane voguant k pleines voiles par un vent favo-
rable.
Pendant la marche de l'armee a travers TAsie-Mi-
neure, Souleiman regut coup sur coup plusieurs nou-
velles heureuses : le ftere du sandjakbeg de Hersek
(Herz^govine) s'etait empar6 du fort dalmate d'fe-
kradin (Scardona), repaire de pirates situe non loin
de 1' embouchure de la Kerka (Titius) l ; les janissaires
avaient abordd a la petite tie de Halek6 (Chalki) a
Toccident de Rhodes, entre Piscopia et Limonia, et
en avaient min6 le ch&teau qui &ait tomb£ entre leurs
mains a ; Ferhad-Pascha avait mis a mort Schehzou-
waroghli Alibeg, investi par S&im de la principauti
de Soulkadr, lors de la conqu6te de Koumakh, et
avait r&mi son tefritoire a Tempire 3 . Tout conspirait
done en faveur du Sultan. Cependant Ja premiere di-
vision de la flotte ottomane avait op6r6 son d£bar-
quement a Rhodes pr6s du chateau de Favez, le jour
i Petschewi, f. 27, doune ia description de ce fort. Solakzadc, f. 102.
Djelalzade, f. 55, Spandugino, et Ferdi, f. 98. Abdoulaziz, f. 46.
* Petschewi, f. aG. Journal de Souleiman. Voyez la description del'ile,
dans le Baluiyi, exemplaire de Dresde, f. 45, ou il faut lire llaleke an lieu
de / arekJ ou I!ar&.
3 Journal de Souleiman. Ali, v« recit, f. »a5. Ahdoulaziz, f. 46.
Djelalzade, f. 41. Raouzaioul-ebrar, f. 288. Nokhbetei-tcwarikli , £128.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN, 29
de la Saint-Jean, Tune des plus grandes ffctes du pays,
qui possedait les reliques de ce saint. Deux jours aprfe,
toute la flotte jeta Tancre dans la baie de Parambolin
situee a peu de distance de la ville. Un mois se passa
a debarquer les troupes, les provisions et rartillerie,
a dresser un camp, et a attendre le Sultan, k qui le
serasker ne pouvait enlever Thonneur d'ouvrir lui-
m&ne le stege.
Presqu'en face de Tile de Rhodes , la mer forme
sur le continent asiatique une anse vaste et prot£g£e
contre les vents par un amphith&lre de hautes monta-
gnes ; un petit bourg appel£ Marmaris (Phiscus) s'6-
16ve au fond de cette anse , et lui a donn£ son nom.
La ville et la baie de Phiscus sont cetebres dans This-
toire ancienne et moderne. Les habitans de Phiscus
attaqu&rent Tarrifere-garde d' Alexandre , lors de son
expedition centre Darius ; assieg6s par les Mac£do-
niens, et n ! &ant que six cents hommes contre toute
une arm&, ils £gorg6rent leurs femmes et leurs en-
fans, mirent le feu a leurs maisons, et, se faisant jour
a travers Tarm^e grecque , se refugterent dans les
montagues '. De nos jours, au printemps de 1801,
une flotte anglaise de trois cents voiles, destinie contre
lXgypte , appareilla a Marmaris pour Alexandre.
Le 28 juillet 1522, Souleiman d^barqua a Rhodes ,
au milieu des salves de rartillerie de stege composee
de plus de cent bouches a feu ; on remarquait douze
canons monstres, dont deux, comme ceux employes
par Mohammed II au siege de Constantinople, Ian-
« Tercier, Himoires de ¥ Academic des Inscriptions, XX V, p. 714.
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5o H1STOIRE
gaient des boulets de onze a douze palmes de circon-
ftrence. Quelques-uns de ces formes boulets, qu'on
trouve encore deyant les mure et dans l'enceinte de la
forteresse, offrent la preuve materielle de l'assertion
presque incroyable des historiens [xviii]. Souleiman
reconnut lui*-m£me les fortifications, et inspecta les di-
vers postes de ses troupes. Le grand-maitre Villiers de
l'De-Adam avait livr£ les villages aux flammes, abattu
4ous les edifices exterienrs et tegu dans la ville les ha-
brtans des campagnes pour les employer k la repa-
ration des br&ches. II distribua chacun des sept postes
principaux k tous les chevaliers des huit langues, fran-
gaise, allemande, anglaise, espagnole, portugaise, ita-
lienne, auvergnate et provengale; ainsi chaque nation
avait son poste , que son honneur 1 'int£ressait k sou-
tenir. Le grand-maitre quitta son palais et se plaga k
la porte des f^amqueurs prte de l'eglise de Sainte-
Marie de la Victoire. La porte des T^ainquewrs ouvrak
la ville du c6t6 du nord k l'opposite du port Man-
draccio et de celui des Galores ; k gauche de cette porte
&ait le bastion de la langue allemande, puis la porte
Saint- Ambrofee, et le bastion de la langue frangaise ;
k droite, les bastions des langues d'Auvergne et de
France. Ces quatre bastions dtfendaient la partie nord
de la ville; k Test, ou se portirent principalement les
attaques des assi£geans, s'61evait le bastion de la lan-
gue anglaise , que les historiens ottomans d&ignent
sous le nora de Bectyn£ , et apr£s lequel viennent la
porte Sahrt-Ambroise et le palais du grand-maitre '.
i Topographischc Amichten getammelt auf *iner Relse in die leuante
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 5i
Les murs au sud de la ville &aient conftes aux che-
valiers de Provence et dltalie ; ceux de langue portu-
gaise avaient la defense de la porte maritime. Le port
&ait ferm£ par des chaines et prot£g6 d'ailleurs par
les tours de l'Archange et de Saint-Nicolas, queleur
formidable position pr£servait de toute attaque x . Les
Ottomans envelopp^rent la ville du nord au sud dans
l'ordre suivant : a Taile droit e, en face des bastions
des langues frangaise et allemande, &ait plac£ Ayaz-
Pascha, beglerbeg de Roumilie, et a ses c6t£s, en face
des bastions d'Espagne ft d'Auvergne, le troisfcme
vizir Ahmed-Pascha ; au centre, et paraltelement au
bastion de la langue anglaise, se trouvaient le serasker
et le second vizir Moustafa-Pascha. Le camp du Sultan
fut dress£ derrtere la position de Moustafa, sur la col-
line de Saint -C6me et de Saint-Damien, et prts de la
chapette de la Yierge d'Elemonitra. Au sud-est de la
ville, c'est-i-dire a l'aile gauche de l'arm£e asstegeante,
Kasunbeg, beglerbeg d'AnatoHe, devait conduire l'at-
taque contre le bastion de la langue de provence, et
plus loin encore , k l'extr£mit£ de cette m£me aile
gauche, le grand-vizir Piri-Pascha [xix] etait opposes
aux chevaliers dltalie. Le 1 er aoAt, le beglerbeg de
Roumilie ouvrit le stege en se portant contre le poste
des chevaliers allemands, qui combattaient sous Chris-
( Vues topographiques reeueiUies pendant un Voyage dans le Levant ) ,
p. 7», 1811.
1 « Et leverent grande esperance d'entrer aux dits ennemis — corame its
avaient dctibere de donner un assault par il Mandraqui. » Le batard de
Bourbon.
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5» HISTOIRE
tophe de Waldner, autrefois commandeur de Fiirs-
tenfeld, de Moedling, de Vienne et de Haguenau *.
Vingt-un canons foudroyaient le bastion allemand, et
vingt-deux la tour de Saint-Nicolas. Quatorze batteries
de trois canons chacune , etaient dirig£es contre les
bastions d'Espagne et d'Anglelerre, et dix-sept autres
semblables, contre le bastion dltalie [xx]. Les asste-
geans et les assieg£s employerent le mois d'aoAt en
travaux de mines et de contre-mines. Les manoeu-
vres souterraines des chevaliers eurent le plus grand
succ£s , gr&ce a la bravoure heroique du grand-
maltre Villiers de Tile- Adam , et k l'habilet£ de Tin-
genieur v£nitien Gabriel Martinengo , qui , a son ar-
riv^e de Tile de Cr&e , avait &e nomm£ grand'croix
de TOrdre. Ce ne fut que le 4 septembre (12 sche-
wal) , que les Ottomans parvinrent a faire sauter la
partie m£ridionale du bastion anglais. Us s'elanc&rent
sur la breche et prirent sept drapeaux chr&iens. Mais
le grand-maitre accourut , l'etendard de la croix d6-
ploy6, et les forga k se retirer apr6s une perte de plus
de deux mille hommes a . Un second assaut donn£ six
jours plus tard par les Turcs leur fit 6prouver une
perte aussi forte ; les assi£geans n 'eurent que trente
hommes tues, parmi lesquels le general de Tartillerie
et le porte-drapeau du grand-maltre 3 . Le 1 3 sep-
i La raaison de Waldner, voulant eterniser la memoire de ce comman-
deur, fonda a Plaudens, dans le Tyrol, un anniveroaire en son honneur, qui
devait elre celebre le lundi d'apres la Saint-Martin. Tercier, Mdmoires,
XXII, p. 75'3. Le souvenir de cette fondation s'est perdu a Plaudeus.
a Le b&tard dc Bourbon. Journal de Souleiman.
3 Bourbon appelle le general de l'arlillerie Guyot de Marselbac, et le
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DE L'EMPlRfc OTTOMAN. 53
tembre, & la suite d'une troisi&ne attaque, les Turcs,
sans avoir eu besoin de faire jouer de nouvelles mines,
forcferent le bastion anglais, sur lequel ils arbordrent
cinq drapeaux (1 3 septembre — 21 schewal). Le com-
mandeur Waldner leur ayant \i\v6 un combat des
plus meurtriers , parvint h leur enlever un de ces
&endards, qu'il consacra h saint Thibaud, patron
d'Oberweiler [xxi]. Le jour suivant, le docteur juif ,
qui trahissait la ville et avait des intelligences dans le
camp ottoman, surpris au moment oii il allait lancer
a l'ennemi une lettre au moyen d'une fleche, fut 6car-
tel6 *. Ces trois engagemens n'avaient et£ que partiels;
ils n'avaient eu lieu qu'entre une partie de l'arm&
assiegeante et les chevaliers defendant le bastion an-
glais ; mais, le 24 septembre, fut annonc6 un assaut
g6n£ral qui devait s'&endre sur toute la ligne des for-
tifications. Depuis midi jusqu a minuit , des hgrauts
parcoururent le camp en criant : « Demain il y aura
assaut; la pierre et le territoire sont au padischah, le
sang et les biens des habitans sont le butin des vain-
queursM » Au point du jour, les Ottomans se por-
t&rent au nord, k Test et au sud de la ville ; cepen-
dant leurs efforts se concentrerent contre le bastion
de la langue espagnole, ou Taga des janissaires p6n&ra
et filanta son drapeau ; mais ce triomphe ne fut que
porte-drapeau Henri Mauselle. Vertot coufond le oom du premier avec celui
du capitaine des galeres, Michel Argillemont.
i Bourbon. Le Journal de Souleiman fait mention le m&me jour de la
kttre du juif.
* Journal de Souleiman.
T. v. 3
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34 HISTOIttE
de pea de dur£e, et tous leurs etendards tomb£rent au
pouvoir des chr&iens. Les Turcs furent repousses de
toutes parts , laissant quinze mille des leurs sur les
br&ches et dans les fosses '. Dans cet assaut, le plus
terrible de tous ceux qui se livrirent dans le cours du
stege , brilla non seulement la valeur des chevaliers
et des laiques, mais encore le courage des femmes de
Rhodes. Sans s'efirayer des flots de sang qui coulaient
k c6t6 d'elles, les unes portaient du pain et du vin pour
ranimer les combattans £pitfs£s par une lutte aussi ter-
rible, les autres de la terre pour en remplir les br£-
ches, et des pierres pour les jeter sur les assaillans a .
L'amante d'un des capitaines morts dans la defense
du bastion anglais, une Grecque dont le nom est rest6
inconnu, se distingua, entre toutes, par un acte em-
preint k la fois de folie et de grandeur, de tendresse
et de cruaut£. Apr£s avoir embrass£ ses deux enfans
et les avoir marques au front du signe de la croix t
elle les poignarda et les jeta au feu en disant : « Ainsi
l'ennemi ne pourra souiller vos jeunes corps vivans
ni morts... » Puis elle rev&it le manteau sanglant de
son amant, et saisissant une ^pee, elle se pr&ipita au
plus fort de la m61£e , ou elle mourut de la mort des
h&os, en combattant avec une valeur surnaturelle 3 .
Souleiman, furieux d'avoir £chou£ dans son attaque,
i Bourbon. Le Journal de Souleiman reconnait une perte plus grande.
» Bourbon.
3 Ne hostis, dicebal, vilissimus vivis aut morluis gemina nobilitate cor~
poribut potiretur. L'ingenteur Fontanus comme temoin oculaire. Jacobi
Fontaui, de Bello Rhodio, t. II.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 35
en rejeta la responsabilit£ sur le beglerbeg de Rou-
milie, Ayaz-Pascha; il le deposa et le fit emprispnner,
mais il le rendit k la liberty et k ses fonctions dfes le
lendemain [xxn]. Trois jours apres, ayant regu la nou-
velle de la mort de Khairbeg, gouverneur d'Egypte,
il envoya pour lui succ6der le serasker Moustafa-
Pascha; le troisi&ne vizir Ahmed-Pascha remplaga
Moustafa dans la direction du stege '. La dignity
d'amiral de la flotte fut retiree k Yailak Moustafa-
Pascha , et donn£e k Behrambeg \ Le 12 octobre
(21 silkid£), k la pointe du jour, Ahmed tenta de sur-
prendre le bastion anglais ; les remparts &aient d£ja
au pouvoir des Turcs , lorsque Taga des janissaires
fut bless6, et ses troupes forc6es de se retirer 3 . Vers
la fin du m&ne mois, les assies furent repousses,
apr£s un combat meurtrier, des bastions dltalie et de
Provence 4 . Trois semaines se passerent en engage-
mens isol£s qui faisaient avancer de plus en plus
les Ottomans vers un succ£s proohain ; cependant un
nouvel assaut donn£ au bastion dltalie le 23 no-
vembfe (4. moharrem) leur cotita cinq cents hommes
sans aucun r£sultat 5 . Enfin, le jour de Saint-Andre
(30 novembre — 11 moharrem) , les bastions d'Es-
pagne et dltalie furent assteg& au milieu de torrens
de pluie ; mais une nouvelle perte de trois mille hom-
» Djdalzade, f. 67. Journal de Souleiman.
• Ferdi, f. 64. AH, dans la Liste des Paschas.
3 Journal de Souleiman. Bourbon : « Us furent repousses dudit terre-plain
(J'ltalie) et de la bresche de Provence. »
■4 Bourbon. — * Ibid, et le Journal de Souleiman.
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36 HISTOIKE
mes d&ermina le serasker a ne plus tenter d'attaques
ouvertes et a se r^duire aux tranches et aux mines '.
Depuis le commencement du si£ge, les Turcs
avaient eu un nombre considerable de morts ; on Tes-
timait au chiffre &iorme de cent mille hommes , dont
moitte avait p6ri les armes a la main, moitie par suite
de maladies 2 . Le 10 d£cembre 1522, les chevaliers*
virent flotter dans le camp ennemi un drapeau blanc;
ils r£pondirent a ce drapeau par un autre qu'ils ar
bor&ent k leur tour, et ils apergurent bientdt deux
Turcs qui apportaient une lettre orn6e du chiffre en
or du Sultan, et venaient demander une entreyue au
grand-maitre. Deux chevaliers ayant &e d£put£s vers
Souleiman, celui-ci leur offrit une capitulation hono-
rable, sous la condition de rendre la ville dans le d61ai
de trois jours; sinon, il les menaga de passer toute la
population de Rhodes par les armes, et de n'£pargner
pas mfime les chats 3 . La reddition de la place avait
&6 d6ja r£solue d'abord dans le chapitre des grands -
croix de I'Ordre, et ensuite dans le chapitre ou
chaque langue &ait representee par deux chevaliers,
dependant cette decision ayant 6prouv6 une violente
opposition et ayant &6 s£v6rement bl&m£e, on envoya
une nouvelle deputation de deux chevaliers espa-
> Djelalxade, f. 70. Fontauus fixe la perle des Turcs a cinq mille hom-
ines. Bourbon : « AcmetBascha delibere de ne donner plus d'assault, mais
suy vre ces tranchees. » Ramazan dans Terrier. Tercier, p. 755 , place par
erreur cet assaut au 9 moharrem.
a « Le Bascha jura sur sa foi et asseura qu'il en estoit mort de roort violeute
plus de soixante-quatre mille, et quarante ou ciuquante mille de maladie. »
Bourbon. — 3 Ibid.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN- 37
gnols demander a Souleiman un laps de temps plus
long pour resoudre une question aussi importante;
ils all£gu£rent que la population de Rhodes &ant com-
post de Grecs et de Latins, les deliberations 6taient
necessairement plus difficiles. Souleiman , pour toute
r£ponse, ordonna a ses g£n£raux de recommencer le
stege (18 d^cembre — 39 moharrem) \ Les travaux
des mines et des tranches furent repris avec une
nouvelle ardeur. Les Turcs dirig^rent contre les ou-
trages avances du bastion espagnol une attaque qui
fut repouss£e; mais le lendemain ils s'y port&rent de
nouveau avec une telle furie, que les chevaliers furent
refbutes derrfere les fortifications et les fosses de l'in-
t£rieur de la ville a . Le manque de munitions forga
enfin les assi<%6s k capituler. Villiers de Tile- Adam
envoya au serasker Ahmed-Pascha deux chevaliers,
porteurs d un 6crit par lequel Bay ezid II avail jadis ga-
ranti au grand-maitre Pierre d'Aubusson la libre pos-
session de* Rhodes, en son nom et k celui de ses des-
cendans. Ahmed-Pascha n'eut pas plus tdt cette pfece
entre les mains, qu'il la d&hira et la foula aux pieds.
II fit couper les doigts, le nez, les oreilles k deux soldats
qu'il avait fait prisonniers le mdme jour, et les envoya
ainsi mutites au grand-mattre avec une lettre pleine
de grossieres injures 3 . Enfin Villiers de Tile-Adam,
1 Dans Bourbon, le i5 decerabre.
» « Lc 1 7 decembre , les Turcs donnerent 1'assault a la barbacane d'Es-
paigne. — Le lendemain (18), ils vindrent avec grosse puissance douner
I a van It a ladile barbacane. - Bourbon.
* ttourbon. Fontanus, dans ledition de Bale de Chalcondyte , p.. 493.
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58 HISTOIRE
r&luit a la derni&e extr£mit6 , d£puta a Souleiman
un chevalier et deux bourgeois de la ville pour n£go-
cier la reddition de Rhodes (21 d&embre — % safer).
Souleiman agr£a leurs propositions , el commit sou
grand- vizir pour d£battre les articles de la capitulation
avec les ptenipotentiaires de l'Ordre. II fut stipule
que le grand-maitre enverrait en 6tages au camp Otto-
man vingt-cinq chevaliers et vingt-cinq des princi-
paui habitans de Rhodes; que des vaisseaux seraient
fournis aux membres de TOrdre pour sortir de Tile
dans un d£lai de douze jours ; que le culte et les eglises
des Grecs et des Latins seraient respectes. Une des
conditions principales du traits, r£clam£e express&-
ment du Sultan par les d£put£s bourgeois, fut que l'ar-
m£e se retirerait a la distance d un mille de Rhodes.
Mais le cinqui&ne jour apr£s la signature du traits \
les janissaires, cette milice aussi redoutable qu'indis-
ciplin£e, ne purent se contenir; sous pr&exte de vi-
siter quinze mille des leurs qui vensuent d'arriver des
fronti&res de Perse sous la conduite de Ferhad-Pa-
scha, ils s'approch^rent de la ville sans autres armes
que des b&tons, forc^rent la porte Cosquinienne, pil-
l&rent les maisons des principaux habitans et com-
mirent toute sorte d'exc&. Leur fureur se d^chaina
surtout contre 1 ^glise de Saint- Jean : ils r&cl&rent les
peintures a fresque representant les saints, briserent
les statues, ouvrirent les tombeaux des grands-maitres,
» Bourbon dit expressement que ce fut le cinquieme jour apres la signa-
ture du traite, c'est-a-dire le a5 decembre, jour de l'occupation de Rhodes
par les Turcs.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 5g
renvers&rent les autels, tratnirent leg crucifix dans la
boue, et mirent aii pillage leg ornemens sacr& '. Du
haot du clocher de l'^glise de Saint- Jean, on appela les
croyans k la prtere ; la musique turque r&onna sur les
cr&ieaux de la tour de Saint-Nicolas ; c'est ainsi que
les mouezzins et les tambours ottomans annonc&rent
au monde chr&ien la conqu&e de Rhodes V Geux
qui voulurent roister a ces desordres expir&rent sous
leb&fton, ou furent forces de se charger de leur avoir
comme des b&es de somme, et de le transporter au
camp. La prise de Rhodes eut lieu dans la matinfe du
jour de Noel , au moment m£me ou le pape Adrien
c£16brait le service divin dans l'£gtise de Saint-Pierre ;
pendant l'ofiice, une pierre se d&achant de la cornkhe
vint tomber k ses pieds, circonstance qui fut regards
comme le presage de la chute du premier boulevard de
la chr&ient£ 3 . Ainsi les principaux articles de la capi-
tulation avaient && violes presque aussitdt que sign£s;
toutefois on ne sait s'il faut en accuser le Sultan , les
vizirs, ou seulement l'indiscipline des janissaires *.
Quelques jours aprte la ratification du traits , Ah-
med-Pascha 6tait venu sur la br£che du bastion d'Es-
pagne pour faire plusieurs communications k Villiers
de llle -A dam, et lui exprimer le d&ir qu'avait le Sul-
tan de le voir. Le grand-mattre, malgr6 sa repugnance
pour cette entrevue, se rendit, dans la matinee du 7 safer
> Footanus et Bourbon. — » DjeUlzade, f. 71.
3 Spandugino, f. g4.
4 « Si ce fut par son commandement ou des baschas, je n'en sais rieo, »
dit Bourbon.
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4o < HISTOIKE
(26 decembre 1522), au camp ottoman, accompagn£
settlement de quelques chevaliers. Comme c'&ait un
jour de diwan, il resta long-temps devant la tente de
son vainqiieur, expos£ k la neige et k la pluie, en atten-
dant le moment d'&re introduit. Les vizirs et Ferhad-
Pascha avaient &6 admis a la c£r&nonie du baise-
main, dans laquelle ce dernier pr^senta au Sultan de
riches pr£sens consistant en vases , assiettes et coupes
d'argent '. Enfin le grand-maitre , apr£s avoir &&
rev&u dun kaftan d'honneur, fut conduit en pre-
sence de Souleiman. Ces deux princes qui etaient
arrives ensemble au pouvoir deux ans auparavant et
qui se trouvaient maintenant face a face dans des po-
sitions si di verses, gardfrent long-temps un profond
silence et s'examin&rent r&iproquement. Enfin le Sul-
tan, prenant la parole, s'efforga de consoler le grand-
maitre de sa d&aite en lui repr&entant que c'ftait le
sort des princes de perdre des villes et des royaumes,
et lui renouvela l'assurance d'une libre retraite \ En
cela Souleiman fit preuve d'id&s 61ev6es et g6n£-
reuses; mais le jour suivant, il d£mentit cette noble
conduite. Ayant d£couvert le fils du malheureux prince
Djem, qui esperait pouvoir passer en Europe avec les
chevaliers k la faveur d'un d£guisement, il le fit ex6-
cuter avec son fils et envoya sa femme et ses autres en-
fans k Constantinople 3 . Ainsi le plus grand des princes
i Djelalzade 1 , f. 71. Journal de Souleiman.
• Fontanus et Bourbon.
3 Fontanus. Journal de Souleiman. Spandugino, f. 96, et les historieos
ottomans
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DE I/EMPIRE OTTOMAN. 41
ottomans lui-m&ne paya son tribut de sang aux usages
de cette politique tyrannique qui ordonnpit au sou-
yerain le meurtre de ses parens. Deux jours apr&s cet
acte de froide cruaut£, Souleiman etant all6 voir le
bastion d'Espagne et la tour de Saint-Nicolas, voulut
visiter egalement Rhodes et le palais du grand-maltre
avant de retourner k son camp. Accompagn6 seule-
ment d'Ahmed-Pascha et d'un jeune esclave , il se
rendit au r&ectoire des chevaliers et demanda VUlicrs
de File-Adam. Ahmed-Pascha faisant fonction d'inter-
prete et traduisant les paroles du Sultan en grec, assura
de nouveau au grand- maitre que la capitulation se-
rait de tous points strictement ex£cut£e, et lui oflKt un
terme plus long pour l'&vacuation de Rhodes (89 d6-
cembre — 1 safer). Le grand-mattre remerciale Sultan
et se borna k lui demander de rester fid&le aux clauses
du traits \ Les deux jours suivans, mille hommes,
dont cinq cents janissaires, furent mis en garnison k
Rhodes, le bagage de Fempereur fut transport^ k Mar-
maris, et l'amiral de la flotte alia prendre possession
des autres villes de Tile. Le 1 CT Janvier 1 593 (1 3 safer
929), le grand-maitre, avant de s'&oigner, vint baiser
la main du Sultan, et lui offrit quatre vases d'or.
«Ce n'est pas sans en 6tre pein£ moi-m6me, dit Sou-
leiman k son favori Ibrahim, que je force ce chr&ien k
abandonner dans sa vieillesse sa maison et ses biehs a . »
> Bourbon. Fontanus foit tenir de nouveau aux deux princes de longs
discours, el va jnsqu'a dire que le Sultan, par respect poor le grand-maltre,
ne lui parla qu'en portant la main a son tnrban comme pour le salucr.
% Journal de Souleiman.
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4a HISTOIRE
Vers minuit du m6me jour, Villiers de Hie- Adam
appamlla avec les siens pour 1'Europe. Le vendredi
suivant , Souleiman , apr£s avoir assist^ k la pri&re
publique dans l'£glise de Saint- Jean, s'embarqua sur
la galtee du capitaine Kara-Mahmoud, mort au stege
de Piscopia; arrive a Marmaris, il transmit l'ordre
aux sandjakbegs de Mentesch6, de Karasi, d'Aidm et
de Saroukhan, et k son grand-£cuyer Iskenderbeg de
veiller k la reconstruction immediate des fortifica-
tions de Rhodes \ Lui-m^me, pendant le suSge, avah
commence k Mtir sur l'emplacement de la vieille
ville, appel£ par les chevaliers Phileremus et par les
Turcs Sunbouhi (riche en hyacinthes), un edifice a ,
dont il reste encore quelques mines au milieu d'un
site romantique 3 . La chute de Rhodes entraina celle
de huit iles sous sa d£pendance, savoir : Leros (Jleros),
Kos 4 , Kalymna (Ghelmez), Nisyros (Indjirli), Telos
(Illegi) , Chalce (Khalki) , Limonia et Sym£ (Soum-
beki) 5 . Les femmes grecques de Sym6 qui, par leur
habilet£ a plonger, avaient rendu de grands services
a Souleiman pendant le stege, obtinrent de lui le pri-
« Giovio. — « Journal de Souleiman.
3 Ad montem Phileremum super cujus verticem iyrannus Sacetto Divi-
parts virginis in balneal tedemque arcanarum Ubidinum et monstruosi con-
cubitus mutato, arcem erexit. Fontanus, edition de Bale de Chalcondyle,
p. 468.
4 La sommation de Souleiman se trouve dans le t. XXXIV de Marini
Sanuto: Leuera del Sign. Turcho a quelli di Lango i5a3, dans laqnelle le
Sultan jure, par les cent vingt-quatre mille prophetes el les quatre livres
saints ,de respecter la liberte des habitans.
5 Fontanus, p. 48 1. Djelalzade, f. 71.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 43
vitege de porter un turban d'&olfe blanche '. Le fort
Petreon , b&ti par le chevalier allemand Schlegelhold
sur les ruines de l'ancienne Halicarnasse, regut gar*
nison ottomane et compl&a ainsi le nombre de dix
des concpi&es de Souleiman. Le siege de Rhodes fait
£pocpie dans l'histoire des guerres modernes, non seu~
lenient par le courage hfroique de Villiers de me*
Adam et de ses chevaliers, mais encore par l'usage des
bombes que les Turcs employ 6rent pour la premiere
fois, et par linvention des contremines et tambours
due a Martinengo a .
Un mois apr& son depart de Rhodes, Souleiman
rentra triomphalement k Constantinople 3 ; mais la joie
qu'il avait ressentie en apprenant k Rhodes la nais-
sance de son fils Mohammed, ne tarda pas k &re trou-
ble par la perte dun autre fils, le prince Abdoullah.
Souleiman avait envoys de Rhodes des lettres de vie*
toire k tous les juges de 1' empire, au khan de Crim^e
et au scherif de la Mecque. De toutes les puissances
chretiennes k qui la conqu&e de Rhodes fut signiftee
officiellement , Venise fut la seule qui r^pondit aux
communications de la chancellerie turque par des pro-
testations d'amitie 4 . Les brillans suceds de Souleiman
firent rompre aux schahs de Perse et de Schirwan le
i Turner's Travels, t.IIl. — * Fontanus, p. 40 1. Bourbon.
J Journal de Souleiman. La flotte passa par Kbios pour se rendre a
Constantinople. Spandugino, p. 97.
4 Journal de Souleiman , 3o septembre. On y trouve la lettre du Sultan
au juge de Brousa, f. 67, sous le no 21 ; celle au khan des Tatares, f. 64,
sous le no 20. La lettre au doge de Venise est citee dans Marini Sanuto.
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44 HISTOIKE
silence peu bienveillant qu'ils avaient garde jusque-lk :
ils s'empress&rent de lui envoyer, avec leurs tardives
felicitations sur la mort de son pire et son av£nement
au tr6ne , leurs complimens plus opportuns au sujet
de la prise de Rhodes '. L'ambassadeur persan , ar-
rive sur la rive asiatique du Bosphore avec une suite
de cinq cents cavaliers, regut ordre de n'entrer h
Constantinople qu'accompagne de vingt personnes,
parce qu'il n'&ait pas convenable que l'ambassadeur
d'une puissance &rang6re se pr£sent&t avec une escorte
aussi nombreuse \ A la m6me epoque se trouvait k
Constantinople l'ambassadeur russe JeanMorosof , que
le tzar Vassili avait charg£ de conclure une alliance
avec la Porte ; mais les negotiations de Morosof furent
sans succ£s 3 .
Au mois de juin 1523, le grand- vizir Piri-Pascha,
sur les calomnies d'Ahmed-Pascha qui aspirait a sa
dignity, fut depose et admis & la retraite avec la pen-
sion recemment fix6ek deux cent mille aspres 4 . Sou-
* Journal de Souleiman. Lettre du schah de Perse, f. 71, noaa; et
reponse du Sultan, no a3; lettre du schah de Sebirwan, f. 73, no a4; et
repouse, f. 75, no a5.
« Ferdi, f. 8a. Un Orator del Sophi, quel vene con 5oo cavalli, i quali
furono mandati intrio e venne solum ente con ao cavalU. (Relatione di Zen
dt quondam Piero Oratore veneto a dk 6 dec, i5a3.) Marini Sanuto,
t. XXXV.
3 Karamsin, Histoire de Russie , VII, p. U3. Marini Sanuto , I. c.
Le rapport deja cite de Tainbassadenr vemtien parle de cette ambassade
russe en meme temps que de celle du schah de Perse. Un oratore di Rossiye.
L'ambassadeur venitien dit du caraclere de Souleiman : Non & Sodomita
come li allri Signori Turchi, e ama la giustizia.
4 Djelalaade s'exprime tres-librement sur les calomnies et les intrigues
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DE L'EMPIRE OTTOMAN- 45
leiman remplaga Piri par son favori Ibrahim [xxra},
chef des pages et premier fauconnier, qui d6s lors cu-
mula avec le grand- vizirat les fractions de beglerbeg
de Roumilie (1 3 scMban 929 — 27 juin 1 523). Fils
d'un matelot de Parga, et habile violon dte sa jeu-
nesse, Ibrahim avait 6x6 enlev6 par des corsaires tores
et vendu k une veuve habitant dans le voisinage de
Magn&ie. Cette femme s'appliquait k faire ressortir
les gr&ces naturelles et le talent du jeune esclave par
une riche toilette et par une Education soignee. Sou-
leiman n'&ant encore qu'h&itier pr&omptif du trdne,
avait rencontr6, dans une de ses excursions, Ibrahim
jouant du violon. 11 fut tenement s&luit par le jeu et
r esprit du jeune esclave , qu'il en fit d£s lors son
compagnon inseparable , et le nomma , en montant
sur le trine, chef des pages et des fauconniers *. I/in-
fluence toujours croissante d'Ibrahim ne put bien
t6t plus 6tre contrebalanc£e par les vieux services de
Piri , qui eut le malheur d'avancer encore sa dis-
grace en bl&mant Tentreprisc contre Rhodes; e'est a
d'Ahraed-Pascha, f. 77. Almosino, qui roerite peu de foi dans son recit des
premiers eveuemens du regne de Souleuuan, raconte, p. 104-114, que
Piri , qu'il appelle Piali , avait sauve le prince Souleiman d'une roort cer-
taine, en le preservant d'un vetemeut empoisonne' que lui destinait Selira ;
mais il est impossible de ne pas reconnaitre l'absurdite de ce conte, lorsqu'on
reflechit qu'Ibrahim, au lieu d'&tre dans le serai de Constantinople, comme
le pretend Almosino, se troutait a Magnesie aupres de Souleiman.
> Sagundjno, p. 100, dit qu'il etait ne a Parga. Piero Zen, larabas*
sadeur venitien, entoya au senat de Venise un rapport detaille sur la nais-
sance, 1'education et Ventree d'Ibrahim dans le sera'i; ii est dat^ du 6 de-
cembre i5a3. Marini Sanuto, t. XXXV.
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46 HISTOIKE
cette disapprobation interapestive que le grand- vizir
arait dA de n'6tre pas charge du commandement en
chef de l'exp&fition. Le caract&re violent et ambitieux
d'Ahmed-Pascha ne lui permettait pas de supporter
la pr#Srence t£moign£e par Soulei'man k Ibrahim;
il avait regard^ le grand- vizirat comme lui revenant
de droit, k lui second vizir, dans le cas de la deposi-
tion de Piri-Pascha. Pour n'&re pas t£moin & chaque
instant du triomphe du favori de Souleimap, il solli-
cita le gouvernement d'l^gypte; le Sultan souscrivit
d'autatit plus volontiers k cette demande, qu'ii termina
par Miles seines focheuses z qu'amenait dans le diwan
la rivaKte d'Ahmed et d'Ibrahim a .
Mohammed-Ghirai, khan de Crim£e, venait de mou-
rir dans la huiti&ne ann£e de son r6gne et la cinquante-
huiti&ne de son ≥ il avait succombe. ainsi que son
fr&re le kalgha, au milieu d'une r&volte nocturne sus-
cit£e par ses deux fils, Ghazi-Ghirai et Baba-Ghirai
(929 — 1522). Aprfes ce double meurtre, leg deux
princes separtagferent le gouvernement et les d^pouilles
de leurs victimes ; Ghazi recueillit le titre de son p&re
et Baba celui de son oncle. Memisch, qui en sa qua-
lit £ de schirinbeg ou de premier des sandjakhegs &ait
apr£s le kalgha le plus haut dignitaire du royaume,
s'empressa d'adresser k la Porte un rapport sur ces
^venemens, en priant le Sultan de remplacer l'usur-
pateur par Seadet-Ghirai, que son frfere Mohammed-
Ghirai avait prec^demment envoy6 en 6tage k Con-
stantinople. Seadet-Ghirai, appuy£ par les janissaires
i Ferdi, f. 8o. — * Solakzadl, f. ioa. Djelalzadl, f. 78.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 4 7
de Souleiman , vint prendre possession du tr6ne de
Crimee, et, k Instigation de Memischbeg, £leva son
neveu Ghazi-Gffirai k la dignity de kalgha. Cette no-
mination qui &ait contraire a la constitution des Ta-
tar es, d'apr&s laquelle la dignite de kalgha devait
toujours revenir au membre le plus ancien de la fa-
mille r£gnante, c'est-k-dire k un oncle ou k un fr&re
du khan, excita de nouveaux troubles. Six mois apr&s,
Ghazi , 4g6 de vingt-un ans , fut assassin^ avec son
fr&re Baba au moment ou il venait presenter ses feli-
citations au khan k l'occasion de la ftte du Beiram.
Seadet-Ghirai choisit pour kalgha son neveu Dewlet-
Ghirai. Mais le pouvoir ne tarda pas k tomber entre
les mains d'lslam-Ghirai, qui souleva la nation pour
venger la mort de son fr&re Ghazi (938 — 1530).
Seadet-Ghirai v&ut encore sept ans k Constantinople
dune pension de Souleiman , et fut enterr£ dans la
mosqu£e d'Eyoub (944 — 1 537) x . Islam-Ghiral con-
tra la dignity de kalgha k son fr&re Ouzbeg-Ghirai,
qui, un an plus tard, fut remplac£ par Sahib-Gtrirai,
fils deMengli-Ghirai, pou* avoir encouru la disgrace
de Souleiman. Lorsque Mohammed-Ghirai , en pre-
nant en mains le pouvoir, avait voulu assurer la tran-
quillity de sa domination par le massacre de tous ses
frdres , Sahib encore enfant avait £chapp£ k la mort
en se refugiant k Kazan; depuis, les NoghaTs [xxiv]
l'avaient choisi pour leur khan. Nous parlerons plus
bas de* circonstances qui amen&ent son av&nement
au tr6ne de Crimee.
t Les sept Etoiles errantes, manuscrit d'ltalinsky, f. 61-64.
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48 HISTOIRE
Khairbeg &ait rest£ fiddle au Sultan lore de la re-
voke de Ghazali, et avail, comme nous l'avons vu,
envoys k Tarm^e ottomane dans l'!l6 de Rhodes un
corps auxiliaire de trois mille hommes, sous le com-
mandement de sept scheikhs arabes [xxv]; mais en
apprenant la triste fin de celui dont il avait refuse
la complicity , il tomba dans une melancolie pro-
fonde. Sentant approcher sa mort, il donna la liberty
k tous ses esclaves, cr£a et dota plusieurs fondations
pieuses, et assura l'usufruit de son immense fortune
comme wakf k ses enfans et a sa femme, qui, veuve
du sultan des Mamlouks Nassir Mohammed Ben Kou-
laoun , avait refus£ la main du sultan Ghawri. Le
dernier acte gouvernemental de Khairbeg fut Tarme-
ment d'une flotte de vingt voiles , qui , sous le com-
mandement de son gendre Kaitbal, amena au Sultan
alors a Rhodes des troupes fraiches et 1 etendard akab
(l'aigle) du Proph&e, ce gage sacr6 de la victoire
pour les Musulmans l . Ainsi que nous l'avons dit
plus haut, Souleiman apprit sous les murs de Rhodes
la mort de Khairbeg dix semaines apr& son debar-
quement dans l'tte, et nomma son beau-fr£re Mous-
tafa-Pascha au gouvernement d'lilgypte [xxvi]. Mous-
tafa eut a lutter contre la r^volte de deux kaschiz£s,
du nom de Djanim et d'Inal, qui, entre autres actes
de violence, avaient tu6 deux scheikhs arabes, Hasan
Meri et son oncle. II marcha contre les rebelles k la
t6te de ses janissaires et d'un corps d'arquebusiers ,
i Souheili, f. 5 1. Schoukri, f. io5. Akab ou l'aigle, tel 6tait le uom de
cet etendard du Piophete, appele aujourd'hui sandjak-scherif.
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DE L'EMPIKE OTTOMAN. 4 9
les battit, et fit planter les t£tes des deux chefe sur les
cr£neanx de la porte SouweOa, au Gaire x , Peu de
temps apr&s, Moustafa- Pascha.fut rapped ii Constan-
tinople sur les prices de sa femme. Elle repr&enta
au Sultan son frere la fatalite qui la pourstrivait :
marine d'abord par S^Um au bostandjibaschi. elle avait
eu bientdt a regretter la perte de son mari execute
par les ordres de son pere; et maintenant Souleiman
l'avait a peine unie k Moustafa, qu'il l'avait en quelque
sorte condamn6e k un nouveau veuvage en envoyant
son 6poux loin d'elle a . Moustafa fut remplace (9 sche-
wal 929 —20 aoAt i 523) par Guzeldj** Kasim (le beau
Kasim) 3 , un des seigneurs de letrier imperial, et plus
tard fondateur du faubourg de Constantinople, qui
porte encore son nom. Mais k peine quelques mois
s'£taient ecoul^s depuis son installation , que Kasim
dut c&ier le gouvernement d'Egypt^ au vizir Ahmed-
Pascha, qui merita bientdt le nom de traitre , sous
lequel il est design^ dans Thistoire ottomane. Ahmed
voulut se dedommager de la perte du grand- vizirftt
par 1'usurpation de la souveramet£ d'Egypte. II sut
gagner a sa cause les Mamlouks, mais il £ehoua contre
la fidelite des janissaires. II donna les grands fiefs du
royaume aux miserables instrumens de ses projets, et
> Solakzade, f. u>a. JFerdi, f. 77. Souheili, f. 5ft. Schoukri, I 106.
* Spanduguto , f. 99.
3 Mu Ferdi* Souheili, f. 53; dans le Nouihetovn-Naiirin. et autres his-
toires d'Egypte , Kasim-Pascha manque dans la Liste des gowenuursj il
est par ordre de date entre Bf *ustafa*Paseha et Abmed-Pafcha ; son nom
se trouve dans les Tables chronologiquet d'HadjUKJialfe, p. ft 18.
T. V. 4
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5o H1ST01KE
tenta par toutes sortes de moyens ouverts ou d&our-
n£s, de se d6barrasser des janissaires , qui etaient les
maitres du chateau du Caire; mais ses manoeuvres
n'eurent aucun r£sultat. Trompe dans son attente , il
jeta le masque sous lequel il avait pendant six mois
cache sa trahison. &ablit son camp a Imbaba, et mit
le siege devant la citadelle de la capitale. Les janis-
saires firent une sortie . et . dans un combat memo-
rable par le courage qu'ils d^ployerent, tu&rent quatre
mille hommes aux rebelles. Ahmed -Pascha fut in-
forme par Djemaleddin, un des 6mirs mamlouks, de
l'existence d'un ancien aqueduc souterrain qui con-
duisait dans l'int£rieur du chateau, et dont le souvenir
s'&ait perdu depois plus de deux stecles; il profita
de ce moyen inesp£r6 de victoire, et introduisit ainsi
dans la place ses mamlouks qui firent un massacre
g£n£ral des janissaires ' . Mattre de l'Egypte, Ahmed
prit le titre de Sultan, et s'arrogea les deux droits r£-
galiens de l'islamisme a (Janvier 1524). Alexandrie
et toute la cdte etant en son pouvoir, il lui fut aise
d'intercepter les communications entre l'Egypte et la
m&ropole; aussi s'empara-t-il du vaisseau apportant
l'ordre par lequel le Sultan lui retirait son gouver-
i Solaksade, f. 10a. Ahmed-Pascha partit, le ao ramazan, de Constan-
tinople, etarriva, le 8 schewal, au Caire. Ferdi, f. 84. Souheili, f. 53.
Schoukri, f. 106. All, f. aa5. Le Rapport de. Vambassadeur veniuen d<:
Candle, dans Marini Sanuto, t. XXXV : tutti da Turchia sono sta tagliaii
a pet si.
•-» Fcrdi, f. 85. Djelalzade, f. 74. Solakzade, i. 10a. Souheili, f. 53.
Schoukri, i 107. Abduulaziz, f. 58.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 5t
nement, et nommait a sa place le brave Kara Mousa,
qui, sous le gouvemement deMoustafa-Pascha, avait
si heureusement etouffg la revoke des Arabes ; il fit
mettre a mort le nouveau gouverneur et le tschaousch
porteur du ferjnan. Ahmed, voulant avoir trois vizirs,
a l'exemple du sultan ottoman, donna ce titre a trois
de ses confidens, entre lesquels il partagea l'admi-
nistration de l'Egypte. Mais dans ce nombre se trou-
vait Mohammedbeg qui trahit Ahmed pour Souleiman.
Apres avoir tout prepare pour Tenlivement d* Ahmed,
et avoir embusque quelques centaines de soldats dans
les maisons du Caire , il attendit l'heure a laquelle
l'usurpateur descendait de la citadelle pour venir pren-
dre des bains dans la ville. La maison dans laquelle
il entra fut envahie aux cris de : « Dieu donne la vic-
toire au sultan Souleiman! » Ahmed, a moiti£ rase,
se sauva sur le toit , en descendit sans 6tre apergu ,
monta a cheval et se refugia dans la citadelle; la troupe
de Mohammedbeg, compos^e seulement de quelques
soldats rassepibles h la hate, y penetra avec lui. Mais
il etait k craindre que le traitre ne trouv&t dans son
chateau situe dans Tenceinte du fort, un nouvel asile
et le temps de faire un appel ,aux Mamlouks ; chaque
minute pouvant 6tre decisive, Mohammedbeg fit pro-
clamer que les tr6sors deposes dans le palais seraient
le partage des vainqueurs. II n'en fallut pas davantage
pour faire accourir un grand nombre d'Arabes avides
de butin, qui escalad&rent les murs et enfoncerent les
portes. A la faveur du desordre et du pillage, Ahmed
put parvenir a s'echapper avec plus de vingt des siens
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5u HISTOIKE
sans &re reconnu , et il s'enfuit chez les Arabes de
la tribu Beni Bakar, dans le district de Scherkiy6 '.
Mohammedbeg envoya a sa poursuite trois mille ca-
valiers commandos par le Tscherkesse Djanim-Ham-
rawi; celui-ci &ant rentr6 sans avoir pu rejoindre
les fuyards, Mohammedbeg se mit lui-meme en mar-
che avec trois mille hommes bien arm6s, en se diri-
geant vers Mahallet . ou le scheikh arabe Kharisch
vint lni livrer Ahmed charg£ de chaines *. La t£te du
traitre fut expediee a Constantinople. Le troisi6me
vizir, Ayaz-Pascha, que Souleiman avait envoy £ par
terre avec trois mille janissaires pour comprimer la
r^volte, regut ordre de retrograder; Kasim-Pascha
fut de nouveau investi du gouvernement de la pro-
vince. La fid£lit6 de Mohammedbeg au Sultan, ou sa
trahison envers un traitre , fut r£compens£e par de
nouveaux fiefs ajout6s k ceux qu'il poss6dait d£ja, et
par la place d'intendant-gen£ral de 1'Egypte.
Vers cette mdrae £poque, Souleiman c£l£bra h Con-
stantinople , avec une pompe jusqu'alors inaccoutu-
m£e, le manage de sa soeur avec le grand-vizir Ibra-
him-Pascha (18 redjeb 930 — 22 mai 1524). Des
i Akmed s'etait repdu maHre du Cairo avec le seeours de latribn Bakar
et des Mamlouk*. Le Rapport de Vamhessadeur venitien de Camdie dit :
Ebno Omar S ignore del Saito ( la Haute-£gypte) atabo con 80 mUle per-
soncy che ha atmto di Ebn Bacar similiter Arabo, con circa died mille
Mamluchi, e 6000 Schopetari negri, e. intrato nei Cairo senta aver J otto
alcun effusion di eangue , son*- etm bemignamente aeceptau dai popolo.
Marini Sanuto, t. XXXV.
» Ferdi, f. 88. Solakzade, f. 102. AH, vn e recit. Le M-manah er-
rahmaniyct, par Ebou Sourour. Pelschewi, f. 3o.
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Gdogle
DE L'EMPIRE OTTOMAN. 53
tentes magnifiques et un trdne pour le Sultan furent
dresses sur l'Hippodrome. Le second vizir, Ayaz-
Pascha ' , charg6 de remplir les fonctions de para-
nymphe , et l'aga des janissaires , altereat au serai
inviter le Sultan k honorer les fetes de sa presence.
Souleiman les regut gracieusement, fit en termes pom-
peux F&oge d'Ibrahim , et les renvoya combos de
pr&ens. Pendant sept jours consecutifs, les silihdars,
les sipahis, les ouloufedjis, les ghourebas, les djebedjis
et les topdjis, furent traites de la manure la plus somp-
tueuse; le huiti&me jour une f^te brillante fut donn£e
aux janissaires. aux vizirs, aux beglerbegs et aux san-
djakbegs ; le tieuvi&ne, veille de celui ou Ton devait
aller chercher la fiancee au serai , le Sultan se rendit
au palais d' Ibrahim, pour ainsi dire entre deux murs
d'or et de soie, toutes les maisons etant tapiss£es des
plus riches &dfffes. Ayant fait asseoir k sa droite le
v£n£rable moufti Ali Djemali et a sa gauche le pre-
cepteur des jeunes princes Schems Efendi , destitu£
plus tard pour son ignorance a , il presida aux confe-
rences des professeurs des diverses academies , qui
agit6rent devant lui des questions de controverse 3 .
Ces discussions savantes termin^es , le grand £cuyer
tranchant servit la table, d'abord pour le grand-vizir
seul, ensuite pour les oullmas ; le defterdar Moustafa
» C'est I'ancten beglerbeg de Roumilie qui, au siege de Rhodes, diri-
geait les attaques contre le boulevard de la langue allemande.
* Tables chronologiques d'Hadji-Khalfa, p. ao4.
3 Petscbewi, f. 3i. Ali, f. a 26, ix« reek du regiie de Souleiman.
Solakzade, f. 10 3.
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54 IIJSTOIRE
Tschelebi remplit l'office d'£chanson, et pr£senta an
Sultan des sorbets dans une pr^cieuse coupe faite d'une
seule turquoise ; cette coupe jivait &6 conserve dans
le tr&or imperial, et on faisait remonter son ancien-
net6 jusqu'& Nouschirwan son premier possesseur.
Les oul&nas furent renvois chez eux charges de su-
creries et de confitures. A son retour au serai, Sou-
leiman reyut Theureuse nouvelle de la naissance d'un
fils auquel on donna le nom de S£lim (24 redjeb —
28 mai) f . Deux jours aprfes, le paranymphe se rendit
du serai au palais d Ibrahim, k la tete d'un nombreux
cortege portant les pabnes des noces a . Une de ces
palmes &ait faite de soixante mille petits morceaux ,
une autre de quarante-six mille, et elles etaient sculp-
tees en mille formes d'arbres, de fleurs et d'animaux
neur des nouveaux 6poux; celle de Khiali (leriche
> Abdoulaziz-Efendi, f. 63. Djelalzade, f. 9a. Solakzade, f. io3.
Almosino, auteur digne de foi quand it parle, comme temoin oculaire, des
evenemens de son 6poque sons Selim II, confond cependant tous les evene-
roens du regne de Souleiman I er . Ainsi il fait de la fete des noces d'lbrahin*
la fele de la oirconcision de son fils : Ibrahim n'avait pas de fils.
* Symbole de la force de I'homme.
3 Triple vautour du Zendavesta.
4 Ce paiais est aiijourd'hui celui des finances..
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DE L'EMPIHE OTTOxMAN. 55
en imagination) eut les honnears de la journee \
Ibrahim pouvait 6tre consid6r6 comme partageant
avec le Sultan le pouvoir absolu. Quatre mois apris
son mariage , il regut une nouvelle preuve de la con-
fiance de Souleiman : il fut envoys en Egypte avec
une escadre, cinq cents janissaires. et quelques milliers
d© soldats , pour arranger les diffgrends 61ev6s entre
le gouverneur Kasim-Pascha et l'ihtendant Moham-
medbeg , et pour r&ablir en m6me temps 1'ancienne
legislation du pays (1 e * silhidj£ 930 — 30 septembre
1524). Ibrahim avait k sa suite le g£n£ral des oulou-
fedjis , Khaireddin , le tshaouschbaschi ( marechal de
la cour), Mohammed Ben Sofi, le defterdar Iskender
Tschelebi , le teskeredji (maitre des requites) Mous-
tafa , et l'historien Djelalzad6 \ Ce dernier, qui fut
6\e\i plus tard a la dignite de reis-efendi et k celle de
nischandji, ecrivit l'histoire du r6gne de Souleiman;
son rang dans la hierarchie administrative de l'empire
et sa qualite de temoin oculaire rendent son ouvrage
un des plus pr^cieux k consulter et des plus dignes
de foi. Au depart de K escadre, le Sultan accompagna
Ibrahim jusqu'aux iles des Princes , ou il lui fit les
adieux les phis affectueux ; distinction inouie chez les
peuples d'Orient, et dont on ne connait pas d autre
» Ali. Petschewi. Djelalzade, 1. c. Yoyez pour la description del ail lee de
ces ffcles, dans Marini Sanuto, t. XXXV, une lettre du baile de Constan-
tinople a son fils: // Signor dono 3o gordine d'aspri di 100 1'ttna a U Gani-
leri die andwano 8000 alle nozze in or dine del Signor, et acceub tinvitp
con usmrli parole in gran Imude d' Ibrahim, trai pavioni (te/ites) del Sr. era,
I'uno di Vsun Hassan I'altro del Guri.
* Djelalzade, f. 81. Ali, f. 227. Ferdi, f. 91. Solakzade, f. i«3.
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56 HISTOIRE
example dans l'histoire des sowverans ottomans '. Au
passage de la flotte sous les mors de GallipoM, quel-
ques prisonniers persons furent ex£cut£s * par ordre
du Sultan, conform&nent an fetwa rendu sous ler&-
gne de S61imI M , par lequel cette nation itait declare
ennemie de la few et de l'empire ; e'est ainsi que les
sentimens Aleves montres par Souleiman au commen-
cement de son r£gne subissaient d6j& I'mfluence du
fanatisme et d'une cruelle politique. Ibrahim , aprfe
avoir touche k Tile de Khios/oti les admitnstrateurs
genois vinreut le complimenter et lui offrir des pre-
sents, aborda a Rhodes (1 moharrem — 7 novemhre).
La flotte ottomane ayant appareitte pour Alexandrie,
fut rget^e par les vents d'automne sur les c6tes de
rAsie-Mineure, et dut rentrer dans ia baie de Marmaris
trois semaines apres son depart de Rhodes (1 CT safer —
28 novembre). L'incertkude de la navigation h cette
epoque de l'annee determina Ibrahim k continuer s^
route par terre. Mohammed Emin, l'intendant d'E-
gypte, etait sur le point de s'embarquer pour Constan-
tinople afin d'y rendre compte de sa gestion, lorsqu'il
apprit Tarriv^e du grand-vizir k Ladakia; renongant
a son premier projet, il s'etnpressa de faire voile pour
la Syrie et alia se presenter k Ibrahim, qui approuva
sa condpite et le renvoya au Caire. Le gouverneur
d'Egypte, Kasim-Pacha, vint par terre jusqu aDamas,
ou il trouva dans le grand -vizir un juge indulgent
pour les fautes que l'intendant reprochait k son admi-
• Djelalzade, f. 8r. Ali, f. 237. Ferdi, f. 91. Solakrad*, f. io3.
» Ferdi, f. 92.
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DE I/EMPIRE OTTOMAN. 57
lustration '. La presence d'lbrahim & Hftleb el k Da-
mas r^priraa la cupidity et la tyrannic des beglerbegs
de ces deux villes et lenr imprima une erainte salu-
take * ; l'impartialit£ avec laqoelle il rendit la justice
partout sur son passage lei vain* les benedictions des
populations.
L'entrfo du grand-vteir an Caire (24 mars 1595)
se fit avec une pompe devaiit laquelle p&Iirent tons les
souvenirs de la magnificence des sultans tscherkesses.
Gnq mille janissaires, sipahis et mamlouks richement
v&us formaient son cortege. Les harnats que le Sultan
lui avail prtt£s pour cette occasion avaient une valeur
de plus de cent cinquante mille ducats. Les &en-
dards de sa cavalerie 6taient hleus et blancs, contrai-
rement aux couleurs nationales des Turcs. Sea pages,
comme ceux du Sultan, portaient des bonnets et des
v£temens d'&offe$ dor ; il en &ait de m&ne des mam-
louks de sa suite [xxvii]. Chaque jour des trois mois
qu'Ibrahim passa au Caire fut marqu^ par un aete de
justice ou de bienfaisance ; jl s'becupa sans reftche k
donner de nouvelles lois ou k modifier les anciennes
suivant les besoins du pays, a sonder les pkies de
l'administration et a y porter remade. Les scheikhs
des puissantes tribus des Beni Hawaii et des Beni
Bakar, accuses de trahison, expi&rent leur crime par
b Ferdi, f. 95-96.
* Djelaliade. Solakzade. AIL Ferdi, 1. c. Dans no entretiea ehe par
Djelabad£, le grand-vizir reprocha a Hasina les presens qu'il avait reens da
beglerbeg Sinandjik, et qui, disait-il, ne pourraient le sauver, s'il se trouvait
un accusateur contre lui.
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58 HIST01HE
le supplioe de la potence. Les chefs des autres tribus
arabes dans la basse et dans la haute Egypte, jus-
qu'aux Oasis et k la Nubie, furent somm£s de se re-
connaitre vassaux du Sultan et de venir pr&er serment
de fid£lit£; des crienrs publics parcouraient la ville,
invitant ceux qui auraient k se plaindre des autorit^s
a venir exposer leurs griefs. Les pauvres emprisonn£s
pour dettes furent rendus k la liberty ■ ; des r^glemens
particuliers pourvurent k l^ducalion et a l'entretien
des orphelins \ Ibrahim ordonna d'£lever dans la ci-
tadelle, en face du palais du gouverneur, deux tours
destinies k la garde du tr£sor public ; il fit r&ablir k
ses propres frais la mosquee d'Omar, pris du Nilo-
metre, qui &ait a moitie ruin£e. Les registres des im-
p6ts furent remis sur le pied ou ils &aient sous les
sultans Kaitbai et Ghawri 3 . D'apr£s les calculs du
defterdar, Ibrahim fixa k quatre-vingt mille ducats *
le montant des sommes k percevoir par la Porte sur
le gouvernement d'Egypte, deduction faite des frais
administratifs. Pendant que le service public marchait
ainsi vers sa reorganisation, Schedjft Aga, g£n£ral des
ghourebas, arriva au Caire, porteur d'une lettre de
» Djelalzade, f/88. — * Ibid., f. 89.
3 Djelalzade. Solakzade, f. 104. Ali, f. a*:, XIII C recit du regne de
Souleiman. Ferdi. Voyea le Ka noun name d'Egypte, dans Digeon; Nou-
veaux Contes turcs et arabes, precedes d'un Abrege chronologique de la
Maison Ottoman?, et da gouvernement d'Egypte. Paris, 1781. Voyez atissi
les trois Mi moires de M. de Sacy sur la nature et les revolutions du droit
de propridtd territorials en Egypte, dans les MSmoires de I'lnstilut de France*
t. I et VII.
4 Selakzade\ Djelalzade. Ali , 1. c. Pelschewi et Loutfi.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 5 9
Souleiman, qui laissait a la nomination d'Ibrahim la
place de gouverneur d'Egypte, et l'invitait k revenir
a Constantinople le plus t6t possible '. Ibrahim, apr£s
avoir confi6 l'administration du pays k Souleiman-
Pascha, beglerbeg de Syrie, quitta le Caire le 22 sch&-
ban 931 (14 juin 1525). A son passage a Damas, il
confirma les privileges et franchises des V^nitiens ,
r&ablit pendant son s£jour k Kaissariy^ les begs tur-
comans de Soulkadr dans les fiefs qu'on leur avait
retires (7 septembre), et rentra a Constantinople, en
y d£ployant encore plus de luxe qu'au Caire a . Les
gardes-du-corps et les vizirs alterent k sa rencontre
jusqu'& quatre stations de la ville, et lui ofFrirent, de
la part du padischah, un cheval arabe, dont leshar-
nais , garnis de pierres pr^cieuses , &aient estimfe k
deux cent mille ducats. Ibrahim en retour fit don
au Sultan dun bonnet ayant une valeur egale. Sept
jours apr£s, la naissance d'un quatri&ne fils vint en-
core accrottre la joie que ressentait Souleiman de la
pacification de TEgypte et de I'arriv^e de son fevori 3
(14 septembre).
> Les meoies.
* Marini Sanuto, t. XL. Ay a s Bascia andava avanli poi Mustafa Bascia,
poi lui solo fra i Solachi — pre sen to al Sig. uno capo d'oro con gioje
comprata 200,000 eecchini — un diamante 'di 58 carati costa Son*. Z 2.
Uno di carati ai costa i&m. Z. 3. Uno di 11 carati costa 18 m. Z. Un
smcrraldo iSm. Z. — Comandamento dato da Ibrahim Bascia al Bailo di
Fenezia in Damasco. ( Rapport de V ambassadeur vdnitien. )
3 // 14 scttembre nascete al Sig. un jiol, si chc ha 4 mascoli, il prima
feta 8 anni. Marini Sanuto, 1. c.
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LIVRE XXVI.
Revolte des janissaires. — Bapports hostiles avec la Perse; relations d'amitid
avec la France et la Pologne. — £venemens militaires en Croatie. —
Invasion de la Hongrie. — Bataille de Mohacz , resnltats de cette ba-
taille. — Re" volte en Asie. — Conqu&e de ch&teaux-forts en Bosnia, en
Croatie et en Esclavonie. — Ambassades de Zapolya et de Ferdinand a
Souleiman. — Ibrahim-Pascha est nomme serasker de toutes les armees
ottoroants. — Prise d'Ofen, siege de Vienne. — Cause d« la retrake des
Ottomans.
Avant de parler des relations diplomatiques que
Souleiman eut k cette 6poque de son r&gne avec les
puissances &rang&res, jetons un regard en arriire sur
les 4v£nemens accomplis k Tinterieur entre le depart
du grand-vizir pour l'Egypte et son retour k Constan-
tinople, £v£nemens qui avaient motiv£ son rappel.
Ferhad-Pascha qui, lors de l'exp£dition de Rhodes,
avait cherch6 k assouvir, dans la principaut£ de Soul-
kadr, sa rapacity et son instinct sanguinaire par l'ex-
termination de la famille Schehzouwar, avait continue
& se montrer plutdt le bourreau que le gouverneur de
la province confine k ses'soins. Ses exactions et Tex6-
cution de plus de six cents personnes injustement rai-
ses k mort criaient vengeance * . Souleiman , sur les
i Alt, f. aag, xt« recit du regne de Souleiman. Ferdi, f. 74 et 99.
Solakzad6, f. 104. Djelalzade, 1. go. Petscbewi, f. 3i.
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HISTOIRE DE L' EMPIRE OTTOMAN. 61
plaintes multiplies qui lui arriv£rent d'Asie, rappela
Ferhad - Pascha ; mais vaincu par les instances de la
sultane-m&re (Walid^) et de sa soeur Spouse du cou-
pable , il lui assigna le gouvernement de Semendra
avec sept cent mille aspres de trakement, dans l'es-
poir sansrdcftite qu'un pareil revenu mettrait des bor-
nes a ses concussions, et que le voisinage du stege du
gouvernement lui imposerait une administration plus
Equitable. Mais rien ne pouvait corriger la nature
originellement mauvaise du Dalmate ; il opprima les
ressortissans de son nouveau gouvernement comme
ceux de l'ancien, et appela sur lui la colore du Sultan,
qui, dans cette circonstance , donna une nouvelle
preuve de ses sentimens d'inflexible justice, en le fai-
sant ex^cuter, bien qu'il fat son beau-fr&re (4 mo-
harrem 931 — 1 w novembre 1 524) *. Cet exemple de
severite et la destitution de Khourrem-Pascha, qui
fut remplac6 dans son gouvernement de Syrie par
Souleiman, kapitan de la flotte, exerc^rent une heu-
reuse influence sur les hauts fonctionnaires de Fem-
pire. Imm£diatement apr&s le depart de son grand-
vizir, le Sultan avait quitt£ sa capitale et &ait alle
passer pour la premiere fois Thiver k A&drinople. II
ne pr&idait le diwan que deux fois par semaine, et
donnait la plus grande partie de son temps k la chasse.
i Rapport, a la date de Tannee i5a6, de f amhassadeur veniden Piero
Bragadino, dans Marioi Sanuto, t. XLI : Ferhad bassa fit, cugnado del
Sgr. t mettiante la mote e la madre sostenuto y ha perso il Ghazdli, Alaeddule
(Schehzouwar) sua moglie soreUa del Signor helUssima donna vesttia di
negro.
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6i HISTOIKE
Comme la main du maitre ne pesait plus sur l'admi-
nistration , la marche des affaires ne tarda pas h sen
ressentir, surtout a Constantinople, ou les janissaires
commengaienta niurmurer de leur inaction et de celle
du Sultan. Ces sourds mecontentemens 6clat6rent en
une revoke ouverte , lorsque Souleiman & Son retour
d'Andrinople, au lieu de se rendre au serai, s'arr&a
au palais des eauoc douces l . Le 25 mars 1525, trois
jours apres Tarrivee du Sultan [i], les janissaires mi-
rent au pillage les maisons dlbrahim-Pascha, d'Ayaz-
Pascha, du defterdar, la douane et le quartier des
juifs. Souleiman vola au serai pour conjurer 1'orage
par sa presence. Plusieurs des meneurs de la sedition
ayant ose venir lui demander un present au nom des
troupes, il en tua trois de sa propre main; cependant
il dut se retirer et c6der aux menaces de leurs com-
pagnons qui avaient deja tendu leur arc contre lui.
Mille ducats distribu^s a propos apais£rent la revoke;
mais l'aga des janissaires, Moustafa, l'aga des sipahis,
et plusieurs officiers soupgonnes d'avoir excite ou
favorise les troubles , furent mis a mort ou destitues.
C est dans Tindiscipline des janissaires qu'il faut
chercher les motifs du rappel d'Ibrahim 2 , et de l'ex-
pedition par laquelle on chercha a occuper l'instinct
i Marini Sanuto, t. XXXVIII. Piero Bra gad i no, a la dale du a5 mai
1 5 25 : Aw is a come il Si: tomato delta caczia dove esscr siato con persone
5o mille.
a Ferdi, f. tor. Marini Sanuto. Piero Bragadiao, dans son Rappon du
a a mai : II Sgr. a scritto a Ibrahim Basso, ritomar del Cairo eke vengi per
terra.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 65
belliqueux et pillard de cette farouche milice. Depute
l'av&nement de Souleiman, il n'y avait pas eu de paix
sign£e avec les deux voisins les plus redoutables de
l'empire , les Persans hdrdtiques et les Hongrois infi-
cUles , et quoique la Porte ne ftit pas en guerre d£-
claree avec ces deux puissances , cependant les hostili-
tes n'avaient jamais entterement cesse. Le fondateur
de la dynastie des Saffis. Schah Ismail, 6tait mort de-
puis un an environ ; comme la nouvelle de cet impor-
tant ev&iement, qui fut regue a Constantinople peu
aprfes les noces du grand- vizir, n'£tait pas arriv^e par
voie d'ambassade, Souleiman se crut dispense des feli-
citations d usage envers le nouveau schah Tahmasb.
Bien plus, il lui fit £crire par son secretaire d'etat,
1'historienDjelalzade, une lettredont le toninjurieux
et menagant prouve que la barbarie du style diplo-
matique des Ottomans egalait la barbarie de leur poli-
tique a legard des h6r6tiques et des infid&les. Apr6s
avoir rappele au schah d^ Perse, dans les termes les
plus insultans. la defaite d Ismail par Selim. le Sultan
continue ainsi: « Si dans ta nature corrompue par l'h£-
resie . il y avait seulement un at6me d'honneur et de
z61e , tu aurais du perir depuis long-temps ; mais tu es
rest£ pour servir d'objet k notre clemence, et tu es des-
tine a vivre sous Teternelle menace de notre sabre.
Pourquoi n'as-tu pas envoys k notre cour, vers la-
quelle afflue le monde entier , et qui peut 6tre com-
paree au ciel, un de tes grands, pour venir se proster-
ner devant nous en signe de ta soumission, et nous faire
acte de vassalite ? Ton peu de raison et ton arroganle
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f>4 H1STOIRE
n£gtigence me d&erminent k me rendre, si Dieu \e
veut , dans les pays d'Orient. J'ai resolu de porter
mes armes k Tebriz et dang TAzerbeidjan, et de dres-
ser ma tente dans llran, le Touran, a Samarkand et
dans le Khorassan. Mes expeditions victorieuses contre
les infideles hongrois et francs , contre Belgrade et
Rhodes, les deux plus grandes forteresses de la terre
habitue , et qui sont chacune une merveille du monde ,
ont seules retard^ jusqu a ce jour Texecution de mon
projet. En vertu de la sentence : Nous fawns promts
une rictoire iclaiante l , et Dieu te garde ses secours *,
ces places sont tombees dans le cercle de nos con-
quotes, la maisondes faux dieux est devenue le temple
de l'islamisme, le siege des idoles a &£ change en
celui des croyans, rinfid&ite et l'h^resie ont 6t6 anean-
ties. Loud soit Dieu, qui nous a accords cette grdce 3 .
Maintenant fais attention que je dirige mes r6nes vic-
torieuses vers toi ; je te l'annonce parce que c'est l'u-
sage des h6ros de declarer la guerre d'avance k Ten-
nemi. Avant done que les masses de mon arm£e, hautes
comme des montagnes, viennent envahir ton pays,
avant qu'elles renversent ton empire et exterminent ta
famille , 6te la couronne de ta t6te , et reprends comme
teg anc&res l'habit de moine , accepte ton sort en der -
wisch et cache-toi dans la retraite de ton humiliation.
Si tu veux venir mendier k ma Porte un morceau de
i Enna felahna leke fefhen mouhmen,
a We yanssarek allahou nassren afizen.
3 El ham do u UUaJd ellezi hedana lihaza.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. (tf
pain au nom de Dieu l , je remplirai tes desirs , et tu ne
perdras que tes Etats ; si au contraire , imitant l'orgueil
de Pbaraon et la d&nence de Nemrod, tu continues a
marcher dans la voie de l'erreur, tu apprendras bien-
t6t par le cliquetis des armes et le bruit du canon que
tu es perdu. Lors m£me que tu te deroberais sous la
poussiere comme une four mi, ou que tu t'envolerais
dans les airs comme un oiseau, je ne t'en poursuivrais
pas moins, je te saisirais avec l'aide de Dieu , et je pur-
gerais le monde de ton ignominieuse presence. Tu r6-
pondras h mon ferman qui frappe comme la destin£e,
et tu prendras conseil des circonstances. Heiireux
celui qui suit la voie du salut 2 ! »
Souleiman 6crivit dans le m£me sens et le mdme
style au beglerbeg du Diarbekr et au schah du Ghilan 3 .
Tahmasp , au lieu de r£pondre a la Forte , envoya ,
comme autrefois Ismail , un ambassadeur au roi de
Hongrie et a l'empereur d'Allemagne Charles-Quint,
poxjLT contracter avec eux une alliance offensive et de-
fensive 4 . Le Sultan, qui alors etait occupy a appaiser les
troubles d'Egypte, confirma les dispositions hostiles
de sa lettre, par l'ordre donn6 k Ibrahim de mettre a
i Sch&oun Ullafi; c'est l'espression dont se servent ordioairement en
mendiant les derwischs et les santons: Souleiman la rappelle ici an schah
comme au descendant du scheikh Haider.
a Selam ala men ilebaa el-houda.
3 Dans le Journal de Souleiman se trouvent les lettres de Souleiman au
schah de Perse, au beglerbeg du Diarbekr et au scbah du Ghilan, sous Its
n os 27, f. 77; »8, f. 79, et 27, f. 7 5.
4 Marini Sanuto, t. XXXVI, cite les lettres du schah de Perse, appor-
lees par un frere appele Pierre (fratrem Petrum).
x. v. 5
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m HISTOIRE
mart tous les Persans prisonniers k Gallipoli. Le grand-
vizir qui, en apprenant en Egypte la r^ volte des janis-
saires , avait d£daign£ d en faire un secret d'etat, et
avait an contraire livr6 cette nouvelle k la publicity en
prenant des v&emens de deuil ' , donna par son retour
une nouvelle impulsion k Taction gouvernementale, et
afiermit Souleiman dans ses ptqjets de guerre. L'hiver
se passa en pr£paratifs de toute sorte, sans qu'on stit
s ils 6taient destines contre la Hongrie ou contre la
Perse. Des vaisseau* furent construits , ^*es canons
fondus. A cette £poque, rartillerie des Ottomans avait
une formidable superiority sur celle des autres &ats de
1'Europe, et avait &£ un de leurs principaux 61&nens
de succis dans la prise de Rhodes €t de Belgrade *.
Gependant r expedition projet^e par Souleiman ne put
pas rester long-temps un secret. La Porte &ait k cette
£poque en paix avec Venise ; bien que son premier
traits fcvec la France n'ait 6te conclu que dix ans plus
tard, cependant des relations amicales existaient d£ja
entre les deux puissances, qui commengaient a £chan-
> Ibraim sentUa la motion fatta per i Janizzari si e vestito di nero.
Marini Sanuto, t. XXXIX; ces details sont tires du Rapport de Vambas-
sadeur vdnitien a Constantinople, date du 18 juillet i5a5. Le meme rap-
port s'exprime ainti sur l'execution des agas des janissaires et des sipahis,
dont nous avons parte plus haut : // Signor fece Utiar la testa al Aga dei Ja-
niszeri giovane di 35 annl, a molti eapi feee tmlar il soldo ed altri si che il
Capo dei Sipahi apichato havendosi lamenlado t Sipahi che taiaua it soldo,
il Signor fatto ritener il Capo dei Slpahu
3 Rapport de Piero Bragadino, dat6 de Constantinople, dans Marini
Sanuto, t. XXXVIII, i5a5 : Il Sr. ha manda il suo capo di Bomhardieri
a veder Vartilleria, vuol aver 600 archebusi, fa getar basilisehi che per
ogni galia ne hebbi uno per le grosse di 8 e le sotiile di 9.
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DE L'EMHLRE OTTOMAN. 67
ger des lettres el des ambassades. Francois I" avait
ecrit k Souleiman et l'avait presse d'etrvahir la Hon-
grie, afin d'y occuper Oiarles-Quint \ Avant d'eatrer
dans te recit des guerres m&norables qui vont suivre,
nous allons passer rapidement en revue les'ev&ie-
mens les plus importaos dont les frontteres de Hon-
grie et de Valachie ont &£ le th&tre pendant les cinq
annees 6coul£es depuis la prise de Belgrade jusqu a
la bataHIe de Mohacz.
La Valachie n'avait encore &6 que tributaire de
la Porte; mais Souleiman r^solut de l'ajouter k ses
£tats et d'y mettre un gouverneur de son choix. Mo-
hammedbeg, qui lors du stege de Belgrade (1521)
avait &6 charg6 d'envahir la Transylvanie et la Vala-
chie , s'empara par ruse du fils du dernier voftvode,
Nagul-Bessaraba, 4g6 de sept ans. II envoya le jeune
prince avec sa mire et ses parens k Constantinople,
et pr^luda k la future domination de la Porte en
Valachie par la nomination de plusieurs Tures aux
places de s6n£chaux (soubaschis)*. Les boyards elu-
rent pour prince un ancien moine nomm£ Haded, et
envoy irent une deputation au Sultan, avec prtere de
confirmer leur Election. Les d£put£s furent £fran-
gtes, et les gens de lair suite renvoy& avec le nez et
1 Aucun historien europeen ne parle de ce foil, pas meme Flassan; 11 font
•consulter a cet egard les historiens ottomans et les Rapports de tambassadeur
veniuen (dans Marini Sanuto, t. XXI), et Djelaliade, f. io4. Piero Braga-
dioo, sous la date du a fewer 1 5*6, dit : V ambassador di Francia e
stato expedite , il.hanno donate asperi Xm. una vest* tforo.
» Engel, Histoire de Valachie, p. ao3, d'apres la lettre du roi Louis II
a Sigismoud de Pologne; voyez torn, actionum regis Sigismundi.
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08 HISTOIRE
les oreilles coupes, pour appn
aux boyards/. Mohammedbeg
le moine couronn^ , et se pro
toire sandjakbeg de Valachie a . I
r^rent le secours du comte de 2
pour prevenir l'invasion du pay
auxiliaire, Mohaeimedbeg s emp
les boyards un traife qui leur garantissait leurs anciens
privileges et le droit de choisir leur chef. Un en^-
voye du Sultan, accompagn£ de trois cents cavaliers,
apporta au prince nouvellement £lu le dipl6me d'in-
vestiture et les insignes de sa dignity , c'est-a-dire le
drapeau, le tambour et la masse d'armes. Le jour de la
ceremonie de Installation, au moment ou lecommis-
saire aurait dti offrir la masse au prince, il Ten frappa
et le tua devant tous les boyards, dont plusieurs par-
tag&rent le mdme sort 3 . A cette nouvelle, Zapolya fit
passer la fronttere a un corps hongrois qui opera
sa jonction avec les troupes valaques; et un second
Radul, parent de Bessaraba, port£ au trdne par les
boyards , disputa la domination du pays a Moham-
medbeg dans cinq batailles cons^cutives. Radul ayant
et6 compl&emeut defait dans la derntere, Zapolya
vint a son secours a la t6te de trente mille hommes
et le r&ablit dans sa principal ; toutefois, en se re-
tirant , il lui donna le conseil de traiter avec les
Turcs, ne pouvant lui-mSme r£pondre de Tappuyer a
« Engel, Histoire de Valachie, p. aoa, del Chiaro, et EpistoU Mickaelis
Socignoli Ragusei, 29 juin i5a4. — * Engel, 1. c
3 tiavam ferream capiti iw pin git, Bopignoli.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. (%
Tavenir. Radul , convaincu de l'inutilit6 de la lutte ,
\int se livrer au Sultan, qui le retint k sa cour, et lui
donna Wlad pour successeur; raais celui-ci n'ayant
pu s'eitfendre avec les boyards et ayant &6 forc6 de
s'enfuir \ Souleiman rendit Radul k sa principaut£,
sans autre condition que celle dun tribut de quatorze
mille ducats, au lieu de celui de douze mille prec£-
demment pergu 1 . Wlad, de retour k Constantinople,
obtint une pension de cinquante aspres par jour, et
son fils, ftg6 de seize ana, une du double, apparent-*
ment parce que la beauts du jeune favori trouva plus,
gr&ce devant Souleiman que le malheur du p6re K
C'&ait une des n£cessit& les plus imp£rieuses, et en
mdme temps une des manoeuvres les plus habiles de
la politique ottomane d'avoir la paix non seulement
k l'int&ieur, mais encore avec les grandes puissances.
&rang£res de Test et de l'ouest, afin de pouvoir con-
centrer sur un m&ne point toutes les forces de l'Etat.
II fallait done pacifier la Valachie et la Moldavie, et
entrer en negotiations avec le roi de Pologne pour
installer avec plus de facilite le khan de Crim^e. Sou-
leiman envoya dans la presqu'ile mille janissaires*,
cent chariots d'artillerie, et ordonna en m£me temps
* Engel, Histoire de Vakichic, p. »o5.
» Les douze mille ducats de tribut se trouvent consignes dans Bocignoii.
3 Rapport de Vambassadeur veniiien Piero Bragadino, baile de Con-
stantinople, du mois de fevrier i5i5 : El Ducha di Valachia & partita, e
siato ben accartssalo , il Sr. li da eerie saline e lui da at Sr. 14 mille du*
ckati di tribute-. El ducha vecchio , vol il Sr. che resti in Constantinopoli in
pcusion di atpri 5o al giorno, il sua jiol, che di anni 16 melto disposto.
delta persona 9 li dava aspri too al di.
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7 o HISTOIRE
la lev£e de dix mille cavaliers (jum 1 595) ' . Au milieu
de tons ces pr£paratifs, on ambassadeur de Sigismond,
roi de Pologne, arriva k Constantinople avec une
suite de cent chevaux ; admis k l'audience du Saltan,
il lui offrit six vases d'argent; puis, au sortir du serai,
il fut, d'apr£s l'us&ge, invito k un repas par les vizirs.
Les dispositions bienveillantes qui Tavaient accueilli k
son arriv£e ne se d&nentirent pas ; apr& un s£jour de
cinq mpis, il retourna en Pologne apris avoir obtenu
le renouvellement de la tr6ve pour cinq ans (no-
vembre 1525) \ Raguse avait tout r&emment aplani
quelques diffi&rends 61ev£s entre elle et la Porte, par
un present de cinq mille cinq cent soixante ducats 3 .
La r£publique de Venise entretenait r£guli6rement un
bailek Constantinople, sans compter les charges d'af-
faires quelle y envoyait dans toutes les circonstances
poHtiques *. A cette £poque , la France elle-m&ne
accr&iita pour la premi&re fois auprts de la Porte un
ambassadeur qui regut du Sultan un present de dix
t Li Tdkui havendb motto il loro Sr. con tradimento il Sr. subho spassb
un altro Sangiacho con 1000 Janiseri e to© carete di artigleria, con tutu
li Eombarflieri ,e mandamend ai Sangiachi di vicinanza, sicche sarano
di to milk eavalB. Piero Bragadino, dans son Rapport de Constantinople
du 3o juin iff*5,. Marini Sanuto, t. XXXIX. La date veritable est i5a5
et non pas i5a3, comme l'assure l'anteur de VHistotre de la Tauride.
» Jonse un ambassador del Re di Polonia con 100 cavatti, presentb 6 cope
dargento, month colli 3 Basso, e veniva per prolongar la tregua per anni
set. Piero Bragadino, dans son Rapport do 6 novembre x5a5, et Marini
Sanuto.
* Engel, Histoire de Raguse, p. 199.
4 Piero Bragadino fat remplace par Pietro Zen avec lequel it resta quel-
que temps. Marini Sanuto, i5a6.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 7 r
mille aspres, deev^temens d'honneur, el, ce qui 6tait
plus important, la promesse dune expedition en Hon-
grie pour faire diversion dans lea forces de Charles-
Quint et de son fr&re Ferdinand f . Le roi de Hongrie,
qui jusqu'alors avait seul h£sit6 k conclure un trait6
avec les Turcs, s'y d&ermina enfin lorsqu'il vit la r6-
publique de Venise lui refuser huit mille ducats qu'il
avait cru pouvoir r£clamer d'elle [11].
Depuis la conqu6te de Belgrade, la Hongrie, la
Croatie et la Dalroatie &aient resttas ouvertes aux in-
cursions des Ottomans, et plusieurs engagemens avaient
eu lieu, qui trouveront leur place naturelle ici. Dans
l'annee qui suivit la chute de Belgrade (1524), les
Ottomans prirent les viUes dalmates d'Ostrovizza et
de Scardona, mais ils furent repousses de Knin et de
Crupa par les garnisons autrichiennes de ces deux
places a ; dependant cet £chec n'empficha pas les akin-
dps de saccager, sous la conduite de Ferhadbeg Mi-
khaloghli, tpute la contr6e entre la Save et la Drave,
et de mettre la Croatie k feu et k sang jusqu'k la Car-
niole 3 . Dew: ans plus tard, quinze mille akindjis fu-
rent compl&ement battus en Syrmie par le belliqueux
6v6que Paul Tomori, qui leur reprit tous leurs pri-
■ ISambasciador di Frttncia e state expedite, li hanno donato aspri
10,000, una vesie cPoro, Piero Bragadino. Marini Sanuto, t. XI, i5a6.
Solakiade, f. io4. Flassan et tous les historiens de Francois I er et de
Charles-Quint se taisent sur eette ambassade, qui est consignee dans les
rapports venitieos et les histoires ottomanes.
» Engel, Histoire de Dalmatic, p. 5^6-
3 Valvasor, IV, p. 421.
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;* HISTOIRE
sonniers, et envoya k Louis II , k Ofen ', la t&e de
Ferhadbeg, quarante drapeaux, un grand nombre de
chevaux, et des armes incrust£es d'or et d'argent
Malgr6 cette notable dtfaite, Khosrew, Sinan et Bali-
beg , sandjakbegs de Verbosen , de Monastir et de
Semen dra, ne tard&ent pas a paraltre devant Yaicz£;
mais la garnison , sous les ordres de Pierre Kegle-
vich et de Bias Chery, repoussa victorieusement
toutes leurs attaques. Quelques mois auparayant, Mas
Chery > ayant &6 provoqu£ en combat smgulier par le
capitaine turc Djem, lui avait d'un seul coup tranche
la cuisse qui 6tait tombee tout arm^e de sa bottle et de
son eperon. Christophe, comte de Frangipan, l'homme
de guerre qui avait donn6 tant de preuves desa va-
leur a Tempereur Maximilien dans ses campagnes
d'ltalie, le beau p6re du cardinal de Gurk, Tambas-
sadeur de Charles-Quint , vint k la t6te de seize mille
hommes debloquer Yaicz£ ; il d£fit les Turcs en vue
de la place , leur enleva leur camp, la tente de Khos-
rew, soixante drapeaux et Ufate leur musique mili-
taire a . Ce brillant fait d'armes fit donner a Frangi-
pan , par le roi Louis II , le litre de protecteur de la
Dalmatie et de la Croatie 3 . Les Martoloses ou soidats
des frontieres, au nombre de quatre cents, &aient
sortis de Scardona quelque temps avant la victoire du
comte de Frangipan, et s'&aient jetes sur la Dalmatie^
i Istuaafi, cd. de Cologne, 160*, p» 104, et Tubero; d'apres eux*
Catona, XIX, p. 478.
a Istuanfi, 105-107. Tubero. Catona, XIX, p. 483.
3 Schimek, p. 2o5. Engel, p. 566,.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 7 5
ou ils avaient ravage Scouza, ch&teau du coroteCar-
lovich, et fait plus de trois cents prisonniers, parmi
lesquels plusieurs nobles du pays J .
Ges &v6nemens n'&aient que le prelude de la cam-
pagne de Mohacz, que Souleiman conduisit en per-
sonne comme celles de Rhodes et de Belgrade. Le
commandement en second fut donn£ au grand- vizir,
dont la faveur n'avait fait que croitre depuis son retour
d'Egypte ; sa puissance s'augmentait encore de la nul-
lity relative des autres vizirs. Le premier, Moustafa ,
avance en 4ge et paralytique, gardait presque constam-
ment le lie*; le second, Ayas 3 , d'origine albaqaise
comme Moustafa, ne sachant ni lire ni ecrire, ne par-
lant qu'avec peine, et n'&ant qu'un homme d action,
ne paraissait au conseil que pour la forme. Les avan-
tages que donnaient a Ibrahim sur ses coll&gues, pu
son Age, ou son education distingu£e et l'amitie du Sul-
tan, rendaient toute rivalit^ impossible. Lmtimit^ de
» « Turchi. e Martolosi di Scar dona e quelli loclii chcumvicini da circha
» 400 sono andati assahar Scosa , luocho del conte Zuane Carlovich , e-
-Thanno tolto, e sacheziato c raenato via anime 3o8 e preso malti nobili.
» fra i quali due Perosichi. » Marini Sanuto, t. XXX. VII.
9 a Mustafa di anni 84, Albaoese vecchio, ammalato di gola, sta di
» xa raesi 8 in letlo, savio, cugnado del G. Sgr. aveva per moje sua so-
»rella, fu moglie di Bostanai Bassa al qual Selim suo padre fece taiar la
» testa, per aversi porta mal contra il Sofi, lo chiawano amico vecchio del
-Sgr. e ha gran piacer che sia detto, questo disordioato lussurioso per
*»lo mollo a schiavi 700, e inlrada 70 mille ducaii. » Piero Bragadino v
Rapport de 1'annec i5a6. Mariui Sanuto, t. XLI.
3 «U terzo vezir Ayas, Albaoese di 44 anni, non sa leger, uomo di
«guerra, non sa scriver e meoo parlar, ha schiavi 600, inlrada 60,00a
n ducat i pocco cervello e la madre e tre fratelli monachi a la Valona » a.
«la quale maoda cento zecchini l'anno. » Marini Sanuto, 1. c.
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7 4 HISTOIRE
Souleiman et du grand-vizir &ait devenae telle , que
non seulement ils prenaieot d'ordinaire leurs repas en-
semble , mais encore qu'ils faisaient souvent dresser
leurs lits l'un a cdt£ de Tautre afin de ne point se 06-
parer. II se passait peu de jours, m£me de ceux que
rempKssaient les occupations les plusknportantes, oti
Souleiman et Ibrahim n'£changeassent des billets d£s
la matinee, et ne passassent la soiree ensemble. On
s'&onnera means de cette faveur sans exemple, si on
consid&re combien le talent musical et 1'immense lec-
ture d'Ibrahim devaient donner de prix h sasoci&4,
surtout au milieu dune nation k demi barbare. Ibra-
him poss£dait, outre le grec, sa langue maternelle, le
turc, le persan et 1'italien; il aimait beaucoup I'&ude
de 1'histoire et de la g£ographie , mais sa lecture de
predilection &ait celle des hauts faits d'Annibal et
d' Alexandre. Cette liaison entre le Sultan et le grand-
vizir, fondle non seulement sur leur parent^, mais
encore sur les affinitls plus puissantes de l'&ge et du
caract&re, durait d6j& depuis six ans sans qu'aucun
nuage fftt venu Tobscurcir '. Lorsque le depart pour
1 « Ibraim di aoni 33 (Souleiman avait trente-deux ans) nostro suddito
» dela Parga ; smarto si diletta di ogni cosa di farsi legger libri di romancie,
» la Tita di Alessandro Magno, di Hannibale, di guerre, compone a gran
» piacer di musica a piacere di saper della condizione dei Signori, dei siti di
» terre e d'ogni altra cosa, copia ogni cantilena che puo aver, e dotto , lege
» persiano, molto amado dal Sr. dorme spessissimo al Seraio in un letto che si
» tocca uno ad uno; ogni giorno it Sr. li scrive qualche polizza di sua mano
» e la manda per il suo muto. Da anni 6 insieme hanno fatto quest* vita
» insieme, ha intrada ducati i5o mille, 100,000 di Bassa, 5 0,000 di Beg-
» lerbego, schiavi i5oo, vestido d'oro, a la madre con due fralelli al Seraio,
» il padre al un Sangiaco. » Piero Bragadino, dans Marini Sanuto, t. XI J.
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DE L'EAlPIRE OTTOMAN. 75
la Hongrie eut &6 r^solu, Ibrahim, qui accompagnait
son mattre avec les deux autres vizirs , fut charge
d'inviter le nouveau baile v&ritien k suivre Farm6e ,
comme avait fait son predecesseur, lors du stege de
Rhodes; mais celui-ci s'excuSa sur son &ge et ne se
rendit point aux d£sirs du Sultan s , pour ne point
faire soupgonner k Charles-Quint et au roi Louis II
la possibility d'une connivence de Venise avec les Ot-
tomans. Le principal organe de la Porte dans les ne-
gotiations avec les puissances chr&iennes, Tinterpr&e
Younisbeg, faisait aussi partiede I'exp&lition. Alibeg,
accr£dit£ en quality d'ambassadeur aupr6s de Venise,
sous Bayezid II, &ait mort et avait 6\6 remplac^ par
Vounisbeg *, que nous avons vu annoncer I'av&ie-
ment de Souleiman au doge Loredano. L'ann^e qui
prec&la la campagne de Hongrie vit mourir le moufti
Ali Djemali 3 ; il avait occupy pendant vingt ans avec
honneur la premiere dignity de la loi. Souleiman ne
crut pouvoir mieux honorer la m&noire de Djemali.
qu'en lui donnant pour successeur un des plus grands
savans dont s'enorgueillissent les lettres ottomanes,
Kemalpaschazad^ , £galement c£16bre comme tegiste ,
philologue et historien [in],
Souleiman pouvait se reposer du soin de I'adminis-
1 Piero Rragadino e Pietro Zen da Constantinopoli. Rapport du 26 mars
i5a6, dans Marini San u to, t. XLI.
» Rapport de tambassadeur venitien, dans Marini Sanuto, t. XL : In loco
tli Alibei, che mo rite t ilSr, ha folio Junisbei, che fit orator alia Signoria al
tempo del Loredan^.
3 Hadji-Khalfa, dans sa Lisle des Mouftis, p. 128.
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76 IIISTOIRE
tration de Constantinople, pendant son absence, stir
un moufti tel que Kemalpaschazad£, et un kaimakam
tel que Kasim-Pascha, Tancien gouverneur d'Egypte '.
Aprfis avoir visits les tombeaux d'Eyoub, d'Eboul-
wefa, de son p£re, de son grand-p£re et de son bi-
saieul a ,il partit, le 11 redjeb 932 (23 avril 1526),
avec une arm£e de plus de cent mille hommes, et trois
cents bouches a feu 3 . La superstition ottomane re-
garda le jour du depart comme doublement heureux :
d'abord il coincidait avec la fGte de Khizr, c'est-a-
dire du gardien de la source de vie, du genie qui fait
verdir les champs , epoque solennelle ou les sultans
quittent leur palais d'hiver pour leur palais d'et6 ',
et ou les chevaux des ^curies imp£riales sont triom-
» Msioire de Kemalpaschazade , f. 14. — > Solakzade, f. 104.
3 Ferdi, f. 106.
4 Dans la Collection des Rapports du grand-vizir Raghis-Pasi ha , aiusi
rjite dans d'autres Inschas, se (rouvcnt plusieurs exemples des disco u to
adresses en cette circonstauce au Sullan par le grand-vizir pour ,1'engager a
alter habiter la campague.
6 Mouradjea d'Ohsson.
* Siikerdan d'Ibn-HodjIa, a la Bibliotheque imperiale dc Yieune, uo 45.(j*
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DE L'EMPIRti OTTOMAN. 77
d'enlever les bestiaux des propri&aires. Les contre-
venans furent decapites ou pendus; la s£v£rit6 da
Sultan n'6pargna pas m&ne quelques juges qui avaient
enfreint ses ordres '. Les jours de halte, Souleiman
passait ses troupes en revue, tenait conseil ou rec£vait
les ambassadeurs des puissances &rang&res. Le 5 avril ,
I'ambassadeur du prince de Moldavie vint lui offrir
le tribut d usage; quelques jours plus tard, il donna
audience a Seifoulah , fils du m&Iecin de Selim. Akhi
Tschelebi, et.l'attachaii sa personne en qualite de
medecin , avec uh traitement de soixante aspres (\m
ducat) par jour a .
Des pluies abondantes augment&rent les difficultes
du passage de 1'Hemus, et rendirent presque impra-
ticables les six defiles qui conduisent de Filib6 k
Nissa [iv]. A Filib6, la cavalerie d'Anatolie op£ra sa
jonction avec le reste de Tarm^e. Afin d'^viter les
embarras qui auraient r^sulte du passage de toutes
les troupes par l'&roit defile de la Porte de Trajan,
cette cavalerie se d&ourna vers Test , et effectua son
entree en Bulgarie par le Pas dlsladi 3 . Le grand-
vizir se separa a Sofia du Sultan, le joignit ensuite sur
les bords de la Morawa, et prit de nouveau les devans
en se dirigeant sur Peterwardein. Les sandjakbegs de
la Bosnie et de THerzegovine joignirent Tarm^e sur les
bords du Danube, dans les environs de Belgrade; la
flottille ottomane, composee de huit cents nassades et
1 Journal de Souleiman, a la date des 10, 11 et 3i mai, et des 5 et
» Journal de Souleigian, les 5 et ao mai. — 3 ibid*, le 23 mai.
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: 8 HISTOIRE
caiques, et montee p^r des janissaires sous les ordres
de Mikhaloghli , d'Iskenderoghli et d* Yakhschibeg , viut
jeter l'ancre en face du camp. A Belgrade, le Sultan
regut, trois mois apr£s son depart de Constantinople,
a F occasion des fetes du Beiram l , les felicitations des
chefs de l'armle et des haute dignitaires de l'eropire
(1 CT schewai 932—11 juillet 1526). Gependant le
grand-vizir etait arrivi sous les murs de Peterwar-
dein (5 schewai — 15 juillet) ; il fit construire sur-le-
champ des ^chelles pour 1' escalade, et le surlendemam
la- place fut prise. Sans perdre de temps, on forma le
si£ge de la citadelle ; elle tenait depuis douze jours,
et avak repouss^ deux assauts en faisant 4prouver aux
Ottomans une grande perte % lorsque l'explosion de
deux mines pratiqu£es sous les murs ouvrit une large
br&che aux asstegeans : cinq cents hommes de la gar-
nbon furent d£capit£s, et trois cents autres train£s en
esclavage 3 . Le grand-vizir alia au-devant du Sultan
pr&6de des cinq cents t&es fich£es au bout des piques
de ses soldats *. Souleiman, qui avait dejk donn£ miUe
pieces dor au messager qui lui avait apporte la nou-
velle de la prise de la place, t&noigna dans un diwan
i Journal de Souleiman, le n juillet. Solakzade, f. 104.
• Le Journal de Souleiman dit une fois cent cinquante hommes, une
autre fois miUe.
3 Marini Sauuto, t. LXII, d'apres le Rapport de I'amhassadeur vinUien :
a Pietro Varadino e disfatio tutio, et moriovi dentro 200 /and alii quali ha
fatto taiar la testa.
4 Journal de Souleiman, a 8 juillet. Kematpaschazad6, f. a 0-3*. Les his -
4oriens hongrois ne donnent que peu de details sur le siege de Peterwardein.
\ojez DjelaUade, f. 97. Ferdi, f. n3. Petschewi, f. 3. Ali, f. a«9-
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DE I/EMPIRE OTTOMAN. 79
extraordinaire Unite sa satisfaction aux begs qui avaient
combattu sous le grand-vizir. Un present de trois cent
mille aspres fut distribu£ k chacun de ceux qui en
avaient quatre cent nrilie de revenu ; Jes autres re$urent
la moitte de cette sorame [v]. Vers le m&ne temps,
Souleiman apprit que tons les ch&teaux de Syrmie
&aient tombes sous les armes des begs bosniaques.
L'arm^e ottomane s'&ait avanc6e le long da Da-
nube jusque sous les murs d'lllok, dont on forma le
siege en r^gle. La place, qn'&reignaient k chaque ins-
tant davantage les tranches et les tray aux des Turcs,
se rendk volontairement le septteme jour; cette red-
dition pr&natur£e fut r^compensee dans la personne
de douze des habitans d'lHok , qui furent rectus de
kaftans d'honneur \ Apr&s la cer&nonie du baise-
main, le Sultan fit proclamer dans le camp que le
but de l'exp&iition &ait la conqu&e d'Ofen a .
La marche se continua le long du Danube et de la
Drave jusqu a Essek, oii Souleiman s'arr&a et fit jeter
un pont long de deux cent quatre-vingt-quatre au-
nes; il en surveilla lui-m&ne la construction qui dura
six jours. II fallut le m£me espace de temps a Farmee
pour passer la rivtere sur ce pont large seulement de
deux aunes. La ville d'Essek fut pill^e et brittle, et le
pont d&ruit. Les Ottomans s'avanc^rent au milieu des
pluies et des brouillards , k travers un pays coupe a
chaque pas de mar&ages , et inond^ par le d£bor-
dement des eaux, jusqu'a la plaine de Mohacz. Mohacz
i Journal de Souleiman. Ferdi. Solakzade. Djelalzade.
» Journal de Souleiman.
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8o HISTOIRE
est un petit bourg situ<S sur la rive occidental du
Danube , au milieu d'une plaine couverte de vignes
et en face d'une lie form6e par ce fleuve. Au-dessous
de Mohacz , pres du bras droit dii Danube, s'&end
le vaste mar£cage de Krasso (Kraschidja); au sud-
ouest de Mohacz s'^teve en amphit&tre une mon-
tagne au pied de laquelle on voit, au nord, le village
de Foeldwar, et, au midi, une £glise, k laquelle les
Turcs donn^rent le nom de Pousou kilisd (£glise de
l'embuscade). Ce nom est rest£ jusqu'k ce jour au
village , et il est facile de le reconnattre dans celui
de Bousiklicza. Entre cette montagne et Mohacz, se
creuse sur la gauche de ce bourg, et dans la direction
de la plaine, une valine longeant une colline appetee
Badj kaioupe [vi].
Le 28 aodt 1 526 (§0 silkid6 932), le cri de guerre :
Dieu le veutJ retentit dans le camp ottoman ; c'&ait
le signal du combat pour le lendemain *. Le grand-
vizir, tantdt en kaftan de zibeline, insignes de sa di-
-gnite, tantdt en simple costume de page, se rendit
k plusieurs reprises aupres dii Sultan pour arr&er
avec lui le plan de la bataille. Le 29, Tarm^e com-
menga a s'6branler d£s la pointe du jour, apr£s la
prtere. Alibeg, fils d'Yahya-Pascha et gouverneur de
Semendra , &ait k Tavant-garde avec quatre mille
cavaliers armes de cuirasses; venait ensuite le grand-
vizir avec les troupes de Roumilie et un pare d'artil-
lerie de cent cinquante canons ; il &ait suivi de Beh-
ram-Pascha, beglerbeg d'Anatolie, k la t&e des troupes
t Journal de Souleiman.
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DE L'EMPIKE OTTOMAN. 81
asiatiques et de l'autre moitie de l'artillerie ; enfin Sou*
leiman fermait la marche avec ses gardes-du-corps,
les janissaires, six regimens de cavalerie r£guli£re, et
la cavalerie de Bosnie commandte par Khosrewbeg ! .
Lorsque la t&e de l'arm^e fut arrivte par la route de
Baranjavar, pres de l'£glise qui depuis a regu le nom
de Buziklicza, Balibeg , se d&achant avec cinq mille
akindjis, prit a gauche de Badj kaloup£ une valtee qui
debouche dans la plaine de Mohacz , et tourna ainsi
les Hongrois a . Le Sultan occupa vers midi les hau-
teurs commandant le bourg, et vit k ses pieds les
ennemis ranges en bataille. Rev&u dune cuirasse &in-
celante et le turban orn£ de trois plumes de h£ron ,
il alia se placer sur un tr6ne qu on lui avait elev£,
pour suivre des yeux le drame sanglant qui allait se
jouer devant lui. Quelques ann&s apr&, le beglerbeg
d'Ofen, Hasan 3 , fit construire un koeschk k la place
m£me 06 s'&ait assis le Sultan , et creuser un puits
au bas de la colKne [vn]. Souletman, avant de donner
I'ordre du combat, convoqua h son conseil de guerre
tous les chefs de l'arm£e, et voulut que les veterans
des akindjis formant l'anitoe^garde sous Khosrewbeg
y assistassent 6gafement *. Un vieux capitakie de ce
1 Petschewi dit, f. 33 el 34, qu'ayant trouve dans chaque hi&toire une
version differente sur cetle bataille , il la racoote d'apres le recit de son
grand- pere, temoin oculaire.
a Petschewi, f. 34.
3 Hasanbeg , Tancien Mir-AJem ou porteur de l'eteodard du Prophete,
clait beglerbeg d'Ofen, a l'epoque ou Petschewi alia visiter la montagne
de Mohaci.
4 Petschewi, f. a 3 , aomne Khosrewbeg, et raconte les particularity de
T. V. 6
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8* HISTOIRE
eorps, Altoudja ! , appete par son general, savanna sa
cuirasse sur le dos, son surtout (kepeneck) dans son
carquois , son casque sur la t&e , la lfevre h6riss£e de ton-
gues moustaches qui pendaient de chaque c6t£ de ses
joues, et le menton ras6. « L'heureux padischah veut
ton conseil, vieux brave, » lui dit Khosrewbeg. « Y en
a-t-il un meilleur que celui de se batlre? » r6pondit
Altoudja; et il retourna h sa place.'Khosrewbeg fit ob-
server au Sultan qu'il &ait difficile de soutenir le choc
de la cavalerie hongroise, qui se mouvait par masses
compactes avec une force et une impetuosity irr£sis-
tibles; il insista sur le danger qu'il y avait k 6tre rejet£
sur les bagages, et conseilla d ouvrir les rangs aux atta-
ques de l'ennemi, de le laisser ainsi s'engoufirer dans
les troupes musulmanes qui se refermeraient sur lui,
et l'attaqueraient de flanc et par derrtere \ Get avis fut
approuv£, et les bagages furent places k une grande
distance en arri&re de Farm^e. Balibeg ayant mande
qu'on apercevait les drapeaux hongrois, Souleiman
fit deploy er les siens; et, levant les mains vers le ciel
les yeux mouiltes de larmes, il s'£cria: « Mon Dieu!
la force et la puissance sont en toi ! laide et la protec-
tion sont en toi ! secours le peuple de Mohammed ! » A
cette vue, l'enthousiasme du courage et de la foi passa
dans tous les rangs ; ob&ssant k un sentiment una-
ce diwan d'apres l'autorile d'un autre teinoin oculaire, le vieux scheikb All
Dede, dont le tombeau se trouve a Szigeth.
i PeUchewi, f. 35.
• Solakzad6 et Djelaliade attribuent ce conseil a Balibeg, qui l'aurait
donne 1 au Sultan lorsque, pendant la marche, il chevauchait a set cotes.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 83
nime, les cavaliers saut&rent k bas de leurs chevaux,
se prostern&rent sur la terre qu'ils toucherent de leur
front, puis se remirent en selle animus d'une nouvelle
ardeur et jurant de vouer leur vie au service du Sul-
tan. Le grand-vizir ajouta encore k l'entrainement des
esprits par de grandes promesses, et alia se mettre en
t&e des troupes de Roumilie qui combattaient au pre-
mier rang ; les troupes d'Anatolie, par une derogation
a la r6gle ordinaire, formaient le second [vni] ; enfin la
troisi&ne ligne, oii &ait le Sultan avec les janissaires,
s'adossait k la montagne, pr6s des batteries. Comme
un image portanl lafoudre dans son sein, le premier
rang des Hongrois se pr£cipita en avant sous la con-
duite de Pierre Pereny ' et du moine Paul Tomori,
et refoula Fannie de Roumilie sur celle d'Anatolie ,
soit que la premiere eftt ouvert ses rangs d'aprSs
Tavis &nis par Khosrewbeg, soit (ce qui est plus pro-
bable) qu'elle etit &6 culbut£e par la charge imp£-
tueuse des Hongrois. Mais ce premier succ£s ne fut
pas de longue dur^e. Les akindjis de Balibeg et de
Khosrewbeg, d£bouchant tout-k-coup de la valine
par laquelle ils avaieUt tourn6 Tennemi*, forcirent
cette premiere ligne des Hongrois jusqu'alors victo-
rieuse a se diviser en deux corps 3 pour r^pondre k
cette double attaque. La seconde ligne , commands
par le roi Louis en personne, se fit jour k travers l'ar-
■ Solaksade et Pelschewi l'appellent Beroni.
a Journal de Souleiman.
3 Petschewi, Loutfi, et le Journal de Souleiman, font mention de cette
curconstance.
6*
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y*
84 HISTOIRE
m£e d'Anatolie jusqu au poste de Souleiman et des ja-
nissaires. La l'engagement fut chaud et terrible. L'illus-
tre guerrier Marscball et deux autres chevaliers, suivis
de trente-deux Hongrois qui s'&aient jur£ de rester
sur le champ de bataille ou de prendre le Sultan molt
ou vif [ix], p6n&r£rent en eflFet jusqu a lui, tu&rent
plusieurs de ses gardes, et combattirent intr^pidement
jusqu ^ ce que leurs cfrevaux auxquejs on a vait coup6
les jarrets se fussent abattus sops rax '. Souleiman
dut la vie & la solidite de sa cuirasge, contre laquelle
vinrent s'emousser plus dune fois des Jaqces et des
filches ; mais le casque du jeqne rpi Louis II ne le
servit pas aussi bjen \ et on rapporte quen s'armant
pour le combat, au moment ou il le mit sir sa tfte,
il p&lit comme par un secret presseqtiment de 9?
fin prochajne 3 . Lorsque lartillerie ottomane , dont
les pieces li£es entfe elles par des chaines s'&ajept
tues jusqu'alors, vomit sa premise d6pharge sur
les Hongrois a une distance de dix pas au plus , un
affreux d^sordre se mit parmi eux ; leur ajle gau-
che s'enfuit a la d6bandade, et des ce moment on
ne revit plus le roi *. Les combattans die laile droite,
presses par Balibeg , furent enfonces dans tous les
1 Solakzade : Oudj ncjer Ehremen khounkhouar ellerind6 % nifi abdar
askeri Islamun ssaflerini yaradilar we Padischahi Jalempenah hazretleri-
nditn uterine tschika war&lar; c'est~a-dire : «Trois sanguinaires Ahrinians,
la lance an poing , rompirent les rangs de Tarmee rousulmane , et s'avan-
cert nl droit sur sa majeate le Padiscbah, le refuge du monde. »
» Solakzade, 1. c.
3 Solakzade dit, mais a tort, que Louis II avait re^u deux blessures a la lete.
4 froderith. Istuanfi.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 85
setus, el se teuviftrfefit comme ils purent , les ufas en
arri&re, les atrtres & gauche; cent cjttf parmi ces der-
niefs 6chapp6rent an fer des T urcs, se noyerent dans
leg marais , et avec eto le roi , que ses blessures
n'avaient pas etnpdche de quitter le champ de ba-
teflle[x].
Le sort de la Hongrie avait &6 d£cid6 en moms de
deux heores. Le Danube charria pendant un jotnr et
one nuit, devant Semendra et Belgrade, les cddavres
de ceux qtri s'&alent jet& dans ce fletite pour £chap-
per aux coups des efmemis ! . Des torrefts de £luie
favorisferent la fuite do petit notabre des spldats qui
avaient r&tssi k se sauver; parmi eux &ait I'histo-
rten et chancelier Broderith. Dans le camp ottoman,
des crieuTs proclam^rent un ordre qui enjoignak k
chacun de rester k son poste pendant toute la nuit;
la musiqtie de l'arm6e ne cessa que vers jninuit ses
fanfares en honneur de la victoire de la jotirn£e *. Le
lendemain , le Sultan , accompagnl d' Ibrahim et du
second vizir, visita le champ de bataifle. Apercevaht
nn vieux atarifbeg qui le saluak plac6 devant sa tente: #
« Mon brave , lui dit-il , que faut-il faire mainte-
nant? » Et cetai-ci de lui r^pliquer avec Fancierine
rudesse turque : « Mon empereur, prends garde que
la truie ne ch&tie ses petits '. » Souleiman, quoique
peuflatt6 de la comparaison, sourit et remit quelques
ducats au soldat. Le jour suivant, assis sur un trtfte
i Ferdi.
• Djekhade. Solakzade. Pettehewi. Ferdi. Le Journal de Soaleiman.
3 Solakzade, f. 10. Pettthewi, f. 36. Bjdfchade, Kemalptfsch«zade\
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86 HISTOIKE
d'or venu de Constantinople k sa suite et qu on avast
dress6 sous une tente 6carlate ' , il regut les felicitations
des vizirs et des beglerbegs. U mit de sa propre main
un h£ron de diamant sur la t6te de son grand-vizir,
et fit distribuer desv&emens d'honneur aux autres
grands de l'empire. Deux mille t&es, parmi lesquelles
celles de huit £v£ques et d'un grand nombre de ba-
rons ou vassaux de Hongrie, furent 61ev£es en pyra-
mides en face de la tente du diwan \ Les defterdars
regurent Tordre d'£num4rer et de faire ensevelir les
morts ennemis; ils compterent jusqu'k vingt mille
fantassins et quatre mille cavaliers 3 . Les akindjis fu-
rent autorises a battre tout le pays. I/arm£e hrftla
Mohacz, et partit pour Ofen le septi&me jour apr&s
la bataille (3 septembre 1 526). Avant de se remettre
en marche, le Sultan avait donn6 l'ordre de massa-
crer tous .les prisonniers qui se trouvaient dans le
camp, en exceptant toutefois les femmes de cette me-
sure et les faisant mettre en liberty. Des quatre mille
hommes atteints par cette terrible disposition, quatre
seulement eurent la vie sauve 4 . La permission donn£e
aux akindjis de faire des prisonniers fut r&voqu£e.
Sept tschaouschs furent exp£di& avec des lettres de
i Petschewi dit Oghouzane, c'est-a-dire , d'apres I'ancien usage des
Oghouzes, aieux des Turcs.
a Journal de Souleiman.
3 Cette evaluation s'accorde a peu pres avec celle de Broderith et d'Js-
tuanfi. Solakzade fixe ce nombre a cinq mille. Djelalzade, f. io5, et Loutfi,
f. 6i , a deux cent mille.
4 Le Journal de Souleiman se borne a dire, un grand nombre. Pelschewi,
f. 36, donne le cbiffre que nous reprodtiisons ici.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 87
victoire k Constantinople, Brousa, Damas, Kairo,
Karbekr el Haleb ; an Mamlouk fat envoy£ k Andri-
noplejxi], el deax aatres messagers en Valachie el en
Moldavie; le Sultan &rivit kd-m&ne k sa m&re,
femme remarqoable par sa beaut£ que l'&ge n'avait
pualt£rer\
Le 10 septembre 1526 (3 silhidje), Souleiman ar-
riva devant Qfen; une deputation de cette capitate de
la Hongrie &ait venue k sa rencontre jusqu'& Foeld-
war a poor lui en apporter les clefs. II d&endit, sons
les peines les plus s£veres, de porter atteinte k la vie
el aux biens des habitans. D employa les deux jours
suivans k parcourir la ville avec Ibrahim. Le lende-
main, il commanda la construction dun pont sur le
Danube; le feu prit k une parte de la ville par acci-
dent, pendant qu'il &ait k en visiter les environs. Le
jour suivant , un autre quarter et la grande eglise
d'Ofen furent brtil&. Le grand-vizir se h&ta de se
porter sur les lieux poor arr&er les progr&s de l'in-
cendie , mais.trop tard 3 . Souleiman se rendit le jour
qui suivit ce d£sastre au chateau de chasse du roi ,
pendant qu'on embarquait les statues d'airain d'Her-
cule , de Diane el d'Apollon , ainsi que toutes les
pieces d'artillerie de la forteresse; panni ces pieces
se trouvaient les deux canons monstres qui , lors de
la retraite de Mohammed II , apris Tinutile stege de
« llSgr, marciando verso Buda, ha scriuo alia sua madre. (Rapport
de Vambatsademr venitien, dans Marini Sanuto, XLU.)
> Petschewi, f. 37. Journal de Souleiman. — 3 Ibid.
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88 HISTOIRE
Belgrade, avaient ete conduits a Ofen '. SouJeiman
c&£bra la P&ques de 1'islamisme, le petit Beiram, dans
le chateau royal oii, suivant l'usage observe dans ces
solennit&, les wars vinrent lui baiser la main \ Le
pont qu'il avait donn£ ordre de jeter sur le Danube
pr6s du marche au bois &ant termini (10 silhidj£ —
17septembre),ilpartitpoorPesth,accotnpagn^deson
grand- virir. Le passage de r&rm& qui s'effectuait peu
h peu fut suspendu le cinqui&ne jour par la rupture
du pout, dont deux tiers environ furent engloulis par
les eaux ; les troupes qui n'ayatent pas encore traverse
le fleuve durent 6tre transports dans des barques.
A Pestk , Souleiman re$ut en audience les nobles de
Hoogrie, et leur promit de leur donner pour roi Jean
Zapolya 3 , un des seigneurs les pice riches et les plus
ambitieux du royaume, mais depourvu des qualk^s
qui fpnt les grands monarques. Enfin le §4 septembre
(17silhidj£), le Sultan, quatorze jours apr& son entree
a Bude, donna Tordre du retour, et dirigea sur la
rive gauche du Danube 4 ses soldats charges de butin
et poussant devant eux cent mile esclaves de tout
&ge et de tout sexe, parmi lesquels les juifs expulses
d'Ofen [xii]. Les tr£sors du ch&teau royal et la riche
biblioth6que de Mathias Corvin furent embarqu& sur
le Danube pour Constantinople.
Depuis le massacre des prisonniers k Mohacz , les
» Djelalaade, f. 106. Solakzade, f. 106. Kemalpaschazade, f. 61. Ha*
sanbegzade. Ferdt, f. ia8. Aii, f. 23 1. PeUehewi, f. 37.
* Journal de Souleiman. — 3 Solakzadl, f. xo6.
4 Journal de Souleiimaa.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 89
akindjis n'avaient cess* de parcourir la Hongrie, met-
taut tout k feu et a sang, sans s'inqtri&er des clauses
des capitulations et de la ft* jur^e. Trote jours apres
la reddition volontaire de Funfkirchen , les habitans
de cette ville , convoqu^s sur la place du march£ ,
avaient &£ massacres [xi 11]. Le pays entre le Danube
et le lac Balaton jusqu'fc Raab n'&ait plus qu'un
dfoeif . U &ait bien phis de la politique ottomane d'£-
puiser la Hongrie que de la concpi&ir. Cependant tous
ces d&astres ne laiss^rent pas que dinspfrer le cou-
rage du d&espoir k une certaine partie de la nation.
Wissegrad , oik &ait gard£e la couronne des rois de
Hongrie, dut son sahit k la valeur des paysans et des
moines; la forteresse de Gran, abandonnee par son
commandant, fat dtfendoe avec succ& par I'heiduque
Michel Nagy '. Mais nulle part la ffrocit* ottomane
ne se donna carrtere comme k Moroth, chateau de
plaisance de l'archev£que de Gran ; quatre mine ha-
bitans s'y £taient retires avec leurs biens; plusieurs
milliers d'autres s'&aient retrandb£s demure un rem-
part de chariots. Ces derniers purent roister aux as-
sauts des Turcs, mais non k l'artillerie de stege qu'onr
braqua centre eux* Le nombre des Hongrois qui fu-
rent tailtes en pieces k Moroth 6gale, d'apris les esti-
mations des historiens, celui des morts de la bataille
de Mohacz ft . A en juger par ces deux fait 8, le chiffre
1 Broderitb. Istuanfi. Nagy, dans son rapport sur la bataille de Mohacz ,
cit£ par PeUchewi.
» Plures igilur Me quam in campo Mokacs cm si sunt. Catena, XI X,
p. 708.
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go HISTOIRE
de deux ceat mille hommes , auquel on fait monter
les pertes de la Hongrie dans cette campagne, n'est
pas exag6r£ \ L'arm£e marcha rapidement k travers
des landes st&iles jusqu'k Szegedin et Bacs; mais
beaucoup de chevaux, malgr£ une pluie battante, pe-
rirent en route faute d'eau et de fourrages. Les akin-
djis gagn&rent les janissaires de vitesse pour le pillage
de Szegedin; lorsque ceux-ci arriv&rent , ils ne trou-
v&rent plus que les murs du ch&teau \- A Bacs, les
habitans se d&endirent pendant tout un jour dans
leur £glise, qui fut cependant emport£e d'assaut vers
le soir, non sans une perte sensible pour les asste-
geans. On fit dans ce bourg et les environs un butin
immense. La part du grand- vizir et du defterdar fut
pour chacun de cinquante mille moutons 3 . Souleiman,
ayant appris dans ses campemens k Titul que Rado-
vich avait pris ou tu£ plusieurs centaines d'hommes
aux Ottomans , et que Bathyany inqui&ait Farrtere-
garde, envoya Khosrewbeg pour couvrir les derrteres
de l'arm£e. Entre Bacs et Peterwardein, plusieurs mil-
Hers de Hongrois s'&aient retires avec leurs families
et leurs biens dans une plaine entour£e de marais
qu'ils avaient chang6e en une sorte de camp fortifite.
La prise de cette position co&ta plus cher aux Turcs
que la conqu6te de toutes les forteresses de Hongrie
ensemble, et il y eut un plus grand nombre d'officiers
i Periiue hac elade aoo millia hominum. Brodertth. Istuanfi.
» Pebchewi, t afr. Kemalpaschaxade, f. 9).
3 Ibid. , f. 38 et 39. Journal de Souleiman.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 91
tu£s qti'Ji la bataille m&ne de Mohacz. L'aga des janis-
saires, le samssoundji-baschi, leur g6n£ral en second,
le tschaousch-baschi rest&rent sur la place z . Les Hon-
grois avaient dans cetffc circonstance smvi Fexemple
de Michel Dobozy, qui , k Moroth, fuyant k toute
bride avec sa femme en croupe et sur le point d'etre
atteint par les Turcs, la poignarda, de peur, quelle ne
tomb&t entre leurs mains, puis se pr6cipita t6te baiss6e
dans leurs rangs pour la venger \
Par un hasard singulier, les scenes sanglantes de
Moroth el du camp retranche ont &e passes sous si-
lence par les historiens des vainqueurs, tandis qu'elles
ont &6 minutieusement rapport£es par les historiens
des vaincus. C'est un fait de plus qui prouve que la
premiere condition d'une histoire complete et impar-
tiale, est le contr61e des diverses autorit^s les unes par
les autres. A Peterwardein, Tarm^e jeta un pont sur
le Danube en moins de cinq jours ; Souleiman s£-
journa une semaine k Andrinople, et rentra k Constan-
tinople apris une absence de sept mois 3 , le 23 no-
vembre 1 526 (1 7 safer 933). Les trois statues enlev£es
par Ibrahim du ch&teau royal d'Ofen furent placees
devant son palais sur l'Hippodrome 4 , pour faire pen-
dant k lobelisque, au piMer et k la colonne d'airain des
' Petschewi, f. 38 et 3g. Journal de Souleiman.
* Jstuanfi, a la fin do livre Tin, clarum f acinus;
3 Journal de Souleiman.
4 Ali. Solakzade. D'apres Mouradjea d'Ohsson , les deux grands can-
delabra en bronze de la mosquee d'Aya-Sophia soot une des depouilles
d'Ofen.
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9» HISTOIRE
serpcps; on voit enoore les mines de ces trois der-
niers monumens, mats les statues out depuis long-
temps disparu. Mohammed II, lors de la prise de Con-
stantinople, avait fait couper la t*te aux trois serpens
de la colonne ; Souleiman, sup&rieur ant pr6jug£s de
sa nation, ou pour mieux dire c6dant aux desirs de
son grand- vizir, orna r Hippodrome de ces trols sta-
tues, dAns lesquelles un vrai mu&ulrnan n'atirait dti
voir que des idoles. Cette circonstance m&He d'au-
tant phis d'etre mentionnee id , quelle constitue un
veritable acte d'audace philosophique de la part de
Souleiman et de son vizir, puisque la loi du Prophete,
comme la loi judaique* interdit toute representation
des dtres sortis des mains du Cr&teur. Le fanatisme
religieux ne manqua pas de crier contre I'irr&igion
d'Ibrahira. Le poete Fighani fit h cette occasion un
cfetique satirique dans lequel il tKsait que le premier
Ibrahim (Abraham) avait d&ruit les Moles, et que le
second les 6Ievmt sur les places pubKques; cette ju-
cbcieuse comparaison valut m malencontreux poete,
d'fttre promen£ sur un fine k travers la yille, et puis
6trangl6 [xrv].
Pendant que Souleiman d£vastoit la Hbngrie, I'hy-
dre de la revolte let ait ses cent tttfcs en Asie-Mineure.
Le jour m£me ou le Sultan passait le Danube pour
retourner dans son empire \ plusieurs courriers lui
apporterent la nouvelle dune insurrection qui avait
i D'apres to Journal de Softfefrnon, ce ftit le to octobre, par consequent
le quaraote-deuxieme jour et non pas le vingl-qnatrieme apres la bataille de
Mohacz, comme le pretend Fessler, t. IV, p. 3a<j.
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DE I/EMPIRE OTTOMAN. 9 3
£clat£ panni les Turcomans dltschil (Glide), et ga-
gnait pprtout d'une man&re effrayante; le beglerbeg
d'Anatolie fill envoy6 imm£diatfiment pour pacific*
le pays, L'ocoasiou de ce soutevement avail 4t6 lor-
dre dppn£ parle fib de lancien grand- vizir Hersek-
Ahmed, Mouatafa, gouvernenr dltschil, de cadastrer
le pay#; cette operation, confiee au greffier Moham-
med et au juge MoussHhftddin , fut conduite par eux
avec de eriantos injustices. Une sourde irritation for-
menta dolors dans la population; il ne fallait plus
qu'upe circonstance pour la faire 6clater, et cette cir-
cohstwoe ne se fit pas attendre. Un viera Turcoman,
du nom de Souklounkodja, s'&ant plaint de ce qu'on
eftt impost son champ de la somme exag&6e de deu*
cents aspics, eut la barbe couple x pour toute r4ponse.
Souklounko^ja, plus sensible k cet affront qu'fc la sur-
taxe de ses terres, se mit avec son fils Soukloun Schah
Well et un troisieme mdcontent du nom de Soul-
nounoghli, a la t6te de plusieurs trihus turcomanes \
Le greffier, le juge et le sandjakbeg, furent surpris et
tues(10aoAt 1597—12 silkid* 933). Le beglerbeg de
Karamanie Khourrem-Pascha , et le fils d'hkender-
Pascha, pleins de confiance dans leurs forces,' mar-
chdrent contre les rebelles ; mais leurs troupes furent
battues et taillees en pieces pr& du d£fil6 de Kour~
scbounli, dans le voisinage deKaissariy£; eux-m6mes
rest&rent sur la place. Les vainqueqrs se dirigeant vers
i Ali, XIV « recit du regne de Souleimaii , f. a3a. Petechewi, f. 44.
a'Ferdi, f. 13 a, donne les ooius de ces tribus : Boiokli, Soukouuli,
Hissarbegli.
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94 H1STOIRE
Tokat, alterant camper dans la plaine d'Ortokobad
et de Kazabad ' ; k leur approche , Housein-Pascha ,
beglerbeg de la province de Roum, r^sidant k Amas-
sia, se r&init aux troupes des begs de Soulkadr, de
Mer&sch et de Malatia, et &ablit ses quartiers k Siwas.
Le beg de Malatia, Yoularkassdi, envoy6 avec mille
cavaliers k la reconnaissance de l'ennemi, rentra dans
la ville avec une perte de quatre cents homines. Le
vieux beg d'Adana, Piribeg, de la famille des Rama-
zans, couseilla prudemment d'attendre les renforts
qu'amenaient les beglerbegs de Damas et de Diar-
bekr, d^jk parvenus, le premier k Aintab, et le se-
cond k Malatia; mais cet avis ne fut pas £cout6 du
jeune et t£m£raire beglerbeg de Roum. Le 1 6 sep-
tembre (19 silhidj^), Housein-Pascha livra prte de
Houiklu ' bataille aux Turcomans, qui furent d'abord
repousses et perdirent un de leurs chefs , Soulnoun-
oghli; mais ils se ralli&rent et surprirent vers minuit
le camp de Housein-Pascha, qui, mortellement blesse,
put s'enfuir et aller mourir k Siwas. Khosrew-Pascha,
beglerbeg du Diarbekr, eut l'honneur de mettre un
terme aux succis des rebelles 3 . Vers la m&ne £poque,
d'autres troubles eclat^rent k Adana et a Tarsous ;
Tonouzoghlan et Yenidj^beg s'&aient declares les
chefs de la r£volte , dans le district d'Oulasch , re-
levant du sandjak d'Adana; le sectaire persan Weli
Khalife avait insurge la tribu de Kara-Isalu, dans les
environs de Tarsous. Mais ces deux rebellions furent
• Ali. Petschewi. Djelalzadl, f. na. — « Ibid., f. n3.
3 Ali, Petschewi, Ferdi, Djelabcade, Solakzade.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. g5
promptement r£prim£es par les sages et 6nergiques
mesures du gouverneur d'Adana, Piribeg ".
L'insurrection organist en Karamanie Fannie sui-
vante par Kalenderoghli, eat un caract&re plus sfrieux,
et exigea la presence du grand-vizir lui-m&ne. Kalen-
der, descendant du scheikh Hadjibegtasch , patron
des janissaires, avait reuni sous ses drapeaux plusieurs
milliers de derwischs a , abdals, kalenders, et une
grande partie du bas peuple. Dans les engagemens que
lesbeglerbegs de Roum, d'Anatolie, de Diarbekr, eu-
rent successivement avec les rebelles, ils furent tantto
vaincus, tant6t vainqueurs. C'est ainsi qu'Yakoub-
Pascha, beglerbeg de Roum, fat battu par Kalender,
dans le defite d'Aounaoud, et que Kalender, d£fait k
son tour par Khosrew-Pascha dans la plaine de Pa-
sinowa, prit sa revanche k Kara-Tschair, sur le beg-
lerbeg d'Anatolie, Behram-Pascha, qu'il forga de se
rtfiigier a Tokat. En vue de cette ville 3 , Behram-
Pascha, auquel s'&aient joints les gouverneurs de Ka-
ramanie et de Haleb, livra k Kalender une desastreuse
bataille, dans laquelle p&irent le beglerbeg de Kara-
manie, les begs d'Alay6, d'Amassia, de Biredjik, et
les defterdars des grands fiefs de Karamanie et d'Ana-
tolie 4 . Ibrahim ayant regu la nouvelle de cette san-
• Ali, xv« recit du regne de Souleiman, f. a33. Petschewi, f. 44.
Djelaltade, f* 114.
• Ali, xv e recit, f. a 33. Petschewi donne d'apres Ali la genealogie de
Kalender, qu'il fait desceodre de Hadjibegtasch.
3 Petschewi nomme le lieu de cette bataille Khahica, Ali, Sahica, et
Ferdi, Djindjizt.
4 Djelalaade, f. 116. Ali. Petschewi.
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q6 HISTOIRE
glante defaite a S&rz, dans la province de Soulkadr ',
s'avanga a marches forces jusqu'ii Elbistan, a la WHe
de trois mille janissaires et de deux mille sipahis qii'il
avait eminent de Constantinople; mais, avant d'atta-
quer les rebel les, il prit deux mesures pour assurer le
succes de son entreprise. II d&endit , sous pane de
mort, qu'aucun des soldats vaincus par les Turcomans
se pr&ent&t dans son camp , craignant avec raisqn in-
fluence ctemoralisante de leurs r&ats sur ses troupes.
Ensirite, par des faveurs habilement distributes et des
investitures de fiefs *, il gagna k sa cause les tribus tur-
comanes 3 qui s etaient rang£es du parti de Kalender.
Cette defection reduisrit k quelques centaines le nombre
des re voltes, qui furent ais£ment d£faits par un d&a-
chement sous les ordres des ^chansons Belal , Mo-
hammed et Deli Perwan£ ; Kalender fut pris, avec les
siens, dans les montagnes de Baschsif 4 , et sa t6te,
ainsi que celle de son compagnon de fortune Weli-
diimdar, descendant de la noble maison de Soulkadr,
fut apport^e au grand-vizir, suspendue aux pommeaux
de la selle du vainqueur (22 ramazan 933 — 22 juin
1 527) 5 . Apr£s cette victoire, Ibrahim convoqua k un
diwan le beglerbeg d'Anatolie et les begs de 1'Asie-
Mineure, pour instruire le proems de ceux qui avaient
compromis la gloire militaire de l'empire, en fuyant k
i Ferdi, f. 143.
3 Ferdi, f. 139, les nontme : Tsehitscheklii, Akdjekoyounlu , MassdKi,
fcozoklii. — 3 Ibid. , f. 144. Petschewi, f. 45. Ali, f. a54.
4 Petschewi, f. 45. AH.
^ Fitrake assitdi. Petschewi. All.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 97
la bataille deTokat. S'adressant d'abord au beglerbeg
d'Anatolie : « Pourquoi, lui dit-il d'un ton menagant,
avez- vous tous pris la fuite devant une troupe de
derwischs k moitie nus , de gens sans aveu et sans exis-
tence? » [xv]. Le beglerbeg n'ayant pu ou n'ayant pas
os£ r^ pond re, il fit la m£me question aux autres begs,
qui se renvoy&rent la faute du d&astre de l'arm£e les
uns aux autres ; dfyk les bourreaux avaient regu ordre
de s'approcher, lorsque le gouverneur de lltschil,
Mohammedbeg, fils du dernier grand -vizir Piri-
Pascha, rompit le silence qu'il avait garde jusqualors :
« Nos aieux, s'&ria-t-il apr&s avoir form£ les souhaits
d'usage pour la prosp&ite du Sultan, avaient coutume,
au moment dune bataille, d'invoquer l'assistance de
Dieu, et de prendre les conseils des vieillards expe-
riments, mais nous n'avons fait ni Tun ni 1'autre;
l'orgueil et une folle presomption ont amene ces mal-
heurs sur nous. En expiation , void le glaive et nos
t&es ! » Le grand-vizir, se laissant ftechir par ces nobles
paroles, leur pardonna le pass£ et retourna a Con-
stantinople en emmenant avec lui le sage gouverneur
d'Adana, Piribeg, que le Sultan re$ut de la manfcre
la plus gracieuse (1 1 aoAt 1 527 — 1 3 sfflrid6 933) \
C'est k peu pr£s vers cette £poque que fut perc£e
dans la salle du diwan, au-dessus du siege du grand-
vizir, cette myst&rieuse fenfitre communiquant avec
l'int&ieur du palais, symbole de 1'oeil toujours ouvert
du maitre sur le6 actes de ses ministres , et qui &ait
Ali, Petschewi, Ferdi, Solakiad6, Djelalzade.
T. v.
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98 HISTOIRE
destm£e h porter la deliberation du conseil aux oreilles
du Sultan.
Trois mois apr£s le retour du grand-vizir k Con-
stantinople, s'agita une question religieuse, qui ab-
sorba d'abord l'attention de Souleiman et bient6t de
la v3]e entire. Un membre du corps des oul&nas ,
nomme Kabiz, fut traduit au diwan, pour avoir en-
seign£ publiquement que J&us-Christ &ait sup&ieur a
Mohammed. Fenarizadi MouhiyeddinTschelebi, juge
darmee de Roumilie, et Kadiri Tschelebi, juged'ar-
mie d'Anatolie, devant lesquels fut inslruit le proems
de Kabiz, n'&aient gu&re en etat d'avoir une opinion
comp&ente sur l'h£r£sie et de r6futer les assertions
hardies du novateur. Le premier, fier des hautes
digrams legislatives de ses anc&res, n'avait qu'une
mediocre connaissance de la jurisprudence ottomane;
le second avait plus song£ k acqu^rir des richesses que
la science n&essaire k Fexercice de ses fonctions. Au
lieu de combattre par de bonnes raisons rh£r£sie de
Kabiz, ils trouv&rent plus court et plus facile de le
condamner a mort. Le grand-vizir r£prima leur z£le
qui avait bien ses motifs pour Atre si violent, et leur
dit que l'emportement de lew conduite &ait con-
traire a la dignity de la magistrature, que leurs seules
armes contre rhfresiarque devaient 6tre la doctrine et
la loi, et qu'il importait de le vaincre par la discus-
sion , et non de 1'envoyer au supplice. Mais les deux
juges n'ayant pu rtfuter les argum&ns de Kabiz, les
vizirs renvoy&rent de la plainte l'accuse et les accu-
sateurs. Souleiman avait assist^ derri&re la fen&re
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 99
\ci)ie l k cette stance du diwan ; m£content de Tis-
sue de cette deliberation, il entra sans ttre attendu
dans la salle, et s'adressant an grand-Tizir d un ton
s£v6re : « Pourquoi, lui demanda-t-il, Fh£r£tique qui
a os£ pilferer Jesus k Mohammed n'a-t-il pas et6
puni? — Les juges d'arm^e, repliqua Ibrahim, au lieu
de lui opposer de saines raisons, Font cdndamn£ avec
cotere. C'est pour cela que nous ne donnons pas de
suite aux accusations portees contrelui. — La science
de la loi, reprit le Sultan, rf'est pas seulement le par-
tage des juges d'arm£e ; l'affaire sera port£e demain
devant le juge de Constantinople et le moufti; Faccus£
sera jusque-14 tenu en &at d'arrestation. » Seadeddin.
alors juge de Constantinople, et le savant moufti Ke-
malpaschazad£ si£g£rent le lendemain dans le dhvan.
Apr&s avoir long-temps discut6 avec Kabiz et cherche
inutilemeht k le ramener k r£sipiscence, ils le con-
damn&rent k mort en observant toutes les formes vou-
lues par la loi. Ce terrible fetwa trouva Kabiz in6bran-
lable, et son courage ne se d&nentit point jusqu'au
dernier moment.
La severity qu'avait montr£e Souleiman en sacri-
fiant la vie d'un h6r£tique au maintien du dogme isla-
mite d£g£n£ra en cruaut£, lorsqu'il voulut, peu de
temps apr&, prendre des mesures pour assurer la
tranquillity int&ieure. Dans le voisinage de la mosqu£e
de Seiim, la maison d'un Musulman avait 6t6 pill£e,
et tous ceux qui Fhabitaient, hommes, femmes, en-
» AH, xvn e recit, f. *34. Petschewj, f. 45. Djelalzade, f. 120. Voyez
aussi Mouradjea d'Ohsson , I, p. i54.
f
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ioo HISTOIRE
fans, esclaves avaient 6t6 massacres (24 fGvrieH 528),
Quelques soup^ons ayant plan£ sur les Albanais qui
parcouraient la ville comme fendeurs de bois et mar-
chands de foie, il y eut une tuerie g£n£rale de ces mal-
heureux pour venger l'assassinat dune seule famille;
huk cents d'entre eux f furent livr& aux bourreaux
sans autre forme de proc&s.
Le jour m£me du meurtre de la famille turque k
Constantinople, Sidi, qui s'&ait d£clar£ en r^volte
ouverte , battit compl&ement pr& d'Azir a , dans le
district d' Adana , son oncle le sandjakbeg Ahmed ,
ravagea, k la t6te de cinq mille hommes, le district
de Birindi, brftla la ville d'Ayas, se r£unit k S&rz dans
le territoire de Soulkadr k un autre rebelle nomme
Indjir, et se porta avec lui devant la forteresse de Sis.
Piribeg , de la famille de Ramazan, que nous avons
vu si heureusement maitriser une premiere revoke
dans ces m£mes contrees, regut du Sultan la mission
de soumettre les rebelles. Quoique malade depuis
quelque temps , il partit sans h&ater de Constanti-
nople avec quelques mille hommes , et arriva assez
k temps pour secourir la forteresse de Sis qui &ait re-
duite k toute extr£mit£. A son approche, les insurges
se divis&rent en deux corps; Tun se replia sur Azir,
et r autre, sous la conduite de Sidi, alia prendre une
forte position pr& du fort Derbend , dans les mon-
tagnes de Sis. Sidi fut vivement attaqu£ et fait prison-
* Petschewi, f. 46. AH, xix e r£cit, f. 2 35. Djelalzadl, f. 132. Solak-
zad£, f. 108.
» Dans Djelalzad6, f. 119, Karss.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 101
nier par Rr-Ali, apr^s avoir vu son frfcre et deux
mille des siens couvrir le champ de bataille de leurs
corps. Le lendemain, Piribeg marcha sur Azir, dis-
persa le second corps des rebelles, et envoya k Con-
stantinople, avec les t&es des principalis, chefs, Sidi
vivant et charg6 de chatnes, qui fut pendu par ordre
du Sultan 1 .
En Syrie, les habitans de Haleb, pouss& k bout par
les vexations de leur juge et de leur gouverneur, les
avaient massacres un vendredi dans la mosqu£e avec
huit personnes de leur suite (mai 1528 — sch&bari
934); cet acte de justice populaire fut puni par l'exil
des coupables k Rhodes. En m£me temps, Souleiman,
pour emp&her cpi'une rebellion semblable n'&lat&t k
une autre extr£mit£ de ses 6 tats, condamna au supplice
de la corde, Balibeg, sandjak de Scutari, le votevode,
le kiaya et cinq autres fonctionnaires de ce district .
accuses de concussions. L'ex£cution de la sentence
fut confine k deux tschaouschs envoy^s k cet effet de
Constantinople 2 .
La crainte salutaire inspir£e par la justice inflexible
de Souleiman eut pour r&ultat une amelioration sen-
sible dans toutes les parties du serviee public. Le Sul-
tan oublia bient6t son m£contentement des exactions
de Balibeg, en apprenant les heureuses entreprises de
Khosrewbeg et d'Yahyaoghli, gouverneurs de Bosnie
et de Semendra, contre les chateaux-forts de Bosnie
■ FeUehewi, f. 46. AH, xvine r&it, f. a 33. DjelalzadS, f. it 9. Solak-
zade, f. 108.
» Petschewi, f. 47. Ali, xx e recit, f. a3o. Djelalzade, f. ia3.
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io2 HISTOIRE
et de Dalmatie. Dans le cours de Thiyer precedent, il
s'&ait passe pea de jours oii le grand-vizir n'eAt eu k
commnniquer au diwan une victcire ou une conqu£te
des troupes ottomanes l . La ville forte d'Yaicz6 ne
r&ista pas long-temps aux forces r6unies des gouver-
neurs de Bosnie et de Semendra ; le brave capitaine
Bias Chery &ait absent, et Jean Hobordansky &ait en-
core malade des suites dune blessure re$ue dans un
combat singulier avec le voi&vode Kasim a ; le com-
mandant Etienne Gorbonogh rendit l&chement Yaicz£,
sous la condition d'une libre retraite. Radovich livra,
sans m&ne essayer de raster, la seconde forteresse de
Bosnie, Banyalouka. Avec ces deux places, tomb&rent
au pouvoir des Turcs celles de Beloyesero, Orbovatz,
Socol,Levatz, Serepwar, Aparuc, Perga,Bo6satz,Gre-
ben. En Croatie, Oudbina, Iika, Cerbava ; en Escla-
vonie, Modrousch et Poschega; en Dalmatie, Ourana,
reconnurent £galement la domination ottomane. Les
6v£ch6s de Knin , Modrousch et Cerbava furent en
consequence supprim£s. Poschega devint le si£ge d'un
sandjak a . Khosrewbeg, issu de race imperiale (il &ait
petit-fils dune fille de Bayezid II), d£ployait dans
son gouvernemeut de Bosnie un grand faste et en
m&me temps une justice s6v£re; il avait sous lui le
kiaya Mourad, originaire de Sebenico en Dalmatie *,
■ Fer4i, i. 146* — * Istuanfi, a la fin 4a a* livre.
3 Istuanfi, 1. c. Kerselieh, Hist. Zagrabim Farlati, IV, 11 a. Engel,
UUtoire de Delmatie , p. 566; Histoire de Hongrie , IV, p. 16, Scbimek,
p. 2o3.
4 Les mettles, K c.
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DE L'EMPHIE OTTOMAN. io5
auquel il avait oonf£r6 de son plein pouvoir le sfui^jak
de Knin [xvi].
Pendant l'ann£e 1 528, Soujeiman se prlpara k una
nouvelle expedition contra la Hongrie, et regut deux
ambassades , Tune de Jean Zapolya, et l'autre du roi
Ferdinand. L'ay^nementdeZapdya avait &4 an fer-
ment de discordes pour le royaume, Des traits ante-
riears appelaient au fr&ne de Hongrie Tarchidoc Fer-
dinand, petit-file de Maximilien. Charies-Qoint, frfcre
de Ferdinand , lui avait c&16 la souverainet£ de ce
royaume et celle de lAutricfae par actes passfe aux
di&es de Worms et de Bruxelles, Ie28avril 1521 et
le 18 mars 1592. A la dt&e de Presbourg, pr&id£e
par le palatin Etieone Bathori, Zapolya fut declare
usurpateur, et Ferdinand seul roi legitime (novembre
1 526). Ferdinand marcha contre son rival, qui, aban-
don^ de la plupart de ses partisans, fut vaincu dans
la plaine deTokai, et forc6 d'implorer, par l'ambas-
sadeur fraagaiB Ringon. les secours deSigismond, roi
de Pologne, son beau-p&e. Cest du fond de la Tran-
sylvanie que Zapolya envoya un arabassadeur deroan-
der k Souleiman son appui pour oonqu&ir la cou-
ronne qui lui avait &e promise. II confia cette mission
delicate h J6r6me Lascrity , palatin de Siradie, de re-
tour depuis pen de son ambassade a Paris, hommed'un
esprit fin et actif, et maniani ausai bien la plume que
l'£p£e. Avant d'etre re^u par le Sultan, Lasczky rendit
vistte aux virirs suivant le c^r^monitl d'usage. D&s
son arriv^e h Constantinople, il s'&ait \\6 d'amitie avec
Louis Gritti, dont il voulait faire servir le credit pres
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io4 HISTOIRE
de la Porte au succ&s de ses negotiations. Louis Gritti
etait fils naturel d'Andrea Gritti, prec6demment pte-
nipotentiaire, actuellement doge de Venise; homme
habile et insinuant, dune ambition que rien n'etit fait
reculer, il avait su sattirer les bonnes gr&ces d'lbra-
him et par suite celles du Sultan , au point qu'il fut
constamment l'agent de la Porte dans tous les rap-
ports de celle-ci avec les puissances &rang6res. Peu
h peu il s'arrogea presque exclusivement la direction
des affaires ext&ieures, et nous le verrons jouer un
r61e important , non seulement comme ^missaire de
Venise, mais encore comme arbitre supreme de la
Hongrie. Lasczky avait gagne Louis Gritti par la pro-
messe du plus important £v£ch£ du futur royaume de
Zapolya, et par un don provisoire de plusieurs mil-
liers de ducats par ah. Sous rinfluence de Gritti, les
affaires de Lasczky changerent compl&ement de face ;
raccueil des vizirs, qui avait et6 froid et hautain, de-
vint un accueil plein d'£gards et de deference; le tri-
but annuel, qui avait d'abord &£ demand^, ne fut plus
qu'une ambassade annuelle avec les pr&ens d'usage.
Les discours tenus par le Sultan, Ibrahim et les vizirs
h l'envoy£ hongrois, et que celui-ci a cohsignes dans
ses rapports, nous paraissent tellement caract&iser la
diplomatie et la politique d'alors, que nous croyons
devoir en reproduireiciune part ie '.
« Pourquoi ton maitre, dit Ibrahim k Lasczky, dans
sa premiere entrevue avec lui (82 dtecembre 1537),
i Actio Hyeronimi Lasczky apudTurcam nomine Regis; dans Del, Appa~
ratus ad hisioriam Hungarice. Posonii, 1753, j>. 159. Catona, XX, p. 260.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. io5
na-t-il pas demand^ plus t6t la couronne de Hongrie au
Grand-Seigneur? N'a-t-il pas compris oe que signi-
fiaient l'incendie d'Ofen et la conservation du chft-
teau royal? Ici on est instruit de tout ; on sait ce que
vaut l'archiduc , ce que vaut ton maitre , et ce que
peuyent tons les autres princes de la chr&iente. »
Cependant Lasczky obtint un sourire et l'approbation
du grand-vizir en lui r£pondant adroitement que Za-
polya ambitionnait non seulement l'amitte du Sultan,
mais encore celle de l'homme qui avait tout pou-
voir sur lui. Le Iendemain, il eut h entendre du vizir
Moustafa ces dures paroles : « Ainsi done tu es venu
sans pr&ens demander , non pas notre amitte, mais
nos secours. Dis-moi : comment ton maitre a-t-il os6
entrer dans Ofen , qua foule le pied du cheval du
Sultan , et dans le chateau royal , qui n'a 4x6 £par-
gn6 que pour le retour de notre maitre ? Notre loi
veut que chaque endroit ou s'est repos£e la t&e du
padischah, ou s'est montree celle de son cheval, soit
a jamais sounds a sa domination. Tu viens sans tri-
but, et de la part dun de ses esclaves. Ne sais-tu pas
que notre seigneur, unique comme le soleil , r&gne
sur le ciel et la terre? et toi, courrier du ban de Tran-
sylvanie, tu oses appeler le glorieux Sultan pire dun
aussi pauvre prince que le tien! » Le troisi&ne vizir,
Ayas-Pascha, le traita avec moms de rudesse, et s'in-
forma si l'esclave envoy6 par le Sultan en ambassade
aupr£s du roi Louis vivait encore. Ibrahim ayant de
nouveau regu Lasczky en audience le 28 decembre,
permit que Zapoly a, en sa quality de roi de Hongrie,
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io6 HISTOIKE
Iui adreaeftt la parole comme k son fr&re cadet, pap
l'entremise de son ambassadeur: « Nous avons tu£ le
roi Louis, ajouta-t-il , nous avons pris son chateau,
el nous y avons mang£ et dormi. Son royaume est
a now. C'est une folie de penser que les rois soient
rois par la couronne. Ce n'est pas Tor , ce ne sont
pas les pierres pr£cieuses qui font r£gner, mais le fer.
Le sabre force k l'ob&ssance ; le sabre doit garder ce
qui a <k<§ gagn£ par le sabre. Nous savons que la Hon-
grieest 6puis6e d'argent et de ressources; que ton mal-
tre reoonnaisse done le Sultan comme son seigneur ,
qu'il implore le seoours de son bras , et alors nous lui
pr&erons assistance, nous exterminerons non seule-
ment Ferdinand, mais encore tous ses amis, etnous
applanirons leurs montagnes avec les pieds de nos
chevaui. Sans le doge Gritti et son fils, nous aurions
aneanti la puissance de Ferdinand et de ton maitre;
car le combat de deux ennemis qui se ruinent mu-
tuellement est toujours favorable pour le tiers qui sur-
vient. Que serait-il advenu, si j'avais march£ contre
Ferdinand avec les janissaires et les troupes de Rou-
milie, et si Ayas-Pascha &ait tomta sur ton maitre
avec les Moldaves et les Tatares? Nous nous sommes
tenus tranquilles tout cet &6 sur la prtere de nos amis
les V&iitiens ; mais nous ne dormions pas pour cela,
et s'il est n£cessaire, nous sommes pr&s & nous mettre
en campagne. Nous trouverons les deux rivaux 6pui-
s&, et les armes du Sultan vaincront ailment. Nous
conduirons contre nos deux adversaires des troupes
plus nombreuses que celles que nous avons conduites
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 107
centre ira sail, et nous femons d'Ofen one autre Con-
stantinople. Je ne t'ai pas parte k la mantere tnrque,
e'est-a-dire pas assez br&vement ; les Tores paiient
peu et agissent beaucoup. Tu t'&onnes de me voir
rire; je ris de ce que tu viens r&lamer les pays con-
quis k la pointe de notre ^p6e. Sacfae que nous avons
des serres plus terribles que les faucons ; nos mains
restent la ou nous les avons mises une fois , k moins
qu'on ne les coupe ; retiens ces paroles, car il en est
ainsi. La terre regoit chaque gouttede pline qui tombe ;
de mtme nous ecoutons toutes les paroles qu'on nous
adresse, surtout celles des ambassadors; mais si nous
avons de longs bras, vous avez la vue tongue aussi.
Vous reclames des possessions perdnes depuis bien
des aim&s, vous r6vez toujour* de Belgrade. Je pen-
sais que tu aurais depuis long- temps oublie la Syrmie,
mais je vois que tu as bu du vin di'Syrmie, et il faut
croire qu'il t a plu. Tu dis que cette province nous
cotite plus qu'elle ne nous rapport e; e'est vrai, pour
le moment, car nous depensons chaque mois vingt-
hint charges d'argent pour son occupation, c est-&-
dire cinquante-six mille ducats^ et par consequent six
cent soixante-douze mille ducats par an [xvii]. En
fehange de la Synnie, nous ne voulons pas de pr6-
sen^, mais un tribut. Tu nous as parte deux fois de
la Pologne ; nous avons renvoyi le dernier arabassa-
deur de ce royaume a vec une treve detrois ans, dont
le terme va bientdt expire*. Bien que nous ne soyons
pas en guerre avec la Pologne, elle nous a rapport^ ces
dernteres annles plus de cinquante mille ducats, car
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io8 HISTOIHE
les Tatares vendent aux Turcs tous les prisonniers
qu'ils font sur elle , et la douane de Kilia et de Kaffa
a eu depuis deux ans un exc£dant de plus de trente
mille ducats sur lesrecettes ordinaires; si nos troupes
p£n£traient en Pologne par la Moldavie avec les Ta-
tares, elles y resteraient malgre les efforts du roi, pen-
dant une ann£e entire, mettant tout k feu et k sang x . »
Souleiman donna audience k Lasczky le 27 Janvier
1 528 , et r£pondit eji ces termes au discours que
celui-ci lui adressa : « J'accepte avec plaisir le d£-
votiment de ton maftre; jusqu'& present son royaume
ne lui a jamais r6eilement appartenu ; il est k moi par le
droit de la conqu&e et du sabre. Mais en recompense
de sen attachement a ma personne, non seulement je
lui c&lerai la Hongrie , mais encore je le prot^gerai
si ef!
pour
dien<
pelle
vani<
les ei
sens
etle
de s<
quatre vetemens d'honneur et dix mille aspres (deux
cents ducats). Le leademain il fut admis en presence
du Sultan qui lui parta en ces termes :« Tu sais quels
sont les moyens par lesquels nous pourrons prouver
■ Catona a omis ces citations, qui se trouvent dans Bel, p. 176.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 109
a ton maitre noire attachement; ses affaires sont les
miennes, et ce qui m'appartient est k lui. Je sais que
souvent les puissances chr&iennes out amoncete des
nuages menagans sur mes aieux et ie peuple de Mo-
hammed, mais ces nuages ne lan$aient pas la foudre.
Sans leurs provocations , le sang humain n'aurait pas
coul£, mais il &ait' indispensable dan&ntir ceux qui,
k chaque occasion, se levaient contre nous. Que ton
maitre nous tienne au courant de toutes les affaires
importantes ou non des Etats Chretiens , et l'alliance
qui est entre nous prendra de jour en jour de plus
profondes racines. Je veux 6tre pour ton maitre un
ami et un alK£ fiddle >, je marcherai en personne et avec
toutes mes forces contre ses ennemis , j'en jure par
notre proph&e Mohammed aim6 de Dieu, et par mon
sabre. » Lasczky jura k son tour « par Ie Dieu vivant
et par Jesus le Redempteur, qui est aussi Dieu, que
son maitre serait Tami des amis de Souleiman et l'en-
nemi de ses ennemis. » II pr£senta ensuite Louis Gritti
comme ptenipotentiaire de Zapolya. Le 29 fSvrier
1528 fut sign6 le premier traite d' alliance entre la
Hongrie et la Turquie ; on promit en outre k Lasczky
cinquante canons et cinquante quintaux de poudre ,
dont on prepara le depart immediat par le Danube et
la Theiss ; il fut ordonne en m&ne temps k tous les
sandjaks de 1'empire de preparer leurs contingens pour
entrer en campagne au premier signal l .
■ Catona, XX, p. 3a8 et 334, a reclifie les erreuto d'Istuanfi et de
Jovius sur cette missioQ de Lasczky, et quelques fautes de dates dans sou
journal.
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no HJSTOIRE
Ferdinand, instruit des d-marches de Zapolya et da
succ£s de la mission de Lasczky, envoya de son c&t&
une ambassade k SotdeSman ; cette ambassade; la pre-
miere de rAutriche aupr£s de la Porte, &ait compose
des deux nonces Jean Hobordansky de Salathnook, et
Sigismond Weixelberger , originaire d'Allemagne, qui
latent charges, non de demander des secours, mais de
r&Iamer la restitution des pays pris sur la Hongrie ',
d'offirir une paix definitive, on du moins de n£gocier
une tr^ve. Apr&s un voyage de six semaines, les deux
ambassadeurs arrivArent k Constantinople le 29 mai
2 \ \ 5y$8, jour anniversaire de la prise de la ville. lis firent
leur entree, escorts par mille chevaux qui etaient ve-
nus k leur rencontre sur l'ordre du Sultan. « Comment
ton mattre a-t-il eu l'audacieux orguefl, demanda Ibra-
him k Hobordansky, de s'intituler le ir£s-piussant, en
pr&ence du saltan des Ottomans, sous l'ombre duquel
se r£fagient les autre* princes de la chr^tient^ ? »
Hobordansky ayant voulu savoir quelles &aient les
puissances qui imploraient la protection de la Porte,
Ibrahim lui nomma la France , la Pologne , Venise
et la Transylvanie. A la vue de la liste sur laquelle
Etaient £num£r£es les possessions r£clam£es par Fer-
dinand [xvni], le grand-vizir s'&onna qu'on n'eAt pas
demand^ aussi Constantinople. Les rudes manures
i Zermegby, Rer, gesl. inter Ferdinandum et Johannem, dans Schwandt-
ner, II, 393. Magasin hongrois, IV, 396. Rapport d'Hobordansky, dans
les archives de la maison I. R. d'Autriche; on y trouve aussi une foule de do-
itimens turcs jusqu a present incomius , et que nous aurons souvent occasion
<le citer.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 1 1 1
du guerrier hongrois Hobordansky diflferaient beau-
coup des maeurs courtisanesques du palatm polonais
Lasczky . Souleiman s'irrita tellement , non - seulement
des reclamations de Ferdinand en elles-m&nes, mais
encore de la forme sons laquelle elles &aient pr6sen-
ties, qu'il fit d&enir les ambassadeurs dans leur h6tel.
II neleur rendit la liberty qu'aprta une captivity de neuf
mois, et les cong^dia en leur remettant & chacnn un
present de cinq cents ducats et en leur disant : « Votre
mattre n'a pas encore eu avec nous de rapports d'ami-
tte et de voisinage ; mais il en aura bient6t. Vous pour-
rez lui dire que j'irai le trouver avec toutes mes forces,
et que je lui donnerai moi-m&ne ce qqil demande.
Ainsi dites-lui bien qu'il se prepare k noire visite. »
Les ambassadeurs r^pondirent que leur maitre serait
charm6 de voir arriver le Sultan en ami, mais quil
saurait aussi le recevoir en ennemi. L'ambassadeur
polonais, envoy£ par son mattre pour le renouvelle-
ment de la tr&ve, ay ant era reconnaitre dans Sigis-
mond Weixelberger, Sigismond Dietrichstein, un des
fideles serviteurs de Ferdinand, s'atdra la colore du
grand-vizir qui 1'accusa d'&re un espion du fr£re
de Charles-Quint x ; il reprocha avec non moins d'ai-
greur aux ambassadeurs autrichiens le meurtre du
i Rapport de Weichselberger, dans les archives de Vienne. U existe sur
eelte premiere ambassade de rAutriche a la Porte un rapport imprint de
quatre feuillets, sans indication du lieu d'impression : Welcher gcsialt
Kunig. M*j> %u Hungarn Behemb Bothsehaften ncmlick Herr Sigismund
WeUhselbtrger umd ein Ungarischer Herr zu dem turkiscJien Kaiser zukom-
men sintL Voyez Windisch, Magmsin hongrois, IV.
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ii2 HISTOIRE
tschaouscb envoys nagu&re k la cour de Louis II f .
La r£ponse de Souleiman au message du roi de Hon-
grie 6tait d'autant plus insukante, que trois jours au-
paravant il avait d61ivr£ k Ibrahim, en plein diwan, un
dipl6me qui le nommait serasker ou g£n£ral en chef
de r expedition contre l'Autriche ,' avec le traitement
inoui de trois millions d'?spres par an (soixante mille
ducats). Les derniers paragraphes de ce dipl6me, qui
fut r£dig6, sous les yeux m6me du Sultan , par l'his-
torien Djelalzad6 , son secretaire d'etat , d&inissent
ainsi le pouvoir accords au grand-vizir :
« Jordonne par ces pr&entes que tu sois d&s au-
jourd'hui et pour toujours mon grand-vizir, et le se-
rasker nomm£ par ma majeste dans tous mes £tats.
Mes vizirs , beglerbegs, juges d'arm£e , 16gistes, juges ,
seids, scheikhs, mes dignitaires de la cour et colonnes
de I' empire, sandjakbegs, g&ieraux de la cavalerie ou
de l'infanterie , alaibegs (g£n£raux des troupes feuda-
taires), soubaschis, tscheribaschis (officiers de ces
m&nes troupes) , toute mon arm£e victorieuse , tous
mefe esclaves, grands ou petits, mes fonctionnaires et
employes, les habitans de mes royaumes et de mes
provinces, les bourgeois et les paysans, les riches et les
pauvres , tous enfin reconnaitront mon susdit grand-
vizir comme serasker , l'estimeront et le v£n6reront
en cette qualite, regarderont tout ce qu'il dit ou croit
comme un ordre £man£ de ma bouche qui fait pleu-
i Windisch , Magasin hongrois : Der Bothschaft jurgehalien wie des
Turk tein Boihschuftcr zu weylandt Kenig Ludwig gcsandt, da tey erschU-
gen worden, deshalben sy attch hedraut, und nit in kleiner Furcht.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. n3
voir des perles, £couteront sa parole avec toute l'atten-
tion possible, recevront chacune de ses recommaii-
dations avec respect, et ne s'en £loigneront en rien.
Le droit de nomination et de destitution, pour les pla-
ces de beglerbegs , de sandjakbegs et toutes les au-
tres dignk£s et fonctions, depuis lea plus£lev£es jus-
qu'aux plus basses, soit a ma bienheureuse Porte, soit
dans les provinces, est confere k son jugement sain, k
son esprit p£n£trant. Ainsi il doit remplir les devoirs
que lui imposent les attributions de grand- vizir et de
serasker, ne pas devier du chemin du droit et de la
justice, donner k chaque homme le rang qui lui con-
vient. Lorsque ma sublime personne entre elle-m&ne
en campagne , ou lorsquun £v£nement exige renvoi
d'une armee, le serasker reste seul maitre et seul juge
de ses actes; personne ne doit lui refuser ob&ssance.
Toutes les dispositions qu'il jugera k propos de pres-
crire relativement aux collations de sandjaks, de fiefs
et d'emplois, aux augmentations de solde ou de traite-
ment, aux distributions de presens, excepte ceux qu'on
f ait k Tarm^e en general, sont d'avance approuv&s
et sanctionn^es par ma Majeste. Si, contre mon ordre
sublime et lekanoun (loifondamentale), un membre
de mon arm^e victorieuse (Dieu nous en preserve!)
&ait rebelle k l'ordre de mon grand-vizir et serasker,
si un de mes esclaves opprimait le peuple, il faudrak
en instruire sur-le-champ ma sublime Porte, et le cou-
pable ou les coupables , quel que soit d'ailleurs leur
nombre , recevraient la punition qu'ils auraient m6-
rit£e [xix]. >>
T. v. s
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i,4 H1ST0IRE
Le Sultan fit remettre au grand-vizir avec ce di-
pl6me trois pelisses d'honneur et neuf chevaux riche-
ment enharnach£s, dont un &ait chargl d'un sabre,
d'un arc el de fl&hes £tincelans de pierreries; Ibra-
him regut £galement six queues de cheval et sept &en-
dards, au lieu des quatre d usage. Ges sept &endards.
dont deux rouges, deux ray£s, et les autres blanc,
vert et jaune , devaient appeler 1'heureuse influence
des sept plan&es sur les armes ottomanes. Le begler-
beg de Roumilie, Kasimpascha, vint les presenter au
grand-vizir dans son camp £tabli k Daoud-Pascha ,
un des faubourgs de Constantinople. A cette occasion ,
Ibrahim traita de la mantere la plus somptueuse les
grands dignitaires de 1'empire et les g£n6raux de Tar-
mfo x . Peu de temps apr&s mourut le second vizir,
Moustafa-Pascha, vieilli au service de S£lim et de son
fib; il eut pour successeur le beglerbeg de Roumilie.
Kasim , dont la dignity fut cumul£e une seconde fois
par Ibrahim avec celle de grand-vizir *.
Le 10 mai 1599, Souleiman partit de Constanti-
nople avec une arm£e de deux cent cinquante mille
hommeg et un pare d'artillerie de trois cents canons.
Une ordonnance spfciale r£gla ainsi la marche de la
suite du Sultan : h la Idle, &aient les tschaschn£gir£s
(buyers tranchans), derrfere ceux-ci venaient les
mouteferrikas (fourriers) , sui vis eux-m£mes des agas ;
les nischandjis , les defterdars et les kadiaskers mar-
i Djelalwide, f. 124. Mouradjea d'Ohison, VII, p. 3gi. Solaktadc,
f. 168. Ferdi, f. i5o. All, xxue recit.
a Ferdi, f. i5o. Petschewi, f. 48.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 1 1 5
chaient imm^diatement devant les sept queues deche-
val du Sultan '. A Philippopolis, la Marizza avait iti
tellement grossie par les pluies , qu'elle emporta le
pont, et inonda la plaine dans Iaquelle avait &6 dress6
le camp ottoman (9 juin — % schewal). Beaucoup de
soldats furent noy£s; d'autres se r&ugterent sur les
arbres au risque d'y mourir de faim , bk>qu6s qu'ils
£taient par les eaux \ L'arm& continuant p&iiblement
sa marcfae par une pluie battante, put cependant
traverser la Morawa et la Save, et passa k Essek la
Drave sur un pont qu'elle y jeta. Lorsque le Sultan
fat arrive k Mohacz, Zapolya vint lui rendre horn-
mage, accompagn6 de son ambassadeur Lasczky, et
d'un corps de six mille chevaux. Le grand-vizir, ins-
truit de l'approche de Zapolya, se porta k sa rencontre
avec cinquante cavaliers de sa suite et autant de janis-
saires a . Le jour suivant (20 juillet — 14 silkide) fut
fix6 pour la reception solennelle du nouveau roi de
Hongrie. Dans l'int&rieur de la tente imp£riale&aient
ranges les agas de la cour ^t de l'armi&e, derri&re eux
les gardes~du-corps (solaks), arm6s de Tare et des
Arches, puis les ecuyers et les founders ; k Text^rieur,
les janissaires formaient la haie des deux c6t6s. Der-
* Journal de Souleiman.
* Ali, xxii« recit, f. a 36, et Solakzade, p. 108 , racontent d'apres Dje-
lalzade, f. 198, une aventure qui trouvera beaucoup d'incredules. Ojelalzade
pretend que Nakasch Alibeg , dont il lient ee recit, s'&ant refugie sur uu
arbre, fut assiege* toute la Quit par de petits serpens qui, prenant sa boju-
che et ses oreilles pour des trous , voutaient toujours s'y cacber.
3 Journal de Souleinjau.
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H6 HISTOIRE
rtereles janissaires, kdroite, &aient les sipahis et les
troupes de Roumilie, a gauche les silihdars et rarmee
d'Anatolie. Vers midi, les agas de l'aile gauche et les
fourriers alterfent recevoir Zapolya, et lui servirent
d'escorte jusqu a la tente imp£riale. En le voyant en-
trer, Souleiman se leva, fit trois pas en avant , et lui
donna sa main a baiser, en Imvitant a s'asseoir a sa
droite; les vizirs Ibrahim, Ayaz et Kasim, se tenaient
debout k sa gauche. En cong&liant Zapolya, le Sultan
lui fit pr&ent de trois chevaux de race avec leurs
housses dor, et de quatre kaftans de drap dor ! . Ainsi
Souleiman rendit a jamais memorable le th&tre de sa
brillante victoire sur les Hongrois, en y recevant les
hommages du roi de Hongrie; et les champs de Mo-
hacz furent deux fois t£moins de la honte du royaume,
car ils virent la d£faite du roi Louis et I'humiliation de
Zapolya, qui sacrifia l'honneur national k son ambi-
tion. Pendant la marche de Mohacz a Sexard, Balibeg,
gouverneur de Zwornik , fut envoy£ en avant avec
cinq cents cavaliers, pour,aller recevoir la couronne
royale de Hongrie, et le gardien de cette couronne,*
Pierre Pereny, qui &aient tomb£s entre les mains
dun parti de Zapolya.
Le 3 septembre , Souleiman arriva sous les murs
d'Ofen, alors au pouvoir de Ferdinand, et dressa son
camp sur les coteaux vineux qui avoisinent la ville [xx].
Les travaux de stege commencerent imm£diatement,
Souleiman et Ibrahim, revetus d'un simple kaftan de
i Journal de Souleiman. Petschewi , f. 38. Ali, f, a 3?. Djelalzade,
f. 12K. Ferdi, f. i56. Istuanfi.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 1 1 7
libeline et la t6te couverte dun casque, all^rent fr6-
quemment reconnatlre les fortifications. Le cinqui&me
jour, la porte infi&rieure fut emportle par les Otto-
mans; le lendemain, un nouyel assaut ayant &6 donn£,
la garnison, subissant l'influence de deux l&ches, des
capitaines allemands Christophe Besserer et Jean Tau-
binger, se rendit, sous la condition de la vie sauve \
avant m£me que la brfeche etit &i£ ouverte. Les janis-
gaires murmur&rent en se voyant d£$us dans leur
espoir de pillage et demand£rent un d^dommagement.
Leur m£contentement ne tarda pas k amener des d6-
sordres graves, au milieu desquels leur second g&iiral
(segbanbaschi) fut bless6 a la t6te, et d'autres hauts di-
gnitaires chassis k coup de pierres a . Furieux du refus
que fit le Sultan de satisfaire k leurs exigences, ils ven-
dirent les habitans comme esclaves, et massacr&rent,
au m£pris de la capitulation, la garnison allemande,
lorsqu'elle sortit de la forteresse. Ce massacre ne doit
done pas 6tre attribu£ au Sultan comme celui des pri-
sonniers de Mohacz, mais seulement k la f6roce avi-
dite des janissaires 3 . Sept jours apr6s la prise d'Ofen,
Zapolya fut install^ sur le trdne des Arpades, non par
le Sultan en person ne, le grand- vizir, ou Tun des au~
1 Journal -de Souleiman du 8 septembre.
* Journal de Souleiman. Djelaltad£, Solaksade , Hatanbegzade, Ferdi,
AH. Petschewi, f* 4&. Ce dernier dit qu'un prisonnier avait tire son sabre
contre un musulman qui toulait visiter un char couvert emmene par la gar-
nison, et que la-dessus le massacre general avait eu lieu. Cette circoustance
u'est consignee dans aucun historien hongrois, non plus que I'emeute des
janissaires.
3 Journal de Souleimau.
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ti8 HISTOIRE
tres vizirs, pas m£me par un des beglerbegs d'Europe
et d'Asie, ou le g£n£ral des janissaires, mais par le
premier lieutenant de ce dernier. Ce fut done le seg-
banbaschi, qui, suivi de Louis Gritti, alia chercher le
votevode de Transylvanie datis sa tente pour le con-
duire au chateau royal. Zapolya fit present de mille
ducats au segbanbaschi, et dune somme pareille aux
janissaires qui l'avaient escort^ z . Souleifman laissa un
gouveraeur tare k Of en , et se dirigea sur Vienne ,
menant k sa suite son nouveau vassal; Mohammed-
beg, gouveraeur de Semendra et fils d'Yahya-Pascha,
pr£c£dait Farmfe, dont il avait ordre d'6clairer la
marche'.
Avec les orages de l'£quinoxe d'automne, arri-
virent a Vienne les premiers corps des akindjis sous
les ordres d'un descendant de Mikhaloghli. Christophe
Zedlitz, porte-drapeau du comte Jean de Hardek
et six chevaliers [xxi], furent au nombre des premiers
prisonniers faits par ces hordes terribles, que les his-
toriens du temps d£signent sous le nom significatif de
faucheurs ou d'&orcheurs. Zedlitz et ses compagnons
d'infortune furent contraints de porter chacun au bout
dune pique la t&edNmprisonnier d&apit£, etd'aller
ainsi jusqu'& Bruck, sur la Leitha, k la rencontre du
Sultan 3 , qui les interrogea sur la force de la gar-*
i Le kanoun d'Ebousouood, compose dans les annees 93a et 936 de
lhegire et promulgoe par Sooleiman, se trouve dans les Manutcrus de Dies*
a- la Bibliotheqne royale de Berlin, no VI, f. 32.
• Journal de Souleiman. AH, f. 337. Petschewi, f. 49. Ferdi, f. t58*
Abdoulaziz, f. 81.
3 Pessel et Labach, publie par Meldeman. Nuremberg, i53o*
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 119
toison de Vienna, et le s£jour actuel de Ferdinand.
Ceux-ci ayant repondu que la garnison comptait vingt
mille fantassins et deux mille cavaliers, et que Ferdi-
nand s'&ait retir6 dans le haut pays, le Sultan dit qu'il
poursuivrait Ferdinand jusqu'k ce qu'il feftt trouve,
qu'il respecterait les biens et les habitans de Vienne,
s'ils se soumettaient volontairement, mais que dans le
cas contraire il livrerait la ville k ses soldats. La veille
du jour de Saint-Wenceshrw (g7 septembre — 23 mo-
harrem), Souleiman arriva sous les murs de Vienne,
et vint camper dans le village de Simmering. La tente
imp£riale , sur l'emplacement de laquelle a 6t& bftti
plus tard un Edifice correspondant exactement a sa
surface, 6tait tapiss& k Tint^rieur de drap dor, et s'e-
levait k l'ext&rieur sur des colonnes k chapiteaux dor ;
tout autour &aient distribu£s douze mille janissaires.
Les troupes du beglerbeg d'Anatolie, Behram-Pascha.
s'&endaient sur la gauche du quartier-g^neral dp Sul-
tan jusqu a la petite riviere de Schwechat; k droite de
Simmering &aient dress£es les tentes de la chancellerie
et du defterdar. Le camp du grand- vizir occupait tout
1'espace compris entre Saint-Marc et la porte de Vienne
dite porte des Po4le$, et se prolongeait de ce point jus-
qu'k la montagne dite FJ^ienerberg. A c6t6 des tentes
du grand -vizir s'&evaient celles de Paul Verday,
qui avait honteusement livr6 la forteresse de Gran
sans coup-ftrir ' , de Paul Pereny, gardien de la cou-
ronne, de Simon Athinai, le savant ami de Zapolya.
et de Louis Gritti, le confident d'Ibrahim. Entre Saint-
Istuanfi. Catona, XX, p. 438.
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no HISTOIRE
Marc et le Wienerberg, se trouvait le pare d'artillerie
compost de quatre cents canons, fauconneaux et cou-
leuvrines , sous les ordres du topidjibaschi ou com-
mandant en chef de l'artillerie de siege. Balibeg ',
general de l'avant-garde, occupait les hauteurs du
"Wienerberg et le versant de cette montagne oppos£
k la ville ; en avant du Wienerberg les troupes du
commandant de rarrtere-gardeKhosrewbeg 3 , se d£-
roulaient jusqu'a Vienne. A la porte dite du Cha-
teau, &aient post£es les troupes du gouvernement de
Roumilie, ramassis de Bulgares, de Croates et de Ser-
viens; a la porte des Ecossais et dans la direction de
Doebling, le pascha de Mostar. L'armee de stege comp-
tait environ cent vingt mille hommes et vingt mille
chameaux. Le voitevode Kasim * commandait sur le
Danube une flottille de huit cents nassades monies
par les martoloses (troupes irr^gulieres). Dans la ville,
l'ann£e des assies s'6tait echelonnee sur les remparts
en sept stations diffSrentes , correspondant chacune
aux sept campemens des Turcs.
En fece des tentes du grand-vizir, derrtere les-
quelless'&evaient eelles du Sultan, le palatin Philippe,
due de Bavtere, occupait avec quatre cents cavaliers
et quatorze bataillons de troupes de l'empire, la porte
des Po&es en s'&endant a gauche jusqu a la porte de
< Koutschouk Balibeg, dont le pere avail eu quatre fils, qui obtinrent tous
un oommandement , dit Pessel , et noa pas le pascha de Belgrade avec ses
quatre fils, comme le dit VAlmanach pour l'histoire d'Autriche, ou il fayt,
lire, p. 94, Mostar, au lieu dejiastarzky. Voyez aussi Velius, p. 116^
a VUtiunbeg de Pessel. — ' Labach, Pessel.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 121
la Tour-Bouge, et a droite, jusqu'& mi-chemin de la
porte de Carinthie ; la defense de cette partie du rem-
part, qui allait rejoindre la porte de Carinthie et se
prolongeak jusqu'au couvent des Augustins, etait con-
tinue par le contingent de la Basse- Autriche, sous le
chevalier Eck de Reischach. La ligne des fortifications
depuis et compris le cloitre des Augustins jusqu'au
chateau, ^tait confine a Abel de Holnek et k ses Sty-
riens. Ulric Leisser, conseiller de guerre et maltre-
g£n£ral de l'artillerie, d^fendait le chateau. Le poste
entre le chateau et la porte des ticossais &ait com-
mand^ par le conseiller aulique Leonard de Fels, ayant
sous ses ordres quelques bannieres d'Autrichiens et
les capitaines de la garde bourgeoise de Vienne. Les
remparts, depuis la porte des Po61es jusqu a la porte
de Werder, qui avoisinait le quartier des Juifs appete
Elend (mis&re) " , &aient dtfendus par Remprecht
d'Ebersdorf avec une banntere d'Autrichiens et les
troupes espagnoles; Ernest de Landenstein, traban
de la cour , colonel de quatre bataillons de Bohgme, et
cinq cents cavaliers sous Jean de Hardek , combat*
taient sur la ligne qui s'&end des tours de Werder et
du Sel a la Tour-Rouge a . Les forces des assi£g£s s'6-
levaient en tout a seize mille hommes, et cette poignle
de soldats avait a d&endre, contre la formidable ar-
mee de Souleiman, un rempart de six pieds au plus
d'epaisseur et enticement degarni de bastions. Mais si
1 Qua a Judcorum turn tenet et ira ellendt germanice appellator. Did&ca
Serava (Syndromus, p. 58).
? Pessel, dans Lewenklau, p. 457.
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1 1% H1STOIKE
les moyens de defense <kaient faibles, la haine contre
lea Turcs 6tait vivace et profonde, 1'ardeur des soldats
sans £g*Ie, l'habilete et le courage des chefs une suffi-
sante compensation du nombre; ces chefs etaient le
comte paiatin da Rhin Philippe, due de Ravi&re,
nomme r&emment g£n£ral en chef de Tarm^e contre
les Turcs h la di&e de Spire, en remplacement de son
cousin Fr£d&ic de Bavfere, le comte Nicolas de
Salm et le baron de Roggendorf '.
Dans l'attente de l'ennemi, les faubourgs avaient eti
brides ou nts£s; un nouveau rempart en terre 6\e\6
k vingt pas du premier dans lmt&ieur de la ville, et
la rive du Danube ctefendue par des palissades. Un
bastion avait 4t& construit pr& de la tour du Sel et du
pont des Abattoirs ; les maisons dont les toits Etaient
en bois avaient &6 d&nolies, pour prevenir les effets
incendiaires des bombes. L'artillerie des assieg^s ne
consistant qu'en soixante-douze canons, n'&ait gu&re
que le cinqui&ne de celle des Ottomans.
Le jour m£me oii Souleiman &ablH son camp a
Simmering (27 septembre — 23 moharrem) , les quatre
cents oassades composant la flottille turque du Danube
avaient remont£ le fleuve, brtklant tous les ponts sur
leur passage, Le lendemain, les assies au nombre de
deux mille cinq cents firent une sortie par la porte
de Garinthie, et tomberent sur les Turcs, auxquels
ils tu^rent deux cents hommes, parmi lesquels deux
yahyabaschis (capitaines), un tschaousch et plusieurs
janissaires; le grand-vizir liri-m&ne, qui, deguise, fai-
* Pessel, p, 447.
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BE L'EMPIRE OTTOMAN. is3
sail le tour de la ville h cheval, fut sup le point d'etre
fait prisonnier '. Le 99 septembre (25 moharrem) ,
trois bannfcres firent une seconde sortie par la porte
du Chateau, mais elles ne tarderent pas k rentrer, apres
avoir fait £prouver quelques pertes aux Turcs \ Le
2 octobre (98 moharrem), led assi£g& attaqu&rent le
camp du beg de Semehdra et en revinrent avec trente
t6tes et dix prisonniers 3 . Le m6me jour, on commenga
a contreminer les mines pratiques par les asstegeans
sous la porte de Carinthie et le couvent de Sainte-
Glaire *. Le secret de oed mines avait &6 Hvr6 aux
chr^tiens par un transfuge turc. L'ennemi, disappoints
dans ses tentatives, ouvrit contre la porte de Carinthie
un feu terrible qui dura toute ia nuit 5 . Le 6 octobre
(9s4fer), le grand- vizir ordonna aux akindjis de pre-
parer des ^chelles pour l'escalade, et aux troupes
d'Anatolie de faire des fascines pour combler les fos-
ses 6 . Le m£me jour T arriva au camp ottoman Simon
Athinai, partisan et ami de Zapolya. Son grand savoir
lui avait m£rit£ le surnom de Utteratus, traduit par le
Journal de Souleiman en celui de Reisoul OuUma ou
i Pessel et Didaco placent oette sortie au 29 septembre; Labach et
Meldeman , au 37 ; le Journal de Souleiman, au a 3.
* Labach, dans Meldeman, le 28 septembre. D'apres le Journal de Sou-
leiman, le vj.
3 Pessel, p. 463, ne fait mention que de la decouverte d'une mine ; mais
Labach parle aussi de la sortie du 1 octobre et d'une escarmouche qui avait
eu lien la veille. Dans le Journml de Souleiman , il n'est parle que de la visile
rendue au Sultan par les vizirs.
4 Pessel et Didaco. — 5 ibid., p. 463.
€ Journal de Souleiman du 4 octobre.
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124 HISTOIRE
chef des savans, et lui valut la plus gracieuse reception
da padischah , qui , ayant lui-m&ne l'esprit cultiv£,
aimait et honorait la science mdme dans un infid£le.
Ce fut encore le m&ne jour (6 octobre), vers les six
heures du soir, que le comte palatin Fr&teric tira au
sort les bataillons qui la nuit m&ne devaient faire une
sortie. II fut convenu qu'avant 1'aube (7 octobre) x ,
huit mille hommes , sous les ordres d'Eck de Rei-
schach, serendraient de la tour du Sel aux portes du
Chateau et de Carinthie, afin de surprendre Tennemi,
tandis qu'une autre colonne, sous la conduite de Sigis-
mond Leyser, qui irait tourner le couvent des Cannes,
tomberait sur ses derrteres ; mais ce projet £choua
par une trop grande lenteur d'ex&ution; lorsque Si-
gismond Leyser arriva avec sa troupe a la porte du
Chateau, il faisait jour, et les janissaires &aient prtts
a le recevoir. La ]&chet£ ou la trahison d'un chef de
file qui poussa un cri de dfroute, d£cida la fuite des
assieg£s, qui rentrerent dans la ville laissant cinq cents
des leurs sur la place et plusieurs prisonniers. Les
Turcs eurent a regretter dans cet engagement la molt
pr6matur6e du brave Alaibeg de Giistendil a , et les
chr^tiens, celle du capitaine Wolf Hagen , de George
Steinpies et de l'Espagnol Garcia Guzman; trois balles
* Pessel et Souleiman sonl entierement d'accord sur cetle date que Labach
place par erreur au 6 octobre. Djelalzade decrit, f. i3i ct i3a f les assauls
du »9 septembre, du a et du 6 octobre. Ali, f. a37. petschewi, f. 39,
Abdoulaziz, f. 81 et 8a.
a Journal dc Souleiman. Pessel ne parte de ces travaux qu'a la date du
5 octobre, ajoutant qu'ou o'a jamais fait usage des fascines.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. i*5
gtaient venues mourir sur la cuirasse d'Eck de Rei-
schach qui commandait en chef la sortie. Les Otto-
mans poursuivirent de si pres les imp^riaux , qu on
crut un moment qu'ils entreraient avec eux dans la
ville, m&is il n'y avait pasde br&che pratiqu£e, et une
fois les portes ferni^es , on repoussa ceux qui vou-
lurent monter k r escalade r . Souleiman, craignant une
nouvelle surprise, fit tenir la cavalerie en selle pen-
dant toute la nuit (8 octobre) ; les assi£g£s, voyant ainsi
les Ottomans sous les armes , crurent par erreur k
une attaque pour le lendemain a . Le 9 octobre, vers
les trois heures de rapr&s-midi, deux mines £clat£rent
a droite et k gauche de la porte de Carinthie et firent
deux bitches, Tune qui livrait passage a vingt-qu&tre
hommes de front , et 1'autre qui etait large de deux
aunes. Les Ottomans donnferent pendant trois jours
cons&utifs Tassaut k la ville(10, 11 et 12 octobre),
mais ils rencontrerent partout Nicolas de Salm et Jean
Katzianer qui se portaient sur tons les points ou le
p6ril &ait le plus menagant. L explosion de deut nou-
velles mines £largit encore la br£che de la porte de
(Carinthie; mais les begs d'Yanina et de Valona ayant
voulu profiter de cette circonstance, furent repousses
par trois fois avec une perte de deux cents hommes *.
Le 12 octobre, une grande partie du mur entre la
■ Pessel et Serava ne diseut rien de cet assaul , qui est rapport^ dans
Lewrnklau, p. 38g, ainsi que dans Melderaan, d'apres Labach.
• Journal de Souleiman. Les historiens se taisent sur un assaut repousse
ce meme jour par le eomte Salm, et dont parle le Tasckenhuch Jur Geschicie,
P- 97-
3 Journal de Souleiman. Labach, Pessel, Serava, Ley he, le Journal de
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ii6 UISTOIRE
porta de Carinthie et la porte des Ponies s'&roula, et
1'attaque recommenga avec une nouvelle fureur. On
vij du haut des tours de Vienne les paschas et les
begs stimuler a coups de baton et de sabre le courage
des janissaires et des azahs. Les Ottomans ayant 6x6
repousses k deux reprises dffi&rentes , le grand-vizir
tint un conseil de guerre, dans lequel il fut r£solu de
dobner le lendemain un dernier assaut, puisque la
saison avanc£e et le manque de vivres commandaient
la retraite, et que d'ailleurs on avait d6jk satisfait a
la loi de llslamisme, qui n'ordonne que trois attaques
en bataille rang^e ou dans un si£ge. On ranima le
courage d&aillant de Fannie par des distributions
d'argent et de grandes promesses x . Les janissaires
re^urent chacun mille aspres ou vingt ducats ; on fit
proclamer dans le camp que celui qui arriverait le
premier sur les murs recevrait un fief de trente mille
aspres, s'il n'en poss6dait pas encore, serait fait sou-
baschi, s'il n'&ait que sipahi, et serait 6le\6 k la di-
gnity de sandjakbeg s'il &ait soubaschi. Souleiman alia
en personne inspecter les brfeches, et les trouvant
suffisamment larges, il donna de grandes louanges a
Ibrahim a . Ce m&ne jour, pendant que les mineurs
ottomans ex^cutaient de nouveaui travaux et qu'un
Belt, Mariui Sanuto : AMI 9 Ottobre fece il Turco topra la torre di Carnar
verso il monastero di S. Chiara due grosse mine nel qual loco era il C. N.
fli Salm sopremo hgoienente e con ipso Giovani Cosianer.
* Journal de Souleiman, le i3 octobre.
3 Journal de Souleiman. Peasel, Labach, Serava et le comte Nicolas de
SsAm dans le Tasckenbuch fur vaterlandiscke Geschicte, p. 5a , par Hor-
niayer,
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 127
feu conlinuel foudroyait hi ville, Paul Bakicz et Jean
Katzianer firent une sortie, et revinrentavec un grand
nombre de prisonniers ' .
Le 14 octobre (1 safer), l'arm£e ottomane, divis4e
en trois colonnes, se porta, au milieu du tonnerre de
l'artillerie et des fanfares de la musique, sur la brtahe
de quarante-cinq toises d'&endue, qui existait k droite
et k gauche de la porte de Carinthie. En vain Ibra-
him, Behram-Pascha , beglerbeg d'Anatolie, et l'aga
des janissaires excitaient-ils Vardeur de leurs troupes
k coups de sabre et de b&ton; les soldats r£pondaient
qu'ils aimaient mieux mourir de la main de leurs
raaitres que par les longues arquebuses allemandes.
Vers les trois heures de l'apr6s-midi , la br^che fut
encore 61argie par ['explosion de deux nouvelles mi-
nes ; les assies en d^couvrirent une troisi&me sous
le ch&teau, et en retirerent vingt-six tonneaux de pou-
dre. Un dernier assaut fut tent£, mais il echoua contre
le courage des braves d^fenseurs de Vienne et de leur
chef le comte de Salm, qu'une pierre dltach£e par un
boulet blessa gri&vement k la cuisse. Dans l'impossi-
bilit6 de vaincre, Souleiman donna Fordre de la re-*
traite \ Vers minuit , les janissaires levirent leurs
tentes, el livr&rent aux flammes ce qu'ils ne purent
emporter ; les prisonniers dun Age avanc£ furent brfl-
16s, plus de mille femmes et enfons massacres, d'au-
> Istuanfi. Journal de Souleiman : Otlougha we asougha ghiden kimis*
nelerden kasir bi hadd adam aldi t e'est-a-dire : « Les infideles prirent un.
grand nombre de cetix qui etaient alles fourrager et battre le pays. »
9 Journal de Souleiman.
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12B HISTOIRE
tres, dans la fleur de la jeunesse et de la beaut 6, era-
tnen& en esclavage. L'incendie du camp £claira ces
scenes de desolation aux yeux des habitans de Vienne,
et les cris lamentables des mourans qu'ils ne pouvaient
defendre ariv£rent jusqu a leurs oreilles. (Test done
le 14 octobre que Souleiman, voyant la fortune aban-
donner ses armes pour la premiere fois, renonga k ses
prqjets de conqu&e sur Vienne, dont la brillante de-
fense avait sauv6 le reste*de l'AUemagne de la domi-
nation des Tures. Cette date semble 6tre consacree ,
dans l'histoire allematide, aux grands ev^nemens.
Nous la voyons en effet marquer suceessivemertt la
chute de Brisach, la paix de Westphalie, la bataille de
Hochkirchen, la prise d'Ulm, la bataille d'I6na, la paix
de Vienne, la bataille deLeipsick, et enfin la jonction
des armies coalisees a l'entrle de la campagne qui ter-
mina la longue lutte de V Allemagne avec Napoleon l .
Vienne salua sa d£livrance en tirant des salves d'ar-
tillerie, en faisant r&onner ses horloges qui etaient
resides silencieuses depuis Tarriv^e des Turcs , et en
mettant en branle toutes ses cloches. Le grand- vizir
demanda au porte-drapeau Zedlitz , son prisonnier,
ce que voulait dire tout ee bruit, et celui-ci lui ayant
repondu que e'etait un signe de r£jotnssance, il le fit
rev6tir de soie et d'or et le renvoya k Vienne 2 ; sa
conduite fut dict£e en cette occasion par un sentiment
de bienveillance, ou par son d^sir d'aplanir par cette
« Brisach, i63g; paix de Westphalie, 1648; Hochkirchep, 1758; chafe
dUlm, i8o5; Iena, 1806; paix de Vienne, 1809; Leipsick, 181 3.
* Pesse! , Labach. Journal de Souleiman.
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DE L> EMPIRE OTTOMAN. tag
tentative de conciliation, les difficult^ qui auraient
pu s'opposer k un cartel d'6change. En effet, le jour
suivant, dans une lettre 6crite en mauvais italien aux
commissaires des guerres relativement k la d&ivranoe
des prisonniers, il rappelle ce trait, et s'exprime ainsi :
« Moi , Ibrahim-Pascha, par la gr&ce de Dieu, pre-
mier vizir, secretaire et conseiller du plus grand, du
plus glorieux, du plus invincible empereur, du sultan
Souleiman; moi, chef et administrateur de son em-
pire, de ses esclaves et de ses sandjaks, g^n^ralissime
de ses armies , k vous, nobles et g4n£reux capitaines !
Nous avons pris connaissauce de la lettre que vous
nous avez fait tenir par voire messager. Sachez que
nous ne sommes pas venus pour prendre votre ville,
mais pour combattre votre archiduc; c'est ce qui nous
a fait perdre tant de jours ici, sans que nous ayons
pu le joindre. Nous avons mis hier en liberty trois
de vos prisonniers; il convient que vous agissiez de
m6me envers les n6tres, ainsi que nous avons chargg
votre messager de vous le dire. Vous pouvez done
nous adresser un envoy*, pour faire le d6nombre~
ment de ceux des v6tres qui sont en notre pouvoir,
et 6tre sans inquietude sur notre fidelity ; car si Ton
n a pas tenu parole k ceux d'Ofen, ce n'a pas &6
notre faute , mais la leur '. Ecrit devant Vienne, au
milieu d'octobre. »
Gene fut quele 16 octobre que Souleiman leva son
i Labach donne cette lettre avec le fsc-simUe du chiffre d'Ibrahim.
Hibischi , qui I'avait eue eatre les maims, dit : In levi italic* pappro indite
script*, quas ego ipse itt manibus habui et legi.
T. V. 9
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i JO
HISTOIRE
camp ; ertcore fit-il halte k peu de distance de Vie nne
pour convoquer un grand diwan ; les vizirs et les agas
vinrent le f&liciter deTheureuse issue de la campagne,
et des presens furent distribues pour prouver aux
troupes qu'elles avaient vaincu. Le grand-vizir regut un
sabre dont la poignee et le fourreau etaient enrichis de
pierreries . quatre kaftans et cinq bourses d'or , dont
chacune valait cinq cents piastres ou soixante mille
aspres, et par consequent douze cents ducats d'apr&s
le change d'alors \ La somme reparlie la veille entre
les janissaires s'elevait a plus de deux cent quarante-six
mille ducats. Cest ainsi que la politique du Sultan et
d'Ibrahim voulut changer aux yeux des soldats leur
retraite forcee en une victoire dont on avait eu la
g6n£rosite de ne pas vouloir profiter. Pendant cette
m&ne journee du 16 octobre, trois soldats allemands
vinrent se presenter devant Vienne, se disant des pri-
sonniers qui avaient r£ussi a s'echapper des mains
des Turcs. Introduits dans la ville , ils exciterent les
soqpeons par les d^penses immoder£es qu'ils firent et
qu'ils solderent en monnaie turque. Le supplice de la
question leur arracha l'aveu qu'ils avaient d£sert6
leurs drapeaux, pass£ a l'ennemi, et qu'ils en avaient
re$u des sommes considerables pour incendier la ville,
et pour servir de guides a un corps d'arm^e qui les
i Journal de Souleiman. Solakzade. Djelalzade\ Une bourse ?aut cinq
<enls piastres la pia&tre cent vingt aspres; cinquante aspres, ainsi qu'il re-
sult e d'un en tret ion de Lascziy avec Ibrahim, valaient alors un ducat. Sou-
leiman, ayaiU fait distribuer douze millions trois cent mille aspres, paya
done le dernier assaut deux cent quarante-six mille ducats.
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DE L'EMPIftE OTTOMAN.
i.m
altendait derrtere le Wienerberg ; ils furent 6cartel&
ct leurs membreg pendus aux remparts. Ibrahim, ainsi
degu dans te dernier espoir qui lui restait, donna (1 7 oc- •
tobre) a ses. troupes l'ordre de continuer la ret rate,
et se rendit le ra^me jour a Bruck sur la Leitha. Jean
Katzianer, Paul Bakics et Sigismond Weixelberger,
harcelerent ses derrieres, et lui prirent un certain nom-
bre d'hommes, de chevaux et de chameaux, Mais ces
foibles represailles ne pouvaient entrer en comparaison
avec les horribles exc£s des Turcs , qui , d'apr^s les
historiens contemporains , firent dans la contree plus
de djx mille prisonniers l . Pendant les trois semaines
que dura le stege de Vienne, les akindjis, appetes par
les Allemands sakman % , devarterent non seulement les
environs de la capitale, mais encore la haute et la basse
Styrie, et pouss&rent leurs excursions jusqu'aux envi-
rons de Ratisbonne, incendi&rent les Iglises, les mai-
sods , et massacrerent les malheureux habitans. Du
pied du Khalenberg au chateau de Lichtenstein, la
contree fut chang& en tin immense brasier. Le jour de
rinvestissement de Vienne, les Bosniaques rarvagerent
les vignes de HeiBgenstadt, et vengerent lechec du
dernier assaut par le massacre g£n£ral des habitans
de ce village 3 . A Doebling les registres des impdts fu-
i Pessel Beck, Labach.
» Les akindjis ottomans soat les praulaiores romains , les guasiadori el
sacchegiaiorl italieos. Les Allemands ont transform^ oette derniere denomi •
nation en celle de sakmann,
3 Historische und topographische Darslellung der Pfarren, Schlatter,
KJaslcr im Ersherzogthum Oesurreich. Vienne, i8a4, I , p. 78.
. </
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i5* HISTOIRE
rentbrttes. Penzing, Saint- Veit, Hutteldorf, HBeteing,
furent d6vor& par les flammes. Ghriptophe Freyleben ,
-fils du seigneur de Ltchteqstein, fiit sauv6 de l'em-
braaement de ion chateau el emmen£ en esolavage.
Ber chtoldsdorf fat mis k l'abri d'une surprise par la
solidity de ses murs. La» places de Brunn, Enzersdorf ,
Baden et Klosterneubourg, furent d&ruites. Six mille
akinesia saccag&rent le pays sur l'Enns, brftfcrent le
presbyt&re de Biberbach, et furent repousses d'Ibbsitz
et de Waidhofen. Jean de Starhemberg , chef des
aulices d'Autriche, digne pr&tecesseur de Gundaker
de Starhemberg, que nous verrons d^fendre Vienne
au second stege de cette ville par les Turcs, prot6gea
les gu& de l'Enns, bien quil n'eftt que de faibles
forces k sa disposition; il arr&a les incursions de trente
mille akindjis en leur fermant les passages de tous les
dlfites par des redoutes et des abattis d'arbres, et les
f orga & se tourner vers la Styrie [xxii], ou la ven-
geance les attendait. Les paysans furprirent plusieurs
de leurs troupes les unes apr& les autres, et massa-
cr&rent ou brAl&rent leurs prisonniers. A Stiokerau, les
deux frfres Kunringer pr£serv6rent les rives du Da-
nube de toute devastation. Mille akindjis ayant pass£ le
fleuve sur trente nassades, furent attaqu& par le comte
Julien de Hardek, et expterent par la mort l'incendie
du bourg et du ch&teau de Schmida. Un cavalier du
nom de Coborle, entrain^ par son courage, poursuivit
un parti de Turcs jusque dans leur barque, qui chavira
dans la lutte, et avec laquelle furent engloutis hommes
et chevaux. Ailleurs, Erlebek de Trausnitz defendit si
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. i33
vaiilamment, avec seulement dix cavaliers et six fan-
tassins, un moulin contrfe une division ennemie, qu'il
lui tua trois cents homines. Une autre troupe d'akin-
djis , qui s etait jetee dans une tour fortiftee pr& de
Korneubourg , fat exterininfe par )e grand-bailli de
Styrie, George de Leuchtenberg, et les colonels ba-
varois Wolfgang et Sigismond de Weix; Tarm^
autrichienne assistait de l'autre rive du Danube k cet
engagement. Si les chr&iens eiirent a d£plorer la mort
ou l'esclavage de vingt ndille personnes, la campagne
de Vienne coflta au Sultan quarante mille soldats.
Pendant ces ravages, dans lesquels les akindjis cher-
chaient un Equivalent au riche butin de Vienne, qu'ils
avaient en vain esp£r£, Tarm^e r£guli6re avait con-
tinue sa retraite. Le roi Yanousch (c'est ainsi que les
Turcs appellent Zapolya) , apprenant l'approche de
Souleiman , sortit d'Ofen , pour aller a sa rencontre , et
fiat regu par les vizirs qui Etaient venus au-devant de
lui '. Trois jours plus tard , le 29 octobre (25 safer),
Zapolya f&icita en plein diwan Souleiman de l'heu-
reuse issue de la campagne , et se retira apr&s le baise*
main, avec un present de dix kaftans, de trois chevaux,
de chaines et de mors dor massif a . Gritti regut un don
de deux mille ducats 3 .
L'armta reprit sa marche le long de la rive gauche
du Danube, et arriva le 10 novembre k Belgrade
par Balya, Bath Monostor, Bacs et Peterwardein.
» Journal de Souleiman, a5 octobre. — a Ibid., *8 octobre. — 3 Ibid.,
29 octobre.
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i5t HISTOIRE
L'absence de guides et l'ignorance des localites cau-
s&rent la perte de beaucoup de bagages et de celui du
grand- vizir entre autres , qui restferent dans des ma-
rais. En punirion de ces negligences, environ six mille
hommes, pr6pos£s k la conduite des bagages, eurent
leur solde supprim£e, et beaucoup d'officiers subal-
ternes, leurs fiefs diminu£s '. Le grand- vizir voulant
d&ourner Inattention de ces petites tracasseries de la
fortune qui les poursuivait dans leur retraite , con-
voqua un diwan solennel dans lequel il exposa aux
yeux de tous les grands de l'empire la couronne de
Hongrie, qu'il leur dit remonter au temps de Nou-
schirwan. Jusqu'alors Ibrahim Tavait gardee avec lui,
probablement pour la poser sur sa t£te, si par la chute
de Vienne la Hongrie fttt devenue une province tur-
que; mais dans la situation actuelle des affaires, il la
fit remettre k Zapolya par Pereny, Louis Gritti et
Simon Athinai (27 safer — 31 octobre), De Belgrade
Souleiman envoya au doge de Venise le drogman
Younisbeg avec une lettre, dans laquelle il lui notifiait,
avec Texag6ration ordinaire de Fhyperbole orientate,
la campagne de Vienne, la retraite de Ferdinand, et
Finvestiture de Zapolya [xxm], II arriva h Constan-
tinople vers le milieu de decembre.
Le stege infructueux de Vienne est la premiere en -
treprise de Souleiman qui n'ait pas && couronn^e de
succfes. Les ravages et les actes de f£rocit6 qui ont
signale cette expedition doivent 6tre mis sur le compte
». Journal de Souleiman , 3o octobre..
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. i35
de la barbarie de la nation r et n'etre. imputes ni au
Sultan ni k son grand-vizir. L'accusation portfe par
tant d'historiens et par Robertson l lui-mdme contre
Ibrahim, et d'apr^s laquelle le stege de Vienne n'aurait
6chou£ que par la connivence de ce haut dignitaire
avec les chr&iens, est tout-k-fait denude de fondement.
Les historiens ottomans n'auraient pas manque de citer
parmi les motifs qui provoqu&rent , quelques ann£es
apr£s, la disgrace de ce favori tout-puissant, sa tra-
hison devant Vienne; or ils ne disent rien k ce sujet.
Les archives de Venise et d'Autriche ne fournissent
pas non plus le moindre indice qui puisse justifier une .
pareille supposition. Les relations qui s'&ablirent par
la suite entre Ibrahim et les ambassadeurs autrichiens
n^r£v61ent rien qui puisse nous mettre sur la trace de
ce fait, ainsi qu'on le verra plus has ; d'ailleurs on ne
trouve dans la forme du langage d'Ibrahim aucune de
ces expressions de significative bien veil lance, et dans
celui des ambassadeurs d'Autriche aucune allusion a
des services pr^cedemment rendus k la puissance re-
presentee par eux. Lors m£me qu'Ibrahim ettt aspire
au tr6ne de Hongrie , il n'aurait rien gagn£ a l'£chec
de Vienne, sinon la confirmation de lelection de Za-
polya [xxiv], Ainsi done les v&itables causes de la
retraite des Ottomans furent, non la trahison du grand-
vizir, mais bien le mecontentement des janissaires qui
avait dejk delate k Ofen , les murmures des troupes
« The prudent conduct of Ferdinand together witlt the treachery oj die
Vezir soon obliged Solyman to abandon that enterprise with disgrace and
loss. Robertson, Charles V, 1. V.
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i56 HISTOIRE DE L'EMPIRE OTTOMAN.
d'Asie qui se plaignaient d'an froid inaccoutum£, et
le manque de fiourrittfre qui se fit sentir dans toute
Fannie. La belle defense de Vienne efface la honte de*
trop faciles redditions d'Ofen, Raab, Plintenbourg
el Altenbourg Les flots devastateurs des conqta&ans
ottomahs, en se repandant pour la premiere fois sur
le sol de l'empire d'AUemagne, avaient tfouvi une
barr&re invincible dans les remparls de la capitide de
l'Autriche.
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LIVRE XXVII.
Feies de la circoncision des princes. — Ambassades de Ferdinand, Zapolya,
Penny* des rois de Potogne, de Russie et de France. — Cihquieme cam-
pagne de Sooleiman. — Siege de Guns , et retonr de Tannee ottomane
par la Styrie. — Prise de Koron. — Negotiations de Ferdinand a la
Sublime-Porte, et conclusion du premier traitse de I'Autriche avec la
* puissance ottomane.
Nous avons raconte dans le livre prudent com-
ment lhabile politique de Souleiman et de son grand-
vizir chercha k pallier l'afiront regu par leurs armes
(levant les mars de Vienne. Des recompenses et des
louanges ftirent distributes aux soldats et aux g&i6-
raux, deslettres de victoire expedites aux gouverneurs
de l'empire et aux puissances &rang&res; il ressortait
clairement de tous les actes offidels &nan& de la
chancellerie ottomane, que le Sultan avait d^daigne
la conqu&e de 1'Allemagne, que son intention n'avait
6l6 que de joindre Ferdinand, et de le forcer k une
bataille; enfin, qu'il avait eu la magnanimity d'aban-
donner la couronne de Hongrie, en la mettant sur la
tfite de Zapolya [1]. Cest ainsi que la retraite de l'ar-
m6e fut pr£sent£e k tous les gouverneurs des provinces
ottomanes et aux ambassadeurs Strangers sous un jour
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1 38 HISTOIRE
triomphant. Dans ce m£me esprit de politique despo-
tique qui impose aux nations le mensonge comme ve-
rity, et leur prescrit de considerer des defaites comme
des victoires, Souleiman songea, d6s son arrivee k Con-
stantinople, k relever par des fetes et par un d£ploie-
ment de magnificence inouie, le courage de ses troupes
que n'avaient pu tromper leurs devastations et leur bu-
tin. II esp£rait ainsi ddtruire les doutes qui ne laissaient
pas de se propager sur ses succ£s, malgr£ les lettres
de victoire et les nombreuses investitures de fiefs. La
circoncision de ses fils lui en fournit l'occasion.
Outre les invitations d'usage aux grands et aux gou-
verneurs de l'empire, il en envoya une au doge de
Venise, par laquelle il l'engageait, comme voisin et
ami, k venir assister a la circoncision des quatre
princes ses fils. Mais comme le d&ai fix£ pour se ren-
dre a la Porte n'etait (jue de six semaines, a partir du
jour pi la lettre avait &6 exp&itee , il est permis de
croire que Souleiman n'avait consid6r£ cette d-marche
que comme une formality, pu qu'il regardait comme
au-dessous de sa dignite d'accorder au doge pu k son
repr&entant le temps d'arriver a l'epoque des fetes.
Cependant , six mois environ apr&s qu' Younisbeg eut
notifi£ au senat les victoires remport&s dans la cam-
pagne de Vienne et l'abandon de la cpuronne de Hon-
grie k Zapolya , un nouvel ambassadeur v6tu d'un
splendide costume d'&offe d'or fut introduit dans le
s&iat par douze nobles de Venise, annonga la pro-
chaine circoncision des princes, et remit au doge Tin-
vilation amicale du Sultan [u]. Le doge s'excusa sur
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DE L'EMPtRE OTTOMAN. i3o
son £ge et sur la longueur dd voyage, en arjoutant qii'il
enverrait a sa place un ambassadeuf extraordinaire.
Ainsi, outre le plenipotentiaire Pietro Zen qui se trou-
vait alors & Constantinople, Mocenigo fut charg£ de
repr&enter le doge * a la fete de la circoncision, qui
cut lieu le 27 juin 1530.
Vers Theure de midi de ce jour solennel, Soulei-
man, accompagn£ de toute sa cour, serendit k l'Hip-
podrome, dans la partie nord duquel, prfes du Meh-
terkhan6 (caserne des musiciens de l'arm£e), s elevait
un tr6ne magnifique sur des colonnes de lapis; au-
dessus 4tait un baldaquin resplendissant dor, et du
sommet duquel flottaient les plus riches etoffes ; le sol
6tait couvert de tapis moelleux, et les environs se ba-
riolaient de tentes de mille couleurs. Les deux vizirs
Ayaz-Pascha et Kasim-Pascha vinrent a la rencontre
du Sultan jusqu'k TArlanskhand (menagerie des lions,
autrefois £glise Saint-Jean) \ Le grand-vizir, Taga des
janissaires, et tous les beglerbegs de l'empire s'avan-
c&reht k pied , au milieu de l'Hippodrome, pour re-
cevoir le Sultan qui seul &ait k cheval; ils Taccom-
pagnerent ainsi jusqu'aux degr£s du tr6ne qui &ak
place au milieu des tentes prises sur les princes vain-
cus, et les surpassait toutes en richease et en &Iat. Les
tentes d'Ouzoun-Hasan, defait par Mohammed II, et
de Ghawri , detrdne par S£lim I er , s'&evaient k c6te
i La superbe. lettre de recreance de Souleimaa a l'ambassadeur Moceirfgo,
du i er toohaFrem 937 (a5 aodt i53o), se trouve panni les Scritturc tut>-
m chesche des archives de la maison imperiale d'Autriche.
a Djelalzadr, f. i35. Fcrdi, f. i65. Abdoulaziz, f* 84.
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i4o HISTOIRE
des statues qu Ibrahim avait enlev&s au pahis du roi
de Hongrie. Au bruit des joyeuses fanfares de la mu-
sique de Farmta, Souleiman monta sur son trine, el
apr£s que les grands dignitaires , les vizirs , ies agas,
le moufti et les oulemas lui eurent offert leurs felici-
tations et leurs presens, il leur donna un festin somp-
tueux. Le second jour, les vizirs d£pos£s et les gou-
verneurs qui avaient 6t6 invites k de rendre en per-
sonne k Constantinople furent admis au baise-main;
quatre seulement , l'ancien grand-vizir Piri-Pascha ,
Seinel-Pascha qui avait rendu de si grands services
dans la campagne d'Egypte, le beglerbeg d'Anatolie
Yakoub-Pascha , et l'ancien beglerbeg de Roumilie
Iskender-Pascha , avaient 6\6 autorises k se faire re-
presenter par des d£legu6s. Le troisieme jour se pasta
k recevoir les sandjakbegs, les emirs kurdes et les
repr£sentans des puissances &rang£res. Le nombre
des envoyis de Venise dissimula r absence de ceux
des autres nations. Les deux ambassadeurs extraor-
dinaires, Zen et Mocenigo, le baile Bernardo r&idant
k Constantinople, et le fils du doge, Aloisk) Gritti,
mandataire du Sultan auprds de Zapolya, assistirent k
ces fetes \ La magnificence des pr£sens deposes au
pied du tr6ne surpassa tout ce qu on avait vu jus-
qu'alors. C'&ait du coton d'Egypte [in], du damas de
Syrie, des cb&les et mousselines des Indes, des as-
» Dans Marini Sanuto, 1. LUI, se trouvent quatre liapporis sur ces
fetes: le premier, par Pietro Zen, du x3 juillet i53o; le second, par
Mocenigo, du 14 juillet i53o; le troisieme, par le baile Bernardo; le,
qoatrieme, par le senateur Andrea Rossi.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 141
siettes d'argent pleines de pieces d'or, des tasses d'or
remplies de pierreries, des plats de lapis, des coupes
de cristal, des porcelaines de Chine, des fourrures de
Tatarie, de jeunes Arabes, des chevaux turcomans,
des mamlouks et de jeunes gallons grees, des esclaves
d'Ethiopie et de Hongrie. Les pr£sens du grand-vizir
Talaient seals cinquante mille ducats '. Souleiman fit
donner au peuplele spectacle de batailles simul&s dans
lesquelles leg combattans &aient arm& de fusils . de
sabres et de lances ; des assauts furent livr& k deux
tours en bois &ev&s k cet eflfet, et dont Tune &ait d£-
fendue par des Hongrois a . Le quatri&me jour, les pro-
fesseurs attaches a la cour, le savant Khaireddin et les
kadiaskers vinrent presenter leurs felicitations au Sul-
tan. Dans le repas qui leur flit donnl, ils s'assirent k
c6t6 du grand-vifcir, et on leur servit les rdtis les plus
succulens, les suereries les plus exquises ; le peuple
ftit diverti par des tours d'escamoteurs et de saltim-
banques. Le cinqui&me jour fut consacr6 aux passes
d'armeset aux luttes des Mamlouks qui &aient venus
d'Egypte avec Inalbeg, beg tscherkesse, investi d'un
gouvernement dans la Rbuimlie. L'habilet£ qu'ils d^-
ploy^rent dans l'escrime et l'£quitation excita le plus
vif enthousiasme. Le Sultan honora les jeux de sa
presence jusqu'k une heure avanc^e de la nuit, oii au
milieu d'un feu d'artifice les deux forts en bois furent
livris aux flmfnmes 3 . Le lendemain matin , on vit h
1 Ferdi, f. 17. Marini Sanuto, 1. c.
a Marini Sanuto , Rapport du 1 4 juillet.
3 Djelalzad6, f. i36.
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'4* HISTOIRE
leur place deux aqtres forts qui avaient ete construite
pendant la nuit par Djarum, bomme renomm£ pour
son habilet^ dans 1 equitation et les tournois; chacun
de ces forts &ait dtfendu par cent hommes qui firent
mutuellement des sorties et s'attaqu&rent jusqu a ce
qu un des deux partis eAt &6 d^fait, et qu un grand
nombre de jeunes filles et de jeunes gargons fitt tooib£
comme butin au pouvoir des vainqueurs. Ces rejouis-
sances furent de nouveau termin£es par un feu d'ar-
tifice et par l'incendie des deux forts '. Le septteme
jour, les janissaires conduits par leur aga et lesg&*&-
raux de la cavalerie porterent en procession solenoelie
les pahpes des voces, appel&s aussi tiergesde lactr-
concision; ces palmes formaient des cyjindres ornes
de filigranes dor et dune foule de dedicates sculp-
tures repr&entant: des fleurs, des fruits, des oiseaux,
et des quadruples, symbole de la feeondite et de la
force cicatrice. Le huitteme et le aeuyi&ne jour se
pass£rent en danses et en concerts; sur une corde
tendue entre la colonne et l'ob&isque de l'Hippo-
drome, un saltimbanque egyptien fit des prodiges d'a-
dresse, tandis que les matelots et les janissaires riva-
lisaient d'agilite pour gagner les prix suspendus k des
m&ts de cocagne \ Le dixteme jour, les professeurs et
leurs suppleans ayant means de quiquante aspres de
revenu par jour, ainsi que les juges et les professeurs
en retraite, furent invites k un festin splendide. Dep
sauteurs monterent sur l'obelisque et la colonne de
» Djelalzadc, f. i3;.
a Sounnet moumi. Djelalzadc, 1. c. Ferdi, f. 169.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 143
]' Hippodrome. Les trois jours suivans furent reraplis
par les jeux des bouffons, des jongleurs et le spectacle
des ombres chinoises z . Les saltimbanques furent tous
richement pay£s* de pieces d'or et d'argent quon leur
jeta a la tfite, ou qu on leur appliqua sur le front. Le
quatorzteme jour, les agas de la cour et de Farmee
all6rent chercher au vieux serai les trois princes,
Moustafa, Mohammed et S£lim; les vizirs vinrent k
pied k leur rencontre jusqu'a Tenure de l'Hippo-
drome , et les conduisirent k la tente du padischah ,
ou etait dress^e la salle du diwan \ Le lendemain eut
lieu le banquet imperial. A la droite du Sultan etaient
le grand- vizir , les deux vizirs Ayaz et Kasim , les
beglerbegs et juges d'arm^e de Roumilie et d'Ana-
tolie, le precepteur du prince, Khaireddin, et le fils du
khan des Tatares; a sa gauche, l'ancien grand- vizir,
Piri Mohammed-Pascha , Seinel-Pascha , Ferroukh-
schadbeg , descendant de la dynastie du Mouton-
Blanc, Mouradbeg , fils du sultan d'Egypte Kanssou
Ghawri , et Latifbeg , fils du dernier prince de la
famille de Soulkadr. Le seizteme jour fut remarquable
entre tous les autres par les savantes dissertations qui
furent fakes en presence du Sultan. Le marshal de
la cour et le g£n£ral des munitions furent charges de
se rendre , le premier aupres du moufti , le second
aupres du precepteur des princes pour les inviter a
assister aux conferences des-oul£mas. A la droite du
Sultan Etaient places le moufti et le juge d'armee
« Djelalzade, f. 137. Ferdi, f. 170. — » Ibid,
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*44 H1STOIRE
d Anatolie, Kadribeg; k sa gauche, la pr&epteur des
princes et le juge d'armfe de Roumilie , Fenarizad6
Mouhiyeddin. Souleiman donna pour th&ne de la dis-
cussion , le Pater nosier musulman , c'est-&-dire la
premiere soura du Koran. Les r£ponses habiles furent
couvertes d'applaudissemens , l'ignorance ou Tern-
barras furent suffisamment punis par le silence; une
pane plus cruelle fut r&erv& au professeur Soulei-
man Khalife , qui , dans Timpatience de ne pouvoir
trouver se* mots, tomba frapp6 d'apoplexie, et mou-
rut dans la maison oik on l'avait transport^ '. Le dix-
huiti&me jour enfin vit c&ebrer la solennit£ de la
circoncision, dans le palais d'Ibrahim prAs de l'Hip-
podrome. Les vizirs, les beglerbegs, les oulgmas, in-
troduits en presence du Sultan, lui bais&rent la main
et furent rev£tus de kaftans d'honneur ; nouvelles r6-
jouissances et feu d'artifice comme les jours pr£c6-
dens. Enfin, apr£s avoir dur£ trois semaines, ces ffetes
furent termin£eg par une course dans la plaine des
eaiuc douces a . Souleiman , fier de tout le faste qu'il
avait deploy 6 , dit au grand-vizir : « Quelles sont a
ton avis les plus belles noces , les tiennes avec ma
soeur, ou celles de mes fils? » Ibrahim lui rtipondit :
« H n'y a jamais eu et il n'y aura jamais de noces
comme les miennes. — Comment cela ? r£pliqua Sou-
leiman quelque peu d6concert6 par cette r£ponse inat-
iendue. — Yotre Majesty, dit Ibrahin, n'a pas eu k
•» Djelahade et Ferdi. Solaksade et Petschewi. Abdoulazis et AIL
3 Djelalzade, f. i3g. Ferdi, f. 173. All, f. a3g, xxm« recit. Abdou-
lazis, f. 86. Petschewi, f. 5*. Solakzade, f. no.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 145
fees noces nn convive comme celui que j'ai eu; les
miennes ont &£ honor£es de la presence du padischah
de la Mecque el de M&line, du Salomon de notre
epoque. » Souleiman, agr&blement surpris de cette
adroite louange, s'6cria: « Sois done mille fois lou6
de m 'avoir ainsi rapped k moi-m&ne [tv]. »
Trois mois apr6s les f&es de la circoncision (1 7 oc-
tobre) , arriva k Constantinople la seconde ambas-
sade de Ferdinand d'Autriche, compose de Nicolas
Jurischitz, chevalier et chambellan h6r£ditaire en
Croatie, commandant des forces de l'empire a Saint-
Veit et k Guns, et de Joseph de Lamberg, comte de
Schneeberg, chevalier de la Styrie. Leur suite comp-
tait vingt-quatre personnes, panni lesquelles se trou-
vait, en quality d'interpr&e latin, Benolt Curipeschitz
d'Obernbourg , auteur de m£moires historiques sur
cette ambassade [v]. Cinquante tschaouschs vinrent k
leur rencontre jusqu'& une demi-lieue hors de la ville,
•et les conduisirent au khan (h6tel) des ambassadeurs,
ou ils les enfferm^rent d'apr&s Tordre du Sultan, en
veillant toutefois k ce que rien ne leur manqu&t. Le
neuvi&ne jour de leur arriv£e, Jurischitz et Joseph
de Lamberg furent regus par Ibrahim (25 octobre).
Leurs instructions leur ordonnaient express&nent de
n'expliquer qu'en allemand le motif de leur mission
au grand-vizir ou au Sultan, tant on avait de res-
pect alors k la cour d'Autriche pour la langue de la
patrie [vi]. Ibrahim refusant qu on lui traduisit les pa-
roles des ambassadeurs en latin, parce que son inter-
pret ne savait que l'italien, ceux-ci transig£rent, et
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t4<> histoike
se bornerent k demander un interpr&e croate, ce qui
leur fut accord^; alors Jurischitz s'adressa k Ibrahim
en cette langue qui 6tait la sienne, et le pria de leur
obtenir une audience du Sultan. Le grand- vizir les
accabla de questions sur le s£jour actuel de Charles-
Quint et de Ferdinand, sur les habitudes de ces
princes, l'etat de leurs affaires, etc., etc. Pendant toute
la dur£e de sa conversation sur l'empereur et le roi de
Boh&ne et de Hongrie, il ne nomma jamais le premier
que le roi d'Espagne, et le second que Ferdinand tout
court. La paix entre Charles et le pape, remarqua-t-il
en souriant, ne pouvait 6tre aussi sincere que le pr6-
tendaient les ambassadeurs, puisque les troupes imp6-
riales avaient pill6 Rome et fait lepape prisonnier. Le
pape et le roi de France, continua-t-il , avaient im-
plore le secours du Sultan [vn], et la conduite du roi
d'Espagne k regard de Frangois I er &ait inhumaine.
II leur tint encore plusieurs discours semblables, et
leur demanda 1'objet des negotiations qu ils &aient
charges d'entamer; ceux-ci qui avaient repi Fordre
de ne s'expliquer que devant le Sultan lui-m6me, firent
quelques difficulty de se rendre au d£sir d'Ibrahim ;
cependant ils lui present&rent un petit 6crit latin dans
lequel &aient somraairement indiqu£s le but et la na-
ture de leur mission. Us s£ gard&rent bien d'entrer
dans des details k ce sujet, craignant que si le grand-
vizir &ait trop bien instruit de l'affaire qui les amenait,
ils ne dussent renoncer k 6tre introduits aupr£s du Sul-
tan, et se retirer comme Hobordansky, sans avoir rien
conclu. Dans une seconde audience, Ibrahim leur 6ta
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DE L'EMPIRE OTTOMAK. i4 7
cette crainte, et 3s lui declarerent que Ferdinand, tou-
jours fiddle h l'esprit de la lettre conciliatrice apport£e
kSouleiman par Hobordansky en contradiction avec
sa mission verbale qui &ait toute guerri&re, les avait
envoy&s pour conclure un traits de paix. Ibrahim se r6-^
pandit en declamations sur la conqu&e de la Hongrie
par son maitre pendant r absence de Ferdinand [vin],
en invectives centre Hobordansky, qui, contrairement
au contenu de ses instructions Writes, avait r£clam6
un grand nombre de forteresses , et mtoe celle de
Semendra f . On avait dA, ajouta-t-il, enyisager la mis-
sion de Hobordansky sous ses deux faces, et le ren-
voyer avec des paroles dures et une lettre amicale.
Mors le Sultan s'&ait mis en campagne pour cher-
cher Ferdinand, et ne Fayant pas trouv6 k O^en, il
s'&ait rendu devant la belle ville de Vienne , bien
digne d'etre la capitale d'un empire [ix]. Ferdinand
fayant toujours devant les armes victorieuses des
Ottomans, Souleiman avait dechaln^ les akindjis sur
la terre d'AUemagne, pour montrer que le veritable
empereur 6tait arriv£, et avait endommag£ quelque
peu les murs pour laisser un souvenir de sa visite, ne
venanl pas conqu£rir, mais simplement parcourir le
pays; il n'avait pas tratn£ avec lui de grosse artil-
lerie, et s'&ait retir6 lorsque le froid avait rendu cette
esp£ce de promenade militaire trop penible; k son
retour, il avait couronn^ son serviteur Yanousch roi
1 Er (Ibrahim) habe gesagt, es were der potschafi {Hobordansky '$) sclmld,
Jann E, M. helten in ein Brief geschrieben , der wer woll menschlich ge-
steh gewesen. (Rapport de Lamberg et Jurischitz.)
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i48 ttlSTOHlE
de Hongrie, parce que Ferdinand n'etant que le gou-
verneur de Vienne pour le roi d'Espagne, n'avait
aucun droit sur ce pays. Lk-dessus Ibrahim se mit a
injurier Charles-Quint, qui n'avait fait son expedition
d'ltalie, tjiie pour extorquer de l'argent k Frangois I Cf
et au pape, et qui se croyait empereur, parce qu il
avait mis sur sa t&e la cape et la couronne. « L'em-
pire est dans le sabre, continua-t-il ; quant k la paix,
elle sera impossible, tant que Ferdinand n'aura pas
renonc6 k la Hongrie et rendu ce qu'il en possede
encore; tant que Charles-Quint n'aura pas quitt£ l'Al-
lemagne pour se retirer dans la p£ninsule, et laisser
Yanousch dans la paisible possession du trdne qui lui
a &6 donne [x], » Les ambassadeurs repr^senterent
inutilement k Ibrahim l'exageration de ses demandes,
et termin&rent en lui faisant une offre d'argent. Mais
celui-ci, leur montrant du doigt les Sept-Tours, leur
r£pondit qu'elles regorgeaient d'or , que par con-
sequent son maitre n'avait que faire de leurs ri-
chesses ; que les derniers ambassadeurs (Hobordansky
et Weixelberger) avaient voulu lui donner , k lui ,
Ibrahim, cent mille florins pour acheter sa protec-
tion, mais qu'il leur avait dit et r£p£tait encore, en cette
circonstance, qu'aucune espece de pr£sens ne pour-
rait lui faire deserter les intt5r6ts de son maitre, et qu'il
aimerait mieux Taider dans la conqudte du monde
entier, que lui conseiller la restitution des pays con-
quis [xi]. Les ambassadeurs s*excus£rent de leurs of-
fres, et le prierent de leur obtenir du Sultan une au-
dience qui leur fut effectivement accordee huit jours
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DE L'EMNKE OTTOMAN- ifo
apr£s. Le 7 novembre 1 530, ils furent solennellement
introduits dans le serai ; en traversant la premiere
cour, ils remarqu&rent deux 61ephans avec leurs gui-
des, el, k leur entire dans la seconde, ils furent salu£s
par les mugissemens de dix lions et de deux leopards
enchain6s '. Les gardes-du-corps (solaks), les valets
de la cour coiffls de bonnets d'or , et trois mille janis-
saires se tenaient devant la salle du diwan, dans Tin-
terieur de laquelle &ait le grand- vizir ayant a sa drohe
les vizirs Kasim et Ayas, ainsi que le beglerbeg de Rou-
milie Behram-Pascha, et k sa gauche les deux kadias-
kers, les trois defter dars, et le secretaire d'Etat 2 . Lam-
berg adressa la parole au grand- viziren allemand[xn],
et r£pondit ainsi k ses questions sarcastiques, jusqu'&
ce qu'il fitt introduit avec son collogue en presence du
Sultan par le grand-mar£chal et le grand-chancelier. II
tint k Souleiman un discours en langue allemande[xni] ,
que l'interpr&e de l'ambassade traduisit en latin, et
Tinterpr&e de la cour en turc. Apr6s la presentation
des lettres de criance, Jurischitz prit la parole en
langue croate, remit k Souleiman un ecrit ou leur
demande &ait expos£e en langue latine , et termina
en sollicitant une prompte r£ponse. Le Sultan fit up
signe d'assentiment, dit quelques mots, et le grand-
vizir donna aux deux ambassadeurs l'assurance qu on
• Rappori de Lamberg et Itinerarium.
* Rapport de Lamberg. Ce secretaire y est appall Behadum. Zwetn
turkisch Pfaffen so in alien Felien Urtheil und Recht sprechen und drey ah
praktikanden so des Reisers Kammergut handeln, insonderheit ist derObriH
Sekretmty mufder rochten Hand, etc.
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i5o HISTOIRE
se rendrait le plus tdt possible k leurs desirs. Deux jours
plus tard, ils furent invites k paraitre devant Ibrahim,
qui , revenant sur ses premiers discours , se plaignit
de nouveau am6rement de Hobordansky, et allegua
Impossibility qu'il y avait k ce que son maftre rendit
la Hongrie deux fois conquise par ses amies; il ajouta
que Souleiman avait entrepris la premiere expedition
sur les instantes pri&res du roi de France et de la retne-
m6re \ et avait promis au rival de Charles-Quint
■ Pendant It captivite de Francois I cr , la duchesse d'Augouleme avait en
effet envoye a Souieimau le comte de Frangipan. Get agent, qui n 'avait pas
de caractere officiel , representa au Sultan le danger qui resultait pour la
Turquie de la preponderance desormais sans rivale de Charles-Quint, et de la
necessity qu'il y avait pour lui de se liguer avec la France contre la puissance
de plus en plus envahissante de I'Empereur d'Allemagne. Souletmau ecouta
favorablement rambassadeur, et lui remit a son depart la let Ire suivante :
« Duo!
» Par la grace du Tres-Haut (dont la puissance soit a jamais honoree et
glorifiee, et dont la parole divine soit exalted ! ) ;
» Par les miracles abondans en benedictions du soleil des cieu& de la
Proph&ie, de l'astre de la constellation du Patriarchat, du pontife dela
phalange des Prophetes, du coryphee de la legion des Saints , Muhammed-
le-Tres-Pur (que la benediction de Dieu et le salut soient sur lui!) ;
» Et sous la protection des saintes ames des quatre amis , qui sont Ebou-
fiekr, Omar, Osman et Ali ( que la benediction de Dieu soit sur eux tons! ) ;
*> SCHAH-SULTAK SoULBIMAN-KhAXT, FILS BE SxUM-KbAIT , TOUJOUR 3 VIC-
torjkux;
» Moi, qui suis le sultan des sultans, le roi des rois, le distributee des
couronnes aux princes du monde, I'ombre de Dieu sur la terre , Tempereur
et seigneur souverain de la l&er-Blancne et de la Mer-Noire, de laRoumilie
et de l'Anatolie , 4e la province de Soulkadr, du Diarbekr, du Kurdistan,
de l'Aicrbetdjan, de l'Adjem, de Scham, de Haleb, de l'tigypte, de Mekk&
(la Mecque), de M&Une, de Jerusalem, de la totalis des cootrees de
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. i5i
de le s£courir par terre et par mer, contre ses enne-
mis (25 tevrier 1526 — rebioul-sam 932) [nv]. Le
grand- vizir et les ambassadeurs se refusant k toute
r Arable et de 1' Yemen; et en outre, de quantity d 'autre* provinces que,
par leur puissance victorieuse , ont conquises mes glorieux predecesseurs et
augustes ancetres (que l)ieu environne de lumiere la manifestation de leur
foi ! ) , aussi bien que de nombreux pays que ma glorieuse majeste a soumis a
mon epee flamboyante et a mon glaive triomphant ; moi enfin , fib de Sultan
Bayexid, His de Sultan Seiim, Schah Sultan Socdeiman Khan;
» A toi, Francois,
» QUI XS U BOI DU BOTAUV K DE FrAHCE.
» La lettre que vous avez > adressee a ma cour, asile des rois, par Fran*
kipan*, homme digne de votre confiance, certaines communications verbales
que vqas lui avem recommandees, m'ont appris que l'ennemi menace et ravage
votre royaume, que tous 6tes maiotenant prisonnier, et que vous demandes
secours et appui de ce cdte-ci pour obtenir votre delivrance. Tout oe que
vous avez dit a etc" expose au pied de mon trone, refuge du monde; les de-
tails explicatife en ont ete parfaitement compris , et ma science auguste les
embrasse dans tout leur ensemble. En ces temps-ci , que des empereurs
soient defaits et prisonniers, il n'y a la rien qui doive surprendre. Que votre
eceur se reconforte! que votre ame ne se laisse point abattre! Cela etant
aiusi, nos glorieux predecesseurs et nos grands ancelres (que Dieu illumine
leur deruiere demeure! ) ne se sont jamais fait mute d'entrer en campagne
pour combattre l'ennemi et fidre des conquetes; et moi-meme aussi, mar-
chant snr leurs traces , j'ai soumis dans toutes les saisons des provinces et des
forteresses puissantes et de difficile acces; je n'ai dormi ni nuit ni jour, et
mon epee ne quitte pas mes flancs. Que la justice divine ( dont le nom soil
beni ! ) nous rende l'execution du bien facile ! que ses vues et sa voloUte appa-
raissent au grand jour, a quoi qu'elles s'attachent !
»Au surplus, interrogez votre envoye sur l'eut des affaires et sur les
e\enemens quels qu'ils soient; restez convaincu de ce qu'il vous dira, et
sachez bien qu'il en est aiosi.
i On remarqae mm doute I'emploi alternatif da toi et da tous. M . Jou&oin • juge a
propos d« eoaserrer dans ta traduction les formes et le ton de l'ortginal
a Jean Frangipani, premier envoye de France a la Porte-Ottomanc.
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i ^ H1STOIRE
concession relalivement k la Hongrie, Lamberg et
Jurischitz demandirent leur audience de conge; six
jours aprte , ils furent regus par le Sultan qui leur
» itcrit dans la premiere decade de la luoe de reby second , Pan 93a de
l'hegire (vers la mi-fevrier 1 5q6 de Jesus-Christ). De la residence iinperiale
de Constantinople, la bien gardee et la bien munie >. »
Souleiman eerivit a la cour de France une autre lettre datee de Constan-
tinople , du mois de septembre 1 5a8 , dans laquelle il repondait a une de-
mande de Francois I CT , relative aux chre'tiens de Jerusalem, en termes aussi
nobles que bienveillans. Bien que cctte lettre soit posterieure de deux ans a
celle que nous venons de reproduire , nous croyons devoir d'autant plus la
placer ici, quele prince musulman y fait preuve d'une tolerance contrast ant
singufaerement avec l'inlolerance des Chretiens d'alors. Void cette lettre qui,
comme toutes celles qui emanent de la chancellerie ottomane, est pi*ecedee
d'une inscription ou invocation a Dieu : Cest lui (Dieu) qui est le riche par
excellence, le distributeur des biens, le donateur et le bienfaisant :
u Disu I
» Par la grace du Tres-Haut ( dont la puissance soit a jamais honoree et
glorinee , et dont la parole divine soit exaltee! ) ;
» Par les miracles abondans en benedictions du soleil des cieux de la
Prophetic, de l'astre de la constellation du Patriarchat, du pontife de la
phalange des Prophetes, du coryphee de la legion des Saints, Mohammed-
le-Tres-Pur (que la benediction de Dieu et le salutsoient sur lui!);
» Et sous la protection des saintes ames des quatre amis , qui sont Ebou-
Bekr, Omar, Osman et Ali (que la benediction de Dieu soit sur eux tons! ) ;
» SCHAH-SULTAW SoULElMAH-KHUf , PIF.S DE SeLIM-KhAH, TOUJOURS VIC-
TOR IE UX ( le reste du titre comme dans la lettre precedente ) ;
»Vous avez adresse a ma cour, residence fortunee. des sultans, qui est
FOrient de la bonne direction et de la fclicate, et le lieu ou sont accueillies
les communications des souverains , une lettre par laquelle vous me faites
1 Cette lettre curieuse est due eux recherche* de M. Reynaud , conservateur de« mantis*
criude la Bibliotbeque royale; M. Jooanin, premier ioterprete 4n Roi. pour, les Ungues
orientates, en a fait la traduction.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. i53
donna sa main k baiser, et des lettres pour Fer-
dinand '.
Pendant que Lamberg et Jurischitz n^gociaient la
paix k Constantinople, le g£n£ral de Ferdinand, Guil-
laume de Rogendorf , asstegeait Ofen, et le jour m£me
connattre qu'il existe dans la place forte de Jerusalem, faisant partie de
roes £tats bien gardes, une eglise, autrefois entre les mains du peuple de
Jesus, et qui a &6 posterieurement changee en mosquee : je sab avec detail
tout ce que ?ous avez dit a ce sujet. Si c'etait aeulement une question de
propria, en consideration de Tamitie et de l'affection qui existent entre
noire glorieuse majesty et vous, vos desirs ne pourraient qu'etre exauces et
aecueillis en notre presence qui dispense la felicitl ; mais ce n'est pas une
question de biens meubles ou immeubles : ici il s'agit d'un objet de notre
religion; car, en vertu des ordres sacres du Dieu tres-haut, le createur de
I'univers et le bien&iteur d'Adam, et conformement aux lois de notre Pro-
pbete, le soleil des deux mondea (sur qui soient la benediction et le salut!),
cette eglise est depuis un temps infini convertie en mosquee, et les Musul-
mans j ont fait le namaz (priere canonique). Or aujourd'hui, alterer par un
changement de destination le lieu qui a porte le titre de mosquee , et dans
lequel on a fait le namaz , serait contraire a notre religion ; en un mot,
raeme si dans notre sainte loi cet acte £tait tolere, il ne m'eut encore ete pos-
sible en aucune manjere d'accueillir et d'accorder votre instante demande.
Mais , a l'exception des lieux consacres a la priere , dans tous ceux qui sont
entre les mains des Chretiens , personne , sous mon regno de justice, ne peut
inqui&er ni tronbler ceux qui les babitent : jouissant d'un repos parfiut,
sous l'aile de ma protection souveraine, il leur est permis d'accomplir les
ceremonies et les rites de leur religion; et maintenant e'tablis en pleine se-
curite dans les edifices de leur culle et dans leurs quartiers , il est de touto
impossibility que qui que ce soit les tourmente et les tyrannise dans la
moindre des chose*. Que cela soit ainsi!
» ftsrit dans la premiere decade de la lune de mobarrem oul-baram, annee
935 de l'begire (mi-septembre i5a8 de Jesus-Christ). De la residence de
Constantinople, la bien munie et la bien gardee. »
(Le Traducuur.)
■ Vliinerarium dit qtr*a leur audience de conge* les ambassadeurs viren*
dans la seconde cour une girafe (suruoya) entre les deux eiephans.
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1 54 . HISTOTRE
ou Ibrahim se plaignait des demandes hautaines de
Hobordansky, celui-ci p6n&rait dans la citadelle avec
les soldats de Zapolya, k leur retour d'une sortie,
bien d£termin£ k en finir avec le prot£g£ de Sou-
leiman, m£me aux 46pens de sa vie. Hobordansky fut
reconnu, et le poignard qu'on trouva sur lui fut une
preuve suffisante du meurtre qu il avait prqjet£; il fut
mis dans un sac et jet£ dans le Danube l . Telle fut la
fin miserable du brave d£fenseur dTaitzi, le premier
ambassadeur de Ferdinand pr£s la Porte-Ottomane.
La capitale de Hongrie &ait defendue, sans parler des
nationaux , par Kasim-Pascha , le Mouminaga et le
mandataire de Souleiman Aloisio Gritti, et trois mille
Turcs *. Rogendorf poussa vigoureusement le stege
pendant six semaines, mais ce terme expir£, il fut cons-
traint de se retirer; les secours sur lesquels il avait
compt£ n'&aient pas arrives ; d'ailleurs il ^tait me-
nace de la flottille de Mohammedbeg, mont£e de
troupes fratches, bien pourvue de munitions de guerre
et de provisions de bouche, et il avait a redouter en
outre Tarriv^e de deux mille cavaliers qui devaient
suivre Mohammedbeg de pr£s. Six semaines avant le
stegexTOfen par Rogendorf, Mohammed et Mourad,
sandjakbegs de Semehdra et de l'Herzegovine, sous
< Litter, Rogendorfi ad Comit. Niir, op. Pray, Epitloim procerus, 1 1 ,
p. i63.
» btuaafi frit de Kasim, Casso*us, et de Moumin, Numilla; il eut *te
difficile de deviner la veritable orthographe de ee dernier nom sans le recit
que fait Petschewi du siege d'Ofen , d'apres les historiens hongrois d'accord
avec Istuanfi el Szermegy • Chez les Hoagrois, le nom de bapteme de Gritti
est Louis, mais son veritable nom est Aloyse.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. i55
pr&exte de faire des courses sur te territotre de
Ferdinand , avaient ravag£ la moitfc de la Hongrie.
Mohammed porta le Yer et le feu dans la contafe situ£e
entre la Wag et la Neutra, et jeta I'epouvante dans
les villes des montagnes. Mourad brtda la place de
Bainocz qui avait &6 abandonn£e de ses habitans. En
moins de quinze jours, plusieurs districts, non seule-
ment de Ferdinand, mais encore de Zapolya? avaient
&6 d£ vast 6s, et dix mille Hongrois traln£s en escla-
vage. S'il feut en croire Istuanfi, Zapolya, en voyant
passer h Ofen ces malheureux prisonniers , versa sur
leur infortune de st&iles larmes ' . Les akindjis &aient
en m6me temps tomb£s sur la Carniole; ils renouve-
l&rent jusqu'& quatre fois leurs excursions depuis Noel
jusqu'k P&ques, et en ramen^rent plus de trois mille
prisonniers *.
Souleiman h son retour de Brousa, ou il avait £\6 se
livrer aux plaisirs de la chasse, regut la nouveJle de la
d&hrrance d'Ofen 3 . L'hiver fut consacr^ aux affaires
d'administration int£rieure ; plusieurs gouverneurs
coutre lesquels existaient des accusations furent des-
titu£s, d'autres d£plac£s *. Le beglerbeg de Rou-
milie, Behram-Pascha, ayant &6 assassin^ par ses
esclaves, ses meurtriers furent <ex£cut£s , et son gou-
vernement revint de nouveau aux mains du grand-
* Istuanfi, f. XXX, ed. Col. Agripp., p. 170.
a Vatasor, IV, p. 4i3. — 3 Ferdi, f. 174.
4 Souleuaan-Pascha, gouveraeur de Tripoli, fat nomme gouveraear de
la province de Sonlkadr; Isa-Pascha, goirterneur de Damas, fut destitae sur
les plaintes des negocians relatives au pillage de kara vanes, et sa place donnee
a Moustafa-Pascha, l'ancien beglerbeg de RoumHie. Ferdi, f. 176.
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1 56 HfSTOIRE
\izir i. Ibrahim s'occupa plus que le Sultan lui-m6me
des ambassades qui parurent k la Porte dans le courant
de rhiver. Un envoys du roi de Pologne*, charg^ d'of-
frir au Sultan <fe riches pr£sens et de lui renouveler
l'assurance de l'amitte de Sigismond, fut cong6di6avec
une mission semblable de Souleiman pour son mat-
tre 3 ; les ambassadeurs des deux pr&endans Zapolya
et Pereny rivalis&rent entre eux pour «apter la bien-
veillance d'Ibrahim, et lui firent don chacun d'une
large coupe d'or d'unegrande valeuH; l'ambassadeur
de Russie, porteur dune lettre de Wassili dat£e du
mois d'avril 1531, vint demander ce qu'&aient de-
yenus les deux charges d'affaires qui s'&aient rendus
precedemment k Belgrade, et exiger leur liberty, en
menagant la Porte du feu et du fer [xv]. Les rapports
de Souleiman et de Wassili en rest&rent \k ; mais sept
ans plus tard , ce dernier &ant mort, son successeur
Jean IV fit partir de Moscou pour Constantinople,
Adaschew, un desofficiers de sa cour, avec des lettres
amicales pour le Sultan 5 .
Souleiman dirigea sa cinquieme campagne, ainsi que
« Ferdi, f. 178. Petschewi, f. 53. Ali, f. *5g f xxiv e recit.
» Ferdi, f. 17 a.
3 Historia di Guazzo. Venecia, i56g, p. ia3 : In quei medesimi giorni
Galzaa (?) huomo appresso del gran Turco di gran rispetto per andare al
Re di Polonia per commissione del tuo Signore aviosse e per nuava ami"
chia contraiare.
4 Marini Sanuto, t. LIT : Si trova qui un messo di Pietro Pereny venuto
per nome di tuui i Baron i come si dice, per presentar al Ibratm una copa
dorata contiene 6 quarte, costa assai danari; voyez aussi Copia detla leuerm
di Janos d'Hongeria.
5 Karamsin, Hisiotre de liussie , Till, p. 229.
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DE L'EMPJRE OTTOMAN. 157
nous Favons dit. contre l'Allemagne et Charles-Quint,
et non contre Ferdinand . auquel il refusait le titre
de roi de B6h£me et de Hongrie , ne le considfrant
que comme un d£l£gu£ du roi d*Espagne, et ne Tap-
pelant jamais dans ses lettres que gouverneur de
Vienne. L'orgueil immod£r£ d'Ibrahim et de son mal-
tre d£daignait de voir en Ferdinand un adversaire
digne de leur grandeur et de leur puissance , et ne
pouvait accepter que Charles-Quint comme rival dans
la lutte qui s'6tait engag£e pour la couronne de Hon-
grie. Souleiman arabitionnait la gloire de se mesurer
avec le roi d'Espagne , qui , par son gouverneur de
Vienne, inqui&ait les frontteres du royaume de Hon-
grie, r£cemment constitue en fief de l'empire ottoman
en faveur de Zapolya; mais tout en voulant faire
k Charles-Quint Thonneur de le combattre, il ne le
reconnaissait pas pour cela comme empereur; c'&ait
un titre qu'il ne voulait partager avec personne, parce
qu'ainsi que le disait souvent Ibrahim, il ne devait y
avoir qu'un seul empereui* au monde comme il n'y
avait qu'un Dieu dans le ciel. Charles-Quint, le vain-
queur de Pavie , le conqu£rant de Rome , Charles-
Quint qui, l'ann6e pr6c6dente, dans la di&te de Ratis-
bonne, avait cherch6 & 6branler toute l'Allemagne
contre les Turcs, et dont la puissance et les vastes
projets avaient excite la jalousie de Francois I", &ait
le seul ennemi digne de tomber sous les coups de
Souleiman, qui sintitulait le schah des schahs, le
grand padischah, et le dominateur du monde \
« Charles-Quint aimait qn'on le poussat a une guerre contre les Turcs,
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i>8 HISTOIRE
Souleiman partit de Constantinople le 25 avril i 532
(f 9 ramazan 938). Son arm£e, suivie d'un pare d'aiu.
tillerie de trois cents canons x , comptaSt' deux "cent
mille hommes, parmi lesquels seize mille des troupes
de Roumilie, trente mille de celles d'Anatolie, douze
mille janissaires , vingt mille cavaliers r^guliers et
soixante mille akindjis \ Souleiman sut faire r£gner
la plus s£v6re discipline .parmi ses troupes , en pu-
nissant ou en r&ompensant k propos 3 . A son passage
k Nissa, il regut une nouvelle ambassade de Ferdi-
nand, compos£e des comtes de Lamberg et de Noga-
rola , envoy& pour demander la prolongation de la
trfrve conclue a Wissegrade avec Zapolya [rvi]. L'am-
bassadeur frangais Ringon, qui &ait venu chercher le
Sultan k Belgrade (5 juillet 1532— i" silhidj6 938),
obtint une audience dans laquelle on suivit le c£r£-
monial observe pour Zapolya lors de la derni&re cam-
pagne i . Les envoy& de Ferdinand furent loin d'etre
aussi bien trait£s que celui de Frangois I", lequel
Nous n'en citerons pour preuve que cette brochure : Ad Carohun F y Impe-
ratorem intnetissimum , id facta cum omnibus Chrisdnianis pace helium
suscipiat in Turcot, Io. Genesii Sepuluedm Cordubensis Cohortatio.
a D'apres YHistoria di M. Guatzo, p. ia3, seulement cent vingt canons :
Furono petti lao in tutto* cioe set toppi et canoni 46, e colobrine 44, e
il resto sagri e simili pew.
» Ge cakul de Ferdi, f. 84, s'accorde asses avec celui d'Istuanfi et
d'Olahi , qui portent les forces de Souleiman a trois cent mille homines. A
Belgrade, ces cent vingt mille hommes furent joints par quinze mille
Tatares, et a Essek, par cent mille combattans sous les ordres de Khosrew-
beg : le total de 1'armee s'eievait done a deux cent cinquante mille hommes.
3 Journal de Souleiman des 1 4 et aa mai.
4 Journal de Souleiman. Ferdi, f. 186. Djelalzadl, f. 148.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. i5q
repartit avec de nouvelles assurances d'amitte du Sul-
tap poor son maitre 1 . A Essek, Pierre Pereny et son
fils forent admis k baiser les mains, non pas du Saltan,
mais du grand-vizir. Gritti ay ant, peu de temps aprfe,
conseilte leur arrestation, deux des compagnons de
Pereny qui voulurent se defendre furent massacres,
deux autres purent se racheter, et Pereny lui-mdme
fut oblig£, pour recouvrer sa liberty, de lajpser comme
6tage son fils 4g6 de sept ans qui fut remis entre les
mains de Zapolya. Cet enfant ayant et^ circoncis par
la suite et envoys k Constantinople ne revit jamais son
p&re. Depuis son depart de Belgrade , l'arm£e otto-
mane s'&ait renforcee de quinze mille Ta tares, con-
duits par Sahib Ghirai, fr&re du khan de Crim£e; k
Essek, Khosrewbeg, gouverneur de Bosnie, la joignit
k la tfite de cent mille hommes \ Souleiman prit sur
sa route les chateaux-forts de Siklos, Egerszeg, Ba-
bocsa, Belovar, Berzencze, Kapolna, Csicso, Safade,
Kapornak, Wutusch, Poeloesk6, Rum, Hidw^g, Koer-
mendvar, Ykervdr, Mesteri, Szombathely 3 . Mais il
ne triompha pas aussi facilement de la petite place de
Guns, dont le commandant Nicolas Jurischitz s'im-
mortalisa par sa brillante defense.
i Istuanfi, VI. Djelalzade. Ferdi, f. 188. Abdoulaziz, f. 88. Let his.
toriens hongrois ne savent rien de positif sur cette ambassade; Istuanfi s'ex-
prime ainsi a cet egard : Ferunt tamen Franeiseum regent non hoc tantum
tempore auctorcm fitisse. Mais les bistoriens ottomans racontent avec derails
la reception de l'ambassadeur francais.
» Petschewi, f. 54.
3 Journal de Souleiman. Petschewi, f. 54. Le grand Ni«chandji.
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i6o HISTOIRE
Le 9 aoflt ' , le grand-vizir vint camper sous les tours
de Guns , et trois jours apr£s Souleiman arriva par
un temps pluvieux. De tous cdt& on braqua de petits
canons, faucons et fauconneaux, dont le plus fort Ian-
$ait des biscayens de la grosseur d'un oeuf d'oie [xvu];
cependant au bout de trois jours les cr£neaux des
remparts avaient disparu * ; en m£me temps des mines
furent pratigu£es, et l'attaque commands sur toute
la ligne 5 . Jurischitz compte dans son rapport au roi
douze assauts, dont quatre sont mentionn£s avec leur
date par le journal de Souleiman et les historiens
turcs 4 . Les murs furent min£s en treize endroits, et
on ouvrit une br&che de huit toises de largeur. Sou-
leiman fit amonceler des fascines, en forma deux
esp£ces de monticules qui dominaient les remparts, et
du haut desquels les asstegeans, munis d'excellentes
armes, inqui&aient beaucoup la garnison. Jurischitz
r^ussit k y mettre le feu , qui fut presque aussitOt
&eint. Le dix-neuvi&me jour de rarriv^e du Sultan
devant Guns (28 aotit), Jurischitz venait d'&rire son
rapport au roi, lorsqu'Ibrahim le fit sommer de rendre
» Le vieux roanuscrit, Durkusche Belegerung vor Gunss im Monaih Au-
gusts des 1 5 3a Jars, qui se trouve dans Rosnack, Belagerung der Kanig-
licJien Freystadt Guns, p. q6, fixe I'arrivee des premieres troupes turques
au 5 aout , et celle de rarmee entiere au 10 aout.
> Dans Catona, XX, p. 817 et 829.
) Lesio,ao,a3et*8 aout. Journal de Souleiman, et Petschewi.
4 Rapport de Jurischitz. Petschewi. Le manuscrit , dans Rosnak , place
ces assauts aux i3 , 27 et a 8. U en compte en tout dix-ueof; cependant il
ajoute : Doch darunter nur 1 8 gcwaltig Sturm gethan , aber im (Got hub
Lob) eyn khainer ge ratten.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. i6r
la ville , de se reconnaitre tributaire , ou bien de se
racheter moyennant deux mille ducats hongrois, dont
il serait fait present aux capitaines des janissaires.
Jurischitz r£pondit : que Guns n'etait point k lui, que
par consequent il ne pouvait obliger k un tribut une
ville sur laqudle il n'avait aucun droit , et en outre
que les habitans ne poss£daient pas les deux mille
ducats demands. Trois autres sommations d'Ibrahim
n'ayant pas obtenu d'autre r£ponse, l'attaque fut im-
m£diatement resolue ' . Ibrahim, pour stimuler le cou-
rage des troupes, fit annoncer une augmentation de
solde et la creation de nouveaux fiefs. « Chacun , dit
Petschewi , prit son ame sur sa langue et s'6cria :
J'aurai la tite de I'ennemi, 0a il aura la mienne \ »
Dejk huit drapeaux avaient et6 plant£s sur les murs
par les janissaires et les azabs, lorsque les vieillards,
les femmes et le$ enfans , qui attendaient leur der-
ntere heure blottis derrtere un retranchement d'ar-
bres, poussferent des cris si pergans et si lamentables,
que les assaillans effray^s s'enfuirent, abandonnant
m£me deux &endards k I'ennemi 3 . Ce r&ultat parut
assez extraordinaire aux asstegeans et aux assteg£s ,
pour qu'ils crussent devoir lui donner une interpre-
tation merveilleiise. Les premiers pr&endirent avoir
vu un cavalier celeste qui les menbgait de son 6p6e
i Rapport de JurischiU , dans Gcebd , Beytrage zur Gesckichte Kaiser
Karls V, p. 3og, du 3o aotit.
a Petaehewi, f. 55.. Her kes djanin aghaUe abub, ya basch aJiirum ya
basch weririm.
3 Jovius, XXX , d'apres le r&it de JurischiU lui-meme. Catona, XX,
p. 8&2.
T. V, II
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1 6* HISTOIRE
flamboyant©, et les seconds se persuad6rent avoir ete
secourus par saint Martin, le grand patron de Szom-
bathely (Stein sur V Anger). Trois heures s'&aient
£coul£es depuis la retraite des Ottomans, lorsque qua-
tre parlementaires se pr&en&rent sur la br&che pour
inviter Jurischitz k se rendre au camp sur la parole
du grand-vizir, car, disaient-Hs, sa valeur avait trouve
gr&ce devantle Sultan, qui le verrait volontiers et au-
quei il devrait rendre hommage. Jurischitz . bless£
dans le dernier assaut , n'aurait pu tenir encore une
heure, si on eAt repris l'attaque ; il lui restait k peine la
moitte des sept cents braves qui composaient la gar-
nison lors de 1'investissement de la place. La poudre
manquait k l'artillerie , et le courage commengait a
ctefailKr aux soldats. Jurischitz accepta done la pro-
position, mais non sans exiger un sauf-conduit, et la
remise entre ses mains de deux 6tages. L'un des quatre
d£pdt6s lui pr&enta un sauf-conduit qu'il tira de son
sein, et deux d'entre eux se consfttu&rent prisonniers.
Jurischitz fut conduit par Faga des janissaires devant
Ibrahim, qui se leva k son approche, lui tendit les
mams, et le pria de s'asseoir. Apr£s s'&re enquis s'il
etait entitlement r&abli de la maladie dont il avait
souffert k Constantinople, et si sa blessure &ait grave,
le grand-vizir lui demanda pourquoi il ne s'etak pas
rendu comme Bathyany et Pierre d'Eberaus, et s'il
attendait encore des secours de son maitre. Jurischitz,
£ludant cette derni&re question, lui rfyondit qu'il ne
se ressentait plus de son ancienne maladie, que ses
deux blessures provenant , Tune d'une arme a feu,
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. i<F>
1 'autre d'un coup de pierre, ne pr&entaient rien de
danger eux, et enfin que son honneur ne lui permettak
pas de rendre hommage k l'ennemi de son maftre , a
means qw d'y 6tre forc6. Ibrahim lui r£pliqua qu'ii
devait se prosterner devant le Sultan , qui lui faisait
don de la v*He et de la citadelle. Mais Jurischitz avait
«ppris, pendant son ambassade k Constantinople,
que le meilleur moyen d'obtenir tine gr&ce d'Ibrahim
^ftait de flatter sea passions arabitieuses; il lui r£pon-
dit cfu^fl &ait tfop faible pour parattre devant le Sul-
tan, qm, du reste, sanctionnait toujours les decisions
de son grand-vizir. Ibrahim, que cette r£ponse prit
par son foible, accepta gracieusement r excuse de Ju-
rischitz , et se rendit en outre k la demande qu'il lui
fit de placer k Tentr^e de la brfeche douze soldats
turcs pour en interdire Taccfes au reste des troupes '.
L'aga des janissaires desira voir la citadelle , mais
Jurischitz , aussi prudent que brave, pretext a, pour
se dispenser de l'y recevoir, que la garnisoh &ait com-
post d'Epagnols et d'Allemands indisciplines , que
dailleurs il n'avait pas engage sa parole pour la cita-
delle, mais seulement pour la ville a . Ayant fait agr£er
cette r^ponse k Ibrahim, il lui offrit de riches vases
d' argent, ainsi qu'aux autres grands de Tarm^e , et il
fut lui-m&ne revfitu dun habit d'honneur. Un d&a-
chement de Turcs vint occuper la, br&che au son de
la musiqueet drapeau d6ploy£; sur ce drapeau, de
i J eh hub an im gemerkt duster hochf&r gut gehalten hat dass ich mich
zu dem Kaiser hub gewidert tu gehen, und dass ich so viel von ihm in set-
nem Sinn hall, {Rapport de Jurischitz.) — * Ibid.
H*
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1 64 HISTOIKE
couleur pourpre, se lisait en lettres blanches : Iln'eU
point d 'autre Dieu que Dieu, et Mohammed est son
prophSte \ Ces paroles furent r£pet£es k haute voix
par les Turcs % et cette glorification de leur religion
en presence des chr&iens fut regard^ par eux, k
defaut du pillage de Guns , comme une satisfaction
suffisante donn£e a l'honneur du Sultan. Le moute-
ferrika (fourrier), qu'Ibrahim envoya le jour suivant
(29 aotit — 26 moharrem) annoncer k Souleiman la
reddition^de Guns, re$ut un kaftan d'honneur,. et
eut son traitement augment^ de dix mille aspres par
an a titre d'argent d'orge 3 ; le Sultan t£moigna sa sa-
tisfaction au grand-vizir en lui donnant de splendides
v&emens et un turban garni de plumes de h&on 4 .
Le lendemain Souleiman tint un diwan, dans lequcl
les vizirs, beglerbegs et begs de l'empire yinrent lui
offrir leurs felicitations 5 . Le jour suivant , arriva la
nouvelle de la soumission d'Altenbourg, et furent
cong£di£s les ambassadeurs de Ferdinand, Lamberg
et Nogarola, qui, k leur retour de Belgrade, avaient
et£ charges d'une nouvelle mission aupr&s du Sultan
k Mohacz, mais avec aussi peu de succ&s que la pre-
miere fois [xvin]. Dans la derntere audience que
Souleiman leur donna, il leur remit, avec des pre-
» Istuanfi, 1. XI.
» Zermeghi, dans Catena, XX, p. 8a6.
3 Journal de Souleiman da 29 aout.
4 Petschewi, f. 56, donne a entendre que l'etendard laiss£ a Jurischitz
n'etait pas un present, mais bien le symbole de sa nomination a la dignite
de sandjakbeg.
5 Journal de Souleiman du 3o aout.
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DE L' EMPIRE OTTOMAN. iG5
sens , une lettre dans laquelle il menagait Ferdinand
de la devastation de ses iltats et lui portait le d£fi de
venir se mesurer avec lui en bataille rang£e. 'Cette
lettre &ait ecrite en caractires d'or et d'azur, et ren-
ferm£e dans une bourse d'£carlate ' . Ainsi Guns dut k
l'h&roisme de Jurischitz de soutenir, comme Yienne,
pendant Irois semaines , le choc de toutes les forces
de l'empire ottoman sous les ordres du Sultan lui-
m£me [xix].
Vienne s'attendait d'autant plus k voir reparaitre
Souleimanfxx], que les akindjis, sous la conduite de ce
m£meKasimqui, lors du dernier stege, avait p&i&re
jusqu'k FEnns , saccageaient alors les districts de la
basse ei de la haute Autriche [xxi]. Cependant on
re$ut bient6t la nouvelle inattendue que Tarm^e otto-
mane, prenant k gauche de Guns, s'etait jet£e sur la
Styrie. La saison avanc£e, le manque de vivres, et
surtout l'exp&ience r£cemment faite devant Guns de
la resistance que peuvent opposer a de grandes armies
de faibles murs d&endus avec courage, durent pro-
voquer cette determination de Souleunan , plus en-
core que l'annonce des troupes espagnoles et italiennes
venant renforcer celles de Ferdinand. Souleiman £tant
entr£ en campagne k peu pr£s sans artillerie de stege,
il est k croire que le but primitif de cette expedition
n'avait pas &e la prise de Yienne, mais une bataille en
rase campagne avec Charles-Quint. On en trouve une
nouvelle preuve dans la lettre apport£e de Guns par
Jovius, XXX. Calona, XX, p. 819, 820.
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1 66 UISTOIRE
les ambassadeurs autrichiens, Lamberg el Nogarota.
Mais l'armee de Charles-Quint et de Ferdinand se
tenant renferm6e dans Vienne , et la place forie de
Neustadt se trouvant entre les Ottomans et cette ville,
cette campagne qui s'&ait annonc£e dune maniere si
gigantesque, se r£duisit k des excursions en Styrie,
les plus desastreuses qu'eut encore £prouv£es cette
province *.
Gependant Kasimbeg , reprenant k travers FAutri-
che les cherains qu'il avait deja battus lors de la der-
ntere campagne , passa l'Enns a la t&e de quinze a
seize mille akindjis, mit tout k f eu et k sang, massa-
crant les vieillards et les enfans, et liant aux croupes
deseschevaux les jeunes filles et les jeunes gargons.
A Ernsthofen, une division traversa l'Enns., et se
rendit par Kleink, Disbach, Stadlkirchen a Wolfern
et Losensteinleithen. Ce dernier bourg fut d£fendu
seulement par quelques hommes, et, dit-on m&ne, par
un seul, qui avait plac£ des fusils a toutes les fenfitres;
le premier coup tir£ ayant heureusement frapp6 un
des chefs ennemis, les asstegeans, au nombre de cinq
seats , retournfrent sur leurs pas/ La ville de Steyer
dut le depart des akindjis bien moins k ra*riv& dans
ses murs de mille hommes de grosse cavalerie qu'a
la retrake de Souleiman. Ce corps de douze mille
akindjis, apr&s avoir menac£ Steyer, brfila sur son
passage le bourg de Weyer, mais il £choua dans son
attaque sur Waidhofen ; les habitans firent une sortie,
i Jovius, XXX. Catona, XX, p. 829.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 167
lui prirent trois ceats chevaux, et d£Kvr£reut quatre
cents prisonniers '. Kasim ne suivit pas les bords du
Danube, el revint par le Wieaerwald, chaine de mon-
tagnes couverte de foists , d'oii il comptait sortir aux
environs de Baden, pour aller rejoindre Souleiman en
Styrie. Mais les d£fi}£s eonduisant dans cette province
avaient ete occupy d&le 1 9 septembre par les troupes
imp^riales sous les ordres du comte palatin Fr&l&ic.
Les Turcs en arrivant k Pottenstein, trouv&rent la po-
sition de Loibersdorf occupee par Schaertlein de Bur-
tenbach, capitaine du contingent d* Augsburg, avec
vingt-deux bannitoes de lanciers imp^riaux a . Schaer-
tlein de Burtenbach, se d&achant k la t&e de dix ban-
ni£res , attaqua l'ennemi fort de huit mille hommes
avec cinq cents arquebusiers, le d£logea de Potten-
stein, et, le poussant devant lui, le conduisit sous le
canon du comte palatin Fr£d£ric 3 . Kasim, seotant la
difficult^ de se frayer un passage k travers les imp6*
riaux avec les prisonniers qui embarras3aient ses mou-
vemens, fit massacrer quatre mille d'entre eux. Puis
profitant d'une nuit orageuse, k la faveur de laquelle
il esp£rait se sauver, il divisa ses troupes en deux
corps : le premier sous les ordres de Feriz, gagnant
> Kurze Geschichte der Landwehr in OEstrich ah der Enns, 1811.
( Histoire ab regie de la Milice en Autriche sur I' Enns, p. 97-102.)
a «Von eraem Scharmizel darin eine merkliche Anzal Tiirken durch
• Hilf des Aknetbtigen erachfegen, aos einem Briefe der von Augspurg
» Hauptmann geben im Leger zu Lewersdorf. (Loibersdorf oa Leopoldsdorf ,
» 18 septembre i5a3.) » Goebel, Beytratge, p. 3o5-5i8.
3 Biographie des beruhmten hitters Sebastian ScharHein von Burten-
bach (Biographie du ctlebre chevalier Sebastien de Burtenbach), I, p. 35.
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i6B HISTOIRE
au sud, s'ouvrit un chemin k travers les bois, et par-
Tint heureusement k entrer en Styrie, oft il suivit les
traces du gros de l'arm6e; le second, conduit par
Kasimbeg en personne , attaqu£ d'abord par le capi-
taine du contingent d' Augsburg , tomba sous le feu
du palatin Fr&teric , en d£bouchant de la valine de
Starhemberg. Kasimbeg ayant 4t6 frapp£ un des pre-
miers , Osman prit sa place , et s'avanga hardiment
dans la plaine , oft il trouva les troupes du coipte
Lodron et du margrave Joachim de Brandebourg. Ge
fut moins une bataille qu une boucherie, car les cava-
liers ottomans , dont les dievaux &aient ext&m& de
fatigue, et dont les lances s'&aient rompues dans les
pr&£dentes rencontres, ne pouvaient opposer de re-
sistance; quelques-uns de ceux qui purent s'enfuir
furent massacres par les paysans dans la gorge de
Priggliz , d'autres furent pr£cipit& du haut d'un ro-
cher pr&s de Sebenstein '. Les debris de ce corps
d'armfe ayant &6 rallies par Osman entre Bade et
Traiskirchen , rencontr&rent d'abord les troupes im-
p£riales , puis une division hongroise. Paul Bakics
courut sur Osman la lance en arrfit, le d£sar$onna ,
puis saisissant le poignard suspendu au pommeaii de
sa selle, lui donna le coup de mort, et le depouilla
de sa brillante armure. Le casque de Kasim, orn6
d'incrustations d'or et de pierres precieuses, et sur-
monte de plumes de vautour a , fut pr£sent£ k Charles-
i Schcigcr, Jus/lug in Mormayr's hist. Taschenhuch, neimeme anoee ,
p. i5a.
a IstuanG, XI. Jovius, XXX.
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DE L'EMPIRE OTTOMAJS. 169
Quint par le comle palatin Fr6d£ric , par allusion au
vautour ottoman vaincu par l'aigle d'Autriche.
Ainsi des seize mille akindjis de Kasimbeg , quel-
ques-uns seulement , sous la conduite de Feriz , par-
vinrent k entrer en Styrie[rui]; cette province 6tait
sillonn£e par i'arm^e de Souleiman qui passa par les
valines de Friedberg, Kirchberg et Hartberg, pour
venir camper devant Gratz. Les habitans de Fried-
berg, de Kirchberg et de Hartberg s'4taient r&ugtes
dans leurs 6glises transform&s en citadelles ; ils purent
sauver leur vie, mais non leurs habitations qui furent
livr&s aux flammes. Prte du fort de Weissenbourg ,
situ£ sur les frontitees de Hongrie et de Styrie, les
Ottomans furent obliges de laisser un de ces canons-
monstres dans lesquels un homme pouvait entrer '.
Get abandon forc6 prouve que les chemins, pour
nous servir de repression du Journal de Souleiman,
etaient « p£nibles comme le jugement dernier, » et
que l'armle n'&ait pas entterement d^pourvue de
grosse artUlerie, quoiqu'elle n'en eAt pas au stege de
Guns. Le cMtelain de Poltau tenta de surprendre prfes
de Gleisdorf une division otlomane , et engagea une
lutte acharn& (10 septembre), dans laquelle il fut fait
prisonnier apr£s avoir vu p£rir quatre cents des siens.
En m&ne temps le khan des Tatares d£vastait la rive
gauche de la Murr. Enfin l'arm£e arriva devant Gratz,
« cette belle et grande ville, dit l'historien Ali, dont
les jardins et les vignes ressemblent au paradis, et
Julius Caesar, VII, p. 38.
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170 HISTOIRE
dont les maisous et les Edifices soul le s£jour des ri-
ches [xxin]. » II est possible que Souleiman ait essaye
de s'emparer de Grate; du moins on serait fond6 k
le supposer d'apres la tradition qui affipme que les
Ottomans avaient p£n&r£ jusqu'au pied du chateau,
pr£s de l'ancienne porte de la ville , ou on a repre-
sent^, en foi de cet £v£nement vrai on non, la figure
dun Turc. Ce qui paraitrait justifier cette opinion se-
rait r assertion de tous les historiens turcs qui ne crai-
gnent pas d'affirmer la prise de Grsetz , avec autant
de v^rite toutefbis que celle de Guns. Mais cette pr6-
tendue conqu£te est d&nentie par le Journal m^me
de Souleiman, qui ne dit pas un mot de la soumission
deGratz, et qui ne mentionne que le passage de Tar-
m6e sur la Murr, au-dessous de cette place, avec
quekpies pertes en hommes et en bagages (1 2 septem-
bre) x . Si les Turcs eussent &£ maitres de Graetz , ils y
auraient passe le temps n&essaire pour jeter un pont
sur la Murr, et Souleiman ne se serait pas expos£ a
se noyer /dans une rivfere de Styrie [xxiv]. Jean Kat-
zianer, aprta avoir repouss6 les akindjis qui etaient
entr£s dans la province du cdte de Neustadt, se r£unit
aux troupes de Graetz, tomba k Ferniz sur rarriere-
garde ottomane forte de huit mille hommes, la battit
comptetement, et en rapporta plusieurs trophies, en-
tre autres la ttte d'un pascha a . Le 1 4 septembre, Sou-
leiman campa devant Sekau, ou il trouva des provi-
» Djelalzade, f. i5a. All, xxv« recit, f. »4o. Petschewi, f. 57. Journal
de Souleiman du is septembre.
a Julius Casar, VII , p. 45 , d'apre* Megiser.
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DE L'EMPiRK OTTOMAN. 171
sions en abondance , el quekpies jours plus tard sur
les rives de la Drave, pr& de Marbourg. Le comman-
dant de cette place , Sigismond Weixelberger , qui
avait an&nti un corps de deux mille Turcs dans les
champs de Leibnitz, repoussa trois assauts qui lui fu-
rent livres. Souleiiman resta quatre jours sur les bords
de la Drave, jusqu'& 1'entier etablissement d'un pont;
les vizirs et les agas activaient le^travaux le b&ton k
la main. Lorsque le pont fut achev^ , les troupes s y
pr£cipit£rent p£le-m6}e , et il fallut la presence du
grand-vizir et des paschas pour maintenir 1'ordre, et
arr&er cet empressement qui aurait pu avoir des suites
fatales. Enfin l'arm£e ayant effectue son passage vers
midi du 21 septembre , le Sultan ordonna de livrer
le pont aux flammes, et recompensa le z61e deploy^
en cette occasion par Ibrahim , en lui faisant don
dun cheval richement enharnach£ et d'une somme
d'argent. L'arm6e continua sa marche le long de la
Drave par le Pas de Vinicza ; sa retraite de k Styrie
lui pr&enta autant de difficult^ que son entree dans
cette mdme province , et chaque jour &ait signal^
par la perte d'une partie des bagages x . Les akindjis
brAl£rent Feistriz et Gonoviz , et ravagtoent toute la
contr^e entre Colli et Neuhaus, Une de ces hordes ,
ayant franchi les monts dits Backalpes, &ait descendue
dans la vallee de Saint-Lavant, ou die avait saccage
Saint-Leonard , et de Ik avait penetre par les monts
Weidealpes en Carinthie jusqu'& Huttenberg ■; mais
> Journal de Souleimaii du a 3 septembre.
> L'inscrjption d'un ancfen tableau, dans la chapelle de Waitschach, le-
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17a UISTOIRE
Veit Welzer, capitaine des milices du pays, la battit
et la forga k la retraite. Au-dessous de Warasdin ,
une balle partie du ch&teau deRassina tua Schaaban,
fr&re du defterdar ; la vengeance des Ottomans fut
prompte et terrible : le chateau fut incendte et les ha-
bitans massacres. Au nombre de ceux qui furent con-
duits en esclavage , se trouvait George Hust ' , que sa
destin£e poussa jusque dans les Indes, et qui, comme
Schiltberger et le maitre d'6cole de Muhlenbach, nous
a laisse la description de ses voyages. Le Sultan et le
grand-vizir se s£par£rent k Herbartie 2 : le premier,
avec les janissaires et les sipahis, prit k gauche et alia
par Caproncza et Veroecze k Poschega ; Ibrahim tourna
k droite avec Tarrifere-garde de Fannie, et passa suc-
cessivement sans commettre de ravages par Kreuz ,
Gudovecz , Ghasma , Velica , et le ch&teau des aieux
de Zapolya 3 . A Lugovich, le grand-vizir renvoya le
prisonnier Andr£ Stadler, avec une lettre en langue
italienne pour Ferdinand. Dans un style fanfaron ,
Ibrahim dissimulait les veritables causes de la retraite
de l'arm£e sous le ridicule pr&exte de la disparition
de Charles-Quint , et il terminait en disant que « les
pays du roi etaient comme sesfemmes; » injure gros-
si&re et v Entablement turque, signifiant qu'il &ait 6ga-
lement impossible de trouyer Charles-Quint aupres
de ses Spouses et dans ses royaumes [xxv]. La ville
moigne de ce fait. Voyez Archiv fur Geschichte, Statistih, Litter alur und
Kunst, de Philippe Vonend.
1 IsluanG, 1. XI, p. 184. — > Journal de Souleiman.
3 Istuanli, XI. Jovius, XXX. Catona, XX, p. 835.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. i 7 5
de Poschega, qui comptait quarante a cinquante mille
habitans, fut livr6e aux flammes l . Les ch&teaux-
forts de Podgaracz et de Nassicz, situ£s au-dessous
d'Essek, envoyirent les clefs de lews portes en signe
de soumission; Souleiman donna ces chateaux en fief
k Ibrahim a . L'arm6e ramena de la Hongrie, de la
Styrie et de l'Esclavonie trente mille esclaves ; mais
aprds qu'elle eut*pass£ le Bossut, un ordre da jour
lui dtfendit de faire de nouveaux prisonniers, parce
qu'on entrait dans les Etats du Sultan 3 . En face de
Belgrade, le corps d'arm^e de Souleiman fut rejoint
par celui du grand-vizir (12 octobre — 12 rebioul-
ewwel) ; ce dernier, suivi des paschas et des begs ,
alia rendre sea hommages k son maltre. Les deux divi-
sions r&inies travers^rent le Danube et campdrent
sous les murs de Belgrade. Le jour suivant, Soulei-
man passa ses troupes en revue, et tint le lendemain
un diwan, dans lequel les vizirs, les defterdars, le se-
cretaire d'Etat, les beglerbegs d'Anatolie et de Rou-
milie , furent revfitus d'habits d'honneur. Le m&ne
jour, des courriers furent exp£di& dans toutes les
directions pour annoncer aux gouverneurs des pro-
vinces et au doge de Venise les victoires remport&s
dans la derni&re campagne [xxvi].
Younisbeg, I'interpr&e de la Porte, qui, aprts le
stege de Vienne, avait &6 envoy6 de Belgrade k Ve-
nise pour notifier au doge Andrea Gritti l'installation
■ Djelaiiade, f. i63. Petschcwi, f. 58. AU, f. 240. Solakzade, f. no.
> Djdalzatt, f. i65. Petechewi, f. 58.
3 Journal de Souleiman du 8 octobre.
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1 7 4 HISTOIRE
de Zapolya sur le trdne de Hongrie, partit de nouveau
de cette ville pour la m&ne destination. La lettre dont
Younis &ait porteur s'efforgait de presenter sous un
jour honorable la retraite du Sultan , qui n'&ait due,
k l'entendre, qu'k la lftchete de 1'eittpereur. On y
remarquait ce passage oii le Sultan disait : qu'il ^tait
alte sous les murs de la grande ville d$ Graetz, Tan-
cienne residence de ce prince maudit qui avait fiii
pour sauver sa vie, et avait ainsi abandon^ les infi-
d&es engages avec lui dans le sender du diable. II
ajoutait qu'aprgs avoir d&ruit rWrfeie, il &ait re-
venu, et avak prig, chemin faisant, les ch&teaux-forts
de Kharbotrtie (Harbart) , de Poschega et plusieurs au-
tres [xxvn]. Deux jours apr£s le depart d'Younisbeg, le
grand-vizir passa le pont de la Save drapeanx deployls
et tnusique en t£te, pour remettre entre les mains du
Sultan les insignes de la dignity de serasker , qui expirait
avec la campagne (9 novembre — 10 rebioul-akhir).
A Philippopolis, Souleiman conftra en plein diwan, h
Sahib Ghirai, oncle d'Islam Ghirai, la dignity de khan
de Crimge; Sahib Ghirai avait accompagn£ avec ses
Tatares l'arm6e dans la derntere expedition, et s'&ait
fait remarquer par ses courses sur la rive orientate de
la Murr. Son fr£re Seadet Ghirai, qui avait esp£r£ *tre
investi de nouveau du souverain pouvoir en Crimfe,
re$ut en d6domtnagement une pension annuelle de
trois cent mille aspres , et de vastes domaines d'un
produit de cinq cent mille aspres par an '.
i Petschewi, f. 58. SolakouM, f. no. F«rdi, f. 197. All t f. »{i.
Djelalzade, f. 164.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN.
i™
Pendant sa marche, Souleiman regut l'ambassadeur
polonais, Pierre OpaMnski, alors ch&telain de Ledz et
plus tard de Gnesen [xxvm]; Opalinski 6tait chargg
par son souverain de demander la prolongation de
la tr£ve conclue avec la Pologne trente trois ans au-
paravant par Bayezid, et confirmee en 1 525 par Sou-
leiman ' . Sigisroond voulait assurer ainsi la tranquillity
de son royaume du cdt6 de la Moldavie •. Lesn^go-
ciafibhs.'dPpaHnski eurent on plein succ£s, et Sahib
<Jhirai, khan de Crinrfe, fut invito & vivre en paix avec
le roi de Pologne et k le considfrer cotnme rami de la
Porte 3 .Le 1 8 novembre (1 9 rebioul-akhir), le Sultan
rentra k Constantinople, apr6s une absence de sept
mois *. Pendant cinq jours cons6cutife, une fete triom-
phale c&^bra les vktoires de la deroiere campagne
appel^e par les hietorieos ottomans la guerre dAtte-
magne contre le roi d'Espagne. Constantinople, les
faubourgs de Scutari, d'Eyoub et de Galata, furent
Ulumfe& cinq nuits de suite, pendant lesquelles les ba-
zars et les boutiques du Bezestan resterent ouvertes;
ce ne fut qu'une succession contmudle de festkis et de
r^jouissances publiques. Le conqu£rant de Belgrade
et de Rhodes, le vainqueur de Mohacz avait d6j& con-
> R*pp*rt de tmmbtsfaiemr vfaitien, a la date de i5a5 , dans Marini
Sanoto. Cromer, t. XXIX, parle de la premiere capitulation arrelee par le
Polonais Feiley.
» Hisioria rerum polonicarum concmnata a Salomonc Neugebaue.ro ,
Hannovia x6i8, p. 53i, d'apres Yapovios tuhanrtum i**Sa.
3 Les mcaaes tppeUent Sahib GhiraT, Satkcreius.
4 II elak parti de Constantinople le at avril, et il y rentra le 18 no-
vembre.
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176 HJSTOIRE
duit en personne cinq expeditions 1 ; il avait entrepris
la derni&re contre Charles-Quint, dont il ne pouvait
s'empdcher de reconnaitre int£rieurement les hautes
quality, bien qui] ne voulttt pas lui rendre publique-
ment justice 3 . Charles-Quint avait quitt£ FItalie pour
venir se mesurer avec Souleiman, qui n'osa pas Fat-
tendre. II put done consid&er la retraite des Otto-
mans comme un aveu tacite de leur inferiority. *
Pendant que Souleiman ravageait les juves cle la
Drave, le jour m£me ou Fancien commandant de la"
flottille du Danube, Kasimbeg, succombait dans la val-
ine de Pottenstein sous les coups des troupes imp£-
riales, l'amiral de Charles-Quint, le c£l£bre Andrea
Doria, s'emparait de la ville de Coron en Mor£e. Ce
port, Tun des mieux fortifies de Fempire ottoman, fut
emporte apr&s un stege d un jour. La batterie dirig£e
contre le c6t6 de la ville qui regarde la tore n 'avait
que quatorze canons ; mais les .trois autres cdt& que
baigne la mer &aient battus en brdche par plus de cent
cinquante bouches k feu; la flotte de Doria comptait
trente-cinq vaisseaux de haut bord et quarante-huit
galores. Cependant cette rapide conqu&e ne laissa pas
que de cotter du monde aux ass&geans. Le corps
dltaliens d£barqu6 du c6t6 de la terre eut trois cents
morts et plus de mille blesses; les soldats des galores
du pape furent plus heureux, its p&i&r&rent dans la
■ Journal de Souleiman iluaiau *5 novembre.
» In this first essay of his (Charles-Quint) arms, to have opposed such a
leader as Solyman, was no small honour to have obliged him to retreat, me*
rited very considerable praise. (Robertson, Charles-Quint, 1. V.)
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 177
\ ille par ia mer apr£s tm combat assez chaud. mais de
pen de dur£e. Doria accorda & la gamison une libre
retraite avec femmes, enfans & biens '. II lafesa deux
milte Espagnofc dans la place sous les ordres de Fran-
cois Afendoita a , et fit voile potip Patras qu'il conquit
aussi promptement que Koron 3 , et se porta devant
Lepanto. Le6 deux ch&teaux constants par Bayezid II
£ l'entr£e des Dardanelles tomb^rent au pouvoir de
Doria : celui qui s'&evait sur la c6te de la Mor£e se ren-
dit volontatrement , et Taatre qui d&endait le rivage
oppos^ firt emport^ d'assaut Un corps turc raraass£
k la hftte en Mor6e fit mine de vouloir se remettre en
possession du fort qui avait &e pris de vive force ,
mais a rapproche de quatre mille arquebusiers espa-
gnols sous les ordres de Jer6me Tutavilla, comte de
Sarno , il se replia sur Lepanto. Le fort sur la terre
ferme appete Mofineo avait vu p^rir toute sa garnison
compos£e de trois cents janissaires ; Doria donna deux
des grands canons couverts descriptions turques ,
qu'on y trouva, aux g£n£raux Sarno et Salviati, et
transporta les autres k G^nes ; ils servirent k ilever un
troph£e dans l^glise que l'illustre marin avait con-
stitute avec les sommes considerables qu'il avait reti-
rees du butin firit sur les corsaires vaincus. Ayant ra-
vage toute la c6te de Sycion et deCorinthe, et voyant
• Paruta, Historia Veneziana, 1. VII. Sagredo, Memorie istoriche, i53a.
Anion Dona's Kurzer Innhegriff in Gcebel's Beylrcegen, p. 3i. Isluanfi, I. VI.
a Sioria di Guazzo.
3 Guazzo, Hist, Venez., i54g, p. 124, fait nionter la garnison a huit
mille homines ; 800 soldati tra haliani, Spagnoh, e Allemam g\i rimase.
T. V. 12
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i 7 8 HISTOIRE
la saison 8 avancer, Doria sen retourna avec sa floUe \
L'issue de la campagne d'Autriche , les conqu&es
de Doria en Moree, et des projets de guerre contre
la Perse dont il sera parte dans le livre suivant, ren-
dirent Tesprit guerrier de Souleiman plus accessible a
des propositions depaix; aussi s'empressa-t-il d'accor -
der les sauf-conduits que Ferdinand ltd fit demander
avant la fin de cette m£me ann£e pour une nouvelle
ambassade.
L'arriv^e d' Younisbeg -a Venise, qui eut lieu dans
les premiers jours de Janvier, coincida avec celle h
Constantinople de l'envoyi de Ferdinand, J£r6me de
Zara, fr6re ain6 du brave ctefenseur de Guns [xxix].
Cinquante nobles v6nitiens, parmi lesquels Thistorien
Marini Sanuto, fiirent deputes par le s£nat pour aller
k la rencontre d'Younis a . J£r6me de Zara, qui n'avait
qu une suite de douze personnes, fut regu sans tous
ces honneurs ; le second jour de son arriv6e, il obtint
une audience du grand-vizir, et le quatr&me, il fut
introduit aupr& du Sultan (1 4 Janvier). D &ait charg£
de n£gocier la pah ; Souleiman n'accorda qu'une
« Paruta, Sagredo, htuaofi, Doria. Petschewi, f. 58. Ali, sxn« reeit,
f. a4i. Itatyi-Khalfa, His tot re det Guerret maritime*, f. 18. Let source*
ottomanes nomment le commandant de la flotte turque qui , a l'arroee de
Doria , se retire a Constantinople , Ahmedbeg. Istuanfi , Paruta , Sagredo
I'appellent Jmerale ; Guaxzo , Zai.
» m Veae Junisbei Orator del Sgr. Turco per il qnal fu ordina andasse
••Ira 40 gentUuomini , tra li qua! Io Marini Sanuto fui commandato —
•» con il Caftan d'oro turchesco, che la Signorla 1* free vestir e custi tutii li
•> soi da numero 1? vestiti di Coracbi di scarlatto. » Marini Sanuto, t. LVl,
9 Janvier i533.
9. '
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 179
treve, qu'il ne tiendrait, disait~il, qu!a Ferdinand de
changer en une paix definitive, en envoyant k la Porte,
en signe de soumission, les clefs de Gran. II ajouta qu 'il
reconnaissait Ferdinand et Charles-Quint comme ses
fibres , qu'il etait pr6t a conclure la paix avec ce
dernier pour cinq ou sept ans, m&ne avant la reddi-
tion de Gran, et qu'il d^dommagerait Ferdinand de
la perte de cette place par un Equivalent en Hongrie ' .
Un tschaousch ou messager d'Etat, accompagn6 de
Vespasien de Zara, fils de J£r6me, partit pour Vienne
avec une lettre Ecrite dans ce sens (1 w f6vrier 1533)*.
Le premier ambassadeur ottoman quetit encore vn
Vienne, fut regu avec de grandes solennit£s. Ferdinand
lui donna audience sur un tr6ne couvert de drap d'or
et couronnE par un dais magnifique ; il avait a sa droite
vingt magnats hongrois 3 , parmi lesquels trois 6v6ques
(ceux de Warasdin , de Funfkirchen et Paul Verday
qui avait livr£ Gran); k sa gauche se tenaient les grands
de Bohdme. Quelques jours apr&, les conditions de
la tr&ve propos&s par les Ottomans furent commu-
niques aux Hongrois et aux Boh6mes, k chacun dans
sa langue respective. La demande des clefs de Gran
■ f Alii 10 (Genaro) entro TOrator del Re dei Romani con cavalli 1a,
- con non molta dimostrasione alociato in luogo solito lira Armeni e Greet
- allabanda sotto il podrumo (Atmidan), alii ia ebbe audienxa dal Ibraim,
» quel lo fece aspettar sul podromo, alii 1 4 audi il Sgr. l'Orator col sua fioL »
Rapport de Pietro Zen. Marini Sanuto, t. LVI, i533. Istuanfi, 1. XH.
* Rapport de Jerome de Zara, dans les archives de la maison I. R. d'Ai*»
trlche.
3 Leurs uoois se trouvent d&ns Istuanfi, 1. XII, f, 194, et dans Catena,
XX, p. 882.
12*
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i8o HJSTOIRE
ingpira aux premiers les plus vives craintes; mais
Ferdinand Ieur dit qu'on pouvait en faire fabriquer
de fftusses , que du reste le grand- vizir n'avait pas
demand^ la remise entre ses mains de ia forteresse,
mais seulement les clefs en signe de soumission, et
avait jur6 que tel &ait le veritable sens de sa de-
mande '. Le 89 mai, le tschaousch fut cong£cli6 avec
urie r£ponse favorable ; il fut suivi de pr6s par Corne-
lius DuppliciusSchqpper [xxx]. a la fois ambassadeur
de Ferdinand el de Marie, veuve du dernier roi de
Hongrie. Schepper devait remetlre au Sultan les clefs
de Gran et deux lettres :. Tune &ait de Charles-Quint
qui interposait sa mediation entre Souleiman et son
fr&re, en demandant pour cehii-ci la tranquille pos-
session de la Hongrie a ; Tautre etait de Ferdinand
aux commandans de Gran, de Poschega, de Koron,
» Return Fcrdihandus , posse pro clavibus facile si sit necesse alias con-
Jici. fstaanfi, i. c.
• Le dupiicata de la let tie de CharlesQuinI du G mars, dans les archives
de la maison I. R» d'Autriche.
3 La lettre de creance de Schepper, dans les archives de la maison I. R.
d'Autriche; etle plein pouvoir donne par la reine a Schepper et Jeiome
de Zara, a la dale du 4 avril. 1. c.
4 Istuaufi, I. XII.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 18 1
?\ a 1 amiral Andrea Doria, pour les informer de la
signature de l'armistice '.
Souleiman mit a profit les loisirs que lui laissait la
conclusion de la treve, pour faire de nouveaux arroe-
mens, et qp£rer quelques changemens dans l'adminis-
tration intfrieure; il investit son fils alne, Moustafa,
du gouvernement de Saroukhan, et lui assigna un fief
dun reyenu de quarante mille ducats [xxxi]. Le jour
m^me ou le tschaousch ottoman fut regu par Ferdi-
nand, le prince Moustafa, beau jeune homme de
quinze ans , fut admis k baiser en un diwan solennel
la main de son pere; le vizir Ayaz-Pascha lui tint l'£-
trier, et le grand-vizir, le kaftan [xxxn], Les fils de
plusieurs princes de Syrie et de Perse partag&ent k
cette occasion l'honneur reserve au fils du Sultan. Peu
de temps apr&s mourut la mire de Souleiman, Hafssa
Khatoun, dont la beaut£ avail 4t6 justement ce&bre
(4 ramazan — 30 mars). Son tombeau s'616ve k cdte
de celui de son £poux, S61im I CT *.
Vers la fin d'avril, Aloisio Gritti, par qui tout se
faisait en Hongrie, arriva d'Ofen a Constantinople.
Dans une conference qu'il eut par ordre d'Ibrahim
avec JArdme, U agita la question tant de fois d^battue,
des pretentions de Souleiman k la couronne de Hon-
grie. Le tschaousch pr6c6demment envoys k Fer-
* AU eximium regimen in Vienna, ad Capiianeum Lubiance, ad C*pUa~
neum Jaschanum in Strigonia et Bachi J anas Ferenz et Pekhlaus in Posoga.
( Le Ruppvrt precite de l'ambassadeur. )
» Djelal&ide, f. i65, Selakaade, f. 40. Mourcdjea d'OhMon, II,
p. 5ia, in-80.
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i8* HISTOIRE
dinand revint le 25 mai avec Vespasien de Zara, et
Cornelius Dupplicius Schepper qui avait quality pour
arr&er les clauses definitives de la paix. J£r6me de
Zara et son fils Vespasien presentment au grand-vizir
les clefs de Gran et les magnifiques pr£sens de Ferdi-
nand. A la vue de ces clefs que Ferdinand d'Autriche
lui offrait en signe de soumission , Ibrahim-Pascha
sourit avec orgueil, et fit signe k J£r6me qu'il pouvait
les garder \ II regut non moins gracieusement un
m6daillon que le roi le priait d'accepter, et qui &ait
orn6 dun diamant de deux mille ducats, d'un rubis
du double de cette somme, et d'une perle en forme'
de poire estim^e la moiti£ de la valeur du diamant a .
Ibrahim voulut , pendant cette m6me audience , ou-
vrir la discussion sur les articles du trait£ k conclure;
mais J6r6me all£gua qu'il ne pouvait rien arrfiter sans
la participation de son coll&gue, et on fixa au surlen-
demain la premiere conference k ce sujet. Les n6go-
ciations durdrent sept semaines. Les documens dans
lesquels sont consigns les sept entretiens des ambas-
sadeurs de Ferdinand avec Ibrahim et Gritti , sont
des plus precieux r non seulement en ce qu'ils sont
i « Et supra illud praesentavit Hieronymus ipsi Bassa claves Strigonii,
» et dixit ecce claves illas , quas to et Cesar Turcarum petiv islis ad fidem et
» Dfmitodinem Regiae Majestatis Domini roei declarandam. Ad quod pns-
» fatus Baasa subrisit et com capite fecit sigoum , ut Hieronymus eas sal-
» varet. * Rapport de rambassadeor, dans les archives de la maisoo I. R.
d'Autriche.
» « Bullam auream qualis prasfigitur pelvis in quali erat adamas aooo
» aureortsm inferitis rubinns 4000 aureorum et depeodebat uoio pyriformis.
» mille aureorum. » Rapport de I'ambassadeur.
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DE U EMPIRE OTTOMAN. i85
pour ainsi dire leg pieces justificatives de la diplo-
matic du temps, mais encore en ce qu'ils d6finissent
parfaitement le caractfere et la position d'Ibrahim , et
ach&vent ainsi le tableau que nous avons £bauch£ dans
le cours de cette histoire. Le lecteur nous pardon-
nera d'autant mieux de nous appesantir sur ces pour-
parlers, et de citer les paroles de cet homme d'etat,
que ce seront les dernieres que nous recueillerons de
sabouche. Le 27 mai, les ambassadeurs autrichiens,
escort& d'une suite nombreuse, se rendirent de nou-
veau au palais du grand- vizir, en passant par l'Hippo-
drome, ou ils purent voir les statues prises k Ofen, et
de nombreux gibets en permanence [xxxiii], toujours
prtts k seconder la justice exp£ditive du pays. Ibrahim,
revfitu dun magnifique kaftan de drap d or qui lais-
sait voir un habit de dessous de coulear bleue et tout
brod£ d'or, regut Schepper et J6r6me sans se lever
de son stege; il les laissa long-temps debout. et ceux-ci
purent examiner k loisir sa personne. Ibrahim &ait de
taille moyenne, avait le teint brun, la figure ovale; sa
m&choire inftrieure se faisait remarquer par cinq pu
six dents tr&saigues et assez distantes les unes des
autres. Enfin les pl&upotentiaires baiserent ses v&e-
mens, et le salu6rent ftere de leur souverain Ferdinand
et de la reine Marie. Ibrahim commenga aussit6t un
long discours sur les fatales consequences de la guerre
et sur la puissance du Sultan: « Dans l'origine, dit-il ,
la solde des janissaires n'&ait que d'un demi-aspre par
jour, depuis elle s'est successivement &ev£e k deux ,
trois , quatre et cinq aspres; mais il n'est point de
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1 84 WSTOIRE
simple soldat qui en receive plus de huit. Le pied
de guerre de la marine n&esske des frais taormes ,.
mais le tr&or est si riche qu'il s'en ressent k peine.
Hier encore j'ai pris an aspres mille charges de che-
vaux , e'est-k-dire deux millions de ducats [xxxiv] ,
pour equiper une flotte centre l'ltalie. Cinquante mille
Tatares suffiraient pour divaster le monde. — J'ai fait
conduire plusieurs milliers de femmeset d'enfans dans
les for&s, pour les preserver de l'esclavage; nous
avons agi ainsi , moi et beaucoup d'autres ; tons les
Turcs ne sont pas aussi barbares, aussi cruels et inhu-
mains qu'il plait aux chr&iens de le dire. — Cest moi
qui gouverne ce vaste empire; ce que je fais reste fait,
car Urate puissance est en moi ; je confere les charges,
je distribue les provinces; ce que je donneest donne,
ce que je refuse est refuse. Lors m&me que le grand
Padischah veut accorder ou a accord^ quelque chose,
si je ne sanctionne pas sa decision, elle reste comme
b(hi avenue, car tout est entre mes mains, guerre, paix,
richesse, puissance. Je vous parle ainsi afin de vous
donner le courage de vous expliquer librement. » La-
dessus Cornelius ayant dit d'apr&s ses instructions que
Ferdinand saluait Tempereur des Turcs comme son
p&re et Ibrahim comme son fr£re, celui-ci r£pliqua :
« Ferdinand fait bien de rechercher 1'amitte dun aussi*
grand empereur que le mien ; car sans cela, il aurait
pu 6tre frappe d'un double malheur. » Puis Cornelius,
prenant la parole, s'exprima ainsi : « Le roi Ferdi^-
nand nous a adresses aux consefls et aux bons offices
de son fr£re Ibrahim, pour pouvoir se mettre en po&->
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. i85
session de la partie de la Hongrie qui n'est pus en
son pouyoir. » Sans r^pondre k l'insinuation de Cor-
nelius, le grand-vizar lui demand a, en recevant de sa
main la lettre de Ferdinand, s'il n'avait pas aussi one
letlre de Charles-Quint. Cornelius loi ayant pr£sent£
l^crit dans lequel Charles-Quint mtervenait en faveur
de son fr&re, Ibrahim se leva : « C'est un grand sou-
verain qu'il feut honorer, » dit-il. Et il prit la lettre,
la baisa, la pressa sur son front, et la mit a ses c6t£s
avec les plus grandes marques de respect l . Cornelius
poursoivit : « Le Tpi Ferdinand a instruit son fr^re ,
1'empereur Charles, des sentimens d'amiti^ du Sultan.
L'empereur Charles regarde le Sultan comme son
frere, et il est dispose, sans qu'il sort besoin de dresser
pour lui un traite special, k Atre compris dans celui
de Ferdinand sous les conditions suivantes : Koron
sera restituee, si la Hongrie est rendue & Ferdinand,
et File d'Ardjel remise entre les mains de ses pre-
miers possesseurs ; les habitans de Koron pourront
se retirer avec leurs biens. Le pape, Venise, le roi de
France et toutes les autres puissances chr&iennes se-
ront admises au b6n£fice de la paix. — Si Charles, r£-
pliqua Ibrahim, veut sinc^rement la paix, mon mattre
ne la refusera pas ; d'ailleurs je lirai sa lettre. » Et exa-
minant le sceau imperial de Charles-Quint, il ajouta :
« Mon maitre a deux sceaux, dont Tun reste entre ses
> « Et dixit : lite est niagnus Dominus et debemus ipsuni ideo honorare v '
» et sumsit litteras et osotilaius est eas — et quamdiu hie sermo de CaroU*
» Caesare duravit tamdiu stetit erectus. •> Dans les archives de la maisuu
Ii R. d'Autriche, et dans le Cod. de la Bibliotheque I. R. Hist, prof., CVL
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i86 HISTOIRE
mains, et l'autre meal confix, car il ne veut pas quH
y ait de difference entre lui et moi; s'il fait faire des
habits pour lui, il en commande de semblables pour
moi ; il se refuse k ce que je d^pense rien en con-
structions; cette salle a &£ 61ev& par lui. — Quant k
Koron, c'est un fort comme nous en avons des milliers,
et dont la possession nous importe peu; nous aimons
mieux le reprendre par la force que l'obtenir par des
negotiations; nous pouvons le brtiler, quand cela
nous conviendra.— T Mon empereur a donn£ la Hongrie
auroi Jean, et rien au monde ne pourra la lui enlever;
File d'Ardjel est le sandjak de Barberousse. Jaurai
soin de faire restituer & la reine Marie ses domaineset
sa dot; si elleffctt rest£eune heuredeplusi Ofen, die
serait tomb& entre mes mains, et elle aurait &6 trait^e
par mon maitre comme une soeur; la gloire des grands
souverains consiste a pardonner aux vaincus. » — En
cong£diant les ambassadeurs, Ibrahim les renvoya k
Aloisio Gritti z , avec lequel ils devaient discuter la
question de la Hongrie. Cette entrevue avait dur£ six
heures. Cornelius et J6r6me eurent deux conferences
avec Gritti, qui, suivant ses propres expressions, joua
dans cette affaire le double r61e de partie et darbitre a .
> « Quum hoc diceret Ibraimus Bassa nihil respondere Hieronymus et
» Cornelius, sed se mutuo intuentes, quia dixerat quod ad Gritti deberent
»se conferee, tacite sedebant. Quod notaus Ibraimus eadem verba que
- prius iterum dixit et subjunxit. Non dubitate quia ego sum qui fecUm
» quod volo, et non quod ipse Aloisius Gritti volet, sed ipse Aloisius faciet
•» id quod ego jussero tantum loquimini illi. » Rapport des ambassadeurs,
* « Primum respondit Aloisius Gritti : Se partim adversarium esse partim
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 18}
Soulelman, disait Gritti, tiendrait la promesse faite k
Xapolya ; quant k lui , U voulait mourir comme un
chien, s'il ^tait vrai qu'il eftt, ainsi qu'on Fen accu-
sait, des pretentions k la couronne de Hongrie. Puis il
s'6puisa en injures contre les Hongrois, qu'il qualifia
de peuple perfide et ingouvernable x . H ajouta que la
fiert£ des Turcs s'accommodait mieux de conqu£rir
Koron que d'en n^gocier la restitution ; qu'en conse-
quence, sqixante gateres bloquaient d^ja ce port , que
vingt bastardes ftaient sur les chancers de Constanti-
nople, que dix gateres tout equipees attendaient k
Gallipoli l'ordre de mettre k la voile, que dix autres
avaient 6t& envoy&s en croisi&re contre le corsaire de
Syracuse, Beluomo; que Kourdoghli avait a Rhodes
trente-six na vires, plusieurs petites fltites et galiotes,
pr&es k d£barquer des troupes d'exp&lition sur les
c6tes de la Poinlle, dfts que Charles-Quint tenterait de
reprendre Tile d'Ardjel; enfin que le Sultan nepour-
rait rendre le sandjak de Barberousse a l'empereur
Charles, lors m&ne qu'il le voudrait, et qu'il ne le
voudrait pas lors m&ne qu'il le pourrait. Apr&s la con-
clusion de la paix, disait-il, les Espagnols pourraient
se retirer de Koron en toute liberty ; du reste, lui Gritti,
ne demandait pas mieux que dinterceder aupr£s du
Sultan en faveur des transfuges grecs. II s'6tonnait
oependant que Charles voultit faire comprendre dans
- arbitrum. Adveraarinm, quia ibi venisset nomine foaoois regis; arbitrum,
» quia ordinatus ad id a magno Csesare. »
> -Multa mala de Hungaris locutus est, dicens pestimam geotem, infi-
» dissimam, intractabilem. » Archives I. a.
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i88 HISTOIRE
le traite en question leg autres puissances chretieaueg;
sans avoir pr£alablement sond6 leqrs dispositions k
cet egard, sans avoir attendu qu'il y flit autoris^. Le
matin m6me du jour ou il leur parlait, il avait re$u
de l'ambassadeur et du baile de Venise une declara-
tion portant que les clauses de Charles-Quint etaient
ent&rement oiseuses en ce qui concernait Venise, puis-
que la republique vivait depuis long-temps en parfaite
intelligence avec la Porte. — Cornelius lui r^pondit
que l'empereur avait dil stipuler la gr&ce des trans-*
fuges, parce qu'il etit et^ d£loyal de faire la paix en
sacrifiant ses amis, que d'ailleurs cette conduite avait
&6 dict£e a Charles-Quint par des raisons que Gritti
Jui-m6meconnaissait aussi bien que personne, et dont
la principale ^tait la crainte de paraitre m£priser les
Grecs, s'il eAt agi autrement l . Puis venant k larticle
relatif aux puissances chr&iennes, il dit que Gharies-
Quint, d&irant la paix de toute r Europe, avait ob#
dans cette circonstance a son devoir de chidden et
d'empereur a .
Le lundi de la Pentec6te, les ambassadeurs eurent
avec Ibrahim un second entretien, plus curieux encore
que le premier, et nous rfrvelant naieux Thopune dont
I' ambition joua un si grand r61e dans le n&gne de Sou-
* « Hoc punctual de fecipiendis Graecis trausfugis in gratiam si pax fieret
» aperte dixit Cornelius Aloysio Carolum Caesarem habere Telle, et sine illo
»» non esse honestum ipsi paoem facere per multas rationes, qoarum praeei-
»» puam ipse Gritti posset intelligere, et ea erat, ut videretur Caroltis incolas
» graecos conleoinere. >»
» « Hoc euim esse imperatoris vera Christiana?. >»
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 189
kifman. Gritti , Younisbeg, interpr&e de la Porte, el
Moustafa Djelalzadg , secretaire d'Etat et historiographs
de l'empire, asstet&rent & cette entrevue * . Entre autre*
questions indifferentes qui fiirent 6chang£es avant d r en-
trer en mature, Ibrahim fit ceBe-ci : « Pourquoi lTEs-
pagnen'est-elle pas aussi bien cultivfe que la France? »
Cornelius r6pon<Ht quil fallait en attribuer la cause &
la fc^cheresse du pays, k I'expulsion des juifs et des
Maures, et k la fkrt6 des E&pagnols qui aimaient mieu*
manier les armes que la charrue. « Cette Iiert6, remar-
qua Ibrahim, est dans le sang; il en est de m£me des
Grecs qui sont pleins d'orgueil et de g6n£rosit6.» Enfin
H ouvrit la conference par une parabole : « Le plus ter-
rible des animaux, le lion, ne peut &re dompt£ par la
force, mais par la ruse, par la nourriture que lui donne
son gardien, et par l'influence de r habitude; le gardieft
doit porter un bftton pour rintimider ; aucun Stranger",
ne pourrait hri servir k manger. Le lion est le prince,
les gahfiens sont ses conseils et ses mifiistres ; le bftton
est la *v6ri»6 et la justice, qui series doivent gtdder les
princes. Moi, je conduis mon mattre, le grand empe-
reur, avec le bftton de la v£rit6 et de la justice. Le roi
Charles est aussi un lion ; il faut done que ses ambassa-
deurs le domptent de la m&ne mani&re [xxrv]. » Puia
se mettant ft parler de sa puissance : « Ce que je fids,
dit-il , est fait; je puis changer un palefrenier en pa-
scha ; je puis donner des pays et des royaumes ft qui il
me plait, sans que mon malt re aille seulement sen en-
s' Djetabade a probablemeot era devoir se (aire sur cette conference en
sa qualite de secretaire d'Etat.
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iqo HJSTOIRE
quirir; a'il ordonnequelque chose que je dtapprouve,
sa vokmti reste sans effet; si an contarire c'est moi
qui ordonne et lui qui d&approuve, mes dispositions
s'exicutetot et non leg siennes. La paixet la guerre sont
entre mes mains; je dispose des trisors de lempire.
Mem mattre n'est pas plus richement habile que moi;
ma fortune reste constamment intacte, car il privient
toutes mes expenses. Ses royaumes, ses pays, sestri-
sors me sont confiis, et j en fais ce qu'il me plait. J'ai
vicu avec le Sultan depuis ma premiere jeunesse; je
suis ni la mime semaine que lui. Lorsqu'il monta sur
le trine, il envoya un ambassador en Hongrie, dans
l'espirance d'itablir avec les Hongrois des relations
de bon voisinage, et de recevoir leurs condolences
sur la mort de son pire et leurs felicitations sur son
avinement , mais ils s'emparirent du messager et le
jet&rent en prison. Un second tschaousch ayant regu
la mime mission subit la mime sort, probablement
parce qu'il fut pris pour un grand personnage; tout
cela irrita fort le grand Padischah. Peu de temps apris,
le roi de France fut vaincu k Pavie, et la reine sa mire
icrivit a mon maitre les paroles suivantes : Mon fils
le roi de France a iti fait prisonnier par Charles, roi
d'Espagne; je croyais que Charles aurait eu la gini-
rositi de le mettre en liberty, mais loin d'agir ainsi, il
Fa traiti indignement. Je wens te supplier, grand em-
pereur, de montrer ta magnanimity en dilivrant mon
fife '. Le Padischah, imu des malheurs de Francois et
■ « Cenfugimus ad Te magnum Cesarean, ul tu liberalilatem tuaoi osten-
» das et filium meum redimas. »
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 191
irrite de la conduke de Charles-Qiiint , chercha par
quels moyens il pourrait venir le phis efficacement au
secours de la suppliante ; alors il pensa k venger rincK-
gne traitement inffig6 k ses envoy& par le roi de Hon-
grie , d'autant plus que la femme du roi Louis etait
soeur de Charles-Quint. Louis raarcha k la rencontre
du Padischah, et ils d&endirent tous deux leurs pre-
tentions au trftne, le sabre k la main. Le sabre trancha
la question, et nous contera le droit de r£gner. C'est
moi qui ai vaincu les Hongrois, car le Padischah n'as-
sista pas k la bataille de Mohacz ; il allait monter k che-
val pour venir nous joindre, lorsque je lui envoyai la
nouvelle de la victoire. Puis nous primes Ofen, et no-
tre droit pr£valut. » Ibrahim s'&endit longuement sur
la conqu&e d'Ofen, sur le meurtre des prisonniers,
qui n'avaient &6 massacres ni par ses ordres ni par
ceux du Sultan . mais par leur propre faute *. Puis il
revint de nouveau sur les demandes exag£r£es de Ho-
bordansky , sur le stege de Vienne, en faisant remar-
quer qu'il avait souvent &£ reconnaitre les fortifica-
tions sous un cteguisement, et avec un turban non
blanc mais de couleur \ « Pendant ce temps, dit-il ,
Charles-Quint etait en Italie, menagant les Turcs de la
* « Male cessit illis, qui non expectato preesidio ipsis ordinate ad dedu-
» cendum mane egressi sunt castro Budensi , aliquotque Turcas inventos
» occidernnt, qua res cum tumultum excitasset, prius peri ere, quam per se
» Ibraimum Bassam succurri posset; jussu autem Csesaris aut suo nuoquam
» cttsos fuisse. » Rapport de I'ambassade, dans les archives de la maison
I. B. d'Autriche et a la Bibliotheque de Vienna. Cod. CYI.
* « Solebam , inqnit , aliquaudo ambulare et circumspicere urbem non
» cum alho sed alio pileo. » Rapport de I'ambassade.
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iga UISTOIRE
guerre , et les luth&iens d'une conversion forc£e k
leurs anciennes croyances; il eat venu en Allemagne
et n'a pu r&issir en rien. D n'est pas digne dun em-
perenr de commencer quelque chose et de ne pas le
terminer, de dire et de ne point faire. Ainsi il a an-
nonc6 un concile qui n'a pas eu lien ; ii a assi£g£ Ofen
et ne la pas pris; il aurait dii retablir la paix entre
son frereFerdiaand et le roi Jean, et ne Ta pas tent£;
si jo voulais aujourd'hui convoquer an concile , je
placerais Luther dun c6te et le pape de l'autre, et je
les foTcerais tous deux a ramener l'unit£ de 1'eglise ';
le Sultan et moi nous- ferions ainsi ce que Charles-
Quiot aurait d& faire. Si le roi de Hongrie &ait mort
dans son lit, Ferdinand aurait eu peut~£tre quelques
droits k sa succession ; mais oomme il est tomb£ sur
le champ de bataille, son royaume nous appartient,
parce qu'il a &6 conquis par nos sabres; nous avons
envahi la Hongrie, nous avons rendu k ton fr6re son
chateau (s'adressant a Jerdme) , nous avon$ regu les
homtnages de tous les gouverneurs; nous sommes
rest6s en Hongrie, tant qu'il nous a con Venu, et nous
n'avons trouv£ personne qui ptit nous register. » Ge
n'est qu'apr&s ce pr^ambirie *t quelques autres di-
gressions , qu'Ibrahim passa k l'objet special de cette
conference, la lettre de Charles-Quint : « Cette lettre,
dit-il, en la prenant dans sa main, n'est pas d'un sou-
veraih prudent et mod£r6; Charles-Quint y £num£re
i « Ego, inquil, si nunc veliem, potsem Luthertiffi ab una et Papain ab
f altera parte stataere, et utriimque ipsorom cogere ad celebrandura conci-
»» lium. » Rapport de l'aaibassade. •
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DE V EMPIRE OTTOMAN. i 9 5
twee orgoeil ses titres et d'autres encore qui ne lui
appartienhent pas; comment ose-t-il se dire roi de
Jerusalem? Ne sait-il done pas que le grand empereur
est maitre de cette ville? Pense-t-il enlever au Sultan
ses Etats, ou bien veut-il par \k lui monfrer son me-
pris? J'ai bien entenda dire que des seigneurs Chre-
tiens font le p£lerinage de Jerusalem en habits de
mehdians; Charles-Quint croit-il que pour visiter Je-
rusalem en mendiant, il en sera roi? J'interdind k
ravenir racc&s de cette ville k tous les Chretiens. »
Cornelius chercha k eicuser du mieux quU put le titre
que s ehrit arroge Charles , en disant que c'&ait du
style de chancellerie , qui n'avait aucune esp&ce de
signification* «De plus, continua Ibrahim, Charles-
Quint met Ferdinand et mon maitre sur la m£me li-
gne; il a raison d'aimer son frire, mais il ne dent pas
pour cela abaisser la dignity du grand Padischah en le
comparant k ce frere. Mon maitre a un grand nombre
de sandjakbegs plus puissans et plus riches en terre
et en hommes que Ferdinand. » S'adressant alors k
J6r6me: «Ton parent, lui dit-il, et celui de ton fr&re
Nicolas, le sandjak de Kara Amid, a plus de terre et
d'administr£s que ton roi l . Gnquante mille caraliere
lui doivent le service de guerre ; ses sipahis et ses feu-
dataires sont plus nombreux que ceux de Ferdinand;
mon maitre a encore beaucoup d'autres de ces san-
djaks. L'empereur Charles-Quint aurait dft avoir honte
> Tootes les bistoires.se tabent sur ce parent da brave defenseur Ue
Guns : Et convert** adffieronymmm, affinis inquit Nieolis fratris lui et tuus,
qui est Sansmchtu in Cara chemita (Edessa).
T. V. • l3
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1 9 4 HISTOIRE
d'&xire une semblable lettre. Mais combien est diffe-
rente et vraiment royale la lettre que le roi Francois
nous a envoy£e pendant la campagne de Hongrie,
et dans laquelle il signe simplement Francois roi de
France x ! Aussi le grand Padischah, voulant rendre
honneur au roi Frangois et hitter de noblesse avec lui,
n'a point fait non plus remuneration de ses titres dans
sa r£ponse, et lui a seulement 6crit comme k un fr&rc
tendrement aim£ ; aussi c'est pour cette raison que
Barberousse a regu l'ordre d'ob&r k Frangois comme
au grand Padischah. Si Charles-Quint fait la paix avec
nous, alors seulement il sera empereur , car nous le
ferons reconnaitre comme tel pear les rois de France
et d'Angleterre, le pape et les protestans. Ooyez-vous
que 1'amitte qui unit Charles-Quint et le pape soit bien
r&lle, surtout si ce dernier se rappelle le sac de Rome
et les indignes traitemens qu'il a essuy£s dans sa capti-
wit6? J'ai achetl pour soixante mille ducats un diamant
enlev6 de sa tiare. Ge rubis (montrant une bague a
son doigt) &ait k la main du roi de France, lorsqu'il
fut fait prisonnier; il est depuis pass£ en ma posses-
sion. Et vous voulez que le roi Frangois aime Charles-
Quint! » Ibrahim termina en disant qu'il ne montre-
rait pas Tinconvenante lettre deTempereur au Sultan,
depeur de l'irriter; que si Charles-Quint d£sirait con-
dure un traits de paix, il devait envoyer unambassa-
■ Ibrahim fait ici allusion a la seconde ambassade franchise aur laquelle
se taiaent Flasaaa et let autre* historians francais , mais dont parlent les his-
tories* turcs et Marini Sanuto, t. LVII. Summa della relatione di Rincone
state Orator del Re Christianissimo tU Sr. Turco fatta famillarmeme.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. i 9 5
deur ; qu'en attendant on signerait un arm&ice de
trois mbis, el enfin que Barberousse suspendrait pen-
dant cet intervalle toute esptee d'hostilit& sur mer
contre les Chretiens.
Le soir du mdme jour, Ibrahim et Souleiman se ren-
dirent chez Gritti et resterent trois heures k conver-
ser avec lui ; une pareille visite ne scandalisa pas peu
les Musulmans qui trait&rent le Sultan de fou ensor-
cel£ par Ibrahim et Gritti '.Le 1 1 juin, Gritti invita les
ambassadeurs k une conference ; il leur reprocha sur-
tout la lettre de Charles, dont les expressions faisaient
supposer que le Sultan avait fait les premieres avan-
ces pour la paix * ; il n'oublia pas surtout de s'indigner
de 1'inconvenante comparaison qui assimilait Ferdi-
nand k Souleiman 3 . II ajouta que le Padischah avait
fait don de la Hongrie k Zapolya et k ses hinders, que
lui-m&ne (Gritti) devait aller Thiver suivant, avec les
pleins pouvoirs de la Porte, fixer les limites de ce
royaume. Puis feasant un 61oge pompeux de la puis-
sance de Souleiman : « Dans la derni&re guerre de
Hongrie, dit-il, Souleiman avait pour sa suite particii-
i « De quo ipsius adventu postea plurima mala Thurcae dicebant, appel-
> lantes magnum Canarem inseusatum, stultum, roaleficiatum ab Ibrahim*
• et Gryti, prout intelligere potuimus in sequentibus, et singuli singula mala
• in futura divinabant tarn Judaei quam Thurcae. »
a « Quid aut significarent verba in litteris posita : Spem exhibitam de
• pace tractanda? tamquam ipse (Souleiman) vellet tractare pacem. »
3 n Detnde quid illud? ut in benefidum utriusqueVestrum (de Souleiman
• et de Ferdinand) cedat, inquit Caesar Thurcarum, dixisset Carolus : utrius-
• que nostrum et non vestrum, sic enim inquit se supra nos ponit et me
• vult similem Ferdinando Regi. »
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i^6 HISTOIRE
Ifere dix-huit- cents gardes-da-corps, le grand- vizir
mille , et les autres paschas cinq cents. L'ob&ssance
des esclaveg est telle, que si le souverain envoy ait en
ce moment un de ses cuisiniers pour mettre a mort le
tout-puissant Ibrahim , cette execution se ferait sur-
le-champ et sans difficult^. Lui seul peut donner la
paix au monde. Jamais la chr£tient£ n'a 6t6 aussi divi-
s£e qu'en ce moment. » Sa conclusion fut que Charles
devait envoyer un ambassadeur pour n^gocier la paix,
et qu'en attendant on lui accorderait un armistice.
Mais Cornelius et J£r6me lui r£pondirent que, si le
Sultan refusait la paix, Charles n'avait pas besoin de
la suspension d'armes. Dans un troisi&me entretien
qu'Ibrahim eut avec les ambassadeurs (22 juin 1 533),
il les f&licita d'avoir pu obtenir ce que tant d'autres
de leurs pr&tecesseurs avaient yaihement recherche ' i
la paix fut conclue non pour un nombre d£termin6 .
d'annees, mais pour tout le temps que Ferdinand you-*
drait la garder. Aux termes de ce traits, Ferdinand
conservait en Hongrie ce qui lui appartenait encore
en ce moment, et le Sultan se reservait la ratification
des arrangemens que Ferdinand et Zapolya pour-
raient passer entre eux. Le document ajoutait que l'es-
elave Gritti serait charge par la Porte de la fixation
des limites du royaume ; que Charles devait envoyer
un ambassadeur pour (aire sa paix particultere ; qu'en
attendant Tarriv^e de son plenipotentiaire , on sus-
pendrait les hostility contre lui, a moins qu'il ne les
i Les premiers ambassadeurs avaient ele Hobordan&ky el Weixelht rger ;
ks seconds, Lamberg et Jurischiti; les troisiemes, Lanberg et Nogarola,
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DE L'EMPIllE OTTOMAN. 197
comment Iui-m6me , et qu'en ce cas on &ait pr6t k
le combattre lui et le monde entier.
Le jour suivant avait &£ fix6 pour la reception des
ambassadeurs par le Sultan. lis furent pr£alablement
invites a un repas par le grand- vizir , qui leur posa les
termes dans lesquels ils devaient parler k Souleiman.
Vorci quelles furent les instructions d' Ibrahim : «Leroi
Ferdinand, ton fits, consid&re tout ce que tu poss£des
comme sa propria, et tout ce qu'il poss&de comme
la tienne, parce que tu es son frdre. II ignorait que tu
te fusses reserve la Hongrie, car, sil r avait su, il n'au-
rait jamais fait la guerre pour la garder. Mais puisque
toi, son pire, tu desires 1'avoir en ta puissance, il te
soubaite toute sorte de bonheur dans cette possession
et'une bonne sante, car il ne doute pas que toi, son
p6re , tu ne Faides a acqu£rir ce royaume et d'au-
tres encore. » Les ambassadeurs priirent l'interpr&e
de la Porte Younisbeg dexprimer leur reconnais-
sance de ce qu'Ibrakim, fr6re du roi Ferdinand (car
ses services avaient &6 offerts et accepts en cette qua-
lit^) , s'int&ess&t ainsi aux affaires de son (Wre. Ils
furent ensuite introduits par letscbaousbaschi en pre-
sence du Sultan, dont ils eurent lhonneur de baiser
les v&emens. Cornelius r^peta textuellement les pa-
roles d Ibrahim ! ; Younisbeg les transmit au grand-
vizir, qui les traduisit au Sultan , en brodant sur ce
fond toutes les items de sa rhetorique. (Cornelius s'ex-
> « Tunc Cornettiis honore exhibito salutavit ipsum magnum Ctesarem
» secundum documentum quod dederat heri Ibrahimus, et secundum id qood
» oratores hodie adraonuerat. »
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198 HISTOIRE
cusa de n'avoir pas de pr&ens a offrir , et pria le
Padischah de restituer la dot de la reine Marie et de
permettre au frfcre de Ferdinand, Ibrahim, de parattre
a la Porte en quality de mandataire du roi. Jer6me
exprima le d&ir qu'avait le fils du grand Padischah,
Ferdinand, de vivre toujours en paix avec son p&re,
d'etre en correspondance suivie avec lui , et d'avoir
tin baile ou un consul k Constantinople ; il r£p£ta en-
core ce qui avait d6jk &6 r£p&6 cent fois, k savoir :
que le fils n'avait rien qui ne Mt au p£re, et le p£re
rien qui ne fftt au fils '. Souleiman repondit en s'in-
terrompant sou vent, afin qu'Younisbeg interpret
imm&liatement chaque partie de son discours: «Le
Padischah vous accorde la paix que les six ambassa-
deurs pr6c£dens n'ont pu obtenir. II ne vous l'a'c-
corde pas pour sept ans, pour vingt-cinq ans, pour
cent ans, mais pour deux si&cles, trois socles, pour l'e-
ternit£ , si vous ne la rompez pas vous 7- mem es. Le
Padischah se conduira envers Ferdinand comme en-
vers un fils ; les royaumes et les sujets du Padischah
sont k la disposition de son fils Ferdinand, comme
ceux de Ferdinand soitf a la disposition de son p&re;
le Padischah rend k la reine Marie sa dot et ses au-
tres biens et domaines. » Cornelius et J£r6me bai-
serent, au nom.de Marie, le premier la main, et le
second les v&emens du Sultan. Ibrahim ajouta en pre-
sence de son maitre : « Les conventions qui seront
■ « Nihil esse filii quod Don sit patris , nihil esse patris quod non sit
» filii. »
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 199
passes entre les rois Ferdinand et Jean seront con-
firmees pear le grand empereur ; mon esclave Grilti re-
cevra des ordres k ce sujet. Le grand empereur sera
Tami des amis de son fils Ferdinand et lennemi de ses
ennemis. » Le grand- vizir demanda de nouveau k Cor-
nelius la justification de la lettre de Charles, et celui-ci
s'efforga de rinterpr&er dans un sens enticement
inoffensif. « Charles, dit-il, nVaitjamaiseul'intention
d'insulter qui que ce fttt ; du reste , on ne pouvait
emp£cher personne de se m£prendre sur l'esprit de
cette lettre, et Charles approuverait sans nul doute la
paix conclue par son frtre avec la Porte. » Ibrahim,
apr&s avoir question^ k plusieurs reprises les ambas-
sadeurs sur ce qu'ils pouvaient avoir k ajouter, leva
l'audience, qui avait dur£ trois heures, et que ni lui ni
le Sultan ne paraissaient avoir trouv6e trop longue '.
Le lendemain, Cornelius et J£r6me furent manctes au
palais d Ibrahim, ou ils trouv&ent aussi Gritti. « Vous
6tes de nos amis, leur dit le grand-vizir, depuis qu'hier
vous avez mang£ avec nous de notre pain et de notre
sel. II vous sera confix deux lettres pour Ferdinand :
Tune du Sultan, l'autre de moi, seul d^positaire de
la puissance de mon maitre , et gouverneur de son
empire , car c'est ainsi que j'ai 1'habitude de signer *;
> « Sic tandem valedixere Magno Caesari et egressi non sine admirations
* omnium Turcarum, quod tamdiu apud magnum Caesarem manserint, nam
» ad horas fere tres apud ipsum substiterunt. »
* Quoniam sum Gubernator Imperii et Domini ipslus, tie enim selemus
seribere. Ibrahim s'exprime sur lui-meme avec aussi peu de modestie non
seulement devant les ambassadeurs de Ferdinand, mais encore de\ant i'am-
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2 9 * UISTOHIE
nous vons chargerons aussi de deux lettres pour l'em-
pereur Charles. » Les ambassadeurs ayant demand^
qu'on leur donnftt. communication de l'original du
traits, ou du moins qu'on leur en remit une copie,
Ibrahim leur r^pondit que tel n'&ait pas r usage, que
chaque peuple avait ses coutumes , et par consequent
les Ottomans les leurs. Mais Gritti s'offHt h leur lire le
traite, et Ibrahim continua : « Gritti vous nommera les
puissances que nous avons comprises dans la paix, et
que nous voulons voir bien trait£es par Ferdinand. »
Une discussion animfe s'engagea entre Cornelius et
Gritti au sujet de la dot de la reine Marie, que la veille
on avait promis derestituer ; Ibrahim dit h J6r6me en
langue esclavone que la parole donn£e serait observie
religieusement. Lk-dessus les ambassadeurs prirent
cong6 du grand- vizir (14 juillet 1533), qui les char-
gea de presenter ses amittes k son frfere Ferdinand.
Cependant Younisbeg ne leur remit les lettres pour
Ferdinand et Charles-Quint que trois semaines plus
tard l ; ils partirent deux jours apres les avoir regues.
Ainsi sous pr&exte de la communaut£ de biens qui
bassadeur venitien Pietro Zeno. Marini Sanuto , LVIII. Ibraim : il Sr. mi
ha daio diritlo al messo del impero, vol tia tonosciuta la mia persona non
come Bassa ma come partecipe del Impero, e che io daji la vita e la morte a
chi mepiace; il Sr. a stti Sangiachi che son da colore uno roso altro bianco;
il Sr. si ha data la parte rosa e mi ha data il ttirchino. Divisum imperii) m
cum Jove Caesar habet,. cosa cite mai pur fa.
i Le merae jour, Gritti tomba malade, et le nouveau baile Nicolo Gius-
nniani et I'arafeassadeur Come Contareno entrerent a Constantinople. Une
semaine auparavant etaient arrives Lasczky et CamiUo (Jrsino, ambassa-
deurs de Zapoiya.
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DE L' EMPIRE OTTOMAN. aoi
devait exister entre le p£re et le fils, Souleiman cacha
son usurpation de la Hongrie; et la pr&endue frater-
nity de Ferdinand et d'Ibrahim ne servit qu'& d6-
guiser rhumiliation du premier qui &ait plac6 sur la
m&ne ligne qu'un vizir de 1'empire. C'est par de pa-
reils sacrifices d'int£r6t et d'honneur que l'Autriche
acheta sa premi&re paix avec les Ottomans.
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LIVRE XXVIII.
Campagne de Perse. — Prise de Tebris et de Bagdad. — Execution
d'Iskender Tschdebi. — Disgrace et mort dlbrahim. — Traill d'alliance
a*ec la France. — Restitution de Koron. — Expedition de Khaireddin
Barberousse et de Charles-Quint contre Tunis.
Apr&s son expedition de Vienne, que toutes les let-
tres de victoire possibles n'avaient pu m&amorphoser
en une serie de triomphes, apr&s la conclusion du pre-
mier traiti de paix avec TAutriche, Souleiman tourna
ses regards de l'ouest k Test de son empire. A Texem-
ple de son aieul Mohammed II et de son p£re S£lim I er ,
il r£solut d'ouvrir en personne la campagne contre le
schafa de Perse. C'est k partir de ce moment que s'al-
ternent pendant deux stecles les guerres des Ottomans
avec la Perse et la Hongrie, de sorte que la paix avec
Tune de ces puissances &ait l'indice certain des hosti-
lity avec Tautre. De la position m&ne de la Turquie
qui confine par deux c6t& opposes de ses frontteres k
ces deux royaumes, ressortait necessairement sa riva-
ls avec eux ; il faut joindre k ces motifs d'inimitte qui
avaient, pour ainsi dire, leur racine dans le sol, les
haines rationales et le fanatisme religieux. La compa-
raison des langues et des histoires des Allemands et des
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HISTOIRE DE I/EMPIRE OTTOMAN. ao5
Persans am£ne & penser que ces peoples descendent
d'une souche commune ; leurs aieux, les habitans de
llran, ne cessaient de combattre ceux du Touran, les
anc&res des turcs. L'Ottoman ne voit dans un Alle-
mand qii'un infid&le, et dans un Persan qu'un h6r6-
tique; aussi une guerre avec eux etait-elle pour lui un
devoir sacr6 que prescrivait le Koran, et que sanction-
naient les fetwas des legist es. Seiim avait prelude k ses
expeditions contre Ismail par le meurtre de tous les
her&iques habitant son empire; Souleiman avait eu
aussi son massacre, quoique bien plus restreint, puis-
qu'il ne s'etait exerpe que sur les prisonniers persans
detenus k Gallipoli. Telle avait &6 la r^ponse de Sou-
leiman aux felicitations tardives du schah Tahmasp * ,
et la premiere revelation des projets de conqu&e qu'il
meditait des lors contre la Perse et qu'il avait dft
ajourner a une epoque plus favorable a . Plusieurs cir-
constances preripit&rent l'evenement. Les deux sou-
verains avaient ete trahis chacun par son gouverneur
sur une des frontieres : Scherifbeg, khan de Bidlis,
avait quitte le service de Souleiman pour celui du
schah, tandis que le gouverneur de V Azerbeidjan ,
Oulama, qui , sous le rfegne de Bayezid II , avait fui
du Tekke lors de la revoke de Scheitankouli pour se
refugier en Perse , avait vendu la cause de sa nou-
velle patrie k Souleiman 3 . Quelques mois avant le
siege de Guns , Oulama avait ete regu au baise-main
k Constantinople et nomme par le Sultan beglerbeg
« Tahmasp oil Tahmasib, comme l'a ecrit Senkowsky . — * Voyez 1. XXVI,
3 Djelalzade, f. 169. Petschewi, f. 59.
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3o4 HISTOIRE
de Hossnkeif el de tout le territoire de Bidlis . avec
un revenu annuel de deux millions d'aspres (quatre
cent mille ducats). II avait &e enjoint enmtoe temps
aux beglerbegs de Karamanie , d'Amassia , de Soul-
kadr, de Syrie et de Diarbekr, d'appuyer Oulama de
toutes leurs troupes pour l'aider k se mettre en posses-
sion de son gouvernement et surtout de Bidlis l . Ou-
lama avait commence en effet le siege de cette place,
mais Scherifbeg &ait accouru avec lin corps persan et
l'avait force k la retraite. La nouvelle de cet echec &ait
parvenue a Souleiman pendant sa marche k travers la
Syrmie sur Guns. Soulfakar-Khan, investi par Tah-
masp du gouvernement de Bagdad , et d£sign6 plus
g£n£ralement sous le titre de khalife des khalifes *,
avait imite l'exemple d'Oulama; il avait envoy6 les
clefs de Bagdad a Souleiman, et il esp£rait pouvoir se
maintenir dans cette ville jusqu'k Tarriv^e des secours
promis par les Ottomans. Mais, peu de temps aprte, il
fut assassine par des affides de Tahmasp, et sa mort
assura de nouveau la possession de Bagdad k la Perse.
L'honneur de l'empire imposait k Souleiman la con-
qu&e des places de Bidlis et de Bagdad, la premiere
s'&ant r6y<Atte centre son autorit£, la seconde s'etant
mise sous sa protection ; aussi la' guerre, depuis si long-
temps mediae contre la Verse et ajourn^e jusqu'alors,
ne tarda-t-elle pas k £clbter. Le grand- vizir, rev&u de
■ Ferdi, f. 181.
9 Ferdi, f. i83. KhaUf&oul-khoutefa Khadimbeg, emir du diwan de
Schah-Ismafl, rfvait &e revetu le premier de ce titre par ce aouverain; Kha-
dimbeg avait eu pour successeur Soulfakar. Petschewi , f. 59*
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. io5
nouveau du litre de serasker, partit p6ur Bidlis dahs
l'&juinoxe d'automne, peu apr£s la signature du traits
de paix avec Ferdinand de Hongrie; le Sultan deyait
quitter Constantinople k l^quinoxe d'&6, pour mar-
cher en personne sur Bagdad '.
Avant d'arriver k Koniah, le serasker vit arriver
dans ses campemens de Tschinarlu , Schemseddin ,
fils d'Oulama, qui lui apportait, avec la nouvelle de la
defaite de Scherifbeg par son p£re, la t6te du rebelle
(21 octobre 1533 — 2 rebioul-akhir 940) \ II con-
firma a Schemseddin I'investiture du gouvernement de
Bidlis, un des sandjaks h^ditaires du Kurdistan, et
alia prendre ses quartiers d'hiver k Haleb. Pendant
les loisirs forces de la mauvaise saison, Ibrahim en-
tama avec les commandans de plusieurs forteresses
persanes des negotiations qui facilit£rent leur reddi-
tion, lorsque Farm^e oltomane se mit en marche, au
commencement du prin temps, pour envahir la Perse.
C'est ainsi que tomb£rent au pouvoir d Ibrahim Aadil-
djouwaz, Ardjisch et Akhlath, l'ancienne Chliat. Ces
trois places sont situ£es sur la rive septentrionale du
lac appele par les g&)graphes europ^ens lac de Wan,
du nom d'une ville s'^levant sur ses bords orieritaux,
et par les Asiatiques lac d' Ardjisch (1'Arsissa dePto-
Wm^e), Si de Wan on longe le rivage vers le nord ,
on arrive par le Pas de Bendmahi k Ardjisch (Arze)
qu'on apergoit au milieu d'une plaine fertile et plant (5e
de noyers 3 ; k deux stations plus loin k l'ouest est
» l\jela!zade, Solakwdc, Ali, Ferdi. -=- a Djelalzade, f. 169. Pel-
schewi , f. 5y. — » 3 Djihannuma, p. 41a.
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ao6 HISTOIRE
Aadildjouwaa sur leg bords do lac qui a englouti une
partie de ses murs x ; k une station d'Aadildjouwaz,
Akhlath, ancienne residence des princes turcomans
qui se faisaient appeler Ermenschahs , c'est-k-dire
rois d'Arm&rie a , s'&end dans une plaine riante et re-
nomm£e par ses pommes , parmi lesquelles on en
trouve du poids de cent dirhems 3 . Gette place a &e
souvent d£vast£e par des tremblemens de terre, et
plus souvent encore par les guerres des begs kurdes,
des Turcs et des Ifersans ; elle fut enlev^e aux Sel-
djoukides par Khouarezm Djelaleddin Mankberni , puis
saccagle par les Mogols sous Djenghiz-Khan, et pa* les
Tatares sous Timour. Akhlath est c^lebre pour avoir
donn£ naissance k plusieurs savans et pour poss6der
les tombeaux k des princes arm^niens et turcomans [i] ,
et surtout ceux des aieux d'Osman, fondateur de l'em-
pire turc [n].
Le plan dlbrahim &ait de se rendre de Haleb k
Bagdad, par Diarbekr et Mossoul; mais le defterdar
Iskender Tschelebi, qui avait et6 adjoint au serasker
en quality de kiaya, c'est-&-dire de substitute empdcha
la realisation de ce projet. Iskender Tschelebi avait su
gagner la confiance de Souleiman par Thabilet^ dont
il avait fait preuve dans l'administration des finances
de l'empire, et ses immenses richesses lui avaient valu
i Djlhmnnuma, p. 41a.
a Martin , Mcmoires historiques et gdographiques sur YArminie, p. 1 3.
3 Djihannuma, p. 41 3.
4 Petis de La Croix visita ces tombeaux qu'il prit pour des tombeaux de
taints. Martin.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. ao 7
une haute influence. C'&ait le seul des grands cBgni-
taires qui rivalisat de magnificence avec les vizirs et
le grand- vizir lui-m&ne. II avail six cents esclaves
dont trois cents portaient des bonnets dor f , tandis
qu'Ibrahim ne comptait que quatre cents esclaves
coiff£s avec un tel luxe ; les deux autres vizirs settle-
ment soixante k quatre-vingts. Au depart de Farm^e,
le kiaya d Ibrahim passa en revue douze cents hom-
ines de sa suite bien arm£s et bien montes. D'apr6s
le syst&ne administratif des Ottomans, chaque dignity
ou chaque fief de Tempire devait un service de guerre
proportion^ k son importance ; k cette £poque , le
defterdar &ait oblige d'envoyer k l'armee, k You-
verture de chaque campagne, trente hommes £quip£s
k ses frais. Ibrahim le pria d'emmener avec lui cent dix
cavaliers outre son contingent. Iskender Tschelebi, ne
voulant ni refuser ni accorder entterement la demande
du grand- vizir, conduisit au camp cent dix hommes
dans lesquels &ait compris le, contingent que lui impo-
sait sa charge. Ibrahim dissimula le m&ontentement
qu'il ressentait de cette parcimonie du defterdar , et
le prit d& lors en haine ; celui-ci de son c6t6 , ne se
faisant pas illusion sur les dispositions du grand-vizir
k son £gard, d^sirait sa chute, sentiment que son en-
nemi lui rendait avec usure, de sorte qu'ils travail-
l£rent tous deux sourdement a se perdre. Cette inimiti^
fut exploits par le greffier de Syrie, Nakkasch AH,
qui espfrait, en renversant le defterdar, Writer de sa
■ Solakzad6, f. in. Djelaliacte. AH, xxxu e recit, f. 246. Petschewi,
f. 60.
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3o8 HISTOIRE
place. D'aprta un plan concert^ k l'avance , suivant
toute probability , entre Nakkasch Ali et Ibrahim , il
arriva qu'au moment du depart de Fannie, lorsque
les chameaux qui portaient le tr&or allaient se mettre
en marche, on entendit tout-&-coup s'&ever de toutes
parts les cris : cat voleurf Les gens du grand-vizir
accoururent et arr6t£rent trente des gardiens du tr6-
sor. Ges malheureux avouerent le lendemain, dans les
tortures de la question, qu'ils avaient projetd, de com-
plicity avec le defterdar, de piller le tr£sor pendant
la nuit. Mais ce n'&ait qu'une calomnie, et le bon sens
des troupes se refusa h voir dans cette affaire autre
chose qu'une intrigue du serasker '.
Iskender Tschelebi ne vit des lors plus de salut
pour lui que dans la ruine de son ennemi* Ce Ait dans
ce dessein qu'il proposa, en appuyant son avis des
raispns les plus plausibles et du t£nioignage du trai»-
fuge Oulama, de marcher imm&li&temeht sur la capi-
tate de la Perse, abandonee r£cemment par le schah
d'apr&s les dernteres nouvelles arrives au camp; il
ajouta que la chute de Tebrfc entratnerait n&essai-
rement celle de Bagdad . II esp&ait pouvoir faire naitre
en ce pays des circonstances qui am&ieraient la dis-
grace de son rival en compromectant la sflret£ ou la
gloire de l'arm^e. La vanity et I'ambition du grand-
vizir, qui &ait flatt6 par Yidie d'etre appel£ leconqu£~
rant de Tebriz , le firent tomber dans le ptege tendu
« Djelalzadl, f. 171. Pelschewi, f.6i. A cette ^epoque, ditPetschewi d'a-
pres Djelalzadc, la place de defterdar de Syrie et de Diarbekr n'etait pas une
place distincle;. e!!e etait cumulee avec les autres attributions du defterdar.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 209
par le defterdar. En effet, Ibrahim marcha sur Tebriz
en laissant Bagdad de c6t6, passa l'Euphrate pr&s de
Biredjik, arriva le 14 mai 1534 (11 silkid6 940). k
Amid, et s'y arr&a pendant six semaines pour ras-
sembler tontes ses troupes ' . Dix jours apr&s son depart
d'Amid (1 1 silkid6 — 33 juin), il alia camper a Sour-
warek, ou il regut des deputations qui vinrent lui of-
frir les clefe du ch&teau d' Aounik et de la forteresse de
Wan; cette derntere place, Tune des plus fortes de
I'empire ottoman, avait &6 vainement assiegee par
Timour pendant trois semaines, et les rochers sur les-
quels elle est assise ayaient resist^ tout un jour aux
efforts de dix mille hommes qui, d'apr&s les ordres du
conqu&rant, s'efforcirent, mais vainement, de les feire
sauter \ Le gouyerneur de Syrie, Khosrew-Pascha, fut
nomme gouverneur de Wan. Le lendemain, Emirbeg,
de la tribu turque des Mahmoudi, apporta les clefs de
Siawan 5 , et Ibrahim regut les soumissions successives
des chftteaux-forts de Harem, Bidkar , Rouseni, Khoul,
Tenouz, Awnik, Bayezid, Waitan et Ikhtiman 4 . Le
1 er moharrem 941 (13 juillet 1 534) , l'armee ottomane
entra triomphalement k Tebriz. Ibrahim &ablit ses
quarters d'&6 k Esaadabad, et &eva, pris du mau-
sotee de Ghazan au sud de la ville, un fort, dans lequel
il mit une garnison de mille arquebusiers,, pour tenir '
1 Ferdi, f. 206.
9 Djihannuma, p. 411. Voyez aussi le livre VII de cette Histoirs, et le
chronographe de la conqu6te : Aldi hissar Want Souielman SchahhumB**
I Petschewi, f. 60. Djelalzade, f. 17 a. Ferdi.
4 Ferdi, f. 207. Djelalzade, f. 172. Petschewi, f. <k».
T. v. j 4
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sio HISTOIRE
les habitant en bride. Voulant pr^venir le meurtre, Ie
pillage et toutes les brutales insolences de la conqu&e,
il institua k Tebriz un juge, et y laissa une nombreuse
garde de sAret& Ces dispositions, par lesquelles Ibra-
him pr^vint toute esp&ce de d&ordres ' , sont d'autant
phis glorieuses pour sa memoire, que le fetwa rendu
par les l^gistes k 1 'occasion de cette guerre. avait
ordonn£ le massacre g£n£ral des h£retiques et le pil-
lage de leurs biens. Le seul echec qui vint temperer
les prosp£rit& de cette campagne, fut celui qu'essuya
l'arm£e dans le d£fil£ de Kizildje-Tagh. Oulama et Is-
kender Tschelebi avaient obtenu d'Ibrahim d'6tre en-
voyes dans tes montagnes avec dix mille hommes qui
p&irent presque tous dans cette expedition \ Cette
d&aite partielle fut en quelque sorte contrebalancee
par les soumissions du schah de Schirwan et du prince
de Ghilan, Mouzaffer-Khan, dont les envoy^s vinrent
d£poser de riches pr£sens aux pieds d'Ibrahim. Apres
avoir confer^ le gouvernement de l'Azerbeidjan a Ou-
lafna et celui de 1'Irak a Bafenderoghli Mouradbeg 3 ,
le serasker adressa de Tebriz un rapport d&aille a
Souleiman sur les r£sukats de la campagne , et sur la
convenance qu'il y avait d&s lors k exp&lier des let-
tres de victoire k ce sujet dans toutes les provinces de
I'empire 4 .
* On trouve dans Ferdi, f. ao5 , et Djelalzade, f. 173, ce beau temoi-
gnage rendu a la noble conduite d'Ibrabim : Aadjemden bir ferd sermou
gitzend garmtdiy c'est-a-dire, « aucua des Peruana ne perdit settlement la
pointe d'un cbeveu. »
• Djelalzade, f. 174. Petscbewi, f. 61. — 3 Djelalzade. Ferdi. Journal
de Souleiman du 2 septembre. — 4 Journal de Souleiman du 2 septembre.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. an
Le jour m&ne oil Ibrahim avait quitte la ville d'Amid
et s'&ait mis en marche pour Tebjriz (1 er silhidj6 940
— 13 juin 1 534), Souleiman 6tah sorti de Scutari, en
se dirigeant sur les frontteres de la Perse. Avant son
depart de Constantinople, il avait envoy 6 Aloisio Gritti
avec trois mille hommes en Hongrie, confix Fadmi-
lustration de sa capitale k un sandjakbeg , et celle de
FAsie-Mineure k son fils Moustafa, gouverneur de Sa-
roukhan. II traversa rapidement les capitales de l'Ana-
tolie, Nic6e, Kutahia, Akschehr et Koniah. Pendant son
s£jour dans cette derntere vUle, un courrier d'Ibrahim
lui apporta les clefs de Wan et des autres places qui
s'&aient soumises. Reconnaissant envers Dieu du suc-
cfis de ses armes . Souleiman visita le tombeau du
grand poete mystique Djelaleddin Roumi. Apr£s la
lecture du Koran et du Mesne wi, les derwischs com-
mencement, au bruit du tambour et de la fl&te , leurs
exercices reKgieux, c'est-k-cfire leurs danses. L'en-
thousiasme des derwischs et F6blouissement caus6
aux spectateurs par la rapidity de leurs mouvemens
furent tels, que le s£pulcre paraissait 6tre aussi em-
port£ dans cette ronde furieuse, et qu'on crut voir
Fombre du grand Sultan du royaume des esprits, du
molla Khounkiar (molla empereur) , proph&iser k
V ombre de Dieu sur la terre, k Souleiman, Fheureuse
issue de la campagne de Perse K . Souleiman se recom-
manda aux pri&res du molla Khounkiar, dont le p&re
s'appelait Sultanoul-Oulema (le sultan des legistes). et
« Djelalzade, f. 17 3.
'4*
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aii HISTOIRE
le fils. Sultan-Weled (le sultan enfant) [in]. Soulei-
man visita 6galement a Seid-e-Ghazi le tombeau de
Sid-al-Battal \ elk Erzeroum celui du scheikh Ebou
Ishak Karzouni. D'Ardjisch . qu'il constitua en fief
pour Ibrahim, il envoya h celui-ci son premier 6cuyer
Mohammed avec des pr£sens d'un grand prix (20 sep-
tembre) ; mais ayant appris que les Persans s'&aient
avanc£s pour attaquer le grand- vizir, il annonca dans
le diwan son intention de partir imm6diatement pour
Tebriz [iv]. H entra le 27 septembre dans cette capi-
tate, dont les habitans etaient venus en foule k sa ren-
contre. Le jour suivant , l'arm£e du Sultan et celle
du grand-vizir op6r6rent leur jonction a Aoudjan.
Le 29, Souleiman convoqua un grand conseil dans le-
quel le serasker, les beglerbegs, les agas, le defterdar
Iskender Tschelebi, lems-efendi Moustafa Djelalzad6
Tschelebi [v], et le nischandji Sidibeg furent rev6tus
de kaftans d'honneur. Les troupes de la maison du
Sultan, le corps des janissaires et la cavalerie reguliere
regurent une gratification de mille aspres ou vingt
ducats par t&e. Le prince de Ghilan , Melek-Mou-
zaffer, vint rendre hommage h Souleiman et lui baiser
la main; le fils du prince de Schirwan fut nomme
commandant de la garnison de Tebriz, composee des
contingens des begs de Baibourd, Koumakh, Kara-
hissar et Adana. Puis larmee continua sa marche par
Mian£ et Zenghan sur Sultaniy£ , ou l'empereur fut
> Le Cid arabe, mort en iai de lhegiie (738). Sod histoire, stus la
forme du romao, se trouve a la Biblrotheque royale de Paris, n os 3 17, 3 18,
333, 339, 34o t 34i, 344; et a la Bibliotheque de Viennc, no 170.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 21 3
inform^ que Schah Tahraasp venait d'ex&uter un
mouvement retrograde, et que Mohammed, prince de
l'antienne dynaslie de Soulkadr . &ait pass£ dans les
rangs ottomans. Mohammed ne fut pas le seul qui d£-
serta les drapeaux de Tahmasp; le fils de Schahrokh-
beg et cinq autres dignitaires persans trahirent leur
souverain et vinrent se ranger sous les drapeaux de
Souleiman qui les admit k la ceremonie du baise-main,
et leur fit distribuer des v£temens d'honneur, des tur-
bans et de I' argent pour pouvoir soutenir convena-
blement leur dignity (1 5 rebioul-akhir — 24 octobre).
La saison avanc^e rendit tr6s-difficile le passage des
montagnes qu'il fallait franchir pour arriver k Ra-
madan; beaucoup de b&es de somme p£rirent. et
l'artillerie faillit rester embourb£e dans les chemins
amollis par les pluies. C'est dans cette marche qulbra-
him parait avoir exploite la mauvaise humeur que
ressentait Souleiman de tous ces obstacles, en les attri-
buant k l'impr^voyance d'Iskender Tschelebi qui &ait
le quartier-raaitre-g^n^ral de Tarm^e ; Iskender fut
destitu6 et ses grands fiefs confisques au profit de la
couronne l . Cependant cette injustice ne changea rien
a Tetat des chemins qui devinrent encore plus impra*-
ticables, lorsque les troupes, laissarit derriere elles
Hamadan, se furent engag6es dans les d£fil£s de l'El-
wend, TOronte des anciens. Une grande quantity de
bagages fut perdue ; cent chariots d'artillerie furent
brtil£s et leurs canons enterr^s, pour qu'ils ne torn-
1 Journal de Souleiman da 1 4 oclobre. AH, F^rdi t Djelalxate, Sokiiad6«
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2i4 HISTOIRE
bassent pas entre les mains de lennemi '. Les soldafs
&aient tellement harasses de fatigue, qu'ils se virent
obliges de d£poser au chiteau de Schahi Ie corps de
nischandji Sidibeg qui &ait mort dans cette marche,
et avait demande d'etre enseveli pr& du tombeau do
grand-imam k Bagdad \ A travers mille obstacles,
l'arm£e savanna, sur Bagdad, dont le commandant,
Mohammedbeg , originaire du Tekk£ , avait envoys
une lettre de soumission , et cependant s'&ait enftd
avec toutes ses troupes. Le grand-vizir prit les devans
pour se mettre en possession d'une ville si importante
pour le moment sans defense; il fit fermer les portes
pour pr^venir le pillage, et en envoya les clefs k Sou-
leiman par son porte-drapeau, k qui cette mission valut
un don de cinq cents ducats, et l'investiture du sandjak
de Zwornik . dont le revenu k cette 6poque ^tait de
trois cent mille aspres (24 djemazioul-akhir — 31 d6-
oembre). Le lendemain, le serasker sortit de Bagdad
et alia k la rencontre du Sultan, qui s'^puisa en libera -
files pour ltd temoigner sa bienveillance ; Souleiman lui
fit un present de vingt mille ducats, et augmenta son
traitement dune somme egale k percevoir sur les re-
venus de l'Egypte 3 . Dans les diwans qui sui virent ,
les beglerbegs, les begs, les agas eurent l'honneur de
baiaer la main du Sultan ; des promotions furent faites
pour recompenger les services rendus depuis le com-
mencement de la campagne. Lhistorien Djelalzad£
Moustafa Tschelebi, qui avait jusqu'alors rempli les
i Journal de Sou leiman du i o novembre. — » Ibid, du 1 3 novembre.
-— 3 Ibid, du 3o novembre.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. si5
fonctioos de reis-efendi, fat &ev6 k la dignite de ni-
schandji ; il eut pour successeur Redjeb dans lasecr^-
tairerie-d'Etat. Leg fonctions de secretaire du diwan
(tezkeredji) echurent & RamazanoghK-Mohammcd qui
a ecrit aussi une histoire des Ottomans, qui devint plu8
tard nischandji, et qu'onsurnomma le petit-nischandji.
pour le distinguer du grand-nischandji (Djelalzad£).
Souleiroan donna en fief k Djelalzad£ Moustafa Tsche-
lebi des biens de la couroone dun revenu annuel de
cent quatre-yingt mille aspres, ou trots mille six cents
ducats; au reis-efendi un fief de cinquante mille
aspres ou mille ducats, et an secretaire du diwan, un
autre de dix-huit mille aspres ou trois cent soixante
ducats ' .
Bagdad , la place frontiere de lempire Ottoman a
Test contre les Pereans , comrae Belgrade a l'oue&t
contre les Hongrois, aregu le nom de Darous-selam
ou maison du salut, de m^me que Belgrade, celui de
I)ar*id-dftiad ou maison de la sainte lutte. On 1 appelle
eneore Daroul-khalifet ou maison du khalifat, parce
qu'eHe a &£ la residence des khalifes abbassides, Bonr-
djoul-ewtia , ou boulevard des saints, parce quelle
renferme les tombeaux de beaucoup d homines pieux.
et Sewra, c'est-a-dire Toblique, parce que ses portes
int^rieures sont masqu£es par ses portes ext6rieures a .
En l'annee de lh6gire 1 48 (765) Je second khalife de
la famille d'Abbas, Manssour, jeta les fondemens de
> Journal de Soukeiman du 8 d£cembre. Ferdi, Solakzade, AU. Djelul-
zade, f. 1 80.
a Pjihannuma, p. 458.
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21G UISTOIRE
Bagdad sur les bords orientaux du Tigre. Cette ville,
disent les historiens et les gfographes nationaux, fut
b&tie sous des conjonctions d'astres tellement favora-
bles. qu'aucun des trente-six khalifes abbassides dont
elle &ait la residence ne mourut dans ses murs ; plu-
sieurs d'entre eux cependant y ont 6t6 ensevelis '.
Elle doit son nom de Bagdad, soit a un derwisch
dont la cellule aurait &6 &ablie sur l'emplacement
qu'elle occupe aujourd'hui , ainsi que le pr&endent
quelques historiens, soit, et c'est plus probable, k ses
environs fertiles; car d£jk du temps de S&niramis, la
contr^e de Hamadan avail &6 surnomm£e Baghistan
ou pays du jardin a . Encore de nos jours, Bagdad est
c£lebre par ses champs de riz, ses dattes, ses limons,
ses oranges. Les villes voisines de llrak arabe lui
apportent le tribut de leurs fruits : Bassra lui envoie
du riz et des Cannes k sucre ; Wasith , des pommes
et des raisins; Schehrban, des grenades 3 . Bagdad est
Tentrepdt du commerce entre les Indes et la Perse,
et le lieu de passage des caravanes qui partent de
Bassra et d'Isfahan pour la Syrie et l'Asie-Mineure.
De forts remparts, flanqufe de cent cinquante tours et
prot£g6s par un foss£ profond, entourent de tous les
i Djihannuma, p. 454.
a Diodore de Sicile, 1. II. Bay«rcocvov t Baghistan, litteralement lieu du
jardin,
3 Djihannuma, p. 459. Voyes le plan de Bagdad, dans Niebuhr, t. II,
p. 289, pi. xliv; et la description de la ville, dans Ives, t. II, ch. 3.
Olter, II, p. 200. Tavernier. Olivier, IV, p. 3o8. Sestini, Viaggio di ri-
torno o di Bassora, p. an. Heude, Journey, p. i38. Mac. Kinneir, Ge\>~
graph. Hem,, a5a.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 217
ctAis Bagdad, qui s'&endeivdemi-cercle, etembrasse
environ douze roille aunes de terrain [vi]; le Tigre,
dont le nom persan signifie laJUche, figure, en coulant
du nord au midi, la corde d'un arc form£ par la ville.
Au nord est la porte du Grand-Imam [vn], ainsi ap-
pel^e du tombeau d'Ebou Hanife , situ6 k une lieue
dans la campagne ; deux autres portes ont regu le nom
de porte blanche et de porte noire; la porte du pont con-
duit au faubourg de Kouschlar Kalaasi (ch&teau des
oiseaux), situe a l'ouest de la ville dans le faubourg,
de l'autre c6t6 du Tigre , .H nexiste plus de traces de
l'ancien palais des khalifes, non plus que Au palms de
Varbre, b&ti par le khaHfe Moktader pour y abriter
Tarbre d'or, sur les branches duquel &aient assis a
droite et k gauche des cavaliers sculpt£s, richement
v6tus et tenant Fep^e h la main [vmj ; mais on voit
encore le magnifique d£me que fit Clever Haroun al-
Raschid sur le tombeau de son Spouse Zobeide. Dans
le pays, personne ne peut indiquer au voyageur Tern-
placement de k premiere acad^mie de l'lslamisme
fondee par le grand-vizir Nizamoul-Mulk. L'aca-
d£mie, construite sur le module de la pr^cedente par
le dernier khalife abbasside, Mostanssar, a chang6
completement de destination ; au lieu d'etre un foyer
de sciences et de lumteres, elle est devenue 1'hAtel de
la douane \ Les nombreux tombeaux qui ont fait don-
1 Djihannuma, p. 460.
* Mac. Kinneir, Geo graph. Mem,, p. aSa. Cet edifice, flanque' a Test
de cent |>etites tours et de dix-tept graudes, a six portes, trois de chaque
col£ du fleuve.
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ai8 HISTOIRE
ner k Bagdad le surnon* de ville des saints, se trou-
vent, partie dans I'int£rieur m£me des mors, partie
dans le faubourg Roussafe et sur la rive oecidentale
du Tigre. Dans l'enceinte de la ville s'£16vent le torn-
beau du scheikh Abdoul Kadir-Ghilani, fondateur de
l'ordre des derwischs Kadri ', et celui du grand-
scheikh Suhrwerdi, qui rnourut martyr de sa doctrine
philosophique *, mais en odeur de sainted pour avoir
&£ le gardien des restes de l'imam Ebou Hanife. Ce
baint de l'islamisme est le premier des quatre imams
des quatre sectes orthodoxes; les l£gistes ottomans
Font adopts pour guide dans leurs interpretations de la
loi 3 . L'un des trois autres imams, Hanbal (Annibal),
repose 4galement h Bagdad. En face du tombeau
d'Ebou Hanif&, cm voit, de l'autre cdt6 du fleuve, les
tombeaux de deux des douze imams de la famille du
Proph&e, du septi&me, Mousa Ali-Kazkn (domptant
sa colore), et du neuvieme, Mohammed Taklri, petit-
fils de Mousa. Bagdad poss&de en outre les restes des
imams Moudjtehid (interpr&es de la loi) , qui occu-
pent le premier rang aprds les quatre imams des rites
orthodoxes *. Les Musulmans y v&n&ent aussi les
sepultures des grands mystiques Djouneid , Schoubli
et Manssour HaUadj; ce dernier perit au milieu des
1 Mort en n65 (56i). Mouradjea d'Oksson, IV, p. Caa.
» II fut execute^ quoique innocent, en 11 91 (587). Hadji-Khalfa, Tables
chronologiques.
3 Mouradjea d'Ohsson, I, p. 17,
4 Sa biographie se trouve dans les Flcurs de la Mystique orientate, par
Tholouk, p. 3 10.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 319
tortures les plus crueUes, pour s'dtre annonc6 corame
une divinity incarttee ' . A Roussaft enfin repose le plus
grand deg imams ; et les tombeaux de pkisieurs kha-
lifes de la maison d* Abbas [nfj y t£moignent encore,
malgr4 Ieur &at de degradation , de la magnificence
que ces princes d£ployaient dans la construction de
Ieurs Edifices. Deux cents an* apr£s sa fondation, Bag-
dad vit i^lever, outre le palats des khalifes, celui de
Moizeddewlet (qui honore l'empire), prince de la
puissante dynastieBouy6, laquelle r£gnait dans Tlrak
per&n et arabe % et faisait trembler les khalifes eux-
m&nes. Adhadeddewlet (bras de Tempire), le plus
grand des princes de cette dynastie, fonda k Bagdad
un hdpital magnifique, et son parent Scherefeddewlet
(noblesse de l'empire) , un observatoire 3 . Le palais des
khalifes fut br&te avantmftme l'invasion des Mogols,
lorsque Khouaresmschah Djelaleddki Minkberm *,
ravagea Bagdad ; mais la ville entire fut ruin£e, lors-
que le khan mogol Houtagou lieutenant de Djenghiz-
Khan vint en d&ruire tous les Edifices et en massacrer
les habitans. L'ancienne Bagdad pint avec le kha-
lifat ; puis elle renaquit de ses ruines sous les dynasties
des Bkhans et des princes du Mouton-Noir et du
Mouton- Blanc, qui se succ£d&rent dans la domination
de Tlrak. Mais Timour ne tarda pas k renouveler a
Bagdad toutes les horreurs du passage de Djenghiz-
Khan, et les surpassa encore par les pyramides de
' En 35o (961). Hadji-Khalfa. Soyouti, Oisioire des Khalifes. Ibu-
Schohne * En 37a (98a). Hadji-Khalfa. — 3 En 62a (iaa5). —
4 En 656 (ia58).
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aao HISTOIRE
t6tes humaines qu'il y fit Clever. Bagdad passa de la
dynastie du Mouton-Blanc k Scbah-Ismail, fondateur
de la dynastie des Safis, et enfin a Souleiman. Sou*
leiman avait h&it6 de ses aieux les titres de domina-
teur des deux continens et des deux mers * , de pro-
tecteur des deux saintes villes de la Mecque et de
M&tine *, de maitre des residences de Constantinople,
Andrinople, Brousa, Caire la puissante 3 , Damas la
rivale du Paradis 4 , Haleb la magnifique 5 ; il ajouta
a ces titres ceux de prince de Belgrade la maison de
la terre sainte 6 , et de Bagdad la maison du salut et
de la victoire 7 .
Pendant les quatre mois que Famine passa dans
ses quartiers d'hiver a Bagdad , le Sultan s'occupa
d'asseoir 1 'administration de ses nouvelles conqu&es
sur les bases les plus justes , en ordonnant de ca-
dastrer tout le pays et en y introduisant le syst&me
de fiefs tel qu'il existait dans les autres provinces de
son empire; il visita les monumens de la ville, et les
c&ebres p61erinages de Kerbela et de Nedjef oft sont
ensevelis Ali et son fils Housein 8 . Les l£gendes isla-
mites font de la M£sopotamie un pays sacr£ : le musul-
man y visite ayec un pieux respect les champs de
bataille de Lemlem, de Djemcyeme, de Kerbela etde
i Sultanoul-berrein we Khakanoul-bahrein. — a KhadimouUharemeln
esch-scherifein. — 3 Uissr nadiretouttssr. — 4 Schmn djennct mescham.
— S Halebesch-schehba. — 6 DarouUdjthad.
7 Darous-selam. Voyez Constitution et administration de V Empire otto-
man, I, p. 45o.
8 Journal fa Souleiman, du i8 au a 3 mars.
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DE V EMPIRE OTTOMAN. 11 1
Kadesia ou tombirent tant de martyrs de la foi; les
pr&endus tombeaux des quatre proph&es Adam, Noe,
Ez^chiel et Esdras, ceux des six imams de la famille
de Mohammed, Ali, Hasan, Housein, Askeri, Kasim,
Takki \ et la caverne d'oft sortira au jour du juge-
ment, Mehdi a , le dernier des imams, qui a disparu
de la terre. Les lieux consacr£s par les tegendes parlent
plus au musulman que ceux qui pr&entent un int£r£t
historique ou geographique; il n'accorde qu une me-
diocre attention aux debris des anciens p^Iais de Sedir
et de Khawrnak. de Dewani etd'Agarkouf , construits
par Monzer, Naaman, Manssour et Kheikawous. U
s'occupe peu d etudier les vestiges des anciennes villes
arabes de Hira et de Koufa , et ne s'inqui&te gu&re
plus des ruines de Thermodon et de Ctesiphon. II ne
cherche sur l'emplacement de l'ancienne Babylone
que la fontaine enchant^e ou sont enchatnes jusqu'au
jugement dernier lea anges d£chus Harout et Marout,
pour avoir voulu s£duire la belle Anahid : du fond
de leurs retraites, ces ginies apprennent la magie aux
hommes qui viennent les consulter , tandis que la
femme objet de leurs d£sirs, transport^ au del par
les mots magiques qu'ib lui avaient appris, habite F6-
toile du matin et m£ne avec une lyre aux cordes faites
des rayons du soleil, les chceurs des astres 3 . Mais ce
qui occupa le plus Souleiman au milieu de ce pays si
plein de merveQleux souvenirs, fut la recherche du
1 Djiliannuma. Otter, Ives, Sestini, Niebuhr, Tavernier, Olivier.
» Mouradjea d'Ohsson, I, p. *68.
3 Rich, Memoir on the Ruins of Babylon.
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222 HISTOIRE
tombeau du premier des fondateurs des quatre rites
ortbodoxes , du grand-imam Ebou Hanife ; ce tom-
beau avait 6t6 d&ruit par les Schiis, et les restes
m&nes cfu saint avaient 6te profanes par le pillage et
Tincendie. Mais par un bonheur miraculeux tel que le
meritaient et la m£moire d'Ebou Hanif£ et le religieux
d6sir de Souleitman, les Schiis setaient en vain achar-
nes contre le saint mausol£e ; la puissance divine leur
avait enlev6 leur proie, et Us en avaient &6 pour leurs
frais d'impi&6. C'est du moins ce qu'assura k un
tschaousch l'ancien gardien du tombeau d'Ebou Ha-
nif6; il pr&endait que le grand-imam lui &ait apparu
en songe et lui avait ordonn£ de sauver ses restes de
la profanation des h&r&iques; fiddle k ce celeste
avertissement, il avait remplac£ le corps du bienheu-
reux Ebou Hanife par celui dun infid&le, et l'avait
transport^ dans un endroit stir. Le serasker, inform^
de cette circonstance par le tschaousch, en instruisit
Souleiman, et confia la recherche des pr£cieuses reli-
ques au ctevot professeur Taschkoun, qui vint bientfo
annoncer qua r endroit d&igne les travailleurs, en re-
muant la terre, avaient rencontr£ un mur d'ou s'&ait
exhale une forte odeur de tnusc. A ce signe non
Equivoque de la presence des restes de l'imam et de la
v£racit£ du rapport fait par le gardien du tombeau ,
Ibrahim se rendit sur les lieux, et enleva de sa propre
main la pierre qui cachait l'entr& du mausolee. Sou-
leiman s'empressa aussi d'accourir et descendit sous
la voftte de F&lifice ; toute Tarm^e fut convaincue
que le corps de l'imam n'avait pas ete brtile par les
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 223
hfr&iques, comme on Vavait cru jusqu'alors, et qu'au
contraire une gr&cespeciale du ciel en avait reserve la
decouverte au Sultan et au grand-vizir. Cette d£cou«
verte joua le m£me r61e dans cette campagne, que celle
dti tombeau d'Eyoub, compagnon d'armes du Pro-
ph&e, lors du siege de Constantinople par Moham-
med H. Si Tun et l'autre de ces £v£nemens furent une
combinaison politique de Mohammed II et de Soulei-
man, leur influence sur les masses n'en fut pas moins
ptrissante pour cela ; toute 1'armee alia en p&erinage
au tombeau de l'imam, et pensa des lors que le con-
qu&ant de Bagdad n'&ait pas moins favoris6 du ciel
que son aieul, le conqu6rant de Constantinople. Mo-
hammed II avait £leve une mosquee sur le tombeau
d'Eyoub ; . Soideiiman construisit un ddme sur celui
d'EbouHanife; et depuis, ce monument est devenu
un des lieux de p&erinage les plus fr£quent£g par les
Sunnis ou musulmans orthodoxes \ ,
Le Sultan fit partir de Bagdad le tschaousch Me-
misch avec des lettres de victoire pour Venise et la
cour de Vienne ; quelque temps apris un second mes-
sager d'Etat fut envoy6 k Vienne avec des instructions
relatives au meurtre d'Aloisio Gritti \ Ce fut pendant
» tjrjeialzade, L 187 a 194, donne la biographie d'Ebou Hanife, d'apres
un roanuscrit trouve par lui a Bagdad. Voyez aussi Ali, xxxi* recit, f. aa5;
et Petscbewi, f. 63.
• On lit, dans la reponse de Ferdinand datee de Vienne, 5 juillet i535
(archives de la maison I. R.) : Venit ad nos hue Viennam ultima Junii
mentis Voivoda cum liUeris mense Regeb (i3 Janvier) datis, venit et alius
1 5 Febr. litteris in uric Bagdad scrip lis, ad quas 3. hujus responsum dedi-
mus et de eo, quas de morte Ahisii Gritti ad nos scripserat, grata ammo
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224 H1STOME
le s6jour de Souleiman a Bagdad, qu'Ibrahim cher-
cha k accomplir ses projets de vengeance contre Isken-
derTschelebi. L'ancien defterdar avait perdu avec sa
place toute influence politique; mais ses immenses ri-
chesses pouvaient encore le rendre dangereux pour le
grand- vizir. Afin de n'avoir pas k redouter m£me cette
Eventuality, Ibrahim ne negligea rien pour obtenirdu
Sultan une sentence de mort contre son ennemi. Un
jour de diwan, avant que les vizirs Ayaz et Kasim se
fussent rendus chez Ibrahim, Tordre vint de la Porte
du Sultan, de mettre k mort Iskender Tschelebi, qui
fut en effet ignominieusement pendu sur le marche de
la ville '. Souleiman, de qui &ait £man£e cette sen-
tence, decida en m&ne temps que les six a sept mille
esclaves du defterdar ne seraient pas vendus k Yen-
ch£re , mais incorpor£s k ceux du serai , et que ses
biens seraient confisques au profit de la couronne. Le
ressentiment d'Ibrahim ne s'arr&a pas Ik , et ne put
6tre appaise que lorsque la t&e de Housein Tschelebi,
beau-fr6re dlskender, fut tomb£e sous la hache du
bourreau. Ce n'&ait pas seulement par amour du faste
que le defterdar s'entourait d'une suite aussi nom~
breuse d'esclaves ; son intention avait &6 de former
ainsi une p£pini6re de jeunes hommes propres k rem-
plir avec honneur les diverses fonctions de l'Etat;
aussi faisait-il un choix de ceux qui se^distinguaient
accepimus victoriam. La lettre de Souleiman, datee da 5 ftvrier, se trouve
a la Bibiotheque I. R., dans le Cod. hist, pro/., CVI.
i Journal de Souleiman du 10 niai. A!i, xxxn e recit. Ferdi, Solakzade,
Djelalaade.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. a*5
par leur esprit ou leur courage, et les faisait-il entrer
dans les divorces branches de l'administration civile
ou dans larmie. Sept des esclaves dlskender Tsfche-
lebi sont arrives par la suite au vizirat et au grand-
vizirat ; il faut remarquer parttii eux Mohammed So-
kolli, dernier grand* vizir de Souleiman et conqu&rant
de Szigeth [x]. Les rkhesses r6unies de ces sept vizirs
ne pouvaient se comparer, disent les historiens otto-
mans, k celles du dtifterdar Iskender Tschelebi [xi].
Souleiman, en prenant ses quarters d'hiver h Bag*
dad , avait ordonn£ que les escadrons de la cavalerie
r&pili&e, c'eet-a-dire des slpahis, des silihdars, des
ghourebas et des ouloufedjis de Taile gauche et de
Taile droite, fissent le service de^la tente imperiale,
eomme en campagne * ; & son depart , il laissa dans
la ville une garmson de mille fusiHers et de mille
arqueburiers sous les ordres de Souleiman-Pascha ,
lancien gonverneur du Diarbekr, et le premier gou-
verneur ottoman h Bagdad *. Le 2 avril 1 535 (28 ra-
mazan 941) , il mit ses troupes en mouvement pour
retourner h Tebriz , mais il ne reprit pas la route
par laqueUe il &ait venu , et passa par le Kurdistan
et Meragah. La nouvelle de la retraite du schah qui
abandonnait Wan , l'arritee eta prince persan Sam
Mirza 3 , et laimonce de Tapproche de deux atnbas-
sades, Tune frangaise et lautre persane, vinrent un peii
varier la monotonie de cette marche qui dura trois
i Journal de Souleiman du a 4 decembre id 34.
* Ferdi, f. aa3.
3 Journal de Souleiman du 3i mai 153S-
t. v, 1 5
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2*6 HISTOIRE
mofe, Frangois I" avait dej& envoys deux ptenipoten*
tiaires k Souleiman ; le premier, le comte de Frangi-
pani, &ait arriv^ k Constantinople imm&Iiatement
avant l'exp£dition de Vienne ; le second, le capitaine
Ringon, s'&ait rendu au camp du Sultan devant Bel-
grade lors de l'exp&lition de Guns. Un troisteme,
nomme Lafor6t, vint en Asie flicker Souleiman de la
conqu&e de Bagdad [xii], et trouva une reception plus
gracieuse que le khan persan Oustadjlii qui apporta
deux fois en vain des propositions de paix '.
A Tebriz, l'armee vit ses fatigues et ses services re-
compenses par les litaralites du Sultan : chaque soldat
regut vingt ducats, et chaque feudataire ayant mille
aspres de revenu, une augmentation de deux cents
aspres par an '. Souleiman s'&ablit dans le palais du
schah, qu'il partagea avecson grand- vizir; les autres
vizirs campaient sous des tentes. Le premier vendredi
qui suivit le retour des Ottomans a Tebriz , Soulei-
man et son serasker all&rent assister & la pri&re pu-
blique dans la mosqu^e du sultan Hasan; pendant
cette c6r£monie, les janissaires etaient ranges autour
du temple , et les begs Etaient en selle 3 . Souleiman
employa ses quinze jours de halte dans la capitale du
schah, a lorganisation du pays , a la nomination de
gouverneurs, et a l'exp£dition de lettres destinees a
faire connaitre. aux puissances etrang&res les nou-
velles victoires qu'il venait de remporter. C'est a
« Journal de Souleiman, du a a juin el du 4 juillet.
• Hid. du 3© juin i535. — i Ibid, du 5 juillet.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 137
Tebriz qu'il modifia par an nouveau r£glement Fan-
cien ceremonial du diwan ; il prescrivit qu'k Tavenir
les beglerbegs de Roumilie et d'AnatoKe ne siegeraient
plus au conseil avec les vizirs, et qu'ils ne pourraient
y 6tre admis qu'extraordinairement, et dans le cas 011
its auraient k faire un rapport. Les autres beglerbegs
ne devaient jamais entrer dans le lieu ou se convoquait
le diwan, mais se tenir a la porte '.
Souleiman crut devoir cimenter sa conqu&e par
du sang ; le beg kurde Schifkat eut la tfite tranchle
avec sept des siens a . P&rmi les gouvernemens qui
furent assignes k divers grands dignitaires , il faut re-
marquer celui par lequel on r&ompensa la defection
du prince Mirza , frdre du schah , et qui comprenait
toute la partie de l'lrak au-del& de la rivtere de Kizil-
Ouzen [xin]. De Tebriz, le Sultan envoya au s£nat de
Venise la nouvelle de la prise de Bagdad, comme il
lui avait envoy£ de Bagdad celle de la conqu6te de
Tebriz 3 . L'historien Moustafa Djelalzade, secretaire-
d'Etat (nischandji) de Souleiman pendant son s£jour
a Tebriz , ne s'occupa qu'k recueillir l'opinion des
Persans les plus versus dans la litterature sur son
histoire du r^gne de Souleiman; les fleurs de la rh£-
torique persane ne faillirent point a cette occasion;
l'auteur ftit combte d'61oges exag6r& qu'il a pris grand
* Journal de Souleiman du i3 juillet. — * Ibid, du iz juillef.
3 La premiere leftre, datee de Bagdad, du ao ramazau 94a (%5 mars
i535), et la seconde, de Tebrii, du 1 moharrem (2 juillet), se trouvent
dans les archives de Venise.
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•2^8 HISTOIKE
soin d 'insurer dans le texte de son ouvrage. De pareils
pan£gyriques s'appellent Takriz l .
La marche de Tebriz k Constantinople oii Soulei-
man entra triomphalement (8 Janvier 1536), avait
dur6 six mois. Les historiens ottomans appellent cette
prendre campagne de Souleiman contre la Perse ,
campagne de Vlrak persan et de l'lrak arabe, pour la
distinguer de la seconde, celle de Nakhdjiwan, qui fut
entreprise quekjues anuses plus tard. La premi&re
negotiation que le calme de h paix permit k Ibrahim,
fut celle dun traits avec l'ambassadeur frangais La-
for&, pour r^gler les rapports commerciaux entre la
Turquie et la France. Dans ce traits qui servit de
base k tous les trait& post^rieurs de m6me nature,
on consacra la liberty r^ciproque de navigation dans
les eaux ressortissant de Van ou de l'autre gouver-
nement, et la juridiction souveraine des consuls dans
toutes les affaires civiles. Les proems criminels inteates
contre les sujete fran$ais devaient tore transf£r& du
Cadi a la Sublime-Porte elle-m6me, avec cette condi-
tion, que les juges appeles k prononcer seraaent as-
sises dun interpr&te (drogman) frangais ; on convint
que dans le cas ou un Fian$ais aurail fin sans acquitter
ses dettes ewers de* sujete nrasulmang, ceux-ci ne
pourraient exercer de reeours ni contre un autre Fran -
$ais ni contre le consul, mais seulement contre le roi
de France. Par ce m£me traits, les sujets frangais
i Djelalzade, f. 174* cite 1m paoegjrriqaes. du Penatt SeheriMfousetii,
du (ils d'Housetn Kasim MewlaM-Abmed , de Faslonttafc, fits de Schebes-
teri, de Moustafa-Scherif al-Housein et du scheikh- Mohammed.
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DE I/EMPIRE OTTOMAN. 229
furent investis du droit de faire k leur gre leurs dis-
positions testament aires, sans 6tre tenus de consulter
a cet eflfet le magistrat competent du pays; les biens
l£gu& devaient passer entre les mains du consul qui
en disposerait suivant les lois frangaises el les clauses
du testament. Enfin on stipula la liberty des esclaved
faits ant6rieurement , et on sioterdit rfciproquement
pour Tavenir le droit de r£duire en esclavage les pri-
sonniers de guerre 1 .
Ce traite de commerce est le dernier document Jiis-
torique que nous poss£dions , non pas du r^gne de
Souleiman, mais de l'administration de son puissant
vizir Ibrahim, qui, a l'epoque ou ce traits fat conclu,
exergait depuis quatorze ans le pouvoir souverain.
Souleiman avait tir£ de la pdussi&re un esclave grec
pour le nomhier son beau-fr£re , l'dever aux plus
hautes dignit^s de r empire, lui confier les r6nes de ses
Etats , et en faire le serasker de toutes ses armies;
dans sa magnanimity, il avait toujours traiie Ibrahim
comme un fr&re tendrement aime , et n avait jamais
songi£ quil cr&rit k sa puissance un rival redoutable.
En eflfet, Ibrahim, enivr£ par sa fortune, oublia les
bienfaits de celui qui Tavait 61eve si haul; dans son ar-
rogance insens6e, il renia tout sentiment de modestie
et parut ignorer la distance qui s£pare le mattre de
1' esclave; son ambition et sa vanite le pouss£rent k
vcmloir conqu^rir jusqu'aux titres les plus exclusive-
ment attribu& k la souverainet£. D6jk nous avons vu
> Flassan, dans son Hhtoire generate et raisonne'e de la Diplomatic
francaite, t. I, radkyne par errenr Fannie i535 au lieu de i536.
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*3o HISTOIRE
avec quel imprudent orgueil il avait parte aux envoy&
de Charles-Quint et de Ferdinand , cherchant k faire
parade de sa toute-puissance et de son empire absolu
sur la volonte du Sultan. Nous avons montre, sur la foi
d'un rapport de l'ambassadeur vlnitien, quels m£con-
tentemens avait excit&, parmi la population de Con-
stantinople, l'espece de fascination exercee par Ibra-
him sur r esprit de Souleiman quand celui-ci avait con-
descendu aux cfesirs de son vizir au point de se rendre
avec lui dans le palais de Tesclave Aloisio Gritti. Ce ne
fut pas la le seul 6chec que regut la popularity du
grand- vizir; il eut encore le tort d'indisposer Tarm^e
au camp de Haleb, par ses odieuses intrigues contre
le defterdar Iskender Tschelebi.
Le succ&s de ces intrigues, qui eurent pour r£sultat
d'abord la destitution du defterdar et peu de temps
apres son execution sur une place de Bagdad, poussa
le mecontentement g£n£ral au plus haut degr6 d'exas-
p£ration. Cependant Torgueilleux vizir se laissa en-
ti&rement aveugler par son triomphe sur Iskender,
par son influence sans bornes sur Tesprit de Soulei-
man, et par la gloire que lui avait acquise la conqutte
de Tebriz et de Bagdad ; au moment d'op^rer sa re-
traite de la Perse, il publia un ordre du jour qu'il osa
signer serasker- sultan, malgr£ les representations qui
lui avaient &6 faites lors de son entree en Perse a
l'occasion de ce projet, par Iskender Tschelebi. On
doit dire pourtant que l'usage suivi par les gouver-
neurs de sandjaks kurdes de se p$rer du titre de sul-
tan, place en quel que sorte Ibrahim sous r excuse de
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. *$t
s'&re conform^ am coutumes du pays dans lequel il
se trouvait; mais it est probable qulbrahim fut heu-
reux de sainr une coincidence favorable h ses vues
ambitieuses, et que dans sa pensle H crut avoir monte
d'un degr£ Vechelle qui aboutit au tr6ne ! . Mais ce que
le d&ire de sa vanit£ ltd avait fait consider comme
un grand pas dans sa carrtere, fut le premier £cueil
qu'il heurta et centre lequel devait se briser sa for-
tune. Douze ann£es s'&aient ^coulees depuis que le
vizir Ahmed, envoy& comme gouverneur en Egypte
pour faire place au favori de Souleiman, avait usurps
le titre de sultan , usurpation fatale qu'il paya de sa
vie, et qui, dans 1'histoire, lui a m6rit6 d'fitre ftetri du
nom de traitre. En prenant le titre ambitionn£ par
Ahmed, Ibrahim soideva dans 1 esprit du Sultan les
soupQons qu'avait fait naltre l'audacieuse r£volte du
gouverneur d 'Egypte, et lui inspira la pens6e qu une
tentative de cette nature n'&ait que le prelude dune
trahison depuis long-temps m£dil£e. Les craintes du
Sultan f urent encore augment£es et en quelque sorte
confirmees par un songe qu'il eut dans la nuit qui
suivit 1' execution d'Iskender Tschelebi et qu'il prit
pour un avertissement du ciel. Le defterdar, iromole
par lahaine dlbrahim, lui &ait apparu entour£ d'une
aur6ole c&este, lui avait adresse les plus vifs repro-
ches sur son inertie en presence des usurpations d'un
> D'apres Djelalzad£, Solakzade, Alt et Petscbewi, les representations
d'Iskender-Tschelebi furent une des causes principals de la haine dlbra-
him; dans le Journal de Souleiman du a 3 septembre 1 535, Ibrahim est
nomine pour la premiere fois Serasker-Sultan.
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23a HISTOIRE
orgueilleux favori qui avail jWSQz de pouvoir sur lui
pour Ie pousser a ordonner la mort des innooens;
apres ces paroles, le fant6me s'&ait jet£ sur Souleiman
en menagant de l'£trangler, lorsque celui-ci, poussant
un grand cri, se reveilla en sursaut \ Ce songe fit une
vive impression sur lesprit du Sultan , sans n6an-
moins remp6cher de visiter avec Ibrahim a Bagdad
les tombeaux des saints , de faire avec lui la pri£re
publique du vendredi dans la mosquee de Tebriz, et
de partager avec lui son palais et mdme sa couche. Ge
ne fut qu un peu plus tard que Souleiman commenga
h trembler devant la toute-puissance de son favori et
& craindre ses trahisons. II suffit qu'un aultan redoute
un vizir pour qu'il prononce son arrtt de mort ; pent-
6tre encore Souleiman fut-U irriti par rimpudent
m£pris qu'affectait Ibrahim pour le Koran [xiv] et les
autres livres sacr& ; peut-6tre aussi avait-il k venger
quelque crime inconnu du grand- vizir oontre la ma-
jest6 imp£riale, crime qu'il devait & sa dignit£ d'en-
sevelir dans le plus profond secret, comme autrefois
Haroun al-Raschid avait cach£ le crime de Dj&fer,
fils de Barmek [xv]. On pourrait ajouter que, comme
Dj&fer, Ibrahim poss6dait d'immenses richesses; et
combien de fois l'ombrageuse jalousie des sultans ne
s'est-elle pas effarouch^e de cette rivalit£ de puissance
de leurs ministres ! Quoi qu'il en soit, Ibrahim s'&ant
rendu au serai le 21 ramazan 942 (5 mars 1536),
i Mouradjea d'Ohsson, Tableaux de V Empire ouomtn, t. I, p. 3S6,
d'apres les bisloriens ottomans DjeUrizade, Solakzad£, A.H, Petsckevi, qui
tous racontent ce songe.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. a33
pour diner avec te Sultan comrae k son ordinaire et
reposer aupita de led, fat trouvi &rangl6 le len-
demain matin. L'&at du cadavre indiquait qu'il avait
soutenu une lutte opini&tre, et plus de cent ans apris
on montrait sur leg mure du harem les taches de son
sang; terrible relation du sort r£serv£ k ceux que la
fortune introdoirait dans cet asile sacr£, s'ils osaient
suivre l'exemple d'Ibrahim. Le corps du grand-vizir
fut transports k Galata et enseveli dans un couvent
de derwischs , satis qu'aucun mausolle honor&t sa
ddpoislle mortelle. Seulement, un arbre plants sur
la fosse du ministre disgrace indiqua pendant long-
temps le lieu ou il avait &£ inhum£ '. Telle fut la fin
de la carri&re parcourue par ce Grec convert! d£s
lenfance aux lois de I'islamisme; il s'£leva de la plus
hasse condition au Me des grandeurs; d'esclave il
devint presque l'6gal de son maitre, de joueur de vio-
lon un puissant homme d'Etat; il eut entre les mains
Tadministration civile et militaire; en un mot, son as-
cendant sur Souleiman le rendit le souverain arbitre
d'un vaste empire. Ses gr&ces naturelles et son talent
musical lui avaient valu dans le principe les bonnes
gr&ces du Sultan; la faveur, il est vrai, fut la premiere
cause de son entree aux affaires; mais il sut la justi-
fier par lbabiletS qu'il y d£ploya * et par les services
quil rendit dans tout le cours de son administration.
En outre, dun cdt£ la force de l'habitude , de l'autre
I'&iergique puissance du caract^re d'Ibrahim, eurent
» Solakzad£, f. it a.
» Ali, xxxiv« r&it.
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a34 HISTOIRE
bientdt amen£ le prince h reconnaitre par ses actes et
par ses paroles la superiority de son esclave ; et cet
esclave apr£s avoir partag£ avec le Sultan la puis-
sance souveraine, apres avoir fait le stege de Vienne
et de Guns, la conqu£te de Tebriz et de Bagdad, cet
homme que le roi de Hongrie, Ferdinand, appelait
son frAre et que l'empereur Charles-Quint nommak
son cousin, cet homme qui se promettait d'egaler un
jour la gloire de C6sar dont il aimait a lire les hauls
faits , devait mourir ignominieusement le 1 5 mars ,
l'anniversaire m6me de la raort du h£ros qu'il avait
pris pour modele '.
Si parmi les deux cents vizirs des khalifes, des
schahs de Perse et des khans tatares dont l'historien
Khondemir nous a laiss6 la biographie, nul ne fut plus
puissant que Dj&fer le Barmekide, nul aussi n^prouva
une disgr&ce plus terrible; de m6me parmi les deux
cents vizirs que compte k peu pr& l'histoire ottomane
jusqu'k nos jours, aucun ne s'est elev6 a la hauteur
de puissance ou parvint Ibrahim , mais aussi la chute
d'aucun autre n'eut un tel retentissement dans r em-
pire 1 .
Avant d'entrer dans le r£cit des faits accomplis sous
le grand-vizirat d'Ayaz-Pascha qui h&ita de la di-
gnity d'Ibrahim , nous devons en rapporter id deux
qui se rattachent aux deux dernteres ann£es de lad-
> Ahnosnino dit, p. 114 : Tragedia de un Valido, digna d' ester mai no-
tada; il raconte la chute d'Ibrahim d'une maniere toute aussi invraisem-
blable que les faveurs et la disgrace de Piali (Piri) Pascha.
3 Historia di Guazzo, f. 139, Venez. , 1549.
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DE L'EMFIRE OTTOMAN. 255
ministration de son pr6d6cesseur; nous n'avons pas
cru devoir nous astreindre a exposer ces faits suivant
l'ordre chronologique , afin de ne pas interrompre le
r6cit de la guerre contre la Perse. D'ailleurs le th&tre
de ces deux ^venemens n'avait pas &6 TAsie , mais
TEurope; nous voulons parler de la reprise de Ko-
ron sur les troupes espagnoles, et de la conqufite tem-
poraire de Tunis par Khaireddin-Barberousse. Pen-
dant que les ambassadeurs de Ferdinand n6godaient
la paix k Constantinople, et que Charles-Quint ofirait
de restituer Koron k l'empire sous la condition que la
possession exclusive du tr6ne de Hongrie serait assur£e
k Ferdinand, Souleiman faisait partir le sandjakbeg
de Semendra , Yahyapaschaoghli Mohammedbeg ' ,
k la t&e d'un corps d'arm^e, ainsi qu'une flotte de
soixante-dix voiles, afin de reprendre Koron (8 aotit
1533) *• Mais Andrea Doria rencontra Tescadre ot-
tomane ; quoiqu'interieur en forces de moitte, il atta-
qua l'ennemi, le battit, d&ruisit quelques-uns de ses
b&timens et lui fit eprouver une perte de cinq cents
janissaires 3 . Cependant Koron 6tait &roitement bio-
qu6e par les troupes envoy^es k cet efFet; les asste-
ges commengaient k manquer de vivres, et depuis
vingt jours ils se nourrissaient de la chair des (toes
■ ffistoria di Gua&o, f. taS. — a ibid., f. iag.
3 Antoiue Doria, Kurzer Inhegriff der merhwurdigen Begebenheiien ,
welche tick zur Zeit Karls V in der Welt sugeiragen haben , in Gosbels
B extra gen , p. 34 (Jpereu det Evenemens qui se sont passes du temps de
Charles-Quint, dans les supplemens de Goebel). Petschewi, f. 58. Ferdi,
t. 198. Ali, xxiv« recit, f. 341
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256 HISTOIRE
el des chevaux enfermfe dans la ville. Mais bient£t,
priv£s m£me de cette ressource, ils furent r&luits k
faire servir a leur subsistance le cuir de Ieur chaus-
sure. Dix Grecs presses par la faim ayant &6 se ren-
dre au camp des Turcs pour y chercher quelque
nourriture, furent saisis, 6corch& vifs et brftles sur un
gril \ Epouvant£s par la pens£e qu'un sort semblable
leur &ait r£serv6, les Espagnols eux-m&nes perdirent
courage et cherch£rent k entamer des negotiations avec
le general commandant l'arm£e de si£ge. U fut con-
venu que Pignatelli , gouverneur de Charles-Quint en
Sicile , enverrait une escadre pour faire enlever la
grosse artillerie et conduire en Espagne la garnison
dont la libre sortie avait &e express&nent stipule \
Afin d'empteher que, pendant la campagne de Perse,
la Mediterran^e ne fftt abandonn£e k des entreprises
semblables a celle qui avait mis Koron au pouvoir de
Doria, Souleiiman, ou plut6t Ibrahim, avait rassemble
le commandement de toutes les forces navales de
l'empire dans les mains de ce Khaireddin que TEu-
rope n'a connu jusqu'k present que sous le nom de
Barberousse , et sur la vie duquel les historiens se
sont plu k accrediter les fables les plus invraisem-
blables[xvi].
Nous allons chercher a concentrer dans un apergu
rapide les traits principaux de la vie de cet homme
c£l&bre; nous n'avons puis6 qu'aux sources les plus
irr£cusables, et nous avons v6rifi£ nos assertions par
> H'utoria di Guazzo , p. lap.
» Antoine Doria, 1. c, p. 34. Petschewi, f. i58.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 23 7
le contr6le des documens les plus poritifs. II faut pla-
cer en t&e de ces documens la biographie de Khai-
reddin que celui-ci dicta par ordre de Souleiman au
tschaousch Sinan , et de laquelle Hadji-Khalfa nous
a donne une analyse succincte dans son Histoire des
Guerres maritimes des Ottomans [xvii].
A la suite de la conqu&e de Medilii (Mitytene) faite
par Mohammed II, le sipahis roumiliote Yakoub
dTenidjewardar s'&ait fix£ dans cette ile avec ses
quatre fils Ishak, Ouroudj, Khizr (nomme plus tard
Khaireddin-Barberousse) et Elias; le premier se fit
commercant ; les trois autres, sous le r£gne de Baye*
zid II et de S&im I er , se livrerent k la piraterie en de-
guisant leurs courses sous le pr&exte d'uo commerce
maritime. Dans un combat contre les chevaliers de
Saint-Jean, Elias pint et Ouroudj fut fait prisonnier;
mais ce dernier fut peu apr&s rendu k la liberty par
l'entremise du prince Korkoud , alors Tun des gou-
verneurs de la c6te de Karamanie. Ouroudj et Khizr
poursuivirent le cours de leurs pirateries; leur au-
dace et leur courage firent rechercher leurs services
par les puissances barbaresques, et bientdt leur es-
cadre prit rang parmi les vaisseaux de Mohammed
sultan de Tunis, de la famiUe Beni-Hafss. Un vaisseau
fraagais charge de draps ayant 6t6 captur6 par eux ,
Mouhiyeddin Reis, neveu du fameux Kemal Reiis, fut
chapgede le eonduire k Constantinople, et la Sublime-
Porte en reconnaissance dun tel present leur envoya
deux gal&res et deux kaftans dTionneur '. Les deux
i Histoire des Guerres maritimes, f. la.
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*58 HISTOIRE
fils d'Yakoub, enhardis par ce premier gucc£s, s'oc-
cup&rent imm&liatement d'armer dix vaisseaux des-
tines k one entreprise contre Boudja et Djerdjel, sur
la c6te d'Afrique '. Ouroudj se dirigea sur Alger;
Khaireddin, aprfes s'6tre rendu maltre de Djerdjel, re-
vint k Tunis ou il trouva les deux galores envoyees de
Constantinople et tout r&emment arrives de Medilii
avec son frfere Ishak. Ge fut au temps ou ceci se pas-
sait que Selim P r fit la campagne d'Egypte , et que
Khaireddin envoya Kurdoghli pour renouveler au
Sultan Thommage de sa fidelity. De son c6t£, Ouroudj
avait a Alger une position t res -difficile k maintenir
contre la flotte espagnole et contre les tribus arabes
allies de Charles -Quint qui affluaient de tous les
points de la contree ; mais ces hordes indisciplines
s etant enfuies en abandonnant douze mille chameaux,
les Espagnols se retirerent laissant la ville au pouvoir
d'Ouroudj \ Les deux fr^res, arrives Tun et Tautre au
but de leur expedition, r&inirent leurs efforts contre
Tennes et Telmesan. Ces deux villes, gouvern&s alors
par deux fibres de la famille Hafss 3 , furent, k Tappro-
che des redoutables pirates , abandonees par leurs
chefs.
Khaireddin se rendit a Alger, et Ouroudj, avec son
jeune frere Ishak, continua k faire la guerre dans le
district de Telmesan ; mais alors les troupes espagnoles
s'avanc&rent et mirent le stege devant la forteresse de
i Uistoire des Guerres maritimes, f. 1 3, sous le litre de Guerre de Badja
el de Scherschcl.
a His 10 ire des Guerres maritime*, f. i3. — 3 J bid* f. i4*
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. u5g
Kalaatol-Kilaa, c'est-a-dire le chdieau des chdteaux;
cette forteresse ne tint pas long-temps, et la garrison
entire, ainsi qu'Ishak, p£rirent par le fer espagnol.
Apr£s ce premier succes , le vainqueur se porta sur
Telmesan, qu'il tint bloquee pendant sept mois.
Dans une sortie, Ouroudj partagea avec la garnison
le sort d'Ishak et de ses troupes \ Cependant Khai-
reddin , seul survivant des trois fils d'Yakoub , &ait
maitre d'Alger, car, apr6s le meurtre de S£lim, der-
nier prince ind£pendant de cette ville , il s'&ait ar-
roge tous les attributs de la souverainet£, moins ceux
de faire dire en son nom la prtere publique du ven-
dredi, et de frapper monnaie h son effigie. Khaired-
din, afin de se concilier l'appui d'un protecteur puis-
sant, avait r£serv£ ces droits au Sultan ottoman: il
avait, en consequence, charg£ Hadji-Housein d'offrir
a S&im alors en Egypte sa vassal ite ; et le Sultan, en
recompense de cet acte de soumission, d£posa entre
les mains de l'envoy£ le sabre, le cheval et le tam-
bour, qui sont les insignes de la quality de sandjak, et
un dipldme conf&rant a Khaireddin le litre de beg-
lerbeg a . Durant ce temps, Mesoud et Abdallah qui,
chasses de Telmesan, s'&aient r£fugie§ k Fez, avaient
obtenu du souverain de ce pays le secours d'une ar-
mee afin de reconqu&ir leur heritage paternel 3 . Khair-
eddin chassa Mesoud , mais il investit Abdallah du
gouvernement de Telmesan en lui imposant un tribut
annuel de dix mille ducats, sous la condition que
« Wstoire des Queries mat i timet , f. 14. — a Ibid,, f. 16. — 3 Ibid,
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24o HISTOIRE
]es droits regaliens seraient exerc& au nom du sultan
Selim I er . Mais, peu de temps apr£s, Khaireddin, as-
sieg6 d'un c6te par une arm£e venant de Tunis et de
l'autre par les tribus arabes, fut lui-m&ne forc6 d'6va-
cuer Alger et de se jeter de nouveau sur ses vaisseaux.
Sa flotte se porta sur les c6tes de Sicile ou elle commit
de nombreuses depredations.
Lorsqu'apr&s une longue absence, Khaireddin put
rentrer k Alger, son premier soin fut de forcer par les
armes le prince de Telmesan k remplir les conditions
qu'il lui avait imposes en lui rendant son gouverne-
ment. II ne consentit a la paix qu'autant que soixante
mille ducats lui seraient compt& sans d£lai pour les
six annees £coul6es, et que le tribut serait port£ h vingt
mille ducats pour les annees k venir z . Khaireddin ne
crut pas sa domination suffisamment assume tant qu'il
n'aurait pas enlev£ aux Espagnols la petite tie en face
du port, que ceux-ci occupaient depuis quatorze ans.
Sa premiere attaque fut couronnee d'un plein suc-
c£s; cinq cents Espagnols furent faits prisonniers, le
chateau fut ras£, et le petit d&roit qui s£parait Tile de
la terre ferme fut combl£ a . Quand arriverent neuf
grands vaisseaux pour prot£ger la garnison laiss£e dans
Tfle, ils ne trouv&rent que des mines 3 . Khaireddin se
porta a leur rencontre avec quinze gal&res, sempara
de Tescadre presque tout enttere par une manoeuvre
aussi hardie qu 'habile, et ramena deux milte sept cents
1 Histoire des Guerres maritime* , p. 16. — * Ibid.
3 Voyez, pour les details, Bemerkungen iiber den algierischen Staat
{ Observation sur la regence d' Alger, t. II , p. 6*5 ).
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 24 1
prisomiiers «. Afin de profiler de ses avantages, il or-
donna au capitaine Oadin-Reis de se tenir en obser-
vation tfur lei c6tei de Frince et d'Espagne ; ltu*m&ne
captura quinze navires espagnols et en bulla trois
autres ; fidile k sa politique vis-&~Yia de la Porte , il
adressa an Sultan un rapport d&ailte de sea expedi-
tions et de *es succ&s *.
C'est k partir de ce moment que Khaireddin-Bar-
berousse trouva dans Andrea Doria, grand-amiral des
flottes de Fempereur Charles-Quint, un adversaire
redoutaWe. L'entreprise de Doria sur Tile de Djerdjel 3
fut le signal de la lutte : Doria fat repousse. Khaired-
din , apr&s avoir op6r6 sa jonction avec le corsaire
Sinan de Tile Djerta, porta sur les c6tes de G6nes et
de France la devastation et le pillage. Mais Souleitaan
fit savoir k Khaireddin, par le tschaousch Moustafa,
qu'il e&t h respecter la France avec laquelle la Porte
venait de conclure un traits de paix f . O fut aussi
vers cette £poque que commenc£rerit les exploits de
Hasanbeg, qui devait soutenir la reputation que son
p&res'&ait acquise comme corsaire. C&lant aux pri&res
des Maures d'Espagne vivement presses par Charles-
Quint, Khaireddin arriva pr6s d'OJiva avec trente-six
gatiotes, sur lesquelles il regut ses malheureux co-reli-
gionnaires. Dix mille purent s'embarqucr k la fois,
de sorte que par sept transports successifs il enleva
1 Histoire des Guerres maritimes, f. 17. — » Ibid. % p. 18. — 3 ibid.,
1. c ; et Observations sur la rdgence d' Alger, II , p. 63 1.
4 Histoire des Guerres maritime*.
T. v. i(i
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242 HISTOIRE
soixante-dix mille Maures k l'Andalousie pour en peu-
pler les c6tes de Barbarie [xvin].
Parmi les sept mille esclaves chr&iens retenus a
Alger, se trouvait tout l'£quipage, officiers et matelots,
dune escadre espagnole compose de huit navires ,
dont sept avaient &6 pris par Khaireddin dans tin
combat qui avait cotit6 la vie au g6n£ral Portundo.
Khaireddin avait fix6 h la somme 6norme de vingt
mille ducats la rangon des vingt principaux d'entre
eux; mais ceux-ci, esp£rant s'^vader, formirent dans
ce but un complot dont la d&ouverte amena la mort
de ceux qui l'avaient congu. Si Khaireddin laissa la
vie aux autres, c'est qu'il fut doming par la crainte
qu'on us&t de repr&ailles contre ses braves capitaines
Salih-Reis et Thorghoud, alors prisonniers des Chre-
tiens l .
Apr& la prise de Koron par Doria (1 533), Khair-
eddin avait regu du tschaousch Sinan, un khattisch6-
rif a , parlequel Soulei'man lui enjoignait de se rendre
sans d£lai k Constantinople, afin de se concerter avec
lui sur les mesures a prendre dans la guerre sur mer
contre Charles-Quint. Khaireddin conduisit k la cour
du Sultan le fr&re du prince de Tunis , le seul de
quarante-cinq freres qui etit echapp£ au carnage par
lequel le sultan Hasan, a son av&nement, avait voulu
s'assurer la paisible possession du pouvoir souverain.
Tout en faisant voile pour Constantinople, Khaireddin
* Hisioire des Guerrts maritimes, f. 19.
3 Ce khattischerif se trouve en eatier dans les commentaires que Khair-
eddin dicta , par ordre du Sultau , a Sinantschaousch.
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DE L'EMPIKE OTTOMAN. 345
s'empara, k la hauteur de Messine, de dix-huit b&-
timeiis qu'il brtila en vue de la ville, aprds avoir fait
prisonniers tous les hommes de T^qmpage 1 . Andrea
Doria , )e conqufrant de Koron , quitta Prevesa k la
nouvelle de l'approche de Khaireddin , et s'enfonga
dans le golfe de Venise en se dirigeant sur Brindisi;
mais l'audacieux pirate envoya k sa poursuite vingt-
cinq vaisseaux qui atteignirent sept de ses navires
et en captur&ent deux. La flotte alg&ienne, accrue
par ses prises, rejoignit bient6t celle que commandait
le kapkan-pascha Ahmed, et les deux amiraux en-
tr&rent de conserve dans le port de Constantinople
peu de temps apr&s le depart d'Ibrahim pour la Perse.
Khaireddin f . k la t&e de ses principaux officiers, se
rendit k l'arsenal que le Sultan lui avait fix6 pour
demeure ; le lendemain il fut admis au baise-main ,
ainsi que hmt de ses principaux capitaines; k Tissue
de l'audience, Souleiman les fit rev^lir de v&emens
d'honneur et leur assigna une solde sur son tresor.
Ibrahim, qui avait pris ses quarters d'hiver k Haleb,
demanda au Sultan que Khaireddin lui flit envoy£ ,
afin qu'il pAt lui con&rer la dignity de beglerbeg, et
hd fournir les instructions n^cessaires au succ&s de la
campagne suivante. Jaloux de montrer qu'il n'appor-
tait pas dans l'accomplissement des ordres du Sultan
moins de rapidity par terre que par mer, l'infatigable
corsaire se rendit k cheval suivi de ses capitaines aux
quartiers d'Ibrahim, qui le regut solennellement et Tin-
• ttisioire des Guerres maritime*, f. 19.
16*
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*44 HJSTOIRL
vertk en plein diwan du tkre de beglerbeg d'Alger l .
A ce titre il eut la pr&£ance dans te oonseil sur tons
les airtres beglerbegs; il fat admis k baiser la main
dlbrahim, et, apris deux jours consacr& k de bril-
lantes fetes, il partit pour Constantinople dont il n'&ait
absent que depuis vingt-deux jours. Pendant ce long
trajet, il ne fit que deux stations, Tune k Koniah au
tombeau du scheikh Djelaleddin Roumi , 1'autre k
Brousa au tombeau de Seid Boukhari. pour attirer sur
ses armes la benediction de ces saints personnages *.
Lhiver tout entier avait &A consacr£ k la construc-
tion de navires dang l'arsenal de Constantinople, sous
la direction de Khaireddin lui-m£me 3 ; de sorte qu'au
moment d'appareiller, la flotte comptait quatre-vingt-
quatre b&timens, en comprenant dans ce nombre Fes-
cadre que Khaireddin arait amende d'Alger, et qui se
composait de dix-huit galferes dont cinq appartenatent
a des corsaires engages vokmtahrement au service de
la Porte 4 . Aux premiers jours de V&6 de Tannic 1 534 ,
et pendant que Souletman traversal l'Asie-Mineure
pour conduire en personne la campagne contre la
Perse , Khafreddin-Pascha sortit des Dardanelles en
se dirigeant vers les c6te$ de lltatie. Dans le d&roit
> H»dji-Khatfa, dans mb Mhudre des Gmerres mmriuwtes et dins MS
Tables chronolegiques , se trompe en disant qu'il fut nomine en meme temps
kapitan-pascha. Ferdi , f. a5p, place sa nomination comme grand-arairal
en Tanuee 943(i^36).
9 Djelahftte, f. t*>. Solatia*!*, f. tio. Petsthewi, f. 59. All.
3 Commentaircs de Khaireddin , f. 86.
4 Hadji-Khalfa, Mstoire des Guerres mmriumes, f. 30. Happort de Doria
dansGoebel, f. 35.
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DE L'EMPIKE OTTOMAN. *45
de Messine, le nouveau kapitan rarprit Reggio, oik
ayaient 6^ transplants lei Grecs deKoron et de Mo-
don ; ces nouveaux habitans avaient abandonn6 la vflle
isoo approche , lui laissant pour hulin six navires
amarres dans Je port Ce fut pendant Tune des nuRg
passes dans ce d&roit, qu'un r6ve sembla promettre
a Khalreddin la conqu&e de rile de Malte; le jour
qui suivit ce sooge, il s'empara du ch&teau-fort de
S. Lucido , qu il livra am flammes apr& avoir fail
ameper & son bord huit cents prisonniers. II brtila
egqlenjent le fort de Qtraro et dix-huit gaterea qui se
trouvaient dans le port.. En quittant les nones de G-
traro, la flotte ottomane continua sa course vers les
cdtes de Naples; Sperlonga fut saccag£ et incendte.
Bqrberousse &ait excit6 h tous ces ravages, dans cette
partie des cdtes d'ltalie, moins encore par le d6sir de
faire un riche butin et de reduire en esclavage.un
grand nombre de filles et de femmes, que par l'envie
de surprendre&Fondi l'6pouse de Vespask) Colonna.
la jeune Giulia Gonzaga si c£16bre par sa beaute.
Sceur de la divine Joanpa di Aragooia ' , dont tous les
beaux-esprits italiens ont chante la celeste beaut£, et
non moins belle que sa soeur, Giulia &ait une riche
proie bien faite pour briller dans le harem de Spu-
leiman. La descente des corsaires fut conduite avec
taut de myst&re, que Giulia ne put echapper queo
Siangan* sur un cheval qui 1'emporta couverte seu-
lement d'une chemise ; elle n'avait d'autre escorte que
■ llTempio alia divina S. donna Gioanna d'Jragtna. Venel., l565*
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n46 HISTOIKE
celle dun chevalier qu'elle fit par la suite assassiner,
soft parce que dans cette nuit memorable il avait trop
os6, soit parce qu'il avait trop vu l . Les Turcs, furieux
de l'insucc£s de leur tentative, se veng&rent en brisant
les images de la sainte Vierge et en profanant la se-
pulture des aieux de Yespasio dont ils renverserent
les tombeaux apr£s en avoir enlev6 les riches orne-
mens. Le pillage de Fondi (Fancien Fundum) dura
quatre heures; un tableau suspendu aux murs de Y6-
glise de cette ville a &6 consacr6 & perp&uer le sou-
venir de cette horrible nuit. Ge n'est gu£re que par
cette attaque des corsaires ottomans que la beaut6 de
Giulia est devenue calibre, tandis que les attraits de
la divine Joanna sa soeur ont it6 chant£s par les plus
grands poetes et son image reproduite par les plus
fameux peintres de iltalie; de nos jours encore on
la retrouve dans les musees de Paris, de Warwik-
Casde et de Rome [xix].
Les devastations exerc£es par Khaireddin sur les
c6tes d'ltalie avaient en outre pour objet de donner le
change aux puissances europ&nnes sur ses desseins
contre Tunis, car c'&ait pour cette entreprise que Sou-
leiman lui avait confix quatre- vingts navires, huit mille
janissaires et huit cent mille ducats a . Depuis trois
ann£es, r6gnait sur Tunis le sultan Mould-Hasan,
vingt-deuxi&ne prince de la dynastie Beni-Hafss [xx],
laquelle depuis trois cent cinquante ans gouvernait la
i Leandro Alberti, Descritdone dituiia Vltalia> Venez. i58i, p. 137.
2 Doria, dans Gcebel, p. 34, dit six cent mille. Sagredo, p. 210, Venes.,
1688. Ottocento mUa Sultanini.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 247
ville et les pays environnans. Enclin k la mollessc et
k la d£bauche, Moulei-Hasan ne songeait, nlk fortifier
ses remparts, ni a former des soldats pour la defense
de son tr6ne encore fumant du sang de quarante-
quatre de ses fibres ' , mais seulement k augmenter
son harem compost de quatre cents beaux jeunes
gargons.
Khaireddin, sous pr&exte de terminer ce r£gne
honteux et d'&ever sur le tr6ne le frire de Hasan [xxi] ,
Raschid, qu'il avait conduit ant£rieurement k Constan-
tinople, se pr£senta devant les murs de Tunis avec la
flotte ottomane. Guid6 par deux ren£gats espagnols
au service de Hasan, il p6n£tra dans la ville, du c6te
de la porte maritime, a la t&e de cinq mille cavaliers,
et s'empara presque sans resistance de la citadelle \
Mais les habitans, n'entendant que les cris de vivent
le Sultan et Khaireddin! et apprenant que Raschid
avait &6 laiss£ k Constantinople , ne purent conser-
ver de doutes sur les projets du kapitan-pagcha.
Leur haine contre le fratricide disparut devant leur
amour pour lantique dynastie qui r£gnait a Tunis de-
puis plus de trois siteles, et surtout devant la crainte
que leur inspirait le joug ottoman. Revenant alors en
aide k celui dont ils avaient provoqu£ la chute, ils
encourag&rent Hasan a rentrer dans la ville avec le
secours des tribus pr6s desquelles il s'£tait refugte.
* II avail quarante-cinq freres (Jfoklibetet-tewarikh) , et non pas vingt-
dtux, comroe le dit Sagredo , ni trente-quatre, comme l'affirme Robertson,
1. V. Les Beni-Hafss regnaient depuis 55 1 (n56).
> Sagredo, p. 21a.
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-x$ HISTOIKE
Moulei-Hasan, k la tete des tribus arabes habitant les
cbtes , parvint a foroer les portes de Tunis; maid
Khaireddin. puissamment seconds par son artHlerie,
lobligea k se retirer et k chercher son salut dans la
fuite. Sans coup~f£rir, Khaireddin s'empara du fort
d'Halkolwad, distant de neuf milles de Tunis ; te nom
arabe de ce ch&teau signifie le hausse-col (laGnAetoa),
et lui a &£ donn£ paroe qu'un isthroe etroit et de pen
de longueur conduit de la ville an lac situ£ en faoe de
cdle-ci '.
Khaireddin ne resta mattre de Tank que pendant
quelques raois; l'empereur Charles-Quint e^dant aux
pridres de Moulei-Hasan et plus encore a celles des
chevaliers de Make, avait form£ le genereux et oher
valeresque prqjet de s'emparer de Tunis afin de ren*
dre le pouvoir au prince d&r6n£, mais surtout afin de
le ravir a I'homme qui, par son audace et son courage,
&ait devenu la terreur des flottes de la chr£tient£.
Salue par les fanfares de la musique et par les salves
de Fartillerie du port, Temperenr s'embarqua a Bar-
celone , suivi de l^lite de la noblesse espagnole , le
39 niai 1 535 , jour anniversake de la prise de Con*
stantinople par les Turcs. La Hotte eommandfe par
Doria comptait cinq cents navires de di verses gran-
deurs, months par des troupes espagnoles, italiennes
et allemandes, sous les ordres du marquis Goasto,
qui ne devait agir que sous la direction de Charles-
Quint lui-m&ne. Le 16 juin, on d£barqua d'abord
> Sagredo, p. ii'i. Histoire des Guerres mariUmes, f. 20. Commeniaii**
de Khaireddin, XXVI. Uedjlis ou reunion..
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. *fo
les troupes allemandes, ensuite leg troupes espagnoles,
et enfin le corps italien devant la Goletta, qui defend
l'isthme form6 d'un c6t6 par la mer, et de l'autre par
on lae dont les eaux s'&endent jusqu'aux murs de Tu-
nis '. Deux tours distantes Tune de l'autre d'un mille
environ, et formant chacune un carr6 de quarante k
rinquante pas, faisaient la force principale de la Go-
letta; cefort, qu'on peut considerer'comme la clef de
Tunis, &ait en outre Varsenal general deKhaireddin.
La defense de cette position si importante avait &6
confine au corsaire Sinan, un des plus intrudes capi*
taines de fiarforousse *. Pendant un mois que dura
le sWge r£gulier de ce fort, les assteg£s tent&rent trois
sorties; dans la premiere, le due de Sarno perdit la
vie; dans la troisi&me, le marquis de Mondeia fut
gri&vement bless£ 3 . Le second jour du stege, un na-
vire ottoman, porteur d'une riche cargaison en Apices,
, s'&ait approoh£ du port de la Goletta; mads, k la vue
des forces espagnoles, il avait vir6 de bord en toute
hate et mis dehors toutes ses voiles pour prendre le
large. Plusieurs b&timens se mirent & sa pourraite;
en avant de tous les autres , on put remarquer un
grand navire qui portait pour pavilion le grand aigle
imperial, attribut distinctif du vaisseau affect^ au ser-
vice du secretaire- d'Etat Granville et de la chancel-
lerie de r empire. Le b&timent ottoman fut pris, et sa
cargaison qui valait trente mille ducats fut abandonn£e
■ Armenia, edit, de Bile de Chftlcond., i556, p. 535.
* Robertson, 1. V.
3 Les a3, »5 et »6 juin i535; Etrobius.
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a5o HISTOIRE
k l'amiral Doria '. Plusieurs Ilaliens des plus nobles
families &aient venus d'Europe pour prendre part k
reip^dition; parmi eux se trouvaient le comte de B£~
n£vent, le margrave d'Alarco et le due Ferdinand de
Gonzague.
Le 29 juin, trente jours apr& la sortie de la flotte
du port de Barcelone, le prince fugitif Moulei-Hasan
vint offrir ses hommages k Charles-Quint, et, sepros-
ternant k ses pieds , implorer son appui a . L'empe-
reur avait envoy6 k sa rencontre le due d'Albe, le
margrave d'Alarco et le comte de B£n6vent; il le
regut gracieusement et lui fit offrir des sucreries et
des rafralchissemens de toute esp&ce dans la tente de
son second chambellan, Louis de Flandre, seigneur
de Braet 3 . Les compagnons maures de Moulei-Hasan
&aient arm£s d'arcs et de filches, de poignards et d'un
javelot dont la longueur &ait de trente k quarante
palmes. Le prince affirma k l'empereur qu'il &ait
suivi par huit mille chameaux charges de vivres et
seize mille cavaliers, mais ni les uns ni les autres ne
parurent. Charles-Quint , confiant en la puissance de
ses armes, ne voulut point ternir la beauts de sa cause
en se servant des longs javelots, de Tare et des fltahes
empoisonn£es de ces nouveaux auxiliaires 5 . Ce fut le
14 juillet que la Goletta fut emport^e d'assaut; deux
ann&s auparavant jour pour jour, Souleiman avait
i Etrobius, p. 56a. — » Etrobius et Armerius.
3 Dans Etrobius, p. 56 1, ce nom est entierement dlfigure dans la lettre
dt Moulei-Hasan : NosfiU Ceduaaz, p. 56 1.
h Itrebius, 1. c. , p. 563. — * Horace, I, 19.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. a5i
refus6 la paix que lui faisait demander l'empereur, en
m6me temps qu'il l'avait accord^e k Ferdinand, roi de
Hopgrie, frire de celui-ci. Lorsque l'arm6e impfriale
prit possession des deux tours de la Goletta, appel&s
la tour du Sel et la tour de YEau l , elle y trouva une
immense quantity d'armes et de munitions de guerre
de toute esptee , quarante canons parmi lesquels on
remarquait une de ces pi&ces-raonstres que nous avons
d£j& d&rites k l'occasion des sieges de Constantinople
et de Rhodes, et qui portaient des inscriptions latmes
et arabes, ou 6taient orn£es de lys et de salamandres.
Inoccupation de la Goletta mit en outre au pouvoir de
Charles-Quint plus de cent b&timens et trois cents
pieces d'artillerie de different calibre. Apr&s la chute
de la Goletta et la perte de son arsenal , Khaireddin fut
amen£ k chercher dans une bataille rang£e les seules
chances de salut qui lui restassent ; pour pr^venir la di-
version qu'une r&volte eiit pu amener, et afin de pou-
voir disposer de toutes ses troupes, il r£solut de faire
massacrer les sept mille esclaves chr&iens enferm£s
dans la ville, mais il en fut emp£ch£ par les habitans
qui ne lui ob&ssaient qu'autant qu'ils y &aient con-
traints par la force. D n'avait k opposer k l'ennemi
que neuf mille sept cents hommes. Les trois quarts de
cette faible arm£e avaient &6 tir£s du gouvernement
de Mer&sch en Asie; les troupes de la ville compo-
saient le dernier quart, et encore se montr&rent-elles
peu disposes k sortir des murs de leur cit6.
■ Etrobits, dans Chalcondyle, p. $57.
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a5* HISTOIRE
Khaireddin choisit sous les remparts de Tunis une
position qui le rendait certain d'interdire l'approche
de la ville a 1'armee ennemie; mais quand il fallut en
venir aux mains, les troupes d'Asie donndrent settles,
et les troupes d'Afrique refus£rent de combattre.
Cependant les esclaves Chretiens renferm& dans
Tunis, &ant parvenus a briser leurs chatnes, ferm&rent
les portes de la place l ; Khaireddin, prive de ce refuge,
s'enfuit dam les montagnes du cdte de Bone, accom-
pagn6 de son fiddle capitaine le corsaire Sinan , le
brave d£fenseur de la Groletta, d'un ren£gat juif et d'un
autre apostat que les historiens europ&ns appellent
Chasse-Diable \ Le jour suivant (gl juillet 1535),
Tempereur Charles-Quint dirigea son arm£e sur la
ville, ayant soin de fake observer le plus grand or-
dre, de crainte d'une surprise. Avant de se mettre
en marche, on tint conseil pendant trois heures pour
discuter si le pillage de Tunis serait permis k Fannie 3 ;
mais l'esprit de rapine dont les troupes espagnoles
&aient anim£es triompha, par la voix de leurs g6-
n£raux, du d&ir qu'avait l'empereur d'epargner la
ville. Le sac devait durer deux jours entiers; trente
mille personnes furent £gorg6es, dix mille r£duitesen
esclavage*. Douloureuse compensation! triste ^change
« Hadji-Kbalfa , His Loire des Guerres Maritimes , f. ai. Etrobius, Arme-
rkts. Hist, di Guazso, p. i56, Venez., ^649.
» Les Italiena I'appeUeat Caoci* Piatvk, let HoUaadftb Knvppd dfawi,
et Etrobius Cassidiabolus.
3 Bis tor ia di Guazzo, f. i56.
4 Etrobius, Armerius, Ulstoria di Guaszy.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. a55
que celui qui dut acheler par treote mille cadavres,
la Mberte des treate mille chr&ens qu'une dure cap-
tivity retenait depuis longues annfes dans Tunis ou
ses environs! Parmi cette soldatesqoe effr£n<e, les
troupes espagnoles se signalaient par leur fureur et
leur soif du butin ; elles fouillaient avec une bnitale
avidity k» maisons el les coffires, les caves el jus-
qu'aux puits les plus profonds. Les mosqu&s el les
&oles furent d&ruites, des statues en grand nombre
furent bribes, des livres rares et pr^cieux furent d£~
chirks ou brtl& ; partoot on ne voyait que meur-
tre, viol ou pillage '. Le troisteme jour, l'empereur fit
son etiiree dans la ville k la ttte des troupes alle-
mandes, auiquelles on ne permit que le pillage des
vivres ; il publia un ordre du jour qui mettait nn
terme aux devastations des vainqueurs, et punissait de
mort quiconque les continuerait. Le 1 CT aoAt, Charles
fit sortir Tarm^e de la ville et lui ordonna de re-
prendre sa premiere position dans le camp, au pied
de la Goletta, en face de la tour de 1'Eau. A chaque
pas 9 r&rm& foulait ata pieds les cadavres d'esclaves
qu'avaient tues les soldats , soit par 1'envie de s af-
franchir dune garde incommode, soit m£me par pure
barbaric On remarqaait dans le nombre les corps de
plusieurs femmes dont Tembonpoint etait si grand,
que leurs seins enormes descendaient jusqu'au bas du
ventre. Cet exc&s d obesite provient de l'usage qui
rigne sur les cdtes de Barbarie de nourrir les femmes
* Etrobius, daus Chalcondyle, p. 57*.
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254 HISTOIRE
avec du koukourouz ■. Comme les vivandiers met-
taient beaucoup de lenteur k op&er le transport de
leurs approvisionnemens sur les vaisseaux, on fit pro-
clamer que toutes les marchandises qui ne seraient
pas charg£es dans la soiree du lendemain seraient
abandonees. Mais les troupes italiennes et allemandes
qui conservaient un vif ressentiment d'avoir &6 ex-
clues dn pillage de Tunis , devanc6rent les d£lais ac-
cords , et d£s le matin se pr&ipit&rent sur les mar-
chandises dont le cfaargement pouvait encore avoir
lieu jusqu'au soir. L'empereur, pour arr&er les d£s-
ordres de ce pillage au sein m&ne de l'arm£e, seh&ta
de se rendre au fort de la Goletta \ Le 8 aoAt, des
commissaires , munis de pleins pouvoirs , signgrent
un traits d'alliance entre Charles-Quint et Moulei-Ha-
san 3 , document curieux qui atteste k quelle extr&nit£
d 'impuissance et d'humiliation ce dernier &ait des-
cendu. On y stipula la d&ivrance immediate de tous
les esclaves chr&iens de Tunis , la liberty de s£jour
dans la \ille pour tous les chr&iens et Texercice pu-
blic de leur religion; sur la demande du prince de
Tunis , on excepta de cette mesure les Arabes nou-
vellement convertis qui se trouvaient dans les pro-
vinces de Valence et de Grenade. Le Sultan s'obligeait
i Etrobius, dans Chalcondyle, p. 573 : Ut ubera illit ad coxendiees
usque propenderenu
• Etrobius, p. 5*j3.
3 Ce traits se trouve en entier dans Etrobius et en extrait dans Guaxso.
Ce dernier commet une grave erreur, en disant qu'il avait ete stipule une
somme de huit mille ducats pour Bone , et en outre l'abandon de la pecbe
du corail : l'original ne dit rien de tout cela.
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DE L'EMPIKE OTTOMAN. 255
a livrer a Charles-Quint les villes de Bone, Bizerte et
Afrikiy^ qui &aient encore au pouvoir de Khaireddin,
et Fempereur &ait pleinement confirm^ dans la pos-
session exclusive de la Goletta. En outre, Mould-
Hasan s'engageait k payer au vainqueur une somme de
douze mille ducats k titre de remboursement des frais
d'occupation de la Goletta, et chaque ann£e, la veille
de la Sainte-Anne, k livrer douze chevaux et douze
poulains de race maure en t£moignage de sa grati-
tude. A la premiere infraction aux clauses de ce traits,
Moulei-Hasan devait payer k l'empereur cinquante
mille ducats; k la seconde, cent mille, et la troisi&ne
entrainait de droit son expulsion du territoire et la
perte de son empire. Ces conventions f urent sign^es et
lues en langues arabe et espagnole. Moulei-Hasan en
jura I' execution fiddle par le Proph&e, par le Koran
et par son sabre qu'il tira en partie du fourreau;
l'empereur, apr&s avoir bais£ sa propre main sur la-
quelle 6tait &endue un pan de son manteau orn6 d une
croix, jura, sur ce signe r6v&6, la stricte observation
de toutes les clauses du trait6. Alors le Sultan prit
cong6 de Tempereur en lui r£it£rant ses protestations
de soumission et de reconnaissance. Apr&s avoir laisse
k Tunis mille Espagnols sous les ordres de Bernard
Mendoza, pour occuper la Goletta, et dix navires k
longue quille, sous le commandement du neveu de
Doria, Charles-Quint s'embarqua le 17 aoAt, et quitta
les cdtes de Barbarie. Pendant que ces 6v£nemens s'ac-
complissaient k l'ouest de l'empire ottoman , Soulei-
man et Ibrahim s'&aient empar£s de Tebriz et com-
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*W HISTOIRE
mandaient en vainqueurs dans le palais du schah de
Perse. Deux fois Charles-Quint avait triomph£ de la
puissance ottomane : lors du si£ge de Guns , il avait
vu Souleiman fuir devant ltn et &vacuer la Styrie sans
oser l'attendre , et il venait d'expulser de Tunis Khair-
eddin-Barberousse, le premier homme de mer des
Ottomans. La conqufite de Tunis fut l'apog£e de la
gloire militaire de Charles-Quint ; ce brillant fait d'ar-
mes, la destruction dun pouvoir usurpateur et le
r&ablissement de Moulei-Hasan sur le tr6ne de ses
anc&res, l'immense service rendu k l'humanit£ en ar-
rachant k l'esclavage un si grand nombre de chr6-
tiens , entourirent son nom dune aureole de gloire,
digne du plus puissant prince de la chr&ient6; il la
merita surtout pour avoir pr£f£r6 aux int6r£ts de sa
politique les int£r6ts et l'honneur du nom Chretien.
Robertson ' remarque avec raison que ce grand prince
sut se preserver £galement et de l^goisme qui enfanta
«t de la petitesse qui dirigea les entreprises des sou*
verains de son £poque. Toutefois, l'historien, dont le
regard impartial se porte k la fois sur les deux expe-
ditions de Tunis et de Tebriz, ne peut cacher la pre-
ference qu'il accorde k la conduite d'Ibrahim sur pelle
de Charles-Quint : la volont£ ferme du grand-vizir
pr£serva, en l'absence du Sultan, Tebriz et Bagdad
des devastations et du pillage , tandis que la faiblesse
xle Tempereur laissa souiller son triomphe par la des-
truction de pr£ci$uses bibliothiques et par la mort
i Robertson, Hist, of Charles F t I. V.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. zfy
de trente mille victimes innocentes. Si, apr£s la chute
d'Ibrahim, le fanatisme religieux voulut &eindre le
souvenir des victoires du grand-vizir en d&ruisant
les trophies enleves du chateau d'Ofen et i\e\4s sur
l'Hippodrome, Tart est tenu en aide k l'histoire pour
perpetuer la m&noire du triomphe de Charles-Quint
k Tunis. Le peintre hollandais Jean Vermeyen, que
l'empereur avait emmen£ a sa suite , a reproduit les
batailles de cette campagne dans une s6rie de six grands
tableaux qu'on admire encore de nos jours dans le
Belv£der, l'ancien palais du prince Eugene , oii sont
rassembfcs les trophies conquis sur les Turcs [xxii].
T. V. 17
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LIVRE XXIX.
Mort 4c plusicurs savans turcs. — Guerre avec Venise. — Siege de Corfou,
— Defaite de Katzianer. — Conqu&e de plusieurs ties dans l'Archipel.
—Expeditions simtiltanees en If oldavie, dans l'Archipel et dans la mer des
Into* — Mori du grand-vjzuv ~» Qiicofftsioji des princes. — ?erte* el
prises reciproques de chateaux-frontieres entre les Turcs et les V&itpeM*.
— Conqu&te de Castel-Nuovo et paix avec Venise.
La campagne de Perse , la sixi&me qute Souleiman
conduisit en personne , fat suivie , a un an de dis-
tance, de deux expeditions , Tune contre Venise, Tau-
tre contre la Valachie. L'annee qui s'ecoula entre le
retour du Sultan h Constantinople et son depart pour
Valona fut marquee par la perte de Tunis, et la mort
du moufti Kemalpaschazad£ , avec lequel , pour nous
servir de l'expression d'un historien arabe, la science
de ce monde descendit au tombeau (1536) '. Les
fonctions de moufti , les plus hautes de la legisla-
ture , furent conf£r£es & Sidi Tschelebi, savant non
moins renomm£ pour sa m&noire extraordinaire, que
pour ses gloses marginales sur le meilleur commen-
' Hadji-Khalfa, Tables chronologiques. Almosnino, f. 136. Genciay ca~
pacidad del mofti Quiamel Baxa Ogli, y obras que escribio
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HISTOIKE DE L'EMPIRE OITOMAN. 2%
lauredqKorw \ Vers le m&ne temps, moumrent fces
deux poetes Ghazali et Isbak Tschelebi. Le premier
6teit connu sous le nom de Deli Burader, le frtre fou*,
le second £tait un des trois savans que S£lim 1" avait
uppers pr&s de lui lore de la campagne d'Egypfce,
dans rintention d'occuper les longs loisirs d^la mar-
che par des conversations instructives, mais qui ayant
m^rite par leurs maladresses et leurs inconvenances
d'&re condamn& a la bastonnade, puis a lamort,
&bapp£r&Ht cependant h la sentence prononc^e contra
eux, gr&ce au respect du Sultan pour les sciences.
Ishak Tschelebi aflfectait de ne jamais porter de tur-
ban, ni chez lui, ni dehors; il n'avait que des paroles
sales a la bonche, et conserva jusque dans sa vieil-
lesse une inftme passion qui nest pas rare chez les
Turcs; il renonga k l'ivrognerie dans ses derniires
ann£es,mais jamais k sa haine contre les femroes. Tou-
jour* les pieds nus et la t6te d£couverte, il courak
dans les rues apr& les jeunes gargons, et dans ses yens
apr&s de mordantes saillies \ Deli Burader, l'Ar&in
des Tyres, s'est acquis le renom dun homme k la fois
plus habile et plus corrompu , par l'etranget^ <k sa
vie et son recueil licencieux intitule : Chas&ant les
much, ouvrage frappe de la reprobation de toys les
Musulmans honn&es. C'&ait un des joy eu* convives
du prince Korkoud, frfere de S£lim I w . Un jour Kor-
> Le Schahcakoun-namaniyet de Taschkospriiade. SAdi Tschelebi ecrivit
des gloses marginalet sur le Commentaire de BeidhawL
* Latifi, Biographic des Poetes turcs, p, 96. A&ehik Hasan Tftchelebt,
Hasan Tschelebi, Kinaliade.
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*6o I1ISTOIRE
koud, bless£ dune trop grande liberty que s'etait per"-
mise le poete, ordonna de ltd trancher la t6te. Deli
Burader eut la presence d'esprit de repr&senter au
bourreau qu'il perdrait lui-m&ne la vie , s'il ex£cu-
tait une sentence rendue par le prince dans tin etat
<Tivrefee : « Ta t&e, lui dit-il, artistement empaill£e,
figurera convenablement demain a c6t£ de la mienne. »
Le kapidji-baschi intimid£ difltera r execution jusqu'au
jour suivant, et bieh lui en prit, car Korkoud, l'orgie
passee, declara que le kapidji-baschi eAt et^ mis k mort
s'il eAt ob& \ Lprsque Korkoud passa en Egypte,
Deli Burader se retira a Brousa en quality de scheikh
du couveht deGeiklubaba a (p&re des cerfs); puis il
alia professer k Siwrihissar et a Akschehr, ou il se
fit une terrible reputation par ses £pigrammes et ses
satires. II ne fournit pas la carrtere ordinaire du pro-
fessorat ; et bien que l'ayant abandonn£e avant le
terme present, il obtint, a Constantinople ou il s'&ait
rendu, une pension mensuelle de mille aspres, pro-
bablement par Influence de son protecteur, le def-
terdar Iskender Tschelebi ; il regut £galement des
vizirs plusieurs sommes considerables pour diverses
constructions. C'est ainsi qu il fit b&tir, sur la rive
europ^enne du Bosphore , une mosquee , une cellule
et des bains; ce dernier &ablissement se recomman-
dait tellement aux passions voluptueuses des Turcs
par les raffinemens de plaisir que Ddi Burader y
i Biographic ties Poetes turcs, de Lalifi et d'Aschik Hasan r traduction
de Chibert, p. a43.
a Ibid., 1. c, Kinalizade , Belighi Brousa , Baldursade.
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DE L'EMPIKE OTTOMAN. 261
a vait imagines, et par la beaut6 des jeunes gargons
qui les desservaient, que la ville s'y portait en masse.
Ibrahim ayant fait raser cet Edifice dans l'int£r£t de
la morale publique [1], Deli Burader partit pouc 1\A-
rabie ou il fonda de nouveau des bains, une mosqu£e
et une cellule, et d'oii il £crivait des lettres satiriques
a Constantinople [11]. Un jour qu'il avait r£uni quel-
ques convives dans son jardin, il s ecria tout-i-coup :
k Mes amis, notre societe touche k sa fin; l'£chanson
de la mort me pr&ente le verre ; » et , aprfe ces pa-
roles, il expira.
, La plus solide garantie de la paix qui avait dure
trente-cinq ans entre Venise et la Porte, &ait tomb£e
avec Ibrahim; n6 sujet de la r£publique, il en &ait
devenu le protecteur, et professait une grande amitte
pour le fils du doge, Aloisio Gritti, r6cemment.assas-
sin6 en Transylvanie. Le successeur dlbrahitn, FA1-
hanais Ayaz-Pascha, pr£c£demment aga des janis-
saires, puis second vizir, homme droit et gen&reux,
veillait avec sollicitude au mainrien des relations d'a-
mitte qui existaient entre les deux puissances ' ^ mais
ses intentions pacifiques £taient contrebalancees par les
dispositions belliqueuses de Khaireddin-Barberousse,
qui , esperant gloire et butin dune guerre maritime,
s'efforgait de presenter les moindres mouvemens des
V&ritiens sur mer comme de veritables actes d'hos-
tilite \ Depuis quelques annees, Venise avait donne
» Partita, ffist. Venetian a, I. VIII, p. 571. Venise, 160 5. Sagralo,
Mcmoric istorichc, U V, p. ^37. Venise, 1688.
2 Storia di Guazza, p. 199. I'aiula, Sagredo,
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262 HISTOIRE
aux Ottomans plurieui* pr&extes de guerre : pendant le
s&ge de Koron, le prov&liteur Girolamo Candle, com-
mandant les forces maritimes de, la r^publique & Can-
die, avait attaqu£ l'escadre d'un des plus citebres cor-
saires musulmans de cette £poque, connu sous le nom
du Jeune Maure d' Alexandria lui avait pris son vais-
seau-amiral , quatre galores, et en avait coul£ bas deui
autres; cet engagement avait cotitd la vie k trois cents
janissaires et k mille esclaves. Le Jeune Maure , saigtiant
de huit blessures, s'&ait jet6 k la mer ; mais il en avait
&6 retir6 par les V&iitiens , qui , apr£s avoir r6ussi k
le gu&rir, le renvoy£rent sur la c6te d'Afrique aveC les
gal&res captures, afin de ne donner k Souleimart au-
cun sujet de rupture. Vers la m&ne epoque , deui
navires ottomans efctr6s dans des ports v&iitiens pour
y charger du bl6 , ayant &6 confisqu^s par la r£pu-
blique, le doge fit partir pour Constantinople le secre-
taire de la Pregadi, Daniele di Federici z , avec la mis-
sion d'excuser cette mesure, comme n'ayant &6 qu'une
m£prise; Tinfluence d'Ibrahim, qui 6tait encore aui
affaires, leva toute difficulty et cet incident h'eut pas
de suite [m]. Apr&s la campagne de Perse et pendant
les negotiations activement conduites k Constantinople
par l'ambassadeur frangais Lafor6t , et le Ragusain
Don Serafino di Gozi [it], Souleiman envoya pour la
quatri&me fois l'interpr&e de la Porte k Venise; You-
nisbeg devait exhorter le s&iat k veiller plus strict^
ment a l'ex^cution des trait£s , et k se liguer avec
i Partita, I. VII, p. 543. Sagredo, I. IV, p. ao3.
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DE L'EMPIKE OTTOMAN. 263
Francois I er contre Charles-Quint [v] ; fl avjot ordre
d'insinuer qu'une armfe et line flotte ottomanes latent
pr&es k appuyer les demandes de la Porte. Venise ,
qui tenait autant k maintenir sa neutrality entre Fran-
cois I" et Charles-Quint que ses relations d'amitte avec
Souleiman, combla l'ambassadeur d'£gards, et le con-
g&lia en protestant de ses intentions pacifiques; mais
elle 61uda la proposition qui lui fut faite d'entrer dans
la ligue projet^e contre la maison d'Autriche. Cette
r£ponse lui avait &6 dict£e par l'espoir que le Sultan,
plus puissant sur terre que sur nier, aimerait mieux
toqrner ses armes contre la Hongrie qu'entreprendre
une guerre dans l'Adriatique* En m&ne temps, la r6-
publique donna ordre k Tomaso Mocenigo de se ren-
dre sans d£lai k Constantinople pour presenter k Sou-
leiman les felicitations du doge sur l'heureuse issue
de la campagne de Perse, et se plaindre de la confis-
cation de plusieurs navires v£nitiens, de r Elevation
des droits sur les importations de Venise en Syrie ,
de rinterceptation des lettres du baile , et de plusieurs
autres infractions aux trails x . Ayaz-Pascha, qui vou-
lait sinc£rement la continuation de la bonne intelli-
gence qui regnait depuis si long-temps entre Venise et
Constantinople, excusa les mesures contre lesquelles
r£clamait Mocenigo , et promit d'y remidier. Ces as-
surances ne contribu&rent pas peu a faire nourrir au
senat l'illusoire espfrance que les immenses pr£para-
tifs qui se faisaient dans les ports ottomans &aient des-
tines contre Tunis ou Naples a .
» Paruta, 1. VIII, p. 5 7 3. — « Ibid., p. 574.
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»Gi HISTOIRE
D6s \e mois de mai 1537 ', Souleiman, suivi de ses
deux fils , Mohammed et S£lim , partit de Constan-
tinople, k la tfite de son arm£e, pour Valona. la flotte,
sous les ordres de Khaireddin-Barberousse, fit voile
en mfeme temps vers l'Adriatique a . Apr£s la perte
de Tunis, Barberousse s'etait rendu k Alger, d'ou il
avait appareilte, avec vingt-sept gal&res, pour les iles
de Mayorque et de Minorque ; il avait pilte Mahon ,
puis s'&ait rapidement report^ sur les c6tes d'Afrique
avec cinq mille sept cents prisonniers , avait occupe
Biserta, chemin faisant, et &ait enfin retourn6 a Con-
stantinople [vi], oule Sultan, avant son depart, lui avait
ordonn6 de reprendre la mer, et lui avait corifSr^ la
dignity de kapitan-pascha a . L'amiral de Charles-Quint,
Andrea Doria, prince de Melfi, £tait alors h Tancre
dans le port de Messine ; il n'en sortit que le 1 7 juillet,
lorsqu'il eut appris l'approche de la flotte ennemie. In-
form^ que dix vaisseaux ottomans riehement charges
venaient de quitter le port d'Alexandrie, il leur donna
la chasse, les prit , sans £prouver grande resistance,
et les livra aux flammes. Le 22 juillet, Doria rencontra,
k la hauteur de Tile de Paxo, douze galores turques
commandoes par Ali Tschelebi, kiaya du sandjakbeg
de Gallipoli, et les attaqua une heure avant le lever
du soleil. II se tenait debout sur le banc de sa gal&re,
rev6tu dun pourpoint cramoisi , une ^pee nue k la
i Journal de Souleimau. Ferdi, t» a56-a63. II faut lire dans Parula,
1. VIII, p. 577 : Solirnano dunque il quale partita net principio del mese
di Maggio t et non Marzo.
9 Ferdi, f. ztf. ~ 3 lbid. t f. a5o.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. aG3
main ; autour de lui &aient ranges plusieurs nobles en
habits blancs. Le combat fut des plus acharnes et dura
une heure et demie ; pas unhomme des Equipages turcs
n'6chappa a la mort ; Doria lui-m6me fut bless£ au
genou. Ayant appris que Barberousse le poursuivait
a^ec une flotte de cent navires, il se retira devant des
forces aussi sup6rieures, et rentra k Messine avec les
douze galores qu'il avait prises , . Khaireddin-Barbe-
rousse, accompagn6 de Loutfi-Pascha, se dirigea vers
les c6tes de la Pouille, car son ambition et celle de Sou*
leiman &aient de renouveler en ce pays les conqu&es
de Mohammed II. Huit mille cavaliers, des fantassins
en nombre encore plus considerable, et une formidable
artillerie de stege , furent d£barqu£s sur la plage de
Castro, pr 6s d'Otranto. Le trattre Pignatelli saccagea
lui-m&ne sa patrie k la t&te de la cavalerie turque, et
ce fut lui qui persuada k la garnison de Castro de se
rendre \ Ugento et d'autres chateaux-forts firent aussi
leur soumission, confians dans la parole que Tennenn
leur donna, mais qu'il ne tint point. Pendant un inois,
les Turcs ne cessment de ravager Ces belles contrees,
et, k leur depart , ils en emmenferent plus de dix mille
habitans en esclavage 3 . Des cdtes de l'ltalie , Khalr-
eddin alia k Prevesa, pour punir les Albanais de re-
i Storia di Guaszo, p, 197. Caroli Sigonii, de Vila Andrea Juria*,
p. 64.
» Storia di Gumsso, f. 197. Doria* s Begebenheiten in Gcebels Beilrmgeu
xur Geschichte Carts F t p. 45. Partita, p. 60 3. Hadji-Khalfo, Histoire des
Guerres maritime*, f. 2a. Ferdi, f. 246 et a63.
3 Storia di Guaszo, p. 198.
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306 HISTOIRE
oentcB agressions *. Cependant la guerre n'avait pas
encore &6 d&larde & la r£publique } et Younisbeg
pariit pour la timjuteme fois & Venise, charge de faire
des reclamations au eujet de la prise dun navire turc
|>ar le Dalmate Nassi de Zara, et de la croisi&re dqne
fldtte v&iitienne sous les ordres de J£r6me Pesaro
dans les eaux de Corfou. Malheureusement quatre ga-
lores de la Seigneurie avaient donn6 la chasse, dans
le canal de Corfou, aux trOis galtees d' Younisbeg,
qui, vivement presses f &aient allies tahouer pr& de
File de Gmera ; les habitans avaient maltrait£ les nan-
£rag&* et ne les avaient relftch& qti'aprta avoir ap-
pris le rang d' Younisbeg *. Le baile Orsini demanda,
au nom du Sultan irrit6 de cette violation dn droit
des gens, la punition de limprudent qui avait rompu
la paix. Le s&iat fit mettre en prison le corate Gra-
denico qui avait donn£ la chasse aux galdres d' Yon-
nisbeg, et ojdonna au prov6diteur Conferral, qui
s'&ait empar6 dun navire turc, de comparattre de-
vant le tribunal des Avogadori 3 . Mais avant que Id
colore du Sultan dftt pu 6tre d&arm£e par cette aatis-
faction, Doria sut lexciter encore, en Icrivant k 36-
r6me Pesaro unelettre congiie def mani&re k laisser sup-
v Doria (Goebel, p. 46) comroet une grande erreur en disant que Khai-
reddin avait ete* depose pendant quelque temps de la place de kapitan-
pascha, et qu'il avait eu pour successeur Loutfi-Pascha; Khaireddin garda
cette dignit6 jusqu'a sa mort. Voyez Hutoire des Guerm maritime* et les
Tablet chronologizes de Hadji-Khatffc.
» Paruta, 1. VIII, 5g6, le 1$ jmiHet. Guazzo, f. 196.
3 Partita, 1. VIII, p. 60a.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 3.67
poser une secrete intelligence eiitre em, et en ayant
soin de la faire intercepter d*ns FAdriatique par left
Ttircs; le manage de Doria arvait pour but de forcer
les Venitiens k feortir de leur neutrality en ajouUnt des
griefs factices k ceui qu avait d£jk coritre eux le Sul-
tan. Barberousse , qui n'avait pu oublier la capture
des douze galores par la flotte impfriale, poussait de
son cdt6 Souleiman k la guerre. L'arm& d'exp^ctition
qui ravageait la Pouille, sans oser rien entreprendre
stir Otranto ni Rrirtdi»i, fut rappe»l£e, et la conqu&e
de Corfou r£solue z .
Corfou, grande tie shufe tomme un avant-poste k
r entree du golfe de Venise, a cent vingt milles de cir-
cuit et s'&end de Test k 1'ouest, en forme de demi-
lune ou de faucille, ce qui lui avait valu dans l'antiquit6
le nom de Drepahon (la fouciUe); elle etait appelee
au9« Schera (la rocailleuse) j Pheacia, de seg habi-
tans les Ph6aciens , cetebres par leur amour pour la
musique et les festins* et enfin Corcyrd*, do6 derive
son nom actuel de Corfou. L'auteur de l'Hiade nous
a fait connattre l'aveugle et ditin chanteur Demo-
docos , qui charmait avec sa lyre les Ph^aciens dans
les magnifiqnes jardins du roi Alcinoiis 3 , Geltd qui
avec Thucydide est entr6 dans les secrets de la guerre
du P61opon&e et a &udi6 dans le caractere politique
des Grecs d'alors celui des Grecs d'aujourd'hui , sait
1 Partita, I. VIII, 6o3.
* Voyea sur le nom Corey r a Wachter, et Stellioi dans ses notes des
Ulustrazioni Corciresi, par Andrea Mustoxidi, Milan, 1811. 1, p. a4»
3 Odyssee, chant VIII.
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*G8 HISTOIRE
que la rivalit£ de Corinthe et d'Ath&nes eut pouf
objet la possession de Corcyre , et que celte rivalit^
amena la guerre de vingt - sept ans dans laquelle fiit
verse le sang le plus pur de la Gr6ce, les batailles na-
vales de Sybote et de Patras, les sieges de Platte et
de Potictee, de Chalcidice et de Mitytene, le barbare
massacre des prisonniers de Mitytene et de Platee l ,
le meurtre des g£n£raux Nicias et Demosthenes a , le
combat d'AEgospotamos 3 , et enfin la supr&natie de
Lac6domone sur Ath£nes. Apr&s l'extinction de la li-
berie grecque, Corcyre eut k subir la domination des
Barbares; par la suite, Farrogancede la reine d'Dly-
rie, Teuta, attira sur Tile la colore et les armes de
Rome. L'allte des Carthaginois , Philippe de Mac£-
doine, essay a, mais vainement, d'enlever aux Romains
leur nouVelle conqu&e. Corcyre fut le th&tre de la
guerre entre Rome et Pers6e, et fut illustr^e par les
actions ou la presence de plusieurs Romains d'un
grand nom. Marcus Terentius Varro sauva k Corcyre,
par sa pr^voyante activity, l'&juipage de Tescadre
romaine qu'il devait conduire contre les pirates de
rAdriatique ., sous le commandement superieur de
Pomp^e 4 . Caton d'Utique, k son retour de Chypre,
perdit a Corcyre, dans Tincendie de ses tentes, les
registres de son administration; accident qui servit k
faire briller davantage la confiance du s6nat en sa pro-
Thucydide, IV, 3a, 68, 8£. — > Ibid., VII, 86.
i Xenophon, Hist. Grmca Olyimp., XCHI, an, 3 et 4*
4 Varro, de He rusiicd, 1. I, 4. Plutarque, Vie de Pompe'c,
3
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DE V EMPIRE OTTOMAN. ±6g
bite l . Cic6ron , dans son voyage de Rome en Cilicie
et de Cilicie k Rome, rel&cha sept jours a Corcyre et
sept autres jours k Cassope a . Pendant la guerre civile
entre C6sar et Pompee, Marcus Bibulus Vint mouiller
dans la rade de Corcyre pour observer les mouve-
mens du vainqueur des Gaules avec une flotte de cent
dix navires. Caton rassembla dans File les restes des
cohortes vaincues k la bataille de Pharsale et les s£na-
teurs fugitifs; c'est encore de Ik que Domitius AEno-
barbus surveilla la mer Ionienne apr&s la bataille de
Philippcs. Tibulle y tomba malade de la fifevre 3 , et
Agrippine sy arr&a quelque tamps avec ses enfans
et les cendres de Germanicus 4 . Les Normands, sous
Boh&nond, fils de Robert, et sous Roger I", roi de
Sicile, enlev&rent deux fois Corcyre aux Byzantins 5 .
Lots du partage de r empire de Constantinople entre
les Latins , 1'ile &hut aux Venitiens , qui au com-
mencement du treizteme si&cle, sous radministration
du doge Ziano, la donn&rent en fief k des families
nobles [vn] . Plus tard , Corcyre passa de la domination
des rois de Naples a celle de Venise, et le doge An-
tonio Veaier lui assura, vers la fin du quatorz&me
siecle, de nouveaux privities.
Un mois aprta la chasse donn^e aux gal&res d' You-
« Plutarque, Vie de Caton.
* Citron, Ep. ad FamiL, 1. Ill, 5 et 6; XVI, a et 9; ad Ml., V,
9 et a.
3 Alb. Tib., £le$ie IU. — 4 Tacitus, Ann. , 1. VIH.
5 Mustoxidi, Jlhuirasioni Corciresi, II, p. i5i et i55. D'apres Dandt?
Chron. Rom u aid, Chron, Face!. 1st. Sicul. Tec. II, 1. VII.
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270 U1STOIKE
ofebeg par Gradenico, Souleimanenvoya kKhafreddiB-
Barberousse, de ses campemens de Valona fviii],
lordre de mettre k la voile poor Corfou; en conse-
quence, la flotte ottomane appareilla pour File, et y
dlbarqua le corps darmee de Loutfi-Pascha , fort de
viogt-cinq mille hommes et de trente canons (25 ao&t).
L'arm£e des Turcs fat imm&liatement signage par
to sac de Potamo, k trois milles seulement de la for-
teresse '. Quatre jours plus tard abord£rent dans File
les vizirs Ayaz-Pascha et Moustafc-Pascha, le beg-
lerbeg de Roumilie, l'aga des janissaires, laga des
akiodps, avecun corps de vingt-tinq mille homines;
pendant trois jours et trois nuks, Us ne cessment de
ravager le pays •.
Cependant les V&ritiens renfermfa dans Corfou ne
rtstaient pas inactife; de nombreuses pieces d'artil-
lerie furent hissees sur les bastions , des barricades
&ev£es dans la ville avec des poutres et des abattfe
d'arbres. Le i" septembre, les asitegeans braqu&rent
sur le rocher de Malipiero, k un mille de la forteresse,
un canon d'un calibre de cinquante livres; en trois
jours cetfce piece ne lan$a que dix-neof boulets, dont
cinq seulement atteignirent leur but; les autres volant
par^dessus la ville tombaient au-de& dans la mer 3 .
Le 2 septembre, Souleiman dressa ses tentes k Bastia
sur le continent en face de Corfou, et le grand- vizir
Ayaz-Pascha et Khaireddin epvoyifcreat de Jews ga-
■ Marmon, Bitton* di Cprfu. Vepepia, 1679* p. *5#-*4*» -w » /*•*•
j>. 3ox.
3 Storia di Goauo, p. aoa.
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DE L'EMPIRB OTTOMAN. a 7 i
lAres , contre les fort* , quekpies boulets qui . ma)
dirigfo , alldrent mourir sur la rive orientate de llle
pr£s de Gardpchio ' . Un orage terrible suspendit le*
travaux de l'arm6e de piige , mais n'emptoha pa*
Ayax-Pascha de s'avancer, au milieu de la writ, jus-
qu'au bord du fbss6 de la vttle pour reooonattre ]e$
fortifications. Sur le rapport d'Ayaz, le Sultan fit som-
mer le commandant de se rendre, par un marchand
de Corfou, prig quelques jours anpararvanf avec eon
navire. II s'engagea & respecter la vie et les biens dfs
ass}4g&, et donna l'assurance que les chefs turcs qui,
dans Texp^dition de la Pouille, avaient viote les capi-
tulations signies et emmen6 les habitans en esclavage,
avaient &6 punis de mort , et que les prisonniers avaient
&£ renvois dans leur patrie. Les prov&fiteurs ne
firent pas de r^ponse k la depngnde de Souleiman m .
L'artillerie des assies, sous le commandement d f A*
lessandio Tron, fat mi$ux dirig^e que celle des Otto*-
mans : deux galtoes farent eoutees k fond, et quatre
homines tu6s dans les fosses d'un seul boulet K Ce
dernier effet produit pqr un seul coup'de eaqpn, et
alors repute prodigieux eu £gard a l'&at de Tartillerie,
determina le Sultan , s'il faut en croire les historiens
ottomans, a lever le stege, parce que, disait-il, la mort
d'un seul musulman ne saurait 6tre compens& par la
i C'est de oe jour que le Jommml date U resolution prise per le Sultan
de retourner a Constantinople. Loutfi-Pascha ne dit ajne pen de mots eur ce
siege dont il avait k direction en qualite de serdar.
* Aorta di Guasxo, f. »*3. — - 3 Ibid,
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*7* HISTG1RE
prise de mille forteresses * . Le palais de Brami, le vil-
lage de Potamo, le rocher de Malipiero &aient occup£s
par les Turcs qui y avaient &abli leurs pastes priiid-
paux. Souleiman atlaqua & quatre reprises diffi&renteg
le fort S.-Angelo , situ6 sur une raontagne pr£s du
cap Otranto , et mieux fortifi^ encore que la capitale
de Tile. 2 . La resistance invincible rencontr^e par le
Sultan lui fit resoudre son depart. Le 7 septembre,
les troupes commene£rent k s'embarqtier , et huit jours
apr6s Tile etait d&ivr£e de la presence des Turcs;
mais ils se veng&rent de leur 6chec devant Corfou par
rincendie de Butrinto et la conqu&e de Paxo 3 .
Six seraaines plus tard, Souleiman faisait son entree
h Constantinople (1 er novembre). Avant Touverturede
cette campagne qui repondait a peu a cequ'elle$V9it
promis, Khosrewbeg, gouverneur de Bosnie, et M$H-
sad , vo&vode de Verbozen 4 „ avaieot fait des entre-
prises plus heureuses contre plusieurs ch&teaux-forts
de Dalmatie. Apr& plusieurs expeditions couronii&s
d'un plein succes, Khosrew et Mourad mirent le si«6ge
devaijt le chateau de Klis 5 , qui, sitjad sur uo roc inac-
i Ali, xxx ve recif, f. a 49. D'apres lui, Petschewi raconte a cette occa-
sion qu'au siege de Warasdin, en 1590 (1007'de l'hegire), par Mohammed
Satottrdji-Pascha, tin bonlet arait fracass6 les jambes de huit soldats tuns
afignes surle meme rang, et que cinq d'entre eux etaient morts des suites
de leurs blessures.
* Storiadi Guazzo, p. ao3.
3 Marmora, p. a 10. Paruta, Storia Vena., 1. VIII, p. 61 3.
4 Petschewi , p* 65. Les historiens hongrois appellant Albourad sandjak
d« Yerbosen: Schimck, p. 217.
*> Petschewi, f. 65. DjekUade, f. igS. Solaksade, f. 11 a. Ali, f. »49«
Istuanfi, I XIII. Catona, XX, p. u>4*. Ferdi, f. 254.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. * 7 5
cessable , avail jadis servi de retraite au roi Beia el a
ses enfans lor* de. l'invteion de la Hongrie par leg
Tatares. lis Great oonstrcdre deux forts pour couper
toutsecoure h ce ch&teau, et forcer ainsi par la femme
la garrison k se rendre x . Pierre Crussrich, qui accoo-
rut pour d&ivrer Kl» k la t£te de cinq mille homines,
fut compl&ement battu; un trfts- petit nombre de sea
soldats pot trouver son salut dans la ftiite. Le com-
mandant de Klia, & la vue de la ttte sanglatite de Crus-
rich que tea Tares avaient mise au bout d'ujie pique ,
per dit tout espoir de delivrance, et fit sa soumission \
Mourad prit successivement les chateaux de Bozko,
Beririo et Gbrovaa [n]. D'un autre cdt6, Khosrew-
beg, gouverneur de Bosnie, et Mohammed-Pascha
Yahyaoghli, malgr6 la paix signee entre la Porte et
Ferdinand, rivalisaient entire eux d'attaques contre la
Hongrie. Ferdinand , afin d'arr&ei? ces incursions ,
rassembla& Kaproncza, sur la rive droite dela Drave,
une armle forte de seize mille fantassins et de huit
mille cavaliers; ces derniers, presque tous hussar ds,
&aient sous les ordres de Louis Pekry, Paul Bakics,
et da chef de brigands ,. Ladislas More , qui venait
d'6tre grade. On remarquait parodies autres chefs,
le Boheme Aubert Sehlick, lAutrichien Jules comfte
de Hardek, le Styrien Jean Ungnad, le Garynthien
Erasme Mager, le Tyrolien Louis comte de Lodron, et
Katzianer de la Carniole, g£n£ral en chef de Farmta 3 .
i Petschewi, f. 65. DjeUlaadl, f. 195. Soltkzade, f. na. Aii, f. 249.
Istuanfi dansCatona,XX,p. 104a. Storia diGtmso, L ao8. Ferdi, f. a54.
» Istuanfi, 1. XIII. — 3 Istuanfi dans Catona, XX, p, 1045.
t. v, 1 3
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2 7 4 HlSTOlKE
Dfe que le gouverneur de Semendra, Yabyaoghli Ma-
hammed-Pascha , eut appris que Farmfe hongroise s'£-
tait concentr& k Kaproncza, il d£p6cha des courriers
k son frfcre Ahmedbeg d'Aladjahissar, a Khosrewbeg,
gouverneur de Bosnie, k Dj&fer, beg de Zwornik, et
au votevode Mourad, pour les presser d'accourir au-
prfes de lui k Vucovar * . Cependant rarm<6e de Kat-
ziaoer suivie d'un pare dartillerie de quarante-neuf
pieces, dont huit de gros calibre a , avait pass£ la Ka-
raschitza pr& deValpo, et s'&ait avanc& jusquesous
les murs d'Essek , dont elle devait former le stege ;
mais htfrcetee sans cesse par Mohammedbeg, ella dut
se borner k se tenir sur la defensive. Des nu&s da Va-
laques, Boh&niens, Tschaikistes, Nassadistes(matelots
du Danube), Martoloses (soldats de Servie, gardiens
des frontieres) 3 ; fondirent sur les abords du camp
des Hongrois, k qui ils enlev&rent les chevaux et les
boeufs de leur artillerie , et coup&rent les vivres et les
munitions; le camp fut bloqu£ de si pr&, qu'aucun
soldat nosait franchir les lignes des retranchemens.
L'espoir de trouver des provisions k Erdoed d£ter-
mina Katzianer a battre en retraite; mais au passage
de la Vouka, le pont se rompit sous les gros canons
qui s'abim&rent dans les flots. Forc6 d'abandonner
son artillerie de stege 4 , Katzianer lia ensemble par des
chatnes ses pieces de campagne et ses chariots, et les
i Petschewi, f. 69.
a Petschewi , f. 69 , appelle les gros canons bafyemez , e'est-a-dire ceux
qui ne man gent pas de miil,
3 Petschewi, 1. c, et IstnanE. — 4 Ibid.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. a 7 5
disposa sur deux rangs, entre lesquels son arm£e mar-
chait corame entre deux remparts mobiles. A Deako-
var, il rencontra Yahyaoghli et le conqufrant deKlis,
Mouradbeg , k la tete de l'&ite de leurs martoloses.
Cependant l'atrn£e chr&ierine fraiichit la cr&e 61ev£e
da mont Vertizo par une neige battante ; mais en arri-
vant dans le {Jays plat, elle trouva la cavalerie turque
qui 1'attendak au passage \ Le samedi , 1 er d&embre
1537, tes cavaliers des deux partis en vinrent aux
mains, et dans ce premier engagement, Paul Baltics,
qui s'&ait acquis tant de gloire dans la defense de
Vienrie et deGiins, «t qui dans les environs de Neu-
stadt avaitan&nti le corps de K&simbeg, tomba avec
ses plus braves eompagnong sous une gr6Ie de balles.
Le son? de ce m&ne jour, Katzianer campa dans la
plaine qui 's'&end entre Goria et Schirokdp6ly6 ; il
n'avait* k cboisir qu'entre dfeux issues, luiie qui con-
duisait par Kadika a Valpo, k travers uneibr& longue
de trois lieues, t'autre qui, laissant Goria sur la gauche,
aboutfesaitau chateau-tort der Sainte-EKsabeth , ap-
partefiaiit ail ebef de brigands gracfe, Ladislas More.
Le general en chef convoqua un conseH de guerre
pour aviser aux moyens de sortir de la position cri-
tique oiise trouvait Fannie : on d£cida, aprfes de Ion-
goes discussions, que fe retraite serait continue par
Valpo ; mais Ladislas More partfr dans la unit pour
son ch&teau, et fut suivi par Jean Ungnad et I'dV&jue
Simon Erdoedy, cpii entrain&ent leurs troupes avec
1 Pesse), Sitgc de Vienna
18*
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276 H1ST0WE
eux; Louis Pekry eft Katziwer lui-m6me d&erterent
l&eheroeut le camp avaut le jour. Le comte de Lodron
se vit h son r^veil abandon^ par leg troupes de Hon*
grie, de Styrie e| de Caroiole; hien d&ermind k vain-
cre ou h roourir, il r&okrt de disputer pied a pied le
terrain aux Ottomans, avec les Tyroliens, les Autri-
cfaje&s, le* Carynthieua et les Boh^mes '. II parcourut
les rang* h cheval, exbortant sea troupes h faire leur
devoir en leur repr&entant la home dela fvfce, lors-
qu'un soWat lui cria : « Tu as beau parkr, Lodron;
avec tes six pieds U t'est plus facile defuir qu'i noup
ayec deux. » A ces wots, Lodron desceudii de chevaL,
perga de son 6p4e sou audacteux interlocuteur, et dit
fuir quoifu? hkw$. Sfeif. V&k u'^gata* la boucherie
que les Twws firo* fte ft^m^s que Lour chrf Albert
i fstuanfi, I. XIII; et d'apres lui, Engel et Fessler.
a Ibid,, ed. de Cologne, p. 116.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 277
Schlik aVait honteuieineM abandonnta dte le com-
mencement de raction. Lodron, gridvement bless£ k
1* tfteet* It ptitrine, fat repouss6 avec ses Tyrolien*
jusque sur les bords d tin dtarig ; mwi accute et Re
pouvant plus raster am ehftettris qui l'enveloppaient
de terns c6tfo, il se rendit avee trds bonn&re*, sur 1*
sommation de Mouradbeg de Kite, qui, brave hri-
iMme, savait estimer les braves. Les prisonniers furent
«nvoy& k Constantinople; mais Lodron dont left bles-
siires ne laissaient point d'espoir de gu&teon fiit tu<
per ses gardiens d'apr& les ordres de Mohartimedbeg.
Le camp et toute l'artillerie fbrent la proie des vain-
queurs. Parrai les cahofis tomb& au poutoir des Ot-
tomans, un surtout se faisait remarquer par sa lon-
gueur et son calibre; nous le verrons reparattre trente
atis plus tard au stege de Szigeth, et dans les detiritoes
guerres de la fin du seizi&ite Steele, sous le nom de
Katzianer \ Les t&es de Paul Bakies, de LodTOti et
de Mager furent envoy&s k Constantinople \ George
Taifel et Gebhard Belzer furent 6chang& par la suite
contre Mouradaga, fait prisbnnier dans un engage-
ment et retenu en captrvk£ par Thomas Nadasdy.
Les fuyards Pekry et Katzianer furent incarc£r& k
Vienne : le premier perdit la vue dans les cachots de
Grate et d'Inspruck, et n'en sortit qu'api& une cap-
tivity de sept ans; le second s'£chappa du fort de
Kostaniza, entama des negotiations avec Mohammed,
sandjakbeg de Bosnie, et ftit tu6 par Zrini qu'il avait
• Dans le Silaniki, Kotschian topi.
> Istuanfi, f. XIII, p. 216, Id* de Cologne.
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* 7 8 HISTOIRE
invito 4 urt festin, dans l'intention de l'enfrainer avec
liu dans sa Irahison \
Pendant que ces £v£nemens se passaient en Hongrie
et que Souleunan, m£content de Tissue de son entre-
prise sur Corfoii, quittait les c6tes de 1'Albanie et re-
lournait k Constantinople , la guerre n'en continuait
pas moins avec Venise par terre et par mer. Imme-
diatement apr&s la lev6e du stege de Corfou, le vizir
Kasim a , sandjak de Mor&, regut ordre de se rendre
sous les murs de Malvasia et de Napoli di Romania
pour en former le si£ge; apr&s la cession de Koron et
de Modon, ces deux places £taient seuks rest&s aux
V&utiens, conform&nent aa traits conclu entre la r6-
publique et Bayezid II. Le kapitan-pascha Khaireddin-
Barberousse, apr6s que le serasker Loutfi eut ramene
dans l'arsenal de Constantinople les deux tiers de la
flotte, parcourut l'Archipel avec soixante-dix galores
et trente galiotes , pour conqu&rir les lies qu'y pos-
s£daient encore les Venitiens. Plusieurs d'eotre elles
se rendirent h la premiere sommation , soit faute de
moyens de resistance, soit par la terreur qu'inspirait le
nom seul de Khaireddin-Barberousse. De ce nombre
furent : Syra ou Syros, vant£e par Homfere 3 pour ses
> Istuanfi. Petschewi, f. 70. La confirmation de la trabuon deKaUia*
ner par la bouche de l'historien ottoman doit faire taire toote espece de
doutes sur la reality de ce fait. On pardonnera plus facilement auz Ottomans,
tels que Djelahade , f. aoo; Solakzad6, f. 112; A.li , xxx\« recit, f. 247 ;
Loutfi, f. 83 et 84 , et Ferdi, f. 27a, d'ecrire Kotschian au lieu de Katzianer,
qu'a Istuanfi et a Cantemir (Soliman 7, n. i5) de transformer ce nom en
celui de Cozianus et de Cophan.
1 Paruta, p. 164. — 3 Homere, Odyssie, XV, 4oa.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 279
riches troupeaux de moutons, son vin et son bte, pa-
trie d'un des plus anciens philosophes de la Grece,
Perekydes, qui enseigna le premier l'immortalit£ de
Tame, et initia Pythagore k 1'anrienne philosophic
orientate ' ; Scyros oft Achille, cach£ par les semis de sa
mire sous des vttemens de femme parmi les esclaves
du roi Lycom£de, fut cependant reconnu par Ulysse,
et oA naquit Deidamia * qu Achille, pendant sa re-
trace, rendit mire de Pyrrhus; Jura, anciennement
Gyaru9 3 , petite lie de rochers, qui, sous les empereurs
romains, etait un lieu d'exil tr£s**mal fam6, et que Ju-
venal conseillait de m&iter par des crimes, k ceux qui
voulaient gagner de Finfluence en mettant k profit la
depravation des Romains; Pathmos, roc aride et sans
v£g&ation, oii r6vang$i8te fit son Apocalypse 4 , et
dont les ports nombreux servaient de refuge aux cor-
saires de TArchipel; Nio, appartenant k la familte
Pisani 5 , 1'ancienne Jos qui disputa a six autres villes
Thonneur d'etre la patrie d'Hom&re, et fit Sever un
mausotee au grand poete; Stampalia, possession des
Quirini, 1'ancienne Astypahea, appelee par. les Cariens
Pyrrha, puis Pylaea 6 ; enfin Egine, 1'ancienne CBnone,
la rivale d'Ath£nes par ses arts et sa marine, et & jamais
c&ibre par la bataille de Salamine, par son temple de
Jupiter , et par sa richesse qui ne cessa d'&re une
source de malheurs pour elle depuis ia domination
* Diogen. Laert. Suidas. Cicero, Quest. Tusc, 1. 1.
» Propertius. — J Juvenal, sat. I. — 4 Tourncfort, t. II, leltre Xv
— 5 Tournefort, 1. 1, lettrc VI.
6 Stepkanus Byzantinus, de Urbibus. 6c«v 0p*iri£a.
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28o HISTOWE
deft Greet juaqu'i idle deft Ottoman*. Cette tie fat
d'abord prise par left Athenians qui en massacr^rent
ettransplantirontleshabitans 1 , puis par le consul ro-
main Publius Sulpicius qui tratea presque toute Ja
population en esclavage, et enfin par Khaireddm-Bar-
berousse, qui en emmena six mille prisonniers \ Mais
l'amiral, ottoman trouva plus de resistance dans leg
iles de Paros, d'Antiparos, de Tin6 et de Naxos, re-
sistance qui nempAcha pas et ne fit qu'en ajourner la
conqu&e. Paros, c&£bre par son marbre, fut habitue
d'abord par les Cariens et les Ph£niciens, puis par les
Arcadiens et les Gr&ois; le chef de ces derniers lui
donna son premier nom qu'elle transmit ettenxi&ne
h ses colonies de la Proppntide et de Tile de Thasus
non loin des c6tes de Thrace 3 . Le gfographe byzanlin
Stephanus cite les six noms qu'avait eus successive-
ment cette ile avant celui de Paros 4 . D rapporte ^ga-
lement le proverbegrec : se coruhare en P<*nkn, c'est-
k-dire comme un homme perfide et sans fbi ; cette
reputation avait &6 acquire aux habitans de lile, paree
qu'assi£g& par Miltiade, ils n'obscrv&rent pas la pro-
messe qu'ils avaient faite de se rendre 5 , et refuatoent
de payer les cent talens que Miltiade arait stipules
pour prix de la Jev^e du s&ge. Th&nistocle leur imposa
> Thucydide, I, io5, 108; H, 27; IV, 57.
» Partita, 1. VIII, p. 616.
3 Mannert, Geographic, t. IX, p. 7$, d'apres Strabon el Stephanus.
4 Demetrias, Zacynthos, Hyria, Hyleessa, Minoas, Cabaraia,
$ Stephanus, de Urbibus. Herodote, VI, i3a. Cornelius Nepos, dans
Mihiade.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. a8i
plus lard mi tribute pendairt la guerre duP&opon&e,
] amiral Thyronine frappa de contributions led clas-
ses ilev&s de Tile et les soumit au parti de h rJtemo-
cratie 1 . Aprta avoir &6pQss6d&par tea Pttti&i&et
Mithridate, elk tomba de nouvew sous la datamation
d'Ath&nes, puis soys celle de Rome et de Byaance.
Plus tard alle fat incorporfe aux Etafts venitiens , et
6chut en parlage k la famille des Sommarira, ensirite
kceUe de* Craspo, et enfin & celle des Venieri, qui
avaient donne k Sagredo la survivance de leur pro-
pria. Sagredo dlfendit vaillamment ses futures pos-
sessions contre Khaireddin ; mais apr£s quekjues jours
de resistance , la poudre kri manquant , il dut se rendre
k discretion ; le vainqueur enratena en esclavage un
grand nombre d'habitans, parmi lesquels Sagredo lui-
m&ne \ L'ile de Tin6, l'antienne Tenos, appetee aussi
Hydrussa k cause de ses sources abondantes, s'&ait
d'abord soisnise aux armes ottomanea ; mais, secourue
par les Candiotes, die se revolts, chassa les Turcs, et
resta pendant deux cents ans sous la domination de
Veoise dont elle fut la dernifere possession dans l'Ar-
chipel.
De toutes les ties de lArchipel, Naxos fut la seule
qui signa avec Barbei-ousse un traits par lequel elle
se reconnaissait tributaire de la Porte, et s'engageait k
lui payor cinq mille ducats par an. Mais sa soumis-
sion ne put la racheter du pillage; bien que le due
Grispo e£t pay6 immediatement le tribut de la pre-
miere ann&, l'amiral ottoman enleva de Tile pr£s de
» Diodore, XIII, 48. — * Partita, p. 617. Sagredo, p. 247.
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a82 IU&TOIRE
vingt mille ducats tant en argent qu en marchandises '.
La reine des Cyc lades, Naxos, dont Dionyse devint
le maftre par son union avec Ariadne qu'avait aban-
donn£e Th£s£e, &endait sa domination d6s la plus
haute antiquity sur Paros, Andros et les autres iles qui
se groupent autoiir d'elle. Changeant successivement
de nom et d'habitans , elle fut d'abord appetee par
les Thraces Strongyle *, k cause de sa forme ronde;
puis, par les princes thessaliens, Dia; et enfin Naxos,
du nom du chef des Cariens qui plus tard furent rem-
plac£s par une colonic grecque. Les Grecs repous-
s&rent avec succes la premiere entreprise dirigte contre
eux par le gouverneur persan de Milet , Aristagoras ,
qui , k Finstigation de plusieurs £migr£s de Naxos ,
voulait leur reconquerir leur patrie ; mais lorsque la
flotte persane sous Datis ravagea les iles de la mer
Eg6e, Naxos ne put se soustraire au sort commun ; ses
temples furent d&ruits et ses habitans train£s en escla-
vage 3 . Se ressouvenant des maux de Finvasion per-
sane, Naxos envoya une flotte et une armeecombattre
pour la liberte de la Gr6ce, dans les immortelles jour-
n6es de Salamine et de Platte <. Elle passa depuis sous
la domination romaine; Antoine , apr&s la bataille de
Philippi, Fabandonna aux Rhodiens, mais il ne tarda
pas k la leur reprendre. Lorsque les Crois6s se furent
partag6 F empire de Constant in, Venise ayant permis a
ses nobles de soumettre les lies de FArchipel pour leur
propre compte, Marco Sanuto s'empara de Naxos,
• Paruta, VIII, p. 617. Sagredo, I. V, p. 245.
* Diodore, V. — 3 Hdrodote, VI, 9G. — 4 Diodore, V, 52.
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DE LIEMP1RE OTTOMAJ*. ^83
Pares, Antiparos, Milo, Argenteria, Siphanto, Po-
lyandro, Nanfio, Nio et Santorin ', et re$ut de Tem-
pereur Henri le brevet de due de FArchipel. Jean
Grispo , qui s'engagea k un tribut annuel en vers la
Porte, &ait le vingtteme due de File depuis Sanuto, et
Naxos la dixi&ne * des ties v^nitiennes que Khaireddin
soumit dans ses courses au descendant d'Osman.
Napoli di Romania, dont la mythologie fait re-
monter la fondation a Nauplios, fils de Neptune, fut
assise par les Ottomans pendant dix-huit mois h
dater de la ctelivrance de Corfou. Cette place, bfttie
sur une langue de terre qui se projette dans la mer,
s'616ve d'un c6te sur des rochers inaccessibles, et de
r autre baigne ses pieds dans les flots ; un fort, construit
sur un rocher isote, interdit Tentr^e du port aux vais-
seaux ennemis. Le point naturellement le plus faible
de la place, celui qui la r&mit au continent et qui est
doming par le mont Pal am 6 de, est aussi le mieux for-
tifi6 par des bastions et des tours. L'acc£s de la ville ,
resserr6 de ce c6t6 entre la montagne et la langue de
terre, n'offre k une armee asstegeante qu'un passage
h£riss6 de difficult^; au-dehors du port, le rivage
escarp^ defend tout d^barquement, et des bas-fonds
nombreux ne laissent pas mfime approcher les vais-
seaux d'un certain tonnage 3 . I/importance et la po-
> Tournefort, Relation d'un Voyage dans te Levant, I, p. a54«
* Scyros, Jura, Pathmos, Stampalaea, Nio, tfgine, Paros, Antiparos,
Tine, Naxos.
3 Paruta, p. 6x5. Coronelli, Memoires historiques et geographiqucs*
Voyez aussi YEgeo Yedivivo du meme auteur, p. 47.
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284 HISTOIRE ,
sition inexpugnable de Napoli avaient attirt sur elle
les armes de Mohammed-le-Conqu^rant ; mais sa for-
tune Tavait abandonn£ sous les murs de cette place
comme devant Belgrade et Rhodes; son fils Baye-
zid n, qui en r&olut 1'attaque apres la oonqu&e de
Rhodes, de Koron et de Lepanto, ne fut pas plus heu-
reux. Souleiman choisit Kasim-Pascha, gouverrteur de
la Mor£e, pour renouveler les efforts infructueux de
ses pred&esseurs. Kasim-Pascha sortit d'Argbs le
1 4 septembre 1 537 , et alia investir Napoli di Roma-
nia ; il comment a par enlever tout le b&ail des champs ;
mais Vettor Busichio, commandant de la place, ven-
gea ces depredations en faisant deux sorties qu'il
poussa jusque sous les murs d'Argos (4 et 28 octobre).
Kasim-Pascha battit pendant cinq mois les environs,
faisant trois fois par semaine des Courses sous les
murs de la ville; car le manque d'artillerie lui inter-
disait tout autre syst&ne d'attaque. Au mois de ftvrier ,
il mit en batterie quelques fauconneaux que les canotift
des assi£g£s r£duisirent presque aussit6t au silence '.
Le 5 avril, deux cents hommes de la garoison, sortis
pour faire de l'eau, rencontr£rent un parti de cent
Turcs, qui ne se pr6sentaient en si petit nombre que
pour enhardir l'ennemi k 1'attaque ; en effet , on eh etak
& peine venu aux mains, que Kasim-Pascha d£boucha
avec plus de mille chevaux du versant oppos^ du mont
St.-Elie; l'engagement fut des plus chauds, et les
Naupliens, apr& une perte de cinquante braves, parmi
Storia JiGuaSZo, p. 106-108 , Venet. i54q.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. a85
leftquels leurs chefs Roncooe et Vettor Buskhio, ren-
tr£rent dans la vilte «. Kasim-Pascha pensa k tirer
imm£diatement parti de cet avantage en s'occupant
pendant dix jours k mettre en batterie, sor le mont
Palam&te, des fauconneaux qui firent k la ville phis
de peur quedemaJ. Ce ne fiit que 8ept semaines plus
tard, le 8 juin, quil ouvrit contre les ass&§& un feu
de gros canons et de bombardes; le 16 du m£me
mois, il quitta son camp de Palao-Castro, distant de
trois roilles de NapoK , et vint s'etablir k mille pas
de la ville, pres de l'^glise de Sainte-V6n£rande. Une
premiere attaque le rendit maitre du ravelin ext£-
rieur, qu'il fortifia et d oii il foudroya les V^nitiens.
Le 20 aoAt, Kasim-Pascha braqua un canon-monstre
qui langait par jour vingt boulets de pierre de trois
quintain; les assi£g& appebient ce canon le briseur
d'os (fraccalosso). Huk grosses pieces cPartiHerie dis-
poses sur le mont Palam£de, et sept autres plus pe-
tites dress&s sur le ravelin*, firent un feu continue!
sur la ville, et prot£g6rent, en tenant ainsi Femiemi
en haleine, les travaux des soldats qui ouvrirent une
trancbee jusquk la contrescarpe du foss6, sur une
longueur de vingt pas. Souvent les assi6g6s descen-
daient des murs pendant la nuit au moyen d'echelles,
franchisiiient les foss6^ escaladaient la contrescarpe,
tombatent sur les Turcs ftabtis dans les tranches, lew
tuaient beancoup de monde , et revenaient avee un
< Storia di GuaS&o, V, ao6.
* Sacri, passavolantl. Le mot saeri (de Jaleo sacer, en lure sakar) a la
roeme signification que le moifaucon et fiutconneau.
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SO HISTOIRE
grand nombre de prisonniers. Kasim-Pascha, las enfin
de tant d'inutiles efforts et des sorties continuelles de
l'ennemi, leva le stege le 14 novembre 1538, et re-
tourna k Argos; les V6nitiens occup&rent le mont Pa-
lam£de immediatement apr£s son depart; n£anmoins
les escarmouches continuerent pendant tout l'hiver et
la plus grande partie du printemps suivant. Apr6s
s'6tre retir6 devant l'in^branlable defense de Pisani ,
commandant de Napoli, Kasim laissa un corps consi-
derable k Argos, et se retira lui-m&ne k Lepanto [x] '.
Le siege de Napoli di Romania nest qu'un Epi-
sode dans Thistoire des guerres qui signal£rent cette
annee du r6gne de Souleiman : le Sultan marcha en
personne contre le prince de Moldavie; Khaireddin-
Barberousse continua dans l'Archipel ses courses con-
tre les V&iitiens et leurs possessions; Souleiman-Pa-
scha, gouverneur d'Egypte, combattk dans laMer-
Rouge les flottes portugaises. Avant de commencer
le r6cit de ces trois campagnes , il est necessain? de
mentionner ici les importans mouvemens qui enrent
lieu dans les diverses branches de I'adnrinistration.
Apr£s la chute d Ibrahim , Ayas-Pascha avait &6 ,
comme nous 1'avons dit , 61ev6 au grand-vizirat. Ka-
sim-Pascha , qui a cette occasion fut nomm£ second
vizir, ne tarda pas k 6tre d£pos£ pour son avarice et
ses concussions, et sa place fut donn£e au beglerbeg
de RdumHie, Moustafa-Pascha. Loutfi-Pascha suc-
c&la a Moustafa-Pascha dans la dignit£ de beglerbeg,
» Storia di Gumzzo , f. 70S.
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DE L'EMPIKE OTTOMAN. a8 7
ct ne tarda pas k dtre nomm6 troisttme vizir [n]. Cest
en cette quality de vizir et de beglerbeg, que Loutfi-
Pascha oommanda , avec le titre de serasker, les ex-
peditions contre la Pouille et Corfou. Lorsque Khair-
eddin, qui avait pris dix fles sur les V&iitiens, rentra
triomphalement k Constantinople, le Sultan lui fit
en plein diwan la reception la plus flatteuse , tandis
que Loutfi-Pascha fat momentan^ment disgracte. Les
historiens ottomans ne nous apprennent pas la cause
de cette disgr&ce ; ils diserit seulement qu'il fut destitu6
et r£install£ quelques jours apr6s '. Le second vizir,
Moustafa-Pascha &ant mort le 30 mai 1 538 (1 er mor
harrem 945), Loutfi-Pascha fut appete k le rempla-
cer, et eut lui-m4me pour successeur Mohammed-
Pascha, beglerbeg de Roumilie. Khosrew- Pascha,
beglerbeg d'Anatolie et fr&re du conqu&ant de Chy-
pre, Lala Moustafa-Pascha, h£rita de la dignity de
Loutfi-Pascha; Roustem-Pascha passa du gouverne-
ment du Diarbekr a celui de l'Anatolie, Balibeg du
gouvernement de Roum (Amassia) k celui du Diar-
bekr ; le sandjakbeg Housein fut charg£ d'administrer
Amassia \ Le nouveau sandjak de Poschega en Es-
clavonie fut donn£ au fils d'Yahyaoghli, et le gou-
vernement de Semendra k Arslan -Pascha, qui fut
plus tard pascha d'Ofen, et dont nous aurons encore
occasion de parler vers la fin du rtgne de Souleiman *.
Daoud-Pascha fut nomine gouverneur d'Egypte , en
remplacement de l'eunuque Souleiman -Pascha, qui
» Ferdi, f. %jS et 276. — * Ibid., f. 279. Ali, xxxvi* recit, f. a5o.
3 Ali, xxxv e r^cir, f. 249; et Ferdi, f. 2S0.
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*88 UISTOIRE
commaudait alon k flotte ottomane dans la Mer-
Rouge \ Le Sultan confia pendant son absence la
garde de Constantinople k Ferhadbeg, en quality de
khaimakam, et la surveillance g£n£ralede l'Asie-Mi-
neure an prince Moustafa, gouverneur d'Aidin et de
Saroukhan \ Vers la m£me 6poque, un ambassadeur
de Florence apporta k Constantinople de riches pri-
sons et one lettre du due Cosine de M^dicis; le Saltan
t£moigna sa satisfaction de cette d-marche, en enga-
geant l'envoy6 italien k prolonger son s£jour k Con-
stantinople, et en lui assignant one sorome conside-
rable pour les dlpenses journalises de sa table. C'est
Ik le premier Tayin, ou argent pay£ par le Sultan poor
la bouche des ambassadeur*, dont l'histoire ottomane
fasse mention 3 .
La Moldarie reconnaissait depuis yingt-deux ana la
souveramet6 de la Porte 4 , lorsque le Sultan r&olut la
guerre contre le prince de ce pays, Raresch, dont il
avait k se plaindre. Lors de la campagne de Vienne,
Teutnl Logothfte, ambassadeur de Raresch, prince de
Moldavie, avait paru au camp ottoman &abli sous
i Souleiman-Pascha avait e"te appele an gouvernement d*£gypte en g3 c
(i5a4) e* j etait reste jusqa'en 941 (i534). Kbosrew-Pascha lui ayant suc-
cede, fat an beet de deux ans remplace par Soalcimaji-Pascba, qui fat
nomine de nouveau a ces fonctiont et les garda encore deux ant*
s Ali, xxxvie recit, f. a5o. Djelalzade, f. ao6.
S Ferdi, 1 279. Lememe, f. 35o, parte d'une second* ambassade de
Florence; appeUe le doc taniet f%r*ntte Begi, taatot Finmtit 8mrimi,
e'est-a-dire le prince , le commandant de Florence.
4 En i5i6. Engel, HUtoirt de Holdmnt, p. io4 t et le regno de Nagul-
Bessaraba de la Valachie.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 18$
les mors d ? Ofen, pOur renouveler au Suhah l'assu-t
ranee cfe la fid&it6 de son maitre; a son depart, il
regut de Souleiman tm dipkme, d'apr& Iequel la li-
berty des cultes 6tait consacr£e et l'&ection du prince
eo#fer£e aux Boyards : toutefois cette Election devait
&re ratifite par la Porte [xn]. D fut convenu qu'une
deputation de Boyards apporterait tous les ans k Con-
slantinople quatre mffle ducats , quarant? jumens et
vingt poulains en signe de vasselage. A son retour de
Vienne, Souleiman rejut de Pierre Raresch lui-m&ne
le present stipule; en retour il lui fit don dun kaftan
double tout eatier de zibetine (seraser, v&ement ex-
clusivement affocte aux vizirs), de deux queues de
ehevaux (insignes des sandjakbegs) , et dun kouka
(bonnet des colonels de janissaires). Teulul fut en
outre autoris£ k bAtir, k Constantinople, au nom de
son maitre, un palais qui existe encore aojourd'hui et
porte le nom de serai de Bogdan «.
Dans les derniers temps, Raresch s'&ait attir6 le
oourroux du Sultan , soit parce qu'il refusait le ka-
ra<y (capitation) a , ce qui nest pas probable en ce
sens que le khattischerif de Souleiman defend de l'exi-
ger , soit parce qu'il faisait la guerre & Sigismond roi
de Pologne, ami de la Porte, quil avait entam£ des
negotiations avec Ferdinand roi de Hongrie, et qu'il
&ait souppmne d'avoir pris part au meurtre d' Aloisio
i Cantamir, Solimm*, note «#, p. aao.
» Cantemir, note ii, p. aaa. AU, xxxn* rectt, L a5o, donne pour came
de la guerre l'lrregularitl du paiement du kbaradjj et des envois d'argent au»
ennemis de la Porte.
T. v. 19
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2 9 o H1STOIRE
Gritti \ C'est a ces derniere motifs q» il faut attribuer
I' expedition de Mokbvje. Souleiman partit de Constan-
tinople le 1 \ g&fer 945 (mardi 9 jmllet 1538), apr&
avoir viat6 les totnbeaux de son p6re, de Bayezid II et
de Mobammed-fe-CoDquteHit Le lendemaki, mourut
la soeur du Sultan, veuve da vizir Moustafa-Pascha.
A Aftdrinopte, Souleiman admit au ba»e-main le nou-
veau heglecbcg de Rounrilie , IQiosrew-Pascha, el le
fib de l'&nir Raschid, prince arabe de Bassra; Fen-
voy6 de Raschid dgposa aux pieds du Padischah les
clefs de la captole de son pftre, jusqu'atatt indepen-
dable; Soukiraan confirm* l'&nir dans sa principality
el, ne se reserva que lea droits souverains de la pri&e
et de la monnaie \ A Babataghi, tt visita lea tombeaux
de Saltoukctate* le vieux Turcoman 3 qui, du temp*
des sultana sddjoukicUa, &ak venu s'&abli* avee une
colonie turque dans la Tatarie dobroudje. Le khan de
Crim£e, Sahib-Ghinri , suiti de huk rattle cavaliers,
ile toua sea ogMam et de aes fits* vint rqoindre a
Iasty rarro^e ottonaane, et offrir ses bommages k Sou*
legman [wh} Aprte avoir dress6 les teates impfrfele*
au bruit des canons et dune triple dfeharge des fo-
ail* des jamattkea, Farm^e livra la viUe d* lassy aux
flamroes; le palais nouvettetnetit ccmtrait par Ra-
yeseh et toutes les 6glises furent consumes. Le Sultan
detacba lea cavaliers du sandjakbeg de Semeudi* et
i De rebus gestis Joannis Regis Mungnrm ****re Fer&nttir, datis Kova-
cUick, Seriptoret minaret term* hu*g*t4*4trum , p* 58.
» AU, xxxvi e r&it, t Si.
3 AH. La Roumilie de Hadji Khalfa, p. a 7-3o.
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DE L'EMPlRte OTTOMAN. s 9 i
lesTatares k la potnvuite Ai prince fugitif, et les 3ui-
vit liri-meme de pr6s avec le gros de Farm^e; frois
mille Valaqoes envoys par le prince de Valachie «
formaient lavant-garde. Pierre Rareseh s'enfuit en
Transyhranie k travers d'epaisses fortts. A Tapproche
des Ottomans , Suczawa se rendit sans chercher k
register, quoiqu'elle fat bien fortifige. Des caves oik
&aient entassta des tonneaux plans d' argent, des tna-
gasins remplis de riches fourrures , das vases d'ar-
gent, des Evangifes relics en or, des sabres incrust^s
de pierres pr^cieuses, toot le tr&pr du votevode,
furent la proie du vainqueur *. Sonleiman cotivoqua
les Boyards, et, sur leur pridre, il investit Etienne,
fr&re de Raresch 3 , de la principal de Moldavie,
et lid remit les hisignes de sa dignity, c'est-i-dire
le kouka et le kaftan de zibdine , le tambour et les
timbales, les queues de cheval et I'&endard i . II fut
stipule dans le diplAme delivr^ k Etienfte Raresch,
qu'Ji Tavenir le vo&vode apporterait hri-m6me tous
les deux ans le tribut k la Porte, que KiH, fort&resse
sur le Danube, dont lincendie avait (it une des causes
de la guerre, serait rebfttie, que la ville d'Akker-
mann serait fortifile , et que le pays entre la Mer-
Noire, le Dniester et le Pruth serak donn£ comme
■ Aii , f . a5«.
t AH, f. »5«. PeUcbewi, f. 9$. Fcrdi, L %$u Djdabadt, L ill. JZngel,
p. 181.
3 I«/#irM/4eS0ol0WM4itpircnrattltf>Ur 9 an hmdtk Gifdm
dtrmisr prime*.
4 PeUchewi. Ali. Djelatadl. F^rdi, 1. c
.9*
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ft<*a HISTOIRE
terre de yasselage (raya) k la garnison dAkkermann *.
A Suczawa, un ambassadeur de Sigismond qui s'&ait
rendu a Constantinople , avant le depart de Soulei-
roan, poor ltd offrir de riches pr6sens % fut rehvoy6
en Pologne avec des lettres gradeuses pour son mat-
tre 3 ; un tschaousch fut en m6me temps dirig£ sur la
cour de Zapoty a , pour le sommer de livrer Raresch i ,
qu'on supposait s'6tre rtfugte k Ofen. Lorsque Fannie
eut pass6 le Pruth (4 octobre 1 538) , la portion de
territoire qu'on avait distraite de la Moldavie fat £rig£e
en sandjak, tous le nom de sandjak dAkkermann et
Kili, en faveur de Hasanbeg. Au pont d'lsakdji, les
messagers de toutes les parties de l'empire, k qui Sou-
leiman avait enjoint de venir 1'attendre en cet endroit,
furent exp&H£s dans les diverses provinces avec des
lettres devictoire 5 . Le gouverneur de Bagdad, Sou-
leiman-Pascha , fut destitue, et sa place donn£e au
beglerbeg du Soulkadr, Mohammed-Pascha. Le Sul-
tan reQut k Yanboli Roustem-Pascha qui arrivait de
son gouvernement de Diarbekr , et le fils de Khair-
eddin-Pascha qui lui apportait la nouvelle des vic-
toires r&emment remportees par son p6re. Pendant
que Souleiman se livrait aux plaisirs de la chasse
> All. Petschewi. Djeialsade. Ferdi. Engel, p. 1H1.
> Ferdi, f. 284. — 3 Petschewi, f. 73. — 4 Ibid.
£ Djelaliade, f. aax, cite kt messagers des provinces qui suifent : Loris-
tan, Kurdistan, Axerbeidjan , Gourdjistan (Georgie), Damas, Haleb, Kara-
name, Roam (Amassia), Astrakhan, Alexandrie, Alger, Saroukhan, Ker-
nian, Aidin, Espagne , Palasen (?) , Portugal, Bosnie, Semendra, Hernego-
?ine, Zwornik et Talona.
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DE L'EMPIKE OTTOMAN. i 9 3
dams les environs d'Yanboli, le kapitan-pascha rentra
triomphalement dans le port de Constantinople ; il
obtmt la permission d'aller k Andrinople offrir ses
hommages au Sultan qui deyait passer l'hiver dans
cette viHe '. Souleiman, pendant les fetes du Bairam
(93octobre — 29 djemazioul-ewwel), re$ut les riches
pr&ens des ambassadeurs moldaves, et £couta les
rapports de Khaireddin-Pascha sur ses campagnes
dans la M<6diterran£e pendant Yit6 qui venait de s'£-
couler*.
Khaireddin n'&ait parti de Constantinople , poup
ses expeditions dans 1'Archipel, qu'avec quarante ga-
lores; car, au moment d'appareiller, de cent na vires,
que les vizirs, d'aprte les ordres de Souleiman,
avaient dti faire construire a leurs frais , dix seule-
ment avaient iti achev£s, et les quatre-vingt-dix au-
tres £taient encore sur les chan tiers, ou n'avaient pu
&re armls. Khaireddin refusait de mettre k la voile
avant que toute la flotte etit &6 r6unie; mais une
ruse des vizirs le fit changer de resolution : ils r6pan-
dirent le bruit qu'Andrea Doria croisait avec quarante
gal&res k la hauteur de File de Candie, pour sur-
prendre la flottille de vingt vaisseaux marchands que
Salih Reis emmenait d'Egypte 3 . A cette nouvelle ,
Khaireddin appareilla avec trois mille janissaires et
i Peticbewi, Ferdi et Djelalxade fixent 1'antoa du Sultan a Andrioeple
•u 29 djemauoul-ewwel (a 3 octobre).
» Ferdi, f. 291. Djelalsadl, f. 222.
) Hadji Khalfa, Histoire des guerre* mmriumes , f. 2*. Ferdi, f. 294^
PeUchewi, f. 73. Djelataute, f. 221. Air, im«« rccit, I s5i,
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394 HISTOIRE
les begs de fe mer (7 jwn 1538) \ pour Skiatbo (Saia-
thus), celle des sept fleg situ6cs k l'entrle da golfo de
Mallus, qui est la plus voisine de la c6te \ Le ch&teau
de Sciathus qui s'&ive sur un rocher fat battu en
tur&he pendant six jours et six nuits, et etnport£
d'asaaut le septi&ne jour: Khaireddin passa au fil de
l'6p£e un grand nombre des ass&g£s, et emmena en
esclavage trois mille quatre ceats homines. Ce fat dans
la rade de Sciathus que Khaireddin fut joint par les
quatre-vingt-dix navires qui n'&aient pas encore £qui-
p& lore de son depart de Constantinople, et par les
vingt galores de Salih Reis; ainsi l'effectifde la flotte
se trouva port£ k cent cinquante yaisseaux, nombre
qui avail &£ jug6 n&essaire pow l'exp&lition 3 . Be
Sciathus, la flotte ottomane fit voile poor l'fie de Sky-
ros situ£e en face de N^grepont. Skyros, qui tire son
nom de son sol pierreux , est c£14bre par les pira-
teries des Dolopes, par Texil et la mort de Th*5s£e 4 ;
elle avait souvent repouss6 avec guoc&s les attaqnes
des divers corsaires turcs qui avaient successivement
infest^ ces parages ; mais Barberousse n'eut jqu'ii pa-
raitre pour quelle fit sa soumission, U lui imposa un
tribut apnuel de raUle ducats, et envoya k Constan-
tinople sept navites charges de balm *. H frappa 6ga-
i Alibeg du Kodja-Ui, Khourrembeg da Tekkt, Alibeg de Sttda, Moas-
tafabeg d'Alaye. HUtoire des guerres maritimes.
* bole gregarfe : Seiatbvs, Sco^elas, Haionesus, Etidemia, FeparetBus,
Gerontia, Scandile.
3 Hadji Kbalfa, I.e., f. a3.
4 Strabon, IX* Pfatr. in dmone.
5 Hadji Khatfa, f. 34.
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DE L'EMWM OTTOMAN. agS
tenant T*«e, qu'U avail drf^ oonqme en 1536. dune
cpntrilw*ioD amnieU* de ck>q mtUe dnoata par an, ct
Seripho* ' et Andre* d'nn de naik dncate chactme
3 JwBet 1 538) a . Ua mote aprfes son depart <fe€oa-
stantinople, Khaireddin fit use deacente dans Kile de
Candfe, Reti»o et Gande lui opponent nne heareuse
r&frtance; mm Milopotamo et.Scittia, abandonn&fc
par lews habitant furent miseg *u piHage; leg pro-
visions et l'artitttrit que leg wrinqoews y trouv^rent,
forest iramport&B & bord. Qmrtre-vingts villages tV
rent Syria anx Batameg 3 . De Candie, Khaireddin st
dirigea but &2*patttho v rancie!Me Carpathos, appetee
atttti Heptapotis et Tefrapolis des qnatre et des sept
vittes qui a itevaient ^otrdbis dam Ffle; mate * r<S-
poque o& Barberawe en fit la conqn&e , il n*y en
await plus que trots. Apr& avoir re&cbg quelqueg
jean h Piscopia <, l'amipal ottoman fit voile poor
Standi, ou il laigga leg tiarrireg des soldats de ma-
rine qu il distritma gar sea galores 5 . De Stampalia, il
anvoya daag totftoi lea Erection* des oortatires & la
< Hadji Khalfa dit settlement une autre ile; Petschewi la nomme.
* t'annee suivante, Corsiho Sominariva obtint, par 1'entreraise de ram-
bastadeur ArocftAs, la possesaion 4e i'ttevmeyennrot le paiement tun tHbnt
animal de trenie-cinq nitte asprea, Vogrec la tradactien du firoao rendu a
cette occasion , dans YHisipire nouveile des ancient Dues et autre* Qowerains
de V A rein pel. Paris, 1698.
* Alt dft metnefeois "cents.
4 Ileghi, d'apres VJdas maritime (Bahriyd) de Piri Rets, dont il se
trouve an exemplaire eottpkt dans at eatleeltett, an feteoMplet 4 fe BiWio-
tbeqtwiaBcFJm, et to wtfk* ineoaptot 4 4a BtbtkNt^que de Dlpeade.
5 Lewind firkalalati .
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<igG HISTOIRE
chasse des galores chr&ienhes '.Dans le cours de cette
campagne et de la pr£c£dente, Barberousse &ait des-
cendu dans vingt-cinq ites v£nitiennes ,' dont douze
avaient &e frapp&s dun tribut comine pays conquis,
et treize avaient &6 ravages.
Ayant appris que la flotte combin^e du pape , de
Yenise et dEspagne, se disposait k attaquer la place
forte de Prevesa, situ&k l'entr^e du golfe d'Arta vis-
a-vis le cetebre promontoire d'Actium, Khaireddin se
porta aussitft avec cent vingt-deux navires vers le
point menace. Les chr&iens Hmeut de beauooup su-
p^rieurs en forces, puisqu ils comptaient quatre^vingt-
une gateres de Venise. trente-stx du pape, et cinquante
d'Espagne [xiv]. A peine la flotte ottomane £tait-elle
entree dans le golfe d'Arta, que celle des chr&sens vint
jeter Tancre devant Prevesa ? (25 sepfierafape -*- 1 ep id|e~
mazioul-ewwel). Lea corsaires Mourad, Topghoud,
Giizeldj^ et Salih Reis furent places a lavant-garde,
avec Tordre d'erapgcher toute tentative de dlbarque-
ment qui pourrait &re faite par les allies ; l'eimemi ne
paraissant pas vouloir prendre 1' initiative, Khaireddin
sortit du golfe trois jours apr&, et lui offrit la bataille.
Doria ayant fait un mouvement retrograde, l'amiral
v^nitien Capello qui se trouvait a larriere-garde vira
de bord , et s'&an^a avec impetuosity sur les vais-
seaux ottomans stationn^s devant Prevesa; mais Bar-
berousse jugea a propos de rentrer dans le golfe. Un
i Goenullu gemileri. flisiolre des guerres mmritimes.
» Histoiredcs guerres maritime* f f. »5« Petechewi, f. 74; Djeltliade,
f. 224; Ferdi, f. 296; Ali,f. 252.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 297
grand d&ordre commengah k se mantfester dans les
rangs des gal&res de Khaireddin, qui, sous le feu vif
de Capello, se pressaient a Tentr^e dela passe, lorsqne
Doria donna le signal de la retraite, el se replia sur
Capo Ducato dans 1'fle de Santa Maura. Le jour sui-
vant (28 septembre), les amiraux chr&iens tinrent un
conseil de guerre, dans lequel Doria fut d'avis d'e-
viter le combat ; mate son opinion n'ayant pas pr6-
valu, les deux flottes se mesur&rent de nouveau. L'aile
drdite des Ottomans &ait commands par Torghoud * ,
l'aile gauche par Salih Reis, le centre par Khaireddin.
Les mouvemens irresolus de Doria ne purent lutter
centre Tattaque franche et audacieuse de Vamiral otto-
man; deux gateresdeVenisesautirent en Fair, deux
d'Espagne, une de Venise et une du pape furent prises
et leurs Equipages massacres. La nuit empftcha les
Ottomans de poursuivre leurs avantages , et £pargna
de plus grandes pertes aux chr&iens, qui se separ&rent
et abandonn^rent leseaux de Santa Maura. Khaireddin
envoya son fils avec deux capitaines Chretiens fafts pri-
^onniers, et la nouvelle de la victoire; au Sultan qui
<&at alors k YanboK. La vffle d'Yanboli fut illumi-
nie, et Souleiman reconnut les services de son amiral
en aogmentant sa sokte annueHe de ceAt miHe aspres
a percevoir sur les revenus des biens de la couronne
(khass) a .
L'exp£dition de l'eunuque Souleiman-Pascha dans
la Mer-Rouge contre les Indes et FArabie, est d'une
> Sagredo, p. 265.
* Hadji Kkalfo, Uistoire des guenes maritime*, f. 26.
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29* H1STOIRB
plus haute importance encore <qpa la oamptgtie de
Khaireddia dans VArchipel, dont le auoc& doit dtre
attribute en grande partie h linactkm de Doria. II cat
ntaesnii*deparlerktdes causes <ji», en provoquant
let guerres de r Arable et des bides, amendrait une
nouvelle extension de la puissance ottomane.
Dome ana avert la batsille navate de Prevesa ,
imm^diatement avant la carapagne de Mohacz, Sow-
leimaffi avaH tourn£ ses regards h ia fois ear la Hon-
grie et Y Arabie, comme h 1'^poque ou now somtnes
parvenus il songea a faire ttmultanfement dew exp6*
dittos contre la MoMavie et les bides, II avait envoy*
le brave capitaine Selraan Rels avec u»e eseadre, sur
les bords de la 3Vfer-Rouge , pour dbAtier quelques
rebelles arabes, et r6pandre son nom jusqu'aux froti-
tkres de Saba l . Apu&s avoir rfarganfe* 1'admiaistrt-
tion de l'Egypte, Ihrahtm-Pascha aivafc nonm6 go*»
verneur de la contr^e letmuque Souleimaa-Paeoha
beglerbeg de D*m», homme de petite faille, torn
dun courage 4prouve , et que sa mutilation n'avak
pas rendu iaeapeble de grandcs actions \ Son kim s n -
Pascha n'ainwrit pas moins le fasie <|w le gwotd- vizir :
sa garde se eomposak de oklle jtanes gens dime
tare beaut* et d'une cepsttortioa rabuate, ayant low
* AH, xn« recit, f. 229. Petschewi, f. 3», et autees historiens ottomans.
Le Rapport de Piero Bragadino, du 6 mai i5»6, se trouve dans Marioi
Sanuto, t. KU t Satyman Aey* capo a\ armata a? India a dk «5 detpassato
parti 4i ytdcomtrp n*vi, m §ahr* tpvaasfontid? *U mriiUeHa, topra fa
quale e andaA 4000 hominu
» Peischewi, f. 76. Bi chassis dart kkassieh kihi, e'ett-ft-din tans eamr
(dans le sens du chevalier de BottlSers) — U avail da cmurpour qmaire.
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DE L'EMNRE OTTOMAN. 299
des cetoiures d or aoxqndles brtflaient de riches poi-
guards x . L'hitfoire parte de hn avec #oge, et ne lui
reproche que l'ex&ution de l^rtkir Djais&m Hamfcawi
et de aoa fils, Yousouf l'toniKml-hadj \ Souleitnan-
Pascha embdlit le ch&teeu et le faubourg du Caire ,
foftda on couvent dam le faubourg de Koussoun ', et
construisit deux mosqu&B, Tune & Sana dans le cha-
teau, et I'autre&Boolak sor le NiK II fut le premier
qui envoy* k Constantinople les impdts per$us dans
le pays, et connus sous le nam de tresor Sgyptien *.
H se chergea peraonnellement de l'administration des
fondatioM pleases (wakf ) , Aablissant ainsi un pr6-
o&teet qui fat fid&ement sum par ses successeurs :
cependant cette administration tomba par la suite en-
tre les mains de l'aga des jamasaires *. Souleiman gou*
verna pendant dix ans l'Egypte avec sagesse et fer-
met£ [xv]. Lots de l'exp&lition contre Gftns, le Sultan
ordonna k Souleiman-Pascha de constmire dans le
port de Suea quatre-vingts galores, barques, mahones
et frigates 7 . Mais, avant rentier gquipement de cette
flotte , un nouyel ordre du Sultan le forga d'aller
en pefrsonne porter au camp dlbrahim-Pasdia les
kttp&s de lTBgTPte , s'&evant h htiit cent tnflte du-
cats, et destines k oouvrir tea finis de ia guerre de
■ Pelschewi.
» Al-manah er-rahmaniyet, et VHistoire de SouheVli, f. 54.
3 Mimir* ftigjpie de Mohammed Ben Yousouf, f. 6a.
4 M-r*flnah er-tdimaniytL Soutaiti. Nottfhetotui-iiai«n.
5 ibid. — 6 ibid,
7 Petschewi, Le mot turc bad/a est ordinairement rendu en italieo par
celui fefusie.
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3o« HISTOIRE
Perse. Khosrew-Pascha , successeur de Souleiman-
Pascha, fit entrer, apr£s une administration d'unan,
un million deux cent mille ducats dans le tr&or, au
lieu de huit cent mille. Souleiman, en apprenant cette
augmentation, d&endit qu'on versftt dans la caisse de
lEtat l'exc£dant des reoettes de cette ann£e sur celles
de 1'annee pr£c£dente, et ordonna une enqu&e ten-
dant a constater si le surplus de la somme ne prove-
nait pas d'exactions. Khosrew-Pfcscha all€gua que le
chiffre inferieur des revenus de TEgypte sous son
pr£d6cessenr s'expliquait par les frais qu'avait occa-
sion's la construction d'une flotte , que d'ailleurs l'ex-
cellente culture et un systeme d'irrigation plus &endu
des champs facilitaient et r^gularisaient beaucoup le
paiement de l'imptf. Le Sultan accepta cette justi-
fication; cependant il ne tarda pas a rappeler Khos-
rew-Pascha et a lui substituer Souleiman-Pascha. Les
quatre cent mille ducats d'exc&lant furent consacr^s
k la reparation de 1'ancien aqueduc de Tempereur Va-
lens [rvi] , lequel devait fournir Feau n&essaire h l'ar-
rosement de la capitale.
Le r&ablissement de Souleiman Pascha dans le gou-
vernement d'Egypte avail &6 determine bien moins
par la crainte qu'avait Souleiman du z&le exag&6 de
Khosrew-Pascha , que par Tarriv^e d'un ambassa-
deur et d'un prince indiens dans Thiver qui suivit
la campagne de Perse. Ce prince &ait JJourhanbeg ,
fils du sultan Iskender, souverain de Delhi; il fttyait
devant les forces superieures de Tempereur mogol
Houmayoun. dont le pere &ait le grand Baber, et qui
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 3*f
av&it pour fils Schah Ekber f , le plus grand des em-
pereurs mogols, comme le dit soil nom. Souleiman
regiit Bourhanbeg avec distinction et lui assigna une
pension de trois cents aspres (six ducats) par jour.
Avec cet illustre fugitif , arriva a Andrinople un am-
bassadeur de Behadirschah, prince de Goudjourat; ce
prince, ayant k redouter le ra^me ennemi que le sultart
de Delhi, avait naguere mis ses tr^sors en s6ret6 a la
Mecque, et implorait alors les secours du protecteur
de la sainte ville contre les Portugais qui s'&aient
empar^s de son port de Diou. Parmi les riches pr£-
sens que Behadirschah envoya a la Sublime-Porte,
on renaarquait surtout une ceinture estimee soixante
croris a . Souleiman-Pascha regut ordre d ^quiper sur-
le-champ une flotte pour aller appuyer le schah de
Cambaya ; mais avant que les armemens fussent ter-
minus, on apprit que Behadirschah avait &6 assas-
sin6 par les Portugais 3 . Souleiman-Pascha envoya k
Constantinople les tr£sors de ce prince d£pds£s a la
Mecque , et consistant en trois cents cofires remplis
d'or et d'argent 4 .
Tandis que la flotte de JQiaireddin - Barberousse
t Ferdi, f. a46.
* Ferdi, f. a5o. D'apres le calcul de Ferdi, le crore vaut cent mille
ducats; par consequent, cette ceinture ?alait la somme enorme de six mil-
lions de ducats, ou trois cent millions d'aspres.
3 Petschewi, f. 76. Djelalzade, f. a3i. Voyez, pour les details, Manuef
de Faria y Sonsa, the portugues Asia, Londres, 1694* 1. 1, ch. 8* Behadir
y est appele BiuUro, et Houmayoun, Omaum,
4 Ferdi, f. 17 9. La noutelle de la mort de Behadirschah arriva a Andrr*
nople au mois de schewal 944 (ffcvrier i538)v
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3o* HISTOIHE
sortjut de* Dardanelles (13 join 1 338) pour soumettre
les lies de l'Arohipel, l'octog&iaire Souleiman-Pa-
scha quittait leport da Suez et se dirigeait sur les odtes
d'Arabie; il etait tellement charge dembonpoint et
si affaiss6 par les anuses , qu'il lut fdlait le secours
de quatre homines pour l'aider h se lever; oependant
il avait touftes aes faculty, et n'avait rien perdu de
son activite et de son courage l . La flotte qu'il com-
mandait &ait forte de soixante->di* voiles et portait
vingt milje homines de troupes a ; eUe comptait sept
mille janissakes et qn grand nombre d'esclavw v&*
nitiens qui, lors de la rupture de la pais entre Venise
et l'empire, avaient &6 arrach& des bfttimens mar-
chands et embarqufo de force sur lea gal&es de la
Porte. La flotte passa devant Sebid (29s&fer— 27 juil-
let), ae dirigeant sur Aaden ; le prince arabe Aanrir
Boa Dapud fat attir6 par rasa de cette ville k bord du
vaisseau^amiral par Souleauoaan-Pascha et retenu pri-
sonnier; le territoire d' Aaden fut transform^ en san*
cjjek €4 eonfi6 k la garde de Bebrambeg. Quelques
semaines plus tard, Souleiman-Pascha dlbarquases
troupes $w les c&es deGgudjourat; il prit d'assaut les
deux forts de Kouk6 et de Kat, et mit le stege devant'
Diou dans les premiers jours d'octobre; au nombre
i 2*4? portugues Asia, I, chap, xo, p, 433. Vlaggio et imprest* eke fee*
Sofyman Q*tw del i53B contra Portoghesi per racquismvr la ciuk del Diu in
India. Venes^ if 45. Mais §ouleiman-Pasc)ia avait ete etwuque du harem
du Sultan, et ne sortait pas du corps des janiasaires : Bis face ufflf and belly
so big, he was more like a beast Aon man, his age So years.
* Hadji Khalfa, HUtoire des gverres maritime*, U a6.
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DE L'EMWRE OTTOMAN. 5o3
des pieces d'avtilkrie des Ottomans se troovaient neuf
de ces canoos-monstres qui langaknt des bouleto du
poids de pt&& d'lm quintal * . On s'&onnera moras de
la fonte da pareilles p&ces que de leur transport sous
ks mora de Dtou dans I'Oc&n Indieo , & travel*
l'isthme de Suez. Ce stege dura vingt jours, pendant
lesquels le commandant portugaia , Antoiue de Sfl*
veyra, dtfendit la place avec un courage qu'il fit par-
tager k toute la garrison , et jusqu'aux famines por*
tngaases. La disette se fit bientdt sentir dans le camp
de Souleiman-Pa*cha; Mahmoud, le nouveau prince
de Dkm, aslant refus6, dans l'int&& dea Portugais,
de lui fournir des vivres f force lui fut de rcgagner
ses navires. Mahmoud s'&ait mcmtrg phis prudent
que le prince arabe Aaden qui, pour prix de sa con-
fiance, avail &6 pendu au grand m&t du vaisseau-ami-
ral; il refusa de ae rendre k bord de la flotte de Sou-
kiman malgr^ les instances de ce dernier; il eftt aana
doute partag£ le sort du prince arabe d* Aaden et
du prince de Sebid, Emir Ahmed. Le gouvernement
de l'Yemen fut donnl a Moustafebeg , fils de Biiklu
Mohammed-Paficha conqu&rant du Kurdistan. Sou-
leimait* aprte une absence de dix mcds, entra dam le
port de DjeddS le 22 schewal 945 (13 mars 1539),
puis il alia faire ses devotions k la Mecque et re-
vint par le Caire k Constantinople. Le Sultan, pour
honprer le conqu£rant octog£naire de 1'Arabie, lui
« Tfu portmguet Asia , J, p. 438. Carrying Mis above go pounds
weight.
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5o4 MSTOIRE
assigoa une [dace dans le diwan parmi les vizirs '.
L'incendie, la peste et la mort du grand-vizir firent
diversion k la joie des triomphes obtenus dans les cam-
pagnes de Moldavie, de Venise et d' Arabic Le 1 7 safer
946 (ijuillet 1539), lefeu eclata dans le quartier de
l'arsenal avec une telle violence que tons les prison-
niers renferm^s au bagne perirent dans les flarames;
pouss£ par le vent , l'incendie gagna Tantre c6t£ du
port oii il exerga de terribles ravages ; neuf jours apr&
ce d&astre, la peste enleva le grand-vizir Ayas-Pascha.
Ayas-Pascha^taitd'origmealbanaige; ses fibres, tous
Irois dans les ordres reUgieux, vivaient k Yakma^,
residence de leur mire; aussi n'egt-il pee &otinant
qu'Ayas-Pascha ftkt aussi favorable aux int&6tsde
Venise qu Ibrahim son pp6d&essear. Ayas-Pascha
avait la reputation d'un homme droit et loyal, mais on
lui reprochait sa passion pour les femmes; k une cer-
taine £poque, on vit dans sa maison jusqu'k quarante
berceaux; a sa mort il laissa une posterity de cent vingt
enfans 3 . La place de grand-vizir fut donn£e au se-
cond vizir, Loutfi-Pascha , dumdme pays. que son
pred£cesseur et distrngq^ par sa science, quality fort
rare chez un Albanais. Bien different dAyas-Pascha,
i Histoire des guerres maritime*, I. 27. Petschewi, f. 77. Ferdi, f. 3 14.
Djelahade. Solakzade. Loutfi, f. 88. Voyez le Barkol-yemeni, dans les
Notices et ExtraUs des manuscrits de la Blblioihtque du roi, L IV, f. 444*
» Rapport de Piero Bragadino de l'annee i5a6, dans Bfarini Sanvto,
t. XLI.
3 Osman Efendi, Histoire des Grands-Fitirs ; et All, dans la Lisle des
Fairs.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 3o5
Loutfi, loin d aimer les fannies, faisait profession de
les m6prifcer f et les mauvais traitemens qu'il fit subir a
la sceur du Sultan qu'il avait epous^e [xvn] ltii atti-
r£rent deux ans plus tard la disgrace de son beau-
fr&re. Depos^ de sa charge, il fat s£par6de la sultane
sa femme etexite k Demitoka ; la il £crivit un grand
nombre d'ouvrages, et entre atitres line hisloire de
Tempire ottoman qui ne s'arrtfe que douze ans aprts
la destitution de son auteur [xvm].
Au commencement de l'automne de 1539, Sou-
leiman traversa le canal de Constantinople pour alter
chasstr sur le continent asiatique ; k son arriv£e k
Brousa, les habkans s'&ant portes k cheval k sa ren-
contre , il manifesta hautement le m&ontentement
qu'il ressentait de cette cavalcade. Afin de ne plus
6tre expose de la part de ses sujets k un pareil man-
que d'^gards, il publia un ordre qui dtfendait a tout
autre qu'aux possesseurs de fiefs de cavalerie , de
venir le complimenter k cheval. Souleiman ne resta
que huit jours a Brousa et en partit pour retourner
k Constantinople; en passant par les Dardanelles, il
ordonna de les fortifier d'apres le systfrne des Francs.
Le 15 djemazioul-ewwel (28 septembre), il &ait de
retour dans la capitale de Fempire. A loccasion de
la circoncision des deux princes Bayezid et Djihan-
ghir, furent donn&s des f&es qui dur&rent quinze
jours, du 1 1 au 26 novembre. Le premier jour, Sou-
leiman se rendit k THippodrome; les vizirs, les beg-
lerbegs et les begs vinrent le recevoir et lui presen-
ter leurs felicitations. Un magnifique festin fut offert
T. V. 20
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3o6 HISTOIKE
aux janissaires et aux gardes- du -corps. Des lions, des
tigres, des leopards, des panthdres, des lynx, des
loups et des girafes furent donnas en spectacle k la
multitude. Le lendemain , le Sultan , assis entre les
kadiaskers et les defterdars , regut l'hommage et les
pr^sens de ses vizirs; Loutfi-Pascha, l'eunuque octo-*
g^naire et conqu£rant de 1'ArabieSouleiman-Pascha,
Sofi Mohammed-Pascha , Roustem-Pascha , Soulei-
man-Pascha, gouverneur d'Anatolie, et Ferhad-Pa-
scha, gouverneur de Karamanie, furent admis a la c£-
i&npnie du baise-main ; les ambassadeurs de France ' ,
deYenise, ceux de Ferdinand de Hongrie et du roi
Jean Zapolya, partagdrent cet honneur. Les lutteurs,
les saltimbanques, les bateleurs, les ombres chi noises,
les jongleurs et les bouffons furent charges d'amuser
le peuple. Puis ce fut le tour des chanteurs, des dan-
seurs , des musiciens et mdme des juifs qui appor-
t&rent sur la place publique un dragon k sept t&es.
Les vizirs et les £mirs, les oulemas et les scheikhs
obtinrent tous de riches pr£sens de la magnificence du
souverain, et se retir^rent revfitus de kaftans d'hon-
neur *. Simultan&nent avec la circoncision de ses fils,
Souleiman c£l£bra le mariage de Roustem-Pascha avec
sa fille Mihrmah 3 .
t Le Napolitain Cantelmi. Voye* Partita, 1. X, p. 715, 718, 723.
* Djelalzade, f. a33, a36. Ferdi, f. 317 et suiv.
3 Paruta, 1. X, p. 714 : sarebbe stalo appunto in tempo delle solemnka
delle nozze dtlla figliuola e del ritaglio deifigliuoli del Signore, et p. 72 3 :
figliuola dei Signormaritata in Rusten. A la Bibliotheque R. de Berlin, parmi
les manuacrits de Dies, n. 3r , se trouve, f. 43 de YOgJiouzname, une lisle
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. $o 7
dependant , depuis trois ans , a dater du siege de
Corfou, la guerre se continuait avec Venise. Pour der-
nier fait d'armes de cette guerre d6sastreuse, les V£-
nitiens avaient fait dans la Dalmatie la conqu&e de la
place forte de Castel-Nuovo que Khaireddin ne tarda
pas & reprendre sur eux.
L'intervalle qui s£pare la soumission de cette place,
une des mieux fortifi&s de la Dalmatie, et le commen-
cement de la guerre , fat rempli par des entreprises
plus ou moins heureuses pour les Ottomans ou les
V6nitiens, qui prirent et perdirent r£ciproquement
quelques ch&teaux. Nous entrerons dans quelques de-
tails sur la prise ou la reddition de ces forts.
Camillo Orsino , commandant v&utien de Zara ,
avait congu le projet de s'emparer du ch&teau d'Os-
troviz. H embarqua trois cents fantassins et cent cin-
quante cavaliers (fSvrier 1 538) , qui abord&rent k douze
milles de Zara , pr6s d'un village appete Vecchio-
Zara; apres avoir march£ toute la nuit v ils arriv&rent
a Urana, ancienne residence du prieur des Templiers,
oik ils serepos&rent; k la nuit tombante, ils se remi-
rent en route, et le lendemain, k la pointe du jour,
ils £taient devant Ostroviz, qui fut emport£e d'assaut.
Sept cents Turcs y furent tues ; on br Ala les naaisons
construites dans rinft&ieur du chateau ; toute la con-
tree fut mise au pillage, et trois mille pieces de b&ail
furent conduites a Urana '. On enleva aux Ottomans
des mets qui furent servis a cette ffcte , document ctirieux pour f histoire de
la gastronomie ottomane.
i Storia di Guazzo, f. 2*0. Istuanfi, I. XIII, commet une grave erreur
20*
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?>a& HISTOIKE
avec le m&ne bonheur les deux places d'Obrovaz ' et
de Scardrina; dans la defense de cette demure suc-
comba Mourad, un des parens du conquerant et san-
djakbeg de Klis ; le senat les fit raser toutes deux, ainsi
qu'Ostroviz, afin qu'elles ne pussent plus servir aux
Turcs de centre d 'operations; c'&ait Ik le point d'ou
ils pftrtaient pour exercer leurs brigandages sur les
possessions de Venice et de Hongrie, et ou ils rere-
naient d£poser leur butin \ Les succte dt Venise fo-
rent bient6t contrebalances par la prise du ch&teau-
fort de Nadin. Situ6 h dix-huit milles de Zara, le fort
de Nadin, b&ti stir un rocher tr£g-£lev£, servait pour
ainsi dire de tour d'observation aux V^nitiens, qui de
cette position pouvaient reconnaitre et signaler les
marches des ennemis sur Nona, Zara, Sebenico, Poli-
sena et Novigrad. Le ch&telain de Nadin etait un noble
y£nitien, et la garnison ne comptait que quarante ca-
valiers et cinquante fantassins, quand un officier re-
nlgat, Morato de Sebenik, amena trds mille Turcs
sous ses murs. Effray& de la superiority du iiombre,
leg as6i£g& acceptirent honteusement une capitulation
qui stipulait leur libre retraite; rtiais, apr&s avoir ainsi
Iivr6 le ch&teau sans coup-ferir, ils ne tard6ren{ pas
k subir la punition de leur l&chete; leurs t&es, sau-
vees du sabre des Turcs, routerent sous la hacbe au
chrDDotogiqire en faiaant devaiicer la prise de Nadin par la conquele d'Os-
trovii dont la soumission eut lieu au mois de fevrier, tandis que celle de
Nadin eut lieu an nois d'avril suivant.
> Parota, 1. IX, p. 672.
» ktuanfi, 1. XJU, p. ax 8, edit, de Cologne.
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DE l/EMPIRE OTTOMAN. 809
milieu de la plaoc de Saint-Marc \ Khosrew, pascha
deBosnie, et Mourad, sandjak de His, s'empardrent
peu de temps apr£s de Dubiza, au confluent de la Save
et de rUnna; cet fohec d&termina les garnisons des
chateaux-forts de Iasenowiz et Sobocs, sku& sur la
Save, k les abandonner et k les livrer aux flammes*.
Les capkaines Nadasdy et Keglovich , voulaot pre-
server les places de Siscia, de Rasovicz et d'Agram,
du sort de Dubiza , avaient surpris Iasenowiz alorfr
occup£e par les Ottomans, et en avaient ras£ les murs,
apr&s sen £tre partag£ le butin K Lorsque Katzianer
eut &e defait pr£s d'Essek , le general Devel , k la
i6te d'un corps de Boh£mes, essaya de chasser les
Turcs de Tokay, au confluent de la Bodrog et de la
Theiss en Hongrie ; mais ceux-ci se rendirent mattres
de ce bourg, malgr6 le secours que Pierre Pereny s'£-
tait bite d'amener. Pereny fut bless£ dans le combat
x|ui se livra sous les murs de Tokay et torci k la re-
trace, et les Tures rest&rent matures du bourg; mais
pr^voyant qu'ils ne pourraient pas s'y maintenir, ils
«e contentment de le saccager et revinrent sur lours
la prise de Castd-Nuovo, forteresse dalinate, bAtie
au bord de la mer k mi-chemin de Raguse et deCat-
■ Storia di Guosmo, f. aai. Petschewi, f. 66 et 74. Ajurania (Urina)
et Nadin. Paruta, 1. II,, p. 670.
• fetuanfi, I XHI, p. »if . — » Ibid.
4 Storia di Guazu> y t »i6. Cette atlaque des Bonnet ne se tanne pis
dans Catona ; j'ose a peine donner, d'apees Gvasao, le aom du chef de cette
expedition qu'U appelle taotAt X>eve, ta»t6t Dtvcl Jzemher di mmtion Beemia.
Ce non est bien plus hongrois que bohlmien.
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3io H1STOIRE
taro, fut un des £v6nemens les plus important de cett€
campagne.
La flotte combined des chr&iens avait perdu, ainsi
que nous l'avons dit, la bataille de Prevesa, la veille
du jour oil la lutte souterraine des 61£mens avait fait
surgir une nouvelle montagne k Pozzuolo, et projeii
le rivage dans la mer x . Apr&s le combat, le prince
de Melfi , le legat du pape et 1'amiral v^nitien Vi-
cenzo Capello se dirig&rent vers Cattaro, afin de com-
mencer de Ik les operations pour le stege de Castel-
Nuovo [xix], Une violente temp&e assaillit Khaireddirt
qui se disposait k les suivre; sa flotte fut dispers£e ,
et il ne put effectuer son entree dans le port de Va-
lona qu'aprds avoir perdu plus de soixante-dix na-
vires; \k il s'occupa activement k r£parer ses avaries
et k rassembler de nouvelles forces a . Le dimanche
24 octobre 1538, l'arm£e navale des chr&iens s'ap-
procha de Castel-Nuovo; les galeres &aient &he-
lonn&s quatre par quatre; cbaque rang devait k son
tour l&cher sa bordee et se retirer pour faire place
k ceux qui suivaient ; mais avant que la premiere
' ligne eAt pu ex^cuter cette manoeuvre, les quatre ga-
lores qui formaient la seconde s'avanc&rent avec tant
de rapidity, que les deux rangs menacirent de s'en-
trechoquer avant que le premier eAt eu le temps de
« Le ag septembre. Alberli, Detcriiione di turn Italia, p. 178. Antoine
Doria, dans Goebel, p. 5i , se trompe lorsqu'il dit le mime jour, ou un pea
avant le combat; il feat lire apret le combat.
» Storia di Guatzo, f. 94a; et Hadji Khalfa, HUtoire des guerres
maritime*, f. a6.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 3i t
virer de bord. Le d&ordre qui r&ulta de cette ma-
noeuvre mal faite ne fit que h&ter le succ£s de l'en-
t reprise; les Equipages gagn&rent la terre ou ils n'eu-
rent d'autres ressources que de monter sans echelles
a l'assaut, au milieu du feu terrible de la forteresse.
La ville fut emportee, et les deux forts qui la d£fen-
daient du c6t6 de la mer et du c6t6 de la terre se
rendirent. Dix-sept cents prisonniers, et un butin qui
fut £valu£ k plus de soixante-dix mille £cus, furent le
prix de cette conqu&e ; le vice-roi et capitaine-g^ne-
ral de Naples, Ferdinand de Gonzague, prit posses-
sion de cette importante forteresse, et y mit une gar-
rison de quatre mille Espagnols, sous les ordres de
Francisco Sarmiente '. Au 1" Janvier de I'ann£e sui-
vante(1539), trois sandjakbegs, conduits par Morato
de Sebenico, vinrent avec six canons pour investir la
place. Morato comptait determiner la garnison espa-
gnole k capituler aussi ais&nent que celle de Nadin ;
mais sans lui laisser le temps de faire ses propositions
ou de les appuyer k coups de canon , les Espagnols
firent une sortie, s'empar6rent de I'artillerie ennemie et
rejet&rent les Turcs sur Spoleto. Les habitans de cette
place attendaient les Ottomans dans une embuscade,
od ils leur tu£rent soixante-dix hommes 2 . Pour r£-
parer cet &hec, une nouvelle flotte mit a la voile et
une arm£e de terre fut dirigee sur Castel-Nuovo.
> Sloria di Gvazzo f f. 247. Hadji Khalfa, Histoire des guerres mari-
time*, f. *fe, fixe le nombre des soldats a six mille; Autojue Doria, dans
Goebel, seulemeut a trois mille. Paruta, 1. X, f. 71©.
> Sloria di Guazzo , f. 247.
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5 is HISTOIRL
Khosrew-Pascha, recemment pronto k la dignite de
beglerbeg de Rourailie, alia investir la place arec
soixante mille homines, tandis que Khfdreddin partait
avec cent cinquante navires pour la rotate destination ' .
Le 1 3 juillet 1 539, Tavant-garde de la flotte ottontane,
forte de vingt-sept gateres, sous les ordres du cor-
saire Djoufoud Sinan, arriva en vue de Caetel-Nuovo.
Le lenderaain , les Turcs vinrent faire de l'eau k la
fontaine qui toule h une distance de mille pas de la
ville; les Espagnols les surprirent, et les forc&rent de
regagner leurs vaisseaux apr& avoir laiss£ quatre cents
homines sur la place. Le 1 7 juillet, Barberousse arriva
lui-m&ne devant la forteresse ; il venait de Cattaro, oii
le prov^diteur Mathieu Bembo s'&ait empress^ de lui
envoyer des rafraichissemens. Quatre-vingts canons *
furent d£barqu£s poui ouvrir le stege. Dans ce nom-
bre, il faut comprendre trois basilics qui langaient des
boulets du poids de cent livres ; deux de ces basilics,
places sur des afftits h huit roues et flanqu& detrente
canons de stege et fauconneaux, furent mis en batterie
du ct&k de l'4glise de Sainte-V&t&ande; le troisi&ne,
appuy6 par autant de pieces d'un calibre inf&ieqr,
foudroyait la ville du c6t6 des salines; vingt autres
bouches & feu&aient au centre de Tarm^e turqde. Pen-
* De CastelU novi Hreptione a Solimano tmperatore facta anno i54
(i539) narratio Chrutopkori Richeri ad Francis cum regent Galium in ifyn-
dromus, p. 76. » U compte encore 35,ooo moriaques et martolotes; mais ce
nombre paftftt meriter pen de foi, si Ton considere qu'il s'est meme tromp6
dans 1 annee du siege.
9 Richer, dans Sydrorous, p. 476. Hadji Khalla, Uistoire des guerre*
maritime*, f. 27.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 5i3
dant les trois semaines que dura le stege, les batteries
ottomanes lanc&rent ensemble pr& de dix mille bou-
lets V Le 7 aoAt, Khosrew-Pascha et Khaireddin doti-
ntrent simultanement Tassaut. IWj& les Tares avaient
p£n&r£ dans la *ville, quand Sarmiente accourut avec
une troupe de braves et les rejeta bors des murs avec
une perte de huit mille hommes. Le lendemain, deux
trarofuges espagnols apprirent k Khaireddin que la
forteresse manquait de vivres et de munitions; que
la garnison avait £prouv£ de grandes pertes depuis le
commencement du stege, et que le dernier assaut avait
r£duit k trente hommes les sept cents soldats qui d6-
fendaient le fort de la haute ville. Sur cette nouvelle,
.Khaireddin r£solut de livrer un nouvel assaut, qui fut
le dernier et le plus meurtrier (10 aotit). Les Otto-
mans escaladferent les murs et p^netrerent une se-
conde fois dans Tint&ieur de la place; les Espagnols,
trop foibles pour les repousser, battirent en retraite,
combattant toujours et vendant ch£rement leur vie.
Alors settlement Sarmiente, qui n'avait plus que trofs
cents hommes des quatre mille qu'il commandait k
Touverlure du stege, offrit de rendre le fort qu'il
gardait encore du c6t6 de la mer et de capituler. Les
janissaires et les martoloses, qui n'avaient £pargn£ ni
femmes ni enfans, demanderent a grands cris qu'on
leur livr&t les prisonniers pour venger sur eux la
mort de plus de huit mille de leurs freres tu& pendant
• Richer : novem missiHiu* pilarum, p. 77. D'apres Hadji KhaMa, huit
mille deux cents, f. 37; et d'apres Guazzo, treize mille, p, 964.
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3i4 HISTOIKE
le stege. Toutefois Barberousse refusa de satisfaire
a leur deroande, et emmena k Constantinople Sar-
miente et les antra officiers *. Oulama, transfage per-
san, regut le coramandement de Castel-Nuovo; le len-
demain de la prise de cette forteresse, la garnison du
ch&teau-fort de Risano se rendit sans combat \ Deux
jours apr6s, le prov£diteur de Cattaro envoya de nou-
veaux rafraichisseroens au g^neraliseime de la flotte
ottoraane; mais Barberousse, fier de ses succ&s, les
refusa et demanda les clefs de Cattaro. Bembor6pon-
dit que la place appartenait a la r6publique, et qu'il
saurait repousser toute attaque faite au m£pris de la
ta&ve qui existait entre Venise et la Porte. N6anmoins
Barberousse d£barqua ses troupes deyant Cattaro le
15 aoAt , et en commenga le si£ge; mais Bembo di-
rigea sur les assaillans un feu si meurtrier, qu'il les
obligea de renoncer k leur entreprise. L'amiral otto-
man rembarqua ses troupes apr&s avoir re$u du pro-
v£diteur cinq cents £cus qui lui furent offerts dans un
vase d'argent 3 .
Pendant que Souleiiman pressait r expedition qui
devait le rendre maitre de Castel-Nuovo, le s6nat de
> Richer, l.c.,p, 77 el 78. Storia di Guazzo, f. 364. Hadji Khalfe,
Uistoir* des guerre* maritimes, L 97, fixe le commencement du siege au
8 rebioul-akhir (a 3 aout).
» On trouve, dans les huh volumes des Scritture turchesche, deux depe-
ches originates du doge datees du a a juillet t53a : Nobili et sapienti vifo
Contareno oraiori itostro et dilectissimo Laurentio Gritti ConstanUnopoli emit'
tentibus. II y est dit : E ringrazierete V Ambassador Francese (Rincon) per
Ubuon officio che thafalto rifferiioci per ditto D. Cetare Cantebno.
3 Paruta, 1. X, p. 711. Storia di Guasso, f. i65.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 3i5
Venise avait entam6 unfe negotiation h Constantinople
pour obtenir la paix ou du moins une trfrve g£n£rale.
Gritti , qui avait && envoy6 k la Porte k cet effet,
revint au commencement du mois d'avril 1539, et
rapporta qu'il avait 6t6 pr£sent£ aux vizirs par Tin-
terpr&e ottoman Younisbeg ; que ceux-ci l'avaient vega
avec bienveillance, et qu'on pouvait esp£rer d'ob-
tenir la paix. Ausstt6t le s&iat fit partir pour Constan-
tinople Pietro Zen , qui avait &6 envoy6 d£jk deux
fois en ambassade aupr£s de Souleunan. Pietro Zen
&ait charg^ de renouveler le traits pass6 dix-huit
mois auparavant avec la Porte; mais il mourut en
chemm, k Bosna-Serai, sans avoir pu s'acquitter de
sa mission. Tommaso Contarini, 4g£ de quatre-vmgt-
quatre ans, que la destin^e mettait en continuel rap-
port avec les Turcs, soit dam les combats, soit dans
les negotiations, remplaga Pietro Zen '. Cependant
les pr^paratifs des Ottomans contre Castel-Nuovo se
poursuivaient avec activity ; ce ne f ut qu'apr&s la prise
de cette ville que Contarini arriva h Constantinople.
Souleiman le regut en* audience solennelle, mais ne lui
adressa pas la parole; pendant Urate la duree de Fen-
trevue, il tint continuelleraent sa main sur la poitrine,
geste que les officiers de la cour interprit&rent comme
un signe de mauvaise humeur ou de colore \ On re-
poussa avec d6dain les propositions de Contarini, qui
demandait la restitution de quelques villes; en y r6-
pondant, les vizirs r&lam&rent au contraire la cession
» Partita* p. 7x3.
a D'animo lurbaio. Paruta, p. 714.
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3i6 HISTOIHE
<Je Malvowie, de Napoli di Romania et de l'Albanie
juaqu'fe Castel-Nuovo. Efiray£ de oes demandes exor-
bitantes 9 Contarini crut prtident de sua pendre toute
negotiation ult&ieure. A l'issue de la conference, le
grand- vizir, dans l'iotention de lui faire cotnpreodre
qu'un traits n'£tait possible que dans le cas oii il serait
povrvu de pouvoirs plus &endus, luidit: « Allez voua-
m&ne k Veni$e, mais soyez deretour aumoi* desep-
tembre pour asaister aux fttes de la circondsion des
enfaosdu Sultan, et du manage de sa filler Ces fttes
furent c£ttbr£es avec la pompe aecoutumle; cepen-
dant, malgr6 l'absence dn ptenipotentiaire v6nitien, le
baile Canale, renria en liberty , fat invito k assister k
oette solenoid.
Au commencement de Tarni^e suivaote (1 540) , le
a&nateur Luigt Badoero vint reprendre k Constanti-
nople lea negotiations d£j& ouvertes relatrveraent k la
paix*, il &ak charge de trailer, en stipulant que toutes
chofee seraient remises sur le pied o&elles 6taient avant
la guerre; il ftait autoris6 k offrir a la Porte jusqu'b
trok cent mflle ducats a titre d'hidemnitl pour frais
d'exp£ditiofi ; cependant il ne devait dans aucun cas
e&Ier Malvoisie et Napoli di Romania. LA s'arr&aieiit
les instructions donates par le s6nat k Badoero; mais
le cooseil des Dix lui remit de plus amples pouvoirs
qui lui permettaient jusqu'& r abandon des deux places
de Napoli et de Malvoisie. Badoero fut desservi dans
sea negotiations aupr&s de la Forte par Cantelmi ' ,
■ Vojtx, sur les deux missions de Cantelmi ft Constantinople pour nego-
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DE L' EMPIRE OTTOMAN. 5i 7
NapoHtain emigre, qui Aadt devenu atnbasaadeur du
roi de France Francois I". Le* fibres Cavern, dont
Tun &ak secretaire do senat, et 1'autre secretaire du
conseil des Da, avaient train " k Cantelmi les doubles
instructions de Badoero; ilg expferent plus tard leurs
indiscr&ions par le suppBce de la potence. Cantelmi ,
maitre de ee secret f le ljvra ao diwan. Aussi loraque
Badoero, it son arrivle k Constantinople, Toulut se
renfermer dans les ordres stricts du s&iat , les vizirs
rejet£rent ses propositions bien loin, et d£clar&rent que
la paix ne pourrait 6tre achetee que par de plus grands
sacrifices. Enfin, apr&s trois mois de pourparlers,
Badoero conclut un traits qui cotita k la r£publique
Malvoisie et Napoli di Romania, les ch&teaux-forts de
Nadin et d'Urana sur les c6tes de Dalmatie, toutes
les petites iles dans l'Archipel dont Khaireddin-Bar-
berousse avait fait la conqu&e dans sa premiere cam-
pagne, telles que Scyros, Pathmos, Paros, Antiparos,
Nio, Egine, Stampalia, et enfin trois cent mills ducats
k titre d'indemnit£ des frais de guerre. Ce fut settle-
ment dans le cows de l'ann£e suivante que les am-
bassadeurs des deux puissances echjjngirent la rati-
fication de ce traite, qui, s'il ne fut pas glorieux pour
Venise, la tira cependant d un grand danger [xx].
Telle fut la fin des hostilites de la Porte avec les
V6nitiens. Dans le cours de cette guerre , les armees
ottomanes avaient &6 occupies simultan&nent en Eu-
cier une treve entre Souleiman et Venise, Partita, 1. X, p. 715, 718, 733.
Hassan ignore ces faits.
» Paruta, 1. X, p. 728. Daru, 1. XXVI, p. 57.
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3i8 HISTOIRE DE L'EMPIRE OTTOMAN.
rope et en Asie : pendant que Khaireddin battait dans
la M£diterran£e la flotte combine de Venise, du pape
et de l'empereur, le Sultan chassait le prince de Mol-
davie de ses Etats , imposait un autre souyerain k ce
pays, et Souleiman-Pascha portait ses armes dans les
Indes, asstegeait Diou, et r£duisait sous la domination
de la Porte deux princes arabes. C'est ainsi que la
fortune de Souleiman triompha h la fois sur trois
points diff&ens, h l'ouest, au nord et au midi de ses
Etats,
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LIVRE XXX.
Ambassades de Ferdinand. — Guerre de Hongrie. — Incorporation d'Ofen
dans les possessions ottomanes. — Entreprise de Charle*Quint tur Alger.
— Siege de Nice et de Pesth. — Dixieme campagne de Souleiman. —
Prise de Valpo, Siklos, Gran, Stuhlweissenbourg. — Mori du prince
Mohammed. — Chute de Wissegrad, Neograd, Welika. — Batailles de
Lonska et de Salla. — Mort de KJiaireddin-Barberousse et de Roustem-
Pascha. — Paix avec Charles-Quint et Ferdinand.
Ce livre raconte les £v6nemens survenus depuis la
paix avec Venise jusqu'au traits conclu avec Charles-
Quint et son frere Ferdinand, et comprend un espace
de sept ans que remplit tout entier la guerre de Hon-
grie et pendant lequel la puissance de Souleiman ar-
riva k son apogee. Ces sept ann£es expirees, nous en-
trerons dans la seconde p£riode du r&gne de ce grand
monarque; nous n'y trouverons pas des faommes
d'Etat ou de guerre aussi remarquables que Khair-
eddin-Barberousse et Ibrahim , des conqufites aussi
brillantes que celles de Belgrade, de Rhodes, de Bag-
dad et de la Hongrie; mais par Incorporation de la
plus grande partie de ce royaume k Tempire ottoman
et par l'abandon de la Hongrie sup£rieure k l'Au-
triche, nous verrons le pays des Magyares devenir le
theatre d'une lutte acharn£e entre la civilisation eu-
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320 HISTOIRE
ropeenne et la barbarie asiatique, qui pendant cent
cinquante ans menaga d'enyahir l'Occident. Dans le
cours des sept ann£es qui vont nous occuper main-
tenant, une conqu£te aussi importante que celle de la
Hongrie, un traits de paix aussi grave par ses resul-
tats sur les affaires politiques de l'Europe que le der-
nier traits de Charles-Quint avec Souleiman-le-Grand,
les £v£nemens qui en furent la suite, appel&rent dun
c6t6 d'immenses d£ploiemens de forces sur les champs
de bataille, et de Fautre une remarquable activity de
la diplomatie dang les cabinets des puissances euro-
p£ennes.
Pendant et apr&s les negotiations entre Venise et la
Porte , Ferdinand s'&ait efforc£ de conjurer Forage
qu'il privoyait devoir fondre sur ses Etats; Charies-
Quint -se joignit a lui pour donner enfin a l'Europe la
paix dont elle &ait priv£e depuis si long-temps. Les
expeditions, les victoires, les d£faite& regoivent une
immense publicity par l'accomplissement du fait ltu-
m£me; il n'en est pas de m£me des negotiations di-
plom&tiques, qui le plus souvent sont destinies h renter
secretes, et dont les pieces demeurent quelquefois en-
fouies des sixties dans les archives, avant de devenir
accessibles a l'historien. Cest h ce defaut de sources
qu'il faut attribuer les narrations incompletes ou entte-
rement erron£es des historiens sur les negotiations
qui pr£c&terent ou suivirent la guerre de Hongrie.
Les trois lettres que Souleunan avait exp£diees de
Bagdad, de Tebriz et Diarbekr, a Ferdinand , avaient
eu chacune une r^ponse immediate [i]. Apres le retour
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t)fc L'EMMKK OTTOMAN.
Dit
du Sultan k Constantinople, Ferdinand envoy a Maria
Darcizi pour le flicker de I'heiireuse issue de la cam-
pagne de Perse , et se plaindre des infractions faites
au traits r£cemment conclu, des retards apport^s kla
restitution de la dot de la reine Marie, et des courses
contumelies des Ottomans sur les frontidres des Etats
de Ferdinand. Le grand-vizir Ayas-Pascha [n] r6-
pondit k Barcizi que, sails le meurtre de Gritti, la dot
de la reine Marie aurait &6 rendue depuis long-
temps, que les incursions des Ottomans sur les fron-
tiferes avaient &6 provoquSes par celles des Autri-
chtens dandles possessions de la Porte, et que la sou-
veraineti de la Servie appartetiait k Souleiman; il
termina en disant que le comte Srin et autres, qui de-
puis deux ans avaient £lud£ le paiement du tribut ,
seraient somm^s de solder leur arri6r6.
La dtfaite que Katzianer essuya k cette £poque ne fit
que i$ndre la paix. plus probl&natique; mais Ferdi-
nand, pour pnSvenir les suites que pouvait avoir cet
6v£nement*envoya k Constantinople J£r6me Lasczky ',
palatin de Siradie, qui dix ans auparayant avait accom-
pagn£ Souleiman au si6ge de Vienne en quality dam-
bassadeur de Zapolya. Apr£s le meurtre de Gritti,
Lasczky avait &6 jet£ en prison par Zapolya; ay ant
recouvr^ la liberty par Intercession de Sigismond, roi
i La Iettre4e creance de Lasczky est datee du S septembre i53o; ellt
se trouve dans les archives de la maison I. R. d'Autriche> Lasczky avait
poor collegue Andronicus Tranquillus qui avait quitt£, comma lui, le ser-
vice de Zapolya. Voyez la lettre adressee par Veranins a son frere, la
5 fetrier 1S41 , dans Catona. XX, p. 1309.
T. V- • 21
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3m H1STOIRE
de Pologne, il &ak entr£ imm&tiateiBent au service de
Ferdinand, et &ait devenu 1'ennemi implacable de son
ancien mattre, dont il avait 6t6 jusque-b im des plus
fermes soutiens. Obtissant k un besoin de vengeance,
il dtaonga k Soulefaian le traits secret conclu par
Zapolya, k Grosswardein, avec Ferdinand. A cette
nouvelle, le Saltan s'&ria, en s'adressant k Loutfi-
Pascha qui se trouvait prte de lui : «Ces deux rois sont
indignes de porter la couronne; ce sont des hommes
sans fieri; la crainte de Dieu ni celle des hommes n'a
pa les empteher de violer le traits qu'ils avaient juri
d'observer l . » Lasctky entra le 8 octobre k Constan-
tinople, et fat re$a le 7 novembre en audience par le
Sultan, qui ne l'&xmta qu'avec une impatience mar-
quee, et l'accabla de reproches en lui rappelant le sttge
d'Ofen. Les uns conseillaient k Souletoan de te ren-
voyer le nez et les oreilles coupes, les autres de le jeter
dans les fers* Cependant Lasczky r&issit k s'6p{ffgiier
ces traitemens k force de lib&alkfc; Roustem-Pascha
seul ne voulut rien accepter de l'ambasssadeur, qui
hii avait offert en present une chalne d'or \ L'annfe
suivante, Lasczky partk de Haguenau pour Gonatan-
tinople , avec de nouvelles instructions de I'empe-
reur 3 , d'apr&s lesquelles il devait tout tatter pour de-
terminer Souleiman k e6der k l'Autriche la partie de
la Hongrie que Zapolya avait jusqu'alors poss£d£e, et.
i Javius, XXXIV, p. ai^.
* Rapport de Lasoky, dans les archives I. R.
3 Instructio pro Hieronimo a Lmshio Ormort id Soiimammm, dd. Hage-
novi« 8 julii i54o.
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DE L'EMHRE OfTOMAN. 3*3
promettre en retour on present annuel en montres,
faucons, chiens, etc. Quinze jours apr& le depart de
Lasczky, la molt de Zapolya n&essita 1 envoi d'une
nouvelle ambassade de la part de Ferdinand : « Cours,
vole k Constantinople, » &ait-il dit dans les instructions
donn&s k Andronicus Tranquillus ; il lui &ait en ontre
enjoint de ne rien n^gliger pour gagner aux intfr&s
du roi le grand-vizir Loutfi-Pascha, le vizir Roustem-
Pascha etledrogmande la Porte, Younisbeg 1 .
Souleimah avait envoy£ de son cftti un tschaousch
k Ofen pour constater la naissance dun fils que Za-
polya, quinze jours avant sa mort, avait eu de la reine
Isabelle; Mailath, qui s'&ait d£clar£ votevode de
Transylvanie, avait cherche a jeter dans les esprits
des doutes sur la l^gitimit^ de oet enfant a . Isabelle
apporta au tschaousch son nourrisson dans ses bras,
et le recommfenda k la protection du grand empereur.
En m&ne temps, par un mouvement plein de gr&ce
et dont la hardiesse n'&ait pas ctepourvue dun certain
charme pudique, la mire d&ouvrit son sein d'alb&tre
et allaita son fils en presence du tschaousch 3 ; celui-ci
s'agenouilla, baisa les pieds du nouveau-n<6, et jura
au nom de Souleiman, en posant sa main droite sur la
poitrine de l'enfant, que d&s l'&ge de sa majority le fils
i Imstructio pro Jndronico Tranquillo, dd. Vienna, aotit i54o : Ut
ConttantinopoUm adwles, curras, erti fieri potest adjuvanle Luifi et Rustem ,
Bacha nee non Jomubeg audientiam impetrare studeas, Dans les Archives
de la maison I. IL d'Autriehe.
a Vttanui EpistoU, dans Catona, XX, p. 1418.
3 Rechtso mamiUari el exterta papilla coram laclavwe.
21*
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5*4 HISTOIRE
du roi Jean, & Inclusion de tout autre, r^gneraff sur
la Hongrie '. .
Opendant Leonard Fels, un des g6n6raux de l'ar-
m6e de Ferdinand , vint mettre le stege devant Ofen ;
mais il se retira presque imm6diatement, la mauvaise
saison &ant d^ja fort avanc^e, et s'empara des places
fortes de Pest » Waizen , Wissegrad et Stuhlweissen-
bourg. D& Fouverture des hostilities, Isabelle s'&ait
empress£e de d£puter k Constantinople ses fiddles
conseillers , Verboeczi et Cerzeky, pour implorer les
prompts secours du Sultan. Les ambassadeurs d'lsa-
belle admis k l'audience de Souleiman d£pos&rent au
pied de son tr6ne, avec de riches pr&ens, le tribut
de la Hongrie, s'&evant k trente mille ducats (octobre
1540); il leur fut remis en retour un dipl&ne par
lequel la Porte confirmak dans la dignh£ royale son
vassal tributaire , le fils de Zapolya \ Le beglerbeg
de Roumilie, Khosrew-Pascha, et le troisteme vizir,
Mohammed-Pascha , re^urent ordre de marcher en
«
toute h&te sur Ofen ; le Sultan devait les suivre k la t&e
de Tarm^e, pour aller soutenir les droits dlsabelle
comme reine regente [hi].
Uti mois se passa encore en conferences entre
Lasczky et les vizirs. L'ambassadeur de Ferdinand
excqsa le siege que son maitre avait mis devant Ofen,
et qui &ait devenu le sujet des &ernelles recrimina-
* Vcrantii Epistola, dans Catona, II, p. i4*8.
* Ferdi, f. 336. Kharmdj wa$i olounoub eltsckisiiU nitcfuni malischa*
gtrnderildiy c'est-a-dire : - On lui (au fils de Zapolya) inposi lelaradj,
» et on lui envoya par son anibassadeur le sublime dipltae. »
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DE L'EMPIKE OTTOMAN. 3j5
lions du diwan, en se rejelant sur ce qu'il n 'avait &e
conclu qu'une tr^ve de deux mois entre la Porte et
l'Autriche; il ajouta qu'au surplus Ferdinand n'avait
attaqu£ que les possessions de Zapolya , et non la
Croatie , ni les autres provinces appartenant k Sou-
leiman. Lorsque Lasczky toucha les points que d6ja
l'ann& pr£c£dente il avait inutilement ddbattus ' , le
grand-vizir Loutfi-Pascha se contenta de lui dire : « Tu
paries bien , Lasczky , mais tu agis mal \ » Les trois
autres vizirs, Roustem-Pascha, gendre du Sultan,
Souleiman-Pascha, et Mohammed -Pascha, lui repro-
ch&rent d'avcrir, lur Polonais, abdique ses sentimens
de nationality pour servir les Allemands; Lasczky
justifia sa conduite en citant l'exemple de l'ambassa-
deur du roi de France, qui, n6 Espagnol, servait les
iiit£r6ts de Frangois I" contre son souverain legitime 3 .
Loutfi-Pascha ayant demande dans quel but avait &e
conclu le traits de Haguenau entre Frangois I er et 1'em-
pereur : « Demande-le au grand- amiral , » lui r£pondit*
Lasczky, en desigtiant Barberousse qui assistait au-
diwan. « Dois-je, r£pliqua Barberousse en riant, re-
presenter ici 1'ambassadeur du roi de France *? »
Apr6s le diwan, les vizirs invit&rent Lasczky au festin
d'usage, lui firent des complimens sur ses voyages et
■ 7 Dovembre. In Dwano repetivi lcgationem,qwmj*pprio,ri anno fmtpK
Rapport de Lasczky. Engel, IV, p. 71, parte de deux ambaisades, mail
c'est une erreur.
» Pulchre locutus, turpe fecisti. Rapport de Lasczky.
* II voulait probablemeut designer Cantelini qui , nc Napoliuiu x «4af t
fujet de Chailei-Quiut. r
4 flute me fmcere Regit oratonm. Rapport de L4$caky«
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3a6 HISTOUtE
&s ambassades, et le felicit£reot de pouYoir ttre admfe
en presence du Sultan (7 novembre 1540). Lasczky
leur raconta, k propos des diverse* missions dont il
avait &6 chargt, quk la cour de Charles-Quint il afvail
combattu Fopinion de deux ambassadeurs persans,
qui faisaient remonter Fanciennet£ des schahs de Perse
plus haut que celle des sultans ottomans. L'un de ces
ambassadeurs, ajouta-t-fl, avait && envoys d'abord an
roi de Portugal, puis a Fempereur, pour les instruire
des progrds alarmans de Souleiman dans la Perse;
Fautre &ait charg£ de determiner Charles k faire la
guerre aux Ottomans , afin de partager avec le schah
Fempire du monde; Charles aurait &£ maitre de
FEurope , et le schah maitre de FAsie. « Mais com-
ment, lui demanda Loutfi avec ironie, vous 6tes-vous
entendu sur les limites de vo& empires l ? » Vers midi
du mdme jour, Lasczky fut introduit dans les appar-
temens de Souleiman , qui , en le voyant arriver, Fa-
postropha ainsi : « As-tu dit a Ferdinand que la Hon-
grie m'appartient? Qu'y vient-il done faire a ? » Pu»
il se livra k une violente colore , pendant Fexplosion
de laquelle on emmena Fambassadeur hors de la salle
d'audience. Les vizirs rest&rent pendant trots heures
avec le Sultan k tenir conseil sur Fopportunitl d une
nouvelle guerre avec Ferdinand ; Fentr^e en campagne
ayant &6 r&olue, des crieurs publics proclamftrent la
decision du diwan, et Lasczky fut retenu prisonnier
* Qtwmodo confinia composuUUs cum K'uilbassa (le schah). Rapport de
Lasczky.
a Rapport de Lasczky.
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DE L'EMPIRfc OTTOMAN. 327
dans le palais du grand- viiir *. Le drogman Younis-
beg vint lui porter des consolations dans sa captrvit£
et l'exhorter k prendre courage , en l'assurant qu'il
n'avait riena craindre, parce que le Padischah trou-
vait fort beaux les fancons dont il lui avail fait present :
le vieil eonuque Soukiman-Pascha, lui dit-il, avait
faien ii la v&itd ouvert l'avia de lui faire couper le nez
et les orcflles, raais le Sultan n'y avait pas consent!*
Loutfi-Fascha proposa k Lasczky d'entrer au service
de la Porte; celui-ci ayant refus£, en altegnant qu'il
ne pouvait abandonner sea biens, sa femme et ses en-
fans, le grand-vizir lui r^pondit qu'on ne pouvait
admettre oe pr&exte, puisqu'en se vouant aux mt£r&s
du Sultan, il ne manquerait ni de femmes m de cha-
teaux. Lasczky ayant persist^ dans son reftis, demeura
consign^ che« le grand- vizir ; il led fat permis cepen-
dant de sortir le dimanche, pour aller entendre la
niesse dans l^glise du patriarchat grec; malgr£ la ri-
guew dont on usait envers lui, une somme fut affectfe
a son entretien et k cekri des personnes faisant partie
de l'ambassade. Le 1" dlcembre 1540, Souleiman se
rendit k Andrinople accompagn6 des princes Mo-
hammed et S61im et de trois mille janissaires. II n en
revint^que le 4 avril de l'ann6e suivante (1 541 ). Trois
semames apr£s son retour, cent vingt hommes et sept
femmes, soup$onn6s d'avoir \6\6 au tr&or une somme
de mille vingt-cinq ducats, subirent le supplice de la
question. Vers lem&ne temps, ayant appris la revoke
• Et non pas dans le chateau des Sept-Tours, comrne le dit l'histoire
de Wolfgang Belhlen, I, p. 356; Cibiaii, 178*.
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3a8 UISTOIRE
de Ghazikhan , gouverneur du Loristbn, 6t de Gre-
goire, gouverneur du Kurdistan ', Souleimah erivoya
sur les fronti&res de Perse deux mille cinq cents ja-
nissaires, sept cents sipahis et six cents ouloufiedjis.
Ce fut alors queLoutfl-Pascha, dont la disgrace avait
eti provoquee par les cir Constances dont nous avons
parte plus haut, fut mis & la retraite, mais avec une
pension de deux cent mille aspfes, en consideration
de son alliance avec le Sultan. L'eunuque SGulelman-
Pascha, 4g4 de quatre-vingts an$, succ&la k Loiitfi
dans le grand-vizirat * ; la place de second vizir fut
donn& k Roustem-Pascha, oelle de troisteme a Mo-
hammed-Pascha, et celle de quatriirae an begterbeg
de Roumilie, Khosrew^Pascha. L'aga dei janiesaires,
Ahmed, fut nomra^ beglerbeg de Roumilie; Owels-
Pascha , beglerbeg de Bagdad. Le prince Moustafa
passa du gouvernement de Saroukhan a celui d'Amas-
sia, avec une augmentation de traitement de cinq cent
mille aspres par an [iv], Tel est le resum6 des 6y&-
nemeos qui signaterent Thiver et le printemps pendant
lesquels Lascicky fut retenu prisotonier dans le palais
du grand-vizir.
Le ^3 juin (28 safer), Souleiman partit de Con-
stantinople , pour ouvrir en personne la campagne
contre la Hoagrie. Le grand-vizir resta en Asie-Mi-
neure sous preteste de protager les frontteres orien-
tates de 1' empire contre les entreprises du schah de
Perse; mais en r4ftli(4 il avait pour mission de sur-
i Fcrdi, f. S34,
* Ferdi, f. 344. Rappun de Lasifrky du y mai.
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t>E LEMWllE OTTOMAN. £29
yeidW le prince Moustafo dorat Tambkion &ak d6j&
sufcpecte k Souleiman \ bien que la m&intelligence
entre Je pire et le fils nedttt 6clater s^rieusement que
douze ana plus tard. La resolution du Sultan de par-
tir pour la Hongrie sans 6tre suivi du grand-vizir, ne
doit dtre attribute ni & T&geavanq£ de oe dernier, ni k
une mesquine jalousie contre les pouvoirs exorbitans
du graBd-vintat, maie k l'mffuence pr£pond6rante du
secoqd vizir Rousteta-Pascha, gendre du Sultan, qui,
en sa quality d'aecien page du serai, jouissait de plus
defavetfr que leunuque octogdnaire. D'apr&s tout ce
qui pt&dde, il est facile de voir que Souleiman Be sou-
veaant de 1* toute-puissance de son ancien favori
Ibrahim, et des suites fatales qu'ette aurait pu avoir,
ne youlut ftppetar au grand- vizirat que des hommes
eprouv^s par de longs servioes militaires sur terre et
sur m$r, tels qn'Ayas, Loutfi et Sotdeiman-Pascba,
en ayant bien soin d^tre sdbre de faveurs avec era ,
de peur den faire des rivaux & son autoritd soc vte-
raine. Du reste, les 6v6neifcens qui suivent prouv^nt
que la puissance de SotJeirtian-Pascha, contrebalancfe
comrae elle ]'&$ par celle de Roustem, ne put jamais
&re un sujet d'alarme ou de jalousie pour lie SuU
tan. Roustem devait son influence moins encore a sa
femme qu a la m£re de celle-ci, l^pouse favorite de
Souleiman. Le Sultan, entierement domine par celle
femme, surtout depuis la disgr&ce dlbrahim quelle
avait provoqu£e en partie [v] f commas$a d6s Jem a
abandonner k Roustem les r&ies du gouvernement.
■ Rapport dc Lasciky.
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35o HISTOIHE
Gependsnt Boustem n usa pas de sa haute puissance
d'apr& sa propre voloat£, mm d'aprfe celle du
haraa, coaune nous le venons par la suite. A une
station de Constantinople, une pluie battante rendant
tout© marohe impossible, Souleiman fit halte et oc-
qnpa sea lcaWm & opirer quelques changemens dans
b personnel de l'adpinistration.
Le moufti Tachiwindd* qui, contrafament & ravfe
nnanjfne des oul&aas , avail resole n£gativement la
question de savoir s'il est peroris de porter sur les
cfaaussons des socques de ouir (mest) attaches am
pantalons, ftit destitu£, et sa place donnta au media
Abdoulkadir \ Ferhad-Pascha fut <Sgalement d4pos6
desongouvernement d'Erseroum, sur le rapport d'un
commisgaire envoye sur ks f rontiires de Gforgie
pour examiner les pkdntes &ev£es confab son admi-
nistration; le fils du vizir Doukaghidoghli , Mousa-
Pascha, fut choisi pour lui suedder dans radminis-
tratkm de cette province*.
De Philippopoli* , Souleiman envoya 1'ordre k
Khaireddin-Barberousse d'4quiper quatre-vingts ga-
lires, et de volet au seoours d' Alger que menagait
une flotte espagnofe \ Lui-m6me, k la ttte de son
armie, se dirigea par le d&16 d'Isladi sur Nissa, en
passant par Sofia et Schehrkoei. A Nissa , il regut en
audience les ambassadeurs de Florence qui vinrent
lui offpir de& pr&ens, et les oong^dia en leur re-
mettant une tettre pteine depressions d'amitft pour
» Ferdi, f. 346. Loutfi, f. 94.
a Ferdi, f. 347. — 3 Ibid., f. 349.
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DE L'EMPIKEi OTTOMAN. 33i
Cosme de M6dicis «. Cette campagne en Hcmgrie,
comme toutes les pr&6dent$s 9 se fit remanquer par
une stride discipline : celui qui volait on b&ton, dak
l'historien Ferdi, en recevait wdlle coups en retour *.
A Belgrade, l'ancien beglerbeg de Roumilie, r&ern-
ment 61ev6 k la dignity de vizir, vint rendre hommage
au Sultan en cette quality et prendre sa place an di«
wan \ Dans cette m&ne ville, Ahmed, sandjakbeg de
Nicopolis , et Pierre Raresch , re$u depuis pen en
grftce, livr£rent au Sultan le chef hongrois Mailath,
qu'ils avaient traltreusement attir6 hors de son cha-
teau de Fogaras ; Mailath , accus£ d'avoir entretenu
des intelligences avec Pierre Fereny, fut envoy* au
chateau des Sept-Tours pour y passer le reste de se*
jours '. Le fils que Pereny avait laissi k Constanti-
nople comme 6tage de la fid£lit£ qu'il avait jurfe au
Sultan, avait &6 circoncis long-temps anparavant et
enr616 parmi les pages du serai s . Avant son depart
de Belgrade, Souleiman apprit le menrtre de lam-
bassadeur fran$ais Ringon qui se rendait k Constan-
tinople avec C6sar Fregoso ; Tenvoy6 de Frangofe V
> Ferdi, f. 35©.
» Bir ueh»p4 ihmirm* eUqren him Uchop gint* yerlM. Ferdi, f. Wo.
S Ferdi, f. 35 1. Kbosrew-Pascha , Wzref des Hongrois, ayait &e
nomm6 quatrieme vizir, et n'etait pas mort, comme le dit Fessler, VII,
p. 585 : « Ulamanbeg (Oulama), le successeur d'Utref dans le gouverneroent
» de la Bosnie,icommandait 1'aiTiere-garde; » nab c'est one erreur que
Fessler a copieedans Istuanfi: VUmanemqut Persim trmsfmgrnm* qui Usrejfo.
demortuo in, Botniensi prafectura successerat, I. XTV.
4 Fessler. Engel, d'apres Istuanfi, 1. XIV.
5 Rapport de Lascsky de 1'annee 1539.
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33a UISTOIKE ■
avait 6l6 attaque et assassin^ sur la route de Turin ,
par les bandits du marquis Guasto '. La fecheuse
impression que laissa cette nouvelle dans 1'esprit de
Souleiman , fut en quelque sorte compensee par la
joie que lui inspira Favis de la victoire remport£e par
les troupes r6unieg d'Yahyapaschaoghli , gouverneur
deSemendra, d'Oulama, gouverneur de Bosnie, de
Valentin Toeroek et d'Isabelle sur Tarm^e de siege
commandite par Rogendorf ; ce g£n£ral de Ferdi-
nand avait dA m&ne abandonner pr£cipitamment son
Gamp au pied du mont Gerhard , prfes d'Ofen , et
se retirer pr^cipitamment. Les cadavres ennemis qui
descendaient le Danube furent pour Souleiman des
messagers non Equivoques du triomphe de ses trou-
pes \ Kasim, commandant de la flottille turque sur le
Danube, avait pris possession de-la ville de Pest, £v&-
cuee par les Allemands 3 . : Pereny s'&ait enfui a Erlau,
et Rogendorf &aitall6 mourir dans l'tle de Schutt des
suites de ses blessures. Le vaillant Dalmate J6r6me
de Zara, frkve du brave defenseur de Guns, nagu&re
ambassadeur de Ferdinand a la Porte, et alors com-
mandant la flotte du Danube k Pest, avait &6 tene-
ment crible de blessures dans le malheureux stege
d'Qfen, qu'il ne tarda pas k succomber *. Lasczky,
malgr6 son 6tat de maladie, avait &6 traine k la suite
» En se rendant a Constantinople, et non pas en revenant de cette ville,
le 3 jiiillet 1541, eomme le croil Fessler. FIassan,t. I, p. 388.
» Ferdi, f. 35a. .
3 Dans Istuanfl, haston^ dans d'autre* historieus, Kassan.
4 Istuanfi, 1. XtV, p. a34.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 355
du camp ottoman jusqu'k Belgrade; il ne f ut rendu &
la liberty que presque mourant , lorsque le Sultan
revint d'Ofen*.
Le 25 aotit 1 541 » Mohammed-Pascha, snivi de tous
les begs, sortit d'Ofen pour aller k la rencontre du
Padischah *. Le jour soivant, Souleiman conduisit son
arm£e sur la rive droite du Danube, ou il ^tablit son
camp k Alt-Ofen. Ce fut la que le lendemain matin
six cents prisonniers faits par les Ottomans dans leur
victoire sur Rogendortyle 21 du m6me mois \ furent
massacres k Fexception de quelques chefs, parmi les-
quels TAutrichien Balthasar Puchhaimer et le Boh&ne
Melchior Borziza. Le 28 aoAt, le tschaouschbasdu
Ali-Aga se rendit k Ofen, charge d'offrir, de la part
de Souleiman, quatre chatnes dor et trois chevaua
avec dfes housses dor au jeune roi de Hongrie, des
anneaux, de la mousseline et des bracelets k la reine;
il etait porteur aussi d'autres objets precieux qu'il
devait remettre au fils de Zapolya f *au nom du prince
Bayezid qui avait accompagne le Sultan dans cette
campagne *. L'ambassadeur dit k la reine-m&re que
s Fessler, VII, p. 590, se trorope en disant que Lasczky ne fat retena
prisonnier qu'a son arrivee a Belgrade. II se trompe encore, p. 601 , lors-
qu'il affirme que Lasczky fut mis en liberie dans cette meme Tille, apres
avoir pronve que Charles - Quint n'avait eu aucune part au menrtre de
l'ambassadeur francais Rincon (Jovius. dans Catona, XXI, p. 88). Aiosi
qu'il resulte du Rapport de Lasczky lui-meme , il avait 6ie traile en pri-
sonnier des le 7 novembre, et n'avait etc* rendu a la liberie que par la pitie
qulnipirait l'etat de sa sante.
* Ferdi et Petschewi, f. 77i 4 djemazioul-ewwel,
3 Et non le 99, comme le dit par erreur Bethlen, I, I. Ill, p. 371.
4 Petschewi, f. 78. Les historians ottomans ne disent rien du second
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354 HISTOTHE
les lois <te 1'empire interdisaient au Sultan de venir la
visiter en personne , et il l'mvita k envoyer au camp
ottoman son fils avec les nobles qui avaient si bien
dlfendu Ofen. Ge message ne laissa pas d'inspirer
de vives cndntes k Isabelle ; elle passa la nuit k tenir
conseil, et se d6cida enfin k d6f$rer k rinvitation da
Sultan, d'apr&s Favis de son conseiller, le moine Mar-
tmuzzi, auquel Zapolya l'ayait recommandle en mou-
rant. Le 29 aofct, quinzi&me anniversaire de la bataille
de Mohacz , le royal enfant ; Sigismond Zapolya, a
peine &g6 d'un an, fut conduit au camp ottoman dans
la cooapagnie d'une nourrice, de deux matrones et des
six premiers conseillers d'Isabelle, Martinuzzi, Petro-
vich , Valentin Toeroek , £tienne Verboeczi, Urbain
Bathyany et Podmaniczky. Le petit Sigismond itaat
avec les trots fiemmes dans un char dor6, que Yes con-
seUlers accompagnaient k pied. Le grand-mar&hal et
le grand-chancelier, sirivis de plusieurs sandjakbegs
et tschaouschs, alterent recevoir 1'enfant, et l'einme-
n£rent dans une tente, autour de laquelle &ait rangta
une troupe de jamssaires et de gardes-du-corps [vi].
Petrovich avait &6 d&ign£ pour presenter Sigismond
au Sultan ; mais r enfant refusa de se laisser prendre,
et se mit k pleurer; la nourrice , accompagnfe des
conseillers, fut done obligee de le porter elle-m&ne
en presence de Souleiman; elle sortit bient6t, con-
duite par Podmaniczky, le grand-mar&hal et le grand-
chancelier. Les cinq autres conseillers regt&rent dans
prince Selim, dont parUat Betlileo , I, p. 379; Ittouifi, I. XIV, p. *4i »
et Jovius , t. XI.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 555
la tente du diwan, et le Sultan leUr fit sigAifier par
les vizirs quil s'&ait r£serv6 la place d'Ofen. Pen-
dant que les conseiUers d'Isabelle apprenaient cette
nouvelle, les portes de la yille &aient occupies par les
janissaires , qui lore du passage du cortege s'&aient
m&& au peuple ctomme amis et allies ; des crieurs
parcouraient les rues proclamant que les biens et la
vie des habitans seraieut respect&, s'ils livraient leurs
armes et accueillaient bien les janissaires. Avant le
coucher du soleil, Ofen etait deyenue une ville otto-
mane. Ainsi succomba oette vieille capitale, ranni-
versaire m&ne de la mort du roi de Hongrie dans les
marais de Mohacz; et le m£me jour, qui avait yu le
royaume donn£ k Zapolya par les armes victorienses
desTurcs, le vit enlev6 k son fils par la prise d'Ofen.
Souleiman retint pendant une semaine les conseil-
lers dlsabelle dans son camp, et d£battit avec eux
la question de savoir s'il ne conviendrait pas d'emme-
ner la reine k Constantinople ', De son o6te, Iiabelle
n^gocia la liberty de ses coaseillers par linden am*
bassadeur de son pdre Sigprnond aupr& de la Porte * ;
die fut appuyta dans ses d-marches par Ronstem*
Pascha, dont elle avait gagn£ la femme, la sultane
Mihrmah (lune des soleils), par de riches pr&ens.
Le jour de Foccupation d'Ofep, l'aga des janissaires
i Lei dkoours deft wira, diet par Jovius (Catena, XXI, p. yfc) et re*
produits par Bethlen, p. 389, paraiatent meriter peu de connance. Ge
dernier place par erreur Fentree de Souleiman a Ofen an %g aout au lieu
du a septembre.
2 Per Jgarchum Sigismundi patris legation.
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55S HJSTOIRE
rde rendre \& cftftteau qui lui seryait de
residence; elle r^pondit qu'elle rabandonnait k Sou-
leiman, mm elle pria qu'on n'y laiss&t entrer per-
rsonne, tant quelle lhabiterah ; on lui fit la promesse
qu'elle d&kait, mais on ne 1'observa point. L'aga des
jamssaires prit possession de la p6rte du chateau, sur
laquelle il se tenait asris tome la journ^e, pendatrt que
ses gens en sortaient ou y ^ntraient, sans faire, il e&
vrai , de mal k personne ; par son ordre les prisons
furent ouvertes. Le 1 er septetnbre 1 541 , un tschaousch
signifia k la reane qu'elje e&t k preparer son depart,
et a acheter des boeufs pour «mmener son bagage avec
elle; en m6me temps Faga des janissaires demanda et
obtrot les clefs de Tarsenal. Le lendemain, vendredi
2 seplembre, Souleiman eatra a Ofen, et se rencBt k
1 '^Usede Sainte-Marie, qu'il convertit en mosquta
ea y faisant la prtere poblique «. Deux jours apr^s ,
le secr&aare-d'Etat (nischandji-baschi) , accompagn£
d!un interpr&e, pr£senta k la reine un dipl6me 6crit
en lefttaes dor et d'azur, dans lequel Souleiman jurait
par le Proph&e, par ses afieux et par son sabre, de ne
retenir Ufen que pendant la minority du jeune roi, et
de lui rendre cette- viile a sa majority [vii], MiHe mar-
toloees , deux, mille janissaires , mille cavaliers, trois
cents solaks et quelques centaines de matelots, furent
d£sign& pour former la garnison d'Ofen ; le comman-
dement de ces troupes fat donn6 kun Hongrois de
■ Rapport de fambassade, dans les archives de la asaison I. K. d'An-
trichc.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 35 7
naissance ', Souleimau-Paseha , pr&edemment gem*
verneur de Bagdad, et plus lard beglerbeg d'Anatolie;
le Sultan 1'investR k cette occasion de la dignity de
vizir ou pascha k trpis queues 2 . Khaireddin Efendi fat
nomm6 juge des musulmans , et le chancelier Ver-
boeczy (dernier ambassadeur d'lsabelle k Constanti-
nople) fut 41eye aux fonctions de juge supfrieur de la
Hongrie, ayec un traitement quotidien de cinq cents
aspires ou dix ducats. Le jour m6me oft le nischandji-
baschi apporta au fils de Zapolya le dipkkme qui led
conf&ait le s&ndjak de Transylvanie sous la tutelle de
Martinuzzi et de Petrovich , les conseillers d'Isabette
furent mis en liberty, k l'exception du g6n6ral Valen-
tin Toercek, plus commun&nent appete par les Alle-
mands Turk Wallandt. Quoique z&\6 partisan des
Turcs, il fut, d'aprds toute apparenoe, calomnte au-
pr& du diwan par Martinuzzi, et jet6 dans le chateau
des Sept-Tours, oft il mourut apr^s cinq ans de cap-
tivity 3 . Toercek, Mailath, qui ternrinfrent leur vie
dans ces m&nes prisons, et Pereny, dont le fils de-
vint un des pages du Sultan , offrirent k leurs con-
citoyens un terrible exemple de la mani&re dont la
perfidie turque r&ompensait la perfidie hongroise.
Toeroek offrit ses deux fils comme dtages, mais Sou-
leiman r^pondit que Pereny avait aussi envoy* ses
i Jovius : in Hungaria nomine SulimanuS, qui ah ineuntc mtau betlo
captus. Catena, XXI, p. 87. Bethlen, I, p. 393.
9 Istuanfi, 1. XIV. Pelschewi, f. 78* Ferdi, f. 355. Relation da provi-
seur de Gran, Mastewek, dans les archives d'Aulriche.
3 Mustewek, 1. c.
t. v. a*
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538 MJSTOIRE
deux fils & Constantinople, et que cependant fl avaft
viol&sa for; il ajouta qu'il regarderait comme une ga-
rantie plus solide la remise entre ses mains des deux
chateaux de Ghargo et de Szigeth. Le 5 septembre, la
reine sortit du ch&teau; Souleiman-Pascha s'installa
dans la maison de Martinuzzi. Verboeczy prit posses-
sion du palais de Jean Zapolya ; mais il ne garda pas
Jong temp9 ses fonctions de juge, et succomba bientdt
sous la honte dune position qu'il tenait des enne-
mis de sa patrie ; il flit enseveli , sans les cir&nonies
chr&iennes d'usage, dans le cimetiere des juifs. Le
san^jak de Temeswar fut donn6 a Petrovich. Toutes
ces usurpations ne firent qu'augmenter l'avidit^ du
Sultan; au moment du depart de la reine , il la fit
instruire. qu'il d&irait encore la ville de Funfkir-
chen. Aussitbt apr&s la retraite d'Isabelle, les janis-
fiairessemirent en possession du chateau d'Ofen; l'in-
violabilit^ des personnes solennellement promise fut
de nouvearu miconnue, et les bouchers de la ville
furent contraints de remplir 1 'office de bourreau \
Le jour, qui suivit le depart de la reine et Toccu-
patkm du chateau des rois de Hongrie, deux ambas-
sadeurs de Ferdinand, Nicolas, comte de Salm, et
Sigismond de Herberstein , arriv£rent au camp des
Ottomans. Ces deux hommes ont laiss6 des souvenirs
glorieux (Jans l'histoire; le premier &ait fils du brave
dlfeqseur de Vienne, l'autre s'&ait d£j& distingu£ dans
plusieurs ambassades. Ferdinand, a la premiere nou~
> Mustewek, dans les Archives de la maison I. &. d'Aulrielie.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 5*)
velle <jte 1* marche de l'arm6e ottomane , s'&ait em-
press6 de demander un sauf-conduit a Souleiman,
dans le but d ouvrir de nouvelles negotiations; les deux
ambassadeurs arrivirent au camp, munis de ce sauf-
conduit qui &ait con(u dans la formule alors usitte :
« La Sublime-Porte est ouverte a tout le monde et
donne entree a tous ceux qui ont quelque chose h y
demander. » Cette phrase signifiait bien que tous les
ambassadeurs pouvaient se pr&enter k la Porte, mais
elle ne disait pas que tousavaient le droit d'en sortir
libres, et elle ne leur assurait en aucune maniere un
traitement conforme au droit des gens. Souleiman,
dans sa reponse a la demure lettre de Ferdinand que
Lasczky lui avait presentee, disait : « Qtfil avak re$u
la lettre de Ferdinand dans laquelle ce prince r£cla-
mait la possession exclusive de toutela Hongrie; qu'il
n'avait d0nn6 au dtfunt roi Zapolya que 1 'adminis-
tration de ce pays , et que par consequent ce dernier
n'avait eu aucun droit de disposer de sa couronne;
que le fils de Zapolya etant un servheur fiddle, comme
l'avait ete son pere, lui, Souleiman, avait resolu de lui
confier Igalement le gouvernement de la Hongrie, et
que c'&ait pour le mettre en possession de ce gouver-
nement que 1'armee ottomane s'&ak mise en mar-
che [vm]. » Francois de Revai * avait d'abord &6
i Lettre de creance pour Nicolas de Salm, Sigismond de Herberstein et
Francois de Revai, Comiti Turoscensi et personalis Locumtenenii, aux vizirs
Roustera-Pascha, Mohammed-Pascha et le drogman Younisbeg, du 99 aout
i55i. (Dans les archives de la maison I. R.) Voyez aus^i les instructions
donnees a Salm et Revai.
22*
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34o HISTOIRE
choisi pour 6tre adjoint au comte Nicolas de Salm dans
son ambassade aupr&s de Souleiman , mais il avait
cede sa place k Sigismond de Herberstein. Les deux
ambassadeurs regurent pour instructions de se r£u-
nir, s'il &ait possible, au palatin de Siradie, Jer6me
Lasczky, qu on croyait dans le camp ottoman, tandis
qu'il avait &6 laiss£ k Belgrade, et de concerter avec
lui une visite aux vizirs, afin d'apprendre d'eux ■ k
quelles conditions le Sultan consentirait k faire la paix.
Salm et Herberstein avaient en outre mission d assurer
au diwan que le roi n'avait pris les armes que pour
faire valoir les droits que le traiti de partage signe
avec Zapolya lui avait donnas sur la Hongrie ; que
son intention n'etait nullement de faire la guerre au
Padisohah , et qu'il £tait prtt k payer ce qui serait
juste pour la tranquille possession du royaume; ils
&aient charges d offrir jusqu'& cent mille florins par
an en retour de la cession de la Hongrie entire; dans
le cas oii ils ne pourraient faire agr£er ces proposi-
tions, ils pouvaient s'engager k restituer tout le pays
conquis par les armes de Ferdinand depuis la mort de
Zapolya, et s'engager en outre k payer la somme de
quarante miDe florins par an pour obtenir qu'il ne fftt
pes trouble dans la possession de la partie de la Hon-
grie qui reconnaissait la souverainet* autrichienne \
Les ambassadeurs furent compliment^ k leur d£-
barquement, non par Younisbeg, mais par le second
i Bassos aceedant et txpiscari contendant quotum animo th Turtatum
Cmsar erga paeent iaeundam.
a Voyez les instructions donnees a Salm et Revai.
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DE L'EMPIKE OTTOMAN. 34t
drogman, Teinz Tulman, fils d'lm Spicier de Vienne,
et par le tschaouscfr-baschi (7 septembre) ; on les con-
duisit dans une tente voisine de cdle de Roustem-
Pascha. Le lendemain, apr^s avoir &£ re$us en au-
dience par ce dernier, ils allerent visiter les autres
vizirs Mohammed et Khosrew-Pascha *. lVanhiver-
saire de la naissance de sainte Marie, les ambassadeurs
f urent admis en presence de Souleiman , apr&s les
c£r&nonies d'usage : ils dfndrent dans la salle du di-
wan, pr£s de la tente du Sultan, assis sur des cous-
sins, avec les trois vizirs, derrtere lesquels se tenaient
le kadiasker et le chancelier ; leur suite, compose de
quarante-six jeunes nobles de difl&rentes nations, fut
trait^e dans d'autres tentes par les sandjakbegs \ A
Tissue du repas , les vizirs se rendirent dans la tente
du Sultan , ou bientdt apr£s les ambassadeurs furent
appel& k l'audience; ils d£pos£rent aux pieds de Sa
Hautesse une grande coupe richement dor£e, et une
horloge artistement travail l£e, qui indiquait non seu-
lement les heu*es et les jours, mais aussi le moii-
vement des astres. Douze serviteurs port£rent cette
horloge devant Souleiman; ils ^tsrfent suivis d'un
horloger charg£ de montrer au Sultan la mani&re de
la monter; on lui remit en outre un livre qui con-
i Rmppon de Sigismond de Herbentein, dans tea oeuvres, I, p. 960; et
dans Sigismond de Herbentein, par Adelung, St.-P6tersbourg, i8x8.Salm
appelle Khosrew, Hussam. 11 se trompe en disant que Souleiman l'avait
nomine gouwneur d'Ofen.
• Le Rapport de Jotius, 1. XL, p. n85, etc., complete celoi de Herber-
steuv dans Catena, XXI, p. 8a; voyea d'apreslui, Bethlen, Historia de
rebus tramylvanicis , I, p. 3 96; Cibinii, 178a.
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S42 HISTOIRE
lenait Implication de toutes les parties de cet objet
d'art. Le Sultan, qui avait quelques connaissances as-
tronomiques, examina cette machine avec la plus
grande attention. II etait assis sous un baldaquin d'or.
ayant pr6s de lui un bouclier, une masse, un arc et
des flteches '. Roustem et Mohammed-Pascha se te-
naient debout a sa droite ; de l'autre c6t£ £taient les
introducteurs des envoy^s de Ferdinand, le grand-
mar£chal et le grand-chambellan, avec leurs baguettes
garnies d'argent k la main. Salm et Herberstein baise-
rent Tun apr6s F autre la main du Sultan, et se mirent
en devoir d'exposer le biit de leur mission \ « Que di-
sentails? que veulent-ils? » demanda Souleiman avant
qu'ils eussent commence leur discours; puis il les inter-
rompit d£s leurs premieres paroles en s'adressant aux
vizirs : « S'ils n'ont plus rien k dire, laissez-les aller 3 . »
Deux jours apr£s, ils entrerent en conference avec
Roustem-Pascha ; pour derntere condition , celui-ci
declara qu'Us n'obtiendraient la paix qu'au prix de la
restitution de toutes les places que Ferdinand avait
conquises, et d'un tribut pour la partie de la Hongrie
qui resterait dans 6a dlpendance.
Les ambassadeurs n'ayant pas regu le pouvoir d'ac-
quiescer a un tribut. se contentment de demander
i Jovius, dans Catona, XXI, p. 83.
* Jovius, et d'apres lui Bethlen.
3 Sigismond de Herberstein, dans Adelung, p. a68. Sagredo fait de
Salm Solm, de Herberstein Dietrichstein. II dit encore que les ambassadeurs
s'etaient rendus en i544 a Constantinople : Spedi il Conte di Solm et Sigis-
mondo Dieirestein ambasciatpri alia Porta,
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DE L'EMPmK OTTOMAN. 3*5
une treve el I'&hange des prisonniers, parmi les-
quels ils avaient vu Balthasar Puchhaimer charg£ de
chaines. Mais Roustem-Pascha leur r^pondit que,
dans le cas ou la paix serait conclue . les prisonniers
seraient rendus sans ran^on, et que, si la guerre con-
tinual, on ne manquerait pas d'occaMon deles ^chan-
ger '. Le lendemain de cette entrevue, Soulemaan fit
remettre k chacun des ambassadeurs deux kaftans,
cinq ballots d'&offes de soie et six mille aspres (cent
ducats) ; puis il leur donna une audience de cong£ ,
dans laquelle se r^peta le m6me c£r£monial qui avail
et6 observe le jour de leur presentation* Sigismond de
Herberstein se disposait a baiser la main du Sultan ,
lorsqu'une yiolente et subite doujeur de reins l'empg*
cha de flfohir le genou ; il s'adressa a Roustem-Pa-
scha : « Aide-moi, au nom de Dieu ! » lui dit-il ; Rous-
tem-Pascha le comprit, mais ne fit aueun mouvement
pour venir h son aide. Souleiman, qui avait compris le
geste de Sigismond, leva la main pour faciliter au
vieillard son acte de soumidsion ; il s'adressa ensuite i
ses vizirs et leur dit : « Laissez-les aller a , » En sortant
de l'audience, Roustem-Pascha conduisit les ambas-
sadeurs le long du Danube, presquc sous les murs
d'Ofen; il leur montra un formidable pare d'artil-
lerie et la flottille a l'ancre dans le fleuve; il leur fit
voir aussi les pieces qui etaient tomb&s entre les
mains des Turcs dans le cours de la campagne. Les
ambassadeurs trouv£rent le camp entoure dun fosse
* Jovius, dans Catona, XXI, p. 86.
a Sigismond de Hcrberslein , p. 370.
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344 HISTOIRE
ctefendu par une barricade de chariots et de canons
lies par des chalnes , derr&re lesquels s'&endait une
ligne profonde de chameaux. Les soldats musul-
mans, habitues a oWir sur des signes Men plus que
sur des paroles, observ&ent le plus profond silence
pendant le passage des ambskssadeurs. An milieu de
cette quantity innombrable de tentes dress&s dans le
camp, il &ait impossible de ne pas remarquer celle
de rempereor, plus £levee que toutes celles qui l'en-
\ironnaient et flanqu^e de tours. « Qu'as-tuvu?»
demanda Roustem - Pascha k Herberstein ; celui - ci
fit une r£ponse adroite et flatteuse. « J*ai vu, dit-il ,
les forces immenses d'un grand et puissant souve-
rain. » Le jour suivant , Roustem remit aux ambas-
sadeurs la r^ponse du Sultan h Ferdinand, et y
Joignit une lettre qn'il 4crivait lui-m&ne au roi de
Hongrie l ; ces deux missives etaient renferm£es dans
deux sacs brod& d'or et diffiSraient pen sur le fond.
Le Sultan disait que ses troupes avaient pris pos-
session de la Hongrie par la force des armes, et qu*il
ne consentirait h un nouveau traits qu'autant que Fer-
dinand restituerak Gran, Tata, Wissegrade et Stuhl-
wassenbourg. L'ambassade avait pass6 onze jours
dans le camp ottoman et en avait employ^ sept en ne-
gotiations infructueuses; le 18 septembre 154t, elle
s'embarqua pour retourner a Vienne ; le tschaousch-
baschi et un interprete la conduisirent jusqu'a Ten-
droit ou elle devait s'embarquer, et veilterent k ce
Cette lettre se trouve en original dans les archives de Vienne.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 545
que 1 Equipage fftt abondamment ponrvu de rafrat-
chissemens [ix].
Six jours apr&s le depart de* ambassadeurs, la
reine sortit de sa capitale, emportant avee elle la cou-
romie et Jea autres insignes de la dignity royale; elle
se retire k Lippa pour pleurer la perte de son tr6ne
et du chftteau qui lui avait 6t& donn£ pour present
de nooes [x]. Quatre jour* plus tard (22 septembre),
Souleiman quitta Igalement la ville, se dirigeant sur
Constantinople, oi il rentra vers le milieu du mois de
novembre 1 . Pendant son sejour k Of en, l'ambassa-
deur de Frangois I e % Paulin, capitaine de vakseau r6-
eemraent anobli sous le nom de baron de La Garde,
vint lui apprendre l'assasmnat de l'ambassadeur fran-
gais en Italie a ; Souleiman ne chercha pas k punir le
crime sur I'envoyS autrichien Jgrdme Lasczky , palatin
de Siradie, toujours retenu k Belgrade malgr6 son &at
maladif, et le laissa partir en liberty ; sans doute la
presence de l'ambassadeur Paulin fut pour beaucoup
dans cet acte de respect du droit des gens [xi].
Un mois ap*6s le retour du Sultan a Constanti-
tinople, la flotte ottomane rentra triomphante dans le
port ; ses victoires &aient pourtant bien plus l'ou-
vrage des itemens qui avaient disperse devant Alger
k flotte de Charles-Quint, que le fait de son kapitan,
Khaireddin-Pascha. Le SO octobre 1541, Charles-
* Ferdi s'aocorde entierement avec IsUunfi, 1. XIV : Solimanus circa idus
movembrU Hadrianopolim tuque inde ConstemtinopoUm reversus est,
» Sagredo, U VI, p. a83 : Se ne passb a Bud*, dove incoturato Sohmano
di ruorao d'Unghcria, et Flassan, I, p. 389, premiere Edition.
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346 UISTOIRE
Quint etait venu jeter l'ancre dans la baie du promon-
toire Tementus (Matafous), situ£e k Test d* Alger,
avec soixante-quatorze galores et deux cents navires
de toute grandeur qui portaient vingt- deux mille hora-
mes d'infanterie, mille cavaliers l et quatre cents sol-
data maltais. On voyait a bord de la flotte imp6riale
un grand nombre de dames espagholes, comme s'il
se f tit agi de dfoerner le prix aux vainqueurs d'un
tournoi. Khaireddin avait confie le commandement
des troupes de son gouvernement a Hasanbeg, mais
celui-ci n'avait que six cents cavaliers et quelques
milliers d'Arabes k opposer a l'enncmi \ II r£pondit
dune manure evasive k la sommalion qui lui fut faite
de rendre la ville. Le lendemain Charles-Quint rangea
son arm^e en bataille, et s'avanga sur troislignes; ies
Espagnols marchaient en t&e , puis venaient les Alle-
mands avec Fempereur; enfin les Italiens et les sol-
dats de Malte, sous les ordres de Camillo Colonna 3 .
La distance du promontoire Tementus a Alger n'est
que de douze milles en ligne droite et de vingt en
c6toyant le rivage ; cependant les troupes , harcel£es
par la cavalerie ennemie qui couvrait les hauteurs,
i Le chevalier de Malte Villagagnoni (CaroU V Expeditio in Africam)
donne le nombre exact des troupes : Sept mille Espagnols, six mille Alle-
roands, six mille Italiens, trois mille volontaires de toutes nations et quatre
cents soldats de Malte (edit, de Bale de Chalcondyle, p. 597).
? Hittoire des guerre* maritimes, f. 27. Robertson dit huit cents Turcs
et cinq mille Mauritaniens (Moors).
3 Villagagnoni et Storia di Guano, f. a 86, font les senls outages qui
douuent les dates ; maii ni Robertson , ni l'auteur des NouveUes notions sur
Jlgcr, 1. II, p. 654, ne les conuaissent. v
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 34 7
mirent trois jours k franchir cette distance. Le troi-
si&ne jour, les Espagnols occup&rent le sommet des
montagnes , les Allemands leurs versans , et les Ita-
liens le rivage; les galores suivaient Tarm^e le long
de la cdte, et prot£geaient son flanc droit. Au nom-
bre de ces galores se trouvait celle de Gianetto Do-
ria, qui avait &t& capture k Paxos sur un capi-
taine v&ritien par Torghoud Rels , et reprise l'ann£e
pr6c£dente dans les eaux de la Corse '. Les muni-
tions, les provisions de bouche et Fartillerie devaient
6tre dlbarquees dans la nuit du 23 au 24 octobre [xii].
La soir£e &ait tranquille, quand un vent violent s'^leva
tout-a-coup, chassant devant lui des torrens de pluie ;
bient6t la temp£te devint si affreuse , qu'elle menaga
le-salut de l'arm6e aussi bien que celui de la flotte.
Les soldats, sans tentes et sans manteaux, regurent la
pluie qui tomba toute la nuit sans interruption; le
lendemain leurs membres etaient raides de froid, et le
sol s'enfongait sous leurs pas ; mais c'&ait peu en com-
paraison des d£sastres que l'ouragan avait fait subir a
la flotte. Quatorze gal6res avaient fait naufrage, et
dans ce nombre on comptait celle du prince de Melfi
et de Gianetto Doria ; cent trente navires avaient
peri. Depuis plusieurs jours, un marabouth fana-
tique avait pr£dit aux Musulmans un secours du ciel ;
la realisation inattendue de cette proph&ie raffermit
le courage des d£fenseurs d' Alger, qui r^solurent de
marcher a l'ennemi. Les Italiens, surpris par leur at-
Storia di Guazio, p. a 86.
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348 H1STOIRE
taqUe inopin^e , furent d'abord rejet^s au-defo dun
pont sur lequel its avaient pris position; mais ils re-
vinrent k la charge el repouss£rent I'ennemi k leur
tour. Malheureusement ils firent la faute de le pour-
suivre jusque sous le feu de la ville, et dans leur ardeur
aveugle, ils s'61anc£rent k l'escalade sous la bouehe
mdme des canons; presque tous y p^rirent l ; un petit
nombre dut son salut au courage de l'empereur, qui
s'avanga en personne k leur secours, au milieu d'une
gr£le de filches que lan$aient les Arabes post^s sur
les montagnes commandant le chemin \ Dix-huit
cents Musulmans retenus prisonniers sur les galores
echou£es recouvr&rent la liberty, les Equipages Chre-
tiens furent massacres * ; Fernando Gortez , le c&6-
bre conqufrant <Ju Mexique, qui montait une dfe ces
gal&res , n'6chappa qu'avec peine au double danger
de la mer et des Arabes. La temp&e dura trois jours,
et, pendant tout ce temps, il fut impossible d'ap-
porter k terre les provisions qui avaient 6chapp6 au
d&astre du naufrage. Charles-Quint ordonna de tuer
les chevaux , qui furent la seule nourriture de l'ar-
mie. La perte de ses munitions et de son artillerie
obligea l'empereur k abandonner ses projets sur Al-
ger, et a ordonner la retraite qui he put s'eflfectuer
1 Villagagnoni, p. 599, dit : Atque ex ItaUs eos dederunt in fugam,
quibuf mm magnus esset usus militia:. Guauo, au contraire, s'exprime ainsi :
Se quel Italiani havessero havuio scale per dar assalto non e dubio ale wo,
che la terra pighavano disperatamente,
» Hadji Khalfa, Histoire des guerres maritime*.
3 Vertot, t. IV.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 34 9
qu'avec la plus grande difficult^ ; les ruisseaux £taient
devenus des rivteres ', la terre s'&ait changee en
marais \ La degradation des chemins &ait telle que
Farmta ne mit pas moins de quatre jours de marche
pour regagner la baie de Tementus [xm] , et ne put
serembarquer que le 31 octobre; k peine avait-elle
quitt£ depuis trois jours cette c6te inhospitaltere ,
qu'une nouvelle temple l'assaillit et la forga de se r6-
fugier dans la bale de Boudjia oii elle resta k Tancre
pendant trois semaines. L'empereur n'avait s£journ£
qu'un mois sur la c6te d'Afrique; pendant tout ce
temps, Khaireddin -Barberousse 3 avait &6 confine
dans un port stir par les temp&es qui d&ruisirent la
flotte de Charles-Quint; la d&aite de 1 'empereur fut
done Fouvrage des 61&netis et non celle du kapitan-
paschav
Pour ne pas interrompre le r&at des £v£nemens de
la guerre de Hongrie, nous allons suivre Khaireddin
dans ses expeditions suivantes , bien qu'elles n'aient
eu lieu qu'une ann£e apr&s la campagne contre Ferdi-
nand. Cette nouvelle croisi&re de Khaireddin dans la
M6diterran6e ne fut entreprise que sur les instances
de l'ambassadeur fran^ais Paulin, qui avait 6t& regu
■ Hadji Khalfe, 1. c , appeUe le plus grand de ees torrent Kkaras (sur
la carte Harate).
» Sioria di Guano, 1. c, £.107.
3 Ant. Dork, Kurter Inbegrijf der merkwurdigen Begtbeidituen der
Zeit Carl's V (Precis des &enemens mimorables du temps de Charles-Quint,
dans les Pieces relatives a Fhistoire, par Goebel, p. 58).
4 VHistohe des guerres maritimes cite la defsite d* Alger comme un des
plus pnissans motifs qui d&enninerent Ckarles-Qaint a abdiquer.
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55o HISTOlltE
en audience par Souleiman k Of en, el avail suivi la
cour k Constantinople; apr£s bien des d-marches, il
r£ussit a persuader au diwan que le Sultan &ait inte-
rest comme son maltre k continuer la guerre contre
Charles-Quint. En consequence, Tordre fut donne k
Younisbeg, drogman de la Porte, de se rendre en
quality d'ambassadeur k Venise, pour remplir encore
une fois la mission qui lui avait et& confine six ans
auparavant, sur la demande de l'ambassadeur frangais
Lafor6t ' ; ses instructions lui prescri vaient de faire tous
ses efforts pour determiner la r£publique a prendre
une part active dans la guerre contre l'empereur*.
Mais les Venitiens savaient fort bien par experience
qu'ils n'&aient pas assez forts pour pouvoir sinter-
poser entre deux souverains £galement puissans , et
qu'ils navaient rien de mieux a faire que de rester
spectateurs de la lutte; ils dud&rent done la propo-
sition de la Porte.
Paulin, de retour a Fontainebleau, donna k Fran-
cois J er 1'assurance que laflottede Khaireddin ne tar-
derait pas a ouvrir la campagne ; il affirma que, s'il fal-
Jait en croire les promesses du Sultan , l'amiral ottoman
avait ordre de prendre les instructions du roi de France.
Paulin ne tarda pas a retourner par Venise a Constan-
tinople, accompagne dun second ambassadeur, Pelli-
* Sagredo, p. a 83, dit qu'il etait parti pour renouveler la traite de pais.
Paruta, t. I, p. 73$, pretend que e'etait pour reclamer quelques biens;
mats ce n'elait certainement qu'un pr&exte pour entamer des negotiations
en faveur de Francois l er .
a Sagredo, 1. vr, p. a**3. Venecia i588.
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DE I/EMPIIIE OTTOMAN. 3$f
cier ; la protection du kapou-aga, gouverneur du serai
et chef des eunuques, lui procura une audience du Sul-
tan. L'influence de Roustem-Pascha triompha en cette
occasion de celle du grand-vizir, en faisant remettre
par le Sultan k l'ambassadeur frangais une lettre qui
promettait au roi le prochain depart de la flotte [xiv].
En effet, Paulin s'embarqua bient6t apr&s avec Khai-
reddin, qui commandait une flotte de cent dix galores
et de quarante b&timens de moindre grandeur ; ils pa-
rurent a l'improviste devant Messine dont le ch&teau
se rendit a la premiere sommation. Barberousse fit
prisonnitee la fille de don Diego (1543), Espagnole
dune rare beaute , lui fit abjurer la religion chretienne
et la reserva pour son harem. L'apparition de la flotte
turque jeta la consternation dans Tile de Ponza et
a Ostia ; mais une lettre de Paulin aux riverains fit
renaitre la security, au point que les habitans de Net-
tuno et d'Ostia vinrent k bord apporter du b\& et du
vin, et que Barberousse put faire de Peau a F em-
bouchure du Tibre sans 6tre inquiet& Gependant
Rome 6tait dans la plus profonde consternation, les
nobles se pr6par6rent k la defense, et les moines. les
nonnes, les femmes et les enfans s'enfuirent au-de&
de Tivoli , dans la valine de Sabine [xv]. La flotte
ottomane, longeant les c6tes de Tortone et de G6nes,
alia mouilier k Marseille; Khaireddin fut regu dans
cette ville avec les plus grands honneurs, et Paulin
y trouva les ordres ulterieurs du roi, d'apris lesquels
les forces frangaises reunies aux forces ottomanes de-
vaient entreprendre imm£diatement le stege de Nice,
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352 HISTOIRE
La flotte frangaise, compose de vingt-deux galores et
de dix-huit gros vaisseaux , sons leg ordres du due
d'Eoghien , et celle des Ottomans qui comptait cent
cinquante voiles, se rendirent aussit6t devant Nice ; le
chateau fut vailiamment ctefendu par le chevalier de
Malte, Paolo Siftieeni, qui avait 6x6 pr6c£demment re-
tenu en captivity par Barberousse k ; la ville ne tarda
pas k se rendre (20 aofit 1543) sur la promesse que
lui fit Paul in, au nom de Barberousse, de la sauver du
pillage a . Les janissaires tromp£s dans lespoir dun ri-
che but in, et voyant que la forteresse r&istait toujours
au feu de leurs batteries, commenc&rent k murmurer.
Les Fran$ais manqu£rent bientdt de poudre et furent
obliges den acheter aux Ottomans. Khaireddin leur
reprocha leur negligence, et la 14g£rete avec laquelle
avait 6t6 conduite toute l'entreprise ; il leur dit que les
flottes du Sultan &aient habitudes k ne rechercher que
les actions d'6elat, et n'aknaient pas k aventurer leur
gloire pour d aussi minces r&ultats que la conqudte
de Nice. Ge ne fqt qu'avec pane que le due d'Enghien
parvint k appaiser la colore de Barberousse. Cepen-
dant linterceptation d'trae lettre dans laquelle le mar-
quis de Guasto annongtit au commandant de la cita*
delle sa prochaine arriv& avec des forces sup&ieures
a celles de Farmta assiegeante, fit prendre aux Otto-
mans la resolution de lever le si£ge. Mais ils ne se re-
tirdreit pas avant davoir pilte et mcendte la ville 3 *
■ Sagredo, p. 287.
» La date se trouve dans Flassan , I, p. 390.
3 Sagredo, p. 187.
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DE L' EMPIRE OTTOMAN. 355
Nice est la seule place du littoral frangais entre les
Alpes et la M6diterranee dont le nom soit populaire
chez les Ottomans , pour avoir &£ le lieu de detention
de linfortune Djem, fr6re de Bayezid H, et avoir vu,
soixante ans plus tard, l'&range spectacle d'une flotte
frangaise reunie a une flotte ottomane contre une puis-
sance de la chr&ient6 [xvi].
Pendant ces ev^nemens a l'ouest de F empire, des
troubles avaient £clat£ dans la Crimee et avaient ap-
pele sur ce pays l'attention du Sultan, et surtout celle
de son favori Roustem-Pascha; c'&ait la politique
de ce dernier qui avait su provoquer les d^sordres
qui agit&ent la presqu'ile. Ainsi que nous Tavons ra-
conte plus haut, Seadet-Ghirai , le compagnon de
S&im I" dans la guerre avec Schah Ismail, avait gou-
verne la Crimee jusqu'k lexpedition de Souleiman
contre Bagdad; a cette £poque , il fut determine par
les inti^gues dlslam-Ghirai a se d&nettre du pouvoir,
et il mourut quelques ann£es apr^s a Bagdad, d£sor-
mais le stege d'un gouverneur ottoman '. La Porte ne
reconnut pas Islam-Ghirai pour khan legitime, bien
que celui-ci etit d£jk nomm£ kalgha son frfere Ouzbeg-
Ghirai; elle conf&ra le khanat de Crimee au khan de
Kazan , Sahib-Ghirai fils de Mengli-Ghirai , et fit re-
descendre Islam au rang de kalgha (939 — 1 532).
Afin d'affermir Sahib-Ghirai sur son tr6ne, le Sultan
lui avait envoy 6 soixante canonniers, trois cents armu-
riers , mille janissaires, et une somme d'argent, qui,
* Le Nokhbetet-uwarikh , p. a5a, place sa mort en Tannee i53a; mais
(es sept Etoiles errantes n'en parlenl qu'a la date de 1'annee i53;.
T. Y* 20
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354 mSTQiRE
toys fe tftre 4e $fglw-($djw (a?g*nt 4tt gS*#$» des
chiens), ?esta depui* ftx6e comiqe le taux <Ju pr&em
inxf^rial qui cfevait signaje? chaque nouy^lte instal-
lation $p kh^n \ S^hib-Ghirai pe v^cut que pendant
^U-huit ipoi* en bonne intelligence avec Islam -Ghiw;
il a'^n ^eb^ri^asa en le foisant mourir de froid dans
un tonneau rempli d'eau , ayec le secours de Balp-
^g, qp ctes begs des l^oghaia, auquel il reserve le
xxfapp QOft,, ens$y?lis#n# ain^i dan? Je m&ne tombed
s$ yictiuae et Vinstrumept de sa> vengeance. Alibeg,
cJoi# la fille ^yait Spouse Sahib-Ghfrai, rasserobla une
$rm£e de dojuze paille hommes poup vengei? la wort
de son fr^re Ifalfibeg. Mais Sajiib-Gfrirai, k la tete de
quarante mille qombattans, surprit les troupes d'Alifoeg
daps up defile e{ Jes d&puisit, *. Cette victoire lv\ auraijt
pp^ jamais apsur^ la possession exclusive du souver
ra^jn pouyoi#, s'il n$s'&aft attir^ Hnimitte du graod-
y iyjir R,pustem pa* queues paroles iipprudentes s .
Pewlet-Ghii?ai, fib de Moybarek-Ghirai et petite
dp Meqgji-Gbirai ,. ^e U:ouyait ^lors h Constantinople en
qufllit6 d'6tag$ ; il avait &6 pr&f rv£ d$ la mort soufr
le regq^ dp 559 opcle^, Mohammed-Ghiraii et Seadet-
Qhirai, gi&ce* ^ s& iperq, qui apr& la, mort de $09,
^ppu£ ^tait pas^e sucQessjyeipent dans te lit de ces
dpux princes *. Sakib-Gbirai, qui sinqui&ait avec
r^p,d^ lapr^a<?e de sou wveu a Constantinople,
1 £«f #<7?t Etoiles err antes, f. 64. — * Djenabi, f. iai.
3 Le Noihbeiet'tewarHh, f. a53.
4 Djenabi, L c, Les sept Qioiles errantes , f. 64.
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DE ^EMPIRE OTTOMAN. 355
dire du pays d'Hadji Terthan. Roustem agr&r eft ap-
parcnce celte proposition ; Dewlet-Ghirai fat investi
officielkmeiit de la dignity de khan d' Astrakhan, et en
secret de eelle de khan de Crim£e; Sahib-Ghirai regut
en m£me temps Tordre de marcher avec ses troupes
contre les Tscherkesses, et notamment contre la tribu
Schan6, alors en pleine r£vohe. Pendant que Sahib-
Ghirai abandonoak ses Etats , laissant ainsi le champ
libre aux pretentions de son comp&iteur , Dewlet-
Ghirai arrivait & Akkerman , ou il fut publiquement
reconnu comme khan d' Astrakhan (959 — 1 545); il
prit presqne aussit6t le titre de khan de Crim^e, et se
fit reconnaitre comme tel en exhibant le dipldme d 'ins-
tallation du Sultan, II marcha contre le kalgha Emin-
Ghirai, d£Kvra de leur captivity Boulouk - Ghirai et
Moubarek-Ghirai, et les excita, ainsi que plusieurs
antres des parens de Sahib-Ghirai. au meurtre de son
oncle. Sahib-Ghirai p£rit en effet pere6 par ses ennemis
de dix-sept coups de poignard; il fut enseveli k Sala-
djik, pr&s de Baghdj£seraii, dans le d6me qu'avak fait
b&tir son grand-p6re Hadji-Ghirai , fondateur de la
dynastie des Ghirais '. Le medecin et poete Kaisou-
nizad6 Nedayi , t&noin oculaire de la mort de Sahib,
en a perp&u6 le souvenir dans un ouvrage rim£.
A son retour d'Ofen, Souleiman se livra aux plaisirs
de la chasse, sans oublier les soins que r£clamaient de
lui les affaires publiques ; quelques changemens fiirent
operas dans radministration des provinces. Le gou-
verneur d'Ofen, Souleiman-Paseha, Hongrois denais-
> Les sept Etoites en antes, f. 65.
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5j6 HISTOIRE
sance, ayant demand^ sa retraite a cause de I'aflaibHs*
sement de ses forces us£es par les maladies, sa place
fut conferee a Balibeg ; Souleiman-Pascha ne surv£cut
pas long-temps k l'asservissement de sa patrie [xvn].
Un autre Bali, pascha du Diarbekr, fut destituesur
la d£nonciation de son defterdar, pour cause de pre-
varication dans sa gestion des revenus publics. Hou-
sein- Pascha, gouverneur de Karamanie, fut £galement
depose sur l'accusation du grand-vizir. La dignite du
premier fut donnee k Ala-Pascha, gouverneur du Soul-
kadr, celle du second a Ramazanoghli Piri-Pascha l .
La mission confiee au juge de Damas, de rechercher
les vices de r administration des domaines imperiaiix,
eut pour r£sultat la deposition d'Oweis-Pascha, gou-
verneur de Bagdad , et Installation d'Ayas-Pascha
dans cette province a . Le Sultan investit le prince Mo-
hammed du gouvernement de Saroukhan, et lui assi-
gna un revenu annuel qui ne s'£levait pas a moins de
trois millions d'aspres (soixante mille ducats); il nomma
son autre fils , le prince Selim , au gouvernement de
Koniah. Le jour de son investiture, le prince Moham-
med regut en plein diwan. de la main de son p&re,
l'&endard et le tambour, insignes de sa dignite; puis,
aprfes s^tre arr&6 quelques jours & Scutari , il partit
pour son gouvernement. La merae c£r£monie se r^peta
exactement a regard du prince Selim [xviii].
A peine Souleiman avait-il quitt6 la capitate de la
Hongrie, que deux corps d'armee ottomans commen-
cerent des courses dans le pays ; le premier sous les
i frerdi, f. 36o. — * Ibid., f. 36a.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 55 7
ordres du pascha de Bosnie se dirigea sur la Moravie ,
mais il fut arr6t6 en chemin par la Waag qu'il trouva
d6bord6e; le second marcha sur Giarmath pour d£-
vaster les domaines d'Emeric Balassa , qui , ainsi que
Mailath , avait &e d£clar6 coupable de l£ze-majest£ ,
pour avoir tent6 de soulever la Transylvanie en sa fa-
veur (avril 1542). Un firman lanci contre Balassa et
remarquable par la violence de son style, apprit aux
habitans de la Transylvanie que leur pays appartenait
au Sultan , qu'ils &aient eux-m6mes ses esclaves , et
que s'ils prttaient 1'oreille aux propositions de Fer-
dinand, quelques cent mille Tatares et akindjis iraient
mettre leur pays k feu et k sang '. Le secretaire Tran-
quillus Andronicus, qui avait paru a la Porte imm£~
diatement aprgs la mort de Zapolya , fut envoy£ de
nouveau par Ferdinand a Constantinople avec la nus-
sion de demander la cession de la Hongrie comme un
don digne de la liberalite du Sultan et d'offrir en
retour un present annuel de cinquante mille ducats,
et m&ne de cent mille a , si la premiere somme n'&ait
i Voyez la quatrieme missive, dans les archives de la maison I. R. Histo-
remata et diplomata : « Das Reich ist mein, ihr seit meine Leibeigen Knecht,
» deshalb so bleibet getreue Unterthanen* meiner Gewalt und gehorsamt des
» Kunigs Son, dein Mailath und Emmerich Balassa so des Kunigs Son nit
» gehorsamen wollen thut keine Hilfe , des Kcenig Ferdinand's Unterthanen
» sollt ihr nit hosren noch dueden dass sie irrung anrichten , » etc.
» « Instructio pro Tranquillo Andronico Secretario nostro, du 10 juillet
» 1 5 4a : et hie diet us nuntius nosier studebit, impetraret et persuaderet Mag-
»nitudini sua; (da Grand-Seigneur) si non nisi gtoriosiaimom et invicto-*
*» animo suo dignissimiun esse regnnm Hungariae sua liberalitate nobis poasi-
» dendum daret , haberetque nos tot Regoorum Principem , qui ad Magnitu*>
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358 H1STOIRE
pas jug6e suffisante. La lettre de cr£ance excusait le
retard mis dans renvoi dune ambassade, en aliquant
le manque de sauf-conduit z . Les vizirs voulurent si
peu ecouter les propositions de Tranquility, qu'ils lui
refus£rent une audience du Sultan. Aux raisons que fit
valoir Tranquillus en faveur de la l£gitimit£ du droit
que tenait Ferdinand dutraite de partage conclu entre
lui et Zapolya , les vizirs opposerent le fait bien au-
trement significatif de la conqu&e. Le grand-vizir,
l'eunuque Soule'iman-Pascha , alia jusqu'a lui dire
d'avertir son maitre qu'il pourrait bien avoir le scot
d'Alaeddewlet, qui pour avoir toujours voulu d£fen-
dre sa principaute contre les Ottomans, avait M d6ca-
pite avec toutesa famille. Roustem, qui n'&ait encore
que second virir , ajouta : « Ibrahim n'a louche Vienne
que du bout du doigt; moi , je veux la prendre a
deux mains. Ton maitre ameute contre nous non seu-
lement ses sujets , tant Allemands qu'Espagnols ou
Italiens, mais encore les ndtres : les Hongrois, les
Transylvamens et les Moldaves. Si tu ne vois pas le
Sultan, si tu n'es pas admis k Thonneur du baise-
main, n'en accuse que la nature de tes propositions. »
Tranquillus craignit m&ne qu'on ne le retint prison-
nier comme Lasczky, lorsque le vizir lui fit remar-
quer que le sauf-conduit disait bien que la Sublime-
Porte &ait ouverte k tous ceux qui voulaient s'y ren-
dre, amis ou ennemis, pour demander quelque chose,
-dinem warn respectum bafaente*, annua spleiidida et Magnitudine su»
- digna moiiera ektan offatamus. »
> Voyex la kltre de creams dans \m Arcki vet de la raaisou I. R, d' Aatricke.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 35 9
mate qute rieh m leur gai-anfisB&ft le motir; oette
menace & 1* v&M ta'etf point d'accttnplfeseittent, et
TrahquHlus Andtotiicus put quitter Constahtitiopie 16
9 octobre, tnais sans avoir r&issi & rien obtetiir f .
Pendant que Tranquility Andtotiicus pourfcuivait
inutilement ses negotiations k Goristantinopte, l^rtti@e
de Ferdinand vint mettre 1$ sigge devant Pfestti, airisi
que larait fait dome ans auparavant Rogendbrf , lors
de l'ambassade de Jurischifc et de Lamberg. Bali-
Pascha , le nouveau gouverneur de Pesth , dppela k
son secours Oulamd, gouverneur de Bosnie, et Moti-
fad, sandjakbeg de Poschega; le premier lui irimeha
trois mille, et le second mille cavaliers. Mille janis-
sairea, sous les ordres de leur Heutenant-g&ieral, le
segbanbaschi Yousouf [xix] , combattaieht dans lest
fangs deBali-Pascha; lereste des troupes &dit com-
post de soldats des froiitteres, d'azabs et de ttiarto-
loses \ Une m£sintelligence survenue entre les Alle-
mandd et les Itafiens fit que l'assaut se doiina safrs le
concours des premiers ; aussi toute l'imp&uosite des
It aliens Vitelli, Medici et Pallavicini, tout le courage
de* Hongrdis Zriny, Revay et Banfy ne suffirent-ils
pas k emporter la brtehe que leur avaient pratiqu^e
quarante bouches k feu; Revay fut grtevement bless£,
Banfy fut tu& L'arnt& de Ferdinand ne comptait pas
•o-
t Commeniarins rtrum actarum ConstaHunopoli per Tranquillum Andr
Aieum S. C, It. -If. legation anno 1 54a, dans les Archives de la nnriscm
I. R. d'Autricfae.
» Asaporum, Sarho riorum , Martohsorum. Le mot Sarhoriorum est une
alteration du mot SerkadMu (soldats des frontier**).
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56o HISTOIRE
raoins de quatre-vingt mille hommes : l'decteur Joa-
chim de Brandebourg commandait quarante mille fan-
tassins et huit mille chevaux ; Jean Ungnad, capitaine
de Styrie, dix mille hommes ; les Hongrois Gaspard
Seredy et Pierre Pereny avaient seize mille soldats
sous leurs ordres* Huit Allemands suivaient les trou-
pes en qualite de conseillers de guerre. Les influences
contraires de tant de conseillers et de chefs nuisirent
a l'unit£ des operations et au succes de la campagne;
le septi&me jour apr6s le commencement du stege, les
assiegeans au nombre de quatre-vingt mille op6r6rent
leur r e trait e, s'avouant ainsi vaincus par les huit mille
soldats formantla garnison de Pesth [xx].
D6s les premiers jours du printemps (1 543) , les
etendards victorieux de Souleiman march£rent de
nouveau vers la Hongrie. Cette campagne, la dixteme
que Souleiman conduisit en personne , se fit remar-
quer entre toutes les autres par la discipline qui regna
parmi les troupes , la pr6voyance et Tordre qui pr6-
sid&ent aux approvisionnemens. Avant le depart de
l'arm£e, Souleiman avait fait rassembler cent vingt-
quatre mille huit cents minots d'orge et quarante
mille minots de farine; une flotte de trois cent soixante
et onze navires , sous les ordres d'AKbeg et de son
lieutenant Sinanaga, beg de Szegedin, pr6c6demment
kapidjibaschi ou chambellan du grand-vizir Ibrahim,
devait transporter ces provisions par la Mer-Noire,
et leur faire remonter le Danube \ Souleiman avait
pass£ Thiver a Andrinople; c'est de Ik que vers la
* Sioantschaousch , f. 26.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 36i
fin de tevrier il avait envoy£ le beglerbeg de Rou-
milie, Ahmed-Pascha, k Sofia '. Lui-m^me partit le
18 moharrem 950 (23 avril 1543) avec un grand
d£ploiement de pompe. La marche &ait ouverte par
les porteurs d'eau charges de tenir leurs outres plei-
nes, afin de d£salt£rer tous ceux qui auraient soif;
ils &aient suivis des bagages du tr£sor et de ceux
du Sultan port£s par trois cents bandes de mulets %
composes de sept chacune, et formant un total de
deux mille cent mulets; venaient ensuite cent rangs
de chevaux de main 3 , ou neuf cents chevaux a neuf
par rang; puis neuf cents rangs de chameaux ' char-
ges des provisions et des munitions, ce qui port e le
nombre des chameaux k cinq mille quatre cents, k six
par rang. A la suite marchaient mille armuriers (dje-
bedjis), cinq cents mineurs, hurt cents canonniers
(topdjis)., quatre cents soldats du train avec leurs
agas, kiayasetecrivains; puis les dignitaires du serai',
le grand-sommelier (kilardjibaschi) , le grand-tr^so-
rier (khaznedarbaschi) , et le gouverneur de la cour
(kapouaga). A ceux-ci succ&lait la cavalerie, distri-
bute entre les deux ailes ; k Taile droite &aient deux
mille sipahis avec leurs &endards rouges, cinq cents
ouloufedjis (troupes sold&s) avec des &endards verts,
cinq cents ghourebas (Strangers) avec des &endards
blancs; k l'aile gauche, deux mille silhidars avec des
&endards jaunes, cinq cents ouloufedjis avec des &en-
dards ray£s de vert et de blanc , cinq cents ghou-
rebas avec des &endards ray& de blanc et de rouge ;
• Sinantschaousch, f. a 8. — » Kaiar, — *+l TawiU. — > 4 Itatar.
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36s HISTOIKE
derri&re ces troupes fti&rehaient les iftembres du di-
Mran , le secretaire d'Etat pour le chiffre du Sultan
(mschandjibaschi), les defterdars , les kadfaskers ,
et les quatre vizirs qui &aient pr&^des par quatre
queues de cheval , entour£s de leurs officiers et de
leurs esclaves. Puis venaient les employes de la v6-
nerie imp£riale, les chasseurs au faucon, k la grue et
k r^peryier, les gardiens des dogues et des furets ',
les founders (mouteferrikas) , les buyers tranchans
(tschaschnegirs), puis tout le personnel des ecuries du
Sultan. Des chevaux gfecs, anatoliens, karamaniens *
kurdes, persans, arabes, avec des mors et des ^triers
d'argent, des selles et des housses brod£es d'or , &aiebt
conduits par le premier et le second tauyer, paries
palefreniers (serradjs), les porte-armes (silaschors),
leurs kiayas et leurs icrivains. Trois cents chambellani
(kapidjibaschis) k cheval pr^cedaient l'£litede larrup
c'est-fc-dire douze millfe janissaires arm£s de sabres et
de lantes, et portant sur leur dos de longues arque-
buses ; trois queues de cheval flottaient en avant des
banni&res rouges des janissaires. Enfin sept &endard*
ray& dor, et sept queues de cheval atinongaient lap-
proche de la majesty du Padischah [xxi]. Cent trom-
pettes ayant leurs instramens retenus a leur cou par
une chatoe d'or, et cent tambours, faisaient retentir
lair de sons guerriers. Venaient ensuite quatre cents
archers on gardes -du- corps (solaks), dont les chefs
marchaient imm^diatement k c6t£ de l'&rier du Sul-
> Toughandji, schahindji, tschakardji, atmadji, sagerdji, samsoundji,
Voyez Administration et Constitution de V Empire ottoman, II, p. 37.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 565
tan ; lis etaient coiffSs de bonnets de feirtfe surtnon-
t& de plumes de h£ron, avaient la taille prise dans
des ceintures de soie, et portaient des carquois ricbe-
ment travaill£s et incrust£s dor. En dehors da cercle
que les solaks formaient autour du Saltan, cent cin-
quante tschaouschs , conduits par le tsehaousbaschi
on grand-mar^chal , faisaient risonner leors longues
cannes d'argent auxquelles Etaient suspendoes de pe-
tites chaines de m&ne m&al, et Us m£Iaient a ce clique -
tis les cris mille fois r£p&& : Qu'U we long-temps!
Dans l'intlrieur des rangs des solaks Etaient lessoixante-
dix peiks (gardes-du-corps arm£s de lances), portant
des casques et des lances d'or , et v&us des plus riches
etoffes; au milieu deux, le Sultan moittait un cheval
superbe, et Sa Majesty pom* nous servir de Texpres-
sion de l'historien ottoman, se trouvait voil^e sous les
plumes flottantes des solaks, « comme le soleil qui
darde ses rayons k travers de Mgers nuages r . »
Pendant que Souleiman sortait de Constantinople
avec un tel d£ploiement de magnificence, la campagne
avait &6 ouverte en Esclavonie et en Hongrie, par Bali-
Pascha, gouverneur d'Ofen, et Oulama, gouverneur de
Bosnia. Oulama, apr£s s'&re r&mi kMourad, sandjak-
beg de Poschega, et a Kasim, sandjakbeg de Mohacz,
se porta devant Athina, ch&teau d'Urbain Bathyani,
entre Cris et Poschega, et s'en empara ainsi que de
Saphronic et de Belostina , forteresses dans la posses-
sion, la premiere d'Etienne Banfy , et la seconde de
Keglevich. Les chefs turcs chasserent le hardi brigand
■ Stnantschaoasch , f. 3o-36.
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364 HISTOIRE
Ladislas More de son chateau de Rahocza; More
trouva un refuge dans le chateau de Nana, situ£ au
pied du mont Matra et appartenant a son ami Etienne
Losonz; mais Bali-Pascha prit &ana, et envoy a More
et ses fib a Constantinople, pour y partager, dans le
chateau des Sept Tours, le sort de Mailath et de Va-
lentin Toeroek. More et ses fils ayant abjur6 la foi de
leurs pAres, £chapp6rent k la captivity qui les attendait,
tandis que Mailath et Toeroek , k qui on avait offert
des places et des honneurs pour prix de leur apos-
tasie, pr£f£r6rent languir en prison, plus fiddles k leur
religion qu'ils ne l'avaient &\6 a leur patrie *. Mourad,
beg de Poschega, Khizr, beg de Gustendil, Mesih, beg
de Valona, et Ahmed fils d'Yahyapaschaoghli et san-
djak de Lepanto a , formferent le si6ge de Valpo au-
dessus d'Essek, sur la rive droite du Danube, et dans
la plame m&ne qui, plus de cinq ans auparavant, avait
&e t&noin de la l&che fuite de Katzianer et de la mort
glorieuse de Lodron 3 . Valpo ne tarda pas k voir arri-
ver sous ses murs Ahmed-Pascha, beglerbeg de Rou-
milie, commandant l'avant-garde de Souleiman. Le
Sultan accompagn£ de son fils, le prince Bayezid, £tait
parti d'Andrinople pour FiliW, ou le beglerbeg d'Ana-
tolie, Ibrahim-Pascha, vint se joindre a lui (24 mohar-
rem — 29 avril) 4 . Pendant les trois jours qu'on passa k
» Istuanfi, 1. XV. Catona, XXI, p. 289.
« Petschewi, f. 81. Get auteur ne cite point Kasira qu'Istuaufi nomme
cepeodant avec Mourad et Onlaraa.
3 Jovius, XLIU, p. 476.
4 Djelalzade, f. 346. Sinautschaousch , f. 47- L'armee Iraversa successi-
vemcnt Tschirmen, les champs de Beg alaki, Gunbeghi, Tschakiraga
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 365
chasser sur les hauteurs du Balkan, Souleiman apprit
par un courrier exp6di£ de Constantinople que Khair-
eddin. ayant l'ambassadeur frangais k bord, avait quitt£
Galata avec cent vingt-six vaisseaux pour passer les
Dardanelles; Kasim, beg de Mohacz, l'informa en
m&ne temps, dans un rapport detaille, du succ&s avec
lequel il s'etait tir£ dune embuscade que lui avait
dressee l'ennemi a Sexard 1 . A Sofia, on regut la nou-
velle de la mort de Bali-Pascha, gouverneur d'Ofen ;
sa dignite gchut k Yahyapaschazade Mohammed-Pa-
scha ; en m£me temps furent faites dans le diwan plu-
sieurs promotions k des places de juges et de profes-
seurs a . Lorsque Tarm^e eut quitt£ Sofia, un messager
de Mouradbeg, sandjak de Poschega, d£p6che au
grand-vizir, vint lui apprendre qu'on avait forme le
siege de Valpo, et que l'ennemi qui s'&ait concentre a
Siklos et a Funfkirchen avait &e disperse [xxn] *. Mou-
radbeg envoyait par la m&ne voie soixante-dix nez ,
autant de paires d'oreilles. et Forgacs fait prisonnier,
comme autant de pieces justificatives de sa lettre de
victoire. Sur les bords du Danube, avant d'arriver a
Essek. Tarmee fut instruite par un courrier d'Ahmed-
Pascha, beglerbeg de Roumilie, que Valpo &ait tom-
bee sous le joug ottoman , apr&s avoir et6 foudroyee
par trois mille cent trente-sept boulets de pierre
(19 rebioul-ewwel 949 — 22 juin 1543) 3 .
Ut'girmeni, les prairies de Khaledlii et le village de Rogosch. On chassa
pendant trois jours dans les montagnes de Yassidjd yaila.
» Sinantschaousch , f. 5o. — » I hid., f. 55.
3 On voit par ce rapport que Souleiman ne vint pas en personne a Valpo ,
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566 HISTOIKE
Le Sultan regut en audience , dans son camp au-
detsous d'Essek , le commandant de Valpo , k qui sa
soumission volontaire valut un accneil gracieux et
un fief dans le voisinage d'Ofen '. Une garnison fut
etablie dans Valpo; un juge et un imam y furent in-
stalls. Le Sultan re$ut dans le drwan les felicitations
des vizirs, et ordomia i Ahmed-Pascha d'aller mettre
le stege devant Siklos; treize canons et trente faucons
furent transport^* k bras d'hommes et avec des diffi-
cukes extremes a taavers des marfoages, devant la
place. Le kiaya Mohammed descendit lui-m&ne de
cheval, et sattela h un canon pour donner l'exemple;
Souleiman reconnut soa aile par un present de deux
cents ducats \ Les travaux de siige furent conduits
par Ontama, Mourad et Kasim, sandjakbegs de Bos-
nie , de Poschega et de Mohacz , sous les ordres sn-
p&ieurs d'Ahmed-Pascha, beglerbeg de Roumilie 3 .
Mats pendant qu'on ouvrait les tranches, la garnison
de FuniEkitfchen envoya des pariementaires pour ne-
eomme le croit Istuanfi; mais U fat probable que se trounmt dans le voisi-
nage, il confirma lui-meine la capitulation de cette place. C'est ainai qu'on
peut s'expliquer la date de Sinantschaouscb , qui place la reddition de Valpo
an aa juin, et ceie cflstuanfi qui la recule au a 3 juin. Petschewi, a l'occa-
«ion de la prise dfe Valpo, dit que l'historien Mohammed Katib avait fait
ses premieres armes dans ee siege, et que son frere, le kapidji^baschi
d'Ahmedbeg, fils de Yahyapaschazad£, j avait ete bless£.
i Sinantschaousch, f. 6fr. II nomme le commandant Michel Schante;
Istuanfi l'appeile Archius. Le fait qu'il rut investi d'un samiet (fief) refute
I'erreur d'lstuanfi, qui fait executer oe commandant avec tons ses gens :
Occulta perfidia, ut tretU par etf, necati, nusquam ampHus apparmere, dans
Catena, XXI, p. 299.
» Sinantschaouscb, f. 72 et 77. — 3 lbid. t f. 79.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 567
gratar sa reddition ; Mourad et Kasim farent d&ach&
pour prendre possession de cette place qui s'£I6ve dans
une plain® fertile, el apris y avoir install^ Bali Woi-
woda en quality de commandant, ils revinrent devant
Siklos [xxm]. Pendant leur absence , l'armfe assi6-
geante avait regu un renfort de mille Tatares ' ; elle
avait &6 jointe en outre par les vizirs Mohammed et
Khosrew-Pascba, par Tekkesad6 Hadji Mohammed,
beg de Semendra, Mohammed Tourakhan, gouver~
new de Mor6e, et par Khaireddin , beg de Zwornik,
tons jaloux de partager les dangers et l'hoaneur de
ce stege *. Mais la grosse artillerie avait k peine tir£
cent coups, et celle de moindre calibre deux cents,
que Siklos fit sa.soumission apr&s une defense de huit
jours (2 reWoul-akhir — 5 jinllet) ; cependant la cita-
delle refusa de suivre l'eaemple de la ville 3 . Souheili,
kiaya de Khosrew-Pascba, qui fut charg6 de porter
cetle joy ewe nouvelle an. Sultan, re$ut en retour une
augmentation de quatre milfe aspresaur ges.*evenus'.
La wtadelte se rendit trois jours aprte, sur Tavis de
Michel Diak, secretaire de Feteny , et des deux Nagy 5 .
Quelques-uns des habitant voukrient avoir entendu ,
avant m&ne l'airrivfo des Turcs, pendant une nuit
» SinanUchaousch, f. 81 et 8a. II fait monter les forces des Tatares a
quatre-vingt mille bommes. — * Ibid. , f. 79.
3 Sinantschaousch, f. 89. On lit dans Djelalzade, Petscbewi, et le
XokhhtUtiiawankh, QndnnHndp* (le 1 b} an lieu tftiundji,
4 SiQaots^baoiiscM» f. 90.
5 Ibid. t f. 95, nomine les membres de ce cooseil : Michel Diak, Nad-
jigh, Mondo, Nadsch (Nagy), Michel, Kabonr et Kani. Dans Istuanfi,
Michaelem cognomento fevreum. Catena, XXI, p. 3o5.
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368 UBTOIRE
calme, un muezzin faire du haul dune tour 1'appel k
la priere; d'autres assuraient avoir vu depuis le com-
mencement du stege, pendant une nuit obscure, une
vive lumi&re briller dans la prison ou Sigismond, apres
la bataille de Nicopolis, avait &6 retenu captif par
ses Etats, et ou Itaient alors enferm£s les prisonniers
turcs ; pour detourner le malheur annonc£ par ce
presage, on avait d&ruit cette tour, en respectant
toutefois la vie des prisonniers x . Gent soixante-dix
cavaliers de la garnison furent envoy& k Constanti-
nople ; la forteresse fut r&inie au sandjak du beg de
Mohacz [xxiv],
Souleiman se rendit, le 13 juillet 1543 (10 rebioul-
akhir), de Siklos sur les bords du Danube, pendant
que le beglerbeg de Roumilie, Ahmed, prit a gauche
par Funfkirchen, pour aller former le stege du cha-
teau de Szaz qui se rendit volontairement. A Sexard,
Ahmed rejoignit de nouveau le gros de larm^e a . On
passa a c6te du fort de Nianyavar, situ£ k gauche de
Tolna, sans chercher a le r&iuire , bien que sa po-
sition ftkt menagante pour les troupes, qui ne s'ar-
r&6rent qu'a Foeldvar ; le 23 juillet , apr&s deux
jours de marche [xxv], le Sultan entra triomphale-
ment a Ofen, accompagn£ des beglerbegs de Roumilie
et d'Anatolie avec leurs sandjakbegs, alaibegs, voi6-
vodes et soubaschis , d'Yahyapaschaoghli Moham-
med-Pascha gouverneur d'Ofen, avec ses volontaires
(goenullii) et gardes-du-corps (beschlii) ; pendant la
i Sinantschaousch , f. 99 et too.
» Ibid., f. 109. JoviiiSy IsluanG el Stella se taiseot a cet egard.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 569
marehe du c6rt6ge, le capitaine de la flotte du Da-
nube, Alibeg, et son kiaya Hasan, firent retentir Fair
de salves dartillerie. Bans on diwan solennel, Soulei-
man i&noigna sa satisfaction aux vainqueurs de Valpo,
de Funflrirchen et de Siklos ; Mourad, sandjakbeg de
Foschega, regut une augmentation de trente mille
aspres de revenus, son fils, un fief de douze mille
aspres ; le cuisinier des janissaires et son aide , qui
ayaient les premiers escalade les remparts de Siklos,
eurent chacun une gratification de vingt mille aspres ' .
Quarante groe canons langant des boulets du poids
dun k trois quintaux , et quatre cents pieces de petit
calibre , remont&rent le Danube (27 juillet) sous les
ordres du beg de Silistra, le persan Sehri Mar (poison
de serpent), qui avait embarqu^ k Silistra ce formi-
dable pare dartillerie r6cemment arriv6 de Constan-
tinople [xxvi]. Le 26 rebioul-akhir (29 juillet), com-
menga le g&ge de Gran, dont le chateau s'£l£ve sur
une colline en face do confluent de la Gran et du Da-
nube. Gran, vflle natale du roi saint Etienne, &ait en
outre c&£bre par sa cath&frale rev&ue k l'extfrieur
d'alb&tre et de marbres de diverges couleurs, un des
chefs-d'oeuvre de l'architecture gothique, et par un
aqueduc en pierre, d'ou 1'eau s'£levait k une hauteur
de quatre cent soixante aunes au moyen d'une roue k
godets \ La garnison, compos£e d'Allemands, d'Es-
pagnols et d'ltaliens, &ait forte de treize cents hom-
> Sinantschaousch, f. lax.
» Petschewi , qui a?ait vu cette magnifique egliae avant sa destruction ,
en donne la description , f. 8a , aiasi que de 1'aqueduc
t. v. 24
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5;o HiSTOIRE "\
mes ' . Les EspagnOls Martin Liscani et Francois Sala-
manca avaient le commandement de la haute et de la
basse ville. Tristan Vierthaler et Michel Regensburger
commandaient les troupes allemandes ; les Italiens
avaient pour chefs Torielli et le g£n£ral du g£nie Vi-
telli , homme experiments dans la tactique militaire.
Trois cent soixante et quinze canons a , transports
d'Ofen sur cent sept b&timens, foudroySrent la ville
jour et nuit ; les trois fils d'Yahyapaschaoghli , Mo-
hammed gouverneur d'Ofen, Arslanbeg sandjak de
Wuldjterin , et Derwisch beg de Szegedin , regurent
l'ordre de battre le pays jusqu'a Stuhlweissenbourg 3 .
Souleiman envoya dans la ville trois ren£gats, un Al-
lemand , un Espagnol , un Italien , chacun pour
exhorter les soldats de sa nation a se rendre 4 ; les
porte-drapeaux qui parlement&rent avec eux leur re-
pondirent que ni promesses ni menaces ne pour-
raient les detourner de leur devoir. Le courage des
assieg^s fut encore accru par un renfort de six cents
hommes que leur amena l'Espagnol Sancius Cotta, et
par la promesse qu'jl leur fit du prochain paiement
de la solde arrier^e 5 ; mais leur resolution ne tarda
pas b faiblir, lorsque leur plus habile artilleur, Cala-
brois de naissance. fut pass£ a Souleiman 6 . et que
• Stnantschaousch les porte tantot a trois mille, tantot a treize miile
homines; c'est probablement utfe faute du cbpiste.
* Stella , cap. a : 40 magnis bombardis aneis ac minutioribus fere 3 00
quatere cceperwit, dans Catona, XXI, p. 335.
3 Stnantschaousch, f. i3*. — , 4 Jovius, XLIIL Catona, XXI, p. 3 20.
5 Stella, dans Catona, p. 327. — € Ibid., p. 33g. ,
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DE L'EMPIKE OTTOMAN. 5 7 t
d'autres transfuges eurent r&v&i k I'ennemi le c6te
faible de la place, e'est-k-direi la tour de VEau, que
lartillerie turque ne cessa de battre en br&che de 1'ile
voisine ! . L'assaut g£n£ral ne devait etre donne que le
jeudi 9 aotit ; mais un devin prldit, d'apr&s des figures .
.tracees sur le sable [xxvn] , tant de bonheur pour le
lundi 6 aotit, qu'on crut devoir devancer le termefix£,
et se rendre aux d&irs des troupes. L'attaque fut re-
pouss£e, et cotita aux Ottomans un nombre assez con-
siderable de tu& et de blesses ; parmi ces derniers
&aient le capitaine de la flottille du Danube, et le
devin lui-m&ne si mal servi en cette occasion par sa
science. Les assieges et les assiegeans eurent une perte
r&iproque d'environ deux cents hommes [xxvni].
La croix dor£e qui surmontait le clocher de leglise
gotkique dont nous avons parte plus haut, ayant &£
renvers^e d'un coup de canon , Souleiman s ecria :
« Yoilk Gran a nous a ! » En effet, cet heureux pr&age
ne tarda pas & se r£aliser; les Espagnols Liscani et
Salamanca n£goci6rent la reddition de la place contre
une libre retraite avec armes et bagages. Le jour de
Saint-Laurent, 10 aotit (9 djemazioul-akhir), la capi-
tulation fut sign^e , et la garnison sortit de Gran 3 ;
mais les conditions stipul&s ne furent pas exacte-
i J emus, dans tatona, XXI, p. 3i8. — * Ibid., p. 3<g.
3 Jovius dit que Souleiman avait rendu graces a Dieu de lui avoir donne
la vUle de Gran le meme jour ou son grand-pere Bay aid U avait conquls
Modon; cette assertion ne serait juste qu'en supposant que Souleiman eut
calculi non d'apres l'annee luoaire , mais d'apres l'annee solaire des Grecs.
Du reste , Modon fut conquise non le xo, mais le 9 aoiW.
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372 WSTOIRE
meat ex6cut£es. Ali-Aga demanda a Iiscani, comme
un souvenir, la chai&e d'or qu'il avait arracfa^e ao
cou de Pierre Pereny en l'arr&ant; Iiscani ayant cm
pouvoir se racheter des dangers de sa position par ce
sacrifice , le Turc exigea ses cheraux dont les seller
avaient &6 remplies d'or, ajoutant en se raillant que
cetaa qui allait s'embarquer n'avait pas besom de che-
vaux '. Ayant de laisser partir les soldats de la gar-
nison, Souleu&an les employa k rinbumatkm des
morts, an d^Uaiement des d&ombres, aux travaux
les plus abjects, pendant qu'on outrageait leurs fem-
mes sous leurs yeux, ou qu'on les noyait si elles r6-
sntaient k ces hideuaes violences \ II esp&ait, par de
pareils traitemens, amener la garnison 4 adopter la foi
musulmane et k entrer h son service, en lui promet-
tant des conditions avanftageuses; quelques-uns aeule-
ment abjurfrent la fid£lit£ qu'ils devaient k leur Dieu
et k leur roi *. Pendant le si^ge, l'artillerie ottomane
avait lanci neuf mille cinq cent quarante-quatre bou-
lets de fer et plus de deux mille boulets de pkxnb;
chaqoe soldat qui rapportait un des premiers rece-
vak une recompense de vingt aspres 4 . Le jour m6me
de l'oocupatkm de Gran , Souktman changea fo ca-
s Jovius. Sinantschaousch pretend que la somme qui s'y trouvait cachle
s'elevait a dix mille ducats.
» Stella, c. *, daps Catena, XXI, p. 343.
3 Nee phires qmmm 70 ex omni nation* milit** reperii tmni, qui ad Soli-
manum trantire veUent: Jovius, Sioaattchaontcb ne parte que de einqaantt
hommes; mais en revanche cent aoixante-quatre jeunes gareens entrawnt
au service de Souleiman.
4 Sinantschaousch , f. i5o.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 573
th&irale en mosqu£e en y faisant la priire du ven-
dredi ; apr£s oette drimooie, les vizirs s'aseemblerent
dans la tente iroperiale, afin de tenir consei) gur 1'ad-
ministration des nouvelles conqu&ea; Souleiman di~
signa sept begs, ceux de Semendra, de Wukjjterin,
Aladjahissar, Perzerin, Poschega, Zworntk etSze-
gedin pour occuper la vilte, avec cinq cents hommes
du g£nie, cinq cents azabs, cinq cents beschlus, cinq
cents goemilliis, cinq cents janissaires et deux mill*
martoloses. Le juge et le sandjakbeg de Gran devaient
relever du juge et du pascha d'Ofen ■.
Le lendemain de la reddition de Gran, un ambas-
sadeur du roi de Pologne fat re$u par le Sultan en
audience solennelle, et lui offrit avec des pr&ens les
felicitations de son maitire sur ks nouveaux succ£s des
amies ottomanes a . Souleiman , voulant hftter la re-
construction de la forteresse de Gran, ordonna que
chaque sipahi devrait fournir trois charges de pierre;
cbaque pascha mille; Roustem seul &ait tax£ a cinq
mille; il r£compensa par des v&emens d'honneur Tem*
pressement que mirent ces hauts dignitaires k satisfaire
ses ctesirs 3 . De Gran, l'arm& se dirigea sur Stuhl-
wdssenbourg, l'ancienne ville ou &aient sacr£s et
ensevelis les rois de Hongrie. Parmi les canons des-
tines au s&ge de StuMweissenbourg , s'en trouvait
un langant des boulets de cinquante livres et ayant
dix-huit palmes de longueur; l'artilleur EsedouUah,
r£cemment arrive de Perse, l'avait fondu pour servir
< Sinantschaouscb , f. i56. — a Ibid. — 3 Ibid., f. 159.
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5 7 4 HJSTOIRE
de modele a une aftillerie qui , tenant le milieu entre
les monstrueuses pieces du calibre d'un quintal et les
petits fauconneaux , particip&t de la force de projec-
tion des uns et de la l£g&ret6 des autres. Le premier
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 3 7 5
firite dHin de^ ceux-ci k Amid '; en m£me temps,
Emin-Sultan, fils de Sahib-Ghirai, fit savoir a la Porte
(19 djemarioul-ewwel — 20aotit) qu'il avait envoy6
cinq mille Tatares battre le pays erinemi et qu'ils
etaient revenus avec quinze cents prisonniers a * Ce
merae jour on commenga le siege de Stuhl weissen-
bourg. Le beglerbeg d'Anatolie; Ibrahim - Paschd ,
avait 6t6 charge d'emmener d'Ctfen l'artillerie de siege ;
en l'attendant, les vizirs Roustem, Mohammed et
Khosrew, secondes par Ahmed beglerbeg de Rou-
milie et Taga des janissaires, ouvrirent la tranchie 3 .
Huit jours apr& le commencement du siege, la breche
ayant paru suffisante, on donna un assaut qui fut re-
pouss6 [xxix]; dans un second, les Ottomans £prou-
v&rent une plus grande perte encore; la ville ne fut
prise que le 4 septembre [xxx]. G6n£reux envers son
ennemi vaineu, Souleimah admit au baise-main le
commandant hongrois Varcocs; l'eglise renfermant 16s
tombeaux des rois fut pour cette fois pr£serv6e de la
destruction. Ahmed, frire dugouverneur d'Ofen, fut
nomm£ sandjakbeg de Stuhlweissenbourg avec un
traitement annuel de six cent mille aspres (douze mille
ducats) ; mille janissaires et trois mille soldats lev£s
dans le pays form&rent la garnison de la ville [xxxi].
Pendant le si6ge de Stuhlweissenbourg , le voi&vode
Kasim avait r&luit le chateau de Nianyavar situe sur
la gauche de Tolna. Emin-Sultan fils du khan Sahib-
Ghirai, et Dewlet-Ghirai fils de Moubarek-Ghifat, k.
» Sinantschaousch , f. 166. — * Ibid., f. i68v
3 Pctschewi, f. *4-
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3 7 6 HISTOIKE
la t£te, le premier desTatares de Crimle, le second de
ceux de Dobrudja, battirent la contrfe en tous sens,
lis se mirent k la poursuite de la garrison qai avait
rendu Stuhlweissenbourg; maisils furent d^faits pr&
da mont Somnyo par Nicolas Zriny qu'une blessure
empteha de profiter de sa Tictoire f . Francois Ka-
polnay les attaqua avec sept cents cavaliers pris du lac
Balaton, k 1'endroit m&ne oA prend naissance le ruis-
seau de Siho ; mais, accabte par le nombre, il paya de
sa vie ses efforts h£roiques ■. Souleiman, en visitant h
Stuhlweissenbourg les tombeaux royaux, se montra
plus clement en vers les morts qu'envers les vivans ;
car, ayant invito les habitans k se rendre avec leur juge
en un lieu d£sign6 hors de la ville pour lui prfeter seg-
ment, il les fit tous massacrer, k F exception de ceux
avec qui avait A£ sign6e la capitulation , comme si
toute la ville n'avait pas &6 comprise dans le trait6
conclu k ce sujet 3 . Avant de partir de Stuhlweissen-
bourg, il envoya des lettres de victoire k tous les gou-
verneurs de lempire, k la r^publique de Raguse, au
roi de France et au s&iat de Venise *.
Souleiman qui de Stuhlweissenbourg s'&ait rendu
k Pesth, quitta cette dernifere ville au commencement
de l^quinoxe d'automne pour retourner k Constant!-
i Stella, dans Catena, XXI, p. 377, et Deditio Mbaregalis, d'apres un
nanmcrit italien, dansKo?achicn, Scriptoret nntm Bungaricarum minores,
I, p. So. — * Stella, dans Catena, XXI, p. 378*
3 Coti interpretmno I Turchi le promissioni e giuramend loro. Le ma-
nuscrit italien dans Kofachicb, I, p. 8a.
4 Djelalsade, f. 260.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 377
nople ; il ptssa !e Danube k Peterwardein dix jours
aprto *. A son arriv^e k Belgrade (21 septetnbre), il
congddia son armee qui dut aller prendre ses quar-
tiers d'hiver, et se mit lui-m&ne en route pour sa capi-
tate. Les ffctes triotnphales qui auraient probablement
solenms£ son entree k Constantinople, furent changes
en deuil par la nouvelle qu'il regut, chemin faisant, de
la mort (8 sehftban — 6 novembre) du prince Moham-
med son second fils et le plus chfri de tpus [xxxn],
Profond&nent affect^ de ce nouveau coup porte k
ses affections paternelles , le Sultan ordonna de con-
duire les restes du jeune prince k Constantinople, oA
il les fit ensevelir pr&s de l'antien quartier des janis-
saires. Sinan, le plus c616bre des architectes ottomans,
fut chargg d'6lever au souvenir du prince et prts de
son tombeau, une mosqufe dont la construction dura
.cinq ans, et cofita trois cent mille ducats *; bfttie sur
te module de la mosquta du conqu&ant , elle se dis-
tingue de cette derni&e par quatre demi-coupoles
entourant le ddme ; k l'ext&ieur elle est orn6e de deux
minarets richement sculpt &, k l'int&rieur elle n*a pas de
colonnes, et son aspect est sombre, comme si l'archi-
tecte l'avak voulu mettre en harmonie avec la douleur
qui Favait 61evle [xxuii]. Les professeurs de l'acacte-
mie dont fut dot& cette mosqufe eurent des appointe-
mens dgaux k ceux des autres academies imp&ialeg 3 .
■ Djelalzadt, f. a6i. Ali, xuiri« reeit, f. *55.
»' Ali dit cent dnquante charges (yuk) d'aspres; le yfik vaut cent mille
aspres; cinquante a?pres Talent un ducat. .
3 AH, xlh" recit. Cantemir place par erreur cette mosquee a Yen&apou
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3 7 8 RISTOIRE
Dans les premiers jours du printemps de larinee
suivante (1544) 9 les lieutenans du Sultan recominen-
c&rent la guerre en Hongrie, en Esclavonie et en Croa-
tie, et prirent plusieurs villes et chateaux. Mattre de la
capitale des rois de Hongrie et de la ville ou its sont
ensevelis, Souleiman devait d£sirer encore de poss£-
der Wissegrad, appelee aussi Blindenbourg, ou &ait
gard6e la couronne, lors m&ne que la position de cette
place sur la rive droite du Danube au-dessous de Gran
ne lui en etit pas impost la conqu&e, afin de rendre
libre la navigation du fleuve. Le nom slave de cette
forteresse, Wissegrad, qui signifie ch&teau 61ev6,
explique sa position sur une montagne escarp6e; son
nom allemand de Blindenbourg (ch&teau qui aveugle)
se rapporte a la vue magnifique dont on y jouit , et
qui eblouit, aveugle, pour ainsi dire les yeux par sa
beauts et son immensite. Comme Siklos, Wissegrad,
avait servi de prison a un roi hongrois, Salomon, qui
y avait &6 retenu pendant dix-huit mois. Le roi Charles
fortifia Wissegrad, pour en faire sa residence et y
deposer la couronne de Hongrie. Wissegrad est c6~
lebre par 1'entrevue du roi de Boh6me, de son fils
.Charles, plus tard empereur d'Allemagne, de Casimir,
roi de Pologne, et d'Etienne , roi de Bosnie, avec
Charles, roi de Hongrie, pour conclure ensemble un
traits dalliance offensive et defensive. Casimir de Po-
logne signa a Wissegrad son abdication en faveur de
son neveu Louis , qu'il avait adopts pour, son fils, et
(nouvelle porte), dont il altere le nom en fabant Engi kapu. (Soliman,
XL, note 34.)
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 079
c'est laqu'il c£l£bra, avec Jean, margrave deBran-
debourg, les fun^railles de Charles. Par la suite, les
rois de Hongrie n'habit£rent pas toujours Wissegrad ;
mais Mathias Corvin mit autant de soins a Tembellir
que sa residence d'Ofen; il y fit dessiner de magni-
fiques jardins, avec des terrasses , des statues et des
pieces d'eau. Les jours oii on c^lebrait un triomphe des
armies hongroises , les fontaines publiques versaient
au peuple du viri rouge et du vin blanc '. Dans T6-
glise du ch&teau , les autels d'alb&tre rivalisaient de
magnificence avec les tuyaux d'argent de l'orgue. Les
^curies 6taient k l'int&ieur rev&ues de marbre. Ma-
thias Corvin regut k Wissegrad les envoy^s du pape
et du Sultan. L'ambassadeur ottoman fut tellemfent
&onn6 de la magnificence du palais du roi , qu'il ne
put prononcer que ces paroles : « Le Padischah te
salue 2 ! » Ce laconisme d6plut au roi, qui le renvoya
sans vouloir lui accorder une autre audience. Mathias
Corvin accorda de grands privileges k Wissegrad ;
mais Louis II donna cette place en fief k sa cuisiniere.
Apr6s la bataille de Mohacz , Wissegrad et la cou-
ronne de Hongrie tomb&rent Tune et l'autre au pou-
voir des Turcs, qui en firent don k Zapolya 3 ; Fer-
dinand sen empara k la mort de ce prince. Presque
toutes les lettres de Souleiman k Ferdinand , avant
Touverture de la campagne de Hongrie, avaient pour
objet la restitution de Wissegrad et de Stuhlweissen-
1 Olahi, Descript. re g.. Hung. Stella, c. 14. Petscbewi, f. 86 et 87.
* CcBsar salutai. Olahi , I. c.
3 Istuaofi, 1. XVI, dans Catona, XXI, p. 44a. Petschewi, f. 87.
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38o UISTOIKE
bourg; lors des conferences d'Ofen, ces deux forte -
resses furent encore r6clam£es des ambassadeurs de
Ferdinand, Salm et Herberstein. Soaleiman avait pris
lui-m6me Stubl weissenbourg ; il chargea de la eon-
qudte de Wissegrad Yahyapaschazad6 Mohammed-
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 38i
avec le litre de sandjakbeg , pour mettre un terme
aux courses que faisait d'Erlau le brave Varcocs '.
Ozora , les ch&teaux de Dombovar , Doebroekoex et
Simontornya, qui sont situ£s tous les trois sur les bords
de la petite rivtere de Sarwis, et dont le comman-
dant, Thomas Markozy, avait si long-temps inqui&6
la route dOfen, ne tard&rent pas k tomber sous le
joug ottoman. Ge fut sur la demande de Kasim, san-
djakbeg de Mohacz, que Mohammed-Pascha s'empara
d'Ozora, dont il confia la defense a un sandjakbeg \
Pendant le stege de Simontornya, les troupes turques
regurent Tordre d'op&er leur jonction avec les san-
djakbegs de la Bosnie et de l'Herzegovine, Oulama
et Malkodj 9 qui faisaient le stege du fort esclavon de
Velika. Les paysans qui 6taient accounts dans cette
place de la confine environnante, s&hdts par les pro-
messes de Pilat, ami secret des Ottomans 3 , forctaent
la garrison k se rendre; au lieu den 6tre recompenses,
ainsi qu Us l'avaient esp£r6, ils furent tous massacres;
il n'y eut d'£pargn& que les soldats.
Apr&s la prise de Velika, Oulama et Malkodj por-
t£rent la guerre de l'Esclavonie dans la Groatie. lis
prirent dans les environs dlwoniza le chateau de Mo*
nosk) 4 , occupe par Piefre Erdoedy , avec une foible
i Les meoMS. — * Pelschcwi , 1. c
3 Pettchewi, f. 87. Istuanfi, dans Catena, XXI, p. 444 ' * quodam
Andrea cognomento Pilato, Lupi Sempcei mimttro, qui forte eo profugerai,
persuasi.
4 Mont Claudius , quern nostri Uonoslonem (Petko Uenyoronem) vocant,
arx haudprocul ah Juanicza dissita. bttianfi, 1. XVI.
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58a HJSTOIKE
• »
gariiison; ces progr&s des Turcs firent trembler l'6->
v6que d'Agram pour ses forteresses de Dombro et de
Chasma. Oulama et Malkodj envahirent toute la partie
du district de Warasdin, qui s'&end au-del& de Som-
sedwar, et prend le nom de Sagoria, c'est-k-dire situt
derriire les mon/agnes. A leur arriv^e dans les champs
de Lonska, ils trouvirent le comte Nicolas Zriny avec
les Creates, et Bilderstein avec les Styriens et les Ca-
rynthiens, pr6ts a leur barrer le passage. On conviot
de part et d'autre dun armistice, pendant lequel les
plus braves des deux armies se provoqu£rent en
combat singulier ; mais Oulama et Malkodj, rejoints
par de nouveaux renforts, se jet&rent inopin&nent
sur les chretiens et les disperserent. Vivement pour-
suivis, Zriny et Bilderstein s'enfuirent vers le chateau
de Lonska; le premier eut son cheval tu6 sons lui au
moment oik H passait le pont, et ne fut sauv£ qu'avec
pane; le second, sur le point d^tre pris, sejeta dans
les fosses, oii il faillit perdre la vie, et dVrii il fut
retire par la barbe. Apr&s cet avantage, les Turcs
oper^rent Jeur retraite par Dubicza et Banyalouka l .
La d6faite de Lonska fut vengfe par la victoire que
remporta Francois Nyary, dans les champs de Salla,
contire les Turcs sortis de Gran. Les chefs ottomans
Sch&ban, Koubad, Ramazan et Nassouh % avaient
passe le Danube, par une nuit sereine , avec quatre
cents janjssaires et quinze cents cavalier$ ; ils avaient
> Istuftofi, daa»Catona, XXI, p. 446.
a Istuanfi les nomine Saban<», Gubates, Ramadft&tis et Natsufus.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. $8$
d£ja r&issi k escalader le rempart du bourg deSalla,
lorsqtie la garnison du ch&teau, sous les ordres de
Melchior Balassa , fit une sortie et les forga a la re-
traite avec Taide de Tartillerie. Frangois Nyary, avec
quelques centaines de fantassins et de cavaliers rassem-
bl& a la hftte, tomba sur les derrteres des Turcs di]k
fatigues de leur marche nocturne. Apres un combat
acharne, la mort de l'odabaschi Housei'n dlcida la
victoire en faveur des Hongrois. Plus de cinq cents
Turcs resterent sur le champ de bataille; k peine quel*
ques janissaires purent-ils se sauver a Gran. Nyary
avait d£fendu k sa troupe de faire des prisonniers, et
il ne lui accorda la permission de faire du burin que
lorsque le sort des armes se fut tout- &-fait d6clar6
pour lui l .
Souleiman avait adjoint au beglerbeg Mohammed-
Paseha, dans l'administration de la Hongrie, le def-
ter dar Khalil, en qualite de president de la chambre
des domaines. Khalil &ablit , pour les douze sandjaks
hongrois [xxxiv] , un registre d'imp6ts (defter) , qui
pendant cent cinquante ans fut la seule loi financiere
du gouvernement d'Ofen, et occupe une place impor-
tante sous le nom de Uvre de Khalil dans toutes les
negociations.de la paix. avec 1'Autriche. Khalil , dans
la pens£e du Sultan, devait servir de contre-poids
au gouverneur de la Hongrie, Mohammed-Pascha ,
et surveiller Jes int£r6ts du fisc; il manda k la Porte
qu- Ahmedbeg , sandjak de Stuhlweissenbourg et fr£re
■ Istuanfi, dans Catoua, XXI, p. 447-450*
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 385
Souleiman, peu de temp* apr& son retour de Yek-
p6ditioti de Hongrie et la mort de son fils Moham-
med, op£ra dans l'administration des provinces tin
double changement que nbus devons mefltionfter ici
k raison de sa gravity. Le prince 5£Km , gouverneu*
deKoniah, alors ftg6 de vingt ans, fut nottim6 m gou-
veraemeftt de Saroukhan, devenu vacant par la ttoft
de son fr&e« Lea permutations qui ont lieu efcttfc tes
fils du 8ultan He doivent point Gtre ccmfondues arec
oellea qui s'op&enft sans oesse entre tea antreft g6u-
verneurs de l'taipire. II faut calculer limportatice
des gouvenwmens des princes, non sup l'&endue
de lev territoire, mais sur leur proximity de Con-
stantinople. Loraqu'un dea fils du Sultatt est appete
au gouvemeroetit le plus voisin de la capitate, il est
par cela m&ne singuli&ement favoris£ , non settle-
ment pendant la vie, mais aurtout aprte la mort de
son ptee, parce que sa position lui rend plus court le
cherain de Constantinople et du trtne. Jusqu'alors
le gouvernement le plus voisin de la capitale, dont le
stege est k MagnArie , avait 6x6 occup6 par l'atni des
fils de Soulei'man, Mohammed, qui tenait la premi&e
place dans le coeur et pr& du tr6ne paternels. A cette
Ipoque (mars 1 5/44), ce fut le jeune prince Silim qui
obtiftt ce -gouvernement au prejudice de ses fr&res
ain£s, Moustafa, gouverneur d'Amassia, et Bayezid,
qui fut appete plus tard k administrer la Karama-
nie [mv]. S6Iim ne se rendit pas tout de suite k Ma-
gn£sie, oft la peste s£vissait; il resta quelque temps k
Brousa, pour respirer 1'air pur de l'Olympe. L'aon&
T. V, 25
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586 HISTOIKE
m&ne de sa nomination au gouvernement de Sarou-*
khan, it eiit h se feliciter de la naissance de trois
filles [xxxn].
Vers le mdme temps eat lieu une nomination non
moins importante, celle dun nouveau grand -vizir.
La deposition de l'eunuque Souleiman - Pascha fut
provoqu6e moins par son ftge avanc6 (il avait pr6s de
quatre-vingt-dix ans) que par une intrigue du yizir
Khosrew-Pascha, qui esp£rait par l'&oignement du
graxid-vizir obtenir sa place ou du moins s'en appro-
oher d'un degr£ ! . Le grand- vizirat fut confer^ au se-
cond vizir, Roustem-Pascha , qui, comme nous Ta-
vons dit , devait sa haute faveur moins k sa femme , la
sultane Mihrmah, qu'fc la m&re de celle -ci, la sultane
Khourrem , Russe de naissance '. Roustem &ait Croate;
du temps de la haute faveur d'Ibrahim, aprte l'exp6~
dition de Mohacz, il s'&ait 61ev6 de la dignity de pre-
mier porte-armes k celle de grand-£cuyer, puis avail
&6 nomm£ beglerbeg du Diarbekr, et enfin vizir. H
ne comprenait que la guerre et etait inaccessible au
charme des sciences et des belles-lettres, bien different
en cela de ses predecesseurs Ibrahim et Loutfi -Pascha,
> Alt. Osman Efendi. Hadji Khalfa, Tables chronologiques , p. 176.
a Ali, dans sa Liste des Vizirs, dit a l'occasion du grand-vizir Ahmed-
Pascha : Elkissa Rousiem paschanun sadre ghtlmesi hhoussoussi niswani
iffet nischaniin maksoudi oldi, c'est-a-dire : « En un mot, ce fut par les
femmes que Roustem monta en favour. » Roustem possedait les salines de
Ciissa. Dans les ScrUture mrchesche deposees dans les Archives d'Autriche,
on trouve : Insirumenlo d* la possession del gran VezirRustemconceduto dal
Serenissimo Signor eolla dichiarazionc del confini. Constantinopoli 953
(i54«).
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 587
tous deux versus dans l'histoife ; son humeur ^tait
sombre et son exterieur severe. Roustem ^tait Fen-
nemi jur£ des poetes [xxxvn] , qui se veng&rent de sa
faaine par des poemes satiriques ; cependant il n'en fit
pendre aucun, et ne suivit pas en cela l'exemple d Ibra-
him , leur protecteur d£clar& Le grand-vizir Loutfi-
Pascha lui-m6mc, quoique historien et tegiste distin- ,
gu£, n'aimait que m^diocrement les poetes et les £cri-
vains remarquables surtout par leur style; le traduc-
teur des Fables de Bidpai, ouvrage £galement c61£bre
en Europe et en Asie, Alaeddin-Ali, fils deSalih, lui
ayant pr&ent£ sous le titre de Hownayounnamd, c'est-
k-dire le Uvre impirial ou royal, ce recueil d'apolo-
gues, dont la traduction lui avait cotit£ plus de vingt
annees de sa vie, il s'&onna sans m£nagemens devant
lui qu'il eAt pu perdre tant de temps k pareille chose,
et lui demanda s'il n'aurait pas mieux valu traiter quel-
ques points de droit. L'historien Raroazanzade, qui de-
vint plus tard nischandji, et qui itait alors defter-emini
(inspecteur de la chancellerie), meilleur juge que le
grand- vizir en mature de literature, acheta Touvrage
d' Alaeddin pour cinquante ducats , et le mit sous les
yeux de Souleiman, qui le soir mdme envoya a l'au-
teur un dipl6me 6crit de sa main, par lequel il lui con-
ferait la place de juge de Brousa [xxxvin]. Mais Alaed-
din ne jouit pas long-temps de cette recompense due
a son talent et a sa perseverance; il mourut la m£me
ann^e que le prince Mohammed. Deux ans apr£s , le
4 juillet 1546, le redoulable adversaire de Doria,
Khaireddin-Barberousse, termina sa glorieuse car-
25*
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388 HISTOIRE
rifcre ' ; ses restes f urent d6pos& a c6t£ du college fond&
par lui k Beschiktasch, sur les bords du Bosphore. La
s'eleye encore aujourd'hui, dans un site romantique,
le d6me de son tombeau , tout verdoyant de mousse
et de lierre. Khaireddin ne laissa que soixante mille
ducats et deux mille esclaves ; il 16gua au Sultan huit
cents de ces esclaves, deux cents au grand-vizir, etfit
don a ce dernier de trente mille ducats qu'il lui avait
prtt&, afin d'assurer h son fils la possession des au-
tres tnille esclaves et des soixante mille ducats a .
Apr£s avoir rapportS les £v6nemens qui signal&rent
la campagne de Hongrie, il nous reste encore k parler
de l'armistice qui suspendit pourun temps les hosti-
lity, et des deux traites de paix que conclut Soulet-
man d'abord avec Charles-Quint , puis avec Ferdi-
nand. Quelques details sur ces diverse* negotiations
trouveront ici d'autant mieux leur place, que peu
d'historiens jusqu'ici en ont parte, et encore ne l'ont-
ils fait qu'avec de graves erreurs.
D& la seconde ann£e de la guerre, l'£v6que de Gran
negocia en quality de gouverneur royal , par l'entre-*
mise de Deseuffy , avec le pascha d'Ofen*, un armistice
i « Barbarossa £ mortb fiesta none passata alle ore fre$ ha lasciato at
» Signer 5©o sehiavi, a Rottem Bassa too scbiavi, ed 10,000 aecchini,
» tutti gli altri da i5 anni posti in liberta, e 3o,ooo zecchini sieno spesi per
- fabricare una moschea, 10,000 zecchini a Mustafa suo nipote e genero,
» sono stati ritrovati 35,ooo tecchini et 5,o60 aspri. * Rapport du baite
venitien h la date de juillet 1.446, dans lea archive* de la maison I. R.
* Rapport de Veltwik, date de Constantinople du 5 norembre i546.
Histoue des guerres maritime* , f. 27.
3 Hesponsio Mehemefis (le pascha d'Ofen) ad tegationem Domini Locum-
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 38g
dun mois (juin 1 544). Vers la fin de cette m6me ann£e,
Ferdinand, non settlement autorisa h conclure en son
nom un trait6 de paix aveo la Porte l'ambassadeur
portugais Odoardo Cataneo [xxxk], qui se rendait k
Constantinople pour demander la cessation des hosti-
lity dans la mer des Indes, mais il y envoy a encore
le pr6v6t d'Erlau, J6r6me Adorno, en qualite d'inter-
nonce. Dans cette mission, Adorno avait pour secre-
taire Tltalien Jean-Marie Malvezzi, issu d'une famille
noble de Bologne l ; il arriva le dernier jour de tevrier
k Andrinople, et se mit aussitdt k rendre ses visites au
grand-vizir Roustem et aux trois ^utres vizirs; son
entrevue avec le Sultan fut fix£e h quinze jours de la,
mais il mourut dans la nuit m&ne qui devait pr6c6-
der son audience a . Malvezzi fut raand£ par les vizirs,
qui le prirent k t£moin qu' Adorno &ait mort de mort
naturelle, et non par le poison; puis Roustem lui re-
mit une lettre dans laquelle il t£moigna ses regrets de
la fin impr£vue de 14n tern once, et le cong^dia sans le
laisser p&i&rer aupr6s du Sultan. Avant qu' Adorno
et Malvezzi eussent effectu£ leur depart de Vienne,
Ferdinand avait conclu , pour tout le temps de leur
voyage, une suspension d'armes avec le gouverneur
d'Ofen, Mohammed-Pascha ; il avait &6 convenu que,
lenentis (1'eveque de Gran, Paul Verantius) medio Joannis Deseuffifactam,
an. 1 544. Rapport de Deseuffy.
■ Mahressi revint d' Andrinople immediatement apres la mort d*Adorn6 ,
et n'y resta pas, ainsi que le dit Istuanfi : Cut (Adorno) brevi post tarn lega-
tione quawt vita functo Joannes Maria Malvetius Bononim nobik onus fa-
miiia successit.
a Relaiio Mahezii post mortem nuntii Aaurni e Tarda revetsi.
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!>9o HISTOIKE
pour joger les affaires litigieuses entre les Hongrois et
les Turcs, des tribunaux partfculiers seraient &ablis,
par les premiers, k Szigeth, Komorn, Erlau et Agram,
par les seconds k Of en, Funfkirchen, Velika et Jas-
berin x . Mohamraed-Pascha assura k Malvezzi, k son
retour de Constantinople, qu'il &ait dispose k main-
tenir 1 'armistice aussi long-temps que les Hongrois ne
reprendraient pas Tinitiative de Tattaque 1 . Ferdinand,
alors k Worms, s'empressa de choisir un nouvel am-
bassadeur , le docteur en droit Nicolas Sicco 3 , pour
traiter de la paix. Les possessions des deux puissances
en Hongrie devaient &re maintenues sur le pied oft
elles se trouvaient k cette Ipoque, et, a cette condition,
Sicco £tait autoris£ a offrir dix mille ducats a titre de
present annuel au Sultan, trois mille au grand-vizir,
et mille a chacun des trois autres vizirs *. Le g6n6raT
des troupes de Ferdinand en Hongrie, Leonard Fels,
signa avec Mohammed , pascha d'Ofen , la prolon-
« Indueim Mehemetbeg, dd. 5 febvr. i545, dans les Archives de la mai-
son I. R. d'Autricfae.
* « Disse esso Bassa di Buda, che da esso non mancharia di perseverar in
» la tregua mentre che gli nostiri non lo provocasino alia guerre, e con questa
» conclusione io Giovan Maria Malvezzi son venuto a Vienna et fedelmente
» ho presentato tatte le scritture di Vostra Maesta al Magnifico et Generoso.
» S. Leonardo di Felz. » Bbpport de Malvezzi.
3 Plenipotentia pro Nicolao Sicco Doctore Oratore. 5 mai t545.
4 « Instructio de his rebus, quas res Magnificus et nobilis Nicolaus Siccus
» doctor et orator noster fidelis nobis dilectus apud Serenissimum et Poten-
» tissimum principetn Dominum Sultan Soliman Imperalorem ac Asia et
» Graecias illiusque primarios Bassas et Consiliarios infrascriptos nomine nos-
» tro summa fide et diligentia agere et tractare debet. Dat. in nostra at Imp.
-civitate Wormaliae die XXI mensis maii, A. D. iStf. »
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 5gi
gation de Fannistice jusqu'ati retour de Sicco '. Dfe
son e6t6, Tempereur Charles-Quint envoy a a Con-
stantinople le Hollandais Veltwick pour n^gocier la
pair tant pour l'Allemagne que pour l'Autriche, de
concert avec les envoy& de Ferdinand. Sicco se ren-
dit k Constantinople avec une telle c&£rit6, que, d'a-
prfes son rapport, il creva dix chevaux en route \ II
aurait termini sa mission aussi rapidement, si les Turcs
n'eussent intercept^ des lettres que lui adressait Velt-
wick, et dans lesquelles il lui disait de ne rien con-
dure avant son arriv^e. En outre. l'ambassadeur fran-
gais Montluc 3 entrava les negotiations de l'envoy6 de
Ferdinand, et Veltwick lui~m6me bl&ma la proposition
du present de dix mille ducats; mais Sicco avait dti
d'autant plus s'engager a cette sorte de tribut annuel
avant Tarriv^e de Veltwick, que le grand- vizir deman-
dait en outre les ch&teaux de Valentin Toeroek, prison -
nier de la Porte, et ceux de plusieurs autres magnate.
Enfin les deux ptenipotentiaires sigiterent k Andri-
t Imtrucdo ad Posgay, dd. *4 mai i545. Relaiio Sigismundi Posgay,
dans les archives de la maison I. R. d'Autriehe.
• « Adeo celeriter hue delatus sum,.ut decern equos in itinere interfece-
m rim, magoi enim intolerabiles Calores erant, et ad nonam diem Julii hue
- veni, et postquam bis aut ter cum Rustem et aliis Bassis colloquulus essem
» in durisrimum carcerem conjeetus sum , ubi per mensem fui , nee aliqua
»suberat opes Imperatorem Turcharum conveniendi, orator si quidem
» Gallus mazime mihi adversabatur. » Rapport de Sicco, date de Constan-
tinople, du *5 aout.
5 Sicco trouva un adversaire noiLmoins redoutable dans l' inter pre tc Ka-
simbeg, qui mourut a la fin de cette meme annee i545, et sur lequel le baile
deVenise, dans un Rapport du 4 decembre i545, s'exprime ainsi : Cassam*.
beg Dragomano k morlo, Vera un gran ribaido inimico dti Chrisiianu
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DE L'EMPIRe OTTOMAN. 3j)3
lors dn a£go decette place, avaiont &6 constitute en
fiefs decavatera, Veltwiek devaft offirir & chaque vizir
w present annuel de miUe ducats, k Rdustem-Pascha
m de trois mille, et 4 I'mterpr&e de Ja Pbrte Younis
un de cinq cents. Dans le cas ou 1© divrait agiterait
de nouvaau la question des proprift& de Valentin
Tcercek, Pierre Pereny, Brewek et Homonay , l'am-
bamdeur &va§t r^pondf e que ces seigneurs Itaient
aigf ts de Ferdinand, et que par consequent son maitre
avail les rotate* droits sur eux que le Sultan sur les
aiens. Yeitwiek rencontre sur sa route, & Tatarbasar ,
l'arabassadeur fran$aig AranoRt, suecesseur de Mont-
luc, qui revenak de Constantinople, et eut quelques
entretiens aveo lui an svjet de* infractions JournaH^res
apportees par les Turea k Tarmfetiee entre la Hongrie
et la Porte [xs.]* Aramont avail && chargg de nigocier
prfis de cette denu&te un emprunt cte trois cent mille
ducats qui avwt &6refas6 ; il n'avait pu obtenir que la
permission de tirer d'Alexandrie une certaine quan-
tity de salp&re '. L'ambassadeur portugais n'avait pas
jnfeux r&wsi dans sa mission, Souleiman s^tant re-
fuse formellement k acclder k la demande flrite par le
Portugal d'un droit k payer pour la libre navigation
des Ottomans dans la mer des Indes [xu]. Veltwick
fut re$u, k son arriv£e k Constantinople, avec les hon-
neurs dus It son rang; vingt tschaouschs et le mar£-
cbal de Tempire alterent k sa rencontre; mais 11 fut
condipt dans la mime demeure oA nagu&re Lasozky
i Rapport de Veltwicfc.
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 3g5
qu'il traiterait cette question avec les vizirs, le Sultan
le congedia en pronongant ces mots : « Qu'il en sent
ainsi. » Dans sa premiere conference avec les vizirs,
Veltwick se plaignit que la tr&ve eAt &e viotee Tannic
pr£c£dente par la prise* de Hatwan et les incursions
de Kasimbeg sur le territoire de l'empereur ; mais
ceux-ci s'effbrc£rent de prouver que ces actes na-
vaient port£ aucune atteinte aux conventions passes
au sujet de l'armistice. Roustem-Pascha , en parlant
des barons de Tempire qui , apr& avoir recomra la
souverainete de la Porte , etaient retourn£s sous la
domination de Ferdinand, dit que le Sultan poss£dait
leurs lettres dont les cachets en cire portaient Tern-
preinte de leurs armes. Veltwick r^pondit que la cire
de celles quails avaient adress£es & Ferdinand &ait
plus molle et plus fralche x .
Les negotiations ne dur&rent pas moins de dix
mois; le plus grand obstacle a surmonter fut les pre-
tentions des Turcs, qui demand&rent d'abord Tata et
Erlau, de plus tons les fiefs de la cavalerie situ£s entre
Gran et Komorn, et inscrits comme faisant partie des
domaines de la Porte sur les registres du defterdar
Khalil, et enfin les riches propriety de Valentin Toe-
roek, de Pereny et des autres magnats qui'avaient re-
connu pendant un temps la suzerainet£ du Sultan.
Enfin le 13 juin, au palais de Roustem , on convint
de signer le trait£ sur les bases suivantes : les biens
i « Dieendo che havevano mandate) qua i loro sigilli in cera, io li riposi
» che la cera , qual havevano data a noi , era piu fresca. » Rapport de Velt-
wick, dale* d'Andrinople, du 18 septembre i546.
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3g6 HISTOIRE
de$ magnate, dont leg revenus furent calcules par les
vizirs & raison de onze mille ducats , devaient &re
abandoning h lAutriche moyennant un d^domma-
gement de cinq mille ducats par an ; les possessions
territoriales de Pereny et de Valentin Toeroek de-
vaient £galement 6tre restitutes contre un paiement
annuel de dix mille ducats, les timars rendus et frap-
p& toutefois dune redevance de cinq mille ducats,
somrnes qui, jointes au present annuel de dix mille
ducats stipule l'ann£e precedente , faisaient un total
de trente mille ducats par an. Sous la condition que
cette somme serait livr£e exactement aux ecWances
fix^es, on conclut le 19 juin 1547 un traits de paix,
ou plutdt une tr&ve pour cinq ans, dans laquelle fu-
rent compris Fempereur Charles, le pape, le roi de
France et la r£publique de Venise. L'echange des rati-
fications devait avoir lieu dans Tespace de trois mois T .
Veltwick partit avec une copie du traits, laissant a
Constantinople Malvezzi et Ugrinovich. Le 1 er aoAt
1547, Charles signa la paix h Augsbourg a . Justi di
i Rapport de Veltwick, dans les archives de la maison I. R. d'Autriche.
Voyez encore : « Instructio de iis , quae egregii Joannes Maria Malvetius
» consiliarius et Justus de Argento Secretarius nostri fideles nobis dilecti
» fimul ambo vel alter eorum apud Serenissimum et Potentissimum Princi-
» pem Dominum Soleymanum Imperatorem Turcharum Asia ac Graeciae
» illiusque primarios Bassas et Consiliarios nomine nostro summa fide et dili-
» gentia agere et tractare debent. »
» « Inteiligimus quomodo orator S. M. R. Regis fratris nostri quinquen-
» nales inducias pepegerit , et qua ratione in illis comprehensi simus una
» cum sacrosancto Impero et subditis nostris, ita ut addere quoque feeder i
»possimus nobis Gonjunetos et Confederate* Principes, et exigi a nobis
»» confirmationem et ralificatienem. *»
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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 5 97
Argento, qui avait fait partie de la suite de Veltwick,
apporta h Constantinople vers la fin de geptembre les
ratifications de Charles et de Ferdinand. Dans la visite
qu'Argento rendit aux vizirs, accompagn£ de Mai-
vezzi , il leur demanda de laisser partir Ugrinovich
aveo lui, et de permettre k Malvern de insider d£sor~
mais a Constantinople en quality de charg£ d'affaires
de Ferdinand. Roustem lui rlpondit, au torn du Sul-
tan, que Mai vezzi resterait h Constantinople, et serait
consid&£ comme tin 6tage donn£ par Ferdinand pour
Fobservation de la paix. Cependant il fallut encore
lever uh doute de Soul el man, qui craignait que Charles
et Ferdinand n'eussent pas jure le traits d'une mantere
aussi solennelle qu'il l'avait fait lui-m&ne en jurant
par Dieu, par le Prophet e, par ses aieui et par son
sabre; mais rinterpr&e de la Porte se rendit au* pro-
testations de Justi di Argento, qui l'assura que la for*
mule des rois Chretiens : Nous le jurons par Mire
pardk vmpiriale ou roycde, equivalait k celle du ser-
ment des sultans '. Le 10 octobre, Malvezzi et Justi
furent appel£s devant Soulehnan, qui les renvoya
avec quelques paroles bienveillantes. Deux jours apr^s,
ils prirent cong6 du grand-vizir; Roustem leur dit
que c'etait k eux de donner un dementi aux Frangais
qui assuraient que la paix n'aurait pas de dur£e. II
ajouta que Ferdinand ne se fi&t pas trop au moine
George Utyschevitz , et qu'il communiqu&t au Sultan
les lettres que celui-ci lui 6crirait contre la Porte ; que
i Relatio Jtisii de Argcnio a Casare Turcharum r ever si.
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398 HISTOIRE DE L'EMPIRE OTTOMAN.
Souleiman de son cAt6 agirait de m&ne pour les lettre*
qui lui seraient adress£es contre Ferdinand '. II ter-
mina en disant que si Rogendorf tombait entre les
mains de Tempereur et de son fr£re, il ne faudrait
pas lui 6ter la vie, mais lui couper seidement le nez
et les oreilles a . Enfin il demanda pour lui, outre les
trois mille ducats qui lui revenaient sur le paiement
annuel des trente mille ducats, des chiens de chasse
et des fauoons, et, pour Souleiman, un habile hor-
loger envers lequel il promit qu'on agirait avec les
£gards convenables. Leur ay ant montr£ ensuite le chif-
fre d or du Sultan sur la ratification du trait6 , Justi
observa que ce chiffre avait &6 trac£ par le nischandji,
tandis que Tempereur Charles et le roi Ferdinand
avaient appose leurs signatures de leurs propres mains.
Ainsi fut terming la guerre de Hongrie aprgs trois ans
de negotiations et trois ambassades successives [xliii] ;
cette paix, la premi&re dans laquelle fut compris l'em-
pereur Charles, est aussi la premiere que TAutriche
acheta par la promesse d'un paiement annuel, que les
historiens ottomans conskterent comme un tribut.
1 Relatio Justi di A r gen to a Ccesare Turcharum reversL
a Ibid. Voyez, sur Rogendorf et son depart de la Turquie, le Rapport
du baile venitien, date de Pera, du 9 octobre 1547.
FIN DU TOME CINQU1EME.
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NOTES
ET ECLAIRCISSEMENS.
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i* i
NOTES ET ECLAIRCISSEMENS
DU CINQUI&ME VOLUME.
LTVRE XXV.
I. — Pace 5.
Led dix gdnies immateViels suivent dans Pochette des
nombres un ordre inverse a celui des cieux 5 ceux-ci se pla-
cent au-dessus les uns des autres; ceux-la, au-dessous. Par
consequent la premiere raison (loyoo- irpSxoa) regne dans le
dixieme ciel , et la dixieme raison, celle de l'homme, a son
sie'ge dans le premier ciel, la terre. Voyez, pour une ex-
plication plus deVeloppe'e de cette gradation des cieux et
des genies qui les dirigent 9 l'annonce du Desatir, dans lea*
Annates de Heidelberg , 1823, n° no, p. 3i4- II &ut sans
doute comprendre dans le nombre dice lejluctus decumanus
des Romains, la Porta decumana 9 etc. Voy. aussi Photius.
De tous les historiens europeens, un seul a observe* ce nonv-
bre et en a fait ^application a Souleurian comme e*tant le
dixieme Sultan ; e'est le savant Rabbi Molse Almosnino de
Salonique, dans son ouvrage peu connu a cause de sa rarete* :
Extremes y grandezas de Constantinopla. Compuesto por
Rabi Moy sen Almosnino 9 Hebreo. Traducido por Jacob Can*
sino, Vassallo de su Magestad Catolica, interprets suyo y
Y Lengua en las P logos de Oran (Madrid, i638). On y lh,
T. ¥• 26
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ET ECLAIRCISSEMENS. 4d5
ont commis une grave crrcur en disant que Souleiman n'ayait
pas ajoute* foi au premier message, et qu'il en avait attendu
tin second avant de se meltre en route. D'ailleurs, l'assertion
de ces auteuts est tbute gratuite , car elle n'est appiiy^c sur
kucttri temoignage de*s historiens ottomans.
IV. ■ — Pack 9.
D'apres le texte bieh connu du Koran : In allahouy enter
hiladli wel-ihsani, c'est-a-dire « Dieu commande la justice et
la bienfaisance ; » et d'apres un second verset, cite par Ferdi,
f. 8 : jFV ahkem beinen-nasi hiWhahhi eve la tettabii el-haw a,
c*est*a-dire « pfononce avec justice entre deux hommes, et ne
suis pas ton bon plaisir. »
V. — Page 10.
Ces trois lettres, datees de la mi-schewal, sont repro-
duites dans le Journal des campagnes de Souleiman, qui
donne mir Pbistoife de ce prince les notions les plus pre'-
cieuses. Ony trottvs ^galefment les pieces d'Etat relatives a
•on rfcgngj <t l«s *d|>otis*s Ati Scherif de la Mecque, du
khan de la Crimee et de Khairbeg. Le jour de la mort de 1
Selim j est fixe* au 8 selierwal (22 septembre), et celui oa
Souleiman prit possession du trone, au 17 dtt meme mdis
(i e * octobre). La seconde des trois lettres dont il est ques-
tion est surteut eiiriettse pour les maximes qu'elle ren-
jerflte^ et qui* dd tneme que les vefscts du Koran cite's datlS
la note qui precede, pettvent &tre eonsideVees comme les de-
vise* fevorite* do Sotilelnian. Void ces maximes en arabe :
* i # We tekwttjll kissassi hatoetoun ya oulioul-babe".
fl» Le&n iehekertum le ezidennekum. 5° We bisch-schukrin
tedouni enniamou. II est e*crit en tete de chacune de ces
lettres t Aussitot que te partiendra mon ordre , qui exige
obe'issance , en vertu de cette sentence : « Car il vient de
* Salomon * et il vient au nam de celai qui est tout Men-
* veillftfit et tout mts^rtce'nlteirx. »
26*
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4<>4 NOTES
VI. — Page 12.
Marini Sanuto, t. xxix, rapport du consul v^nitien a
Damas, en date du 6 novembre : « Come essendo venuta
» nova a Damasco della morte del Sr. Turcho addl 14 Ot-
» tobre passato al Sr. Gazele, che dominava Damasco a nome
» del Sr. defunto di nazion Schiavon , di occupar per se la
» Soria, et immediatemente expugno il Gastello di Damasco,
» e mando levar il governo ch'era in man di Turchi, e
» mando un nominato Mir Gigi ai Drusi , e quel senza dif-
» ficulta entro Bairuti et occise quel Druso tutti i Turchi,
» che de li si ritrovavano in quel castello. — II Gazeli spazzo
» il suo schiavo chiamato Bono Bacar capo de Arabi al Cairo,
» il qual pol far in questi contorni da cavalli 20 mille per
» sublevar li Schiavi. »
VII. — Pagb 12.
Djelali, Abdoulaziz Efendi, Ali et Solakzad£ s'accor-
dent tous sur ce point. II faut se d^fier de la v^racit6 des
rapports des consuls venitiens, sur toutes les choses qui
ne se sont pas passdes aux lieux m£mes oil ils r&idaient ;
nous n'en voulons pour preuve que les erreurs contenues
dans le rapport du consul de Famagoste , en date du 1 7 no-
vembre (Mar. Sanuto , xix). II y est dit que Khairbeg fit d^-
capiter le messager de Ghazali , tandis qu'il le renvoya a son
mattre avec une r^ponse Evasive. « E fece taiar la testa al
» nonzio , et subito expedi due nonzii verso il S r , Turco,
» delli quali uno e dismontato a Selefke, et l'altro a Schan-
» deloro. » Ce m&me rapport fixe a vingt mille cavaliers et
autant de fantassins le nombre des troupes de Ghazali, que
les historiens ottomans ne portent qu'a quinze mille cava-
liers, et huit cents fusiliers. « II S r . Gazelli uscl da Da-
» masco per andare alia impresa del Castello di Aleppo con
» 20,000 cayalli et 20,000 pedoni. » Sagundino se trompe
quant au chef qui commandait lea Ottomans, car il suppose
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ET ECLAlRCISSEMENS. 4o5
que le grand-vizir Piri-Pascba s'empara lui-meme de la per-
sonne de Ghazali (lib. I, p. 90). Soubeili (f. 5o) et Kotscbibeg
confondent Ajas-Pascha, nomme plu&tard beglerbeg de Ha-
leb, ayec le serasker Ferbad-Pascba.
VUbis*. —Page i3.
Nouvel exemple de F inexactitude des dates dans les histo-
riens turcs, et de la reserve qu'il faut mettre a les consulter :
tous ceux qui font mention de ce massacre en parlent comme
&ant venu a la suite du festin qui fut donne* le jour dit Mew~
loud, anniversaire de la naissance du Propbete, lequel tombe
au 12 rebioul-ewwel ; or la bataille dans laquelle Ghazali fut
tue* avait eu lieu quinze jours auparayant, le 27 safer.
VIII. — Page 14.
Catona, t. xix, p. 236, admet la version de Tubero de
pr£fe*rence a celle d'Istuanfi ; celui-ci rapporte que Behram-
tschaouscb fut assassine et jete" ensuite dans un e*tang pres
de Tata, tandis que Tubero ne dit rien a ce sujet. Suiyant
les bistoriens ottomans, et Sagundino , Behramtscbaousch
n'aurait e*te" que maltraite' et retenu prisonnier. On lit dans
Ali, »• r^cit du regne de Souleiman I 9 * : Kharadj tdUbin6
waran tschaouschi aUkomaghin : c'est-a-dire « parce qu'il
retint le tschaousch enyoye* pour demander le tribut. » Sa-
gundino, p. 90, s'exprime en ces termes : « In quella hora
» medesima, cbe la testa di.Gazelli fu recata a Costantino-
» poli, Solimano intese come il suo Ambasciadore , ch'egli
» bayea mandato a nuntiar la guerra al He d'Ungberia, se
» non gli dava tribute, era stato ingiuriato dagli Ungheri. »
Mais si le messager n'eut pas ele assassine*, comment le grand-
vizir Ibrabim aurait-il reprocb^ sa mort aux deux premiers
* Celte note, oubliee dans le texte, doit etre placee apres les mots : « 11
les fit tous massarrer, » p. i3, L 7.
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4oG NOTES
ambasaadeurs do Ferdinand, Hobordansky et WeUelberger f
et pour quel motif ceux*ci auraient-ils pu craindre pour
leur propre vie , comme le prouve la relation de cette am-
bassade? {JVindisch Ungarisches Magazin, JVt)
IX. -**• Page 19.
Djelalzade, f, 44 J Istuanfi, f. 93 \ Djenabi, p. 4*4 (ma-
nuscrit de la ?ibl. imp. roy. d'Autriebs, tf° 469)1 cite Bar-
las (le Perquasium d'Istuanfi) et Dimitrofdja (Mitroviz).
Captppiir fait de Berkas, Burgas, et de Pimitrofdja, Tiruje!
en outre, i\ fixe la reddition de la piape au 5 ramaxan, hien
que Pjcnabi donne la date du 26.
X. — Page 19.
Dans le Journal de Souleiiman, f. & , se trouvent : i° les
lettres de yictoire adres$ee$ aux juges de l'empire, et datees
dp dernier ramazan (5 spptembrp) • piles sont relatives & la
yiptoire rejnportee par Ferhad-Pascba, $ur Gbasaii, a la con-
quer de Sabacz par 4bnied~Paspba, et k eelle de Belgrade
par le Sultan; dans la derniere il est fait mention honorable
4u grand- vizir Piri-Pascba, et du second yizir Moustafa-
Pa§pba (i*° xiy, f. 4^)* *° I* kttr© qui annonee la conq^te
4e Belgrade au beg de Soulkadr (n* xv, f, 47); ct la re-
ponse de pe dernier a Ferad-Pascb? f vaiqqueur de Gbasali
(n° xvfi et xvju, f. 48)» 3° 1? message enyoye a la republique
de Hagqse (Mar- Sanuto, t. xx) : Epistola Si\leimani ad
$enatum Ragusiniim apud ciyitatem Belgrade Mais a peine
jeut-on reconnaitre les veritables noms des forteresses con-*
quizes : « Oppida Prochaz (Perquasiujn)* DimUrovaz ( Mw
» troyiz), J)arisi (Barygium), Slanchmmn (Slankamen),
»j Cineyarz (?) »
XI. t- Page 20.
Ferdi , f. 43 ; le Journal de Souje'iman, f. ^2* Ce que ra-
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ET ECLAIRCISSEMENS. 4*7
oonte Sagredo (Tunc femme qui se plaignait a Soulefanatt
que sa maison eut 6le mise au pillage pendant qu'elle dor-
maift, et qui fit observer au Sultan que c'&ait a lui de Tel-
ler sur aea sujets, u'a certainement pas eu lieu dans le eoura
de cette campagne, ou du moras il eat impossible d'admet-
tre que Roustem-Pascha ait indemnistf la plaignante aveo de
l*or, ear il n'ltait paa encore pascha.
Journal da Soulehna* pendant son etcpSditktn
cortre Belgrade *.
Mois de mai (djemeaieul-alMr}.
L'arme'e dresse son camp le 10 djemazioul-akhir 927
(18 mai l5ai) a Halkali binar; le 19, a Harami Deresi ; le 20,
a Maados ; le 21, Tscbeltouklou bouronn ; l'ambassadeur
moldave est admis au baise-main du Sultan. Le 22, a Khorlik ;
le 23, a Karuscbduran ; le 24, a Burgas; le a5, 4 Baba estisi;
le 26, a Hafssa ; le 27, a Andrinople. Les habitant de cette
ville viennent a la rencontre du Sultan , et lui offrent de*
presens. Halte le 28 et le 29; le beglerbeg de Roumilie et
les sandjakbegs d^posent des preseps am pieds du Saltan,
qui les refuse. Les 3o et 3i, halte.
Mois de join (redjeb).
i« r juin, Tatarkoei, a, Hissarlu; l'ambassadeur tatare amr*
au camp. 3, Sazlii dere\ 4> Gcctscberi ogblou; I'amJbaasa**
deur tatare est admis au baise-main. '5, TsohaSr altounler*
6, jour de halte, 7 (i«* redjeb), Hissarlik. 8, Roisi. Q, en*
tr& a Philippopolis. 10 , halte, diwan; lea silahschors ex^-
* Ce journal embrasse an espace de temps de cinq mois (du 18 mai an
19 aclobre >5*i), et nous dedemmage du decant de date qn'on remarque
cnes let historians hoagrois et les autres historians eontemporains d*Eu^
tOft,
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4o8 NOTES
cutent devant le Sultan des assauts d'armes. n, Djelih. 12,
Tatarbazardjighi. i3, Akindji kariesi. i4, la vallee d'lkhti-
man. i5, Kaziasker deresi. 16, Sofia. 17, halte. 18, halte,
diwan ; les defterdars recoivent Fordre de requerir des vi-
vres; Kasimbeg se rend a Schehrkoe'i, Dizdarzade* aNissa,
et Abdes Selam a Sofia. 20 et 21, bake. 22, Iflaklar konagbi.
23 , Tekour binari ; mille janissaires sont envoy^s au beg de
Semendra. 24, Schehrkoe'i. 25, Ezor. 26, l'arm^e campe
devant Bana. 27, elle passe a c6te* de Nissa, pres du village
de Dorpa; Abmed-Pascba prend la route de Sabacz. 28,
Boutna. 29 , Aladjabissar. 3o,Kazikoei; cent janissaires sont
dirigds sur Sabacz.
Mob de juillet (schAban).
i er , Eliasdjik. 2, Parmee marcbe sur Sabacz; elle passe a
fiadjfa , ou les difficultes qu'offre le terrain Pobligent de
faire un long detour: Hasanbeg, fils d'Omarbeg (Toura-
kban) , auquel le Sultan avait dontie mission de recruter de
nouvelles troupes d'akindjis, rejoint le camp. 3, Ramke;
le grand -vizir Piri-Pascha se dirige sur Belgrade. 4* Scha-
tourna. 5, Ratlosch. 6, Biberdjik. 7 (i«* schaban, un diman-
cbe) , balte ; on recoit la nouvelle de la prise de Sabacz ;
cent tetes des soldats de la garnison qui n'avaient pu, comme
tout le reste, se sauver sur la Save arrivent au camp. 8 , ces
tetes sont plantees le long de la route ; Abmed-Pascha estadmis
au baise-main avec les sandjakbegs ; Souleiman visite le fort,
etordonne la construction d'un bastion, que l'on entoure
d'un fosse" ; il fait jeter un pont sur la Save pour le passage
de l-armde. 9, halte; Ahmed-Pascha, suivi des sipabis de la
Roumilie, et le segbanbaschi avec mille janissaires, entrent
en Syrmie. Souleiman s'etablit dans une cabane (tscbartak)
pour activer par sa presence les constructions du pont. Les
paschas, amies de batons, excitent le zele des ouvriers. 10,
halte; un grand nombre de troupes passe la Save. On ap~
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ET ECLAIROSSEMENS. 409
prend que la princesse de Syrmie offre de se constituer vas-
sale , sous la condition que le Sultan e*pargnerait au pays les
horreurs de la guerre ; un interprete est charge* de lui en
porter Passurance. Le Sultan et les grands de Pempire res-
tent a la tete du pont depuis Paube du jour jusqu'a la nuit.
it, continuation des travaux. 12, Ahmed-Pascha, qui se
trouvait en Syrmie , recoit Pordre de revenir pour les acti-
ver. On recoit la nouvelle que la princesse de Syrmie a pris
la fuite, et a fait conduire au roi Pinterprete ottoman. Le san-
djakbeg d'Awlona, Balibeg, va prendre possession de Rul-
peniza, ou eile re*sidait. Nouvelle de la prise de Semlin par
Piri-Pascha et Khosrewbeg de Semendra. 13,1c Sultan
surveille la construction du pont. Moustafa-Pascha est en-
voye en Syrmie pour occuper les chateaux-forts. i4> Behram-
beg de Nicopolis et Mahmoudbeg de Silistra se mettent a la
poursuite de la princesse de Syrmie. On apprend qu'un pa-
rent du Khan est tombe* avec un grand nombre de Tatares
au pouvoirde Pennemi. i5, Balibeg, le fils d'Yahya-Pascha,
rejoin t en Syrmie le camp du beglerbeg; a son retour d'une
incursion en Hongrie, il rapporte soixante tetes, et ramene
prisonnier le fou (deli) Marcus, celui qui avait vaincu et tue*
le parent du khan des Tatares. 16, le Sultan est informe que
Behrambeg et Mahmoudbeg n'ont pu de*couvrir les traces de
la princesse de Syrmie, mais qu'ils ont fait un riche butin.
Le Sultan se montre continuellement pr£s du pont pour ac-
tiver les travaux. 17, Moustafa-Pascha revient avec un grand
nombre de prisonniers; le Sultan tient conseil avec Balibeg;
la pluie fait d^border la Save. 18, jour de repos. Le pont est
achev^; la Save monte jusqu'a son niveau. 19, les eaux Pi-
nondent, et rendent tout passage impossible. Ordre d'opeVer
la traversee dans des barques. Les provisions sont envoy^es
par terre a Belgrade. Du 20 au 24, halte. 25, reception d'un
courrier de Piri-Pascha, qui annonce que la garnison de
Belgrade a fait une sortie pour enclouer les canons des assi£-
geans, et qu'elle a eld repoussee ; il donne en meme temps
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4io NOTES
avis de la reddition du chateau do Baridj. 26 , Souleiman
entre en Syrmie. 27, repos : nouveile du succes de 1'expeV
dition dirigee par Hasanbeg, Piribeg, fils de Baltaoghli, et
Balibeg. Arrivee au camp de soixante a quatre-viugts prison-
niers. Occupation de Slankamen, 29, Souleiman se dirige
sur Belgrade en iongeant la Save. 3q , il passe a Koulpanik
(Kulpeniza). 3i, il arrive fious Jes murs de Belgrade au*
acclamations de Parmie,
Mais d'aojit (ramaian).
x er , Souleiman inspecte Belgrade et Semlin; il fait ranger
les janissaires devant Belgrade; a Faile gauche, l'aga des ja<*
njssaires se trouve placd sous les ordres de MoustaferPascba;
a Taile droite , le segbau-baschi est plac^ sous ceux du grandr
vizir Piri-Pascha. 2, assaut; les cadavres eucombrent le
fosse; perte de cinq a six cents bommes. Le premier et le
second ecuyer sont employes avec leurs gens a ouvrir let
tranchees. 3, Souleiman se montre de nouveau avec un grand
appareil devant la forteresse, et assiste a l'assaut que dirigent
simultanement Piri-Pascha et Moustafa-Pascha : le fossri se
remplit encore de cadavres; l'aga des janissaires, Bali-Aga,
est bless^. Ahmed-Pascha vient se joindre a I'arm^e de siege :
dfes ce moment la ville est foudroy^e du c6te de Pile. Cinq
cents janissaires recoivent l'ordre de remonter le Danube
dans des barques, afin d'intercepter le secours promis par
les Hongrois aux assieges, 4i *l s partent. La tour situee sur
le rivage dans l'inte'rieur de la ville est rdduite en cendres ,
et sa chute facilite l'attaque de Moustafa-Pascha. 5 (i er rama-
zan, lundi), Souleiman se presente pour la troisieme foil de-
vant Belgrade, suivi de tous $es officiers, 6, Souleiman re-
vient encore; Karadja-Pascha jette un pont sur la Save.
7, diwan; on conyient de livrer un nouvel assaut le lende-
main* 8, l'assaut est dpnne par trois cotes differens, a droite
le grand-vizir Piri-Pascha, a gauche, Mouslafa-Pascha, etau
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ET ECLAIRCISSEMENS. 4u
centre, Abmpd^Pascba* he* ennemis abandonment la defense
de la ville, la livrent aux. flammes, et se retirent dans la cita-*
delle. 9, ordre de miner lea tours de la citadelle. i o, les ca*
nous sont mis en batterie* u, le silihcUr-baschi arrive du
Diarbekr avep ses troupes, id, diwan. i5, repos. i4i diwan;
on arr&e un prQchain assaut, i5, une femme qui s'est enfuie
de la citadelle fait connaitre a Piri*Pascha la foiblesse de la
garnison. 16, Souleiman se place dans ufae tente, en face de
la citadelle, et donne le signal de l'assaut : Ahmed-Pascha ,
dont le paouvement n'est pas soutenu par les deux ailes, est
repousse avec perte. 17, Ahined-Pascba recoit en present un
kaftan , un sabre incruste* d'or et deux mille ducats : les ja-
nissaires du Diarbekr rejoign^nt le camp. Le pont sur la
Save est acheve\ 18, les troupes de Roumilie viennent e*ga-
lement prendre part aux operations du sie*ge. Un soldat inet
le feu au tscbartak de l'ennemi, du cote de IVJoustafa-Pascha,
20, la cime de la tour situee en face des troupes de Piri-
Pascba s'ecroule. *2i> sept prisonniers sont amenes an camp*
%i x Piri-Pascha se met en route pour visiter Slankamen.
23 , diwan. 24, arrivee de SctaehzouwaroghU Oweisbeg; ii
est admis au baise-main. Arrivee d'un transfuge. 25 t diwan \
la citadelle demande a capituler, mais sous la condition qu'il
lui sera accorde un delai de cinq a dix jours \ cette proposi-*
tion est rejetee : le feu recommence , et les assiegeans se
preparent pour une nouvelle attaque. 26 , l'assaut est re«*
pousse. Karadja-Pascba, Mabmoudbeg et Iskender Tsche-
lebi sont blesses. 27, diwan; une tour saute; assaut, perte
d'bommes considerable. 28, diwan, auquel sont appeles tous
les begs et tous les saims* XJn espion envoye par le roi au*
assieges est denooce par un transfuge y et arr^te ; le premier
est mis a la question, le second recoit un kaftan, A cette
nouvelle , la garnison reprend les negotiations et offre de se
rendre ; le bescbliibascbi de Semendra et un janissaire se
rendent daps la citadelle; deux jnfideleg de la garnison
viennent baiser la main du Sultan , et promeUent pour le
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4i* NOTES
lendemam la reddition de la place. 29, occupation de Bel-
grade : les infideles s'&oignent ; les janissaires prennent pos-
session de la citadelle. Le commandant de la garnison est
admis au baise-main, et le Sultan lui fait remettre un kaftan.
Les croyans sont appeles a la priire, et la musique militaire
de Parm^e se fait entendre a trois reprises dans Belgrade.
3o, Souleiman passe le pont et entre a Belgrade, on il fait
sa priere du vendredi dans une ^glise de la ville basse, con-
vertie en mosquee. Les Hongrois qui demandent a retourner
dans leur "patrie sont dirig^s par eau sur Slankamen , pour
rejoindre de la leurs foyers. 3i, diwan.
Hois de septembre (schewal).
i er , diwan : Balibeg regoit un present de trois mille as-
pres. 2, Pempereur se rend par eau a Belgrade. 4 ( I#r sche-
wal, un mercredi), il descend a terre, et fait une prome-
nade a cheval. 5 , Souleiman remonte a bord , et reprend le
chemin de Belgrade. 6 , il descend a terre pour chasser. 7 et
8 , diwan : les arbres qui couvrent Pile situ^e en face de la
ville sont abattus. 9, Pempereur cbasse. Les Serviens qui
babitaient Belgrade sont dirig^s sur Constantinople. 10, Sou-
leiman fait le tour de Tile. 11, repos. 12, diwan. Le kiaya
des janissaires est promu au grade de segbanbaschi, le sams-
sound ji a celui de kiaya; dix-buit omciers sont nomm^s bou-
loukbascbis (colonels). i3, cbasse. 14 » Pempereur passe le
pont de Belgrade, et vient coucber dans la ville. i5, Balibeg
est nomm£ sandjakbeg de Belgrade et de Semendra avec un
trahement de 900,000 asp res. 16, diwan et nouvelle pro-
motion de sandjakbegs. 17, repos. 18, l'arm^ arrive h His-
sarlik. 19, Semendra. 20, les janissaires et les sandjakbegs
prennent les devans avec le mir-aalem ; cinquante pieces de
canon sont envoye'es a Semendra, deux cents a Belgrade, et
vingt a Sabacz. 21, Louzindja. 22, Isflanidja. 23, Scboui-
ladj , oa Souleiman regoit la nouvelle de la mort du prince
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ET ECLAIRCISSEMENS. 4i5
Mourad. 24, Bardak. 25 , Kaloum. 26 , Nissa. 27, halte. 28,
Derbend. 291 Schehrkcei. 5o, Tekourbinari.
Mois d'octobre (silkide).
i er , Bellis. 2, Hadji Rourban. 3 (i er silkide, un jeudi),
Ikhtiman. 4 9 Akindji Kariye*. 5, Djelbi. 6, Philippopolis.
79 8, 9, halte. 10, l'arme'e passe par Kialik, et enlre dans un
deTile\ 11, Semizdje*. 12, Tschermen. i3, Andrinople. 14,
repos. i5, cbasse. 16, Baba-Eskisi. 17, Karischduran. 18,
Azabler. 19, Siliwri, oil Fempereur s'arr£te un instant,
pour reprendre ensuite le cbemin qui conduit au serai de
Constantinople.
II ressort de ce journal, dont on ne peut suspecter Fexac-
titudo, que Souleiman n'assista qu'a six assauts, savoir : ceux
qui furent donnes a la ville les 2,3 et 8 aout, et ceux qui
eurent lieu contre la citadelle, les 16, 26 et 27 du meme
mois. II s'ensuit en outre que la plus grande partie des Hon-
grois furent renvoye's de Slankamen dans leurs foyers ; ainsi
le massacre dont parle Istuanfi n'a pas 6t6 general ; il se re-
duit a quelques soldats de la garnison, carFederwar, Toeroek
et plusieurs autres retournerent libres en Hongrie.
XII. — Page 21.
Le comte Daru, qui du reste n'a point consulte les cin-
quante-huit volumes in-fol. de VHistoire de Marini Sanuto,
bien qu'il en existe deux exemplaires , Fun dans les archives
de Vienne , l'autre dans la bibliotheque de Saint-Marc de
Venise,ne connaissait pas ce traite*; Martens parait e*gale-
ment Favoir ignore; on en trouve une copie , ^crite en turc,
et dat^e du i er moharrem 928, dans les archives de la Mai-
son imp. roy. d' Autriche ; Foriginal est depose dans les ar-
chives de Venise : Capitulatio Sultani Suleimani, principe
Antonio Grimani per Marco Memmo.
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4i4 MOTES
XIII. — Page 23.
L'ambassadeur venitien Memmo , dans son rapport date
de la premiere anne*e du regne de Souleiman , caracterise
ainsi ce souverain : « PerfettQ turco , observa molto la lege ,
» connive li Ckristiani , trata mal li Ebrei, e persona che
» studia , obstinato nella sua opinione f di t& a5 (a6), di na»
» tura oholerico , bruno, porta un turban te molto sopra gU
» occhi, die li rende un aspetto oscuro di gittdizio. » (Mar.
Sanuto, t»xnm.)
XIV. — Page 24.
Mouradjea d'Ohsson se trorape lorsqu'il dit que la nomi-
tion d'un quatrieme vizir ne remonte pas au-dela de Fan-
ne'e 1 556. Petschewi dit expressement, en parlant des vizirs
de Souleiman, et a propos de Lata Kasim-Pascha : Ibtida
dcert wezir olmak bounlariU cvaki oldi, e'est-a-dire : avec
celui-ci le nombre des vizirs fut porte a qua t re. Mais So-
lakzade en cite de^'a quatre sous Mohammed II. ( Voy. t. h
de VHistoire de V Empire ottoman,) On lit dans le rapport de
Memmo, date de Constantinople, an 1 52 1 (Marini Sanuto,
t. xxxiii) : « Va (il Sr.) il Venerdi alia moschea accompa-
» gnato delli 4 vezeri. i° Piri di nazione turco responde
» a tutti , e stato piratico. » Ge nom de Piri, qui signifie
vieillard, a jete de la confusion dans cette partie de l'his-
toire. Les bistoriens europeens en ont fait Pjrrrhus, d'autf es
un pirate, tandis que ce n'6$t que le mot persan Piri, le
Pear des Anglais. « 2° Mustapha Schiavone cugnado del Sr.
» 5° Firat (Ferhad) da Sebenico ann. 35 * bellicoso. 4* C«-
>* sim turcho veechio* »
XV. — Page 27.
Vertot a modernise" pent-6tre a tort le vieux francais
tel qu'il se trotive dans Bourbon : La grande et meweil-
leuse et tres-cruelle oppugnatien de la noble cite" de Rhodes,
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ET fiCLAIRCISSEMEN^. 4t5
imprimi Van iS*6. Mais dans la traduction franchise , on
treute* au lieu dtt nombre canonique de cent tingt-quatrti
mille Prophetes, cent tingt-six mille. <t Les rfuatre musaphi
qui sont tombe's du del » ne sont autres que les quatre mass-
haft ou Kvres saints, satoir : l&PenkUeuque, les Psdumes,
VEvang&e et le Koran. Cette lettre seule forte un cachet
d'authenticite*. Toute la correspondence entre Soulelman et
Villiers de 1' lie -Adam dans Reusneri Epistolary t. tin, est
supposed.
XVL — Paoe 2J«
cc Parti da Cottantinopoli li 18 Giugno, 99 gallie sottile,
» 70 grosser 4° palandariej 5o fuste, brigantini, e altri na-
» vigli fin' il muaero di 3do tele* a Rapport de Fambassa-
deur Tiepolo, dans Mar. Sanuto, t« xxxiti. Bourbon donnd
un tableau tres-d&aille 1 des forees navale* des Turcs, et Ver*
tot aurait mieux fait de le f eproduire, que d'intercaler dans
cette partie de son histoire des lettres et des discours apo-
eryphes, « II y atoit io3 galleres, qui tindrent premiere-
* ment faire le gast et qui tindrent les passages durant le
* siege; il y avoit aprea 35 galeaces belles et grosses, i5 ma-
» hones et 26 taffordes* ces tiatires ici sont quelque peu dif-
* ferents de galleaces. II y avoit 60 fiistes ou plus et plu-
» sieurs briganttns et autres barcetz galtions et esqtiirasses
»pouToient estre dix ou douse navires, sus les quelled
ai estoient les munitions et la grosse artillerie pour battre la
atille; toute fbysdepuys la venue des susdites navires qui
* estoient au nombre deux cent cinquante ou environ, quel-
» ques galleres et fustes et narires yindrent de Surye et se"
» jongnireiit atec 1'armee et depuys en tindrent d'ailleurs
» durant le siege et furent la plus part du temps au nombre
» de quatre cent voiles ou environ. »
XVIt. — Page a8.
* I<e noble ehetalier frhte Jacques b&tard de Bourhon, »
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4i6 NOTES
comme il s'appelle lui-meme dans le titre de son ofcvrage ,
fixe le nombre de l'armee ottomane, rassemblle dans Tile
de Rhodes , a deux cent mille liommes : « Le nombre des
» enem ys, qui estoient au camp turc tant de guerre que de
» trayail selon le commun dit, estoient deux cens mil hom-
» mes, dont il y en avoit soixante mille duyts et experts a
» faire seullement les mynes. »
XVIII. — Page 3o,
J'ai moi-meme mesure* plusieurs de ces boulets, pour
m' assurer de l'exactitude des assertions des historiens du
temps. Bourbon precise la position de toutes les batteries,
et fait Penumeration des pieces : six canons en fonte , lan-
cant des boulets de quatre palmes. de circonference ; quinze
canons en fer, lancant des boulets de pierre de cinq a six
palmes; dix bombardes, dont les boulets ayaient neuf a
dix palmes, et deux avec des boulets de douze palmes;
douze basiliques , quinze canons a double calibre , lancant
des boulets de fer; douze mortiers en fonte « qui tyroient
contre mont en Pair » de differens calibres ; les plus grands
ayaient des boulets de sept a huit palmes. « La moyenne
» artillerie comme sacres , passe volans estoient* en grand
» nombre Pespingarderie innumerable et increable. » Les
canons envoy erent contre la ville , depuis le 29 juillet jus-
qu'ala fin d'aout, mille sept cent treize boulets de pierre,
et les mortiers, mille sept cent vingt-un. II n'y eut que
huit bombes flamboyaotes « et huyt coups avec boullets
» de cuyure plains d'artifices de feu. » On trouye dans le
xxxiy e vol. de Marini Sanuto deux journaux du sie'ge de
Rhodes, et a la fin du i er vol. l'indication suivamte des coups
tires par les chretiens pendant toute la dure'e de ce sidge :
quinze cent cinquante-six depuis le 19 juillet jusqu'au 3i aout,
et neuf mille quatre cent soixante depuis le 7 septembre ,
dont huit mille trois cent deux avec les nouyelles batteries
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ET ECLAIRCISSEMENS. 417
(montelli), et mille cent cinquante-huit par les basiliques.
En tout, onze mille quatre cent seize.
XIX. — Page 3i.
' « Peri bascha le plus viell dea quatre Baschas print la
m tranchee tirant a la porte dTftalie. Acmeet bascha estoit
» aux trenche*es d'Espaigne et d'Auyergne. Le beglerbeg de
» la Natolie estoit aux trenchers de la Provance et le beg-
» lerbeg de la Romanie estoit avec sa bande vers les jardins
» de S. Antoine de la bande tramontane. » Comme, dans les
campagnes d'Asie , le beglerbeg d'Anatolie a le commande-
ment de Paile droite, et le beglerbeg de Roumilie , celui de
l'aile gauche, et que cette disposition n'a pas e*te* suivie au
sie*ge de Rhodes, il s'ensuiyrait que cette lie comptait alors
parmi les possessions d'Europe.
XX. — Page 3a.
* Apries est de savoir aussi , qui il y avoit deux sept man'*
» tcllets attire's contre le terreplein d' Ytalie, » c'est-a-dire dix-
sept batteries, composes chacune de trois pieces, comme le
dit expressement Bourbon ; % et a chiascun mantellet il y
h avoit trois pieces d'artillerie. » Vertot, e*dit. d' Amsterdam,
p. 33 1 , fait de ces dix-sept batteries dix-sept canons.
Journal de la seconde campagne de Souleiman, celle
contre Vile de Rhodes.
Moisdejuin (redjeb).
16 juin i522 (21 redjeb 928). L'empereur passe de Con*-
stantinople a Scutari. 17, jour de halte. 18, Maldepe*. 19,
Tekour-Tschairi. 2o,Herek£j on fait deux marches en un
seul jour. 21, Tschinarlu. 22, Nicom^die, pres du pont de
Vitoile. 23, Kaziklii, c'est-a-dire le pas despieux. 24, Di-
killu-Tasch, c'est-a-dire l'obelisque, pres de Nic&. 25,
x, v. 27
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4i8 NOTES
Panboukdji, dans lcs environs de Niece. 26 (i er scbaban, un
jeudi), Yenischehr. 27, Akbiik. 28, Sindjiriikaei, e'est-a-dire
lc village des Cbaines . -ores d'Ermenibazari. On fait enenre
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ET ECLAIRCISSEMENS. 419
ai, plains 4e S*cheue\ On y reooit la nourelle que Ferhad*
Pascha a fait prisonuier et mi$ a mort Schehzouwaroghli el
trois de *e$ fils. aa, Bozoyouk; l'armee traverse arec diflU
cult^ le defile de Gockbeli. a3, plaioe de Karabagh, dans
le voisinage de Moghla. o4, repos, a5 (i w ramazan , un ven*
dredi), la valine celeste; on passe par le defile de Kargha*
segmez. 36, port de Mannaria, 27, repos; lesb&tesde sommc
aont renvoy&s, 38, l*armee debarque dans File de Rhodes,
39, premier, combat 5 les tranchees ouvertes sur Paile gauche,
occupee par lea troupes d'Anatolie, sont detruites t et quel-
ques canonniers tues, 00, diwan; les trancbees nouyelle-
ment dtablies soot encore detruitea. On commence a terras*
a$r les borcU. 3i, Vempereur change la position de son
camp, et bombarde si vivement la ville, que les assilges
sont obliges de cesser le feu.
Mois d'aoat (schewal).
1% lea a*«i£g& ae iretirent dans les souterraina pour Wri-
ter le feu meurtrier de* batteries. 2, on dtablit des tentes
de branchage* pour le Sultan, afin qu'ii puisse dominer
lesmouvemens de Farmed. 3, grand combat) les troupes
oonduisent leurs canons dans les tranches. 4 et 5, Kourd-
oghli recoit Fordre de s'avaneer avec $e$ galeres pour sou-
tenir Parage, 6, en ereusant de nouyelles tranches sur
l'aile droits, on d<§oowrre quelques tonneauxde ferine. 7 et
8, Fcmpereur reyoit des nouvelks de la flotte d'Egypte.
q, diwan; arrWee <Je vingt-quatre galeres enyoyees par Khalr-
beg. to, divan; la tour de Tsehaoulikoule' (tour des clo»-
fibes), situee en face des troupes d'Ayas- Pascha, s*ecroule.
En recompense, tons les paschas sont rev&tus de kaftans.
«t, le Sultan reooit le present de Khalrbeg; les Mamlouka
tscherkesses sont admis au baise-main, 12, l'empereur visite
le jardin Santarlou Oghli (Saint-Eremo?). i3, les troupes
4'Egypte prennent leur place a o6te" de Piri-Pascha. 14 , le
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4*o NOTES
rei's Rara-Mahmoud recoit ordre de s'emparer du chateau-
fort d'lllik , dans File Piscopia. 1 5 , Piri-Pascha dresse ses
batteries. i6, mort de Falaibeg d'llbessan. 17 et 18, les tra-
vaux de terrassement s'avancent jusqu'au foss& 19, combat
sur Faile droite 5 trois cents infideles se precipitent sur les
canons de Piri-Pascha. 20 , sortie des infideles; ils sont pres-
que aussitot repousses. 21, arrive'e au camp d'un artilleur
transfaga. 22, trois hommes sont faits prisonniers par les
troupes de Faile gauche , et deux grievement blesses. 23 ,
fete du Bai'ram; ce'remonie du baise-main. 24 (i er schewal,
un dimanche), combat sanglant. 25 , deux artilleurs de Far-
mee sont tues. 26 et 27, combat. 28, ordre de combler les
fosses avec des fascines et des pierres. 29, les batteries de
Piri-Pascha, que les infideles avaient renrersees, recom-
mencent le feu. So, le fosse est comble\ 3i , lutte acharne'e.
Mois de septembre (silkide).
i« r , diwan ; Ahmed-Pascha commence a battre en breche
la tour Sindan Koulle*. 2 , on recoit la nouyelle que Mah*-
moud-Reis a peri dans l'attaque du chateau d'lllik (Pis-
copia) , mais que neanmoins les troupes s'en sont emparees.
3 , le fosse de la ville est rempli par les troupes d'Ahmed-
Pascha. 4> jcu de mine, du cdte de Moustafa-Pascha; toutes
les batteries font feu a la fois. 5, les habitans du chateau
d'lndjirlii se rendent a discretion; les mineurs rencontrent
les infideles; une grande quantity de naphte est employee
par ces derniers sans succes. 6, diwan; yingt-cinq juges
sont destinies. 7, un espion transfuge est amene* au camp.
8, les infideles mettent en batterie plusieurs mortiers.
9 t repos. 10, jeu de deux mines sur Faile commande*e
par Moustafa-Pascha. Les troupes penetrant dans Finte*-
rieur de la forteresse, mais elles sont repouss&s avec perte
par Fusage que font les infideles de nouvelles catapultes.
it, Fempereur se rend a cheyal dans le Vkux-Kjwdes ;
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ET ECLAIRCISSEMENS. 421
Abmed-Pascha separe en deux la butte eleveV devant son
camp, et place des canons au centre, pour battre en breche
le pied des murs. Le topdjibaschi , blesse* dans cette atta-
que, meurt le lendemain. 12 , les assiegeans et les assises
echangent entre eux d'insultans de'fis. i3, Pempereur voyant
Pinefficacite* -du feu dirige* contre les remparts de la for-
teresse, en joint a Moustafa-Pascha et Ahmed -Pascha/de
miner cbacun de leur edte* les murs du boulevard (Petsche)*
14 9 diwan. t5, les infideles eventent deux mines de Kasim-
beg. 16, ils eloignent a l'aide du feu les troupes des fosse's.
17, Abmed-Pascha fait jouer deux mines, mais Passaut qu'il
livre au meme instant n'e*tant pas soutenu, il est oblige' de
se retirer ; cent cinquante hommes sont blesses par Pexplo-
sion de ces mines. 18, un transfuge lance du baut des rem-
parts une flecbe a laquelle e'tait attachee une lettre contenant
Pavis que Pir Ali-Re'is, arrive* avec la flotte d'Egypte, instruit
cbaque jour les infideles de ce qui se fait dans le camp.
Abmed-Pascba se cbarge de Pinstruction de cette affaire*
19, du c6te de Piri-Pascba, quelques Tscberkesses penetrant
dans la forteresse , enlevent quatre a cinq bannieres et une
planche longue et garnie de clous, que les infideles ayaient
e'tablie pour ddcbirer les pieds des assiegeans. A cette occa-
sion, on acquiert la certitude qu'il n'existe a Pinterieur ni
un second fosse* , ni un second mur. ao, Abmed-Pascha,
Ayas-Pascha et Bali-Aga sont rev^tus de kaftans. 21, diwan.
22, sur Paile de Moustafa-Pascha , les mineurs rencontrent
les mineurs ennemis ; dans un combat livr6 entre eux , il y
aperte des deux c6t&. 23 (i er silkide^ un mardi), Abmed-
Pascha [fait jouer quelques mines; depuis midi jusqu'a mi-
nuit les crieurs annoncent Passaut pour le lendemain. 24,
Passaut est repousse*. 25, on envoie des commissaires en
Anatolie pour ramener des vivres. 26, diwan; le Sultan, dans
sa. colere, fait arr&er Ayas-Pascha. 27, diwan; Ayas-Pascha
est re'tabli dans ses fonctions. 28, Ayas-Pascha recoit ordre
de r£unir ses troupes a celles de Piri-Pascha, ce dernier
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42* NOTES
etant malade de la goutte. 29, un transfuge de la forteresse*
qui embrasse la religion musulmane , annonce que le der-»
nier ass&ut a conte* la vie a trois cents hommes de la garni*'
•on ; que totts les chefs des fusiliers et des canoimief s ont
tlte* blessed ; qu'un des chefs de l'Ordre e*tait mort, et qu'un
autre dtait grievement blesse\ Quinze matelots, accuses d'a-
Yoir fait secretement passer quelques habitans de Rhode*
eur le continent d'Asie , sont pcndus aux vergues des ga-
teres. 3o, fete dans le camp, a 1'occasion de la naissance
d*un fils du Sultan.
Mois d'octobre (silhidje).
t*, deux tetes de soldats persans Sont apporte*ei au camp«
2> on commence a battre en breche le fort interieur ap*
pele* fe JRort ties Francs. 3, Tempereur se rend a cheval
au vieux Rhodes. 4> oa reprend les travaux pour renver*
eer les murS du boulevard (Petsche). 5, on cesse de tirer
contre le port Mendreke" (Mandrachio), et on conduit lei
canons vis-a-vis des remparts de la footer esse. 6, Ayas-
Pascha reprend 8a premiere position, et Piri-Pascha se re*
met a Ik tete de ses troupes. 7, quelques milliers d'hommes,
du cote* <FAyas-Pascha, essaient d'enlever d'assaut le boule*
vard, et se logent dans une des tours les plus voisines dtt
fort* 8, le combat, engage a Paube du joUr, se prolonge
danslanuit. 9, Moustafa-Pascha monte a l'assaut. to, deux
espions envoyeSs du chateau Takhtali* annoncent que les in-
fideles attendent la prochaine arrivee d'une ilotte. 1 1, le oa-
pitaine de Moghreb est admis au baise-taain. Les infidele*
dirigent si bien le feu de leurs pieces, qu'ilsbalaient la tran-
ches, et tuent cinquante a soixante hommes* 12 , Moustafa*
Pasclta donne un nouvel assaut , et parvient a s'e*tablir mo-
mentane'ment sur plusiettrs points du boulevard. L'aga deS
janissaires, Balibeg, est blesse". i3, Tempereur se rend ail
vieux Rhodes, et ordonne sa reconstruction. iif> Piri-Pascha,
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ET ECLAIRCISSEMENS. |*5
de meme que le jour precedent, se rend seul au diwan. Les
travaux de reconstruction du vieux Rhodes commencent
sous la direction du defterdar Abdesselam et des begs de
Mentesche' et de Karasi. Vers le soir, on detruit du c6te* de
Moustafa-Pascha une tranche'e ouverte par les infideles; il$
sont repousse's, et le boulevard est envahi dans presque
toute sa longueur. t6, Pempereur monte a cheval pour vi-
siter le jardin du sultan Djem. 17, a la fin du jour, la partie
du boulevard qui e'tait encore au pouvoir de l'ennemi est
prise cfassaut. 18, vers minuit, on met le feu au chateau du
cote d'Ahmed-Pascha. 19, grand combat. 20, le mur qui
avaitete mine du cote d'Ahmed-Pascha s'e'croule. ai t Pem-
pereur se promene a cheval. 22, (i er silhidje, un mercredi),
il recoit la nouvelle de la mtort de Khairbeg , gouverneur
d'Egypte. 23 , diwan j promotion de plusieurs sandjakbegs.
24 9 diwan ; Moustafa-Pascha est envoye* en Egypte comme
gouverneur. 25 , diwan ; 26, Moustafa-Pascha est admis au
baise-main avant son depart. 27, Moustafa-Pascha se rend
en Egypte avec une escadre de quinze navires. 28, le beg-
lerbeg 6?Anatolie, Kasimbeg, quitte sa position, qu'ilavait
occupe'e jusqu'alors, pour prendre celle de Moustafa-Pascha.
29, lutte acharnee. 3o, le beglerbeg d'Anatolie reunit ses
troupes a celles d'Ahmed-Pascha , pour de*truire une tran-
che'e ouverte par left infideles. 3i, diwan. La flotte m retire
dans la baie de Marmaris pour hiverner.
Mois de novembre.
i*% Pempereur se rend au vieux Rhodes, pour inspeeter
les travaux. 2 et 3 , repos »•
1 En cet endroit, il manque one page t6ute entiere dans monexem^
plaire du Journal de Souleiman; malheureusement e'est celle qui contient
les details des evenemens les plus importan3 du siege et de la reddition de
la ville, depuis le 4 novembre (8 tAfer) jusqu'au «7 decembre. Le Journal
recommence a ce jour, et continue jusqu'au ao, Janvier, jour de Farmee du
Sultan a Gomttntiaople.
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4*4 NOTES
Moij de decembre (rebiotil-ewwel).
Souleiman s'arreta encore a Rhodes depuis le 27 decern •
bre jusqu'au 6 Janvier; le 7, il campe a Olou. 8 , a Moghla.
g, Halte. 10, Letneoegi, pres du village de Rodousch. 11,
ILenous. 12, Raloubegler. i3, Yenischehr. i4, Djatmisch.
i5, Alaschehr. 16, Tourasili. 17, Toura-Khanli , pres d'A-
khissar. 18 (i CT rebioul-ewwel, un dimanche), hake. 19,
Pascha Kceyi. 20, halte. 21, village de Siou-Sighirlik. 22,
halte. 23, Kerdene\ 24, Soubasehi. 25, village d'Anakhor,
pres de Belbanlii. 26, Eourschounllii et Oumourbeg. 27,
Bazarkoeyi. 28 , Dil. 29 , Pempereur s'embarque pour Con-
stantinople.
XXI. — Page 33.
« Au cinquieme assaut, dit Tercier r il prit un drapeau que
dans cette meme lettre il dit avoir voue* a saint Thibault, pa-
tron d'Overweiler; »cet assaut n'e*tait pas le cinquieme, mais
bien le troisieme , comme le prouve Bourbon, qui ne fait
meme mention d'aucun autre : « Et fut la troisiesme fois qu'ils
furent deschasse's et vaincus. »
XXII — Page 35.
Le Journal de Souleiman. Cette arrestation a donne nais-
sance a la fable que Bourbon, et d'apres lui Bosio, Vertot,
Knolles, Mezeray, Sagredo, Mignot, et le compilateur le
plus moderne des annales de l'histoire ottomane , Alix , ont
Tapporte*e, a propos de la disgrace encourue par Moustafa-
Pascha; fable suivant laquelle Souleiman aurait fait attacber
son vizir a un pieu, etc. Ces auteurs font meme Moustafa-
Pascba grand-vizir, tandis que c'e'tait Piri-Pascha, et le nom-
ment Kirlu par une contraction des mots Kyr Lucas.
XXni. — Page 45.
Solakzade, f. 102. Ferdi, f. 80. Djelalzade, f. 78, et
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ET ECLAIRCISSEMENS. 4*5
Djenabi, exemplaire de la Bibliotheque L R. de Vienne,
n. 4^9 » P* 4^8 > parlent tous de la promotion du khass-
odabaschi et itsch schahindjiler agasi Ibrahim au -grade de
beglerbeg de Roumilie, et aux fonctions de grand -vizir,
$ous la date du i3 schaban 929. Djenabi ne lui donne pas
d'autre titre que celui d'odabaschi; Cantemir qui n'a puise
que dans le sommaire de cet historien , et qui ne savait pas
sans doute qu'il y eut un grade de khass-odabaschi , fait du
personnage revetu de ce titre un janissaire : « Ibrahim, qui
de simple janissaire fut fait grand-vezir de Soliman. » Mignot
voyant figurer un janissaire dans le re'cit de Cantemir , in-
vente une re*volte de janissaires que rodabaschi de cette
troupe (et Ibrahim n'en fit jamais partie) aurait r^primee, *
et ajoute qu'il dut a sa conduite dans cette circonstance la
nomination de grand-vizir. Cette re>olte, suivant le meme
historien, aurait eu pour cause le refus fait par le Sultan de
livrer Rhodes au pillage. Le meme auteur fait ensuite Mous-
tafa gendre de Souleiman, grand-vizir, et pretend qu'il fut
attache* a un pieu, reproduisant amsi le conte de Fontaine*
II est possible que cette punition ait ete" infligee au kapitan-
pascha Yailak Moustafa, disgracie vers l'epoque ou le second
vizir, Moustafa, parti t pour TEgypte. Mais les historiens eu-
rop&ns ne font aucune distinction entre ces deux Moustafa,
gu'ils confondent en un seul dans la personne du grand-vizir.
XXIV — Page fyj.
L'ouvrage intitule les sept liloiles errantes cite parmi les
tribus qui ont combattu avec les Noghais, les Sirlas et les As;
dans son introduction, f. 9, Pauteur enumere les tribus ta ta-
res et turques suivantes , comme descendant de Tschin , de
Monsok, de Sedistan, deKoumari, Saklab (Slaves), Khaledj
et Khazar (enfans de Japhet), les tribus Khata'i, Djourdje,
Sairouk, Koumiak, Bakschan, Boulghar, Tas, Alias, As,
Yedjoudj et Medjoudj ; et comme descendant de Mendjin^ ,
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(*6 NOTES
Xoutek, 'facblgil, Pereftehghan et llak (autres fik de Ja-
phet), f. i3, les tribus Tatar, Moghol , Kirayet, Naiman ,
Inkout, Tounkout, Yekrin, Kirki*) Tschalafr, Sounit, Mer-
kit, Kir lout, Torghout* Irat, Berghout, Tcmkalik, Toulas,
ILomat) Yarlik) Hertschin, Kermoutsehin, Orschout, Ket*
Xnln, Tourman, Sakait, et Pisch&
XXV — Pi« 48*
On trouve encore des notions fort interessantes sur la mort
de Ghazali dans le rapport de l'ambassadeur vejiitien (Marini
$anuto* t» XXX), que celui-ci tenait de la bouche de Pemir
• des Drupes Kasinibeg. « Li (Ghazali) sopragionse in campo
» 7 capi de la gente araba nominal ISaboles (de Nablous en
• Syrie) con 3ooo persone, dove fu scqperfo come detti capi
» erano sta mandati per Chairbeg con or dine, che dovessono
» intendersi coiTurchi — li venne lettera del Sofi per la qual
» fu molto ripreso esso Gasali, che senza aver data notizia
» alia suaSignoria et altri amici se bavea mosso, — mando la
» sua donna e fioli al castello Karak, 8 giornate distante da Da*
» masco. v
XXVI — Page 48.
• Le 9 dofct, la flotte, compos^e de tingt-quatre galferes, jela
l'ancre en face de Rhodes, et le 22 octobre on regut la nou-
velle de la mort de Khairbeg; le Journal de Souleiman et
m^me Souheili et Schoukri designent iudifferemment sous
ie noin de Moiistafa , le vizir Moustafa-Pascha et le kapitan
Yailak Moustafa-Pascha ; de la vient la confusion que font
de ces deux personnages les historiens europdens qui lefc
tionfbndent av^c PirWPascba. Les circonstances suivantes
pettvent y avoir contribue*. Tous deux dtaient natifs de Bos*
nie, tous deux avaient tSte* ^lev^s dans le serai, Pun et P autre
avaientdes femmes du harem, le vizir une soeur du Sultan
Gfoulefman > le kapitan une esdave nommde Scbah»K.heban,
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ET ECLA1RCII5S£MENS. &1
c'est-a-dire la Peine des belles; c'est a sa faveur que le der-
nier dut plus tard le tizirat. Enfin, ils fbnderent cbacun une
mosqu£e, le vizir a Guebize, le kapitan a Gallipoli. Voyez
Ali* dan$ la Liste des Vi%irs de Souleintan.
XXVII. — Page 5j.
Histoire de Marini Sanuto , u XXXIX : « Entro Ibrahim
» il 24 marzo con inestimabile pompa. Li Cercbessi, Jani-
» zari, Sipabi da 5ooo, yestiti d'oro, cavallo d'oro e gioje for-*
» nimento dato dal S r costa 1 70 mille ducati veneziani; per il
» suo campo di eavalli 4 000 hen vestiti, bandiera aziir e
» bianda , poi li garzoni del S r yestiti d'oro con Sercola
» (bonnet) d'oro ; — mostra uonie di gran condizione e inge-
» gno. » La date du 8 djeniazioul-akhir citee par Djelalzade
est ineiacte , car il fixe quelques lignes plus haut le depart
du Sultan au 18 du m@me ftooi$.
UVilEXXYl.
I. — Page 62*
Ferdi, f. joo, se trompe sur 1'annee et sur le moisj ce
ne fut pas, comnie il Pindique, en 941 , mais bien en 95 1 ; ce
ne fut pas non plus le i er redjeb, car le mois de redjeb cor-
respond au mois d'avrii ou de mai : or, cette reVolte eut lieu
le a5 mars, s'il faut en croire les rapports des ambassadeufs
venitiens qui suppleent au silence des historiens ottomans.
Mar. Sanuto (I. XXXIX) dit : « II S* ritornando di Andrino-
» poli alle acque dolci li andb contra i Janizzeri e li domandb
» il suo presente oonsueto , « il S* li mostrfc cattiva ciera
* dicendo cbe giouto Ebraim Bassa proccdera — e per chc
* A ja« Bassa etiam non It facesse buona cfera , tinde dttti
» Janizzeri ritornateo 'in terra e sacherotio la case di A job
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4a8 NOTES
» Bassa e del Defter dar, il giorno seguente addi 25 (di Marzo)
» mesero la casa di Ebraim in ruina, sacherono la Judecha
» — etiamil Gommerchio; il S r entrato in Seraio yolse ac-
» quetarli , dandoli Ducati 200 m. ed essendo entrati alcuni
» dei Janisseri principal! — il S r di sua mano con le fuze ne
» aroazava tre di loro 5 vista quelli alcuni di loro voltano
» etiam Farcbco con la friza verso il S r quel £u forzo levarsi
» dove era , poi median te i capi a dato fin a 220 mille du-
» cati. » Ferdi se trompe en d&ignant sous le nom de Beg-
koz l'endroit ou s'arr^ta Souleiman ; Begkoz se tr.ouve sur la
cote asiatique du Bosphore , et il s'agit ici de Terkoz 9 situe*
sur la c6te europeenne de la Mer-Noire (Loutfi, f. 66).
II. — Page 71.
« Li Hongaresi per l'avanzio consultarono , non era ben
» concluder la pace fino non havessero li 80 milla ducati,
» che pretendono haver della Sria. nostra. » (Rapport de
Pambassadeur ve'nitien date* d'Ofen (Bude) le 5 octobre i525,
dans Mar. Sanuto , t. XXXV). Cette notice est aussi exacte
qu'authentique ; mais celle de Catona, t. xix, p. 4 X 7» d'a-
pres Bel , ne merite point de credit , et la lettre qu'il attri-
bue a Souleiman est apocryphe. Le Sultan n'e'tait point a
Belgrad en i5a4, date donnde a cette lettre, et les'titres
qu'il prend, «Rex El ami tar urn, Moabitarum, custos trium
» fluviorum, protector sepulcbri crucifixi, nepos Dei Saba-
» thoti , ac Mahumethi Pensgemutb , » sont si burlesques ,
qu'on ne sait pas comment Bel et Catona ont pu ajouter la
moindre foi a d'aussi graves erreurs.
III. — Page 75.
Cotmne publiciste et historien, Kemalpaschazade a ecrit
en arabe pres de cent traites sur des questions de droit; on
lui doit en outre un ouvrage persan, sorte d'imitation du
Gidustan de Saadi, et intitule Nigaristan, ou galerie des
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ET ECLAIRCISSEMENS. 4*9
images. Les Mines d' Orient, t. I, p. 4oi , t. II , p. 107, et
t. HT, p. 47* contiennetit des extraits de Tun et l'autre de
ces deux ouyrages. II a laisse* encore une histoire en langue
turque de la campagne de Mohacz, dont il se trouve un bel
exemplaire a la Biblioth. de Dresde, line ex^gese du Koran,
des gloses xnarginales au Kouschaf, des commentaires du
Hedayet, du Tedjrid, du Miftah et du Tehafet; enfin il a
traduit deux ouvrages arabes paries ordresde Se*liml er , qu'il
accompagna dans son expedition d'Egypte , et compose le
poeme romantique d'Yousoufou Soule'ika. Voy. le Scha-
kaikoun ndmaniy6 et les Biographies des poetes turcs, par
Latifi (traduction de Chabert), Zuriih, 1800, p. 79.
IV. — Page 77.
Ces six defile's sont rite's dans le Journal de Souleiman :
1° celui de Tatarbazar a Pbilippopolis ; 2 la porte de Tra-
jan, Kapoulou Derbend (le defile Sued &' Ammien) ; 5° ce-
lui de Kaziasker entre Ikbtiman et Sofia; 4° le defile* de Ka-
rielukaridj^ ; 5° celui de Schehrkoei; 6° le defile* de Nissa*
(Compar. les sept d4fil& de la carte du capitaine du genie
comme supplement a la Roumilie de Hadji Khalfa, p. 189.
Voy. l'AUas, pL III).
V. — Page 79.
Kemalpaschazade , f. 3a et 33, ddsigne les chateaux de
Gregoridja, Berkass, Nogai, Diniotrofdje* ; Ferdi, f. 129 et
120, cite encore Saw tin, Voulkowar, Ratscha, Eerdoed;
enfin Pctschewi, f. 32, quatre autres, Kouppenik, Irik,
Tscherwik et Parkan. Dix de ces Tillages sont indique*s sur
la carte de Hongrie sous les noms suivans : Gregurovecz,
Berkaszova, Zotin, Mitroyicz, Ireg, Csereyicz, Vucovar,
Racsa, Kupanik, Erdosd.
VI. — Page 80.
Petschewi, f. 34> donne une description de ces lieux aussi
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43o NOTES
exacte que Broderith et ayec plu3 de d&ailsf U ue futpaa
temoin de la bataille de Mohacz, mais il en connut touted
les circonstanees par son pfere et son grand-pfere, qui prirent
tous les deux part a Paffaire, le dernier comme alalbeg. On
trouve des ddtaiis moins precis et moins fideles dans Solak-
gadd, Djelalzade, Ferdi 9 AU, Lout fi, et autres historien*
ottomans qui tous ont copid Petschewi, comme Istuanfi,
Camerarius, Cuspinianus, Sambucco, Zermegy, ont copil
Broderith ; ces derniert ont eux-m&mes servi de sources &
Engel, Catona, Windisqh, Scbimek et Fessler, Le nom de
Badj-kaloupd est aujourd'hui inconnut mais on sait que
Souleiman passa par Satorislye , prit a gauche la vallde qui
s'etend entre les hauteurs de Nagy Nyarad et celles qui
ferment a Pest la plaine de Mohaoz; et qu'il d&oucha par
la for&t appelee aujourd'hui Batsfa. Cette for£t, convertie
en pare, fait aujourd'hui partie des propridt^s de Fer&jue.
Mais la composition du mot Batsfa, qui derive par con-
traction de Batstalva ou Batsfalu, e'est-a-dire village de Bats,
prouve qu'il y ayait jadis a oet endroit un village. Je dois
ces notions topograph iques , et celles qui concernent la
colline de Foeldwar, au baron de Mednyanski.
VH. — Page 8i.
Ce que dit Phistorien Petschewi d'une fontaine creusee
au pied de la colline, et d'un koeschk bati sur la cime,
se trouve confirme par Petat actuel des lieux. On voit
ten effet s'elever du milieu de la plaine de Foeldwar une col7
line assez haute , sur laquelle Souleiman fit dresser sa tente $
les habitans du comitat de Baranya Pont, en mejnoire de ge
fait, appelee Sataristye, du mot hongrois Sator, e'est-a-dire
la tente (en turc Tschadir); la fontaine batie au has de la
colline a pris le nom de Toeroek-Kutya, e'est-a-dire fon-
taine turque (le mot turc qui signifie fontaine est kouyou)*
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ET ECLAIRCISSEMENS. 43i
VIII. — Pagb 83.
All et Solakzade placent, contre toutes les regies adoptees
par les Ottomans, le beglerbeg de Roumilie sur la droite,
ct celui d'Anatolie sur la gauche , tandis que , s'ils. eussent
Commaude les deux ailes, c'eut et^ dans I'ordre inverse.
Mais Souleiman, comme on le yoit dans Petschewi, rangea
cette fois son arme*e sur trois lignes.
IX. — Page 84.
« De proelio ad Mohacz nota Sambucci, dans Kovachich,
Scriptores rerum hungaricarum minores, t. 1, p. 27. » En
comparant les historiens ottomans, on voit que tout se passa
ainsi que nous l'avons rapporte*. Seulement il est faux que
Soulelman ait pris la fuite, et que Fusage se soit Itabli
depuis lors d'attacher les Sultans sur la selle de leur chetal
aux jours de combat.
X. — VAW 85,
Broderith, Istuanfi. D jelalzade*, le grand nischandji, donne,
f. too, aux Hongrois les quinze sobriquets suivans : Dje-
henem ay'in, Hadjim temkin, Dm missal, Sahibi fatal,
Khinzirler, Pelidler, Kanidler, Khabiszler, Kelbler, Kafir-
ler 9 Fadjirler, Fassikler, MotmafikUr, Diw siretler, Sou-
bani souretlcr, e*est-a-dire ceux qui ont adopte* les usages
de la Gehenna, ceux dont l'enfer est la patrie, ceux qui ont
la nature des demons, les extraragans, les cochons, les obs-
ttn&, les enters, les mise*rables, les chiens, les infideles, les
criminels, les me*chans, les hypocrites, les embrouille*s, ceux
qui ont les mceurs des demons et paraissent sous la forme
des diables tourmentans.
XI. — Page 87.
Le Journal nomme let messagers-d'e'tat suivans : pour
Constantinople, Yaroulou. Houscin; pour Brousa, Djindi
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43a NOTES
Houseln; pour Damas, Korkoud; pour le Caire, le moute-
ferrikaMohammedbeg, frere d* Ayas-Pascha ; pourDiarbekr,
Deli Iskender ; pour la Karamanie , Douzeni-giizel Sinan ;
pour Haleb, Koer Djafer; pour Andrinople, un jeune esclave
mamlouk du nom de Djelb. Voy . la lettre de victoire , dans
le Journal de Souleiman, n° 33, 112; celle adresse'e par le
Sultan au yizir, kaimakam de Constantinople, ct une autre
ecrite apres la conquete d'Ofen , se trouvent dans le Des-
tourouLInschq du reis-efendi Sari-Abdoullah, n° i38 et
139. Kemalpaschazade', f. 59.
XH. — Page 88.
Le Journal de Souleiman. Le rapport de l'amba&adeur
v&iitien|, dans Mar. Sanuto , t. XLIII, dit ; « Lo Turcho e
» stato in persona in Buda e Pest, e ha sacheggiato quelle do
* cittade , delli popoli ne ha amazzati tutti li yecchi (les pri-
» sonuiers faits a Mohacz) e le donne vecchie, salvando solo
» li fantolini e quelli menando Tia colle donne giovine. Fin
» alle gaterade delle finestre portato via per barcha tutto , e
» poi fatto questo ha posto a fuogo e fiamma tutte do quelle
» cittade. » Kemalpaschazade, f. 67, donne une description
toute poetique du chateau' royal d'Ofen; il e'yalue la lon-
gueur du pont a neuf cent quatre-vingts aunes. D'apres cet
auteur et Djelalzadd , ce serait aussi dans la plaine de Mo-
hacz que les Hongrois, commanded par le roi Bela, auraient
^te* defaits par les Mogols. Djelalzade', f. 99, appelle le roi
de Hongrie Kourskoul. Kemalpaschazade, f. 44 » dit que
les Tatares , sous Bereketkhan , avaient pe'ne'tre* jusque dans
la plaine de Mohacz. Petschewi, a l'occasion de la bataille
de Mohacz, e'numere les sept grandes batailles liyre'es de-
puis l'ltablissement de rislamisme, et cite celle de Mohacz
comme la plus importante , la plus grande et la plus glo-
rieuse de toutes; ces batailles sont : i° celles de Tschaldiran,
2° de Rosso yo, 3° de Kadesia, 4° celle que lirra Yakoub
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i:t eclaircissemens. 455
Ben Yousouf, l'emir des Al-mowahidin, a Alarcos en Fannee
1 195, et dans laquelle p&irent, suiyant le meme Petschewi,
quarante-six mille infideles sur trois cent mille ; 5° la bataille
de Mamouri j6 9 entreThe\>phile et Motewekkil; 6° celle que
lirra Melekschah aux Ouzes, dans le Khorassan; 7 la ba-
taille de Salaheddin contre les chre'tiens, en Syrie.
Xltl. — Page 89.
Dans le rapport allemand imprime' immediatement aprcs
la bataille de Mobacz, et qui a pour titre : « Hernach volgt
h des Bluthundts, der sicb nenndt ein tiirkitichen Kaiaer,
» gethaten, so er und die seinen nach eroberung der Schlacht
• aufden nvni (29) Augusti nechslvergangen getchehen in
» unsern mitbriidern der ungrischen Landschaften gam un-
» menscblicb triben hat und noch teglicb tut (avec deua
n gravures en bois). » On lit dans ce rapport relatirement
a Funfkirchen : « Als sie nun wie die gehorsamen dahin
• kommen seyn, hat aye der angezaygt Wosoha (Pascba) das
» cbristenlioh rolk alles bey einander zerthailen, und au
• tod schlagen lassen. »
XIV. — Page 92.
Solakzade\ f.* 1 06. Ali, dans sa Biographie des poetes con-
temporains de Souleiman, f. 333; Latin*, Biographic des
poetes tares, p. 263. Sagredo, Verdier, Ricaut, Giovjo ,
Ulloa, Knolles, ne sauraient servir de sources pour la cam*
pagne de Hongrie ; mieux vaudrait consulter : Oratio pro-
trepdea Cuspiniani cum description conflictus quo periit
Rex Ludovicus et qua via Turcus Solomes ad Budam usque
pervenerit ex Alba Grxeca; ensuite , Jo. Antonii Flaminii
conflictus illepannonicuscum Turcis, in quo Pannonia Rex
interiU; et enfin , Camerarii de clade accepta ad Mo->
gacium.
T. V. 28
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434 NOTES
Journal de la troisiemc campagne de Soulciman en Hongrie.
BaiaiUe de Mohacx, en o32 de I'hig. (i526).
Mob d'avril (redjeb).
23 avril (11 redjeb 9 un lundi), depart de Constantinople;
1'armee s'arrete a Halkali binar. a4» Tschataldje. 25, elle passe
a cote d'Indjighiz, et fait halte a Tikourlu. 26, Karli. 27, Ah-
medbeg. 28, Khadim. 29, Ouloufedjiler. 3o, Mahmoudaga.
MoU de mai (schaban).
i** y Khasskcei. 2, Memak. 3, halte; l'empereur s'etabtit
dans un serai. 4> repos- 5, diwan; l'ambassadeur moldave ap-
porte le tribut. 6, diwao. 7, halte; le kiaya et le defterdar de
Roumilie font envoyes en avant. 8, le Sultan passe la revue
de 1'armee. 9, repos. 10, un soldat est decapite pour avoir
foule la moisson pres du village de Kemal, sur la Marizza.
n, la prairie de Tscheschme' tschairi; deux soldats, accuses
d'avbir vole des chevaux , ont la tete tranchee. 12 , 1'armee
s'arrete* Hissarlik, appelee aussi fiegalagi; les janissaires sont
diriges sur Philippopolis. i3 ( i er schiban), Sazludere; le
Saim-Taschoghli estpendu. i4» Altoun tschairi (la prairie d'or).
i5, Khaledlu. 16 et 17, Agadj Kourousi. 18, Dermal in. 19,
la plaine de Philippopolis) les cavaliers feudataires sont en-
voyes a Sofia. 20, diwan; le fils d'Akhi-Tschelebi , Seifoullah,
est nomme medecin du Sultan , avec un traitement de soixarite
aspres par jour. 2r, le beglerbeg d' Ana to lie rejoint le camp.
22, 1'armee arrive devant Philippopolis ; halte; le kiaya et le
defterdar de Roumilie se mettent en marche vers Sofia , ainsi
que les janissaires; on passe un defile : dans 1'apres-midi , la
campagne est couvertc de grelons de la grosseur d'une noi-
sette. 23, Souleiman en joint aux troupes d'Anatolie et de
Roumilie de prendre la route d'Isladi. 24, Emine. 25, Tatar-
bazari, pres du pont du Potier (Tschoelmekdji). 26, Kara-
binar. 27, 1'armee passe par le defile de Kapoulu-Derbend ,
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ET ECLAIRCISSEMENS. 43$
et fait haltc a Ikhtiman. 28 , elle traverse le de'file' dc Kazias-
ker ; tongue marche. 29 , elle arrive devant Sofia , avec une
pluie battante. 3o, halte; tousles ruisseauz debordent ct en-
traiuent un grand nombre de tentes; l'empereur se voit oblige
de quitter la position qu'il occupe, et de faire dresser ses tentes
sur ^emplacement ou sc trouve cello du grand-vizir. 3i, balte;
un juge, quatre de ses gens et trois soldats sont mis a mort.
Mois de juia (ramazan).
i er , diwan; quelques begs de Roumilie sont admis au baise-
main, 2, repos; parade des begs de Roumilie. 3, pluie; Ifla-
klar ; le grand-vizir se s£pare du Sultan et marche en avant.
4 9 balte. 5, Karielu Karitsche, defile j deux silihdars sont
decapites pour avoir fait paitre leurs chevaux dans les champs
non moissonnes. 6, Binarbaschi, en face de Schehrkoei. 7, de-
file de Schehrkoei; l'armee s'arrete dans le defile de Nissa.
8 1 elle sort de ce defile, et vient dresser ses tentes autour
d'un moulin, non loin des bains chauds. 9, elle arrive devant
Nissa; les eaux de Semendra etant debordees, on prend la
route d'Alajdja hissar, sous des torrens de pluie et de grele.
1 o , on s'arrete sur les bords de la Morawa , pres du village
de Despenidj; pluie. 11 (i er ramazan ) , balte. 12, l'arinle
campe k Bairbak, dans le voisinage du defile d'Aladja hissar.
1 3 , balte ; l'empereur cbasse. 14 , i5 et 16 , repos. 17, diwan ;
18, on passe a Aladja hissar, et on s'avance en cdtoyant la
Morawa jusqu'au village de Modjkowidj. 19 et 20, balte; le
grand-vizir rejoint le camp de Souleiman, et recoit ordre de
marcher en toute hite sur Waradin (Peterwardein). 21 et 22,
repos; les fourrageurs tuent un grand nombre de paysans
valaques. 23 , balte k Kozariin kizi ; la pluie et les inonda-
tions continuent. On ap prend que les ponts viennent d'etre
jet^s sur la Save. 24 > l'armee passe la petite riviere d'Ire,
mais les eaux de la Morawa sont tcllement grossies, que le
passage est impossible* a5, balte.
u8*
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436 . NOTES
Marche du grand-vizir envoy 4 en avant du grot de Varmte.
16 juin, depart d'Aladja bissar. 17, passage de la riviere
d'lrc (D>re?). 19, Kozariin kizi; quatre jours de balte. Qua-
tre Valaques sont empales pour avoir fait des prisonniers. a3 ,
Korsovikn bazari ; la pluie augmente les difficult de la mar-
che. ?4 » ^ pleat jour et nuit ; Ibrabim est force* de s'arrdter,
l'eau qui tombe par torreus entraine des tentes; deux des sol- «
dats de Balibeg se noient. a5, Piredjik; Farmed souffre beau-
coup de la pluie. 26, Eralia. 27, Gbourdjika; on traverse avec
les plus gran des peines, sur des ponts, trois rivieres. 28,
Ibrabim arrive a Baighinlu , dans le voisinage de Semendra.
29, Hawala et Eski Hissarlik Baighinlu. 3o, Belgrade.
Mois de juillet (schewal).
i #r , Ibrabim-Pascba passe en revue les, troupes de Roumilie.
2 , balte ; nouvelle revue ; les feudataires dont lYquipement
est trouve 1 incomplet perdent leurs fiefs. 3, balte et revue.
4, le grand-vitir fait dresser sa tente de l'autre c^t^ du Danube,
pres de Semlm. Six Valaques pris en maraude sont executes.
5, Tannee campe dans le voisinage de Semlin, sur les bords du
Danube; arrived des sandjakbegs de Bosnie et de Hersek. 7,
Bozouk kilisl (Busiklicza) ; l*4glise de ce village est dlvastle. 11
gele dans la nuit de Kadr. 8, Slankamen, au confluent de la
Thetss et du Danube ; Ibrabim est inform^ que le maudit moine
Tomori s'est avance* vers Peterwardein , avec deux mille bom-
roes, et que le roi est a Ofen. 9, balte ; arrived des glneVaux des
akindjis. L'empereur se rend a Belgrade pour cel^brer la fete
du Bairam. 10, balte ; la flotte turque, composee de buit cents
bAtimens et barques, remonte le Danube; les troupes cPAna-
tolie traversent les ponts et sYtablissent pres de 1'eglise de Bu-
siklicta. La flotte recrit & bord les janissaires, sous le com-*
ujandementde Mikhaloghli, d'Iskenderoghli et dYakbschibeg,
et continue sa route. 11 (1" scbewai, un mercredi), les pages
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ET ECLAIRCISSEMENS. 437
de i'empereur parent de l'autre cdfce 4« Denize. 12 , Tarmac
canape au bord da Danube, dans la plaine de Peterwatdein*
*3, Peterwardeln. t4, on rastemble des bow pour tonstnrire
des ecbelles ;*la pluie continue ; combat (il y a quaraate~iieuf
stations de Constantinople a Peterwardein). i5,la place est
prise d'assaut. Baba-DjAferbeg en apporte la nonvelle a I'em-
pereur, et recoit pour son message un present de mille ducats.
16, le beg de Bosnie, Khosrewet Mikbalogbli Mobammed-
begsont envojes en reconnaissance au-dela du Danube* 17,
les soldats d'Anatolie prennent position devant la citadelle.
j 8, repos. 19, feu continuel des batteries* 20, combat acbarne\,
2r 9 les troupes , apres trois beures d'assaut, sont repottagees,
avec uneperte de plus de cent cinquante bommes. 22, les egli-
ses et les maisons de la ville sont saccagees de fond en conible;
la garnison fait une sortie; Baltao^hli-Piribeg est surpris et
battu ; le camp se rapprocbe de la forteresse. 23, on iiyre sans
succes un nouvel assaiit ; soixante janissaires et sii cents sol-
dats resteht sur la place. 24 , I'empereur envoie un renlbrt de
mille janissaires ; le grand-vizir cbange de position. 26, l'assaut
est ajourne\ 26, Houseln*Tscbelebi , beau*pere d'lskender-
Tscbelebi • recoit en fief un domaine d'un revenu annual de
soixantenlix mille aspres. 27, deux mines ouvrent une brecbe
dans les murs de la citadelle; elk est prise d'assaut; vingt*ciuq
bommes seulement peritsent dans la lutte. Le grand-vizir fait
dlcapiter cinq cents soldats de la garnison ; trois cents autres
sont emmenes en esclavage. 28, le grand-yizir s'avance, et l'em-
pereur s'etablit sur remplacement qu'Ibrabim vient de quit-
ter : ce dernier revient au-devant du Sultan , et fait porter
sur des piques les tetes des soldats bongrois. Les babitans du
cbateau-fort de Tscberouk (Cserevics) se rendent a discretion.
29, Borgaslu kilise; le grand-yizir renyoie a Constantinople
soixante-quatorze invalides. 3o, diwan; des recompenses sont
distributes aux begs de l'armee. Le beg de Semendra part
pour Zwornik avec ordre de sommer les cbAteaux-fbrts, bitis
sur les rives de la Save, de faireleur soumission ; on reprend la
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458 NOTES
route d'Ofen. Yahya-Pascbaoghli est *urpris dans le votsinage
dill ok; il reste vainqueur, et ramene trente pfisonniers et
t rente teles. 3i, on passe a cot& da fort de Tscherouk et on
carape sur let bords du Danube.
Mois d'aoot (silkide).
i #r , Illok. L'empereur defend a l'armee de saccager les vil-
lages voisins. 2 9 balte. 3 , ordre aux voievodes de la Valachie
et de la Moldavie de terminer leurs difterends; l'empereur rel-
tere sa defense d'incendier les villages. 4 ? balte. La citadelle
d'lllok est assiegee dans les regies; on ouvre les tranches et
on dresse les batteries. 5, le siege continue. 6, l'empereur
vient lui-meme reconnattre la citadelle. ?, vers midi,la gar-
nison demande un delai pour capituler; le Sultan lui ac-
corde jusqa'a la fin du jour. 8, trots infideles se pr&entent an
camp , et trois yabyabaschis , accompagne's d'un tschaousch t
sont admis dans la citadelle, et arrttent les bases de la capi-
tulation. Les babitans d"Erdoed et d'Osbek sur la Drave font
leur soumission. Douze infideles d'lllok sont rectus de kaftans.
9 (i ar silkidl, un jeudi), le grand-vizir s'avance avec son camp ;
l'empereur a son arrivee l'admet au baise-raain. Proclamation
da Sultan; io, Farmed s'arr6te a Doukin, appele* le Trdne de
la victile femme; la pluie ajoute aux difncultes de la marcbe.
1 1 9 on passe a cote* du chateau de Szotin, sur le Danube; baltc
-pres d'un grand monastere. 12, Yukovar. i3, le cMteau-fort
de Bouroubouk (Morcoviza?); les bagages sont transporter
sur les derrieres de l'armee , de peur de surprise de l'ennemi.
14, marcbe forcee sur Essek; i5, camp sur le bord dela Drave.
L'empereur ordonne de jeter un pont sur cette riviere, et sur-
veille lui-m£me l'ex&ution des travaux. 16 , continuation des
travaux. 17, la tete du pont est construite, mais les pontons ne
sont pas encore etablis. 18, le grand-vizir se promenea cheval
avec le Sultan, puis ils surveillent ensemble les travaux. 19, le
pont 6tant achev£, les pascbas sont admis a l'audience da
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ET ECLAIRCISSEMENS. 43g
grand-vizir. 20 , le grand-vizir se rend de nouveau cnez Fem-
pereur, qui tient conseil a vec lui ; un des vo'fevodee des corps
commandos par Yaya-Pascbaogbli Balibeg, Kourdogbli de
Belgrade, passe le pont aveo cent cinquante des siens pour at -
taquer les vedettes des infideles, et ramene sept prisonniers;
il re^oit un timar d'un revenu de neuf mille aspres. 2 1 , Yabya-
Pascbaogbli , Balibeg et Kbosrewbeg de Bosnie, passent le
pont, ainsi que le grand-vizir et tout le reste de l'arniee* 22 ,
le grand-vizir et 1'empereur traversent la Drave. 23 , on at-
tend les troupes d'Anatolie ; Essek est livrle aux flammes et le
pont detruit. 24 > balte sur les bords d'un lac, pluie conti-
nuelle. a5, balte. 26, marcbe longueet penible a travers des
marais, des etangs. Perte d'une partie du bagage et d'un cer-
tain nombre de betes de somme. 27, l'armee s'arrete afin d*at-
tendre les equipages. 28, repos; Fempereur fait savoir qu'on
livrera bataille le lendemain. Un jeune soldat est decapitl ,
pour. s'6tre avance 1 sans en avoir recii Fordre. Le vizir se rend
k plusieurs reprises dans la tente du Sultan. 29, on dresse
le camp dans la plaine de Mobacz (ici se trouvent les details
de la bataille). 3o, Fempereur sort a cheval ; proclamation qui
enjoint aux soldats de conduire devant la tente du diwan
tous les prisonniers. 3i, Fempereur, assis sur un trdne d'or,
recoit les bommages des vizirs et des begs 5 massacre de deux
mille prisonniers. La pluie torabe par torrens.
Mote de septembre (silhidje).
i er , le defterdar de Roumilie recoit Fordre de faire inbu-
mer les corps des infideles. 2, repos a Mobacz; vingt mille
fantassins et quatre mille cuirassiers de Farmee bongroise sont
ensevelis. 3 , Mobacz est livree aux flammes; Farmee traverse
un lac avec les plus grandes difficult ; comme il n'y avait
qu'un seul pont, a peine un quart des bdtes de somme put
suivre Farmee. 4» ordre de massacrer tous les paysans qui
se trouvent dans le camp ; les femmes seules sont exceptees.
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(o NOTES
efense aux akindjis de marauder, Des lettres de victoire
>nt expedites pour la Roumilie, l'Anatolie, la Syne* FEigypte,
i Diarbekr, le Kurdistan, la Moldavia et la Valachie, 5> balte
jz trois ponts. 6, on passe par Tolis (Tolna). Halt© sur la
ve du Danube. 7, Mianej on passe pres d'une graude ville,
uis on carope sur les bords du Danube* 8 (i er silbidje,
n saraedi). 9, balte. 10, Qfen. u, repos. L'empereur ins-
ecte la forteresse ayec Ibrabiro. 19* seconde virile des licux*
$ , l'empereur sort de la ville ; il fait jeter un pont sur le
lanube. i4, un incendie eclate h Ofen, malgre les mesures
rises par le Sultan. Le grand-vizir aceourt pour e'teindre le
!u; ses efforts sont inutiles. i5, le Sultan et le grandVviair
ont au chateau de cbasse du roi. Les canons de la forteresse
t les statues d'airain qui ornaient le palais du roi sont trans*
ortes par eau a Constantinople. 16, musique et festin dans le
alais. 17, l'empereur se rend au ebiteau de cbasse du roi.
8 (10 silbidje, premier jour du Bairam), nouveau festin; c£-
&monie du baise-main. 19, fete dans le pare du roi. ao,le
eg de Semendra , Khodja , et son frere Mobammedbeg , pas*
duties premiers le pont nouvellement jete* sur le Danube, et
ampent en lace de Tile : une partie de l'armee suit le mouve-
icnt, eonduite par le grands-vizir, et s'arr&e a Pestb. 21, le
massage des troupes continue ; le Sultan defend de livrer aux
lammes le palais du roi , qu'il a bonore\ de sa presence; , et y
tablit un poste de janissaires. 22 , le passage des troupes cont-
inue; les juifs expulses d'Ofen sont diriges sur Constanti-
lople. Les Hongrois rem p la cent les janissaires dans la garde
lu palais. 23, le pont se rompt pendant la nuit en trqis par-
ies, dont deux sont englouties. L'arriere-garde de l'armee >
ous les ordres dc Mtkhalogblibeg , de "Kbosrewbeg et d'O-
narbeg, traverse le fleuve sur des barques. 24, on aqnonce
e depart pour le lendemain* 25 , l'armee , en marche des le
natiu % s*arr£te a trois milles de la ville, , et non loin du Da-
nube. 26, l'armee file entre des lacs et de magnifiques prairies,
it va camper quatre lieues et deraie plus loin. La station n'of-
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ET ECLA1RCISSEMENS. 44 1
fran* aueune source d'eau potable, un grand nombre de che-
vaux perissent. 37, manque d'eau et de vivres; le kilo d'orge
se vend jusqu'a cent vingt aspres (deux ducats deux cinquiemes) ;
le kilo de farine se-vend jusqu'a deux cents aspres (quatre du-
cats)* La pluie tombe en uboadance 9 et la mortaUte continue
parmi ies chevaux. 28, apres une marche forcee, l'armee arrive
a S*egedin, sur les bords de la Theiss. Les habifans de la ville
s'etaient eiofuis sur Fautre rive ; on fait cepeudant beaucoup de
buftin , et un grand nombre de prisonniers. L'empereur arrive
a Bate (sur la Mosz tony a?) ; le bourg est emporte d'assaut, liVre
au pillage et incendie 5 le grand-vizir rec,oit einquante mille
nuratons pour $a part du butin, et le defterdar vingt milk. 3o,
Farmee dresse son camp sur la Theiss, en face de Siegedin.
Mob d'octobre (moharrem).
i« r , balte pres d'un petit ch&teau sur la Theiss. 2, devant ,
Titef* On revolt la nouvelle que Deli Radisch a fait une cen-
taine de prisonniers sur les derrieres de Fairmee; aussitot Khos-
reirbeg est envoye a Farriere-garde ; le maudit palatin N6dor
Isp&ny harcelle egaleraent Parmee. On amene plusieurs pri-
sonniers. Marche de trois lieues. 3 , on fait trois lieues et
demie, et on arrive devant Peterwardein au pied du mont
Frasca? des la veille, un pont avait ete commence par Favant-
garde. 4> proclamation qui enjoint a tons les sol&ts de payer
le pendjik (taxe des esclaves) , sous peine de se voir enlever
leurs prisonniers. 5 , on apporte du bois pour continuer les
travaux du pont. L'empereur arrive devant une place (Badjna
Bacsania? Becse?) fortement retranchee, et s'en empare apre&
une lutte acharnee ou perirent Faga des janissaires, Schedjaa,
le tsehaousch des janissaires , le samsoundji-baschi et quel-
ques yahyabaschis; plusieurs aga&sont blesses dans ce combat,,
et un grand nombre de sipahis tues. 6, balte. Le kiaya et le
defterdar commencent la revue des troupes. 7, arrivee de l'em-
pereur, qui d'Ofen avait gagn6 Peterwardein en onze ftapesp
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44* NOTES
il s'etait arrete un jour k. Becsne, et deux vis-a-vis de Peters
vtrdein; en tout quatorze jours de marcbe. Le kapidji-baschi
Mohammed est nomme aga des janissaires ; les travaux du pont
a'avancent avec rapidite. 8 ( i er moharrem), le pont etant acheve,
use partie de l'annee traverse le fleuve ; le reste est passe en re-
vue. 9, rempereur passe le pont ; a la nouvelle d'une revoke dans
Fltschil (Cilicie), le beglerbeg d'Anatolie recoit ordre do par-
ti r. io, rempereur carape pres de Slankamen; Ibrahim envoie
des garnisons a Wardeln et Illok. 1 1 } 1'armee passe a Bosouk-
kilise\ 1 2, Belgrade. i3, Eski-Hissarlik. i4 et i5, Semendra;
1'armee dresse son camp a Latscbitschi ; marcbe forced. On
jette un pont a Kowilodj, sur la Morawa; l'empercur traverse
le* pont avec toute son armee , et arrive dans l'apres-midi k
Kowilodj. i6,Sopoiyitsch£; marcbe tres-longue. 17, Parakin.
18 ,' 1'armee campe en-deca de Nissa, qu'elle n'a pu atteindre
a cause des difficultes de la route. 19, elle va camper au-dela
de cette ville, pres des bains chauds? a Ventre du defile. 20, on
entre dans le d£fil6 de Nissa, et on s'arrete dans les montagnes ;
le tscbaousch Yarali-Housem , arrive de Constantinople , con-
tinue la nouvelle de l'insurrection dans l'ltschiL ai, 1'armee,
passe pres de Scbebrkeel, et s'arrfcte a Kadidj , a Fentree du
defile, aa , a3 , halte. 24 * elle campe a Sofia. a5, 26, 27, a8 et
29,sejour dans cette ville. 3o, rempereur passe le pont de,
Philippopolis j et s'arrete pres du village de Kadindje, sur lc%
bordsdela petite riviere d'lstanmaca, suivi du grand -vizir.
3i, halte,
Mois de novembre.
i er et a , Tempereur entre dans Andrinople et descend au
serai imperial ; apres un repos de buit jours , il se remet en
route le 9 novembre (3 safer, un vendredi); trois jours apres f
le it novembre, il nomme grand-ecuyer de sa raaison lesil-
ihdar Rouatem-Aga, 1 3 , Souleiman fait son entree a Constati -
tinople.
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ET ECLAIRCISSEMENS. 445
XV. — Page 97.
Tscbiplak, Tscbirlak, Quscbak, Torlak , c'est-a-dire des
paysans on desmoines nus etdeguenillea.il estplusieurs fois
question des Torlaques dans les«anciens auteurs europeens qui
ont ecrft l'histoire des Ottomans , tels que Gipvio et Menavino.
Boissard (fitastt icones SuUarwmm, p. g5) donne m£me le
portrait de Torlaces Dervisiua. Uhistorien DjelalzacUt assist*
comme secretaire k ce diwan dont il redigea le protocole ,
f. 11&
XVI. — Page io3.
Ali, dans la liste des begs de Souleiman, f. 29$, nous a
laisse beaucoup de details, sur ce Kbosrewbeg, qui administra
la Bosni.e pendant trente ans; et il raconte l'investiture de
Afourad dans le sandjak de Knin.
XVII. — Page 107.
Gette indication prouve que le ducat valait alors 5o aspres ;
car 28 sumnu* argenti font 2,800,000 aspres, le yuk (summa)
etant do 100,000 aspres.
XVIII. — Page no.
Voici le nom de vingt-quatre de ces villes : Belgrad , Sa-
bacz, Slankamen, Wardein, Illok, Serend, Atzia, Vednek,
Kruppa, Yaitze, Zwetzy, Banyalouka, Semlin, On ova, Irek,
Zenzenetb, Petscbe, Qrsowa, Nihaldi, Scardona, Udbine,
Szegedin , Novigrad et Zadwin .
XIX. — Page ii3.
Djelalzade, f. 124 a 127; la fin de cet ecrit remplit pres-
, que tout un tiers du diplome , dont le commencement four-
inille de citations et de proverbes arabes, tels que ceu^-ci :
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Ml NOTES
Touti el mulk men tescha, c'est-a-dire, « Dieu donne l'empire
a qui il vent. » Ma yeftahallah lin-nasi mm rahmetin fe la
moumsikoun lehou, c'est-a-dire , « ce que Dieu rtpand de
mislricorde sur les bommes ne saurait etre imit£ par per-
sonne. » Yekhtass hi rahmetihi men yeschd, c'est-a-dire , «« il.
distingue par ga mis£rioorde qui il vent. » JVe refaanahou me-
kanen aatien, c'est-a-dire, « et nous Parous eHeve* 4 une place
sublime. • Refaana laazik&mfecoki baazin deredjatin, c'est-a-
dire, « et nous avons eleve* quelques-uns de quelques degres
au-dessus de quelques a litres. » El hamdou littahi eUezi kedelna-
hou U haza, c'est-a-dire, « Dieu soit loui, qui nous a fait ce
don. » In allahou yehabb maali-e humour 6, c'est-a-dire, « Dieu
aime les grandes actions* • We lakad Utafalnahou fid dUnya,
c'est-a-dire , « nous 1'avons choisi dans ce monde. • We ma
minna ilia makamoun maaUmmoum\ c'est-a-dire, • c'est de
nous seul que vient cette place bien eonnue. » Essubikoune'
essabikotlnd, c'est-a-dire, « ceux qui se bAtent arrivent les
premiers. » Iza iradoaUahou bi melekin khairen djaaU lehou
tveziren salihen iza nesa ezkerehou a>e iza ezkerehou aanehou M
c'est-a-dire, « lorsque Dieu veut du bien a un roi, il lui donne
un vizir loyal qui lui rappelle ses devoirs quand le roi les ou-
blie , et qui lui prSte assistance quand il les remplit. •
XX. — Page 116.
Soulelman n'ajant paru que le 3 septembre devaat Ofen, et
oette ville ne s'ltant rendue que le 8, il est dair que les bisto-
riena bongreis et autricbiens feat erreur lorsqu'ils fiient au
3$ aout l'occupation de la place; ils se tron>pent encore lors-
qu'ils prltendent que ce jour a £te signals par toutes les vic-
toires que Soulelman a successivement remportees , et qu'ils
veulent rapporter a la meme date la prise de Rbodes, qui eut
lieu le i5 decembre. Le journal de Soulelman detruit tous les
doutes qui pourraient encore exister sur les dates de ses
victoires.
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ET ECLAIRCISSEMENS. 4{5
XXI.— Page it8.
Pessel (dans Lewenklau, p. %6o > Francfort , i595)et La-
bach ; le premier e* tait b£raut , le second secretaire de guerre
de Ferdinand, tons deux tlmoins oculaires du si£ge, ainai que
Didaco Serava^ son gouverneur des pages, Ribischi, son juris-
consult*, Meldeman de Nuremberg et de Leyhe. Le Rapport
de Didaco et celui de Lejhe sont imprimis, le premier dans
Schardius, Reusner et Wagner, le second dans les Pieces rela-
tives i la diplomatic servant a Fdtude du droit allemand. Leip-
sik, 1717. Nous avons suivi de preference, pour cette par tie
de Fhistoire, les six auteurs dont voici les noms ; Istuanfi,
Jo?ius 9 Velius, Stella, Soiterus a Vinda, Roccoles etUlicn.
Parmi les historiens ottomans , nul n'est aussi eomplet et
aussi fidele que 1'auteur du Journal de Souleiroan; Melde-
man , outre la description du siege , donne un plan d^taille
de la ville et du camp des Turcs, dans l'ouvrage aussi rare que
precieux dont voici le titre : Kurzer Bericht uber die recht a>ah-
rhaftig Contrafactur turkischer Betagerung der Stat JVien, ivie
dieselbig anzusehen nnd versteen sey, arelche zu rhum, prejrss, lob
un eer ganizem Rosmischen Folk, gemeyner RitterscKaft und
insonderheyt einem erbarn Rath der St alt Nurenberg durch Ni-
kolaus Meldeman yetzt verfertigt, getruckt und aussgangen ist.
•
Journal de la quatrieme campagne de Souleiman contre
Vienne, a35 (t5a9).
Mois de mai (ramazan).
10 (lundi % ramazan) , depart de Constantinople, camp k
Halkali binar. if, TschataMjt; le corps dea soUks recott
un present de trente mille aspres; le fib du beg franc de 6a*
lata (Gritti) recoit du Sultan un prH de trente mille ducats et
de troi* cent mille aspres. 12 et i3 , pluie battante; grand
froid; halte. i4t l'trinee arrive a jKaba Sakal, pres d'lndjighiz.
i5, Hediklu. 16, Karli. Lc kapidji+basehi Mohammed recoit
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446 M>T£S
un present de six cents ducats, pour avoir dress£ le trdne de
Tempcreur au-dessus d'une masse d'eau. 17, village d' Ahmed-
beg; les tschaschneghirs, les tnoute/errikas et les agas prennent
les devans ; les nischandjis, les kadiaskers et les defterdars mar-
chent devant la queue de cbeval du Sultan. 18, ne pouvant
atteindre Ouloufedjilerkoei, Farmee s'arr£te k HamzakoeT. 19,
Kbasskbei; longue marche. 20, Andrinople. 21 et 22, haltc.
23, dhvan. 24 et 25, balte; arrivee du beglerbeg d'Anatolie
Bebram-Pascba. 26, le juge et le kbatib de Kizilaghadji Yeni-
dj^ sont pendus pour avoir de'tourne de l'argent. 27, balte,
diwan; Bebram-Pascba est admis au baise-main. 28, balte.
29 , marcbe au milieu d'une pluie battante. 3o , deux jour-
neys de marcbe en une seule; on campe dans la plaine de
Tschermen. 3i, Beg Olabi.
Mois de juin (sehewal).
•
i er , Sazludere\ 2, Keklik. 3, prairie de Khaledlu. 4» Da-
gowidja; tres- longue marcbe. 5 , Philippopolis. 6 et 7, balte ,
pluie. 8 (mardi, i ,r sehewal), balte ; Ayas-Pascha, Kasimbeg,
le beglerbeg d'Anatolie Bebram , le kadiasker Kadri-Tscbe-
lebi , le nischandji et le defterdar du Sultan sont invites a un
festin dans la tente du grand-vizir, a l'occasion de la ftte du
Bairam. 9, pluie. io, 11, balte; les eaux de la Marizza s'ele-
vent au-dessus du pont; des bommes et des cbevaux sont
noyes ; un grand nombre de soldats passent deux jours et deux
nuits sur les arbres ou ils &aient months pour echapper a l'i-
nondation. 12 et i3 , balte. i4> Farmee se remet en marcbe.
i5 t elle campe pre* de Kouroutschal, au-delk de Philippopo-
lis. 16, Karabinar. 17, Manendler. 18 f Ikbtiman. 19, Kara-
mankesi. 20, Sofia* 21 , 22 1 a3 et 24, balte, pluie. 25, la
tente du Sultan est envoyee en avant. 26) on arrive presd'lfla-
klarkoei, village habite par des Valaques ; le grand-vizir prend
les devans. 27, Varmee campe en-deck du d^fild de Karielu
Karidje ; Ibrahim arrive sur les bbrds de la Soukova (Succi ?)*
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ET ECLAIRCISSEMENS. 447
*8, it campe aux environs du village d'Oazour, vis-a-vis
Scbebrkcef. 29* prfcs des bains cbauda de Nissa. 3o, il passe le
defile de ScbebrkoeS et arrive sous les mors de Nissa.
Mois de juillet (silkide).
i» r , Nissa. 2 , Werludere. 3, Aladjahissar. 4> balte. 5, Far-
mee campe devant Scrloudj a Fentree du dlfiU. 6 , passage de
PIr6. 7 (mercredi i #r silkide) et 8 , on campe sur ies bords de
la Morawa. 9, Banitdjen£; le grand-vizir dresse ses tentes dans
le voisinage de Kourscbowidja Bazari, pres de Lipanidja et
Erlanik. Du 10 au i3, balte. 14, Farmee vient camper a
Kourscboviza Bazari; le grand-vizir pres d'Ak Kilise. i5,
Fempereur arrive a Baldjik ; le grand-vizir a tin village plus
eloigned 16, Fempereur a Ak Kilise, le grand-vizir a Hissar~
lik. 17, Fempereur a Belgrade, le grand-vizir a Hawala. 18 ,
balte de Farmee en Sjrmie ; le grand-vizir a Semlin. 19, balte.
20) Eski Hissarlik; execution d'un sipabi accuse d'avoir fait
paltre son cbeval dans les cbamps ensemences. a 1 , le Sultan
arrive pres de Hawala ; le grand-vizir laisse reposer les troupes.
22, l'arm6eatteint Semlin. 23, diwan. 24, balte; les troupes
d'Anatolie se reunissent a Farmee. 25, balte; le grand-vizir
reprend sa marcbe. 26 , Rouitscbe (probablement Obriescb).
27, deux marcbes en un seul jour; Sabacz. 28, Barca (peut-
etre Jarak), sur la Save. 29 , on va camper au-dela de Mitro-
viz. L'empereur recoit du Diarbekr la nouvelle que le scbab
Tahmasp a fait perir Soulfikar, a Bagdad. 3o , Loradolokdja ;
longue marcbe. Le cbAteau-fort de Marovicb fait sa soumis-
sion. 3i t camp pres de Vukovar; pluie continuelle.
Mois tfaoat (aUhidje).
i #r , 2 et 3, balte ; le Sultan fait construire plusieurs ponts.
4, oh campe a Lorab. 5, Farmee arrive sur les bords de la
Drave, pres d"Essek. 6 (vendredi i* r silhidje), Morescb. A cet
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W NOTES
cndroit, il est impossible de jeter an pont sur la Drive, a cause
du dtbordemeot des eaux; 6* est oblige de remonter la ri-
viere pendant to ate one jouvnee de raarebe* f 9 le' grand-vizir
reste sous les murs d*Essek ; ordre de combler leg marais avec
des fascines poor le passage de Farmee , et defense d'incendier
les villages ou de faire des esclaves. 8 , balte. 9, les marais sont
combUs 5 les infideles font glusieur* prisonniers. 10 9 an pont
est jct4 sur la Dravej les troupes s'y presenteat avec une telle
precipitation > qu'un grand n ombre de betes de semmep^
rissent dans la riviere* 1 1 , Pertpereur reste en-de^a da p#nt.
Grandes difficult** pour le passage de Farmee. 12, Fempezeur
fait dresser sa tente a la* tete du pont. *3 , il passe sur Fautre
bord. i4 9 bake; passage des troupes d'Anatoh'ej pluie. i5 et
16) balte; ouragan, neuf homines tuts par la foudre* Toutes
les troupes ay ant passe la Drave, le Sultan fait couper le pout.
Plusieurs begs bongrois viehnent presenter leur bommage;
le passage avait dure 1 six jours. t*] f le Sultan arme.devant le
fort de Baranyav&r* prea de Mabas jordi, sur les bords d'un
lac. 16, Mobaoz; le grand-vizir se pcrte avec uifo escorte de
plus de cinq cents homines a la rertoontre An roi Zapely3 r
19, balte ; le rbi est admis a Faudience d«t Sultan, ao, Farmee
vampe devant Sik (probableraent Bfttaszek, pre* de Kcavesd),
a Kestoudje ; Farmee evite, par un long detour* le marais qu'elle
avait traverse dans la campagne p'reoe'dente. Orage. Koudjouk-
Balibeg, beg deZwornik, est envoy* avec cidq cents cavaliers
nupres d'un de* begs hongrbid , pour ramener Jtu camp' Pierre
* Pereny, gardien de la couronne de Hdngrie, et que ceUri-ei
avait fait prisonnier. ai> balte* On attend Terrive'e de la flot-
tille, cbargee de provisions et de vivres. $2 et a3, les iniideles
font prisonniers un grand nombre de maraudeurs. 24? hahe;
pluie. 25, le grand-vizir passe la riviere de Sougsar ; le Sultan
.s'arrete sur les bords de cette riviere. 26, Soulefman passe
ies quatve ponts- Stable sur la riviere d« Sugaar (Ssegzard) et
s'arrete devant Soegcardv 27, il eutre dans Szegzard. a8, le
gra*d*vizir sc rcmet en marcbe. $9, on s'arretp a Binitli, sufr
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ET ECLAIRCISSEMENS. ,ffo
le De**be, aprei une marcbe difficile a travers ks ravins. 3o ,
Beachnow(Beeuyet), sur le Danube. 3i, Colavar, sur le Da-
nube; le nouveno dipldme par kquel Ibrahim est aomm£ se*
rasker est In dans k diwan. .
Mob de septembre (moh&rrem).
i er , Ab Haloum, sur le Danube, am milieu de ntarais. %\
Sat Djaloum (Szusbalom); trois infideks, parmi ksquels le
fib dm despote , vienment- baiser la main du Sultan ; on ac-
quiert la certitude qu'Ofen refoser* de se rendre. 3 , 1'empe-
reur caropt dan* leg vignes d'Ofen ; les babitans de la viHe
sont deckrts vebelks* 4 j l'enipereur reconnatt les fortifica-
tions ; lui et tons ceux qui ferment son escorte portent , au
lieu de turban, un bonnet de zibeline; einquante rnfideks
passent du edte des Tares. 5 (dimonche i« mobarrem), le vf-
tir monte aur une barque , et fait le tour du fort. On cramt
une soetie de ft'ennemi. 6, le vizir et ses officiers, coifles du
takUy ou bonnet railitaire, font une nouvelk reconnaissance.
7, une des portes de la forteressse est prise. &, on livre un as-
saut, bien que la breehe ne sok pas encore praticable ; les in-
fideles capkuknt. Les janissaires reclament une gratification j
emeute dans laquelle ils blessent a coups de pierre le segban-
baseki et quckraes a litres officiers. 9, on Tend au camp un grand
nombre de prisonniers. io> les soldats saisissent les prisonniers
alkmands au moment ou ils sortent de la vilk ; le plus grand
nombre est massaare ; quelques-uns seulement parviennent a*
s'ecbapper , et a gagner k eatnpagne a toute bride. Le vizir
leve son camp. Marcbe" des esclaves. Halte au vieux Ofen.
Kbosrewbeg est laisse dans Ofen avec einquante janissaires.
i3, 1'empereur cbasse. i4> k segbanbascbi installc le roi Ya-
nouscb j pluie; distribution de veteraens d'boaneur. Yanousch
fait au segbanbascbi un present de deux milk ducat*, et de
milk a la troupe des janissaires* i5 > rempereur teste; le vizir
s,e rend a Gran; il entre dans un defile apres une marcbe de,
t. v. 29
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45o NOTES
troislieues el demie. 16, ilpatse a Nova Silou (probabfement
Neudorf ou Novoszello) ; le beg de -SemeDdra envoie an camp
plusieurs prisonniers; le Sultan recoit la nenvelle que lea infi-
deles quittent Vienne. 17, on passe un pout pres de ftoinora.
18, cli&teau-fort de Parakan. Yaya-Pascba envoie des pri-
sonniers. 19, Gycer (Raab); on passe devant la ville. Moham-
medbeg empecbe l'ennemi d'incendier le pont. 20, l'empereur
passe le pont de^Gycer, le vizir celui jete sur l'Aksou. 21, cha-
teau dlstergrad (Presbourg); marcbe difficile; les infidelcs
harcellent i'armee par un feu continu. 22, i'armee passe trois
rivieres et traverse de nombreux marais ; d'AUenbourg (Ovar)
on arrive sur la frontiere de Hongrie. L'armee entre«ur le ler-
ritoire allemand ou elle trouve des vivres en abondancc. 23 ,
elle s'avance a deux lieues au-dela dlstergrad ; revue. L'empe-
reur se met en colere centre les alaibegs dont les cadres sont in-
' complete 2^ Bourouck (Brack). Yaya-Pascbaogbli est envoye
en reconnaissance vers la ville de Vienne • Escarmouche avec
la grosse cavalerie des AUemands devant les murs ; envoi au
camp de quelques teles de soldats cbretiens. a5, Brack; on
traverse de petites rivieres v anniversaire du depart d'Ofen,
apres la campagoe de Mohacz. 26, le Sultan -s'arreie; le vizir
prend le cbemin de Vienne. 17, l'empereur se met en mar-
cbe et arrive devant la ville. II pleut pendant toute la nutt.
28) sortie de la garnison de Vienne ; un tscbaoucb, deux yaya-
bascbis et quelques janissaires sont tues. 29, repos; les inn-
deles font une sortie, mais ils se retirent aussitdt que la cavalerie
monte en selle. 3o, pluie froide et vent. Le boulouk>baschi
Perwanebeg monte a l'assaut avec ses troupes.
Mois d'octobre (safer).
1**, le vizir se rend avec Kasim-Pascha et tous les agas cbez
rempereur. 2 , Mobammed , beg de Semendra, repousse une
sortie -des assieges; il leur lue trenle bommes, et en fait dix
prisonniers. 3, plusieurs janissaires sont blesses dans le fosse ;
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ET ECLAIRClSSEMENS. 45t
le soubaschi Kasimbeg reste sur la place. 4> vivc canoiinade
des ass⩾ un boulet tombe dans la cuisine du kiaya de
Roumilie. 5 (mardi, i er s&fer), les begs de Semendra ct de
Bosnie recoivent l'ordre de miner les murs, et les troupes
d'Anatolie sont occupies & combler les losses avec des fas-
cines.. Arschik (Simon Litteratus Athinai), le plus savant parmi
les begs des infideles, vient rendre hommage a Fempereur.
6, sortie des assies; einq cents bommes sont tues, au nom-
bre .desquels Falaibeg de Gustendil. 7, les travaux des mi-
neurs et la canonnade continuent; on apprend que tous les
grands du royaume se trouvent reunis dans la forteresse. 8-,
arrivee au camp de plusieurs transfuges; les pascbas et les agas
restent toute la nuit sur pied , de peur d'une surprise, g , on
fait jouer deux mines; assaut inutile aux deux brecbes; lutte
opinidtre, surtout du cdte* du pascba de Semendra. 10 , le vi-
zir se presente devant Fempereur; au sortir de l'audience, tous
les agas Faccompagnent. L'ennemi eVente deux autres mines.
1 1 , on fait jouer une mine ; mais la brecbe n'offrant pas assez
de Iargeur, les begs d'Yanina et d'Awlona montent seuls a Fas-
saut. 12, deux nouvelles mines ouvrent de grandes brecbes';
conseil des begs de Roumilie dans la tente du vizir; le froid et
le manque de nourriture se faisant de plus en plus sentir, la
retraite est decidee ; mais on s'appr£te a tenter avant le depart
un dernier effort. L'empereur pro met une gratification de mille
aspres a cbaque janissaire. i3, Fassaut est annonc£; Fempe-
reur inspecte les brecbes. 14 > jeu des mines et nouvelles bre-
cbes. Diwan; assaut infructueux; les ordres sont donned pour
retourner a Constantinople. i5 , les assies font une sortie du
cdt£ du pascba de Semendra. On transporte Fartilleriea bord
de la flottille ; les coureurs ramenent au camp un grand nom-
bre de prisonniers ; les janissaires recoivent la gratification pro-
mise; 16, depart de Vienne. Diwan; baise-main; distribution
de recompenses et de faveurs; un be>aut est depute* par la
garnison , et demande qu'on epargne les prisonniers; ils sont
rendusala liberty. Pour rcconnaitre ce proc6d£, les infideles
2 9*
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m
52 BOTES
envoiept au camp trois Musulmans qu'ils avaient gardes dans
jurs murs. 17, Tarmee arrive a Brack; neige. 18, on passe let
rois ponts pres d' AHenbourg ; une quantite de bagages asset
onsid^ra^le , et upc partie des equipages d'artillerie , sont
erdua daps leg marajs. 19, grand embarras pour le passage
u Panube. La neige continue a tomber. 20, Fempereur passe
eux ppnts; il s'airetc pres de Gy«r. 21, le passage de deux
utresponts oflfte de nouvelles difficultes. lie vizir fait embar~
[per a Altenbourg ce qui resjte d'artillerie , et met le feu au*
bariots. 22 , )'arra£e vient camper devant Komorn , sur leg
ords d^u lac , apres une rearche penible. a3, on laisse de
6ti Tata, 'sur le Danube; ou dresse le camp le long du ri-
age. Aucun 4<?s ajstfbegs ne s'etant presente cbes Pempereur,
I en fait arrf ter trente, post les pupir de cttte negligence.
4, Tarmee campe dans up defile entre Gran et Ofen. 2S, le roi
fanouscb &£ porte 4 1* repcontre du Sultan ; les troupes d' Ana-
olie passant Je, pont jusque vers minuit* 26, la tente de l'euv
►ereur es\ dresse> stir Vautre rive du Danube. 27, il passe le
tost d'Qfen,, et carape en face de Pestb; derriere luiest l'armle
le Roumilie ; pn distribue uu kilo de ferine et d'orge a cbaque
oida,t de la cavalerie reguliere (boulouk). 28 , le roi vient eom-
dimenter IVmpereur sur le succes de sa eampagne; depart
I'Qfep. Camp a BaU>a, L'ahsence des conducteurs jette la con-
tusion dansj les troupes,, persoune ne peut rettouver sa tente.
Le fils du ffpgfc de Venise (Gritti) reeoit qn present de deux
nijle duPftts* 2 9> l e beglerbeg de Roumilie quitte le comman-
lemept de l'arri$re-gJirde, et le transreet au begterbeg d'Ana~
olie. 3o, ce jour encore l'armee perd beaucoup de bagages,
sntre autres ceux du grapd-vizir. Le grand-vizir reunit les
begs, a cbevaj, et leur piontre la couronne de Hongrie, qu'ou
^enait d'appprter au camp. Six milk bommes sont prives de
>olde , en punitipn du (J&Ofdre qui regne dans les bagages.
L'empereur s'ctptyit k Nascb sur le Danube. Gritti, Pierre Pc-
rony ct Arschi^ ( Athinai) sopt cnvoyes a Ofen, pour mettre la
couronne sur la tete d'Yanouscb. 3i, le Sultan carope sur le
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ET ECLAIRCISSEMENS. 453
berd d'un.lac, prea du village d'Aktoi. C'est la settlement que
soot amenee* d'Ofent les grosses pieces d'artillerie.
Mois de toovembfe (rebioal-ewwel).
i°*,Sangiorgy (Szeut-Gitiergy). On abandonee au milieu des
ruarais uo bombre considerable de cbevatik ; beducftup d'boin-
mes pertssent. L'empereut entre eh colere contre le tscbaouscb-
bascM et le tScbascbiiegbir-bascbi, et Wduit leurs fiefs a cinq
mille aspres? blaucdtlp de solddts metirent de faim. a, l'armle
campeau lieu mdme ou l'aga des janissaires, Kasim, avait £t£
tue\ 3 (raercredi, i^rebioul-eVwel), iriarcbe forced. On perd
encore des be*tes de sofflime ; le kilo d'drge se vend jtiscju'a cent
soiiante-dfc aspres* 4>ftirme , e campe pres du cbaUfeau de Bacs.
5) Waradin; niarcbe forcec; 1st mbrtalite continue parmi les
cbevaux. 6> l'empereut passe le* pdnt pres de PeterwardeTn.
Le grand -vklr fait la* revue des tfoiipes. On perd encore une
grande quantite* de baggages en tr&versant le Danube. •), balte,
et nouvelle revtie. 8, 1'empereur entre dans Petertfardein.
9, camp sur les bords du fleuve, pi*es d'une vieille £glise.
io, arrived if Belgrade; Faga des janissaires reeoit Factorisa-
tion de partir. i r, bait*; on attend que 1 les tracvaux de con-
structien d'ttft pout stir la Mora**, pred <fc Kowildd), soient
acbev<k. Diirao; 1'empereur permet aut begs de retdurrier
dans leurs foyers, lay on passe a Eski Hissarlik; la pluie
tomb* ittree force; le tschascbtfegbir-bascbi Schedjaa est rela-
-Mi dans le grade d*aga. i3, arrive a Sefetendra. 14 et 1$,
Farmed totitinue *a marebej le Sultari s'Jirrtfe <&ns fa ville.
10 ? Sepodidjtf; ndge abondantc. i-j, Scbouilek. iS, GBar-
metowidj. 19 et 20, Nissa. 11 > htfhe. 22 , depart de rfcssa } on
campe dans le defile. *3* Sdubatttr. *4, Scbebrktti, 35, Ka-
louteoe. *6, Iflaklar. 47, Sofia. a8, Orifianltt. 2$ , Mflmito:
3o, Akindji.
Mob de decembre (rebioul-akhir).
i er , Togbandji. 2, Philippopolis. 3(vendredi, t cr rebieui*
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454 NOTES
akhir), Kounisch ; l'aga des janissaires et ie mir-aalem arrivenl
a Constantinople. 4 > Semuzdj£. 5 , Yenidsch£; Ayas-Pascfca
vient de Constantinople a la rencontre da Sultan. 6, pluie;
l'armee arrive a Andrinople. 7, halte; Kasim-Pascha arrive a
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ET ECLAIRCISSEMENS. 455
faufftn, begeben und zugetragen hat von Tag zu Tag klarlich
ungezeigt und vcrfasst.Des Turckischen Keysets Herzug 9 ayie
er von Constantinopel mit oiler RUstung zu Ross und Fuss,
zu utasser und land gen kriechische Vozssenburg kummen und
Jurterjur die kotniglichen stat Ofen jrn Ungarn und Wyen jn
OEsterreich gezogen> die belegert und gesturmt mit angehenkter
ermanung. der grausamen Tyrannejr wjrder christliche nation. Get
ouvrage est. orn£ d'une gravure sur bob representant Charles-
Quint et Souleiman. — > Em neues Lied in cvtlchem auss augs-
burg , denen so von anfang mit und dabey geayesen die gantz
HandUmg der Turken in Ungarn und OEsterreich nemlich die
Belagerung der Stat Wyen begriffen Lit, im Thon: Gott in
Deinem hachsten Thron. — Le rapport de Didacus: De Vienna
Austria urbis obsidione a Solymano Turcarum imperatore sus-
cepta, se trouve dans Scbardius et Reusner, Syndromus, p. 5i;
et en allemand dans Wagner, Turkenbuchlein, p. 3i3; Voy.
enfin Ribischi : De re turcica ad Vienna Austria HenriciRibi-
schi Jurisconsulti Serenissimi Ferdinandi Hung, Bohem. regis
et per Silesiam quastoris ararii, epistola. historiaUs ad clar.
virum Henritum Stromerum; Lipisia i53o. Le manuscrit que
possede la Bibliotheque imperiale-royale d'Autricbe , et que
cite Kovacbich dans les Script. Min. , se compose de deux
feuilles settlement, mais la description de Pessel est augmentee
du Journal d'un inconnu (n° 714)-
XXII. — Page i3*.
Histoire de la Milice dans VAutriche au-dessus de FEnns,
par Francois Kurz, Linz 181 1, t. I, p. 90; cependant ils ne
paraissent pas avoir penetre dans la ville, car les annales de
la Styrie ne font mention' d'aueune invasion dans la Haute-
Marche. Le recit que fait Julius Caesar, dans son Histoire poli-
tique et.eccUsiasuque, t. \'I1, p. 38; Graetz 1788, et Valva- *
aor, t. IV, p. 4^7, du siege de Voessenbourg et du combat livre
par Sigismond Weixelberger dans les cb amps de Leibnitz,
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456 NOTES
doit mkessairement se rapporter a l'incurston ordonnee pat
Souleiman lors do si^ge de Guns, qui eut lieu trots ana plus
lard. Sigismpnd Weixelberger, qui tc trouvait au siege de
Vienne, ne pouvait pas entrer en meme temps dans la Caxniok
a la tdte des troupes envoyles au seeours de cette province.
L'lpiiapbo qa'oa tit sur ie mur de la paroist* de ftbeiacb,
dans le district de Seiten-Stetten , conttent la mtmeenreur;
car elie place cette incursion en i'annee &5o8 an lieu de t5*o>
( Voyez Archive* pour ? Histoid, I* Statutist* #i fo irfrtr,
annie i&2j r i8a§ et 1829.)
XXIIL— Page i34.
La couronue bongroise ne fut dope pas, comme l'assurent
les historiens du pays, remise a Zapolya dans le cbAteau royal
d'Ofen; mais Souleiman la tui envoya de son camp &abli a
don* stations en deasous de cette ville, Le di'plome ckeaar
Fessler sur 4a foi de TjpoUyo est *poerypke; car, sanss'arrlaer
a l'&range ortbograpbe des noma d'Ebrobeckiz;. Urur, Oercaa
et Aligido, qui figurcnt en tote de ce diplome oil lies de
Ehoubekr, Omar, Oman et Ali , U est abswrde d'admettre
qu'un sultan ottoman, et surtout un souverain comme Sou-
iegimjin, ait jamais pn dire ces mots : * Si Demanerem sohis wl
» uno cum saltern fiosormano,(Musulmaji) vocata sire cum
» duobus, tribus aut ad summum quatuor personis, ut saltern
» cum ictu obliger et tenear te requirere et perquirere tibique
» ea dieam : Hie adsum ego paratus , quid me vehs , praesto
» sum ad omnia ! » Croire « l'autbenttcite* de ce document ,
e'e&t vraiment faire preuvo d'uue ignorance complete 6m
usages et des mqaura ottomans. Tipolfyn, Origin** siiocecsms
Trmftlv* Lugehtni, 1617, p» 176. L'aasertion de Mouradjea
d*Q*sbo», t. HI, que Zapolfa *vait dejk paye en I'annee i5a6
on tribui de t rente mUle ducats, ne parafe pas so»dee.
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ET ECLiUTCOSSEMENS. 45?
UVRE XXVIL
I. — Pack i3^.
Vote* la] kite* de victoiw, da*6e de Belgrade, que le sipabi
et interpret© de fe Forte* Yonnabeg* apporta AVitflhe. (Mat.
Sanuto). L'origttiai de eette piece, eerit en gree, so* trouve
dan* let Archives dtVenim. * >
Copia ifeflb iettera del Signor turco fatta alia signoria nostra,
tradotta di (turto , ce toot manque) in volgare.
« SULEYMANSACH FIOLO DE SELIM SACH IMPERADOR
» SEMPER VITORIOSO.
« SoleimaBsaeb per gratia di Dio tfe Grandissimo di Constan-
+ tsnopoti et Iaapemdor dele doterre ferme, de VAiik evBo-
»ropa, di Persia et Arabia, de la Syria, Meebaet Jerusalem
» et di tutu la region ©VEgypte , e> di ttttta la region ttttottde
» Signer et Imperader, alk Illma. et bottoranda signoria di
» Veneiia IX domino Andrea Griti dace k dfcgara e eondeeente
» salutation. Sappian* Vissa* Ilia* che ctmd lo ajnto deio om-
m nipateate Iddio ae lev 6 la mia grands Mfcest* cam tuttt U
» exerciti suot , cbe andasemo contra el re di Hengarria perin-
» eontrarsi con el Re di detto ioeo, oombatesftno et eon la ajuto
» dt Dio lo superasimo et lo amatasnno et prendetiitto ttitto
u el sao paese , poi vene Jeanne del paese de Erdei et sent6 nel
• k>ebo del premtte Be mandand* sno Embassador aMa porta
» dela mia motto grande Maest* par causa del regno et mia
» molto grande Maest* confirm 6 detto Joanne. For Ferdi-
» nando frateMo del Re di Spagna quale era m Boemia e erchi
• duca in Alemagna si levo cum al quante sne xenti et vene
» sopra il prefato Re Zuane et li tolse Buda sua sedia et la sua
» corona, de la quale in corono la sua testa, et li tolse tutto ei
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458 NOTES
» reame di Hongaria sotto el suo poter, poi havendo inteso
» mia Maesta le predette cose , subito commandato a Ibraim-
» bassa mio primo vezir degno e valente, che andase una giur-
» nata avanti con tutte le genti de la Romania et aliquanti pe-
>» doni et a cavalo schiavi di mia Maesta grande, et mia grande
• Maesta. audava subsequenter drio dUui cum Ayasbassa et
• Casimbassa mi Vesiri etcon tutta la mia porta, et dried o
» veniva BecbramJbeg, beglerbeg de la Anatolia, con totto
>» lo exercito de la Anatolia , et venuti a BeJgrado fasimo far
» un ponte sopra il fiume de la Save, et pasato el detto ponte
» venisemo in la Serimia (Syrmie) et tutte le terre, erano in
» esso loco , se resino , et fatt6 il ponte passa semo , portade
n le cbiave sue. Venuti poi sul fiume di Drava et da quel loco
» venisemo ncl loco detto Mocbaz (Mofcacz) dove combate-
» s:mo con el Re dove detto re Joanne vene a la Porta di mia
» grande Maesta , de la qual li concesi il regno di Hongaria
»> etlevati deli el ditto Re mand6 una giurqata avanti cum el
» suo exercito et ajli 29 de la luna de Zachke (Siihidjelche alii
» do .sattembre giongesimo. a Buda et li etiam.gionse. tutta la
» mia armada per el fiume de) Bauubio et ero inteso y ei pre-
»> fa to Ferdinando fugiendo se ne and6 in Allemagna r dentro
» iaJBuda lascib quatro c&pitani cum molti fanti in custodta et
» defension dela pitti; quelli comminzorno combater com il
».mio exercjtp. La mia molto grande Maesta* comandb che la
h dUa citta fusse circumsesa cum le mie artillerie del mio exer-
» clto et cuasi.CQmmenzoruo.aexptigiiarlo et tregiorni fu op*
* pugna4o come incluso et al quarto giurno prendescino la
» ci^ta de fazi et li bomini fogirno et audorno in la fortezza,
» dove cum li scJ^Loppi et artilkria li circumdesimo , et vi-
• dendo che non potevanno scapolar dinvindorno misericor-
» dia , prendesimo la (ortezza a tutto il resto di Hongaria et
» tutte le sue terre el ho donato el regno di Hongaria al pre-
» fa$o Joanne secondo il costume di mia molto grande Maesta
» cum tutti i loghi e terre sue, azib <*i daga carazo (Kharadj)
» a la porta de la Maesta mia. Havemo abuto etiam.cum lo
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ET ECLAIRCISSEMENS. 45g
» ajuto di Dio la corona veccbia di Hongaria , et scbe niuno
» poteva esser Re senza aver messa id testa dita corona ; ma il
» preposito veramente raio era di non zerchar queste cose , ma
» di trovar*el Re Ferdinando, quale vene ad occupar per forza
» il regno di Hongaria , e levatossi di ditto loco se ne and6 in
» Allemagna , et mia Maesta. molto grande levatossi de li cum
» tutto il mio exercito and5 seguitandolo et per el camino
» trorb akune terre Strigonia Gamara (Komorn) et Obar
m (Altenhourg) et molte altre terre, de li qual alcune se re-
w sero alcune lorao derelicti dali suoi babitatori cbe ftigirno,
» quel prefatte tutti terre prendesimo cum tutti li confini di
» Hongaria , et de H levatono intraremo neli confini della Al-
» lemagna et sopra i confini una terra cbe si cbiama Pruckb ,
» et una altra cbe cbiamanno cita rosa (Rotbneusiedel) , et
• molto altre terre venero a rendersi alia mia molto grande
» Maesta , e lavatone de quelli locbi alii xxn de la luna <H Mi-
» cbarem (mobarrem) , zioe a5 (96) di setfembre , venisimo
» alia citta dola Viena, et cio inteso il prefaio Re, si levo'e fu-
» gendo se ne ando al regno di Bobemia et in la citta nominata
» Praga, et li si nascose, del quale piu non intendesimo si era
» morto o vivo, et cuosi per commandamento de la mia molto
» grande Maesta forono mandate alcune genti a brusar e dis-
* trugger tutto il suo paese, et la mia armata etiam and6 per
» :cl Danubio distruggendo molti locbi , la qual armata et la
•• mia Maesta etiam stette di sotto ditta Viena 22 giurni; vol-
» tosi de 11 mia Maesta molto grande , viene a Buda et el pre-
» fato Re Joanne vene et bas6 la man di mia Maesta , quale
>» commandb cbe fusse data la antidetta corona nelle man di
» esso Re. Et di quel loco cum lo ajuto de Dio me inviai verso
» la mia sedia di Constantinopoli. Per tanto sia noto a Voss.
.» Ilia, cbe per la bona pace et amicilia intercidde fra nui, man-
» demo il Nostro Scbiavo Jonus interprete , della mia porta
» della mia molto grande Maesta per Ambassador, azio vi porti
» le Jbone nove ct congratulazione. Sappiate. Vossign. Illustris-
» sima cbe bavemo comesso il presente scbiavo nostro , cbe
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460 NOTES
» babbia a dirvi aloune parole et li darete fede a quanto v!
»> dire non altro per bora.
» Data a Belgrado, 10 oovembre 1529. »
II. — Page i38.
* Orator turoo a Venezia par invidar il doge ad andar a
• Constantinopoli par esser delle feste deUa ehroontision di
» 4 fi*U, obe si far* quedto Zugno. ai. Jugno venue 11 Orator
» del S. riobisstmo d'oro, era accompagnato di 12 gentiluo-
» mini. II Serenissimo l'use grate parole a aaludasse il Sr. —
» volesae venii*, ma non puo caminar eseende troppo veecbio. »
Mar. Sanuto , t* Lilly en Vannee i53o. Getta lettre eat datee
da mois de ramazan $36 (mai i53o). Lea fetes de k cireenci-
sion Itaient fixees au i5 scbewal (1a juin)<L'a«dienee de conge*
donate par le viakr a rafebasaadeur, et an aortir^de laquelle
Gritti fit a ce dernier le* plus grandee pretefUttites d'amitfc ,
n'eut lieu que le 21 jttin; lea f&ee avaient 6t6 retardees de
quinze jours. On trouve parnri lea actes reniiiens de la maison
1. R. d'Autricbe 9 aux annees i528 et *53o, les of iginaua des
fermans deli v res aux aandjabbegs de Hersek et de Beanie,
ainsi qu'aux juges de Moatar et da Seardona , et relatifo a la
delimitation des frontieres de Sebenicoj ib eontenaient en-
core l'invitation de verifier lea dotameges causes par fee mar-
toloses, lea axabs, lea akindjia et lea moriaque* saw le 1 territoire
de la repubUque.
III. — • Page 140.
Djeklsade\ f. i35. Le mot to ton, qm a'est introdtth dans les
Ungues d'Europe, eat raotns tin defive du mot arafee kotn
(ooton) que dii mot koiUni (4tofe de ooton). Djelttltade dfttine
les noma des di verses etofes 5 kemkha (damas) , tolas (satin) ,
kvtid (ebtonnade), katife (velours), etc.
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ET ECLAIRCISSEMENS. 461
IV. — Page i45.
Solakzade, f. no, d'apres Yabyabeg, qui a mis eette ques-
tion et la r£ponse en rimes, Cette anecdote n'est rapperte* que
par Solakzade et par AH, ee dernier la tenant, dit~il, d'un ^eri-
vain des cuisines du Sultan present aux fetes. Get auteur donne
coooff le detail des pieces de viande qui furent raascmblee* et
cntassees en pyramides sur la place publique , puis abandon-
ees au peuple le troisieaae jour) il y avait dans le nombre des
bceufset des veaux entiers, etc., dm flanc desquels sortirent tout
vivans des corbeaux, des pies, et autres oiseaux de proie, des -
chiens, des chats, des repards, des lievres, des loups, des cba-
cals , qui se precipiterent sur la populace affamee , aux accla-
mations <)e$ speclateurs*
Y. — Page itf.
Itinerarium Wegraiss. K. Kunig. Mayestet Potschafft gen
Constantinopel zu dem turkischen Kayser Soleyman, anno xxx ,
52 feuilles in-4°> portant pour toute indication la date de
Tan i55i. Get ouvrage est aussi rare que la relation de Vam-
bassade d'Hobordansky, et celle de son interprete Curiped-
scbitz , intitule : Ein disputation oder Gesprech zweyer Stall"
buben , so mit Kuniglieher Majestat Bothschafi bey dem Tur-
kischen Kayser zu Constantinopel gewesen; diecveil sy allda in
ihrer Beherbergung von den Turken verspert 9 beschchen, da-
rinnen alle Gewohnheiten, Breuche, Glaub, Ordnung und Lan-
desart der Turkey gemeldt wird % von Herrn Benedikten Curi-
peschitz von Obernburg obgemelter Bothschqft lateinischen Ora-
toren, me er vongedachten Stallbuben alda heimlichen gehcert,
ganz nutzlich zu lesen. L'ouvrage de Cttripeschitz, date de Con-
stantinople, est oral d'une vignette.
VI. — Pace i45.
Le rapport oftciel sur cette mission, eerit en allemand par
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46a NOTES
Lamberg et en latin par Jurischitz, fait partie de la collection
des archives de la maison imp. roy. d'Autricbe; c'est la pre-
miere piece de ce genre qui contienne des notions exactes ct
completes, car, dans le rapport d'Hobordansky, la inoiti£
des faits est omise. Le document dontil est question , Fun des
plus preoieux que Ton possede sur cette Ipoque, dit a Focca-
sion de la premiere entrevue des ambassadeurg avec le grand-
vizir Ibrahim : « Den wir ime (a Ibrahim) gar aygentlich be-
» merkben miesen, das wir Beselch hetten in teutscber sprach
» zu reden und wollten des in latein verdulraetschen lassen. •
VII. — Page 146.
« Er (Ibrahim) wiese woll da rum, denn der pabst hier des-
• halben brief pey ime gebabt und solch sein nodt seinem
» Herrn dem Kayser und im trewiich klage , desgleichen hat
• Khunig yon Frankreich solchs gar neulich durch sein pots-
» chaft und sonderes Schreiben anhergethan, dagegen im ge-
» dacbter Khunig von Frankreich seiner Leibharnisch cinen
» geschenkt babe und bat ferners gesagt, wir sollen glauben,
» das solch unraenschliche Ding nit guet ende nemen , und
» das sy dy Turckben solche unmenschliche Ding keineswegs
» teten. Er (Ibrahim) babe den Kenig Ludwig zu Ungarn
» geschlagen und erlegt, aber des Kaysers (Souleiman) bevelch
» und auch sein gemuet sey rechtlich gewest, wann er pey
» Leben blieben und gefangcn waere worden , so hat ihn der
» Kayser um kein Gelt geschetzt, sondern als einen Khunig
» frey ledig lassen und da man sahe, das seine Khunigin zu
» ersten Khunigin Maria zu Ofen waere, da wurde von stund
» an bestellt , das niemant zur stat sol , sondern alle herhuten
» oder gezeld ausserhalb der stadt aufschlahen und sj als eine
» Khunigin in nichts zu beleidigen , sondern bat sy in irem
» Stuel beleiben wollen laaen , also ist menschlicb gelebt , nit
• wie der spanische Khunig gethan ; so und weiters gesagt wic
» itzt E. M. Ferdinandus den Obordansky geschikt hat ; den
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ET ECLAIRCISSEMENS. 403
» Janttftch Krai zu emorden , solcbe unmenscbliche Ding wert
» got ungestraft nit lasscn , also baben wir zu wissen begebrt
» wasE. M. dutch den Obordansky solte dem Janusch leid
» zu tbuen befeblen habcn ; also bat er uns ferner erzaeblt, wie
» Obordansky gen Ofen zu dem Janusch Krai kommen were
» mit dem anzeigb und were imc zue guet da , und bet ge-
» beime sacbeu mit ime zu reden, und so ime der Januscb
• Krai die stat geben und fiir sicb gelassen , da bet der Obof -
» dansky ime einen Brief von E. M. uberantwort und dieweil
» er den Brief gelesen , bat Obordansky etwas aus dem Ermel
» geruokt und nit gewinen moegen, also bat das ybel nit woln,
» das ein kleines Huntl so pey dem Woda gelegen , was der
» bunt anmelt , da bat Obordansky wieder still gebalten , das
» bat der Woda gemerkt und wieder zu lesen angefangen und
» also uber den Brief geneigt geseben und erseben , das der
» Obordansky wieder ein messer zucken wolt und das nit so
» paid beraus gewinnen mcegen, in dem ist der Woda aufges-
» prungen und einen tolcb gezuckt und den Obordansky von
» im gestossen und gefloben , und ibn steben lassen , der babe
» alsdann bekannt 9 das ime E. M. mit gaben bewegt den Ja-
» nuscb Krai also zu erstecben. » La fin malbeureiise d'Obor-
dansky^ qui avait en effbt pen^tr6 dans Ofen , pendant la du-
ree du si^ge , avec le dessein d'assassiner Zapolya , donne quel-
que vtaisemblanee a ce r^cit.
VIII. — Page i4 7 .
« Demnacb sey der Keyser furtergen Ofen geriickt und das
» Land eingenommen und wird gefragt : wo ist nun der Fer-
» dinandus gewest? » (Rapport de Lamberg et de Juriscbitz.)
IX. — Page 147.
« Hat sicb- also (Soulelman) mit seinem ber erbebt und in
» sein Kbunigreicb bungarn zogen , als er aber iiber die Tra
>» (Drave) kbomen und entlicb gedacbt er werde E. M. der-
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464 NOTES
» selben Entbietben nacb und nacbdem E. M. daatlbat sckret-
» ben alles finden daselbst biawendeo dem Kiiser dawcb den
• Obordanaky von E-M. geaebitkt, danm begem E. M» er
» folte nit wider Ofen Ziehen, so kenne E. M. aber nit absie-
» ben , so sol er wissen > dass E. M, gefatt iej in zuseMagen
• und E, M. babe das Scbwert in der recbtea Hand, wekben
» Brief un* der Wascba fcrzeigt nod fernera gesagt, ist das
» von Enern Kbunig ein vernun&gs Sebreibea gewast? aller
» erst werde neift Keiser entsehfassen E, M. *ne sueebeai nnd
• zob alao fort fur Ofen allda ein Stael ist, da ein jeder Ku-
» nig von Huogarn stizeu toll , da fand er E. 11. aneb nit,
» also babe er der Wajcha Ofen geatumtt nnd gevonneu nnd
» viel trefliche Gesebuta nnd Zu where* tang darin gtfonaW,
• daselbst babe man den Keiser geaagt E, M. warca zu Wien,
♦» danoen say der Keiser daselbst bingesohen nnd alt «r fik
• Pruck komen > welebes die Gren* E. M. Landa an Hungarn
» *ey f babe aJle Bofnwg gebabt E. SL daselbst zu linden, aber
» der Pfleger daselbst tej im entgegen kbommen and die
• sehluasel an dem Tor praobt nnd aieb ime ergeben, dem
» bab er nnd alien seinem Zaegehcarten kein leid tnen lassen
» nnd fort anf Wien E. M. zne sueehen zogen ; wie ev fur
» Wien khomen, baben vil lent geaagt E. M. weren in Wien
» aber der pischof von Gran babe im die Warbeit geaagt das
» E. M. gen Lintz oder gar gen Prag gefloben weren. Da nna
• sein Reiser vernommen , das E. M . von Wien fluchtig we-
» ren worden und kein bov beten , da sey sein Keiser unmue-
♦» tig gewest das E. M. nitgefunden bat, nnd bat sicb nieder-
» gesetzt und sein Gses anspornt (damit er den Sakbman
" getneint) auf alle seiten das man sebe, das der recbte Kaiser
• da sey mit macht, und da aber der Kaiser da babe ge-
» seben die scboene stat Wien in einem ebenen Lande Iiegend
» mit genuegsamen gueteu weinperg aucb schcenen Gepyrg
» und ebnen Land umgeben da bat er gesagt, bie gepuert
» wol einen Keyser zu sitzen, da lass unser Hans bauen,
» allda wollcn wir allcr unsrer Freund warten und der Key-
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ET ECLAIRCISSEMENS. $(>$
» scr fey ausxogeu, allein einschlecht vie itner E. M. zu
n suecben und. nil stat und sehlcesser zu gewinnem, darum
» er kcin gros Gejcbiitz mit ime gefuert so hat er dennocht
»aue einem Warzekhen , q>s er da gewest und das E. M.
» sehetr, das er nit so jedes einsteckc, habe er die Mauer an
w Wieia darch seine Lent mit hauen und mit Krampen anch
» miteinam wenigenPnlver einwerfen lassen, wte wir nngez-
» weifelt gesehen heten, dennoch sey der Keyser Keelte und
» winters halber aocb *weil er von E. M. oder einigem Kriegs-
» volkh niebts gehofcrt wieder abzogen , und als er gen Ofen
>i kommeh da habe er dem Janusch Krai als seinem Diener,
» Ofen and das Landt befolben und er der Wascha hab im
» sue Weisen die kuniglicbe Kron aufgesetzt ; wie kbunen
» d*m E* M. das Kunigreieh 'biingern begeren , dieweilen sein
» Keyser zwelmal gewaltetlicb mit. dem sebel erobert bab ,
. » warum sey E« M. nit kotnen darum zu scblaben , und fer-
» ners yber si en schauend gesagt : Oh Ferdinand us du wtirdest
* den Zaebren so deine Leute dy wir von Wien elendigblich
» >vekh gefttert yeber dieh das du sy so tefcentlich verlassen
» und vergessen habest, nit entrinnen , sy werden trefen und
» ferners angezaigt : E. M. scbreib sicb Kunig zu Huhgern
» und ein erb des Kbunigreicb Yspania und der kais. M. Bru-
» der Statthaler, wo sey dasselbige Khunigreich hungern , ob
» noch Einer des Natnens were und so E, M. nur des Kaisers
» als E. M. Bruders Statbalter seven, wo seyen denn E. M.
» Khunigreich und lande gegen Welcben landen so He sein
» Keiser Frid mit E. M. macben? » (Rapport de Lamberg et*
de Juriscbitz , dans les archives de la maison I. R. d'Autricbe).
X. — Page 148.
h Darauf er gesagt : Nun mein Herr der Kaiser ist nit wider
» euren Friden mit E. M. anzunebmen docb dergestalt , das
» sicb E. M. des Khunigreichs Hungern ganz entschlaben nit
n allein des so sein Keiser erobert , sondern das dazue so E. M.
t- v. 3o
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4(36 NOTES
» noch innen haben , denn das Khunigreich Hungern aej ain-
* mahl seines Keysers und dass die Rom. kais. Majestaet wurd
i» aus teutschen Landen in Yspania ziehen , den man kunte
» sonst einen Friden mit £. M. qit annemen , dieweil der Ja-
»> nuscb klagte £. M. Brueder zu feindt pey £• M. seyn and
* wem sol den das kumt nocb nicbt kein guet oder recbter
» Frid seyn. » ( Rapport de Lamberg et de Jurischitz. )
XI. — Page 148.
Ge passage suffit a lui seul pour dementir ce conte si accr£dite
par les historiens europeens contemporains, qu'Ibrahim-Pascha.
avait leve* le siege de Vienne, gagne par For des ambassadeurs;
nous le citons leztnellement. « Darauf er gesagt , sein Keiser
» verkauf nit Lande und bedarf aucb eures Geldes nit und
» zeigte uns durcb das Fenster Sieben Turm die weren all woll
» Gelts aucb silber und goldes , die bab er noch nie ange-
» griffen ; die forigen potscbaften betlen ime von E. M. aucb
» bunderttausend Gulden verheissen er solle helfen, das sein
» Keiser E. M. die Flecked geh* ich bab innen aber gesagt und
» sage ens solcbes aucb , das wir nit gedenkben sollen das er
» von Geltz wegen seines berrn Nacbtbeil raten wolle. Er sej in
» obgemelten seines Uerrn Schatz zu greifen gewellig , wann
» er well, er welt lieber seinem J£eyser helfen alle Welt unter-
»' zuepringen , nit das er land und leut wekbgeben soil. Es sey
» aucb pey innen nit der Gebraucb das man Geld und Miet
■» neme und dem berrn sein Nacbtbeil rate , oder seinen Scba-
» den verhelfe , wie wir begert, darum sebweigt dieser Reden
» stil. » (Rapport de Lamberg et de Jurischitz.)
XII. — Page i49«
« Darauf er durcb micb Joseph von Lamberg in teutscber
* Spracb angezeigt und durcb unsern Tulmctscben lateinisch
» vertulmcttcben lasscn. »
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ET ECLAIRCISSEMENS. 4<5 7
XIII. — Page 149.
t< Wir dem Keyser seine Hand kust und nachmahls dera
» Keyser durch mich Joseph von Lamb erg in teutscher Sprach
» die Werbung zu thuen angefangen und lateiniscb durch un-
» sern Tulmetschen vertulmetscben lassen. »
XIV. — Page i5i.
Les documens que Ton trouve dans les archives d'Au-
triche et de Venise , joints auz notions que fournissent les bis-
toriens ottomans , suppllent au silence que garden t les bisto-
riens francais , et Flassan lui-meme , sur les premieres demar-
ches de Francois I er aupres de la Porte. « Nemblich (dit
» Ibrahim) als der Kbunig von Frankreich in des Kaisers Ma-
tt jest act Fanknus gewest, hat er seinen Keiser (Souleiman) und
* ime (Ibrahim) aus der Fanknus sendlich geschrieben, wel~
» chen Brief ein pot durch E. M. Lend in scbuben zwischen
» den sollen pracbt babe , in welchem Brief der Kbunig von
» Frankreich dem Kaiser demuetig klagt seine unfel und Be-
» schwerung darin er gewest und in als seinen Herrn und Bruc-
» der gebeten, das er ime in seinen Noeten also das einem rech-
n ten Kayser gegen jeden Kbunig der in so grossen neten ist
» woll gezimbt nit Terlassen ; es habe aucb des Khunigs von
» Frankreich Mutter dem Kayser sein balber sendlich und de-
» mutiklich geschrieben und gebeten ime zu helfen, darauf sey
» sein Kayser bewogen word en in nit zu verlassen und hat also
» mit im und den Venedigern einverstand und puntniss ge-
n macht also dass sy eine treflichc Armada auf dem mer auf-
» gericht damit sy gegen Yspania arboiten baben wellen , und
» der Keiser soil mit einem treflichen Her durch E. M. Lande
» in Fryaul und fort auf E. M. land ziehen seyn, desbalben
m sein Keyser sein her nun versamblet und pey einander ge-
» habt. »
XV. — Page i56.
UHistoire de Karamsin ne dit rien de l'ambassade envoyee
5o*
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4GB NOTES
par Wassili, mais la traduction de la lettre que le grand prince
ecrivit au Sultan se trouve dans la collection de Mar. Sanuto :
« Copia di una lettera man data dal Serenissimo Re de Rosia al
• Potentissimo SignorTurcbo. In Principio Dio Nostro Trinita
» il quale avanti il seculo e prepotente e da poi il seculo non
» mancbera mai vi il patre e fiolo il spirito santo. II Gran-
>» dissimo Sgr. Vasilao per Dio gratia Vero Sign or di tutta la
» Rosia e di altri molti paesi Oriental e di Tramontana Sgr. el
» Grandissimo Ghnes bodie morsi (sic) siommo Grasctji , Tier
» scbi, Torzelli, Ungrescbi, Premiscbi, Mulatti, Volgarscbi
» montagne Sasoxove et altri babitatori presi la mia Imperial
» Corona roando questo tempo a Belgrado dui grapc|i bomini
» del mio paese , a veder la facia di tua grapde Signoria. con
» presenti per la Tua Grandezza, quel con verita bo inleso
» quelli alii piedi di 1'ombra Tua essere inclinati, quel banno
» apresentato el segno del bono amor con exponerli quanto la
» mia Signoria li haveva ordinado con ordine cbe in tre lune
» fussino tornati a lo Iropcrio mio, non bavendo altro impe-
» dimento demandato detua Imperial Corona parsiano pasato
h el tempo in el paixe.di tua grande Signoria siano smariti per
» il cbe la mia lueidissima Corona e fata nobolosa et la faccia
- nigra con li grandi bomini del mio paese. Mandamo al pre-
» sente colona alia tua forte Grandezza cbe tu vogli trovar U
» miei nomini e far grande provesion ocon ferro o con foco
» nel paese cbe sono smariti e dove altramente asumisino la
» faza nostra in vero sicbiamarano a tuttili potent i, cbestanno
» e vivono sotto la fede del Impero mio con li vicini potenti
• nostri amici e Confederati quel tutti mandaremo a far ven-
» detta per ritornar la faza mia biancba et la corona lucida.
» Rene no to alia Tua excelsa Signoria l'ordine quanto del
» grande tuo Propbeta cbe dire el Signor : checonqne fara
» morir el Justo , non pasera al jardin de piaceri , per andar
» ad babitar il cielo si non fara penitentia con el danno li con-
» tra lui sia licito ogni offesa. Per bo pregiamo VAltezza del
» poter tuo , cbe ba ioviaio pazi e Gapitoli fra noi vogli Iro-
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ET ECLA1RCISSEMENS. 469
» var facendo quanta* e ditto di sopra altramente exeguiremo
» la lege del Propbeta non percbfe Kara la mla grande Signoria
» quella cbe rompa la bona paxe , ma el pcccato sia aepra l'-a-
» nima dt cmi sara causa ne piu altro li aiini de la grande Si-
» gnoria Tua sia no longi e felici mentre durera la paxe fra noi.
» Data nelli giardini Scodui 1'anao i53r del mese di Aprile.
La manssiou.
» A. Suliman Soltan Sign or di Costantinopoli dello mar
» bianco e del negro e delta Natolia e della Romania e de la
» Cara mania e di quella grande Signoria de Cay to e Sorjra e
» di altre mo he terree paesi Signor fra dello e bono amico. »
XVI. — Page 1 58.
Voyez le Journal de Souleiman au i3 juin , et dans lea Ar-
chives de la maison imp. roy* d'Autricbe t 1'oUvrage intitule :
Instruction auf den Edlen und tins lieben getreuen Lienkart
Grauen m Nugarol, wiser en Cammerer Josephen von Lam bet g,
unseren ffofmarschalkh, Unsere Rate und Gesante U>as sk toon
unsern TVegen bey dem Turkischen Kaiser handeln sotten. Inns- %
brugg 9 3 nov. i^3i. On y rem a r que ce passage : « So aber der
» Torkk also frey und on einig Mittl oder Geding stcb nit ein-
* lassen, sondern das Kunigreieb Hungarn wie vor ganta und
• gar baben wo lit, soiled im unsere Rete und Oratoresauf sol-
» cbes kaine Antwort geben, sondern das AHes mil StillscbWei*
» gen beantworten. » Les ambassadeurs avaient toute lati-
tude pour fixer la dur£e de 1'armistice , et pouvaient meme
conclureune treved'un an jusqu'a one paix perp&uelle ; quant
a la somme qui devait payer la cession de la Hongrie a Fer-
dinand, ils etaient autorisls a offrir depuis viugt-cinq mille
ducats jusqu'a cent mille, a titre de present annuel : « Und
» mit diesem Vorbebalt also, das una Hungarn bleib, mcegen
» unsre vorbenanndte Rete solcbe Pension auf ain jeriicbe Za-
» lung bewilligen und also dass sie von 25 M. Dukaten , geen
» auf 3o M. und so solcbe nit genueg sein wirdct, auf 4v M*
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470 NOTES
» und so er dies auch nit zufrieden sein wirdet , zuletzt auf 5o
• M. dock wohl bedecbtglich und mit einem Verbaiss dar-
» noch so es mit dem nit genug sein wirdet, auf 60 , 70 , 80 ,
» go und zuletzt auf 100 M. und nit weiter. » La Bibliotbeque
imp. roy. possede un imprime fort curieux, compost de qua t re
feuilles, sans indication d'aucune date, et qui a pourtitre:
Von zwevjren Turcken necplich gefangen was sie gefragt worden
und geantwortet haben. II contient les reponses de deux Turcs
prisonniers a trente-cinq questions relatives a l'exp&lition de
Souleiman coutre Guns; la quinzieme de ces questions con-
cerne la mission de Nogarola : « Wo die potschaf sej? » R^-
ponse du premier : « Sie sey brim Turken und ziehe mit im,
» wohin er ziehe. » Response du deuxieme : « Sie leben noch
» vnd sein stets bey dem Ymbri Wascba , sie baben nicbt
» woellen abzihen, baben geforcbt geferligkeit vnd ermordung
» vor des Turkischen vortrab, baben drumb den Kayser ge-
» peten das er sie bey jm bebilt. » On trouve encore dans le
raeme ouvragc les indications suivantes : « que Souleiman trai-
nait avec lui quatre cents pieces de campagne ; qu'ils avaient,
Ibrabim et lui, dix mille janissaires, dont neuf mille armes de
fusils, et mille de pertuisanes; qu'un roorceau de pain de la
largeur d'une main se vendait jusqu'a dix aspres, et que la
valeur intrinseque de l'aspre e"tait de cinq a six deniers; que
Souleiman comptait sous ses drapeaux huit mille Tata res, trente
mille soldats de l'Asie; et que le nombre total des troupes s*6-
levait a deux cent mille hommes, dont la moitie seulement
capabtes de porter les armes. » A la vingt-huitieme question :
v Ob er die Yngarn vast nider lass backen? » le premier 1*6-
pond : « jMann fabe der Yngern kain; » et le deuxieme : « Er
» lass die Vngern nit tod ten noch fangen. • A la trente-troi-
sieme question : « Ob sie sicb zu Guns vast web r en? » le pre-
mier repond : « Er acbt, es seien mebr dann tausend Turcken
» davor erscbossen wordcn. » A la trente-quatrieme question :
« Obs Volck zu Ross barnisch fur, • le premier repond :
« Nain, Aber lang plecbbandUchusch furn sie, vnt uber vier-
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ET ECLAIRCISSEMENS. 47 1
» bundcrt Camebltbier furn pantzer hernacb ; • et le deuxieme :
« Biss jn acbtzebn glid. »
XVII. — Page 160.
Le rapport de Jurischitz a Ferdinand , intitule : Des Tur-
ken erschreckliche Belagerung derSladt undSchloss Gunss und
derselben nach z&alfverlornen Sturmen abzug durch den tewren
Ritter Nikolaus Jurischitz Hauptman. Dasselbe Ram. Knug.
MajesUzt aus Gunss cvahrhafiiglich zugeschrieben i532 (dans
les Pieces relatives a FHistoire, de Goebel , p. 3o5 a 3 08), s'ac-
corde entierement avec le Journal de Souleiman ; on lit dans
ee rapport date du 28 aoftt : « Ce fut le vingt-deuxieme jour
apres l'amvce d'Ibrabim devantGuns; » le grand-vizir pa rut
done le 7 devant cette place , et Souleiman le 10. II est diffi-
cile de comprendre qu'avec des indications aussi precises , les
bistoriens bongrois aient pu donner des dates inexactes ; Fess-
ler, par exemple, fixe (t. VII) I'arrivle d'Ibrabim au 3i juillet,
et celle de Souleiman au i er aout.
XVIII. — Page 164.
Le Journal de Souleiman du 3i. Les bistoriens bongrois ont
tous,jusqu'a Fessler, le plus rapproche de nous, commis la
meme erreur, en faisant partir les ambassadeurs avant que le
siege de Guns fut commence ; il est egalement faux , comme le
pretend ce dernier, t. VII , f. ^y& , que Souleiman dit oper£
sa retraite des le 28 aout : car, ce jour-la, eut lieu le dernier
assaut(voj. le second rapport de Jurischitz), et ce fut seule-
ment le 3o que l'armee plia bagage. Enfin , Souleiman nVpas
oper£ sa retraite a la nouvelle du siege de Koron ; car Doria
n'arriva sous les murs de cette ville qu'un mois apres, le
21 septembre. Voy. Ant, Doria : Kurzer Inbegriff der merk-
wurdigen Begebenheiten , welche sich zur Zeit Carls V. in der
Weltzugeiragen haben; (dans Goebel, Pieces relatives a Fhis-
toire 9 p. 3i). « Apercn des ivenemens memorables qui se sont
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4:«i wotes
>» passes sows le regne de Charles - Quint. » Robertson ne dit
absolument rien de la conquete de Koron.
XJX. — Page i65.
On ne sait pas combien de temps Juriscbitz a survecu a son
beroique defense de Guns. Le eomte Josepb de Lamberg lui
succeda en Fannee i544 dans la plaee de capitaine-gen&ral de
la Garniole. La consequence qu'on avaifc tiree de Fepitapbe de
son fils Adam , date*e de Fan i538 , que Juriscbitz etait morta
cette epoque, a eie suffisamment refutee par Martin Rosnak,
dans son ouvrage peu volumineux, mais fort precieux i Die
Belagerung der Kceruglichen Freystadt GUns, i. /. i53a. Wien
1789. (Siege de la mile Ubre et royale de Guns. Vienne, 1789,
p. u.)
XX. — Page i65*
Voyez les details dans les Pieces relatives a VHistoire , par
Goebel, sous le titre : JVahrhaftige Beschreibung des anderen
Zugs in QEsterreich wider den Turcken gemeiner Christenheit
Erbfeinde vergangenen funffzehnhundert za>ey und dreyssigsten
jahres thetlich beschehen und yetz und allererst in disem 1 539
jar in Druck gefertigt mit lustigen Beschreibungen des landts
Gelegenheit, Schlachtordnungen, iiberfallung, angriffes und sigs
der unseren audi des Turkischen Kriegshaufens flucht und ni-
derlage, ob kimfftig durch die Gnad des Allnuechtigen ein merer
ernsdhcherer Handlung wider gedachten Erbfeinde furgenom-
men, daraus Berichts und Erfahrung zu erlangen.
XXI. — Page i65.
Ge Kasim est appele* Casonus dans Istuann et Jovius; mais
il n'est point, com me le pretend Vaivasor, t. IV, p. 429,
lc cbef des akindjis, de la famille des Mikhalogbli; car au
siege de Vienne, Mikbalogblibeg campaitavec ses troupes a
St. Veit , pendant que Kasim stationnait a Nussdorf avec la
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ET ECLA1RCISSEMENS. 4 7 5
flottille du Danube. (Voy. le Siege de FUnne, par Pessel,
dans Lewenklau , p. 460).
XXII. — Page 169.*
Suivant Istuanfi , pas un des quinze mille akindjis de Kasim
ne put ecbapper. Petscliewi, f. 56, et Solakzade, f. 109 , s'ac-
cordent stir ce point avec l'auteur hongrois ; seulement Solak-
zade con fond cette deuxieme expedition de Kasim avec la
premiere, qui eut lieu en l'annee i52g, et e'est a celle-ci
qu'il rattache la deroute de Kasim , et la perte qu'il fit de
douze mille de ses soldals. La version accreditee par quelques
bistoriens, que la moitie seulement des troupes de Kasim,
savoir huit mille hommes, pe>it dans cette rencontre, parak
meriter plus de con fiance ; d'ailleurs, ce cbiffre est aussi repro-
duit par Valvasor, Megiser, Julius Caesar, d'apres Jovius , qui
dit expressement (t. XXX , dans Catona, t. XX, f. 832) que
I'autre moitie se sauva en Styrie, sous le command ement de
Feriibeg.
XXIII. — Page 170.
Ali , xx v* recit, f. 240 : Baghou raghi djenneti firdecvesden
nischan hala ki mesakin ou bouyouti karargahi ehli mizan.
Ehli mizan signifie dans l'acception litterale les Seigneurs de Id
balance; mais on peut trad u ire ces mots dc plusieurs ma^
nieres; car Ilmi mizan , e'est-a-dire la science de la balance %
signifie cbez lesOrientaux non-seulement la logique, mais en-
core l'alcbimie; Ehli mizan peut done aussi bien signifier le&
moderis que les prudens ou les riches.
XXIV. — Page 170.
Gomme , d'apres le Journal de cette campagne , SouleYman
arriva le 11 devant Grsetz, et passa des le 12 la Murr a la
nage, ce que Julius Caesar dit de ^occupation de cette villo
par quatre mille Turcs ne mexite pas plus de foi que l'assec*
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474 NOTES
tion suivante de l'historien Ali : 01 schehr kebir dakhi ieschir
oloundi; « et cette grande ville fut aussi conquise. » Istuanfi
dit avec plus de justesse : Muramflumen apud Greecium Sty-rice
urbem tumuUuarie trdnsjecit. Istuanfi a bien raison sur ce point,
mais il se trompe quand il affirme que Souleiman traversa
aussi la Drave a la nage, car on employa quatre jours entiers
a jeter des ponts sur cette riviere pour le passage de l'armee.
Ce qu'il j a de plus Strange encore , c'est l'accusation portee
contre Ibrahim -Pascha^ dans cette derniere ' circonstance :
« Ibraimi consilio, qui ilium a Christianorum cervicibus su-
blatum cupiebat. » Istuanfi, f. i84»
XXV. — Page 172.
Julius Caesar, t. VII, p. 58, raconte a I'annee 1629 que
Sigismond de Weixelburg, c'est-a-dire Sigismond Weixelber-
ger, se trouvait devant Vienne , et qu'il attaqua avec Katzianer
et Paul Bakics les Turcs au moment ou ils operaient Ieur re-
traite (voy. Valvasor, t. IV, p. 43o); mais le fait est materiel -
lement impossible. Fessler commet la m&me erreur : A Und
• die Tag nach einander diweil die Feind abgezogen seynd
» H. Wa kitsch Paul, H. Sigmund Wizelburger und H. Hans
» Kasianer sampt anderen taeglich auf das , Streifen ausge-
» ritten. » Ce brillant fait d'armes , dans les champs de Leib-
nitz, appartient d'autant plus surement a Fannie i532, que le
manuscrit de Vorau, cite" par Julius Caesar, ne mentionne pas
la grande incursion des Turcs de Voessenbourg a Marbourg,
en cette annee.
XXVI. — Page i 7 3.
La Iettre suivante, qu'on trouve dans les Archives de la
maison imp. roy. d'Autriche, est curieuse non-seulemcnt
comme 6chantillon du style d'lbrahim en italien , mais encore
& cause du sceau dont elle est revalue , et qui porte cette de-
vise :
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ET ECLAIRCISSEMENS. 47^
Be mihri khatemi noubounctwet djestem hi zi rehi taazim
Bende ez djan Sultan Souleimanschah Ibrahim.
Je cherche thonneur et la gloire, par V amour du sceau du
Prophete, et je suis de toute mon ame Vesclave du sultan Sou-
leiman-Schah Ibrahim.
Voici cette lettre : « Ibrahim Bassa Dei gratia primo Vi-
» sirio Secretario et sum mo consilliario dello gloriosissimo
» magno et invictissimo Imperactore Sultan Sulleyman capo
» et Ghovernatore de tutto lo Imperio di esso , et de tutti li
» suoi schiavi et baroni et superior con la grazia del meser
» domine dio, el mio Invictissimo Zesar me a facto chapetanio
» Zeneral al tuto suo serzito e ba dado avanti alo paise dello
» re de Spagnia a brusar e ruinar adanda ai nostri zente ; e
• anno preso adrea stodler e ano mena da nuy e a piazu e
» a pregar purase que misso sign ore to desto paise e priegb la
» signoria nostra, que no me fazi morir e meco facto franco
» et libero ; ma el nostro Invictissimo Imperator non e avegnu
• a questi paise a far mal ai poveri ma e avenuto per cercar lo
• re de Spagnia Cbarlo aposta, perche esso gia tutto '1 mondo e
» prende i re e ducbi e baroni e dericbas e vende e pjgia i soe
» denari, e a meso ancbe 11a corona, e dize queso imperator
» del tutto el mondo et da tre ani in qua e laser ziti pervi-
»» gnir a combater con nostro Invictissimo Imperactor con
» questa scusa, e seria cogia da li poveri pura se denari e tes-
» sori da viena in qua ; e dizeva que sel vol vignier a combater
» con nuy e nostro invictissimo Imperactor con tante serziti
» quanti mese al camin e a venir per ritrovarlo e non averamo
» trova mai fin apreso a la viena semo sta e femo brusar e rfci-
» nartanti i soi paise e avemo senti quelli in una zita nomi-
*» nata Graza, e semo passate le muntagnie et cbatibe strade
» per adar a trovar Ho; anque la none avemo trova, i paisi
»> delli re sono propria come i soe mogliere, et none avemmo
» sapuo mai a quel paise sese trova ; data in la nostra sedia
» die XXVI. Settembre MDXXXII. »
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ET ECLAlRCISSEMENS. 4 77
29, Karabinarli , petite marche. 3o, Afcindjilar. 3i, *u sortir
da defile Kapoulu - Dcrbend , Farmee s'arrete dans la plaine
dlkhtiman ; marche tres-penible.
Mois de jnin (silkide).
i* r , Ikhtiman. 2 , Sofia. 3 9 halte. 4 > ks janissairts recoivent
Pordre de se reunir aNissa; diwan. 5 , depart du grand-vizir.
6 (jeudi, i er silkide), Farme> s'arrete pres du village dlflakler.
7, el|e passe un defile. 8> elle dresse ses tentes pres d'uue source
vis-a-vis de Schehrkoei.. 9 f Pempereur restc enarriere, le beg-
lerbeg de Ro ami lie, avec sept sandjakbegs, se met ea marche et
arrive au village de Betoulnik. 10, Azor. 11, Pempereur s'ar-
r6te pres des bains cbauds de Nissa. 12, Nissa. i3, halte, diwan j
Panibassadeur de Ferdinand est ad mis au baise-main% 14 > de-
part du grand-vizir. i5 , I'armee arrive , apres une petite jour-
nee de marche » a Kalona. 16 , Yapou)tofdje. 17, Gharmetofidjr
18, la source de Dobranie; I'armee passe le pout iet£ sur la
Morawa, non loin de Widin; tres-longue marche. 19, Farmee r
apres avoir passe le defile , etablit son camp a Yascbuidj^;
longue marcbe. 20 , rempereur reste en arriere ; le grand-vizir
dresse ses tentes a Ak kilis£ ; I'armee passe successivement quar
tre ponts. Quelques infi deles qui se presentent sur la route
(yole enoub) sont massacres; pluie continue. 21, l'empereujt
arrive a Ak kilise (eglise blanche). 22, halte; pluie. 23, Eliej
pluie. 24) Hissarlii; pluie abondante. 25, Belgrade; il pleut
toujours. 26, on s'arrete pour faire traverser le pont £ I'armee.
27, Pempereur passe de Fautre cdt£ de la Save et arrive dans la
plaine de Syrraie. Le grand-vizir va a sa rencontre a la teMe des
troupes de Roumilie; vent impetueux et pluie. 28 , halte; ks
troupes d'Anatolie passent le pont de la Save et entrent en Syr-
mie. 29 et 3o , halte et pluie.
Moia de juillet (silhidje).
i* r , halte. 2, les deux fits de Sinanbeg, sandja&beg de Karli~
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478 NOTES
Hi, mort dans la bataille de Tschaldiran, et un sipahi, sont de-
capitls pour avoir vole pendant la marcbe quelques moutons
aux janissaires ; leurs teles, plantees sur des piques, sont pro-
menees dans le camp ; quarante-un infideles, accuses de brigan-
dage , subissent le meme sort. 3, diwan ; les begs de Roumilie
et d'Anatolie sont admis au baise-main. 4 1 nalte. 5, diwan.
L'ambassadeur francais , ainsi que celui du roi de Poiogne et
les envoyes de Ferdinand , sont admis au baise-main , avec le
ceremonial observe dans la campagne precldente lors de la
reception du roi Yanoufcb. Tout les musiciens de l'armee sont
r£unis a cette occasion devant la tente du diwan. 6 (samedi ,
i er silhidje), diwan a cause de faudience de conge 7 de l'am-
bassadeur francais. 7, halte. 8, l'armee campe dans le voisi-
nage du village de Senouha (Aschania) ; grande pluie. 9 , elle
s'arrdte dans le village de Karakousch, pres de Boegurdlen
(Sabacz). 10, Sabacz; le grand-vizir fait deux marches en
un seul jour. 1 1 , l'armee arrive pres du chateau-fort d'Yarik
(Yarak); pluie. 12 , halte. i3 , on passe a c6te de Mitrovitz et
on campe a Bouradonofdia. i4> l'armee arrive devant le cha-
teau - fort de Mourouyek et s'etablit dans le village d'lladj
(Illats) ; le pascha passe le pont pres de Vulcovar (Vukovar).
i5, l'empereur passe le pont. 16 , Borbowa (Borovo). 17, Esr*-
. sek. Pierre Pereny est admis au baise-main du grand-vizir. 18,
balte. 19, l'empereur reste en arriere; le grand-vizir passe le
pont d'Essek; on £ tab lit douze autres ponts sur plusieurs ri-
vieres ; le fils du despote est admis au baise-main du grand-
vizir. 20, balte. L'empereur passe le pont d'Essek; les begs
de Roumilie et le grand-vizir envoient dans la ville les gens de
leur suite et les ouloufedjis pour preparer l'entree du Sultan.
11, on arrive au village de Serner; prise des chateaux - forts
d'Erschak (Egerszeg) et Schiklos (Siklds) , et de celui du ban
Sertschianosch (Szerecsen Jan 6s). Pierre Pereny est arreted 22,
l'armee arrive devant le chateau-fort de Kapolina; on publie
que tous les biens des babitans sont livres couame butin aux
troupes ; le chateau est pris. 23 , le chateau situe* au milieu des
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ET ECLAIRCISSEMENS. 479
marais est occupe. 24, deux Tata res sont pendus pour avoir
assomme un janissaire. 25 , Babofdje (Babocsa) ; les janissaires
partent par une forte pluie en tirant des salves. 26 , on s'arr&e
devant Bilowar (Belevar) ; le cbdteau est enlev6 ; on traverse
plusieurs ravins. 27, l'armee carape pres du village TscbiU-
chova (Csicsrf); le cbdteau de Wounouscb estpris; grand em-
barras pour le passage d'un pont et d'un ravin. 28, Safad£; le
cbdteau se rend a discretion; l'empereur recoit dix janissaires
dans le corps des solaks. 29, on passe un ruisseau {Mal) y le
Salawis (le fleuve Szala) ; marche difficile a travers des marais.
3o, occupation du cbdteau susdit. 3i 9 l'armee arrive au village
4c Szent-Mibaly.
Mois d'ao&t (moharrem).
i 6r , l'armee campe a Kapornak; prise de ce cbdteau, et de
ceux de Bilescbyr (peut-elre Szalab^r) et Niscbarwar (peut-
6tre Tuskevar). 2 , balte, pour construire un pont sur la Szala*
3 (un samedi , i er mobarrem 939), l'armee passe a c6te* du vil-
lage de Kam , et £tablit son camp devant le cbdteau de Ko-
raendwar (Koermend). 4? prise du cbdteau de Roum. 5, balte;
l'armee arrive sur le bord de la Raab. Soulelman 7 fait jeter un
pont. 6 , prise de deux cbdteaux , celui d'Egerwar (Ikerwar),
et celui de Mester (Mesteri). 7, on s'arrdte a Hidweg , apparte-
nant au roi Jean ; on passe le pont jet£ sur la Raab. 8 , village
de Topanco (Taplanfa). L'empereur traverse le pont sur la
Raab ; cberte* excessive des vivres dans le camp. 9 , on arrive
au village de Gendj (Genes). Soulelman donne l'ordre d'as-
sieger Kcesek (Koeszeg, ou Guns). 10, Farmed &ablit son camp
devant Guns; pluie battante. Du 11 au 16, pluie, balte. 17,
18, la pluie continue. 19, les mines pratiquees sous les murs
du cbdteau sont even tees par les infideles. 20, balte; il tombe
beaucoup de grele. 21 , on fait jouer de nouvelles mines; il
est impossible de gagner un poucc de terrain ; feu terrible
d'artillerie ; execution dc plusieurs soldats. 22 , ordre de
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48o NOTES
corobler le fosse ; on jette par-dessus les murs une lettre par
laquelle la garnison demande a capituler; cependant ils la
reprirent. 23 , l'explosion de deux mines fait une large bre-
che ; Taction s'engage ; violente lutte qui n'amene cependant
pas la prise da chateau. 24 et a5, pluie continuelle. 26, halte;
les troupes d'Anatolie sont chargers de rassembler du bois*
37 , halte ; on dispose ce bois de maniere a en former une
plate-forme, qu*on elcve a la hauteur des murs de la forte -
resse. 28, halte; dans la matinee, Nicolas (Yurischitz) envoie
des parlementaircs pour deroander la paix; elle lui est ac-
cordee par la raison qu'il est venu antlrieurement a Constan-
tinople en quality d'ambassadeur de Ferdinand. Jurischitz se
rend a la tente du grand-vizir et pr^sente la soumission du
chateau; le pascha convoque le diwan; les assistans sont admis
au baise-main. 29, grosse pluie ; le grand-vizir envoie le mou-
teferrika Djaferbeg avec Vheureuse nouvelle de la reddition du
fort ; l'empereur lui fait donner un kaftan et cinq cents pieces
d'or, et lui assigne en outre un supplement annuel de dix
mille aspres, a titrc ftarpalik (argent d'orge). 3o, pluie con-
tinuelle ; les pascha s sont admis a l'honneur de baiser la main
du Sultan; ils le felicitent sur la reddition du chateau. 3i, on
reprend le ch&tcau de Sopron (QEdenbourg) ; distribution de
trois bourses d'or et de kaftans. Les envoy es de Ferdinand sont
eongedies.
Mois de septembre (safer).
l er , repos. 2 (lundi, i« s&fer), village de Koble (Kobels-
dorf), passage difficile d'une riviere; courte station. 3, on
campe vis-a-vis de Schelschelou (Csasafalou); ce cbdteau se
rend a la premiere somraation. L'armee traverse plusieurs ma-
nages. 4> «Wc campe dans le village Ohel (Rogel); on aper-
c,oit un beau chateau situ £ sur la crete d'une haute montagne,
et repute pour etre le plus fort de tous ceux que les Alle-
mands possedent. 5, on passe le de1il6 d'Ohel (Kogel); on uv-
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ET ECL&RETSSEMENS. 4Bi
rive a Delian (Decbanskircnen} par un chemin tres-difficile.
6 , on campe dans Tintericur de ce defile , en - dec,a de Po-
tendrak ( Pottendorf ). 7, prise de ce chateau, et d'un autre
moins important (Kirchberg). Lea diflicultes du chemin sont
plus grandes encore que la veille. 8, on campe dans le meme
pas, devant Haitenar (Reitenau). 9, on s'arxele a Marhofn
(Meyerho£en), pres la source du Takistridj (Feistreitz). Lea in-
fideles font une sortie d'un cMteau voisin. Marche p^nibie le
long de la montagne. ro, village de Kalaiscb (Gleisdorf), Pen-
dant cette marche , on brule une eglise et on fait beaucoup
de prisonniers; les eclaireurs soutiennent un rude combat,
mais ils conserved t T a vantage : quatre cents in fide les Sont pas-
ses par les armes; plusieurs sont fa its prisonniers avec leurs
chefs* 1 1 , on campe devant Gradjas (Graetz) , grande ville ran-
gee sous la domination du roi d'Espagnc. Leihan desTa tares
se porte avec ses troupes jusqu'a la rive de la Murr; Tarmee
otto mane tout entiere debouche des montagnes voisines. 12 ,
la c&valerie se met en mouvement de bonne heure, et, par la
grace deUieu , parvient a passer la "Murr, que jusqu'alow on
n'avait jamais pu traverser que sur des ponts; mais on,y .perd
quelques bommes et beaucoup de bagages. i3, on campe
dans la plaine d'Eseklos (Seckau). On apercoit le bourg de
Laipnidj (Leibnttz),'0u P*rtm*e faltun grand n ombre de pri-
sonniers ; les farines et les grains sont excessivement bon mar~
che*. 14, prise o\i chateau ( de : Pitschan (Witsehein); marclie
difficile. i5, halte, afin dVrassembler 1'armee qmi se trouve
tbute disperse ;'brotiilhrd si epais que Ton He peut se dtstin*
gtrer les utisles aurres. i'6, on campe sur la rive de la Drave ,
devantlMdrprouk (ifarbdut^.L'arttice passe, dans 1 cette jour-
nee y sept ou hult marais; prise des chdteaux de Lemboh (Lem-
bach), d'Ischlaindja (Schleim'2) et Radosek (Kadnik) ; on com-
itfence a jeter'fe punt stir ta'JDrtfve. r^, retard dans les travail*
ctece pout. 1$ et ig,hj£tey encore a cause des longueurs qti'en-
tratne h const^elrit^^^g^dht. 20 ,ie paseba l trttverfe 'le
pfotlt V5dri8 x la MtiJ^£ef*le Sultan rerste solr ; £ lertrois ctffpi
t. v. •- 3i
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ET tfCLAIRCISSEMENS. 485
Ferdinand, io> Poradonofidj ; longue journee de marche. n,
Djerdoutscha. 12 , I'armee passe en Syrmic et £tablit son camp
vis-a-vis dc Belgrade; le grand-vizir se rend au devant du Sal-
tan, qui traverse le pont et carape du cote de Belgrade. i3 f
halte et revue. 14, halte , diwan; les paschas, les defterdars,
les nischandjis et le beglcrbeg d'Anatolie , sont revelus # dlia-
bits dlionneur ; cerlmonie da baise-main. 1 5, halte. 16, le
grand-vizir traverse le pont de la Save bannieres de"ployees ,
musique en tete, et, suivi des agas et des begs, il vient dis-
poser l'e*tendard du serasker aux pieds du Sultan. 17, le grand-
vizir quitte l'arme'e. 18, Hissarlik; le commandant du chdteau
de Nemdje* envoie les clefs du chateau* 19 , le Sultan se rend
a Semendra. Du 20 au 25, pluie, halte. 26, Poulana.. 27, Si-
poudidj. 28, Schoubalatsch. 29, village de Kowatschou-
tschina , connu sous le nom de Tscheschme'. 3o , eaux ther-
males de Nissa. 3i (jeudi, x* r rebioul-akhir), halte*
Mois de novembre (rebioul-akhir).
i er , on campe vis-a-vis Schehrkcel. 2, village d'Iflaklar. 5,
Sofia. 4« halte; il neige. 5 , village d'Ormanlik; Paga des janis-
saires ct le mir-aalem arriverent ce jour-la a Constantinople*.
69 village d'lkhtiman. 7, Tatarbazar. 8, Philippopoli* ; diwan.
9, Kounisch. 10 , Semufdj£. 11, village de Yenidjelu. 12, An-
drinoplc; on illumine la ville. i3, halte. Le dernier grand-
vizir, Piri Mohammed-Pascha , mourut ce jour. Du 14 au 16 f
halte. 17, Baba-Eskisi. 18, village d'Ehvanlu, pres du pont
d'Erkene\ 19 . Siliwri. 20 , Halkali»Binar. 21, le Sultan rentre
au serai de Constantinople ; cinq jours de fttes et d'illumina-
tions dans la ville et les faubourgs d'Ejoub , de Galata , de
Scutari. Les bazars restent ouverts pendant la nuit et Soulei-
man va les visiter incognito. Le 26 novembre fut le dernier
jour de ces rejouissances.
On trouve encore dans Mar. Sanuto, t. LVH, un journal
3i*
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4&4 tfOTfiS
italien de la catnpa'gne de Gtins, qui s'aceorde sur les dates
avec celui de Souleiman. En voici un passage relalif a Guns :
« Quel 27 de la luna quelli di dentro corainciarono a di-
» Matidar la pace Spontanetnente , e accordo sopra la fede di
% Mahometo e sopra li patti di Mustafa e secohdo il consulto
» si acceptb lo loro renderti a patto , dove di dentro lo Sigr.
»ldfo con to toinor fiolo cli'Curtovich use n do di fora basarono
* la graaiosa man del Bassa Intbinando la testa lorb fin alia
» terra, e di poi di quel loco levandosi lo esercito per giorrii 16
» tutla via caniinaridb *e scorrendo inverso la bancla di Vienna.
»t)ove avrete di qttesta citta *si pervenne alia nevicosa mon-
» lagnaWesil (We^Ase*!) ci6 e fossa montagna (fiartberg est
» saris doute mis la pour Rolhberg) la pace e per mezzo all'
» incoritro a Vienna c qiielta a man destra alii isparmi mon-
» tagni dello interno delta Alemagria , arivando quelli di Ca-
» valieri nei mill grasigriandossi al monttfrlo imppssibii era,
» ma la gratia divina; che alii soi fedeli servi non mancha
h mai da quello lodo ibottissinio arostarono delle nostre In-
» suli Gambelli carichati , e cadauno delli Gambelli ponen-
» doli fa'mtfiie 1e ztippe gttnoVper fer la Strafe coli Gambelli
» vvtiitelidosi a passo a ptrssb oottiinciarono a in on tar la detta
» ittontfcgna , ttosilo esercito stnOhtdndb e cavalcha'ndo le prc-
» *te«e aspere itfttirtagne attcendetido paS&rono « tirrivarono
w fftto kftertto ; *e ptteSe di Spagna (?)e queli gtiartando ebru-
» sando e dfttruggendo etutto itiettendoli a gran ruina e senza
» pooti 4re gratidfoahhi f fiultii pfctearono. ©a poi passato il
» 16 delta luna <K safer si pervenne incontro ai fitime di Drava,
» dove er* «na gran -citta (Marbotirg) et in el mefco di quella
»era Uptmte dove si p&ssava lo detto fiuftie, ma'non facetidd
» rtima 4i tai ponte di novo tin pttnte fu febricato e cosi parte
» <le 4 esercito passb peril detto ponte, e parte passo alGurge
» di Sotto dellfaditta dove era il passo e la giurrti doi <*ola
» notte tutto lo esercito si trasfcri e pasdo il fiutne, edi'poi ca-
» minando in campo doi giurni si arrivb in una aspra e folta
» ic4v». *
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ET ECLAHIGISSEMENS. 485
XXVII. — Page vj#.
« Copia d'una lettera del Sgr. addi i* otfobre i5te, dans
• VHutaire de Mar. Sanuto> 6 L vu, voy. le rapport de Pietro
» Zen* date du 10 decembre. Pervenissirao fin 'ad* una gran
• oitta nominataGradjas one 61 ab antiquo sedia e domipilio del
» detlo Maledetto, dove avendo oognosciuto cbe il l^faledetto
» spaveniato del impeto del nostro gran eseroito e levator! al
» suo segno per salvarsi la vita se ne parti to lassan doll adver-
» sariisuoi infideli, che seguitanqla via deldiavolo efrspento
» del tutto l'errore dei Infideli loro e voltatt dal delto loco Ik
» potentissima Maesta mia oon felice e gloriosa vittoria ha-
» vendo espugnato delli Cattelli pertinent! a quelli dette stab ill
» Infideli li Castelli nominati Carbona (Harbart), el Rachiz
• (Rascina) Posega e fatto mi compote del desiderio suo e
» gidnto con tutto il suo al mar simigiiante esercito alia citti
» di Belgrado adlia dellaluna di rebioul-ewwel 9^7 cosi fu dt
• 13 ottobre i53a. •
XXVIIL — Pace i 7 5.
Pierre de Lodzia Opalinsky fut envoye six foia par Sigis-
mond l er en ambas*ade> v i° a Ferdinand pour le. determiner a
faire la pair avec Zapolya; a a la diete germaniqne,.pour lui
souroettre des questions de religion , et pour lui exposer set
rapports avec la Turquie; 3° au pa.pe Paul III, pour le feliciter
de son election; 4° a Ferdinand, pour lui proposer de donner
sa filie Elisabeth en mariage au fils de Sigismond;, 5° k Charles-
Quint pour lui porter les sou baits du roi, au moment ou il se
preparait a faire voile pour Tunis; 6° enfin a Soulelman. Lea
leltres echangees entre le sultan et Sigismond I er se trouvent
a Pulawy dans la bibliotheque du prince Adam Czartorisky. La
traduction du traite rati fie par Soulei'man, & la date de fannee
94p (t 533), est rcproduite dans les Scritturs Uuvhesche des Ar-
chives, de la maisQuX & d'AutricJie. Q« y voit qncore la lettre
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486 NOTES
de recreance donnee par Souleiman a l'ambassadeur venitien
Pietro Zen. Les lettres et autres documens d£pos£s a la biblio-
theque de Pulawy, sont : la capitulation qui accorde une treve
de trois ans a la Pologne, dat£e du.mois de moharrem o3a
(octobre i525), et apportce par Stanislas, cM tela in de Biecz;
2° la reponse du Sultan a une lettre de Sigismond, remise par
Opalinsky , et da tee du mob de moharrem g3g (aout 1 532) :
cette lettre a done &6 e*crite sous les murs de Guns. Ces deux
lettres contiennent de nouvelles protestations d'amitie pour
l'empereur, et un ordre au khan des Tatares de se tenir tran-
quille. On attribue encore a Souleiman une lettre publiee par
un poete polonais qui avait accompagne, en 1621, a Constan-
tinople, le prince Zbarawsky, ambassadeur de Sigismond III.
Cette lettre , que le Sultan aurait remise a Opalinsky pour son
maitre, et qui a &6 successivement reproduite dans le Journal
historique, geographique et statistique de Moscou, du mois d'a-
vrii 1825, p. 28, de la dans le Bulletin des sciences historiques,
anne*e 1826, n°6o2, renferme le passage suivant : « Bientdt je
». terminerai ma soixante-dizienie annee, — bientot nous nous
» verron^ dans cette region bienheureuse ; ou, triomphanset
» glorieusement assis aupres du Roi des Rois, moi a sa droite ,
» toi a. sa gauche, nous parlerons ayec joie des sentimens d'af-
» fection qui nous unissaient Pun pour l'autre dans ce monde.
» Ton ambassadeur Opalinsky pourra te dire dans quel degre
» de bonheur et de gloire il a vu ta sosur, mon epouse. Je le
» confie a ta majesty. Adieu ! » Mais dans ce peu de lignes tout
est invraisemblance ou mensonge : car Souleiman n'avait, en
■ 1 532, que trente-huit ans et non pas soizante-diz ; ensuite ce
n'est pas lui, le plus austere des musulmans, qui se fut jamais
place avec un roi des infideles a c6te de Dieu; enfin, la pr6-
tendue alliance du sultan avec Sigismond , par Rozelane ,
qui figure ici comrae sceur du dernier, est une nouvellc er-
reur. Au reste cette erreur prend sa source daos le compte-
rendu par Twardowski (Samuel de Skrzypna ) de rambassrdc
de Zbarawsky, sous ce titre : « Przcwazina legacy a I, 0. X.
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ET ECLAIRCISSEMENS. 487
Krysztofa Ibarawskiego etc. etc., od N. Zygmunta III. Krdla
polskiego i Szcvedskiego do Soltano Cesar zo Tureckiego Mus-
tafa uroku 1621 , etc. j et public a Kalisb en 1621, a Wilna
en 1706, eta Cracovie en 1639, format in-4 Q , Tout ce que
rapporte cet auteur est aussi peu croyable que le conte dont
nous venons de parler; par exemple, il cite parmi les ambas-
sadeurs qui se trouvaient en meme temps queZbarawsky a Con-
stantinople , le comte de Tburn (le rebelle de Boheme) comme
agent de l'empereur, et m£me comme un envoye* du fameux
prStre Jean de l'Etbiopie. Quoique Roxelane, dans les rapports
des ambassadeurs v^nitiens et imp&iaux, ne soit pas designee
sous d'autre nom que celui de la Rossa (la Russe), il est pro-
bable cependant qu'ils ont voulu dire par la qu'elle £tait ori-
ginate de la petite Russie (la Galicie d'aujourd'bui), ou de la
Lithuanie mlridionale (rUkraine, la Volbynie et la Podolie) j
s'il en est ainsi , il serait possible que Roxelane fut la fille d'un*
pauvre pope de Robatyn, petite ville situ£e sur la Lipa , dans
la Galicie, et appartenant au cercle de Brzezany. C'est aussi l'o-
pinion de M. le comte Stanislas Rzewuski* On lit dans Wagner
Turkenbuchlein (Petit Livre sur les Turcs, 1664), que Roxelane
e"tait d'origine italienne , et qu'elle avait £t£ cnleye'e en .i5a5
de Castel Gollecbio. Mais cette fable, que Wagner a repro-
duce d'apresUlric *WaMich(deReligione turcica, p. 019), et qui
a sa source dans les Annales de Jean-Francois Neger, est d£-
mentie par cela seul qu'avant cette Ipoque Roxelane e'tait deja
la favorite de Souleiman, et lui avait donne*, des Fannie i52$ }
un fils nomme Selim. On trouve encore dans la Bibliotbeque
de Pulawy une lettre de Souleiman a Sigismond I er , dat£e
de Tan o,53 de l'begire (i546), et relative a la restitution des
droits de douane percus sur le marcband de pelleteries de
la Porte ; une autre lettre de Souleiman , dat£e de la m6me
ann£e , et dans laquelle il argue de Timpossibilitd de rendre le
cbdteau-fort de Pezz a Eiienne et a sa mere; enfin une troi-
sieme , du mois de safer q54 (avril i547) 9 dans laquelle il re-
clame i° une indemnite pour les dommages causes par l'incur-
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488 MQTJEfc
ftion polonaise sur le territoire d'Oczokow, ; 2° rarrestation d'un
voleur.
XXIX. — Wxmn 1781
Le rapport de Famhassadear ne determine pas s'il Itaitfrere
uterin ou gcrmain de Jerdme de Zara ; dans tous les cas, il est
certain qu'fl e* tail frere de Nicolas Jurischitz. Comme celui-ci
s'appelait DEZKifG.etrautre de Zara, il est probable qu'ilsne
descendaient pas du m&me pere; peut-6tre encore ccs noms de
ville desfgnaient - ils leurs propri£t£s lerritoriales , et npn pas
Tfe Hen de leur naissance. Jer6me de Zara et son fils Ves*
pasien GuiHaume de Zara n'avaient pas jusquc-lk joue de role
surla scerie politique. Lorsque Jer6me fat revenu de Con-
stantinople , Guiftaume y fat envoys non pas en qualite cTam-
bassadeur , mais seulement comme porteur d'un message, de
Tempereur au Sultan , at avec ordre de ne pas le voir ni tfenr
tamer avec lui aucune negotiation. Son rapport, depose dans
les archives de la maison imp. roy. <F Autricbe , porte ce titre :
Enarratfo eorum qua: per Vespasianum.de Zara cum D. 4jas-
hassa et Aloisio Gritti in Cpnstaniihopoh tr aetata sunt, Pragce^
&martii'i5$& IVarrJva a Constantinople le lifnovembre i533,
et le 3b du m£me mois il fat recii en audience par Gritti ,
qui lui demanda la Iettre de l'empereur pour Ibrahim ,. se de-
clarant autorise a Touvrir; Jer6mc dit de Gritti : « Valdc de
» voltibilitate ct inconstantia Hungarorum mirabatur , quod
• post tot info rtunia et sum mi Dei correctiones adecr nefastis
» practicis sedition i bus et dolis non desistant; — mirabatur,
» quodM.V. in illis litter Is mentionem fecerit, ipsum Mi.Vae.
» id, quod eadem in Hungaria habet libere ad retihendum et
» possidendum permisisse et Ibrahim ilium Aloisiura inter-
» rogavisse,an conclusioni pacis cum Oratoribus interfuisse
^~ velle ot Rex Joannes totum id regnum possideat. •
XXX. — Page i8o\
On ne peut pas determiner, d'apres l'e&tretien qu'eut Corne-
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ET ECLAIECISSEMENS. 489
lius Schepper avec Ibrahim , et dans lequel ce dernier parla dc
sa patrie , s'il Itait Suisse , Alsacien , ou d'une province limi-
trophe de 1% Franoe. « Qujesirit flhrajmus) , qu.a;_ regio melior,
» Hispania, an Francia. Respondit Cornelia* sibi ut nato in
» confinibus |Jranci« pulcriorem videri Franciam, Hispauiam
» longe majorem et rob\xtfiorsm,,»> Rapport d/Hiewmimus. ej
» Cornelius.
XXXI. — Page 181 •
FercUV L 197 et 198. D'autrea cbangemens encore forest
op£res dans.le gouyerneraent, d'apres oet historien : Soulei^
man, alors beg du Soulkadr, fut promu au gouverncment de
Diarbekr, en remplacement dTakoub, destitu6; Ahmcd-Pa-
scha, sandjakbeg d'Awlona, fat nomine* beg du Soulkadr; Isa-
Pascha , qui avait deja rempli les fonctions de beg de Syrie, y
fut appele* de nouveau, en remplaceraent.de Loutfi-Pascha,
dec£d£. Le gouvernement d'Anatolie devint vacant par la morjt
de Rhosrew-Pascha.
XXXIL — Page 181.
« Mustafa e mandate in Sangtaco di Magnesia eon dueati
» 4<> mille di Timaro,e cussi ladorainica li 9 vene basar la man
» al Sultan , andarorio tutti li Aga e Capigibasi. Arrivato alia
» seconda Porta li Bassa tutti li tre uscirono e li andarono a
» far hi riverenza e lo accompagnarono dentro, dove pocho
» stete, poi ussite accompagnato da li Bassa. Ay as li tene la
» stapha , Ibraim il caftano ; cinse la spada e ritorao accorapa-
» gna di tutta la terra, i5 anni,di bello aspetto 5 bianco e
» gratiato; ha il collo longino come il padre , e ha bellissim4
» persona ; mostra accorto. Entro un fiol del Soldan di Soria
» che stette due ore dopo qucllo entro na altro da Tauris. »
Rapport de Parabassadeur du 4 mars, dans Marini Sanuto,
t. LYI.
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490 NOTES
XXXIII. — Page i83.
« Ibi sunt columns ex aere ablatae ex Buda cum imaginibus
» Hcrculis, etc. Haec area (Hippodrome) a meridie habetmare,
» ab occidente hortum Ibraimi bassae et ipsius domum, ab
» oriente palatium magni Caesaris. In bac area sunt multa pa-
» tibula sive furcae ad borrorem nocentium ere etas (d'Ibrahim),
» vestera superiorem auream inferiorem ex auro et scrico inter-
» tcxtam coloris lazurei, — homo mediocris, stature minor
» quam major, nigellus; vultu mediocriter oblongo, interiores
» dentes habet 5 aut 6 a se distantes et longos, acutos. •
XXXIV. — Pagb 184.
Ce calcul repose sur une erreur, mais il est important
quant au cours de l'argent a cette epoque. « Mille somas
» asperorura quae faciunt vicesies centena mi Ilia ducatorum. »
Le mot soma, e'esta-dire la charge d'une b^te de somme , r£-
pond au mot turc yuk , qui designe une valeur de cent mille
asp res; par consequent, mille charges font cent millions d'as-
pres ; or, cent millions d'aspres faisant deux millions de du-
cats , le ducat yalait alors cinquante aspres.
XXXV. — Page 189.
Le lion 1 commc symbole de la puissance souyeraine , figure
encore sur la proue des yaisseaux de guerre de la Porte. A 1'6-
poque ou cette conference eut lieu , on voyait encore a Con-
stantinople le groupe colossal du lion et du taureau , d'ou le
«alais construit par les erapereurs grecs portait le nom de Bu-
Dfeo/i, aujourdliui TschatladL (Voy. Constant, et le Bosphore,
t. I , p. 119). « Est marmor quoddam bic propere ad mare, in
» quo sculptus est leo ingens tenens taurum cornibus, tarn
» vasta moles, ut a mille hominibus moveri non possit. » Rap-
port de I'ambassadeur. Le rapport de Pambassadeur yenitien ,
en date du 14 decembre i53a, qui se trouve dans Mar. Sanuto,
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ET ECLAIRCISSEMENS: 491
t. LVII, donne la description la plus exacte dc ce groupe :
« Alia porta dove si amazzan animali a costo delle colone del
» Podromo (Hippodrome) da basso fuoridella detta porta diraa-
» rina un leone , sopra il qual e un grandissimo tauro , major
» bonamente che il vivo , svenato dal leone , il quale li e mon-
» tato sopra la schina e lo ha altirato , e da una banda ad una
» coscia del tauro e un grandissimo Aio? e questo lione assai
» major del vivo , e tutto di una pietra di una bona mina ,
» questi animali soleano esser con le teste voltate verso Ana-
» toli , e par che quella medesima notte (2 1 novembre) se vol-
» tassino colle teste verso Costantinopoli; ci6 la matina veduto
» tutta questa terra li e concussa e ha fatto stupor e stordir
» tutta questa terra, e ognuno ne discorrendo secondo la pas-
» sione dell' anima. » Get ev£nement eut lieu le 21 novembre,
au retour de Soule'iman ; Schepper qui n'arriva a Constanti-
nople qu'au mois de Janvier de l'annee suivante, est mal in-
forme, lorsqu'il dit qu'il se passa au depart du Sultan. « Caesare
» Turcorum exeunti in Hungariam marmor hoc versum est ,
» quippe leo respiciebat Asiam, nunc respicit Europam, pu-
» tant fatale esse* 9
LIVRE XXVHL
I. — Page 206.
Le Djihannuma nomme : Mohammed ben Melekdad, Vau-
teur du Telkhis Djamii; Seid Housein , profond^ment vers6
dans les sciences cabalistiques et qui pr£dit l'envahissement de
l'Asie par les Mogols j enfin l'astronorae Mewlana M ouhiyed-
din , que Nassireddin appela au conservatoire deJMeragha,
II. — Page 206,
Ewlia visita les tombeaux de Kay a Alp 7 aleul d'Ertogbrul et
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49? NOTES
de son frere Hasan Bainder-Kban ; ceux dp Sultan-Toukbtafci,
Sultan-Koskoudkban , Ali-Kban, Kasim-Rban ,. Bendi-Kban ,
Sorbai-Khan, Ismail-Khan, Bederbai-Kban , Djighali-Khaji ,
Tbkbatmisob-Khan , Seldjouk-Kban, Israil-Kban, M£rsoum-
Bai, Houtlou-Bat , et les lombeaux de leurs ferames , Mama-
Khatoun,Harma-Kbatoun, Djan-Kbanum, Niloufer-Kbanum,
Sobeid^-Kbanum, Serwiboi-Kbanum , Siba-Kbanum , Sarfa-
Harma, Khorscbid-Harma et Dondi-IIarma; il visita de plus
les tombeaux des prinees des families de Daniscbmend, Tscbo-
ban 9 Karakayounlu, et Akkoyounlu.
III. — Page 212.
On voit encore a Koniah les tombeaux des celeb res schcikbs
Kerimeddin , Sadreddin , Bourhaneddin et Seradjeddin, ainsi
que celui du grand sultan des Seld joukides , Alaeddin. Le
Djihanmima, p. 61 0, fait de Koiliab le lieu'de naissance de
Platon.
IV. — *. Bag* 212.
Le grand-vizir envoya plusieurs courriers pour demander
qu'on pressAt la marcbe. Voye* le Journal de Souleiman, au
36 septembre. Ali, xxx e r^cit, f. 244 9 et Solakzade, f. 110,
rapportent qulbrabiin, danaWncertitudesi Souleiman se ren-
drait a Tebriz, avait ouvert le Diwan de Hafiz, et e*tait tombe
sur le premier vers des 53* gbazele a la lettre Dal.
V. — Bage 212,
Ce rels-efendi est le premier que citent les historiens otto-
mans. II figure deja en cette qualite* dans la conference cTibra-
bim avec Jerdme de Zara et Cornelius Scbepper; son nom
ouvre la liste des rei's-efendis, dans la biograpbie publide par
Rcsmi-Ahmcd, et intitulee KhaUfetoul'tvuesa } c y cst-k'dire } l f aide
des, chefs.
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ET fcCLAIRfclSSEMENS. 4g3
VI. **» Page 317.
L'auleur du Djihannuma, p. 458, donne les details suivans :
du bord du Tigre a la porte da Grand- 1 mam , douze bastions
(tours), s'ltendent sur une longueur de terrain de sept cents
aunes : de cette porte a la porte blanche, trente-quatre bastions,
sur uneionguieur de deux faille Huit cent cinquante attnes : de
la po*te Blanche au bdulevard persan , vingt-six bastions,
deux mi lie cinquante dunes: du boulevard a la porte Noire,
frente-six bastioris, deiix mille buit cent cinqudnte aunes : de
la porte Noire' all bbrd du fleuve , quatre bastions , cinquahte
amies: de la jusqu'au p6nt, trente-trois bastions, deux mille
six <5erit cin quart te Guiles : du poht au point le plus eloigne
du fleuve, dtx-btiit bastions, mille cinquante aunes; en tout
cent soixante-trois bastions, re*partis sur une Vendue de ter-
rain de douze mille deux cents aunes, et non pas douze mille
quatre cents.
VII. J- -R40B <5H7.
r Imdrtii Adzem y nora queNiebubr, t. It, p. 244? a prispour
Maadem 6U Jidem; le meme auteur a commis une autre erreur
en ; 4ct\ymt x Kadem au lieu de Kasim ; c'est pourquoi, <lans son
plan, lecbemin qui conduit d f une des portes de'la ville a Imam
Aazem, est d&igne sous le nom ^Adem y et celui qui, de l'au-
tre c6te* du fleuve, mene a Kasim , est appele" Kadim. Par une
erreur a peu pres semblable , la porte dite Karanluk (tlnebres)
s* trwve e«rite KftMofojgh.
VIII. — Page 0-17.
lue tyjihamiiimaip. 459* Si la construction da palais ne date
que du'kba life Moktader, Tarbre d'or existait d^jk, car i'erape-
reur deByzance en fit elablir un pareil dans le palais d'Heb-
domdn, sur la description que lui en donna son ambassadeur
apros son rctour de'la cour du'khallfe KToteassem. AU rcste,
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494 NOTES
l'idee qui presida a la creation de ces arbres remonte an regne
des anciens sou vera ins de Perse et de Lydie, et dont Alci-
biade disait qu'ils n'avaient pas me me abrite une cigale. Plu-
tar. de Alex. Magno, et Xenophontis Historia.
IX. — Page 219.
Le Djihannuma, p. 460. Ewlia, dont le nom signifie les
saints, et qui visita principalement dans ses voyages les torn-
beaux des hommes morts en odeur de saintete, .par suite d'un
songe dans lequcl le Prophete lui avait apparu, donne la des-
cription des tombeaux des imams Kasim et Takki , apres avoir
^numere toutes les mosquees de Bagdad. II se trouve a la fin de
son ouvrage plusieurs lacunes qui proviennent sans doute de
l'dge avance" auquel il ecrivit le quatrieme volume de ses voya-
ges j a la fin duqucl se trouve lliistoire de Bagdad*
X. — Page 225.
AH cite leurs noms, comme les tenant de la bouche d' Ahmed*
Pascha, gendre de Roustem-Pascha, plus tard grand-vizir:
Mohammed -SokolLi, surnomme' le Long, Pertew-Pascha ,
Piate- Pascha, Ahmed-Pascha , Sal Mahmoud- Pascha, Lala
Moustafa-Pascha , Housein-Pascha ; et parmi les beglerbegs :
Kellabi-Pascha , Behram-Pascba 7 Rous (le Russe ) Hasan-
Pascha.
XL — Page 225.
Elan yedi wezir djoumlemuzun , koudreti, we khidem ou
Idiischemi kesreti, merhoum Efendi denli dell dur dejru hikayet
etdij c'est-a-dire, « la pompe et le forte des gens attaches au ser-
vice des sept vizirs , que nous sommes aujourdliui (disait Ah-
med-Pascha, gendre de Roustem), n'approchent pas encore
du faste qu'etalait a lui seul l'efendi mort reremment. » Ali.
Le m&me auteur, donne aussi Pelegie du poete Gbazali (Deli
Burader), sur la mort d'lskender Tschelebi , mais cettc po&ie
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ET ECLAIRCISSEMENS. 495
pcut s'appliquer £galement a plusieurs autres personnes pen-
dues.
XII. — Page 226.
Le Journal de Souleiman au 26 mai. Comme les ambassa*
deurs francais n'arriverent au camp de Honar que le 26 mai ,
l'assertion de Flassan , que le premier traits cntre Francois I er
et Souleiman Ait conclu & Constantinople au mois de fe-
vrier 1 535, est tout-a-fait inexacte, par rapport au temps,
comme par rapport au lieu. En effet le Sultan ne revint a Con-
stantinople qu'au mois de Janvier i536.
XIII. — Page 227,
Le Journal de Souleiman an 22 juillet. Les autres promo-
tions sont consignees dans Ferdi, f. a3i et 239. Le beglerbeg
d'Anatolie, Moustafa-Pascha, fut elevt a la dignity de beglerbeg
de Roumilie, et sa place donn£e a Souleiman-Pascba , qui re T
venait d'Egypte. Le Kurde Hadjibeg fut nomme gouverneur
de Bidlis ; Ghazikhan reciit en fief la ville de Scnehrban, et les
Tillages toisins de Mendeli, Harmouyl, Elwendiye : les sand-
jaks de Baibourd'et de Koumakb furent reunis au gouverne-
ment du Diarbekr.
Journal de la sixieme campagne de Souleiman [premiere earn*
pagne en Perse ) , en Vannie i534»
Mois de juin (silhidj^).
10 juin i534 (mercredi; 28 silkide* 940) , Scutari. 12, halte.
i5 (i M silhidj£), on plie la tente du grand-vizir. 14, Maldepe\
1 5, la prairie de l'empereur Tekfour tschairi ; pluie. 16, Gue-
hizi. 17, Hereke\ 18, Sazliidere. 19, pont de Sitarl. 20, Kaz-
ludere\ 21, Dikilliitascb (l'obelisque de Nicee). 22 f halte.
23, Pamboukdji. 24, Yeniscbehr. 25, balte. 26, Akbiik. 27,
Eschen. 28, Bozoyouk. 29, Inoeni. 3o, Ilidjl.
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ET ECLAIRCISSEMENS. 497
vnauvais. 16, dans les prairies pres da village de Dikin qui
depend de Sou Schekhri, F6tape est double, ear la sta-
tion r^guliere cut ^te le village* d'Ezbedi; cette marche est
tres-longue, mais la route est unie; l'arm£e traverse beau-
coup de villages, et passe pres du tombeau deTschoban Imre\
17, Akdepe, qui depend de Koumakh ; marche longue et fati-
gante; descentes et monies continuities, 18, depuis Koumakh
jusqu'aBouyoukyort les chemins sont pierreux et difficiles pour
les chars, on ne rencontre ni arbres ni villages. 19, Ker-
mane ; marche tres-penible. 20 , Erzendjan : arrived au camp
d'un depute du khan de Schirwan. 21 , halte. 22, on ploie
les tentes. a3 , on campe a Fentree du defile* de TschoU 1 -
bo.ukyord. 24, l'etape est doubled, c'est la plus fatigante que
Farmee ait faite depuis Constantinople; on campe devant
Diizoun-Khani. 25, Kars ; lorsque Mohammed II marcha con t re
Ouzoun-Hasan, il fit halte au village de Miane*, ou tf tra versa
l'Euphrate. 20, en-deck du khan de Mama Khatoun, pres des
ruines du chateau de Khoubyar. 27 et 28 , halte. 29, halte ; le
froid se fait sentir; il neige siir la montagne de Terdjan.
3o, halte, pour attendre les convois de vivres et munitions qui
devaient rester a Koumakh jusqu'a la fin de la campagne. 3 1 , on
leve le camp.
Mois de septembre (rebioul).
i B *, Penek; longue route a travers des defile's dans Fun dcs-
quels Farmee stationne. 2, Khan is; un courrier du grand-vizir
apporte les nouvelles et avis suivans ; que 1'Azerbeidjan est con-
quis, et que le grand-vizir en a donne* le gouvernement au beg-
lerbeg Baienderoghli ; qu'il serait convenable d'envoyer dans
les provinces de Fempire des lettres ann on cant cette conquete ;
que les fortifications de Tebriz etant deja commencees, il se-
rait trop tard pour que le Sultan put y e'tablir son* quart ier
d'hiver, et qu'il vaudrait mieux retourner dans le Diarbekr;
que Melek Mousaffer, prince du Ghilan , avait depute un
t. v. D2
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4g* NOTES
ambassadeur an grand-vizir, el que eelui-ei I'avnit renvoi**
avec les bonneursdu* a son rang. 3, Tschepmouk? SuUan-&§}im
s'ltait arr&t£ d'abord a Aladja Khan, ensuiie a Tschejrmonk;
on fait ees deux Stapes en on seul jour; il est ari^te* que Farmee
bivernera dans le Diarbekr. 4> halte* $, Erxeroum; on en vine
dans les province* des lettres pour annonoer la victojre du
serasker; le Sultan visite les iomhes d'Erseroujn ; defense aux
joldats de prendre I'avanoe ; ordre aux troupes de marcher en
colonnes, 6, Hasan Kalaa; longue et ptaible marche. 7, Tscho-
ban Koepri, sur i'Aras ; on passe de l'autre cote" da fleuve $ Ion*
gue marche. 8, Alagce*; chemin difficile pour les begages; on
trouve peu d'eau, et Ton campe dans un d66U. 9, Iman Kiaai;
les begages sont envoyj&s en avant de l'armie afin d^ viler le dea-
ordre. io(jeudi, i er rebioul-ewwel), 00 campe dans le village
d'Aidin, en-dec& de la valine d'Alischkerd, et pros des ruines du
ch&teau de Kowan; double etape; emharres, difficult**; icila
route qui mene a Tebrix se slpere en deux voie* ; le cbitesu
d'Ardjisch , pris par le serasker, lui est aceorde en fief. 1 1 , vil-
lage de Nadlu , sur le bord de l'Eupbrale ; route belle et unie.
12, on longe 1'Euphrate; chemin pierreux, monlantei des-
cendant; on rameoe des scrviteurs de KasinitPascha qui afc-
taient enfuis ; trois sont empales , neuf coupes en deux par Le
milieu du corps. i3, village de Tschubiikli, sur une hauteur
escarpee et de difficile acces. i4> village de Tscbakrik; journee
de marche longue et difficile. i5, village d'Aghi. 16, on campe
dans les environs d'Ardjisch* £tape ordinaire ; JVIohammied-
aga envoie an serasker une grande quantise d'objefsen prlsens*
Du 17 au ao, halte. 3 i f divan, dans lequelon prend }a reso-
lution de se diriger vers Tabriz, % cause $e la nouveDe anpertee
par un courrier du grand- vizir, que Jes Fer&aps «'qppracben£.
12, l'arm£e cafope dans le village de Bendmaji}, pjres du lac*
23, dans }e pas de Raradcfi j chemin large et.piejrpenx. $4, dans
les pr&vis-a-yfc le yijlage 4* jSegpienada,; fnap$fre 4i$«i)e.
*5, elle campe au-del$ de Kboui, et en}re dfln* un <M0f£
si ^troit que deux eavaljersne peuvent y marches de front; on
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ET ECL4!RCJ$SEM£NS. 499
peed heanceup 4? fr£tfi? 4* sjpmme qui se laistent iomhtr Jans
les prccjpjees. 36, AW*t£> longu* marche ; manque dW pota-
ble; pn rec.oit un cnurrier 4^ £*and.-yiair, ijuijdeanande qu'on
ftceeHere la marcfc de. |>nn«ie. 97, l'arflty&e sfarctte aurdeia
4e $ofian 9 pres dep Sept- Fontaines ({left tschescfentye)'; onCait
trpis Stapes dans une seuje journ^e; chemin un peu aUfjf&cile;
plnie et vpnj. 28, l'arpfy&e arrive k Tebris et campe A Sidawa;
longue marcbe; uue partie des bagages rejpint le camp; lea
Jiabitans fie Te^rjz yjennent £ la rencontre du Sultan pour le
feliciter, $9, Aoudjan, camp 4'^te du achat de Perse; reunion
<Jes troupes du grand-vkijr et du Saltan. 3o, diwanf le serai^er,
les beglerbeg* f lea agaa ejt le reis-efendi, Moustafa-T&ehelebi,
sont revetus de kaftans et admis £ Raiser la main de I'empereitr ;
les soldats jcU Ja inaisop imperials recoivent milk aspres (vingt
.ducats) de gratification.
Mois d'octobre (rebioul-akhir).
1 er , rep 06, plnie< a, divan; le prince de Gfcilan est admis au
)>aise-m*i&. 3 9 repos. 4> opploie la tente du Sultan; 5, i'armee
passe pres de Khan Abbas; Khan Abbas; depart du grand-
ykir ayec les troupes de Roumilie, forniaut Savant-garde ; le
Sultan se place au centre avec les troupes de la maison impe-
riale (janiasaires 9 troupes et cavalerie regulieres); 1'arriero-garde
est composee des troupes de Karainanie ; marche courte et fa-
cile, mais op manque d'eau ; Mohammed Mirza , fils du scbah
de ScVirwan, est laiasi a Tebris en qualite de commandant;
\es begs de Karahissar, de Koumakb , de Baibourd et d'Aldin ,
et )en£8 cayaliera sont mis sous ses ordres. 6, pros du village
jles Turcomans; tongue journee; chemin etroit. 7, Kara Bal-
^urUchai j ehemin tres-difficile ou Ton trouve peu d'eau; le
sef asker f avec les troupes de Roumilie , se porte en avant.
6, Miane , longue At p^niUe marcbe; on passe un pont e^eve
sur une large riviere. 9, an campe dans le village de Kuril Ou«
«onn f sitne au milieu de Fetroit defile de Kaplanti Ked&gi ; lVau
5%*
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5oo NOTES
de la riviere qui traverse la valine est sau mitre : ce tf^file fait
la limite entre l'Irak, qui commence au-dela, et PAzerbeidjan
que Yon vient de quitter ; le grand-vizir, de re tour de scs excur-
sions, se remet en ligne ; ordre aux soldats de ne pas se detacher
des rangs pour marcher en avant; journee de marche plnible,
ma is peu longue; les Persans, sachant que la tente imperiale
marche en avant de l'arm6e , cherchent a snrprendre 1'escorte
qui l'accompagne, mars ils sont repousses par le grand-vizir.
10 (samedi , i er rebioul-akhir), Khan Serdjem, pays vaste et
desert, les bagages reslent en arriere. 1 i , Khan Nikbi , etape
longue ma is facile. 12, ville de Zenghan; longue journee de
marche; on trouve'de l'eau en abondance. i3, Soultani ye* , en
grande partie devastee 5 c'est la que repose le sultan Moham-
med Khodabende, dans un ma u soke dont le d6me est entoure
de huit minarets; on apprend que le schah est en pleine
fuite, et que Mobammed Soulkadroghli a passe du e6te* des
Ottomans; grand froid et neige. 14, halte, pourrecevoir Soul-
kadroghli, dont la tente est dressee aupres de celle du grand-
vizir; au diwan, les begs persans Oulamabeg, Soulkadroghli,
et Mohammed, fils de Schahrokhbeg, sont admis au baise-roain,
et rev&tus de kaftans ; le prince du Ghilan obtient la permission
de s'en retourner. i5, village de Sakhan-Kalaa ; beau chemin,
raais le gr&il rend la marche difficile. 16, Ebher; forte neige
comme au coeur de Thiver ; fausse alarme 5 les troupe's se
croienten presence de l'ennemi. 17, halte, pourattendrc l'ar-
riv^e des provisions de bouche qui cqmmencenta manquer;
Mohammed, fils de Schahrokhbeg, recoil en present cent mille
asp res, deux kaftans, cinq dulbends et un turban d'honneur
(moudjeweqg); parmi les cinq begs venus avec lui, trois re-
c,oivent vingt. mille aspres, deux dalbends et un turban ; les
deux autres out quince mille aspres, un kaftan, deux dttlbends
et un turban. 18, halte; les begs persans sont admis au baise-
main ; ils remercient I'empereur des presens qu'ils out rectus;
quelques autres begs venus avec Oulama-reooivent des habits
d'honneur, et sont admis au baise-main. i9,haltc; lePadischah
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. ET ECLAIRCISSEMENS. 5or
et \c pascha (le Sultan et Ic grand-vizir) montent a cheval pour
passer l'armle en revue, 20, on campe pres du village de Koe-
schek roubablar ; Oulamapascha et Soulkadroghli obtiennent
la permission d'aller a Tebriz ; pendant cette station, la porte
de la tente imperiale est ouverte du cdte de Bagdad, pour
faire connattre aux troupes la resolution du Sultan de marcher
sur cette ville. 21, longue marche; froid; neige; les b6tes de
somme tombent de faibles&e sur le chemin, 22, pres du village
d'Owa ; longue marche par un chemin £ troit ; les cbameaux ,
les chariots , les voitures impe>iales et l'artillerie ne peuvent
atteindre 1'autre station ; on passe la nuit a cheval , et par un
grand froid; dans l'apres-midi il e'tait tombe* one neige si fyaisse
que You ne pouvait rien voir autour de soi ; on perd beaucoup
de betes de somme. 23 , halte , pour attendee les bagages et
les chameaux restes en a mere. 24, on campe pres du village de
Mazian ; la pluie ayant gdte" les chemins, retarde Parriv^e des
equipages ; le defterdar Iskender Tschelebi est destitue* ; scs
biens et ceux d'Housein-Tschelebi sont confisqu£a au profit
de la couronne. a5, pres Dergezin : belle route. 26, halte pour
rassembler Farmed. 27, halte, afin de chercher des fourrages
pour les b6tes de somme, 28 > on campe au village de Sazin;
longue marche, mais la route est unie; neige, pluie, froid.
29, village de Destghir, vis-a-vis d'Hamartan; Hamaan est
situle au pied de la montagne El wend ,' dans une fort belle
plaine. 3o, halte pour fourrager. 3i, belle route jusqu'au vil-
lage de Saldjik.
Mois de novembre (djemazioul-ewwel).
i er , l'armee campe dans les environs de Saadabad. 2, elle tra-
verse par un temps de pluie un chemin fort glissant au-dessus
d'un precipice ; Saadabad est bAtie dans une plaine entour^e de
tous les c6tes de montagnes. 3, Deinawer, dans une plaine;
marche longue et p^nible. 4» halte. 5, Meliwer, cb&teau situe au
milieu des champs. 6, Weisoul Kami. 7, Mazidescht ; longuo
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5o* flOTES
marcbe a tf avers un meraia fort difficile k passer. 8 (dtmtfncney
1*' djemazioul-ew'vrel), balte pew rassembier^ariftlSe. 9", Se-'
meghan Tscbayi ? route montueusey ma-reeagks e* defiWsl On y
perd un? grand nombre de betes de sOnimte j niort du* ftfeeliaiidjf'
Sidibeg ; to dfyouille est portee k lar stake de Farmite pouY etr€?
ensevelie & Bagdad jires do tombeau dtf Grind-! manor (Ebou-
Hanife); depuis Erzeroum on n'avait pas 1 irix d'arbre f ic? poui*
la premiere fbis on trouve des cb&nes et des lenttsques. 16 , oh'
campe pres do* tombeau do pOrfe-&6ndaf d du FropnGte (Aa-
lemdar turbesi); ebenihf montoeu*; tethpete contiriu'elle ;
beaucoup de soldats sont obliges de passer la rinit a eneval ,
lenrs bagages etant rested etf afriere ; on br&Ie cent aHftfe de
canon, et les pieces sont enlbtries dan's la terre. i i , Karafroulak
Tscbayi, cbemin piefrenx; faute dfe trouve* des source^, les'
soldats fama&ent et boivent les eaui de la 4 plate qui cotifetft stir
la route. 1 at, Scbabin Kalaa, chateau Sur one colline ; ici on* sort
do rirak arabe pou* enrrer d*n$ la province de Bafgdtfd 5 mau-
▼ais temps, pluie; si le chemin efit ete ihegal et la station eloi-
gned, il cut ete impossible que les bagages pussent arrive* avcte'
Farmee. i3, balte pouir attfendre les fonrgftns d'artillerief qui ne*
peuvent avancer dans ce* routes boueuaes; Bagdad setrbuvant
encore tropf k>in^ on ensevelit le corps 1 d* nischantfji Sidibeg
dans ie cha%au de Scbabi $ disette de viv*esj Farmee arrive ant
mines du chateau d'Yerii Imam 5 le cbemin, coupe d"abord par
des marais, passe ensuite dans une tallee ctrorte ei rahof et&e ;
orage et pluie. i5, Kassr Scbirin, chateau h deini foitte; le
pajs est sec et sterile , point de paturages \ durant ces con-
tumelies tem petes , on perd beaucoup de betes de somme; il
j en a qui sont en trainees par les tbrrens que forme la pluie.
16, longue marcbe a-travers des coteaux) on recoit la nouVelle
que le beglerbeg de Bagdad, Mohaminedbeg, veutoffrrr at*
Sultan la soumission de la viHe. Arrived du juge de Bagdad*
De Delnewer a ce point, le pays est incuhe; homfties et betes*
souftrent de la faim. 17, balte pour attendre les bagages.
18, Tokoufc ouloum', e'est-a-dire les nttifdutres, au bdrd dPun
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ET ECLAIRGISSEMENS. 5oS
etang } eourte etape et bot» ehomin. Le keureudjtbaschi it
Bagdad, Kara Veli* apprend au Saltan qu'apres le depart
des troupes (celles du Tekke)* Mohammedbeg et Seid Manssajur
se sont enfuis a u pres du schah de Perse. 19, balte, pluie con-
tiouelle ; le Sultaa veut d'abord passer la riviere , mais il est
obligl de rentrer dans sa tente, Ies eaux ayani prodigieu-
sement grossi; plusieurs hommes et beaucoup de betes de
somfrie se noient; Ies champs sont entierement inondes; Var-
mee n'avait jamais en a. supporter jusque-la de pareilles cala~
mites. ao, balte, a cause du debordement de toutes Ies rivieres*
ai, Ies eaux a'etant un pen ecoulecs, le Sultan se met en mar-
cbe dans Tapres-midi. aa, Ies begs horde* sont revetus de kaf-
tans et renvoyes chex eux. a3, le serasker preod le devant pour
se rendre a Bagdad et va camper a Karadia , dans Ies environs
de Merdjan ; le Sultan* etablit sa tente dansun champ. 24, balte,
a cause du debordement du torrent de ^fasin. a5, on passe c«
torrent et on eampe au village de Berkhan; on n'y trouve
point de paturage* 26 , on traverse sur un pout de pierre le
torrent de Khalassarghi ; eourte marche le long de la montagne
Homair.(la montagne rougedtre). 117, village d'Owe'ise; on
eampe pres d'une riviere que Varraee passe sur un pont en
bois« 38, Biredjik; la station regal i ere cut ete a Elwendiye,
mais on force la marche ; Farmee traverse avec beaucoup de
peine Ies canaux creuses pour Ies champs de rix. Le serasker
arrive ce jour-la a Bagdad, par un temps beau, mais froid.
Accompagne' des begs et des agas, il fait a cheval le tour de la
forteresse , et y entre avec peu d'hommes, quHl a choisis lui-
meme. ag, ScheYkh Soukran, pres du tombeau de Lokipan; le
serasker envoie au Sultan Ies clefs de Bagdad par son porte-
eteudard, Djdferbeg; celui-ci recoit en recompense des kaftans,
un present de cinq cents ducats et i'investiture du sandjak de
Zwornik, avec trois cent mille aspres de revenus. 3o , entree
dans Bagdad $ ceremonie du baise-main; le Sultan est compli-
mente pour cette nouvelle conquete, a I'occasion de la quelle il
donne au serasker vingt mille ducats en present ; il augment*
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5o{ NOTES
en outre son traitement de vingt miUe ducats, a percevoir sup
Jfes revenus de l'Egypte , et lui fait remettre un kaftan et un
sa^re d'honneur garni de pierreries.
Mois de decembre (djemazioul-akbir).
i er , diwan, les begs et beglerbegs recoivent des kaftans et
sont admis au baise-main ; les troupes de Roumilie et dona-
te lie se rendent dans leurs qua r tiers d'hiver ; les autres troupes
recoivent la permission de rentrer dans leurs foyers. Du 2 au
4 9 repos ; le chef (rei's) oil secretaire du diwan, Moustafa-
Tschelebi , est promu aux fonctions de secretaire d*Etat (ni-
schandji); Redjeb-Tschelebi est nomine* re'is-efendi ; et Mous-
tafa, tschaouschbaschi. 5 et6, halte. -7, le Sultan prend son
quartier d'hiver a Bagdad. 8 (raardi, i er djemazioul-akhir) ,
diwan dans la maison du grand-vizir ; tous les Tekkeliis £ta-
blis a Bagdad qui n'etaient point partis a vec Mohammedbeg,
et qui avaient rendu hommage au Sultan, se r£unissent chez le
grand-vizir ; trois d'entre eux sont investis de sandjaks. Weli-
khanbeg, le kiaya d'Oulama-Pascha, auparavant sandjakbeg
de Meragba, obtient celui de Malatia, avec six cent mi He
aspres de revenu annuel, vingt mille en present, et un kaftan ;
le segbanbaschi d'Oulama reeoit un sandjak avec.un present
de diz mille aspres et un kaftan ; le nischandji-baschi, cent
quatre- vingt mille aspres a prendre sur les biens de la cou-
ronne; le reis^efendi Redjeb, un fief de cinquante mille aspres,
et le secretaire' du diwan, Ramazanoghli Mohammed-Tsche-
lebi , un de dix-huit mille, de plus un traitement fixe de trente
mille ; la solde du secretaire Kara-Memi-Tschelebi est portee
dc.lrente-huit aspres a cinquanle par jour. 9, ici commence la
periode des quarante jours pendant lesquels se font sentir les
plus grands froids de l'hiver; diwan dans lequel tous ceux qui
out recu des, charges et des benefices viennent baiser la main
du Sultan ; on apprend que le schah s'est rendu a Tebriz, qu'il
en a fait sortir les troupes , et qu^il s'est dirige vers Sultaniye^
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ET ECLAIRCISSEMENS. 5o5
10 , les nouveaux begs et bouloukagas sont admis au baise-
main. 1 1 , le sandjak de Mossoul est doma£ k Sadi Ahmedbeg;
ordre qui en joint aux troupes de cavalerie regaliere de monter
la garde au palais imperial k Bagdad, comme elles le font pen-
dant la guerre autour de la tente du Sultan ; Temploi de porte-
etendard de l'armee est accords k Mohammed Schab , fils de
Mahmoudbeg fils de Mesik-Pascha. — Janvier et fevrier i535
(redjeb et scb&ban). .
Mois de mars (ramazan).
i3 (dimancbe, 8 ramazan), Hi wan; avant que les vizirs Ayas
et Kasim soient recus k Paudience, le Sultan envoie l'ordre de
pendre sur le marche* aux cbevaux de Bagdad le defterdar
Iskender-Tschelebi. 18, le serasker visile les tombeaux des
imams Ali et Housein; il revient a Bagdad. 23, l'empereur, ao
compagne" du serasker, des pascbas et des agas, va visiter ces
memes tombeaux (a Kerbela) ; arrived d'un eourrier d'Oulama
qui demande du secours. 27, le Sultan revient de son peleri-
nage; la tente imperiale et les offices sont transported a Akoul-
oum ; les defterdars distribuent la paie aux janissaires ; a8 ,
l'armee entiere defile devant l'empereur; le beau-pere d'ls-
kender-Tschelebi , Housei'n-Tschelebi , est decapite.
Mois d'avril (schewal).
i er ,l , empereur quitte Bagdad pour marcher versTebriz con-
tre les Persans; il campe k Akouloum; arrived de plusieurs cour-
riers d'Otdainabeg. 2, depart du grand-vizir. 3, Housch Attar.
4, un grand n ombre de tentes sont d^chirees par le vent. 5
(lundi, i er schewal), pres-du village Kazani-Bouni. 6, ha'lte.
7, Bat; longue marche ; on manque d'eau; l'armee arrive sur les
bords d'une riviere. 8, Bendbat, Itape ordinaire. 9, Iwani; au
pied de la montagne Homair. 10, on s'arr£te pres du tombeau
du scheikh Med j id 5 l'eau y est sarim&tre. 1 1 , village d'Osmanlii.
12, hake. i3, Souloukan-Tschairi ; etape ordinaire. 14 et i5,
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5o6 NOTES
halte. x6, pre* dc Milan. 17 et iS* hake* Lea pasohas et les
sandjakbegs qui s'etaient porte* en ttatft too* rappeles , Pem-
pereur s'etant 46eifle k ks faire marcher dans me autre direc-
tion. 1 9 et 20* halte* a 1 f Gcekjourt Jusqn'au 3d* halte.
Moisdeia«i(silkide).
i«, 2, 5, halte. 4 (mardi, i OT silkid£), halte* 5, Ie second
eeuyer, Hotiseinaga, rec,oit l'ordre de jeter un pont sur la ri-
viere de Sonab. 6, le defterdar et le kiaya de Roumilie arrivent
au camp. Du 7 au 18, halte. 19, on ploie la tente du grand-
vizir. 20* Khasskoeij marche forceV. 21, halte; 22, Hanani-
Kindi ; Itape ordinaire, 1q serasker se slpare de l'empereut et
va camper plus loin. 23, halte. 24* Kizitdere'; tres-peu d'eau.
*S$ tm courier d'Oulamabeg annonce que le schah est patti de
Wan r et que son frere Sam-Mirza s'est mis en route pour
rendre hommage au Sultan. 26, on traverse le d£fil£ d'lman-
Schah et on campe a* Honarj un courrier du beglerbeg de
Roumilie annonce Farrivee d'un atnbassadeur francais voya-
geanf a sa suite ; un autre courrier apporte la nouvelle que le
beg d'Amasia , Mohammedbeg , a exterrainl les Persans qui
s'etaient revokes dans le sandjak d'Amassia ; le beglerbeg d'A-
natolie vient rejoindre le camp du Sultan; on tfouve beau coup
de serpens. 27, le serasker, grand-vizir, ticnt le diwan dans
lequel les beglerbegs et begs d'Anatolie sont admis au baise-
main. 28 et 29 halte. 3o, Gheioun£, longue et p£nible marche.
3t, Basch-Tschinar, courte 6tape; le chemin est montueux et
pierreux; ici est la source de la riviere de Tokouz-Ouloum
(des neuf outres); on recoit un courrier de Souleiman-Pascha >
beglerbeg de Bagdad, et de Ghazi-Khan , an none, ant que Sam-
Mirza se soumet a la Porte , et qu'il a ccrit dans ce seas h
Ghazi-Khan.
Mois de juin (siftndje).
i tr , chateau de Kistabii- 2, Sefd-Sadek; 6tape ordkia
lire.
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ET ECLAIKCaaSEMENS. 5o 7
3(jetidrj »«* etlfcidje), Bag-Yetdr? on eainjte datts des tteirta^e^
fori difietlet a tnr?e#seft 4; chateau de^ttildje' ; cnettritf peoibte.
Jftr&au io, batter n$ c^reWnie^ltoitt-main^ltacatfch&du
£etfc Btfraife. r* et id fcaKe. *4, fttf ploie fefrtetfle* i5, Star*;
atatknt rapprocbeej r6, KilyFarntee efcoie litfe montagne es-
ear pee; elky dresse'son etfmp. f^ Khao- Kedfigbi. 18, Guof
diknv ity halite. 4<y f Toukarfj longue marebe; Oiilamabeg
rejoin* ramie, 21, Sarudj6Karoiscn, station- eloigned; ar-
rive du mattre de cerdmoniea (Iscbikaga), dtf khan persan,
Tadjlu-Xban, qui demande'k fateurde pouVoir envoyer an
ambassadeur : on fait pass** lea bagages derriert? l'armle > au
lieu de led avofr en avant coming otfaVait fait jusqulct. 22,
Kardoul, longue marche- a3,- Na^fr, belle route, dans hrplaine
de Meragba ; te# erieurs aWnonCttit tfae Varmee doit se diriger
vers Aoudjan* ifa Ie P&discba prend la resolution de se ren-
dre lui-m6me a Aoudjan. 25, l'emir qu'Adjloukhan avait en-
rdje au camp reeoit la permission de repartir. 26, Konkou-
der£; lougue Itape. 27, Erwane y marcbe ordinaire mais diffi-
cile. a8, Agbillu jort, tres-beaJu cbemin. a<y, leserasker campe*
a Saadabad. 3o, Saadabad pret de Tebriz. L'arraee a mi*
trois mois ( quatre-vingt-onze jours) pour alter de Bagdad a
Tebriz; on donne mille asp res de gratification aux troupes rt-
gulieres, et dans la cavalerie feudataire ebacan de ceux qui
sont attes & la petite guerre rec,oit sur raille aspres de ses re-
Venn* une augmentation annuelle de deux cent* aspreS.
Mois de juiUet (moharrem 94a).
i** f balte. 2 (vendredi, i er mobarrem 942)9 arrivee desbeg-
lerbegs <hi Soulkadr et du pays de Ho«m (Amassia). 3, rem-
pereur, le serasker et Ies autre* tizirs 1 se rendenl a Tebriz ;
rempereur occupe le palaia du sebab? lea Vizirs, agaa, el Ka-
sim-Pascba font dresser leurs tentesj le serasker babite avec
rempereur au palais de Tebriz. 4* balte; trembtanent de terre ;
arrivee d'un enyoy^persair qui avait ete reteriu' a Aotfdjdn par
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5o8 NQ1ES
Oulainabeg, et ne s'etait pas rendu dans le camp, l'empereur
^tant deja parti pour Tebriz. Du 5 au 9, balte; l'empereur et
]e serasker celeb rent les prieres du vendredi , dans la mosquee
du sultan Hasan ; les janissaires et les begs a cbeval entourent
la mosquee pendant l'office et reconduisent S. M. jusqu'k sa
tente. 10, balte. 11, l'empereur tient le diwan; l'envoye per-
san baise les mains du grand-vizir ; le beg kurde de Scbifkat ,.
accuse d'entretenir des intelligences avec les Persans, est de-
capite avec cinq dessiens. 12, balte; le kiaya, fib de Sche-
refbeg, est execute. i3, balte. i4» diwan; plusieurs sandjak-
begs sont nommes beglerbegs et admis au baise-main; le Sultan
ordonne qu'a l'avenir le beglerbeg de Roumilie siegera seul au
diwan a cdte des vizirs , que le beglerbeg d'Anatolie ne doit
plus prendre place aupres d'euz, sauf le cas ou une affaire im-
portante l'y appellerait; il est aussi defendu auz autres begler-
begs de venir s'asseoir a c6te" des vizirs, .et le Sultan ordonne
que lorsqu'ils seront admis au diwan, ils se tiendront a J'entree
de la salle. i5, balte. 16, on transporte la tente du grand-vizir
a Aoudjan. 17, Aoudjan. 18 et 19, balte. 20, on ploie la tente
du grand-vizir. 21 , Khan Abbas. 22, Baschsifkunbed; des pro-
clamations instruisent l'armee que le Padiscbab reconnait le
prince Sam Mirza comme un fils, et qu'il lui donne tout le pays
cn-deca du Kizil-Ouzen, dependant de l'Irak. 23, Yassitschai.
24 > Miane. 25 , Kizil-Ouzen ; longue marcbe. 26 , Khan Ser
Djem. 27, Ohan Nikbai. 28, Sengban. 29, Sultaniye. 5o, Kaidar
Ncbi. 3i, Tscboroul; longue marcbe.
Mois d'aoot (safer).
i er (dimanche, i er sdfer), Takht Souleiman. 2, Dehne. 3,
Dcrghezin. Du 4 au 6, balte. 7, dc Dergbezin on se dirige vers
Tebriz. 8, Baschsifkunbed. 9, AH oba djayi. 10 , Soudjas. 1 1,
Seheiva. 12, Idj Kerkede. 1 3, Nikbai Khan. 14, SerDjem
Khan. i5, Kaplanli Kediighi. 1 6 , Yassi Tschai. 17, Bascb-
sifkunbed. 18, Aoudjan. 19, Djinawan. 20, l'empereur arrive
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ET ECLAIRCISSE^MENS. 5og
& Tebriz et campe dans les jardins pres deKhiaban. 21, repos.
22 , l*empereur quitte son camp , et s'etablit dans un jardin
pres de Scbam Gbazan. 23 et 24 > balte. 25, le grand- vizir,
avec quelques cavaliers, se dirige vers Kbiabantscbayi , a l'en-
droit on etait assis le dernier camp , et repousse de la les Per-
sans qui s'etaient trop avances. 26, balte. 27, depart de Te-
briz ; l'armee s'avance au-dela de Scbam Gbazan et va camper
pres du village de Sourouri. 28, Sofran.>2g, apres avoir pass6
h cote de la ville de Merend, Tarmee s'arr£te dans les pres de
Goekdepe. 3o (lundi, i« rebioul-ewwel), Rarakoei, 3i. Kho'i.
Mois de septembre (rebioul-ewwel).
i«r e t 2^, balte; I'empcreur et le grand-vizir montent a cbe-
val pour aller visiter le tombeau de Scbems Tebrizi. 3, cellule
dePirMaza. 4> balte. 5, Sogbmen. 6, Karagoudere Bascbi.
7, a Ketouk-Kerek, en-decA de Karagoudere. 8, Newscbebr;
dans la matinee , lc grand -vizir reeoit a cbeval la visite des
begs et des agas. 9, Bendmabi. 10, Ardjiscb* 1 1, balte. 12 et i3,
balte; 1'ordre est donne a douze membres de la famille Soul-
kadr et aux tscbaouscbs de se porter avec rartillerie contre
Asdildjouwaz. i4> Alibegbaghi, sur la lisiere du mont Soub-
bantagbi. i5, Aadildjouwaz; on apprend que la ville de
Bidlis a etc" prise et occupee par Gbazikiranbeg. 16 , balte;
'Oulama-Pascha envoie un grand nombre de tetes. 18, Akblatb;
Oulama recoit Uordre de se diriger sur la ville de Wan ; la
mere de Scbemseddin envoie les clefs de la citadelle dc Bidlis.
Le serasker part dans l'apres-midi , et longe la montagne qui
s'etend jusqu'a Aadildjouwaz. 20, balte; le serasker entre dans
la ville > fait decbarger les canons dresses sur les remparts,
puis s'en retourne et vient camper a Alibegbagbi. 21 1 il arrive
dans Fapres-midi a Ardjiscb; les.Persans fuierit jusqu'a Bend-
mabi > inais vers le soir ils sont atteints et passes par les armes
apres un combat de pen de duree. 22, le serasker s'arrele a
Alibegbagbi. s3 , h Akblatb ; de retour de ses excursions , il
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5io H0T*£
Yie&reiQivfrfikwm* (fi'<& fr* qwh POT* fe #HWMteefQi9 f
fc JmrwlMwf* w *wrai*er Ae titpe 4« iSu&an). On re^oit la
nouyelie qu'Oulaina-Paach*, le beglartag de Diarbe&r, fit
lie segbanbascbj pnjt reason tre le schah, et qu'ib se batten t
gpnjtre luj. On append ausaj que trois n*emb?e3 de la fanulk
lies anciens princes fte £ovdkadr ont pass£ du cAt£ del'ea*-
nemi. ?4f MaJwnan, aubord d'un lac; on y trouve de 1'eau
fraichs ejt dps chgnes, a§, Giixelder^. a6, halte; le serasker-
sultan convoque jm diwan, auquei assistant le beglerbeg de
Piarbskr, Ouianua-Pascha, et ies autres begs et agas. 07 et
.28, halte. 29 (mercredi, i e * rebioul-akhir), et 3o, halte.
Moi» d'octobre (djemazioul-ewwel).
i**i a f .5n balte. 4» Bidlis. 5* balte. 6, on campe entp*e le
Tillage dp Wewbw ejt celui de Missr. 7, halte. 8, Weisoul
Kami, 9, Jftirfca tscbayi. Du 10 au i3 , hake. 14 , au bord dp
PEuphrate, dans le district de Beschri. Du t5 au 17, halte.
18 , Salakbtsehayi. 19, Ayar tscbayi. ao, Amed- Dtt si aa
27, halte. 28 (jeudi, l* r djemaaiouL-ewwel). Le aeraskec~
sultan cpmpe a Siren. 09 ef 3o, halte; l'eittpereur va a la
ishasse et se rend dans Fapres.-midi a la fovteresse d'Amed.
5i 9 halte*
JloU de novembre (djemasioatakhir).
Du i* r au <5, halte; Penipereur ,se rend £ la yieiite wqs-
qu,£e pour fejire la priere du yendredi. 6, halte , dwan, Di*
7 au 9, baUe. J9 f on plpie la tente du grand-vizir. 11, K.izil-
dep£ ; pr£s de frarahagh. 12, JJlinalii, dans le baasin foranjg
par le Karadjatagji. i3, Rhadjegiin. 14, Aafridin tragi. i5,
A4no J>inar} f j£, Rofea. *7> Ml** *8 f Soa*Qudj. i£,JH»
traverse I'fiupjiraje sup d&S barques, 20 , halte, ajL f .00
lainpe a Telhaja , pros d^inp 9<>w<# ^ d'une m#squ«te. aa ,
nres du tombeau de David. On campe sur les bords da b ri-
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ET ECLAIRCISSEMENS. 5 m
Tiered* Hailan. *4, Haleb. a5, halte. s6, halte; Pempereur
visits la visiUfl f mosquee t la ibrteresse «t lee tombeaux.
07 (samedi* *•* djeniazioiil*akai*). 3o 9 hake.
Mois de decembre (redjeb).
i« r , on live le camp. 2, Ezarit. 3, Amm goeti (Cunntts
anus). 4 9 l'armee arrive au pont sur l'Aassi (Oronte). 5,
Antioche. 6, Bakrass taghi. 7, Iskender binari, c'est-a-dire
source d' Alexandre. 8, Kendkhani. 9, on canape derail t
Kourdkoulaghi (oreille de loup), a Ildjak. 10,0a dresse le
.camp sur lea bords du Djiban Souji, pres Adana. 11, 12,
i3, halte, i4i chasse; le tresor est envoys' en avant de l'arr-
mee, i5 , le grand-vizir se remet en marcbe. 16, village de
Hassoun. 17, Sarwascbik, aux environs du chateau de Gu-
lek. 18, on passe devant Badjdan kharii. 19, Kazir Sin d ugh i,
c'est-a-dire le camp des infideles *, et on arriye a Oulou
* Ce nam date des croisades. Cemme le Journal ne doone que les mou-
vemeas de Souleiman, la defaite d'Iskender Tschelebi et (FOuiama dans
les defiles de Ki?|)dj& a eie passee sons silence. Les historiens ottomans
Djelalzade, Solakzade', AU, Petschewi et aulties, conriennent eux-memes
que l'armee epronva une perte de dix mille hommes ; les histoires con-
temporaines, telles que la Storia di Guazzo, p. i36, et les Rapports des am-
foassadeurs d'AQemagne, la portent a vingt-cinq mille hommes. II faut pro-
bablemeot choisir un teme meyen eatre ees deux evaluations; mais on
ne doit ajouter aueune hi a la vetiion qui place cette defaite aux envi-
rons de Tebrii, et^uivant laqaelle plusieurs pasekas resterent parmi lea
marts. Tebriz s'etjut rendue sans eoup-ferir; et Nisangei CanceHier, designe
dans le nombre de ceux qui auraient perdu la vie sur le champ de bataille,
mourut posterieurement a eette epoque, et de mort naturelle, sur la route
de Tebrix a Bagdad. Les petfts ouvrages attemands qui traitent de cette
eainpag&esont : I* Die grosse Krlegung des t&rkiscken Beers vom Sophi in
PtrsUn beseheben, item die Zal des ersehUtgenen und gefangenen volh mil
benennung mUer buss* und nahmhafien sampt der Eroberung der Turkett
Schafc und der frewlein seiner Weiber uder Frauentimmers in der edien
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5i2 NOTES
Riscbla, apres avoir traverse la montagne, 20, QEnliowa.
21, Tabagbiin Akdje Schehri. 22, Oyuk. a3, Roniah Bozouk.
24 9 Bozouk; Parmee passe devant Ilghun et va dresser son
camp a Altountascb. 26 (dimancbe, i« r redjeb), Ishaklu.
27, village de Yeba'i, dans les montagnes. 28, Seid-e-Gbazi.
29, Eskischehr. 3o t Bozoyouk. 3i, Ermeni,
Mois de Janvier i536.
i er , Yeniscbehr. 2 ? "Nic<&. 3, on longe la montagne de
Raziklu , et on va camper au village de Demirenlu , pres du
pont de VEtoile (Sitare" Kcepriisi). 4* Nieomedie. *5, halte,
pour attendre les cbameaux qui portent le tresor. 6, Gue-
bize. 7, balte. 8, Fempereur fait son entree a Constanti-
nople.
XIV. — Page 232.
Ali, xxxiv 6 rdcit, raconte qu'Ibrahim , alors qu'il se
croyait encore oblige de dissimuler ses veritables senti-
mens , professait une telle veneration pour le Koran , que
toutes les fois qu'on le lui presentait, il le pressait sur ses
levres et sur son front; mais que depuis la campagne de
Siadt Tauris in Persien aus der italieniscken sprach jetrund neu verteutschi.
i5 may 1 535; 20 Wahrhaftige Anteig kommend von Constantinopel von
dem merklichen Schaden und Niederlage die der tixrkische Kaiser vom Sophi
dem grossen Kasnig in Persien im Janner dies Jar an Leuten, Kamelen und
semen Schatz erliuen hat. i535; 3o Veiteulsch.tr Copie eines welschen
Sefireibens aus Constaminopel den i3 novembris inhaltent des Sophi Fictori
wider den grossen Turken, seine Haupdeute und Folks Gefenkniss der anzal
des gewonenen tiirk. Geschutz, die erobene Stat und Land u s. w. man
1 5 36. On pourrait tout au plus supposer que le combat dont il est id ques-
tion fut celui que liyra Oulama au schah de Perse , et que mentionne le
Journal de Souleiman a la date du *3 septembre : tout le reste o'est que
pure invention des auteurs europeens.
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ET ECLAIftCISSEMENS. 5i3
Perse, it entrait en fureur aussit6t qu'on lui offrait ce livre,
en criant qu'il en avait d^ja un assez grand nombre d'exem-.
plaires.
XV. — Page 232.
Ibn Khallikan raconte , dans le necrologe de Djafer,
qu'Haroun al-Raschid, sur la question que lui avait adress&
un de ses parens, relativement au rentable motif qui avait
amene* Pexecution de Djafer, avait r^pondu : « Si ma che-
mise le savait, je la dechirerais. » Cest ainsi que Philippe II
dit a on des grands de sa cour : « Si ma perruque savait mon
secret , je la jetterais au feu. »
XVI. — Page a36.
Eichhorn lui-m&me, dans son Histoire des trois dernicrs
siecles, e"crit toujours Schereddin au lieu de Khaireddin , et
Horouk pour Ouroudj ; il a ete" induit dans cette errenr par
Touvrage intitule : Nachrichten uber den Algierischen Stoat
(NouveUes sur la regence d* Alger) , Altona 1799. L'auteur
ne fait aucune mention du quatrieme frere de Khaireddin,
nomm^ Elias.
XVII. —Page 23 7 .
Outre VExtrait des guerres marUimes imprime* a Constan-
tinople 9 il existe une double Edition des Commentaires de
Khaireddin ; la premiere complete et eorite dans le langage
grossier du coipaire, la seconde d'un style plus correct; on
trouve un exemplaire de luxe de la, premiere Edition dans
la bibliotheque de Barbarini a Rome. Ali, xxvui* r&it,
donne ^galement le precis des a ventures de Kha'ireddin,
qu'il a puise en partie dans le poeme d'Yetim Ali Tsche-
lebi, intitule : Ledjetoul Ebrar y c'est-a^dire le grand flux
des justesy et qui celebre les hauls faits du corsaire.
t. v. 35
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5i4 * SOTES
XVIII. — Pagb 242.
Histoirc de* Guerres maritime*, f. 18, et Nouvelles sur U
r&gencc d' Alger, p. 6a3. On y voit figurer un autre Khair-
eddin de Karamanie, dont il n'est pas fait mention dans le$
historiens ottomans; il est done probable que ce nom a ete
donn^ par erreur au frfere de Barberousse; mais celui-ci
s'appelait Ouroudj.
XIX. — Page zffi.
*Fai vu sept tableaux de cette beaut6 divine : un dans 1c
Louvre, un second dans la galerie de Crawford, un troi-
sieme a Oxford dans Warwick-Castle, deux a Vienne dans
la galerie du baron de Puttion , et dans le palais du prince
Lubomirsky, un dans la galerie Doria a Rome , et une copie
faite de ce dernier pour la marquise d'Achinto.
XX. — Page a46.
Dans VHistoire des Guerres maritime*, Moulei Hasan est
cite par erreur comme le vingti&me sultan; le Nokhbetet-
tewarihh au contraire nomme les vingt-deux, et donne quel-
ques details sur les actes les plus remarquables de leur regne.
La collection des actes venitiens, dans les Archives de la mai-
son I. R. d'Autriche^ contient des documens pr^cieux sur
l'bistoire des Beni Hafss et sur leurs relations commerciales
avec Venise , savoir : le Liber blancus, et les sept volumes
in-folio des Libridei Patti, dans lesquels on trouve trois twi-
tes conclus entre Venise et les princes de Tunis : les deux
premiers sont ccrits en latin, le troisieme en italien; ces
documens m^ritent d'autant plus d'etre cit^a ici , que leur
existence est rested ignored jusqu'a ce jour et qu'ils offrent
un grand int^ret, tant sous le rapport du style que pour les
notions qu'ils renferment sur l'histoire du commerce. Les
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ET ECLA1RCISSEMENS. 5i5
Vleux premiers trails furent conclus pendant la periode de
vingfr-trois ans qu'embrasse le regne d'Ebou Sekeria Yabya
Ben Abdolwahid, qui s'est donne lui-meme le titre d'Emirol
Mouminin al-Mortezi, c'est-ardire prince des Fideles, 1'Elu
(Nokhbetet-tewarikK). S\ on he oonnaissait pas de^u le nom
de ce prince , il eut ete difficile de le reconnaitre dans celui
'd' Aboabdeles ou Boabdeles , que lui donne le document
venitieri. Le premier de ces deux traites, en date de Tan
i25i, commence ainsi : « In nomine Dei pii et miser icor-
» dis. Haec est pagina bene fortunate pacis formats inter
» Dominum Mirum Boabdilem Soldanum Barbariae fijium
w alti et potentis Miri Birzacharium (Ebbu Sekeria) bona?
» memoriae filii alti et potentis ac Sapientis Beaomet filii ahi
» et potentis ac Sapientis Beni Ebinafes (Ebi Hafss) ex parte
» una et inter Magnificum seu inclitum D. Marinum Mau-
» rocenum Ducem Yenetiarum ex altera per manum vide-
licet Bochomen Gaytum Doane et mandato ejusdem Sol-
» dani Miri Boabdile et per manum nobilis ac Sapientis viri
» Philippi Juliani Legati ejusdem Domini Marini Maurocini
» Ducis Yenetiarum , qui ad baec destinatus fuit. Ab ipso
» Domino Duce requirenda seu reformanda pace atque fir-
» manda secum usque ad terminum annorum quadraginta
» ab incarnationis anno , quo praesens pactum conscriptuin
» fuit. » (Libro dei Patti, vol. II, f. 2). Le Gaitus Doane est
le cbef de la douane generale. Le second traite, du mois de
juin 1 27 1, commence par ces mots : « In nomine Dei pii in
» laudem Dei Machometi profetae humilis super omnes So-
» delates suas Saracenorum. Ista littera est ad renovandam
» pacem, qua? eratligata per praeceptum Domini nostri Cha-
» liphae qui se regit cum Deo Miramoni (Emirol Moumi-
» nin) Aboabdale (Abdolwabid) Ebnolomara Basidin (fils des
» princes des justes) quern Deus manu teneat in victoria sua
» et salvet per suam potentiam et manu teneat benedictlo-
w nem Dei super Saracenos; et pactum, quod olim fuit fac-
» turn usque ad annos quadraginta , quod factum fuit die
55*
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5i6 NOTES
n sexta intrante Maaran (Moharrem) anni 649 de Machomet
» cum Veneris renovamus et amrmamus usque ad comple-
» mentum de 4° annis Sarracineschis sicut in alia parte olim
» facta continetur in millesimo , quod recordayimus antea
» pro ampliare eorum vojas omnes et pro complere suas
» sperancias ita quod current per proficuum suum prolon-
» gatione scripta in ista charta. Facta fuit presens charta
u anno di Machomet 669 (1270). » (Libro dei Patti, t. II 9
f. 4)* Le-troisicme traite, date du 37 decembre i3ao, fut
conclu avec le douzieme prince de la dynastie des Beni
Hafss, dont le ▼Writable nom, Eboubekr Ben Yahya al-Mon-
tedjib, eat ecrit MonsayU On trouve dans la Storia civile e
politico, de Mar. Sanuto , t. VI , p. 35a , un autre traite* du
12 mai 1 317, anterieur au dernier. « Turcimanayit Mongabis
» Saracenus , qui consuetus facere interpretationem Tur-
» cimanus Dohanae. In die Jovis qui Saracenisca lingua vo-
» catur Jullar ann. 7 1 7 secundum cursum Saracenorum ,
» qui dies concordatur cum die 1 a Maji. » Mais il y a dans
cette date une erreur, car le 12 mai 1317 correspond au
28 safer.
XXI. — Page 247.
Mouliassen, comme Tappellent les historiens europeens,
n'est autre que Moulei Hasan. Mewla se prononce vulgaire-
ment Moulei par mi les Arabes , et Molla chez les Turcs.
Raschid est le m^rne nom qu'Haroun Raschid , dont les Eu-
ropeans ont fait Rosette (ville de Rosette en Egypte).
XXII. ^- Page 257.
Voy. Primisser , dans les Archives, pour VHistoire y annee
1 Sao, t. IV et V. Sagredo, p. aai, est plus yeridique tou-
chant la di spar i lion de ces statues , que dans le re^cit qu'il
fait des circonstances de la disgrace d'Ibrahim, et de sa
mort qu'il attribue a la sultane Walide ; celle-ci etait morte
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ET ECLAIRCISSEMENS. 5i 7
avant l'ouverture de la campagne. Sagredo ne se serait pro-
bablement pas trompe en accusant la favorite de Souleiman,
qui a cette epo<jue exercait deja sur lai une grande in-
fluence* Le meme auteur commet encore une erreur, quand
il rapporte a I'annee i525 le renversement de la statue du
Lion, circonstance qui avait eu lieu en l'anneV i532, avant
que les ambassadeurs de Ferdinand fussent arrives a Con-
stantinople.
UVRJE XXIX.
I. — Page 261.
Kinalizade' ; Aschikhasan ; ce dernier, dans l'ouvrage du~
quel se trouve la Biographie de Deli Burader, cite le vers
que fit ce poete a I'occasibn du manage d'Ibrahim , et
qui lui valut sa disgrace. « Personne ne sait qui est ici le
» maltre ou le serviteur, personne ne sait qui preside a ces
» f&tes ou qui y joue un role. » Deli Burader ne dut son
salut qu'a la puissante protection d'Iskender Tschelebi, sans
lequel il eut sans doute partage' le sort du poete Fighani,
pendu, d'apres les ordres d'Ibrahim, pour Pepi gramme qu'il
avait faite a propos des statues apportees d'Ofen et placees
sur FHippodrome.
II. — Page 261. ,
Une de ces kassides commence par le ver$ suivant : « Vent
» du nord, dis-moi ce que tu fais, et quelle nouvelle tu
» apportes? » Kasim-Pascha lui donna huit mille asp res pour
la construction de ses bains : Moustafa-Pascha lui en avait
promisu dix mille ; mais il mourut avant d'avoir acquitte
sa promesse. Deli Burader composa alors sur le pont que
Moustafa-Pascha avait commence' a Andrinople, Pepigraphe
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5^8 TVdTES
suivante, pour laquelle il regut cent ducats de la veuve dn
Sultan : «Dieu avait inspire" a Moustapha l'idee que ce
monde est un pont ; il a re*tabli le pont afin de d£montrer
clairement cette ve'rite; car a peine eut-it commence, qu'il
fut enleve' par la mort , c'est pourquoi la rime dit que le
pascha a passe le pont. »
III. — Page 262.
Sagredo, liv. IV, pag. 220, accuse Ibrahim d'avoir fait
e&ecuter un noble et un marchand ve^utiens, le premier parce
qu'il avait fourni a un ambassadeur envoye* par Charles-Quint
au roi de Perse Thamasp , des chevaux pour son voyage ;
mais ce fait ne sauraitrien prouver contre la politique d'l-
brahim , si favorable a la r^publique, sous Ja domination de
laquelle se trouvait son pays natal. Si , comme le racontent
les historiens v£nitiens , les intrigues de Roxelane contri-
buerent a la chute d'lbrahim, on doit sup poser qu'elle re-
porta sur la re'publique , comme l'objet des predilections
d'lbrahim, une partie de I'animosite' qu'elle avait eue contre
Jui, et que ce fut elle qui fbmenta la guerre.
IV. — Page 262.
Paruta, liv. VIII, pag. 570. Laforet conclutavec Ibrahim
le traite* d' alliance, date" du mois de fevrier i536, pendant le
se*jour d'Younisbeg a Venise ; suivant toute probability , il
n'y eut point, a cette dpoque, d'autre traits entre la France
et la Porte. D'ailleurs Flassan lui-m£me n'accredite cette
alliance que sur la foi d'autres historiens, qui tous inter-
vertissent l'ordre chronologique : « On n'a point la minute,
»dit-il, ou V instrument original de ce traite qui n'est
?> connu que par ses effets. » Mais ces effets, c'est-a-dire les
ravages exerces sur les cdtes de la Pouille, resultaient plu-
tot dc l'etat de guerre qui existait encore entre Souleimaa
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ET ECLAIftCISSEMENS. 5 19
tet Charles-Quint, que des stipulations d'un tvaite* d'alliance
avecla France.
V. — Page 263.
Les historiens venitiens et le comte Daru ignorent com-
pletement le but secret de cette mission du drogman de
la Porle ; mais il est revele* dans les actes des archives de
Venise. Voy. Catologo delle persone spedite a Venezin per
parte del gran Signor. i536 : i5. Genaro Janusbeg drago-
mano per sollecitare afar lega col Be di Francia contra,
rimperatore. (
VI. — Page 264.
A ventures de Doria, dans Gocbel , pieces relatives a this-
toire de Charles-Quint, p. 4 1 * Hadji Khalfa, Histoire des
guerres maritimes, f. 21. Ge dernier rapporte que le beg
de Pile de Minorque fut renverse* avec son eheval et tue.
On lit daus un chapitre ayant pour titre cause de la Idchete
des infideles : m D'apres leur doctrine, celui qui pouvait sau-
yer sa vie au prix de sa liberty, et qui neanmoins se faisait
tuer, n'entrait pas dans le paradis. » Hadji Khalfa ajoute que
Doria fit cette question k un prisonnier : « N'est-il done pas
e*crit dans votre loi que celui qui fuit devant un infidele
marche droit k Penfer, et que celui qui fuit devant deux n'est
pas admis au paradis? Notre lot defend de tuer un musulman
lorsque nous sommes mille contre.un, Votre loi vous en fait
un honneur, tandis que la n6tre nous en fait un crime ; ainsi
le veut le pape, mais, k dire vrai, les soldats ne P^coutent
pas toujours. » Hadji Khalfa dit encore qu'il s'informa lui-
meme aupres de plusieurs savans Chretiens, s'il y avait quel-
que chose de vrai dans cette. assertion; mais que ceux-ci
l'avaient assure* qu'il n'en ^tait rien , qu' Andre* Doria etait
un homme d*obscure condition, et qui n'avait aucune con-
naissance des lettres.
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5ao NOTES
VII. — Page 269.
InstrumerUum concessionis cdstri Cor/us cum Insults et
pertinentiis ejus. (Libro dei Pattill. fol. it5. )
« In nomine Domini Dei et Salvatoris nostri Jesu Christ!
» anno incarnationis ejusdem millesimo ducentesimo sepr
» timo mense Julii, indictione decima Rivoalto. Post con-
» cessam cartam lactam eodem suprascripto anno et mense ,
» quam vos Domine Petre Ziani Dei gratia Venetiarum Dal-
» matiae atque Chroatiae Dux, Domine quarte partis et di-
» midie totius Imperi Romanse cum judicibus et Sapientibus
» consilii collaudatione populi Venetiarum fecistis nobis
» Angelo Acotanto, Petro Michaeli, Stephana Fuscareno,
» Giberto Camino Octaviano Firmo, Jacobo Sojo, Marino
» capitiincollo,Jugolmo Staviano et Sjmoni Bono et Joanni
» de Alio per quam nobis nostrisque heredibus et prohere-
» dibus dedictis, et in perpetuunr concessistis castrum quod
» dicitur Corfus cum tot* ipsius castri insula et cum aliis in-
» sulis ad ipsius castri ducatum pertinentibus cum omni juris
» integritate et plenitudine rationis, propter quod nos in
» proximo illuc credebimus cum viginti multibus ad usum
» militia? decenter arraatis nobis computatis in numero su-
» prascripto habentibus scutiferos duos pro militum uno
» quoque et boc facere debemus stipendio nostro ad obti*
»nendum et mariutenendum castrum illud ad restrain et
» successorum vestrorum et fidelitatem. Quo obtento de-
» bemus nos et heredes ac beredes et proberedes nostri in
» perpetuum semper habere ibi pro ipsius castri custodia
» milites yiginti computatis ut supra legitur nobis in ipsis
» habentes pro quolibet scutiferos duos. Et quot non est
» semper Tirere nobis datum statutum est , ut cum aiiquis
» nostrum vel beredum vel proheredum nostrorum deces-
» serit alius beredum vel proheredum nostrorum dOatione
» abjecta institui debet, in ejus loco ut vkem suppleatoc-
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ET ECLAIKCISSEMENS. 5ai
» cumkenik. Qui infra spatium anni dimidii venire Venetias
» debet et facere nobis fidelitatem vel successoribus nostris
» et inyestituram a nobis vel successoribus recipere de ipso
» Castro, nisi per nos vel successores nostros indultum fuerit,
» qui ibi hoc faciat sacramentum nostrorum commissionem
» recipiat ecclesias in pertinentiis nobis concessis positas de*
» bemus habere eo modo quo habebatur temporibus Grse-
» corum Imperatorum. Homines ipsius looi faciemus vobts
» jurare fidelitatem et successoribus vestris et cum juraverint
» nobis jurare illos faciemus salva fidelitate vestra et succes-
» sorum Yestrorum. Et nos omnes et alios -in ipsis insulis
>> consistentes debemus in suo statu tenere , nihil ab aliquo
» amplius exigencies quam quod -facere consueverant tempo-
» ribus Graecorum Imperatorum. Homines Yenetiarum in
» toto districtu nostro salvos et secures habere debemus in
» personis et rebus, et sine datione et exaetione aliqua eos-
» que manotenere et deffendere in suprascriptis pertinentiis
» nostris contra omnes homines , qui eos vellent offenders
» bona fide* Et si contigerit unum alicui dampnum fieri in
» pertinentiis illis per homines nobis subditos studiosi esse
» debemus ad faciendum quod sua recuperet. Debent autem
» homines Yenetiarum potestatem habere victualia extra-
n hendi de omnibus pertinentiis nostris ad differendum hi
» Yenetias sine contradictione cujusquam et alia mercimo-
» nia ad portandum quocunque voluerint. Arnicas Venetia-
» rum debemus habere amicos, et inimicos Yenetiarum sicut
» vos inimicos. Gum quibus nullam concordiam nuUamque
» treugam facere debemus sine vestro vel successorum ves-
» trorum consensu. Capitaneos vestros et missos vestros et
» successorum vestrorum et galeas vestras et eorum debemus
» recipere honorifice et dare ipsis Capitaneis et galeis vestris
» strinam convenientem. Yos vero vel successores vestros,
» si illuc venire contigerint sdempniter cum clero et po-
tt polo cruce procedente suacipere debemus usque ad ripam
» venientes et sequentes vos ad eoclesiam solempni cantico.
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522 NOTES
» Procurare quoque vos debemus semel , vel bis si volueritis
» et laudes vobis ac successoribus vestris ter in anno. In
w Pascba majori, in festo nativitatis Domini et in majori festo
» majoris Ecclesiae decantari faciemus. Nullam conspiratio-
>* nem, vel institutionem facere debemus in facto mercatio-
» num contra utilitatem etcommodumhominum Venetiarum.
» Debemus autem singulis annis in perpetuum in festo Apos-
10 tolorum Petri et Pauli vestro communi Venetiarum hie in
» Yenetiis solvere per nos yel per nostrum missum omni
» contradictione remota manuellatosbonos quingentos. Haec
» omnia qua? continentur superius debemus facere et ob-
» servare Vobis et successoribus vestris et communi Vene-
» tiarum nos et heredes ac proheredes nostri in perpetuum
» quod attendere et observare juramento astricti tenemur.
» Et sic teneri debent post nos heredes nostri et proheredes.
» Et si non ita fuerit obseryatum per omnia, omnes posses-
m siones nostras et proprietates terrarum et casarum nostra-
» rum, quas habemus in Yenetiis et extra Venetias et ipsam
» arcem Corifus perdere debemus, et ipsa omnia in com -
» mune Yestrum venire debent ad faciendum exinde quid-
» quid ipsi vestro communi placuerit sin contrarietate cu-
» jusquam. Haec omnia , quae continentur superius sint in
» commissione nobis facta a vobis ut supra legit ur per ca-
» pitula singula ordinate conscripta. Et nos viri omnes prae-
» dicti haec omnia per capitula singula nos promittimus ser-
» vaturos. Quae fatemur nos ad Sancta Dei Evangelia jura-
>», visse. '
» Signum suprascripti Junzolinim. m. hoc f. rog,
» Signum suprascripti Joannis de Ato m. m. hoc. f. rog.
» Ego Angelo, Acotanto mea manu subscripsi.
» Ego Petrus Michaeli m. m. scripsi.
» Ego Giber tus Quirino m. m. scripsi.
» Ego Stephanus Turcarenus m. m. scripsi. ,
» Ego Jacobus Juliano testis subscripsi.
» Ego Simon Bonus m. m. scripsi,
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ET ECIAIRCISSEMENS. 5a3
» Ego Jacobus Sojp m. m. scripsi.
» Ego Marinus capite in collo m. m. scripsi. ^
» Ego Pascalis Mauro Subdiaconus testis subscripsi.
» Hie cadit locus Ego Peternianus de Putheo ,
» Signi Notarii. Subdiaconus et Notariuscomplevi
» et notavi. »
VIII. — Page 270.
Journal de la septierne campagne de Souleiman contre
jiadona , en Vannte de I'hegire g43 (i537).
Mois de mai (ulhidje).
17 ( jeudi, 7 silidje), le Sultan quitte Constantinople suivi
des princes Mohammed et Selim; on campe a Yarik Burgos.
18, Tschataldje. 19, Indjigbiz. 20, les vizirs et geneVaux
viennent complimenter Souleiman a l'occasion de la f&te du
Bairam. 21, village de Kostermelii ; longue journe'e de mar-
cbe. 22, village d'Elwanbeg; e*tape forced. 23, Burgos.
24, Baba eskisi. 25, Hafssa. 26, Andrinople ; au moment 011
les babitans sortent en foule de la ville pour aller a la ren-
contre du Sultan , la foudre tue le porte-drapeau de la cor-
poration des tailleurs. 27, repos ; diwan ; cbangemens parmi
les sandjakbegs. 28, repos. 29, repos ; diwan ; Ghazi-Khan
est promu a la dignity de beglerbeg du Lor is tan. 3o, repos;
il pleut. 3 1, on plie la tente du Sultan.
Mois de join (moharrein 944).
1 er , on campe vis*a-vis de Tscbermen. 2, Kissarlik. 3, Tschi:-
kiraga Degbirmeni. 4? Keklik; pluie. 5, Khaled tscbairi.
6, Sinanbegkoeyi. 7, Philippopolis. 8, bake; diwan ; Pam-
bassadeur du roi Yanousch est admis au baise-main. 9, di-
wan ; le Sultan se remet en marche. 10 (dimanche, i er mo-
harrein). Tekourbinari , e'est-a-dire la fontaine impeYiale.
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5*4 NOTES
ii, Parmee arrive a Bolen, au-dela de Saroukhan Benli, ou
le d&ordement des eaux empeche d'asseoir le camp, i 2, vil-
lage de Bana, appartenant aux bains de Koestendje* ilidjezi.
1 3, Samakof ; marche ordinaire . 1 4> Saparik Yanasi. 1 5, Tek-
four Binari; on passe dans des voies tres-&roites. 16, Kus-
tendili ilidjezi. 17, halte. 18, Owasi. 19, Kokounou pendje*.
20, Tschaschkoeyi. 21, Hasanbeg ; dans le voisinage de Me-
djidliikoeyi, en-deca de la ferme. 22, Ouskoub. 23, halte; les
begs de Roumilie sont admis au baise-main. 24, halte; pluie.
a5, diwan ; le Sultan se remet en marche* 26, Parmee s'ar-
r&te au-dela de Soulouderbend ; courte e'tape. 27, elle passe
le pont sur le Wardar (Axios), pres de ILalkandelen , et
canape ou*-dessus d' Youlak. 28, il e'tait convenu de s'arr&ter
a Karadjova kouri koeyi; mais on force la marche, et on
arrive a Kapartschova. 29, Parme'e passe le defile* de Bou-
koubek; forte e*tape. 3o, elle campe dans le voisinage du
village de Eregli Koeyi , sur la montagne de Toria Yailasi ;
marche penible.
Moil de juillet (4&fer)»
i er , Parmee passe a c6t6 du village d'Oustrougha, et
campe sur les bords d'un lac. 2 , halte , diwan. 3 , halte. 4 »
diwan ; on ploie la tente du Sultan. 5, Tokouz owasi, en-deca
du pont jete" sur la riviere d'Isch Koumri ; il est impossible
d'y etablir le camp. 6, Babiayi, village situe au milieu d'un
defile\ 7, Ilbessan ; de Tokouz a Ilbessan le chemin est tres-
resserre\ 8, halte, grande chasse. 9, Sadik ; on s'arr&e k Pen-
tre"e du de'file' sans y pe'ne'trer, faute de pouvoir y trouver
des sources, i o (i«» s&fer, un mardi), Barobolin , apres avoir
traverseV plusieurs marais et rivieres. 11, pres de Romana
Kasimbeg; la flotte arrive de Gallipoli a Awiona au bout de
trente-six jours. 12, on passe la riviere de Wouwis. i3,
Awiona (Valona). 14, halte, diwan. i5, halte. 16, 17, halte,
diwan. 18, halte; on ploie la tente du Sultan. 19, Parmee
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ET ECLAIRCISSEMENS. 5a5
s'arretie sur la montagne de Berze\ 20, 21 et 22, halte ; dans
la nuit du dimanche au lundi, Andrea Doria se bat en face
de Corfou avec le kapitan Ali Tschekbi, kiaya de Gallipoli,
qui perd douze galores. 23 , le Sultan ordonne aux troupes
de Roumilie de passer a bord de la flotte, et de faire voile
vers la Pouille (Pulia). t)u 24 au 3i f repos.
Mois d'aoot (rebioul-ewwel).
i er 9 2, 5, repos. 4> un tremblement de terre se fait sentir.
5,6, repos j Loutfi-Pascba revient de la Pouille avec la
flotte. 7, repos. Du 8 (mercredi* i tr rebioul-ewwel) jiis-
qti'au 14, repos. L'empereur, qui s'etait eloign^ d'Awlona,
y revient pour envoyer la flotte a Corfou. i5, Khaireddin-
Pascha arrive avec sa flotte devant Awlona. 16, 17, diwan.
18, Loutfi-Pascba fait voile sur Corfou. 19, le Padischah
campe pres du village de Kodos , pour attendre que Corfou
soit soumise. 20, il vient a Neschne\ pres de l'^glise de Sar-
imsailii. 21, Dependelen. 22, Argyro Kastro 9 double e'tape
par une pluie battante. 23, Piscopia. 24, Parmee longe le
defile de Kirna , et s'arrete aux environs du village de Na-
warindj; defile* d'un acces difficile. 25, Mayos. 26 9 Kon-
soupouni, dans le voisinage du port de Kanapoutak. Du 27
au 3 1, halte.
Mois d$ septembre (rebioul-akhir).
Du i er au 6, halte. Le. Sultan se decide a ne pas se rendre
a Corfou , et il ordonne que Parmee de siege pa$se de Pile
sur le continent. Du 7 (vendredi, i er rebioul-akhir) au i4,
halte. 1 5, on campe a M alkodjbeg Tschairi. 16, Radoub.
17, halte et diwan; le defterdar de Roumilie, Yaschlidje*
Mohammedbeg, est nomrne kiaya des fiefs de Roumilie; le
kiaya d' Anatolie, Mahmoud Tschelebi, est promu a la dignite
de defterdar de Roumilie; le defterdar d'Anatolie, Toura-
khanbeg, passe kiaya d'Anatolie; le lieutenant de police de
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5*6 NOTES
Constantinople , Owe'isbeg , . devient defterdar d' Anatolie , ct
le mouteferrika Hasan Tschelebi le remplace dans les fonc-
lions de lieutenant de police de Constantinople. iS * diwan;
ceremonie du babe-main. 19, on plie la tente du Sultan.
20, Lahne Rassri; les kadiaskers de Roumilie et d' Ana-
tolie sont destitue's. 21, Kirk getschid. 22^ village de Rabas.
23, Mamira. 24, Tschadirbendi. 25, Roarimbeg tscliairi.
26, Ascbagba Persepia. 27, Siawat. 28, Monastir. 29 et 3o,
halte.
Mois d'octobre (djemazioul-ewwel).
i er , halte. 2 , Tiirbeli koei. 3 1 Ostrowa. 4 > Widana* 5 ,
Parmee s'arrete dans ce village. 6 (samedi, i er djemazioul-
ewwel), on campe sur les bords du Wardar. 7, Selanik. 8*
halte. 9, Lankaza ilidjezi. 10, on campe en-deca d'Enous-
derbend. n, Saoudji koei. 12, Sirouz. i5, Gastoumir. i4,
Toghandjiler koeyi. i5, Rawala. 16, Rarassou. i7,Rarassou
Yenidje. 18, Rouri tscha'i. 19, Aghir Rhan. 20, Megbri. 2 1 ,
Feredjik ilidjezi. 22, Feredjik Albi. 23, Dimitoka. 24* on ar-
rive en face de Pile d'Andrinople. 25, Andrinople. 26, halte ;
sept jours apres ? i^ npvembre, Pempereur fait son entree a
Constantinople.
Journal de la huitikme campagne cfe Souleiman en Mol-
davie, en Vann6e 945 de Vhe'gire ( 1 538).
Mois de juillet (s&fer).
9 (jeudi, 1 1 safer), le Padischa part de Constantinople et
va camper a Halkali binar. 1 o i Tschataldje* ; marche forcee;
mort de la sceur du Sultan , epouse de Moustafa-Pascha.
1 1 , l'arme'e campe au-dela d'Indjighiz, apres une longue mar-
che. 12, Ograschkcey i ; oh dresse les tentes a Pendroit m&me
ou Selim I er livra bataille a Bayezidll, son pere, et onSelim
mourut plus tard. 1 3, Rarli Roghi ; courte etape. 14, Ahxned-
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ET ECLAIRCISSEMENS. te<;
beg Koeyi. i5, Hamzabeg Koeyi. i6, Ouioufedjiler Koeyh
17, Khass Koeyi< 18, Andrinople. 19 et 20, halte; les begs de
Roumilie et d'Anatolie sont admis au baise-main. 21, halte*
22,arrivee du fils du beg de Bassra, Emir Raschid. 23, halte.
24, diwan. 25, on ploie la tente du Sultan. 264 l'arme*e campe
sur les bords de la Toundja. L'ordre est donne* au defter
emini de se porter a la rencontre de Pempereur avec tous les
vizirs jusqu'au village de Tschoelmek Koeyi. 27, Yenidje Ki-
zilagadj ; longue marche. 28 (dimanche, i tr rebioul-ewwel),
village de Manssoureler ; Itape ordinaire. 29, Serai Kariye\
3o, halte. 3i, Begourdjlii.
Mois d'aoQt (rebioul-ewwef).
i er , Agakoeyi. 2, Tschaschneghir Koeyi; longue journee
de marche ; Parnate passe sur plusieurs ponts* 3, Soudjlou
Kariyesi , a P entree d'un defile* des monts Balkan. 4> on tra-
verse le pont de Mir Aalem, et on campe dans un endroh ou
le chemin est tres-resserre\ 5, Panned arrive sur les bords
d'un lac aux environs du village Soultanler ; courte etape.
6>, pres du torrent de Douna. 7, halte ; diwan ; arrived d'une
deputation du voieVode de la Moldavie, Pierre Raresch ; les
envoyes sont admis au baise-main ; Sinan Tschelebi se rend
avec des courriers aupres du voievode pour Pinviter a se
presenter en personne devant le Sultan. 8, Karagoez. 9, Ba-
bik ; longue journee de marche ; chemin difficile a travers
une fbret. 10, halte. 11, Kawarna. 12, Papaslii. i3, Tatlii-
djek. i4> Sudgoeli, c'est-a-dire le lac de lait; chemin uni,
courte etape. i5, Astrabaghu. 16, Baba Kassaba ; c*e$t la qne
repose Sari Saltoukdede*. (Babathagi, voy. la Roumilie de
Hadji Khalfa, p. 28 et 29.) 17, Sinan Tschelebi, qui avait
e'te' envoye" aupres du voieVode de Moldavie, revient, et an-
nonce que celui-ci refuse de se rendre a Pinvilation du Sultan :
le Padischa visite le tombeau de Sari Saltoukdede. 18, les ha-
bitans de la ville sont emmenes en esclavage; Pempereur
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de Kataloui ; chemin uni ; peu cFeau ; la place oil Ton dresse
le camp est tr&s-reaserrde. 21, Isakdji Iskelesi; on jette tin
pont sur le Danube, et l'armde entre dans la Moldavie. 23,
halte ; Yahya-Pascha-Oghli de Semendra rejoint le camp*
23, diwan ; les begs de Roumilie sont admit au baise-main ;
Khosrew-Pascha se rend dans la Roumilie; le vizir Moham-
med-Pascha recoit l'ordre de commander Farmed jusqu'a
1'arriY^e de Roustem-Pascha, beglerbeg d'Anatolie, et l'an-
cien defterdar Haider Tschelebi Isakdjidede\ est charge* de la
defense du pont jet6 sur le Danube. 24, les' troupes d'Ana-
tolie passent le pont. 25, on ploie la tente du Sultan. 26, il
passe le pont. 27 (mardi, i«* rebioul-akhir) ; halte. 28, Meh-
w^baschi. 29, Kizilgoel. 3o, halte. 3i, Farmed passe le Pruth
et campe a Falcsin.
Mois de septembre (rebioul-akhir).
i M , Farmed, s'arrete sur les bords du Pruth. 2, 3, halte.
4, village de Sepan. 5, Deghirmenlu kceyi. 6, Boudan
Goeli. 7, Kouri Eldji. 8, pont de Wize\ 9, Yassy ; arrive'e du
khan des Tatares. 10, Woiwoda binari. 11, Fermous baghi.
12, Khirmenour kceyi. i3, on campe aupres d'un vieux
monastere. i-4» Oroschen. i5, Suczawa, capitale de la Mol-
davie. Du 16 au 21, halte; diwan ; la principaute' de cette
province est donnee au fils de Fancien voievode; ordre de
commencer la retraite. 22, on quitte Suczawa, et Farmee
vient camper a Yandoscha. 23, Agoschan. 24, Ispin. — Cest
la que finit le Journal de Souleiman. Gomme il n'arriva a
Constantinople que dans les premiers jours du mois d'avril
i539, il y a dans ce journal une lacune de six mois.
IX. — Page 2^3.
Petschewi , f . 68, leur donne les noms suivans : Obrow-
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ET ECLAIRC1SSEMENS. 5s$
adja, Boudak et Dereslak (sans doute Berizlo). Petscliewi est
celui de tous les histoi iens ottomans ou Ton trouve les no-
tions les plus completes; il a de plus le merite d'mdiquer les
localites avec precision, ay ant ete sandjakbeg de Kirka qui
d£pendait primitivement du sandjak de Kliss; mais elle en
fut d^tache'e lorsque Woussouli Mohammed pcit le gouver-
nement de cette derniere province. Istuanfi, et, d'apre.s lui.
En gel, Scbimek et Fessler, racontent la chute de Kliss et de
trois autres chateaux-forts a Vepoque oil Farmee hongroise
entra en campagne sous le commandement de Katzianer.
Mais ce ge*ne*ral ne se mit en marche qu'a la fin du mois
d'aout, et, si Ton en croit fcetschewi et Djelalzade, Kliss avait
ixi conqutee dans les derniers jours du mois de ramazan 943
(mars 1537).
X. — Face 286.
Voici Pe'pitaphe <Ju tombeau de Pisani , eleve par Nicolo
Pisani .dans l'e'glise S. Maria dei Frari : « Benedictus Pi-
» saurus vjr Clar. Imp. Turc. classe altera ex Jonis in Hel-
» lespontura fugata altera in Ambracio sinu capta , Leucade
» et Gephalonia expugnatis aliisque recuperatis insulis, Nau-
» plia obsidione liberata, Nichio saevissimp pirata interfecto,
» Divi Martii Procurator creatus pace composita Corcyrae
» obiit. » l*a meme eglise renferme un tombeau drige" a un
autre Pisani, eveque de Paphos, avec cette inscription:
cc Jacobus Pisaurus Pa phi Episcopus, -qui Turcas bello, se
» ipsum pace vincebat ex nobili inter Venetos ad nobiliorem
»' inter angel os familiam delatus, nobilissimam in ilia die
» coronam justo judice reddendo hie. situs exspectat , vixit
» annos platonicos. Obiit i547* I 9»-Cal. ab. »
XL — Page 287.
La chute d'Ibrahim entraina celle de son protege* Moham-
med-Pascba, gouverneur du Soulkadr; sa place fut donnee a
t. T. 34
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ET fiCLAIRCISSEMENS. 53 1
Mirza, Selimschahbeg , Abmedpaschabeg , Ali Hadjibeg,
Ibrahimbeg, Tagbalibbeg, Berdgbazibeg, Kemalbeg, Nousch
Mirza, Ak Koutzchoukbeg (ambassadeur du kban de Kba-
zan, Noukouschbeg, les ambassadeurs d'Abdoullab Yakb-
scbi, Scbidakbeg, etc. etc.). Nous avons deja parte des
Oghlans (garcons de la Porte) dans le livre relatif a Phistoire
de Timour, ou ils figurent sous \p litre d'Agblens.
XIV. — Page 296.
Sagredo , p. 264. Dans son Histoire des guerres maritimes %
Hadji Khalfa en exagere le nombre ; il compte 80 galeres
d'Espagne, 72 deVenise, 3o du Pape, 10 de Pordre de
Malte, 5o de la re*publique de Genes (sous les ordres de
Poria), 10 du Portugal; en tout 162 galeres, 140 fusles,
3oo batimens de transport; et somme geneVale , 600 navires
de differentes grandeurs* De son cdte\ Sagredo porte le nom-
bre des batimens qui composaient la flotte de Khaireddin ,
a i5o,jaulieude 12a. La description de cette bataille remplit,
dans Guazzo , qui Pappelle la Baitaglia del Galeone, huh
pages, depuis la page a34 jusqu'a la page 242.
XV. — Page 299.
L'ouvrage intitule' : Almanah er-rahmaniyet, contient sur
son administration les distiques dont yoici la traduction :
« En ces jours, PEgypte brillait d'un e*clat pareil a celui qui.
colore les joues des amans; le Caire e*tait encore triomphant,
tandis qu'aujourcPhui il n' off re que mines ; les bommes y
jouissaient d'une grande prosperity etvivaient dans Pabon-
dance. » Le jeu de mots qui fait le merite de ces vers consiste,
en langue arabe, dans la double signification du mot Kahira,
qui veut dire a la fois, celle qui venge et celle qui triomphe*
XVI. — Page 3oo.
Soube'ili, f. 55. Le vers cite par cet auteur, et dans lequel
34*
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5!W NOTES
le grand poete turc, Baki, vante Paqueduc construit sous le
rcgne dc Soulciman, est encore plus difficile a traduire que
les di'stiques arabes dont il est question dans la note pre'ce'-
dente. « Lui qui connait le prix de Peau , le prix du poi-
gnard/fait coustruire des aqueducs et amerier Peau a travers
mille voutes jusqu'au coeur de la ville. » K enter, en grec
xot/Mtp*, ^ignifie a la fois voille et ceiniure, et c'est a travers
mille ceintures (routes) que Souleiman conduisait le beau
poignard (Peau) au cceur de la ville.
XVII. — Page 3o5.
II suffit de remarquer a quelle date Hadji Khalfa rapportc
la mort d'Ayas-Pascha, et la promotion de Loulfi-Pascha,
pour bien se convaincre qu'il ne faut consulter ses Tables
cltronologiques qu'ayec une extreme circonspection. Loutfi,
que son exactitude et sa fid elite' distinguent parmi" les bis-
tori ens ottomans les plus dignes de foi, et qui devait Atre le
mieux instruit, quant aux evenemensqui eurent lieu* pendant
son administration comme grand-vizir, d&igne le 26 safer
(i3 juillet); Ferdi, f. 208, se trouve parfaitement d'accord
avec lui ; Hadji Khalfa fait done dans ses Tables chrontilo-
giques, a la Jiste des grands-vizirs, une erreur manifeste,
lbrsqu'il dit, p. 176, qu'Ayas-Pascha avait etc* destitu£ au
mois de sithidje g44« Cette destitution n'eut lieu que quinze
mois plus tard. Le biographe des vizirs , Osman-Efendi , a
textuellement reproduit Pinexacte assertion d' Hadji Khalfa.
Solakzade, qui place la mort d'Ayas-Pascha et la nomination
de Loutfi-Pascha imme'dtatement apres la dt5faite de Katzia-
ner, au mois de redjeb g44 9 se trompe Igalement. Le do-
cument turc le plus ancien qui se trouve dans les archives
de la maison imp. roy. d'Autriche, est une lettre d'Ayas-
Pascha, dat£e de Fannie i537, et apporte'e au roi Ferdinand,
par Marya Barzizi , en reponse a la lettre que le roi avait
adressee au Sultan pour excuser Passassinat de Louis Gritti.
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£T ECLA1RCISSEMENS. 535
La devise artislement figuree du sceau du Sultan reproduit
ces mots de la tradition : Kefa bil maouti wa'izen, c'est-a-
dire la mort est le meilleur prddicateur. Le premier ^cuyer-
tranchant, Ayas-Pascha, e'tait tin renegat de Sil&ie, du nom
de Je*r6m£ Essykemer. On trouve, daps* les archives de la
maison imp. roy. d'Autricbe, une lettre de ce rene'gatadres-
sie a Wolfgang Sauermann a Breslau, dans laquelle il lui
e'crit a l'occasion de la campagne de Perse : «< Que 1'empe-
reur marchait. contre les Turcs rouges (les Persans) avec
une arme*e forte de cent quarante mille hommes. » Comme
Loutfi-Pascha ne fut nomme grand- vizir qu'en i53g, il est
impossible que Panecdote racontee dans Crusii Turco-
Grcecia, p. i56a 161, sur le moufti Djemali, ait eu lieu en
i536 sous l'administration de Loufli-Pascha. D'ailleurs,
Tordre barbare de detruire toutes les eglises chre'tiennes est
plutot dans le caractere de Selim que dans celui de Sou-
leiman, un des souverains ottomans les plus tolerans et les
plus humains.
XVIII. — Page *3o5. .
Mouradjea-d'Ohsson, t. IV, p. 35 1, raconte d'aprcs Ha-
sanbegzade : « Un jour il alia jusqu'a ordonner qu'une Ma-
» hometane surprise au milieu de ses debauches fat mutile'e
>> a coups de rasoir dans une partie du corps que la pudeur
to ne permet pas de nominer. L'inde'cence et la barbarie de
*> cette punition re'volterent tous les esprits. Loutfi-Pascha
» e'tait marie' a une Sultane, soeur de son maitre. C.ette prin-
» cesse indign^e lui fit les reproches les plus vifs et les plus
» amers. Ne devais-tu pas, lui dit-elle, respecter la pudeur?
» Comment as-tu pu ihventer un supplice aussi cruel et aussi
» fletrissant? II est fait pour le crime, repondit le vizir, et
» desormais il sera la peine que I'on mfligera a toutes celles
» qui se deshonoreront au meprisdela religion et deslois. A
» €es mots la Sultane I'accabla d'injures, et le traita d'impu*
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534 NOTES
» dent, de barbare, de tyran. Transporte de colere, le mi-
tt nistre' met la main sur une masse d'armes et se precipite
» sur elle ; aux cris de la Sultane, les lilies esclaves et les eu-
» nuques pre*poses.a la garde volent a son secours et chassent
» a coups de poings le vizir de rappartement de*leur mai-
» tr esse. Un evdnement si extraordinaire entraina la perte de
» Loufti-Pascha. Sulyman blama hautement sa conduite,
» ordonna sa separation de la Sultane, le depouilla de sa di-
» gnite, et l'envoya en exil a Demitoca, ou il termina ses
» jours. » D'apres cela, il est clair que- Boissard (jTUm et
icones Sullanorum Turcicorum) s'est trompe en faisant sur
Loutfi (Lutsis) ce distique :
Quce tibi cum molli res est pollute cincedo
Cum cubet in thalamis regia rvympha tuis. •
Dans Introduction de son histoire ottomane, Loutfi-Pascha
donne la liste de ses ouvrages turcs ou arabes; voici les ti-
tres de ceux qui sont ecrits dans la derniere langue : Soub-
detet mezailjil itikadat wel+ibadat, c'est-a-dire Choix des
questions sur le dogme et le rite; Kitaboul-Kounouz filctr
atdifir-roumouz fil ehaadis el erba'in, c'est-a-dire le Livre
des tre'sors dans les secrets agriables des quarante traditions*
Loutfi a compose en outre un traite sur la sinc6rit6 des vues
d'aprhs lesquelles Vhomme agit; un autre sur les martyrs et
les choses dernieres ; un troisieme sur les qualitds des sunnis
(ortbodoxes) et des hMtiques ; un quatrieme sur les exi-
gences de la priere duvendredi; un cinquieme sur I'entrde
au bain et la coupe des ongles; un sixieme sur la perte de la
connaissance dans Vagonie; sur le repentir et le penitent; un
septieme sur lesanimaux de chasse etde sacrifices } c'est-a-
dire, sur les animaux dont la chair est permise ou defendue;
, un huitieme sur la gue'rison des malades et V6tat des mou-
rans. Enfin on luidoit un traite sur les actions des serviteurs.
Parmi les ouvrages que Loutfi-Pascha a ecrits en turc, ilfaut
citer i° Kitab tenbihoul ghafilin we tekidoul ghqftlin, c'est-a-
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ET ECLA1RC1SSEMENS. 535
dire « Exhortation aux ndgligens et recommandation aux
paresseux ; 2° Tohfetoul-talibin , c'est-a-dire « le present
pour ceux qui demandent, » sorte d'homelie ; 3° Le livre de
la vie, ouvrage polemique ; 4° un traitd sur les questions et
fiponses; 5° un traiti midical ; 6° unehistoire des Ottomans;
j° VSistoire de Vinvasion de Saltoukdedd du temps des Sel-
djoukides; 8° V \Assafnam6 6u instruction pour les vizirs,
en quatre chapitres. J'ai en ma possession ces trois der-
niers ouvragjes fort rares, reunis en un seul volume. Dans
son histoire ottomane, Loufti rapporte, imm^diatement apres
les circonstances de sa promotion au grand-vizirat , quel-
ques anecdotes relatives a Pimpdt percti sur les cbevaux des
courriers* et doht il demontre les abus par des exemples
• tir^s de la campagne de Perse et de celle d'Egypte ; il pousse
la since'rite' jusqu'i comparer les Turcs, sous ce rapport, avec
les Mogols : We Osmanlu oulak zoulminden Djenghizilerd
taklid Kibi etmischler idi y e'est-a-dire « les Ottomans ont
pour ainsi dire ^gale* les Djengbizides en cruautl, quant au
service des courriers. » Le temoignage d* Almosnino vient a
l'appui des assertions de LoUtfi : « Mandando en espezial de-
» rogar la lei que ania, de que los Gorreos y lacayos quando
» iban a cosas del real servicib pudiesen quitar los cavallos
» a qualquier caminante, tomando con esto la mano de qitte a
» qualquiera que toparan en los desiertos, y despoblados, se
»*le tomavan, dexandblo alii solo, pasando el riesgo que se
» considera en persona y hazienda. » f. i3t.
XIX. — Page 3io.
Les hauts faits de Capello dans la guerre contre les Turcs
sont attested par l'epitaphe inscrite sur son tombeau dansl'e*-
glise de Santa-Maria Formosa, a Venise. « Vincentius Cap-
» pellus maritimarum rerum peritissimus et antiquorum lau-
» dibus par, triremium onerariarum praefectus ab Hen-
» rico "VII Britt.] Rege insigne donatus , classis legatus V,
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ET ECLAIRCISSEMENS. 53?
tier i545. 8° Une lettre de Souleiman au doge, relative
aux dommages causes aux Venitiens en Dalmatie , datee de
Tan 955 (i546). g° Lettre annon$ant lef conquetes en Perse,
datee dc Haleb 29 schewal* 955 (i5/j8). io° Lettre en formte
de ferman a la Seigneurie, demandant la restitution de trois
villages, et datde du mois de schewal $56 (i549)«
UVRE XXX.
I. — Page 320.
Les reponses du roi Ferdinand aux lettres de Souleiman
dat&'s de Bagdad et.Tebriz, ont &\£ cities plus haut. La re-
ponse a la troisieme lettre du Sultan , dat^e de Diarbekr,,se
trouve dans les archi?es de la maison Imp*. Roy. d'Autriche.
(Litterce Ferdinand^ 14 mai i536, Innspruck) : cc Pcrvenere
» ad nos litters M. V. in civitate Embde ( Amid ) data? per
» Mustafa Ciaus Albak. » Le roi f&icite Souleiman de son
heureux retour a Constantinople, et ajoute qu'il espfere bien~
t6t voir arriver « Joannem Mariam de Barzizia comendajto-
» rem* Brixiensem , quern expedivimus gratula^ndi causa ut
» filius patri. »
U. — Page 32i.
« Secondarisposta del Gran Signor per bocha del Sgr. Ajas
• bachasopra quelle che Johan Mary a Barzizdolendosse, che
» le prime proposte non esser conforme alle promesse fatte
» per il Gran Signor alia Regia Maesta,* che al manco il detto
» G. Signor si havesse di risolvere che non volendo reinte-
» grare paciQcamente la Regia Maesta del regno diOngeria,
» che al manco prometesse etfasse consento che delta Maesta
» con le forze proprie potesse expellere il Conte Johan Sce-
• pusiense foro del detto regno , e se anche il G. Sgr. non
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538 NOTES
» volesse'consentir a questo che Johan Marya Barziz ue sia
» certificate per possersene expeditamente ritornar della
ft Regia Maesta per il camino dove era venuto. • C'est la le
titre du Rapport de Pambassadeur (Archives de la maison
I. R. d'Autriche).
III. — Page* 524.
« Cum Tekeli et Szemezei accessissent et nuntium dedis-
» sent de defectione Perenii et aliorum ad Ferdinandum, Sul-
9 tanus cum legato Joannis concludit et regnum puero con-
» tulit. » Rapport de Pambassadeur Lasczky , dans les archives
de la maison Imp. Roy. d'Autriche. « Advenit Hie Christo-
* phorus Semczcy, ut proderet quatuor castra ac patriaxn
» Turbis. Heri etiam Alius Perenii.ingresdud est Conclave et
» <;ircumcidetur Adrianopoli : Petrus Vpivoda Moldaviensis*
» est pollicitus redditurum se castra quae in Transylvania
» habet. Oratdr Gallus discessit ad infldnimandum bellam,
» magno auxilio fuit Oratoribus Regis 'Joannis , ut regnum
» puero daretur. ft Rapport de Pambassadeur Lasczky, dans
les archives de la maison I. R. d'Autriche;
IV. — Page 3*8.
Ce que dit Ferdi sur cette augmentation de solde s'accorde
avec la supposition de Lasczky, que ces troupes avaient ete
destinees a surveiller le prince gouverneur pendant la cam-
pagne du Sultan en Asie : « Non tantum cdntra Pei*sam quam
» contra fiUum* ne patri rebellet, quod timebatur. »
V. — Pagb Sag.
a La Rossa jpoi (Roxelane)) che odiava Ibrahim come
» amico de Mustafa primogenito di Solimano nato della
» prima moglie. » Sagredo , 1. IV, p. 220. Le rapport de
Piero Bragadino, datd de Pannee i5a6, dans Marini Sa-
nuto, XLI, ne laisse auciin doute que la Rossa, dont qudl-
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ET £CLAlRCISSEMENS. 53g
ques auteurs font la Rousse, n'est autre que la favorite russe.
« A 4 fiol, il primo Mustafa di anni 9 con una donna di na-
» zione Schiavona; sta col fiol nel Seraio, el Sr. non s*im-
» pazza piu.con lei. Tre altri figlj a con questa altra donna
» di nation Rossa, giovine non bella ma grassiada — li ha
» fatto vestimenti per ducati 100M.; il primo fiol di questa
» si chiama Selim, di anni 6, il secondo Murad di anni 3,
» il terzo Maomet di anno 1, nassete poi la vinuta d'Ibraim
»'dal Cairo. Mustafa uomo di gegno, amato dai Janisseri. »
VI. — Page 334-
Voy. Istuanfi , Jovius , t. XIr, p. a85, et Fouvrage inti-
tule : Vier tvahrhqftige Missiven, eyne der Frauen Isa-
bella Kunigihh Janus nachgelassene Wittib in Uhgarn, wie
untreulick der Turk und die iren mit ir umgangen; die an~
dere eyne so in der Belagerung bey der Kuniginn im Schloss
gewest, me es mit Of en vor und nach der Belagerung er-
gangen; die dritte eynes Ungarn von GrcCn rtie es itz zu
Of en zugeht die vierdt des Turkischen Tyranen an die Sir
benburger aus demLatein ins Teutsch gebracht anno i54^.
Ce dernier ouvrage , e*crit par un des seryiteurs d'Isabelle
qui formaient l'escorte dujeune prince lorsqu'il fut amend
au camp de Souleiman,' est prdcieus. a consulter ; mais au-
cun des historiens modernes, pas m&me Catona, n'en a eu
- connaissance : les quatre lettres dont il est ici question se
trouvent dans les archives de la maison I. R. d'Autriche :
Historemaia el Diplomata.
VII. — Page 336.
Istuanfi dit avoir vu le diplome ; il appelle le nischandji
NisaegL Ferdi, f. 354, s'accorde avec lui. Petschewi, f. 78,
exprime son e*tonnement de ce que Djelalzade* , le ni-
schandji, ri'ait pas fait mention dans son histoire de cette
circonstance. Cependant il dit expressement , f. 219, que le
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54o NOTES
fils de Yanousch avait ^te investi d'un sandjak dans la Tran-
sylvanie, avec promefse de l'enipereur que, lorsqu'il- devien-
drait majcur, i). l'ihstallcrait sur le trone de son pere. Erdel
wilayetindi sandjaghi houmqyoun wemloub^ sonrd irischoub
yarar oldoukda giru babasi yerini Oun goitrous Kirallighi
temdjih olounmak uzrS mouahadei Houmayoun scherefsou-
dour bouldu Solakzade, f. n3, dit la roeme chose. Katib
Mohammed, dans le Djamioul '- teawrikh , et le Nokhletct-
tewarikh, f. i38, parlent egalement de l'investiture du jeone
Sigismond d*un sandjak en Transylvanie. Vojez aussi Loutfi,
f. 93.
VI1L — Page 33g.
Cette lettre vient apres celle -d'Ayas-Pascba , en date de Tan
i53y, et apportee par l'ambassadeur Mary a Barzizi; elle est en-
core prlcddee d'un ordre envoye anterieureraent a Mailath,
dont il sera question plus bas. Cette lettre est classee , d'apres
l'ordre cshronologique, la troisieme parmi les documens tores
du regne de Souleiman qui se trouveut dans les Archives de
la maison I. R. d'Autriche; mais e'est la premiere qui fut
ecrite par un sultan ottoman au roi de Hongrie 5 elle est datee
de Constantinople du mois de safer 948 (juin i548). II existe
. unc autre lettre en italien du drogman de la Porte Younisbeg,
dakec d'Andrinople du i er mars i54i,etadresse> a Ferdinand.
Younisbeg y porte Je titre (Tinterpreto deW eccelsa Porta del
Gran Signore. La rlponse de Ferdinand , dont le brouillon se
trouve dan3. les Archives de la maison I. R. d'Autriche , et
par laquelle ce prince se plaint de la captivitc de Lasczky et
demande un sauf-conduit pour un nQUvel ambassadcur, est.
datec du 27 mai i54i.
IX. — Page 345.
Le savani hongrois Kys, qui dedia vingt-trois ana plus tard
a l'empcreur Maximilien II un recit details sur l'atnbassade
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ET ECLAIRCISSEMENS. 54'
de Hefberstein et de Salm , avcc urie description du camp
des Turcs, faisait partie de cette ambassade. Son ouvrage est
compris dans les Manuscritf' historiques de la Bibliotbeqiie
I/R. d'Autricbe, sous le titre : « Exegeticon, boc est com-
i» pendiosa quaedam descriptio ad arm a sumenda contra effe-
» rum,Barbarum ct Cbristiani nominis baereditarium bostem
» Tyrannum Tburcam, Divo Maximiliano Secundo eleclo
» Roman orum Imperatori anno i564 feliciter dedicatum a ba-
il millimo veteran o clientulo autore Petro Litterato Kys Quin-
» que ecclesiensi Pannonio Domini Nicolai Olabi Archiepis-
» copi ecclesiae Strygoniensis Prima tiae Tlegiai Hung. Caps, lo-
m cumt. familiar.* » L'auteur donne «ur sa personne et sur sea
fonctions d'interprete les notions suivantes : « Eo tunc Domi*
» nus. Comes a Salmis videos ob pestilentiam servitorum suo-
» mm penuriam in arce.Strygoniensi meet Jeronimum Dwdytb
» aKas Scbardelatb ja*m dudum defunctum precaluS a.Reve-
» rend, quoihdam Dno. Paulo de Warda Arcbiepiscopo eo
» clesiae Strygoniensis Domino meo in interpretem scribam et
» servitorem impetraverat, duraque in eodem campo turcico
» borologium magnum argenteumdeauratum Thurqae per Cap*
» saream Majestatem missum in medium Janycberorum (Ja-
» nissaires) atqae Zwlakorum (Solaks) presentiam attolLae-
» mus, qitidam interpres Thurca et intimus Secretarius Im-
» pera tons Tburca rum ex pbysionomia mea illic me cognoverat
» nomine Petrus Ewzlhery*, cum quo ante cladem Ludovici
» regis dum puerum tredecim annorum ferme agebam in Gym-
» nasio.Quinqueecclesiensi sub *uno tyrocinio et praeceptore
» con versa ti atque eruditi fuimus, quum tempore praefatae in-
» felicis cladis Mocbaziensis , quosdam Serenissimi Ludovici
» regis Hungarian ad vineam parentis mei prope Quinqueec-
» clelias.tum profecti ambo fueramus Turci in via publica re-
» gni prope meceperunt; ego vero Cbristi propensissima gra-
» tia in densissimis du metis praeceps confugiens conservatus
» eraro ; in eodem itaque castro turcico , quum cum praefatis
f» Domini* oratoribus certis dicbus versarer — cum eoque in-^
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542 NOTES
» terprete Tburcico familiariter~'taimjuam cum ineo veteran?
» condiscipulo amicabiliter conversarer in maxima et firmis-
» £imo secreto Caesar is Tburcarum campum typum modum et
» formara — ad amussim mibi dum bona fide declarasset -7-
» perscribcndum curavi. »
*X. — Pagb 345.
Pes quatre missives pr£cit£es et publiees par le proviseur de
Gran) Mustwek , la premiere est ecrite par la reine isabelle k
Severino Bona de Balicze, et datie de Lippa, an i54i. On j
lit ce passage : « Wir toennen nicbt mer bergen, dass wir von
» unserer Morgengab nicbt mer dan* die zwfey Gescblees inne
» baben Salmatb und die Lippen ; das Scbloss Cblitzo nnd
» Rikelwar baben wir dem Peter Waiwod'in der Moldau wie-
* der mussen znstellen , der itzo sein Scbloss fordert. Von dem
» andern Scbloss Pewa baben wir das ganze jar keinen Heller
» eingenommen ; die drey Gescbloess Thokei, Ragotz nnd Tata
» bat der romiscb Kunig innen , Valentinus Tceroek,.so man
» Tiirk Walandt nannt, bat das Scbloss Debrtcyn , so hat der
» Tiirk unser mit keinem wort nie gedacbt. »
•
XI. — Page 545. #
Les plaintes qu'exprima Paulin au sujet du meurtre de l'am*
bassadeur, immediatement avant l'affrancbissement de Lasczky,
ne prouvent point que ce dernier ait reussi k convaincre le
Sultan jde Fiunocence 4e Fempereur; d'ailleurs Lasczky ne
fut pas mis en liberty lors de I'arrivee de Souleunan a Bel-
grade, comme le prltend Fessler; Jovius dit seulement : « Ex
» itinere autem Lascbium legatum liberaliter dimisit. • La
troisieme des quatre missiyes dont nous avons parle* plus baut»
et dans laquelle le proviseur de Gran ecrift au baron Francois
de Ravay : « So ist aucb H. Hieronymus Ladzky ancb wieder
» kummen , &gjt er babe den turkiscben Kaiser 2 tagreis yon
» Ofen gelassen , und wie er den Toercek Walandt anf 1
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ET ECLAIRCISSEMENS. 543
» roslein umhcrfure, er sey angefesselt an Hxnden und Fussen
» und werde aber nachts angescnmidt an Ket^n, »
XII. — Page 34 7 .
L'auteur des Nouvelles sur la regence d? Alger, t, II , p. 6I2,
a de"ja releve" l'erreur de Robertson, qui rappotte cette tempete
au second jour du dlbarquement des troupes ; la date citee par
Guazzo s'accorde parfaitemerit avea celje que donne Hadji: :
Kbalfa dans YHistoite des guerres maritime*; tous deux font
mention de cette temp£te comme £tant survenue dans la nuit
du cinquieme jour (la flotte arriva le 20 octobre), Seulement
Hadji Khalfa se trompe en $xant pour date de rarrivee de l'ars
mie le 28 djemazioql-akhir, c'est-a-dire le f anovembre au lifu
du 20. Le commentaire de Kbaireddin d&igne le 28 djemazioul-
akbir, ungeudi, et le jeudi de la seraaine qui correspond a cette
date se trouye e'tre dans Fannie i54i, ie 20 octobre. II j a
done entre ces divers historiens accord quant au jour da la se-
maine, mais non quant au jour du mois. On lit dans Guazzo,
Storia, f. 286 : « La seguente notte, qual fu ai 24 ottobre. »
XML — Page* 549,
L'auteur des Nouvelles sur la rigence a* Alger reprocbe a
juste titre a Robertson de placer Matafouz -a trois journe'es de
marcbe d* Alger j Vnais il ignore , ainsi que cet bistorien , que
e'est a Matafouz que la flotte d£barqua les troupes, et que
Villagagnoni a determine" d'une maniere tres-prlcise la dis-
tance qui s^pare Alger de ce cap : « Urbs duodecim fere me-
» dia ducta linqa millibus abest a promontorio. » La distance
en ligne droite £tait done de quatre lieues , comme le suppose
avec raison l'auteur des NouveUes ; car Villagagnoni ajoute :
« Sin autem pedibus eatur propter litoris obliquitatem 20 mil-
» lia erant facienda. » Le nom de Matafouz n'est qu'une alte-
ration du mot arabe Temenius; cette derniere denomination
se trouve reproduite dans YHktoire des guerres maritimes,
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ET ECLAJRCISSEMENS. 545
XVIL — Page 556.
Ferdi , f. 36o , 4tablit que le premier gouvernenr installs
par le Sultan a Ofen fut Souleiman-Pascha , d'origine hon-
groise, et non pas, comme le pretend Wernbar dans Catena ,
t. XXI, p. 91, Mohammed, le fondateur des bams publics
dWen ; ce dernier ne vint que phis tard. Le rapport du pro-
viseur de Gran (la troisieme dea missives pr&it&s) confirme
l'assertion de Ferdi : « Der Turk hat zu Ofen Suleiman Bassa
nlassen, der tuvor in Babilonien gevfest. »
XVIII. — Page 356.
Ferdi, f. 362 et 363. L'excellente histoire de cet auteur
s'arrete a 1'lpoque du stege de Pesth et des mmtations qui eurent
lieu parmi les divers gouverneurs* L'exempkire de cetfce his-
toire, qui fait partie de ma Collection , pa rait avoir &e ecrit
par un prince du sang , car il finit en ees termes t Ketebon-
hou el-fakir Mousiafa AU Qsman, e'ett-a-dire 6eri$ de la main
du pauvre Mowtafa de lafamiUe #0 smart.
XIX. — Page 35g.
Istuanfi, liv. XV, p. 249. « Duce Jusupho Ghiliarcho, qui,
» quod bello persico camelis et sarcinariit j amentia prafiusaet
» Sagmarius aut Segvanbasaa appallabator. » Get historien
commet ici une grande erreur, car Segbanbaaehi signifie litte-
ralement gardien dea chiens , et l'officier revetu de ce grade
n'avait point k s'occuper de la conduite dea charoeaux et des
bagagea. Fessler fait de ce titre un nom propre : Jusuph Sag-
mar.
XX. — Page 36o.
Sinantschaousch, dans son Histoire de la campagne de Hon-
grie, en Tanne'e i543, f. 20, ajoute un zero au chiffre deja exa-
geT^ de 80,000. Petschewi, f. 79, celui qui, de tous les histo-
t. v. 35
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ET ECLAIRCISSEMENS. 54 7
Morawa ; elle passa ensuite a Banitidje , Ak Kilisse , Weralia ,
Hissarlik et Belgrade , ou elle s'arr^ta trois jours , et d'ou elle
repartit le 3 rebioul-ewwel (6 juin). En sortant de Belgrade,
l'armee longea la rive gauche de la Save, et campa successive-
ment a Morawaczie , Grabocze, Debruze et Kormaricze ; plus
loin , elle traversa un pont , et Hadji Mohammedbeg se pre-
senta devant Sabacz avec quatre-vingt treize navires, par ordre
du Sultan ; l'armee vint ensuite camper a Sabacz , puis a Mi-
trovicz. La pluie l'obligea de faire balte ; cnfin elle se remit en
marcbe, et passa par Iladje, Vukovar et Bourkhouwa.
XXIII. — Page 36 7 .
Sinantschaousch, f. 86. Petschewi, f. 8i, est d'accord avec
lui. Voy. aussi Djelalzade , f. 247 1 Catona a done tort d'ac-
cuser Stella qui raconte dans le meme ordre cbronologique la
conquete de Funfkircben et celle de Siklos : • Ordine prae-
» postero, quum ante Quinqueecclesias Soclosia T urcis occur-
» rerit. » (Liv. XXI, p. 3o3.) Ceci est juste par rapport a la
position de ces deux places, mais non pas quant a l'epoque 011
elles furent prises. Du reste, Catona n'a pas observe qu'Istuanfi
dit la meme cbose que Stella. « Ut prius, quam Solimanus
• capta Soclosia castra moveret, obliti officii honorisque sui
» de turpi ac inhonesta fuga consilia inirent. » (Dans Catona,
XXI, p. 3 10).
XXIV — Page 368.
Petschewi , f . 80 , Djelalzade , f. a49* ^ uieiileure preu ve
que la date du i4 rebioul-akhir nest pas exacte, e'est que
Djelalzade et les autres historians qui ont puise dans son his-
toire, tels que Ali, xxi e recit, disent, quelques lignes plus bas,
qu'il j eut diwan le 8 du meme mois, et qu'a ce dhvan le
Sultan distribua des vetemens d'honneur et de recompense,
pour la cenquete de cette forteresse.
35*
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548 NOTES
XXV — Page 368.
Je n'ai pu reconnailre les deux endroiU que Sinantachaousch
appellc Sasalonia et Otyikoak; mais qui devinerait, dans Can-
temir, regne de Soliman, que les noms de Ldposa, Bezosi,
Schoklavass et Usturgunbelgrad, d&ignent les villes de Valpo,
Fiinfkirchen, Siklos, Gran et Tata! Cet auteur n'a pas c6mpris
non plus que Beznoi n'etait autre que Bacz, car il ditj note 33 :
« II seroble qu'au meme temps fut prise la ville des Cinq-
» Eglises. d
XXVI — Page 36g.
Jovius l'appelle Zirmar, et Fessler (t. VII, p. 6a3), //ur-
sach. Sinantschaouscb , f. ia5, fixe a sept mill e quintaux'le
poids de vingt-quatre mille charges de poudre pour les ca-
nons i la flotte portait en outre vingt-quatre mille boulets,
dix mille pioches et pelles, et cinq mille gros clous.
XXVII. — Page 571.
Sinantschaouscb , f. i43, ecrit Retnmal; Canano parle de*j&
de cet art divinatoire dans le r^cit du siege de Constantinople
par Mourad II, et l'appelle pap*kta.
XXVIII. — Page 3 7 i.
Cette assertion de Jovius (dans Catona, t. XXV, p. 317) qui
s'accorde avec celle de Sinantschaouscb, est sans doute plus
juste que l'assertion de Stella (dans Gatona , t. XXI, p. 336),
suivant laquelle ks Tures auraient perdu trois mille homines;
mais il est probable que ce cbiffre de tf ois mille a £te° par erreur
ecrit au lieu de celui de trois cents. Sinantschaouscb cite au
i) ombre des morts le sandjakbeg Bali Djendi Sinan , le beg
de Silisira, Sehrimar, le tscheribasehi de Posehega, le senbe-
rekdjibaschi, le kilardjibasebi, le kapottkiaya de fifalkodjoghli,
frcre de l'alaibeg de la Mor4e , et Sinanbeg , le secretaire de
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ET ECLAIRCISSEMENS. 54g
Roustem-Pascba j et parroi les blesses, le baltadji Mohammed*
beg, l'ala'ibeg de Semendra, et le devin lui-m^me.
XXIX. — Pags 575.
Sinantscbaouscb, £. 174, met au norabre des morts le
cbambellan d'Abmed-Pascba , le portc~drapeau du b#g Qs-
manscbab, le voievode du feu grand- visir Ayas*Pa*eba, le kiaya
du beg de Karabissar, et paraii les blesses, le baltadji Mobam-
medbeg et Belal Mobammedbeg.
XXXt — Page 375.
Sinantscbaouscb et Petscbewi doiment pour date au pre-
mier assaut le 27 djemazioul-ewwel(a8aout), et au second
assaut, le 2 djemazioul-akbir (2 septerobre). Sinantscbaouscb
fait seulement erreur quant au jour de la semaine (jui se trou-
vait etre un dimancbe, comme l'indique Petscbewi, et non pas
uu yendredi. Jovius prenant k tie be de rapporter tous les ev^-
nemena memorable* du regue de Souleiraan au 29 actut, anni-
wrsaire de la bataille de M^bacr > d&igne ce m&ne jour cQnxm.3
celui ou fut donna* le premier assaut. Petscbewi se trompe
quand il assure que la ville se rendit immediatement apres.
XXXI. — Page 375.
Petscbewi, f. 85. L'ecrivain qui voudra tracer l'histoire des
villes de Siklds , de Gran et de Stublweissenbourg pourra con-
suiter avec fruit le recit fait par Sinantscbaouscb du siege de
ces trois villes j Djelalzadl , Ali, le Nokbetet-tewarikh , n'en di-
sent que peu de mots.
XXXII. — Page 3 77 .
Djelakade, f. 261. Ali, xliv* ricit, f. i56. Solakzadl, f. 1 14.
Les deux premiers fixent au lundi, 8 scbAban, la mort du
prince : mais le 8 scbdban (6 novembre) correspondait , en
i543, a un mardi. Ces memes auteurs indiquent le 18 du roois,
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55o NOTES
un jeudi, comme etant le jour ou se firent les funerailks, mais
le 1 8 schAban (16 novembre) 6tait un vendredi.
XXXIII. — Page 377.
Voyage d'Ewlia, et d'apres lui Topographic de Constantino-
ple et duBosphore, Pesth 1822, t. I, p. 4^4- Ewlia, t. I, f. 4^
dit que le corps du scheikh Ali Tabl (Ali-le-Tambour), tambour
d'Eyoub , reposait dans la cour de cette mosquee sous un pla-
tane.
XXXIV. — Page 383.
Ges douze sandjaks etaient alors, Ofcn, Gran, Stubiweissen-
bourg, Mohacz, Funfkirchen, Siklos, Neograd, Hatwan,
Szexard, Wessprim, Szegedin, Schimontornya ;.a ces sandjaks
furent ajoutles les villes d'Esclavonie, Poschega et Semendra,
toute la Syrmie, ainsi que Wouldjterin en Servie. ( Voy. IV
percu statistique qui se trouve au commencement de VHistove
de Djelalzadl.) Ce fut sous le regne de Mourad III et Moham-
med III, que Szigeth, Kanischa, Erlau et-Raab, furent incor-
porees au nouveau royaume. Le Banat et une partie de la
Transjlvanic formerent un gouvernement distinct (celui de
Temeswar), comme la Bosnie qui etait compos^e des sandjaks
de Zwornik, Bosnia, Rirka, Kliss et Hersek. Voy. Geographic
de la Hongrie, par Hadji Khalfa.
XXXV. — Page 385.
k Alii 18 (Octobre i546) passato mandb (Solyman) in San-
» zachat di Garamania, cbe vol dir Cilicia, il secondo figliaolo
» di questa Sultana cbiamato Beyezetb , et retien appresso di se
» il terzo solo cbiamato Gienger (Djihanghir) , e gobbo et
» cpme^dicono di natura ingenioso e faceto. * Rapport de Velt-
wyck, date de Constantinople, 5 novembre i546 , dans les Ar-
chives de la maison imp. roj. d'Autriche. On lit encore dans
le Rapport de l'ambassadeur v£nitien, date du 6 octobre i$fii
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ET ECLAIRCISSEMENS. 55i
qui fait partie des memes Archives : « Li giorni passati manato
» di questa vita il Signor di Bogdania, in loco del quale inves-
» tito il magior filio ; il terzo giorno Sultan Bajezid uscito fuori
» di Costantinopoli per andar al suo Sangiac in Caramania in
» una citta detta Gogna presso Scandaloro ; sono stati dati
» 20 gordone (bourses) di zechini a 10,000 per gordone. » Ge
passage est curieux non-seulement sous le rapport historique,
mais aussi quant auz notions geographiques qu'il contient; car
il place Scandaloro dans le voisinage de Koniah , et il serait
dans ce cas impossible de supposer que Scandaloro fut la m^rae
ville que Iskenderoun ou Alexandretta.
XXXVI. — Page 386.
Le Selimname d'Oussouli, f. 14 a 17. Ges trois princesses
s'appelaient Esma-Sultane, Gewher-Sultane et Schah-Sultane.
Oussouli, fils d'un sipahi , faisait partie du corps des ou-
lemas , et avait en cette qualite accoropagne le prince Selim a
Koniah.
XXXVII. — Page 38 7 .
AH, dans sa Notice de Roustera-Pascha , et Osman-Efendi ,
dans la Biographic des vizirs, racontent qu'a l'epoque ou Sou-
lei man songeait a donner a Roustem sa fille en mariage , les
ennemis du vizir repandirent le bruit qu'il avait la cuisse atta-
quee de la lepre. Pour se convaincre de la verity, Soulei'man
introduisit parmi les gens de la maison de Roustem un fidele
serviteur du harem ; celui-ci ayant une fois apercu , sur les ve-
temens du vizir, un pou (ce qui , d'apres la crojance des Ot-
tomans, ne pouvait avoir lieu en cas de lepre), s'ecria : « Dieu
soit loue pour ce pou qui prouve* ta purete , et te rend digue
de devenir gendre du Sultan! » La biographie des vizirs ren-
ferme a ce sujet les vers qui suivent :
Olidjak bir kischinun kawi talii yar
Kehlesi dakhi mahallinde aniin ische yarar.
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Ki NOTES
« Celui que doit favoriser la fortune trouvera un pou a
Vhcure propice. »
XXXVIII. — Page 38 7 .
Loutfi, Hasan Tschelebt, Biographies despoetes, et lerh&eur
de Brousa , f. 1 16. Ce dernier cite les vers que Ramazanzade*
composa ou prononea a cette occasion : « L'orfevre seul sait ce
que talent les pierres precieuses , tandis que <P autres les pren-
nent pour du verre. 11 ne faut pas parler aux sots de vertu, car
ila ne peuvent Fapprecier. » II paraft que ce $ont les memes
vers que Ramazanzade* composa sur le ralpris qu'afiectait
Roustem-Pascha pour les poetes, et dont parle Osman-Efendi
dans ses Biographies. Le r^b&eur de Brousa , dans les Biogra-
phies des savans de Brousa , dit , en s'appuyant sur les Biogra-
phies dss poet#s par Hasan , que les vers suivans fort celebres
appartiennent egalemeat a l'auteur du Houmayounnauri :
Goermesem bir dem gham derdnak eller beni
Ghalrile gcesem eger, ghairet helak eller beni.
« Si je ne dois plus te voir, e'en est fait de moi; la jalousie
me tuera des que je te verrai avec cfautres que moi. »
XX^IX. — Page 389.
« Pienipotentia pro Odoardo Cataneo Portugallia? arafore et
» Hieronymo Adurno Praeposito ecclesiae Agrensis Internun-
» tio nostro nobis dilectis , quos ad tractandum ac agendum
» cum Serenissimo et Potentissimo Principe Domino Soli-
» raano Turcarum Imperatore ordinavimus et deputavimus. »
Vienne, 29 decembre i544« Adurno extant mort a Andriqople
en Fannie i$45,l'erreur d'Istuanfi, que do reste Catona (XXI,
p. 533) a relev^e, est suffisamment prouvle; a Ten croire,
Adurno ne serait alle a Constantinople qu'en Fan nee i547-
Adurno est le premier qui se soit rendu a la Porte avec le titre
d'internonce.
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ET ECLAIRCISSEMENS. 555
XL. — Pack 3g5.
Younisbeg lui raconte les motifs du depart d" Aramont :
« Hora ho inteso meglio la causa di 1'andata d' Aramont da Ju-
» nusbeg, la qual e in eflfetfo, cfee Mr, Monlnc ha inpedito
» nella corte, che Aram out pop babbi avuto ne lettere ne avisi
>» d'inportanza et spno stati questi Sigppri ip tapta colera per
. » questo, che il ditto Aramont ne ba avuto a patir moUi re-
» cbiocbi et dicono chiaramente, cbe si mostra ben cbe non e
» bomo di cervello in la Gorte di Francia , poicbe per inimi-
» citia particolare di dui servitori lassa iiRe di Francia di.avi-
* sare un suo principal aroico e favorito; bora Mr. Aramont
» per ruinar il Monluc lettere di credenza dal Turcbo et com-
» mandamento di bpcba da Rustanbassa. , cb'el debbi dire al
» Re di Francia suo Sgr. cbe qpando il manda simili bomini
» come Monluc, cbe li tagli la lingua o la testa f perchi in
» effecto I'anno passato furono dette da Monluc cose indcgne
» tan to del G. §v. quanto di Rustanbassa. » (Rapport de Velt-
wyck, du 5 novembre i545).
XLI. — Page 593.
« Quanto alle cose di Portogal il Turco non vuol intendere
» aitra risolurione con il Re, se non gli remetta e quitti li
» 3ooo centari di specie , qnali altre volte il Re ha riceputo
» in tribute dal Turcbo. » Rapport de Veltwick <lu 5 novem-
bre 1 545. Apres le depart d' Aramont, les arobassadeurs fran-
cais qui arriverent en l'annee 1647 a Constantinople sont, sui-
vant les rapports des ambassadenrs vlnitiens : i° Codignac .-
AUi to (Giugno \5^6)gwnse qui Mr. Codognat. Le meme am-
basaadeur revint une seconde fots au commencement de Tan -
nee suivante : Mr. di Codognado huotno delta chrisuanissima
Maesta gionse qui in giorni a5 da Narenta. (Rapport du 7 Jan-
vier 1 547). 2° FumS : Dapoi alii 28 (juin) gionto in questo
luogo un gentUuomo francese nominato Mr. de Fume*, spedito da
S. C. M. a questo Sr. con lettere credenziali, el qual and&
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554 NOTES
alii 29 a visitazione del Bassa {Rapport du 9 juillet i547).
L'ambassadeur Aramont arriva de Raguse le 6 avril i547> en
viogt-quatre jours, et eut le 12 du meme mois son audience
du Sultan. (Rapport du 22 avril 1 547)- Pais: M. de Fume parti
li 29 Agosto per andar in Italia. On lit encore dans un autre
rapport du 7 juillet, sur l'arrivle d'un Ecossais a Constanti-
nople : Tristo e sccllerato Zuan Burlotto scuoto si e fatto Mu-
sulmano. -
XLH. — Page 394.
<< II C. Rogendorf arrivato qua alii 27 di Settembre con un
» vcnto , come se il portasse le cose di tutta Christianity sopra
» le spale — si ba slargato primo delle questione, ch'egli ha
» con la sua donna, la quale lui fu legieradi cervello culpando
» l'Imperntore c la Regina Maria cbe a torto Than diffesa , e
» cbe per dispetto si e venuto a metter in grembo di questo
» Gran Sign ore, e cbe Sua Maesta veda li servici che li potra
» far bavendo lui tanti castelli in Austria. » Cest a ccla que
se rapporte la lettre d'intercession du cointe Nicolas de Salm
au roi Ferdinand, date'e du 3i Janvier \5fy]> et dontrfa copie
se trouve dans l'almanach pour VHistoire nationale, p. 140 ,
qtiatrieme annee. Le baile de Venise mande a la Seigneurie ,
sur Farrivee de Rogendorf : « Gionse in Constantinopoli un
» Gentiluomo todescbo nominato il Conte Christoforo Rogen-
» dorf , Signore per quanto dice di 7 castelli d* Austria, si pre-
» sentb a Rostem , il quale lo commandb a Jonusbeg. Ha por-
» tato seco denari per la somma di 40,000 zecchini ; fu basiar
» la man* al Signor alii 10 (Ottobre) una mesa ora , li ha fatto
» molto facile la presa di Vienna; » et dans une autre lettre
du 5 Janvier i5^7 '• tt Questo Conte Rogendorf e venuto anch'
» esso qui in Andrinopoli. >» Ces divers documens se trouvent
dans les Archives de la maison imp. roy. d'Autriche.
XLIII. — Page 5g8.
La plus grande confusion regnc dans toutes les histoires
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ET ECLAIRCISSEMENS.
555
ecrites jusqu'a ce jour, tant par rapport a la date de cc traits
que sur sa teneur. Istuanfi, 1. XVI, qui donne la date precise
du 19 juin, commet une grave erreur en confondant la pre-
miere mission de Veltwjck avec la seconde, et en placant la
signature du traits en l'annee i546 au lieu de i547- Eichborn,
dans son Histoire des trois dernier s siecles ( III, p. 463) , fait la
m6me faute. Le Guide diplomatique a commis une erreur plus
grave encore en indiquant, d'apres Struve, Fannie i544* Sa-
gredo approche plus de la vente lorsqu'il place la ratification
au 9 octobre au lieu du 12. Du reste, le document qu'il re-
produit est apocryphe, et de plus, sous sa plume, tous les
noms deviennent meconnaissables : II segretario suo di qualche
con to nominate Boslo insieme con Gianos Marchese, au lieu
de nominato Giusto insieme con Giovanni Malvezzi. Les rati-
fications de Charles-Quint et de Ferdinand , dont les copies se
trouvent dans la maison I. R. d'Autriche, sont da tees la pre-
miere du i ex aout, la seconde du 28 du me'me mois. Le Rap-
port de 1'ambassadeur v£nitien fait encore mention d'une am-
bassade du roi de Pologne, qui arriva dans cette m£me annee :
« Questi giorni e giunto un noncio del Re di Polonia per
» giustificar alcuni danni e per i con fin i. »
FIN DES NOTES DU TOME CINQUIEME.
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TABLE DES MATURES
CONTINUES
DANS LE TOME CINQUIl&ME.
Apercn des Sources orientate* doot on a fait usage pour la troi-
sieme periode de cette histoire. . i-mi
LIYRE XXV.
Avenement de Sotdeiman-le-Grand, dixieme sultan ottoman. —
Revolte de Ghaiali. — Premiere campagne en Hongrie. —
Conquete de Belgrade. — Traite avec Teniae. — Seoende
expedition contre les chevaliers de Saint-Jean. — Siege et
conquete de Rhodes. — Ambassades de Perse et de Russia. —
Mariage du grand-vizir Ibrahim avec la sceur de Souleiman.
— Expedition du Sultan en ^gypte. 1-59
UVRE XXVI.
Revolte des janissaires. — Rapports hostites avec la Perse; rela-
tions d'aroitte avec la France et la Pologne* — * tiveoemeiis
militaires en Croatie. — Invasion de la Hongrie. — Bataitle
de Mohaes; resultats de cette bataiHe* — . Revolte en Asie.
— Conqoftte de chAteaux-ferts en Bosnie , en Croatie et en
Esclavonie. — Ambassades de Zaporjra et de Ferdinand a
Souleiman. — Ibrahim-Pascha est nomine serasker de toutes
les armees ottomanes. — Prise d'Ofen, siege de Tienne. —
Cause de la retraite des Ottomans. 60-1 36
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558 TABLE DES MATIERES.
LIVRE XXVII.
Pag«.
Fetes de la circoncision dies princes. — Ambassades de Ferdinand,
Zapolya, Pereny, des rois de Pologne, de Russie et de France.
— Cinquieme oaropagne de Souleiman. — Siege de Giins , et
retour de Farmee ottomane par la Styrie. — Prise de Korod.
— Negotiations de Ferdinand a la 8ublime-Porte , et con-
clusion du premier traite de l'Autriche avec la puissance
ottomane. 1 37-20 c
LIVRE XXVIII.
Campagne de Perse. — Prise de Tebriz et de Bagdad. — Exe-
cution dlskender Tschelebi. — Disgrace et mort dlbrahim.
— Traits d'alliance avec la France. — Restitution de Koron.
— Expedition de Khaireddin Barberousse et de Charles-Quint
contre Tunis. aoa-a57
LIVRE XXIX.
Mort de plusieurs sa?ans turcs. — Guerre avec Venise. — Siege
de Corfou. — Defaite de Katzianer. — Conquete de plusieurs
iles dans rArchipel. <— Expeditions simultanees en Moldavie,
dans rArchipel et dans la mer des Indes. — Mort du grand-
vizir. — Circoncision des princes. — Pertes et prises recipro-
ques de chateaux-frontieres entre les Turcs et les Venitiens. —
Conquete de Castel-Nuovo et paix avec Venise. a 58-3 1 8
LIVRE XXX.
Ambassades de Ferdinand. — Guerre de Hongrie. — Incorpora-
tion d'Ofen dans les possessions ottomanes. — Entreprise de
Charles-Quint sur Alger. — Siege de Nice et de Pesth. —
Dixieme campagne de Souleiman. — - Prise de Valpo, Siklos,
Gran, Stuhlweissenbourg. — Mort du prince Mohammed. —
Chute de Wissegrad, Neograd, Welika. — Batailles de Lonska
et de Salla. — Mort de Khaireddin-Barberousse et de Roustem-
Pascha. — Paix avec Charles-Quint et Ferdinand. 319-398
FIJI DR LA TABLE DU C(*QUI*ME VOLUME.
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