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Full text of "HistOttoEmp"

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BCU - Lausanne 

llllllllilll 



1094764806 

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HISTOIRE 



L'EMPIRE OTTOMAN 



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SB TBOVVE iOALINENT 



a Bruxelles, 


cbez P. Melioe. 


Frahcfort, 
Gins, 


Jiigel. 
Yve*<ynroer. 


Florehce, 


Piatti. 


Leipzig, 


Brockhauss. 


Viemhe, 

Vaejotie, 

Moscou, 


Bossange pere. 
Rohrman et ScbwejgerA 
£. Gluckjberg. 
A. Semen. 




V« Gautier et fils. 
Ch. Urbain et (X 


Odessa, 


J. Sauron. 


. COHSTAK TlftOFLE , 


J.-B. Dubois. 



IMPRHIERIE DE REKRI DtJPUT, II, RUE DE LA MORHAIR. 



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HISTOIRE 

DE 

L'EMPIRE OTTOMAN 

DEPUIS SON ORIGINE JUSQU'a NOS JOURS 

PAR J. DE HAMMER. 

OUYBAGE WISE XVX SOOECES LBS PLCS AVTBEMTIQUES BT BEDtGE SUE BBS DOCVMEBTS 
BT DEi MAltUSCRITf LA PLUPAET IKCOKVUS EM ECBOPF.; 

fcratarit be I'aiUmanb 
PAR J. J. HELLERT; 

ACCOMPAOXIK D*CH ATLAS COMPARE OB l'eMPIBE OTTOMAN, COMTBICAHT 31 GABTES 
ET l5 PLARS DB BATAILLBS DRESSES PAR LB TRAVVCTEUB. 



TOME CINQUIEME. 

DEPUIS l'aVENEMENT DB SOU LE] MAN I, JDSQu'aU PREMIER TRAITE DE PAL\ 
DE l'aUTRICHE AVEC LA PORTE OTTO MANE. 

1620—1547. 



PARIS 

BELLIZARD, BARTHES . DUFOUR ET LOWELL, 

X bis, RUE DE VERNEC1L. 



Con&rcs. 



BOSSANGE, FARTHES ET LOWELL, Fd. BELLIZARD ET Cie, HBRAIRE.S 



14 , Groat Marlborough Street. 



Baint-jpetcrebourg. 



au Pont-de-PoIice. 



m nccc XXXVI 

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APERCU DES SOURCES ORIENTALES 

DONT ON A FAIT USAGE POUR LA TROISIEME PERIODE 
OE CETTE UISTOIRE. 



I. jjietoim jjjeneralt* 

DES R^GNES DE SOULEIMAN I ET BE S^LIM II. 

1°. TABAK.4TOUL-MEMALIK. WE DEREDJATOUL MESALIK, 

c'est-a-dire les diverses Classes des pays et tes divisions des 
routes, par le nischandji Moustafa Djelalzade* , mort en Tan- 
nee de Phe'gire 975 (1567), connu sous le nom de grand 
nischandji; un vol. in-fol. de 371 feuil. Get ouvrage fut co- 
pie* a Szolnok en l'ann^e 983 (1^75), par consequent douse 
ans apres qu'il fut termini ; dans ma collection. 

2 . Tarikhi Sultan Souleiman; c'est-a-dire Histoire du 
Sultan Souleiman, par Ferdi, depuis le commencement de 
son regne jusqu'a Pannee 949 (i542);un toI. in-4°i tr ^s- 
bien ecrit, de 364 feuil., par Moustafa, prince du sang d'Os- 
man ; dans ma collection. 

3°. Souleimanname, Histoire de Souleiman, par le moufti 
Abdoutaziz Raratschelebizade, en deux exemplaires, dont le 
premier est complet; petit in-fol. de 186 feuil.; le second, 
qui est incomplet , forme un vol. in-4* de 159 feuil. ». 



> Le Souleimanname' , ou le Livre de Souleiman t ouvrage rime 'par 
Schemsi, se trouve a la Bibliotheque Barberini a Rome; c'est t» tres-bel 
eaemplaire. Cet ouvrage fait partie des Schehname's, ou Livres des Hiros; 
nous avons deja citi dans les volumes precedent ceuz ecrits avant Souleiman. 
Le Persau Fetfaallah Aarif fut le premier poete que Selim II nomma sckeh- 
t. v. a 



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ii SOURCES ORIENTALES. 

4°. Tarirhi Petschewi , Histoire de Petschem de Funf- 
kirchen, qui, ne* d'un pere turc a Fiinfkirchen, admini strait 
plusieurs provinces comme sandjakbeg, et devint en Pan- 
ne'e io32 (1622) beglerbeg de Bakka. Cette excellente his- 
toire pragmatique commence a Pavenement de Souleiman et 
ya jusqu'a Panned 1041 (i63i). L'auteur raconte la plus 
grande partie des eV^nemens de son epoque , comme temoio. 
oculaire, et, sur le r^cit de son pere et d'autres te^noins, 
ceux de Pe'poque pre^dente ; il a soin de recourir, dans sa 
narration, aux historiens hongrois contemporains dont il 
connait les ouvrages traduits ; petit in-fol. de 5i 7 feuil., a la 
bibliotheque imp. roy. de Vienne, sous le n° 127. Un autre 
exemplaire se trouve a la bibliotheque du chapitre d'Al- 
miitz. Voy. Archivfur Geschicht, Geographic und Statislik 
[Archives pour Vhistoire, la gdographie et la statistique) , 
1822, n<> 87-88. 

5°. Tarikhi Selaniki , Histoire du Thessaloniote ; elle 
commence avec les trois premieres annexes du regne de Sou- 
leiman, et Ta jusqu'a Pannee 1008 (1599). L'auteur raconte 
comme temoin oculaire les e'ye'nemens de cette pe'riode de 
trentc-six ans; depuis le siege de Szigeth, il assista a toutcs 
les campagnes, et remplit de hautes fonctions, d'abord celles 
de maitre des ceY^monies , ensuite celle de president de la 
chambre des Gomptes des saintes villes de la Mecque et de 
M^dine, et a la fin d'Anatolie. Sa position lui rendait facile de 
rassembler des notions statistiques exactes, et, sous ce rap- 
port, son ouvrage est une des sources les plus pr&ieuses. 
Un petit vol. in-fol., tres-bien ecrit, de843 pages; dans ma 
collection. 



namcdji ou poete epique. Outre Aarif , le molla Ahmed-Paraparasade, mort 
en Pannee 968 (i56o), chantait encore les hatits-faits de Souleimah I, 
ainsi que le poete Mahremi qui nous a laisse une description des conquetei 
de SouMman jusqu'a la prise de Bagdad. 



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SOURCES OWENTALES. m 

n. Jjjtfttoirre special**. 

A. SUB LE REGNE DE SOULEIMAN I. 

6°. Tarikhi Fethi Rhodos, Histoire de la conquete de 
Rhodes, en langue arabe, par Ramazan, medeciu de Sou- 
leiman , qui assistait a ce stege. Get ouvrage a ete traduit en 
extraitpar Tercier; voy. M6moires de I'AcacUmie des ins- 
criptions, t. XXII. 

7°. Tarikhi Fethi Rhodos , Histoire de la conqmte de 
Rhodes, par We'isi. Ce traite* se trouve lie* dans mon exem- 
plaire a son Inscha ou Collection de lettres. 

8°. Ghazewadi Mahadj, la campagne victorieuse de Mo- 
hacZy par Remalpaschazadd ; cet ouvrage porte aussi le titre : 
Tewarikhi AH Osman {Histoire de la dynastic d'Osman) y 
depuis l'avenement de Souleiman I", en l'annee 926 (i5ao), 
jusqu'a la conquete d'Ofen (Bu<Je), apres la bataille de Mo- 
hacz, en l'annee 933 (i5a6); en deux exemplaires , dont 
Pun un vol. in-4° de ia3 feuil., el Pautre de 83 feuil. Un 
autre exemplaire tres-bien ^crit de cet ouvrage se trouve a 
la Bibliotheque royale de Dresde. 

9 . Ghazewati Istroughoun we Oustouni Belgrad, lei 
Victoires de Gran et de Stuhlweissenbourg, ou la campagne 
de Hongrie depuis l'annee i54a jusqu'a l'annee i544» P ar 
Sinantschaousch , le m&pae auquel, par ordre de Soulei- 
man I er , Khaireddin Barberousse dicta ses aventures; un 
vol. in-4° de 190 feuil.; dans ma collection eta la Biblio- 
theque royale de Paris r n° 75. 

io°. Fethnamei Sigetwar, le Livre de la conque'te de 
Szigeth, ouvrage rime* par Merakhi; 29 feuil. in-8° '• 



1 Le Fethnamei Siget, ouvrage rime par Agehi, se trouve cite dans le, 
Diciionnaire hibliographique d'Hadji Khalfa. Je n'ai pas pu me le prociw 



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it SOURCES ORIENTALES. 

1 1°. Berkoul Yemani fi fethil Osmaxu, Foudre tombe'e 
sur VY6men lors des conqu&es par ies Ottomans, par le 
scheikh Koutbeddin de la Mecque, mort en I'anne'e 990 
( 1 585) ; petit in-fol. de 206 feuil. , e*crit en l'anne'e 986 (1673); 
dans ma collection et en quatre exemplaires a la Bibliothe- 
que du Roi , a Paris , sous les n°* 826, 826 A, 827 et 828. 

II 9 . K.ITABOUL-TIDJA10IL WAFRETSI-SEMEN FI TARIRHIL Ye- 

men, le Livre de prScieuses couronnes sur la prise de pos- 
session de VY6men par le sabre, sans nom d'auteur ; a la 
Bibliotheque de Paris, n° 829. (Voy. Particle de SyWestre 
de Sacy, dans les Notices et extraits, t. IV, p. 5 12). 

1 3°. Mathalioun-Niraw, les Orients des lumikres, par 
Ahmed Ben Yousouf Ben Mohammed Firouz ; a la Biblio- 
theque de Paris, n° 28. 

l4°* BoULAUGBOtJL-MBRAM FI TAR1RHI DEWLET MeWLANA 

Behram , par Mohammed Ben Yahya el-Moutayib el Hanefi 
ezzebidi, e'est-a-dire VobtentjUm du ddsir dans le gouverne- 
ment de notre maitre Behram , ou du gouverneur de l'Ye*- 
men, le successeur de Sinan-Pascha; a la Bibliotheque 
royaie de Paris , n° 829. 

i5°. Fethey Yemen, la Conqu&e de VY6men y ouvrage 

rer non plus que les deux ouvrages suivans : le Heft dasitan , c'est^a-dire 
les Sept Narrations, comprenant 1'histoire des trois dernieres annees du 
regne de Souleiman , la conquete de Szigeth et l'aveneraent de Seiim II , 
par Ali-Moustafa ben Ahmed , l'auteur de l'Histoire universelle intitulee 
Kounhoul-Jkhbar, ou Mines des Connaissances , mort dans l'exercice des 
fonctions de pascha de Djidda; cet ouvrage se trouve a la Bibliotheque de 
I' Arsenal de Paris, et dandles manuscrits de celle de Saint-Germain, no 1 1 S : 
le Nadiretoul Maharib , e'est-a-dire les Raretes des Batailles, comprenant la 
guerre civile entre les princes Selim et Bayesid, par I'Historien Ali. Outre 
cet ouvrage rim6 d'Ali, il eziste encore deux epopees rimees sur cette guerre, 
Fune par le derwisch Roumi, et l'autre par Ahmed du Kermian : ces deux 
poemes ont le litre de Djengname', e'est-a-dire le Livre de la Guerre. 



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SOURCES OR1EOTALES. r 

rime de JSifoali; a la Bibtiotbeque imp. roy. de Vienne, 

i6°. S£limnamk! Oussouli, le Litre de Setim, par Ous- 
souli, qui vivait deja a la cour de ce prince lorsqu'il n'ltait 
encore que gouverneur de Magn£sie; un volume m-8 9 de 
69 feuil. »; dans ma collection. 

170. Tarikhi Fethi Kibris, Bistoire de la conqu&e de 
Cfyypre, par S'irek; cet ouvrage, e*crit en 1'annee 982 
( 1 574)9 forme un yol. petit in-8« de 63 feuil.; dans ma col- 
lection. 

1 8°. Tarikhi Fethi Kibris, Histoire de la conque*te de 
Cfyrpne, e*crite en Panned 1 160 (1746) » par l'imam Ahmed; 
dans ma collection. 

HI. €>*t>rai0f0 biograptjiqa**. 

190. Ajlhlaki SotJLBhEAHt> les qualitis de Souleiman, par 
le poete Fouri. Cet ouvrage donne le tableau des haute s 
qualites du Sultan : ce tableau eat tire* du commentaire sur 
ses po&ies ; un vol. in-8° de 106 feuil. ; dans ma collection. • 
ao°. Gewdjinei Akhlak , le Trisor des qualiUs^ biogra- 
phie apologltique de Moustafa Sokolli, gouverneur d'Ofen, 
neveu du grand-vizir Sokolli; un grand vol. in-8° de 178 f . . 
mais incomplet ; dans ma collection. 
s 21°. Ghazewati Khaireddin-Pascha, les Victoires de 

■) Khaireddin-Pascha (Barberousse) ^ que ce dernier, par or- 



« Outre Nihali, les poetes Roumouii et Mimayi (Ali, f. 35o) chanterent 
encore la conquete de I' Yemen. 

» Schehabi, le fils de Schoukri, auteur du S&limnamt, a ecrit un autre 
ouvrage portant le meme titre, Ces deux SMmnames ne doivent pas etrtt 
confoadus : car Schoukri chanta les hauts-faits de Selim I, et Schehabi le 
regne de Selim II. 



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ti SOURCES ORIENTALES. 

dre <Je Souleiman I er , avait dicte* au tschaousch Sinan. II 
existe de cet ouyrage deux Editions en langue turque : la 
premiere , avec beaucoup de details , est ecrite en style gros- 
sier; la seconde, plus precise , se distingue par un langage 
plus pur, et a senri de base au Precis des guerres maritime*. 
La premiere Edition forme un vol. in-4° de 89 feuil., la 
seconde un toI. in-8° de 1 28 feuil. II s'en trouve un exem- 
plaire peu correct, mais super be, a la bibliotheque Barberini 
a Rome. 

22°. HaDAIKOTJL-HakAIK FI NEKEMULLETESCH ScHAKAlK, 

les Jar dins de la vSrite* dans le completement des parcelles 
animones; cet ouyrage est la continuation du grand ou- 
trage biographique de Taschkoeprizade* , par Atallah Ben 
Yahya Newizade% et contient les biograpbies de mille le- 
gistes et scheikhs, depuis le regne de Souleiman I er jusqu'a 
la mprt de Mourad IV; un yol. in-fol. de 433 feuil. ; dans 
ma collection. 

a3°. Khalifeter-rousea, le Successeur des secretaires^ 
d'fitat; cet ouyrage, contenant les biographies des reis- 
efendis, est du a Resmi Ahmed-Efendi ; un yol. grand in-8* 
de 107 feuil. 

IV. Collection fre Cot* Cctriramentale* 
et fre fKece* fr'€tat. 

^4°. Ranounwamei Souleimah, Lois fondamentales du sul- 
tan Souleiman, recueillies par Ebousououd et le nischandji 
Mohammed ; les deux exemplaires de cet ouyrage se trouvent 
a la Bibliotheque imp. roy. de Vienne , sous le no 94. 

a5°. Mounschiati Sultan Souleiman, les Pieces d'Etat 
du sultan Souleiman; cet ouyrage contient quatorze Merits 
de Souleiman et les journaux de ses huit premieres cam- 
pagnes; un vol. in-fol. de quinze pouces de hauteur sur 



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SOURCES ORIENTALES. yh 

neuf de largeur, et compost de 4°5 feuil. Cest probable- 
ment un des volumes qui faisaient partie de la collection de 
pieces d'Etat en onze volumes que Feridoun preaenta k 
Mourad III. Je suis redevable de ce pre*cieux manuscrit au 
chevalier de Raab , interprete de S. M. Fempereur d'Au- 
triche a Constantinople. 



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I. SCHEIBAJTI 

Mahmoud Oil 

SCHAHIBXG, -f 



4. Abdoullah, 
-)-enrann6eg46 
(i539),ilportait 



Djanibeg. 



appele 
joum , -}- en 
g36 (i5ao); 



en I'ahnee 916 encore le nom *■ ^ a * * * -*^ ****™***** ***** ^ 



(i5io). 



d'ObeidouIlah. 



IO. IftKBVDUU 9* Pni-MOHAM- 
MED, f 978 

(i5 7 o). 



6. Abdoullatif, 

f 961 (i554). 



IV. 



Jill 



3. Eao4beg(le' 

9*9 Ofeypte 

ki 7 ),et 

Luleimanj 

kafe-Pa* 

djeKasi 

trente-c 

d-Pasch 

djeKas 

a5). 




im(leO 

Eman-Pa4 

Table gfaealogiquc des Scherifs de la Meet iew " p " 

de la famille Kotadi. ****' 

mol 

kPascha 

tscha (4 

Hasan, depose* en 1'annee 818 (i4i£)> peiit-fils d'ldjlan, qui abdkp harrem 

arriere-petit-fils de Remische, fits d'Ebou Nemi Mohammed; ighinl 

(i454). 

wchaO'J 



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Gbogle 



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HISTOIRE 



I/EMPIRE OTTOMAN. 



LIVRE XXV. 



Aveneraent de Souleiman-le-Grand , dixieme saltan ottoman. — Rewrite de 
Ghazali, — Premiere campagne-en Hongrie. — Conquete de Belgrade. 

— Traite avec Venise. — Seconde expedition contre les chevaliers de 
Saint-Jean. — Siege et conquete de Rhodes. — Ambassades de Perse et 
de Russie. — Mariage du grand-vizir Ibrahim avec la seeur deSouleiman. 

— Expedition dn Sultan en £gypte« 



Les grands ev^nemens sont dus k la puissance de 
rhomme, et plus encore k la force m&ne des choses. 
L'ensemble de l'humanit£ presente toujours un spec- 
tacle plein de hauts enseignemens, lors m6me qu'au- 
cune crise r&volutionnaire ne vient interrompre ou 
acceterer sa paisible gravitation vers le progrfes; Tim- 
portance des £v6nemens ne doit pas toujours 6tre 
calcu&e sur celle de leurs auteurs, mais sur le cercle 
qu'ils embrassent, et les faits plus ou moins graves, 
plus ou moins multiplies, dont ils sont les g£n£rateurs. 

T. T. I 



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2 HISTOIKE 

Cependant les actions de haute portee, les nobles oeu- 
vres sont l'apanage exclusif des grandes ames; mai- 
heureusement les £poques qui les voient nattre sont 
rares dans Thistoire de I'humanit£. Mais il n'est pas un 
empire, ayant jou6 un r61e de quelque gravid (tens les 
destinies des nations, qui n'ait eu une de ces phases 
fecondes oii tous les gennes de civilisation £closent 
k la fois. Quelquefois ce mouvement qui emporte un 
peuple a l'apogee de sa puissance se fait sans la par- 
ticipation et m£me contre la volont£ du maitre ; mais 
ordinairement c'est Tinfluence des grands hommes 
qui impose aux masses le progr&s. L'int£r6t immense 
qui se rattache toujours a la vie des souverains illus- 
tres, augmente encore, s'ils sont la mesure du plus 
haut point de grandeur oii soit arriv^e leur nation, si 
non seulement ils ont surpasse leurs predecesseurs et 
leurs successeurs, comme conquer ans, comme legis- 
lateurs ou comme hommes politiques , mais encore 
si leur £poque est signage par le passage de grands 
hommes et de grands £venemens dans les empires 
voieins. A <jes divers titres le rggne de Souieiraan , «ur- 
nomt»6 le Ugistattwr, le magniftque, le grand, est le 
plus important de tous ceux de 1'hisfoire ottomane. 
C'est k Imi que l'empire doit la phis large extension de 
sa pwseance , de nouvdles conqu&es de territoire et 
de civilisation, *et ses plus beaux monomens de l£gis- 
lation et d'archkeofure. Souieiraan est le seal souve- 
rain de sa nation a qui les tustoiiens europeens aient 
doaa6 le toe de grand, tandis que les Ottomans lui 
ont decerne celui plus* modeste de Ugislateur. Le 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 3. 

temps de Souleiman est un ties plus remarquables 
de Fhistoire moderne, par les grandes choses qui 
s'accomplirent alors dans le monde entier. Quelle 
6poque en efFet plus magnifique dans son travail et ses 
r&ultats que le commencement du seizieme stecle , 
ou , peu aprfcs la decouverte de VAm^rique , le syg- 
tfeme de l'&juilibre politique de TEurope s'assied et 
se constitue, et ou la reforme vient ouvrir une voie 
nouvelle k Tesprit humain! II est peu de momens 
dans Thistoire qui nous montrent une reunion aussi 
imposante de souverains que celui ou Henri Vfll et 
Francois P r rfcgnent en France et en Angleterre , od 
L£on X preside au mouvement de la renaissance des 
arts et des sciences, ou Charles-Quint lutte contre la 
reforme, oil Andreas Gritti occupe avec gloire le stege 
ducal des doges de Venise, ou Vassilji ^wanowitsch 
jette les fondemens de la future grandeur de la Russie, 
ou Sigismond P r affermit pendant un rfegne de qua- 
rante ans la puissance de la Pologne, et enfin ou 
Schah-Ismail, fondateur de la dynastie des Safi et \&- 
gislateur de la Perse, se releve du coup que lui a 
port6 S£lim, tandis que dans Tlnde. Schah-Ekber, le 
plus illustre des grands-mogols, donne k son empire 
une constitution qui devient le module de toutes celles 
de TAsie '. Souleiman parut sur la sc^ne politique 
concurremtnent avec tous ces princes justement c6- 
lebres. C'est par erreur que les historiens europ£ens 



i Robertson, Charles F, t. II, ne nomme que Leon X, Charles Y, 
Francois T, Henri Till et Souleiman I. 



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4 HISTOIRE 

lui donnent le nom de Souleiman II; les Ottomans 
n'ont jamais reconnu Souleiman, fr&re et rival de 
Mohammed I cr , comme souverain legitime, mais seu- 
lement comme pretendant. Les surnoms de grand, 
de magrufique, ne se retrouvent pas davantage chez 
les Orientaux , qui ne designent Souleiman que sous 
ceux de Idgislateur l , de dorrdnateur de son siicle a , de 
celui qui accomplit le nombre de dix 3 . Gependant quel- 
quefois les historiens nationaux l'appellent Soulei- 
man Dl, c'est-k-dire Salomon II; chez les Arabes, les 
Persans et les Turcs, Salomon est devenu Souleiman. 
Cest k ce bienheureux nom de Salomon et a la cir- 
constance non moins significative en Orient d'&re 
n£ au commencement du dixi&ne si£cle de Thegire 
(900 — 1 494), que ce prince doit I'enthousiasme qui 
salua son av^nement. Nous avons d£ja parte dans le 
livre d'Osman du pr6juge des Orientaux, d'apres 
lequel, au commencement de chaque siecle, surgit un 
grand hommequi s'empare de son £poque, la saisit 
par les comes, pour nous servir de leur expression, 
se Tidentifie, et en devient la formule vivante; nous 
devons dire ici quelques mots d'une autre supersti- 
tion relative au nombre dix, et de son application au 
regne de Souleiman. 

Dans l'ancienne doctrine de la puissance des nom- 
bres, apport6e de TOrient par Pythagore, le nombre 
sacr£ de sept tient la premiere place apr&s ceux de 
trois et d'un, comme exergant la plus grande influence 

i Ssahibi kiran. — a Kanouni. — 3 Ssahib-oul-aaschiret el kamilet. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 5 

. sur les revolutions de la nature et les crises des 6ve- 
nemens ; cependant le nombre dix obtient la pr6f£- 
rence sur celui de quatre (t&ractys de Pythagore), et 
il est consider^ comme le plus parfait de lous, parce 
qu'il termine la s6rie des autres chiffres, et que, pour 
compter au-delk, il faut recommencer par les pre- 
miers. La perfection du nombre dix est consacree en 
Orient par les dix doigts des mains et des pieds, les 
dix sens (cinq interieurs et cinq ext£rieurs), les dix 
parties ' et les dix variantes * du Koran, les dix com- 
mandemens du Pentateuque, les dix disciples de Mo- 
hammed 3 , les dix divisions de Tarm^e (dtaurion 4 , 
centurion 5 , chiliarque 6 ) , les dix cieux astronomi- 
ques 7 , et les dix g£nies immateriels qui habitent dans 
ces cieux [1]. D'apr&s ces anciennes id6es sur Timpor- 
tance et la perfection du nombre dix, le dixi&ne stecle 
de Fh^gire et le r^gne du dixi&me sultan ottoman ne 
pouvaient 6tre regard^s en Orient que comme une 



« Ces dix parties du Koran s'appellent Jschr, et ceux qui doivent en 
faireHa lecture publique dans les mosquees Aascherkhouan. Voyez Mouradjea 
d'Ohsson. 

a Les sept et les dix variantes du Koran font le sujet de Yllmoul-Kiruyet 
ou connaissance de la lecture du Koran. 

3 Void les noms de ces dix disciples : Eboubekr, Omar, Osman , AH , 
Talha, Sobeir, Saad lbn Ebi Wakass, Saad Ben Seid, Abdourrabman 
Seheii et Obeide. 

4 Onbaschi. — 5 Yuz-baschi. 

fi Binbaschi. Voyez Institutes de Timour, p. 74 et 75. Paris, 1787. 

7 Les dix cieux aslronotniques comprennent les sept cieux des planetes, 
le buitieine ciel ou ciel du zodiaque, le neuvieme ou ciel des etoiles fixes, et 
le dixieme dans lequel s'eleve le trone de llheiiiel. Voyez le Desatir et les 
Seven seas du sultan d'Aoude. 



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(i H1STOIHE 

£poque portant le germe de grands ^venemens '.Si 
l'histoire d'Asie personnifie le neuvieme s&cle en Ti- 
mour, elle personnifie le dixi&ne en Souleiman, et si, 
d'apres elle, le nombre neuf a preside a la vie du con- 
qu£rant tatare, celui de dix a coordonn6 egalement les 
^venemens du regne du sultan ottoman. N6 dans la 
premiere ann£e du dixieme siecle, le cBxi&ne souve- 
rain de la race d'Osman monta sur le trdne k la fleur 
de son ftge; dou6 de toutes les qualites du coeur et de 
l'esprit, d'une constitution robuste et dun genie en- 
treprenant, Souleiman, que rehaussait encore le pres- 
tige du prejug6 national, apparut aux Ottomans comme 
un souverain envoy^ de Dieu, et la voix du peuple, 
predisant les hauts-faits de son avenir, lui appliqua ces 
paroles du Koran , dites par le messager de Salomon a 
la reine Saba Balkis, en lui remettant la lettre de son 
maitre : « Ceci est de Salomon, et ceci est au nom du 
tout bienfaisant et du tout mis£ricordieux [n]. » 

Ainsi que nous 1'avons vu dans le livre pr£c6dent, 
le grand-vizir Piri-Pascha, craignant que la mort de 
Selim ne Vint a transpirer, avait envoy 6 en toute bate 
(23 septembre 1520) le kiaya des silihdars, Soulei- 
man- Aga, a Magn&ie, residence de Souleiman, et le 
troisieme vizir, Ahmed-Pascha , beglerbeg de Rou- 
milie , k Constantinople \ Mais a la nouvelle de la 
prochaine arrivee du nouveau souverain, il rassembla 

» L'anuee de la naissauce de Souleiraan, qui est pour I'Europeeii Ja der* 
uiere du quatorzieme siecle, est pour I'Orienial la premiere du dUieoae. 

a Hisioire de Djelalzade , le grand uiacliandji , f. 17. ffi&toire du rooufti 
Kaialschelebizadc Abdoulaziz Efeudi , f. 9. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 7 

les gardea-d#*qorps (sol?k*), pow Igqr apprendre la 
mort du Sultw; il$ jet&reni, lemrs bonnet* &. twre , 
ponsserent des crjs de douceur, et dan$ toi# le camp 
les tentes fgrent ^battues en signe de deutt. Piri-Pa&cl*a 
apposa les scell£s ayx chariots du tr&or , et charges 
le second \izir Moust^fa-Pascha et Ferhad-P?scha 
de conduire les rentes de S6Um k Constantinople; U 
s'y rendit lui-m&ne deguise en courier, pour ^ece- 
voir son maitre '. Le diroanche, 30 septembre 1530 
(16 schewal 926), Souleimau s'embarqua k Scu- 
tari, et descendit au nouyeau $erai [hi], ou l$s ja-< 
nissaires, raug&> en haie, lui dewwd&fnt le p?6sent 
d'usage en honneur de son ay£nement. Imra&liate- 
ir\ent apres larriv^e de Piri-Paacha t qi|i neut Ueu 
que dans rapresrnajkii de ce m6m$ jour, oq apnqn<# 
pour le lendemain I3 c£r&nonip du baise-m^ip * , et 
le diww du deuil et de l'enterreroeqt. 1$ V r Qctobpe 
(17 sclwal) 3, Souleiman, rey£tu d'habits pqdjs et 
apcqmpagne du gran^-vispr , se rendit de, fes ?ppar- 
temens int£rieurs a la salle'de reception, ou il fut regu 
par les acclamations d'altegresse des tschaouschs, Le 
moulU , les oulemas et les autres grands diguitaires 
de l'empire vinrent baiser la mam du Sultan. Vers 
midi, la nouvelle s'&ant r£pandue que les restes de 
S^lim approchaient de la porte d'Andrinop}e, Soulei- 
man alia a la rencontre du char fun&bre au-dehors de 

1 Djeialzad£, f. 17. 

* Le baise-main equivaut en Orieqt a la prestation dy sennent. 
3 Ferdi, f. 6, et le Rapport de I ambassadeur vdn'uicn, dans Marifti 
Saauto, XIX. 



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8 HiSTOIRE 

la ville '. Les paschas descendirent de cheval, et por- 
t&rent eux-m&nes le cercueil, que Souleiman accom- 
pagna k pied. Les d^pouilles mortelles de S£lim furent 
d£pos£es sur la sixi&ne des sept collines de la ville, 
celle qui touche au palais du patriarche grec. Apres la 
prtere des morts qui fut faite dans la mosquee du 
sultan Mohammed *, Souleiman commenga l'exercice 
de sa puissance, en ordonnant qu'un mausol^e, une 
mosquee et une 6cole fussent elev& a Tendroit m6me 
oA reposaient les restes de son p£re 3 . Le troisifrne 
jour de son arriv^e k Constantinople, le nouveau Sul-^ 
tan fit lever les sceltes du tresor, pour satisfaire aux 
exigences des troupes qui r£clamaient le present da- 
vdnement et une augmentation de solde 4 . Les janis- 
saires, que Selim, en montant sur le tr6ne, avait grati- 
fies de trois mille aspres chacun (cinquante ducats) 5 , 
en demandaient alors cinq mille 6 ; les pretentions des 
autres corps de Tarm^e avaient suivi la m6me pro- 
gression. Les janissaires regurent ce qu'avaient regu 

» Djelalzad£, f. 18. Rapport de V ambassadeur venitien, a la date du 
i octobre : li Bassi smontati lolsero la cassa e ilfiol a piedi andano apresso 
il Patriarcato in uno loco duo Mysakoi (pour Miraa Serayi). 

» Djelalzade, f. 18. 

3 Abdoulaziz Efendi, f. 9. Rapport de V 'ambassadeur ve'miien : Dove 
yosero questa eassa con it corpo. 

4 Rapport de V ambassadeur vinitien, dans Marini Sanuto, XJX. : U 
a ottobre cavb dal Casne (khazine de yoc£a, trejor) sachetti 507 di aspri So m. 
Vuno per dar ai Janizeri, e a mandato per i libri del Casne, che sono in 
Adrianopoli. 

5 Solakzad6, a l'avenement de Selim, f. 8a. 

6 Marini Sanuto, t. XIX : li Janizeri volono aspri 5ooo uno, e per li 
Jgemi (recrues) aspri 3 000. 



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DE L'EMPIKE OTTOMAN. g 

huit ans auparavant les sipahis, les silihdars, les ghou- 
rebas et les oulbufedjis , c'est-k-dire le tiers du pre- 
sent, avec ime augmentation proportionnelle de solde ; 
les sipahis et les silihdars eurent leur paie quoti- 
dienne &e\ie de cinq aspres, les ghourebas de qua- 
Ire, et les ouloufedjis de trois '. Souleiman investit 
de hautes dignit£s et combla de pr£sens les agas qui 
l'avaient accoanpagn6 dans son gouvernement de Ma- 
gn&ie, et nomma son pr£cepteur Kasim-Pascha aux 
fonctions de vizir ou pascha k trois queues a . Apr£s 
avoir consacrS les trois premiers jours de son r&gne k 
I'accomplissement de ses devoirs envers sonp^re, ses 
troupes et les personnes pr6c6demment attaches £ son 
service, Souleiman ne tarda pas k faire connaitre par 
ses actes les principes de justice et de g6n£rosit# qui 
devaient pr&ider k son gouvernement [iv]. 

Six cents malheureux Egyptiens, que S£lim avait 
arrachls k leur patrie et transplants a Constantinople, 
regurent la permission de retourner dans leurs foyers. 
Une somme de plus d'un million d'aspres fut distri- 
bute , k titre de dommages-int£r6ts * , aux negocians 
qui avaient eu leurs marchandises confisqu&s pour 
contravention k Tordonnance de S61im, defendant le 
commerce des soies avec la Perse. Souleiman destitua 
l'aga des silihdars dont les troupes avaient commis 
quelques d£sordres , et fit ex^cuter cinq des coupa- 
bles.Djtferbeg, kapitan de la flotte, k qui sa cruaut6 

» Djelalzade, f. ig. Ali, a*3. — a Djelalzadc, f. 19, et Ferdi, f. 8. 
3 Ferdi, f. 9. 



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io HISTOIRE 

a vait valu le surnom de sanguinaire, fill d&oonc<§ par 
son kiaya; sur cette deposition, le Sultan ordonna la 
mise en accusation de Dj&ferbeg, et le condamna a 
6tre pendu, apr& que Instruction eut etabli sa culpa- 
bility \ La nouvelle de ces actes de rigoureuse jus- 
tice et de g£n£reuse cl£mence se r^pandit dan& tout 
1' empire jusqu'& l'extr£mit£ des frontteres, avec plus 
de rapidity que les lettres d'av&nement exp&li&s quel- 
ques jours apr&s aux gouverneurs des provinces d'Asie 
et d'Europe, k Khairbeg en Egypte , au sch^rif de la 
Mecque et au khan de Grim£e [v]. Les Ragusains , 
qui les premiers vinrent f&iciter Souleiman sur son 
avinement et lui offrir de riches tissus d or et d'ar- 
gent d'une valeur de huit mille deux cent quatre- 
vingts ducats, furent gracieusement regus et confirm^ 
dans leurs privileges et franchises a . Souleiman s'ex- 
prime ainsi dans le ferman qui continuait le gouverne- 
ment d'Egypte a Khairbeg : « Mon ordre sublime, qui 
protege et frappe comme le destin, est que les riches 
et les pauvres , les habitans des cit^s et des campa- 
gnes, les sujets et les tributaires, t'ob&ssent tous sans 
distinction ; si quelques-uns manquent h lews devoirs, 
tu dois les forcer a la soumission, qu'ils soient &nirs 
ou fakirs. En te rappebnt la sentence : V^otre vie,, 
magistrals, repose sur I' equitable repartition de la jus* 
tice, tii pr£viendras tqute Q$p&;e de d&ordres. C'est 

» Ferdi, f. 9. Djelalzade, f. 90. AH, f. a a 3. 

a Engel , Geschichte von Rag us a (Histoire de liaguse) , p. 1 98 , commet 
une grave erreur en pla^aiit l'aveDement de Sou lei man eu 1 519 au lieu de 

|5'20. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 1 1 

ainsi que tu m&iteras notre faveur el notre protec- 
tion. Tu eprouveras la v^rite de ces paroles'. Oest 
parce que vous Aes reeonndissans queje vous combkrai 
de plus grands bienfaus encore. En vertu de la sen- 
trace ; La reconnaissance garantit la durie des grdces, 
tu ex6cuteras avec empressement les ordres £man£s 
de ma Sublime-Porte, to en paisiras hien le sens, et 
tu t'appfiqueras k prot^ger les grands et les petits 
places sous fa juridiction , etc. » Khairbeg disait au 
Sultan, dans sa r£ponse, qu'il avait repandu Theu- 
reuse nouvelle de l'av6nement do Sa Hautesse, et son 
sublime ferman de confirmation depuis le Caire jus- 
qu'aux fronti&res de Kairawan et de Nubie; que la 
majesty du Sultan &ait reconnue par la pri&re du ven- 
dredi (faite en son nom) et la monnaie (battue h son 
coin) ; qu'il avait regu pour le Sultan les lettres de 
felicitation de tous les scheikhs arabes, et qu'il les lui 
transmettrait prochainement avec les presens qui les 
avaient accompagn&s , et le sien propre. Un ordre 
semblable k celui de Khairbeg fat, suivant toute appa- 
rence, envoy£ au gouverneur de Syrie, Ghagali, qui 
se revolta au lieu de prater hommage au nouveau sou- 
yerain. Djanberdi-Ghazali, Esclavon de naissance, qui, 
&ant 6mir des Mamlouks, avait trahi Kanssou-Ghawri , 
1'avant-dernier sultan dgyptien , et avait ttok nomm£ 
par Selim, en recompense de sa trabison, au gouver- 
nenaent de la Syrie, regarda la mort du Sultan otto- 
man comme une occasion favorable pour secouer te 
joug des Turcs et se declarer ind^pendant; il s'em- 
para de la citadelle de Damas, fit occuper Beirout par 



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12 HISTOIRE 

un de ses esclaves les plus d£vou6s, et envoya deux 
emissaires dans les montagnes de Syrie et en Egypte 
pour insurger les Druzes et les Arabes [vi]. II s'ef- 
forga en m6me temps d'entrainer dans sa r^volte le 
gouverneur d'Egypte , complice de sa premiere tra- 
hison , en lui repr&entant la facility d'une telle en- 
treprise sous le r&gne <J'un jeune prince sans expe- 
rience * ; Khairbeg lui repondit d'une mani&re Eva- 
sive, qu'il devait d'abord s'emparer de toute la Syrie 
et de son premier boulevard , Haleb , et qu'alors le 
succis de la rebellion serait assure. Mais il envoya en 
ra&ne temps la lettre de Ghazali au Sultan par un de 
ses confidens nomm6 Alayi a . 

Au commencement de novembre 1520 (silhidj6 
926), Ghazali sortit de Damas a la t6te de quinze mille 
cavaliers turcomans et mamlouks et de huit mille ar- 
quebusiers, et prit l£ route de Constantinople. Ferhad- 
Pascha, troisi&ne vizir de Souleiman, nomm6 g£n£ral 
en chef de Tarmee d'exp&iition contre les revolts , 
passa vers le m6me temps THellespont k Gallipoli , 
avec quatre mille janissaires et autant de sipahis , et 
reunit sous son commandement les troupes du beg- 
lerbeg de Karamanie et celles de Schehzouwaroghli, 
prince vassal du Soulkadr [vn]. Maitre de Tripoli, de 
Beirout et de tout le littoral de la Syrie, Ghazali avait 
mis le siege devant Haleb ; le commandant de la place, 
Karadja-Pascha, qui avait appeK a lui les begs d'An- 

> Souhetli, f. 49. Kodjibeg, f. io3. 

* Djelalzade, f. aa. Ferdi, f. n. Ali, f. a*4. Solakzad6, f. 100. 
Abdoulaziz-Efendi , f. i r . Loutfi , f. a i . 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. i5 

tioche, Tripoli, Hama et Himss, opposait depuis six 
semaines ' la plus vaillante resistance aux rebelles, 
lorsque Fapproche de Ferhad forga Ghazali k se re- 
tirer (22 d&embre). Ghazali retourna a Damas, et 
invita k un grand festin les cinq mille janissaires que 
S£lim y avait laisses en garnison; lorsqu'ils furent 
r&inis, il les fit tous massacrer ? , dans la crainte de les 
voir passer k l'ennemi. Cependant les troupes reunies 
de Ferhad-Pascha et de Schehzouwaroghli &aient arri- 
ves k marches forcees devant les murs de Damas , 
quatre jours apres leur depart de Haleb. Ghazali etant 
sorti de la ville pour tenter sa fortune, on en vint 
aux mains sur la place Masstab£ (27 Janvier 1 521 — 
17 safer 927); la bataille ne fut qu'un long massacre 
des troupes du rebelle, qui dut s'enfuir d£guis£ en 
derwisch; mais trahi par son propre tr&orier, il fut 
pris, et sa t6te jet^e aux pieds du vainqueur (6 f6- 
vrier — 27 safer) 3 . Lorsque la nouvelle de cette vic- 
toire arriva k Constantinople , Souleunan nomma au 
gouvernement de Haleb , le beglerbeg d'Anatolie , 
Ayas-Pascha, que nous avons vu se distinguer dans 
la campagne d'Egypte comme aga des janissaires; il 



« Oggi (a a decembre) vi e lev a to I'assedio. Rapport du consul ve'nitien 
a Haleb, dans Marini Sanuto, t. XXIX. 

a Djelalzade, Solakxade, Abdoulaziz, Ali. 

3 Marini Sanuto, t. XXX: Havendo con grandistima fatiga e frequente 
invesUgazione scritto de mie memo volumi XXIX, etc. Le Rapport du 
consul venitien a Damas ai Rettori di Cipro : Bntrb il $ di questo mese 
(febrajo) Vesercitovittariosoturco. — Lavittoria quasi senta occision di niuno 
Turcho. — Furono tagliati a pezzi col G at ali morli 5ooo da Damasco. 
i a febrajo i5ai. 



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1 4 HISTOIRE 

exp&lia k Ferhad-Pascha Tordre d'&abKr son camp 
au pied du mont Ardjisch dans les environs de Kais- 
sariy£, pour observer les mouvemens de Tanm^e per- 
sane, qu Ismail, dans l'attente de l'heureuse issue de 
la r^volte de Ghazali, avait concentr^e sur ses fron- 
t&res 1 . 

La victoire de Syrie Causa une telle joie au Sultan, 
qu'il voulut la faire partager au doge Loredano en 
lui envoyant la t&e de Ghazali, comme une preuve de 
son amitte particultere ; ce ne fiit qu'avec beaucoup 
de peine que le baile de Venise rlsidant a Constanti- 
nople parvint k Ten dissuader \ Souleiman re$ut, avec 
la t&ede Ghazali, la nouvellequeBehramtschaousch, 
envoy£ aupr&s du roi de Hongrie pour lui demander 
untribut, avait &6 insult^ et mis k mort [vin]. Sou- 
leiman, furieux du meurtre de son ambassadeur. r£- 
solut d'entrer imm6diatement en campagne contre les 
Hongrois ; dejk, dans les premiers jours de son r&gne, 
les paschas de Semendra et de Verbosanie lui avaient 
frayi la voie des hostility, par la prise de Srebernik, 
Tesna, Sokol et Knin. Les garnisons chretiennes de 
ces trois premieres places avaient && passes par les 
armes contrairement aux capitulations qui sripulaient 
une libre retraite ; Knin avait 6l6 saccagee et livr^e aux 
flammes, et le vaillant evSque Berisslo traitreuse- 



» Djelalzade, f. aa-29. Solakzade, f. ioo et 101. Ali, f. 2*4. Ferdi, 
1. ii-i5. Abdoulaziz, f. xi-ao. Souherti, f. 49 et 5o. Kodjibeg, f. 104 
et io5. Loutfi, f. ax. 

» // Baglio fece tanto, che non fu mandate {la testa) dice n do scrivcr lui. 
Muriui Sanulo, t. XXX. f 



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DE L'EtyPIRE OTTOMAN. i5 

meat assassin^ sur les rives de la Corenitza ! . Le beg- 
Jerbeg de Roumilie, Ahmed-Pascha, regut l'ordre de 
se rendre aussitdt de Constantinople k Ipsala; quinze 
mille asKtbs farent enr61£s; un pare d'artillerie de cent 
pieces de canon fut envoy£ k la strite de Tarm^e, et 
quarante galtotes furent &juip£es\ Souleiman, apr&s 
avoir pos6 la premiere pierre de la mosqu£e ^levee 
en m&noire de S^lim , et avoir visits les tombeatix 
de son p£re et de ses aieux, Bayezid II et Moham- 
med H 3 , quitta sa capitale et onvrit la campagne en 
personne. Ferhad-Pascha, qui, depuis son retour de 
I'exp&Ktion de Syrie, avait &abli son camp k Ipsala 
en attendant l'ordre de se mettre en marche , joignit 
le Sultan a Sofia, et lui amena trois mille chameaux 
charges de poudre et de plomb et d'autres munitions 
de guerre ; trente mille autres chameaux qu'il avait 
rassembles en Asie le suivaient a une journ6e de dis- 
tance *. lea rayas des sandjaks de Sofia , Semendra , 
Aladjahissar et Widin , furent requis de fournir dix 
mille chariots de farine et d'orge ; le prix de ces pro- 
visions qu'on transporta k dos de chameaux , et la 
paie des chameliers furent k la charge du tr£sor pu- 
blic 5 . Le beglerbeg de Roumilie, Ahmed-Pascha, fut 
envoy£ de Nissa k Sabacz ; les akmdjis furent divis£s 
en deux corps, dont Tun command^ par Mohammed 



« btuanfi. Catona, XIX, p. aa5 el suiv. Voyes aussi Engel, Geschichte 
von Servien {Histoire de Servie), p. 437. 

> Ferdi, f. 19. Ali, f. a 2 5, se trompe en fixant le nombre des navires a 
qnatre cents. 

3 Ferdi, f. 17 et 19. - 4 Ibid., f. *3. — S ibid., f, 24. 



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i6 HISTOIRE 

Mikhaloghli , fut charge de ravager la Transyl vanie . 
et dont l'autre , sous les ordres d'Omarbegoghli , 
devait £clairer la marche de l'arm£e. Le grand-vizir 
Piri-Pascha prit la route de Belgrade avec mille ja- 
nissaires, les sipahis et azabs, tandis que Souleiman 
continua sa marche sur Sabacz l , par Alaschehr. 

dependant Ahmed-Pascha pressait vivement le stege 
de Sabacz ; mais la garnison, forte seulement de cent 
hommes et de quelques cavaliers , se defendit vaillam- 
ment sous les ordres de son h£roique chef Simon Lo- 
godi. Lorsque les Turcs eurentcombte les fosses, les 
braves defenseurs de cette place auraient encore pu 
se sauver fadlement en mettant la Save entre eux et 
l'ennemi ; ils pr£f£r6rent, quoique r6duits k soixante 
hommes, attendre l'assaut qui leur cofita la vie a tous, 
mais aussi k sept cents Turcs a (8 juillet — 2 sch&ban). 
Les t&es des Hongrois furent placees sur des pieux 
le long du chemin par lequel Souleiman se rendit le 
jour suivant dans la place, apr&s avoir admis au baise- 
main le vainqueur Ahmed-Pasqha et les sandjakbegs 3 . 
II ordonna d'ajouter de nouveaux ouvrages aux for- 
tifications de la ville , et fit jeter un pont sur la Save 
pour le passage de ses troupes en Syrmie. Pendant 
les neuf jours que durerent ces travaux , Souleiman 
resta sur les bords du fleuve sous un tschardak , afin 



i Ferdi, f. a5. Ali, f. aa5. Cet Omarbegoghli eUit fib de Tourakhan. 
Ali appelle le gouverneur de Bosnie Yaya Pascha Oglili Bali beg, et le gou- 
verneur de Semendra Khosrewbeg. 

* IstuanB, 1. VII. Tubero, 1. XI. Catona, t. XIX, p. 273. 

3 Le Journal de Souleiman dit que Logodi avail ete fait prisoonier. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 17 

de stimuler par sa presence I'ardeur des travailleurs, 
tandis que les agas de Tarmee et de la cour ajoutaient 
k cette influence morale celle non moins puissante du . 
baton \ Dans cet intervalle on apprit que la place 
de Semlin etait tomb£e au pouvoir du grand- vizir a , 
que la chatelaine de Koulpenic avait fui de son cha- 
teau , que Balibeg , fils d'Yahya-Pascha , s'&ait em- 
pare de plusieurs forts et avait fait trancher la t&e k 
soixante prisonniers 3 . Le dixieme jour apres le com- 
mencement des travaux, le pont long de dix-huit cents 
aunes &ait entferement termini; mais une cruesubite 
de la rivtere le detruisit en partie , de sorte que le 
passage des troupes ne put s'effectuer que huit. jours 
aprfes (21 sch&ban — 27 juillet) *. Depuis un mois, le 
grand- vizir Piri-Pascha tenait Belgrade bloqu6e, lors- 
que Souleiman arriva avec le reste de l'armeeet con- 
vertit le blocus en stege. Ayant su par des trans- 
fuges que la partie faible des murs &ait au confluent 
m£me de la Save et du Danube, le Sultan fit battre 
en brfeche ce c6t6 de la ville par des canons places 
dans Tile de la Guerre; le feu continue! des batteries 
turques eut d'autant plus de succes, que les assi£g£s 
manquaient d'artillerie, et se trouvaient ainsi priv£s 
du plus puissant moyen de defense. Le voievode de 

» Journal de Souleiman. — * Ibid. — 3 Ibid. 

4 Ferdi , f. 3o. Le Journal de Souleiman nomine paiini ces chefs le 
sandjakbeg d'Awlona, qui prit possession du chaleau de Koulpenic; Beh- 
ram, sandjakbeg de Nicopolis, et Mahmoudbeg, saodjakbeg de Silistra, qui 
poursuivirent la chatelaine de Koulpenic; Ilasanbeg, fils d'Omarbeg, san- 
djakbeg de la Moree, et Ballaoghli Piribeg, descendant le premier du c 011- 
qucrant de la Morce, le second de I'amiral de Mohammed If. 
T. V. a 



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18 HISTOIRE 

Hawala (CavaUa) , en abandonnant Vehement le fort 
confie k sa garde, avait livr£ tous les canons de Bel- 
grade aux mains de Tennemi (9 aoAt) ! . Les troupes 
auiiliaires bulgares quitterent les remparts de la ville 
pour se retirer dans la citadelle : les commandans Bla- 
sius Olah, Janus Botbius et Jean Morgay, apr6s en 
avoir refusi d'abord Tentr^e k ces l&ches merce- 
naires , dans la crainte de compromettre la defense 
de la place par leur presence, finirent cependant par 
les y recevoir. Les chefs hongrois continu£rent a 
d^fendre avec le plus grand courage ce boulevard de 
la chr£tient£, qui avait toujours rfeiste aux attaques 
des pr&tecesseurs de Souleiman ; ils avaient d6j& re- 
pouss£ plus de vingt assauts', lorsque le Sultan, sur 
le conseil d'un renegat italien ou frangais, ordonna 
de miner la plus grande tour de la ville, que les his- 
toriens hongrois appellent Milliaire, et les Ottomans 
Neboise (ne crams rieri) 3 . II restait k peine aux assi£- 
g£s quatre cents hommes en &at de porter les armes; 
cette poign£e de braves se serait ensevelie sous les 
murs de Belgrade plut6t que de se rendre, si la tra- 
Wson de Frangois de Hedervar, de Valentin Toeroek 
et la haine v religieuse des Serviens l , ne Feussent 
forcie de capituler aux conditions d'une libre retraite. 
La garnison £vacua done la forteresse le 25 ramazan 
927 (§9 aoAt 1 521 ) ; mais les Turcs tinrent mal leurs 



» IstuanG, VU, ed. Col. Agrippa, p. 96, i6aa. — > Ibid., p. 97. 
1 Djelalzad6, f. 34. Ferdi, f. 36. 

4 Catona, XIX, p. 3i3 et 3i4, et d'apres Dubravius, Pray, Istuanfi et 
Engel, Geschichte vonServien (Histoire de Sctvic), p. 455. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 19 

promesses, car iis sabrcirent plusieurs Hongrois \ et 
envoy&ent les Bulgares k Constantinople % ou un 
quarlier de la ville et un village sur le Bosphore por- 
tent encore le nom de Belgrade. Le Sultan nomma 
Balibeg gouverneur de la place , et lui laissa , outre 
trois mille janissaireg , vingt-un mille Yalaques pour 
en r^parer les fortifications 3 . La chute de Belgrade 
entraina celle des chateaux-forts de Syrmie, tels que 
Baridj, Perkas, Slankament, Mftrovitz, Carkwitz et 
Uilok [ix]. 

Souleiman annonga cette importante conqu&e k tous 
les juges et gouverneurs de Fempire [x] par de pom- 
peuses lettres de victoire, et au doge de Venise par un 
ambassadeur dont les archives de la r£publique nous 
ont conserve la reception solennelle au s&iat 4 . Le 
jour qui suivit la reddition de la place, Souleiman 
consacra la cath£drale de Belgrade en y faisant la 
prtere du vendredi , et la changea ainsi en mosqu^e, 
lorsque , pour nous servir de l'expression des histo- 
riens ottomans, elle eut &e purg£e des idoles. lis en- 
tendent par Ik non settlement les croix et les images, 
mais surtout le corps de la sainte servienne Swata 
Patniza {sainte V&i&rande) , que Souleiman permit aux 
tnoines serviens d'emmener avec eux k Gonstanti- 

■ Istuanfi, ed. Col., p. 99. Le Journal de Souleiman dit que ce fut 
le 3o septerabre que lei Hongrois furent embarques poor Slankament. 

a Ferdi, f. 38. Djelalzade, t 45 — 3 Ferdi, f. 4o. 

4 Marini Sanuto, XXXII. 28 ouobre venne POrator tureo Challl Ciaus, 
vcstito di casacha rosa par raUegrarsi della creasionedi Doge e eignificar la 
viuoria di Belgrade 11 recut du senat un present de trois cents ducats* 
Voyea au&si Laugier, Histoire de Vtnue, 1. XXXIII, p. a*. 

2* 



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ao HISTOIRR 

nople ! , en recompense de leur cooperation au siege 
de Belgrade; mais ils ne jouirent pas long-temps de 
ce prix de leur trahison ; car bient6t le patriarche grec 
fut force d'acheter cette relique, un bras de sainte 
Barbe et un tableau de la Vierge au prix de douze 
mille ducats a . Apr£s avoir recompense ses troupes, 
organise l'administration de la ville . pourvu k sa 
defense par deux cents canons, et garni les remparts 
de Sabacz par vingt pieces d'artillerie, Souleiman re- 
tourna a Constantinople, oii il fit son entree au milieu 
du cortege triomphal des habitans venus k sa ren- 
contre [xi]. 

Pendant sa marche de Belgrade k Constantinople 
(19 octobre), le Sultan avait appris la mort de son 
fils Mourad , &ge de deux ans , puis celle dune fiUe 
deux jours avant son arrivee ; il eut encore a deplorer 
dix jours apr6s son entree a Constantinople la perte 
de son fils Mahmoud, Age de neuf ans, mort de la 
petite verole (29 octobre). Les vizirs accompagnerent 
a pied le convoi des enfans de Souleiman, qui furent 
ensevelis a c6te du mausoiee de Selim I" J . Le Sultan 
fut un peu distrait de sa douleur par les diwans qui se 
succedaient avec rapidite, et par la reception des am- 
bassadeurs de Raguse, de Russie et de Venise, qui lui 
apportaient les felicitations de ces diverses puissances. 
Les Ragusains obtinrent de pouvoir acheter du bie 

i Engel, Hutoire de Setvie , p. 455, d'apres Brutus et IstuanC : le der- 
nier appelle celle sainte fetea; Tubero, Petica. 
a Spandugino., p. 91. 
3 terdi, f. 41 et 44. Journal de Souleiman. Djelalzade, Abdoulaziz, 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 21 

pour leurs besoins et d'etre exempts des droits de 
peage dans tous les ports et toutes les places mar- 
chandes de r empire '. Sur la demande de l'ambassa* 
deur de Russie, Tretjak Gubin, le Sultan signifia au 
khan de Crim£e qu'il eftt k ne pas inquirer les Russes, 
qu'autrement il s'attirerait son courroux a . A son re- 
tour k Moscou, l'ambassadeur russe fut accompagn6 
par le prince Iskender Menkoub, qui &ait charge de 
temoigner a Vassili les sentimens d'amitie du Sultan. 
Le tzar, qui sentait toute l'importance dune alliance 
avec la Porte, envoya plus tard un officier de sa cour, 
Jean Morosof, aupr6s de Souleiman, pour conclure 
un pacte offensif et d^fensif entre les deux empires, 
mais il ne put atteindre le but qu'il s'etait propose 3 . 
Yenise, depuis la mort de S£lim, &ait dans les meil- 
leurs termes avec la Porte; elle renouvela, par Ten- 
tremise de son ambassadeur, Marco Memmo, les 
anciennes capitulations (1 Qr moharrem 928 — 1 cr d£- 
cembre 1 521 ) [xn], et signa un traits en trente articles, 
dont Texistence est restee jusqu'a present inconnue 
aux historiens de la republique, tant &aient grands les 
soins du gouvernement a ensevelir dans le plus pro- 
fond mystere les secrets d'Etat. Ce trait6 consacrait 
la libertd du commerce, la sAret6 des n^gocians, et 
reglait le s£jour a Constantinople des ambassadeurs 
venitiens qui seraient changes tous les trois ans. Les 
' esclaves fugitifs devaient &re rendus a la Seigneurie, 

1 happens de l' ambassadeur ve'niiien, dans Marini Sanulo, t. XXXIL 

3 Engel, Histoire de Raguse, p. 198. 

3 Karamsin, Histoire de Russie , t. VII, p. 129 et 142. 



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aa HISTOIRE 

ou pay& a raison de mille aspres, dans le cas oft ils 
se seraient fails musulmans; les princes devaient&re 
rendus k la liberty, les naufrages 6tre respect£s. Tout 
capitaine &ait responsable de son navire, lors mtoe 
que son navire entrait dans un port sans lui. K extra- 
dition des assassins et des malfaiteurs &ait r&iproque 
entre les deux puissances. Dans les affaires fitigieuses. 
les drogmans &aient admis k parattre devant les tri- 
bunaux ; nul baile ne pouvait 6tre emprisonn^ pour 
dettes; les n^gocians v^nitiens ne pouvaient voyager 
dans l'empire ottoman sans la permission du baile, 
mais lairs affaires de succession &aient r£gl6es par ce 
magistrat, et ils &aient exempts de la capitation. II ne 
devait point &re apport£ d'entraves au commerce de 
Venise avec les Etats barbaresques ", les navires de la r£- 
publique ne devaient &re visites qu'& Tentr^e des Dar- 
danelles, k Constantinople, et point k Gallipoli. Enfin 
Venise devait payer deux tributs annuels, Tun de dix 
mille, et l'autre de cinq cents ducats pour la possession 
des iles de Chypre et de Zanthe ' . Ge document diplo- 
matique est dune grande importance en ce qu'il con- 
tient les clauses principales, que la Porte stipula plus 
tard dans tpus les trait^s avec les autres puissances. 
Les frontteres furent maintenues telles qu'elles avaient 
exists au quatorzi&me stecle entre la Seigneurie et les 
rois de Bosnie. 

Ainsi se ptfssa la premiere ann£e du rigne de Sou- 
leiman, egalement glorieuse en paix comme en guerre, 
digne module de toutes les ann£es suivantes. L'atten- 

» Mar. Sanuto, t. XXXII. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. a5 . 

lion du Sultan n'avait pas && distraite un moment des 
affaires de l'empire , et chacun de ses actes r6v&ait le 
caractire du grand homme, du grand souverain, du 
Musulman accompli. Vivant dans une sphere d'idees 
£Iev6es et d'immenses projets , fenne et prompt dans 
1 'execution, in£branlable dans ses opinions, obser- 
vateur z£le des pr^ceptes de l'islamisme, Souleiman 
prot£geait les sciences et les arts, &ait plut6t ami 
qu'ennemi des chretiens, et haissait mortellement les 
juifs. Un front large et pro&ninent, un teint brun, une 
contenance grave, annongaient son naturel k la fob 
ardent et m&litatif ; et son turban qui lui descendait 
jusque sur les yeux ajoutait encore a la s6v&it£ de 
son aspect [xin]. II modifia la coiffure adoptee par 
son p&re. S£lim portait un turban de forme sph&ique ; 
Souleiman roula en plis nombreux la mousseline au- 
tour de son bonnet qui ne fut plus visible que par 
son extr£mit£ ! . La coiffure est consid£r£e comme une 
chose fort importante en Orient oii elle marque la 
difference des rangs, des emplois et des ordres reli- 
gieux. Sous Souleiman, les turbans et les habits furent 
soumis k des regies encore plus rigoureuses a . Le tur- 
ban du Sultan seul &ait de forme 61ev£e et orn6 de 
deux plumes de heron; celui des vizirs, large k la 
base , &ait couronne a la partie sup^rieure par une 
large bande dor (kalewi) courant dans la mousse- 

i Le turban de Selim a conserve le nom de silimi; celai de Souleiman a> 
ele appeUyotuoufi, probablement en bonneur d'Yousouf (Joseph d'£gypte] r 
011 d'Yousouf Salaheddin , tous deux types de sagesse en Orient. 

» Voyez le Schamailname, sous Souleiman. 



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*4 HISTOIRE 

line; la coiffure des autres grands fonctionnaires de 
la cour (moudjewez£) imitait celle du Sultan, mais 
dans des proportions moindres. Les oulemas ou les 
l£gistes portaient une esp6ce de bourrelet (khorasani) ; 
les gardes-du-corps de l'int&ieur du palais , un bon- 
net brod6 d'or (ouskouf) ; les gardes de Text^rieur 
ou bostandjis, un bonnet (bareta) , dont I'extr&nite 
de derrtere descendait sur les £paules. Les officiers 
des janissaires avaient un bonnet en forme de casque 
et garni de plumes (kouka) ; les simples janissaires , 
un bonnet de feutre (ketsch£) ; dans les classes ordi- 
naires, on portait un turban de fantaisie (perischani) , 
un simple turban (dulbend). ou un schall (schemte) 
n£gligemment tourne autour de la t6te f . Accompagne 
des hauls dignitaires de sa cour ainsi distingu£s par 
leurs coiffures, Souleiman se rendait tous les ven- 
dredis k la mosquee imp£riale pour y assister a la 
priere. Le premier de tous les sultans ottomans, il se 
fit assister dans Tadministration de Tempire par quatre 
vizirs ; le nombre de ces dignitaires n 'avait jamais 
d6passe trois sous le rigne de son pr^decesseur [xiv], 
Ces vizirs &aient : Piri Mohammed-Pascha, n£ en Ka- 
ramanie de la famille du scheikh Djemaleddm Akser- 
ayi, qui, lors de la bataille de TschalcKran, avait ga- 
gn6 au plus haut point la confiance de S£lim et avait 
depuis &6 eleve au grand-vizirat apres la campagne 
dXgypte; Moustafa, Esclavon de naissance, beau- 
fr6re de Souleiman et fondateur de la belle mosquee 



» Voyez Mouradjea d'Okssoii* 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 25 

de Guebis£; Ferhad, originaire de Sebenico, plus 4g6 
de dix ans que Souleiman, homme belliqueux, vio- 
lent et plein d'ambition; Kasim, blanchi au service de 
l'£tat , pr£c£demment gouverneur et defterdar de 
Souleiman, lorsque le prince r&idait encore k Ma- 
gn£sie '. Apr6s la prise de Belgrade, Kasim, acoable 
de vieillesse , demanda sa retraite ; le Sultan la lui 
accorda avec une pension de deux cent mille aspres 
(valant alors quatre mille ducats) 3 , somme qui depuis 
ftit le taux des pensions des vizirs. Le fils de Kasim, 
Ahmed, fut en m£me temps nomm6 sandjakbeg 3 . 

L'hiver se passa en diwans et en constructions. A 
Constantinople s'&eva insensiblement la mosquee con- 
sacr£e a la m£moire de S£lim ; sur les frontteres de 
Hongrie , Sabacz , Belgrade , et dans le voisinage de 
cette derni&re place, le chateau d'Hawate *, la ville de 
Kawale sur les bords de la Mer-Blanche, furent for- 
tifies ; dans Farseqal mille bras &aient occup£s k cr£er 
et k £quiper des flottes nouvelles. Jamais £poque plus 
favorable ne s'&ait pr£sent6e pour la realisation des 
projets d'agrandissement congus par les sultans otto- 
mans. Charles-Quint et Frangois I cr s'£puisaient dans 
leurs rivalites; la minorite de Louis II avait livr6 la 
Hongrie a la tyrannie des nobles; L6on X etait en 
lutte avec un moine allemand, et ce moine n'&ait rien 
moins que Luther. C est au milieu de circonstances 

« Petschewi et Ali , dans la Liste des Vizirs de Souleiman. 
» Un ducat valait cinquante aspres. D'apres Solakiade, un ducat vaUil 
soixante aspres a l'avenemeut de Selim. 

3 Ferdi, f. 47. — 4 Ferdi, Solakzade, AU. 



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, y Google 



26 HISTOIRE 

semblables que Souletroan r&olut la conqu&e de Tile 
de Rhodes. La situation de l'Europe ne fut pas la seule 
raison qui le d£termina k tenter cette entreprise dans 
Jaquelle avait £chou£ Mohammed II; il avait compris 
qu'aussi long-temps que Rhodes resterart entre les 
mains des chevaliers, la navigation de la M£diterran& 
serak au pouvoir des puissances marhimes de la chr6- 
tient£. H sentait en outre la n£cessit£ d etablir un point 
de communication entre Constantinople et la nouvelle 
conqu&e de l'empire, Fltgypte, afin d'assurer ainsi la 
liberty du commerce et la sftretl des nombreux pte- 
rins qui se rendaient par mer en Syrie, et gagnaient 
ensuite la Mecque. A ces motifs d£ja puissans venaient 
s'en joindre d'autres d ambition personnelle. II &ait 
flatt6 par l'id^e de d£livrer les Musulmans g£missant 
dans les fers des infid£les, d'effacer la tache qui avait 
terni la gloire de son aieul et de vaincre Ik oik Mo- 
hammed II avait &6 vaincu. En emportant Belgrade, 
consid£ree jusqu'alors comme imprenable , il avait 
renvers6 un des boulevards de la chretient^ au nord de 
ses &ats ; maintenant il voulait s emparer de Rhodes, 
cet avant-poste des Chretiens dans TArchipel, et eten- 
dre ainsi la domination musulmane sur terre et sur 
mer '*. Toutes ces raisons r^unies auraient sans nul 
doute paru suffisantes k Souleiman, lors m6me que son 

« Bourbon, Fontanus, ct, d'apres eux, Bosio et Vertot se rencontrenta 
peu pres, dans les motifs assignes a celte guerre, avec DjeUUade, Ferdi et 
l'Arabe Ramaxan, qui accompagna Souleiman a Rhodes en qualite de 
medecin. V. Tercier, Mimoire sur la prise de la wile et de I'tle de Rhodes, 
en i5a? 9 par Soli man II. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 27 

belliqueux vizir Moustafe, son grand-amiral Kourd- 
oghli ', n'auraient pas encore par leurs solicitations 
aiguillonn^ son besoin de conqu&e; il feat ajouter k 
cela que deu* Iraitres , un docteur juif et Andr£ de 
Merail (plus particulterement connu sous le nom d'A- 
maral), grand-chancelier de l'Ordre, lui avaient mis 
sous les yeux, k plusieurs reprises, l'opportunit^ d une 
attaque contre Rhodes, en lui repr&entant la capital* 
de Tile comme mal approvisionnta et d&nantelee en 
plusieurs endroits. L'exp&lition fat done r£solue ; mais 
avant de commencer les hostility, Souleiman, pour 
accomplir la formality prescrite par le Koran, envoya 
au grand-maitre une lettre dans laquelle il le som- 
mait de se rendre et jurait, comme k l'ordinaire, par 
le cr6ateur du ciel et de la terre, par Mohammed son 
proph&e, par les autres cent vingt-quatre mille pro- 
ph&es de Dieu, et par les quatre livres sacr£s envoy^s 
du ciel, qu'il respecterait. dans le cas d'une soumis- 
sion yolontaire , la liberty et les biens des cheva- 
liers [xv]. Le 18 juin 1522, la flotte ottomane, forte 
de trois cents voiles [xvi], appareilla de Constantinople 
pour Rhodes. Outre une immense quantity de pro- 
visions, die avait k bord dix mille soldats de marine et 
pionniers a , sous les ordres du vizir Moustafa-Pascha, 



1 Les historiens ottomans parlent des instances de Kourdoghli, mais Fon- 
tanus, Knolles, Meseray et beaucoup d autres auraieot mieux fait d'omettre 
les longs discours qu'ils lui font lenir, et de ne pas prater anx vixirs des 
lettres qui sont evidemment apocryphes. 

» La flotte, dit l'atiteur arabe, ne portait que deux mille hommes de de*- 
barquement et huit mille soldats de marine. Tercier, p. 733. 



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a8 HISTOIRE 

nomm6 serasker (g£n£ral en chef) de 1' expedition. 
Deux jours auparavant (21 redjeb — 16 juin) , Soulei- 
man, k la t6te de pr£s de cent nrille hommes [xvii], 
s etait mis en marche pour aller par terre au golfe de ' 
Marmaris. Le deuxi&me jour de son depart, il eut la 
satisfaction de voir de son camp de Maldep£, la flotte 
ottomane voguant k pleines voiles par un vent favo- 
rable. 

Pendant la marche de l'armee a travers TAsie-Mi- 
neure, Souleiman regut coup sur coup plusieurs nou- 
velles heureuses : le ftere du sandjakbeg de Hersek 
(Herz^govine) s'etait empar6 du fort dalmate d'fe- 
kradin (Scardona), repaire de pirates situe non loin 
de 1' embouchure de la Kerka (Titius) l ; les janissaires 
avaient abordd a la petite tie de Halek6 (Chalki) a 
Toccident de Rhodes, entre Piscopia et Limonia, et 
en avaient min6 le ch&teau qui &ait tomb£ entre leurs 
mains a ; Ferhad-Pascha avait mis a mort Schehzou- 
waroghli Alibeg, investi par S&im de la principauti 
de Soulkadr, lors de la conqu6te de Koumakh, et 
avait r&mi son tefritoire a Tempire 3 . Tout conspirait 
done en faveur du Sultan. Cependant Ja premiere di- 
vision de la flotte ottomane avait op6r6 son d£bar- 
quement a Rhodes pr6s du chateau de Favez, le jour 

i Petschewi, f. 27, doune ia description de ce fort. Solakzadc, f. 102. 
Djelalzade, f. 55, Spandugino, et Ferdi, f. 98. Abdoulaziz, f. 46. 

* Petschewi, f. aG. Journal de Souleiman. Voyez la description del'ile, 
dans le Baluiyi, exemplaire de Dresde, f. 45, ou il faut lire llaleke an lieu 
de / arekJ ou I!ar&. 

3 Journal de Souleiman. Ali, v« recit, f. »a5. Ahdoulaziz, f. 46. 
Djelalzade, f. 41. Raouzaioul-ebrar, f. 288. Nokhbetei-tcwarikli , £128. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN, 29 

de la Saint-Jean, Tune des plus grandes ffctes du pays, 
qui possedait les reliques de ce saint. Deux jours aprfe, 
toute la flotte jeta Tancre dans la baie de Parambolin 
situee a peu de distance de la ville. Un mois se passa 
a debarquer les troupes, les provisions et rartillerie, 
a dresser un camp, et a attendre le Sultan, k qui le 
serasker ne pouvait enlever Thonneur d'ouvrir lui- 
m&ne le stege. 

Presqu'en face de Tile de Rhodes , la mer forme 
sur le continent asiatique une anse vaste et prot£g£e 
contre les vents par un amphith&lre de hautes monta- 
gnes ; un petit bourg appel£ Marmaris (Phiscus) s'6- 
16ve au fond de cette anse , et lui a donn£ son nom. 
La ville et la baie de Phiscus sont cetebres dans This- 
toire ancienne et moderne. Les habitans de Phiscus 
attaqu&rent Tarrifere-garde d' Alexandre , lors de son 
expedition centre Darius ; assieg6s par les Mac£do- 
niens, et n ! &ant que six cents hommes contre toute 
une arm&, ils £gorg6rent leurs femmes et leurs en- 
fans, mirent le feu a leurs maisons, et, se faisant jour 
a travers Tarm^e grecque , se refugterent dans les 
montagues '. De nos jours, au printemps de 1801, 
une flotte anglaise de trois cents voiles, destinie contre 
lXgypte , appareilla a Marmaris pour Alexandre. 
Le 28 juillet 1522, Souleiman d^barqua a Rhodes , 
au milieu des salves de rartillerie de stege composee 
de plus de cent bouches a feu ; on remarquait douze 
canons monstres, dont deux, comme ceux employes 
par Mohammed II au siege de Constantinople, Ian- 

« Tercier, Himoires de ¥ Academic des Inscriptions, XX V, p. 714. 



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5o H1STOIRE 

gaient des boulets de onze a douze palmes de circon- 
ftrence. Quelques-uns de ces formes boulets, qu'on 
trouve encore deyant les mure et dans l'enceinte de la 
forteresse, offrent la preuve materielle de l'assertion 
presque incroyable des historiens [xviii]. Souleiman 
reconnut lui*-m£me les fortifications, et inspecta les di- 
vers postes de ses troupes. Le grand-maitre Villiers de 
l'De-Adam avait livr£ les villages aux flammes, abattu 
4ous les edifices exterienrs et tegu dans la ville les ha- 
brtans des campagnes pour les employer k la repa- 
ration des br&ches. II distribua chacun des sept postes 
principaux k tous les chevaliers des huit langues, fran- 
gaise, allemande, anglaise, espagnole, portugaise, ita- 
lienne, auvergnate et provengale; ainsi chaque nation 
avait son poste , que son honneur 1 'int£ressait k sou- 
tenir. Le grand-maitre quitta son palais et se plaga k 
la porte des f^amqueurs prte de l'eglise de Sainte- 
Marie de la Victoire. La porte des T^ainquewrs ouvrak 
la ville du c6t6 du nord k l'opposite du port Man- 
draccio et de celui des Galores ; k gauche de cette porte 
&ait le bastion de la langue allemande, puis la porte 
Saint- Ambrofee, et le bastion de la langue frangaise ; 
k droite, les bastions des langues d'Auvergne et de 
France. Ces quatre bastions dtfendaient la partie nord 
de la ville; k Test, ou se portirent principalement les 
attaques des assi£geans, s'61evait le bastion de la lan- 
gue anglaise , que les historiens ottomans d&ignent 
sous le nora de Bectyn£ , et apr£s lequel viennent la 
porte Sahrt-Ambroise et le palais du grand-maitre '. 

i Topographischc Amichten getammelt auf *iner Relse in die leuante 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 5i 

Les murs au sud de la ville &aient conftes aux che- 
valiers de Provence et dltalie ; ceux de langue portu- 
gaise avaient la defense de la porte maritime. Le port 
&ait ferm£ par des chaines et prot£g6 d'ailleurs par 
les tours de l'Archange et de Saint-Nicolas, queleur 
formidable position pr£servait de toute attaque x . Les 
Ottomans envelopp^rent la ville du nord au sud dans 
l'ordre suivant : a Taile droit e, en face des bastions 
des langues frangaise et allemande, &ait plac£ Ayaz- 
Pascha, beglerbeg de Roumilie, et a ses c6t£s, en face 
des bastions d'Espagne ft d'Auvergne, le troisfcme 
vizir Ahmed-Pascha ; au centre, et paraltelement au 
bastion de la langue anglaise, se trouvaient le serasker 
et le second vizir Moustafa-Pascha. Le camp du Sultan 
fut dress£ derrtere la position de Moustafa, sur la col- 
line de Saint -C6me et de Saint-Damien, et prts de la 
chapette de la Yierge d'Elemonitra. Au sud-est de la 
ville, c'est-i-dire a l'aile gauche de l'arm£e asstegeante, 
Kasunbeg, beglerbeg d'AnatoHe, devait conduire l'at- 
taque contre le bastion de la langue de provence, et 
plus loin encore , k l'extr£mit£ de cette m£me aile 
gauche, le grand-vizir Piri-Pascha [xix] etait opposes 
aux chevaliers dltalie. Le 1 er aoAt, le beglerbeg de 
Roumilie ouvrit le stege en se portant contre le poste 
des chevaliers allemands, qui combattaient sous Chris- 



( Vues topographiques reeueiUies pendant un Voyage dans le Levant ) , 
p. 7», 1811. 

1 « Et leverent grande esperance d'entrer aux dits ennemis — corame its 
avaient dctibere de donner un assault par il Mandraqui. » Le batard de 
Bourbon. 



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5» HISTOIRE 

tophe de Waldner, autrefois commandeur de Fiirs- 
tenfeld, de Moedling, de Vienne et de Haguenau *. 
Vingt-un canons foudroyaient le bastion allemand, et 
vingt-deux la tour de Saint-Nicolas. Quatorze batteries 
de trois canons chacune , etaient dirig£es contre les 
bastions d'Espagne et d'Anglelerre, et dix-sept autres 
semblables, contre le bastion dltalie [xx]. Les asste- 
geans et les assieg£s employerent le mois d'aoAt en 
travaux de mines et de contre-mines. Les manoeu- 
vres souterraines des chevaliers eurent le plus grand 
succ£s , gr&ce a la bravoure heroique du grand- 
maltre Villiers de Tile- Adam , et k l'habilet£ de Tin- 
genieur v£nitien Gabriel Martinengo , qui , a son ar- 
riv^e de Tile de Cr&e , avait &e nomm£ grand'croix 
de TOrdre. Ce ne fut que le 4 septembre (12 sche- 
wal) , que les Ottomans parvinrent a faire sauter la 
partie m£ridionale du bastion anglais. Us s'elanc&rent 
sur la breche et prirent sept drapeaux chr&iens. Mais 
le grand-maitre accourut , l'etendard de la croix d6- 
ploy6, et les forga k se retirer apr6s une perte de plus 
de deux mille hommes a . Un second assaut donn£ six 
jours plus tard par les Turcs leur fit 6prouver une 
perte aussi forte ; les assi£geans n 'eurent que trente 
hommes tues, parmi lesquels le general de Tartillerie 
et le porte-drapeau du grand-maltre 3 . Le 1 3 sep- 

i La raaison de Waldner, voulant eterniser la memoire de ce comman- 
deur, fonda a Plaudens, dans le Tyrol, un anniveroaire en son honneur, qui 
devait elre celebre le lundi d'apres la Saint-Martin. Tercier, Mdmoires, 
XXII, p. 75'3. Le souvenir de cette fondation s'est perdu a Plaudeus. 

a Le b&tard dc Bourbon. Journal de Souleiman. 

3 Bourbon appelle le general de l'arlillerie Guyot de Marselbac, et le 



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DE L'EMPlRfc OTTOMAN. 53 

tembre, & la suite d'une troisi&ne attaque, les Turcs, 
sans avoir eu besoin de faire jouer de nouvelles mines, 
forcferent le bastion anglais, sur lequel ils arbordrent 
cinq drapeaux (1 3 septembre — 21 schewal). Le com- 
mandeur Waldner leur ayant \i\v6 un combat des 
plus meurtriers , parvint h leur enlever un de ces 
&endards, qu'il consacra h saint Thibaud, patron 
d'Oberweiler [xxi]. Le jour suivant, le docteur juif , 
qui trahissait la ville et avait des intelligences dans le 
camp ottoman, surpris au moment oii il allait lancer 
a l'ennemi une lettre au moyen d'une fleche, fut 6car- 
tel6 *. Ces trois engagemens n'avaient et£ que partiels; 
ils n'avaient eu lieu qu'entre une partie de l'arm& 
assiegeante et les chevaliers defendant le bastion an- 
glais ; mais, le 24 septembre, fut annonc6 un assaut 
g6n£ral qui devait s'&endre sur toute la ligne des for- 
tifications. Depuis midi jusqu a minuit , des hgrauts 
parcoururent le camp en criant : « Demain il y aura 
assaut; la pierre et le territoire sont au padischah, le 
sang et les biens des habitans sont le butin des vain- 
queursM » Au point du jour, les Ottomans se por- 
t&rent au nord, k Test et au sud de la ville ; cepen- 
dant leurs efforts se concentrerent contre le bastion 
de la langue espagnole, ou Taga des janissaires p6n&ra 
et filanta son drapeau ; mais ce triomphe ne fut que 

porte-drapeau Henri Mauselle. Vertot coufond le oom du premier avec celui 
du capitaine des galeres, Michel Argillemont. 

i Bourbon. Le Journal de Souleiman fait mention le m&me jour de la 
kttre du juif. 

* Journal de Souleiman. 

T. v. 3 



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34 HISTOIttE 

de pea de dur£e, et tous leurs etendards tomb£rent au 
pouvoir des chr&iens. Les Turcs furent repousses de 
toutes parts , laissant quinze mille des leurs sur les 
br&ches et dans les fosses '. Dans cet assaut, le plus 
terrible de tous ceux qui se livrirent dans le cours du 
stege , brilla non seulement la valeur des chevaliers 
et des laiques, mais encore le courage des femmes de 
Rhodes. Sans s'efirayer des flots de sang qui coulaient 
k c6t6 d'elles, les unes portaient du pain et du vin pour 
ranimer les combattans £pitfs£s par une lutte aussi ter- 
rible, les autres de la terre pour en remplir les br£- 
ches, et des pierres pour les jeter sur les assaillans a . 
L'amante d'un des capitaines morts dans la defense 
du bastion anglais, une Grecque dont le nom est rest6 
inconnu, se distingua, entre toutes, par un acte em- 
preint k la fois de folie et de grandeur, de tendresse 
et de cruaut£. Apr£s avoir embrass£ ses deux enfans 
et les avoir marques au front du signe de la croix t 
elle les poignarda et les jeta au feu en disant : « Ainsi 
l'ennemi ne pourra souiller vos jeunes corps vivans 
ni morts... » Puis elle rev&it le manteau sanglant de 
son amant, et saisissant une ^pee, elle se pr&ipita au 
plus fort de la m61£e , ou elle mourut de la mort des 
h&os, en combattant avec une valeur surnaturelle 3 . 
Souleiman, furieux d'avoir £chou£ dans son attaque, 



i Bourbon. Le Journal de Souleiman reconnait une perte plus grande. 

» Bourbon. 

3 Ne hostis, dicebal, vilissimus vivis aut morluis gemina nobilitate cor~ 
poribut potiretur. L'ingenteur Fontanus comme temoin oculaire. Jacobi 
Fontaui, de Bello Rhodio, t. II. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 35 

en rejeta la responsabilit£ sur le beglerbeg de Rou- 
milie, Ayaz-Pascha; il le deposa et le fit emprispnner, 
mais il le rendit k la liberty et k ses fonctions dfes le 
lendemain [xxn]. Trois jours apres, ayant regu la nou- 
velle de la mort de Khairbeg, gouverneur d'Egypte, 
il envoya pour lui succ6der le serasker Moustafa- 
Pascha; le troisi&ne vizir Ahmed-Pascha remplaga 
Moustafa dans la direction du stege '. La dignity 
d'amiral de la flotte fut retiree k Yailak Moustafa- 
Pascha , et donn£e k Behrambeg \ Le 12 octobre 
(21 silkid£), k la pointe du jour, Ahmed tenta de sur- 
prendre le bastion anglais ; les remparts &aient d£ja 
au pouvoir des Turcs , lorsque Taga des janissaires 
fut bless6, et ses troupes forc6es de se retirer 3 . Vers 
la fin du m&ne mois, les assies furent repousses, 
apr£s un combat meurtrier, des bastions dltalie et de 
Provence 4 . Trois semaines se passerent en engage- 
mens isol£s qui faisaient avancer de plus en plus 
les Ottomans vers un succ£s proohain ; cependant un 
nouvel assaut donn£ au bastion dltalie le 23 no- 
vembfe (4. moharrem) leur cotita cinq cents hommes 
sans aucun r£sultat 5 . Enfin, le jour de Saint-Andre 
(30 novembre — 11 moharrem) , les bastions d'Es- 
pagne et dltalie furent assteg& au milieu de torrens 
de pluie ; mais une nouvelle perte de trois mille hom- 



» Djdalzade, f. 67. Journal de Souleiman. 
• Ferdi, f. 64. AH, dans la Liste des Paschas. 

3 Journal de Souleiman. Bourbon : « Us furent repousses dudit terre-plain 
(J'ltalie) et de la bresche de Provence. » 
■4 Bourbon. — * Ibid, et le Journal de Souleiman. 



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36 HISTOIKE 

mes d&ermina le serasker a ne plus tenter d'attaques 
ouvertes et a se r^duire aux tranches et aux mines '. 
Depuis le commencement du si£ge, les Turcs 
avaient eu un nombre considerable de morts ; on Tes- 
timait au chiffre &iorme de cent mille hommes , dont 
moitte avait p6ri les armes a la main, moitie par suite 
de maladies 2 . Le 10 d£cembre 1522, les chevaliers* 
virent flotter dans le camp ennemi un drapeau blanc; 
ils r£pondirent a ce drapeau par un autre qu'ils ar 
bor&ent k leur tour, et ils apergurent bientdt deux 
Turcs qui apportaient une lettre orn6e du chiffre en 
or du Sultan, et venaient demander une entreyue au 
grand-maitre. Deux chevaliers ayant &e d£put£s vers 
Souleiman, celui-ci leur offrit une capitulation hono- 
rable, sous la condition de rendre la ville dans le d61ai 
de trois jours; sinon, il les menaga de passer toute la 
population de Rhodes par les armes, et de n'£pargner 
pas mfime les chats 3 . La reddition de la place avait 
&6 d6ja r£solue d'abord dans le chapitre des grands - 
croix de I'Ordre, et ensuite dans le chapitre ou 
chaque langue &ait representee par deux chevaliers, 
dependant cette decision ayant 6prouv6 une violente 
opposition et ayant &6 s£v6rement bl&m£e, on envoya 
une nouvelle deputation de deux chevaliers espa- 

> Djelalxade, f. 70. Fontauus fixe la perle des Turcs a cinq mille hom- 
ines. Bourbon : « AcmetBascha delibere de ne donner plus d'assault, mais 
suy vre ces tranchees. » Ramazan dans Terrier. Tercier, p. 755 , place par 
erreur cet assaut au 9 moharrem. 

a « Le Bascha jura sur sa foi et asseura qu'il en estoit mort de roort violeute 
plus de soixante-quatre mille, et quarante ou ciuquante mille de maladie. » 
Bourbon. — 3 Ibid. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN- 37 

gnols demander a Souleiman un laps de temps plus 
long pour resoudre une question aussi importante; 
ils all£gu£rent que la population de Rhodes &ant com- 
post de Grecs et de Latins, les deliberations 6taient 
necessairement plus difficiles. Souleiman , pour toute 
r£ponse, ordonna a ses g£n£raux de recommencer le 
stege (18 d^cembre — 39 moharrem) \ Les travaux 
des mines et des tranches furent repris avec une 
nouvelle ardeur. Les Turcs dirig^rent contre les ou- 
trages avances du bastion espagnol une attaque qui 
fut repouss£e; mais le lendemain ils s'y port&rent de 
nouveau avec une telle furie, que les chevaliers furent 
refbutes derrfere les fortifications et les fosses de l'in- 
t£rieur de la ville a . Le manque de munitions forga 
enfin les assi<%6s k capituler. Villiers de Tile- Adam 
envoya au serasker Ahmed-Pascha deux chevaliers, 
porteurs d un 6crit par lequel Bay ezid II avail jadis ga- 
ranti au grand-maitre Pierre d'Aubusson la libre pos- 
session de* Rhodes, en son nom et k celui de ses des- 
cendans. Ahmed-Pascha n'eut pas plus tdt cette pfece 
entre les mains, qu'il la d&hira et la foula aux pieds. 
II fit couper les doigts, le nez, les oreilles k deux soldats 
qu'il avait fait prisonniers le mdme jour, et les envoya 
ainsi mutites au grand-mattre avec une lettre pleine 
de grossieres injures 3 . Enfin Villiers de Tile-Adam, 



1 Dans Bourbon, le i5 decerabre. 

» « Lc 1 7 decembre , les Turcs donnerent 1'assault a la barbacane d'Es- 
paigne. — Le lendemain (18), ils vindrent avec grosse puissance douner 
I a van It a ladile barbacane. - Bourbon. 

* ttourbon. Fontanus, dans ledition de Bale de Chalcondyte , p.. 493. 



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58 HISTOIRE 

r&luit a la derni&e extr£mit6 , d£puta a Souleiman 
un chevalier et deux bourgeois de la ville pour n£go- 
cier la reddition de Rhodes (21 d&embre — % safer). 
Souleiman agr£a leurs propositions , el commit sou 
grand- vizir pour d£battre les articles de la capitulation 
avec les ptenipotentiaires de l'Ordre. II fut stipule 
que le grand-maitre enverrait en 6tages au camp Otto- 
man vingt-cinq chevaliers et vingt-cinq des princi- 
paui habitans de Rhodes; que des vaisseaux seraient 
fournis aux membres de TOrdre pour sortir de Tile 
dans un d£lai de douze jours ; que le culte et les eglises 
des Grecs et des Latins seraient respectes. Une des 
conditions principales du traits, r£clam£e express&- 
ment du Sultan par les d£put£s bourgeois, fut que l'ar- 
m£e se retirerait a la distance d un mille de Rhodes. 
Mais le cinqui&ne jour apr£s la signature du traits \ 
les janissaires, cette milice aussi redoutable qu'indis- 
ciplin£e, ne purent se contenir; sous pr&exte de vi- 
siter quinze mille des leurs qui vensuent d'arriver des 
fronti&res de Perse sous la conduite de Ferhad-Pa- 
scha, ils s'approch^rent de la ville sans autres armes 
que des b&tons, forc^rent la porte Cosquinienne, pil- 
l&rent les maisons des principaux habitans et com- 
mirent toute sorte d'exc&. Leur fureur se d^chaina 
surtout contre 1 ^glise de Saint- Jean : ils r&cl&rent les 
peintures a fresque representant les saints, briserent 
les statues, ouvrirent les tombeaux des grands-maitres, 

» Bourbon dit expressement que ce fut le cinquieme jour apres la signa- 
ture du traite, c'est-a-dire le a5 decembre, jour de l'occupation de Rhodes 
par les Turcs. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 5g 

renvers&rent les autels, tratnirent leg crucifix dans la 
boue, et mirent aii pillage leg ornemens sacr& '. Du 
haot du clocher de l'^glise de Saint- Jean, on appela les 
croyans k la prtere ; la musique turque r&onna sur les 
cr&ieaux de la tour de Saint-Nicolas ; c'est ainsi que 
les mouezzins et les tambours ottomans annonc&rent 
au monde chr&ien la conqu&e de Rhodes V Geux 
qui voulurent roister a ces desordres expir&rent sous 
leb&fton, ou furent forces de se charger de leur avoir 
comme des b&es de somme, et de le transporter au 
camp. La prise de Rhodes eut lieu dans la matinfe du 
jour de Noel , au moment m£me ou le pape Adrien 
c£16brait le service divin dans l'£gtise de Saint-Pierre ; 
pendant l'ofiice, une pierre se d&achant de la cornkhe 
vint tomber k ses pieds, circonstance qui fut regards 
comme le presage de la chute du premier boulevard de 
la chr&ient£ 3 . Ainsi les principaux articles de la capi- 
tulation avaient && violes presque aussitdt que sign£s; 
toutefois on ne sait s'il faut en accuser le Sultan , les 
vizirs, ou seulement l'indiscipline des janissaires *. 

Quelques jours aprte la ratification du traits , Ah- 
med-Pascha 6tait venu sur la br£che du bastion d'Es- 
pagne pour faire plusieurs communications k Villiers 
de llle -A dam, et lui exprimer le d&ir qu'avait le Sul- 
tan de le voir. Le grand-mattre, malgr6 sa repugnance 
pour cette entrevue, se rendit, dans la matinee du 7 safer 

> Footanus et Bourbon. — » DjeUlzade, f. 71. 

3 Spandugino, f. g4. 

4 « Si ce fut par son commandement ou des baschas, je n'en sais rieo, » 
dit Bourbon. 



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4o < HISTOIKE 

(26 decembre 1522), au camp ottoman, accompagn£ 
settlement de quelques chevaliers. Comme c'&ait un 
jour de diwan, il resta long-temps devant la tente de 
son vainqiieur, expos£ k la neige et k la pluie, en atten- 
dant le moment d'&re introduit. Les vizirs et Ferhad- 
Pascha avaient &6 admis a la c£r&nonie du baise- 
main, dans laquelle ce dernier pr^senta au Sultan de 
riches pr£sens consistant en vases , assiettes et coupes 
d'argent '. Enfin le grand-maitre , apr£s avoir && 
rev&u dun kaftan d'honneur, fut conduit en pre- 
sence de Souleiman. Ces deux princes qui etaient 
arrives ensemble au pouvoir deux ans auparavant et 
qui se trouvaient maintenant face a face dans des po- 
sitions si di verses, gardfrent long-temps un profond 
silence et s'examin&rent r&iproquement. Enfin le Sul- 
tan, prenant la parole, s'efforga de consoler le grand- 
maitre de sa d&aite en lui repr&entant que c'ftait le 
sort des princes de perdre des villes et des royaumes, 
et lui renouvela l'assurance d'une libre retraite \ En 
cela Souleiman fit preuve d'id&s 61ev6es et g6n£- 
reuses; mais le jour suivant, il d£mentit cette noble 
conduite. Ayant d£couvert le fils du malheureux prince 
Djem, qui esperait pouvoir passer en Europe avec les 
chevaliers k la faveur d'un d£guisement, il le fit ex6- 
cuter avec son fils et envoya sa femme et ses autres en- 
fans k Constantinople 3 . Ainsi le plus grand des princes 

i Djelalzade 1 , f. 71. Journal de Souleiman. 
• Fontanus et Bourbon. 

3 Fontanus. Journal de Souleiman. Spandugino, f. 96, et les historieos 
ottomans 



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DE I/EMPIRE OTTOMAN. 41 

ottomans lui-m&ne paya son tribut de sang aux usages 
de cette politique tyrannique qui ordonnpit au sou- 
yerain le meurtre de ses parens. Deux jours apr&s cet 
acte de froide cruaut£, Souleiman etant all6 voir le 
bastion d'Espagne et la tour de Saint-Nicolas, voulut 
visiter egalement Rhodes et le palais du grand-maltre 
avant de retourner k son camp. Accompagn6 seule- 
ment d'Ahmed-Pascha et d'un jeune esclave , il se 
rendit au r&ectoire des chevaliers et demanda VUlicrs 
de File-Adam. Ahmed-Pascha faisant fonction d'inter- 
prete et traduisant les paroles du Sultan en grec, assura 
de nouveau au grand- maitre que la capitulation se- 
rait de tous points strictement ex£cut£e, et lui oflKt un 
terme plus long pour l'&vacuation de Rhodes (89 d6- 
cembre — 1 safer). Le grand-mattre remerciale Sultan 
et se borna k lui demander de rester fid&le aux clauses 
du traits \ Les deux jours suivans, mille hommes, 
dont cinq cents janissaires, furent mis en garnison k 
Rhodes, le bagage de Fempereur fut transport^ k Mar- 
maris, et l'amiral de la flotte alia prendre possession 
des autres villes de Tile. Le 1 CT Janvier 1 593 (1 3 safer 
929), le grand-maitre, avant de s'&oigner, vint baiser 
la main du Sultan, et lui offrit quatre vases d'or. 
«Ce n'est pas sans en 6tre pein£ moi-m6me, dit Sou- 
leiman k son favori Ibrahim, que je force ce chr&ien k 
abandonner dans sa vieillesse sa maison et ses biehs a . » 



> Bourbon. Fontanus foit tenir de nouveau aux deux princes de longs 
discours, el va jnsqu'a dire que le Sultan, par respect poor le grand-maltre, 
ne lui parla qu'en portant la main a son tnrban comme pour le salucr. 

% Journal de Souleiman. 



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4a HISTOIRE 

Vers minuit du m6me jour, Villiers de Hie- Adam 
appamlla avec les siens pour 1'Europe. Le vendredi 
suivant , Souleiman , apr£s avoir assist^ k la pri&re 
publique dans l'£glise de Saint- Jean, s'embarqua sur 
la galtee du capitaine Kara-Mahmoud, mort au stege 
de Piscopia; arrive a Marmaris, il transmit l'ordre 
aux sandjakbegs de Mentesch6, de Karasi, d'Aidm et 
de Saroukhan, et k son grand-£cuyer Iskenderbeg de 
veiller k la reconstruction immediate des fortifica- 
tions de Rhodes \ Lui-m^me, pendant le suSge, avah 
commence k Mtir sur l'emplacement de la vieille 
ville, appel£ par les chevaliers Phileremus et par les 
Turcs Sunbouhi (riche en hyacinthes), un edifice a , 
dont il reste encore quelques mines au milieu d'un 
site romantique 3 . La chute de Rhodes entraina celle 
de huit iles sous sa d£pendance, savoir : Leros (Jleros), 
Kos 4 , Kalymna (Ghelmez), Nisyros (Indjirli), Telos 
(Illegi) , Chalce (Khalki) , Limonia et Sym£ (Soum- 
beki) 5 . Les femmes grecques de Sym6 qui, par leur 
habilet£ a plonger, avaient rendu de grands services 
a Souleiman pendant le stege, obtinrent de lui le pri- 



« Giovio. — « Journal de Souleiman. 

3 Ad montem Phileremum super cujus verticem iyrannus Sacetto Divi- 
parts virginis in balneal tedemque arcanarum Ubidinum et monstruosi con- 
cubitus mutato, arcem erexit. Fontanus, edition de Bale de Chalcondyle, 
p. 468. 

4 La sommation de Souleiman se trouve dans le t. XXXIV de Marini 
Sanuto: Leuera del Sign. Turcho a quelli di Lango i5a3, dans laqnelle le 
Sultan jure, par les cent vingt-quatre mille prophetes el les quatre livres 
saints ,de respecter la liberte des habitans. 

5 Fontanus, p. 48 1. Djelalzade, f. 71. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 43 

vitege de porter un turban d'&olfe blanche '. Le fort 
Petreon , b&ti par le chevalier allemand Schlegelhold 
sur les ruines de l'ancienne Halicarnasse, regut gar* 
nison ottomane et compl&a ainsi le nombre de dix 
des concpi&es de Souleiman. Le siege de Rhodes fait 
£pocpie dans l'histoire des guerres modernes, non seu~ 
lenient par le courage hfroique de Villiers de me* 
Adam et de ses chevaliers, mais encore par l'usage des 
bombes que les Turcs employ 6rent pour la premiere 
fois, et par linvention des contremines et tambours 
due a Martinengo a . 

Un mois apr& son depart de Rhodes, Souleiman 
rentra triomphalement k Constantinople 3 ; mais la joie 
qu'il avait ressentie en apprenant k Rhodes la nais- 
sance de son fils Mohammed, ne tarda pas k &re trou- 
ble par la perte dun autre fils, le prince Abdoullah. 
Souleiman avait envoys de Rhodes des lettres de vie* 
toire k tous les juges de 1' empire, au khan de Crim^e 
et au scherif de la Mecque. De toutes les puissances 
chretiennes k qui la conqu&e de Rhodes fut signiftee 
officiellement , Venise fut la seule qui r^pondit aux 
communications de la chancellerie turque par des pro- 
testations d'amitie 4 . Les brillans suceds de Souleiman 
firent rompre aux schahs de Perse et de Schirwan le 



i Turner's Travels, t.IIl. — * Fontanus, p. 40 1. Bourbon. 

J Journal de Souleiman. La flotte passa par Kbios pour se rendre a 
Constantinople. Spandugino, p. 97. 

4 Journal de Souleiman , 3o septembre. On y trouve la lettre du Sultan 
au juge de Brousa, f. 67, sous le no 21 ; celle au khan des Tatares, f. 64, 
sous le no 20. La lettre au doge de Venise est citee dans Marini Sanuto. 



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44 HISTOIKE 

silence peu bienveillant qu'ils avaient garde jusque-lk : 
ils s'empress&rent de lui envoyer, avec leurs tardives 
felicitations sur la mort de son pire et son av£nement 
au tr6ne , leurs complimens plus opportuns au sujet 
de la prise de Rhodes '. L'ambassadeur persan , ar- 
rive sur la rive asiatique du Bosphore avec une suite 
de cinq cents cavaliers, regut ordre de n'entrer h 
Constantinople qu'accompagne de vingt personnes, 
parce qu'il n'&ait pas convenable que l'ambassadeur 
d'une puissance &rang6re se pr£sent&t avec une escorte 
aussi nombreuse \ A la m6me epoque se trouvait k 
Constantinople l'ambassadeur russe JeanMorosof , que 
le tzar Vassili avait charg£ de conclure une alliance 
avec la Porte ; mais les negotiations de Morosof furent 
sans succ£s 3 . 

Au mois de juin 1523, le grand- vizir Piri-Pascha, 
sur les calomnies d'Ahmed-Pascha qui aspirait a sa 
dignity, fut depose et admis & la retraite avec la pen- 
sion recemment fix6ek deux cent mille aspres 4 . Sou- 



* Journal de Souleiman. Lettre du schah de Perse, f. 71, noaa; et 
reponse du Sultan, no a3; lettre du schah de Sebirwan, f. 73, no a4; et 
repouse, f. 75, no a5. 

« Ferdi, f. 8a. Un Orator del Sophi, quel vene con 5oo cavalli, i quali 
furono mandati intrio e venne solum ente con ao cavalU. (Relatione di Zen 
dt quondam Piero Oratore veneto a dk 6 dec, i5a3.) Marini Sanuto, 
t. XXXV. 

3 Karamsin, Histoire de Russie , VII, p. U3. Marini Sanuto , I. c. 
Le rapport deja cite de Tainbassadenr vemtien parle de cette ambassade 
russe en meme temps que de celle du schah de Perse. Un oratore di Rossiye. 
L'ambassadeur venitien dit du caraclere de Souleiman : Non & Sodomita 
come li allri Signori Turchi, e ama la giustizia. 

4 Djelalaade s'exprime tres-librement sur les calomnies et les intrigues 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN- 45 

leiman remplaga Piri par son favori Ibrahim [xxra}, 
chef des pages et premier fauconnier, qui d6s lors cu- 
mula avec le grand- vizirat les fractions de beglerbeg 
de Roumilie (1 3 scMban 929 — 27 juin 1 523). Fils 
d'un matelot de Parga, et habile violon dte sa jeu- 
nesse, Ibrahim avait 6x6 enlev6 par des corsaires tores 
et vendu k une veuve habitant dans le voisinage de 
Magn&ie. Cette femme s'appliquait k faire ressortir 
les gr&ces naturelles et le talent du jeune esclave par 
une riche toilette et par une Education soignee. Sou- 
leiman n'&ant encore qu'h&itier pr&omptif du trdne, 
avait rencontr6, dans une de ses excursions, Ibrahim 
jouant du violon. 11 fut tenement s&luit par le jeu et 
r esprit du jeune esclave , qu'il en fit d£s lors son 
compagnon inseparable , et le nomma , en montant 
sur le trine, chef des pages et des fauconniers *. I/in- 
fluence toujours croissante d'Ibrahim ne put bien 
t6t plus 6tre contrebalanc£e par les vieux services de 
Piri , qui eut le malheur d'avancer encore sa dis- 
grace en bl&mant Tentreprisc contre Rhodes; e'est a 



d'Ahraed-Pascha, f. 77. Almosino, qui roerite peu de foi dans son recit des 
premiers eveuemens du regne de Souleuuan, raconte, p. 104-114, que 
Piri , qu'il appelle Piali , avait sauve le prince Souleiman d'une roort cer- 
taine, en le preservant d'un vetemeut empoisonne' que lui destinait Selira ; 
mais il est impossible de ne pas reconnaitre l'absurdite de ce conte, lorsqu'on 
reflechit qu'Ibrahim, au lieu d'&tre dans le serai de Constantinople, comme 
le pretend Almosino, se troutait a Magnesie aupres de Souleiman. 

> Sagundjno, p. 100, dit qu'il etait ne a Parga. Piero Zen, larabas* 
sadeur venitien, entoya au senat de Venise un rapport detaille sur la nais- 
sance, 1'education et Ventree d'Ibrahim dans le sera'i; ii est dat^ du 6 de- 
cembre i5a3. Marini Sanuto, t. XXXV. 



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46 HISTOIKE 

cette disapprobation interapestive que le grand- vizir 
arait dA de n'6tre pas charge du commandement en 
chef de l'exp&fition. Le caract&re violent et ambitieux 
d'Ahmed-Pascha ne lui permettait pas de supporter 
la pr#Srence t£moign£e par Soulei'man k Ibrahim; 
il avait regard^ le grand- vizirat comme lui revenant 
de droit, k lui second vizir, dans le cas de la deposi- 
tion de Piri-Pascha. Pour n'&re pas t£moin & chaque 
instant du triomphe du favori de Souleimap, il solli- 
cita le gouvernement d'l^gypte; le Sultan souscrivit 
d'autatit plus volontiers k cette demande, qu'ii termina 
par Miles seines focheuses z qu'amenait dans le diwan 
la rivaKte d'Ahmed et d'Ibrahim a . 

Mohammed-Ghirai, khan de Crim£e, venait de mou- 
rir dans la huiti&ne ann£e de son r6gne et la cinquante- 
huiti&ne de son &ge; il avait succombe. ainsi que son 
fr&re le kalgha, au milieu d'une r&volte nocturne sus- 
cit£e par ses deux fils, Ghazi-Ghirai et Baba-Ghirai 
(929 — 1522). Aprfes ce double meurtre, leg deux 
princes separtagferent le gouvernement et les d^pouilles 
de leurs victimes ; Ghazi recueillit le titre de son p&re 
et Baba celui de son oncle. Memisch, qui en sa qua- 
lit £ de schirinbeg ou de premier des sandjakhegs &ait 
apr£s le kalgha le plus haut dignitaire du royaume, 
s'empressa d'adresser k la Porte un rapport sur ces 
^venemens, en priant le Sultan de remplacer l'usur- 
pateur par Seadet-Ghirai, que son frfere Mohammed- 
Ghirai avait prec^demment envoy6 en 6tage k Con- 
stantinople. Seadet-Ghirai, appuy£ par les janissaires 

i Ferdi, f. 8o. — * Solakzadl, f. ioa. Djelalzadl, f. 78. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 4 7 

de Souleiman , vint prendre possession du tr6ne de 
Crimee, et, k Instigation de Memischbeg, £leva son 
neveu Ghazi-Gffirai k la dignity de kalgha. Cette no- 
mination qui &ait contraire a la constitution des Ta- 
tar es, d'apr&s laquelle la dignite de kalgha devait 
toujours revenir au membre le plus ancien de la fa- 
mille r£gnante, c'est-k-dire k un oncle ou k un fr&re 
du khan, excita de nouveaux troubles. Six mois apr&s, 
Ghazi , 4g6 de vingt-un ans , fut assassin^ avec son 
fr&re Baba au moment ou il venait presenter ses feli- 
citations au khan k l'occasion de la ftte du Beiram. 
Seadet-Ghirai choisit pour kalgha son neveu Dewlet- 
Ghirai. Mais le pouvoir ne tarda pas k tomber entre 
les mains d'lslam-Ghirai, qui souleva la nation pour 
venger la mort de son fr&re Ghazi (938 — 1530). 
Seadet-Ghirai v&ut encore sept ans k Constantinople 
dune pension de Souleiman , et fut enterr£ dans la 
mosqu£e d'Eyoub (944 — 1 537) x . Islam-Ghiral con- 
tra la dignity de kalgha k son fr&re Ouzbeg-Ghirai, 
qui, un an plus tard, fut remplac£ par Sahib-Gtrirai, 
fils deMengli-Ghirai, pou* avoir encouru la disgrace 
de Souleiman. Lorsque Mohammed-Ghirai , en pre- 
nant en mains le pouvoir, avait voulu assurer la tran- 
quillity de sa domination par le massacre de tous ses 
frdres , Sahib encore enfant avait £chapp£ k la mort 
en se refugiant k Kazan; depuis, les NoghaTs [xxiv] 
l'avaient choisi pour leur khan. Nous parlerons plus 
bas de* circonstances qui amen&ent son av&nement 
au tr6ne de Crimee. 

t Les sept Etoiles errantes, manuscrit d'ltalinsky, f. 61-64. 



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48 HISTOIRE 

Khairbeg &ait rest£ fiddle au Sultan lore de la re- 
voke de Ghazali, et avail, comme nous l'avons vu, 
envoys k Tarm^e ottomane dans l'!l6 de Rhodes un 
corps auxiliaire de trois mille hommes, sous le com- 
mandement de sept scheikhs arabes [xxv]; mais en 
apprenant la triste fin de celui dont il avait refuse 
la complicity , il tomba dans une melancolie pro- 
fonde. Sentant approcher sa mort, il donna la liberty 
k tous ses esclaves, cr£a et dota plusieurs fondations 
pieuses, et assura l'usufruit de son immense fortune 
comme wakf k ses enfans et a sa femme, qui, veuve 
du sultan des Mamlouks Nassir Mohammed Ben Kou- 
laoun , avait refus£ la main du sultan Ghawri. Le 
dernier acte gouvernemental de Khairbeg fut Tarme- 
ment d'une flotte de vingt voiles , qui , sous le com- 
mandement de son gendre Kaitbal, amena au Sultan 
alors a Rhodes des troupes fraiches et 1 etendard akab 
(l'aigle) du Proph&e, ce gage sacr6 de la victoire 
pour les Musulmans l . Ainsi que nous l'avons dit 
plus haut, Souleiman apprit sous les murs de Rhodes 
la mort de Khairbeg dix semaines apr& son debar- 
quement dans l'tte, et nomma son beau-fr£re Mous- 
tafa-Pascha au gouvernement d'lilgypte [xxvi]. Mous- 
tafa eut a lutter contre la r^volte de deux kaschiz£s, 
du nom de Djanim et d'Inal, qui, entre autres actes 
de violence, avaient tu6 deux scheikhs arabes, Hasan 
Meri et son oncle. II marcha contre les rebelles k la 
t6te de ses janissaires et d'un corps d'arquebusiers , 

i Souheili, f. 5 1. Schoukri, f. io5. Akab ou l'aigle, tel 6tait le uom de 
cet etendard du Piophete, appele aujourd'hui sandjak-scherif. 



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DE L'EMPIKE OTTOMAN. 4 9 

les battit, et fit planter les t£tes des deux chefe sur les 
cr£neanx de la porte SouweOa, au Gaire x , Peu de 
temps apr&s, Moustafa- Pascha.fut rapped ii Constan- 
tinople sur les prices de sa femme. Elle repr&enta 
au Sultan son frere la fatalite qui la pourstrivait : 
marine d'abord par S^Um au bostandjibaschi. elle avait 
eu bientdt a regretter la perte de son mari execute 
par les ordres de son pere; et maintenant Souleiman 
l'avait a peine unie k Moustafa, qu'il l'avait en quelque 
sorte condamn6e k un nouveau veuvage en envoyant 
son 6poux loin d'elle a . Moustafa fut remplace (9 sche- 
wal 929 —20 aoAt i 523) par Guzeldj** Kasim (le beau 
Kasim) 3 , un des seigneurs de letrier imperial, et plus 
tard fondateur du faubourg de Constantinople, qui 
porte encore son nom. Mais k peine quelques mois 
s'£taient ecoul^s depuis son installation , que Kasim 
dut c&ier le gouvernement d'Egypt^ au vizir Ahmed- 
Pascha, qui merita bientdt le nom de traitre , sous 
lequel il est design^ dans Thistoire ottomane. Ahmed 
voulut se dedommager de la perte du grand- vizirftt 
par 1'usurpation de la souveramet£ d'Egypte. II sut 
gagner a sa cause les Mamlouks, mais il £ehoua contre 
la fidelite des janissaires. II donna les grands fiefs du 
royaume aux miserables instrumens de ses projets, et 



> Solakzade, f. u>a. JFerdi, f. 77. Souheili, f. 5ft. Schoukri, I 106. 

* Spanduguto , f. 99. 

3 Mu Ferdi* Souheili, f. 53; dans le Nouihetovn-Naiirin. et autres his- 
toires d'Egypte , Kasim-Pascha manque dans la Liste des gowenuursj il 
est par ordre de date entre Bf *ustafa*Paseha et Abmed-Pafcha ; son nom 
se trouve dans les Tables chronologiquet d'HadjUKJialfe, p. ft 18. 
T. V. 4 



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5o H1ST01KE 

tenta par toutes sortes de moyens ouverts ou d&our- 
n£s, de se d6barrasser des janissaires , qui etaient les 
maitres du chateau du Caire; mais ses manoeuvres 
n'eurent aucun r£sultat. Trompe dans son attente , il 
jeta le masque sous lequel il avait pendant six mois 
cache sa trahison. &ablit son camp a Imbaba, et mit 
le siege devant la citadelle de la capitale. Les janis- 
saires firent une sortie . et . dans un combat memo- 
rable par le courage qu'ils d^ployerent, tu&rent quatre 
mille hommes aux rebelles. Ahmed -Pascha fut in- 
forme par Djemaleddin, un des 6mirs mamlouks, de 
l'existence d'un ancien aqueduc souterrain qui con- 
duisait dans l'int£rieur du chateau, et dont le souvenir 
s'&ait perdu depois plus de deux stecles; il profita 
de ce moyen inesp£r6 de victoire, et introduisit ainsi 
dans la place ses mamlouks qui firent un massacre 
g£n£ral des janissaires ' . Mattre de l'Egypte, Ahmed 
prit le titre de Sultan, et s'arrogea les deux droits r£- 
galiens de l'islamisme a (Janvier 1524). Alexandrie 
et toute la cdte etant en son pouvoir, il lui fut aise 
d'intercepter les communications entre l'Egypte et la 
m&ropole; aussi s'empara-t-il du vaisseau apportant 
l'ordre par lequel le Sultan lui retirait son gouver- 



i Solaksade, f. 10a. Ahmed-Pascha partit, le ao ramazan, de Constan- 
tinople, etarriva, le 8 schewal, au Caire. Ferdi, f. 84. Souheili, f. 53. 
Schoukri, f. 106. All, f. aa5. Le Rapport de. Vambassadeur veniuen d<: 
Candle, dans Marini Sanuto, t. XXXV : tutti da Turchia sono sta tagliaii 
a pet si. 

•-» Fcrdi, f. 85. Djelalzade, f. 74. Solakzade, i. 10a. Souheili, f. 53. 
Schoukri, i 107. Abduulaziz, f. 58. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 5t 

nement, et nommait a sa place le brave Kara Mousa, 
qui, sous le gouvemement deMoustafa-Pascha, avait 
si heureusement etouffg la revoke des Arabes ; il fit 
mettre a mort le nouveau gouverneur et le tschaousch 
porteur du ferjnan. Ahmed, voulant avoir trois vizirs, 
a l'exemple du sultan ottoman, donna ce titre a trois 
de ses confidens, entre lesquels il partagea l'admi- 
nistration de l'Egypte. Mais dans ce nombre se trou- 
vait Mohammedbeg qui trahit Ahmed pour Souleiman. 
Apres avoir tout prepare pour Tenlivement d* Ahmed, 
et avoir embusque quelques centaines de soldats dans 
les maisons du Caire , il attendit l'heure a laquelle 
l'usurpateur descendait de la citadelle pour venir pren- 
dre des bains dans la ville. La maison dans laquelle 
il entra fut envahie aux cris de : « Dieu donne la vic- 
toire au sultan Souleiman! » Ahmed, a moiti£ rase, 
se sauva sur le toit , en descendit sans 6tre apergu , 
monta a cheval et se refugia dans la citadelle; la troupe 
de Mohammedbeg, compos^e seulement de quelques 
soldats rassepibles h la hate, y penetra avec lui. Mais 
il etait k craindre que le traitre ne trouv&t dans son 
chateau situe dans Tenceinte du fort, un nouvel asile 
et le temps de faire un appel ,aux Mamlouks ; chaque 
minute pouvant 6tre decisive, Mohammedbeg fit pro- 
clamer que les tr6sors deposes dans le palais seraient 
le partage des vainqueurs. II n'en fallut pas davantage 
pour faire accourir un grand nombre d'Arabes avides 
de butin, qui escalad&rent les murs et enfoncerent les 
portes. A la faveur du desordre et du pillage, Ahmed 
put parvenir a s'echapper avec plus de vingt des siens 



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5u HISTOIKE 

sans &re reconnu , et il s'enfuit chez les Arabes de 
la tribu Beni Bakar, dans le district de Scherkiy6 '. 
Mohammedbeg envoya a sa poursuite trois mille ca- 
valiers commandos par le Tscherkesse Djanim-Ham- 
rawi; celui-ci &ant rentr6 sans avoir pu rejoindre 
les fuyards, Mohammedbeg se mit lui-meme en mar- 
che avec trois mille hommes bien arm6s, en se diri- 
geant vers Mahallet . ou le scheikh arabe Kharisch 
vint lni livrer Ahmed charg£ de chaines *. La t£te du 
traitre fut expediee a Constantinople. Le troisi6me 
vizir, Ayaz-Pascha, que Souleiman avait envoy £ par 
terre avec trois mille janissaires pour comprimer la 
r^volte, regut ordre de retrograder; Kasim-Pascha 
fut de nouveau investi du gouvernement de la pro- 
vince. La fid£lit6 de Mohammedbeg au Sultan, ou sa 
trahison envers un traitre , fut r£compens£e par de 
nouveaux fiefs ajout6s k ceux qu'il poss6dait d£ja, et 
par la place d'intendant-gen£ral de 1'Egypte. 

Vers cette mdrae £poque, Souleiman c£l£bra h Con- 
stantinople , avec une pompe jusqu'alors inaccoutu- 
m£e, le manage de sa soeur avec le grand-vizir Ibra- 
him-Pascha (18 redjeb 930 — 22 mai 1524). Des 

i Akmed s'etait repdu maHre du Cairo avec le seeours de latribn Bakar 
et des Mamlouk*. Le Rapport de Vamhessadeur venitien de Camdie dit : 
Ebno Omar S ignore del Saito ( la Haute-£gypte) atabo con 80 mUle per- 
soncy che ha atmto di Ebn Bacar similiter Arabo, con circa died mille 
Mamluchi, e 6000 Schopetari negri, e. intrato nei Cairo senta aver J otto 
alcun effusion di eangue , son*- etm bemignamente aeceptau dai popolo. 
Marini Sanuto, t. XXXV. 

» Ferdi, f. 88. Solakzade, f. 102. AH, vn e recit. Le M-manah er- 
rahmaniyct, par Ebou Sourour. Pelschewi, f. 3o. 



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Gdogle 



DE L'EMPIRE OTTOMAN. 53 

tentes magnifiques et un trdne pour le Sultan furent 
dresses sur l'Hippodrome. Le second vizir, Ayaz- 
Pascha ' , charg6 de remplir les fonctions de para- 
nymphe , et l'aga des janissaires , altereat au serai 
inviter le Sultan k honorer les fetes de sa presence. 
Souleiman les regut gracieusement, fit en termes pom- 
peux F&oge d'Ibrahim , et les renvoya combos de 
pr&ens. Pendant sept jours consecutifs, les silihdars, 
les sipahis, les ouloufedjis, les ghourebas, les djebedjis 
et les topdjis, furent traites de la manure la plus somp- 
tueuse; le huiti&me jour une f^te brillante fut donn£e 
aux janissaires. aux vizirs, aux beglerbegs et aux san- 
djakbegs ; le tieuvi&ne, veille de celui ou Ton devait 
aller chercher la fiancee au serai , le Sultan se rendit 
au palais d' Ibrahim, pour ainsi dire entre deux murs 
d'or et de soie, toutes les maisons etant tapiss£es des 
plus riches &dfffes. Ayant fait asseoir k sa droite le 
v£n£rable moufti Ali Djemali et a sa gauche le pre- 
cepteur des jeunes princes Schems Efendi , destitu£ 
plus tard pour son ignorance a , il presida aux confe- 
rences des professeurs des diverses academies , qui 
agit6rent devant lui des questions de controverse 3 . 
Ces discussions savantes termin^es , le grand £cuyer 
tranchant servit la table, d'abord pour le grand-vizir 
seul, ensuite pour les oullmas ; le defterdar Moustafa 



» C'est I'ancten beglerbeg de Roumilie qui, au siege de Rhodes, diri- 
geait les attaques contre le boulevard de la langue allemande. 

* Tables chronologiques d'Hadji-Khalfa, p. ao4. 

3 Petscbewi, f. 3i. Ali, f. a 26, ix« reek du regiie de Souleiman. 
Solakzade, f. 10 3. 



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54 IIJSTOIRE 

Tschelebi remplit l'office d'£chanson, et pr£senta an 
Sultan des sorbets dans une pr^cieuse coupe faite d'une 
seule turquoise ; cette coupe jivait &6 conserve dans 
le tr&or imperial, et on faisait remonter son ancien- 
net6 jusqu'& Nouschirwan son premier possesseur. 
Les oul&nas furent renvois chez eux charges de su- 
creries et de confitures. A son retour au serai, Sou- 
leiman reyut Theureuse nouvelle de la naissance d'un 
fils auquel on donna le nom de S£lim (24 redjeb — 
28 mai) f . Deux jours aprfes, le paranymphe se rendit 
du serai au palais d Ibrahim, k la tete d'un nombreux 
cortege portant les pabnes des noces a . Une de ces 
palmes &ait faite de soixante mille petits morceaux , 
une autre de quarante-six mille, et elles etaient sculp- 
tees en mille formes d'arbres, de fleurs et d'animaux 



neur des nouveaux 6poux; celle de Khiali (leriche 



> Abdoulaziz-Efendi, f. 63. Djelalzade, f. 9a. Solakzade, f. io3. 
Almosino, auteur digne de foi quand it parle, comme temoin oculaire, des 
evenemens de son 6poque sons Selim II, confond cependant tous les evene- 
roens du regne de Souleiman I er . Ainsi il fait de la fete des noces d'lbrahin* 
la fele de la oirconcision de son fils : Ibrahim n'avait pas de fils. 

* Symbole de la force de I'homme. 

3 Triple vautour du Zendavesta. 

4 Ce paiais est aiijourd'hui celui des finances.. 



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DE L'EMPIHE OTTOxMAN. 55 

en imagination) eut les honnears de la journee \ 
Ibrahim pouvait 6tre consid6r6 comme partageant 
avec le Sultan le pouvoir absolu. Quatre mois apris 
son mariage , il regut une nouvelle preuve de la con- 
fiance de Souleiman : il fut envoys en Egypte avec 
une escadre, cinq cents janissaires. et quelques milliers 
d© soldats , pour arranger les diffgrends 61ev6s entre 
le gouverneur Kasim-Pascha et l'ihtendant Moham- 
medbeg , et pour r&ablir en m6me temps 1'ancienne 
legislation du pays (1 e * silhidj£ 930 — 30 septembre 
1524). Ibrahim avait k sa suite le g£n£ral des oulou- 
fedjis , Khaireddin , le tshaouschbaschi ( marechal de 
la cour), Mohammed Ben Sofi, le defterdar Iskender 
Tschelebi , le teskeredji (maitre des requites) Mous- 
tafa , et l'historien Djelalzad6 \ Ce dernier, qui fut 
6\e\i plus tard a la dignite de reis-efendi et k celle de 
nischandji, ecrivit l'histoire du r6gne de Souleiman; 
son rang dans la hierarchie administrative de l'empire 
et sa qualite de temoin oculaire rendent son ouvrage 
un des plus pr^cieux k consulter et des plus dignes 
de foi. Au depart de K escadre, le Sultan accompagna 
Ibrahim jusqu'aux iles des Princes , ou il lui fit les 
adieux les phis affectueux ; distinction inouie chez les 
peuples d'Orient, et dont on ne connait pas d autre 

» Ali. Petschewi. Djelalzade, 1. c. Yoyez pour la description del ail lee de 
ces ffcles, dans Marini Sanuto, t. XXXV, une lettre du baile de Constan- 
tinople a son fils: // Signor dono 3o gordine d'aspri di 100 1'ttna a U Gani- 
leri die andwano 8000 alle nozze in or dine del Signor, et acceub tinvitp 
con usmrli parole in gran Imude d' Ibrahim, trai pavioni (te/ites) del Sr. era, 
I'uno di Vsun Hassan I'altro del Guri. 

* Djelalzade, f. 81. Ali, f. 227. Ferdi, f. 91. Solakzade, f. i«3. 



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56 HISTOIRE 

example dans l'histoire des sowverans ottomans '. Au 
passage de la flotte sous les mors de GallipoM, quel- 
ques prisonniers persons furent ex£cut£s * par ordre 
du Sultan, conform&nent an fetwa rendu sous ler&- 
gne de S61imI M , par lequel cette nation itait declare 
ennemie de la few et de l'empire ; e'est ainsi que les 
sentimens Aleves montres par Souleiman au commen- 
cement de son r£gne subissaient d6j& I'mfluence du 
fanatisme et d'une cruelle politique. Ibrahim , aprfe 
avoir touche k Tile de Khios/oti les admitnstrateurs 
genois vinreut le complimenter et lui offrir des pre- 
sents, aborda a Rhodes (1 moharrem — 7 novemhre). 
La flotte ottomane ayant appareitte pour Alexandrie, 
fut rget^e par les vents d'automne sur les c6tes de 
rAsie-Mineure, et dut rentrer dans ia baie de Marmaris 
trois semaines apres son depart de Rhodes (1 CT safer — 
28 novembre). L'incertkude de la navigation h cette 
epoque de l'annee determina Ibrahim k continuer s^ 
route par terre. Mohammed Emin, l'intendant d'E- 
gypte, etait sur le point de s'embarquer pour Constan- 
tinople afin d'y rendre compte de sa gestion, lorsqu'il 
apprit Tarriv^e du grand-vizir k Ladakia; renongant 
a son premier projet, il s'etnpressa de faire voile pour 
la Syrie et alia se presenter k Ibrahim, qui approuva 
sa condpite et le renvoya au Caire. Le gouverneur 
d'Egypte, Kasim-Pacha, vint par terre jusqu aDamas, 
ou il trouva dans le grand -vizir un juge indulgent 
pour les fautes que l'intendant reprochait k son admi- 

• Djelalzade, f. 8r. Ali, f. 237. Ferdi, f. 91. Solakrad*, f. io3. 
» Ferdi, f. 92. 



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DE I/EMPIRE OTTOMAN. 57 

lustration '. La presence d'lbrahim & Hftleb el k Da- 
mas r^priraa la cupidity et la tyrannic des beglerbegs 
de ces deux villes et lenr imprima une erainte salu- 
take * ; l'impartialit£ avec laqoelle il rendit la justice 
partout sur son passage lei vain* les benedictions des 
populations. 

L'entrfo du grand-vteir an Caire (24 mars 1595) 
se fit avec une pompe devaiit laquelle p&Iirent tons les 
souvenirs de la magnificence des sultans tscherkesses. 
Gnq mille janissaires, sipahis et mamlouks richement 
v&us formaient son cortege. Les harnats que le Sultan 
lui avail prtt£s pour cette occasion avaient une valeur 
de plus de cent cinquante mille ducats. Les &en- 
dards de sa cavalerie 6taient hleus et blancs, contrai- 
rement aux couleurs nationales des Turcs. Sea pages, 
comme ceux du Sultan, portaient des bonnets et des 
v£temens d'&offe$ dor ; il en &ait de m&ne des mam- 
louks de sa suite [xxvii]. Chaque jour des trois mois 
qu'Ibrahim passa au Caire fut marqu^ par un aete de 
justice ou de bienfaisance ; jl s'becupa sans reftche k 
donner de nouvelles lois ou k modifier les anciennes 
suivant les besoins du pays, a sonder les pkies de 
l'administration et a y porter remade. Les scheikhs 
des puissantes tribus des Beni Hawaii et des Beni 
Bakar, accuses de trahison, expi&rent leur crime par 



b Ferdi, f. 95-96. 

* Djelaliade. Solakzade. AIL Ferdi, 1. c. Dans no entretiea ehe par 
Djelabad£, le grand-vizir reprocha a Hasina les presens qu'il avait reens da 
beglerbeg Sinandjik, et qui, disait-il, ne pourraient le sauver, s'il se trouvait 
un accusateur contre lui. 



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58 HIST01HE 

le supplioe de la potence. Les chefs des autres tribus 
arabes dans la basse et dans la haute Egypte, jus- 
qu'aux Oasis et k la Nubie, furent somm£s de se re- 
connaitre vassaux du Sultan et de venir pr&er serment 
de fid£lit£; des crienrs publics parcouraient la ville, 
invitant ceux qui auraient k se plaindre des autorit^s 
a venir exposer leurs griefs. Les pauvres emprisonn£s 
pour dettes furent rendus k la liberty ■ ; des r^glemens 
particuliers pourvurent k l^ducalion et a l'entretien 
des orphelins \ Ibrahim ordonna d'£lever dans la ci- 
tadelle, en face du palais du gouverneur, deux tours 
destinies k la garde du tr£sor public ; il fit r&ablir k 
ses propres frais la mosquee d'Omar, pris du Nilo- 
metre, qui &ait a moitie ruin£e. Les registres des im- 
p6ts furent remis sur le pied ou ils &aient sous les 
sultans Kaitbai et Ghawri 3 . D'apr£s les calculs du 
defterdar, Ibrahim fixa k quatre-vingt mille ducats * 
le montant des sommes k percevoir par la Porte sur 
le gouvernement d'Egypte, deduction faite des frais 
administratifs. Pendant que le service public marchait 
ainsi vers sa reorganisation, Schedjft Aga, g£n£ral des 
ghourebas, arriva au Caire, porteur d'une lettre de 

» Djelalzade, f/88. — * Ibid., f. 89. 

3 Djelalzade. Solakzade, f. 104. Ali, f. a*:, XIII C recit du regne de 
Souleiman. Ferdi. Voyea le Ka noun name d'Egypte, dans Digeon; Nou- 
veaux Contes turcs et arabes, precedes d'un Abrege chronologique de la 
Maison Ottoman?, et da gouvernement d'Egypte. Paris, 1781. Voyez atissi 
les trois Mi moires de M. de Sacy sur la nature et les revolutions du droit 
de propridtd territorials en Egypte, dans les MSmoires de I'lnstilut de France* 
t. I et VII. 

4 Selakzade\ Djelalzade. Ali , 1. c. Pelschewi et Loutfi. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 5 9 

Souleiman, qui laissait a la nomination d'Ibrahim la 
place de gouverneur d'Egypte, et l'invitait k revenir 
a Constantinople le plus t6t possible '. Ibrahim, apr£s 
avoir confi6 l'administration du pays k Souleiman- 
Pascha, beglerbeg de Syrie, quitta le Caire le 22 sch&- 
ban 931 (14 juin 1525). A son passage a Damas, il 
confirma les privileges et franchises des V^nitiens , 
r&ablit pendant son s£jour k Kaissariy^ les begs tur- 
comans de Soulkadr dans les fiefs qu'on leur avait 
retires (7 septembre), et rentra a Constantinople, en 
y d£ployant encore plus de luxe qu'au Caire a . Les 
gardes-du-corps et les vizirs alterent k sa rencontre 
jusqu'& quatre stations de la ville, et lui ofFrirent, de 
la part du padischah, un cheval arabe, dont leshar- 
nais , garnis de pierres pr^cieuses , &aient estimfe k 
deux cent mille ducats. Ibrahim en retour fit don 
au Sultan dun bonnet ayant une valeur egale. Sept 
jours apr£s, la naissance d'un quatri&ne fils vint en- 
core accrottre la joie que ressentait Souleiman de la 
pacification de TEgypte et de I'arriv^e de son fevori 3 
(14 septembre). 



> Les meoies. 

* Marini Sanuto, t. XL. Ay a s Bascia andava avanli poi Mustafa Bascia, 
poi lui solo fra i Solachi — pre sen to al Sig. uno capo d'oro con gioje 
comprata 200,000 eecchini — un diamante 'di 58 carati costa Son*. Z 2. 
Uno di carati ai costa i&m. Z. 3. Uno di 11 carati costa 18 m. Z. Un 
smcrraldo iSm. Z. — Comandamento dato da Ibrahim Bascia al Bailo di 
Fenezia in Damasco. ( Rapport de V ambassadeur vdnitien. ) 

3 // 14 scttembre nascete al Sig. un jiol, si chc ha 4 mascoli, il prima 
feta 8 anni. Marini Sanuto, 1. c. 



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LIVRE XXVI. 



Revolte des janissaires. — Bapports hostiles avec la Perse; relations d'amitid 
avec la France et la Pologne. — £venemens militaires en Croatie. — 
Invasion de la Hongrie. — Bataille de Mohacz , resnltats de cette ba- 
taille. — Re" volte en Asie. — Conqu&e de ch&teaux-forts en Bosnia, en 
Croatie et en Esclavonie. — Ambassades de Zapolya et de Ferdinand a 
Souleiman. — Ibrahim-Pascha est nomme serasker de toutes les armees 
ottoroants. — Prise d'Ofen, siege de Vienne. — Cause d« la retrake des 
Ottomans. 



Avant de parler des relations diplomatiques que 
Souleiman eut k cette 6poque de son r&gne avec les 
puissances &rang&res, jetons un regard en arriire sur 
les 4v£nemens accomplis k Tinterieur entre le depart 
du grand-vizir pour l'Egypte et son retour k Constan- 
tinople, £v£nemens qui avaient motiv£ son rappel. 

Ferhad-Pascha qui, lors de l'exp£dition de Rhodes, 
avait cherch6 k assouvir, dans la principaut£ de Soul- 
kadr, sa rapacity et son instinct sanguinaire par l'ex- 
termination de la famille Schehzouwar, avait continue 
& se montrer plutdt le bourreau que le gouverneur de 
la province confine k ses'soins. Ses exactions et Tex6- 
cution de plus de six cents personnes injustement rai- 
ses k mort criaient vengeance * . Souleiman , sur les 

i Alt, f. aag, xt« recit du regne de Souleiman. Ferdi, f. 74 et 99. 
Solakzad6, f. 104. Djelalzade, 1. go. Petscbewi, f. 3i. 



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HISTOIRE DE L' EMPIRE OTTOMAN. 61 

plaintes multiplies qui lui arriv£rent d'Asie, rappela 
Ferhad - Pascha ; mais vaincu par les instances de la 
sultane-m&re (Walid^) et de sa soeur Spouse du cou- 
pable , il lui assigna le gouvernement de Semendra 
avec sept cent mille aspres de trakement, dans l'es- 
poir sansrdcftite qu'un pareil revenu mettrait des bor- 
nes a ses concussions, et que le voisinage du stege du 
gouvernement lui imposerait une administration plus 
Equitable. Mais rien ne pouvait corriger la nature 
originellement mauvaise du Dalmate ; il opprima les 
ressortissans de son nouveau gouvernement comme 
ceux de l'ancien, et appela sur lui la colore du Sultan, 
qui, dans cette circonstance , donna une nouvelle 
preuve de ses sentimens d'inflexible justice, en le fai- 
sant ex^cuter, bien qu'il fat son beau-fr&re (4 mo- 
harrem 931 — 1 w novembre 1 524) *. Cet exemple de 
severite et la destitution de Khourrem-Pascha, qui 
fut remplac6 dans son gouvernement de Syrie par 
Souleiman, kapitan de la flotte, exerc^rent une heu- 
reuse influence sur les hauts fonctionnaires de Fem- 
pire. Imm£diatement apr&s le depart de son grand- 
vizir, le Sultan avait quitt£ sa capitale et &ait alle 
passer pour la premiere fois Thiver k A&drinople. II 
ne pr&idait le diwan que deux fois par semaine, et 
donnait la plus grande partie de son temps k la chasse. 

i Rapport, a la date de Tannee i5a6, de f amhassadeur veniden Piero 
Bragadino, dans Marioi Sanuto, t. XLI : Ferhad bassa fit, cugnado del 
Sgr. t mettiante la mote e la madre sostenuto y ha perso il Ghazdli, Alaeddule 
(Schehzouwar) sua moglie soreUa del Signor helUssima donna vesttia di 
negro. 



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6i HISTOIKE 

Comme la main du maitre ne pesait plus sur l'admi- 
nistration , la marche des affaires ne tarda pas h sen 
ressentir, surtout a Constantinople, ou les janissaires 
commengaienta niurmurer de leur inaction et de celle 
du Sultan. Ces sourds mecontentemens 6clat6rent en 
une revoke ouverte , lorsque Souleiman & Son retour 
d'Andrinople, au lieu de se rendre au serai, s'arr&a 
au palais des eauoc douces l . Le 25 mars 1525, trois 
jours apres Tarrivee du Sultan [i], les janissaires mi- 
rent au pillage les maisons dlbrahim-Pascha, d'Ayaz- 
Pascha, du defterdar, la douane et le quartier des 
juifs. Souleiman vola au serai pour conjurer 1'orage 
par sa presence. Plusieurs des meneurs de la sedition 
ayant ose venir lui demander un present au nom des 
troupes, il en tua trois de sa propre main; cependant 
il dut se retirer et c6der aux menaces de leurs com- 
pagnons qui avaient deja tendu leur arc contre lui. 
Mille ducats distribu^s a propos apais£rent la revoke; 
mais l'aga des janissaires, Moustafa, l'aga des sipahis, 
et plusieurs officiers soupgonnes d'avoir excite ou 
favorise les troubles , furent mis a mort ou destitues. 
C est dans Tindiscipline des janissaires qu'il faut 
chercher les motifs du rappel d'Ibrahim 2 , et de l'ex- 
pedition par laquelle on chercha a occuper l'instinct 



i Marini Sanuto, t. XXXVIII. Piero Bra gad i no, a la dale du a5 mai 
1 5 25 : Aw is a come il Si: tomato delta caczia dove esscr siato con persone 
5o mille. 

a Ferdi, f. tor. Marini Sanuto. Piero Bragadiao, dans son Rappon du 
a a mai : II Sgr. a scritto a Ibrahim Basso, ritomar del Cairo eke vengi per 
terra. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 65 

belliqueux et pillard de cette farouche milice. Depute 
l'av&nement de Souleiman, il n'y avait pas eu de paix 
sign£e avec les deux voisins les plus redoutables de 
l'empire , les Persans hdrdtiques et les Hongrois infi- 
cUles , et quoique la Porte ne ftit pas en guerre d£- 
claree avec ces deux puissances , cependant les hostili- 
tes n'avaient jamais entterement cesse. Le fondateur 
de la dynastie des Saffis. Schah Ismail, 6tait mort de- 
puis un an environ ; comme la nouvelle de cet impor- 
tant ev&iement, qui fut regue a Constantinople peu 
aprfes les noces du grand- vizir, n'£tait pas arriv^e par 
voie d'ambassade, Souleiman se crut dispense des feli- 
citations d usage envers le nouveau schah Tahmasb. 
Bien plus, il lui fit £crire par son secretaire d'etat, 
1'historienDjelalzade, une lettredont le toninjurieux 
et menagant prouve que la barbarie du style diplo- 
matique des Ottomans egalait la barbarie de leur poli- 
tique a legard des h6r6tiques et des infid&les. Apr6s 
avoir rappele au schah d^ Perse, dans les termes les 
plus insultans. la defaite d Ismail par Selim. le Sultan 
continue ainsi: « Si dans ta nature corrompue par l'h£- 
resie . il y avait seulement un at6me d'honneur et de 
z61e , tu aurais du perir depuis long-temps ; mais tu es 
rest£ pour servir d'objet k notre clemence, et tu es des- 
tine a vivre sous Teternelle menace de notre sabre. 
Pourquoi n'as-tu pas envoys k notre cour, vers la- 
quelle afflue le monde entier , et qui peut 6tre com- 
paree au ciel, un de tes grands, pour venir se proster- 
ner devant nous en signe de ta soumission, et nous faire 
acte de vassalite ? Ton peu de raison et ton arroganle 



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f>4 H1STOIRE 

n£gtigence me d&erminent k me rendre, si Dieu \e 
veut , dans les pays d'Orient. J'ai resolu de porter 
mes armes k Tebriz et dang TAzerbeidjan, et de dres- 
ser ma tente dans llran, le Touran, a Samarkand et 
dans le Khorassan. Mes expeditions victorieuses contre 
les infideles hongrois et francs , contre Belgrade et 
Rhodes, les deux plus grandes forteresses de la terre 
habitue , et qui sont chacune une merveille du monde , 
ont seules retard^ jusqu a ce jour Texecution de mon 
projet. En vertu de la sentence : Nous fawns promts 
une rictoire iclaiante l , et Dieu te garde ses secours *, 
ces places sont tombees dans le cercle de nos con- 
quotes, la maisondes faux dieux est devenue le temple 
de l'islamisme, le siege des idoles a &£ change en 
celui des croyans, rinfid&ite et l'h^resie ont 6t6 anean- 
ties. Loud soit Dieu, qui nous a accords cette grdce 3 . 
Maintenant fais attention que je dirige mes r6nes vic- 
torieuses vers toi ; je te l'annonce parce que c'est l'u- 
sage des h6ros de declarer la guerre d'avance k Ten- 
nemi. Avant done que les masses de mon arm£e, hautes 
comme des montagnes, viennent envahir ton pays, 
avant qu'elles renversent ton empire et exterminent ta 
famille , 6te la couronne de ta t6te , et reprends comme 
teg anc&res l'habit de moine , accepte ton sort en der - 
wisch et cache-toi dans la retraite de ton humiliation. 
Si tu veux venir mendier k ma Porte un morceau de 



i Enna felahna leke fefhen mouhmen, 
a We yanssarek allahou nassren afizen. 
3 El ham do u UUaJd ellezi hedana lihaza. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. (tf 

pain au nom de Dieu l , je remplirai tes desirs , et tu ne 
perdras que tes Etats ; si au contraire , imitant l'orgueil 
de Pbaraon et la d&nence de Nemrod, tu continues a 
marcher dans la voie de l'erreur, tu apprendras bien- 
t6t par le cliquetis des armes et le bruit du canon que 
tu es perdu. Lors m£me que tu te deroberais sous la 
poussiere comme une four mi, ou que tu t'envolerais 
dans les airs comme un oiseau, je ne t'en poursuivrais 
pas moins, je te saisirais avec l'aide de Dieu , et je pur- 
gerais le monde de ton ignominieuse presence. Tu r6- 
pondras h mon ferman qui frappe comme la destin£e, 
et tu prendras conseil des circonstances. Heiireux 
celui qui suit la voie du salut 2 ! » 

Souleiman 6crivit dans le m£me sens et le mdme 
style au beglerbeg du Diarbekr et au schah du Ghilan 3 . 
Tahmasp , au lieu de r£pondre a la Forte , envoya , 
comme autrefois Ismail , un ambassadeur au roi de 
Hongrie et a l'empereur d'Allemagne Charles-Quint, 
poxjLT contracter avec eux une alliance offensive et de- 
fensive 4 . Le Sultan, qui alors etait occupy a appaiser les 
troubles d'Egypte, confirma les dispositions hostiles 
de sa lettre, par l'ordre donn6 k Ibrahim de mettre a 



i Sch&oun Ullafi; c'est l'espression dont se servent ordioairement en 
mendiant les derwischs et les santons: Souleiman la rappelle ici an schah 
comme au descendant du scheikh Haider. 

a Selam ala men ilebaa el-houda. 

3 Dans le Journal de Souleiman se trouvent les lettres de Souleiman au 
schah de Perse, au beglerbeg du Diarbekr et au scbah du Ghilan, sous Its 
n os 27, f. 77; »8, f. 79, et 27, f. 7 5. 

4 Marini Sanuto, t. XXXVI, cite les lettres du schah de Perse, appor- 
lees par un frere appele Pierre (fratrem Petrum). 

x. v. 5 



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m HISTOIRE 

mart tous les Persans prisonniers k Gallipoli. Le grand- 
vizir qui, en apprenant en Egypte la r^ volte des janis- 
saires , avait d£daign£ d en faire un secret d'etat, et 
avait an contraire livr6 cette nouvelle k la publicity en 
prenant des v&emens de deuil ' , donna par son retour 
une nouvelle impulsion k Taction gouvernementale, et 
afiermit Souleiman dans ses ptqjets de guerre. L'hiver 
se passa en pr£paratifs de toute sorte, sans qu'on stit 
s ils 6taient destines contre la Hongrie ou contre la 
Perse. Des vaisseau* furent construits , ^*es canons 
fondus. A cette £poque, rartillerie des Ottomans avait 
une formidable superiority sur celle des autres &ats de 
1'Europe, et avait &£ un de leurs principaux 61&nens 
de succis dans la prise de Rhodes €t de Belgrade *. 
Gependant r expedition projet^e par Souleiman ne put 
pas rester long-temps un secret. La Porte &ait k cette 
£poque en paix avec Venise ; bien que son premier 
traits fcvec la France n'ait 6te conclu que dix ans plus 
tard, cependant des relations amicales existaient d£ja 
entre les deux puissances, qui commengaient a £chan- 

> Ibraim sentUa la motion fatta per i Janizzari si e vestito di nero. 
Marini Sanuto, t. XXXIX; ces details sont tires du Rapport de Vambas- 
sadeur vdnitien a Constantinople, date du 18 juillet i5a5. Le meme rap- 
port s'exprime ainti sur l'execution des agas des janissaires et des sipahis, 
dont nous avons parte plus haut : // Signor fece Utiar la testa al Aga dei Ja- 
niszeri giovane di 35 annl, a molti eapi feee tmlar il soldo ed altri si che il 
Capo dei Sipahi apichato havendosi lamenlado t Sipahi che taiaua it soldo, 
il Signor fatto ritener il Capo dei Slpahu 

3 Rapport de Piero Bragadino, dat6 de Constantinople, dans Marini 
Sanuto, t. XXXVIII, i5a5 : Il Sr. ha manda il suo capo di Bomhardieri 
a veder Vartilleria, vuol aver 600 archebusi, fa getar basilisehi che per 
ogni galia ne hebbi uno per le grosse di 8 e le sotiile di 9. 



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DE L'EMHLRE OTTOMAN. 67 

ger des lettres el des ambassades. Francois I" avait 
ecrit k Souleiman et l'avait presse d'etrvahir la Hon- 
grie, afin d'y occuper Oiarles-Quint \ Avant d'eatrer 
dans te recit des guerres m&norables qui vont suivre, 
nous allons passer rapidement en revue les'ev&ie- 
mens les plus importaos dont les frontteres de Hon- 
grie et de Valachie ont &£ le th&tre pendant les cinq 
annees 6coul£es depuis la prise de Belgrade jusqu a 
la bataHIe de Mohacz. 

La Valachie n'avait encore &6 que tributaire de 
la Porte; mais Souleiman r^solut de l'ajouter k ses 
£tats et d'y mettre un gouverneur de son choix. Mo- 
hammedbeg, qui lors du stege de Belgrade (1521) 
avait &6 charg6 d'envahir la Transylvanie et la Vala- 
chie , s'empara par ruse du fils du dernier voftvode, 
Nagul-Bessaraba, 4g6 de sept ans. II envoya le jeune 
prince avec sa mire et ses parens k Constantinople, 
et pr^luda k la future domination de la Porte en 
Valachie par la nomination de plusieurs Tures aux 
places de s6n£chaux (soubaschis)*. Les boyards elu- 
rent pour prince un ancien moine nomm£ Haded, et 
envoy irent une deputation au Sultan, avec prtere de 
confirmer leur Election. Les d£put£s furent £fran- 
gtes, et les gens de lair suite renvoy& avec le nez et 

1 Aucun historien europeen ne parle de ce foil, pas meme Flassan; 11 font 
•consulter a cet egard les historiens ottomans et les Rapports de tambassadeur 
veniuen (dans Marini Sanuto, t. XXI), et Djelaliade, f. io4. Piero Braga- 
dioo, sous la date du a fewer 1 5*6, dit : V ambassador di Francia e 
stato expedite , il.hanno donate asperi Xm. una vest* tforo. 

» Engel, Histoire de Valachie, p. ao3, d'apres la lettre du roi Louis II 
a Sigismoud de Pologne; voyez torn, actionum regis Sigismundi. 



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08 HISTOIRE 

les oreilles coupes, pour appn 
aux boyards/. Mohammedbeg 
le moine couronn^ , et se pro 
toire sandjakbeg de Valachie a . I 
r^rent le secours du comte de 2 
pour prevenir l'invasion du pay 
auxiliaire, Mohaeimedbeg s emp 
les boyards un traife qui leur garantissait leurs anciens 
privileges et le droit de choisir leur chef. Un en^- 
voye du Sultan, accompagn£ de trois cents cavaliers, 
apporta au prince nouvellement £lu le dipl6me d'in- 
vestiture et les insignes de sa dignity , c'est-a-dire le 
drapeau, le tambour et la masse d'armes. Le jour de la 
ceremonie de Installation, au moment ou lecommis- 
saire aurait dti offrir la masse au prince, il Ten frappa 
et le tua devant tous les boyards, dont plusieurs par- 
tag&rent le mdme sort 3 . A cette nouvelle, Zapolya fit 
passer la fronttere a un corps hongrois qui opera 
sa jonction avec les troupes valaques; et un second 
Radul, parent de Bessaraba, port£ au trdne par les 
boyards , disputa la domination du pays a Moham- 
medbeg dans cinq batailles cons^cutives. Radul ayant 
et6 compl&emeut defait dans la derntere, Zapolya 
vint a son secours a la t6te de trente mille hommes 
et le r&ablit dans sa principal ; toutefois, en se re- 
tirant , il lui donna le conseil de traiter avec les 
Turcs, ne pouvant lui-mSme r£pondre de Tappuyer a 

« Engel, Histoire de Valachie, p. aoa, del Chiaro, et EpistoU Mickaelis 
Socignoli Ragusei, 29 juin i5a4. — * Engel, 1. c 
3 tiavam ferream capiti iw pin git, Bopignoli. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. (% 

Tavenir. Radul , convaincu de l'inutilit6 de la lutte , 
\int se livrer au Sultan, qui le retint k sa cour, et lui 
donna Wlad pour successeur; raais celui-ci n'ayant 
pu s'eitfendre avec les boyards et ayant &6 forc6 de 
s'enfuir \ Souleiman rendit Radul k sa principaut£, 
sans autre condition que celle dun tribut de quatorze 
mille ducats, au lieu de celui de douze mille prec£- 
demment pergu 1 . Wlad, de retour k Constantinople, 
obtint une pension de cinquante aspres par jour, et 
son fils, ftg6 de seize ana, une du double, apparent-* 
ment parce que la beauts du jeune favori trouva plus, 
gr&ce devant Souleiman que le malheur du p6re K 

C'&ait une des n£cessit& les plus imp£rieuses, et en 
mdme temps une des manoeuvres les plus habiles de 
la politique ottomane d'avoir la paix non seulement 
k l'int&ieur, mais encore avec les grandes puissances. 
&rang£res de Test et de l'ouest, afin de pouvoir con- 
centrer sur un m&ne point toutes les forces de l'Etat. 
II fallait done pacifier la Valachie et la Moldavie, et 
entrer en negotiations avec le roi de Pologne pour 
installer avec plus de facilite le khan de Crim^e. Sou- 
leiman envoya dans la presqu'ile mille janissaires*, 
cent chariots d'artillerie, et ordonna en m£me temps 

* Engel, Histoire de Vakichic, p. »o5. 

» Les douze mille ducats de tribut se trouvent consignes dans Bocignoii. 

3 Rapport de Vambassadeur veniiien Piero Bragadino, baile de Con- 
stantinople, du mois de fevrier i5i5 : El Ducha di Valachia & partita, e 
siato ben accartssalo , il Sr. li da eerie saline e lui da at Sr. 14 mille du* 
ckati di tribute-. El ducha vecchio , vol il Sr. che resti in Constantinopoli in 
pcusion di atpri 5o al giorno, il sua jiol, che di anni 16 melto disposto. 
delta persona 9 li dava aspri too al di. 



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7 o HISTOIRE 

la lev£e de dix mille cavaliers (jum 1 595) ' . Au milieu 
de tons ces pr£paratifs, on ambassadeur de Sigismond, 
roi de Pologne, arriva k Constantinople avec une 
suite de cent chevaux ; admis k l'audience du Saltan, 
il lui offrit six vases d'argent; puis, au sortir du serai, 
il fut, d'apr£s l'us&ge, invito k un repas par les vizirs. 
Les dispositions bienveillantes qui Tavaient accueilli k 
son arriv£e ne se d&nentirent pas ; apr& un s£jour de 
cinq mpis, il retourna en Pologne apris avoir obtenu 
le renouvellement de la tr6ve pour cinq ans (no- 
vembre 1525) \ Raguse avait tout r&emment aplani 
quelques diffi&rends 61ev£s entre elle et la Porte, par 
un present de cinq mille cinq cent soixante ducats 3 . 
La r£publique de Venise entretenait r£guli6rement un 
bailek Constantinople, sans compter les charges d'af- 
faires quelle y envoyait dans toutes les circonstances 
poHtiques *. A cette £poque , la France elle-m&ne 
accr&iita pour la premi&re fois auprts de la Porte un 
ambassadeur qui regut du Sultan un present de dix 

t Li Tdkui havendb motto il loro Sr. con tradimento il Sr. subho spassb 
un altro Sangiacho con 1000 Janiseri e to© carete di artigleria, con tutu 
li Eombarflieri ,e mandamend ai Sangiachi di vicinanza, sicche sarano 
di to milk eavalB. Piero Bragadino, dans son Rapport de Constantinople 
du 3o juin iff*5,. Marini Sanuto, t. XXXIX. La date veritable est i5a5 
et non pas i5a3, comme l'assure l'anteur de VHistotre de la Tauride. 

» Jonse un ambassador del Re di Polonia con 100 cavatti, presentb 6 cope 
dargento, month colli 3 Basso, e veniva per prolongar la tregua per anni 
set. Piero Bragadino, dans son Rapport do 6 novembre x5a5, et Marini 
Sanuto. 

* Engel, Histoire de Raguse, p. 199. 

4 Piero Bragadino fat remplace par Pietro Zen avec lequel it resta quel- 
que temps. Marini Sanuto, i5a6. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 7 r 

mille aspres, deev^temens d'honneur, el, ce qui 6tait 
plus important, la promesse dune expedition en Hon- 
grie pour faire diversion dans lea forces de Charles- 
Quint et de son fr&re Ferdinand f . Le roi de Hongrie, 
qui jusqu'alors avait seul h£sit6 k conclure un trait6 
avec les Turcs, s'y d&ermina enfin lorsqu'il vit la r6- 
publique de Venise lui refuser huit mille ducats qu'il 
avait cru pouvoir r£clamer d'elle [11]. 

Depuis la conqu6te de Belgrade, la Hongrie, la 
Croatie et la Dalroatie &aient resttas ouvertes aux in- 
cursions des Ottomans, et plusieurs engagemens avaient 
eu lieu, qui trouveront leur place naturelle ici. Dans 
l'annee qui suivit la chute de Belgrade (1524), les 
Ottomans prirent les viUes dalmates d'Ostrovizza et 
de Scardona, mais ils furent repousses de Knin et de 
Crupa par les garnisons autrichiennes de ces deux 
places a ; dependant cet £chec n'empficha pas les akin- 
dps de saccager, sous la conduite de Ferhadbeg Mi- 
khaloghli, tpute la contr6e entre la Save et la Drave, 
et de mettre la Croatie k feu et k sang jusqu'k la Car- 
niole 3 . Dew: ans plus tard, quinze mille akindjis fu- 
rent compl&ement battus en Syrmie par le belliqueux 
6v6que Paul Tomori, qui leur reprit tous leurs pri- 



■ ISambasciador di Frttncia e state expedite, li hanno donato aspri 
10,000, una vesie cPoro, Piero Bragadino. Marini Sanuto, t. XI, i5a6. 
Solakiade, f. io4. Flassan et tous les historiens de Francois I er et de 
Charles-Quint se taisent sur eette ambassade, qui est consignee dans les 
rapports venitieos et les histoires ottomanes. 

» Engel, Histoire de Dalmatic, p. 5^6- 

3 Valvasor, IV, p. 421. 



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;* HISTOIRE 

sonniers, et envoya k Louis II , k Ofen ', la t&e de 
Ferhadbeg, quarante drapeaux, un grand nombre de 
chevaux, et des armes incrust£es d'or et d'argent 
Malgr6 cette notable dtfaite, Khosrew, Sinan et Bali- 
beg , sandjakbegs de Verbosen , de Monastir et de 
Semen dra, ne tard&ent pas a paraltre devant Yaicz£; 
mais la garnison , sous les ordres de Pierre Kegle- 
vich et de Bias Chery, repoussa victorieusement 
toutes leurs attaques. Quelques mois auparayant, Mas 
Chery > ayant &6 provoqu£ en combat smgulier par le 
capitaine turc Djem, lui avait d'un seul coup tranche 
la cuisse qui 6tait tombee tout arm^e de sa bottle et de 
son eperon. Christophe, comte de Frangipan, l'homme 
de guerre qui avait donn6 tant de preuves desa va- 
leur a Tempereur Maximilien dans ses campagnes 
d'ltalie, le beau p6re du cardinal de Gurk, Tambas- 
sadeur de Charles-Quint , vint k la t6te de seize mille 
hommes debloquer Yaicz£ ; il d£fit les Turcs en vue 
de la place , leur enleva leur camp, la tente de Khos- 
rew, soixante drapeaux et Ufate leur musique mili- 
taire a . Ce brillant fait d'armes fit donner a Frangi- 
pan , par le roi Louis II , le litre de protecteur de la 
Dalmatie et de la Croatie 3 . Les Martoloses ou soidats 
des frontieres, au nombre de quatre cents, &aient 
sortis de Scardona quelque temps avant la victoire du 
comte de Frangipan, et s'&aient jetes sur la Dalmatie^ 

i Istuaafi, cd. de Cologne, 160*, p» 104, et Tubero; d'apres eux* 
Catona, XIX, p. 478. 

a Istuanfi, 105-107. Tubero. Catona, XIX, p. 483. 
3 Schimek, p. 2o5. Engel, p. 566,. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 7 5 

ou ils avaient ravage Scouza, ch&teau du coroteCar- 
lovich, et fait plus de trois cents prisonniers, parmi 
lesquels plusieurs nobles du pays J . 

Ges &v6nemens n'&aient que le prelude de la cam- 
pagne de Mohacz, que Souleiman conduisit en per- 
sonne comme celles de Rhodes et de Belgrade. Le 
commandement en second fut donn£ au grand- vizir, 
dont la faveur n'avait fait que croitre depuis son retour 
d'Egypte ; sa puissance s'augmentait encore de la nul- 
lity relative des autres vizirs. Le premier, Moustafa , 
avance en 4ge et paralytique, gardait presque constam- 
ment le lie*; le second, Ayas 3 , d'origine albaqaise 
comme Moustafa, ne sachant ni lire ni ecrire, ne par- 
lant qu'avec peine, et n'&ant qu'un homme d action, 
ne paraissait au conseil que pour la forme. Les avan- 
tages que donnaient a Ibrahim sur ses coll&gues, pu 
son Age, ou son education distingu£e et l'amitie du Sul- 
tan, rendaient toute rivalit^ impossible. Lmtimit^ de 

» « Turchi. e Martolosi di Scar dona e quelli loclii chcumvicini da circha 
» 400 sono andati assahar Scosa , luocho del conte Zuane Carlovich , e- 
-Thanno tolto, e sacheziato c raenato via anime 3o8 e preso malti nobili. 
» fra i quali due Perosichi. » Marini Sanuto, t. XXX. VII. 

9 a Mustafa di anni 84, Albaoese vecchio, ammalato di gola, sta di 
» xa raesi 8 in letlo, savio, cugnado del G. Sgr. aveva per moje sua so- 
»rella, fu moglie di Bostanai Bassa al qual Selim suo padre fece taiar la 
» testa, per aversi porta mal contra il Sofi, lo chiawano amico vecchio del 
-Sgr. e ha gran piacer che sia detto, questo disordioato lussurioso per 
*»lo mollo a schiavi 700, e inlrada 70 mille ducaii. » Piero Bragadino v 
Rapport de 1'annec i5a6. Mariui Sanuto, t. XLI. 

3 «U terzo vezir Ayas, Albaoese di 44 anni, non sa leger, uomo di 
«guerra, non sa scriver e meoo parlar, ha schiavi 600, inlrada 60,00a 
n ducat i pocco cervello e la madre e tre fratelli monachi a la Valona » a. 
«la quale maoda cento zecchini l'anno. » Marini Sanuto, 1. c. 



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7 4 HISTOIRE 

Souleiman et du grand-vizir &ait devenae telle , que 
non seulement ils prenaieot d'ordinaire leurs repas en- 
semble , mais encore qu'ils faisaient souvent dresser 
leurs lits l'un a cdt£ de Tautre afin de ne point se 06- 
parer. II se passait peu de jours, m£me de ceux que 
rempKssaient les occupations les plusknportantes, oti 
Souleiman et Ibrahim n'£changeassent des billets d£s 
la matinee, et ne passassent la soiree ensemble. On 
s'&onnera means de cette faveur sans exemple, si on 
consid&re combien le talent musical et 1'immense lec- 
ture d'Ibrahim devaient donner de prix h sasoci&4, 
surtout au milieu dune nation k demi barbare. Ibra- 
him poss£dait, outre le grec, sa langue maternelle, le 
turc, le persan et 1'italien; il aimait beaucoup I'&ude 
de 1'histoire et de la g£ographie , mais sa lecture de 
predilection &ait celle des hauts faits d'Annibal et 
d' Alexandre. Cette liaison entre le Sultan et le grand- 
vizir, fondle non seulement sur leur parent^, mais 
encore sur les affinitls plus puissantes de l'&ge et du 
caract&re, durait d6j& depuis six ans sans qu'aucun 
nuage fftt venu Tobscurcir '. Lorsque le depart pour 

1 « Ibraim di aoni 33 (Souleiman avait trente-deux ans) nostro suddito 
» dela Parga ; smarto si diletta di ogni cosa di farsi legger libri di romancie, 
» la Tita di Alessandro Magno, di Hannibale, di guerre, compone a gran 
» piacer di musica a piacere di saper della condizione dei Signori, dei siti di 
» terre e d'ogni altra cosa, copia ogni cantilena che puo aver, e dotto , lege 
» persiano, molto amado dal Sr. dorme spessissimo al Seraio in un letto che si 
» tocca uno ad uno; ogni giorno it Sr. li scrive qualche polizza di sua mano 
» e la manda per il suo muto. Da anni 6 insieme hanno fatto quest* vita 
» insieme, ha intrada ducati i5o mille, 100,000 di Bassa, 5 0,000 di Beg- 
» lerbego, schiavi i5oo, vestido d'oro, a la madre con due fralelli al Seraio, 
» il padre al un Sangiaco. » Piero Bragadino, dans Marini Sanuto, t. XI J. 



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DE L'EAlPIRE OTTOMAN. 75 

la Hongrie eut &6 r^solu, Ibrahim, qui accompagnait 
son mattre avec les deux autres vizirs , fut charge 
d'inviter le nouveau baile v&ritien k suivre Farm6e , 
comme avait fait son predecesseur, lors du stege de 
Rhodes; mais celui-ci s'excuSa sur son &ge et ne se 
rendit point aux d£sirs du Sultan s , pour ne point 
faire soupgonner k Charles-Quint et au roi Louis II 
la possibility d'une connivence de Venise avec les Ot- 
tomans. Le principal organe de la Porte dans les ne- 
gotiations avec les puissances chr&iennes, Tinterpr&e 
Younisbeg, faisait aussi partiede I'exp&lition. Alibeg, 
accr£dit£ en quality d'ambassadeur aupr6s de Venise, 
sous Bayezid II, &ait mort et avait 6\6 remplac^ par 
Vounisbeg *, que nous avons vu annoncer I'av&ie- 
ment de Souleiman au doge Loredano. L'ann^e qui 
prec&la la campagne de Hongrie vit mourir le moufti 
Ali Djemali 3 ; il avait occupy pendant vingt ans avec 
honneur la premiere dignity de la loi. Souleiman ne 
crut pouvoir mieux honorer la m&noire de Djemali. 
qu'en lui donnant pour successeur un des plus grands 
savans dont s'enorgueillissent les lettres ottomanes, 
Kemalpaschazad^ , £galement c£16bre comme tegiste , 
philologue et historien [in], 

Souleiman pouvait se reposer du soin de I'adminis- 



1 Piero Rragadino e Pietro Zen da Constantinopoli. Rapport du 26 mars 
i5a6, dans Marini San u to, t. XLI. 

» Rapport de tambassadeur venitien, dans Marini Sanuto, t. XL : In loco 
tli Alibei, che mo rite t ilSr, ha folio Junisbei, che fit orator alia Signoria al 
tempo del Loredan^. 

3 Hadji-Khalfa, dans sa Lisle des Mouftis, p. 128. 



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76 IIISTOIRE 

tration de Constantinople, pendant son absence, stir 
un moufti tel que Kemalpaschazad£, et un kaimakam 
tel que Kasim-Pascha, Tancien gouverneur d'Egypte '. 
Aprfis avoir visits les tombeaux d'Eyoub, d'Eboul- 
wefa, de son p£re, de son grand-p£re et de son bi- 
saieul a ,il partit, le 11 redjeb 932 (23 avril 1526), 
avec une arm£e de plus de cent mille hommes, et trois 
cents bouches a feu 3 . La superstition ottomane re- 
garda le jour du depart comme doublement heureux : 
d'abord il coincidait avec la fGte de Khizr, c'est-a- 
dire du gardien de la source de vie, du genie qui fait 
verdir les champs , epoque solennelle ou les sultans 
quittent leur palais d'hiver pour leur palais d'et6 ', 
et ou les chevaux des ^curies imp£riales sont triom- 



» Msioire de Kemalpaschazade , f. 14. — > Solakzade, f. 104. 

3 Ferdi, f. 106. 

4 Dans la Collection des Rapports du grand-vizir Raghis-Pasi ha , aiusi 
rjite dans d'autres Inschas, se (rouvcnt plusieurs exemples des disco u to 
adresses en cette circonstauce au Sullan par le grand-vizir pour ,1'engager a 
alter habiter la campague. 

6 Mouradjea d'Ohsson. 

* Siikerdan d'Ibn-HodjIa, a la Bibliotheque imperiale dc Yieune, uo 45.(j* 



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DE L'EMPIRti OTTOMAN. 77 

d'enlever les bestiaux des propri&aires. Les contre- 
venans furent decapites ou pendus; la s£v£rit6 da 
Sultan n'6pargna pas m&ne quelques juges qui avaient 
enfreint ses ordres '. Les jours de halte, Souleiman 
passait ses troupes en revue, tenait conseil ou rec£vait 
les ambassadeurs des puissances &rang&res. Le 5 avril , 
I'ambassadeur du prince de Moldavie vint lui offrir 
le tribut d usage; quelques jours plus tard, il donna 
audience a Seifoulah , fils du m&Iecin de Selim. Akhi 
Tschelebi, et.l'attachaii sa personne en qualite de 
medecin , avec uh traitement de soixante aspres (\m 
ducat) par jour a . 

Des pluies abondantes augment&rent les difficultes 
du passage de 1'Hemus, et rendirent presque impra- 
ticables les six defiles qui conduisent de Filib6 k 
Nissa [iv]. A Filib6, la cavalerie d'Anatolie op£ra sa 
jonction avec le reste de Tarm^e. Afin d'^viter les 
embarras qui auraient r^sulte du passage de toutes 
les troupes par l'&roit defile de la Porte de Trajan, 
cette cavalerie se d&ourna vers Test , et effectua son 
entree en Bulgarie par le Pas dlsladi 3 . Le grand- 
vizir se separa a Sofia du Sultan, le joignit ensuite sur 
les bords de la Morawa, et prit de nouveau les devans 
en se dirigeant sur Peterwardein. Les sandjakbegs de 
la Bosnie et de THerzegovine joignirent Tarm^e sur les 
bords du Danube, dans les environs de Belgrade; la 
flottille ottomane, composee de huit cents nassades et 

1 Journal de Souleiman, a la date des 10, 11 et 3i mai, et des 5 et 
» Journal de Souleigian, les 5 et ao mai. — 3 ibid*, le 23 mai. 



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: 8 HISTOIRE 

caiques, et montee p^r des janissaires sous les ordres 
de Mikhaloghli , d'Iskenderoghli et d* Yakhschibeg , viut 
jeter l'ancre en face du camp. A Belgrade, le Sultan 
regut, trois mois apr£s son depart de Constantinople, 
a F occasion des fetes du Beiram l , les felicitations des 
chefs de l'armle et des haute dignitaires de l'eropire 
(1 CT schewai 932—11 juillet 1526). Gependant le 
grand-vizir etait arrivi sous les murs de Peterwar- 
dein (5 schewai — 15 juillet) ; il fit construire sur-le- 
champ des ^chelles pour 1' escalade, et le surlendemam 
la- place fut prise. Sans perdre de temps, on forma le 
si£ge de la citadelle ; elle tenait depuis douze jours, 
et avak repouss^ deux assauts en faisant 4prouver aux 
Ottomans une grande perte % lorsque l'explosion de 
deux mines pratiqu£es sous les murs ouvrit une large 
br&che aux asstegeans : cinq cents hommes de la gar- 
nbon furent d£capit£s, et trois cents autres train£s en 
esclavage 3 . Le grand-vizir alia au-devant du Sultan 
pr&6de des cinq cents t&es fich£es au bout des piques 
de ses soldats *. Souleiman, qui avait dejk donn£ miUe 
pieces dor au messager qui lui avait apporte la nou- 
velle de la prise de la place, t&noigna dans un diwan 

i Journal de Souleiman, le n juillet. Solakzade, f. 104. 
• Le Journal de Souleiman dit une fois cent cinquante hommes, une 
autre fois miUe. 

3 Marini Sauuto, t. LXII, d'apres le Rapport de I'amhassadeur vinUien : 
a Pietro Varadino e disfatio tutio, et moriovi dentro 200 /and alii quali ha 
fatto taiar la testa. 

4 Journal de Souleiman, a 8 juillet. Kematpaschazad6, f. a 0-3*. Les his - 
4oriens hongrois ne donnent que peu de details sur le siege de Peterwardein. 
\ojez DjelaUade, f. 97. Ferdi, f. n3. Petschewi, f. 3. Ali, f. a«9- 



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DE I/EMPIRE OTTOMAN. 79 

extraordinaire Unite sa satisfaction aux begs qui avaient 
combattu sous le grand-vizir. Un present de trois cent 
mille aspres fut distribu£ k chacun de ceux qui en 
avaient quatre cent nrilie de revenu ; Jes autres re$urent 
la moitte de cette sorame [v]. Vers le m&ne temps, 
Souleiman apprit que tons les ch&teaux de Syrmie 
&aient tombes sous les armes des begs bosniaques. 

L'arm^e ottomane s'&ait avanc6e le long da Da- 
nube jusque sous les murs d'lllok, dont on forma le 
siege en r^gle. La place, qn'&reignaient k chaque ins- 
tant davantage les tranches et les tray aux des Turcs, 
se rendk volontairement le septteme jour; cette red- 
dition pr&natur£e fut r^compensee dans la personne 
de douze des habitans d'lHok , qui furent rectus de 
kaftans d'honneur \ Apr&s la cer&nonie du baise- 
main, le Sultan fit proclamer dans le camp que le 
but de l'exp&iition &ait la conqu&e d'Ofen a . 

La marche se continua le long du Danube et de la 
Drave jusqu a Essek, oii Souleiman s'arr&a et fit jeter 
un pont long de deux cent quatre-vingt-quatre au- 
nes; il en surveilla lui-m&ne la construction qui dura 
six jours. II fallut le m£me espace de temps a Farmee 
pour passer la rivtere sur ce pont large seulement de 
deux aunes. La ville d'Essek fut pill^e et brittle, et le 
pont d&ruit. Les Ottomans s'avanc^rent au milieu des 
pluies et des brouillards , k travers un pays coupe a 
chaque pas de mar&ages , et inond^ par le d£bor- 
dement des eaux, jusqu'a la plaine de Mohacz. Mohacz 

i Journal de Souleiman. Ferdi. Solakzade. Djelalzade. 
» Journal de Souleiman. 



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8o HISTOIRE 

est un petit bourg situ<S sur la rive occidental du 
Danube , au milieu d'une plaine couverte de vignes 
et en face d'une lie form6e par ce fleuve. Au-dessous 
de Mohacz , pres du bras droit dii Danube, s'&end 
le vaste mar£cage de Krasso (Kraschidja); au sud- 
ouest de Mohacz s'^teve en amphit&tre une mon- 
tagne au pied de laquelle on voit, au nord, le village 
de Foeldwar, et, au midi, une £glise, k laquelle les 
Turcs donn^rent le nom de Pousou kilisd (£glise de 
l'embuscade). Ce nom est rest£ jusqu'k ce jour au 
village , et il est facile de le reconnattre dans celui 
de Bousiklicza. Entre cette montagne et Mohacz, se 
creuse sur la gauche de ce bourg, et dans la direction 
de la plaine, une valine longeant une colline appetee 
Badj kaioupe [vi]. 

Le 28 aodt 1 526 (§0 silkid6 932), le cri de guerre : 
Dieu le veutJ retentit dans le camp ottoman ; c'&ait 
le signal du combat pour le lendemain *. Le grand- 
vizir, tantdt en kaftan de zibeline, insignes de sa di- 
-gnite, tantdt en simple costume de page, se rendit 
k plusieurs reprises aupres dii Sultan pour arr&er 
avec lui le plan de la bataille. Le 29, Tarm^e com- 
menga a s'6branler d£s la pointe du jour, apr£s la 
prtere. Alibeg, fils d'Yahya-Pascha et gouverneur de 
Semendra , &ait k Tavant-garde avec quatre mille 
cavaliers armes de cuirasses; venait ensuite le grand- 
vizir avec les troupes de Roumilie et un pare d'artil- 
lerie de cent cinquante canons ; il &ait suivi de Beh- 
ram-Pascha, beglerbeg d'Anatolie, k la t&e des troupes 

t Journal de Souleiman. 



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DE L'EMPIKE OTTOMAN. 81 

asiatiques et de l'autre moitie de l'artillerie ; enfin Sou* 
leiman fermait la marche avec ses gardes-du-corps, 
les janissaires, six regimens de cavalerie r£guli£re, et 
la cavalerie de Bosnie commandte par Khosrewbeg ! . 
Lorsque la t&e de l'arm^e fut arrivte par la route de 
Baranjavar, pres de l'£glise qui depuis a regu le nom 
de Buziklicza, Balibeg , se d&achant avec cinq mille 
akindjis, prit a gauche de Badj kaloup£ une valtee qui 
debouche dans la plaine de Mohacz , et tourna ainsi 
les Hongrois a . Le Sultan occupa vers midi les hau- 
teurs commandant le bourg, et vit k ses pieds les 
ennemis ranges en bataille. Rev&u dune cuirasse &in- 
celante et le turban orn£ de trois plumes de h£ron , 
il alia se placer sur un tr6ne qu on lui avait elev£, 
pour suivre des yeux le drame sanglant qui allait se 
jouer devant lui. Quelques ann&s apr&, le beglerbeg 
d'Ofen, Hasan 3 , fit construire un koeschk k la place 
m£me 06 s'&ait assis le Sultan , et creuser un puits 
au bas de la colKne [vn]. Souletman, avant de donner 
I'ordre du combat, convoqua h son conseil de guerre 
tous les chefs de l'arm£e, et voulut que les veterans 
des akindjis formant l'anitoe^garde sous Khosrewbeg 
y assistassent 6gafement *. Un vieux capitakie de ce 

1 Petschewi dit, f. 33 el 34, qu'ayant trouve dans chaque hi&toire une 
version differente sur cetle bataille , il la racoote d'apres le recit de son 
grand- pere, temoin oculaire. 

a Petschewi, f. 34. 

3 Hasanbeg , Tancien Mir-AJem ou porteur de l'eteodard du Prophete, 
clait beglerbeg d'Ofen, a l'epoque ou Petschewi alia visiter la montagne 
de Mohaci. 

4 Petschewi, f. a 3 , aomne Khosrewbeg, et raconte les particularity de 

T. V. 6 



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8* HISTOIRE 

eorps, Altoudja ! , appete par son general, savanna sa 
cuirasse sur le dos, son surtout (kepeneck) dans son 
carquois , son casque sur la t&e , la lfevre h6riss£e de ton- 
gues moustaches qui pendaient de chaque c6t£ de ses 
joues, et le menton ras6. « L'heureux padischah veut 
ton conseil, vieux brave, » lui dit Khosrewbeg. « Y en 
a-t-il un meilleur que celui de se batlre? » r6pondit 
Altoudja; et il retourna h sa place.'Khosrewbeg fit ob- 
server au Sultan qu'il &ait difficile de soutenir le choc 
de la cavalerie hongroise, qui se mouvait par masses 
compactes avec une force et une impetuosity irr£sis- 
tibles; il insista sur le danger qu'il y avait k 6tre rejet£ 
sur les bagages, et conseilla d ouvrir les rangs aux atta- 
ques de l'ennemi, de le laisser ainsi s'engoufirer dans 
les troupes musulmanes qui se refermeraient sur lui, 
et l'attaqueraient de flanc et par derrtere \ Get avis fut 
approuv£, et les bagages furent places k une grande 
distance en arri&re de Farm^e. Balibeg ayant mande 
qu'on apercevait les drapeaux hongrois, Souleiman 
fit deploy er les siens; et, levant les mains vers le ciel 
les yeux mouiltes de larmes, il s'£cria: « Mon Dieu! 
la force et la puissance sont en toi ! laide et la protec- 
tion sont en toi ! secours le peuple de Mohammed ! » A 
cette vue, l'enthousiasme du courage et de la foi passa 
dans tous les rangs ; ob&ssant k un sentiment una- 



ce diwan d'apres l'autorile d'un autre teinoin oculaire, le vieux scheikb All 
Dede, dont le tombeau se trouve a Szigeth. 

i PeUchewi, f. 35. 

• Solakzad6 et Djelaliade attribuent ce conseil a Balibeg, qui l'aurait 
donne 1 au Sultan lorsque, pendant la marche, il chevauchait a set cotes. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 83 

nime, les cavaliers saut&rent k bas de leurs chevaux, 
se prostern&rent sur la terre qu'ils toucherent de leur 
front, puis se remirent en selle animus d'une nouvelle 
ardeur et jurant de vouer leur vie au service du Sul- 
tan. Le grand-vizir ajouta encore k l'entrainement des 
esprits par de grandes promesses, et alia se mettre en 
t&e des troupes de Roumilie qui combattaient au pre- 
mier rang ; les troupes d'Anatolie, par une derogation 
a la r6gle ordinaire, formaient le second [vni] ; enfin la 
troisi&ne ligne, oii &ait le Sultan avec les janissaires, 
s'adossait k la montagne, pr6s des batteries. Comme 
un image portanl lafoudre dans son sein, le premier 
rang des Hongrois se pr£cipita en avant sous la con- 
duite de Pierre Pereny ' et du moine Paul Tomori, 
et refoula Fannie de Roumilie sur celle d'Anatolie , 
soit que la premiere eftt ouvert ses rangs d'aprSs 
Tavis &nis par Khosrewbeg, soit (ce qui est plus pro- 
bable) qu'elle etit &6 culbut£e par la charge imp£- 
tueuse des Hongrois. Mais ce premier succ£s ne fut 
pas de longue dur^e. Les akindjis de Balibeg et de 
Khosrewbeg, d£bouchant tout-k-coup de la valine 
par laquelle ils avaieUt tourn6 Tennemi*, forcirent 
cette premiere ligne des Hongrois jusqu'alors victo- 
rieuse a se diviser en deux corps 3 pour r^pondre k 
cette double attaque. La seconde ligne , commands 
par le roi Louis en personne, se fit jour k travers l'ar- 

■ Solaksade et Pelschewi l'appellent Beroni. 
a Journal de Souleiman. 

3 Petschewi, Loutfi, et le Journal de Souleiman, font mention de cette 
curconstance. 

6* 



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y* 



84 HISTOIRE 

m£e d'Anatolie jusqu au poste de Souleiman et des ja- 
nissaires. La l'engagement fut chaud et terrible. L'illus- 
tre guerrier Marscball et deux autres chevaliers, suivis 
de trente-deux Hongrois qui s'&aient jur£ de rester 
sur le champ de bataille ou de prendre le Sultan molt 
ou vif [ix], p6n&r£rent en eflFet jusqu a lui, tu&rent 
plusieurs de ses gardes, et combattirent intr^pidement 
jusqu ^ ce que leurs cfrevaux auxquejs on a vait coup6 
les jarrets se fussent abattus sops rax '. Souleiman 
dut la vie & la solidite de sa cuirasge, contre laquelle 
vinrent s'emousser plus dune fois des Jaqces et des 
filches ; mais le casque du jeqne rpi Louis II ne le 
servit pas aussi bjen \ et on rapporte quen s'armant 
pour le combat, au moment ou il le mit sir sa tfte, 
il p&lit comme par un secret presseqtiment de 9? 
fin prochajne 3 . Lorsque lartillerie ottomane , dont 
les pieces li£es entfe elles par des chaines s'&ajept 
tues jusqu'alors, vomit sa premise d6pharge sur 
les Hongrois a une distance de dix pas au plus , un 
affreux d^sordre se mit parmi eux ; leur ajle gau- 
che s'enfuit a la d6bandade, et des ce moment on 
ne revit plus le roi *. Les combattans die laile droite, 
presses par Balibeg , furent enfonces dans tous les 

1 Solakzade : Oudj ncjer Ehremen khounkhouar ellerind6 % nifi abdar 
askeri Islamun ssaflerini yaradilar we Padischahi Jalempenah hazretleri- 
nditn uterine tschika war&lar; c'est~a-dire : «Trois sanguinaires Ahrinians, 
la lance an poing , rompirent les rangs de Tarmee rousulmane , et s'avan- 
cert nl droit sur sa majeate le Padiscbah, le refuge du monde. » 

» Solakzade, 1. c. 

3 Solakzade dit, mais a tort, que Louis II avait re^u deux blessures a la lete. 

4 froderith. Istuanfi. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 85 

setus, el se teuviftrfefit comme ils purent , les ufas en 
arri&re, les atrtres & gauche; cent cjttf parmi ces der- 
niefs 6chapp6rent an fer des T urcs, se noyerent dans 
leg marais , et avec eto le roi , que ses blessures 
n'avaient pas etnpdche de quitter le champ de ba- 
teflle[x]. 

Le sort de la Hongrie avait &6 d£cid6 en moms de 
deux heores. Le Danube charria pendant un jotnr et 
one nuit, devant Semendra et Belgrade, les cddavres 
de ceux qtri s'&alent jet& dans ce fletite pour £chap- 
per aux coups des efmemis ! . Des torrefts de £luie 
favorisferent la fuite do petit notabre des spldats qui 
avaient r&tssi k se sauver; parmi eux &ait I'histo- 
rten et chancelier Broderith. Dans le camp ottoman, 
des crieuTs proclam^rent un ordre qui enjoignak k 
chacun de rester k son poste pendant toute la nuit; 
la musiqtie de l'arm6e ne cessa que vers jninuit ses 
fanfares en honneur de la victoire de la jotirn£e *. Le 
lendemain , le Sultan , accompagnl d' Ibrahim et du 
second vizir, visita le champ de bataifle. Apercevaht 
nn vieux atarifbeg qui le saluak plac6 devant sa tente: # 
« Mon brave , lui dit-il , que faut-il faire mainte- 
nant? » Et cetai-ci de lui r^pliquer avec Fancierine 
rudesse turque : « Mon empereur, prends garde que 
la truie ne ch&tie ses petits '. » Souleiman, quoique 
peuflatt6 de la comparaison, sourit et remit quelques 
ducats au soldat. Le jour suivant, assis sur un trtfte 

i Ferdi. 

• Djekhade. Solakzade. Pettehewi. Ferdi. Le Journal de Soaleiman. 

3 Solakzade, f. 10. Pettthewi, f. 36. Bjdfchade, Kemalptfsch«zade\ 



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86 HISTOIKE 

d'or venu de Constantinople k sa suite et qu on avast 
dress6 sous une tente 6carlate ' , il regut les felicitations 
des vizirs et des beglerbegs. U mit de sa propre main 
un h£ron de diamant sur la t6te de son grand-vizir, 
et fit distribuer desv&emens d'honneur aux autres 
grands de l'empire. Deux mille t&es, parmi lesquelles 
celles de huit £v£ques et d'un grand nombre de ba- 
rons ou vassaux de Hongrie, furent 61ev£es en pyra- 
mides en face de la tente du diwan \ Les defterdars 
regurent Tordre d'£num4rer et de faire ensevelir les 
morts ennemis; ils compterent jusqu'k vingt mille 
fantassins et quatre mille cavaliers 3 . Les akindjis fu- 
rent autorises a battre tout le pays. I/arm£e hrftla 
Mohacz, et partit pour Ofen le septi&me jour apr&s 
la bataille (3 septembre 1 526). Avant de se remettre 
en marche, le Sultan avait donn6 l'ordre de massa- 
crer tous .les prisonniers qui se trouvaient dans le 
camp, en exceptant toutefois les femmes de cette me- 
sure et les faisant mettre en liberty. Des quatre mille 
hommes atteints par cette terrible disposition, quatre 
seulement eurent la vie sauve 4 . La permission donn£e 
aux akindjis de faire des prisonniers fut r&voqu£e. 
Sept tschaouschs furent exp£di& avec des lettres de 

i Petschewi dit Oghouzane, c'est-a-dire , d'apres I'ancien usage des 
Oghouzes, aieux des Turcs. 
a Journal de Souleiman. 

3 Cette evaluation s'accorde a peu pres avec celle de Broderith et d'Js- 
tuanfi. Solakzade fixe ce nombre a cinq mille. Djelalzade, f. io5, et Loutfi, 
f. 6i , a deux cent mille. 

4 Le Journal de Souleiman se borne a dire, un grand nombre. Pelschewi, 
f. 36, donne le cbiffre que nous reprodtiisons ici. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 87 

victoire k Constantinople, Brousa, Damas, Kairo, 
Karbekr el Haleb ; an Mamlouk fat envoy£ k Andri- 
noplejxi], el deax aatres messagers en Valachie el en 
Moldavie; le Sultan &rivit kd-m&ne k sa m&re, 
femme remarqoable par sa beaut£ que l'&ge n'avait 
pualt£rer\ 

Le 10 septembre 1526 (3 silhidje), Souleiman ar- 
riva devant Qfen; une deputation de cette capitate de 
la Hongrie &ait venue k sa rencontre jusqu'& Foeld- 
war a poor lui en apporter les clefs. II d&endit, sons 
les peines les plus s£veres, de porter atteinte k la vie 
el aux biens des habitans. D employa les deux jours 
suivans k parcourir la ville avec Ibrahim. Le lende- 
main, il commanda la construction dun pont sur le 
Danube; le feu prit k une parte de la ville par acci- 
dent, pendant qu'il &ait k en visiter les environs. Le 
jour suivant , un autre quarter et la grande eglise 
d'Ofen furent brtil&. Le grand-vizir se h&ta de se 
porter sur les lieux poor arr&er les progr&s de l'in- 
cendie , mais.trop tard 3 . Souleiman se rendit le jour 
qui suivit ce d£sastre au chateau de chasse du roi , 
pendant qu'on embarquait les statues d'airain d'Her- 
cule , de Diane el d'Apollon , ainsi que toutes les 
pieces d'artillerie de la forteresse; panni ces pieces 
se trouvaient les deux canons monstres qui , lors de 
la retraite de Mohammed II , apris Tinutile stege de 



« llSgr, marciando verso Buda, ha scriuo alia sua madre. (Rapport 
de Vambatsademr venitien, dans Marini Sanuto, XLU.) 
> Petschewi, f. 37. Journal de Souleiman. — 3 Ibid. 



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88 HISTOIRE 

Belgrade, avaient ete conduits a Ofen '. SouJeiman 
c&£bra la P&ques de 1'islamisme, le petit Beiram, dans 
le chateau royal oii, suivant l'usage observe dans ces 
solennit&, les wars vinrent lui baiser la main \ Le 
pont qu'il avait donn£ ordre de jeter sur le Danube 
pr6s du marche au bois &ant termini (10 silhidj£ — 
17septembre),ilpartitpoorPesth,accotnpagn^deson 
grand- virir. Le passage de r&rm& qui s'effectuait peu 
h peu fut suspendu le cinqui&ne jour par la rupture 
du pout, dont deux tiers environ furent engloulis par 
les eaux ; les troupes qui n'ayatent pas encore traverse 
le fleuve durent 6tre transports dans des barques. 
A Pestk , Souleiman re$ut en audience les nobles de 
Hoogrie, et leur promit de leur donner pour roi Jean 
Zapolya 3 , un des seigneurs les pice riches et les plus 
ambitieux du royaume, mais depourvu des qualk^s 
qui fpnt les grands monarques. Enfin le §4 septembre 
(17silhidj£), le Sultan, quatorze jours apr& son entree 
a Bude, donna Tordre du retour, et dirigea sur la 
rive gauche du Danube 4 ses soldats charges de butin 
et poussant devant eux cent mile esclaves de tout 
&ge et de tout sexe, parmi lesquels les juifs expulses 
d'Ofen [xii]. Les tr£sors du ch&teau royal et la riche 
biblioth6que de Mathias Corvin furent embarqu& sur 
le Danube pour Constantinople. 

Depuis le massacre des prisonniers k Mohacz , les 

» Djelalaade, f. 106. Solakzade, f. 106. Kemalpaschazade, f. 61. Ha* 
sanbegzade. Ferdt, f. ia8. Aii, f. 23 1. PeUehewi, f. 37. 
* Journal de Souleiman. — 3 Solakzadl, f. xo6. 
4 Journal de Souleiimaa. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 89 

akindjis n'avaient cess* de parcourir la Hongrie, met- 
taut tout k feu et a sang, sans s'inqtri&er des clauses 
des capitulations et de la ft* jur^e. Trote jours apres 
la reddition volontaire de Funfkirchen , les habitans 
de cette ville , convoqu^s sur la place du march£ , 
avaient &£ massacres [xi 11]. Le pays entre le Danube 
et le lac Balaton jusqu'fc Raab n'&ait plus qu'un 
dfoeif . U &ait bien phis de la politique ottomane d'£- 
puiser la Hongrie que de la concpi&ir. Cependant tous 
ces d&astres ne laiss^rent pas que dinspfrer le cou- 
rage du d&espoir k une certaine partie de la nation. 
Wissegrad , oik &ait gard£e la couronne des rois de 
Hongrie, dut son sahit k la valeur des paysans et des 
moines; la forteresse de Gran, abandonnee par son 
commandant, fat dtfendoe avec succ& par I'heiduque 
Michel Nagy '. Mais nulle part la ffrocit* ottomane 
ne se donna carrtere comme k Moroth, chateau de 
plaisance de l'archev£que de Gran ; quatre mine ha- 
bitans s'y £taient retires avec leurs biens; plusieurs 
milliers d'autres s'&aient retrandb£s demure un rem- 
part de chariots. Ces derniers purent roister aux as- 
sauts des Turcs, mais non k l'artillerie de stege qu'onr 
braqua centre eux* Le nombre des Hongrois qui fu- 
rent tailtes en pieces k Moroth 6gale, d'apris les esti- 
mations des historiens, celui des morts de la bataille 
de Mohacz ft . A en juger par ces deux fait 8, le chiffre 

1 Broderitb. Istuanfi. Nagy, dans son rapport sur la bataille de Mohacz , 
cit£ par PeUchewi. 

» Plures igilur Me quam in campo Mokacs cm si sunt. Catena, XI X, 
p. 708. 



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go HISTOIRE 

de deux ceat mille hommes , auquel on fait monter 
les pertes de la Hongrie dans cette campagne, n'est 
pas exag6r£ \ L'arm£e marcha rapidement k travers 
des landes st&iles jusqu'k Szegedin et Bacs; mais 
beaucoup de chevaux, malgr£ une pluie battante, pe- 
rirent en route faute d'eau et de fourrages. Les akin- 
djis gagn&rent les janissaires de vitesse pour le pillage 
de Szegedin; lorsque ceux-ci arriv&rent , ils ne trou- 
v&rent plus que les murs du ch&teau \- A Bacs, les 
habitans se d&endirent pendant tout un jour dans 
leur £glise, qui fut cependant emport£e d'assaut vers 
le soir, non sans une perte sensible pour les asste- 
geans. On fit dans ce bourg et les environs un butin 
immense. La part du grand- vizir et du defterdar fut 
pour chacun de cinquante mille moutons 3 . Souleiman, 
ayant appris dans ses campemens k Titul que Rado- 
vich avait pris ou tu£ plusieurs centaines d'hommes 
aux Ottomans , et que Bathyany inqui&ait Farrtere- 
garde, envoya Khosrewbeg pour couvrir les derrteres 
de l'arm£e. Entre Bacs et Peterwardein, plusieurs mil- 
Hers de Hongrois s'&aient retires avec leurs families 
et leurs biens dans une plaine entour£e de marais 
qu'ils avaient chang6e en une sorte de camp fortifite. 
La prise de cette position co&ta plus cher aux Turcs 
que la conqu6te de toutes les forteresses de Hongrie 
ensemble, et il y eut un plus grand nombre d'officiers 



i Periiue hac elade aoo millia hominum. Brodertth. Istuanfi. 
» Pebchewi, t afr. Kemalpaschaxade, f. 9). 
3 Ibid. , f. 38 et 39. Journal de Souleiman. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 91 

tu£s qti'Ji la bataille m&ne de Mohacz. L'aga des janis- 
saires, le samssoundji-baschi, leur g6n£ral en second, 
le tschaousch-baschi rest&rent sur la place z . Les Hon- 
grois avaient dans cetffc circonstance smvi Fexemple 
de Michel Dobozy, qui , k Moroth, fuyant k toute 
bride avec sa femme en croupe et sur le point d'etre 
atteint par les Turcs, la poignarda, de peur, quelle ne 
tomb&t entre leurs mains, puis se pr6cipita t6te baiss6e 
dans leurs rangs pour la venger \ 

Par un hasard singulier, les scenes sanglantes de 
Moroth el du camp retranche ont &e passes sous si- 
lence par les historiens des vainqueurs, tandis qu'elles 
ont &6 minutieusement rapport£es par les historiens 
des vaincus. C'est un fait de plus qui prouve que la 
premiere condition d'une histoire complete et impar- 
tiale, est le contr61e des diverses autorit^s les unes par 
les autres. A Peterwardein, Tarm^e jeta un pont sur 
le Danube en moins de cinq jours ; Souleiman s£- 
journa une semaine k Andrinople, et rentra k Constan- 
tinople apris une absence de sept mois 3 , le 23 no- 
vembre 1 526 (1 7 safer 933). Les trois statues enlev£es 
par Ibrahim du ch&teau royal d'Ofen furent placees 
devant son palais sur l'Hippodrome 4 , pour faire pen- 
dant k lobelisque, au piMer et k la colonne d'airain des 



' Petschewi, f. 38 et 3g. Journal de Souleiman. 
* Jstuanfi, a la fin do livre Tin, clarum f acinus; 

3 Journal de Souleiman. 

4 Ali. Solakzade. D'apres Mouradjea d'Ohsson , les deux grands can- 
delabra en bronze de la mosquee d'Aya-Sophia soot une des depouilles 
d'Ofen. 



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9» HISTOIRE 

serpcps; on voit enoore les mines de ces trois der- 
niers monumens, mats les statues out depuis long- 
temps disparu. Mohammed II, lors de la prise de Con- 
stantinople, avait fait couper la t*te aux trois serpens 
de la colonne ; Souleiman, sup&rieur ant pr6jug£s de 
sa nation, ou pour mieux dire c6dant aux desirs de 
son grand- vizir, orna r Hippodrome de ces trols sta- 
tues, dAns lesquelles un vrai mu&ulrnan n'atirait dti 
voir que des idoles. Cette circonstance m&He d'au- 
tant phis d'etre mentionnee id , quelle constitue un 
veritable acte d'audace philosophique de la part de 
Souleiman et de son vizir, puisque la loi du Prophete, 
comme la loi judaique* interdit toute representation 
des dtres sortis des mains du Cr&teur. Le fanatisme 
religieux ne manqua pas de crier contre I'irr&igion 
d'Ibrahira. Le poete Fighani fit h cette occasion un 
cfetique satirique dans lequel il tKsait que le premier 
Ibrahim (Abraham) avait d&ruit les Moles, et que le 
second les 6Ievmt sur les places pubKques; cette ju- 
cbcieuse comparaison valut m malencontreux poete, 
d'fttre promen£ sur un fine k travers la yille, et puis 
6trangl6 [xrv]. 

Pendant que Souleiman d£vastoit la Hbngrie, I'hy- 
dre de la revolte let ait ses cent tttfcs en Asie-Mineure. 
Le jour m£me ou le Sultan passait le Danube pour 
retourner dans son empire \ plusieurs courriers lui 
apporterent la nouvelle dune insurrection qui avait 

i D'apres to Journal de Softfefrnon, ce ftit le to octobre, par consequent 
le quaraote-deuxieme jour et non pas le vingl-qnatrieme apres la bataille de 
Mohacz, comme le pretend Fessler, t. IV, p. 3a<j. 



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DE I/EMPIRE OTTOMAN. 9 3 

£clat£ panni les Turcomans dltschil (Glide), et ga- 
gnait pprtout d'une man&re effrayante; le beglerbeg 
d'Anatolie fill envoy6 imm£diatfiment pour pacific* 
le pays, L'ocoasiou de ce soutevement avail 4t6 lor- 
dre dppn£ parle fib de lancien grand- vizir Hersek- 
Ahmed, Mouatafa, gouvernenr dltschil, de cadastrer 
le pay#; cette operation, confiee au greffier Moham- 
med et au juge MoussHhftddin , fut conduite par eux 
avec de eriantos injustices. Une sourde irritation for- 
menta dolors dans la population; il ne fallait plus 
qu'upe circonstance pour la faire 6clater, et cette cir- 
cohstwoe ne se fit pas attendre. Un viera Turcoman, 
du nom de Souklounkodja, s'&ant plaint de ce qu'on 
eftt impost son champ de la somme exag&6e de deu* 
cents aspics, eut la barbe couple x pour toute r4ponse. 
Souklounko^ja, plus sensible k cet affront qu'fc la sur- 
taxe de ses terres, se mit avec son fils Soukloun Schah 
Well et un troisieme mdcontent du nom de Soul- 
nounoghli, a la t6te de plusieurs trihus turcomanes \ 
Le greffier, le juge et le sandjakbeg, furent surpris et 
tues(10aoAt 1597—12 silkid* 933). Le beglerbeg de 
Karamanie Khourrem-Pascha , et le fils d'hkender- 
Pascha, pleins de confiance dans leurs forces,' mar- 
chdrent contre les rebelles ; mais leurs troupes furent 
battues et taillees en pieces pr& du d£fil6 de Kour~ 
scbounli, dans le voisinage deKaissariy£; eux-m6mes 
rest&rent sur la place. Les vainqueqrs se dirigeant vers 

i Ali, XIV « recit du regne de Souleimaii , f. a3a. Petechewi, f. 44. 
a'Ferdi, f. 13 a, donne les ooius de ces tribus : Boiokli, Soukouuli, 
Hissarbegli. 



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94 H1STOIRE 

Tokat, alterant camper dans la plaine d'Ortokobad 
et de Kazabad ' ; k leur approche , Housein-Pascha , 
beglerbeg de la province de Roum, r^sidant k Amas- 
sia, se r&init aux troupes des begs de Soulkadr, de 
Mer&sch et de Malatia, et &ablit ses quartiers k Siwas. 
Le beg de Malatia, Yoularkassdi, envoy6 avec mille 
cavaliers k la reconnaissance de l'ennemi, rentra dans 
la ville avec une perte de quatre cents homines. Le 
vieux beg d'Adana, Piribeg, de la famille des Rama- 
zans, couseilla prudemment d'attendre les renforts 
qu'amenaient les beglerbegs de Damas et de Diar- 
bekr, d^jk parvenus, le premier k Aintab, et le se- 
cond k Malatia; mais cet avis ne fut pas £cout6 du 
jeune et t£m£raire beglerbeg de Roum. Le 1 6 sep- 
tembre (19 silhidj^), Housein-Pascha livra prte de 
Houiklu ' bataille aux Turcomans, qui furent d'abord 
repousses et perdirent un de leurs chefs , Soulnoun- 
oghli; mais ils se ralli&rent et surprirent vers minuit 
le camp de Housein-Pascha, qui, mortellement blesse, 
put s'enfuir et aller mourir k Siwas. Khosrew-Pascha, 
beglerbeg du Diarbekr, eut l'honneur de mettre un 
terme aux succis des rebelles 3 . Vers la m&ne £poque, 
d'autres troubles eclat^rent k Adana et a Tarsous ; 
Tonouzoghlan et Yenidj^beg s'&aient declares les 
chefs de la r£volte , dans le district d'Oulasch , re- 
levant du sandjak d'Adana; le sectaire persan Weli 
Khalife avait insurge la tribu de Kara-Isalu, dans les 
environs de Tarsous. Mais ces deux rebellions furent 

• Ali. Petschewi. Djelalzadl, f. na. — « Ibid., f. n3. 
3 Ali, Petschewi, Ferdi, Djelabcade, Solakzade. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. g5 

promptement r£prim£es par les sages et 6nergiques 
mesures du gouverneur d'Adana, Piribeg ". 

L'insurrection organist en Karamanie Fannie sui- 
vante par Kalenderoghli, eat un caract&re plus sfrieux, 
et exigea la presence du grand-vizir lui-m&ne. Kalen- 
der, descendant du scheikh Hadjibegtasch , patron 
des janissaires, avait reuni sous ses drapeaux plusieurs 
milliers de derwischs a , abdals, kalenders, et une 
grande partie du bas peuple. Dans les engagemens que 
lesbeglerbegs de Roum, d'Anatolie, de Diarbekr, eu- 
rent successivement avec les rebelles, ils furent tantto 
vaincus, tant6t vainqueurs. C'est ainsi qu'Yakoub- 
Pascha, beglerbeg de Roum, fat battu par Kalender, 
dans le defite d'Aounaoud, et que Kalender, d£fait k 
son tour par Khosrew-Pascha dans la plaine de Pa- 
sinowa, prit sa revanche k Kara-Tschair, sur le beg- 
lerbeg d'Anatolie, Behram-Pascha, qu'il forga de se 
rtfiigier a Tokat. En vue de cette ville 3 , Behram- 
Pascha, auquel s'&aient joints les gouverneurs de Ka- 
ramanie et de Haleb, livra k Kalender une desastreuse 
bataille, dans laquelle p&irent le beglerbeg de Kara- 
manie, les begs d'Alay6, d'Amassia, de Biredjik, et 
les defterdars des grands fiefs de Karamanie et d'Ana- 
tolie 4 . Ibrahim ayant regu la nouvelle de cette san- 

• Ali, xv« recit du regne de Souleiman, f. a33. Petschewi, f. 44. 
Djelaltade, f* 114. 

• Ali, xv e recit, f. a 33. Petschewi donne d'apres Ali la genealogie de 
Kalender, qu'il fait desceodre de Hadjibegtasch. 

3 Petschewi nomme le lieu de cette bataille Khahica, Ali, Sahica, et 
Ferdi, Djindjizt. 

4 Djelalaade, f. 116. Ali. Petschewi. 



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q6 HISTOIRE 

glante defaite a S&rz, dans la province de Soulkadr ', 
s'avanga a marches forces jusqu'ii Elbistan, a la WHe 
de trois mille janissaires et de deux mille sipahis qii'il 
avait eminent de Constantinople; mais, avant d'atta- 
quer les rebel les, il prit deux mesures pour assurer le 
succes de son entreprise. II d&endit , sous pane de 
mort, qu'aucun des soldats vaincus par les Turcomans 
se pr&ent&t dans son camp , craignant avec raisqn in- 
fluence ctemoralisante de leurs r&ats sur ses troupes. 
Ensirite, par des faveurs habilement distributes et des 
investitures de fiefs *, il gagna k sa cause les tribus tur- 
comanes 3 qui s etaient rang£es du parti de Kalender. 
Cette defection reduisrit k quelques centaines le nombre 
des re voltes, qui furent ais£ment d£faits par un d&a- 
chement sous les ordres des ^chansons Belal , Mo- 
hammed et Deli Perwan£ ; Kalender fut pris, avec les 
siens, dans les montagnes de Baschsif 4 , et sa t6te, 
ainsi que celle de son compagnon de fortune Weli- 
diimdar, descendant de la noble maison de Soulkadr, 
fut apport^e au grand-vizir, suspendue aux pommeaux 
de la selle du vainqueur (22 ramazan 933 — 22 juin 
1 527) 5 . Apr£s cette victoire, Ibrahim convoqua k un 
diwan le beglerbeg d'Anatolie et les begs de 1'Asie- 
Mineure, pour instruire le proems de ceux qui avaient 
compromis la gloire militaire de l'empire, en fuyant k 



i Ferdi, f. 143. 

3 Ferdi, f. 139, les nontme : Tsehitscheklii, Akdjekoyounlu , MassdKi, 
fcozoklii. — 3 Ibid. , f. 144. Petschewi, f. 45. Ali, f. a54. 

4 Petschewi, f. 45. AH. 

^ Fitrake assitdi. Petschewi. All. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 97 

la bataille deTokat. S'adressant d'abord au beglerbeg 
d'Anatolie : « Pourquoi, lui dit-il d'un ton menagant, 
avez- vous tous pris la fuite devant une troupe de 
derwischs k moitie nus , de gens sans aveu et sans exis- 
tence? » [xv]. Le beglerbeg n'ayant pu ou n'ayant pas 
os£ r^ pond re, il fit la m£me question aux autres begs, 
qui se renvoy&rent la faute du d&astre de l'arm£e les 
uns aux autres ; dfyk les bourreaux avaient regu ordre 
de s'approcher, lorsque le gouverneur de lltschil, 
Mohammedbeg, fils du dernier grand -vizir Piri- 
Pascha, rompit le silence qu'il avait garde jusqualors : 
« Nos aieux, s'&ria-t-il apr&s avoir form£ les souhaits 
d'usage pour la prosp&ite du Sultan, avaient coutume, 
au moment dune bataille, d'invoquer l'assistance de 
Dieu, et de prendre les conseils des vieillards expe- 
riments, mais nous n'avons fait ni Tun ni 1'autre; 
l'orgueil et une folle presomption ont amene ces mal- 
heurs sur nous. En expiation , void le glaive et nos 
t&es ! » Le grand-vizir, se laissant ftechir par ces nobles 
paroles, leur pardonna le pass£ et retourna a Con- 
stantinople en emmenant avec lui le sage gouverneur 
d'Adana, Piribeg, que le Sultan re$ut de la manfcre 
la plus gracieuse (1 1 aoAt 1 527 — 1 3 sfflrid6 933) \ 

C'est k peu pr£s vers cette £poque que fut perc£e 
dans la salle du diwan, au-dessus du siege du grand- 
vizir, cette myst&rieuse fenfitre communiquant avec 
l'int&ieur du palais, symbole de 1'oeil toujours ouvert 
du maitre sur le6 actes de ses ministres , et qui &ait 



Ali, Petschewi, Ferdi, Solakiad6, Djelalzade. 
T. v. 



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98 HISTOIRE 

destm£e h porter la deliberation du conseil aux oreilles 
du Sultan. 

Trois mois apr£s le retour du grand-vizir k Con- 
stantinople, s'agita une question religieuse, qui ab- 
sorba d'abord l'attention de Souleiman et bient6t de 
la v3]e entire. Un membre du corps des oul&nas , 
nomme Kabiz, fut traduit au diwan, pour avoir en- 
seign£ publiquement que J&us-Christ &ait sup&ieur a 
Mohammed. Fenarizadi MouhiyeddinTschelebi, juge 
darmee de Roumilie, et Kadiri Tschelebi, juged'ar- 
mie d'Anatolie, devant lesquels fut inslruit le proems 
de Kabiz, n'&aient gu&re en etat d'avoir une opinion 
comp&ente sur l'h£r£sie et de r6futer les assertions 
hardies du novateur. Le premier, fier des hautes 
digrams legislatives de ses anc&res, n'avait qu'une 
mediocre connaissance de la jurisprudence ottomane; 
le second avait plus song£ k acqu^rir des richesses que 
la science n&essaire k Fexercice de ses fonctions. Au 
lieu de combattre par de bonnes raisons rh£r£sie de 
Kabiz, ils trouv&rent plus court et plus facile de le 
condamner a mort. Le grand-vizir r£prima leur z£le 
qui avait bien ses motifs pour Atre si violent, et leur 
dit que l'emportement de lew conduite &ait con- 
traire a la dignity de la magistrature, que leurs seules 
armes contre rhfresiarque devaient 6tre la doctrine et 
la loi, et qu'il importait de le vaincre par la discus- 
sion , et non de 1'envoyer au supplice. Mais les deux 
juges n'ayant pu rtfuter les argum&ns de Kabiz, les 
vizirs renvoy&rent de la plainte l'accuse et les accu- 
sateurs. Souleiman avait assist^ derri&re la fen&re 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 99 

\ci)ie l k cette stance du diwan ; m£content de Tis- 
sue de cette deliberation, il entra sans ttre attendu 
dans la salle, et s'adressant an grand-Tizir d un ton 
s£v6re : « Pourquoi, lui demanda-t-il, Fh£r£tique qui 
a os£ pilferer Jesus k Mohammed n'a-t-il pas et6 
puni? — Les juges d'arm^e, repliqua Ibrahim, au lieu 
de lui opposer de saines raisons, Font cdndamn£ avec 
cotere. C'est pour cela que nous ne donnons pas de 
suite aux accusations portees contrelui. — La science 
de la loi, reprit le Sultan, rf'est pas seulement le par- 
tage des juges d'arm£e ; l'affaire sera port£e demain 
devant le juge de Constantinople et le moufti; Faccus£ 
sera jusque-14 tenu en &at d'arrestation. » Seadeddin. 
alors juge de Constantinople, et le savant moufti Ke- 
malpaschazad£ si£g£rent le lendemain dans le dhvan. 
Apr&s avoir long-temps discut6 avec Kabiz et cherche 
inutilemeht k le ramener k r£sipiscence, ils le con- 
damn&rent k mort en observant toutes les formes vou- 
lues par la loi. Ce terrible fetwa trouva Kabiz in6bran- 
lable, et son courage ne se d&nentit point jusqu'au 
dernier moment. 

La severity qu'avait montr£e Souleiman en sacri- 
fiant la vie d'un h6r£tique au maintien du dogme isla- 
mite d£g£n£ra en cruaut£, lorsqu'il voulut, peu de 
temps apr&, prendre des mesures pour assurer la 
tranquillity int&ieure. Dans le voisinage de la mosqu£e 
de Seiim, la maison d'un Musulman avait 6t6 pill£e, 
et tous ceux qui Fhabitaient, hommes, femmes, en- 

» AH, xvn e recit, f. *34. Petschewj, f. 45. Djelalzade, f. 120. Voyez 
aussi Mouradjea d'Ohsson , I, p. i54. 

f 



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ioo HISTOIRE 

fans, esclaves avaient 6t6 massacres (24 fGvrieH 528), 
Quelques soup^ons ayant plan£ sur les Albanais qui 
parcouraient la ville comme fendeurs de bois et mar- 
chands de foie, il y eut une tuerie g£n£rale de ces mal- 
heureux pour venger l'assassinat dune seule famille; 
huk cents d'entre eux f furent livr& aux bourreaux 
sans autre forme de proc&s. 

Le jour m£me du meurtre de la famille turque k 
Constantinople, Sidi, qui s'&ait d£clar£ en r^volte 
ouverte , battit compl&ement pr& d'Azir a , dans le 
district d' Adana , son oncle le sandjakbeg Ahmed , 
ravagea, k la t6te de cinq mille hommes, le district 
de Birindi, brftla la ville d'Ayas, se r£unit k S&rz dans 
le territoire de Soulkadr k un autre rebelle nomme 
Indjir, et se porta avec lui devant la forteresse de Sis. 
Piribeg , de la famille de Ramazan, que nous avons 
vu si heureusement maitriser une premiere revoke 
dans ces m£mes contrees, regut du Sultan la mission 
de soumettre les rebelles. Quoique malade depuis 
quelque temps , il partit sans h&ater de Constanti- 
nople avec quelques mille hommes , et arriva assez 
k temps pour secourir la forteresse de Sis qui &ait re- 
duite k toute extr£mit£. A son approche, les insurges 
se divis&rent en deux corps; Tun se replia sur Azir, 
et r autre, sous la conduite de Sidi, alia prendre une 
forte position pr& du fort Derbend , dans les mon- 
tagnes de Sis. Sidi fut vivement attaqu£ et fait prison- 

* Petschewi, f. 46. AH, xix e r£cit, f. 2 35. Djelalzadl, f. 132. Solak- 
zad£, f. 108. 

» Dans Djelalzad6, f. 119, Karss. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 101 

nier par Rr-Ali, apr^s avoir vu son frfcre et deux 
mille des siens couvrir le champ de bataille de leurs 
corps. Le lendemain, Piribeg marcha sur Azir, dis- 
persa le second corps des rebelles, et envoya k Con- 
stantinople, avec les t&es des principalis, chefs, Sidi 
vivant et charg6 de chatnes, qui fut pendu par ordre 
du Sultan 1 . 

En Syrie, les habitans de Haleb, pouss& k bout par 
les vexations de leur juge et de leur gouverneur, les 
avaient massacres un vendredi dans la mosqu£e avec 
huit personnes de leur suite (mai 1528 — sch&bari 
934); cet acte de justice populaire fut puni par l'exil 
des coupables k Rhodes. En m£me temps, Souleiman, 
pour emp&her cpi'une rebellion semblable n'&lat&t k 
une autre extr£mit£ de ses 6 tats, condamna au supplice 
de la corde, Balibeg, sandjak de Scutari, le votevode, 
le kiaya et cinq autres fonctionnaires de ce district . 
accuses de concussions. L'ex£cution de la sentence 
fut confine k deux tschaouschs envoy^s k cet effet de 
Constantinople 2 . 

La crainte salutaire inspir£e par la justice inflexible 
de Souleiman eut pour r&ultat une amelioration sen- 
sible dans toutes les parties du serviee public. Le Sul- 
tan oublia bient6t son m£contentement des exactions 
de Balibeg, en apprenant les heureuses entreprises de 
Khosrewbeg et d'Yahyaoghli, gouverneurs de Bosnie 
et de Semendra, contre les chateaux-forts de Bosnie 

■ FeUehewi, f. 46. AH, xvine r&it, f. a 33. DjelalzadS, f. it 9. Solak- 
zade, f. 108. 

» Petschewi, f. 47. Ali, xx e recit, f. a3o. Djelalzade, f. ia3. 



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io2 HISTOIRE 

et de Dalmatie. Dans le cours de Thiyer precedent, il 
s'&ait passe pea de jours oii le grand-vizir n'eAt eu k 
commnniquer au diwan une victcire ou une conqu£te 
des troupes ottomanes l . La ville forte d'Yaicz6 ne 
r&ista pas long-temps aux forces r6unies des gouver- 
neurs de Bosnie et de Semendra ; le brave capitaine 
Bias Chery &ait absent, et Jean Hobordansky &ait en- 
core malade des suites dune blessure re$ue dans un 
combat singulier avec le voi&vode Kasim a ; le com- 
mandant Etienne Gorbonogh rendit l&chement Yaicz£, 
sous la condition d'une libre retraite. Radovich livra, 
sans m&ne essayer de raster, la seconde forteresse de 
Bosnie, Banyalouka. Avec ces deux places, tomb&rent 
au pouvoir des Turcs celles de Beloyesero, Orbovatz, 
Socol,Levatz, Serepwar, Aparuc, Perga,Bo6satz,Gre- 
ben. En Croatie, Oudbina, Iika, Cerbava ; en Escla- 
vonie, Modrousch et Poschega; en Dalmatie, Ourana, 
reconnurent £galement la domination ottomane. Les 
6v£ch6s de Knin , Modrousch et Cerbava furent en 
consequence supprim£s. Poschega devint le si£ge d'un 
sandjak a . Khosrewbeg, issu de race imperiale (il &ait 
petit-fils dune fille de Bayezid II), d£ployait dans 
son gouvernemeut de Bosnie un grand faste et en 
m&me temps une justice s6v£re; il avait sous lui le 
kiaya Mourad, originaire de Sebenico en Dalmatie *, 

■ Fer4i, i. 146* — * Istuanfi, a la fin 4a a* livre. 

3 Istuanfi, 1. c. Kerselieh, Hist. Zagrabim Farlati, IV, 11 a. Engel, 
UUtoire de Delmatie , p. 566; Histoire de Hongrie , IV, p. 16, Scbimek, 
p. 2o3. 

4 Les mettles, K c. 



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DE L'EMPHIE OTTOMAN. io5 

auquel il avait oonf£r6 de son plein pouvoir le sfui^jak 
de Knin [xvi]. 

Pendant l'ann£e 1 528, Soujeiman se prlpara k una 
nouvelle expedition contra la Hongrie, et regut deux 
ambassades , Tune de Jean Zapolya, et l'autre du roi 
Ferdinand. L'ay^nementdeZapdya avait &4 an fer- 
ment de discordes pour le royaume, Des traits ante- 
riears appelaient au fr&ne de Hongrie Tarchidoc Fer- 
dinand, petit-file de Maximilien. Charies-Qoint, frfcre 
de Ferdinand , lui avait c&16 la souverainet£ de ce 
royaume et celle de lAutricfae par actes passfe aux 
di&es de Worms et de Bruxelles, Ie28avril 1521 et 
le 18 mars 1592. A la dt&e de Presbourg, pr&id£e 
par le palatin Etieone Bathori, Zapolya fut declare 
usurpateur, et Ferdinand seul roi legitime (novembre 
1 526). Ferdinand marcha contre son rival, qui, aban- 
don^ de la plupart de ses partisans, fut vaincu dans 
la plaine deTokai, et forc6 d'implorer, par l'ambas- 
sadeur fraagaiB Ringon. les secours deSigismond, roi 
de Pologne, son beau-p&e. Cest du fond de la Tran- 
sylvanie que Zapolya envoya un arabassadeur deroan- 
der k Souleiman son appui pour oonqu&ir la cou- 
ronne qui lui avait &e promise. II confia cette mission 
delicate h J6r6me Lascrity , palatin de Siradie, de re- 
tour depuis pen de son ambassade a Paris, hommed'un 
esprit fin et actif, et maniani ausai bien la plume que 
l'£p£e. Avant d'etre re^u par le Sultan, Lasczky rendit 
vistte aux virirs suivant le c^r^monitl d'usage. D&s 
son arriv^e h Constantinople, il s'&ait \\6 d'amitie avec 
Louis Gritti, dont il voulait faire servir le credit pres 



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io4 HISTOIRE 

de la Porte au succ&s de ses negotiations. Louis Gritti 
etait fils naturel d'Andrea Gritti, prec6demment pte- 
nipotentiaire, actuellement doge de Venise; homme 
habile et insinuant, dune ambition que rien n'etit fait 
reculer, il avait su sattirer les bonnes gr&ces d'lbra- 
him et par suite celles du Sultan , au point qu'il fut 
constamment l'agent de la Porte dans tous les rap- 
ports de celle-ci avec les puissances &rang6res. Peu 
h peu il s'arrogea presque exclusivement la direction 
des affaires ext&ieures, et nous le verrons jouer un 
r61e important , non seulement comme ^missaire de 
Venise, mais encore comme arbitre supreme de la 
Hongrie. Lasczky avait gagne Louis Gritti par la pro- 
messe du plus important £v£ch£ du futur royaume de 
Zapolya, et par un don provisoire de plusieurs mil- 
liers de ducats par ah. Sous rinfluence de Gritti, les 
affaires de Lasczky changerent compl&ement de face ; 
raccueil des vizirs, qui avait et6 froid et hautain, de- 
vint un accueil plein d'£gards et de deference; le tri- 
but annuel, qui avait d'abord &£ demand^, ne fut plus 
qu'une ambassade annuelle avec les pr&ens d'usage. 
Les discours tenus par le Sultan, Ibrahim et les vizirs 
h l'envoy£ hongrois, et que celui-ci a cohsignes dans 
ses rapports, nous paraissent tellement caract&iser la 
diplomatie et la politique d'alors, que nous croyons 
devoir en reproduireiciune part ie '. 

« Pourquoi ton maitre, dit Ibrahim k Lasczky, dans 
sa premiere entrevue avec lui (82 dtecembre 1537), 

i Actio Hyeronimi Lasczky apudTurcam nomine Regis; dans Del, Appa~ 
ratus ad hisioriam Hungarice. Posonii, 1753, j>. 159. Catona, XX, p. 260. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. io5 

na-t-il pas demand^ plus t6t la couronne de Hongrie au 
Grand-Seigneur? N'a-t-il pas compris oe que signi- 
fiaient l'incendie d'Ofen et la conservation du chft- 
teau royal? Ici on est instruit de tout ; on sait ce que 
vaut l'archiduc , ce que vaut ton maitre , et ce que 
peuyent tons les autres princes de la chr&iente. » 
Cependant Lasczky obtint un sourire et l'approbation 
du grand-vizir en lui r£pondant adroitement que Za- 
polya ambitionnait non seulement l'amitte du Sultan, 
mais encore celle de l'homme qui avait tout pou- 
voir sur lui. Le Iendemain, il eut h entendre du vizir 
Moustafa ces dures paroles : « Ainsi done tu es venu 
sans pr&ens demander , non pas notre amitte, mais 
nos secours. Dis-moi : comment ton maitre a-t-il os6 
entrer dans Ofen , qua foule le pied du cheval du 
Sultan , et dans le chateau royal , qui n'a 4x6 £par- 
gn6 que pour le retour de notre maitre ? Notre loi 
veut que chaque endroit ou s'est repos£e la t&e du 
padischah, ou s'est montree celle de son cheval, soit 
a jamais sounds a sa domination. Tu viens sans tri- 
but, et de la part dun de ses esclaves. Ne sais-tu pas 
que notre seigneur, unique comme le soleil , r&gne 
sur le ciel et la terre? et toi, courrier du ban de Tran- 
sylvanie, tu oses appeler le glorieux Sultan pire dun 
aussi pauvre prince que le tien! » Le troisi&ne vizir, 
Ayas-Pascha, le traita avec moms de rudesse, et s'in- 
forma si l'esclave envoy6 par le Sultan en ambassade 
aupr£s du roi Louis vivait encore. Ibrahim ayant de 
nouveau regu Lasczky en audience le 28 decembre, 
permit que Zapoly a, en sa quality de roi de Hongrie, 



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io6 HISTOIKE 

Iui adreaeftt la parole comme k son fr&re cadet, pap 
l'entremise de son ambassadeur: « Nous avons tu£ le 
roi Louis, ajouta-t-il , nous avons pris son chateau, 
el nous y avons mang£ et dormi. Son royaume est 
a now. C'est une folie de penser que les rois soient 
rois par la couronne. Ce n'est pas Tor , ce ne sont 
pas les pierres pr£cieuses qui font r£gner, mais le fer. 
Le sabre force k l'ob&ssance ; le sabre doit garder ce 
qui a <k<§ gagn£ par le sabre. Nous savons que la Hon- 
grieest 6puis6e d'argent et de ressources; que ton mal- 
tre reoonnaisse done le Sultan comme son seigneur , 
qu'il implore le seoours de son bras , et alors nous lui 
pr&erons assistance, nous exterminerons non seule- 
ment Ferdinand, mais encore tous ses amis, etnous 
applanirons leurs montagnes avec les pieds de nos 
chevaui. Sans le doge Gritti et son fils, nous aurions 
aneanti la puissance de Ferdinand et de ton maitre; 
car le combat de deux ennemis qui se ruinent mu- 
tuellement est toujours favorable pour le tiers qui sur- 
vient. Que serait-il advenu, si j'avais march£ contre 
Ferdinand avec les janissaires et les troupes de Rou- 
milie, et si Ayas-Pascha &ait tomta sur ton maitre 
avec les Moldaves et les Tatares? Nous nous sommes 
tenus tranquilles tout cet &6 sur la prtere de nos amis 
les V&iitiens ; mais nous ne dormions pas pour cela, 
et s'il est n£cessaire, nous sommes pr&s & nous mettre 
en campagne. Nous trouverons les deux rivaux 6pui- 
s&, et les armes du Sultan vaincront ailment. Nous 
conduirons contre nos deux adversaires des troupes 
plus nombreuses que celles que nous avons conduites 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 107 

centre ira sail, et nous femons d'Ofen one autre Con- 
stantinople. Je ne t'ai pas parte k la mantere tnrque, 
e'est-a-dire pas assez br&vement ; les Tores paiient 
peu et agissent beaucoup. Tu t'&onnes de me voir 
rire; je ris de ce que tu viens r&lamer les pays con- 
quis k la pointe de notre ^p6e. Sacfae que nous avons 
des serres plus terribles que les faucons ; nos mains 
restent la ou nous les avons mises une fois , k moins 
qu'on ne les coupe ; retiens ces paroles, car il en est 
ainsi. La terre regoit chaque gouttede pline qui tombe ; 
de mtme nous ecoutons toutes les paroles qu'on nous 
adresse, surtout celles des ambassadors; mais si nous 
avons de longs bras, vous avez la vue tongue aussi. 
Vous reclames des possessions perdnes depuis bien 
des aim&s, vous r6vez toujour* de Belgrade. Je pen- 
sais que tu aurais depuis long- temps oublie la Syrmie, 
mais je vois que tu as bu du vin di'Syrmie, et il faut 
croire qu'il t a plu. Tu dis que cette province nous 
cotite plus qu'elle ne nous rapport e; e'est vrai, pour 
le moment, car nous depensons chaque mois vingt- 
hint charges d'argent pour son occupation, c est-&- 
dire cinquante-six mille ducats^ et par consequent six 
cent soixante-douze mille ducats par an [xvii]. En 
fehange de la Synnie, nous ne voulons pas de pr6- 
sen^, mais un tribut. Tu nous as parte deux fois de 
la Pologne ; nous avons renvoyi le dernier arabassa- 
deur de ce royaume a vec une treve detrois ans, dont 
le terme va bientdt expire*. Bien que nous ne soyons 
pas en guerre avec la Pologne, elle nous a rapport^ ces 
dernteres annles plus de cinquante mille ducats, car 



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io8 HISTOIHE 

les Tatares vendent aux Turcs tous les prisonniers 
qu'ils font sur elle , et la douane de Kilia et de Kaffa 
a eu depuis deux ans un exc£dant de plus de trente 
mille ducats sur lesrecettes ordinaires; si nos troupes 
p£n£traient en Pologne par la Moldavie avec les Ta- 
tares, elles y resteraient malgre les efforts du roi, pen- 
dant une ann£e entire, mettant tout k feu et k sang x . » 
Souleiman donna audience k Lasczky le 27 Janvier 
1 528 , et r£pondit eji ces termes au discours que 
celui-ci lui adressa : « J'accepte avec plaisir le d£- 
votiment de ton maftre; jusqu'& present son royaume 
ne lui a jamais r6eilement appartenu ; il est k moi par le 
droit de la conqu&e et du sabre. Mais en recompense 
de sen attachement a ma personne, non seulement je 
lui c&lerai la Hongrie , mais encore je le prot^gerai 
si ef! 
pour 
dien< 
pelle 
vani< 
les ei 
sens 
etle 
de s< 

quatre vetemens d'honneur et dix mille aspres (deux 
cents ducats). Le leademain il fut admis en presence 
du Sultan qui lui parta en ces termes :« Tu sais quels 
sont les moyens par lesquels nous pourrons prouver 

■ Catona a omis ces citations, qui se trouvent dans Bel, p. 176. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 109 

a ton maitre noire attachement; ses affaires sont les 
miennes, et ce qui m'appartient est k lui. Je sais que 
souvent les puissances chr&iennes out amoncete des 
nuages menagans sur mes aieux et ie peuple de Mo- 
hammed, mais ces nuages ne lan$aient pas la foudre. 
Sans leurs provocations , le sang humain n'aurait pas 
coul£, mais il &ait' indispensable dan&ntir ceux qui, 
k chaque occasion, se levaient contre nous. Que ton 
maitre nous tienne au courant de toutes les affaires 
importantes ou non des Etats Chretiens , et l'alliance 
qui est entre nous prendra de jour en jour de plus 
profondes racines. Je veux 6tre pour ton maitre un 
ami et un alK£ fiddle >, je marcherai en personne et avec 
toutes mes forces contre ses ennemis , j'en jure par 
notre proph&e Mohammed aim6 de Dieu, et par mon 
sabre. » Lasczky jura k son tour « par Ie Dieu vivant 
et par Jesus le Redempteur, qui est aussi Dieu, que 
son maitre serait Tami des amis de Souleiman et l'en- 
nemi de ses ennemis. » II pr£senta ensuite Louis Gritti 
comme ptenipotentiaire de Zapolya. Le 29 fSvrier 
1528 fut sign6 le premier traite d' alliance entre la 
Hongrie et la Turquie ; on promit en outre k Lasczky 
cinquante canons et cinquante quintaux de poudre , 
dont on prepara le depart immediat par le Danube et 
la Theiss ; il fut ordonne en m&ne temps k tous les 
sandjaks de 1'empire de preparer leurs contingens pour 
entrer en campagne au premier signal l . 

■ Catona, XX, p. 3a8 et 334, a reclifie les erreuto d'Istuanfi et de 
Jovius sur cette missioQ de Lasczky, et quelques fautes de dates dans sou 
journal. 



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no HJSTOIRE 

Ferdinand, instruit des d-marches de Zapolya et da 
succ£s de la mission de Lasczky, envoya de son c&t& 
une ambassade k SotdeSman ; cette ambassade; la pre- 
miere de rAutriche aupr£s de la Porte, &ait compose 
des deux nonces Jean Hobordansky de Salathnook, et 
Sigismond Weixelberger , originaire d'Allemagne, qui 
latent charges, non de demander des secours, mais de 
r&Iamer la restitution des pays pris sur la Hongrie ', 
d'offirir une paix definitive, on du moins de n£gocier 
une tr^ve. Apr&s un voyage de six semaines, les deux 
ambassadeurs arrivArent k Constantinople le 29 mai 
2 \ \ 5y$8, jour anniversaire de la prise de la ville. lis firent 
leur entree, escorts par mille chevaux qui etaient ve- 
nus k leur rencontre sur l'ordre du Sultan. « Comment 
ton mattre a-t-il eu l'audacieux orguefl, demanda Ibra- 
him k Hobordansky, de s'intituler le ir£s-piussant, en 
pr&ence du saltan des Ottomans, sous l'ombre duquel 
se r£fagient les autre* princes de la chr^tient^ ? » 
Hobordansky ayant voulu savoir quelles &aient les 
puissances qui imploraient la protection de la Porte, 
Ibrahim lui nomma la France , la Pologne , Venise 
et la Transylvanie. A la vue de la liste sur laquelle 
Etaient £num£r£es les possessions r£clam£es par Fer- 
dinand [xvni], le grand-vizir s'&onna qu'on n'eAt pas 
demand^ aussi Constantinople. Les rudes manures 



i Zermegby, Rer, gesl. inter Ferdinandum et Johannem, dans Schwandt- 
ner, II, 393. Magasin hongrois, IV, 396. Rapport d'Hobordansky, dans 
les archives de la maison I. R. d'Autriche; on y trouve aussi une foule de do- 
itimens turcs jusqu a present incomius , et que nous aurons souvent occasion 
<le citer. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 1 1 1 

du guerrier hongrois Hobordansky diflferaient beau- 
coup des maeurs courtisanesques du palatm polonais 
Lasczky . Souleiman s'irrita tellement , non - seulement 
des reclamations de Ferdinand en elles-m&nes, mais 
encore de la forme sons laquelle elles &aient pr6sen- 
ties, qu'il fit d&enir les ambassadeurs dans leur h6tel. 
II neleur rendit la liberty qu'aprta une captivity de neuf 
mois, et les cong^dia en leur remettant & chacnn un 
present de cinq cents ducats et en leur disant : « Votre 
mattre n'a pas encore eu avec nous de rapports d'ami- 
tte et de voisinage ; mais il en aura bient6t. Vous pour- 
rez lui dire que j'irai le trouver avec toutes mes forces, 
et que je lui donnerai moi-m&ne ce qqil demande. 
Ainsi dites-lui bien qu'il se prepare k noire visite. » 
Les ambassadeurs r^pondirent que leur maitre serait 
charm6 de voir arriver le Sultan en ami, mais quil 
saurait aussi le recevoir en ennemi. L'ambassadeur 
polonais, envoy£ par son mattre pour le renouvelle- 
ment de la tr&ve, ay ant era reconnaitre dans Sigis- 
mond Weixelberger, Sigismond Dietrichstein, un des 
fideles serviteurs de Ferdinand, s'atdra la colore du 
grand-vizir qui 1'accusa d'&re un espion du fr£re 
de Charles-Quint x ; il reprocha avec non moins d'ai- 
greur aux ambassadeurs autrichiens le meurtre du 



i Rapport de Weichselberger, dans les archives de Vienne. U existe sur 
eelte premiere ambassade de rAutriche a la Porte un rapport imprint de 
quatre feuillets, sans indication du lieu d'impression : Welcher gcsialt 
Kunig. M*j> %u Hungarn Behemb Bothsehaften ncmlick Herr Sigismund 
WeUhselbtrger umd ein Ungarischer Herr zu dem turkiscJien Kaiser zukom- 
men sintL Voyez Windisch, Magmsin hongrois, IV. 



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ii2 HISTOIRE 

tschaouscb envoys nagu&re k la cour de Louis II f . 

La r£ponse de Souleiman au message du roi de Hon- 
grie 6tait d'autant plus insukante, que trois jours au- 
paravant il avait d61ivr£ k Ibrahim, en plein diwan, un 
dipl6me qui le nommait serasker ou g£n£ral en chef 
de r expedition contre l'Autriche ,' avec le traitement 
inoui de trois millions d'?spres par an (soixante mille 
ducats). Les derniers paragraphes de ce dipl6me, qui 
fut r£dig6, sous les yeux m6me du Sultan , par l'his- 
torien Djelalzad6 , son secretaire d'etat , d&inissent 
ainsi le pouvoir accords au grand-vizir : 

« Jordonne par ces pr&entes que tu sois d&s au- 
jourd'hui et pour toujours mon grand-vizir, et le se- 
rasker nomm£ par ma majeste dans tous mes £tats. 
Mes vizirs , beglerbegs, juges d'arm£e , 16gistes, juges , 
seids, scheikhs, mes dignitaires de la cour et colonnes 
de I' empire, sandjakbegs, g&ieraux de la cavalerie ou 
de l'infanterie , alaibegs (g£n£raux des troupes feuda- 
taires), soubaschis, tscheribaschis (officiers de ces 
m&nes troupes) , toute mon arm£e victorieuse , tous 
mefe esclaves, grands ou petits, mes fonctionnaires et 
employes, les habitans de mes royaumes et de mes 
provinces, les bourgeois et les paysans, les riches et les 
pauvres , tous enfin reconnaitront mon susdit grand- 
vizir comme serasker , l'estimeront et le v£n6reront 
en cette qualite, regarderont tout ce qu'il dit ou croit 
comme un ordre £man£ de ma bouche qui fait pleu- 

i Windisch , Magasin hongrois : Der Bothschaft jurgehalien wie des 
Turk tein Boihschuftcr zu weylandt Kenig Ludwig gcsandt, da tey erschU- 
gen worden, deshalben sy attch hedraut, und nit in kleiner Furcht. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. n3 

voir des perles, £couteront sa parole avec toute l'atten- 
tion possible, recevront chacune de ses recommaii- 
dations avec respect, et ne s'en £loigneront en rien. 
Le droit de nomination et de destitution, pour les pla- 
ces de beglerbegs , de sandjakbegs et toutes les au- 
tres dignk£s et fonctions, depuis lea plus£lev£es jus- 
qu'aux plus basses, soit a ma bienheureuse Porte, soit 
dans les provinces, est confere k son jugement sain, k 
son esprit p£n£trant. Ainsi il doit remplir les devoirs 
que lui imposent les attributions de grand- vizir et de 
serasker, ne pas devier du chemin du droit et de la 
justice, donner k chaque homme le rang qui lui con- 
vient. Lorsque ma sublime personne entre elle-m&ne 
en campagne , ou lorsquun £v£nement exige renvoi 
d'une armee, le serasker reste seul maitre et seul juge 
de ses actes; personne ne doit lui refuser ob&ssance. 
Toutes les dispositions qu'il jugera k propos de pres- 
crire relativement aux collations de sandjaks, de fiefs 
et d'emplois, aux augmentations de solde ou de traite- 
ment, aux distributions de presens, excepte ceux qu'on 
f ait k Tarm^e en general, sont d'avance approuv&s 
et sanctionn^es par ma Majeste. Si, contre mon ordre 
sublime et lekanoun (loifondamentale), un membre 
de mon arm^e victorieuse (Dieu nous en preserve!) 
&ait rebelle k l'ordre de mon grand-vizir et serasker, 
si un de mes esclaves opprimait le peuple, il faudrak 
en instruire sur-le-champ ma sublime Porte, et le cou- 
pable ou les coupables , quel que soit d'ailleurs leur 
nombre , recevraient la punition qu'ils auraient m6- 
rit£e [xix]. >> 

T. v. s 



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i,4 H1ST0IRE 

Le Sultan fit remettre au grand-vizir avec ce di- 
pl6me trois pelisses d'honneur et neuf chevaux riche- 
ment enharnach£s, dont un &ait chargl d'un sabre, 
d'un arc el de fl&hes £tincelans de pierreries; Ibra- 
him regut £galement six queues de cheval et sept &en- 
dards, au lieu des quatre d usage. Ges sept &endards. 
dont deux rouges, deux ray£s, et les autres blanc, 
vert et jaune , devaient appeler 1'heureuse influence 
des sept plan&es sur les armes ottomanes. Le begler- 
beg de Roumilie, Kasimpascha, vint les presenter au 
grand-vizir dans son camp £tabli k Daoud-Pascha , 
un des faubourgs de Constantinople. A cette occasion , 
Ibrahim traita de la mantere la plus somptueuse les 
grands dignitaires de 1'empire et les g£n6raux de Tar- 
mfo x . Peu de temps apr&s mourut le second vizir, 
Moustafa-Pascha, vieilli au service de S£lim et de son 
fib; il eut pour successeur le beglerbeg de Roumilie. 
Kasim , dont la dignity fut cumul£e une seconde fois 
par Ibrahim avec celle de grand-vizir *. 

Le 10 mai 1599, Souleiman partit de Constanti- 
nople avec une arm£e de deux cent cinquante mille 
hommeg et un pare d'artillerie de trois cents canons. 
Une ordonnance spfciale r£gla ainsi la marche de la 
suite du Sultan : h la Idle, &aient les tschaschn£gir£s 
(buyers tranchans), derrfere ceux-ci venaient les 
mouteferrikas (fourriers) , sui vis eux-m£mes des agas ; 
les nischandjis , les defterdars et les kadiaskers mar- 

i Djelalwide, f. 124. Mouradjea d'Ohison, VII, p. 3gi. Solaktadc, 
f. 168. Ferdi, f. i5o. All, xxue recit. 
a Ferdi, f. i5o. Petschewi, f. 48. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 1 1 5 

chaient imm^diatement devant les sept queues deche- 
val du Sultan '. A Philippopolis, la Marizza avait iti 
tellement grossie par les pluies , qu'elle emporta le 
pont, et inonda la plaine dans Iaquelle avait &6 dress6 
le camp ottoman (9 juin — % schewal). Beaucoup de 
soldats furent noy£s; d'autres se r&ugterent sur les 
arbres au risque d'y mourir de faim , bk>qu6s qu'ils 
£taient par les eaux \ L'arm& continuant p&iiblement 
sa marcfae par une pluie battante, put cependant 
traverser la Morawa et la Save, et passa k Essek la 
Drave sur un pont qu'elle y jeta. Lorsque le Sultan 
fat arrive k Mohacz, Zapolya vint lui rendre horn- 
mage, accompagn6 de son ambassadeur Lasczky, et 
d'un corps de six mille chevaux. Le grand-vizir, ins- 
truit de l'approche de Zapolya, se porta k sa rencontre 
avec cinquante cavaliers de sa suite et autant de janis- 
saires a . Le jour suivant (20 juillet — 14 silkide) fut 
fix6 pour la reception solennelle du nouveau roi de 
Hongrie. Dans l'int&rieur de la tente imp£riale&aient 
ranges les agas de la cour ^t de l'armi&e, derri&re eux 
les gardes~du-corps (solaks), arm6s de Tare et des 
Arches, puis les ecuyers et les founders ; k Text^rieur, 
les janissaires formaient la haie des deux c6t6s. Der- 



* Journal de Souleiman. 

* Ali, xxii« recit, f. a 36, et Solakzade, p. 108 , racontent d'apres Dje- 
lalzade, f. 198, une aventure qui trouvera beaucoup d'incredules. Ojelalzade 
pretend que Nakasch Alibeg , dont il lient ee recit, s'&ant refugie sur uu 
arbre, fut assiege* toute la Quit par de petits serpens qui, prenant sa boju- 
che et ses oreilles pour des trous , voutaient toujours s'y cacber. 

3 Journal de Souleinjau. 



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H6 HISTOIRE 

rtereles janissaires, kdroite, &aient les sipahis et les 
troupes de Roumilie, a gauche les silihdars et rarmee 
d'Anatolie. Vers midi, les agas de l'aile gauche et les 
fourriers alterfent recevoir Zapolya, et lui servirent 
d'escorte jusqu a la tente imp£riale. En le voyant en- 
trer, Souleiman se leva, fit trois pas en avant , et lui 
donna sa main a baiser, en Imvitant a s'asseoir a sa 
droite; les vizirs Ibrahim, Ayaz et Kasim, se tenaient 
debout k sa gauche. En cong&liant Zapolya, le Sultan 
lui fit pr&ent de trois chevaux de race avec leurs 
housses dor, et de quatre kaftans de drap dor ! . Ainsi 
Souleiman rendit a jamais memorable le th&tre de sa 
brillante victoire sur les Hongrois, en y recevant les 
hommages du roi de Hongrie; et les champs de Mo- 
hacz furent deux fois t£moins de la honte du royaume, 
car ils virent la d£faite du roi Louis et I'humiliation de 
Zapolya, qui sacrifia l'honneur national k son ambi- 
tion. Pendant la marche de Mohacz a Sexard, Balibeg, 
gouverneur de Zwornik , fut envoy£ en avant avec 
cinq cents cavaliers, pour,aller recevoir la couronne 
royale de Hongrie, et le gardien de cette couronne,* 
Pierre Pereny, qui &aient tomb£s entre les mains 
dun parti de Zapolya. 

Le 3 septembre , Souleiman arriva sous les murs 
d'Ofen, alors au pouvoir de Ferdinand, et dressa son 
camp sur les coteaux vineux qui avoisinent la ville [xx]. 
Les travaux de stege commencerent imm£diatement, 
Souleiman et Ibrahim, revetus d'un simple kaftan de 

i Journal de Souleiman. Petschewi , f. 38. Ali, f, a 3?. Djelalzade, 
f. 12K. Ferdi, f. i56. Istuanfi. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 1 1 7 

libeline et la t6te couverte dun casque, all^rent fr6- 
quemment reconnatlre les fortifications. Le cinqui&me 
jour, la porte infi&rieure fut emportle par les Otto- 
mans; le lendemain, un nouyel assaut ayant &6 donn£, 
la garnison, subissant l'influence de deux l&ches, des 
capitaines allemands Christophe Besserer et Jean Tau- 
binger, se rendit, sous la condition de la vie sauve \ 
avant m£me que la brfeche etit &i£ ouverte. Les janis- 
gaires murmur&rent en se voyant d£$us dans leur 
espoir de pillage et demand£rent un d^dommagement. 
Leur m£contentement ne tarda pas k amener des d6- 
sordres graves, au milieu desquels leur second g&iiral 
(segbanbaschi) fut bless6 a la t6te, et d'autres hauts di- 
gnitaires chassis k coup de pierres a . Furieux du refus 
que fit le Sultan de satisfaire k leurs exigences, ils ven- 
dirent les habitans comme esclaves, et massacr&rent, 
au m£pris de la capitulation, la garnison allemande, 
lorsqu'elle sortit de la forteresse. Ce massacre ne doit 
done pas 6tre attribu£ au Sultan comme celui des pri- 
sonniers de Mohacz, mais seulement k la f6roce avi- 
dite des janissaires 3 . Sept jours apr6s la prise d'Ofen, 
Zapolya fut install^ sur le trdne des Arpades, non par 
le Sultan en person ne, le grand- vizir, ou Tun des au~ 

1 Journal -de Souleiman du 8 septembre. 

* Journal de Souleiman. Djelaltad£, Solaksade , Hatanbegzade, Ferdi, 
AH. Petschewi, f* 4&. Ce dernier dit qu'un prisonnier avait tire son sabre 
contre un musulman qui toulait visiter un char couvert emmene par la gar- 
nison, et que la-dessus le massacre general avait eu lieu. Cette circoustance 
u'est consignee dans aucun historien hongrois, non plus que I'emeute des 
janissaires. 

3 Journal de Souleimau. 



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ti8 HISTOIRE 

tres vizirs, pas m£me par un des beglerbegs d'Europe 
et d'Asie, ou le g£n£ral des janissaires, mais par le 
premier lieutenant de ce dernier. Ce fut done le seg- 
banbaschi, qui, suivi de Louis Gritti, alia chercher le 
votevode de Transylvanie datis sa tente pour le con- 
duire au chateau royal. Zapolya fit present de mille 
ducats au segbanbaschi, et dune somme pareille aux 
janissaires qui l'avaient escort^ z . Souleifman laissa un 
gouveraeur tare k Of en , et se dirigea sur Vienne , 
menant k sa suite son nouveau vassal; Mohammed- 
beg, gouveraeur de Semendra et fils d'Yahya-Pascha, 
pr£c£dait Farmfe, dont il avait ordre d'6clairer la 
marche'. 

Avec les orages de l'£quinoxe d'automne, arri- 
virent a Vienne les premiers corps des akindjis sous 
les ordres d'un descendant de Mikhaloghli. Christophe 
Zedlitz, porte-drapeau du comte Jean de Hardek 
et six chevaliers [xxi], furent au nombre des premiers 
prisonniers faits par ces hordes terribles, que les his- 
toriens du temps d£signent sous le nom significatif de 
faucheurs ou d'&orcheurs. Zedlitz et ses compagnons 
d'infortune furent contraints de porter chacun au bout 
dune pique la t&edNmprisonnier d&apit£, etd'aller 
ainsi jusqu'& Bruck, sur la Leitha, k la rencontre du 
Sultan 3 , qui les interrogea sur la force de la gar-* 

i Le kanoun d'Ebousouood, compose dans les annees 93a et 936 de 
lhegire et promulgoe par Sooleiman, se trouve dans les Manutcrus de Dies* 
a- la Bibliotheqne royale de Berlin, no VI, f. 32. 

• Journal de Souleiman. AH, f. 337. Petschewi, f. 49. Ferdi, f. t58* 
Abdoulaziz, f. 81. 

3 Pessel et Labach, publie par Meldeman. Nuremberg, i53o* 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 119 

toison de Vienna, et le s£jour actuel de Ferdinand. 
Ceux-ci ayant repondu que la garnison comptait vingt 
mille fantassins et deux mille cavaliers, et que Ferdi- 
nand s'&ait retir6 dans le haut pays, le Sultan dit qu'il 
poursuivrait Ferdinand jusqu'k ce qu'il feftt trouve, 
qu'il respecterait les biens et les habitans de Vienne, 
s'ils se soumettaient volontairement, mais que dans le 
cas contraire il livrerait la ville k ses soldats. La veille 
du jour de Saint-Wenceshrw (g7 septembre — 23 mo- 
harrem), Souleiman arriva sous les murs de Vienne, 
et vint camper dans le village de Simmering. La tente 
imp£riale , sur l'emplacement de laquelle a 6t& bftti 
plus tard un Edifice correspondant exactement a sa 
surface, 6tait tapiss& k Tint^rieur de drap dor, et s'e- 
levait k l'ext&rieur sur des colonnes k chapiteaux dor ; 
tout autour &aient distribu£s douze mille janissaires. 
Les troupes du beglerbeg d'Anatolie, Behram-Pascha. 
s'&endaient sur la gauche du quartier-g^neral dp Sul- 
tan jusqu a la petite riviere de Schwechat; k droite de 
Simmering &aient dress£es les tentes de la chancellerie 
et du defterdar. Le camp du grand- vizir occupait tout 
1'espace compris entre Saint-Marc et la porte de Vienne 
dite porte des Po4le$, et se prolongeait de ce point jus- 
qu'k la montagne dite FJ^ienerberg. A c6t6 des tentes 
du grand -vizir s'&evaient celles de Paul Verday, 
qui avait honteusement livr6 la forteresse de Gran 
sans coup-ftrir ' , de Paul Pereny, gardien de la cou- 
ronne, de Simon Athinai, le savant ami de Zapolya. 
et de Louis Gritti, le confident d'Ibrahim. Entre Saint- 



Istuanfi. Catona, XX, p. 438. 



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no HISTOIRE 

Marc et le Wienerberg, se trouvait le pare d'artillerie 
compost de quatre cents canons, fauconneaux et cou- 
leuvrines , sous les ordres du topidjibaschi ou com- 
mandant en chef de l'artillerie de siege. Balibeg ', 
general de l'avant-garde, occupait les hauteurs du 
"Wienerberg et le versant de cette montagne oppos£ 
k la ville ; en avant du Wienerberg les troupes du 
commandant de rarrtere-gardeKhosrewbeg 3 , se d£- 
roulaient jusqu'a Vienne. A la porte dite du Cha- 
teau, &aient post£es les troupes du gouvernement de 
Roumilie, ramassis de Bulgares, de Croates et de Ser- 
viens; a la porte des Ecossais et dans la direction de 
Doebling, le pascha de Mostar. L'armee de stege comp- 
tait environ cent vingt mille hommes et vingt mille 
chameaux. Le voitevode Kasim * commandait sur le 
Danube une flottille de huit cents nassades monies 
par les martoloses (troupes irr^gulieres). Dans la ville, 
l'ann£e des assies s'6tait echelonnee sur les remparts 
en sept stations diffSrentes , correspondant chacune 
aux sept campemens des Turcs. 

En fece des tentes du grand-vizir, derrtere les- 
quelless'&evaient eelles du Sultan, le palatin Philippe, 
due de Bavtere, occupait avec quatre cents cavaliers 
et quatorze bataillons de troupes de l'empire, la porte 
des Po&es en s'&endant a gauche jusqu a la porte de 



< Koutschouk Balibeg, dont le pere avail eu quatre fils, qui obtinrent tous 
un oommandement , dit Pessel , et noa pas le pascha de Belgrade avec ses 
quatre fils, comme le dit VAlmanach pour l'histoire d'Autriche, ou il fayt, 
lire, p. 94, Mostar, au lieu dejiastarzky. Voyez aussi Velius, p. 116^ 

a VUtiunbeg de Pessel. — ' Labach, Pessel. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 121 

la Tour-Bouge, et a droite, jusqu'& mi-chemin de la 
porte de Carinthie ; la defense de cette partie du rem- 
part, qui allait rejoindre la porte de Carinthie et se 
prolongeak jusqu'au couvent des Augustins, etait con- 
tinue par le contingent de la Basse- Autriche, sous le 
chevalier Eck de Reischach. La ligne des fortifications 
depuis et compris le cloitre des Augustins jusqu'au 
chateau, ^tait confine a Abel de Holnek et k ses Sty- 
riens. Ulric Leisser, conseiller de guerre et maltre- 
g£n£ral de l'artillerie, d^fendait le chateau. Le poste 
entre le chateau et la porte des ticossais &ait com- 
mand^ par le conseiller aulique Leonard de Fels, ayant 
sous ses ordres quelques bannieres d'Autrichiens et 
les capitaines de la garde bourgeoise de Vienne. Les 
remparts, depuis la porte des Po61es jusqu a la porte 
de Werder, qui avoisinait le quartier des Juifs appete 
Elend (mis&re) " , &aient dtfendus par Remprecht 
d'Ebersdorf avec une banntere d'Autrichiens et les 
troupes espagnoles; Ernest de Landenstein, traban 
de la cour , colonel de quatre bataillons de Bohgme, et 
cinq cents cavaliers sous Jean de Hardek , combat* 
taient sur la ligne qui s'&end des tours de Werder et 
du Sel a la Tour-Rouge a . Les forces des assi£g£s s'6- 
levaient en tout a seize mille hommes, et cette poignle 
de soldats avait a d&endre, contre la formidable ar- 
mee de Souleiman, un rempart de six pieds au plus 
d'epaisseur et enticement degarni de bastions. Mais si 

1 Qua a Judcorum turn tenet et ira ellendt germanice appellator. Did&ca 
Serava (Syndromus, p. 58). 

? Pessel, dans Lewenklau, p. 457. 



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1 1% H1STOIKE 

les moyens de defense <kaient faibles, la haine contre 
lea Turcs 6tait vivace et profonde, 1'ardeur des soldats 
sans £g*Ie, l'habilete et le courage des chefs une suffi- 
sante compensation du nombre; ces chefs etaient le 
comte paiatin da Rhin Philippe, due de Ravi&re, 
nomme r&emment g£n£ral en chef de Tarm^e contre 
les Turcs h la di&e de Spire, en remplacement de son 
cousin Fr£d&ic de Bavfere, le comte Nicolas de 
Salm et le baron de Roggendorf '. 

Dans l'attente de l'ennemi, les faubourgs avaient eti 
brides ou nts£s; un nouveau rempart en terre 6\e\6 
k vingt pas du premier dans lmt&ieur de la ville, et 
la rive du Danube ctefendue par des palissades. Un 
bastion avait 4t& construit pr& de la tour du Sel et du 
pont des Abattoirs ; les maisons dont les toits Etaient 
en bois avaient &6 d&nolies, pour prevenir les effets 
incendiaires des bombes. L'artillerie des assieg^s ne 
consistant qu'en soixante-douze canons, n'&ait gu&re 
que le cinqui&ne de celle des Ottomans. 

Le jour m£me oii Souleiman &ablH son camp a 
Simmering (27 septembre — 23 moharrem) , les quatre 
cents oassades composant la flottille turque du Danube 
avaient remont£ le fleuve, brtklant tous les ponts sur 
leur passage, Le lendemain, les assies au nombre de 
deux mille cinq cents firent une sortie par la porte 
de Garinthie, et tomberent sur les Turcs, auxquels 
ils tu^rent deux cents hommes, parmi lesquels deux 
yahyabaschis (capitaines), un tschaousch et plusieurs 
janissaires; le grand-vizir liri-m&ne, qui, deguise, fai- 

* Pessel, p, 447. 



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BE L'EMPIRE OTTOMAN. is3 

sail le tour de la ville h cheval, fut sup le point d'etre 
fait prisonnier '. Le 99 septembre (25 moharrem) , 
trois bannfcres firent une seconde sortie par la porte 
du Chateau, mais elles ne tarderent pas k rentrer, apres 
avoir fait £prouver quelques pertes aux Turcs \ Le 
2 octobre (98 moharrem), led assi£g& attaqu&rent le 
camp du beg de Semehdra et en revinrent avec trente 
t6tes et dix prisonniers 3 . Le m6me jour, on commenga 
a contreminer les mines pratiques par les asstegeans 
sous la porte de Carinthie et le couvent de Sainte- 
Glaire *. Le secret de oed mines avait &6 Hvr6 aux 
chr^tiens par un transfuge turc. L'ennemi, disappoints 
dans ses tentatives, ouvrit contre la porte de Carinthie 
un feu terrible qui dura toute ia nuit 5 . Le 6 octobre 
(9s4fer), le grand- vizir ordonna aux akindjis de pre- 
parer des ^chelles pour l'escalade, et aux troupes 
d'Anatolie de faire des fascines pour combler les fos- 
ses 6 . Le m£me jour T arriva au camp ottoman Simon 
Athinai, partisan et ami de Zapolya. Son grand savoir 
lui avait m£rit£ le surnom de Utteratus, traduit par le 
Journal de Souleiman en celui de Reisoul OuUma ou 



i Pessel et Didaco placent oette sortie au 29 septembre; Labach et 
Meldeman , au 37 ; le Journal de Souleiman, au a 3. 

* Labach, dans Meldeman, le 28 septembre. D'apres le Journal de Sou- 
leiman, le vj. 

3 Pessel, p. 463, ne fait mention que de la decouverte d'une mine ; mais 
Labach parle aussi de la sortie du 1 octobre et d'une escarmouche qui avait 
eu lien la veille. Dans le Journml de Souleiman , il n'est parle que de la visile 
rendue au Sultan par les vizirs. 

4 Pessel et Didaco. — 5 ibid., p. 463. 
€ Journal de Souleiman du 4 octobre. 



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124 HISTOIRE 

chef des savans, et lui valut la plus gracieuse reception 
da padischah , qui , ayant lui-m&ne l'esprit cultiv£, 
aimait et honorait la science mdme dans un infid£le. 
Ce fut encore le m&ne jour (6 octobre), vers les six 
heures du soir, que le comte palatin Fr&teric tira au 
sort les bataillons qui la nuit m&ne devaient faire une 
sortie. II fut convenu qu'avant 1'aube (7 octobre) x , 
huit mille hommes , sous les ordres d'Eck de Rei- 
schach, serendraient de la tour du Sel aux portes du 
Chateau et de Carinthie, afin de surprendre Tennemi, 
tandis qu'une autre colonne, sous la conduite de Sigis- 
mond Leyser, qui irait tourner le couvent des Cannes, 
tomberait sur ses derrteres ; mais ce projet £choua 
par une trop grande lenteur d'ex&ution; lorsque Si- 
gismond Leyser arriva avec sa troupe a la porte du 
Chateau, il faisait jour, et les janissaires &aient prtts 
a le recevoir. La ]&chet£ ou la trahison d'un chef de 
file qui poussa un cri de dfroute, d£cida la fuite des 
assieg£s, qui rentrerent dans la ville laissant cinq cents 
des leurs sur la place et plusieurs prisonniers. Les 
Turcs eurent a regretter dans cet engagement la molt 
pr6matur6e du brave Alaibeg de Giistendil a , et les 
chr^tiens, celle du capitaine Wolf Hagen , de George 
Steinpies et de l'Espagnol Garcia Guzman; trois balles 



* Pessel et Souleiman sonl entierement d'accord sur cetle date que Labach 
place par erreur au 6 octobre. Djelalzade decrit, f. i3i ct i3a f les assauls 
du »9 septembre, du a et du 6 octobre. Ali, f. a37. petschewi, f. 39, 
Abdoulaziz, f. 81 et 8a. 

a Journal dc Souleiman. Pessel ne parte de ces travaux qu'a la date du 
5 octobre, ajoutant qu'ou o'a jamais fait usage des fascines. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. i*5 

gtaient venues mourir sur la cuirasse d'Eck de Rei- 
schach qui commandait en chef la sortie. Les Otto- 
mans poursuivirent de si pres les imp^riaux , qu on 
crut un moment qu'ils entreraient avec eux dans la 
ville, m&is il n'y avait pasde br&che pratiqu£e, et une 
fois les portes ferni^es , on repoussa ceux qui vou- 
lurent monter k r escalade r . Souleiman, craignant une 
nouvelle surprise, fit tenir la cavalerie en selle pen- 
dant toute la nuit (8 octobre) ; les assi£g£s, voyant ainsi 
les Ottomans sous les armes , crurent par erreur k 
une attaque pour le lendemain a . Le 9 octobre, vers 
les trois heures de rapr&s-midi, deux mines £clat£rent 
a droite et k gauche de la porte de Carinthie et firent 
deux bitches, Tune qui livrait passage a vingt-qu&tre 
hommes de front , et 1'autre qui etait large de deux 
aunes. Les Ottomans donnferent pendant trois jours 
cons&utifs Tassaut k la ville(10, 11 et 12 octobre), 
mais ils rencontrerent partout Nicolas de Salm et Jean 
Katzianer qui se portaient sur tons les points ou le 
p6ril &ait le plus menagant. L explosion de deut nou- 
velles mines £largit encore la br£che de la porte de 
(Carinthie; mais les begs d'Yanina et de Valona ayant 
voulu profiter de cette circonstance, furent repousses 
par trois fois avec une perte de deux cents hommes *. 
Le 12 octobre, une grande partie du mur entre la 

■ Pessel et Serava ne diseut rien de cet assaul , qui est rapport^ dans 
Lewrnklau, p. 38g, ainsi que dans Melderaan, d'apres Labach. 

• Journal de Souleiman. Les historiens se taisent sur un assaut repousse 
ce meme jour par le eomte Salm, et dont parle le Tasckenhuch Jur Geschicie, 

P- 97- 

3 Journal de Souleiman. Labach, Pessel, Serava, Ley he, le Journal de 



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ii6 UISTOIRE 

porta de Carinthie et la porte des Ponies s'&roula, et 
1'attaque recommenga avec une nouvelle fureur. On 
vij du haut des tours de Vienne les paschas et les 
begs stimuler a coups de baton et de sabre le courage 
des janissaires et des azahs. Les Ottomans ayant 6x6 
repousses k deux reprises dffi&rentes , le grand-vizir 
tint un conseil de guerre, dans lequel il fut r£solu de 
dobner le lendemain un dernier assaut, puisque la 
saison avanc£e et le manque de vivres commandaient 
la retraite, et que d'ailleurs on avait d6jk satisfait a 
la loi de llslamisme, qui n'ordonne que trois attaques 
en bataille rang^e ou dans un si£ge. On ranima le 
courage d&aillant de Fannie par des distributions 
d'argent et de grandes promesses x . Les janissaires 
re^urent chacun mille aspres ou vingt ducats ; on fit 
proclamer dans le camp que celui qui arriverait le 
premier sur les murs recevrait un fief de trente mille 
aspres, s'il n'en poss6dait pas encore, serait fait sou- 
baschi, s'il n'&ait que sipahi, et serait 6le\6 k la di- 
gnity de sandjakbeg s'il &ait soubaschi. Souleiman alia 
en personne inspecter les brfeches, et les trouvant 
suffisamment larges, il donna de grandes louanges a 
Ibrahim a . Ce m&ne jour, pendant que les mineurs 
ottomans ex^cutaient de nouveaui travaux et qu'un 

Belt, Mariui Sanuto : AMI 9 Ottobre fece il Turco topra la torre di Carnar 
verso il monastero di S. Chiara due grosse mine nel qual loco era il C. N. 
fli Salm sopremo hgoienente e con ipso Giovani Cosianer. 

* Journal de Souleiman, le i3 octobre. 

3 Journal de Souleiman. Peasel, Labach, Serava et le comte Nicolas de 
SsAm dans le Tasckenbuch fur vaterlandiscke Geschicte, p. 5a , par Hor- 
niayer, 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 127 

feu conlinuel foudroyait hi ville, Paul Bakicz et Jean 
Katzianer firent une sortie, et revinrentavec un grand 
nombre de prisonniers ' . 

Le 14 octobre (1 safer), l'arm£e ottomane, divis4e 
en trois colonnes, se porta, au milieu du tonnerre de 
l'artillerie et des fanfares de la musique, sur la brtahe 
de quarante-cinq toises d'&endue, qui existait k droite 
et k gauche de la porte de Carinthie. En vain Ibra- 
him, Behram-Pascha , beglerbeg d'Anatolie, et l'aga 
des janissaires excitaient-ils Vardeur de leurs troupes 
k coups de sabre et de b&ton; les soldats r£pondaient 
qu'ils aimaient mieux mourir de la main de leurs 
raaitres que par les longues arquebuses allemandes. 
Vers les trois heures de l'apr6s-midi , la br^che fut 
encore 61argie par ['explosion de deux nouvelles mi- 
nes ; les assies en d^couvrirent une troisi&me sous 
le ch&teau, et en retirerent vingt-six tonneaux de pou- 
dre. Un dernier assaut fut tent£, mais il echoua contre 
le courage des braves d^fenseurs de Vienne et de leur 
chef le comte de Salm, qu'une pierre dltach£e par un 
boulet blessa gri&vement k la cuisse. Dans l'impossi- 
bilit6 de vaincre, Souleiman donna Fordre de la re-* 
traite \ Vers minuit , les janissaires levirent leurs 
tentes, el livr&rent aux flammes ce qu'ils ne purent 
emporter ; les prisonniers dun Age avanc£ furent brfl- 
16s, plus de mille femmes et enfons massacres, d'au- 

> Istuanfi. Journal de Souleiman : Otlougha we asougha ghiden kimis* 
nelerden kasir bi hadd adam aldi t e'est-a-dire : « Les infideles prirent un. 
grand nombre de cetix qui etaient alles fourrager et battre le pays. » 

9 Journal de Souleiman. 



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12B HISTOIRE 

tres, dans la fleur de la jeunesse et de la beaut 6, era- 
tnen& en esclavage. L'incendie du camp £claira ces 
scenes de desolation aux yeux des habitans de Vienne, 
et les cris lamentables des mourans qu'ils ne pouvaient 
defendre ariv£rent jusqu a leurs oreilles. (Test done 
le 14 octobre que Souleiman, voyant la fortune aban- 
donner ses armes pour la premiere fois, renonga k ses 
prqjets de conqu&e sur Vienne, dont la brillante de- 
fense avait sauv6 le reste*de l'AUemagne de la domi- 
nation des Tures. Cette date semble 6tre consacree , 
dans l'histoire allematide, aux grands ev^nemens. 
Nous la voyons en effet marquer suceessivemertt la 
chute de Brisach, la paix de Westphalie, la bataille de 
Hochkirchen, la prise d'Ulm, la bataille d'I6na, la paix 
de Vienne, la bataille deLeipsick, et enfin la jonction 
des armies coalisees a l'entrle de la campagne qui ter- 
mina la longue lutte de V Allemagne avec Napoleon l . 

Vienne salua sa d£livrance en tirant des salves d'ar- 
tillerie, en faisant r&onner ses horloges qui etaient 
resides silencieuses depuis Tarriv^e des Turcs , et en 
mettant en branle toutes ses cloches. Le grand- vizir 
demanda au porte-drapeau Zedlitz , son prisonnier, 
ce que voulait dire tout ee bruit, et celui-ci lui ayant 
repondu que e'etait un signe de r£jotnssance, il le fit 
rev6tir de soie et d'or et le renvoya k Vienne 2 ; sa 
conduite fut dict£e en cette occasion par un sentiment 
de bienveillance, ou par son d^sir d'aplanir par cette 

« Brisach, i63g; paix de Westphalie, 1648; Hochkirchep, 1758; chafe 
dUlm, i8o5; Iena, 1806; paix de Vienne, 1809; Leipsick, 181 3. 
* Pesse! , Labach. Journal de Souleiman. 



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DE L> EMPIRE OTTOMAN. tag 

tentative de conciliation, les difficult^ qui auraient 
pu s'opposer k un cartel d'6change. En effet, le jour 
suivant, dans une lettre 6crite en mauvais italien aux 
commissaires des guerres relativement k la d&ivranoe 
des prisonniers, il rappelle ce trait, et s'exprime ainsi : 
« Moi , Ibrahim-Pascha, par la gr&ce de Dieu, pre- 
mier vizir, secretaire et conseiller du plus grand, du 
plus glorieux, du plus invincible empereur, du sultan 
Souleiman; moi, chef et administrateur de son em- 
pire, de ses esclaves et de ses sandjaks, g^n^ralissime 
de ses armies , k vous, nobles et g4n£reux capitaines ! 
Nous avons pris connaissauce de la lettre que vous 
nous avez fait tenir par voire messager. Sachez que 
nous ne sommes pas venus pour prendre votre ville, 
mais pour combattre votre archiduc; c'est ce qui nous 
a fait perdre tant de jours ici, sans que nous ayons 
pu le joindre. Nous avons mis hier en liberty trois 
de vos prisonniers; il convient que vous agissiez de 
m6me envers les n6tres, ainsi que nous avons chargg 
votre messager de vous le dire. Vous pouvez done 
nous adresser un envoy*, pour faire le d6nombre~ 
ment de ceux des v6tres qui sont en notre pouvoir, 
et 6tre sans inquietude sur notre fidelity ; car si Ton 
n a pas tenu parole k ceux d'Ofen, ce n'a pas &6 
notre faute , mais la leur '. Ecrit devant Vienne, au 
milieu d'octobre. » 

Gene fut quele 16 octobre que Souleiman leva son 

i Labach donne cette lettre avec le fsc-simUe du chiffre d'Ibrahim. 
Hibischi , qui I'avait eue eatre les maims, dit : In levi italic* pappro indite 
script*, quas ego ipse itt manibus habui et legi. 

T. V. 9 



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i JO 



HISTOIRE 



camp ; ertcore fit-il halte k peu de distance de Vie nne 
pour convoquer un grand diwan ; les vizirs et les agas 
vinrent le f&liciter deTheureuse issue de la campagne, 
et des presens furent distribues pour prouver aux 
troupes qu'elles avaient vaincu. Le grand-vizir regut un 
sabre dont la poignee et le fourreau etaient enrichis de 
pierreries . quatre kaftans et cinq bourses d'or , dont 
chacune valait cinq cents piastres ou soixante mille 
aspres, et par consequent douze cents ducats d'apr&s 
le change d'alors \ La somme reparlie la veille entre 
les janissaires s'elevait a plus de deux cent quarante-six 
mille ducats. Cest ainsi que la politique du Sultan et 
d'Ibrahim voulut changer aux yeux des soldats leur 
retraite forcee en une victoire dont on avait eu la 
g6n£rosite de ne pas vouloir profiter. Pendant cette 
m&ne journee du 16 octobre, trois soldats allemands 
vinrent se presenter devant Vienne, se disant des pri- 
sonniers qui avaient r£ussi a s'echapper des mains 
des Turcs. Introduits dans la ville , ils exciterent les 
soqpeons par les d^penses immoder£es qu'ils firent et 
qu'ils solderent en monnaie turque. Le supplice de la 
question leur arracha l'aveu qu'ils avaient d£sert6 
leurs drapeaux, pass£ a l'ennemi, et qu'ils en avaient 
re$u des sommes considerables pour incendier la ville, 
et pour servir de guides a un corps d'arm^e qui les 



i Journal de Souleiman. Solakzade. Djelalzade\ Une bourse ?aut cinq 
<enls piastres la pia&tre cent vingt aspres; cinquante aspres, ainsi qu'il re- 
sult e d'un en tret ion de Lascziy avec Ibrahim, valaient alors un ducat. Sou- 
leiman, ayaiU fait distribuer douze millions trois cent mille aspres, paya 
done le dernier assaut deux cent quarante-six mille ducats. 



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DE L'EMPIftE OTTOMAN. 



i.m 



altendait derrtere le Wienerberg ; ils furent 6cartel& 
ct leurs membreg pendus aux remparts. Ibrahim, ainsi 
degu dans te dernier espoir qui lui restait, donna (1 7 oc- • 
tobre) a ses. troupes l'ordre de continuer la ret rate, 
et se rendit le ra^me jour a Bruck sur la Leitha. Jean 
Katzianer, Paul Bakics et Sigismond Weixelberger, 
harcelerent ses derrieres, et lui prirent un certain nom- 
bre d'hommes, de chevaux et de chameaux, Mais ces 
foibles represailles ne pouvaient entrer en comparaison 
avec les horribles exc£s des Turcs , qui , d'apr^s les 
historiens contemporains , firent dans la contree plus 
de djx mille prisonniers l . Pendant les trois semaines 
que dura le stege de Vienne, les akindjis, appetes par 
les Allemands sakman % , devarterent non seulement les 
environs de la capitale, mais encore la haute et la basse 
Styrie, et pouss&rent leurs excursions jusqu'aux envi- 
rons de Ratisbonne, incendi&rent les Iglises, les mai- 
sods , et massacrerent les malheureux habitans. Du 
pied du Khalenberg au chateau de Lichtenstein, la 
contree fut chang& en tin immense brasier. Le jour de 
rinvestissement de Vienne, les Bosniaques rarvagerent 
les vignes de HeiBgenstadt, et vengerent lechec du 
dernier assaut par le massacre g£n£ral des habitans 
de ce village 3 . A Doebling les registres des impdts fu- 



i Pessel Beck, Labach. 

» Les akindjis ottomans soat les praulaiores romains , les guasiadori el 
sacchegiaiorl italieos. Les Allemands ont transform^ oette derniere denomi • 
nation en celle de sakmann, 

3 Historische und topographische Darslellung der Pfarren, Schlatter, 
KJaslcr im Ersherzogthum Oesurreich. Vienne, i8a4, I , p. 78. 

. </ 



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i5* HISTOIRE 

rentbrttes. Penzing, Saint- Veit, Hutteldorf, HBeteing, 
furent d6vor& par les flammes. Ghriptophe Freyleben , 
-fils du seigneur de Ltchteqstein, fiit sauv6 de l'em- 
braaement de ion chateau el emmen£ en esolavage. 
Ber chtoldsdorf fat mis k l'abri d'une surprise par la 
solidity de ses murs. La» places de Brunn, Enzersdorf , 
Baden et Klosterneubourg, furent d&ruites. Six mille 
akinesia saccag&rent le pays sur l'Enns, brftfcrent le 
presbyt&re de Biberbach, et furent repousses d'Ibbsitz 
et de Waidhofen. Jean de Starhemberg , chef des 
aulices d'Autriche, digne pr&tecesseur de Gundaker 
de Starhemberg, que nous verrons d^fendre Vienne 
au second stege de cette ville par les Turcs, prot6gea 
les gu& de l'Enns, bien quil n'eftt que de faibles 
forces k sa disposition; il arr&a les incursions de trente 
mille akindjis en leur fermant les passages de tous les 
dlfites par des redoutes et des abattis d'arbres, et les 
f orga & se tourner vers la Styrie [xxii], ou la ven- 
geance les attendait. Les paysans furprirent plusieurs 
de leurs troupes les unes apr& les autres, et massa- 
cr&rent ou brAl&rent leurs prisonniers. A Stiokerau, les 
deux frfres Kunringer pr£serv6rent les rives du Da- 
nube de toute devastation. Mille akindjis ayant pass£ le 
fleuve sur trente nassades, furent attaqu& par le comte 
Julien de Hardek, et expterent par la mort l'incendie 
du bourg et du ch&teau de Schmida. Un cavalier du 
nom de Coborle, entrain^ par son courage, poursuivit 
un parti de Turcs jusque dans leur barque, qui chavira 
dans la lutte, et avec laquelle furent engloutis hommes 
et chevaux. Ailleurs, Erlebek de Trausnitz defendit si 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. i33 

vaiilamment, avec seulement dix cavaliers et six fan- 
tassins, un moulin contrfe une division ennemie, qu'il 
lui tua trois cents homines. Une autre troupe d'akin- 
djis , qui s etait jetee dans une tour fortiftee pr& de 
Korneubourg , fat exterininfe par )e grand-bailli de 
Styrie, George de Leuchtenberg, et les colonels ba- 
varois Wolfgang et Sigismond de Weix; Tarm^ 
autrichienne assistait de l'autre rive du Danube k cet 
engagement. Si les chr&iens eiirent a d£plorer la mort 
ou l'esclavage de vingt ndille personnes, la campagne 
de Vienne coflta au Sultan quarante mille soldats. 
Pendant ces ravages, dans lesquels les akindjis cher- 
chaient un Equivalent au riche butin de Vienne, qu'ils 
avaient en vain esp£r£, Tarm^e r£guli6re avait con- 
tinue sa retraite. Le roi Yanousch (c'est ainsi que les 
Turcs appellent Zapolya) , apprenant l'approche de 
Souleiman , sortit d'Ofen , pour aller a sa rencontre , et 
fiat regu par les vizirs qui Etaient venus au-devant de 
lui '. Trois jours plus tard , le 29 octobre (25 safer), 
Zapolya f&icita en plein diwan Souleiman de l'heu- 
reuse issue de la campagne , et se retira apr&s le baise* 
main, avec un present de dix kaftans, de trois chevaux, 
de chaines et de mors dor massif a . Gritti regut un don 
de deux mille ducats 3 . 

L'armta reprit sa marche le long de la rive gauche 
du Danube, et arriva le 10 novembre k Belgrade 
par Balya, Bath Monostor, Bacs et Peterwardein. 



» Journal de Souleiman, a5 octobre. — a Ibid., *8 octobre. — 3 Ibid., 
29 octobre. 



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i5t HISTOIRE 

L'absence de guides et l'ignorance des localites cau- 
s&rent la perte de beaucoup de bagages et de celui du 
grand- vizir entre autres , qui restferent dans des ma- 
rais. En punirion de ces negligences, environ six mille 
hommes, pr6pos£s k la conduite des bagages, eurent 
leur solde supprim£e, et beaucoup d'officiers subal- 
ternes, leurs fiefs diminu£s '. Le grand- vizir voulant 
d&ourner Inattention de ces petites tracasseries de la 
fortune qui les poursuivait dans leur retraite , con- 
voqua un diwan solennel dans lequel il exposa aux 
yeux de tous les grands de l'empire la couronne de 
Hongrie, qu'il leur dit remonter au temps de Nou- 
schirwan. Jusqu'alors Ibrahim Tavait gardee avec lui, 
probablement pour la poser sur sa t£te, si par la chute 
de Vienne la Hongrie fttt devenue une province tur- 
que; mais dans la situation actuelle des affaires, il la 
fit remettre k Zapolya par Pereny, Louis Gritti et 
Simon Athinai (27 safer — 31 octobre), De Belgrade 
Souleiman envoya au doge de Venise le drogman 
Younisbeg avec une lettre, dans laquelle il lui notifiait, 
avec Texag6ration ordinaire de Fhyperbole orientate, 
la campagne de Vienne, la retraite de Ferdinand, et 
Finvestiture de Zapolya [xxm], II arriva h Constan- 
tinople vers le milieu de decembre. 

Le stege infructueux de Vienne est la premiere en - 
treprise de Souleiman qui n'ait pas && couronn^e de 
succfes. Les ravages et les actes de f£rocit6 qui ont 
signale cette expedition doivent 6tre mis sur le compte 



». Journal de Souleiman , 3o octobre.. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. i35 

de la barbarie de la nation r et n'etre. imputes ni au 
Sultan ni k son grand-vizir. L'accusation portfe par 
tant d'historiens et par Robertson l lui-mdme contre 
Ibrahim, et d'apr^s laquelle le stege de Vienne n'aurait 
6chou£ que par la connivence de ce haut dignitaire 
avec les chr&iens, est tout-k-fait denude de fondement. 
Les historiens ottomans n'auraient pas manque de citer 
parmi les motifs qui provoqu&rent , quelques ann£es 
apr£s, la disgrace de ce favori tout-puissant, sa tra- 
hison devant Vienne; or ils ne disent rien k ce sujet. 
Les archives de Venise et d'Autriche ne fournissent 
pas non plus le moindre indice qui puisse justifier une . 
pareille supposition. Les relations qui s'&ablirent par 
la suite entre Ibrahim et les ambassadeurs autrichiens 
n^r£v61ent rien qui puisse nous mettre sur la trace de 
ce fait, ainsi qu'on le verra plus has ; d'ailleurs on ne 
trouve dans la forme du langage d'Ibrahim aucune de 
ces expressions de significative bien veil lance, et dans 
celui des ambassadeurs d'Autriche aucune allusion a 
des services pr^cedemment rendus k la puissance re- 
presentee par eux. Lors m£me qu'Ibrahim ettt aspire 
au tr6ne de Hongrie , il n'aurait rien gagn£ a l'£chec 
de Vienne, sinon la confirmation de lelection de Za- 
polya [xxiv], Ainsi done les v&itables causes de la 
retraite des Ottomans furent, non la trahison du grand- 
vizir, mais bien le mecontentement des janissaires qui 
avait dejk delate k Ofen , les murmures des troupes 

« The prudent conduct of Ferdinand together witlt the treachery oj die 
Vezir soon obliged Solyman to abandon that enterprise with disgrace and 
loss. Robertson, Charles V, 1. V. 



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i56 HISTOIRE DE L'EMPIRE OTTOMAN. 

d'Asie qui se plaignaient d'an froid inaccoutum£, et 
le manque de fiourrittfre qui se fit sentir dans toute 
Fannie. La belle defense de Vienne efface la honte de* 
trop faciles redditions d'Ofen, Raab, Plintenbourg 
el Altenbourg Les flots devastateurs des conqta&ans 
ottomahs, en se repandant pour la premiere fois sur 
le sol de l'empire d'AUemagne, avaient tfouvi une 
barr&re invincible dans les remparls de la capitide de 
l'Autriche. 



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LIVRE XXVII. 



Feies de la circoncision des princes. — Ambassades de Ferdinand, Zapolya, 
Penny* des rois de Potogne, de Russie et de France. — Cihquieme cam- 
pagne de Sooleiman. — Siege de Guns , et retonr de Tannee ottomane 
par la Styrie. — Prise de Koron. — Negotiations de Ferdinand a la 
Sublime-Porte, et conclusion du premier traitse de I'Autriche avec la 
* puissance ottomane. 



Nous avons raconte dans le livre prudent com- 
ment lhabile politique de Souleiman et de son grand- 
vizir chercha k pallier l'afiront regu par leurs armes 
(levant les mars de Vienne. Des recompenses et des 
louanges ftirent distributes aux soldats et aux g&i6- 
raux, deslettres de victoire expedites aux gouverneurs 
de l'empire et aux puissances &rang&res; il ressortait 
clairement de tous les actes offidels &nan& de la 
chancellerie ottomane, que le Sultan avait d^daigne 
la conqu&e de 1'Allemagne, que son intention n'avait 
6l6 que de joindre Ferdinand, et de le forcer k une 
bataille; enfin, qu'il avait eu la magnanimity d'aban- 
donner la couronne de Hongrie, en la mettant sur la 
tfite de Zapolya [1]. Cest ainsi que la retraite de l'ar- 
m6e fut pr£sent£e k tous les gouverneurs des provinces 
ottomanes et aux ambassadeurs Strangers sous un jour 



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1 38 HISTOIRE 

triomphant. Dans ce m£me esprit de politique despo- 
tique qui impose aux nations le mensonge comme ve- 
rity, et leur prescrit de considerer des defaites comme 
des victoires, Souleiman songea, d6s son arrivee k Con- 
stantinople, k relever par des fetes et par un d£ploie- 
ment de magnificence inouie, le courage de ses troupes 
que n'avaient pu tromper leurs devastations et leur bu- 
tin. II esp£rait ainsi ddtruire les doutes qui ne laissaient 
pas de se propager sur ses succ£s, malgr£ les lettres 
de victoire et les nombreuses investitures de fiefs. La 
circoncision de ses fils lui en fournit l'occasion. 

Outre les invitations d'usage aux grands et aux gou- 
verneurs de l'empire, il en envoya une au doge de 
Venise, par laquelle il l'engageait, comme voisin et 
ami, k venir assister a la circoncision des quatre 
princes ses fils. Mais comme le d&ai fix£ pour se ren- 
dre a la Porte n'etait (jue de six semaines, a partir du 
jour pi la lettre avait &6 exp&itee , il est permis de 
croire que Souleiman n'avait consid6r£ cette d-marche 
que comme une formality, pu qu'il regardait comme 
au-dessous de sa dignite d'accorder au doge pu k son 
repr&entant le temps d'arriver a l'epoque des fetes. 
Cependant , six mois environ apr&s qu' Younisbeg eut 
notifi£ au senat les victoires remport&s dans la cam- 
pagne de Vienne et l'abandon de la cpuronne de Hon- 
grie k Zapolya , un nouvel ambassadeur v6tu d'un 
splendide costume d'&offe d'or fut introduit dans le 
s&iat par douze nobles de Venise, annonga la pro- 
chaine circoncision des princes, et remit au doge Tin- 
vilation amicale du Sultan [u]. Le doge s'excusa sur 



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DE L'EMPtRE OTTOMAN. i3o 

son £ge et sur la longueur dd voyage, en arjoutant qii'il 
enverrait a sa place un ambassadeuf extraordinaire. 
Ainsi, outre le plenipotentiaire Pietro Zen qui se trou- 
vait alors & Constantinople, Mocenigo fut charg£ de 
repr&enter le doge * a la fete de la circoncision, qui 
cut lieu le 27 juin 1530. 

Vers Theure de midi de ce jour solennel, Soulei- 
man, accompagn£ de toute sa cour, serendit k l'Hip- 
podrome, dans la partie nord duquel, prfes du Meh- 
terkhan6 (caserne des musiciens de l'arm£e), s elevait 
un tr6ne magnifique sur des colonnes de lapis; au- 
dessus 4tait un baldaquin resplendissant dor, et du 
sommet duquel flottaient les plus riches etoffes ; le sol 
6tait couvert de tapis moelleux, et les environs se ba- 
riolaient de tentes de mille couleurs. Les deux vizirs 
Ayaz-Pascha et Kasim-Pascha vinrent a la rencontre 
du Sultan jusqu'k TArlanskhand (menagerie des lions, 
autrefois £glise Saint-Jean) \ Le grand-vizir, Taga des 
janissaires, et tous les beglerbegs de l'empire s'avan- 
c&reht k pied , au milieu de l'Hippodrome, pour re- 
cevoir le Sultan qui seul &ait k cheval; ils Taccom- 
pagnerent ainsi jusqu'aux degr£s du tr6ne qui &ak 
place au milieu des tentes prises sur les princes vain- 
cus, et les surpassait toutes en richease et en &Iat. Les 
tentes d'Ouzoun-Hasan, defait par Mohammed II, et 
de Ghawri , detrdne par S£lim I er , s'&evaient k c6te 

i La superbe. lettre de recreance de Souleimaa a l'ambassadeur Moceirfgo, 
du i er toohaFrem 937 (a5 aodt i53o), se trouve panni les Scritturc tut>- 
m chesche des archives de la maison imperiale d'Autriche. 
a Djelalzadr, f. i35. Fcrdi, f. i65. Abdoulaziz, f* 84. 



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i4o HISTOIRE 

des statues qu Ibrahim avait enlev&s au pahis du roi 
de Hongrie. Au bruit des joyeuses fanfares de la mu- 
sique de Farmta, Souleiman monta sur son trine, el 
apr£s que les grands dignitaires , les vizirs , ies agas, 
le moufti et les oulemas lui eurent offert leurs felici- 
tations et leurs presens, il leur donna un festin somp- 
tueux. Le second jour, les vizirs d£pos£s et les gou- 
verneurs qui avaient 6t6 invites k de rendre en per- 
sonne k Constantinople furent admis au baise-main; 
quatre seulement , l'ancien grand-vizir Piri-Pascha , 
Seinel-Pascha qui avait rendu de si grands services 
dans la campagne d'Egypte, le beglerbeg d'Anatolie 
Yakoub-Pascha , et l'ancien beglerbeg de Roumilie 
Iskender-Pascha , avaient 6\6 autorises k se faire re- 
presenter par des d£legu6s. Le troisieme jour se pasta 
k recevoir les sandjakbegs, les emirs kurdes et les 
repr£sentans des puissances &rang£res. Le nombre 
des envoyis de Venise dissimula r absence de ceux 
des autres nations. Les deux ambassadeurs extraor- 
dinaires, Zen et Mocenigo, le baile Bernardo r&idant 
k Constantinople, et le fils du doge, Aloisk) Gritti, 
mandataire du Sultan auprds de Zapolya, assistirent k 
ces fetes \ La magnificence des pr£sens deposes au 
pied du tr6ne surpassa tout ce qu on avait vu jus- 
qu'alors. C'&ait du coton d'Egypte [in], du damas de 
Syrie, des cb&les et mousselines des Indes, des as- 

» Dans Marini Sanuto, 1. LUI, se trouvent quatre liapporis sur ces 
fetes: le premier, par Pietro Zen, du x3 juillet i53o; le second, par 
Mocenigo, du 14 juillet i53o; le troisieme, par le baile Bernardo; le, 
qoatrieme, par le senateur Andrea Rossi. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 141 

siettes d'argent pleines de pieces d'or, des tasses d'or 
remplies de pierreries, des plats de lapis, des coupes 
de cristal, des porcelaines de Chine, des fourrures de 
Tatarie, de jeunes Arabes, des chevaux turcomans, 
des mamlouks et de jeunes gallons grees, des esclaves 
d'Ethiopie et de Hongrie. Les pr£sens du grand-vizir 
Talaient seals cinquante mille ducats '. Souleiman fit 
donner au peuplele spectacle de batailles simul&s dans 
lesquelles leg combattans &aient arm& de fusils . de 
sabres et de lances ; des assauts furent livr& k deux 
tours en bois &ev&s k cet eflfet, et dont Tune &ait d£- 
fendue par des Hongrois a . Le quatri&me jour, les pro- 
fesseurs attaches a la cour, le savant Khaireddin et les 
kadiaskers vinrent presenter leurs felicitations au Sul- 
tan. Dans le repas qui leur flit donnl, ils s'assirent k 
c6t6 du grand-vifcir, et on leur servit les rdtis les plus 
succulens, les suereries les plus exquises ; le peuple 
ftit diverti par des tours d'escamoteurs et de saltim- 
banques. Le cinqui&me jour fut consacr6 aux passes 
d'armeset aux luttes des Mamlouks qui &aient venus 
d'Egypte avec Inalbeg, beg tscherkesse, investi d'un 
gouvernement dans la Rbuimlie. L'habilet£ qu'ils d^- 
ploy^rent dans l'escrime et l'£quitation excita le plus 
vif enthousiasme. Le Sultan honora les jeux de sa 
presence jusqu'k une heure avanc^e de la nuit, oii au 
milieu d'un feu d'artifice les deux forts en bois furent 
livris aux flmfnmes 3 . Le lendemain matin , on vit h 

1 Ferdi, f. 17. Marini Sanuto, 1. c. 
a Marini Sanuto , Rapport du 1 4 juillet. 
3 Djelalzad6, f. i36. 



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'4* HISTOIRE 

leur place deux aqtres forts qui avaient ete construite 
pendant la nuit par Djarum, bomme renomm£ pour 
son habilet^ dans 1 equitation et les tournois; chacun 
de ces forts &ait dtfendu par cent hommes qui firent 
mutuellement des sorties et s'attaqu&rent jusqu a ce 
qu un des deux partis eAt &6 d^fait, et qu un grand 
nombre de jeunes filles et de jeunes gargons fitt tooib£ 
comme butin au pouvoir des vainqueurs. Ces rejouis- 
sances furent de nouveau termin£es par un feu d'ar- 
tifice et par l'incendie des deux forts '. Le septteme 
jour, les janissaires conduits par leur aga et lesg&*&- 
raux de la cavalerie porterent en procession solenoelie 
les pahpes des voces, appel&s aussi tiergesde lactr- 
concision; ces palmes formaient des cyjindres ornes 
de filigranes dor et dune foule de dedicates sculp- 
tures repr&entant: des fleurs, des fruits, des oiseaux, 
et des quadruples, symbole de la feeondite et de la 
force cicatrice. Le huitteme et le aeuyi&ne jour se 
pass£rent en danses et en concerts; sur une corde 
tendue entre la colonne et l'ob&isque de l'Hippo- 
drome, un saltimbanque egyptien fit des prodiges d'a- 
dresse, tandis que les matelots et les janissaires riva- 
lisaient d'agilite pour gagner les prix suspendus k des 
m&ts de cocagne \ Le dixteme jour, les professeurs et 
leurs suppleans ayant means de quiquante aspres de 
revenu par jour, ainsi que les juges et les professeurs 
en retraite, furent invites k un festin splendide. Dep 
sauteurs monterent sur l'obelisque et la colonne de 

» Djelalzadc, f. i3;. 

a Sounnet moumi. Djelalzadc, 1. c. Ferdi, f. 169. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 143 

]' Hippodrome. Les trois jours suivans furent reraplis 
par les jeux des bouffons, des jongleurs et le spectacle 
des ombres chinoises z . Les saltimbanques furent tous 
richement pay£s* de pieces d'or et d'argent quon leur 
jeta a la tfite, ou qu on leur appliqua sur le front. Le 
quatorzteme jour, les agas de la cour et de Farmee 
all6rent chercher au vieux serai les trois princes, 
Moustafa, Mohammed et S£lim; les vizirs vinrent k 
pied k leur rencontre jusqu'a Tenure de l'Hippo- 
drome , et les conduisirent k la tente du padischah , 
ou etait dress^e la salle du diwan \ Le lendemain eut 
lieu le banquet imperial. A la droite du Sultan etaient 
le grand- vizir , les deux vizirs Ayaz et Kasim , les 
beglerbegs et juges d'arm^e de Roumilie et d'Ana- 
tolie, le precepteur du prince, Khaireddin, et le fils du 
khan des Tatares; a sa gauche, l'ancien grand- vizir, 
Piri Mohammed-Pascha , Seinel-Pascha , Ferroukh- 
schadbeg , descendant de la dynastie du Mouton- 
Blanc, Mouradbeg , fils du sultan d'Egypte Kanssou 
Ghawri , et Latifbeg , fils du dernier prince de la 
famille de Soulkadr. Le seizteme jour fut remarquable 
entre tous les autres par les savantes dissertations qui 
furent fakes en presence du Sultan. Le marshal de 
la cour et le g£n£ral des munitions furent charges de 
se rendre , le premier aupres du moufti , le second 
aupres du precepteur des princes pour les inviter a 
assister aux conferences des-oul£mas. A la droite du 
Sultan Etaient places le moufti et le juge d'armee 

« Djelalzade, f. 137. Ferdi, f. 170. — » Ibid, 



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*44 H1STOIRE 

d Anatolie, Kadribeg; k sa gauche, la pr&epteur des 
princes et le juge d'armfe de Roumilie , Fenarizad6 
Mouhiyeddin. Souleiman donna pour th&ne de la dis- 
cussion , le Pater nosier musulman , c'est-&-dire la 
premiere soura du Koran. Les r£ponses habiles furent 
couvertes d'applaudissemens , l'ignorance ou Tern- 
barras furent suffisamment punis par le silence; une 
pane plus cruelle fut r&erv& au professeur Soulei- 
man Khalife , qui , dans Timpatience de ne pouvoir 
trouver se* mots, tomba frapp6 d'apoplexie, et mou- 
rut dans la maison oik on l'avait transport^ '. Le dix- 
huiti&me jour enfin vit c&ebrer la solennit£ de la 
circoncision, dans le palais d'Ibrahim prAs de l'Hip- 
podrome. Les vizirs, les beglerbegs, les oulgmas, in- 
troduits en presence du Sultan, lui bais&rent la main 
et furent rev£tus de kaftans d'honneur ; nouvelles r6- 
jouissances et feu d'artifice comme les jours pr£c6- 
dens. Enfin, apr£s avoir dur£ trois semaines, ces ffetes 
furent termin£eg par une course dans la plaine des 
eaiuc douces a . Souleiman , fier de tout le faste qu'il 
avait deploy 6 , dit au grand-vizir : « Quelles sont a 
ton avis les plus belles noces , les tiennes avec ma 
soeur, ou celles de mes fils? » Ibrahim lui rtipondit : 
« H n'y a jamais eu et il n'y aura jamais de noces 
comme les miennes. — Comment cela ? r£pliqua Sou- 
leiman quelque peu d6concert6 par cette r£ponse inat- 
iendue. — Yotre Majesty, dit Ibrahin, n'a pas eu k 

•» Djelahade et Ferdi. Solaksade et Petschewi. Abdoulazis et AIL 
3 Djelalzade, f. i3g. Ferdi, f. 173. All, f. a3g, xxm« recit. Abdou- 
lazis, f. 86. Petschewi, f. 5*. Solakzade, f. no. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 145 

fees noces nn convive comme celui que j'ai eu; les 
miennes ont &£ honor£es de la presence du padischah 
de la Mecque el de M&line, du Salomon de notre 
epoque. » Souleiman, agr&blement surpris de cette 
adroite louange, s'6cria: « Sois done mille fois lou6 
de m 'avoir ainsi rapped k moi-m&ne [tv]. » 

Trois mois apr6s les f&es de la circoncision (1 7 oc- 
tobre) , arriva k Constantinople la seconde ambas- 
sade de Ferdinand d'Autriche, compose de Nicolas 
Jurischitz, chevalier et chambellan h6r£ditaire en 
Croatie, commandant des forces de l'empire a Saint- 
Veit et k Guns, et de Joseph de Lamberg, comte de 
Schneeberg, chevalier de la Styrie. Leur suite comp- 
tait vingt-quatre personnes, panni lesquelles se trou- 
vait, en quality d'interpr&e latin, Benolt Curipeschitz 
d'Obernbourg , auteur de m£moires historiques sur 
cette ambassade [v]. Cinquante tschaouschs vinrent k 
leur rencontre jusqu'& une demi-lieue hors de la ville, 
•et les conduisirent au khan (h6tel) des ambassadeurs, 
ou ils les enfferm^rent d'apr&s Tordre du Sultan, en 
veillant toutefois k ce que rien ne leur manqu&t. Le 
neuvi&ne jour de leur arriv£e, Jurischitz et Joseph 
de Lamberg furent regus par Ibrahim (25 octobre). 
Leurs instructions leur ordonnaient express&nent de 
n'expliquer qu'en allemand le motif de leur mission 
au grand-vizir ou au Sultan, tant on avait de res- 
pect alors k la cour d'Autriche pour la langue de la 
patrie [vi]. Ibrahim refusant qu on lui traduisit les pa- 
roles des ambassadeurs en latin, parce que son inter- 
pret ne savait que l'italien, ceux-ci transig£rent, et 



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t4<> histoike 

se bornerent k demander un interpr&e croate, ce qui 
leur fut accord^; alors Jurischitz s'adressa k Ibrahim 
en cette langue qui 6tait la sienne, et le pria de leur 
obtenir une audience du Sultan. Le grand- vizir les 
accabla de questions sur le s£jour actuel de Charles- 
Quint et de Ferdinand, sur les habitudes de ces 
princes, l'etat de leurs affaires, etc., etc. Pendant toute 
la dur£e de sa conversation sur l'empereur et le roi de 
Boh&ne et de Hongrie, il ne nomma jamais le premier 
que le roi d'Espagne, et le second que Ferdinand tout 
court. La paix entre Charles et le pape, remarqua-t-il 
en souriant, ne pouvait 6tre aussi sincere que le pr6- 
tendaient les ambassadeurs, puisque les troupes imp6- 
riales avaient pill6 Rome et fait lepape prisonnier. Le 
pape et le roi de France, continua-t-il , avaient im- 
plore le secours du Sultan [vn], et la conduite du roi 
d'Espagne k regard de Frangois I er &ait inhumaine. 
II leur tint encore plusieurs discours semblables, et 
leur demanda 1'objet des negotiations qu ils &aient 
charges d'entamer; ceux-ci qui avaient repi Fordre 
de ne s'expliquer que devant le Sultan lui-m6me, firent 
quelques difficulty de se rendre au d£sir d'Ibrahim ; 
cependant ils lui present&rent un petit 6crit latin dans 
lequel &aient somraairement indiqu£s le but et la na- 
ture de leur mission. Us s£ gard&rent bien d'entrer 
dans des details k ce sujet, craignant que si le grand- 
vizir &ait trop bien instruit de l'affaire qui les amenait, 
ils ne dussent renoncer k 6tre introduits aupr£s du Sul- 
tan, et se retirer comme Hobordansky, sans avoir rien 
conclu. Dans une seconde audience, Ibrahim leur 6ta 



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DE L'EMPIRE OTTOMAK. i4 7 

cette crainte, et 3s lui declarerent que Ferdinand, tou- 
jours fiddle h l'esprit de la lettre conciliatrice apport£e 
kSouleiman par Hobordansky en contradiction avec 
sa mission verbale qui &ait toute guerri&re, les avait 
envoy&s pour conclure un traits de paix. Ibrahim se r6-^ 
pandit en declamations sur la conqu&e de la Hongrie 
par son maitre pendant r absence de Ferdinand [vin], 
en invectives centre Hobordansky, qui, contrairement 
au contenu de ses instructions Writes, avait r£clam6 
un grand nombre de forteresses , et mtoe celle de 
Semendra f . On avait dA, ajouta-t-il, enyisager la mis- 
sion de Hobordansky sous ses deux faces, et le ren- 
voyer avec des paroles dures et une lettre amicale. 
Mors le Sultan s'&ait mis en campagne pour cher- 
cher Ferdinand, et ne Fayant pas trouv6 k O^en, il 
s'&ait rendu devant la belle ville de Vienne , bien 
digne d'etre la capitale d'un empire [ix]. Ferdinand 
fayant toujours devant les armes victorieuses des 
Ottomans, Souleiman avait dechaln^ les akindjis sur 
la terre d'AUemagne, pour montrer que le veritable 
empereur 6tait arriv£, et avait endommag£ quelque 
peu les murs pour laisser un souvenir de sa visite, ne 
venanl pas conqu£rir, mais simplement parcourir le 
pays; il n'avait pas tratn£ avec lui de grosse artil- 
lerie, et s'&ait retir6 lorsque le froid avait rendu cette 
esp£ce de promenade militaire trop penible; k son 
retour, il avait couronn^ son serviteur Yanousch roi 

1 Er (Ibrahim) habe gesagt, es were der potschafi {Hobordansky '$) sclmld, 
Jann E, M. helten in ein Brief geschrieben , der wer woll menschlich ge- 
steh gewesen. (Rapport de Lamberg et Jurischitz.) 



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i48 ttlSTOHlE 

de Hongrie, parce que Ferdinand n'etant que le gou- 
verneur de Vienne pour le roi d'Espagne, n'avait 
aucun droit sur ce pays. Lk-dessus Ibrahim se mit a 
injurier Charles-Quint, qui n'avait fait son expedition 
d'ltalie, tjiie pour extorquer de l'argent k Frangois I Cf 
et au pape, et qui se croyait empereur, parce qu il 
avait mis sur sa t&e la cape et la couronne. « L'em- 
pire est dans le sabre, continua-t-il ; quant k la paix, 
elle sera impossible, tant que Ferdinand n'aura pas 
renonc6 k la Hongrie et rendu ce qu'il en possede 
encore; tant que Charles-Quint n'aura pas quitt£ l'Al- 
lemagne pour se retirer dans la p£ninsule, et laisser 
Yanousch dans la paisible possession du trdne qui lui 
a &6 donne [x], » Les ambassadeurs repr^senterent 
inutilement k Ibrahim l'exageration de ses demandes, 
et termin&rent en lui faisant une offre d'argent. Mais 
celui-ci, leur montrant du doigt les Sept-Tours, leur 
r£pondit qu'elles regorgeaient d'or , que par con- 
sequent son maitre n'avait que faire de leurs ri- 
chesses ; que les derniers ambassadeurs (Hobordansky 
et Weixelberger) avaient voulu lui donner , k lui , 
Ibrahim, cent mille florins pour acheter sa protec- 
tion, mais qu'il leur avait dit et r£p£tait encore, en cette 
circonstance, qu'aucune espece de pr£sens ne pour- 
rait lui faire deserter les intt5r6ts de son maitre, et qu'il 
aimerait mieux Taider dans la conqudte du monde 
entier, que lui conseiller la restitution des pays con- 
quis [xi]. Les ambassadeurs s*excus£rent de leurs of- 
fres, et le prierent de leur obtenir du Sultan une au- 
dience qui leur fut effectivement accordee huit jours 



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DE L'EMNKE OTTOMAN- ifo 

apr£s. Le 7 novembre 1 530, ils furent solennellement 
introduits dans le serai ; en traversant la premiere 
cour, ils remarqu&rent deux 61ephans avec leurs gui- 
des, el, k leur entire dans la seconde, ils furent salu£s 
par les mugissemens de dix lions et de deux leopards 
enchain6s '. Les gardes-du-corps (solaks), les valets 
de la cour coiffls de bonnets d'or , et trois mille janis- 
saires se tenaient devant la salle du diwan, dans Tin- 
terieur de laquelle &ait le grand- vizir ayant a sa drohe 
les vizirs Kasim et Ayas, ainsi que le beglerbeg de Rou- 
milie Behram-Pascha, et k sa gauche les deux kadias- 
kers, les trois defter dars, et le secretaire d'Etat 2 . Lam- 
berg adressa la parole au grand- viziren allemand[xn], 
et r£pondit ainsi k ses questions sarcastiques, jusqu'& 
ce qu'il fitt introduit avec son collogue en presence du 
Sultan par le grand-mar£chal et le grand-chancelier. II 
tint k Souleiman un discours en langue allemande[xni] , 
que l'interpr&e de l'ambassade traduisit en latin, et 
Tinterpr&e de la cour en turc. Apr6s la presentation 
des lettres de criance, Jurischitz prit la parole en 
langue croate, remit k Souleiman un ecrit ou leur 
demande &ait expos£e en langue latine , et termina 
en sollicitant une prompte r£ponse. Le Sultan fit up 
signe d'assentiment, dit quelques mots, et le grand- 
vizir donna aux deux ambassadeurs l'assurance qu on 



• Rappori de Lamberg et Itinerarium. 

* Rapport de Lamberg. Ce secretaire y est appall Behadum. Zwetn 
turkisch Pfaffen so in alien Felien Urtheil und Recht sprechen und drey ah 
praktikanden so des Reisers Kammergut handeln, insonderheit ist derObriH 
Sekretmty mufder rochten Hand, etc. 



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i5o HISTOIRE 

se rendrait le plus tdt possible k leurs desirs. Deux jours 
plus tard, ils furent invites k paraitre devant Ibrahim, 
qui , revenant sur ses premiers discours , se plaignit 
de nouveau am6rement de Hobordansky, et allegua 
Impossibility qu'il y avait k ce que son maftre rendit 
la Hongrie deux fois conquise par ses amies; il ajouta 
que Souleiman avait entrepris la premiere expedition 
sur les instantes pri&res du roi de France et de la retne- 
m6re \ et avait promis au rival de Charles-Quint 

■ Pendant It captivite de Francois I cr , la duchesse d'Augouleme avait en 
effet envoye a Souieimau le comte de Frangipan. Get agent, qui n 'avait pas 
de caractere officiel , representa au Sultan le danger qui resultait pour la 
Turquie de la preponderance desormais sans rivale de Charles-Quint, et de la 
necessity qu'il y avait pour lui de se liguer avec la France contre la puissance 
de plus en plus envahissante de I'Empereur d'Allemagne. Souletmau ecouta 
favorablement rambassadeur, et lui remit a son depart la let Ire suivante : 

« Duo! 

» Par la grace du Tres-Haut (dont la puissance soit a jamais honoree et 
glorifiee, et dont la parole divine soit exalted ! ) ; 

» Par les miracles abondans en benedictions du soleil des cieu& de la 
Proph&ie, de l'astre de la constellation du Patriarchat, du pontife dela 
phalange des Prophetes, du coryphee de la legion des Saints , Muhammed- 
le-Tres-Pur (que la benediction de Dieu et le salut soient sur lui!) ; 

» Et sous la protection des saintes ames des quatre amis , qui sont Ebou- 
fiekr, Omar, Osman et Ali ( que la benediction de Dieu soit sur eux tons! ) ; 

*> SCHAH-SULTAK SoULBIMAN-KhAXT, FILS BE SxUM-KbAIT , TOUJOUR 3 VIC- 

torjkux; 

» Moi, qui suis le sultan des sultans, le roi des rois, le distributee des 
couronnes aux princes du monde, I'ombre de Dieu sur la terre , Tempereur 
et seigneur souverain de la l&er-Blancne et de la Mer-Noire, de laRoumilie 
et de l'Anatolie , 4e la province de Soulkadr, du Diarbekr, du Kurdistan, 
de l'Aicrbetdjan, de l'Adjem, de Scham, de Haleb, de l'tigypte, de Mekk& 
(la Mecque), de M&Une, de Jerusalem, de la totalis des cootrees de 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. i5i 

de le s£courir par terre et par mer, contre ses enne- 
mis (25 tevrier 1526 — rebioul-sam 932) [nv]. Le 
grand- vizir et les ambassadeurs se refusant k toute 



r Arable et de 1' Yemen; et en outre, de quantity d 'autre* provinces que, 
par leur puissance victorieuse , ont conquises mes glorieux predecesseurs et 
augustes ancetres (que l)ieu environne de lumiere la manifestation de leur 
foi ! ) , aussi bien que de nombreux pays que ma glorieuse majeste a soumis a 
mon epee flamboyante et a mon glaive triomphant ; moi enfin , fib de Sultan 
Bayexid, His de Sultan Seiim, Schah Sultan Socdeiman Khan; 

» A toi, Francois, 

» QUI XS U BOI DU BOTAUV K DE FrAHCE. 

» La lettre que vous avez > adressee a ma cour, asile des rois, par Fran* 
kipan*, homme digne de votre confiance, certaines communications verbales 
que vqas lui avem recommandees, m'ont appris que l'ennemi menace et ravage 
votre royaume, que tous 6tes maiotenant prisonnier, et que vous demandes 
secours et appui de ce cdte-ci pour obtenir votre delivrance. Tout oe que 
vous avez dit a etc" expose au pied de mon trone, refuge du monde; les de- 
tails explicatife en ont ete parfaitement compris , et ma science auguste les 
embrasse dans tout leur ensemble. En ces temps-ci , que des empereurs 
soient defaits et prisonniers, il n'y a la rien qui doive surprendre. Que votre 
eceur se reconforte! que votre ame ne se laisse point abattre! Cela etant 
aiusi, nos glorieux predecesseurs et nos grands ancelres (que Dieu illumine 
leur deruiere demeure! ) ne se sont jamais fait mute d'entrer en campagne 
pour combattre l'ennemi et fidre des conquetes; et moi-meme aussi, mar- 
chant snr leurs traces , j'ai soumis dans toutes les saisons des provinces et des 
forteresses puissantes et de difficile acces; je n'ai dormi ni nuit ni jour, et 
mon epee ne quitte pas mes flancs. Que la justice divine ( dont le nom soil 
beni ! ) nous rende l'execution du bien facile ! que ses vues et sa voloUte appa- 
raissent au grand jour, a quoi qu'elles s'attachent ! 

»Au surplus, interrogez votre envoye sur l'eut des affaires et sur les 
e\enemens quels qu'ils soient; restez convaincu de ce qu'il vous dira, et 
sachez bien qu'il en est aiosi. 

i On remarqae mm doute I'emploi alternatif da toi et da tous. M . Jou&oin • juge a 
propos d« eoaserrer dans ta traduction les formes et le ton de l'ortginal 
a Jean Frangipani, premier envoye de France a la Porte-Ottomanc. 



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i ^ H1STOIRE 



concession relalivement k la Hongrie, Lamberg et 
Jurischitz demandirent leur audience de conge; six 
jours aprte , ils furent regus par le Sultan qui leur 



» itcrit dans la premiere decade de la luoe de reby second , Pan 93a de 
l'hegire (vers la mi-fevrier 1 5q6 de Jesus-Christ). De la residence iinperiale 
de Constantinople, la bien gardee et la bien munie >. » 

Souleiman eerivit a la cour de France une autre lettre datee de Constan- 
tinople , du mois de septembre 1 5a8 , dans laquelle il repondait a une de- 
mande de Francois I CT , relative aux chre'tiens de Jerusalem, en termes aussi 
nobles que bienveillans. Bien que cctte lettre soit posterieure de deux ans a 
celle que nous venons de reproduire , nous croyons devoir d'autant plus la 
placer ici, quele prince musulman y fait preuve d'une tolerance contrast ant 
singufaerement avec l'inlolerance des Chretiens d'alors. Void cette lettre qui, 
comme toutes celles qui emanent de la chancellerie ottomane, est pi*ecedee 
d'une inscription ou invocation a Dieu : Cest lui (Dieu) qui est le riche par 
excellence, le distributeur des biens, le donateur et le bienfaisant : 

u Disu I 

» Par la grace du Tres-Haut ( dont la puissance soit a jamais honoree et 
glorinee , et dont la parole divine soit exaltee! ) ; 

» Par les miracles abondans en benedictions du soleil des cieux de la 
Prophetic, de l'astre de la constellation du Patriarchat, du pontife de la 
phalange des Prophetes, du coryphee de la legion des Saints, Mohammed- 
le-Tres-Pur (que la benediction de Dieu et le salutsoient sur lui!); 

» Et sous la protection des saintes ames des quatre amis , qui sont Ebou- 
Bekr, Omar, Osman et Ali (que la benediction de Dieu soit sur eux tons! ) ; 

» SCHAH-SULTAW SoULElMAH-KHUf , PIF.S DE SeLIM-KhAH, TOUJOURS VIC- 
TOR IE UX ( le reste du titre comme dans la lettre precedente ) ; 

»Vous avez adresse a ma cour, residence fortunee. des sultans, qui est 
FOrient de la bonne direction et de la fclicate, et le lieu ou sont accueillies 
les communications des souverains , une lettre par laquelle vous me faites 

1 Cette lettre curieuse est due eux recherche* de M. Reynaud , conservateur de« mantis* 
criude la Bibliotbeque royale; M. Jooanin, premier ioterprete 4n Roi. pour, les Ungues 
orientates, en a fait la traduction. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. i53 

donna sa main k baiser, et des lettres pour Fer- 
dinand '. 

Pendant que Lamberg et Jurischitz n^gociaient la 
paix k Constantinople, le g£n£ral de Ferdinand, Guil- 
laume de Rogendorf , asstegeait Ofen, et le jour m£me 



connattre qu'il existe dans la place forte de Jerusalem, faisant partie de 
roes £tats bien gardes, une eglise, autrefois entre les mains du peuple de 
Jesus, et qui a &6 posterieurement changee en mosquee : je sab avec detail 
tout ce que ?ous avez dit a ce sujet. Si c'etait aeulement une question de 
propria, en consideration de Tamitie et de l'affection qui existent entre 
noire glorieuse majesty et vous, vos desirs ne pourraient qu'etre exauces et 
aecueillis en notre presence qui dispense la felicitl ; mais ce n'est pas une 
question de biens meubles ou immeubles : ici il s'agit d'un objet de notre 
religion; car, en vertu des ordres sacres du Dieu tres-haut, le createur de 
I'univers et le bien&iteur d'Adam, et conformement aux lois de notre Pro- 
pbete, le soleil des deux mondea (sur qui soient la benediction et le salut!), 
cette eglise est depuis un temps infini convertie en mosquee, et les Musul- 
mans j ont fait le namaz (priere canonique). Or aujourd'hui, alterer par un 
changement de destination le lieu qui a porte le titre de mosquee , et dans 
lequel on a fait le namaz , serait contraire a notre religion ; en un mot, 
raeme si dans notre sainte loi cet acte £tait tolere, il ne m'eut encore ete pos- 
sible en aucune manjere d'accueillir et d'accorder votre instante demande. 
Mais , a l'exception des lieux consacres a la priere , dans tous ceux qui sont 
entre les mains des Chretiens , personne , sous mon regno de justice, ne peut 
inqui&er ni tronbler ceux qui les babitent : jouissant d'un repos parfiut, 
sous l'aile de ma protection souveraine, il leur est permis d'accomplir les 
ceremonies et les rites de leur religion; et maintenant e'tablis en pleine se- 
curite dans les edifices de leur culle et dans leurs quartiers , il est de touto 
impossibility que qui que ce soit les tourmente et les tyrannise dans la 
moindre des chose*. Que cela soit ainsi! 

» ftsrit dans la premiere decade de la lune de mobarrem oul-baram, annee 
935 de l'begire (mi-septembre i5a8 de Jesus-Christ). De la residence de 
Constantinople, la bien munie et la bien gardee. » 

(Le Traducuur.) 

■ Vliinerarium dit qtr*a leur audience de conge* les ambassadeurs viren* 
dans la seconde cour une girafe (suruoya) entre les deux eiephans. 



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1 54 . HISTOTRE 

ou Ibrahim se plaignait des demandes hautaines de 
Hobordansky, celui-ci p6n&rait dans la citadelle avec 
les soldats de Zapolya, k leur retour d'une sortie, 
bien d£termin£ k en finir avec le prot£g£ de Sou- 
leiman, m£me aux 46pens de sa vie. Hobordansky fut 
reconnu, et le poignard qu'on trouva sur lui fut une 
preuve suffisante du meurtre qu il avait prqjet£; il fut 
mis dans un sac et jet£ dans le Danube l . Telle fut la 
fin miserable du brave d£fenseur dTaitzi, le premier 
ambassadeur de Ferdinand pr£s la Porte-Ottomane. 
La capitale de Hongrie &ait defendue, sans parler des 
nationaux , par Kasim-Pascha , le Mouminaga et le 
mandataire de Souleiman Aloisio Gritti, et trois mille 
Turcs *. Rogendorf poussa vigoureusement le stege 
pendant six semaines, mais ce terme expir£, il fut cons- 
traint de se retirer; les secours sur lesquels il avait 
compt£ n'&aient pas arrives ; d'ailleurs il ^tait me- 
nace de la flottille de Mohammedbeg, mont£e de 
troupes fratches, bien pourvue de munitions de guerre 
et de provisions de bouche, et il avait a redouter en 
outre Tarriv^e de deux mille cavaliers qui devaient 
suivre Mohammedbeg de pr£s. Six semaines avant le 
stegexTOfen par Rogendorf, Mohammed et Mourad, 
sandjakbegs de Semehdra et de l'Herzegovine, sous 

< Litter, Rogendorfi ad Comit. Niir, op. Pray, Epitloim procerus, 1 1 , 
p. i63. 

» btuaafi frit de Kasim, Casso*us, et de Moumin, Numilla; il eut *te 
difficile de deviner la veritable orthographe de ee dernier nom sans le recit 
que fait Petschewi du siege d'Ofen , d'apres les historiens hongrois d'accord 
avec Istuanfi el Szermegy • Chez les Hoagrois, le nom de bapteme de Gritti 
est Louis, mais son veritable nom est Aloyse. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. i55 

pr&exte de faire des courses sur te territotre de 
Ferdinand , avaient ravag£ la moitfc de la Hongrie. 
Mohammed porta le Yer et le feu dans la contafe situ£e 
entre la Wag et la Neutra, et jeta I'epouvante dans 
les villes des montagnes. Mourad brtda la place de 
Bainocz qui avait &6 abandonn£e de ses habitans. En 
moins de quinze jours, plusieurs districts, non seule- 
ment de Ferdinand, mais encore de Zapolya? avaient 
&6 d£ vast 6s, et dix mille Hongrois traln£s en escla- 
vage. S'il feut en croire Istuanfi, Zapolya, en voyant 
passer h Ofen ces malheureux prisonniers , versa sur 
leur infortune de st&iles larmes ' . Les akindjis &aient 
en m6me temps tomb£s sur la Carniole; ils renouve- 
l&rent jusqu'& quatre fois leurs excursions depuis Noel 
jusqu'k P&ques, et en ramen^rent plus de trois mille 
prisonniers *. 

Souleiman h son retour de Brousa, ou il avait £\6 se 
livrer aux plaisirs de la chasse, regut la nouveJle de la 
d&hrrance d'Ofen 3 . L'hiver fut consacr^ aux affaires 
d'administration int£rieure ; plusieurs gouverneurs 
coutre lesquels existaient des accusations furent des- 
titu£s, d'autres d£plac£s *. Le beglerbeg de Rou- 
milie, Behram-Pascha, ayant &6 assassin^ par ses 
esclaves, ses meurtriers furent <ex£cut£s , et son gou- 
vernement revint de nouveau aux mains du grand- 

* Istuanfi, f. XXX, ed. Col. Agripp., p. 170. 

a Vatasor, IV, p. 4i3. — 3 Ferdi, f. 174. 

4 Souleuaan-Pascha, gouveraeur de Tripoli, fat nomme gouveraear de 
la province de Sonlkadr; Isa-Pascha, goirterneur de Damas, fut destitae sur 
les plaintes des negocians relatives au pillage de kara vanes, et sa place donnee 
a Moustafa-Pascha, l'ancien beglerbeg de RoumHie. Ferdi, f. 176. 



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1 56 HfSTOIRE 

\izir i. Ibrahim s'occupa plus que le Sultan lui-m6me 
des ambassades qui parurent k la Porte dans le courant 
de rhiver. Un envoys du roi de Pologne*, charg^ d'of- 
frir au Sultan <fe riches pr£sens et de lui renouveler 
l'assurance de l'amitte de Sigismond, fut cong6di6avec 
une mission semblable de Souleiman pour son mat- 
tre 3 ; les ambassadeurs des deux pr&endans Zapolya 
et Pereny rivalis&rent entre eux pour «apter la bien- 
veillance d'Ibrahim, et lui firent don chacun d'une 
large coupe d'or d'unegrande valeuH; l'ambassadeur 
de Russie, porteur dune lettre de Wassili dat£e du 
mois d'avril 1531, vint demander ce qu'&aient de- 
yenus les deux charges d'affaires qui s'&aient rendus 
precedemment k Belgrade, et exiger leur liberty, en 
menagant la Porte du feu et du fer [xv]. Les rapports 
de Souleiman et de Wassili en rest&rent \k ; mais sept 
ans plus tard , ce dernier &ant mort, son successeur 
Jean IV fit partir de Moscou pour Constantinople, 
Adaschew, un desofficiers de sa cour, avec des lettres 
amicales pour le Sultan 5 . 

Souleiman dirigea sa cinquieme campagne, ainsi que 

« Ferdi, f. 178. Petschewi, f. 53. Ali, f. *5g f xxiv e recit. 
» Ferdi, f. 17 a. 

3 Historia di Guazzo. Venecia, i56g, p. ia3 : In quei medesimi giorni 
Galzaa (?) huomo appresso del gran Turco di gran rispetto per andare al 
Re di Polonia per commissione del tuo Signore aviosse e per nuava ami" 
chia contraiare. 

4 Marini Sanuto, t. LIT : Si trova qui un messo di Pietro Pereny venuto 
per nome di tuui i Baron i come si dice, per presentar al Ibratm una copa 
dorata contiene 6 quarte, costa assai danari; voyez aussi Copia detla leuerm 
di Janos d'Hongeria. 

5 Karamsin, Hisiotre de liussie , Till, p. 229. 



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DE L'EMPJRE OTTOMAN. 157 

nous Favons dit. contre l'Allemagne et Charles-Quint, 
et non contre Ferdinand . auquel il refusait le titre 
de roi de B6h£me et de Hongrie , ne le considfrant 
que comme un d£l£gu£ du roi d*Espagne, et ne Tap- 
pelant jamais dans ses lettres que gouverneur de 
Vienne. L'orgueil immod£r£ d'Ibrahim et de son mal- 
tre d£daignait de voir en Ferdinand un adversaire 
digne de leur grandeur et de leur puissance , et ne 
pouvait accepter que Charles-Quint comme rival dans 
la lutte qui s'6tait engag£e pour la couronne de Hon- 
grie. Souleiman arabitionnait la gloire de se mesurer 
avec le roi d'Espagne , qui , par son gouverneur de 
Vienne, inqui&ait les frontteres du royaume de Hon- 
grie, r£cemment constitue en fief de l'empire ottoman 
en faveur de Zapolya; mais tout en voulant faire 
k Charles-Quint Thonneur de le combattre, il ne le 
reconnaissait pas pour cela comme empereur; c'&ait 
un titre qu'il ne voulait partager avec personne, parce 
qu'ainsi que le disait souvent Ibrahim, il ne devait y 
avoir qu'un seul empereui* au monde comme il n'y 
avait qu'un Dieu dans le ciel. Charles-Quint, le vain- 
queur de Pavie , le conqu£rant de Rome , Charles- 
Quint qui, l'ann6e pr6c6dente, dans la di&te de Ratis- 
bonne, avait cherch6 & 6branler toute l'Allemagne 
contre les Turcs, et dont la puissance et les vastes 
projets avaient excite la jalousie de Francois I", &ait 
le seul ennemi digne de tomber sous les coups de 
Souleiman, qui sintitulait le schah des schahs, le 
grand padischah, et le dominateur du monde \ 

« Charles-Quint aimait qn'on le poussat a une guerre contre les Turcs, 



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i>8 HISTOIRE 

Souleiman partit de Constantinople le 25 avril i 532 
(f 9 ramazan 938). Son arm£e, suivie d'un pare d'aiu. 
tillerie de trois cents canons x , comptaSt' deux "cent 
mille hommes, parmi lesquels seize mille des troupes 
de Roumilie, trente mille de celles d'Anatolie, douze 
mille janissaires , vingt mille cavaliers r^guliers et 
soixante mille akindjis \ Souleiman sut faire r£gner 
la plus s£v6re discipline .parmi ses troupes , en pu- 
nissant ou en r&ompensant k propos 3 . A son passage 
k Nissa, il regut une nouvelle ambassade de Ferdi- 
nand, compos£e des comtes de Lamberg et de Noga- 
rola , envoy& pour demander la prolongation de la 
trfrve conclue a Wissegrade avec Zapolya [rvi]. L'am- 
bassadeur frangais Ringon, qui &ait venu chercher le 
Sultan k Belgrade (5 juillet 1532— i" silhidj6 938), 
obtint une audience dans laquelle on suivit le c£r£- 
monial observe pour Zapolya lors de la derni&re cam- 
pagne i . Les envoy& de Ferdinand furent loin d'etre 
aussi bien trait£s que celui de Frangois I", lequel 



Nous n'en citerons pour preuve que cette brochure : Ad Carohun F y Impe- 
ratorem intnetissimum , id facta cum omnibus Chrisdnianis pace helium 
suscipiat in Turcot, Io. Genesii Sepuluedm Cordubensis Cohortatio. 

a D'apres YHistoria di M. Guatzo, p. ia3, seulement cent vingt canons : 
Furono petti lao in tutto* cioe set toppi et canoni 46, e colobrine 44, e 
il resto sagri e simili pew. 

» Ge cakul de Ferdi, f. 84, s'accorde asses avec celui d'Istuanfi et 
d'Olahi , qui portent les forces de Souleiman a trois cent mille homines. A 
Belgrade, ces cent vingt mille hommes furent joints par quinze mille 
Tatares, et a Essek, par cent mille combattans sous les ordres de Khosrew- 
beg : le total de 1'armee s'eievait done a deux cent cinquante mille hommes. 

3 Journal de Souleiman des 1 4 et aa mai. 

4 Journal de Souleiman. Ferdi, f. 186. Djelalzadl, f. 148. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. i5q 

repartit avec de nouvelles assurances d'amitte du Sul- 
tap poor son maitre 1 . A Essek, Pierre Pereny et son 
fils forent admis k baiser les mains, non pas du Saltan, 
mais du grand-vizir. Gritti ay ant, peu de temps aprfe, 
conseilte leur arrestation, deux des compagnons de 
Pereny qui voulurent se defendre furent massacres, 
deux autres purent se racheter, et Pereny lui-mdme 
fut oblig£, pour recouvrer sa liberty, de lajpser comme 
6tage son fils 4g6 de sept ans qui fut remis entre les 
mains de Zapolya. Cet enfant ayant et^ circoncis par 
la suite et envoys k Constantinople ne revit jamais son 
p&re. Depuis son depart de Belgrade , l'arm£e otto- 
mane s'&ait renforcee de quinze mille Ta tares, con- 
duits par Sahib Ghirai, fr&re du khan de Crim£e; k 
Essek, Khosrewbeg, gouverneur de Bosnie, la joignit 
k la tfite de cent mille hommes \ Souleiman prit sur 
sa route les chateaux-forts de Siklos, Egerszeg, Ba- 
bocsa, Belovar, Berzencze, Kapolna, Csicso, Safade, 
Kapornak, Wutusch, Poeloesk6, Rum, Hidw^g, Koer- 
mendvar, Ykervdr, Mesteri, Szombathely 3 . Mais il 
ne triompha pas aussi facilement de la petite place de 
Guns, dont le commandant Nicolas Jurischitz s'im- 
mortalisa par sa brillante defense. 



i Istuanfi, VI. Djelalzade. Ferdi, f. 188. Abdoulaziz, f. 88. Let his. 
toriens hongrois ne savent rien de positif sur cette ambassade; Istuanfi s'ex- 
prime ainsi a cet egard : Ferunt tamen Franeiseum regent non hoc tantum 
tempore auctorcm fitisse. Mais les bistoriens ottomans racontent avec derails 
la reception de l'ambassadeur francais. 

» Petschewi, f. 54. 

3 Journal de Souleiman. Petschewi, f. 54. Le grand Ni«chandji. 



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i6o HISTOIRE 

Le 9 aoflt ' , le grand-vizir vint camper sous les tours 
de Guns , et trois jours apr£s Souleiman arriva par 
un temps pluvieux. De tous cdt& on braqua de petits 
canons, faucons et fauconneaux, dont le plus fort Ian- 
$ait des biscayens de la grosseur d'un oeuf d'oie [xvu]; 
cependant au bout de trois jours les cr£neaux des 
remparts avaient disparu * ; en m£me temps des mines 
furent pratigu£es, et l'attaque commands sur toute 
la ligne 5 . Jurischitz compte dans son rapport au roi 
douze assauts, dont quatre sont mentionn£s avec leur 
date par le journal de Souleiman et les historiens 
turcs 4 . Les murs furent min£s en treize endroits, et 
on ouvrit une br&che de huit toises de largeur. Sou- 
leiman fit amonceler des fascines, en forma deux 
esp£ces de monticules qui dominaient les remparts, et 
du haut desquels les asstegeans, munis d'excellentes 
armes, inqui&aient beaucoup la garnison. Jurischitz 
r^ussit k y mettre le feu , qui fut presque aussitOt 
&eint. Le dix-neuvi&me jour de rarriv^e du Sultan 
devant Guns (28 aotit), Jurischitz venait d'&rire son 
rapport au roi, lorsqu'Ibrahim le fit sommer de rendre 



» Le vieux roanuscrit, Durkusche Belegerung vor Gunss im Monaih Au- 
gusts des 1 5 3a Jars, qui se trouve dans Rosnack, Belagerung der Kanig- 
licJien Freystadt Guns, p. q6, fixe I'arrivee des premieres troupes turques 
au 5 aout , et celle de rarmee entiere au 10 aout. 

> Dans Catona, XX, p. 817 et 829. 

) Lesio,ao,a3et*8 aout. Journal de Souleiman, et Petschewi. 

4 Rapport de Jurischitz. Petschewi. Le manuscrit , dans Rosnak , place 
ces assauts aux i3 , 27 et a 8. U en compte en tout dix-ueof; cependant il 
ajoute : Doch darunter nur 1 8 gcwaltig Sturm gethan , aber im (Got hub 
Lob) eyn khainer ge ratten. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. i6r 

la ville , de se reconnaitre tributaire , ou bien de se 
racheter moyennant deux mille ducats hongrois, dont 
il serait fait present aux capitaines des janissaires. 
Jurischitz r£pondit : que Guns n'etait point k lui, que 
par consequent il ne pouvait obliger k un tribut une 
ville sur laqudle il n'avait aucun droit , et en outre 
que les habitans ne poss£daient pas les deux mille 
ducats demands. Trois autres sommations d'Ibrahim 
n'ayant pas obtenu d'autre r£ponse, l'attaque fut im- 
m£diatement resolue ' . Ibrahim, pour stimuler le cou- 
rage des troupes, fit annoncer une augmentation de 
solde et la creation de nouveaux fiefs. « Chacun , dit 
Petschewi , prit son ame sur sa langue et s'6cria : 
J'aurai la tite de I'ennemi, 0a il aura la mienne \ » 
Dejk huit drapeaux avaient et6 plant£s sur les murs 
par les janissaires et les azabs, lorsque les vieillards, 
les femmes et le$ enfans , qui attendaient leur der- 
ntere heure blottis derrtere un retranchement d'ar- 
bres, poussferent des cris si pergans et si lamentables, 
que les assaillans effray^s s'enfuirent, abandonnant 
m£me deux &endards k I'ennemi 3 . Ce r&ultat parut 
assez extraordinaire aux asstegeans et aux assteg£s , 
pour qu'ils crussent devoir lui donner une interpre- 
tation merveilleiise. Les premiers pr&endirent avoir 
vu un cavalier celeste qui les menbgait de son 6p6e 

i Rapport de JurischiU , dans Gcebd , Beytrage zur Gesckichte Kaiser 
Karls V, p. 3og, du 3o aotit. 

a Petaehewi, f. 55.. Her kes djanin aghaUe abub, ya basch aJiirum ya 
basch weririm. 

3 Jovius, XXX , d'apres le r&it de JurischiU lui-meme. Catona, XX, 

p. 8&2. 

T. V, II 



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1 6* HISTOIRE 

flamboyant©, et les seconds se persuad6rent avoir ete 
secourus par saint Martin, le grand patron de Szom- 
bathely (Stein sur V Anger). Trois heures s'&aient 
£coul£es depuis la retraite des Ottomans, lorsque qua- 
tre parlementaires se pr&en&rent sur la br&che pour 
inviter Jurischitz k se rendre au camp sur la parole 
du grand-vizir, car, disaient-Hs, sa valeur avait trouve 
gr&ce devantle Sultan, qui le verrait volontiers et au- 
quei il devrait rendre hommage. Jurischitz . bless£ 
dans le dernier assaut , n'aurait pu tenir encore une 
heure, si on eAt repris l'attaque ; il lui restait k peine la 
moitte des sept cents braves qui composaient la gar- 
nison lors de 1'investissement de la place. La poudre 
manquait k l'artillerie , et le courage commengait a 
ctefailKr aux soldats. Jurischitz accepta done la pro- 
position, mais non sans exiger un sauf-conduit, et la 
remise entre ses mains de deux 6tages. L'un des quatre 
d£pdt6s lui pr&enta un sauf-conduit qu'il tira de son 
sein, et deux d'entre eux se consfttu&rent prisonniers. 
Jurischitz fut conduit par Faga des janissaires devant 
Ibrahim, qui se leva k son approche, lui tendit les 
mams, et le pria de s'asseoir. Apr£s s'&re enquis s'il 
etait entitlement r&abli de la maladie dont il avait 
souffert k Constantinople, et si sa blessure &ait grave, 
le grand-vizir lui demanda pourquoi il ne s'etak pas 
rendu comme Bathyany et Pierre d'Eberaus, et s'il 
attendait encore des secours de son maitre. Jurischitz, 
£ludant cette derni&re question, lui rfyondit qu'il ne 
se ressentait plus de son ancienne maladie, que ses 
deux blessures provenant , Tune d'une arme a feu, 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. i<F> 

1 'autre d'un coup de pierre, ne pr&entaient rien de 
danger eux, et enfin que son honneur ne lui permettak 
pas de rendre hommage k l'ennemi de son maftre , a 
means qw d'y 6tre forc6. Ibrahim lui r£pliqua qu'ii 
devait se prosterner devant le Sultan , qui lui faisait 
don de la v*He et de la citadelle. Mais Jurischitz avait 
«ppris, pendant son ambassade k Constantinople, 
que le meilleur moyen d'obtenir tine gr&ce d'Ibrahim 
^ftait de flatter sea passions arabitieuses; il lui r£pon- 
dit cfu^fl &ait tfop faible pour parattre devant le Sul- 
tan, qm, du reste, sanctionnait toujours les decisions 
de son grand-vizir. Ibrahim, que cette r£ponse prit 
par son foible, accepta gracieusement r excuse de Ju- 
rischitz , et se rendit en outre k la demande qu'il lui 
fit de placer k Tentr^e de la brfeche douze soldats 
turcs pour en interdire Taccfes au reste des troupes '. 
L'aga des janissaires desira voir la citadelle , mais 
Jurischitz , aussi prudent que brave, pretext a, pour 
se dispenser de l'y recevoir, que la garnisoh &ait com- 
post d'Epagnols et d'Allemands indisciplines , que 
dailleurs il n'avait pas engage sa parole pour la cita- 
delle, mais seulement pour la ville a . Ayant fait agr£er 
cette r^ponse k Ibrahim, il lui offrit de riches vases 
d' argent, ainsi qu'aux autres grands de Tarm^e , et il 
fut lui-m&ne revfitu dun habit d'honneur. Un d&a- 
chement de Turcs vint occuper la, br&che au son de 
la musiqueet drapeau d6ploy£; sur ce drapeau, de 

i J eh hub an im gemerkt duster hochf&r gut gehalten hat dass ich mich 
zu dem Kaiser hub gewidert tu gehen, und dass ich so viel von ihm in set- 
nem Sinn hall, {Rapport de Jurischitz.) — * Ibid. 

H* 



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1 64 HISTOIKE 

couleur pourpre, se lisait en lettres blanches : Iln'eU 
point d 'autre Dieu que Dieu, et Mohammed est son 
prophSte \ Ces paroles furent r£pet£es k haute voix 
par les Turcs % et cette glorification de leur religion 
en presence des chr&iens fut regard^ par eux, k 
defaut du pillage de Guns , comme une satisfaction 
suffisante donn£e a l'honneur du Sultan. Le moute- 
ferrika (fourrier), qu'Ibrahim envoya le jour suivant 
(29 aotit — 26 moharrem) annoncer k Souleiman la 
reddition^de Guns, re$ut un kaftan d'honneur,. et 
eut son traitement augment^ de dix mille aspres par 
an a titre d'argent d'orge 3 ; le Sultan t£moigna sa sa- 
tisfaction au grand-vizir en lui donnant de splendides 
v&emens et un turban garni de plumes de h&on 4 . 
Le lendemain Souleiman tint un diwan, dans lequcl 
les vizirs, beglerbegs et begs de l'empire yinrent lui 
offrir leurs felicitations 5 . Le jour suivant , arriva la 
nouvelle de la soumission d'Altenbourg, et furent 
cong£di£s les ambassadeurs de Ferdinand, Lamberg 
et Nogarola, qui, k leur retour de Belgrade, avaient 
et£ charges d'une nouvelle mission aupr&s du Sultan 
k Mohacz, mais avec aussi peu de succ&s que la pre- 
miere fois [xvin]. Dans la derntere audience que 
Souleiman leur donna, il leur remit, avec des pre- 

» Istuanfi, 1. XI. 

» Zermeghi, dans Catena, XX, p. 8a6. 

3 Journal de Souleiman da 29 aout. 

4 Petschewi, f. 56, donne a entendre que l'etendard laiss£ a Jurischitz 
n'etait pas un present, mais bien le symbole de sa nomination a la dignite 
de sandjakbeg. 

5 Journal de Souleiman du 3o aout. 



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DE L' EMPIRE OTTOMAN. iG5 

sens , une lettre dans laquelle il menagait Ferdinand 
de la devastation de ses iltats et lui portait le d£fi de 
venir se mesurer avec lui en bataille rang£e. 'Cette 
lettre &ait ecrite en caractires d'or et d'azur, et ren- 
ferm£e dans une bourse d'£carlate ' . Ainsi Guns dut k 
l'h&roisme de Jurischitz de soutenir, comme Yienne, 
pendant Irois semaines , le choc de toutes les forces 
de l'empire ottoman sous les ordres du Sultan lui- 
m£me [xix]. 

Vienne s'attendait d'autant plus k voir reparaitre 
Souleimanfxx], que les akindjis, sous la conduite de ce 
m£meKasimqui, lors du dernier stege, avait p&i&re 
jusqu'k FEnns , saccageaient alors les districts de la 
basse ei de la haute Autriche [xxi]. Cependant on 
re$ut bient6t la nouvelle inattendue que Tarm^e otto- 
mane, prenant k gauche de Guns, s'etait jet£e sur la 
Styrie. La saison avanc£e, le manque de vivres, et 
surtout l'exp&ience r£cemment faite devant Guns de 
la resistance que peuvent opposer a de grandes armies 
de faibles murs d&endus avec courage, durent pro- 
voquer cette determination de Souleunan , plus en- 
core que l'annonce des troupes espagnoles et italiennes 
venant renforcer celles de Ferdinand. Souleiman £tant 
entr£ en campagne k peu pr£s sans artillerie de stege, 
il est k croire que le but primitif de cette expedition 
n'avait pas &e la prise de Yienne, mais une bataille en 
rase campagne avec Charles-Quint. On en trouve une 
nouvelle preuve dans la lettre apport£e de Guns par 



Jovius, XXX. Calona, XX, p. 819, 820. 



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1 66 UISTOIRE 

les ambassadeurs autrichiens, Lamberg el Nogarota. 
Mais l'armee de Charles-Quint et de Ferdinand se 
tenant renferm6e dans Vienne , et la place forie de 
Neustadt se trouvant entre les Ottomans et cette ville, 
cette campagne qui s'&ait annonc£e dune maniere si 
gigantesque, se r£duisit k des excursions en Styrie, 
les plus desastreuses qu'eut encore £prouv£es cette 
province *. 

Gependant Kasimbeg , reprenant k travers FAutri- 
che les cherains qu'il avait deja battus lors de la der- 
ntere campagne , passa l'Enns a la t&e de quinze a 
seize mille akindjis, mit tout k f eu et k sang, massa- 
crant les vieillards et les enfans, et liant aux croupes 
deseschevaux les jeunes filles et les jeunes gargons. 
A Ernsthofen, une division traversa l'Enns., et se 
rendit par Kleink, Disbach, Stadlkirchen a Wolfern 
et Losensteinleithen. Ce dernier bourg fut d£fendu 
seulement par quelques hommes, et, dit-on m&ne, par 
un seul, qui avait plac£ des fusils a toutes les fenfitres; 
le premier coup tir£ ayant heureusement frapp6 un 
des chefs ennemis, les asstegeans, au nombre de cinq 
seats , retournfrent sur leurs pas/ La ville de Steyer 
dut le depart des akindjis bien moins k ra*riv& dans 
ses murs de mille hommes de grosse cavalerie qu'a 
la retrake de Souleiman. Ce corps de douze mille 
akindjis, apr&s avoir menac£ Steyer, brfila sur son 
passage le bourg de Weyer, mais il £choua dans son 
attaque sur Waidhofen ; les habitans firent une sortie, 



i Jovius, XXX. Catona, XX, p. 829. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 167 

lui prirent trois ceats chevaux, et d£Kvr£reut quatre 
cents prisonniers '. Kasim ne suivit pas les bords du 
Danube, el revint par le Wieaerwald, chaine de mon- 
tagnes couverte de foists , d'oii il comptait sortir aux 
environs de Baden, pour aller rejoindre Souleiman en 
Styrie. Mais les d£fi}£s eonduisant dans cette province 
avaient ete occupy d&le 1 9 septembre par les troupes 
imp^riales sous les ordres du comte palatin Fr&l&ic. 
Les Turcs en arrivant k Pottenstein, trouv&rent la po- 
sition de Loibersdorf occupee par Schaertlein de Bur- 
tenbach, capitaine du contingent d* Augsburg, avec 
vingt-deux bannitoes de lanciers imp^riaux a . Schaer- 
tlein de Burtenbach, se d&achant k la t&e de dix ban- 
ni£res , attaqua l'ennemi fort de huit mille hommes 
avec cinq cents arquebusiers, le d£logea de Potten- 
stein, et, le poussant devant lui, le conduisit sous le 
canon du comte palatin Fr£d£ric 3 . Kasim, seotant la 
difficult^ de se frayer un passage k travers les imp6* 
riaux avec les prisonniers qui embarras3aient ses mou- 
vemens, fit massacrer quatre mille d'entre eux. Puis 
profitant d'une nuit orageuse, k la faveur de laquelle 
il esp£rait se sauver, il divisa ses troupes en deux 
corps : le premier sous les ordres de Feriz, gagnant 

> Kurze Geschichte der Landwehr in OEstrich ah der Enns, 1811. 
( Histoire ab regie de la Milice en Autriche sur I' Enns, p. 97-102.) 

a «Von eraem Scharmizel darin eine merkliche Anzal Tiirken durch 
• Hilf des Aknetbtigen erachfegen, aos einem Briefe der von Augspurg 
» Hauptmann geben im Leger zu Lewersdorf. (Loibersdorf oa Leopoldsdorf , 
» 18 septembre i5a3.) » Goebel, Beytratge, p. 3o5-5i8. 

3 Biographie des beruhmten hitters Sebastian ScharHein von Burten- 
bach (Biographie du ctlebre chevalier Sebastien de Burtenbach), I, p. 35. 



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i6B HISTOIRE 

au sud, s'ouvrit un chemin k travers les bois, et par- 
Tint heureusement k entrer en Styrie, oft il suivit les 
traces du gros de l'arm6e; le second, conduit par 
Kasimbeg en personne , attaqu£ d'abord par le capi- 
taine du contingent d' Augsburg , tomba sous le feu 
du palatin Fr&teric , en d£bouchant de la valine de 
Starhemberg. Kasimbeg ayant 4t6 frapp£ un des pre- 
miers , Osman prit sa place , et s'avanga hardiment 
dans la plaine , oft il trouva les troupes du coipte 
Lodron et du margrave Joachim de Brandebourg. Ge 
fut moins une bataille qu une boucherie, car les cava- 
liers ottomans , dont les dievaux &aient ext&m& de 
fatigue, et dont les lances s'&aient rompues dans les 
pr&£dentes rencontres, ne pouvaient opposer de re- 
sistance; quelques-uns de ceux qui purent s'enfuir 
furent massacres par les paysans dans la gorge de 
Priggliz , d'autres furent pr£cipit& du haut d'un ro- 
cher pr&s de Sebenstein '. Les debris de ce corps 
d'armfe ayant &6 rallies par Osman entre Bade et 
Traiskirchen , rencontr&rent d'abord les troupes im- 
p£riales , puis une division hongroise. Paul Bakics 
courut sur Osman la lance en arrfit, le d£sar$onna , 
puis saisissant le poignard suspendu au pommeaii de 
sa selle, lui donna le coup de mort, et le depouilla 
de sa brillante armure. Le casque de Kasim, orn6 
d'incrustations d'or et de pierres precieuses, et sur- 
monte de plumes de vautour a , fut pr£sent£ k Charles- 

i Schcigcr, Jus/lug in Mormayr's hist. Taschenhuch, neimeme anoee , 
p. i5a. 

a IstuanG, XI. Jovius, XXX. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAJS. 169 

Quint par le comle palatin Fr6d£ric , par allusion au 
vautour ottoman vaincu par l'aigle d'Autriche. 

Ainsi des seize mille akindjis de Kasimbeg , quel- 
ques-uns seulement , sous la conduite de Feriz , par- 
vinrent k entrer en Styrie[rui]; cette province 6tait 
sillonn£e par i'arm^e de Souleiman qui passa par les 
valines de Friedberg, Kirchberg et Hartberg, pour 
venir camper devant Gratz. Les habitans de Fried- 
berg, de Kirchberg et de Hartberg s'4taient r&ugtes 
dans leurs 6glises transform&s en citadelles ; ils purent 
sauver leur vie, mais non leurs habitations qui furent 
livr&s aux flammes. Prte du fort de Weissenbourg , 
situ£ sur les frontitees de Hongrie et de Styrie, les 
Ottomans furent obliges de laisser un de ces canons- 
monstres dans lesquels un homme pouvait entrer '. 
Get abandon forc6 prouve que les chemins, pour 
nous servir de repression du Journal de Souleiman, 
etaient « p£nibles comme le jugement dernier, » et 
que l'armle n'&ait pas entterement d^pourvue de 
grosse artUlerie, quoiqu'elle n'en eAt pas au stege de 
Guns. Le cMtelain de Poltau tenta de surprendre prfes 
de Gleisdorf une division otlomane , et engagea une 
lutte acharn& (10 septembre), dans laquelle il fut fait 
prisonnier apr£s avoir vu p£rir quatre cents des siens. 
En m&ne temps le khan des Tatares d£vastait la rive 
gauche de la Murr. Enfin l'arm£e arriva devant Gratz, 
« cette belle et grande ville, dit l'historien Ali, dont 
les jardins et les vignes ressemblent au paradis, et 



Julius Caesar, VII, p. 38. 



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170 HISTOIRE 

dont les maisous et les Edifices soul le s£jour des ri- 
ches [xxin]. » II est possible que Souleiman ait essaye 
de s'emparer de Grate; du moins on serait fond6 k 
le supposer d'apres la tradition qui affipme que les 
Ottomans avaient p£n&r£ jusqu'au pied du chateau, 
pr£s de l'ancienne porte de la ville , ou on a repre- 
sent^, en foi de cet £v£nement vrai on non, la figure 
dun Turc. Ce qui paraitrait justifier cette opinion se- 
rait r assertion de tous les historiens turcs qui ne crai- 
gnent pas d'affirmer la prise de Grsetz , avec autant 
de v^rite toutefbis que celle de Guns. Mais cette pr6- 
tendue conqu£te est d&nentie par le Journal m^me 
de Souleiman, qui ne dit pas un mot de la soumission 
deGratz, et qui ne mentionne que le passage de Tar- 
m6e sur la Murr, au-dessous de cette place, avec 
quekpies pertes en hommes et en bagages (1 2 septem- 
bre) x . Si les Turcs eussent &£ maitres de Graetz , ils y 
auraient passe le temps n&essaire pour jeter un pont 
sur la Murr, et Souleiman ne se serait pas expos£ a 
se noyer /dans une rivfere de Styrie [xxiv]. Jean Kat- 
zianer, aprta avoir repouss6 les akindjis qui etaient 
entr£s dans la province du cdte de Neustadt, se r£unit 
aux troupes de Graetz, tomba k Ferniz sur rarriere- 
garde ottomane forte de huit mille hommes, la battit 
comptetement, et en rapporta plusieurs trophies, en- 
tre autres la ttte d'un pascha a . Le 1 4 septembre, Sou- 
leiman campa devant Sekau, ou il trouva des provi- 

» Djelalzade, f. i5a. All, xxv« recit, f. »4o. Petschewi, f. 57. Journal 
de Souleiman du is septembre. 

a Julius Casar, VII , p. 45 , d'apre* Megiser. 



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DE L'EMPiRK OTTOMAN. 171 

sions en abondance , el quekpies jours plus tard sur 
les rives de la Drave, pr& de Marbourg. Le comman- 
dant de cette place , Sigismond Weixelberger , qui 
avait an&nti un corps de deux mille Turcs dans les 
champs de Leibnitz, repoussa trois assauts qui lui fu- 
rent livres. Souleiiman resta quatre jours sur les bords 
de la Drave, jusqu'& 1'entier etablissement d'un pont; 
les vizirs et les agas activaient le^travaux le b&ton k 
la main. Lorsque le pont fut achev^ , les troupes s y 
pr£cipit£rent p£le-m6}e , et il fallut la presence du 
grand-vizir et des paschas pour maintenir 1'ordre, et 
arr&er cet empressement qui aurait pu avoir des suites 
fatales. Enfin l'arm£e ayant effectue son passage vers 
midi du 21 septembre , le Sultan ordonna de livrer 
le pont aux flammes, et recompensa le z61e deploy^ 
en cette occasion par Ibrahim , en lui faisant don 
dun cheval richement enharnach£ et d'une somme 
d'argent. L'arm6e continua sa marche le long de la 
Drave par le Pas de Vinicza ; sa retraite de k Styrie 
lui pr&enta autant de difficult^ que son entree dans 
cette mdme province , et chaque jour &ait signal^ 
par la perte d'une partie des bagages x . Les akindjis 
brAl£rent Feistriz et Gonoviz , et ravagtoent toute la 
contr^e entre Colli et Neuhaus, Une de ces hordes , 
ayant franchi les monts dits Backalpes, &ait descendue 
dans la vallee de Saint-Lavant, ou die avait saccage 
Saint-Leonard , et de Ik avait penetre par les monts 
Weidealpes en Carinthie jusqu'& Huttenberg ■; mais 

> Journal de Souleimaii du a 3 septembre. 

> L'inscrjption d'un ancfen tableau, dans la chapelle de Waitschach, le- 



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17a UISTOIRE 

Veit Welzer, capitaine des milices du pays, la battit 
et la forga k la retraite. Au-dessous de Warasdin , 
une balle partie du ch&teau deRassina tua Schaaban, 
fr&re du defterdar ; la vengeance des Ottomans fut 
prompte et terrible : le chateau fut incendte et les ha- 
bitans massacres. Au nombre de ceux qui furent con- 
duits en esclavage , se trouvait George Hust ' , que sa 
destin£e poussa jusque dans les Indes, et qui, comme 
Schiltberger et le maitre d'6cole de Muhlenbach, nous 
a laisse la description de ses voyages. Le Sultan et le 
grand-vizir se s£par£rent k Herbartie 2 : le premier, 
avec les janissaires et les sipahis, prit k gauche et alia 
par Caproncza et Veroecze k Poschega ; Ibrahim tourna 
k droite avec Tarrifere-garde de Fannie, et passa suc- 
cessivement sans commettre de ravages par Kreuz , 
Gudovecz , Ghasma , Velica , et le ch&teau des aieux 
de Zapolya 3 . A Lugovich, le grand-vizir renvoya le 
prisonnier Andr£ Stadler, avec une lettre en langue 
italienne pour Ferdinand. Dans un style fanfaron , 
Ibrahim dissimulait les veritables causes de la retraite 
de l'arm£e sous le ridicule pr&exte de la disparition 
de Charles-Quint , et il terminait en disant que « les 
pays du roi etaient comme sesfemmes; » injure gros- 
si&re et v Entablement turque, signifiant qu'il &ait 6ga- 
lement impossible de trouyer Charles-Quint aupres 
de ses Spouses et dans ses royaumes [xxv]. La ville 

moigne de ce fait. Voyez Archiv fur Geschichte, Statistih, Litter alur und 
Kunst, de Philippe Vonend. 

1 IsluanG, 1. XI, p. 184. — > Journal de Souleiman. 

3 Istuanli, XI. Jovius, XXX. Catona, XX, p. 835. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. i 7 5 

de Poschega, qui comptait quarante a cinquante mille 
habitans, fut livr6e aux flammes l . Les ch&teaux- 
forts de Podgaracz et de Nassicz, situ£s au-dessous 
d'Essek, envoyirent les clefs de lews portes en signe 
de soumission; Souleiman donna ces chateaux en fief 
k Ibrahim a . L'arm6e ramena de la Hongrie, de la 
Styrie et de l'Esclavonie trente mille esclaves ; mais 
aprds qu'elle eut*pass£ le Bossut, un ordre da jour 
lui dtfendit de faire de nouveaux prisonniers, parce 
qu'on entrait dans les Etats du Sultan 3 . En face de 
Belgrade, le corps d'arm^e de Souleiman fut rejoint 
par celui du grand-vizir (12 octobre — 12 rebioul- 
ewwel) ; ce dernier, suivi des paschas et des begs , 
alia rendre sea hommages k son maltre. Les deux divi- 
sions r&inies travers^rent le Danube et campdrent 
sous les murs de Belgrade. Le jour suivant, Soulei- 
man passa ses troupes en revue, et tint le lendemain 
un diwan, dans lequel les vizirs, les defterdars, le se- 
cretaire d'Etat, les beglerbegs d'Anatolie et de Rou- 
milie , furent revfitus d'habits d'honneur. Le m&ne 
jour, des courriers furent exp£di& dans toutes les 
directions pour annoncer aux gouverneurs des pro- 
vinces et au doge de Venise les victoires remport&s 
dans la derni&re campagne [xxvi]. 

Younisbeg, I'interpr&e de la Porte, qui, aprts le 
stege de Vienne, avait &6 envoy6 de Belgrade k Ve- 
nise pour notifier au doge Andrea Gritti l'installation 

■ Djelaiiade, f. i63. Petschcwi, f. 58. AU, f. 240. Solakzade, f. no. 
> Djdalzatt, f. i65. Petechewi, f. 58. 
3 Journal de Souleiman du 8 octobre. 



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1 7 4 HISTOIRE 

de Zapolya sur le trdne de Hongrie, partit de nouveau 
de cette ville pour la m&ne destination. La lettre dont 
Younis &ait porteur s'efforgait de presenter sous un 
jour honorable la retraite du Sultan , qui n'&ait due, 
k l'entendre, qu'k la lftchete de 1'eittpereur. On y 
remarquait ce passage oii le Sultan disait : qu'il ^tait 
alte sous les murs de la grande ville d$ Graetz, Tan- 
cienne residence de ce prince maudit qui avait fiii 
pour sauver sa vie, et avait ainsi abandon^ les infi- 
d&es engages avec lui dans le sender du diable. II 
ajoutait qu'aprgs avoir d&ruit rWrfeie, il &ait re- 
venu, et avak prig, chemin faisant, les ch&teaux-forts 
de Kharbotrtie (Harbart) , de Poschega et plusieurs au- 
tres [xxvn]. Deux jours apr£s le depart d'Younisbeg, le 
grand-vizir passa le pont de la Save drapeanx deployls 
et tnusique en t£te, pour remettre entre les mains du 
Sultan les insignes de la dignity de serasker , qui expirait 
avec la campagne (9 novembre — 10 rebioul-akhir). 
A Philippopolis, Souleiman conftra en plein diwan, h 
Sahib Ghirai, oncle d'Islam Ghirai, la dignity de khan 
de Crimge; Sahib Ghirai avait accompagn£ avec ses 
Tatares l'arm6e dans la derntere expedition, et s'&ait 
fait remarquer par ses courses sur la rive orientate de 
la Murr. Son fr£re Seadet Ghirai, qui avait esp£r£ *tre 
investi de nouveau du souverain pouvoir en Crimfe, 
re$ut en d6domtnagement une pension annuelle de 
trois cent mille aspres , et de vastes domaines d'un 
produit de cinq cent mille aspres par an '. 

i Petschewi, f. 58. SolakouM, f. no. F«rdi, f. 197. All t f. »{i. 

Djelalzade, f. 164. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 



i™ 



Pendant sa marche, Souleiman regut l'ambassadeur 
polonais, Pierre OpaMnski, alors ch&telain de Ledz et 
plus tard de Gnesen [xxvm]; Opalinski 6tait chargg 
par son souverain de demander la prolongation de 
la tr£ve conclue avec la Pologne trente trois ans au- 
paravant par Bayezid, et confirmee en 1 525 par Sou- 
leiman ' . Sigisroond voulait assurer ainsi la tranquillity 
de son royaume du cdt6 de la Moldavie •. Lesn^go- 
ciafibhs.'dPpaHnski eurent on plein succ£s, et Sahib 
<Jhirai, khan de Crinrfe, fut invito & vivre en paix avec 
le roi de Pologne et k le considfrer cotnme rami de la 
Porte 3 .Le 1 8 novembre (1 9 rebioul-akhir), le Sultan 
rentra k Constantinople, apr6s une absence de sept 
mois *. Pendant cinq jours cons6cutife, une fete triom- 
phale c&^bra les vktoires de la deroiere campagne 
appel^e par les hietorieos ottomans la guerre dAtte- 
magne contre le roi d'Espagne. Constantinople, les 
faubourgs de Scutari, d'Eyoub et de Galata, furent 
Ulumfe& cinq nuits de suite, pendant lesquelles les ba- 
zars et les boutiques du Bezestan resterent ouvertes; 
ce ne fut qu'une succession contmudle de festkis et de 
r^jouissances publiques. Le conqu£rant de Belgrade 
et de Rhodes, le vainqueur de Mohacz avait d6j& con- 

> R*pp*rt de tmmbtsfaiemr vfaitien, a la date de i5a5 , dans Marini 
Sanoto. Cromer, t. XXIX, parle de la premiere capitulation arrelee par le 
Polonais Feiley. 

» Hisioria rerum polonicarum concmnata a Salomonc Neugebaue.ro , 
Hannovia x6i8, p. 53i, d'apres Yapovios tuhanrtum i**Sa. 

3 Les mcaaes tppeUent Sahib GhiraT, Satkcreius. 

4 II elak parti de Constantinople le at avril, et il y rentra le 18 no- 
vembre. 



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176 HJSTOIRE 

duit en personne cinq expeditions 1 ; il avait entrepris 
la derni&re contre Charles-Quint, dont il ne pouvait 
s'empdcher de reconnaitre int£rieurement les hautes 
quality, bien qui] ne voulttt pas lui rendre publique- 
ment justice 3 . Charles-Quint avait quitt£ FItalie pour 
venir se mesurer avec Souleiman, qui n'osa pas Fat- 
tendre. II put done consid&er la retraite des Otto- 
mans comme un aveu tacite de leur inferiority. * 

Pendant que Souleiman ravageait les juves cle la 
Drave, le jour m£me ou Fancien commandant de la" 
flottille du Danube, Kasimbeg, succombait dans la val- 
ine de Pottenstein sous les coups des troupes imp£- 
riales, l'amiral de Charles-Quint, le c£l£bre Andrea 
Doria, s'emparait de la ville de Coron en Mor£e. Ce 
port, Tun des mieux fortifies de Fempire ottoman, fut 
emporte apr&s un stege d un jour. La batterie dirig£e 
contre le c6t6 de la ville qui regarde la tore n 'avait 
que quatorze canons ; mais les .trois autres cdt& que 
baigne la mer &aient battus en brdche par plus de cent 
cinquante bouches k feu; la flotte de Doria comptait 
trente-cinq vaisseaux de haut bord et quarante-huit 
galores. Cependant cette rapide conqu&e ne laissa pas 
que de cotter du monde aux ass&geans. Le corps 
dltaliens d£barqu6 du c6t6 de la terre eut trois cents 
morts et plus de mille blesses; les soldats des galores 
du pape furent plus heureux, its p&i&r&rent dans la 

■ Journal de Souleiman iluaiau *5 novembre. 

» In this first essay of his (Charles-Quint) arms, to have opposed such a 
leader as Solyman, was no small honour to have obliged him to retreat, me* 
rited very considerable praise. (Robertson, Charles-Quint, 1. V.) 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 177 

\ ille par ia mer apr£s tm combat assez chaud. mais de 
pen de dur£e. Doria accorda & la gamison une libre 
retraite avec femmes, enfans & biens '. II lafesa deux 
milte Espagnofc dans la place sous les ordres de Fran- 
cois Afendoita a , et fit voile potip Patras qu'il conquit 
aussi promptement que Koron 3 , et se porta devant 
Lepanto. Le6 deux ch&teaux constants par Bayezid II 
£ l'entr£e des Dardanelles tomb^rent au pouvoir de 
Doria : celui qui s'&evait sur la c6te de la Mor£e se ren- 
dit volontatrement , et Taatre qui d&endait le rivage 
oppos^ firt emport^ d'assaut Un corps turc raraass£ 
k la hftte en Mor6e fit mine de vouloir se remettre en 
possession du fort qui avait &e pris de vive force , 
mais a rapproche de quatre mille arquebusiers espa- 
gnols sous les ordres de Jer6me Tutavilla, comte de 
Sarno , il se replia sur Lepanto. Le fort sur la terre 
ferme appete Mofineo avait vu p^rir toute sa garnison 
compos£e de trois cents janissaires ; Doria donna deux 
des grands canons couverts descriptions turques , 
qu'on y trouva, aux g£n£raux Sarno et Salviati, et 
transporta les autres k G^nes ; ils servirent k ilever un 
troph£e dans l^glise que l'illustre marin avait con- 
stitute avec les sommes considerables qu'il avait reti- 
rees du butin firit sur les corsaires vaincus. Ayant ra- 
vage toute la c6te de Sycion et deCorinthe, et voyant 



• Paruta, Historia Veneziana, 1. VII. Sagredo, Memorie istoriche, i53a. 
Anion Dona's Kurzer Innhegriff in Gcebel's Beylrcegen, p. 3i. Isluanfi, I. VI. 

a Sioria di Guazzo. 

3 Guazzo, Hist, Venez., i54g, p. 124, fait nionter la garnison a huit 
mille homines ; 800 soldati tra haliani, Spagnoh, e Allemam g\i rimase. 
T. V. 12 



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i 7 8 HISTOIRE 

la saison 8 avancer, Doria sen retourna avec sa floUe \ 
L'issue de la campagne d'Autriche , les conqu&es 
de Doria en Moree, et des projets de guerre contre 
la Perse dont il sera parte dans le livre suivant, ren- 
dirent Tesprit guerrier de Souleiman plus accessible a 
des propositions depaix; aussi s'empressa-t-il d'accor - 
der les sauf-conduits que Ferdinand ltd fit demander 
avant la fin de cette m£me ann£e pour une nouvelle 
ambassade. 

L'arriv^e d' Younisbeg -a Venise, qui eut lieu dans 
les premiers jours de Janvier, coincida avec celle h 
Constantinople de l'envoyi de Ferdinand, J£r6me de 
Zara, fr6re ain6 du brave ctefenseur de Guns [xxix]. 
Cinquante nobles v6nitiens, parmi lesquels Thistorien 
Marini Sanuto, fiirent deputes par le s£nat pour aller 
k la rencontre d'Younis a . J£r6me de Zara, qui n'avait 
qu une suite de douze personnes, fut regu sans tous 
ces honneurs ; le second jour de son arriv6e, il obtint 
une audience du grand-vizir, et le quatr&me, il fut 
introduit aupr& du Sultan (1 4 Janvier). D &ait charg£ 
de n£gocier la pah ; Souleiman n'accorda qu'une 



« Paruta, Sagredo, htuaofi, Doria. Petschewi, f. 58. Ali, sxn« reeit, 
f. a4i. Itatyi-Khalfa, His tot re det Guerret maritime*, f. 18. Let source* 
ottomanes nomment le commandant de la flotte turque qui , a l'arroee de 
Doria , se retire a Constantinople , Ahmedbeg. Istuanfi , Paruta , Sagredo 
I'appellent Jmerale ; Guaxzo , Zai. 

» m Veae Junisbei Orator del Sgr. Turco per il qnal fu ordina andasse 
••Ira 40 gentUuomini , tra li qua! Io Marini Sanuto fui commandato — 
•» con il Caftan d'oro turchesco, che la Signorla 1* free vestir e custi tutii li 
•> soi da numero 1? vestiti di Coracbi di scarlatto. » Marini Sanuto, t. LVl, 
9 Janvier i533. 



9. ' 

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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 179 

treve, qu'il ne tiendrait, disait~il, qu!a Ferdinand de 
changer en une paix definitive, en envoyant k la Porte, 
en signe de soumission, les clefs de Gran. II ajouta qu 'il 
reconnaissait Ferdinand et Charles-Quint comme ses 
fibres , qu'il etait pr6t a conclure la paix avec ce 
dernier pour cinq ou sept ans, m&ne avant la reddi- 
tion de Gran, et qu'il d^dommagerait Ferdinand de 
la perte de cette place par un Equivalent en Hongrie ' . 
Un tschaousch ou messager d'Etat, accompagn6 de 
Vespasien de Zara, fils de J£r6me, partit pour Vienne 
avec une lettre Ecrite dans ce sens (1 w f6vrier 1533)*. 
Le premier ambassadeur ottoman quetit encore vn 
Vienne, fut regu avec de grandes solennit£s. Ferdinand 
lui donna audience sur un tr6ne couvert de drap d'or 
et couronnE par un dais magnifique ; il avait a sa droite 
vingt magnats hongrois 3 , parmi lesquels trois 6v6ques 
(ceux de Warasdin , de Funfkirchen et Paul Verday 
qui avait livr£ Gran); k sa gauche se tenaient les grands 
de Bohdme. Quelques jours apr&, les conditions de 
la tr&ve propos&s par les Ottomans furent commu- 
niques aux Hongrois et aux Boh6mes, k chacun dans 
sa langue respective. La demande des clefs de Gran 

■ f Alii 10 (Genaro) entro TOrator del Re dei Romani con cavalli 1a, 

- con non molta dimostrasione alociato in luogo solito lira Armeni e Greet 

- allabanda sotto il podrumo (Atmidan), alii ia ebbe audienxa dal Ibraim, 
» quel lo fece aspettar sul podromo, alii 1 4 audi il Sgr. l'Orator col sua fioL » 
Rapport de Pietro Zen. Marini Sanuto, t. LVI, i533. Istuanfi, 1. XH. 

* Rapport de Jerome de Zara, dans les archives de la maison I. R. d'Ai*» 
trlche. 

3 Leurs uoois se trouvent d&ns Istuanfi, 1. XII, f, 194, et dans Catena, 
XX, p. 882. 

12* 



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i8o HJSTOIRE 

ingpira aux premiers les plus vives craintes; mais 
Ferdinand Ieur dit qu'on pouvait en faire fabriquer 
de fftusses , que du reste le grand- vizir n'avait pas 
demand^ la remise entre ses mains de ia forteresse, 
mais seulement les clefs en signe de soumission, et 
avait jur6 que tel &ait le veritable sens de sa de- 
mande '. Le 89 mai, le tschaousch fut cong£cli6 avec 
urie r£ponse favorable ; il fut suivi de pr6s par Corne- 
lius DuppliciusSchqpper [xxx]. a la fois ambassadeur 
de Ferdinand el de Marie, veuve du dernier roi de 
Hongrie. Schepper devait remetlre au Sultan les clefs 
de Gran et deux lettres :. Tune &ait de Charles-Quint 
qui interposait sa mediation entre Souleiman et son 
fr&re, en demandant pour cehii-ci la tranquille pos- 
session de la Hongrie a ; Tautre etait de Ferdinand 



aux commandans de Gran, de Poschega, de Koron, 

» Return Fcrdihandus , posse pro clavibus facile si sit necesse alias con- 
Jici. fstaanfi, i. c. 

• Le dupiicata de la let tie de CharlesQuinI du G mars, dans les archives 
de la maison I. R» d'Autriche. 

3 La lettre de creance de Schepper, dans les archives de la maison I. R. 
d'Autriche; etle plein pouvoir donne par la reine a Schepper et Jeiome 
de Zara, a la dale du 4 avril. 1. c. 

4 Istuaufi, I. XII. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 18 1 

?\ a 1 amiral Andrea Doria, pour les informer de la 
signature de l'armistice '. 

Souleiman mit a profit les loisirs que lui laissait la 
conclusion de la treve, pour faire de nouveaux arroe- 
mens, et qp£rer quelques changemens dans l'adminis- 
tration intfrieure; il investit son fils alne, Moustafa, 
du gouvernement de Saroukhan, et lui assigna un fief 
dun reyenu de quarante mille ducats [xxxi]. Le jour 
m^me ou le tschaousch ottoman fut regu par Ferdi- 
nand, le prince Moustafa, beau jeune homme de 
quinze ans , fut admis k baiser en un diwan solennel 
la main de son pere; le vizir Ayaz-Pascha lui tint l'£- 
trier, et le grand-vizir, le kaftan [xxxn], Les fils de 
plusieurs princes de Syrie et de Perse partag&ent k 
cette occasion l'honneur reserve au fils du Sultan. Peu 
de temps apr&s mourut la mire de Souleiman, Hafssa 
Khatoun, dont la beaut£ avail 4t6 justement ce&bre 
(4 ramazan — 30 mars). Son tombeau s'616ve k cdte 
de celui de son £poux, S61im I CT *. 

Vers la fin d'avril, Aloisio Gritti, par qui tout se 
faisait en Hongrie, arriva d'Ofen a Constantinople. 
Dans une conference qu'il eut par ordre d'Ibrahim 
avec JArdme, U agita la question tant de fois d^battue, 
des pretentions de Souleiman k la couronne de Hon- 
grie. Le tschaousch pr6c6demment envoys k Fer- 



* AU eximium regimen in Vienna, ad Capiianeum Lubiance, ad C*pUa~ 
neum Jaschanum in Strigonia et Bachi J anas Ferenz et Pekhlaus in Posoga. 
( Le Ruppvrt precite de l'ambassadeur. ) 

» Djelal&ide, f. i65, Selakaade, f. 40. Mourcdjea d'OhMon, II, 
p. 5ia, in-80. 



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i8* HISTOIRE 

dinand revint le 25 mai avec Vespasien de Zara, et 
Cornelius Dupplicius Schepper qui avait quality pour 
arr&er les clauses definitives de la paix. J£r6me de 
Zara et son fils Vespasien presentment au grand-vizir 
les clefs de Gran et les magnifiques pr£sens de Ferdi- 
nand. A la vue de ces clefs que Ferdinand d'Autriche 
lui offrait en signe de soumission , Ibrahim-Pascha 
sourit avec orgueil, et fit signe k J£r6me qu'il pouvait 
les garder \ II regut non moins gracieusement un 
m6daillon que le roi le priait d'accepter, et qui &ait 
orn6 dun diamant de deux mille ducats, d'un rubis 
du double de cette somme, et d'une perle en forme' 
de poire estim^e la moiti£ de la valeur du diamant a . 
Ibrahim voulut , pendant cette m6me audience , ou- 
vrir la discussion sur les articles du trait£ k conclure; 
mais J6r6me all£gua qu'il ne pouvait rien arrfiter sans 
la participation de son coll&gue, et on fixa au surlen- 
demain la premiere conference k ce sujet. Les n6go- 
ciations durdrent sept semaines. Les documens dans 
lesquels sont consigns les sept entretiens des ambas- 
sadeurs de Ferdinand avec Ibrahim et Gritti , sont 
des plus precieux r non seulement en ce qu'ils sont 

i « Et supra illud praesentavit Hieronymus ipsi Bassa claves Strigonii, 
» et dixit ecce claves illas , quas to et Cesar Turcarum petiv islis ad fidem et 
» Dfmitodinem Regiae Majestatis Domini roei declarandam. Ad quod pns- 
» fatus Baasa subrisit et com capite fecit sigoum , ut Hieronymus eas sal- 
» varet. * Rapport de rambassadeor, dans les archives de la maisoo I. R. 
d'Autriche. 

» « Bullam auream qualis prasfigitur pelvis in quali erat adamas aooo 
» aureortsm inferitis rubinns 4000 aureorum et depeodebat uoio pyriformis. 
» mille aureorum. » Rapport de I'ambassadeur. 



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DE U EMPIRE OTTOMAN. i85 

pour ainsi dire leg pieces justificatives de la diplo- 
matic du temps, mais encore en ce qu'ils d6finissent 
parfaitement le caractfere et la position d'Ibrahim , et 
ach&vent ainsi le tableau que nous avons £bauch£ dans 
le cours de cette histoire. Le lecteur nous pardon- 
nera d'autant mieux de nous appesantir sur ces pour- 
parlers, et de citer les paroles de cet homme d'etat, 
que ce seront les dernieres que nous recueillerons de 
sabouche. Le 27 mai, les ambassadeurs autrichiens, 
escort& d'une suite nombreuse, se rendirent de nou- 
veau au palais du grand- vizir, en passant par l'Hippo- 
drome, ou ils purent voir les statues prises k Ofen, et 
de nombreux gibets en permanence [xxxiii], toujours 
prtts k seconder la justice exp£ditive du pays. Ibrahim, 
revfitu dun magnifique kaftan de drap d or qui lais- 
sait voir un habit de dessous de coulear bleue et tout 
brod£ d'or, regut Schepper et J6r6me sans se lever 
de son stege; il les laissa long-temps debout. et ceux-ci 
purent examiner k loisir sa personne. Ibrahim &ait de 
taille moyenne, avait le teint brun, la figure ovale; sa 
m&choire inftrieure se faisait remarquer par cinq pu 
six dents tr&saigues et assez distantes les unes des 
autres. Enfin les pl&upotentiaires baiserent ses v&e- 
mens, et le salu6rent ftere de leur souverain Ferdinand 
et de la reine Marie. Ibrahim commenga aussit6t un 
long discours sur les fatales consequences de la guerre 
et sur la puissance du Sultan: « Dans l'origine, dit-il , 
la solde des janissaires n'&ait que d'un demi-aspre par 
jour, depuis elle s'est successivement &ev£e k deux , 
trois , quatre et cinq aspres; mais il n'est point de 



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1 84 WSTOIRE 

simple soldat qui en receive plus de huit. Le pied 
de guerre de la marine n&esske des frais taormes ,. 
mais le tr&or est si riche qu'il s'en ressent k peine. 
Hier encore j'ai pris an aspres mille charges de che- 
vaux , e'est-k-dire deux millions de ducats [xxxiv] , 
pour equiper une flotte centre l'ltalie. Cinquante mille 
Tatares suffiraient pour divaster le monde. — J'ai fait 
conduire plusieurs milliers de femmeset d'enfans dans 
les for&s, pour les preserver de l'esclavage; nous 
avons agi ainsi , moi et beaucoup d'autres ; tons les 
Turcs ne sont pas aussi barbares, aussi cruels et inhu- 
mains qu'il plait aux chr&iens de le dire. — Cest moi 
qui gouverne ce vaste empire; ce que je fais reste fait, 
car Urate puissance est en moi ; je confere les charges, 
je distribue les provinces; ce que je donneest donne, 
ce que je refuse est refuse. Lors m&me que le grand 
Padischah veut accorder ou a accord^ quelque chose, 
si je ne sanctionne pas sa decision, elle reste comme 
b(hi avenue, car tout est entre mes mains, guerre, paix, 
richesse, puissance. Je vous parle ainsi afin de vous 
donner le courage de vous expliquer librement. » La- 
dessus Cornelius ayant dit d'apr&s ses instructions que 
Ferdinand saluait Tempereur des Turcs comme son 
p&re et Ibrahim comme son fr£re, celui-ci r£pliqua : 
« Ferdinand fait bien de rechercher 1'amitte dun aussi* 
grand empereur que le mien ; car sans cela, il aurait 
pu 6tre frappe d'un double malheur. » Puis Cornelius, 
prenant la parole, s'exprima ainsi : « Le roi Ferdi^- 
nand nous a adresses aux consefls et aux bons offices 
de son fr£re Ibrahim, pour pouvoir se mettre en po&-> 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. i85 

session de la partie de la Hongrie qui n'est pus en 
son pouyoir. » Sans r^pondre k l'insinuation de Cor- 
nelius, le grand-vizar lui demand a, en recevant de sa 
main la lettre de Ferdinand, s'il n'avait pas aussi one 
letlre de Charles-Quint. Cornelius loi ayant pr£sent£ 
l^crit dans lequel Charles-Quint mtervenait en faveur 
de son fr&re, Ibrahim se leva : « C'est un grand sou- 
verain qu'il feut honorer, » dit-il. Et il prit la lettre, 
la baisa, la pressa sur son front, et la mit a ses c6t£s 
avec les plus grandes marques de respect l . Cornelius 
poursoivit : « Le Tpi Ferdinand a instruit son fr^re , 
1'empereur Charles, des sentimens d'amiti^ du Sultan. 
L'empereur Charles regarde le Sultan comme son 
frere, et il est dispose, sans qu'il sort besoin de dresser 
pour lui un traite special, k Atre compris dans celui 
de Ferdinand sous les conditions suivantes : Koron 
sera restituee, si la Hongrie est rendue & Ferdinand, 
et File d'Ardjel remise entre les mains de ses pre- 
miers possesseurs ; les habitans de Koron pourront 
se retirer avec leurs biens. Le pape, Venise, le roi de 
France et toutes les autres puissances chr&iennes se- 
ront admises au b6n£fice de la paix. — Si Charles, r£- 
pliqua Ibrahim, veut sinc^rement la paix, mon mattre 
ne la refusera pas ; d'ailleurs je lirai sa lettre. » Et exa- 
minant le sceau imperial de Charles-Quint, il ajouta : 
« Mon maitre a deux sceaux, dont Tun reste entre ses 

> « Et dixit : lite est niagnus Dominus et debemus ipsuni ideo honorare v ' 
» et sumsit litteras et osotilaius est eas — et quamdiu hie sermo de CaroU* 
» Caesare duravit tamdiu stetit erectus. •> Dans les archives de la maisuu 
Ii R. d'Autriche, et dans le Cod. de la Bibliotheque I. R. Hist, prof., CVL 



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i86 HISTOIRE 

mains, et l'autre meal confix, car il ne veut pas quH 
y ait de difference entre lui et moi; s'il fait faire des 
habits pour lui, il en commande de semblables pour 
moi ; il se refuse k ce que je d^pense rien en con- 
structions; cette salle a &£ 61ev& par lui. — Quant k 
Koron, c'est un fort comme nous en avons des milliers, 
et dont la possession nous importe peu; nous aimons 
mieux le reprendre par la force que l'obtenir par des 
negotiations; nous pouvons le brtiler, quand cela 
nous conviendra.— T Mon empereur a donn£ la Hongrie 
auroi Jean, et rien au monde ne pourra la lui enlever; 
File d'Ardjel est le sandjak de Barberousse. Jaurai 
soin de faire restituer & la reine Marie ses domaineset 
sa dot; si elleffctt rest£eune heuredeplusi Ofen, die 
serait tomb& entre mes mains, et elle aurait &6 trait^e 
par mon maitre comme une soeur; la gloire des grands 
souverains consiste a pardonner aux vaincus. » — En 
cong£diant les ambassadeurs, Ibrahim les renvoya k 
Aloisio Gritti z , avec lequel ils devaient discuter la 
question de la Hongrie. Cette entrevue avait dur£ six 
heures. Cornelius et J6r6me eurent deux conferences 
avec Gritti, qui, suivant ses propres expressions, joua 
dans cette affaire le double r61e de partie et darbitre a . 



> « Quum hoc diceret Ibraimus Bassa nihil respondere Hieronymus et 
» Cornelius, sed se mutuo intuentes, quia dixerat quod ad Gritti deberent 
»se conferee, tacite sedebant. Quod notaus Ibraimus eadem verba que 
- prius iterum dixit et subjunxit. Non dubitate quia ego sum qui fecUm 
» quod volo, et non quod ipse Aloisius Gritti volet, sed ipse Aloisius faciet 
•» id quod ego jussero tantum loquimini illi. » Rapport des ambassadeurs, 

* « Primum respondit Aloisius Gritti : Se partim adversarium esse partim 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 18} 

Soulelman, disait Gritti, tiendrait la promesse faite k 
Xapolya ; quant k lui , U voulait mourir comme un 
chien, s'il ^tait vrai qu'il eftt, ainsi qu'on Fen accu- 
sait, des pretentions k la couronne de Hongrie. Puis il 
s'6puisa en injures contre les Hongrois, qu'il qualifia 
de peuple perfide et ingouvernable x . H ajouta que la 
fiert£ des Turcs s'accommodait mieux de conqu£rir 
Koron que d'en n^gocier la restitution ; qu'en conse- 
quence, sqixante gateres bloquaient d^ja ce port , que 
vingt bastardes ftaient sur les chancers de Constanti- 
nople, que dix gateres tout equipees attendaient k 
Gallipoli l'ordre de mettre k la voile, que dix autres 
avaient 6t& envoy&s en croisi&re contre le corsaire de 
Syracuse, Beluomo; que Kourdoghli avait a Rhodes 
trente-six na vires, plusieurs petites fltites et galiotes, 
pr&es k d£barquer des troupes d'exp&lition sur les 
c6tes de la Poinlle, dfts que Charles-Quint tenterait de 
reprendre Tile d'Ardjel; enfin que le Sultan nepour- 
rait rendre le sandjak de Barberousse a l'empereur 
Charles, lors m&ne qu'il le voudrait, et qu'il ne le 
voudrait pas lors m&ne qu'il le pourrait. Apr&s la con- 
clusion de la paix, disait-il, les Espagnols pourraient 
se retirer de Koron en toute liberty ; du reste, lui Gritti, 
ne demandait pas mieux que dinterceder aupr£s du 
Sultan en faveur des transfuges grecs. II s'6tonnait 
oependant que Charles voultit faire comprendre dans 

- arbitrum. Adveraarinm, quia ibi venisset nomine foaoois regis; arbitrum, 
» quia ordinatus ad id a magno Csesare. » 

> -Multa mala de Hungaris locutus est, dicens pestimam geotem, infi- 
» dissimam, intractabilem. » Archives I. a. 



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i88 HISTOIRE 

le traite en question leg autres puissances chretieaueg; 
sans avoir pr£alablement sond6 leqrs dispositions k 
cet egard, sans avoir attendu qu'il y flit autoris^. Le 
matin m6me du jour ou il leur parlait, il avait re$u 
de l'ambassadeur et du baile de Venise une declara- 
tion portant que les clauses de Charles-Quint etaient 
ent&rement oiseuses en ce qui concernait Venise, puis- 
que la republique vivait depuis long-temps en parfaite 
intelligence avec la Porte. — Cornelius lui r^pondit 
que l'empereur avait dil stipuler la gr&ce des trans-* 
fuges, parce qu'il etit et^ d£loyal de faire la paix en 
sacrifiant ses amis, que d'ailleurs cette conduite avait 
&6 dict£e a Charles-Quint par des raisons que Gritti 
Jui-m6meconnaissait aussi bien que personne, et dont 
la principale ^tait la crainte de paraitre m£priser les 
Grecs, s'il eAt agi autrement l . Puis venant k larticle 
relatif aux puissances chr&iennes, il dit que Gharies- 
Quint, d&irant la paix de toute r Europe, avait ob# 
dans cette circonstance a son devoir de chidden et 
d'empereur a . 

Le lundi de la Pentec6te, les ambassadeurs eurent 
avec Ibrahim un second entretien, plus curieux encore 
que le premier, et nous rfrvelant naieux Thopune dont 
I' ambition joua un si grand r61e dans le n&gne de Sou- 



* « Hoc punctual de fecipiendis Graecis trausfugis in gratiam si pax fieret 
» aperte dixit Cornelius Aloysio Carolum Caesarem habere Telle, et sine illo 
»» non esse honestum ipsi paoem facere per multas rationes, qoarum praeei- 
»» puam ipse Gritti posset intelligere, et ea erat, ut videretur Caroltis incolas 
» graecos conleoinere. >» 

» « Hoc euim esse imperatoris vera Christiana?. >» 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 189 

kifman. Gritti , Younisbeg, interpr&e de la Porte, el 
Moustafa Djelalzadg , secretaire d'Etat et historiographs 
de l'empire, asstet&rent & cette entrevue * . Entre autre* 
questions indifferentes qui fiirent 6chang£es avant d r en- 
trer en mature, Ibrahim fit ceBe-ci : « Pourquoi lTEs- 
pagnen'est-elle pas aussi bien cultivfe que la France? » 
Cornelius r6pon<Ht quil fallait en attribuer la cause & 
la fc^cheresse du pays, k I'expulsion des juifs et des 
Maures, et k la fkrt6 des E&pagnols qui aimaient mieu* 
manier les armes que la charrue. « Cette Iiert6, remar- 
qua Ibrahim, est dans le sang; il en est de m£me des 
Grecs qui sont pleins d'orgueil et de g6n£rosit6.» Enfin 
H ouvrit la conference par une parabole : « Le plus ter- 
rible des animaux, le lion, ne peut &re dompt£ par la 
force, mais par la ruse, par la nourriture que lui donne 
son gardien, et par l'influence de r habitude; le gardieft 
doit porter un bftton pour rintimider ; aucun Stranger", 
ne pourrait hri servir k manger. Le lion est le prince, 
les gahfiens sont ses conseils et ses mifiistres ; le bftton 
est la *v6ri»6 et la justice, qui series doivent gtdder les 
princes. Moi, je conduis mon mattre, le grand empe- 
reur, avec le bftton de la v£rit6 et de la justice. Le roi 
Charles est aussi un lion ; il faut done que ses ambassa- 
deurs le domptent de la m&ne mani&re [xxrv]. » Puia 
se mettant ft parler de sa puissance : « Ce que je fids, 
dit-il , est fait; je puis changer un palefrenier en pa- 
scha ; je puis donner des pays et des royaumes ft qui il 
me plait, sans que mon malt re aille seulement sen en- 
s' Djetabade a probablemeot era devoir se (aire sur cette conference en 
sa qualite de secretaire d'Etat. 



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iqo HJSTOIRE 

quirir; a'il ordonnequelque chose que je dtapprouve, 
sa vokmti reste sans effet; si an contarire c'est moi 
qui ordonne et lui qui d&approuve, mes dispositions 
s'exicutetot et non leg siennes. La paixet la guerre sont 
entre mes mains; je dispose des trisors de lempire. 
Mem mattre n'est pas plus richement habile que moi; 
ma fortune reste constamment intacte, car il privient 
toutes mes expenses. Ses royaumes, ses pays, sestri- 
sors me sont confiis, et j en fais ce qu'il me plait. J'ai 
vicu avec le Sultan depuis ma premiere jeunesse; je 
suis ni la mime semaine que lui. Lorsqu'il monta sur 
le trine, il envoya un ambassador en Hongrie, dans 
l'espirance d'itablir avec les Hongrois des relations 
de bon voisinage, et de recevoir leurs condolences 
sur la mort de son pire et leurs felicitations sur son 
avinement , mais ils s'emparirent du messager et le 
jet&rent en prison. Un second tschaousch ayant regu 
la mime mission subit la mime sort, probablement 
parce qu'il fut pris pour un grand personnage; tout 
cela irrita fort le grand Padischah. Peu de temps apris, 
le roi de France fut vaincu k Pavie, et la reine sa mire 
icrivit a mon maitre les paroles suivantes : Mon fils 
le roi de France a iti fait prisonnier par Charles, roi 
d'Espagne; je croyais que Charles aurait eu la gini- 
rositi de le mettre en liberty, mais loin d'agir ainsi, il 
Fa traiti indignement. Je wens te supplier, grand em- 
pereur, de montrer ta magnanimity en dilivrant mon 
fife '. Le Padischah, imu des malheurs de Francois et 

■ « Cenfugimus ad Te magnum Cesarean, ul tu liberalilatem tuaoi osten- 
» das et filium meum redimas. » 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 191 

irrite de la conduke de Charles-Qiiint , chercha par 
quels moyens il pourrait venir le phis efficacement au 
secours de la suppliante ; alors il pensa k venger rincK- 
gne traitement inffig6 k ses envoy& par le roi de Hon- 
grie , d'autant plus que la femme du roi Louis etait 
soeur de Charles-Quint. Louis raarcha k la rencontre 
du Padischah, et ils d&endirent tous deux leurs pre- 
tentions au trftne, le sabre k la main. Le sabre trancha 
la question, et nous contera le droit de r£gner. C'est 
moi qui ai vaincu les Hongrois, car le Padischah n'as- 
sista pas k la bataille de Mohacz ; il allait monter k che- 
val pour venir nous joindre, lorsque je lui envoyai la 
nouvelle de la victoire. Puis nous primes Ofen, et no- 
tre droit pr£valut. » Ibrahim s'&endit longuement sur 
la conqu&e d'Ofen, sur le meurtre des prisonniers, 
qui n'avaient &6 massacres ni par ses ordres ni par 
ceux du Sultan . mais par leur propre faute *. Puis il 
revint de nouveau sur les demandes exag£r£es de Ho- 
bordansky , sur le stege de Vienne, en faisant remar- 
quer qu'il avait souvent &£ reconnaitre les fortifica- 
tions sous un cteguisement, et avec un turban non 
blanc mais de couleur \ « Pendant ce temps, dit-il , 
Charles-Quint etait en Italie, menagant les Turcs de la 

* « Male cessit illis, qui non expectato preesidio ipsis ordinate ad dedu- 
» cendum mane egressi sunt castro Budensi , aliquotque Turcas inventos 
» occidernnt, qua res cum tumultum excitasset, prius peri ere, quam per se 
» Ibraimum Bassam succurri posset; jussu autem Csesaris aut suo nuoquam 
» cttsos fuisse. » Rapport de I'ambassade, dans les archives de la maison 
I. B. d'Autriche et a la Bibliotheque de Vienna. Cod. CYI. 

* « Solebam , inqnit , aliquaudo ambulare et circumspicere urbem non 
» cum alho sed alio pileo. » Rapport de I'ambassade. 



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iga UISTOIRE 

guerre , et les luth&iens d'une conversion forc£e k 
leurs anciennes croyances; il eat venu en Allemagne 
et n'a pu r&issir en rien. D n'est pas digne dun em- 
perenr de commencer quelque chose et de ne pas le 
terminer, de dire et de ne point faire. Ainsi il a an- 
nonc6 un concile qui n'a pas eu lien ; ii a assi£g£ Ofen 
et ne la pas pris; il aurait dii retablir la paix entre 
son frereFerdiaand et le roi Jean, et ne Ta pas tent£; 
si jo voulais aujourd'hui convoquer an concile , je 
placerais Luther dun c6te et le pape de l'autre, et je 
les foTcerais tous deux a ramener l'unit£ de 1'eglise '; 
le Sultan et moi nous- ferions ainsi ce que Charles- 
Quiot aurait d& faire. Si le roi de Hongrie &ait mort 
dans son lit, Ferdinand aurait eu peut~£tre quelques 
droits k sa succession ; mais oomme il est tomb£ sur 
le champ de bataille, son royaume nous appartient, 
parce qu'il a &6 conquis par nos sabres; nous avons 
envahi la Hongrie, nous avons rendu k ton fr6re son 
chateau (s'adressant a Jerdme) , nous avon$ regu les 
homtnages de tous les gouverneurs; nous sommes 
rest6s en Hongrie, tant qu'il nous a con Venu, et nous 
n'avons trouv£ personne qui ptit nous register. » Ge 
n'est qu'apr&s ce pr^ambirie *t quelques autres di- 
gressions , qu'Ibrahim passa k l'objet special de cette 
conference, la lettre de Charles-Quint : « Cette lettre, 
dit-il, en la prenant dans sa main, n'est pas d'un sou- 
veraih prudent et mod£r6; Charles-Quint y £num£re 

i « Ego, inquil, si nunc veliem, potsem Luthertiffi ab una et Papain ab 
f altera parte stataere, et utriimque ipsorom cogere ad celebrandura conci- 
»» lium. » Rapport de l'aaibassade. • 



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DE V EMPIRE OTTOMAN. i 9 5 

twee orgoeil ses titres et d'autres encore qui ne lui 
appartienhent pas; comment ose-t-il se dire roi de 
Jerusalem? Ne sait-il done pas que le grand empereur 
est maitre de cette ville? Pense-t-il enlever au Sultan 
ses Etats, ou bien veut-il par \k lui monfrer son me- 
pris? J'ai bien entenda dire que des seigneurs Chre- 
tiens font le p£lerinage de Jerusalem en habits de 
mehdians; Charles-Quint croit-il que pour visiter Je- 
rusalem en mendiant, il en sera roi? J'interdind k 
ravenir racc&s de cette ville k tous les Chretiens. » 
Cornelius chercha k eicuser du mieux quU put le titre 
que s ehrit arroge Charles , en disant que c'&ait du 
style de chancellerie , qui n'avait aucune esp&ce de 
signification* «De plus, continua Ibrahim, Charles- 
Quint met Ferdinand et mon maitre sur la m£me li- 
gne; il a raison d'aimer son frire, mais il ne dent pas 
pour cela abaisser la dignity du grand Padischah en le 
comparant k ce frere. Mon maitre a un grand nombre 
de sandjakbegs plus puissans et plus riches en terre 
et en hommes que Ferdinand. » S'adressant alors k 
J6r6me: «Ton parent, lui dit-il, et celui de ton fr&re 
Nicolas, le sandjak de Kara Amid, a plus de terre et 
d'administr£s que ton roi l . Gnquante mille caraliere 
lui doivent le service de guerre ; ses sipahis et ses feu- 
dataires sont plus nombreux que ceux de Ferdinand; 
mon maitre a encore beaucoup d'autres de ces san- 
djaks. L'empereur Charles-Quint aurait dft avoir honte 

> Tootes les bistoires.se tabent sur ce parent da brave defenseur Ue 
Guns : Et convert** adffieronymmm, affinis inquit Nieolis fratris lui et tuus, 
qui est Sansmchtu in Cara chemita (Edessa). 

T. V. • l3 



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1 9 4 HISTOIRE 

d'&xire une semblable lettre. Mais combien est diffe- 
rente et vraiment royale la lettre que le roi Francois 
nous a envoy£e pendant la campagne de Hongrie, 
et dans laquelle il signe simplement Francois roi de 
France x ! Aussi le grand Padischah, voulant rendre 
honneur au roi Frangois et hitter de noblesse avec lui, 
n'a point fait non plus remuneration de ses titres dans 
sa r£ponse, et lui a seulement 6crit comme k un fr&rc 
tendrement aim£ ; aussi c'est pour cette raison que 
Barberousse a regu l'ordre d'ob&r k Frangois comme 
au grand Padischah. Si Charles-Quint fait la paix avec 
nous, alors seulement il sera empereur , car nous le 
ferons reconnaitre comme tel pear les rois de France 
et d'Angleterre, le pape et les protestans. Ooyez-vous 
que 1'amitte qui unit Charles-Quint et le pape soit bien 
r&lle, surtout si ce dernier se rappelle le sac de Rome 
et les indignes traitemens qu'il a essuy£s dans sa capti- 
wit6? J'ai achetl pour soixante mille ducats un diamant 
enlev6 de sa tiare. Ge rubis (montrant une bague a 
son doigt) &ait k la main du roi de France, lorsqu'il 
fut fait prisonnier; il est depuis pass£ en ma posses- 
sion. Et vous voulez que le roi Frangois aime Charles- 
Quint! » Ibrahim termina en disant qu'il ne montre- 
rait pas Tinconvenante lettre deTempereur au Sultan, 
depeur de l'irriter; que si Charles-Quint d£sirait con- 
dure un traits de paix, il devait envoyer unambassa- 

■ Ibrahim fait ici allusion a la seconde ambassade franchise aur laquelle 
se taiaent Flasaaa et let autre* historians francais , mais dont parlent les his- 
tories* turcs et Marini Sanuto, t. LVII. Summa della relatione di Rincone 
state Orator del Re Christianissimo tU Sr. Turco fatta famillarmeme. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. i 9 5 

deur ; qu'en attendant on signerait un arm&ice de 
trois mbis, el enfin que Barberousse suspendrait pen- 
dant cet intervalle toute esptee d'hostilit& sur mer 
contre les Chretiens. 

Le soir du mdme jour, Ibrahim et Souleiman se ren- 
dirent chez Gritti et resterent trois heures k conver- 
ser avec lui ; une pareille visite ne scandalisa pas peu 
les Musulmans qui trait&rent le Sultan de fou ensor- 
cel£ par Ibrahim et Gritti '.Le 1 1 juin, Gritti invita les 
ambassadeurs k une conference ; il leur reprocha sur- 
tout la lettre de Charles, dont les expressions faisaient 
supposer que le Sultan avait fait les premieres avan- 
ces pour la paix * ; il n'oublia pas surtout de s'indigner 
de 1'inconvenante comparaison qui assimilait Ferdi- 
nand k Souleiman 3 . II ajouta que le Padischah avait 
fait don de la Hongrie k Zapolya et k ses hinders, que 
lui-m&ne (Gritti) devait aller Thiver suivant, avec les 
pleins pouvoirs de la Porte, fixer les limites de ce 
royaume. Puis feasant un 61oge pompeux de la puis- 
sance de Souleiman : « Dans la derni&re guerre de 
Hongrie, dit-il, Souleiman avait pour sa suite particii- 



i « De quo ipsius adventu postea plurima mala Thurcae dicebant, appel- 
> lantes magnum Canarem inseusatum, stultum, roaleficiatum ab Ibrahim* 

• et Gryti, prout intelligere potuimus in sequentibus, et singuli singula mala 

• in futura divinabant tarn Judaei quam Thurcae. » 

a « Quid aut significarent verba in litteris posita : Spem exhibitam de 

• pace tractanda? tamquam ipse (Souleiman) vellet tractare pacem. » 

3 n Detnde quid illud? ut in benefidum utriusqueVestrum (de Souleiman 

• et de Ferdinand) cedat, inquit Caesar Thurcarum, dixisset Carolus : utrius- 

• que nostrum et non vestrum, sic enim inquit se supra nos ponit et me 

• vult similem Ferdinando Regi. » 



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i^6 HISTOIRE 

Ifere dix-huit- cents gardes-da-corps, le grand- vizir 
mille , et les autres paschas cinq cents. L'ob&ssance 
des esclaveg est telle, que si le souverain envoy ait en 
ce moment un de ses cuisiniers pour mettre a mort le 
tout-puissant Ibrahim , cette execution se ferait sur- 
le-champ et sans difficult^. Lui seul peut donner la 
paix au monde. Jamais la chr£tient£ n'a 6t6 aussi divi- 
s£e qu'en ce moment. » Sa conclusion fut que Charles 
devait envoyer un ambassadeur pour n^gocier la paix, 
et qu'en attendant on lui accorderait un armistice. 
Mais Cornelius et J£r6me lui r£pondirent que, si le 
Sultan refusait la paix, Charles n'avait pas besoin de 
la suspension d'armes. Dans un troisi&me entretien 
qu'Ibrahim eut avec les ambassadeurs (22 juin 1 533), 
il les f&licita d'avoir pu obtenir ce que tant d'autres 
de leurs pr&tecesseurs avaient yaihement recherche ' i 
la paix fut conclue non pour un nombre d£termin6 . 
d'annees, mais pour tout le temps que Ferdinand you-* 
drait la garder. Aux termes de ce traits, Ferdinand 
conservait en Hongrie ce qui lui appartenait encore 
en ce moment, et le Sultan se reservait la ratification 
des arrangemens que Ferdinand et Zapolya pour- 
raient passer entre eux. Le document ajoutait que l'es- 
elave Gritti serait charge par la Porte de la fixation 
des limites du royaume ; que Charles devait envoyer 
un ambassadeur pour (aire sa paix particultere ; qu'en 
attendant Tarriv^e de son plenipotentiaire , on sus- 
pendrait les hostility contre lui, a moins qu'il ne les 

i Les premiers ambassadeurs avaient ele Hobordan&ky el Weixelht rger ; 
ks seconds, Lamberg et Jurischiti; les troisiemes, Lanberg et Nogarola, 



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DE L'EMPIllE OTTOMAN. 197 

comment Iui-m6me , et qu'en ce cas on &ait pr6t k 
le combattre lui et le monde entier. 

Le jour suivant avait &£ fix6 pour la reception des 
ambassadeurs par le Sultan. lis furent pr£alablement 
invites a un repas par le grand- vizir , qui leur posa les 
termes dans lesquels ils devaient parler k Souleiman. 
Vorci quelles furent les instructions d' Ibrahim : «Leroi 
Ferdinand, ton fits, consid&re tout ce que tu poss£des 
comme sa propria, et tout ce qu'il poss&de comme 
la tienne, parce que tu es son frdre. II ignorait que tu 
te fusses reserve la Hongrie, car, sil r avait su, il n'au- 
rait jamais fait la guerre pour la garder. Mais puisque 
toi, son pire, tu desires 1'avoir en ta puissance, il te 
soubaite toute sorte de bonheur dans cette possession 
et'une bonne sante, car il ne doute pas que toi, son 
p6re , tu ne Faides a acqu£rir ce royaume et d'au- 
tres encore. » Les ambassadeurs priirent l'interpr&e 
de la Porte Younisbeg dexprimer leur reconnais- 
sance de ce qu'Ibrakim, fr6re du roi Ferdinand (car 
ses services avaient &6 offerts et accepts en cette qua- 
lit^) , s'int&ess&t ainsi aux affaires de son (Wre. Ils 
furent ensuite introduits par letscbaousbaschi en pre- 
sence du Sultan, dont ils eurent lhonneur de baiser 
les v&emens. Cornelius r^peta textuellement les pa- 
roles d Ibrahim ! ; Younisbeg les transmit au grand- 
vizir, qui les traduisit au Sultan , en brodant sur ce 
fond toutes les items de sa rhetorique. (Cornelius s'ex- 

> « Tunc Cornettiis honore exhibito salutavit ipsum magnum Ctesarem 
» secundum documentum quod dederat heri Ibrahimus, et secundum id qood 
» oratores hodie adraonuerat. » 



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198 HISTOIRE 

cusa de n'avoir pas de pr&ens a offrir , et pria le 
Padischah de restituer la dot de la reine Marie et de 
permettre au frfcre de Ferdinand, Ibrahim, de parattre 
a la Porte en quality de mandataire du roi. Jer6me 
exprima le d&ir qu'avait le fils du grand Padischah, 
Ferdinand, de vivre toujours en paix avec son p&re, 
d'etre en correspondance suivie avec lui , et d'avoir 
tin baile ou un consul k Constantinople ; il r£p£ta en- 
core ce qui avait d6jk &6 r£p&6 cent fois, k savoir : 
que le fils n'avait rien qui ne Mt au p£re, et le p£re 
rien qui ne fftt au fils '. Souleiman repondit en s'in- 
terrompant sou vent, afin qu'Younisbeg interpret 
imm&liatement chaque partie de son discours: «Le 
Padischah vous accorde la paix que les six ambassa- 
deurs pr6c£dens n'ont pu obtenir. II ne vous l'a'c- 
corde pas pour sept ans, pour vingt-cinq ans, pour 
cent ans, mais pour deux si&cles, trois socles, pour l'e- 
ternit£ , si vous ne la rompez pas vous 7- mem es. Le 
Padischah se conduira envers Ferdinand comme en- 
vers un fils ; les royaumes et les sujets du Padischah 
sont k la disposition de son fils Ferdinand, comme 
ceux de Ferdinand soitf a la disposition de son p&re; 
le Padischah rend k la reine Marie sa dot et ses au- 
tres biens et domaines. » Cornelius et J£r6me bai- 
serent, au nom.de Marie, le premier la main, et le 
second les v&emens du Sultan. Ibrahim ajouta en pre- 
sence de son maitre : « Les conventions qui seront 



■ « Nihil esse filii quod Don sit patris , nihil esse patris quod non sit 
» filii. » 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 199 

passes entre les rois Ferdinand et Jean seront con- 
firmees pear le grand empereur ; mon esclave Grilti re- 
cevra des ordres k ce sujet. Le grand empereur sera 
Tami des amis de son fils Ferdinand et lennemi de ses 
ennemis. » Le grand- vizir demanda de nouveau k Cor- 
nelius la justification de la lettre de Charles, et celui-ci 
s'efforga de rinterpr&er dans un sens enticement 
inoffensif. « Charles, dit-il, nVaitjamaiseul'intention 
d'insulter qui que ce fttt ; du reste , on ne pouvait 
emp£cher personne de se m£prendre sur l'esprit de 
cette lettre, et Charles approuverait sans nul doute la 
paix conclue par son frtre avec la Porte. » Ibrahim, 
apr&s avoir question^ k plusieurs reprises les ambas- 
sadeurs sur ce qu'ils pouvaient avoir k ajouter, leva 
l'audience, qui avait dur£ trois heures, et que ni lui ni 
le Sultan ne paraissaient avoir trouv6e trop longue '. 
Le lendemain, Cornelius et J£r6me furent manctes au 
palais d Ibrahim, ou ils trouv&ent aussi Gritti. « Vous 
6tes de nos amis, leur dit le grand-vizir, depuis qu'hier 
vous avez mang£ avec nous de notre pain et de notre 
sel. II vous sera confix deux lettres pour Ferdinand : 
Tune du Sultan, l'autre de moi, seul d^positaire de 
la puissance de mon maitre , et gouverneur de son 
empire , car c'est ainsi que j'ai 1'habitude de signer *; 



> « Sic tandem valedixere Magno Caesari et egressi non sine admirations 
* omnium Turcarum, quod tamdiu apud magnum Caesarem manserint, nam 
» ad horas fere tres apud ipsum substiterunt. » 

* Quoniam sum Gubernator Imperii et Domini ipslus, tie enim selemus 
seribere. Ibrahim s'exprime sur lui-meme avec aussi peu de modestie non 
seulement devant les ambassadeurs de Ferdinand, mais encore de\ant i'am- 



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2 9 * UISTOHIE 

nous vons chargerons aussi de deux lettres pour l'em- 
pereur Charles. » Les ambassadeurs ayant demand^ 
qu'on leur donnftt. communication de l'original du 
traits, ou du moins qu'on leur en remit une copie, 
Ibrahim leur r^pondit que tel n'&ait pas r usage, que 
chaque peuple avait ses coutumes , et par consequent 
les Ottomans les leurs. Mais Gritti s'offHt h leur lire le 
traite, et Ibrahim continua : « Gritti vous nommera les 
puissances que nous avons comprises dans la paix, et 
que nous voulons voir bien trait£es par Ferdinand. » 
Une discussion animfe s'engagea entre Cornelius et 
Gritti au sujet de la dot de la reine Marie, que la veille 
on avait promis derestituer ; Ibrahim dit h J6r6me en 
langue esclavone que la parole donn£e serait observie 
religieusement. Lk-dessus les ambassadeurs prirent 
cong6 du grand- vizir (14 juillet 1533), qui les char- 
gea de presenter ses amittes k son frfere Ferdinand. 
Cependant Younisbeg ne leur remit les lettres pour 
Ferdinand et Charles-Quint que trois semaines plus 
tard l ; ils partirent deux jours apres les avoir regues. 
Ainsi sous pr&exte de la communaut£ de biens qui 



bassadeur venitien Pietro Zeno. Marini Sanuto , LVIII. Ibraim : il Sr. mi 
ha daio diritlo al messo del impero, vol tia tonosciuta la mia persona non 
come Bassa ma come partecipe del Impero, e che io daji la vita e la morte a 
chi mepiace; il Sr. a stti Sangiachi che son da colore uno roso altro bianco; 
il Sr. si ha data la parte rosa e mi ha data il ttirchino. Divisum imperii) m 
cum Jove Caesar habet,. cosa cite mai pur fa. 

i Le merae jour, Gritti tomba malade, et le nouveau baile Nicolo Gius- 
nniani et I'arafeassadeur Come Contareno entrerent a Constantinople. Une 
semaine auparavant etaient arrives Lasczky et CamiUo (Jrsino, ambassa- 
deurs de Zapoiya. 



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DE L' EMPIRE OTTOMAN. aoi 

devait exister entre le p£re et le fils, Souleiman cacha 
son usurpation de la Hongrie; et la pr&endue frater- 
nity de Ferdinand et d'Ibrahim ne servit qu'& d6- 
guiser rhumiliation du premier qui &ait plac6 sur la 
m&ne ligne qu'un vizir de 1'empire. C'est par de pa- 
reils sacrifices d'int£r6t et d'honneur que l'Autriche 
acheta sa premi&re paix avec les Ottomans. 



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LIVRE XXVIII. 



Campagne de Perse. — Prise de Tebris et de Bagdad. — Execution 
d'Iskender Tschdebi. — Disgrace et mort dlbrahim. — Traill d'alliance 
a*ec la France. — Restitution de Koron. — Expedition de Khaireddin 
Barberousse et de Charles-Quint contre Tunis. 



Apr&s son expedition de Vienne, que toutes les let- 
tres de victoire possibles n'avaient pu m&amorphoser 
en une serie de triomphes, apr&s la conclusion du pre- 
mier traiti de paix avec TAutriche, Souleiman tourna 
ses regards de l'ouest k Test de son empire. A Texem- 
ple de son aieul Mohammed II et de son p£re S£lim I er , 
il r£solut d'ouvrir en personne la campagne contre le 
schafa de Perse. C'est k partir de ce moment que s'al- 
ternent pendant deux stecles les guerres des Ottomans 
avec la Perse et la Hongrie, de sorte que la paix avec 
Tune de ces puissances &ait l'indice certain des hosti- 
lity avec Tautre. De la position m&ne de la Turquie 
qui confine par deux c6t& opposes de ses frontteres k 
ces deux royaumes, ressortait necessairement sa riva- 
ls avec eux ; il faut joindre k ces motifs d'inimitte qui 
avaient, pour ainsi dire, leur racine dans le sol, les 
haines rationales et le fanatisme religieux. La compa- 
raison des langues et des histoires des Allemands et des 



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HISTOIRE DE I/EMPIRE OTTOMAN. ao5 

Persans am£ne & penser que ces peoples descendent 
d'une souche commune ; leurs aieux, les habitans de 
llran, ne cessaient de combattre ceux du Touran, les 
anc&res des turcs. L'Ottoman ne voit dans un Alle- 
mand qii'un infid&le, et dans un Persan qu'un h6r6- 
tique; aussi une guerre avec eux etait-elle pour lui un 
devoir sacr6 que prescrivait le Koran, et que sanction- 
naient les fetwas des legist es. Seiim avait prelude k ses 
expeditions contre Ismail par le meurtre de tous les 
her&iques habitant son empire; Souleiman avait eu 
aussi son massacre, quoique bien plus restreint, puis- 
qu'il ne s'etait exerpe que sur les prisonniers persans 
detenus k Gallipoli. Telle avait &6 la r^ponse de Sou- 
leiman aux felicitations tardives du schah Tahmasp * , 
et la premiere revelation des projets de conqu&e qu'il 
meditait des lors contre la Perse et qu'il avait dft 
ajourner a une epoque plus favorable a . Plusieurs cir- 
constances preripit&rent l'evenement. Les deux sou- 
verains avaient ete trahis chacun par son gouverneur 
sur une des frontieres : Scherifbeg, khan de Bidlis, 
avait quitte le service de Souleiman pour celui du 
schah, tandis que le gouverneur de V Azerbeidjan , 
Oulama, qui , sous le rfegne de Bayezid II , avait fui 
du Tekke lors de la revoke de Scheitankouli pour se 
refugier en Perse , avait vendu la cause de sa nou- 
velle patrie k Souleiman 3 . Quelques mois avant le 
siege de Guns , Oulama avait ete regu au baise-main 
k Constantinople et nomme par le Sultan beglerbeg 

« Tahmasp oil Tahmasib, comme l'a ecrit Senkowsky . — * Voyez 1. XXVI, 
3 Djelalzade, f. 169. Petschewi, f. 59. 



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3o4 HISTOIRE 

de Hossnkeif el de tout le territoire de Bidlis . avec 
un revenu annuel de deux millions d'aspres (quatre 
cent mille ducats). II avait &e enjoint enmtoe temps 
aux beglerbegs de Karamanie , d'Amassia , de Soul- 
kadr, de Syrie et de Diarbekr, d'appuyer Oulama de 
toutes leurs troupes pour l'aider k se mettre en posses- 
sion de son gouvernement et surtout de Bidlis l . Ou- 
lama avait commence en effet le siege de cette place, 
mais Scherifbeg &ait accouru avec lin corps persan et 
l'avait force k la retraite. La nouvelle de cet echec &ait 
parvenue a Souleiman pendant sa marche k travers la 
Syrmie sur Guns. Soulfakar-Khan, investi par Tah- 
masp du gouvernement de Bagdad , et d£sign6 plus 
g£n£ralement sous le titre de khalife des khalifes *, 
avait imite l'exemple d'Oulama; il avait envoy6 les 
clefs de Bagdad a Souleiman, et il esp£rait pouvoir se 
maintenir dans cette ville jusqu'k Tarriv^e des secours 
promis par les Ottomans. Mais, peu de temps aprte, il 
fut assassine par des affides de Tahmasp, et sa mort 
assura de nouveau la possession de Bagdad k la Perse. 
L'honneur de l'empire imposait k Souleiman la con- 
qu&e des places de Bidlis et de Bagdad, la premiere 
s'&ant r6y<Atte centre son autorit£, la seconde s'etant 
mise sous sa protection ; aussi la' guerre, depuis si long- 
temps mediae contre la Verse et ajourn^e jusqu'alors, 
ne tarda-t-elle pas k £clbter. Le grand- vizir, rev&u de 

■ Ferdi, f. 181. 

9 Ferdi, f. i83. KhaUf&oul-khoutefa Khadimbeg, emir du diwan de 
Schah-Ismafl, rfvait &e revetu le premier de ce titre par ce aouverain; Kha- 
dimbeg avait eu pour successeur Soulfakar. Petschewi , f. 59* 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. io5 

nouveau du litre de serasker, partit p6ur Bidlis dahs 
l'&juinoxe d'automne, peu apr£s la signature du traits 
de paix avec Ferdinand de Hongrie; le Sultan deyait 
quitter Constantinople k l^quinoxe d'&6, pour mar- 
cher en personne sur Bagdad '. 

Avant d'arriver k Koniah, le serasker vit arriver 
dans ses campemens de Tschinarlu , Schemseddin , 
fils d'Oulama, qui lui apportait, avec la nouvelle de la 
defaite de Scherifbeg par son p£re, la t6te du rebelle 
(21 octobre 1533 — 2 rebioul-akhir 940) \ II con- 
firma a Schemseddin I'investiture du gouvernement de 
Bidlis, un des sandjaks h^ditaires du Kurdistan, et 
alia prendre ses quartiers d'hiver k Haleb. Pendant 
les loisirs forces de la mauvaise saison, Ibrahim en- 
tama avec les commandans de plusieurs forteresses 
persanes des negotiations qui facilit£rent leur reddi- 
tion, lorsque Farm^e oltomane se mit en marche, au 
commencement du prin temps, pour envahir la Perse. 
C'est ainsi que tomb£rent au pouvoir d Ibrahim Aadil- 
djouwaz, Ardjisch et Akhlath, l'ancienne Chliat. Ces 
trois places sont situ£es sur la rive septentrionale du 
lac appele par les g&)graphes europ^ens lac de Wan, 
du nom d'une ville s'^levant sur ses bords orieritaux, 
et par les Asiatiques lac d' Ardjisch (1'Arsissa dePto- 
Wm^e), Si de Wan on longe le rivage vers le nord , 
on arrive par le Pas de Bendmahi k Ardjisch (Arze) 
qu'on apergoit au milieu d'une plaine fertile et plant (5e 
de noyers 3 ; k deux stations plus loin k l'ouest est 

» l\jela!zade, Solakwdc, Ali, Ferdi. -=- a Djelalzade, f. 169. Pel- 
schewi , f. 5y. — » 3 Djihannuma, p. 41a. 



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ao6 HISTOIRE 

Aadildjouwaa sur leg bords do lac qui a englouti une 
partie de ses murs x ; k une station d'Aadildjouwaz, 
Akhlath, ancienne residence des princes turcomans 
qui se faisaient appeler Ermenschahs , c'est-k-dire 
rois d'Arm&rie a , s'&end dans une plaine riante et re- 
nomm£e par ses pommes , parmi lesquelles on en 
trouve du poids de cent dirhems 3 . Gette place a &e 
souvent d£vast£e par des tremblemens de terre, et 
plus souvent encore par les guerres des begs kurdes, 
des Turcs et des Ifersans ; elle fut enlev^e aux Sel- 
djoukides par Khouarezm Djelaleddin Mankberni , puis 
saccagle par les Mogols sous Djenghiz-Khan, et pa* les 
Tatares sous Timour. Akhlath est c^lebre pour avoir 
donn£ naissance k plusieurs savans et pour poss6der 
les tombeaux k des princes arm^niens et turcomans [i] , 
et surtout ceux des aieux d'Osman, fondateur de l'em- 
pire turc [n]. 

Le plan dlbrahim &ait de se rendre de Haleb k 
Bagdad, par Diarbekr et Mossoul; mais le defterdar 
Iskender Tschelebi, qui avait et6 adjoint au serasker 
en quality de kiaya, c'est-&-dire de substitute empdcha 
la realisation de ce projet. Iskender Tschelebi avait su 
gagner la confiance de Souleiman par Thabilet^ dont 
il avait fait preuve dans l'administration des finances 
de l'empire, et ses immenses richesses lui avaient valu 



i Djlhmnnuma, p. 41a. 

a Martin , Mcmoires historiques et gdographiques sur YArminie, p. 1 3. 

3 Djihannuma, p. 41 3. 

4 Petis de La Croix visita ces tombeaux qu'il prit pour des tombeaux de 
taints. Martin. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. ao 7 

une haute influence. C'&ait le seul des grands cBgni- 
taires qui rivalisat de magnificence avec les vizirs et 
le grand- vizir lui-m&ne. II avail six cents esclaves 
dont trois cents portaient des bonnets dor f , tandis 
qu'Ibrahim ne comptait que quatre cents esclaves 
coiff£s avec un tel luxe ; les deux autres vizirs settle- 
ment soixante k quatre-vingts. Au depart de Farm^e, 
le kiaya d Ibrahim passa en revue douze cents hom- 
ines de sa suite bien arm£s et bien montes. D'apr6s 
le syst&ne administratif des Ottomans, chaque dignity 
ou chaque fief de Tempire devait un service de guerre 
proportion^ k son importance ; k cette £poque , le 
defterdar &ait oblige d'envoyer k l'armee, k You- 
verture de chaque campagne, trente hommes £quip£s 
k ses frais. Ibrahim le pria d'emmener avec lui cent dix 
cavaliers outre son contingent. Iskender Tschelebi, ne 
voulant ni refuser ni accorder entterement la demande 
du grand- vizir, conduisit au camp cent dix hommes 
dans lesquels &ait compris le, contingent que lui impo- 
sait sa charge. Ibrahim dissimula le m&ontentement 
qu'il ressentait de cette parcimonie du defterdar , et 
le prit d& lors en haine ; celui-ci de son c6t6 , ne se 
faisant pas illusion sur les dispositions du grand-vizir 
k son £gard, d^sirait sa chute, sentiment que son en- 
nemi lui rendait avec usure, de sorte qu'ils travail- 
l£rent tous deux sourdement a se perdre. Cette inimiti^ 
fut exploits par le greffier de Syrie, Nakkasch AH, 
qui espfrait, en renversant le defterdar, Writer de sa 

■ Solakzad6, f. in. Djelaliacte. AH, xxxu e recit, f. 246. Petschewi, 
f. 60. 



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3o8 HISTOIRE 

place. D'aprta un plan concert^ k l'avance , suivant 
toute probability , entre Nakkasch Ali et Ibrahim , il 
arriva qu'au moment du depart de Fannie, lorsque 
les chameaux qui portaient le tr&or allaient se mettre 
en marche, on entendit tout-&-coup s'&ever de toutes 
parts les cris : cat voleurf Les gens du grand-vizir 
accoururent et arr6t£rent trente des gardiens du tr6- 
sor. Ges malheureux avouerent le lendemain, dans les 
tortures de la question, qu'ils avaient projetd, de com- 
plicity avec le defterdar, de piller le tr£sor pendant 
la nuit. Mais ce n'&ait qu'une calomnie, et le bon sens 
des troupes se refusa h voir dans cette affaire autre 
chose qu'une intrigue du serasker '. 

Iskender Tschelebi ne vit des lors plus de salut 
pour lui que dans la ruine de son ennemi* Ce Ait dans 
ce dessein qu'il proposa, en appuyant son avis des 
raispns les plus plausibles et du t£nioignage du trai»- 
fuge Oulama, de marcher imm&li&temeht sur la capi- 
tate de la Perse, abandonee r£cemment par le schah 
d'apr&s les dernteres nouvelles arrives au camp; il 
ajouta que la chute de Tebrfc entratnerait n&essai- 
rement celle de Bagdad . II esp&ait pouvoir faire naitre 
en ce pays des circonstances qui am&ieraient la dis- 
grace de son rival en compromectant la sflret£ ou la 
gloire de l'arm^e. La vanity et I'ambition du grand- 
vizir, qui &ait flatt6 par Yidie d'etre appel£ leconqu£~ 
rant de Tebriz , le firent tomber dans le ptege tendu 

« Djelalzadl, f. 171. Pelschewi, f.6i. A cette ^epoque, ditPetschewi d'a- 
pres Djelalzadc, la place de defterdar de Syrie et de Diarbekr n'etait pas une 
place distincle;. e!!e etait cumulee avec les autres attributions du defterdar. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 209 

par le defterdar. En effet, Ibrahim marcha sur Tebriz 
en laissant Bagdad de c6t6, passa l'Euphrate pr&s de 
Biredjik, arriva le 14 mai 1534 (11 silkid6 940). k 
Amid, et s'y arr&a pendant six semaines pour ras- 
sembler tontes ses troupes ' . Dix jours apr&s son depart 
d'Amid (1 1 silkid6 — 33 juin), il alia camper a Sour- 
warek, ou il regut des deputations qui vinrent lui of- 
frir les clefe du ch&teau d' Aounik et de la forteresse de 
Wan; cette derntere place, Tune des plus fortes de 
I'empire ottoman, avait &6 vainement assiegee par 
Timour pendant trois semaines, et les rochers sur les- 
quels elle est assise ayaient resist^ tout un jour aux 
efforts de dix mille hommes qui, d'apr&s les ordres du 
conqu&rant, s'efforcirent, mais vainement, de les feire 
sauter \ Le gouyerneur de Syrie, Khosrew-Pascha, fut 
nomme gouverneur de Wan. Le lendemain, Emirbeg, 
de la tribu turque des Mahmoudi, apporta les clefs de 
Siawan 5 , et Ibrahim regut les soumissions successives 
des chftteaux-forts de Harem, Bidkar , Rouseni, Khoul, 
Tenouz, Awnik, Bayezid, Waitan et Ikhtiman 4 . Le 
1 er moharrem 941 (13 juillet 1 534) , l'armee ottomane 
entra triomphalement k Tebriz. Ibrahim &ablit ses 
quarters d'&6 k Esaadabad, et &eva, pris du mau- 
sotee de Ghazan au sud de la ville, un fort, dans lequel 
il mit une garnison de mille arquebusiers,, pour tenir ' 



1 Ferdi, f. 206. 

9 Djihannuma, p. 411. Voyez aussi le livre VII de cette Histoirs, et le 
chronographe de la conqu6te : Aldi hissar Want Souielman SchahhumB** 
I Petschewi, f. 60. Djelalzade, f. 17 a. Ferdi. 
4 Ferdi, f. 207. Djelalzade, f. 172. Petschewi, f. <k». 
T. v. j 4 



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sio HISTOIRE 

les habitant en bride. Voulant pr^venir le meurtre, Ie 
pillage et toutes les brutales insolences de la conqu&e, 
il institua k Tebriz un juge, et y laissa une nombreuse 
garde de sAret& Ces dispositions, par lesquelles Ibra- 
him pr^vint toute esp&ce de d&ordres ' , sont d'autant 
phis glorieuses pour sa memoire, que le fetwa rendu 
par les l^gistes k 1 'occasion de cette guerre. avait 
ordonn£ le massacre g£n£ral des h£retiques et le pil- 
lage de leurs biens. Le seul echec qui vint temperer 
les prosp£rit& de cette campagne, fut celui qu'essuya 
l'arm£e dans le d£fil£ de Kizildje-Tagh. Oulama et Is- 
kender Tschelebi avaient obtenu d'Ibrahim d'6tre en- 
voyes dans tes montagnes avec dix mille hommes qui 
p&irent presque tous dans cette expedition \ Cette 
d&aite partielle fut en quelque sorte contrebalancee 
par les soumissions du schah de Schirwan et du prince 
de Ghilan, Mouzaffer-Khan, dont les envoy^s vinrent 
d£poser de riches pr£sens aux pieds d'Ibrahim. Apres 
avoir confer^ le gouvernement de l'Azerbeidjan a Ou- 
lafna et celui de 1'Irak a Bafenderoghli Mouradbeg 3 , 
le serasker adressa de Tebriz un rapport d&aille a 
Souleiman sur les r£sukats de la campagne , et sur la 
convenance qu'il y avait d&s lors k exp&lier des let- 
tres de victoire k ce sujet dans toutes les provinces de 
I'empire 4 . 

* On trouve dans Ferdi, f. ao5 , et Djelalzade, f. 173, ce beau temoi- 
gnage rendu a la noble conduite d'Ibrabim : Aadjemden bir ferd sermou 
gitzend garmtdiy c'est-a-dire, « aucua des Peruana ne perdit settlement la 
pointe d'un cbeveu. » 

• Djelalzade, f. 174. Petscbewi, f. 61. — 3 Djelalzade. Ferdi. Journal 
de Souleiman du 2 septembre. — 4 Journal de Souleiman du 2 septembre. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. an 

Le jour m&ne oil Ibrahim avait quitte la ville d'Amid 
et s'&ait mis en marche pour Tebjriz (1 er silhidj6 940 
— 13 juin 1 534), Souleiman 6tah sorti de Scutari, en 
se dirigeant sur les frontteres de la Perse. Avant son 
depart de Constantinople, il avait envoy 6 Aloisio Gritti 
avec trois mille hommes en Hongrie, confix Fadmi- 
lustration de sa capitale k un sandjakbeg , et celle de 
FAsie-Mineure k son fils Moustafa, gouverneur de Sa- 
roukhan. II traversa rapidement les capitales de l'Ana- 
tolie, Nic6e, Kutahia, Akschehr et Koniah. Pendant son 
s£jour dans cette derntere vUle, un courrier d'Ibrahim 
lui apporta les clefs de Wan et des autres places qui 
s'&aient soumises. Reconnaissant envers Dieu du suc- 
cfis de ses armes . Souleiman visita le tombeau du 
grand poete mystique Djelaleddin Roumi. Apr£s la 
lecture du Koran et du Mesne wi, les derwischs com- 
mencement, au bruit du tambour et de la fl&te , leurs 
exercices reKgieux, c'est-k-cfire leurs danses. L'en- 
thousiasme des derwischs et F6blouissement caus6 
aux spectateurs par la rapidity de leurs mouvemens 
furent tels, que le s£pulcre paraissait 6tre aussi em- 
port£ dans cette ronde furieuse, et qu'on crut voir 
Fombre du grand Sultan du royaume des esprits, du 
molla Khounkiar (molla empereur) , proph&iser k 
V ombre de Dieu sur la terre, k Souleiman, Fheureuse 
issue de la campagne de Perse K . Souleiman se recom- 
manda aux pri&res du molla Khounkiar, dont le p&re 
s'appelait Sultanoul-Oulema (le sultan des legistes). et 

« Djelalzade, f. 17 3. 

'4* 



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aii HISTOIRE 

le fils. Sultan-Weled (le sultan enfant) [in]. Soulei- 
man visita 6galement a Seid-e-Ghazi le tombeau de 
Sid-al-Battal \ elk Erzeroum celui du scheikh Ebou 
Ishak Karzouni. D'Ardjisch . qu'il constitua en fief 
pour Ibrahim, il envoya h celui-ci son premier 6cuyer 
Mohammed avec des pr£sens d'un grand prix (20 sep- 
tembre) ; mais ayant appris que les Persans s'&aient 
avanc£s pour attaquer le grand- vizir, il annonca dans 
le diwan son intention de partir imm6diatement pour 
Tebriz [iv]. H entra le 27 septembre dans cette capi- 
tate, dont les habitans etaient venus en foule k sa ren- 
contre. Le jour suivant , l'arm£e du Sultan et celle 
du grand-vizir op6r6rent leur jonction a Aoudjan. 
Le 29, Souleiman convoqua un grand conseil dans le- 
quel le serasker, les beglerbegs, les agas, le defterdar 
Iskender Tschelebi, lems-efendi Moustafa Djelalzad6 
Tschelebi [v], et le nischandji Sidibeg furent rev6tus 
de kaftans d'honneur. Les troupes de la maison du 
Sultan, le corps des janissaires et la cavalerie reguliere 
regurent une gratification de mille aspres ou vingt 
ducats par t&e. Le prince de Ghilan , Melek-Mou- 
zaffer, vint rendre hommage h Souleiman et lui baiser 
la main; le fils du prince de Schirwan fut nomme 
commandant de la garnison de Tebriz, composee des 
contingens des begs de Baibourd, Koumakh, Kara- 
hissar et Adana. Puis larmee continua sa marche par 
Mian£ et Zenghan sur Sultaniy£ , ou l'empereur fut 

> Le Cid arabe, mort en iai de lhegiie (738). Sod histoire, stus la 
forme du romao, se trouve a la Biblrotheque royale de Paris, n os 3 17, 3 18, 
333, 339, 34o t 34i, 344; et a la Bibliotheque de Viennc, no 170. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 21 3 

inform^ que Schah Tahraasp venait d'ex&uter un 
mouvement retrograde, et que Mohammed, prince de 
l'antienne dynaslie de Soulkadr . &ait pass£ dans les 
rangs ottomans. Mohammed ne fut pas le seul qui d£- 
serta les drapeaux de Tahmasp; le fils de Schahrokh- 
beg et cinq autres dignitaires persans trahirent leur 
souverain et vinrent se ranger sous les drapeaux de 
Souleiman qui les admit k la ceremonie du baise-main, 
et leur fit distribuer des v£temens d'honneur, des tur- 
bans et de I' argent pour pouvoir soutenir convena- 
blement leur dignity (1 5 rebioul-akhir — 24 octobre). 
La saison avanc^e rendit tr6s-difficile le passage des 
montagnes qu'il fallait franchir pour arriver k Ra- 
madan; beaucoup de b&es de somme p£rirent. et 
l'artillerie faillit rester embourb£e dans les chemins 
amollis par les pluies. C'est dans cette marche qulbra- 
him parait avoir exploite la mauvaise humeur que 
ressentait Souleiman de tous ces obstacles, en les attri- 
buant k l'impr^voyance d'Iskender Tschelebi qui &ait 
le quartier-raaitre-g^n^ral de Tarm^e ; Iskender fut 
destitu6 et ses grands fiefs confisques au profit de la 
couronne l . Cependant cette injustice ne changea rien 
a Tetat des chemins qui devinrent encore plus impra*- 
ticables, lorsque les troupes, laissarit derriere elles 
Hamadan, se furent engag6es dans les d£fil£s de l'El- 
wend, TOronte des anciens. Une grande quantity de 
bagages fut perdue ; cent chariots d'artillerie furent 
brtil£s et leurs canons enterr^s, pour qu'ils ne torn- 

1 Journal de Souleiman da 1 4 oclobre. AH, F^rdi t Djelalxate, Sokiiad6« 



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2i4 HISTOIRE 

bassent pas entre les mains de lennemi '. Les soldafs 
&aient tellement harasses de fatigue, qu'ils se virent 
obliges de d£poser au chiteau de Schahi Ie corps de 
nischandji Sidibeg qui &ait mort dans cette marche, 
et avait demande d'etre enseveli pr& du tombeau do 
grand-imam k Bagdad \ A travers mille obstacles, 
l'arm£e savanna, sur Bagdad, dont le commandant, 
Mohammedbeg , originaire du Tekk£ , avait envoys 
une lettre de soumission , et cependant s'&ait enftd 
avec toutes ses troupes. Le grand-vizir prit les devans 
pour se mettre en possession d'une ville si importante 
pour le moment sans defense; il fit fermer les portes 
pour pr^venir le pillage, et en envoya les clefs k Sou- 
leiman par son porte-drapeau, k qui cette mission valut 
un don de cinq cents ducats, et l'investiture du sandjak 
de Zwornik . dont le revenu k cette 6poque ^tait de 
trois cent mille aspres (24 djemazioul-akhir — 31 d6- 
oembre). Le lendemain, le serasker sortit de Bagdad 
et alia k la rencontre du Sultan, qui s'^puisa en libera - 
files pour ltd temoigner sa bienveillance ; Souleiman lui 
fit un present de vingt mille ducats, et augmenta son 
traitement dune somme egale k percevoir sur les re- 
venus de l'Egypte 3 . Dans les diwans qui sui virent , 
les beglerbegs, les begs, les agas eurent l'honneur de 
baiaer la main du Sultan ; des promotions furent faites 
pour recompenger les services rendus depuis le com- 
mencement de la campagne. Lhistorien Djelalzad£ 
Moustafa Tschelebi, qui avait jusqu'alors rempli les 

i Journal de Sou leiman du i o novembre. — » Ibid, du 1 3 novembre. 
-— 3 Ibid, du 3o novembre. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. si5 

fonctioos de reis-efendi, fat &ev6 k la dignite de ni- 
schandji ; il eut pour successeur Redjeb dans lasecr^- 
tairerie-d'Etat. Leg fonctions de secretaire du diwan 
(tezkeredji) echurent & RamazanoghK-Mohammcd qui 
a ecrit aussi une histoire des Ottomans, qui devint plu8 
tard nischandji, et qu'onsurnomma le petit-nischandji. 
pour le distinguer du grand-nischandji (Djelalzad£). 
Souleiroan donna en fief k Djelalzad£ Moustafa Tsche- 
lebi des biens de la couroone dun revenu annuel de 
cent quatre-yingt mille aspres, ou trots mille six cents 
ducats; au reis-efendi un fief de cinquante mille 
aspres ou mille ducats, et an secretaire du diwan, un 
autre de dix-huit mille aspres ou trois cent soixante 
ducats ' . 

Bagdad , la place frontiere de lempire Ottoman a 
Test contre les Pereans , comrae Belgrade a l'oue&t 
contre les Hongrois, aregu le nom de Darous-selam 
ou maison du salut, de m^me que Belgrade, celui de 
I)ar*id-dftiad ou maison de la sainte lutte. On 1 appelle 
eneore Daroul-khalifet ou maison du khalifat, parce 
qu'eHe a &£ la residence des khalifes abbassides, Bonr- 
djoul-ewtia , ou boulevard des saints, parce quelle 
renferme les tombeaux de beaucoup d homines pieux. 
et Sewra, c'est-a-dire Toblique, parce que ses portes 
int^rieures sont masqu£es par ses portes ext6rieures a . 
En l'annee de lh6gire 1 48 (765) Je second khalife de 
la famille d'Abbas, Manssour, jeta les fondemens de 

> Journal de Soukeiman du 8 d£cembre. Ferdi, Solakzade, AU. Djelul- 
zade, f. 1 80. 

a Pjihannuma, p. 458. 



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21G UISTOIRE 

Bagdad sur les bords orientaux du Tigre. Cette ville, 
disent les historiens et les gfographes nationaux, fut 
b&tie sous des conjonctions d'astres tellement favora- 
bles. qu'aucun des trente-six khalifes abbassides dont 
elle &ait la residence ne mourut dans ses murs ; plu- 
sieurs d'entre eux cependant y ont 6t6 ensevelis '. 
Elle doit son nom de Bagdad, soit a un derwisch 
dont la cellule aurait &6 &ablie sur l'emplacement 
qu'elle occupe aujourd'hui , ainsi que le pr&endent 
quelques historiens, soit, et c'est plus probable, k ses 
environs fertiles; car d£jk du temps de S&niramis, la 
contr^e de Hamadan avail &6 surnomm£e Baghistan 
ou pays du jardin a . Encore de nos jours, Bagdad est 
c£lebre par ses champs de riz, ses dattes, ses limons, 
ses oranges. Les villes voisines de llrak arabe lui 
apportent le tribut de leurs fruits : Bassra lui envoie 
du riz et des Cannes k sucre ; Wasith , des pommes 
et des raisins; Schehrban, des grenades 3 . Bagdad est 
Tentrepdt du commerce entre les Indes et la Perse, 
et le lieu de passage des caravanes qui partent de 
Bassra et d'Isfahan pour la Syrie et l'Asie-Mineure. 
De forts remparts, flanqufe de cent cinquante tours et 
prot£g6s par un foss£ profond, entourent de tous les 

i Djihannuma, p. 454. 

a Diodore de Sicile, 1. II. Bay«rcocvov t Baghistan, litteralement lieu du 
jardin, 

3 Djihannuma, p. 459. Voyes le plan de Bagdad, dans Niebuhr, t. II, 
p. 289, pi. xliv; et la description de la ville, dans Ives, t. II, ch. 3. 
Olter, II, p. 200. Tavernier. Olivier, IV, p. 3o8. Sestini, Viaggio di ri- 
torno o di Bassora, p. an. Heude, Journey, p. i38. Mac. Kinneir, Ge\>~ 
graph. Hem,, a5a. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 217 

ctAis Bagdad, qui s'&endeivdemi-cercle, etembrasse 
environ douze roille aunes de terrain [vi]; le Tigre, 
dont le nom persan signifie laJUche, figure, en coulant 
du nord au midi, la corde d'un arc form£ par la ville. 
Au nord est la porte du Grand-Imam [vn], ainsi ap- 
pel^e du tombeau d'Ebou Hanife , situ6 k une lieue 
dans la campagne ; deux autres portes ont regu le nom 
de porte blanche et de porte noire; la porte du pont con- 
duit au faubourg de Kouschlar Kalaasi (ch&teau des 
oiseaux), situe a l'ouest de la ville dans le faubourg, 
de l'autre c6t6 du Tigre , .H nexiste plus de traces de 
l'ancien palais des khalifes, non plus que Au palms de 
Varbre, b&ti par le khaHfe Moktader pour y abriter 
Tarbre d'or, sur les branches duquel &aient assis a 
droite et k gauche des cavaliers sculpt£s, richement 
v6tus et tenant Fep^e h la main [vmj ; mais on voit 
encore le magnifique d£me que fit Clever Haroun al- 
Raschid sur le tombeau de son Spouse Zobeide. Dans 
le pays, personne ne peut indiquer au voyageur Tern- 
placement de k premiere acad^mie de l'lslamisme 
fondee par le grand-vizir Nizamoul-Mulk. L'aca- 
d£mie, construite sur le module de la pr^cedente par 
le dernier khalife abbasside, Mostanssar, a chang6 
completement de destination ; au lieu d'etre un foyer 
de sciences et de lumteres, elle est devenue 1'hAtel de 
la douane \ Les nombreux tombeaux qui ont fait don- 

1 Djihannuma, p. 460. 

* Mac. Kinneir, Geo graph. Mem,, p. aSa. Cet edifice, flanque' a Test 
de cent |>etites tours et de dix-tept graudes, a six portes, trois de chaque 
col£ du fleuve. 



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ai8 HISTOIRE 

ner k Bagdad le surnon* de ville des saints, se trou- 
vent, partie dans I'int£rieur m£me des mors, partie 
dans le faubourg Roussafe et sur la rive oecidentale 
du Tigre. Dans l'enceinte de la ville s'£16vent le torn- 
beau du scheikh Abdoul Kadir-Ghilani, fondateur de 
l'ordre des derwischs Kadri ', et celui du grand- 
scheikh Suhrwerdi, qui rnourut martyr de sa doctrine 
philosophique *, mais en odeur de sainted pour avoir 
&£ le gardien des restes de l'imam Ebou Hanife. Ce 
baint de l'islamisme est le premier des quatre imams 
des quatre sectes orthodoxes; les l£gistes ottomans 
Font adopts pour guide dans leurs interpretations de la 
loi 3 . L'un des trois autres imams, Hanbal (Annibal), 
repose 4galement h Bagdad. En face du tombeau 
d'Ebou Hanif&, cm voit, de l'autre cdt6 du fleuve, les 
tombeaux de deux des douze imams de la famille du 
Proph&e, du septi&me, Mousa Ali-Kazkn (domptant 
sa colore), et du neuvieme, Mohammed Taklri, petit- 
fils de Mousa. Bagdad poss&de en outre les restes des 
imams Moudjtehid (interpr&es de la loi) , qui occu- 
pent le premier rang aprds les quatre imams des rites 
orthodoxes *. Les Musulmans y v&n&ent aussi les 
sepultures des grands mystiques Djouneid , Schoubli 
et Manssour HaUadj; ce dernier perit au milieu des 



1 Mort en n65 (56i). Mouradjea d'Oksson, IV, p. Caa. 
» II fut execute^ quoique innocent, en 11 91 (587). Hadji-Khalfa, Tables 
chronologiques. 

3 Mouradjea d'Ohsson, I, p. 17, 

4 Sa biographie se trouve dans les Flcurs de la Mystique orientate, par 
Tholouk, p. 3 10. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 319 

tortures les plus crueUes, pour s'dtre annonc6 corame 
une divinity incarttee ' . A Roussaft enfin repose le plus 
grand deg imams ; et les tombeaux de pkisieurs kha- 
lifes de la maison d* Abbas [nfj y t£moignent encore, 
malgr4 Ieur &at de degradation , de la magnificence 
que ces princes d£ployaient dans la construction de 
Ieurs Edifices. Deux cents an* apr£s sa fondation, Bag- 
dad vit i^lever, outre le palats des khalifes, celui de 
Moizeddewlet (qui honore l'empire), prince de la 
puissante dynastieBouy6, laquelle r£gnait dans Tlrak 
per&n et arabe % et faisait trembler les khalifes eux- 
m&nes. Adhadeddewlet (bras de Tempire), le plus 
grand des princes de cette dynastie, fonda k Bagdad 
un hdpital magnifique, et son parent Scherefeddewlet 
(noblesse de l'empire) , un observatoire 3 . Le palais des 
khalifes fut br&te avantmftme l'invasion des Mogols, 
lorsque Khouaresmschah Djelaleddki Minkberm *, 
ravagea Bagdad ; mais la ville entire fut ruin£e, lors- 
que le khan mogol Houtagou lieutenant de Djenghiz- 
Khan vint en d&ruire tous les Edifices et en massacrer 
les habitans. L'ancienne Bagdad pint avec le kha- 
lifat ; puis elle renaquit de ses ruines sous les dynasties 
des Bkhans et des princes du Mouton-Noir et du 
Mouton- Blanc, qui se succ£d&rent dans la domination 
de Tlrak. Mais Timour ne tarda pas k renouveler a 
Bagdad toutes les horreurs du passage de Djenghiz- 
Khan, et les surpassa encore par les pyramides de 

' En 35o (961). Hadji-Khalfa. Soyouti, Oisioire des Khalifes. Ibu- 

Schohne * En 37a (98a). Hadji-Khalfa. — 3 En 62a (iaa5). — 

4 En 656 (ia58). 



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aao HISTOIRE 

t6tes humaines qu'il y fit Clever. Bagdad passa de la 
dynastie du Mouton-Blanc k Scbah-Ismail, fondateur 
de la dynastie des Safis, et enfin a Souleiman. Sou* 
leiman avait h&it6 de ses aieux les titres de domina- 
teur des deux continens et des deux mers * , de pro- 
tecteur des deux saintes villes de la Mecque et de 
M&tine *, de maitre des residences de Constantinople, 
Andrinople, Brousa, Caire la puissante 3 , Damas la 
rivale du Paradis 4 , Haleb la magnifique 5 ; il ajouta 
a ces titres ceux de prince de Belgrade la maison de 
la terre sainte 6 , et de Bagdad la maison du salut et 
de la victoire 7 . 

Pendant les quatre mois que Famine passa dans 
ses quartiers d'hiver a Bagdad , le Sultan s'occupa 
d'asseoir 1 'administration de ses nouvelles conqu&es 
sur les bases les plus justes , en ordonnant de ca- 
dastrer tout le pays et en y introduisant le syst&me 
de fiefs tel qu'il existait dans les autres provinces de 
son empire; il visita les monumens de la ville, et les 
c&ebres p61erinages de Kerbela et de Nedjef oft sont 
ensevelis Ali et son fils Housein 8 . Les l£gendes isla- 
mites font de la M£sopotamie un pays sacr£ : le musul- 
man y visite ayec un pieux respect les champs de 
bataille de Lemlem, de Djemcyeme, de Kerbela etde 



i Sultanoul-berrein we Khakanoul-bahrein. — a KhadimouUharemeln 
esch-scherifein. — 3 Uissr nadiretouttssr. — 4 Schmn djennct mescham. 
— S Halebesch-schehba. — 6 DarouUdjthad. 

7 Darous-selam. Voyez Constitution et administration de V Empire otto- 
man, I, p. 45o. 

8 Journal fa Souleiman, du i8 au a 3 mars. 



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DE V EMPIRE OTTOMAN. 11 1 

Kadesia ou tombirent tant de martyrs de la foi; les 
pr&endus tombeaux des quatre proph&es Adam, Noe, 
Ez^chiel et Esdras, ceux des six imams de la famille 
de Mohammed, Ali, Hasan, Housein, Askeri, Kasim, 
Takki \ et la caverne d'oft sortira au jour du juge- 
ment, Mehdi a , le dernier des imams, qui a disparu 
de la terre. Les lieux consacr£s par les tegendes parlent 
plus au musulman que ceux qui pr&entent un int£r£t 
historique ou geographique; il n'accorde qu une me- 
diocre attention aux debris des anciens p^Iais de Sedir 
et de Khawrnak. de Dewani etd'Agarkouf , construits 
par Monzer, Naaman, Manssour et Kheikawous. U 
s'occupe peu d etudier les vestiges des anciennes villes 
arabes de Hira et de Koufa , et ne s'inqui&te gu&re 
plus des ruines de Thermodon et de Ctesiphon. II ne 
cherche sur l'emplacement de l'ancienne Babylone 
que la fontaine enchant^e ou sont enchatnes jusqu'au 
jugement dernier lea anges d£chus Harout et Marout, 
pour avoir voulu s£duire la belle Anahid : du fond 
de leurs retraites, ces ginies apprennent la magie aux 
hommes qui viennent les consulter , tandis que la 
femme objet de leurs d£sirs, transport^ au del par 
les mots magiques qu'ib lui avaient appris, habite F6- 
toile du matin et m£ne avec une lyre aux cordes faites 
des rayons du soleil, les chceurs des astres 3 . Mais ce 
qui occupa le plus Souleiman au milieu de ce pays si 
plein de merveQleux souvenirs, fut la recherche du 

1 Djiliannuma. Otter, Ives, Sestini, Niebuhr, Tavernier, Olivier. 

» Mouradjea d'Ohsson, I, p. *68. 

3 Rich, Memoir on the Ruins of Babylon. 



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222 HISTOIRE 

tombeau du premier des fondateurs des quatre rites 
ortbodoxes , du grand-imam Ebou Hanife ; ce tom- 
beau avait 6t6 d&ruit par les Schiis, et les restes 
m&nes cfu saint avaient 6te profanes par le pillage et 
Tincendie. Mais par un bonheur miraculeux tel que le 
meritaient et la m£moire d'Ebou Hanif£ et le religieux 
d6sir de Souleitman, les Schiis setaient en vain achar- 
nes contre le saint mausol£e ; la puissance divine leur 
avait enlev6 leur proie, et Us en avaient &6 pour leurs 
frais d'impi&6. C'est du moins ce qu'assura k un 
tschaousch l'ancien gardien du tombeau d'Ebou Ha- 
nif6; il pr&endait que le grand-imam lui &ait apparu 
en songe et lui avait ordonn£ de sauver ses restes de 
la profanation des h&r&iques; fiddle k ce celeste 
avertissement, il avait remplac£ le corps du bienheu- 
reux Ebou Hanife par celui dun infid&le, et l'avait 
transport^ dans un endroit stir. Le serasker, inform^ 
de cette circonstance par le tschaousch, en instruisit 
Souleiman, et confia la recherche des pr£cieuses reli- 
ques au ctevot professeur Taschkoun, qui vint bientfo 
annoncer qua r endroit d&igne les travailleurs, en re- 
muant la terre, avaient rencontr£ un mur d'ou s'&ait 
exhale une forte odeur de tnusc. A ce signe non 
Equivoque de la presence des restes de l'imam et de la 
v£racit£ du rapport fait par le gardien du tombeau , 
Ibrahim se rendit sur les lieux, et enleva de sa propre 
main la pierre qui cachait l'entr& du mausolee. Sou- 
leiman s'empressa aussi d'accourir et descendit sous 
la voftte de F&lifice ; toute Tarm^e fut convaincue 
que le corps de l'imam n'avait pas ete brtile par les 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 223 

hfr&iques, comme on Vavait cru jusqu'alors, et qu'au 
contraire une gr&cespeciale du ciel en avait reserve la 
decouverte au Sultan et au grand-vizir. Cette d£cou« 
verte joua le m£me r61e dans cette campagne, que celle 
dti tombeau d'Eyoub, compagnon d'armes du Pro- 
ph&e, lors du siege de Constantinople par Moham- 
med H. Si Tun et l'autre de ces £v£nemens furent une 
combinaison politique de Mohammed II et de Soulei- 
man, leur influence sur les masses n'en fut pas moins 
ptrissante pour cela ; toute 1'armee alia en p&erinage 
au tombeau de l'imam, et pensa des lors que le con- 
qu&ant de Bagdad n'&ait pas moins favoris6 du ciel 
que son aieul, le conqu6rant de Constantinople. Mo- 
hammed II avait £leve une mosquee sur le tombeau 
d'Eyoub ; . Soideiiman construisit un ddme sur celui 
d'EbouHanife; et depuis, ce monument est devenu 
un des lieux de p&erinage les plus fr£quent£g par les 
Sunnis ou musulmans orthodoxes \ , 

Le Sultan fit partir de Bagdad le tschaousch Me- 
misch avec des lettres de victoire pour Venise et la 
cour de Vienne ; quelque temps apris un second mes- 
sager d'Etat fut envoy6 k Vienne avec des instructions 
relatives au meurtre d'Aloisio Gritti \ Ce fut pendant 

» tjrjeialzade, L 187 a 194, donne la biographie d'Ebou Hanife, d'apres 
un roanuscrit trouve par lui a Bagdad. Voyez aussi Ali, xxxi* recit, f. aa5; 
et Petscbewi, f. 63. 

• On lit, dans la reponse de Ferdinand datee de Vienne, 5 juillet i535 
(archives de la maison I. R.) : Venit ad nos hue Viennam ultima Junii 
mentis Voivoda cum liUeris mense Regeb (i3 Janvier) datis, venit et alius 
1 5 Febr. litteris in uric Bagdad scrip lis, ad quas 3. hujus responsum dedi- 
mus et de eo, quas de morte Ahisii Gritti ad nos scripserat, grata ammo 



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224 H1STOME 

le s6jour de Souleiman a Bagdad, qu'Ibrahim cher- 
cha k accomplir ses projets de vengeance contre Isken- 
derTschelebi. L'ancien defterdar avait perdu avec sa 
place toute influence politique; mais ses immenses ri- 
chesses pouvaient encore le rendre dangereux pour le 
grand- vizir. Afin de n'avoir pas k redouter m£me cette 
Eventuality, Ibrahim ne negligea rien pour obtenirdu 
Sultan une sentence de mort contre son ennemi. Un 
jour de diwan, avant que les vizirs Ayaz et Kasim se 
fussent rendus chez Ibrahim, Tordre vint de la Porte 
du Sultan, de mettre k mort Iskender Tschelebi, qui 
fut en effet ignominieusement pendu sur le marche de 
la ville '. Souleiman, de qui &ait £man£e cette sen- 
tence, decida en m&ne temps que les six a sept mille 
esclaves du defterdar ne seraient pas vendus k Yen- 
ch£re , mais incorpor£s k ceux du serai , et que ses 
biens seraient confisques au profit de la couronne. Le 
ressentiment d'Ibrahim ne s'arr&a pas Ik , et ne put 
6tre appaise que lorsque la t&e de Housein Tschelebi, 
beau-fr6re dlskender, fut tomb£e sous la hache du 
bourreau. Ce n'&ait pas seulement par amour du faste 
que le defterdar s'entourait d'une suite aussi nom~ 
breuse d'esclaves ; son intention avait &6 de former 
ainsi une p£pini6re de jeunes hommes propres k rem- 
plir avec honneur les diverses fonctions de l'Etat; 
aussi faisait-il un choix de ceux qui se^distinguaient 

accepimus victoriam. La lettre de Souleiman, datee da 5 ftvrier, se trouve 
a la Bibiotheque I. R., dans le Cod. hist, pro/., CVI. 

i Journal de Souleiman du 10 niai. A!i, xxxn e recit. Ferdi, Solakzade, 
Djelalaade. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. a*5 

par leur esprit ou leur courage, et les faisait-il entrer 
dans les divorces branches de l'administration civile 
ou dans larmie. Sept des esclaves dlskender Tsfche- 
lebi sont arrives par la suite au vizirat et au grand- 
vizirat ; il faut remarquer parttii eux Mohammed So- 
kolli, dernier grand* vizir de Souleiman et conqu&rant 
de Szigeth [x]. Les rkhesses r6unies de ces sept vizirs 
ne pouvaient se comparer, disent les historiens otto- 
mans, k celles du dtifterdar Iskender Tschelebi [xi]. 

Souleiman, en prenant ses quarters d'hiver h Bag* 
dad , avait ordonn£ que les escadrons de la cavalerie 
r&pili&e, c'eet-a-dire des slpahis, des silihdars, des 
ghourebas et des ouloufedjis de Taile gauche et de 
Taile droite, fissent le service de^la tente imperiale, 
eomme en campagne * ; & son depart , il laissa dans 
la ville une garmson de mille fusiHers et de mille 
arqueburiers sous les ordres de Souleiman-Pascha , 
lancien gonverneur du Diarbekr, et le premier gou- 
verneur ottoman h Bagdad *. Le 2 avril 1 535 (28 ra- 
mazan 941) , il mit ses troupes en mouvement pour 
retourner h Tebriz , mais il ne reprit pas la route 
par laqueUe il &ait venu , et passa par le Kurdistan 
et Meragah. La nouvelle de la retraite du schah qui 
abandonnait Wan , l'arritee eta prince persan Sam 
Mirza 3 , et laimonce de Tapproche de deux atnbas- 
sades, Tune frangaise et lautre persane, vinrent un peii 
varier la monotonie de cette marche qui dura trois 

i Journal de Souleiman du a 4 decembre id 34. 

* Ferdi, f. aa3. 

3 Journal de Souleiman du 3i mai 153S- 

t. v, 1 5 



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2*6 HISTOIRE 

mofe, Frangois I" avait dej& envoys deux ptenipoten* 
tiaires k Souleiman ; le premier, le comte de Frangi- 
pani, &ait arriv^ k Constantinople imm&Iiatement 
avant l'exp£dition de Vienne ; le second, le capitaine 
Ringon, s'&ait rendu au camp du Sultan devant Bel- 
grade lors de l'exp&lition de Guns. Un troisteme, 
nomme Lafor6t, vint en Asie flicker Souleiman de la 
conqu&e de Bagdad [xii], et trouva une reception plus 
gracieuse que le khan persan Oustadjlii qui apporta 
deux fois en vain des propositions de paix '. 

A Tebriz, l'armee vit ses fatigues et ses services re- 
compenses par les litaralites du Sultan : chaque soldat 
regut vingt ducats, et chaque feudataire ayant mille 
aspres de revenu, une augmentation de deux cents 
aspres par an '. Souleiman s'&ablit dans le palais du 
schah, qu'il partagea avecson grand- vizir; les autres 
vizirs campaient sous des tentes. Le premier vendredi 
qui suivit le retour des Ottomans a Tebriz , Soulei- 
man et son serasker all&rent assister & la pri&re pu- 
blique dans la mosqu^e du sultan Hasan; pendant 
cette c6r£monie, les janissaires etaient ranges autour 
du temple , et les begs Etaient en selle 3 . Souleiman 
employa ses quinze jours de halte dans la capitale du 
schah, a lorganisation du pays , a la nomination de 
gouverneurs, et a l'exp£dition de lettres destinees a 
faire connaitre. aux puissances etrang&res les nou- 
velles victoires qu'il venait de remporter. C'est a 



« Journal de Souleiman, du a a juin el du 4 juillet. 
• Hid. du 3© juin i535. — i Ibid, du 5 juillet. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 137 

Tebriz qu'il modifia par an nouveau r£glement Fan- 
cien ceremonial du diwan ; il prescrivit qu'k Tavenir 
les beglerbegs de Roumilie et d'AnatoKe ne siegeraient 
plus au conseil avec les vizirs, et qu'ils ne pourraient 
y 6tre admis qu'extraordinairement, et dans le cas 011 
its auraient k faire un rapport. Les autres beglerbegs 
ne devaient jamais entrer dans le lieu ou se convoquait 
le diwan, mais se tenir a la porte '. 

Souleiman crut devoir cimenter sa conqu&e par 
du sang ; le beg kurde Schifkat eut la tfite tranchle 
avec sept des siens a . P&rmi les gouvernemens qui 
furent assignes k divers grands dignitaires , il faut re- 
marquer celui par lequel on r&ompensa la defection 
du prince Mirza , frdre du schah , et qui comprenait 
toute la partie de l'lrak au-del& de la rivtere de Kizil- 
Ouzen [xin]. De Tebriz, le Sultan envoya au s£nat de 
Venise la nouvelle de la prise de Bagdad, comme il 
lui avait envoy£ de Bagdad celle de la conqu6te de 
Tebriz 3 . L'historien Moustafa Djelalzade, secretaire- 
d'Etat (nischandji) de Souleiman pendant son s£jour 
a Tebriz , ne s'occupa qu'k recueillir l'opinion des 
Persans les plus versus dans la litterature sur son 
histoire du r^gne de Souleiman; les fleurs de la rh£- 
torique persane ne faillirent point a cette occasion; 
l'auteur ftit combte d'61oges exag6r& qu'il a pris grand 



* Journal de Souleiman du i3 juillet. — * Ibid, du iz juillef. 

3 La premiere leftre, datee de Bagdad, du ao ramazau 94a (%5 mars 
i535), et la seconde, de Tebrii, du 1 moharrem (2 juillet), se trouvent 
dans les archives de Venise. 



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•2^8 HISTOIKE 

soin d 'insurer dans le texte de son ouvrage. De pareils 
pan£gyriques s'appellent Takriz l . 

La marche de Tebriz k Constantinople oii Soulei- 
man entra triomphalement (8 Janvier 1536), avait 
dur6 six mois. Les historiens ottomans appellent cette 
prendre campagne de Souleiman contre la Perse , 
campagne de Vlrak persan et de l'lrak arabe, pour la 
distinguer de la seconde, celle de Nakhdjiwan, qui fut 
entreprise quekjues anuses plus tard. La premi&re 
negotiation que le calme de h paix permit k Ibrahim, 
fut celle dun traits avec l'ambassadeur frangais La- 
for&, pour r^gler les rapports commerciaux entre la 
Turquie et la France. Dans ce traits qui servit de 
base k tous les trait& post^rieurs de m6me nature, 
on consacra la liberty r^ciproque de navigation dans 
les eaux ressortissant de Van ou de l'autre gouver- 
nement, et la juridiction souveraine des consuls dans 
toutes les affaires civiles. Les proems criminels inteates 
contre les sujete fran$ais devaient tore transf£r& du 
Cadi a la Sublime-Porte elle-m6me, avec cette condi- 
tion, que les juges appeles k prononcer seraaent as- 
sises dun interpr&te (drogman) frangais ; on convint 
que dans le cas ou un Fian$ais aurail fin sans acquitter 
ses dettes ewers de* sujete nrasulmang, ceux-ci ne 
pourraient exercer de reeours ni contre un autre Fran - 
$ais ni contre le consul, mais seulement contre le roi 
de France. Par ce m£me traits, les sujets frangais 

i Djelalzade, f. 174* cite 1m paoegjrriqaes. du Penatt SeheriMfousetii, 
du (ils d'Housetn Kasim MewlaM-Abmed , de Faslonttafc, fits de Schebes- 
teri, de Moustafa-Scherif al-Housein et du scheikh- Mohammed. 



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DE I/EMPIRE OTTOMAN. 229 

furent investis du droit de faire k leur gre leurs dis- 
positions testament aires, sans 6tre tenus de consulter 
a cet eflfet le magistrat competent du pays; les biens 
l£gu& devaient passer entre les mains du consul qui 
en disposerait suivant les lois frangaises el les clauses 
du testament. Enfin on stipula la liberty des esclaved 
faits ant6rieurement , et on sioterdit rfciproquement 
pour Tavenir le droit de r£duire en esclavage les pri- 
sonniers de guerre 1 . 

Ce traite de commerce est le dernier document Jiis- 
torique que nous poss£dions , non pas du r^gne de 
Souleiman, mais de l'administration de son puissant 
vizir Ibrahim, qui, a l'epoque ou ce traits fat conclu, 
exergait depuis quatorze ans le pouvoir souverain. 
Souleiman avait tir£ de la pdussi&re un esclave grec 
pour le nomhier son beau-fr£re , l'dever aux plus 
hautes dignit^s de r empire, lui confier les r6nes de ses 
Etats , et en faire le serasker de toutes ses armies; 
dans sa magnanimity, il avait toujours traiie Ibrahim 
comme un fr&re tendrement aime , et n avait jamais 
songi£ quil cr&rit k sa puissance un rival redoutable. 

En eflfet, Ibrahim, enivr£ par sa fortune, oublia les 
bienfaits de celui qui Tavait 61eve si haul; dans son ar- 
rogance insens6e, il renia tout sentiment de modestie 
et parut ignorer la distance qui s£pare le mattre de 
1' esclave; son ambition et sa vanite le pouss£rent k 
vcmloir conqu^rir jusqu'aux titres les plus exclusive- 
ment attribu& k la souverainet£. D6jk nous avons vu 

> Flassan, dans son Hhtoire generate et raisonne'e de la Diplomatic 
francaite, t. I, radkyne par errenr Fannie i535 au lieu de i536. 



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*3o HISTOIRE 

avec quel imprudent orgueil il avait parte aux envoy& 
de Charles-Quint et de Ferdinand , cherchant k faire 
parade de sa toute-puissance et de son empire absolu 
sur la volonte du Sultan. Nous avons montre, sur la foi 
d'un rapport de l'ambassadeur vlnitien, quels m£con- 
tentemens avait excit&, parmi la population de Con- 
stantinople, l'espece de fascination exercee par Ibra- 
him sur r esprit de Souleiman quand celui-ci avait con- 
descendu aux cfesirs de son vizir au point de se rendre 
avec lui dans le palais de Tesclave Aloisio Gritti. Ce ne 
fut pas la le seul 6chec que regut la popularity du 
grand- vizir; il eut encore le tort d'indisposer Tarm^e 
au camp de Haleb, par ses odieuses intrigues contre 
le defterdar Iskender Tschelebi. 

Le succ&s de ces intrigues, qui eurent pour r£sultat 
d'abord la destitution du defterdar et peu de temps 
apres son execution sur une place de Bagdad, poussa 
le mecontentement g£n£ral au plus haut degr6 d'exas- 
p£ration. Cependant Torgueilleux vizir se laissa en- 
ti&rement aveugler par son triomphe sur Iskender, 
par son influence sans bornes sur Tesprit de Soulei- 
man, et par la gloire que lui avait acquise la conqutte 
de Tebriz et de Bagdad ; au moment d'op^rer sa re- 
traite de la Perse, il publia un ordre du jour qu'il osa 
signer serasker- sultan, malgr£ les representations qui 
lui avaient &6 faites lors de son entree en Perse a 
l'occasion de ce projet, par Iskender Tschelebi. On 
doit dire pourtant que l'usage suivi par les gouver- 
neurs de sandjaks kurdes de se p$rer du titre de sul- 
tan, place en quel que sorte Ibrahim sous r excuse de 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. *$t 

s'&re conform^ am coutumes du pays dans lequel il 
se trouvait; mais it est probable qulbrahim fut heu- 
reux de sainr une coincidence favorable h ses vues 
ambitieuses, et que dans sa pensle H crut avoir monte 
d'un degr£ Vechelle qui aboutit au tr6ne ! . Mais ce que 
le d&ire de sa vanit£ ltd avait fait consider comme 
un grand pas dans sa carrtere, fut le premier £cueil 
qu'il heurta et centre lequel devait se briser sa for- 
tune. Douze ann£es s'&aient ^coulees depuis que le 
vizir Ahmed, envoy& comme gouverneur en Egypte 
pour faire place au favori de Souleiman, avait usurps 
le titre de sultan , usurpation fatale qu'il paya de sa 
vie, et qui, dans 1'histoire, lui a m6rit6 d'fitre ftetri du 
nom de traitre. En prenant le titre ambitionn£ par 
Ahmed, Ibrahim soideva dans 1 esprit du Sultan les 
soupQons qu'avait fait naltre l'audacieuse r£volte du 
gouverneur d 'Egypte, et lui inspira la pens6e qu une 
tentative de cette nature n'&ait que le prelude dune 
trahison depuis long-temps m£dil£e. Les craintes du 
Sultan f urent encore augment£es et en quelque sorte 
confirmees par un songe qu'il eut dans la nuit qui 
suivit 1' execution d'Iskender Tschelebi et qu'il prit 
pour un avertissement du ciel. Le defterdar, iromole 
par lahaine dlbrahim, lui &ait apparu entour£ d'une 
aur6ole c&este, lui avait adresse les plus vifs repro- 
ches sur son inertie en presence des usurpations d'un 

> D'apres Djelalzad£, Solakzade, Alt et Petscbewi, les representations 
d'Iskender-Tschelebi furent une des causes principals de la haine dlbra- 
him; dans le Journal de Souleiman du a 3 septembre 1 535, Ibrahim est 
nomine pour la premiere fois Serasker-Sultan. 



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23a HISTOIRE 

orgueilleux favori qui avail jWSQz de pouvoir sur lui 
pour Ie pousser a ordonner la mort des innooens; 
apres ces paroles, le fant6me s'&ait jet£ sur Souleiman 
en menagant de l'£trangler, lorsque celui-ci, poussant 
un grand cri, se reveilla en sursaut \ Ce songe fit une 
vive impression sur lesprit du Sultan , sans n6an- 
moins remp6cher de visiter avec Ibrahim a Bagdad 
les tombeaux des saints , de faire avec lui la pri£re 
publique du vendredi dans la mosquee de Tebriz, et 
de partager avec lui son palais et mdme sa couche. Ge 
ne fut qu un peu plus tard que Souleiman commenga 
h trembler devant la toute-puissance de son favori et 
& craindre ses trahisons. II suffit qu'un aultan redoute 
un vizir pour qu'il prononce son arrtt de mort ; pent- 
6tre encore Souleiman fut-U irriti par rimpudent 
m£pris qu'affectait Ibrahim pour le Koran [xiv] et les 
autres livres sacr& ; peut-6tre aussi avait-il k venger 
quelque crime inconnu du grand- vizir oontre la ma- 
jest6 imp£riale, crime qu'il devait & sa dignit£ d'en- 
sevelir dans le plus profond secret, comme autrefois 
Haroun al-Raschid avait cach£ le crime de Dj&fer, 
fils de Barmek [xv]. On pourrait ajouter que, comme 
Dj&fer, Ibrahim poss6dait d'immenses richesses; et 
combien de fois l'ombrageuse jalousie des sultans ne 
s'est-elle pas effarouch^e de cette rivalit£ de puissance 
de leurs ministres ! Quoi qu'il en soit, Ibrahim s'&ant 
rendu au serai le 21 ramazan 942 (5 mars 1536), 

i Mouradjea d'Ohsson, Tableaux de V Empire ouomtn, t. I, p. 3S6, 
d'apres les bisloriens ottomans DjeUrizade, Solakzad£, A.H, Petsckevi, qui 
tous racontent ce songe. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. a33 

pour diner avec te Sultan comrae k son ordinaire et 
reposer aupita de led, fat trouvi &rangl6 le len- 
demain matin. L'&at du cadavre indiquait qu'il avait 
soutenu une lutte opini&tre, et plus de cent ans apris 
on montrait sur leg mure du harem les taches de son 
sang; terrible relation du sort r£serv£ k ceux que la 
fortune introdoirait dans cet asile sacr£, s'ils osaient 
suivre l'exemple d'Ibrahim. Le corps du grand-vizir 
fut transports k Galata et enseveli dans un couvent 
de derwischs , satis qu'aucun mausolle honor&t sa 
ddpoislle mortelle. Seulement, un arbre plants sur 
la fosse du ministre disgrace indiqua pendant long- 
temps le lieu ou il avait &£ inhum£ '. Telle fut la fin 
de la carri&re parcourue par ce Grec convert! d£s 
lenfance aux lois de I'islamisme; il s'£leva de la plus 
hasse condition au Me des grandeurs; d'esclave il 
devint presque l'6gal de son maitre, de joueur de vio- 
lon un puissant homme d'Etat; il eut entre les mains 
Tadministration civile et militaire; en un mot, son as- 
cendant sur Souleiman le rendit le souverain arbitre 
d'un vaste empire. Ses gr&ces naturelles et son talent 
musical lui avaient valu dans le principe les bonnes 
gr&ces du Sultan; la faveur, il est vrai, fut la premiere 
cause de son entree aux affaires; mais il sut la justi- 
fier par lbabiletS qu'il y d£ploya * et par les services 
quil rendit dans tout le cours de son administration. 
En outre, dun cdt£ la force de l'habitude , de l'autre 
I'&iergique puissance du caract^re d'Ibrahim, eurent 

» Solakzad£, f. it a. 
» Ali, xxxiv« r&it. 



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a34 HISTOIRE 

bientdt amen£ le prince h reconnaitre par ses actes et 
par ses paroles la superiority de son esclave ; et cet 
esclave apr£s avoir partag£ avec le Sultan la puis- 
sance souveraine, apres avoir fait le stege de Vienne 
et de Guns, la conqu£te de Tebriz et de Bagdad, cet 
homme que le roi de Hongrie, Ferdinand, appelait 
son frAre et que l'empereur Charles-Quint nommak 
son cousin, cet homme qui se promettait d'egaler un 
jour la gloire de C6sar dont il aimait a lire les hauls 
faits , devait mourir ignominieusement le 1 5 mars , 
l'anniversaire m6me de la raort du h£ros qu'il avait 
pris pour modele '. 

Si parmi les deux cents vizirs des khalifes, des 
schahs de Perse et des khans tatares dont l'historien 
Khondemir nous a laiss6 la biographie, nul ne fut plus 
puissant que Dj&fer le Barmekide, nul aussi n^prouva 
une disgr&ce plus terrible; de m6me parmi les deux 
cents vizirs que compte k peu pr& l'histoire ottomane 
jusqu'k nos jours, aucun ne s'est elev6 a la hauteur 
de puissance ou parvint Ibrahim , mais aussi la chute 
d'aucun autre n'eut un tel retentissement dans r em- 
pire 1 . 

Avant d'entrer dans le r£cit des faits accomplis sous 
le grand-vizirat d'Ayaz-Pascha qui h&ita de la di- 
gnity d'Ibrahim , nous devons en rapporter id deux 
qui se rattachent aux deux dernteres ann£es de lad- 

> Ahnosnino dit, p. 114 : Tragedia de un Valido, digna d' ester mai no- 
tada; il raconte la chute d'Ibrahim d'une maniere toute aussi invraisem- 
blable que les faveurs et la disgrace de Piali (Piri) Pascha. 

3 Historia di Guazzo, f. 139, Venez. , 1549. 



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DE L'EMFIRE OTTOMAN. 255 

ministration de son pr6d6cesseur; nous n'avons pas 
cru devoir nous astreindre a exposer ces faits suivant 
l'ordre chronologique , afin de ne pas interrompre le 
r6cit de la guerre contre la Perse. D'ailleurs le th&tre 
de ces deux ^venemens n'avait pas &6 TAsie , mais 
TEurope; nous voulons parler de la reprise de Ko- 
ron sur les troupes espagnoles, et de la conqufite tem- 
poraire de Tunis par Khaireddin-Barberousse. Pen- 
dant que les ambassadeurs de Ferdinand n6godaient 
la paix k Constantinople, et que Charles-Quint ofirait 
de restituer Koron k l'empire sous la condition que la 
possession exclusive du tr6ne de Hongrie serait assur£e 
k Ferdinand, Souleiman faisait partir le sandjakbeg 
de Semendra , Yahyapaschaoghli Mohammedbeg ' , 
k la t&e d'un corps d'arm^e, ainsi qu'une flotte de 
soixante-dix voiles, afin de reprendre Koron (8 aotit 
1533) *• Mais Andrea Doria rencontra Tescadre ot- 
tomane ; quoiqu'interieur en forces de moitte, il atta- 
qua l'ennemi, le battit, d&ruisit quelques-uns de ses 
b&timens et lui fit eprouver une perte de cinq cents 
janissaires 3 . Cependant Koron 6tait &roitement bio- 
qu6e par les troupes envoy^es k cet efFet; les asste- 
ges commengaient k manquer de vivres, et depuis 
vingt jours ils se nourrissaient de la chair des (toes 



■ ffistoria di Gua&o, f. taS. — a ibid., f. iag. 

3 Antoiue Doria, Kurzer Inhegriff der merhwurdigen Begebenheiien , 
welche tick zur Zeit Karls V in der Welt sugeiragen haben , in Gosbels 
B extra gen , p. 34 (Jpereu det Evenemens qui se sont passes du temps de 
Charles-Quint, dans les supplemens de Goebel). Petschewi, f. 58. Ferdi, 
t. 198. Ali, xxiv« recit, f. 341 



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256 HISTOIRE 

el des chevaux enfermfe dans la ville. Mais bient£t, 
priv£s m£me de cette ressource, ils furent r&luits k 
faire servir a leur subsistance le cuir de Ieur chaus- 
sure. Dix Grecs presses par la faim ayant &6 se ren- 
dre au camp des Turcs pour y chercher quelque 
nourriture, furent saisis, 6corch& vifs et brftles sur un 
gril \ Epouvant£s par la pens£e qu'un sort semblable 
leur &ait r£serv6, les Espagnols eux-m&nes perdirent 
courage et cherch£rent k entamer des negotiations avec 
le general commandant l'arm£e de si£ge. U fut con- 
venu que Pignatelli , gouverneur de Charles-Quint en 
Sicile , enverrait une escadre pour faire enlever la 
grosse artillerie et conduire en Espagne la garnison 
dont la libre sortie avait &e express&nent stipule \ 
Afin d'empteher que, pendant la campagne de Perse, 
la Mediterran^e ne fftt abandonn£e k des entreprises 
semblables a celle qui avait mis Koron au pouvoir de 
Doria, Souleiiman, ou plut6t Ibrahim, avait rassemble 
le commandement de toutes les forces navales de 
l'empire dans les mains de ce Khaireddin que TEu- 
rope n'a connu jusqu'k present que sous le nom de 
Barberousse , et sur la vie duquel les historiens se 
sont plu k accrediter les fables les plus invraisem- 
blables[xvi]. 

Nous allons chercher a concentrer dans un apergu 
rapide les traits principaux de la vie de cet homme 
c£l&bre; nous n'avons puis6 qu'aux sources les plus 
irr£cusables, et nous avons v6rifi£ nos assertions par 

> H'utoria di Guazzo , p. lap. 

» Antoine Doria, 1. c, p. 34. Petschewi, f. i58. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 23 7 

le contr6le des documens les plus poritifs. II faut pla- 
cer en t&e de ces documens la biographie de Khai- 
reddin que celui-ci dicta par ordre de Souleiman au 
tschaousch Sinan , et de laquelle Hadji-Khalfa nous 
a donne une analyse succincte dans son Histoire des 
Guerres maritimes des Ottomans [xvii]. 

A la suite de la conqu&e de Medilii (Mitytene) faite 
par Mohammed II, le sipahis roumiliote Yakoub 
dTenidjewardar s'&ait fix£ dans cette ile avec ses 
quatre fils Ishak, Ouroudj, Khizr (nomme plus tard 
Khaireddin-Barberousse) et Elias; le premier se fit 
commercant ; les trois autres, sous le r£gne de Baye* 
zid II et de S&im I er , se livrerent k la piraterie en de- 
guisant leurs courses sous le pr&exte d'uo commerce 
maritime. Dans un combat contre les chevaliers de 
Saint-Jean, Elias pint et Ouroudj fut fait prisonnier; 
mais ce dernier fut peu apr&s rendu k la liberty par 
l'entremise du prince Korkoud , alors Tun des gou- 
verneurs de la c6te de Karamanie. Ouroudj et Khizr 
poursuivirent le cours de leurs pirateries; leur au- 
dace et leur courage firent rechercher leurs services 
par les puissances barbaresques, et bientdt leur es- 
cadre prit rang parmi les vaisseaux de Mohammed 
sultan de Tunis, de la famiUe Beni-Hafss. Un vaisseau 
fraagais charge de draps ayant 6t6 captur6 par eux , 
Mouhiyeddin Reis, neveu du fameux Kemal Reiis, fut 
chapgede le eonduire k Constantinople, et la Sublime- 
Porte en reconnaissance dun tel present leur envoya 
deux gal&res et deux kaftans dTionneur '. Les deux 

i Histoire des Guerres maritimes, f. la. 



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*58 HISTOIRE 

fils d'Yakoub, enhardis par ce premier gucc£s, s'oc- 
cup&rent imm&liatement d'armer dix vaisseaux des- 
tines k one entreprise contre Boudja et Djerdjel, sur 
la c6te d'Afrique '. Ouroudj se dirigea sur Alger; 
Khaireddin, aprfes s'6tre rendu maltre de Djerdjel, re- 
vint k Tunis ou il trouva les deux galores envoyees de 
Constantinople et tout r&emment arrives de Medilii 
avec son frfere Ishak. Ge fut au temps ou ceci se pas- 
sait que Selim P r fit la campagne d'Egypte , et que 
Khaireddin envoya Kurdoghli pour renouveler au 
Sultan Thommage de sa fidelity. De son c6t£, Ouroudj 
avait a Alger une position t res -difficile k maintenir 
contre la flotte espagnole et contre les tribus arabes 
allies de Charles -Quint qui affluaient de tous les 
points de la contree ; mais ces hordes indisciplines 
s etant enfuies en abandonnant douze mille chameaux, 
les Espagnols se retirerent laissant la ville au pouvoir 
d'Ouroudj \ Les deux fr^res, arrives Tun et Tautre au 
but de leur expedition, r&inirent leurs efforts contre 
Tennes et Telmesan. Ces deux villes, gouvern&s alors 
par deux fibres de la famille Hafss 3 , furent, k Tappro- 
che des redoutables pirates , abandonees par leurs 
chefs. 

Khaireddin se rendit a Alger, et Ouroudj, avec son 
jeune frere Ishak, continua k faire la guerre dans le 
district de Telmesan ; mais alors les troupes espagnoles 
s'avanc&rent et mirent le stege devant la forteresse de 

i Uistoire des Guerres maritimes, f. 1 3, sous le litre de Guerre de Badja 
el de Scherschcl. 

a His 10 ire des Guerres maritime*, f. i3. — 3 J bid* f. i4* 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. u5g 

Kalaatol-Kilaa, c'est-a-dire le chdieau des chdteaux; 
cette forteresse ne tint pas long-temps, et la garrison 
entire, ainsi qu'Ishak, p£rirent par le fer espagnol. 
Apr£s ce premier succes , le vainqueur se porta sur 
Telmesan, qu'il tint bloquee pendant sept mois. 
Dans une sortie, Ouroudj partagea avec la garnison 
le sort d'Ishak et de ses troupes \ Cependant Khai- 
reddin , seul survivant des trois fils d'Yakoub , &ait 
maitre d'Alger, car, apr6s le meurtre de S£lim, der- 
nier prince ind£pendant de cette ville , il s'&ait ar- 
roge tous les attributs de la souverainet£, moins ceux 
de faire dire en son nom la prtere publique du ven- 
dredi, et de frapper monnaie h son effigie. Khaired- 
din, afin de se concilier l'appui d'un protecteur puis- 
sant, avait r£serv£ ces droits au Sultan ottoman: il 
avait, en consequence, charg£ Hadji-Housein d'offrir 
a S&im alors en Egypte sa vassal ite ; et le Sultan, en 
recompense de cet acte de soumission, d£posa entre 
les mains de l'envoy£ le sabre, le cheval et le tam- 
bour, qui sont les insignes de la quality de sandjak, et 
un dipldme conf&rant a Khaireddin le litre de beg- 
lerbeg a . Durant ce temps, Mesoud et Abdallah qui, 
chasses de Telmesan, s'&aient r£fugie§ k Fez, avaient 
obtenu du souverain de ce pays le secours d'une ar- 
mee afin de reconqu&ir leur heritage paternel 3 . Khair- 
eddin chassa Mesoud , mais il investit Abdallah du 
gouvernement de Telmesan en lui imposant un tribut 
annuel de dix mille ducats, sous la condition que 

« Wstoire des Queries mat i timet , f. 14. — a Ibid,, f. 16. — 3 Ibid, 



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24o HISTOIRE 

]es droits regaliens seraient exerc& au nom du sultan 
Selim I er . Mais, peu de temps apr£s, Khaireddin, as- 
sieg6 d'un c6te par une arm£e venant de Tunis et de 
l'autre par les tribus arabes, fut lui-m&ne forc6 d'6va- 
cuer Alger et de se jeter de nouveau sur ses vaisseaux. 
Sa flotte se porta sur les c6tes de Sicile ou elle commit 
de nombreuses depredations. 

Lorsqu'apr&s une longue absence, Khaireddin put 
rentrer k Alger, son premier soin fut de forcer par les 
armes le prince de Telmesan k remplir les conditions 
qu'il lui avait imposes en lui rendant son gouverne- 
ment. II ne consentit a la paix qu'autant que soixante 
mille ducats lui seraient compt& sans d£lai pour les 
six annees £coul6es, et que le tribut serait port£ h vingt 
mille ducats pour les annees k venir z . Khaireddin ne 
crut pas sa domination suffisamment assume tant qu'il 
n'aurait pas enlev£ aux Espagnols la petite tie en face 
du port, que ceux-ci occupaient depuis quatorze ans. 
Sa premiere attaque fut couronnee d'un plein suc- 
c£s; cinq cents Espagnols furent faits prisonniers, le 
chateau fut ras£, et le petit d&roit qui s£parait Tile de 
la terre ferme fut combl£ a . Quand arriverent neuf 
grands vaisseaux pour prot£ger la garnison laiss£e dans 
Tfle, ils ne trouv&rent que des mines 3 . Khaireddin se 
porta a leur rencontre avec quinze gal&res, sempara 
de Tescadre presque tout enttere par une manoeuvre 
aussi hardie qu 'habile, et ramena deux milte sept cents 

1 Histoire des Guerres maritime* , p. 16. — * Ibid. 
3 Voyez, pour les details, Bemerkungen iiber den algierischen Staat 
{ Observation sur la regence d' Alger, t. II , p. 6*5 ). 



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:ed by G00gle 



DE L'EMPIRE OTTOMAN. 24 1 

prisomiiers «. Afin de profiler de ses avantages, il or- 
donna au capitaine Oadin-Reis de se tenir en obser- 
vation tfur lei c6tei de Frince et d'Espagne ; ltu*m&ne 
captura quinze navires espagnols et en bulla trois 
autres ; fidile k sa politique vis-&~Yia de la Porte , il 
adressa an Sultan un rapport d&ailte de sea expedi- 
tions et de *es succ&s *. 

C'est k partir de ce moment que Khaireddin-Bar- 
berousse trouva dans Andrea Doria, grand-amiral des 
flottes de Fempereur Charles-Quint, un adversaire 
redoutaWe. L'entreprise de Doria sur Tile de Djerdjel 3 
fut le signal de la lutte : Doria fat repousse. Khaired- 
din , apr&s avoir op6r6 sa jonction avec le corsaire 
Sinan de Tile Djerta, porta sur les c6tes de G6nes et 
de France la devastation et le pillage. Mais Souleitaan 
fit savoir k Khaireddin, par le tschaousch Moustafa, 
qu'il e&t h respecter la France avec laquelle la Porte 
venait de conclure un traits de paix f . O fut aussi 
vers cette £poque que commenc£rerit les exploits de 
Hasanbeg, qui devait soutenir la reputation que son 
p&res'&ait acquise comme corsaire. C&lant aux pri&res 
des Maures d'Espagne vivement presses par Charles- 
Quint, Khaireddin arriva pr6s d'OJiva avec trente-six 
gatiotes, sur lesquelles il regut ses malheureux co-reli- 
gionnaires. Dix mille purent s'embarqucr k la fois, 
de sorte que par sept transports successifs il enleva 



1 Histoire des Guerres maritimes, f. 17. — » Ibid. % p. 18. — 3 ibid., 
1. c ; et Observations sur la rdgence d' Alger, II , p. 63 1. 
4 Histoire des Guerres maritime*. 

T. v. i(i 



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242 HISTOIRE 

soixante-dix mille Maures k l'Andalousie pour en peu- 
pler les c6tes de Barbarie [xvin]. 

Parmi les sept mille esclaves chr&iens retenus a 
Alger, se trouvait tout l'£quipage, officiers et matelots, 
dune escadre espagnole compose de huit navires , 
dont sept avaient &6 pris par Khaireddin dans tin 
combat qui avait cotit6 la vie au g6n£ral Portundo. 
Khaireddin avait fix6 h la somme 6norme de vingt 
mille ducats la rangon des vingt principaux d'entre 
eux; mais ceux-ci, esp£rant s'^vader, formirent dans 
ce but un complot dont la d&ouverte amena la mort 
de ceux qui l'avaient congu. Si Khaireddin laissa la 
vie aux autres, c'est qu'il fut doming par la crainte 
qu'on us&t de repr&ailles contre ses braves capitaines 
Salih-Reis et Thorghoud, alors prisonniers des Chre- 
tiens l . 

Apr& la prise de Koron par Doria (1 533), Khair- 
eddin avait regu du tschaousch Sinan, un khattisch6- 
rif a , parlequel Soulei'man lui enjoignait de se rendre 
sans d£lai k Constantinople, afin de se concerter avec 
lui sur les mesures a prendre dans la guerre sur mer 
contre Charles-Quint. Khaireddin conduisit k la cour 
du Sultan le fr&re du prince de Tunis , le seul de 
quarante-cinq freres qui etit echapp£ au carnage par 
lequel le sultan Hasan, a son av&nement, avait voulu 
s'assurer la paisible possession du pouvoir souverain. 
Tout en faisant voile pour Constantinople, Khaireddin 

* Hisioire des Guerrts maritimes, f. 19. 

3 Ce khattischerif se trouve en eatier dans les commentaires que Khair- 
eddin dicta , par ordre du Sultau , a Sinantschaousch. 



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DE L'EMPIKE OTTOMAN. 345 

s'empara, k la hauteur de Messine, de dix-huit b&- 
timeiis qu'il brtila en vue de la ville, aprds avoir fait 
prisonniers tous les hommes de T^qmpage 1 . Andrea 
Doria , )e conqufrant de Koron , quitta Prevesa k la 
nouvelle de l'approche de Khaireddin , et s'enfonga 
dans le golfe de Venise en se dirigeant sur Brindisi; 
mais l'audacieux pirate envoya k sa poursuite vingt- 
cinq vaisseaux qui atteignirent sept de ses navires 
et en captur&ent deux. La flotte alg&ienne, accrue 
par ses prises, rejoignit bient6t celle que commandait 
le kapkan-pascha Ahmed, et les deux amiraux en- 
tr&rent de conserve dans le port de Constantinople 
peu de temps apr&s le depart d'Ibrahim pour la Perse. 
Khaireddin f . k la t&e de ses principaux officiers, se 
rendit k l'arsenal que le Sultan lui avait fix6 pour 
demeure ; le lendemain il fut admis au baise-main , 
ainsi que hmt de ses principaux capitaines; k Tissue 
de l'audience, Souleiman les fit rev^lir de v&emens 
d'honneur et leur assigna une solde sur son tresor. 
Ibrahim, qui avait pris ses quarters d'hiver k Haleb, 
demanda au Sultan que Khaireddin lui flit envoy£ , 
afin qu'il pAt lui con&rer la dignity de beglerbeg, et 
hd fournir les instructions n^cessaires au succ&s de la 
campagne suivante. Jaloux de montrer qu'il n'appor- 
tait pas dans l'accomplissement des ordres du Sultan 
moins de rapidity par terre que par mer, l'infatigable 
corsaire se rendit k cheval suivi de ses capitaines aux 
quartiers d'Ibrahim, qui le regut solennellement et Tin- 



• ttisioire des Guerres maritime*, f. 19. 

16* 



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*44 HJSTOIRL 

vertk en plein diwan du tkre de beglerbeg d'Alger l . 
A ce titre il eut la pr&£ance dans te oonseil sur tons 
les airtres beglerbegs; il fat admis k baiser la main 
dlbrahim, et, apris deux jours consacr& k de bril- 
lantes fetes, il partit pour Constantinople dont il n'&ait 
absent que depuis vingt-deux jours. Pendant ce long 
trajet, il ne fit que deux stations, Tune k Koniah au 
tombeau du scheikh Djelaleddin Roumi , 1'autre k 
Brousa au tombeau de Seid Boukhari. pour attirer sur 
ses armes la benediction de ces saints personnages *. 

Lhiver tout entier avait &A consacr£ k la construc- 
tion de navires dang l'arsenal de Constantinople, sous 
la direction de Khaireddin lui-m£me 3 ; de sorte qu'au 
moment d'appareiller, la flotte comptait quatre-vingt- 
quatre b&timens, en comprenant dans ce nombre Fes- 
cadre que Khaireddin arait amende d'Alger, et qui se 
composait de dix-huit galferes dont cinq appartenatent 
a des corsaires engages vokmtahrement au service de 
la Porte 4 . Aux premiers jours de V&6 de Tannic 1 534 , 
et pendant que Souletman traversal l'Asie-Mineure 
pour conduire en personne la campagne contre la 
Perse , Khafreddin-Pascha sortit des Dardanelles en 
se dirigeant vers les c6te$ de lltatie. Dans le d&roit 

> H»dji-Khatfa, dans mb Mhudre des Gmerres mmriuwtes et dins MS 
Tables chronolegiques , se trompe en disant qu'il fut nomine en meme temps 
kapitan-pascha. Ferdi , f. a5p, place sa nomination comme grand-arairal 
en Tanuee 943(i^36). 

9 Djelahftte, f. t*>. Solatia*!*, f. tio. Petsthewi, f. 59. All. 

3 Commentaircs de Khaireddin , f. 86. 

4 Hadji-Khalfa, Mstoire des Guerres mmriumes, f. 30. Happort de Doria 
dansGoebel, f. 35. 



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DE L'EMPIKE OTTOMAN. *45 

de Messine, le nouveau kapitan rarprit Reggio, oik 
ayaient 6^ transplants lei Grecs deKoron et de Mo- 
don ; ces nouveaux habitans avaient abandonn6 la vflle 
isoo approche , lui laissant pour hulin six navires 
amarres dans Je port Ce fut pendant Tune des nuRg 
passes dans ce d&roit, qu'un r6ve sembla promettre 
a Khalreddin la conqu&e de rile de Malte; le jour 
qui suivit ce sooge, il s'empara du ch&teau-fort de 
S. Lucido , qu il livra am flammes apr& avoir fail 
ameper & son bord huit cents prisonniers. II brtila 
egqlenjent le fort de Qtraro et dix-huit gaterea qui se 
trouvaient dans le port.. En quittant les nones de G- 
traro, la flotte ottomane continua sa course vers les 
cdtes de Naples; Sperlonga fut saccag£ et incendte. 
Bqrberousse &ait excit6 h tous ces ravages, dans cette 
partie des cdtes d'ltalie, moins encore par le d6sir de 
faire un riche butin et de reduire en esclavage.un 
grand nombre de filles et de femmes, que par l'envie 
de surprendre&Fondi l'6pouse de Vespask) Colonna. 
la jeune Giulia Gonzaga si c£16bre par sa beaute. 
Sceur de la divine Joanpa di Aragooia ' , dont tous les 
beaux-esprits italiens ont chante la celeste beaut£, et 
non moins belle que sa soeur, Giulia &ait une riche 
proie bien faite pour briller dans le harem de Spu- 
leiman. La descente des corsaires fut conduite avec 
taut de myst&re, que Giulia ne put echapper queo 
Siangan* sur un cheval qui 1'emporta couverte seu- 
lement d'une chemise ; elle n'avait d'autre escorte que 

■ llTempio alia divina S. donna Gioanna d'Jragtna. Venel., l565* 



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n46 HISTOIKE 

celle dun chevalier qu'elle fit par la suite assassiner, 
soft parce que dans cette nuit memorable il avait trop 
os6, soit parce qu'il avait trop vu l . Les Turcs, furieux 
de l'insucc£s de leur tentative, se veng&rent en brisant 
les images de la sainte Vierge et en profanant la se- 
pulture des aieux de Yespasio dont ils renverserent 
les tombeaux apr£s en avoir enlev6 les riches orne- 
mens. Le pillage de Fondi (Fancien Fundum) dura 
quatre heures; un tableau suspendu aux murs de Y6- 
glise de cette ville a &6 consacr6 & perp&uer le sou- 
venir de cette horrible nuit. Ge n'est gu£re que par 
cette attaque des corsaires ottomans que la beaut6 de 
Giulia est devenue calibre, tandis que les attraits de 
la divine Joanna sa soeur ont it6 chant£s par les plus 
grands poetes et son image reproduite par les plus 
fameux peintres de iltalie; de nos jours encore on 
la retrouve dans les musees de Paris, de Warwik- 
Casde et de Rome [xix]. 

Les devastations exerc£es par Khaireddin sur les 
c6tes d'ltalie avaient en outre pour objet de donner le 
change aux puissances europ&nnes sur ses desseins 
contre Tunis, car c'&ait pour cette entreprise que Sou- 
leiman lui avait confix quatre- vingts navires, huit mille 
janissaires et huit cent mille ducats a . Depuis trois 
ann£es, r6gnait sur Tunis le sultan Mould-Hasan, 
vingt-deuxi&ne prince de la dynastie Beni-Hafss [xx], 
laquelle depuis trois cent cinquante ans gouvernait la 

i Leandro Alberti, Descritdone dituiia Vltalia> Venez. i58i, p. 137. 
2 Doria, dans Gcebel, p. 34, dit six cent mille. Sagredo, p. 210, Venes., 
1688. Ottocento mUa Sultanini. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 247 

ville et les pays environnans. Enclin k la mollessc et 
k la d£bauche, Moulei-Hasan ne songeait, nlk fortifier 
ses remparts, ni a former des soldats pour la defense 
de son tr6ne encore fumant du sang de quarante- 
quatre de ses fibres ' , mais seulement k augmenter 
son harem compost de quatre cents beaux jeunes 
gargons. 

Khaireddin, sous pr&exte de terminer ce r£gne 
honteux et d'&ever sur le tr6ne le frire de Hasan [xxi] , 
Raschid, qu'il avait conduit ant£rieurement k Constan- 
tinople, se pr£senta devant les murs de Tunis avec la 
flotte ottomane. Guid6 par deux ren£gats espagnols 
au service de Hasan, il p6n£tra dans la ville, du c6te 
de la porte maritime, a la t&e de cinq mille cavaliers, 
et s'empara presque sans resistance de la citadelle \ 
Mais les habitans, n'entendant que les cris de vivent 
le Sultan et Khaireddin! et apprenant que Raschid 
avait &6 laiss£ k Constantinople , ne purent conser- 
ver de doutes sur les projets du kapitan-pagcha. 
Leur haine contre le fratricide disparut devant leur 
amour pour lantique dynastie qui r£gnait a Tunis de- 
puis plus de trois siteles, et surtout devant la crainte 
que leur inspirait le joug ottoman. Revenant alors en 
aide k celui dont ils avaient provoqu£ la chute, ils 
encourag&rent Hasan a rentrer dans la ville avec le 
secours des tribus pr6s desquelles il s'£tait refugte. 

* II avail quarante-cinq freres (Jfoklibetet-tewarikh) , et non pas vingt- 
dtux, comroe le dit Sagredo , ni trente-quatre, comme l'affirme Robertson, 
1. V. Les Beni-Hafss regnaient depuis 55 1 (n56). 

> Sagredo, p. 21a. 



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-x$ HISTOIKE 

Moulei-Hasan, k la tete des tribus arabes habitant les 
cbtes , parvint a foroer les portes de Tunis; maid 
Khaireddin. puissamment seconds par son artHlerie, 
lobligea k se retirer et k chercher son salut dans la 
fuite. Sans coup~f£rir, Khaireddin s'empara du fort 
d'Halkolwad, distant de neuf milles de Tunis ; te nom 
arabe de ce ch&teau signifie le hausse-col (laGnAetoa), 
et lui a &£ donn£ paroe qu'un isthroe etroit et de pen 
de longueur conduit de la ville an lac situ£ en faoe de 
cdle-ci '. 

Khaireddin ne resta mattre de Tank que pendant 
quelques raois; l'empereur Charles-Quint e^dant aux 
pridres de Moulei-Hasan et plus encore a celles des 
chevaliers de Make, avait form£ le genereux et oher 
valeresque prqjet de s'emparer de Tunis afin de ren* 
dre le pouvoir au prince d&r6n£, mais surtout afin de 
le ravir a I'homme qui, par son audace et son courage, 
&ait devenu la terreur des flottes de la chr£tient£. 
Salue par les fanfares de la musique et par les salves 
de Fartillerie du port, Temperenr s'embarqua a Bar- 
celone , suivi de l^lite de la noblesse espagnole , le 
39 niai 1 535 , jour anniversake de la prise de Con* 
stantinople par les Turcs. La Hotte eommandfe par 
Doria comptait cinq cents navires de di verses gran- 
deurs, months par des troupes espagnoles, italiennes 
et allemandes, sous les ordres du marquis Goasto, 
qui ne devait agir que sous la direction de Charles- 
Quint lui-m&ne. Le 16 juin, on d£barqua d'abord 

> Sagredo, p. ii'i. Histoire des Guerres mariUmes, f. 20. Commeniaii** 
de Khaireddin, XXVI. Uedjlis ou reunion.. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. *fo 

les troupes allemandes, ensuite leg troupes espagnoles, 
et enfin le corps italien devant la Goletta, qui defend 
l'isthme form6 d'un c6t6 par la mer, et de l'autre par 
on lae dont les eaux s'&endent jusqu'aux murs de Tu- 
nis '. Deux tours distantes Tune de l'autre d'un mille 
environ, et formant chacune un carr6 de quarante k 
rinquante pas, faisaient la force principale de la Go- 
letta; cefort, qu'on peut considerer'comme la clef de 
Tunis, &ait en outre Varsenal general deKhaireddin. 
La defense de cette position si importante avait &6 
confine au corsaire Sinan, un des plus intrudes capi* 
taines de fiarforousse *. Pendant un mois que dura 
le sWge r£gulier de ce fort, les assteg£s tent&rent trois 
sorties; dans la premiere, le due de Sarno perdit la 
vie; dans la troisi&me, le marquis de Mondeia fut 
gri&vement bless£ 3 . Le second jour du stege, un na- 
vire ottoman, porteur d'une riche cargaison en Apices, 
, s'&ait approoh£ du port de la Goletta; mads, k la vue 
des forces espagnoles, il avait vir6 de bord en toute 
hate et mis dehors toutes ses voiles pour prendre le 
large. Plusieurs b&timens se mirent & sa pourraite; 
en avant de tous les autres , on put remarquer un 
grand navire qui portait pour pavilion le grand aigle 
imperial, attribut distinctif du vaisseau affect^ au ser- 
vice du secretaire- d'Etat Granville et de la chancel- 
lerie de r empire. Le b&timent ottoman fut pris, et sa 
cargaison qui valait trente mille ducats fut abandonn£e 

■ Armenia, edit, de Bile de Chftlcond., i556, p. 535. 

* Robertson, 1. V. 

3 Les a3, »5 et »6 juin i535; Etrobius. 



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a5o HISTOIRE 

k l'amiral Doria '. Plusieurs Ilaliens des plus nobles 
families &aient venus d'Europe pour prendre part k 
reip^dition; parmi eux se trouvaient le comte de B£~ 
n£vent, le margrave d'Alarco et le due Ferdinand de 
Gonzague. 

Le 29 juin, trente jours apr& la sortie de la flotte 
du port de Barcelone, le prince fugitif Moulei-Hasan 
vint offrir ses hommages k Charles-Quint, et, sepros- 
ternant k ses pieds , implorer son appui a . L'empe- 
reur avait envoy6 k sa rencontre le due d'Albe, le 
margrave d'Alarco et le comte de B£n6vent; il le 
regut gracieusement et lui fit offrir des sucreries et 
des rafralchissemens de toute esp&ce dans la tente de 
son second chambellan, Louis de Flandre, seigneur 
de Braet 3 . Les compagnons maures de Moulei-Hasan 
&aient arm£s d'arcs et de filches, de poignards et d'un 
javelot dont la longueur &ait de trente k quarante 
palmes. Le prince affirma k l'empereur qu'il &ait 
suivi par huit mille chameaux charges de vivres et 
seize mille cavaliers, mais ni les uns ni les autres ne 
parurent. Charles-Quint , confiant en la puissance de 
ses armes, ne voulut point ternir la beauts de sa cause 
en se servant des longs javelots, de Tare et des fltahes 
empoisonn£es de ces nouveaux auxiliaires 5 . Ce fut le 
14 juillet que la Goletta fut emport^e d'assaut; deux 
ann&s auparavant jour pour jour, Souleiman avait 

i Etrobius, p. 56a. — » Etrobius et Armerius. 
3 Dans Etrobius, p. 56 1, ce nom est entierement dlfigure dans la lettre 
dt Moulei-Hasan : NosfiU Ceduaaz, p. 56 1. 
h Itrebius, 1. c. , p. 563. — * Horace, I, 19. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. a5i 

refus6 la paix que lui faisait demander l'empereur, en 
m6me temps qu'il l'avait accord^e k Ferdinand, roi de 
Hopgrie, frire de celui-ci. Lorsque l'arm6e impfriale 
prit possession des deux tours de la Goletta, appel&s 
la tour du Sel et la tour de YEau l , elle y trouva une 
immense quantity d'armes et de munitions de guerre 
de toute esptee , quarante canons parmi lesquels on 
remarquait une de ces pi&ces-raonstres que nous avons 
d£j& d&rites k l'occasion des sieges de Constantinople 
et de Rhodes, et qui portaient des inscriptions latmes 
et arabes, ou 6taient orn£es de lys et de salamandres. 
Inoccupation de la Goletta mit en outre au pouvoir de 
Charles-Quint plus de cent b&timens et trois cents 
pieces d'artillerie de different calibre. Apr&s la chute 
de la Goletta et la perte de son arsenal , Khaireddin fut 
amen£ k chercher dans une bataille rang£e les seules 
chances de salut qui lui restassent ; pour pr^venir la di- 
version qu'une r&volte eiit pu amener, et afin de pou- 
voir disposer de toutes ses troupes, il r£solut de faire 
massacrer les sept mille esclaves chr&iens enferm£s 
dans la ville, mais il en fut emp£ch£ par les habitans 
qui ne lui ob&ssaient qu'autant qu'ils y &aient con- 
traints par la force. D n'avait k opposer k l'ennemi 
que neuf mille sept cents hommes. Les trois quarts de 
cette faible arm£e avaient &6 tir£s du gouvernement 
de Mer&sch en Asie; les troupes de la ville compo- 
saient le dernier quart, et encore se montr&rent-elles 
peu disposes k sortir des murs de leur cit6. 

■ Etrobits, dans Chalcondyle, p. $57. 



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a5* HISTOIRE 

Khaireddin choisit sous les remparts de Tunis une 
position qui le rendait certain d'interdire l'approche 
de la ville a 1'armee ennemie; mais quand il fallut en 
venir aux mains, les troupes d'Asie donndrent settles, 
et les troupes d'Afrique refus£rent de combattre. 

Cependant les esclaves Chretiens renferm& dans 
Tunis, &ant parvenus a briser leurs chatnes, ferm&rent 
les portes de la place l ; Khaireddin, prive de ce refuge, 
s'enfuit dam les montagnes du cdte de Bone, accom- 
pagn6 de son fiddle capitaine le corsaire Sinan , le 
brave d£fenseur de la Groletta, d'un ren£gat juif et d'un 
autre apostat que les historiens europ&ns appellent 
Chasse-Diable \ Le jour suivant (gl juillet 1535), 
Tempereur Charles-Quint dirigea son arm£e sur la 
ville, ayant soin de fake observer le plus grand or- 
dre, de crainte d'une surprise. Avant de se mettre 
en marche, on tint conseil pendant trois heures pour 
discuter si le pillage de Tunis serait permis k Fannie 3 ; 
mais l'esprit de rapine dont les troupes espagnoles 
&aient anim£es triompha, par la voix de leurs g6- 
n£raux, du d&ir qu'avait l'empereur d'epargner la 
ville. Le sac devait durer deux jours entiers; trente 
mille personnes furent £gorg6es, dix mille r£duitesen 
esclavage*. Douloureuse compensation! triste ^change 

« Hadji-Kbalfa , His Loire des Guerres Maritimes , f. ai. Etrobius, Arme- 
rkts. Hist, di Guazso, p. i56, Venez., ^649. 

» Les Italiena I'appeUeat Caoci* Piatvk, let HoUaadftb Knvppd dfawi, 
et Etrobius Cassidiabolus. 

3 Bis tor ia di Guazzo, f. i56. 

4 Etrobius, Armerius, Ulstoria di Guaszy. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. a55 

que celui qui dut acheler par treote mille cadavres, 
la Mberte des treate mille chr&ens qu'une dure cap- 
tivity retenait depuis longues annfes dans Tunis ou 
ses environs! Parmi cette soldatesqoe effr£n<e, les 
troupes espagnoles se signalaient par leur fureur et 
leur soif du butin ; elles fouillaient avec une bnitale 
avidity k» maisons el les coffires, les caves el jus- 
qu'aux puits les plus profonds. Les mosqu&s el les 
&oles furent d&ruites, des statues en grand nombre 
furent bribes, des livres rares et pr^cieux furent d£~ 
chirks ou brtl& ; partoot on ne voyait que meur- 
tre, viol ou pillage '. Le troisteme jour, l'empereur fit 
son etiiree dans la ville k la ttte des troupes alle- 
mandes, auiquelles on ne permit que le pillage des 
vivres ; il publia un ordre du jour qui mettait nn 
terme aux devastations des vainqueurs, et punissait de 
mort quiconque les continuerait. Le 1 CT aoAt, Charles 
fit sortir Tarm^e de la ville et lui ordonna de re- 
prendre sa premiere position dans le camp, au pied 
de la Goletta, en face de la tour de 1'Eau. A chaque 
pas 9 r&rm& foulait ata pieds les cadavres d'esclaves 
qu'avaient tues les soldats , soit par 1'envie de s af- 
franchir dune garde incommode, soit m£me par pure 
barbaric On remarqaait dans le nombre les corps de 
plusieurs femmes dont Tembonpoint etait si grand, 
que leurs seins enormes descendaient jusqu'au bas du 
ventre. Cet exc&s d obesite provient de l'usage qui 
rigne sur les cdtes de Barbarie de nourrir les femmes 

* Etrobius, daus Chalcondyle, p. 57*. 



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254 HISTOIRE 

avec du koukourouz ■. Comme les vivandiers met- 
taient beaucoup de lenteur k op&er le transport de 
leurs approvisionnemens sur les vaisseaux, on fit pro- 
clamer que toutes les marchandises qui ne seraient 
pas charg£es dans la soiree du lendemain seraient 
abandonees. Mais les troupes italiennes et allemandes 
qui conservaient un vif ressentiment d'avoir &6 ex- 
clues dn pillage de Tunis , devanc6rent les d£lais ac- 
cords , et d£s le matin se pr&ipit&rent sur les mar- 
chandises dont le cfaargement pouvait encore avoir 
lieu jusqu'au soir. L'empereur, pour arr&er les d£s- 
ordres de ce pillage au sein m&ne de l'arm£e, seh&ta 
de se rendre au fort de la Goletta \ Le 8 aoAt, des 
commissaires , munis de pleins pouvoirs , signgrent 
un traits d'alliance entre Charles-Quint et Moulei-Ha- 
san 3 , document curieux qui atteste k quelle extr&nit£ 
d 'impuissance et d'humiliation ce dernier &ait des- 
cendu. On y stipula la d&ivrance immediate de tous 
les esclaves chr&iens de Tunis , la liberty de s£jour 
dans la \ille pour tous les chr&iens et Texercice pu- 
blic de leur religion; sur la demande du prince de 
Tunis , on excepta de cette mesure les Arabes nou- 
vellement convertis qui se trouvaient dans les pro- 
vinces de Valence et de Grenade. Le Sultan s'obligeait 

i Etrobius, dans Chalcondyle, p. 573 : Ut ubera illit ad coxendiees 
usque propenderenu 

• Etrobius, p. 5*j3. 

3 Ce traits se trouve en entier dans Etrobius et en extrait dans Guaxso. 
Ce dernier commet une grave erreur, en disant qu'il avait ete stipule une 
somme de huit mille ducats pour Bone , et en outre l'abandon de la pecbe 
du corail : l'original ne dit rien de tout cela. 



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DE L'EMPIKE OTTOMAN. 255 

a livrer a Charles-Quint les villes de Bone, Bizerte et 
Afrikiy^ qui &aient encore au pouvoir de Khaireddin, 
et Fempereur &ait pleinement confirm^ dans la pos- 
session exclusive de la Goletta. En outre, Mould- 
Hasan s'engageait k payer au vainqueur une somme de 
douze mille ducats k titre de remboursement des frais 
d'occupation de la Goletta, et chaque ann£e, la veille 
de la Sainte-Anne, k livrer douze chevaux et douze 
poulains de race maure en t£moignage de sa grati- 
tude. A la premiere infraction aux clauses de ce traits, 
Moulei-Hasan devait payer k l'empereur cinquante 
mille ducats; k la seconde, cent mille, et la troisi&ne 
entrainait de droit son expulsion du territoire et la 
perte de son empire. Ces conventions f urent sign^es et 
lues en langues arabe et espagnole. Moulei-Hasan en 
jura I' execution fiddle par le Proph&e, par le Koran 
et par son sabre qu'il tira en partie du fourreau; 
l'empereur, apr&s avoir bais£ sa propre main sur la- 
quelle 6tait &endue un pan de son manteau orn6 d une 
croix, jura, sur ce signe r6v&6, la stricte observation 
de toutes les clauses du trait6. Alors le Sultan prit 
cong6 de Tempereur en lui r£it£rant ses protestations 
de soumission et de reconnaissance. Apr&s avoir laisse 
k Tunis mille Espagnols sous les ordres de Bernard 
Mendoza, pour occuper la Goletta, et dix navires k 
longue quille, sous le commandement du neveu de 
Doria, Charles-Quint s'embarqua le 17 aoAt, et quitta 
les cdtes de Barbarie. Pendant que ces 6v£nemens s'ac- 
complissaient k l'ouest de l'empire ottoman , Soulei- 
man et Ibrahim s'&aient empar£s de Tebriz et com- 



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*W HISTOIRE 

mandaient en vainqueurs dans le palais du schah de 
Perse. Deux fois Charles-Quint avait triomph£ de la 
puissance ottomane : lors du si£ge de Guns , il avait 
vu Souleiman fuir devant ltn et &vacuer la Styrie sans 
oser l'attendre , et il venait d'expulser de Tunis Khair- 
eddin-Barberousse, le premier homme de mer des 
Ottomans. La conqufite de Tunis fut l'apog£e de la 
gloire militaire de Charles-Quint ; ce brillant fait d'ar- 
mes, la destruction dun pouvoir usurpateur et le 
r&ablissement de Moulei-Hasan sur le tr6ne de ses 
anc&res, l'immense service rendu k l'humanit£ en ar- 
rachant k l'esclavage un si grand nombre de chr6- 
tiens , entourirent son nom dune aureole de gloire, 
digne du plus puissant prince de la chr&ient6; il la 
merita surtout pour avoir pr£f£r6 aux int6r£ts de sa 
politique les int£r6ts et l'honneur du nom Chretien. 
Robertson ' remarque avec raison que ce grand prince 
sut se preserver £galement et de l^goisme qui enfanta 
«t de la petitesse qui dirigea les entreprises des sou* 
verains de son £poque. Toutefois, l'historien, dont le 
regard impartial se porte k la fois sur les deux expe- 
ditions de Tunis et de Tebriz, ne peut cacher la pre- 
ference qu'il accorde k la conduite d'Ibrahim sur pelle 
de Charles-Quint : la volont£ ferme du grand-vizir 
pr£serva, en l'absence du Sultan, Tebriz et Bagdad 
des devastations et du pillage , tandis que la faiblesse 
xle Tempereur laissa souiller son triomphe par la des- 
truction de pr£ci$uses bibliothiques et par la mort 

i Robertson, Hist, of Charles F t I. V. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. zfy 

de trente mille victimes innocentes. Si, apr£s la chute 
d'Ibrahim, le fanatisme religieux voulut &eindre le 
souvenir des victoires du grand-vizir en d&ruisant 
les trophies enleves du chateau d'Ofen et i\e\4s sur 
l'Hippodrome, Tart est tenu en aide k l'histoire pour 
perpetuer la m&noire du triomphe de Charles-Quint 
k Tunis. Le peintre hollandais Jean Vermeyen, que 
l'empereur avait emmen£ a sa suite , a reproduit les 
batailles de cette campagne dans une s6rie de six grands 
tableaux qu'on admire encore de nos jours dans le 
Belv£der, l'ancien palais du prince Eugene , oii sont 
rassembfcs les trophies conquis sur les Turcs [xxii]. 



T. V. 17 



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LIVRE XXIX. 



Mort 4c plusicurs savans turcs. — Guerre avec Venise. — Siege de Corfou, 

— Defaite de Katzianer. — Conqu&e de plusieurs ties dans l'Archipel. 
—Expeditions simtiltanees en If oldavie, dans l'Archipel et dans la mer des 
Into* — Mori du grand-vjzuv ~» Qiicofftsioji des princes. — ?erte* el 
prises reciproques de chateaux-frontieres entre les Turcs et les V&itpeM*. 

— Conqu&te de Castel-Nuovo et paix avec Venise. 



La campagne de Perse , la sixi&me qute Souleiman 
conduisit en personne , fat suivie , a un an de dis- 
tance, de deux expeditions , Tune contre Venise, Tau- 
tre contre la Valachie. L'annee qui s'ecoula entre le 
retour du Sultan h Constantinople et son depart pour 
Valona fut marquee par la perte de Tunis, et la mort 
du moufti Kemalpaschazad£ , avec lequel , pour nous 
servir de l'expression d'un historien arabe, la science 
de ce monde descendit au tombeau (1536) '. Les 
fonctions de moufti , les plus hautes de la legisla- 
ture , furent conf£r£es & Sidi Tschelebi, savant non 
moins renomm£ pour sa m&noire extraordinaire, que 
pour ses gloses marginales sur le meilleur commen- 



' Hadji-Khalfa, Tables chronologiques. Almosnino, f. 136. Genciay ca~ 
pacidad del mofti Quiamel Baxa Ogli, y obras que escribio 



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HISTOIKE DE L'EMPIRE OITOMAN. 2% 

lauredqKorw \ Vers le m&ne temps, moumrent fces 
deux poetes Ghazali et Isbak Tschelebi. Le premier 
6teit connu sous le nom de Deli Burader, le frtre fou*, 
le second £tait un des trois savans que S£lim 1" avait 
uppers pr&s de lui lore de la campagne d'Egypfce, 
dans rintention d'occuper les longs loisirs d^la mar- 
che par des conversations instructives, mais qui ayant 
m^rite par leurs maladresses et leurs inconvenances 
d'&re condamn& a la bastonnade, puis a lamort, 
&bapp£r&Ht cependant h la sentence prononc^e contra 
eux, gr&ce au respect du Sultan pour les sciences. 
Ishak Tschelebi aflfectait de ne jamais porter de tur- 
ban, ni chez lui, ni dehors; il n'avait que des paroles 
sales a la bonche, et conserva jusque dans sa vieil- 
lesse une inftme passion qui nest pas rare chez les 
Turcs; il renonga k l'ivrognerie dans ses derniires 
ann£es,mais jamais k sa haine contre les femroes. Tou- 
jour* les pieds nus et la t6te d£couverte, il courak 
dans les rues apr& les jeunes gargons, et dans ses yens 
apr&s de mordantes saillies \ Deli Burader, l'Ar&in 
des Tyres, s'est acquis le renom dun homme k la fois 
plus habile et plus corrompu , par l'etranget^ <k sa 
vie et son recueil licencieux intitule : Chas&ant les 
much, ouvrage frappe de la reprobation de toys les 
Musulmans honn&es. C'&ait un des joy eu* convives 
du prince Korkoud, frfere de S£lim I w . Un jour Kor- 

> Le Schahcakoun-namaniyet de Taschkospriiade. SAdi Tschelebi ecrivit 
des gloses marginalet sur le Commentaire de BeidhawL 

* Latifi, Biographic des Poetes turcs, p, 96. A&ehik Hasan Tftchelebt, 
Hasan Tschelebi, Kinaliade. 



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*6o I1ISTOIRE 

koud, bless£ dune trop grande liberty que s'etait per"- 
mise le poete, ordonna de ltd trancher la t6te. Deli 
Burader eut la presence d'esprit de repr&senter au 
bourreau qu'il perdrait lui-m&ne la vie , s'il ex£cu- 
tait une sentence rendue par le prince dans tin etat 
<Tivrefee : « Ta t&e, lui dit-il, artistement empaill£e, 
figurera convenablement demain a c6t£ de la mienne. » 
Le kapidji-baschi intimid£ difltera r execution jusqu'au 
jour suivant, et bieh lui en prit, car Korkoud, l'orgie 
passee, declara que le kapidji-baschi eAt et^ mis k mort 
s'il eAt ob& \ Lprsque Korkoud passa en Egypte, 
Deli Burader se retira a Brousa en quality de scheikh 
du couveht deGeiklubaba a (p&re des cerfs); puis il 
alia professer k Siwrihissar et a Akschehr, ou il se 
fit une terrible reputation par ses £pigrammes et ses 
satires. II ne fournit pas la carrtere ordinaire du pro- 
fessorat ; et bien que l'ayant abandonn£e avant le 
terme present, il obtint, a Constantinople ou il s'&ait 
rendu, une pension mensuelle de mille aspres, pro- 
bablement par Influence de son protecteur, le def- 
terdar Iskender Tschelebi ; il regut £galement des 
vizirs plusieurs sommes considerables pour diverses 
constructions. C'est ainsi qu il fit b&tir, sur la rive 
europ^enne du Bosphore , une mosquee , une cellule 
et des bains; ce dernier &ablissement se recomman- 
dait tellement aux passions voluptueuses des Turcs 
par les raffinemens de plaisir que Ddi Burader y 

i Biographic ties Poetes turcs, de Lalifi et d'Aschik Hasan r traduction 
de Chibert, p. a43. 

a Ibid., 1. c, Kinalizade , Belighi Brousa , Baldursade. 



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DE L'EMPIKE OTTOMAN. 261 

a vait imagines, et par la beaut6 des jeunes gargons 
qui les desservaient, que la ville s'y portait en masse. 
Ibrahim ayant fait raser cet Edifice dans l'int£r£t de 
la morale publique [1], Deli Burader partit pouc 1\A- 
rabie ou il fonda de nouveau des bains, une mosqu£e 
et une cellule, et d'oii il £crivait des lettres satiriques 
a Constantinople [11]. Un jour qu'il avait r£uni quel- 
ques convives dans son jardin, il s ecria tout-i-coup : 
k Mes amis, notre societe touche k sa fin; l'£chanson 
de la mort me pr&ente le verre ; » et , aprfe ces pa- 
roles, il expira. 
, La plus solide garantie de la paix qui avait dure 
trente-cinq ans entre Venise et la Porte, &ait tomb£e 
avec Ibrahim; n6 sujet de la r£publique, il en &ait 
devenu le protecteur, et professait une grande amitte 
pour le fils du doge, Aloisio Gritti, r6cemment.assas- 
sin6 en Transylvanie. Le successeur dlbrahitn, FA1- 
hanais Ayaz-Pascha, pr£c£demment aga des janis- 
saires, puis second vizir, homme droit et gen&reux, 
veillait avec sollicitude au mainrien des relations d'a- 
mitte qui existaient entre les deux puissances ' ^ mais 
ses intentions pacifiques £taient contrebalancees par les 
dispositions belliqueuses de Khaireddin-Barberousse, 
qui , esperant gloire et butin dune guerre maritime, 
s'efforgait de presenter les moindres mouvemens des 
V&ritiens sur mer comme de veritables actes d'hos- 
tilite \ Depuis quelques annees, Venise avait donne 

» Partita, ffist. Venetian a, I. VIII, p. 571. Venise, 160 5. Sagralo, 
Mcmoric istorichc, U V, p. ^37. Venise, 1688. 
2 Storia di Guazza, p. 199. I'aiula, Sagredo, 



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262 HISTOIRE 

aux Ottomans plurieui* pr&extes de guerre : pendant le 
s&ge de Koron, le prov&liteur Girolamo Candle, com- 
mandant les forces maritimes de, la r^publique & Can- 
die, avait attaqu£ l'escadre d'un des plus citebres cor- 
saires musulmans de cette £poque, connu sous le nom 
du Jeune Maure d' Alexandria lui avait pris son vais- 
seau-amiral , quatre galores, et en avait coul£ bas deui 
autres; cet engagement avait cotitd la vie k trois cents 
janissaires et k mille esclaves. Le Jeune Maure , saigtiant 
de huit blessures, s'&ait jet6 k la mer ; mais il en avait 
&6 retir6 par les V&iitiens , qui , apr£s avoir r6ussi k 
le gu&rir, le renvoy£rent sur la c6te d'Afrique aveC les 
gal&res captures, afin de ne donner k Souleimart au- 
cun sujet de rupture. Vers la m&ne epoque , deui 
navires ottomans efctr6s dans des ports v&iitiens pour 
y charger du bl6 , ayant &6 confisqu^s par la r£pu- 
blique, le doge fit partir pour Constantinople le secre- 
taire de la Pregadi, Daniele di Federici z , avec la mis- 
sion d'excuser cette mesure, comme n'ayant &6 qu'une 
m£prise; Tinfluence d'Ibrahim, qui 6tait encore aui 
affaires, leva toute difficulty et cet incident h'eut pas 
de suite [m]. Apr&s la campagne de Perse et pendant 
les negotiations activement conduites k Constantinople 
par l'ambassadeur frangais Lafor6t , et le Ragusain 
Don Serafino di Gozi [it], Souleiman envoya pour la 
quatri&me fois l'interpr&e de la Porte k Venise; You- 
nisbeg devait exhorter le s&iat k veiller plus strict^ 
ment a l'ex^cution des trait£s , et k se liguer avec 

i Partita, I. VII, p. 543. Sagredo, I. IV, p. ao3. 



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DE L'EMPIKE OTTOMAN. 263 

Francois I er contre Charles-Quint [v] ; fl avjot ordre 
d'insinuer qu'une armfe et line flotte ottomanes latent 
pr&es k appuyer les demandes de la Porte. Venise , 
qui tenait autant k maintenir sa neutrality entre Fran- 
cois I" et Charles-Quint que ses relations d'amitte avec 
Souleiman, combla l'ambassadeur d'£gards, et le con- 
g&lia en protestant de ses intentions pacifiques; mais 
elle 61uda la proposition qui lui fut faite d'entrer dans 
la ligue projet^e contre la maison d'Autriche. Cette 
r£ponse lui avait &6 dict£e par l'espoir que le Sultan, 
plus puissant sur terre que sur nier, aimerait mieux 
toqrner ses armes contre la Hongrie qu'entreprendre 
une guerre dans l'Adriatique* En m&ne temps, la r6- 
publique donna ordre k Tomaso Mocenigo de se ren- 
dre sans d£lai k Constantinople pour presenter k Sou- 
leiman les felicitations du doge sur l'heureuse issue 
de la campagne de Perse, et se plaindre de la confis- 
cation de plusieurs navires v£nitiens, de r Elevation 
des droits sur les importations de Venise en Syrie , 
de rinterceptation des lettres du baile , et de plusieurs 
autres infractions aux trails x . Ayaz-Pascha, qui vou- 
lait sinc£rement la continuation de la bonne intelli- 
gence qui regnait depuis si long-temps entre Venise et 
Constantinople, excusa les mesures contre lesquelles 
r£clamait Mocenigo , et promit d'y remidier. Ces as- 
surances ne contribu&rent pas peu a faire nourrir au 
senat l'illusoire espfrance que les immenses pr£para- 
tifs qui se faisaient dans les ports ottomans &aient des- 
tines contre Tunis ou Naples a . 

» Paruta, 1. VIII, p. 5 7 3. — « Ibid., p. 574. 



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»Gi HISTOIRE 

D6s \e mois de mai 1537 ', Souleiman, suivi de ses 
deux fils , Mohammed et S£lim , partit de Constan- 
tinople, k la tfite de son arm£e, pour Valona. la flotte, 
sous les ordres de Khaireddin-Barberousse, fit voile 
en mfeme temps vers l'Adriatique a . Apr£s la perte 
de Tunis, Barberousse s'etait rendu k Alger, d'ou il 
avait appareilte, avec vingt-sept gal&res, pour les iles 
de Mayorque et de Minorque ; il avait pilte Mahon , 
puis s'&ait rapidement report^ sur les c6tes d'Afrique 
avec cinq mille sept cents prisonniers , avait occupe 
Biserta, chemin faisant, et &ait enfin retourn6 a Con- 
stantinople [vi], oule Sultan, avant son depart, lui avait 
ordonn6 de reprendre la mer, et lui avait corifSr^ la 
dignity de kapitan-pascha a . L'amiral de Charles-Quint, 
Andrea Doria, prince de Melfi, £tait alors h Tancre 
dans le port de Messine ; il n'en sortit que le 1 7 juillet, 
lorsqu'il eut appris l'approche de la flotte ennemie. In- 
form^ que dix vaisseaux ottomans riehement charges 
venaient de quitter le port d'Alexandrie, il leur donna 
la chasse, les prit , sans £prouver grande resistance, 
et les livra aux flammes. Le 22 juillet, Doria rencontra, 
k la hauteur de Tile de Paxo, douze galores turques 
commandoes par Ali Tschelebi, kiaya du sandjakbeg 
de Gallipoli, et les attaqua une heure avant le lever 
du soleil. II se tenait debout sur le banc de sa gal&re, 
rev6tu dun pourpoint cramoisi , une ^pee nue k la 

i Journal de Souleimau. Ferdi, t» a56-a63. II faut lire dans Parula, 
1. VIII, p. 577 : Solirnano dunque il quale partita net principio del mese 
di Maggio t et non Marzo. 

9 Ferdi, f. ztf. ~ 3 lbid. t f. a5o. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. aG3 

main ; autour de lui &aient ranges plusieurs nobles en 
habits blancs. Le combat fut des plus acharnes et dura 
une heure et demie ; pas unhomme des Equipages turcs 
n'6chappa a la mort ; Doria lui-m6me fut bless£ au 
genou. Ayant appris que Barberousse le poursuivait 
a^ec une flotte de cent navires, il se retira devant des 
forces aussi sup6rieures, et rentra k Messine avec les 
douze galores qu'il avait prises , . Khaireddin-Barbe- 
rousse, accompagn6 de Loutfi-Pascha, se dirigea vers 
les c6tes de la Pouille, car son ambition et celle de Sou* 
leiman &aient de renouveler en ce pays les conqu&es 
de Mohammed II. Huit mille cavaliers, des fantassins 
en nombre encore plus considerable, et une formidable 
artillerie de stege , furent d£barqu£s sur la plage de 
Castro, pr 6s d'Otranto. Le trattre Pignatelli saccagea 
lui-m&ne sa patrie k la t&te de la cavalerie turque, et 
ce fut lui qui persuada k la garnison de Castro de se 
rendre \ Ugento et d'autres chateaux-forts firent aussi 
leur soumission, confians dans la parole que Tennenn 
leur donna, mais qu'il ne tint point. Pendant un inois, 
les Turcs ne cessment de ravager Ces belles contrees, 
et, k leur depart , ils en emmenferent plus de dix mille 
habitans en esclavage 3 . Des cdtes de l'ltalie , Khalr- 
eddin alia k Prevesa, pour punir les Albanais de re- 



i Storia di Guaszo, p, 197. Caroli Sigonii, de Vila Andrea Juria*, 
p. 64. 

» Storia di Gumsso, f. 197. Doria* s Begebenheiten in Gcebels Beilrmgeu 
xur Geschichte Carts F t p. 45. Partita, p. 60 3. Hadji-Khalfo, Histoire des 
Guerres maritime*, f. 2a. Ferdi, f. 246 et a63. 

3 Storia di Guaszo, p. 198. 



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306 HISTOIRE 

oentcB agressions *. Cependant la guerre n'avait pas 
encore &6 d&larde & la r£publique } et Younisbeg 
pariit pour la timjuteme fois & Venise, charge de faire 
des reclamations au eujet de la prise dun navire turc 
|>ar le Dalmate Nassi de Zara, et de la croisi&re dqne 
fldtte v&iitienne sous les ordres de J£r6me Pesaro 
dans les eaux de Corfou. Malheureusement quatre ga- 
lores de la Seigneurie avaient donn6 la chasse, dans 
le canal de Corfou, aux trOis galtees d' Younisbeg, 
qui, vivement presses f &aient allies tahouer pr& de 
File de Gmera ; les habitans avaient maltrait£ les nan- 
£rag&* et ne les avaient relftch& qti'aprta avoir ap- 
pris le rang d' Younisbeg *. Le baile Orsini demanda, 
au nom du Sultan irrit6 de cette violation dn droit 
des gens, la punition de limprudent qui avait rompu 
la paix. Le s&iat fit mettre en prison le corate Gra- 
denico qui avait donn£ la chasse aux galdres d' Yon- 
nisbeg, et ojdonna au prov6diteur Conferral, qui 
s'&ait empar6 dun navire turc, de comparattre de- 
vant le tribunal des Avogadori 3 . Mais avant que Id 
colore du Sultan dftt pu 6tre d&arm£e par cette aatis- 
faction, Doria sut lexciter encore, en Icrivant k 36- 
r6me Pesaro unelettre congiie def mani&re k laisser sup- 



v Doria (Goebel, p. 46) comroet une grande erreur en disant que Khai- 
reddin avait ete* depose pendant quelque temps de la place de kapitan- 
pascha, et qu'il avait eu pour successeur Loutfi-Pascha; Khaireddin garda 
cette dignit6 jusqu'a sa mort. Voyez Hutoire des Guerm maritime* et les 
Tablet chronologizes de Hadji-Khatffc. 

» Paruta, 1. VIII, 5g6, le 1$ jmiHet. Guazzo, f. 196. 

3 Partita, 1. VIII, p. 60a. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 3.67 

poser une secrete intelligence eiitre em, et en ayant 
soin de la faire intercepter d*ns FAdriatique par left 
Ttircs; le manage de Doria arvait pour but de forcer 
les Venitiens k feortir de leur neutrality en ajouUnt des 
griefs factices k ceui qu avait d£jk coritre eux le Sul- 
tan. Barberousse , qui n'avait pu oublier la capture 
des douze galores par la flotte impfriale, poussait de 
son cdt6 Souleiman k la guerre. L'arm& d'exp^ctition 
qui ravageait la Pouille, sans oser rien entreprendre 
stir Otranto ni Rrirtdi»i, fut rappe»l£e, et la conqu&e 
de Corfou r£solue z . 

Corfou, grande tie shufe tomme un avant-poste k 
r entree du golfe de Venise, a cent vingt milles de cir- 
cuit et s'&end de Test k 1'ouest, en forme de demi- 
lune ou de faucille, ce qui lui avait valu dans l'antiquit6 
le nom de Drepahon (la fouciUe); elle etait appelee 
au9« Schera (la rocailleuse) j Pheacia, de seg habi- 
tans les Ph6aciens , cetebres par leur amour pour la 
musique et les festins* et enfin Corcyrd*, do6 derive 
son nom actuel de Corfou. L'auteur de l'Hiade nous 
a fait connattre l'aveugle et ditin chanteur Demo- 
docos , qui charmait avec sa lyre les Ph^aciens dans 
les magnifiqnes jardins du roi Alcinoiis 3 , Geltd qui 
avec Thucydide est entr6 dans les secrets de la guerre 
du P61opon&e et a &udi6 dans le caractere politique 
des Grecs d'alors celui des Grecs d'aujourd'hui , sait 

1 Partita, I. VIII, 6o3. 

* Voyea sur le nom Corey r a Wachter, et Stellioi dans ses notes des 
Ulustrazioni Corciresi, par Andrea Mustoxidi, Milan, 1811. 1, p. a4» 
3 Odyssee, chant VIII. 



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*G8 HISTOIRE 

que la rivalit£ de Corinthe et d'Ath&nes eut pouf 
objet la possession de Corcyre , et que celte rivalit^ 
amena la guerre de vingt - sept ans dans laquelle fiit 
verse le sang le plus pur de la Gr6ce, les batailles na- 
vales de Sybote et de Patras, les sieges de Platte et 
de Potictee, de Chalcidice et de Mitytene, le barbare 
massacre des prisonniers de Mitytene et de Platee l , 
le meurtre des g£n£raux Nicias et Demosthenes a , le 
combat d'AEgospotamos 3 , et enfin la supr&natie de 
Lac6domone sur Ath£nes. Apr&s l'extinction de la li- 
berie grecque, Corcyre eut k subir la domination des 
Barbares; par la suite, Farrogancede la reine d'Dly- 
rie, Teuta, attira sur Tile la colore et les armes de 
Rome. L'allte des Carthaginois , Philippe de Mac£- 
doine, essay a, mais vainement, d'enlever aux Romains 
leur nouVelle conqu&e. Corcyre fut le th&tre de la 
guerre entre Rome et Pers6e, et fut illustr^e par les 
actions ou la presence de plusieurs Romains d'un 
grand nom. Marcus Terentius Varro sauva k Corcyre, 
par sa pr^voyante activity, l'&juipage de Tescadre 
romaine qu'il devait conduire contre les pirates de 
rAdriatique ., sous le commandement superieur de 
Pomp^e 4 . Caton d'Utique, k son retour de Chypre, 
perdit a Corcyre, dans Tincendie de ses tentes, les 
registres de son administration; accident qui servit k 
faire briller davantage la confiance du s6nat en sa pro- 



Thucydide, IV, 3a, 68, 8£. — > Ibid., VII, 86. 
i Xenophon, Hist. Grmca Olyimp., XCHI, an, 3 et 4* 
4 Varro, de He rusiicd, 1. I, 4. Plutarque, Vie de Pompe'c, 



3 



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DE V EMPIRE OTTOMAN. ±6g 

bite l . Cic6ron , dans son voyage de Rome en Cilicie 
et de Cilicie k Rome, rel&cha sept jours a Corcyre et 
sept autres jours k Cassope a . Pendant la guerre civile 
entre C6sar et Pompee, Marcus Bibulus Vint mouiller 
dans la rade de Corcyre pour observer les mouve- 
mens du vainqueur des Gaules avec une flotte de cent 
dix navires. Caton rassembla dans File les restes des 
cohortes vaincues k la bataille de Pharsale et les s£na- 
teurs fugitifs; c'est encore de Ik que Domitius AEno- 
barbus surveilla la mer Ionienne apr&s la bataille de 
Philippcs. Tibulle y tomba malade de la fifevre 3 , et 
Agrippine sy arr&a quelque tamps avec ses enfans 
et les cendres de Germanicus 4 . Les Normands, sous 
Boh&nond, fils de Robert, et sous Roger I", roi de 
Sicile, enlev&rent deux fois Corcyre aux Byzantins 5 . 
Lots du partage de r empire de Constantinople entre 
les Latins , 1'ile &hut aux Venitiens , qui au com- 
mencement du treizteme si&cle, sous radministration 
du doge Ziano, la donn&rent en fief k des families 
nobles [vn] . Plus tard , Corcyre passa de la domination 
des rois de Naples a celle de Venise, et le doge An- 
tonio Veaier lui assura, vers la fin du quatorz&me 
siecle, de nouveaux privities. 

Un mois aprta la chasse donn^e aux gal&res d' You- 



« Plutarque, Vie de Caton. 

* Citron, Ep. ad FamiL, 1. Ill, 5 et 6; XVI, a et 9; ad Ml., V, 
9 et a. 

3 Alb. Tib., £le$ie IU. — 4 Tacitus, Ann. , 1. VIH. 

5 Mustoxidi, Jlhuirasioni Corciresi, II, p. i5i et i55. D'apres Dandt? 
Chron. Rom u aid, Chron, Face!. 1st. Sicul. Tec. II, 1. VII. 



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270 U1STOIKE 

ofebeg par Gradenico, Souleimanenvoya kKhafreddiB- 
Barberousse, de ses campemens de Valona fviii], 
lordre de mettre k la voile poor Corfou; en conse- 
quence, la flotte ottomane appareilla pour File, et y 
dlbarqua le corps darmee de Loutfi-Pascha , fort de 
viogt-cinq mille hommes et de trente canons (25 ao&t). 
L'arm£e des Turcs fat imm&liatement signage par 
to sac de Potamo, k trois milles seulement de la for- 
teresse '. Quatre jours plus tard abord£rent dans File 
les vizirs Ayaz-Pascha et Moustafc-Pascha, le beg- 
lerbeg de Roumilie, l'aga des janissaires, laga des 
akiodps, avecun corps de vingt-tinq mille homines; 
pendant trois jours et trois nuks, Us ne cessment de 
ravager le pays •. 

Cependant les V&ritiens renfermfa dans Corfou ne 
rtstaient pas inactife; de nombreuses pieces d'artil- 
lerie furent hissees sur les bastions , des barricades 
&ev£es dans la ville avec des poutres et des abattfe 
d'arbres. Le i" septembre, les asitegeans braqu&rent 
sur le rocher de Malipiero, k un mille de la forteresse, 
un canon d'un calibre de cinquante livres; en trois 
jours cetfce piece ne lan$a que dix-neof boulets, dont 
cinq seulement atteignirent leur but; les autres volant 
par^dessus la ville tombaient au-de& dans la mer 3 . 
Le 2 septembre, Souleiman dressa ses tentes k Bastia 
sur le continent en face de Corfou, et le grand- vizir 
Ayaz-Pascha et Khaireddin epvoyifcreat de Jews ga- 

■ Marmon, Bitton* di Cprfu. Vepepia, 1679* p. *5#-*4*» -w » /*•*• 
j>. 3ox. 

3 Storia di Goauo, p. aoa. 



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DE L'EMPIRB OTTOMAN. a 7 i 

lAres , contre les fort* , quekpies boulets qui . ma) 
dirigfo , alldrent mourir sur la rive orientate de llle 
pr£s de Gardpchio ' . Un orage terrible suspendit le* 
travaux de l'arm6e de piige , mais n'emptoha pa* 
Ayax-Pascha de s'avancer, au milieu de la writ, jus- 
qu'au bord du fbss6 de la vttle pour reooonattre ]e$ 
fortifications. Sur le rapport d'Ayaz, le Sultan fit som- 
mer le commandant de se rendre, par un marchand 
de Corfou, prig quelques jours anpararvanf avec eon 
navire. II s'engagea & respecter la vie et les biens dfs 
ass}4g&, et donna l'assurance que les chefs turcs qui, 
dans Texp^dition de la Pouille, avaient viote les capi- 
tulations signies et emmen6 les habitans en esclavage, 
avaient &6 punis de mort , et que les prisonniers avaient 
&£ renvois dans leur patrie. Les prov&fiteurs ne 
firent pas de r^ponse k la depngnde de Souleiman m . 
L'artillerie des assies, sous le commandement d f A* 
lessandio Tron, fat mi$ux dirig^e que celle des Otto*- 
mans : deux galtoes farent eoutees k fond, et quatre 
homines tu6s dans les fosses d'un seul boulet K Ce 
dernier effet produit pqr un seul coup'de eaqpn, et 
alors repute prodigieux eu £gard a l'&at de Tartillerie, 
determina le Sultan , s'il faut en croire les historiens 
ottomans, a lever le stege, parce que, disait-il, la mort 
d'un seul musulman ne saurait 6tre compens& par la 



i C'est de oe jour que le Jommml date U resolution prise per le Sultan 
de retourner a Constantinople. Loutfi-Pascha ne dit ajne pen de mots eur ce 
siege dont il avait k direction en qualite de serdar. 

* Aorta di Guasxo, f. »*3. — - 3 Ibid, 



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*7* HISTG1RE 

prise de mille forteresses * . Le palais de Brami, le vil- 
lage de Potamo, le rocher de Malipiero &aient occup£s 
par les Turcs qui y avaient &abli leurs pastes priiid- 
paux. Souleiman atlaqua & quatre reprises diffi&renteg 
le fort S.-Angelo , situ6 sur une raontagne pr£s du 
cap Otranto , et mieux fortifi^ encore que la capitale 
de Tile. 2 . La resistance invincible rencontr^e par le 
Sultan lui fit resoudre son depart. Le 7 septembre, 
les troupes commene£rent k s'embarqtier , et huit jours 
apr6s Tile etait d&ivr£e de la presence des Turcs; 
mais ils se veng&rent de leur 6chec devant Corfou par 
rincendie de Butrinto et la conqu&e de Paxo 3 . 

Six seraaines plus tard, Souleiman faisait son entree 
h Constantinople (1 er novembre). Avant Touverturede 
cette campagne qui repondait a peu a cequ'elle$V9it 
promis, Khosrewbeg, gouverneur de Bosnie, et M$H- 
sad , vo&vode de Verbozen 4 „ avaieot fait des entre- 
prises plus heureuses contre plusieurs ch&teaux-forts 
de Dalmatie. Apr& plusieurs expeditions couronii&s 
d'un plein succes, Khosrew et Mourad mirent le si«6ge 
devaijt le chateau de Klis 5 , qui, sitjad sur uo roc inac- 

i Ali, xxx ve recif, f. a 49. D'apres lui, Petschewi raconte a cette occa- 
sion qu'au siege de Warasdin, en 1590 (1007'de l'hegire), par Mohammed 
Satottrdji-Pascha, tin bonlet arait fracass6 les jambes de huit soldats tuns 
afignes surle meme rang, et que cinq d'entre eux etaient morts des suites 
de leurs blessures. 

* Storiadi Guazzo, p. ao3. 

3 Marmora, p. a 10. Paruta, Storia Vena., 1. VIII, p. 61 3. 

4 Petschewi , p* 65. Les historiens hongrois appellant Albourad sandjak 
d« Yerbosen: Schimck, p. 217. 

*> Petschewi, f. 65. DjekUade, f. igS. Solaksade, f. 11 a. Ali, f. »49« 
Istuanfi, I XIII. Catona, XX, p. u>4*. Ferdi, f. 254. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. * 7 5 

cessable , avail jadis servi de retraite au roi Beia el a 
ses enfans lor* de. l'invteion de la Hongrie par leg 
Tatares. lis Great oonstrcdre deux forts pour couper 
toutsecoure h ce ch&teau, et forcer ainsi par la femme 
la garrison k se rendre x . Pierre Crussrich, qui accoo- 
rut pour d&ivrer Kl» k la t£te de cinq mille homines, 
fut compl&ement battu; un trfts- petit nombre de sea 
soldats pot trouver son salut dans la ftiite. Le com- 
mandant de Klia, & la vue de la ttte sanglatite de Crus- 
rich que tea Tares avaient mise au bout d'ujie pique , 
per dit tout espoir de delivrance, et fit sa soumission \ 
Mourad prit successivement les chateaux de Bozko, 
Beririo et Gbrovaa [n]. D'un autre cdt6, Khosrew- 
beg, gouverneur de Bosnie, et Mohammed-Pascha 
Yahyaoghli, malgr6 la paix signee entre la Porte et 
Ferdinand, rivalisaient entire eux d'attaques contre la 
Hongrie. Ferdinand , afin d'arr&ei? ces incursions , 
rassembla& Kaproncza, sur la rive droite dela Drave, 
une armle forte de seize mille fantassins et de huit 
mille cavaliers; ces derniers, presque tous hussar ds, 
&aient sous les ordres de Louis Pekry, Paul Bakics, 
et da chef de brigands ,. Ladislas More , qui venait 
d'6tre grade. On remarquait parodies autres chefs, 
le Boheme Aubert Sehlick, lAutrichien Jules comfte 
de Hardek, le Styrien Jean Ungnad, le Garynthien 
Erasme Mager, le Tyrolien Louis comte de Lodron, et 
Katzianer de la Carniole, g£n£ral en chef de Farmta 3 . 

i Petschewi, f. 65. DjeUlaadl, f. 195. Soltkzade, f. na. Aii, f. 249. 
Istuanfi dansCatona,XX,p. 104a. Storia diGtmso, L ao8. Ferdi, f. a54. 
» Istuanfi, 1. XIII. — 3 Istuanfi dans Catona, XX, p, 1045. 
t. v, 1 3 



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2 7 4 HlSTOlKE 

Dfe que le gouverneur de Semendra, Yabyaoghli Ma- 
hammed-Pascha , eut appris que Farmfe hongroise s'£- 
tait concentr& k Kaproncza, il d£p6cha des courriers 
k son frfcre Ahmedbeg d'Aladjahissar, a Khosrewbeg, 
gouverneur de Bosnie, k Dj&fer, beg de Zwornik, et 
au votevode Mourad, pour les presser d'accourir au- 
prfes de lui k Vucovar * . Cependant rarm<6e de Kat- 
ziaoer suivie d'un pare dartillerie de quarante-neuf 
pieces, dont huit de gros calibre a , avait pass£ la Ka- 
raschitza pr& deValpo, et s'&ait avanc& jusquesous 
les murs d'Essek , dont elle devait former le stege ; 
mais htfrcetee sans cesse par Mohammedbeg, ella dut 
se borner k se tenir sur la defensive. Des nu&s da Va- 
laques, Boh&niens, Tschaikistes, Nassadistes(matelots 
du Danube), Martoloses (soldats de Servie, gardiens 
des frontieres) 3 ; fondirent sur les abords du camp 
des Hongrois, k qui ils enlev&rent les chevaux et les 
boeufs de leur artillerie , et coup&rent les vivres et les 
munitions; le camp fut bloqu£ de si pr&, qu'aucun 
soldat nosait franchir les lignes des retranchemens. 
L'espoir de trouver des provisions k Erdoed d£ter- 
mina Katzianer a battre en retraite; mais au passage 
de la Vouka, le pont se rompit sous les gros canons 
qui s'abim&rent dans les flots. Forc6 d'abandonner 
son artillerie de stege 4 , Katzianer lia ensemble par des 
chatnes ses pieces de campagne et ses chariots, et les 



i Petschewi, f. 69. 

a Petschewi , f. 69 , appelle les gros canons bafyemez , e'est-a-dire ceux 
qui ne man gent pas de miil, 

3 Petschewi, 1. c, et IstnanE. — 4 Ibid. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. a 7 5 

disposa sur deux rangs, entre lesquels son arm£e mar- 
chait corame entre deux remparts mobiles. A Deako- 
var, il rencontra Yahyaoghli et le conqufrant deKlis, 
Mouradbeg , k la tete de l'&ite de leurs martoloses. 
Cependant l'atrn£e chr&ierine fraiichit la cr&e 61ev£e 
da mont Vertizo par une neige battante ; mais en arri- 
vant dans le {Jays plat, elle trouva la cavalerie turque 
qui 1'attendak au passage \ Le samedi , 1 er d&embre 
1537, tes cavaliers des deux partis en vinrent aux 
mains, et dans ce premier engagement, Paul Baltics, 
qui s'&ait acquis tant de gloire dans la defense de 
Vienrie et deGiins, «t qui dans les environs de Neu- 
stadt avaitan&nti le corps de K&simbeg, tomba avec 
ses plus braves eompagnong sous une gr6Ie de balles. 
Le son? de ce m&ne jour, Katzianer campa dans la 
plaine qui 's'&end entre Goria et Schirokdp6ly6 ; il 
n'avait* k cboisir qu'entre dfeux issues, luiie qui con- 
duisait par Kadika a Valpo, k travers uneibr& longue 
de trois lieues, t'autre qui, laissant Goria sur la gauche, 
aboutfesaitau chateau-tort der Sainte-EKsabeth , ap- 
partefiaiit ail ebef de brigands gracfe, Ladislas More. 
Le general en chef convoqua un conseH de guerre 
pour aviser aux moyens de sortir de la position cri- 
tique oiise trouvait Fannie : on d£cida, aprfes de Ion- 
goes discussions, que fe retraite serait continue par 
Valpo ; mais Ladislas More partfr dans la unit pour 
son ch&teau, et fut suivi par Jean Ungnad et I'dV&jue 
Simon Erdoedy, cpii entrain&ent leurs troupes avec 



1 Pesse), Sitgc de Vienna 

18* 



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276 H1ST0WE 

eux; Louis Pekry eft Katziwer lui-m6me d&erterent 
l&eheroeut le camp avaut le jour. Le comte de Lodron 
se vit h son r^veil abandon^ par leg troupes de Hon* 
grie, de Styrie e| de Caroiole; hien d&ermind k vain- 
cre ou h roourir, il r&okrt de disputer pied a pied le 
terrain aux Ottomans, avec les Tyroliens, les Autri- 
cfaje&s, le* Carynthieua et les Boh^mes '. II parcourut 
les rang* h cheval, exbortant sea troupes h faire leur 
devoir en leur repr&entant la home dela fvfce, lors- 
qu'un soWat lui cria : « Tu as beau parkr, Lodron; 
avec tes six pieds U t'est plus facile defuir qu'i noup 
ayec deux. » A ces wots, Lodron desceudii de chevaL, 
perga de son 6p4e sou audacteux interlocuteur, et dit 



fuir quoifu? hkw$. Sfeif. V&k u'^gata* la boucherie 
que les Twws firo* fte ft^m^s que Lour chrf Albert 

i fstuanfi, I. XIII; et d'apres lui, Engel et Fessler. 
a Ibid,, ed. de Cologne, p. 116. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 277 

Schlik aVait honteuieineM abandonnta dte le com- 
mencement de raction. Lodron, gridvement bless£ k 
1* tfteet* It ptitrine, fat repouss6 avec ses Tyrolien* 
jusque sur les bords d tin dtarig ; mwi accute et Re 
pouvant plus raster am ehftettris qui l'enveloppaient 
de terns c6tfo, il se rendit avee trds bonn&re*, sur 1* 
sommation de Mouradbeg de Kite, qui, brave hri- 
iMme, savait estimer les braves. Les prisonniers furent 
«nvoy& k Constantinople; mais Lodron dont left bles- 
siires ne laissaient point d'espoir de gu&teon fiit tu< 
per ses gardiens d'apr& les ordres de Mohartimedbeg. 
Le camp et toute l'artillerie fbrent la proie des vain- 
queurs. Parrai les cahofis tomb& au poutoir des Ot- 
tomans, un surtout se faisait remarquer par sa lon- 
gueur et son calibre; nous le verrons reparattre trente 
atis plus tard au stege de Szigeth, et dans les detiritoes 
guerres de la fin du seizi&ite Steele, sous le nom de 
Katzianer \ Les t&es de Paul Bakies, de LodTOti et 
de Mager furent envoy&s k Constantinople \ George 
Taifel et Gebhard Belzer furent 6chang& par la suite 
contre Mouradaga, fait prisbnnier dans un engage- 
ment et retenu en captrvk£ par Thomas Nadasdy. 
Les fuyards Pekry et Katzianer furent incarc£r& k 
Vienne : le premier perdit la vue dans les cachots de 
Grate et d'Inspruck, et n'en sortit qu'api& une cap- 
tivity de sept ans; le second s'£chappa du fort de 
Kostaniza, entama des negotiations avec Mohammed, 
sandjakbeg de Bosnie, et ftit tu6 par Zrini qu'il avait 

• Dans le Silaniki, Kotschian topi. 

> Istuanfi, f. XIII, p. 216, Id* de Cologne. 



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* 7 8 HISTOIRE 

invito 4 urt festin, dans l'intention de l'enfrainer avec 
liu dans sa Irahison \ 

Pendant que ces £v£nemens se passaient en Hongrie 
et que Souleunan, m£content de Tissue de son entre- 
prise sur Corfoii, quittait les c6tes de 1'Albanie et re- 
lournait k Constantinople , la guerre n'en continuait 
pas moins avec Venise par terre et par mer. Imme- 
diatement apr&s la lev6e du stege de Corfou, le vizir 
Kasim a , sandjak de Mor&, regut ordre de se rendre 
sous les murs de Malvasia et de Napoli di Romania 
pour en former le si£ge; apr&s la cession de Koron et 
de Modon, ces deux places £taient seuks rest&s aux 
V&utiens, conform&nent aa traits conclu entre la r6- 
publique et Bayezid II. Le kapitan-pascha Khaireddin- 
Barberousse, apr6s que le serasker Loutfi eut ramene 
dans l'arsenal de Constantinople les deux tiers de la 
flotte, parcourut l'Archipel avec soixante-dix galores 
et trente galiotes , pour conqu&rir les lies qu'y pos- 
s£daient encore les Venitiens. Plusieurs d'eotre elles 
se rendirent h la premiere sommation , soit faute de 
moyens de resistance, soit par la terreur qu'inspirait le 
nom seul de Khaireddin-Barberousse. De ce nombre 
furent : Syra ou Syros, vant£e par Homfere 3 pour ses 

> Istuanfi. Petschewi, f. 70. La confirmation de la trabuon deKaUia* 
ner par la bouche de l'historien ottoman doit faire taire toote espece de 
doutes sur la reality de ce fait. On pardonnera plus facilement auz Ottomans, 
tels que Djelahade , f. aoo; Solakzad6, f. 112; A.li , xxx\« recit, f. 247 ; 
Loutfi, f. 83 et 84 , et Ferdi, f. 27a, d'ecrire Kotschian au lieu de Katzianer, 
qu'a Istuanfi et a Cantemir (Soliman 7, n. i5) de transformer ce nom en 
celui de Cozianus et de Cophan. 

1 Paruta, p. 164. — 3 Homere, Odyssie, XV, 4oa. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 279 

riches troupeaux de moutons, son vin et son bte, pa- 
trie d'un des plus anciens philosophes de la Grece, 
Perekydes, qui enseigna le premier l'immortalit£ de 
Tame, et initia Pythagore k 1'anrienne philosophic 
orientate ' ; Scyros oft Achille, cach£ par les semis de sa 
mire sous des vttemens de femme parmi les esclaves 
du roi Lycom£de, fut cependant reconnu par Ulysse, 
et oA naquit Deidamia * qu Achille, pendant sa re- 
trace, rendit mire de Pyrrhus; Jura, anciennement 
Gyaru9 3 , petite lie de rochers, qui, sous les empereurs 
romains, etait un lieu d'exil tr£s**mal fam6, et que Ju- 
venal conseillait de m&iter par des crimes, k ceux qui 
voulaient gagner de Finfluence en mettant k profit la 
depravation des Romains; Pathmos, roc aride et sans 
v£g&ation, oii r6vang$i8te fit son Apocalypse 4 , et 
dont les ports nombreux servaient de refuge aux cor- 
saires de TArchipel; Nio, appartenant k la familte 
Pisani 5 , 1'ancienne Jos qui disputa a six autres villes 
Thonneur d'etre la patrie d'Hom&re, et fit Sever un 
mausotee au grand poete; Stampalia, possession des 
Quirini, 1'ancienne Astypahea, appelee par. les Cariens 
Pyrrha, puis Pylaea 6 ; enfin Egine, 1'ancienne CBnone, 
la rivale d'Ath£nes par ses arts et sa marine, et & jamais 
c&ibre par la bataille de Salamine, par son temple de 
Jupiter , et par sa richesse qui ne cessa d'&re une 
source de malheurs pour elle depuis ia domination 



* Diogen. Laert. Suidas. Cicero, Quest. Tusc, 1. 1. 
» Propertius. — J Juvenal, sat. I. — 4 Tourncfort, t. II, leltre Xv 
— 5 Tournefort, 1. 1, lettrc VI. 

6 Stepkanus Byzantinus, de Urbibus. 6c«v 0p*iri£a. 



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28o HISTOWE 

deft Greet juaqu'i idle deft Ottoman*. Cette tie fat 
d'abord prise par left Athenians qui en massacr^rent 
ettransplantirontleshabitans 1 , puis par le consul ro- 
main Publius Sulpicius qui tratea presque toute Ja 
population en esclavage, et enfin par Khaireddm-Bar- 
berousse, qui en emmena six mille prisonniers \ Mais 
l'amiral, ottoman trouva plus de resistance dans leg 
iles de Paros, d'Antiparos, de Tin6 et de Naxos, re- 
sistance qui nempAcha pas et ne fit qu'en ajourner la 
conqu&e. Paros, c&£bre par son marbre, fut habitue 
d'abord par les Cariens et les Ph£niciens, puis par les 
Arcadiens et les Gr&ois; le chef de ces derniers lui 
donna son premier nom qu'elle transmit ettenxi&ne 
h ses colonies de la Proppntide et de Tile de Thasus 
non loin des c6tes de Thrace 3 . Le gfographe byzanlin 
Stephanus cite les six noms qu'avait eus successive- 
ment cette ile avant celui de Paros 4 . D rapporte ^ga- 
lement le proverbegrec : se coruhare en P<*nkn, c'est- 
k-dire comme un homme perfide et sans fbi ; cette 
reputation avait &6 acquire aux habitans de lile, paree 
qu'assi£g& par Miltiade, ils n'obscrv&rent pas la pro- 
messe qu'ils avaient faite de se rendre 5 , et refuatoent 
de payer les cent talens que Miltiade arait stipules 
pour prix de la Jev^e du s&ge. Th&nistocle leur imposa 



> Thucydide, I, io5, 108; H, 27; IV, 57. 
» Partita, 1. VIII, p. 616. 

3 Mannert, Geographic, t. IX, p. 7$, d'apres Strabon el Stephanus. 

4 Demetrias, Zacynthos, Hyria, Hyleessa, Minoas, Cabaraia, 

$ Stephanus, de Urbibus. Herodote, VI, i3a. Cornelius Nepos, dans 
Mihiade. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. a8i 

plus lard mi tribute pendairt la guerre duP&opon&e, 
] amiral Thyronine frappa de contributions led clas- 
ses ilev&s de Tile et les soumit au parti de h rJtemo- 
cratie 1 . Aprta avoir &6pQss6d&par tea Pttti&i&et 
Mithridate, elk tomba de nouvew sous la datamation 
d'Ath&nes, puis soys celle de Rome et de Byaance. 
Plus tard alle fat incorporfe aux Etafts venitiens , et 
6chut en parlage k la famille des Sommarira, ensirite 
kceUe de* Craspo, et enfin & celle des Venieri, qui 
avaient donne k Sagredo la survivance de leur pro- 
pria. Sagredo dlfendit vaillamment ses futures pos- 
sessions contre Khaireddin ; mais apr£s quekjues jours 
de resistance , la poudre kri manquant , il dut se rendre 
k discretion ; le vainqueur enratena en esclavage un 
grand nombre d'habitans, parmi lesquels Sagredo lui- 
m&ne \ L'ile de Tin6, l'antienne Tenos, appetee aussi 
Hydrussa k cause de ses sources abondantes, s'&ait 
d'abord soisnise aux armes ottomanea ; mais, secourue 
par les Candiotes, die se revolts, chassa les Turcs, et 
resta pendant deux cents ans sous la domination de 
Veoise dont elle fut la dernifere possession dans l'Ar- 
chipel. 

De toutes les ties de lArchipel, Naxos fut la seule 
qui signa avec Barbei-ousse un traits par lequel elle 
se reconnaissait tributaire de la Porte, et s'engageait k 
lui payor cinq mille ducats par an. Mais sa soumis- 
sion ne put la racheter du pillage; bien que le due 
Grispo e£t pay6 immediatement le tribut de la pre- 
miere ann&, l'amiral ottoman enleva de Tile pr£s de 

» Diodore, XIII, 48. — * Partita, p. 617. Sagredo, p. 247. 



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a82 IU&TOIRE 

vingt mille ducats tant en argent qu en marchandises '. 
La reine des Cyc lades, Naxos, dont Dionyse devint 
le maftre par son union avec Ariadne qu'avait aban- 
donn£e Th£s£e, &endait sa domination d6s la plus 
haute antiquity sur Paros, Andros et les autres iles qui 
se groupent autoiir d'elle. Changeant successivement 
de nom et d'habitans , elle fut d'abord appetee par 
les Thraces Strongyle *, k cause de sa forme ronde; 
puis, par les princes thessaliens, Dia; et enfin Naxos, 
du nom du chef des Cariens qui plus tard furent rem- 
plac£s par une colonic grecque. Les Grecs repous- 
s&rent avec succes la premiere entreprise dirigte contre 
eux par le gouverneur persan de Milet , Aristagoras , 
qui , k Finstigation de plusieurs £migr£s de Naxos , 
voulait leur reconquerir leur patrie ; mais lorsque la 
flotte persane sous Datis ravagea les iles de la mer 
Eg6e, Naxos ne put se soustraire au sort commun ; ses 
temples furent d&ruits et ses habitans train£s en escla- 
vage 3 . Se ressouvenant des maux de Finvasion per- 
sane, Naxos envoya une flotte et une armeecombattre 
pour la liberte de la Gr6ce, dans les immortelles jour- 
n6es de Salamine et de Platte <. Elle passa depuis sous 
la domination romaine; Antoine , apr&s la bataille de 
Philippi, Fabandonna aux Rhodiens, mais il ne tarda 
pas k la leur reprendre. Lorsque les Crois6s se furent 
partag6 F empire de Constant in, Venise ayant permis a 
ses nobles de soumettre les lies de FArchipel pour leur 
propre compte, Marco Sanuto s'empara de Naxos, 

• Paruta, VIII, p. 617. Sagredo, I. V, p. 245. 

* Diodore, V. — 3 Hdrodote, VI, 9G. — 4 Diodore, V, 52. 



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DE LIEMP1RE OTTOMAJ*. ^83 

Pares, Antiparos, Milo, Argenteria, Siphanto, Po- 
lyandro, Nanfio, Nio et Santorin ', et re$ut de Tem- 
pereur Henri le brevet de due de FArchipel. Jean 
Grispo , qui s'engagea k un tribut annuel en vers la 
Porte, &ait le vingtteme due de File depuis Sanuto, et 
Naxos la dixi&ne * des ties v^nitiennes que Khaireddin 
soumit dans ses courses au descendant d'Osman. 

Napoli di Romania, dont la mythologie fait re- 
monter la fondation a Nauplios, fils de Neptune, fut 
assise par les Ottomans pendant dix-huit mois h 
dater de la ctelivrance de Corfou. Cette place, bfttie 
sur une langue de terre qui se projette dans la mer, 
s'616ve d'un c6te sur des rochers inaccessibles, et de 
r autre baigne ses pieds dans les flots ; un fort, construit 
sur un rocher isote, interdit Tentr^e du port aux vais- 
seaux ennemis. Le point naturellement le plus faible 
de la place, celui qui la r&mit au continent et qui est 
doming par le mont Pal am 6 de, est aussi le mieux for- 
tifi6 par des bastions et des tours. L'acc£s de la ville , 
resserr6 de ce c6t6 entre la montagne et la langue de 
terre, n'offre k une armee asstegeante qu'un passage 
h£riss6 de difficult^; au-dehors du port, le rivage 
escarp^ defend tout d^barquement, et des bas-fonds 
nombreux ne laissent pas mfime approcher les vais- 
seaux d'un certain tonnage 3 . I/importance et la po- 

> Tournefort, Relation d'un Voyage dans te Levant, I, p. a54« 

* Scyros, Jura, Pathmos, Stampalaea, Nio, tfgine, Paros, Antiparos, 

Tine, Naxos. 

3 Paruta, p. 6x5. Coronelli, Memoires historiques et geographiqucs* 

Voyez aussi YEgeo Yedivivo du meme auteur, p. 47. 



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284 HISTOIRE , 

sition inexpugnable de Napoli avaient attirt sur elle 
les armes de Mohammed-le-Conqu^rant ; mais sa for- 
tune Tavait abandonn£ sous les murs de cette place 
comme devant Belgrade et Rhodes; son fils Baye- 
zid n, qui en r&olut 1'attaque apres la oonqu&e de 
Rhodes, de Koron et de Lepanto, ne fut pas plus heu- 
reux. Souleiman choisit Kasim-Pascha, gouverrteur de 
la Mor£e, pour renouveler les efforts infructueux de 
ses pred&esseurs. Kasim-Pascha sortit d'Argbs le 
1 4 septembre 1 537 , et alia investir Napoli di Roma- 
nia ; il comment a par enlever tout le b&ail des champs ; 
mais Vettor Busichio, commandant de la place, ven- 
gea ces depredations en faisant deux sorties qu'il 
poussa jusque sous les murs d'Argos (4 et 28 octobre). 
Kasim-Pascha battit pendant cinq mois les environs, 
faisant trois fois par semaine des Courses sous les 
murs de la ville; car le manque d'artillerie lui inter- 
disait tout autre syst&ne d'attaque. Au mois de ftvrier , 
il mit en batterie quelques fauconneaux que les canotift 
des assi£g£s r£duisirent presque aussit6t au silence '. 
Le 5 avril, deux cents hommes de la garoison, sortis 
pour faire de l'eau, rencontr£rent un parti de cent 
Turcs, qui ne se pr6sentaient en si petit nombre que 
pour enhardir l'ennemi k 1'attaque ; en effet , on eh etak 
& peine venu aux mains, que Kasim-Pascha d£boucha 
avec plus de mille chevaux du versant oppos^ du mont 
St.-Elie; l'engagement fut des plus chauds, et les 
Naupliens, apr& une perte de cinquante braves, parmi 



Storia JiGuaSZo, p. 106-108 , Venet. i54q. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. a85 

leftquels leurs chefs Roncooe et Vettor Buskhio, ren- 
tr£rent dans la vilte «. Kasim-Pascha pensa k tirer 
imm£diatement parti de cet avantage en s'occupant 
pendant dix jours k mettre en batterie, sor le mont 
Palam&te, des fauconneaux qui firent k la ville phis 
de peur quedemaJ. Ce ne fiit que 8ept semaines plus 
tard, le 8 juin, quil ouvrit contre les ass&§& un feu 
de gros canons et de bombardes; le 16 du m£me 
mois, il quitta son camp de Palao-Castro, distant de 
trois roilles de NapoK , et vint s'etablir k mille pas 
de la ville, pres de l'^glise de Sainte-V6n£rande. Une 
premiere attaque le rendit maitre du ravelin ext£- 
rieur, qu'il fortifia et d oii il foudroya les V^nitiens. 
Le 20 aoAt, Kasim-Pascha braqua un canon-monstre 
qui langait par jour vingt boulets de pierre de trois 
quintain; les assi£g& appebient ce canon le briseur 
d'os (fraccalosso). Huk grosses pieces cPartiHerie dis- 
poses sur le mont Palam£de, et sept autres plus pe- 
tites dress&s sur le ravelin*, firent un feu continue! 
sur la ville, et prot£g6rent, en tenant ainsi Femiemi 
en haleine, les travaux des soldats qui ouvrirent une 
trancbee jusquk la contrescarpe du foss6, sur une 
longueur de vingt pas. Souvent les assi6g6s descen- 
daient des murs pendant la nuit au moyen d'echelles, 
franchisiiient les foss6^ escaladaient la contrescarpe, 
tombatent sur les Turcs ftabtis dans les tranches, lew 
tuaient beancoup de monde , et revenaient avee un 

< Storia di GuaS&o, V, ao6. 

* Sacri, passavolantl. Le mot saeri (de Jaleo sacer, en lure sakar) a la 
roeme signification que le moifaucon et fiutconneau. 



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SO HISTOIRE 

grand nombre de prisonniers. Kasim-Pascha, las enfin 
de tant d'inutiles efforts et des sorties continuelles de 
l'ennemi, leva le stege le 14 novembre 1538, et re- 
tourna k Argos; les V6nitiens occup&rent le mont Pa- 
lam£de immediatement apr£s son depart; n£anmoins 
les escarmouches continuerent pendant tout l'hiver et 
la plus grande partie du printemps suivant. Apr6s 
s'6tre retir6 devant l'in^branlable defense de Pisani , 
commandant de Napoli, Kasim laissa un corps consi- 
derable k Argos, et se retira lui-m&ne k Lepanto [x] '. 

Le siege de Napoli di Romania nest qu'un Epi- 
sode dans Thistoire des guerres qui signal£rent cette 
annee du r6gne de Souleiman : le Sultan marcha en 
personne contre le prince de Moldavie; Khaireddin- 
Barberousse continua dans l'Archipel ses courses con- 
tre les V&iitiens et leurs possessions; Souleiman-Pa- 
scha, gouverneur d'Egypte, combattk dans laMer- 
Rouge les flottes portugaises. Avant de commencer 
le r6cit de ces trois campagnes , il est necessain? de 
mentionner ici les importans mouvemens qui enrent 
lieu dans les diverses branches de I'adnrinistration. 

Apr£s la chute d Ibrahim , Ayas-Pascha avait &6 , 
comme nous 1'avons dit , 61ev6 au grand-vizirat. Ka- 
sim-Pascha , qui a cette occasion fut nomm£ second 
vizir, ne tarda pas k 6tre d£pos£ pour son avarice et 
ses concussions, et sa place fut donn£e au beglerbeg 
de RdumHie, Moustafa-Pascha. Loutfi-Pascha suc- 
c&la a Moustafa-Pascha dans la dignit£ de beglerbeg, 

» Storia di Gumzzo , f. 70S. 



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DE L'EMPIKE OTTOMAN. a8 7 

ct ne tarda pas k dtre nomm6 troisttme vizir [n]. Cest 
en cette quality de vizir et de beglerbeg, que Loutfi- 
Pascha oommanda , avec le titre de serasker, les ex- 
peditions contre la Pouille et Corfou. Lorsque Khair- 
eddin, qui avait pris dix fles sur les V&iitiens, rentra 
triomphalement k Constantinople, le Sultan lui fit 
en plein diwan la reception la plus flatteuse , tandis 
que Loutfi-Pascha fat momentan^ment disgracte. Les 
historiens ottomans ne nous apprennent pas la cause 
de cette disgr&ce ; ils diserit seulement qu'il fut destitu6 
et r£install£ quelques jours apr6s '. Le second vizir, 
Moustafa-Pascha &ant mort le 30 mai 1 538 (1 er mor 
harrem 945), Loutfi-Pascha fut appete k le rempla- 
cer, et eut lui-m4me pour successeur Mohammed- 
Pascha, beglerbeg de Roumilie. Khosrew- Pascha, 
beglerbeg d'Anatolie et fr&re du conqu&ant de Chy- 
pre, Lala Moustafa-Pascha, h£rita de la dignity de 
Loutfi-Pascha; Roustem-Pascha passa du gouverne- 
ment du Diarbekr a celui de l'Anatolie, Balibeg du 
gouvernement de Roum (Amassia) k celui du Diar- 
bekr ; le sandjakbeg Housein fut charg£ d'administrer 
Amassia \ Le nouveau sandjak de Poschega en Es- 
clavonie fut donn£ au fils d'Yahyaoghli, et le gou- 
vernement de Semendra k Arslan -Pascha, qui fut 
plus tard pascha d'Ofen, et dont nous aurons encore 
occasion de parler vers la fin du rtgne de Souleiman *. 
Daoud-Pascha fut nomine gouverneur d'Egypte , en 
remplacement de l'eunuque Souleiman -Pascha, qui 

» Ferdi, f. %jS et 276. — * Ibid., f. 279. Ali, xxxvi* recit, f. a5o. 
3 Ali, xxxv e r^cir, f. 249; et Ferdi, f. 2S0. 



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*88 UISTOIRE 

commaudait alon k flotte ottomane dans la Mer- 
Rouge \ Le Sultan confia pendant son absence la 
garde de Constantinople k Ferhadbeg, en quality de 
khaimakam, et la surveillance g£n£ralede l'Asie-Mi- 
neure an prince Moustafa, gouverneur d'Aidin et de 
Saroukhan \ Vers la m£me 6poque, un ambassadeur 
de Florence apporta k Constantinople de riches pri- 
sons et one lettre du due Cosine de M^dicis; le Saltan 
t£moigna sa satisfaction de cette d-marche, en enga- 
geant l'envoy6 italien k prolonger son s£jour k Con- 
stantinople, et en lui assignant one sorome conside- 
rable pour les dlpenses journalises de sa table. C'est 
Ik le premier Tayin, ou argent pay£ par le Sultan poor 
la bouche des ambassadeur*, dont l'histoire ottomane 
fasse mention 3 . 

La Moldarie reconnaissait depuis yingt-deux ana la 
souveramet6 de la Porte 4 , lorsque le Sultan r&olut la 
guerre contre le prince de ce pays, Raresch, dont il 
avait k se plaindre. Lors de la campagne de Vienne, 
Teutnl Logothfte, ambassadeur de Raresch, prince de 
Moldavie, avait paru au camp ottoman &abli sous 



i Souleiman-Pascha avait e"te appele an gouvernement d*£gypte en g3 c 
(i5a4) e* j etait reste jusqa'en 941 (i534). Kbosrew-Pascha lui ayant suc- 
cede, fat an beet de deux ans remplace par Soalcimaji-Pascba, qui fat 
nomine de nouveau a ces fonctiont et les garda encore deux ant* 

s Ali, xxxvie recit, f. a5o. Djelalzade, f. ao6. 

S Ferdi, 1 279. Lememe, f. 35o, parte d'une second* ambassade de 
Florence; appeUe le doc taniet f%r*ntte Begi, taatot Finmtit 8mrimi, 
e'est-a-dire le prince , le commandant de Florence. 

4 En i5i6. Engel, HUtoirt de Holdmnt, p. io4 t et le regno de Nagul- 
Bessaraba de la Valachie. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 18$ 

les mors d ? Ofen, pOur renouveler au Suhah l'assu-t 
ranee cfe la fid&it6 de son maitre; a son depart, il 
regut de Souleiman tm dipkme, d'apr& Iequel la li- 
berty des cultes 6tait consacr£e et l'&ection du prince 
eo#fer£e aux Boyards : toutefois cette Election devait 
&re ratifite par la Porte [xn]. D fut convenu qu'une 
deputation de Boyards apporterait tous les ans k Con- 
slantinople quatre mffle ducats , quarant? jumens et 
vingt poulains en signe de vasselage. A son retour de 
Vienne, Souleiman rejut de Pierre Raresch lui-m&ne 
le present stipule; en retour il lui fit don dun kaftan 
double tout eatier de zibetine (seraser, v&ement ex- 
clusivement affocte aux vizirs), de deux queues de 
ehevaux (insignes des sandjakbegs) , et dun kouka 
(bonnet des colonels de janissaires). Teulul fut en 
outre autoris£ k bAtir, k Constantinople, au nom de 
son maitre, un palais qui existe encore aojourd'hui et 
porte le nom de serai de Bogdan «. 

Dans les derniers temps, Raresch s'&ait attir6 le 
oourroux du Sultan , soit parce qu'il refusait le ka- 
ra<y (capitation) a , ce qui nest pas probable en ce 
sens que le khattischerif de Souleiman defend de l'exi- 
ger , soit parce qu'il faisait la guerre & Sigismond roi 
de Pologne, ami de la Porte, quil avait entam£ des 
negotiations avec Ferdinand roi de Hongrie, et qu'il 
&ait souppmne d'avoir pris part au meurtre d' Aloisio 

i Cantamir, Solimm*, note «#, p. aao. 

» Cantemir, note ii, p. aaa. AU, xxxn* rectt, L a5o, donne pour came 
de la guerre l'lrregularitl du paiement du kbaradjj et des envois d'argent au» 
ennemis de la Porte. 

T. v. 19 



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2 9 o H1STOIRE 

Gritti \ C'est a ces derniere motifs q» il faut attribuer 
I' expedition de Mokbvje. Souleiman partit de Constan- 
tinople le 1 \ g&fer 945 (mardi 9 jmllet 1538), apr& 
avoir viat6 les totnbeaux de son p6re, de Bayezid II et 
de Mobammed-fe-CoDquteHit Le lendemaki, mourut 
la soeur du Sultan, veuve da vizir Moustafa-Pascha. 
A Aftdrinopte, Souleiman admit au ba»e-main le nou- 
veau heglecbcg de Rounrilie , IQiosrew-Pascha, el le 
fib de l'&nir Raschid, prince arabe de Bassra; Fen- 
voy6 de Raschid dgposa aux pieds du Padischah les 
clefs de la captole de son pftre, jusqu'atatt indepen- 
dable; Soukiraan confirm* l'&nir dans sa principality 
el, ne se reserva que lea droits souverains de la pri&e 
et de la monnaie \ A Babataghi, tt visita lea tombeaux 
de Saltoukctate* le vieux Turcoman 3 qui, du temp* 
des sultana sddjoukicUa, &ak venu s'&abli* avee une 
colonie turque dans la Tatarie dobroudje. Le khan de 
Crim£e, Sahib-Ghinri , suiti de huk rattle cavaliers, 
ile toua sea ogMam et de aes fits* vint rqoindre a 
Iasty rarro^e ottonaane, et offrir ses bommages k Sou* 
legman [wh} Aprte avoir dress6 les teates impfrfele* 
au bruit des canons et dune triple dfeharge des fo- 
ail* des jamattkea, Farm^e livra la viUe d* lassy aux 
flamroes; le palais nouvettetnetit ccmtrait par Ra- 
yeseh et toutes les 6glises furent consumes. Le Sultan 
detacba lea cavaliers du sandjakbeg de Semeudi* et 

i De rebus gestis Joannis Regis Mungnrm ****re Fer&nttir, datis Kova- 
cUick, Seriptoret minaret term* hu*g*t4*4trum , p* 58. 
» AU, xxxvi e r&it, t Si. 
3 AH. La Roumilie de Hadji Khalfa, p. a 7-3o. 



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DE L'EMPlRte OTTOMAN. s 9 i 

lesTatares k la potnvuite Ai prince fugitif, et les 3ui- 
vit liri-meme de pr6s avec le gros de Farm^e; frois 
mille Valaqoes envoys par le prince de Valachie « 
formaient lavant-garde. Pierre Rareseh s'enfuit en 
Transyhranie k travers d'epaisses fortts. A Tapproche 
des Ottomans , Suczawa se rendit sans chercher k 
register, quoiqu'elle fat bien fortifige. Des caves oik 
&aient entassta des tonneaux plans d' argent, des tna- 
gasins remplis de riches fourrures , das vases d'ar- 
gent, des Evangifes relics en or, des sabres incrust^s 
de pierres pr^cieuses, toot le tr&pr du votevode, 
furent la proie du vainqueur *. Sonleiman cotivoqua 
les Boyards, et, sur leur pridre, il investit Etienne, 
fr&re de Raresch 3 , de la principal de Moldavie, 
et lid remit les hisignes de sa dignity, c'est-i-dire 
le kouka et le kaftan de zibdine , le tambour et les 
timbales, les queues de cheval et I'&endard i . II fut 
stipule dans le diplAme delivr^ k Etienfte Raresch, 
qu'Ji Tavenir le vo&vode apporterait hri-m6me tous 
les deux ans le tribut k la Porte, que KiH, fort&resse 
sur le Danube, dont lincendie avait (it une des causes 
de la guerre, serait rebfttie, que la ville d'Akker- 
mann serait fortifile , et que le pays entre la Mer- 
Noire, le Dniester et le Pruth serak donn£ comme 



■ Aii , f . a5«. 

t AH, f. »5«. PeUcbewi, f. 9$. Fcrdi, L %$u Djdabadt, L ill. JZngel, 
p. 181. 

3 I«/#irM/4eS0ol0WM4itpircnrattltf>Ur 9 an hmdtk Gifdm 
dtrmisr prime*. 

4 PeUchewi. Ali. Djelatadl. F^rdi, 1. c 



.9* 

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ft<*a HISTOIRE 

terre de yasselage (raya) k la garnison dAkkermann *. 
A Suczawa, un ambassadeur de Sigismond qui s'&ait 
rendu a Constantinople , avant le depart de Soulei- 
roan, poor ltd offrir de riches pr6sens % fut rehvoy6 
en Pologne avec des lettres gradeuses pour son mat- 
tre 3 ; un tschaousch fut en m6me temps dirig£ sur la 
cour de Zapoty a , pour le sommer de livrer Raresch i , 
qu'on supposait s'6tre rtfugte k Ofen. Lorsque Fannie 
eut pass6 le Pruth (4 octobre 1 538) , la portion de 
territoire qu'on avait distraite de la Moldavie fat £rig£e 
en sandjak, tous le nom de sandjak dAkkermann et 
Kili, en faveur de Hasanbeg. Au pont d'lsakdji, les 
messagers de toutes les parties de l'empire, k qui Sou- 
leiman avait enjoint de venir 1'attendre en cet endroit, 
furent exp&H£s dans les diverses provinces avec des 
lettres devictoire 5 . Le gouverneur de Bagdad, Sou- 
leiman-Pascha , fut destitue, et sa place donn£e au 
beglerbeg du Soulkadr, Mohammed-Pascha. Le Sul- 
tan reQut k Yanboli Roustem-Pascha qui arrivait de 
son gouvernement de Diarbekr , et le fils de Khair- 
eddin-Pascha qui lui apportait la nouvelle des vic- 
toires r&emment remportees par son p6re. Pendant 
que Souleiman se livrait aux plaisirs de la chasse 



> All. Petschewi. Djeialsade. Ferdi. Engel, p. 1H1. 

> Ferdi, f. 284. — 3 Petschewi, f. 73. — 4 Ibid. 

£ Djelaliade, f. aax, cite kt messagers des provinces qui suifent : Loris- 
tan, Kurdistan, Axerbeidjan , Gourdjistan (Georgie), Damas, Haleb, Kara- 
name, Roam (Amassia), Astrakhan, Alexandrie, Alger, Saroukhan, Ker- 
nian, Aidin, Espagne , Palasen (?) , Portugal, Bosnie, Semendra, Hernego- 
?ine, Zwornik et Talona. 



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DE L'EMPIKE OTTOMAN. i 9 3 

dams les environs d'Yanboli, le kapitan-pascha rentra 
triomphalement dans le port de Constantinople ; il 
obtmt la permission d'aller k Andrinople offrir ses 
hommages au Sultan qui deyait passer l'hiver dans 
cette viHe '. Souleiman, pendant les fetes du Bairam 
(93octobre — 29 djemazioul-ewwel), re$ut les riches 
pr&ens des ambassadeurs moldaves, et £couta les 
rapports de Khaireddin-Pascha sur ses campagnes 
dans la M<6diterran£e pendant Yit6 qui venait de s'£- 
couler*. 

Khaireddin n'&ait parti de Constantinople , poup 
ses expeditions dans 1'Archipel, qu'avec quarante ga- 
lores; car, au moment d'appareiller, de cent na vires, 
que les vizirs, d'aprte les ordres de Souleiman, 
avaient dti faire construire a leurs frais , dix seule- 
ment avaient iti achev£s, et les quatre-vingt-dix au- 
tres £taient encore sur les chan tiers, ou n'avaient pu 
&re armls. Khaireddin refusait de mettre k la voile 
avant que toute la flotte etit &6 r6unie; mais une 
ruse des vizirs le fit changer de resolution : ils r6pan- 
dirent le bruit qu'Andrea Doria croisait avec quarante 
gal&res k la hauteur de File de Candie, pour sur- 
prendre la flottille de vingt vaisseaux marchands que 
Salih Reis emmenait d'Egypte 3 . A cette nouvelle , 
Khaireddin appareilla avec trois mille janissaires et 

i Peticbewi, Ferdi et Djelalxade fixent 1'antoa du Sultan a Andrioeple 
•u 29 djemauoul-ewwel (a 3 octobre). 

» Ferdi, f. 291. Djelalsadl, f. 222. 

) Hadji Khalfa, Histoire des guerre* mmriumes , f. 2*. Ferdi, f. 294^ 
PeUchewi, f. 73. Djelataute, f. 221. Air, im«« rccit, I s5i, 



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394 HISTOIRE 

les begs de fe mer (7 jwn 1538) \ pour Skiatbo (Saia- 
thus), celle des sept fleg situ6cs k l'entrle da golfo de 
Mallus, qui est la plus voisine de la c6te \ Le ch&teau 
de Sciathus qui s'&ive sur un rocher fat battu en 
tur&he pendant six jours et six nuits, et etnport£ 
d'asaaut le septi&ne jour: Khaireddin passa au fil de 
l'6p£e un grand nombre des ass&g£s, et emmena en 
esclavage trois mille quatre ceats homines. Ce fat dans 
la rade de Sciathus que Khaireddin fut joint par les 
quatre-vingt-dix navires qui n'&aient pas encore £qui- 
p& lore de son depart de Constantinople, et par les 
vingt galores de Salih Reis; ainsi l'effectifde la flotte 
se trouva port£ k cent cinquante yaisseaux, nombre 
qui avail &£ jug6 n&essaire pow l'exp&lition 3 . Be 
Sciathus, la flotte ottomane fit voile poor l'fie de Sky- 
ros situ£e en face de N^grepont. Skyros, qui tire son 
nom de son sol pierreux , est c£14bre par les pira- 
teries des Dolopes, par Texil et la mort de Th*5s£e 4 ; 
elle avait souvent repouss6 avec guoc&s les attaqnes 
des divers corsaires turcs qui avaient successivement 
infest^ ces parages ; mais Barberousse n'eut jqu'ii pa- 
raitre pour quelle fit sa soumission, U lui imposa un 
tribut apnuel de raUle ducats, et envoya k Constan- 
tinople sept navites charges de balm *. H frappa 6ga- 

i Alibeg du Kodja-Ui, Khourrembeg da Tekkt, Alibeg de Sttda, Moas- 
tafabeg d'Alaye. HUtoire des guerres maritimes. 

* bole gregarfe : Seiatbvs, Sco^elas, Haionesus, Etidemia, FeparetBus, 
Gerontia, Scandile. 

3 Hadji Kbalfa, I.e., f. a3. 

4 Strabon, IX* Pfatr. in dmone. 

5 Hadji Khatfa, f. 34. 



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DE L'EMWM OTTOMAN. agS 

tenant T*«e, qu'U avail drf^ oonqme en 1536. dune 
cpntrilw*ioD amnieU* de ck>q mtUe dnoata par an, ct 
Seripho* ' et Andre* d'nn de naik dncate chactme 
3 JwBet 1 538) a . Ua mote aprfes son depart <fe€oa- 
stantinople, Khaireddin fit use deacente dans Kile de 
Candfe, Reti»o et Gande lui opponent nne heareuse 
r&frtance; mm Milopotamo et.Scittia, abandonn&fc 
par lews habitant furent miseg *u piHage; leg pro- 
visions et l'artitttrit que leg wrinqoews y trouv^rent, 
forest iramport&B & bord. Qmrtre-vingts villages tV 
rent Syria anx Batameg 3 . De Candie, Khaireddin st 
dirigea but &2*patttho v rancie!Me Carpathos, appetee 
atttti Heptapotis et Tefrapolis des qnatre et des sept 
vittes qui a itevaient ^otrdbis dam Ffle; mate * r<S- 
poque o& Barberawe en fit la conqn&e , il n*y en 
await plus que trots. Apr& avoir re&cbg quelqueg 
jean h Piscopia <, l'amipal ottoman fit voile poor 
Standi, ou il laigga leg tiarrireg des soldats de ma- 
rine qu il distritma gar sea galores 5 . De Stampalia, il 
anvoya daag totftoi lea Erection* des oortatires & la 



< Hadji Khalfa dit settlement une autre ile; Petschewi la nomme. 

* t'annee suivante, Corsiho Sominariva obtint, par 1'entreraise de ram- 
bastadeur ArocftAs, la possesaion 4e i'ttevmeyennrot le paiement tun tHbnt 
animal de trenie-cinq nitte asprea, Vogrec la tradactien du firoao rendu a 
cette occasion , dans YHisipire nouveile des ancient Dues et autre* Qowerains 
de V A rein pel. Paris, 1698. 

* Alt dft metnefeois "cents. 

4 Ileghi, d'apres VJdas maritime (Bahriyd) de Piri Rets, dont il se 
trouve an exemplaire eottpkt dans at eatleeltett, an feteoMplet 4 fe BiWio- 
tbeqtwiaBcFJm, et to wtfk* ineoaptot 4 4a BtbtkNt^que de Dlpeade. 

5 Lewind firkalalati . 



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<igG HISTOIRE 

chasse des galores chr&ienhes '.Dans le cours de cette 
campagne et de la pr£c£dente, Barberousse &ait des- 
cendu dans vingt-cinq ites v£nitiennes ,' dont douze 
avaient &e frapp&s dun tribut comine pays conquis, 
et treize avaient &6 ravages. 

Ayant appris que la flotte combin^e du pape , de 
Yenise et dEspagne, se disposait k attaquer la place 
forte de Prevesa, situ&k l'entr^e du golfe d'Arta vis- 
a-vis le cetebre promontoire d'Actium, Khaireddin se 
porta aussitft avec cent vingt-deux navires vers le 
point menace. Les chr&iens Hmeut de beauooup su- 
p^rieurs en forces, puisqu ils comptaient quatre^vingt- 
une gateres de Venise. trente-stx du pape, et cinquante 
d'Espagne [xiv]. A peine la flotte ottomane £tait-elle 
entree dans le golfe d'Arta, que celle des chr&sens vint 
jeter Tancre devant Prevesa ? (25 sepfierafape -*- 1 ep id|e~ 
mazioul-ewwel). Lea corsaires Mourad, Topghoud, 
Giizeldj^ et Salih Reis furent places a lavant-garde, 
avec Tordre d'erapgcher toute tentative de dlbarque- 
ment qui pourrait &re faite par les allies ; l'eimemi ne 
paraissant pas vouloir prendre 1' initiative, Khaireddin 
sortit du golfe trois jours apr&, et lui offrit la bataille. 
Doria ayant fait un mouvement retrograde, l'amiral 
v^nitien Capello qui se trouvait a larriere-garde vira 
de bord , et s'&an^a avec impetuosity sur les vais- 
seaux ottomans stationn^s devant Prevesa; mais Bar- 
berousse jugea a propos de rentrer dans le golfe. Un 

i Goenullu gemileri. flisiolre des guerres mmritimes. 
» Histoiredcs guerres maritime* f f. »5« Petechewi, f. 74; Djeltliade, 
f. 224; Ferdi, f. 296; Ali,f. 252. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 297 

grand d&ordre commengah k se mantfester dans les 
rangs des gal&res de Khaireddin, qui, sous le feu vif 
de Capello, se pressaient a Tentr^e dela passe, lorsqne 
Doria donna le signal de la retraite, el se replia sur 
Capo Ducato dans 1'fle de Santa Maura. Le jour sui- 
vant (28 septembre), les amiraux chr&iens tinrent un 
conseil de guerre, dans lequel Doria fut d'avis d'e- 
viter le combat ; mate son opinion n'ayant pas pr6- 
valu, les deux flottes se mesur&rent de nouveau. L'aile 
drdite des Ottomans &ait commands par Torghoud * , 
l'aile gauche par Salih Reis, le centre par Khaireddin. 
Les mouvemens irresolus de Doria ne purent lutter 
centre Tattaque franche et audacieuse de Vamiral otto- 
man; deux gateresdeVenisesautirent en Fair, deux 
d'Espagne, une de Venise et une du pape furent prises 
et leurs Equipages massacres. La nuit empftcha les 
Ottomans de poursuivre leurs avantages , et £pargna 
de plus grandes pertes aux chr&iens, qui se separ&rent 
et abandonn^rent leseaux de Santa Maura. Khaireddin 
envoya son fils avec deux capitaines Chretiens fafts pri- 
^onniers, et la nouvelle de la victoire; au Sultan qui 
<&at alors k YanboK. La vffle d'Yanboli fut illumi- 
nie, et Souleiman reconnut les services de son amiral 
en aogmentant sa sokte annueHe de ceAt miHe aspres 
a percevoir sur les revenus des biens de la couronne 
(khass) a . 

L'exp£dition de l'eunuque Souleiman-Pascha dans 
la Mer-Rouge contre les Indes et FArabie, est d'une 

> Sagredo, p. 265. 

* Hadji Kkalfo, Uistoire des guenes maritime*, f. 26. 



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29* H1STOIRB 

plus haute importance encore <qpa la oamptgtie de 
Khaireddia dans VArchipel, dont le auoc& doit dtre 
attribute en grande partie h linactkm de Doria. II cat 
ntaesnii*deparlerktdes causes <ji», en provoquant 
let guerres de r Arable et des bides, amendrait une 
nouvelle extension de la puissance ottomane. 

Dome ana avert la batsille navate de Prevesa , 
imm^diatement avant la carapagne de Mohacz, Sow- 
leimaffi avaH tourn£ ses regards h ia fois ear la Hon- 
grie et Y Arabie, comme h 1'^poque ou now somtnes 
parvenus il songea a faire ttmultanfement dew exp6* 
dittos contre la MoMavie et les bides, II avait envoy* 
le brave capitaine Selraan Rels avec u»e eseadre, sur 
les bords de la 3Vfer-Rouge , pour dbAtier quelques 
rebelles arabes, et r6pandre son nom jusqu'aux froti- 
tkres de Saba l . Apu&s avoir rfarganfe* 1'admiaistrt- 
tion de l'Egypte, Ihrahtm-Pascha aivafc nonm6 go*» 
verneur de la contr^e letmuque Souleimaa-Paeoha 
beglerbeg de D*m», homme de petite faille, torn 
dun courage 4prouve , et que sa mutilation n'avak 
pas rendu iaeapeble de grandcs actions \ Son kim s n - 
Pascha n'ainwrit pas moins le fasie <|w le gwotd- vizir : 
sa garde se eomposak de oklle jtanes gens dime 
tare beaut* et d'une cepsttortioa rabuate, ayant low 



* AH, xn« recit, f. 229. Petschewi, f. 3», et autees historiens ottomans. 
Le Rapport de Piero Bragadino, du 6 mai i5»6, se trouve dans Marioi 
Sanuto, t. KU t Satyman Aey* capo a\ armata a? India a dk «5 detpassato 
parti 4i ytdcomtrp n*vi, m §ahr* tpvaasfontid? *U mriiUeHa, topra fa 
quale e andaA 4000 hominu 

» Peischewi, f. 76. Bi chassis dart kkassieh kihi, e'ett-ft-din tans eamr 
(dans le sens du chevalier de BottlSers) — U avail da cmurpour qmaire. 



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DE L'EMNRE OTTOMAN. 299 

des cetoiures d or aoxqndles brtflaient de riches poi- 
guards x . L'hitfoire parte de hn avec #oge, et ne lui 
reproche que l'ex&ution de l^rtkir Djais&m Hamfcawi 
et de aoa fils, Yousouf l'toniKml-hadj \ Souleitnan- 
Pascha embdlit le ch&teeu et le faubourg du Caire , 
foftda on couvent dam le faubourg de Koussoun ', et 
construisit deux mosqu&B, Tune & Sana dans le cha- 
teau, et I'autre&Boolak sor le NiK II fut le premier 
qui envoy* k Constantinople les impdts per$us dans 
le pays, et connus sous le nam de tresor Sgyptien *. 
H se chergea peraonnellement de l'administration des 
fondatioM pleases (wakf ) , Aablissant ainsi un pr6- 
o&teet qui fat fid&ement sum par ses successeurs : 
cependant cette administration tomba par la suite en- 
tre les mains de l'aga des jamasaires *. Souleiman gou* 
verna pendant dix ans l'Egypte avec sagesse et fer- 
met£ [xv]. Lots de l'exp&lition contre Gftns, le Sultan 
ordonna k Souleiman-Pascha de constmire dans le 
port de Suea quatre-vingts galores, barques, mahones 
et frigates 7 . Mais, avant rentier gquipement de cette 
flotte , un nouyel ordre du Sultan le forga d'aller 
en pefrsonne porter au camp dlbrahim-Pasdia les 
kttp&s de lTBgTPte , s'&evant h htiit cent tnflte du- 
cats, et destines k oouvrir tea finis de ia guerre de 

■ Pelschewi. 

» Al-manah er-rahmaniyet, et VHistoire de SouheVli, f. 54. 

3 Mimir* ftigjpie de Mohammed Ben Yousouf, f. 6a. 

4 M-r*flnah er-tdimaniytL Soutaiti. Nottfhetotui-iiai«n. 

5 ibid. — 6 ibid, 

7 Petschewi, Le mot turc bad/a est ordinairement rendu en italieo par 
celui fefusie. 



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3o« HISTOIRE 

Perse. Khosrew-Pascha , successeur de Souleiman- 
Pascha, fit entrer, apr£s une administration d'unan, 
un million deux cent mille ducats dans le tr&or, au 
lieu de huit cent mille. Souleiman, en apprenant cette 
augmentation, d&endit qu'on versftt dans la caisse de 
lEtat l'exc£dant des reoettes de cette ann£e sur celles 
de 1'annee pr£c£dente, et ordonna une enqu&e ten- 
dant a constater si le surplus de la somme ne prove- 
nait pas d'exactions. Khosrew-Pfcscha all€gua que le 
chiffre inferieur des revenus de TEgypte sous son 
pr£d6cessenr s'expliquait par les frais qu'avait occa- 
sion's la construction d'une flotte , que d'ailleurs l'ex- 
cellente culture et un systeme d'irrigation plus &endu 
des champs facilitaient et r^gularisaient beaucoup le 
paiement de l'imptf. Le Sultan accepta cette justi- 
fication; cependant il ne tarda pas a rappeler Khos- 
rew-Pascha et a lui substituer Souleiman-Pascha. Les 
quatre cent mille ducats d'exc&lant furent consacr^s 
k la reparation de 1'ancien aqueduc de Tempereur Va- 
lens [rvi] , lequel devait fournir Feau n&essaire h l'ar- 
rosement de la capitale. 

Le r&ablissement de Souleiman Pascha dans le gou- 
vernement d'Egypte avail &6 determine bien moins 
par la crainte qu'avait Souleiman du z&le exag&6 de 
Khosrew-Pascha , que par Tarriv^e d'un ambassa- 
deur et d'un prince indiens dans Thiver qui suivit 
la campagne de Perse. Ce prince &ait JJourhanbeg , 
fils du sultan Iskender, souverain de Delhi; il fttyait 
devant les forces superieures de Tempereur mogol 
Houmayoun. dont le pere &ait le grand Baber, et qui 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 3*f 

av&it pour fils Schah Ekber f , le plus grand des em- 
pereurs mogols, comme le dit soil nom. Souleiman 
regiit Bourhanbeg avec distinction et lui assigna une 
pension de trois cents aspres (six ducats) par jour. 
Avec cet illustre fugitif , arriva a Andrinople un am- 
bassadeur de Behadirschah, prince de Goudjourat; ce 
prince, ayant k redouter le ra^me ennemi que le sultart 
de Delhi, avait naguere mis ses tr^sors en s6ret6 a la 
Mecque, et implorait alors les secours du protecteur 
de la sainte ville contre les Portugais qui s'&aient 
empar^s de son port de Diou. Parmi les riches pr£- 
sens que Behadirschah envoya a la Sublime-Porte, 
on renaarquait surtout une ceinture estimee soixante 
croris a . Souleiman-Pascha regut ordre d ^quiper sur- 
le-champ une flotte pour aller appuyer le schah de 
Cambaya ; mais avant que les armemens fussent ter- 
minus, on apprit que Behadirschah avait &6 assas- 
sin6 par les Portugais 3 . Souleiman-Pascha envoya k 
Constantinople les tr£sors de ce prince d£pds£s a la 
Mecque , et consistant en trois cents cofires remplis 
d'or et d'argent 4 . 

Tandis que la flotte de JQiaireddin - Barberousse 



t Ferdi, f. a46. 

* Ferdi, f. a5o. D'apres le calcul de Ferdi, le crore vaut cent mille 
ducats; par consequent, cette ceinture ?alait la somme enorme de six mil- 
lions de ducats, ou trois cent millions d'aspres. 

3 Petschewi, f. 76. Djelalzade, f. a3i. Voyez, pour les details, Manuef 
de Faria y Sonsa, the portugues Asia, Londres, 1694* 1. 1, ch. 8* Behadir 
y est appele BiuUro, et Houmayoun, Omaum, 

4 Ferdi, f. 17 9. La noutelle de la mort de Behadirschah arriva a Andrr* 
nople au mois de schewal 944 (ffcvrier i538)v 



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3o* HISTOIHE 

sortjut de* Dardanelles (13 join 1 338) pour soumettre 
les lies de l'Arohipel, l'octog&iaire Souleiman-Pa- 
scha quittait leport da Suez et se dirigeait sur les odtes 
d'Arabie; il etait tellement charge dembonpoint et 
si affaiss6 par les anuses , qu'il lut fdlait le secours 
de quatre homines pour l'aider h se lever; oependant 
il avait touftes aes faculty, et n'avait rien perdu de 
son activite et de son courage l . La flotte qu'il com- 
mandait &ait forte de soixante->di* voiles et portait 
vingt milje homines de troupes a ; eUe comptait sept 
mille janissakes et qn grand nombre d'esclavw v&* 
nitiens qui, lors de la rupture de la pais entre Venise 
et l'empire, avaient &6 arrach& des bfttimens mar- 
chands et embarqufo de force sur lea gal&es de la 
Porte. La flotte passa devant Sebid (29s&fer— 27 juil- 
let), ae dirigeant sur Aaden ; le prince arabe Aanrir 
Boa Dapud fat attir6 par rasa de cette ville k bord du 
vaisseau^amiral par Souleauoaan-Pascha et retenu pri- 
sonnier; le territoire d' Aaden fut transform^ en san* 
cjjek €4 eonfi6 k la garde de Bebrambeg. Quelques 
semaines plus tard, Souleiman-Pascha dlbarquases 
troupes $w les c&es deGgudjourat; il prit d'assaut les 
deux forts de Kouk6 et de Kat, et mit le stege devant' 
Diou dans les premiers jours d'octobre; au nombre 

i 2*4? portugues Asia, I, chap, xo, p, 433. Vlaggio et imprest* eke fee* 
Sofyman Q*tw del i53B contra Portoghesi per racquismvr la ciuk del Diu in 
India. Venes^ if 45. Mais §ouleiman-Pasc)ia avait ete etwuque du harem 
du Sultan, et ne sortait pas du corps des janiasaires : Bis face ufflf and belly 
so big, he was more like a beast Aon man, his age So years. 

* Hadji Khalfa, HUtoire des gverres maritime*, U a6. 



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DE L'EMWRE OTTOMAN. 5o3 

des pieces d'avtilkrie des Ottomans se troovaient neuf 
de ces canoos-monstres qui langaknt des bouleto du 
poids de pt&& d'lm quintal * . On s'&onnera moras de 
la fonte da pareilles p&ces que de leur transport sous 
ks mora de Dtou dans I'Oc&n Indieo , & travel* 
l'isthme de Suez. Ce stege dura vingt jours, pendant 
lesquels le commandant portugaia , Antoiue de Sfl* 
veyra, dtfendit la place avec un courage qu'il fit par- 
tager k toute la garrison , et jusqu'aux famines por* 
tngaases. La disette se fit bientdt sentir dans le camp 
de Souleiman-Pa*cha; Mahmoud, le nouveau prince 
de Dkm, aslant refus6, dans l'int&& dea Portugais, 
de lui fournir des vivres f force lui fut de rcgagner 
ses navires. Mahmoud s'&ait mcmtrg phis prudent 
que le prince arabe Aaden qui, pour prix de sa con- 
fiance, avail &6 pendu au grand m&t du vaisseau-ami- 
ral; il refusa de ae rendre k bord de la flotte de Sou- 
kiman malgr^ les instances de ce dernier; il eftt aana 
doute partag£ le sort du prince arabe d* Aaden et 
du prince de Sebid, Emir Ahmed. Le gouvernement 
de l'Yemen fut donnl a Moustafebeg , fils de Biiklu 
Mohammed-Paficha conqu&rant du Kurdistan. Sou- 
leimait* aprte une absence de dix mcds, entra dam le 
port de DjeddS le 22 schewal 945 (13 mars 1539), 
puis il alia faire ses devotions k la Mecque et re- 
vint par le Caire k Constantinople. Le Sultan, pour 
honprer le conqu£rant octog£naire de 1'Arabie, lui 

« Tfu portmguet Asia , J, p. 438. Carrying Mis above go pounds 
weight. 



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5o4 MSTOIRE 

assigoa une [dace dans le diwan parmi les vizirs '. 
L'incendie, la peste et la mort du grand-vizir firent 
diversion k la joie des triomphes obtenus dans les cam- 
pagnes de Moldavie, de Venise et d' Arabic Le 1 7 safer 
946 (ijuillet 1539), lefeu eclata dans le quartier de 
l'arsenal avec une telle violence que tons les prison- 
niers renferm^s au bagne perirent dans les flarames; 
pouss£ par le vent , l'incendie gagna Tantre c6t£ du 
port oii il exerga de terribles ravages ; neuf jours apr& 
ce d&astre, la peste enleva le grand-vizir Ayas-Pascha. 
Ayas-Pascha^taitd'origmealbanaige; ses fibres, tous 
Irois dans les ordres reUgieux, vivaient k Yakma^, 
residence de leur mire; aussi n'egt-il pee &otinant 
qu'Ayas-Pascha ftkt aussi favorable aux int&6tsde 
Venise qu Ibrahim son pp6d&essear. Ayas-Pascha 
avait la reputation d'un homme droit et loyal, mais on 
lui reprochait sa passion pour les femmes; k une cer- 
taine £poque, on vit dans sa maison jusqu'k quarante 
berceaux; a sa mort il laissa une posterity de cent vingt 
enfans 3 . La place de grand-vizir fut donn£e au se- 
cond vizir, Loutfi-Pascha , dumdme pays. que son 
pred£cesseur et distrngq^ par sa science, quality fort 
rare chez un Albanais. Bien different dAyas-Pascha, 



i Histoire des guerres maritime*, I. 27. Petschewi, f. 77. Ferdi, f. 3 14. 
Djelahade. Solakzade. Loutfi, f. 88. Voyez le Barkol-yemeni, dans les 
Notices et ExtraUs des manuscrits de la Blblioihtque du roi, L IV, f. 444* 

» Rapport de Piero Bragadino de l'annee i5a6, dans Bfarini Sanvto, 
t. XLI. 

3 Osman Efendi, Histoire des Grands-Fitirs ; et All, dans la Lisle des 
Fairs. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 3o5 

Loutfi, loin d aimer les fannies, faisait profession de 
les m6prifcer f et les mauvais traitemens qu'il fit subir a 
la sceur du Sultan qu'il avait epous^e [xvn] ltii atti- 
r£rent deux ans plus tard la disgrace de son beau- 
fr&re. Depos^ de sa charge, il fat s£par6de la sultane 
sa femme etexite k Demitoka ; la il £crivit un grand 
nombre d'ouvrages, et entre atitres line hisloire de 
Tempire ottoman qui ne s'arrtfe que douze ans aprts 
la destitution de son auteur [xvm]. 

Au commencement de l'automne de 1539, Sou- 
leiman traversa le canal de Constantinople pour alter 
chasstr sur le continent asiatique ; k son arriv£e k 
Brousa, les habkans s'&ant portes k cheval k sa ren- 
contre , il manifesta hautement le m&ontentement 
qu'il ressentait de cette cavalcade. Afin de ne plus 
6tre expose de la part de ses sujets k un pareil man- 
que d'^gards, il publia un ordre qui dtfendait a tout 
autre qu'aux possesseurs de fiefs de cavalerie , de 
venir le complimenter k cheval. Souleiman ne resta 
que huit jours a Brousa et en partit pour retourner 
k Constantinople; en passant par les Dardanelles, il 
ordonna de les fortifier d'apres le systfrne des Francs. 
Le 15 djemazioul-ewwel (28 septembre), il &ait de 
retour dans la capitale de Fempire. A loccasion de 
la circoncision des deux princes Bayezid et Djihan- 
ghir, furent donn&s des f&es qui dur&rent quinze 
jours, du 1 1 au 26 novembre. Le premier jour, Sou- 
leiman se rendit k THippodrome; les vizirs, les beg- 
lerbegs et les begs vinrent le recevoir et lui presen- 
ter leurs felicitations. Un magnifique festin fut offert 

T. V. 20 



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3o6 HISTOIKE 

aux janissaires et aux gardes- du -corps. Des lions, des 
tigres, des leopards, des panthdres, des lynx, des 
loups et des girafes furent donnas en spectacle k la 
multitude. Le lendemain , le Sultan , assis entre les 
kadiaskers et les defterdars , regut l'hommage et les 
pr^sens de ses vizirs; Loutfi-Pascha, l'eunuque octo-* 
g^naire et conqu£rant de 1'ArabieSouleiman-Pascha, 
Sofi Mohammed-Pascha , Roustem-Pascha , Soulei- 
man-Pascha, gouverneur d'Anatolie, et Ferhad-Pa- 
scha, gouverneur de Karamanie, furent admis a la c£- 
i&npnie du baise-main ; les ambassadeurs de France ' , 
deYenise, ceux de Ferdinand de Hongrie et du roi 
Jean Zapolya, partagdrent cet honneur. Les lutteurs, 
les saltimbanques, les bateleurs, les ombres chi noises, 
les jongleurs et les bouffons furent charges d'amuser 
le peuple. Puis ce fut le tour des chanteurs, des dan- 
seurs , des musiciens et mdme des juifs qui appor- 
t&rent sur la place publique un dragon k sept t&es. 
Les vizirs et les £mirs, les oulemas et les scheikhs 
obtinrent tous de riches pr£sens de la magnificence du 
souverain, et se retir^rent revfitus de kaftans d'hon- 
neur *. Simultan&nent avec la circoncision de ses fils, 
Souleiman c£l£bra le mariage de Roustem-Pascha avec 
sa fille Mihrmah 3 . 



t Le Napolitain Cantelmi. Voye* Partita, 1. X, p. 715, 718, 723. 

* Djelalzade, f. a33, a36. Ferdi, f. 317 et suiv. 

3 Paruta, 1. X, p. 714 : sarebbe stalo appunto in tempo delle solemnka 
delle nozze dtlla figliuola e del ritaglio deifigliuoli del Signore, et p. 72 3 : 
figliuola dei Signormaritata in Rusten. A la Bibliotheque R. de Berlin, parmi 
les manuacrits de Dies, n. 3r , se trouve, f. 43 de YOgJiouzname, une lisle 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. $o 7 

dependant , depuis trois ans , a dater du siege de 
Corfou, la guerre se continuait avec Venise. Pour der- 
nier fait d'armes de cette guerre d6sastreuse, les V£- 
nitiens avaient fait dans la Dalmatie la conqu&e de la 
place forte de Castel-Nuovo que Khaireddin ne tarda 
pas & reprendre sur eux. 

L'intervalle qui s£pare la soumission de cette place, 
une des mieux fortifi&s de la Dalmatie, et le commen- 
cement de la guerre , fat rempli par des entreprises 
plus ou moins heureuses pour les Ottomans ou les 
V6nitiens, qui prirent et perdirent r£ciproquement 
quelques ch&teaux. Nous entrerons dans quelques de- 
tails sur la prise ou la reddition de ces forts. 

Camillo Orsino , commandant v&utien de Zara , 
avait congu le projet de s'emparer du ch&teau d'Os- 
troviz. H embarqua trois cents fantassins et cent cin- 
quante cavaliers (fSvrier 1 538) , qui abord&rent k douze 
milles de Zara , pr6s d'un village appete Vecchio- 
Zara; apres avoir march£ toute la nuit v ils arriv&rent 
a Urana, ancienne residence du prieur des Templiers, 
oik ils serepos&rent; k la nuit tombante, ils se remi- 
rent en route, et le lendemain, k la pointe du jour, 
ils £taient devant Ostroviz, qui fut emport£e d'assaut. 
Sept cents Turcs y furent tues ; on br Ala les naaisons 
construites dans rinft&ieur du chateau ; toute la con- 
tree fut mise au pillage, et trois mille pieces de b&ail 
furent conduites a Urana '. On enleva aux Ottomans 

des mets qui furent servis a cette ffcte , document ctirieux pour f histoire de 
la gastronomie ottomane. 

i Storia di Guazzo, f. 2*0. Istuanfi, I. XIII, commet une grave erreur 

20* 



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?>a& HISTOIKE 

avec le m&ne bonheur les deux places d'Obrovaz ' et 
de Scardrina; dans la defense de cette demure suc- 
comba Mourad, un des parens du conquerant et san- 
djakbeg de Klis ; le senat les fit raser toutes deux, ainsi 
qu'Ostroviz, afin qu'elles ne pussent plus servir aux 
Turcs de centre d 'operations; c'&ait Ik le point d'ou 
ils pftrtaient pour exercer leurs brigandages sur les 
possessions de Venice et de Hongrie, et ou ils rere- 
naient d£poser leur butin \ Les succte dt Venise fo- 
rent bient6t contrebalances par la prise du ch&teau- 
fort de Nadin. Situ6 h dix-huit milles de Zara, le fort 
de Nadin, b&ti stir un rocher tr£g-£lev£, servait pour 
ainsi dire de tour d'observation aux V^nitiens, qui de 
cette position pouvaient reconnaitre et signaler les 
marches des ennemis sur Nona, Zara, Sebenico, Poli- 
sena et Novigrad. Le ch&telain de Nadin etait un noble 
y£nitien, et la garnison ne comptait que quarante ca- 
valiers et cinquante fantassins, quand un officier re- 
nlgat, Morato de Sebenik, amena trds mille Turcs 
sous ses murs. Effray& de la superiority du iiombre, 
leg as6i£g& acceptirent honteusement une capitulation 
qui stipulait leur libre retraite; rtiais, apr&s avoir ainsi 
Iivr6 le ch&teau sans coup-ferir, ils ne tard6ren{ pas 
k subir la punition de leur l&chete; leurs t&es, sau- 
vees du sabre des Turcs, routerent sous la hacbe au 



chrDDotogiqire en faiaant devaiicer la prise de Nadin par la conquele d'Os- 
trovii dont la soumission eut lieu au mois de fevrier, tandis que celle de 
Nadin eut lieu an nois d'avril suivant. 

> Parota, 1. IX, p. 672. 

» ktuanfi, 1. XJU, p. ax 8, edit, de Cologne. 



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DE l/EMPIRE OTTOMAN. 809 

milieu de la plaoc de Saint-Marc \ Khosrew, pascha 
deBosnie, et Mourad, sandjak de His, s'empardrent 
peu de temps apr£s de Dubiza, au confluent de la Save 
et de rUnna; cet fohec d&termina les garnisons des 
chateaux-forts de Iasenowiz et Sobocs, sku& sur la 
Save, k les abandonner et k les livrer aux flammes*. 
Les capkaines Nadasdy et Keglovich , voulaot pre- 
server les places de Siscia, de Rasovicz et d'Agram, 
du sort de Dubiza , avaient surpris Iasenowiz alorfr 
occup£e par les Ottomans, et en avaient ras£ les murs, 
apr&s sen £tre partag£ le butin K Lorsque Katzianer 
eut &e defait pr£s d'Essek , le general Devel , k la 
i6te d'un corps de Boh£mes, essaya de chasser les 
Turcs de Tokay, au confluent de la Bodrog et de la 
Theiss en Hongrie ; mais ceux-ci se rendirent mattres 
de ce bourg, malgr6 le secours que Pierre Pereny s'£- 
tait bite d'amener. Pereny fut bless£ dans le combat 
x|ui se livra sous les murs de Tokay et torci k la re- 
trace, et les Tures rest&rent matures du bourg; mais 
pr^voyant qu'ils ne pourraient pas s'y maintenir, ils 
«e contentment de le saccager et revinrent sur lours 

la prise de Castd-Nuovo, forteresse dalinate, bAtie 
au bord de la mer k mi-chemin de Raguse et deCat- 

■ Storia di Guosmo, f. aai. Petschewi, f. 66 et 74. Ajurania (Urina) 
et Nadin. Paruta, 1. II,, p. 670. 

• fetuanfi, I XHI, p. »if . — » Ibid. 

4 Storia di Guazu> y t »i6. Cette atlaque des Bonnet ne se tanne pis 
dans Catona ; j'ose a peine donner, d'apees Gvasao, le aom du chef de cette 
expedition qu'U appelle taotAt X>eve, ta»t6t Dtvcl Jzemher di mmtion Beemia. 
Ce non est bien plus hongrois que bohlmien. 



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3io H1STOIRE 

taro, fut un des £v6nemens les plus important de cett€ 
campagne. 

La flotte combined des chr&iens avait perdu, ainsi 
que nous l'avons dit, la bataille de Prevesa, la veille 
du jour oil la lutte souterraine des 61£mens avait fait 
surgir une nouvelle montagne k Pozzuolo, et projeii 
le rivage dans la mer x . Apr&s le combat, le prince 
de Melfi , le legat du pape et 1'amiral v^nitien Vi- 
cenzo Capello se dirig&rent vers Cattaro, afin de com- 
mencer de Ik les operations pour le stege de Castel- 
Nuovo [xix], Une violente temp&e assaillit Khaireddirt 
qui se disposait k les suivre; sa flotte fut dispers£e , 
et il ne put effectuer son entree dans le port de Va- 
lona qu'aprds avoir perdu plus de soixante-dix na- 
vires; \k il s'occupa activement k r£parer ses avaries 
et k rassembler de nouvelles forces a . Le dimanche 
24 octobre 1538, l'arm£e navale des chr&iens s'ap- 
procha de Castel-Nuovo; les galeres &aient &he- 
lonn&s quatre par quatre; cbaque rang devait k son 
tour l&cher sa bordee et se retirer pour faire place 
k ceux qui suivaient ; mais avant que la premiere 
' ligne eAt pu ex^cuter cette manoeuvre, les quatre ga- 
lores qui formaient la seconde s'avanc&rent avec tant 
de rapidity, que les deux rangs menacirent de s'en- 
trechoquer avant que le premier eAt eu le temps de 



« Le ag septembre. Alberli, Detcriiione di turn Italia, p. 178. Antoine 
Doria, dans Goebel, p. 5i , se trompe lorsqu'il dit le mime jour, ou un pea 
avant le combat; il feat lire apret le combat. 

» Storia di Guatzo, f. 94a; et Hadji Khalfa, HUtoire des guerres 
maritime*, f. a6. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 3i t 

virer de bord. Le d&ordre qui r&ulta de cette ma- 
noeuvre mal faite ne fit que h&ter le succ£s de l'en- 
t reprise; les Equipages gagn&rent la terre ou ils n'eu- 
rent d'autres ressources que de monter sans echelles 
a l'assaut, au milieu du feu terrible de la forteresse. 
La ville fut emportee, et les deux forts qui la d£fen- 
daient du c6t6 de la mer et du c6t6 de la terre se 
rendirent. Dix-sept cents prisonniers, et un butin qui 
fut £valu£ k plus de soixante-dix mille £cus, furent le 
prix de cette conqu&e ; le vice-roi et capitaine-g^ne- 
ral de Naples, Ferdinand de Gonzague, prit posses- 
sion de cette importante forteresse, et y mit une gar- 
rison de quatre mille Espagnols, sous les ordres de 
Francisco Sarmiente '. Au 1" Janvier de I'ann£e sui- 
vante(1539), trois sandjakbegs, conduits par Morato 
de Sebenico, vinrent avec six canons pour investir la 
place. Morato comptait determiner la garnison espa- 
gnole k capituler aussi ais&nent que celle de Nadin ; 
mais sans lui laisser le temps de faire ses propositions 
ou de les appuyer k coups de canon , les Espagnols 
firent une sortie, s'empar6rent de I'artillerie ennemie et 
rejet&rent les Turcs sur Spoleto. Les habitans de cette 
place attendaient les Ottomans dans une embuscade, 
od ils leur tu£rent soixante-dix hommes 2 . Pour r£- 
parer cet &hec, une nouvelle flotte mit a la voile et 
une arm£e de terre fut dirigee sur Castel-Nuovo. 

> Sloria di Gvazzo f f. 247. Hadji Khalfa, Histoire des guerres mari- 
time*, f. *fe, fixe le nombre des soldats a six mille; Autojue Doria, dans 
Goebel, seulemeut a trois mille. Paruta, 1. X, f. 71©. 

> Sloria di Guazzo , f. 247. 



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5 is HISTOIRL 

Khosrew-Pascha, recemment pronto k la dignite de 
beglerbeg de Rourailie, alia investir la place arec 
soixante mille homines, tandis que Khfdreddin partait 
avec cent cinquante navires pour la rotate destination ' . 
Le 1 3 juillet 1 539, Tavant-garde de la flotte ottontane, 
forte de vingt-sept gateres, sous les ordres du cor- 
saire Djoufoud Sinan, arriva en vue de Caetel-Nuovo. 
Le lenderaain , les Turcs vinrent faire de l'eau k la 
fontaine qui toule h une distance de mille pas de la 
ville; les Espagnols les surprirent, et les forc&rent de 
regagner leurs vaisseaux apr& avoir laiss£ quatre cents 
homines sur la place. Le 1 7 juillet, Barberousse arriva 
lui-m&ne devant la forteresse ; il venait de Cattaro, oii 
le prov^diteur Mathieu Bembo s'&ait empress^ de lui 
envoyer des rafraichissemens. Quatre-vingts canons * 
furent d£barqu£s poui ouvrir le stege. Dans ce nom- 
bre, il faut comprendre trois basilics qui langaient des 
boulets du poids de cent livres ; deux de ces basilics, 
places sur des afftits h huit roues et flanqu& detrente 
canons de stege et fauconneaux, furent mis en batterie 
du ct&k de l'4glise de Sainte-V&t&ande; le troisi&ne, 
appuy6 par autant de pieces d'un calibre inf&ieqr, 
foudroyait la ville du c6t6 des salines; vingt autres 
bouches & feu&aient au centre de Tarm^e turqde. Pen- 

* De CastelU novi Hreptione a Solimano tmperatore facta anno i54 
(i539) narratio Chrutopkori Richeri ad Francis cum regent Galium in ifyn- 
dromus, p. 76. » U compte encore 35,ooo moriaques et martolotes; mais ce 
nombre paftftt meriter pen de foi, si Ton considere qu'il s'est meme tromp6 
dans 1 annee du siege. 

9 Richer, dans Sydrorous, p. 476. Hadji Khalla, Uistoire des guerre* 
maritime*, f. 27. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 5i3 

dant les trois semaines que dura le stege, les batteries 
ottomanes lanc&rent ensemble pr& de dix mille bou- 
lets V Le 7 aoAt, Khosrew-Pascha et Khaireddin doti- 
ntrent simultanement Tassaut. IWj& les Tares avaient 
p£n&r£ dans la *ville, quand Sarmiente accourut avec 
une troupe de braves et les rejeta bors des murs avec 
une perte de huit mille hommes. Le lendemain, deux 
trarofuges espagnols apprirent k Khaireddin que la 
forteresse manquait de vivres et de munitions; que 
la garnison avait £prouv£ de grandes pertes depuis le 
commencement du stege, et que le dernier assaut avait 
r£duit k trente hommes les sept cents soldats qui d6- 
fendaient le fort de la haute ville. Sur cette nouvelle, 
.Khaireddin r£solut de livrer un nouvel assaut, qui fut 
le dernier et le plus meurtrier (10 aotit). Les Otto- 
mans escaladferent les murs et p^netrerent une se- 
conde fois dans Tint&ieur de la place; les Espagnols, 
trop foibles pour les repousser, battirent en retraite, 
combattant toujours et vendant ch£rement leur vie. 
Alors settlement Sarmiente, qui n'avait plus que trofs 
cents hommes des quatre mille qu'il commandait k 
Touverlure du stege, offrit de rendre le fort qu'il 
gardait encore du c6t6 de la mer et de capituler. Les 
janissaires et les martoloses, qui n'avaient £pargn£ ni 
femmes ni enfans, demanderent a grands cris qu'on 
leur livr&t les prisonniers pour venger sur eux la 
mort de plus de huit mille de leurs freres tu& pendant 



• Richer : novem missiHiu* pilarum, p. 77. D'apres Hadji KhaMa, huit 
mille deux cents, f. 37; et d'apres Guazzo, treize mille, p, 964. 



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3i4 HISTOIKE 

le stege. Toutefois Barberousse refusa de satisfaire 
a leur deroande, et emmena k Constantinople Sar- 
miente et les antra officiers *. Oulama, transfage per- 
san, regut le coramandement de Castel-Nuovo; le len- 
demain de la prise de cette forteresse, la garnison du 
ch&teau-fort de Risano se rendit sans combat \ Deux 
jours apr6s, le prov£diteur de Cattaro envoya de nou- 
veaux rafraichisseroens au g^neraliseime de la flotte 
ottoraane; mais Barberousse, fier de ses succ&s, les 
refusa et demanda les clefs de Cattaro. Bembor6pon- 
dit que la place appartenait a la r6publique, et qu'il 
saurait repousser toute attaque faite au m£pris de la 
ta&ve qui existait entre Venise et la Porte. N6anmoins 
Barberousse d£barqua ses troupes deyant Cattaro le 
15 aoAt , et en commenga le si£ge; mais Bembo di- 
rigea sur les assaillans un feu si meurtrier, qu'il les 
obligea de renoncer k leur entreprise. L'amiral otto- 
man rembarqua ses troupes apr&s avoir re$u du pro- 
v£diteur cinq cents £cus qui lui furent offerts dans un 
vase d'argent 3 . 

Pendant que Souleiiman pressait r expedition qui 
devait le rendre maitre de Castel-Nuovo, le s6nat de 



> Richer, l.c.,p, 77 el 78. Storia di Guazzo, f. 364. Hadji Khalfe, 
Uistoir* des guerre* maritimes, L 97, fixe le commencement du siege au 
8 rebioul-akhir (a 3 aout). 

» On trouve, dans les huh volumes des Scritture turchesche, deux depe- 
ches originates du doge datees du a a juillet t53a : Nobili et sapienti vifo 
Contareno oraiori itostro et dilectissimo Laurentio Gritti ConstanUnopoli emit' 
tentibus. II y est dit : E ringrazierete V Ambassador Francese (Rincon) per 
Ubuon officio che thafalto rifferiioci per ditto D. Cetare Cantebno. 

3 Paruta, 1. X, p. 711. Storia di Guasso, f. i65. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 3i5 

Venise avait entam6 unfe negotiation h Constantinople 
pour obtenir la paix ou du moins une trfrve g£n£rale. 
Gritti , qui avait && envoy6 k la Porte k cet effet, 
revint au commencement du mois d'avril 1539, et 
rapporta qu'il avait 6t6 pr£sent£ aux vizirs par Tin- 
terpr&e ottoman Younisbeg ; que ceux-ci l'avaient vega 
avec bienveillance, et qu'on pouvait esp£rer d'ob- 
tenir la paix. Ausstt6t le s&iat fit partir pour Constan- 
tinople Pietro Zen , qui avait &6 envoy6 d£jk deux 
fois en ambassade aupr£s de Souleunan. Pietro Zen 
&ait charg^ de renouveler le traits pass6 dix-huit 
mois auparavant avec la Porte; mais il mourut en 
chemm, k Bosna-Serai, sans avoir pu s'acquitter de 
sa mission. Tommaso Contarini, 4g£ de quatre-vmgt- 
quatre ans, que la destin^e mettait en continuel rap- 
port avec les Turcs, soit dam les combats, soit dans 
les negotiations, remplaga Pietro Zen '. Cependant 
les pr^paratifs des Ottomans contre Castel-Nuovo se 
poursuivaient avec activity ; ce ne f ut qu'apr&s la prise 
de cette ville que Contarini arriva h Constantinople. 
Souleiman le regut en* audience solennelle, mais ne lui 
adressa pas la parole; pendant Urate la duree de Fen- 
trevue, il tint continuelleraent sa main sur la poitrine, 
geste que les officiers de la cour interprit&rent comme 
un signe de mauvaise humeur ou de colore \ On re- 
poussa avec d6dain les propositions de Contarini, qui 
demandait la restitution de quelques villes; en y r6- 
pondant, les vizirs r&lam&rent au contraire la cession 

» Partita* p. 7x3. 

a D'animo lurbaio. Paruta, p. 714. 



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3i6 HISTOIHE 

<Je Malvowie, de Napoli di Romania et de l'Albanie 
juaqu'fe Castel-Nuovo. Efiray£ de oes demandes exor- 
bitantes 9 Contarini crut prtident de sua pendre toute 
negotiation ult&ieure. A l'issue de la conference, le 
grand- vizir, dans l'iotention de lui faire cotnpreodre 
qu'un traits n'£tait possible que dans le cas oii il serait 
povrvu de pouvoirs plus &endus, luidit: « Allez voua- 
m&ne k Veni$e, mais soyez deretour aumoi* desep- 
tembre pour asaister aux fttes de la circondsion des 
enfaosdu Sultan, et du manage de sa filler Ces fttes 
furent c£ttbr£es avec la pompe aecoutumle; cepen- 
dant, malgr6 l'absence dn ptenipotentiaire v6nitien, le 
baile Canale, renria en liberty , fat invito k assister k 
oette solenoid. 

Au commencement de Tarni^e suivaote (1 540) , le 
a&nateur Luigt Badoero vint reprendre k Constanti- 
nople lea negotiations d£j& ouvertes relatrveraent k la 
paix*, il &ak charge de trailer, en stipulant que toutes 
chofee seraient remises sur le pied o&elles 6taient avant 
la guerre; il ftait autoris6 k offrir a la Porte jusqu'b 
trok cent mflle ducats a titre d'hidemnitl pour frais 
d'exp£ditiofi ; cependant il ne devait dans aucun cas 
e&Ier Malvoisie et Napoli di Romania. LA s'arr&aieiit 
les instructions donates par le s6nat k Badoero; mais 
le cooseil des Dix lui remit de plus amples pouvoirs 
qui lui permettaient jusqu'& r abandon des deux places 
de Napoli et de Malvoisie. Badoero fut desservi dans 
sea negotiations aupr&s de la Forte par Cantelmi ' , 

■ Vojtx, sur les deux missions de Cantelmi ft Constantinople pour nego- 



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DE L' EMPIRE OTTOMAN. 5i 7 

NapoHtain emigre, qui Aadt devenu atnbasaadeur du 
roi de France Francois I". Le* fibres Cavern, dont 
Tun &ak secretaire do senat, et 1'autre secretaire du 
conseil des Da, avaient train " k Cantelmi les doubles 
instructions de Badoero; ilg expferent plus tard leurs 
indiscr&ions par le suppBce de la potence. Cantelmi , 
maitre de ee secret f le ljvra ao diwan. Aussi loraque 
Badoero, it son arrivle k Constantinople, Toulut se 
renfermer dans les ordres stricts du s&iat , les vizirs 
rejet£rent ses propositions bien loin, et d£clar&rent que 
la paix ne pourrait 6tre achetee que par de plus grands 
sacrifices. Enfin, apr&s trois mois de pourparlers, 
Badoero conclut un traits qui cotita k la r£publique 
Malvoisie et Napoli di Romania, les ch&teaux-forts de 
Nadin et d'Urana sur les c6tes de Dalmatie, toutes 
les petites iles dans l'Archipel dont Khaireddin-Bar- 
berousse avait fait la conqu&e dans sa premiere cam- 
pagne, telles que Scyros, Pathmos, Paros, Antiparos, 
Nio, Egine, Stampalia, et enfin trois cent mills ducats 
k titre d'indemnit£ des frais de guerre. Ce fut settle- 
ment dans le cows de l'ann£e suivante que les am- 
bassadeurs des deux puissances echjjngirent la rati- 
fication de ce traite, qui, s'il ne fut pas glorieux pour 
Venise, la tira cependant d un grand danger [xx]. 

Telle fut la fin des hostilites de la Porte avec les 
V6nitiens. Dans le cours de cette guerre , les armees 
ottomanes avaient &6 occupies simultan&nent en Eu- 

cier une treve entre Souleiman et Venise, Partita, 1. X, p. 715, 718, 733. 
Hassan ignore ces faits. 

» Paruta, 1. X, p. 728. Daru, 1. XXVI, p. 57. 



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3i8 HISTOIRE DE L'EMPIRE OTTOMAN. 

rope et en Asie : pendant que Khaireddin battait dans 
la M£diterran£e la flotte combine de Venise, du pape 
et de l'empereur, le Sultan chassait le prince de Mol- 
davie de ses Etats , imposait un autre souyerain k ce 
pays, et Souleiman-Pascha portait ses armes dans les 
Indes, asstegeait Diou, et r£duisait sous la domination 
de la Porte deux princes arabes. C'est ainsi que la 
fortune de Souleiman triompha h la fois sur trois 
points diff&ens, h l'ouest, au nord et au midi de ses 
Etats, 



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LIVRE XXX. 



Ambassades de Ferdinand. — Guerre de Hongrie. — Incorporation d'Ofen 
dans les possessions ottomanes. — Entreprise de Charle*Quint tur Alger. 
— Siege de Nice et de Pesth. — Dixieme campagne de Souleiman. — 
Prise de Valpo, Siklos, Gran, Stuhlweissenbourg. — Mori du prince 
Mohammed. — Chute de Wissegrad, Neograd, Welika. — Batailles de 
Lonska et de Salla. — Mort de KJiaireddin-Barberousse et de Roustem- 
Pascha. — Paix avec Charles-Quint et Ferdinand. 



Ce livre raconte les £v6nemens survenus depuis la 
paix avec Venise jusqu'au traits conclu avec Charles- 
Quint et son frere Ferdinand, et comprend un espace 
de sept ans que remplit tout entier la guerre de Hon- 
grie et pendant lequel la puissance de Souleiman ar- 
riva k son apogee. Ces sept ann£es expirees, nous en- 
trerons dans la seconde p£riode du r&gne de ce grand 
monarque; nous n'y trouverons pas des faommes 
d'Etat ou de guerre aussi remarquables que Khair- 
eddin-Barberousse et Ibrahim , des conqufites aussi 
brillantes que celles de Belgrade, de Rhodes, de Bag- 
dad et de la Hongrie; mais par Incorporation de la 
plus grande partie de ce royaume k Tempire ottoman 
et par l'abandon de la Hongrie sup£rieure k l'Au- 
triche, nous verrons le pays des Magyares devenir le 
theatre d'une lutte acharn£e entre la civilisation eu- 



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320 HISTOIRE 

ropeenne et la barbarie asiatique, qui pendant cent 
cinquante ans menaga d'enyahir l'Occident. Dans le 
cours des sept ann£es qui vont nous occuper main- 
tenant, une conqu£te aussi importante que celle de la 
Hongrie, un traits de paix aussi grave par ses resul- 
tats sur les affaires politiques de l'Europe que le der- 
nier traits de Charles-Quint avec Souleiman-le-Grand, 
les £v£nemens qui en furent la suite, appel&rent dun 
c6t6 d'immenses d£ploiemens de forces sur les champs 
de bataille, et de Fautre une remarquable activity de 
la diplomatie dang les cabinets des puissances euro- 
p£ennes. 

Pendant et apr&s les negotiations entre Venise et la 
Porte , Ferdinand s'&ait efforc£ de conjurer Forage 
qu'il privoyait devoir fondre sur ses Etats; Charies- 
Quint -se joignit a lui pour donner enfin a l'Europe la 
paix dont elle &ait priv£e depuis si long-temps. Les 
expeditions, les victoires, les d£faite& regoivent une 
immense publicity par l'accomplissement du fait ltu- 
m£me; il n'en est pas de m£me des negotiations di- 
plom&tiques, qui le plus souvent sont destinies h renter 
secretes, et dont les pieces demeurent quelquefois en- 
fouies des sixties dans les archives, avant de devenir 
accessibles a l'historien. Cest h ce defaut de sources 
qu'il faut attribuer les narrations incompletes ou entte- 
rement erron£es des historiens sur les negotiations 
qui pr£c&terent ou suivirent la guerre de Hongrie. 

Les trois lettres que Souleunan avait exp£diees de 
Bagdad, de Tebriz et Diarbekr, a Ferdinand , avaient 
eu chacune une r^ponse immediate [i]. Apres le retour 



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t)fc L'EMMKK OTTOMAN. 



Dit 



du Sultan k Constantinople, Ferdinand envoy a Maria 
Darcizi pour le flicker de I'heiireuse issue de la cam- 
pagne de Perse , et se plaindre des infractions faites 
au traits r£cemment conclu, des retards apport^s kla 
restitution de la dot de la reine Marie, et des courses 
contumelies des Ottomans sur les frontidres des Etats 
de Ferdinand. Le grand-vizir Ayas-Pascha [n] r6- 
pondit k Barcizi que, sails le meurtre de Gritti, la dot 
de la reine Marie aurait &6 rendue depuis long- 
temps, que les incursions des Ottomans sur les fron- 
tiferes avaient &6 provoquSes par celles des Autri- 
chtens dandles possessions de la Porte, et que la sou- 
veraineti de la Servie appartetiait k Souleiman; il 
termina en disant que le comte Srin et autres, qui de- 
puis deux ans avaient £lud£ le paiement du tribut , 
seraient somm^s de solder leur arri6r6. 

La dtfaite que Katzianer essuya k cette £poque ne fit 
que i$ndre la paix. plus probl&natique; mais Ferdi- 
nand, pour pnSvenir les suites que pouvait avoir cet 
6v£nement*envoya k Constantinople J£r6me Lasczky ', 
palatin de Siradie, qui dix ans auparayant avait accom- 
pagn£ Souleiman au si6ge de Vienne en quality dam- 
bassadeur de Zapolya. Apr£s le meurtre de Gritti, 
Lasczky avait &6 jet£ en prison par Zapolya; ay ant 
recouvr^ la liberty par Intercession de Sigismond, roi 



i La Iettre4e creance de Lasczky est datee du S septembre i53o; ellt 
se trouve dans les archives de la maison I. R. d'Autriche> Lasczky avait 
poor collegue Andronicus Tranquillus qui avait quitt£, comma lui, le ser- 
vice de Zapolya. Voyez la lettre adressee par Veranins a son frere, la 
5 fetrier 1S41 , dans Catona. XX, p. 1309. 

T. V- • 21 



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3m H1STOIRE 

de Pologne, il &ak entr£ imm&tiateiBent au service de 
Ferdinand, et &ait devenu 1'ennemi implacable de son 
ancien mattre, dont il avait 6t6 jusque-b im des plus 
fermes soutiens. Obtissant k un besoin de vengeance, 
il dtaonga k Soulefaian le traits secret conclu par 
Zapolya, k Grosswardein, avec Ferdinand. A cette 
nouvelle, le Saltan s'&ria, en s'adressant k Loutfi- 
Pascha qui se trouvait prte de lui : «Ces deux rois sont 
indignes de porter la couronne; ce sont des hommes 
sans fieri; la crainte de Dieu ni celle des hommes n'a 
pa les empteher de violer le traits qu'ils avaient juri 
d'observer l . » Lasctky entra le 8 octobre k Constan- 
tinople, et fat re$a le 7 novembre en audience par le 
Sultan, qui ne l'&xmta qu'avec une impatience mar- 
quee, et l'accabla de reproches en lui rappelant le sttge 
d'Ofen. Les uns conseillaient k Souletoan de te ren- 
voyer le nez et les oreilles coupes, les autres de le jeter 
dans les fers* Cependant Lasczky r&issit k s'6p{ffgiier 
ces traitemens k force de lib&alkfc; Roustem-Pascha 
seul ne voulut rien accepter de l'ambasssadeur, qui 
hii avait offert en present une chalne d'or \ L'annfe 
suivante, Lasczky partk de Haguenau pour Gonatan- 
tinople , avec de nouvelles instructions de I'empe- 
reur 3 , d'apr&s lesquelles il devait tout tatter pour de- 
terminer Souleiman k e6der k l'Autriche la partie de 
la Hongrie que Zapolya avait jusqu'alors poss£d£e, et. 

i Javius, XXXIV, p. ai^. 
* Rapport de Lasoky, dans les archives I. R. 

3 Instructio pro Hieronimo a Lmshio Ormort id Soiimammm, dd. Hage- 
novi« 8 julii i54o. 



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DE L'EMHRE OfTOMAN. 3*3 

promettre en retour on present annuel en montres, 
faucons, chiens, etc. Quinze jours apr& le depart de 
Lasczky, la molt de Zapolya n&essita 1 envoi d'une 
nouvelle ambassade de la part de Ferdinand : « Cours, 
vole k Constantinople, » &ait-il dit dans les instructions 
donn&s k Andronicus Tranquillus ; il lui &ait en ontre 
enjoint de ne rien n^gliger pour gagner aux intfr&s 
du roi le grand-vizir Loutfi-Pascha, le vizir Roustem- 
Pascha etledrogmande la Porte, Younisbeg 1 . 

Souleimah avait envoy£ de son cftti un tschaousch 
k Ofen pour constater la naissance dun fils que Za- 
polya, quinze jours avant sa mort, avait eu de la reine 
Isabelle; Mailath, qui s'&ait d£clar£ votevode de 
Transylvanie, avait cherche a jeter dans les esprits 
des doutes sur la l^gitimit^ de oet enfant a . Isabelle 
apporta au tschaousch son nourrisson dans ses bras, 
et le recommfenda k la protection du grand empereur. 
En m&ne temps, par un mouvement plein de gr&ce 
et dont la hardiesse n'&ait pas ctepourvue dun certain 
charme pudique, la mire d&ouvrit son sein d'alb&tre 
et allaita son fils en presence du tschaousch 3 ; celui-ci 
s'agenouilla, baisa les pieds du nouveau-n<6, et jura 
au nom de Souleiman, en posant sa main droite sur la 
poitrine de l'enfant, que d&s l'&ge de sa majority le fils 



i Imstructio pro Jndronico Tranquillo, dd. Vienna, aotit i54o : Ut 
ConttantinopoUm adwles, curras, erti fieri potest adjuvanle Luifi et Rustem , 
Bacha nee non Jomubeg audientiam impetrare studeas, Dans les Archives 
de la maison I. IL d'Autriehe. 

a Vttanui EpistoU, dans Catona, XX, p. 1418. 

3 Rechtso mamiUari el exterta papilla coram laclavwe. 

21* 



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5*4 HISTOIRE 

du roi Jean, & Inclusion de tout autre, r^gneraff sur 
la Hongrie '. . 

Opendant Leonard Fels, un des g6n6raux de l'ar- 
m6e de Ferdinand , vint mettre le stege devant Ofen ; 
mais il se retira presque imm6diatement, la mauvaise 
saison &ant d^ja fort avanc^e, et s'empara des places 
fortes de Pest » Waizen , Wissegrad et Stuhlweissen- 
bourg. D& Fouverture des hostilities, Isabelle s'&ait 
empress£e de d£puter k Constantinople ses fiddles 
conseillers , Verboeczi et Cerzeky, pour implorer les 
prompts secours du Sultan. Les ambassadeurs d'lsa- 
belle admis k l'audience de Souleiman d£pos&rent au 
pied de son tr6ne, avec de riches pr&ens, le tribut 
de la Hongrie, s'&evant k trente mille ducats (octobre 
1540); il leur fut remis en retour un dipl&ne par 
lequel la Porte confirmak dans la dignh£ royale son 
vassal tributaire , le fils de Zapolya \ Le beglerbeg 
de Roumilie, Khosrew-Pascha, et le troisteme vizir, 

Mohammed-Pascha , re^urent ordre de marcher en 

« 

toute h&te sur Ofen ; le Sultan devait les suivre k la t&e 
de Tarm^e, pour aller soutenir les droits dlsabelle 
comme reine regente [hi]. 

Uti mois se passa encore en conferences entre 
Lasczky et les vizirs. L'ambassadeur de Ferdinand 
excqsa le siege que son maitre avait mis devant Ofen, 
et qui &ait devenu le sujet des &ernelles recrimina- 

* Vcrantii Epistola, dans Catona, II, p. i4*8. 

* Ferdi, f. 336. Kharmdj wa$i olounoub eltsckisiiU nitcfuni malischa* 
gtrnderildiy c'est-a-dire : - On lui (au fils de Zapolya) inposi lelaradj, 
» et on lui envoya par son anibassadeur le sublime dipltae. » 



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DE L'EMPIKE OTTOMAN. 3j5 

lions du diwan, en se rejelant sur ce qu'il n 'avait &e 
conclu qu'une tr^ve de deux mois entre la Porte et 
l'Autriche; il ajouta qu'au surplus Ferdinand n'avait 
attaqu£ que les possessions de Zapolya , et non la 
Croatie , ni les autres provinces appartenant k Sou- 
leiman. Lorsque Lasczky toucha les points que d6ja 
l'ann& pr£c£dente il avait inutilement ddbattus ' , le 
grand-vizir Loutfi-Pascha se contenta de lui dire : « Tu 
paries bien , Lasczky , mais tu agis mal \ » Les trois 
autres vizirs, Roustem-Pascha, gendre du Sultan, 
Souleiman-Pascha, et Mohammed -Pascha, lui repro- 
ch&rent d'avcrir, lur Polonais, abdique ses sentimens 
de nationality pour servir les Allemands; Lasczky 
justifia sa conduite en citant l'exemple de l'ambassa- 
deur du roi de France, qui, n6 Espagnol, servait les 
iiit£r6ts de Frangois I" contre son souverain legitime 3 . 
Loutfi-Pascha ayant demande dans quel but avait &e 
conclu le traits de Haguenau entre Frangois I er et 1'em- 
pereur : « Demande-le au grand- amiral , » lui r£pondit* 
Lasczky, en desigtiant Barberousse qui assistait au- 
diwan. « Dois-je, r£pliqua Barberousse en riant, re- 
presenter ici 1'ambassadeur du roi de France *? » 
Apr6s le diwan, les vizirs invit&rent Lasczky au festin 
d'usage, lui firent des complimens sur ses voyages et 

■ 7 Dovembre. In Dwano repetivi lcgationem,qwmj*pprio,ri anno fmtpK 
Rapport de Lasczky. Engel, IV, p. 71, parte de deux ambaisades, mail 
c'est une erreur. 

» Pulchre locutus, turpe fecisti. Rapport de Lasczky. 

* II voulait probablemeut designer Cantelini qui , nc Napoliuiu x «4af t 
fujet de Chailei-Quiut. r 

4 flute me fmcere Regit oratonm. Rapport de L4$caky« 



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3a6 HISTOUtE 

&s ambassades, et le felicit£reot de pouYoir ttre admfe 
en presence du Sultan (7 novembre 1540). Lasczky 
leur raconta, k propos des diverse* missions dont il 
avait &6 chargt, quk la cour de Charles-Quint il afvail 
combattu Fopinion de deux ambassadeurs persans, 
qui faisaient remonter Fanciennet£ des schahs de Perse 
plus haut que celle des sultans ottomans. L'un de ces 
ambassadeurs, ajouta-t-fl, avait && envoys d'abord an 
roi de Portugal, puis a Fempereur, pour les instruire 
des progrds alarmans de Souleiman dans la Perse; 
Fautre &ait charg£ de determiner Charles k faire la 
guerre aux Ottomans , afin de partager avec le schah 
Fempire du monde; Charles aurait &£ maitre de 
FEurope , et le schah maitre de FAsie. « Mais com- 
ment, lui demanda Loutfi avec ironie, vous 6tes-vous 
entendu sur les limites de vo& empires l ? » Vers midi 
du mdme jour, Lasczky fut introduit dans les appar- 
temens de Souleiman , qui , en le voyant arriver, Fa- 
postropha ainsi : « As-tu dit a Ferdinand que la Hon- 
grie m'appartient? Qu'y vient-il done faire a ? » Pu» 
il se livra k une violente colore , pendant Fexplosion 
de laquelle on emmena Fambassadeur hors de la salle 
d'audience. Les vizirs rest&rent pendant trots heures 
avec le Sultan k tenir conseil sur Fopportunitl d une 
nouvelle guerre avec Ferdinand ; Fentr^e en campagne 
ayant &6 r&olue, des crieurs publics proclamftrent la 
decision du diwan, et Lasczky fut retenu prisonnier 

* Qtwmodo confinia composuUUs cum K'uilbassa (le schah). Rapport de 
Lasczky. 

a Rapport de Lasczky. 



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DE L'EMPIRfc OTTOMAN. 327 

dans le palais du grand- viiir *. Le drogman Younis- 
beg vint lui porter des consolations dans sa captrvit£ 
et l'exhorter k prendre courage , en l'assurant qu'il 
n'avait riena craindre, parce que le Padischah trou- 
vait fort beaux les fancons dont il lui avail fait present : 
le vieil eonuque Soukiman-Pascha, lui dit-il, avait 
faien ii la v&itd ouvert l'avia de lui faire couper le nez 
et les orcflles, raais le Sultan n'y avait pas consent!* 
Loutfi-Fascha proposa k Lasczky d'entrer au service 
de la Porte; celui-ci ayant refus£, en altegnant qu'il 
ne pouvait abandonner sea biens, sa femme et ses en- 
fans, le grand-vizir lui r^pondit qu'on ne pouvait 
admettre oe pr&exte, puisqu'en se vouant aux mt£r&s 
du Sultan, il ne manquerait ni de femmes m de cha- 
teaux. Lasczky ayant persist^ dans son reftis, demeura 
consign^ che« le grand- vizir ; il led fat permis cepen- 
dant de sortir le dimanche, pour aller entendre la 
niesse dans l^glise du patriarchat grec; malgr£ la ri- 
guew dont on usait envers lui, une somme fut affectfe 
a son entretien et k cekri des personnes faisant partie 
de l'ambassade. Le 1" dlcembre 1540, Souleiman se 
rendit k Andrinople accompagn6 des princes Mo- 
hammed et S61im et de trois mille janissaires. II n en 
revint^que le 4 avril de l'ann6e suivante (1 541 ). Trois 
semames apr£s son retour, cent vingt hommes et sept 
femmes, soup$onn6s d'avoir \6\6 au tr&or une somme 
de mille vingt-cinq ducats, subirent le supplice de la 
question. Vers lem&ne temps, ayant appris la revoke 

• Et non pas dans le chateau des Sept-Tours, comrne le dit l'histoire 
de Wolfgang Belhlen, I, p. 356; Cibiaii, 178*. 



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3a8 UISTOIRE 

de Ghazikhan , gouverneur du Loristbn, 6t de Gre- 
goire, gouverneur du Kurdistan ', Souleimah erivoya 
sur les fronti&res de Perse deux mille cinq cents ja- 
nissaires, sept cents sipahis et six cents ouloufiedjis. 
Ce fut alors queLoutfl-Pascha, dont la disgrace avait 
eti provoquee par les cir Constances dont nous avons 
parte plus haut, fut mis & la retraite, mais avec une 
pension de deux cent mille aspfes, en consideration 
de son alliance avec le Sultan. L'eunuque SGulelman- 
Pascha, 4g4 de quatre-vingts an$, succ&la k Loiitfi 
dans le grand-vizirat * ; la place de second vizir fut 
donn& k Roustem-Pascha, oelle de troisteme a Mo- 
hammed-Pascha, et celle de quatriirae an begterbeg 
de Roumilie, Khosrew^Pascha. L'aga dei janiesaires, 
Ahmed, fut nomra^ beglerbeg de Roumilie; Owels- 
Pascha , beglerbeg de Bagdad. Le prince Moustafa 
passa du gouvernement de Saroukhan a celui d'Amas- 
sia, avec une augmentation de traitement de cinq cent 
mille aspres par an [iv], Tel est le resum6 des 6y&- 
nemeos qui signaterent Thiver et le printemps pendant 
lesquels Lascicky fut retenu prisotonier dans le palais 
du grand-vizir. 

Le ^3 juin (28 safer), Souleiman partit de Con- 
stantinople , pour ouvrir en personne la campagne 
contre la Hoagrie. Le grand-vizir resta en Asie-Mi- 
neure sous preteste de protager les frontteres orien- 
tates de 1' empire contre les entreprises du schah de 
Perse; mais en r4ftli(4 il avait pour mission de sur- 

i Fcrdi, f. S34, 

* Ferdi, f. 344. Rappun de Lasifrky du y mai. 



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t>E LEMWllE OTTOMAN. £29 

yeidW le prince Moustafo dorat Tambkion &ak d6j& 
sufcpecte k Souleiman \ bien que la m&intelligence 
entre Je pire et le fils nedttt 6clater s^rieusement que 
douze ana plus tard. La resolution du Sultan de par- 
tir pour la Hongrie sans 6tre suivi du grand-vizir, ne 
doit dtre attribute ni & T&geavanq£ de oe dernier, ni k 
une mesquine jalousie contre les pouvoirs exorbitans 
du graBd-vintat, maie k l'mffuence pr£pond6rante du 
secoqd vizir Rousteta-Pascha, gendre du Sultan, qui, 
en sa quality d'aecien page du serai, jouissait de plus 
defavetfr que leunuque octogdnaire. D'apr&s tout ce 
qui pt&dde, il est facile de voir que Souleiman Be sou- 
veaant de 1* toute-puissance de son ancien favori 
Ibrahim, et des suites fatales qu'ette aurait pu avoir, 
ne youlut ftppetar au grand- vizirat que des hommes 
eprouv^s par de longs servioes militaires sur terre et 
sur m$r, tels qn'Ayas, Loutfi et Sotdeiman-Pascba, 
en ayant bien soin d^tre sdbre de faveurs avec era , 
de peur den faire des rivaux & son autoritd soc vte- 
raine. Du reste, les 6v6neifcens qui suivent prouv^nt 
que la puissance de SotJeirtian-Pascha, contrebalancfe 
comrae elle ]'&$ par celle de Roustem, ne put jamais 
&re un sujet d'alarme ou de jalousie pour lie SuU 
tan. Roustem devait son influence moins encore a sa 
femme qu a la m£re de celle-ci, l^pouse favorite de 
Souleiman. Le Sultan, entierement domine par celle 
femme, surtout depuis la disgr&ce dlbrahim quelle 
avait provoqu£e en partie [v] f commas$a d6s Jem a 
abandonner k Roustem les r&ies du gouvernement. 

■ Rapport dc Lasciky. 



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35o HISTOIHE 

Gependsnt Boustem n usa pas de sa haute puissance 
d'apr& sa propre voloat£, mm d'aprfe celle du 
haraa, coaune nous le venons par la suite. A une 
station de Constantinople, une pluie battante rendant 
tout© marohe impossible, Souleiman fit halte et oc- 
qnpa sea lcaWm & opirer quelques changemens dans 
b personnel de l'adpinistration. 

Le moufti Tachiwindd* qui, contrafament & ravfe 
nnanjfne des oul&aas , avail resole n£gativement la 
question de savoir s'il est peroris de porter sur les 
cfaaussons des socques de ouir (mest) attaches am 
pantalons, ftit destitu£, et sa place donnta au media 
Abdoulkadir \ Ferhad-Pascha fut <Sgalement d4pos6 
desongouvernement d'Erseroum, sur le rapport d'un 
commisgaire envoye sur ks f rontiires de Gforgie 
pour examiner les pkdntes &ev£es confab son admi- 
nistration; le fils du vizir Doukaghidoghli , Mousa- 
Pascha, fut choisi pour lui suedder dans radminis- 
tratkm de cette province*. 

De Philippopoli* , Souleiman envoya 1'ordre k 
Khaireddin-Barberousse d'4quiper quatre-vingts ga- 
lires, et de volet au seoours d' Alger que menagait 
une flotte espagnofe \ Lui-m6me, k la ttte de son 
armie, se dirigea par le d&16 d'Isladi sur Nissa, en 
passant par Sofia et Schehrkoei. A Nissa , il regut en 
audience les ambassadeurs de Florence qui vinrent 
lui offpir de& pr&ens, et les oong^dia en leur re- 
mettant une tettre pteine depressions d'amitft pour 

» Ferdi, f. 346. Loutfi, f. 94. 

a Ferdi, f. 347. — 3 Ibid., f. 349. 



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DE L'EMPIKEi OTTOMAN. 33i 

Cosme de M6dicis «. Cette campagne en Hcmgrie, 
comme toutes les pr&6dent$s 9 se fit remanquer par 
une stride discipline : celui qui volait on b&ton, dak 
l'historien Ferdi, en recevait wdlle coups en retour *. 
A Belgrade, l'ancien beglerbeg de Roumilie, r&ern- 
ment 61ev6 k la dignity de vizir, vint rendre hommage 
au Sultan en cette quality et prendre sa place an di« 
wan \ Dans cette m&ne ville, Ahmed, sandjakbeg de 
Nicopolis , et Pierre Raresch , re$u depuis pen en 
grftce, livr£rent au Sultan le chef hongrois Mailath, 
qu'ils avaient traltreusement attir6 hors de son cha- 
teau de Fogaras ; Mailath , accus£ d'avoir entretenu 
des intelligences avec Pierre Fereny, fut envoy* au 
chateau des Sept-Tours pour y passer le reste de se* 
jours '. Le fils que Pereny avait laissi k Constanti- 
nople comme 6tage de la fid£lit£ qu'il avait jurfe au 
Sultan, avait &6 circoncis long-temps anparavant et 
enr616 parmi les pages du serai s . Avant son depart 
de Belgrade, Souleiman apprit le menrtre de lam- 
bassadeur fran$ais Ringon qui se rendait k Constan- 
tinople avec C6sar Fregoso ; Tenvoy6 de Frangofe V 



> Ferdi, f. 35©. 

» Bir ueh»p4 ihmirm* eUqren him Uchop gint* yerlM. Ferdi, f. Wo. 

S Ferdi, f. 35 1. Kbosrew-Pascha , Wzref des Hongrois, ayait &e 
nomm6 quatrieme vizir, et n'etait pas mort, comme le dit Fessler, VII, 
p. 585 : « Ulamanbeg (Oulama), le successeur d'Utref dans le gouverneroent 
» de la Bosnie,icommandait 1'aiTiere-garde; » nab c'est one erreur que 
Fessler a copieedans Istuanfi: VUmanemqut Persim trmsfmgrnm* qui Usrejfo. 
demortuo in, Botniensi prafectura successerat, I. XTV. 

4 Fessler. Engel, d'apres Istuanfi, 1. XIV. 

5 Rapport de Lascsky de 1'annee 1539. 



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33a UISTOIKE ■ 

avait 6l6 attaque et assassin^ sur la route de Turin , 
par les bandits du marquis Guasto '. La fecheuse 
impression que laissa cette nouvelle dans 1'esprit de 
Souleiman , fut en quelque sorte compensee par la 
joie que lui inspira Favis de la victoire remport£e par 
les troupes r6unieg d'Yahyapaschaoghli , gouverneur 
deSemendra, d'Oulama, gouverneur de Bosnie, de 
Valentin Toeroek et d'Isabelle sur Tarm^e de siege 
commandite par Rogendorf ; ce g£n£ral de Ferdi- 
nand avait dA m&ne abandonner pr£cipitamment son 
Gamp au pied du mont Gerhard , prfes d'Ofen , et 
se retirer pr^cipitamment. Les cadavres ennemis qui 
descendaient le Danube furent pour Souleiman des 
messagers non Equivoques du triomphe de ses trou- 
pes \ Kasim, commandant de la flottille turque sur le 
Danube, avait pris possession de-la ville de Pest, £v&- 
cuee par les Allemands 3 . : Pereny s'&ait enfui a Erlau, 
et Rogendorf &aitall6 mourir dans l'tle de Schutt des 
suites de ses blessures. Le vaillant Dalmate J6r6me 
de Zara, frkve du brave defenseur de Guns, nagu&re 
ambassadeur de Ferdinand a la Porte, et alors com- 
mandant la flotte du Danube k Pest, avait &6 tene- 
ment crible de blessures dans le malheureux stege 
d'Qfen, qu'il ne tarda pas k succomber *. Lasczky, 
malgr6 son 6tat de maladie, avait &6 traine k la suite 

» En se rendant a Constantinople, et non pas en revenant de cette ville, 
le 3 jiiillet 1541, eomme le croil Fessler. FIassan,t. I, p. 388. 
» Ferdi, f. 35a. . 

3 Dans Istuanfl, haston^ dans d'autre* historieus, Kassan. 

4 Istuanfi, 1. XtV, p. a34. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 355 

du camp ottoman jusqu'k Belgrade; il ne f ut rendu & 
la liberty que presque mourant , lorsque le Sultan 
revint d'Ofen*. 

Le 25 aotit 1 541 » Mohammed-Pascha, snivi de tous 
les begs, sortit d'Ofen pour aller k la rencontre du 
Padischah *. Le jour soivant, Souleiman conduisit son 
arm£e sur la rive droite du Danube, ou il ^tablit son 
camp k Alt-Ofen. Ce fut la que le lendemain matin 
six cents prisonniers faits par les Ottomans dans leur 
victoire sur Rogendortyle 21 du m6me mois \ furent 
massacres k Fexception de quelques chefs, parmi les- 
quels TAutrichien Balthasar Puchhaimer et le Boh&ne 
Melchior Borziza. Le 28 aoAt, le tschaouschbasdu 
Ali-Aga se rendit k Ofen, charge d'offrir, de la part 
de Souleiman, quatre chatnes dor et trois chevaua 
avec dfes housses dor au jeune roi de Hongrie, des 
anneaux, de la mousseline et des bracelets k la reine; 
il etait porteur aussi d'autres objets precieux qu'il 
devait remettre au fils de Zapolya f *au nom du prince 
Bayezid qui avait accompagne le Sultan dans cette 
campagne *. L'ambassadeur dit k la reine-m&re que 

s Fessler, VII, p. 590, se trorope en disant que Lasczky ne fat retena 
prisonnier qu'a son arrivee a Belgrade. II se trompe encore, p. 601 , lors- 
qu'il affirme que Lasczky fut mis en liberie dans cette meme Tille, apres 
avoir pronve que Charles - Quint n'avait eu aucune part au menrtre de 
l'ambassadeur francais Rincon (Jovius. dans Catona, XXI, p. 88). Aiosi 
qu'il resulte du Rapport de Lasczky lui-meme , il avait 6ie traile en pri- 
sonnier des le 7 novembre, et n'avait etc* rendu a la liberie que par la pitie 
qulnipirait l'etat de sa sante. 

* Ferdi et Petschewi, f. 77i 4 djemazioul-ewwel, 

3 Et non le 99, comme le dit par erreur Bethlen, I, I. Ill, p. 371. 

4 Petschewi, f. 78. Les historians ottomans ne disent rien du second 



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354 HISTOTHE 

les lois <te 1'empire interdisaient au Sultan de venir la 
visiter en personne , et il l'mvita k envoyer au camp 
ottoman son fils avec les nobles qui avaient si bien 
dlfendu Ofen. Ge message ne laissa pas d'inspirer 
de vives cndntes k Isabelle ; elle passa la nuit k tenir 
conseil, et se d6cida enfin k d6f$rer k rinvitation da 
Sultan, d'apr&s Favis de son conseiller, le moine Mar- 
tmuzzi, auquel Zapolya l'ayait recommandle en mou- 
rant. Le 29 aofct, quinzi&me anniversaire de la bataille 
de Mohacz , le royal enfant ; Sigismond Zapolya, a 
peine &g6 d'un an, fut conduit au camp ottoman dans 
la cooapagnie d'une nourrice, de deux matrones et des 
six premiers conseillers d'Isabelle, Martinuzzi, Petro- 
vich , Valentin Toeroek , £tienne Verboeczi, Urbain 
Bathyany et Podmaniczky. Le petit Sigismond itaat 
avec les trots fiemmes dans un char dor6, que Yes con- 
seUlers accompagnaient k pied. Le grand-mar&hal et 
le grand-chancelier, sirivis de plusieurs sandjakbegs 
et tschaouschs, alterent recevoir 1'enfant, et l'einme- 
n£rent dans une tente, autour de laquelle &ait rangta 
une troupe de jamssaires et de gardes-du-corps [vi]. 
Petrovich avait &6 d&ign£ pour presenter Sigismond 
au Sultan ; mais r enfant refusa de se laisser prendre, 
et se mit k pleurer; la nourrice , accompagnfe des 
conseillers, fut done obligee de le porter elle-m&ne 
en presence de Souleiman; elle sortit bient6t, con- 
duite par Podmaniczky, le grand-mar&hal et le grand- 
chancelier. Les cinq autres conseillers regt&rent dans 

prince Selim, dont parUat Betlileo , I, p. 379; Ittouifi, I. XIV, p. *4i » 
et Jovius , t. XI. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 555 

la tente du diwan, et le Sultan leUr fit sigAifier par 
les vizirs quil s'&ait r£serv6 la place d'Ofen. Pen- 
dant que les conseiUers d'Isabelle apprenaient cette 
nouvelle, les portes de la yille &aient occupies par les 
janissaires , qui lore du passage du cortege s'&aient 
m&& au peuple ctomme amis et allies ; des crieurs 
parcouraient les rues proclamant que les biens et la 
vie des habitans seraieut respect&, s'ils livraient leurs 
armes et accueillaient bien les janissaires. Avant le 
coucher du soleil, Ofen etait deyenue une ville otto- 
mane. Ainsi succomba oette vieille capitale, ranni- 
versaire m&ne de la mort du roi de Hongrie dans les 
marais de Mohacz; et le m£me jour, qui avait yu le 
royaume donn£ k Zapolya par les armes victorienses 
desTurcs, le vit enlev6 k son fils par la prise d'Ofen. 

Souleiman retint pendant une semaine les conseil- 
lers dlsabelle dans son camp, et d£battit avec eux 
la question de savoir s'il ne conviendrait pas d'emme- 
ner la reine k Constantinople ', De son o6te, Iiabelle 
n^gocia la liberty de ses coaseillers par linden am* 
bassadeur de son pdre Sigprnond aupr& de la Porte * ; 
die fut appuyta dans ses d-marches par Ronstem* 
Pascha, dont elle avait gagn£ la femme, la sultane 
Mihrmah (lune des soleils), par de riches pr&ens. 

Le jour de Foccupation d'Ofep, l'aga des janissaires 

i Lei dkoours deft wira, diet par Jovius (Catena, XXI, p. yfc) et re* 
produits par Bethlen, p. 389, paraiatent meriter peu de connance. Ge 
dernier place par erreur Fentree de Souleiman a Ofen an %g aout au lieu 
du a septembre. 

2 Per Jgarchum Sigismundi patris legation. 



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55S HJSTOIRE 



rde rendre \& cftftteau qui lui seryait de 
residence; elle r^pondit qu'elle rabandonnait k Sou- 
leiman, mm elle pria qu'on n'y laiss&t entrer per- 
rsonne, tant quelle lhabiterah ; on lui fit la promesse 
qu'elle d&kait, mais on ne 1'observa point. L'aga des 
jamssaires prit possession de la p6rte du chateau, sur 
laquelle il se tenait asris tome la journ^e, pendatrt que 
ses gens en sortaient ou y ^ntraient, sans faire, il e& 
vrai , de mal k personne ; par son ordre les prisons 
furent ouvertes. Le 1 er septetnbre 1 541 , un tschaousch 
signifia k la reane qu'elje e&t k preparer son depart, 
et a acheter des boeufs pour «mmener son bagage avec 
elle; en m6me temps Faga des janissaires demanda et 
obtrot les clefs de Tarsenal. Le lendemain, vendredi 
2 seplembre, Souleiman eatra a Ofen, et se rencBt k 
1 '^Usede Sainte-Marie, qu'il convertit en mosquta 
ea y faisant la prtere poblique «. Deux jours apr^s , 
le secr&aare-d'Etat (nischandji-baschi) , accompagn£ 
d!un interpr&e, pr£senta k la reine un dipl6me 6crit 
en lefttaes dor et d'azur, dans lequel Souleiman jurait 
par le Proph&e, par ses afieux et par son sabre, de ne 
retenir Ufen que pendant la minority du jeune roi, et 
de lui rendre cette- viile a sa majority [vii], MiHe mar- 
toloees , deux, mille janissaires , mille cavaliers, trois 
cents solaks et quelques centaines de matelots, furent 
d£sign& pour former la garnison d'Ofen ; le comman- 
dement de ces troupes fat donn6 kun Hongrois de 



■ Rapport de fambassade, dans les archives de la asaison I. K. d'An- 
trichc. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 35 7 

naissance ', Souleimau-Paseha , pr&edemment gem* 
verneur de Bagdad, et plus lard beglerbeg d'Anatolie; 
le Sultan 1'investR k cette occasion de la dignity de 
vizir ou pascha k trpis queues 2 . Khaireddin Efendi fat 
nomm6 juge des musulmans , et le chancelier Ver- 
boeczy (dernier ambassadeur d'lsabelle k Constanti- 
nople) fut 41eye aux fonctions de juge supfrieur de la 
Hongrie, ayec un traitement quotidien de cinq cents 
aspires ou dix ducats. Le jour m6me oft le nischandji- 
baschi apporta au fils de Zapolya le dipkkme qui led 
conf&ait le s&ndjak de Transylvanie sous la tutelle de 
Martinuzzi et de Petrovich , les conseillers d'Isabette 
furent mis en liberty, k l'exception du g6n6ral Valen- 
tin Toercek, plus commun&nent appete par les Alle- 
mands Turk Wallandt. Quoique z&\6 partisan des 
Turcs, il fut, d'aprds toute apparenoe, calomnte au- 
pr& du diwan par Martinuzzi, et jet6 dans le chateau 
des Sept-Tours, oft il mourut apr^s cinq ans de cap- 
tivity 3 . Toercek, Mailath, qui ternrinfrent leur vie 
dans ces m&nes prisons, et Pereny, dont le fils de- 
vint un des pages du Sultan , offrirent k leurs con- 
citoyens un terrible exemple de la mani&re dont la 
perfidie turque r&ompensait la perfidie hongroise. 
Toeroek offrit ses deux fils comme dtages, mais Sou- 
leiman r^pondit que Pereny avait aussi envoy* ses 

i Jovius : in Hungaria nomine SulimanuS, qui ah ineuntc mtau betlo 
captus. Catena, XXI, p. 87. Bethlen, I, p. 393. 

9 Istuanfi, 1. XIV. Pelschewi, f. 78* Ferdi, f. 355. Relation da provi- 
seur de Gran, Mastewek, dans les archives d'Aulriche. 

3 Mustewek, 1. c. 

t. v. a* 



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538 MJSTOIRE 

deux fils & Constantinople, et que cependant fl avaft 
viol&sa for; il ajouta qu'il regarderait comme une ga- 
rantie plus solide la remise entre ses mains des deux 
chateaux de Ghargo et de Szigeth. Le 5 septembre, la 
reine sortit du ch&teau; Souleiman-Pascha s'installa 
dans la maison de Martinuzzi. Verboeczy prit posses- 
sion du palais de Jean Zapolya ; mais il ne garda pas 
Jong temp9 ses fonctions de juge, et succomba bientdt 
sous la honte dune position qu'il tenait des enne- 
mis de sa patrie ; il flit enseveli , sans les cir&nonies 
chr&iennes d'usage, dans le cimetiere des juifs. Le 
san^jak de Temeswar fut donn6 a Petrovich. Toutes 
ces usurpations ne firent qu'augmenter l'avidit^ du 
Sultan; au moment du depart de la reine , il la fit 
instruire. qu'il d&irait encore la ville de Funfkir- 
chen. Aussitbt apr&s la retraite d'Isabelle, les janis- 
fiairessemirent en possession du chateau d'Ofen; l'in- 
violabilit^ des personnes solennellement promise fut 
de nouvearu miconnue, et les bouchers de la ville 
furent contraints de remplir 1 'office de bourreau \ 

Le jour, qui suivit le depart de la reine et Toccu- 
patkm du chateau des rois de Hongrie, deux ambas- 
sadeurs de Ferdinand, Nicolas, comte de Salm, et 
Sigismond de Herberstein , arriv£rent au camp des 
Ottomans. Ces deux hommes ont laiss6 des souvenirs 
glorieux (Jans l'histoire; le premier &ait fils du brave 
dlfeqseur de Vienne, l'autre s'&ait d£j& distingu£ dans 
plusieurs ambassades. Ferdinand, a la premiere nou~ 

> Mustewek, dans les Archives de la maison I. &. d'Aulrielie. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 5*) 

velle <jte 1* marche de l'arm6e ottomane , s'&ait em- 
press6 de demander un sauf-conduit a Souleiman, 
dans le but d ouvrir de nouvelles negotiations; les deux 
ambassadeurs arrivirent au camp, munis de ce sauf- 
conduit qui &ait con(u dans la formule alors usitte : 
« La Sublime-Porte est ouverte a tout le monde et 
donne entree a tous ceux qui ont quelque chose h y 
demander. » Cette phrase signifiait bien que tous les 
ambassadeurs pouvaient se pr&enter k la Porte, mais 
elle ne disait pas que tousavaient le droit d'en sortir 
libres, et elle ne leur assurait en aucune maniere un 
traitement conforme au droit des gens. Souleiman, 
dans sa reponse a la demure lettre de Ferdinand que 
Lasczky lui avait presentee, disait : « Qtfil avak re$u 
la lettre de Ferdinand dans laquelle ce prince r£cla- 
mait la possession exclusive de toutela Hongrie; qu'il 
n'avait d0nn6 au dtfunt roi Zapolya que 1 'adminis- 
tration de ce pays , et que par consequent ce dernier 
n'avait eu aucun droit de disposer de sa couronne; 
que le fils de Zapolya etant un servheur fiddle, comme 
l'avait ete son pere, lui, Souleiman, avait resolu de lui 
confier Igalement le gouvernement de la Hongrie, et 
que c'&ait pour le mettre en possession de ce gouver- 
nement que 1'armee ottomane s'&ak mise en mar- 
che [vm]. » Francois de Revai * avait d'abord &6 

i Lettre de creance pour Nicolas de Salm, Sigismond de Herberstein et 
Francois de Revai, Comiti Turoscensi et personalis Locumtenenii, aux vizirs 
Roustera-Pascha, Mohammed-Pascha et le drogman Younisbeg, du 99 aout 
i55i. (Dans les archives de la maison I. R.) Voyez aus^i les instructions 
donnees a Salm et Revai. 

22* 



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34o HISTOIRE 

choisi pour 6tre adjoint au comte Nicolas de Salm dans 
son ambassade aupr&s de Souleiman , mais il avait 
cede sa place k Sigismond de Herberstein. Les deux 
ambassadeurs regurent pour instructions de se r£u- 
nir, s'il &ait possible, au palatin de Siradie, Jer6me 
Lasczky, qu on croyait dans le camp ottoman, tandis 
qu'il avait &6 laiss£ k Belgrade, et de concerter avec 
lui une visite aux vizirs, afin d'apprendre d'eux ■ k 
quelles conditions le Sultan consentirait k faire la paix. 
Salm et Herberstein avaient en outre mission d assurer 
au diwan que le roi n'avait pris les armes que pour 
faire valoir les droits que le traiti de partage signe 
avec Zapolya lui avait donnas sur la Hongrie ; que 
son intention n'etait nullement de faire la guerre au 
Padisohah , et qu'il £tait prtt k payer ce qui serait 
juste pour la tranquille possession du royaume; ils 
&aient charges d offrir jusqu'& cent mille florins par 
an en retour de la cession de la Hongrie entire; dans 
le cas oii ils ne pourraient faire agr£er ces proposi- 
tions, ils pouvaient s'engager k restituer tout le pays 
conquis par les armes de Ferdinand depuis la mort de 
Zapolya, et s'engager en outre k payer la somme de 
quarante miDe florins par an pour obtenir qu'il ne fftt 
pes trouble dans la possession de la partie de la Hon- 
grie qui reconnaissait la souverainet* autrichienne \ 

Les ambassadeurs furent compliment^ k leur d£- 
barquement, non par Younisbeg, mais par le second 

i Bassos aceedant et txpiscari contendant quotum animo th Turtatum 
Cmsar erga paeent iaeundam. 

a Voyez les instructions donnees a Salm et Revai. 



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DE L'EMPIKE OTTOMAN. 34t 

drogman, Teinz Tulman, fils d'lm Spicier de Vienne, 
et par le tschaouscfr-baschi (7 septembre) ; on les con- 
duisit dans une tente voisine de cdle de Roustem- 
Pascha. Le lendemain, apr^s avoir &£ re$us en au- 
dience par ce dernier, ils allerent visiter les autres 
vizirs Mohammed et Khosrew-Pascha *. lVanhiver- 
saire de la naissance de sainte Marie, les ambassadeurs 
f urent admis en presence de Souleiman , apr&s les 
c£r&nonies d'usage : ils dfndrent dans la salle du di- 
wan, pr£s de la tente du Sultan, assis sur des cous- 
sins, avec les trois vizirs, derrtere lesquels se tenaient 
le kadiasker et le chancelier ; leur suite, compose de 
quarante-six jeunes nobles de difl&rentes nations, fut 
trait^e dans d'autres tentes par les sandjakbegs \ A 
Tissue du repas , les vizirs se rendirent dans la tente 
du Sultan , ou bientdt apr£s les ambassadeurs furent 
appel& k l'audience; ils d£pos£rent aux pieds de Sa 
Hautesse une grande coupe richement dor£e, et une 
horloge artistement travail l£e, qui indiquait non seu- 
lement les heu*es et les jours, mais aussi le moii- 
vement des astres. Douze serviteurs port£rent cette 
horloge devant Souleiman; ils ^tsrfent suivis d'un 
horloger charg£ de montrer au Sultan la mani&re de 
la monter; on lui remit en outre un livre qui con- 

i Rmppon de Sigismond de Herbentein, dans tea oeuvres, I, p. 960; et 
dans Sigismond de Herbentein, par Adelung, St.-P6tersbourg, i8x8.Salm 
appelle Khosrew, Hussam. 11 se trompe en disant que Souleiman l'avait 
nomine gouwneur d'Ofen. 

• Le Rapport de Jotius, 1. XL, p. n85, etc., complete celoi de Herber- 
steuv dans Catena, XXI, p. 8a; voyea d'apreslui, Bethlen, Historia de 
rebus tramylvanicis , I, p. 3 96; Cibinii, 178a. 



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S42 HISTOIRE 

lenait Implication de toutes les parties de cet objet 
d'art. Le Sultan, qui avait quelques connaissances as- 
tronomiques, examina cette machine avec la plus 
grande attention. II etait assis sous un baldaquin d'or. 
ayant pr6s de lui un bouclier, une masse, un arc et 
des flteches '. Roustem et Mohammed-Pascha se te- 
naient debout a sa droite ; de l'autre c6t£ £taient les 
introducteurs des envoy^s de Ferdinand, le grand- 
mar£chal et le grand-chambellan, avec leurs baguettes 
garnies d'argent k la main. Salm et Herberstein baise- 
rent Tun apr6s F autre la main du Sultan, et se mirent 
en devoir d'exposer le biit de leur mission \ « Que di- 
sentails? que veulent-ils? » demanda Souleiman avant 
qu'ils eussent commence leur discours; puis il les inter- 
rompit d£s leurs premieres paroles en s'adressant aux 
vizirs : « S'ils n'ont plus rien k dire, laissez-les aller 3 . » 
Deux jours apr£s, ils entrerent en conference avec 
Roustem-Pascha ; pour derntere condition , celui-ci 
declara qu'Us n'obtiendraient la paix qu'au prix de la 
restitution de toutes les places que Ferdinand avait 
conquises, et d'un tribut pour la partie de la Hongrie 
qui resterait dans 6a dlpendance. 

Les ambassadeurs n'ayant pas regu le pouvoir d'ac- 
quiescer a un tribut. se contentment de demander 



i Jovius, dans Catona, XXI, p. 83. 

* Jovius, et d'apres lui Bethlen. 

3 Sigismond de Herberstein, dans Adelung, p. a68. Sagredo fait de 
Salm Solm, de Herberstein Dietrichstein. II dit encore que les ambassadeurs 
s'etaient rendus en i544 a Constantinople : Spedi il Conte di Solm et Sigis- 
mondo Dieirestein ambasciatpri alia Porta, 



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DE L'EMPmK OTTOMAN. 3*5 

une treve el I'&hange des prisonniers, parmi les- 
quels ils avaient vu Balthasar Puchhaimer charg£ de 
chaines. Mais Roustem-Pascha leur r^pondit que, 
dans le cas ou la paix serait conclue . les prisonniers 
seraient rendus sans ran^on, et que, si la guerre con- 
tinual, on ne manquerait pas d'occaMon deles ^chan- 
ger '. Le lendemain de cette entrevue, Soulemaan fit 
remettre k chacun des ambassadeurs deux kaftans, 
cinq ballots d'&offes de soie et six mille aspres (cent 
ducats) ; puis il leur donna une audience de cong£ , 
dans laquelle se r^peta le m6me c£r£monial qui avail 
et6 observe le jour de leur presentation* Sigismond de 
Herberstein se disposait a baiser la main du Sultan , 
lorsqu'une yiolente et subite doujeur de reins l'empg* 
cha de flfohir le genou ; il s'adressa a Roustem-Pa- 
scha : « Aide-moi, au nom de Dieu ! » lui dit-il ; Rous- 
tem-Pascha le comprit, mais ne fit aueun mouvement 
pour venir h son aide. Souleiman, qui avait compris le 
geste de Sigismond, leva la main pour faciliter au 
vieillard son acte de soumidsion ; il s'adressa ensuite i 
ses vizirs et leur dit : « Laissez-les aller a , » En sortant 
de l'audience, Roustem-Pascha conduisit les ambas- 
sadeurs le long du Danube, presquc sous les murs 
d'Ofen; il leur montra un formidable pare d'artil- 
lerie et la flottille a l'ancre dans le fleuve; il leur fit 
voir aussi les pieces qui etaient tomb&s entre les 
mains des Turcs dans le cours de la campagne. Les 
ambassadeurs trouv£rent le camp entoure dun fosse 

* Jovius, dans Catona, XXI, p. 86. 
a Sigismond de Hcrberslein , p. 370. 



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344 HISTOIRE 

ctefendu par une barricade de chariots et de canons 
lies par des chalnes , derr&re lesquels s'&endait une 
ligne profonde de chameaux. Les soldats musul- 
mans, habitues a oWir sur des signes Men plus que 
sur des paroles, observ&ent le plus profond silence 
pendant le passage des ambskssadeurs. An milieu de 
cette quantity innombrable de tentes dress&s dans le 
camp, il &ait impossible de ne pas remarquer celle 
de rempereor, plus £levee que toutes celles qui l'en- 
\ironnaient et flanqu^e de tours. « Qu'as-tuvu?» 
demanda Roustem - Pascha k Herberstein ; celui - ci 
fit une r£ponse adroite et flatteuse. « J*ai vu, dit-il , 
les forces immenses d'un grand et puissant souve- 
rain. » Le jour suivant , Roustem remit aux ambas- 
sadeurs la r^ponse du Sultan h Ferdinand, et y 
Joignit une lettre qn'il 4crivait lui-m&ne au roi de 
Hongrie l ; ces deux missives etaient renferm£es dans 
deux sacs brod& d'or et diffiSraient pen sur le fond. 
Le Sultan disait que ses troupes avaient pris pos- 
session de la Hongrie par la force des armes, et qu*il 
ne consentirait h un nouveau traits qu'autant que Fer- 
dinand restituerak Gran, Tata, Wissegrade et Stuhl- 
wassenbourg. L'ambassade avait pass6 onze jours 
dans le camp ottoman et en avait employ^ sept en ne- 
gotiations infructueuses; le 18 septembre 154t, elle 
s'embarqua pour retourner a Vienne ; le tschaousch- 
baschi et un interprete la conduisirent jusqu'a Ten- 
droit ou elle devait s'embarquer, et veilterent k ce 



Cette lettre se trouve en original dans les archives de Vienne. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 545 

que 1 Equipage fftt abondamment ponrvu de rafrat- 
chissemens [ix]. 

Six jours apr&s le depart de* ambassadeurs, la 
reine sortit de sa capitale, emportant avee elle la cou- 
romie et Jea autres insignes de la dignity royale; elle 
se retire k Lippa pour pleurer la perte de son tr6ne 
et du chftteau qui lui avait 6t& donn£ pour present 
de nooes [x]. Quatre jour* plus tard (22 septembre), 
Souleiman quitta Igalement la ville, se dirigeant sur 
Constantinople, oi il rentra vers le milieu du mois de 
novembre 1 . Pendant son sejour k Of en, l'ambassa- 
deur de Frangois I e % Paulin, capitaine de vakseau r6- 
eemraent anobli sous le nom de baron de La Garde, 
vint lui apprendre l'assasmnat de l'ambassadeur fran- 
gais en Italie a ; Souleiman ne chercha pas k punir le 
crime sur I'envoyS autrichien Jgrdme Lasczky , palatin 
de Siradie, toujours retenu k Belgrade malgr6 son &at 
maladif, et le laissa partir en liberty ; sans doute la 
presence de l'ambassadeur Paulin fut pour beaucoup 
dans cet acte de respect du droit des gens [xi]. 

Un mois ap*6s le retour du Sultan a Constanti- 
tinople, la flotte ottomane rentra triomphante dans le 
port ; ses victoires &aient pourtant bien plus l'ou- 
vrage des itemens qui avaient disperse devant Alger 
k flotte de Charles-Quint, que le fait de son kapitan, 
Khaireddin-Pascha. Le SO octobre 1541, Charles- 

* Ferdi s'aocorde entierement avec IsUunfi, 1. XIV : Solimanus circa idus 
movembrU Hadrianopolim tuque inde ConstemtinopoUm reversus est, 

» Sagredo, U VI, p. a83 : Se ne passb a Bud*, dove incoturato Sohmano 
di ruorao d'Unghcria, et Flassan, I, p. 389, premiere Edition. 



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346 UISTOIRE 

Quint etait venu jeter l'ancre dans la baie du promon- 
toire Tementus (Matafous), situ£e k Test d* Alger, 
avec soixante-quatorze galores et deux cents navires 
de toute grandeur qui portaient vingt- deux mille hora- 
mes d'infanterie, mille cavaliers l et quatre cents sol- 
data maltais. On voyait a bord de la flotte imp6riale 
un grand nombre de dames espagholes, comme s'il 
se f tit agi de dfoerner le prix aux vainqueurs d'un 
tournoi. Khaireddin avait confie le commandement 
des troupes de son gouvernement a Hasanbeg, mais 
celui-ci n'avait que six cents cavaliers et quelques 
milliers d'Arabes k opposer a l'enncmi \ II r£pondit 
dune manure evasive k la sommalion qui lui fut faite 
de rendre la ville. Le lendemain Charles-Quint rangea 
son arm^e en bataille, et s'avanga sur troislignes; ies 
Espagnols marchaient en t&e , puis venaient les Alle- 
mands avec Fempereur; enfin les Italiens et les sol- 
dats de Malte, sous les ordres de Camillo Colonna 3 . 
La distance du promontoire Tementus a Alger n'est 
que de douze milles en ligne droite et de vingt en 
c6toyant le rivage ; cependant les troupes , harcel£es 
par la cavalerie ennemie qui couvrait les hauteurs, 



i Le chevalier de Malte Villagagnoni (CaroU V Expeditio in Africam) 
donne le nombre exact des troupes : Sept mille Espagnols, six mille Alle- 
roands, six mille Italiens, trois mille volontaires de toutes nations et quatre 
cents soldats de Malte (edit, de Bale de Chalcondyle, p. 597). 

? Hittoire des guerre* maritimes, f. 27. Robertson dit huit cents Turcs 
et cinq mille Mauritaniens (Moors). 

3 Villagagnoni et Storia di Guano, f. a 86, font les senls outages qui 
douuent les dates ; maii ni Robertson , ni l'auteur des NouveUes notions sur 
Jlgcr, 1. II, p. 654, ne les conuaissent. v 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 34 7 

mirent trois jours k franchir cette distance. Le troi- 
si&ne jour, les Espagnols occup&rent le sommet des 
montagnes , les Allemands leurs versans , et les Ita- 
liens le rivage; les galores suivaient Tarm^e le long 
de la cdte, et prot£geaient son flanc droit. Au nom- 
bre de ces galores se trouvait celle de Gianetto Do- 
ria, qui avait &t& capture k Paxos sur un capi- 
taine v&ritien par Torghoud Rels , et reprise l'ann£e 
pr6c£dente dans les eaux de la Corse '. Les muni- 
tions, les provisions de bouche et Fartillerie devaient 
6tre dlbarquees dans la nuit du 23 au 24 octobre [xii]. 
La soir£e &ait tranquille, quand un vent violent s'^leva 
tout-a-coup, chassant devant lui des torrens de pluie ; 
bient6t la temp£te devint si affreuse , qu'elle menaga 
le-salut de l'arm6e aussi bien que celui de la flotte. 
Les soldats, sans tentes et sans manteaux, regurent la 
pluie qui tomba toute la nuit sans interruption; le 
lendemain leurs membres etaient raides de froid, et le 
sol s'enfongait sous leurs pas ; mais c'&ait peu en com- 
paraison des d£sastres que l'ouragan avait fait subir a 
la flotte. Quatorze gal6res avaient fait naufrage, et 
dans ce nombre on comptait celle du prince de Melfi 
et de Gianetto Doria ; cent trente navires avaient 
peri. Depuis plusieurs jours, un marabouth fana- 
tique avait pr£dit aux Musulmans un secours du ciel ; 
la realisation inattendue de cette proph&ie raffermit 
le courage des d£fenseurs d' Alger, qui r^solurent de 
marcher a l'ennemi. Les Italiens, surpris par leur at- 



Storia di Guazio, p. a 86. 



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348 H1STOIRE 

taqUe inopin^e , furent d'abord rejet^s au-defo dun 
pont sur lequel its avaient pris position; mais ils re- 
vinrent k la charge el repouss£rent I'ennemi k leur 
tour. Malheureusement ils firent la faute de le pour- 
suivre jusque sous le feu de la ville, et dans leur ardeur 
aveugle, ils s'61anc£rent k l'escalade sous la bouehe 
mdme des canons; presque tous y p^rirent l ; un petit 
nombre dut son salut au courage de l'empereur, qui 
s'avanga en personne k leur secours, au milieu d'une 
gr£le de filches que lan$aient les Arabes post^s sur 
les montagnes commandant le chemin \ Dix-huit 
cents Musulmans retenus prisonniers sur les galores 
echou£es recouvr&rent la liberty, les Equipages Chre- 
tiens furent massacres * ; Fernando Gortez , le c&6- 
bre conqufrant <Ju Mexique, qui montait une dfe ces 
gal&res , n'6chappa qu'avec peine au double danger 
de la mer et des Arabes. La temp&e dura trois jours, 
et, pendant tout ce temps, il fut impossible d'ap- 
porter k terre les provisions qui avaient 6chapp6 au 
d&astre du naufrage. Charles-Quint ordonna de tuer 
les chevaux , qui furent la seule nourriture de l'ar- 
mie. La perte de ses munitions et de son artillerie 
obligea l'empereur k abandonner ses projets sur Al- 
ger, et a ordonner la retraite qui he put s'eflfectuer 



1 Villagagnoni, p. 599, dit : Atque ex ItaUs eos dederunt in fugam, 
quibuf mm magnus esset usus militia:. Guauo, au contraire, s'exprime ainsi : 
Se quel Italiani havessero havuio scale per dar assalto non e dubio ale wo, 
che la terra pighavano disperatamente, 

» Hadji Khalfa, Histoire des guerres maritime*. 

3 Vertot, t. IV. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 34 9 

qu'avec la plus grande difficult^ ; les ruisseaux £taient 
devenus des rivteres ', la terre s'&ait changee en 
marais \ La degradation des chemins &ait telle que 
Farmta ne mit pas moins de quatre jours de marche 
pour regagner la baie de Tementus [xm] , et ne put 
serembarquer que le 31 octobre; k peine avait-elle 
quitt£ depuis trois jours cette c6te inhospitaltere , 
qu'une nouvelle temple l'assaillit et la forga de se r6- 
fugier dans la bale de Boudjia oii elle resta k Tancre 
pendant trois semaines. L'empereur n'avait s£journ£ 
qu'un mois sur la c6te d'Afrique; pendant tout ce 
temps, Khaireddin -Barberousse 3 avait &6 confine 
dans un port stir par les temp&es qui d&ruisirent la 
flotte de Charles-Quint; la d&aite de 1 'empereur fut 
done Fouvrage des 61&netis et non celle du kapitan- 
paschav 

Pour ne pas interrompre le r&at des £v£nemens de 
la guerre de Hongrie, nous allons suivre Khaireddin 
dans ses expeditions suivantes , bien qu'elles n'aient 
eu lieu qu'une ann£e apr&s la campagne contre Ferdi- 
nand. Cette nouvelle croisi&re de Khaireddin dans la 
M6diterran6e ne fut entreprise que sur les instances 
de l'ambassadeur fran^ais Paulin, qui avait 6t& regu 

■ Hadji Khalfe, 1. c , appeUe le plus grand de ees torrent Kkaras (sur 
la carte Harate). 

» Sioria di Guano, 1. c, £.107. 

3 Ant. Dork, Kurter Inbegrijf der merkwurdigen Begtbeidituen der 
Zeit Carl's V (Precis des &enemens mimorables du temps de Charles-Quint, 
dans les Pieces relatives a Fhistoire, par Goebel, p. 58). 

4 VHistohe des guerres maritimes cite la defsite d* Alger comme un des 
plus pnissans motifs qui d&enninerent Ckarles-Qaint a abdiquer. 



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55o HISTOlltE 

en audience par Souleiman k Of en, el avail suivi la 
cour k Constantinople; apr£s bien des d-marches, il 
r£ussit a persuader au diwan que le Sultan &ait inte- 
rest comme son maltre k continuer la guerre contre 
Charles-Quint. En consequence, Tordre fut donne k 
Younisbeg, drogman de la Porte, de se rendre en 
quality d'ambassadeur k Venise, pour remplir encore 
une fois la mission qui lui avait et& confine six ans 
auparavant, sur la demande de l'ambassadeur frangais 
Lafor6t ' ; ses instructions lui prescri vaient de faire tous 
ses efforts pour determiner la r£publique a prendre 
une part active dans la guerre contre l'empereur*. 
Mais les Venitiens savaient fort bien par experience 
qu'ils n'&aient pas assez forts pour pouvoir sinter- 
poser entre deux souverains £galement puissans , et 
qu'ils navaient rien de mieux a faire que de rester 
spectateurs de la lutte; ils dud&rent done la propo- 
sition de la Porte. 

Paulin, de retour a Fontainebleau, donna k Fran- 
cois J er 1'assurance que laflottede Khaireddin ne tar- 
derait pas a ouvrir la campagne ; il affirma que, s'il fal- 
Jait en croire les promesses du Sultan , l'amiral ottoman 
avait ordre de prendre les instructions du roi de France. 
Paulin ne tarda pas a retourner par Venise a Constan- 
tinople, accompagne dun second ambassadeur, Pelli- 



* Sagredo, p. a 83, dit qu'il etait parti pour renouveler la traite de pais. 
Paruta, t. I, p. 73$, pretend que e'etait pour reclamer quelques biens; 
mats ce n'elait certainement qu'un pr&exte pour entamer des negotiations 
en faveur de Francois l er . 

a Sagredo, 1. vr, p. a**3. Venecia i588. 



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DE I/EMPIIIE OTTOMAN. 3$f 

cier ; la protection du kapou-aga, gouverneur du serai 
et chef des eunuques, lui procura une audience du Sul- 
tan. L'influence de Roustem-Pascha triompha en cette 
occasion de celle du grand-vizir, en faisant remettre 
par le Sultan k l'ambassadeur frangais une lettre qui 
promettait au roi le prochain depart de la flotte [xiv]. 
En effet, Paulin s'embarqua bient6t apr&s avec Khai- 
reddin, qui commandait une flotte de cent dix galores 
et de quarante b&timens de moindre grandeur ; ils pa- 
rurent a l'improviste devant Messine dont le ch&teau 
se rendit a la premiere sommation. Barberousse fit 
prisonnitee la fille de don Diego (1543), Espagnole 
dune rare beaute , lui fit abjurer la religion chretienne 
et la reserva pour son harem. L'apparition de la flotte 
turque jeta la consternation dans Tile de Ponza et 
a Ostia ; mais une lettre de Paulin aux riverains fit 
renaitre la security, au point que les habitans de Net- 
tuno et d'Ostia vinrent k bord apporter du b\& et du 
vin, et que Barberousse put faire de Peau a F em- 
bouchure du Tibre sans 6tre inquiet& Gependant 
Rome 6tait dans la plus profonde consternation, les 
nobles se pr6par6rent k la defense, et les moines. les 
nonnes, les femmes et les enfans s'enfuirent au-de& 
de Tivoli , dans la valine de Sabine [xv]. La flotte 
ottomane, longeant les c6tes de Tortone et de G6nes, 
alia mouilier k Marseille; Khaireddin fut regu dans 
cette ville avec les plus grands honneurs, et Paulin 
y trouva les ordres ulterieurs du roi, d'apris lesquels 
les forces frangaises reunies aux forces ottomanes de- 
vaient entreprendre imm£diatement le stege de Nice, 



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352 HISTOIRE 

La flotte frangaise, compose de vingt-deux galores et 
de dix-huit gros vaisseaux , sons leg ordres du due 
d'Eoghien , et celle des Ottomans qui comptait cent 
cinquante voiles, se rendirent aussit6t devant Nice ; le 
chateau fut vailiamment ctefendu par le chevalier de 
Malte, Paolo Siftieeni, qui avait 6x6 pr6c£demment re- 
tenu en captivity par Barberousse k ; la ville ne tarda 
pas k se rendre (20 aofit 1543) sur la promesse que 
lui fit Paul in, au nom de Barberousse, de la sauver du 
pillage a . Les janissaires tromp£s dans lespoir dun ri- 
che but in, et voyant que la forteresse r&istait toujours 
au feu de leurs batteries, commenc&rent k murmurer. 
Les Fran$ais manqu£rent bientdt de poudre et furent 
obliges den acheter aux Ottomans. Khaireddin leur 
reprocha leur negligence, et la 14g£rete avec laquelle 
avait 6t6 conduite toute l'entreprise ; il leur dit que les 
flottes du Sultan &aient habitudes k ne rechercher que 
les actions d'6elat, et n'aknaient pas k aventurer leur 
gloire pour d aussi minces r&ultats que la conqudte 
de Nice. Ge ne fqt qu'avec pane que le due d'Enghien 
parvint k appaiser la colore de Barberousse. Cepen- 
dant linterceptation d'trae lettre dans laquelle le mar- 
quis de Guasto annongtit au commandant de la cita* 
delle sa prochaine arriv& avec des forces sup&ieures 
a celles de Farmta assiegeante, fit prendre aux Otto- 
mans la resolution de lever le si£ge. Mais ils ne se re- 
tirdreit pas avant davoir pilte et mcendte la ville 3 * 

■ Sagredo, p. 287. 

» La date se trouve dans Flassan , I, p. 390. 

3 Sagredo, p. 187. 



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DE L' EMPIRE OTTOMAN. 355 

Nice est la seule place du littoral frangais entre les 
Alpes et la M6diterranee dont le nom soit populaire 
chez les Ottomans , pour avoir &£ le lieu de detention 
de linfortune Djem, fr6re de Bayezid H, et avoir vu, 
soixante ans plus tard, l'&range spectacle d'une flotte 
frangaise reunie a une flotte ottomane contre une puis- 
sance de la chr&ient6 [xvi]. 

Pendant ces ev^nemens a l'ouest de F empire, des 
troubles avaient £clat£ dans la Crimee et avaient ap- 
pele sur ce pays l'attention du Sultan, et surtout celle 
de son favori Roustem-Pascha; c'&ait la politique 
de ce dernier qui avait su provoquer les d^sordres 
qui agit&ent la presqu'ile. Ainsi que nous Tavons ra- 
conte plus haut, Seadet-Ghirai , le compagnon de 
S&im I" dans la guerre avec Schah Ismail, avait gou- 
verne la Crimee jusqu'k lexpedition de Souleiman 
contre Bagdad; a cette £poque , il fut determine par 
les inti^gues dlslam-Ghirai a se d&nettre du pouvoir, 
et il mourut quelques ann£es apr^s a Bagdad, d£sor- 
mais le stege d'un gouverneur ottoman '. La Porte ne 
reconnut pas Islam-Ghirai pour khan legitime, bien 
que celui-ci etit d£jk nomm£ kalgha son frfere Ouzbeg- 
Ghirai; elle conf&ra le khanat de Crimee au khan de 
Kazan , Sahib-Ghirai fils de Mengli-Ghirai , et fit re- 
descendre Islam au rang de kalgha (939 — 1 532). 
Afin d'affermir Sahib-Ghirai sur son tr6ne, le Sultan 
lui avait envoy 6 soixante canonniers, trois cents armu- 
riers , mille janissaires, et une somme d'argent, qui, 

* Le Nokhbetet-uwarikh , p. a5a, place sa mort en Tannee i53a; mais 
(es sept Etoiles errantes n'en parlenl qu'a la date de 1'annee i53;. 
T. Y* 20 



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354 mSTQiRE 

toys fe tftre 4e $fglw-($djw (a?g*nt 4tt gS*#$» des 
chiens), ?esta depui* ftx6e comiqe le taux <Ju pr&em 
inxf^rial qui cfevait signaje? chaque nouy^lte instal- 
lation $p kh^n \ S^hib-Ghirai pe v^cut que pendant 
^U-huit ipoi* en bonne intelligence avec Islam -Ghiw; 
il a'^n ^eb^ri^asa en le foisant mourir de froid dans 
un tonneau rempli d'eau , ayec le secours de Balp- 
^g, qp ctes begs des l^oghaia, auquel il reserve le 
xxfapp QOft,, ens$y?lis#n# ain^i dan? Je m&ne tombed 
s$ yictiuae et Vinstrumept de sa> vengeance. Alibeg, 
cJoi# la fille ^yait Spouse Sahib-Ghfrai, rasserobla une 
$rm£e de dojuze paille hommes poup vengei? la wort 
de son fr^re Ifalfibeg. Mais Sajiib-Gfrirai, k la tete de 
quarante mille qombattans, surprit les troupes d'Alifoeg 
daps up defile e{ Jes d&puisit, *. Cette victoire lv\ auraijt 
pp^ jamais apsur^ la possession exclusive du souver 
ra^jn pouyoi#, s'il n$s'&aft attir^ Hnimitte du graod- 
y iyjir R,pustem pa* queues paroles iipprudentes s . 

Pewlet-Ghii?ai, fib de Moybarek-Ghirai et petite 
dp Meqgji-Gbirai ,. ^e U:ouyait ^lors h Constantinople en 
qufllit6 d'6tag$ ; il avait &6 pr&f rv£ d$ la mort soufr 
le regq^ dp 559 opcle^, Mohammed-Ghiraii et Seadet- 
Qhirai, gi&ce* ^ s& iperq, qui apr& la, mort de $09, 
^ppu£ ^tait pas^e sucQessjyeipent dans te lit de ces 
dpux princes *. Sakib-Gbirai, qui sinqui&ait avec 
r^p,d^ lapr^a<?e de sou wveu a Constantinople, 

1 £«f #<7?t Etoiles err antes, f. 64. — * Djenabi, f. iai. 

3 Le Noihbeiet'tewarHh, f. a53. 

4 Djenabi, L c, Les sept Qioiles errantes , f. 64. 



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DE ^EMPIRE OTTOMAN. 355 

dire du pays d'Hadji Terthan. Roustem agr&r eft ap- 
parcnce celte proposition ; Dewlet-Ghirai fat investi 
officielkmeiit de la dignity de khan d' Astrakhan, et en 
secret de eelle de khan de Crim£e; Sahib-Ghirai regut 
en m£me temps Tordre de marcher avec ses troupes 
contre les Tscherkesses, et notamment contre la tribu 
Schan6, alors en pleine r£vohe. Pendant que Sahib- 
Ghirai abandonoak ses Etats , laissant ainsi le champ 
libre aux pretentions de son comp&iteur , Dewlet- 
Ghirai arrivait & Akkerman , ou il fut publiquement 
reconnu comme khan d' Astrakhan (959 — 1 545); il 
prit presqne aussit6t le titre de khan de Crim^e, et se 
fit reconnaitre comme tel en exhibant le dipldme d 'ins- 
tallation du Sultan, II marcha contre le kalgha Emin- 
Ghirai, d£Kvra de leur captivity Boulouk - Ghirai et 
Moubarek-Ghirai, et les excita, ainsi que plusieurs 
antres des parens de Sahib-Ghirai. au meurtre de son 
oncle. Sahib-Ghirai p£rit en effet pere6 par ses ennemis 
de dix-sept coups de poignard; il fut enseveli k Sala- 
djik, pr&s de Baghdj£seraii, dans le d6me qu'avak fait 
b&tir son grand-p6re Hadji-Ghirai , fondateur de la 
dynastie des Ghirais '. Le medecin et poete Kaisou- 
nizad6 Nedayi , t&noin oculaire de la mort de Sahib, 
en a perp&u6 le souvenir dans un ouvrage rim£. 

A son retour d'Ofen, Souleiman se livra aux plaisirs 
de la chasse, sans oublier les soins que r£clamaient de 
lui les affaires publiques ; quelques changemens fiirent 
operas dans radministration des provinces. Le gou- 
verneur d'Ofen, Souleiman-Paseha, Hongrois denais- 

> Les sept Etoites en antes, f. 65. 



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5j6 HISTOIRE 

sance, ayant demand^ sa retraite a cause de I'aflaibHs* 
sement de ses forces us£es par les maladies, sa place 
fut conferee a Balibeg ; Souleiman-Pascha ne surv£cut 
pas long-temps k l'asservissement de sa patrie [xvn]. 
Un autre Bali, pascha du Diarbekr, fut destituesur 
la d£nonciation de son defterdar, pour cause de pre- 
varication dans sa gestion des revenus publics. Hou- 
sein- Pascha, gouverneur de Karamanie, fut £galement 
depose sur l'accusation du grand-vizir. La dignite du 
premier fut donnee k Ala-Pascha, gouverneur du Soul- 
kadr, celle du second a Ramazanoghli Piri-Pascha l . 
La mission confiee au juge de Damas, de rechercher 
les vices de r administration des domaines imperiaiix, 
eut pour r£sultat la deposition d'Oweis-Pascha, gou- 
verneur de Bagdad , et Installation d'Ayas-Pascha 
dans cette province a . Le Sultan investit le prince Mo- 
hammed du gouvernement de Saroukhan, et lui assi- 
gna un revenu annuel qui ne s'£levait pas a moins de 
trois millions d'aspres (soixante mille ducats); il nomma 
son autre fils , le prince Selim , au gouvernement de 
Koniah. Le jour de son investiture, le prince Moham- 
med regut en plein diwan. de la main de son p&re, 
l'&endard et le tambour, insignes de sa dignite; puis, 
aprfes s^tre arr&6 quelques jours & Scutari , il partit 
pour son gouvernement. La merae c£r£monie se r^peta 
exactement a regard du prince Selim [xviii]. 

A peine Souleiman avait-il quitt6 la capitate de la 
Hongrie, que deux corps d'armee ottomans commen- 
cerent des courses dans le pays ; le premier sous les 

i frerdi, f. 36o. — * Ibid., f. 36a. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 55 7 

ordres du pascha de Bosnie se dirigea sur la Moravie , 
mais il fut arr6t6 en chemin par la Waag qu'il trouva 
d6bord6e; le second marcha sur Giarmath pour d£- 
vaster les domaines d'Emeric Balassa , qui , ainsi que 
Mailath , avait &e d£clar6 coupable de l£ze-majest£ , 
pour avoir tent6 de soulever la Transylvanie en sa fa- 
veur (avril 1542). Un firman lanci contre Balassa et 
remarquable par la violence de son style, apprit aux 
habitans de la Transylvanie que leur pays appartenait 
au Sultan , qu'ils &aient eux-m6mes ses esclaves , et 
que s'ils prttaient 1'oreille aux propositions de Fer- 
dinand, quelques cent mille Tatares et akindjis iraient 
mettre leur pays k feu et k sang '. Le secretaire Tran- 
quillus Andronicus, qui avait paru a la Porte imm£~ 
diatement aprgs la mort de Zapolya , fut envoy£ de 
nouveau par Ferdinand a Constantinople avec la nus- 
sion de demander la cession de la Hongrie comme un 
don digne de la liberalite du Sultan et d'offrir en 
retour un present annuel de cinquante mille ducats, 
et m&ne de cent mille a , si la premiere somme n'&ait 



i Voyez la quatrieme missive, dans les archives de la maison I. R. Histo- 
remata et diplomata : « Das Reich ist mein, ihr seit meine Leibeigen Knecht, 
» deshalb so bleibet getreue Unterthanen* meiner Gewalt und gehorsamt des 
» Kunigs Son, dein Mailath und Emmerich Balassa so des Kunigs Son nit 
» gehorsamen wollen thut keine Hilfe , des Kcenig Ferdinand's Unterthanen 
» sollt ihr nit hosren noch dueden dass sie irrung anrichten , » etc. 

» « Instructio pro Tranquillo Andronico Secretario nostro, du 10 juillet 
» 1 5 4a : et hie diet us nuntius nosier studebit, impetraret et persuaderet Mag- 
»nitudini sua; (da Grand-Seigneur) si non nisi gtoriosiaimom et invicto-* 
*» animo suo dignissimiun esse regnnm Hungariae sua liberalitate nobis poasi- 
» dendum daret , haberetque nos tot Regoorum Principem , qui ad Magnitu*> 



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358 H1STOIRE 

pas jug6e suffisante. La lettre de cr£ance excusait le 
retard mis dans renvoi dune ambassade, en aliquant 
le manque de sauf-conduit z . Les vizirs voulurent si 
peu ecouter les propositions de Tranquility, qu'ils lui 
refus£rent une audience du Sultan. Aux raisons que fit 
valoir Tranquillus en faveur de la l£gitimit£ du droit 
que tenait Ferdinand dutraite de partage conclu entre 
lui et Zapolya , les vizirs opposerent le fait bien au- 
trement significatif de la conqu&e. Le grand-vizir, 
l'eunuque Soule'iman-Pascha , alia jusqu'a lui dire 
d'avertir son maitre qu'il pourrait bien avoir le scot 
d'Alaeddewlet, qui pour avoir toujours voulu d£fen- 
dre sa principaute contre les Ottomans, avait M d6ca- 
pite avec toutesa famille. Roustem, qui n'&ait encore 
que second virir , ajouta : « Ibrahim n'a louche Vienne 
que du bout du doigt; moi , je veux la prendre a 
deux mains. Ton maitre ameute contre nous non seu- 
lement ses sujets , tant Allemands qu'Espagnols ou 
Italiens, mais encore les ndtres : les Hongrois, les 
Transylvamens et les Moldaves. Si tu ne vois pas le 
Sultan, si tu n'es pas admis k Thonneur du baise- 
main, n'en accuse que la nature de tes propositions. » 
Tranquillus craignit m&ne qu'on ne le retint prison- 
nier comme Lasczky, lorsque le vizir lui fit remar- 
quer que le sauf-conduit disait bien que la Sublime- 
Porte &ait ouverte k tous ceux qui voulaient s'y ren- 
dre, amis ou ennemis, pour demander quelque chose, 

-dinem warn respectum bafaente*, annua spleiidida et Magnitudine su» 
- digna moiiera ektan offatamus. » 

> Voyex la kltre de creams dans \m Arcki vet de la raaisou I. R, d' Aatricke. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 35 9 

mate qute rieh m leur gai-anfisB&ft le motir; oette 
menace & 1* v&M ta'etf point d'accttnplfeseittent, et 
TrahquHlus Andtotiicus put quitter Constahtitiopie 16 
9 octobre, tnais sans avoir r&issi & rien obtetiir f . 

Pendant que Tranquility Andtotiicus pourfcuivait 
inutilement ses negotiations k Goristantinopte, l^rtti@e 
de Ferdinand vint mettre 1$ sigge devant Pfestti, airisi 
que larait fait dome ans auparavant Rogendbrf , lors 
de l'ambassade de Jurischifc et de Lamberg. Bali- 
Pascha , le nouveau gouverneur de Pesth , dppela k 
son secours Oulamd, gouverneur de Bosnie, et Moti- 
fad, sandjakbeg de Poschega; le premier lui irimeha 
trois mille, et le second mille cavaliers. Mille janis- 
sairea, sous les ordres de leur Heutenant-g&ieral, le 
segbanbaschi Yousouf [xix] , combattaieht dans lest 
fangs deBali-Pascha; lereste des troupes &dit com- 
post de soldats des froiitteres, d'azabs et de ttiarto- 
loses \ Une m£sintelligence survenue entre les Alle- 
mandd et les Itafiens fit que l'assaut se doiina safrs le 
concours des premiers ; aussi toute l'imp&uosite des 
It aliens Vitelli, Medici et Pallavicini, tout le courage 
de* Hongrdis Zriny, Revay et Banfy ne suffirent-ils 
pas k emporter la brtehe que leur avaient pratiqu^e 
quarante bouches k feu; Revay fut grtevement bless£, 
Banfy fut tu& L'arnt& de Ferdinand ne comptait pas 



•o- 



t Commeniarins rtrum actarum ConstaHunopoli per Tranquillum Andr 
Aieum S. C, It. -If. legation anno 1 54a, dans les Archives de la nnriscm 
I. R. d'Autricfae. 

» Asaporum, Sarho riorum , Martohsorum. Le mot Sarhoriorum est une 
alteration du mot SerkadMu (soldats des frontier**). 



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56o HISTOIRE 

raoins de quatre-vingt mille hommes : l'decteur Joa- 
chim de Brandebourg commandait quarante mille fan- 
tassins et huit mille chevaux ; Jean Ungnad, capitaine 
de Styrie, dix mille hommes ; les Hongrois Gaspard 
Seredy et Pierre Pereny avaient seize mille soldats 
sous leurs ordres* Huit Allemands suivaient les trou- 
pes en qualite de conseillers de guerre. Les influences 
contraires de tant de conseillers et de chefs nuisirent 
a l'unit£ des operations et au succes de la campagne; 
le septi&me jour apr6s le commencement du stege, les 
assiegeans au nombre de quatre-vingt mille op6r6rent 
leur r e trait e, s'avouant ainsi vaincus par les huit mille 
soldats formantla garnison de Pesth [xx]. 

D6s les premiers jours du printemps (1 543) , les 
etendards victorieux de Souleiman march£rent de 
nouveau vers la Hongrie. Cette campagne, la dixteme 
que Souleiman conduisit en personne , se fit remar- 
quer entre toutes les autres par la discipline qui regna 
parmi les troupes , la pr6voyance et Tordre qui pr6- 
sid&ent aux approvisionnemens. Avant le depart de 
l'arm£e, Souleiman avait fait rassembler cent vingt- 
quatre mille huit cents minots d'orge et quarante 
mille minots de farine; une flotte de trois cent soixante 
et onze navires , sous les ordres d'AKbeg et de son 
lieutenant Sinanaga, beg de Szegedin, pr6c6demment 
kapidjibaschi ou chambellan du grand-vizir Ibrahim, 
devait transporter ces provisions par la Mer-Noire, 
et leur faire remonter le Danube \ Souleiman avait 
pass£ Thiver a Andrinople; c'est de Ik que vers la 

* Sioantschaousch , f. 26. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 36i 

fin de tevrier il avait envoy£ le beglerbeg de Rou- 
milie, Ahmed-Pascha, k Sofia '. Lui-m^me partit le 
18 moharrem 950 (23 avril 1543) avec un grand 
d£ploiement de pompe. La marche &ait ouverte par 
les porteurs d'eau charges de tenir leurs outres plei- 
nes, afin de d£salt£rer tous ceux qui auraient soif; 
ils &aient suivis des bagages du tr£sor et de ceux 
du Sultan port£s par trois cents bandes de mulets % 
composes de sept chacune, et formant un total de 
deux mille cent mulets; venaient ensuite cent rangs 
de chevaux de main 3 , ou neuf cents chevaux a neuf 
par rang; puis neuf cents rangs de chameaux ' char- 
ges des provisions et des munitions, ce qui port e le 
nombre des chameaux k cinq mille quatre cents, k six 
par rang. A la suite marchaient mille armuriers (dje- 
bedjis), cinq cents mineurs, hurt cents canonniers 
(topdjis)., quatre cents soldats du train avec leurs 
agas, kiayasetecrivains; puis les dignitaires du serai', 
le grand-sommelier (kilardjibaschi) , le grand-tr^so- 
rier (khaznedarbaschi) , et le gouverneur de la cour 
(kapouaga). A ceux-ci succ&lait la cavalerie, distri- 
bute entre les deux ailes ; k Taile droite &aient deux 
mille sipahis avec leurs &endards rouges, cinq cents 
ouloufedjis (troupes sold&s) avec des &endards verts, 
cinq cents ghourebas (Strangers) avec des &endards 
blancs; k l'aile gauche, deux mille silhidars avec des 
&endards jaunes, cinq cents ouloufedjis avec des &en- 
dards ray£s de vert et de blanc , cinq cents ghou- 
rebas avec des &endards ray& de blanc et de rouge ; 

• Sinantschaousch, f. a 8. — » Kaiar, — *+l TawiU. — > 4 Itatar. 



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36s HISTOIKE 

derri&re ces troupes fti&rehaient les iftembres du di- 
Mran , le secretaire d'Etat pour le chiffre du Sultan 
(mschandjibaschi), les defterdars , les kadfaskers , 
et les quatre vizirs qui &aient pr&^des par quatre 
queues de cheval , entour£s de leurs officiers et de 
leurs esclaves. Puis venaient les employes de la v6- 
nerie imp£riale, les chasseurs au faucon, k la grue et 
k r^peryier, les gardiens des dogues et des furets ', 
les founders (mouteferrikas) , les buyers tranchans 
(tschaschnegirs), puis tout le personnel des ecuries du 
Sultan. Des chevaux gfecs, anatoliens, karamaniens * 
kurdes, persans, arabes, avec des mors et des ^triers 
d'argent, des selles et des housses brod£es d'or , &aiebt 
conduits par le premier et le second tauyer, paries 
palefreniers (serradjs), les porte-armes (silaschors), 
leurs kiayas et leurs icrivains. Trois cents chambellani 
(kapidjibaschis) k cheval pr^cedaient l'£litede larrup 
c'est-fc-dire douze millfe janissaires arm£s de sabres et 
de lantes, et portant sur leur dos de longues arque- 
buses ; trois queues de cheval flottaient en avant des 
banni&res rouges des janissaires. Enfin sept &endard* 
ray& dor, et sept queues de cheval atinongaient lap- 
proche de la majesty du Padischah [xxi]. Cent trom- 
pettes ayant leurs instramens retenus a leur cou par 
une chatoe d'or, et cent tambours, faisaient retentir 
lair de sons guerriers. Venaient ensuite quatre cents 
archers on gardes -du- corps (solaks), dont les chefs 
marchaient imm^diatement k c6t£ de l'&rier du Sul- 

> Toughandji, schahindji, tschakardji, atmadji, sagerdji, samsoundji, 
Voyez Administration et Constitution de V Empire ottoman, II, p. 37. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 565 

tan ; lis etaient coiffSs de bonnets de feirtfe surtnon- 
t& de plumes de h£ron, avaient la taille prise dans 
des ceintures de soie, et portaient des carquois ricbe- 
ment travaill£s et incrust£s dor. En dehors da cercle 
que les solaks formaient autour du Saltan, cent cin- 
quante tschaouschs , conduits par le tsehaousbaschi 
on grand-mar^chal , faisaient risonner leors longues 
cannes d'argent auxquelles Etaient suspendoes de pe- 
tites chaines de m&ne m&al, et Us m£Iaient a ce clique - 
tis les cris mille fois r£p&& : Qu'U we long-temps! 
Dans l'intlrieur des rangs des solaks Etaient lessoixante- 
dix peiks (gardes-du-corps arm£s de lances), portant 
des casques et des lances d'or , et v&us des plus riches 
etoffes; au milieu deux, le Sultan moittait un cheval 
superbe, et Sa Majesty pom* nous servir de Texpres- 
sion de l'historien ottoman, se trouvait voil^e sous les 
plumes flottantes des solaks, « comme le soleil qui 
darde ses rayons k travers de Mgers nuages r . » 

Pendant que Souleiman sortait de Constantinople 
avec un tel d£ploiement de magnificence, la campagne 
avait &6 ouverte en Esclavonie et en Hongrie, par Bali- 
Pascha, gouverneur d'Ofen, et Oulama, gouverneur de 
Bosnia. Oulama, apr£s s'&re r&mi kMourad, sandjak- 
beg de Poschega, et a Kasim, sandjakbeg de Mohacz, 
se porta devant Athina, ch&teau d'Urbain Bathyani, 
entre Cris et Poschega, et s'en empara ainsi que de 
Saphronic et de Belostina , forteresses dans la posses- 
sion, la premiere d'Etienne Banfy , et la seconde de 
Keglevich. Les chefs turcs chasserent le hardi brigand 

■ Stnantschaoasch , f. 3o-36. 



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364 HISTOIRE 

Ladislas More de son chateau de Rahocza; More 
trouva un refuge dans le chateau de Nana, situ£ au 
pied du mont Matra et appartenant a son ami Etienne 
Losonz; mais Bali-Pascha prit &ana, et envoy a More 
et ses fib a Constantinople, pour y partager, dans le 
chateau des Sept Tours, le sort de Mailath et de Va- 
lentin Toeroek. More et ses fils ayant abjur6 la foi de 
leurs pAres, £chapp6rent k la captivity qui les attendait, 
tandis que Mailath et Toeroek , k qui on avait offert 
des places et des honneurs pour prix de leur apos- 
tasie, pr£f£r6rent languir en prison, plus fiddles k leur 
religion qu'ils ne l'avaient &\6 a leur patrie *. Mourad, 
beg de Poschega, Khizr, beg de Gustendil, Mesih, beg 
de Valona, et Ahmed fils d'Yahyapaschaoghli et san- 
djak de Lepanto a , formferent le si6ge de Valpo au- 
dessus d'Essek, sur la rive droite du Danube, et dans 
la plame m&ne qui, plus de cinq ans auparavant, avait 
&e t&noin de la l&che fuite de Katzianer et de la mort 
glorieuse de Lodron 3 . Valpo ne tarda pas k voir arri- 
ver sous ses murs Ahmed-Pascha, beglerbeg de Rou- 
milie, commandant l'avant-garde de Souleiman. Le 
Sultan accompagn£ de son fils, le prince Bayezid, £tait 
parti d'Andrinople pour FiliW, ou le beglerbeg d'Ana- 
tolie, Ibrahim-Pascha, vint se joindre a lui (24 mohar- 
rem — 29 avril) 4 . Pendant les trois jours qu'on passa k 

» Istuanfi, 1. XV. Catona, XXI, p. 289. 

« Petschewi, f. 81. Get auteur ne cite point Kasira qu'Istuaufi nomme 
cepeodant avec Mourad et Onlaraa. 

3 Jovius, XLIU, p. 476. 

4 Djelalzade, f. 346. Sinautschaousch , f. 47- L'armee Iraversa successi- 
vemcnt Tschirmen, les champs de Beg alaki, Gunbeghi, Tschakiraga 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 365 

chasser sur les hauteurs du Balkan, Souleiman apprit 
par un courrier exp6di£ de Constantinople que Khair- 
eddin. ayant l'ambassadeur frangais k bord, avait quitt£ 
Galata avec cent vingt-six vaisseaux pour passer les 
Dardanelles; Kasim, beg de Mohacz, l'informa en 
m&ne temps, dans un rapport detaille, du succ&s avec 
lequel il s'etait tir£ dune embuscade que lui avait 
dressee l'ennemi a Sexard 1 . A Sofia, on regut la nou- 
velle de la mort de Bali-Pascha, gouverneur d'Ofen ; 
sa dignite gchut k Yahyapaschazade Mohammed-Pa- 
scha ; en m£me temps furent faites dans le diwan plu- 
sieurs promotions k des places de juges et de profes- 
seurs a . Lorsque Tarm^e eut quitt£ Sofia, un messager 
de Mouradbeg, sandjak de Poschega, d£p6che au 
grand-vizir, vint lui apprendre qu'on avait forme le 
siege de Valpo, et que l'ennemi qui s'&ait concentre a 
Siklos et a Funfkirchen avait &e disperse [xxn] *. Mou- 
radbeg envoyait par la m&ne voie soixante-dix nez , 
autant de paires d'oreilles. et Forgacs fait prisonnier, 
comme autant de pieces justificatives de sa lettre de 
victoire. Sur les bords du Danube, avant d'arriver a 
Essek. Tarmee fut instruite par un courrier d'Ahmed- 
Pascha, beglerbeg de Roumilie, que Valpo &ait tom- 
bee sous le joug ottoman , apr&s avoir et6 foudroyee 
par trois mille cent trente-sept boulets de pierre 
(19 rebioul-ewwel 949 — 22 juin 1543) 3 . 

Ut'girmeni, les prairies de Khaledlii et le village de Rogosch. On chassa 
pendant trois jours dans les montagnes de Yassidjd yaila. 

» Sinantschaousch , f. 5o. — » I hid., f. 55. 

3 On voit par ce rapport que Souleiman ne vint pas en personne a Valpo , 



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566 HISTOIKE 

Le Sultan regut en audience , dans son camp au- 
detsous d'Essek , le commandant de Valpo , k qui sa 
soumission volontaire valut un accneil gracieux et 
un fief dans le voisinage d'Ofen '. Une garnison fut 
etablie dans Valpo; un juge et un imam y furent in- 
stalls. Le Sultan re$ut dans le drwan les felicitations 
des vizirs, et ordomia i Ahmed-Pascha d'aller mettre 
le stege devant Siklos; treize canons et trente faucons 
furent transport^* k bras d'hommes et avec des diffi- 
cukes extremes a taavers des marfoages, devant la 
place. Le kiaya Mohammed descendit lui-m&ne de 
cheval, et sattela h un canon pour donner l'exemple; 
Souleiman reconnut soa aile par un present de deux 
cents ducats \ Les travaux de siige furent conduits 
par Ontama, Mourad et Kasim, sandjakbegs de Bos- 
nie , de Poschega et de Mohacz , sous les ordres sn- 
p&ieurs d'Ahmed-Pascha, beglerbeg de Roumilie 3 . 
Mats pendant qu'on ouvrait les tranches, la garnison 
de FuniEkitfchen envoya des pariementaires pour ne- 

eomme le croit Istuanfi; mais U fat probable que se trounmt dans le voisi- 
nage, il confirma lui-meine la capitulation de cette place. C'est ainai qu'on 
peut s'expliquer la date de Sinantschaouscb , qui place la reddition de Valpo 
an aa juin, et ceie cflstuanfi qui la recule au a 3 juin. Petschewi, a l'occa- 
«ion de la prise dfe Valpo, dit que l'historien Mohammed Katib avait fait 
ses premieres armes dans ee siege, et que son frere, le kapidji^baschi 
d'Ahmedbeg, fils de Yahyapaschazad£, j avait ete bless£. 

i Sinantschaousch, f. 6fr. II nomme le commandant Michel Schante; 
Istuanfi l'appeile Archius. Le fait qu'il rut investi d'un samiet (fief) refute 
I'erreur d'lstuanfi, qui fait executer oe commandant avec tons ses gens : 
Occulta perfidia, ut tretU par etf, necati, nusquam ampHus apparmere, dans 
Catena, XXI, p. 299. 

» Sinantschaouscb, f. 72 et 77. — 3 lbid. t f. 79. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 567 

gratar sa reddition ; Mourad et Kasim farent d&ach& 
pour prendre possession de cette place qui s'£I6ve dans 
une plain® fertile, el apris y avoir install^ Bali Woi- 
woda en quality de commandant, ils revinrent devant 
Siklos [xxm]. Pendant leur absence , l'armfe assi6- 
geante avait regu un renfort de mille Tatares ' ; elle 
avait &6 jointe en outre par les vizirs Mohammed et 
Khosrew-Pascba, par Tekkesad6 Hadji Mohammed, 
beg de Semendra, Mohammed Tourakhan, gouver~ 
new de Mor6e, et par Khaireddin , beg de Zwornik, 
tons jaloux de partager les dangers et l'hoaneur de 
ce stege *. Mais la grosse artillerie avait k peine tir£ 
cent coups, et celle de moindre calibre deux cents, 
que Siklos fit sa.soumission apr&s une defense de huit 
jours (2 reWoul-akhir — 5 jinllet) ; cependant la cita- 
delle refusa de suivre l'eaemple de la ville 3 . Souheili, 
kiaya de Khosrew-Pascba, qui fut charg6 de porter 
cetle joy ewe nouvelle an. Sultan, re$ut en retour une 
augmentation de quatre milfe aspresaur ges.*evenus'. 
La wtadelte se rendit trois jours aprte, sur Tavis de 
Michel Diak, secretaire de Feteny , et des deux Nagy 5 . 
Quelques-uns des habitant voukrient avoir entendu , 
avant m&ne l'airrivfo des Turcs, pendant une nuit 

» SinanUchaousch, f. 81 et 8a. II fait monter les forces des Tatares a 
quatre-vingt mille bommes. — * Ibid. , f. 79. 

3 Sinantschaousch, f. 89. On lit dans Djelalzade, Petscbewi, et le 
XokhhtUtiiawankh, QndnnHndp* (le 1 b} an lieu tftiundji, 

4 SiQaots^baoiiscM» f. 90. 

5 Ibid. t f. 95, nomine les membres de ce cooseil : Michel Diak, Nad- 
jigh, Mondo, Nadsch (Nagy), Michel, Kabonr et Kani. Dans Istuanfi, 
Michaelem cognomento fevreum. Catena, XXI, p. 3o5. 



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368 UBTOIRE 

calme, un muezzin faire du haul dune tour 1'appel k 
la priere; d'autres assuraient avoir vu depuis le com- 
mencement du stege, pendant une nuit obscure, une 
vive lumi&re briller dans la prison ou Sigismond, apres 
la bataille de Nicopolis, avait &6 retenu captif par 
ses Etats, et ou Itaient alors enferm£s les prisonniers 
turcs ; pour detourner le malheur annonc£ par ce 
presage, on avait d&ruit cette tour, en respectant 
toutefois la vie des prisonniers x . Gent soixante-dix 
cavaliers de la garnison furent envoy& k Constanti- 
nople ; la forteresse fut r&inie au sandjak du beg de 
Mohacz [xxiv], 

Souleiman se rendit, le 13 juillet 1543 (10 rebioul- 
akhir), de Siklos sur les bords du Danube, pendant 
que le beglerbeg de Roumilie, Ahmed, prit a gauche 
par Funfkirchen, pour aller former le stege du cha- 
teau de Szaz qui se rendit volontairement. A Sexard, 
Ahmed rejoignit de nouveau le gros de larm^e a . On 
passa a c6te du fort de Nianyavar, situ£ k gauche de 
Tolna, sans chercher a le r&iuire , bien que sa po- 
sition ftkt menagante pour les troupes, qui ne s'ar- 
r&6rent qu'a Foeldvar ; le 23 juillet , apr&s deux 
jours de marche [xxv], le Sultan entra triomphale- 
ment a Ofen, accompagn£ des beglerbegs de Roumilie 
et d'Anatolie avec leurs sandjakbegs, alaibegs, voi6- 
vodes et soubaschis , d'Yahyapaschaoghli Moham- 
med-Pascha gouverneur d'Ofen, avec ses volontaires 
(goenullii) et gardes-du-corps (beschlii) ; pendant la 

i Sinantschaousch , f. 99 et too. 

» Ibid., f. 109. JoviiiSy IsluanG el Stella se taiseot a cet egard. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 569 

marehe du c6rt6ge, le capitaine de la flotte du Da- 
nube, Alibeg, et son kiaya Hasan, firent retentir Fair 
de salves dartillerie. Bans on diwan solennel, Soulei- 
man i&noigna sa satisfaction aux vainqueurs de Valpo, 
de Funflrirchen et de Siklos ; Mourad, sandjakbeg de 
Foschega, regut une augmentation de trente mille 
aspres de revenus, son fils, un fief de douze mille 
aspres ; le cuisinier des janissaires et son aide , qui 
ayaient les premiers escalade les remparts de Siklos, 
eurent chacun une gratification de vingt mille aspres ' . 
Quarante groe canons langant des boulets du poids 
dun k trois quintaux , et quatre cents pieces de petit 
calibre , remont&rent le Danube (27 juillet) sous les 
ordres du beg de Silistra, le persan Sehri Mar (poison 
de serpent), qui avait embarqu^ k Silistra ce formi- 
dable pare dartillerie r6cemment arriv6 de Constan- 
tinople [xxvi]. Le 26 rebioul-akhir (29 juillet), com- 
menga le g&ge de Gran, dont le chateau s'£l£ve sur 
une colline en face do confluent de la Gran et du Da- 
nube. Gran, vflle natale du roi saint Etienne, &ait en 
outre c&£bre par sa cath&frale rev&ue k l'extfrieur 
d'alb&tre et de marbres de diverges couleurs, un des 
chefs-d'oeuvre de l'architecture gothique, et par un 
aqueduc en pierre, d'ou 1'eau s'£levait k une hauteur 
de quatre cent soixante aunes au moyen d'une roue k 
godets \ La garnison, compos£e d'Allemands, d'Es- 
pagnols et d'ltaliens, &ait forte de treize cents hom- 

> Sinantschaousch, f. lax. 

» Petschewi , qui a?ait vu cette magnifique egliae avant sa destruction , 
en donne la description , f. 8a , aiasi que de 1'aqueduc 

t. v. 24 



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5;o HiSTOIRE "\ 

mes ' . Les EspagnOls Martin Liscani et Francois Sala- 
manca avaient le commandement de la haute et de la 
basse ville. Tristan Vierthaler et Michel Regensburger 
commandaient les troupes allemandes ; les Italiens 
avaient pour chefs Torielli et le g£n£ral du g£nie Vi- 
telli , homme experiments dans la tactique militaire. 
Trois cent soixante et quinze canons a , transports 
d'Ofen sur cent sept b&timens, foudroySrent la ville 
jour et nuit ; les trois fils d'Yahyapaschaoghli , Mo- 
hammed gouverneur d'Ofen, Arslanbeg sandjak de 
Wuldjterin , et Derwisch beg de Szegedin , regurent 
l'ordre de battre le pays jusqu'a Stuhlweissenbourg 3 . 
Souleiman envoya dans la ville trois ren£gats, un Al- 
lemand , un Espagnol , un Italien , chacun pour 
exhorter les soldats de sa nation a se rendre 4 ; les 
porte-drapeaux qui parlement&rent avec eux leur re- 
pondirent que ni promesses ni menaces ne pour- 
raient les detourner de leur devoir. Le courage des 
assieg^s fut encore accru par un renfort de six cents 
hommes que leur amena l'Espagnol Sancius Cotta, et 
par la promesse qu'jl leur fit du prochain paiement 
de la solde arrier^e 5 ; mais leur resolution ne tarda 
pas b faiblir, lorsque leur plus habile artilleur, Cala- 
brois de naissance. fut pass£ a Souleiman 6 . et que 



• Stnantschaousch les porte tantot a trois mille, tantot a treize miile 
homines; c'est probablement utfe faute du cbpiste. 

* Stella , cap. a : 40 magnis bombardis aneis ac minutioribus fere 3 00 
quatere cceperwit, dans Catona, XXI, p. 335. 

3 Stnantschaousch, f. i3*. — , 4 Jovius, XLIIL Catona, XXI, p. 3 20. 
5 Stella, dans Catona, p. 327. — € Ibid., p. 33g. , 



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DE L'EMPIKE OTTOMAN. 5 7 t 

d'autres transfuges eurent r&v&i k I'ennemi le c6te 
faible de la place, e'est-k-direi la tour de VEau, que 
lartillerie turque ne cessa de battre en br&che de 1'ile 
voisine ! . L'assaut g£n£ral ne devait etre donne que le 
jeudi 9 aotit ; mais un devin prldit, d'apr&s des figures . 
.tracees sur le sable [xxvn] , tant de bonheur pour le 
lundi 6 aotit, qu'on crut devoir devancer le termefix£, 
et se rendre aux d&irs des troupes. L'attaque fut re- 
pouss£e, et cotita aux Ottomans un nombre assez con- 
siderable de tu& et de blesses ; parmi ces derniers 
&aient le capitaine de la flottille du Danube, et le 
devin lui-m&ne si mal servi en cette occasion par sa 
science. Les assieges et les assiegeans eurent une perte 
r&iproque d'environ deux cents hommes [xxvni]. 

La croix dor£e qui surmontait le clocher de leglise 
gotkique dont nous avons parte plus haut, ayant &£ 
renvers^e d'un coup de canon , Souleiman s ecria : 
« Yoilk Gran a nous a ! » En effet, cet heureux pr&age 
ne tarda pas & se r£aliser; les Espagnols Liscani et 
Salamanca n£goci6rent la reddition de la place contre 
une libre retraite avec armes et bagages. Le jour de 
Saint-Laurent, 10 aotit (9 djemazioul-akhir), la capi- 
tulation fut sign^e , et la garnison sortit de Gran 3 ; 
mais les conditions stipul&s ne furent pas exacte- 



i J emus, dans tatona, XXI, p. 3i8. — * Ibid., p. 3<g. 

3 Jovius dit que Souleiman avait rendu graces a Dieu de lui avoir donne 
la vUle de Gran le meme jour ou son grand-pere Bay aid U avait conquls 
Modon; cette assertion ne serait juste qu'en supposant que Souleiman eut 
calculi non d'apres l'annee luoaire , mais d'apres l'annee solaire des Grecs. 
Du reste , Modon fut conquise non le xo, mais le 9 aoiW. 



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372 WSTOIRE 

meat ex6cut£es. Ali-Aga demanda a Iiscani, comme 
un souvenir, la chai&e d'or qu'il avait arracfa^e ao 
cou de Pierre Pereny en l'arr&ant; Iiscani ayant cm 
pouvoir se racheter des dangers de sa position par ce 
sacrifice , le Turc exigea ses cheraux dont les seller 
avaient &6 remplies d'or, ajoutant en se raillant que 
cetaa qui allait s'embarquer n'avait pas besom de che- 
vaux '. Ayant de laisser partir les soldats de la gar- 
nison, Souleu&an les employa k rinbumatkm des 
morts, an d^Uaiement des d&ombres, aux travaux 
les plus abjects, pendant qu'on outrageait leurs fem- 
mes sous leurs yeux, ou qu'on les noyait si elles r6- 
sntaient k ces hideuaes violences \ II esp&ait, par de 
pareils traitemens, amener la garnison 4 adopter la foi 
musulmane et k entrer h son service, en lui promet- 
tant des conditions avanftageuses; quelques-uns aeule- 
ment abjurfrent la fid£lit£ qu'ils devaient k leur Dieu 
et k leur roi *. Pendant le si^ge, l'artillerie ottomane 
avait lanci neuf mille cinq cent quarante-quatre bou- 
lets de fer et plus de deux mille boulets de pkxnb; 
chaqoe soldat qui rapportait un des premiers rece- 
vak une recompense de vingt aspres 4 . Le jour m6me 
de l'oocupatkm de Gran , Souktman changea fo ca- 

s Jovius. Sinantschaousch pretend que la somme qui s'y trouvait cachle 
s'elevait a dix mille ducats. 

» Stella, c. *, daps Catena, XXI, p. 343. 

3 Nee phires qmmm 70 ex omni nation* milit** reperii tmni, qui ad Soli- 
manum trantire veUent: Jovius, Sioaattchaontcb ne parte que de einqaantt 
hommes; mais en revanche cent aoixante-quatre jeunes gareens entrawnt 
au service de Souleiman. 

4 Sinantschaousch , f. i5o. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 573 

th&irale en mosqu£e en y faisant la priire du ven- 
dredi ; apr£s oette drimooie, les vizirs s'aseemblerent 
dans la tente iroperiale, afin de tenir consei) gur 1'ad- 
ministration des nouvelles conqu&ea; Souleiman di~ 
signa sept begs, ceux de Semendra, de Wukjjterin, 
Aladjahissar, Perzerin, Poschega, Zworntk etSze- 
gedin pour occuper la vilte, avec cinq cents hommes 
du g£nie, cinq cents azabs, cinq cents beschlus, cinq 
cents goemilliis, cinq cents janissaires et deux mill* 
martoloses. Le juge et le sandjakbeg de Gran devaient 
relever du juge et du pascha d'Ofen ■. 

Le lendemain de la reddition de Gran, un ambas- 
sadeur du roi de Pologne fat re$u par le Sultan en 
audience solennelle, et lui offrit avec des pr&ens les 
felicitations de son maitire sur ks nouveaux succ£s des 
amies ottomanes a . Souleiman , voulant hftter la re- 
construction de la forteresse de Gran, ordonna que 
chaque sipahi devrait fournir trois charges de pierre; 
cbaque pascha mille; Roustem seul &ait tax£ a cinq 
mille; il r£compensa par des v&emens d'honneur Tem* 
pressement que mirent ces hauts dignitaires k satisfaire 
ses ctesirs 3 . De Gran, l'arm& se dirigea sur Stuhl- 
wdssenbourg, l'ancienne ville ou &aient sacr£s et 
ensevelis les rois de Hongrie. Parmi les canons des- 
tines au s&ge de StuMweissenbourg , s'en trouvait 
un langant des boulets de cinquante livres et ayant 
dix-huit palmes de longueur; l'artilleur EsedouUah, 
r£cemment arrive de Perse, l'avait fondu pour servir 

< Sinantschaouscb , f. i56. — a Ibid. — 3 Ibid., f. 159. 



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5 7 4 HJSTOIRE 

de modele a une aftillerie qui , tenant le milieu entre 
les monstrueuses pieces du calibre d'un quintal et les 
petits fauconneaux , particip&t de la force de projec- 
tion des uns et de la l£g&ret6 des autres. Le premier 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 3 7 5 

firite dHin de^ ceux-ci k Amid '; en m£me temps, 
Emin-Sultan, fils de Sahib-Ghirai, fit savoir a la Porte 
(19 djemarioul-ewwel — 20aotit) qu'il avait envoy6 
cinq mille Tatares battre le pays erinemi et qu'ils 
etaient revenus avec quinze cents prisonniers a * Ce 
merae jour on commenga le siege de Stuhl weissen- 
bourg. Le beglerbeg d'Anatolie; Ibrahim - Paschd , 
avait 6t6 charge d'emmener d'Ctfen l'artillerie de siege ; 
en l'attendant, les vizirs Roustem, Mohammed et 
Khosrew, secondes par Ahmed beglerbeg de Rou- 
milie et Taga des janissaires, ouvrirent la tranchie 3 . 
Huit jours apr& le commencement du siege, la breche 
ayant paru suffisante, on donna un assaut qui fut re- 
pouss6 [xxix]; dans un second, les Ottomans £prou- 
v&rent une plus grande perte encore; la ville ne fut 
prise que le 4 septembre [xxx]. G6n£reux envers son 
ennemi vaineu, Souleimah admit au baise-main le 
commandant hongrois Varcocs; l'eglise renfermant 16s 
tombeaux des rois fut pour cette fois pr£serv6e de la 
destruction. Ahmed, frire dugouverneur d'Ofen, fut 
nomm£ sandjakbeg de Stuhlweissenbourg avec un 
traitement annuel de six cent mille aspres (douze mille 
ducats) ; mille janissaires et trois mille soldats lev£s 
dans le pays form&rent la garnison de la ville [xxxi]. 
Pendant le si6ge de Stuhlweissenbourg , le voi&vode 
Kasim avait r&luit le chateau de Nianyavar situe sur 
la gauche de Tolna. Emin-Sultan fils du khan Sahib- 
Ghirai, et Dewlet-Ghirai fils de Moubarek-Ghifat, k. 

» Sinantschaousch , f. 166. — * Ibid., f. i68v 
3 Pctschewi, f. *4- 



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3 7 6 HISTOIKE 

la t£te, le premier desTatares de Crimle, le second de 
ceux de Dobrudja, battirent la contrfe en tous sens, 
lis se mirent k la poursuite de la garrison qai avait 
rendu Stuhlweissenbourg; maisils furent d^faits pr& 
da mont Somnyo par Nicolas Zriny qu'une blessure 
empteha de profiter de sa Tictoire f . Francois Ka- 
polnay les attaqua avec sept cents cavaliers pris du lac 
Balaton, k 1'endroit m&ne oA prend naissance le ruis- 
seau de Siho ; mais, accabte par le nombre, il paya de 
sa vie ses efforts h£roiques ■. Souleiman, en visitant h 
Stuhlweissenbourg les tombeaux royaux, se montra 
plus clement en vers les morts qu'envers les vivans ; 
car, ayant invito les habitans k se rendre avec leur juge 
en un lieu d£sign6 hors de la ville pour lui prfeter seg- 
ment, il les fit tous massacrer, k F exception de ceux 
avec qui avait A£ sign6e la capitulation , comme si 
toute la ville n'avait pas &6 comprise dans le trait6 
conclu k ce sujet 3 . Avant de partir de Stuhlweissen- 
bourg, il envoya des lettres de victoire k tous les gou- 
verneurs de lempire, k la r^publique de Raguse, au 
roi de France et au s&iat de Venise *. 

Souleiman qui de Stuhlweissenbourg s'&ait rendu 
k Pesth, quitta cette dernifere ville au commencement 
de l^quinoxe d'automne pour retourner k Constant!- 



i Stella, dans Catena, XXI, p. 377, et Deditio Mbaregalis, d'apres un 
nanmcrit italien, dansKo?achicn, Scriptoret nntm Bungaricarum minores, 
I, p. So. — * Stella, dans Catena, XXI, p. 378* 

3 Coti interpretmno I Turchi le promissioni e giuramend loro. Le ma- 
nuscrit italien dans Kofachicb, I, p. 8a. 

4 Djelalsade, f. 260. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 377 

nople ; il ptssa !e Danube k Peterwardein dix jours 
aprto *. A son arriv^e k Belgrade (21 septetnbre), il 
congddia son armee qui dut aller prendre ses quar- 
tiers d'hiver, et se mit lui-m&ne en route pour sa capi- 
tate. Les ffctes triotnphales qui auraient probablement 
solenms£ son entree k Constantinople, furent changes 
en deuil par la nouvelle qu'il regut, chemin faisant, de 
la mort (8 sehftban — 6 novembre) du prince Moham- 
med son second fils et le plus chfri de tpus [xxxn], 
Profond&nent affect^ de ce nouveau coup porte k 
ses affections paternelles , le Sultan ordonna de con- 
duire les restes du jeune prince k Constantinople, oA 
il les fit ensevelir pr&s de l'antien quartier des janis- 
saires. Sinan, le plus c616bre des architectes ottomans, 
fut chargg d'6lever au souvenir du prince et prts de 
son tombeau, une mosqufe dont la construction dura 
.cinq ans, et cofita trois cent mille ducats *; bfttie sur 
te module de la mosquta du conqu&ant , elle se dis- 
tingue de cette derni&e par quatre demi-coupoles 
entourant le ddme ; k l'ext&ieur elle est orn6e de deux 
minarets richement sculpt &, k l'int&rieur elle n*a pas de 
colonnes, et son aspect est sombre, comme si l'archi- 
tecte l'avak voulu mettre en harmonie avec la douleur 
qui Favait 61evle [xxuii]. Les professeurs de l'acacte- 
mie dont fut dot& cette mosqufe eurent des appointe- 
mens dgaux k ceux des autres academies imp&ialeg 3 . 

■ Djelalzadt, f. a6i. Ali, xuiri« reeit, f. *55. 
»' Ali dit cent dnquante charges (yuk) d'aspres; le yfik vaut cent mille 
aspres; cinquante a?pres Talent un ducat. . 

3 AH, xlh" recit. Cantemir place par erreur cette mosquee a Yen&apou 



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3 7 8 RISTOIRE 

Dans les premiers jours du printemps de larinee 
suivante (1544) 9 les lieutenans du Sultan recominen- 
c&rent la guerre en Hongrie, en Esclavonie et en Croa- 
tie, et prirent plusieurs villes et chateaux. Mattre de la 
capitale des rois de Hongrie et de la ville ou its sont 
ensevelis, Souleiman devait d£sirer encore de poss£- 
der Wissegrad, appelee aussi Blindenbourg, ou &ait 
gard6e la couronne, lors m&ne que la position de cette 
place sur la rive droite du Danube au-dessous de Gran 
ne lui en etit pas impost la conqu&e, afin de rendre 
libre la navigation du fleuve. Le nom slave de cette 
forteresse, Wissegrad, qui signifie ch&teau 61ev6, 
explique sa position sur une montagne escarp6e; son 
nom allemand de Blindenbourg (ch&teau qui aveugle) 
se rapporte a la vue magnifique dont on y jouit , et 
qui eblouit, aveugle, pour ainsi dire les yeux par sa 
beauts et son immensite. Comme Siklos, Wissegrad, 
avait servi de prison a un roi hongrois, Salomon, qui 
y avait &6 retenu pendant dix-huit mois. Le roi Charles 
fortifia Wissegrad, pour en faire sa residence et y 
deposer la couronne de Hongrie. Wissegrad est c6~ 
lebre par 1'entrevue du roi de Boh6me, de son fils 
.Charles, plus tard empereur d'Allemagne, de Casimir, 
roi de Pologne, et d'Etienne , roi de Bosnie, avec 
Charles, roi de Hongrie, pour conclure ensemble un 
traits dalliance offensive et defensive. Casimir de Po- 
logne signa a Wissegrad son abdication en faveur de 
son neveu Louis , qu'il avait adopts pour, son fils, et 

(nouvelle porte), dont il altere le nom en fabant Engi kapu. (Soliman, 
XL, note 34.) 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 079 

c'est laqu'il c£l£bra, avec Jean, margrave deBran- 
debourg, les fun^railles de Charles. Par la suite, les 
rois de Hongrie n'habit£rent pas toujours Wissegrad ; 
mais Mathias Corvin mit autant de soins a Tembellir 
que sa residence d'Ofen; il y fit dessiner de magni- 
fiques jardins, avec des terrasses , des statues et des 
pieces d'eau. Les jours oii on c^lebrait un triomphe des 
armies hongroises , les fontaines publiques versaient 
au peuple du viri rouge et du vin blanc '. Dans T6- 
glise du ch&teau , les autels d'alb&tre rivalisaient de 
magnificence avec les tuyaux d'argent de l'orgue. Les 
^curies 6taient k l'int&ieur rev&ues de marbre. Ma- 
thias Corvin regut k Wissegrad les envoy^s du pape 
et du Sultan. L'ambassadeur ottoman fut tellemfent 
&onn6 de la magnificence du palais du roi , qu'il ne 
put prononcer que ces paroles : « Le Padischah te 
salue 2 ! » Ce laconisme d6plut au roi, qui le renvoya 
sans vouloir lui accorder une autre audience. Mathias 
Corvin accorda de grands privileges k Wissegrad ; 
mais Louis II donna cette place en fief k sa cuisiniere. 
Apr6s la bataille de Mohacz , Wissegrad et la cou- 
ronne de Hongrie tomb&rent Tune et l'autre au pou- 
voir des Turcs, qui en firent don k Zapolya 3 ; Fer- 
dinand sen empara k la mort de ce prince. Presque 
toutes les lettres de Souleiman k Ferdinand , avant 
Touverture de la campagne de Hongrie, avaient pour 
objet la restitution de Wissegrad et de Stuhlweissen- 

1 Olahi, Descript. re g.. Hung. Stella, c. 14. Petscbewi, f. 86 et 87. 

* CcBsar salutai. Olahi , I. c. 

3 Istuaofi, 1. XVI, dans Catona, XXI, p. 44a. Petschewi, f. 87. 



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38o UISTOIKE 

bourg; lors des conferences d'Ofen, ces deux forte - 
resses furent encore r6clam£es des ambassadeurs de 
Ferdinand, Salm et Herberstein. Soaleiman avait pris 
lui-m6me Stubl weissenbourg ; il chargea de la eon- 
qudte de Wissegrad Yahyapaschazad6 Mohammed- 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 38i 

avec le litre de sandjakbeg , pour mettre un terme 
aux courses que faisait d'Erlau le brave Varcocs '. 
Ozora , les ch&teaux de Dombovar , Doebroekoex et 
Simontornya, qui sont situ£s tous les trois sur les bords 
de la petite rivtere de Sarwis, et dont le comman- 
dant, Thomas Markozy, avait si long-temps inqui&6 
la route dOfen, ne tard&rent pas k tomber sous le 
joug ottoman. Ge fut sur la demande de Kasim, san- 
djakbeg de Mohacz, que Mohammed-Pascha s'empara 
d'Ozora, dont il confia la defense a un sandjakbeg \ 
Pendant le stege de Simontornya, les troupes turques 
regurent Tordre d'op&er leur jonction avec les san- 
djakbegs de la Bosnie et de l'Herzegovine, Oulama 
et Malkodj 9 qui faisaient le stege du fort esclavon de 
Velika. Les paysans qui 6taient accounts dans cette 
place de la confine environnante, s&hdts par les pro- 
messes de Pilat, ami secret des Ottomans 3 , forctaent 
la garrison k se rendre; au lieu den 6tre recompenses, 
ainsi qu Us l'avaient esp£r6, ils furent tous massacres; 
il n'y eut d'£pargn& que les soldats. 

Apr&s la prise de Velika, Oulama et Malkodj por- 
t£rent la guerre de l'Esclavonie dans la Groatie. lis 
prirent dans les environs dlwoniza le chateau de Mo* 
nosk) 4 , occupe par Piefre Erdoedy , avec une foible 



i Les meoMS. — * Pelschcwi , 1. c 

3 Pettchewi, f. 87. Istuanfi, dans Catena, XXI, p. 444 ' * quodam 
Andrea cognomento Pilato, Lupi Sempcei mimttro, qui forte eo profugerai, 
persuasi. 

4 Mont Claudius , quern nostri Uonoslonem (Petko Uenyoronem) vocant, 
arx haudprocul ah Juanicza dissita. bttianfi, 1. XVI. 



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58a HJSTOIKE 

• » 

gariiison; ces progr&s des Turcs firent trembler l'6-> 
v6que d'Agram pour ses forteresses de Dombro et de 
Chasma. Oulama et Malkodj envahirent toute la partie 
du district de Warasdin, qui s'&end au-del& de Som- 
sedwar, et prend le nom de Sagoria, c'est-k-dire situt 
derriire les mon/agnes. A leur arriv^e dans les champs 
de Lonska, ils trouvirent le comte Nicolas Zriny avec 
les Creates, et Bilderstein avec les Styriens et les Ca- 
rynthiens, pr6ts a leur barrer le passage. On conviot 
de part et d'autre dun armistice, pendant lequel les 
plus braves des deux armies se provoqu£rent en 
combat singulier ; mais Oulama et Malkodj, rejoints 
par de nouveaux renforts, se jet&rent inopin&nent 
sur les chretiens et les disperserent. Vivement pour- 
suivis, Zriny et Bilderstein s'enfuirent vers le chateau 
de Lonska; le premier eut son cheval tu6 sons lui au 
moment oik H passait le pont, et ne fut sauv£ qu'avec 
pane; le second, sur le point d^tre pris, sejeta dans 
les fosses, oii il faillit perdre la vie, et dVrii il fut 
retire par la barbe. Apr&s cet avantage, les Turcs 
oper^rent Jeur retraite par Dubicza et Banyalouka l . 
La d6faite de Lonska fut vengfe par la victoire que 
remporta Francois Nyary, dans les champs de Salla, 
contire les Turcs sortis de Gran. Les chefs ottomans 
Sch&ban, Koubad, Ramazan et Nassouh % avaient 
passe le Danube, par une nuit sereine , avec quatre 
cents janjssaires et quinze cents cavalier$ ; ils avaient 



> Istuftofi, daa»Catona, XXI, p. 446. 

a Istuanfi les nomine Saban<», Gubates, Ramadft&tis et Natsufus. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. $8$ 

d£ja r&issi k escalader le rempart du bourg deSalla, 
lorsqtie la garnison du ch&teau, sous les ordres de 
Melchior Balassa , fit une sortie et les forga a la re- 
traite avec Taide de Tartillerie. Frangois Nyary, avec 
quelques centaines de fantassins et de cavaliers rassem- 
bl& a la hftte, tomba sur les derrteres des Turcs di]k 
fatigues de leur marche nocturne. Apres un combat 
acharne, la mort de l'odabaschi Housei'n dlcida la 
victoire en faveur des Hongrois. Plus de cinq cents 
Turcs resterent sur le champ de bataille; k peine quel* 
ques janissaires purent-ils se sauver a Gran. Nyary 
avait d£fendu k sa troupe de faire des prisonniers, et 
il ne lui accorda la permission de faire du burin que 
lorsque le sort des armes se fut tout- &-fait d6clar6 
pour lui l . 

Souleiman avait adjoint au beglerbeg Mohammed- 
Paseha, dans l'administration de la Hongrie, le def- 
ter dar Khalil, en qualite de president de la chambre 
des domaines. Khalil &ablit , pour les douze sandjaks 
hongrois [xxxiv] , un registre d'imp6ts (defter) , qui 
pendant cent cinquante ans fut la seule loi financiere 
du gouvernement d'Ofen, et occupe une place impor- 
tante sous le nom de Uvre de Khalil dans toutes les 
negociations.de la paix. avec 1'Autriche. Khalil , dans 
la pens£e du Sultan, devait servir de contre-poids 
au gouverneur de la Hongrie, Mohammed-Pascha , 
et surveiller Jes int£r6ts du fisc; il manda k la Porte 
qu- Ahmedbeg , sandjak de Stuhlweissenbourg et fr£re 

■ Istuanfi, dans Catoua, XXI, p. 447-450* 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 385 

Souleiman, peu de temp* apr& son retour de Yek- 
p6ditioti de Hongrie et la mort de son fils Moham- 
med, op£ra dans l'administration des provinces tin 
double changement que nbus devons mefltionfter ici 
k raison de sa gravity. Le prince 5£Km , gouverneu* 
deKoniah, alors ftg6 de vingt ans, fut nottim6 m gou- 
veraemeftt de Saroukhan, devenu vacant par la ttoft 
de son fr&e« Lea permutations qui ont lieu efcttfc tes 
fils du 8ultan He doivent point Gtre ccmfondues arec 
oellea qui s'op&enft sans oesse entre tea antreft g6u- 
verneurs de l'taipire. II faut calculer limportatice 
des gouvenwmens des princes, non sup l'&endue 
de lev territoire, mais sur leur proximity de Con- 
stantinople. Loraqu'un dea fils du Sultatt est appete 
au gouvemeroetit le plus voisin de la capitate, il est 
par cela m&ne singuli&ement favoris£ , non settle- 
ment pendant la vie, mais aurtout aprte la mort de 
son ptee, parce que sa position lui rend plus court le 
cherain de Constantinople et du trtne. Jusqu'alors 
le gouvernement le plus voisin de la capitale, dont le 
stege est k MagnArie , avait 6x6 occup6 par l'atni des 
fils de Soulei'man, Mohammed, qui tenait la premi&e 
place dans le coeur et pr& du tr6ne paternels. A cette 
Ipoque (mars 1 5/44), ce fut le jeune prince Silim qui 
obtiftt ce -gouvernement au prejudice de ses fr&res 
ain£s, Moustafa, gouverneur d'Amassia, et Bayezid, 
qui fut appete plus tard k administrer la Karama- 
nie [mv]. S6Iim ne se rendit pas tout de suite k Ma- 
gn£sie, oft la peste s£vissait; il resta quelque temps k 
Brousa, pour respirer 1'air pur de l'Olympe. L'aon& 

T. V, 25 



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586 HISTOIKE 

m&ne de sa nomination au gouvernement de Sarou-* 
khan, it eiit h se feliciter de la naissance de trois 
filles [xxxn]. 

Vers le mdme temps eat lieu une nomination non 
moins importante, celle dun nouveau grand -vizir. 
La deposition de l'eunuque Souleiman - Pascha fut 
provoqu6e moins par son ftge avanc6 (il avait pr6s de 
quatre-vingt-dix ans) que par une intrigue du yizir 
Khosrew-Pascha, qui esp£rait par l'&oignement du 
graxid-vizir obtenir sa place ou du moins s'en appro- 
oher d'un degr£ ! . Le grand- vizirat fut confer^ au se- 
cond vizir, Roustem-Pascha , qui, comme nous Ta- 
vons dit , devait sa haute faveur moins k sa femme , la 
sultane Mihrmah, qu'fc la m&re de celle -ci, la sultane 
Khourrem , Russe de naissance '. Roustem &ait Croate; 
du temps de la haute faveur d'Ibrahim, aprte l'exp6~ 
dition de Mohacz, il s'&ait 61ev6 de la dignity de pre- 
mier porte-armes k celle de grand-£cuyer, puis avail 
&6 nomm£ beglerbeg du Diarbekr, et enfin vizir. H 
ne comprenait que la guerre et etait inaccessible au 
charme des sciences et des belles-lettres, bien different 
en cela de ses predecesseurs Ibrahim et Loutfi -Pascha, 

> Alt. Osman Efendi. Hadji Khalfa, Tables chronologiques , p. 176. 

a Ali, dans sa Liste des Vizirs, dit a l'occasion du grand-vizir Ahmed- 
Pascha : Elkissa Rousiem paschanun sadre ghtlmesi hhoussoussi niswani 
iffet nischaniin maksoudi oldi, c'est-a-dire : « En un mot, ce fut par les 
femmes que Roustem monta en favour. » Roustem possedait les salines de 
Ciissa. Dans les ScrUture mrchesche deposees dans les Archives d'Autriche, 
on trouve : Insirumenlo d* la possession del gran VezirRustemconceduto dal 
Serenissimo Signor eolla dichiarazionc del confini. Constantinopoli 953 
(i54«). 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 587 

tous deux versus dans l'histoife ; son humeur ^tait 
sombre et son exterieur severe. Roustem ^tait Fen- 
nemi jur£ des poetes [xxxvn] , qui se veng&rent de sa 
faaine par des poemes satiriques ; cependant il n'en fit 
pendre aucun, et ne suivit pas en cela l'exemple d Ibra- 
him , leur protecteur d£clar& Le grand-vizir Loutfi- 
Pascha lui-m6mc, quoique historien et tegiste distin- , 
gu£, n'aimait que m^diocrement les poetes et les £cri- 
vains remarquables surtout par leur style; le traduc- 
teur des Fables de Bidpai, ouvrage £galement c61£bre 
en Europe et en Asie, Alaeddin-Ali, fils deSalih, lui 
ayant pr&ent£ sous le titre de Hownayounnamd, c'est- 
k-dire le Uvre impirial ou royal, ce recueil d'apolo- 
gues, dont la traduction lui avait cotit£ plus de vingt 
annees de sa vie, il s'&onna sans m£nagemens devant 
lui qu'il eAt pu perdre tant de temps k pareille chose, 
et lui demanda s'il n'aurait pas mieux valu traiter quel- 
ques points de droit. L'historien Raroazanzade, qui de- 
vint plus tard nischandji, et qui itait alors defter-emini 
(inspecteur de la chancellerie), meilleur juge que le 
grand- vizir en mature de literature, acheta Touvrage 
d' Alaeddin pour cinquante ducats , et le mit sous les 
yeux de Souleiman, qui le soir mdme envoya a l'au- 
teur un dipl6me 6crit de sa main, par lequel il lui con- 
ferait la place de juge de Brousa [xxxvin]. Mais Alaed- 
din ne jouit pas long-temps de cette recompense due 
a son talent et a sa perseverance; il mourut la m£me 
ann^e que le prince Mohammed. Deux ans apr£s , le 
4 juillet 1546, le redoulable adversaire de Doria, 
Khaireddin-Barberousse, termina sa glorieuse car- 

25* 



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388 HISTOIRE 

rifcre ' ; ses restes f urent d6pos& a c6t£ du college fond& 
par lui k Beschiktasch, sur les bords du Bosphore. La 
s'eleye encore aujourd'hui, dans un site romantique, 
le d6me de son tombeau , tout verdoyant de mousse 
et de lierre. Khaireddin ne laissa que soixante mille 
ducats et deux mille esclaves ; il 16gua au Sultan huit 
cents de ces esclaves, deux cents au grand-vizir, etfit 
don a ce dernier de trente mille ducats qu'il lui avait 
prtt&, afin d'assurer h son fils la possession des au- 
tres tnille esclaves et des soixante mille ducats a . 

Apr£s avoir rapportS les £v6nemens qui signal&rent 
la campagne de Hongrie, il nous reste encore k parler 
de l'armistice qui suspendit pourun temps les hosti- 
lity, et des deux traites de paix que conclut Soulet- 
man d'abord avec Charles-Quint , puis avec Ferdi- 
nand. Quelques details sur ces diverse* negotiations 
trouveront ici d'autant mieux leur place, que peu 
d'historiens jusqu'ici en ont parte, et encore ne l'ont- 
ils fait qu'avec de graves erreurs. 

D& la seconde ann£e de la guerre, l'£v6que de Gran 
negocia en quality de gouverneur royal , par l'entre-* 
mise de Deseuffy , avec le pascha d'Ofen*, un armistice 



i « Barbarossa £ mortb fiesta none passata alle ore fre$ ha lasciato at 
» Signer 5©o sehiavi, a Rottem Bassa too scbiavi, ed 10,000 aecchini, 
» tutti gli altri da i5 anni posti in liberta, e 3o,ooo zecchini sieno spesi per 
- fabricare una moschea, 10,000 zecchini a Mustafa suo nipote e genero, 
» sono stati ritrovati 35,ooo tecchini et 5,o60 aspri. * Rapport du baite 
venitien h la date de juillet 1.446, dans lea archive* de la maison I. R. 

* Rapport de Veltwik, date de Constantinople du 5 norembre i546. 
Histoue des guerres maritime* , f. 27. 

3 Hesponsio Mehemefis (le pascha d'Ofen) ad tegationem Domini Locum- 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 38g 

dun mois (juin 1 544). Vers la fin de cette m6me ann£e, 
Ferdinand, non settlement autorisa h conclure en son 
nom un trait6 de paix aveo la Porte l'ambassadeur 
portugais Odoardo Cataneo [xxxk], qui se rendait k 
Constantinople pour demander la cessation des hosti- 
lity dans la mer des Indes, mais il y envoy a encore 
le pr6v6t d'Erlau, J6r6me Adorno, en qualite d'inter- 
nonce. Dans cette mission, Adorno avait pour secre- 
taire Tltalien Jean-Marie Malvezzi, issu d'une famille 
noble de Bologne l ; il arriva le dernier jour de tevrier 
k Andrinople, et se mit aussitdt k rendre ses visites au 
grand-vizir Roustem et aux trois ^utres vizirs; son 
entrevue avec le Sultan fut fix£e h quinze jours de la, 
mais il mourut dans la nuit m&ne qui devait pr6c6- 
der son audience a . Malvezzi fut raand£ par les vizirs, 
qui le prirent k t£moin qu' Adorno &ait mort de mort 
naturelle, et non par le poison; puis Roustem lui re- 
mit une lettre dans laquelle il t£moigna ses regrets de 
la fin impr£vue de 14n tern once, et le cong^dia sans le 
laisser p&i&rer aupr6s du Sultan. Avant qu' Adorno 
et Malvezzi eussent effectu£ leur depart de Vienne, 
Ferdinand avait conclu , pour tout le temps de leur 
voyage, une suspension d'armes avec le gouverneur 
d'Ofen, Mohammed-Pascha ; il avait &6 convenu que, 

lenentis (1'eveque de Gran, Paul Verantius) medio Joannis Deseuffifactam, 
an. 1 544. Rapport de Deseuffy. 

■ Mahressi revint d' Andrinople immediatement apres la mort d*Adorn6 , 
et n'y resta pas, ainsi que le dit Istuanfi : Cut (Adorno) brevi post tarn lega- 
tione quawt vita functo Joannes Maria Malvetius Bononim nobik onus fa- 
miiia successit. 

a Relaiio Mahezii post mortem nuntii Aaurni e Tarda revetsi. 



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!>9o HISTOIKE 

pour joger les affaires litigieuses entre les Hongrois et 
les Turcs, des tribunaux partfculiers seraient &ablis, 
par les premiers, k Szigeth, Komorn, Erlau et Agram, 
par les seconds k Of en, Funfkirchen, Velika et Jas- 
berin x . Mohamraed-Pascha assura k Malvezzi, k son 
retour de Constantinople, qu'il &ait dispose k main- 
tenir 1 'armistice aussi long-temps que les Hongrois ne 
reprendraient pas Tinitiative de Tattaque 1 . Ferdinand, 
alors k Worms, s'empressa de choisir un nouvel am- 
bassadeur , le docteur en droit Nicolas Sicco 3 , pour 
traiter de la paix. Les possessions des deux puissances 
en Hongrie devaient &re maintenues sur le pied oft 
elles se trouvaient k cette Ipoque, et, a cette condition, 
Sicco £tait autoris£ a offrir dix mille ducats a titre de 
present annuel au Sultan, trois mille au grand-vizir, 
et mille a chacun des trois autres vizirs *. Le g6n6raT 
des troupes de Ferdinand en Hongrie, Leonard Fels, 
signa avec Mohammed , pascha d'Ofen , la prolon- 

« Indueim Mehemetbeg, dd. 5 febvr. i545, dans les Archives de la mai- 
son I. R. d'Autricfae. 

* « Disse esso Bassa di Buda, che da esso non mancharia di perseverar in 
» la tregua mentre che gli nostiri non lo provocasino alia guerre, e con questa 
» conclusione io Giovan Maria Malvezzi son venuto a Vienna et fedelmente 
» ho presentato tatte le scritture di Vostra Maesta al Magnifico et Generoso. 
» S. Leonardo di Felz. » Bbpport de Malvezzi. 

3 Plenipotentia pro Nicolao Sicco Doctore Oratore. 5 mai t545. 

4 « Instructio de his rebus, quas res Magnificus et nobilis Nicolaus Siccus 
» doctor et orator noster fidelis nobis dilectus apud Serenissimum et Poten- 
» tissimum principetn Dominum Sultan Soliman Imperalorem ac Asia et 
» Graecias illiusque primarios Bassas et Consiliarios infrascriptos nomine nos- 
» tro summa fide et diligentia agere et tractare debet. Dat. in nostra at Imp. 
-civitate Wormaliae die XXI mensis maii, A. D. iStf. » 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 5gi 

gation de Fannistice jusqu'ati retour de Sicco '. Dfe 
son e6t6, Tempereur Charles-Quint envoy a a Con- 
stantinople le Hollandais Veltwick pour n^gocier la 
pair tant pour l'Allemagne que pour l'Autriche, de 
concert avec les envoy& de Ferdinand. Sicco se ren- 
dit k Constantinople avec une telle c&£rit6, que, d'a- 
prfes son rapport, il creva dix chevaux en route \ II 
aurait termini sa mission aussi rapidement, si les Turcs 
n'eussent intercept^ des lettres que lui adressait Velt- 
wick, et dans lesquelles il lui disait de ne rien con- 
dure avant son arriv^e. En outre. l'ambassadeur fran- 
gais Montluc 3 entrava les negotiations de l'envoy6 de 
Ferdinand, et Veltwick lui~m6me bl&ma la proposition 
du present de dix mille ducats; mais Sicco avait dti 
d'autant plus s'engager a cette sorte de tribut annuel 
avant Tarriv^e de Veltwick, que le grand- vizir deman- 
dait en outre les ch&teaux de Valentin Toeroek, prison - 
nier de la Porte, et ceux de plusieurs autres magnate. 
Enfin les deux ptenipotentiaires sigiterent k Andri- 

t Imtrucdo ad Posgay, dd. *4 mai i545. Relaiio Sigismundi Posgay, 
dans les archives de la maison I. R. d'Autriehe. 

• « Adeo celeriter hue delatus sum,.ut decern equos in itinere interfece- 
m rim, magoi enim intolerabiles Calores erant, et ad nonam diem Julii hue 
- veni, et postquam bis aut ter cum Rustem et aliis Bassis colloquulus essem 
» in durisrimum carcerem conjeetus sum , ubi per mensem fui , nee aliqua 
»suberat opes Imperatorem Turcharum conveniendi, orator si quidem 
» Gallus mazime mihi adversabatur. » Rapport de Sicco, date de Constan- 
tinople, du *5 aout. 

5 Sicco trouva un adversaire noiLmoins redoutable dans l' inter pre tc Ka- 
simbeg, qui mourut a la fin de cette meme annee i545, et sur lequel le baile 
deVenise, dans un Rapport du 4 decembre i545, s'exprime ainsi : Cassam*. 
beg Dragomano k morlo, Vera un gran ribaido inimico dti Chrisiianu 



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DE L'EMPIRe OTTOMAN. 3j)3 

lors dn a£go decette place, avaiont &6 constitute en 
fiefs decavatera, Veltwiek devaft offirir & chaque vizir 
w present annuel de miUe ducats, k Rdustem-Pascha 
m de trois mille, et 4 I'mterpr&e de Ja Pbrte Younis 
un de cinq cents. Dans le cas ou 1© divrait agiterait 
de nouvaau la question des proprift& de Valentin 
Tcercek, Pierre Pereny, Brewek et Homonay , l'am- 
bamdeur &va§t r^pondf e que ces seigneurs Itaient 
aigf ts de Ferdinand, et que par consequent son maitre 
avail les rotate* droits sur eux que le Sultan sur les 
aiens. Yeitwiek rencontre sur sa route, & Tatarbasar , 
l'arabassadeur fran$aig AranoRt, suecesseur de Mont- 
luc, qui revenak de Constantinople, et eut quelques 
entretiens aveo lui an svjet de* infractions JournaH^res 
apportees par les Turea k Tarmfetiee entre la Hongrie 
et la Porte [xs.]* Aramont avail && chargg de nigocier 
prfis de cette denu&te un emprunt cte trois cent mille 
ducats qui avwt &6refas6 ; il n'avait pu obtenir que la 
permission de tirer d'Alexandrie une certaine quan- 
tity de salp&re '. L'ambassadeur portugais n'avait pas 
jnfeux r&wsi dans sa mission, Souleiman s^tant re- 
fuse formellement k acclder k la demande flrite par le 
Portugal d'un droit k payer pour la libre navigation 
des Ottomans dans la mer des Indes [xu]. Veltwick 
fut re$u, k son arriv£e k Constantinople, avec les hon- 
neurs dus It son rang; vingt tschaouschs et le mar£- 
cbal de Tempire alterent k sa rencontre; mais 11 fut 
condipt dans la mime demeure oA nagu&re Lasozky 



i Rapport de Veltwicfc. 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 3g5 

qu'il traiterait cette question avec les vizirs, le Sultan 
le congedia en pronongant ces mots : « Qu'il en sent 
ainsi. » Dans sa premiere conference avec les vizirs, 
Veltwick se plaignit que la tr&ve eAt &e viotee Tannic 
pr£c£dente par la prise* de Hatwan et les incursions 
de Kasimbeg sur le territoire de l'empereur ; mais 
ceux-ci s'effbrc£rent de prouver que ces actes na- 
vaient port£ aucune atteinte aux conventions passes 
au sujet de l'armistice. Roustem-Pascha , en parlant 
des barons de Tempire qui , apr& avoir recomra la 
souverainete de la Porte , etaient retourn£s sous la 
domination de Ferdinand, dit que le Sultan poss£dait 
leurs lettres dont les cachets en cire portaient Tern- 
preinte de leurs armes. Veltwick r^pondit que la cire 
de celles quails avaient adress£es & Ferdinand &ait 
plus molle et plus fralche x . 

Les negotiations ne dur&rent pas moins de dix 
mois; le plus grand obstacle a surmonter fut les pre- 
tentions des Turcs, qui demand&rent d'abord Tata et 
Erlau, de plus tons les fiefs de la cavalerie situ£s entre 
Gran et Komorn, et inscrits comme faisant partie des 
domaines de la Porte sur les registres du defterdar 
Khalil, et enfin les riches propriety de Valentin Toe- 
roek, de Pereny et des autres magnats qui'avaient re- 
connu pendant un temps la suzerainet£ du Sultan. 
Enfin le 13 juin, au palais de Roustem , on convint 
de signer le trait£ sur les bases suivantes : les biens 

i « Dieendo che havevano mandate) qua i loro sigilli in cera, io li riposi 
» che la cera , qual havevano data a noi , era piu fresca. » Rapport de Velt- 
wick, dale* d'Andrinople, du 18 septembre i546. 



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3g6 HISTOIRE 

de$ magnate, dont leg revenus furent calcules par les 
vizirs & raison de onze mille ducats , devaient &re 
abandoning h lAutriche moyennant un d^domma- 
gement de cinq mille ducats par an ; les possessions 
territoriales de Pereny et de Valentin Toeroek de- 
vaient £galement 6tre restitutes contre un paiement 
annuel de dix mille ducats, les timars rendus et frap- 
p& toutefois dune redevance de cinq mille ducats, 
somrnes qui, jointes au present annuel de dix mille 
ducats stipule l'ann£e precedente , faisaient un total 
de trente mille ducats par an. Sous la condition que 
cette somme serait livr£e exactement aux ecWances 
fix^es, on conclut le 19 juin 1547 un traits de paix, 
ou plutdt une tr&ve pour cinq ans, dans laquelle fu- 
rent compris Fempereur Charles, le pape, le roi de 
France et la r£publique de Venise. L'echange des rati- 
fications devait avoir lieu dans Tespace de trois mois T . 
Veltwick partit avec une copie du traits, laissant a 
Constantinople Malvezzi et Ugrinovich. Le 1 er aoAt 
1547, Charles signa la paix h Augsbourg a . Justi di 

i Rapport de Veltwick, dans les archives de la maison I. R. d'Autriche. 
Voyez encore : « Instructio de iis , quae egregii Joannes Maria Malvetius 
» consiliarius et Justus de Argento Secretarius nostri fideles nobis dilecti 
» fimul ambo vel alter eorum apud Serenissimum et Potentissimum Princi- 
» pem Dominum Soleymanum Imperatorem Turcharum Asia ac Graeciae 
» illiusque primarios Bassas et Consiliarios nomine nostro summa fide et dili- 
» gentia agere et tractare debent. » 

» « Inteiligimus quomodo orator S. M. R. Regis fratris nostri quinquen- 
» nales inducias pepegerit , et qua ratione in illis comprehensi simus una 
» cum sacrosancto Impero et subditis nostris, ita ut addere quoque feeder i 
»possimus nobis Gonjunetos et Confederate* Principes, et exigi a nobis 
»» confirmationem et ralificatienem. *» 



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DE L'EMPIRE OTTOMAN. 5 97 

Argento, qui avait fait partie de la suite de Veltwick, 
apporta h Constantinople vers la fin de geptembre les 
ratifications de Charles et de Ferdinand. Dans la visite 
qu'Argento rendit aux vizirs, accompagn£ de Mai- 
vezzi , il leur demanda de laisser partir Ugrinovich 
aveo lui, et de permettre k Malvern de insider d£sor~ 
mais a Constantinople en quality de charg£ d'affaires 
de Ferdinand. Roustem lui rlpondit, au torn du Sul- 
tan, que Mai vezzi resterait h Constantinople, et serait 
consid&£ comme tin 6tage donn£ par Ferdinand pour 
Fobservation de la paix. Cependant il fallut encore 
lever uh doute de Soul el man, qui craignait que Charles 
et Ferdinand n'eussent pas jure le traits d'une mantere 
aussi solennelle qu'il l'avait fait lui-m&ne en jurant 
par Dieu, par le Prophet e, par ses aieui et par son 
sabre; mais rinterpr&e de la Porte se rendit au* pro- 
testations de Justi di Argento, qui l'assura que la for* 
mule des rois Chretiens : Nous le jurons par Mire 
pardk vmpiriale ou roycde, equivalait k celle du ser- 
ment des sultans '. Le 10 octobre, Malvezzi et Justi 
furent appel£s devant Soulehnan, qui les renvoya 
avec quelques paroles bienveillantes. Deux jours apr^s, 
ils prirent cong6 du grand-vizir; Roustem leur dit 
que c'etait k eux de donner un dementi aux Frangais 
qui assuraient que la paix n'aurait pas de dur£e. II 
ajouta que Ferdinand ne se fi&t pas trop au moine 
George Utyschevitz , et qu'il communiqu&t au Sultan 
les lettres que celui-ci lui 6crirait contre la Porte ; que 

i Relatio Jtisii de Argcnio a Casare Turcharum r ever si. 



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398 HISTOIRE DE L'EMPIRE OTTOMAN. 

Souleiman de son cAt6 agirait de m&ne pour les lettre* 
qui lui seraient adress£es contre Ferdinand '. II ter- 
mina en disant que si Rogendorf tombait entre les 
mains de Tempereur et de son fr£re, il ne faudrait 
pas lui 6ter la vie, mais lui couper seidement le nez 
et les oreilles a . Enfin il demanda pour lui, outre les 
trois mille ducats qui lui revenaient sur le paiement 
annuel des trente mille ducats, des chiens de chasse 
et des fauoons, et, pour Souleiman, un habile hor- 
loger envers lequel il promit qu'on agirait avec les 
£gards convenables. Leur ay ant montr£ ensuite le chif- 
fre d or du Sultan sur la ratification du trait6 , Justi 
observa que ce chiffre avait &6 trac£ par le nischandji, 
tandis que Tempereur Charles et le roi Ferdinand 
avaient appose leurs signatures de leurs propres mains. 
Ainsi fut terming la guerre de Hongrie aprgs trois ans 
de negotiations et trois ambassades successives [xliii] ; 
cette paix, la premi&re dans laquelle fut compris l'em- 
pereur Charles, est aussi la premiere que TAutriche 
acheta par la promesse d'un paiement annuel, que les 
historiens ottomans conskterent comme un tribut. 

1 Relatio Justi di A r gen to a Ccesare Turcharum reversL 
a Ibid. Voyez, sur Rogendorf et son depart de la Turquie, le Rapport 
du baile venitien, date de Pera, du 9 octobre 1547. 



FIN DU TOME CINQU1EME. 



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NOTES 

ET ECLAIRCISSEMENS. 



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i* i 



NOTES ET ECLAIRCISSEMENS 

DU CINQUI&ME VOLUME. 



LTVRE XXV. 

I. — Pace 5. 

Led dix gdnies immateViels suivent dans Pochette des 
nombres un ordre inverse a celui des cieux 5 ceux-ci se pla- 
cent au-dessus les uns des autres; ceux-la, au-dessous. Par 
consequent la premiere raison (loyoo- irpSxoa) regne dans le 
dixieme ciel , et la dixieme raison, celle de l'homme, a son 
sie'ge dans le premier ciel, la terre. Voyez, pour une ex- 
plication plus deVeloppe'e de cette gradation des cieux et 
des genies qui les dirigent 9 l'annonce du Desatir, dans lea* 
Annates de Heidelberg , 1823, n° no, p. 3i4- II &ut sans 
doute comprendre dans le nombre dice lejluctus decumanus 
des Romains, la Porta decumana 9 etc. Voy. aussi Photius. 
De tous les historiens europeens, un seul a observe* ce nonv- 
bre et en a fait ^application a Souleurian comme e*tant le 
dixieme Sultan ; e'est le savant Rabbi Molse Almosnino de 
Salonique, dans son ouvrage peu connu a cause de sa rarete* : 
Extremes y grandezas de Constantinopla. Compuesto por 
Rabi Moy sen Almosnino 9 Hebreo. Traducido por Jacob Can* 
sino, Vassallo de su Magestad Catolica, interprets suyo y 
Y Lengua en las P logos de Oran (Madrid, i638). On y lh, 

T. ¥• 26 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 4d5 

ont commis une grave crrcur en disant que Souleiman n'ayait 
pas ajoute* foi au premier message, et qu'il en avait attendu 
tin second avant de se meltre en route. D'ailleurs, l'assertion 
de ces auteuts est tbute gratuite , car elle n'est appiiy^c sur 
kucttri temoignage de*s historiens ottomans. 

IV. ■ — Pack 9. 

D'apres le texte bieh connu du Koran : In allahouy enter 
hiladli wel-ihsani, c'est-a-dire « Dieu commande la justice et 
la bienfaisance ; » et d'apres un second verset, cite par Ferdi, 
f. 8 : jFV ahkem beinen-nasi hiWhahhi eve la tettabii el-haw a, 
c*est*a-dire « pfononce avec justice entre deux hommes, et ne 
suis pas ton bon plaisir. » 

V. — Page 10. 

Ces trois lettres, datees de la mi-schewal, sont repro- 
duites dans le Journal des campagnes de Souleiman, qui 
donne mir Pbistoife de ce prince les notions les plus pre'- 
cieuses. Ony trottvs ^galefment les pieces d'Etat relatives a 
•on rfcgngj <t l«s *d|>otis*s Ati Scherif de la Mecque, du 
khan de la Crimee et de Khairbeg. Le jour de la mort de 1 
Selim j est fixe* au 8 selierwal (22 septembre), et celui oa 
Souleiman prit possession du trone, au 17 dtt meme mdis 
(i e * octobre). La seconde des trois lettres dont il est ques- 
tion est surteut eiiriettse pour les maximes qu'elle ren- 
jerflte^ et qui* dd tneme que les vefscts du Koran cite's datlS 
la note qui precede, pettvent &tre eonsideVees comme les de- 
vise* fevorite* do Sotilelnian. Void ces maximes en arabe : 

* i # We tekwttjll kissassi hatoetoun ya oulioul-babe". 
fl» Le&n iehekertum le ezidennekum. 5° We bisch-schukrin 
tedouni enniamou. II est e*crit en tete de chacune de ces 
lettres t Aussitot que te partiendra mon ordre , qui exige 
obe'issance , en vertu de cette sentence : « Car il vient de 

* Salomon * et il vient au nam de celai qui est tout Men- 

* veillftfit et tout mts^rtce'nlteirx. » 

26* 



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4<>4 NOTES 

VI. — Page 12. 

Marini Sanuto, t. xxix, rapport du consul v^nitien a 
Damas, en date du 6 novembre : « Come essendo venuta 
» nova a Damasco della morte del Sr. Turcho addl 14 Ot- 
» tobre passato al Sr. Gazele, che dominava Damasco a nome 
» del Sr. defunto di nazion Schiavon , di occupar per se la 
» Soria, et immediatemente expugno il Gastello di Damasco, 
» e mando levar il governo ch'era in man di Turchi, e 
» mando un nominato Mir Gigi ai Drusi , e quel senza dif- 
» ficulta entro Bairuti et occise quel Druso tutti i Turchi, 
» che de li si ritrovavano in quel castello. — II Gazeli spazzo 
» il suo schiavo chiamato Bono Bacar capo de Arabi al Cairo, 
» il qual pol far in questi contorni da cavalli 20 mille per 
» sublevar li Schiavi. » 

VII. — Pagb 12. 

Djelali, Abdoulaziz Efendi, Ali et Solakzad£ s'accor- 
dent tous sur ce point. II faut se d^fier de la v^racit6 des 
rapports des consuls venitiens, sur toutes les choses qui 
ne se sont pas passdes aux lieux m£mes oil ils r&idaient ; 
nous n'en voulons pour preuve que les erreurs contenues 
dans le rapport du consul de Famagoste , en date du 1 7 no- 
vembre (Mar. Sanuto , xix). II y est dit que Khairbeg fit d^- 
capiter le messager de Ghazali , tandis qu'il le renvoya a son 
mattre avec une r^ponse Evasive. « E fece taiar la testa al 
» nonzio , et subito expedi due nonzii verso il S r , Turco, 
» delli quali uno e dismontato a Selefke, et l'altro a Schan- 
» deloro. » Ce m&me rapport fixe a vingt mille cavaliers et 
autant de fantassins le nombre des troupes de Ghazali, que 
les historiens ottomans ne portent qu'a quinze mille cava- 
liers, et huit cents fusiliers. « II S r . Gazelli uscl da Da- 
» masco per andare alia impresa del Castello di Aleppo con 
» 20,000 cayalli et 20,000 pedoni. » Sagundino se trompe 
quant au chef qui commandait lea Ottomans, car il suppose 



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ET ECLAlRCISSEMENS. 4o5 

que le grand-vizir Piri-Pascba s'empara lui-meme de la per- 
sonne de Ghazali (lib. I, p. 90). Soubeili (f. 5o) et Kotscbibeg 
confondent Ajas-Pascha, nomme plu&tard beglerbeg de Ha- 
leb, ayec le serasker Ferbad-Pascba. 

VUbis*. —Page i3. 

Nouvel exemple de F inexactitude des dates dans les histo- 
riens turcs, et de la reserve qu'il faut mettre a les consulter : 
tous ceux qui font mention de ce massacre en parlent comme 
&ant venu a la suite du festin qui fut donne* le jour dit Mew~ 
loud, anniversaire de la naissance du Propbete, lequel tombe 
au 12 rebioul-ewwel ; or la bataille dans laquelle Ghazali fut 
tue* avait eu lieu quinze jours auparayant, le 27 safer. 

VIII. — Page 14. 

Catona, t. xix, p. 236, admet la version de Tubero de 
pr£fe*rence a celle d'Istuanfi ; celui-ci rapporte que Behram- 
tschaouscb fut assassine et jete" ensuite dans un e*tang pres 
de Tata, tandis que Tubero ne dit rien a ce sujet. Suiyant 
les bistoriens ottomans, et Sagundino , Behramtscbaousch 
n'aurait e*te" que maltraite' et retenu prisonnier. On lit dans 
Ali, »• r^cit du regne de Souleiman I 9 * : Kharadj tdUbin6 
waran tschaouschi aUkomaghin : c'est-a-dire « parce qu'il 
retint le tschaousch enyoye* pour demander le tribut. » Sa- 
gundino, p. 90, s'exprime en ces termes : « In quella hora 
» medesima, cbe la testa di.Gazelli fu recata a Costantino- 
» poli, Solimano intese come il suo Ambasciadore , ch'egli 
» bayea mandato a nuntiar la guerra al He d'Ungberia, se 
» non gli dava tribute, era stato ingiuriato dagli Ungheri. » 
Mais si le messager n'eut pas ele assassine*, comment le grand- 
vizir Ibrabim aurait-il reprocb^ sa mort aux deux premiers 

* Celte note, oubliee dans le texte, doit etre placee apres les mots : « 11 
les fit tous massarrer, » p. i3, L 7. 



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4oG NOTES 

ambasaadeurs do Ferdinand, Hobordansky et WeUelberger f 
et pour quel motif ceux*ci auraient-ils pu craindre pour 
leur propre vie , comme le prouve la relation de cette am- 
bassade? {JVindisch Ungarisches Magazin, JVt) 

IX. -**• Page 19. 

Djelalzade, f, 44 J Istuanfi, f. 93 \ Djenabi, p. 4*4 (ma- 
nuscrit de la ?ibl. imp. roy. d'Autriebs, tf° 469)1 cite Bar- 
las (le Perquasium d'Istuanfi) et Dimitrofdja (Mitroviz). 
Captppiir fait de Berkas, Burgas, et de Pimitrofdja, Tiruje! 
en outre, i\ fixe la reddition de la piape au 5 ramaxan, hien 
que Pjcnabi donne la date du 26. 

X. — Page 19. 

Dans le Journal de Souleiiman, f. & , se trouvent : i° les 
lettres de yictoire adres$ee$ aux juges de l'empire, et datees 
dp dernier ramazan (5 spptembrp) • piles sont relatives & la 
yiptoire rejnportee par Ferhad-Pascba, $ur Gbasaii, a la con- 
quer de Sabacz par 4bnied~Paspba, et k eelle de Belgrade 
par le Sultan; dans la derniere il est fait mention honorable 
4u grand- vizir Piri-Pascba, et du second yizir Moustafa- 
Pa§pba (i*° xiy, f. 4^)* *° I* kttr© qui annonee la conq^te 
4e Belgrade au beg de Soulkadr (n* xv, f, 47); ct la re- 
ponse de pe dernier a Ferad-Pascb? f vaiqqueur de Gbasali 
(n° xvfi et xvju, f. 48)» 3° 1? message enyoye a la republique 
de Hagqse (Mar- Sanuto, t. xx) : Epistola Si\leimani ad 
$enatum Ragusiniim apud ciyitatem Belgrade Mais a peine 
jeut-on reconnaitre les veritables noms des forteresses con-* 
quizes : « Oppida Prochaz (Perquasiujn)* DimUrovaz ( Mw 
» troyiz), J)arisi (Barygium), Slanchmmn (Slankamen), 
»j Cineyarz (?) » 

XI. t- Page 20. 

Ferdi , f. 43 ; le Journal de Souje'iman, f. ^2* Ce que ra- 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 4*7 

oonte Sagredo (Tunc femme qui se plaignait a Soulefanatt 
que sa maison eut 6le mise au pillage pendant qu'elle dor- 
maift, et qui fit observer au Sultan que c'&ait a lui de Tel- 
ler sur aea sujets, u'a certainement pas eu lieu dans le eoura 
de cette campagne, ou du moras il eat impossible d'admet- 
tre que Roustem-Pascha ait indemnistf la plaignante aveo de 
l*or, ear il n'ltait paa encore pascha. 

Journal da Soulehna* pendant son etcpSditktn 
cortre Belgrade *. 

Mois de mai (djemeaieul-alMr}. 

L'arme'e dresse son camp le 10 djemazioul-akhir 927 
(18 mai l5ai) a Halkali binar; le 19, a Harami Deresi ; le 20, 
a Maados ; le 21, Tscbeltouklou bouronn ; l'ambassadeur 
moldave est admis au baise-main du Sultan. Le 22, a Khorlik ; 
le 23, a Karuscbduran ; le 24, a Burgas; le a5, 4 Baba estisi; 
le 26, a Hafssa ; le 27, a Andrinople. Les habitant de cette 
ville viennent a la rencontre du Sultan , et lui offrent de* 
presens. Halte le 28 et le 29; le beglerbeg de Roumilie et 
les sandjakbegs d^posent des preseps am pieds du Saltan, 
qui les refuse. Les 3o et 3i, halte. 

Mois de join (redjeb). 

i« r juin, Tatarkoei, a, Hissarlu; l'ambassadeur tatare amr* 
au camp. 3, Sazlii dere\ 4> Gcctscberi ogblou; I'amJbaasa** 
deur tatare est admis au baise-main. '5, TsohaSr altounler* 
6, jour de halte, 7 (i«* redjeb), Hissarlik. 8, Roisi. Q, en* 
tr& a Philippopolis. 10 , halte, diwan; lea silahschors ex^- 

* Ce journal embrasse an espace de temps de cinq mois (du 18 mai an 
19 aclobre >5*i), et nous dedemmage du decant de date qn'on remarque 
cnes let historians hoagrois et les autres historians eontemporains d*Eu^ 

tOft, 



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4o8 NOTES 

cutent devant le Sultan des assauts d'armes. n, Djelih. 12, 
Tatarbazardjighi. i3, Akindji kariesi. i4, la vallee d'lkhti- 
man. i5, Kaziasker deresi. 16, Sofia. 17, halte. 18, halte, 
diwan ; les defterdars recoivent Fordre de requerir des vi- 
vres; Kasimbeg se rend a Schehrkoe'i, Dizdarzade* aNissa, 
et Abdes Selam a Sofia. 20 et 21, bake. 22, Iflaklar konagbi. 
23 , Tekour binari ; mille janissaires sont envoy^s au beg de 
Semendra. 24, Schehrkoe'i. 25, Ezor. 26, l'arm^e campe 
devant Bana. 27, elle passe a c6te* de Nissa, pres du village 
de Dorpa; Abmed-Pascba prend la route de Sabacz. 28, 
Boutna. 29 , Aladjabissar. 3o,Kazikoei; cent janissaires sont 
dirigds sur Sabacz. 

Mob de juillet (schAban). 

i er , Eliasdjik. 2, Parmee marcbe sur Sabacz; elle passe a 
fiadjfa , ou les difficultes qu'offre le terrain Pobligent de 
faire un long detour: Hasanbeg, fils d'Omarbeg (Toura- 
kban) , auquel le Sultan avait dontie mission de recruter de 
nouvelles troupes d'akindjis, rejoint le camp. 3, Ramke; 
le grand -vizir Piri-Pascha se dirige sur Belgrade. 4* Scha- 
tourna. 5, Ratlosch. 6, Biberdjik. 7 (i«* schaban, un diman- 
cbe) , balte ; on recoit la nouvelle de la prise de Sabacz ; 
cent tetes des soldats de la garnison qui n'avaient pu, comme 
tout le reste, se sauver sur la Save arrivent au camp. 8 , ces 
tetes sont plantees le long de la route ; Abmed-Pascha estadmis 
au baise-main avec les sandjakbegs ; Souleiman visite le fort, 
etordonne la construction d'un bastion, que l'on entoure 
d'un fosse" ; il fait jeter un pont sur la Save pour le passage 
de l-armde. 9, halte; Ahmed-Pascha, suivi des sipabis de la 
Roumilie, et le segbanbaschi avec mille janissaires, entrent 
en Syrmie. Souleiman s'etablit dans une cabane (tscbartak) 
pour activer par sa presence les constructions du pont. Les 
paschas, amies de batons, excitent le zele des ouvriers. 10, 
halte; un grand nombre de troupes passe la Save. On ap~ 



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ET ECLAIROSSEMENS. 409 

prend que la princesse de Syrmie offre de se constituer vas- 
sale , sous la condition que le Sultan e*pargnerait au pays les 
horreurs de la guerre ; un interprete est charge* de lui en 
porter Passurance. Le Sultan et les grands de Pempire res- 
tent a la tete du pont depuis Paube du jour jusqu'a la nuit. 
it, continuation des travaux. 12, Ahmed-Pascha, qui se 
trouvait en Syrmie , recoit Pordre de revenir pour les acti- 
ver. On recoit la nouvelle que la princesse de Syrmie a pris 
la fuite, et a fait conduire au roi Pinterprete ottoman. Le san- 
djakbeg d'Awlona, Balibeg, va prendre possession de Rul- 
peniza, ou eile re*sidait. Nouvelle de la prise de Semlin par 
Piri-Pascha et Khosrewbeg de Semendra. 13,1c Sultan 
surveille la construction du pont. Moustafa-Pascha est en- 
voye en Syrmie pour occuper les chateaux-forts. i4> Behram- 
beg de Nicopolis et Mahmoudbeg de Silistra se mettent a la 
poursuite de la princesse de Syrmie. On apprend qu'un pa- 
rent du Khan est tombe* avec un grand nombre de Tatares 
au pouvoirde Pennemi. i5, Balibeg, le fils d'Yahya-Pascha, 
rejoin t en Syrmie le camp du beglerbeg; a son retour d'une 
incursion en Hongrie, il rapporte soixante tetes, et ramene 
prisonnier le fou (deli) Marcus, celui qui avait vaincu et tue* 
le parent du khan des Tatares. 16, le Sultan est informe que 
Behrambeg et Mahmoudbeg n'ont pu de*couvrir les traces de 
la princesse de Syrmie, mais qu'ils ont fait un riche butin. 
Le Sultan se montre continuellement pr£s du pont pour ac- 
tiver les travaux. 17, Moustafa-Pascha revient avec un grand 
nombre de prisonniers; le Sultan tient conseil avec Balibeg; 
la pluie fait d^border la Save. 18, jour de repos. Le pont est 
achev^; la Save monte jusqu'a son niveau. 19, les eaux Pi- 
nondent, et rendent tout passage impossible. Ordre d'opeVer 
la traversee dans des barques. Les provisions sont envoy^es 
par terre a Belgrade. Du 20 au 24, halte. 25, reception d'un 
courrier de Piri-Pascha, qui annonce que la garnison de 
Belgrade a fait une sortie pour enclouer les canons des assi£- 
geans, et qu'elle a eld repoussee ; il donne en meme temps 



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4io NOTES 

avis de la reddition du chateau do Baridj. 26 , Souleiman 
entre en Syrmie. 27, repos : nouveile du succes de 1'expeV 
dition dirigee par Hasanbeg, Piribeg, fils de Baltaoghli, et 
Balibeg. Arrivee au camp de soixante a quatre-viugts prison- 
niers. Occupation de Slankamen, 29, Souleiman se dirige 
sur Belgrade en iongeant la Save. 3q , il passe a Koulpanik 
(Kulpeniza). 3i, il arrive fious Jes murs de Belgrade au* 
acclamations de Parmie, 

Mais d'aojit (ramaian). 

x er , Souleiman inspecte Belgrade et Semlin; il fait ranger 
les janissaires devant Belgrade; a Faile gauche, l'aga des ja<* 
njssaires se trouve placd sous les ordres de MoustaferPascba; 
a Taile droite , le segbau-baschi est plac^ sous ceux du grandr 
vizir Piri-Pascha. 2, assaut; les cadavres eucombrent le 
fosse; perte de cinq a six cents bommes. Le premier et le 
second ecuyer sont employes avec leurs gens a ouvrir let 
tranchees. 3, Souleiman se montre de nouveau avec un grand 
appareil devant la forteresse, et assiste a l'assaut que dirigent 
simultanement Piri-Pascha et Moustafa-Pascha : le fossri se 
remplit encore de cadavres; l'aga des janissaires, Bali-Aga, 
est bless^. Ahmed-Pascha vient se joindre a I'arm^e de siege : 
dfes ce moment la ville est foudroy^e du c6te de Pile. Cinq 
cents janissaires recoivent l'ordre de remonter le Danube 
dans des barques, afin d'intercepter le secours promis par 
les Hongrois aux assieges, 4i *l s partent. La tour situee sur 
le rivage dans l'inte'rieur de la ville est rdduite en cendres , 
et sa chute facilite l'attaque de Moustafa-Pascha. 5 (i er rama- 
zan, lundi), Souleiman se presente pour la troisieme foil de- 
vant Belgrade, suivi de tous $es officiers, 6, Souleiman re- 
vient encore; Karadja-Pascha jette un pont sur la Save. 
7, diwan; on conyient de livrer un nouvel assaut le lende- 
main* 8, l'assaut est dpnne par trois cotes differens, a droite 
le grand-vizir Piri-Pascha, a gauche, Mouslafa-Pascha, etau 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 4u 

centre, Abmpd^Pascba* he* ennemis abandonment la defense 
de la ville, la livrent aux. flammes, et se retirent dans la cita-* 
delle. 9, ordre de miner lea tours de la citadelle. i o, les ca* 
nous sont mis en batterie* u, le silihcUr-baschi arrive du 
Diarbekr avep ses troupes, id, diwan. i5, repos. i4i diwan; 
on arr&e un prQchain assaut, i5, une femme qui s'est enfuie 
de la citadelle fait connaitre a Piri*Pascha la foiblesse de la 
garnison. 16, Souleiman se place dans ufae tente, en face de 
la citadelle, et donne le signal de l'assaut : Ahmed-Pascha , 
dont le paouvement n'est pas soutenu par les deux ailes, est 
repousse avec perte. 17, Ahined-Pascba recoit en present un 
kaftan , un sabre incruste* d'or et deux mille ducats : les ja- 
nissaires du Diarbekr rejoign^nt le camp. Le pont sur la 
Save est acheve\ 18, les troupes de Roumilie viennent e*ga- 
lement prendre part aux operations du sie*ge. Un soldat inet 
le feu au tscbartak de l'ennemi, du cote de IVJoustafa-Pascha, 
20, la cime de la tour situee en face des troupes de Piri- 
Pascba s'ecroule. *2i> sept prisonniers sont amenes an camp* 
%i x Piri-Pascha se met en route pour visiter Slankamen. 
23 , diwan. 24, arrivee de SctaehzouwaroghU Oweisbeg; ii 
est admis au baise-main. Arrivee d'un transfuge. 25 t diwan \ 
la citadelle demande a capituler, mais sous la condition qu'il 
lui sera accorde un delai de cinq a dix jours \ cette proposi-* 
tion est rejetee : le feu recommence , et les assiegeans se 
preparent pour une nouvelle attaque. 26 , l'assaut est re«* 
pousse. Karadja-Pascba, Mabmoudbeg et Iskender Tsche- 
lebi sont blesses. 27, diwan; une tour saute; assaut, perte 
d'bommes considerable. 28, diwan, auquel sont appeles tous 
les begs et tous les saims* XJn espion envoye par le roi au* 
assieges est denooce par un transfuge y et arr^te ; le premier 
est mis a la question, le second recoit un kaftan, A cette 
nouvelle , la garnison reprend les negotiations et offre de se 
rendre ; le bescbliibascbi de Semendra et un janissaire se 
rendent daps la citadelle; deux jnfideleg de la garnison 
viennent baiser la main du Sultan , et promeUent pour le 



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4i* NOTES 

lendemam la reddition de la place. 29, occupation de Bel- 
grade : les infideles s'&oignent ; les janissaires prennent pos- 
session de la citadelle. Le commandant de la garnison est 
admis au baise-main, et le Sultan lui fait remettre un kaftan. 
Les croyans sont appeles a la priire, et la musique militaire 
de Parm^e se fait entendre a trois reprises dans Belgrade. 
3o, Souleiman passe le pont et entre a Belgrade, on il fait 
sa priere du vendredi dans une ^glise de la ville basse, con- 
vertie en mosquee. Les Hongrois qui demandent a retourner 
dans leur "patrie sont dirig^s par eau sur Slankamen , pour 
rejoindre de la leurs foyers. 3i, diwan. 

Hois de septembre (schewal). 

i er , diwan : Balibeg regoit un present de trois mille as- 
pres. 2, Pempereur se rend par eau a Belgrade. 4 ( I#r sche- 
wal, un mercredi), il descend a terre, et fait une prome- 
nade a cheval. 5 , Souleiman remonte a bord , et reprend le 
chemin de Belgrade. 6 , il descend a terre pour chasser. 7 et 
8 , diwan : les arbres qui couvrent Pile situ^e en face de la 
ville sont abattus. 9, Pempereur cbasse. Les Serviens qui 
babitaient Belgrade sont dirig^s sur Constantinople. 10, Sou- 
leiman fait le tour de Tile. 11, repos. 12, diwan. Le kiaya 
des janissaires est promu au grade de segbanbaschi, le sams- 
sound ji a celui de kiaya; dix-buit omciers sont nomm^s bou- 
loukbascbis (colonels). i3, cbasse. 14 » Pempereur passe le 
pont de Belgrade, et vient coucber dans la ville. i5, Balibeg 
est nomm£ sandjakbeg de Belgrade et de Semendra avec un 
trahement de 900,000 asp res. 16, diwan et nouvelle pro- 
motion de sandjakbegs. 17, repos. 18, l'arm^ arrive h His- 
sarlik. 19, Semendra. 20, les janissaires et les sandjakbegs 
prennent les devans avec le mir-aalem ; cinquante pieces de 
canon sont envoye'es a Semendra, deux cents a Belgrade, et 
vingt a Sabacz. 21, Louzindja. 22, Isflanidja. 23, Scboui- 
ladj , oa Souleiman regoit la nouvelle de la mort du prince 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 4i5 

Mourad. 24, Bardak. 25 , Kaloum. 26 , Nissa. 27, halte. 28, 
Derbend. 291 Schehrkcei. 5o, Tekourbinari. 

Mois d'octobre (silkide). 

i er , Bellis. 2, Hadji Rourban. 3 (i er silkide, un jeudi), 
Ikhtiman. 4 9 Akindji Kariye*. 5, Djelbi. 6, Philippopolis. 
79 8, 9, halte. 10, l'arme'e passe par Kialik, et enlre dans un 
deTile\ 11, Semizdje*. 12, Tschermen. i3, Andrinople. 14, 
repos. i5, cbasse. 16, Baba-Eskisi. 17, Karischduran. 18, 
Azabler. 19, Siliwri, oil Fempereur s'arr£te un instant, 
pour reprendre ensuite le cbemin qui conduit au serai de 
Constantinople. 

II ressort de ce journal, dont on ne peut suspecter Fexac- 
titudo, que Souleiman n'assista qu'a six assauts, savoir : ceux 
qui furent donnes a la ville les 2,3 et 8 aout, et ceux qui 
eurent lieu contre la citadelle, les 16, 26 et 27 du meme 
mois. II s'ensuit en outre que la plus grande partie des Hon- 
grois furent renvoye's de Slankamen dans leurs foyers ; ainsi 
le massacre dont parle Istuanfi n'a pas 6t6 general ; il se re- 
duit a quelques soldats de la garnison, carFederwar, Toeroek 
et plusieurs autres retournerent libres en Hongrie. 

XII. — Page 21. 

Le comte Daru, qui du reste n'a point consulte les cin- 
quante-huit volumes in-fol. de VHistoire de Marini Sanuto, 
bien qu'il en existe deux exemplaires , Fun dans les archives 
de Vienne , l'autre dans la bibliotheque de Saint-Marc de 
Venise,ne connaissait pas ce traite*; Martens parait e*gale- 
ment Favoir ignore; on en trouve une copie , ^crite en turc, 
et dat^e du i er moharrem 928, dans les archives de la Mai- 
son imp. roy. d' Autriche ; Foriginal est depose dans les ar- 
chives de Venise : Capitulatio Sultani Suleimani, principe 
Antonio Grimani per Marco Memmo. 



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4i4 MOTES 

XIII. — Page 23. 

L'ambassadeur venitien Memmo , dans son rapport date 
de la premiere anne*e du regne de Souleiman , caracterise 
ainsi ce souverain : « PerfettQ turco , observa molto la lege , 
» connive li Ckristiani , trata mal li Ebrei, e persona che 
» studia , obstinato nella sua opinione f di t& a5 (a6), di na» 
» tura oholerico , bruno, porta un turban te molto sopra gU 
» occhi, die li rende un aspetto oscuro di gittdizio. » (Mar. 
Sanuto, t»xnm.) 

XIV. — Page 24. 

Mouradjea d'Ohsson se trorape lorsqu'il dit que la nomi- 
tion d'un quatrieme vizir ne remonte pas au-dela de Fan- 
ne'e 1 556. Petschewi dit expressement, en parlant des vizirs 
de Souleiman, et a propos de Lata Kasim-Pascha : Ibtida 
dcert wezir olmak bounlariU cvaki oldi, e'est-a-dire : avec 
celui-ci le nombre des vizirs fut porte a qua t re. Mais So- 
lakzade en cite de^'a quatre sous Mohammed II. ( Voy. t. h 
de VHistoire de V Empire ottoman,) On lit dans le rapport de 
Memmo, date de Constantinople, an 1 52 1 (Marini Sanuto, 
t. xxxiii) : « Va (il Sr.) il Venerdi alia moschea accompa- 
» gnato delli 4 vezeri. i° Piri di nazione turco responde 
» a tutti , e stato piratico. » Ge nom de Piri, qui signifie 
vieillard, a jete de la confusion dans cette partie de l'his- 
toire. Les bistoriens europeens en ont fait Pjrrrhus, d'autf es 
un pirate, tandis que ce n'6$t que le mot persan Piri, le 
Pear des Anglais. « 2° Mustapha Schiavone cugnado del Sr. 
» 5° Firat (Ferhad) da Sebenico ann. 35 * bellicoso. 4* C«- 
>* sim turcho veechio* » 

XV. — Page 27. 

Vertot a modernise" pent-6tre a tort le vieux francais 
tel qu'il se trotive dans Bourbon : La grande et meweil- 
leuse et tres-cruelle oppugnatien de la noble cite" de Rhodes, 



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ET fiCLAIRCISSEMEN^. 4t5 

imprimi Van iS*6. Mais dans la traduction franchise , on 
treute* au lieu dtt nombre canonique de cent tingt-quatrti 
mille Prophetes, cent tingt-six mille. <t Les rfuatre musaphi 
qui sont tombe's du del » ne sont autres que les quatre mass- 
haft ou Kvres saints, satoir : l&PenkUeuque, les Psdumes, 
VEvang&e et le Koran. Cette lettre seule forte un cachet 
d'authenticite*. Toute la correspondence entre Soulelman et 
Villiers de 1' lie -Adam dans Reusneri Epistolary t. tin, est 
supposed. 

XVL — Paoe 2J« 

cc Parti da Cottantinopoli li 18 Giugno, 99 gallie sottile, 
» 70 grosser 4° palandariej 5o fuste, brigantini, e altri na- 
» vigli fin' il muaero di 3do tele* a Rapport de Fambassa- 
deur Tiepolo, dans Mar. Sanuto, t« xxxiti. Bourbon donnd 
un tableau tres-d&aille 1 des forees navale* des Turcs, et Ver* 
tot aurait mieux fait de le f eproduire, que d'intercaler dans 
cette partie de son histoire des lettres et des discours apo- 
eryphes, « II y atoit io3 galleres, qui tindrent premiere- 

* ment faire le gast et qui tindrent les passages durant le 

* siege; il y avoit aprea 35 galeaces belles et grosses, i5 ma- 
» hones et 26 taffordes* ces tiatires ici sont quelque peu dif- 

* ferents de galleaces. II y avoit 60 fiistes ou plus et plu- 
» sieurs briganttns et autres barcetz galtions et esqtiirasses 
»pouToient estre dix ou douse navires, sus les quelled 
ai estoient les munitions et la grosse artillerie pour battre la 
atille; toute fbysdepuys la venue des susdites navires qui 

* estoient au nombre deux cent cinquante ou environ, quel- 
» ques galleres et fustes et narires yindrent de Surye et se" 
» jongnireiit atec 1'armee et depuys en tindrent d'ailleurs 
» durant le siege et furent la plus part du temps au nombre 
» de quatre cent voiles ou environ. » 

XVIt. — Page a8. 
* I<e noble ehetalier frhte Jacques b&tard de Bourhon, » 



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4i6 NOTES 

comme il s'appelle lui-meme dans le titre de son ofcvrage , 
fixe le nombre de l'armee ottomane, rassemblle dans Tile 
de Rhodes , a deux cent mille liommes : « Le nombre des 
» enem ys, qui estoient au camp turc tant de guerre que de 
» trayail selon le commun dit, estoient deux cens mil hom- 
» mes, dont il y en avoit soixante mille duyts et experts a 
» faire seullement les mynes. » 

XVIII. — Page 3o, 

J'ai moi-meme mesure* plusieurs de ces boulets, pour 
m' assurer de l'exactitude des assertions des historiens du 
temps. Bourbon precise la position de toutes les batteries, 
et fait Penumeration des pieces : six canons en fonte , lan- 
cant des boulets de quatre palmes. de circonference ; quinze 
canons en fer, lancant des boulets de pierre de cinq a six 
palmes; dix bombardes, dont les boulets ayaient neuf a 
dix palmes, et deux avec des boulets de douze palmes; 
douze basiliques , quinze canons a double calibre , lancant 
des boulets de fer; douze mortiers en fonte « qui tyroient 
contre mont en Pair » de differens calibres ; les plus grands 
ayaient des boulets de sept a huit palmes. « La moyenne 
» artillerie comme sacres , passe volans estoient* en grand 
» nombre Pespingarderie innumerable et increable. » Les 
canons envoy erent contre la ville , depuis le 29 juillet jus- 
qu'ala fin d'aout, mille sept cent treize boulets de pierre, 
et les mortiers, mille sept cent vingt-un. II n'y eut que 
huit bombes flamboyaotes « et huyt coups avec boullets 
» de cuyure plains d'artifices de feu. » On trouye dans le 
xxxiy e vol. de Marini Sanuto deux journaux du sie'ge de 
Rhodes, et a la fin du i er vol. l'indication suivamte des coups 
tires par les chretiens pendant toute la dure'e de ce sidge : 
quinze cent cinquante-six depuis le 19 juillet jusqu'au 3i aout, 
et neuf mille quatre cent soixante depuis le 7 septembre , 
dont huit mille trois cent deux avec les nouyelles batteries 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 417 

(montelli), et mille cent cinquante-huit par les basiliques. 
En tout, onze mille quatre cent seize. 

XIX. — Page 3i. 

' « Peri bascha le plus viell dea quatre Baschas print la 
m tranchee tirant a la porte dTftalie. Acmeet bascha estoit 
» aux trenche*es d'Espaigne et d'Auyergne. Le beglerbeg de 
» la Natolie estoit aux trenchers de la Provance et le beg- 
» lerbeg de la Romanie estoit avec sa bande vers les jardins 
» de S. Antoine de la bande tramontane. » Comme, dans les 
campagnes d'Asie , le beglerbeg d'Anatolie a le commande- 
ment de Paile droite, et le beglerbeg de Roumilie , celui de 
l'aile gauche, et que cette disposition n'a pas e*te* suivie au 
sie*ge de Rhodes, il s'ensuiyrait que cette lie comptait alors 
parmi les possessions d'Europe. 

XX. — Page 3a. 

* Apries est de savoir aussi , qui il y avoit deux sept man'* 
» tcllets attire's contre le terreplein d' Ytalie, » c'est-a-dire dix- 
sept batteries, composes chacune de trois pieces, comme le 
dit expressement Bourbon ; % et a chiascun mantellet il y 
h avoit trois pieces d'artillerie. » Vertot, e*dit. d' Amsterdam, 
p. 33 1 , fait de ces dix-sept batteries dix-sept canons. 

Journal de la seconde campagne de Souleiman, celle 
contre Vile de Rhodes. 

Moisdejuin (redjeb). 

16 juin i522 (21 redjeb 928). L'empereur passe de Con*- 
stantinople a Scutari. 17, jour de halte. 18, Maldepe*. 19, 
Tekour-Tschairi. 2o,Herek£j on fait deux marches en un 
seul jour. 21, Tschinarlu. 22, Nicom^die, pres du pont de 
Vitoile. 23, Kaziklii, c'est-a-dire le pas despieux. 24, Di- 
killu-Tasch, c'est-a-dire l'obelisque, pres de Nic&. 25, 
x, v. 27 



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4i8 NOTES 

Panboukdji, dans lcs environs de Niece. 26 (i er scbaban, un 
jeudi), Yenischehr. 27, Akbiik. 28, Sindjiriikaei, e'est-a-dire 
lc village des Cbaines . -ores d'Ermenibazari. On fait enenre 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 419 

ai, plains 4e S*cheue\ On y reooit la nourelle que Ferhad* 
Pascha a fait prisonuier et mi$ a mort Schehzouwaroghli el 
trois de *e$ fils. aa, Bozoyouk; l'armee traverse arec diflU 
cult^ le defile de Gockbeli. a3, plaioe de Karabagh, dans 
le voisinage de Moghla. o4, repos, a5 (i w ramazan , un ven* 
dredi), la valine celeste; on passe par le defile de Kargha* 
segmez. 36, port de Mannaria, 27, repos; lesb&tesde sommc 
aont renvoy&s, 38, l*armee debarque dans File de Rhodes, 
39, premier, combat 5 les tranchees ouvertes sur Paile gauche, 
occupee par lea troupes d'Anatolie, sont detruites t et quel- 
ques canonniers tues, 00, diwan; les trancbees nouyelle- 
ment dtablies soot encore detruitea. On commence a terras* 
a$r les borcU. 3i, Vempereur change la position de son 
camp, et bombarde si vivement la ville, que les assilges 
sont obliges de cesser le feu. 

Mois d'aoat (schewal). 

1% lea a*«i£g& ae iretirent dans les souterraina pour Wri- 
ter le feu meurtrier de* batteries. 2, on dtablit des tentes 
de branchage* pour le Sultan, afin qu'ii puisse dominer 
lesmouvemens de Farmed. 3, grand combat) les troupes 
oonduisent leurs canons dans les tranches. 4 et 5, Kourd- 
oghli recoit Fordre de s'avaneer avec $e$ galeres pour sou- 
tenir Parage, 6, en ereusant de nouyelles tranches sur 
l'aile droits, on d<§oowrre quelques tonneauxde ferine. 7 et 
8, Fcmpereur reyoit des nouvelks de la flotte d'Egypte. 
q, diwan; arrWee <Je vingt-quatre galeres enyoyees par Khalr- 
beg. to, divan; la tour de Tsehaoulikoule' (tour des clo»- 
fibes), situee en face des troupes d'Ayas- Pascha, s*ecroule. 
En recompense, tons les paschas sont rev&tus de kaftans. 
«t, le Sultan reooit le present de Khalrbeg; les Mamlouka 
tscherkesses sont admis au baise-main, 12, l'empereur visite 
le jardin Santarlou Oghli (Saint-Eremo?). i3, les troupes 
4'Egypte prennent leur place a o6te" de Piri-Pascha. 14 , le 



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4*o NOTES 

rei's Rara-Mahmoud recoit ordre de s'emparer du chateau- 
fort d'lllik , dans File Piscopia. 1 5 , Piri-Pascha dresse ses 
batteries. i6, mort de Falaibeg d'llbessan. 17 et 18, les tra- 
vaux de terrassement s'avancent jusqu'au foss& 19, combat 
sur Faile droite 5 trois cents infideles se precipitent sur les 
canons de Piri-Pascha. 20 , sortie des infideles; ils sont pres- 
que aussitot repousses. 21, arrive'e au camp d'un artilleur 
transfaga. 22, trois hommes sont faits prisonniers par les 
troupes de Faile gauche , et deux grievement blesses. 23 , 
fete du Bai'ram; ce'remonie du baise-main. 24 (i er schewal, 
un dimanche), combat sanglant. 25 , deux artilleurs de Far- 
mee sont tues. 26 et 27, combat. 28, ordre de combler les 
fosses avec des fascines et des pierres. 29, les batteries de 
Piri-Pascha, que les infideles avaient renrersees, recom- 
mencent le feu. So, le fosse est comble\ 3i , lutte acharne'e. 

Mois de septembre (silkide). 

i« r , diwan ; Ahmed-Pascha commence a battre en breche 
la tour Sindan Koulle*. 2 , on recoit la nouyelle que Mah*- 
moud-Reis a peri dans l'attaque du chateau d'lllik (Pis- 
copia) , mais que neanmoins les troupes s'en sont emparees. 
3 , le fosse de la ville est rempli par les troupes d'Ahmed- 
Pascha. 4> jcu de mine, du cdte de Moustafa-Pascha; toutes 
les batteries font feu a la fois. 5, les habitans du chateau 
d'lndjirlii se rendent a discretion; les mineurs rencontrent 
les infideles; une grande quantity de naphte est employee 
par ces derniers sans succes. 6, diwan; yingt-cinq juges 
sont destinies. 7, un espion transfuge est amene* au camp. 
8, les infideles mettent en batterie plusieurs mortiers. 
9 t repos. 10, jeu de deux mines sur Faile commande*e 
par Moustafa-Pascha. Les troupes penetrant dans Finte*- 
rieur de la forteresse, mais elles sont repouss&s avec perte 
par Fusage que font les infideles de nouvelles catapultes. 
it, Fempereur se rend a cheyal dans le Vkux-Kjwdes ; 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 421 

Abmed-Pascha separe en deux la butte eleveV devant son 
camp, et place des canons au centre, pour battre en breche 
le pied des murs. Le topdjibaschi , blesse* dans cette atta- 
que, meurt le lendemain. 12 , les assiegeans et les assises 
echangent entre eux d'insultans de'fis. i3, Pempereur voyant 
Pinefficacite* -du feu dirige* contre les remparts de la for- 
teresse, en joint a Moustafa-Pascha et Ahmed -Pascha/de 
miner cbacun de leur edte* les murs du boulevard (Petsche)* 
14 9 diwan. t5, les infideles eventent deux mines de Kasim- 
beg. 16, ils eloignent a l'aide du feu les troupes des fosse's. 
17, Abmed-Pascha fait jouer deux mines, mais Passaut qu'il 
livre au meme instant n'e*tant pas soutenu, il est oblige' de 
se retirer ; cent cinquante hommes sont blesses par Pexplo- 
sion de ces mines. 18, un transfuge lance du baut des rem- 
parts une flecbe a laquelle e'tait attachee une lettre contenant 
Pavis que Pir Ali-Re'is, arrive* avec la flotte d'Egypte, instruit 
cbaque jour les infideles de ce qui se fait dans le camp. 
Abmed-Pascba se cbarge de Pinstruction de cette affaire* 
19, du c6te de Piri-Pascba, quelques Tscberkesses penetrant 
dans la forteresse , enlevent quatre a cinq bannieres et une 
planche longue et garnie de clous, que les infideles ayaient 
e'tablie pour ddcbirer les pieds des assiegeans. A cette occa- 
sion, on acquiert la certitude qu'il n'existe a Pinterieur ni 
un second fosse* , ni un second mur. ao, Abmed-Pascha, 
Ayas-Pascha et Bali-Aga sont rev^tus de kaftans. 21, diwan. 
22, sur Paile de Moustafa-Pascha , les mineurs rencontrent 
les mineurs ennemis ; dans un combat livr6 entre eux , il y 
aperte des deux c6t&. 23 (i er silkide^ un mardi), Abmed- 
Pascha [fait jouer quelques mines; depuis midi jusqu'a mi- 
nuit les crieurs annoncent Passaut pour le lendemain. 24, 
Passaut est repousse*. 25, on envoie des commissaires en 
Anatolie pour ramener des vivres. 26, diwan; le Sultan, dans 
sa. colere, fait arr&er Ayas-Pascha. 27, diwan; Ayas-Pascha 
est re'tabli dans ses fonctions. 28, Ayas-Pascha recoit ordre 
de r£unir ses troupes a celles de Piri-Pascha, ce dernier 



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42* NOTES 

etant malade de la goutte. 29, un transfuge de la forteresse* 
qui embrasse la religion musulmane , annonce que le der-» 
nier ass&ut a conte* la vie a trois cents hommes de la garni*' 
•on ; que totts les chefs des fusiliers et des canoimief s ont 
tlte* blessed ; qu'un des chefs de l'Ordre e*tait mort, et qu'un 
autre dtait grievement blesse\ Quinze matelots, accuses d'a- 
Yoir fait secretement passer quelques habitans de Rhode* 
eur le continent d'Asie , sont pcndus aux vergues des ga- 
teres. 3o, fete dans le camp, a 1'occasion de la naissance 
d*un fils du Sultan. 

Mois d'octobre (silhidje). 

t*, deux tetes de soldats persans Sont apporte*ei au camp« 
2> on commence a battre en breche le fort interieur ap* 
pele* fe JRort ties Francs. 3, Tempereur se rend a cheval 
au vieux Rhodes. 4> oa reprend les travaux pour renver* 
eer les murS du boulevard (Petsche). 5, on cesse de tirer 
contre le port Mendreke" (Mandrachio), et on conduit lei 
canons vis-a-vis des remparts de la footer esse. 6, Ayas- 
Pascha reprend 8a premiere position, et Piri-Pascha se re* 
met a Ik tete de ses troupes. 7, quelques milliers d'hommes, 
du cote* <FAyas-Pascha, essaient d'enlever d'assaut le boule* 
vard, et se logent dans une des tours les plus voisines dtt 
fort* 8, le combat, engage a Paube du joUr, se prolonge 
danslanuit. 9, Moustafa-Pascha monte a l'assaut. to, deux 
espions envoyeSs du chateau Takhtali* annoncent que les in- 
fideles attendent la prochaine arrivee d'une ilotte. 1 1, le oa- 
pitaine de Moghreb est admis au baise-taain. Les infidele* 
dirigent si bien le feu de leurs pieces, qu'ilsbalaient la tran- 
ches, et tuent cinquante a soixante hommes* 12 , Moustafa* 
Pasclta donne un nouvel assaut , et parvient a s'e*tablir mo- 
mentane'ment sur plusiettrs points du boulevard. L'aga deS 
janissaires, Balibeg, est blesse". i3, Tempereur se rend ail 
vieux Rhodes, et ordonne sa reconstruction. iif> Piri-Pascha, 



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ET ECLAIRCISSEMENS. |*5 

de meme que le jour precedent, se rend seul au diwan. Les 
travaux de reconstruction du vieux Rhodes commencent 
sous la direction du defterdar Abdesselam et des begs de 
Mentesche' et de Karasi. Vers le soir, on detruit du c6te* de 
Moustafa-Pascha une tranche'e ouverte par les infideles; il$ 
sont repousse's, et le boulevard est envahi dans presque 
toute sa longueur. t6, Pempereur monte a cheval pour vi- 
siter le jardin du sultan Djem. 17, a la fin du jour, la partie 
du boulevard qui e'tait encore au pouvoir de l'ennemi est 
prise cfassaut. 18, vers minuit, on met le feu au chateau du 
cote d'Ahmed-Pascha. 19, grand combat. 20, le mur qui 
avaitete mine du cote d'Ahmed-Pascha s'e'croule. ai t Pem- 
pereur se promene a cheval. 22, (i er silhidje, un mercredi), 
il recoit la nouvelle de la mtort de Khairbeg , gouverneur 
d'Egypte. 23 , diwan j promotion de plusieurs sandjakbegs. 
24 9 diwan ; Moustafa-Pascha est envoye* en Egypte comme 
gouverneur. 25 , diwan ; 26, Moustafa-Pascha est admis au 
baise-main avant son depart. 27, Moustafa-Pascha se rend 
en Egypte avec une escadre de quinze navires. 28, le beg- 
lerbeg 6?Anatolie, Kasimbeg, quitte sa position, qu'ilavait 
occupe'e jusqu'alors, pour prendre celle de Moustafa-Pascha. 
29, lutte acharnee. 3o, le beglerbeg d'Anatolie reunit ses 
troupes a celles d'Ahmed-Pascha , pour de*truire une tran- 
che'e ouverte par left infideles. 3i, diwan. La flotte m retire 
dans la baie de Marmaris pour hiverner. 

Mois de novembre. 

i*% Pempereur se rend au vieux Rhodes, pour inspeeter 
les travaux. 2 et 3 , repos »• 

1 En cet endroit, il manque one page t6ute entiere dans monexem^ 
plaire du Journal de Souleiman; malheureusement e'est celle qui contient 
les details des evenemens les plus importan3 du siege et de la reddition de 
la ville, depuis le 4 novembre (8 tAfer) jusqu'au «7 decembre. Le Journal 
recommence a ce jour, et continue jusqu'au ao, Janvier, jour de Farmee du 
Sultan a Gomttntiaople. 



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4*4 NOTES 

Moij de decembre (rebiotil-ewwel). 

Souleiman s'arreta encore a Rhodes depuis le 27 decern • 
bre jusqu'au 6 Janvier; le 7, il campe a Olou. 8 , a Moghla. 
g, Halte. 10, Letneoegi, pres du village de Rodousch. 11, 
ILenous. 12, Raloubegler. i3, Yenischehr. i4, Djatmisch. 
i5, Alaschehr. 16, Tourasili. 17, Toura-Khanli , pres d'A- 
khissar. 18 (i CT rebioul-ewwel, un dimanche), hake. 19, 
Pascha Kceyi. 20, halte. 21, village de Siou-Sighirlik. 22, 
halte. 23, Kerdene\ 24, Soubasehi. 25, village d'Anakhor, 
pres de Belbanlii. 26, Eourschounllii et Oumourbeg. 27, 
Bazarkoeyi. 28 , Dil. 29 , Pempereur s'embarque pour Con- 
stantinople. 

XXI. — Page 33. 

« Au cinquieme assaut, dit Tercier r il prit un drapeau que 
dans cette meme lettre il dit avoir voue* a saint Thibault, pa- 
tron d'Overweiler; »cet assaut n'e*tait pas le cinquieme, mais 
bien le troisieme , comme le prouve Bourbon, qui ne fait 
meme mention d'aucun autre : « Et fut la troisiesme fois qu'ils 
furent deschasse's et vaincus. » 

XXII — Page 35. 

Le Journal de Souleiman. Cette arrestation a donne nais- 
sance a la fable que Bourbon, et d'apres lui Bosio, Vertot, 
Knolles, Mezeray, Sagredo, Mignot, et le compilateur le 
plus moderne des annales de l'histoire ottomane , Alix , ont 
Tapporte*e, a propos de la disgrace encourue par Moustafa- 
Pascha; fable suivant laquelle Souleiman aurait fait attacber 
son vizir a un pieu, etc. Ces auteurs font meme Moustafa- 
Pascba grand-vizir, tandis que c'e'tait Piri-Pascha, et le nom- 
ment Kirlu par une contraction des mots Kyr Lucas. 

XXni. — Page 45. 
Solakzade, f. 102. Ferdi, f. 80. Djelalzade, f. 78, et 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 4*5 

Djenabi, exemplaire de la Bibliotheque L R. de Vienne, 
n. 4^9 » P* 4^8 > parlent tous de la promotion du khass- 
odabaschi et itsch schahindjiler agasi Ibrahim au -grade de 
beglerbeg de Roumilie, et aux fonctions de grand -vizir, 
$ous la date du i3 schaban 929. Djenabi ne lui donne pas 
d'autre titre que celui d'odabaschi; Cantemir qui n'a puise 
que dans le sommaire de cet historien , et qui ne savait pas 
sans doute qu'il y eut un grade de khass-odabaschi , fait du 
personnage revetu de ce titre un janissaire : « Ibrahim, qui 
de simple janissaire fut fait grand-vezir de Soliman. » Mignot 
voyant figurer un janissaire dans le re'cit de Cantemir , in- 
vente une re*volte de janissaires que rodabaschi de cette 
troupe (et Ibrahim n'en fit jamais partie) aurait r^primee, * 
et ajoute qu'il dut a sa conduite dans cette circonstance la 
nomination de grand-vizir. Cette re>olte, suivant le meme 
historien, aurait eu pour cause le refus fait par le Sultan de 
livrer Rhodes au pillage. Le meme auteur fait ensuite Mous- 
tafa gendre de Souleiman, grand-vizir, et pretend qu'il fut 
attache* a un pieu, reproduisant amsi le conte de Fontaine* 
II est possible que cette punition ait ete" infligee au kapitan- 
pascha Yailak Moustafa, disgracie vers l'epoque ou le second 
vizir, Moustafa, parti t pour TEgypte. Mais les historiens eu- 
rop&ns ne font aucune distinction entre ces deux Moustafa, 
gu'ils confondent en un seul dans la personne du grand-vizir. 

XXIV — Page fyj. 

L'ouvrage intitule les sept liloiles errantes cite parmi les 
tribus qui ont combattu avec les Noghais, les Sirlas et les As; 
dans son introduction, f. 9, Pauteur enumere les tribus ta ta- 
res et turques suivantes , comme descendant de Tschin , de 
Monsok, de Sedistan, deKoumari, Saklab (Slaves), Khaledj 
et Khazar (enfans de Japhet), les tribus Khata'i, Djourdje, 
Sairouk, Koumiak, Bakschan, Boulghar, Tas, Alias, As, 
Yedjoudj et Medjoudj ; et comme descendant de Mendjin^ , 



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(*6 NOTES 

Xoutek, 'facblgil, Pereftehghan et llak (autres fik de Ja- 
phet), f. i3, les tribus Tatar, Moghol , Kirayet, Naiman , 
Inkout, Tounkout, Yekrin, Kirki*) Tschalafr, Sounit, Mer- 
kit, Kir lout, Torghout* Irat, Berghout, Tcmkalik, Toulas, 
ILomat) Yarlik) Hertschin, Kermoutsehin, Orschout, Ket* 
Xnln, Tourman, Sakait, et Pisch& 

XXV — Pi« 48* 

On trouve encore des notions fort interessantes sur la mort 

de Ghazali dans le rapport de l'ambassadeur vejiitien (Marini 

$anuto* t» XXX), que celui-ci tenait de la bouche de Pemir 

• des Drupes Kasinibeg. « Li (Ghazali) sopragionse in campo 

» 7 capi de la gente araba nominal ISaboles (de Nablous en 

• Syrie) con 3ooo persone, dove fu scqperfo come detti capi 
» erano sta mandati per Chairbeg con or dine, che dovessono 
» intendersi coiTurchi — li venne lettera del Sofi per la qual 
» fu molto ripreso esso Gasali, che senza aver data notizia 
» alia suaSignoria et altri amici se bavea mosso, — mando la 
» sua donna e fioli al castello Karak, 8 giornate distante da Da* 
» masco. v 

XXVI — Page 48. 

• Le 9 dofct, la flotte, compos^e de tingt-quatre galferes, jela 
l'ancre en face de Rhodes, et le 22 octobre on regut la nou- 
velle de la mort de Khairbeg; le Journal de Souleiman et 
m^me Souheili et Schoukri designent iudifferemment sous 
ie noin de Moiistafa , le vizir Moustafa-Pascha et le kapitan 
Yailak Moustafa-Pascha ; de la vient la confusion que font 
de ces deux personnages les historiens europdens qui lefc 
tionfbndent av^c PirWPascba. Les circonstances suivantes 
pettvent y avoir contribue*. Tous deux dtaient natifs de Bos* 
nie, tous deux avaient tSte* ^lev^s dans le serai, Pun et P autre 
avaientdes femmes du harem, le vizir une soeur du Sultan 
Gfoulefman > le kapitan une esdave nommde Scbah»K.heban, 



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ET ECLA1RCII5S£MENS. &1 

c'est-a-dire la Peine des belles; c'est a sa faveur que le der- 
nier dut plus tard le tizirat. Enfin, ils fbnderent cbacun une 
mosqu£e, le vizir a Guebize, le kapitan a Gallipoli. Voyez 
Ali* dan$ la Liste des Vi%irs de Souleintan. 

XXVII. — Page 5j. 

Histoire de Marini Sanuto , u XXXIX : « Entro Ibrahim 
» il 24 marzo con inestimabile pompa. Li Cercbessi, Jani- 
» zari, Sipabi da 5ooo, yestiti d'oro, cavallo d'oro e gioje for-* 
» nimento dato dal S r costa 1 70 mille ducati veneziani; per il 
» suo campo di eavalli 4 000 hen vestiti, bandiera aziir e 
» bianda , poi li garzoni del S r yestiti d'oro con Sercola 
» (bonnet) d'oro ; — mostra uonie di gran condizione e inge- 
» gno. » La date du 8 djeniazioul-akhir citee par Djelalzade 
est ineiacte , car il fixe quelques lignes plus haut le depart 
du Sultan au 18 du m@me ftooi$. 



UVilEXXYl. 

I. — Page 62* 

Ferdi, f. joo, se trompe sur 1'annee et sur le moisj ce 
ne fut pas, comnie il Pindique, en 941 , mais bien en 95 1 ; ce 
ne fut pas non plus le i er redjeb, car le mois de redjeb cor- 
respond au mois d'avrii ou de mai : or, cette reVolte eut lieu 
le a5 mars, s'il faut en croire les rapports des ambassadeufs 
venitiens qui suppleent au silence des historiens ottomans. 
Mar. Sanuto (I. XXXIX) dit : « II S* ritornando di Andrino- 
» poli alle acque dolci li andb contra i Janizzeri e li domandb 
» il suo presente oonsueto , « il S* li mostrfc cattiva ciera 

* dicendo cbe giouto Ebraim Bassa proccdera — e per chc 

* A ja« Bassa etiam non It facesse buona cfera , tinde dttti 
» Janizzeri ritornateo 'in terra e sacherotio la case di A job 



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4a8 NOTES 

» Bassa e del Defter dar, il giorno seguente addi 25 (di Marzo) 
» mesero la casa di Ebraim in ruina, sacherono la Judecha 
» — etiamil Gommerchio; il S r entrato in Seraio yolse ac- 
» quetarli , dandoli Ducati 200 m. ed essendo entrati alcuni 
» dei Janisseri principal! — il S r di sua mano con le fuze ne 
» aroazava tre di loro 5 vista quelli alcuni di loro voltano 
» etiam Farcbco con la friza verso il S r quel £u forzo levarsi 
» dove era , poi median te i capi a dato fin a 220 mille du- 
» cati. » Ferdi se trompe en d&ignant sous le nom de Beg- 
koz l'endroit ou s'arr^ta Souleiman ; Begkoz se tr.ouve sur la 
cote asiatique du Bosphore , et il s'agit ici de Terkoz 9 situe* 
sur la c6te europeenne de la Mer-Noire (Loutfi, f. 66). 

II. — Page 71. 

« Li Hongaresi per l'avanzio consultarono , non era ben 
» concluder la pace fino non havessero li 80 milla ducati, 
» che pretendono haver della Sria. nostra. » (Rapport de 
Pambassadeur ve'nitien date* d'Ofen (Bude) le 5 octobre i525, 
dans Mar. Sanuto , t. XXXV). Cette notice est aussi exacte 
qu'authentique ; mais celle de Catona, t. xix, p. 4 X 7» d'a- 
pres Bel , ne merite point de credit , et la lettre qu'il attri- 
bue a Souleiman est apocryphe. Le Sultan n'e'tait point a 
Belgrad en i5a4, date donnde a cette lettre, et les'titres 
qu'il prend, «Rex El ami tar urn, Moabitarum, custos trium 
» fluviorum, protector sepulcbri crucifixi, nepos Dei Saba- 
» thoti , ac Mahumethi Pensgemutb , » sont si burlesques , 
qu'on ne sait pas comment Bel et Catona ont pu ajouter la 
moindre foi a d'aussi graves erreurs. 

III. — Page 75. 

Cotmne publiciste et historien, Kemalpaschazade a ecrit 
en arabe pres de cent traites sur des questions de droit; on 
lui doit en outre un ouvrage persan, sorte d'imitation du 
Gidustan de Saadi, et intitule Nigaristan, ou galerie des 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 4*9 

images. Les Mines d' Orient, t. I, p. 4oi , t. II , p. 107, et 
t. HT, p. 47* contiennetit des extraits de Tun et l'autre de 
ces deux ouyrages. II a laisse* encore une histoire en langue 
turque de la campagne de Mohacz, dont il se trouve un bel 
exemplaire a la Biblioth. de Dresde, line ex^gese du Koran, 
des gloses xnarginales au Kouschaf, des commentaires du 
Hedayet, du Tedjrid, du Miftah et du Tehafet; enfin il a 
traduit deux ouvrages arabes paries ordresde Se*liml er , qu'il 
accompagna dans son expedition d'Egypte , et compose le 
poeme romantique d'Yousoufou Soule'ika. Voy. le Scha- 
kaikoun ndmaniy6 et les Biographies des poetes turcs, par 
Latifi (traduction de Chabert), Zuriih, 1800, p. 79. 

IV. — Page 77. 

Ces six defile's sont rite's dans le Journal de Souleiman : 
1° celui de Tatarbazar a Pbilippopolis ; 2 la porte de Tra- 
jan, Kapoulou Derbend (le defile Sued &' Ammien) ; 5° ce- 
lui de Kaziasker entre Ikbtiman et Sofia; 4° le defile* de Ka- 
rielukaridj^ ; 5° celui de Schehrkoei; 6° le defile* de Nissa* 
(Compar. les sept d4fil& de la carte du capitaine du genie 
comme supplement a la Roumilie de Hadji Khalfa, p. 189. 
Voy. l'AUas, pL III). 

V. — Page 79. 

Kemalpaschazade , f. 3a et 33, ddsigne les chateaux de 
Gregoridja, Berkass, Nogai, Diniotrofdje* ; Ferdi, f. 129 et 
120, cite encore Saw tin, Voulkowar, Ratscha, Eerdoed; 
enfin Pctschewi, f. 32, quatre autres, Kouppenik, Irik, 
Tscherwik et Parkan. Dix de ces Tillages sont indique*s sur 
la carte de Hongrie sous les noms suivans : Gregurovecz, 
Berkaszova, Zotin, Mitroyicz, Ireg, Csereyicz, Vucovar, 
Racsa, Kupanik, Erdosd. 

VI. — Page 80. 

Petschewi, f. 34> donne une description de ces lieux aussi 



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43o NOTES 

exacte que Broderith et ayec plu3 de d&ailsf U ue futpaa 
temoin de la bataille de Mohacz, mais il en connut touted 
les circonstanees par son pfere et son grand-pfere, qui prirent 
tous les deux part a Paffaire, le dernier comme alalbeg. On 
trouve des ddtaiis moins precis et moins fideles dans Solak- 
gadd, Djelalzade, Ferdi 9 AU, Lout fi, et autres historien* 
ottomans qui tous ont copid Petschewi, comme Istuanfi, 
Camerarius, Cuspinianus, Sambucco, Zermegy, ont copil 
Broderith ; ces derniert ont eux-m&mes servi de sources & 
Engel, Catona, Windisqh, Scbimek et Fessler, Le nom de 
Badj-kaloupd est aujourd'hui inconnut mais on sait que 
Souleiman passa par Satorislye , prit a gauche la vallde qui 
s'etend entre les hauteurs de Nagy Nyarad et celles qui 
ferment a Pest la plaine de Mohaoz; et qu'il d&oucha par 
la for&t appelee aujourd'hui Batsfa. Cette for£t, convertie 
en pare, fait aujourd'hui partie des propridt^s de Fer&jue. 
Mais la composition du mot Batsfa, qui derive par con- 
traction de Batstalva ou Batsfalu, e'est-a-dire village de Bats, 
prouve qu'il y ayait jadis a oet endroit un village. Je dois 
ces notions topograph iques , et celles qui concernent la 
colline de Foeldwar, au baron de Mednyanski. 

VH. — Page 8i. 

Ce que dit Phistorien Petschewi d'une fontaine creusee 
au pied de la colline, et d'un koeschk bati sur la cime, 
se trouve confirme par Petat actuel des lieux. On voit 
ten effet s'elever du milieu de la plaine de Foeldwar une col7 
line assez haute , sur laquelle Souleiman fit dresser sa tente $ 
les habitans du comitat de Baranya Pont, en mejnoire de ge 
fait, appelee Sataristye, du mot hongrois Sator, e'est-a-dire 
la tente (en turc Tschadir); la fontaine batie au has de la 
colline a pris le nom de Toeroek-Kutya, e'est-a-dire fon- 
taine turque (le mot turc qui signifie fontaine est kouyou)* 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 43i 

VIII. — Pagb 83. 

All et Solakzade placent, contre toutes les regies adoptees 
par les Ottomans, le beglerbeg de Roumilie sur la droite, 
ct celui d'Anatolie sur la gauche , tandis que , s'ils. eussent 
Commaude les deux ailes, c'eut et^ dans I'ordre inverse. 
Mais Souleiman, comme on le yoit dans Petschewi, rangea 
cette fois son arme*e sur trois lignes. 

IX. — Page 84. 

« De proelio ad Mohacz nota Sambucci, dans Kovachich, 
Scriptores rerum hungaricarum minores, t. 1, p. 27. » En 
comparant les historiens ottomans, on voit que tout se passa 
ainsi que nous l'avons rapporte*. Seulement il est faux que 
Soulelman ait pris la fuite, et que Fusage se soit Itabli 
depuis lors d'attacher les Sultans sur la selle de leur chetal 
aux jours de combat. 

X. — VAW 85, 

Broderith, Istuanfi. D jelalzade*, le grand nischandji, donne, 
f. too, aux Hongrois les quinze sobriquets suivans : Dje- 
henem ay'in, Hadjim temkin, Dm missal, Sahibi fatal, 
Khinzirler, Pelidler, Kanidler, Khabiszler, Kelbler, Kafir- 
ler 9 Fadjirler, Fassikler, MotmafikUr, Diw siretler, Sou- 
bani souretlcr, e*est-a-dire ceux qui ont adopte* les usages 
de la Gehenna, ceux dont l'enfer est la patrie, ceux qui ont 
la nature des demons, les extraragans, les cochons, les obs- 
ttn&, les enters, les mise*rables, les chiens, les infideles, les 
criminels, les me*chans, les hypocrites, les embrouille*s, ceux 
qui ont les mceurs des demons et paraissent sous la forme 
des diables tourmentans. 

XI. — Page 87. 

Le Journal nomme let messagers-d'e'tat suivans : pour 
Constantinople, Yaroulou. Houscin; pour Brousa, Djindi 



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43a NOTES 

Houseln; pour Damas, Korkoud; pour le Caire, le moute- 
ferrikaMohammedbeg, frere d* Ayas-Pascha ; pourDiarbekr, 
Deli Iskender ; pour la Karamanie , Douzeni-giizel Sinan ; 
pour Haleb, Koer Djafer; pour Andrinople, un jeune esclave 
mamlouk du nom de Djelb. Voy . la lettre de victoire , dans 
le Journal de Souleiman, n° 33, 112; celle adresse'e par le 
Sultan au yizir, kaimakam de Constantinople, ct une autre 
ecrite apres la conquete d'Ofen , se trouvent dans le Des- 
tourouLInschq du reis-efendi Sari-Abdoullah, n° i38 et 
139. Kemalpaschazade', f. 59. 

XH. — Page 88. 

Le Journal de Souleiman. Le rapport de l'amba&adeur 
v&iitien|, dans Mar. Sanuto , t. XLIII, dit ; « Lo Turcho e 
» stato in persona in Buda e Pest, e ha sacheggiato quelle do 
* cittade , delli popoli ne ha amazzati tutti li yecchi (les pri- 
» sonuiers faits a Mohacz) e le donne vecchie, salvando solo 
» li fantolini e quelli menando Tia colle donne giovine. Fin 
» alle gaterade delle finestre portato via per barcha tutto , e 
» poi fatto questo ha posto a fuogo e fiamma tutte do quelle 
» cittade. » Kemalpaschazade, f. 67, donne une description 
toute poetique du chateau' royal d'Ofen; il e'yalue la lon- 
gueur du pont a neuf cent quatre-vingts aunes. D'apres cet 
auteur et Djelalzadd , ce serait aussi dans la plaine de Mo- 
hacz que les Hongrois, commanded par le roi Bela, auraient 
^te* defaits par les Mogols. Djelalzade', f. 99, appelle le roi 
de Hongrie Kourskoul. Kemalpaschazade, f. 44 » dit que 
les Tatares , sous Bereketkhan , avaient pe'ne'tre* jusque dans 
la plaine de Mohacz. Petschewi, a l'occasion de la bataille 
de Mohacz, e'numere les sept grandes batailles liyre'es de- 
puis l'ltablissement de rislamisme, et cite celle de Mohacz 
comme la plus importante , la plus grande et la plus glo- 
rieuse de toutes; ces batailles sont : i° celles de Tschaldiran, 
2° de Rosso yo, 3° de Kadesia, 4° celle que lirra Yakoub 



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i:t eclaircissemens. 455 

Ben Yousouf, l'emir des Al-mowahidin, a Alarcos en Fannee 
1 195, et dans laquelle p&irent, suiyant le meme Petschewi, 
quarante-six mille infideles sur trois cent mille ; 5° la bataille 
de Mamouri j6 9 entreThe\>phile et Motewekkil; 6° celle que 
lirra Melekschah aux Ouzes, dans le Khorassan; 7 la ba- 
taille de Salaheddin contre les chre'tiens, en Syrie. 

Xltl. — Page 89. 

Dans le rapport allemand imprime' immediatement aprcs 
la bataille de Mobacz, et qui a pour titre : « Hernach volgt 
h des Bluthundts, der sicb nenndt ein tiirkitichen Kaiaer, 
» gethaten, so er und die seinen nach eroberung der Schlacht 

• aufden nvni (29) Augusti nechslvergangen getchehen in 
» unsern mitbriidern der ungrischen Landschaften gam un- 
» menscblicb triben hat und noch teglicb tut (avec deua 
n gravures en bois). » On lit dans ce rapport relatirement 
a Funfkirchen : « Als sie nun wie die gehorsamen dahin 

• kommen seyn, hat aye der angezaygt Wosoha (Pascba) das 
» cbristenlioh rolk alles bey einander zerthailen, und au 

• tod schlagen lassen. » 

XIV. — Page 92. 

Solakzade\ f.* 1 06. Ali, dans sa Biographie des poetes con- 
temporains de Souleiman, f. 333; Latin*, Biographic des 
poetes tares, p. 263. Sagredo, Verdier, Ricaut, Giovjo , 
Ulloa, Knolles, ne sauraient servir de sources pour la cam* 
pagne de Hongrie ; mieux vaudrait consulter : Oratio pro- 
trepdea Cuspiniani cum description conflictus quo periit 
Rex Ludovicus et qua via Turcus Solomes ad Budam usque 
pervenerit ex Alba Grxeca; ensuite , Jo. Antonii Flaminii 
conflictus illepannonicuscum Turcis, in quo Pannonia Rex 
interiU; et enfin , Camerarii de clade accepta ad Mo-> 
gacium. 

T. V. 28 



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434 NOTES 

Journal de la troisiemc campagne de Soulciman en Hongrie. 
BaiaiUe de Mohacx, en o32 de I'hig. (i526). 

Mob d'avril (redjeb). 

23 avril (11 redjeb 9 un lundi), depart de Constantinople; 
1'armee s'arrete a Halkali binar. a4» Tschataldje. 25, elle passe 
a cote d'Indjighiz, et fait halte a Tikourlu. 26, Karli. 27, Ah- 
medbeg. 28, Khadim. 29, Ouloufedjiler. 3o, Mahmoudaga. 

MoU de mai (schaban). 

i** y Khasskcei. 2, Memak. 3, halte; l'empereur s'etabtit 
dans un serai. 4> repos- 5, diwan; l'ambassadeur moldave ap- 
porte le tribut. 6, diwao. 7, halte; le kiaya et le defterdar de 
Roumilie font envoyes en avant. 8, le Sultan passe la revue 
de 1'armee. 9, repos. 10, un soldat est decapite pour avoir 
foule la moisson pres du village de Kemal, sur la Marizza. 
n, la prairie de Tscheschme' tschairi; deux soldats, accuses 
d'avbir vole des chevaux , ont la tete tranchee. 12 , 1'armee 
s'arrete* Hissarlik, appelee aussi fiegalagi; les janissaires sont 
diriges sur Philippopolis. i3 ( i er schiban), Sazludere; le 
Saim-Taschoghli estpendu. i4» Altoun tschairi (la prairie d'or). 
i5, Khaledlu. 16 et 17, Agadj Kourousi. 18, Dermal in. 19, 
la plaine de Philippopolis) les cavaliers feudataires sont en- 
voyes a Sofia. 20, diwan; le fils d'Akhi-Tschelebi , Seifoullah, 
est nomme medecin du Sultan , avec un traitement de soixarite 
aspres par jour. 2r, le beglerbeg d' Ana to lie rejoint le camp. 
22, 1'armee arrive devant Philippopolis ; halte; le kiaya et le 
defterdar de Roumilie se mettent en marche vers Sofia , ainsi 
que les janissaires; on passe un defile : dans 1'apres-midi , la 
campagne est couvertc de grelons de la grosseur d'une noi- 
sette. 23, Souleiman en joint aux troupes d'Anatolie et de 
Roumilie de prendre la route d'Isladi. 24, Emine. 25, Tatar- 
bazari, pres du pont du Potier (Tschoelmekdji). 26, Kara- 
binar. 27, 1'armee passe par le defile de Kapoulu-Derbend , 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 43$ 

et fait haltc a Ikhtiman. 28 , elle traverse le de'file' dc Kazias- 
ker ; tongue marche. 29 , elle arrive devant Sofia , avec une 
pluie battante. 3o, halte; tousles ruisseauz debordent ct en- 
traiuent un grand nombre de tentes; l'empereur se voit oblige 
de quitter la position qu'il occupe, et de faire dresser ses tentes 
sur ^emplacement ou sc trouve cello du grand-vizir. 3i, balte; 
un juge, quatre de ses gens et trois soldats sont mis a mort. 

Mois de juia (ramazan). 

i er , diwan; quelques begs de Roumilie sont admis au baise- 
main, 2, repos; parade des begs de Roumilie. 3, pluie; Ifla- 
klar ; le grand-vizir se s£pare du Sultan et marche en avant. 
4 9 balte. 5, Karielu Karitsche, defile j deux silihdars sont 
decapites pour avoir fait paitre leurs chevaux dans les champs 
non moissonnes. 6, Binarbaschi, en face de Schehrkoei. 7, de- 
file de Schehrkoei; l'armee s'arrete dans le defile de Nissa. 
8 1 elle sort de ce defile, et vient dresser ses tentes autour 
d'un moulin, non loin des bains chauds. 9, elle arrive devant 
Nissa; les eaux de Semendra etant debordees, on prend la 
route d'Alajdja hissar, sous des torrens de pluie et de grele. 
1 o , on s'arrete sur les bords de la Morawa , pres du village 
de Despenidj; pluie. 11 (i er ramazan ) , balte. 12, l'arinle 
campe k Bairbak, dans le voisinage du defile d'Aladja hissar. 
1 3 , balte ; l'empereur cbasse. 14 , i5 et 16 , repos. 17, diwan ; 
18, on passe a Aladja hissar, et on s'avance en cdtoyant la 
Morawa jusqu'au village de Modjkowidj. 19 et 20, balte; le 
grand-vizir rejoint le camp de Souleiman, et recoit ordre de 
marcher en toute hite sur Waradin (Peterwardein). 21 et 22, 
repos; les fourrageurs tuent un grand nombre de paysans 
valaques. 23 , balte k Kozariin kizi ; la pluie et les inonda- 
tions continuent. On ap prend que les ponts viennent d'etre 
jet^s sur la Save. 24 > l'armee passe la petite riviere d'Ire, 
mais les eaux de la Morawa sont tcllement grossies, que le 
passage est impossible* a5, balte. 

u8* 



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436 . NOTES 

Marche du grand-vizir envoy 4 en avant du grot de Varmte. 

16 juin, depart d'Aladja bissar. 17, passage de la riviere 
d'lrc (D>re?). 19, Kozariin kizi; quatre jours de balte. Qua- 
tre Valaques sont empales pour avoir fait des prisonniers. a3 , 
Korsovikn bazari ; la pluie augmente les difficult de la mar- 
che. ?4 » ^ pleat jour et nuit ; Ibrabim est force* de s'arrdter, 
l'eau qui tombe par torreus entraine des tentes; deux des sol- « 
dats de Balibeg se noient. a5, Piredjik; Farmed souffre beau- 
coup de la pluie. 26, Eralia. 27, Gbourdjika; on traverse avec 
les plus gran des peines, sur des ponts, trois rivieres. 28, 
Ibrabim arrive a Baighinlu , dans le voisinage de Semendra. 
29, Hawala et Eski Hissarlik Baighinlu. 3o, Belgrade. 

Mois de juillet (schewal). 

i #r , Ibrabim-Pascba passe en revue les, troupes de Roumilie. 
2 , balte ; nouvelle revue ; les feudataires dont lYquipement 
est trouve 1 incomplet perdent leurs fiefs. 3, balte et revue. 

4, le grand-vitir fait dresser sa tente de l'autre c^t^ du Danube, 
pres de Semlm. Six Valaques pris en maraude sont executes. 

5, Tannee campe dans le voisinage de Semlin, sur les bords du 
Danube; arrived des sandjakbegs de Bosnie et de Hersek. 7, 
Bozouk kilisl (Busiklicza) ; l*4glise de ce village est dlvastle. 11 
gele dans la nuit de Kadr. 8, Slankamen, au confluent de la 
Thetss et du Danube ; Ibrabim est inform^ que le maudit moine 
Tomori s'est avance* vers Peterwardein , avec deux mille bom- 
roes, et que le roi est a Ofen. 9, balte ; arrived des glneVaux des 
akindjis. L'empereur se rend a Belgrade pour cel^brer la fete 
du Bairam. 10, balte ; la flotte turque, composee de buit cents 
bAtimens et barques, remonte le Danube; les troupes cPAna- 
tolie traversent les ponts et sYtablissent pres de 1'eglise de Bu- 
siklicta. La flotte recrit & bord les janissaires, sous le com-* 
ujandementde Mikhaloghli, d'Iskenderoghli et dYakbschibeg, 
et continue sa route. 11 (1" scbewai, un mercredi), les pages 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 437 

de i'empereur parent de l'autre cdfce 4« Denize. 12 , Tarmac 
canape au bord da Danube, dans la plaine de Peterwatdein* 
*3, Peterwardeln. t4, on rastemble des bow pour tonstnrire 
des ecbelles ;*la pluie continue ; combat (il y a quaraate~iieuf 
stations de Constantinople a Peterwardein). i5,la place est 
prise d'assaut. Baba-DjAferbeg en apporte la nonvelle a I'em- 
pereur, et recoit pour son message un present de mille ducats. 
16, le beg de Bosnie, Khosrewet Mikbalogbli Mobammed- 
begsont envojes en reconnaissance au-dela du Danube* 17, 
les soldats d'Anatolie prennent position devant la citadelle. 
j 8, repos. 19, feu continuel des batteries* 20, combat acbarne\, 
2r 9 les troupes , apres trois beures d'assaut, sont repottagees, 
avec uneperte de plus de cent cinquante bommes. 22, les egli- 
ses et les maisons de la ville sont saccagees de fond en conible; 
la garnison fait une sortie; Baltao^hli-Piribeg est surpris et 
battu ; le camp se rapprocbe de la forteresse. 23, on iiyre sans 
succes un nouvel assaiit ; soixante janissaires et sii cents sol- 
dats resteht sur la place. 24 , I'empereur envoie un renlbrt de 
mille janissaires ; le grand-vizir cbange de position. 26, l'assaut 
est ajourne\ 26, Houseln*Tscbelebi , beau*pere d'lskender- 
Tscbelebi • recoit en fief un domaine d'un revenu annual de 
soixantenlix mille aspres. 27, deux mines ouvrent une brecbe 
dans les murs de la citadelle; elk est prise d'assaut; vingt*ciuq 
bommes seulement peritsent dans la lutte. Le grand-vizir fait 
dlcapiter cinq cents soldats de la garnison ; trois cents autres 
sont emmenes en esclavage. 28, le grand-yizir s'avance, et l'em- 
pereur s'etablit sur remplacement qu'Ibrabim vient de quit- 
ter : ce dernier revient au-devant du Sultan , et fait porter 
sur des piques les tetes des soldats bongrois. Les babitans du 
cbateau-fort de Tscberouk (Cserevics) se rendent a discretion. 
29, Borgaslu kilise; le grand-yizir renyoie a Constantinople 
soixante-quatorze invalides. 3o, diwan; des recompenses sont 
distributes aux begs de l'armee. Le beg de Semendra part 
pour Zwornik avec ordre de sommer les cbAteaux-fbrts, bitis 
sur les rives de la Save, de faireleur soumission ; on reprend la 



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458 NOTES 

route d'Ofen. Yahya-Pascbaoghli est *urpris dans le votsinage 
dill ok; il reste vainqueur, et ramene trente pfisonniers et 
t rente teles. 3i, on passe a cot& da fort de Tscherouk et on 
carape sur let bords du Danube. 

Mois d'aoot (silkide). 

i #r , Illok. L'empereur defend a l'armee de saccager les vil- 
lages voisins. 2 9 balte. 3 , ordre aux voievodes de la Valachie 
et de la Moldavie de terminer leurs difterends; l'empereur rel- 
tere sa defense d'incendier les villages. 4 ? balte. La citadelle 
d'lllok est assiegee dans les regies; on ouvre les tranches et 
on dresse les batteries. 5, le siege continue. 6, l'empereur 
vient lui-meme reconnattre la citadelle. ?, vers midi,la gar- 
nison demande un delai pour capituler; le Sultan lui ac- 
corde jusqa'a la fin du jour. 8, trots infideles se pr&entent an 
camp , et trois yabyabaschis , accompagne's d'un tschaousch t 
sont admis dans la citadelle, et arrttent les bases de la capi- 
tulation. Les babitans d"Erdoed et d'Osbek sur la Drave font 
leur soumission. Douze infideles d'lllok sont rectus de kaftans. 
9 (i ar silkidl, un jeudi), le grand-vizir s'avance avec son camp ; 
l'empereur a son arrivee l'admet au baise-raain. Proclamation 
da Sultan; io, Farmed s'arr6te a Doukin, appele* le Trdne de 
la victile femme; la pluie ajoute aux difncultes de la marcbe. 
1 1 9 on passe a cote* du chateau de Szotin, sur le Danube; baltc 
-pres d'un grand monastere. 12, Yukovar. i3, le cMteau-fort 
de Bouroubouk (Morcoviza?); les bagages sont transporter 
sur les derrieres de l'armee , de peur de surprise de l'ennemi. 
14, marcbe forcee sur Essek; i5, camp sur le bord dela Drave. 
L'empereur ordonne de jeter un pont sur cette riviere, et sur- 
veille lui-m£me l'ex&ution des travaux. 16 , continuation des 
travaux. 17, la tete du pont est construite, mais les pontons ne 
sont pas encore etablis. 18, le grand-vizir se promenea cheval 
avec le Sultan, puis ils surveillent ensemble les travaux. 19, le 
pont 6tant achev£, les pascbas sont admis a l'audience da 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 43g 

grand-vizir. 20 , le grand-vizir se rend de nouveau cnez Fem- 
pereur, qui tient conseil a vec lui ; un des vo'fevodee des corps 
commandos par Yaya-Pascbaogbli Balibeg, Kourdogbli de 
Belgrade, passe le pont aveo cent cinquante des siens pour at - 
taquer les vedettes des infideles, et ramene sept prisonniers; 
il re^oit un timar d'un revenu de neuf mille aspres. 2 1 , Yabya- 
Pascbaogbli , Balibeg et Kbosrewbeg de Bosnie, passent le 
pont, ainsi que le grand-vizir et tout le reste de l'arniee* 22 , 
le grand-vizir et 1'empereur traversent la Drave. 23 , on at- 
tend les troupes d'Anatolie ; Essek est livrle aux flammes et le 
pont detruit. 24 > balte sur les bords d'un lac, pluie conti- 
nuelle. a5, balte. 26, marcbe longueet penible a travers des 
marais, des etangs. Perte d'une partie du bagage et d'un cer- 
tain nombre de betes de somme. 27, l'armee s'arrete afin d*at- 
tendre les equipages. 28, repos; Fempereur fait savoir qu'on 
livrera bataille le lendemain. Un jeune soldat est decapitl , 
pour. s'6tre avance 1 sans en avoir recii Fordre. Le vizir se rend 
k plusieurs reprises dans la tente du Sultan. 29, on dresse 
le camp dans la plaine de Mobacz (ici se trouvent les details 
de la bataille). 3o, Fempereur sort a cheval ; proclamation qui 
enjoint aux soldats de conduire devant la tente du diwan 
tous les prisonniers. 3i, Fempereur, assis sur un trdne d'or, 
recoit les bommages des vizirs et des begs 5 massacre de deux 
mille prisonniers. La pluie torabe par torrens. 

Mote de septembre (silhidje). 

i er , le defterdar de Roumilie recoit Fordre de faire inbu- 
mer les corps des infideles. 2, repos a Mobacz; vingt mille 
fantassins et quatre mille cuirassiers de Farmee bongroise sont 
ensevelis. 3 , Mobacz est livree aux flammes; Farmee traverse 
un lac avec les plus grandes difficult ; comme il n'y avait 
qu'un seul pont, a peine un quart des bdtes de somme put 
suivre Farmee. 4» ordre de massacrer tous les paysans qui 
se trouvent dans le camp ; les femmes seules sont exceptees. 



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(o NOTES 

efense aux akindjis de marauder, Des lettres de victoire 
>nt expedites pour la Roumilie, l'Anatolie, la Syne* FEigypte, 
i Diarbekr, le Kurdistan, la Moldavia et la Valachie, 5> balte 
jz trois ponts. 6, on passe par Tolis (Tolna). Halt© sur la 
ve du Danube. 7, Mianej on passe pres d'une graude ville, 
uis on carope sur les bords du Danube* 8 (i er silbidje, 
n saraedi). 9, balte. 10, Qfen. u, repos. L'empereur ins- 
ecte la forteresse ayec Ibrabiro. 19* seconde virile des licux* 
$ , l'empereur sort de la ville ; il fait jeter un pont sur le 
lanube. i4, un incendie eclate h Ofen, malgre les mesures 
rises par le Sultan. Le grand-vizir aceourt pour e'teindre le 
!u; ses efforts sont inutiles. i5, le Sultan et le grandVviair 
ont au chateau de cbasse du roi. Les canons de la forteresse 
t les statues d'airain qui ornaient le palais du roi sont trans* 
ortes par eau a Constantinople. 16, musique et festin dans le 
alais. 17, l'empereur se rend au ebiteau de cbasse du roi. 
8 (10 silbidje, premier jour du Bairam), nouveau festin; c£- 
&monie du baise-main. 19, fete dans le pare du roi. ao,le 
eg de Semendra , Khodja , et son frere Mobammedbeg , pas* 
duties premiers le pont nouvellement jete* sur le Danube, et 
ampent en lace de Tile : une partie de l'armee suit le mouve- 
icnt, eonduite par le grands-vizir, et s'arr&e a Pestb. 21, le 
massage des troupes continue ; le Sultan defend de livrer aux 
lammes le palais du roi , qu'il a bonore\ de sa presence; , et y 
tablit un poste de janissaires. 22 , le passage des troupes cont- 
inue; les juifs expulses d'Ofen sont diriges sur Constanti- 
lople. Les Hongrois rem p la cent les janissaires dans la garde 
lu palais. 23, le pont se rompt pendant la nuit en trqis par- 
ies, dont deux sont englouties. L'arriere-garde de l'armee > 
ous les ordres dc Mtkhalogblibeg , de "Kbosrewbeg et d'O- 
narbeg, traverse le fleuve sur des barques. 24, on aqnonce 
e depart pour le lendemain* 25 , l'armee , en marche des le 
natiu % s*arr£te a trois milles de la ville, , et non loin du Da- 
nube. 26, l'armee file entre des lacs et de magnifiques prairies, 
it va camper quatre lieues et deraie plus loin. La station n'of- 



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ET ECLA1RCISSEMENS. 44 1 

fran* aueune source d'eau potable, un grand nombre de che- 
vaux perissent. 37, manque d'eau et de vivres; le kilo d'orge 
se vend jusqu'a cent vingt aspres (deux ducats deux cinquiemes) ; 
le kilo de farine se-vend jusqu'a deux cents aspres (quatre du- 
cats)* La pluie tombe en uboadance 9 et la mortaUte continue 
parmi ies chevaux. 28, apres une marche forcee, l'armee arrive 
a S*egedin, sur les bords de la Theiss. Les habifans de la ville 
s'etaient eiofuis sur Fautre rive ; on fait cepeudant beaucoup de 
buftin , et un grand nombre de prisonniers. L'empereur arrive 
a Bate (sur la Mosz tony a?) ; le bourg est emporte d'assaut, liVre 
au pillage et incendie 5 le grand-vizir rec,oit einquante mille 
nuratons pour $a part du butin, et le defterdar vingt milk. 3o, 
Farmee dresse son camp sur la Theiss, en face de Siegedin. 

Mob d'octobre (moharrem). 

i« r , balte pres d'un petit ch&teau sur la Theiss. 2, devant , 
Titef* On revolt la nouvelle que Deli Radisch a fait une cen- 
taine de prisonniers sur les derrieres de Fairmee; aussitot Khos- 
reirbeg est envoye a Farriere-garde ; le maudit palatin N6dor 
Isp&ny harcelle egaleraent Parmee. On amene plusieurs pri- 
sonniers. Marche de trois lieues. 3 , on fait trois lieues et 
demie, et on arrive devant Peterwardein au pied du mont 
Frasca? des la veille, un pont avait ete commence par Favant- 
garde. 4> proclamation qui enjoint a tons les sol&ts de payer 
le pendjik (taxe des esclaves) , sous peine de se voir enlever 
leurs prisonniers. 5 , on apporte du bois pour continuer les 
travaux du pont. L'empereur arrive devant une place (Badjna 
Bacsania? Becse?) fortement retranchee, et s'en empare apre& 
une lutte acharnee ou perirent Faga des janissaires, Schedjaa, 
le tsehaousch des janissaires , le samsoundji-baschi et quel- 
ques yahyabaschis; plusieurs aga&sont blesses dans ce combat,, 
et un grand nombre de sipahis tues. 6, balte. Le kiaya et le 
defterdar commencent la revue des troupes. 7, arrivee de l'em- 
pereur, qui d'Ofen avait gagn6 Peterwardein en onze ftapesp 



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44* NOTES 

il s'etait arrete un jour k. Becsne, et deux vis-a-vis de Peters 
vtrdein; en tout quatorze jours de marcbe. Le kapidji-baschi 
Mohammed est nomme aga des janissaires ; les travaux du pont 
a'avancent avec rapidite. 8 ( i er moharrem), le pont etant acheve, 
use partie de l'annee traverse le fleuve ; le reste est passe en re- 
vue. 9, rempereur passe le pont ; a la nouvelle d'une revoke dans 
Fltschil (Cilicie), le beglerbeg d'Anatolie recoit ordre do par- 
ti r. io, rempereur carape pres de Slankamen; Ibrahim envoie 
des garnisons a Wardeln et Illok. 1 1 } 1'armee passe a Bosouk- 
kilise\ 1 2, Belgrade. i3, Eski-Hissarlik. i4 et i5, Semendra; 
1'armee dresse son camp a Latscbitschi ; marcbe forced. On 
jette un pont a Kowilodj, sur la Morawa; l'empercur traverse 
le* pont avec toute son armee , et arrive dans l'apres-midi k 
Kowilodj. i6,Sopoiyitsch£; marcbe tres-longue. 17, Parakin. 
18 ,' 1'armee campe en-deca de Nissa, qu'elle n'a pu atteindre 
a cause des difficultes de la route. 19, elle va camper au-dela 
de cette ville, pres des bains chauds? a Ventre du defile. 20, on 
entre dans le d£fil6 de Nissa, et on s'arrete dans les montagnes ; 
le tscbaousch Yarali-Housem , arrive de Constantinople , con- 
tinue la nouvelle de l'insurrection dans l'ltschiL ai, 1'armee, 
passe pres de Scbebrkeel, et s'arrfcte a Kadidj , a Fentree du 
defile, aa , a3 , halte. 24 * elle campe a Sofia. a5, 26, 27, a8 et 
29,sejour dans cette ville. 3o, rempereur passe le pont de, 
Philippopolis j et s'arrete pres du village de Kadindje, sur lc% 
bordsdela petite riviere d'lstanmaca, suivi du grand -vizir. 
3i, halte, 

Mois de novembre. 

i er et a , Tempereur entre dans Andrinople et descend au 
serai imperial ; apres un repos de buit jours , il se remet en 
route le 9 novembre (3 safer, un vendredi); trois jours apres f 
le it novembre, il nomme grand-ecuyer de sa raaison lesil- 
ihdar Rouatem-Aga, 1 3 , Souleiman fait son entree a Constati - 
tinople. 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 445 

XV. — Page 97. 

Tscbiplak, Tscbirlak, Quscbak, Torlak , c'est-a-dire des 
paysans on desmoines nus etdeguenillea.il estplusieurs fois 
question des Torlaques dans les«anciens auteurs europeens qui 
ont ecrft l'histoire des Ottomans , tels que Gipvio et Menavino. 
Boissard (fitastt icones SuUarwmm, p. g5) donne m£me le 
portrait de Torlaces Dervisiua. Uhistorien DjelalzacUt assist* 
comme secretaire k ce diwan dont il redigea le protocole , 
f. 11& 

XVI. — Page io3. 

Ali, dans la liste des begs de Souleiman, f. 29$, nous a 
laisse beaucoup de details, sur ce Kbosrewbeg, qui administra 
la Bosni.e pendant trente ans; et il raconte l'investiture de 
Afourad dans le sandjak de Knin. 

XVII. — Page 107. 

Gette indication prouve que le ducat valait alors 5o aspres ; 
car 28 sumnu* argenti font 2,800,000 aspres, le yuk (summa) 
etant do 100,000 aspres. 

XVIII. — Page no. 

Voici le nom de vingt-quatre de ces villes : Belgrad , Sa- 
bacz, Slankamen, Wardein, Illok, Serend, Atzia, Vednek, 
Kruppa, Yaitze, Zwetzy, Banyalouka, Semlin, On ova, Irek, 
Zenzenetb, Petscbe, Qrsowa, Nihaldi, Scardona, Udbine, 
Szegedin , Novigrad et Zadwin . 

XIX. — Page ii3. 

Djelalzade, f. 124 a 127; la fin de cet ecrit remplit pres- 
, que tout un tiers du diplome , dont le commencement four- 
inille de citations et de proverbes arabes, tels que ceu^-ci : 



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Ml NOTES 

Touti el mulk men tescha, c'est-a-dire, « Dieu donne l'empire 
a qui il vent. » Ma yeftahallah lin-nasi mm rahmetin fe la 
moumsikoun lehou, c'est-a-dire , « ce que Dieu rtpand de 
mislricorde sur les bommes ne saurait etre imit£ par per- 
sonne. » Yekhtass hi rahmetihi men yeschd, c'est-a-dire , «« il. 
distingue par ga mis£rioorde qui il vent. » JVe refaanahou me- 
kanen aatien, c'est-a-dire, « et nous Parous eHeve* 4 une place 
sublime. • Refaana laazik&mfecoki baazin deredjatin, c'est-a- 
dire, « et nous avons eleve* quelques-uns de quelques degres 
au-dessus de quelques a litres. » El hamdou littahi eUezi kedelna- 
hou U haza, c'est-a-dire, « Dieu soit loui, qui nous a fait ce 
don. » In allahou yehabb maali-e humour 6, c'est-a-dire, « Dieu 
aime les grandes actions* • We lakad Utafalnahou fid dUnya, 
c'est-a-dire , « nous 1'avons choisi dans ce monde. • We ma 
minna ilia makamoun maaUmmoum\ c'est-a-dire, • c'est de 
nous seul que vient cette place bien eonnue. » Essubikoune' 
essabikotlnd, c'est-a-dire, « ceux qui se bAtent arrivent les 
premiers. » Iza iradoaUahou bi melekin khairen djaaU lehou 
tveziren salihen iza nesa ezkerehou a>e iza ezkerehou aanehou M 
c'est-a-dire, « lorsque Dieu veut du bien a un roi, il lui donne 
un vizir loyal qui lui rappelle ses devoirs quand le roi les ou- 
blie , et qui lui prSte assistance quand il les remplit. • 

XX. — Page 116. 

Soulelman n'ajant paru que le 3 septembre devaat Ofen, et 
oette ville ne s'ltant rendue que le 8, il est dair que les bisto- 
riena bongreis et autricbiens feat erreur lorsqu'ils fiient au 
3$ aout l'occupation de la place; ils se tron>pent encore lors- 
qu'ils prltendent que ce jour a £te signals par toutes les vic- 
toires que Soulelman a successivement remportees , et qu'ils 
veulent rapporter a la meme date la prise de Rbodes, qui eut 
lieu le i5 decembre. Le journal de Soulelman detruit tous les 
doutes qui pourraient encore exister sur les dates de ses 
victoires. 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 4{5 

XXI.— Page it8. 

Pessel (dans Lewenklau, p. %6o > Francfort , i595)et La- 
bach ; le premier e* tait b£raut , le second secretaire de guerre 
de Ferdinand, tons deux tlmoins oculaires du si£ge, ainai que 
Didaco Serava^ son gouverneur des pages, Ribischi, son juris- 
consult*, Meldeman de Nuremberg et de Leyhe. Le Rapport 
de Didaco et celui de Lejhe sont imprimis, le premier dans 
Schardius, Reusner et Wagner, le second dans les Pieces rela- 
tives i la diplomatic servant a Fdtude du droit allemand. Leip- 
sik, 1717. Nous avons suivi de preference, pour cette par tie 
de Fhistoire, les six auteurs dont voici les noms ; Istuanfi, 
Jo?ius 9 Velius, Stella, Soiterus a Vinda, Roccoles etUlicn. 
Parmi les historiens ottomans , nul n'est aussi eomplet et 
aussi fidele que 1'auteur du Journal de Souleiroan; Melde- 
man , outre la description du siege , donne un plan d^taille 
de la ville et du camp des Turcs, dans l'ouvrage aussi rare que 
precieux dont voici le titre : Kurzer Bericht uber die recht a>ah- 
rhaftig Contrafactur turkischer Betagerung der Stat JVien, ivie 
dieselbig anzusehen nnd versteen sey, arelche zu rhum, prejrss, lob 
un eer ganizem Rosmischen Folk, gemeyner RitterscKaft und 
insonderheyt einem erbarn Rath der St alt Nurenberg durch Ni- 
kolaus Meldeman yetzt verfertigt, getruckt und aussgangen ist. 

• 

Journal de la quatrieme campagne de Souleiman contre 

Vienne, a35 (t5a9). 

Mois de mai (ramazan). 

10 (lundi % ramazan) , depart de Constantinople, camp k 
Halkali binar. if, TschataMjt; le corps dea soUks recott 
un present de trente mille aspres; le fib du beg franc de 6a* 
lata (Gritti) recoit du Sultan un prH de trente mille ducats et 
de troi* cent mille aspres. 12 et i3 , pluie battante; grand 
froid; halte. i4t l'trinee arrive a jKaba Sakal, pres d'lndjighiz. 
i5, Hediklu. 16, Karli. Lc kapidji+basehi Mohammed recoit 



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446 M>T£S 

un present de six cents ducats, pour avoir dress£ le trdne de 
Tempcreur au-dessus d'une masse d'eau. 17, village d' Ahmed- 
beg; les tschaschneghirs, les tnoute/errikas et les agas prennent 
les devans ; les nischandjis, les kadiaskers et les defterdars mar- 
chent devant la queue de cbeval du Sultan. 18, ne pouvant 
atteindre Ouloufedjilerkoei, Farmee s'arr£te k HamzakoeT. 19, 
Kbasskbei; longue marche. 20, Andrinople. 21 et 22, haltc. 
23, dhvan. 24 et 25, balte; arrivee du beglerbeg d'Anatolie 
Bebram-Pascba. 26, le juge et le kbatib de Kizilaghadji Yeni- 
dj^ sont pendus pour avoir de'tourne de l'argent. 27, balte, 
diwan; Bebram-Pascba est admis au baise-main. 28, balte. 
29 , marcbe au milieu d'une pluie battante. 3o , deux jour- 
neys de marcbe en une seule; on campe dans la plaine de 
Tschermen. 3i, Beg Olabi. 

Mois de juin (sehewal). 

• 

i er , Sazludere\ 2, Keklik. 3, prairie de Khaledlu. 4» Da- 
gowidja; tres- longue marcbe. 5 , Philippopolis. 6 et 7, balte , 
pluie. 8 (mardi, i ,r sehewal), balte ; Ayas-Pascha, Kasimbeg, 
le beglerbeg d'Anatolie Bebram , le kadiasker Kadri-Tscbe- 
lebi , le nischandji et le defterdar du Sultan sont invites a un 
festin dans la tente du grand-vizir, a l'occasion de la ftte du 
Bairam. 9, pluie. io, 11, balte; les eaux de la Marizza s'ele- 
vent au-dessus du pont; des bommes et des cbevaux sont 
noyes ; un grand nombre de soldats passent deux jours et deux 
nuits sur les arbres ou ils &aient months pour echapper a l'i- 
nondation. 12 et i3 , balte. i4> Farmee se remet en marcbe. 
i5 t elle campe pre* de Kouroutschal, au-delk de Philippopo- 
lis. 16, Karabinar. 17, Manendler. 18 f Ikbtiman. 19, Kara- 
mankesi. 20, Sofia* 21 , 22 1 a3 et 24, balte, pluie. 25, la 
tente du Sultan est envoyee en avant. 26) on arrive presd'lfla- 
klarkoei, village habite par des Valaques ; le grand-vizir prend 
les devans. 27, Varmee campe en-deck du d^fild de Karielu 
Karidje ; Ibrahim arrive sur les bbrds de la Soukova (Succi ?)* 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 447 

*8, it campe aux environs du village d'Oazour, vis-a-vis 
Scbebrkcef. 29* prfcs des bains cbauda de Nissa. 3o, il passe le 
defile de ScbebrkoeS et arrive sous les mors de Nissa. 

Mois de juillet (silkide). 

i» r , Nissa. 2 , Werludere. 3, Aladjahissar. 4> balte. 5, Far- 
mee campe devant Scrloudj a Fentree du dlfiU. 6 , passage de 
PIr6. 7 (mercredi i #r silkide) et 8 , on campe sur ies bords de 
la Morawa. 9, Banitdjen£; le grand-vizir dresse ses tentes dans 
le voisinage de Kourscbowidja Bazari, pres de Lipanidja et 
Erlanik. Du 10 au i3, balte. 14, Farmee vient camper a 
Kourscboviza Bazari; le grand-vizir pres d'Ak Kilise. i5, 
Fempereur arrive a Baldjik ; le grand-vizir a tin village plus 
eloigned 16, Fempereur a Ak Kilise, le grand-vizir a Hissar~ 
lik. 17, Fempereur a Belgrade, le grand-vizir a Hawala. 18 , 
balte de Farmee en Sjrmie ; le grand-vizir a Semlin. 19, balte. 
20) Eski Hissarlik; execution d'un sipabi accuse d'avoir fait 
paltre son cbeval dans les cbamps ensemences. a 1 , le Sultan 
arrive pres de Hawala ; le grand-vizir laisse reposer les troupes. 
22, l'arm6eatteint Semlin. 23, diwan. 24, balte; les troupes 
d'Anatolie se reunissent a Farmee. 25, balte; le grand-vizir 
reprend sa marcbe. 26 , Rouitscbe (probablement Obriescb). 
27, deux marcbes en un seul jour; Sabacz. 28, Barca (peut- 
etre Jarak), sur la Save. 29 , on va camper au-dela de Mitro- 
viz. L'empereur recoit du Diarbekr la nouvelle que le scbab 
Tahmasp a fait perir Soulfikar, a Bagdad. 3o , Loradolokdja ; 
longue marcbe. Le cbAteau-fort de Marovicb fait sa soumis- 
sion. 3i t camp pres de Vukovar; pluie continuelle. 

Mois tfaoat (aUhidje). 

i #r , 2 et 3, balte ; le Sultan fait construire plusieurs ponts. 
4, oh campe a Lorab. 5, Farmee arrive sur les bords de la 
Drave, pres d"Essek. 6 (vendredi i* r silhidje), Morescb. A cet 



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W NOTES 

cndroit, il est impossible de jeter an pont sur la Drive, a cause 
du dtbordemeot des eaux; 6* est oblige de remonter la ri- 
viere pendant to ate one jouvnee de raarebe* f 9 le' grand-vizir 
reste sous les murs d*Essek ; ordre de combler leg marais avec 
des fascines poor le passage de Farmee , et defense d'incendier 
les villages ou de faire des esclaves. 8 , balte. 9, les marais sont 
combUs 5 les infideles font glusieur* prisonniers. 10 9 an pont 
est jct4 sur la Dravej les troupes s'y presenteat avec une telle 
precipitation > qu'un grand n ombre de betes de semmep^ 
rissent dans la riviere* 1 1 , Pertpereur reste en-de^a da p#nt. 
Grandes difficult** pour le passage de Farmee. 12, Fempezeur 
fait dresser sa tente a la* tete du pont. *3 , il passe sur Fautre 
bord. i4 9 bake; passage des troupes d'Anatoh'ej pluie. i5 et 
16) balte; ouragan, neuf homines tuts par la foudre* Toutes 
les troupes ay ant passe la Drave, le Sultan fait couper le pout. 
Plusieurs begs bongrois viehnent presenter leur bommage; 
le passage avait dure 1 six jours. t*] f le Sultan arme.devant le 
fort de Baranyav&r* prea de Mabas jordi, sur les bords d'un 
lac. 16, Mobaoz; le grand-vizir se pcrte avec uifo escorte de 
plus de cinq cents homines a la rertoontre An roi Zapely3 r 
19, balte ; le rbi est admis a Faudience d«t Sultan, ao, Farmee 
vampe devant Sik (probableraent Bfttaszek, pre* de Kcavesd), 
a Kestoudje ; Farmee evite, par un long detour* le marais qu'elle 
avait traverse dans la campagne p'reoe'dente. Orage. Koudjouk- 
Balibeg, beg deZwornik, est envoy* avec cidq cents cavaliers 
nupres d'un de* begs hongrbid , pour ramener Jtu camp' Pierre 
* Pereny, gardien de la couronne de Hdngrie, et que ceUri-ei 
avait fait prisonnier. ai> balte* On attend Terrive'e de la flot- 
tille, cbargee de provisions et de vivres. $2 et a3, les iniideles 
font prisonniers un grand nombre de maraudeurs. 24? hahe; 
pluie. 25, le grand-vizir passe la riviere de Sougsar ; le Sultan 
.s'arrete sur les bords de cette riviere. 26, Soulefman passe 
ies quatve ponts- Stable sur la riviere d« Sugaar (Ssegzard) et 
s'arrete devant Soegcardv 27, il eutre dans Szegzard. a8, le 
gra*d*vizir sc rcmet en marcbe. $9, on s'arretp a Binitli, sufr 



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ET ECLAIRCISSEMENS. ,ffo 

le De**be, aprei une marcbe difficile a travers ks ravins. 3o , 
Beachnow(Beeuyet), sur le Danube. 3i, Colavar, sur le Da- 
nube; le nouveno dipldme par kquel Ibrahim est aomm£ se* 
rasker est In dans k diwan. . 

Mob de septembre (moh&rrem). 

i er , Ab Haloum, sur le Danube, am milieu de ntarais. %\ 
Sat Djaloum (Szusbalom); trois infideks, parmi ksquels le 
fib dm despote , vienment- baiser la main du Sultan ; on ac- 
quiert la certitude qu'Ofen refoser* de se rendre. 3 , 1'empe- 
reur caropt dan* leg vignes d'Ofen ; les babitans de la viHe 
sont deckrts vebelks* 4 j l'enipereur reconnatt les fortifica- 
tions ; lui et tons ceux qui ferment son escorte portent , au 
lieu de turban, un bonnet de zibeline; einquante rnfideks 
passent du edte des Tares. 5 (dimonche i« mobarrem), le vf- 
tir monte aur une barque , et fait le tour du fort. On cramt 
une soetie de ft'ennemi. 6, le vizir et ses officiers, coifles du 
takUy ou bonnet railitaire, font une nouvelk reconnaissance. 
7, une des portes de la forteressse est prise. &, on livre un as- 
saut, bien que la breehe ne sok pas encore praticable ; les in- 
fideles capkuknt. Les janissaires reclament une gratification j 
emeute dans laquelle ils blessent a coups de pierre le segban- 
baseki et quckraes a litres officiers. 9, on Tend au camp un grand 
nombre de prisonniers. io> les soldats saisissent les prisonniers 
alkmands au moment ou ils sortent de la vilk ; le plus grand 
nombre est massaare ; quelques-uns seulement parviennent a* 
s'ecbapper , et a gagner k eatnpagne a toute bride. Le vizir 
leve son camp. Marcbe" des esclaves. Halte au vieux Ofen. 
Kbosrewbeg est laisse dans Ofen avec einquante janissaires. 
i3, 1'empereur cbasse. i4> k segbanbascbi installc le roi Ya- 
nouscb j pluie; distribution de veteraens d'boaneur. Yanousch 
fait au segbanbascbi un present de deux milk ducat*, et de 
milk a la troupe des janissaires* i5 > rempereur teste; le vizir 
s,e rend a Gran; il entre dans un defile apres une marcbe de, 
t. v. 29 



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45o NOTES 

troislieues el demie. 16, ilpatse a Nova Silou (probabfement 
Neudorf ou Novoszello) ; le beg de -SemeDdra envoie an camp 
plusieurs prisonniers; le Sultan recoit la nenvelle que lea infi- 
deles quittent Vienne. 17, on passe un pout pres de ftoinora. 
18, cli&teau-fort de Parakan. Yaya-Pascba envoie des pri- 
sonniers. 19, Gycer (Raab); on passe devant la ville. Moham- 
medbeg empecbe l'ennemi d'incendier le pont. 20, l'empereur 
passe le pont de^Gycer, le vizir celui jete sur l'Aksou. 21, cha- 
teau dlstergrad (Presbourg); marcbe difficile; les infidelcs 
harcellent i'armee par un feu continu. 22, i'armee passe trois 
rivieres et traverse de nombreux marais ; d'AUenbourg (Ovar) 
on arrive sur la frontiere de Hongrie. L'armee entre«ur le ler- 
ritoire allemand ou elle trouve des vivres en abondancc. 23 , 
elle s'avance a deux lieues au-dela dlstergrad ; revue. L'empe- 
reur se met en colere centre les alaibegs dont les cadres sont in- 
' complete 2^ Bourouck (Brack). Yaya-Pascbaogbli est envoye 
en reconnaissance vers la ville de Vienne • Escarmouche avec 
la grosse cavalerie des AUemands devant les murs ; envoi au 
camp de quelques teles de soldats cbretiens. a5, Brack; on 
traverse de petites rivieres v anniversaire du depart d'Ofen, 
apres la campagoe de Mohacz. 26, le Sultan -s'arreie; le vizir 
prend le cbemin de Vienne. 17, l'empereur se met en mar- 
cbe et arrive devant la ville. II pleut pendant toute la nutt. 
28) sortie de la garnison de Vienne ; un tscbaoucb, deux yaya- 
bascbis et quelques janissaires sont tues. 29, repos; les inn- 
deles font une sortie, mais ils se retirent aussitdt que la cavalerie 
monte en selle. 3o, pluie froide et vent. Le boulouk>baschi 
Perwanebeg monte a l'assaut avec ses troupes. 

Mois d'octobre (safer). 

1**, le vizir se rend avec Kasim-Pascha et tous les agas cbez 
rempereur. 2 , Mobammed , beg de Semendra, repousse une 
sortie -des assieges; il leur lue trenle bommes, et en fait dix 
prisonniers. 3, plusieurs janissaires sont blesses dans le fosse ; 



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ET ECLAIRClSSEMENS. 45t 

le soubaschi Kasimbeg reste sur la place. 4> vivc canoiinade 
des ass&ges; un boulet tombe dans la cuisine du kiaya de 
Roumilie. 5 (mardi, i er s&fer), les begs de Semendra ct de 
Bosnie recoivent l'ordre de miner les murs, et les troupes 
d'Anatolie sont occupies & combler les losses avec des fas- 
cines.. Arschik (Simon Litteratus Athinai), le plus savant parmi 
les begs des infideles, vient rendre hommage a Fempereur. 
6, sortie des assies; einq cents bommes sont tues, au nom- 
bre .desquels Falaibeg de Gustendil. 7, les travaux des mi- 
neurs et la canonnade continuent; on apprend que tous les 
grands du royaume se trouvent reunis dans la forteresse. 8-, 
arrivee au camp de plusieurs transfuges; les pascbas et les agas 
restent toute la nuit sur pied , de peur d'une surprise, g , on 
fait jouer deux mines; assaut inutile aux deux brecbes; lutte 
opinidtre, surtout du cdte* du pascba de Semendra. 10 , le vi- 
zir se presente devant Fempereur; au sortir de l'audience, tous 
les agas Faccompagnent. L'ennemi eVente deux autres mines. 
1 1 , on fait jouer une mine ; mais la brecbe n'offrant pas assez 
de Iargeur, les begs d'Yanina et d'Awlona montent seuls a Fas- 
saut. 12, deux nouvelles mines ouvrent de grandes brecbes'; 
conseil des begs de Roumilie dans la tente du vizir; le froid et 
le manque de nourriture se faisant de plus en plus sentir, la 
retraite est decidee ; mais on s'appr£te a tenter avant le depart 
un dernier effort. L'empereur pro met une gratification de mille 
aspres a cbaque janissaire. i3, Fassaut est annonc£; Fempe- 
reur inspecte les brecbes. 14 > jeu des mines et nouvelles bre- 
cbes. Diwan; assaut infructueux; les ordres sont donned pour 
retourner a Constantinople. i5 , les assies font une sortie du 
cdt£ du pascba de Semendra. On transporte Fartilleriea bord 
de la flottille ; les coureurs ramenent au camp un grand nom- 
bre de prisonniers ; les janissaires recoivent la gratification pro- 
mise; 16, depart de Vienne. Diwan; baise-main; distribution 
de recompenses et de faveurs; un be>aut est depute* par la 
garnison , et demande qu'on epargne les prisonniers; ils sont 
rendusala liberty. Pour rcconnaitre ce proc6d£, les infideles 

2 9* 



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52 BOTES 

envoiept au camp trois Musulmans qu'ils avaient gardes dans 
jurs murs. 17, Tarmee arrive a Brack; neige. 18, on passe let 
rois ponts pres d' AHenbourg ; une quantite de bagages asset 
onsid^ra^le , et upc partie des equipages d'artillerie , sont 
erdua daps leg marajs. 19, grand embarras pour le passage 
u Panube. La neige continue a tomber. 20, Fempereur passe 
eux ppnts; il s'airetc pres de Gy«r. 21, le passage de deux 
utresponts oflfte de nouvelles difficultes. lie vizir fait embar~ 
[per a Altenbourg ce qui resjte d'artillerie , et met le feu au* 
bariots. 22 , )'arra£e vient camper devant Komorn , sur leg 
ords d^u lac , apres une rearche penible. a3, on laisse de 
6ti Tata, 'sur le Danube; ou dresse le camp le long du ri- 
age. Aucun 4<?s ajstfbegs ne s'etant presente cbes Pempereur, 
I en fait arrf ter trente, post les pupir de cttte negligence. 
4, Tarmee campe dans up defile entre Gran et Ofen. 2S, le roi 
fanouscb &£ porte 4 1* repcontre du Sultan ; les troupes d' Ana- 
olie passant Je, pont jusque vers minuit* 26, la tente de l'euv 
►ereur es\ dresse> stir Vautre rive du Danube. 27, il passe le 
tost d'Qfen,, et carape en face de Pestb; derriere luiest l'armle 
le Roumilie ; pn distribue uu kilo de ferine et d'orge a cbaque 
oida,t de la cavalerie reguliere (boulouk). 28 , le roi vient eom- 
dimenter IVmpereur sur le succes de sa eampagne; depart 
I'Qfep. Camp a BaU>a, L'ahsence des conducteurs jette la con- 
tusion dansj les troupes,, persoune ne peut rettouver sa tente. 
Le fils du ffpgfc de Venise (Gritti) reeoit qn present de deux 
nijle duPftts* 2 9> l e beglerbeg de Roumilie quitte le comman- 
lemept de l'arri$re-gJirde, et le transreet au begterbeg d'Ana~ 
olie. 3o, ce jour encore l'armee perd beaucoup de bagages, 
sntre autres ceux du grapd-vizir. Le grand-vizir reunit les 
begs, a cbevaj, et leur piontre la couronne de Hongrie, qu'ou 
^enait d'appprter au camp. Six milk bommes sont prives de 
>olde , en punitipn du (J&Ofdre qui regne dans les bagages. 
L'empereur s'ctptyit k Nascb sur le Danube. Gritti, Pierre Pc- 
rony ct Arschi^ ( Athinai) sopt cnvoyes a Ofen, pour mettre la 
couronne sur la tete d'Yanouscb. 3i, le Sultan carope sur le 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 453 

berd d'un.lac, prea du village d'Aktoi. C'est la settlement que 
soot amenee* d'Ofent les grosses pieces d'artillerie. 

Mois de toovembfe (rebioal-ewwel). 

i°*,Sangiorgy (Szeut-Gitiergy). On abandonee au milieu des 
ruarais uo bombre considerable de cbevatik ; beducftup d'boin- 
mes pertssent. L'empereut entre eh colere contre le tscbaouscb- 
bascM et le tScbascbiiegbir-bascbi, et Wduit leurs fiefs a cinq 
mille aspres? blaucdtlp de solddts metirent de faim. a, l'armle 
campeau lieu mdme ou l'aga des janissaires, Kasim, avait £t£ 
tue\ 3 (raercredi, i^rebioul-eVwel), iriarcbe forced. On perd 
encore des be*tes de sofflime ; le kilo d'drge se vend jtiscju'a cent 
soiiante-dfc aspres* 4>ftirme , e campe pres du cbaUfeau de Bacs. 
5) Waradin; niarcbe forcec; 1st mbrtalite continue parmi les 
cbevaux. 6> l'empereut passe le* pdnt pres de PeterwardeTn. 
Le grand -vklr fait la* revue des tfoiipes. On perd encore une 
grande quantite* de baggages en tr&versant le Danube. •), balte, 
et nouvelle revtie. 8, 1'empereur entre dans Petertfardein. 
9, camp sur les bords du fleuve, pi*es d'une vieille £glise. 
io, arrived if Belgrade; Faga des janissaires reeoit Factorisa- 
tion de partir. i r, bait*; on attend que 1 les tracvaux de con- 
structien d'ttft pout stir la Mora**, pred <fc Kowildd), soient 
acbev<k. Diirao; 1'empereur permet aut begs de retdurrier 
dans leurs foyers, lay on passe a Eski Hissarlik; la pluie 
tomb* ittree force; le tschascbtfegbir-bascbi Schedjaa est rela- 
-Mi dans le grade d*aga. i3, arrive a Sefetendra. 14 et 1$, 
Farmed totitinue *a marebej le Sultari s'Jirrtfe <&ns fa ville. 
10 ? Sepodidjtf; ndge abondantc. i-j, Scbouilek. iS, GBar- 
metowidj. 19 et 20, Nissa. 11 > htfhe. 22 , depart de rfcssa } on 
campe dans le defile. *3* Sdubatttr. *4, Scbebrktti, 35, Ka- 
louteoe. *6, Iflaklar. 47, Sofia. a8, Orifianltt. 2$ , Mflmito: 
3o, Akindji. 

Mob de decembre (rebioul-akhir). 
i er , Togbandji. 2, Philippopolis. 3(vendredi, t cr rebieui* 



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454 NOTES 

akhir), Kounisch ; l'aga des janissaires et ie mir-aalem arrivenl 
a Constantinople. 4 > Semuzdj£. 5 , Yenidsch£; Ayas-Pascfca 
vient de Constantinople a la rencontre da Sultan. 6, pluie; 
l'armee arrive a Andrinople. 7, halte; Kasim-Pascha arrive a 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 455 

faufftn, begeben und zugetragen hat von Tag zu Tag klarlich 
ungezeigt und vcrfasst.Des Turckischen Keysets Herzug 9 ayie 
er von Constantinopel mit oiler RUstung zu Ross und Fuss, 
zu utasser und land gen kriechische Vozssenburg kummen und 
Jurterjur die kotniglichen stat Ofen jrn Ungarn und Wyen jn 
OEsterreich gezogen> die belegert und gesturmt mit angehenkter 
ermanung. der grausamen Tyrannejr wjrder christliche nation. Get 
ouvrage est. orn£ d'une gravure sur bob representant Charles- 
Quint et Souleiman. — > Em neues Lied in cvtlchem auss augs- 
burg , denen so von anfang mit und dabey geayesen die gantz 
HandUmg der Turken in Ungarn und OEsterreich nemlich die 
Belagerung der Stat Wyen begriffen Lit, im Thon: Gott in 
Deinem hachsten Thron. — Le rapport de Didacus: De Vienna 
Austria urbis obsidione a Solymano Turcarum imperatore sus- 
cepta, se trouve dans Scbardius et Reusner, Syndromus, p. 5i; 
et en allemand dans Wagner, Turkenbuchlein, p. 3i3; Voy. 
enfin Ribischi : De re turcica ad Vienna Austria HenriciRibi- 
schi Jurisconsulti Serenissimi Ferdinandi Hung, Bohem. regis 
et per Silesiam quastoris ararii, epistola. historiaUs ad clar. 
virum Henritum Stromerum; Lipisia i53o. Le manuscrit que 
possede la Bibliotheque imperiale-royale d'Autricbe , et que 
cite Kovacbich dans les Script. Min. , se compose de deux 
feuilles settlement, mais la description de Pessel est augmentee 
du Journal d'un inconnu (n° 714)- 

XXII. — Page i3*. 

Histoire de la Milice dans VAutriche au-dessus de FEnns, 
par Francois Kurz, Linz 181 1, t. I, p. 90; cependant ils ne 
paraissent pas avoir penetre dans la ville, car les annales de 
la Styrie ne font mention' d'aueune invasion dans la Haute- 
Marche. Le recit que fait Julius Caesar, dans son Histoire poli- 
tique et.eccUsiasuque, t. \'I1, p. 38; Graetz 1788, et Valva- * 
aor, t. IV, p. 4^7, du siege de Voessenbourg et du combat livre 
par Sigismond Weixelberger dans les cb amps de Leibnitz, 



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456 NOTES 

doit mkessairement se rapporter a l'incurston ordonnee pat 
Souleiman lors do si^ge de Guns, qui eut lieu trots ana plus 
lard. Sigismpnd Weixelberger, qui tc trouvait au siege de 
Vienne, ne pouvait pas entrer en meme temps dans la Caxniok 
a la tdte des troupes envoyles au seeours de cette province. 
L'lpiiapbo qa'oa tit sur ie mur de la paroist* de ftbeiacb, 
dans le district de Seiten-Stetten , conttent la mtmeenreur; 
car elie place cette incursion en i'annee &5o8 an lieu de t5*o> 
( Voyez Archive* pour ? Histoid, I* Statutist* #i fo irfrtr, 
annie i&2j r i8a§ et 1829.) 

XXIIL— Page i34. 

La couronue bongroise ne fut dope pas, comme l'assurent 
les historiens du pays, remise a Zapolya dans le cbAteau royal 
d'Ofen; mais Souleiman la tui envoya de son camp &abli a 
don* stations en deasous de cette ville, Le di'plome ckeaar 
Fessler sur 4a foi de TjpoUyo est *poerypke; car, sanss'arrlaer 
a l'&range ortbograpbe des noma d'Ebrobeckiz;. Urur, Oercaa 
et Aligido, qui figurcnt en tote de ce diplome oil lies de 
Ehoubekr, Omar, Oman et Ali , U est abswrde d'admettre 
qu'un sultan ottoman, et surtout un souverain comme Sou- 
iegimjin, ait jamais pn dire ces mots : * Si Demanerem sohis wl 
» uno cum saltern fiosormano,(Musulmaji) vocata sire cum 
» duobus, tribus aut ad summum quatuor personis, ut saltern 
» cum ictu obliger et tenear te requirere et perquirere tibique 
» ea dieam : Hie adsum ego paratus , quid me vehs , praesto 
» sum ad omnia ! » Croire « l'autbenttcite* de ce document , 
e'e&t vraiment faire preuvo d'uue ignorance complete 6m 
usages et des mqaura ottomans. Tipolfyn, Origin** siiocecsms 
Trmftlv* Lugehtni, 1617, p» 176. L'aasertion de Mouradjea 
d*Q*sbo», t. HI, que Zapolfa *vait dejk paye en I'annee i5a6 
on tribui de t rente mUle ducats, ne parafe pas so»dee. 



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ET ECLiUTCOSSEMENS. 45? 

UVRE XXVIL 

I. — Pack i3^. 

Vote* la] kite* de victoiw, da*6e de Belgrade, que le sipabi 
et interpret© de fe Forte* Yonnabeg* apporta AVitflhe. (Mat. 
Sanuto). L'origttiai de eette piece, eerit en gree, so* trouve 
dan* let Archives dtVenim. * > 

Copia ifeflb iettera del Signor turco fatta alia signoria nostra, 
tradotta di (turto , ce toot manque) in volgare. 

« SULEYMANSACH FIOLO DE SELIM SACH IMPERADOR 
» SEMPER VITORIOSO. 

« SoleimaBsaeb per gratia di Dio tfe Grandissimo di Constan- 
+ tsnopoti et Iaapemdor dele doterre ferme, de VAiik evBo- 
»ropa, di Persia et Arabia, de la Syria, Meebaet Jerusalem 
» et di tutu la region ©VEgypte , e> di ttttta la region ttttottde 
» Signer et Imperader, alk Illma. et bottoranda signoria di 
» Veneiia IX domino Andrea Griti dace k dfcgara e eondeeente 
» salutation. Sappian* Vissa* Ilia* che ctmd lo ajnto deio om- 
m nipateate Iddio ae lev 6 la mia grands Mfcest* cam tuttt U 
» exerciti suot , cbe andasemo contra el re di Hengarria perin- 
» eontrarsi con el Re di detto ioeo, oombatesftno et eon la ajuto 
» dt Dio lo superasimo et lo amatasnno et prendetiitto ttitto 
u el sao paese , poi vene Jeanne del paese de Erdei et sent6 nel 

• k>ebo del premtte Be mandand* sno Embassador aMa porta 
» dela mia motto grande Maest* par causa del regno et mia 
» molto grande Maest* confirm 6 detto Joanne. For Ferdi- 
» nando frateMo del Re di Spagna quale era m Boemia e erchi 

• duca in Alemagna si levo cum al quante sne xenti et vene 
» sopra il prefato Re Zuane et li tolse Buda sua sedia et la sua 
» corona, de la quale in corono la sua testa, et li tolse tutto ei 



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458 NOTES 

» reame di Hongaria sotto el suo poter, poi havendo inteso 
» mia Maesta le predette cose , subito commandato a Ibraim- 
» bassa mio primo vezir degno e valente, che andase una giur- 
» nata avanti con tutte le genti de la Romania et aliquanti pe- 
>» doni et a cavalo schiavi di mia Maesta grande, et mia grande 

• Maesta. audava subsequenter drio dUui cum Ayasbassa et 

• Casimbassa mi Vesiri etcon tutta la mia porta, et dried o 
» veniva BecbramJbeg, beglerbeg de la Anatolia, con totto 
>» lo exercito de la Anatolia , et venuti a BeJgrado fasimo far 
» un ponte sopra il fiume de la Save, et pasato el detto ponte 
» venisemo in la Serimia (Syrmie) et tutte le terre, erano in 
» esso loco , se resino , et fatt6 il ponte passa semo , portade 
n le cbiave sue. Venuti poi sul fiume di Drava et da quel loco 
» venisemo ncl loco detto Mocbaz (Mofcacz) dove combate- 
» s:mo con el Re dove detto re Joanne vene a la Porta di mia 
» grande Maesta , de la qual li concesi il regno di Hongaria 
»> etlevati deli el ditto Re mand6 una giurqata avanti cum el 
» suo exercito et ajli 29 de la luna de Zachke (Siihidjelche alii 
» do .sattembre giongesimo. a Buda et li etiam.gionse. tutta la 
» mia armada per el fiume de) Bauubio et ero inteso y ei pre- 
»> fa to Ferdinando fugiendo se ne and6 in Allemagna r dentro 
» iaJBuda lascib quatro c&pitani cum molti fanti in custodta et 
» defension dela pitti; quelli comminzorno combater com il 
».mio exercjtp. La mia molto grande Maesta* comandb che la 
h dUa citta fusse circumsesa cum le mie artillerie del mio exer- 
» clto et cuasi.CQmmenzoruo.aexptigiiarlo et tregiorni fu op* 

* pugna4o come incluso et al quarto giurno prendescino la 
» ci^ta de fazi et li bomini fogirno et audorno in la fortezza, 
» dove cum li scJ^Loppi et artilkria li circumdesimo , et vi- 

• dendo che non potevanno scapolar dinvindorno misericor- 
» dia , prendesimo la (ortezza a tutto il resto di Hongaria et 
» tutte le sue terre el ho donato el regno di Hongaria al pre- 
» fa$o Joanne secondo il costume di mia molto grande Maesta 
» cum tutti i loghi e terre sue, azib <*i daga carazo (Kharadj) 
» a la porta de la Maesta mia. Havemo abuto etiam.cum lo 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 45g 

» ajuto di Dio la corona veccbia di Hongaria , et scbe niuno 
» poteva esser Re senza aver messa id testa dita corona ; ma il 
» preposito veramente raio era di non zerchar queste cose , ma 
» di trovar*el Re Ferdinando, quale vene ad occupar per forza 
» il regno di Hongaria , e levatossi di ditto loco se ne and6 in 
» Allemagna , et mia Maesta. molto grande levatossi de li cum 
» tutto il mio exercito and5 seguitandolo et per el camino 
» trorb akune terre Strigonia Gamara (Komorn) et Obar 
m (Altenhourg) et molte altre terre, de li qual alcune se re- 
w sero alcune lorao derelicti dali suoi babitatori cbe ftigirno, 
» quel prefatte tutti terre prendesimo cum tutti li confini di 
» Hongaria , et de H levatono intraremo neli confini della Al- 
» lemagna et sopra i confini una terra cbe si cbiama Pruckb , 
» et una altra cbe cbiamanno cita rosa (Rotbneusiedel) , et 

• molto altre terre venero a rendersi alia mia molto grande 
» Maesta , e lavatone de quelli locbi alii xxn de la luna <H Mi- 
» cbarem (mobarrem) , zioe a5 (96) di setfembre , venisimo 
» alia citta dola Viena, et cio inteso il prefaio Re, si levo'e fu- 
» gendo se ne ando al regno di Bobemia et in la citta nominata 
» Praga, et li si nascose, del quale piu non intendesimo si era 
» morto o vivo, et cuosi per commandamento de la mia molto 
» grande Maesta forono mandate alcune genti a brusar e dis- 

* trugger tutto il suo paese, et la mia armata etiam and6 per 
» :cl Danubio distruggendo molti locbi , la qual armata et la 
•• mia Maesta etiam stette di sotto ditta Viena 22 giurni; vol- 
» tosi de 11 mia Maesta molto grande , viene a Buda et el pre- 
» fato Re Joanne vene et bas6 la man di mia Maesta , quale 
>» commandb cbe fusse data la antidetta corona nelle man di 
» esso Re. Et di quel loco cum lo ajuto de Dio me inviai verso 
» la mia sedia di Constantinopoli. Per tanto sia noto a Voss. 
.» Ilia, cbe per la bona pace et amicilia intercidde fra nui, man- 
» demo il Nostro Scbiavo Jonus interprete , della mia porta 
» della mia molto grande Maesta per Ambassador, azio vi porti 
» le Jbone nove ct congratulazione. Sappiate. Vossign. Illustris- 
» sima cbe bavemo comesso il presente scbiavo nostro , cbe 



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460 NOTES 

» babbia a dirvi aloune parole et li darete fede a quanto v! 
»> dire non altro per bora. 

» Data a Belgrado, 10 oovembre 1529. » 

II. — Page i38. 

* Orator turoo a Venezia par invidar il doge ad andar a 
• Constantinopoli par esser delle feste deUa ehroontision di 
» 4 fi*U, obe si far* quedto Zugno. ai. Jugno venue 11 Orator 
» del S. riobisstmo d'oro, era accompagnato di 12 gentiluo- 
» mini. II Serenissimo l'use grate parole a aaludasse il Sr. — 
» volesae venii*, ma non puo caminar eseende troppo veecbio. » 
Mar. Sanuto , t* Lilly en Vannee i53o. Getta lettre eat datee 
da mois de ramazan $36 (mai i53o). Lea fetes de k cireenci- 
sion Itaient fixees au i5 scbewal (1a juin)<L'a«dienee de conge* 
donate par le viakr a rafebasaadeur, et an aortir^de laquelle 
Gritti fit a ce dernier le* plus grandee pretefUttites d'amitfc , 
n'eut lieu que le 21 jttin; lea f&ee avaient 6t6 retardees de 
quinze jours. On trouve parnri lea actes reniiiens de la maison 
1. R. d'Autricbe 9 aux annees i528 et *53o, les of iginaua des 
fermans deli v res aux aandjabbegs de Hersek et de Beanie, 
ainsi qu'aux juges de Moatar et da Seardona , et relatifo a la 
delimitation des frontieres de Sebenicoj ib eontenaient en- 
core l'invitation de verifier lea dotameges causes par fee mar- 
toloses, lea axabs, lea akindjia et lea moriaque* saw le 1 territoire 
de la repubUque. 

III. — • Page 140. 

Djeklsade\ f. i35. Le mot to ton, qm a'est introdtth dans les 
Ungues d'Europe, eat raotns tin defive du mot arafee kotn 
(ooton) que dii mot koiUni (4tofe de ooton). Djelttltade dfttine 
les noma des di verses etofes 5 kemkha (damas) , tolas (satin) , 
kvtid (ebtonnade), katife (velours), etc. 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 461 

IV. — Page i45. 

Solakzade, f. no, d'apres Yabyabeg, qui a mis eette ques- 
tion et la r£ponse en rimes, Cette anecdote n'est rapperte* que 
par Solakzade et par AH, ee dernier la tenant, dit~il, d'un ^eri- 
vain des cuisines du Sultan present aux fetes. Get auteur donne 
coooff le detail des pieces de viande qui furent raascmblee* et 
cntassees en pyramides sur la place publique , puis abandon- 
ees au peuple le troisieaae jour) il y avait dans le nombre des 
bceufset des veaux entiers, etc., dm flanc desquels sortirent tout 
vivans des corbeaux, des pies, et autres oiseaux de proie, des - 
chiens, des chats, des repards, des lievres, des loups, des cba- 
cals , qui se precipiterent sur la populace affamee , aux accla- 
mations <)e$ speclateurs* 

Y. — Page itf. 

Itinerarium Wegraiss. K. Kunig. Mayestet Potschafft gen 
Constantinopel zu dem turkischen Kayser Soleyman, anno xxx , 
52 feuilles in-4°> portant pour toute indication la date de 
Tan i55i. Get ouvrage est aussi rare que la relation de Vam- 
bassade d'Hobordansky, et celle de son interprete Curiped- 
scbitz , intitule : Ein disputation oder Gesprech zweyer Stall" 
buben , so mit Kuniglieher Majestat Bothschafi bey dem Tur- 
kischen Kayser zu Constantinopel gewesen; diecveil sy allda in 
ihrer Beherbergung von den Turken verspert 9 beschchen, da- 
rinnen alle Gewohnheiten, Breuche, Glaub, Ordnung und Lan- 
desart der Turkey gemeldt wird % von Herrn Benedikten Curi- 
peschitz von Obernburg obgemelter Bothschqft lateinischen Ora- 
toren, me er vongedachten Stallbuben alda heimlichen gehcert, 
ganz nutzlich zu lesen. L'ouvrage de Cttripeschitz, date de Con- 
stantinople, est oral d'une vignette. 

VI. — Pace i45. 
Le rapport oftciel sur cette mission, eerit en allemand par 



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46a NOTES 

Lamberg et en latin par Jurischitz, fait partie de la collection 
des archives de la maison imp. roy. d'Autricbe; c'est la pre- 
miere piece de ce genre qui contienne des notions exactes ct 
completes, car, dans le rapport d'Hobordansky, la inoiti£ 
des faits est omise. Le document dontil est question , Fun des 
plus preoieux que Ton possede sur cette Ipoque, dit a Focca- 
sion de la premiere entrevue des ambassadeurg avec le grand- 
vizir Ibrahim : « Den wir ime (a Ibrahim) gar aygentlich be- 
» merkben miesen, das wir Beselch hetten in teutscber sprach 
» zu reden und wollten des in latein verdulraetschen lassen. • 

VII. — Page 146. 

« Er (Ibrahim) wiese woll da rum, denn der pabst hier des- 

• halben brief pey ime gebabt und solch sein nodt seinem 
» Herrn dem Kayser und im trewiich klage , desgleichen hat 

• Khunig yon Frankreich solchs gar neulich durch sein pots- 
» chaft und sonderes Schreiben anhergethan, dagegen im ge- 
» dacbter Khunig von Frankreich seiner Leibharnisch cinen 
» geschenkt babe und bat ferners gesagt, wir sollen glauben, 
» das solch unraenschliche Ding nit guet ende nemen , und 
» das sy dy Turckben solche unmenschliche Ding keineswegs 
» teten. Er (Ibrahim) babe den Kenig Ludwig zu Ungarn 
» geschlagen und erlegt, aber des Kaysers (Souleiman) bevelch 
» und auch sein gemuet sey rechtlich gewest, wann er pey 
» Leben blieben und gefangcn waere worden , so hat ihn der 
» Kayser um kein Gelt geschetzt, sondern als einen Khunig 
» frey ledig lassen und da man sahe, das seine Khunigin zu 
» ersten Khunigin Maria zu Ofen waere, da wurde von stund 
» an bestellt , das niemant zur stat sol , sondern alle herhuten 
» oder gezeld ausserhalb der stadt aufschlahen und sj als eine 
» Khunigin in nichts zu beleidigen , sondern bat sy in irem 
» Stuel beleiben wollen laaen , also ist menschlicb gelebt , nit 

• wie der spanische Khunig gethan ; so und weiters gesagt wic 
» itzt E. M. Ferdinandus den Obordansky geschikt hat ; den 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 403 

» Janttftch Krai zu emorden , solcbe unmenscbliche Ding wert 
» got ungestraft nit lasscn , also baben wir zu wissen begebrt 
» wasE. M. dutch den Obordansky solte dem Janusch leid 
» zu tbuen befeblen habcn ; also bat er uns ferner erzaeblt, wie 
» Obordansky gen Ofen zu dem Janusch Krai kommen were 
» mit dem anzeigb und were imc zue guet da , und bet ge- 
» beime sacbeu mit ime zu reden, und so ime der Januscb 
• Krai die stat geben und fiir sicb gelassen , da bet der Obof - 
» dansky ime einen Brief von E. M. uberantwort und dieweil 
» er den Brief gelesen , bat Obordansky etwas aus dem Ermel 
» geruokt und nit gewinen moegen, also bat das ybel nit woln, 
» das ein kleines Huntl so pey dem Woda gelegen , was der 
» bunt anmelt , da bat Obordansky wieder still gebalten , das 
» bat der Woda gemerkt und wieder zu lesen angefangen und 
» also uber den Brief geneigt geseben und erseben , das der 
» Obordansky wieder ein messer zucken wolt und das nit so 
» paid beraus gewinnen mcegen, in dem ist der Woda aufges- 
» prungen und einen tolcb gezuckt und den Obordansky von 
» im gestossen und gefloben , und ibn steben lassen , der babe 
» alsdann bekannt 9 das ime E. M. mit gaben bewegt den Ja- 
» nuscb Krai also zu erstecben. » La fin malbeureiise d'Obor- 
dansky^ qui avait en effbt pen^tr6 dans Ofen , pendant la du- 
ree du si^ge , avec le dessein d'assassiner Zapolya , donne quel- 
que vtaisemblanee a ce r^cit. 

VIII. — Page i4 7 . 

« Demnacb sey der Keyser furtergen Ofen geriickt und das 
» Land eingenommen und wird gefragt : wo ist nun der Fer- 
» dinandus gewest? » (Rapport de Lamberg et de Juriscbitz.) 

IX. — Page 147. 

« Hat sicb- also (Soulelman) mit seinem ber erbebt und in 
» sein Kbunigreicb bungarn zogen , als er aber iiber die Tra 
>» (Drave) kbomen und entlicb gedacbt er werde E. M. der- 



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464 NOTES 

» selben Entbietben nacb und nacbdem E. M. daatlbat sckret- 
» ben alles finden daselbst biawendeo dem Kiiser dawcb den 

• Obordanaky von E-M. geaebitkt, danm begem E. M» er 
» folte nit wider Ofen Ziehen, so kenne E. M. aber nit absie- 
» ben , so sol er wissen > dass E. M, gefatt iej in zuseMagen 

• und E, M. babe das Scbwert in der recbtea Hand, wekben 
» Brief un* der Wascba fcrzeigt nod fernera gesagt, ist das 
» von Enern Kbunig ein vernun&gs Sebreibea gewast? aller 
» erst werde neift Keiser entsehfassen E, M. *ne sueebeai nnd 

• zob alao fort fur Ofen allda ein Stael ist, da ein jeder Ku- 
» nig von Huogarn stizeu toll , da fand er E. 11. aneb nit, 
» also babe er der Wajcha Ofen geatumtt nnd gevonneu nnd 
» viel trefliche Gesebuta nnd Zu where* tang darin gtfonaW, 

• daselbst babe man den Keiser geaagt E, M. warca zu Wien, 
♦» danoen say der Keiser daselbst bingesohen nnd alt «r fik 

• Pruck komen > welebes die Gren* E. M. Landa an Hungarn 
» *ey f babe aJle Bofnwg gebabt E. SL daselbst zu linden, aber 
» der Pfleger daselbst tej im entgegen kbommen and die 

• sehluasel an dem Tor praobt nnd aieb ime ergeben, dem 
» bab er nnd alien seinem Zaegehcarten kein leid tnen lassen 
» nnd fort anf Wien E. M. zne sueehen zogen ; wie ev fur 
» Wien khomen, baben vil lent geaagt E. M. weren in Wien 
» aber der pischof von Gran babe im die Warbeit geaagt das 
» E. M. gen Lintz oder gar gen Prag gefloben weren. Da nna 

• sein Reiser vernommen , das E. M . von Wien fluchtig we- 
» ren worden und kein bov beten , da sey sein Keiser unmue- 
♦» tig gewest das E. M. nitgefunden bat, nnd bat sicb nieder- 
» gesetzt und sein Gses anspornt (damit er den Sakbman 
" getneint) auf alle seiten das man sebe, das der recbte Kaiser 

• da sey mit macht, und da aber der Kaiser da babe ge- 
» seben die scboene stat Wien in einem ebenen Lande Iiegend 
» mit genuegsamen gueteu weinperg aucb schcenen Gepyrg 
» und ebnen Land umgeben da bat er gesagt, bie gepuert 
» wol einen Keyser zu sitzen, da lass unser Hans bauen, 
» allda wollcn wir allcr unsrer Freund warten und der Key- 



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ET ECLAIRCISSEMENS. $(>$ 

» scr fey ausxogeu, allein einschlecht vie itner E. M. zu 
n suecben und. nil stat und sehlcesser zu gewinnem, darum 
» er kcin gros Gejcbiitz mit ime gefuert so hat er dennocht 
»aue einem Warzekhen , q>s er da gewest und das E. M. 
» sehetr, das er nit so jedes einsteckc, habe er die Mauer an 
w Wieia darch seine Lent mit hauen und mit Krampen anch 
» miteinam wenigenPnlver einwerfen lassen, wte wir nngez- 
» weifelt gesehen heten, dennoch sey der Keyser Keelte und 
» winters halber aocb *weil er von E. M. oder einigem Kriegs- 
» volkh niebts gehofcrt wieder abzogen , und als er gen Ofen 
>i kommeh da habe er dem Janusch Krai als seinem Diener, 
» Ofen and das Landt befolben und er der Wascha hab im 
» sue Weisen die kuniglicbe Kron aufgesetzt ; wie kbunen 
» d*m E* M. das Kunigreieh 'biingern begeren , dieweilen sein 
» Keyser zwelmal gewaltetlicb mit. dem sebel erobert bab , 
. » warum sey E« M. nit kotnen darum zu scblaben , und fer- 
» ners yber si en schauend gesagt : Oh Ferdinand us du wtirdest 
* den Zaebren so deine Leute dy wir von Wien elendigblich 
» >vekh gefttert yeber dieh das du sy so tefcentlich verlassen 
» und vergessen habest, nit entrinnen , sy werden trefen und 
» ferners angezaigt : E. M. scbreib sicb Kunig zu Huhgern 
» und ein erb des Kbunigreicb Yspania und der kais. M. Bru- 
» der Statthaler, wo sey dasselbige Khunigreich hungern , ob 
» noch Einer des Natnens were und so E, M. nur des Kaisers 
» als E. M. Bruders Statbalter seven, wo seyen denn E. M. 
» Khunigreich und lande gegen Welcben landen so He sein 
» Keiser Frid mit E. M. macben? » (Rapport de Lamberg et* 
de Juriscbitz , dans les archives de la maison I. R. d'Autricbe). 

X. — Page 148. 

h Darauf er gesagt : Nun mein Herr der Kaiser ist nit wider 

» euren Friden mit E. M. anzunebmen docb dergestalt , das 

» sicb E. M. des Khunigreichs Hungern ganz entschlaben nit 

n allein des so sein Keiser erobert , sondern das dazue so E. M. 

t- v. 3o 



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4(36 NOTES 

» noch innen haben , denn das Khunigreich Hungern aej ain- 

* mahl seines Keysers und dass die Rom. kais. Majestaet wurd 
i» aus teutschen Landen in Yspania ziehen , den man kunte 
» sonst einen Friden mit £. M. qit annemen , dieweil der Ja- 
»> nuscb klagte £. M. Brueder zu feindt pey £• M. seyn and 

* wem sol den das kumt nocb nicbt kein guet oder recbter 
» Frid seyn. » ( Rapport de Lamberg et de Jurischitz. ) 

XI. — Page 148. 

Ge passage suffit a lui seul pour dementir ce conte si accr£dite 
par les historiens europeens contemporains, qu'Ibrahim-Pascha. 
avait leve* le siege de Vienne, gagne par For des ambassadeurs; 
nous le citons leztnellement. « Darauf er gesagt , sein Keiser 
» verkauf nit Lande und bedarf aucb eures Geldes nit und 
» zeigte uns durcb das Fenster Sieben Turm die weren all woll 
» Gelts aucb silber und goldes , die bab er noch nie ange- 
» griffen ; die forigen potscbaften betlen ime von E. M. aucb 
» bunderttausend Gulden verheissen er solle helfen, das sein 
» Keiser E. M. die Flecked geh* ich bab innen aber gesagt und 
» sage ens solcbes aucb , das wir nit gedenkben sollen das er 
» von Geltz wegen seines berrn Nacbtbeil raten wolle. Er sej in 
» obgemelten seines Uerrn Schatz zu greifen gewellig , wann 
» er well, er welt lieber seinem J£eyser helfen alle Welt unter- 
»' zuepringen , nit das er land und leut wekbgeben soil. Es sey 
» aucb pey innen nit der Gebraucb das man Geld und Miet 
■» neme und dem berrn sein Nacbtbeil rate , oder seinen Scba- 
» den verhelfe , wie wir begert, darum sebweigt dieser Reden 
» stil. » (Rapport de Lamberg et de Jurischitz.) 

XII. — Page i49« 

« Darauf er durcb micb Joseph von Lamberg in teutscber 

* Spracb angezeigt und durcb unsern Tulmctscben lateinisch 
» vertulmcttcben lasscn. » 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 4<5 7 

XIII. — Page 149. 

t< Wir dem Keyser seine Hand kust und nachmahls dera 
» Keyser durch mich Joseph von Lamb erg in teutscher Sprach 
» die Werbung zu thuen angefangen und lateiniscb durch un- 
» sern Tulmetschen vertulmetscben lassen. » 

XIV. — Page i5i. 

Les documens que Ton trouve dans les archives d'Au- 
triche et de Venise , joints auz notions que fournissent les bis- 
toriens ottomans , suppllent au silence que garden t les bisto- 
riens francais , et Flassan lui-meme , sur les premieres demar- 
ches de Francois I er aupres de la Porte. « Nemblich (dit 
» Ibrahim) als der Kbunig von Frankreich in des Kaisers Ma- 
tt jest act Fanknus gewest, hat er seinen Keiser (Souleiman) und 
* ime (Ibrahim) aus der Fanknus sendlich geschrieben, wel~ 
» chen Brief ein pot durch E. M. Lend in scbuben zwischen 
» den sollen pracbt babe , in welchem Brief der Kbunig von 
» Frankreich dem Kaiser demuetig klagt seine unfel und Be- 
» schwerung darin er gewest und in als seinen Herrn und Bruc- 
» der gebeten, das er ime in seinen Noeten also das einem rech- 
n ten Kayser gegen jeden Kbunig der in so grossen neten ist 
» woll gezimbt nit Terlassen ; es habe aucb des Khunigs von 
» Frankreich Mutter dem Kayser sein balber sendlich und de- 
» mutiklich geschrieben und gebeten ime zu helfen, darauf sey 
» sein Kayser bewogen word en in nit zu verlassen und hat also 
» mit im und den Venedigern einverstand und puntniss ge- 
n macht also dass sy eine treflichc Armada auf dem mer auf- 
» gericht damit sy gegen Yspania arboiten baben wellen , und 
» der Keiser soil mit einem treflichen Her durch E. M. Lande 
» in Fryaul und fort auf E. M. land ziehen seyn, desbalben 
m sein Keyser sein her nun versamblet und pey einander ge- 
» habt. » 

XV. — Page i56. 

UHistoire de Karamsin ne dit rien de l'ambassade envoyee 

5o* 



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4GB NOTES 

par Wassili, mais la traduction de la lettre que le grand prince 
ecrivit au Sultan se trouve dans la collection de Mar. Sanuto : 
« Copia di una lettera man data dal Serenissimo Re de Rosia al 

• Potentissimo SignorTurcbo. In Principio Dio Nostro Trinita 
» il quale avanti il seculo e prepotente e da poi il seculo non 
» mancbera mai vi il patre e fiolo il spirito santo. II Gran- 
>» dissimo Sgr. Vasilao per Dio gratia Vero Sign or di tutta la 
» Rosia e di altri molti paesi Oriental e di Tramontana Sgr. el 
» Grandissimo Ghnes bodie morsi (sic) siommo Grasctji , Tier 
» scbi, Torzelli, Ungrescbi, Premiscbi, Mulatti, Volgarscbi 
» montagne Sasoxove et altri babitatori presi la mia Imperial 
» Corona roando questo tempo a Belgrado dui grapc|i bomini 
» del mio paese , a veder la facia di tua grapde Signoria. con 
» presenti per la Tua Grandezza, quel con verita bo inleso 
» quelli alii piedi di 1'ombra Tua essere inclinati, quel banno 
» apresentato el segno del bono amor con exponerli quanto la 
» mia Signoria li haveva ordinado con ordine cbe in tre lune 
» fussino tornati a lo Iropcrio mio, non bavendo altro impe- 
» dimento demandato detua Imperial Corona parsiano pasato 
h el tempo in el paixe.di tua grande Signoria siano smariti per 
» il cbe la mia lueidissima Corona e fata nobolosa et la faccia 
- nigra con li grandi bomini del mio paese. Mandamo al pre- 
» sente colona alia tua forte Grandezza cbe tu vogli trovar U 
» miei nomini e far grande provesion ocon ferro o con foco 
» nel paese cbe sono smariti e dove altramente asumisino la 
» faza nostra in vero sicbiamarano a tuttili potent i, cbestanno 
» e vivono sotto la fede del Impero mio con li vicini potenti 

• nostri amici e Confederati quel tutti mandaremo a far ven- 
» detta per ritornar la faza mia biancba et la corona lucida. 
» Rene no to alia Tua excelsa Signoria l'ordine quanto del 
» grande tuo Propbeta cbe dire el Signor : checonqne fara 
» morir el Justo , non pasera al jardin de piaceri , per andar 
» ad babitar il cielo si non fara penitentia con el danno li con- 
» tra lui sia licito ogni offesa. Per bo pregiamo VAltezza del 
» poter tuo , cbe ba ioviaio pazi e Gapitoli fra noi vogli Iro- 



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ET ECLA1RCISSEMENS. 469 

» var facendo quanta* e ditto di sopra altramente exeguiremo 
» la lege del Propbeta non percbfe Kara la mla grande Signoria 
» quella cbe rompa la bona paxe , ma el pcccato sia aepra l'-a- 
» nima dt cmi sara causa ne piu altro li aiini de la grande Si- 
» gnoria Tua sia no longi e felici mentre durera la paxe fra noi. 
» Data nelli giardini Scodui 1'anao i53r del mese di Aprile. 

La manssiou. 

» A. Suliman Soltan Sign or di Costantinopoli dello mar 

» bianco e del negro e delta Natolia e della Romania e de la 

» Cara mania e di quella grande Signoria de Cay to e Sorjra e 

» di altre mo he terree paesi Signor fra dello e bono amico. » 

XVI. — Page 1 58. 

Voyez le Journal de Souleiman au i3 juin , et dans lea Ar- 
chives de la maison imp. roy* d'Autricbe t 1'oUvrage intitule : 
Instruction auf den Edlen und tins lieben getreuen Lienkart 
Grauen m Nugarol, wiser en Cammerer Josephen von Lam bet g, 
unseren ffofmarschalkh, Unsere Rate und Gesante U>as sk toon 
unsern TVegen bey dem Turkischen Kaiser handeln sotten. Inns- % 
brugg 9 3 nov. i^3i. On y rem a r que ce passage : « So aber der 
» Torkk also frey und on einig Mittl oder Geding stcb nit ein- 

* lassen, sondern das Kunigreieb Hungarn wie vor ganta und 

• gar baben wo lit, soiled im unsere Rete und Oratoresauf sol- 
» cbes kaine Antwort geben, sondern das AHes mil StillscbWei* 
» gen beantworten. » Les ambassadeurs avaient toute lati- 
tude pour fixer la dur£e de 1'armistice , et pouvaient meme 
conclureune treved'un an jusqu'a one paix perp&uelle ; quant 
a la somme qui devait payer la cession de la Hongrie a Fer- 
dinand, ils etaient autorisls a offrir depuis viugt-cinq mille 
ducats jusqu'a cent mille, a titre de present annuel : « Und 
» mit diesem Vorbebalt also, das una Hungarn bleib, mcegen 
» unsre vorbenanndte Rete solcbe Pension auf ain jeriicbe Za- 
» lung bewilligen und also dass sie von 25 M. Dukaten , geen 
» auf 3o M. und so solcbe nit genueg sein wirdct, auf 4v M* 



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470 NOTES 

» und so er dies auch nit zufrieden sein wirdet , zuletzt auf 5o 
• M. dock wohl bedecbtglich und mit einem Verbaiss dar- 
» noch so es mit dem nit genug sein wirdet, auf 60 , 70 , 80 , 
» go und zuletzt auf 100 M. und nit weiter. » La Bibliotbeque 
imp. roy. possede un imprime fort curieux, compost de qua t re 
feuilles, sans indication d'aucune date, et qui a pourtitre: 
Von zwevjren Turcken necplich gefangen was sie gefragt worden 
und geantwortet haben. II contient les reponses de deux Turcs 
prisonniers a trente-cinq questions relatives a l'exp&lition de 
Souleiman coutre Guns; la quinzieme de ces questions con- 
cerne la mission de Nogarola : « Wo die potschaf sej? » R^- 
ponse du premier : « Sie sey brim Turken und ziehe mit im, 
» wohin er ziehe. » Response du deuxieme : « Sie leben noch 
» vnd sein stets bey dem Ymbri Wascba , sie baben nicbt 
» woellen abzihen, baben geforcbt geferligkeit vnd ermordung 
» vor des Turkischen vortrab, baben drumb den Kayser ge- 
» peten das er sie bey jm bebilt. » On trouve encore dans le 
raeme ouvragc les indications suivantes : « que Souleiman trai- 
nait avec lui quatre cents pieces de campagne ; qu'ils avaient, 
Ibrabim et lui, dix mille janissaires, dont neuf mille armes de 
fusils, et mille de pertuisanes; qu'un roorceau de pain de la 
largeur d'une main se vendait jusqu'a dix aspres, et que la 
valeur intrinseque de l'aspre e"tait de cinq a six deniers; que 
Souleiman comptait sous ses drapeaux huit mille Tata res, trente 
mille soldats de l'Asie; et que le nombre total des troupes s*6- 
levait a deux cent mille hommes, dont la moitie seulement 
capabtes de porter les armes. » A la vingt-huitieme question : 
v Ob er die Yngarn vast nider lass backen? » le premier 1*6- 
pond : « jMann fabe der Yngern kain; » et le deuxieme : « Er 
» lass die Vngern nit tod ten noch fangen. • A la trente-troi- 
sieme question : « Ob sie sicb zu Guns vast web r en? » le pre- 
mier repond : « Er acbt, es seien mebr dann tausend Turcken 
» davor erscbossen wordcn. » A la trente-quatrieme question : 
« Obs Volck zu Ross barnisch fur, • le premier repond : 
« Nain, Aber lang plecbbandUchusch furn sie, vnt uber vier- 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 47 1 

» bundcrt Camebltbier furn pantzer hernacb ; • et le deuxieme : 
« Biss jn acbtzebn glid. » 

XVII. — Page 160. 

Le rapport de Jurischitz a Ferdinand , intitule : Des Tur- 
ken erschreckliche Belagerung derSladt undSchloss Gunss und 
derselben nach z&alfverlornen Sturmen abzug durch den tewren 
Ritter Nikolaus Jurischitz Hauptman. Dasselbe Ram. Knug. 
MajesUzt aus Gunss cvahrhafiiglich zugeschrieben i532 (dans 
les Pieces relatives a FHistoire, de Goebel , p. 3o5 a 3 08), s'ac- 
corde entierement avec le Journal de Souleiman ; on lit dans 
ee rapport date du 28 aoftt : « Ce fut le vingt-deuxieme jour 
apres l'amvce d'Ibrabim devantGuns; » le grand-vizir pa rut 
done le 7 devant cette place , et Souleiman le 10. II est diffi- 
cile de comprendre qu'avec des indications aussi precises , les 
bistoriens bongrois aient pu donner des dates inexactes ; Fess- 
ler, par exemple, fixe (t. VII) I'arrivle d'Ibrabim au 3i juillet, 
et celle de Souleiman au i er aout. 

XVIII. — Page 164. 

Le Journal de Souleiman du 3i. Les bistoriens bongrois ont 
tous,jusqu'a Fessler, le plus rapproche de nous, commis la 
meme erreur, en faisant partir les ambassadeurs avant que le 
siege de Guns fut commence ; il est egalement faux , comme le 
pretend ce dernier, t. VII , f. ^y& , que Souleiman dit oper£ 
sa retraite des le 28 aout : car, ce jour-la, eut lieu le dernier 
assaut(voj. le second rapport de Jurischitz), et ce fut seule- 
ment le 3o que l'armee plia bagage. Enfin , Souleiman nVpas 
oper£ sa retraite a la nouvelle du siege de Koron ; car Doria 
n'arriva sous les murs de cette ville qu'un mois apres, le 
21 septembre. Voy. Ant, Doria : Kurzer Inbegriff der merk- 
wurdigen Begebenheiten , welche sich zur Zeit Carls V. in der 
Weltzugeiragen haben; (dans Goebel, Pieces relatives a Fhis- 
toire 9 p. 3i). « Apercn des ivenemens memorables qui se sont 



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4:«i wotes 

>» passes sows le regne de Charles - Quint. » Robertson ne dit 
absolument rien de la conquete de Koron. 

XJX. — Page i65. 

On ne sait pas combien de temps Juriscbitz a survecu a son 
beroique defense de Guns. Le eomte Josepb de Lamberg lui 
succeda en Fannee i544 dans la plaee de capitaine-gen&ral de 
la Garniole. La consequence qu'on avaifc tiree de Fepitapbe de 
son fils Adam , date*e de Fan i538 , que Juriscbitz etait morta 
cette epoque, a eie suffisamment refutee par Martin Rosnak, 
dans son ouvrage peu volumineux, mais fort precieux i Die 
Belagerung der Kceruglichen Freystadt GUns, i. /. i53a. Wien 
1789. (Siege de la mile Ubre et royale de Guns. Vienne, 1789, 
p. u.) 

XX. — Page i65* 

Voyez les details dans les Pieces relatives a VHistoire , par 
Goebel, sous le titre : JVahrhaftige Beschreibung des anderen 
Zugs in QEsterreich wider den Turcken gemeiner Christenheit 
Erbfeinde vergangenen funffzehnhundert za>ey und dreyssigsten 
jahres thetlich beschehen und yetz und allererst in disem 1 539 
jar in Druck gefertigt mit lustigen Beschreibungen des landts 
Gelegenheit, Schlachtordnungen, iiberfallung, angriffes und sigs 
der unseren audi des Turkischen Kriegshaufens flucht und ni- 
derlage, ob kimfftig durch die Gnad des Allnuechtigen ein merer 
ernsdhcherer Handlung wider gedachten Erbfeinde furgenom- 
men, daraus Berichts und Erfahrung zu erlangen. 

XXI. — Page i65. 

Ge Kasim est appele* Casonus dans Istuann et Jovius; mais 
il n'est point, com me le pretend Vaivasor, t. IV, p. 429, 
lc cbef des akindjis, de la famille des Mikhalogbli; car au 
siege de Vienne, Mikbalogblibeg campaitavec ses troupes a 
St. Veit , pendant que Kasim stationnait a Nussdorf avec la 



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ET ECLA1RCISSEMENS. 4 7 5 

flottille du Danube. (Voy. le Siege de FUnne, par Pessel, 
dans Lewenklau , p. 460). 

XXII. — Page 169.* 

Suivant Istuanfi , pas un des quinze mille akindjis de Kasim 
ne put ecbapper. Petscliewi, f. 56, et Solakzade, f. 109 , s'ac- 
cordent stir ce point avec l'auteur hongrois ; seulement Solak- 
zade con fond cette deuxieme expedition de Kasim avec la 
premiere, qui eut lieu en l'annee i52g, et e'est a celle-ci 
qu'il rattache la deroute de Kasim , et la perte qu'il fit de 
douze mille de ses soldals. La version accreditee par quelques 
bistoriens, que la moitie seulement des troupes de Kasim, 
savoir huit mille hommes, pe>it dans cette rencontre, parak 
meriter plus de con fiance ; d'ailleurs, ce cbiffre est aussi repro- 
duit par Valvasor, Megiser, Julius Caesar, d'apres Jovius , qui 
dit expressement (t. XXX , dans Catona, t. XX, f. 832) que 
I'autre moitie se sauva en Styrie, sous le command ement de 
Feriibeg. 

XXIII. — Page 170. 

Ali , xx v* recit, f. 240 : Baghou raghi djenneti firdecvesden 
nischan hala ki mesakin ou bouyouti karargahi ehli mizan. 
Ehli mizan signifie dans l'acception litterale les Seigneurs de Id 
balance; mais on peut trad u ire ces mots dc plusieurs ma^ 
nieres; car Ilmi mizan , e'est-a-dire la science de la balance % 
signifie cbez lesOrientaux non-seulement la logique, mais en- 
core l'alcbimie; Ehli mizan peut done aussi bien signifier le& 
moderis que les prudens ou les riches. 

XXIV. — Page 170. 

Gomme , d'apres le Journal de cette campagne , SouleYman 
arriva le 11 devant Grsetz, et passa des le 12 la Murr a la 
nage, ce que Julius Caesar dit de ^occupation de cette villo 
par quatre mille Turcs ne mexite pas plus de foi que l'assec* 



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474 NOTES 

tion suivante de l'historien Ali : 01 schehr kebir dakhi ieschir 
oloundi; « et cette grande ville fut aussi conquise. » Istuanfi 
dit avec plus de justesse : Muramflumen apud Greecium Sty-rice 
urbem tumuUuarie trdnsjecit. Istuanfi a bien raison sur ce point, 
mais il se trompe quand il affirme que Souleiman traversa 
aussi la Drave a la nage, car on employa quatre jours entiers 
a jeter des ponts sur cette riviere pour le passage de l'armee. 
Ce qu'il j a de plus Strange encore , c'est l'accusation portee 
contre Ibrahim -Pascha^ dans cette derniere ' circonstance : 
« Ibraimi consilio, qui ilium a Christianorum cervicibus su- 
blatum cupiebat. » Istuanfi, f. i84» 

XXV. — Page 172. 

Julius Caesar, t. VII, p. 58, raconte a I'annee 1629 que 
Sigismond de Weixelburg, c'est-a-dire Sigismond Weixelber- 
ger, se trouvait devant Vienne , et qu'il attaqua avec Katzianer 
et Paul Bakics les Turcs au moment ou ils operaient Ieur re- 
traite (voy. Valvasor, t. IV, p. 43o); mais le fait est materiel - 
lement impossible. Fessler commet la m&me erreur : A Und 
• die Tag nach einander diweil die Feind abgezogen seynd 
» H. Wa kitsch Paul, H. Sigmund Wizelburger und H. Hans 
» Kasianer sampt anderen taeglich auf das , Streifen ausge- 
» ritten. » Ce brillant fait d'armes , dans les champs de Leib- 
nitz, appartient d'autant plus surement a Fannie i532, que le 
manuscrit de Vorau, cite" par Julius Caesar, ne mentionne pas 
la grande incursion des Turcs de Voessenbourg a Marbourg, 
en cette annee. 

XXVI. — Page i 7 3. 

La Iettre suivante, qu'on trouve dans les Archives de la 
maison imp. roy. d'Autriche, est curieuse non-seulemcnt 
comme 6chantillon du style d'lbrahim en italien , mais encore 
& cause du sceau dont elle est revalue , et qui porte cette de- 
vise : 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 47^ 

Be mihri khatemi noubounctwet djestem hi zi rehi taazim 
Bende ez djan Sultan Souleimanschah Ibrahim. 

Je cherche thonneur et la gloire, par V amour du sceau du 
Prophete, et je suis de toute mon ame Vesclave du sultan Sou- 
leiman-Schah Ibrahim. 

Voici cette lettre : « Ibrahim Bassa Dei gratia primo Vi- 
» sirio Secretario et sum mo consilliario dello gloriosissimo 
» magno et invictissimo Imperactore Sultan Sulleyman capo 
» et Ghovernatore de tutto lo Imperio di esso , et de tutti li 
» suoi schiavi et baroni et superior con la grazia del meser 
» domine dio, el mio Invictissimo Zesar me a facto chapetanio 
» Zeneral al tuto suo serzito e ba dado avanti alo paise dello 
» re de Spagnia a brusar e ruinar adanda ai nostri zente ; e 

• anno preso adrea stodler e ano mena da nuy e a piazu e 
» a pregar purase que misso sign ore to desto paise e priegb la 
» signoria nostra, que no me fazi morir e meco facto franco 
» et libero ; ma el nostro Invictissimo Imperator non e avegnu 

• a questi paise a far mal ai poveri ma e avenuto per cercar lo 

• re de Spagnia Cbarlo aposta, perche esso gia tutto '1 mondo e 
» prende i re e ducbi e baroni e dericbas e vende e pjgia i soe 
» denari, e a meso ancbe 11a corona, e dize queso imperator 
» del tutto el mondo et da tre ani in qua e laser ziti pervi- 
»» gnir a combater con nostro Invictissimo Imperactor con 
» questa scusa, e seria cogia da li poveri pura se denari e tes- 
» sori da viena in qua ; e dizeva que sel vol vignier a combater 
» con nuy e nostro invictissimo Imperactor con tante serziti 
» quanti mese al camin e a venir per ritrovarlo e non averamo 
» trova mai fin apreso a la viena semo sta e femo brusar e rfci- 
» nartanti i soi paise e avemo senti quelli in una zita nomi- 
*» nata Graza, e semo passate le muntagnie et cbatibe strade 
» per adar a trovar Ho; anque la none avemo trova, i paisi 
»> delli re sono propria come i soe mogliere, et none avemmo 
» sapuo mai a quel paise sese trova ; data in la nostra sedia 
» die XXVI. Settembre MDXXXII. » 



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ET ECLAlRCISSEMENS. 4 77 

29, Karabinarli , petite marche. 3o, Afcindjilar. 3i, *u sortir 
da defile Kapoulu - Dcrbend , Farmee s'arrete dans la plaine 
dlkhtiman ; marche tres-penible. 

Mois de jnin (silkide). 

i* r , Ikhtiman. 2 , Sofia. 3 9 halte. 4 > ks janissairts recoivent 
Pordre de se reunir aNissa; diwan. 5 , depart du grand-vizir. 
6 (jeudi, i er silkide), Farme> s'arrete pres du village dlflakler. 
7, el|e passe un defile. 8> elle dresse ses tentes pres d'uue source 
vis-a-vis de Schehrkoei.. 9 f Pempereur restc enarriere, le beg- 
lerbeg de Ro ami lie, avec sept sandjakbegs, se met ea marche et 
arrive au village de Betoulnik. 10, Azor. 11, Pempereur s'ar- 
r6te pres des bains cbauds de Nissa. 12, Nissa. i3, halte, diwan j 
Panibassadeur de Ferdinand est ad mis au baise-main% 14 > de- 
part du grand-vizir. i5 , I'armee arrive , apres une petite jour- 
nee de marche » a Kalona. 16 , Yapou)tofdje. 17, Gharmetofidjr 
18, la source de Dobranie; I'armee passe le pout iet£ sur la 
Morawa, non loin de Widin; tres-longue marche. 19, Farmee r 
apres avoir passe le defile , etablit son camp a Yascbuidj^; 
longue marcbe. 20 , rempereur reste en arriere ; le grand-vizir 
dresse ses tentes a Ak kilis£ ; I'armee passe successivement quar 
tre ponts. Quelques infi deles qui se presentent sur la route 
(yole enoub) sont massacres; pluie continue. 21, l'empereujt 
arrive a Ak kilise (eglise blanche). 22, halte; pluie. 23, Eliej 
pluie. 24) Hissarlii; pluie abondante. 25, Belgrade; il pleut 
toujours. 26, on s'arrete pour faire traverser le pont £ I'armee. 
27, Pempereur passe de Fautre cdt£ de la Save et arrive dans la 
plaine de Syrraie. Le grand-vizir va a sa rencontre a la teMe des 
troupes de Roumilie; vent impetueux et pluie. 28 , halte; ks 
troupes d'Anatolie passent le pont de la Save et entrent en Syr- 
mie. 29 et 3o , halte et pluie. 

Moia de juillet (silhidje). 
i* r , halte. 2, les deux fits de Sinanbeg, sandja&beg de Karli~ 



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478 NOTES 

Hi, mort dans la bataille de Tschaldiran, et un sipahi, sont de- 
capitls pour avoir vole pendant la marcbe quelques moutons 
aux janissaires ; leurs teles, plantees sur des piques, sont pro- 
menees dans le camp ; quarante-un infideles, accuses de brigan- 
dage , subissent le meme sort. 3, diwan ; les begs de Roumilie 
et d'Anatolie sont admis au baise-main. 4 1 nalte. 5, diwan. 
L'ambassadeur francais , ainsi que celui du roi de Poiogne et 
les envoyes de Ferdinand , sont admis au baise-main , avec le 
ceremonial observe dans la campagne precldente lors de la 
reception du roi Yanoufcb. Tout les musiciens de l'armee sont 
r£unis a cette occasion devant la tente du diwan. 6 (samedi , 
i er silhidje), diwan a cause de faudience de conge 7 de l'am- 
bassadeur francais. 7, halte. 8, l'armee campe dans le voisi- 
nage du village de Senouha (Aschania) ; grande pluie. 9 , elle 
s'arrdte dans le village de Karakousch, pres de Boegurdlen 
(Sabacz). 10, Sabacz; le grand-vizir fait deux marches en 
un seul jour. 1 1 , l'armee arrive pres du chateau-fort d'Yarik 
(Yarak); pluie. 12 , halte. i3 , on passe a c6te de Mitrovitz et 
on campe a Bouradonofdia. i4> l'armee arrive devant le cha- 
teau - fort de Mourouyek et s'etablit dans le village d'lladj 
(Illats) ; le pascha passe le pont pres de Vulcovar (Vukovar). 
i5, l'empereur passe le pont. 16 , Borbowa (Borovo). 17, Esr*- 
. sek. Pierre Pereny est admis au baise-main du grand-vizir. 18, 
balte. 19, l'empereur reste en arriere; le grand-vizir passe le 
pont d'Essek; on £ tab lit douze autres ponts sur plusieurs ri- 
vieres ; le fils du despote est admis au baise-main du grand- 
vizir. 20, balte. L'empereur passe le pont d'Essek; les begs 
de Roumilie et le grand-vizir envoient dans la ville les gens de 
leur suite et les ouloufedjis pour preparer l'entree du Sultan. 
11, on arrive au village de Serner; prise des chateaux - forts 
d'Erschak (Egerszeg) et Schiklos (Siklds) , et de celui du ban 
Sertschianosch (Szerecsen Jan 6s). Pierre Pereny est arreted 22, 
l'armee arrive devant le chateau-fort de Kapolina; on publie 
que tous les biens des babitans sont livres couame butin aux 
troupes ; le chateau est pris. 23 , le chateau situe* au milieu des 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 479 

marais est occupe. 24, deux Tata res sont pendus pour avoir 
assomme un janissaire. 25 , Babofdje (Babocsa) ; les janissaires 
partent par une forte pluie en tirant des salves. 26 , on s'arr&e 
devant Bilowar (Belevar) ; le cbdteau est enlev6 ; on traverse 
plusieurs ravins. 27, l'armee carape pres du village TscbiU- 
chova (Csicsrf); le cbdteau de Wounouscb estpris; grand em- 
barras pour le passage d'un pont et d'un ravin. 28, Safad£; le 
cbdteau se rend a discretion; l'empereur recoit dix janissaires 
dans le corps des solaks. 29, on passe un ruisseau {Mal) y le 
Salawis (le fleuve Szala) ; marche difficile a travers des marais. 
3o, occupation du cbdteau susdit. 3i 9 l'armee arrive au village 
4c Szent-Mibaly. 

Mois d'ao&t (moharrem). 

i 6r , l'armee campe a Kapornak; prise de ce cbdteau, et de 
ceux de Bilescbyr (peut-elre Szalab^r) et Niscbarwar (peut- 
6tre Tuskevar). 2 , balte, pour construire un pont sur la Szala* 
3 (un samedi , i er mobarrem 939), l'armee passe a c6te* du vil- 
lage de Kam , et £tablit son camp devant le cbdteau de Ko- 
raendwar (Koermend). 4? prise du cbdteau de Roum. 5, balte; 
l'armee arrive sur le bord de la Raab. Soulelman 7 fait jeter un 
pont. 6 , prise de deux cbdteaux , celui d'Egerwar (Ikerwar), 
et celui de Mester (Mesteri). 7, on s'arrdte a Hidweg , apparte- 
nant au roi Jean ; on passe le pont jet£ sur la Raab. 8 , village 
de Topanco (Taplanfa). L'empereur traverse le pont sur la 
Raab ; cberte* excessive des vivres dans le camp. 9 , on arrive 
au village de Gendj (Genes). Soulelman donne l'ordre d'as- 
sieger Kcesek (Koeszeg, ou Guns). 10, Farmed &ablit son camp 
devant Guns; pluie battante. Du 11 au 16, pluie, balte. 17, 
18, la pluie continue. 19, les mines pratiquees sous les murs 
du cbdteau sont even tees par les infideles. 20, balte; il tombe 
beaucoup de grele. 21 , on fait jouer de nouvelles mines; il 
est impossible de gagner un poucc de terrain ; feu terrible 
d'artillerie ; execution dc plusieurs soldats. 22 , ordre de 



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48o NOTES 

corobler le fosse ; on jette par-dessus les murs une lettre par 
laquelle la garnison demande a capituler; cependant ils la 
reprirent. 23 , l'explosion de deux mines fait une large bre- 
che ; Taction s'engage ; violente lutte qui n'amene cependant 
pas la prise da chateau. 24 et a5, pluie continuelle. 26, halte; 
les troupes d'Anatolie sont chargers de rassembler du bois* 
37 , halte ; on dispose ce bois de maniere a en former une 
plate-forme, qu*on elcve a la hauteur des murs de la forte - 
resse. 28, halte; dans la matinee, Nicolas (Yurischitz) envoie 
des parlementaircs pour deroander la paix; elle lui est ac- 
cordee par la raison qu'il est venu antlrieurement a Constan- 
tinople en quality d'ambassadeur de Ferdinand. Jurischitz se 
rend a la tente du grand-vizir et pr^sente la soumission du 
chateau; le pascha convoque le diwan; les assistans sont admis 
au baise-main. 29, grosse pluie ; le grand-vizir envoie le mou- 
teferrika Djaferbeg avec Vheureuse nouvelle de la reddition du 
fort ; l'empereur lui fait donner un kaftan et cinq cents pieces 
d'or, et lui assigne en outre un supplement annuel de dix 
mille aspres, a titrc ftarpalik (argent d'orge). 3o, pluie con- 
tinuelle ; les pascha s sont admis a l'honneur de baiser la main 
du Sultan; ils le felicitent sur la reddition du chateau. 3i, on 
reprend le ch&tcau de Sopron (QEdenbourg) ; distribution de 
trois bourses d'or et de kaftans. Les envoy es de Ferdinand sont 
eongedies. 

Mois de septembre (safer). 

l er , repos. 2 (lundi, i« s&fer), village de Koble (Kobels- 
dorf), passage difficile d'une riviere; courte station. 3, on 
campe vis-a-vis de Schelschelou (Csasafalou); ce cbdteau se 
rend a la premiere somraation. L'armee traverse plusieurs ma- 
nages. 4> «Wc campe dans le village Ohel (Rogel); on aper- 
c,oit un beau chateau situ £ sur la crete d'une haute montagne, 
et repute pour etre le plus fort de tous ceux que les Alle- 
mands possedent. 5, on passe le de1il6 d'Ohel (Kogel); on uv- 



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ET ECL&RETSSEMENS. 4Bi 

rive a Delian (Decbanskircnen} par un chemin tres-difficile. 
6 , on campe dans Tintericur de ce defile , en - dec,a de Po- 
tendrak ( Pottendorf ). 7, prise de ce chateau, et d'un autre 
moins important (Kirchberg). Lea diflicultes du chemin sont 
plus grandes encore que la veille. 8, on campe dans le meme 
pas, devant Haitenar (Reitenau). 9, on s'arxele a Marhofn 
(Meyerho£en), pres la source du Takistridj (Feistreitz). Lea in- 
fideles font une sortie d'un cMteau voisin. Marche p^nibie le 
long de la montagne. ro, village de Kalaiscb (Gleisdorf), Pen- 
dant cette marche , on brule une eglise et on fait beaucoup 
de prisonniers; les eclaireurs soutiennent un rude combat, 
mais ils conserved t T a vantage : quatre cents in fide les Sont pas- 
ses par les armes; plusieurs sont fa its prisonniers avec leurs 
chefs* 1 1 , on campe devant Gradjas (Graetz) , grande ville ran- 
gee sous la domination du roi d'Espagnc. Leihan desTa tares 
se porte avec ses troupes jusqu'a la rive de la Murr; Tarmee 
otto mane tout entiere debouche des montagnes voisines. 12 , 
la c&valerie se met en mouvement de bonne heure, et, par la 
grace deUieu , parvient a passer la "Murr, que jusqu'alow on 
n'avait jamais pu traverser que sur des ponts; mais on,y .perd 
quelques bommes et beaucoup de bagages. i3, on campe 
dans la plaine d'Eseklos (Seckau). On apercoit le bourg de 
Laipnidj (Leibnttz),'0u P*rtm*e faltun grand n ombre de pri- 
sonniers ; les farines et les grains sont excessivement bon mar~ 
che*. 14, prise o\i chateau ( de : Pitschan (Witsehein); marclie 
difficile. i5, halte, afin dVrassembler 1'armee qmi se trouve 
tbute disperse ;'brotiilhrd si epais que Ton He peut se dtstin* 
gtrer les utisles aurres. i'6, on campe sur la rive de la Drave , 
devantlMdrprouk (ifarbdut^.L'arttice passe, dans 1 cette jour- 
nee y sept ou hult marais; prise des chdteaux de Lemboh (Lem- 
bach), d'Ischlaindja (Schleim'2) et Radosek (Kadnik) ; on com- 
itfence a jeter'fe punt stir ta'JDrtfve. r^, retard dans les travail* 
ctece pout. 1$ et ig,hj£tey encore a cause des longueurs qti'en- 
tratne h const^elrit^^^g^dht. 20 ,ie paseba l trttverfe 'le 
pfotlt V5dri8 x la MtiJ^£ef*le Sultan rerste solr ; £ lertrois ctffpi 
t. v. •- 3i 



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ET tfCLAIRCISSEMENS. 485 

Ferdinand, io> Poradonofidj ; longue journee de marche. n, 
Djerdoutscha. 12 , I'armee passe en Syrmic et £tablit son camp 
vis-a-vis dc Belgrade; le grand-vizir se rend au devant du Sal- 
tan, qui traverse le pont et carape du cote de Belgrade. i3 f 
halte et revue. 14, halte , diwan; les paschas, les defterdars, 
les nischandjis et le beglcrbeg d'Anatolie , sont revelus # dlia- 
bits dlionneur ; cerlmonie da baise-main. 1 5, halte. 16, le 
grand-vizir traverse le pont de la Save bannieres de"ployees , 
musique en tete, et, suivi des agas et des begs, il vient dis- 
poser l'e*tendard du serasker aux pieds du Sultan. 17, le grand- 
vizir quitte l'arme'e. 18, Hissarlik; le commandant du chdteau 
de Nemdje* envoie les clefs du chateau* 19 , le Sultan se rend 
a Semendra. Du 20 au 25, pluie, halte. 26, Poulana.. 27, Si- 
poudidj. 28, Schoubalatsch. 29, village de Kowatschou- 
tschina , connu sous le nom de Tscheschme'. 3o , eaux ther- 
males de Nissa. 3i (jeudi, x* r rebioul-akhir), halte* 

Mois de novembre (rebioul-akhir). 

i er , on campe vis-a-vis Schehrkcel. 2, village d'Iflaklar. 5, 
Sofia. 4« halte; il neige. 5 , village d'Ormanlik; Paga des janis- 
saires ct le mir-aalem arriverent ce jour-la a Constantinople*. 
69 village d'lkhtiman. 7, Tatarbazar. 8, Philippopoli* ; diwan. 
9, Kounisch. 10 , Semufdj£. 11, village de Yenidjelu. 12, An- 
drinoplc; on illumine la ville. i3, halte. Le dernier grand- 
vizir, Piri Mohammed-Pascha , mourut ce jour. Du 14 au 16 f 
halte. 17, Baba-Eskisi. 18, village d'Ehvanlu, pres du pont 
d'Erkene\ 19 . Siliwri. 20 , Halkali»Binar. 21, le Sultan rentre 
au serai de Constantinople ; cinq jours de fttes et d'illumina- 
tions dans la ville et les faubourgs d'Ejoub , de Galata , de 
Scutari. Les bazars restent ouverts pendant la nuit et Soulei- 
man va les visiter incognito. Le 26 novembre fut le dernier 
jour de ces rejouissances. 

On trouve encore dans Mar. Sanuto, t. LVH, un journal 

3i* 



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4&4 tfOTfiS 

italien de la catnpa'gne de Gtins, qui s'aceorde sur les dates 
avec celui de Souleiman. En voici un passage relalif a Guns : 
« Quel 27 de la luna quelli di dentro corainciarono a di- 
» Matidar la pace Spontanetnente , e accordo sopra la fede di 
% Mahometo e sopra li patti di Mustafa e secohdo il consulto 
» si acceptb lo loro renderti a patto , dove di dentro lo Sigr. 
»ldfo con to toinor fiolo cli'Curtovich use n do di fora basarono 
* la graaiosa man del Bassa Intbinando la testa lorb fin alia 
» terra, e di poi di quel loco levandosi lo esercito per giorrii 16 
» tutla via caniinaridb *e scorrendo inverso la bancla di Vienna. 
»t)ove avrete di qttesta citta *si pervenne alia nevicosa mon- 
» lagnaWesil (We^Ase*!) ci6 e fossa montagna (fiartberg est 
» saris doute mis la pour Rolhberg) la pace e per mezzo all' 
» incoritro a Vienna c qiielta a man destra alii isparmi mon- 
» tagni dello interno delta Alemagria , arivando quelli di Ca- 
» valieri nei mill grasigriandossi al monttfrlo imppssibii era, 
» ma la gratia divina; che alii soi fedeli servi non mancha 
h mai da quello lodo ibottissinio arostarono delle nostre In- 
» suli Gambelli carichati , e cadauno delli Gambelli ponen- 
» doli fa'mtfiie 1e ztippe gttnoVper fer la Strafe coli Gambelli 
» vvtiitelidosi a passo a ptrssb oottiinciarono a in on tar la detta 
» ittontfcgna , ttosilo esercito stnOhtdndb e cavalcha'ndo le prc- 
» *te«e aspere itfttirtagne attcendetido paS&rono « tirrivarono 
w fftto kftertto ; *e ptteSe di Spagna (?)e queli gtiartando ebru- 
» sando e dfttruggendo etutto itiettendoli a gran ruina e senza 
» pooti 4re gratidfoahhi f fiultii pfctearono. ©a poi passato il 
» 16 delta luna <K safer si pervenne incontro ai fitime di Drava, 
» dove er* «na gran -citta (Marbotirg) et in el mefco di quella 
»era Uptmte dove si p&ssava lo detto fiuftie, ma'non facetidd 
» rtima 4i tai ponte di novo tin pttnte fu febricato e cosi parte 
» <le 4 esercito passb peril detto ponte, e parte passo alGurge 
» di Sotto dellfaditta dove era il passo e la giurrti doi <*ola 
» notte tutto lo esercito si trasfcri e pasdo il fiutne, edi'poi ca- 
» minando in campo doi giurni si arrivb in una aspra e folta 
» ic4v». * 



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ET ECLAHIGISSEMENS. 485 

XXVII. — Page vj#. 

« Copia d'una lettera del Sgr. addi i* otfobre i5te, dans 

• VHutaire de Mar. Sanuto> 6 L vu, voy. le rapport de Pietro 
» Zen* date du 10 decembre. Pervenissirao fin 'ad* una gran 

• oitta nominataGradjas one 61 ab antiquo sedia e domipilio del 
» detlo Maledetto, dove avendo oognosciuto cbe il l^faledetto 
» spaveniato del impeto del nostro gran eseroito e levator! al 
» suo segno per salvarsi la vita se ne parti to lassan doll adver- 
» sariisuoi infideli, che seguitanqla via deldiavolo efrspento 
» del tutto l'errore dei Infideli loro e voltatt dal delto loco Ik 
» potentissima Maesta mia oon felice e gloriosa vittoria ha- 
» vendo espugnato delli Cattelli pertinent! a quelli dette stab ill 
» Infideli li Castelli nominati Carbona (Harbart), el Rachiz 

• (Rascina) Posega e fatto mi compote del desiderio suo e 
» gidnto con tutto il suo al mar simigiiante esercito alia citti 
» di Belgrado adlia dellaluna di rebioul-ewwel 9^7 cosi fu dt 

• 13 ottobre i53a. • 

XXVIIL — Pace i 7 5. 

Pierre de Lodzia Opalinsky fut envoye six foia par Sigis- 
mond l er en ambas*ade> v i° a Ferdinand pour le. determiner a 
faire la pair avec Zapolya; a a la diete germaniqne,.pour lui 
souroettre des questions de religion , et pour lui exposer set 
rapports avec la Turquie; 3° au pa.pe Paul III, pour le feliciter 
de son election; 4° a Ferdinand, pour lui proposer de donner 
sa filie Elisabeth en mariage au fils de Sigismond;, 5° k Charles- 
Quint pour lui porter les sou baits du roi, au moment ou il se 
preparait a faire voile pour Tunis; 6° enfin a Soulelman. Lea 
leltres echangees entre le sultan et Sigismond I er se trouvent 
a Pulawy dans la bibliotheque du prince Adam Czartorisky. La 
traduction du traite rati fie par Soulei'man, & la date de fannee 
94p (t 533), est rcproduite dans les Scritturs Uuvhesche des Ar- 
chives, de la maisQuX & d'AutricJie. Q« y voit qncore la lettre 



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486 NOTES 

de recreance donnee par Souleiman a l'ambassadeur venitien 
Pietro Zen. Les lettres et autres documens d£pos£s a la biblio- 
theque de Pulawy, sont : la capitulation qui accorde une treve 
de trois ans a la Pologne, dat£e du.mois de moharrem o3a 
(octobre i525), et apportce par Stanislas, cM tela in de Biecz; 
2° la reponse du Sultan a une lettre de Sigismond, remise par 
Opalinsky , et da tee du mob de moharrem g3g (aout 1 532) : 
cette lettre a done &6 e*crite sous les murs de Guns. Ces deux 
lettres contiennent de nouvelles protestations d'amitie pour 
l'empereur, et un ordre au khan des Tatares de se tenir tran- 
quille. On attribue encore a Souleiman une lettre publiee par 
un poete polonais qui avait accompagne, en 1621, a Constan- 
tinople, le prince Zbarawsky, ambassadeur de Sigismond III. 
Cette lettre , que le Sultan aurait remise a Opalinsky pour son 
maitre, et qui a &6 successivement reproduite dans le Journal 
historique, geographique et statistique de Moscou, du mois d'a- 
vrii 1825, p. 28, de la dans le Bulletin des sciences historiques, 
anne*e 1826, n°6o2, renferme le passage suivant : « Bientdt je 
». terminerai ma soixante-dizienie annee, — bientot nous nous 
» verron^ dans cette region bienheureuse ; ou, triomphanset 
» glorieusement assis aupres du Roi des Rois, moi a sa droite , 
» toi a. sa gauche, nous parlerons ayec joie des sentimens d'af- 
» fection qui nous unissaient Pun pour l'autre dans ce monde. 
» Ton ambassadeur Opalinsky pourra te dire dans quel degre 
» de bonheur et de gloire il a vu ta sosur, mon epouse. Je le 
» confie a ta majesty. Adieu ! » Mais dans ce peu de lignes tout 
est invraisemblance ou mensonge : car Souleiman n'avait, en 
■ 1 532, que trente-huit ans et non pas soizante-diz ; ensuite ce 
n'est pas lui, le plus austere des musulmans, qui se fut jamais 
place avec un roi des infideles a c6te de Dieu; enfin, la pr6- 
tendue alliance du sultan avec Sigismond , par Rozelane , 
qui figure ici comrae sceur du dernier, est une nouvellc er- 
reur. Au reste cette erreur prend sa source daos le compte- 
rendu par Twardowski (Samuel de Skrzypna ) de rambassrdc 
de Zbarawsky, sous ce titre : « Przcwazina legacy a I, 0. X. 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 487 

Krysztofa Ibarawskiego etc. etc., od N. Zygmunta III. Krdla 
polskiego i Szcvedskiego do Soltano Cesar zo Tureckiego Mus- 
tafa uroku 1621 , etc. j et public a Kalisb en 1621, a Wilna 
en 1706, eta Cracovie en 1639, format in-4 Q , Tout ce que 
rapporte cet auteur est aussi peu croyable que le conte dont 
nous venons de parler; par exemple, il cite parmi les ambas- 
sadeurs qui se trouvaient en meme temps queZbarawsky a Con- 
stantinople , le comte de Tburn (le rebelle de Boheme) comme 
agent de l'empereur, et m£me comme un envoye* du fameux 
prStre Jean de l'Etbiopie. Quoique Roxelane, dans les rapports 
des ambassadeurs v^nitiens et imp&iaux, ne soit pas designee 
sous d'autre nom que celui de la Rossa (la Russe), il est pro- 
bable cependant qu'ils ont voulu dire par la qu'elle £tait ori- 
ginate de la petite Russie (la Galicie d'aujourd'bui), ou de la 
Lithuanie mlridionale (rUkraine, la Volbynie et la Podolie) j 
s'il en est ainsi , il serait possible que Roxelane fut la fille d'un* 
pauvre pope de Robatyn, petite ville situ£e sur la Lipa , dans 
la Galicie, et appartenant au cercle de Brzezany. C'est aussi l'o- 
pinion de M. le comte Stanislas Rzewuski* On lit dans Wagner 
Turkenbuchlein (Petit Livre sur les Turcs, 1664), que Roxelane 
e"tait d'origine italienne , et qu'elle avait £t£ cnleye'e en .i5a5 
de Castel Gollecbio. Mais cette fable, que Wagner a repro- 
duce d'apresUlric *WaMich(deReligione turcica, p. 019), et qui 
a sa source dans les Annales de Jean-Francois Neger, est d£- 
mentie par cela seul qu'avant cette Ipoque Roxelane e'tait deja 
la favorite de Souleiman, et lui avait donne*, des Fannie i52$ } 
un fils nomme Selim. On trouve encore dans la Bibliotbeque 
de Pulawy une lettre de Souleiman a Sigismond I er , dat£e 
de Tan o,53 de l'begire (i546), et relative a la restitution des 
droits de douane percus sur le marcband de pelleteries de 
la Porte ; une autre lettre de Souleiman , dat£e de la m6me 
ann£e , et dans laquelle il argue de Timpossibilitd de rendre le 
cbdteau-fort de Pezz a Eiienne et a sa mere; enfin une troi- 
sieme , du mois de safer q54 (avril i547) 9 dans laquelle il re- 
clame i° une indemnite pour les dommages causes par l'incur- 



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488 MQTJEfc 

ftion polonaise sur le territoire d'Oczokow, ; 2° rarrestation d'un 
voleur. 

XXIX. — Wxmn 1781 

Le rapport de Famhassadear ne determine pas s'il Itaitfrere 
uterin ou gcrmain de Jerdme de Zara ; dans tous les cas, il est 
certain qu'fl e* tail frere de Nicolas Jurischitz. Comme celui-ci 
s'appelait DEZKifG.etrautre de Zara, il est probable qu'ilsne 
descendaient pas du m&me pere; peut-6tre encore ccs noms de 
ville desfgnaient - ils leurs propri£t£s lerritoriales , et npn pas 
Tfe Hen de leur naissance. Jer6me de Zara et son fils Ves* 
pasien GuiHaume de Zara n'avaient pas jusquc-lk joue de role 
surla scerie politique. Lorsque Jer6me fat revenu de Con- 
stantinople , Guiftaume y fat envoys non pas en qualite cTam- 
bassadeur , mais seulement comme porteur d'un message, de 
Tempereur au Sultan , at avec ordre de ne pas le voir ni tfenr 
tamer avec lui aucune negotiation. Son rapport, depose dans 
les archives de la maison imp. roy. <F Autricbe , porte ce titre : 
Enarratfo eorum qua: per Vespasianum.de Zara cum D. 4jas- 
hassa et Aloisio Gritti in Cpnstaniihopoh tr aetata sunt, Pragce^ 
&martii'i5$& IVarrJva a Constantinople le lifnovembre i533, 
et le 3b du m£me mois il fat recii en audience par Gritti , 
qui lui demanda la Iettre de l'empereur pour Ibrahim ,. se de- 
clarant autorise a Touvrir; Jer6mc dit de Gritti : « Valdc de 
» voltibilitate ct inconstantia Hungarorum mirabatur , quod 
• post tot info rtunia et sum mi Dei correctiones adecr nefastis 
» practicis sedition i bus et dolis non desistant; — mirabatur, 
» quodM.V. in illis litter Is mentionem fecerit, ipsum Mi.Vae. 
» id, quod eadem in Hungaria habet libere ad retihendum et 
» possidendum permisisse et Ibrahim ilium Aloisiura inter- 
» rogavisse,an conclusioni pacis cum Oratoribus interfuisse 
^~ velle ot Rex Joannes totum id regnum possideat. • 

XXX. — Page i8o\ 

On ne peut pas determiner, d'apres l'e&tretien qu'eut Corne- 



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ET ECLAIECISSEMENS. 489 

lius Schepper avec Ibrahim , et dans lequel ce dernier parla dc 
sa patrie , s'il Itait Suisse , Alsacien , ou d'une province limi- 
trophe de 1% Franoe. « Qujesirit flhrajmus) , qu.a;_ regio melior, 
» Hispania, an Francia. Respondit Cornelia* sibi ut nato in 
» confinibus |Jranci« pulcriorem videri Franciam, Hispauiam 
» longe majorem et rob\xtfiorsm,,»> Rapport d/Hiewmimus. ej 
» Cornelius. 

XXXI. — Page 181 • 

FercUV L 197 et 198. D'autrea cbangemens encore forest 
op£res dans.le gouyerneraent, d'apres oet historien : Soulei^ 
man, alors beg du Soulkadr, fut promu au gouverncment de 
Diarbekr, en remplacement dTakoub, destitu6; Ahmcd-Pa- 
scha, sandjakbeg d'Awlona, fat nomine* beg du Soulkadr; Isa- 
Pascha , qui avait deja rempli les fonctions de beg de Syrie, y 
fut appele* de nouveau, en remplaceraent.de Loutfi-Pascha, 
dec£d£. Le gouvernement d'Anatolie devint vacant par la morjt 
de Rhosrew-Pascha. 

XXXIL — Page 181. 

« Mustafa e mandate in Sangtaco di Magnesia eon dueati 
» 4<> mille di Timaro,e cussi ladorainica li 9 vene basar la man 
» al Sultan , andarorio tutti li Aga e Capigibasi. Arrivato alia 
» seconda Porta li Bassa tutti li tre uscirono e li andarono a 
» far hi riverenza e lo accompagnarono dentro, dove pocho 
» stete, poi ussite accompagnato da li Bassa. Ay as li tene la 
» stapha , Ibraim il caftano ; cinse la spada e ritorao accorapa- 
» gna di tutta la terra, i5 anni,di bello aspetto 5 bianco e 
» gratiato; ha il collo longino come il padre , e ha bellissim4 
» persona ; mostra accorto. Entro un fiol del Soldan di Soria 
» che stette due ore dopo qucllo entro na altro da Tauris. » 
Rapport de Parabassadeur du 4 mars, dans Marini Sanuto, 
t. LYI. 



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490 NOTES 

XXXIII. — Page i83. 

« Ibi sunt columns ex aere ablatae ex Buda cum imaginibus 
» Hcrculis, etc. Haec area (Hippodrome) a meridie habetmare, 
» ab occidente hortum Ibraimi bassae et ipsius domum, ab 
» oriente palatium magni Caesaris. In bac area sunt multa pa- 
» tibula sive furcae ad borrorem nocentium ere etas (d'Ibrahim), 
» vestera superiorem auream inferiorem ex auro et scrico inter- 
» tcxtam coloris lazurei, — homo mediocris, stature minor 
» quam major, nigellus; vultu mediocriter oblongo, interiores 
» dentes habet 5 aut 6 a se distantes et longos, acutos. • 

XXXIV. — Pagb 184. 

Ce calcul repose sur une erreur, mais il est important 
quant au cours de l'argent a cette epoque. « Mille somas 
» asperorura quae faciunt vicesies centena mi Ilia ducatorum. » 
Le mot soma, e'esta-dire la charge d'une b^te de somme , r£- 
pond au mot turc yuk , qui designe une valeur de cent mille 
asp res; par consequent, mille charges font cent millions d'as- 
pres ; or, cent millions d'aspres faisant deux millions de du- 
cats , le ducat yalait alors cinquante aspres. 

XXXV. — Page 189. 

Le lion 1 commc symbole de la puissance souyeraine , figure 
encore sur la proue des yaisseaux de guerre de la Porte. A 1'6- 
poque ou cette conference eut lieu , on voyait encore a Con- 
stantinople le groupe colossal du lion et du taureau , d'ou le 
«alais construit par les erapereurs grecs portait le nom de Bu- 
Dfeo/i, aujourdliui TschatladL (Voy. Constant, et le Bosphore, 
t. I , p. 119). « Est marmor quoddam bic propere ad mare, in 
» quo sculptus est leo ingens tenens taurum cornibus, tarn 
» vasta moles, ut a mille hominibus moveri non possit. » Rap- 
port de I'ambassadeur. Le rapport de Pambassadeur yenitien , 
en date du 14 decembre i53a, qui se trouve dans Mar. Sanuto, 



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ET ECLAIRCISSEMENS: 491 

t. LVII, donne la description la plus exacte dc ce groupe : 
« Alia porta dove si amazzan animali a costo delle colone del 
» Podromo (Hippodrome) da basso fuoridella detta porta diraa- 
» rina un leone , sopra il qual e un grandissimo tauro , major 
» bonamente che il vivo , svenato dal leone , il quale li e mon- 
» tato sopra la schina e lo ha altirato , e da una banda ad una 
» coscia del tauro e un grandissimo Aio? e questo lione assai 
» major del vivo , e tutto di una pietra di una bona mina , 
» questi animali soleano esser con le teste voltate verso Ana- 
» toli , e par che quella medesima notte (2 1 novembre) se vol- 
» tassino colle teste verso Costantinopoli; ci6 la matina veduto 
» tutta questa terra li e concussa e ha fatto stupor e stordir 
» tutta questa terra, e ognuno ne discorrendo secondo la pas- 
» sione dell' anima. » Get ev£nement eut lieu le 21 novembre, 
au retour de Soule'iman ; Schepper qui n'arriva a Constanti- 
nople qu'au mois de Janvier de l'annee suivante, est mal in- 
forme, lorsqu'il dit qu'il se passa au depart du Sultan. « Caesare 
» Turcorum exeunti in Hungariam marmor hoc versum est , 
» quippe leo respiciebat Asiam, nunc respicit Europam, pu- 
» tant fatale esse* 9 



LIVRE XXVHL 

I. — Page 206. 

Le Djihannuma nomme : Mohammed ben Melekdad, Vau- 
teur du Telkhis Djamii; Seid Housein , profond^ment vers6 
dans les sciences cabalistiques et qui pr£dit l'envahissement de 
l'Asie par les Mogols j enfin l'astronorae Mewlana M ouhiyed- 
din , que Nassireddin appela au conservatoire deJMeragha, 

II. — Page 206, 

Ewlia visita les tombeaux de Kay a Alp 7 aleul d'Ertogbrul et 



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49? NOTES 

de son frere Hasan Bainder-Kban ; ceux dp Sultan-Toukbtafci, 
Sultan-Koskoudkban , Ali-Kban, Kasim-Rban ,. Bendi-Kban , 
Sorbai-Khan, Ismail-Khan, Bederbai-Kban , Djighali-Khaji , 
Tbkbatmisob-Khan , Seldjouk-Kban, Israil-Kban, M£rsoum- 
Bai, Houtlou-Bat , et les lombeaux de leurs ferames , Mama- 
Khatoun,Harma-Kbatoun, Djan-Kbanum, Niloufer-Kbanum, 
Sobeid^-Kbanum, Serwiboi-Kbanum , Siba-Kbanum , Sarfa- 
Harma, Khorscbid-Harma et Dondi-IIarma; il visita de plus 
les tombeaux des prinees des families de Daniscbmend, Tscbo- 
ban 9 Karakayounlu, et Akkoyounlu. 

III. — Page 212. 

On voit encore a Koniah les tombeaux des celeb res schcikbs 
Kerimeddin , Sadreddin , Bourhaneddin et Seradjeddin, ainsi 
que celui du grand sultan des Seld joukides , Alaeddin. Le 
Djihanmima, p. 61 0, fait de Koiliab le lieu'de naissance de 
Platon. 

IV. — *. Bag* 212. 

Le grand-vizir envoya plusieurs courriers pour demander 
qu'on pressAt la marcbe. Voye* le Journal de Souleiman, au 
36 septembre. Ali, xxx e r^cit, f. 244 9 et Solakzade, f. 110, 
rapportent qulbrabiin, danaWncertitudesi Souleiman se ren- 
drait a Tebriz, avait ouvert le Diwan de Hafiz, et e*tait tombe 
sur le premier vers des 53* gbazele a la lettre Dal. 

V. — Bage 212, 

Ce rels-efendi est le premier que citent les historiens otto- 
mans. II figure deja en cette qualite* dans la conference cTibra- 
bim avec Jerdme de Zara et Cornelius Scbepper; son nom 
ouvre la liste des rei's-efendis, dans la biograpbie publide par 
Rcsmi-Ahmcd, et intitulee KhaUfetoul'tvuesa } c y cst-k'dire } l f aide 
des, chefs. 



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ET fcCLAIRfclSSEMENS. 4g3 

VI. **» Page 317. 

L'auleur du Djihannuma, p. 458, donne les details suivans : 
du bord du Tigre a la porte da Grand- 1 mam , douze bastions 
(tours), s'ltendent sur une longueur de terrain de sept cents 
aunes : de cette porte a la porte blanche, trente-quatre bastions, 
sur uneionguieur de deux faille Huit cent cinquante attnes : de 
la po*te Blanche au bdulevard persan , vingt-six bastions, 
deux mi lie cinquante dunes: du boulevard a la porte Noire, 
frente-six bastioris, deiix mille buit cent cinqudnte aunes : de 
la porte Noire' all bbrd du fleuve , quatre bastions , cinquahte 
amies: de la jusqu'au p6nt, trente-trois bastions, deux mille 
six <5erit cin quart te Guiles : du poht au point le plus eloigne 
du fleuve, dtx-btiit bastions, mille cinquante aunes; en tout 
cent soixante-trois bastions, re*partis sur une Vendue de ter- 
rain de douze mille deux cents aunes, et non pas douze mille 
quatre cents. 

VII. J- -R40B <5H7. 

r Imdrtii Adzem y nora queNiebubr, t. It, p. 244? a prispour 
Maadem 6U Jidem; le meme auteur a commis une autre erreur 
en ; 4ct\ymt x Kadem au lieu de Kasim ; c'est pourquoi, <lans son 
plan, lecbemin qui conduit d f une des portes de'la ville a Imam 
Aazem, est d&igne sous le nom ^Adem y et celui qui, de l'au- 
tre c6te* du fleuve, mene a Kasim , est appele" Kadim. Par une 
erreur a peu pres semblable , la porte dite Karanluk (tlnebres) 
s* trwve e«rite KftMofojgh. 

VIII. — Page 0-17. 

lue tyjihamiiimaip. 459* Si la construction da palais ne date 
que du'kba life Moktader, Tarbre d'or existait d^jk, car i'erape- 
reur deByzance en fit elablir un pareil dans le palais d'Heb- 
domdn, sur la description que lui en donna son ambassadeur 
apros son rctour de'la cour du'khallfe KToteassem. AU rcste, 



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494 NOTES 

l'idee qui presida a la creation de ces arbres remonte an regne 
des anciens sou vera ins de Perse et de Lydie, et dont Alci- 
biade disait qu'ils n'avaient pas me me abrite une cigale. Plu- 
tar. de Alex. Magno, et Xenophontis Historia. 

IX. — Page 219. 

Le Djihannuma, p. 460. Ewlia, dont le nom signifie les 
saints, et qui visita principalement dans ses voyages les torn- 
beaux des hommes morts en odeur de saintete, .par suite d'un 
songe dans lequcl le Prophete lui avait apparu, donne la des- 
cription des tombeaux des imams Kasim et Takki , apres avoir 
^numere toutes les mosquees de Bagdad. II se trouve a la fin de 
son ouvrage plusieurs lacunes qui proviennent sans doute de 
l'dge avance" auquel il ecrivit le quatrieme volume de ses voya- 
ges j a la fin duqucl se trouve lliistoire de Bagdad* 

X. — Page 225. 

AH cite leurs noms, comme les tenant de la bouche d' Ahmed* 
Pascha, gendre de Roustem-Pascha, plus tard grand-vizir: 
Mohammed -SokolLi, surnomme' le Long, Pertew-Pascha , 
Piate- Pascha, Ahmed-Pascha , Sal Mahmoud- Pascha, Lala 
Moustafa-Pascha , Housein-Pascha ; et parmi les beglerbegs : 
Kellabi-Pascha , Behram-Pascba 7 Rous (le Russe ) Hasan- 
Pascha. 

XL — Page 225. 

Elan yedi wezir djoumlemuzun , koudreti, we khidem ou 
Idiischemi kesreti, merhoum Efendi denli dell dur dejru hikayet 
etdij c'est-a-dire, « la pompe et le forte des gens attaches au ser- 
vice des sept vizirs , que nous sommes aujourdliui (disait Ah- 
med-Pascha, gendre de Roustem), n'approchent pas encore 
du faste qu'etalait a lui seul l'efendi mort reremment. » Ali. 
Le m&me auteur, donne aussi Pelegie du poete Gbazali (Deli 
Burader), sur la mort d'lskender Tschelebi , mais cettc po&ie 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 495 

pcut s'appliquer £galement a plusieurs autres personnes pen- 
dues. 

XII. — Page 226. 

Le Journal de Souleiman au 26 mai. Comme les ambassa* 
deurs francais n'arriverent au camp de Honar que le 26 mai , 
l'assertion de Flassan , que le premier traits cntre Francois I er 
et Souleiman Ait conclu & Constantinople au mois de fe- 
vrier 1 535, est tout-a-fait inexacte, par rapport au temps, 
comme par rapport au lieu. En effet le Sultan ne revint a Con- 
stantinople qu'au mois de Janvier i536. 

XIII. — Page 227, 

Le Journal de Souleiman an 22 juillet. Les autres promo- 
tions sont consignees dans Ferdi, f. a3i et 239. Le beglerbeg 
d'Anatolie, Moustafa-Pascha, fut elevt a la dignity de beglerbeg 
de Roumilie, et sa place donn£e a Souleiman-Pascba , qui re T 
venait d'Egypte. Le Kurde Hadjibeg fut nomme gouverneur 
de Bidlis ; Ghazikhan reciit en fief la ville de Scnehrban, et les 
Tillages toisins de Mendeli, Harmouyl, Elwendiye : les sand- 
jaks de Baibourd'et de Koumakb furent reunis au gouverne- 
ment du Diarbekr. 

Journal de la sixieme campagne de Souleiman [premiere earn* 
pagne en Perse ) , en Vannie i534» 

Mois de juin (silhidj^). 

10 juin i534 (mercredi; 28 silkide* 940) , Scutari. 12, halte. 
i5 (i M silhidj£), on plie la tente du grand-vizir. 14, Maldepe\ 
1 5, la prairie de l'empereur Tekfour tschairi ; pluie. 16, Gue- 
hizi. 17, Hereke\ 18, Sazliidere. 19, pont de Sitarl. 20, Kaz- 
ludere\ 21, Dikilliitascb (l'obelisque de Nicee). 22 f halte. 
23, Pamboukdji. 24, Yeniscbehr. 25, balte. 26, Akbiik. 27, 
Eschen. 28, Bozoyouk. 29, Inoeni. 3o, Ilidjl. 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 497 

vnauvais. 16, dans les prairies pres da village de Dikin qui 
depend de Sou Schekhri, F6tape est double, ear la sta- 
tion r^guliere cut ^te le village* d'Ezbedi; cette marche est 
tres-longue, mais la route est unie; l'arm£e traverse beau- 
coup de villages, et passe pres du tombeau deTschoban Imre\ 
17, Akdepe, qui depend de Koumakh ; marche longue et fati- 
gante; descentes et monies continuities, 18, depuis Koumakh 
jusqu'aBouyoukyort les chemins sont pierreux et difficiles pour 
les chars, on ne rencontre ni arbres ni villages. 19, Ker- 
mane ; marche tres-penible. 20 , Erzendjan : arrived au camp 
d'un depute du khan de Schirwan. 21 , halte. 22, on ploie 
les tentes. a3 , on campe a Fentree du defile* de TschoU 1 - 
bo.ukyord. 24, l'etape est doubled, c'est la plus fatigante que 
Farmee ait faite depuis Constantinople; on campe devant 
Diizoun-Khani. 25, Kars ; lorsque Mohammed II marcha con t re 
Ouzoun-Hasan, il fit halte au village de Miane*, ou tf tra versa 
l'Euphrate. 20, en-deck du khan de Mama Khatoun, pres des 
ruines du chateau de Khoubyar. 27 et 28 , halte. 29, halte ; le 
froid se fait sentir; il neige siir la montagne de Terdjan. 
3o, halte, pour attendre les convois de vivres et munitions qui 
devaient rester a Koumakh jusqu'a la fin de la campagne. 3 1 , on 
leve le camp. 

Mois de septembre (rebioul). 

i B *, Penek; longue route a travers des defile's dans Fun dcs- 
quels Farmee stationne. 2, Khan is; un courrier du grand-vizir 
apporte les nouvelles et avis suivans ; que 1'Azerbeidjan est con- 
quis, et que le grand-vizir en a donne* le gouvernement au beg- 
lerbeg Baienderoghli ; qu'il serait convenable d'envoyer dans 
les provinces de Fempire des lettres ann on cant cette conquete ; 
que les fortifications de Tebriz etant deja commencees, il se- 
rait trop tard pour que le Sultan put y e'tablir son* quart ier 
d'hiver, et qu'il vaudrait mieux retourner dans le Diarbekr; 
que Melek Mousaffer, prince du Ghilan , avait depute un 
t. v. D2 



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4g* NOTES 

ambassadeur an grand-vizir, el que eelui-ei I'avnit renvoi** 
avec les bonneursdu* a son rang. 3, Tschepmouk? SuUan-&§}im 
s'ltait arr&t£ d'abord a Aladja Khan, ensuiie a Tschejrmonk; 
on fait ees deux Stapes en on seul jour; il est ari^te* que Farmee 
bivernera dans le Diarbekr. 4> halte* $, Erxeroum; on en vine 
dans les province* des lettres pour annonoer la victojre du 
serasker; le Sultan visite les iomhes d'Erseroujn ; defense aux 
joldats de prendre I'avanoe ; ordre aux troupes de marcher en 
colonnes, 6, Hasan Kalaa; longue et ptaible marche. 7, Tscho- 
ban Koepri, sur i'Aras ; on passe de l'autre cote" da fleuve $ Ion* 
gue marche. 8, Alagce*; chemin difficile pour les begages; on 
trouve peu d'eau, et Ton campe dans un d66U. 9, Iman Kiaai; 
les begages sont envoyj&s en avant de l'armie afin d^ viler le dea- 
ordre. io(jeudi, i er rebioul-ewwel), 00 campe dans le village 
d'Aidin, en-dec& de la valine d'Alischkerd, et pros des ruines du 
ch&teau de Kowan; double etape; emharres, difficult**; icila 
route qui mene a Tebrix se slpere en deux voie* ; le cbitesu 
d'Ardjisch , pris par le serasker, lui est aceorde en fief. 1 1 , vil- 
lage de Nadlu , sur le bord de l'Eupbrale ; route belle et unie. 
12, on longe 1'Euphrate; chemin pierreux, monlantei des- 
cendant; on rameoe des scrviteurs de KasinitPascha qui afc- 
taient enfuis ; trois sont empales , neuf coupes en deux par Le 
milieu du corps. i3, village de Tschubiikli, sur une hauteur 
escarpee et de difficile acces. i4> village de Tscbakrik; journee 
de marche longue et difficile. i5, village d'Aghi. 16, on campe 
dans les environs d'Ardjisch* £tape ordinaire ; JVIohammied- 
aga envoie an serasker une grande quantise d'objefsen prlsens* 
Du 17 au ao, halte. 3 i f divan, dans lequelon prend }a reso- 
lution de se diriger vers Tabriz, % cause $e la nouveDe anpertee 
par un courrier du grand- vizir, que Jes Fer&aps «'qppracben£. 
12, l'arm£e cafope dans le village de Bendmaji}, pjres du lac* 
23, dans }e pas de Raradcfi j chemin large et.piejrpenx. $4, dans 
les pr&vis-a-yfc le yijlage 4* jSegpienada,; fnap$fre 4i$«i)e. 
*5, elle campe au-del$ de Kboui, et en}re dfln* un <M0f£ 
si ^troit que deux eavaljersne peuvent y marches de front; on 



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ET ECL4!RCJ$SEM£NS. 499 

peed heanceup 4? fr£tfi? 4* sjpmme qui se laistent iomhtr Jans 
les prccjpjees. 36, AW*t£> longu* marche ; manque dW pota- 
ble; pn rec.oit un cnurrier 4^ £*and.-yiair, ijuijdeanande qu'on 
ftceeHere la marcfc de. |>nn«ie. 97, l'arflty&e sfarctte aurdeia 
4e $ofian 9 pres dep Sept- Fontaines ({left tschescfentye)'; onCait 
trpis Stapes dans une seuje journ^e; chemin un peu aUfjf&cile; 
plnie et vpnj. 28, l'arpfy&e arrive k Tebris et campe A Sidawa; 
longue marcbe; uue partie des bagages rejpint le camp; lea 
Jiabitans fie Te^rjz yjennent £ la rencontre du Sultan pour le 
feliciter, $9, Aoudjan, camp 4'^te du achat de Perse; reunion 
<Jes troupes du grand-vkijr et du Saltan. 3o, diwanf le serai^er, 
les beglerbeg* f lea agaa ejt le reis-efendi, Moustafa-T&ehelebi, 
sont revetus de kaftans et admis £ Raiser la main de I'empereitr ; 
les soldats jcU Ja inaisop imperials recoivent milk aspres (vingt 
.ducats) de gratification. 

Mois d'octobre (rebioul-akhir). 

1 er , rep 06, plnie< a, divan; le prince de Gfcilan est admis au 
)>aise-m*i&. 3 9 repos. 4> opploie la tente du Sultan; 5, i'armee 
passe pres de Khan Abbas; Khan Abbas; depart du grand- 
ykir ayec les troupes de Roumilie, forniaut Savant-garde ; le 
Sultan se place au centre avec les troupes de la maison impe- 
riale (janiasaires 9 troupes et cavalerie regulieres); 1'arriero-garde 
est composee des troupes de Karainanie ; marche courte et fa- 
cile, mais op manque d'eau ; Mohammed Mirza , fils du scbah 
de ScVirwan, est laiasi a Tebris en qualite de commandant; 
\es begs de Karahissar, de Koumakb , de Baibourd et d'Aldin , 
et )en£8 cayaliera sont mis sous ses ordres. 6, pros du village 
jles Turcomans; tongue journee; chemin etroit. 7, Kara Bal- 
^urUchai j ehemin tres-difficile ou Ton trouve peu d'eau; le 
sef asker f avec les troupes de Roumilie , se porte en avant. 
6, Miane , longue At p^niUe marcbe; on passe un pont e^eve 
sur une large riviere. 9, an campe dans le village de Kuril Ou« 
«onn f sitne au milieu de Fetroit defile de Kaplanti Ked&gi ; lVau 

5%* 



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5oo NOTES 

de la riviere qui traverse la valine est sau mitre : ce tf^file fait 
la limite entre l'Irak, qui commence au-dela, et PAzerbeidjan 
que Yon vient de quitter ; le grand-vizir, de re tour de scs excur- 
sions, se remet en ligne ; ordre aux soldats de ne pas se detacher 
des rangs pour marcher en avant; journee de marche plnible, 
ma is peu longue; les Persans, sachant que la tente imperiale 
marche en avant de l'arm6e , cherchent a snrprendre 1'escorte 
qui l'accompagne, mars ils sont repousses par le grand-vizir. 
10 (samedi , i er rebioul-akhir), Khan Serdjem, pays vaste et 
desert, les bagages reslent en arriere. 1 i , Khan Nikbi , etape 
longue ma is facile. 12, ville de Zenghan; longue journee de 
marche; on trouve'de l'eau en abondance. i3, Soultani ye* , en 
grande partie devastee 5 c'est la que repose le sultan Moham- 
med Khodabende, dans un ma u soke dont le d6me est entoure 
de huit minarets; on apprend que le schah est en pleine 
fuite, et que Mobammed Soulkadroghli a passe du e6te* des 
Ottomans; grand froid et neige. 14, halte, pourrecevoir Soul- 
kadroghli, dont la tente est dressee aupres de celle du grand- 
vizir; au diwan, les begs persans Oulamabeg, Soulkadroghli, 
et Mohammed, fils de Schahrokhbeg, sont admis au baise-roain, 
et rev&tus de kaftans ; le prince du Ghilan obtient la permission 
de s'en retourner. i5, village de Sakhan-Kalaa ; beau chemin, 
raais le gr&il rend la marche difficile. 16, Ebher; forte neige 
comme au coeur de Thiver ; fausse alarme 5 les troupe's se 
croienten presence de l'ennemi. 17, halte, pourattendrc l'ar- 
riv^e des provisions de bouche qui cqmmencenta manquer; 
Mohammed, fils de Schahrokhbeg, recoil en present cent mille 
asp res, deux kaftans, cinq dulbends et un turban d'honneur 
(moudjeweqg); parmi les cinq begs venus avec lui, trois re- 
c,oivent vingt. mille aspres, deux dalbends et un turban ; les 
deux autres out quince mille aspres, un kaftan, deux dttlbends 
et un turban. 18, halte; les begs persans sont admis au baise- 
main ; ils remercient I'empereur des presens qu'ils out rectus; 
quelques autres begs venus avec Oulama-reooivent des habits 
d'honneur, et sont admis au baise-main. i9,haltc; lePadischah 



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. ET ECLAIRCISSEMENS. 5or 

et \c pascha (le Sultan et Ic grand-vizir) montent a cheval pour 
passer l'armle en revue, 20, on campe pres du village de Koe- 
schek roubablar ; Oulamapascha et Soulkadroghli obtiennent 
la permission d'aller a Tebriz ; pendant cette station, la porte 
de la tente imperiale est ouverte du cdte de Bagdad, pour 
faire connattre aux troupes la resolution du Sultan de marcher 
sur cette ville. 21, longue marche; froid; neige; les b6tes de 
somme tombent de faibles&e sur le chemin, 22, pres du village 
d'Owa ; longue marche par un chemin £ troit ; les cbameaux , 
les chariots , les voitures impe>iales et l'artillerie ne peuvent 
atteindre 1'autre station ; on passe la nuit a cheval , et par un 
grand froid; dans l'apres-midi il e'tait tombe* one neige si fyaisse 
que You ne pouvait rien voir autour de soi ; on perd beaucoup 
de betes de somme. 23 , halte , pour attendee les bagages et 
les chameaux restes en a mere. 24, on campe pres du village de 
Mazian ; la pluie ayant gdte" les chemins, retarde Parriv^e des 
equipages ; le defterdar Iskender Tschelebi est destitue* ; scs 
biens et ceux d'Housein-Tschelebi sont confisqu£a au profit 
de la couronne. a5, pres Dergezin : belle route. 26, halte pour 
rassembler Farmed. 27, halte, afin de chercher des fourrages 
pour les b6tes de somme, 28 > on campe au village de Sazin; 
longue marche, mais la route est unie; neige, pluie, froid. 
29, village de Destghir, vis-a-vis d'Hamartan; Hamaan est 
situle au pied de la montagne El wend ,' dans une fort belle 
plaine. 3o, halte pour fourrager. 3i, belle route jusqu'au vil- 
lage de Saldjik. 

Mois de novembre (djemazioul-ewwel). 

i er , l'armee campe dans les environs de Saadabad. 2, elle tra- 
verse par un temps de pluie un chemin fort glissant au-dessus 
d'un precipice ; Saadabad est bAtie dans une plaine entour^e de 
tous les c6tes de montagnes. 3, Deinawer, dans une plaine; 
marche longue et p^nible. 4» halte. 5, Meliwer, cb&teau situe au 
milieu des champs. 6, Weisoul Kami. 7, Mazidescht ; longuo 



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5o* flOTES 

marcbe a tf avers un meraia fort difficile k passer. 8 (dtmtfncney 
1*' djemazioul-ew'vrel), balte pew rassembier^ariftlSe. 9", Se-' 
meghan Tscbayi ? route montueusey ma-reeagks e* defiWsl On y 
perd un? grand nombre de betes de sOnimte j niort du* ftfeeliaiidjf' 
Sidibeg ; to dfyouille est portee k lar stake de Farmite pouY etr€? 
ensevelie & Bagdad jires do tombeau dtf Grind-! manor (Ebou- 
Hanife); depuis Erzeroum on n'avait pas 1 irix d'arbre f ic? poui* 
la premiere fbis on trouve des cb&nes et des lenttsques. 16 , oh' 
campe pres do* tombeau do pOrfe-&6ndaf d du FropnGte (Aa- 
lemdar turbesi); ebenihf montoeu*; tethpete contiriu'elle ; 
beaucoup de soldats sont obliges de passer la rinit a eneval , 
lenrs bagages etant rested etf afriere ; on br&Ie cent aHftfe de 
canon, et les pieces sont enlbtries dan's la terre. i i , Karafroulak 
Tscbayi, cbemin piefrenx; faute dfe trouve* des source^, les' 
soldats fama&ent et boivent les eaui de la 4 plate qui cotifetft stir 
la route. 1 at, Scbabin Kalaa, chateau Sur one colline ; ici on* sort 
do rirak arabe pou* enrrer d*n$ la province de Bafgdtfd 5 mau- 
▼ais temps, pluie; si le chemin efit ete ihegal et la station eloi- 
gned, il cut ete impossible que les bagages pussent arrive* avcte' 
Farmee. i3, balte pouir attfendre les fonrgftns d'artillerief qui ne* 
peuvent avancer dans ce* routes boueuaes; Bagdad setrbuvant 
encore tropf k>in^ on ensevelit le corps 1 d* nischantfji Sidibeg 
dans ie cha%au de Scbabi $ disette de viv*esj Farmee arrive ant 
mines du chateau d'Yerii Imam 5 le cbemin, coupe d"abord par 
des marais, passe ensuite dans une tallee ctrorte ei rahof et&e ; 
orage et pluie. i5, Kassr Scbirin, chateau h deini foitte; le 
pajs est sec et sterile , point de paturages \ durant ces con- 
tumelies tem petes , on perd beaucoup de betes de somme; il 
j en a qui sont en trainees par les tbrrens que forme la pluie. 
16, longue marcbe a-travers des coteaux) on recoit la nouVelle 
que le beglerbeg de Bagdad, Mohaminedbeg, veutoffrrr at* 
Sultan la soumission de la viHe. Arrived du juge de Bagdad* 
De Delnewer a ce point, le pays est incuhe; homfties et betes* 
souftrent de la faim. 17, balte pour attendre les bagages. 
18, Tokoufc ouloum', e'est-a-dire les nttifdutres, au bdrd dPun 



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ET ECLAIRGISSEMENS. 5oS 

etang } eourte etape et bot» ehomin. Le keureudjtbaschi it 
Bagdad, Kara Veli* apprend au Saltan qu'apres le depart 
des troupes (celles du Tekke)* Mohammedbeg et Seid Manssajur 
se sont enfuis a u pres du schah de Perse. 19, balte, pluie con- 
tiouelle ; le Sultaa veut d'abord passer la riviere , mais il est 
obligl de rentrer dans sa tente, Ies eaux ayani prodigieu- 
sement grossi; plusieurs hommes et beaucoup de betes de 
somfrie se noient; Ies champs sont entierement inondes; Var- 
mee n'avait jamais en a. supporter jusque-la de pareilles cala~ 
mites. ao, balte, a cause du debordement de toutes Ies rivieres* 
ai, Ies eaux a'etant un pen ecoulecs, le Sultan se met en mar- 
cbe dans Tapres-midi. aa, Ies begs horde* sont revetus de kaf- 
tans et renvoyes chex eux. a3, le serasker preod le devant pour 
se rendre a Bagdad et va camper a Karadia , dans Ies environs 
de Merdjan ; le Sultan* etablit sa tente dansun champ. 24, balte, 
a cause du debordement du torrent de ^fasin. a5, on passe c« 
torrent et on eampe au village de Berkhan; on n'y trouve 
point de paturage* 26 , on traverse sur un pout de pierre le 
torrent de Khalassarghi ; eourte marche le long de la montagne 
Homair.(la montagne rougedtre). 117, village d'Owe'ise; on 
eampe pres d'une riviere que Varraee passe sur un pont en 
bois« 38, Biredjik; la station regal i ere cut ete a Elwendiye, 
mais on force la marche ; Farmee traverse avec beaucoup de 
peine Ies canaux creuses pour Ies champs de rix. Le serasker 
arrive ce jour-la a Bagdad, par un temps beau, mais froid. 
Accompagne' des begs et des agas, il fait a cheval le tour de la 
forteresse , et y entre avec peu d'hommes, quHl a choisis lui- 
meme. ag, ScheYkh Soukran, pres du tombeau de Lokipan; le 
serasker envoie au Sultan Ies clefs de Bagdad par son porte- 
eteudard, Djdferbeg; celui-ci recoit en recompense des kaftans, 
un present de cinq cents ducats et i'investiture du sandjak de 
Zwornik, avec trois cent mille aspres de revenus. 3o , entree 
dans Bagdad $ ceremonie du baise-main; le Sultan est compli- 
mente pour cette nouvelle conquete, a I'occasion de la quelle il 
donne au serasker vingt mille ducats en present ; il augment* 



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5o{ NOTES 

en outre son traitement de vingt miUe ducats, a percevoir sup 
Jfes revenus de l'Egypte , et lui fait remettre un kaftan et un 
sa^re d'honneur garni de pierreries. 

Mois de decembre (djemazioul-akbir). 

i er , diwan, les begs et beglerbegs recoivent des kaftans et 
sont admis au baise-main ; les troupes de Roumilie et dona- 
te lie se rendent dans leurs qua r tiers d'hiver ; les autres troupes 
recoivent la permission de rentrer dans leurs foyers. Du 2 au 
4 9 repos ; le chef (rei's) oil secretaire du diwan, Moustafa- 
Tschelebi , est promu aux fonctions de secretaire d*Etat (ni- 
schandji); Redjeb-Tschelebi est nomine* re'is-efendi ; et Mous- 
tafa, tschaouschbaschi. 5 et6, halte. -7, le Sultan prend son 
quartier d'hiver a Bagdad. 8 (raardi, i er djemazioul-akhir) , 
diwan dans la maison du grand-vizir ; tous les Tekkeliis £ta- 
blis a Bagdad qui n'etaient point partis a vec Mohammedbeg, 
et qui avaient rendu hommage au Sultan, se r£unissent chez le 
grand-vizir ; trois d'entre eux sont investis de sandjaks. Weli- 
khanbeg, le kiaya d'Oulama-Pascha, auparavant sandjakbeg 
de Meragba, obtient celui de Malatia, avec six cent mi He 
aspres de revenu annuel, vingt mille en present, et un kaftan ; 
le segbanbaschi d'Oulama reeoit un sandjak avec.un present 
de diz mille aspres et un kaftan ; le nischandji-baschi, cent 
quatre- vingt mille aspres a prendre sur les biens de la cou- 
ronne; le reis^efendi Redjeb, un fief de cinquante mille aspres, 
et le secretaire' du diwan, Ramazanoghli Mohammed-Tsche- 
lebi , un de dix-huit mille, de plus un traitement fixe de trente 
mille ; la solde du secretaire Kara-Memi-Tschelebi est portee 
dc.lrente-huit aspres a cinquanle par jour. 9, ici commence la 
periode des quarante jours pendant lesquels se font sentir les 
plus grands froids de l'hiver; diwan dans lequel tous ceux qui 
out recu des, charges et des benefices viennent baiser la main 
du Sultan ; on apprend que le schah s'est rendu a Tebriz, qu'il 
en a fait sortir les troupes , et qu^il s'est dirige vers Sultaniye^ 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 5o5 

10 , les nouveaux begs et bouloukagas sont admis au baise- 
main. 1 1 , le sandjak de Mossoul est doma£ k Sadi Ahmedbeg; 
ordre qui en joint aux troupes de cavalerie regaliere de monter 
la garde au palais imperial k Bagdad, comme elles le font pen- 
dant la guerre autour de la tente du Sultan ; Temploi de porte- 
etendard de l'armee est accords k Mohammed Schab , fils de 
Mahmoudbeg fils de Mesik-Pascha. — Janvier et fevrier i535 
(redjeb et scb&ban). . 

Mois de mars (ramazan). 

i3 (dimancbe, 8 ramazan), Hi wan; avant que les vizirs Ayas 
et Kasim soient recus k Paudience, le Sultan envoie l'ordre de 
pendre sur le marche* aux cbevaux de Bagdad le defterdar 
Iskender-Tschelebi. 18, le serasker visile les tombeaux des 
imams Ali et Housein; il revient a Bagdad. 23, l'empereur, ao 
compagne" du serasker, des pascbas et des agas, va visiter ces 
memes tombeaux (a Kerbela) ; arrived d'un eourrier d'Oulama 
qui demande du secours. 27, le Sultan revient de son peleri- 
nage; la tente imperiale et les offices sont transported a Akoul- 
oum ; les defterdars distribuent la paie aux janissaires ; a8 , 
l'armee entiere defile devant l'empereur; le beau-pere d'ls- 
kender-Tschelebi , Housei'n-Tschelebi , est decapite. 

Mois d'avril (schewal). 

i er ,l , empereur quitte Bagdad pour marcher versTebriz con- 
tre les Persans; il campe k Akouloum; arrived de plusieurs cour- 
riers d'Otdainabeg. 2, depart du grand-vizir. 3, Housch Attar. 
4, un grand n ombre de tentes sont d^chirees par le vent. 5 
(lundi, i er schewal), pres-du village Kazani-Bouni. 6, ha'lte. 
7, Bat; longue marche ; on manque d'eau; l'armee arrive sur les 
bords d'une riviere. 8, Bendbat, Itape ordinaire. 9, Iwani; au 
pied de la montagne Homair. 10, on s'arr£te pres du tombeau 
du scheikh Med j id 5 l'eau y est sarim&tre. 1 1 , village d'Osmanlii. 
12, hake. i3, Souloukan-Tschairi ; etape ordinaire. 14 et i5, 



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5o6 NOTES 

halte. x6, pre* dc Milan. 17 et iS* hake* Lea pasohas et les 
sandjakbegs qui s'etaient porte* en ttatft too* rappeles , Pem- 
pereur s'etant 46eifle k ks faire marcher dans me autre direc- 
tion. 1 9 et 20* halte* a 1 f Gcekjourt Jusqn'au 3d* halte. 

Moisdeia«i(silkide). 

i«, 2, 5, halte. 4 (mardi, i OT silkid£), halte* 5, Ie second 
eeuyer, Hotiseinaga, rec,oit l'ordre de jeter un pont sur la ri- 
viere de Sonab. 6, le defterdar et le kiaya de Roumilie arrivent 
au camp. Du 7 au 18, halte. 19, on ploie la tente du grand- 
vizir. 20* Khasskoeij marche forceV. 21, halte; 22, Hanani- 
Kindi ; Itape ordinaire, 1q serasker se slpare de l'empereut et 
va camper plus loin. 23, halte. 24* Kizitdere'; tres-peu d'eau. 
*S$ tm courier d'Oulamabeg annonce que le schah est patti de 
Wan r et que son frere Sam-Mirza s'est mis en route pour 
rendre hommage au Sultan. 26, on traverse le d£fil£ d'lman- 
Schah et on campe a* Honarj un courrier du beglerbeg de 
Roumilie annonce Farrivee d'un atnbassadeur francais voya- 
geanf a sa suite ; un autre courrier apporte la nouvelle que le 
beg d'Amasia , Mohammedbeg , a exterrainl les Persans qui 
s'etaient revokes dans le sandjak d'Amassia ; le beglerbeg d'A- 
natolie vient rejoindre le camp du Sultan; on tfouve beau coup 
de serpens. 27, le serasker, grand-vizir, ticnt le diwan dans 
lequel les beglerbegs et begs d'Anatolie sont admis au baise- 
main. 28 et 29 halte. 3o, Gheioun£, longue et p£nible marche. 
3t, Basch-Tschinar, courte 6tape; le chemin est montueux et 
pierreux; ici est la source de la riviere de Tokouz-Ouloum 
(des neuf outres); on recoit un courrier de Souleiman-Pascha > 
beglerbeg de Bagdad, et de Ghazi-Khan , an none, ant que Sam- 
Mirza se soumet a la Porte , et qu'il a ccrit dans ce seas h 
Ghazi-Khan. 

Mois de juin (siftndje). 
i tr , chateau de Kistabii- 2, Sefd-Sadek; 6tape ordkia 



lire. 



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ET ECLAIKCaaSEMENS. 5o 7 

3(jetidrj »«* etlfcidje), Bag-Yetdr? on eainjte datts des tteirta^e^ 
fori difietlet a tnr?e#seft 4; chateau de^ttildje' ; cnettritf peoibte. 
Jftr&au io, batter n$ c^reWnie^ltoitt-main^ltacatfch&du 
£etfc Btfraife. r* et id fcaKe. *4, fttf ploie fefrtetfle* i5, Star*; 
atatknt rapprocbeej r6, KilyFarntee efcoie litfe montagne es- 
ear pee; elky dresse'son etfmp. f^ Khao- Kedfigbi. 18, Guof 
diknv ity halite. 4<y f Toukarfj longue marebe; Oiilamabeg 
rejoin* ramie, 21, Sarudj6Karoiscn, station- eloigned; ar- 
rive du mattre de cerdmoniea (Iscbikaga), dtf khan persan, 
Tadjlu-Xban, qui demande'k fateurde pouVoir envoyer an 
ambassadeur : on fait pass** lea bagages derriert? l'armle > au 
lieu de led avofr en avant coming otfaVait fait jusqulct. 22, 
Kardoul, longue marche- a3,- Na^fr, belle route, dans hrplaine 
de Meragba ; te# erieurs aWnonCttit tfae Varmee doit se diriger 
vers Aoudjan* ifa Ie P&discba prend la resolution de se ren- 
dre lui-m6me a Aoudjan. 25, l'emir qu'Adjloukhan avait en- 
rdje au camp reeoit la permission de repartir. 26, Konkou- 
der£; lougue Itape. 27, Erwane y marcbe ordinaire mais diffi- 
cile. a8, Agbillu jort, tres-beaJu cbemin. a<y, leserasker campe* 
a Saadabad. 3o, Saadabad pret de Tebriz. L'arraee a mi* 
trois mois ( quatre-vingt-onze jours) pour alter de Bagdad a 
Tebriz; on donne mille asp res de gratification aux troupes rt- 
gulieres, et dans la cavalerie feudataire ebacan de ceux qui 
sont attes & la petite guerre rec,oit sur raille aspres de ses re- 
Venn* une augmentation annuelle de deux cent* aspreS. 

Mois de juiUet (moharrem 94a). 

i** f balte. 2 (vendredi, i er mobarrem 942)9 arrivee desbeg- 
lerbegs <hi Soulkadr et du pays de Ho«m (Amassia). 3, rem- 
pereur, le serasker et Ies autre* tizirs 1 se rendenl a Tebriz ; 
rempereur occupe le palaia du sebab? lea Vizirs, agaa, el Ka- 
sim-Pascba font dresser leurs tentesj le serasker babite avec 
rempereur au palais de Tebriz. 4* balte; trembtanent de terre ; 
arrivee d'un enyoy^persair qui avait ete reteriu' a Aotfdjdn par 



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5o8 NQ1ES 

Oulainabeg, et ne s'etait pas rendu dans le camp, l'empereur 
^tant deja parti pour Tebriz. Du 5 au 9, balte; l'empereur et 
]e serasker celeb rent les prieres du vendredi , dans la mosquee 
du sultan Hasan ; les janissaires et les begs a cbeval entourent 
la mosquee pendant l'office et reconduisent S. M. jusqu'k sa 
tente. 10, balte. 11, l'empereur tient le diwan; l'envoye per- 
san baise les mains du grand-vizir ; le beg kurde de Scbifkat ,. 
accuse d'entretenir des intelligences avec les Persans, est de- 
capite avec cinq dessiens. 12, balte; le kiaya, fib de Sche- 
refbeg, est execute. i3, balte. i4» diwan; plusieurs sandjak- 
begs sont nommes beglerbegs et admis au baise-main; le Sultan 
ordonne qu'a l'avenir le beglerbeg de Roumilie siegera seul au 
diwan a cdte des vizirs , que le beglerbeg d'Anatolie ne doit 
plus prendre place aupres d'euz, sauf le cas ou une affaire im- 
portante l'y appellerait; il est aussi defendu auz autres begler- 
begs de venir s'asseoir a c6te" des vizirs, .et le Sultan ordonne 
que lorsqu'ils seront admis au diwan, ils se tiendront a J'entree 
de la salle. i5, balte. 16, on transporte la tente du grand-vizir 
a Aoudjan. 17, Aoudjan. 18 et 19, balte. 20, on ploie la tente 
du grand-vizir. 21 , Khan Abbas. 22, Baschsifkunbed; des pro- 
clamations instruisent l'armee que le Padiscbab reconnait le 
prince Sam Mirza comme un fils, et qu'il lui donne tout le pays 
cn-deca du Kizil-Ouzen, dependant de l'Irak. 23, Yassitschai. 
24 > Miane. 25 , Kizil-Ouzen ; longue marcbe. 26 , Khan Ser 
Djem. 27, Ohan Nikbai. 28, Sengban. 29, Sultaniye. 5o, Kaidar 
Ncbi. 3i, Tscboroul; longue marcbe. 

Mois d'aoot (safer). 

i er (dimanche, i er sdfer), Takht Souleiman. 2, Dehne. 3, 
Dcrghezin. Du 4 au 6, balte. 7, dc Dergbezin on se dirige vers 
Tebriz. 8, Baschsifkunbed. 9, AH oba djayi. 10 , Soudjas. 1 1, 
Seheiva. 12, Idj Kerkede. 1 3, Nikbai Khan. 14, SerDjem 
Khan. i5, Kaplanli Kediighi. 1 6 , Yassi Tschai. 17, Bascb- 
sifkunbed. 18, Aoudjan. 19, Djinawan. 20, l'empereur arrive 



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ET ECLAIRCISSE^MENS. 5og 

& Tebriz et campe dans les jardins pres deKhiaban. 21, repos. 
22 , l*empereur quitte son camp , et s'etablit dans un jardin 
pres de Scbam Gbazan. 23 et 24 > balte. 25, le grand- vizir, 
avec quelques cavaliers, se dirige vers Kbiabantscbayi , a l'en- 
droit on etait assis le dernier camp , et repousse de la les Per- 
sans qui s'etaient trop avances. 26, balte. 27, depart de Te- 
briz ; l'armee s'avance au-dela de Scbam Gbazan et va camper 
pres du village de Sourouri. 28, Sofran.>2g, apres avoir pass6 
h cote de la ville de Merend, Tarmee s'arr£te dans les pres de 
Goekdepe. 3o (lundi, i« rebioul-ewwel), Rarakoei, 3i. Kho'i. 

Mois de septembre (rebioul-ewwel). 

i«r e t 2^, balte; I'empcreur et le grand-vizir montent a cbe- 
val pour aller visiter le tombeau de Scbems Tebrizi. 3, cellule 
dePirMaza. 4> balte. 5, Sogbmen. 6, Karagoudere Bascbi. 
7, a Ketouk-Kerek, en-decA de Karagoudere. 8, Newscbebr; 
dans la matinee , lc grand -vizir reeoit a cbeval la visite des 
begs et des agas. 9, Bendmabi. 10, Ardjiscb* 1 1, balte. 12 et i3, 
balte; 1'ordre est donne a douze membres de la famille Soul- 
kadr et aux tscbaouscbs de se porter avec rartillerie contre 
Asdildjouwaz. i4> Alibegbaghi, sur la lisiere du mont Soub- 
bantagbi. i5, Aadildjouwaz; on apprend que la ville de 
Bidlis a etc" prise et occupee par Gbazikiranbeg. 16 , balte; 
'Oulama-Pascha envoie un grand nombre de tetes. 18, Akblatb; 
Oulama recoit Uordre de se diriger sur la ville de Wan ; la 
mere de Scbemseddin envoie les clefs de la citadelle dc Bidlis. 
Le serasker part dans l'apres-midi , et longe la montagne qui 
s'etend jusqu'a Aadildjouwaz. 20, balte; le serasker entre dans 
la ville > fait decbarger les canons dresses sur les remparts, 
puis s'en retourne et vient camper a Alibegbagbi. 21 1 il arrive 
dans Fapres-midi a Ardjiscb; les.Persans fuierit jusqu'a Bend- 
mabi > inais vers le soir ils sont atteints et passes par les armes 
apres un combat de pen de duree. 22, le serasker s'arrele a 
Alibegbagbi. s3 , h Akblatb ; de retour de ses excursions , il 



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5io H0T*£ 

Yie&reiQivfrfikwm* (fi'<& fr* qwh POT* fe #HWMteefQi9 f 
fc JmrwlMwf* w *wrai*er Ae titpe 4« iSu&an). On re^oit la 
nouyelie qu'Oulaina-Paach*, le beglartag de Diarbe&r, fit 
lie segbanbascbj pnjt reason tre le schah, et qu'ib se batten t 
gpnjtre luj. On append ausaj que trois n*emb?e3 de la fanulk 
lies anciens princes fte £ovdkadr ont pass£ du cAt£ del'ea*- 
nemi. ?4f MaJwnan, aubord d'un lac; on y trouve de 1'eau 
fraichs ejt dps chgnes, a§, Giixelder^. a6, halte; le serasker- 
sultan convoque jm diwan, auquei assistant le beglerbeg de 
Piarbskr, Ouianua-Pascha, et ies autres begs et agas. 07 et 
.28, halte. 29 (mercredi, i e * rebioul-akhir), et 3o, halte. 

Moi» d'octobre (djemazioul-ewwel). 

i**i a f .5n balte. 4» Bidlis. 5* balte. 6, on campe entp*e le 
Tillage dp Wewbw ejt celui de Missr. 7, halte. 8, Weisoul 
Kami, 9, Jftirfca tscbayi. Du 10 au i3 , hake. 14 , au bord dp 
PEuphrate, dans le district de Beschri. Du t5 au 17, halte. 
18 , Salakbtsehayi. 19, Ayar tscbayi. ao, Amed- Dtt si aa 
27, halte. 28 (jeudi, l* r djemaaiouL-ewwel). Le aeraskec~ 
sultan cpmpe a Siren. 09 ef 3o, halte; l'eittpereur va a la 
ishasse et se rend dans Fapres.-midi a la fovteresse d'Amed. 
5i 9 halte* 

JloU de novembre (djemasioatakhir). 

Du i* r au <5, halte; Penipereur ,se rend £ la yieiite wqs- 
qu,£e pour fejire la priere du yendredi. 6, halte , dwan, Di* 
7 au 9, baUe. J9 f on plpie la tente du grand-vizir. 11, K.izil- 
dep£ ; pr£s de frarahagh. 12, JJlinalii, dans le baasin foranjg 
par le Karadjatagji. i3, Rhadjegiin. 14, Aafridin tragi. i5, 
A4no J>inar} f j£, Rofea. *7> Ml** *8 f Soa*Qudj. i£,JH» 
traverse I'fiupjiraje sup d&S barques, 20 , halte, ajL f .00 
lainpe a Telhaja , pros d^inp 9<>w<# ^ d'une m#squ«te. aa , 
nres du tombeau de David. On campe sur les bords da b ri- 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 5 m 

Tiered* Hailan. *4, Haleb. a5, halte. s6, halte; Pempereur 
visits la visiUfl f mosquee t la ibrteresse «t lee tombeaux. 
07 (samedi* *•* djeniazioiil*akai*). 3o 9 hake. 

Mois de decembre (redjeb). 

i« r , on live le camp. 2, Ezarit. 3, Amm goeti (Cunntts 
anus). 4 9 l'armee arrive au pont sur l'Aassi (Oronte). 5, 
Antioche. 6, Bakrass taghi. 7, Iskender binari, c'est-a-dire 
source d' Alexandre. 8, Kendkhani. 9, on canape derail t 
Kourdkoulaghi (oreille de loup), a Ildjak. 10,0a dresse le 
.camp sur lea bords du Djiban Souji, pres Adana. 11, 12, 
i3, halte, i4i chasse; le tresor est envoys' en avant de l'arr- 
mee, i5 , le grand-vizir se remet en marcbe. 16, village de 
Hassoun. 17, Sarwascbik, aux environs du chateau de Gu- 
lek. 18, on passe devant Badjdan kharii. 19, Kazir Sin d ugh i, 
c'est-a-dire le camp des infideles *, et on arriye a Oulou 



* Ce nam date des croisades. Cemme le Journal ne doone que les mou- 
vemeas de Souleiman, la defaite d'Iskender Tschelebi et (FOuiama dans 
les defiles de Ki?|)dj& a eie passee sons silence. Les historiens ottomans 
Djelalzade, Solakzade', AU, Petschewi et aulties, conriennent eux-memes 
que l'armee epronva une perte de dix mille hommes ; les histoires con- 
temporaines, telles que la Storia di Guazzo, p. i36, et les Rapports des am- 
foassadeurs d'AQemagne, la portent a vingt-cinq mille hommes. II faut pro- 
bablemeot choisir un teme meyen eatre ees deux evaluations; mais on 
ne doit ajouter aueune hi a la vetiion qui place cette defaite aux envi- 
rons de Tebrii, et^uivant laqaelle plusieurs pasekas resterent parmi lea 
marts. Tebriz s'etjut rendue sans eoup-ferir; et Nisangei CanceHier, designe 
dans le nombre de ceux qui auraient perdu la vie sur le champ de bataille, 
mourut posterieurement a eette epoque, et de mort naturelle, sur la route 
de Tebrix a Bagdad. Les petfts ouvrages attemands qui traitent de cette 
eainpag&esont : I* Die grosse Krlegung des t&rkiscken Beers vom Sophi in 
PtrsUn beseheben, item die Zal des ersehUtgenen und gefangenen volh mil 
benennung mUer buss* und nahmhafien sampt der Eroberung der Turkett 
Schafc und der frewlein seiner Weiber uder Frauentimmers in der edien 



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5i2 NOTES 

Riscbla, apres avoir traverse la montagne, 20, QEnliowa. 
21, Tabagbiin Akdje Schehri. 22, Oyuk. a3, Roniah Bozouk. 
24 9 Bozouk; Parmee passe devant Ilghun et va dresser son 
camp a Altountascb. 26 (dimancbe, i« r redjeb), Ishaklu. 
27, village de Yeba'i, dans les montagnes. 28, Seid-e-Gbazi. 
29, Eskischehr. 3o t Bozoyouk. 3i, Ermeni, 

Mois de Janvier i536. 

i er , Yeniscbehr. 2 ? "Nic<&. 3, on longe la montagne de 
Raziklu , et on va camper au village de Demirenlu , pres du 
pont de VEtoile (Sitare" Kcepriisi). 4* Nieomedie. *5, halte, 
pour attendre les cbameaux qui portent le tresor. 6, Gue- 
bize. 7, balte. 8, Fempereur fait son entree a Constanti- 
nople. 

XIV. — Page 232. 

Ali, xxxiv 6 rdcit, raconte qu'Ibrahim , alors qu'il se 
croyait encore oblige de dissimuler ses veritables senti- 
mens , professait une telle veneration pour le Koran , que 
toutes les fois qu'on le lui presentait, il le pressait sur ses 
levres et sur son front; mais que depuis la campagne de 



Siadt Tauris in Persien aus der italieniscken sprach jetrund neu verteutschi. 
i5 may 1 535; 20 Wahrhaftige Anteig kommend von Constantinopel von 
dem merklichen Schaden und Niederlage die der tixrkische Kaiser vom Sophi 
dem grossen Kasnig in Persien im Janner dies Jar an Leuten, Kamelen und 
semen Schatz erliuen hat. i535; 3o Veiteulsch.tr Copie eines welschen 
Sefireibens aus Constaminopel den i3 novembris inhaltent des Sophi Fictori 
wider den grossen Turken, seine Haupdeute und Folks Gefenkniss der anzal 
des gewonenen tiirk. Geschutz, die erobene Stat und Land u s. w. man 
1 5 36. On pourrait tout au plus supposer que le combat dont il est id ques- 
tion fut celui que liyra Oulama au schah de Perse , et que mentionne le 
Journal de Souleiman a la date du *3 septembre : tout le reste o'est que 
pure invention des auteurs europeens. 



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ET ECLAIftCISSEMENS. 5i3 

Perse, it entrait en fureur aussit6t qu'on lui offrait ce livre, 
en criant qu'il en avait d^ja un assez grand nombre d'exem-. 
plaires. 

XV. — Page 232. 

Ibn Khallikan raconte , dans le necrologe de Djafer, 
qu'Haroun al-Raschid, sur la question que lui avait adress& 
un de ses parens, relativement au rentable motif qui avait 
amene* Pexecution de Djafer, avait r^pondu : « Si ma che- 
mise le savait, je la dechirerais. » Cest ainsi que Philippe II 
dit a on des grands de sa cour : « Si ma perruque savait mon 
secret , je la jetterais au feu. » 

XVI. — Page a36. 

Eichhorn lui-m&me, dans son Histoire des trois dernicrs 
siecles, e"crit toujours Schereddin au lieu de Khaireddin , et 
Horouk pour Ouroudj ; il a ete" induit dans cette errenr par 
Touvrage intitule : Nachrichten uber den Algierischen Stoat 
(NouveUes sur la regence d* Alger) , Altona 1799. L'auteur 
ne fait aucune mention du quatrieme frere de Khaireddin, 
nomm^ Elias. 

XVII. —Page 23 7 . 

Outre VExtrait des guerres marUimes imprime* a Constan- 
tinople 9 il existe une double Edition des Commentaires de 
Khaireddin ; la premiere complete et eorite dans le langage 
grossier du coipaire, la seconde d'un style plus correct; on 
trouve un exemplaire de luxe de la, premiere Edition dans 
la bibliotheque de Barbarini a Rome. Ali, xxvui* r&it, 
donne ^galement le precis des a ventures de Kha'ireddin, 
qu'il a puise en partie dans le poeme d'Yetim Ali Tsche- 
lebi, intitule : Ledjetoul Ebrar y c'est-a^dire le grand flux 
des justesy et qui celebre les hauls faits du corsaire. 
t. v. 35 



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5i4 * SOTES 

XVIII. — Pagb 242. 

Histoirc de* Guerres maritime*, f. 18, et Nouvelles sur U 
r&gencc d' Alger, p. 6a3. On y voit figurer un autre Khair- 
eddin de Karamanie, dont il n'est pas fait mention dans le$ 
historiens ottomans; il est done probable que ce nom a ete 
donn^ par erreur au frfere de Barberousse; mais celui-ci 
s'appelait Ouroudj. 

XIX. — Page zffi. 

*Fai vu sept tableaux de cette beaut6 divine : un dans 1c 
Louvre, un second dans la galerie de Crawford, un troi- 
sieme a Oxford dans Warwick-Castle, deux a Vienne dans 
la galerie du baron de Puttion , et dans le palais du prince 
Lubomirsky, un dans la galerie Doria a Rome , et une copie 
faite de ce dernier pour la marquise d'Achinto. 

XX. — Page a46. 

Dans VHistoire des Guerres maritime*, Moulei Hasan est 
cite par erreur comme le vingti&me sultan; le Nokhbetet- 
tewarihh au contraire nomme les vingt-deux, et donne quel- 
ques details sur les actes les plus remarquables de leur regne. 
La collection des actes venitiens, dans les Archives de la mai- 
son I. R. d'Autriche^ contient des documens pr^cieux sur 
l'bistoire des Beni Hafss et sur leurs relations commerciales 
avec Venise , savoir : le Liber blancus, et les sept volumes 
in-folio des Libridei Patti, dans lesquels on trouve trois twi- 
tes conclus entre Venise et les princes de Tunis : les deux 
premiers sont ccrits en latin, le troisieme en italien; ces 
documens m^ritent d'autant plus d'etre cit^a ici , que leur 
existence est rested ignored jusqu'a ce jour et qu'ils offrent 
un grand int^ret, tant sous le rapport du style que pour les 
notions qu'ils renferment sur l'histoire du commerce. Les 



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ET ECLA1RCISSEMENS. 5i5 

Vleux premiers trails furent conclus pendant la periode de 
vingfr-trois ans qu'embrasse le regne d'Ebou Sekeria Yabya 
Ben Abdolwahid, qui s'est donne lui-meme le titre d'Emirol 
Mouminin al-Mortezi, c'est-ardire prince des Fideles, 1'Elu 
(Nokhbetet-tewarikK). S\ on he oonnaissait pas de^u le nom 
de ce prince , il eut ete difficile de le reconnaitre dans celui 
'd' Aboabdeles ou Boabdeles , que lui donne le document 
venitieri. Le premier de ces deux traites, en date de Tan 
i25i, commence ainsi : « In nomine Dei pii et miser icor- 
» dis. Haec est pagina bene fortunate pacis formats inter 
» Dominum Mirum Boabdilem Soldanum Barbariae fijium 
w alti et potentis Miri Birzacharium (Ebbu Sekeria) bona? 
» memoriae filii alti et potentis ac Sapientis Beaomet filii ahi 
» et potentis ac Sapientis Beni Ebinafes (Ebi Hafss) ex parte 
» una et inter Magnificum seu inclitum D. Marinum Mau- 
» rocenum Ducem Yenetiarum ex altera per manum vide- 
licet Bochomen Gaytum Doane et mandato ejusdem Sol- 
» dani Miri Boabdile et per manum nobilis ac Sapientis viri 
» Philippi Juliani Legati ejusdem Domini Marini Maurocini 
» Ducis Yenetiarum , qui ad baec destinatus fuit. Ab ipso 
» Domino Duce requirenda seu reformanda pace atque fir- 
» manda secum usque ad terminum annorum quadraginta 
» ab incarnationis anno , quo praesens pactum conscriptuin 
» fuit. » (Libro dei Patti, vol. II, f. 2). Le Gaitus Doane est 
le cbef de la douane generale. Le second traite, du mois de 
juin 1 27 1, commence par ces mots : « In nomine Dei pii in 
» laudem Dei Machometi profetae humilis super omnes So- 
» delates suas Saracenorum. Ista littera est ad renovandam 
» pacem, qua? eratligata per praeceptum Domini nostri Cha- 
» liphae qui se regit cum Deo Miramoni (Emirol Moumi- 
» nin) Aboabdale (Abdolwabid) Ebnolomara Basidin (fils des 
» princes des justes) quern Deus manu teneat in victoria sua 
» et salvet per suam potentiam et manu teneat benedictlo- 
w nem Dei super Saracenos; et pactum, quod olim fuit fac- 
» turn usque ad annos quadraginta , quod factum fuit die 

55* 



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5i6 NOTES 

n sexta intrante Maaran (Moharrem) anni 649 de Machomet 
» cum Veneris renovamus et amrmamus usque ad comple- 
» mentum de 4° annis Sarracineschis sicut in alia parte olim 
» facta continetur in millesimo , quod recordayimus antea 
» pro ampliare eorum vojas omnes et pro complere suas 
» sperancias ita quod current per proficuum suum prolon- 
» gatione scripta in ista charta. Facta fuit presens charta 
u anno di Machomet 669 (1270). » (Libro dei Patti, t. II 9 
f. 4)* Le-troisicme traite, date du 37 decembre i3ao, fut 
conclu avec le douzieme prince de la dynastie des Beni 
Hafss, dont le ▼Writable nom, Eboubekr Ben Yahya al-Mon- 
tedjib, eat ecrit MonsayU On trouve dans la Storia civile e 
politico, de Mar. Sanuto , t. VI , p. 35a , un autre traite* du 
12 mai 1 317, anterieur au dernier. « Turcimanayit Mongabis 
» Saracenus , qui consuetus facere interpretationem Tur- 
» cimanus Dohanae. In die Jovis qui Saracenisca lingua vo- 
» catur Jullar ann. 7 1 7 secundum cursum Saracenorum , 
» qui dies concordatur cum die 1 a Maji. » Mais il y a dans 
cette date une erreur, car le 12 mai 1317 correspond au 
28 safer. 

XXI. — Page 247. 

Mouliassen, comme Tappellent les historiens europeens, 
n'est autre que Moulei Hasan. Mewla se prononce vulgaire- 
ment Moulei par mi les Arabes , et Molla chez les Turcs. 
Raschid est le m^rne nom qu'Haroun Raschid , dont les Eu- 
ropeans ont fait Rosette (ville de Rosette en Egypte). 

XXII. ^- Page 257. 

Voy. Primisser , dans les Archives, pour VHistoire y annee 
1 Sao, t. IV et V. Sagredo, p. aai, est plus yeridique tou- 
chant la di spar i lion de ces statues , que dans le re^cit qu'il 
fait des circonstances de la disgrace d'Ibrahim, et de sa 
mort qu'il attribue a la sultane Walide ; celle-ci etait morte 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 5i 7 

avant l'ouverture de la campagne. Sagredo ne se serait pro- 
bablement pas trompe en accusant la favorite de Souleiman, 
qui a cette epo<jue exercait deja sur lai une grande in- 
fluence* Le meme auteur commet encore une erreur, quand 
il rapporte a I'annee i525 le renversement de la statue du 
Lion, circonstance qui avait eu lieu en l'anneV i532, avant 
que les ambassadeurs de Ferdinand fussent arrives a Con- 
stantinople. 



UVRJE XXIX. 

I. — Page 261. 

Kinalizade' ; Aschikhasan ; ce dernier, dans l'ouvrage du~ 
quel se trouve la Biographie de Deli Burader, cite le vers 
que fit ce poete a I'occasibn du manage d'Ibrahim , et 
qui lui valut sa disgrace. « Personne ne sait qui est ici le 
» maltre ou le serviteur, personne ne sait qui preside a ces 
» f&tes ou qui y joue un role. » Deli Burader ne dut son 
salut qu'a la puissante protection d'Iskender Tschelebi, sans 
lequel il eut sans doute partage' le sort du poete Fighani, 
pendu, d'apres les ordres d'Ibrahim, pour Pepi gramme qu'il 
avait faite a propos des statues apportees d'Ofen et placees 
sur FHippodrome. 

II. — Page 261. , 

Une de ces kassides commence par le ver$ suivant : « Vent 
» du nord, dis-moi ce que tu fais, et quelle nouvelle tu 
» apportes? » Kasim-Pascha lui donna huit mille asp res pour 
la construction de ses bains : Moustafa-Pascha lui en avait 
promisu dix mille ; mais il mourut avant d'avoir acquitte 
sa promesse. Deli Burader composa alors sur le pont que 
Moustafa-Pascha avait commence' a Andrinople, Pepigraphe 



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5^8 TVdTES 

suivante, pour laquelle il regut cent ducats de la veuve dn 
Sultan : «Dieu avait inspire" a Moustapha l'idee que ce 
monde est un pont ; il a re*tabli le pont afin de d£montrer 
clairement cette ve'rite; car a peine eut-it commence, qu'il 
fut enleve' par la mort , c'est pourquoi la rime dit que le 
pascha a passe le pont. » 

III. — Page 262. 

Sagredo, liv. IV, pag. 220, accuse Ibrahim d'avoir fait 
e&ecuter un noble et un marchand ve^utiens, le premier parce 
qu'il avait fourni a un ambassadeur envoye* par Charles-Quint 
au roi de Perse Thamasp , des chevaux pour son voyage ; 
mais ce fait ne sauraitrien prouver contre la politique d'l- 
brahim , si favorable a la r^publique, sous Ja domination de 
laquelle se trouvait son pays natal. Si , comme le racontent 
les historiens v£nitiens , les intrigues de Roxelane contri- 
buerent a la chute d'lbrahim, on doit sup poser qu'elle re- 
porta sur la re'publique , comme l'objet des predilections 
d'lbrahim, une partie de I'animosite' qu'elle avait eue contre 
Jui, et que ce fut elle qui fbmenta la guerre. 

IV. — Page 262. 

Paruta, liv. VIII, pag. 570. Laforet conclutavec Ibrahim 
le traite* d' alliance, date" du mois de fevrier i536, pendant le 
se*jour d'Younisbeg a Venise ; suivant toute probability , il 
n'y eut point, a cette dpoque, d'autre traits entre la France 
et la Porte. D'ailleurs Flassan lui-m£me n'accredite cette 
alliance que sur la foi d'autres historiens, qui tous inter- 
vertissent l'ordre chronologique : « On n'a point la minute, 
»dit-il, ou V instrument original de ce traite qui n'est 
?> connu que par ses effets. » Mais ces effets, c'est-a-dire les 
ravages exerces sur les cdtes de la Pouille, resultaient plu- 
tot dc l'etat de guerre qui existait encore entre Souleimaa 



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ET ECLAIftCISSEMENS. 5 19 

tet Charles-Quint, que des stipulations d'un tvaite* d'alliance 
avecla France. 

V. — Page 263. 

Les historiens venitiens et le comte Daru ignorent com- 
pletement le but secret de cette mission du drogman de 
la Porle ; mais il est revele* dans les actes des archives de 
Venise. Voy. Catologo delle persone spedite a Venezin per 
parte del gran Signor. i536 : i5. Genaro Janusbeg drago- 
mano per sollecitare afar lega col Be di Francia contra, 
rimperatore. ( 

VI. — Page 264. 

A ventures de Doria, dans Gocbel , pieces relatives a this- 
toire de Charles-Quint, p. 4 1 * Hadji Khalfa, Histoire des 
guerres maritimes, f. 21. Ge dernier rapporte que le beg 
de Pile de Minorque fut renverse* avec son eheval et tue. 
On lit daus un chapitre ayant pour titre cause de la Idchete 
des infideles : m D'apres leur doctrine, celui qui pouvait sau- 
yer sa vie au prix de sa liberty, et qui neanmoins se faisait 
tuer, n'entrait pas dans le paradis. » Hadji Khalfa ajoute que 
Doria fit cette question k un prisonnier : « N'est-il done pas 
e*crit dans votre loi que celui qui fuit devant un infidele 
marche droit k Penfer, et que celui qui fuit devant deux n'est 
pas admis au paradis? Notre lot defend de tuer un musulman 
lorsque nous sommes mille contre.un, Votre loi vous en fait 
un honneur, tandis que la n6tre nous en fait un crime ; ainsi 
le veut le pape, mais, k dire vrai, les soldats ne P^coutent 
pas toujours. » Hadji Khalfa dit encore qu'il s'informa lui- 
meme aupres de plusieurs savans Chretiens, s'il y avait quel- 
que chose de vrai dans cette. assertion; mais que ceux-ci 
l'avaient assure* qu'il n'en ^tait rien , qu' Andre* Doria etait 
un homme d*obscure condition, et qui n'avait aucune con- 
naissance des lettres. 



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5ao NOTES 

VII. — Page 269. 

InstrumerUum concessionis cdstri Cor/us cum Insults et 
pertinentiis ejus. (Libro dei Pattill. fol. it5. ) 

« In nomine Domini Dei et Salvatoris nostri Jesu Christ! 
» anno incarnationis ejusdem millesimo ducentesimo sepr 
» timo mense Julii, indictione decima Rivoalto. Post con- 
» cessam cartam lactam eodem suprascripto anno et mense , 
» quam vos Domine Petre Ziani Dei gratia Venetiarum Dal- 
» matiae atque Chroatiae Dux, Domine quarte partis et di- 
» midie totius Imperi Romanse cum judicibus et Sapientibus 
» consilii collaudatione populi Venetiarum fecistis nobis 
» Angelo Acotanto, Petro Michaeli, Stephana Fuscareno, 
» Giberto Camino Octaviano Firmo, Jacobo Sojo, Marino 
» capitiincollo,Jugolmo Staviano et Sjmoni Bono et Joanni 
» de Alio per quam nobis nostrisque heredibus et prohere- 
» dibus dedictis, et in perpetuunr concessistis castrum quod 
» dicitur Corfus cum tot* ipsius castri insula et cum aliis in- 
» sulis ad ipsius castri ducatum pertinentibus cum omni juris 
» integritate et plenitudine rationis, propter quod nos in 
» proximo illuc credebimus cum viginti multibus ad usum 
» militia? decenter arraatis nobis computatis in numero su- 
» prascripto habentibus scutiferos duos pro militum uno 
» quoque et boc facere debemus stipendio nostro ad obti* 
»nendum et mariutenendum castrum illud ad restrain et 
» successorum vestrorum et fidelitatem. Quo obtento de- 
» bemus nos et heredes ac beredes et proberedes nostri in 
» perpetuum semper habere ibi pro ipsius castri custodia 
» milites yiginti computatis ut supra legitur nobis in ipsis 
» habentes pro quolibet scutiferos duos. Et quot non est 
» semper Tirere nobis datum statutum est , ut cum aiiquis 
» nostrum vel beredum vel proheredum nostrorum deces- 
» serit alius beredum vel proheredum nostrorum dOatione 
» abjecta institui debet, in ejus loco ut vkem suppleatoc- 



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ET ECLAIKCISSEMENS. 5ai 

» cumkenik. Qui infra spatium anni dimidii venire Venetias 
» debet et facere nobis fidelitatem vel successoribus nostris 
» et inyestituram a nobis vel successoribus recipere de ipso 
» Castro, nisi per nos vel successores nostros indultum fuerit, 
» qui ibi hoc faciat sacramentum nostrorum commissionem 
» recipiat ecclesias in pertinentiis nobis concessis positas de* 
» bemus habere eo modo quo habebatur temporibus Grse- 
» corum Imperatorum. Homines ipsius looi faciemus vobts 
» jurare fidelitatem et successoribus vestris et cum juraverint 
» nobis jurare illos faciemus salva fidelitate vestra et succes- 
» sorum Yestrorum. Et nos omnes et alios -in ipsis insulis 
>> consistentes debemus in suo statu tenere , nihil ab aliquo 
» amplius exigencies quam quod -facere consueverant tempo- 
» ribus Graecorum Imperatorum. Homines Yenetiarum in 
» toto districtu nostro salvos et secures habere debemus in 
» personis et rebus, et sine datione et exaetione aliqua eos- 
» que manotenere et deffendere in suprascriptis pertinentiis 
» nostris contra omnes homines , qui eos vellent offenders 
» bona fide* Et si contigerit unum alicui dampnum fieri in 
» pertinentiis illis per homines nobis subditos studiosi esse 
» debemus ad faciendum quod sua recuperet. Debent autem 
» homines Yenetiarum potestatem habere victualia extra- 
n hendi de omnibus pertinentiis nostris ad differendum hi 
» Yenetias sine contradictione cujusquam et alia mercimo- 
» nia ad portandum quocunque voluerint. Arnicas Venetia- 
» rum debemus habere amicos, et inimicos Yenetiarum sicut 
» vos inimicos. Gum quibus nullam concordiam nuUamque 
» treugam facere debemus sine vestro vel successorum ves- 
» trorum consensu. Capitaneos vestros et missos vestros et 
» successorum vestrorum et galeas vestras et eorum debemus 
» recipere honorifice et dare ipsis Capitaneis et galeis vestris 
» strinam convenientem. Yos vero vel successores vestros, 
» si illuc venire contigerint sdempniter cum clero et po- 
tt polo cruce procedente suacipere debemus usque ad ripam 
» venientes et sequentes vos ad eoclesiam solempni cantico. 



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522 NOTES 

» Procurare quoque vos debemus semel , vel bis si volueritis 
» et laudes vobis ac successoribus vestris ter in anno. In 
w Pascba majori, in festo nativitatis Domini et in majori festo 
» majoris Ecclesiae decantari faciemus. Nullam conspiratio- 
>* nem, vel institutionem facere debemus in facto mercatio- 
» num contra utilitatem etcommodumhominum Venetiarum. 
» Debemus autem singulis annis in perpetuum in festo Apos- 
10 tolorum Petri et Pauli vestro communi Venetiarum hie in 
» Yenetiis solvere per nos yel per nostrum missum omni 
» contradictione remota manuellatosbonos quingentos. Haec 
» omnia qua? continentur superius debemus facere et ob- 
» servare Vobis et successoribus vestris et communi Vene- 
» tiarum nos et heredes ac proheredes nostri in perpetuum 
» quod attendere et observare juramento astricti tenemur. 
» Et sic teneri debent post nos heredes nostri et proheredes. 
» Et si non ita fuerit obseryatum per omnia, omnes posses- 
m siones nostras et proprietates terrarum et casarum nostra- 
» rum, quas habemus in Yenetiis et extra Venetias et ipsam 
» arcem Corifus perdere debemus, et ipsa omnia in com - 
» mune Yestrum venire debent ad faciendum exinde quid- 
» quid ipsi vestro communi placuerit sin contrarietate cu- 
» jusquam. Haec omnia , quae continentur superius sint in 
» commissione nobis facta a vobis ut supra legit ur per ca- 
» pitula singula ordinate conscripta. Et nos viri omnes prae- 
» dicti haec omnia per capitula singula nos promittimus ser- 
» vaturos. Quae fatemur nos ad Sancta Dei Evangelia jura- 
>», visse. ' 

» Signum suprascripti Junzolinim. m. hoc f. rog, 

» Signum suprascripti Joannis de Ato m. m. hoc. f. rog. 

» Ego Angelo, Acotanto mea manu subscripsi. 

» Ego Petrus Michaeli m. m. scripsi. 

» Ego Giber tus Quirino m. m. scripsi. 

» Ego Stephanus Turcarenus m. m. scripsi. , 

» Ego Jacobus Juliano testis subscripsi. 

» Ego Simon Bonus m. m. scripsi, 



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ET ECIAIRCISSEMENS. 5a3 

» Ego Jacobus Sojp m. m. scripsi. 
» Ego Marinus capite in collo m. m. scripsi. ^ 
» Ego Pascalis Mauro Subdiaconus testis subscripsi. 
» Hie cadit locus Ego Peternianus de Putheo , 

» Signi Notarii. Subdiaconus et Notariuscomplevi 

» et notavi. » 

VIII. — Page 270. 

Journal de la septierne campagne de Souleiman contre 
jiadona , en Vannte de I'hegire g43 (i537). 

Mois de mai (ulhidje). 

17 ( jeudi, 7 silidje), le Sultan quitte Constantinople suivi 
des princes Mohammed et Selim; on campe a Yarik Burgos. 
18, Tschataldje. 19, Indjigbiz. 20, les vizirs et geneVaux 
viennent complimenter Souleiman a l'occasion de la f&te du 
Bairam. 21, village de Kostermelii ; longue journe'e de mar- 
cbe. 22, village d'Elwanbeg; e*tape forced. 23, Burgos. 
24, Baba eskisi. 25, Hafssa. 26, Andrinople ; au moment 011 
les babitans sortent en foule de la ville pour aller a la ren- 
contre du Sultan , la foudre tue le porte-drapeau de la cor- 
poration des tailleurs. 27, repos ; diwan ; cbangemens parmi 
les sandjakbegs. 28, repos. 29, repos ; diwan ; Ghazi-Khan 
est promu a la dignity de beglerbeg du Lor is tan. 3o, repos; 
il pleut. 3 1, on plie la tente du Sultan. 

Mois de join (moharrein 944). 

1 er , on campe vis*a-vis de Tscbermen. 2, Kissarlik. 3, Tschi:- 
kiraga Degbirmeni. 4? Keklik; pluie. 5, Khaled tscbairi. 
6, Sinanbegkoeyi. 7, Philippopolis. 8, bake; diwan ; Pam- 
bassadeur du roi Yanousch est admis au baise-main. 9, di- 
wan ; le Sultan se remet en marche. 10 (dimanche, i er mo- 
harrein). Tekourbinari , e'est-a-dire la fontaine impeYiale. 



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5*4 NOTES 

ii, Parmee arrive a Bolen, au-dela de Saroukhan Benli, ou 
le d&ordement des eaux empeche d'asseoir le camp, i 2, vil- 
lage de Bana, appartenant aux bains de Koestendje* ilidjezi. 
1 3, Samakof ; marche ordinaire . 1 4> Saparik Yanasi. 1 5, Tek- 
four Binari; on passe dans des voies tres-&roites. 16, Kus- 
tendili ilidjezi. 17, halte. 18, Owasi. 19, Kokounou pendje*. 
20, Tschaschkoeyi. 21, Hasanbeg ; dans le voisinage de Me- 
djidliikoeyi, en-deca de la ferme. 22, Ouskoub. 23, halte; les 
begs de Roumilie sont admis au baise-main. 24, halte; pluie. 
a5, diwan ; le Sultan se remet en marche* 26, Parmee s'ar- 
r&te au-dela de Soulouderbend ; courte e'tape. 27, elle passe 
le pont sur le Wardar (Axios), pres de ILalkandelen , et 
canape ou*-dessus d' Youlak. 28, il e'tait convenu de s'arr&ter 
a Karadjova kouri koeyi; mais on force la marche, et on 
arrive a Kapartschova. 29, Parme'e passe le defile* de Bou- 
koubek; forte e*tape. 3o, elle campe dans le voisinage du 
village de Eregli Koeyi , sur la montagne de Toria Yailasi ; 
marche penible. 

Moil de juillet (4&fer)» 

i er , Parmee passe a c6t6 du village d'Oustrougha, et 
campe sur les bords d'un lac. 2 , halte , diwan. 3 , halte. 4 » 
diwan ; on ploie la tente du Sultan. 5, Tokouz owasi, en-deca 
du pont jete" sur la riviere d'Isch Koumri ; il est impossible 
d'y etablir le camp. 6, Babiayi, village situe au milieu d'un 
defile\ 7, Ilbessan ; de Tokouz a Ilbessan le chemin est tres- 
resserre\ 8, halte, grande chasse. 9, Sadik ; on s'arr&e k Pen- 
tre"e du de'file' sans y pe'ne'trer, faute de pouvoir y trouver 
des sources, i o (i«» s&fer, un mardi), Barobolin , apres avoir 
traverseV plusieurs marais et rivieres. 11, pres de Romana 
Kasimbeg; la flotte arrive de Gallipoli a Awiona au bout de 
trente-six jours. 12, on passe la riviere de Wouwis. i3, 
Awiona (Valona). 14, halte, diwan. i5, halte. 16, 17, halte, 
diwan. 18, halte; on ploie la tente du Sultan. 19, Parmee 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 5a5 

s'arretie sur la montagne de Berze\ 20, 21 et 22, halte ; dans 
la nuit du dimanche au lundi, Andrea Doria se bat en face 
de Corfou avec le kapitan Ali Tschekbi, kiaya de Gallipoli, 
qui perd douze galores. 23 , le Sultan ordonne aux troupes 
de Roumilie de passer a bord de la flotte, et de faire voile 
vers la Pouille (Pulia). t)u 24 au 3i f repos. 

Mois d'aoot (rebioul-ewwel). 

i er 9 2, 5, repos. 4> un tremblement de terre se fait sentir. 
5,6, repos j Loutfi-Pascba revient de la Pouille avec la 
flotte. 7, repos. Du 8 (mercredi* i tr rebioul-ewwel) jiis- 
qti'au 14, repos. L'empereur, qui s'etait eloign^ d'Awlona, 
y revient pour envoyer la flotte a Corfou. i5, Khaireddin- 
Pascha arrive avec sa flotte devant Awlona. 16, 17, diwan. 
18, Loutfi-Pascba fait voile sur Corfou. 19, le Padischah 
campe pres du village de Kodos , pour attendre que Corfou 
soit soumise. 20, il vient a Neschne\ pres de l'^glise de Sar- 
imsailii. 21, Dependelen. 22, Argyro Kastro 9 double e'tape 
par une pluie battante. 23, Piscopia. 24, Parmee longe le 
defile de Kirna , et s'arrete aux environs du village de Na- 
warindj; defile* d'un acces difficile. 25, Mayos. 26 9 Kon- 
soupouni, dans le voisinage du port de Kanapoutak. Du 27 
au 3 1, halte. 

Mois d$ septembre (rebioul-akhir). 

Du i er au 6, halte. Le. Sultan se decide a ne pas se rendre 
a Corfou , et il ordonne que Parmee de siege pa$se de Pile 
sur le continent. Du 7 (vendredi, i er rebioul-akhir) au i4, 
halte. 1 5, on campe a M alkodjbeg Tschairi. 16, Radoub. 
17, halte et diwan; le defterdar de Roumilie, Yaschlidje* 
Mohammedbeg, est nomrne kiaya des fiefs de Roumilie; le 
kiaya d' Anatolie, Mahmoud Tschelebi, est promu a la dignite 
de defterdar de Roumilie; le defterdar d'Anatolie, Toura- 
khanbeg, passe kiaya d'Anatolie; le lieutenant de police de 



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5*6 NOTES 

Constantinople , Owe'isbeg , . devient defterdar d' Anatolie , ct 
le mouteferrika Hasan Tschelebi le remplace dans les fonc- 
lions de lieutenant de police de Constantinople. iS * diwan; 
ceremonie du babe-main. 19, on plie la tente du Sultan. 
20, Lahne Rassri; les kadiaskers de Roumilie et d' Ana- 
tolie sont destitue's. 21, Kirk getschid. 22^ village de Rabas. 
23, Mamira. 24, Tschadirbendi. 25, Roarimbeg tscliairi. 
26, Ascbagba Persepia. 27, Siawat. 28, Monastir. 29 et 3o, 
halte. 

Mois d'octobre (djemazioul-ewwel). 

i er , halte. 2 , Tiirbeli koei. 3 1 Ostrowa. 4 > Widana* 5 , 
Parmee s'arrete dans ce village. 6 (samedi, i er djemazioul- 
ewwel), on campe sur les bords du Wardar. 7, Selanik. 8* 
halte. 9, Lankaza ilidjezi. 10, on campe en-deca d'Enous- 
derbend. n, Saoudji koei. 12, Sirouz. i5, Gastoumir. i4, 
Toghandjiler koeyi. i5, Rawala. 16, Rarassou. i7,Rarassou 
Yenidje. 18, Rouri tscha'i. 19, Aghir Rhan. 20, Megbri. 2 1 , 
Feredjik ilidjezi. 22, Feredjik Albi. 23, Dimitoka. 24* on ar- 
rive en face de Pile d'Andrinople. 25, Andrinople. 26, halte ; 
sept jours apres ? i^ npvembre, Pempereur fait son entree a 
Constantinople. 

Journal de la huitikme campagne cfe Souleiman en Mol- 
davie, en Vann6e 945 de Vhe'gire ( 1 538). 

Mois de juillet (s&fer). 

9 (jeudi, 1 1 safer), le Padischa part de Constantinople et 
va camper a Halkali binar. 1 o i Tschataldje* ; marche forcee; 
mort de la sceur du Sultan , epouse de Moustafa-Pascha. 
1 1 , l'arme'e campe au-dela d'Indjighiz, apres une longue mar- 
che. 12, Ograschkcey i ; oh dresse les tentes a Pendroit m&me 
ou Selim I er livra bataille a Bayezidll, son pere, et onSelim 
mourut plus tard. 1 3, Rarli Roghi ; courte etape. 14, Ahxned- 



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ET ECLAIRCISSEMENS. te<; 

beg Koeyi. i5, Hamzabeg Koeyi. i6, Ouioufedjiler Koeyh 
17, Khass Koeyi< 18, Andrinople. 19 et 20, halte; les begs de 
Roumilie et d'Anatolie sont admis au baise-main. 21, halte* 
22,arrivee du fils du beg de Bassra, Emir Raschid. 23, halte. 
24, diwan. 25, on ploie la tente du Sultan. 264 l'arme*e campe 
sur les bords de la Toundja. L'ordre est donne* au defter 
emini de se porter a la rencontre de Pempereur avec tous les 
vizirs jusqu'au village de Tschoelmek Koeyi. 27, Yenidje Ki- 
zilagadj ; longue marche. 28 (dimanche, i tr rebioul-ewwel), 
village de Manssoureler ; Itape ordinaire. 29, Serai Kariye\ 
3o, halte. 3i, Begourdjlii. 

Mois d'aoQt (rebioul-ewwef). 

i er , Agakoeyi. 2, Tschaschneghir Koeyi; longue journee 
de marche ; Parnate passe sur plusieurs ponts* 3, Soudjlou 
Kariyesi , a P entree d'un defile* des monts Balkan. 4> on tra- 
verse le pont de Mir Aalem, et on campe dans un endroh ou 
le chemin est tres-resserre\ 5, Panned arrive sur les bords 
d'un lac aux environs du village Soultanler ; courte etape. 
6>, pres du torrent de Douna. 7, halte ; diwan ; arrived d'une 
deputation du voieVode de la Moldavie, Pierre Raresch ; les 
envoyes sont admis au baise-main ; Sinan Tschelebi se rend 
avec des courriers aupres du voievode pour Pinviter a se 
presenter en personne devant le Sultan. 8, Karagoez. 9, Ba- 
bik ; longue journee de marche ; chemin difficile a travers 
une fbret. 10, halte. 11, Kawarna. 12, Papaslii. i3, Tatlii- 
djek. i4> Sudgoeli, c'est-a-dire le lac de lait; chemin uni, 
courte etape. i5, Astrabaghu. 16, Baba Kassaba ; c*e$t la qne 
repose Sari Saltoukdede*. (Babathagi, voy. la Roumilie de 
Hadji Khalfa, p. 28 et 29.) 17, Sinan Tschelebi, qui avait 
e'te' envoye" aupres du voieVode de Moldavie, revient, et an- 
nonce que celui-ci refuse de se rendre a Pinvilation du Sultan : 
le Padischa visite le tombeau de Sari Saltoukdede. 18, les ha- 
bitans de la ville sont emmenes en esclavage; Pempereur 



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de Kataloui ; chemin uni ; peu cFeau ; la place oil Ton dresse 
le camp est tr&s-reaserrde. 21, Isakdji Iskelesi; on jette tin 
pont sur le Danube, et l'armde entre dans la Moldavie. 23, 
halte ; Yahya-Pascha-Oghli de Semendra rejoint le camp* 
23, diwan ; les begs de Roumilie sont admit au baise-main ; 
Khosrew-Pascha se rend dans la Roumilie; le vizir Moham- 
med-Pascha recoit l'ordre de commander Farmed jusqu'a 
1'arriY^e de Roustem-Pascha, beglerbeg d'Anatolie, et l'an- 
cien defterdar Haider Tschelebi Isakdjidede\ est charge* de la 
defense du pont jet6 sur le Danube. 24, les' troupes d'Ana- 
tolie passent le pont. 25, on ploie la tente du Sultan. 26, il 
passe le pont. 27 (mardi, i«* rebioul-akhir) ; halte. 28, Meh- 
w^baschi. 29, Kizilgoel. 3o, halte. 3i, Farmed passe le Pruth 
et campe a Falcsin. 

Mois de septembre (rebioul-akhir). 

i M , Farmed, s'arrete sur les bords du Pruth. 2, 3, halte. 
4, village de Sepan. 5, Deghirmenlu kceyi. 6, Boudan 
Goeli. 7, Kouri Eldji. 8, pont de Wize\ 9, Yassy ; arrive'e du 
khan des Tatares. 10, Woiwoda binari. 11, Fermous baghi. 
12, Khirmenour kceyi. i3, on campe aupres d'un vieux 
monastere. i-4» Oroschen. i5, Suczawa, capitale de la Mol- 
davie. Du 16 au 21, halte; diwan ; la principaute' de cette 
province est donnee au fils de Fancien voievode; ordre de 
commencer la retraite. 22, on quitte Suczawa, et Farmee 
vient camper a Yandoscha. 23, Agoschan. 24, Ispin. — Cest 
la que finit le Journal de Souleiman. Gomme il n'arriva a 
Constantinople que dans les premiers jours du mois d'avril 
i539, il y a dans ce journal une lacune de six mois. 

IX. — Page 2^3. 
Petschewi , f . 68, leur donne les noms suivans : Obrow- 



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ET ECLAIRC1SSEMENS. 5s$ 

adja, Boudak et Dereslak (sans doute Berizlo). Petscliewi est 
celui de tous les histoi iens ottomans ou Ton trouve les no- 
tions les plus completes; il a de plus le merite d'mdiquer les 
localites avec precision, ay ant ete sandjakbeg de Kirka qui 
d£pendait primitivement du sandjak de Kliss; mais elle en 
fut d^tache'e lorsque Woussouli Mohammed pcit le gouver- 
nement de cette derniere province. Istuanfi, et, d'apre.s lui. 
En gel, Scbimek et Fessler, racontent la chute de Kliss et de 
trois autres chateaux-forts a Vepoque oil Farmee hongroise 
entra en campagne sous le commandement de Katzianer. 
Mais ce ge*ne*ral ne se mit en marche qu'a la fin du mois 
d'aout, et, si Ton en croit fcetschewi et Djelalzade, Kliss avait 
ixi conqutee dans les derniers jours du mois de ramazan 943 
(mars 1537). 

X. — Face 286. 

Voici Pe'pitaphe <Ju tombeau de Pisani , eleve par Nicolo 
Pisani .dans l'e'glise S. Maria dei Frari : « Benedictus Pi- 
» saurus vjr Clar. Imp. Turc. classe altera ex Jonis in Hel- 
» lespontura fugata altera in Ambracio sinu capta , Leucade 
» et Gephalonia expugnatis aliisque recuperatis insulis, Nau- 
» plia obsidione liberata, Nichio saevissimp pirata interfecto, 
» Divi Martii Procurator creatus pace composita Corcyrae 
» obiit. » l*a meme eglise renferme un tombeau drige" a un 
autre Pisani, eveque de Paphos, avec cette inscription: 
cc Jacobus Pisaurus Pa phi Episcopus, -qui Turcas bello, se 
» ipsum pace vincebat ex nobili inter Venetos ad nobiliorem 
»' inter angel os familiam delatus, nobilissimam in ilia die 
» coronam justo judice reddendo hie. situs exspectat , vixit 
» annos platonicos. Obiit i547* I 9»-Cal. ab. » 

XL — Page 287. 

La chute d'Ibrahim entraina celle de son protege* Moham- 
med-Pascba, gouverneur du Soulkadr; sa place fut donnee a 
t. T. 34 



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ET fiCLAIRCISSEMENS. 53 1 

Mirza, Selimschahbeg , Abmedpaschabeg , Ali Hadjibeg, 
Ibrahimbeg, Tagbalibbeg, Berdgbazibeg, Kemalbeg, Nousch 
Mirza, Ak Koutzchoukbeg (ambassadeur du kban de Kba- 
zan, Noukouschbeg, les ambassadeurs d'Abdoullab Yakb- 
scbi, Scbidakbeg, etc. etc.). Nous avons deja parte des 
Oghlans (garcons de la Porte) dans le livre relatif a Phistoire 
de Timour, ou ils figurent sous \p litre d'Agblens. 

XIV. — Page 296. 

Sagredo , p. 264. Dans son Histoire des guerres maritimes % 
Hadji Khalfa en exagere le nombre ; il compte 80 galeres 
d'Espagne, 72 deVenise, 3o du Pape, 10 de Pordre de 
Malte, 5o de la re*publique de Genes (sous les ordres de 
Poria), 10 du Portugal; en tout 162 galeres, 140 fusles, 
3oo batimens de transport; et somme geneVale , 600 navires 
de differentes grandeurs* De son cdte\ Sagredo porte le nom- 
bre des batimens qui composaient la flotte de Khaireddin , 
a i5o,jaulieude 12a. La description de cette bataille remplit, 
dans Guazzo , qui Pappelle la Baitaglia del Galeone, huh 
pages, depuis la page a34 jusqu'a la page 242. 

XV. — Page 299. 

L'ouvrage intitule' : Almanah er-rahmaniyet, contient sur 
son administration les distiques dont yoici la traduction : 
« En ces jours, PEgypte brillait d'un e*clat pareil a celui qui. 
colore les joues des amans; le Caire e*tait encore triomphant, 
tandis qu'aujourcPhui il n' off re que mines ; les bommes y 
jouissaient d'une grande prosperity etvivaient dans Pabon- 
dance. » Le jeu de mots qui fait le merite de ces vers consiste, 
en langue arabe, dans la double signification du mot Kahira, 
qui veut dire a la fois, celle qui venge et celle qui triomphe* 

XVI. — Page 3oo. 

Soube'ili, f. 55. Le vers cite par cet auteur, et dans lequel 

34* 



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5!W NOTES 

le grand poete turc, Baki, vante Paqueduc construit sous le 
rcgne dc Soulciman, est encore plus difficile a traduire que 
les di'stiques arabes dont il est question dans la note pre'ce'- 
dente. « Lui qui connait le prix de Peau , le prix du poi- 
gnard/fait coustruire des aqueducs et amerier Peau a travers 
mille voutes jusqu'au coeur de la ville. » K enter, en grec 
xot/Mtp*, ^ignifie a la fois voille et ceiniure, et c'est a travers 
mille ceintures (routes) que Souleiman conduisait le beau 
poignard (Peau) au cceur de la ville. 

XVII. — Page 3o5. 

II suffit de remarquer a quelle date Hadji Khalfa rapportc 
la mort d'Ayas-Pascha, et la promotion de Loulfi-Pascha, 
pour bien se convaincre qu'il ne faut consulter ses Tables 
cltronologiques qu'ayec une extreme circonspection. Loutfi, 
que son exactitude et sa fid elite' distinguent parmi" les bis- 
tori ens ottomans les plus dignes de foi, et qui devait Atre le 
mieux instruit, quant aux evenemensqui eurent lieu* pendant 
son administration comme grand-vizir, d&igne le 26 safer 
(i3 juillet); Ferdi, f. 208, se trouve parfaitement d'accord 
avec lui ; Hadji Khalfa fait done dans ses Tables chrontilo- 
giques, a la Jiste des grands-vizirs, une erreur manifeste, 
lbrsqu'il dit, p. 176, qu'Ayas-Pascha avait etc* destitu£ au 
mois de sithidje g44« Cette destitution n'eut lieu que quinze 
mois plus tard. Le biographe des vizirs , Osman-Efendi , a 
textuellement reproduit Pinexacte assertion d' Hadji Khalfa. 
Solakzade, qui place la mort d'Ayas-Pascha et la nomination 
de Loutfi-Pascha imme'dtatement apres la dt5faite de Katzia- 
ner, au mois de redjeb g44 9 se trompe Igalement. Le do- 
cument turc le plus ancien qui se trouve dans les archives 
de la maison imp. roy. d'Autriche, est une lettre d'Ayas- 
Pascha, dat£e de Fannie i537, et apporte'e au roi Ferdinand, 
par Marya Barzizi , en reponse a la lettre que le roi avait 
adressee au Sultan pour excuser Passassinat de Louis Gritti. 



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£T ECLA1RCISSEMENS. 535 

La devise artislement figuree du sceau du Sultan reproduit 
ces mots de la tradition : Kefa bil maouti wa'izen, c'est-a- 
dire la mort est le meilleur prddicateur. Le premier ^cuyer- 
tranchant, Ayas-Pascha, e'tait tin renegat de Sil&ie, du nom 
de Je*r6m£ Essykemer. On trouve, daps* les archives de la 
maison imp. roy. d'Autricbe, une lettre de ce rene'gatadres- 
sie a Wolfgang Sauermann a Breslau, dans laquelle il lui 
e'crit a l'occasion de la campagne de Perse : «< Que 1'empe- 
reur marchait. contre les Turcs rouges (les Persans) avec 
une arme*e forte de cent quarante mille hommes. » Comme 
Loutfi-Pascha ne fut nomme grand- vizir qu'en i53g, il est 
impossible que Panecdote racontee dans Crusii Turco- 
Grcecia, p. i56a 161, sur le moufti Djemali, ait eu lieu en 
i536 sous l'administration de Loufli-Pascha. D'ailleurs, 
Tordre barbare de detruire toutes les eglises chre'tiennes est 
plutot dans le caractere de Selim que dans celui de Sou- 
leiman, un des souverains ottomans les plus tolerans et les 
plus humains. 

XVIII. — Page *3o5. . 

Mouradjea-d'Ohsson, t. IV, p. 35 1, raconte d'aprcs Ha- 
sanbegzade : « Un jour il alia jusqu'a ordonner qu'une Ma- 
» hometane surprise au milieu de ses debauches fat mutile'e 
>> a coups de rasoir dans une partie du corps que la pudeur 
to ne permet pas de nominer. L'inde'cence et la barbarie de 
*> cette punition re'volterent tous les esprits. Loutfi-Pascha 
» e'tait marie' a une Sultane, soeur de son maitre. C.ette prin- 
» cesse indign^e lui fit les reproches les plus vifs et les plus 
» amers. Ne devais-tu pas, lui dit-elle, respecter la pudeur? 
» Comment as-tu pu ihventer un supplice aussi cruel et aussi 
» fletrissant? II est fait pour le crime, repondit le vizir, et 
» desormais il sera la peine que I'on mfligera a toutes celles 
» qui se deshonoreront au meprisdela religion et deslois. A 
» €es mots la Sultane I'accabla d'injures, et le traita d'impu* 



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534 NOTES 

» dent, de barbare, de tyran. Transporte de colere, le mi- 
tt nistre' met la main sur une masse d'armes et se precipite 
» sur elle ; aux cris de la Sultane, les lilies esclaves et les eu- 
» nuques pre*poses.a la garde volent a son secours et chassent 
» a coups de poings le vizir de rappartement de*leur mai- 
» tr esse. Un evdnement si extraordinaire entraina la perte de 
» Loufti-Pascha. Sulyman blama hautement sa conduite, 
» ordonna sa separation de la Sultane, le depouilla de sa di- 
» gnite, et l'envoya en exil a Demitoca, ou il termina ses 
» jours. » D'apres cela, il est clair que- Boissard (jTUm et 
icones Sullanorum Turcicorum) s'est trompe en faisant sur 
Loutfi (Lutsis) ce distique : 

Quce tibi cum molli res est pollute cincedo 
Cum cubet in thalamis regia rvympha tuis. • 

Dans Introduction de son histoire ottomane, Loutfi-Pascha 
donne la liste de ses ouvrages turcs ou arabes; voici les ti- 
tres de ceux qui sont ecrits dans la derniere langue : Soub- 
detet mezailjil itikadat wel+ibadat, c'est-a-dire Choix des 
questions sur le dogme et le rite; Kitaboul-Kounouz filctr 
atdifir-roumouz fil ehaadis el erba'in, c'est-a-dire le Livre 
des tre'sors dans les secrets agriables des quarante traditions* 
Loutfi a compose en outre un traite sur la sinc6rit6 des vues 
d'aprhs lesquelles Vhomme agit; un autre sur les martyrs et 
les choses dernieres ; un troisieme sur les qualitds des sunnis 
(ortbodoxes) et des hMtiques ; un quatrieme sur les exi- 
gences de la priere duvendredi; un cinquieme sur I'entrde 
au bain et la coupe des ongles; un sixieme sur la perte de la 
connaissance dans Vagonie; sur le repentir et le penitent; un 
septieme sur lesanimaux de chasse etde sacrifices } c'est-a- 
dire, sur les animaux dont la chair est permise ou defendue; 
, un huitieme sur la gue'rison des malades et V6tat des mou- 
rans. Enfin on luidoit un traite sur les actions des serviteurs. 
Parmi les ouvrages que Loutfi-Pascha a ecrits en turc, ilfaut 
citer i° Kitab tenbihoul ghafilin we tekidoul ghqftlin, c'est-a- 



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ET ECLA1RC1SSEMENS. 535 

dire « Exhortation aux ndgligens et recommandation aux 
paresseux ; 2° Tohfetoul-talibin , c'est-a-dire « le present 
pour ceux qui demandent, » sorte d'homelie ; 3° Le livre de 
la vie, ouvrage polemique ; 4° un traitd sur les questions et 
fiponses; 5° un traiti midical ; 6° unehistoire des Ottomans; 
j° VSistoire de Vinvasion de Saltoukdedd du temps des Sel- 
djoukides; 8° V \Assafnam6 6u instruction pour les vizirs, 
en quatre chapitres. J'ai en ma possession ces trois der- 
niers ouvragjes fort rares, reunis en un seul volume. Dans 
son histoire ottomane, Loufti rapporte, imm^diatement apres 
les circonstances de sa promotion au grand-vizirat , quel- 
ques anecdotes relatives a Pimpdt percti sur les cbevaux des 
courriers* et doht il demontre les abus par des exemples 
• tir^s de la campagne de Perse et de celle d'Egypte ; il pousse 
la since'rite' jusqu'i comparer les Turcs, sous ce rapport, avec 
les Mogols : We Osmanlu oulak zoulminden Djenghizilerd 
taklid Kibi etmischler idi y e'est-a-dire « les Ottomans ont 
pour ainsi dire ^gale* les Djengbizides en cruautl, quant au 
service des courriers. » Le temoignage d* Almosnino vient a 
l'appui des assertions de LoUtfi : « Mandando en espezial de- 
» rogar la lei que ania, de que los Gorreos y lacayos quando 
» iban a cosas del real servicib pudiesen quitar los cavallos 
» a qualquier caminante, tomando con esto la mano de qitte a 
» qualquiera que toparan en los desiertos, y despoblados, se 
»*le tomavan, dexandblo alii solo, pasando el riesgo que se 
» considera en persona y hazienda. » f. i3t. 

XIX. — Page 3io. 

Les hauts faits de Capello dans la guerre contre les Turcs 
sont attested par l'epitaphe inscrite sur son tombeau dansl'e*- 
glise de Santa-Maria Formosa, a Venise. « Vincentius Cap- 
» pellus maritimarum rerum peritissimus et antiquorum lau- 
» dibus par, triremium onerariarum praefectus ab Hen- 
» rico "VII Britt.] Rege insigne donatus , classis legatus V, 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 53? 

tier i545. 8° Une lettre de Souleiman au doge, relative 
aux dommages causes aux Venitiens en Dalmatie , datee de 
Tan 955 (i546). g° Lettre annon$ant lef conquetes en Perse, 
datee dc Haleb 29 schewal* 955 (i5/j8). io° Lettre en formte 
de ferman a la Seigneurie, demandant la restitution de trois 
villages, et datde du mois de schewal $56 (i549)« 



UVRE XXX. 

I. — Page 320. 

Les reponses du roi Ferdinand aux lettres de Souleiman 
dat&'s de Bagdad et.Tebriz, ont &\£ cities plus haut. La re- 
ponse a la troisieme lettre du Sultan , dat^e de Diarbekr,,se 
trouve dans les archi?es de la maison Imp*. Roy. d'Autriche. 
(Litterce Ferdinand^ 14 mai i536, Innspruck) : cc Pcrvenere 
» ad nos litters M. V. in civitate Embde ( Amid ) data? per 
» Mustafa Ciaus Albak. » Le roi f&icite Souleiman de son 
heureux retour a Constantinople, et ajoute qu'il espfere bien~ 
t6t voir arriver « Joannem Mariam de Barzizia comendajto- 
» rem* Brixiensem , quern expedivimus gratula^ndi causa ut 
» filius patri. » 

U. — Page 32i. 

« Secondarisposta del Gran Signor per bocha del Sgr. Ajas 

• bachasopra quelle che Johan Mary a Barzizdolendosse, che 
» le prime proposte non esser conforme alle promesse fatte 
» per il Gran Signor alia Regia Maesta,* che al manco il detto 
» G. Signor si havesse di risolvere che non volendo reinte- 
» grare paciQcamente la Regia Maesta del regno diOngeria, 
» che al manco prometesse etfasse consento che delta Maesta 
» con le forze proprie potesse expellere il Conte Johan Sce- 

• pusiense foro del detto regno , e se anche il G. Sgr. non 



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538 NOTES 

» volesse'consentir a questo che Johan Marya Barziz ue sia 
» certificate per possersene expeditamente ritornar della 
ft Regia Maesta per il camino dove era venuto. • C'est la le 
titre du Rapport de Pambassadeur (Archives de la maison 
I. R. d'Autriche). 

III. — Page* 524. 

« Cum Tekeli et Szemezei accessissent et nuntium dedis- 
» sent de defectione Perenii et aliorum ad Ferdinandum, Sul- 
9 tanus cum legato Joannis concludit et regnum puero con- 
» tulit. » Rapport de Pambassadeur Lasczky , dans les archives 
de la maison Imp. Roy. d'Autriche. « Advenit Hie Christo- 
* phorus Semczcy, ut proderet quatuor castra ac patriaxn 
» Turbis. Heri etiam Alius Perenii.ingresdud est Conclave et 
» <;ircumcidetur Adrianopoli : Petrus Vpivoda Moldaviensis* 
» est pollicitus redditurum se castra quae in Transylvania 
» habet. Oratdr Gallus discessit ad infldnimandum bellam, 
» magno auxilio fuit Oratoribus Regis 'Joannis , ut regnum 
» puero daretur. ft Rapport de Pambassadeur Lasczky, dans 
les archives de la maison I. R. d'Autriche; 

IV. — Page 3*8. 

Ce que dit Ferdi sur cette augmentation de solde s'accorde 
avec la supposition de Lasczky, que ces troupes avaient ete 
destinees a surveiller le prince gouverneur pendant la cam- 
pagne du Sultan en Asie : « Non tantum cdntra Pei*sam quam 
» contra fiUum* ne patri rebellet, quod timebatur. » 

V. — Pagb Sag. 

a La Rossa jpoi (Roxelane)) che odiava Ibrahim come 
» amico de Mustafa primogenito di Solimano nato della 
» prima moglie. » Sagredo , 1. IV, p. 220. Le rapport de 
Piero Bragadino, datd de Pannee i5a6, dans Marini Sa- 
nuto, XLI, ne laisse auciin doute que la Rossa, dont qudl- 



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ET £CLAlRCISSEMENS. 53g 

ques auteurs font la Rousse, n'est autre que la favorite russe. 
« A 4 fiol, il primo Mustafa di anni 9 con una donna di na- 
» zione Schiavona; sta col fiol nel Seraio, el Sr. non s*im- 
» pazza piu.con lei. Tre altri figlj a con questa altra donna 
» di nation Rossa, giovine non bella ma grassiada — li ha 
» fatto vestimenti per ducati 100M.; il primo fiol di questa 
» si chiama Selim, di anni 6, il secondo Murad di anni 3, 
» il terzo Maomet di anno 1, nassete poi la vinuta d'Ibraim 
»'dal Cairo. Mustafa uomo di gegno, amato dai Janisseri. » 

VI. — Page 334- 

Voy. Istuanfi , Jovius , t. XIr, p. a85, et Fouvrage inti- 
tule : Vier tvahrhqftige Missiven, eyne der Frauen Isa- 
bella Kunigihh Janus nachgelassene Wittib in Uhgarn, wie 
untreulick der Turk und die iren mit ir umgangen; die an~ 
dere eyne so in der Belagerung bey der Kuniginn im Schloss 
gewest, me es mit Of en vor und nach der Belagerung er- 
gangen; die dritte eynes Ungarn von GrcCn rtie es itz zu 
Of en zugeht die vierdt des Turkischen Tyranen an die Sir 
benburger aus demLatein ins Teutsch gebracht anno i54^. 
Ce dernier ouvrage , e*crit par un des seryiteurs d'Isabelle 
qui formaient l'escorte dujeune prince lorsqu'il fut amend 
au camp de Souleiman,' est prdcieus. a consulter ; mais au- 
cun des historiens modernes, pas m&me Catona, n'en a eu 
- connaissance : les quatre lettres dont il est ici question se 
trouvent dans les archives de la maison I. R. d'Autriche : 
Historemaia el Diplomata. 

VII. — Page 336. 

Istuanfi dit avoir vu le diplome ; il appelle le nischandji 
NisaegL Ferdi, f. 354, s'accorde avec lui. Petschewi, f. 78, 
exprime son e*tonnement de ce que Djelalzade* , le ni- 
schandji, ri'ait pas fait mention dans son histoire de cette 
circonstance. Cependant il dit expressement , f. 219, que le 



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54o NOTES 

fils de Yanousch avait ^te investi d'un sandjak dans la Tran- 
sylvanie, avec promefse de l'enipereur que, lorsqu'il- devien- 
drait majcur, i). l'ihstallcrait sur le trone de son pere. Erdel 
wilayetindi sandjaghi houmqyoun wemloub^ sonrd irischoub 
yarar oldoukda giru babasi yerini Oun goitrous Kirallighi 
temdjih olounmak uzrS mouahadei Houmayoun scherefsou- 
dour bouldu Solakzade, f. n3, dit la roeme chose. Katib 
Mohammed, dans le Djamioul '- teawrikh , et le Nokhletct- 
tewarikh, f. i38, parlent egalement de l'investiture du jeone 
Sigismond d*un sandjak en Transylvanie. Vojez aussi Loutfi, 
f. 93. 

VI1L — Page 33g. 

Cette lettre vient apres celle -d'Ayas-Pascba , en date de Tan 
i53y, et apportee par l'ambassadeur Mary a Barzizi; elle est en- 
core prlcddee d'un ordre envoye anterieureraent a Mailath, 
dont il sera question plus bas. Cette lettre est classee , d'apres 
l'ordre cshronologique, la troisieme parmi les documens tores 
du regne de Souleiman qui se trouveut dans les Archives de 
la maison I. R. d'Autriche; mais e'est la premiere qui fut 
ecrite par un sultan ottoman au roi de Hongrie 5 elle est datee 
de Constantinople du mois de safer 948 (juin i548). II existe 
. unc autre lettre en italien du drogman de la Porte Younisbeg, 
dakec d'Andrinople du i er mars i54i,etadresse> a Ferdinand. 
Younisbeg y porte Je titre (Tinterpreto deW eccelsa Porta del 
Gran Signore. La rlponse de Ferdinand , dont le brouillon se 
trouve dan3. les Archives de la maison I. R. d'Autriche , et 
par laquelle ce prince se plaint de la captivitc de Lasczky et 
demande un sauf-conduit pour un nQUvel ambassadcur, est. 
datec du 27 mai i54i. 

IX. — Page 345. 

Le savani hongrois Kys, qui dedia vingt-trois ana plus tard 
a l'empcreur Maximilien II un recit details sur l'atnbassade 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 54' 

de Hefberstein et de Salm , avcc urie description du camp 
des Turcs, faisait partie de cette ambassade. Son ouvrage est 
compris dans les Manuscritf' historiques de la Bibliotbeqiie 
I/R. d'Autricbe, sous le titre : « Exegeticon, boc est com- 
i» pendiosa quaedam descriptio ad arm a sumenda contra effe- 
» rum,Barbarum ct Cbristiani nominis baereditarium bostem 
» Tyrannum Tburcam, Divo Maximiliano Secundo eleclo 
» Roman orum Imperatori anno i564 feliciter dedicatum a ba- 
il millimo veteran o clientulo autore Petro Litterato Kys Quin- 
» que ecclesiensi Pannonio Domini Nicolai Olabi Archiepis- 
» copi ecclesiae Strygoniensis Prima tiae Tlegiai Hung. Caps, lo- 
m cumt. familiar.* » L'auteur donne «ur sa personne et sur sea 
fonctions d'interprete les notions suivantes : « Eo tunc Domi* 
» nus. Comes a Salmis videos ob pestilentiam servitorum suo- 
» mm penuriam in arce.Strygoniensi meet Jeronimum Dwdytb 
» aKas Scbardelatb ja*m dudum defunctum precaluS a.Reve- 
» rend, quoihdam Dno. Paulo de Warda Arcbiepiscopo eo 
» clesiae Strygoniensis Domino meo in interpretem scribam et 
» servitorem impetraverat, duraque in eodem campo turcico 
» borologium magnum argenteumdeauratum Thurqae per Cap* 
» saream Majestatem missum in medium Janycberorum (Ja- 
» nissaires) atqae Zwlakorum (Solaks) presentiam attolLae- 
» mus, qitidam interpres Thurca et intimus Secretarius Im- 
» pera tons Tburca rum ex pbysionomia mea illic me cognoverat 
» nomine Petrus Ewzlhery*, cum quo ante cladem Ludovici 
» regis dum puerum tredecim annorum ferme agebam in Gym- 
» nasio.Quinqueecclesiensi sub *uno tyrocinio et praeceptore 
» con versa ti atque eruditi fuimus, quum tempore praefatae in- 
» felicis cladis Mocbaziensis , quosdam Serenissimi Ludovici 
» regis Hungarian ad vineam parentis mei prope Quinqueec- 
» clelias.tum profecti ambo fueramus Turci in via publica re- 
» gni prope meceperunt; ego vero Cbristi propensissima gra- 
» tia in densissimis du metis praeceps confugiens conservatus 
» eraro ; in eodem itaque castro turcico , quum cum praefatis 
f» Domini* oratoribus certis dicbus versarer — cum eoque in-^ 



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542 NOTES 

» terprete Tburcico familiariter~'taimjuam cum ineo veteran? 
» condiscipulo amicabiliter conversarer in maxima et firmis- 
» £imo secreto Caesar is Tburcarum campum typum modum et 
» formara — ad amussim mibi dum bona fide declarasset -7- 
» perscribcndum curavi. » 

*X. — Pagb 345. 

Pes quatre missives pr£cit£es et publiees par le proviseur de 
Gran) Mustwek , la premiere est ecrite par la reine isabelle k 
Severino Bona de Balicze, et datie de Lippa, an i54i. On j 
lit ce passage : « Wir toennen nicbt mer bergen, dass wir von 
» unserer Morgengab nicbt mer dan* die zwfey Gescblees inne 
» baben Salmatb und die Lippen ; das Scbloss Cblitzo nnd 
» Rikelwar baben wir dem Peter Waiwod'in der Moldau wie- 
* der mussen znstellen , der itzo sein Scbloss fordert. Von dem 
» andern Scbloss Pewa baben wir das ganze jar keinen Heller 
» eingenommen ; die drey Gescbloess Thokei, Ragotz nnd Tata 
» bat der romiscb Kunig innen , Valentinus Tceroek,.so man 
» Tiirk Walandt nannt, bat das Scbloss Debrtcyn , so hat der 
» Tiirk unser mit keinem wort nie gedacbt. » 
• 

XI. — Page 545. # 

Les plaintes qu'exprima Paulin au sujet du meurtre de l'am* 
bassadeur, immediatement avant l'affrancbissement de Lasczky, 
ne prouvent point que ce dernier ait reussi k convaincre le 
Sultan jde Fiunocence 4e Fempereur; d'ailleurs Lasczky ne 
fut pas mis en liberty lors de I'arrivee de Souleunan a Bel- 
grade, comme le prltend Fessler; Jovius dit seulement : « Ex 
» itinere autem Lascbium legatum liberaliter dimisit. • La 
troisieme des quatre missiyes dont nous avons parle* plus baut» 
et dans laquelle le proviseur de Gran ecrift au baron Francois 
de Ravay : « So ist aucb H. Hieronymus Ladzky ancb wieder 
» kummen , &gjt er babe den turkiscben Kaiser 2 tagreis yon 
» Ofen gelassen , und wie er den Toercek Walandt anf 1 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 543 

» roslein umhcrfure, er sey angefesselt an Hxnden und Fussen 
» und werde aber nachts angescnmidt an Ket^n, » 

XII. — Page 34 7 . 

L'auteur des Nouvelles sur la regence d? Alger, t, II , p. 6I2, 
a de"ja releve" l'erreur de Robertson, qui rappotte cette tempete 
au second jour du dlbarquement des troupes ; la date citee par 
Guazzo s'accorde parfaitemerit avea celje que donne Hadji: : 
Kbalfa dans YHistoite des guerres maritime*; tous deux font 
mention de cette temp£te comme £tant survenue dans la nuit 
du cinquieme jour (la flotte arriva le 20 octobre), Seulement 
Hadji Khalfa se trompe en $xant pour date de rarrivee de l'ars 
mie le 28 djemazioql-akhir, c'est-a-dire le f anovembre au lifu 
du 20. Le commentaire de Kbaireddin d&igne le 28 djemazioul- 
akbir, ungeudi, et le jeudi de la seraaine qui correspond a cette 
date se trouye e'tre dans Fannie i54i, ie 20 octobre. II j a 
done entre ces divers historiens accord quant au jour da la se- 
maine, mais non quant au jour du mois. On lit dans Guazzo, 
Storia, f. 286 : « La seguente notte, qual fu ai 24 ottobre. » 

XML — Page* 549, 

L'auteur des Nouvelles sur la rigence a* Alger reprocbe a 
juste titre a Robertson de placer Matafouz -a trois journe'es de 
marcbe d* Alger j Vnais il ignore , ainsi que cet bistorien , que 
e'est a Matafouz que la flotte d£barqua les troupes, et que 
Villagagnoni a determine" d'une maniere tres-prlcise la dis- 
tance qui s^pare Alger de ce cap : « Urbs duodecim fere me- 
» dia ducta linqa millibus abest a promontorio. » La distance 
en ligne droite £tait done de quatre lieues , comme le suppose 
avec raison l'auteur des NouveUes ; car Villagagnoni ajoute : 
« Sin autem pedibus eatur propter litoris obliquitatem 20 mil- 
» lia erant facienda. » Le nom de Matafouz n'est qu'une alte- 
ration du mot arabe Temenius; cette derniere denomination 
se trouve reproduite dans YHktoire des guerres maritimes, 



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ET ECLAJRCISSEMENS. 545 

XVIL — Page 556. 

Ferdi , f. 36o , 4tablit que le premier gouvernenr installs 
par le Sultan a Ofen fut Souleiman-Pascha , d'origine hon- 
groise, et non pas, comme le pretend Wernbar dans Catena , 
t. XXI, p. 91, Mohammed, le fondateur des bams publics 
dWen ; ce dernier ne vint que phis tard. Le rapport du pro- 
viseur de Gran (la troisieme dea missives pr&it&s) confirme 
l'assertion de Ferdi : « Der Turk hat zu Ofen Suleiman Bassa 
nlassen, der tuvor in Babilonien gevfest. » 

XVIII. — Page 356. 

Ferdi, f. 362 et 363. L'excellente histoire de cet auteur 
s'arrete a 1'lpoque du stege de Pesth et des mmtations qui eurent 
lieu parmi les divers gouverneurs* L'exempkire de cetfce his- 
toire, qui fait partie de ma Collection , pa rait avoir &e ecrit 
par un prince du sang , car il finit en ees termes t Ketebon- 
hou el-fakir Mousiafa AU Qsman, e'ett-a-dire 6eri$ de la main 
du pauvre Mowtafa de lafamiUe #0 smart. 

XIX. — Page 35g. 

Istuanfi, liv. XV, p. 249. « Duce Jusupho Ghiliarcho, qui, 
» quod bello persico camelis et sarcinariit j amentia prafiusaet 
» Sagmarius aut Segvanbasaa appallabator. » Get historien 
commet ici une grande erreur, car Segbanbaaehi signifie litte- 
ralement gardien dea chiens , et l'officier revetu de ce grade 
n'avait point k s'occuper de la conduite dea charoeaux et des 
bagagea. Fessler fait de ce titre un nom propre : Jusuph Sag- 
mar. 

XX. — Page 36o. 

Sinantschaousch, dans son Histoire de la campagne de Hon- 
grie, en Tanne'e i543, f. 20, ajoute un zero au chiffre deja exa- 
geT^ de 80,000. Petschewi, f. 79, celui qui, de tous les histo- 
t. v. 35 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 54 7 

Morawa ; elle passa ensuite a Banitidje , Ak Kilisse , Weralia , 
Hissarlik et Belgrade , ou elle s'arr^ta trois jours , et d'ou elle 
repartit le 3 rebioul-ewwel (6 juin). En sortant de Belgrade, 
l'armee longea la rive gauche de la Save, et campa successive- 
ment a Morawaczie , Grabocze, Debruze et Kormaricze ; plus 
loin , elle traversa un pont , et Hadji Mohammedbeg se pre- 
senta devant Sabacz avec quatre-vingt treize navires, par ordre 
du Sultan ; l'armee vint ensuite camper a Sabacz , puis a Mi- 
trovicz. La pluie l'obligea de faire balte ; cnfin elle se remit en 
marcbe, et passa par Iladje, Vukovar et Bourkhouwa. 

XXIII. — Page 36 7 . 

Sinantschaousch, f. 86. Petschewi, f. 8i, est d'accord avec 
lui. Voy. aussi Djelalzade , f. 247 1 Catona a done tort d'ac- 
cuser Stella qui raconte dans le meme ordre cbronologique la 
conquete de Funfkircben et celle de Siklos : • Ordine prae- 
» postero, quum ante Quinqueecclesias Soclosia T urcis occur- 
» rerit. » (Liv. XXI, p. 3o3.) Ceci est juste par rapport a la 
position de ces deux places, mais non pas quant a l'epoque 011 
elles furent prises. Du reste, Catona n'a pas observe qu'Istuanfi 
dit la meme cbose que Stella. « Ut prius, quam Solimanus 
• capta Soclosia castra moveret, obliti officii honorisque sui 
» de turpi ac inhonesta fuga consilia inirent. » (Dans Catona, 
XXI, p. 3 10). 

XXIV — Page 368. 

Petschewi , f . 80 , Djelalzade , f. a49* ^ uieiileure preu ve 
que la date du i4 rebioul-akhir nest pas exacte, e'est que 
Djelalzade et les autres historians qui ont puise dans son his- 
toire, tels que Ali, xxi e recit, disent, quelques lignes plus bas, 
qu'il j eut diwan le 8 du meme mois, et qu'a ce dhvan le 
Sultan distribua des vetemens d'honneur et de recompense, 
pour la cenquete de cette forteresse. 

35* 



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548 NOTES 

XXV — Page 368. 

Je n'ai pu reconnailre les deux endroiU que Sinantachaousch 
appellc Sasalonia et Otyikoak; mais qui devinerait, dans Can- 
temir, regne de Soliman, que les noms de Ldposa, Bezosi, 
Schoklavass et Usturgunbelgrad, d&ignent les villes de Valpo, 
Fiinfkirchen, Siklos, Gran et Tata! Cet auteur n'a pas c6mpris 
non plus que Beznoi n'etait autre que Bacz, car il ditj note 33 : 
« II seroble qu'au meme temps fut prise la ville des Cinq- 
» Eglises. d 

XXVI — Page 36g. 

Jovius l'appelle Zirmar, et Fessler (t. VII, p. 6a3), //ur- 
sach. Sinantschaouscb , f. ia5, fixe a sept mill e quintaux'le 
poids de vingt-quatre mille charges de poudre pour les ca- 
nons i la flotte portait en outre vingt-quatre mille boulets, 
dix mille pioches et pelles, et cinq mille gros clous. 

XXVII. — Page 571. 

Sinantschaouscb , f. i43, ecrit Retnmal; Canano parle de*j& 
de cet art divinatoire dans le r^cit du siege de Constantinople 
par Mourad II, et l'appelle pap*kta. 

XXVIII. — Page 3 7 i. 

Cette assertion de Jovius (dans Catona, t. XXV, p. 317) qui 
s'accorde avec celle de Sinantschaouscb, est sans doute plus 
juste que l'assertion de Stella (dans Gatona , t. XXI, p. 336), 
suivant laquelle ks Tures auraient perdu trois mille homines; 
mais il est probable que ce cbiffre de tf ois mille a £te° par erreur 
ecrit au lieu de celui de trois cents. Sinantschaouscb cite au 
i) ombre des morts le sandjakbeg Bali Djendi Sinan , le beg 
de Silisira, Sehrimar, le tscheribasehi de Posehega, le senbe- 
rekdjibaschi, le kilardjibasebi, le kapottkiaya de fifalkodjoghli, 
frcre de l'alaibeg de la Mor4e , et Sinanbeg , le secretaire de 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 54g 

Roustem-Pascba j et parroi les blesses, le baltadji Mohammed* 
beg, l'ala'ibeg de Semendra, et le devin lui-m^me. 

XXIX. — Pags 575. 

Sinantscbaouscb, £. 174, met au norabre des morts le 
cbambellan d'Abmed-Pascba , le portc~drapeau du b#g Qs- 
manscbab, le voievode du feu grand- visir Ayas*Pa*eba, le kiaya 
du beg de Karabissar, et paraii les blesses, le baltadji Mobam- 
medbeg et Belal Mobammedbeg. 

XXXt — Page 375. 

Sinantscbaouscb et Petscbewi doiment pour date au pre- 
mier assaut le 27 djemazioul-ewwel(a8aout), et au second 
assaut, le 2 djemazioul-akbir (2 septerobre). Sinantscbaouscb 
fait seulement erreur quant au jour de la semaine (jui se trou- 
vait etre un dimancbe, comme l'indique Petscbewi, et non pas 
uu yendredi. Jovius prenant k tie be de rapporter tous les ev^- 
nemena memorable* du regue de Souleiraan au 29 actut, anni- 
wrsaire de la bataille de M^bacr > d&igne ce m&ne jour cQnxm.3 
celui ou fut donna* le premier assaut. Petscbewi se trompe 
quand il assure que la ville se rendit immediatement apres. 

XXXI. — Page 375. 

Petscbewi, f. 85. L'ecrivain qui voudra tracer l'histoire des 
villes de Siklds , de Gran et de Stublweissenbourg pourra con- 
suiter avec fruit le recit fait par Sinantscbaouscb du siege de 
ces trois villes j Djelalzadl , Ali, le Nokbetet-tewarikh , n'en di- 
sent que peu de mots. 

XXXII. — Page 3 77 . 

Djelakade, f. 261. Ali, xliv* ricit, f. i56. Solakzadl, f. 1 14. 
Les deux premiers fixent au lundi, 8 scbAban, la mort du 
prince : mais le 8 scbdban (6 novembre) correspondait , en 
i543, a un mardi. Ces memes auteurs indiquent le 18 du roois, 



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55o NOTES 

un jeudi, comme etant le jour ou se firent les funerailks, mais 
le 1 8 schAban (16 novembre) 6tait un vendredi. 

XXXIII. — Page 377. 

Voyage d'Ewlia, et d'apres lui Topographic de Constantino- 
ple et duBosphore, Pesth 1822, t. I, p. 4^4- Ewlia, t. I, f. 4^ 
dit que le corps du scheikh Ali Tabl (Ali-le-Tambour), tambour 
d'Eyoub , reposait dans la cour de cette mosquee sous un pla- 
tane. 

XXXIV. — Page 383. 

Ges douze sandjaks etaient alors, Ofcn, Gran, Stubiweissen- 
bourg, Mohacz, Funfkirchen, Siklos, Neograd, Hatwan, 
Szexard, Wessprim, Szegedin, Schimontornya ;.a ces sandjaks 
furent ajoutles les villes d'Esclavonie, Poschega et Semendra, 
toute la Syrmie, ainsi que Wouldjterin en Servie. ( Voy. IV 
percu statistique qui se trouve au commencement de VHistove 
de Djelalzadl.) Ce fut sous le regne de Mourad III et Moham- 
med III, que Szigeth, Kanischa, Erlau et-Raab, furent incor- 
porees au nouveau royaume. Le Banat et une partie de la 
Transjlvanic formerent un gouvernement distinct (celui de 
Temeswar), comme la Bosnie qui etait compos^e des sandjaks 
de Zwornik, Bosnia, Rirka, Kliss et Hersek. Voy. Geographic 
de la Hongrie, par Hadji Khalfa. 

XXXV. — Page 385. 

k Alii 18 (Octobre i546) passato mandb (Solyman) in San- 
» zachat di Garamania, cbe vol dir Cilicia, il secondo figliaolo 
» di questa Sultana cbiamato Beyezetb , et retien appresso di se 
» il terzo solo cbiamato Gienger (Djihanghir) , e gobbo et 
» cpme^dicono di natura ingenioso e faceto. * Rapport de Velt- 
wyck, date de Constantinople, 5 novembre i546 , dans les Ar- 
chives de la maison imp. roj. d'Autriche. On lit encore dans 
le Rapport de l'ambassadeur v£nitien, date du 6 octobre i$fii 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 55i 

qui fait partie des memes Archives : « Li giorni passati manato 
» di questa vita il Signor di Bogdania, in loco del quale inves- 
» tito il magior filio ; il terzo giorno Sultan Bajezid uscito fuori 
» di Costantinopoli per andar al suo Sangiac in Caramania in 
» una citta detta Gogna presso Scandaloro ; sono stati dati 
» 20 gordone (bourses) di zechini a 10,000 per gordone. » Ge 
passage est curieux non-seulement sous le rapport historique, 
mais aussi quant auz notions geographiques qu'il contient; car 
il place Scandaloro dans le voisinage de Koniah , et il serait 
dans ce cas impossible de supposer que Scandaloro fut la m^rae 
ville que Iskenderoun ou Alexandretta. 

XXXVI. — Page 386. 

Le Selimname d'Oussouli, f. 14 a 17. Ges trois princesses 
s'appelaient Esma-Sultane, Gewher-Sultane et Schah-Sultane. 
Oussouli, fils d'un sipahi , faisait partie du corps des ou- 
lemas , et avait en cette qualite accoropagne le prince Selim a 
Koniah. 

XXXVII. — Page 38 7 . 

AH, dans sa Notice de Roustera-Pascha , et Osman-Efendi , 
dans la Biographic des vizirs, racontent qu'a l'epoque ou Sou- 
lei man songeait a donner a Roustem sa fille en mariage , les 
ennemis du vizir repandirent le bruit qu'il avait la cuisse atta- 
quee de la lepre. Pour se convaincre de la verity, Soulei'man 
introduisit parmi les gens de la maison de Roustem un fidele 
serviteur du harem ; celui-ci ayant une fois apercu , sur les ve- 
temens du vizir, un pou (ce qui , d'apres la crojance des Ot- 
tomans, ne pouvait avoir lieu en cas de lepre), s'ecria : « Dieu 
soit loue pour ce pou qui prouve* ta purete , et te rend digue 
de devenir gendre du Sultan! » La biographie des vizirs ren- 
ferme a ce sujet les vers qui suivent : 

Olidjak bir kischinun kawi talii yar 
Kehlesi dakhi mahallinde aniin ische yarar. 



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Ki NOTES 

« Celui que doit favoriser la fortune trouvera un pou a 
Vhcure propice. » 

XXXVIII. — Page 38 7 . 

Loutfi, Hasan Tschelebt, Biographies despoetes, et lerh&eur 
de Brousa , f. 1 16. Ce dernier cite les vers que Ramazanzade* 
composa ou prononea a cette occasion : « L'orfevre seul sait ce 
que talent les pierres precieuses , tandis que <P autres les pren- 
nent pour du verre. 11 ne faut pas parler aux sots de vertu, car 
ila ne peuvent Fapprecier. » II paraft que ce $ont les memes 
vers que Ramazanzade* composa sur le ralpris qu'afiectait 
Roustem-Pascha pour les poetes, et dont parle Osman-Efendi 
dans ses Biographies. Le r^b&eur de Brousa , dans les Biogra- 
phies des savans de Brousa , dit , en s'appuyant sur les Biogra- 
phies dss poet#s par Hasan , que les vers suivans fort celebres 
appartiennent egalemeat a l'auteur du Houmayounnauri : 

Goermesem bir dem gham derdnak eller beni 
Ghalrile gcesem eger, ghairet helak eller beni. 

« Si je ne dois plus te voir, e'en est fait de moi; la jalousie 
me tuera des que je te verrai avec cfautres que moi. » 

XX^IX. — Page 389. 

« Pienipotentia pro Odoardo Cataneo Portugallia? arafore et 
» Hieronymo Adurno Praeposito ecclesiae Agrensis Internun- 
» tio nostro nobis dilectis , quos ad tractandum ac agendum 
» cum Serenissimo et Potentissimo Principe Domino Soli- 
» raano Turcarum Imperatore ordinavimus et deputavimus. » 
Vienne, 29 decembre i544« Adurno extant mort a Andriqople 
en Fannie i$45,l'erreur d'Istuanfi, que do reste Catona (XXI, 
p. 533) a relev^e, est suffisamment prouvle; a Ten croire, 
Adurno ne serait alle a Constantinople qu'en Fan nee i547- 
Adurno est le premier qui se soit rendu a la Porte avec le titre 
d'internonce. 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 555 

XL. — Pack 3g5. 

Younisbeg lui raconte les motifs du depart d" Aramont : 
« Hora ho inteso meglio la causa di 1'andata d' Aramont da Ju- 
» nusbeg, la qual e in eflfetfo, cfee Mr, Monlnc ha inpedito 
» nella corte, che Aram out pop babbi avuto ne lettere ne avisi 
>» d'inportanza et spno stati questi Sigppri ip tapta colera per 
. » questo, che il ditto Aramont ne ba avuto a patir moUi re- 
» cbiocbi et dicono chiaramente, cbe si mostra ben cbe non e 
» bomo di cervello in la Gorte di Francia , poicbe per inimi- 
» citia particolare di dui servitori lassa iiRe di Francia di.avi- 
* sare un suo principal aroico e favorito; bora Mr. Aramont 
» per ruinar il Monluc lettere di credenza dal Turcbo et com- 
» mandamento di bpcba da Rustanbassa. , cb'el debbi dire al 
» Re di Francia suo Sgr. cbe qpando il manda simili bomini 
» come Monluc, cbe li tagli la lingua o la testa f perchi in 
» effecto I'anno passato furono dette da Monluc cose indcgne 
» tan to del G. §v. quanto di Rustanbassa. » (Rapport de Velt- 
wyck, du 5 novembre i545). 

XLI. — Page 593. 

« Quanto alle cose di Portogal il Turco non vuol intendere 
» aitra risolurione con il Re, se non gli remetta e quitti li 
» 3ooo centari di specie , qnali altre volte il Re ha riceputo 
» in tribute dal Turcbo. » Rapport de Veltwick <lu 5 novem- 
bre 1 545. Apres le depart d' Aramont, les arobassadeurs fran- 
cais qui arriverent en l'annee 1647 a Constantinople sont, sui- 
vant les rapports des ambassadenrs vlnitiens : i° Codignac .- 
AUi to (Giugno \5^6)gwnse qui Mr. Codognat. Le meme am- 
basaadeur revint une seconde fots au commencement de Tan - 
nee suivante : Mr. di Codognado huotno delta chrisuanissima 
Maesta gionse qui in giorni a5 da Narenta. (Rapport du 7 Jan- 
vier 1 547). 2° FumS : Dapoi alii 28 (juin) gionto in questo 
luogo un gentUuomo francese nominato Mr. de Fume*, spedito da 
S. C. M. a questo Sr. con lettere credenziali, el qual and& 



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554 NOTES 

alii 29 a visitazione del Bassa {Rapport du 9 juillet i547). 
L'ambassadeur Aramont arriva de Raguse le 6 avril i547> en 
viogt-quatre jours, et eut le 12 du meme mois son audience 
du Sultan. (Rapport du 22 avril 1 547)- Pais: M. de Fume parti 
li 29 Agosto per andar in Italia. On lit encore dans un autre 
rapport du 7 juillet, sur l'arrivle d'un Ecossais a Constanti- 
nople : Tristo e sccllerato Zuan Burlotto scuoto si e fatto Mu- 
sulmano. - 

XLH. — Page 394. 

<< II C. Rogendorf arrivato qua alii 27 di Settembre con un 
» vcnto , come se il portasse le cose di tutta Christianity sopra 
» le spale — si ba slargato primo delle questione, ch'egli ha 
» con la sua donna, la quale lui fu legieradi cervello culpando 
» l'Imperntore c la Regina Maria cbe a torto Than diffesa , e 
» cbe per dispetto si e venuto a metter in grembo di questo 
» Gran Sign ore, e cbe Sua Maesta veda li servici che li potra 
» far bavendo lui tanti castelli in Austria. » Cest a ccla que 
se rapporte la lettre d'intercession du cointe Nicolas de Salm 
au roi Ferdinand, date'e du 3i Janvier \5fy]> et dontrfa copie 
se trouve dans l'almanach pour VHistoire nationale, p. 140 , 
qtiatrieme annee. Le baile de Venise mande a la Seigneurie , 
sur Farrivee de Rogendorf : « Gionse in Constantinopoli un 
» Gentiluomo todescbo nominato il Conte Christoforo Rogen- 
» dorf , Signore per quanto dice di 7 castelli d* Austria, si pre- 
» sentb a Rostem , il quale lo commandb a Jonusbeg. Ha por- 
» tato seco denari per la somma di 40,000 zecchini ; fu basiar 
» la man* al Signor alii 10 (Ottobre) una mesa ora , li ha fatto 
» molto facile la presa di Vienna; » et dans une autre lettre 
du 5 Janvier i5^7 '• tt Questo Conte Rogendorf e venuto anch' 
» esso qui in Andrinopoli. >» Ces divers documens se trouvent 
dans les Archives de la maison imp. roy. d'Autriche. 

XLIII. — Page 5g8. 
La plus grande confusion regnc dans toutes les histoires 



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ET ECLAIRCISSEMENS. 



555 



ecrites jusqu'a ce jour, tant par rapport a la date de cc traits 
que sur sa teneur. Istuanfi, 1. XVI, qui donne la date precise 
du 19 juin, commet une grave erreur en confondant la pre- 
miere mission de Veltwjck avec la seconde, et en placant la 
signature du traits en l'annee i546 au lieu de i547- Eichborn, 
dans son Histoire des trois dernier s siecles ( III, p. 463) , fait la 
m6me faute. Le Guide diplomatique a commis une erreur plus 
grave encore en indiquant, d'apres Struve, Fannie i544* Sa- 
gredo approche plus de la vente lorsqu'il place la ratification 
au 9 octobre au lieu du 12. Du reste, le document qu'il re- 
produit est apocryphe, et de plus, sous sa plume, tous les 
noms deviennent meconnaissables : II segretario suo di qualche 
con to nominate Boslo insieme con Gianos Marchese, au lieu 
de nominato Giusto insieme con Giovanni Malvezzi. Les rati- 
fications de Charles-Quint et de Ferdinand , dont les copies se 
trouvent dans la maison I. R. d'Autriche, sont da tees la pre- 
miere du i ex aout, la seconde du 28 du me'me mois. Le Rap- 
port de 1'ambassadeur v£nitien fait encore mention d'une am- 
bassade du roi de Pologne, qui arriva dans cette m£me annee : 
« Questi giorni e giunto un noncio del Re di Polonia per 
» giustificar alcuni danni e per i con fin i. » 



FIN DES NOTES DU TOME CINQUIEME. 



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TABLE DES MATURES 

CONTINUES 

DANS LE TOME CINQUIl&ME. 



Apercn des Sources orientate* doot on a fait usage pour la troi- 
sieme periode de cette histoire. . i-mi 

LIYRE XXV. 

Avenement de Sotdeiman-le-Grand, dixieme sultan ottoman. — 
Revolte de Ghaiali. — Premiere campagne en Hongrie. — 
Conquete de Belgrade. — Traite avec Teniae. — Seoende 
expedition contre les chevaliers de Saint-Jean. — Siege et 
conquete de Rhodes. — Ambassades de Perse et de Russia. — 
Mariage du grand-vizir Ibrahim avec la sceur de Souleiman. 

— Expedition du Sultan en ^gypte. 1-59 

UVRE XXVI. 

Revolte des janissaires. — Rapports hostites avec la Perse; rela- 
tions d'aroitte avec la France et la Pologne* — * tiveoemeiis 
militaires en Croatie. — Invasion de la Hongrie. — Bataitle 
de Mohaes; resultats de cette bataiHe* — . Revolte en Asie. 

— Conqoftte de chAteaux-ferts en Bosnie , en Croatie et en 
Esclavonie. — Ambassades de Zaporjra et de Ferdinand a 
Souleiman. — Ibrahim-Pascha est nomine serasker de toutes 
les armees ottomanes. — Prise d'Ofen, siege de Tienne. — 

Cause de la retraite des Ottomans. 60-1 36 



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558 TABLE DES MATIERES. 

LIVRE XXVII. 



Pag«. 



Fetes de la circoncision dies princes. — Ambassades de Ferdinand, 
Zapolya, Pereny, des rois de Pologne, de Russie et de France. 

— Cinquieme oaropagne de Souleiman. — Siege de Giins , et 
retour de Farmee ottomane par la Styrie. — Prise de Korod. 

— Negotiations de Ferdinand a la 8ublime-Porte , et con- 
clusion du premier traite de l'Autriche avec la puissance 
ottomane. 1 37-20 c 

LIVRE XXVIII. 

Campagne de Perse. — Prise de Tebriz et de Bagdad. — Exe- 
cution dlskender Tschelebi. — Disgrace et mort dlbrahim. 

— Traits d'alliance avec la France. — Restitution de Koron. 

— Expedition de Khaireddin Barberousse et de Charles-Quint 

contre Tunis. aoa-a57 

LIVRE XXIX. 

Mort de plusieurs sa?ans turcs. — Guerre avec Venise. — Siege 
de Corfou. — Defaite de Katzianer. — Conquete de plusieurs 
iles dans rArchipel. <— Expeditions simultanees en Moldavie, 
dans rArchipel et dans la mer des Indes. — Mort du grand- 
vizir. — Circoncision des princes. — Pertes et prises recipro- 
ques de chateaux-frontieres entre les Turcs et les Venitiens. — 
Conquete de Castel-Nuovo et paix avec Venise. a 58-3 1 8 

LIVRE XXX. 

Ambassades de Ferdinand. — Guerre de Hongrie. — Incorpora- 
tion d'Ofen dans les possessions ottomanes. — Entreprise de 
Charles-Quint sur Alger. — Siege de Nice et de Pesth. — 
Dixieme campagne de Souleiman. — - Prise de Valpo, Siklos, 
Gran, Stuhlweissenbourg. — Mort du prince Mohammed. — 
Chute de Wissegrad, Neograd, Welika. — Batailles de Lonska 
et de Salla. — Mort de Khaireddin-Barberousse et de Roustem- 
Pascha. — Paix avec Charles-Quint et Ferdinand. 319-398 

FIJI DR LA TABLE DU C(*QUI*ME VOLUME. 



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