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Full text of "Histoire de la ville de Nimes 1"

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HISTOIRE J/f 







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depuis 1830 jusqu'& nos jours 



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HISTOIRE 



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XIMES. — DtPBIMEBIB DUBOIS, RUB BBRKARD-ATOX , 2. 



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depuis 1830 jusqu'k nos jours 



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TOME PREMIER 



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flarvard College Library 
July 22, 1913 
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PREFACE 



Je prisenle h mes eoncitoyens la continuation de Vctuvre de Minard, si 
populedre dans noire ville et que M. P.-L. Baragnon pert a eonlinuie jusqu'en 
1830. Ce travail que je livre a Fappriciation de (out ceux qu'intiresse Vhie- 
toire de noire vieille die, a iti faitimpartialement et revtt surtoul le earaetire 
(Tune compilation historique locale. m 

Ceux qui m'ont devanci dam Pcmvrc queje fais paraitre aulourd'hui ont 
su ee montrcr claire, inliressants et hnpartiaux. Minard, entre autree, /est 
surtoul acquitti de sa tdche avec un talent hors ligne et a rejeli, bien lain. 
derrUre Ittf, lee idies priconfues. Le livre qu'U a icril a iti jugi plus inti- 
reeeani que tout autre et Yon pent dire de lui qu'U a le mieux comprie ee 
qu'avait iti Nimes, ee quelle valail et ce quelle devait tire. Aussi est-ce 
Minard que tout historien local doit imiter f en tdchant de riunir eon esprit, 
ea verve, eon talent et en s'inspbrant toujoure de la viriti. 

En abordanl le ricit dee fails qui marquent noire histoire contemporame, 
U semble que le terrain sur lequel on marche puisse tire semi d'icueils, hirissi 
de difficultis. J'estime, pour ma part, que la plume del 'historien quand elle ne 
fait point autre de parti, et qu'elle n'a pour but que & ex poser Us fails 
eaillants, peutiviter ees pirils plus imaginative que riele. 

Nous ne sommes plus, du rests, h une ipoque oh la vie municipale est 
surtoul le reflet dee agitations nationales. A dater de 1880, la ville de Nimes 
prisente ee spectacle, hundegri trls altaehant, qu f elle eet plus prioeeupie da 



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ti PREFACE ." - 

te transformer, que de se livrer aux luttss intestine* . fly a sane doute d'ici, de 
li 9 surlout dans Us -premSres annies quelquss frimissements populates, 
mats de courts durie, et Fkistorien 9 en Us relatant, ne court aucun risque do " 
changer en factum ce qu'il sait de la ville dont il icril fhistoire. 

On pent voir <Tapris ce quipridde quel va Ore man principal souci, mon 
but unique, pourrai-je dire, en icrivant ces pages. Ni apoUgU, ni dini- 
grement. Mais surtout U ricit, aussi exact qu'il me sera possibU, de la 
creation de Nimes moderns. 

La nouvtlU ville est de criation toute ricenU. See monuments, en dehors de 
ceux quelui ont liguis ses mattres de plusisurs siicUs, dateni d 9 hier, et la 
generation actuelle se souvient encore des'ciremonies qui ont accompagne la 
'pose de la premiire pierre de plusieurs (Ventre eux. Les faubourgs h peine 
dessinis il y a einquanie ans, se sont peu h peu edifies, agrandissant ainsi 
U cercle cTactiviti de la vieille Nemausa. 

Les chemins de fer ont transforms les habitudes iconomiques; Veau est venue 
enfin, apres plusieurs siecles de recherches et plusieurs tenlatives resides sans 
resultot t s'epandre dans des reservoirs qui sont a peine terminis. Pour si 
minkne que soit la quanlite de ce bienfaisant liquide qui nous a He porti, ce 
n 9 en a pas moins iti une veritable revolution pour notre vilU. 

Est-ce tout? Nullement : Vindustrie a pris un nouvel essor 9 le commerce a 
subi des modifications profondes ct un parasite redoutable a radicalement ■ 
mitamorphosi les conditions gineralesde la vie. Deplus, des arteres nouvtlles 
ont bouleversi V antique cite, apportanJt avec elles Fair et la lumiire. Le gas, 
~ qui est pres d'itre delroni par la bougie ileclrique, a remplace V antique 
quinquet fumcux. 

Tout a iti riorganisi dans ess dnquante annies : police, administration, 
armee, instruction, et chacun des changemenis apportis a retenti dans Nimes. 

Dans un autre ordre duties, il s'est formi un viritabU foyer intellectuel 
parmi nos concitoyens. Les let ires, les arts, les sciences ont trouvi de fervenis 
cdeptes parmi eux. Des sociites nourelles se sont criies, nombreuses, vivanUs, 
dans toutes les branches de Vactiviti humaine. La vieille Academic de Nimes 
avu autour d'elU de jeunes intelligences ss riunir, se grouper et se confondre 
dans un commun ilan vers la science et les let tree. 

Puis sort vsnues les Sociites des amis des arts, la Sociiti de tir 9 la 



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PREFACE 



Je prisente h mes conciloyens la continuation de Tccuvre de Minard, si 
populaire dam noire ville el que M. P.-L. Baragnon pert a continuie jusqu'en 
1830. Ce travail queje litre a VapprMalion de tone ceux qu'intiresse Vhis- 
toire de notre vieille cite, a Hi faitimpartialement et revStstrtout le caracUre 
<Tune compilation hislorique locale. 

Ceuas qui m'ont devanci dans totutre queje fais paraitre aujourd'hui ont 
su se montrrr clairs, intiressants et tmpartiauxl Minard, entre autres, s'est 
surtout acquitti de sa tdche avec un talent hors ligne et a rejeti. bien lain 
derrUre lui, les idles priconfues. Le livre qu'il a icrit a iti jugi plus inti- 
ressant que tout autre et Fan peut dire de lui qu'il a le mieux compris ce 
qu'avait iti* Nimes, ce qu'eUe valait et ce quelle devait (tre. Aussi est-ce 
Minard que tout historien local doit imiter f en tdchant de riunir son esprit, 
sa verve, son talent et en s'inspbrant Umjours de la viriti. . 

En abordant le ricit da fails qui marquent notre hisioire contemporame, 
il semble que le terrain sur lequel on marche puisse ttre semi d'icueils, hirissi 
de difficultis. Testime, pour ma part, que la plume del historien quand elle ne 
fait point centre de parti, et quelle n'a pour but que fexposer les fails 
saillanU, peut iviter ces pirils plus imaginaires que rids. 

Nous ne sommes plus, du rests, h une ipoque ou la vie municipale eel 
surtout le reflet des agitations nationales. A dater de 1830, la title de Nimes 
presence ce spectacle, 4 tin degri trie atlachant, qu'clle eet plus prioceupie da 



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*1 PREFACE 

se transformer, que de se livrer aux luttes intestines .Tlya sans doule d*ici, de 
Id, surtout dans Us premieres annies quelques frimissemenls populates, 
mats de courts durde, et Yhistorien, en les rslatant, ne court aucun risque ds 
changer en factum ce qu'il sait de la ville dont il icril Yhiskrirs. 

On pent voir d'apris ce quipricids quel va Ore mon principal souci, man 
but unique, pourrai-je dire, en icrivant ces pages. Ni apologie 9 ni dftit- 
grement. Mais surtout It ricit 9 aussi exact quit me sera possible, ds la 
creation de Nimes moderns. 

La nouville ville est de creation toute ricenle. Ses monuments, en dehors de 
ceux que lui ont liguis ses maitres de plusieurs slides, datent d'hier, et la 
giniration actuelle se souvient encore des ciremonies qui ont accompagni la 
pose de la premHre pierre de plusieurs (Ttntre eux. Les faubourgs & peine 
dessinis il y a einquante ans, se sont pen h pea idifUs, agrandissant ainsi 
le cercle d'aciiviti de la vieille Nemausa. 

Les chemins de fer ont trans forme les habitudes iconomiques; Veau est venue 
enfin, apres plusieurs siecles de recherches et plusieurs tentatives resiles sans 
risultat 9 s'epandre dans des reservoirs qui sont a peine terminis. Pour si 
minims que soit la quantiti de ce bienfaisant liquids qui nous a Hi porti, ce 
rien a pas moins iti une veritable revolution pour notre ville. 

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Est-ce tout? Nullement : Vindustrie a pris un nouvel essor 9 le commerce a 
subi des modifications profondes ct un parasite redoutable a *radicalement 
mitamorphosi les conditions giniraUsde la vie, Deplus, des arthres nouvelles 
ont bouleversi Y antique cite, apportant atec elles Fair et la lumi&re. Le gaz, 
qui est pres d'itre ditrCni par la bougie ilectrique, a remplace l* antique 
quinquet fomeux. 

Tout a iti riorganisi dans ces einquante annies : police, administration, 
armie, instruction, et chacun des changements apportis a retenti dans Nimes. 

Dans un autre ordre d'id&es, il s'est formi un viritable foyer intellectud 
parmi nos concitoyens. Les lettres, Us arts, les sciences ont trouvi de fervents 
adeptes parmi sum. Des sociitis nourelles se sont criies, nombreuses, vivantes, 
dans toutes les branches de Vactiviti humaine. La vieille Academic de Nimes 
a vu aulour d'clle de jeunes intelligences se riunir, se grouper et se eonfondre 
dans un commun Man vers la science et Us lettres. 

Puis sont venues les Sociitis des amis des arts, la Sociili ds lir, la 



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PREFACE to 

Sociiti hippique, la Chambrte musical* , les revues littiraires f et tant 
d'autres qui s'efforcent (Tasseoir, au pro/it de Vhumaniti, Us observation 
laborieuses ou les diccuvertes intiressante*. 

Dans cetle ceuvre de decentralisation intellectuelle 9 Quidepuis 4880 s'est pen 
h peu affirmie, Nimes occupe une place honorable, une place vivante qui a 
appeli sur elle etsur see enfants F attention de tone. 

Certes, si beaucoup de progrhs oni iti r6ali$ts, beaucoup tfautres sont • 
encore h [aire: 

Nimes doit tendre h devenir tile-mime, une Alhines sans dimagogues, une 
Rome sans tribune. Ce qu'il faut pour la grandeur et la renommde (Tune 
vil-e t c'est la disparition de tout esprit de sects, Vunion de tout, lee idiee 
larges t le respect de la religion quelle quelle soit, la liberie et la justice pour 
tous 9 la bonne gestion des denier s publics, la protection des arts et des letires. 
Que les questions de parti ne viennent pas se jeter en tracers de Vceuvre 
civilisatrice, qui consists a embeUir une ville ayant dijh tout pour elle : des 
mines nous rappelant un passi gloricux et des ancttres qui propaghrent le 
christianisme et la civilisation done les Gaules! 

Nimes ne doit pas subir V attraction funeste qui parte toutes les villee de 
province h s'annihiler, en se reportant h cheque instant sur Paris. 

La cM romaine qui a donni naissance h Antonin doit resller elle-mime et 
conserver son cachet spicxal d'originaliti. 

Les Nimois sont nombreux dont le nom passer a ou a dijh passi h la postt- 
riti ; chacun de nous se prznd a ripittr leur nom, h lire, ou h admirer leurs 
centres. Nous aimans, & V Mr anger % ,hncus enorgueillit de ces compatriotes qui 
se prcsstnt, ciUbrcs, dans lapleiade des enfants de la France. Pkisieurs sont 
descendus au tombeau, d'autres vitent encore et parmi cette gbUration, 
courbie encore sur lepupitre de Vicole, on peut af firmer qu'il en est qui «u»- 
vroni leurs devanciers. 

Si lous ne sont pas nis done Nimes mime, its oni acquis le droit de citi 
comme originates du Gard, parce que c'est h Nimes mime qu'ils ontparti~ 
culiirement brilli ou que c'est h notre vUle que se rattachent lee qualitis qui les 
ont mis aurdessus du pair. 

Guizot, Chabaud-Latour, Pradier, Jean Reboul, Pellet, Alphonse Boyer 9 



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D&mtans, Germer-Durand, Canonge, Souchon, Sigalpn, Crintieua, Talabet, 
le giniralFeuchiree, F. Bkhard,UP. <TAlzon, MgrPlaniier et tant rfW 
tres que nous pourrions citer, que la mart a impitoyablement fauchie ; ne 
sont-ce pas la des figures qui ont miriU e% qui miritent Y admiration ifau 
leurs conciloyens ? - 

Etparmi ceux quy sont encore debou*. Mgr de Cabriires, Numa Baragnon, 
le pasteur Viguii, fie veil, Jalabert, Gaston Boissier, Poise, Alphonse Daudet 
et combien encore qui oeeupeni h des tilres divers Vattention des contempo- 
rainsJ 

Un autre dira ee que seront ceux de demain t de ces vaillmts que rien 
n'arrile et que Nimes pent s'honorer h ban. droit de compter parmi see 
en f ants. " 

tfavais-je pas raison de dire au commencement que rien ne pouvait itre 
plus atlachart que Vhxstoire denosprogris et Vinventaire de nos rkhesses, et 
que sans reeourir h aueune passion, les pages qui vont suivre pourront, h bom 
droit, tire connues de Urns mes conciloyens f 

II s'est fait (ant de choses dans le demi-silcle qui went dee'icoubr, it s'est 
forme tant de ncuveaulis, crMtant deprojete, que I'historien, fidile narrar- 
teur, a une tdche considirable et a'treyante h rempliK Je m'y suis consacri 
en essayant <Ty apporter man meilhur contingent ^observations , de notes et 
de travail. Puisse-je y avoir riussi ! Je sais combien le Nimois aims cesexhm- 
motions locales etfai pris h tdche de ltd (aire toucher du doigt tout ee qui, 
depute 1830, met sa ville au rang des plus grandee et des plus belles ciUs 
denotre bien aimiepatrie. ' 

Le Nimois est h demi-romain, a-t~on dit; le romain aimait beaucoup Vhie- 
toire. Apris avoir lu Tite-Live et Tacile, il ne dddaignait pas Polybe; apris 
avoir lu [Cicdron ii se dilectait encore d la kcture de Salluste, tin partisan 
avoui de Catilina. Le Nimois aims son hisioire locale et se plait h en redire, 
soit dans la conversation, soit dans les conferences, les faits les plus saillants. 
Voilh pourquoi fai tenu h grouper Urns les faits, encore incotUrents dans lee 
esprits, qui se sont passds depute 1830jusquh nos jours. 

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// ne ms rests p*us avant de commencer celte histoire qu'd dire quelquee 
mots de la division que fai adopt ds. ' 

Cette division m'aparu dee plus rationhelles et dee plus commodee pour tee 






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recherches. Cheque annie formera m chapitre sipari , en tile duquel sera . 
tin sommaire formmt un ropub aperfu des faiii doni je fats le recti. £a 
disposition typographique adoptie permit de savmr 4 ftietfe <mn& «e f nmve 
le lecteur en quelque endroit qu'il ouvre le volume. 

A part deux ou trois anniet qui nieessiteronl un ehapitre suppUmentaire, on 
peut voir que nous auront omit cmquante-cinq chapiires pour Fkisteire 
entifre. Chaque volume eontiendrade la sorts une histoire de dix an*. 

C'estvne centre de tongue haleine quefentreprends, avee la certitude qua 
je trouverai dans mssconcitoyens&tconeoursqui m 9 est nkessaire pour arriver 
hbonpott. 



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HISTOIRE 



VIIXE de nimes 



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CHAPITRE PREMIER 



SOMMAIRE 
Coup d'ceil sub l'£tat dc pats au commencement .de 1831. — Misuses de polios. — 

AFFAIBES DE JANVIER. — Re.NVERSEMENT DE8 CBOIX DE MISSION. — L'EMPBUWT 
NATIONAL DE 420 MILLIONS — La LOI SUB LA GARDE NAT ION ALE. — CROIX DE JUILLET. 

— Saint- simonisme et foubiebisme. — Le jec de « Bataillon ». — Troubles 
d'octobbb. — Installation des cocbs publics. — Les eooles primaires. — Lis 
elections municipals. — Les ateliers de secours. — Les evenementsde Lton. 

— SlCALON, CHEVALIER. — MORT DE TRELIS, MEMBRE DE L'ACADKMIB DC GARD. 



. Les commencements de la Monarch ie deJuillet eurent dans toutela 
France des difficulty plus ou moins considerables k vaincre. Le 
pays 6tait fr6missant, au lendemain de cette secousse formidable qui 
avait emportg une monarchie, en somme liberate, et dont le drapeau 
vainqueur flottait sur les cdles de l'Afrique. La monarchie legitime 
disparaissait au moment ou Chateaubriand n£gociait avec la Russie 
l'agrandissement de la France jusqu'a sa frontiere naturelle du Rhin. 
L'6meute parisienne , qui avait- eu si facilement raison du drapeau 
blanc etlui avait substitute drapeau tricolore, n'avait pas immediate- 
ment rencontr£ dans la province l'accueil favorable qu'elle croyait 
pouvoir esp£rer. D'un autre cdt6, les puissances 6trang6res, surtout la 
Russie, ne se pressaient pas de reconnaitre le nouvel £tat de choses 6tabli 
par la Revolution de Juillet. Les passions politique* et religieuses 
6taient partout en effervescence (1J. 

• (I) c Lis motifs les plot divers, slricux et frivoles, un annivcrsaire rtfvolntioonaire, 
no bruit de journaux, on arbre de *r liberie a planter, une pretention de marebands po- 



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II M6T0IRB M NIMES 

Rn parcourant les derniferes pages de Fouvrage qui,pr6c6dant celui-ci, 
le relie k la considerable compilation de notre corapatriote M£nard, 
on peut voir que les derniers jours de 1830 furent, un peu comirie 
partout, agit6s par des convulsions dangereuses dans notre cit6. 
Nimes pr£sentait alors le spectacle de bien d'autres villes, et Ton 
peut, k bon droit, s'&onner qu'elle n'ait pas t k certaines heures diffi- 
cfles, donng k l'autoritg du jour un travail plus considerable, et exig6 
une attention pi uft soutenue • 

Qu'6tait, du reste, l'autorit6 en ce temps difficile ?* A peine affermie, 
flottante, h&itante, coca me gtaient flottants et h£sitants les conseils 
6ph6m&res du gouvernement, l'autorit£ . n'agissait que contrainte et 
forcfe. 

Dans un pays comme le ndtre, une telle indecision pouvait dtre 
fatale, et il a fallu la sagesse et la reserve d'un grand nombre pour 
que nous n'ayons pas id£plorerde grands malheurs, L'esprit patrip- 
tique des habitants de Nimes, esprit qui, k raaintes gpoques de notre 
histoife, s'affirma hautement, a 6t6 la sauvegarde de la s£curit6 pu- 
blique plus encore que le pouvoir qui en avait la garde. Nous en 
verrons plus loin des exemples qui mgritent d'etre conserves. 

C'estdansces conditions que s'ouvrentles premiers jours de l'annte 
1831, qui sera la premiere decette oeuvre historique. 

Un pouvoir k peine assis, des ministires chancelants, faits et d6faits 
en un tour de main, desarmements k nos fronti&res, l'incertitudede 
l'avenir, des passions mises en 6veil, surexcit£es et contenues k grand 
peine, tout se trouve r6uni qui jette le trouble dans les esprits les mieux 
6quilibr6s. 

Aussi des mouvements avaient-ils £clat£ $h et 14 et Nimes n'avait-elle 
pas£t6 k Tabri de toute agitation. Le d^partement 6iait dans le mfime 

pulaircs, one qucrdle det ant la porta d'un cafe 1 suffisaicnt pour amasscr el passionaer 
la foule; ct die trouvait partout des points de reunion, dea foyers d'irritation, des 

moyeoa de divertissement 

........ des bandea se promenaient jour ct nuit en eriant t IVct la Ripubliqu* ». 

Quand la repression de ces desordres commenvait, die rencontrait prcsqne toujours 
une resistance dana laqoelle rautorite* municipale et la garde nationale n'ltaientguere 
plus respectdes que les agents de police et les soldats ; et quand, un jour on sur un 
point, 1'emeute avail M reprime'e, die se portait ailleurs el rccommencait le len- 
demaia. * 

• Ellee'taU incessamment provoqucc, encourage'e, ranimeo par de bardia patrons. 

• Les tmeutes et les soctetes popnlaires de 1S31 Itaient autre chose encore quo do 
ranarcbio*; dies coovaient et prlparaient la guerre civile. • Mimoirt* poor servir I 
PUistotre <f« mon tempi. Guiaot, I. ii. pages 19S, 199, 200, 



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i 



HISTOIRE 



VILLE DE NIMES 



CHAPITRE PREMIER 



SOMMAIRE 

Coup d'ceil sub l'etatdc pats au commencement de 1831. — Mesubes de roues. — 
Affaires de janyieb. — Renvebsement des cboix de mission. — L'empbukt 
national de 120 millions — la loi scr la garde nat ion ale. — cboix dc juillet. 

— Saint- simon ism e et foubiebisme. — Le jet de « Bataillon •. — Tbocbles 
d'octobbe: — Installation des oocrs publics. — Les ecoles pbimaibes. — Lee 

ELECTIONS MCNICIPALES. — LES ATELIERS DE SECOCBS. LES EVENEMENTS DE LtON. 

— SlCALON, CHEVALIER. — MORT DE TRELIS, MEMBBE DE l'ACADEMIB DU GABD. 



Les commencements de la Monarchic deJuillet eurent dans toutela 
France des difficulty plus on moins considerables k vaincre. Le 
pays 6tait frSmissant, an lendemain de cette secousse formidable qui 
avait emport£ une monarchie, en somme HWrale, et dont le drapeau 
vainqueur flottait sur les cdtes de TAfriqne. La monarchie legitime 
disparaissait an moment ou Chateaubriand nlgociait avec la Russia 
l'agrandissement de la France jusqu'a sa frontiere naturelle du Rhin. 
L'6meute parisienne, qui avait eu si facilement raison du drapeau 
blanc etlui avait substituted rapeau tricolore, n'avait pas immediate- 
ment rencontr£ dans la province Taocueil favorable qu'elle croyait 
pouvoir esp6rer. D'un autre c&\6, les puissances Itrang&res, surtoutla 
Russie, ne se pressaient pas de reconnaltre le nouvel Stat de choses dtabli 
par la Revolution de Juillet. Les passions politiques et religieuses 
£taient partout en effervescence (I). 

(I) t Les motifs les pins divers, slrieox et frkoles, no annlvcrsaire rdvolntioanaire, 
no bruit de Journanx, no arbre de 'a liberty a planter, one pretention de raarehands po- 



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« 



WSTOIItE BINHIES 



Ed parcourant les derniferes pages de rouvrage qui,pr6c^dant celui*ci, 
le relie a la considerable compilation de notre compatriote Menard, 
on pent voir que les derniers jours de 1830 furent, un pea comme 
partout, agit£s par des convulsions dangereuses dans notre cite. 
Nimes pr£sentail alors le spectacle de bien d'antres villes, et Ton 
peut, k bon droit, s'etonner qu'elle n'ait pas, k certaines heures diffi- 
ciles, donne k l'autorite da jour an travail plus considerable, et exige 
une attention plus soutenue. 

Qu'etait, du reste, l'autorite en ee temps difficile T A peine affermie, 
flottante, h&itante, comme etaient flottants et h6sitants les conseils 
eph6m£res du gouvernement, l'autoiite n'agissait que contrainte et 
forc6e. 

Dans un pays comme le ndtre, une telle indecision pouvait dtre 
fatale, et il a fallu la sagesse et la reserve d'un grand nombre pour 
que nousn'ayons pas Adiplorerde grands malheurs. L f esprit patrio- 
tique des habitants de Nimes, esprit qui, k maintes epoques de notro 
histoire, s'affirma hautement, a et6 la sauvegarde de la s6curit£ pu- 
blique plus encore que le pouyoir qui en avait la garde. Nous en 
verrons plus loin des exemples qui meritent d'etre conserves. 

C'estdansces conditions que s*ouvrentles premiers jours de l'annee 
1831, qui sera la premiere decetteoeuvrebistorique. 

Un pouvoir k peine assis, des ministferes chancelants, faits et defaits 
en un tour de main, des armements k nos fronti&res, l'incertitude de 
l'aven ir, des passions mises en eveil, surexcitees etcontenues k grand 
peine, tout se trouve reuni qui jette le trouble dans les esprits les mieux 
equilibres. 

Aussi des mourements avaient-ilsedate $h et la et Nimes n'avait-elle 
pas ete k l'abri de toute agitation. Le departement etait dans le mfime 



pnlaircs, one qoerelle devant la porte <Ton cafe* solfisaicnt pour amasser et passionner 
la fonle; cl die troovait partoot des points de reunion, des foyers dlrritation, des 
moyeos de divertissement 

• des bandes se promeoaient jonr et noit en eriant t Vivt la Rdpuhlique »• 

Qoand la repression de ecs dfeordres conuncnvait, elle rencontrait prcsqoe toajoura 
one resistance dins laqoelle raotoritc* monicipale et la garde nationale n'etaient gofcre 
plus respecters que les agents de police el les soldats ; et qoand, on joor oo sor on 
point, I'lmeote arait 6td rlprimee, elle se portal! ailleors et rccommencait le len- 
domain. 

» Elledlait incessamment provoqoee, enconragle, ranimle par de bardis patrons. 

» Les tmeotes et les socttlls popolaures de 1834 dtaient aotre ebose encore qoe de 
I'anarcbie'; elles coovaient at prdpnraieal la guerre civile.* Mdmoira poor lervlr I 
PUutor* d* mom tempi. Goixot, I. h. pages 199, 199, 900, 



S, 



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PREFACE 



Je prisente h mes conciloyens la continuation de Vmuvre de Minor d, si 
populaire dans noire ville et que M. P.-L. Baragnon pert a continue jusqu'en 
1830. Ce travail que je Here a FapprSeiaHon de tons ceux qu'intiresse this* 
toire de notre vieille cite, a eti fait impartialement et revitsirtout It caracUre 
(Tune compilation historique locale. 

Ccux qui m'ont devance dans Tceuvre queje fais paraitre aujourd'hui ant 
su se montrrr clairs, intdressants el tmparliaux. Minard, entre autres, s'est 
surtoul acquitte de sa tdche avec un talent hors ligne et a rejeti. Hen lain 
derriire lui, Us idies preconfues. Le Uvre qu'il a icrit a iti jugi plus inti- 
ressani que tout autre et Fan peut dire de lui qu'U a le mieux compris ce 
qu'avait dU* Nimes, ce qu'eUe valait et ce quelle devait (tre. Aussi est-ce 
Minard que tout historien local doit imiter, en tdchanl de reunir son esprit, 
sa verve, son talent et en s'inspbrant toujour* de la virtiL '. 

En abordant le ricit dee fails qui marquent notre histotre contemporame. 
il semble que le terrain sur lequel on marche puisse ttre semi d'tcucils, Mrissi 
de di/ficultds. Testime, pour ma part, que la plume del historien quand elle ne 
fait point ctuvre de parti, et quelle n'a pour but que dC ex poser tee fails 
saillants, peut iviter ces pirils plus hnaginaires que ride. 

Nous ne sommes plus, du rests, 4 une dpoque oit la vie municipals est 
surtout le reflet des agitations nationates. A dater de 1830, la title de Nimes 
presenile ce spectacle, h undegri tris attaehant, quelle est plus prioceupio do 



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vi PRfiFACB 

se transformer, que de se livrer am luttes intestine* . II y a sans doute d 9 ici, de 
U, surtout dans Us premiires annies quelques frimissements populaires, 
mats de courts durie, et Yhistorien, en Its relatant, ne court aucun risque de 
changer en factum ce qu'il salt de la ville dont il Icril YhisUAre. 

On peut voir cTapris ce qui priced e quel va Sire mon principal souei, man 
but unique, pourrai-je dire, en icrivant ces pages. Ni apologie 9 ni dtni- 
grement. Mais surtout le ricit, aussi exact qu'il me sera possible, de la 
creation de Nimes moderns. 

La nouville ville est de creation Unite ricenle. Ses monuments, en dehors de 
ceux que lui ont liguis ses mattres de plusieurs siicles, datent d'hier, et la 
giniraiion aetuelle se souvient encore des ceremonies qui ont accompagni la 
pose de la premiere pierre de plusieurs (Ftntre enx. Les faubourgs h peine 
dessinis il y a einquante ans, se sont pen h peu edifies, agramtissant ainsi 
le cercle d'activiti de la vieille Nemausa. 

Les chemins de fer onl trans forme les habitudes iconomiques; Veau est venue 
enfin, apres plusieurs siecles de recherches et plusieurs tentalives resides sans 
risultat t s'epandrs dans des reservoirs qui sont a peine ier mines, four si 
minime que soit la quantite de ce bienfaisant liquids qui nous a Hi porti, ce 
rien a pas moins ill une veritable revolution pour noire ville. 

< « 

Est-ce tout? Nullement : Vindustrie a pris un nouvel essor 9 le commerce a 
subi des modifications profondes ct un parasite redoutable a *radicalement 
mitamorphose les conditions gdneralesde la vie. Deplus, des arteres nouvelles 
ont bouleversi V antique cite, apportant atec tiles Voir el la lumiire. Le go*, 
qui est pres d'etre d&rdni par la bougie electrique, a remplace l* antique 
quinquet fumeux. 

Tout a ite reorganise dans ces einquante annies : police, a<lmin ; stration, 
armee, instruction, et chacun des changements apportis a retenti dans Nimes. 

Dans un autre ordre didks, il Jest formi un viritable foyer intellectud 
parmi nos concitoyens. Les lettrcs, Us arts, les sciences ont trouve de fervents 
adeptes parmi cux. Des sociites nouvelles se sont criies, nombreuses, vivantes, 
dans toutes les branches de VaciivM humaine. La vieille Acadimie de Nimes 
a vu autour (Telle de jeunes intelligences se reunir, se grouper et se confondre 
dans un commun Hon vers la science et les let tree. 

Puis sont venues les Sociitis des amis des arts, la SodiU de lir, la 



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PREFACE tu 

SociiU hippique , la Chambrie musical* , le$ revues Utlirairee , et foul 
d' autre* qui s'efforcent (Tasseoir, au pro/it de VhumaniU, Us observations 
laborieuses ou les dicouvertts intdressantes. 

Dans cette centre de decentralisation intellectuelle 9 qui depute 4830 s'est peu 
h peu affirmie, Nimes occupe une place honorable, une place vivante qui a 
appeli sur elle et sur see enfants V attention de tous. 

Certes, si beaucoup de progrls ont iti r6alisis t beaucoup (fautres stmt - 
encore h fairs: 

Nimes doit tendre h devenir clle-mSme, une Athines sans dimagogues, une 
Rome sans tribune. Ce qu'il faut pour la grandeur et la renommde d'une 
tn/'e, c'est la disparition de tout esprit de secte 9 Vunion de tous, les idiee 
larges, le respect de la religion quelle quelle soit f la liberie et la justice pour 
tous t la bonne gestion dee denicrs publics, la protection dee arts et des lettres. 
Que les questions de parti ne viennent pas. se jeter en travers de Vceuvre 
civitisatrice, qui consists h embeUir une ville ayant dijh tout pour elle : des 
mines nous rappelant un passi glorieux et des ancitres qui propaghent le 
chrislianisme el la civilisation dans les Gaulesl 

Nimes ne doit pas subir Y attraction funeste qui ports toutes les utiles de 
province h s'annihiler, en se reportant h cheque instant sur Paris. 

La citi romaine qui a donni naiesance h Antonin doit rester elle-mime et 
conserver eon cachet spicial d'originalite. 

Les Nimois sont nombreux dont le nom passera ou a dijhpassi h la postt- 
riti; chacun de nous sepr end a ripittr leur nom, h Ure 9 ouh admirer leure 
csuvres. Nous aimons, & V Granger t .h nous enorgueillit de ces compatrhtes qui 
se presstnt, ciUbrcs, dans lapleiade des enfants de la France. Pkisieurs sont 
descendus au tombeau, d'autres vitent encore et parmi cette giniration, 
courbie encore sur lepupiirs de Ficole, on peut af firmer qu'il en est qui sui- 
vront leurs devanciere. 

Si tous ne sont pas nis dans Nimes mime, Us ont acquis le droit de citi 
comme originaires du Gard, parce que cest h Nimes mime qu'ils entparti- 
culiirement brilli ou que c 9 est h notre vdle que se rattachent les qualitds qui lee 
ont mis aurdessue du pair. 

Guizot f Chabaud-Latour, Pradier, Jean Iieboul, Pellet, Alphonse Boyer, 



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Poggte '.;{;'■ 












Tin PREFACE - _ 

Dimians, Germer-Durand, Canonge, Souchon, Sigabn, Cremitux, Talabot, 
le g&niralFeuchhres, F\ Bkhard t leP. (TAhon, MgrPhntier et tant <fmi- 
tres que nous pourrions cfter, que la mart a impiloyaMement fauchis ; ne 
sont-ce pas la dee figures qui ont miriti el qui miritent r admiration de_. 
leurs conciloyens ? . . - - 

Et parmi ceux qu} sont encore debou^ Mgr de CabrHres 9 Numa Baragnon 9 
le pasteur Viguii, Rivoil, Jalabtrt, Gaston Boissier, Poise, Alphonse Daudet 
et combien encore qui occupent h des litres divers Vattention des contempo- 
rainsJ 

Un autre dira ce que seronl ceux de demain 9 de ces vaillants que Hen 
n'arrtte el que Nimes petit s'honorer h bon, droit de compter parmi $es 
en f ants. ' 

tfavais-je pas raison de dire au commencement que rien ne pouvaU tire 
plus attachart que V histoire denosprogris et Vinventaire de nos rkhesses, et 
que sans recourir h aucune passion 9 Us pages qui vont suivre pourront, h born 
droit 9 tire connues de tous mes concitoyens ? 

II s'est fait (ant de choses dans le demi-silcle qui vient desicoulcr, it sfest 
forme tant de nouveautis, crU tant de projets, que I'historien, fidile narra- 
teur, a une tdche considirabh et a'troyante h remplir'* Je m'y suis consaeri 
en cssayant d'y apporter mon meilkur contingent ^observations , de notes et 
de travail. Puissi-je y avoir riiissi I Je sais combien le Nimois aims ccs exhu- 
mations locales etfai pris h tdche de hnfaire toucher du doigt lout ce ft*, 
depuis 1830, met sa ville au rang des plus grandes et des plus belles citts 
denotre bien aimiepatrie. * 

Le Nimois est h demi-romain, a~t-on dit; le romain aimait beaucoup Fhis- 
toire. Apris avoir lu Tite-Live el Tadte, il ne dtdaignait pas Polybe; aprh 
avoir lu [Cicdron il se dilectait encore d la kcture de Salluste, un partisan 
avoui de Calilina. Le Nimois aims son histoire locale et se plait hen redire 9 
soit dans la conversation, soil dans les con/erenees 9 tcs fails les plus saitlants. 
Voilh pourquoi fat tenu h grouper tous les fails t encore incohirents dans les 
esprits, qui se sont passis depuis 1830 jusquh nos jours. 

\ 
It ne me rests pus avant de commencer cette histoire qu'i dire quslques 
mots de la division que fas adopt ie. 

Cette division m'a paru des plus rationhelles el des plus oomtnodes pour les 



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PRfeFACB a : 

recherches. Cheque annSe formera un ehapUre sipari , en f//a duquel sera . 
un sommaire formml un rapide apergu dee fails dont je fats le recit. La 
disposition typographique adoptie permit de savoir h quelle annie se trouve 
le leeteur en quelque endroit qu'il ouvre le volume. 

A pari deux ou trois armies qui nicessiteronl un ehapitre suppUmentaire, on 
pent voir que nous aurons ainsi cinquanU-cinq ehapiires pour Fhistoire 
entiire. Chaque volume contiendra de la sorts une histoire de dix an*. 

C'estuneetuvrede longue haleine quefentreprends t avecla certitude que 
je trouverai dans mesconcitoyens fe contours qui m f esl necessaire pour arriver 
hbonpott. 



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HISTOIRE 



Dl LA 



VILLE DE NIMES 



depuis 1830 jusqu'k nos jours 



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Adolphe PI EYRE 
and** dipuU 



TOME PREMIER 



NIMES 

CATELAN, LIBRAIRE-EDITEUR 
WE Thoomathb 

1886 



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fiarrard College Library 
July 22, 1913 
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PREFACE 



Je prisenle h mes concitoyens la continuation de Ycemre do Minard, si 
popular* dans noire ville el que M. P.-L. Baragnon pore a continuie jusqu'en 
1830. Ce travail que je livre a I'appriciation de lous eeux qu'intiresse Vhis- 
toire de noire vieille cite, a iti faitimpartialement el revitsartout le caraetire 
<Fune compilation historique locate. # 

Ceuao qui m'ont devanci darn Vceuvre queje fais parailre aulourd'hui ont 
su $e montrcr clairs, intiressants el knpartiaux. Minard, enlre autree, s'cst 
surloul acquiUi de sa tdche avec un talent hor$ ligne el a rejeti, bion loin 
derr&re lux, Us idies pricongues. Le litre qu'il a icril a iti jugi plus inti- 
reseanl que lout autre et Von peul dire de lui qu'U a le mieux comprie ce 
qu 9 avail ili Nitnes, ce quelle valait el ce quelle devait fire. Ausei est-<* 
Minard que tout historien local doit imiier, en tdchant de riunir eon esprit, 
sa verve, son talent et en s'tnspbrani toujours de la viriti. 

En abordani le ridt dee fails qui marquent noire histoire contemporame, 
U semble que le terrain sur lequel on marche puisse itre semi d'icueils, Mrissi 
de di/Jicultis. J'estime, pour ma part, que la plume de V historien quand elle no 
fait point ceuvre de parti, el quelle n'a pour but que & ex poser Us fails 
saillanls, peul iviler ces pirils plus imaginaires que riels. 

Nous ne sommes plus, du rests, h une ipoque oh la vie municipale est 
surloul le reflet dee agitations nationales. A dolor de 1830, la ville de Nitnes 
prisente ce spectacle, 4 tin degri trie attaehant, quelle est plus prioeeupie de 



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. : .▼! PRfeFACB ^ 

. _ ' . se transformer, quedsse livrer aux luttes intestine*. II y a sans doute d'ici, de 

M f surloul dans les-prem&res annies quelques frimissemenU populates, 
mats de courts duris, et Fkistorien, en Us relalant f ne court aucun risque de ' 

' ' ^ / changer en factum ce qu'il sait de la ville dont il icril Fhistoire. 

On pent voir cTaprh ce quipricide quel va Ore mom principal souci, man 
bid unique, pourrai-je dire f en icrivant ces pages. Ni apologie f ni dini- 
grement. Mais surtout U ricit 9 aussi exact qu'il me sera possibU, de la 
criation de Nimcs moderns. 

La nouulU ville est de crialion touie rieente. See monuments, en dehors de 
ceux que lux ont liguis see mattres de plusieurs siicUs 9 datent d 9 hier 9 et la 
7 giniration aetuelle se souvient encore des ciremonies qui ont accompagne la 

pose de la premiire pierre de plusieurs (Ttntre eux. Les faubourgs h peine 
dessinis il y a einquante ans 9 se sonl pea h peu edifies, agrandissant ainsi 
U cercle d f activity de la vieille Nemausa. 

Les chemins de fer ont transforms les habitudes icotwmiques; Veau est venue 

enfin, apres plusieurs siecles de recherches et plusieurs tentatices resides sans 

risultot t s'fpandre dans des reservoirs qui tont a peine termines. Pour si 

minime que wit la qnanliti de ce bienfaisant liquide qui nous a iti porti, ce 

.- n*en a pas moins iti une veritable rivolutionpour noire viUe. 

Est-ce tout? Nullement : Vindustrie a pris un nouvel essor 9 le commerce a 
subi des modifications profondes et un parasite redoutable a radicalement 
metamorphosi les conditions giniralesde la vie. Deplus, des arteres nouvtlles 
ont bouleversi Y antique cite, apportant avec dies fair el la lumikre. Le gaz, 
qui est pris d'etre dilruni par la bougie ilectrique, a remplace V antique 
. * quinquet fumeux. 

>~ . " Tout a iti reorganise dans ces einquante annies : police, administration, 

armee, instruction, et chacun des changements apportis a retenti dans Nimes. 

• v . Dans un autre ordre duties, U s'est formi un viritabU foyer intellectuel 

parmi nos concitoyens. Les lettrcs, Us arts, les sciences ont trouvi de fervents 
adeptes parmi eux • Des sociitis nouvelles se sont criies, nombreuses t vivantes 9 
dans toutes les branches de Vactivili humaine. La vieille Academic de Nimes 
avu autour (Telle de jeunes intelligences se riunir, se grouper et se confondre 

dans un commun ilan vers la science et les lettres. 

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PREFACE 



Je prisente h mes concitoyens la continuation de louvre do Minard, n 
populaire dans noire vitle etqueM. P.-L. Baragnon pore a continuie jusqu'en 
1830. Co travail quejelivrea lapprkiation de tout ceux qu'intiresse Vhis- 
toire do noire vieille cite, a Hi faitimpartialement et revits'trtout le caractlre 
(Tune compilation historique locale. 

Ceux qui m'ont devanci dans lotuvre queje fais parattre aujourd'hui ant 
su se montrrr clairs, intiressanls et impartiauxl Minard, enire autres, s'cst 
surtoul acquitti de sa idche avec un talent hors ligne et a rejeti, bien loin 
derriire lui, let idies pricon$ue$. Le livre qu'il a icrii a Hi jugi plus inti- 
ressant que tout autre et Van peul dire de lui qu'il a le mieux comprie ce 
qu avail iti* Nimes, ce quelle valait et ce quelle detait ft re. Aussi est-cs 
Minard que tout historien local doit imiter, en tdchanl de riunir eon esprit, 
sa verve, son talent et en s'inspbrant toujours de la viriti. . 

En abordant le ricil dts faits qui marquent noire histoire contemporame, 
il semble que le terrain sur lequel on marche puisse ttre semi d'icueils, hMssi 
de di/pcxdtis. Testime, pour ma part, que la plume del historien quand elle no 
fait point (tuvre de parti, et quelle n'a pour but que cfcxposer Us faits 
saillants, peut ivUtr ces pirils plus imaginaires que rids. 

Nous ne sommes plus, du rests, h une ipoqus ou la vie municipals sot 
surtout le reflet des agitations nationales. A daler do 1830, la tills de Nimes 
prisente ce spectacle, h undegri trie attachant, quelle est plus prioccupis do 



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se transformer 9 que de se livrer aux luttee intestines . II y a sans doute d'ici, de 
IA 9 surtout dans les prerniires annies quelques frimissemenls populaires, 
mats de courts durie, et Thislorien, en les relalant, ne court aucun risque de 
changer en factum ce qu'il sait de la ville dont il iciil Vhistoire. 

On pent voir d'aprh ce quipricide quel va iUre mon principal souci, man 
bid unique, pourrai-je dire, en ecrivant ces pages. Ni apologie 9 ni cttni- 
grement. Mais surtout le ricit, aussi exact qu'il me sera possible, de la 
creation de Nimes moderns. 

La nouvelle ville est de creation toute ricenle. Ses monuments, en dehors de 
ceux que lui ont liguis ses mattres de plusieurs sihdes, datent d'hier, et la 
giniraiion actuelle se eouvient encore des ceremonies qui ont accompagne la 
pose de la premiere pierre de plusieurs (Ttntre eux. Les faubourgs h peine 
dessinis il y a einquante ans, se sonl peu h peu edifice, agrandissant ainsi 
le cercle d'activiti de la vieille Nemausa. 

Les chemins de fer ont trans forme les habitudes iconomiques; Veau est venue 
en fin f apris plusieurs siecles de recherches et plusieurs tentatives res ties sans 
risultat t s 9 epandre dans des reservoirs qui eont a peine terminis. Pour si 
minims que soit la quantile de ce bienfaisant liquide qui nous a iti porii, ce 
n'en a pas moins iti une veritable revolution pour noire ville. 

Est-ce tout? Nullement : Vindustrie a pris un notivel essor 9 le commerce a 
subi des modifications profondes et un parasite redoutable a "radicalement 
mitamorphosi les conditions gineralcs de la vie. Deplus, des arteres nouvelles 
ont boulevcrsi t antique cite f apportant avec tiles Fair et la lumHre. Le ga% % 
qui est pris d'e'tre delrCni par la bougie ilectrique t a remplace l* antique 
quinquei fumcux. . 

Tout a iti riorganisi dans ces einquante annies : police, a'lmin ; stration 9 
armee, instruction, et chacun des changements apportis a retenti dans Nimes. 

Dans un autre ordre d idles, il s'est formi un viritable foyer intellectuel 
parmi nos concitoyens. Les lettres, les arts, les sciences ont trouvi de fervents 
adeptes parmi eux. Des sociitis nouvelles se sont criies, nombreuses, vivantes, 
dans toutes les branches de Vactiviti humaine. La vieille Acadimie de Nimes 
a vu autour d'clle de jeunes intelligences se riunir, se grouper et se confondre 
dans un commun Man vers la science et les lettres. 

Puis sont venues les Sociitis des amis des arts, la Sociiti ds tir, la 



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PRtPACB tu 

Sociiti hippique 9 la Chambrie musicale 9 les revues littiraire* , et tant 
d' attires qui $'e (for cent cfasseoir, an profit de fhumaniti, U$ observation* 
laborieuses ou Its dicouvertes intireuant**. 

Dans cette amvre de decentralisation intellectuelle, (pi depute 1880 *'e*t pea 
h pen affirmie, Nime* occupe une place honorable, une place vivante qui a 
appeli sur elle et sur see enfants V attention de tone. 

Certes, si beaueoup de progrh* ont iti riatisis, beaucoup rfautres sont 
encore h fairs: 

Nimesdoit tendre h devenir Me-mime, une Athines sans dimagogues, une 
Rome sans tribune. Ce qu'il foul pour la grandeur et la renommde d'une 
viVe, c'est la dispartiion de tout esprit de sects, I'union de tous , les idies 
larges, le respect de la religion quelle qu'elle soit, la liberie et la justice pour 
tous t la bonne gestion des denier* publics, la protection de* art* et de* lettre*. 
Que les questions de parti ne vienneni pas. se jeter en tracers ds Vceuvre 
civilisatrice, qui consists a embeUir une ville ayant dijh tout pour elle : des 
ruines nous rappelani un passi glorieux et des ancitres qui propaghrent le 
christianisme et la civilisation dan* le* Goalee! 

Nimes ne doit pa* subir V attraction funeste qui ports toutes les ville* de 
province h s'annihiler, en se reportant h cheque instant sur Paris. 

La ci*i romaine qui a donne naissance h Antonin doit tester ellc-mtme el 
conserver son cachet special d'originaliti. 

LesNimois sont nombreux dont le nom passer a ou a dijh passi 4 la posti- 
rili ; chacun de nous se prznd a ripiltr leur nom, h lire, ou h admirer leurs 
ceuvres. Nous airnons, d Vitranger t .h nous enorgueillit de us compatriotes qui 
se presstnt, cilibres, dans lapleiade des enfants de la France. Plusieurs sont 
descendus au tombeau, d'autres vitent encore et parmi cette giniration, 
courbie encore sur lepupitre de Vicole, on peut af firmer qu'il en est qui sxd- 
vroni leurs devancier*. 

Si tous ne sont pa* ni* dan* N*mes mime, tie ont acquis le droit de ciU 
comme originates du Gard, parce que c'est a Nimes mime qu'ils ont parti' 
culilremcnt brilli ou que c'est h notre ville que se rattachent le* qudliiis qui Is* 
ont mi* au-deuus du pair. 

Guizol, Chabaud-Latour, Pradier, Jean Iteboul, Pellet, Alphonse Boyer, 



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Tin PREFACE ^ 

Dbnians, Germer-Durand, Canonge, Souchon, Sigatpn, Crimieux, Talabot, 
le giniral Feuchires, F. Bkhard, le P. eTAlzon, MgrPlontier et tant fa*- 
tres que nous pourrions citer f que la mart a impiloyaMement fauches ; ne 
sont-ce pas la des figures qui ant mirtiti el qui miritent V admiration <Itu 
leurs concitoyens ? . - ■ - - 

Et parmi ceux quj, sont encore debou*. Afgr de CabrHres, Numa Baragnon t 
le pasieur Viguii, Rivoil, Jalabert, Gaston Boissier, Poise, Alphonse DaudH 
et combien encore qui oeeupenl h des litres divers V attention des contempo- 
rainsJ 

Un autre dira ce que seront ceux de demain t de ces vaillants que rien 
n'arrtte el que Nimes pent s'honorer h bon, droit de compter parmi see 
enfant*. ' 

tfavais-je pas raison de dire au commencement que rien ne pouvait itre 
plus attachart que V histoire denosprogris el Vinventaire de nos richesses, et 
que sans recovrir h aucune passion, Us pages qui vont suivre pourront, h bom 
droit, itre connues de tous mes concitoyens ? 

II s'est fait tant de chases dans le demi-silcle qui vient des'icouler, it s'est 
forme tant de nouveautis, crMtant deprojets, que I'historien, jidilenarra- 
teur, a une tdche considirable el a'troyante h rempliK Je m'y suis consacri 
en essayant <Ty apporter mon meUkur contingent ^observations , de notes et 
de travail. Puissi-je y avoir riussi I Je sais combien le Nimois aims ccs exhu- 
mations locales etj'ai pris h tdche de /tit faire toucher du doigt tout ce qui, 
depuis 1830, met sa ville au rang des plus grandes el des plus belles ciUs 
de noire bien aimiepalrie. * 

Le Nimois est h demi-romain, a-Uon dit; le romain aimait beaucoup Fhit- 
toire. Apris avoir lu Tite-Live et Tacite, it ne d&krignait pas Polybe; aprh 
avoir lu [Ciciron il se difectait encore d la lecture de Salluste, un partisan 
avoui de Catilina. Le Nimois aime son histoire locale et se plait hen redire, 
soit dans la conversation, soit dans les conferences, les fails les plus saitkmts. 
Voili pourquoi fai tenu h grouper tous les faits, encore incohirents dans tea 
esprits, qui se sont passds depuis 1830jusquh nos jours. 

\ 
// ne me rests p'us avant de commencer cette histoire qu'A dire quelques 

mots de la division que fai adopt Se. ~ 

Cette division m'a paru des plus rationnelles el des plus commodes pour les 



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PRfeFACB a : 

recherches. Chaque annSe formera un ehapitre sipari, en tile duquel sera . 
un sommaire formant un rapide aperfu dee fails dont je fass le recti. La 
disposition typographique adoptie permit de savoir h quelle annie se trouve 
le leeteur en quelque endroit qu'U ouvre le volume. 

A part deux ou troisannits qui nicessiteronl un ehapitre suppUmeniaire 9 on 
pent voir que nous aurons amsi cinquante-cinq ehapiires pour thistoire 
entihe. Chaque volume contiendra de la sorts une histoire de dix am. 

C'estune centre de longue haleine que fentreprends t aveela certitude que 
je trouverai dans tnesconciloytnsit coneours qui m 9 est necessaire pour arriver 
hbonpott. 



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HISTOIRE 



M LA 



VIlXE DE NIMES 



CHAPITRE PREMIER 



SOMMAIRE 

Cot-r d'oeil scr l*6tat DC fats au commencement .DE 1831. — Mesures de police. — 

AFFAIEES DE JANVIER. — R EN VEHEMENT DE8 CROIX DE MISSION. — L'EMFRUJIT 
NATIONAL DE 420 MILLIONS — La LOI SITR LA GARDE NAT ION ALE. — CROIX DE Jt'ILLET. 

— Saint- simonisme et foirierisme. — Le jec de « Bataillon ». — Trocrlbs 
d'octorre. — Installation des oours publics. — Les ecoles primaires. — Lbs 
elections mfniclpales. — les ateliers de secours. — les evenements db i/ton. 

— SlCALON, CHEVALIER. — MORT DE TftELIS, MEMBRB DE L'ACADEMIB DU CARD. 



. Les commencements de la Monarch ie deJuillet eurent dans toutela 
France des difficulty plus on moins considerables k vaincre. Le 
pays 6tait frlmissant, au lendemain de cette secousse formidable qui 
avait emportg une monarchie, en somme liberate, et dont le drapeau 
vainqueur flottait sur les cdtes de l'Afrique. La monarchie legitime 
disparaissait au moment oil Chateaubriand n£gociait avec la Bussie 
l'agrandissement de la France jusqu'a sa frontiere naturelle du Hhin. 
L'6meute parisienne , qui avait- eu si facilement raison du drapeau 
blanc etlui avait substitute drapeau tricolore, n'avait pas immediate- 
ment rencontr£ dans la province l'accueil favorable qu'elle croyait 
pouvoir esp£rer. D'un autre cdt6, les puissances 6trang6res, surtout la 
Russia, ne se pressaient pas de reconnattre le nouvel 6tat de choses 6tabti 
par la Revolution de Juillet. Les passions politique* et religieuset 
6taient partout en effervescence (I). 

. (1) « Lis motifs les plus divers, slricnx ct frivoles, un annivcrsairo revolution naire, 
on broil de joornaox, on arbre do 'a liberie 1 a planter, one pretention de marchands po- 



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I * UI6T0IRE M NIMBS 

Bd parcourant les derni&res pages de l'ouvrage qui ,pr6c£dant celui-ti, 
le relie k la considerable compilation de notre compatriote M6nard, 
on peat voir que les derniers jours de 1830 furent, un pea comme 
partout, agit6s par des convulsions dangereuses dans notre 4sit6, 
Nimes prgsentait alors le spectacle de bien d 9 autres villes, et Ton 
peut, it bon droit, s'&onner qu'elle n'ait pas 9 k certaines heures diffi- 
ciles, donng k l'autoritg du jour un travail plus considerable, el exig6 
une attention pluft soutenue. 

Qu'6tait 9 du reste, l 9 autorit6 en ce temps difficile f A peine affermie, 
flottante, h&itante, comme gtaient flottants et h&itants les conseils 
6ph6m&res du gouvernement 9 l v autorit£ . n'agissait que contrainte et 
forofe. 

Dans un pays comme le n6tre» une telle indecision pouvait dtre 
fatale, et il a fallu la sagesse et la reserve d'un grand nombre pour 
que nous n'ayons pas k d6plorer de grands malheurs, L'esprit patrip- 
tique des habitants de Nimes, esprit qui, k maintes gpoques de notre 
histoife, s'affirma hautement, a 6t6 la sauvegarde de la s£curit£ pu- 
blique plus encore que le pouvoir qui en avait la garde. Nous en 
verrons plus loin des examples qui m£ritent d'etre conserves. 

C'estdansces conditions que s'ouvrentles premiers jours de l'annde 
1831, qui sera la premi&re decetteoeuvre historique. 

Un pouvoir k peine assis, des minist&res chancelants, faits et d^faits 
en un tour de main, des armaments k nos frontieres, l'incertitude.de 
l'avenir, des passions mises en 6veil, surexcit£es et contenues k grand 
peine, tout se trouve r6uni qui jette le trouble dans les esprits les mieux 
6quilibr6s« 

Aussi des mouvements avaient-ils £clat6 5k et li et Nimes n 9 avait-elle 
pas 6t6 it l'abri de toute agitation. Le dlpartement &ait dans le mfime 

pnlaircs, one qucrclle devanl la porle d'nn cafe suffisaienl pour amasscr et passionner 
la foule; et cllc trouvail partool des points de reunion, des foyers d'irritation, des 
moyens de divertissement 

•••••••. des bandes se promenaient jonr ct nnit en criantt Vive la Mpuhlique*. 

(Jaand la repression de ces dlsordres commenvait, elle rencontraii prcsqne toujours 
one resistance dans laqoelle I'autoritl monicipale et la garde nationale n'gtaient gntre 
plus respecttes que les agents de police et les soldats ; et qnand, no jour on snr nn 
point, I'lmente avait 616 rlprimte, die so portait aillenrs et rccommenf ait le len- 
demain. * 

» Ellellait incessamment provoqolc, enconragle, ranimle par de bardis patrons. 

• Les tmentes et les soctetfs popnlaires de 1S3I 6taicnt antre chose encore qne de 
ranarchie"; elles couvaieni et prtparaient la gnerro civile. • Mimoiree poor servir I 
PHistoire de mon tempi. Gnizot, 1. 11. pages 49S, 491, S00, 



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HISTOIRE 



DB LA 



VILLE DE NIMES 



CHAPITRE PREMIER 



SOMMAIRE 

COCF D'OEIL SLR L f ETATD© FATS AC COMMENCEMENT DE 4831. — II ESC RES DE FOLKS. — 

Affaires de janvier. — Renversement des croix de mission. — L'emfrckt 
national de 420 millions — la lol scr la garde nat ion ale. — croix dc jl'illet. 

— Saint-simonisme et focrierisme. — Le jet de « Bataillon ». — Trocrles 
d'octorre. — Installation des cocas publics. — Les ecoles frimaires. — Lis 

ELECTIONS MCKICIFALES. — LES ATELIERS DE SECOCRS. LES EVENBMENTS DE LTOil. 

— SlGALON, CHEVALIER. — MORT DE Tr&LIS, MEMBRE DE L'ACADEMIE DC GARB. 



Les commencements de la Monarchic deJuillet eureht dans toutela 
France des difficult^ pins on moins considerables k vaincre. Le 
pays 6tait frgmissant, au lendemain de cette secousse formidable qui 
avait emport£ une monarchic, en somme liberate, etdont le drapeaa 
vainqueur flottait sar les cdtes de TAfriqne. La monarchic legitime 
disparaissait an moment ou Cb&teaubriand n£gociait avec la Russie 
l'agrandissement de la France jusqu'a sa frontiere naturelle du Rhin. 
L'gmeute parisienne , qui avait eu si facilement raison du drapeaa 
blanc etlui avait substitute drapeau tricolore, n f avait pas immediate- 
ment rencontr£ dans la province l'accueil favorable qu'elle croyait 
pouvoir espgrer. D'un autre cdt£, les puissances 6trang6res, surtoutla 
Russie, ne se pressaient pas de reconnaltre le nouvel £tat de choses 6tabti 
par la Revolution de Juillet. Les passions politiques et religieuses 
Itaient partout en effervescence (I). 

(i) t Les motifs les plus divers, slrienx et frivoles, no aonivcrsaire rtvolotionnaire, 
no trait de journaux, no trbre de 'a liberie a planter, ooe pretention de marehands po- 



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I* MSTCHM HI1II1IBB 

En parcourant les derni&res pages de ftravrage qui,pr6c6dant celui-ci f 
le relie k la considerable compilation de notre corapatriote M6najrd, 
on peat voir qae les derniers jours de 1830 farent, un pea comme 
partout, agit£s par des conyolsions dangereuses dans notre cit6. 
Nimes pr&entait alors le spectacle de bien d'autres villes, et Ton 
pent, k bon droit, s'ltonner qu'elle n'ait pas, a certaines heares diffi- 
dies, donn£ k i'aatoritg da jour an travail plus considerable, et exig6 
une attention plus soatenae. 

Qa'£tait, du reste 9 l'autorit6 en ce temps difficile T A peine affermie, 
flottante, h&itante, comme 6taient flottants et h6sitants les conseils 
£ph£m&res da gouvernement, rantorit£ n'agissait que contrainte et 
fbrcfe. 

Dans un pays comme le ndtre, une telle indecision pouvait dtre 
fatale, et il a fallu la sagesse et la r&erve d'un grand nombre pour 
que nousn'ayons pas k d£plorar de grands malheurs. L'esprit patrio- 
tique des habitants de Nimes, esprit qui, k maintes 6poqaes de notre- 
histoire, s'affirma hautement 9 a 6t£ la sauvegarde de la s£curit£ pu- 
blique plus encore que le pouvoir qui en avait la garde. Nous en 
verrons plus loin des exemples qui m&itent d'etre conserves. 

C'estdansces conditions que souvrentles premiers jours de 1'annto 
1831, qui sera la premiere decetteoeavre historique. 

Un pouvoir k peine assis, des minist&res chancelants, faits et d£faits 
en un tour de main, des armements k nos fronti&res, l'incertitude de 
l'aven ir, des passions mises en iveil, sarexcit6es et contenues k grand 
peine, tout se trouve r£uni qui jette le trouble dans les esprits les mieux 
6quilibr&. 

Aussi des mouvements avaient-ils£clat6 $* et la et Nimes n'avait-elle 
pas 6t6 k Tabri de toute agitation. Le dgpartement &ait dans le mdme 

pulaircs, one querelle devant la porte dnn cnf* snffisaicnt pour amasser et passionaer 
la foule; ct die trouvait partout dies points de reunion, des foyers d'irritation, des 
moyeos de divertissement...... 

» des bandes se promenaieat jour ct nuit en criantc Yivt la MpuUique * . 

ljuand la repression de ccs d&ordres commenvait, elle rencontraii prcsqae toujours 
une resistance dans laqnelle rautoritl mnnieipale et la garde nationale n'ltaient gutre 
pins respecldes que les agenu de police el les soldats ; et quand, nn jonr on snr un 
point, l'emeute avait 616 rdprimfe, elle se portait aillenrs et recommen^ait le len- 
demain. 

9 Elle df ait incessamincnt provoqude, eneouragde, ranhnee par de nardis patrons. 

9 Les dnicutes ct les soctttds popnlaires de 1S3I dtaicnt autre cbose encore que de 
l'anarebie'; dies couvaient et pr dp a rafc ent It guerre civile.* M4moir$$ pour aervir ft 
PHistotn de mom tempi. Giizot, t. «. pages 19$, 199, 200. 



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PREFACE 



Je prisente h mes eondtoyens la continuation de teeuvre de Minard, si 
populaire dans noire ville et que M. P.-L. Baragnon pert a continuie jusqu'en 
1830. Ce travail que je litre a F appreciation de tout eeux qu'intiresse this- 
toire de notre vieille cite, a ill fail impartial tment et revitS'trtout le caractire 
(Tune compilation historique locale. 

Ceux qui mont devanci dans Totuvre queje fais parattre aujourdhui ont 
su se montrrr clairs, intiressants et impartiauxl Minard, entre autres, s'est 
surtoul aequiUi de sa tdche avec un talent hors ligne et a rejeti, trim loin 
derrUre lui, les idles precon^ues. Le livre qu'il a icrit a iti jugi plus inti- 
ressant que tout autre et Von pent dire de lui qu'il a le mieux compris ce 
qu* avail iti* Nimes, ee quelle ralait et ce quelle devait itre. Aussi est*ce 
Minard que tout historien local doit imiter, en tdchant de riunir son esprit, 
sa verve, son talent et en s'inspbrant toujours de la viriti. '. 

En abordant le ricit dts fails qui marquent notre kistoire conUmporame, 
il semble que le terrain sur lequel on marche puisse itre semi d'icueils, MrisU 
de di/pcultis. Testime, pour ma part, que la plume deT historien quand die ne 
fait point auvre de parti, et quelle n'a pour but que dfexposer les fails 
saillants, peut iviter ces pirils plus imaginaires que ride. 

Nous ne sommes plus, du rests, h une ipoque oil la vie musiicipale set 
surtout le reflet dee agitations nationales. A dater de 1830, la title de Nimes 
presence ce spectacle, h undegri trhs attaehant, qu'elte est plus prioccupie de 



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fi PREFACE 

*< transformer, quede se livrer am luttes intestines. II y a sans doute d'ici, de 
IA, surtout dans les premiires annies quelques frimisstment* populairss, 
mats de courts durie, et Vhistorien, en Us relatant, ne court aucun risque de 
changer en factum ce qu'il sait de la ville dont il icrit Fhiskrire. 

On peut voir d'apris ce quipricide quel va ilre mon principal souci, man 
but unique, pourrai-je dire, en icrivant ces pages. Ni apologie 9 ni dini- 
grement. Mais surtout le ricit 9 aussi exact qu'il me sera possible, de la 
creation de Nimes modems. 

La nouvtlle ville est de creation Unite ricente. See monuments, en dehors de 
ceux que lui ont liguis ses mattres de plusieurs sikles, datent d'hier, et la 
giniration actuelle se souvient encore des ceremonies qui ont accompajne la 
pose de la premiere pierre de plusieurs cTtntre eux. Les faubourgs h peine 
dessinis il y a einquante ans, se sont peu h peu edifies, agrandissant ainsi 
le cercle d'activili de la vieille Nemausa. 

Les chemins de fer onl trans forme les habitudes iconomiques; Veau est venue 
en/in, apres plusieurs siecles de recherches et plusieurs tentatives resUes sans 
resultat $ s f epandre dans des reservoirs qui sont a peine ier mines. Pour si 
minims que soit la quantite de ce bienfaisant liquids qui nous a Hi porll, ce 
lien a pas moins iti une veritable revolution pour uotre ville. 

» « 

E*t-ce tout? Nullement : Vindustrie a pris un nouvel essor 9 le commerce a 
subi des modifications profondes et un parasite redoutable a *radicalement 
mitamorphosi les conditions generates de la vie. Deplus, des arteres nouvelles 
ont bouleversi f antique cite, apportant atec dies Fair et la lumi&re. Le gaz, 
qui est pres d'&lre dilrCni par la bougie ilectrique, a remplace l* antique 
quinquei futneux. • 

Tout a iti riorganisi dans ces einquante annies : police, administration, 
armee, instruction, et chacun des changements apportis a retenti dans Nimes. 

Dans un autre ordre duties, U s'est formi un veritable foyer intellectuel 
parmi nos concitoyens. Les lettres, les arts, les sciences ont trouvi de fervents 
adeptes parmi eux. Des sociites nouvelles se sont criies, nombreuses, vivantes, 
dans toutes les branches de Vaciidti humaine. La vieille Academic de Nimes 
a vu autour d'ellc de jeunes intelligences se reunir, se grouper et se confondre 
dans un commun Han vers la science et les let tree. 

Puis sont venues Iss Societes des amis des arts, la Sociiti de tir, la 



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PRtFACB yn 

Sociiti hippiqus , la Chambrie musicale , les remit liltirairts , et tant 
d'autres qui s'efforcent d'asscoir, au pro/it de FhumaniU, les observations 
laborieuses ou les dicouvertes intiressantes. 

Dans cetle ceuvre de dicentralisation intellectuelle, quidepuis 4880 s'est peu 
h peu affirmie, Nimes oecupe une place honorable, une place vitante qui a 
appeU sur ellt et sur see enfant* V attention de toue. 

Certes, si beaucoup de progris ont iti rialisis, beaucoup tfautres stmt - 
encore h fairs: 

Nimes doit tendre h devenir die-mime, une Athines sans dimagogues, une 
Rome sans tribune. Ce quit faut pour la grandeur et la renommie d'une 
vil-e, c'est la disparition de tout esprit de sects, V union de Urns , les idies 
larges, le respect de la religion quelle quelle soil, la liberie et la justice pour 
tous t la bonne gestion des denxers publics, la protection dee arts et des leitres. 
Que les questions de parti ne viennent pas. se jeler en travers de I'ceuvre 
civilisatrice 9 qui consists a embeUir une mile ayant dijh tout pour elle : des 
mines nous rappelant un passi glorieux et des ancitres qui propagirent le 
christianisme et la civilisation dans les Gaulesl 

Nimes ne doit pas subir V attraction funeste qui ports Unites les villes de 
province h s'annihiler, en se reportant h cheque instant sur Paris. 

La citi romaine qui a donni naissance h Antonin doit rester clle-mime et 
conserver son cachet special d'originaliti. 

Les Nimois sent nombreux dont le nom passerd ou a dijh passi h la posti- 
riti; chacun de nous sepr 2nd a ripiUr leur nom, h Ure, ou h admirer tears 
ceuvres. Nous aimons, d Vitr anger, ,h nous enorgueillit de ces compatriotes qui 
se pressent, cilibres, dans lapleiade des en fonts de la France. Plusieurs sent 
descendus au tombeau, d'autres vivent encore et parmi cette giniralion, 
courbie encore sur lepupitre de Vicolt, on peut af firmer qu'il en est qui «u»- 
wonl leurs devanciers. 

Si tous ne sont pas nit dans N*mes mime, Us ont acquis le droit de citi 
comme originates du Gard, parce que c'est h Nimes mime qu'ils ont parti- 
culiirement brilli ou que c'est h noire ville que se rattachent les qualitis qui les 
ont mis aurdeuus du pair. 

Guizol, Chabaud-Latour, Pradier, Jean Rcboul, Pellet, Alphonse Boyer, 



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Dimians, Germer-Durand, Canonge, Souchon, Sigabn, Cr&mieun, Talabot, 
le gintral Feuchiree, F. Bkhard, le P. <TAhon t MgrPlantier et tant <f au- 
tre* que nous pourrions citer, que la mart a impitoyablement fauchie ; ne 
sont-ce pas la des figures qui ant miriU et qui miritent f admiration <bu 
leure concitoyens ? - 

Et parmi ceux qui sent encore debou*. ifgr de CabrHres, Numa Baragnon, 
le pastcur Viguii, Re veil, Jalabert, Gaston Boissier, Poise, Alphonse Daudet 
tt eombien encore qui oceupent h des titres divers V attention des contempo- 
rainsJ 

Un autre dira ce que seront ceux de demain 9 de ces vaillants que rien 
n'arrite ei que Nimes peut s'honorer h ban. droit de compter parmi see 
en f ants. ' 

tfavais-je pas raison de dire au commencement que rien ne pouvait tire 
plus attachart que Vhtstoire de nosprogris et Vinventaire de nos rkhesses, et 
que sans reeourir h aucune passion, les pages qui vont suivre pourront, A bom 
droit, itre connues de tous mes concitoyens ? 

II s'est fait I ant de choses dans le demi-sikte qui vient des'icouler, it s'est 
forme tant de ncuveautis, crU tant de projets, que I'historien, fidile narrar 
teur, a une tdche considerable et a'troyante h rempliK Je m'y suis consacri 
en essayant d'y appotier man meilkur contingent <¥ observations , de notes et 
de travail. Puisse-je y avoir ritissi ! Je sais eombien le Nimois aims ces exhu- 
mations locales etj'ai pris h tdche de lui faire toucher du doigt tout ce qui, 
depute 1830, met sa ville au rang des plus grandee et des plus belles citis 
de noire bien aimiepatrie. ' 

Le Nimois est h demi-romain, a-t~on dit; le romain aimait beaucoup Fhis- 
toire. Aprie avoir lu Tile-Live et Tacite, it ne didaignait pas Polybe; aprh 
avoir lu [Ciciron ii se dileetait encore & la keture de SaUuste, tin partisan 
avoui de Catilina. Le Nimois aime son hisloire locale et se plait A en redire, 
soit dans la conversation, soit dans les conferences, Ics fails lee plus saiOants. 
Voilh pourquoi fai tenu h grouper tous les faits, encore incohirenls dans lee 
esprits, qui se sent passis depuis 1830 jusquh nos jours. 

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// tie me rests p f ue avant de commencer cette hietoire qu'd dire quelquee 
mots de la division que fai adopt is. - - . 

Cells division m'a paru dee plus rationnelles el dee plus commodes pour lee 






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recherche*. Chaque annSe formera un chapUre sipari , en tile duqud sera . 
un sommaire formant un rapide apergu des fait* dont jc fats U recit. La 
disposition typographique adopiie permit de savoir h quelle annie ee tnmve 
le lecleur en quelque endroii qu'U ouvre It volume. 

A part deux ou Iroie armies qui nieessiteronl un ehapitre suppUmentaire, on 
peut voir que nous aurons ainsi cinquante-cinq ehapitres pour Vhistoire 
entihe. Chaque volume cotitiendra de la sorts une histoire de din one. 

C f estune autre de longue haleine que fentreprends, atec la certitude que 
je trouverai dans mesconcitoyens&concoursqui m 9 esl necessaire pour arriver 
hbonpott. % 



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HISTOIRE 



01 LA 



VILiLE DE NIMES 



GHAPITRE PREMIER 



SOMMAIRE 

Coup d'ceil sun l'£tat dc pats au commencement .de 1831. — IIesubes de police. — 
Affaires de janviek. — Renveesement des cboix. de mission. — L'empeujut 
national de 120 millions — la loi sue la garde nationals. — croix dc j lillet. 

— Saint-simonisme et fourierisme. — Le jec de < Bataillon ». — Troubles 
d'octobre. — Installation des cours publics. — Lbs ecoles primaires. — Lbs 
elections mi niupales. — Les ateliers de secours. — Les evenements de Lton. 

— Sicalon, chevalier. — Most de Trelis, membbe de l'academie du gabd. 



. Les commencements de la Monarch ie deJuillet eurent dans toutela 
France des difficulty plus ou moins considerables k vaincre. Le 
pays £tait fr£missant, au lendemain de cette secousse formidable qui 
avait emport£ une monarchic, en somme liberate, et dont le drapeau 
vainqueur flottait sur les cdtes de TAfrique. La monarchic legitime 
disparaissait au moment ou Chateaubriand n6gociait avec la Bussie 
l'agrandissement de la France jusqu'a sa frontiers naturelle du Rhin. 
L'6meute parisienne , qui avait- eu si facilement raison du drapeau 
blanc etlui avait substitute drapeau tricolore, n'avait pas immediate* 
ment rencontr£ dans la province l'accueil favorable quelle croyait 
pouvoir esp£rer. D'un autre cdl£, les puissances 6trang6res, surtout la 
Russie, ne sepressaient pas de reconnaltre le nouvel 6tat de choses 6tabli 
par la Revolution de Juillet. Les passions politiquea et religieuses 
6taient partout en effervescence (I). 

. (i) «Lcs motifs les pi as divers, slricux ct frivoles, an annivcrsaire involution naire, 
on brail dc journaux, un arbre da 'a liberty a planter, one pretention de marcbands po- 



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Ik HI6T0ffifi M NIMES 

Bo parcourant les derniferes pages do l'ouvrage qui , pr^dant celui-ci, 
le relie k la considerable compilation de notre corapatriote Menard, 
on peut voir que les derniers jours de 1830 furent, un pen comme 
partout, agites par des convulsions dangereuses dans notre citi. 
Nimes prlsentait alors le spectacle de bien d'autres villes, et Ton 
peut/ k bon droit, s'etonner qu'elle n'ait pas, k certaines heures diffi- 
cfles, donne k l'autorite du jour un travail plus considerable, et exig6 
one attention plu* soutenue. 

Qu'etait, du reste, l'autorite en ce temps difficile f A peine affermie, 
flottante, hesitante, comme etaient flottants et hesitants les conseils 
6ph<§m6res du gouvernement 9 l'autorite . n'agissait que contrainte et 
forc6e. 

Dans un pays comme le nAtre, une telle indecision pouvait etre 
fatale, et il a fallu la sagesse et la reserve d'un grand nombre pour 
que nous n'ayons pas k deplorer de grands malheurs. L'esprit patrip- 
tique des habitants de Nimes, esprit qui, k maintes epoques de notre 
histoife, s'affirma hautement 9 a £t£ la sauvegarde de la s£curit£ pu- 
blique plus encore que le pouvoir qui en avait la garde. Nous en 
verrons plus loin des examples qui m£ritent d'etre conserves. 

C'estdansces conditions que s'ouvrentles premiers jours de l'annee 
1831> qui sera la premiere decette ceuvre historique. 

Un pouvoir k peine assis, des ministeres chancelants, faits et defaits 
en un tour de main, des armements k nos fronti&res, l f incertitude de 
l'avenir, des passions mises en eveil, surexcitees et contenues k grand 
peine, tout se trouve reuni qui jette le trouble dans les esprits les mieux 
equilibres. 

Aussi des mouvements avaient-ils edate $* et Ik et Nimes n'avait-elle 
pas ete k Tabri de toute agitation. Le departement etait dans le m£me 

pulaircs, unc qucrelle devant la porle d'un cafe sufficient poor amasscr et passiooner 
la foule; cl die trouvait partout des points de reunion, des foyers dlrritation, des 

moyens de dfrcrtiisement 

........ des bandes se promcnaient jour ct nuit eo criaot t Vive la MpuUique*. 

Quand la repression de ees dlsordres commenvait, cite rcncontraii presqne toujours 
nne resistance dans laquelle l'autorite municipale el la garde nationale n'ltaicnt'gutre 
plus respect&s que les agents de police et les soldats ; el quand, un jour on sor nn 
point, l'lmeute avait €\& r<prini<e, elle se porlait ailleurs et rccommencait le leu- 



» Elle €tait incessamment provoqulc, encouragle, ranimle par de bardis patrons. 

a Les Inieutes et les sociltls populaires de 1831 dtaicnt autre chose encore que de 
l'anarcbie'; clles couvaient et prlparaient la guerre civile.* Mimoiree pour tervir a 
Pllistotre de mon tempi. Guisot, 1. 11. pages 198, 199, 100* 



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HISTOIRE 

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VILLE DE NIMES 



CHAP1TRE PREMIER 



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SOMMAIRE 

Cocr d'oeil sua l'etatd© pats ac commencement de 4831. — IIescres he roues. — 
Affaires de janvier. — Renversement des croix de mission. — 1/bmprckt 
national de 420 millions — la loi sfr la garde nationals. — cftoi* dc jcillet. 

— Saint- simonismb et fourierisme. — Le jet de « Balaillon ». — Trocrlbs 
d'octorre. — Installation des cocas publics. — Les ecoles primaires. — Lbs - I 

ELECTIONS MUJHCIPALES. — LES ATELIERS DE SECOCRS. LES EVENBMENTS DE LTOil. 

— SI6AL0N, CHEVALIER. — MORT DE TRELIS, MEMBRB DE L'ACADEMIE DC CARD. 

• 

Les commencements de la Monarchic deJuillet eurent dans toutela - 
France des difficult^ pins ou moins considerables k vaincre. Le 
pays 6tait fr6missant, au lendemain de cette secousse formidable qui ... • 

avait emportg une monarchie, en somme liberate, et dont le drapeaa 
vainqueur flottait sur les cdtes de TAfriqne. La monarchic legitime 
disparaissait an moment ou Cb&teaubriand n£gociait avec la Bossie 
l'agrandissement de la France jusqu'a sa frontiere naturelle du Rhin. 
L'lmeute parisienne , qui avait eu si facilement raison du drapeaa 
blanc et lui avait substitu£ le drapeau tricolore, n'avait pas immediate- 
ment rencontr£ dans la province l'accneil favorable qu'elle croyait 
pouvoir esplrer. D'un autre cdt£, les puissances 6trang6res, surtoutla 
Russie, ne se pressaient pas de reconnaltre le nouvel £tat de choses 6tabli V 

par la Revolution de Juillet. Les passions politiques et religieuses 
Itaient partout en effervescence (I). 

(i) t Les motifs les pins divers, slrieox et friroles, mi annlversalre rtrolotiosnaire, 
nn Droit de journaux, do trbre de 'a liberie a planter, one pretention de marebands po- 



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En parcourant les derni&res pages de Foavrage qui,pr6c£dant celui-ci, 
le relie k la considerable compilation de notre corapatriote M6n*rd, 
on peat voir que les derniers jours de 1830 furent, un pea comme 
partout, agit£s par des convulsions dangereuses dans notre eitt. 
Nimes pr&entait alors le spectacle de bien d'autres villes, et Ton 
pent, k bon droit, s'6tonner qu'elle n'ait pas, k certaines heares diffi- 
dies, donn£ k l*autorit6 da jour un trmyail plus considerable, et exig6 
une attention plus soutenue. 

Qu'&ait, du reste, l'autorit6 en ce temps difficile T A peine affermie, 
flottante, h&itante, comme 6taient flottants et hteitants les conseils - 
6ph£m&res da gouvernement, rautoritS n'agissait que contrainte et 
forc6e. 

Dans un pays comme le ndtre, une telle indecision pouvait dtre 
fatale, et il a fallu la sagesse et la r&erve d*un grand nombre pour 
que nousn'ayons pas &d£plorerde grands malheurs. L f esprit patrio- 
tique des habitants de Nimes, esprit qui, k maintes gpoques de notre- 
histoire, s'affirma hautement, a 6t£ la sauvqgarde de la security pu- 
blique plus encore que le pouvoir qui en avait la garde. Nous en 
verrons plus loin des exemples qui m&itent d'etre conserves. 

C'estdansces conditions que s'ouyrentles premiers jours de l'annta 
1831, qui sera la premiere decetteoeuvre historique. 

Un pouvoir k peine assis, des minist&res chancelants, faits et d£faits 
en un tour de main, des armements k nos fronti&res, Tincertitude de > 
Tavenir, des passions raises en iveil, surexcit&s et contenues k grand ~"* 
peine, tout se trouve r6uni qui jette le trouble dans les esprits les mieux 
6quilibr&. 

Aussi des mouvements avaient-ils delate $a et la et Nimes n'avait-eile 
pas 6t6 k Tabri de toute agitation. Le dlpartement &ait dans le mdme 

pulaircs, one querelle devaol la porte dua caffe suffisaicnt pour amasser et passionoer 
la foule; ct die trouvait partout dies points de reunion, des foyers dlrritation, des 
moyens de divertissement...... 

» des baodes se proinenaieat jour ct noil en criaat t f'ir« la MpuWiqu* ». 

Qoand la repression de ccs d&ordres conunenvait, clle rencontrait prcsqoe toujour* - 
one resistance dans laquelle I'autoritl mnaicipale et la garde nationale n'ltaient gutre 
plus respectdes que les agents de police el les soldats ; et qnand, un joar on snr un 
point, l'emeute arait dtd rdprimde, elle se portait ailleurs et rccommen^ait le lea- 
domain. 

» Elledlait incessammcnl provoqudc, encouragle, ranimee par de hardis patrons. 

» Les dnieutes ct les socidtds popalaires de 1S3I dtaicnt autre cbose encore que de - 
l'anareble'; elles couvaient et pr dp a rai ea t la guerre civile.* M6moir$* pour aenrir ft 
VHisUAf d* mom tempi. Guizot, t. «. pages I9S, 199, fOO. 



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PREFACE 



Je prisente h mes condtoyens la continuation de Vauvre de Minard, si 
populaire dans noire ville et quo M. P.-L. Baragnon pore a continuie jusqu'en 
1830. Co travail que je litre h V appreciation do tout coax qu'intiresse Vhie- 
toire do notre vieille cite, aiti faitimpartialementet revStsvrtout le caractire 
(Tune compilation historique locale. 

Ceux qui m'ont devanei dans Fctuvre queje fats paraitre aujourd'hui ont 
su so montrrr clairs, intiressants et imparliaux. Minard, entre autres, s'est 
surtout aequitti de sa tdche avec mi talent hors lignt et a rejeti, Irion loin 
derriire lui, Us idies priconpus. Le livre qu'il a icrit a iti jugi plus inti- 
ressant que tout autre et ran pout dire de lui qu'il a le mieux compris ce 
quavait iti* Nimes, ce quelle valait et ce quelle devait ttre. Aussi est*ce 
Minard quo tout historien heal doit imiter, en tdchant de riunir won esprit, 
sa verve, son talent et en s'inspbrant toujours do la viriti. '. 

En abordant le ricit des fails qui marquent notre histoire contemporame. 
il semble que le terrain sur lequel on marche puisse ttre semi d'icueils, MrisU 
de difficultis. Testime, pour ma part, que la plume del historien quand elle no 
fait point (tuvre de parti, et quelle n'a pour but que (Texposer les fails 
saillants, peut iviter ces pirils plus imaginaires quo rids. 

Nous ne sommes plus, du rests, h une ipoquo ou la vie municipale est 
surtout le reflet des agitations nationales. A dater de 1830, la tills do Nimes 
prisente ce spectacle, h undegri Iris attachant, qu'elle est plus prioccupie do 



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ti . PRtFACB 

*< transformer 9 quede se livrer aux hUtes intestine*. II y a sans doute d'ici, de 
li 9 #ur(otfl dans Us premiires annies quelques frimisstmenls populates, 
mats de courts durie, ei Yhislorien 9 en Us relatant 9 ne court aucun risque de 
changer en factum ce qu'il sait de la ville dont il icrit Fhistoire. 

On pent voir d'apris ce quipricide quel va ilre man principal soud 9 mon 
but unique, pourrai-je dire, en icrivant ce* pages. Ni apologie 9 ni dim- 
grement. Mais surtout le ricit 9 aussi exact quil me sera possibU, de la 
creation de Nimes modems. 

La nouvilU ville est de creation toute ricente. See monuments, en dehors de 
ceux que lui ont liguis see mattres de plusieurs si&des, datent d'hier, et la 
giniration actuelle se souvient encore des ceremonies qui ont accompagni la 
pose de la prcm&re pierre de plusieurs (Ttntre ewe. Les faubourgs h peine 
dessinis il y a einquante ans, se sont peu h peu edifies, agrandissant ainsi 
U cercle d'activitt de la vieille Nemausa. 

Les chemins de fer ont trans forme les habitudes iconomiques; I'eau est venue 
enfin 9 apres plusieurs siecles de recherches et plusieurs tentatives reslies sans 
result at, s*epandre dans des reservoirs qui sont a peine terminis. Pour si 
minime que soil la quantile de ce bxenfaisanl liquide qui nous a Hi porti, ce 
rien a pas moins iti une veritable revolution pour noire ville. 

* * 

Est-ce toxd? Nullement : Vindustrie a pris un nouvel essor 9 le commerce a 
subi des modifications profondes et un parasite redoutable a *radicalement 
mitamorphosi les conditions ginirdUs de la vie. Deplus, des arteres nouvelles 
ont bouleversi t antique cite, apportant atec elles Voir et la lumiire. Le gax 9 
qui est pres d'etre delruni par la bougie ilectrique, a remplace l* antique 
quinquet fumeux. • 

Tout a iti reorganise dans ces einquante annies : police, a<lmin ; stration 9 
armie 9 instruction, et chacun des changements apportis a retenti dans Nimes. 

Dans un autre ordre didies, il Jest formi un viritabU foyer intellectual 
parmi nos concitoyens. Les lettres, Us arts, Us sciences ont trouvi de fervents 
adeptes parmi eux. Des sociitis nouvelles se sont criies 9 nonibreuses, vivantes 9 
dans toutes les branches de Vactiviti humaine. La vieille Acadhnie de Nimes 
a vu autour dfclU de jeunes intelligences se riunir, se grouper et se confondre 
dans un commun Hon vers la science et les lettres. 

Puis sont venues les Sociitis des amis des arts, la Socttti de tir, la 



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PREFACE Tn 

Sociiti hippique, la Chambrie musical* , let remit liltirairts f el toil 
d'autret qui sefforcent d'asteoir, au profit de VhumaniM, let obtervationt 
laborieutet ou let dicouvertst inUrestantes. 

Dans cetle ceuvre de decentralisation intellectuelle, qui depute i830 t'ett peu 
h peu affirmic, Nimet occupe une place honorable 9 une place vivante qui a 
appeli tur elle et tur set enfantt V attention de tout. 

Certet, si beaucoup de progrit ont iti rialises, beaueoup tfautres tont 
encore h faire: 

Nimet doit tendre h devenir clle-mime, une Athines sans ddmagoguet, une 
Rome sans Iribunt. Ce qu'il faul pour la grandeur et la renommie d'une 
viVe, c'ett la disparition de tout esprit de tecte, Vunion de tout , let idiet 
larget 9 le respect de la religion quelle quelle toit t la liberie et la justice pour 
tout 9 la bonne getlion det deniert publict, la protection dee arte et det leilret. 
Que let quetiiont de parti ne viennent pas te jeter en travert de I'ceuvre 
citrilisatrice, qui consitte h embeUir une ville ayant dijh tout pour elle : det 
mines nous rappelant un patti glorieux et det ancitret qui propag front le 
christianitme el la civilisation dan* let Gaules! 

Nimet ne doit pat tubir V attraction funette qui porte toutet let villet de 
province h s'annihiler, en te reportant h cheque instant tur Paris. 

La ci*4 romaine qui a donni naittance h Antonin doit retter elle-mime et 
conterver ton cachet tpicial d'originatiti. 

Les Nimois sont nombreux dont le nompatterdoua dijh patti h la potti- 
riti; chacun de nous se pr 2nd a ripiUr leur nom, h lire, ou & admirer hurt 
ceuvret. Nous aimons, d l'itranger,.hnout enorgueillit de cet compatrhtet qui 
se presttnt, dlibret, dant lapUiade det enfantt de la France. Phmeurt tont 
descendut au tombeau, d 9 autret vivent encore et parmi cette gindration, 
courlie encore tur lepupitre de Ficole, on peut af firmer qu'il en est qui iui- 
vronl leurt devanciert* 

Si tout ne tont pat nit dant N*met mime, ilt ont acquit le droit de citi 
comme originates du Gard, parce que c'ett a Nimet mime quits ont parti- 
culiirement brilli ou que e'est h noire ville que te rattachent let qualiiit qui let 
ont mis aurdeuut du pair. 

Guizot, Chabaud-Latour % Pradier, Jean Reboul f Pellet, Alphonte Boyer 9 



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Tin PB&FACB 

Dimians, Germer-Durand, Canonge, Souchon, Sigalpn, Crimieua, Talabot, 
U gentral Feucheres, F. Bkhard,UP. tfAlzon, Mgr Plantier et tant <Ta»- 
tres que nous pourrions cUer y que la mart a impitoyablement fauchis ; ne 
sont-ce pas la des figures qui ont ntiriU el qui miritent V admiration da^ 
leurs conciloyens ? . - - 

Et parmi ceux qu} sont encore debou*. Mgr de Cabrilres, Numa Baragnon, 
le pasteur Viguii, Rivoil, Jalabert, Gaston Boissier, Poise, Alphonse Daudet 
et combien encore qui oceupent h des titres divers Yattention des contempo- 
rainsJ 

Un autre dira ce que seront ceux de demain, de ces vaillants que rien 
n'arrtle et que Nimes peut s'honorer h bon, droit de compter parmi see 
enfanls. 

tfavais-je pas raison de dire au commencement que rien ne pouvait tire 
plus ailachart que Vhistoire denosprogris et Yinventaire de nos richesses, et 
que sans recourir h aucune passion, Us pages qui vont suivre pourront, h bom 
droit, tire connues de tous tnes conciloyens f 

II s'cst fait tant de choses dans le demi-sikle qui vient de s'icouler, il tfest 
forme tant de nouveautds, crU tant de projets, que I'historien, fidiU narra- 
teur, a une tdche considirable et a'trayante h rempliK Je m'y suis eonsaeri 
en essayant d*y apporter man meilkur contingent ^observations , de notes et 
de travail. Puissi-je y avoir riussi I Je sais combien le Nimois aims ces extrn- 
motions locales etfai pris h tdche de luifaire toucher du doigt tout ce qui, 
depute 1830, met sa ville au rang des plus grandes et des plus belles citis 
de noire bien oimic palrie. * 

Le Nimois est h demi-romain, a-Um dit; le romain aimait beaucoup Yhis- 
toire. Apris avoir lu Tite-Live et Tadte, it ne (Udaignait pas Polybe; aprh 
avoir lu [Cicdron il se dilectait encore A la kcture de Sallusle, un partisan 
avoui de CatUina. Le Nimois aitnt son histoire locale et se plait hen redire, 
soit dans la conversation, soil dans Us conferences, les fails les plus saUkmts. 
Voilh pourquoifai tenu h grouper tous les fails, encore incohirents dans Us 
esprits, qui se sont passds depuis 1830 jusquh not jours. 

V 
II ne m$ rests p f us avant de commencer cette histoire qu'd dire quelques 

mots de la division que fai adopt is. ~ 

Cette division m'a paru des plus rafhnneUes el des plus commodes pour les 



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PREFACE a 

recherches. Cheque annie formera tin chapitre stpari , en Mfo duquel sera . 
tin sommaire formant un rapide apergu dee fails dont je faHs le recii. La 
disposition typographique adoptte permit de savoir h quelle annie se trouve 
le lecteur en quelque endroit quit outre le volume. 

A part deux ou troisannies qui nieessiteront un chapitre supplSmentaire, on 
peut voir que nous aurons aimi cinquanle-cinq chapUres pour Fhistoire 
enti&re. Chaque volume contiendra de la sorts une histoire de dix an*. 

C f est une autre ds tongue haleine quefentreprends 9 avec la certitude que 
je trouverai dans mesconciloyene&tconcoursqui m'est necessaire pour arriver 
hbonpott. 



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HISTOIRE 



VILiLE DE NIMES 



CHAP1TRE PREMIER 



SOMMAIRE 

Coup d'oeil scr l'etat du pats At* commencement .de 1831. — Mesures de police. — 
Affaires de janvier. — Renversement des croix de mission. — L'emprumt 
national de 420 millions — la loi site la garde nationals. — croix de juillet. 

— Saint- simonisme et foitrierisme. — Le jec de < Bataillon ». — Troubles 
d'octobre. — Installation des cours publics. — Les ecoles pbimaires. — Les 
elections municipals*. — Les ateliers de secours. — Les evenements de Lyon. 

— SlCALON, CUEVALIER. — MORT DE TrELIS, MEMBRE DE L'ACADEMIE DC GARD. 



. Les commencements de la Monarchic deJuillet eurent dans toutela 
France des difficult 6s plus ou moins considerables k vaincre. Le 
pays 6tait frgmissant, au lendemain de cette secousse formidable qui 
avait emport£ une monarchic, en somrae liberate, et dont le drapeau 
vainqueur flottait sur les cflles de l'Afrique. La monarchie legitime 
disparaissait au moment ou Chateaubriand n6gociait avec la Russia 
l'agrandissement de la France jusqu'a sa frontiere naturelle du Rhin. 
L'6meute parisienne , qui avait- eu si facilement raison du drapeau 
blanc et lui avait substitue le drapeau tricolore, n'avait pas immediate- 
ment rencontr£ dans la province l'accueil favorable quelle croyait 
pouvoir esperer, D'un autre cdt6, les puissances 6trang6res, surtout la 
Russie, ne se pressaient pas de reconnaitre le nouvel £tat de choses 6tabli 
par la Revolution de Juillet. Les passions politique* et religieuses 
6taient partout en effervescence (1). 

. (i) t Lis motifs les plus divers, slrieux et frivoles, un annivcrsaire revolution naire, 
an broil de joornaux, no arbre de a liberty a planter, nne pretention de marcbands po- 



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Ed parcourant les dernteres pages de rouvrage qui t pr^o6dant celui-ci, 
le reiie k la considerable compilation do notre compatriote Menard, 
on peut voir que les derniers jours de 1830 furent, un peu comme 
partout, agit£s par des convulsions dangereuses dans notre cite, 
Nimes pr&entait alors le spectacle de bien d f autre* villes, et Ton 
peut, it bon droit, s'etonner qu'elle n'ait pas, k certaines heures diffi- 
tiles, donne k l'autorite du jour un travail plus considerable, et exig6 
une attention pluft soutenue • 

Qu'etait, du reste, l'autorite en ce temps difficile f A peine affermie, 
flottante, hesitante, comme etaient flottante et hesitante les cooseils 
ephemferes du gouvernement, l'autorite . n'agissait que contrainte et 
forc^e. 

Dans un pays comme le nAtre, une telle indecision pouvait etre 
fatale, et il a fallu la sagesse et la reserve d* un grand nombre pour 
que nous n'ayons pas k d£plorer de grands malheurs. L'esprit patrip- 
tique des habitants de Nimes, esprit qui, k maintes 6poques de notre 
histoife, s'affirma hautement, a ete la sauvegarde de la s£curit£ pu- 
blique plus encore que le pouvoir qui en avait la garde. Nous en 
verrons plus loin des exemples qui meritent d'etre conserves. 

C'estdansces conditions que s'ouvrentles premiers jours de l'annee 
1831, qui sera la premi&re decetteoeuvre historique. 

Un pouvoir k peine assis, des ministferes chancelants, faits et debits 
en un tourde main, desarmements k nos fronti&res, l'incertitude de 
l'avenir, des passions mises en eveil, surexcitees et contenues k grand 
peine, tout se trouve reuni qui jette le trouble dans les esprits les mieux 
equilibres. 

Aussi des mouvements avaient-ils eclate (it et 14 et Nimes n'avait-elle 
pas ete it l'abri de toute agitation. Le departement etait dans le m6me 

pnlaircs, une qncrelle devant la porte d'nn cafe snffisaient poor amasscr et passionner 
la fonle; et die tronvait parloal des points de reunion, des foyers d'irriUUoD, des 

moyens de divertissement 

........ des bandes se promenaient jonr cl nnit en criant c Vict la RdpuUiqiu*. 

Qnand la repression de ces dlsordres commenvait, clle rencontrait prcsqne toujoors 
one resistance dans laqoelle l*antorite mnnicipale et la garde nationale n'etaient'gatre 
pins respectees qne les agents de police et les soldats ; et qnand, nn jonr on snr nn 
point, Pemeutc avait ete reprimee, elle se portait aillenrs et rccommenfait le len- 



» Elle etait incessamment provoqoec, enconragee, ranimee par de bardis patrons. 

• Les ententes et les societes popnlaires de 1831 etaient autre chose encore qne de 
l*anarchie°; elles convaient et preparaient la gnerre civile.* Mimoirtt ponr servir I 
PBittotrt de mon tempi. Gnizot, t. ii. pages «9S, 199, 200, 



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HISTOIR.E 



Dl LA 



VILLE DE NIMES 



CHAPITRE PREMIER 






SOMMAIRE 
Coup d'oeil sur l'etatdc pats ac commencement de 4831. — Mescres de police. — 

APFAIRES DE JANVIER. — ReNVERSEMENT DES CROIX DE MISSION. — L'SMPRCKT 
.NATIONAL DB 120 MILLIONS — LA LOI SCR LA GARDE NAT ION ALE. — CROIX DE JTILLET. 

— Saint- simonisme et focrierisme. — Le jet de < Bataillon ». — Troubles 

d'octobre. — Installation des cours publics. — Les ecoles primaires. — Lb» _ - ■ 

elections ml'kicipales. — les ateliers de secours. les evenbments de l.toji. ! 

— SlGALON, CHEVALIER. — MORT DE TRELIS, MEMBRB DE l'ACADEMIE DC CARD. \ { 

Les commencements de la Monarchic deJuillet eurent dans toutela •■ - ' 

France des difficult^ pins on moins considerables k vaincre. Le 

pays £tait fr&nissant, au lendemain de celte secousse formidable qui . ; ' j 

avait emportg une monarchic, en somme liWrale, etdont le drapeaa - ; 

vainqueur flottait sur les cfltes de I'Afriqae. La monarch ie legitime . , ; : f 

disparaissait an moment ou Chateaubriand n£gociait avec la Bossie 
l'agrandissement de la France jusqu'i sa frontiers naturelle du Rhin. ■ 

L'lmeute parisienne , qui avait eu si facilement raison du drapeaa J 

blanc etlui avait substituele drapeaa tricolore, n'avait pas immediate- 
ment rencontr6 dans la province l'accueil favorable qu'elle croyait 
pouvoir esp6rer. D'un autre cflt£, les puissances 6trang6res, surtout la 
Russie, ne se pressaient pas de reconnaitre le nouvel 6tat de choses itabli i 

par la Revolution de J nil let. Les passions politiques et religieuses V T ! 

6taient partout en effervescence (\). // j 

(I) t Les motifs les plus divers, slrieox et frivoles, no aonivcrsaire rfvolutioanaire, ;, ; 

un brail de journaux, an arbro de 'r liberie a planter, one pretention de marebands po- ' • , / ; J 



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U HBTOVK HimiBS 

Ed parcourant les dernifaes pages da Fouvrage qui, pr£cedant celui-ci, 
le relie 4 la considerable compilation da notre coropatriote Menard, 
on peat voir que les dernier* jours de 1830 furent, un peu comma 
partout, agit£s par des convulsions dangerenses dans notre cite. 
Nimes pr6sentait alors le spectacle de bien d'autres villas, et Ton 
peut v it bon droit, s'etonner qu'elle n'ait pas, k certaines heures diffi- 
tiles, donn£ k l'autorite du jour on travail plus considerable, et exig6 
une attention plus soutenue. 

Qu'etait, du reste, l'autorite en ce temps difficile T A peine affermie, 
flottante, hesitante, comma etaient flottants et hesitants les cooseils 
ephem£res du gouvernement, l'autorite n'agissait que contrainte et 
forcfe. 

Dans un pays comma le ndtre, une telle indecision pouvait etre 
fatale, et il a fallu la sagesse et la reserve d* un grand nombre pour 
que nousn'ayons pas k deplorer de grands malheurs. L'esprit patrio- 
tique des habitants de Nimes, esprit qui, k maintes dpoques de notre- 
histoira, s'affirma hautement, a 6t& la sauvegarde de la s£curit£ pu- 
blique plus encore que le pouvoir qui en avait la garde. Nous en 
verrons plus loin des examples qui m£ritent d'etre conserves. 

C'estdansces conditions que s'ouTrentles premiers jours de Fannee 
1831, qui sera la premiere decetteoeuvra historiqua. 

Un pouvoir k peine assis, des ministferes chancelants, faits et defaits 
en un tour de main, des armaments k nos frontieres, Fincertitude de 
Favenir, des passions mises en eveil, surexcitees et contenues k grand 
peine, tout se trouve r6uni qui jette le trouble dans les esprits les miaux 
equilibria. 

Aussi des mouvements avaient-ilsedate $h et la et Nimes n'avait-elle 
pas ete ii Fabri de toute agitation. Le departement etait dans le mdme 

pulaircs, one querelle devant la porte d*«a caf<§ sufficient pour amasser et passionoer 
la foule; et die tronvait partooi des points de reunion, des foyers d'irritation, des 

moyens de divertissement 

» des bandes se promenaieat jour cl nuit en criant c Tire la Rdpuhiique ». 

Quand la repression de ccs d&ordres commcnvait, elle rencontrait prcsqne loojours 
one resistance dans laqnclle I'autoritl mnnicipale et la garde nationale n'ltaient gufcre 
pins respecttes qne les agents de police et les soldats ; et quand, nn jonr on snr un 
point, ftmeute avait ltd rtprimfe, elle as portait ailleurs et rccommencait le lcn- 



» ENetlait ineessamment provoqafe, eacearagle, ranimle par de hardis patrons. 

• Les taeutes et les socttlls popalaires de 1S3I dtaicnt autre ebose encore qne de 
ranarebie"; elles couvaient et prd p a r a ica t It guerre civile. » \Umo\r$* pour servir I 
PHUtotn d* won temp*. Gateot, u u. pages I9S, 199, *00. 



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PREFACE 



Se prisente h mes condtoyens la continuation de Fauvre de Minard, H 
populaire dans noire ville et queM. P.-L. Baragnon pere a continuie jusqu'en 
1830. Ce travail que je litre a T appreciation de tout ceux qvfintdresse lhi$- 
toire do noire vieille cite, aeti faitimpartialement et revits'trtout le caract&re 
(Fune compilation historique locale. 

Ceux qui mont devanci dam Foeuvre queje fais paratlre aujourdhui ont 
su se montrrr clairs, inl&ressants et impartiauxl Minard, entre aulres, s'cst 
surtout aequitti de sa tdche avec un talent hors ligne et a rejeti, bien loin 
derriire lui, lee idiee priconfues. Le livre qu'il a icrit a iti jugi plus inti- 
ressant que tout autre et Fan peut dire de lui qu'il a le mienx compris oe 
qu avail iti* Nimes, ce qu'elle valait et ce quelle detail itre. Aussi est-ce 
Minard que tout historien local doit i miter, en Idchant de riunir son esprit, 
sa verve, son talent el en s'inspirant toujours de la viriti. '. 

En abordant le ricil des fails qui marquent noire hisloire contemporaine. 
il semble que le terrain sur lequel on marche puisse itre semi d'icueils, Mrissi 
de difficult is. Testime, pour ma part, que la plume deF historien quand elle ne 
fait point auvre de parti, et qu'elle n*a pour but que (Texposer Us fails 
saillanis, peut iviter ces pirils plus imaginaires que rids. 

Nous ne sommes plus, du rests, h une ipoque ou la vie municipale est 
surtout le reflet des agitations nationales. A (later de 1830, la title de Nimes 
prisente ce spectacle, & undegri Iris attachant, qu'elle est plus prioccupts de 



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vn PRfiFACE 

se transformer, quedess livrer aux luttes intestines. II y a sans doute d'ici, de 
M, surtoul dans Us premiires annies quelques frimisstmenls populates, 
mats de courts durie, et Vhistorien, en les relatant, ne court aucun risque de 
changer en factum ce qu'il sait de la ville dont U icrit Vhistoire. 

On pent voir cTaprh ce quipricede quel va ilre mon principal souci, mom 
but unique, pourrai-je dire, en icrivant ces pages. Ni apologie t ni ctaii- 
grement. Mais surtoul le ricit 9 aussi exact qu'il me sera possible, do la 
creation de Nimcs moderns. 

La nouville ville est de creation Unite ricente. See monuments, en dehors de 
ceux que lui ont liguis see mattres de plusieurs sibcles, daient d'hier, et la' 
giniralion aetuelle se souvient encore des ceremonies qui ont accompagni la 
pose de la premiere pierre de plusieurs (Ttnlre eux. Les faubourgs h peine 
dessinis il y a einquante ans, se sont pea h pea edifies, agrandissant ainsi 
le cercle d'activit6 de la vieille Nemausa. 

Les chemins de fer ont trans forme les habitudes economiques; Veau est venue 
enfin t apres plusieurs siecles de recherches et plusieurs tentalives resides sans 
resultat 9 s'epandre dans des reservoirs qui sont a peine ter mines. Pour si 
minime que soil la quanlite de ce bienfaisant liquide qui nous a Hi porti, ce 
n'en a pas moins iti une veritable revolution pour notre ville. 

Bst-ce tout? Nullement : Vindustrie a pris un nouvel essor 9 le commerce a 
subi des modifications profondes ct un parasite redoutable a ^radicalement 
mitamorphosi les conditions gineralesde la vie. Deplus f des arteres nouvelles 
ont bouleversi t antique cite 9 apportant atec cites rair et lalumikre. Le gaz, 
qui est pres d'etre delrdni par la bougie iledrique, a remplace f antique 



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preface ' tb 

5oci&4 hippiqus , fa Chambrie musical* , Jet ferae* liUiraires , el tanf 
d'autres qui s'efforcent (Fasseoir, au profit de Vhumaniti, les observations 
laborieuses au les dicouvertss intiressantes. 

Dans cette ceuvre de dicentralisation intellectuelle, Quidepuis 48S0 s'est pen 
h peu affirmie, Nimes occupe tine place honorable, une place vivante qui a 
appeli sur elle et sur see enfants V attention de tous. 

Certes, si beauccup de progris ont iti rialisis, beaucoup dfautres stmt 
encore h f aire I 

Nimes doit tendre h devenir elle-mtme, une Athines sans dimagogues, une 
Rome sans tribuns. Ce qu'il faut pour la grandeur et la renommie (Tune 
viVe, c'est la disparition de tout esprit de sects, Vunion de tout, les idics 
larges, le respect de la religion quelle quelle soit, la liberti et la justice pour 
tous t la bonne gestion des denicrs publics, la protection dec arts et des letlres. 
Que les questions de parti ne viennent pas, se jeter en travers de Vceuvre 
civilisatrice, qui consists a embeUir une title ayant dijh tout pour elle : des 
mines nous rappelant un passi glorieux et des ancitres qui propaghrent le 
christianisme et la civilisation dans les Gaules! 

Nimes ne doit pas subir V attraction funeste qui porte toutee les villes de 
province h s'annihiler, en se reportant h cheque instant sur Paris. 

La cW romaine qui a donni naissance h Antonin doit tester elk-mime et 
conserver son cachet special d'originaliti. 

Les Nimois sont nombreux dont le nom passer a ou a dijh passi h la posti- 
rili; chacun de nous sepr end a ripittr leur nom, h lire, ou h admirer lours 
ceuvres. Nous aimons, & Vitranger,. h nous enorgueillii de ces compatriotes qui 
se presstnt, ciUbrcs, dans lapUiade des enfants de la France. Plusieurs sont 
descendus au tombeau, d'autres vivent encore et parmi cette gHUration, 
courbie encore sur lepupUre de Yicole, on pent af firmer qu'il en est qui sui~ 
vront leurs devanciers. 

Si tous ne sont pas nis dans Nimes mime, ils ont acquis le droit de citi 
comme originates du Gard, pares que c'esl h Nimes mime qu'ils ontparti- 
culiirement brilli ou que e'est 4 noire vUle que se rattachent les qualitis qui les 
ont mis au-deuus du pair. 

Guizol, Chabaud-Latour, Pradier, Jean lteboul, Pellet, Alphonse Boyer, 



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▼m PB&FACB 

Dimians, Germcr-Durand, Canonge, Souchon, Sigabn, Crhnicum, Talabot, 
le gintralFeuchiree, F. BkhardJeP. eTAlzon, Mgr Plantier et tart fa*r 
tres que nous pourrions citer, que la mort a impitoyablemert fauchis ; ne 
$ont-ce pas la des figures qui ort ntiriU et qui mMtert Vadmiration de. 
huts concitoyens ? . 

Et parmi ceux quy sont encore debou*. Mgr de Cabriires, Numa Baragnon f 
le pasteur Viguii, Rivoil, Jalabert, Gaston Boissier, Poise, Alphonse Daudet 
et combien encore qui oeeupent h des litres divers Valtertion des contempo- 
rainsJ 

Un autre dira ee que serort ceux de detnain, de ces vaUlarts que rien 
n'arrtte et que Nimes peut s'honorer h ban. droit de compter parmi see 
en f ants. ' 

tfavais-je pas raison de dire au commencement que rien ne pouvait tire 
plus autochart que Vhtstoire denosprogris et Finventaire de nos rkhesses, et 
que sans recourir h aucune passion, Us pages qui vont suivre pourrort, h bom 
droit, Sire connues de tous mes concitoyens ? 

II s'est fait tart de choses dans le demi-siicte qui went de s'tcouler, U s'est 
forme tant de nouveautds, crUtart deprojets, que I'historien, fidilenarra- 
teur, a une tdche considirdble et a'trayante h rempliK Je m'y suis consacri 
en essayart d*y apporter tnon meilhur contingent ^observations , de notes et 
de travail. Puissi-je y avoir ritissi I Je sais combien le Nimois aims ce*exhet~ 
motions locales etfai pris h tdche de lui faire toucher du doigt tout ce qui, 
depute 1830, met sa ville au rang des plus grandee et des plus belles citis 
de noire bien oimie palrie. * 

Le Nimois est h demi-romain, a-Uon dit; le romain aimait beaucoup rhis- 
toire. Apris avoir lu Tite-Live et Tacite, U ne didaignait pas Polybe; aprh 
avoir lu [Cicdron il se dilectait encore A la keture de Salluste, un partisan 
avoui de CatUina. Le Nimois aims son histoire locale et se platt h en redire, 
soit dans la conversation, soil dans Its conferences, les fails les plus saiOants. 
Voilh pourquoi fed tenu h grouper tous les fails, encore ineoMrerts dans les 
esprits, qui se sort passis depuis 1830 jusquh not jours. 

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II ne me reste p'us avart de commencer cette histoire qu'A dire quelques 
mots de la division quefai adopt ie. ' 

Cette division m 9 a paru des plus rathnneUee el des plus commodes pour lee 



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recherche*. Cheque annie formera tin chapitre sipari t en ttte duquel sera . 
tin sommairc formant un rapids apetfu dee fails dont je fate U recit. La 
disposition typographique adoptie permit de savoir h quelle annie se trouve 
le lecteur en quelque endroit qu'U outre le volume. 

A part deux ou troisannies qui nicessiteronl un chapitre supplimentaire 9 on 
pent voir que nous amrons ainsi cinquanle-cinq ehapUres pour Fhisloire 
enti&re. Chaque volume contiendra de la sorts une histoire de dix ans. 

C'estune autre delengue haleine quefentreprends t avecla certitude que 
je trouverai dans mesconcitoyensitcancoursqui m'esl nicessaire pour arriver 
h ban pott. 



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HISTOIRE 



VILLE DE NIMES 



depuis 1830 jusqu'k nos jours 



PA* 



Adolphe PI EYRE 

ancit* dtptUi 



TOMB PREMIER 



NIMES 

CATELAN, L_l BRAIRE-EDITEUR 
«ci Thocmatni 

1886 



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Harvard College Library 
July 22, 1913 
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PREFACE 



Je prisente h mes condtoyens la continuation de Feeuvre de Minard, si 
popxdaire dans noire ville el que M. P.-L. Baragnon pore a eoniinuie jusqu'en 
1830. Ce travail queje livre a t appreciation de (ous ceux qu'intiresse Vhis- 
toirede noire vieille cite, a Hi faitimpartialementet revitsurtout le caractire 
(Tune compilation hisiorique locale. 

Ceux qui m'ont devanci dans fctuvre queje fais paratlre au[ourdhui ont 
su se tnontrcr clairs, intiressants et impartiaux. Minard, entre autres, e'cst 
surtoul acquxUi de sa Idche avec un talent hors ligne et a rejeti, bien loin 
derriire hi, Us idies precongues. Le livre qu'il a icrit a Hi jugi plus inti- - V | 

ressani que tout autre el Von peut dire de lui qu'U a le mieux compris ce 
qu'avail ili Nimes, ce quelle valait et ce quelle devait itre. Aussi est-ce 
Minard que tout historien local doit imiter, en tdchant de riunir son esprit, 
sa verve, son talent et en s'inspirant toujours de la viriti. 

En abordant le ricit dee fails qui marquent noire hisloire contemporams, 
Usemble que le terrain surlequel on marchepuisseitre semi d f icueils, hirissi 
de difficultis. J'estime, pour ma part, que la plume de Fhistorien quand elle ne 
fait point auvre de parti, et qu'elle n'a pour but que & ex poser he fails 
saillants, pe%U iviter ces pirils plus imaginaires que riels. 

Nous ne sommes plus, du rests, h une ipoque ou la vie municipale est 
surtout le reflet dee agitations nationales. A daler de 1830, la ville de Nimes 
prisente ce spectacle, hundegri trh atlachant, qu 9 elle est plus prioccupie da 






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se transformer, que dose livrer am luttes intestine*. II y a sans doute d? id t de 
U 9 surtout dans Us premOres annies quelques frimisstmenls populates, 
mats de courts durde, et Fkistorien, en Us relalant, ne court aucun risque de " 
changer en factum ce qu'U sait de la ville dont il icril Fhutoire. 

On pent voir (Taprh ce quipricide quel va itre man principal souci, tnon 
but unique, pourrai-je dire, en icrivant ces pages. Ni apohgie 9 n$ dini- 
grement. Mais surtout U ricit 9 aussi exact qu'U me sera possibU, ds la 
creation ds Nimes modems. 

La nouvilU ville est de creation touts ricente. See monuments f en dehors de 
ceux que tin ont liguis ses mattres ds plusieurs siicUs, datent d 9 hier 9 et la 
giniralion actuelU se souvient encore (Its' ceremonies qui ont accompagns la 
pose de la premiire pierre de plusieurs (Ttntre eux. Les faubourgs h peine 
dessinis tl y a einquante ans, se sont pea h peu edi/Us, agrandissani ainsi 
U cercle iTactiviti de la vieille Nemausa. 

Les chemins de fer onl transforms les habitudes iconomiques; Veau est venue 
enfin, apres plusieurs siecles ds recherches et plusieurs tentatives resides sans 
resultot 9 s'tpandre dans des reservoirs qui tont h peine termines. Pour si 
minims que soit la quanliti de ce bienfaisant liquids qui nous a Hi porti, ce 
nen a pas mows ill une veritable revolution pour noire viUe. 

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Est-ce tout? Nullement : Vindustrie a pris un nouvel essor 9 le commerce a 
subi des modifications profondes dt un parasits redoutabU a radicalemeni ■' 
metamorphosi les conditions giniraUs de la vie. Deplus 9 des arteres nouvelles 
ont bouleversi V antique cite, apportant avec elUs fair el la lumikre. Le gas, 
qui est pris d'etre detroni par la bougie ileclrique, a remplace V antique 
quinquet fumeux. 

Tout a Hi reorganise dans ces einquante annies : police, administration, 
armee, instruction, et chacun des changemenis apportis a retenti dans Nimss. 

Dans un autre ordre (Tidies, il s'est formi un viritabU foyer intellectuel 
parmi nos concitoyens. Les lettrcs, Us arts, Us sciences ont trouvi ds fervents 
adeptes parmi eux. Des sociitis nouvelles se sont criies, nombreuses, vivantes, 
dans toutes les branches de Vactiviti humaine. La vieille Acadimie de Nimes 
atu autour (Telle de jeunes intelligences se reunir, se groupsr etse confondre 
dans un commun ilan vers la science et les let tree. 

Puis sont venues les Sociitis des amis dss arts, la SocUtd ds tir, la 



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PREFACE 



Je prisente h mes concitoyens la continuation do Tauvre do Minard, si 
populaire dam notre villo etqueM. P.-L. Baragnon fire a continuie jusqu'en 
1830. Co travail que je livre a f appreciation do tous ceum qu'intiresse this* 
toire do noire vieille cite, atii faUimpartialement ot rovStS'trtout le caractfre 
(Tune compilation historique locale. 

Cause qui m'ont devanci dans fceuvre que jo fats paraitro aujourdhui ont 
su so mantrrr clairs, intiressants ot impartiaux'. Minard, entre autrts, s'est 
surtaut acquiili do sa tdche avec un talent hors lignt et a rejeti, bien loin 
derrOre lui, Us idios priconfues. Le livre qu'il a icrit a tii jvgi plus inti- 
ressant que taut autre ot ran pout dire do ltd qu'il a le mieux compris ce 
quavait its* Nimes, ce quelle valait et ce quelle devait itre. Aussi est~ce 
Minard que tout historien local doit imiter 9 en tdchant do riunir son esprit, 
sa verve, son talent et on s'inspbrant toujours do la viriti. '. 

En abordant le ricit des fails qui marquent nolro histoiro contemporaine, 
il semble que le terrain sur lequel on marche puisse itre semi d 9 icueils, Mrissi 
do di/pcullis. Testime, pour ma part, que la plume de r historien quand olio no 
fait point tcuvre de parti, et quelle n'a pour but que fexposer les fails 
saillants, peut iviter cos pirils plus imaginaires que ride. 

Nous ne sommes plus, du rests, h une ipoque ou la vie municipals est 
surtout to reflet des agitations nationales. A dater de 1830, la villo de Nimes 
prisente ce spectacle, h undegri trie atlachant, quelle est plus prioccuph de 



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ti PREFACE 

ft transformer, que de ee livrer am luttes intestines. II y a sane doute d 9 ici, de 
Id, eurtout dang les premUres annies quelques frimisstments populates, 
mate de courte durie, et Yhistorien, en Us relatanH, ne court aucun risque de 
changer en factum ce qu'il sail de la ville dont il icril Vhistoire. 

On pent voir cTapris ce qui priced e quel va 4 Ire mon principal souci, mon 
but unique, pourrai-je dire, en ecrivant ces pages. Ni apologie 9 ni dini- 
grement. Mais surtout le ricit 9 aussi exact qu'il me sera possible, de la 
creation de Nimes modems. 

La nouvilU ville est de creation touts ricente. See monuments, en dehors de 
ceux que lui ont liguie see mattres de plusieurs siicles, datent d'hier, et la 
giniralion aetuelle se souvieni encore des ceremonies qui ont accompagni la 
pose de la premiere pierre de plusieurs (Tentre eux. Lcs faubourgs h peine 
dessinis il y a einquante ans, se sont peu h peu idifiis, agrandissant ainsi 
U cercle cTactivitd de la vieilU Nemausa. 

Les chemins defer ont trans forme les habitudes iconomiques; Veau est venue 
enfin, apres plusieurs siecles de recherches et plusieurs tentatives reslies sans 
risultat % s 9 epandre dans des reservoirs qui sont a peine terminis. Pour si 
minime que soit la quantite de ce bienfaisant liquide qui nous a iti porti, ce 
n % en a pas moins iti une veritable revolution pour noire ville. 

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Est-ce tout? Nullement : Vinduslrie a pris un nouvel essor 9 le commerce a 
subi des modifications profondes ct un parasite redoutable a "radicalement 
mitamorphosi les conditions gineraUs de la vie. Deplus, des arteres nouvtlles 
ont bouleversi Y antique cite, apportant atec dies Voir el la lumiire. Le ga%, 
qui est pres d'Stre dilrdni par la bougie ilectrique, a remplace l' antique 
quinquet fumeux. • 

Tout a iti riorganisi dans ces einquante annies : police, administration, 
armee, instruction, et chacun des changements apportis a retenti dans Nimes. 

Dans un autre ordre d'idies, il sfest formi un viritabU foyer intellectuel 
parmi nos concitoyens. Les lettres, les arts, les sciences ont trouvi de fervents 
adeptes parmi eux. Des sociitis nouvelles se sont criies, nombreuses, vivantes, 
dans toutes les branches de Vactiviti humaine. La vieille Acadimie de Nimes 
a vu auiour decile de jeunes intelligences se riunir, se grouper else confondre 
dans un commun Hon vers la science et les lettres. 

Puis sont venues les Sociitis des amis des arts, la Sociiti de lir, la 



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PREFACE ' rn 

Sociiti hippique , la Chambrie musical* , let revues litliraires , et tant 
d'ant res qui s'efforcent tfasseoir, au pro/it de Vhumaniti, les observations 
laborieuses ou les dicouvertes intiressantes. 

Dans cells ceuvre de dicentralisation intellectuelle, qui depute 4880 s'est pen 
h peu affirmie, Nimes occupe une place honorable, une place vivante qui a 
appeli sur elle ei sur see enfanis V attention de tous. 

Certes, si beaucoup de progris ont iti rialisis, beaucoup tfautres sont ■ 
encore h fairs: 

Nimes doit tendre h devenir clle-mime, une Athines sans dimagogues, une 
Rome sans tribune. Ce qu'il foul pour la grandeur et la renommde d'une 
viVe, c'est la disparition de tout esprit de sects, Vunion de tous, les idies 
larges, le respect de la religion quelle quelle soit, la liberti et la justice pour 
lous 9 la bonne gestion des deniers publics, la protection dee arts et des lettres. 
Que les questions de parti ne viennent pas. se jeter en tr avers de Vceuvre 
civilisatrice 9 qui consists a embellir une ville ayant dijh tout pour elle : des 
mines nous rappelant un passi gloricux et des ancitres qui propaghrent le 
christianisme et la civilisation dans les Gaules! 

Nimes ne doit pas subir V attraction funeste qui ports toutes les villee de 
province h s'annihiler, en se reportant h cheque instant sur Paris. 

La ci>i romaine qui a donni naissance h Antonin doit rester elle-mime et 
conserver son cachet special d'originatiti. 

Les Nimois sont nombreux dont le nam passer a ou a dijh passi h la posti- 
riti; chacun de nous se pr end a ripittr leur nom, h lire, ou h admirer lews 
wuvres. Nous aimons, d Vitr anger, ,h nous enorgudllit de ces compatrhtes qui 
se presstnt, cilibrcs, dans lapWade des en fonts de la France. Plusieurs sont 
descendus au tombeau, (Tautres vivent encore et parmi cette giniralion, 
courbie encore sur lepupitre de I'icole, on pent af firmer qu'il en est qui itri- 
vronl leurs devanciere. 

Si tous ne sont pas nis dans Nimes mime. Us ont acquis le droit de citi 
comme originaires du Gard, parce que e'est a Nimes mime qu'ils ont parti- 
culiirement brilli ou que e'est h noire vUle que se rattachent les qualitis qui les 
ont mis au-dessus du pair. 

Guizot, Chabaud-Latour, Pradier, Jean Reboul, Pellet, Alphonse Boyer, 



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Dimians, Germer-Durand, Canonge, Souchon, Sigalon, Cr&mieua, Talabot, 
le gbtiral Feuchlres, F. Bkhard,leP. (TAlzon, MgrPhniier et tant <Ta*- 
tres que nous pourrions titer, que la mart a itnpitoyablement fauchie ; me 
sont-ce pas la des figures qui ant miriti et qui miritent V admiration de 
leurs concitoyens ? - 

Et parmi ceux quf sont encore debou*. Afgr de Cabr&res, Numa Baragnon f 
le pasleur Viguii, Bivoil, Jalabert, Gaston Boissier, Poise, Alphonse Daudet 
et combien encore qui occupent h des titres divers V attention des contempo- 
rainsJ 

Un autre dira ce que eeront ceux de demain 9 de ees vaillante que rien 
riarrtte et que Nimes pent s'honorer h ban, droit de compter parmi $es 
en fonts. * 

tfavais-je pas raison de dire au commencement que rien ne pouvait tire 
plus atlachart que Y histoire denosprogris et I'inventaire de nos rkhesses, et 
que sans reeourir 4 aucune passion 9 Us pages qui vont suivre pourront, h bam 
droit, ilre connues de tous mes eoncitoyens ? 

II s'est fait (ant de chases dams le demi-siicle qui vient des'icouler, U s'est 
forme tant de nouvcautis, crUtant deprojete, que I'historien, fidile narror 
teur, a une tdche considirable et a'trayante h rempliK Je m'y suis consacri 
en essay ant d 9 y apporter mon metikur contingent (^observations 9 de notes et 
de travail. Puissi-je y avoir riussi ! Je sais combien le Nimois aims ces exhu- 
mations locales etj'ai pris h tdche de luifaire toucher du doigt taut ce qui, 
depute 1830, met ea ville au rang dee plus grandee et des plus belles citds 
denatre bien aimiepatrie. 

Le Nimois est h demi-romain, a-Uon dit; le romain aimait beaucoup this- 
Urire. Aprh avoir lu Tite-Live et Tacite, U ne dddaignait pas Polybe; aprh 
avoir lu [Cicdron il se dilectait encore A la kcture de Salluste, un partisan 
avoui de Catilina. Le Nimois aime son histoire locale et se plait h en redire 9 
soit dans la conversation, soit dans Us conferences, les fails lee plus saiUants. 
Voilh pourquoi fat tenu h grouper tous les faits t encore ineohirents dans lee 
esprits, qui se sont passds depuis 18S0jusquh nos jours. 

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// ne me rests p'us avant de commencer cette histoire qu'A dire quelques 
mots de la division que fas adopt is. 

Cette division m*a paru dee plus rationnelles el des plus comtnodes pour lee 



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PREFACE a * 

recherche*. Chaque annie formera tin chapUre sipari 9 en We duquel sera . 
tin sommaire formant vn rapid* apergu dee fails dont je fate le recti. La 
disposition typographique adopiie psrmet de savoir h quelle annie se trouve 
le lecteur en (pulque endroit qu'il ouvre le volume. 

A part deux ou trois amies qui nicessiteronl tin ehapitre $upplimenkrire 9 on 
pent voir que nous aurons ainsi cinquante-cinq chapiires pour Fhistoire 
entiire. Chaque volume cotitiendra de la sorts wis histoire de dim an*. 

C'estvne autre ds longue haleine que fentreprends t avec la certitude que 
je trouverai dans mesconciioycns&concoursqui m'est nicessaire pour arriver 
abonport. 



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HISTOIRE 



ft! LA 



VII.LE DE NIMES 



CHAP1TRE PREMIER 



SOMMAIRE 

COCP D'OEIL BCD l'eTAT DC PATS AC COMMENCEMENT .DE 1834. — llESCBES DE POLICE. — 

•• • 

Affaires de janvier. — Renversement des croix de mission. — L'exprunt 
national de 420 millions — la loi sitr la garde nat ion ale. — cfiolx de juillet. 

— Saint- sikonisme et fourierisme. — Le jeu de < Bataillon ». — Troubles 
d'octobre. — Installation des cours publics. — Lbs ecoles primaires. — Lbs 
elections mtmc1pale8. — les ateliers de secours. — les &venbxents de lvon. 

— SlGALON, CHEVALIER. — MORT DE TRELIS, 3IE3IBRE DE L'ACADKMIE DU GARB. 



. Les commencements de la Monarchic de Juillet eurent dans toute la 
France des difficulty plus ou moins considerables k vaincre. Le 
pays 6tait fr6missant, au lendemain de cette secousse formidable qui 
avait emport6 une monarchie, en somme liberate, et dont le drapeau 
vainqueur flottait sur les cdles de l'Afrique. La monarchie legitime 
disparaissait au moment oil Chateaubriand n6gociait avec la Bussie 
l'agrandissement de la France jusqu'a sa frontiere naturelle du Rhin. 
L'6meute parisienne , qui avait- eu si facilement raison du drapeau 
blanc etlui avait substitute drapeau tricolore, n'avait pas immediate- 
ment rencontr6 dans la province 1'accueil favorable qu'elle croyait 
pouvoir esp£rer. D'un autre cdtS, les puissances 6trang&res, surtoutla 
Russia, ne se pressaient pas de reconnattre le nouvel Itat de choses 6tabli 
par la Revolution de Juillet. Les passions politiquea et religieuses 
6taient partout en effervescence (I). 

• (i) «Lcs motifs les plus divers, tlricax et frivoles, an anoiversaire revolution naire, 
an brail de journaux, an arbre da 'a liberie a planter, one pretention de marcbands po- 



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II 



HI6T0DLB M NIMBS 



Bd parcourant les derni&res pages do 1'ouvrage qui,pr6c6dant celui-ci, 
le relie k la considerable compilation de notre compatriote Menard, 
on peut voir que les derniers jours de 1830 furent, un peu comme 
partout, agit£s par des convulsions dangereuses dans notre citf, 
Nimes pr£sentait alors le spectacle de bien d'autres villas, et Ton 
peut, h ton droit, s*6tonner qu'elle n'ait pas 9 k certaines heures diffi- 
dies, donn£ k I'autorite du jour un travail plus considerable, et exig6 
une attention pluft soutenue • 

Qu'6tait, du reste 9 rautorite en ce temps difficile f A peine affermie, 
flottante, h&itante, comme etaient flottants et hesitant* les cooseils 
6ph6m&res du gouvernement, I'autorite . n'agissait que contrainte et 
forc6e. 

Dans un pays comme le ndtre, une telle indecision pouvait dtre 
fatale 9 et il a fallu la sagesse et la reserve d'un grand nombre pour 
que nousn'ayons pas k deplorer de grands malheurs, L'esprit patrip- 
tique des habitants de Nimes, esprit qui, k maintes 6poques de notre 
histoife, s'affirma hautement, a 6t6 la sauvegarde de la s£curit£ pu- 
blique plus encore que le pouvoir qui en avait la garde. Nous en 
verrons plus loin des exemples qui m6ritent d'etre conserves. 

C'est dans ces conditions que s'ouvrentles premiers jours de l*ann6e 
1831, qui serala premiere decetteoeu v re historique. 

Un pouvoir k peine assis, des minist&res chancelants, faits et debits 
en un tour de main, des armements k nos frontieres, rincertitude.de 
l'avenir, des passions mises en eveil, surexcitees et contenues k grand 
peine, tout se trouve r£uni qui jette le trouble dans les esprits les mieux 
equilibria. 

Aussi des mouvements avaient-ils edate $h et li et Nimes n'avait-elle 
pas ete k Tabri de toute agitation. Le departement etait dans le m6me 

pulaircs, one qucrelle devant la porle d'un cafe* sufficient poor amasscr el passionner 
la foule; ct die trouvaii parloal des points de reunion, dea foyers din-Station, des 

moyeos de dlvertitsement 

........ des bandes se promenaient jour ct null en criant t Ittt la RSpubliqu$ •. 

(joand la repression de ccs desordres commenvait, clle rencontrait prcsqne toujours 
une resistance dans laqnelle rautorite* mnnicipale et la garde nationale n'ltaicnt guere 
plus respecters que les agents de police et les soldats ; et quand, nn jour on sur an 
point, I'taeute avait M re>rim<e, die se portait ailleur* et rccommencait le len- 



• BlleeMait incessamment provoqulc, encouraged, ranhnec par de bardis patrons. 

» Les tnieutes et les socie'les popnlaires de 1S3I 6taient autre chose encore que de 
I'anarchie'; elles convaient et prlparaient la guerre civile. • Mimoiru pour servir I 
PUittoxrt de mon tempi. Guizot, 1. 11. pages IIS, 199, 200, 



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HISTOIRE 



DB LA 



VILLE DE NIMES 



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CHAPITRE PREMIER 



SOMMAIRE 

Coup d*oeil slr l'etatdij pats ac commence* est de 1831. — Mescres de roues. — 
Affaires de janvieb. — Renversembnt des croix de mission. — L'empbcjkt 
national db 120 miluons — la loi scr la garde nationals. — croix dc iuillet. 

— Saint- simonisme et focrierisme. — Le jet de < Balaillon ». — Trocbles 
d'octobre. — Installation des cocas publics. — Les ecoles primaires. — Lbs 
elections mukicipales. — Les ateliers de secocrs. — Les evenementsde Ltoti. 

— SlGALON, CHETALIER. — MORT DE TRELIS, MEMBRB DE L'aCADEMIE DC CARD. 

Les commencements de la Monarchic deJuillet eureht dans toutela - 
France des difficult^ plus cm moins considerables k vaincre. Le 
pays 6tait frlmissant, au lendemain de cette secousse formidable qui . ; . * 

avait emportS une monarchie, en somme liberate, et dont le drapeau 
vainqueur flottait sur les cdtes de FAfrique. La monarchie legitime 
disparaissait au moment ou Chateaubriand nlgociait avec la Russie 
l'agrandissement de la France jusqu'a sa frontiere naturelle du Rhin. 
L'6meute parisienne , qui avait eu si facilement raison du drapeau 
blanc et lui avait substitug le drapeau tricolore, n'avait pas immediate* 
ment rencontrg dans la province l'accueil favorable qu'elle croyait | 

pouvoir espgrer. D'un autre c&\6, les puissances Itrang&res, surtoutla "-.-' \ 

Russie, ne se pressaient pas de reconnaitre le nouvel Stat de choses itabli [ 

par la Revolution de Juillet. Les passions politiques et religieuses 
Itaient partout en effervescence (1). 

(I) tLes motifs les plus divers, slrienx et frivoles, na anoiversaire revolnttoanaire, 
tin trait de journanx, nn arbre de 'a liberie a planter, one pretention de marcbands po- . ( • 



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En parcourant las derni&res pages de Fotrarage qni,pr6c6dant celui-ci, 
le relie A la considerable compilation de notre compatriote M6n*rd, 
on peat voir que lee derniers jours de 1830 furent t an pea comma 
partout, agit£s par des convulsions dangereases dans notre ritt. 
Nimes pr6sentait alors le spectacle de bien d'antres villas, et Ton 
peut 9 k bon droit, s'ltonner qu'elle n'ait pas, & oertaines heures diffi- 
cites, donng k l f autorit6 da jour an travail plus considerable, et exig6 
one attention plus soutenue • 

Qu'6tait, da reste, l'autorit6 en oe temps difficile ? A peine affermie, 
flottante, h&itante, comma 6taient flottants et h&itants les cooseils - 
6ph6m6res du gouvernement, l'antoritg n'agissait que contrainte et 
fbrc6e. 

Dans on pays comma le ndtre, une telle indecision poovait itre 
fatale, et il a fallu la sagesse et la reserve d*un grand nombre poor 
que nousn'ayons pas k dlplorerde grands malheurs. L'esprit patrio- 
tique des habitants de Nimes, esprit qui, k maintes 6poques de notre 
histoire, s'affirma hautement, a 6t£ la sauvegarde de la s£curit£ pn- 
blique plus encore que le pouvoir qui en avait la garde. Noos en 
verrons plus loin des exemples qui m6ritent d'gtre conserves. 

C'est dansces conditions que s'ouvrent les premiers jours de l'annte 
1831, qui sera la premiere decettooeuvre historique. 

Un pouvoir k peine assis, des ministferes chancelants, faits et d£faits 
en un tour de main, des armements k nos frontieres, 1'incertitude de j3* 
l'aven ir, des passions mises en 6vei], surexcit6es et continues k grand ~^ 
peine, tout se trouve rSani qui jette le trouble dans les esprits les mieux 
6qnilibr6s. 

Aussi des mouvements avaient-ils £dat£ $i et la et Nimes n'avait-elle 
pas 6t6 k Tabri de toute agitation. Le d£partement &ait dans le mdme 

polaires, sue qnerelle dcvant la porte dan cafc soffisaicnt poor amasscr el passionner 
la foole; cl die troovait partool dies poiaU de rtonion, des foyers d'lrriUlioo, des 

moyens de divertissement 

• des bandes se promeaaieat jonr et nnit en criant t Viv§ la RSpuNiqu* ». 

Qaand la repression de ecs desordrea conunenvait, ellc rencontrait prcsqne toojoors ' 
one resistance dans laqnclle raotoritl mvaicipale et la garde nationale n'ltaient gotre 
plus respect&s que les agents de police el les soldats ; et qvand, an jonr on snr on 
point, l'<meote avail 416 rfprimfe, elle so portail aillenrs el rccommencait le len- 



• Elletlait incessamment provoqote, eneonragle, ranhnto par de hardis patrons. 

» Les 6mentes et les socttlls popalaires de 1S3I 6taicnt autre cbose encore que de 
l'aoarchie'; elles coavaienl el p rtp a raiem t la gnerre civile.* M4moir$$ poor tervir I 
PUUtotre d% won tempi. Gaizot, I. h. pages I9S, 199, 900, 



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PREFACE 



Je prisente h mes ooncitoyens la continuation de tauvre de Minard, si 
populaire dans noire ville et que M. P.-L. Baragnon fire a continuie jusqu'en 
1830. Ce travail que je litre a l* appreciation de tout ceux qu'intircsse I'his- 
toire de notre vieille cite, a Hi faitimpartialement et revitsirtout le caractire 
(Tune compilation historique locate. 

Ceux qui m'ont devanci dans fceuvre queje fais paraitre aujourdhui ont 
su so montrrr clairs, intiressants et impartiaux'. Minard, entre autres, s'est 
surtoul acquitti de sa tdche avec un talent hors ligne et a rejeti, trim loin 
derrihre lui, les idies priconfues. Le livre quil a icrit a iti jugi plus inti- 
ressant que tout autre et Von pcut dire de lui quil a le mieux compris ce 
qu 9 avail die. Nimes, ce quelle valait et ce quelle detail ttre. Aussi est~ce 
Minard que tout historien local doit imiter, en Idchanl de riunir son esprit, 
sa verve, son talent et en s'inspbrant toujours de la viriti. '. 

En abordant le ricil dts fails qui marquenl notre histoire con temper aine, 
il semble que le terrain sur lequtl on marche puisse Ore semi d f icueils, hirissi 
de di/pcullis. Testime, pour ma part, que la plume del historien quand elle no 
fail point ccuvre de parti, et quelle n'a pour but que fexposer les fails 
saillants, peut iviter ces pirils plus imaginaires que ride. 

Nous ne sommes plus, du rests, 4 tine ipoque oii la vie municipale est 
surtout le reflet des agitations nationales. A dater de 1830, la title de Nimes 
presenile ce spectacle, h undegri trie attachant, qu'clle est plus prioecupie da 



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PRftFAGB 



*t transformer, que dose Kvrer am luttes intestine*. II y a earn doute d'ici, de 
IA, surtout done let premiires annies quelques frimisstments populates, 
mate de courts durde, et Yhistorien, en Us relatant 9 ne court aucun risque de 
changer en factum ce qu f il sait de la ville dont it icril YhisUrire. 

On pent voir d'apris ce quipricide quel va Ore mon principal souci, man 
but unique , pourrai-je dire, en icrivant ces pages. Ni apologie 9 ni dini- 
grement. Mais surtout le ricit 9 aussi exact quit me sera possible, de la 
criation de Nimes modems. 

La nouulle ville est de creation touie ricenle. See monuments , en dehors de 
ceux que lui ont liguis ses matlres de plusieurs siktes, datent d'hier, et la 
giniration actuelle se souvient encore des dremonies qui ont accompagni la 
pose de la premiere pierre de plusieurs (Ttntre eux. Les faubourgs h peine 
destines il y a einquante ans f se sont peu h peu idifiie, agrandissant ainsi 
le cercle d'activiti de la vieUle Nemausa. 

Les chemins de fer ont trans forme les habitudes iconomiques; Veau est venue 
enfin, apris plusieurs siecles de recherches et plusieurs tentatives resties sans 
risultat, s 9 epandre dans des reservoirs qui sont a peine terminis. Pour si 
minime que wit la quantiti de ce bienfaisant liquids qui nous a iti porti, ce 
nen a pas moins iti une veritable revolution pour notre ville. 

« « 

Est-ce tout? Nullement : Vindustrie a pris un nouvel essor 9 le commerce a 
subi des modifications profondes ct un parasite redoutable a "radicalement 
mitamorphosi les conditions ginirdltsde la vie. Deplus 9 des arteres nouvtlles 
ont bouleversi Y antique cite, apportant avec elles rair et la lumiire. Le ga%, 
qui est pres d'etre ditrdni par la bougie ileclrique, a remplace F antique 
quinquet fumeux. • 

Tout a iti riorganisi dans ces einquante annies : police, administration, 
armee, instruction, et chacun des changemenis apportis a retenti dans Nimes. 

Dans un autre ordre d'idies, il s'est formi un viritable foyer intellectuel 
parmi nos concitoyens. Les lettres, les arts, les scienceeont trouvi de fervents 
adeptes parmi eux. Des sociitis noutelles se sont criies, nombreuses, vivanies, 
dans toutes les branches de I'activiti humaine. La vieille Acadimie de Nimes 
a vu auiour decile de jeunes intelligences se riunir, se grouper et se confondre 
dans un common Han vers la science et les lettres. 

Puis sont venues les Sociitis des amis des arts, la Sociiti de lir, la 



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PREFACE * rn 

Sociiti hippique 9 la Chambrie musicals , les revues litliraires t et tant 
d'autrcs qui s'efforcent d P asseoir i an pro/it de Vkumaniti, les observations 
laborieuses ou les dicouvertss intiressantes. 

Dans cede ceuvre de dicentralisation intellectuelle 9 Quidepuis 4880 s'est pea 
h pen affirmie, Nimes occupe une place honorable, une place vivante qui a 
appeld sur elle etsur ses en fonts f attention de tons. 

Certes, si beaucoup de progris ont iti rtalises, beaucoup tfautres sent 
encore h fairs: 

Nimes doit tendre h devenir ette-mtme, une Athines sans dimagogues f une 
Rome sans tribune. Ce qu'il foul pour la grandeur et la renommie d 9 une 
vil-e 9 c'est la disparition de (out esprit de secte 9 Vunion de tons, les idles 
larges 9 le respect de la religion quelle quelle soit, la liberli et la justice pour 
tous 9 la bonne gestion des deniers publics, la protection des arts et des letlres. 
Que les questions de parti ne viennent pas. se jeter en travers de I'ceuvre 
civilisalrice 9 qui consists a embettir une ville ayant dijh tout pour elle : des 
mines nous rappelant un passi glorieux et des ancltres qui propaghrent le 
christianisme et la civilisation dans les Gaulesl 

Nimes ne doit pas subir V attraction funeste qui parte Unites les villes de 
province h s'annihiler, en se reportant h cheque instant sur Paris. 

La ci>i remains qui a donni naissance h Antonin doit rester elle-mime et 
conserver son cachet spicial d'originatiti. 

Les Nimois sent nombreux dont le nam passer a ou a dijh passi h la posti- 
riti; chacun de nous sepr end a ripittr leur nom, h lire, ou h admirer leurs 
c&uvres. Nous aimons, & Vitr anger 9 ,hncus enorgueillii de ces compatrhtes qui 
se presstnt, ciUbres 9 dans lapleiade des en fonts de la France. Plusieurs sent 
descendus au tombeau, d'autres vitent encore et partni cette giniration 9 
courbie encore sur lepupitre de Vicole 9 on pent af firmer qu'il en est qui sui- 
vronl leurs devanciers. 

Si tons ne sont pas nis dans Nimes mime, Us ont acquis le droit ds citi 
comme originaires du Gard 9 parce que c'est h Nimes mime qu'Vs ont parti- 
culiirement brilli ou que c'est h notre ville que se rattachent les quatitis qui les 
ont mis au-dessus du pair. 

Guizot, Chabaud-Latour, Pradier, Jean Reboul f Pellet, Alphonse Boyer, 



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: * V". . --: J- - - ^m PBfiFACS 



Dimians, Germer-Durand, Canonge, Souchon, Sigalpn, Cremieua, Talabot, 
U giniral Feuchires, F. Bichard t leP. <TAlzon t Algr Plnntier et tant fat*- 
tres que nous pourrions dter % que la mart a impitoyablement f ouches ; ne 
sont-ce pas la dee figures qui ont miriti el qui mMtent Y admiration <f*u 
leurs conciloyene ? , ~ 

Et parmi ceux quy sont encore debou*. ifgr de Cabriires, Numa Baragnon, 
le pasteur Viguii, Bivoil % Jalabert, Gaston Boissier, Poise, Aljhonse Daudet 
et combien encore qui oeeupent h dee titres divers V attention dee contempo- 
rains J 

Un autre dira ceque seront ceux dedemain 9 de ces vaillants que rim 
'n'arrite et que Nimes peut s'honorer h ban. droit de compter parmi see 
en f ants. ~ 

N'avais-jc pas raison de dire au commencement que rien ne pouvait Stre 
. plus attachart que Vhtstoire denosprogris et Finventaire de nos rkhesses, et 
que sans recourir h aucune passion, Us pages qui vont suivre pourront, h bom 
droit ; tire connues de Urns mes concitoyens ? 

II s'csi fait tant de choses dans le demi-siicle qui vient des'icouler 9 it s'est 
forme tant de nouveautis, crU tant de projets, que Vhistorien, fidile narra- 
teur, a une Idche considirable et aUrayante h rempliK le m'y suis consacri 
en essay ant <Ty apporter mon meilUur contingent <¥ observations 9 de notes et 
de travail. Puisse-je y avoir riussi I Je sais combien le Nimois aims ces exhu- 
mations locales etfai pris h tdche de hdfaire toucher du doigt tout ce qui t 
depuis 183o, met sa ville au rang dee plus grandee et dee plus belles citis 
denotre bien aim4c palrie. * 

Le Nimois est h demi-romain, a-t~on dit; le romain aimait beaucoup Fhio- 
toire. Aprie avoir lu Tite-Live et Tacite, il ne dddaignait pas Polybe; aprh 
avoir lu [Cicdron il se dilectait encore d la kcture de Sallusle, un partisan 
avoui de Catilina. Le Nimois ahnc son histoire locale et se plait hen redire, 
soit dans la conversation, soit dans Us conferences, les fails les plus saillants. 
Voilh pourquoi fai tenu h grouper Urns les frits, encore incohirents dans lee 
esprits, qui se sont passis depuis 1830jusquh not jours. 

^' \ ■■ 
II ne me rests p'us avant de commencer cette histoire qu'A dire quelquss 
mots de la division que j'ai adoptio. -~ . 

Cette division m'a pans desphs rationnelles el dee plus commodes pour lee 






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PRtFACB n 

recherche*. Cheque annie formera un ehapitre etpari , en We duquel sera . 
tin sommaire formant xm rajride aperpu dee fait* dont je firie le ricit. La 
disposition lypographique adoptie permet de eavoir h quelle annie se trouve 
le lecteur en quelque endroit qu'il ouvre le volume. 

A part deux on trois annie* qui nicessiteronl tin ehapitre suppUmentaire, on 
peut voir que nous auron* ainsi cinquante-cinq ehapitre* pour Fhistoire 
eniitre. Chaque volume contiendra de la eorte une hktoire de dix an*. 

C'estune entire de longue haleine quefentreprends f avee la certitude que 
je irouverai dans meeconeitoyeneibconcour* qui m 9 e*t necessaire pour arriver 
hbonpoit. 



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HISTOIRE 



ft! LA 



VlLLE de nimes 



GHAPITRE PREMIER 



SOMMAIRE 

Coup d'ceil sue l^tat du pats au commencement .de 1831. — Mesures de police. — 
Affaires de janyieb. — Renversement des croix de mission. — L'empiujut 

NATIONAL DE 120 MILLIONS — La LOI SL'R LA GARDE NAT ION ALE. — CfiOlX DE JUILLET. 

— Saint- simonisme et foubiebisme. — Le jec de c Bataillon ». — Troubles 
d'octobbe. — Installation des goubs publics. — Les ecoles primaires. — Lbs 
elections minic1pale8. — les ateliers de secours. — les evenements de l.ton. 

— SlCALON, CHEVALIER. — MORT DE TBELIS, MEMBRE DE L'acADEMIE DU GARB. 



Les commencements dela Monarch ie de Juillet eurent dans toute la, 
France des difficult^ plus ou moins considerables k vaincre. Le 
pays £tait fr£missant, au lendemain de celte secousse formidable qui 
avait emport6 une monarchie, en somme liberate, et dont le drapeau 
vainqueur flottait sur les cAles de l'Afrique. La monarchie legitime 
disparaissait au moment ou Chateaubriand nggociait avec la Bussie 
l'agrandissement de la France jusqu'a sa frontiere naturelle du Rhin. 
L'£meute parisienne , qui avait- eu si facilement raison du drapeau 
blanc etlui avait substitute drapeau tricolore, n'avait pas immediate- 
ment rencontr6 dans la province l'accueil favorable quelle croyait 
pouvoir espgrer. D'un autre c6t&, les puissances £trang6res, surtout la 
Russie, ne se pressaient pas de reconnaitre le nouvel £tat de choses 6tabli 
par la Revolution de Juillet. Les passions politique* et religieuses 
6taient partout en effervescence (I). 

. (I) c Les motifs les pi as divers, slricax et frivoles, an annivcrsiire revolationnaire, 
an brail de joarnaax, an arbre de 'a liberie a planter, one pretention de marebands po- 



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II HI6T0HLB M NIMES 

Bd parcourant les derniferes pages de l'ouvrage qui, pr&6dant celui-ci, 
le relie k la considerable compilation de notre corapatriote M6nard, 
on peut voir que les derniers jours de 1830 furent, un peu oomme 
partout, agit6s par des convulsions dangereuses dans notre ci\6. 
Nimes prfoentait alors le spectacle de bien d'autres villes, et Ton 
peut, it bon droit, s'&onner qu'elle n'ait pas, k certaines heures diffi- 
dies, donn£ k TautoritS du jour un travail plus considerable, et exig6 
une attention pluft soutenue* 

Qu'gtait, du reste, l'autorit6 en ce temps difficile T A peine affermie, 
flottante, h&itante, comme 6taient flottants et h6sitants les conseils 
6ph6m&res du gouvernement, Tautoritg . n'agissait que contrainte et 
forcfe. 

Dans un pays comme le nAtre, une telle indecision pouvait dtre 
fatale t et il a fallu la sagesse et la reserve d*un grand nombre pour 
que nousn'ayons pas k d6plorer de grands malheurs, L'esprit patrio- 
tique des habitants de Nimes, esprit qui, k maintes 6poques de notre 
histoife, s'affirma hautement, a 6t6 la sauvegarde de la s£curit£ pu- 
blique plus encore que le pouvoir qui en avait la garde. Nous en 
verrons plus loin des exemples qui m&itent d'etre conserves. 

C'estdansces conditions que s'ouvrentles premiers jours de l'annte 
1831, qui sera la premiere decette oeuvre historique. 

Un pouvoir k peine assis, des minist&res chancelants, faits et d£foits 
en un tour domain, des armements k nos fronti&res, rincertitude.de 
l'avenir, des passions raises en 6veil, surexcittes et contenues k grand 
peine, tout se trouve r6uni qui jette le trouble dans les esprits les mieuz 
6quilibr6s. 

Aussi des mouvements avaient-ils delate $4 et la et Nimes n'avait-elle 
pas 6M k l'abri de toute agitation. Le d^partement &ait dans le mfime 

pulaircs, one qacrelle devanl la porle d'on caW suflisaienl poor aroasscr el passionner 
la fonle; cl die trouvait pariom &ts points de reunion, des foyers dlrritallon, des 

moyens de divertiiscment 

........ des baodei se promenaient jour cl nuit en criant c Vic* la MpuUiqu$ *. 

Quand la repression de ccs desordres commenvait, elle renconlrait prcsqne toujour* 
une resistance dans iaquelle l'autoritl monicipale el la garde nationale n'llaicnt guere 
plus respecters que les agents de police el les soldats ; el quand, un jour ou sur un 
point, Pemeate avail 6U reprimee, elle se portait ailleurs et rccommencait le len- 



i Elle Hail incessamment provoqude, encouragee, ranlmec par de bardis patrons. 

• Les emeutes et les socWies populaires de 1S34 etaient autre chose encore que de 
l*anarebie'; elle* couvaienl el preparaienl la guerre civile. • Mdmoim pour servir I 
PHiitom to mon tempi. Guizol, t. n» pages 49S, 199, 200, 



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HISTOIRE 



VILLE DE NIMES 



-9>+>*r*'m*** — 



CHAPITRE PREMIER 



SOMMAIRE 

Coup d'oeil scr l'etatdc pats au commencement de 4831. — Mescres de polks. — 
Affaires de ja.xvier. — Rexyersemext DES CROIX DE MISSION. — L'emfrcxt 
NATIONAL DE 420 MILLIONS — LA LOI SCR LA GARDE NATIONALS. — CROIX DE JUILLET. 

— Saint- simo.msme et focrierisme. — Le jet de « Bataillon ». — Trocrles 
d'octorre. — Installation des cocrs furucs. — Les ecoles frimaires. — Lee 

ELECTIONS MUNICIPALS*. — LES ATELIERS DE SECOCRS. LES EVENEMENTS DE LtON. 

— SlGALON, CHEVALIER. — MORT DE TRELISy MEMRRB DE L'ACADEMIE DC GARB. 



Les commencements de la Monarchic deJuillet eurent dans toutela 
France des difficulty plus ou moins considerables k vaincre. Le 
pays &ait fr£missant, au lendemain de cette secousse formidable qui 
avait emport^ une monarchic, en somme liWrale, et dont le drapeau 
vainqueur flottait snr les cdtes de l'Afrique. La monarchic legitime 
disparaissait au moment ou Chateaubriand n£gociait avec la Russia 
l'agrandissement de la France jusqu'a sa frontiere naturelle du Rhin. 
L*£meute parisienne , qui avait eu si facilement raison du drapeau 
blanc etlui avait substitute drapeau tricolors, n'avait pas immediate- 
ment rencontr6 dans la province l'accueil favorable qu'elle croyait 
pouvoir espSrer. D'un autre c&\6, les puissances 6trang6res, surtout la 
Russie, ne se pressaient pas de reconnaitre le nouvel 6tat de choses 6tabli 
par la Revolution de Juillet. Les passions politiques et religieoses 
etaient partout en effervescence (I). 

(4) tLes motifs les plus divers, slrienx ct frivoles, on anoiversaire rdvolotioanaire, 
nn bntft de jouroaux, on arbre de 'a liberie a planter, one pretention de marcbands po- 



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Bd parcourant les dernftres pages da FonYrage qni 9 pr6c£dant celui-c 
le relie k la considerable compilation da notre compatriote M6n*n 
on peut voir que les derniers jours da 1830 furent, un pea comm 
partout, agit£s par des convulsions dangerenses dans notre cxh 
Nimes prfoentait alors le spectacle da bien d'antres villas, et To 
pent, it bon droit, s'6tonner qu'elle n'ait pas, k certaines heures difli 
cites, donn£ k l'autoritd du jour nn traTail plus considerable, et exig 
una attention plus soutenue. 

Qu'£tait, du reste, l'autorit6 an oa temps difficile ? A peine affermi< 
flottante, h&itante, comme 6taient flottants et h6sitants les consei 
6ph6m&res du gouvernement, Fautorit^ n'agissait que contrainte ( 
forcfe. 

Dans un pays comme le ndtro, una telle indecision pouvait dti 
fataJe, et il a fallu la sagessa at la r&erve d*un grand nombre pot 
que nousn'ayons pas k d£plorerda grands malheurs. L f esprit patric 
tique des habitants de Nimes, esprit qui, k maintes 6poques de nob 
histoire, s*a(firma hautement, a 6X6 la sauvegarde de la security pi 
blique plus encore que le pouvoir qui en avait la garde. Nous e 
verrons plus loin des exemples qui m&itent d'etre conserves. 

C'est dansces conditions que sTravrentles premiers jours de l'ann^ 
1831, qui sera la premi&re decetteceuvrehistorique. 

Un pouvoir k peine assis, das minist&res chancelants, faits et d£fai 
en un tour de main, des armaments k nos fronti&res, l'incertitude c 
l'avenir, des passions mises en iveil, sarexcit£es et contenues k gran 
peine, tout se trouve r£nni qui jette la trouble dans les esprits les mieu 
6quilibr6s* 

Aussi des mourements avaient-ils&lat6 $4 et la et Nimes n'avait-el 
pasete it Tabri de toute agitation . Le d£partement &ait dans le m6n 



I 






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pulaircs, one querelle devanl la porte d"o« cafe* soffisaicnt poor amasscr et passionn 
la fonle; et die trouvait partool des points de reunion, des foyers d'irritalion, d 
moyens de divertissement...... 

i des bandes se promenaieal joar el noil eo crianl c Viv* la RdpuUique 

tjoand la repression de ees de&ordres commcnvait, elle renconlrail presqoe loojoo 
one resistance dans laqoelle I'aotorite monicipale el la garde nalionale n'etaient gae 
plos respectees qoe les agents de police el les soldats ; el qoand, on joor oo sor i 
point, l'emeote avait 616 rlprimee, elle se portail ailleors el recommencail le lei 
domain. 

s Elleetait incessamment provoqade, eaeoarag6e 9 ranimee par de hardis patrons. 

• Les tmentes el les soci6t6s popalatres de 1834 etaicnt autre cbose encore qoe < 
l'aaarcbie'; elles coovaient et pr 6p a r ai ca l la goerre civile, t M4moir$$ poor servir 
MKtlotrt de mon temp*. Goizot, I. nu pagan I9S, W, 200, 






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PREFACE 



Je prisente h mes concitoyens la continuation de Vctuvre de Minard, si 
populmre dam noire ville el que M. P.-L. Baragnon pare a continuie jusqu'en 
1830. Ce travail queje litre a Vappriciation de tou$ ceux qu'intiresse Vkis- 
toire de notre vieille cite, a Hi faitimpartialement et rcvitsirtout le caracthre 
{Tune compilation historique locale. 

Ceux qui m'ont devance dans Yotuvrt queje fais paraitre aujourd'hui ant 
su se montrrr clairs, intiressants el impartiaux. Minard, entre autre*, s'cH 
surtoul acquitti de sa tdche avec un talent kors ligne et a rcjeU, bien lain 
derriire lui, lee idies priconptes. Le livre qu'il a icrit a iti jugi plus inli- 
ressanl que lout autre el ran pent dire de lui qu'il a le mieux compris ce 
qu'avait its. Nimes, ce quelle valait et ce quelle detait Are. Aussi est-ce 
Minard que tout historien local doit imiter, en Utchant de riunir son esprit, 
sa verve, son talent et en s'inspirant taujours de la viriti. \ 

En abordant le ricit des fails qui marquent notre histoire contemporams. 
il semble que le terrain sur lequel on marche puisse tire semi d'icueils, Mrissi 
de difficultis. Xestime, pour ma part, que la plume del historien quand ells ne 
fait point ccuvre de parti, et quelle n'a pour but que (Texposer Us fails 
saillants, peul iviter ces pirils plus hnaginaires qua rids. 

Nous ne sommes plus, du rests, h une ipoque ou la vie municipale est 
surtoul le reflet dee agitations nationalise. A (later de 1830, la title de Nimes 
presents ce spectacle, h undegri trie attachant, qu'elte est plus prioccupie da 



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^*^; 



^i PREFACE 

*a transformer, que de se livrer aux Utiles intestine* . Il y a sans dcute d'ici, de 
Id, surtoul dans Us premiires annies quelques frimisstmenU populates, 
mais de courts durie, et fkistorien, en Us relatant, ne court aucun risque de 
changer en factum ce qu'il sait de la ville dont il icril Fhistoire. 

On peut voir d'aprh ce quipricide quel va Ore mon principal souci, mon 
but unique, pourrai-je dire, en icrivant ces pages. Ni apologie 9 ni cUni- 
grement. Mais surtout U ricit 9 aussi exact quil me sera possible, de la 
creation de Nimes moderns. 

La nouvtlU ville est de creation toute ricente. See monuments, en dehors de 
ceux que lui ont liguis see mattres de plusieurs sihdes, datent d'hier, et la 
(filtration actuelle se souvient encore des ciremonies qui ont accompagni la 
pose de la premiire pierre de plusieurs (Ttntre eux. Lcs faubourgs h peine 
dessinis il y a einquante ans, se sont peu h peu edifies, agrandissant ainsi 
U cercle d'activitt de la vieille Nemausa. 

Les chemins de fer ont trans forme les habitudes economiques; Veau est venue 
en fin , apres plusieurs siecles de recherches et plusieurs tentatives resides sans 
risultat 9 s'tpandre dans des reservoirs qui sont h peine ter mines. Pour si 
minime que soil la quantite de ce bienfaisant liquide qui nous a ili parti, ce 
n'en a pas moins iti une veritable revolution pour notre ville. 

« « 

Bst-ce tout? Nullement : Vinduslrie a pris un nouvel essor 9 le commerce a 
subi des modifications profondes et un parasite redoutable a Vorf/co/emenl 
metamorphose les conditions giniraUsde la vie, Deplus, des arteres nouvelles 
ont bouleversi V antique die, apportant avec elles Fair et la lumiire. Le gas, 
qui est pris d'etre detrCni par la bougie ilectrique, a remplace I* antique 
quinquet fumeux. • 

Tout a iti riorganisi dans ces einquante annies : police, administration, 
armee, instruction, et chacun des changements apportis a retenti dans Nimes. 

Dans un autre ordre didies, il sfest formi un viritabU foyer intellectuel 
parmi nos concitoyens . Les lettres, les arts, les sciences ont trouvi de fervents 
adeptes parmi eux. Des sociitis nouvelles se sont criies, nombreuses, vivantes, 
dans toutes les branches de Vactiviti humaine. La vieille Academic de Nimes 
a vu autour (TclU de jeunes intelligences se riunir, se grouper et se confondre 
dans un commun Hon vers la science et les lettres. 

Puis sont venues les Sociitis des amis des arts, la SocUti de tir, la 



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Sociiii hippique 9 la Chambrie musical* , les revues lUUraires , et tant 
d'cutrcs qui sefforcent d'asseoir, au profit de VkumaniU, Us observations 
laborieuses ou tes dicouvertes intiressanles. 

Dans cette autre de dicentralisalion intelUctuelle t quidepuis 4880 s'est peu 
h peu affirmie, Nimes occupe une place honorable, une place vivante qui a 
appeli sur elle et sur ses enfants F attention de tons. 

Certes, si beaucoup de progrls ont iti rtalisis, beaucoup tfautres sont 
encore h faire: 

Nimes doit tendre h devenir ctte-mtme, une Athines sans dimagogues, une 
Rome sans tribune. Ce qu'il faut pour la grandeur et la renommie d'une 
vil-e 9 c'est la disparition de tout esprit de sects, I'union de Urns , Us idles 
larges % le respect de la religion quelle qu'elle soit, la liberie et la justice pour 
tous 9 la bonne gestion des deniers publics, la protection des arts et des lettres. 
Que les questions de parti ne vienneni pas. se jeter en travers de Vceuvre 
civilisatrice, qui consiste a embeUir une ville ay ant dijh tout pour elle : des 
mines nous rappelant un passi gloricux et des ancitres qui propaghent le 
christianisme et la civilisation dans les Gautesl 

Nimes ne doit pas subir V attraction funeste qui porte toutes les villes de 
province h s'annihiler, en se reportant h cheque instant sur Paris. 

La ci'i romaine qui a donni naissance h Antonin doit rester elU-mtme et 
conserver son cachet special d'originaliti. 

LesNimois sont nombreux dont le nom passer a ou a dijh passi h la posti- 
riti; chacun de nous sepr 2nd a ripittr leur nom, h lire t ou h admirer leurs 
muvres. Nous aimons, A V itr anger ,h nous enorgueillit de ces compatriotes qui 
se prcsstnt, ciUbrcs, dans lapUiade des enfants de la France. Phtsieurs sont 
descendus au tombeau, d'autrcs vivent encore et parmi cette giniration, 
courbie encore sur Upupitre de Yicoh, on pent af firmer qu'il en est qui sui~ 
vront leurs devanciers. 

Si tous ne sont pas nis dans Nimes mime, its ont acquis le droit de citi 
comme originates du Gard, parce que c'est a Nimes mime quVs ont parti- 
culiiremeni brilli ou que c'est h noire vdU que se rattachent les qualitis qui les 
ont mis au-dessus du pair. 

Guizot, Chabaud-Latour, Pradier, Jean Ileboul, Pellet, Alphonse Boyer, 



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^T~ — 

* 



PREFACE 

DimUms, Germer-Durand, Canonge, Souchon, Sigalpn, Cremieua, 1 
le ghtral Feuchhes, F. Bkhard % leP. tfAlzon, MgrPlantier et tm 
tree que nous pourrions titer, que la mart a impitoyablement faucl 
sont-ce pas la des figures qui ont miriti el qui miritent Yadmira 
leurs concitoyens ? 

Et parmi ceux quy sont encore debou*. Mgr de CabrHres t Numa Ba 
le pasleur Viguid, Rivoil % Jaldbcrt, Gaston Boissier, Poise, Alphonse 
et combien encore qui oceupeni £ des titres divers Vattention des eo 
rains J 

Un autre dira ce que seront ceux de demain 9 de ces vaillants q 
n'arrite et que Nimes peul s'honorer h bon, droit de compter pa 
enfants. ' 

IPavais-je pas raison de dire an commencement que rien ne pau\ 
plus autochart que V histoire denosprogris et Vinventaire de nos rkh 
que sans recourir h aucune passion, Us pays qui vont suivre pourron 
droit, tire connues de tous mes concitoyens ? 

II s p est fait tant de choses dans le demi-siicle qui went de s'icouler 
forme tant de nouveautds, crU tant de projets, que Vhistorien, fidih 
teur, a une tdche considirablc et a'troyante h rempliK le my suis t 
en essay ant <Ty apporter tnon meilltur contingent <¥ observations 9 de 
de travail. Puisse-je y avoir riussi I Je sais combien le Nimois ame c 
motions locales etj'ai pris h tdche de lui faire toucher du doigt tout 
depuis 183o, met sa ville au rang des plus grandee et des plus ba 
de noire bien aimicpalrie. 

Le Nimois est h dcmi-romain, o-f-o* dit; le romain aimait beauco 
toire. Apris avoir lu Tite-Live et Tacite, U ne didaignait pas Polybt 
avoir lu [Cicdron il se dilectait encore d la kcture de Sallusle, un • 
avoui de Catitina. Le Nimois ahnc son histoire locale et se plait hen 
soit dans la conversation, soit dans Us conferences, les fails les plus s 
VoUh pourquoi fai tenu h grouper Urns les faits, encore incohirents 
esprits, qui se sont passis depuis 1830jusquh not jours. 

V - " 

\ 
Ft ne me rests p'us avant de commencer cette histoire qu'd dire \ 
mots de la division que fai adopt ie. 

Celts division m'a paru des plus rationnelles et des plus commodes j 



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recherche*. Cheque amis formera tin chapitre sipari , en Jl/e Akj uef sera . 
tin sommaire formani un rapide aperfu dee fails donl je fats Is recit. La 
disposition typographique adopUe permet de savoir h quelle annis se trout* 
le lecteur en quelqus endroit quit ouvre le volume. 

A part deux ou trois amies qui nicessiteront tin chapitre suppUmentaire, on 
pent voir que nous aurons ainsi cinquanle-cinq chapUres pour Fhistoire 
enli&re. Chaqve volume contiendra de la sorts une histoire ds dim am. 

C'estvne autre de longue haleine quefentreprends 9 avee la certitude que 
je trouverai dans mesconciioyens&concoursqui m'est necessaire pour arriver 
abonport. v 



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HISTOIRE 



ft! LA 



VIIXE de nimes 



GHAPITRE PREMIER 



SOMMAIRE 

COUP D'OEIL SCR L*£tAT DU PATS At" COMMENCEMENT .DE 1831. — MESURES DE POLICE. — 

Affaires de jaxvier. — Ren vers em ent des croix de mission. — L'empiunt 
national de 120 millions — la loi sur la garde nationale. — cfiou de juillet. 

— Saint- simon ism e et focrierisme. — Le jec de c Bataillon ». — Trolrles 
d'octorbe. — Installation des cocas publics. — Les ecoles primaires. — Lbs 

ELECTIONS Ml'MCIPALES. — LES ATELIERS DE SECOUIS. — LES EVENEMENTS DE LtOK. 

— SlGALON, CHEVALIER. — MORT DE Til EL IS, MEMBRE DE l'ACADEMIE DU CARD. 



. Les commencements de la Monarch ie de Juillet eureot dans toute la, 
France des difficult^ plus ou moins considerables k vaincre. Le 
pays £tait fr6missant, au lendemain de celte secousse formidable qui 
avait emport6 une monarchie, en somrne liberate, et dont le drapeau 
vainqueur flottait sur les cdtes de l'Afrique. La monarchie legitime 
disparaissait au moment oil Chateaubriand n£gociait avec la Bussie 
l'agrandissement de la France jusqu'i sa frontiere naturelle du Rhin. 
L'£meute parisienne f qui avait- eu si facilement raison du drapeau 
blanc et lui avait substitute drapeau tricolore, n'avait pas immediate- 
ment rencontr6 dans la province l'accueil favorable qu'elle croyait 
pouvoir espgrer. D'un autre c6i6, lea puissances 6trang6res, surtout la 
Russie, ne se pressaient pas de reconnaltre le nouvel £tat de choses 6tabli 
par la Revolution de Juillet. Les passions politique* et religieuses 
6taient partout en effervescence (I). 

. (I) c Les motifs les plat divers, slricax et frivoles, on annivcrsaire revolution naire, 
no brail de joarnaox, on arbre de 'a liberty ft planter, one pretention de marebands po- 



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4* HI6T0ttB M NIMES 

Bd parcourant les derniferes pages de l'ouvrage qui,pr6c6dant celui-ci, 
le relie k la considerable compilation de notre corapatriote M6nard, 
on peat voir que les derniers jours de 1830 furent, on pea comma 
partout, agit6s par des convulsions dangereuses dans notre ci\6. 
Nimes prfoentait alors le spectacle de bien d'autres villes, et Ton 
pent, it bon droit, s'&onner qu'elle n'ait pas, k certaines henres diffi- 
dies, donng k l'autorite dn jour nn travail plus considerable, et exig6 
nne attention pluft soutenue. 

Qu'ftait, du reste, l'autorit6 en ce temps difficile f A peine affermie, 
flottante, h&itante, comme 6taient flottants et h£sitants les conseils 
6ph6m&res du gouvernement, l'autoritg . n'agissait que contrainte et 
forcfe. 

Dans un pays comme le nAtre, une telle indecision pouvait dtre 
fatale, et il a fallu la sagesse et la reserve d*un grand nombre pour 
que nous n'ayons pas k d6plorer de grands malheurs, L'esprit patrio- 
tique des habitants de Nimes, esprit qui, k raaintes 6poques de notre 
histoife, s'affirma hautement, a 6t6 la sauyegarde de la s£curit£ pu- 
blique plus encore que le pouvoir qui en avait la garde. Nous en 
verrons plus loin des exemples qui mgritent d'etre conserves. 

C'est dansces conditions que s'ouvrent les premiers jours de l'annte 
1831, qui sera la premifere decetteceuvre historique. 

Un pouvoir k peine assis, des minist&res chancelants, firits et dgfaits 
en un tour de main, des armements k nos fronti&res, Tincertitude.de 
l'avenir, des passions raises en 6veil, surexcitSes et contenues k grand 
peine, tout se trouve rguni qui jette le trouble dans les esprits les mieuz 
6quilibr6s. 

Aussi des mouvements avaient-ils &lat£ $4 et li et Nimes n'avait-elle 
pas 6ti k Tabri de toute agitation. Le dgpartenient 6iait dans le m6me 

pnlaircs, one qncrelle det ant la porle d'nn cafe* snffisaient poor amasscr el passionoer 
la foule; ct cllc tronvait parlom des points de reunion, des foyers dlrritation, des 

moyens de divertltsemeol 

........ des bandes se promenaient jour ct nnit en eriantc Vic* la MpuUiqu$ *. 

Qnand la repression de ces desordres commenvait, elle rencontrait prcsqne toujour* 
nne resistance dans laqnelle I'aulorite* manicipale et la garde nationale n'llaient guere 
pins respecters qne les agents de police et les soldats ; et qnand, nn jonr on snr nn 
point, rimente avait 6X6 reprimee, elle se portait ailleurs et rccommencait le len- 



i Ellellait incessamment provoqnde, encouraged, ranimee par de bardis patrons. 

i Les emeutes et les soctties popnlaires de 1S3I Itaient autre chose encore qne de 
l'anarebie'; elles convaient et preparaient la gnerre civile, i Mtmoires ponr aervir I 
PHiiiom d* mon tempi. Gnixot, t. it, pages 49S, 199, *00. 



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HISTOIRE 



VILLE DE NIMES 



CHAPITRE PREMIER 



SOMMAIRE 

COCP D'OEIL SUR L'ETATDB PATS AU COMMENCEMENT DE 1831. — llESCRES DE POLICE. — 

Affaires de janvier. — Renversement des croix de mission. — L'emprckt 
national de 120 millions — la loi scr la garde .nationals. — cftolx dc juillet. 

— Saint- simonisme et focrierisme. — Le jet de « Balaillon •. — Trocrles 
d'octorre. — Installation des cocrs fcrlics. — Les ecoles primaires. — Ln 

ELECTIONS MUNICIPALS*. — LES ATELIERS DE SECOCRS. LES EVENBMENTS DE LtON. 

— SlGALON, CHEVALIER. — MORT DE TRELIS, MEMRRE DE L'aCADEMIE DC GARB. 



Les commencements de la Monarchic deJuillet eureht dans toutela 
France des difficult^ pins on moins considerables k vaincre. Le 
pays Itait frgmissant, an lendemain de cette secousse formidable qui 
avait emport6 une monarchic, en somme liWrale, et doot le drapeau 
vainqueur flottait sur les cAtes de FAfrique. La monarchie legitime 
disparaissait an moment ou Chateaubriand n6gociait avec la Russia 
l'agrandissement de la France jusqu'a sa frontiere naturelle du Rhio. 
L*6meute parisienne , qui avait eu si facilement raison du drapeau 
blanc etlui avait substituele drapeau tricolore, n'avait pas immediate* 
ment rencontrl dans la province l'accueil favorable qu'elle croyait 
pouvoir esp^rer. D'un autre cdt6, les puissances Itrang&res, surtoutla 
Russie, ne se pressaient pas de reconnaltre le nouvel 6tat de choses 6tabli 
par la Revolution de Juillet. Les passions politiques et religieuses 
Itaient partout en effervescence (I). 

(i) ties mollfs les plus divers, slrieox et frivoles, ua aunivcrsaire rerolatioanatre, 
do bruit de jonrnanx,nn arbre de '• liberie a planter, ooe pretention de marebaads po- 



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Bd parcourant les derni&res pages de Fonyrage qui,pr£c6dant celui-ci, 
le relie k la considerable compilation de notre corapatriote M6nard, 
on peat voir que les derniers jours de 1830 farent, un peu comme 
partout t agit£s par des convulsions dangereuses dans notre rit& 
Nimes pr&entait alors le spectacle de bien d'autres yilles, et Ton 
pent, it bon droit, s'ltonner qu'elle n'ait pas, k certaines henres diffi- 
cfles, donog k l*autorit6 du jour un travail plus considerable, et exigj 
une attention plus sou ten tie. 

Qu'6tait, du reste, l'autorit6 en ce temps difficile T A peine affermie, 
flottante, h&itante, comme 6taient flottants et hlsitants les cooseih 
6ph6m&res du gouvernement, raotorit6 n'agissait que contrainte el 
foro6o. 

Dans un pays comme le ndtre, une telle indecision pouvait dtrc 
fetale, et il a fallu la sagesse et la r&erve d*un grand nombre poui 
que nousn'ayons pas k d£plorarde grands malheurs. L'esprit patrio- 
tique des habitants de Nimes, esprit qui, k maintes gpoques de notre 
histoire, s'affirma hautement, a 6t6 la sauvegarde de la s£curit£ pu- 
blique plus encore que le pouvoir qui en avait la garde. Nous eo 
verrons plus loin des exemples qui mlritent d'etre conserves. 

C'estdansces conditions que s*ouvrent1es premiers jours de Tannic 
1831, qui sera la premiere decetteoeuvrehistorique. 

Un pouvoir k peine assis, des minist&res chancelants, faits et dgfaifc 
en un tour de main, des armements k nos fronti&res, l'incertitude de 
l'avenir, des passions mises en Iveil, surexcit£es et contenues k granc 
peine, tout se trouve rSani qui jettele trouble dans les esprits les mietu 
6quilibr6s« 

Aussi des mouvements ayaient-ils&latl $i et la et Nimes n'avait-ell< 
pas 6t6 li l'abri de toute agitation. Le d£partement 6tait dans le m6m< 



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pulaires, one querelle devant la porte dan caf<§ sufficient pour amasscr et passionnei 
la foule; ct die trouvait partoal dies points de reunion, des foyers d'irriuiion, <ta 
moyeos de divertissement.. .... 

» des bandes se promenaient jonr ct nnit en criantc Vive la RipulAique » 

{Juand la repression de ees dfeordres commenvait, elle rencontrait prcsque toujour 
hoc resistance dans laqnclle Pautorite mnnieipale et la garde nationale n'ltaient guta 
pins respectles que les agents de police el les soldats ; et qnand, nn jonr on snr m 
point, Pimento stall €16 reprittte, die se portait ailleurs et rccommen^ait le le* 
domain. 

» EUellait ineessamment proYoanle, eacoarag£e, ranimle par de nardis patrons. 

• Les ententes el les socttt£s popnlaires de 1S3I dtsient autre chose encore que d< 
Pauarchie'; elles convaient et preparaieal la guerre civile.* Mtmoire* pour servir 1 
PJfttiotr* de mom ttmpe. Guhot, I. m* pages I9S, 199, S00. 



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PREFACE 



Je prisenle h mes eondtoyens la continuation de rmuvre de Minard, ri 
populaire dans noire vilU et que M. P.-L. Baragnon pert a continuie jusqu'en 
1830. Ce travail que je livre a r appreciation de tons ceux qu'intiresse l'kis~ 
toire de notre vieille cite, aiti faitimpartialement el revitS'trtout le caractire 
if tine compilation hislorique locale. 

Ceux qui m'ont devanci dans Totuvre queje fats parailre aujourd'hui ant 
su se montrrr clairs, intiressants et impartiauxl Minard, entre autree, s'cst 
surtoul acquitti de sa tdche avec un talent hors ligne et a rejeti, trien lain 
derriire lui, les idies preconptes. Le livre qu'il a icrit a ili jugi plus inti- 
ressani que taut autre el Fan peui dire de lui quil a le mieux compris ee 
qu'avail iti* Nimes, ee quelle talait et ce quelle detail itre. Aussi est-ce 
Minard que taut hutorien local doit imiter 9 en tdchant de riunir eon esprit, 
sa verve, son talent el en s'inspirant toujours de la vhilL '. 

En abordant le ricit des fails qui marquenl notre histoire contemporame, 
il semble que le terrain sur lequel on marche puisse ilre semi d'icueils, Mrissi 
de difficultis. J*estime, pour ma part, que la plume deFMslorien quand tile ne 
fait point auvre de parti, et quelle n'a pour but que cTexposer les fails 
saillants, peui Mter ees pirils plus imaginairts que ride. 

Nous ne sommes plus, du rests, 4 une ipoque ou la vie municipals est 
surtoul le reflet des agitations nationales. A (later de 1830* la title de Nimes 
prisenle ce spectacle, h undegri Iris attaehant, quelle est plus prioccupie de 



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se transformer, que de $e livrer aux hUtes intestines. II y a sans deute d'ici, de 
l& 9 surtoul dans les premises annies quelques frimisstmenls populates, 
mats de courts durie, el Fhistorien 9 en Us relatant 9 ne court aucun risque de 
changer en factum ce qu'il sait de la ville dont U icril Fhistoire. 

On pent voir (Tapris ce quipricide quel va Ore man principal souci, man 
but unique 9 pourrai-je dire, en icrivant ces pages. Ni apohgie 9 ni dtnir 
grement. Mais surtout le ricit 9 onset exact qu'il me sera possible, de la 
creation de Nimes moderns. 

La nouville ville est de creation Unite ricente. See monuments, en dehors de 
ceux que lui ont liguis see matlres de plusieurs siicles, dateni d f hier 9 et la' 
giniration actuelle se souvient encore des ciremonies qui ont accompagni la 
pose de la premiere pierre de plusieurs (Ventre cux. Les faubourgs 4 peine 
dessinit il y a einquante ans 9 se sont pen h peu edifies, agrandissant ainsi 
le cercle d'activiti de la vieUle Ncmausa. 

Les chemins de fer ont trans forme les habitudes iconomiques; Veau est venue 
enfin 9 apres plusieurs siecles de recherches et plusieurs tentatives resides sans 
risultat, s 9 epandrs dans des reservoirs qui sont a peine terminis. Pour si 
minims que soil la quantiti de ce bienfaisant liquids qui nous a iti porli, ce 
nen a pas moins iti une veritable revolution pour noire viUe. 

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E$t-cc tout? Nullement : Vindustrie a prts un nouvel essor t le commerce a 
subi des modifications profondes et un parasite redoutable a \adicalemenJt 
mitamorphosi les conditions giniralesds la vie, Deplus 9 des arteres nouvelles 
ont bouleversi Y antique citi 9 apportant avec elles Fair et la lumiire. Le gax 9 
qui est pres d'ilrc delruni par la bougie ileclrique 9 a remplaci f antique 
quinquei futneux. • 

Tout a Hi riorganisi dans ces einquante annies : police, a'lmin ; stration 9 
armie 9 instruction, et chacun des changements apportis a retenti dans Nimes. 

Dans un autre ordre didies, il s'est formi un viritable foyer inlellectuel 
parmi nos concitoyens. Les lettres, les arts, les sciences ont trouvi de fervents 
adeptes parmi eux. Des sociitis nouvelles se sont criies 9 nombreuses 9 vivantes 9 
dans toutes les branches de Vactiviti humaine. La vieille Aeadimie de Nimes 
a vu autour decile de jeunes intelligences se riunir, se grouper et se confondre 
dans un commun Hon vers la science et les lettres. ' 

Puis sont venues les Sociitis des amis des arts, la Sociili do tir, la 



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Socicti hippique , fa Chambrie musical* , lei retroe* litliraires 9 el font 
d'autrcs qui s'efforcent d'asseoir, au profit de Vkumaniti, les observations 
laborieuses ou Its dicouvertts inUressantes. 

Dans cette osuvre de dicentralisation intellectuelle, Quidepuis 4880 s'est peu 
h peu affirmie, Nimes occupe une place honorable, une place vivante qui a 
appeli sur elle et sur see enfants V attention de tous. 

Certes, si beaueoup de progrls ont iti rialisis, beaucoup tfautres sont 
encore h fairs. 

Nimes doit tendre h devenir ette-mimc, une Athhnss sans dimagogues, une 
Rome sans tribuns. Ce qu'il faut pour la grandeur et la renommie d'une 
viVe, c'est la disparition de toui esprit de secte t Vunion de ious f Us idies 
larges, le respect de la religion quelle quelle soit, la liberie et la justice pour 
tous $ la bonne gestion des deniers publics, la protection dec arts et des lettres. 
Que les questions de parti nt viennent pa* se jeter en travers de Vceuvre 
civilisatrice, qui consists a embeUir une ville ayant dijh tout pour elle : des 
mines nous rappelant un passi glorieux et des ancitrss qui propagirent le 
christianisme el la civilisation dans les Gaules! 

Nimes nt doit pas subir V attraction funeste qui ports toutes les villes de 
province h s'annihiler, en se reportant h cheque instant sur Paris. 

La ci'i remains qui a donni naissance h Antonin doit rester ells-mime et 
conserver son cachet spicial d'originaliti. 

Les Nimois sont nombreux dont le nom passerd ou a dijh passe 4 la postt- 
riti; chacun de nous sepr 2nd a ripittr leur nom, h lire t ou h admirer leurs 
centres. Nous aimons, A Vitranger,, h nous enorgueillit de ces compatrhtes qui 
se presstnt, cillbrcs, dans lapleiade des en fonts de la France. Plusieurs sont 
descendus au tombeau, d'autrcs vivent encore et pormi cette gtniration, 
courbie encore sur lepupitre de Ficole, on peut af firmer qu 9 il en est qui sui- 
vronl leurs devaneiers. 

Si tous ne sont pas nit dans Nimes mime, ils ont acquis le droit de citd 
comme originates du Gard, pares que c'est a Nimes mime qu'ils ont parti' 
culHrement brilli ou que c'est h noire vUle que se rattachent les qualitis quilss 
ont mis au-desius du pair. 

Guizot, Chabaud-Laiour % Pradier, Jem Reboul, Pellet, Alphonse Bayer, 



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*m PRftFACB _ 

Dbnians, Germer-Durand, Canonge, Souchon, Sigalon, Cretnieua, Talabot, 
le gintral Fcuchires, F. Bkhard.leP. (TAlzon, MgrPlantier et tant <f on- 
to* que nous pourrions titer, que la mart a impitoyablement f ouches ; ne 
sont-ce pas la des figures qui ant mSrite et qui mMtent V admiration <bu 
leurs concitoyens ? . - - 

Et parmi ceux quy sont encore debou*. Mgr de Cabr&res, Numa Baragnon t 
le pasieur Viguii, Rivoil, Jalabtrt, Gaston Boissier, Poise, Alphonse Daudet 
et combien encore qui occupent h des titres divers V attention des contempe- 
rainsJ 

Un autre dira ce que seront ceux de demain, de ces vaillants que rien 
n'arritc et que Nimes peut s'honorer h ban. droit de compter parmi tes 
enfants. " 

N'avais-je pas raison de dire au commencement que rien ne pouvait Sire 
plus atlachart que Vhistoire de nos progrls et I'inventaire de nos rkhesses, et 
que sans recourir h aucune passion, Us pages qui vont suivre pourront, h bom 
droit 9 ttre connues de tous mes concitoyens ? 

II s'est fait (ant de chases dans le demi-siicle qui vient des'icouler, il s P est 
forme tant de nouveautis, crUtard deprojets, que I'historien, fidile narra- 
teur, a une tdche considirable et aHroyante h rempliK Je m'y wis consacri 
en essayant d'y apporter man meilliur contingent ^observations , de notes et 
de travail. Puisse-je y avoir riussi ! Je sais combien le Nimois aims ccsexhm- 
motions locales etfai pris h tdche de ltd faire toucher du doigt tout ce qui, 
depute 1830, met sa ville au rang des plus grandee et des plus belles citis 
de noire bien aimtepatrie. 

Le Nimois est h demi-romain, a-t*m dit; le romain aimait beaucoup Fhis- 
toire. Aprls avoir lu Titc-Live et Tadte, il ne didaignait pas Polybe; aprh 
avoir lu [Cicdron ii se dilectait encore d la keture de Sattuste, un partisan 
avoui de Catilina. Le Nimois aims son hisioire locale et se platt hen redire f 
soit dans la conversation, soit dans Us conferences, let fails les plus saillants. 
Voilh pourquoi fai tenu h grouper tous les fails, encore incohirents dans les 
esprits, qui se sont passis depuis 1830jusquh not jours. 



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\ 



II ne me rests p f us avant de commencer celts hisioire qu'd dire quelques 
mots de la division quej'ai adopt h. ~ 

Cette division m 9 a paru des plus ratknneUes el des plus commodes pour lee 



fcri.\7.V- ' „ ''//-.:-■' ..."'... * • : \ Digitized by VjQO^lC 



PREFACE a ' 

recherches. Chaque annde formera tin chapitre dpari , en tile duquel sera . 
tin sommaire formant un rapide aperpu dee fails dont je fids le ricit. La 
disposition hjpographique adopUe permit de savoir h quelle annie se trouve 
le leeteur en quslqus cndroit qu'il ouvrs le volume. 

A part deux ou troisannees qui nkesstitronl tin chapitre suppUmenUrire, on 
pent voir que nous aurons ainsi cinquante-dnq ehapiires pour Fhistoire 
enlihe. Chaque volume cotitiendra de la sorts une histoire de dix an*. 

C'estuns ccutre de longue haleine que fenlreprends 9 avee la certitude que 
je trouverai dans mesconcitoyeneibconcoursqui m 9 est necessaire pour arriver 
hbonpoil. 



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HISTOIRE 



01 IX 



VILiLE DE NIMES 



CHAPITRE PREMIER 



SOMMAIRE 

c01?p d'oeil scr h'ttat du pats au commencement .de 1834. — llesures de police. — 
Affaires db j an vie*. — Renversement des croix de mission, — L'empmjnt 
national de 420 millions — la loi scr la garde nationals. — croix de juillet. 

— Saint- simon ism e et fourierisme. — Le jec de « Bataillon ». — Troubles 
d'octobre. — Installation des oocrs publics. — Les ecoles primaires. — Lbs 
elections xumcipales. — Les ateliers de secours. — Les evenementsde Lton. 

— Sicalon, chevalier. — Mobt de Trelis, membrb de l'academie DU CARD. 



. Les commencements de la Monarchic deJuillet eurent dans toutela 
France des difficult^ plus ou moins considerables k vaincre. Le 
pays 6tait frlmissant, au lendemain de cette secousse formidable qui 
avait emport£ une monarchic, en somrae lib£rale, et dont le drapeau 
vainqueur flottait sur les cdtes de l'Afrique. La monarchic legitime 
disparaissait au moment oil Chateaubriand n£gociait avec la Bussie 
l'agrandisseraent de la France jusqu'a sa frontiere naturelle du Rhin. 
L'lmeute parisienne, qui avait- eu si facilement raison du drapeau 
blanc etlui avait substituele drapeau tricolore, n'avait pas immediate- 
ment rencontr£ dans la province l'accueil favorable quelle croyait 
pouvoir esp^rer. D'un autre cdt6, les puissances 6trang£res, surtoutla 
Russie, ne sepressaient pas de reconnattre le nouvel £tat de choses 6tabli 
par la Revolution de Juillet. Les passions politique* et religieuses 
6taient partout en effervescence (1). 

• (i) « Les motifs lea plus divers, slricux ct frivoles, un anniversairo revolution nitre, 
no brait de jonrnaux, un arbre de 'a liberie I planter, one pretention do marcbands po- 



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Ift MBTOIRE M NIMBB 

Bo parcourant les dernt&res pages de l'ouvrftge qui,prfe6dant celui-ci, 
le relie k la considerable compilation de notre corapatriote M6nard, 
on peut voir que les derniers jours de 1830 farent, un peu comme 
partout, agit£s par des convulsions dangereuses dans notre dt6. 
Nimes pr&entait alors le spectacle de bien d'autres yilles, et Ton 
pent, it bon droit, s'6tonner qu'elle n 9 ait pas, & certaines heures diffi- 
dies, donng k l'autoritg du jour un travail plus considerable, el exig6 
une atten tion pluft soutenue . 

Qu'&ait, du reste, l*autorit6 en ce temps difficile f A peine affermie, 
flottante, h&itante, cocaine gtaient flottante et hlsitants les conseils 
6ph6m&res du gouvernement, l'autorit£ . n'agissait que contrainte et 
forcfie. 

Dans un pays comme le nAtre, une telle indecision pouvait dtre 
fatale, et il a fallu la sagesse et la reserve d*un grand nombre pour 
que nousn'ayons pas k dgplorer de grands malheurs. L f esprit patriQ- 
tique des habitants de Nimes, esprit qui, k maintes 6poques de notre 
histoife, s'affirma hautement, a 6t6 la sauvegarde de la s6curit£ pu- 
blique plus encore que le pouvoir qui en avait la garde. Nous en 
verrons plus loin des exemples qui mgritent d'etre conserves. 

ffestdansces conditions que s'ouvrentles premiers jours de l'annte 
1831, qui sera la premiere decetteoeuvrehistorique. 

Un pouvoir k peine assis, des minist&res chancelants, faits et d£faits 
en un tour de main, des armements k nos fronti&res, l'incertitude de 
l'avenir, des passions mises en Iveil, surexcit£es et contenues k grand 
peine, tout se trouve r6uni qui jette le trouble dans les esprits les mieux 
6quilibr6s. 

Aussi des mouvements avaient-ils 6clat£ $& et la et Nimes n'avait-elle 
pas&6 it Tabid de toute agitation. Le d£partenient 6tait dans le m6me 

pnlaircs, one qncrelle devant la porle d'un cafe* sufficient pour amasscr et passionner 
la foule; ct ellc trouvait partout des points de reunion, des foyers dlrritation, des 

moyens de divertitsement 

........ des bandes se promenaient jonr ct nnit en criant c Vic* la RipulAique ». 

ijnand la repression de ees d&ordres commenvait, clle rencontrait prcsque toujours 
nne resistance dans laqnelle rautorite* municipale et la garde nationale n'llaient gnere 
pins respecters que les agents de police et les soldats ; et quand, nn jonr on snr nn 
point, l'emeute avait 6U reprimee, elle se portait ailleurs et rccommencait le len- 
demaia. * 

• EUeelait incessamment provoquec, encouragle, ranime> par de nardls patrons. 

• Les ententes et les soctetes popnlaires de 1S3I <taicnt autre chose encore quo de 
ranarcbio'; elles coavaient et prtparaient la gnerre civile.* M4moir$$ poor senrir I 
PBiitom de mon tempi. Gnizot, t. in pages I9S, 199, 200, 



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* . :i:(Viv;*:r;v 



HISTOIRE 



OB LI 



VILLE DE NIMES 



CHAPITRE PREMIER 



SOMMAIRE 

Cocp d'ceil svn l'etatdb pats au commencement de 4831. — IIescbes de polks. — 
Affaires de j an vie*. — Renvebsement des cboix de mission. — L'empbckt 

NATIONAL DE 120 MILLIONS — LA LOl SUB LA CABDE NATIONALS. — CbOIX DE JCILLET. 

— Saint- simonisme et focbiebismb. — Le jet de « Balaillon •. — Tbocblbs 
d'octobbe. — Installation des cocrs publics. — Les ecoles pbimaibes. — Lb* 
elections mcnicipales. — Les ateuebs de sEcorBS. — Les evenbmentsde Ltoji. 

— SlGALON, CHEVALIEB. — MOBT DE TBELIS, MEMBBB DE l'ACADEMIE DC CAB*. 



Les commencements de la Monarchic deJuillet eurent dans toutela 
France des difficulty pins on moins considerables k vaincre. Lie 
pays 6tait fr6missant, an lendemain de cette secousse formidable qui 
avait emport6 une monarchic, en somme liWrale, et dont le drapeau 
yainqueur flottait sur les cdtes de TAfrique. La monarchic legitime 
disparaissait au moment ou Chateaubriand n£gociait avec la Russia 
l'agrandissement de la France jusqu'a sa frontiere naturelle du Rhin. 
L*£meute parisienne , qui avait eu si facilement raison du drapeau 
blanc etlui avait substitute drapeau tricolore, n'avait pas immediate* 
ment rencontr£ dans la province 1'accueil favorable qu'elle croyait 
pouvoir esp^rer. D'un autre cM6, les puissances Itrang&res, surtoutla 
Russie, ne se pressaient pas de reconnaltre le nouvel £tat de choses 6tabU 
par la Revolution de Juillet. Les passions politiques et religieuses 
6taient partout en effervescence (lj. 

(i) t Les motifs les plus divers, slrieax et friroles, no aoniversBire rftotatioanaire, 
an l>raii de jonrnaax, no arbre de *a liberie I plaoter, one pretention de marebands po- 



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« HBTOU H HOW 

Bd parcourant les dernitoes pages de Fouyrage qui,pr6c£dant celui-ci f 
le relie a la considerable compilation de notre coropatriote M6naxd, 
on peat voir que les derniers jours de 1830 furent, un peu oomme 
partout, agit£s par des convulsions dangereuses dans notre cite. 
Nimes pr&entait alors le spectacle de bien d'autres yilles, et Ton 
pent, it bon droit, s'&onner qu'dle n'ait pas, a certaines heures diffi- 
dies, dono£ k l*autorit6 du jour un travail plus considerable, et exig6 
une attention plus soutenue. 

Qu'&ait, du reste, l'autorit6 en oe temps difficile T A peine affermie, 
flottante, hlsitante, oomme Itaient flottants et hgsitants les cooseils 
6ph6m&res du gouvernement, l*aQtorit6 n'agissait que contrainte et 
forc6e. 

Dans un pays comma le ndtre, une telle indecision pouvait dtre 
fatale, et il a fallu la sagesse et la r&erve d*un grand nombre pour 
que nousn'ayons pas k d£plorarde grands malheurs. L'esprit patrio- 
tique des habitants de Nimes, esprit qui, k maintes 6poques de notre- 
histoire, s'affirma hautement, a 6t6 la sauvegarde de la s£curit£ pu- 
blique plus encore que le pouvoir qui en avait la garde. Nous en 
verrons plus loin des exemples qui mlritent d'etre conserves. 

C'estdansces conditions que s*ouvrent1es premiers jours de l'annte 
1831, qui sera la premiere decette ceuvre historique. 

Un pouvoir k peine assis, des minist&res chancelants, faits et dgfaits 
en un tour de main, des armements k nos fronti&res, l'incertitude de > 
l'avenir, des passions mises en Iveil, surexcit£es et contenues k grand " 
peine, tout se trouve r£uni qui jette le trouble dans les esprits les mieux 
6quilibr6s« 

Aussi des mouvements avaient-ils &lat6 ^ et la et Nimes n'avait-elle 
pas 6t6 li Tabid de toute agitation. Le d£partement 6tait dans le rafime 

pulaires, one querelle devant la porte dun cafe sufficient pour amasscr et passionner 
la foule; ct die troovait partovi dies points de reunion, des foyers d'irritaUon, des 

moyens de divertissement 

• des bandes se promenaieat joar el nuit en criantc Yiv* la RdpuUique*. 

Quand la repression de ccs dlsordies coaunenvait, clle rcncontralt prcsque toujour* - 
une resistance dans laquclle l*autorit< munieipale et la garde nationale n'ltaient guere 
plus respectees que les agents de police el les soldats ; et quand, un jour ou sur un 
point, ftmeute avait 616 rtprimee, elle se portal! ailleurs et rccommen$ait le len- 
demain. 

• Ellettait ineessamment provoqulc, eaeouragee, ranime> par de bardis patrons. 

• Les ententes et les socttte* popalaires de 1S31 gtaicnt autre chose encore que do - 
ranarchie"; elles couvaient et preparaieal la guerre civile.* Mmoir$$ pour tervir I 
PHtitotn d$ mom temp$. Guiiot, I. m. pages I9S, 199, 2M, 



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ANNftB IS3I It :": ■: s f 

6tat»etpourcouper court aux Agitations du chef-lied, il avait fallu 
recourir aux mesures exceptionnelles de police, et renforcer les troupes 
de la garnison. Legouvernement existant allai terser partout ce qui a 
6t6 sa caracteristique pendant les dix-huit ans qu'il a g6r6 les affaires 
de la France. 

On rlorganisait la Garde Nationale 9 les baionneUe* tntclligente* i 
comme on disait alors ; sans doute, la garde nationale a exists ayant 
et apr&s la royautg do juillet, mais, sous cette derni&re monarchic, elle 
avait une autorit£ et un ascendant moral que se plaisaient k lui w 
connaltre les fonctionnaires de F6poque. 

Tous les citoyens se faisaient un devoir, un honneur mftme d'fttre 
incorpor£s dans les rangs de oette milice. Chacun y Upportait son 
contingent de zfcle et ceux que l'ige ou la sant£ empecbatoilt d'endosser 
Funiforme, cherchaient par tous les moyens it concodrir au service [ 

national. 

Par unelettre dat£e du 15 Janvier 1831, M. Plril, directeur de 
FEcole de dessin et conservateur du musfo de Nimes, oflre k la villa 
d 9 exercer graiuitemenl les fonctions de cette dernifere place, € voulant 
du moins, dit-il, payer de son d£sint£ressement puisqu'il ne pent payer 
de sa personne dans le service national. » 

tf&ait ainsi qu 9 on comprenait k l'6poque cette institution k la fois 
civile et militaire que le gdngral Lafayette appelait « le sublime mou- 
vement de la France arm£e. » Ce que dans sa derni&re lettre aux Gardes 
national es du royaume, le mdme g£n&al disait Gtre € Fimmense orga- 
nisation protectrice de la liberty et de Fordre public, et d'od peuvent 
s'&ancer des ceutaines de millecombattants pour la defense du terri- 
toire et Findgpendance de la France, i Un tel rile ne pouvait que flatter 
extrtmement lesnouveaux miliciens, et t nous pouvons le dire,ils ont 
contribul k Nimes, sauf de rares exceptions, k sauvegardar Fordre rf 

public et it assurer la s£curit6 dela villa. 

Cette slcuritt, nous Favons dit, ttait fr£quemment mise en danger * 
et Fordre public trts souvent menac6. Les mativaises passions, aur- 
excit^es par la misfere ou le manque de travail 6taient des instigatrices 
toutes naturelles. On criabien, le 3 Janvier 1831, des ateliers de secours, 
sortes de chantiers municipaux pour employer les bras inoccupSs. II 
n'est pas sans intgrit de consigner id le salaire accord^ k cesouvriers. 
Nous trouvons dans la proclamation de M. de ChastelUer, alors maire 
de la ville que € le prix desjourntessera de mi franc, de eoixante centime*, 
et d6 quarante centime* , selon la force etl'Age des indiridus admit au 
travail'* 



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U HISTOIRB DB NTMES 

Malgr6 cette precaution, dfes le H janvier t un arr6t6 municipal or- 
donoait la fermeture des cates Seguin, Ripert et Chabalier et des 
soci&6s royalistes qui en dependent. Cos trois cafgs gtaient sur le 
boulevard de l'Esplanade. La cause de cette mesure s6v&re 6tait une 
rixe qui avait eu lieu devant ces cafds I'avant-veille, rixe au cours de\ 
laquelle un garde national fut 9 disait-on, insult^ par quelques bommes 
r&inis en groupe et essuya le feu d'un coup de pistolet qui ne l'atteignit . 
pas. Pour assurer l'ord re, le maire croyait le 21 du m6me mois devoir 
prendre un nouvel arrets defendant de parcourir, tant de jour que de 
nuit, les rues, places et promenades publiques en travestissement, d4- 
guisemeritou mascarade, soit en trzupe, soit individuelUment. 

De telles mesures rSvfclent les inquietudes de l'autoritg et T6tat pr6- 
caire dans lequel se trouvaient les affaires du pays. II ne sepassait pas 
de jours'qui ne soient marques par une agitation qui prenait que)- 
quefois un caract&re alarm ant. Ainsi, le lundi 21 tevrier 1831, quelques 
individus, apr&s avoir d&ruit des bustes descbefs de l'ancienne famille 
royale, qui se trouvaient au Palais de Justice, se rendirent au s£minaire, 
demandant les insignes et flours de lys qui pouvaient exister dans cet 
Edifice. Le lendemain, des bruits sinistra* se propageaient dans la ville ; 
on an n on ^a it de nouvelles gmeutes, on disait que Ton voulait ran-, 
verser les croix etc., etc. Ce mouvement populaire et dont l'origine est 
Ividente ne faisait que devancer une decision officielle et souverai- 
nement malbeureuse. / 

Ces croix, que des individus mena^aient de jeter bas 9 6taient dans la 
ville au norabre de cinq. Une sur la place de la Madeleine, une autre 
adossto contre le mur de facade de l'lglise Saint-Charles, une autre sur la 
place de la Belle-Croix, une autre place des Cannes et une autre sur 
l'Esplanade. Bst-ce k dire, com me le dit M. A. Chaper, prgfet du Gard, 
dans sa proclamation du 11 mars 1831, que € tous les citoyens avaient 
compris que l'existence de ces croix isolSes pouvait amener les plus 
graves d£sordres et qu'elles etaient un objet d'inqui&ude T t II est 
profondement regrettable que le gouvernement se soit laissl alter & 
faire disparaitre de lui-meme de la voie publique, un emblftmere- 
ligieux, ventre de la chi£tient6 tout enti&re* quelle que soit la confession 
ou le rite. C'6tait ob&r k des excitations antireligieuses k des baines 
d'atble, qui malbeureusement dans les jours difficiles ne negligent 
rien pour se faire jour. 

Cest ainsi que le 15 tevrier, k Paris, prenant pr6texte qu'un service 
fun&bre se clllbrait k Saint-Germain l'Auxerrois, en mlmoire du ducde 
Berry, une foule 6gar6e pfo&ra de yive force dans l'lglise qu'elle 



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ANNfeB IS31 15 



saccagea etd£pouillade tousles objets religieux, se porta ensuite sup 
l'6glise de l'Assomption, rue Saint-Honor6, et se rua en fin sur I'arche- 
v6ch6 qu'elle mitau pillage jetant k la riviere les meubles, boiseries et 
tout co qui gamissait les appartements . 

II est p£nible de voir les repr&entanis de l*autorit6 ob&r eo quelque 
sorte k ces audacieuses et sacrileges injonctions et porter la main sur le 
di via sign e de la redemption. 

C'est le 1 2 etle 14 fevrier que fut consomm£ cet attentat, anti-liberal. 
On roanda des ouvriers mineurs de Montpellier pour l'exlcuter. Un * 
grand appareil militaire fut d<*ploy£ k cette occasion. Les dehors de la * 

ville, toutes les issues des rues voisines de ces monu ments, 61ev6s par la 
pi6t£ des fiddles, 6taient gardes par le 35* de ligne, un bataillon du . 

48% la gendarmerie, un escadron de lanciers, et 300 chasseurs venus [ 

de Tarascon, plus une compagnie de mineurs du 32*. Dans la journta du 
12, on arracha les croix de Saint-Charles et de Saint- Paul, et les trois s 

autres,lesurlendemain. * ' : 

Ces emblemes de la religion furent d6pos& dans l'lglise de chaque 
paroisse, od les fiddles se rendirent en foule pour adresser au ciel des 
priferes fervente3. Nous remarquerons que, 'dans cette circonstance, 
toute la garde nationale ne parut pas sous les armes, etqu'un grand 
nombre ne voulutpas accepter d'etre le complice d'une profanation . 
sans utility et d'un acteirr&igieux. 

On ne peut que dSplorer de tels attentats qui pouvaient amener les 
plus terribleset les plus graves malheurs. 

Dans la rue Saint-Castor, I'gveque, Monseigneur de Ghaffoy fat, k son 
passage, couchg en joue par un malbeureux du nom de Brignolles, et 
un crime 6pouvantabIe ne fut £pargn£ que gr&ce k la presence d'esprit 
du capitaine Payan. Sur la place des Cannes, la Garde Nationale fit .. \ : 

usage de ses armes et plusieurs furent frappls : la nomm£e Delphine 
Sallin re?ut deux balles qui n&essit&rent l'amputation du bras. La 
veuve Brun fut atteinte de deux balles k la cuisse gauche. Gaspard 
Gramidon fut frapp£ d'une balle k la tempo gauche. Une nomra^e 
Durand, dite Bigattan, re$ut une balle dans le bras droit. 

Tronc Cettier, Baptiste Fajon, Chevallier, Jean B4ringuier , Jean 
Cabane, Simon Bey, furent attaints de plusieurs coups de baionnette. 

A c6t6 de ces seines de d&sordre, de cette explosion d'ath&sme qui 
report presque les encouragements officiels par peurplns que par con- 
viction, il est assez consolant de noter les t&noigriages de patriotisme, 
qui trouvent, dans notre pays, l'6cho qu'on pouvait Stre assur6 d'y ren- 
contrer • Au lpndemain de la revolution de juillet, un souffle de guerre 



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» - . 



II H1STCMRB DKNME8 

avait coum en Europe, et la France comma set voisinesne cessait 
d'armer. On craignait pour l'ind6pendance nationale, et la pear 
d'une invasion gtrangtee hantaittoos les esprits. Ausai let gazettes da 
temps mentionnent-elles, k chaqne instant, les prgparatifs militaires 
qui d 9 nn bout k l'autre de la France se font ostensiblement sur les 
frontiferes du Nord et de FEst, comme aussi k Toulon. 

On sait que oes derniers avaient l'Alg6rie pour objectif, car la Mo- 
narchic de Juillet avait, de cec6t£, trouv61a conqudte faite si glorieu- 
sement aux derniers jours de la Restauration et elle se hitait de 
laconsolider. Mais sur les fronti&res du Nord, k Lille et k Valenciennes 
iln'en 6 1 ait pas de mfime. Au miniature de la guerre on d£ployait una 
activity fi^vreuse, et it la fin du mois de mars de cette annte fl n'y avait 
pas moins de quatre armies prates k entrer en campagne si l'honneur 
national le demandait. La fibre patriotique vibrait du Sud au Nord et 
de nombreux examples que nouspourrons citer montrent que dans tou- 
tesles classes de la soci&6, on tenait k faire son offrandesur l'autel de 
la patria. L'autoritt, non-sau lament pour encourager ces manifestations, 
mais encore pour crier un d6rivatif aux ardeurs des luttes intestines, 
encourageait ces actes civiques, et le prifet du Gard ne craignait 
pas da les porter &laconnaissancedu public (i). 

Patler patriotisme k Nimes, lui faire entrevoir Fennemi foulant 
le sol national, devait infailliblement provoquer un noble enthousiasme 
chez nos ccmcitoyens. ' . / 

CT6tait aujourd'hui le coramissaire de police,. M. Gay f qui prenait 
1'engagement de laisser 5 francs par mois k la nouvelle du premier 
coup de canon que Fennemi tirerait sur la frontifere ; c'ltaient un peu 
plus tard, deux conseillers de prefecture, MM. Numa Baragnon (p&re) 



(I) Void lalelire que M. de Chsper tcriYait le 35 mars: 

A Moneiear le Rtfaetenr da Journal du Gari. 
Monsiear, 
J'ai Phoanear de vona faire pari d*sa trait de patriotiame aoqod yous jngerez, aane 
doole, convenable de donner de la pablidtf. 

M. Henri Lafont, negotiant a Alaia, el major de la garde national* de eette Tifle, a 
pria reogagemcnl de terser una aomme de S00 fr. dana lea coffrea de ratal an pre- 
mier coop de canon ttre" anr la fronttere, et tor la premifcre requisition qui Ini en aera 
faite. Ua Id engagement fail le plus grand honnear i If. Lafont, el nitrite de fignrcr 
parmi lea Iraita aana sombre de ddvonement a la caaae nationale qui ont illnstr* notre 
dernier* rerolaUon # 
Reeerei, 

Le prtfet da Gard, A. Cium, 



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1 



ANNfeB 4831 .; 47 

et Parades de Daunant qui sacrifiaient dans le mdroe bat une partie de 
leur traitemeut. 

Oependant le gouvernement cbercbait it rggulariser ces offrande* 
nationales, et dans ce but aVait d£cid6 an emprunt national de 
120 millions. La souscription it cet emprunt fut accueillie dans notre 
ville avecun admirable empressement. Elles'ouvrit chezM. Vincent 
Devillas et neveuet ne tarda pas k atteindreun chiffre considerable. 
La premi&re liste s'61evait it 262,500 francs. En pea de temps, les 
souscriptions atteignirent une somme 6norme; 

Pour ajouter k cette surexcitation nouvelie des esprit*, le pr6fei 
faisait une totirnte dans le d6partement et remettait k quelques gar- 
des nationales le drapeau tricolore. Le 10 avril, il 6tait k Saint-Hippo* 
lyte et le 1 1 , au Vigan ; et k Paris on prgparait tout pour que le 1- mai, 
jour de la fete du Roi, Sa Majesty pAt distribuer aux regiments presents 
les drapeaux et 6tendards nouveaux. II n'est pas inutile de rappeler 
que la nouvelie loi sur la Garde nationale, qui ne comprenait ' 
pas moins de 161 articles, vot£e par la Chambre le 24 tevrier 6tait 
promulgute le 25 mars, en m6me temps que la loi municipals. Je 
crois bon de Consigner ici, fort rapidement du reste, quelques indica- 
tions au sujet de l'application de la loi. L'article9fixait, en particulier, 
que tous les Frangais devaient le service it la Nation de vingt k 
soixante ans : La loi de 1791 disait depuis dix-huit ans, et celle de 1795 
depuis seize ans. Mais le s£natus-consulte du 24 septembre 1805, les 
d£crets du 12 novembre et 5 avril 1813, ainsi que l'ordonnancede 1816, 
avaient ramen6 it vingt ans rage du recrutement de cette milice. . 
Oependant, aucune des lois organiques pr6cit£es a'avait regu une 
application rigou reuse. On.s'occupait alors dans toutes les communes 
de dresser les tableaux de recensement, et les calculs les plus 616- 
mentaires tf.ndaient it donner ainsi it la France, deduction faite de 
l'armle ac v ve au complet et des autres corps soldH ouvriers et 
employes de radministration organises militairement, 7,1 14,100 sol- 
dats, sauf les cas d'exemption legale, les dispenses et lesempftchements 
legitimes. On arrivait ainsi k obtenir un effectif pour chaque commune 
d'environ soixante-sept hommes pour trois cents habitants. • • 

La Monarchie de Juillet, en publiant ces deux lois fondamentales 
dans l'ordre civil et militaire tendait 4 s'affermir par tous les moyens. 
Des ordres 6taient don n 4s pour faire disparaltre les fleurs de lys , 
partoutod on pouvaitle faire sans d6grader les monuments publics. Le 
sceau de l'Etat devait 6tre modifte et une ordonnance royale portait 
que € it 1'avenir le sceau de l'Etat reprlsentera un livre, portent ces 



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It HIST01BB DB NINES 

mots : CharU de 1830, surmont6 de la couronne fermto, avec le sceptre, 
et la main de justice en sautoir et des drapeaux tricolores derri&re 
l'&usson. » De m6me, one ordoonance da 13 mars 1831, donne le detail 
de la m6daille 9 ditede Juillet, qui devait representor un coq gaulois, 
entourl d'une couronne de chftne, avec cette inscription: t A ie$ 
dtfenseurs, la Palrie reconnaissante » et, an revers, trois couronnes de 
laurier entrelac&s, avec cette tegende 1 87, 28, 29 Juillet 1880 9 Palrie , 
Liberie » et pour exergue ces mots : t Donni par le Roi des Frangais. » 

Toutes ces mesures d'ordre int£rieur et faites pour donner satisfac- 
tion k de conpables pens^es on a de pu£riles demandes n'assuraient 
pas Tordre public . Malgrg le minist&re du 13 mars, it la tSte duqnel 
&ait Casimir PSrier (I) t malgri les termes Inergiques de sa cir- 
culaire et de sa declaration anx Chambres, le pays restait fi&vreux et 
incertain. Le saint-uimonisme etle fourilrisme, depuis longtemps en 
travail, firent leur bruyante apparition. Le journal le Globe, sorti 
depuis quelque temps des mains des doctrinaires se transformait en 
chaire saint-simonienne. Victor Considlrant, habile officier du g6nie 9 
se faisait l'apdtre de la doctrine fourilriste. Ces maximes insens&s, 
d£bit6es avec aplomb et assurance, sous le couvert d'un apostolat d'un 
nouvean genre, ne faisaient qn'aggraver dans les masses populaires la 
perturbation anarchique, en y fomentant les instincts qui livrent 
rhomme it la soif jalouse du bien-etre materiel et k l'lgoisme de ses 
passions. ! / 

L'orage grondait et les moins perspicaces commeles plus pr6venus 
sentaient vaciller Tordre social sous le souffle r£volutionnaire. Le pre- 
mier ministre d'alors, celui qui pendant un an incarna la royautl de 
juillet et en fut le pivot jusqu'au jour oh le cholera l'emporta, Casimir 
P4rier f l'&rivait le29juin 1831 it un de nos compatriotes, Guizot, qui 
dfcs les premiers pas de la monarchic constitutionnelle avait 6\6 appel6 
au minist&re de l'int&rieur et qui k son tour rfouma si longtemps toute 
la politique du regime de 1830. Cette page inqui&te de rhomme d'Etat* 
qui tenait la base du gouverneraent, peint &oquemment la situation 
de la France entiire. 

' t L'Etat g^n^ral des esprits me prfoccnpe : je les ai vus s'alt&rer, se 
giter rapidement depuis nn mois. Ce pays-ci est devenn mteonnais* 



(1) t Ce fiit It part de mauvaise fortnne de ce grand dtoyen (Wrier; qn'emport* par 
I'vrgence de la r&Utance mattrielle, II fat ea mime tempt entrain*, en matitre dlaa- 
titoUona el de loia politiques, I de ftchenaee conception*. (Guizot, Hist, de mon tempe, 
i. 0,p.23O> 



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ANNfiE 1831 *• 

sable si je le compare k oe qu'il m'a para an commencement de mai. 
II y avait alow de 1' amelioration, non pas snr le mois d'octobre dernier, 
mais sur ce que le pays avaft dA 6tre de fiSvrier en avril. Aujourd'hui f 
c'est un melange d'iritation et de d£couragement, de crainte et de 
besoin de mouvement ; c'est une maladie d'imagination qui ne pent se 
motiver, ni se traduira, mais qui me paratt grave. Lea esprits me 
semblent tout k fait it l'ltat rgvolutionnaira, en ce sens qu'ils aspirant 
k un changement, k une crise 9 qu'ils l'attendent, qu'ils l'appellent, 
sans qu'aucun puisse dire pourquoi. Paris me semble ralliS k un senti- . 
ment 6nergique de resistance ; mais let dipartements n'en toni paint Ih. 
« Je suis persuade qu'une guerre serait utile, bien entendn si on par- 
venait s\ la limiter. La France est. pour le moment, dans le genre sen- 
timental., bien plus que dans le genre rationnel. » 

Nimes, il faut le reconnailre, n'6tait pas atteinte de ce mal g6n£ral 
it un si haut degr£ que certaines villas, telles que Lyon par exemple ; 
les id£es communistes n'y trouvaient qu'un nombre restraint d'adeptes, 
et les agitateurs n'y tenaient pas le haut du pav6 ; cependant des di- 
visions funestes allaient s'envenimant, et se traduisant par des actes 
de violence, d'abord clair-sem£s, puis g6n6ralis£s et aboutissant k 
une explosion regrettable. 

Des le 17mai, le maire interdisait dans an arrets de former des . 
attroupements, de se battra et de se jeter des pierres sur le» prome- 
nades, boulevards, sur les places, dans les rues. D'abord, liniit&s it des 
enfants, ces rixes que le public connaissait sous le nom de balailU, 
devinrant le fait des grandes personnel On s'injuriait, on se mena- 
(aitet on en arrivait finalement au coup. Ce fut dans le courant de 
juillet que se produisit I'lmeute qu'on sentait grander sourdement 
dans le peuple. Les abords de l'lglise Saint-Charles furant le th£Atre 
particulier des rixes graves que la force armte rgprima difficilement. 
L'autorit6 multipliait vainement ses arr6t£s ; elle 6tait impuissante 
devant ces esprits irrit£s et violemment surexcitGs. Les mesures de 
police les plus 6troites 6taient pourtant prises, les rassemblementa 
quelconques interdits. Les cafSs, cercles de lecture on autres, les caba- 
rets menaces de fermetura au moindre soupgon. Les individus qui 
par paroles, gestes on demonstrations quelconques trahissaient des 
intentions hostiles, arr£t6s. Les chants sur la voie publique, interdits. 
II ne fallait rien moins que ces mesures draconiennes et leur applica- 
tion rigourause pour ramener l'ordra dans la rue. - 

Singuli&ra 6poque, en v£rit6, oil Ton se telicitait de deux mois do 
tranquillity comma d'una chose invraisemblabl^et combien deparefli 



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*■ "T -* 






HISTOIRB DB NIMES 



'JL 



6v6nements sont faits pour nous Itonner biea que nous ne soyions 
qu'it qnelques anntes d'intervalle. C'est pendant une de ces accalmies 
qu'eut lieu, le 3 septembre, au ftf u$6e, la distribution des prix del'teole 
de dessin, que les 6v£oements de l'ann£e pr£c£dente avaient retarded 
et emptehte. It 7 eut & cette occasion une petite exposition de tableaux 
au Mus6e, parmi lesquels on distingua une toile de M. P6ri6 # direc- 
teur de i f £cole. t La composition, dit un compte rendu du temps, en 
est originate : des groupes de lutteurs, vus en bas d'un arceau des 
Air&nes, sont au premier plan et attendent leur tour pour faire usage 
de leurs forces musculaires* Le fond reprfoente une foule innombrable 
de spectateurs places sur les grading du monument (l). » A cette mdme 
exposition se remarquaient trois portraits de M. Numa Boucoiran 9 un 
tableau de M. Brouzet afn6, de Beaucaire. Ges deux artistes, dont Tun 
est restS tr&s-connu it Nimes, comptaient dans l'6cole mlridionale. 

Combien il est regrettable de le dire et de le con stater. Cette appa- . 
rence de tranquillity n'6tait que momentante et bientdt des orages 
nouveaux s'amassaient jetant le d6sordre et la rSvolte dans la rue* 

On sait avec quelle ardeur, avec quelle sollicitude les esprits fran- 
$ais d'alors suivaient les 6v&nements de Pologne. Un soulfevement 
polonais, luttant pour l'indlpendance nationale, avait entrepris sur la 
Vistule, de lutter contre le colosse russe. Cf£tait k trds peu pr&s le der- 
nier effort de la vieille nation catholique. Elle avait r£ussi k mettre 
sur pied, au prix d'gnormes sacrifices, soixante millcf hommes et deux 
cents pieces de canon. Le mar6chal Paski&wistch, commandant des 
forces russes, marchait k la tote de troupes bien plus considerables. La 
France suivait, fr£missante, cette iev6e de boucliers et ne cachait nulle- 
ment sasympathie pour la fifcre et audacieuse nation polonaise . 

Aussiquand arriv&rent it Paris, les d£sastre'uses nouvelles qui mon- 
traient les Russes vainqueurs, maltres absolus del'infortunge Varsovie, 
des rassemblements se formerent-ils tumultueux et mena$ants. Les 
boulevards Bonne-Nouvelle et Saint-Denis furent le premier thd&tre 
d'une manifestation hostile au.minist&re et k l'ambassade deEussie. 
Ces attroupements prirent, le lendemain 18 septembre, un caract&re 
de plus en plus alarm ant. Les boutiques d'armuriers furent pilltes, et 
une 6chauffour6e sanglantese produisit $ntre la multitude et la force 
armte. Le 19 septembre, les m&mes scenes de dlsordre se reproduisirent 
et les rassemblements ne furent dissipls qu'avec la plus grande peine, 
Enfin, le 20 septembre k midi, le ministre de finttrieur t£16graphiait 

(1) Journal dm Gard, 16* annle, n* 71, p. Ml* 



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ANNfcB 1834 S4 

au prlfet da Gard. € Le* agitations des jours prlddents ont compl&te- 
ment cess£. Paris est traoquille. » Mais si la capitale recouvrait, ad 
prix des plus grands efforts, son apparence habituelle, la province allait 
etre secou£e k son tour* Ge fut heureusement, pour Nimes, pea de 
chose. Le9 octobre entrehaitet neuf heures da soir 9 an groupede jea- 
nes gens se promenait en chantant sur les boulevards; cette manifes- 
tation d'abord paisible et joyeuse prit 9 it la suite de nous ne savons 
quelle provocation, un caract£re s£ditieux. Des pierres furent lan- 
c6es sur quelques maisons, en particulier aux abords du th^itre, et il 
fall at recourir k des piquets d'infanterie pour r&ablir la tranquillity. 
Le 1 6 octobre, encore uu dimanche, de huit k neu( heures du soir 9 un 
groupe de chanteurs se pr6senta sur le Petit-Cours, et fut accueilli par 
des pierres lanctes des rues quiservent de d6bouch&aux Bourgades. II 
est impossible de nier queces pierres ne volerent pas toutes seuleset 
que la respons ability de ces seines lumulUu is retombe toute sur ces 
provocateurs qui venaieot ainsi poursuivre de leurs couplets s£ditieux 
la population catholique. Bien que la troupe ait r6ussi k raettre un pen 
d'accord entre les partis, ceux-ci recommencferentlelendemain. On en- 
leva le drapeau du cafgd'Aurillon, maison Mathieu-Tansaid, et lapolice 
essaya de mettre la main sur quelques perturbateurs sans y r£ussir . Le , 
8oir 9 mdmes provocations et mfeme tumulte. La police correctionnelle 
arrdta 14 cette effervescence qui pouvait devenir beaucoup plus grave. 
Lelundi 3 octobre commenc&rent les Elections des officiers do la 
garde national e ; elles se continu&rent toute lasemaine. Dix-huit com- 
pagnies, formant trois bataillons, proc&l&rent k ce travail. 

On proc6dait en m£me temps aux Elections commuuales dans les 
communes du dlpartement. Quant it Niraes, ces Elections furent re* 
tardles parce que selonles prescriptions de la noavelle loi en vigaear 
da 20 mars 1&M 9 la ville devait fitre divista en neuf sections 61ectorales. 
Ce travail fait par le conseil municipal, dans la stance du22 juillet, ne 
fut pas jug6 assez d6tai!16, etil fallut une nouvelle stance du conseil 
pour r£unir de plus amples explications et les feire parvenir au ministre. 
Le 22 octobre, une ordonnance royale appelait M. Chaper, pr6fet du 
Gard k la prefecture de la CAte-d'Or, et nommait M. de Lacoste k 
Nimes, en son rem placement. M. de Lacoste, une ann£e auparavant 
avait occup£ la premiere magistrature du dlpartement, ai^lendemain 
de la revolution de juillet, et avait r&issi k rgprimer lestristes etd6- 
plorables Imeutes du mois d'aoAt 1830. En mfime temps le glnlral de 
Colbert 6tait mis k la tftte de la 9* division militaire dont le quartier 
ggnlral restait provisoirement k Nimes. 



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n HISTOIRB DB NMES 

II a'est pas sans int£rtt do faire connaltre que, gr&ce aux soins de 
1L Chaper et it Tactivitd da recteur del'Acad6mie, M. Nicot, uades 
descendants d'un niraois da xvi* si&cle, le fameux importateur da 
tabac, et un des esprits chercbeurs de son gpoque, des cours publics - 
grttuits furent ou verts le 1 4 novembre de cette annle, pr6o£dant ainsi 
lafocult6 des lettres et sciences dontfut dot£e un peu plus tard notre 
vUle- Ces cours aveient lieu dans la maison Brisse, prfcs TEsplanade, 
celle oh se trouvent actuellement les dames de Saint-Maur. 

Les cours de sciences gtaient professes comrae il suit ; - 

Astronomie, M. Benjamin Valz. — Gtologie et Min6ralogie 9 
M. Plagnol — Agriculture et Botanique, M. Liotard. 

Les lettres occupaient trois chaires : celle de literature comparte, 
que professait M. S. Vincent ; — celle de philosophie, 6chue 1M. L 
Maurin, — et celle d'histoire, occup£e par M. Roux-Ferrand . 

Cette parenthtae sur Tinstruction publique nous conduit it parler de 
I'&atsommaire de Tinstruction k cette gpoque dans le d6partement du 
Gard. Au moment, oil cette brancbe des affaires publiques paralt 6tre 
Tobjet de la sollicitude de tous, il me paralt bon de faire un rappro- 
chement. J'aurais Toccasion de parler des budgets consacrls k Tins- 
traction sartout en ce qui touche notre ville,et les esprits pourront avec 
ces documents instructifs en tirer par eux-m£mes toutes consequences. 

La population ofBcielle du dgpartement 6tait &cdtte 6poque en tota- 
lity de 347 .554 habitants, divista comme suit : 

Arrondissem$nt de Nimes, 126.350 

— d'Alais, 74.936 

*- d'Uz&s, .' 81 .556 

— du Vigan, ....... 64.708 

Le tableau suivant nous fixera sur T6tat de Tinstruction, 



AffHHllfffHBffUl 


Commit* 


Poormes dlnst. 


Dtpoarrues 


ficotiera. 


Nimes. . . 


. . . 72 


70 


2 


4840 


Alais . . . 


, . . 91 


82 


29 


1973 


Uzfcs . . . 


. . . 98 


84 


H 


2730 


Le Vigan . 


. . . 81 


60 


21 


2468 


• 


~342 


"m 


66 


120H 



Le rapport des tt&tet frlquentant les taoles, k la population totale 
ttait done : 



■!•: 



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ANNtB 4t8| 



Dans rarrondissement de Nimes comma 1 est 4 26. . 

— d'Alais — 1 — 437. 

— / d'Uzfcs — 1 — 429. 

— duVigan — 1 — 426. 
II va sans dire que cette statistique ne s' applique qu'aux gallons/ 

On le voit, la situation des ecoles priraaires dans le Gard et particulift- 

rement dans rarrondissement de Nimes etait loin d'etre mauvaiae. An 

commencement de cette histoire , il etait bon de noter ce premier 

jalon qui nous permettra plus tard de sainement appr6cier les progrto . ■ 

fails dans les cinquante ann£es qui vontsuivre. * ' 

On remarquera que les derniers mois de cette ann6e 1831 , si trouble 
dans ses commencements, furent 4 peu prts tranquilles. Les elections 
de la garde nationale se terminferent sans trop d'agitation, bien que, 
au moment de la reorganisation, une partie de la population ait fait 
entendre quelques protestations contre 1 application de la loi da " 

22 mars 1831 • Aussi la Cour royale et le tribunal de premiere instance 
firent-ils leur rentree solennelle le plus paisiblement da monde. 
M. Gilles, avocat general, prononga le discours d'usage et le texte qu'il 
choisit [etait, on peut ledire, de circonstance : € de la necessity pour le 
magistrat de se defendre des passions politiques. » 

Cependant 1'ordonnaDce royale,divisant la ville en neuf sections flee- • • 
torales etait arrivte et le f r decembre devaient commencer les elections 
communales. Ces Elections devaient avoir leur importance. On a pa voir 
dans les pages qui pr£c&dent que le defaut de stability communale 
avait empdche dedoter la ville des ameliorations qu'ellereclamait ins- 
tamment. Les Imeutes, les jeux de la politique. I'incertitude de Tavenir 
avaient puissamment contribue 4 ce temps d'arrAt. Mais le gouver- 
nement s'affermissant, la vie municipale allait reprendre plus active 
que jamais. Du reste, un immense projet, qui nous paratt aujourd'hui . " ' 

bien simple, maw qui 4 l'lpoque se pr&entait avec Faiea de Fin- 
connu, allait occuper les ediles Nimois. II etait question d'un chemin 
de fer qui allant d'Alais 4 Beaucaire, traverserait Nimes et 9 mirabSe 
visu! un aqueduc devait amener, 4 la hauteur de la maison centrale, 
quatre fois plus d'eau que n 9 en produit la Fontaine pendant son 
niveau d'6t£. Ilestcurieux de voir les consequence que la generation 
d'alors comptait retirer de ces derniers projets. 

t Ainsi le combustible 4 bon marche, et des chutes <Teau ^pli^s qua 
suffisantes faciliteraient retablisseroent de nombreuses usines* ' * ! 

» Nos leintureries trouveraient dans nos mars tons les moyensde 
prosperite. 



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:~^V. 



I' ' 



U HISTOIRB DB N1MBS 

» Notre agriculture, joignant & la richessa du climat et du sol un 
abondant et facile arrosage, s'ltendraitet se d£relopperait »(!).> 

ff&aitle nouveau oonseil municipal qui allait avoir & r&oudre ces im- 
portantes questions. A celte 6poque lea Elections ne se faisaient pas le 
memejour. Elles dur&rent pour Nimes jusqu'au 17 d&embre en em- 
ployant les neuf jours impairs du commencement du mois. 

Dans le tableau suivant nous donnons 9 d'uhe part, la formation des 
sections llectorales, de l'autre le nombre des 61ecteurs, enfin le jour du 
scrutin pour chaque section llectorale. 



actions Atctonltt 


Sections wtaiaat 


Bcctew 




Dal* 






Ccaslialic* 


Adjolals 




tateratta 


1" Section 


9*eH2* 


189 


36 . 


1- 


decembre. 


2 .— 


6* 


159 


18 


3 


— . . 


3 - 


3* 4* et 5- 


157 


25 


5 


— . 


4 — 


11* 


197 


37 


7 


.— _ 


5 — 


\* 


123 


44 


9 


— 


6 - — " 


V .' 


191 


31 


11 


-■ — 


7 — 


2* 


70 


27 


13 


— — 


8 — 


!• 


137 


31 


.15 


•— 


9 — 


10* 


199 


31 , 


17 


— 



1422 ,243 

i 
Le nombre des conseillers fix6 par la loi 6tait de 36, soit de 4 con* 

seillers par sections glectorales. 

La composition dece premier conseil municipal de la monarchie 

de juillet, issu de ce suffrage restraint, m£rite d'etre connue* 

Aussi dans le tableau suivant ai-je donn£ les r&ultats par section 

Electorate. 

^Section. — MM. Girard, David Carcassonne , Louis Baron 9 

Mengin. 

2* — De Ghastelier Isidore, A brie ain£, Casimir 

Michel, Fontaines fils. 

3" — Vidal Pellet, Baron, ancien magistrat, 

Nourry fils, Alphonse Boyer. 

4" — CazeingAuguste,deDaunantain6,Hippolyte 

Havard, Benolt alni. 

5r — Fajon p6re, Theodore de Perrin, Jean 

Martin fils a!o6, Monoier dgg Taillades* 

(I) Co*rri$r du Gard it 14, 4- annfe, p. t. . 



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/ 



ANNtB 4 S3) tS 

& Section. — MM. Clerget Louis, B^chard Ferdinand, Curnier 

Pierre, Bonnaud Emile. 

7* — ' Delacorbi&re , Jean Ueboul, Deloche Louis, 

Cauzid-Gay. 

8* — Vincens Mourgoe, Andr6 Bergeron, Mon- 

tagnon, Casimir Jalaguier. 

9* — Philipe Mathieu, Jacques Gignan, Biachier 

aln£, Antoine Allot. 

Au point de Yue de la composition, le conseil comprenait : 

1 president de chambre, 1 ancien magistrat, 1 conseiller A laCour, 
5avocats, 1 avou£,2 mldecins, 6 proprtetaires, 17 negotiants oufa- 
bricants, 1 marchand forain, 1 boulanger. . 

La part des protestants 6tait plu* que large, ce qui ne saurait 6ton- 
ner avec des glecteurs censitaires. II y avait, en effet, dix-sept protes- 
tants, dix-huit catholiques et un juif. 

Les opinions politiques comptaient Vingt-quatre constitutionnels 
dont douze avancSs et douze modlrds. Ce gronpe politique compre- 
nait tout. le parti protestant, le conseiller juif, et six catholiques. II 
restait douze catholiques appartenant k l'opposition. 
• Tel sera le conseil qui va inaugurer sous le rfegne de Louis-Philippe 
les premiers travaux qui embelli rent Nimes. Nous donnerons ici, avec 
la plus grande impartiality, Id tableau exact de cequ'il a fait et de ce 
qu'il a pu nggliger de faire. 

En attendant, le prudent conseil, r6uni par M. de Chaslellier, 
maire, avait d£cid£ d'assurer des travaux k la classe pauvre pendant 
Thiver 1831-1832. 

Afin de se procurer les fonds n6cessaires pour alimenter ces travaux, 
le conseil d£cida qu'il serait ouvert un emprunt de 40,000 francs sur 
lesquels dix seraient pr£lev£s pour fttre prdt£s au Mont-de-Pi6t6« 
V emprunt 6tait offert aux citoyens, par actions de 500 francs, rem- 
boursables en trois ans. Les premiers travaux eflectuls commencd- 
rent sur les chemins du Pont des lies, du Pont de la Servie au chemin 
d 9 Aries, du Mas de Nages par le mas de Vignobles et de<36n£rac, avec 
leurs embranchements. 

Le nouveau conseil fut install^ par le Pr6fet, le vendredi 30 dteem- 
bre 1831 ♦ L'assembtee 6tait presque au complet, car il ne manquait 
que trois membres. Cette installation paisible, ces Elections tranquilles 
devaient surprendre 6trangement, alors que les furenrs de la guerre 
civile d£vastaient Lyon ; car pendant tout ce mois, la seconde ville de 
France s'6tait vue crudllement ballottee enlre les insurg6s et Tarmde. 



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zedbyGt)Ogfe 



II H1ST0IBB DB NIMB3 

Ausri le Prifet da Oard qui avait assists aux jours sombres do 1830 ne 
peut-il cacher sa satisfaction. La lettre qu'il adresse] aux maires da 
dlpartement, it la date da 22 dfcembre, le dit hau tern eat. 

« Vous avez sans doute remarqu6, comme moi, oombiea la situa- 
tion intellectaelle et morale du d£partement du Oard s'am&iore cha- 
que jour. Lyou s'^meut et Nimes reste calme. » 
If. de Lacoste oubliait Ividemmeot que la population de Nimes, 
j jalouse de sea liberty, de sou ind£pendance religieuse 9 de sa fervour 

j politique, marquait ainsi par ce ealme qui le coofond, qu'elle n'avait 

j aucuue accointance avec les theories communistes et socialistes qui 

d&olaient la population ouvri&re de Lyou. Froissez la pi&6 native du , 
I - . Nimois, persteutez ses esp6rances monarchiques, il protestera de toute 

la hauteur de sou indignation, mais il restera pour la plus graude 
part, sourd it ces excitations malsaines de la dlmagogie et de Fanar- 
chie. (Test bieu lit reuseiguement qu'il faut tirer de cette placidity 
j extraordinaire de Nimes, d'ordinaire pi impressionable, pendant que 

[ le canon faisait son ceuvre cruelle dans les rues, lyonnaises. Bt si 

' j'avais k chercher un autre t&noignage que l'optimisme spontan6 de 

M. de Lacoste, je le trouverai dansle document ci-joint, qui est un - 
extrait d'une lettre adresste par le Iieutenant-g6n6ral major, g6n£ral 
des troupes de Lyon au mar&hal de camp commandant la neuviftme 
division militaire. / < , 

€ M. le marshal, ministre de la guerre, a regu ce matin, mon cher 
g6n£ra), voire lettre du 2 de ce mois : il applaudit au bon esprit qu'ont 
manifesto les habitants de Nimes et me charge de vous en t£moigner 
particuliferement sa satisfaction. » (Lyon ce 4 dfcembre 1831). 

(Test bien 14, en effet, la caracttristique de notre ville et il ne me 
dgplatt pas, en cldturant ce premier chapitre et cette ann£e 1831. de 
faire cette constatation toute it Favantage de mes concitoyens . 

Avant d'aborder l'annte 4832, il convient de citer la recompense, 
qu'un de nos compatriotes de haute valeur obtenait du gouvernemenU 
Lepeintre Sigalon Start, le 28 fevrier 1831, nomm6 chevalier de la 
Lggion d'honneur. II avait expose en 1830 son c61&bre tableau de la 

Cette mdme annto, le 24 join 1831, s'6teiguait k Lyon un enfant da 
Oard, qui avait droit de cite dans notre ville. J.-Julien Tr61is 6tait n6 
it Alais en 4757. Apr&s avoir complete set 6tude* k Alais, il revint dans 
sa ville natale, oil il joua au commencement de la Revolution de 1789 
un rile dans lequel il fit delator courageusement son respect des lois et 
\ son amour de la liberty Aussi fut-il mis hors la loi en 1793 et ne 



\ 

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AKNtE 4 884 tl 

dut-il son salut qu'4 i'exii. II se rtfugia en Suisse. Aprfes le 9 fhermidor, 
il rentraeu France et s'6tablit k Nimes oil il fat nomm6 biblioth&siro 
de la ville et choisi par l'Acadlmie da Gard poor son secretaire per- 
p&ueL 

II abandon na de nouveau, en 1815, le Gard et alia se fixer d&nitije- 
k Lyon. Ses essais po6tiques sont assez nombreux, mais incomplete. Le 
premier travail de ce genre fut la Cascade de Laufen compost en Suisse 
it limitation d'Haller. 11 donna ens jite la Prairie d'Alaie, une disserta- 
tion snr le Promiihie enchain* d'Eschyle, snr l f Antigone de Sophocle, et 
VHicvbed'Euripide. On a encore de lui Moise et Sephora, conte dans le 
gotit d'Addison ; let IbMquee, poerae oil il parle de i'exp&iition de 1822 
en Espagne, et enfin la traduction en prose d'abord, en vers ensuite, des 
Satire* de I'AriosSe, accompagnle d'une notice surla vie et lesouvrages 
de ce pofcte. (Lyon 9 1826, 1 vol. in-8\ 240 rages.) 

Cest, du reste, 14 le seul ouvrage qui ait 6t6 public de lui. Le reste 
setrouve, Ipars, dansles comptes rendus de l'Academie du Gard* 



NOTE 



Cest a dessein que j*ai reporte* Id le fail de lVreslatioo dm nomine* Graflan, dit 
Qualre-Taillons. Cct <vencment qui, par tea derails, est d'un certain intlrtt, et qui se 
passa presqnc aux portes de Nimcs, cat lien dans les dcrniers jours de 1830. U nc fail 
done pas corps avec ce premier chapitre qui commence am l" Janvier 1831; mais 
comme il n'a pas Cie" rapporte* dans l'oeuvre de Baragnon, f ai crm devoir id le consigner 
sons forme de note. 

GrafTan qui, pendant lestristcs tenements de 1813, ent son hemre de ceHbrite, emit 
dTz*s. Je trouve dans one plaqnette de ripoque, nn trait, am moins extraordinaire, 
de sa force bercut&nne qni mirite d'etre conserve* (I). 

« GrafTan arrive * Marseille ; il slnfonne dm cafe on se reunissent les forts. Li, 
beanconp de vantcries, des recits de trails de force : on y parle d'un comp de poiag 
comme de la ebnte d'un tonnerre, el, am pins fort de cette conversation d'alhUtes, 
GrafTan llnterrompt, jette nn dementi, et parle de ce% pronesses comma de jeux 
d'enTaata. 

• Grande stupefaction ! on le hue ; menaces, d'aller lemr train des deux cote's. GrafTan' 
persiste dans son dire : les hants faits de ces messieurs ne sont qu'entantillage, il fera 
mieux que cela qnand il voudra. On le ddfie ; cejeux sont mis snr table. 

• Mais avanl de partir pour la bastide on la guingnetle, arene de pngilat (Ton GrafTan 
ne doit revenir que les c6tcs enfoncles, et le diner paye* a sea dlpens, celni-d, avec 
nnecertaine courtoisie, veut payer le cafe a tons sea adversaires. 

» Une quinzsine de tasses sont disposlca sur nne lonrde table de marbre et rempliea dm 
moka dn lien; GrafTan tend son bras d'Hercnle, prend de sa main le bord de fa table 
de marbre et fail le lour de I'asscmblle oflrant a cbaenn sa tasse snr cet dtrange 
plateau. 

»Cen fnt asses: personae ne vonlnt en yenir aux mains avec nnpareil antagonists}. a 

(1) n$ dn /nam* Grefan dU Quetr*-nw*n$. Paris, 1881. **- 



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U HKTOIRB DB NIMBS — 

Apres let Ivenements de 4115, fat condemn* a mort par contumace el mena depute 
me vie errante. Le gouvernemeut do jaillei aiiacha tar lui, plus fortement quo jamaie, 
la surveillance de l'auloritd litis redout* a cause de ta grande force, de son audace, 
de son intrdpiditd, on cnvoyail conlreluide veritable* ddtacbements. 

Cest alnsi que le 14 'dcembre 1S30, nenf gendarmes el ceot bommes dlnfanterie 
a liferent le traqner dans sa relraite ; il y eit combat Graffan tna quclqnes gendarmee, 
percent d'une balleentre autrea, le mar&hal-des-logis Germain, et r arvinl & rompre le 
cerele de balonnettea qui l*enserrait. 

Dans la journeedu 29 ddcembre,on apprenail qu*d ae tenail cacbd dans le bameam de 
Courbessae. 

Une expedition fnl dirigee sur ee point. Les troupes se mirent en route a niinuit, 
par no bean clair de lane. Les gendarmes, avec lenrs pieds envelopes d'dtotfes de 
taine, marebaienl lea premiers ; ils dtaient suivis par nne eompagnie de voltigeurs, 
commandls par le capitaine Gaillard (I). „ 

Ce dttacbement dlnfanterie appartenail an 49* de ligne 

A trois cents pas environ de la maison, on eniendit sept a bnil coups de battoir 
fortement frappds dans un ebamp sur nne pierre : e'dtail sans donte nn signal. On se 
bata 9 et Pon ceroa les qnatre maisons suspectcs et eontiguts. Un nomine enfrVravrit 
nne fenfire, mais, en voyanl viegt fusils dirigea eootre lni 9 il se retire bmsquement, et 
tout remra dans le repos. Un chien sboya pendant fort longtemps 9 mais, fatigad, il 
ae tut. On rests ainsi depnis deux benreset demie jusqu°a trois et demie. Les soldata, 
posies avec iQieIligenee 9 gardaieni toutes les issues, et, placed dans l'ombre anient que 
possible, profitaient du clair de lune pour observer : ils se tcnaient prftu a cribler de 
bailee le premier assaillanlqui ae montrerait a nne onverture dea maisons. 

Pendant ce profond silence, le capitaine Gaillard tonrna la l£te par basard 9 et vit 
a trente paa environ, nn bomme qui s'avancait vera la maison en suivant le cbemin. 

t Un bomme », dit-il a voix basse an commandant Blacbier et a quatre militaires places 
pres de lui. 

On se leva vivement. Llndividu, qui marcbait en mangeant, s'approcha jusquli 
vingt pas environ, apercut la troupe, sur le cbamp coucba en Joue le groupe d'offieiers, 
et fit fen. Personne aefut atteint. II s'enfuit, mais nne decnarge de cinq a six coups 
le blessa. 11 francbit nn petit mur, tandis one les officiers et plusieurs soldata, divisda 
en deux bandes, conraienl, les nns sur lni, les autre* par les champs pour lni cooper 
le cbemin. En meme lemps que Ton se precipitait snr l'incfcnnu, Ton donne ordre a 
l'embuacade de ne point bonier et de continuer plus que jamais a anrveiller les 
insisons : ce ponvait *tre nne diversion. 

Graffan, car e'dtait lni, lira un second coup sur les militaires qui le poursulvaient, 
et n'alteiguit encore personne ; alora il ramassa dea pierres et en frappa dans la poi- 
trine un gendarme qui s'elancait snr lui, et, dans une lutte corps a corps, fut ren- 
vend. Un autre gendarme arrive* an secours de son camarade termina la luttc par un 
conn de balounett*. Graffan cessa de resistor et fit le mort ; apres s'ftlre nomme, on le 
fouiJla, mais on ne tronva rien dlmportant. 

La blessnre faite an jarret dtsit tree grave , la balle avail coupd une artere. 
Graffan, dtendn, entr'ouvrait lea yeux de temps a autre, et ne faisait aucnn nioe- 
vement 

A Nimea, on depose Graffan dans rbftpital, il refuse constamment de parler, et 
mourut a six benres et demie. 

On 1'enterra la nnit a trois beures du matin. Un dltacnement de cinquanfc bommes 
reacorta. 



fl) iMrnal U Tmp$, im. 



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CHAP1TRE SECOND 

(Aon* !•») 



SOM M AIRE 



Installation d* la Mcnicipaute. — I/Etat-Major de la Gardb Nationals, — 
% Premiers travacx du Conseil : La Maison Cbntrale pourrait btrb transform be 

EN CASERNE. - QUESTION DBS BAUX. — PrOJBT TaLAROT BT DlDlON. — PbOIST VALE 

bt Facqcier* — Lbs dames de Sadit-Maur. — Troubles a Lunel, a Grenoblb, a 

ALAIS. — LB CHEMDf DB PER D'ALAIS A BeAUCAIRE EST AUTORISB. — TeLB«RAPHB 

d'Avignon a .MaxTPELtlER. — Lb cbolera-morsus en Francs • — Mesurbr db. 

PRECAUTIONS. — InTBNDANCS 8AN1TAIRB. — TROUBLES A SAINT-GILLS*. — MORT DB 

Casimir Perier. — Troubles du S# mai . — Passage di S.A. H. lb panes 

D'OrLBANS. — DeSORDRES DU U AOUT ET JOURS SUTVANTS, — LB CBOLSRA DANS lb 

gard. — arrbstation db madame la duchessb. db berrt. — operations cohtrb 
la Belgiqub. — Etarussement d*une caisse d'bpargne a Nimes • ~ L'attbntat 

DU 19 NOVEMBER CQNTBB LB ROI . — CAPITULATION DB LA OTADBLLB **AlfYERS. — 

Lists db sousgription pour la ducbbssb de Berrt. 



L'annde 1832 commence une veritable pfriode d*actmt6 municipals 
dans laquelle on retrouvera aujourd'hui nombre des ameliorations on 
des embellissements qui ont si heureusement transform^ Nimes, et 
lui ont donn£ le cachet incontestable qui lui a assur6 un rang des pins 
honorables dans les villes de province. Est-ce k dire que tont ait M fait, 
que tout ait 6U exlcutft en vue.de ce r6sultat? N'y aura-t-il pas de 
fautes commisesT Ce sera notre tAche de montrer ce que Ton a pa 
obtenir, tout en rendant hommage k ce qui a 6X6 cr66. 

Le d£but de Fannie est nne sorte de liquidation de l'annde pr6c6dente 
et nous derons ici indiquer les quelques changements qui so sont pro- 



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7- 



3» HISTOIRE DB NIMES 

duits it l'lpoque. Par ordonnance royale, les trofs bataillons de la 
garde nationale, formds dans la ville, constituent uoe legion, it 
lat&tede laquelle fut plac6comme colonel, M. Almire Cavalier. 

M. Floacaud occupait l'emploi de lieutenant-colonel. 

L'emploi de major 6tait d£volu k M . Fran$ois-Auguste Isnard. 

Une ordonnance de mfime date nommait : 

Chirurgien-major, faisant fonction d'aide- major da 1" bataillon,. 
M. Pleindoux EtiGnne. 

Adjudant-majordu premier bataillon : M. Bastide Pierre. 
— second — M. Lavondes Ulysse. 

Aide-major da — — M. DeCastelnau Philippe. 

Adjudant-major dutroisifeme — M. ReboulJean. 

Aide-major da — — M. Fontaine Cincinnati^, 

Le commanderaent de la neavi&me division militaire passait da 
g6n£ral Colbert au g6n£ral Durrieu. 

Une ligne t£16graphique venait enfin d'etre arretSe entre Avignon et 
Montpellier. Cette innovation, impatiemment atteodue, permettait de 
recevoir des nouvelles de Paris en deax heares de temps. 

Dans sa stance da 7 Janvier 1832, le Conseil municipal votait le 
rgtablissement d'un quatri&me commissaire de police it Nimes, et 
M. Peyron, v^rificateur despoids et mesures, 4tait nomra6 commissaire 
de police en remplacement de M. Gay* 

Nous avons commence par dire que la p6riode d'activitd municipale 
6tait entree dans une voie noavelle, qui devait avoir sa f6condit£. 

Aprfes avoir parte des quelques modifications apporttas dans le per- 
sonnel militaire et administratif de la ville, il est de quelque int£r£t de 
s'occuper de sa municipality, ce qui tient le plus k coeur quand on 
parle de sa ville natale. 

L'ordonnance royale du 19 Janvier nommait: maire, M. Cirard et 
adjoints, MM. Blachier atn6, Havart fils et Montagnon. Telle 6tait la 
nouvelle municipality. 

Dfes le commencement de sea fractions, elle allait se trouver en pre- 
sence des questions les plus complexes et les plus d£licates. II est mal- 
heureux que toutes ne furent pas menses it bonne fin, et je veux sur- 
tout parler des plus importantes qui se pouvaient alors r&oudre au 
plus grand profit de la ville. Avant d'en aborder d'autres, ne convient-il 
pas de mentionner celle que M. le g€n£ral Colbert, commandant la 
division, fat le premier k concevoir T 

II ne s'agissait de rien moins que de transformer la Maison Centrale 
en one caserne d'infanterie, et la translation de cette prison en an patre 



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ANNfB 4831 - 34 

lieu. C'etait, ditun 6crit da temps, la plus sAr moyen c d'etre debar- 
rass6 d'une populatioa gangrenee qui, dans toot les temps, seraitpour 
la nAtre an fort maavais voisinage, lors mdme qu'on rgussirait k 
l'empdcher d'etre an aaxiliaire pour de criminels attentat*. 

€ La ville aoquerrait ainsi une autre caserne vaste, commode et 
aArAe, offrant les moyens d'y entretenir unegarnison nombreuse, sans 
^p^ril pour la discipline et sans trop de charges poor l'habitant, et pri- 
sentant an besoin, dans les moments de troubles, si nous devions 
avoir le malheur d'en fitre encore t£moins, une position militaire . 
imposante. 

» Nos concitoyens pourront etre exonArAs ou du moins considerable- 
ment alleges du fardeau des logements militaires, mdma pour les 
troupes de passage. 

» Enfin, disait en manifere de conclusion Wait precite, les produits 
manufactures, qui occupaient plus de mille detenus dans la Haison 
Centrale, viendront inAvitablement accroltre la masse du travail qui 
se divise entre nos ouvriers. » 

Pourquoi n'a-t-on pas prnfite des ezcellentes dispositions de l'auto- 
rite militaire de l'epoque, qui non-seulement avait confule projet, mail 
qui l'avait pr6sente avec tantde force et de si bonnes raisons, dans 
un rapport adresse au ministre de la guerre, pour ne pas r&oudre 
une question qui ne pouvait eprouver de sArieuses contradictions 
en dehors de quelques miserable* interets particuliers. 

A cftte de cette question interessante, il en taut une autre, plus 
grave encore, plus complexe et plus delicate et qui etait pour la 
ville d'un intent primordial. Nous en avons dit un mot dans la pr6* 
cedent chapitre, etilconvientici d'en faire Teiposition avant d'abor- 
der les discussions qui eurent lieu, k cet egard, devant le Conseil. 
Nous voulons parler de la question des Eaux. Certes, il en est peu 
qui liront ces ligues qui ne se sou viendront de ce qu'etaitNimes avant 
que le projet actuel d'adduction des eaux fAtr£alis6. 

Dans les temps de s6cheresse, une grande partie des fontaines publi- 
ques ne pouvait fitre alimentee ; les lavoirs publics etaient nausea- 
bonds ; la proprete, la salubrity de la ville, la sant6 des habitants 
couraient les plus grands dangers ; l'industrie de la teinture etait 
ruin^e. On comprend ailment qu'une question aussi grave ait da tout 
temps excit6 la sollicitude des administrateurs de la cite. En 1829, 
le Conseil municipal mit au concours le meilleur moyen d'amener k 
Nimes 300 pouces d'eau (environ 66 litres par secondej, at il vote una 
sommede 20,000 francs pour oouvrir les frais du concours et ceux des 



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Google . • 



}-\ 4 ~-f -_. St mSTOIRB DB NIIIES 

' . . m recherches ult&ieures qui pourraient fttre faites. Le programme da 

; concours pr^Krait, avec raison, une derivation it l'emploi des machi- 

;: nes. Cependant, la plupart des concurrents prteent&rent des projets 

I ./ « fond6s sar l'emploi des machines 4 vapour: an seul envisageait la 

| t question it son veritable point de vue. Ge projet oonsistait k d6 river les 

| eanx du Gardon en faoe de Ners poor les condnire k Nimes par nn 

i % canal qni fraochissait la chalne qui s£pare Nimes da Gardon,. au . 

i moyen d'unegalerie <souterraine de 13 kilometres de longueur. Mais 

] - . . - . aprts des 6tudes nouvelles, cette galerie 6tait r&Luite k 4 kilometres; 

de plus, la Gompagnie offrait 150 litres au lieu de 66 que demandait le 
[ -," Oonseil. 

L'assembltemunicipaleallait avoir 4 d6lib6rersurces deux questions, ~ 
toutes deux k des degr£s divers dignes de r attention et de l'examen 
: ; d'administrateurs soucieux du bien public et de la prosperity de la 

I]/.*- "• vflle. 

Dans la stance du samedi 21 Janvier, le Conseil examina la question 
.; _ . du transfert de la Haison Centrale. Nous avons expose les a vantages 

qui s'attachaient it cette mesure d'un int£r6t majeur. La majority du 
; - .Conseil ne parut point se rendre aux raisons qui militaient en favour 

du projet N'examinant, en particulier, que le prejudice port6 aux 
industries de la ville, la Commission € tout en declarant, que la Haison 
Centrale a port6 et doit porter un prejudice k ces industries ne pense 
pas que le rem&de soit dans la suppression de cet etablissement, mais 
. - bien dans la prohibition qui devrait etre faite aux entrepreneurs de se 

livrer k toute esp&ce de tissage, sauf pour les articles Strangers k la 
fabrique de Nimes et ceux n&essaires aux vetements des detenus, et 
en empechant de crSer de nouvelles industries et en r&iuisant le 
nombre de ceux employes it celles d£j& existantes »• 

De plus, la commission d£clarait par la voix de son rapporteur que 

t la suppression de l'&ablissement portera it prejudice aux revenus de 

•i la ville, k moins que cette suppression ne lui assur&t une augmentation 

degarnison. » . • 

Le Conseil adopta la mani&re de voir de sa Commission sp&iale, et 

sans prendre de decision dans un sens ou dans un autre, manifesta 

| clairement que la majority nevoyait pas d'un bon oeil ce transfert et 

enterra la question qui est encore de nos jours pendante et qui m&i- 
terait d'ttre reprise. \ . • ■ 

Le samedi 28, le Conseil municipal se rlunissaitdenouveau, d'abord 
pour Installation solennelle de la municipality qui fut faite par le 
Prtfet, et ensuite pour examiner la proposition de lacompagnie des 



••*.* 



|. ,jr ;*-..*" • " ' ' . • * , • ' *Digitiz-ed by 



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ANNfeE U31 '81 

eaux. Nous avons dit, sommairement, on qaoi consistait 16 projet 
d'adduction de cette derni&re; il nousrestei faire connaltre sea exi- 
gences en ce qui touche la contribution financiers de la ville. 

La compagnie deraandait 2,000,000 en capital et 2,500 francs de 
rente anuuelle. Pour couvrir cette d6pense, la compagnie supposait 
que la ville pourrait vendre les bois commuoaux, ce qui produirait 
300.000 francs etc6derensuite une portion des eaux qui lui sentient 
livrles, ce qui pourrait faire eritrer dans les caisses de la ville, environ 
60:000 francs. 

Enfin la compagnie estimait que les revenus de l'octroi devaient 
infailliblement s'accrottre, parce que l'effet combing de la conduite 
d'eau et du chemin de fer serait d'augmenter la population • 

Cette compagnie, qui avait pris le nom de SoeUU des Eaux, avait 
i sa tfite MM. Talabot et Didion. 

PosUrieurement, MM. Valz et Fauquier imagin&rent un autre projet 
qui n'6tait rien moins que la derivation du Gardon pres de Boucoiran, 
avec adduction au moyen d'un canal special ; tandis que MM. Didion 
et Talabot prenant les eaux au Gardon au-dessus de Ners, faisaient 
leur canal, lateral au chemin de fer qu'ils allaient construire d'Alaisit 
Beaucaire. 

Dans les stances du 16 avril et 24 avril, le Conseil s'occupa acti- 
veraentdeces deux projets. Une sort e d'ench&re futd6c!d6e entre les 
deux compagniespour ce qui touche la quantity d'eau & fouinir. • » 

M. Talabot s'epgageait it amener un minimum de 800 pouces d'eau, 
qui pouvait s'augmenter si la compagnie obtenait une concession de 
1,600 pouces ; MM. Valz et Fauquier promettaient 1.000 pouces(l). - 

pevant ces offres, le Conseil admettait les deux projets en concours 
et renvoyait a sa. Commission augments de deux membres , 
MM. Carcassonne et Curnier, l'examen des deux projets et des questions 
techniques! 

Nous reprendrons cette importante discussion au fur et k mesurfc 
qu'ellese pr&entera devant le Conseil, dont les travaux mlritent, on le 
voit, une analyse particulars dans cet ouvrage. La question des eaut 



(i) Le pouee d'ean est Pnnitd dont se fervent les fontainiers poor mesurer lei eaitl 
counntet . CeUe unit* represents a pea prts Tingt mille lures par viDgt-quttre 
benres. 

Le projet Talabot aitarait done u minimam de 46,000 m&tres enbes par fiagtr 
qnatre hears* 

Et le projet VaU apportait 20,000 mtoes enbes dans le mime laps de temps. 

I" Limine, Tom L S 



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.'*"» >- *. 






*---.-* * 



-" -O-" 



34 HISTOIRB l»R NlMES 

asilongtempspassionn6notroville, olio 03t encore k l'ordre du jour, 
quoiqne nous no soyons plus talonn£s par one imp£rieuse n£ce3sit£; et 
on no s'6tonnera pas que j'insistesurles diverses particularity int$- 
ressantes qu'elle a pu presenter. . 

Ce n'ftait da reste pas la seule affaire qui fdt pendante deyant 
Passembtte municipals. Le 18 fevrier, leConseil r£glait une condition 
importante ducontrat k inlervenir entre la ville et la comtnuoaut6*des 
retigieuses de Saint-Mauf , relativement k la cession dejouissance qui 
leur est faite de la raaison acquise de M. Brisse. II diminuait de moitft 
le droit de pavage k la charge des propri6taires des faubourgs; 
a'occupait d'^tablir de nouveaux droits d'octroi, rgglait la question des - 
bois commnnaux, et r6duisait la subvention th&trale primilivement 
fixee A 15.000 francs. • 

Cependant une grave question venait apporter son contingent de*. 
crainteset de soucis. Le chotera-morbus avait envahi la Prance, pro- 
.voquant les d&ordres le3 plus inouis, leserreurs les plus funesles, les 
quiproquos les plus regrettables ; mais faisant parattre ces exetnples 
de bont£, de courage, de d£vouement qui sont l'apanage de la meilleure 
partie de la nation frangaise, de cette partie 6lev6e surtout k l'6cole de ~ 
la charity chr&ienne. 

On citait des traits d'abn6gation et de z&le. 

« Le curt de Saint-Germain l'Auxerrois, dit Louis Blanc, par exem- 
pie, s'6tait retir6 it la campagne depuis la devastation de son 6g1ise ; a 
la nouvelle du cholera, il reviut k Paris, en toute h&te, malgr6 son 
grand Age, pour aller reprendre sa place dans son presbyl&re, et porter 
les secours de la religion aux agonisants »(*).- 

Lemdme auteur dit plus loin : 

t 120.000 francs, offerts aux chol6riques, par M. de Chateaubriand, 
an nom de M"* la duchesse de Berry, furent refuses durement par la 
pr&et de police ; calcul aussi injuste que cruel, esp&ce de coup d'JStat 
contre la charity t (2). 

Les calamity redoutables qui plongeaient Paris dags le deuil (3) 
commen^aient, quoique it un degr6 moins considerable, it se rgpandro 
dans les dipartements. ^ 



(I) BisUnr$ de dix o*s, par Louis Blanc, tome lit, p. 211. \ 
(t) Huiotr* d$ dim ans> par Louis Blanc, tome III, p. SIS. * . ' 

(S) Da i-aa 49 avrll, la moyenoe journalise des (UeH * Paris, toil de 5SS: da IS 
at IS, cette mojenne s'abaissait * 247, le lout tans compter les diets das i d'abtres 
csases que le eboltfrt, et qae Pen peat fixer 1 100 par josr enviroa. - m 






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ANN tE 4 831 n .'.:;; 

A Nimes, l'autoritt mit la main sur quelques citoyens que Ton 
soupgonnait de relations directes avec la duchesse, et lacraiote da v ; 

ce complot, qui poussait le pouvoir it prendre des mesures aussi 
radicales, 6tait telle que left esprits devenaient d'une susceptibility \\ 

exag6r£e. 

(Test ainsiqueles liWraux, voyant una femme portant des rubans 
verts passer rue des Freres-Mineurs, l'accueillirent par des cris ; elle dut 
etre ramenle chez elle sous la protection de quelques bons citoyens (1), 
Des coups de pierre furent 6cbang6s pour ainsi dire sans motifs, vers 
leCadereau. ~ " ^ 

Les arrestations op^rees le 30 avril, sous l'empire de la peur, n'ame- * ' 

naient rien de nouveau, et l'autorM devait remettre en liberty le bieur 
Nuty, contre lequel rinstruction judiciaire ne releva aucune charge. 

Cescraintes exaggrtes, cette susceptibility outrge devaient infailli- - '. 

blement produire sur quelques points des collisions regrettables : les 
principales eurent lieu sur le boulevard du Grand-Cours et dans ce 
qu'on appelait la Bourgade. A cdtt de ce complot anodin, il nous sera 
donn£de parler tout a l'heure de Tun des plus terribles assauts que le 
parti rlpublicain donna au gouvernement quelques jours plus tard. 
, II importe auparavant de consigner ici la mort dramatique du chef 
du cabinet, Casimir P£rier f- einportg le 15 mai 1832 par une attaque 4e 
cholera. Aveclui, tombait la barrifere vivantequi avait, k grand peine 
contenu la guerre civile. 

Mais si l'insurrection tegitimisie £clatait dans l'Ouest, se terminant 
par la deplorable trahison du juif Deutz, elle n'avait pas k beaucoup 
pr&s le caractfere dangereux qu'on s 9 est plu k lui prttef . 

€ Les grands conseillers du parti tegitimiste, M. de Chateaubriand, " • « 

M. Berryer, Je due de Fitz-James, n'ltaient point d'avis de faire Insur- 
rection et s'offorcirent de la pr&renir. M. Berryer se rendit, en leur * r 
nom t dans l'Ouest pour d&ourner Madame la duchesse de Berry qui 
venaitd'y arriver. Parmi les chefs Vendtens, eux-memes, plusieurs 
des principaux avaient, d&s l'origine t averti la princesse que Ventre- . 
prise leur semblait inopportune (2). a 

On pouvait pr^voir xre que serait une levte de boucliers faite dans de 
telles conditions et nous allons voir de quel c6t6 6taient les v6ritables 
conspirateurs. Le m£me auteur que nous venons de citer, ajoute : 

€ M. Casimir P6rier t mort, tous les d&nocrates, politiques on . \ 



(I) Courtier du Card, I- *i*n*c, r W. 

(V Gsizot. Mimoinfour urtirk VHi%loir$ d$ m*» T$mps, tome II. p. 334 



-: 3 



■•'■ / Digitized b^VJpO^lC.'-V i 



3S HISTOIRI DE N1MBS 

anarchiques, crurent leurjour venu et reprirent leufs allures do vio- 
lence et degression (1). » ' 

Ces sombres preoccupations assilgeaient bien des esprits, et le 19 
mai, en suivant 1e convoi de Casimir P£rier t M. Boyer Collard s f en- 
tretenait avecM. deR6musat, rapporte Guizot t et lui tlmoignait sea 
inquietudes pour raven ir. 

Que va-t-il arriver ? lui dit-il ; la situation est bieo grave. Elle 
rstaiteneffet. 

Une sanglante emeute que Ton cherchait k imputer, k la fois, aux 
republicans et aux carlistes (2), mais dont toute la responsabilit6 
retombe sur les r6publicains (3), 6clatait k Paris. Cette lultequi s'en- 
gageait k Paris 9 dont les premiers 6clats environnaient le cercueil 
d # un general francais mit la monarch ie de juilletfe deux doigts de sa 
perte. 

Le brillant combat de la P6nissi6re, quel que herolsme que surent 
y montrer les fiddles de la 16gitimit6 , 6bran1ait bien inoins le trdne 
que ne put le faire la sanglante affaire de lVglise de Saint-M6ry qui 
marqua la journee du 6 juin . - \. 

Sous l'empire de ces ^v6nements terribles qui n'eurent pourtant 4 
Mimes aucun autre retentissement que I'anxi6t6 bien naturelle k tous 
les Fran^ais aux heures sombres de la guerre civile, le gou vernemen t 
de juillet r&olut de faire voyager le prince de la famille r£gnante, qui 
elait, & juste litre, le plus populaire dans l'arm6e et la nation. Le due 
d'Orllans, parti le 25 mai de Paris, devait visiter Bourg, Lyon, Valence, 
Privas,' Avignon, Marseille, Toulon, Nimes, Monlpellier et rentrer 4 
Paris en passant par la Loz&re et le Puy-de-Ddme. 

Une proclamation du maire de Nimes, en date du 12 juin, annon<gait 



(I) Gaizot. Memoiret pour tervir a VHUloire de mom Tempi, tome II p.. 33©. 

f?)tDcpuis la morl du gdndral Lamarquc, I'autorild avail did icformdc «{ac dot 
ddsordrcs avaicnt did projclds : lc* Carlisle* cl les Rdpublicaios dcvaicnl faire cause 
cominuoc, sans doutc pour substitacr au regime des lois, )c rdgime dc la lerrear. » 
(Journal Le XoureUiste da 7 juin 483i> 

(3) t Lo lemps a inarclid ; lc jour »'csl levd sur lc jia&sd ; la France a cbangd de 
regime el de mailre ; le roi Louis-Philippe esl lombd ; la Rdpublique a cusoa heure; 
on a pu a'en vanlcr an lieu de s'enddfendre ; la cruditd dca assertions a rcmplacd,chea 
set partisans, lliypocrisie dot ddndgtiioos ; md<nc avant, cl I plus forte raison depuia 
le H fdvricr 4848, lis onl proclamd, affirm*, ddmonlrd que UnsurrccUon des Set 6 juin 
4832 avail did une grande Icnlalive rdpublicaine ; Us onl mulUplid les ddtaila et lea 
preures. (Guizol. Mmoiree pour tervir a IHtitoire de mon Tempi, tome II page 343)* 



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ANNftK 183t . H 

aux habitants que le prince devait entrer it Nimes le 1 5 join a six heuret 
da soir. 

II Tat re^u k la barri&re da chemin de Beaucaire par le maire et le 
Conseil municipal . Un escadron de cavalerie (3arde nationale et Gen- 
darmerie) command^ par le colonel de Roncourt, s'6tait port6 i la ren- 
contre du priuce, pour lui faire escorte, \ers le pout de Quart. Les rues 
jusqu'a l'hdtel du Luxembourg 6laient bord£es par la Garde nationale 
et le 30* de ligne. Une batterie d'atlillerie plac6e k l'entr6e dela ville 
ct Tartillerie de la Garde nationale plac£e sur l'Esplanade, annonc&rent 
Tentree du* prince. Le cortege ne se rendit pas directement an 
Luxembourg, mais, pr£c6d6 du Maire et du Conseil municipal, pa*s& 
par le cberain d'Avignon, le petit et le grand Cours, les boulevards de . 
laComedie etSaint-Antoine. . 

Le lendemain eut lieu sur le Cours-Keuf une grande revue k laquelle 
assistaient 7000 hommes de Garde nationale et 3000 bommes de ligne. 
Le d£fil6, qui dura deux heures, eut lieu sur le boulevard. Le prince. 
d'Orldans elait plac6 sous le peristyle du Theatre, face a la Maison 
Carrie. 

On ne saurait trop remarquer que cette visite fut surtout salute par 
le parti prolestant auquel 6taient venussejoindie € ces habitants si 
redoul&de la Gardonnenque, de la VaunageetdesC&vennes, signals 
par Tesprit de parti, comme anim£s de passions ardentes et brA16s du 
d6sirde la vengeance »/i ). K'est-il pas k noter qu'au milieu de cette 
joie, de ces discours officiels, la police faisait le 18 juin, une descente k 
l'Ev£che et auSeminaire et qu'elle poursuivait le lendemain encore ses 
investigations? • 

Apres Montpellier, oil la (die de nuit donn6e au visiteur royal pro- 
voquadans la foule une forte panique (2), le fils de Louis-Philippe 
traversa & nouveau le d£paftement du Gard par Soramierev Alais, 
Anduze et Saint-Jean-du-Gard. Dans ces deux derniferes villes, Ten* 
thousiasme de la population fut k son romble. 



(1) Courtier du G*rd 9 V annle n* 76. 

(2) Au fro d'arlificc donmS au prince ft Montpellier, H rarall qu°une dtincelle tombs 
dam an pclil baril dc poudrc, dont Pex plosion mil le fen anx pieces non prlpartes 
qui partircrt U lrfois dans 1c plus grand dtfsordre. Au milieu d'une flamme immense, 
suivic d'unc forte detonation, des matures eoflammles furent dans tons lea senslanetes 
sur lea spectateurs. Deux jeunes gens de quinzea seize ans moururenl sur le coup, us 
autre ne surv&ut pas &*scs blessures; it y ml «n outre qaaraate-*ix personnel 
blesslcs pour la plupart fort gritvement, » *' % 



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31 HISTOIRE DK NIHES ^ 

Le2 roars da la m£me annfe, eat lieu la premiere fqurn£e de la fonte, 
produite par les hauls-fourneaux d'Alais. 

Sans doute, ce ne sont pas 14 pour Nimes mdme des fails locaux, 
mais nul ne peut douter qu'ils aient eu, dans l'avenir, une influence '\ 
sur la prosp£rit6 du chef-lieu. Pourquoi faudra-t-il de nouveau que la 
tranquillity de la ville soit encore trouble, apr&s ces quelques mois 
paisibles, dans lesquels, en dehors des grosses questions soumises au 
Conseil municipal, on n'a guere k noter que des fouilles entreprises 4 
la Fontaine sur le devant du Temple de Diane, fouilles qui mettent k 
jour des constructions ineonnuesjusqu'4 ce moment, et qui sembleraient 
appartenir k un bassin de forme particuli&re dont les parois et le fond 
6taient revetusde marbre de di verses couleurs. . ~ 

On pent rappeler ici qu'unesouscription 6tait ouverte parmi les 
gardes nationaux de Nimes, en faveur des Polonais. Cette souscription ' 
s'glevait k 1.004fr. 85, et le colonel, M. Cavalier, 6lait charge d'en 
rtgler la distribution. 

Je Yians d'exprimer le regret de voir de nouvelles dissensions agi- 
ternotre pays, envenimant des divisions que le temps peut seui 
apaiser. Voici dans quelles conditions. 

Sur la foi de renseignements qui parvinrent aux autorit£s de Mar- 
seille, le Gouvernement crut k un complot carliste qui devait delator 
dansle Midi de la France les 1 ,r et2 mai. Marseille 6tait d&ignte 
comme 6tant le point oh devait d£barquer la duchesse de Berry, pour 
soulever et entralner k ea suite ses partisans. C'est sur cette ville que 
se porta, en premier lieu, l'attention du gouvernement, et quelques 
arrestations y furent op£r£es it la suite d'une 6chaufiTour6e peu impor- 
tante. En mdme temps, on langait un navire de guerre k la poursuite 
d 9 un b&teau, le Carlo-Alberto, que Ton soupconnait porter la mire da 
due de Bordeaux. Le Carlo-Alberto fut, en effet, trouvg k la Ciotat, ofc 
il s'&ait arr6t6 pour avoir du charbon et Sparer une avarie k sa 
machine. 

Notre d£partement eut it subir le contre-coup de ces 6v6nements. 
A Saint-Gilles, sous le pr£texte que la population avait le jour de la 
fdtedu Roi (l #r mai)form$ des farandoles et pouss£ des cri* s6ditieux, 
on envoya des troupes pour maintenir un ordfe qui ne fut du resto 
pas autrement trouble. 

Au Mas-Dieu, communo de Laval, prfes Alais, une rixe qui s'61eva 
entre des ddserteurs et des gendarmes, charges de les ramasser, fat 
pr&entite comme 6tant ind£niablement la suite da fameux complot, 
ourdi it la Massa par la duchesse de Berry et son entourage* 



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ANNtE <•** * 41 

da Gard dont le nom a 6t£ si dignement porW par son fils et qui est 
encore vivant dans notra population. 

Antoine-Oeorges~Fran$Qis Baron de Chabaud-Latour&ait n6 it Paris 
le 15 mars 1769. La revolution ayant eclatt, il en adopta les principes , 
et se d^vou& it la defense d'une sage liberty. II entra k dix-neuf ans 
dans l'arm6e du g£nie dans laquelle son p&re lui-mdme servait avec le 
grade de Directeur. Apres la conqufite de la Savoie, il rentra k Nimes 
oil il prit le commandement de la Garde nationale, it la tete de laquelle 
il avait&6 d6ji plac*. 

Mais le regime de la terreur le com prit parmi les suspects, et il 
fut comma tel emprisonn6 dans la citadelle de notre ville. Au moment 
o&ilallait 6tre jug6 et condaran£ k mort> il parvint it s%Wader an 
milieu de postes nombreux et apr&s mille perils gagner la Suisse. 
Rentr6 en France aprfes le 9 thermidor, il fut envoys par ces concitoyens 
au Conseil des Cinq-Cents et fit depuis parlie de presque toutes les 
assemblies legislatives. Aux Elections de Janvier 1830, I'arronidisse- 
ment d'Uz&s le cboisit com me d£put£, mais il ne fut pas compris dans 
les Elections qui eurent lieu apr&s la revolution de 1830. 

La fete dite des Trois-Journies, se termina sans incident . On sait que 
cette solennil6 avait pour but de c£16brer l'anniversaire des combats de 
juillet d'ou 6tait sortie la monarchic de 1830. 

Cependant cette annte, le pr^fetdistribua, au nom du gouverneraent* 
des recompenses nationales aux citoyens de la ville qui avaient con* 
tribu6 it l'6tablissement du nouveau regime ou aux families de ceux 
qui avaient p£ri k cette occasion. 

Une pension viagere de 500 francs fut remise aux veuves Chevalier, 
Espaze, Sabatery, Baillet et CMs, et k leurs enfant*, jusqu'it l'Agede 
dix-huit ans, une pension temporaire de 250 francs, 

I.e3nomm6s Baillet Charles et Montfajon Joseph, blesses, re$urent 
chacun une pension de 500 francs. Des indemnity une fois payees 
furent distributes it quelques autres (i) . 

A cette mdme epoque, un ancien pr6fet du Gard, M. le vicomte de 
Villiers du Terrage, offrait k la ville de Nimes une collection de 
min&ralogie trts importante qui faisait suite k un envoi, pr&6demment 
fait par ce savant, d'une collection complete de toutes les formes de 
cristaux primitives et secondares. 
Gr&ce au Conseil g£n£ral du d£partement» l'Ecdle Normale primaire 

(1) Ce sonl lei nomm<s : Hogoa, Barry, Plane, Roivitrt, Castillon, Softer, LMaard, 
Deylaud el Poqjol. 



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It blSTOIRB DH N1MB3 

6tablie & Nimes, dans les derniers mois de 1 831, all ait pou voir s'intaller 
d'une fa$on definitive et assurer le recruiemeat du personnel si int&* . 
ressant de Tinstruct ion prim aire. ' 

Dix Eleves-Maitres internes pouvaient d&ormais 6tre ad mis dans 
cet gtablissement, it titreabsolumentgraluit. 

Une subvention mensuelle de 30 francs pouvait etre allou6e aux 
El&v£s-Maitres externes qui s'engageraient k suivre les cours de i'Ecole 
pendant six mois au moins. 

11 est p&rible pour l'historien, de voir interrompre ces constatations 
de progr&s ind£niable, de transformation intelligente par des rixes et 
des d&ordres qu'il est oblig6 de consigner pour rester fiddle k son 
programme. 

Apr&s cesquelques mois.de tranquillity les troubles reparaissent 
dans la rue, avecleur cortfege accoutum£ de coups de pierre et de voies 
de fait. Les 6v&nements que je rapporte, paraissent avoir commence 
dans la nuit du dimancbe 12 au lundi 13 aoflt. Le corps de garde du 
Cours-Neuf recueillait un nomra6 Roulle, magon, qui portait des 
blessures grave?. Danslajourn6edu 14, plusieurs disputes s'engageaient 
sur plusieurs points de la ville, des groupes se form&rent particuli&re- 
ment sur le soir. Les esprits tr&s surexcit£s montraient des ennemis 
partout. On sortait arm£, prdt It tout 6v&nement, et les faits les plus 
simples, d£mesui^mentgrossis,concouraient k entretenircel6tat d¥ner- 
vementdela population. (Test ainsi que, rueMaz£ma, M. Valladier, 
avocat, tirait de sa fenfttre un coup de fusil en Tair 9 parce que des 
groupes stationnaient autour de son domicile. 

Le 15 au matin, unebataille k coups.de pierre s*engagea k la Placette 
et k deux heures se continuaitdu c6t6 de la Bourgade. Des factionnaires 
furent places aux coins des rues qui dtoouchent sur le boulevard da 
Cours. Le combat cessa. 

Un peu plus tard, le sieur Nuty, fils de celui qui avait 6t6 arr&tg lors 
des affaires de Marseille et re!&cb£ aprfcs avoir 6t6 reconnu innocent, 
se vit poorsuivi par une foule hostile, k cause des opinions l^gitimistes 
qu'on lui prdtait ; il se r£fugia chez un nomm£ Bernis, artiljeur de la 
Garde nationalo qui fit mine de tirer sur le rassemblement tumultueux 
mass6 devant sa maison. 

La bataille allait s'engager furieuse alors de la fiouquerie it l'lglise 
Saint-Charles, lorsque la gendarmerie re^ut Tordre de d^gager les trot- 
toirs ; l'infanterie, de son c6t6, cbargea publiquement ses armes. Cette 
demonstration gnergique suffit et tout rentra dans Tordre, laissant 
encore des haines et des ferments de discorde pour Tavenir. . 









ANNtE till . It. 

Comma d'habitude, avec le calme, revinrent let affaires. L'affaire da 
chemin de Jet d'Alais 4 Beaucaire prfoccupait, 4 bon droit le gouver- 
nement ; il s'agissait, apr&s avoir pris en consideration ce trac£, do 
faire executor les travaux. Le Ministre des travaux publics d&ida qu'il 
serait ouvert, sous certaines conditions, una adjudication publique 
dans le bat d'obtenir, par la concurrence, les mei lieu res conditions. 



Pour etre ad mis 4 soumissionner, il fallait, tout d'abord, opdrer 
ontre les mains du Beceveur-g6n6ral un depdt de 200.000 francs. Le 
rabais des concurrents devait ensnite porter sur le prix it payer pour le 
transport de 1 .000 kilog. par I .000 metres de distance. Le maximum 
de ce prix Itait fix6 : k la descente pour la bouille k 10 centimes; pour, 
les autres marcbandises k 15 centimes : 4 la remonle pour toute espfoe 
de marcbandises k 17 centimes. Le chemin devait etre execute dans, 
le d£lai de cinq ans ; enfin le d£p6t pr&lable de 200.000 francs devait 
6tre double dans le mois qui suivra Fad judication. La • compagnie. 
concessionnaire 6tait tenue, k titre de remboursement et d'avances, de 
donner k MM. Talabot 9 auteurs de l'avant-projet, une somme de 
15.000 francs, L'adjudication d'abord fixte au II d&embre fut ajour- 
n6e au 10 Janvier 1833. Dans le cbapitre concernant cette annte nous 
reviendrons sur la suite donnle it cette affaire importanle. 

La creation d'uneCaisse d v 6pargne, autoriste par ordonnance royale 
du mois de mars 1828, mais retards k cause des 6v&nements, allait, 
etre bientdt un fait accompli. 

Dans sa session de novembre le conseil municipal ajoutait it l'£cole 
gratuite de dessin une classe oil seraient format des dessinateurs 
pour la fabrique. II classait ensuite les cbemins vicinaux de la 
commune. 

On ne remarquera pas sans quelqne 6tonnement qu'apr&s avoir, 
dans sa session d'aodt, accordg sa pr6f<£rence pour le projet Talabot, en: 
vue d'amener les eaux it Ximes, ilait investi dans la session dont nous 
parlons, deux commissions distinctes de la mission de r6diger avec cha- 
cune des compagnies des trails dlfinitife, qui aprfes avoir £t6 lus en 
stance un mois aprts Tadjudication du chemin de fer y recevraient Tun 
ou Tautre l'approbation et Tadoption definitive du conseil. Onsesou- 
vient que le projet Talabot 6tait subordonne 4 l'ex&ution du chemin .. 
de fer d'Alais k Beaucaire, et nous venons de voir que l'adjudication des 
travaux 6tait reculta en 1833. 

An dehors, des 6v£nementsimporiantssed6roulaient. , ..■'--.•'.; 

Apr&s de laborieuses negotiations, le Boi constiiuait le minister* 



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\v 



44 HISTOftE DE NIMES 

dull octobredanslequelentraitun enfant de Nimes, M. Guizot, avec 
Je portefeuille do ^Instruction publiqoe et des Cultes. 

Le president da Conseil 6tait le marshal Soult 9 ministri de la guerre. 
Les Chambres 6taient convoqules pour le 1 9 novembre. 

Les affaires de Belgique et de Hollands occupaient les gouvernements 
fran$ais et anglais, qui dfes le 22 octobre signaient un traits par 
lequel le roi de Hollinde 4tait mis en demeure d^vacuer la* Belgique. 
Une armle francaise, forte de 70.000 homines, passait la fronti&re le 
15 novembre, sous les ordres du marshal Gerard etle22, m.ettait'le 
sifege devant laciladelle d'Anvers, qui capitulait le 23 d&embre. 

Cependaut Madame la duchesse de Berry 6tait toujours dansl'Ouest 
de la France, au milieu de ses fid&les. Le gouvernement avait des 
raisons de penser que la duchesse r6sidait k Nantes. Mais il ignorait 
toujours le lieu exact oil elle trouvait un refuge, et peut-etre FeAt-il 
ignor£ longtemps encore, au milieu d v un pays qui offrait tant de res- 
sonrcespour se souslraire k toutes les recberches, si Tun de ses affid& ne 
ravaitlui-m6meTendue.ee miserable trattre&aitun Stranger, juifrenfr- 
gat, k qui son aposlasie avait valu dehautes protections et que la duchesse 
de Berry avait combte de bienfaits. Le 6 novembre, vers cinq heures 
du soir, il avertit I'autoritg quelle venait d'arriver k Nantes, qu'elle 
gtaitdans lamaison de mademoiselle Duguigny, rue haute du Ch&teau. 
On counatt les details de cette arrestation 6mouvante, Ton sait que la 
duchesse fut embarqute sur un b&timent de 1'Elat et transferee k la 
citadelle de Blaye (Gironde), oil dans Fatten te de cet 6v&nement des 
pr6paratifs qui avaient 6veill6 la curiosity publique avaient 6t6 faits 
depuis pludeurs mois. " " ■ 

Les attaches nombreuses que la l£gitimit6 avait laiss£es dans notre 
ville, led£vouement que nombredes habitants avaient toujours montr6 
pour la maison royale des Bourbons devaient rendre cet 6v&nement 
bien cruel et bien douloureux pour quelques-uns. Aussi n'y a-t-il pas 
lieu de s^tonner qu*une adresse k la duchesse se sign&t dans Nimes. 

Le 19 novembre, quand il se rendait des Tuileries au Palais-Bourbon 
pour l'ouverture des Chambres-, un coup.de pistolet fut tir£ sur le roi, 
it rextr6mit£ du Palais-Royal, en face la rue du Bac. Cet attentat, k 
peine connu k Nimes, le Conseil municipal se rSunit en stance extra- 
ordinaire le i n ddcembre pour voter une adresse de felicitation qui ne 
fut sign£e que par vingt-deux membres sur trente-six. L'adrgsse.fut 
remise au roi par M. de Chastellier, d£put£ du Gard et ancien maire de 
Nimes. L'adressedu Tribunal de commerce de notre ville fut pr&enWe 
le26 dfeembre par M. Teuton, d$put6 du Gard* <* * 



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ANNtB 4831 |§ 

Au moment do clorecette annte, il n'estpas sans int£r£tdd jeter.un 
coup d'oBil sur l'6tat de la fabrique de Nimes pendant cette p6riode. \ 
Je consigne dans )e tableau suivant les renseignements que j'ai pa 
recueillir en les divisant par semestre. 

* \ m Seme* Ire *• Semcstre 

Metiers Jacquart, occap& 3.509 3.800 

— haute et basse lisse ...... 4.500 4.700 

fSemestrc 2*Semestre 
Valeur totale des mati&res premieres 

employees. . 2.946.000 3.438.000 

Donteo Soie .... . ;. . 770.000 932.000 

Bourre de soie 660.000 690.000 

Coton 1.500.000 1.800.000 

Laine. ....... 16.000 16.000 

Pendant le deux&me semestre, environ 15.000 ouvriers furent 
employes aux travaux divers qu'exige la fabrication. 

Et on pent es timer It plus de 15.600.000 francs la valeur moyenne du 
produit des 6toffes desoie et de coton fabriqu6es pendant toute Fannie. 
Ces details qui, au d£but de cette histoire 9 sont d'un int£r6t puissant, 
car ilsserviront de base dans un examen post£rieur de notre situation 
industrielle, nous r£v&lent en m6me temps qu'avec le calme, la tran- 
quillity de la rue, I'assurance d'un avenir solide, le travail reprend 
dans notre ville avec une nouvelle intensity. 



NOTE 



L'ltablissement de la llgne d'Alsis * Beaoeaire ne se fit pas sans protestation de la 
part dequelqoes- ens. Ce fot Aignemortes qoi dleta la toil, el II. Tslabot, an dee 
autenrs da projet 9 fat, a eel 6gard, personnellcmcnt attaqud; pins lard ee fat la 
eompagnie clle-m£me qui devintle point de mire de reproebes violents. On lai rcpro- 
chait d'etre entre les mains de puissants on simple instrument, tlors que ces pmissanis 
. ne poss6dsient pas ensemble le -tiers des actions de la eompagnie et qne lea prineipaox 
et pins forts acUonnaires appartenaient aa ddpartement dn.Gard et parliealierement a 
Nimes. On y remarqnait, en eftet, I1M. Angoste Silhol , Ronx-Carbpnnel , de Cbspel, 
Th. Gide, Edoaard Pelet, d'Hombres, de UonUsar, Tar fils, Monrier, Edoaard lDeMI, 
Gaston de la Banme, etc., etc. 

Aigoesmortes rfelamait, comma so crojaal Ids* dans les InMrttf. n a'csl pas 



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it 



HISTOIRB DB NlUBS 



iootUe de rtpttef ici ce que dans nne leltre do 7 mai 1832, repondaicnt aux* reela- 
mationa de cette ville, let coramissalres de la eompagnie. L'expdrienec lenr a doond 
taison, el a proavd que Fingenicnr qui avail trad eelte vole, ana dea premieres de 
France, dlait a coup $or an homme de haute valeur et an savant economiaic. Son nom 9 
di rcate, a'eat attacbd a cette eompagnie P. L. II. dont il fat, ainon le cr&teor, di 
noiaa un iaspiralear avdrd. 




Nines, le T mai 183*. 

. • Aprta la ligne de la Provence, la 3~ en importance dana lea relatione 

eommereialee de la ville de Nimea et da dlpartemcnt, e'eat celle da Rbone. Or on 
Pabandonnermit enlierement an se dirigeant sur Aiguesmortes ; Beaocalre an contraire, " 
on le sail, est admit ablcment place* poor en ascr. 

A la vdritd; Aignesmortcs a 1'avanlage poor lea commonkationa avee le Sad-Oaest 
dela France; mala d'abord cea relatione n'entrent pas poor nn dixieme dans noa 
appreciations da tonnage dn commerce a venir de noire ddpartement ; et puis Beaacaire 
nedispose~t-il pas, qnoiqa'avcc moios d'aventage, de la ligne dea canaax da Midi ? 

Aussi Beaacaire est le port obligi de nos communications mrec la Province el arte le 
Bhdne ; de ploa cette ville, dont la position est unique, cpmmnniqoe dgalementjrfen 
avee la Ifcditerranfe, par le BbOne ct le canal d* A rice a Bone, avec le nord de la 
France par le RhOne, et aans dome McntOl par le cbemin de fer de Paris a Marseille ; 
avec rOocat par le canal dn Midi. Qu'oo ajoate a cea considerations llmportance de 
la foire de Beaacaire et lea ressonrces qa'oflre dtja cette ville an commerce, et il none 
semble que pcrsonne nlidsitera a conclore comme noos- qae < Beaacaire eat le port 
neturel de Ximes. -J 

Nona aavona tons ce qae la ville d'Aigncemortes aarait gagnd a devenir le deboucbd 
da cbemin de fer. Mais qu'elle soaffre de rdlablisscmcnt de ee cbemin tel qall est 
projete 1 , noas n'co eroyons ricn. C'eat sc moqncr qoe de p"6teadre qae la situation dea 
salinea de Peccais en puis** *ire cbanglc en qnelqoe cbose* Le commerce de cabotage > 
pcrdra qnelqoca articles, en gagnera detantagCf et a toot prendre a'accroltra ecrtai- 
ncmenl, bien loie de diminoer. 

Cette question est importantc ; elle demande a 6tre examinde d*an point de vae an 
pen plus dle\d qae celai da profit qa'ane localitd restreinte en pent tirer. La plupart 
des actionnaires de cette eompagnie, babitanta de ce ddpartcment, ont fait an acte de 
palriotismeenprenant part a sea travaax 

(Solvent Ice aigaatorce.) ' 



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CHAPITRE TROISlfiME 



(Aon<c IS33) 



SOM M AIRE 



TftAVAUX DC CONSEIL MU.NICIFAL. — ADJITOCATIOX DC CBEXIX DB FEE D*AlA» 

a Bbaccaire. — Fete du Roi : Accident acx Abeses. — Adjudication de l'octboi, 
— Lbs Dames db Sai*t-Macr sont cuabgebs db doxxeb cbatuitemext l'ccstbuctiox 

AUX FILLES EH'DIGEXTES. — Bl'DGBT DE 1834 : LWTKCCTION FUBLIQUE, — SqualuS 

Glaueus pechb a Aiguesuobtes. — Agceftatiox du fbojet Talx Form l'abbcctmmi 

DBS EAUX. — PftOJET D'AGBAXDISSEMBXT DU PALAIS BE JUSTICE. — ftLECTIOXS 

dbfabtbmextales du 49 novembbb. — La suit db Noel. 



M. de Lacoste, pr£fet da Gard, est nomm£ prSfet do dlpartement de 
la Gironde. 

M. Rivet, pr6(et de Ja Haute-Marne, est nomm6 prgfet da Gard. Tel 
est T6venement saillant qui marque le dlbut de 1833. I/ordonnance 
que nous citons est dat4e du 21 Janvier. 

Aux agitations des annles pr£c£dentes avait succ6d6 one p6riode de 
calme, de tranquillity telle, que Tautorit^ jugea qu'il n*6taitpas n£ces- 
saire d'interdire les mascarades, comrae on avait 6i& contraint da la 
faire pendant le carnaval de 1830, 1831 et 1832. Les passions politi- 
ques s'assoupissaient et, avecle repos, la commerce renaissait prospfere 
et confiant 

Dans sa session de tevrier , le Conseil municipal, sur le tu da la 
petition d'un negotiant, relative k la mise en adjudication publiqua 
de la condition des soies, jusqu'ici dirigto par one indostrie partictt* 



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HISTOIKB D« NimS 






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li&re, d&idait; aprfes avoir entendu la commission compose 
MM. Cazeing, Vidal-Pellet et Bonnaud, que l'autorisation d'ltabl 
Nimes une condition publique des soies serait sollicitle de Tauto 
sup&ieure. 

Une commission 6tait nommto par le Conseil k l'effet d'examirier 

1* La construction d'une YoAte sur la partie da canal de l'Agau e 
la maison Valz et la place da Chiteau ; 

2* L'61aigissement, en continuant l'alignetnent; de la rue qui con 
de la place Beile-Croix au pont de Sigalon ; 

3* L'ouverture d'une rue de communication entre les routes d'A 
et de Beaucaire. 

Un dernier projet attira fortement l'attention da Conseil. Un i 
veau cimeti&re yenait d'etre itabli sur le cbemin d v Avignon \ 
remplaccr celui du cheniin d'Uz&s, dont l'insuffisance itait depuis 1< 
temps d6montr6e. L'6tendue de ce cimetifere, 6tant de cinq fois si 
rieure k l'ancien local, le conseil en destina une portion k des s£pu 
res particuliires. Cette decision assurait k la ville une augments 
de 8es revenus et donoait satisfaction h certains int6r6ts de famille 

La session def&vrier se termina par le vote sur la subvention tl 
tralepour la campagne de 1833-1834. Cette subvention fut fix< 
12.000 francs, mais le Conseil d£cida que le th&tre resterait ou 
toute l'ann&e, sauf pendant les deux mois des fortes chaleurs, et 
.les plus sgveres precautions sentient prises entre le maire et le : 
veau directeur, pourqu'un nombre et un choix convenable de pi 
fussent assures au public. II convient d'ajouter que le directeur i 
k cette 6poque la jouissance gratuite de la salle des spectacles et 
Ar&nes(1). 

Le samedi 9 mars, vers onze heures du matin, neuf saint-simon 
sous la conduite du pfcre (?) Huart, ancien capitaine d'artilleri< 
exer$ant en ce moment l'6tat de cordonnier, arriv&rent k Nimes p 
cbemin d' Avignon. Ces sectateurs d'un nouveau genre qui depuis < 
ou trois ans parcouraient la France, 6taient vfttus de costumes biza 
et leurs chants, comme leur tenue, ne manqua pas d'attirer une : 
nombreuse qui les accompagna jusqu M'auberge de Castanier, ch< 
de Montpellier, vis-i-vis la porte de France. 

D6j4 le bruit s'&ait ripandu parmi le peuple, que ces-hov 
venaient renverser les religions existantes, en apporter une nouvel 
que leur doctrine autorisait i'incesto. . • • 



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(\) AtU municipal d« t mart iWti 



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ANNjfcK 1*33 



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- Dans la journee, ils se r£pandirenl dans laville, en pari icu Her dans 
la rue deTEnclos-Rey et ce que Top appelait la Bourgade. lis excittrent 
centre eux des sjgues de mlconteutement non Equivoques. 

Le soir, k leur auberge, aprfes leur sou per, Tun deux fit one exhoiia* ' 
tioD, et s'adressant k quelques femmes du quartier, qui llaieot 14 en 
curieuses, il leurparlade la liberie de la femme, de sa domination 
future etprochaine. 

Le dimancfce, sorlaot en costume, sac an dos, ils travers&rent la 
Title et furent d6jednerrue du Mrtrier-d'Espagne. La foule, grossis* 
sant d'instant en instant, les suivit et se massa devant la maison oil ils 
se trouvaient et dans les rues adjacentes. 

A leur sortie, l'autoritg pour prevenir quelque raalheur, dut les pla- 
cer au centre d'un carr6 form£ de douze gendarmes, d'une compagnie 
du 30* de ligne et de tons les employes de la police. (Test dans cet 
Equipage qu'ils sortirent de Rimes au milieu des hules de la populace 
mena$ante. Ces pauvres illumines crurent devoir, cnvoyer de Mont* 
pellier une proclamation en style bizarre au peuple Nimois fl). } . - 

Cette ridicule Iquiple ne laissa pasd'autres souvenirs dans la villa.* 

Le 11 mars l'adjudication, si souvent retard£e, du cbemin defer 
d'Alais k Beaucaire eut lieu k la prefecture. Elle futprononote au 
profit de MM. Paulin Talabot, L. Veaute, E. Abric, et D. Mourier, 
an premier prix qui avait 6t£ fixe par lecahier des charges, c'est-i-dire 



(1) Void le teitc de cet Strange roorceaa : ... 

• Les cohpagxoks db la femmk, Arnaud, Dcsloges, Janin, Lamg 9 Machirean, Mergtn, 
Reboul, an people de Nimes, 
» People ! 

« Nous priYitegidft de la naissance, nous avont quittd not rsngs, nos fortunes, no* 
families, poor aller dans tos ateliers yivrc de Totre Tie. : 

» Dieu* nous a fait scntir tonics tos souffrsnecs ; aussi aTons-nous apparu daos tos 
mors avee des psroles d'esplrance et d'amour, Tons annoncant que la femme allait 
bienlftt faire tomber la cbatne de doolcors qoi pise sor vos tiles depois laot do 
sitdes. '•..*! 

. » Yous nous avei mtconnus, et eependant a tos clamours, a tos outrages, a tos 
Oris de morl, sous opposions une phytionomie ealme, une dlmarcbe assurte, one atti- 
tude pati6que« • " 

» Dieu se manifesfait en nous, fort et patient, et tos coeurs ne Tout polul sentL 
_ » Nous tous deTOui une parole* ...•-'.» 

•» Le rtgne de la femme est proche. 

> La mere de tous les hommes et de loules les femmes va apparaltre, . " ' 1 * 

a Au nomde Dieu — plus do sang — plus dfehafaud, <■ 

a Montpellier, «ma?slS38 # »- - '•/'-'■ >; . 

^••sltasUmlMUtTsatL # 



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C*X>g%J;' 



SO HISTOIRE DB NMES _ 

10 centimes pour la houille et 15 centimes poor les autres marchan- 
dises&la descente par kilom&tre et par quintal, et k 17 centimes & la 
remonte pour tons transports. 

Le I" maise c£16brait aveclasolennit6accoutum£ela ftte da Ron Le . 
spectacle aux Ar&nes fut marqu6 par un accident qui co&ta la vie iun 
homme. Le nomml Barth61eray Paulet, fut bless£ par un taureau et « 
succomba le 1 1 du mftme mois des suites de sa blessure. 

M • Girard, maire de Nimes, et Almire Cavalier, colonel de la Garde 
nationale, furent feits cheyalierde la Legion d'honnear. 

Quelques jours apris, le drame quiavait eu Nantes pour prologue, 
se d6nouait k la citadelle de Blaye. L'incarc6ration de M~ la duchesse 
de Berry, qui ggnait plus le gouvernement de Louis-Philippe qu'elle 
ne le servait.se terminait par son embarqueraent k bord de YAgaihe 
k destination de Palermo. (Test ainsi que'finissait, le 9 juin 1833, 
cette insurrection de l'Ouest, jug6e si peu redoutable par les jury* 
de la contr£e que plusieurs, poursuiyis devant les cours d'assises de 
Blois ou d* Angers pour faits d'insurrection, obtinrent leur acquire- 
ment 

Avec le mois de mai s'ouvrait la session du GonseQ municipal. II 
n'est pas inutile de jeter un coup d 9 oeil sur le budget de l'£poque tel 
que le votait l'assembtee communale.- Nous y remarquons notamment 
que sur un budget de 403.000 francs, on consacrait 53.000 francs & 
Finstruction publique, ce qui constitue une proportion de 13. 15 0/0 
alors qu'ajourd'hui elle n'atteint pas plus de 10,98 0/0. 

Sur ces 53.000 francs, les cours publics, augmentation et entretien 
des musses, biblioth&ques, eta, absorbaient 26.000 francs. 

L'instruction primaire recevait le reste, 

soft. 26.510 — 

ripartis .comma il suit : au culte catholique. 19.050 

au culte protestant. 7.460 

Je dois ajouter , puisque je suis sur ce chapitre , que le Ministre 
de Tinstruction publique accorda k la communaut£ des Barnes do 
Saint-Maur une somme de 3.000 francs, afin de construire dans les 
bitiments qu'elle occupait, deux sallea destinies k recevoir les jeu- 
nes fiUes indigenles auxquelles elle donne gratuitement llnstruo* 
tion. Les Dames de Saint-Maur continuent k se consacrer k ce 
service gratuit dans leur maison conventuelle de la place de FBs- 
planade. 

L'octroi, qui a toujours 616 leplus clair des revenus de la ville, 6t*it 
k cette <poque en ferme. A la suite d'une adjudication laborieuse, et 



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ANNfeB 1*33 SI 

plusieurs fois remise, il fut adjug£ it M . Mourier, antien fermier des 
octrois, le samedi 25 mai, sur la mise k prix de 375.000 francs. 

Une des plus grosses affaires de cette session qui d£ji avait absorb6 
plusieurs stances depuis Installation da Conseil municipal, fut la 
solution donn^e 4 la questions des eaax. 

Nous avons deji vu, que le Conseil par quatorze voix centre seize 
avait donn6 la preference an projet Talabot sur le.projet Valz et 
Fauquier. Nous avons Igalementvu, et j'aifait remarquer que ma!gr6 
cette deliberation du Conseil qui semblait devoir ^carter definilivement 
le projet Valz, le Conseil i&olut d'eiabbrer un projet de traite avec 
les deux compagnies. Ces remarques rel&vent la tendance d 9 une 
fraction du Conseil, tendance qui ne tend k rien moins qu f fc eiiminer 
pea k peu MM. Talabot et Did ion, pour lear substituer MM. Valz et 
Fauquier. 

Dans la seance des 5, 6 et 7 juin 1833, le Conseil finit par accepter le 
traite k iot9rvenir entre la ville et la compagnie Valz et Fauquier pour 
la derivation etla cpnduite d'une partie deseaux da Gardon. 

Comment ne pas d£plorer semblable aberration qui a port6 une si 
funeste atteinte aux intents de la ville? Le projet Valz et Fauquier 
ne fut jamais execute etcen'est que quaranteans plus tardqueNimes 
putrecevoirun peu d*eau, alors qu'i cette epqque un projet c que re- 
commandaient le nom d*un ing^nieur habile, une grande simplicity 
d'exScution, et les garanties d'une compagnie puissante (\) » devait 
rdaliser le voou que la population formalait vainement depuis plusieurs 
sifecles. 

tfestun honneur pour la partie catholiqae da Conseil d'avoir, autant 
qu'il lui etait possible, essayl d'eviter cette faute capitate qui p&sa 
lourdement sur la municipality de l'epoque. 

Quoi qu'il en soit, il importe de donner id quelques details sur le. 
projet que venait d'adopter le Conseil et pour lequelon redoutait des 
difficultes d'ex£cution et les reclamations des communes voisines de 
la prise. 

Ce projet reposait sur la derivation des eaux du canal Calviire. 
Cetait k une petite distance de son embouchure dans le Gardon, que 
le canal devait etre derive et marcher k del ouvert dans le sens des 
villages de Sauzet, Saint-Geni&s et la Rouvi&re, sur une longueur 
d'environ 1.100 mitres.- 

Li devait commencer nn aqueduc souterraio qui devait passer an- 

(I) Coumtrdu Gfttf, t» saute *• lit. 



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HISTOIRB IMS NIMES 






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dessous do la valine de Valldnguelte, ensuile sous celle de Val 
du mas de Granon et enfin sous le lit du cadereau pour d6fa 
Nimes, au niveau du bass in ovale du moot Cavalier, 6tabli k 1 
au-dessus du pav6 de la Bouquerie. 

Cet aqueducsouterraio ne devait pas avcir moins de 12kilor 
longueur et etre adre par des puits dont la profoadeur moyem 
6i& de 40 metres ! La longueur totale de 1'aqueduc mesurai 
metres. .. 

Le niveau du point de depart devait Strode 13 mitres au-< 
celui d'arriv£e, ce qui donnerait anx eaux une Vitesse de 65 4 
metres par seconde et devait la conduire k Nimes en quinze t 
trajet. — 

. MM. Valzet Fauquier promettaieut 1 .000 pouces d'eau, se i 
la pleine propriety do tout le surplus de la derivation. La vill 
donner 1 .700.000 francs a pre* facheveinent des travaux et k la i 
des eaux, et une somme de 100.000 francs d6po?6e comme ca 
inent, restait acquise k 1* vilie, si la compagnie, dans un d61 
annges qui suivraient Tapprobation du traits, n'ex&utait pas 
ou seulement interrompait ses travaux dans une pr 
d&erminfe. • • 

A ce projet, MM. Valz et Fauquier, qui ne cnugnaient pai 
grand, en avaient joint un autre, partie acoessoire du traitg : 
de navigation de Nimes a Aiguesmortes. 

Pendant que le Conseil nlgljgeait ainsi les veritable* int&rdt 
6taient oonfi6s, la compagnie Talabot dcSfinitivement 6cart6e, 
le trac6 du chemin de fer d'Alais k Beaucaire et itablissait son 
La dtpense totale 6tait 6valu6e k 7.000.000 dont : 

3,190.000 pour indemnity aux propri&aires et trava 
d'Alais k Nimes. 

1 . 150.000 pour mftmes d£peoses de Nimes k Beaucaire ; 
700.000 pour materiel ; 

1.960.000 pourfrais g6n£raux, impr£vu 9 etc. 

Cependant, apr&s une affaire aussi malheureuse, le Gonsei 
pne decision plus conforme aux intlrtts de la villa. 

Le Palais de Justice, construit dans le temps pour une i 
d'appel etune Cour criminelle, 6tait devenu tout k faitinsufih 
allait le deveoir bien davantage, si le gouvernement r6 
promesse qu*il avait faite k la tribune d'augmenter le noi 
conseillers. En outre le Tribunal de commerce stegeait en d 
Palais, ce qui accroissait singuliferement les lenteurs judicii 



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. ANNfiK ItSt M 

Conseil gln&ral r&olut done d'agrandir le Palais de Justice , et 
Jff. Bourdon, architecte du departement, fut charg6 des plans et devis. 
L'ancien Palais de Justice 6tait un Edifice d'unerare lllgance. II 
rappelait les Propytees, et sans que M. Durand en eAt manifest^ le voeu, 
le plan de ce monument fut grav6 et donn£ comroe mod&le au court 
d'architecture de l'Ecole polytechnique avec la Vis de Saint-Gilles. 

Le projet de M. Bourdon consistait k s'emparer de tout l'emplacement 
et des b&timents des messageries Galline, ainsi que de la raaison Brun. 
situto au nord du b&timent alors debout. Le peristyle de la facade devait 
fttre d6moli pour dtre reconslruit au milieu de la nouvelle facade qui 
s'6tendrait depuis l'angle du Palais jusqu'&Fentrlede la rue Regale. 

Une autre facade avec entrto, mais plus simple, sera it construite 
sur cetto rue : le Palais devait ainsi former un corps de bitiment isol£ 
des constructions part icu I teres, k Texception du c6\6 du nord. 

Ce projet, qui depuis iut ex6cut£, devait colter 246.000 francs. Le 
departement donna 30.000 francs. La ville en donna 16.000. Le reste 
devait 6tre support^ par l'Elat et le3 d£partements du ressort. 

La direction de l'Ecol*du dessin futconfi^e k M. S. Collin, peintre, 
k Paris. etM. Alphonse de Seynes fut nomm6 conservateur du Mus6e. 
II fallut proc6der aux Elections dlpartementales. Elles eurent lieu 
k Nimes pour les trois cantons et pour le Conseil g6n£ral le mardi 19 
novembre. 
Pour le Conseil d'arrondissement, lejeudi 21 novembre. . 
Le tableau ci-apr&s donne le detail des Elections au Conseil g£n6ral. 
1" canton. — M. Jalaguier-Plantier fut 61u par 74 voix sur 146 
votants. MM. de Bouillargues avait riuni 31 voix ; 
Carcassonne D. 22 ; Oignan 15. 
2~ canton. — Au second tour de scrutin, M. Ferdinand Blchard fut 
61u par 1 14 voix contre 1 10 accord&s & M. F. Girard, 
r - • roaire, sur 226 votants. 

3 M9 canton. — M. de Chastellier, ancien maire, fut 6\ u par 106 voix 
contre 100 accord&s k M. Blanchard 9 sur 212 
votants. 
Les elections du Conseil d'arrondissement, donnerent les rteultats 
suivants. 

M. Casimir Boissier 6tait 61u dans le I* canton 
M.Rigotp&re, — 2* — -. 

M. Boyerp&re, — 3* «— 

L'annfe 1833 qui avait 616 si calme, si tranquillese termina par des 
seines fflcheuses qui eurent des catholiques pour victimes. 



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*» HKTOIRB DB HUMS 

Dans la nuit da 24 [an 25 d&embre plusieur* personnes allant ila 
roesse de minuit ou en revenant furent molest&s sur des points difiES- 
rents par des bandes hostiles. 

Aiusi, k Tangle de la rue Fresque et de la Madeleine, un jeunehomme, 
qui se rendait k onze heures du soir k la cath6drale, fut ossailli par 
une troupe d'individus qui lui portdrent plusieurs coups depierre k la 
tdte et un coup de couteau k la cuisse gauche. 

Bue Saint-Pierre, une autre bande poursuivait un jeune homme qui 
k deux heures du matin revenait de l'office divin. Comme il appelait 
au secours, un nomm£ Durand, ayant cru reconnattre la voix de son fils 9 
se prckipita au dehors, mais il fut accueilli par une grftle de pierres. 
11 fut blessl, et sa femme, k l'intfrieur de lamaison 9 fut 6galement 
atteinte. 

Dans le mftme quarlier, une seine plus odieuse encore se passait, 
dont 6taient victimes deux paisibles families qui revenaient de l v 6glise. 
Une femme, ayant son enfant au bras 9 eut la tdteet notamment la 
partieau-dessus de Toeil gauche couverte de contusions. Des jeunes 
fiUes inoffensives furent trainees dans la rue. ~. - 

Un peu plus loin, les nomm& Oaudibert et Don avert subirent aussi 
des s£ vices graves. 

Sur plusieurs points de la villa se perp&r£rent ces attentats inft- 
mes qui 6taient gvidemment le fait d'un concert neltement arrdt6. 

Quelques arrestations furent op£r6es et plusieurs coupables furent 
poursuivis. Trois d'entre eux furent condamn£s A un an d'emprison- 
nement et 50 francs d'amende ; quatre autre* k six mois de prison et 
16 francs d'amende. II est Evident que tous les auteurs de ces odieux 
attentats ne purent pas etre atteints par la rigueur des lois. 

Cette memo annle, le 5 juin, les plcheurs du Grau du Roi amenaient 
k la cdte un Sqaalus Glaxtcus, squale bleu qui ne pesait pas moins de 
onze quintaux. 11 resta expose aux Ar&nes pendant quelques jours. Le 
squelette fut ensuite donn6 au cabinet d'bisloire naturelle de la villa. 



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CHAPITRE QUATRlfiME 



(Anafe 1834) 



SOMMAIRE 



L'bxpositio* genebalb de lIxdcstbib a Paris : Les exposakto, lbs lalieats. — Lb 
go.nseil hcs1cifal, 8es tbavahl. — d&libeeatiox belatitb a la conservation db 
l'Eyecob de Nimes. — Bcdget xcxicipal. — Don Air xtsee. — Recensbxext GENERAL 

DB LA POPULATION, — ELECTIONS LEGISLATIVES DC 22 1CCJ. — LB MABCBS DBS, TCIS 
ET SPIBITUEUX. — L'lNYENTION DU CHEF d'ATEUEB TCRMN. — ELECTION LEGISLATIVE 
PARTIBLLB. — ChANGEXENTS DANS LA GARNISON. — TlBAGB AC SOBT DBS C0NSBILLBBS 

mukicipaux sortants. — mlnlsterb du 10 kovbmbbe. — ministers du 19 novebbbb. 
— Elections municipals*. — Experiences pubuqces sub la coxbcstion du gab 
Selugce. — Lb cbolbba a Marseille. 



Les exc&s qui, dans la nuit de la Noel 1833, furent commisdans 
plusieurs quarters dela ville, n'eurent heureusement aucun 4cbo dans 
la ville et la tranquillity ne fut pas autrement troubtee. 

La France organisait, k ce moment, one exposition publique des 
produits de l'industrie firan$aise qui devait s'ouvrir k Paris le I" mai 
1834. Une des conditions de renvoi des objets exposes £tait qu'ili 
deyaient an pr&lable passer devant nn jury dgpartemental (I) . 

(i)LcPrtfot,ctc. 

Consldtrant que, corome par le passl, aucon objct ne pent dire envoy* I l'expositioa 
•11 n'a did d&lar* admisiblepar on jury form* sa chef-lien da dtyartement ; qne eette 
dispositiOB esl de rignenr. 
Arrtte:* 

Art. I*. — Les articles oa aatres objels que les bbricanls oi anlres nannfaetartars 



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» - HfSTOJRE DB KIMBS . . ^ 

Void les noras Aes industriels et manufacluriers nimois quir6pon- 
dirent & l'appel da gouvernementet qui exposerent leurs prod a its. . ; 

... Tissagk •..,.".. 

MM. Aurivel ain£ ; Barnouin et Bureau ; Bouet et Bibes ; Bousquet- ' 
Dupont ; Brousse Jacques ; Colo ud res freres ; Coute Antoine ; tbrabi6- 
Rossel ; Coinmert Carreton et Chardonnaud; Curnier etC 1 *; Daudet atnS 
etC*; Dhombres et C" ; Durand Bouchet et Hauvert ; Fabrfegue-Nourry 
et Cr \ Gaidan Georges; G&raudan v Bruguier et O; Gelly frferes; 
Martin freres; Nourry fibres ; Bouvier et Michel ; Rouvi&re-Cabane ; 
. Roux frferes; Sabran pire et fils et Raynaud ; Soulas atri£ , Dev&ze fils 
etC*; Colondre Jean et Prade3 ; Daudet jeune ; Daadet-Qu^rtty et €ie ; 
Puget ;.Say-Arnaud, Galland et Ducamp; Roux cadet, Rigaud et O. , 

BONNETERIB 

Bosseus, Moureau et Baud ; Boissier etC* : Joyeux Emile et O; Pagfes 
fillet C" ; Plantier Barre ; Tur et C* ; Loynadier et Daumas ; Meynard 
cadet ; Roux cadet, Rigaud et C*. . 

Divers 



L» Boucoiran et A* Brugukre, pour les soies & coudre. 
Colomb, la liaison centrale, pour les fa ntaisies et tretdlles • 

cnverront a PExpositfon, devront ftlre par cox rcmiaou.enroyla, franco de port, a 
rH6lcl do ville do Niracs, ivant lc 45 fdvricr 4834. 

Art. 2. — Toot envoi sort accompagne* d'uno nolico indignant les -nom" ot prlnoms 
cl la raison soeiale do ecloi qui Faura fait, lo lieu ou soot sjtuls ses Itablissementsi 
Icon prindpaux moyena d'aclion, Fimportaoce et IVStcndue do sa fabrication ou do son 
ladustrie, les dlboucbla on lieux de eoasommation, le nombre d'ouvriers quit occupe, 
leur'talaire, la nalaro et Porifcine des maU&rct premicret, enfin tout ce qui sera de 
nature a fairo appr&ier ses fabriques. II y sera, en outre, fait mention ti tea produits 
qa'il soumet a rexposil : on jouissent'd'uo brevet d'invention 9 alls ont d#ja eoncouniet, 
ti, a la.derniftre exposition, ils ont did Fobjet de quelque distinction ou mention. 

Outre cctto notice, cbaque module, dcbantitlon ou produil, «era marqut s£parlmeal 
par unc dtiquette ea mature tolidc, laquelle indiqucra ea grot caract&res, lc nom da 
ddpartemeat, le lieu oil ctl titude la fabrique, lc nom et prlnomdu fabrlcant ou artiste 
ei lb prix marcband de Fobjet; cn6n une. facture gdnlrale conliendra le prixea 
fabrique de Fobjet et tors remise a Fad ministration. • A 

Art. 3. — Get produits teront ddposds dans une des sallea de lH6tcl de vflle. . 

Art. 4. — Sont nommds membrct du jury dfportemental, Mil. Cbarlcs Vassas, Roux-/ 
Carbonncl, Da?ld Carcattonoc, ancient nlgocitots ; Alpnonse Jalaguie', Delacorblftre, 
Bmilo Bonnaud, Ed. Michel, Louis Pascal, Kelson Armand/TastCTla-Raynaud, J'caanot 
Favre et Charles Favre, commitslonnalres eo articles de la fabrique do Nimes. * 



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Gqogle 



Holland Jules, pour son huile de ricini . :. V, \> . } \ 

Bellisle-Fournier. • • ; _ ' • ■ . . 

Lacaze pour uoe charrue vigneronne/ 
Planter Bouooirao et C u , faience fine et terre de pipe. 

Les maisons Sabran pfcre et fils et Raynaud; Vurarid, Bouchet et 
Hauvert ; RouViere-Cabane, remporlferent une medailled'or. 

Une medaille d'argent fut.accoidee aux maisons: 

Roux Cadet, Rigaud et C* ; Meynard cadet; d'Houibres et C; 
Barnouin et Bureau; Soulas a!n6; Roux freres; Jacques Brousse ; Tur et 
<?•; PlanlierBarreetC*. 

Ce n'est pas sans raison que je me suis etendu tant sur les details 
d'organisation de cette exposition industrielle nationale que sur les 
exposants nimois et les recompenses obtenues. L'activite cotnmerciale 
a fait, k cette 6poque, place a l'agitation politique, je Tai dit dans raa 
preface. 11 etail done naturel de placer au debut d 9 une periode, toute 
consacr^e au travail 9 les noms de ces vieilles maisons nui ontfait la 
force et la grandeur de la ville. . 

'Si le commerce se mettait en mouvement pour representor digue- 
ment nptre cite dans Imposition prochaine, le Conseil municipal 
8 v occupait activeraent de sa mission.' 

II dicidait Fouverture d 9 une rue entre les chemins d' Axles et de 
Beaucaire, au travers des terrains de M. Cler, maintenait sa prec6dente 
deliberation sur la condition des soies et mettait k l'etude rouvertore 
dela rue Colbert, ainsi que les constructions k faire sur la facade da 
college, sur le boulevard des Calqui&res. 

II votait ensuite 6.100 francs pour les ecoles d'adultes, r£partis 
com me suit: "* 

. - ... Z'i Ecole catholique 3.900 

— protestante 2 .200 

Ces ecoles etaienl de creation toute ricente et k peiue instaliees 
obtinrent, grace aux efforts des professeurs et k leur denouement, un 
r6el succes a upres dela population. 

Le Conseil adoptait k la presque unanimite la creation k recole de 
dessin d'unesecondeclasse duplication, oil le dfessin lineaire superieor 
serait euseigne pour € permettre, dit le rapport, aux masons, serra- 
riers, charpentiers et m£caniciena en tout genre, de devenir, k 1'aida 
de quelques etudes, ouyriersplu* habile*, et par celamtme pVcide 
famillepluslieiireiixt » -■ . .. ' . \ *\ .. . 



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Go0gk 



"_* 



BBTWHE DB NLHBS 



I : 



V 



Lecimetitoe du cherain <T Avignon venait d'etre achate etdos de 
mars. II restait k j ajouter les constructions n£cessaires h * sa 
destination. • 

M. Cbambaud, architecte de la villo, dressa le dovis qui s'&evait k 
la 8omme de 33.739 francs. 

Savoir: La chapelle et les caveaux attenants. . 20.647 20 
Le logement da prttre et du concierge. . 1 1 .316 60 
Les portes latfrales i .776 

Je remarque que le Conseil, dans sa deliberation sur la question du ci- 
met&re adopta ces chiffres, end&idant que lesfonds qui proviendraient 
de la vente des terrains achates pour inhumations par tic ul teres, 
seraient appliques k la reconstruction de I'lglise Saint-Paul* 

Nous verrons par la suite que la reconstruction de cette 6glise, si 
hautement r&lamto par les plus legitimes besoins du culte, deviendra 
une consequence assume de cette louabie deliberation du Conseil 
municipal/ 

Un amendement de M. Eschass&riaux (I), adopts par laChamJbre, 
semblait menacer I'gvechl de Nimes. Le Conseil s'6mut de cette grave 
uouvello et se reunit extraordinairement le 2 avril. Viogt-huitmembres 
etaient presents (2), et k Tunanimite, ils emirent le voeu de la conser- 
vation de rev^che de Nimes. 

11 est curieuxde lire les consid&ants de cette deliberation au bas de 
laquelle s'inscri virent un grand nombre de protestants du Conseil. 

Aprta que M. Girard, le maire, eut declare qu*il lui paraissait 




(1) Cel amendement Esehassemu qui menacait 1'existence de l'dvftchd, avail €H 
iosdrd dans la loi de Bnaneea da IS join et <tait aintl conga: 

« A l'avenir, il ne sera pas affect* de foods a la dotation des sieges tyiscopanx et 
utlropolitains non compris dans le Concordat de 4801 qui viendront a vaquer, josqo'a 
conclusion dlfioilif e des negotiations catamlcs a cet Igard eatre le gonvernemeat 
francais et la Gear de Rome. » 

Le Concordat de 4801 et la loi d'organisation de germinal an X, en crdant cinqnante 
sieges dplscopanx, avait placd la ville de Niracs ct le dlpartement da Gard, dans la 
jorididipn de VMeki d$ Vdudu*. 

Cest rordonnanee da 49 octobre 1821 qvi, asapl de la facolte* donned par la loi da 
4 joillet meme annte, avait rdtabli l'ancien drtctid do Nimes. 

(2) Etaient presents : Mil. Girard, maire, president ; Montagnon, adjoint ; Philippe 
Mathien, Louis Baron, David Carcassonne, de Dannant, Benolt alnd, Ferdinand Bdcbard, 
Pierre Cornier, Angnste Cazeing, Jean Rebonl , Vidal-Pcllet, Jcan-Jaeqnes Baron, 
Antoine Allot, Jean Nonrry • Alphonse Boyer , Monnler des Taillades , Vincens- 
Monrgnes, Jean-Loois Fajoo, Theodore de Perrio, Eugeac Abric, Casimir Michel, 
Fontaines fill, Bmile Bonnaod, EmUoDclaeorblere. ' 



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ANNftB MS* if 

difficile de ne pas roconnaitre qu'ind£pendamment de plasieurs 
mt&rdts municipaux li£s k la question, l'existence da s$ge Episcopal v 
dans Nime8 touchait poiir le pays k des considerations morales et 
politique* du premier ordre , ie Conseil adopta les consid£rants 
saivants : • 

Consid6rant que la haute influence de Wvfique sur la conduite du 
clergg et l'administration de l'Eglise, en toot temps et en tous lieox 
salutaire, a toujours 616 reconnue dans le Gard comma Iminemment 
n6cessaire; ..-".' . 

Consid6rant que Textrdme difficult^ des cir Constances locales - 
reclame son vent des relations promptes, intimes et faciles entre . 
l'autoritg civile et l*autorit6 eccl&iastique ; 

Consid6rant quele chef-lien est an des plus importants da royaame 
et que nulle part le soin de la paix de l'Eglise n'exige ni pi as de • 
sagesse, ni plus do prudence, et n'int&resse i uh plus haut degr<§ la 
prosp£rit£ g£o6rale da pays ; 

Considgrant que la conservation del*6v6ch6 de Nimes f favorable k 
toutes les convenances admioistratives commtf k tous les int6t£ts 
mat£riels delacitl, r6pond aux voeux sinc&res de la population catho- 
lique, sansblesser en aucune manure aucun des intt'rets qui lui sont 
Grangers; 

Consid6rant qu'ind£pendamment des convenances administrative* el" 
niatlrielles, les plus hautes considerations politique* signaleraient 
comme extrftmement f Achouses dans le Gard toute mesure qui porterait 
atteinte it des int&rdtsreligieux; 

Considgrant enfin que le premier des devoirs du Conseil municipal est 
d'appeler Inattention de l'autoritl sup6rieure sur toute mesure qui pent 
lui paraltre contraire aux iot£rets locatix, et que, danssa conviction 
profoude, la suppression de l'^vdche de Nimes leur serait trfes pr£ju- 
diciable, . . 

Le Conseil, etc. 

Cette deliberation et les motifs qui y sont iovoques font le plus grand 
konneur k ceux qui les ont sign&, meltant la religion, la justice, 
I'int6r6t public, au-dessus de toute petitesse et de toute mesquine 
question de parti. 

Quelques semaines apres , la discussion du budget communal 
r£unissait k nouveao le Conseil. Unrapidecoup d'ceiljet6 purees chiffres, 
base des affaires municipales, nous fera comprendre la prudence avec 
laquelle on agissait, k l'6poque, pour • tout ce qui touchait rint6r6t - 
financier de laville. 



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<Sf . HB10DIB DB NDIBS '~ * ' . 

Avec un budget die recettes s'6levant it 578.118 francs, le raontant 
des dipenses ne s'&evait pas it plus de 429.373 francs laissant un 
exc&lant de recettes de 133.745. Une telle 61asticit6 dansle budget 
communal permettait de faire face aux d6penses imprgvues dans 
une large mesure ; et cependant le Conseii augmentait la dotation 
de Ti nst ruction publique qu'il portait do 52.510 francs k 53 •$!<), ainsi 
r£parlis: 

Instruction sup6rieure et second a ire, • . . 25.400 
Instruction primaire catholique. ....... 19.750 

— protestante. . . . . . . 8.660 

_ JSn tele des deponses ordinaire* figurait une premifcre reserve de 
70.030 francs pour le projetdes eaux. Le budget assurait Tex^cution 
de plusieurs des travaux dont nous l'avons yu s*occuper dans la session 
pr£c£dente, uotamment lacouverturo de I'Agau, la construction d'un 
lavoir pour les impriraeurs sur 6tofTes, les constructions au cime- 
ti&re. etc., etc. 

Pendant que la vi He s'effonjait de reprendre sagement le coursde 
ses ameliorations successives, M. deCkastellier, ancien maire et d£put£, 
obtenait du ministre de llnstruction publique, un enfant de Nimes, 
M.Guizot, un tableau de M. Biard, qui avait 6t5 remarqu£ k la der- 
nifere exposition des Beaux-Arts, Cette toile repr&ente ides Arabes 
" surprfs par le 5*motm au milieu du desert »• / \ 

Cette Enumeration de deliberations paisibles, de mesures adrainistra- 
lives marquees au coin de la prudence, d'encouragemenU sous toute 
forme donn& k (Industrie et au travail doit £tre douloureusement in- 
terrompu pour jeter un regard sur le triste spectacle d 9 une ville d£sol£e 
une seconde fois par la plus horrible des guertes civiles (1). Le 9 avril 



\\) • (Test Irop sou vent i'errenr el lo mainour de noire pays de ne pas a'allacbcr a 
1'exaete appreciation dea faita m6mcs, de s'enivrer do mots et d'tpparcnecs el do ae 
Birer au flQi qui I'cmporte, dfltce (lot le porter oil il ne vent point allcr. 

t La France cat resile depuis 1719, profondtmenl inibae de 1'csprit rlvolotionnairt, 
qaclqucfois comprimd on transfoftnl, jamais eiUrpd ni vraiment vaincu. Par momenta, 
la France a'cn croil golric ; die le maodil on die n*y pense plus, maia le fatal esprit 
dcroenre. 

» Wa qne quelque grand dvtnement lui (ail jour, le ddmon son dea retraitea ofc U 
vivait eachd... : . . ... II a'avanco sous dea noma divers, aujourd'hui la r*publiqie f 
domain le aoeialiame, puis ,le communisme, pnia enfln el ouvertement Fanarcbie, aon 
vral el dernier drapeav. Tanl qu'elle peal la faire illusion el- no psa voir ee aitdatro 
drapean la France so refuse a le prlvoir, el contra sea pins cbora eommo sea plus 
nobles iattrftts, contro son \<tm rtcl el glntral, elle so cooplait dana lo wouvement 



1 "«•*•• * t 



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4834 tfclatait dans les rues de Lyon une terrible insurrection, fomentee 
par les republicans etlesanarcbisles, oontre Tordre dochoses existanU 
Une ba tail le atroce ensaoglanlait pendant six jours la cit£ lyonriaise, et 
de pauvres malheureux ouvriers, Igards par des appels teroce*, par 
des encouragements coupabtes, venaient sefaire tuer sur les baionnettes 
de l'arm6e. L'ordre ne pouvait Gtre r£tabli quVtu prix de pertes con*i- 
rabies et d*un sang pr&ueux . 

Non content de livrer bataille k l'autorit6 et de saccager Lyon, le 
parti r£pub)icaindescendait dans la rue if Paris. II avait au pr6alabl* 
fait une campagne de pamphlets violents, de declamations furibondas 
contre lesroi*, la noblesse, le clergy toutes les sup6rioril6s noil 6Iues, 
contre l'ordre social. II avait surexcit£ le?ouvrier3 leur promeltatit, 
com me toujour, monts et merveilles, pour lei lancer ensuite k I'assaut 
dela royautd et renverser celle-ci par la force des armes. II procla- 
mait que Insurrection est le plus saint des devoirs, et c'est au nom 
de ces principesque ses partisans fusillaient sans pitte les soldats qu'ils 
appelaient des boucherset des assassins. 

Ces troubles de Paris sont connus sous le nom de massacre de la roe 
Transnonain. Us eurent en province heureusement peud'&hos, etces 
deux 6pouvantab)es insurrections laiss&rent le pays indifferent en 
apparence, quoiqu'il pftt fr&nir k la lecture de ces drames sangl&rits. 

A Nimes, on placarda, dans la nuit du 10 au 11 avril, plusieurs affi- 
dies anarchistes ; Tune d'entre elles portait k l'encre rouge le dessio 
d 9 une guillotine; lesautres se r£pandaient en invectives et en injures 
contre l'autoritl, contre l'armleet la loi. Ce fut tout; et lebon sensde 
la population sauva Nimes de ces d&astres. La fin du mois de mai fut 
paisiblement consacrie k I'&ection des officiers, sous-officiers et caporaux 
de U Garde nationale. Les chefs de bataillon 61 us gtaient ; pour le 
premier, M. Nicolas ; — pour, le second, M. Baron ; — pour le troisi&me, 
M. Roche. 

La garnison de Nimes recevait quelques changements important*: 
. La. 1" batter io du 10* dartillerie partait pour Lunel, laissant seu- 
lement k Nimes deux pieces de canon avec ies hommes et les chevaux 
n6cessaires pour les servir. Le 30* de ligne se rlqnissait tout entier 



q«i ouvre * son imagination des perspectives in&finles et rtlleme dans sa mlmoire des 
feux mal Itclsts. . ' * : . -, •< - . . . 

* Ce fat svr eette pente que la rlvolatkm de 4S3S .leapt noire pilrlt. e^Qfisot. 
Wmoim pour oervir A VHis'oirt 4$ mom tempi, tome 111, p. .191 et*19i«-) . . * . 
.QoelaveaJ .:, ; .> . .•-.•■'.. ••■•-.■••. .^ ".*•• -.'.. • ~\ :-.->. * — -. 



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Gopgi^-; ; ; 



1 



m. MSTOUtB DB NIMBS . ^ - 

dans la villeet lagaicnison 6tait compl&to par une fraction d'un esca- 
dronde landers. 

Cos modiGcations tout en accroissant les forces militaires, rendaient 
les Ar&nes h la ville ; on avait 6t6 oblige, en effet; de transformer ce 
monument en ^curies et en d6p6tde materiel pour rartillorie. Tous 
les portiques gtaient occupy et barr& par des constructions en* 
planches qui d£paraientl'aspect de l'ainphith&tre. Du reste, depuis un 
an , des reparations considerables y itaient entreprises en vue de le 
pr&erver des degradations et d*une ruine imminente. 

Le25mai, le Roi pronongait la dissolution de la Chambre des 
D6put6s, et les colleges llectoraux de France dtaient convoqu& le 21 
juin 4 Teffetd'eiire chacun ud depute. 

La lutte 9 comme on pent bieu le pensef, fut dans tout le d£par- 
tement vive et ardente. Un mois i^peine slparait la population du 
scrutin,etbienqu'& cette 6poque le vote ne fiH que l'expression du 
suffrage restraint, il £tait k bien des titres douteux. N 9 en avons-nous pas 
un exemple aujourd'hui dans des elections s£natoriales qui sont un 
moment de rtolle inquietude pour la machine gouvernementale, et qui 
pourtant ne sont que la rteultante d'un suffrage restreintt 

L'opposition pr&entail divers candidats dans le* cinq colleges fleo- 
toraux qui partageaient ]ed6pirtementduGard. ? • \ • 

Le premier college deNimes (inlra-muros) avait pour candidatM. le 
due de Fitz-Jame9 qui luttait contre M. de Chastellier, d£put£ sortant. * 

Le deuxi&me college (extra-muro$) avait k choisir entre le constitu- 
tionnel Theodore Vigor, r&emment nomm£ avocat-g£n£ral k la Oour 
de cassation, et Hyde deNeu ville. 

Le college d'Uz&s n'avait qu'un seul , candidat constitutional, 
M Teste. 

Alais et le Yigan avaient, le premier, comme comp£titeurs, MM. de 
Daunant et B4rard, le second, de Oinestouset Alphonse Bousquet. 

Voici quel fut le rfsultat : 
i" college Nimes i*lra-muros M. de Chastellier, 313 voix, £lu.— 

M.leducdeFitz-James, 282. 
2* — — exlra-tnuro$ M. Th.Viger f 269 voix f flu.— M. Hyde 

de Neuville, 195, 

— Alais M. de Daunant, 152 voix, £lu. — 

M. B*rard, 134. .". 

— Ux&s . • . . . . M. Teste, 227 voix, £lu. . 

-p Le Yigan . • • • M. Alphonse Bousquet, 94voix, £lu. 

— M. de Ginestoua, 83 yoix. 



*':.-. . • Digitized by VjOOQIC 



ANNftB 1834 tt 

L'autoritl municipale prit Ace moment une excelleote mesure, celle 
de faire un recensernent g£n£ral de la population, Le tableau suiyant 
donne le r&ultat de cette operation. 

Sections Roes liaisons . . Families Habitants 



1 


40 


468 


1.192 


4.131 


2 


31 


453 


1.514 


5.535 


3 


23 


518 


1.498 


5.062 


4 


27 


215 


711 


2.482 


5 


12 


171 


250 


1.626 


6 


35 


473 


1.264 


5.854 


7 


16 • 


240 


514 


1.904 


8 


31 


245 


676 


2.724 


9 


31 


292 


801 


2.807 


JO 


23 


185 


493 


2.113 


11 


19 


226 


730 


2.490 


12 


31 


376 


1.287 


4.770 




319 


3.882 


10.930 


41.499 


Saiot-C&aire. 


13 


150 


151 


569 


Courbessac. . 


11 


105 


107 


446 


M6tairies . . 


» 


114 


114 


729 



343 4.231 11.302 48.243 

Ce tableau ne comprend ni la garnison, ni lea Olives des diflSrents . 
pensionnats, ni les ouvriers compagnons, ni les detenus de la Maison 
Centrale et du Palais de Justice, en un mot la population en bloc. 

Mais on peut affirmer qu'en dehors des hameaux de Saint-C&aire, de 
Courbessac et de3 m6tairies gparses, la population de la ville pouvait 
atteindre avec les adjonctions pr&gdentes une force de 47 4 48.000. 
&mes. 

On peut mesurer l'accroissement de la Tille en comparant ces chiffres 
avecceuxdud6nombrementde188L 

La question d 9 un march£ rlgulier pour les vins et spiritneux n'6tait 
pas encore r&olue et Nimesn'&aitpas encore dot6e de cette reunion 
hebdomadaire qui 9 sous le nom de Bourse , ain&ne an chef-lieu les 
propri&aireset negotiants de tous les environs. Dans un avis du maire, 
M. Girard, en date du 22 aoAt 9 nous lisons en effet ce qui suit : 

« Le Maire fait d^poser cbez lesieur Jacques Itfer, rue Neuve f sec- 
»tion10:1 # Une£prouvettepour les spiritneux, connue sous lenom, 



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Go.ogfe - : i. 



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*i . mstoinifi de aiME* ^ 

>d'ar£ometrede Route. 2' L'alcoomitre de M. Dunal, destine A dltor- 
» miner la spirituosi tides vins. 

» Si cette mesure, ajoute M. Girard, tentie dans l'intirit de la com* 

» mune et dans celui des propriitairesnimois, riussissait et se trouvait, 

» d'ici k quelque temps* riellement sanctionnie par l'expirience, nul 

' » doutequoo ne pAl alors l'organiser sur de pluslarges bases et y join- 

» dra tontes celles qui tendraient k doter Nimes d'un viritable marchi 

' » poor les vins et spiritueox ». 

Un de nos compatriotes, M. Turion, chef d'atelier k Nimes, avait 
alors trouvi un procidi particulior pour le remontage des metiers. 
Un arr£t6 du Prifet du Gard 9 en date du 20 aoAt 1834, noinma une 
commission cbargie d'examicer le procidi de rinventcur._ . . 

Cetle commission itait compose commesuit: 

MM. Girard, maire ; Vinard, inginieur ; Talabot, inginieur ; 
Roustan, professeur de giomitrie ; David Carcassonne, ancien fabri- 
cant r.Clot, chef d'atelier ; Pierre Curnier, fabricant ; Devize fils, 
fabricant; Ribes, fcbrictnt ; Roux-Carbonnel, ancien fabricant ; Soplas 
alni, fabricant. 

Void ce que disaient en substance les commissaires choisis dans leur 
rappottdtr26aoAt: [ 

* Le procidi Turion s'applique non -settlement aux metiers k la 
Jacquard et aux anciens metiers k la tin , employes pour la fabrication 
des lissus fa^onnt's dans la ville de Nimes, mais encore fctoutes les 
manufactures qui, com me Lyon, Paris, Saint-Btienne, Tours, Saint* 
Quentin, Roueo, Amieuvctc, piodui.*ent desitoffes fa^onnies pour 
rolje, ruban, chiles, tapi*, etc. 

» L ancien procidi encore employi coflle a l'ouvrier en dipense de 
temp* ct <K argent au ir.oins W francs pour chaque dimontage ; tandis 
que le procidi Turion, appliqui aux mimes mitiers, amine au mime 
rfeultat avec une dipense do 1 1 francs. 

» Cette difference notable, appliquieaux 5.000 mitiers, larges 6[4 
ou 5|4 qui bat tent k Nimes, doit produire uu . binifice annuel de 
250.000 francs pour la yille, et Ton peut ivaluer k 3 millions par an 
Ficonomiesur la dipense totale des famous dans les 20.000 mitiers 
employes en France. * 

La commission concluait k ce que le procidi Turion entr&t dans le 

domaine public, moyennant une indemnity de 15.000 francs k son 

anteur. • • • - 

- Ce qui pricide fait le plus grand honneur 4 l'onvrier intelligent qui 

atait so trouver une inginieuse dicouvert* eton pourrait dourer que 



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ANNftB rssi .to . -;v* -;•"; iv> :> 

le nom deTurion soit donn£ 4 one de nos votes, en souvenir de oelni •' '''■.',' ' : 
gui m£ritait un tel 61oge de sea concitoyens. : 7 

L*61ection de M. Viger fnt annulle par la Chambre pour avoir eu r S-- 

lieu contrairement aux dispositions de Tariicle 64 de la ioi du Id avrii 
1831 etle college Electoral fut convoqu£ pour leGseptembre. M. Viger. -/-" ... T^ 

envoya une lettre de d&istement, mais il r&initau premier tour asses 
de voix pour qu'un second tour flU n&essaire. Son concurrent, 
M. Teulon, fut flu par 177 voix sur 188 votants. Cette Election 6tait 
un tehee pour le parti gouvernemental. - r" 

Peu apr6s,le21 sept embre, une ordonnance royale appelait k Paris, 
com me directeurdu personnel, le prgfet, M. Rivet, et nommait 41a 
prefecture duGardM. deJessaintfils, pr6feldelaLoz&ro. M. deJessaint .- 

devait cocserver ceposte pendant delongues an n6es. 

Avantson depart, M. Rivet put installer dans leurs fonclionsles ~ ~ _ 

officiers de r&at-major de la Garde nationale, nomm^s r^cemment : .'".•.- 

M. Cavalier, colonel; etM. G.Vincens. lieutenant-colonel. Une grande 
revue de 1 .400 gardes nationaux pr6sents,environ; fut 4 cet eflfet passAe 
le 14septembresur le Cours-Neuf. • ' 

A cette mdnie 6poque, M. Guizot,- ministre de Instruction publique, 
faisait faire dans la bibliothfeque des rechercbes et s'occupait <Fea \ ' .- "- : - ; 

pullier les manuscrits int£ressauts. On fit, k cette occasion, le recen* 
sement de nos richesses litt&raires. Voici quel (Stait l'6tat de notre i 

bibliotheque en 1834 : .^ - ^ < 

Thgologie, biblioth&que sacrle, etc. . . . . 1 .292 ouvrages "'••;.■; 

Jurisprudence. 540. — • 

Sciences morales et politique* ...... 560 — - . .■';'-"; 

— physiques et math&natiques • . • • 1.490 — - .| 

Beaux-arts. 103 — - ; \\ 

Literature g6n£rale . • • . . • • • • 2.245 — \ v I 

Histoire, biographic, voyages, etc. . , . . .' 3.770 — : I 

Soit en tout. . „ ... ... . • 10.000 ouvrages 

Gr&ce k M. Guizot, ce fonds d^ji respectable allait rapidement 
s'acciottre. Plusieur* envois furent faits par ses soins de nombreux ou- 
vrages qui contribuerent k enrichir consid£rab1ement notre prfcieuse 
collection. ■ . * 

L'article 53 de la loi municipale da 21 mars 1832, avait fix6 que let >/--: 

Conseils municipaux se renouvelleraient par moitte. Nimes Slant diviste 
par la loi llectorale en neuf sections fournissant chacune quatr* '\'^\ 

conseiilers, il fat convena qu'on tirerait an sort le nom do deux ,\.-;-:;\ 

. TroU4*»#UmUos,T0owI, • ; •;: j 

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66 H1ST0IRB UK NIMES 



conseillers parsection qui devaient subir une nou velle Election. Toutefois 
comma il y avait des conseillers d£mtssionnaires ou d6c6d£s, oa do 
lira au sort que le nombre n&essatre pour atteindre le chiffre dix- 
huit, moiti£ du nombre des conseillers municipaux. 
Gette operation eut lieu le dimanche 9 novembre, ea stance publique. 
MM. Michel, Fontaines, Baron, Nourry, Benoft, Fajon, Monnierdes 
Taillades , Cornier , Reboul , Deloche 9 Jalaguier, Allut, Louis Baron, 
furent d&ignls par le sort comme conseillers sortants. A ces noms 9 il 
faut ajouter ceax de MM. Havard , Vincens-Mourgues 9 et Mengin, 
dlmissionnaires, et de Cauzid-Gay et Blachier ain£, d6c6d£s. Les Elections 
v commenc&rent le jeudi 27 novembre pour la premiere section Electorate • 

et se continu&rent jusqu'au 1 3 d6cembre. 

MM. Fontaine, Fajon, Curnier, J. Beboul et Allut. furent £cart£s par 
les glecteurs, ainsi que les d£missionnaires. 

lis furent remplac^s par MM. Pleindoux ain£ 9 A. Cavalier , Roux- 
Carbonnel, Blanch ard, Remade, A. de Seynes, Casimir Boissier, J arras, 
i deCabri&resetJ* Tur. 

Le Conseil, tel que je Tai pr&ent6 en 1832, 6tait nn peu modifii en 
favour de l'opposition, c'est-i-dire des tegitimistes dont les candidats 
• avaienteu quelqne succ&s. 

i ; Ce fat le dernier acte marquant de cette ann£e1834. II importe 

j cependant de noter que dans les derniers jours de cette mfime annfe, 

i la presence da cholera k Marseille 6tait o fficielle men t constats Nous 

j allons voir Nimes aux prises avec la redoutable 6pid6mie dans 

j l'annSe 1835. 

Le vendredi 12 d£cembre, eurent lieu, dans one des salles de l'Hdtel 
de Ville, des experiences publiques sur la combustion d*un gaz dit gaz 
Selligue. Le cessionnaire du brevet Selligue, M. Philibert Deluy, se 
proposantde l'exploiter pour 6clairer la ville, il fat convena entre 
l'autorit6 munictpale etM. Philibert Dulay, que ce dernier montersit 
de suite un appareil pour l'&lairage de la salle de spectacle, de la place 
de la Maison-Carrto et de quelques cafes voisins* Le public 6tait ainsi 
appel6 k juger du mlrite deFinvention. 



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CHAPITRE CINQUlfiME 

(Annfe 1835) 



SOM M AIRE 



Travaux du Conseil minicipal. — NouvELLB 3unicipalitb. — Lb Crowned, de Paul 
Delarociib. — La Halle des Bohdmiens, de Coux. — Concotrs porm l'bcusb Saint* 
Paix. — Lb legs Amoreux. — Attentat Fiesoii. — Lb cholera a Nixes. — 

INSTALLATION D'CN APPAREIL SeLLIGUB DERRIERE L'EsPLANADB. — OCTERTCRB D'CXR 

rcb allaxt des Calquieres a la rub Notre Dame. — Exposition pcrligcb des 

TRENTE PROJETS ENYOTES POCR LB CO.NOOCBS DB L'EGUSE SaINT-PACL. 



La premiere seance da nouveau Conseil eat lieu le 7 ftvrier. 

Plusieurs p£titious furent soumises h notre assemble communale. 11 

en estune qui m£rite d'etre cit£e. Les nomm£s Nolhac et Pourtal pro- 

posaiont de se charger, moyennant une indemnity pr6a1ablement 

d£battue et convenue entre eux et la ville, de toutes les acquisitions et 

travaux n6cessaires pour Touverture d 9 ane rue ayant environ huit mitres 

de largeur et cinquante metres de longueur, allantde la place dela 

Maison-Carr£e & la rue du Grand-Cou vent. L'indemnit6 demandto par 

les p6titionnaires 6tait de 70.000 francs. Plusieurs mcmbres deman- 

d&rent l'ordre du jour, mais quelques autres, et la majority se rangea k 

leur avis, d&lar&rent que, bien loin de dlcourager par an rejet ce 

premier pas fait vers un meilleur syst&me de travaux publics, on devait 

aucontraire l'accueillir par une prise en consideration et chercher ainsi 

& introduire dans Nimes I'usage des entreprises publiques, ex&attes, 

moyennant des primes d'encouragemeut, par l'industrie privde* 



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61 . HISTOIRE DE NIMES 

J 9 ai cit6 cette petition qui dans la suite ri'aboutit pas, surlout poor 
montrer quel esprit animait noire nouvelle assembled communale. II 
est d'ailleurs assez curieux que d6s 1835, ait germ£ cette id6e d'une rue 
qu'une municipality conservatrice devait ex£cuter quarante ann&s 
plus tard et qui porte aujourd'bui le uom de rue de la Ban que. 

I^mercredi 18 fevrierfut installs e la nouvelle municipality, consti- 
tute par ordonnance royale comme suit : 

M. Girard, maire; adjoints: MM. Montagnon, Turfils et Casimir 
Boissier. 

Le Conseil votait en3uite la creation d'un cimetiere et la construction 
d'une maison d*6cole k Saint-C£saire . 

Le mlnistre de l'Int6rieur accordait k l'6colede d ess in de la villo une 
collection de pl&tres et d'ornements moulds sur lea priocipaux 
fragments de la galerie d'architecture de l f £cole royale des Beaut-' 
Arte. 

Le 12 mai, le Conseil acceptable legs fait k not re bibliotheque par 
le docteur Vincent Amoreux et consistent en livres, gravure3, coquilles, 
etc., etc. las livres, qui trai tent plus particulierement de mSdeeine et 
d'histoire naturelle, ne comprenaient pas moins de 4000 ouvrages. 

Le 19 du m£me mois 6tait adopts le projet de M. J. Rey, de Nimes, 
qui proposait de placer au bord de la source de la Fontaine une machine 
k vapeur de huit cbevaux, faisant mouvoir plusieurs pompes pour 
extraire constamment et au plus bas niveau une quantity minima de 
160 pouces d'eau. L'essai demand^ par M. Rey etaitbas£ sur ce fait que, 
dans les plus grandes s£cheresse?, les eaux dela source 61ev6es par un 
barrage de 1 metre 30 au-dessus du pavi romain du bassin, 
donnent une fourniture de 50 pouces environ. Prises au niveau du 
pav£, la fourniture s*61ive k 73 pouces. On a doncgagn£ 20 pouces par 
une abaissemeut de 1 mitre 30. Un abaissement plus considerable 
ne donnerait-il pas une quantity d'eau plus grande T Telle 6tait la 
question que posait M. Rey et qu'il esp&ait pouvoir r&oudre par 
laffirmative, Le Conseil oonsentit k l'essai qui devait codter 12.000 fr. 
II fut convenu qu'on ferait cette operation au mois de juillet. 

Un 6v&nementbeureuxpournotre Mus£e de peinture arriva k cette 
6poque. Le 15 juillet, le gouvernement fit don k la ville du tableau de 
Paul Delaroche, qm avaitfait partie du Salon de 1831, oil il fut primf 
et qui est si connu. C'est Cromwel soulecant U eouverde du cercutU de 
Charles J 9 *. Quelques jours plus tard, le2f juillet, M. Colin, directeur 
de rAcaddmie de dessin de la ville, envoyait g6n6reusement k notre 
music le tableau qu'il venait d'exposer au Salon de 1835. Ce tableau 



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ANNfiB IS3* 69 

repr&ente une halte do boh6miens au pied du Pont-du-Gard. Cette 
toile avait vala k son auteur une mention honorable. 

Un avis da Maire, public le 27 juillet, ouvrait un concours poor 
l'ex&ution d'une£glise daos la paroisse Saint- Paul, en execution d'une 
deliberation du Conseil municipal du 1- juillet de la m6me annle. Le 
maximum de la d£pense, y compris les honoraires des architectes, 
deyait dtre de 260.01)0 francs, et le concours £taitferm6 le i* d6cembre 
suivant. 

Le Conseil municipal se rgunissait le i" ao&t pour faire (ace k la 
situation qu'allait cr6er k la ville l'invasion choteriqua. Celle-ci 
6 tend ait partout/ autour de nous, ses ravages. Depuis plusieurs mois 
les villes voisines gtaient sous l'influence du terrible fldau etNimes 
jusqu'ici avait 6chapp£ au mal. Un seul cas avait 6t6 observe, le 28 
Janvier, chez une femmede soixante-six ans habitant la rue.de TEnfonce 
n°18, et un autre, le 1 1 juillet, sur une jeune femme venue de Toulon f 
qui &ait d6sol£ par la contagion. 

11 n'y avait pas a h&iter, il fallait prendre des mesures 6nergiques 
pour rlsister a l'invasion. 30.000 francs furent mis k la disposition de 
l'administration pour faire face aux premiers besoins, et si cette somme 
no suffisait pas, la municipality 6tait aatoris£e k disposer de 30.000 
aut res rest ants disponibles sur les fonds de l*ann£e. 

Une souscription fut ouverte k la maiiie et chez tons les notaires, 
pour aider au soulagement des malheureux. 

Le Conseil d£cida qu'une commission prise dans son sein serait 
6tablie aupres de l'autorit6 municipale pendant tout le temps, da 
danger, et se divisa en trois series dedix membres chacune pour faire 
ce service par quinzaine. 

Dans oette m£me stance fut vot£e une adresse au Roi. 

Dans l'apres-midi du 28 juillet, le Roi, suivi d'un nombreux. 6tat- 
major, passait en revue, sur le boulevard du Temple, la Garde natio- 
nal de Paris, quand des fenfitres d'une maison fit explosion une 
veritable machine infernale qui sema la mort et l'lpouvante dans le 
cortege royal et dans les rangs des spectateurs accourus en foule pour 
assister k cette solennit£ militaire. 

Le cholera Stait done k Nimes. A part les deux cas isolds dont nous 
avons parl£, il dgbuta le 4 aoAt pour finir exactementle 21 septembre. 
Mais r£pid6mie ne fut r&lleraent redoutable que du 6 au 25 aoftt. Le 
maximum des d£c£s, attribu£s au cholera, fut pour la journto du 12, oh 
il atteignit le chiflre de dix-sept. 

Deux foyer* particuliers s'ltablirent dSs let premiers jours. Un dans 



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7i HBTO1RB DE NIMES • > 

la huiti&me section et tout particuli&rement k la ruo Grizot at au " 
boulevard des Calqui&res. Du 4 au 31 aoAt, il y eut dans la section 
vingt-quatre ddc&s cholgriques, don I dix soot afftrents k la rue Grizot 
et six au boulevard des Calqui&res. 

Un autre foyer se forma aussi extra-muros k Saint-C6saire 9 o& 9 sur une 
population de 500 habitauts, il y eut, du 4 au 31 aoAt, onze dtefes. 

Certains points du Petit-Cours et de 1'Enclos-Rey furent bien parti- 
culierement frapp6s, mais dans une proportion plus faible. En somme 
]'6pid6mie cholgrique n'atteignit Nimes que d*une fa$on fort restreinte 
puisque, durant toute la p6riode de l'invasion, il n*y eut que deux 
cent douze d&£s attribute au cholfra, savoir : du h au 31 aoAt, cent 
qualre-vingt-deux, et du 1" au 18 septembre 9 trente , sur une 
population de k 1. 266 habitants. * 

Quelques locality de l'arrondisseinent eurent plus k souffrir. En 
particulier Beaucaire, Araraon, Vallabregues 9 Fourques 9 Saint- 
Laurent-d 9 Aigouze et Fontan&s. 

De toutes celles que le cholera visila, la locality la plus 6prouv6e fut 
incontestablement Vallabr&gues, qui sur 1 .552 habitants eut trente-six 
d£ces cholgriques. Celle qui fut la plus 6pargn6e t fat Vauvert, qui 
sur une population de h .055 habitants, n'eut que deux d&£s. 

II est curieux que le seul village de l'arrondissement qui n 9 ait pas 6t& 
touchl soitcelui deMilhaud, qui n f est qu'i sept kilometres du chef- 
lieu et k trois kilometres seulement du foyer chol&rique de Saint- 
C&aire. 

Bien qu 9 fc Nimes l'gpidemie n'e&t pas le caract&re d&astreux qu 9 ell6 
avait eu k Marseille. Toulon et quelques autres villes du Midi, elle n 9 en 
extitapas moins le d£vouemeat et Tesprit de charity. Dans le 
rapport que M. Girard, maire 9 et Fontaines, docteur-m6decin, firent sur 
l'invasion choterique de 1835 9 les auleurs rendent justice k l 9 abn£- 
gation, au courage que d£pIoy&rent les sceurs de Saint-Vincent de 
Paul et les dames de Saint-Joseph de Nevers. Le clergg montra , 
comma d 9 hahitude, son zele et son active intervention non-seulement 
pour prodiguer les secours de la religion aux mourants, mais encore 
pour raflTermir les peureux et apporter des soulagetnents aux mis&res 
que laissait derrtere elle la terrible epid£mie« . 

Du reste, tout le monde fit son devoir, et le Conseil municipal de 
Tlpoque ra&ite qu'on notele courage aveclequel sesmembres 9 rSunis 
en commission de salubrity se comport&rent dans cette circonstance. 
Les secours, en peu de temps, afllu&rent de toutes parts. La liste de 
souscriptlon dont j*ai parte, ouverte k la mairie et chez les notaires, 



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ANNfeB IS35 71 

produisit en pea de temps une somme de 59.274 fir. 05. La ville 
avait 60.000 francs en r&erve votes par le Conseil avec affectation 
sp^ciale, et le ministre envoya k Nimes la somme de 25.000 francs.: J 



II ne fut d£pens6 en tout que 48.319 fir. 38 poor faire face aux 
exigences de la situation, dont 8.904 en mesures de salubrity, et 
39.415 38 en secours aux malades et aux indigents. Le montant de 
la souscription publique ne fut pas touch£ et dans la stance des 14 et 
1 6 novembre, le Conseil municipal d£cida que, par mesure de precaution, 
cette somme serait pendant un an d£pos£e afi Mont de Pi6t6, portant 
int£r£t anuel, en cas d'une nouvelle~invasion de VSpidSmie et que, si 
celled ne reparaissait point dans ce laps de temps, les sonscriptenrs 
seraient int£graleinent remboursfe. En effet, au mois de novembre 
1835 , cette operation fut r£gularis£e 9 com me l'avait sagemeni 
ordonn£le Conseil. 

L'ensemble des mesures de precaution prises par le corps mddical et 
la municipality les incessantes recommandations et la surveillance 
intelligente des commissaires 9 non moins que la prudence des 
habitants, eurent pour effet de preserver de l'6pid6mie les agglom£- 
ratioift telles que le S£minaire, le College, les pensionnats particuliers, 
les maisons de la Providence, celles des orpbelines protestantes, la 
Maison d'Arrfit et la Maison Centrale. 

Iln'y cut pas, k proprement parler, de panique durant cette pgriode. 
Le Conseil municipal stegeacommei son habitude, discutantle budget 
de la ville, et les distributions de prix aux Steves de l'£cole de dessin 
ou des diffi&rents 6tablissements scolaires eurent lieu, comme toutes les 
autres anntes, avec lasolennit£ accoutum£e. Le Conseil ggn&al seul 9 
convoqu6 pour le 18 septembre, ne put d61ib£rer, faute d'etre en 
nombre suffisant. Sur trente membres dont se composait l'Assembtee 
dlpartementale, quinze seulement se trouv&rent k leur poste le jour de 
l'ouverture. Ce ne fut que trois jours apr&s que quatre membres 
arriv&rent enfin et que les travaux du Conseil purent tegaleraent 
commences 

Pendant ce temps, le cessionnaire du brevet Selligue ne restait pas 
inactif . L'6clairage au gaz avait &6, par ses soins, et ainsi qu'il en 
etait convenu avec le maire, install^ dans un des cafes de la ville, le 
cafc Fajon. Trois bees brAlaient dans la salle, et un reverb&re dtabli 
au dehors permettait au public d'appr&ier les quality du nouvel 
4clairage. Ce n'6tait 14 qu 9 un essai sur une petite 6chelle. 

Lasoci6t6sV>ccupait d'installer derrifere l'Esplanade, dans le jardin 
du Grand-Pare, un appareil capable de servir de 600 k 800 bees, et le 



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n H1STOIU DB NIMES 

maire 6tait, dans la stance du 8 dlcembre, autoris6 k traitor avec la 
cotnpagnie Selligue et arec une compagoie concurreote Daor6, pour : 
F&lairage de la aalle de spectacle. Le Conseil votait one somme de 
4.500 fr. pour installation de tuyaux, lustres, etc. II Stait, au surplus, 
entendu que ce &'6tait U qu 9 un essai pour arriver plus tard k une . 
application du syst&roe pr£f£r6 k l'6clairage de la ville. ' 

D'autres ameliorations import antes 6taient en preparation. Ainsi on 
allait commencer le niveRement, le terrassement et le pavage en 
gbndoles de dix-sept rues des faubourgs, ef sur la partie nord des 
boulevards, le Conssil faisait executor un pavage moiti£ en raoellons 
smill6s, rooitte en cailloux. 

M. Sauquaire-Soulignl, proposait de forer un puits art&ien de grand . 
diaro&trei la rue de la Diche, et le Conseil autorisait le maire k traitor 
d£fiuitivement~avec le proposant. 

Le 12 d&embre, le prtfet signait un arr£t£ prtfectoral portaot ouver- 
ture d'une rue allantdu boulevard des Calquteres k la rue Notre-Dame 
au moyen de la couverture de 1'Agau, depuis ce boulevard entre les 
maisons Baumier et Cucurny, marbrier, jusqu'au moulin Vidal/ vis-4-^ 
vis le lavoir couvert sur le quai Boussy. Ce projet pour lequel le 
Conseil avait vot6 6.000 francs avait un caract&re d' urge nee eb raison 
du foyer choterique qui s*6tait d£velopp6 sur ce m£me point et qu'avec 
quelque raison on attribuait k la presence du canal de l'Agau, tout 
chargg d'immondices et de detritus de toutessortes. I 

Le i- dicembre fut ferm£ le ooncours ouvert pour la construction 
d*une^glisedansla paroisse Saint- Paul, Trente ouvrages avaient&6 
envoy£s&laMairie. II futd6cid6 qu'ils seraient exposes danslasalle 
du Conseil, k la Mairie, jusqu'au 4 Janvier suivant* afin que le public pAt 
les appr&aer. Le jury d'examen avait 6t6 constitul par arr£t£ du 19 
novembre. II Kecompopait deMM. de Jessaint, pr&et ; La resche, grand 
vicaire ; Vincent, ing6nieur en chef ; Girard, maire ; de Seynes, de 
Cabri&res, conseillers municipaux; Cbambaud, architecte de la ville ; 
Didion, ingtaieur des Ponts et Chaussles; et Colin, diiecteur de 
1'Ecolededessin. 

Toute la ville vint admirer les plans envoy& au concours, et le jury 
se donna trois roois pour rendre son j ugemen t . 

Le 4 juillet 183% 9 mourait Fouroier, pharmacien, ni k Nimes le 6 
janvjer 1756, oil il exergaitla profession de pbarmacien. Pournier dota 
ledlpartementdu Gard de la culture en grand du Palma-Christi etde 
la: fabrication de l'huile de ricin. Apr&s s'fctre assur* que les sables des 
torrentset des plages de ce ddpartement 6taient favorable* k la culture 



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"- ANNftB 1131 . T* 

de cette plante, il trouva un proc£d6, pour en extraire Vhuile, do Wen 
supdrieur k celui em ploy 6 jusqu'alors. _ . . / . - \ 

"J.-C. Vincens, avait, vingtans auparavant, converti le moAt on sucte 
concret, main ce n'6tait guere qu'une cassonnade commune. Fournier 
eo 1809 obtint, grace k ses recherche?, une cristallisation autremeut 
supgrieure. 

11 inventa 6galement un appareil pour la distillation deseaux de vie, 
appareil qui est encore en usage. Fournier 6taitmembre de l'Acad6mie 
du Gard. La pharmacie Fournier existe de nos jours sous le nom de 
Bell He- Fournier. 

Dans cette mdrae ann£e mourut Antoine-LouisDonzel, n£ k Nimes en 
1768. II Itaitfilsd'AntoineDonzelet d'Elisabeth Valz. II laissaitquelques 
traductions des ouvrages grecs ou latins. CTest en particulier fcune 
Eludes sur Thucydide qu'il consacra sea loisirs. Les mSmoires de 
l'Acadgmie du Gard renferment plusieursde ses compositions 
" Cen'est qu*& rige.de quarante ans qu'il cotnmen^a k gtudierla 
languegrecque. v 



NOTE 



L'd^lise Saint-Paul, donl It reconstruction dlait procbai* c, dtail sur la place appelda 
encore aujourdTioi place Saint-Pa jl, cl la maison Tourneiseo, qui fait 1'anglc do boulevard 
et de la place, a ltd balie tor ton emplacement. La paroiase Saint-Paul avail did 
drigde lo 51 octobre 4771 , par llonacigneur Becdeli&vre , dvftqoe do Niroes , el le.97 
octobre, Bl. Bragonze fol install* cord do la paroisae. Le service curial devail to faire, 
jusqu*a la construction d'nnc tglise paroissialc, dana 1'dglise convenloellc dea Pfcrea- 
Rdcollcla, moyennant one rdlribution annoelle de 300 lima. - x 

Pendant la revolution, en join f79*> 1'dglise fot miae an pillage, et en mart 1701, lo 
clergd 6d£le dnl prendre la fuite. II fol rcmflard par nn card et dea viealrea asser* 
nieotda. En 4793, ccux-ci fnrent a leor toor cbassds, lea antela farent renverada et lea 
tableaux et mcoblca do 1'dglise lranapor:da anr la place do lTaplanade ou il fnrent 
brutes an cbant do fa ira. L'dgltseful converUe en fabrlqno d'armes I fen. 

En 4795, le clergd fiddle, profiiant d^no dclaircie dana la temptte qui bonloveraait 
la Franne, cssara do ronvrir FdgHso I la pidtd calboUqno, mala la persecution 
recomroenfa ptoa violente, ot Pdglise SainNPaul fuf , comma lea autre*, fcrmde ot 



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74 HISTOIRB DB NIMBS _ 

eonveriie en atelier de menuiserie oil Pon fabriqua les boiseries de la aalle de apectacle. 
Le curd, M. Brag ouxe, ne pal cette fola s'enfuir. Saial par lea autoritde du jour, 11 fat 
incarcdrd dana la citadelle, il y reata un an environ; & peine Pdglise fat -clle ouverte fc 
ta sortie do prison, au'unc troisteme boarrasqne la fenna de nonican. Un tribunal 
militaire j fnt iostalld pour joger lea prttrea qui avaicnt rcfasd de prtter divers 
sennenta contrairea I leor conscience. Gea malhenrenx dtaieat immddiatement 
Instills. 

Lc5 germinal an IX ( 16 mars), k la anile d'one petition adressde la veille an prdfet 
dn Gard, Saint-Paul fnt rendne anz catbcliquea, el le II octobre 1801 fat install* le 
nou? ean curd. 

Un ddcret dn 30 septembre 1807 faillit menacer la paroisse, en transportant fc 
Milband son litre de succursalo. Mais le curt, M. Matbieu, oblint que le serrice 
ne serait point interrompu el qnelqnea anndea apr&a, anr la demande dn Conaeil 
municipal de Nimes, nn ddcret dn 30 mars ISIS drigea Pdglise Saint-Paul en cbapelle 
de aeconra • ' 

Le 13 septembre 1821, le Conseil municipal de la ville, s'appuyant anr ce que Saint- 
Paul renfermait nne population catboliqne de plus de 6.000 Ames, que son exiatence 
comme paroisse avail did reconnue par Passemblde conslituante le 5 mai 1791, que ectte 
existence avail did conservde jusquli la nouvelle organisation dn culte (loi dn 18 
germinal in X, - 8 avril 1802), demanda an roi de rdtablir la cure de'Saint-Paullelle 
qu'elle exislait avant la Revolution. Cette demande fnt accordde. 

Mais dte 1811, le Conseil municipal fnt saiaid v un projet de reconstruction de Pdglise. 
Nona avons vn que ce n'est qn'en 1834 que cette demande re$ut l'approbalion dn 
Conseil, car il y avail urgencc; outre Pexiguitd dn local, Pancienne cbapelle conventuelle 
dea R. P. Rdeollels, qui avail traversd de si terriblea dpreuves, menacait mine. 



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CHAP1TRE SIXlfiME 

(Anole 1836) 



SOMMAIRE 



CREATION d'cNB BOOLE INDLSTRIELLE. — L*APPAIRE GENT. — ' tES TRAVACS. DC JGBY 
CUARGE DE JCGER LE GONCOL'RS DE l'CGLISB SaLNT-PaCL. — ADOPTION EC PEOIET 

ql'estel. — le gonseil municipal, affa1bes souxises. — la societe des mixes bs 
la Gband'Goxbe. — Attentat dl* 25 jclx sue le Roi. — Aubacd, le xetrtrieb 

EST DE NlXES. — AgRANDISSESIEXT DE L'UoTEL DE VlLLE. — TrEXBLEXENT DE TEBBJL 

— Tentative de grevb parxi les ouvriers de la fabrjqce. — Becision definitive 
pocr l'explacexent de l'eguse Saint-Paul. — Mort du Roi Charles X . — 
rfinouvellexent des assbxblbes departexextales. — nocvel attentat stb 
Locis-Phiupk. 



Le dernier mois de 1833 avait vu le jugement du c£16bre Lacenairo, 
condainn6 & la peioe de mort, et le commencement de Taffaire Fieschi, 
Tauteur dela fameuse machine infernale qui le 29 juillet 1835 arait 
failli emporter le Roi. Les dgbats 6mouvants de cette terrible tenta- 
tive de regicide dur&rent jusqu'en teyrier et se termin&rent par la 
condamoation £t mort de Fieschi et de deux de ses complices, Pepin 
et Morey, et celle de Boireau i vingt ans de detention. Cette triple 
execution eut lieu & Paris le 19 fSvrier. 

Quel*] ues jours apres Itail constitug le ministere Thiers, dit minis- 
ter du tiers- parti. M. Guizot, it la tfite des doctrinaires, descendait da 
pouvoir* 

Pour terminer la liste des faits qui, se passant i Puis, avaient 
quelque intSrSt pour notre pays, nous devons parler de cette afiaire 



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5 -J... 






n HISTOqiB DE N1MBS 

qui bien que 80 passant k Avignon, n'en out pas moins un retentisse- 
ment considerable dans la ville, pares que Tune des personnes qui 
y 6tait impliqu£e, avait faitses 6tudes au lyc£e de Nimes ets'ltait par 
suite mise en relations avecnombrede nos concitovens. 

M. B..., lieutenant-colonel du 46* de ligne, avait tirf un coup de 
pistolet sur sa femme et sur son beau-frtre, M. Gent, aujourd'hui 
s&iateur. Le conseil de guerre de Paris, r&ini le 14 ftvrier pour statuer 
sur le sort de cet officier sup&ieur, pronon^a son acquittement k 
1' unanimity 

Ni M . Gent ni la femme de M . R. he purent assister aux d£bats, car 
un rapport m&Lical attesta que leur 6lat ne permettaitpas de les trans- 
porter k Taudience. Mais ils d&iar&rent tous deux, lorsqu'on les inter- 
rogea, que M. R. s*£tait conduit comme tout homme d'hohneur 
Taurait fait k sa place. 

D'aussi dramatiques 6v6nements qui occupaient k divers titres les 
espritsdela ville, n'empgchaient poin tie jury de se r6unir, comme il 
6tait convenu, pour examiner le concours de l'6glise Saint-Paul. 

J'ai dit qu'il 6tait parvenu k la mairie trente ouvrages. Dans ses 
stances des 5 et 6 Janvier, le jury en 61imiua, apr&s un examen d£laill6, 
vingt-quatreetenreconnut six comme d£finitivement admis dans la 
classe des projets qui pouvaient fctre dignes d'ex&ution. C°6taientceux 
inscriis sous les num&os 5, 6, II, 14, 23 et 26. Les quatre premiers 
appartenaient k un ordre d'architecture determine. j 

Le numgro 5 avait pr£sent£ un fronton grec; le numlro 6 une facade 
gothique ; le num£ro II une fagade byzantine; le num£ro 14 un 
fronton grec et un plan circulaire. 

Les deux derniers 6taient du domaine de la fantaisie. Apr&s une 
discussion s&ieuse, le jury* accorda le premier rang au numfro 1 1, le 
second au num£ro 26. Les autres furent places dans l'ordre suivant : 
6,23,5,14. 

L'6pigrapbe du num&o 11 6tait ainsi con^ue : t Le Seigneur lui dit : 
Quand vo'us avez eu la volont£ d'&ever une Iglise en mon nom, vous 
avez bien fait*. 

Celle du num£ro 26 , dass£ deuxi&me, : « Magnificat anima mea 
Dominum »• 

Le Conseil d£cida dans sa stance du 10 mars, qu'adoptant la d&iWra- 
tion dujury, ce serait le numfro 1 1 qui serait ex£cut£, mais qu'une 
indemnity de 1.000 francs serait accordle au projet ayant obtenu le 
second rang. 

Ce fut le prlfet qui dans cette stance brisa le cachet des deux 



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annSb isss n 

bulletins; apr&s leur ouverture il fut reconnu que le premier appartenait 
k M. Charles Questel, architecte, rue de la Perle 9 n* 9 9 k Paris, et le 
second k M. Charles Bourdon, architecte du d£parteroent da Gard. 

On pense quel int6rets'attachait en ce moment it cette deliberation, 
qui non-seuleinent doonait k une paroisse si populense unvaisseau 
capable de contenir un grand nombre de fiddles et une Iglise digne de sa 
destination sacrie, mais qui encore allaitdoter la ville d 9 un monument 
d'une richesse architectural encore inconnue k Niroes, s*61evant avec 
hardiesse entre les deux reliqws romaines, les Arfenes et la liaison- 
Carrie, et surmonte d'une llecbe de cinquante-cinq mitres de hauteur. 
Le Conseil 6tait r£uni en session de tevrier. Apr£s avoir examine 
quelques modi fications aux tarifs de l'octroi, il approuva k l'unanimite 
la creation d'une 6cole industrielle k Ximes et, remettantfc plus tard 
l'organisation de Fecole, s'engagea k inscrire an budget de 1837 une 
premiere somme de 6.000 francs. Le maire fut charge d'appeler k 
Nimes, au moyen d'un traitement suffisant, un professeur capable, avec 
l'adjonciion d 9 un chef d'atelier, de fa$ou k r£unir dans la mftnie insti- 
tution Tenseignement thtorique et pratique du tissage. 

La ville entiere applaudit k cette heureuse decision qni allait relever 
la fabrique et permettre de lutter plus sArement contre la concurrence 
etrang&re. 

Le quartier de la place de la Couronne etait, k cette 6poque, non- 
seulementpeu propre, mais constituait un Stat permanent de danger, 
surtout avec le roulage etle service des diligences. Plac6e an d£bon- 
che des routes de Lyon et de Marseille, la place de la Couronne etait 
obstru^e par des maisons qui etranglaient le passage. II y avait urgenoe 
4 les deraolir. Les propri&aires et habitants des environs demands- 
rent au Conseil de faire disparaltre cet etat de choses, offrant 20.009 . 
francs pour contribuer dans une certaine mesure an projet. Le Conseil, 
H6 parson budget, ne put, pour le moment, que donner un avis 
favorable. 

L'id6e d'amener les eaux k Nimes hantait tous les esprits. Nous 
avons vn le Conseil adopter, en dehors du projet de derivation da 
Gardon con^u par M. Valz, les essais de J. Rey sur la Fontaine et le 
puits art&ien de Sauquaire-Souligne. II recevait de M. Durand, ing&- 
nieur en relraite, un nouveau projet qui avait quelque analogic avec 
celui de MM. Valz et Fauquier, mais que je signale plus particuli&re- 
ment parce qu'il se terminait par l'offre de construire un grand aque- 
duc entre les Trois-Piliers et la Tourmagne avec un immense Ch&teau 
d'Eau qui se trouverait dans laperspective du grand canal de la Fon- 






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7$ > HKTOIRB PE N1MES - 

taine, h l'extremite de notre avenue de la Plateforme d'aujourd'hui. ' 
Le Conseil prit ce projet en consideration. . . poor &tre execute quand 
le canal le serait*. 

Un ordre da minist&re de la guerre enleva it la ville le 21* llger pour 
le transferer it Perpignan. Le mar&hal de camp, baron de Feuch6res f 
qui depuis quelque temps commandait la subdivision du Gard, fit k 
oette occasion un ordre du jour eiogieux pour ce regiment. Detail it 
remarquer : le 10* 16ger, qui rempla$ait le 21% arrivait d' Alger. Le 
premier bataillon fit naufrage sur les plages voisines de rembouchure 
du Rhdne et perdit lit 9 outre quelques hommes, tous ses effets d'equi- . 
pement. 

Le Conseil municipal avail, dans une pr6o$dente stance, organist un 
nouveau service de pompes fuofebres. L' inauguration de ce service 
fut un evfenement pour la ville. Un vieil usage voulait quelesd£pouil- 
les mortelles fussent portees it bras d'hommes jusqu'au champ du repos, 
et la population vit avec repugnance que les restes mortels des siens 
passeraient sur un charet seraient voitur^s par des chevaux capara- .. 
$onnes. De plus, l'eioignement du nouveau cimeti&re empdchait le 
clerg6 des paroisses d'accompagner les convois funfebres jusque-U. 
On avait eu nd6e d'installer au cimeti&re mGme un chapelain qui, 
recevantles corps, devait, jusqu'au bord de la fosse, faire les pri&res 
supr&mes. - 

Cetisolement, ce trajet parfois considerable, hors de la presence des 
objetsde la veneration publique, la croixet le clerge, avaient profon- 
dement affects une population dont la fervour religieuse ne s*est pas 
d£ men tie. Aussi Mgr de Chaffoy, malgre son etat d'infirmite, r^unit-il 
les cures des paroisses en conseil. et il fut decide qu*au sortir de 
l'eglise, un pretre accompagnerait le corps jusqu'A. l'entree du fau- 
bourg ou il serait re$u par le chapelain qui le conduirait jusqu'au bord 
de la fosse. 

Le lundi 22 fSvrier, it cinq heures du soir, un rassemblement immense 
et emu s'etait forme aux abords de l'eglise Saint-Paul oil avait lieu un 
enterrement Le corbillard stationnait devantreglise etlafoulemani- 
festait hautement ses sentiments k l'endroit de l'iaoleiuent dans lequel 
on laissait la depouille mortelle. Bile ne oonnaissait pas, en effet, la 
resolution quel'Evdque venait de prendre, de concert avec les cures. 
Tout it coup, la croix brilla sur les marches.de l'eglise, parut se din- 
ger k la tete du oonvoi etouvrit la marche. Aussitdt un fremissement 
dejoie, coraprime par le respect, se manifesta dans cette agglomera* 
tion populeuse, et six mille personnes, dans un silence religieux, escort 



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ANNfcB 1836 79 

tirent jusqu'au-dett des barri&res le prMre dont elle3 septaient et ap- 
prteiaient le dSvouement. 

Le lendemain mardi, k la paroisse Saint-Charles, le cercueil d'un 
brave ioaugurait le corbillard. La pompe militaire qui d&orait le 
char fun&bre parat l'avoir r6babilit£ aux yeux de la population. 

Avant d'aborder la continuation des travaux du Conseil municipal 
dans sa session de mai 9 il convient d'enregistrer l'entrte it l'Acad&mie 
Frangaise de notre com patriot e Guizot. L'anciep ministre fut re$u dans 
la slance du 28 avril et d£sign6 pour occuper le fauteuil de M. de 
Tracy. 

Le Conseil trouva, k sa session de mai 9 plusieurs petitions snr son 
bureau. II en accueillit quatre qui ont leur importance : 

I \ Celle qui demandait le recouvrement d*un des canaux de fuite des 
eaux de la Fontaine, depuis l'hdtel du Midi jusqu'au punt Blavet. 

^ 2* La construction d'une fontaine sur la place du Chiteau. 

3* L'ouverture d'une rue en prolongement de celle deRonssy. 

V La demolition de la halle couverte du march6« 

Mais il repoussa deux demandes t Tune demandant 1* demolition de 
Die d'Orange 9 et 1'autre l'ouverture d*une rue dans Taxe du chemin de 
Montpellier. 

II d6clara 9 en outre, qu'il y avait utility publique k entamer les 
travaux et les acquisitions n&essaires pour Fachivement de la rue 
Colbert. 

Le Conseil accorda au sup£rieur du Grand-S6minairo que les ou- 
vrages doubles de la bibliothique fussent places en d£p6t au S6rainaire 
pour servir k l'enseignement des 616ves ou aux recberches des direc- 
teurs, etprit en consideration la crdation k Nimes d'une 6colede chant, 
proposte par M. Grimal jeune. Enfin 9 se tenant prdt k combattre, cette 
annte encore, le cholera, il prit diverses mesures de salubrity pre- 
ventives. 

Le 10 mai 1836, £tait form£e une soci£t6 en commandite par actions 
entre MM. Talabot frferes (Francois-Jules, Joseph-L6on f Paulin), Louis 
Veaute, Eugene Abric, Daniel Mourier et autres assoti£s commands 
taires, ayant pour objet : l'am6nagement et l'exploitation des mines de 
la Grand'Combe et des concessions houill&res d'Abyon 9 Champclauzon, 
Affenadou, Trescol, Pluzor, La Tranche, La Levade, Saint-Jean-de- 
Vaieriscle, etc., etc.; I'ex&ution d*un chemin de fer de ces mines k 
Alais. et celle d'un chemin de fer d'Alais It Beaucaire en deux parties : 
Alais k Niroes, Nimes k Beaucaire. 

Le capital social 6tait de 14 millions de francs, dont 2,200 actions de 



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SO HISTOIRB DB NIMES 

5,000 frantschacune. Lesidgedela Societe, qui avaitune dorte d« 
vingt ana, devait etre k Nimes. 11 y est encore. 

Cet evfenement fiDaocier d*uoe haate importance poor l'avenir indu* 
triel du Gard et qui interessait Nimes en raison des intents considera- 
bles engages dans cette entreprise 9 devait avoir sa place ici, et j'ai en 
bon de noter la fondation de cette societe qui est une des richesses d< 
notre pays 

Je signale aussi la premiere apparition des ceuvres d'un pofete ni 
mots, dont lenom etait d£ji mftie aux affaires pubhques et dont la re 
nomm£e, pour ne pas atteiodre celle de Lamartine ou de Victor Hugo 
a ete considerable. Jean Reboul venait de faire paraltre sespremifere 
poesies (i). m On y remarquait, en particulier, YAnge et i' Enfant, cett 
admirable pogsie qui, d& son apparition, fit le tour de l'Europe 
fut tfaduite dans toutes les langues etrang&res et mise en musiqu 
par tous les romanciers. A o6t6 de. ce beau fleuron de la couronn 
po&ique du boulaoger nimois, on retrouvait d'autres composition 
que Ton ne | eut pas lire encore aujourd'hui sans eprouver de profonde 
Amotions. 

. Le2G juin de cette m£me annee, le prefet du Gard recevait du mi 
nislre de rintlrieur la d6p£che suivante : 

t Le Roi vient d'echapper it un nouveau danger ; un individu a tir 
sur Sa Majeste qui n'a pas ete atteinte ; l'assassin est arrtte ; Paris indi 
gn£ ; Tordi e r&gne parlout. » 

Trois \i\es venaient k peine de tomber sous le glaive de la loi 9 troi 
t&ies de coupables d'avoir atlente k la vie du Roi et d'avoir dans leu 
criminelle tentative seme la moit parmi des spectateurs inoffensifs, qu 
deji un autre assassin se levaitet accomplissait un nouveau crime. J 
my arrete a dessein, car le malheureux qui venait de tirer sur le R( 
etait nimois de naissance. • 

11 s'appelait Alibaud. 

Alibaud Louis etait ne k Nimes le4 mai 1810. Son pfere, Bartheiem 
Alibaud, etait voiturier et exerg&il sa profession k Nimes, rue Notn 
Dame, dans les deraierea ano6es de l'Empire et au commencement de 1 
Restauration. Samire, Tber&e-Magdeleine Barrifere, tenait une petii 
hdtellerie dans la m£me rue. Cette famille, originaire de Montpellie 
avait abandonne le pays quelque temps avant la Revolution de 182 
pour alter dem?urer iNarbonneoft Louis Alibaud tiraau sort. A 
moment du crime ils habitaient Perpignan. 



(i) Da volame !■-•% I firit, ctaGoueUa* 



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ANNtE 4836 81 ' '^ \ : 

Cost dans la cour des Tuileries qu'Alibaud fit feu surleRoi qui se 
trouvait avec la Reine et Madame Adelaide dans sa yoiture. L'assassin 
s'6taitservi d'un fusil de nouvelle invention ayant la forme d 9 nne ' . ' 

canne dont la detente partait en tiraut 16g£retnent le cordon qn*on 
tient ordinairement k la main. Detail singulier : Alibaud avait fait ^ 

fabriqucr cetle canne trois mois aupamyant cbez Tarmurier Devismes, - . 

comme 6tant une arme de son invention, et ce fut le memo M. Devismes 
qui, de service comme garde national, I'arrtta le premier. Imm&lia- 
tement traduit devant la Cour des Pairs, Alibaud fit pour toute d6fen.se - • , 

l'apologie du regicide et de l'assassinat politique. 11 ne se d&endit * ;-' : 

nullement d'etre un ardent r£publicain. Le 9 juillet, la Cour le con- 
damna k la peine des parricides. L'ex6cution d'Alibaud eut lieu le * . 

\ I juillet, k cinq heures du matin. II arriva nu-pieds, la Wte couverte 
d'un voile noir et dit ayant de recevoir le coup fatal; « Adieu, mes 
braves camarades. » ■ \'\*"i \ 

La consequence immediate de cet attentat fut que, cette annte, k 
la fetedite des Trois Journteset qui sec&6brait en grande pompe le ' . | 

29juillet t la revue traditionnelle n'eut pas lieu k Paris de peur qu'un " . - . ^ 

autre. attentat, soit comme celui de Fieschi, soit comme celui d'Ali- V / { 

baud, ne vint menacer la personne royale. ' ; 

R^uni dans sa session d'aodt, le Conseil municipal t^moigna de son • "'"■*•" t 

horreur pour cette tentative de regicide et s'occupa ensuite du .budget 
delavillepourl'acnle 1837. Une discussion assez importante s'enga- 
gea sur l'allocation accord£e k la Garde nationale que certains couseil- 
lers voulaient supprimer, mais qui fut ensuite maintenue. On ne 
saurait trop remarquer combien chaque budget de l'6p6que est soi- 
gneusement 6labli pour faire face k des dispenses elevfos cependant, 
entralnant des constructions nouvelles et des ameliorations incessantes. 

Avec une recette de 524,000 francs, Instruction publique recevait 
75,000 francs sur 404,000 francs de d£penses. Ce chapitre n'ftait en 
1830quede 42,000 francs. 

A ce moment, les 6coles primaires de Nimes renfermaient 3,000 61&ves 
eton prevoyait pour 1837, quinze classes de gallons, trois d'adultes et 
sept classes de filles, dirig£es par les Freres de la doctrine chr&ienoe 
et les Dames de Saint-Maur ; deux classes de gargons, une d'adultes 
et deux de filles enseign&s par la m£thole mutuelle, plus quatre 
salles.d'a'ile dirig^es par deux instituteurs et les Dames religieusea 
de Saint- Vincent de Paul. 

Quant aux embellissements et aux ameliorations, 1837 devait voir 
l'agrandissement de l'6glise Saint-Baudile, la construction de nouvelles 



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91 HISTOIRE DB NIMES 

salles pour renseignement mutuel, le recouvrement du canal do fuite 
do la Fontaine, la construction de pav£s neufe, l'6tablisseraent de fon- 
taines dans la rue des Babouins, k la place du ChAteau, etc., enfin 
l'&ablissement, sur le bassin de la source, des appareils propres k 
r£aliserl*essaideJ. Rey* 

L'excgdant des receltes 6tait encore de 120,000 francs. 

Onallait 6galement agrandir I'HAtel de ville ou plutot le terminer. 
Entam6en 1700, il n avait 6t6 construit qu'une partie et depuis en ny 
avail plus touch6. Les nouyellesconstructions, 6valuees k 51 .651 francs, 
devaient ajouter une ailedequatrefen&res 4 la facade et une fenfttre 
de plus Al'ancienne partie du b&timent, ce qui, avec Favant-corps du . 
milieu, devaitdonner une facade de quarante-cinq metres de longueur 
avec neuf portiquesau rez-de-chaussee et neuf fenetre* au premier et 
au deuxieme Stage. v 

Le rez-de-chauss£edevait contenir : l'6tat-civil, les bureaux de loge- 
ments militaires, la police, le corps de garde et les pompes A incendie. 

Au premier Stage, devaient se trouver, le conseil municipal, leTribu? 
nal de Commerce, le cabinet du maire et des adjoint*. 

Enfin, les salles des justices de paix, les archives, les 'salles des , 
prud'hommes 6taient rellgudes au deuxi&me Stage. On peut comparer 
cette distribution A celle qui existedenos jours. . 

Pendant que se pr6paraient ou s'effectuaient ces divers travaux, et 
que, paisible, la ville s*effor$ait d'am&iorer sa condition et d'embellir 
ses voies publiques par des monuments en rapport avec lent destination, 
la situation politique int&rieure restaittoujourslanguissante, ind&ase 
etouverte k toutes les tentative*, A tous les coups de main. Le minis* 
t&redu 25 tevrier, qui d&s son apparition r£v£la sa faiblesse ou son . 
inutilit£,6tait oblige de ddscendre du pouvoir,et la Monarchic de juillet, 
apr& avoir, pendant six mois, ob& A ceite politique de concession et de 
managements dont l'6tat anarchique de l'Espagne 6tait un triste et 
douloureux exemple, 6tait obligee de revenir k cette politique de. 
conservation, de resistance mftme que, quelles que soient les opinions 
que Ton ait professes comme d£put6, on est forc£, dfes qu'on est arrivt 
au pouvoir, d'adopter et de suivre, par la n6cessit6 des choees. 

Le 6 septembre, le minist&re Thiers avait v&u, faisant place an 
minist&re Mol£, dans lequel M. Guizot recevait le portefeuille de Tins- 
truction publique. Cet honneurrevenaitde droitanotre compatriote 
qui avait si brillamment et si lib&ralement assur6 le recrutement et le . 
service de rinstructicn primaire dans le pays, en faisant voter la loi de 
1835 ftur la mattire. . 






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. ANNfcB 1836 S3 

Le 3 septembre 1836, le ministre de I'intlrieur avait sign6 one 
decision accordant au. mus6e de la ville nn tableau de Smith. Cetle 
toile,.qui est toujours au mus£e, repr&ente : le Songe <FAthati$. 

Un de ces ph£nom&nes extraordinaires, qui n'apparaissent qu*4 de 
longs intervalles dan* nos contr&s, vint, dans la journte da 1G sep- 
tembre, jeter an effroi momentang dans la population de Nimes et des 
villages environnanti. * ■ ' 

A Nimes, on entendit oomme une violente detonation accompagnte 
d'un tremblement 16ger qui se faisait sentir, non-seulement par an 16ger 
tressaillement da sol, mais par une sorte d'oscillation des mars et 
des objets mobiles. Cette secousse dura au plus deux ou trois seconder ; 
les habitants de la plaine crurent entendre un coup de tonaerre lointain 
sans qu'aucun Eclair Tint les prgvenir. Mais le tremblement do terre 
remua profond£ment les arbres qui 9 m£me d£pouill& de branches, 
parurent violemment agit£s . 

Le point central du ph6nom&ne, du moins celui od il fut encore pins 
prononc6, fut Vauvertet les villages circonvoisios, sans que 14, pas plus 
qu'4 Nimes, il soit arriv6 d'accidents fecheux. On ne resseptit rien ni k 
Montpellier, ni 4 Aries, ni 4, Yalleraugues , ce qui circonscrivait ce 
ph6nomene dans un rayon relativement restraint. On observa qoelque 
temps apifes la secousse des tourbillons de poussi&re sur le3 boule- 
vards delay ille 9 mais com me il s*6tait 6coul6 depuis un assez.long 
intervalle, il est impossible d'6tablir quelque correlation entra ces deux 
fails. Le thetmom&tra resta k 18 degris centigrades et le baromfetre 
4757,5<h , 

La situation de la fabrique et notamment de celle des chiles 6tait 
depuis longtemps p6nible. Le nombra des ouvriers sans travail allait 
grandissant, et d£j4 l'hiver de 1835 k 1836, k la suite de l*6pid6mie cho- 
16rique, avait &6 fortdur4 traverser, malgrg les secours multiplies, 
les ateliers de travail que la ville organisait de tous c6t& et qui s*6ten- 
daient sur an rayon considerable et vers les points les plus excentri- 
ques de la commune. 

La grosse question des salaires est 4 ces moments 14 difficile. I/uue 
part, le fabricant, aux prises avec les difficulty de la concurrence 
6trang6re, avec les charges financi&res qui lui incombent, se voit 
oblig6 de restreindre sa fabrication ou de diminuer les salaires; d'autre 
part, rouvrier est toujours prtt k soulever de ce chef des reclamations 
quiont parfoisleur justesse. Les ouvrier*, dans lacirconstance pr&ente 

demandaient que la difference qui existait entra les salaires in£galement 
pay& par lee divers fabricants de la ville AH effac£e et que lee tariff 



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, - SI HISTOIRE DB NIMES 

soient jamenls a a niveau du Urif le plus &\e\6. On conceit que les 

fabricants 86 soieot refuses k ces exigences qui pouvaient ruiner leur 

commerce. 

Les ouvriers se r£unirent alors dans un jardin public, situ6 rue do 

; la Servie, et appeld le Pri aux Clera. De calmes et paisibles qu'6taient 

ces reunions oil se discutaient des questions vitales tant pour les una 
^ • que pour les autres, elles prirent bientot une autre tourntire. 

Dans la soiree du 21 septembre, des groupes de treote ou quaranto 

individus qui n'avaient pu rentrer dans le jardin du Pri aux Clcrct, 

gard6 par la force armto, se r6unirent sur divers points des boulevards 

et, dans Tapres-inidi, essayerent de renouveler leur tentative avorl£e de 

'- - la veille, et quelques-uns userentde violence; mais ils furentbientdt 

. • arretls et des le londemaio le travail avail repris daos tousles ateliers. 

Ainsi se termiua une dchauffburee, qui resta heureusement pour 
. tous sans importance. 

Notre compatriote, M. Benjamin Yalz, futi cette 6poque nomm6 

directeur de l'observatoire de Marseille* * 

" ^ Une aurore boreale est toujours rare dans nos pays. Aussi doi$-je 

titer celledu 18 octobre qui pendant trois quarts d'heure illuminate 

, del sur lequel elle occupait un espace de plusieurs degrta. Plusieurs 

timor£s, en voyant ce spectacle merveilleux et ignore d'eux, recomman- 

! d&rent leur ime k Dieu, croyant & une catastrophe prochaine, surtoutfc 

; cause de l'intensiti de la lumtere rouge de ce ph£nom6ne electrique. 

M^deChAlons arriva k Nimes le 18 octobre. II veiait supplier 
1 . . MP de Chaffoy qui, atteint d'infirmit£s graves, ne pouvait plus se 

J. •-. diplacer et accomplir sa tournle pastorale. 

i> . Les tenements, on levoit, n'avaient plus k Nimes le caractere agit6 

f ' des premieres annles de la monarchie de juilletLa tranquillity rggnait 

\ -■ dans la rue et l'apaisement avait succ&L6 4 l'6tat de sourde irritation 

t des jours pr6c6dents. II en 6tait, d'ailleurs, ainsi dans toute la France, 

;- et malgr£la tentative d'Alibaud, malgrg la propagande rlpublicaine 

i qui ne prenaitmeme pas la peine de se dissimuler, le gouvernement 

4 *' " prononca, le 10 octobre, une amnistie pour soixante-un condamn& 

i politiques et put, sans soulever la moindre objection, mettre eo liberty 

i . •. les ministres de la Bestauration, detenus depuis 1831 au ch&teaude 

] / Ham. 

] " ■ La soif du repos 6tait d'ailleurs si grande, qu'une conspiration bona* 

\ partiste gdatait k Strasbourg et k Venddme, sans amener la moindre 

i . v . ^ secousse dans le pays. Celle de Strasbourg Stait 6videmment la plus 

■P- » / - ateieuse, Li, le prince Napol&ra Louis corrompait le colonel Vaudrey 



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... ann£b <sst m w \.,y- -<;;: 

da 4* d'artillerie, et, entour6 da quelque* jeujies gens, tentait de 
s'emparer des pouvoi republics. La conspiration 6tait d£jou£e d&rles 
premiers moments et tous les auteurs de cette insurrection arr£t& of 
traduits devant la cour d'assises du Haut-Rhio. 

Ni cette 6quip<*e militaire, ni le proems, ni 1'acquittement des coupa- 
bles n'eut un grand retentissement dans Nimes qui, h cet Igard, n'6tait 
plus aussi impressionnable qu'elle le fut k une autre 6poque. Notre villa 
cberchait bien plutdt k so d£fendre contre les voleurs qui se faisaient 
de jour en jour plus audacieux et dont les m£faits 6chappaient bien 4 

sou vent k Taction de la police. 

Paisiblement, la session du Conseil municipal s'ouvrait le 2 novembre ' ;"- 

charg£e, comme toujours, de plusieurs affaires engagges sur divers * 

points et ayant le double but d'embellissement etd'utilit6. Le perce- 
raent de U rue du College jusqu'au boulevard et la disparitibn du : 

cloaque infect oil se trouvaient quelques moulins k huile , 6tait 
chose d£cid£e en priocipe. Du reste, on allait agrandir le college devenu 
insuffisant. La ville prenait en mains la construction d 9 un .r^fectoire et 
de dortoirs en fagade sur le boulevard, se r£servant settlement la 
jouissancedes magasins du rez dechausste. 

Le Conseil s'occupa aussi de {'emplacement d6finitif de l'6glise Saint- 
Paul v dont les plans primes au concours de Tannine pr£c£dente avaient 
re$u la sanction de Tautorit^ compltente. Plusieurs endroits avaient 
6\6 signa)6s, entre autre* : la place du March6 aux Boeufe, la place 
d'Assas; et di verses lies dans la rue Neuve. Apr&s discussion, le 
Conseil prononga k l'unanimitg que Tile formde par le boulevard de la / 

Madeleine,' et les rues Neuve, du ChAteau-Fadaise et de l'Enfance, provi- ■ \ 

soirement indiqu^ele l^juillet 1835, serait d^finitivementchoisie pour 
l f em placement du monument. _ 

II s'empressa ensuite d'accorder un avis favorable k Valorisation 
legale demands par M- la Sup&ieure g£n6rale de* religieuses da \ | 

Sainte-Marie-Th£r&se, pour une maison de Refuge , et par M- la 
Sup£rieure des religieuses de Saint-Thomas da Villeneuve, pour une 
maison d'orphelines. 

La seconde de ces institutions 6tait connue k Nimes depuisquinze 
anssous le nom de Providence. Bile 6tait Itablie dans ana maison ..-.'..; 

coromunale, rue de la Fayence,et recevaitdes secours annuels de la 
viile et du depart em ent. 

Le Conseil qui, nous l'avons vu, s'&ait pr£occup6 de l'Stat d6fectueux 
dans lequel Stait la place de la Couronne, avail fait demandar au service 
des Ponts et Chauss^es, par le Maire, de ooncourir pour vingt mille 



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G66Qle T , 



86 BISTOJRB DE NIMBS . 

francs k 1* demolition r6dam6edel'lledelaCk>uronne..Le8 propria 
taires et la ville oontribuaient k cotto operation utile poor soixante 
mille francs. Los Ponts et Chaussdes refus&rent. 

Cette session, purement d'affaires, so terminait quand arrival Nimes 
la nouvelle de la mort da roi Charles X. Le Monitcur annon$ait oe 
douloureux 6v&nement dans les termes suivants : « Charles X est mort le 
6 au soir k Goritz, apr&s une maladie de vingt-quatre beures, qui 
a pr£sent<§ lecaractfere du chol£ra». Le dlfunt roi qui£tait n6 le6 
aoAt 1775, entrait danssa quatre-vingti&me ann£e. Le due de Bordeaux 
arait seize ans depuis le 29 septembre. l*es 16gitimistes de la ville, 
qui avaient, com me tous ceux de France, mis toutesleurs esp&ranoes sur 
la tfte de ce dei nier prince, s'attendaient A la disparition prochaine du 
vieillard exil&et, s'ils re*sentirent dans leur attachementaux Bourbons 
la perte que venait d*6prouver cette famille, ils envisageaient aussi la 
possibility de rendre k la Royaut6 son ancienne splendour dans la 
personne de V Enfant du Miracle* On ne contort pas que l'autoritf civile . 
so soit refusle k laisser aux fiddles du parti la consolation de c£16brer 
un service solen nel enm&noiredu feu Roi. . 

Le 6 d&erabre avait lieu k Nimes, Election du oonseiller g6n£ral 
pour le premier canton. Cette Election Stait exigte par le renou- 
vellementtriennal. i \ 

M. Jalaguier-Plantier, oonseiller sortant, fut r&lu par 131 voix. 
Deux jours aprte, la memo cause r&inissait les glecteura des premier 
et deuxi&me cantons, pour nommer chacun un oonseiller d*arron- 
dissement. 

M. Casimir Boissier fut Au .dans le premier canton, et M. . Pierre 
Curnierdans ledeuxi&me. 

L'ann6e 1836 se terminait par deux gvements graves. Un nouvel 
attentat sur la personne de Louis-Philippe, commis par un jeune 
homrae de vingt-trois ans, nommi Meunier, au moment ou le Boi se 
rendait k la Chambre, et la deplorable expedition de Constantino qui 
nous valut un 6chec et une retraite pitoyable devant les Arabes, 



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CHAP1TRE SEPT1EME 

(Abode 1837) 



SOM M AIRE 



ORGANISATION DBS BCOLBS DB CHANT BT DB TISSAOB. — R fiC ONST B OCT IO N DT POTE1 BT DU 
VESTIBULE DU THEATRE.' — EPIDBMIB DB GRIPPE. — MaRIAGE DU DCC D'Or LEANS, 
IIBRITIER PRESOMPTIP DB LA COURONNE. — SES LABGB88EB. — VlSITB DB LA PRJNCESS8 
HSLBNB DB MeCKLEMDOTRC A L'eCOLE DBS AITS BT METIERS DB CHALONS. — PbBMIBI 
TRAITE D'BCLAIBAGB AC GAZ. — ELECTIONS MUNICIPALS*. — CHBMIN DB FER'DB MONT- 
PELL1ER A NlMBS : DEMAKDB EN CONCESSION. — SrBVENTlON DB* SIX MILLIONS A LA 
COMPAGNIE D'AlAIS A BbAVCAIRB. — MoiT DB SlGALON. — LBS BCOLBS PRIM AIRES A 
NiMES. — MORT DB M" DB ClIAFFOT. — ElEYATIOK DB M" CART A L-'&PISOOPAT. — 

Elections legislatives. 



(Test par one rtaom pense hoDorifique pour deux denos compatriotes 
que debute cette ann£e. Le docteur Fontaines fife, chirurgien en chef 
des hospices de Nimes, re^oit la Legion dTionneur, aiosi que Nicot, 
xecteur de l'Acad£mie de Nimes. • 

Le 1" tevrier s'ouvrait, k la Calade, l'Ecole de Fabrication que nous 
avonsYu cr&epar une deliberation du Oonaeil municipal de l'ann£e 
pr£c£dente. 

Les cours de fabrication etaient fait* par M. Rigollet, professenr k 
Lyon, appel6 k Nimes en conformity des vuesdu GonseiL 

Laclasse dn dessin de fabrique 6tait confine k M. Flaissier, de 
Nimes. 

La municipality pla^ait k la t£te de l'Ecole de rausique 616mentaire 
et de chant choral f M. A* Orimal jdffbe, qui en ayait demand^ la 
fondation. 



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'Go.bgl(&/^ 






~ SS BISTOIRE DB NIUES . 

- ' ^ - * - • 

La session <te ftvrier r^unit lo Conseil municipal qui adopta le projet . 

d'eiargissement de la rue Curatirie par la d6molition parti He de 
p!usieursimmeubles qui genaientau dernier point cette entree principale 
de la ville. 
* Une sorame de 13.31)4 franc* fut votee pour l'agrandissement da 

foyer et da vestibule de la salle de spectacle. Ce monument est dA 
k Meunier et fut bdti h la fin do xyiii* sidcle. Nous avons vu que 
l'lglise Saiut-Paul fut J un moment donn6 trans for m6e, sous la Revo- 
lution, en atelier domenuiserie pour faire les boiseries de la salle. 
I/ouverturo du th&Ure eut lieu le 3 fivf.er 1803. Mais le peristyle 
dorique qui orne la fagade ne date que de 1827. La dkoration int£- 
rieure est de Lesueur et de Cbenillon. 

A 1'epoque de l 9 ach6vement de redifice, des fautes assez graves 
furent commises dans I'achevement du vestibule- et du foyer. Ce sont 
ccs fautes que le Conseil se propo>ait de Sparer dans la session de 
tevrier 1830. II votait en consequence l'agrandissement dedeuxcin- 
qui&mes du vestibule et £ leva it son plafond de 50 centimetres. Ce- 
dornier, fait a camons, devait £tre supports par Jiuit colonnes au lien 
de quatre, et pour communiquer du dedans au dehors, il etait decide de 
faire douze portiques au lieu de six. Enfin lo foyer devait prendre les 
proportions etconserver la forme elliptique qu'il a encore aujourd'hui: 
soixante-douze pieds de long sur vingt-huit de large. ' 

Leplan primitif de Meunier pr^voyait la salle elliptique du foyer, 
mais avec deux portes monumentales aux deux extr<5mit£s pour aller 
d'uneailo dans une antre en traversanl la salle. An rez de cbaussle le 
vestibule devait Gtre rectangle, sans colonne an centre, et l'architecte 
n'avait prlvu que trois issues de degagement. 
Une curieuse 6pid£mie qui avait fait des ravages considerables dans 

t le nord de la France s'ltait abattue sur Mimes. La Grippe avait fait son' 

invasion et on signals it detouscdt&kles malades ; il y en avait trente 
au college, trois cents aux bdpitaux et six cents ft la maison do detention, 

j tous attaints du memo mal. La mortality se ressentit de cette epidemie. 

Le chiffre des deces s*accrut dans do notables proportions. 

; .•- . Dans ce premier trimestre, la comparison avec l'annle l836donnait 

\ ; * . les rcsultats suivants : 

<>-:-. - - Anode 1836 Annie 4837 

1 , v Janvier. 101 181 

.;. > Fevrier. . i« 104 

Jv. # Mars • • , . . m . . . 91 236 

i^VjV- ' 2U0 . 521 

['*'•'• .v*- \. ~ . • . V '.•'•.-. Digitized.byG0.Q5Ic 



ANNtB 1837 S9 

Soit une difference do plus de deux cents pour l'annle 1837. Quoique 
ayant laiss6 moins de souvenirs dans l'esprit de la population que la 
cholera, la grippe persistante fit au moins autant de ravages que 
l'^pid&nie chollrique.. 

Les preoccupations politique* ne laissaient pas ce pendant d'etre 
considerables. Une orise ouvrifere sdvissait sur tous les marches 
fran;ais et particuliereraentsur Lyon dont la fabrique 6tait gravement 
atteinte. On pent supposer que Ni tries n*£chappa point k ces circons- 
tances p£oibles. Le mouvementdes metiers diminuait sensiblement et 
lesouvriers, rdduitsft la plus grande gene, s'adressaient M'autoritg pour 
obtenir du travail ou r&lamaient les secours de la charity parliculiire. 
D'autre part, la nouvelle s'^tait K pan due que le due de Bordeaux allait 
rentrer en France et les fideles de la 16gitimit6 escomptaient avec joie 
la possibility d'une restauration prochaine. A Nimes 9 la fete de Louis- 
Philippe (1 #r mai),de quelque solennit6 qu'on l'entour&t, se ressenttt 
de.ces dispositions diverses. Le matin de la fete, deux drapeaux blancs 
furent places, Tun k la grille sud de la Fontaine, Tautre au sommet 
des Ar&nes. La police les arracha et fit enlever un portrait d' Henri V, 
qui, dans la vitrine d'un menuisier, 6tait sans cesse visits par la popu- 
lation tegitiraiste. Pour porter remade 4 la crise comraerciale, des 
secours nombreux furent distribugs, et des chantiers publics furent 
ouverts dans tout le d£partement. . 

Un 6v6nement important pour la famillede Louis-Philippe allait lui 
perroettre de ressaisir un peu de la popularity qui lui 6cbappait. Le 
due d'Orteans, h6ritier pr&omptif dela couronne, allait se marier avec 
la princesse Hetene de Mecklembourg, et k cette occasion la lib£ralit£et 
la g6n£rosit£du prince s'exerc&rent sur une large dchelle. 

II donna des livrels de Caisse d'Epargne avec premiere raise k des 
_ enfants d'ouvriers des princi pales villes de France, notamment Aceux 
qui se distinguaient dans les £coles/ju*ils frgquentaient. Quinze villes 
furent d6sign6es, parmi lesquelles figura Nimes pour une somme de 
six mil le francs. II consacrait cent cioqu ante mille francs pour fonder 
des bourses k l'Ecole de Saint-Gyr en faveur des sous-officiers del'armto 
que leurs examens feraient declarer admissibles k l'Ecole militaire. 11 
envoyait k Lyon cinquante mille francs pour aider aux ouvriers, et le 
Boi pronongait une amnistie pleine et entire pour tous les condamnta 
politiques. 

Ces mesures de ctemence, ces literal it£s intelligentes devaient, it bon 
droit, frapper le peuple qui souffrait d'une cessation presque complete 
de travail et d'une gftno depuis longtemps inoonnue. 



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M BfSTOIltB UB NMIES ^ . 

La distribution des livrets do caisse d'Epargne se fit avec nnecertaine 
solennite, ledimancbe 11 join, dans la courdu college, dans lamaison 
des dames do Saint-Maur et an grand Temple. lis furent remisi 
quatre-vingt-un jeunes gens et trente-neuf jeunes filles, avecune pre- 
miere mise de cinq uante francs pour chacnn . 

La c6r£monie da manage royal eut lien k Fontainebleau, dans ce 
ch&teau c£16bre, tout plein des souvenirs de la royaut6 et do l'6pop6e 
napolfonienne. En se rendant k Fontainebleau, la princesse Hlline de 
M ecklembourg passa k Cb&lons-sur-Marne, oil elle arriva le 27 mai, k 
six henres du soil*. Le lendemain, elle manifesta le d£sir de visiter ' 
l'lcole des Arts et Metiers. 

Dans une salle magnifiqnement dlcorte, elle trouva exposes les 
ouvrages les plus remarquables des 61&ves. La noble visitetise fut 
vivement frapp&de la perfection d'un buste coul6 en bronze qui lui fut 
pr&ent6. Aprfes avoir examine cette ceuvre avec une attention bien 
marqute, la princesse voulut* non-seulement connaltre le nom de 
1'auteur, mais encore lui t&noigner it lui-meme sa satisfaction. 

tf6taitunNimois, le jeune Jules Lange qui, appete i l'instant, vint 
tont trcmblant et le coeur rempli demotions de toute esp&ce, recevoir la 
haute recompense qui l'atlendait Par deux fois 9 la princesse, apr&s 
l'avoir compliment^ chaleureusement, lui r£p£ta : t Monsieur, j'ai pris 
votrenom,jene vousoublieraipas*. ! 

Le jeune artiste qui 6tait ainsi l'objet d'une aussi flatteuse distinction 
6tait fils d'un menuisier de noire ville, et avait 6t4 envoyS k Chilons 
comme boursier par le Conseil municipal. Chaque annle, k la suite d'un 
concours, le Conseil envoyait k l'&ole des Arts et Metiers de Ch&lons, 
deux Aleves, un choisi parmi les Fibres de l*6cole chr£tienne, un autre 
dans 1'teole routuelle protestante. 

Une loi du 27 juin 1 833 avait autorisg l'6tablissement d'un chemin 
de fer d'Alais k Beaucaire en passant par Niraes, et nous avons vu que 
la compagnie Talabot, auteur duprojet, 6tait devenue adjudicataire de 
son execution. Nous avons £galement vu que, le 10 mai 1836, cette indme . 
compagnie Stait devenue proprtetaire des importantes mines de la 
Orand 9 Combe 9 au sein desquelles elle obtenait ledroit de constrain un 
embranchement desservant le centre de l'exploitation. Le chemin d'Alais 
it Beaucaire, pour une longueur de dix-sept lieues et demie, devait 
co&ter 7.200.000 francs. L'embranchement d'Alais aux mines avait 
quatre lieues et demie, et ladlpense 6tait 6valu6e k 2.000.000, ce qui 
donne vingt-deux lieues de chemin de fer i ox^cuter pour 9.200.000 
francs, ou bien 318.180 francs parlieue. 



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ANHftB ISJ7 SI 

Soit que rentroprise ait para basardta, soit que des sinistra rtoents 
aient 61oign6 la confiance publiquedecesgrandesentreprises, encore . 
mal comprises par la population, il n'en est pas moins vrai que jusqu'en 
1836 f lacompagnie Talabot fit de vains efforts pour r&rair lefonds 
social n£cessaire k sa speculation, malgrg le concours du baut commerce 
de Marseille, si directemeut int6ress6 it la realisation de ce projet. 

Dans cette situation, un traits futpassgentrelegouyernement et la . 
compagnie. L'Btat s*engageait k faire un prtt de six millions de francs 
k la compagnie, k I'int6r6t de trois pour cent. En retour, la compagnie 
outre 808 garanties particuli&res, s'obligeait k c&ier k l'Etat, jusqu*au 
complet remboursement de ce prGt, toute la houille qui lui serait 
n&essaire avec un rabais de yingt pour cent sur le prix de la plus . 
rfeente adjudication. Comme exemple des avautages que legouver- 
nement devait retirer de cette clause, je peux titer le prix du charbon 
anglais rendu k Toulon, pour les besoins de la marine de guerre, 
jusque-li tributaire des houill&res anglaises. Ce prix Stait, en 1837, de 
46 francs la tonne. Le traits pass^avec la compagnie Talabot assurait 
ce service au prix de 33 francs. 

Quelque avantageux que ce traits fAt pour l'Etat, il ne fat adopts 
par la Ghambre qu'4 la faible majority de cinq voix (150 pour et 146 
contre). II fut m&ne amende par laChambre dans on sens plus 16onin. 
L'int6r6t du capital pr6t6 fut 61ev6 it 4 pour cent, et la pdriode pen- 
dant laquelle la compagnie s'obligeait k odder la houille k la marine 
royale, au rabais indiqu£, fut portle de huit* quatorze. ans. L'adop- 
tionde ce traits fut pour le pays un grand bienfait puisqu'il permet- 
tait enfin de r&riiser une entreprise dont les r&ultats comroerciaux 
6taient incalculables. 

En France, on s'occupait vnrement de cette question des chemins de 
fer ; de tons cdt£s des compagnies se formaient en frontons 6pars pour 
exploiter les ricbesses locales. L'impulsion 6tait donnle et, sur plu- 
sieurs points, des lignes gtaient conc£d6es ou en construction, formant 
ainsi Fembryon de cet admirable r&eau si intelligemment trac6 et de 
cos compagnies merveilleusement organises pour le but qu'elles se 
proponent. ' „ 

Pendant que, gr&ce au concours du gouvernement qui allait faire 
une affaire lucrative, la compagnie Talabot allait pouvoir mettre la 
main k l'ex&ution de ce lameux projet, la ligne de Montpellier k Cette 
6tait en cours d'ex&ution, et, le 8 juin 1837, une soci6t6, sous la rai- 
son Mallet Henry, Allier et Compagnie, demandait la- concession d'un 
chemin de fer de Montpellier k Nim.es t Nous aurons 4 yoir plus tard 



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I 



i - . 
J 



M HISTOIRE DB NIMBS 

I'ex&ution de ce projet se r&iliser. assurant ainsi les communications 
. entre le RhAne et le canal da Midi. 

Ces grands travaux prochains constituaient pour la classe ouvri&re 
un prlcieux secours et un d6rivatifaux preoccupations toujoursplus 
grandes d'une crise intense. Acdt6deces vastes ch an tiers qui, pen* 
dant de longues anndes, devaient assurer du travail dans nos regions, 
la ville en ouvrait d'autres pour son embellissement ou son assainisse- 
ment. Nous avons succesrivement vu le Conseil s'occuper d'llever des 
monuments considerables tels que I'lgtiso Saiut-Paul , et amiliorer 
nombredebAtimentscommunaux encore inachev£s ou ne r£pondant 
plus k lei r destination premi&re. 

Dans la sessioQ de mai 9 l'assemblto municipale sanctionna un projet 
d'6clairnge au gaz pour la ville. Mais, prudente, elle autorisa le maire 
4 traitor a vec le sieur Deleveau* pour que ce dernier prenne 1'engage- 
ment d*6clairer, dans le d£lai de trois ann£es, les quartiers de la ville 
limits par les boulevards Saint-Antoine et du Thd&tre, THdtel de 
ville et la Grand'rue. 

La loi amenait le renouvellement par moiti6 du Conseil et les Elections 
comraenc&rent k Nimes le 12 juin pour se clore le mercredi, 28 du mdme 
mois. 

Los eonseillers sortants 6taient : MM. Vidal -Pellet; Alphonse Boyer, 
de Daunant , Cazeing , Clerget , F . Richard , Delacorbifere , Emile 
Bonnaud , Bergeron , Montagnon , Philippe Mathieu ; Gignan, Girard, 
David Carcassonne, de Cbastellier et Abric. MM. Remade 9 nomm6 
conseiller municipal k Aries, et Roux-Carbonnel ttaient d6missionnaires. 

Voici les noms de ceux que les 61ecteurs appel&rent k la Mairie : 

MM. Boyer fils 9 Charles de Surville, Roussellier , F. B6chard, 
Vidal Pellet t Augusta Ratae t Theodore de Perrin , Martin* docteur ; 
P.Curnier, Clerget, Emile Bonnaud, Delacorbidre, Girard, Montagnon, 
Gignan, Mathieu, D.Carcassonne, C&ar Salavief, Gonet, Maxirae 
Baragnon. 

Nous avons vu, le 21 mars 1831, ce Conseil entrer en fonctions etj'ai 
dit quelle £tait sa composition . Les deux Elections de 1834 et 1837 qui 
l'avaient en entier remante, avaient conserve vingt merabres du Conseil 
primitif. Seize membres 6faient entrds , nouveaux , dans l'assemblee 
municipale. Aux Elections de 1831 , l'opinion 16gitimiste comptait 
douze membres dans le Conseil ; apr&s celles de 1837, elle en comptait 
quinze. 

L'installation des nouveaux 6lus fut faitd incontinent le 4 juilletpar 
le pr6fet f et le 5 aotit, le Conseil se r6unissait en session ordinaire pour 



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ANNfeB «837 93 '. - . V~ v 

discuter le budget de 1838. Je remarque que relocation de Vinatruction / -\. 

publique fut 6lev6e de 75.000 h, 81.000 francs poor ua budget de '., -; 

d£penses de 415.000 francs. II liquidait la d£pense faite pour I'Hdtel* . 
Dieu qui, const ruit par l'administration particuliere des hospices, ' l- : ; 

cotita pres de 300.000 francs. La ville y contribua par des d£lib6ra- . - - x " 

tions de lancien Conseil municipal pour uno somrae de 90.000 francs. 

II n'est pas inutile de jeler un coup d'oeil sur les travaux engages it -,' 

cette 6ppque par les soins de la municipality. A la maison de la Provi- 
dence K oil logeaient soixante-dix orphelines, qui, par les soins des 
soeurs de Saint-Thomas de Villeneuve, recevaient une excellente « ■ 

Education 9 prfncipalement dirig6e vers les travaux manuels , oij 
construisait deux grands dortoirs et un (avoir, ce qui coAtait 
9.500 francs. V 

Des travaux d'agrandissement 6taient entrepris aux 6glises Saint- 
Baudile (les Cannes) et Sainte-Perp6tue (le$ Capucins). 
. Le Conseil intervenait pour 12.000 francs dans la construction que 
le Consistoire 61evait rue PavSe, pour l'6tablissement d'une Scole pri- i 

maire supSrieure, et celle dans la rue du Grand-Cou.vent, pour une ' ; 

6cole de gallons. " '( 

II con sacrait 25.000 francs au prolongeraent de la rue Trajan Ala .'■ j 

Fontaine, pre* la maison Girard, le maire d'alors, et I'&argissement de - ; 

l v Avenue de la Fontaine. -• ! 

II construisait k Courbessac un 1 avoir, r6parait le presbyt&re qui - I 

tombait en ^uines 9 cr&ut dans la ville plusieurs fontaines, agrandissait 
la maison principale des Freres. pavait et a*sainissait le y-ieux chemin ., j 

de Montpellier, au moyend'un 6goAt collecteur qui se d£versait dans I 

le Cadereau 9 mettait en communication la t ue de l'Agau avec celle des j 

Lombard?, par la demolition de la maison Valz, et d&larait d'utiliti 
publique l'glargissement de la rue du Grand-Couvent k son d£bouch6 
sur la place de la Bouquerie, l'61argissement de la rue du Pont-de- 
Sigalon et celle de la rue de la Curaterie. II ratifiait, en outre 9 les 
acquisitions faites par le maire des maisons b&ties sur Templacement od 
devait s'&ever Saint-Paul , acquisitions qui s'£levaient au prix de 
223.000 francs. 

11 votait les credits nScessaires, pour le pavage d*une partie des 
boulevards allant de l'6glise Saint-Charles k la rue de l'Enclos-Rey, et 
achetait enfin, au prix de 7.500 francs, une proprtetl situta dans 
l'enceinte de la Fontaine, t pers6v6rant , ditle rapport, dans la*ttche 
utile mais lente de d6barrasser cette promenade de plusieurs servitudes 
nuisibles». 



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94 MSTOIRB DB NIMES 

Le montantjjSn^ral des travaux entrepris sur tousles points de la 
ville et votes parleConaeil s'&evait k 789.000francs en y comprenant • 
1'lglise Saint-Paul, sur lesquels 140.000 francs ftaient d6j* pay 6s. Le 
budget de 1838, en dehors de ses d6penses ordinaires, pr6voyait an 
d£bours de 158.000 francs. Et comme I'exc&ientdesrecettessurles 
d6penses ttait de 175.000 francs, les fonds libres disponibles sorie 
budget de 1838 gtaient de 19.000 francs. I«es budgets post&ieurs 
avaient k payer des d£penses entreprises pour la somme de 481 .000 fr. * 
On voit qu'avec des ressources m6diocres, le Gonseil, sans greverla 
ville d'emprunts on6reux, sans recourir aux centimes extraordinaire*, 
autoris& cependant par la loi, mais qu'U r6pugnait 4 ces adminis- 
trateurs d*imposer k la population, arrivait k faire face k des exigences 
considerables 9 dotait convenablement les chapitres indispensables 
desd6penses publiquesetgratifiait la ville de travaux utiles, tant 
pour rembellissement de nos voies publiques, que pour l*6ducation et 
la sant6 publique. 

Cfest 4 cette£poqueque commence 4 se dessiner ce mouvement de 
restauration, de creation, qui a fait de Nimes une ville que les 
Strangers se complaisent k admirer, et 4 la lecture de.ces travaux 
entrepris, on pent voir que le Conseil municipal de l'6poque savait 
faire des deniers publics un noble emploi et une intelligente distri- 
bution. , - f 

Le 18 aotit 1837, la mort frappait un nimois, jeune encore, et d6j4 sur 
lechemin delagloire. Sigalon succombait 4 Rome k une Mtaque de 
cholera contre laquelle il lutta avec 6nergie pendant trois jours. Bien 
qu'U ne fAt pas n£ k Nimes, Xavier Sigalon appartenait cependant it 
notre ville k plus d 9 un titre. Ce grand peintre 6tait n6 4 Uz&s en 1788. 
Sonpfere, pauvre maltre d'£cole, vint habiter Nime3 esplrant y trouver 
plus de ressources pour sa profession et l'6ducation de ses enfants. De 
1'Age de huit ans jusqu'4 sa vingti&me annde, notre compatriots 
6tudia avec acharnement, lisant avec passion les livres d'histoire et de 
po&rie. n s'adonnait an dessin qu'il aimait par dessus tout, donnait des 
lemons et dessinait des portraits k Festompe, quand vint se fixer k 
Nimes, un &&ve de David, Monrose. Sigalon se forma k cette 
6cole. 

Ses premitoes toiles furent une mort de Saba Louis pour la cathfr- 

drale de Nimes, une Saint* Anastasie pour le village de Russan, et une 

Descents du Saint-Bsprit sur let Apdirts, vaste composition qui occupe 

tout l'h&nicycle de V6glise des Penitents k Aiguesmortes. 

Al'tge de vingt-neuf ans, Use rendit 4 Paris, et aprts avoir essay*, 



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sans r^sultat de s'attacher i Tatelier da Pierre Ga6rio f il alia travailler '. ^- f 

avecundeses oompatriotes, Sonchon. En le quitlant, il peignit le ~ ~ r-^ 

tableau de la Courtisane que Louis XVIII acheta 2.000 francs et fit "-'".- V ; ' 
placer au Luxembourg; il eat aujourd'hui au Musle da Louvre. II "^ 

peignit ensuite pour l*6glise de Robiac, la delicrancs de Sabd Pierre. " 

1824 vit le trioraphe de cet artiste consomm6 qui ne vivait que de V- 

privations pour arriver A so faire unnom dans les arts. Ilexposale 
calibre tableau de la Locust*, qui fait le plus bel ornement de notre 
mus6e. Pour produirecette oeuvre admirable, notre compatriot e avait "* - , --""_-__ 

dAvaincre des difficult^* inoules. N'ayant poor tout atelier qu'une * --_ 

cbambre basse et 6troite, il avait 6t6 obligg de se coucher k plat-ventre 
afin de peindre les raccourcis de l'esclave et tout le bas du tableau. "--•_- 

Cettetoile avait 6t6achet6ed'abord par Laffitte,lebanquief richissime - v r- 

de l'6poque, mais la famille de ce dernier trouva le sujet trop effrayarit, 
et Nimes profita decette occasion pour acqu£rir au prix de 5.000 fir. 
ce chef*d'ceuvre de son fils adoptif • ' - z * 

LetaibletLnd'AlhalUfaiuintmassaerer ..-.--/ 

rtossit pas k son gr£ et il en con$ut un violent chagrin. Co-tableau est & • 1 

Nantes, nous en avons une esq uisse. II peignit ensuite le BapUme du Christ, 

pour notre cath6drale, la vision de Saint Jirdme et \e Christ em croiw. 

Saint JirGme est au Louvre parmi les chefs-d'oeuvre de lTScole Fran$aiae. 
M. Thiers Tenvoya alors 4 Rome oil il se rendit avec son 61&ve et un -' ; 

autre denoscompatriotes, M. Numa Boucoiran, pour faire la copie 

des fresques du Jugement dernier, de Michel -Ange. (Test lit que la mort le / ~ '■ ■ ' * 

ravit k 1'art, au moment oh il allait faire la Mart de Claude, dont nous 

n'avons qu'une esquisse (1J d'une grande beaut6. 
Cette mort, cruelle pour Tart, fut cruelle aussi pour la soci6t£ qui 

perdait un homme don t toute la vie fut une logon de Constance, de bont£ '-;./, 

simple et dlionneur. Sigalon fut inhum£ dans l'£gliae de Saint-Louis 
_ des Frangais, k Rome. Le marbre qui le recouvre porte ces simples . ' 

mots:«Ci-git Xavier Sigalon, peintre franfais, mort da cholera, le *-\ , 

18 aoAt1837, k Tige dequarante-neuf ans. 
J. Reboul a , dans une pi&ce surla mort deSigalon k Rome, dit . . _ ~ j 

avecraison: J 

Ton astre, eo se eoncbant, laiste plat d'nn rayon. . ".< | 

Saint Jdrdme, Locusts, immortelles images ,. *' f 

De la posterity recevroni les hommages, 



, t 



Sana jamais Ipuiser soa admiration. /\" \ 

(ifVagasin fHtiansaus 4S3S, page 80S, et Mnede ie Ninas. 



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9* HISTOIRB DB KU1ES 

Paroled vraies et profondes, car Sigalon resta Tan des grands mat- 
Ires de 1'EcoIe Franfaise. Nimes peut s'enorgueillir d'avoir fourni ces 
deux peasears gnergiques, deveaus par leur travail, par leur Snergie 
surhumaine , dos hommes d'un haul talent et qui ont fix6 l'attention 
deleurscontemporains et de la post£rit£. Quel enseiguemeut que ces 
doux humbles owners partis derien ets'&evant si haut par la seule 
puissance de leurs vertus et de leur ggnie 1 Sigalon et llebout person- 
nifient lous deux, cat admirable esprit d'abn£galion cbr&ienne 9 de 
resignation 9 de travail 9 qui font la gloire d'une generation et d*un 
pays. 11 est p£oible de reconnaltre que Sigalon ne fut pas compris par 
ses concitoyens, du moins par tous. Reboul nous le dit : 



Too pays tMvdllant de too indifference, 
Cbcrcbc quel monument il ponrra I'lriger ; 
Ta mort fait rendre cnfin josttce a ta memoire, 
Et Nimes maintcnant se soavient de ta gloire, 
Lui qui t$ rtctcail em obscur Granger. 



M. Colin , directeur de l'6cole de dessin fit don k la villedu portrait 
du c£l&bre peintre. 

La rue du Pont-de-Sigalon devint rue Xavier Sigalon. Une commis- 
sion, compos£e de plusieurs conseillers municipaux et de quelques 
notability de la ville, se forma et ouvrit une souscription pour Clever 
\ un monument k la ra£moire du grand artiste. Ge monument, qu'on 

[ - voit au Musta de la ville, oil il fut plac£, est un buste de notre c61&brt 

| compatriote £tabli sur un socle en marbre. 

\ -\ „ J'ai souvent eu k prouver avec quel z61e et quelle sollicitude la 

; ,- municipality se prfoccupait d'assurer l'instruction publique. Je trouve 

dans uu document du temps (I) une sorte de rapport officiel surla 
situation g6n6rale de l'instruction primaire dans Nimes. 11 y avait k 
cette 6poque quatre Icoles dirigtes par les Fibres de la Doctrine chrfi- 
tienne: 

L'6cole de la Providence ; avec 370 Steves ; celle de Saint-Charles v 
avec 400 ; celle de Saint-Baudile, avec 375 ; celle de la Calade, avec 
300; soit un total de 1.505 616ves presents, alors que le chiffre des 
inscrits ne s'61evait, en 1835, qu'A 1.200, et le rapport ajoute: « On 
a accuse les Fr&res, dans un temps, de restor au-dessous de la limite 
d*une instruction 616mentaire convenable ; ils nous paraissent anjour- 
d'hui prfcs de la dlpasser. » Cette constatation ne nous d6plaU pas 



(V Journal dot teoles primairca da Gard. 



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M 



alors qu'il est con vena, dans un certain miliea 9 que les Fr&res de la 
Doctrine chr&ienne sont incapable* de donner la moindre instruction* 

Lea £coles gratnites pour jennet filles, dirigies par lea dames de 
Saint-Maur, 6taient an nombre detrois: pr£s T Esplanade, avec 183 
61&ves ; pr&s Saint-Paul 9 avec 215 ; rue de l'Enclos-Bey , avec 216 ; 
soitun total de 614 jeunes lilies instniites gratuitement. 

II faut ajouter que dans le courant de cette m£me annto 1837, lei 
dames dela charity de Saint-Vincent-de-Paul , dontle dSvouement 
pour les malades est si bien connu, avaient ouvert une £cole primaire 
gratuite qui se trouva presque aussitAt remplie qu'inaugurle, dans leur 
maison conventuelle de la rue du MArier-d'Espagne. Elle comptait 140 
616 ves. 

L'6cole primaire protestante de gar^ons comptait 210 Olives et celle 
des jeunes filles, 250. 

Les 6coles d'adultes comprenaient 9 pour l*6co1e catholique, 150 
Steves, et pour l'6cole protestante ,65. 

. Les salles d'asile , tout r£cemment cr&es , n'6taient pas encore 
peupl6es comma elles devaient Tdtre , en raison des preventions de 
la population qui ne pouvait se r&oudre k y envoyer ses jeunes 
' enfants. 

II est facile de conceyoir qu'avec ce personnel scolaire , ces cours 
gratuits, la population 6tait aussi bien pourvue qu'elle m&itait de 
. Tetre et que toutes les communions pouvaient, 4 un prix relativement 
minim? pour les finances municipales, assurer l'instruction de renfance 
et mdmedes adnltes. J'ajoute que sur ce terrain de l'Sducation de la 
jeunesge, le Conseil municipal, sans distinction d'opinion, s'empressait 
de voter les fonds n£cessaires afin de doter la ville d'un service bora 
de pair. II n'est pas inutile de remarquer que Nimes 6tait, it ce moment, 
apris Saint-Etienne, la seconde ville de France dont la population 
scolaire f&t la plus 61ev6e en proportion du nombre de ses habitant*. 

J'ai eu occasion de dire que Guizot, lors de son passage an ministers 
de rinstruction publique, avait largement accru les richesses denote* 
bibliotb&que ; le ministre fit, en 1837, don k la biblioth&que d # un 
exemplaire du Panthion LUUraire. Ce magnifique ouvrage ne comprenait 
pas moins de 200 volumes in-octavo de800 pages* 

Cette ann£e 1837 devaitdtre un deuil pour la ville. Avant Sigalon 
ftaitmortle president duConsistoire, Alexandre Yincens; apr&s lui 
. fut emportf l'6v6que da diocese. 

. Monseigneur Claude-Fran^ois-Marie-Petit-Benott de Cbaffoy mou- 
rait dans son palaia Episcopal, le mardi26 septembre, k buitheures 
>«■ . f 






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W5-. 



ft , lf . HISTOIRB LB NIMES • ~~\ . 

trois quarts da matin, dans la quatre-vingt-sixi&me annte de son Age * 
et la dix*septi&me de sod 6piscopat. 

: Imminent 6v6que avait 6t6 firapp6 de deux attaques d'apoplexie 
dont la seconde reraontait k deux ans. Clou6 sur sou fauteail, il n'en 
. administrait pas moins sou diocese, et nous Favons vu, dans une 
circonstance dernifere, apaiser d'un mot de legitimes susceptibility et 
des froissements justifies. 

. L'6vAque de Nimes mourait profond£ment regrett6 par la population 
nimoise qui avait pour lui une oonfianoe et une v£n6ration sans 
bornes. 

Le lendemain de ces jours de deuil, oil la croix fut chassle de la 
place publique par ordre de l'autorit6 civile, c*6tait un dimanche, les 
cloches annon$ant les offices demeuraient silencieuses. Surpris de ce 
silence lugubre, le pr6fet fit interroger l'&rdque, lui demandant de, 
r£tablir les sonneries religieuses. Mais l*6v6que lui rgpondit avec le ton 
d'une majestueuse douleur : « Point de cloche3 , Monsieur le pr6fet, 
point de cloches, l'Bglise est en deuil ». 

. Cest sous son 6piscopat que Fgglise cath6drale, qui b&tie, d&ruite, 
b&tie et d&ruite encore, fut consacrle solennellement 4 saint Castor,, 
et nne pierre pos£e dans ses mors annonce que le15des calendes . 
d'octobre 1832, cette 6glise fut consacrto par Ciaude-Fran$ois-Marie- 
Petit-Benolt de Chaffoy 9 sons finvocation de la glorieuse Vierge 
Marie, et du bienheureux saint Castor, 6v6que d'Apt. 

II pr&rida le 21 d6cembre.1835 nn synode dioc6sain oh d'utiles 
observations furent recueillies et port&s aux pieds du Saint-Sifege. 

La vie de cet illustre et k jamais regrettd pr£lat fut nn bienfait con- 
tinuol, suivant I'expression de Tune de ses biographies. Sod 6tat 
d'infirmitf, dont il ressentit la premiere atteinte au mois de novembre 
1834, dans l'6glise Saint-Paul de Beaucaire, et la seconde en 1835 dans 
son palais Episcopal , ne l'empecha pas jusqu'A la derni&re heure 
d'administrer son dioc&se difficile, et lorsqu'il mourn t, ilput, en 
paraissant devant Dieu qn'il avait taut aim6, porter une &me pure et 
pr6par£e depuis lougtemps k rendre ses comptes devant l'Eternd. 

Claude-Fran$ois~Marie*Petit Benof t de Chaffoy, naqnit k Besan$on 
au moisde f&vrier 1752de noble Bonaventure de Chaffoy, conseiller an 
Parlement, et de Th6r&se-Perrette Belin . ' 

Entr6 k sa seizi&rae annde an s£minaire de Saiot-Sulpice, il ne tarda pas 
4y contractor d'illustres amities parmi lesquelles figuraitcommela plus 
prfcieuse celle de M" le cardinal de Bausset, ancien 6v6que d'Alais. 

Aprts avoir pris ses grades de thlologie k Navarre, l'abb6 de Chaffoy 



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ANNtB ISS7 ft 

futnomm6chanoine p%r brevet do joyeux arfenement de Louis XVI, 
pais grand-vicaire de l'archev6que de Besancon, M«* de Durfort. En 
1791, il accompagna, k cause des 6v&nements politique*, son arche- 
v6que i Pontarlier et de lit en Suisse. A la mart de oe prflat, nomm6 
par l'6y6que de Lausanne grand-vicaire du diocese deJtesanQon, pen- 
dant que le si&ge arcbilpiscopal 6tait occup6 par un 6v6que intrus, il 
vint se fixer sur les limites mdmes de son dioc&e dans lequel il ne 
pouvait p6n6trer. (Test & Cr&ier qu'il se retire. Cost U qu'fl oomposa 
le Caiiehisme raismni sur let tacremcnt$. Avecle Concordat ilrentrai 
Besan^on oh il stocupa exclusivement d'ceuvres religieuses. Sous 
Louis XVIII, il allait «tre nomm6 6vdque d'Orl£ans, lorsque le 
cardinal de Bausset se ressouvint de luiet le fit nommer 4 l'&rtcM de . 
Nimes. 

Sacr61e 21 octobre dans l'^glise Saint-Sulpice, k Paris 9 parM"de 
Latil, alors 6v6que de Chartre*, il chargea M. Liron d'Ayrolles, 
ancien vicaire-g£n£ral dela Eochelle, de prendre possession k sa place 
du si&ge Episcopal. 

n fit son entree solennelle k Nimes le 19 d£cembre 1821 . Le vicomte 
Villers du Terrage 6tait k ce moment prgfet du d£partement etoccu- 
pait le palais Episcopal. C'est \k que descendit Sa Grandeur. 

Le 25 aoAt 1822, il posait la premiere pierre du nouveaus&ninaire, 
€ Tun des plus Tastes et des plus commodes du royaume. » 

Gr&ce k l'ascendant de sa verta, de son caractfere, il put, en 1830, 4 
cette heure difficile oil les Fran^ais n'6coutaient plus que la voix de la 
haine et de la discorde, exercer sa salutaire influence et aider* 
apaiser les divisions funestes de la ville. 

Les fun&railles solennelles do prglat eurent lieu le 10 octobre, h huit 
heures du matin. Monseigneur l'6v6que de Montpellier prfoidaitla 
c6r£monie* Le cortege suivit lUtin&raire suivant : rue Saint-Castor, 
place Belle-Croix, Grand'rue, place de la Salamandre, rue de la 
Couronne, boulevards de l'Esplanade, de la Maison-d'Arrtt, Saint- 
Antoine, de la Madeleine, rue Neuve 9 rue Saint-Paul se rendant 
auS6minaire, 

Arriv6 dans la chapel le de cet 6tablissement, le corps y fut inhumi 
et Monseigneur l'6v£que de Montpellier pronon$a une allocution 
rappelant les vertus de l 9 6v6que dtfunt. 

A la cath&rale, l'oraison fon&bre fut prononcte par TabM 
d'Alion. 

Par ordonnance royale du 25 novembre, M. TabM Cart, vicaire* 
g6n<ral de Besangon, itait nomml au ai&ge Episcopal do Nimes/ 



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I0# ♦ HISTOIRB DB NIMES . — . 

M . 1'abW Cart 6tait un des eccl&iastiques lea plus remarquables dp 
dioc&se de BesanQon, et son arriv6e» pr6c6d6e d'une reputation de 
modestie et de m6rite solide, fit le plus grand plaisir 4 la population. 

Le 3 octobre, le Roi signait une ordonnanoe dissolvant la Cbambre 
des d£put£s et convoquant lea colleges llectoraux pour le 4 noverabre. 
Celte dissolution 6tait pr6vue et altendue depuis quelquqs mois 9 et 
Imposition & laroyautf constitutionnelle profita de cat appel aux 
Hecteurs pour frapper un grand coup . 

A Nimes, la lutte fut particuliferement vive dans le college intra- 
muros. Lit so trouvaient en pr&ence : M. de Chastellier, ancien maire, 
d£put6sortantet candidat oonstitutionnel 9 et M. B6chard, candidat 
llgitimiste. 

La bataille fut chaude. L 9 organe du gouvfernement, le Courrier du 
Gard, adjarait les&ecteurs republicans k voter pour son candidat. 
f Messieurs de l'extrdrae-gauche, s'6criait-il, passerez-vous k l'ennemi T 
Que yous reviendra-t-il, messieurs de l'extreme-gauche, de la nomi- 
nation de M. Blchard qui, par ses antecedents, sa famille, ses amis et 
•ses opinions, tientaux hommes et aux choses de l'ancien regime T » 
Tout fut mis en oeuvre pour ^carter le candidat lggitimiste, et 
Dependant son nom sortit triomphant de I'urne avec 413 voix contre 
308accord6esi M. de Chastellier. , \ 

CT6tait un grave 4chec poor la monarchic de Juillet, que ce r$veil 
soudain du parti tegitimiste et que le r&ultat du vote extra-muros 
venaitrendre plus saillant encore. L&, M. Teulon, rgpublicain, 6talt 
61upar 265 voix, et son concurrent, M. Viger,. magistrat, donttout 
l'ayancement itait dA au miniature, n'en r£unissait que 250. l<es trois 
autres arrondissements * du d£partement ne compensaient pas ce 
double d&astre, bien qu 9 fls envoyassent k la Chambre des d£put£s 
gouvernementaux, savoir : pour Aiais, M .Chapel ; pour Uz&i, M. Teste 9 
et pour le Vigan, M. Ghabaud-Latour. 

. La session de novembre pour le Conseil municipal s'ouvrait par une 
annonce du maire qui constatait que l'autorit6 sup&ieure approuvait 
lee achats faits, en vue de l'emplacement de l'lglise Saint-Paul, et 
s'&evant 4223,587 francs 10 centimes, des immeubles appartenant aux 
sieurs Ourson, Roulle, Palatan, Durandet Miranda. M. Questel annon- 
igait en outre qu'il venait de faire plusieurs voyages en Normandie et 
dansle nord de la France afin de connaltre les types les plus int£res- 
sants de l'architecture romane et donner k l'4glise Saint-Paul le 
~caract6re des 6glises construites aux xivet xii* siteles'de Tire 
v .chritienno. 






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ANlftB 1837 «<M 

L'architecte envoyait en cmtre le module en relief da monument pro*' 
jete. Ce module et le dessin perspectif etaient exposes le dimanche 
10 d£cembre an Musee. Une foule considerable vintles visiter et admirer 
lea details do plan deM.Questel. 

Le Conseil recevait avis que la compagnie d'Alais 4 Beaucaire allait 
i bref ieiai commenoer ses travaux aux environs de Nimes. II faisaiti 
oelte society cession de quelques parcelles de terrains communaux,. 
necessaires k la ligne des travaux, et exprimait le vcbu que Cette entre- 
prise fftt h&tee afinde permettre 4 la population ouvri&re dela cat6 
d'avoir du travail pendant plusieurs hivers, et de toucher des salaiies 
eieves. 

Le Mairecommuniquaitensuiteau Conseil Vavis favorable que le 
Conseil des ponts et chauss6es avait donne k la derivation des eaux 
du canal Calvifere (projet Yalz et Fauquier) accordant 4 la ville un debit 
des vingt-six centimes des eaux en tons temps. MM. Talabotet Didion, 
malgre rechec de leur premi&re proposition, en faisaient une autre k , 
la ville qui consistaitfc eiever 4Comps ou au Pont-du-Gard les eaux 
du Rhdne ou du Oardon au moyen de machines k vapeur et lea 
conduire 4 Nimes 9 soit par un aqueduc construit k neuf 9 soit par 
lare8tauration.de Fancien aqueduc remain. Ce projet devait donner 
des resulfets apr&s deux ou trois ans de travaux, Les ingdnieurs pro- 
posants offraient k la ville leurs services gratuits pour r&oudre una 
question aussi importante , ne lui demandant que son approbation et 
son appui pour consacrer k ses intlrets leur experience et leurs efforts. 
Le Conseil acceptait cette offre en principe. On remarquera que leseul 
canal que la ville ait pu , dans la suite des annees , obtenir , est preds6- 
ment un de ceux dont parlaient les auteurs du projet et qui 9 prenant 
les eaux 4 Comps, les 616ve dans une conduite spedale pour les amener 
k Nimes. 
— Depuis nombre d'annees se pr&entait devant le Conseil une question 
des plus interessantes qui, d'ailleurs, avait ete pendant plusieurs si&cles 
Vobjet de contestations de plusieurs sortes. Je veux parler des bois et 
terrains communaux. Nos archives, 4 la biblioth&que ou k la mairie, 
comprennent beaucoup de documents sur cette question. Uoe delibe- 
ration du Conseil de 1827 ayait decide que des mesures seraient prises 
pour parvenir 4 la vente des bois et des d6paissances que la ville de 
Nimes possedait sur une surface d 'environ 4.000 hectares. En 1831, mi 
dut proceder 4 une expertise p<tar verifier et fixer la limite de la 
propriety communale. 

II rgsulta de cette operation essentielle et decisive, pour la conser-^ 



. - » 



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HISTOIKE DB N1MES 



vationdes droits de la ville que 1 117 hectare!, valaot 40.000 francs,/ 
6taient detenus paries proprtetaires enclaves, et que 3.204 hectares , 
valant 1 70.000 francs, formaient sans contestation ni trouble la propri6t6 
de la ville. Une question s'&ait posto 4 ce moment. Vaut-il mieux 
vendre on garder cette propria T Le Conseil, n*lcoutant que la voix . 
de la prudence, et examinant au surplus ies finances qui, gr&ce 4 une 
gestion s&r&reet probe, pr&entaient 4 l'lpoque un 6tat des plug satis- 
faisants, se dteida pour la conservation. Ces bieos, qui ne rapportaient 
rien quelques ann£es auparavant, ayaient 6t6 mis en valour depuis pen 
et donnaieat un revenu de 6,500 francs au moios. Les garrigues et les 
bois ne furent plus sousle coup imm&iiat d'une menace de vente. 
Nous devons nous ftliciter d'une telle decision qui a consid£rablement 
facility plus t*rd r&ablissement de l'artillerie 4 Nimes. 
. J*ai dit, 4 propos de la mort de Sigalon, que ses concitoyens ouvrirent 
uite souscription pour Clever un monument 4 sa m&noire, Cette 
souscription produisit 2.5C7 francs, et le comitS confia k M. Briant, 
pensionnaire de 1'AcadSmie Fran$aise t 4 Rome, ami de Sigalon, et sur 
la recommandation de BL Numa Boucoiran, l'ex&ution du bnsto da* 
peintre regrets. 

Par une apostille dat6e du 23 novembre 1816, M. J • Ingres disait 
que M. Briant avait tout le talent n&essaire pour r£pondre avec 
honneur 4 la mission que les habitants de Nimes voulaient bien lui 
confier. ] I 

Les derniers jours de 1836 avaient£t£ marques par un attentat sur 
la personne du Roi, attentat qui taill it «recoaronn6de succ&s, et par 
un 6chec considerable pour nos armes sous les murs de Constantino en 
Alg&ie. 

Ceux de 1837 furent, par une coincidence au moins Strange, marqute 
par la d£couverte d*un com plot ayant pour but d'attenteri la vie de 
Louis-Philippe Plusieur* arrestations furent op6r6es 4 Paris et 4 
Neuilly et, grice 4 ces mesures de police, le complot fut d£jou6. 

En AlgSrie, aprfes des prgparatifs minutieux, le drapeau tricolore 
finit par flotter sur les murs de Constantino. Le g£n£ral de Damr6mont 
£tailtu6 4 la tete denos troupes qui parvenaient 4 mettre en d£route 
celles da bey Achmed, jusque-14 invincible. Un de nos compatriotes se 
distingua 4 ce siftge memorable* Ce fut le lieutenant Samary. ; 4 la tete 
de quelques hommes de sa compagnie, il s*£lan$a sur la br&che, tuant 
tons les canonniers ennemis sur leurs pitees. Samary, de simple soldat, 
6tait parvenu au grade d'officier, et cet exploit lui donna le* Epaulettes 
decapitaine. 



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ANNftBlm »-i <« 



_ •';-■' NOTES ; :,? : iv- ; :/:.. 

Inscription re'atant It cons6crstioa de la Easilique eatb6drale sont l'6piscopat do 
M ,r de Chaffoy. Cette inscription se ironve dans la cbapelle da Saint-Saerement. 

' . 5 • • Anno Domini Mpcccxxxn/ 

.*-... die i? col. oclo6rif 

GregorioXVI ' f ' * * .. 

BccU§iam feliciter moderant* - } ' f M . ••_. v 

hoc, S.S* Deiparc* Virgini 
et B. Castori 
Tempfitm d ioolum 
eoitsecraoft 
tttif*. Claudiue-Franciecite- 
Maria PetiUBenoit 
dedhaffoy, 
primus, post reetitutem . . j 

tf» GaUiie, re$ Eccleeim 1- 
. DiaxeeU Nem. promul 
cum pro Fidelium rote* - 

xm Pontiflcatue annum - '% 

fauete ageret. • ..-.. 

Ail perpetuam euju§ nominie 

et sacro+anctie templi 

dedications memoriam 

HANCLAPIDBM 

poeuert Fidelee 

benefidi memores et grati. 



TrmdnottOB 

c L'an da Seigneur mpcocxxxii , le quinxieme Joar dea ealendee d'octobre , seas 
rheoreai goaternement da pape Grtgoire XVI , ee temple , d6did a la trts saiate 
Vlerge, Merc de Wen, el aa bienbeur* ax Castor, a did coosaerle par nilustrisalme 
Clandc-Francois-Marie Petit-Benolt de Cbaflby, premier dvtque da diocese de Nines, 
aprts Ic r6tsblissement de la religion en France* aeeomplissaot bearcnaemenl la 
dixieme ann6e de son Episcopal an miliea de la joie des fiddles. Poor rendre dter- 
nelle la m6moire de son nom el de la sainte dedicate de ce temple 9 les fidcles, pleina 
da soaTenir de ce bienfail 9 onl poad cette pierre comme monamenl de lear 
reconnaissance ». 



Le grand sdminaire, sis actoellemenl enlre la rne dea Chasssintes el la me Saint- 
Laurent, a 616 fond6 par M" de Owffoy. 

Lliistoire Jo eel 6iablit sement m6rite d*6lre rappcl6e en pen de mots. Sons fodnri- 
nislration coriale de Pabbd Pep , cnr6 de la paroisse Ssiot-Castor ( it joillet 1781 
■ — 17 novembre 4744 ) le cbaooine Aniolne Chassaing r6solut do fonder atcc le cord de 
Saint-Castor, on asile pour les jennes fillet Partisans protestants qui Tondraienl se 
(aire Instroire dans la religion catboliqne . Ces Jennes enfanu devaienl so former la I 
des trataux qui lear permettraient4e fagner bonorablemcnl lenr tie. 

U t * de Becdelierre. alora 6t6que de Rimes, spprouva ce projel etmill la I6te de eat * 

dtablissemenl pieux lea soears am Saerd-Cmar de J6saa, 



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4M « BISTO11B Dfi OTM1S 



I/oeavre rdassil dee le commencement ; la maim qai avail 6U lent d'abord ehoisie 
dans Hntdriear de la vHIa at pa! saffire, eC il fallal s*occaper dcr troaver mi aatre 
local* 

Cesl alora qae le cbaoorae Chassaing fil constraire nae grande el belle maison dans 
le fanbonrg oe la Fontaine, ear Femplacemeat da eeminaire actnel. Cest en 4747 qae 
fat inangorde cette noavelle retraite. 

II s * de Becdclievre trigea celle commanaatd ea commnnantd slcnliere, soaa le litre 
de liaison da travail poar lea nanvrea filics noavclles convertiea el aalrcs orphelines. 
Ea aoot 1788, le sacccsseor de M«* de Beedcliere obtiat da roi, aar le va dea delibe- 
rations favorablee da bareaa de lllopiul general de Nimes el da Conscil de la ville. 
dea lettres pateatea confirmanl rdtablissemcnl d'nne maisoa d'dcole gratuite de travail 
a Nimes. Dea lore la foodatioa da cbaaolne Cbassainf avail existence legale. 

Mais lorsqne la Revolution el avec die la Terrear arriverent, lea orphelinea farenl 
dhperaees el lea religieasea obligees de se rclirer dans lears families. Lea heritiers da 
ebanoloe Chassaing reprireni possession de tear tameable, s'engageaat 1 servir a cba- 
eaae dea andennea religieasea ane pension annaelle de trois sacs de bid, ane canne 
d*heile, da boia el one sommed'argeaL 

Jasjn'en 18?), cette maison fat transformed ea atelier poarblancbir lea toilea. L'abbd 
llagne coonaissant lea intentions de son chef spirited, W de Chaffoy, toncbaat la crea- 
tion d 9 aa aeminaire diocesala , edda eel immeable 1 W 1'dveqae , poar ane somme 
miaime. 

Le 25 soot 4821, SI" de Chaffoy en posa solenncJlement la 'premiere pierre el bientet 
lea eonatractiona considerables qae noas vovona aaioerdlini, farenl extealdes aa moyea 
dea aonscriptiona dea catholiqaea de b viue et da diocese el avec le secoars da goa- 
vernemcnL 

Loraqa*il ea coaaacra la ebapclle, W de Chaftoy manifests le'ddsir d*y eire tannine*, 
aa pied de cet aatel qall veaail de dresser, qa*il appeUit la. pierre fondamentoU de 
FEglise de Nimes. 

Noas avoas va qae sea deraiercs veJontes farenl reapectdes. La deponille mortelle 
da prdlat repose encore dans son caveaa de prtdileetioa. 

Loreqa'ca 4882, la basiliqne calhddralc fal eonsaeree aprca la magnifiqae el Intel - 
ligento restaoration de U. Rdveil, archilede diocesala, on enl la pensee de rennir aax 
coles des restes prdcienx des Flcchier el des Flaatier ceai de M s ' de Chaffoy. On y a 
rcaoncd poar lea laisscr 1 cet dtablraement qai fat ane dea plaa belles inspirations de ce 
long episcopal. 

Void llnseription qai eoavre la pierre tombale de ce pieax dvtqae : 



H1CJACBT 

ILL. ACM. DO. 

CLAUDIUS F1L MARIA 

PKTIT-BBNOIT as CHAFFOY 

BPISCOPVS NEMAUSEN. 

POSTIT SBsIINAllYll 

RESTrrvrr duecesim 

VIXtT LXXXT1ANNOS 
OBIIT 10 CAL. OCTOBRIS 
ANNO D* M.DCCCLXXXVII 

Dene in fide et Imitate ipeiue 

Bccl. IS. 



Id repose llllaatre Oaede-FraneoisMaric-PcUt^oUde Oiaffoy, dveqae de Nimes. 
n fonda leedmiaaire, releva le diocese, \ecat 86 ans ct moaral le r joar dea Caleadce 
d*oetobre, i'sa da Selgacar 1897. 



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CHAPITRB HUITlfiMB 

(Annie 4S3S) 



SOM MAI RE 



Les tbayacx d'installation db l'bclaibagb au gab. — L'adjcdication db l'bgusb 

SALTr-PAUL. — CnBATION D'lJNB BCOLB DBS ABTS BT MbTIBBS DANS LB lllDL. — 
DbLIBBBATIONS DU CONSBIL MUNICIPAL. — PLAN D'AUGNBMBNT. — ENTREE DB M* r Cabt 
DANS SA TILLB BPISCOPALB. — NAI8SANCB DB M" LB OOMTB DB PARIS. — TBAYArX DU 
CONSBIL MUNICIPAL. - CbBHIN DB PBB DB NlJIBS A MONTPBLUBB. 



Le traits pass6 par la ville avec la compagnie d'6clairage do DanrS 
allait, dans le cours de cette annle, recevoir un large commencement 
d'ex&ution. l*es travaux 6taient entrepris et, du i" Janvier au 31 
d£cembre, la compagnie allait poser 7000 mitres de tuyaax, de telle 
sorte que dfcs les premiers jours de 1839, les boulevards, les rues R£gale, 
Tr&orerie, des Marchands, de la Couronne, des Fourbisseurs, Saint? 
Antoine, des Quatre-Jambes, de l'Aspic, de la Colonne, des Lombards/, 
de la Fruiterie, Saint-Castor, de la Curaterie, de l'Horioge, des Petits- 
Souliers, et de la Carreterie, les places de FHdtel-de-Ville, de la Sala- 
mandre et du March6allaient6tre &lair£es au gaz. On remarquera que 
la seule des rues de faubourg ainsi privil^gite 6tait la rue de la 
Carreterie. II 6tait d£cid6 que des cand£labres de douze pieds de hau- 
teur seraient installs sur les boulevards et les promenades et que des 
consoles orn&s soutiendraient les bees dans les rues de la ville. 

Jusqul nouvel ordre 9 les faubourg? gardaient I'&lairage 4 l'buile, 



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Gqdgle*/ 



406 H1SIOIRB DB 10108 



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k mais on am&iorait le service en y transportant let lanternes qui 

servaient aux boulevards et aux plus belles rues de l'int6rieur et dont 
* le modele 6tait pins 616gant et plus commode que celui en usage 

jusque-14 dans les faubourgs. 

II 6tait admis que, vers 1840, 4.000 m&tres de plus de tuyaux * 
seraient pos6s, ce qui porterait k 1 1 .000 metres la longueur totale de la 
canalisation et t qu'4 cette 6poque, la presque totality de la ville jouirait 
des a vantages du nouvel talairage. 

La compagnie se chargeait des d6penses de premier 6tablissement» 

telles, en particulier, que celles afftrentes aux r£verb&res etqui 6taient 

• 6valu6es k environ 80.000 francs. II 6tait enfin convenu que le pri* 

de l'6clairage au gaz ne devait pas, pour la ville, d£passer celui de 

I . rhnile. \ - 

Telles 6taient les bases de ce traitg qui fut fort avantageux et qui 
assura la cr&tion d'un service rggulier et de bien sup&rieur k l'ancien 
syst&me. 

Avant de parler de l'adjudication de l'£glise Saint-Paul, il n 9 Q8t pas 
sans int&et de dire quelques mots des modifications que Ton fit subir 
aux premiers plans de M. Questel . ffestainsi que la surface fut portto 
de 1.0004 1 .750 mitres, que deux chapelles lat&rales furent ajouties k 
la nef, et que les sacristies que ces chapelles rempla$aient furent 
construites sur la facade post6rieure du monument.. On augmenta 
Igalementles piliersdu docher, et k la tour qui devait fitre carrte et 
en charpente, on substitua une tour octogone et en pierres. 

Les travaux furent adjug& le 8 ftvrier, sur une mise k prix de 
250.000 francs 85 centimes, avec un rabais de un tiers pour cent 

One ordonnance royale du 21 tevrier 1837 nommail la municipality : 

M. Oirard 6tait de nouveau nomm£ maire ; les adjoints d£sign£s 

6taient : MM. Sosine deSeynes f C6s»r Salavie et Etienne Bame. 

Lour installation so fit dans la forme accoutumfo. 

One assez grave question se posai la session de mai au Conseil. 

Le gouvernement avait formula l'intention de crier une 6cole des Arts 

et Metiers dans une des villes du Midi . Le ministre du commerce, dans 

son rapport surle budget de 1839, avail indiqu6 Futility d'un pareil 

projet. Sans tarder, plusieurs villes du Midi s'empress&rent de faire 

' * - * des offres au gouvernement et cette h&te prouvede quelle importance 

Stait la decision 4 intervenir pourl'6tablissementde cette 6cole, 

La concurrent* fut tris vive, et les municipality d&ireuses d'obtenir 
la priftrence firent des propositions considerables au Ministre. Le 
Gonseil municipal de Nimes s'occupa de la question. II n'apporta pas 



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ANNftB 4SS8 * /l#7 - :/ v:l- 



dans cotte affaire toote la h&te et toute l'6nergie qu'on aarait pa eo 
attendre. Solon lui, l'Etat no pouvait h&iter an moment dans le choix 
do cot emplacement, Nimes, oil l'indastrio m&allurgique allait race- 
voir an 6Un nouveau, par saproximit6 d'un vaste bassin minier, ses 
6tablissements industriels on tous genres, sos lignes do chemin do for 
en construction, 6tait, selon la pens£e da Conseil, naturellement 
ddsignfe pour recevoir cetto Ecole, de preference k an dlpartement 
agricole comme celui do Yaucluse parexemple. 

Certes, ce raisonnement 6tait juste, mais il 6tait purement platoni- 
que. A cdt6 des avantages appr&aables que Nimos pouvait offrir 9 k 
c6t6 des arguments de valour que Ton mettait en avant, il on ftait 
d'autres d'une port£e au moins aussi considerable : c f 6taient surtoutles 
sacrifices que pouvait s'imposer la commune et qu'elle pouvait offrir k 
FEtat. 

Le Consoil pr&endait que le choix du dgpartement dans loquel serait 
^tablie une aussi utile institution no pouvait Otoe le r&ultat d'une en- . 
ch&re. Et, partant, il so refusait k couvrir les offres des concurrents. 11 
no so refusait pas aux d£penses ndcessaires, mais c'est icela soul que so 
bornaient ses efforts, appelant sur cetto affaire la sollicitude du Prtfet 
et du Conseil g£n£ral « si vivementltee aux int6r£ts actuels du Oard » 9 
disait le rapporteur de la commission. Nous sommes trop prts desr6- 
centes Elections legislatives dans lesquelles les deux colleges de Nimes 
inlra-muroM et extra-muros avaient donn£ la majority aux candidats 
de Fopposition gouvernementale pout no pas iemarquer que le Consoil 
oublia totalement sos d6put&, interm&liairas naturals des int6rfets 
de la ville et de ses revoodications auprts da gouvernement . II r6pa- 
gnait 6videmment aux constitutionnels comme M. Oirard etsa majority 
municipals de demander 4 M. Richard, le d£put£ 16gitimiste, on k 
M. Toulon f reiu r6publicain t d'intervenir dans la solution d'une aussi 
importante question. Aussi la ville fut-elle d£bout£e desa demande 
faitedans des conditions aussi platoniques et empreintes mdme d'une 
certaino mauvaise humour. - 

Cette affaire passionnait tellement la population que le Conseil s*en 
occupait* chacune de ses sessions. A cello d'aoAt, il d&lara qu'il irait 
jusqu'4 deux cent mille francs, pour contribuer aux d6penses applica- 
bios soit k l'achat, soit 4 la construction des bAtiments n&essaires. 
Mais il so refusait it admettre de designer d'ores et d6j4 le local qu il 
consacrerait k Installation de r&ablissement projet6.Il faisait d'un 
autre ofttdappelau d6partement qu*il consid&ait, avec juste raison 9 
comme trts inttoessl dans la question et la d61ib£ratiou municipale 



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GoOgler, 






m • MSTOIRB DE NIMES ' -^ 

visait les secours qu'on pourrait attendre de 1' Assemble departed 
mentale. 

Cette Assemble, dans sa session d'avrfl, avait vote 60.000 francs. 
Le maire, M. Oirard, prevenait le Conseil dans sa session de novembre 
que, sachant que le ministre du commerce dans son empressement i 
doterle Midi d'une aussi utile creation prendrait en grande conside- 
ration un b&timent construit au lieu d'un b&timent k constrain, il 
lui avait soumis les plans du grand abattoir public qui, selon l'avis 
emispar plusieurs membresdu Conseil , pourrait devenir facilement 
un fort bel etablissement d'ecole. 

Cependant en haut lieu se manifestait une hostility marquee, et 
Tintervention des deputes ne r£ussit gu£re k provoquer les decisions 
du ministre en favour de Nimes. J'aidit quelles raisons de politique 
s*opposaient k la realisation de ce projet, et certes ces raisons avaient 
le plus grand poids. On defendit avec une certaine tiedeur lesintdrdts 
de la ville, en raison de sa situation apr£s les elections derni&res, 
J'aurai, du reste, l'occasion de revenir sur une telle question qui ne 
put etre r^solue en favour de cotre cite • 

Le plan general d 9 alignement 9 fait quinze annees auparavant, etait 
devenu d*une insuffisance notoire et sans application possible aux 
prescriptions de la loi v comme aux besoins de l'administration : il etait 
done utile et urgent d'en faire etablir un nouveau. Le ministre de 
Hnterieur pressait vivement relocation de ce travail. MM. Liotard, 
de Seynes et Fauquier avaient fait h ce^egard un magnifique travail 
presentant : 1- un plan matrice, depose dans les archives de la mairie, 
et pouvant seryir en toute circonstance ir£tablir, k toute £chelle, les 
plans administratifs ; 2* un plan k grande echelle formant autant de 
feuilles qu'il y a de rues dans la ville ; 3* un plan d'ensemble et un 
plan en atlas k deux exemplaireschaque et il'echelle prescrite paries 
ordonnancesen vigueur. Le Conseil d^cida l'achat de ceplan. 

II accepta ensuite le don de M. Rossi, ami de Sigalon f qui offrait h 
notremusee trois oeuvres sorties de l'atelier de notre compatriote, 
savoir : un portrait, Tesquisse de la Lactate, et le dessin trts finideson 
grand tableau d'Athalie. 

Le dimanche 22 mai, Monseigneur Cart, nomme comme nous l'avoni 
vu k reveche de Nimes, etait sacr6 dans l'eglise metropolitaine de 
Besan$on par Monseigneur l'archeveque, en presence de quatre preiats 
suffragants 9 et le dimanche M juin, Sa Grandeur fit prendre possession 
de son si&gepar procureur. M. l'abbe&bour, vicaire-general capi- 
tulaire, son charge depouvoir en l'absence deM. d'Ayrolles, proc6da 



*•> . . • 



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ANNtB I S3* 109 

k cet arte en presence du Chapilro, da derg6 do la ville et de toutes les 
autorit£s civiles et militaires . 

Le nouveaa pr&at n'arriYa dans sa villa Episcopate que le londi 
30 jnin 4 sept heures da matin. Bien qa'il ettt manifesto l'intention de 
ne paa faire ane entree solennelle, les autoritte et la population 
tinrent h lui rendre les pins grands honnears. Monseignear l'6v£que 
arrivait par le faubourg d v Avignon. 

Una foula immense, grossie par an grand ncmbre d*habitants de la 
banlieae, se pressait d&s la premiere beure do jour sur la place des 
Casernes et dans la grand'rue da Chemin d' Avignon . 

Among jusqa*aa perron de Tdglise Saint-Baudile, qui se troovait 
alors k Tangle de la rue Siguier et de la place, le nouvel 6v6que 
descendit de la vbiture qui 6lait allle le prendre k I'extr6mit6 da 
faubourg, fat re$a et compliments par toutes les autoritls civiles et 
militaires. Introduit sons un pavilion d£cor6 avec beaucoup de go&t, 
il revetit les habits sacerdotaux, prit la mitre et la crosse et se mit en • 
marche avec le cortege oh figuraient le S6minaire, le clergg dioc&ain, 
lechapitre de la cathgdrale, la garde nationale mudiqueen tfite, et 
ane escorte militaire empruntle an 52T de ligne, regiment alors en 
garnison ANimes. 

A la cath&irale, Monseigneur fat reju par le doyen da cbapitre, 
d'aprts lecfr&nonial usit6. Apr&sle Te Dewn, l'gvdque montaen chaire 
et prononga one allocation toachante ezprimaotsa profonde gratitude 
pour l'accueil que lui faisait son peuple et appelant la b6n6diction da 
ciel sur la villa et ses habitants. 

^expropriation pour cause d*atilit£ pablique se poursaivait en vae 
de la prochaine et rapide execution des travaux da chemin de 
for d'Alais A Beaucaire. Le jury d'expropriation n'avait Aseprononcer 
quesarvingt-deux parcelles, toutes les autres, au nombre d'environ 
1.800, ayant 6t6 traitdes de gr6 k grt. Le jury 6mit des decisions qui 
different de fort pea des offires du chemin de fer, et la tr&s majeure 
partie des dlpens fat supports par les propri&aires opposants. 

Le mardi 24 juillet , Chiteaubriand passa quelques heures dans notre 
ville, se dirigeant sur Marseille, n rendit visite It Raboul, le poite 
Nimois par excellence. Plus tard, et cette mftme annto, vint aussi 
M"* Georges Sand , qui passa quelques jours aupr&s de son ami Jules 
Boucoiran et ne manqua de visiter ni Pelet ni Jean Rebonl. 

I^24aoAt,AParis,sei^unissaient f iquatiaheui^deraprts-midi, les 
membres da Conseil municipal, k l'HAtel de Tilla, pendant qu'nna salve 
decent on conpsde canon aanon$ait les coaches deS. A. B.M"»la 



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Gcfpgle ; i 






it* msTontB m rams 

duchessed'Orteans et la naissanced'un prince. Ce prince ftait le comte 
de Paris. 

Void dans quels termes, le Roi annongait cette importante nouvelle 
k la municipality de Paris: 

« Messieurs les membres dn Oonseil municipal de Paris, 

» Je m'empresse de vous annoncer moi-m£me 9 que M"* la duchessa 
d'Orltans vient dedonnerlejour Aun prince qui est, gr&ce au del, 
bien portant. 

» i f ai voulu que ce dernier rejeton de l'aln6 de mes fits port&t le titre 
de Comte de Paris. 

» Le corps munidpal partagera . j'en suis sAr 9 ma joie , celle de la 
reine, de mon fils 9 de toute la famille. J'aime k dire i chacun de tous 
que cet heureux ^Tenement est doublement cher k mon coeur pnisqu'il 
donne une garantie de plus k la stability de nos institutions et h la 
s6curit6de tous, etqu'en formantentrenous un nouveau lien 9 il me 
fournit cette occasion de donner k ma villa natale une preuve Iclatante 
de toute l'affection que je lui porta et que je lui garderai toujours. 
» Votre affectionn*, 

* Louis-PhLlipfb. 

» Paris, le 24 aoAt 1838. » j . 

A roccasioa de cette beureuse nouvelle pour la dynastic* des sommes 
considerables furent distributes aux pauvres de Paris 9 de Seine-et- 
Oisa v de Compi&gne 9 de Fontainebleau, de Pan, d'Eu f d'Amboise , 
de Vernon et de Dreux. 

Le due d*Orl6ans 9 qui 9 lors de son manage, avait consacr6 150.000 
francs h fonder des bourses en faveur des sous-offiders admis k FEcole 
Saint-Cyr 9 consacra k la naissancede son fils une pareille somme poor 
le mdme objet. Cet heureux gv&nement qui consolidait la dynastic et 
qui apparaissait comma le gage d*un avenirassur6 9 autantpourla 
France que pour la famille royale, remplissaitde joie tous les amis 
da regime constitutionnel, les admirateurs de la charte. 

Ausri 9 lorsque f le marcredi 12 septembre, futposte la premi&ra 
pierre da Palais de Justice, le pr^fet, M. de Jessaint, salua 9 au nom de 
son d6partement et de tous ceox qui Tentouraient 9 le nouveau n6 9 
objet de tant d'esp&ances. La c&r&nonie dont je parte se fit solennel- 
lement et 9 soivant la coutume, il fat scell£ dans la premfere pierre one 
botte contenant deux m6dailles en bronze, une pitoe de cinq francs et 
pes fractions. Les deux mddailles en bronze furent firapp&s: Fane en 



!'♦. 



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ANlfftB IS38 III 

mlmoire da sermont doS. M. Louis- Philippe k la Chambre des d6put<s 
(le 7 aoflt 1830); l'autre k Toccasion du manage do S. A. R. le due * 
d'Orteans. 

Unchangement important ae fit i la rentrge des cours i l'feole do • 

Cessin. M. Colin, ledirecteur, donna sa demission; del'avis nnanimo 
do la commission do T6cole 9 co posto fat confix par le Maire k M . Numa 
Boucoiran, rami do Sigalon, que le ministro avait charge do con tinner 
k Rome rcenvre commencfe da peintre mort k la ttche. Les quality* do 
M. Colin oommo dessinatenr ot peintre 6 talent certes reoonnues, mais « 

lo choix do son successeur 6tait dictt par nn r6el m£rite. 

Gr&ce k l'intervention do M. Chabaud-Latour, notre musto recevait 
da ministre ane toilo € Yintirimr de Saint-Pierre h Rome », et notre biblio- 
th&que s'enrichissait de plaaieurs volumes. C*est ainsi que s'accrois- | 

saient pea k pea nos collections qao le Conseil s'effor$ait, do son c6t6, i 

d*angmenter incessammont 9 en dotant convenablement les services "-'."• i 

affgrents it notre bibliothfeque ot k notre mus6e. j 

Le badget de 1839, vot6 en aoAt 1838 6tait en tous points conformo 
aux budgets pr£c6dents . L'instruction publique 9 les travaux do ' j 

refection on les constructions monnmen tales 6taient largement pourvus. i 

Les chantiers da Palais de Justice et do Saint-Paul, tout rteemment ; I 

ouverts, permettaiont d'etre tranqnille sar Thiver k venir, en r&ervant - : 

nn travail constant aux ouvriers de la ville. Les travaux de la ligne de . [ 

Nimes k Montpellier 6taient adjuggs, et ceux do la ligne d'AlaisA \ 

Beaucaire, en bonne voied'exteution. :\ 

1838 vit enfin briller legai. La compagnie Danrg ex&utaassex rapi- ■ ] 

dement ses travaux de canalisation pour que lo I* novembre la ville ."•;*! 

et les boulevards fussent 6clair£s. On aocourait pour voir les cafSs 
Peloux, Sant et S6guin, qui les premiers avaient rehonc6 aux anciennes / : : 

lampes fumeuscs. Quelques magasins, encourages par l'exemple, 
s*6taient empresses deles iraiter. 

Une autre amelioration qui mdrito d'etre signalto date de cetto 
6poque. Les logemonts militaires pesaiont lourdoment sup la population, 
surtout k cetto 6poque oi les dftachements, pour so rendre k loan f 

garrisons, ompruntaient la voie do terre et sgjournaient dans les loca- f 

litds. Depuis plusieurs annfes, on avait on Tiddo de soulager de cetto . 
suction on&reuso les habitants. Une ontreprise particuli&re se forma 
dans ce bat ; elle acceptait l'obligation do lqger dans nn 6tablissement 
rlguli&rement organis6, toutes les troupes de passage, jusqu'fc concur- 
rence de mille hommes par jour, moyennantunabonnement annuel 
que payerait la caisse munidpale. La question 6tait posfe ot bien quo, 



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.1 . 



lit HISTOIBB DB ! NINES ; 

k la session de novembre, l'affaire pr&ent&t entre le proposant et la 
ville quelques divergences de detail, elle devait heureusement se r&ou- 
dre et faire disparaltre une servitude p&iible pour la majeure parlie 
de la population. - 

Les travaux du chemin de fer de Montpellier k Cette, dont la conces- 
sion avait 616 donnto, agitaient dans les esprits la question de Tern* 
placement de la gare future de la ville. 

Une petition , couverte de signatures, fut adressfe h la Chambre 
pour le racoordement de la voie projetto avec le chemin de fer d'Alais 
k Beaucaire. Cette petition se prteccupait de l'emplacement de la gare 
dont le choix ne pouvait 6tre douteux. Elle indiquait comme s'accor- 
dant avec toutes les convenances et riut£r6t g£n£ral le midi de la ville, 
en dessous de l'Esplanade, et ajoutait que s'il ne fallait qu'une enqudte 
publique pour sanctionner un pareil choix, on pouvait dos oe moment 
consid&rer la question comme irrgvocablement r&olue. 

L'avenir s'est charge de verifier cette assertion des p&itionnaires, 
et certes jamais choix ne fut mieux fait et plus raisonnablement 
d6termin6« 



V • 






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CHAP1TRE NEUVlfiME 



(Anode 1839) 



SOM MA IRE 



Lbs decouybbtes de l'asxbb 4839. — Dissolution de la Cbambrb. — Elections 

LEGISLATIVES.. — HlMSTEBE GfBOD DE L'AlN ET SOULT. -7- ClIMB DB BSAUCAIBB, 

Execution de M abtoe Coxtestuc. — Affaires du 43 mai: complot et abbestatioss. 
— Ikaugcbation du buste de Sigaukc. — Votagb du dug db Nemours bt du dug db 
Jortvills. — Tbavaub du Goxseo. municipal. — Inauguration solennellb do 
chexin db feb db nlmes a bsaucaire. — afobt du baron 1. plbtbbv — electioifs 
au goxseil geberal. 



A mesure que nous avanceroBs dans notro hisfoire, nous serons 
successivement amends k parlor dos inventions considerables qui ont 
marqu£ oo si&cle ot qui vont so pressant, s'augmen tant on entrant dans 
lo domaioo pratique , grftoo aux rochorchos inoessantos do nos 
savaqts. 

1839 est, k cot 6gard, une dato k retenir. En Angleterre, entro Bir- " 
minghan et Londres, lo professear Winston et l'ioggnieur Stephenson 
6tablissaient la premi&re ligno t£llgraphique «instantan6e par lo 
moyen do la puissance galvanique » comme on disait a l'lpoque* 
L'appareil so composait do quatro fils do for mis h chaquo extr6mit6 on 
communication avoc dos conductours galvaniques. Oes quatro fils 
couraiont lo long do la route enfermds dans une enveloppe d'ltoupe - 
goudronnle ot chacun aboutissait & un diagramo ou tableau sur lequel v i 

QBBtlttMUffBllM.fMBtL . s v.- 1 









. . V: 



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fe\ V .414 HISTOtRB DB NIMBS 



,1 • 

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6taient gravies les vingt-quatre lettres de llalphabet.. Des touches 
mobiles avec lesquellescommuniquaientles fife, indiquaient la lettre 
transmise. C'est l'appareil rudimentaire qu'un frangais, Brlguet, 
portait quelqucs annees plus tard k une si haute perfection • 

En France, une invention qui devait amener une veritable revolution 
dans les arts se produisait dans les derniers jours de 1838, et TAca- 
d£miede* sciences s'en occupait dans une de ses premieres stances de. 
I'annta 1839. C'rtait le savant Arago qui developpait It ses collogues 
les merveilles de T6tonnante d£eouverte t le daguerriotype. Combien 
nous sommes loin aujourd'hui de ces essais informes, de ces tableaux 
qui paraissaient cependantmerveilleux It l'Spoque et quel ehemin n'a 
pas fait cette prlcieuse d^couverte comme toutes celles qui remontent 
it quelques ann£es en arri&e 1 Depuis 1824, Daguerre travaillait avec 
Niepce, son ami, k fixer chimiquement les images obtenues dans la 
chambre noire. Niepce mourut k la peine et Daguerre demount seul, 
perfectionnant les id£es du premier inventeur, les amenant enfin ice 
point de perfection qui 6tonnait si fort ses contemporains. 

Plus pris de nous et dans notre region se produisait 6galement un - 
6v&nement considerable pour l'avenir du pays. C*6tait la premiere 
6preuve du ehemin de fer de Montpellier k Cette. Le 1* r Janvier 1839, 
une locomotive trajnant un vagon rempli d'ouvriers et une voiture a 
voyageurs dans laquelle montaient les ing£nieurs de la compagnie 
partait It dix heures et demie du matin, et dans une heure se rendait It 
Cette. Ce premier essai fut marqul par un accident sans importance. 

Cette m£me annte devait voir l'ouverture du ehemin de fer d'Alais 
k Beaucaire, comme nous le dirons dans la suite. 

Si 1838 d6butait par de tels progr&s, de semblables d&ouvertes, elle 
6tait au point de vue politique des plus difficiles. Une coalition des 
deputes Iggitimistes et republicans mena$ait r existence du ministire 
Mol6. Les debate furent orageux dans la discussion sur l'Adresse au 
Boi. L'opposition pr6sentait une redaction fort dure pour le chef de 
l'Etat, inconvenante mime, disaientlesminist&iels. 

II ne fallut pas moins de douze stances pour arriver k une redaction 
qui liit k trta peu pr6s ce que le ministere voulait qu'elle f&t, gr&ce 
au vote de 221 constitutionals. Mais, le ministere n'en 6tait pas 
moins moralementbattu. II avait rSuni k grand peine une majority 
chancelante, incertaineet en tons cas insuffisante. Les jours de la 
Chambre <5taient compt6s. Le ministere ivait bien offert sa demission, 
maisleEoi nel'ayant pas accepts, lesministres avaient tout repris 
lews portefeuilles. 



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Gpogle 



ANNtB 163* 115 

Semblable decision fut accompaguta au MonUeur d f uno note nssez 
longue oil la politique gouvernemeotale 6tait expos£o et dgfendue* 
Las motifs d'une dissolution y ftaient netlement indiqugs, et> en appe- 
lant lei glecteurs dans leurs cornices, le Hoi exprimaitle fermeespoir 
que le pays saurait se Sparer d'une coalition turbnlento qui remettait 
en question la tranquillity du pays. 

Une ordonnance royale accompagnait ce document officiel, convo- 
quant les 61ecteurs pour le 2 mars et annon^ant la reunion du Parle* 
ment pour le 26 du mftme mois* 

Cet appel au pays, fait dans de telles conditions, I'extreme ardeur, 
la passion qui avaient caract£ris£ les d£bats de la Chambre se r£pan- 
dirent dans le pays tout en tier. A Niraes plus qu'en aucun autre 
endroit, les esprits devaient £tre consid£rablement pr£occup£s d'une 
telle question. On se souvient en effet que les rcceutes Elections 
legislatives avaient donng au parti llgitimiste et au parti r£publicain 
la victoire dans les deux colleges du chef-lieu du departement du 
Gard. II 6tait Evident que les constitutionuels allaient sur les deux 
points tenter un effort supreme pour ressaisir deux sieges dont la perte 
leur avait 6i6 sensible. 

II n'est done pas sans int&rdt de jeter un coup d'oeil sur la formation 
de ces deux colleges, Tun appete intra-murot, Tautre extra-mures. Ii 
sera plus facile de saisir neltement le terrain sur lequel allait porter 
toutlepoids de la lutte. 

Le coll&go intra-muro$ comprenait la ville de Nime* seule, 1% 2' et 3 ' 
cantons. 

Les autres cantons de l'arrondissement formaient le college extra- 
muros. 

Dans le premier, trois candidats se pr&entaient au vote. 

M. F. B6chard, d6put£ Ugitimiste sortant. -— M. F. Girard, maire de 
la ville. — M. Casimir Boissier. . 

M. B6chard 6tait 61u par 418 voix contre 342 accord£es i ses adver- 
saires r6unis, soit M. Girard 204 et M. Boissier 138. 

C*6tait lit un trfcs grave 6chec pour le parti constitutionnel et une 
victoire gclatante pour le parti l£gitimiste qui s'aflermissait avec une 
rare et incroyable 6nergie. Nimes restait fiddle h son patsi. 

Dans le college taAra*muro$ le candidat r£publicain battait k une 
6crasante majority le candidat constitutionnel, Vincens Saint-Laurent. 
M. Teuton, d6put£ sortant 9 recevait un nouveau mandat de ses 
llecteuro. 

Alais renvoya M. Chapel; Uz6s, M. Teste, et le Vigan, M. de 



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;G66gle j 



446 HISTOIRB DB NIMES 

Chabaud-Latour. Mais k Alais, le caodidat constitutionnel do l'empor- 
tait que de cinq voix gur son concurrent 16gitimiste, M. de la Farelle. 

Dans toute la France, les Elections furent un &hec pour le minis- 
lire et on triomphe pour la coalition. Dans de telles conditions la 
retraite du premier s'imposait, et le 1?' avril, M. Girod, de 1'Ain, accep* 
tait la mission de former un cabinet qui, k bref d61ai, devait dtre rem- 
plac6 par le minister© du 13 mai 9 sous la pr&idence du mar&hal 
Soult. Un des deputes duGard, M. Teste, recevait dans cette dernifere 
oombinaison le portefeuille de la justice et des cultes. 

Jen'ai pas eujusqu'ici l'occasion de parler des causes criminelles 
qui so dlnouaient devant la cour d f Assises du Gard. Aucune d'elles, 
dans la p&iode que nous venons de parcourir, n'avait entralnl une 
accusation capitate, suivie d'ex&ution. (Test* la session de fevrier 1839 
que so pr&ente la premiere cause qui se termine par une execution. ' 
Gette affaire pr&ente d'autant plus d'int&rftt que l'accus£e 6tait une 
jeune femme, k peine kg6e de vingt-deux ans et demi. 

Lesd£bats durferent deux jours les 23 et 24 fSvrier. L'acle d r accu- 
sation rapportait que la femme Marthe Contestin, l*accus6e, demeu- 
rant k Beaucaire, avait assassin* son mari, Blaise Philippe, dans la nuit 
du 29 an 30 aoAt 1838. Elle avait port* k la victime plusieurs coups de 
couteauqui, d^clara l'autopsie, avaient occasionnlla mort. CondamnSe 
k mort aprfes une plaidoirie de M* Manse, elle se pourvut imra6dia- 
tement en cassation. Mais son pourvoi et. le recours en gr&ce furent 
rejetis. 

Bile fut ex6cut6e, le mardi 7 mai, sur la place des Ar&nes. Durant la 
veille, et mdme assez avant dans la nuit, une foule de curieuxne 
cessa de stationner sur l'emplacement ou avait *t* dress* le sanglant 
*chafaudage. La guillotine se dressait alors sur une plateforme *lev*e 
deprts de deux mfetres au-dessus du sol, et on y avait acc&s par un 
escalier assez raide. 

Dfes la premiere heure du jour de l'ex*cution, une foule conside- 
rable venue de tons les points de la ville, des environs et surtout de 
Beaucaire d'oft *taitla condamn*e et oi le crime se commit, se pressait 
aux abords de l'appareil du supplice. 

A sept heures du matin, l'abb* Part, aumAnier des prisons, vint 
annoncer k Marthe Contestin qu'elle allait parattre devant Dieu. Deux 
charitablessoBursderordre de Saint-Vincent de Paul, deux de ces 
femmesqui, r*sumant la charity chr*tienne dans toute sa sublimit*, 
accourentaupr&s detoutes les infortunes et de touteslessoufirances, 
vinrent donner leurs soins k la malheureuse qu'elles n'abandonntaent 



A ,.>*!'' ' ■" - ' , ' ' Digitized by UOOQ IC 



ANNftB ISSt * 147 

que sur les degr£s ext^rieurs de la prison, alors qu'on la conduisait an 
supplice. 

Les ex&uteurs arri vferent k dix heures et demie, celui de Montpellier 
avait 6i6 adjoint k celui de Nimes, appett Carrg. Dfes que la toilette fut 
terming une soeur mit sur la tfite de la patiente un capucbon noir 
qu*eile lui avait pr6par6 k dessein et qui lui cacbait enti&rement la 
figure. — Baissez-le davantage, ma socur, fit Martha, afin que je ne 
vois pas cette foule que mon supplice a attir£e. 

Un immense cri pouss£ par des mill i era de touches, retentit d&s 
que la condamnge apparut sur la place. La patiente marcha coorageu- 
sement jusqu'i l'£cbafaud, soutenue par les ex£cuteurs et leurs valets. 

La foule poussa un nouveau cri, plus long, plus blatant que le 
premier, lorsque le couperet eut fait son oeuvre de mort. 

Je place ici un detail navrantqui marqua cette terrible execution. 

A peine le couperet venait-il de tomber que la foule en dllire ran* 
versait la troupe dont un bataillon formait le carr6 autour de 
l*6chafaud, se pr£cipitait en flots tumultueux, avide de contempler 
les restes sanglants et in utiles dela jeune femine. 

Depuis neuf ans, c*est-&-dire le 12 aoflt 1830. oh fut exteutl le nomm6 
Martin, dit FiniaUtlc, pour crimes d'incendieet d'assassinat, ce triste 
spectacle n avait pas 6t6 donn6 It la population. 

Ces seines de sauvagerie bideuse t£moignent parfois de la bestiality 
profonde de l'esp&ce bumaine lorsqu'elle se laisse aller k ses instincts 
mauvais et it ses passions d£sordonn£es. Dans un autre ordre d*id£et v 
il s'6tait produit k quelques kilometres de Nimes sur le cbaritier de la 
ligned'Alais& Beaucairo, une bagarre assez grave, dont l'origine 6tait 
une simple rivalitd entre compagnons ouvriers. 

Ceux-ci, divisls en gaveaux et divoranU s'6taient pris de qoerelle le 
13 Janvier. Instruit de ce fait, le sous-pr£fet d'Alais envoya sur les lieux 
trois brigades de gendarmerie et un d6tachement de troupes deligne* 
Ces forces arrivfrent i temps pour sauver d'une mort k peupr&s oer- 
taine vingt-six gaveaux qu'assilgeaient cent cinquante dSvorantsdans 
une auberge de la locality. 

La tranquillity paraissant r£tablie, ks autorit£s crurent pouvoir 
renvoyer les forces militaires qui avaient 616 app?l£es. Leur floigne- 
ment fut le signal de la reprise des hostility entre les deux partis. 
Arrays de b&tons, de stylets, de compas, les ouvriers en vinrent fc une 
collision dans laquelle deux d£vorants furent tads et un mortellement 
blessl. 

Un d&acfcement du 49* de ligne arriva sur leslieuxen mCme temps. 



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US MSTOWB DB NUBS ^ 

iy.~ que deux compagnies d'Alais et les perturbateurs furent mis A la 

|| ^ raison, II fallut provisoiremeut fermer les ateliers do Ners 9 deV&6- 

[ - nobres et de Gajan. Que dire de ces mis6rables querelles oil la dignity 

|? humaine est si vite compromise et'dans laquelle des esprits k peine - 

j dSgrossis do sont pas arr6t6s par la tnoindre consideration d'huma- 

i i , On se.d&ache d'autant mieux de ces seines d'horreur et de d&ordre 

[I lorsque la solidarity peut s'af firmer entre les hommes et que Tesprit * 

• de charity les unit dans un mdme mouvement de piti6 et de secours 

; ; ' - pour des malheureux. La France a eu le bonbeur, k toutes les gpoques, 

■; de tiraoigner hautement de sa sollicitude, deson d£vouement pour 

ceux qui souffrent, et n'a pas manqu6de g6n£rosit6, dans maintes ' 
';■ ■- circonstances, envers ses plus cruels ennemis. 

\ \ V Elle s'6mut des 6pou vantables d6sordres qui venaient de frapper une, 

) do nos plus riches colonies, la Martinique, bouleversSe par un trem- 

- j blement de terre. Ala voix de l'archevfque de Paris, car 1'Eglise sait 

\ . toujours faire entendre sa voix au milieu des plus p£nibles catastrophes, 

une souscription s'ouvrit pour venir en aide aux infortun£s habitants 
. de Tile. Nimes tlmoigna de son esprit habituel deg6n£rosit6 et de 

charity en cette circonstance, et la souscription atteignit bientdt un 
I chiff re considerable. f 

■j - . Le jeudi 14 mars fut installs, en quality de vicaire-g£n£ral de Mf 

j Cart, 6v6que de Nimes, l'abbe d'Alzon, chanoine honoraire et ancien 

j vicaire-g£n£ral de M^ de Chaffoy . L'abb6 d'Alzon rempla^ait k ce poste 

| . son oocle, -TabW d'Ayrollea. 

■ j . 1 <Te*t ce mdme jour, 1 4 mars, que fut fait pour la premi&re fois l'essai 

; d*nne locomotive sur la voie ferrto en construction. La locomotive par- 

; tit de Tembranchement du chemin de fer qui. partait de la grande ligne 

! . de celui de Beaucaire, e'est-fc-dire de la gare actuelledite deCour- 

•j ; " bessac, pour aboutir k l'entrepdt situg &rextr&uit6 du faubourg du 

1 chemin d'Uz^s. Get essai rgussit parfaitement, bien que la machioe ne 

j lAt pas lancta k son degr£ de vitesso normal . 

\ ' Nous avons vu au commencement de ce chapitre que la royautt de 

juillet so trouvait en butte aux attaques de la coalition. L'&at des 
! esprits en France ne laissait aucun doutesur les progr&s que faisait 

1'oppositioo. I«e Roi, aprta avoir consults le pays, avaitdft se Sparer 
d'un' cabinet auquel il accordait quelque confiance et les Elections 
j' avaient clairement dlmontrg la tendance des partis. 

Cette situation devait aboutir k uue explosion violente telle que cellos, 
qui svaient presque chaque jour signal^ le commencement de ce rigne 



r 



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ANNftl 4 S3* li» 

etquedepuis quelque temps on no voyaitplus se produire. Le parti 
r£publicain, secr&tement organist, et conservant toujour* prtte pour 
l'gmeute une foalo exalt£e, crut devoir descendre inopinlment dans la 
rue le 13 mai. Le gouvernement, mal instruit, mal inform^, n'avait 
fait aucun prgparatif et fut complement sarpris par l'attaque. Le 
groupe d'insurggs put dfes le principe op6rer le d&armement de plu- 
sieurs postes diss£min£s et mdme dresser quelques barricades, mais 
peu apr&s, la troupe de ligne et la Garde nationale r6duisirent cette 
tentative apr&s un combat dans lequel ily eut encore tropde victimes. 

On fit un grand nombre d'arrestations 9 trois cents environ, parmi 
les quell es fig u rait un des gmeutiers les plus terribles du temps, Barb&s. 
Son collegue Blanqui avait pu prendre la fuite. Tous deux 6taient h 
la tete d'une soci6t£ secrete, la soci6t£des Saisons, qui avait, de toute 
Evidence , organist cette lev6e de boucliers. Cette soci&6 avait des 
ramifications dans la province. 

Une ville, voisine de la ndlre, Avignon, fut l'objet d'une surveil- * 
lance sp&uale, et l'autoritS proc6da imm6diatement i plus de quaranle 
arrestations parmi la population avignonaise. Le procureur g£n£ral 
de Nimes, et un conseiller, M . Gaston de Labaurae, furent envoy£s sur 
les lieux. - 

On peut penseravec quelque raison, que l'annonce de tels 6v&ne- 
ments, le depart pr£cipit6 du monde judiciaire, les arrestations op6r£es 
It quelques kilometres de noire ville, devaient entretenir une grande 
rumeur parmi nos concitoyens. Cependant la paix ne fut pas trouble et 
les esprits, quelque inquiets qu'ils pussent 6tre t demeur&rent calmes. II 
n'y eut sur quelques points de la ville que quelques rixes, qui parais- 
sent plutdt avoir 6t6 provoqu&s par des compagnons ouvriers que par 
des passions politiques . Ces seines de d&ordre se produisirent pendant 
quelques jours dans difflrents quartiers, notamment h la place Balore, 
ila rue Saint-Antoine, au Cours-Neuf. Des d&achements de troupe 
maintinrent assez facilement la tranquillity publique. 

Le dimancbe, 26 mai, une solenniti touchante riunissait dans la salle 
du Mus6e (la Maison-Carr&J, l*61ite de la population Nimoise. II s'agis- 
sait d'inaugurerle monument 61ev6 par souscription 4 la mlmoire de 
Sigalon. Dans uncommun 61an, tousnos concitoyens sans distinction 
de parti ou de religion, *'6taient riunis pour entendre l'&oge de Tar- 
tiste disparu, prononc6 par son 61£ve et ami qui 6tait depuis quelques 
mois&la tdte de notreteole de dessin, M. Numa Boucoiran. Reboul 
avait, pour cette fete, coiupo36 une cantate que Bouri6 mit en musique 
etquifutex6cut£e par les 616vesde r&olede chant. Quelques jours 



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« BBTOIBB DB NIMES :r ^ 

apr&s, le jeudi 30 mai 9 deux princes de la maiaon royale, lea dues de 
Nemours et de Joinville, saluaient le buste de notre compatriote, ceint 
encore de la verte oouronne de laurier d6poq6e par Boucoiran an nom 
de tou tela population, 

Les deux augustes visiteurs furent recjus par toutes les autorit^s. lis 
visit&rent successivement les Arines, la Fontaine et ses d£pendances, 
l'HAtel-Dieu et parcoururent tous nos boulevards. Revenus au Luxem- 
bourg; ils se sgpar&rent ; le due de Nemours prenait le chemin de Cette, 
et leduc de Joinville, celui de Toulon. Ils laissaient derri&reeux le 
souvenir de leur g6n£reuse munificence. 

Les divers details des 6v&nements qui sesont d£roul6s au commence- 
mentde 1839 ne nous ont pas perm is de suivre les travaux du Conseil 
municipal. Cette assemble venait pourtant de prendre plusieurs deci- 
sions d'une rtelle importance pour la ville . 

II d&idait tout d'abord que la ville ferait construire sur le terrain 
communal, sis place des Cannes, et limits au nord place de la Gendar- 
merie (IJ, etau midi par la maison attenante au Grand-Temple, un 
b&timent n'ayant qu'un rez-de*chauss£e avec dix boutiques et entre- 
sols ; cette construction en rQmpla$ant les 6choppes qui s'6taient 
6lev6es sur cette partie du boulevard qu'elles d6paraient, 6tait en outre 
un placement avantageux. 

Le Conseil acceptait de M. Pourtal, entrepreneur de b&timents, la 
proposition suivante : M. Pourtal ouvrait, i tra vers la maison Renaux 
qu'il venait d'acqucrir, une rue de six mitres de large et d'environ 
trente-cinq mitres de longueur, qui mettrait en communication la 
place du Marcbi et le boulevard de l'Hdpital. La ville donnait au ces- 
sionnaire 10.000 francs pour les deux cents mitres carr& de terrain 
qu'il c6dait k la voie publique. Ainsi disparaissait un des points les 
plus infects de la ville, I'impassedela Monnaie, pour faire place h 
une rue con^ue et ex£cut£e dans d'heureuses proportions. 

La sollicitude du Conseil s'&endait 6galement k un autre quartier 
qui m6ritait d'etre convenablement et r£guli&rement distribul. B y 
avait lieu, en effet, d'assurer 1'alignement des maisons formant Tun des 
c6t£s de la place des Ar&nes et qui s'6tendent depuis la place de l'Espla- 
nade jusqu'& la route Montpellier. On sait que tout r&emment encore 
• s'llevait k cette m£me place une ancienne Iglise (2) qui servait de 



( I) La gendarmerie Halt alora plaee da Chilean. 

(*) La chapelle des Ursulines da FeUt Convent, fondle plaee des Artnes par M* Gohoa, 
le SS aeftt IOCS et dfaolio le 41 oetobre 1881 ponr faire plaee I llmmenble Tonrrct 



.. J&r. 



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ANNftE It3t • III 

remise et d'entrepdt k un service de camionnage. (Test sur cet empla- 
cement que s'6l6ve aujourd'hui una coDstruction qui termiue heureu* 
sement cette partie de la place. 

LeConseil de 1839 avait k choisir entre deuxprqjets. Le premier 
portait la ligne des maisons j usque sur les bords de la route de Mont- 
pellier et conservait par suite l*a?ant-corps de l'lglise dite du Petit- 
Convent. I) avait letr&s grand inconvenient de masquer k peu pris 
complement l'Esplanade et de retr&ir la plape. 

Le second, qui fut adopts, prenait l'alignement de l'Esplanade et fei- 
sait suivre le trottoir jusqu'4 l'entrto de la route de Montpellier. Co 
projet comportait gvidemment la demolition de l'avant-corps du Petit- 
Convent et de la maison qui suivait ; le Conseil, et il a eu raison, estimait 
qn'avec le temps rirr6gularit£ existante finirait par disparaitre. Let 
constructions que M. Eugene Foulc, propri&aire d'une partie des. 
maisons du Petit-Couvent, ex&utasur ce point, peu apr&s, nelaiss&rent 
subsisted en effet, que l'lglise seule qui n'existe plus aujourd*hui. • 

M. de Bouillargues c&lait k la villa 218 metres de son jardin pour 
faire d£boucher la rueGraverol sur le boulevard du Grand-Cours. Co 
march£ 6tait consenti moyennant 7.680 francs. Le Conseil adoptait 
ensuite l'61argissement de la rue de la Violette et celui d'une partie de 
la rue du Ch&teau-Fadaise. 

Nous avons d£j&eu l'occasion de voir que la villa avait contribul 
pour 90.000 fr. dans les constructions que la commission des hospices 
fit ex&uter it FHdtel-Dieu en 1830. Ces constructions avaient coAt6 
228.000 frbncs. II restait done k la charge de leur caisse une soinme de. 
138.000 francs k payer. 

~ A cette 6poque, les hospices jouissaient d'un revenu annuel de 
220.000 francs environ ; mais ils entretenaient presque constamment 
200 malades et 300 infirmes (I). Les recettes annudles 6taient par 
suite presque compl&tement absorh&s et il eflt fallu priver les mal- 
beureux de ces salutaires secours, si l'administration des hospices eAt 
fait un retranchement quelconqua sur ces revenus pour payer sa 
dette. 

Heureusementqu'elle poss&iait dans la plaine du Yistre plusieurs 
champs de valeur qu'elle put vendre pour une sommede 92.000 francs. 
II ne restait plus k payer qu'une somme de 46.000 francs. Le Conseil 



(l)nn'ett pat sans intdrtt de eoaaaltre les ddpeases joaroaliftres de eeox-eL Lis 
naiades cottlaient 96 eenlincs par joar; les employ** el domestiqmea 70 eeattoes; 
Its iafinae*, enfanls et iaseaada , 37 



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Go6gle 



«* • HISTOm* DBNIMES - 

adopta de donner 4 l'administration des hospices one subvention de 
30.000 francs pour rSgler oette affaire sans que les malheureux aient 
k supporter d'aussi lourdes charges, et invila en mftme temps l'admi- 
nistration hospitali&re i vendre one lie qu'elle possddait sur le RhAne, 
afin d'£teindre dlfinitivement cette dette. 

A la session de mai t le Conseil municipal d&ida qu'ilc&lerait auz 
dames de l'HAtel-Dieu, poury 6tablir un b&timent d'aubeige(1) 9 sur 
an plan de facade r£gulier 9 tout le terrain compris entre le mur de 
leurjardin, Talignementde la place des Ar£nes t celni de la route de 
If ontpellier 9 et le second portique du poids public. La ville de- 
Tait occuper en ^change, sur le jardin de la Oommunaut6, tout le 
terrain nteessaire pour executor sur une largeurde six metres Tou- 
verlure de la rue Saint-L£once 9 commenyant k la maison Larguier sur 
la place des Ar&nes et finissant k la rue de laGarretterie. 

Le Conseil saisissait, dit le rapport, cette occasion pour t6moigner k 
la communautt de Saint-Joseph sa reconnaissance pour tout le bien 
qu'elle £ait aux malades. . - 

L'61argissement de la rue de la Colonne fut£galement d6cid6 au 
moyen d'une entente avec M. Tur et la cession k lui faite d'un 
terrain communal attenant k la maison de la Calade et touchant par 
plusieurs points k sa propri£t£. ; f 

^ La compagnie de l'6clairage au gaz pr&entait enfin ses projets pour 
la distribution du gaz dans le th&tre. Elleoffraitde placer k ses frais, 
dans un d&ai derix mois, tout le materiel nlcessaire pour introduire 
legaz dans la salle, dans les corridors, dans le vestibule et le foyer. Go 
materiel consistait en un lustre neuf qui remplacerait le lustre k 
l'huile , en quatre cand&abres k bougies en porcelaine . places aux 
quatre colonnesde l*avant-sc&ne 9 et en bees de difi&rentes dimensions 
pour F&lairage de la rampe, du foyer et des autres parties de 
TCdifice. 

Pour assurer k la compagnie une durfe de jouissance proportionnte 
au capital avancS, l'administration promettait d'obliger pendant neuf 
anntes th&trale^ les directeurs k user, pour l*6clairage de la salle, du 
gaz de la compagnie actuelle. En cas de contestation sur le prix 9 les 
deux parties s'en tiendraient k la decision du maire. 1-e Conseil approu- 
vaittoutesces dispositions et ajouta, pour l'6clairage de la ville, qu'il 
convenait d*6tendre toute la nuit ce service, qui jusque-l& 9 dans les plus 



(I) A^owd-bii lliMel de rUalftrs. 



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AlflftllSSt ito 

longues nuits driver, no dlpassaient pas deux heures oa deax heures 
et demie da matin. ".-..* 

La session d'ao&t, presque en totality consacrto an Tote da budget, 
r&olut la question de l'6clairage dans le. sens qu'avait indiqu6 le 
Conseil. Ladurtedu lamioaire fat fixde ineaf heares en hiver et k 
six heures en 6t&. 

La Compagnie des sapeurs-pompiers dont 1'effectif trop restreint 
n'avait pa faire face aux nombreox incendies qui, l'annte pr6c£dente, 
avaient 6clat6 dans la ville et sur divers points de la banlieue v fut portto 
i soixante hommes. 

Apr&s le vote du budget le Conseil s'oocapa d'une affaire toujours 
promise jamais exlcu tie: oelle des eaux. II adoptaitle projet Pernor, 
dont l'autear, ing£nieur des Pouts et Chauss6es, se proposait de prendre 
les eaux aa mime point initial que MM. Valz et Fauquier, mais 
faisait suivre it son canal un tout autre chemin : la Braume, la Combe de 
Chariot, Calvas, la Combe de Mange-loup et oomme point terminal la 
carriore des Pav6s it pea de distance de Rimes sur la route d'Uz&s. Les 
d£penses gtaient 6valu6es it 2.400.000 francs. 

La fameuse question de l'teole des Arts et Metiers si longuement* si 
passionn&nentagitle dans tout le Midi depuis deux ans 9 venait de 
recevoir une solution pour serouvrir *£ nouveau. Le ministre da 
commerce annongait en effet que Toulouse 6taitla ville choisie pour 
r&ablissement de cette 6cole ; mais il ajoutait, ' en mdme temps, que 
le Midi serait, d*apr£s toutes les probability*, favoris6 d'une seconde 
£cole pareille. II finissait par engager le Conseil municipal de Nimes 
k faire tons les sacrifices pour obtenir la pr&frence. 

Nous a vons vu que le Conseil, ne voulant pas 9 sui vant son expression, 
faire de surench&re, s'6taitborn6 it voter 200.000 francs pour obtenir 
l'teole des Arts et Metiers en voie de creation. Probablement mieux 
inspire, il porta, d&s qu'ilconnutla communication minist&rielle, cette 
somme k 300.000 francs. 

Le Maire avisait le Conseil que le Garde des Sceaux mettait k la dis- 
position de notre Biblioth&que un exemplaire de chacun des volumes 
publics de la collection orientate, VHistoiredes Mongols et le. IAore des 
Rots. 

Une dgpdche t£16graphique datle du 8 juillet, k ooze heures et demie 
du matin, arrivte le 9 juillet au Prlfet da Oard 9 annon$ait que le 
ministre des travaux publics venait d'autoriser la circulation da 
chemin de fer de Nimes k Beaucaire. 

Le dimanche 14 juillet fut choisi pour lac6r6monie de Inauguration. 



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ftl • HKTOIBB I* NIMES 

La population s'ltait portfe en masse au point do depart, 6tabli non 
loin du bureau d'octroi do la route d'Uz&s. Le3 curieux, 6tonn6s, 
assist&rent iune premiere experience demi-officielle. Les employes do 
la Compagnie partis pour Beaucaire, revinrent dans la meme journ£e. 

Le public 6tait6merveill6 dela rapidity de cette marche, ilaquelle 
il 6tait loin d'etre habitu6. Ce qui n'6tonna pas moins Tut la s6curit£ de 
la marche. apr&s les predictions de ddsastres que les esprits timor& ne 
cessaient de r6paadre pendant l'ex&ution des travaux. 

Lelendemainlundi, 15juillet, eat lieu la fete officielle. Toutes les 
rfutoritds, toutes les sommit&i judiciaires et administrative*, parcou- 
ru rent la distance qui s6pare Nimes de Beaucaire. Le depart eut lieu it 
quatre heures du soir. Mais la curiosity 6tait tellement excise que d&s 
midi, toutes les avenues voisines du chemin de for, toutes les places 
propices £taient envahies. La train official avait dix-huit voitures. Bn 
trente-six minutes le trajet fut accompli. Le retour s'effectuaen qua- 
rante minutes, et it six heures quarante le train rentrait k Nimes aux 
applaudissements d'une foule fr£n6tiqueet enthousiaste. 

La voie 6tait ouverte et cet immense r&ultat, qui faisait le plus grand 
honneur it deux ing6nieurs de ra&ite, MM. Talabot et Didion,6tait 
obtenu au prix des plus grands sacrifices et apr&s un labour incessant 
de plusieurs annfes. 

Ilest inutile d'insister sur l'importance d'jin tel 6v&nement qui est, 
it coup sAr f le fait le plus saillant de cette ann£e 1839. 

Les stations interm&iiaires sur la ligne de Nimes i Beaucaire avaient 
6t£ porttes au nombre de neut C*6taient cellos de Courbessac, de Mar- 
guerittes pr&s le mas Sorbier, du mas de Beaulieu, de Manduel, de 
Gurboussot* du mas Larier, de Bellegarde prts du pont des Firminelles, 
de la Fon du Rey en amont du Viaduc, du mas de Pillet it Fentrte de 
la tranchfe da souterrain. 

Ces stations ont 6t6 depuis r6duites it trois, et celle de Marguerittes, 
k la suite de la creation d'une nouvelle ligne 9 est devenue station de 
Gr&an* 

Ilconvient d'ajouter qu'il n'y avait encore qu*une seule ligne et que 
le point de rencontre 6tait le plateau de Campuget* sur lequel avait 6\6 
install^e une Teie de barrage. 

Les yoitures alors en usage mfritent une mention particuli&re. On 
pourra voir les progr&s incessant*, accomplis par la compagnie* durant 
la plriode de quarante-sept ans qui nous slpare de cette 6poque. 

Les voitures de troisi&me classe 6taient couvertes, fermfes de l'avant 
k rarriftre, mais ouvertes sur les c6t&u Celles de deuxi&me et de pre- 



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ANNtE 4**9 41* 

mi&re classes Itaient couvertes et manias de glaoas. at da stores Las 
banquettes da ces voilures da luxe 6taient rembouirtes. 

Un 16ger accident signala Inauguration du service public. Qaelques 
voyageurs re$urent qnelques contusions sans gravity. II n'en &llut 
pas plus pour donner raison aux alarmistes qui d&larteent net qua 
c'6tait s^xposer k une mort certaine que de monter dans les trains, 
v On sourit en voyant les recommandatiqns minutieuses que la 

Compagnie est obligee de faire au public d&s les premiers jours da 
l'exploitation." 

Habitu6 au service des diligences dont les heures de depart etd'ar- 
riv£e subissaient toujours quelques variations, le public ne pouvait 
so faire k une precision rigoureuse 9 absolue, qui le d&xmcertait. 
Pour 6viter des reclamations continuelles , la Oompagnie dut - en 
arriver k prior les voyageurs de r6gler leurs montres sur la pendule- 
r£gulateur, Itablie chez rhorloger de la compagnie, place de 1'HdteU 
de-Ville. . 

Cependant, l'immense succ&s obtenu par la nouvelle voie ferr6e s'ita- 
blissait peu k peu sans con teste. L'ouverture de la ligne ayant coincide 
avec la foire de Beaucaire, les trains transportaient quotidiennement 
plusde dix mille personnes. 

Le commerce, se familiarisant avec ce nouveau mode de transport 
qui bouleversait toute son economic habituelle, comprenait l'immense 
parti qu'il pouvait tirer de ce moyen de communication rapide, et il 
fallut peu de temps pour vaincre certaines repugnances, certaines 
craintes que la rumour publique tendait k propager. , . . 

L'installation de ce nouveau service n£cessitait la creation d'une 
gare. La compagnie avait achate, k l'extremite du faubourg d'Uzis, un 
vaste terrain, considlrablement agrandi par la suite, sur lequel elle 
avait fait construire un hangar d'anivee et de depart des voyageurs an 
trois trav6es. Ce hangar existe encore et sert k la gare des marchandises 
actuelle. 

Mais cela etait insuffisant avec l'accroissement et l'extension qua 
prenait l'exploitation. Aussi se mit-on k construire an avant du hangar 
deux pavilions k colonnes et en pierre de taille, destines : I'un au 
service des voyageurs, l'autre au service des marchandises. Ces deux 
pavilions existent encore. 

Au moment de Inauguration la voie entre Alais et Nimes n'6tait 
pas encore achev£e et ne devait Tdtre que quelques mois plus tard. 

L'exposition industrielle de 1839 fut, comme celle de 1834 , un v$ri* 
table triomphe pour les fabricants et commergants de Nimes. Ourerte 



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Itt HI5T0IEE DB NIMIS 

* ' „ le \" mai, jour do la fete do Roi k Paris, elle avait 6t£ pr6c6d6e f oomme 
sa devanci&re, d'une exposition locale oil se trouvaient r£unis tous les 
envois faiU k l'exposition centrale. 

Elle fut close le28 juillet, veille des fetes annuelles des Troisjourn6es 
par un discours de Sa Majesty qui distribua les recompenses. 

M. Curnier, fabricant de Nimes, fut nomm£ membre de la 
Llgion d'honneur. Sabran fibres eurent un rappel de m£daille dor. 

Un rappel de m6daille d'argent fut accords aux maisons : Barnouin 
et Bureau, Roux freres et Michel d'Hombres, Meynard cadet 
I Jean Colondre et Prades, Brugui&re et Bouco : ran ; Coumert, Carreton 

; et Cbardonneaux ; Daudet jeune et Chabaud ; Gaidan fr&res ; Jourdan 

I fils etO* ; Antoine Fuget ; Flaissier fr&res ; Soulas ain6 et C u ; Pag&s 

\ fils a1n6 et C\ re$urent des m£dailles d'argent. 

| Une m6daille de bronze fut attribute k plusieurs autres maisons. 

* On remarquera, en consultant la liste qui pr£c6de, que des noms 

\. nouveaux figurentparmi leslaurtats. M. Soulas, en particulier, qui, 

* surmontant mille difficult^ et acceptant toutes les chances d'une 
creation nouvelle, avait in troduit dans notre ville l'importante Industrie 
des tapis, 'etM. Flaissier qui, marchant sur ses traces, avait perfec- 
tion^ cette fabrication . 

On sait, combien dans l'avenir celle industrie est devenue prosp&re 
et les nombreuses ressources qu'en a pu tirer la population ouvriere de 
notre ville. 

Le 2 8eptembre de cette ann6e mourait k Paris un de nos compatrio- 
tes, Jean Pieyre. 

Jean Pieyre, frfere d'Alexandre Pieyre, auteur de « YEcole de$ Pbres » 9 
6tait n£fr Nimes en 1755. A un Age oil Ton quitte k peine les bancs de 
l'&ole, il*fut re^u membre de l'Acad&nie des Arcades de R'ome. % 
Revenu & Nimes, il fit partie de l'Acad&nie du Gard et se lia avec les 
: hommes d'£lite du temps, appel& par leurs talents ijouerun rile 

dans les 6v£nements qui allaient se d£rouler. Boissy d'Anglas, Rabaut 
Saint-Etienne, Vincens Saint-Laurent furent ses amis. Cette sociltf 
formait un petit cercle littlraire qui se rlunissait chez M"* Bourdio- 
Viot. 

NommS en 1790 membre du directoire dgpartemental, il fat envoy* 
l'annte suivante k TAssembMe legislative. II y stegea au c6t£ droit et 
i'y contra constamment le partisan et le d&enseur de la monarchie 
oonstitutionnelle. 

II faillit payer de sa tete, pendant la Terreur, la conduite qu'il avait 
tenue k cette assemble. JLa Convention le nomma, aprts le 9 thermidor. 



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ANNftB «S$V .'*»/ 

procureur-syndic da district do Nimes, et bientdt apris president 
adminiatrateur du dlpartement. 

En Tan VIII ( 1800} Je premier consul, sur la recommandalioo de sea 
coU&gues, Lebrun et Boissy d'Anglas, l'appela aux focctions de pr&et 
de Lot-et-Garonne, et plus tard le fit chevalier de la Legion d'honneur 
et pen apr&s baron de r Empire. Co titre nobiliaire Tut apr&s Ja 
Restauration con firm 6 par lettres patentes du roi Louis XVIII (1), 

Prtfet du Loireten 1806, il fat r£voqu6 en 1814. On l'accusa, bian . "; * .* 

k tort, dVfoir6t£ la cause indirectede la bataille de Toulouse, livrto 
par le mar&hal Soult aux Anglais. Jean Pieyre n*eut pas de peine ise j 

justifier. II refusa d'etre repr&entant du peuple pendant lea Cent * j 

jours etquitta Nimes k laseoonde Restauration pour venir se fixer k .-; • l! 

Paris. 

rl 

On a de luitrois pieces imprimtes: Epitre i man ami, icritedela . ! 

Fontaine de Nimee. Discours en ver$ pour V abolition de la peine de mort . 
(Paris 1830, in-8* de 11 pages) et Ma profession religieuse morale et 
intelleetuelU f telle que je I'adopte apris y avoir pensi touts maw*. ( Paris 
1839 f in-8- de 8 pages). 

II s'est conserve, dit Michel Nicolas, dans la mgmoire de ceux qui 
out v&u aupr&s de lui, un grand nombre de petites pieces de vers, 
enfants de la circonstance r veritable* impromptus pleins de sel et de 
finesse. Nous citerons entre autres les quatre vers suiyants adressds k 
la c£l&bre M"- Raucourt, qui retiree prfes d'Orl&ras, lui recommandait 
un consent qu'elle voulait reformer comme court : 

II est Di trop long ni trop court ; ■ \ 

Son oeil est yif, sajambe est bonne ; 

S'il est trop petit pour Raucourt, . [\* 

II est assez grand poarBellone. 

• • . • • t 
Outre ces ouyrages, il existe de lui en manuscrit quelques pieces da ■ - - 

th&tre quifurent composes de 1755 k 1788. Quatre de ces pieces 



(I) Audience pnbliqne do la Coar royale de Nimes en date da 7 Mvrier ISIS. \ 

La Coar, 

Aprfcs axoir fait faire lecture par le greffier, a cette audience, des lettres patentes ',." ■ 

de Sa Majesty, en date da 9 scptcmbre 1S24 qui eonferent le Utre de Baton a lean Pieyre, 
nd I. Nimes, ddpartement da Gard, le 4 ftvrier 1766, cbevalier de l'ordre royal de la . \ \ 

Legion dlioonear, andea prtfet da ddpartement da Loire!, -I 

A to« drecttoa de majorat d*aa reteaa annuel de 6.0S0 fraaes sar des ImmeaHas 



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sont carers; Le Philosophe so*-disa*t les Pretentions ridicules, le Ifcri 
*ylfhs 9 les Fsmmes de province. Gas comedies sont rem plies da ac&nea 
plaines d'esprit at appartiennent en g£n6ral au mftme genre qua cul- 
tivait son fr6re 9 c'est~fc-dire plus distingu6es par la sentiment et la 
marche quelque pea dramatique que franchement comiques. 

line d'ellesavait £t£ regue au Th&tre Francis et allait etre repre- 
sentee quand la Revolution 6clata. 

On ne saurait m'en vouloir dedonner ici, comme jele fais de tons 
les enfants de Nimes, la biographie d'un membre de ma famiile 
J'emprunte k nn auteur impartial la passage auivant (i). 

€ M. le baron Pieyre f chevalier del'ordre royal de la Legion d'honneor, 
est mon ami depuis plus don demi-sitele, il a 6t6 administratenr da 
Oard 9 dans les circonstance les pins difficiles et les plus p&illeuses, 
membre de TAssembtee legislative de 1791 f oik ila constamment vot6 
avec les d&enseors de la Constitution et da trAne, et pendant douze ou 
qninza anndes, pr&et du dlpartement de Lot-et-Garonne qu de celui 
Loiret. 

» Ila eu, dansl'exercice de ces diffi&rentes fractions, la conduite la plus 
honorable et la plus propre k mfriter la reconnaissance da peaple et 
1'approbation des gouvernements sages et justes. 

» II en est recompense par le sentiment de sa propre conscience, et par 
1'estime des gens de bien, d'ailleurs, un homme de lettres fort distingu6 
auteur de plusieurs Merits tris agrdables, en vers et en prose, que sa 
modestie senle a pu l'emp&her de livrer an public 

»M. le baron Pieyre est le frtre de l'aateur 6b YE cole des Pins, 
qui dans un temps de depravation et de mauvaises moeurs, fit entendre 
an th&tre le langage presqae oubli<§ de la morale etde la vertu, et 
dont on doit regreller que la Revolution ait terming sitdt la'carri&re 
dramatique »• ' • 



I 



d£sif»ts tax lettres patentee, sitnts dans le ressort de la Coer royale de Nimcs el qii. 



it: 

!• Bo one maison else ea la villa de Nines d*nn re?cne de lOOCLfranc*. 

Ba an donates da noalia nenf, sited eommane de Seint-Hippolyte, el bieas attacMf , 
tfnn revena de MC# francs. 

Ledit majorat el le litre doat s*agU seat transmissible* I la descendance direete el 
MgUtoe de male en mile da dil baron Pie yre, per ordre de primogtnitare 

Lee diteslettres patentee enregistrles el tranacritee sar les registres de la Coer, 

(I) Bludss WUireiH** potiujmss tun tisiUord, parte cente Boissj ifAjiflas, i 
U 9 pefetftl. 



..(', 



*** .- 



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A It Nftl 1*39 m. 

La famUle Pieyre a un ndm dans not annates, et on ne s'ftonnera pat 
que ja roprodulse id le passage suivant d£tach6 d'une oeuvro his- 
torique. 

c Sites bt vtrtnn nt Navaibbins. 

» Dansces temps de troubles et de depravations , le petit 

» nombre d'hommes qui suivirent le devoir et la Patrie, m6ritent sans 
» doute d'etre offerts k l'estime publique et conserves dans l'histoire. ' 

» A la tfite paraissent d' Arros et ses deux fits, Hontamet, le brave de 

* Sales, Roussillon 9 le vaillant et fidtte Francois de Navailles, l'incorrup- « 
» tible Henri I*' d' Albret-Miossens , son beau-fr&re, Poqueyron, les 

* capitaines Morel, x Costade, Brosselay, Gasabon , Bertrand de Spa- 
» lunque, Gratien de Lurbe et le jeune Lamothe, etc., etc., duFreno, 
» le Pieyre (ou de Pieyre}, le jeune Biron, les deux barons de Viday et 
» de Montblanc (!)•» 

L'annte 1839 vit la creation d'une des maisons d Education les plus i 

importantes de notre ville et qui, k travers mille 6preuves, est reside 
debout etpleine de vie : cl'Assomption ». Elle f ut fon<J£e par l'abb6 ; 

Yermot, prdtre de Besan$on , attirg k Nimes par l'abt>6 Laresche, vicaire* . ' 

g£n6ral. 

Au boutd'unan, l'&ablissement&ait achet£ par le P. d'Alzon, qui 
s'entouradeMM. Monnier et Germer-Durand, agr£g& de l'universitl, 
le premier professeur au Lycfe de Nimes, le second au Lyc6e de Mont- \ 

pellier, etdeM. l'abb6Goubier,cur6 de la paroisse Sainte-Perp6tue. \ 

II n'est pas sans int6r6t de dire que l'Assomption actuelle, les maisons 
voisines, et une partie de Tavenue Feuch&res occupent Femplacetnent 
dc f ancienne 6glise de Saint-Jean de Jerusalem avec ses d6pendan~ 
ces. Cette 6glise avait d'abord appartenu aux Templiers. Elle passa 
vers 1312 k l'ordre de Saint-Jean, en vertu de la confiscation qui leur 
fat adjugte des biens des Templiers, lors de l'abolition del'ordre. ^ 

Toutes les constructions furent d6truites par les protectants en 1562, Y ; 

lors des premiers troubles religieux. Tons les mat6riaux des b&timents / 1 

et des murailles furent employes par les religionnaires aux bastions * ) 

et fortifications de la ville. Ces biens furent vendus r£volutionnaire- 
ment pendant la Terreur* • 

Lorsque le P. d'Alzon pritle college de l'Assomption des mains de ' '] 

l*abb6 Vermot, ilacheta k M. Proph&te une parcelle de terrain qui . i 

* ■ ' :' i 

(I) Histoire 1$ J. fAlbret, rein* i$ ifacair* , page 169 , tome II , par Mile Ven- J 

villiers. IS2S , Leb!ane imprinear 9 abbeys Saint-Germain dee Prte , te tronve atsel ' \f 

ches Bd. Gemot, Ubraire, me Pav«e Saint-Aadri dee Arte, a* 1. * ' j 



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It* 



fflSTOffiB DE NBCES 



avait appartenu k M6nard, l'historien si populaire de la Title de Nimesv 
Nousavons va plus, haut queles ouvriers en tissusdenotre villa, 
s'ltaient, uu joor degrfeve, r6unis dans laguinguette du Pr6aux Clercs, 
siserae de la Servie. Cette guinguette ^tait engloh^e dans les b&timents 
qui depuis appartiennent k l'Assomption, ainsi que le tlmoigne Tins- 
cription k demi-effacfe peinte sur le b&timent qui s'61&ve sur le cdt6 
nord de la cour d entree de l'institution. 



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NOTE 



J*al era devoir, au far et a mcsore que nous sommes appeles par les tenements a 
nous occaper de Tun de not monuments, donncr ►ous forme de note les indications 
qnc les rccherctus historiqnea nons oni permit de )>oss4dcr snr son ongine ct sa 
premiere destination. Lrs lignes qui precedent ont mcntionne les importantcs repa- 
rations qni de 1827 a 1832 fnrcnl faitcs* THOtel-Dieu. C'cst de eel etablisscment quo jo 
vais rapidemcnt m*oceu|ier. 

. Dn Mmois, Raymond Buffi, declare par son testament du 22 mai 4313, qu'il fondait un . 
bOpital pour les pauvres ma'ades. II donna pour ahritcr la nonvelle institution, une 
maison <iui lui appartcmrft, situce d*us Tenceinte des murs romains, pres la porte 
apnelde Porte-Convene (4). 

Lps exlcutours te»tam<»ntair*s et son herilicr, ct aprts eux ses hlriticrs, fureut 
charges par lui de la plcine administration de eel hftpital, « avee la liberty dele gou- 
▼erner pareuxmtmes ou de le fairc gouverncr pard'antrc* personncs preposecsde 
leur part, et d'en pcrcevoir les reve'nus |K>ur Us employer a l'cniroticn des malades, a 
la charge d'en rendre compte tons lea ans ou tous les* mois, ne voulant pas que nul 
autre s'immiscat dans cette administration , pas plus le papc ou ses reprgsentants 
que le rot ou ses officiers ». 

En 1183, cot hOpital a'aeerut d'unc facon considerable, Les consuls en dlcidcrent 
raequisiiion et la Vcntc de toutes les maisons similaires renfermeos dans l'cnccinle de 
la villc a Tcxception de l'ndpital de Saint-Marc, destine anx femmes en coaches, non 
atteinies de la peste, et de celui de Sainte-Croix, qui plus lard fut destine* aux ecolcs 
publiqucs. • * 

Les Ills des b6pitaux de Xolrc-Dame de Mejean, de la Madeleine, de Saint-Antoine et 
de Siint-Jacaues, furent irans|»ortes a rilOtcl-Dieu. 

L*ev£que lohon iustalla. le 26 mai 4663, pour la surveillance de I'hdpita), cinq reli- 
gieoses de 1'ordre de Saint-Joseph, etab!i a Monlins. 

Par deliberation solenncllc tlu *8 octobre 4665, il fut convenu qu'on donneraitaux 
soeurs 1'usage de Teglise de I H6icl-Dicu et outre cela un terrain qui faisait partie de 
Penclos de Vh6pital, pour y batir le logement dont clles a\aient.bcsoin ; une somme de 
12000 llvrcs fut affectee a c«s constructions. 

La premiere picrrc do cou vent, construit dans leurenclos, fut posee, le dimanche 
29septembre 4649, par lYvctjuc Cohon, en presence dea Consuls en chaperon et de 
plusicurs conselllers de xillc ($)• 

La facade de cet etablisscment, construite vers 1830, a ete transformee par Charles 
Durand, architccte de la Tille, auquel on doit la facade de l'ancicn h6pilal general (3), 
construite en 4611, et l'ancicn Palais de Justice edifie en 4809. Detail curieux : Charles 
Durand mourut en 4840, le jour meme que la premiere colonne de ce monument, son 
oeuvre, tombait sous la marteau demolisseu*. 



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GHAPITRB DIXlfiME 



(Abb** IS4S) 



SOM MTAIRE 



Appaieb de Boulogne. — Translation des cendee* m l*Empbeeue. — Inokdatioss. 
— souscbiption pcbliqub. — mlsi8tibe dc 31 octobbb. — chimin de pee de iioxt- 
pblubb a Nibes. — Elections municipales. — Lcauqcbatioh du chebik de pea 
d'Alais a Nixes. — Attentat contee le Rot. — Tbayaux du CoNSEa mokicipal. 



La translation des cendres des victimes de Juillet venait k peine de 
s'effectuer en grande pompe de Saint-Germain l'Auxerrois h la colonne / ' 

.de la Bastille et la c6r6monie 6tait k peine terming que, sur un point I 

de la France, une tentative audacieuse mena$ait la mouarchie. : j 

Le prince Louis Bonaparte qni d£jk avait tent£, k Strasbourg, un , . 

soulivement militaire, d£barquait dans la nnit da 5 an 6aoAt sur la . 

cdte de Boulogne. II essayait d'embaucher le 42* de ligne et lan$ait dans j 

le pays des proclamations hardies. II 6tait presque immldiatement 
arr£t6 et peu apr&s condamn6 k la detention dans le chiteau deHam, 
d'oh il put s'6vader dans des cireonstances parfaitement connues. 

Le gouvernement, qui avait k se d&endre des attaques incessantet 
de ce pr&endant, avait pris cependant une mesure qui lui faisaitle 
plus grand honneur . Negotiant avec l'Angleterre, il avait obtenu que 
les restes de l'empereur, celui qui fut Napol&m I*, seraient rapports 
de Tile Sainte-H61dne oh avait 6t£ inhum6 le prisonnier de Hudson* . i" 



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V 



m - m fflSTOffiB DB NIMBS -^ 

Lowe et places' aux Invalides. Un des fils de Louis- Philippe fat 
charg^ de cette mission. Le prince de Joinville so rendit en cons6- 
- quence k File Sainte-H61&ne sur la frigate la Belle-Poule. Le 30 no- 
vembre k cinq heures da matin, il mouillait en rade de Cherbourg, 
ayant It son bord la dSpouille mortelle da glorieax soldat. 

Le 15 d&embre, au milieu d'une pompe des plus imposantes, le 
cercueil de l'Empereur arrivait k Paris par cette splendide entree qui 
commence It Gourbevoie et qui se pfolonge par une des plus belles 
avenues du monde jusqu'au coeur de la capitale. 
'Une foule immense, &helonn£e sur toutle parcoursjusqu'aux Inva- 
lides, assistaitfr cette c6r£monie grandiose, bien faite pour 6mouvoir 
et pour remuerprofond&nent lea masses* 

fiimes, comme toute la France, suivait ces 6v&nements qui, en jetant 
l'espfrance chez certains; rappelaientces victoires 6clatantes, cette pro- 
menade triomphale de nos Standards au travers de toute l'Europe. 

Gependant de terribles preoccupations assiggeaient les esprits dans 
notre region. Un flSau 6pou van table amoncelait en quelques heures 
des d&astres presque irrgparables. 

Le dimanche 1** novembre, k la suite de pluies torrentielles, le RhAne, 
subissant une crue extraordinaire, rompait ses digues et submergeait 
laplaine de Beaucaire. Toute la valine du grand fleuve ftait profon- 
d&mentravagta. LaCamargu6 disparaissait sous une nappe d'eauen 
furie. Partout les spectacles les plus horribles, la devastation, la 
ruine, la mort. La population 6tait terrifi6e. La ville ne fut certainement 
pas touchte d'une fa$on directe. Les ravages ne s'6tendirent meme pas 
jusqu'& son territoire, mais plusieurs d'entre les Nimois avaient leurs 
families ou leurs biens atteints par le terrible fl&u. Aussi ne faut-il 
pas s 6tonner qu'^ TaanoDcede cette 6pouvantable calamity, le Conseil 
municipal ouvrlt une souscription publique qui devait avanf peu se 
couvrir de signatures (i). 

(4) Void la deliberation da Conseil municipal : . ^ 

« Profondtocnt <5mu 1 1'aspecl d'une calami^ dont n'ose mcsnrer l'dtendne, pares 
qnll ne pent la soulager, le Conseil municipal de Nimes eroirait manqner * la eonfianee 
de la glnlreuse population qa'il a lTionneur de representer, aux devoirs sacrds qulm- 
poscnt Hramanil* et le patriotisme , sll n'dlevait la voix en fateur des malbeureuses 
communes de ee department ravagees par llnondaUon. 

» Le Conseil ne Tent pas charger de sombres couleurs an tableau d*ja si lugubre. II 
n'tnamdrera pas les digues rompnes, lea grands travaux publics degrades, les saline 
de Peccais perdos, tout an ternloire ddmoli, fouilie, dlvast*. D ne eberebera pas I 
evalusr les pertes dnormes tprouvtes par les propriltaires en grains, en liquides, en 






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a it Nil isii m 

' II y out des traits de sauvetage hfroiques pendant cettep&iode dou- 
loureuseotttous les regards 6taient tournls vers ce fleuve, attendant 
avec anxi£t6 la moindre baisse qui p5t calmer les apprehensions. 
Chacun s*eflbr(ait devant le d&astre d'appdrter son contingent de 
d&rouement ou sa quote-part de richesse. La premiere souscription 
s'61evad'un bond k 8.850 francs. La famille royale envoyait une pre- 
miere sommede 22.000 francs. Leministre de son cAt6 Scrivait au 
prSfetqu'aprislui avoir ouvert un premier credit de 50.000 francs, il 
annongait l'envoi imm^diatdef 50 .000 francs pendant que le ministra 
des travaux publics consacrait 30.000 francs 41a reparation des digues 
rompues sur plusieurs points. 

A c6t& de ces chiffres qui repr&entent la part de l'Etat, combien il 
est toucbant d'enregistrer des chiffres plus modestes peut-6tre, mais 
qui disent bien quel esprit de charitt, d'ahnlgation, anime le clerg6 
dans les plus terribles calamity. M^FSvGque de Nimes et le clerg6 de 
la ville apportaient 3.045 francs, faible obole qui devait se grossir par 
la suite et atteindre le total de 25.000 francs. 

Or&ce iceteian de g6n£rosit6 qui trouva un Scho dans la moindre 
des bourgades, gr&ce k ces souscriptions productives, bien des plaies 
purent dtre panstes 9 et bien des dlsastres amoindris. On 6prouve 
toujour*, 4 cdt6 de ceslamentables catastrophes, un soulagement parti* 
culier lorsqu'on pent sedire que le malheurd'autrui arencpntr6 un 
touchantet unanime concert de charity etde sacrifice. 

L'ordre des choses politiques avait eu aussi it souffirir pendant cette 



bestiaux. D nc compulsera pti nn nferologe fanfcbre pour d?oqner les plaintes des 
veuves el des orphelins ; il se bornera * declarer avec doalear mais avec taergie que 
la plaie do pent pas 6tre sondle parce qu'elle est immense ; que les mainour* a son- 
lager sont iocalcolablet el au dels de Urate. provision ; que ^imagination frtmit el 
recule devant ces d&astreuses consequences. .. el que le goo Tenement seul pent, 
nous ne disons pss Sparer ees msux (e'est impossible), mais en attlnucr one partie. 

Dans ees cireonstances, le Conseil municipal de Nimes fait an appel solennd en 
favenr des victimes de llnondaiion el spMalement en foveur dlnfortunds eompatriotcs 
a la protection puissantedu gouvernement, a la largesse des Chambres, a la gtndroeild 
de tontes les communes de France. 

En attendant, el pour, subvenir prorisoiremtnt sux mis&res actnelles el pressantes 
d'nne population rlduite b la d?rni&re dltrcsse, el condamode poor longtemps I one 
oisiveld forego, le Conseil municipal, s'assotiant I la pensle bienfafcante dn premier 
magistral dn dlparlcmenl, dfliWre qu'une sorome de trois mille francs, imputable snr 
les fonds disponibles de son budget, sera mise I la disposition de H. le Prdfet on de 
la commission spdeiale de seeoors par lui crtte, avec invitation b tons les bons d- 
loyens d'avoir I joindre lenr souscription individuelle b eette modiqae oflrande. 



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E 



• 

J 



"i. 



' :^ 434 HISTOfflB DB NIXES .- 

V * 

i ' annfe* Le ministire Thiers, form6 le 13 mars, avait 6\& obligg d'aban- 

I - donner les affaires et de se retirer, incapable qu'il Itait de rfeoudre 

? \ " les graTes questions qui se posaient devant lui. II fut remplac6par 

: - un ministtee Soult, dans lequel entraient M Ouizot, comme ministre 

r dei affaires 6trangires, et M. Teste, avec le portefeuille des travaux 

t . publics. 

. £.*. L'horizon politique s'assombrissait en effeL La question d'Orient 

-"-. prenait une tournure grave, et la France pour faire face aux exigences 

!* \ d'une situation dont elle ne r6ussissait pas k dlgager l'inconno, se 

. trouvaitdans la dure n&essitide faire des armaments continuels. Les 
difficult^ qui venaient de s'&ever entre le sultan et le pacha d'Egypte, 
M&lmet-Ali, imposaient aux grandes puissances des devoirs multiples 
et un recueillement particulier. 
A la suite de l'ex&ution d'un arrets municipal transterant dans un 
I :' quartier unique (leCours-Neuf), cert ainesmaisons mal famdes, qui at- 

|r tu6es autour du th&tre 6taient une cause continuelle de scandales, il 

IV f se produisait parfois des querelles violentes. Ledimanche, 3mai, ces 

d&ordres permanents prirent une tournure plus grave. Des rassero- 
g; ' blements tumultueux se form&rent sur la promenade et dans les rues 

/ - avoisinantes, attaquant k coups de pierre 1* troupe et la gendarmerie 

*,...- rnend&s pour maintenir l'ordre. La force armte dut charger avec 

vigueuretchasser violemmenUes perturbateurs recalcitrants. Cette 
toeute, qui n'avait aucun caract&re politique, futheureusement de 
courte durSe et l'ordre fut assez promptement r&abli, gr&ce aux mesuras 
de precautions prises par Tautorit^ mili ta ire. 
- - -, L*opinion publique allait enfin obtenir la satisfaction qu'elle atten— 

dait depuis si longtemps. Le chemin de ferdeNimes i Montpellier 
recevait la sanction legale dont devait d6pendre son existence. 
Le 17 juin 1840 laChambre des deputes adoptaitla loi qui lui 6tait 
pr6sent£e, concernant cette ligae. Cette loi prgvoyait une avance de 
quatre millions Cute k la Compagnie, avec obligation pour elle de sui- 
vre dans son trac6Ja plains qui s£pare Nimes de Montpellier et qui 
I : • longe la men On dcartait ainsi le trac6 qui empruntait au contraire les 

v hauteurs sises plus aunord. 

^ [ Pendant que cette importante affaire allait recevoir la solution qu'elle 

oomportait, le deoxi&me tron$on de la ligne d'Alais k Beaucaire dtait 

livri au public. Oe fut le 19 aoflt qu'eut lieu la f<6te d'inauguration de 

cette Toie qui avait 6t6 men£e asses rapidement pour Stre prolong^ 

I ' jusqu** la Grand'Combe. Cette ligoe pr&entait cet intfret particulier 

qu'elle 4tait hdrissle d'ouvrages d'art de toute nature, que sapente - 



2; 



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ANlfftE IS4I * IIS 

an certains endroite atteignait one proportion considerable et qua la voie 
se dlronlait dans nn pays accideite et fort pittoresque. 

Ainsi etait termin6e cette magnifiqueentreprise commencte dansles 
premiers jours de 1838* En deux ans et demi avait 6t& execute le 
chemin de for le plus long que la France poss6dait encore; il mesura 
88 kilometres. Les depenses totales s'etaient eievees & 16 millions* 

Les populations etonnees accueillirent avec de longs cris d'enthou- 
8iasme le premier train qui s'engagea sur la vote et qui emportait les 
invite*. C*etait une f£te generate pour les habitants qui sentaient quel 
admirable outil etait mis k la disposition de Hndustrie et da bassin 
houiller d'Alais. 

Les elections partielles du Conseil municipal commencferent le 18 
juin de cette annde par la 1 N section electorate. 

Les conseillers sortants etaient : MM. Cavalier fils, Benott, Blanchard, 
de Perrin 9 Nouny, Tur, Casimir Jalaguier, Casimir Michel, Pleindoux 
fils atne, Alphonse de Seynes 9 Casimir Boissier, Louis Baron, Monnier . 
dies Taillades, Jarras, Baron, marquis de Cabri feres, 

II y avait en plus k rem placer: MM. Deloche, demissionnaire, et 
Clerge, decede. Les eius furent : MM. Almire Cavalier, Cbaudordy, 
Philippe Eyssette, de Sibert-Cornillon, Bourdet atne v de Vallongue, 
Henri Cavalier-Benezet, Casimir Michel, Casimir Boissier, de Seynes, 
Pleindoux, Nourry 9 Eugene Foulc, Rossel, de Chastellier, Adolphe 
Sabran, Bruguiere, juge, et Delacorbifere. 

On remarquera que sur dix-huit membres sortants on k remplacer, 
onze ne reprenaient plus leur aifege de conseiller. 
* La composition du Conseil, quelque profonde que f At la modification, 
restait toujours la mftme au point de vue politique, et les proportions 
numeriques des partis ne recevaient pas de changement appr6- 
jriable. - - - 

Les travaux du Conseil pendant Fannde 1840 presentent pea d'in- 
teret. II y avait, engagees sur divers points de la ville, une fouled'en- 
treprises dont nous avons enumere le detail dans les chapitres prece- 
dents* Les nouvelles decisions, les projets nouveaux subissaient done 
un temps d'arret force et qui ne saurait surprendre* 

Parmi las constructions en cours d 'execution, il en etait une, da 
toutes k coup sur la plus impprtanta, qui k peine commencee se trouvait 
arretea : I'gglise Saint-Paul. 

Les entrepreneurs Ghambaud et C* qui, la. 8 fevrier 1838 avaient 
consent! l'adjudication de redifica avec un rabais da 32 centimes par 
cent francs, menftrent pendant la premiere ann6e les uravaux ayec una 



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* v) ; 



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- IN HISTCHBB IS HDDS 

grande lenteur, et tout k coop, le 4 octobre 1839 las avaient suspendus, 
86 declarant incapables de continueret sollidtant do Conseil et de sa 
bienveiilante justice un actede r^siliation. 

Le4 fSvrier 1840, uae transaction intervint entre la ville et les en- 
trepreneurs d'aprfes laquelle le Conseil consentait k proceder k une 
nouveile adjudication du devis augments de 5 0[0 # et les entrepreneurs 
se soumettaient k supporter toute plus forte augmentation qui pour* 
rait 6tre exigle jusqu'fc concurrence des 2{3, lavillese chargeantdu 
dernier tiers. 

Le 13 avril 1840 eut lieu sans r&ullat cette adjudication, qui, 
deduction faite de 50.000 francs de travaux execute*, portait sur un 
chiffre de 210.000 francs y compris l'augmentation de 5 0(0 dont nous 
Tenons de parler. 

.Nouveile deliberation du Oonseille15 mai 1840 qui porte l'aug- 
mentation au 10 0(0 et modifie le cahier des charges au profit des 
entrepreneurs. Nouveile adjudication infructueuse le 16 septembre. 
Cfest dans cet etat qu f 4 sa session de novembre 1840, le Conseil aborda 
la question, ne se dissimulant nullement la gravity des obstacles 
qui arrdtaient l'oBuvre. On agita mdme la question de savoir si 
on n'abandonnerait pas le plan adopts de l'6glise pour le rempla- 
cer par un projet moins monumental 9 moins difficile et moins 
coAteux. 

II n'en fut beureusement rien et la commission sp&iale nominee 
pour etudier la partie technique de 1'affaire n'eut qu'k soumettre un 
nouveau bordereau de prix qui portait les depenses de construction 
• pr^vues de 349.000 francs k 464.000. Et c'est sur cette base que se fit 
en 1841 Fadjudicatlon nouveile qui futconsentie k MM. Auphan et Ar- 
navielle avec un rabais de 6 0j0. 

Une des autres affaires que le conseil eut k examiner fut le trac6 k 

adopter de la ligne du chemin de fer de Nimes k Montpellier, trac6 

que certains voulaient faire passer par les colli net. II appuya energi- 

{ * quement le trac& en plaine aboutissant entre l'usine k gaz r£cemment 

% coustruite et TEsplanade. Prtvoyant l'etablissement de la gare dans 

ces parages et, comme consequence, la creation d'un nouveau quar- 
tier, il ecarta momentanement une petition faite par un proprietair* 
del'un des jardins places immediatement au sud de l'Esplanado* 

Je rapporte id ce detail, car il me permet de (aire connattre qu*Q 

existait un arret du Conseil, en date du 11 octobre 1782, interdi- 

sant aux proprietaires des terrains situes autour de l'Esplanade, d*eie- 

J Ter des constructions qui c priveraient les habitants de la seule 



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- AltNtE 184* . 1SI 

promenade publique ob pendant les grandes chaleart de rete, ils 
puissent aller Irouver la fralcheur que procurent dans la soiree les 
yents de mer. » 

(Test contre cette interdiction, k tout le moins originate, que s'Hevait 
le petitionnaire. Mais le Conseil, approuvant la decision da maire, 
qui sebasant sur 1'arret pretite erapftchait toute construction, d6clara 
maintenir cette interdiction, sauf k attendre les nouvelles dispositions 
qui pourraient fttre adoptees It l'epoque de retablissement da d6barca- 
dfcre du chemin de fer de Montpellier k Nimes. 

Eneffet, M. Didion, ingenieur des ponts et chauss&s, etait k ce 
moment occupe k rechercher le meilleur emplacement k donner k la 
gare future et k fixer les alignements g6n£raux des nouveaux quar- 
tiers que ce centre d'activite commerciale allait cr^er autour de lui. 
Nous allons voir sous pen cette importante question recevoir une solu- 
tion et, disons-le 9 dans des proportions grandioses, Un autre quartier 
de la ville prenait un accroissement rapide gr&ce pr£cis£ment it la pre- 
sence d'une gare* C*etait le faubourg d'Uzfes qui en pea de temps se 
couvrait de constructions nouvelles. II y eut k determiner les aligne- 
ments des nouvelles rues k ouvrir sur les terrains situ&i au sud da d6- 
barcadfere et joignant la routed Avignon. II fallut aussi decider la 
couverture du cadereau qui joignait le chemin d'Uz&s k celui d* Avi- 
gnon. Le torrent reconvert devint une large voie de communication, 
la rue SuUy. * 

On le voit, la sollicitude du Conseil n'avait plus qu 9 & mener it bonne 
fin tons les travaux entrepris depuis les anndes pr6c6dentes. * 

La ville prenait pen k peu une allure nouvelle gr&ce k ces mesures 
d'assainissementet d'embellissement qui constituaient un progrfes in- 
deniable et vivement ressenti par la population. Aussi nefttut-il pas 
s'etonner que sous Tinfluence de ces heureuses transformations, la 
paix et la tranquillity rfgnassent dans notre cite et que le commerce 
y fAt des plus prosp&res. 

II convient d'ajouter que Touverture de la nouvelle voie ferrSe ne 
contribuait pas pour peu i cet elan nouveau que ressentait notre indus- 
drie. Les transactions devenaient plus faciles, plus rapides. La ville 
voyait 80s debouches se rapprocher dans des proportions considera- 
bles, gr&ce k cette ligne, presque la seule k ce moment en France, la 
seule en tons cas qui eAt une tete de ligne aussi industrielle que 
retait la Grand'Combe et un d6bouch6 aussi fructueux que ce chemin 
9«f mardk, le RhAne* 

Les evinements exterieurs avaient pen de prise sur les esprit* qui, 



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iU ^ mSTOIRE DB NIMBS - 

I l'lpoqne, s'occupaient exclusivement du commerce et des travaux 
engages. Les d£m6lds si graves de la question d'Orient, les bombar* 
dements executes par la flotte anglaise, les difficult^ qui s'61evaient 
entrele Maroc et la France, les incessants combats que nous livrions . 
en Algeria contre les Arabes luttant , en d£sesp£r& , pour leur 
indlpendance, l'attentat mdme dont le roi faillit 6tre la victim e le 15 
octobre, tons oes faits passaient ne laissant que peu demotion dans 
notre pays compl&tement absorb^ par des entreprises qui pr&entaient 
un r€elint6r6tpour la prosp6rit£ g6n&ale. 

* Le nimois, toujours jaloux de sa villa natale, suivait avec plus 
de coriosit6 les travaux publics en cours 9 l'ouverture ou l'61ar- 
gissement de ses rues, toutes choses qui I'int&essaient h un haut 
degrt. 



;***■* . ". -r . - * Digitized by 



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*tf ' • • 



CHAPITRE ONZlfiHE 



(Ann* l$41) 



SOMMAIRE 



Lis paocis cbjmixbls. — Extamox db Liti±bb. — Exposition pubuqcb m coKDAwtB*. 

— DOXATIOXS DO MABfcCHAL DB CAMP BABOX DB FBTCHfcBES. — BAPTiXB DC COXTB M 

Pabis. — Tbocbles db Toclousi. — Lb xkistbb ob l*agbicultubb a Num. — 
LBS OPiBATIOBS DC BECEXSEMBNT GfcfBBAL. — Attentat coirras lbs pbikcss db la 
MAISOX BOTALE. — L'ACCIDEKT DU DUC DB BOBDBAUX. — TBATAUX OU GOftSEJL MURKIPAL • 
GaftATlOX DB l/AVEMTE BT QUESTION DBS EAUX. 



■A 

•* 



A 



Les&nouvants d6batsde l'affaire Lafarge retentissaient encore de- 
van t la cour d'assises de la Corr£ze 9 debate qui so terminaient par la 
cod dam nation de l'accusle aux travaux forces k perp6tuit6 avec expo- 
sition publique sur la place de Tulle, que devant la cour d'assises 
du Gard, s£aut a Nimes, venait una affaire qui devait se dore par una 
condam nation capitate. 

Etienne Litiere, detenu k la Maison-Centrale, avait assassin6 un da 
ses gardiens, le sieur Liotard ; traduit devant le jury, il ne put sauver 
sa ttte et fut condamnl k la peine de mart. 

Cestle jeudi, 7 Janvier 1841 9 qu'eut lieu l'ex&ution. Lebourreau 
<tait toujours le noram6 Carr6 f et c'est sur la place dea Artnes qua 
s*61evaient les boisde justice points en rouge. II faut l'avouer 9 ces 
8orte8 de spectacles ont le privilege d'attirer une foule curieuse et im- 
patiente. Ce jour-li , comme poor Blarthe Contestin 9 une masse 
compacte d f assistants, parmi. lesquels les femmes, les jeunes filler 



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Gc )gle 



■••■* 



440 HISTOIHB DI WMBS 

les enfants £taient lea plus nombreox, se pressaient aux abords da 
lieu do rex&ation. 

Le condamn6 montra un certain courage et march* d*un pas 
ferme k l'fchaiaud. Son arrivde sur la place fat salute par un long 
cri de satisfaction poussg par lafouleque contenait k grand peine une 
triple haie de soldats. 

Jusqu'aa dernier moment le malheureux regut l'aide de la charity 

chr&ienne. gr&ce aux soeurs de Saint- Vincent-de-Paul et it Fau-. 

mdnier de la prison, 1'abW Paut, que nous avonsd6jfc rencontrg dans 

% one semblable circonstance, prodiguant an patient les seoours supreme* 

de la religion. L'ex&ution eat liea k onze heures du matin. 

Les affaires d'assises 6taient 9 au surplus, fortement charges depuis 
quelque temps. Au mois d'aotit 1840, le jury avait eu i se prononcer 
sor an crime d 9 empoisonnement 9 commis par la fille Vernhet sur 
nnejeune femme, madame Vigaroux, et il s'en fallut de pea que la 
peine capitale ne f At prononcfe* 

A la session de CSvrier 1841 9 deux affaires importantes furent ju- 
gtes; la premi&re concernait le crime dit de Montfrin, dans lequel 
gtaient impliquds trois accuses : le pbre, la mire et leur enfant &g6 
de onze ans. Co dernier 6tait l'auteur d'un meurtre commis sur la 
personne d'un nomm£ Bernard* boulanger, mais il paraissait y avoir 
6t& pouss6 par sa mire Catherine Coulomb , femme Rey, k raison 
d'inimiti&i personnelles. (Test pourquoi la femme Rey fat condamnte 
aux travaux forces avec exposition. 

La seconde concernait an nomm6 Cotagna, sujet espagnol 9 sous la 
doable accusation d*assassinat et de vol . Cotagna f ut condamn<§ k vingt 
ansde travaux forces et k l'exposition. 

On remarquera,' sans nul donte, cette peine de l'expftsition qui vient 
s'ajouter aux peines pr&rues par le Code p£nal et qui a disparu aa- 
jourd'hui. Cette peine £tait horrible pour le condamng et plus encore 
poor le public. Elle 6tait souvent Fobjet de scandales et souvent 
aassi provoquait une pitte profonde poor des miserable* que la soci6t£ 
rejetait de son sein. 

La premi&re des condamnta dont je viens de parler >ubit sa peine 
le mardi 13 jaillet sur la place des Ar&nes. Suivant les dispositions de 
laloi, le condamn6 restait exposl ton tela journta aux yeox da public, 
attach^ A un poteau f portantun Aniteau sor lequel ftaient inscrits et 
son nom, et son crime, et sa condamnation. 

La femme Rey t pendant tout la temps que dura son exposition t 
tantdt restait maette et comma an&ntie, tanttt poussait des cris d6- 



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' 3 



M 



AjNNftl 1841 «44 

chirants, appelant sesenfants, et d£plorant sa situation. € Ilea on- 
fonts, mos beaux enfant*, mes pauvres enfant* I » no cessait-elle do 
crior dans son accfcs do d&espoir, devant lea nombreux cnrieox qui 
so pressaient, p6nib1ement impressionn&i par co tristo spectacle an pied 
del'&hafaud. 

toute autre fut l'attitude deCotagna dont nous vehons do dire le 
crime. Livr6 aux regards do la populace, qui malgr6 une pluie bat- 
tante 6tait acoourue selon son habitude pour jouir de oette exhibition, - ♦ 

ilnecessade t£moignerpar son attitude cynique, ses grossi&res plai- 
santeries et ses rires de son pen de repentir. On voit oombien peu la 
majesty de la justice gagnait k ces spectacles atroces et inutiles et dont 
on nepeutregretter la disparition. 

Les crimes, malgrg ces repressions s6v&res se multipliaient avec one 
rapidity effrayante etqui 6tait bien de nature iterroriser la population. 
Les vols, surtout pendant la fin de TannSe 1840 etle commencement 
de 1841, Itaient incessant*. 

Une veritable bande de malfaiteurs pillait presque avefc impunity des 
maisons de campagne , des habitations, sans que la justice, mal- 
gr£ ses incessantes investigations, ait pu mettre la main sur les auda- 
cieux malfaiteurs. 

Cependant peu k peu, on finit par trouverle si&gede leur bande 
qui se trouvait k Bouillargues. Us furent arrets et jugSs les 3, 4 et 5 
aoiit, au milieu d'une affluence extraordinaire venue pour suivre 
les debate. 

Les accuses 6taient au nombrede sept. Deux furent acquittfia; lea 

autres furent condamn£s k des peines variant entre deux ann£ea d*em- 

prisonnement et dixanntesde.r&lusion. - ; 

On n*est pas peu surpris de voir lea rtles des assises ausai 

-charges et aussi mouvement£s. Ce spectacle est heureusement plos } 

rare dans nos pays et ne s'&ait pas presents depuis tongues . \\'\ 

ann&s; * '.'•''* 

Le moment est venu de parlor d*un homme qui, bien qu*6tranger k , I 

laville, consid&rait ceile-ci cependant comme une seconde patrie. La ) 

marshal de camp, baron de Feuch&res, commandait depuis quelques \ < 

annfes les dgpartements du Gard et de l'Ard&cbe. | 

Par acte pass6 le 27 f&vrier 1841, devant M* Bordarier, notaire 4 . 1 

Nimes, il faisait donation entre vife d'une somme considerable dont il . * 

£tait chancier en vers la succession de M"* Sophie Dawes, baronnede . * 

Feuch&res, et qui formait I'int6gralit6 d 9 un don r&aproque de survie * ' j 

stipute dans leur contratde manage. 



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[ _ III • HISTCHBE DS raws - _ 

f . Void comment Itaient rlparties ces sommes d'aprfeslayolonttdu 

[ donateur: • 

i . • A l'arm& pour fonder 16 prix annuel* pour les 

f. en fan ts de troupe. • . • . * . . . • • . 100.000 fr. 

[-'""/, A THAtelDieu de Paris 74.000 

[ A l'Hospice des Manages de Paris 20.000 

, ■. Anx Hospices de Nimes. . • 50.000 

{ — de G&iolhac. ........ 15.000 

I — de Privas (ArdteheJ. .... . 5.000 

! • ArBr*ch6deNimes. . . 50.000 i """l^?) ~ K ^ 

{ . - . . . , ... A?AAA I MMVBdt 1501800 fr. I 79.000 

| An Consistoire de Nimes. 25.000 } kiuUmmmbUsu**) 

[ ~ A l'Sglise Sainte-Perp6tue de Nimes (saparoisse). . 5.000 

i Anx inond&du Oard. . . 50.000 j 70 nno " 

\ Anx inondfe de l'Ardfcche. 20.000 I 

I Soit an total ;. 414.000 fr. 

I • II avait m£me d£clar6 que s*il gagoait le proc&s engagg contre la 

| snsdite succession, il destinait quatre millions a la villa de Nimes 

pour l'&ablissement d'une Ecole des Arts et Metiers, dont il avait lui- 
i mfime d£termin6 l'emplacement. Elle devait fctre situta derrifcre 

! l'embarcad&re a crter, dans Taxe de Tavenue projetle. Mais nne 

|| . transaction judicial re ayant eu lieu, le projet ne put pas se rgaliser. 

On 8*6tonnera peu que devant de telles lib£ralit£s, le Conseil ait 

d£cid6 l'annde suivante, dans sa stance dn 1 1 noverabre 1842, que 
,. ■ le nom dn ggnlral baron de Feuch&res seraitdonne k l'avenue dn 

'j chemin de fer, et qu'un buste en marbre repr&entant les traits du 

bieufaiteur serait plac6 k llidpital des mala des. 
|; * CTest (aire oeuvre de reconnaissance que de perp&uer nne semblable 

il ' g6n£rosit£ s'exer$ant dans des conditions ausssi intelligentes et aussi 

large*. Le baron de Feuch&res faisait distribuer anx inond£s une 

somme importante. Nous ayons vu en effetles d&astres de 1840 dans 
,| la valine du Rhdne et particuli&rement dans le Gard. Ces m6mes 

i ' d&astres s'ltaient renouvel£s quoique sur nne moins grande Ichelle 

et dans des conditions moins dures au commencement de Fannie 1841 • 
J : . Le vendredi, 19 Janvier, la nouvelle chaussfo en construction de 

':,"- Beancaire c6dait sous- rimp6tuoftit6 du fleure. Malgrt les efforts 

inouis des travailleurs, le d£bordement ne put fitre mattris6 et le flot 
( • se rgpandit dans la plaine. 

La Oardon de son c6t6 snbmergeait Gomps pendant qu'une crud 

subite dn Vistre et dn Yidourle corapromettait tout le pays bas eutre 

8aint-Laurent-d f Aigouie et la mer. La sonscription inattendne dn 



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ANNtBllil \ 'Ml ' 

baron de Feuch&res venait k point pour grossir les souscriptions ouver 
do tous cfttts, mais k peine suffisantes pour faire face aux pertes 
immense* qui s'6taient produites. 

Nimes restait toujours heureusement 6pargn6e et, tout en partageant 
la consternation g6n£rale, demeurait indenfoe. Les travaux en cours 
so poursuivaient rapidement. Nous avons vu la reprise de ceux de 
Saint-Paul assurfe par la nouvelle adjudication. Ceux du Palais 
avanfaient rapidement et dljfcle pinceau de Numa Boucoiran ornait 
le plafond des salles d'audience pendant que Colin modelait les sculp- 
tures de la facade. 

II en ttait ainsi k la Fontaine, dont nous avons pen parte jusqu'i 
present* OrAce k 1'acquisition de diverses propri6t£s englottes, notam- . 

ment celle du Mas Rouge, on pouvait completer les plantations eft 
tracer les allies jusqu'au sommet dela Tourmagne. 
~ Les tuyaux de gaz Itaient pos6i au Cours-Keufet venaient jusqua • 
dans le jardin de la Fontaine au grand gtonnement des habitants qui 
accouraient voir ce spectacle : la Fontaine 6clair6e la nuit. On allait, 
detail plaisant, jusqu'Jt craindre que les arbres ne souffrissent du 
nouvel telairage & cause des odeurs mlphytiques que rgpandait le gaz. 

La fdte du Roi, qui se c£16brait le \" mai, fut cette ann£e marqute 
par la c6r£monie solennelle dubapteme du Comte de Paris, qui out 
lieu dans I'lglise de Notre-Darae de Paris, en presence d'une foule 
6 norm e. La royautS constitutionnelle £tait alors dans sap&iode la 
plus fortunle, ne se doutant pas du fatal ev&nement qui allait lui porter 
on coup funeste. ■ 

L'avenir devait fitre, en effet, cruel pour cette famille royale, dont un 

prince, objet des plus grandes esp<6rances, devait si inopinlment 

trouver une mort terrible. Mais, en ce moment, la royaut£ constitu- 

_ tionnelle et ses partisans, jouissaient du present, s'abandonnant aux 

rfives du lendemain que partageaient beaucoup de nos condtoyens. 

Aussilayille vivait-ello duns un repos absolu, et les tentatives de 
Fopposition restaient sans £cho dans la population. 

Ce calme profond contrastait avec les d&ordres qui &lat&rent k 
Toulouse le 6 juillet. Le maire et les adjoints de la ville, choqufe . ; . ^ 

du ton dictatorial d'une premi&re lettre que leur adressait la nouveau 
pr6fet de la Haute-Garonne, M« Mehul, donnaient leur demission. Get 
incident provoqua une violente 6meute; Une foule irritte se porta /' - /.•-% 

devant la prefecture d'abord et chez le procureur gluteal ensuite. \V "v, 

Apr&s plusieurs tentatives infructueuses elle finit par p6n6trer dans 
Vhdtel do ce magistrat et en commenga le pillage. M. Plougoulm ;:\ 

• • • • ■ . ■ . ' , * . -.-•—-.! 

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%tt • HISTOffiB DB NlHES — 

ne dut son salut qu'i one prompte fuite, en escaladanf son hdtel 
d'un cdte pendant que l'emeute l'envahissait de l'autre. 

Le PnSfet, apres avoir rtsiste quelques jours, dut aussi quitter Ton* 
louse pour ne pas etre la proie d'une foule en deiire. 

Le d&ordre devint tel et dura si longtemps que le gouvernement 
prit la resolution d'echelonner des troupes sur toute la ligne de Nimes 
k Toulouse, dans le but de les concentrer sur ce dernier point, dans la 
cas de necessity. 

Use fit, en consequence, un mouvement important dans notre ville 
"qui vit arriver successivement des detachements de toutes les garnisons 
voisines. Gr&ce k ce, l'ordre put etre retabli apr&s vingt longs jours 
d'anarchie, mais le gouvernement n v osa renvoyer k leur poste ni la . 
prtfet, ni le procureur*g6u6ral. 

Lavue de ces preparatifs militaires, les r£cits souvent exag£res qui 
arrivaient dans notre ville de l'emeute toulousaine devaient, comme 
on pense, jeter l'alarme dans les esprits et surexciter violemment les 
crairites. Cependant tout resta tranquille et calme. 

Le mini3tre de l'Agriculture et du Commerce, M. Cunin-Gridaine, 

arrivait lemardi 27juillet, apr£s avoir visits les mines de la Grand*- 

Combe, et pouvait constater que notre cite etait demeur6e absolument 

[ en dehors de rechauffouree .voisine. II regut toutes. les autoritesce 

m&me jour, et en particulier le Conseil municipal. Cette inception 

deyait etre singuliferement interessante, car il s'agissait de traiter avec 

j le repr£sentant du gouvernement de la fameuse question de l'lcole des 

{ Arts et Metiers* 

| Tou3 les conseillers ne purent assister k cette visite, les nns retenus 

r par la foire de Beaucaire, alors ouverte, les autres- n'ayant pas cm 

devoir se presenter i raison deleurs opinions politiques. 
j Le Ministre promit aui conseillers desoutenir dans les conseils du 

gouvernement les deux villes Toulouse et Nimes comme devant etre 
dotees d 9 une ecole des Arts et Metiers et consentit k defendre cbaude- 
j , ment les intents nimois. Mais il crut devoir faire ressortirqu'ence 

^ qui touchait Nimes 9 il oe pouvait absolument prevoir le succfes. Des 

j villes rivales faisaient des offres considerables de subventions, entra 

' . autres Aix, qui avait M. Thiers pour protecteur. 

La creation d*une ecole semblable, disait le ministre, constitue una * 

!..'"• depensa d'environ i .500.000' francs et exige des constructions considg- 

• rabies. Or 9 la ville d v Aix offre un bitiment important pouvant rece- 

voirsans retard un commencement ^organisation, etledepartement des 

Bouches-du-Rhdne s'imposedes sacrifices pecuniaires trts notables* 



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ANKftl Mil . 441 

M. Cunin-Gridaine, faisait pressentirqu'une telle consideration serai* 
d'un grand poida devant lea Chambres et engageait vivement la d6par- 
tement do Oard et la villa de Nimes en particulier, k faire de nouveaux 
efforts poor accroltre le contingent de leur contribution k la d£pense 
glnlrale. 

Le maire, M. Girard, r£pondait par la th&se dont j'ai d£ji dit 
% qnelques mots dans an pr£c6dent chapitre. II disait en substance, que 
cette creation rencontrait dans l'opinion publique an coarant 6mi- 
nemment favorable qui ne serait pas pour le Conseil municipal on des 
moindres stimulants propre k le determiner k de nouveaui sacrifices, 
ma is qu'il 6tait surtout desirable que l'&olene soit pas une favour mise 
auz ench&res et adjugte h la locality qui la payerait au plusbaut prix. 

Bile devait Atre, au contraire, placte au point oil son succ&s et son 
utilite pr&entaient le plus de certitude, et que Nimes prdsentait k cat 
£gard tons les avantages. 

M. Girard oubliait que M. Lure, negotiant et membre du Conseil 
g£n6ral du Rhdne, faisait observer dans son rapport que cla nouvelle 
gcole, bien que conservant le titre d'Ecole des Arts et Metiers, devait 
6tre spgcialement affectle k fournir des m&aniciens pour construire 
et diriger les b&teaux k vapeur et npn k fournir des sujets k toutes les 
industries, com me les fcoles de Chalons et d 9 Angers qui ne satisfont 
point suffisamment k ce besoin particulier »• 

Tel eta it le terrain sur lequel s'6tait plac£e la ville de Marseille, 
terrain habile, s v il en fut et que les sacrifices consentis devaient 
rendre plus habile encore. 

- Le plaidoyer du maire n*obtint pas tout le succ&s desirable. Le 
ministre y lisait Tintention k peu pr&s arret6e de ne pas essayer de 
l'emporter par des offres plus solides sur celles des dlpartements 
voisins. Sa r£ponse s*en ressent. 

M. Cunin-Gridaine protests, en effet, de son extreme d&ir de con* 
tribner par la presentation et par la defense du projet au dlveloppe- 
- ment de nos richesses industrielles, raais insista plus fort encore pour 
obtenir de la ville et du dgpartement un secours plus efficace pour 
Taider k faire triompher la cause qu'il s offrait k plaider le plus chaleu- 
reusement possible. * 

Les termes 6taient clairs et ffnvitation plus claire encore. Le suoc&s 
dlpendait de ce qn 9 allait faire le Conseil municipal ; on ne pouvait 
plus nettement lui dire : t Faites un nouveau sacrifice etl'&ole sera 
installs 4 Nimes *. Qaelque s£rieux que fussent les appuis du d^par- 
tement des Bouches-du-Rhdne dans les conseils du gouyernement, le 

CtHMMUmil^fwll * 



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)Gara,'qt?i tomptaif MM. Guizot et Teste dans" le minisfere, pouvait 

• fesp&rer briser la resistance *qu*on lai opposait et mener ibien Faffaire 
: proje\£eit : • \ ^ ■ * ." : » 
r II n'en fut malheureusement pas ainsi et Aix rgussit k bbtenir cette 

installation que nous aurions eu pea de peine 4 nous faire donner avec 
'unpen de bonne vo)ont£. • ' v * 

f II "est assez singulier que le reoenseroeni g£n£ral prescrit par lalbi 
~du22 juillet f79! ait f k cette <poque, provoqu£ en maints endroftsdes 
1 troubles de la nature la plus grave et la plus s&ieuse. Le d£noinbremefit 
« de la population, qui suivant les prescriptions de Fordonnance toyale 
•du 16 Janvier 1 £22 s'eflectuait tons les cinq ans 9 avait eu lieu en 1836 
' sans la inoindre difficult^. En 1841, la population s'6mut de cette 

"mesure administrative. Elle s'en 6mut surtout parce que les agents du 
| * fisc proc£dant en m6me temps au receosement des valeurs locatives 

J ; etdes ou vert u res, l'opinion publique s'imagina que cette intervention 

j 'cachaitune augmentation considerable d'impdts. 

! " ' •* (Test k cette cause que Ton doit faire remonter les troubles de Toft- 

; lobse dont nous venons de parler. r 

I c ~ Les conseils municipaux examin&rent la l^galit£ des arr6t6s minis- 

j ■ . * Uriels prescrivant ces operations de statistique. A Niraes, le Cooseil 

f - Consacra sa stance du 16 aoAt k se prononcer sur cette question de 

; 16galit6 qu'avait posee M. Boyer, au nom deToppositioo, La commission 

| ^ »du contentieux d&endit les mesures prises par le gouvernement. Les 

-fconseillers presents 6taient au nombre de vingt-six. Treize se pronoft- 
c&rent pour les conclusions de la commission, treize pour celled de 
^opposition, et led£batnefut favorable au gouvernement que grice k 
^lavoix pi^pon durante du pr&jident, M. Girard, maire. 
r* .On voit qu'il s'en iallut de peu que le Gonseil se d&lar&t hostile au 
recensement g£n6ral et que l'&atd'agitation dans lequel se trouvait utie 
-partie de la France, se comtnuniqu&t k notre ville. 
r ' < Pans tons les cas, de v&ritables seditions fclat&rent sur plusieurs, 

"points, 4 Bordeaux, k Villeneuve d'Agen, k Montpellier, k Clermobt 
"fcurtout, et les recenseurs durent it plusieurs reprises op<§rer avec le 
-Wncours dela troupe les accompagnant fusil charge et prot6g£s par 
des canons places en des points stratlgiques. ~ 

:•' Une veritable bataille Vengagea A Clermont-Ferrand, et pendant 
^ quarante-huit beures les Imeutiers qui avaient cha&6 la troupe 9 
qpill6rent, d^molireut et livr&rent aux flarames l'appartementdu'maire, 

• le bureau d 'octroi et plusieurs maisons particulf&res* 
c:\Oa rfestquepeu k peu quel'&notion populaire put se calmer; mala 



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ANNtB 4S4I 



447 



le gouvernement dutdlployer daustoute la France, pendant plusieurs 
mo» v une attention extreme k 6touffer les<germes d'insurrection qui $o 
manifestaient de toutes parts. 

On nepeutquese fgliciter d'avoir vu Nimes 6chapper k de telle* 
sc&nes de d£sordres qui, avec les passions vivement surexcittes de 
notre population, n'eussent pas manqu6 de deveoir fort graves. * .. 
. Pendant que la proving se trouvait sous le coup de violentes inquie- 
tudes, un attentat nouveau se produisait k Paris, mais dirig6 cette 
fois .contre deux princes de la famille royale et non contre leroi. 
• Le 13 septerabre, A midi, le due d'Auraale rentrait k Paris avec le 
,1?*16ger dont il venait d'etre nomra6 colonel, it la suite de sa' cam- 
pagne en Afrique. Le rlgiment arrivaitpar la barriere du.Trdneet 
son nouveau chef 6tait &sa tSte ayant It sa droite le due d'Orl&ins et k 
sa gauche le due de Nemours. II marchaitau milieu d'une foule consi- 
derable qui contemplait avec Amotion le drapeau et les guidons da 
regiment trou4s.de balles, quand parvenu au milieu du faubouig 
Saint-Antoine, on coup de feu retentit. 

Un nomro$ Nicolas Papart, n£ dans le d£partement des Vosges : , 
Ag6 de vingt-sept ans, venait de tirer un coup de pistolet sur les princes 
.qu'il manqua heureusement. 

Si l'attentat odieux dont les princes pouvaient fetre victimes affectait 
profond&nent les partisans de la monarchie constitiitionnelle, .les 
fideles de la 16gitimit6 concevaient quelque inquietude sur fdtet de 
sante du due de Bordeaux. . . ' 

Le 18 juillet l'])6ritier des Bourbons se promenait it cheval dans les 
environs de Kirchberg, sur la frontiftre autrichienne, lorsqu'il ten* 
. contra un char de paysan couvert d'une toile pour la rentrto de la 
- moisson. Le cheval, se cabrant tout 4 coup, se renversa sur le prince et 
lui fracassa l'os de la cuisse dans la region Fup6rieure. 
. Giftce k l*habilet6 du chirurgien Watmann , de Vienne, et da 
docteur Bougon, cette blessure, qui pouvait 6tre des plus graves et 
compromettre la sant£ du prince, fut assez promptemeot gu&rie et U 
ne rests de cat accident au due de Bordeaux, qu'une 16g6re claudi- 
cation. 

. Les esprits 6taient encore occup£s de ces divers 6v&riements, que les 
.sc&nes d6sastreuses de Fannie pr£c£dente se renouvelaient pour 1m 
populations riveraines da BhAne. A la suite d'orages ^pouvantables, 
le flduve, s'llevant presque subitement, renversait les constructions 
r qu'on avait 61ev6es k grands frais et se prfeipitait avec fureutf dans lit 






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448 H1STOIRB DB NIMES 

Comme en 1840 9 les populations consternSes et frapp£es d'6pouvante 
ne purent, impuissantes dovant le terrible fl&tu, qu'iraplorer la piti6 
da ciel. Heureusement que le fleuve n'atteignit pas l'gtiage de Fannie 
pr6c£dentQ, mais cette inondation n'en ravagea pas moins toute la 
campagne, ruinant les propriStaires et an6antissant en ua moment 
les rich esses agriooles . 

II fallut k cos d&astres opposer les efforts de la charity privle et 

ceux du Tr&or public. Imm6diatement et dfes que les eaux baisserent 

* on se mit k l'ceuvre pour Sparer les bitches aux digues, les routes 

ravindes et bouleverstes et rftablir la circulation interrompue sur 

beaucoup de points. 

Nous ayons vu l'61an de g6n£rosit6 qui anima Nimes tout entiere 
lors de la catastrophe de l*anh£e pr6c£dente. Notre vilie ne mentit pas 
cette (bis k sa reputation et les secours se multipli&rent de toutes parts 
et sans distinction de parti ou d'opinion. 

Pourquoi faut-il que ces querelles intestines aient d£chir£ la cM 
pendant de si longues annies ? Pourquoi faut-il que les souvenirs da 
passd doivent 6tre 6cart£s sous peine de froisser les uns ou d'Sveiller 
les susceptibility des autres. 

Et 8 v il est nne chose p6nible k constater, c'est que les hommes et les 
choses du pass£ restent dans l'oubli parce qu'on craint de les regarder 
de trop pris. 

Les termes da rapport suiyant que j'extrais d'une des stances du 
Conseil municipal de l*6poque sont lfcpourvenirl l'appui de ce qui 
pr&£de: 

€ Dans votre session de ftvrier dernier, vous d£cid&tes que 9 pour 
completer la decoration de la salle du Conseil municipal, M« Numa 
Boucoiran serait chargg de peindre les portraits en pied de Henri IV, de 
Louis XIV etde Napoleon, et qu'en meme temps M. Colin sculpterait 
les armoiries de la ville pour etre places au-dessus du calorif&re. Ces 
portraits sont aujourd'hui sous nosyeux, Messieurs ; ils sont dignes da 
] pinceau de notre habile concitoyen. Vous regretterezavec nous qu'une 

maladie ait retards Imposition de Fceuvre de M. Colin, mais beaucoup 
| d'entrevousontpu l'admirer dans son atelier. Ces tableaux, avec les 

i .' portraits de Louis XVIII et de Louis-Philippe que la ville poss6dait 

j dgjfc, competent aujourd'hui la decoration de la salle de vos d£lib6- 

j rations. Ayant suivi plus particuliereraent Tex^cutiou des ouvrages de 

I M. Numa Boucoiran, et t&noindu z&leetdessoinsque cet estimable 

l artiste a mis k leur composition, afin da les rendre dignes de leur dds- 

. tination,je viens vous prior, Messieurs, delui donner un t&noignage 



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ANNtB 4141 lit 

de votre satisfaction, afia que M. le maire deNimes, au nom do Conseil 
municipal, puisse reclaraer aupr&s de M. Cave, directeur-ggn6ral des 
Beaux-Arts, la part de la retribution promise k oe sujetiM. Noma 
Boucoiran. 

» A cette occasion, perraettez-nous, Messieurs, de tous soumettre 
quelques observations. 

» Vous vous rappelez, Messieurs, les motifs et les considerations qm 
vous ont determines k prendre les sujets de ces tableaux dans les 
g6n6ra)it6sderhisloirede France, dans Timpossibilite de fouiller dans 
nos annales locales, malheureusement trop remplies da r^cit de nos 
dissensions civile* et religieuses. Dans le choix de ces portraits, vous 
n'avez pas l'unique pensge de raproduire les traits de oes princes 
illustres, vous voulez qu'ils analysent etr£sument l'esprit deshommes 
qui ont v4cu dans ces temps c£lebres. Ce choix, Messieurs, surtout en 
fixant les yeux sur les princes nos oontemporains, a nne haute port£e ; 
il atteste Fesprit de moderation et de conciliation qui anime les membres 
da Conseil municipal , et peut-6tre nous sauront-ils gr6 de lour 
exprimer avec franchise et mesure noire pens£e sur chacun de ces 
princes cei&bres ; persocne, du moins, ne se m^prendra sur des senti- 
ments qui s'accordent avec ceux da roi, qui a r£uni dans le palais de 
Versailles toutes les c£16brit6s de la France ancienne et nouvelle. » 

On ne pent se plaindre que des gloires fraofaises dlcorent la salle 
des stances du Conseil, mais on peut, it bon droit, dlplorer que de 
mesquines ri valitls nous privent d'avoir sous les yeux l'image d f an- 
cetres qui ont occup£ nne place honorable, soit dans l'histoire locale, 
soit dans cello du pays tout entier. 

Le Conseil municipal, r€uni extraordinairement le 18 d&embre, 
prenaitune decision nouvelle en ce qui touche la question des eaux. 
Nous avons vu le Conseil abandonner le projet Yalz poor le projet 
~Perrier. Le canal imagine par les deox proposants prenait sa source 
k pea pr& au m&me endroit. Seal, le trac6 differait quelquepea, ainst 
que le point d'arrivee sur le territoire de Nimes. Le projet Perrier 
evitait, en particulier, la galerie en tunnel qui n'£tait pas an des 
moindres obstacles du canal imagine par M. Valx. 

Le maire avait fait connaitre k la session de novembre que les plans 
de M. Perrier avaient re^u l'approbation da Conseil general des Ponts 
etChaussles etqu'il ne restaitplus qu** examiner les voies et moyens 
de l'execution afin d'avoir une autorisalion definitive. Une commission 
fut chargee de retude de cette question et dlposason rapport dans la 
seance extraordinaire qui nous occupe. 



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180 HISTOIBB DB NIMES 

Le Conseil d£lib6ra fort longuement f Itudiant minutieusement f 
point par point, lea details du syst&me financier qui lui 6tait propose" 
ponr faire face k une d6pense de 2.500 .000 francs exiggs pour la r£ali- 
sation du projet, somme considerable pour l'6poque, 6tant donn6 
" surtoutque les ressourcesde la ville ne s^levaieot qu'4 643 J40 francs 

" sur lesquels il avait k pr£lever 436.622 francs de d£penses ordinaire*, 
et 100.000 francs do d£penses extraordinaires dont la periodicity 6tait 
inevitable et mdme utile. 

II en cofrtait au Conseil de renoncer k sa prudence habituelle en 
mati&re de finance etderecourir & des mesures exceplionnelles dont ; 
' la consequence ^tait une aggravation d'impdts. Mais il 6tait impossible 
de faire autrement pour amortir en dix-huit ans l'6norme capital que 
demandait une ceuvre aussi considerable que celle de l'adduction des / 
eaux. 

Ceite pens£e perce dans les consid£rants qui prta&dent la deliberation 
du Conseil : 
: € Considerant que Toctroi ne peut raisonnablement Gtre soumis k de * " 

■ nouvelles charges, sans produire dans Nimes un * *ix plus eieve pour 

L , les comestibles, sans porter par consequent un grave prejudice aux 

t classes les moins aistes de la population. 

: » Considerant que le Conseil municipal peut demander k Vimpdt 

v. direct un sacrifice, avecd'autantplus de raison quejusq j'ici la ville de 

| Nimes, contrairement k l'exemple des autres villes de France, n'a 

JL per$u aucuns centimes additionnels et que le projet des eaux, par son" 

importance et son incontestable ulilite, est un de ceux qui legitiment 
et compenseot mdme par leur resultat de parellles mesures ». 
; Le Conseil se decidait k la vente des bois et garrigues appartenant k 

la ville, etdes terrains et materiaux de la vieillo eglise Saint-Paul ainsi. . 
que le terrain du cimeti&re du chemin d'Uz&s (IJ. 
En plus, il decidait l'imposition extraordinaire et pour dix-huit ans " 
: de dix centimes additionnels au principal des quatre contributions 

indirectes payees par la commune. 
Mais il refusait d'altener le cimeti&re dela rue du Mail(2J, se fon- . 

(1) Ce terrain est prlcislmenl celui tar leqncl la eompagnie des eaax da Midi 
dite de Preigne avail commend, en 4869, qoelqnes travanx el qui depaU eel rettd 
vacant 

(S) Lea deux cimetidrea de la roe da Mail el da cbemin d'Uzfce. avaient M abaa- ". 
donnta eomme InaafftaanU depute qaelquee annlee el remplaeta par celd da chemin 
d'Avignon. 



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iNlfftft 1141 III. 

dant sur s* proximity du MarchS aux Bestiaux, et prevoyant, que .par 
lajonctibb du cimeti£re en question, au Marchl dejfc existent* la ville . 
pourrait ameiiorer ce dernier en luidonnant plus dedeveloppement, 
et pourrait dans faveirir se crter des ressoaroes nouvelles* •"•"", * 

II est difficile de nier qne cette reserve prudente, ce souci des finances I 
de la Ville, cette prtvoyance poor l'avenir ne soient pas toot k Varan-? 
tage des administratenrs de repoque. On ne saurait trop remarquer 
sUrtout leurdesir ardent de ne toucher aux ressources extraordinaire*, 
que dans la plus absolue necessite et limiter k une p6riode aussi courte 
que possible Pemploi de semblables moyens. 

11 n'en a pas toujours 6t6 ainsi, et depuis nous avons vu les terribles \ 
centimes additionnels s*accroltre k mesure que s'allongeait la p^riode 
de leuf perception, an point qu'aujourd'hui nous sommes litl^ralement 
6cras6s parle fardeau. 

(Test no tarn me nt pour mettre en relief la sagesse des ad minis- . 
trateurs de repoque, attenuant dans la mesure du possible les charges 
munici pales et faisant face nlanmoins aux difficult^ d'une transfer- . 
formation presque complete, que j'ai cite la deliberation pr6c4dente. ? 

Xa deliberation suivante non moins importante 9 et dates du20nb-' 
vembre184!, fixait la direction de Tavenue future du chemin defer, 
et les travaux k exScuteur "sur l'Esplanade* 

V La promenade actuelle de 1'Esplanade sera abaissee. et son niveau 
general sera* raccorde avec celui du boulevard du Palais de Justice > 
et de ravenue du chemin de fer, dont il sera fait mention d-aprSff V 1 

2*. Les terrafns pontes actuellement en bouquets k Test et k Kmest" 
de rEsplanade-seront r^uDts^ k la promenade qui aura eh consequence ^ 
pour li mites, au nord la route royale, et au sud, k Test et k 1'ouest, Vt J 
place demi-circulaire et les voies de communication dont il sera fiut^ 
mentjon ci-aprfcs; ' .... ^ ... . .. a„.. 

3* Vis*4-Vis la ligne sud de 1'Esplanade, il sera crge une place dtfini-" 
ciituTaire.ayant cinquante mfetres de profondeur surTaxe de la pit*-* 
menade et allant par ses deux extremites toucher, k 1'ouest la mai^ott^ 
communale des Dames de Saint-Maur, et i Test' la maisonde. 
M.Ba&ide, en laissant entre ces deux points et la limitede lTSsplahade 3 
un espace consacre k la voie publique dedouze metres delargeur. " 

h % De ces deux {joints partirbfit deux rues de douze metres de largeur ; * 
ayant pour limites k Touest les maisons de Saint-Maur/ Lecointe,^ 
Colomb et' 1'Esplanade ; fcTest la MubUionnaire(1/ f regliseSain^ 
PerpStue, ITiAtel du Luxembourg et 1'Esplanade^ . .;* 4 "' ' * \'jt 



<4) U jdanatiitton rolUairs \ ^ v >j.;. ,-•/*. •; .r. :>.:) 



• •• K «*» . . . 



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iiil ::■■-• - "-. - .. :...:/. 

Ges deux met sont destinies an passage des voitures entre la route 

royale et l'avenue da chemio de fer. 

5*Surl*axede FEsplanade et du dibarcadire da cherain defer, il 

i! sera cr& une avenue large de soixante mitres et longaede troiscent 

'i;'\ * partant de la place demi-circulaire et allant jusqu'au chemin de 

jlj ■ far. 

'] Oette avenue sera divisive en une voie pavie au milieu de seize mitres, 

i ! j deux allies de cbaque cdti de douze metres et le long des maisons dont 

' - la construction pourrait fitre autorisie, un trottoir et une voie de service 

pavie, de seize mitres chacun de largeur. Les trottoirs rigneront 
\\. igalement dans le pourtour de la place circulaire. 

O Les allies de Ta venue et la promenade de l'E*planade seront 
planties d'arbres, roais les plantations de l'Esplanade seront conduites 
de maniire fclaisser au milieu de l'Esplanade une place libre formant 
un rectangle d f environ cent mitres de cdti; ce sera sur les deux cfttis 
de cette place que seront itablies les deux fontaines monumentales 
proposes par la commission ; les parties irriguliires de la promenade, 
que la plantation des allies laisserait en dehors, seront garnies d'arbres 
verts formant massifs . 

7* La promenade de l'Esplanade sera entourie dans tout son pour- 
tour d'une balustrade en pierre de quatre-vingt centimitres dehaut, 
posiesur un socle de quinze it vingt centimitres qui formeramarche 
dans les parties de l'enceinte qui resteront ouvertes pourdonneraccis 
Ala promenade; Touverture du sud jriacie en face de l'avenuedu 
chemin de for. sera munia d'une chaine ou d'une grille mobile 
enflny 

n est facile, k la lecture de cette deliberation d'appricier les modi- 
fications qui ont iti porties k la premiire dicision da Conseil, et qui, 
heureusement, ont placi au centre de notre place d'arrivie le groupe 
f splendide dft au ciseau de Pradier qui fait l'admiration des itraa- 

; • - ~ L'abaissement du sol de FEsplanade rencontra une vive opposition 

t " dans la sein de l'assemblie municipale. On pritendait que cette op6- 

[ ration devait la priver d'une partie de Fair rafraichissant du soir qua 

! -\ * les promeneurs y viennent respirerenit£. Les opposants affirmaient 

4, . aussi que ce seraitdiminuer la surface de FEsplanade que de la sil- 

!"- lonnerdenouvelles plantations. Enfin, on invoquait pour empdcher 

cette transformation, et les habitudes prises par les habitants depuis si 

longtemps, et le motif d'iconomie. 
Oes diverses objections ne purent heureusement trouver dans la Ooa* 



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▲NNftB 1141 •» 

soil una majority suffisante pour las fiura triompher. L'Esplanade 
s'agraudissait ea effet d'une partie du jardin do madame de Giuestoet 
par sa fusion ayec les bosquets lat&raux, k cette 6poquo annexes d6- 
serteset d61aiss6es. 

L f *bais?eraept projett ramenait le sol de la promenade £ oe qn'il . 
itait en 1 782, c'est-i-dire bien avail t l*6poque oil l'Esplanade f nt 61ey6e, 
et la place r&ervSe par le nouveau projet devait ftre bien plus consi- 
derable puisque, k cette 6poque, elle 6tait resserrte k l'ouest et au nord 
par des ramparts, des foss6s et de vieilles masures. 

A la suite de la deliberation qui prlc&de, le Conseil so riser rait do 
rlgler ult6rieurement les alignements des autres terrains compris 
entre la ligne de cbemin de fer et les limites da la ville; 

Les conditions de construction auzquelles sentient soumis las pro- 
pri&aires, qui par derogation k I'arr6t6 de 1782 pourraient 6tre auto* \[ 

ris£s k batir au sud de l'Bsplanade ; 

Enfin le Conseil priait le maire de s*adresser au ministre des trayaux , 

publics, pour obtenir de sa bienveillante justice quele chemin de fer 
dans sa traversde de Nimes f At construit en viaduc et non en remblais. . * 

Telles sontles deux grosses decisions du Conseii municipal qui f 

cldturent cette annie de 4841 . L'une d'elles ne put malheureusement j; 

aboutir ; quant k l'autre elle pr£parait Tagrandissement de la villa et • | 

sa transformation ipeuprfes complete. l! 



NOTE [ 



En 1524 Jacques Albenas, consnl, faisait eontlniire one plata-forme as derant da la 

porta de la Coaronne. Ella ttait faite poor lea besoms da l'artiUerie qai j Aait inatalMe : j 
Iant6t poor la inception des personnages a qai dtsient does lea salres dlionnear, tanttt 

poor la defease da la villa. . 8' 

Cest par cette porta qoa Francois I" ea 4533, Henri II en 1544 et Louis Xm en ISSt - ' ':} 

firentleor entree solenneUa dans la Tills de Nimes* > 

Cest sor eet emplacement que se tenait an xtT Steele la marchd des cWrres et dea - • |j 

brebts. ' - . -;i|' 

c I/an 1643, et it la fin do mols da terrier, a 616 bit dans la bastion de la Coaronne |i 

an lien et plaea des famiers qoi empoisonnaient lea habitants, nne altds eforaeaaK, , • \ j» 

phntds a la ligne at enYirennds da mnraillas a?ec trois sortiea •• Tel est- le rMt da la p 



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««fcl • HISTOIRE DB IfnOtt _ 

er&tion dc la promenade da rEsplanade daaa la journal aaonyme que die Mfaard (4).* 
L* bastion de la'coiirbnne aYait'lli construit, an 1619, aur 1'ordre "da Rohan, 'gdndral" 
en' ^baf daa ralifdonnairA alora aoalav^s contra rantorlui royala." *'.--- 

^ An 'commencement da 1566, lea consuls firent nnir la partia irrdgnliftre al inlgale da I 
1'Eaplanada, dit 1'bisloriea nimois, at l'ornferent da rang£ee d'arbrea. Lea panares da la i 
▼ilje brent employes * ea travail a raisons da dii aola par jour ponr lea hommea at 
quatre poar lea femmee. - 

.fan 4724 la ville scbela la jardin daa Augustine qui dtait contigu a rEsplanade. La \ 
coqVent (let Angnatina dtait tout pits da 1a maiaon das che? aliera da Saint-Jean da ' 
Jerusalem dontnons a?onaparl6 dans one prteddente note. 11 6iait siind fc pen prfes* -' 
Pepdroit oil so troove aujourdliui la maison conventualta dea damea da Saint-Maur. J 

Lea Capudoa dant l'dtablissement se dressa en 4 $29 aur l'aoden dmeiitae da 1'lglise 
Sajot Thomas, a? alent nn parloir qui falsaii saillie sar rEsplanade. M. da Merez, premier 
consul achats ce parloir en 4781 ponr la eomplede la ville. 

A celte dpoquela promenade de rEyplaoade diait comma aujourd'hoiau niveau du sof. *~ 

Poslirieurcment a cetta data die fut surd!ev*a at formait en 1S41 nn terra* 
plain qui dominait lea jardina potagera aitu£s dana la plains. Poar arriver.i ceux-d, fl . 
| rij avait qu*un petit cscalier trfca Itroit at g6a<ralement malpropre. 

£u .mUieade .la promenade ae trouvait one fontaina monnmentale ayant la forma 
d'unc coquille. 

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GHAPITRB DOUZlfiMB 



(Ann* 18M) 



SOM MAIRE 



. y 



Chbmoc db fee de Maeseille au Rboxb. — Aligxbxbst du ocaetiee du cbbmvs de pie. 

CaTASTEOPBE DU CBEXUf DB PEE DB LA, EIVB GAUCHE* — POSE DE LA PBEXIEBB PIBEBB 
DU VlADUG BT DB LA GaEB. — MOET DU DUG D'OeLEAKS. — SEE PUZCBBAILLBS* — - 
DISSOLUTION DE LA ChASEES. — £lECTIONS LEGISLATIVES. — TEATAUX DU GOKSEIL . 
MUNICIPAL. — £lECTIOKS DEPABTEMEHTALB*. - 



- I/ann6e 1842 s'ouvre par une reunion da Conseil municipal 
assemble extraordinairement le luudi 3 Janvier. II s'agissait d'£mettre s 
son avis dans la question da chemia de For de Marseille an Rhdno. . 
- Deux projets gtaient ea presence, Fun dd 4 MM. Talabot et Didion, \ 
d£ja sanctionn6 par les commissions d'enqudte de Marseille et de 
la direction, passant par Aries, Tarascon et Avignon, paraissait satis- y 
faire tous les int£r6ts. * ' • - ^ *; 

Le second, d A h M. de Montricher se dirigeait par Salon, Orgon et Ro- 4 
gnonas, s'61oignant ainsi de la valine ioterieure da Rhdne et des* 
chemins de for du Gard et de l'H&rault. Ce projet ne rtpondait qu*4 . 
rintiret exclasif d* Avignon. . ^ 

Le Conseil municipal de notre ville fit entendre dans cette circons- 
tance ses plus vives reclamations ; il estimait avec raison que la ques*^ 
tion touchait de trop prts aux int6r£ts les plus considerables du d^par-, ; 



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!5t fflSTOIBE DB N1ME8 

tement da Gard et de son chef-lieu pour h&iter k presenter des consi- 
derations da plus grand poids. 

€ Lemfrite da plan de MM. Talabot et Didion, disait-il dans sa 
deliberation, est de laisser £ chaque villa sa situation sur la carte, de 
respecter les positions acquises. L'introduction des nouvelles comma- 
nications ne serait plus an bienfait poor le pays, mais une veritable 
revolution industrielle et commercial et au lieude s'harmoniser avec 
les centres commerciaux, elle bouleversait au hasard les relations 
, existantes et reconstitaerait la carte da pays. 

» Beaucaire est le point de jonction eotre le nord etl'ouest ; la nature 
lefaitainsi et Beaucaire ne peut£tred6pouilieede ce privilege naturel 
qui tient 4 son so), au profit d'une ville qui, dans un int&rdt exclusif 
d'agrandissement so cr£erait une topograpbie factice et, simple point 
sur la ligne de Lyon k Marseille, voudrait se faire centre entre le nord 
etl'ouest ». 

On nepouvait ni mieux dire, ni plus sagement penser. Une telle 
deliberation aussi fortement motivee, aussi judicieusement discutee 
devaitpeser d'un grand poids dans la balance; elle sauva en effet la 
situation on da moins y contribua pour une bonne part. 

On doitquelques remerciements aux conseillers qui prirenten main 
d-ane fojon aussi energique, non-seulement l'intergt de Nimes m&me, 
gravement attaint cependant si le trace Montricher avail 6t6 adopte, 
mais encore et surtout celui du bassinhouiller et metallurgique d'Alais 
quise voyait presque priv6 d'un debouch6 rapide sur le grand port 
de Marseille ou ne pouvait rallier cette ville qu'aa prix d'enormes 
sacrifices. 

LeConseil resolat de feire imprimer sa deliberation "et de la recom- 
manderaux deputes da Oard. II exprimait en meme temps un voeu 
pour que leConseil general duOard fAt convoque extraordinairement 
afin d'appuyer ses reclamations. Enfin il nommaitM. de Chastellier, 
qu'uno recente ordonnance venait d 9 appeler k lapairie, en qualite 
de d£iegu6 special de la ville de Nimes auprta da gouvernement 
et des Chambres pour suivre k Paris les details de cette affaire im- 
portant*. 

Dans cette mdme seance, le maire informait les conseillers de U 
suite donn^e 4 la question del'ecole des Arts et Metiers. A la suite 
dela visite de M. Cunin-Gridaine, ministrede ragriculture et da com- 
merce, et de rechange d'observations qui eut lieu ontre le ministre et 
les conseillers, ainsi que le dit le chapitre precedent, le Conseil gen6- 
ralda departementetle Conseil municipal avaient porte de 180.000 fir. 



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▲NNfiBisis itr .: 

k 580.000 le contingent offertpar la ville et le dlpartement en cette 
circonstance. 

Mais la preference n'en avait pas moias 6t& accord£e k Aix. Cette 
derniere ville offrait k VEtat non-seulement un local immense/ mais 
les conseils g6a6raux da Var et des Bouches-du-Rh6no votaient 
one allocation de toutes les sommes necessaire? k Impropriation et 
aux frais d'intallation ; de telle sorte que cette 6cole ne coAtait 
rien k l'Etat. 

Nimes etait evince. • 

Le 20 Janvier, k dix heure3 da matin, une c£r6monie interessante 
r£unissait k la Maison-Centrale de notre ville toutes les autoritfe reli- 
gieuses, civiles et militaires. 

On installait solennellement les Fr&res des Ecoles Chi-etiennes, en 
remplacemerit des gardiens com mis it la surveillance des detenus. 

Void les reflexions que sugg6rait cette decision k un journal qui 
% n'est certes pas suspect de partiality, et que j'enregistre avec plaisir (1): 

€ Nous ne pouvons qu 9 applaudir et nous associer de tout notre coeur 
fc une oeuvre aussi erainemment philantropique, et nous ne doutons 
pas que, sous la direction du Frere Facile, auquel la ville de Nimes 
sera toujours reconnaissante des soins qu'il a donn& k sa jeune popu- 
lation, et qui veut bien aujourd'hui ajouter k ses laborieuses fonctions 
une t&che bien honorable sansdoute, mais ausri bien p6nible, nous ne 
doutons pas, disons-nous, que Ton n'obtienne bientAt des r&ultats 
les plus satisfaisans, et nous esplrons tout d'uno oeuvre de morale et 
. d'humanite l la tftte de laquelle nous le voyons place. » 

Tour completer lo3 resolutions prisas en 18(1 au sujet de quartier 
du cbemia de fer, le Conseil adoptait dans sa session de f6vrier la deli- 
beration suivante : 

€ Considerantqu'ilresultedel'arr!tdu I2octobre 1782, que la villa 
poss&de le droit d'imposar des condi'Jons particulieres de construction 
aux propri6taire3 qui, par derogation au dit arr6t,serontautoris6s k 
b&tir au sud de l'E^planade ; 

» Considerant qu'il est d'utilite publique que la ville exerce nn droit 
de surveillance sur les constructions qui seront eievees sur l'avenue da 
chemin de fer, en cherchant toutefois h concilier les convenances archi- 
tect urales et les encouragements que la ville doit en mAme tempi 
donner au prompt developpement du dit quartier . : 
V Les proprietaires ou entrepreneurs qui eifcveront des constructions 

r •» *....•<.".»...» * • •' * 

(I) CourrUr d* Gtri. 



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t. 



^jW HISTOIRB DB NMES 

T irar Vavenue du chemiti de for do Montpellier, seront teous de donner ^ 

k leurs maisons au moins uo premier itage, en conservant ooe distance 

f de quatre metres au tnoins entre le pav6 da rez de chaussge et le pav6 

: du premier Stage. 

2° Les ptopri&airesqui 616veront leurs maisons en arrtere de Tali- 

'gnement, seront tonus d'6tablir . sur le dit alignement une grille de 

^dturfcen fer. -" : - 

Le 8 mai, une 6pouvapiable catastrophe seprpluisait sur le che- 
min de fer de Versailles (rive gauche) et jetait l*£ppuvante dans tojite 

Ha France. : ' * .... ... 

- Leconvoi parti pour Paris h cinq heures etdemie, se composait de 
viogt wagons, conteoant quarante personnel on tout huit cent*, prises 
fr Versailles ou aux diff£rentes stations jusqu'fr cede de Bellevue. 
Arrive k la'descente de ce deroier eodroit, entre Clamart et Meudpn, 

Tessieu de la premi&re locomotive, machine k quatre roues se briss, 
la seconde locomotive qui suivait* 6tait lancte avec une vitesse. telle _ 

~qu*elle Tint heurter la premi&re. Le choc prit une nouvelle violence 
3lu Surcrott de chargement Le chauffeur fut 6cras6; la premiere 
machine arretSe futbrisge en unclin-d'oeiL Le feu tomba entre les 
-rails. En un instant, les premiers wagons jusqu 9 au cinqui&me compris 
furent enflamm6s. Les cris des voyageurs, le tumulte, la confusion, 
•leurs efforts pour 6chapper k une mort imminent^, produisirent une 
sc&ne qu'il est impossible de d&arire, 

x . Quelques voyageurs qui se trouvaient dans les deuxi&rne, troisfe- 
me et quatri&ne wagons 6tant parvenus k enfoncer les portes fermfes 
•sur eux, 6chapp6rent k la mort, mais non sans contusions et sans do 
graves blessures. Tous les voyageurs des premier et cinqui&mo 
wagons au nombre de quarante-deux, p&rirent dans les flammes. 
Quelques rapports portent le nombre des victimesfr quatre-vingts. 
€e soot ces deux wagons qui furent brA16s complement et avec un 
horrible fracas.- En moins de trois quarts d'heure, il n'y avait que 
des cendres. 

*.. Lk s'offtit nn spectacle affreux. Sous les rails 9 au milieu de la 
wie publique , des monceaux de cadavres calcines, enti&rement d6fi- 
•gur6s 9 la tete s6parde du tronc, les jambes couples, les bras Spars. Sur 
les lerres, de chaque c6t6 du chemio, on voyait 6tendus les blesses 
dont plusieurs 6tai*nt k demi-brAl& 9 on entendait les cris lamentable* 
ade: ceut qui 6taient plus ou moins gri&vement bless4s # Une pompe 
arriva aussitdtde Bellevue; mais elle ne put manoeuvres Ceci aa 

• passaiti sept heures un quart, & minuit le feu Stait tteinto ; 



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K ann*b isir- . ' -lit 

On s'empressait da tons cdtes de relever las bless6s, ' las mourants at 
da laur prodigner tons las secours possibles. 
* Parmi lesvictimes: 

On trouva lea tronyuis das corps deM. la contre-amiral Dumont- 
"d # Urville f da sa fern me at da son fils unique, &g& da quinze ani. 
Cette famille etait dans le deuxieme wagon. M. Dumont-d'Unftlle fut 
reconriu par la m£decin qui l'avait accompagne dans sas voyages autour 
c du monde at par le statuaire qui avait an das rapports ayec lui. II rife * 

restart plus da Mlustre navigateur gue lapartie ant^rieure da trooc 
-et un fragment da la michoire. Les' rostes da cetle malheureuse 
"famille furent constates par pi usiaurs personnes'et par lin' fragment 
da lettre k demi-calcin£, trouv6 dans les vfttemehtsdu contre-ainiral. 
M. Dumont-d'Urville, qui avait command^ des expeditions de cir- 
cumnavigation etaffront6 tantde dangers et da mt'adies dans 663 * 
" deiix voyages, at pendant una carri&re da plus de trente-cinq anft6es, 
n'6tait &g& que da cinquahte-un an* at quelques. mois. ir ttait dontrA- 
amiral depuis la 31 decerabre 1840. •' * " - ::rl 

c On se rappelle que ce c£lebre iavigateur avait donn6 le norit de sa 
femrae k la region qu'H avait dtoouverte dans sa dernifcre exp^dftiofl, 
~et quit avait appetee Y& terre A<Ulie. \ v ' — 

Parmi les person nes qui 6chapp&rent k cat 6pouvantable dfoastfe as 
irouvait una da nos compatriotes, Madame Corcenson-Pleindoux. 
"" Comment ne pas 6prouver un serrement decoeuri la lecture deces 
'tristes scenes de desolation qui semblaient donner arriplement raisoh ' 

aux d6tracteurs des chemins da far? L'effet, il faut le dire, fut 
considerable partout et l'impressioa des plus p6nibles. Cependant 
^'installation des chemins de feme s'en ressentit point. Poussg avec 
' vigueur partout, cet outii industrial^ sans ' pareil jusque-lfc, s'implaii- 
tait avac force sur tous las points du territoire. Les villas etles r6- 
pons sa disputaient ces rubans da far qui apportaient avec eux'la J 

rich esse. Nous avons vu d6jk la deliberation du Conseil municipal \~ $ 

r de Nimes repoussant 6nergiqueraent le trac£ du chemin de fer de Mar- v |v 

seille auRhdne adopU parM. de Mont richer. • - "' J 

Apr6s lui, le conseil g6n6ral, Aries, Alais 9 Montpellier, Imirefit das " # ' \) 

~ votes semblables. La lutte fut portte devant la Chambre at s'engagea • . jrj 

r ipre etserree. • ' " : ':•/'•'* V, ; i 

*- Cast dans la stance du29 avril queCoraineri$% la discussion. He * : 1 

tracS par la vallft du RhAne, obtintun triomphe blatant et d4dsif. 1 

*L& int r£tt bppbs& ivaient pourtant un detenseur- da haUte'Valeur | 

et da grand talent : M. Berryrir. - r : * * : ;rf : '-'I fi - "- ~viarj» 



byGoOgK, 






.461 HBIOIRBJJB NIMES — 

Aussi, lorsque M. Talabotarriva k Nimes, re$ut-il do la part do la 
population una ovation Men mlritte. Avec cette rapiditd d'ex&utioA 
qui caract4risait Imminent inggnieur, il forma imragdiatement ane so- 
x£&t& pour l'ex&ution et l'exploitation da chemia de for de Marseille k 
Avignon par Marseille et Aries, d'aprte le traci pr£sent6 par MM. Ta- 
labot et Didioo. 

En quelques jour?, ces souscriptions atteignirent 4 Marseille un 
chiffre trfes 6lev6. A Nimes, quatre-vingts souscripteurs donuerent une 
somme del .345.000 francs. 

Pendant que cette affaire considerable se cr6ait de toutes pieces, le 
jury d'expropriation du chemin de fer de Nimes k Montpellier ter- 
minait ses operations. L'administration avait traits k l'amiable avec _ 
centquatre-vingt*hnit propri^taires; vingt seulement Itaient rifrac- 
taires 4 toute entente. Ces derniers demandaient 236.727 francs 
72 centimes, le montant des offres de l'administration s'61evait k 
74.564 francs. Le jury alloua en definitive la somme totale de 100.028 
franco et 10 centimes. 

Le chemin de fer de Nimes k Montpellier allait done k bref d61ai fitre 
ex£cut6 et livrf au public. 

Le 31 octobre de cette ann6e.se fit une fete qui pouvait s'appsler la 
fSte du chemin de fer du Oard. 

M. Teste, ministre des travaux publics, d£put6 du Gard 9 enfant 
du d£partement et qui pendant longtemps avait appartenu au bar- 
reau de notre ville, vint poser la premi&re pierre du viaduc et du 
d£barcad&ra. 

La population se porta' en foule sur Templacement oh avait lieu 
cette int&essante c6r£monie. La joie se lisait sur tons les visages. Le 
ministre des travaux publics, accompagn6 de toutes les autorit6s du 
d£partement et de toutes les notability de la ville, se renditsur Tern- 
placement de la gare. 

M. Didion, ing6nieur en chef du chemin de fer, pr&enta k M. Teste 
la truelle et le marteau, en prenant l'engagement de le oonvier au 
1* mai 1844, jourde la fete du Roi, k poser le dernier rail du chemin 
de fer. 

Apr&s une allocution 6nergique o& le ministre se Klicita de la mis- 
sion que la confiance du Roi lui avait donnle, M. Teste pronon^a les 
paroles suivantes : Au nom du roi Louis-Philippe I* , je fonde le 
viaduc du chemin de fer de Montpellier it Nimes. 

Le r&eau de chemins de fer qui couvre notre d6partement allait se 
commencer et se poursuivre sans d£W. 



JV:-. 



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ANNtB I tit ':'■••• 

Notre d6partement qui avait 6t6 un das premiers k posstSder une 
Toie ferrto devait, plus tard, £tre un del plus favoris6i sous ce rap- 
port. w 

Le 12 juin, le roi Louis -Philippe signait une ordonnance de dissolu- 
tion de la Gbambre des deputes,, et convoquait les 61ecteurs pour le 
9juillet. 

La lutte que nous avons vu se produire si vivo aux pr£c6dentes 
' {lections allait le deveoir bien davantage encore. L'opposition lSgitt- 
miste et r£pub)icaine avait k cceur de conserver les sieges gagn£s et k 
s'affirmer par unnouveau succ&s. Les constilutionnels br&laient du 
d&irder&parer leurs tehees pr&6dents. Malheureusement pour eux, 
l'opposition se fortifiait 6trangeraent« 

Le r&ultat de l'&ection du9 juillet. ne modifia pas les positions 
acquises et les constitutioooels en furent pour leurs vains efforts. 

Dans le college de Nimes intra -muros, M. B6chard 6tait 6\n par 
416 voix contre 272 accord&s k son concurrent, M. Tur. L'opposition 
llgitimiste remportait li un succ&s 6clatant. 

Le college de Nimes e<ctro-muro$ envoyaitau ParlementM. Toulon, 
rgpublicain, avec 357 voix, et M. de Labaume, son concurrent, rlunis- 
sait k grand peine 171 voix. 

M. Teste, ministre des travaux publics, i&missait it Uz&s presque 
ruoanimiti des votants, etM.de Chabaud-Lalour trouvait au Vigan 
un college presque en totality favorable* . 

Leseul changement que subit la deputation du Gard fut op£r6 k 
Ala is. M. Felix de laFarelle, remplagait k son si&ge M. de Chapel,' et 
battaitM. le g6n£ral Meynadier, son concurrent, de prfcs de40 voix. 

Le Parlement 6tait convoqu£ pour le 3 aoAt. 

A peine les Elections 61ectorales 6taient-elle* termintes qu 9 un affreux 
malheur venait jeter la famille royale dans la desolation et $ausait 
dans la France eotifere une sensation profonde. 

Le 13 juillet/ le Prince Royal, due d*Orl£ans, sortait de dies lui en 
voiturei dix heureset demie du matin. Se disposant 4 partir pour 
Saint-Omer, il allait prendre congS du Boi, k Neuilly. 

Le prince 6tait seal dans sa voiture, dite demi-Daumont portant sur le 
devant un. tambour. 

Arriv6 k la hauteur de la porte Maillot, ce tambour se d6tacha et 
effraya les chevaux qui prirent incontinent le galop. BientAt la voiture 
fut emport£e dans la direction du chemin de la RSvolte. Le prince 
voyant que le postilion 6tait dans rirapossibilitS de maltriser ses che* 
vaux f mit le pied sur le marchepied de la voiture, lequel $tait trts pits 
Sttti»Umlioa,Toa»L 



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HISTOIRB 1»B NIVES 



it 

I: 



1 V 

6 1. 



i I- 









de terre el sauta sur la route. Les deux pieds du prince touch&rent Je 
sol, mais la force d'impulsion le fit tr£bucher ; la Idte porta sur le pav6 9 
la chute fut horrible. Le prince resta sans connais*ance k la place 
mfcmeoii il 6tait tomb£. Le postilion parvenait k arrdter ses chevaux k 
cinquante pas de Ik. 

Un gendarme releva l'auguste bless£ sans connaissance, le trans* 
porta dans la maison la plus voisioe (1) et courut en toute Mte pn5- 
venirli famille royale. 

La reine en 6tait instruite la premiere; et, sur le champ, sans 
attendre une voiture, Sa Majestl accourut k pied, & travers le pare de 
Neuilly, vers la pauvre maisou oh gisait son fils. Le roi, averti 6ga* 
lement, suivit de tr^s prfcs la reine, k pied comme elle 9 et presque 
imm6diatement arriv&rent leurs Altesses Royales Mme la duchesse 
de Nemours, la princesse Clementine, et MM. les dues d 9 Aumale et de 
Moutpensier. 

Au moment oh la reine arriva, de grosses larmes s'6chapp&rent 
des yeuz de M. le due d'Orl&tns, qui n£anmoins resta sans voix. 
L'arrivde da roi, des princesses et des princes parut augmenter 
ces larmes, mais sans rendre la parole au prince, malgr£les criset les 
caresses d£sesp6r6s de son auguste famille. 

M. le docteur Pasquier, de service au palais de Neuilly, £tait d£j& 
pr&sde M. le due d'Orl6ans, lesautres m&Lecins et cbirurgieos du roi 
et des princes s*y rendirent avec lui. 11 examin6rent FtStat du bless£, et 
ils reconnurent et dtklar&rent d&s le premier moment que la catastrophe 
ne laissaitaucun espoir. La congestion c&r6brale 6taitd6j&d&Iar6e. 

La reine demanda un prdtre, et M. le cur6*de Neuilly, s'em~ 



(4) Li maisoa dins laquelle efcpira le doe dX)rl<$ana fot acbetle par la famille royale 
qui dMda de eonslruire sur cct emplacement uoe cbapelle dite de Saint-Ferdinand et 
qui fat eoosacrde seas PinvQcalion de Notre-Dame de Compassion, a la mlmoire de ee 
prince. 

La pierre aacrte de 1'aolel fat plaefe * l'endroit mtine oil le prince royal avalt re- 
port sa l*ie mcortrie et rendu le dernier aoapir. 

Le monument fua&bre qui reprtscnte le prince dtendu ear aa couehe funtbre eat di 
aa talent de M. TriqucUy et de M. Schefler. 

Aa cheret estun ange agenouilld qui eat dA au dseaa de la princesse Marie d'Oridaas, 
la soeurdu dtfunt qni ra?ait pr£c£d6 dana Tdternltd. 

La cbapelle a M eonstroite par ordre do roi sur lea plana de M. Fontaine et tons la 
direction de II. Lefranc EUe est remarqvable par une simplicity relifiense da plua 
noble eflet ; lea fifurea peintea sar lea Titrauz ont 6U composes et dessintes par 
ML lafres. 






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ANNfiB I84t 4«S 

pressa d* accourir. It essaya de parlor au prince , qui paraissait tout 
voir et tout comprendre , mais qui ne put r6pondre* Sea souffran- 
068 sembterent extremes en ce moment 9 et le v6n£rablo pasteur m 
prgpara 4 lui donner I'Extreme-Onction. 

Alors, la pauvre chambre oil se trouvait M. le due d'Orteans prf- 
senta un spectacle d&hirant et sublime. Le roi;la reine, les princes et 
les princesses 6taient k genoux, parterre, autour du moribond, pout- 
sant des sanglots 9 et le prfttre lui administrait le dernier sacrement et 
recommandait son Ame k Dieu . 

L'accident £tait arriv^ k midi moins un quart ; et l'agonie- du prince, 
durajusqu'i trois heures et demie. 

Sous Tiofluence d'une medication ^nergique, l'agonie se prolongea 
quelques heures, et un moment, la respiration parut plus libre, le poult' 
devint sensible et cette faraille d6sol£e eut unelueur d*espoir. Mais k 
quatre heures, il fallut abandonner toute esp6rance de sauver le prince* 
A quatre heures et demie, il rendait le dernier sou pi r dans les bras de 
son p&re 9 sous les larmes desa m&re infortun4e et au milieu des san- 
glots et des cri? de douleur de toute la famille. 

Dansune salle voisine de la chambre mortuaire, les ministres 9 lea 
mar&haux, les hauts dignitaires se tenaient 6mus devant ce spectacle 
douloureux. : - 

Au dehors, une foule 6perdue et consternde se massait devant cette 
modeste maison oil venait d'expirer l'h&itier du trine (1). . 

t Quel malheur pour notre famille, mais quel malheur affreux pour 



(l)Ferdinand-Philippe-Lcrais-Cbarles-Henri d*0r1dans, dtait ne* le 3 aeptembre 4S4#. 
II dtait ag* de trente-on at.s diz mois et diz jo* ray . 

Elcvd dans nos colleges, am applaodtssemenis da pays, il avail pnisd, dans eetta' \ '■ 

Idncaiion forte el virile, d« • |>riocipcs el dea sent meoU qui ool bonord at conrte ear- 
riere. II aimait arde» ment on pays, el il com, renait lont ee qne le baol rang oil la 
eiel Pa vail placd, czigtaii d< d*vouement, dlntelligence el de courage. v \ 

Qoand !a Rdvolntion de j illel eclata, le due d'Orteans o'avait pat encore vingt ana ; \ 
mais, prdpard qnM 6tait pa.* sea fortes diades, il fat sar le champ a la baateor de sa 
graode position. 

Partoat oil nos toldats out ea qaelqae cbote * faire, le prince roysl s*est montrd, A 
Anvers, en Afriqae, il a pave' de aa per*onne,«t notre armce a pa apprdder toot ce : 

qull y avail cbez loi de noble ioatioct mil.taire, dlntelligente sagacitd ei de bravoare' -j; 

personnels. On comprenait qall dtait nd poar commaDder, et cepeadant, daaa aa 
modeste ddfiance de lai-meme, il ne voalait qa'obdir Cest sons les ordres de nos pita 
iUostres vltdrans, lea mardebaoz Gerard et Claazel, qall agagn* ses dperons, at ' 
PesUme que l'aa et l*aatre lai avsient Toaea s 9 adreasait an jeune at brillaat genera!* . j 

beaaeoap plas qal rhdriiler da tr6ne. —(UGM*y « 



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^o-;-v-; \. y: ■■■■:,■ - :; > 

1 464 HISTOIRB DE MMES 

[ :.. : _ la France ! » Telles furentles paroles que pronon^a le Roi lorsqu'il so 

I - -.'", troQva en presence des ministres, r&umant ainsi la consternation de 

! -* . tons lea fiddles de la royaut£ constitutionnelle. 

A cinq heures, la d£pouille mortelle da prince 6tait p!ac£e Sur nne 
liti&re recouverte d'un drap blanc et portte jusqu'fr la chapelle du palais 
i. de Neuilly. 

■}" . Quatre sous-officiers du 17* Wger portaientla liti&re. Derrifere sui- 

: vaient a pied, le Roi, la Reine, la princesse Adelaide sceur du Roi, la 

>\ duchesse de Nemours, la princesse Clementine, le due d'Aumale et le 

r . - due de Montpensier . . Apr&s eux, marchait un long cortfege recueillL 

I Le soir, une voilure emportait sur la route de Plombi&res, la 

I ' - duchesse de Nemours avec une partie de la maison du prince dtfunt. 

i r ■ Madame la duchesse d 'Orleans s'&ait rendue 4 celte station thermalo 

pour y passer la saison. 
Une d6p6che t616graphique informa l'infortunto princesse que son 
u mari 6tait dangereusement malade • Sur le champ elle fit ses prlparatifs 

de depart et rencontra k diz lieues de Plombi&res la voiture qui portait 
■I ; M* Bertin de Vaux , aide de camp du prince t et M. Chomel, son 

m6decin. 

M* Chomel descendit en toute hite et se pr&enta k la porli&re de la 
voiture de Madame la duchesse. A sa vue, la princesse, hors d'elle- 
mdme, s'6cria : c Comment, vous ici 9 son m&lecin ; il est done mort 1 » 
Le docteur ne r6pondit pas, mais son visage d£sol6 rgpondit pour lui, 
et la princesse le pressa rapidement et confus&nent de questions d6* 
sesp6r6es, au milieu desquelles elle s'gvanouit. 
, . Un pen plus loin, Madame la duchesse d'Orllans rencontra la voiture 

de Madame la duchesse de Nemours et de Madame la princesse C16men* 
tine, qui lui apportaient des lettres du roi et de la reine. L'entrevue 
fut ce qu # on doit penser, d&hiranto. 

Le roi la reine et les princesses pr£sentes all&rent recevoir l'auguste 
veuve* Madame la duchesse d'Orteans, abtm£e dans sa douleur parut 
reprendre du courage k la penste de ses enfants* Ces derniers, le 
comte de Paris et le due de Chartres, Itaient arrives le matin &dix 
heures, lis ignoraient encore le malheur qui venait de les frapper, 
bien qu'ils fussent aflect£s p£nib)emeht de la contenance d6sol6e de 
leurs parents et des personnes qui les entouraient. 

Lorsque Madame la duchesse d'Orllaqs se trouva en presence de ses 
deux fils elle les embrassa Tun et l'autre et leur dit avec la sublime 
resignation de la veuve et de la mire : c Mes enfants, vous n*avez plus 
de p6re, Dieu Ta rappel6 k lui, et nous ne nous reverrons que li » • 



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D'autres membra de la famille royale 6taient absents le jour dec* 
fatal accident. • • < • 

M. le due de Nemours 6tait occup^ k passer, k Nancy, urie inspection . ' > 

dans le premier regiment de hussards. 

Leg6n6ral Viltatte Tut charge sur le vu d 9 une d6p&he t616graphique ' /' : 

d 9 apprendre la nouvelle au jeune prince. II s*avan$a vers lui chancelant ^ 

etM. le due de Nemours l'apercevant qui pdlissait lui dit : . 

c Qu 9 avez-vous, g6n£ral? vous paraissez souffrantl — Ohl Men- » V 

seigneur, une horrible nouvelle arrive de Paris... — Je vous comprends.' '/.;-/ 

Leroi est tu6 ! . . . — Non ; mais le prince royal n'est plus 1 II est mort 
bier, k Paris, des suites d 9 une chute de voiturel... • II n'est pas 
possible de donner une id6e du d£sespoir qui a'empara en oe moment 
de M. le due de Nemours. . ." 

La reine des Beiges, fille du roi de France, et le roi, son man, arri- 
vSrent eusuite ravivant le d6sespoir de cette famille si cruellement 
gprouvte. . - i 

Cet tenement douloureux produisit k Nimes, comrae dans toute la 
France, une sensation profonde dans toutes les classes de la population. 
Les rancunes des partis, les passions politiques se turent devant ce 
cercueil ouvert dans des conditions si aflreuses it un jeune prince qui 
paraissait destine k occuper un des plus beaux trdnes de l'universet 
qui disparaissaitainsi impitoyablement fauche alors que, pleind'intel- ; 

ligence et d 9 avenir, toutes les espgrances de la nation se r£unissaient 
sursatete. J 

Aussi la ville prit-elle le deuil dans la jqurrite du 14 juillet. On se - ''-- 

souvenait de cette visite que le prince avait iaite k la ville en 1832 et 
dontj'ai donng les details dans un prudent chapitre. • . 

Le Gonseil municipal se r4unit le 25 juillet pour dlliblrer sur un -, :" 

— projet d'adresse au Roi. Mais il ne se trouva pas en nombre pour pren- . . ; 

dreune deliberation. ^ 

En consequence, le maire, les adjoints et les membres presents arrt- 
tferent entre eux le texte de l'adresse. \ % V 

Ce m6me jour, dans les eglises des deux cultes, sec^iebraient des ser- 
vices religieux en mgmoire du royal d£funt. Ces ceremonies eurent lieu .-.-,." 
k la Cathedrale et au petit Temple, en presence de toutes les autorites . - KJ 
judiciaire3 9 civiles et militaires et devant une foule empressle et \v f 
recueillie. • ^ . I 

Le 62* regiment d 9 infanterie, alors en garnison k Nimes, tirait une ' - ]} - 5 

salve devingt et un coups de canon pendant ces services. ; v: 

Les fetes dites des Troi*-Journ6es furent naturellement priv&s d«J '.V ;. 



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• Ml 0I5T0IRB DB NDfES — 

toute manifestation^ lea drapeaux arborgs 4 cette occasion furent 

recouvorts <Tun crdpe. 
Pendant que Nimes, coraine tootes les villes de province prenait le 
[ deuil du prince royal, Paris se pr£parait ifaire an due d'Orteansdes 

I fun6rail)es splendides. Le 30juillet 9 une foule immense s'6chelonnait 

> de Neuilly 4 Notre-Dame poor contempler le cortege funebre qui 

; * ' aocompagnait it la m&ropole la d£pouille mortelle du prince. 

[ Et le 3 aoAt, 4 neuf beures du matin, se c6l£brait le service fun4bre 

| dans la vieille ba*ilique au milieu du Parlement, de tous les grands 

[-: dignitaires et de tous les corps constituls de la nation. C'est 4 Dreuz 

[ . que les restes mortels du due d'Orl6ans furent inhumes. La famille 

i d'Orllans posside dans cette petite rous-pr£fecture du d6partement 

d'Eure-et-Loiiy un ch&teau qui a 6t6 construit sur Fern placement d'une 
\ vieille forteresse. A quelques pas du cbiteau, s^live une cbapelle sous 

i laquelle sont les caveaux de la famille. Ce monument, surmonl6 d'un 

ddme, qui s'apergoit de loin, est plaoS sur une bauteur dominant 
[ toute la viile. On Ta appe!6 avec quelque raison le Saint-Denis des - 

r princes de la mooarcbie constitutiohnelle* 

! Ce fut la princesse Mario, la soeur du prince royal qui, frapple et 

{ arracbte k la gloire des arts par une mort impr£vue, vint reposerla 

I premi&re dans cette demeure souterraine. 

Le roi entour6 des princes de la maison royale vint recevoir le corps 

de son bien aim6 fils et assister 4 son onsevelissement. La c6r6monie 
r .*. eut lieu au milieu de r&notion g6n6rale des assistants et avec cette 

solennit6 touchante et grandiose qui avait marqu6 le service fun&bre de 
I . Paris. 

( -. Avant derendre les derniers devoirs au prince b^ri tier, le roi avait, 

devan$ant la date primitivement fixto, ouvert lui-m£me le Parlement 
j . le 26 juillet. II prononga dans cette circonstance le discours suivant : 

; i » Dans la douleur qui m'accable, priv6 de ce fils cheri que j'avais 

crudestin6 4 me rem placer sur le trAne, et qui £tait la gloire et la 

consolation de mesvieux jours, j'ai 6prouv6 le besoin de biter votre 

reunion autour demoi. 
; » Nous avons ensemble un grand devoir h remplir. Quand il plaira 

\ k Dieu de m'appeler 4 lui, il faut que la France, que la mooarcbie con- 

i stutionnelle ne soient pas un .moment exposles 4 une interruption dans 

| ' Fexercice de TautoriU royale. Vous aurez done 4 d£lib£rer sur les 

; mesures n&essaires pour pr6venir, pendant la minority de mon bien- 

aim6 petit-fils, cet immense danger. Le coup qui vient de me frapper 
j ne me rend pas ingrat envers la Providence, qui me conserve encore 



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▲NNfiEltiS .' • Iff 

des enfant* si digues de tout© ma tendresseetdelaconfiance dola - 
France* . 

» Messieurs, assurons aujourd'hui le repos et la s£curit6 de notre 
patrie. Plus lard je vous appellerai k reprendre, tor les affaires de 
l'Etat, le cours accoutum6 de vos travaax »• 

Ce discours, si digne, si noble, dit assez fes grosses preoccupations 
qui assilgeaient k ce moment les partisans de la monarchie consti- 
tutionnelle. 

La situation 6tait grave en effet 4 ce moment. Un roi £g6 9 un 
h&itier pr&omptif encore enfant, offraient pour l'avenir uneressouroe 
incertaine, en presence de rWritier legitime de la liaison de Fraqce 
que l'exil tenait; il est vrai, loin de nos fronti&res, mais que la Provi- 
dence pouvait ramener sur le sol fran$ais, en presence aussi des 
menses et des tentative* du prince Bonaparte, et en presence surtout 
de l'oiganisation mena^ante du parti r6publicain, toujour* prftt k 
descendre dans la rue pour recueillir sur les cadavres de quelques 
naifs le pouvoir convoit£ par une poignte d'ambitieux. 

La destin£e du roi £tait d'autant plus pr&aire que non-seulement son 
Age avanc£ pouvait laisser pressentir sa fin prochaine mais que Ton pou- 
vait supposer que les ardents du parti rlpublicain n*h&iteraient pas k 
renouveler contre Louis-Philippe les attentats criminels des premi&res 
ann&sdurogne. - . 

Les coosid6rants qui accompsgnaient le projet de loi sur la rSgence 
d£pos£ le 9 ao&t sur le bureau de la Chambre par le ministfere, sont 
le - reflet de ses pr£occu pat ions : 

t En presence de la plus brillante families dit Fexposg des motifs, 
qui se soit jamais range autour d'un trdne, la France semblait en 
droit d*esp£rer qu'elle n*auraitpas de longtemps k s'occuper de fixer 
T3ge de majority de se* rois. 

» Nous avons 616 frappls tout k coup dans nos plus ch&res confiances ; 
detoasIe8 malheurs qui pouvaierit nous atteindre, nou* avons subile 
plus impr£vu. Aucune Ipreuve ne nous aura manqu6 dans notre travail 
pour la fondation d'un gouvernement libre et d'uno dynastie nationals 

» Accomplissons les devoirs que nous impose cette situation doulou- 
reuse. Dieu qui a convert les jours du Roi d'une protection si visible, 
nous conservera longtemps encore cette vie si pr6cteusedo la patrie. \ 

» Mais le Roi lui-mftme en s'inclinant sous les dlcrets de la Provi- 
dence, a embrass6 d'un ceil ferme toutes les chances de l'avenir. 

> II s'est hk\6 de vous rlunir autour de lui et vous Taves vu lutter 
contre sa douleur pour vous demander de rassurer la France. 



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m HISTODtB DB NIMES 



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* R£pondons & ce noble appel et montrons an monde que les coups les 
plus rudes no sauraient Ibranler l'6difice qui a resists i tant do secousses. 

» ••• (Test leseul espoir qui puisso adoucir Jo deuil do la Franco 
ot porter quelques consolations dans le cceur brfofi da Roi. * 

Le projet do loi qui suivait so composait do six articles dont void la 
tenenr: f 

» Article premier. — Le Roi est raajeur i l'igo do dix-huit ans 
accompli*. 

» Article 2. — A Tinstant do la mort du Roi, et lorsquo son succes- 
sear est mineur, le prince le plus procbe du trdne. dans Tordre de 
1 1 \ succession Itabli par la Charte de 1830 et &g6 de vingt et un ana 

; : -; accomplis, est invest! de la rlgence pour toute la dur£e de la minority 

2 L, » Article 3. — Le plein et entier exercice de Tautorit^ royale, au 

:i [ nom du Roi 9 appartieot an Regent. 

.] ^ • » Article 4. — L'artide 12 de la Charte et toutes les dispositions 

legislatives qui prot&gent la personne et les droits constitutionnels da 
Roi sont applicable* au Regent. 

» Article 5* — Le Regent prtte devant les Chambres le serment 
d'etre fiddle aa Roi des Francis, d*obtir k la Charte constitution- 
nolle et aux lois da royaume, et d*agir en toute chose dans la seule 
vue de l'intfret du bonbeur ot de la gloire da peuple fran^ais. 

* Si les Chambres ne sont pas rgunies, le Regent les oonvoque dans 
an dllai de troii mois. 

» Artide 6. — La garde et la tutelle da Roi mineur appartiennent 
& la nine oa princesse sa mfere, non. remartee, et, k son dlfaut, k la 
reine oa princesse son aieule paternelle 6galement non romance. 

» Fait an Palais de Neuilly, le 9 aoflt 1842. » 

Le 20 aoAt la Cbambre adoptait le projet pr&6dent sans modifica- 
tions par 31 voix contre 94* 

Pradier, Imminent sculpteur, dont j'aurai l'occasion de parlor sons 
pea et qui a laiss6 k Niraes des ou vrages d 'une incontestable grandeur 
fat charg6 de faire ane statue en pied du due d'Orldans pour le palais 
do Versailles et une statue couchte pour le tomboau de Dreux. 

Le roi , voulant rattacher le souvenir de son fils k la creation des 
chasseurs k pied dont la' formation avait 6t6 confine aa prince royal v 
d&nda que les dix bataillons de cette arme prendraient k l'avenir Ta 
denomination de chasseurs d'Orldans* 

II n'est pas inutile de mentionner que da fond de sa retraite de 
Kirchberg, le due de Bordeaux adressa k Louis Philippe , dont ii 6tait 
to filloul 9 ane lettre de condolence sur la mort da prince h&ritier ♦ 



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AimftB itit <*• 



Cette d-marche solennelle, faite par l'auguste exfl6 9 dit assez haut 
quel ocBuret quel esprit do haute r&ignation animait ce prince qui, 
pour le malheur de la France, *st mort loin d'elle et sans avoir pu lui 
prouTer l'ardeote affection qu'il ressentait pour sa patrie. 

L'lbranlement caus6 fc la monarc'iie eonstitutionuelle par la mort 
impr&rue du due d*Orl6aos fut A coup sAr une des causes primordiales 
de latemp&equi 9 que1que*ann£esplustard 9 allait emporter sur la 
terre 6trang6re le vieux roi etsa nombreuse famille. 

Ce fut un moment de stupeur qui affligea profond6ment les plus 
fidfeles et les plus dlvougs. II y avait U comme un encouragement k 
d'autres esp&rances les unes legitimes, les autrescoupables 9 et l'oppo- 
sition allait redresser plus vivement la tftte. 

L'annte 1842seterminadans ees dispositions d f esprit pour tons. 
SousTinfluence de ces inquietudes, lea Elections dlpartemeetales pas- 
s&rent presque inaper$ues , bien que M. Blchard, le candidat tegiti- 
miste, f At <61u dans le 3 # canton de la rille par 250 voii. tandis qua 
M. Gazay 9 candidat constitutk>nnel 9 n*en obtenait qua 108. 

MM. Liotard et Cornier, membres sortants du Oonseil d'arrondisse- 
ment 9 furent r&lus dans le 1* et le T cantons. 



NOTE 



Undes plot aecieas membres de FAcadtaie da Gird BKKtratletO aoreabre de eetts 
mtaeaandt. 

Louis Aabaael diail ad i Nimes ea ITS*. 

Cddaot i an gofti qui a ton jours did domiaaal daas le seia deFAcaddiBie daGarit 
il steeape arec qaelqae sacefcs de l'dtede des aotiqvitds. 

Iltommaniqaa i FAcaddmie da Gird qadqaes mteeires sar les moaameals aettqaes 
de sa villa aatale, mdmoires qui sent meniioaads oa aaaljsds daas les Notice* dee 
Uravaux de VAcadimi* du Card. Oa tram aassi daas ee reeaefl deax aatres derits qal 
laisonldtk: aneSto.it/tgm moral* du Gard el ane eolleetfoad'/aseripflea* dfetrattqall 
atail reeaettQes el eipliqades ea socidld area sea coUtgae Trflis (1> Mais cfcsl sarloal 



(l) MUk$im 9rmmm defleeMmk** Omrd pm i—i rmmt$\m % p. 



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170 HBTOIRK DK NQIBS 

par set podtiee langiedodennee qn'Aobanel est conna. Son out rage le pins remarquable 
en cc geore eat noe traduction (TAnaerdon. 

Alexandre Vinrena, diaait que de tootee lea tradocliQna d'Anacrdon, tacrine ne 
rendait mieax I'eepril el la grice da teile. 

Brudii tana pldaoUtae, et aimant de a'entonrer de beaai el riches soavenira da 
patsd, M . Aubaocl avail an rlnnir one collection dca plot prdcieoact et dea plot varices. 
Ce goto Iclaird lui avail aeqaia bort de not mora one rdputaiion tr£t-rdpandoc parmi 
lea hommct aptoaox ; daaa ootre ville, il Pavait rendu populaire ; c'dtail a Ini qne 
Partitao, le cnliiTatcar e'e npreatait d'apporter'lee dlconvertet que rdtMe cheque ro- 
nmemenl de noire tol antique. 



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CHAPITRE TREIZlfiMB 



(Anno* 4S43) 



SOM M AIRE 



Election depabtbmentale. — Depabt db M. db Jessaint. — M. Dabct, pbefet do Gabd. 
— m. lb babon db fbccnebes pbomu ubgtbnant-einbbal. — sbs ameux a la 
population. — Elections mcnicipalbs. — Lbs vols a Nixes. — Inondations. — 
La nocvellb mnaaPAUTi. — Exposition dbs Beaux-Abts. — Lbs Cabmbutbs a 
If n 



Noos avons vu, en term in ant le cbapitre prudent, que Fopposition, 
fortifita par la disparitioo inopinle du prince doat Faveoir aa trdne 
6taitassur6tant it cause desesgualit6s que de la popularity doot il 
jouissait, se mettait en campague avec plus de resolution que jamais. 
- LV lection au conseil g6n6ral qui eut lieu le 10 Janvier 1843 est un des 
indices de ce nouvel £tat de cboses. 11 s'agissaitde remplacer M. Gonet, 
mori d'une attaque d'apoplexie k la findu mois de d£cerobre et qui . . I 

repr&entait, k l'asseinblle dSparteraentale 9 le 2* canton de Nintes. | 

M. Gonet 6taiten raftme temps procure ur g£n£ral. | 

La lutte fut ardente de part et d'autre. Les constitutionnels tenaient . '. | 

itconsenrerce siege pour lequel ils d&ign&rent, d'un commun accord, / f 

M. L&nce Maurin, inembre de FAcadlmiedu Gard. . .. * ] 

L'opposition, groupie autour deM, Boyer Alphonse, sepr&entaitau - 

scrutin avec le d&ir de triompber, cotite que coAte." 

M. Alphonse Boyer Femporta avec 136 suffrages , alors que If. L. 
Maurin en rfunissait k peine 72. 



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lit HISTOIRB M NIMES 



Un mouTementadministratifavait 6t6sign6d&s le commencement 
! ; do l'ann£e et atteignait la prefecture da Oard . M . le baron de Jessaint 

! « quittait Nimes 9 aprte un s6jour administratif de huit ans , pour alter 

i Chart res. II gtait remplac£ par M. Darcy, pr6fet de l'Aube. L'ordon- 
nance qui portait ce mouvement £taitdat£edu 6 Janvier. 
L'administrationdeM. de Jessaint avait£t6des plus flcondes pour 
: v le Gard et pour Nimes en particular • II- avait ara61ior6, avec 

leconcours duConseil g6n£ral, toutes les routes du depart eraent ; il 
avait assist^ i Inauguration du cbemin de fer de la Grand'Combe k 
'Beaucaire, pos6 la premifere pierre du Palais de Justice et celle du 
\ "; Viaduc. En partant, ce fonctionnaire distribuait, au nom du ministre 

' : des traTaux publics, que nous avons vu l'annte pr6c6dente pr&ider la 

^ _ fete des cliemins de fer du Gard, une m&laille pr&entant l'effigie du 

Boi et, au revers , Inscription suivante : 

|!«V.. CHBMIN DEFER * 

DBMONTPBLLIERANISMES. 
\\ - ' JLOI DU 45 JOILLET 4S40. 

VIADUC DE NISMES, 

LA PREMlfeRB PIERRE 

DE CB MONUMENT A tit POSftB 

LB 31 OCTOBRB 4 Sit \ \ 

SODS LB RtoSB DE I 

S. M. LOUIS-PHILIPPE I" - 

ROIDES FRAN^AIS 
PAR M. TESTE, MINISTRE 
' ~ DBS TRAVAUX PUBLICS. 

M. LEGRAND, SOUS-SECRfiTAIRB D'fiTAT. 

M. DE JESSAINT, PRftFET 

DU DfrARTEMENT DUGARD 

M. DIDiON, INGfeNIEUR EN CBBF 

DUGHEMINDB FER 



Ongravaiten mftme temps, sur la fr^ade Est du Palais de Justice, 
Finscription suivaute : • 

€ Souslertgne de Louis-Philippe I", roi des Fran^ais, le baron de 
Jessaint, prtfet, assist* de M. G. Bourdon, architecte, a port la pre- 
miere pierre de ce monument en presence desautoritgs du d6partement 
duGard. 

» Le Xlllseptembre M-DCCCXXXVIII *. 

Le snocesseur deM. de Jessaint, M. Darcy, arriva k Nimes le yen- 
dredi 10 ftvrier , accompagn6 du nouveau procureur-g£n6ral# 



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ANNfiE 4$4S 4t9 

M. Plougoulm, celui-l& memo que les Toulousains ayaient chass6 da 
son hdtel low des troubles du recensement. * 

Jecroisqu'il est opportura de rappeler ici que sur la demande da 
M. de Jessaint, M. Paulin Talabot, inglnieur, Tan desgArantsda 
chemin de fer du Gard t s'ttait occup6 de chercher les moyensde pr6- 
yenir les accidents sur la ligne et d'appeler de prompts secours,* l'aide 
de signauz qu'on placerait k certaines distances ♦ 

(Test ce que dit tout au long rarnitS prtfe toral du 16 janyier, sign* 
de Jessaint. 

cH. Paulin Talabot adhere au d&ir que nous lui avions manifest* 
de voir sa soci£t£ Itablir sur la ligne un service de signaux fixes. 

»Ces signaux consisteront en deux plaques de tflle Tune blanche, 
l'autre rouge, tournant autour d*un cercle et marqueront par des 
signes conyenus silayoie est libre ou occupte, etc, etc., *'. * 

Ces appareils se sont depuis singuli&rement amlliorgs et se perfee- 
tionnent tous les jours, mais il est constant que nous devons k un 
• com pat note et & un administrateur Eclair*, les premiers 616mentfl de la 
s6curit6 que Ton ait pu obtenir sur les voies ferries. 

Cette meme ann£e devait enlever k Nimes un autre citoyen 
d'adoption. M. le baron de Feuch&res Venait d'etre 6ley£ par ordonnanca 
royale au grade de lieutenant-g£n£rai. Cet avancement m£rit6 fut 
favorablement accueilli par notre cit6 f reconnaissante des bienfaits qua 
la main g£n6reose du baron de Feuch&res avait ripandus ayec iant 
d'abondance sur la population indigents 

Aussi le g£n6ral adressa-t-il aux habitants de la villa lalettresui- 
yante d'adieux, lorsqu'il se rendit k son nouveau posta. 

« MES ADISUX AUX HABITANTS DK NtMKS. 

-- - 1 r 19mai1843. 

» Hier 9 mes adieux k la garnison Itaient ceux du cbef militaire k ses 
subordonn6s, ceux du p&re k ses enfants qu'il aime et qu f il regirette. 
Aujourd'hui, c v est aux habitants da Nimes que je las adressa ; cTast 
d'eux que jeviens prendre congl 1 

i Plusieurs fois vos magistrats ra'ont honor* du titra da citoyen, da 
Nimes; j'ai redit comMenil m'ltait pr&ieuj; plus tard f jevous en 
demauderai la ratification. Adieu done mes chars coocitoyens, adieu, 
yous que j'ai meet queje regrette aussi I 

» Dans quelques jours je yous aurai quittfs, la coeur plain da bans 
souyanirs et ayec la d&ir Wen yif da retrouyer, quandja reyiendrai 



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1 



"474 mSTOIRB DB NIMES " 

parmi vous, les mdmes sympathies dont vous m'avez donn6 de si nom- 
breoses et de si touchantes preuves. Adieu I 

i Lb Lieutenant-GinMl, 
» Bauon de FEUCH&RES. * 

La veille, i quatre heares de Faprfes-midi, avait eu lieu, sur la place 
du Cours-Neuf, uae revue dTionneur dans laquelle le Iieutenant-g6n6- 
ral baron de Feuchires avait fait ses adieux k la garnison et avait 
reconou M. Garrelet 9 ex-colonel de la garde municipale de Paris r . 
appete aux fonctions de mar&hal de camp, commandant le d£parte- 
ment du Gard. 

Nous n'avons pas eu occasion de traitor longuemeot la question des 
travaux du Conseil municipal. Ceux-ci se r&luisaieot k peu de choses, 
&ant donnge la quantity de travaux engages sur tous les points de la 
ville. 

Quelques-uns de ces travaux avaientune importance considerable. 
L v £glise Saint-Paul en particulier, dont la construction r£guli&rement 
menge depuis la derni&re adjudication s'6levait d6j4 k la fin de cette 
annde 1843 jusqu'& la toiture, et dont le clocher et la fldche devaient 
se construire en 1844. 

L'agrandissement du College dont le devis total s'61evait k I00 9 000 
francs, chiffredans lequel la ville entrait pour 60,000 francs. 

Le Grand Temple pour lequel l'ach&vemeot de la facade d'une part 
et des travaux de infection int£rieure exigeait 58,317 francs. 
' La maison principale des Fibres qui devenue iosuffisante r&lamait 
des agrandissements indispensables et dont le coAt atteignait 33,000 
francs. 

La reconstruction presque totale de la maison de la Calade ayant 
pour but d'assurer une position coovenable aux 6coles de fabrication, 
de chant, de dessin, aux 6coles primaires, soit 23,090 francs de 
dlpenses. 

Les travaux d'agrandissement de la maison des orphelines, appelte 
la Providence. lvalues k 70.000 franc?, dont moiti£ k la charge de la 
ville et moiti£ supports par des legs pieux , notamment celui de 
M ,to d'Alison. 

En un mot, les travaux entrepris ou k eotreprendre constituaient 
pour la ville un engagement total de 653,000 francs. Le budget de 
1844, vote dans la session de mai, consacrait k l*ex6cution de ces 
travaux une somme de 234,716 francs sur un budget en recettes do 
689,758 francs. 



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ANNtB 414* 47S 

Le restart servait k assurer les dlpenses ordinaires et laissait encore 
un exc£dant de recettes de I ,6S6 francs. 

On con^oit qu'en presence de ces Inormes engagements , de ces 
chantiers ouverts ayant tous un but d'utilitl immediate ou d'eni- 
bellissement', le Conseil se soit en entier cousacrg i la Uche ingrate 
d'6quilibrer convenablemeot son budget et d'alimenter toutes les' 
op6iationsentreprisessans faire souflrir aucun service municipal . 

Deux questions furant agittes dans cette session de mai qui ont re^u 
depnis la solution demandde, dont une toute r&ente. 

II s'agissait de faire disparaltre les lavoirs de la Bouquerie et de la 
place d'Assas pour reconstruire Tun dans le quartier de l'Bnclos-Rey, 
l'autre dans le quartier du Jeu de Mail. 

Enfio, il fut d£cid6 d'utiliser le vieux cimeti&re, abandonn£ depnis 
huit ans 9 que la ville poss&tait dans le qnartier du Jeu deMail. On 
r&olut de d£molir le vieil abattoir situ£ sur la place da MarchS aux 
Boeufe, et de transporter les services auxquels il 6tait destinS partie 
dans le grand abattoir public, partie dans le terrain de Jeu de Mail, ce 
qui devait augmenter la surface du march£ aux boeufs (IJ. 

Le renouvellement Iriennal de la moitil du Conseil allait introduire 
dans noire assemble municipale des 6l6ments nouveaux. 

Les conseillers sortants &taient: MM. Girard, maire; Montagnon, 
Boissier, Delacorbiere, Eraile Bonuaud, Charles deSurville, Alphonst 
Boyer, a\ocat ; Sabran, Maxime Baraguon, Martin, docteur ; Curnier 
pire, Fr&i&ric Vidal , Augustin Bame, Salavie, David Carcassonne, 
Gignan, Philippe Malhieu, B6chard, d£pnt£, et Bousselier, conseiller k 
la Cour Roy ale. 

II y avait aussi k remplacer M. Gonet, d6c£d£. 

Les Elections commdnc&rentlejeudi 8 juin. 

MM. Vidal Fr6d6ric, Adolphe Blanchard fils, Augustin Bame, 
Curnier pftre, Emile Bonnaud, Eoiile Delacorbiere, Oirard, Montagnon, 
Philippe Mathieu, Gignan, David Carcassonne, de Trinquelague, Abric- 
Chabanel, Maxime Baragnon, Alphonse Boyer, de R£gis, de Perrin et 
Bousselier furent 61 us. 

En outre M. Dominique Bolze, negotiant, remplafa M. Sabran, d6- 
missioonaire ; M. N&gre-Bergeron fut 61u k la place deM. Casimir 
Boissier, noromg conseiller de prefecture, et M. Bourdet, dlmissionnair* 
fut remplac£ par M. Martin. 

(4) L'abaltoir tIcux s'appclait autrefois Us Vitux~Egorgeoir$ el oceapaH Ptnpli 
mat tar lequel sttdve aelaellement TOratoirt* 



tizedby Vj 30QIC ' -, j. 



I t «• . EBTOIHl DB NIMES 



Les operations 6lectorales prirent finle samedi, 24 join, ayant donnl 



lieu A Tingt et una nominations. 
■ ■ ' • Stir dix-huit membres sortant, quatorze 6taient r&lus. Trois con- 

* settlors s'ltaient voloctairement retires : MM. B6chard, de Surville et 
\\ - Salavie; lequatrifeme&aitM. Gonet* d£c£d6. 

I : -- Depuis les Elections de 1831, 6poque de la mise k execution do 

[ [ . : la loi da 21 mars de la m£rae annte, soixante-huit citoyens de la 

r -. ville avaient 6t& successivernent appetes i Cure partie da Conseil ma* 

| : nicipaL 

Onze conseillers munidpanz en 1843 appartenaient au Conseil, sans 

interruption d'exercice, depuis la premiere formation. 

I Nous avons dljfc vadans un chapitre prudent qu'une bande. de 

t ;*-v voleurs, dont le aifege 6tait i Bouillargues, jetait la terreur dans notre 

; f . Tille. Cette bande, saisie par la justice, avait 6t6 sgv&rement con* 

damnle. 
\\ \ Dans les derniers jours de l'ann£e 1842 etdans les premiers mois 

! ; : de l*ann£e 1843, de nombreux vols r£v616rent la presence d'une autre 

association de personnes exerc£es k cette criminelie Industrie. 
Pendant quelque temps, malgr£ d'actives recherches, la police ne put 
; ; "' en d&xmvrir les auteurs, et quoi qu'elle exerjit une surveillance 

! [ vigilante, peu de nuits se passaient sans un vol nouveau • II fallut m£me 

en arriver k faire paroourir la ville par des patrouilles emprunt£es k la 
garnison. 

Cependant i la suite destructions parvenuea au parquet la nou- 
velle bande fut saisie rue de la Faience et aa mas de Oibelin. Cinq 
accuses coin pa m rent devant la cour d'assises, trois hommes et une fern* 
me. Le chefde la bander un nomrag Cauvin, fatcondamnl i vingt ans 
de travaux forces, avec exposition ; les autres accusds eurent k suppor- 
ter des peines diverses. 
!J- -' . Lea d£bats avaient dur$ trois jours devant une foule consid6- 

Y\\ • rable. ' 

\\ " Le mois d'octobre 1843 fut marqul par des pluies torrentielles qui 

provoqu&rent une crue de tous les cours d*eau de la region. Le Rhdne 
. monta d6mesur6ment. Heureusement les digues que Ton avait recons* 
truites k la suite des d&astres de 18i0et 1841 r&ist&rent mieux k 
Faction des flots t et les inalheurs que Ton pouvait craindre furent 
4vit6s en partie. 

ANimes, la Fontaine grossit au point qu'on ne pouvait comparer 
cette crue extraordinaire qu*l celle de 1827. Le Cadereaa s'enfla 6gale» 
ment dans des proportions extraordinaires et se rtpandit dans la 



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ANNiE 1843.. 477 \ ~ 

plaine qu*il submergea. II ne r&ulta pas de grands dommages de 

cette inondation presque subite; les travaux da chemin de fer en con* :• \ 

structioa de Nimes k Montpellier eureat seuls k souffrir et farent in* 

teiromjnis pendant quelques jours. 

Ce meme mois, une ordonnance royale, dat£e du30, nommait la 
nouvelle municipality en suite des Elections municipales. 

M. Girard «Hait maintenu dans ses fonctipns de maire. . 

Les adjoints 6taient MM.Delacorbiere Louis, Michel Casimir et Nfegre- ' - 

Bergeron Prosper. "* 

Le pr£fet installa la nouvelle municipality le lundi 20 novembre en " _ 

presence duConseil municipal. 

J'ai parte en son temps de la tentative d'assassinat commise par un 
nimois, Alibaud, sur la personne du Roi, k la suite de laquelle Afibaud, . 
jug6 par la Cour de* Pairs, f ut exlcut£ k Paris. II n'est pas sans int£r£t ; 

de rapporter ici que Louis-Philippe, touchl de l'6tat de dgnuement 
dans lequel se trouvaitla m&re de ce malheureux assassin, lui fit par- . " 

venirsursa cassette particuli&re une somme destinge k soulager cette 
infortunge avac promesse de nouveaux secours. : / 

C'est le maire de Marseille, oil s'6tait retiree cette pauvrefemme, qui ^ 

fut charge par le Hoi de lui remettre le royal secours. 

11 y a dans cet acte jin tel cachet de noblesse et de grandeur qu v il ne '/ 

pouvait passer inaper^u. • „ 

Le 1" d£cembre s'ouvrait an Mus6e une exposition de peinture et de ; 

sculpture. Nombre d'artistes de la region concoururent et pendant 
plusieurs jours une foule considerable ne cessa de se pressor dans le 
local de l'exposition. 

Parmi les artistes niraois qui y figur&rent dignement, nous citerons 
Paul Colin, Numa Boucoiran, Simil, Jules Salles, deux debutants qui : ,; 

promettaient et qui ont tenu ; Eug&ne Bspion qui s'6tait d6jk fait 
remarquer par un portrait Iquestre du g£n£ral baron de Feuch&res, - \ 

toile qui fut offerte en don k la ville de Nimes et que le Conseil muni- \ 

cipal accepta avec reconnaissance, et Jalabert dont le tableau, Thibet • p 

ravage* par la pesle, faisait esp£rer un maltre, suivant l'expression de -fj 

Jules Canonge. ~ r \;:'; 

II est impossible de parler peinture sans mentionner le passage 
k Nimes de Paul Delaroche, qui se rendait en Italic. Le calibre 
auteur de notre Cromwell, avant d'aller aux sources mftme de Tart *■"/• ;| 

completer son remarquable talent, visita nos monuments antiques J | 

s'extasiant devant les lignes imposantes de l'architecture romaine. ' : \ ].\f 

Dans les derniers jours du mois de d&embre commencdrent les tra- !; 1 

Slxl&awllfnlsM,1ta»I. ft ' « I 



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}f~ ' - US % \ HISTOIRB DE N1HE5 — ^?* - 

-j- • ' raux de dlblaiement de l'Esplanade tela quo nous les avons vu vot&i 

i ' par le Oonseil municipal Faunae pr£c6dente. Nous aurons occasion d'y 

j * * ~ revenir* 

i Cost £ cette Ipoque que remonte la creation fc Nimet, d'une cbmrau- 

naut<§ de religieuses Carmelites, institution Itablie en France par le 
cardinal Blrulle et dontla foodation remonte k 1533. 

| > . La communautf 8 v 6tablit tout d'abord rue du Pont de la Senrie. 



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GHAPITRE QUATORZlfiME 

(AnaeeMM) 



SOM M AIRE 



BLBGTNQI LBGBLATIVB A UZBS. — La REIKI D'EsPAOSB A NOfSS. — OftAGB ELECTBIQOB* 

— Reception db la voib db Nihbs a Montpbllier. — Adjudication db la uchb. — - t 
Lb Gonseil municipal db Nimbs a Montpbllieb. — Fetes dqnnbbs pa* u Gorsbtl 

MUNICIPAL DB KlMES AU GONSBIL MUNICIPAL DB MONTPBLUEB. — Co.NGBLft gO Efl l lPl Q UB % 1 ' 

A KlMES. — FONTADfB DB l'ESPLAKADB. — GONCOUBS. — EXPOSITION INDUSTUBLLS A 

Pabjs. — Recompenses. — Appaibb do Maboc bt db TaIti. — Indemnit* Pbjtcsabd.* ---;'. ■'{ 

— Votacb do boi en Anglbtbbbb. — Alphonsb dbSbtnbs. -» Fbbdbbjc Boilbao db 
Caitelnao. 



L'annle 4844 s'ouvre par un changeraent dans la deputation do , - : 

Card. M. Teste, depute d'Uz&s el ministre des travaux publics, avait - •" ' Vi 

6t6 nomme, par ordonnance royale du 16 dteembre 1843, president de -- : ■ ] 

la Chambre k la cour de cassation et eieve fc la diguite de pair. Comma : . \ j 

consequence de cette nomination, le college d'Uzcs fut appeie k eiire \ •> , \ 

un nouveau representant. '* ; . : 4 

M. Charles Teste, fils du precedent, se mit sur les rangs concurrent- ; j; 

ment avecM Charles de Labaume, qui Tut 61 u par 246 contra voix208. % 'U 

Le24fevrier, S. M. la rei no Christine traversal t not re villepoorse .- r 

rendre en E*pagne. Bile arriva k trois heures de l'apr£s-raidi et ne prit \ 

que le temps de relator. Elle fut salute par l'Evftque, la Prefet, le 
Maire et le General. Une foule considerable de curieuz mass^e depots 
l'Esplanade jusqu'au chemin d' Avignon Tint voir le cortege royal. La 
reine arriva k la fron tftre le 27 do mftme moia. 



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m HISTOIRB DB MIMES '•— 

» 

Des pluies torrentielles vinrent encore k la fin du mois d'octobra 
ravager plusieurs points da depart em eat. Le Garden, la C&e, le 
•Vidourle sort i rent de leurlit, ravageant toutsur leur passage. 

A Nimes 9 dqa orages d'une violence inoule, eclaterent k plusieurs 
reprises , et Stat particulier k noter : ces orages furent surtout des 
trombes £lectriques. 

Un de ces m6t£oresjeta la consternation dans una villa voisine, Cette. 
Le 22 octobre, dans l'apres-midi, on entendit an grondement terrible 
qui dura environ deux minutes. Subitementlestoituresde la villa volfe- 
rent en 6clat t projet&s au loin. .Des maisons k quatre Stages furent 
rashes. Dans presque tousles appartements 9 lescloisonsfurentd6truites 9 
les crois6es arrach£es et bris6es 

A ce ph£nom&ne vint s'ajouter un terrible raz-de-mar6e qui culbuta 
et coula une grande partie des bateaux qui 6taient dans le port. 

II y eut environ cinquante morts et un grand nombre de blesses. De 
m£moire d'homme, on n'avait entenda parler ded&astre semblable. 

Nous avons vu lorsque M. Teste vint pr&ider la tete des cbemins de 
ferdu Gard le 31 octobre 1842, et poser la premi&re pierre da viaduc 9 
que M. Didion 9 inggnieur en chef du chemin de far de Montpellier A 
Nimes, avaitpromis que cette voie serai t terminte pour le 1" mai 1844, . 
jour de la ttte du Roi. f 

L'engagement pris par M . Didion 6tait une r6alit6; le mardi 30 avril, 
laligne fut parcource pour la premiere fois par une locomotive sett- 
lement Le depart eut lieu k huit beures du matin. Leretour de Mont- 
pellier k Nimes s'effectua en une beure vingt-buit minutes. 

La locomotive Stait mont£e par MM. Didion, Vinard, Talabotet 
6onnaud 9 qairentr&rent k Nimes k deax beures vingt-buit minutes da 
soir. 

Ce premier essai avait attir£ une grande affluence de spectaleurs. 

Le3 mai, eut lieu un second essai pr&idl par les antorit&du Gard 
et de l'Hfrault. Le parcours s'effectua trois fois dans la journge entre 
Nimes at Montpellier, toujours avec un 'succ&s qui ne laissait rien k 
d&irer et au milieu des acclamations et des applaudissements de tons 
les habitants des communes traversles par la nouvelle ligne* 

Malbeureusement, la ligne quoique termini ne pouvait £tro mise en 
service* LeParlement ne s*6tait pas encore prononc£ sur le sy*t&me 
d* exploitation qu'ilconviendrait d'adopter. La ligne avait&lconstruita 
aux frais de l'Btat. II ne s'agissait plus que de recherche** le meilleur 
mode de mise en activity. Ce retard <Hait pr6judici able aux nombreux 
Jnt6r6ts que la voie ferrle 6tait appelto k desservir, Ausii laChambro 



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ANNfeE 4144 .411 

de Commerce de Nimes demanda-t-elle i plusieurs reprises qa'un ser- 
vice provisoire f At organi*6 ea attendant la d6cision da ParlemenU Les 
plaintes ne fureot pas 6cout6es, mais la loi fut vot£e dans an d61ai 
assez rapprorhl. 

Le 16 juillet 18W les Cbambres d&ridaient que celte noavelle et 
importaote voie de communication serait donnte en adjudication pa- 
blique. 

Une soci6t£, a la t£te de laquelle se trouvaient MM. Emile Delaco^- 
bi&re, Felix de Surville, banquier, et Ag6nor Molines, banquier, se 
forma au capital de deux millions de francs divisds en quatre mille 
actions de 500 francs. 

Cette soci6t6 avait en Tue de participer k l'adjadication qui 9 suivant 
an arr6t£ prgfectoral, fut fix6e au 18 septembre de cette mfime annte, 
sous condition que les concurrents devaient pour soumissionner d£po- 
ser an caationuement de 500,000 francs. 

Cinq concurrents se pr&ent&reot. La Sociltl dont je viens de dire 
quelques mots fut d£clar£e adjudicataire. Parmi les quatre 6vin- 
c6s, 6tait une autre Compagnie nimoise, MM. Mourier fils cadet, Emil? 
Bonnaud et Maxime Baragnon. 

Cette adjudication .se fit k la prefecture avec une certaine sqlennit£. 

M. Teste, sous le mini. st fere duquel cette voie ferine avait M cons- 
traite, assistait k cette reunion, ainsi que M. Roulleau-Dugage, prgfet 
de l'H6rault. II y avait foole dans la salle de I'Hotel de la Prefecture et 
sur la terrassequi y conduit. 

On attendait avec une vive impatience le moment oh serait procla- 
m£ le nom de la Compagnie adjudicataire. Les nimois ne tenaient pas 
k ce que des Strangers puissent s'emparer de la ligoe et on savait que 
Montpellier et Lyon pr&eotaient des concurrents tr£s slrieux. 
_ La rival it6 ^tait surexcitle au plus haut point surtout entre Nimes 
et Montpellier, d'autant plus que dans la salle cette deroi&re ville 
£tait representee par trois oa quatre cents personnes. 

MM. Delacorbifere, F. de Surville et A. Molines, l'eraporterent en 
s'engageant k lournir k 1'Etat une rente annuelle de 381,000 francs. 

Bien qu 9 uneordonnauce royal e eftt, le i- novembre,approuv6radju* 
dication qui precede, cependant l'ouverture de la lignen'eot lieu/ 
com me nous le verrons, qu'au commencement de Fannie suivante. 

L'heureuse solution de cette grosse question provoqua entre les corps 
constitu£s de Montpellier et de Nimes on lebange de politesses,et da 
gracieusetls. . 

Cest ainsi que le f7novembrele Conseil municipal de Montpellier 



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I« J HISTOIRK DB NIMES _ 

invita le Conseil municipal de Nimes i un grand banquet qui r6unis* 
sait ainsi, suivant la pensfe des organisateurs, «c les repr&entants let . 
plus intimes des deux Villes auxquelles about it le magnifique chemin 
de fer dd au vote intelligent des pouvoirs de I'Etat, et an talent Sprou- 
v6 des habiles inggnieurs des Ponts-et-Chauss6es. * - 

Cette fetede famille, k laquelle le Cooseil municipal de Nimes assista 
presque au complet, eut lieu au Peyrou. La municipality nimoise 9 . 
transport^ par la nouvelle voie k Montpellier, trouva en arrivant dans 
cette derniere ville la population montpellilraine massfe aux abords 
du d^barcadfere. 
Elle mit pied k terre au milieu des hourras populaires. . 

D&s leur arriv£e k Nimes, les membres du Conseil s'occup&rent de 
rendre aux membres du Conseil municipal de Montpellier la ftte qui 
venait deleur etreofferte. 

II fut d£cid£ que 9 le i- d&embre, un banquet r6unissantles deux 
Conseils aurait lieu au foyer du Th&tre. A cette occasion, une ffite fut 
organiste, k laquelle prit part toute la population nimoise, aux Arfenes. 

Au jour fix£ 9 un convoi portent les administrateurs de la Compagnie 
du cbemin de fer et le Conseil municipal de Montpellier, partait du 
chef-lieu de l'H6rault k dix beures un quart. Salu6 sur son passage 
par les vivats enthousiastes des habitants de la campagne, il arriva k 
Nimes k onzeheures et demie 9 au milieu d'un immense, contours de 
specta tears, venus de tous les points du d£partement pour assister I 
cette solenuit&. 

Apris une longue visite k la salle de la Biblioth&que oil 6taient 
exposes les divers produits des manufactures nimoises 9 et k tons 
les monuments de la ville, les deux Conseils se rendirentauxArines, 
pour assister k une ferrade. 

II est difficile de se faire une id6e de la majesty da spectacle qui 6tait 
r£serv6 aux hdtesdenotre cit6 ♦ One vaste loge pavoista de pavilions 
tricelores et de banni&res flottantes, aux chiffres M N, portant coufon- 
dues les armoiries des deux villes, avait 6t6 pr£par£e pour les recevoir. 

Dans l'enceinte immense del'ancien monument romain, pas une place 
n'£tait rest£e inoccupte ; cbaque gradin 6tait reconvert par une foule 
compacte qui accueillit avec des applaudissementsprolongfa les repr$- 
sentaotsde la ville de Montpellier. Yingt-cinq mille spectateurs se 
pressaient dans nos Artnes. 

Apr&s le banquet, le cortege se rendit dans la loge qui leur avait 6t6 
pr6par£e au th&tre 9 pour assister k la representation de la Jbint d* 
Ohypr*. . - -,_ ,.. 



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ANMftE IS44 •". ~ lit 

Let invito de Nimes fbrent log& par les soins de la municipality an 
Luxembourg, etle lendemain lundi, ils aasist&rent k une grande revue 
sur l*Esplanade et dljeun&rent dans un© des sallea de l'Hdtel de Villa. 

Favorite par nn temps splendid©, cette fete fut v6ritablement gran* 
diose aotant par lea prgparatifa que par l'ordre et la tranquillity qui 
ne cess&rent de r^gner dans eette foule compact© et anira6e. 

Quelques mois auparavant 9 1© 1 #r sept©mbr©, une solennitt d'un 
% autre genre avait r£uni k Nimea lea savants de France comme venaient 
de se riunir lea 6diles de Montpellier et de Nimea. 

L© Congrfes scientifique ouvrait aa douzi&me session au Palais de 
Justice. L© president g6n6ral fut M. le oomte de Oasparin 9 pair de 
France, ancien ministre et membre de Tlnstitut. 

Les quatre vice-pr&idents 6taient M. de Caumont, M. le comte F6lix 
deMfrode, M. le chevalier Bertini, doyen de la faculty de Turin, et 
M. Guillory atn6 f d'Angers. 

Le CoDgrfes se divisa en cinq sections* 

M.Plagoiol, inspectcur de TAcadimie, k Nimea; M. Dumas, pro- 
pri6taire,g6ologue, deSomraieres ; M. de la Farell©, d6put£ ; M. Nicot, 
recteur de l'Acad6mie de Nimes ; M Reboul, po6te, occup&rent des 
postes de vice-presidents dans les diflferentes sections.- 

Les travaux du Cougr&s dur&rent jusqu'au 9 septembre et occup&rent 
sept sdances. II vota dans sa derntere reunion sept vceux ap&aaux : 

1°L'institution d'une caisse de retraite pour lea ouvriers ; 

2* Une loi sur 1'irrigation ; 

3 # L'ex&ution des lois concernant l'obligation du livret pour le* 
ouvriers agriculteurs ; 

4* La creation d'un minister© special pour l'agriculture; 

5* Le dlgr&vement du commerce de vine ; 
_& La suppression du titre d'officier de sant6 ; 

7* L'abolition immediate de l'esclavage des n^gres dans les colonies 
fran$aises. , . • 

L'Assemblte se slpara en dteidant qu'une mldaille en bronze 
~~ serait frappta pour perp6tuer le souvenir du Congrfes de Nimes. 

Le CoDseil municipal avait contribu6 pour une large part k la tenue 
de ce congr&s scientifique en mettant k la disposition de l'Acadimie du 
Gard, une so mm© d© 3,000 francs. 

C'est dana la session de mai que fut votde cette allocation. Dana la 
meme session, le Conseil 6tablit le budget de la villa et s'occupa de la 
fontaine monumental© k flever au centre de l'Bsplanade dans l'axe 
de la nouvelle aVenue. 



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J$4 HBTOiRB DB NMES _ . 

La fontaine qui se trou vait 4 cet eodroit, ence moment, ne d£bitait 
que haft pouces d'eau, mais il fot d£cid£ qu'il fallaitprSvoir quela 
fontaine. k ex£cuter pourrait recevoir une quantity d'eau plus consi- 
derable* 
_ Dans des 6 valuations pr£alables 9 le Conseil avait indiqug la somme 

. de 40,000 francs comme la limite approximati ve-du prix de la fontaine ; 
ce chiffre fat d6finitivement fix6 k 50,000 francs. - 
| - Le projet 6tait mis au concours. L'auteur du projet adopte devait 

recevoir une somme de 2,000 francs ind£pendamment da droit qu'il 
aurait de dinger lai-mdme l'ex6cutioo des travaux. 

Les mat£riaux employes devaient fitre principalement les pierres de 
Roquemalli&re et de Lens. Le marbre et le bronze 6taient admis comme 
accessoires. Chaque projet devait 6tre adress6fc la mairie au plus tard 
lei" octobre 1844. 

Vingt-sept projets iurent envoy£s an concours. lis furent exposes 
publiquement k la Maison-Carrto depuis le dimancbe 13 octobre jus- 
gu'aa 13 novembre. Le 22 da m£me mois, le Conseil municipal 
nomma un jury compost de douze membres, savoir : six pris dans son 
sein, six pris an dehors* 

Cos six deraiers comprenaient deux ing6nieurs en chef des Ponts-et- 
Chauss6es 9 trois architectes et le directeur du Musfo. 

Sur les vingt-sept projets pr6sent£s 9 vingt-deux furent 61imin6s par 
le jury et cinq seulement jugte dignes de son attention. 
I { , Le num6ro 2 t portant pour 6pigraphe : « A chacun selon sea oeuvres* ; 

le numero 5 9 aveccette gpigrapbe: c Prosp6rit6 9 commerce, Industrie »; 
le num£ro 7 : t Aide-toi 9 le ciel t'aidera » ; le numero 19 t avec cette 
6pigraphe : € Ui prosim* ; et enfin le numero 21 qui portait comme 
6pigraphe : c Utility et embellissement. » 

Deux deces projets, les numfros 19 et21 9 furent juggs susceptibles 
. d*ex6cution. lis 6taient Tun et l'autre congus avec beaucoup de talent, 
de gotit et de con vena nee. 

L 9 un 9 le numero 19 9 fut adopts. II est inutile d'enfaire la descrip- 
tion. 

Le numero 21 secomposait d'un monument carr6 9 tr£s artistement 
d£cor6 9 ayant deur facades principals**, une tournge vers le boule- 
vard, l'autre vers l'avenue. Sur ces deux faces 6taient deux statues 
plac&s chacune dans une niche et sur les deux faces lat£rales des 
medallions ornementAs. 

Ces deux projets parurent Tun et l'autre si recommandables et 6tu- 
dtes avec tant de soin 9 que le jury r&olat de sollkiter da Conseil 



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ANNftE fill 1ST 

municipal l'allocation d'mie prime en favour du projet qui ne serait 
pasexfcoti. 

A l'unanimitA le num6ro 19 fat adopts par le jury. 

Le 2\ d6cembre, le Conseil, rfuni pour cot objet f d£cacheta lea plia des - 
deux ouvrages couroon6s et d6cida quo le projet de la fontaine monu- 
mental© num6ro 19, 01 prorim, apparteoant k M. Questol, architected 
Paris, sorait mis k execution aur la promenade de l'Esplaaado. - 

Qu'un t£moigoage honorable d'estime avec prime de 1,000 francs 
serait accord* k M. Lfon Feuch&res, architecte k Paris, auteor da - 
num6ro2l. 

Pendant que le Conseil traitait cette question et cr6ait ainsi uno pro* 
menade qui devait etre magnifique, il s occupait aussi d'am61iorer not 
boulevards* II mettait k l'ltude le dallage en asphalte des allies ser- 
vant aux pistons. 

CTgtait one grosse d£pense k ajouter k toutes folios qui so faisaient 
pour transformer complement notre vieille cit*. 

Le d£veloppement des boulevards attaint environ deux mille mitm 
et les deux allies ont une largeur moyenne de cinq k sept mfetres. 
La surface g£n6rale k daller 6tait done d'k pea prts douze mille 
mitres et la ddpense s'6levait k pres de 100,000 francs. Aussi, ne faut» 
il pass'6tonnerqae prenanten consideration ce projet, le Conseil en 
ait renvoyl l'ex£cution k une 6poque plusgloignto, aprte l'ach6vement 
des grands travaux, guid£ en cola par des motifs de prudence et d*6co- 
noraie que Ton ne peut qu'approuver. •' -• 

Mais la question 6tait poste, et elle devait k bref d£lai etre r&olue. 

Une exposition g£n£rale des prodaits de I'indastrie s'ouvrit k Paris, 
le 1 tf mai 1844, dans les galeries du palais des Champs-Elysges. Le 
29juillet, le Roieotour6de toute sa maison, des grands dignitaires, 
disttibuait aux exposants, d6sign6spar lejury, les decorations et les 
m6dailles destin&s k constater et k r&ompenser le succ&s dolour* 
travaux. 

Laville do Nimos participa largement et gloriousement ^ cette expo- 
sition. Sur cinquante m&iailles d 9 or, acoordtes k Tindustrie des tissus, 
les (abricantsdeNimes en obtinrent deux que remport&rent MM. Flais- 
sier frferes et Devize fils et C. 

Sur soixante-douze rappels de m6daiUes d'or, Nimes en eat ane quo 
remportaM. Curnier. 

Sur cent quarante-six mddailles d'aigent, six furent remporttes par 
des fabricants nimois : MM. Chardon, Constant, Prade-Foulc, Fibre et 
Bigot, Daudet-Qaeiretj, LecunetO% • - 



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HISTOIRB DB MMES 



Ooze rappels de m&iailles d'argent faront le lot des fabricants 
nimois, gar soixante-dix-sept distributes. 

Cette victoireindustrielleseconapteta par dix m&lailles de bronze et 
eioq rappels de mgdaillesde bronze. 

CT6tait 14, uq magnifique r&ultat. Le Gard t da reste, tiat honorable- 
meat sa place k c6t6 da chef-lieu . 

Un journal de l'6poque jugeant les prod u its exposes gcrivait ce 
qui suit : 

c Le Oard a envoy6 k l'exposition deux on trois hommes remar- 
quables, parmi lesquels nous citerons de preference MM. Flaissier 
fibres, M. Lecun et MM . R6dar&s fr&res. 

»Cesing6nieux fabricants, MM. Flaissier surtout, ont imports dans • 
le Midi l'industrie des raoquettes qui appartenait au Nord. lis leu root 
donnl une couleur, un £clat, on mouveroent jusqu*alors incoonu, et 
par des proc&tes assez&onomiques pour que leurs prix soient facile- 
ment abordables. 

t II est facile de voir que memo poor les dessins, les nimois sortent 
des senlier? battus t etse font un genre original, dont les produits.ont 
vivement frapp£ Fatten tion par la nouveautl et l'gtegaoce. 

» Aubusson leur a fait des commahdes, c'est tout dire. » 

De tels 6loges, justement m6rit6s, enorgueillisent k bon droit ceux 
qui en soot directement 1'objet el la ville qui poss&de de tels industriels. 

Pendant que nos fabricants lultoient ainsi patifiquement avec ceux 
de la Prance, en Afrique nos affaires prenaient tout-&-coup une tour- 
nure de plus en plus grave. 

L'emperenr du Maroc avait fait des pr£paratifs de guerre consi- 
derables pour s'opposer k une entreprise qoelconque de l'armte 
espagnole lors de ses diffi&rends aveccette dernidre puissance. 

Mais so sentant rassurg de ce c6t£, le sultan marocain se tourna 
contre la France dont le voisinage en Alg&rie l*inqui6iait considera- 
ble ment. Quinze h vingt mille Arabes 6taient rassembl6s sur notre 
fronti&re, et, devaot cette attitude, le g£n6ral Lamorici&re qui com- 
mandait k Oran dutconcentrer toutes ses forces pour etre prtt k tqute 
Eventuality. La situation s'aggrava outre mesure par suite du cban- 
gementde front de noire ail i6 l'6mirAbd-el-Kader. II fallait songeri 
pr£venir tout dfeastre. Le mar&hal Bugeaud se rendit sans plus 
tarder de ce cAt* pendant qu'a Toulon une expedition s'organisait 
portant des renforts.it notre colonie alggrienne. 

Le prince de Joinville s'embarqua sur le Suffren pour rail ier Oran.et 
se meitre k la tdte de notre division navale de la M&literranie. - . 



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ANNftB l$44 ~ W 

Les hostility, d£ja commenctes, exigeaient qu'on agiss© avec 
vigueur. Le 6 aoAt, le prince de Joiuville ( I J bombardait Tanger et le 10 
il traitait de mftme Mogador. Ces deux brillantes affaires furent 
conduites par le prince avec une bravoure et une intelligence retnar- 
quables* 

Pendant qu'avec nne precision et une hardiesae sans conteste' le 
prince culbutait les forts marocains, bouleversant tons lears moyens 
de defense, le mar&bal Bugeaud reroportait sur les troupes arabes 
la sanglante et brillante ▼ictoire de Tlsly (2% mettant ainsi fin k cette 
guerre qui pouvait devenir des plus dangerenses. 

A ces preoccupations s'en ajoutaient d*autres non moins graves. 
L'amiral Dupetit Tbouars avait pris possession, dans les mere de 
l'Odanie, de Tile de Taili, et y avait, bien que sansordres, plants le 
drapeau fran$ais« 

II en 6taitr£sult6 dansllle une propagande moiti6 relfgieuse, raoitiS 
politique, qui s'efibrgait de cr£er k la France des difficult^ et des 



(i) Praiie^Terdinand-Philippe-Louis-lfaric d'Orldans, prince de JoioviUe, est nd a 
Neuilly, le 14 aoot W3. 11 fit ses blades an college Hrnri IT. 

Le Roi le destioa de bonne heure li la marine el dirigea yersceile carrierc son In- 
struction el ses blades. A treize ans, il s'embarqua conrae aspirant poor les mors da 
LeYanL. 

Rentrd en France, il y passa de brillanls examens ea 1834 el fnl apres nommd dlere 
de premiere dasse. Remarque* parson apUtode ei son xele il fat proma le 25 aool 4t3S 
eoseigne de Yaisseaa. 

II ewreprit ea telle quality na long voyage deludes sar les e6Ces <TAngleterrc 
dlrlande el dlfcosse ; le prince sy occupt snrtonl dliydrbgraphie, fat charge* do detail 
de tons les sondages el descend!! plusieors fob sons la cloche a plongenr poor y sni?re 
de ses propres yenx des observaUoos scieniifiqoes de grande portee* ' 
_ Nomine" le t"aoot 1S36 9 lieutenant de vaisseao, Jl Tisita tool rorienl el pins tard 
fit campagne dans le golfe da Mexique et an Brlsil. 

Cest a Rio-Janeiro qo'il cut recession de Toir la princesse qai derail nnir son sort 
an sien. 

Aa Mexiqne, il se distingaa par soa intrepidity aa siege de Saint-Jean d'Ulloa. II 
recnl en recompense le grade de capitaine de xa aseaa. 

Nous arons vn qall avail en llcsigoe bonnenr de ramener de Sainte-Helene les 
restes mortels de IVmperear. Kommd cootre-amiral le 31 joiltct 4S13, il extents la 
campagne dn Uaroc avec aa lalent incontestable. Soa coap d ceil prompt et snr, sa 
justice et sa borne* diaient rlputdes panni les marina qai anient ea lai la plus grande 
confiaaee. 

(i) Ua de nos compatriotcs, H . le capitaine d'ltat-mjjor Jirras, se dlslingna lent 
parUcalierement a cette batallle et fot did de la facon la* plus remarqnable dans It 
rapport da mardobal Bugeamd. 



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m H1ST0IRB HE NIMES — 

embarras sans cesse renaissants. Le consul -missionnaire anglais 
Pritchard, poussait la reioe Pomarg k protester contre noire domina- 
tion. Des seditions 6clat&rent sur plusieurs points oik notre drapeau 
et nos nationau* furent l'objet d'insultes et de menaces. 

Pendant que nos troupes repoussaient les attaques des insurgfo (1), 
le missionnaire Pritchard attendait les 6veoements, pret k s'embarquqr 
suivantla tournure que prendraienMes choses. C'est alors que M. 
d'Aubigny, commandant par interim k Pap&ti, ca pi tale de Tile, lefit 
saisir et mettre au secret. Pritchard fut embarqug ensuite sur un navire 
anglais qui faisait voile pour 1'Angleterre, par les soins de l'amiral 
Bruat 

A peine cet Svenement fut-il connu en Europe, qu'il faillit allumer 
une guerre terrible entre la France et 1'Angleterre. Cette dernfcre, par 
l'organe de son premier ministry sir Robert Peel, s'exprima en termes 
peu mesurgs pour le gou verpement fran^ais. Le langage imprudent des 
hommes d'Etat anglais, leur demande publique de reparation pour la 
grossiere insulte faiie* un sujet anglais, suivantleurs propres termes, 
excit&rent une bien vive indignation dans toutle pays. 

Le ton d'une partie de la presse anglaise deyint aggressif et l'oppo- 
sition en France chercha k pousser M. Guizot dans les voies extremes 
et h rompre sans h&iter toutes relations avec 1'Angleterre. 

De part et d autre, la situation se tendit et la mauvaise humeur 
britannique no connut plus de bornes lorsqu'elle vit notre escadre 
cingler vers le Maroc avec Tintention arr6t£e de (aire respecter notre 
drapeau. 

Le canon de Tanger et les charges d'Isly eurent pour effet d'exalter 
s'il est possible l'hostilit6 de nos voisinsqui nous accus&rent de vouloir 
conqu6rir le Maroc. Notre premier ministre avait cependant ras*ur6 
l'opinion anglaise par une declaration importante faite uu mois avant 
que l'empereur du Maroc ne fiU d6fait par le mar£chal Bugeaud et 
avant le bombardement de Mogador. 

Dans la stance du 5 juillet, M. Gtuizot avait formellement annonc6 
k la Chambre des deputes que le gouvernement frangais n'avai t abcun : 
projet sur le Maroc. et qu'il n'avait pas l'inteution d'augmenter notre 
territoire en Afrique. « Jetsuis oonvaincu, disait M. Guizot A la Chambre 
des pairs quelques jours apr6s, que Inoccupation du Maroc cr6erait pour . 

(4)11. Alex. Coloodre, dlt?e de prendre claste ii bord de la frigate YUramis se 
condoltU dans ees dreonstanees de la facoa la plus brillaate. M. Coloodre <tait de 
Mines, 



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ANNfcE I $44 fit 

nous plus de difficulty et n6cessiterait plus d'efifortsque la presence 
d'Abd-el-Kader sur ootre frontiere ne Ta fait jusqu'a present. Ce n'est 
dooc pas uq moyeo de mettre uq terme k nos difficult^, et pour mon 
compte je suis bien r£solu k ne pas employer ce moyenv » 

Mais il en cotitait peu aux politiciens de Lcndres de nous prater 
gratuitement des idles d'annexion. Le traits coaclu le 10 septembre 
entre l'empereur du Maroc et la France riot h point rassurer les sus- 
ceptibility anglaise*. La delimitation des fronti&res resta d6termin£e 
entre le Maroc et 1* Algeria com me k l'gpoque o&lesTurcs occupaient 
noire colonie. Un des articles du traitSconcernaitspdcialement Abd-el- * 
Kader que le sultan marocain reconnaissait hors la loi et s'engageait k 
poursuivre k main arm£e dans toute l'&endue de son territoire pour 
le mettre' k notre disposition 9 si Ton pouvait s'emparer du c£l£bre 
agitateur. 
On ne pouvait £tre plus mod£r6apr&s la victoire. 
En mftme temps se r£glait entre le cabinet de Saint-James et le goa- 
% vernement fran$ais I'affaire Pritchard. La conduits de M. d'Aubigny 
it l'egard du consul anglais fut l'objet d 9 une excuse de la part du ca- 
binet frangais et une indemnity fut accord£e k Pritchard. 

L'Angleterre 6tait satisfaite. La reine en prorogeant le Parlement 
faisait dire aux Chambres aoglaises par l'organe du lord cbancelier: 
« Sa Majest6 a 6t£ r&emment engagfo dans des discussions avec le gou- 
vernement du roi des Fraoyais, sur des ev&oements de nature k inter- 
rompre la bonne intelligence et les relations amicales entre la France et 
l'Angleterre. 

» Vous vou3 r£jouirez d'apprendre que grice 4 l'esprit de justice et 
de moderation qui a animS les deux gouvernements, le danger a 6t6 
heureusement 6tiurt6t . 
_ EnmJme temps la reine d'Angleterre 6crivait uoe lettre autographe 
au roi Louis-Philippe, k Tissue de cette stance de prorogation, oil elle 
laissait £clater toute sa joie. Cette lettre contenait une invitation pres- 
sante au Roi de se rendre k Windsor pour la fin du mofs, gpoque k 
laquelle la Reine devait 6tre de retour de son voyage en Ecosse. 

Cartes on pouvait, & bon droit, se feliciter d'avoir. 6chapp6 aux 
terribles cons£queoces d'une guerre entre les deux nations; on pouvait 
se r6jouirdecequelapaix, un moment compromise, 6tait consolidle. 
Ce sentiment si naturel ttait celuide tous t mais on se demaudait k 
quel prix on avait pu gagner le repos. Le patriotism de certains voyait 
les choses sons un autre jour et craignait que trop inf<Sod£e k FAa- 
gleterre t notre allite de quatorze ans », suivant repression des 



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journaux officieux da temps, le gouvernement ne se soit laissg alleri 
I certaines compromissions, n'ait 6i& par trop faible vis-*-vis le cabinet 

| * anglais. 

II ne faut pas oublier qne le souvenir des lattes suscit£es par l'An~ 
| ; gleterre contre notre pays gtait k ce moment plus vivace qn'il ne Test 

j \ actuellementetque lag6n£rationde l*6poque avait encore present k 

resprit les d&astresdus fcla hainebrita unique. 
\ * - Ce fat done dans le pays en tier une explosion d'indignation contre le 

: \. ministtre, autenr des concessions faites au detriment de notre orgueil 

' ^ . national, et qui rejaillitjusqa'anroi qui eouvraitdesa supreme auto- 

- ■ . ritt les agissements tninist^riels. 

-/ - - Aussi le traits oonclu avec le Maroc ne parut-il qu'un acte de 

; pusillanimity aux yeux d'hommes pr6venus ou aveng&s par la 

1 ... passion, et l'arrangement avec l'Angleterre, au sujet des affaires de 

v - Taiti, une hontease abdication de la France. 

Le voyage du roi, en Angleterre, qui dura du 7 au 15 octobre, 
[ . aurait ii& g6n6ralement agprouvg en d'autres circonstances; mais en 

raison de ce que je viensde dire, il fut consid6r6 com me un manque- 
raent absolu i la digoit6 de la France. 

L'instrument official qui rgglait l'affaire de Tattr atteignait surtout 
le minis tre des affaires 6trang6res et avec lui le cabinet ; le voyage k 
Windsor, ex£cut6 par la famille royale; rendait Louis-Philippe soli* 
:-'"' . daire de la politique minist6rieHe accus£e de faiblesse. 

i . J 9 insiste sur ce point, car au milieu de tant d 9 autres 9 il est une des 

[ caract6ristiques de la revolution qui jeta bas le trdne de Louis* 

{ ." Philippe. 

II n'est pas gtonnant qu'un roi &g6 de soixante-onze ans ( \) ait h6sit£ k 
s'engager dans une lutte dont ler&ultat 6tait incertain, alors quel'h6- 
; ritierdelacouronne 6tait encore un enfant; M.Guizot, ensuivantcette 

politique de paix k ou trance, rendait k la monarchic constitutionnelle 
un pr&ieux service, aux d6pens de sa propre popularity. 
Mais ce service pr&aire engageait Tavenir dans des conditions fort 
. [ / graves, commenous le verrous par la suite. 

Toutes ces impressions, Nimes et sa population les ressentirent k des 
i I '. degr£s divers. Lescoostitutionnelss'efforc&rentded&endre cette poli- 

tique qu 9 ils pr&entaient comme dictte par la sagesse et la prudence. 
L'oppositioo, au contraire, que nous avons vue viclorieuse dans notre 
ville et s'emparer peu ipeu de toutes les positions, puisait dans ces 



(i)Uals-Pliillpps toil atle loelobrt mi. 



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ANNtB 1*44- IM 

faiti one nouvelle force et avait h sa disposition ua terrain tout trouv6 
pour faire valoir ses reproches et ses recriminations. 

Au8si la naittance du due d'Alen$on, fils du due de Nemours, le 
19juillet 9 et celled* lafille du prince de Joioville t le 13 aoflt, pass&rent 
presque inapeifues. 

II en fut de mftme du manage du due d'Aumale avec la pnnoesse . 
de Salerno, qui se c£16bra k Naples le 25 noyembre, k ooze heures^du 
matin. 

CTest sur oette p6nible impression que se ferme l*ann6e 1844. Les 
esprits n'avaient plus pourle regime constitutionnel les m£mes Igards. 
L'&atde malaise indlfinissable quis'empare de la nation dSs ce mo- 
ment pour aboutir it la catastrophe finale, va aller s'acoroissant, a'en- 
venimant sous l'influence des attaques passionntes de I'opposition. 
C'est la faction r£pubiicaine qui va profiter d'un 6tat de crise dans 
* lequel ellepourrafc merveille cheminer souterrainement, miner pen k 
peu le trine et, une fois 6branl6, le pr&ipiter ibas. 

Alphonse de Seynes, n£ k Nimes en 1786, et mort dans cette ville le 
7 octobre 1844, a, le premier, public un recueil lithographic des mo- 
numents romains que ran ferme sa ville natale: Ce recueil, qui se 
compose de 16 planches in^folio, lithographic par Motte, est intitute: 
Mtonumenls romains de Nimes. . 

Alphonse de Seynes Ctait un trts habile dessinateur ; on a de lui 
quelques petites toiles qui ne manquent pas de mCrite. En 1808, il fut 
chargC avec M. Liotard, par l'administration municipale, en execution 
de laloi du 16 septembre 1807, de dresser un plan g6n6ral d'aligne- 
ment de la ville de Nimes. MM. de Seynes et Liotard ne se boroferent 
pas k suivre le plan desprojets antCrieurement proposes, ils indiquft- 
rent certaines modifications d'alignement dont il serait possible de 
tenir compte pour les travaux futurs. C'est d'aprta ce travail que, le 
20 juin 1841,leConseil municipal a fix6, pour les diverses rues et 
places de la ville, des rectifications dont plusieurs ont 6tA d£j4 op6r£es 
et dont on doit d&irer l'eoti&re execution. 

Une autre personnalitC disparut aussi qui fut un homme de valeur 
et de loyautCet qui appartenait iune des plus ancienneset des plus 
honorables families de nos contr6es. % 

Louis-Fr£d6ric-Boileau de Castelnau, Stait ni le 13 mai 1770. A seise 
ans il obtenait, k la suite d'un brillant concours, le grade de lieutenant 
on second d'artillerie; six ans apresil 6tait capitaine d'artillerie 16g6re. 
.Lorsqu'arriva la Revolution, Fr6d6ric deCastelnau Sraigra et fit partie 
de l'armto de Condi. An licenciement de cette armie, il resta sur la 



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terra 6trang6re, so livra fcl'enseignement des sciences et des math£- 
matiques poar vhrre en Hollande, eo Allemagne et eo Suisse. 
. Puis il se rendit k Stuttgart, s'arma du marteau et de la lime et tint 
boutique d'horlogerie. 

II rentra eo France sous le Consulat ; k peine arrivS dans ses foyers, 
il fut nomm6 maire de Brouzet, fonctions modestes qu'il occupa pen- 
dant pr& d'un demi -si£cle. 

Quoique professant la religion protestante, M. de Castelnau fut le 
plus actif protecteur del'^glisedeBrouzft. II fut d£cor6 par lejjou- 
vernement de Louis XVIII de 1'ordre militaire de Saint-Louis. II 6tait 
membre du conseil g6n£ral du Gard depuis le 30 Janvier 1842 pour les 
cantons rgunis de Sauve et de Quissac. 

Malgr6 son Age avanc^, M deCastelnau se consacra k ses fonctions 
flectives avec un d6vouehient et uoe ardour remarquables. 

11 mourut le 6 mai 1844, aprta une longueet douloureuse maladies 
dans son domaine du Patron. 



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CHAPITRE QU1NZI&ME 



(ADD** 1845) 



SOM MAIRE 



IltACGUBATIOX DC GKXRC DB PBB DB NlXES A MOXTPELUBB. — LA- PLACB Ml llABCBi. — 
LA PLACB DB LA COCTBOXKB. — LB PBOJBT DHOXBBB POTB LBS BACB. — M. GlBABD, 
PAIB DB FBA-XCB. — SBBVKB PUXtBBB BS l'BOXSBUB DC SEB6BXT BLAXDA3. — GbAtB 
DBS OUYBIBBS BOVLASGBBS. — lIcsftBS PABTKXLIBBS. — CBIMBS A LA HAISOX CBKTBALB. 
— TBATAUX DC QftSBIL MOKIPAL. — M^ DB B0.XALD A NttBS. — YlSfTB DC 
U. DlIMOIf, MI5ISTBB DBS TbAYACX PCBLK8. — ELECTIONS DfcPABTBMEXTALBS. 









Comme nous 1'avons vn dans le chapitre pr&6dent, rouverture da 
chemin de for de Nimes a Montpellier, retardle par des formalins 
administratives, eat lien le 9 Janvier 1845 en vertu d'un arr*t6 pr&ec- 
toral du 31 d&embre 1844. 

Deux convois partirent simultan&nent, 1'un de Nimes, Fautre de 
Houtpellier 9 k hoit heures du matin. Le point de croisementfix66tait 
Lunel, situ£ k mi-distance. Un grand nombre de cnrieuxse rendit snr 
la nouvelle avenue Feuch&res pour assister k oe premier depart qui 
6tait presqueunesolennitf. 

Ainsi Nimes se trouvait relive par deux voies ferries avecla Grand 9 - 
Combe, Beaucaire et Cette. Ce magnifique r&ultat accompli dans un 
temps relativement court, grice k de&ing6nieurs de talent, allait k bref 
d£lai se completer d'un d£bouch6 snr Marseille et snr Bordeaux. 

Pendant que M. Paulin Talabot, surmontant tousles obstacles, con* 
struisaitlalignede Marseille, une compagnie se formaitpour crier la 
voie de Cette k Bordeaux. II est naturel que ees compagnies en for- 
mation aient trouyl dans Nimes, une das villes de France qui avaiti 

Septum UutUo* Urn L H 



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494 HISTOIKR DH N1MES 



8a disposition cetou tillage moderne dans des conditions excellentes, 
des soascripteors nombreux. 

Aussin'y a-t-il pas lieu da s'6tonoer qae la nouvelle oompagnie da 
Cette 4 Bordeaux ait trouv6 dans notre villa et en deux jours lasomme 
da trois millions at demi. 

On paut supposer qua la trafic sur la voie ferrto r&emment mise k 
la disposition du public na fut pas sur la champ parfaitement organist. 
Toutes las stations interm&tiaires na furent r6ellement dassaryias qua 
qualques samainas aprfes. La premier express parut. sur cette ligne la 
11 avril, trains par la locomotive la MMdwnaU. 

L'ouverture de la nouvelle ligne exigeait que les travaux entrepris 
sur l'Esplanade et r Avenue fusent men£s promptement ; car 
lagare&ablie il'extrlmitg de l'avenue Feuch&res demandait k dtre 
| •' en communication avec la villa. 

|-..-" La municipality mit en adjudication, le 1- ftvrier, le pavage des voies 

\\ - de circulation sur les deux promenades, la construction de banquettes 

le long des trottoirs 9 celle d'aqueducs souterrains destines k main* 
[ tenir la fralcheur sous les plantations et l'&ablissement das balustres 

\\\ formant la nouvelle delimitation da l'Esplanade. 

i \ L 9 entrepreneuravaitordrerigouroux de terminer tousces travaux 

: : - le30juin de lamemeannfe. S'iln'arriva pas exactement k la data 

indiqute, il s'enfeUut de pen, at vers le milieu de 1846, l'Esplanade 
* ; terrasste, nivelSe et abaisste, devint le point de rendez-Tous de la 

population qui depuis deux ans 6tait priv£e du plaisir de veuir res- 
pirer le bon air aux jours torrides sur sa vieille promenade favorite. 

En mametemps se dressaient de nouvelles maisons sur les alignements 
indiqu£s et Ton peut dire que c'est r&llement de cette 6poque que date 
la creation du nouveau quartier qui allait avoir un accroissement si 
remarquable en peu d'anh&s* 

Les autres parties de la villa, bien que jalousantun peu la dispo- 
sition 6vidente de la population k se porter vers la plaino, n'6taient pas 
pour cela d61aiss6es« Le m£me entrepreneur qui avait charge de ter- 
| . miner les deux promenades nouvelles, avait aussi mission de d6- 

barrasserla place du March6desarceauxquila dSparaient et da trans- 
former radicalement ce point de la citt. , 

D'autre part, la place de la Couronne allait atre avant peu considS- 
rablement agrandie at assainie. La demolition de 111a de la Couronne, 
qui obstruait le dlbouchl des routes de Lyon et de Marseille et dont la 
disparition 6tait depuis lougtemps r£clam&, 6tait chose d&idfe admf» 
nistrativamentt 



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Les quatre propri&aires des immeobles condamn£s, MM. de : ' ~. 

Chastellier, Paul Pon$on, d'Anglas, Pierre Gnibal, ftaient r£gnli&- -. v 

rementexproprtes par jugementdes 11 et 12 aoflt 1845. 

Knmeme temps, et sur rinvitation da Conseil, se pourraivait une 
6tude qui pouvait avoir pour Nimes les plus heureuses consequences. 
M. Dhombrt, ing6nienrdes Ponts et Chaasstes, avait 6X6 mis k la tfcte 
d'ateliers dans le but d'explorer et de reoonnaitre tout Taqueduc 
* remain. Ils'agissait de savoir le parti qu'on pourrait retirer de cette 
6tude en vued'amener les eauxduGardonind6pendammentdes sources r . 

Iat6rales ou de niveau que l'aqueduc pourrait recueillir sur son parcours. 

Ces trayaux de recherches devaient, on le voit, s'anrftter au Pont du '."":* 

Gard, bit Ton comptait placer des machines 616valoires. 

Du 1* septembre aumois de d6cembre 18M, M. Dhombre avait exploit 
toute la section de l'aqueduc entre Nimes et Saint-Gervasy. A la session 
de ftvrier le Maire faisait connaitre an Conseil que les ateliers diriggs 
par M. Dhombre avaient v6rifi6 la section qui s'6tend entre Sernhac et 
Saint-Bonnet. II faisait esp£rer que Fensemble de l'op&ation serait 
terming cette ann£e m£me et permetlrait alors d'6tudier d'une fa^on 
active et profitable la question d'adduction des eaux k Nimes, r&olvant 
aiosi un probl&me dont l*acuit6 devenait de jour en jour plus irritante. 
Lorsqu'on rScapitule ce long espace de quinze anntes pendant les* 
quelles M. Girard, maire de la ville, a pa r£a)iser, gr&ce k des conseils 
. municipaux actifs, devours et prudents, des ameliorations indiscu- . .-' 

tables, des transformations de premiere n6cessit£, des creations art is- . ;" f 

tiques de premier ordre, on sera pea surpris que le gouvernemenf du . " v '/ 

Boiait voulu r£compenser une municipality aussi laborieuse, aussi 
" soucieuse de l'intfret public, dans la personne de son chef. 

Le 4 mai 1845, Louis-Philippe signait une ordonnance (i) qui 
£levait M. Girard k la dignity de pair de France. V ; -.j 

(f)EnYOidletexte: >{ 

Louis-Philippe, roi. des Prancais, -' -'\l\? 

_ Ti Particle S3 do la Chart* conslitalionnelle portant : t La nomination des membre* ' 
de la Chambre des Pairs apparUeat an Itoi qui n* pent les cboisir que parmi les nota- 
bility suivantes : . i 

» Les maires des Titles de trente mill© Ames et aa*dessvs spres dcax Elections a* moins 
eomme membres da Conseil municipal et sprescinq sns de fonclions de mairie...* '"'J 

' Censiderant les services rendos a PEtat par M. Girard P erdinsnd, maire de la lille .-. '(■ • 

de Nimes, / *! ! 

Nonsayonsordonad etordonnonseeqal soil: ;^^ 

II. Girard Ferdinaud, maire de la yille de Nim's, est 6\ti€ I la dignitd de pair de 
France, 












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496 HISTOIBB DB NIMES 



2 ■'-.-; Cette Domination rencontra un favorable accueil dans le Conseil 

|; * municipal d'abord et la population ensuit©. 

|j : Un banquet fut offert an nonveau pair par ses collogues du Conseil ; 

4 V • • tous les membres presents k Nimes se firent an devoir d'y assister sans 

u ; distinction d'opinions politiquesou religieuses. 

!j Le banquet eut lieu dans la grande salle des deliberations del* 

V : Mairie, sous la pr£sidence de M. de Chastellier. 

4 . Quelques semaines auparavant une c6r^monie avait r£uni dans nn 

!: commun elan toute la population nimoise dont le patriotisme a ton* 

i \ . jours 6t& remarquable. 

;}.-.*. On sait que le H avril 1842, vingt-deux homines du 26* de ligne, 

-V commandos par lesergent Bland an t surpris par nn gros de cavaliers 

[j arabes, fort de trois cents chevaux, dans la plaine entre Bouflarick et 

M6red, en Algerie, engagerent r^sol Ament le combat malgre I'ecrasante . 
disproportion des 'forces. 
<.jf Lorsque les ennemis virent cette poignfe de Fran^ais, presque k 

i h leur merri, Tun d'entre eux 9 supposant que ces braves n'opposeraient 

i | aucune resistance, s'avan$a et somma Blandan de se rendre. Mais ce 

* j dernier repondit par un coup de fusil qui tua I'audacieux. 

l\ Un combat acbarne s'ensuivit. Blandan, frappe de trois coups de 

; feu tomba en s'ecriant : € Courage, raes amis, defendez-vous jusqu'it la 

\. ' mort ». Tous ces soldats restferent fidfeles it cet ordre beroique. 

Dix-sept soldats sont mis bors de combat et plusieurs sont morts, les 
autres sont incapables de tenir leur armes : quatre restent debont. 
Entoures d'an cercle de fer, ils vont succomber quand des renforts 
venus de Bouffarick et de Itered les secoururent k temps. Ge brillant 
fait d'armea; cei&bre encore dans l'armee, merita ces paroles cei£bres da 
'H marechal Bugeaud dans son ordre general : 

|1' € La France verra que ses enfants n'ont point degenere et qu'ils sont 

Vj capablesde grandes choses,par Tordre, la discipline et la tactique qui 

4 1 lesgonverne. lis savent combattre quand ils sont isoies comme les 

f chevaliers de l'ancien temps ». 

Le regiment du 26 s de ligne etant arrive en garnison it Nimes, une 
solennite militaire fut decidee pour ceiebrerl'anniversaire de la resis- 
tance beroique da sergent Blandan et des braves sous ses ordres. 
j; j - La population de Nimes ne manqua pas de s'associer tout enti£re k 

cette touchantec6remonie. Un service funebre fut ceiebre dans laCa- 
thedrale, au milieu des autorites civiles et judiciaires et d 9 un grand 



l \\\ nombre de personnes notables, jalouses de payer un tribut de recon- 



naissance 4 la memoire des braves de la plaine de liered. 



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ANNAS IS4S l»7 

Ud catafalque s'ilevait au milieu de l'lglise, d£eor6 d'une couronne 
de laurier. Le regiment en armes formait la haie, command6 par son 
colonel. Dans le choeur 1' Administration, laMagistrature, l'Universitl, 
l'Acad6mie t le Barreau 6taient repr&entds par lours dignitaires. 

Le public contemplaitavec Amotion les braves qui surv&urent k oe 
sanglant combat, group& en avant du catafalque, autour du drapeau 
mutil£ par les balles, et quelques-uns mutil£s comme lui. L'abb6 
d'Alzon, vicai re general, officiait ; aprfes lamessele P. d'Alzon adressa 
du baut de la chain* quelques paroles d'6loge et d'6dification it son au- 
ditoire militaire, et rendit horn mage au sentiment si honorable qui 
avait inspire cette touchanle et pieuse manifestation. L'absoute solen- - 
.nelle Tut faite ensuite. 

Au sortir de l'lglise, le regiment se rendit k la cour principale des 
casernes ; au centre, des trophies entouraient un monument au sommet 
duquel figurait un tableau repr&entant le combat de Beni-Mered. 

Aprfes une revue d'honneur, passte sur la place des Cannes par le 
lieutenant-g£n£ral baron de Galbois, venu de Montpellier pour ho* 
norer cette c6r£monie de sa presence, le2G* de ligne vint se former en 
carr6 autour du monument. Lecture fut donn£e k la troupe de l'ordre 
du jour du marshal Bugeaud consacrant ce brillant Gut d'armes. 

Le soir, la caserne iliumin6e altiraitune foule nombreuse. Le peuple 
contemplait le tableau transparent repr&entant le glorieox combat 
et fraternisait avec les soldats du 26\ Ce fut un 61an g6n6ral de toutes 
les opinions et de toutes classes de la population qui donna k cette fete 
sa signification particuli&re d'hommage rendu au drapeau, h la patrie, 
it l'h6roisme et au devoueraent. 

Nefaut-ilpass'&onner de cette mobility de noire population tout 
ent&re consacrto le vendredi 11 avrii au culte de tout ce qui est noble 
et£lev6, et se livrantlo dimanche 13 avril k une manifestation dteor- 
donnle dont nous avons eu tout r£cemment un exemple t 
_ 11 s'agissait d'un spectacle donn6 aux Arines qui n'avait pas eu Fheur 
deplaire auxspectateurs. Ceux-ci, dans un fccta de colore, common - 
c^rent it faire pleuvoir une grale de pierres sur la force arm6e impuis- 
sante k les arrfcter, et, maitres pour un moment du champ de bataille, 
entass&renten un clin d'oeil chaises, planches et estrades ety mirent 
le feu. Quand les renforts arriv&rent, tout 6tait brflte. L'6pilqgue de 
cette scfene de d&ordre se d£roula devant la police correctionnelle oh 
quelques exaltds se virent altribuer quelques mois de prison* 

Vers le meme moment, le 18 avril, les ouvriers boulangers de Nimes 
qui, depuisle mois de mars, demandaient k leurs patrons un salaire 



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IIISTOIHE DB NIMES 



plus eieve et dont les demandes avaient ete repousses, s'assemblft- 
ront chez le sieur Bournier, pere des compagnons. Us d6clar&rent qu'ils 
ne retourneraient pas chez lours maitres, cherchferent k faire de la 
propagande, et t un instant, sans la vigilance de la police, sans la 
facility que le chemin de for, r6cemmeot ouvert, donnait k nos relations 
avec Montpellier, on aurait pu craindre une diselte de pain k Nimes, 
pour la journ^e du 19 avril. 

Heureusement le regiment en garnison put fournir des ouvriers de 
bonne volonte ; quelques ouvriers, mieux disposes que leurs cama- 
rades, reprirent leurs travaux ordinaires, et cette aventure n'eut pas, 
par suite, de consequences s^rieuses. Quelques peines sevferes furent 
appliquSes par le tribunal correctionnel aux meneurs de cette £chauf- 
fourto. 

Au milieu de ces agitations diverses qui faisaient le fond de toutes 
les conversations, occupant les esprits k plusieurs points de vue, la 
presence deM. leduc de Montpensier 9 venant d'Avignon, nepassapas 
inapergue. Le prince avait bien declare qu'il voulait garder Yincognito, 
mais le bruit de son arriv6e s'eiait vite r^pandu en ville. Aussi lorsque 
lejeune prince se rendit, accompagne des autorites, aux Ar&neset k la 
Maison-Carree, une foule considerable se porta avec empressement sur 
les boulevards. Le due de Montpensier ne s£journapas longtemps dans 
notre ville et quitta l'hdtel du Luxembourg, oh il etait descendu, pour 
se rendre k Marseille 

Un fait, qui inl6resse l'histoire, se passa dans le mfime instant gr&ce 
k un de nos concitoyens. M. Perrot avait achete des momies egyp- 
tiennes, recemment d6barqu£es k Marseille, et son premier soin fut de 
I43 placer dans le mus^e qu'il avait cr66 avec un patient labour. 

On trouva dans les caisses et sur le3 momies m£me des objets fort 
curieux : une petite figure en bois, ayant vingt-quatre centimetres de 
hauteur, orate de gravures et de caract6res hieroglyphiques d'nne 
finesse remarquable ; trois gros scarabtes, dont un dore, tons trois 
couverts d*bieroglyphes ; plusieurs idoles de diverses compositions ; 
enfinun collier, compose d'un rang de perlesrondes etlongues d'un 
beau bleu, entre lesquelles se trouvent places des scarabees et de petites 
figures d 9 idoles, en lapis, d*un travail exquis. 

M. Perrot ouvritsesportes toutes grandesaii public pourvenir ad- 
mirer les richesses qu'il avait en sa possession 

A diverses dates, d'autres, parmi nos concitoyens, avaient aussi 
cree des collections fort curieuses et qui, plus tard, sont revenues k la 
ville. Pellet, Tarcheologue si distingue, dont les travaux Font place k 



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ANNtB 1145 m 

la suite des Siguier et des Menard, avait commence ses reproductions 
en liige des monuments antiques de Nimes on de la region. II poss6- 
dait chez lui una remarquable collection d'antiquites de toutes sortes 
patiemment recueillies etce n'etait pas une des moindres curiosity de 
la ville que ce mus£e particulier, aujourd'hui r6parti dans nos diver* 
musses publics. 

Crespon avait, avec un reel savqir, r£uni dans un local k lui appar- 
tenant, des echantillons de toutela faune mSridionale; pr£par£epar lui 
dans les meilleures conditions de conservation possible. II y avait 
accumuie toute une collection de mineraux, de coquillages, qui augmen* 
tait les richesses dont la ville a Write. II ne se bornait pas k ce labeur 
ingrat; ilvenait depubliernn ouvrageassez remarque : € La Fame 
Mtridionale ». 

Nous avons eu 1 occasion de voir la surveillance des detenus de la 
Maison Centrale confine it des Frferes de la doctrine chr&ienne. Nous 
avons rapports l'hommage rendu par les personnes du temps k l'excel- 
lence de cette mesure toute profitable au developpement moral des 
malheureux que la societe est obligee de punir. L'administration ne 
pouvait trouver dans ces religieux qu'un concours d6vou6 et probe puis6 
dans l'esprit de sacrifice et d'abnlgation. Halheureusement leur carac- 
tire mdme interdisait k ces modestes surveillants l'emploi de la force 
parfoisn&essaire pour dompter certaines natures que l'enseignement 
moral laisse rebelles et indifferentes* 

A la suite de cette innovation, il s'etait produit de la part des detenus 
plusieurs agressions contre les excellents gardiens qu'avait choisis 
l'Etat. Plusieurs Fr&res avaient 6t& frapp^s. L'esprit de rivolte s'etait 
glisse parmi les prisonniers. Un tel etat de choses devait aboutir k on 
malheur inevitable. 

Lesamedi 11 octobre nn crime horrible ensanglantait la Maison 
Centrale. Undes Frdres charges de la surveillance et de la garde des 
prisonniers avait eu l'occasion de s£vir contre deux detenus, les nomm& . 
Compagnon etRequin, i cause d'une faute grave commise pareux. 
Illeurintima l'ordrede se rendre en cellule jusqu'i ce que le directeur 
de la Maison fAten mesure de statuer sur la faute dont ils s'£taient 
rendus coupables. Les deux detenus resistferent, mais finirent par 
obeir i l'ordre du directeur lui-mGme. 

Requin se laissa incarc^rer sans resistance, pendant que Compagnon 
injuriait les Freres qui l'escortaient et particuliferement le fWre Pascal 
qui etait sp^cialement charge de la surveillance de la cour, Avant 
d'entrer au cachot, Compagnon demanda k retourner k 1'atelierpour y 



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SO* H1ST0IRB DB NMES ^ 

prendre son mouchoir. Le fr&re Pascal l'accompagna, et en sortant 
l'infortune re$ut da miserable un coup de tire-point dans la poi trine. 

Le Frfere 6pouvant6 s'enfuit ; mais son ftroce agresseur le poursuivit 
jusqu'au milieu da r6fectoireoii il le per$a de six coups dans la poi- 
trine et dans le dos. Un quart d'heure apr&s, le pauvre Fr&re expirait 
sans avoir pu prononcer un seal mot. 

Compagnon, arr6t6 imm£diatement, futl'objetd'une instruction im- 
mediate. Le 27 novembre, il oomparaissait devant la cour d'assises qui 
6tait littlralement assi£g£e par les curieux. 

Les d6bats ne furent ni bien longs, ni bien 6mouvants ; l'accusg, 
malgr£ sajeun esse, il avait dix-neuf ans,n'inspiraitaucune sympathie. 
La Cour pronbn$a la peine de mort. Son execution n'eut lieu que l'annto 
suivante. . 

La session de la cour d'assises 6tait du reste charg£e en affaires 
d'assassinals. Elle avait prononc£ la peine des travaux forces k per- 
p£tuit£ avec exposition publique, contre un nomm£ Deydier, de Saint- 
Laurent-de-Carnols, coupable d'assassinat sur la personne d'un de ses 
concitoyens. 

Elle pronon^ait la m£me peine contre un nomm£ Gaudin, detenu 
it la Maison Central e : le 23 juin de cette mftme annte, Gaudin avait 
mis i execution un projet qu'il nourrissait depuis longtemps k l'endroit 
d 9 un de ses cod&enus, auquel on avait rteemment confix le grade de 
pr£v6t. Le meurtrier s'armad'unfer, appel£ clou de carde, qu'il eAt la 
f&oce precaution de denteler pour que la blessure qu'il se proposait 
de faire f At plus grave, sinon mortelle. 

Muni de cette arrae terrible, il s approcha de son cod&enu et lui 
enfon$a par derrifere, dans I'lpine dorsale avec une vigueur extraordi- 
naire, le fer dont il s'6tait muni. La victime, gravement blesste, 
expira huit jours aprte. , 

Onaimeitsed&ournerde ces sombres drames qui s'6talent parfois 
au grand jour, se groupant de fa$on k frapper d'horreur ceux qui en 
sont t£moins. L'opinion publique avait 6t6 assez violemment surexcitfe 
par ces terribles 6v&nements pour que Fhistorien ait 6t6 obi ig6 de les 
consigner ici. II est heureux de pouvoir reprendre la suite des travaux 
du Conseil municipal qui int£ressent toujours it un haut degr£ la trans- 
formation de notre ville. 

Par deliberation du21 d&embre 1844, le Conseil municipal avait 
adopts le projet d'une (ontaine monumenlale k eiever sur l'Esplanade. 
(Test M. Questel, l'architecte de Saint-Paul, qui avait obtenu le 
premier prix. Accepts par le conseil des b&timents civils, ce m«me 



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ANNtE i$4ft »« 

projet revenait devant le Conseil municipal paroa que, d'apr&s an vcea 

gen£ralement exprime, soitpar l'administration, soit par des artistes, 

il allait examiner si les cinq grandes figures sculptees, qui d&orent le . 

monument, seraient executees en pierres de Lens ou en marbreblanc. 

Cette derni&re mati&re exigerait une dlpense de 120.000 francs au lieu 

de 80.000 qu'aurait coAte la pierre. 

Le ConseU adopta la deliberation suivante : ' 

€ Considlrant que la fontaine monumentale que la ville de Nimes se 
propose d'eiever sur la place de l'Esplanade a 6t6 consider6e, par le 
Conseil et par toutes les autorites consult&s, comma une ceuvre d'art 
de haute importance; 

* Qu'elle doit, en consequence, reunir les conditions les plus com- 
pletes de dur£e et de perfection ; considerantque la depense, quoique 
trts considerable, est justifiee par I'importance de la ville de Nimes 
et par lagrande proportion de la promenade et des monuments anti- 
ques et modernes qui l'entourent ; 

» Le Conseil municipal deiib&re : les cinq grandes figures sculptees 
de la fontaine monumentale serontexecutees en marbre blanc. * 

La ville, en execution de cette deliberation, passa des traites avec 
une maison de Paris, la seule en France qui avait entrepris l'exploita- 
tion des marbres deCarrare ; cette maison etaiten ce moment occupee 
k la livraison des marbres destines au tombeau de l'Eropereur, 

Les blocs de notre fontaine leur sont semblables pour la qualite. Le 
bloc destine k lagrande figure de la ville de Nimes, qui couronne la 
fontaine, exigea des dimensions au moins egales aux blocs livr£s par 
FEtat pour le monument des Invalides.il avait 4 mitres 30 debautet 
pesaitde 15 420.000 kilos. 

II fut decide que la sculpture serait confiee k Tun des plus cei&bres 

"statuaires oonnus et que l'atelier de sculpture serait installs it Nimes. 

Mais l'atelier ne put 6tre instalie qu'en 1846, et l'architecte ne put 

commencer les travaux de ma^onnerie qu'en 1847, pour donner k toute 

l'oeuvre une marche uniforme et un terme commun. 

L'eglise Saint- Paul dont les travaux de gros oeuvre se terminaient 
dans le courant de cette annee, demandait que le ConseU s'occup&t 
d'elle. Les devis prevus pour la construction g6nerale ne s'6tendirent : : / ; 

pas aux travaux compiementaires, cependant indispensables pour \ ! 

rendre reglise entiirement et dignement prepare© k recevoir la c616- ' * ■ 

brationduculte. , .§ 

M. Questel, architecte, avait estime ces travaux it la somme de 
271 .000 francs en y comprenant la grille exterieure de l'eglise, les boi- . 






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series et tout le mobilierproprement dit, les autels, les orgues, leg 
vitraux, les peintures et les cloches* 

La commission du conseil riduisit k 218.000 francs, chiffre rond, le 
tf idit demandi, en supprimant la griUe extirieure ivaluie k 25.000 
francs, en enlevant 10.000 francs sur ladipensedes cloches et 5.000 sur 
celle des orgues. 

Le Conseil adopta done, pour l'enti&re execution de l'idifice, un 
trottoir extirieur, non comprisl'exicution de la grille, un lambris de 
chtoe de 2 mitres 50 de hauteur sur les murs intirieurs ; une chaire 
en bois sculptie, des autels en marbre blanc, une cuto baptismale en 
marbre, et outre les orgues et les cloches, affecta 50.000 francs aux 
peintures du choeur. 

Le Conseil, en riduisant de 25.000 k 15.000 francs le prix des do* 
ches v pensait que les fid&les de la paroisse viendraient combler la 
difference au moyen d'une souscription yolontaire. 

D'autre part, la facade latirale de l'iglise exposie au Midi devait 
itre, au sens de la majority du Conseil, digagie des vieilles maisons 
qui la couvraient en partie. Ilfut alors decide qu'une rue semblable k 
la rue Neuve, qui encore la face Nord, seraitouverte sur les terrains 
diblayis, Les entrepreneurs de l'iglise s'engagirent k ilever, dans le 
dilai de dix-huit mois et sur Falignement ci-dessus indiqui, une facade 
r^gulitrementornie. * 

II est profondiment regrettable que les travaux considerables qu'exi- 
geaitcet Edifice aient iti marquis par plusieurs accidents. Un d'entre 
eux frappa surtout, car il atteignait l'entrepreneur lui-mftme, le sieur 
ArnaYieilleaini. Le samedi 11 mai de Fannie pr6c£dente, monti sur 
le toit, dans la partie basse du cdti Nord, il tomba malheureusement 
dans Fintirieur du chantier. Onle releva dans un itat affreux. Son 
corps, dans sa chute, s'itait brisi sur un tas de pierres et s'itait 
dichiri dans le trajet par les ichafaudages qu 9 il avait rencontres. Le 
pauvre malheureux expira ringt-cinq minutes apr&s dans d'atroces 
donleurs. Plus de deux mille personnes assisferent k ses funirailles, 
malgr6 une pluie battante. 

Le Conseil ne bprnait pas k cette seule decision ses travaux ordi- 
naires. Seprioccupantde la rue Regale qui, depuis la construction du 
chemin de fer de Montpellier et de la promenade de F Avenue Feu- 
chires, etait devenue Fune des plus importantes entries de la ville, il 
risolut de donner k cette voie, k son ouverture sur le boulevard, une 
largeur de 7 mitres 65, jusqu'i son intersection avec la rue des Cha- 
peliers. *• 



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ANNftB I Sift 201 

Par un concours de circonstances heureux, let maisons formant la 
ligne droite de la ruesoumiseau reculement ftaient k la veille d'etre * 
reconstitutes par las propriitaires. Le Conseil aurait voulu donner k 
cette voie dix mitres de large, mais il ne pouvait faire recaler oa le 
Palais de Justice, on la maison qui venait d'etre terminfe et qui formait 
rentrte de la me sur le boulevard. - 

On retrouve dans les deliberations de l'6poque le projet de la rue 
Guizot, sinonabsolumenttelqu'il fat ex£cut£plus tard, tout au moins 
indiqu£ suffisamtnent. Le Conseil, en effet, considfrait que le quartier 
dit de la Ferrage, d61iroit6 par les rues du Grand-Couvent, de 
l'Horloge, des Lombards et le boulevard du Oours, Stait tel qu'il fut 
au moyen-Age, lorsque les consuls de Nimes faisaient murer ses issues 
et n'y p6n£traient que lorsque la paste en 6tait partie ou avait emporti 
tous les habitants. . 

II estimait done que c'6tait oeuvre de civilisation, d*humanit£, que 
de donner k ce quartier, priv6 d'air et de soleflet infects par la pre- 
sence d'un cours d'eau insalubre, une satisfaction quelconque. 

Le Conseil, voulant porter de ce c6t6 son active sollicitude, prit en 
consideration le projet d'ouverture d'une rue allant du Nord au Midi, 
de huit mitres de large, se dirigeant du boulevard du Cours k la tour 
de l'Horloge. II d£cida de plus de porter k sept mitres de largeur 
toutes les rues du quartier de la Ferrage venarit cpuper dans le sens 
de TOuest it HEst la principale rue projetfe. 

L'enlivement des arceaux de la place da March6 qui s'op&rait en 
ce moment mime permettait de donner k ce quartier un cachet plus 
monumental et plus rSgulier. La ville possidait pricisiment k cet 
endroit une parcelle de terrain. Elle l'aliina en favour du propriitaire 
mitoyen sous la condition qu'une facade rgguliire en pierre de taille 
serait construite sur toute I'itendue de la maison qui sipare la rue de 
l'Hdtel-de-Ville de celle des Broquiers. 

(Test de cette ipoque que date la creation du boulevard du Yiaduc 
sur une longueur d f environ 1.800 mitres et une largeur de 25 mitres. 
La nouvelle Iglise Saint- Paul dont l'achivement paraissait proche 
itait incessamment visitie par les voyageurs de marque qui travel* 
saient Nimes, Le mercredi 1" octobre, M" le Cardinal de Bonald, 
archevftque de Lyon, arriva it Nimes, dans la matinto et descendit k 
1'hdtel de l'Ev6ch6. Dans la journie, il visita dans tous ses details la 
nouvelle 6glise en compagnie de M. Questel, architecte, auquel Sa 
Grandeur ne minagea pas ses felicitations, ripitant k plusieurs 
reprises que ce monument itait le seul que Nimes puispe citer 



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»4 HISTOIRB DB NIMBS 

parmi ses Edifices religieux, U* r de Bonnald partait le soir m£me pour 
• Lyon. 

;'• ' Le surlendemain, 3 octobre, arrivait it Nimes M. Damon, ministre 

des travaux publics. II fut re$u i Luael par le Prefet, le Maire et 
l'lngenieur en chef des chemins de fer. Arrive k Nimes, il descendit it 
la Prefecture. Aprfcs avoir visite les monuments anciens et particulife- 
i rement la Tourmagne v oil Ton venaitde faire une reparation impor- 

! tanfe, il consacra une parlie de son sejour k visiter en detail les 

: _ _ travaux en cours d'ex&ution de Saint-Paul etdu Palais de Justice. II 

I . t£moigna hautement sa satisfaction de ce qui avait <5t6 Gait sur ces deux 

points. 
La visile du ministre ne se borna pas k cette rapide revue. II regut 
| : les ing^nieurs et les g^rants des chemins de fer d'Alais k Beaucaire et 

\ , de Nimes k Montpellier. Dans cette reunion, k laquelle assistaient 

M. Teste, ancien ministre des travaux publics, M. de la Farelle, depute, 
le Prefet et M. Girard, maire, on agita la question importante de la 
reunion, dans Tembarcadire de l'Esplanade, de tout le service des 
voyageurs. 
,;' ' On 8 9 occupa en outre de 1'organisation dans notre ville d'une caisse 

! . d 9 escompte. Cette caisse etait representee par une commission de 

quinze membres representant une association de trois cent quarante 
j souscripteurs. Le Conseil municipal avait pris it cet 6gard la delibera- 

tion suivante : 

c Considerant que l'industrie manuf?cturi£re de la ville de Nimes 

presente en ce moment un developpement remarquable ; que ses mar- 

I ches en vins et eaux-de-vie y deviennent tous les jours plus impor- 

tants et que les chemins de fer introduisent dans la ville de Nimes un 

; mouvement commercial considerable ; 

i j ' * Le Conseil municipal ne doutant pas que ces heureuses circonstan- 

f ' ces nerendent eminemment necessaire et utile la creation k Nimes 

; d'une banque d'escompte ; 

! • Appuie par un avis favorable aupr&s des pouvoirs publics compe- 

j . tents, rautorisation sollicitee pour la creation, it Nimes, d'une banque 

; locale d'escompte. * 

•j M. Dumon promit, aprts avoir pris connaissance de cette excellente 

j deliberation, de donner k ce grand projet l'appui de son concpurs le 

! j " * plus sincere et le plus desinteresse. Pour marquer, au surplus, l 9 inter6f 

; qu'il portait k la fabrique de Nimes dont les succ£s aux expositions 

nationales lui etaient connus, il alia visiter deux maisons ; Tune de tapis 
dirigee par M. Fhtissier, 1'autre de chiles appartenant it M. Curnier. 



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ANNftE 1845 *K 

L'annie 1845 appelait le renouyellement da tiers dn Conseil g6n£ral 
aux termes de la loi du 22 join 1833. Le Conseil g£n£ral comprenait 
k cette 6poque trente membres. Le sort avait d£sign6 eomme sortant le 
repr&entant da premier canton, M. Tor. 

Le troisi&me canton n'ayait qui* Aire son conseiller d'arrondis- 
sement. 

Dans le premier canton, M. Tor f conseiller sortant se trouva en con- . . 
cunrenceavecM. PaulinTalabot, Imminent inggnieur de la compagnie 
d'Alais k Beaucaire. La latte fat chaude entire les deax candidats; il « v 

ne s'agissait lyidemment d'aacan intlrtt dynastique oa politique* 
M. Tar, membre sortant, l'emporta au deuxi&me toor de scrotin. 

Le troisi&me canton renvoya k son si&ge M. Ph« Eyssette, qoi n'avait 
ancun concurrent. 

II semblerait k lire ces Elections que les esprits soient retomWs dans 
l'apathie la pins extreme et que les luttes entre imposition et les goa* 
vernementaux f assent an instant assoupies. II n'en ftait rien cependant. 
Toujoars aassi ftpres peut-Gtre plas encore que par le pass6, les que- 
relies aUaients'enyenimant ; mais, on sentait, comma d'an myst&rieax 
avertissement, que le terrain de combat se trouverait avant pea 
agrandi. La propaganda rgpablicaine faisait tout doucement son die* 
min et si ses efforts ne portaient 'plas sur la cocquftte de sieges au \ ; 

Conseil g6n£ral, d£j&, on entrevoyait yagaement comme one laear 
sinistra qui devait saper le trine da vieax roi. Le mimstfera, yieux 
dSjfc de six annles de pou voir, ne se maintenait que grice k des efforts 
incessants, au prix des combats les plas yiolents qa*il fallait sans merct 
rcnouveler contra des attaques passionn6es et maurtriferes. 

Cependant cet 6tat de choses n'ayait pas encore gagne tout le d^par- 
tement ; les 61ecteurs du Vigan appetes iprodder i l'dlection d'an de- 
pute, par suite de la nomination de M . E. de Chabaad-Latour au poste 
d'aide de camp de M** le comte Paris, donn&rent la presque totality de 
leurs suffrages k l'honorable d£put6. Les constitutionnels regardferent 
catto Election comma una manifestation politique et un acta noureau 
d'adh&ion k la politique gouvarnemantala 9 alors qu'il fallait surtout f 

y voir l'expression de leur yiye sympathia poor ce nom qui cartes 
dapuis rencontra plus d'une occasion de retrourer de telles marques 
d'estimeetd'affection. 

L'6tat g6n£ral da royaame empirait, ctttait on fait Evident. Depots H 

les affaires de Taiti, et dapuis le traits anglo-firan$ais qui en arait 6t£ la 
consequence, on persistait k regardar le minist&re comme inffiodl, }j 

vendu m£me, disait Fopposition, au cabinet anglais. La reine d f Anglo- ' l 



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tot H1STOIRB DB rams 

terre qui, i son retourd'Allemagiie, vint passer a Eu quelqnes heures 
auprfet de la famiile royale, rendant ainsi la visite qu'elle avait rogue 
du Roi l'annde prte&lente, parut marquer davantago cette tendance que 
l'on reprochaitau gouvernement 

D'autre part notre domination en Alggrie n'&ait rien moinsqu'assu- 
r£e, exigeant constamment de nouveaox sacrifices en homines et en 
argent, pour n'avancer qu'k grand peine et maintenir une s£curit6 pr6- 
cairedanslacolonie. L'6mir Abd-el-Kader, que le trait£ concln avec 
le Maroc avait chass6 de cette derntere puissance et rejet£ de l'Alg6rid 
oomme rebelle, n'en tenait pas moins campagne appuy6 snr quelqnes 
tribus amies et d£vou£es qui savaientle prot£ger contre nos colonnes. 
Des combats multiplies, sanglants mftme, des surprises d&astreuses oh 
nos braves troupiers tombaient aprteavoir lutt6 en d6aesp6i&, tel 6tait 
notre lot habftuel dans les trois provinces* 

tfest particulterement dans l'ouestde notre colonie, sur la fronti&re 
du Maroc, que l'agitation 6tait la plus intense m'algr6 la presence du 
mar&hal Bugeaud, du g£n£ral de Lamorici&re Ala tSte de forces impo- 
saates. . . 



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GHAPITRE SEIZI&ME 



(Anafe IIM) 



SOMMAIRE 



L'£tat mt pats. — Dnrx attbxtats *u* lb IUh. — Extarno.i capitals. — Eucnoxs 

XUKfCIFALES. — ElBCTKKS LiGISLATITBS. — llABIAGB MI MK DB 1I0!ITPBCSRB« — 
BlfOUTKNI DBS BBAUX-AlTS v — tWXDATIOXf A Alais. — La c Po£sib LioteB » Ml 
Pbambe. — Tbayawx mj Coxsbo. mmiOFAU — Statistkxjb db la Fabbiqub i Nodes. 

— DfcWMBBBXBXTMl LA rONJLATKM. — BUYATKMf AU POXHPICAT BB S. S. PlB DL 



L*ann6e 1846 et les suivantes n'ont pas pour Nimes l'inteitt de cer- 
taines des amines qui prudent. Aprte les efforts considerable* fails 
dans la p^riode dont nous Tenons de nous occuper poor assurer la 
marche des trayaux importants 9 il devait y avoir, par la suite naturelle 
des choses, an temps d'arret. D'autre part, nous avons pa suirre tots 
la fin de 1845 la trace de certaines preoccupations qui assilgeaient 
les esprit*. Cos preoccupations devaient aller grandissant, absorbant* 
dans une certaine mesure, toute autre pensde et tout autre traraii. 

Certaines personnes clairvoyantes pressentaient qne l'avenir s'ftssom- 
brissait et que Is monarchic constitutionnelle se trouverait aux 
prises avec des difficultes considerables dont die aurait peut-etra de 
la peine & se relever. On etait anxieux dans le public et Ton pouvait 
tout redouter. Tel etait retat general en France, tel etait retat parti* 
culier it Nimes. 

Les poiemiques deviennent plus serr6es, les attaques plus violentes, 
la defense plus embarrassee, les reproches s'aocentuent, les plaintes se 
dressentplus nombreuses ettout, jusqu'l rattitude du gouternemeut 



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i ' »• HISTO«B DB NIMES 

' | . jag6e faible devant les puissances 6trang6ra» <*l qui deviendra plus 

taergique, sera blam6 et impute k crime. 
| ^ LegouverDementcependantn'ayaitpasitproprementparlercommis 

des fautes saillantes, mais il subissaitla loi que les 6vdnements lui 
J avaient faite et le ch&timent de certaines concessions successivement 

| arrach&s k son manque de force et d'assiette. 

La mort du due d'Orldans l'avait affaibli outre mesure en laissant 

•- i. 

> • tout le poids de lacouronne k un vieillard ou i un enfant encore trop 

jeune pour une si lourde charge. CT6tait 14 un fait contra lequel rien 

ne pouvait pr6valoir 9 ni les habiletts de M. Guizot, ni lebon vouloir 

d'une majority parlementaire docile. 

| Mais, de son c6t£, le gouvernement avait aggrav6 sa situation • Plac6, 

! ' dfesson origine et par son origine m£me, entre le parti r6publicain # 

i . lait d'audace et d'ambition, et le parti llgitimiste, fait de souvenirs 

j ; vivaces et profond&nent enracin&, sa situation avait 6t£ des plus 

i fausses. Les 16gitimistes ne pouvaient pardonner l*6l6vation k la 

RoyautA d'un membra de la maison royale an detriment de l'h&ritier 

; - direct et legitime, sans renoncer du coup k leur principe essential, 

celui qui les fait vivre et qui plus tard, par sa force mfcme, son 

} . incontestable superiority les groupera autour du petit-fils de celui 

• . qu'ils combattaient en ce moment. 

\-\ Les republicans qui 9 au lendemain des jourri£es de juillet, avaient 

; un moment tenu ce pouvoir rtv6 par euz et qui l'avaient vu passer 

entre les mains d'un prince habile, ne nlgligeaient aucune occasion de 

se dresser contra le gouvernement gtabli sur les mines de la Res- 

; tau ration. 

Plac6 entre ces deux alternatives, d'un parti ferml et d'un parti 

hostile, la monarchic de juillet n 9 avait cm pouvoir mieuxfaire que de 

j . • s'adresser k ce dernier. EUe se disait que si parmi les rgpublicains, il 

i . en est de rigoristes, de farouche*, d'intransigeants, il est assez facile 

ded&armer les s6v6rit£s de beaucoup d'autres par une apparente 

concession et surtout par des dons ou des favours. Le calcul n'&ait 

pas malhabile. Malheurausement la monarchic de juillet, dans les 

: \ quinze ann&s d'existence qu'elle vanait de franchir, avait donnl k ces 

concessions une allure de plus en plus rapide . 

Lapentesur laquelle elle s'&ait engag£e devenait de jour en jour 
plus glissante, et le gouvernement pouvait s'apercevoir k ses propras 
dlpensqu'il devenait pau It peuleprisonnier du parti avanc6 etque ce 
dernier en casdevacancede lacouronne pouvait bienescamoteri son 
profit le pouvoir convoiW* , 



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ANN*B 1141 ' "' 2#9 

- Ifenac6pardes attaqaesviolentescontre la personne da Hoi on des 
siens, attaques foment£esetex£cut6es par les adeptes da parti r6pa- 
blicain, par les 6meutes que ce m£me parti provoqaait it sa guise sur 
la voie publique, le gouvernement n'avait pu r&ister k de semblables 
menses 9 et autant poor d&armer son ennemi que pour s'en faire un 
alli6, il avait 6t6 faible en plus d'une occasion* 

Telle 6tait la situation au commencement de cette aonte 1846. II n'y 
% avait ni un moment k perdre, ni une faute k coramottre. Aa minist&re 
6tait un horn me de haute valour, qui pduvait seul dans les circonstances 
actuelles sauver Louis- Philippe etsa dynastie, ou tout au moint en 
retarder la chute. <76taitM. Guizot, notre com patriots. C'£taitlui qui 
allait incarner la resistance i la dlmagogie ou sinon le retour en 
arri&re du chemin parcouro, tout au moins l'arr6t absolu dans la voie 
d&astreuae poursuivie par le gouvernement 

L'histoire de ces deux derni&res annles d*un rigne qui ne manqua 
pas d'une certaine grandeur, si Ton songeau d^veloppement extraor- 
dinaire qn'il sutdonneraox int£rdts purement mat£riels du pays, est 
toate remplie de la lutte entre un homme et le parti rlpublicain, entre 
M. Guizot et les soci6t£s secretes politiques. 

(Test pourquoi, comme je le disaisplushaut, ni 1846, ni 1847 ne pr£- 
sentent, h proprement parlor pour Nimes it ne consid6rer que la ville, 
un bien grand int6r£t. 

- La seine, par les exigences de cette situation se dlplace, le cadre 
8*61argit, et Nimes comme la France enti&re devient spectatrice du duel 
ongagg avec cet int6r£t special pour elle que le joAteur qui engage la 
partie avec la camp rgpublkain est un doses enfants don telle s'enor- 
gueillit d6ji. 

Et ce que je viens de rappeler suocinctement est tellement exact que 
ipeine les premiers coups sont 6chang6s entre les ambitieax de la 
r6publique et le ministre constitotibnnel, k peine ce dernier art-il 
indiqu61a resistance qn'il opposera aux revendications, aux aspirations 
de ses adversaires, que ceux-ci reviendronti leur sy*t$me de combat* 
Depuis quelques ann£es, les meurtriers avaient cess6 de menacer la vie 
du Roi, et voilfc que, en 1846, deux attentats se commettent sar la 
personne de Loui* -Philippe. 

Le 16avril, k cinq heures du soir, an nomm£ Lecomte, ancien garde 
ggnlral de la forat de Fontatnebleau, tirait sur la voiture royale aa 
moment oh elle tra versait le pare de Fontainebleaa . 

11 y avait dans la voiture, la Reine, la princesse Adelaide, la duchesse 
de Nemours, la princesse de Salerne et le Roi. Trois balles coupirent 

StpU*MUmi«*,T<*»I. 14 



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210 - . HISTOIRB DB NIMES 

les (ranges de la voiture, et la Reine ramassa une bourre tomb£e entre 
elle et le Boi . Person ne ne f ut attaint. 

Imm&iiatement arreti et traduit devant la cour des pairs, I'assassin 
apr&s des dlbats assez longs fat condaron6 it la peine de mort. 

L'ex6cutioneutlieule8juin A cinq heures da matin, k labarri&re 
Saint-Jacques k Paris. 

II y avait it poine quelqnes semaines que oet arrdt £tait rendu et 
ex&uti que de nouveau une main criminelle mena^ait les jours de 
Louis-Philippe. 

Le 29juillet, it sept beures etdemie, au moment oh le Roi, accom- 
pagnldela Reine etde la familleroyale, se pr&entait aubalcon des 
Tuileries pour Scooter le concert donnS i raison de l'anniversaire des 
journ&s de juillet, deux coups de pistolet f urent tir& sur lui . 
( L'assassin, un nomm£ Henry Joseph, fut immldiatement arr£t6 et 
livrfi it la justice. 

TellesStaientles premi&res menaces faites parle parti ripublicain 
au vieillard roi dans Tespoir de le faire revenir, 6pouvant£, k sa politi- 
que pr6c6dente et de le voir se sgparer de M. Guizot, son conseiller du; 
moment. 

En mftme temps se fomentaient dans les bassins houillers d'Anzin 
et de Saint-Etienne des gr&ves ob&ssant toutes i un mot d'ordre et bien 
faites pour souligner l'influence que pouvait avoir l'armde d&nagogique 
et les perils qu'elle pouvait sasciter. 

j'ai era bon de presenter quelques reflexions sur ce sujet avant 
d'aborder le detail des dv&nements qui s'6coul6rent it Nimes dans le 
courant de cette mSme ann&l 846. 

. On se souvient du drame qui vers la fin de 1845 ensanglanta la 
liaison centrale de Nimes, et k la suite duquel un fr&re de la doctrine 
chrttienne trouva la mort. Compagnon, auteur de cette coupable 
aggression, fut condaping it la peine de mort le 24 novembre 1845. 

Le mardi, 17 ftvrier, k sept heures pr&rises du matin, la guillotine 
se dressait sur la place des Ar&neq, etle bourreau, Carr6» allait prendre 
k la Maison d'arrdt Compagnon dont l'ex&ution 6tait fixte k ce jour. 

A cinq heures du matin, rabbi Paut, aum0nier des prisons avait 
annonce au condamn6 que son pourvoi en grftce 6tait rejett. Compagnon 
qui n'avait pourtantque dU-neuf ans 9 accueillit cette nouveUe avec le 
plus grand calme et la plus grande tranquillity. 

II tarata avec un sang-froid ftonnant les paroles du pretre et les 
encouragements des deux soeursdechariti accourues, raivantl'usage, 
pour accomplir avecun saint courage leur plnible devoid. II embrassa 



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ANRtE 18U ■ «* 

an cbrist que lui pr&enta Tune d'entre ces saintes filler, etentendant . 
sooner avec force la cloche d'entrte de la prison, il dit : t Voilfc un coup 
demattre.* 

H fut remit ensuite entre les mains de Fex&uteur des hautes 
oeuvres de Nimes 9 accompagnl de son coll&gue de Montpellier et de 
deux aides. Puis descendant avec la plus grande fermet6 les escaliers 
de la prison, il arrival l'&hafauddontlavue ne lefit pas faiblir. II 
mourut aprfcs avoir fait k la foule un 16ger signe de t£te en guise de 
salut et d'adieu. 

Ainsi se termina ce drame judiciaire qui avait profond&nent im- 
pression n6 la population de notre rille. 

Quelques jours aprte, un bandit nomm£ Pintard, detenu k la Maison 
d'Arrtt, s'&happa avec un autre d&enu nomm6 Tassy. Pintard, qui 
avait dirigg sa course vers la place de la Mairie, fut arrtt£ par un sieur 
Guyot, ancien employ^ de l'ocbroi. Malheureusement ce courageuz 
citoyen fut victime deson ddvouement, et Pintard, arm6d*un couteaur 
poignard, en porta un coup dans le baa- ventre de Guyot qui expUa 
quelques jours apr&s. Ce meurtre commis en plein jour et.dans de 
telles circonstances excita une vive Amotion chez tons les habitants et 
vinteffacer la commiseration qu'onavait pu ressentir en voyant tomber 
la tote du jeune prisonnier de dix-neuf ans et ddji convert dn sang 
d'un de nes semblables. 

Les Elections municipals et Initiatives approchaient du reste k 
grands pas, et, k raison de la situation g6n6r»le du pays, se pr&entaient 
avecun caract&re de .gravity anormal. 

Les Elections municipales furent les premieres. Dix-huit membres 
sortants 6taient it reraplacer. CTttaientMM. de Vallongue, ledocteur 
Martin, J. Tur, Cavalier-Bdn&set, Michel, N£gre-Beigeron, docteur 
Pleindoux, Noury, Engine Foulc, de Chastellier, Bruguier, Dominique 
Bolze, Almir Cavalier, Chaudordy, Philippe Eyssette, de Sibert et deux 
membres d&6d&, MM. de Seynes etBosseL 

Les Elections commenc&rentdans Fordre habituel le 22 juin pour sip 
clorele8juillet. 

MM. le docteur Casimir Martin, Cavalier-B6n6zet, Jean Tur, Nfegr^- 
Bergeron, Casimir Michel, Pleindoux aio6, Eugtoe Foulc, de Chas- 
tellier, Bolze Dominique, de Sibert furent r&lus parlours concitoyens. 

MM. Achille Grelleau, avocat ; Charles Magne, proprtftaire ; Jules 
Holland, negotiant ; Ch. Dombre, ingSnieur des ponts et chauss&M ; 
Charles deSurville, propriltau* ; Roux-CarbonneL ancien nlgociant; 
Auguste Cazeing, pr&ident du tribunal de commerce, et Emile Ctusse, 






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212 . HISTOIRE DB NIMES • " 

avocat, furent choisis k nouveau par le corps Electoral pour occuper les 
fonctions deconseiller municipal . 

11 y avait au sein de notre assemblEe communale un incontestable 
changemont, plus grand mErae que ne voulait ou n'osait se l'avouer le 
parti constitutionnel • Le parti d'opposition gagnait du terrain . 

€ Serait-il vrai, disait l'organe officio ux du parti gouveme mental, 
comme nous l'avons enteudu dire, que par un certain effet des Elec- 
tions municipales, la politique locale serait changEe f 

* Nous savons trEs bien que oe n'est pas le nom des nouveaux Eius 
qui pourrait servir de prElexte A une semblable crainte : la juris- 
prudence de rapprochement et d'impartialitE, de libre et courtoise 
discussion qui, depuisquinze ans, prEvaut dans le Conseil ne sera pas 
mise en pEril par. les konorables membres que la confiance publique 
vient d'y introduire.» 

II y a dans ce langage embarrassE la preuve Evidente que la direc- 
tion des affaires communalesEckappait en partie au parti constitution- 
nel. Le mouvement qui se dessinait en 1837, en 1841 9 s'affirmait 
en 1846. 

Le demi succEs que les officiels remportaient k quelques jours de la 
dans les Elections legislatives ne compensait pas leur Echec aux Elections 
municipales. 

Les Elections legislatives eurent lieu le 3 aodL La plus : intEressante 
de toutes fut celle du college iritra-muros. Le Heutenant-gEnEral 
baron de FeuchEres et Ferdinand BEchard se presentaient en concur- 
rence devant les Electeurs. 

L'un, M. deFeuchEres, avait pour lui sa double qualitE de bienfai- 
teurdela ville et d'officier ayant longtemps exercE le commandement 
supErienra Nimes. Nous avons vu la donation que M. de FeuchEres 
avait faite, en 1841, en faveur d'ceuvres de bienfaisance dont Nimes 
avait obtenn nne trEs large part. ' 

M^FEvEque etle president du Consistoire avaient EtE chargEs, en 
particulier, de distribuer, le premier une somme d'environ 2.000 
francs par annEe, rente perpetuelle consacrEe par un capital de 50.000 
francs placEs en rentes sur FEtat, le second une somme d'environ 1.000 
francs, reprEsentant FintErEt d'un capital de 25.000 francs placE comme 
le premier. 

Ces sommes devaient Etre, suivant les intentions da donateur, rE- 
parties par fractions de 150 francs anmoins et de200 francs an pins 
entre des families nEcessiteuses dont le choix appartenait aux deux 
ecclEsiastiques prEcitEs, 






'. % . * 



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A 



--V* 



ANNtB 4Sit . SIS 

L'Kvtehe et le CoQsistoire n'avaient pas manqu6, ftussitdt qa'ils 
furent en possession deces liberalite* pretieuses, de soalager autctar 
d'eux quelques-unes de oes families n&essiteuses que savaienl . trouver 
leur charity et leor abnegation. 

Aussi, en dehors des fondations pieuses faites aux etablissements 
hospitaliers etdont se ressentait heureusement la population ouvtifere 
de notre ville, etait-ce un veritable concert de benedictions i l'adresse 
du g6n6reux donateur. 

Dansde telles conditio ns, l'honorable general pouvait k bon droit 
affronter le scratin k Nimes . 

Son concurrent, redou table sur le terrain politique* M. Ferdinand 
l&chard, avait pour lui la consideration qui s'attache k tout homme 
ayant occupe dans le Parlement fran$ais une situation honorable, 
conquise parson honngtete, son talent et son z&le dans les choses 
publiques. " 

II y avait en presence, la reconnaissance d'une part, le principe 
politique ensuite. Avec habilete, les constitutionals se raogferant 
derrifere M. de Feuch&res, escomptant le gain qu'ils pourraient tirer 
de la victoire que lebienfaiteur de la ville devait remporter. 

Et cependant pour faire dchouer M. F.Bechard, malgig tous les 
titres que le general de Feuchferes avait k la reconnaissance des Nimois, 
il fall u tempi oyer la corruption electorate . Le gouyernement envoya 
k la ville, avant Election, une statue de Pradier, dont nous d irons 
quelques mots plus loin. CTetait la « Poim Ughre » et qui fit dire fc 
Lamartine « lis ont fait de ma d&sse la deesse dela corruption ». 

La lutte fut si vive qu'un sieur L. Boyer fit voter toute sa famille, 
tegitimiste et trfes influents pour M. de Feuchferes ; il regut en recom- 
pense une place d'inspecteur des the&tres de Paris. Nous retrouverons 
plus tar dee Boyer, directeur du Vaudeville, et corarae pr&te-nom d'un 
nomme Partout, il fut l'auteur de « VOnielHle fantaslique » et de la « /hie 
dela Lune ». 

Le baron de Feucheres r£unit 425 voix et Ferdinand B6chard 366 
seulemeut. Sur 841 eiecteurs inscrits, 799 emirent leurs suffrage* 
tant cette election avait passionne la ville. * ^ 

Une fraction des amis de M. B6cbard avait donne ses voix iiM.de 
Feucheres. Faliait-il s'en etonner ? Nullement ; et mime battu mate- 
riel I ement, M. Bechard etait moralement victorieux. Les idees dd 
reconnaissance pour les services rendus k la cause des malheureux* 
pour les sacrifices faits en favour de la ville avaient parte plus haut 
que les principes politiques. • . 



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♦' . V "• * 



M HISIOmB UB NIMES t 

Si parappareoce il semblait quo la victoire da 2 ao&t ouvrait una era 
nouvelle pourTopinioa constitutionnelle, la v£rit6 6tait que celled 
tfetait pasenmeilleur etat qu'auparavant et que ses progr&s etaieni 
absolumentnuls. 

Le college extra-muros, oil ne s'agitaient pas les mftmes interets, le 
prouva suraboudamment et la bataille engag£e entre M. Gaston de 
LabaumeetM. Teuloa fut toute au profit de ce dernier. Le candidat 
constitutionnel n'avait pu trouvorqae 199 voix, alors que sou concur- 
rent en recueillait 347. L'opposition avait triompbe. 

L? College d'Alais proclama d£put£ M. de la Farelle, qui sortaiL 
Oelui du Vigan renvoya au Palais-Bourbon M. de Chabaud-Latour, et 
celui d'Uz&s confia le mandat de depute k M. Charles Teste, fils du 
mioistre qui avait pos6 au nom du Roi la premi&re pierre de notre 
Viaduc. Dans ce college, M. Charles de Labaume, qui 6tait depute 
sortant, ne s'ltait pas represent^. La deputation du Gard avait done 
subi une l£g&re transformation et recevait deux nouveaux membres. 
Nous avons vu que Election de M. de Feuch&res ne pouvait pas se 
compter comme un succfes pour le parti gouvernemental 9 bien qu'il 
affectit d*en triompher outre mesure ; Election de M. Charles Teste 
ne modifia en rien l'assiette politique de notre deputation. . 

Les r&ultats pour la France furent favorables au minist&re qui 
jgagna un certain noicbre de sieges. C'etait une preuve que le pays 
eotendant un langage energique et voyant enfin des actes de resistance 
contre 1'aveuglement demagogique » ne demandait pas mieux que 
d'entrer dans cette voie et de soutenir le gouvernement. 

Et pourtant, la poignito d'ambitieux et de broiillons que M. Guizot 
cherchait k tauter k tout prix eut raison en peu de temps et de cette 
majority nouvelle, consecration apparente de la Revolution de 1830, 
et de ce ministre si formidablement etabli <dans la confiance du Roi* 

(Test qu'il etait trop tard pour revenir en arri&re et que la force 
acquise poussait quand m£me la machine gouvernementale que le 
moindre arret devait infailliblement briser. 

Malgrg la victoire du minist&ra, l'opposition ne desarma pas et son 
effectif, quelque entam£ qu'il fttt, se groupa i-eaolAment derrifere quel- 
que3 chefs decides k tout. Chacun des actes du gouvernement fut tour 
4 tour bUrae, censur*. 

Le premier d'entre ceux-ci fut le manage du due de Ifontpensier, 

'fils du Roi, avec une infante espagnole. Les memos qui avaient jet* 

k la face de Guizot le reproche d'etre yendu it TAngleterre, s*6cri£rent 

que ce manage allait evidemment nous jeter dans une guerre difficile 



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ANNtE 4S4S *IS 

avec oetto nation. CT&ait renouveler la politique do Louis XIV, c'6tait , 
youloir affronter les d&astres qui signal&rent la fin du grand r&gne* 

II est certain que cette union prit au d6pourvu le cabinet britanni- 
que. Le manage de l'infante Louise Ferdinande avec un des fils du roi 
de France ne pouvait manquer de modifier les relations amicales qui 
existaient entre les deux cabinets de Saint-James et de Paris ; il n'en 
fallait pas moins s'en ftliciter si k force de tact et de moderation, notre 
ministre des affaires 6traug&res pouvait amener le cabinet anglais k 
approuver une union aussi favorable k notre politique. 

La conqu6te de l'Alggrie avait totalement transform^ notre r61e 
sur la A16diterrann£e et l'entrte de l'Espagne dans l'alliance fran$aise 
pouvait 6lre d'un grand poids dans la solution rapide des difficult^* 
que nous rencontrions dans notre nouvelle colonie et plus particto- 
lieremcnt sur la fronti&re du Maroc* 

La politique de M. Guizot l'emporta et le mariage entre le prince 
fran$ais et la princesse espagnole eut lieu k Madrid le 1 1 octobre 1846, 
.avec une pompe et un 6clat inaccoutum6s. 

Pendant les negotiations qui pr£c£d&rent ce mariage, un coin de 
notre dgpartement avait 6t6 la proie d'un terrible flSau. % 

Le 20 septembre, de six k neuf heures du matin, la ville d'Alais fat 

' d£sol£e par une inondatibn 6pouvantable. Le Gardon, la veille presque 

k sec, s'enfla dans l'espace de quelques heures d'une fa$on d6mesuri5e 

et submergea toutes ses rives. Les d&astres qu'il accumula k Atais 

furent terribles. Plusieurs personnes furent emportles par les eaxrx. 

Imm6diatement s'ouvrit dans notre ville. une souscriplion pour 
porter quelques secours k une population, si cruellement alteinte. 
M* Cart, l'6v6que de Nimes, qui venait de refuser l'archevech6 d'Aix 
pour se consacrer k son diocese, arriva k Alais portant avec lui/avec 
les tr&ors de la charitd, le baume de sa parole 6loquerite et r&on- 
fortant les courages atti^dis et les esprits terrifies; % 

Nimes fit tons ses efforts pour apporter quelque soulagement au 
malheur qui venait de frapper sa voisine, et le maire d'Alais put Scriro 
ce qui suit : 

« Je suis extremement touchy des marques de sympathie que nos 
malheureux inondls ont trouv&s parmi les habitants de Nimes. » 

Alais ne fut pas d'ailleurs la seule ville atteinte. Le bassin de la 
Loire fut 6galement d£sol6 par le m6me fl^au et I'esprit de charit6 
qui anime nos compatriotes eut plus d'une occasion de faire ses preuves. 

Le Gouvernement envoya des secours importants dans les regions 
d6vast£es et le Gard re$ut pour sa part 59.000 francs* 



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**I6 HiSTOIRBDB NIMES ^ 

Le i" ddoembre s'ouvrait, k U Maison-Carrte, uoe oxpositioa des 
Beaux- Arts. Une Toole considerable viot visiter oette exposition ; un 
attrait particulier Ty attirait. II y avait, en effet, expos&s, l'6bauche 
en relief du projet de la Fontaine qui allait Gtre 61ev6e snr TEs- 
planade, et de plus la gracieuse et delicate statue, un des chefs- 
d'oeuvre de Pradier : la Poitie legere. 

« De toutes les oeuvres de Pradier, a dit Jules Canonge, c'est peut- 
fitre la plus originate des conceptions ; comrae rendu, c'est tris 
certaincment une d* plus parfaites. 

» La hardiesse du jet, la vivacitl, la souplesse du mouvement, la 
l£geret6 tout alrienne de ce marbre qui vit et palpito, 6tonnent et 
cbarment. » 

Cette rapide description du maltro est d'une exactitude remarquable. 
La Potsie Uglr* est encore un de* plus gracieux et uo des plus d&icats 
ornements.de notre Musle. 

Plusieurs artistes de la region rgpondirent it Tappel qui leur avait 
. 6t6 adress£ et exposerent quelques oeuvres remarquables. Parmi ceux 
de Nimes, on remarquait M. Charles Jalabert et M • Adolphe Jourdan, 
dont nous avons eu occasion de parler. M. Gustavo Bosc, de Nimes, 
avait envoy6 une copie du Vtidlius, ex&ut£e en pierre de Lens ; ce 
jeune artiste 6tait un 61&ve deM. Paul Colin. , 

* On ne peut parler art sans signaler que Ton venait de placer it la 
mdme 6poque sur un des piliers de l'lglise Saint-Louis-des-Fran$ais, 
k Rome, un m6daillon en marbre blanc it la m&noire de Sigalon. 
Au bas de ce m6daillon fut grav£e rinscription suivante . € Eximio 
pictori gallo Xaviero Sigalon. » 

Nous venonsjde voir que l'6bauche en relief de la fontaine de 1'Es- 
planade figurait k cette exposition. On allait, en effet* se mettre sous 
pen k ex&uter le plan de M. Questel. 

f D£j& les blocs de marbre 6taient arrivds k Nimes et les premiers 
travaux des praticiens avaient 6i& executes, en attendant que le c61&- 
bre statuaire charge de la scuplture e&t fouill£ avec son ciseau les 
statues dteorant l'ouvrage. Le 15 dfcembre MM. Cazai et Ginestous, 
entrepreneurs/ prirent l'adjudication de la construction de la ma^on- 
nerie de la Fontaine au prix de 40*000 francs avec un rabais de 
2 et demipour cent. 

La nouvelle municipality venait d'etre reconstitute avec M. Girard k 
sa tdte comme pr6c6demment. Les adjoints 6taient MM* Pleindoux 
aln£, Grellea^JUgtulsti^.SplJfn^ Jean. 

La session d'ao&t du Conseil municipal avait 6t& remplie par plu- 



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ANlffiB IS4t *H 

neon affaires d'un haut intlrtti La nouvelle £glise Saint-Paul - 
venait d'etre achevge quant au gros ceuvre. 11 restart k la terminer 
enti&rement, c est-i-dire k la dteorer et it la munir des objets mobi- 
lien n&essaires. De ce chef la d£pense pr£vue 6tait de 220.000 fr. 
Parrai les articles de ce devis figuraierit en premier lieu les peintures 
murales. Ce fat, M. Flandrin, auteur des belles peintures morales de 
l*£glise Saint-Germain-des-Prg* k Paris, qui accepta l'ex&ution de 
celles de la nouvelle 6glise. Les peintures de decors et d*encadre- 
ment furent confi&s k M. Dfouelle, les vitraux a M. Mar&hal, de 
Melz. et les orgues k M. CavaiU6, de Paris. 

En meme temps que se riglaient ces details relatife A l'6glise Saint- 
Paul, le Conseil se prtoccupait d'am&iorer les Edifices consacr6s au 
culte protestant. Nous avons vu que, grice k un emploi intelligent 
d'une somme de 60.000 francs, le Grand-Temple avait re$u des dispo- 
sitions inl&ieures tres heureuses et un aspect g6n£ral trfes convenable 
Pareil travail de restauration fut vot6 pour le Petit-Temple* Le 
dallage en fut refait en pierres de Barutel ; des stalles en bois de 
noyer remplac&rent les bancs et les chaises destines aux assistants. La. 
chain fut am61ior& ; la facade donnant sur la rue des Flottes qui 
venait d'etre glaigie, fut reoonstruite dans le style du pensionnat 
normal 6difi6 tout k c6\6. Enfip quatre grandes ouverture* furent 
pratiques dansle bautet lebas de T6difice pour donner le jour et 
rair qui manquait k l'intlrieor. 50.000 francs 6taient consacr6s 1 cos 
diverges reparations. 

La question des hospices revenait k cette session avec urie aggrava- 
tion de charge pour la ville. Le budget de Tadministration hospi- 
tali&re £tait devenu insuffisant pour faire face aux dlpenses. En 1835 
le nombre des malades civil* regus a IUdtel-Dieu donnait en journ£es 
de traitemcnt, le chiffre de 23000. En 1 840, ce cbiffre se troavait 
port6 it 40000 , et en 1845 it 53000. Les ressources des hospices 
n'ayant pas augments et les depenses ayant presque doubly cette 
administration se trouvait en 1846 avoir un deficit de'pr&s de 30.000 
francs. Encore lui avait-il fellu, par des mesures sgv&ires, limiter les 
admissions et accroitre dans la mesure du possible les ressources 
budgetaires. Pour permettre aux hospices de faire face it ce deficit, 
il fut d£cid£ qu'un secours extraordinaire de 20.000 francs en 1846 et 
de 5.000 en 1847 leur serait accord^ et enfin que la subvention 
' annuelle de la ville serait portte de 80 k 90.000 franca. 

A la session denovembre, le Conseil s'occupa de la question da 
dallage en aspbalte des boulevards. Ceux-d avaient 6t& dSjk gran* 



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21* : HISTOIRE DB NIMES -^ 

dement ara61ior6s par le pavage de la voie da milieu, consacree it la 
circulation des voitures. Mais les voies de cAte, trts frequentees; 
presentaient k l'gpoque des grandes sfecheresses et des grandes pluies, 
une poussifere et une boue insupportables. - - . 

Les voies lat£rale3 etaient, en efifet, de temps en temps niveiees avec 
de la terre 9 et en 1846 on avait essay 6 pour ce nivellement de so servir 
des debris extraits du cbantier de l'lglise Saint-Paul . Mais le r&ultat 
avait ete nul et les memos inconvenient? s'etaient repr6sentes. ' ' 

Profitant de la promulgation de la loi du 7 juin 1845 permettact 
de prescrire d'utilite publique l'etablissement de trottoirs sur les bou- 
levards et dans toutes les rues de la villa qui pr&entaient une largeur 
minimum de7.50, leConseil adopta ce qui suit: 

€ La largeur de& trottoirs variera de 1.25 jusqu'it 5 m&tres, sui- 
vant la largeur de la rue. Us seront dalles en asphalte ou en petits 
cubes de pierre dure cimentes. 

» Les proprietaires riverains seront tonus de concourir k la dSpense 
dans la proportion de moiti6 toutes les fois que la largeur du trottoir 
nedepassera pas 2 m. 50 et dans la proportion du tiers pour toute 
la largeur au-dessus. » 

Cette deliberation fut incontinent soumise it l'autorite royale pour 
obtenir la declaration d'utilite publique. 

Le percement d'une rue entre la rue du Grand-Couvenl et la place 
de la Maison-Carr6e revint une iois de plus devant le Conseil. Ce 
projet, sur lequel a ete caique celui relatif k l'ouverture de la rue de 
la Banque, supprimait, comma on vient de le faire, la ruelle des 
Flottes. Malheureusement, le Conseil* tout en exprimant son appui 
favorable k l'execution d'une issue aussi utile k tous les points de 
vue, fut oblige de l'ajourner, en raison des pretentions exager6es des 
proprietaires. 

Les travaux de la rue du College etaient k peu prts termings. 
M. Si mil venait de se rendre acqu£reur au prix de 16.700 francs 
de la maison laissee intacte par le nouvel ' alignement. 

En parlant de cette rue, il est un detail connu de peu de nos conct- 
toyens qui present* pour notre bistoire cbntemporaine quelque intertt 
et qui a sa place ici. 

Rue du College, 6, la veuve Michel possedait une petite maison et 
dans cette maison, deux chambres garnies dont le modeste mobilier 
remonteau sitele de Louis XV. En 1792 la plus graodedeses cham- 
bres etait louee 20 francs, I'autre 10 francs par mois. 

Avant son depart pour le sifege % de Toulon, le lieutenant d'artillerie. 



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Alflftl 4 Sit Hi 

Napollon Bonaparte, occupaii la aeconde; 4 son retour k Nimes, il 
occupa.la premiere. Sa position nourelle lui permettait alors colder 
accroissement de bien-6tre : fl Tenait d'&hanger son Epaulette da 
lieutenant contra celle de capitaine. 

Lors de son Ovation k I'empire, Napoleon regut, an ch&teau des 
Tuileries, it l'occasion de son sacra, M. Michel, qui joignait it la double 
quality d'ex-propri6taire at d'ex*perruquier de l'empereur, cellede 
grenadier de la garde nationals M. Michel mourut en 1820, ayant 
abandonn£ sa profession et ne laissant k sa femme que la maison de la 
rue dn College. 

Un autre qqartier venait aussi de s'am&iorer d'une fe^on notable ; 
celui de la cit& Foulc. C'est de oette annte que date la creation da 
square de la Mandragore que la municipality actuelle a si maladroi- 
tement snpprim6 pour y installer une b&tisse d'un goftt douteux et qui 
abrite provisoirement nos richesses artistiques* , 

II ne me parait pas inutile an moment de clore cette annte 1846 de 
jeter un coup d'oeil sur la situation g6n£rale de notre industries Nous 
sommes arrives vers la fin d'un rfegne prosp&re et ces renseignements 
statistiques peurent utilement sarvir pour l'avenir de point de compa- 
rison. 

Nimes oomptait en ce moment : 45 fabriques de chAles an tous 
genres, 21 fabriques de ganterie de soie, 25 fabriques de bonneterie 
de soie, 5 fabriques d'6toffes unies et faconnges, 5 fabriques de galons, 
2 fabriques de lacets, 6 fabriques de bourrettes, 11 fabriques de fou* 
lards, 4 fabriques de tapis, 3 fabriques de bisons, & manufactures de 
soie k ooudre, 3 fabriques d'impression sur 6toffes et teintures, 
4 fabriques de bretelles, 2 6tablissements pour le lavage des laines, 
6 filatures de soie. 

Bile oomptait 8.500 metiers battants et 2.500 metiers d6mont&. 
500 ouvriers 6taient occup6s au d6vidage des soias, 600 an tirage des 
soies et 15.500 aux autres mains d'oauvre exigles par la fabri- 
cation. 

En 1845, ces 16.600 ouYriers avaient fabriqul 450 pieces de taffetas, 
1 50 pieces d'6toffes coton et soie, 350.000 chiles et 725 .000 mouchoirs, 
crarates, et fichus soie et coton, soit en tout 1 .O7SA0O pieces. 

La fabrication de ces articles avait employ^ 20.300 kilogrammes de 
soie, 34.000 kilos de bourre de soie, 500.000 kilos de coton at ~ ' ; 

500.000 kilos delaine. ^;[ 

A cAt* de ces renseignements statistiques qui concernent notre in* ; i 

dustria, il est utile de faire remarquer que dans lecourant de cette 



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2» UIST01RB OB NINES 

ann£e 1846, des homines sp&aaux da d6partement formfereut le projet ; 
de se r&mifen soci6t£ pour concourir au prqgr&s de Tart v6t6rinaire 9 
de l'agricullure at de toutes les sciences naturelles qui s'y rattachent. 

Le ministre de r Agriculture et du Commerce approuva les statuts de 
cette nouvelle association qui sous le titre de « Soci6t6 du Gard » devait 
compter* quarante- cinq membres titulaires et unnombre illimit£ de 
soci&aires. 

Compos6e d'agriculteurs et de negotiants experiment's et capable*, 
)as6ci6L6 avait pour programme de d&endre les int£r6ts du dgparte- 
ment lorsque la question de la revision du tarif des douanes devait 
venir dans le Parlemenfe •'-:_• 

« Les departments du Nord- parlent et agissent, disaient les fon- 
dateurs de cette soci£t£, ne restons pas en arriere ». 

Imbusde cette idde, les soctetaires voulaient presenter au gouver- 
nement Fexpression des voeux et des besoins du pays ; elle voulait (aire 
peser dans la balance les int£ rtts du Midi 9 quelquefois mtoonnus 
parce qu'ils £taient rest£s muets. 

C*6tait la preparation de la grande lutte entre les libre-&hangistes 
et les protectionnistes. 

Les r&ultats du d£nombrement de la population op&6 en 1846 
furent les suivants : / ; ] 

La population totale de la villa s'&evait 4 53/251 habitants, ainsi 
r£partis : 

Dans les limites de l'octroi, habitants residents. 47*215 

— — population inscrite en bloc. . . . . 3.809 

Depuis les limites de l'octroi jusqu'A cellos de la commune. 2.227 

II y. avait 23.536 habitants du sexe masculin et 25.906 du sexe 
f&minin. 

Enfin les cultes so d£nombraient de la fagon suivante : 
Catholique, 34.783 — Protestant, 14.234 
Israelite, 424 — Musulman, 1 

Ce dernier se trouvait dans la dixi&me section. 

La section la. plus peuplto 6tait la 12* avec 5.327 habitants, et la 
plus faible &ait la 8- avec 2.172 habitants. 

Je ne peux clore cette annte 1846 sans parler d'un 6v&nement consi- 
derable pour la chr£tient6 et qui eut un immense retentissement dans 
les coeurs catholiques de notre ville. 

Le cardinal Jean-Marie-Mastai Ferreti,n6 k Sinigaglia le 13 mai 
1792, 6?6que d'Imola, 6tait 61 a pape le 17 juin. Le nouveau pape pre- 
nait le nom de Pie IX. La nom de ce pape v£n6r6 est encore dans toutes 



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ANNftB 4S46 tM 

les 'touches, car on se souvient des assauts multiples qu'ildutsubir 
pendant son long pontificat pour dtfendre I'Eglise menacie, de sa 
mansu&ude, de son angglique bont6, et de son inalterable douceur. 
N*est-il pas aussi li6 f intim&nent \\6 avec la Prance qui, repre- 
sentee au pied du Saint-Sifege par Ids zouaves pontificaux 9 vit ceux- 
ci se dSvouer et s'immoler en 1870-1871 pour sauver rhonneurdu 
drapeau de la fi He atn£e de l'Rglise. 



NOTE 



Pendant celie annce 4816, les travails commends a la place de la Gonroune, eeux 
executes a la place da March*, furcnt eompfclement termites. 

CoUe dernidre, h place du UarckJ, a sob nom dans I'Histoire de Nimes. Elle dalatt 
*videmmcnt d'un Icmps Ires eloign*. Peut-*fre fnl-ellc life comroe jardio a la baailique 
qui s'elevait snivant toutes probabilil*s, sons les Romains, a la place de noire Palais de 
•Justice. 

Ce qnll y a de certain, nous dil Menard, e'est que snr cetle place s'elevait, Tie a fis 
da March*, la Monnaic pres la porte Saint-Aatoine el le logis de PEtoile.. Le batiment 
qui avail donn* a la porte de la rille le nom de porte Saiol-Aotoioe e'tppelt pins tard 
E6ul de la Coquille. Qaant an logis de lTtoilc, c'est celni qui donna son nom a la me 
do memo nom, rue pr*c*dcmment appd*e roe de la Juiveric, a raison de la faeultdqui 
avail 616 donn*e anz Jaifs d*j demenrer. 

Lenom dc la rue de la Moaoaic a perp*lu* le souvenir de rhotel de la Monnaie, 
disparn depnis oo affect* a d°autres usages. Nimes, sons les Romains, avail facult* de 
" battre. monnaie, cl sous les premiers rtgncs de la Monarehie franchise, noire hold 
frappa des livres tournois et parish sous Louis XI? Nimes fat .designee pour bbriquer 
les lisrds de France a un litre qui portait prejudice am habitants. Les concessionaires 
de la frappe voulurent et r*ussirent a *tablir le cours fore* de cette nouvelle monnaie; 
mais a la suite de tongues plaintes «"e la population, de proces *voqu*s devant lea 
diversesjuridictions du rcyaume, proces dontla plupart des pieces se trouveat dans 
nos archives a la Bibliotheque de la ville et > la Mairie, le Roi rendit en Conseil, to 
4*7 mars 4657, no arrdt abolissant le court fore*. De ce jour et pour toujours It 
Monnaie de Nimes cessa de frapper aucune monnaie. 

An milieu de la place du March* se trouvait une halle couverte qui en occupait presque 
toute la superfieie ainsi qu*une partie de Mot de maisons compris entrt la plate, tos 
rues de rflotcl-de-Yille, de l'Aspie et des Broqutert. 

Ct march* *ttit bati en pierret avec des arceauz asses has. De cheque c64§*taieat des 



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r »1 H1ST01IIE DB NtMES ^ 

',-■--_ roes dtroiles el obscures commc noos le monlre It roe Frcs;oc, tl Jans ees roes talent 

llablis des corps de mdtiers qui leor donnalent leorsnoms. 
' _ - « La rae de niMd-de-Yille s'appetelt la roe de la Romaine paree qoli c6U do march* 

convert dlmoli en 4846, a pen prts en face llmpasse qui mene I la maison Cler, se 
troofail le poids public Sons l'arceao de la roe Fresqoe, qne Ton roll encore, se 
| teoail aolrefois le march* aox bits. 

La place de la Couronne servait ao dix-scpti&me sfeele de timetifcre aox protestants. 
Le 24 ffevrler 1683, ce dmetiere revinl aox callioliqoes, el le core" Not! viol ce joor-41 
le Wnir en grande pompe. Josqal la Revolotion, les Inbomalions se firenl sor eel empla- 
cement, ce qoi expltqoe la qoanlite* d'ossemenls qui fol relroavte Jors de la formation 
do sqaarc aetoel, soos l'administratlott de If. Doplan, maire. 

Aplasia Revolution, qoanlles dilllgences devinrenlle seal moyen de transport a la 
pdrtfe dn pnblic, c*dlail sor cetle place qoe se Irooyalenl les prindpales entreprises. 



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£ - .* 



CHAPITRE DIX-SEPTIEME 



(Ante 4S47) 



SOMMAIRE 



lX« TBOUM.ES DE JTfLLET A NlXES. — MSOBDBCS DAXS LA FbAXCE. — LBS ATBUBBS DE 

CHABITft. — LA STATUE DE SAD5T LOCIS A AiGCESMOBTBS. — Le Jl'BIL*. — CB&ATIOX DE 

LA 8TOCUBSALB DE LA BASQUE DE FbASCE. — fcUCGUBATIO* DO CHBXUf DE FEB 

D'AtIGHOH A If ABSEILLE. — NOS COMPATBIOTES A PABIS. — MOBT DE If. CaVAUEB, 

. AXCtEX XAIBB. 



II est assez curieux de commentier ce chapitre par le r£cit d'une 
course de taureaux. On ne s'en 6tonnerapas, si j'apprends k mes 
lecteurs que* le dimanche 6 juin 1847, le nomm£ Martin Hippolyte, de 
Nimes, fat tu6 k Caissargaes par an taureaa qui s'6lait lancS sur lui* 
_ D6}k k cette epoque et pendant tout le rfegne de Louis-Philippe 
les courses de taureaux furent interdites ; on expriroait l'espoir que le 
goAt et la raison finiraient par triompher d'habitades inY6t£r6eset 
d£plorables. 

Martin, qui ne sunr&ut qu'une heare aax atteintes de l'animal, fat 
enterrg le lendemain k l'6glise Saint-Charles. Ses amis ne voulurent pas 
qu'il f At transports dans le corbillard jasqu'aa cimeti&re, et m6con« 
naissant TautoritS da derg£, de l'administration des pompes fandbres 
et de la police, le port&rent sur lean ipaules jasqa'i sa dernitet 
demeure. Une foale considerable accompagnait le cortege fundbre. 
L'autorit6 qui an moment arait essayg d'empecher cette manifestation 
ne pat 7 rgussir et dot se retirer devant la population menaganto* 



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- , *" \ ' ; 



224 HBTOIRB DB N1MBS . _ 

L'&re des effervescences publiques allaii recommcucer et c'est \k 
ce qui m'a conduit k parler tout d'abord du fait ci-dessus. 

Nimes eut ses premieres 6chaufTour6es cette mftme annte fcToccasion 
des fetes ditesde$Tois-Journ£es. Elles no devaient pas malbeureu* 
semen t finir de sitdt, ainsi que nous le verrons par la suite. 

Le 27 juillet, prfes de la place de la Bouquerie, desgroupes serencon- 
tr&rent hostiles les uns aux autrcs, gchangeant des menaces ou des 
injures. Les uns fetaient l'anniversaire des journ4es de juillet, les au- 
tres faisaient mine d'empecher ces manifestations. Peu k peu la 
querelle s'envenima, et le lendemain 28, les groupes pass&rent des 
menaces aux coups. 
Des voltes de pierres partirent tant d'un cdt£ que de l'autre. 
La force armSe accourut sur ce point avec l'intention de Sparer les 
combattants et da remettre la paix dans ce d&ordre. Ellene puty 
parvenir s£rieusement et les groupes tumultueux retinites d'un c6tt 
rgapparaissent de l'autre. A la longue chacun se lassa de cette situation 
et tout rentra dans une tranquillity apparente, au moins pour la. 
journte du 29 juillet. 

Le30 k huitheures du soir 9 de forts rassemblementsse form&rent 
sur la place de la Bouquerie. Des hommes et des ferames descendaient 
du faubourg Saint-Charles, par la place Bachalas, les rues Fl&hier, 
Rangueil et Enclos-Rey et se i£pandaient sur le boulevard du grand et 
du petilCours, pendant que des rassemblements tumultueux yenus des 
faubourgs de Saint-Paul et de la Placette s'avanfaient contre eux par 
la place de la Bouquerie. Les uns et les autres reoommenc&rent la 
bataille 4 coups de pierres, devant lesquels la police demeura ira- 
puissante. 

Les autorit£s, le pr6fet 9 le procureur-g6n£ral , le procureur du roi 9 
le premier adjoint faisant fonctions de maire (M. Girard siSgeait k 
la cour despairs) se rendirent sur les lieux avec un fort d&achement 
dela ligne. lis furentaccueillis par deshu&s et des pierres , par des 
oris incoblrents au milieu desquels on entendait parfois ceux de : € viva 
le Koi » etde: « vive laK6publique.» Apr&beaucoup de pourparlers et 
d'admonitions paternelles , les boulevards furent 6vacu6s k minuit. 
Plusieurs personnes furent plus ou moins gri&yement atteintes dans 
cette premiere rencontre. 

11 semblait, le 31, que la ville fdt rede venue tranquille, mais ihuit 
heures 9 des groupes nombreux se form&rent depuis la Maison-Cairto 
jusqu'&la Caserne. On 6yalua k 2.000 le nombre des individus for- 
mis en quelque sorte en ligne de bataille sur la place de la Bouquerie 



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: : r ." ANNfcB 4SI1 _ *» 

et vera laqoelle les habitants des hauls qaartiers s'avanc&rent en 
poussant des cris et en lan$ant des projectiles qui leur furent rendus 
sans management. Deux cents fantassins, accounts sous lesordres da 
pr£fet chargerent , apr&les sommations 16gales, et les autoritls firent 
reculer les deux camps, prets den venir aux mains. 

Toutefois, l'ordre ne fut k peu pr&s r£labli que vers deux heures da 
matin , apres de nouvelles et frgquentes demonstrations, difficiles k 
r£primer. La gendarmerie k cheval n'avait ce§s£de stationner sur les 
lieux pendant ces deux journtos. 

Comme on craignait beaucoup pour la journ£e du dimanche i" aoAt, 
lepr£fet fit demander lOOhussards a Lunel et fit preparer un bataillon 
d'infanterie k tout 6v&nement. 

Des bruits sinistres s'&aient r£pandus en ville, des rassemblemonts 
s*6taient encore formes sur les memes points. Cest alors qu'on fit pa* 
blier les deux actes officials suivants : 

c Considerant que des rassemblements tumultueux ont eu lieu k 
Nimes , dans la soir6e des 30 et 31 juillet ; que l'ordre public et la sA* 
ret6 de la circulation sont coropromis, et qu f il importe de faire cesser 
imta6diatement cet 6tatde choses,qui ne pourrait se prolonger davan- 
tage sans de graves inconv&iients pour la cit6, 

» Article premier. — II est interdit de stationner sur la ligne des 
boulevards et dans les rues de Nimes. ^ 

Article 2. — Les rassemblemeots seront immgdiatement disperses 
par la force. 

» Lepri/ctdu Gard, Dlacr. * 

Desonc6t6, M. Pleindoux, adjoint, faisant fonction.de maire, faisait 
afficher la proclamation suivanle : . 

tDe3 d£sordres indigoes d'unevillequi atantdonn£ depreuves de 
civilisation avancte, ont trouble ces jours-ci Ic repos public. 

» M6fiez-vous de tous les bruits que rSpandent des gens amis de 
troubles et de bouleversements. 

» Ecoutez plutot une voix vdritablement amie, la voix de l'autorit6 : 
elle vous prie, elle vous conjure, au nom de ce que tous avez de plus 
cber, de nepas sortir la nuit pour former des atlroupemcnts* La Ion* 
ganimitedont elle a us6 jusqu'i, present a prouvS combien estgrande 
sa repugnance k recourir k l'emploi de la force ; mais la rigueur est 
devenuen&essaire, obligatoirel 

» Que de simples curieux ne se mfilent done plus aux perturbateurs : 
ils seraient exposes & des dangers, qui ne seront que de bonne justice, 

HuUttotUmUofttToBOL li 



^- : i 



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;Gooslevf? 



SOT HISTOIRB DB NttlES 

quand ils n'atteindront que ceax qui, par leurs emportements, ne sont 
ni de notre temps ni de notre cit£. » . 

Outre ces deux proclamations , des mesures s£v&res furent prises ; 
de* ligaes de soldats, des sentinelles furent places k l'ouverture des 
rues, un piquet de cavalerie stationna sur la place de la Bouquerie ; de 
fortes pat roui lies sillonn&rent les lieux menaces. Toute la journ£e du 
f* aoAt demeura incertaine et ne fut 4 l'abri de tout d£sordre que par 
ce ddploiement inusiti de la force armee. Les habitants des quartiers 
de Saint-Paul ne purent, com me ils l'avaientfait la veille, se d£ployer 
en batailledepuislaBouquerie jusqu'fcla Maison-Carrto , invectivaat 
et apostropbant ceux des Bourgades* 

D*autre part, dans un des salons de la prefecture 9 plusieurs citoyens 
honorables , appartenant k tons les partis , se 1 6unirent et , d'un 
commun accord , se r£pandirent ensuite dans tous les quartiers pour 
recommander k tous le calme et la tranquillity. Ainsi se tormina celte 
preface de troubles plus graves qui se produiront plus tard . " _ - 

Malheureusement 9 Ykre des discordes allait s'ouvrir k nouveau 
pour notre ville, et les 6v&nements de juillet 1847 jet&rent dans les 
esprits des ferments de haine et de vengeance. Les hostility etaient 
d£clar6es entre les deux camps et t toutes suspendues qu'elles fussent 
momentangment, elles devaient reprendre k bref d£lai . j 

Un sourd mteontentenient agitait la France enti&re. Ce n'6tait pas 
Nimes seulement qui voyait ses rues transformles en cbamp de bataille, 
maisTroyesavaiteu ses troubles, Paris. le12aodt et le 4 septembre 
avait vu des rassemblements tumultueux dans le faubourg Saint-An- 
toine et dans la rue Saint-Honor^. Sans doute , en apparence, ces 
mouvement populaires n'6taient point politiques, mais lorsque les 
populations , pour un fait minime, en viennent k de telles extr£mit£s , 
il semble que les esprits ne soient pas dans leur gquilibre et dans leur 
6tat normal. (Test que, en effet, h cdt£ des agitations politiques, il y 
avait les preoccupations mat6riel)es del'arr£t du travail et de la persis- 
tants d'une crise teonomique qui, dans les centres ouvriers, prenait 
nne toumure des plus dangereuses. De ce chef, les choses en ftaient 
arriv&s it nn tel point au commencement de l'ann6e 1847 9 que le gou- 
vernement avait , par ordonnance royale, cr£6 un fonds de quatre 
millions pour subvenir aux d£penses vot£es par les communes en vue 
d'ateliers de charity 

Le maire de Nimes r£unit, le2 Janvier, le Conseil municipal pour lui 
faire part dela liberality du gouverneraent et , sur sa proposition, 
l'assemb]£e adopta d'6tablir un atelier de charit6 pour le prolongement 



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ANNftB mi m 

da boulevard da Viaduc, parallilement k la ligne da chemia de (er : 
depuis le chemia de Saint-Gilles jusqu'au poat biais de la route de. 
Montpellier, sar 17 mitres de largeur. Le devisde oes travaui s'llevait 
i 163.000 francs. 

On devioequ'4cot<§ de la charity administrative la charit6 privle 
r&tlisa, corame elle saitle faireen pareilles occasions, de veritable* 
prodiges. Chacan tint i honneur de porter Secours aux indigents. Le 
regiment en garni son abandonna soixante-huit rations journali&res 
pendant tout le mois de Janvier en favour des n&essiteux. Des bals, 
des concerts furent organises par les jeunes gens des meilleures 
families sans distinction deculte et d'opinion. 

D'autre part, le clerg6, les 6tablissements hospital iers se multiplierent 
h l'envi pour soulager les malheureux. Le* soeurs de Saint-Vincent 
de Paul, dont le z&le inlpuisable et l'ardente charity pour le peuple 
sont sans cesse en £veil, organis&rent une crfeche avec le secours de 
dons provenant de la charity priv6e et de collecles faites sous les 
auspices du bureau de bienfaisance. En peu de temps la cr£che no 
comptapas moinsde trente berceaux qui recevaient les enfants des 
ouvriers les plus n&essiteux. > 

L'action bienfaisantedel'Eglisequid6j&, au milieu des malheureux 
de la ville, s'exer$ait avec une si remarquable intensity trouvait en 
memo temps pour d'autres infortunes des secours en argent, grlce i ce 
zfele constant qui anime le clerg6. M fr Cart, tout £rau du Tteit navrant 
des raaux auxquels Tlrlande etait en proie, avait present des qu&tes 
dans sondioc&se et envoyait au comity central de l'oeuvre irlandaise 
la somme de 8.085 francs* 

A cdt6 de ces sacrifices de toute nature accomplis par toutes les 
classes de la soci&6 en vue de soulager les souffrances et les miseres, 
on ipeut placer une ceuvre toule patriotique quitrouva it Nimesun 
terrain roerveilleusement pr£par£ pour y r&issir. 

Le ville d'Aiguesmortes avait en 1846 con$u le projet d'dleverune 
statue k saint Louis* La vieille cit6 avait eu l'excellente id£e de glori. 
fier ce prince qui s'embarqua deux fois pour les croisades sur ses 
rivagea, qui par des travauximmeuses de restauration, exdcut£s par 
ses soins 9 ouvrit au commerce un port fermg avant lui aux entreprises 
maritimes; die voulutperp£tuer la m6moire de ce grand Roi quia 
arrachl & un historien peu suspect ( I ) cet 61oge : 

« Louis IX paraissait un prince destin6 it r6former l'Europo : il a 

(l)Yoltalre. 



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• 

Go'ogk 



22* H1ST0IRB DB N1MES 

rendu la France triomphante et policde, et il a 6t6 en tout lemod&le 
des hommes. Sa pi^t6 qui Stait celle d'un anachor&te, nelui dta point 
les Yertus royales; salib£ralit6 ne d&roba rien k une sage Iconomie ; 
il sat accorder une politique profonde avec une justice exacte, et pent- . 
dire est-il le seul souverain qui m6rite cet 61oge *. r 

Un semblable projet rencontra chez le roi Louis-Philippe, lorsque 
M. Teste, pair de France ; le colonel Chabaud-Latour, aide de camp du 
prince royal et d6put£, et H . Girard, pair de France et maire de Nimes 
lui eurent expose le projet de la villa d'Aiguesmortes, un accueil 
chaleureux. 

Le Roi venait pr£cis6ment de mettre k ex&ution la grande et pieuse 
pens£e de faire Clever sur l'autre rive'de la M6diterran6e et aupris des 
ruines de Carthage un saint monument 41a m6moire de Louis IX. 

Des listesde souscription s'ouvrirent imm6diatement i Nimes sous 
le patronage d'une commission officielle k la tete de laquelle se 
trouvaient M^Cart et le prgfet du Gard et un grand nombre de notabi- 
lity appartenant au clerg6, k la magistrature , au parlement et k 
FarmSe. La premiere listeddpassa 17,000 francs. La ville de Nimes 
par deliberation de son Gonseil municipal s'inscrivit pour 1 ,000 francs. 
A la fin de Tannta 1847, le Gard, et plus particuli^rement notre cit6, 
avait i^uni 30,000 francs. ! 

CStait encore Pradier qui devait ex6cuter cette statue que Ton 
coulerait en bronze. M. Questel, Tarchitecte Eminent, auteurdel'^glise 
Saint-Paul, Itait charge du devis et de la construction du ptedestal qui 
devait se faire en granit 

On ne pent que se f&iciter de voir notre ville se mettre en quelque 
sorte k la tAte d'un projet 6minemment catholique. 

Et puisque je touche en passant aux grands int£r£ts religieux, je dois 
signaler I'empressement merveilleux que notre population mit k r&- 
pondre k l'appel dusouveraia pontife. S. S. Pie IX k son avfenement . 
au trine pontifical ordonna k toute la chr£tient£ un jubil6 g6n6raL 

De toutes parts, dans toutes les paroisses les fid&les de Nimes accou- 
rurent aux pieds desautels et, le dimanche 21 mars, plus de deux mille 
hommes se pr&ent&rent k 1'gglise cath6drale pour y recevoir la 
communion. ' 

Nous venous d'assister k l'explosion de sentiments qui font le plus 
grand honneur k la population nimoise et qu'il est consolant pour 
rhistorien de rapporter. 

Nous avons eu l'occasion de voir que les intlrdts matlriels de notre 
Yille n'avaient pas it& n6glig& durant cette j>6riode assez longue qui— 



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AKNfcB I $47 . tt9 

commence en 1830 etfinit en 18V7. Getto derni&ra annte fut marquee 
pafla creation d'un 6tab)issement qui 6tait devenu indispensable au 
commerce nimois. Dans nne pr6c£dehte deliberation que j'ai consignee 
lors du passage de M. Dumon, minislre des travanx publics, le Conseil 
municipal se d6clarait favorable i la creation d'nn comptoir d'escompte. 
Une society s'6tait mftme fondle en vue de 1'oiganisation future de cet 
etablissement financier. Rgpondant k sesd£sirs,le 29 mai 1846, leRoi 
signait Une ordonnance autorisant la Banque de France 4 6tablir un 
comptoir d'escompte It Niraes. 

Cette decision fut accueilliepar un sentiment g£n£ral de satisfaction. 
Bile r£pondait, en effet r & d'unanimea voeux exprim& par tous ceux qui 
6taient k port£e d'appr£cier les besoins que la raret£ du numeraire et 
la raretS du credit, qui en est la suite, avaient fait Iprouver dans ces 
derniers temps au com merceetM'industrie. 

Malbeureusement cette ordonnance si sage, si opportune, no fut pas 
imm&liatement mise en vigueur. II fallat attendre plus d*nn an 
l'exlcution de ceprqjet. Quelle fut la cause de ce retard? II n'est pas 
facile de la connattre. Je dois cependant noter ici que plusieurs 
Fattribudrent aux emptehements que les gros financiers de la ville 
mirent k Implication de cette mesure qui, duooup, faisait disparaltre 
le comptoir d'escompte organist par eux. Ceux-ci s'en d£fendirent 
beaucoup et plusieurs motifs furent all6gu& et, parmi eux, la crise 
mon&aire, pour expliquer cet atermoiement qui semblait pour beau- 
coup devoir etre une fin de non recevoir. 

Enfin le17novembre 1848, Louis-Philippe eignait k Saint-Cloud une 
seconde ordonnance appelant h la direction du nouvel 6tablissement 
de credit etsur la proposition du gouverneur de la Banque de France, 
M. Delacorbifere , president de la chambre de commerce de Nimes. 

Cette mesure decisive calmatoutes les impatiences etleva tous les 
doutes. L'£tablissement de credit qui venait de se fonder dans notre 
ville allait ftconder les nombreux &6mentsderichesse qu'elle renferme, 
aider au mouveraent croissant des affaires et d£velopper l'activit£ in- 
dustrielle de la citS, comme nous aurons occasion de le voir. 

Les premiers censeurs de la Banque furent MM. Brochier, receveur 
g6n6ral ; Cazeing , president du tribunal de commerce, et Soux* 
Carbonnel, ancien negotiant* 

Les premiers administrateurs comprenaient quatre negotiants: 
MM. Abric, Amalry N., Curnier fils, Sabran L. ; un ancien negotiant : 
M. BonnaudE. ;et quatre banquiers: MM. Molines A., Nourry J., 
deSur ville F. f et Vincent L. 



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' t*i : . HIST01RE DE NIXES 

Un autre fait qui nitrite qu'on s'y arrete quoiqu'il se soit produit un 
peu loinde notre yille f mais k raison des consequences que Nimes . 
pouvaitet devait en retirer, c'estlalivraisondes travaux du choinin de 
V fer d'Avignon k Marseille. Dlsormais le Gard et son chef-lieu 6taient 
^ en possession d'une voix ferrge les reliant aux deux ports commer$ants • 

de la France sur laM6diterran£e : Marseille et Cette. Situation privi- 
16gi£e qui devait, concurremment avcc l'6lablissement de credit dont 
nous venons de parler/donneri notre commerce et k noire Industrie un 
d&reloppement considerable. 

C'est le jour de Noel 1847 que M. Talabot, accompagng de M. 
;*.,-. Audibert et do l'iog&iieur en chef du d6partement des Bouches-du- -- 

Rhdne, parcourait, mont6 sur la locomotive • TH^rault » le souterrain 
de la Nerthe qui ne niesure pasmoins de 4,620 metres. 

D6ja, le 7 septertibre 1847, leConseil general des B mches-du-Rhdne 
avait parcouru toute la voie d'Avignon au Pas des Lanciers. La voie 
dtait done ouverte et,d£s le commencement de l'annte suivante, livr£e k 
la circulation. .-*_■__ 

On ressentit vivement k Nimes les bienfaits do oes deux grosses nou- 
vellescommerciales depuis longtemps d£sir6es, et arrivant toutes deux 
presque en mftme temps pour favoriser 1 extension de notre march6. 

En mfime temps que l'industrie nimoise acquerrait des auxiliaires 

pr&ieux pour son existence, le monde des arts k Nimes avait quelque 

lieu de s'6mou voir de la *ons6cration en quelque sorte officielle du 

talent de ses enfants. On se souvient que, lors de sa mort, le peintre 

. nimois par adoption, Sigalon , venait d'etre envoy* k Rome pour 

executor une copie des fresques de la cbapelle Sixtine. Le grand artiste 

6taitaccompagn6 de son 616ve et ami M. Numa Boucoiran. Ce dernier, 

apr&s la malheureuse disparition de Sigalon, eraportS par une attaque 

de cholera, fut charg6 par le ministre de poursnivre le travail 

commence. Ajoutons qu'il s 9 en tire tout k son honneur. Au mois de 

. \" novembre 1847, on exposa au Pantheon les Loget et les Stance de 

Raphael, copiles par les deux fibres Paul et Raymond Baize ; on eut 

rbeu reuse id6e de joindre k cette exposition les belles copies des 

fresques de la cbapelle Sixtine dues au pinceau de nos deux compa- 

triotes : Sigalon et M. Numa Boucoiran. La presse parisienne ne mar- 

. chanda pas ses 61oges aux deux artistes et le ConstUulionncl put dire que 

t la critique ne parvenait pas k distinguer Toeuvre de Tun de celle de 

\ r ' , l'autre *. 

Quelques mois auparavant, la liste civile achetait k un autre Nimois, 
M . Jalabert, peintre tout jeune encore, le tableau qu'il avait pr6sent6 



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ANNtB 1847 "'*" *" Of 

k rexposition des Beaux-Arts que nous avons vu s'ouvrir & Nimes en 
1846* Cette toile, c Virgile lisami rBniide A Mtcine * d Horace » etait payee 
k 1 artiste d'avenir cinq raille franco. 

• En mftme temps, un autre compatriote, mon parent, M. Alexandre 
Roland, obtenait un r£el triomphe au the&tre de l'Odfon." II fut assez 
heureux , malgre les tracasseries de tous genres que nwcontrent les 
debutants dans la carri&re des lettres, pour faire representor sur cette 
grande sc£ne de Paris une com6die en trois actes et en vers intitulde : 
Egmoni. Le critique du MonUeur Universel, le journal officiel k cette 
epoque, rendait compte de cette representation en ces termes : c Nous 
venons d'assister k l'Odeon, k un succ&s complet, in con test 6 et brillarit, 
vi f, presque furibond, enfin It un veritable triomphe ». 

Pendant que les jeunes r&oltaient de tels lauriers au debut de leur 
carrifere, legouvernement recompensait toute une longue carri&re de 
^travail et de services utiles k l'enseignement. Le' ministre de rin- 
8truction publique faisait deiivrer la croix do la Legion d'honneurau 
chanoine Privat, ancien proviseur du college royal et profond£ment 
d£vou6 k tout ce qui touchait de prfesou de loin k l'inst ruction. 

Le mardi 14 decembre, s*eteignait k Nimes un horarae qui, lui aussi, 
avait debute brillamroentdans la litterature etdont les essais poetiques 
lui valurent un prix k 1'Academie des jeux floraux de Toulouse. 
11. Cavalier Augustin-Antoine, n6 k Bez, pres du Vigan, en l'annee 1763, 
appartenait k une (amille de proprietaires aises dont plusieurs raembres 
occupferent de modostes fonctions du sacerdoce dans les cures du Vigan 
et de Saint-Hippolyte. 

Bien que M. Cavalier ne fflt pas 4 proprement parler un enfant de 
Nimes, il n'en fut pas moins, en 1818, appeie parleministfere Decazes 
aux deiicates fonctions de maire de la villa dans un moment oil des 
difficult^ de tous ordres rendaient ceposte presque dangereux. Devenu 
premier magistratde la ville, M. Cavalier ne perdit presque jamais de 
vue lesprincipes qu'il avait adoptes pour rtgle de son administration : 
Tutilite et reconomie. II sut mettre en pratique l'art si difficile de 
concilier les esprits en les eclairant ; sous I'idfluence desa haute raison 
et de son equite, grice aux formes pleines de con venance et d'aai6oite 
qu'il savait don ner k la discussipp, les divisions s'affaiblissaient, les 
esprits se rapprochaient, et les dedsons du Conseil municipal furent 
presque toujour* prises k l'unanimite, sous sa direction. 

Une des ameliorations les plus importantes dont la ville est rede* 
vable k redilite dont il fut le chef, consiste dans les travaux qui trans- 
form£rent en une deiicieuse promenade l'rfride rocher qui dorainait la 



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231 HIST01RB DB NIMES 

source do notre fontaine. La r£us3ite des plantations de pins d'Alep qu'il 
avait (ait faire dans sa propri6t6 da Serre-Cavalier, lui avaient depais 
longtemps inspire la penste de completer ainsi le magaifiquo jardin qui 
fait l'orgueil de notre cite. . 

Une autre amelioration, plus importante encore, fut lo projet des 
fontaine) publiques 61abor6 parses soins et cx£cut£ par sou successeur. 
MM . de Soynes, Liotard et Valz regureiit de M. Cavalier I'ordre d'exg- 
cuter un double nivellement de nos boulevards. On reconnut ainsi que 
le niveau des eaux du Nymphta £tait d'environ sept m&tres plus 61ev6 
que le sol de l'Esplanade (I). M. Cavalier songea alors It profiter de 
cette pr6cieuse ressource pour amenerles eaux de notre source par la 
peule nature! le k des bornes-fontaines iotelligemroent distributes. Nul 
n'avait encore songe k cetto chose si simple qui on attendant l'ex6cution 
d'un canal d'adduction des eaux, soit du Rhone, soil du Gardon, devait 
contribuer pour une bonne part k assurer la salubrity de lavilleet 
etre si utile pour les habitants. Cest M. do Chastellier qui r6alisa la 
pensle de M.Cavalier. * 

La politique qui renversi le ministere Decazes entralna la retraite do * 
M. Cavalier. II se rcnferma gtroitement dans la vie priv£e, seconsacrant 
exclusivement k ses devoirs de pdre de famille. Cet horame de bien 
emporta en raourant l'estime et la consideration publique. 

Les travaux du Conseil municipal pendant cette ann6e 1847, ne furent 
consacr&i qu'i un tris petit nombre de questions. Les plus importantes 
d'entre elles furent les decisions prises par le Conseil en ce qui toucbait 
la jonction de la rue de l'Agau et do la rue des Prtcheurs (2j, le 
Marchl aux Bestiaox, et leMarch£ du Chapitre. 

Nous avons d6ja vu que par la disparition dp la maison Valz, le 
Conseil avait assort la jonction prteitte pour la partie de la rue de 
l'Agau s'ltendant entire la rue des Prtcheurs et la place du Ch&teau. 
II restait k op&rer de mfime pour la portion de la rue de l'Agau s'£ten- 
dantjusqu*au ppntSaint-Baudile. 

De ce c6t£, en effet, le canal de l'Agau k dtaouvert formait un cul de 
sac barr6 par des maisonsen bordure surla rue des Prtcheurs. C'&ait 
un cloaque infect sur lequel £tait jeti un pont qui faisait communiquer 
les deux rues de Corconne et Saint-Baudile. Le Conseil r&olut de 

• \ 



(I) A cetto <poqae le sol de rEsplaaa?e n'atait pas lid abaiasd comae none l'avoiii 
iri praUqier ea IS4S. * 
(I) De' eoue depais me des Lonlbardi. . 



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ANNfeB «*47 ; 233 

renverser ces maisons etde couvrir le canal sur ce point afin de donner 
un peu d'air k ce quartier d6sh6rit6. 

La transformation du March6 anx Bestiaux 6tait 6galement nne tris 
heu reuse id£e. Ce marcb£ devenait de jour en jour plus important et 
exigeaituq agrandissementprochain. 

Nous savons, com me nousavonseu occasion de le dire, qu'il se 
ten ait sur la place appetee aujourd'hui place de l'Oratoire. La ville 
rlsolut d'acqu6rir une partie de Tancien Jen de Mail (ce jeu 6tait 
tomb£ en d&u&ude) et de le joindre au cimeti&re abandoned que 
poss£dait la commune sur ce point On obtenait ainsi un tris bel em- 
placement de deux hectares environ, parfaitement r£guljer, pouvant 
servir k l'&ablissement d v un March6 aux Bestiaux con vena ble. 

II fut convenu que Ton profiterait de cette acquisition pour 61argir la 
rue de r Abattoir, et que Ton ferait une voie d'acc&s large qui s'est 
appelte depuis rue du Hail. 

II est curieux de retrouver dans cette deliberation leprojet form6 et 
adopts par leConseil de prolonger le Cours-Neuf jusqu'au boulevard 
du Viaducdu chemin defer de Montpellier. Ce boulevard avait 6t6 
execute au commencement de cette memeannte 1847 par les ateliers 
decharite. 

c Ce prqjet, disait le rapporteur de la commission, qui relierait par 
une promenade non interrompue T Avenue Feuch&res et la Fontaine, 
pourrail 6tre execute en grande partie, k cause de sa nature, par des 
ateliers de charity ; son accomplissement imm6diat serait considerable 
et coilteux, mais execute lentoment et successivement dans les hivers 
rigoureux parle travail des classes ouvri&res, il ne se pr&ente plua com- 
me une charge, mais bien plutdt comme un but utile offert k la charity ». 
On le voit, la commission municipale de 1870 et l'adroinistration 
rounicipale de 1885, n v ont fait que rtaliser en tous points les provisions 
des ediles do la ville en 1 847. 

Un autre point quim6ritait& un £gal titre I'attention da Conseil, 
etait le march4 du Chapitre. Cet Itablissement consacrg aux principaux 
approvisionnements de la ville, pr&cntait, depuis l'accroissement de la 
population, plusieurs inconv&iients* Sa surface etait devenue de bean- 
coup trop restreinte et ses aborts difficile* et insuffisants* Le Conseil 
prit en trfes s£rieuse consideration I'ouverture, entre la place du 
. Chapitre, la Poissonnerie et laGrand'Rue, d'une rue de sept metres de 
largeur, dont l'ex&ution devait entralner l'abaissement du niveau de 
la place qui se trouvait sensiblement plus 61ev6 que celuides rues 
voisines. . . -\ 



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134 HISTOlRB UB NIMES ' _ 

Malheureusement, com me dous allons le voir, do graves evfenements 
allaient retarder de quelque temps ces utiles et bienfaisames amelio- 
rations. Lamonarchie de juillet allait disparaltre dans uneepouvan- 
table tourmente qui retentiradouloureusementdans route la France, et 
* i Nimes en particulier. 

Cost qu'en effet, comme nous l'avoos fait pressentir, au com men- 
cemont de 18'i6, la situation s'aggravait sur le terrain politique. 
L'explosion redoutee, pr^vue meme, 4tait inevitable. 

Durantces deux ann£es, I'opposition, et surtout I'opposition republi- 
caioe, avait continue la lutte, ipre, serrte, decisive, sanstreve ni merci. 
Elle avait cree de toutes pieces en France une agitation continuolle, en 
oiganisant sur tons les points du territoire des banquets dits rSfor- 
mistes, oil les motions les plus r^volutionnaires trouvaient nn terrain . 
tout prtt pour se rgpandre. Ostensiblement les reformistes poursui- 
vaient la reforme de la loi electorate, mais r^ellement les organisateurs 
de ces reunions n'avaient d'autre but que le renversement du gouver- 
nement etdu regime etabli. _ 

Comme le disait un journal du temps, ces banquets n'etaient que 
des act es violentsde protestation, etde la protestation k la re volte il 
n'y a d'autre difference que celle de la volonte k Facte. Le moment va 
venir oil le ministfere en sera r6duit k demander an legislateur de 
Tanner contre ces agapes r£volutionnaires pour les interdire et les 
poursuivre la loi i la main. 

Ce ne sont pas Ik les seuls symptdmes de decomposition qui se pre- 
sentment pendant l'annee que nous venons d'etudier. Le proc£s fait 
k M. deGirardin devant la chambre des pairs, procte qui ne tormina 
par l'acquittement de 1'accuse, ne fut pas favorable an ministfere, et dans 
sa defense vigoureuse, le publicisteinsinua, fait grave, que Ton avait en 
haut lieu traQque d'un stege k la chambre des pairs. Cette accusation 
de corruption, lancee d'une fegon si eclatante, devait avoir un immense 
retentissement, et en peu de temps on ne vit en France que corrupteurs 
et coiTompus, comme, en 1870, on n'entendit parler que de traitres 
et de trahis. 

Et de faitquelques proc&s restes ceifebres, notamment Tun d'entre 
eux, I'affaire Despans-Cubiferes, semblait donner raison aux accusateurs. 
Legouvernement n*hesita pas k poursuivre, quelque situation officielle 
qu'occupassentlesprevenus, pour donner un semblantde satisfaction k 
Topinion publique violemmentsurexcitee. Combiencelle-ci est devenue 
depuis, et de nos jours surtout, moins farouche pour ces sortes de 
crimes, qui se reoouvellent k sa face dans des conditions autrement 



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ANNfcB ISU 13* 

graves , autrement certaiues qu'elles ne l'6taient & cette Spoque. 

Mais il semblait qu'nn esprit de vertige entratn&tla 8oci6t£ enti&re k 
ce moment, A peine les d£bats de Taflaire prteitte yenaient-ili de se 
clore qu'un homme appartonant It la haute soci6t6 se rendait coupable 
d'un crime d'assassinat, patiemmeot 61abor6 et froideroent ex£cut6, sur 
la personne de fa fern me. Celle-ci, roadame la duchesse de Choiseul 
Praslin, fille de M. le marshal S6bastiani, 6tait frapp6e& mort par 
son man, dans son bdtel de la rue faubourg Saint-Honori, prts des 
Champs-Elysges. 

Ce dratne intime et sanglant, dont I9 mystfcre ne (ut jamais d6voil6, 
provoqua l'arrestation de H. le doc de Choiseul qui, au moment oil il 
allait Atre jugS par la cour des pairs, r£unie It oet effet, expira dans sa . 
prison. II s'ltait empoisonn6. 

Si Ton ajoute i ces plnibles constatations, a oes 6mouYantes r6v6- 
lations, la mis&re de jour en jour plus grande, le d&K>rdred6j& mattre de 
la voio publique, il sera facile de concevoir que la catastrophe finale 
n 'est plus qn'uno question de jours. La chute de la monarchie de 
juillet 6tait procbe, plus proche encore que ne le pouvait soup$onner le 
monde officiel , profondgment remu6 et profond&nent atteint ce- 
pendant. 



NOTE 



Lc Jeu 4m Veil dont cons avons parte dans ce chapilre oeenpail rempIaeemcDl <Tnn 
anrfen cirque remain anqncl on arrivait par la roe de la Carretterie'oe me dca Chars. 

En 4829, dit Aog. Pellel (4), 11 ciistait encore vers le centre di Jen de Mall nne 
panic de Tenceinte dn drqne qne Ton appelant la Tourmagnttte. Ces mines ponvaient 
appaclenir a la mnraillc intlrcnrc, anx denx cxlrdmitls de laqnelle ttaient places les 
borne s qne devaient contourncr les chars, dans lenr coarse. An moyen age le Cadcrcan 
s'apptlail CaJaramcus Carteribus (f), on cadercan des henries dn cirqne, el en II8S le 
quarticr Itail d€signd sons le nom de mi careens (3), les henries dn drqne. 



(I) Tktrmtt 4t AfcMMtt, »» ft. 

fi) AicUics dacntfttrs ds maws» IttS. 

0)Ujtttes€ati€firdesChtrtra,ll,p«14l. • . r '; -*-'*•• .-.*'. i. ., ~- v. -\ 



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336 HISTOIEB DB NMES 

En 1636, Jean Gniraudcn, lieutenant dn prdv6l dee martcbaui dc Nimce , adrceta aux 

eonaule one pdtition poor tore tutorial « fc faire tag jco de palle malhe en one tern 

» qull a acquiae (4) jougnant 1ft vieillea maauree da raneienue muralhe, earlier, appeld 

• Saint- Vincene • parce que, diaait-il, « II n'y a Tifle ay cbcttive et pelile qu'ellc soil en 

* » la province di Languedoc, qu'ellc n'ail quelque lien accord* el dettind pour le Jen de 

» palle malhe ; •.-... en la ville de Nismea fl n'y a anlenng lien deatind pour le . 

» dil excrdate, en telle torte, que lea plna grant el frdquana ehemina abordana la dite 
» ville eomme celni d'Avignon, de Montpellier, de Beaueaire, Arlee et antrea infinia 
a ehemint aont occupde par let dita jonenre an dit palle malhe, ou ponr mienx dire h 
. » la ehiaquane dont le pnblie ct partienliera resolvent nng notlable injenre el prd- 
» judicc (3) »• 

L'autoriaaiion c emandde fnt donnde h Jean Gniranden en 1637. 

Ce qnartier e'appelait Saint- Vincent, k raiaon d°nne dgliae aujourdliei diaparne qni ae 
trouvait placde prta dot ancient Igorgcoire. Lea maiaoaa qni aont * Tangle oneat de la 
rne dn Cyprftt el de la place de l'Oratoire, aont fadtiee anr remplaccment de la dite 
dglise. L'Oratoire ocenpe la place dca vieux Igorgeoirt. 

Le dmetttre caiholiqne dont none avona eonatald la diaparition et qni te Ironfall 
mitoyen tree le Jen de Mail, a? ait ltd inangnrd el bdui le 7 jnillet 1730 par Jaeguee de 
Marinier, vkaire-gdndral, ddllgud. 



-J 



\ 



(D n ItvaltaefctUtlaa 4mr 1 

0» AicWfia da la fiQa da KtaMt E. I64M. 



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'-, *•' 



v * "■'I V 



CHAPITRB DIX-HUITIENE 



(AaafelSlft 



D« 1- Juivler am 31 jaim 



SOMMAIRE 



Most m u pbbccbssb Adelaide. — Redditiox d'Abd-bl-Kadsb. — Moat di Bom, 
avocat. — Ioubxbbs di pbvbub a Paris. — Abdication ru Boi it rum di la 

PAXILLB ROTALB. — GOUVBBXBBSXT PROYlSOiRB. — TECUM!, GOXmSSAIBB EXTRAORDI- 
NAIRE, DASft LB GABD. — GOUISSIOXS DEPARTS* EXT ALES IT MCXIOPALES. — ATTITUDE ' 
DB LA POPULATIOX. — DSCRBT POUR LBS ElBCTIOXS LE61SLATIYBS *— PREMIERS . 
STYPTOMBS VAGITATIOX A NlMSS. — La ReTOLCTIOX A L*ETRAXGEB. — NOUVELLB 
COMMIS3IOX XUXICIPALB. — GeRTAJS, GOMMI8SAIBB BXTRAOBDfXAJRB DAXS LB GABD. — 
DeSORDRBS GRATES A NtXBS. — LlS LUTES DB CAXDtDATS. — EcBACPPOUBEI A PARIS. 

— Lb totb bit 23 mabs a Nixes. — Distbibutiox DBS dbapbaux a la Gabdb 

RATION ALB BT A L'ABvJb. — RtSULTAT DBS ELECTIOX*. — TbOUBLBS A NlXES. — 

Troubles a Ltox, Roubx bt sum DiYBis pooits DB la Frajcce. — Obsbqubs d'ukb 

Y1CTTRB DBS TBOUBLBS DB KtSBS. — GOUTERXEBEXT REPURUCALX. — MlXISTERR, — > 
BOXXUS, PBBZET DU GARB. — JoURXERS DBS 45 BT 17 JUCC A PARIS. — RBVOCATMff 

do prbpbt du Garb. — La situation a Pabis. bt a l'Asssxblbr katioxalb. — 

SAUTES, PRBPET DU GARB* — EtfEUTB SAXGLAXTE A NlXES. — BSPBUXT RCNlCtPAL. 
IxStRBECTIOX A PABIS I JOURXEBS DB JUW. — EVEXEBBXTS DB M ABSBILLB. 



t Sire, nous ne venons point troubler votre doulear par des paroles, 
nous venons y associer la ndtre et tons apporter les vires sympathies 
do pays. » Ainsi s'exprimait le president de la Chambre des d6pnt6s, 
en s'adressant an Roi, le 2 Janvier 1848. Et le Boi 9 ablm6 dans am 
douleur, pouvaitcroireun instant, It voir la Chambre riunie aotoor 



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MS - HISTOmB DE NIMBS 

de lai sans distinction de partis ni d'opinion?, qne le* menaces des 
passions ennemies on aveagles ne pr£vaudraient p*? contre son trdne 
et qu'il jouissait encore de son ancienne popularity, de la confiance 
ggnlrale. dtait presque une consolation, au milieu des larmesque 
lui arrachait la disparition de celle dont l'affection l'avait accompagn6 
dans la bonne comme dans la roauvaise fortune. 
m La princesse Adelaide avait 6t6 pour Louis-Philippe plus qu'une 
soBur d£vou£e, presque une seconde mftre pour la famille royale. 
ff&ait une noble et sainte nature, dont la vertu hautementreconnue 
et hautement proclamSe par tous, m£me par lesplus pr£venus, la 
mettaitau-dessusdetoute3 les passions, de toutes les attaques. En - 
exil, elle soutint son frfere dans les circonstances les plus difficiles; 
sur le trdne, elle resta ce qu'elle avait toujours 6t6 pour lui, d'uno affec- 
tion solide, un esprit 6dair£ et quelquefois un conseil salutaire. 

Sa mort, au moment oil la monarchic constitutionnelle allait sora- 
brer, 6tait un de ces avertisseraeots myst£rieux que la Providence ne 
manage pas et qui ont toujours leur enseignement pour ceiui qui ne 
le? repousse pas de parti pris # et malgr£ Evidence m6me. 

Pourtant, je l'ai dit, le vieux Roi, k entendre sortir debouches ad ver- 
ses ces t£moignages de sympathie pour sa douleur, pouvait puiser 
dans cette unanimity quelque confiance dans I'avenir, II serablait 
memequ'un rayon de bonne fortune vint un instant augmenter les 
esp&rances et les illusions que pouvait se faire Louis-Philippe. 

Un 6v&nement considerable venait de se produire en Algeria qui 
y assurait pour longtemps la tranquillity, et mettait fin k de 
plnibleset sanglantes campagnes. Abd-el-Kader, qui avait balanc£ la 
fortune denos armes, et£tait une menace perp&uelle pour notre co- 
lonic, venait do se rendre au colonel de Montauban, plac6 ila tfite 
d*un d&acheraent de la colonne Lamorici&re. Ces faits se passaient 
dans la nuit du 22 au 23 dScerabre 1847. Le \ m Janvier, l'6mir prison- 
nier arrivait h Toulon sur VAsmodee et fut quelques jours apr&s interhg . 
au fort Lamalgueavec sa mire, ses trois en fonts, son beku-fr&re et 
un serviteur. 

Malheureusementcet heureux 6v6nement, qui en toule autre circons- 
tance, eAt excite 1'enthousiasme public, ne souleva parmi les ennemis 
acharngs contre le pouvoir que de nouvelles tempfttes,* et on se laissa 
presque. aller k reprocher au gouvernement de ne pas s'&re saisr - 
plus tdt de l'6mir rebelle, tant on Itail plus pr£occup6 de bl&mer 
que de chercber.une attenuation quelconque .dans la conddite du 
minist&re* * :. .•':•:'..••;' •• . . ■.> 



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ANN*! «•"*•(«- tmettre) *3t 

Pendant que se passaient ces diff&rents 6v&nements et que la dis- 
cussion do l'Adresseen r6ponse an discoors do la Couronne soulevait 
k la Chambre des dlbats passionnls, Nimes recovait le poete Jasmin; 
le poete gascon venait saluernotre po&te niniois J.Reboul. 

Le Conseil municipal se r&inissait pour donner son approbation an 
projet du Conseil g£n6ral d*61ever sur la nouvelle avenue Feuch&res 
un nouvelhdtel de prefecture. Le plan de ce monument avait 6t6 
r6dig6 par M. Feuch&re, architected 

Le barreau de Nimes perdait son doyen, chef d'une famille qui a 
jet6 dans notre pays l'6clat le plus vif et dont le nom a 6t6 assocte 4 
peu pris coDstamment aux luttes politiques da Parlement :M. Boyer. 

Le prince de Joinyille passait incognito par Nimes le 4 ttvrier; le 
prince allait k Port-Vendres oil ii devait s'embarquer pour Alger, se 
rendant avecla princesse de Joinville aupr&s de son fr&re, M. le due 
d'Aumale* 

Le Conseil municipal d* Aries votait le don d'un bloc de marbre 
antique trouvl dans les ruines des monuments romains de cette ville 
pour le busted'un de nos compatrietos, M. Jules Canonge. Ce buste 
devait etre execute par M. Pradipr, Imminent statuaire. 

La lettre par laquelle M. le marquis de Grille, maire d'Arles et 
d£put£ des Bouches~du-Rhdne, annongait ce vote k notre compatriote 
disait que : 

« Tous les membres presents Ala stance, ont 6t6 hepreux de saisir 
cette occasion pour donner une preuve de la sympathie et de la re- 
connaissance de leurs concitoyens envers 1'gcrivain, l'archlologue, et 
le po&te qui a si souvent consacr£ sa plume, sa science et ses inspira- 
tions au service et k la gloire de la cit£ arl&iennel ». 

Si Nimes 6tait calme, elle avait comme toute la France les regards 
tournds anxieux vers Paris oil la situation prenait une tournure de plus 
en plus grave et oil les 6v6nements se pr6cipitaient Les opposants de 
la Chambre se groupant et s'organisant avaient r£wlu de faire une 
grande manifestation, dans le genre decelle qu'Us avaient l'annle pr6- 
c6dente pu organiser en province, llsvoulurent avoir un banquet ri- 
formiste. lis se mirent aussitdt en qudte d'un local qu'ils fioirent par 
trouver apr&s beaucoup d'h&itations au Clos-Baujeon. Mais le minis- 
ter* dteida que le banquet serait interdit. Une proclamation du 
prgfet de police d6fendait le moindreattroupement sur la voie publique. 
Les terrains oil devait se donner le banquet fureot occapSs militaire^ 
ment dfes le matin, et le commandant suplrieur de la Garde national* 
ordonnait k la Garde nationale de ne pas se rtunir , 



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Goo^le" : 



;.-..- 140 II1STOIRB DE NIMBS . 

*- Cesdiverses resolutions, prises do part et d autre le 21 fSvrier, v 

excitirent la plus vive agitation dans la Chambre des Deputes qui 
s*apprdtait k interpeller le ministere; mais pendant Ce temps-l&,r6meute 
8*orgaaisait et 6taitpr6te& descendre dans la rue. Le 22 fi&vrier au 
matin, desgroupes nombreux se presentaienl aux abordsdu Palais -- 
; V. -_ - Bourbon, tant du c6t6 du pont do la Concorde quo par les murs da 

jardin qui touchent 4 la salle des conferences. Au milieu du plus vio- 
lent tumulte, on entendait crier : c Vive la Rlforme ! k viogt-cinq cen- 
times la t^te deGuizot** 

Peu It peu ces rassemblements devenaient plus tumhltueux etbientdt 

les Champs-Elys6es furent envahis. Une premiere collision eut lieu 

entre la foule et la troupe, et il y eut quelques blesses des deux cdt£s 

N6anmoins, vers une heure du matia, la tranquillity parut se r6tablir • 

Mais le parti r£volutionnairen'avaitlanc6 14 qu'une avant-garde. Le 

. lendemain 23, les choses prenaient une tournure plus caract£ristique; 

rinsurrection se montrait plus compacte et plus mena^aote que la, 

veille. Les insurg&qui s'6taient procure des armes se concentraient 

r dans les vieillesrues de Paris. Des barricades s*61evaient sur divers 

■\ points et la bat&illes'engageaitun peu partout. 

t- . Pendant que la fusillade cripitait en difflrentsendroits, faisant des 

[ ravages des deux c6t£s des combattants, la Chambre 6tait en s&ince, 

f attendant Tissue des combats engages. Le soir, il 6tait Evident quo Tin* 

[ surrection gagnait du terrain. Malgre la bonne contenanoe de la troupe, 

\ lacapitale&aiten tres grande partie aux mains des insurggs, parmi 

\ lesquels figuraient grand nombrede Gardes nationaux*Lemouvement 

i : g6n£ral de l'6raeute garaissait porter ses colonnes sur les Tuileries qui 

L 6taient menaces. 

[ . Le24 f6vrier, k huitheuresdu matin, le Moniteur annon^ait quele 

, l ministere Ouizot 6tait d&nfesionnaiie et que le Roi ayant appel£ 

I M. Thiers l'avait chaigg de la composition d'un nouveau cabinet. 

M. Thiers n'avait pos6 &cette avance qu'une seule condition, c'est . 
) - qu'il aurairtoute libertedes'adjoindreM. Odilon Barrot Le Roi avait . 

consent]. A une heme le ministere Thiers 6tait constitug avec le 
I concours de M. Odilon Barrot. Le g6n£ral de Lamorictere Itait nomm6 

commandant g&i&ral de la Garde nationalede Paris. 
Mais il 6tait Irop iard I Tlmeute grandissante, victorieuse, ddbordait 
I de toute part. Les Tuileries gtaientenvahies, il y avait peuder&is- 

£ . ~ ' tance de la part de l'arm6e. A une heure et demie le Roi abdiquait en 

[ • . * favour du comte de Paris, nommant la duchesse d'Orl^ans r^gente. 

\- , ' Peu aprts la famille royale quittait les Tuileries, s'&happant ensuivant_ 

;[-;^/ /; - / \ • '.■■.. . . • . ; 

f /,;' V --.*.-.'* -. Digitized by VjOOQIC 



ANNftB 4t4t(i~semslrt) - iM 

la terrasse da bord do l'eau, escorts par des cuirassiers et des dragons. 
Kile prenait la route de Neuilly • 

Les d£put£s de l'opposition, MM. Ledru-Rollin, Bethmont, Maries 
Carnot, Oudinot, s'empar&rent da minist&re de Kntirieur poor y dis- 
cuter la conslitation d'un gouvernement provisoire. 

Le24 fevrier, k dix beures dusoir, ane dlptehe adress£e k tousles 
prgfets de France faisait connattre la composition de oe nouveau gou- 
vernement* 

Dupont (del' Euro) president; — Arago, ministre de la Marine ; — 
de Lamartine, ministre des Affaires 6trang6res ; — CrSmieux, ministre 
de la Justice; — Bedeau, ministre de la Guerre; — Ledru-Rollin, 
ministre del'Interieur; — Marie, ministre du Commerce ; — Gamier- 
Pag&s, maire de Paris. Ce gourernement avait pour secretaires : 
MM. Armand Marrast, Louis Blanc, Ferdinand Floconet Albert. . 

« Ces citoyeot, disait dans sa proclamation le nouveau gouverno- 
ment au peuple Fran$ais, n'ont pas hlsit6 un instant k accepter la 
mission patriotiqne qui lour est imposfe par l'uigence. Quand la capt- 
tale de la France est en feu, le mandat du Gouvernement provisoire 
est dans le salut public. La France enti&re lecomprendra etlui prt- 
tera le concours de son patriotisme. Sous le Gouvernement populaire 
quo proclame le Gouvernement provisoire^ tout citoyen est ma* 
gistrat. 

» Fran^ais, donnez au monde l'exemple que Paris a donn£ k la 
France ; pr6parez-vous par l'ordre et la confiance en yous-m^mes aux 
institutions fortes que Tons allez etre appel& it yous donner. 

» Le Gouvornement proyisoire yeutla Rlpublique sauf ratification • 
par le peuple qui sera knmldiatement consults. L*unit£ de la nation 
formted&ormais do toutes les classes de citoyens qui la composent ; 
le gouvernement de la nation par elle-mftme, la Liberty l'Kgaliti et 
la Fraternity pour principes; le Peuple pour devise et mot d*ordra, 
yoili le gouvernement d£mocratique que la France se doit k elle-m&M 
et que nos efforts sauront lui assurer* » 

Kn m6me temps que celte proclamation, en style pompeux, s'affichait 
sur tous les murs de la France, uned6p6chearriv6e k la prefecture 
de Nimes 6tait imm6diatement placards • 

t 25 ftvrier, onze heures et demie da matin. 

» Le dildgui du gouvernement provisoire ptis le ministre de TimUnem em 
PrtfttduGwrd. 

cM. Teuton est nomm6 commissaire da gouvernement provisoire, 

BaltUm Umlm, T<»» L -IS 



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GoOgleV 



24* HISTOIRE DK NIMES - "~~ 

avec les pouvoirs les plus etendus pour maintenir l'ordre It Nimes et 
prendre tootes les mesures propres k assurer le contours de la popula- 
tion au nouveau Gouvernemont. » 

Quolques minutes auparavanl ordre etait arrive de faire mettre im- 
mediatement en liberty le citoyen Barb&s, detenu politique k la maison 
Centralede Nimes. 

Ces divers evfenements arrives coup sur coup produisirent k Nimes 
une profonde sensation. 

A peine I'abdication du Roi fut-elle connue Ie24f6vrier qu'une foule 
considerable en vahi ties boulevards. Desgroupes seform&rent et par- 
coururent la ville en chantant la Maneillais*. Plus tard, lorsqu'on 
apprit qu'un gouvernement r^publicain etait provisoirement etabli, 
les groupesse multiplierent, et le Chant du depart re ten tit surtous 
les points. 

Le pr6fet Darcy, en recevant les different* ordres du nouveau gou- 
vernement etnotammentcelui qui appelaitM. Teulon aux fonctions 
de oommissaire dansle Gard, convoqua k la Prefecture une nombreuse 
assemble dans laquelle il lut les different* decrets re$us le matin me- 
mo. II c&daensuito au oommissaire extraordinaire I'kdtel de la Prefec- 
ture et ses bureaux. 
M. Teulon fit imm&liatement afficher la proclamation suivante : 

t Habitants de Nime3 1 * • 

» Le gouvernement pro visoire m*a nomme commissaire 9 avec injonc- 
tion de prendre toutes les mesures propres k maintenir la tranquillity 
eik assurer leconcours de la population au nouvel 6tat do choses. 

» La nation sera bient6t appel£e k exprimer son voeu sur les change- 
raents qui viennent de s'op&rer. 

» En attendant cette epreuve solennelld, le premier de tous les be- 
soins,le plus indispensable, c'est der£pondreice voeu d'ordreet de 
paix publique qui est dans tous les coeurs honnfites. 

» Que tous les citoyens de Nimes, sans distinction d'opinions politi- 
ques on religieuses, de position sociale, ne forment tous qu'une seule 
famille, unie par les m£mes sentiments, 1'oubli du pass6 et l'esperance 
ii- d f un heureux avenir* 

[i [ * Souvenons-nous que sans le respect pour les personnes, les 

d r proprietes, les croyances, les cultes, une nation n'apas le droit de 

f! '. se dire edifice, car rien n 9 est plus. fatal k la liberie que Tanar- 

Ji > • chie. • ' 

:; \. ■ » Habitants de Nimes, j 9 ai la ferme conviction que, pour cette 

ceuvre de pacification, tout votre concoura m'est assure.. Sans cette 



h : 



n •■- 






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ANNfeE <S4S(l"se»eslrt) *4$ 

conviction je prends Dieu k t£moin que je n'aurais point accept^ la 
tiche difficile que les circonstances m'ont impost. » 

» Nimes, le 26 ftvrier 1848. » 

Cette proclamation dont les termes gtaient d'une correction parfaite 
ne persuada pas 6noi moment le personnel r£publicain de Nimes. Qua- 
rante-huit heures apr&s, des jeunes gens envahirent et forefront les 
portes da th&tre qui fut en un instant compl&tement occup6* Apris 
avoir exig6 le chant de « la Marseillaise » et le chant de c Charles VI », 
ils se retir&rent, non sans laisser derriere eux le souvenir de leur ir- 
ruption violente* A cette occasion, M . Teulon fit afficher le lendemain 
la proclamation suiYante : 

« Habitants de Nimes, 

» Des manifestations bruyantes onteu lieu dans la journleet dans 
la soiree d'hier. Elles ont surpris et affligg les bons citoyens qu'avait 
tant rejouis l'aspect des journ6espr6c6dentes. 

» Une multitude indiscipline s'est portfe au th£&tre : elle en a en- 
vahi les abords 9 elle en a forc6 l'entr6e. 

» Je me hkie de le declarer a ces hommes imprudent* : ils ont fait ce 
qu'ils n'avaient pas le droit de faired 

* (Test la une atteinte k la propri£t6, une violation de domicile. Cest 
une perturbation grave dont je suis r&olu k empftcher le renouvelle- 
ment par tous Us moyent. J v y parviendrai ou je me retirerai. 

» Quand les anciens ont voulu nous donner une image de la FORCE 
qu'ils appelaient aussi la VERT 0, ils 1'ont representee sous les traits 
d*un homme 6nergique dans un calme majestueux. 

* Depuis plusieurs jours, les membres.de l'administration provisoire 
aides du puissant concoursdes Banquiers, des Fabricants, des Indus- 
triels , s'occupent avec une sollicitude incessante k altirer les capi- 
taux, k organiser les moyens de travail, it faire face h tous les be- 
soins d'une situation, objet de leur preoccupation la plus vive. 

» Etc'est dansun pareil moment que les troubles menaceraient la 
place publiquel 

» Eh quoi I pense-t-on que l'heroique Peuple de Paris ait fait 
cette admirable Revolution pour donner it quelques imitateurs 
imberbes Toccasion d'amusements pudrils ou d'agitations alar* 
mantes T 

» Non, le peuple de Paris s'est lev6 ; il a combattu, il a vaincu, et il 
est retournd it ses travaux* • 



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Gocrgle : i 



.,'/-* 



144 * HBTOIRB DB NWKS — 

» Imitez-le; dcoutez une voix amie. Ayez confiance dans les 
courageux citoyens qui se groupent autour do moi, etsanslesquelsje 
oe pourrais rien. 
' » Lorsque Dupont (de l'Eure), Lamartine t Carnot, Marie, Arago f les 

chefs da gouvernement, me demanderoat : t Que fait le peuple de 
Niraes? » — Que voulez.*Yous que je leur rdponde. » 

Nimes, le I* mars i 848. 

De quel c6t£ partaieot ces provocations, ces troubles, ces querelles, 
ces 6meutes contra lesquels s'61erait si 6nergiquement M, Teulon. Ce 
n'6taitpas6videmment du c6t£ des ligitimistes, car nous savons que 
dans Taprts-midi de ce mdme mardi 29 ftvrier, les habitants de l'En- 
clos-Rey et de l'Enclos-Mathieu vinrent planter d'un commun accord 
un arbrede la liberty sur la place des Casernes, au milieu d'une foule 
considerable qui assista it cette ftte populaire, t6moignant haute- 
ment de sa sympathie. 

Du reste 9 un organe du parti 16gitimiste publiaitune lettred'un 
homme qui parmi ses coreligionnaires politiques jouissait de - 
l'dnorme reputation due k son talent et k sa fid61it6 in£branlable k 
la cause. • 

t Paris, le 26 tevrier. 

» Mon ami, voua savez les 6v&nements de Paris ; dites maintenant 
k mes amis et k tons, que ma rtgle de conduite est absolument et fer- 
moment celle-ci: 

» Soutenir le gouyernement provisoire, faire respecter les per- 
sonnesetles propri6t6s, maintenir la liberty des votes, attendre fas- 
sembtee nationale. 
» Toute autre pensle est funeste; toute autre manifestation est 
, coupable. ^ 

[* V"-.-"' » Mille amities, Berryeh. » 

Oe langage, si noble, si fier, 6tait la rfcgle de tons les tegitimistes 

d'alors qui croyaient fermement pouvoir faire pr6valoirpar laseule 

force de la loi et des institutions leurs immuables principes. . 

)/ Que dire d&s lors de la conduite de ceux qui, obdissant k leur d&ir 

\ • ardent de jeter le d&ordre dafis la rue, rdpondirent par des manifest 

tations coupables aux paroles et aux objurgations de leurs chefs. Car le 
parti llgitimistese renferma avec d*autant plusde sagesse dans le calme 
et la dignity, suivant l'expression mftme de la GazttU du Ba» Languedoc, 
qu'il n£gligea les affirmations rfyublicaines du gouvernement pravi- 



Er:V: 



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f 



AHNtB 4S4S(4~s«m6fttre) . 241 

soire ; celui-ci, ayaot dit d&s le principe, vouloir la R6publique f sauf 
ratification do 1' Assembled k oommer par le peuple » ne manqua pas de 
proclamer dte l'abord le r£gime\jui lui 6tait cher, sans souci de la 
revolution nouvelle qu'un changement de goayernement exigS par la 
nouvelle Gbambre pouvait provoquer. 

Le Gommissaire extraordinaire faisait afficberle 26 ftvrier cequi 
suit dans toutes les communes. 

« Habitants do Gard, 

» Le gouvernement R6publicain a 6t& 6tabli k Paris. II est diji 
proclaml dans les villes voisines de notre dlpartement. II sera ac- 
cueilli avec de vivos sympathies par plusieurs d'entre vous, avec calms 
et dignity par toot le monde. Les Republicans ooroprendront que le 
moment est venu pour eux de rendre k jamais la liberty inseparable 
des id£es d'ordre, de justice et d 9 humanit&. - 

» Une cause ou ne pr£vaudraient pas les principes qui president 
k toute civilisation, serait une cause d&honorta et mieux vaudrait cent 
fois une cause vaincue qu'une cause d£shonor£e. 

» Republicans, que votre oonduite consolide 4 jamais la con fiance 
et la paixpublique. Puisse une ire nouvelle d'Union et de Frat4tait6 
s'ouvrir pour tousles membres de notre cb&re patrie. Songez que le 
monde en tier a les yeux sur vous et que l'histoire vous jugera un jour. 

» Smile Tbulon ». • 

II r6sultait doncde cette phras£ologie officielle et'r£volutionnaire t h 
grandes images, que le parti republican s'arrogeait le droit de se dire 
k la tete de la France avant d'avoir consul t£ celle-ci,et ma)gr6 ces affir- 
mations audacieuses, que r$v&nement pouvait cruellement dtSmentir, 
nous venons de voir l'exemple magnifique d'abn6gation que fournissait 
le parti 16gitimiste. 

Au milieu de tons ces conflits, de cette perturbation depuis longtemps 
inconnuedans nos pays, il fallait nommer deux commissions 1'une d£- 
partementale, pour rercplacer le cpnseil ggnlral ; 1'autre municipals 
pour supplier le Conseil municipal d6missionnaire. 

Cette dernifere fut composfe de treize membres : 

MM. Causse, adjoint, president; — Demians, substitut; — Fargeon, 
avocat; — Gaidan atn£ , negotiant ; — Oignon t propriltaire; — 
Picberal rieveu, negotiant ; — Pleindoux atni, docteur-m6decin ; — 
Koux Maurice ; — Soulas Casimir, proprietairo; — de Surville Charles, 



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S46 HISTOIRB DB NIMES ~~" 

banquier ; — Vidal-Pellet ; — Vincens Gaston # banquier ; — Roux- 
Carbonnel. 

Quelqoes jours apr£s, un nouvel arrftte da commissaire extraordi- 
naire portait de treize k vingt-deux le nombre des merabres de la 
commission municipale et profitait de cette occasion pour rem placer 
M. Gaidan atn£. Cet arrfcte nommait en consequence : 

MM. Arnal, suppliant au juge de paix ; — Astruc atn£, monteur de 
metiers ; — Bancel Philippe, appr£teur de ch&les ; — Barbier Louis 
dit Memn 9 menuisier ; — B6rard, notaire ; — Bergeron, hanquier ; — 
Boyer, avocat; — Pleindoux Etienne, docteur-mddecin ; — Rarae, 
proprietaire ; — Yimar Jean, chef d 'atelier. 

A peine cette commission etait-elle constitute qu'elle assistait le ven* 
dredi 3 mars k un service fun&bre que M« r Cart, eveque de Nimes, s'etait 
empress^ de faire c£16brer dans l'^glise cathedrale de Nimes 9 en 
commemoration des vie times des journees de f6vrier. Tous les catholi- 
quesrepondirentavec un vif empressement k ce pieux appel de leur 
pasteur bien-aim6. L'au tori 16 representee par des delegations de tous 
les corps constitues et un detachement de la garnison, assista k cetto 
emouvante ceremonie. 

L^messefutceiebreepar M. le cure de la cathed rale, et l'absoute 
fat donnde par M' r l'Eveque assiste de son chapitre cathedral. 

A la mfime heure, avait lieu, dans le m£me esprh,une ceremonie reli- 
giense au Grand Temple k laquelle assist aient le commissaire extraor- 
dinaire, M. Teulon, et le president de la commission municipale 
M. Cansse, tous deux protestanta. 

A cette occasion, M. Causae adressa l'avis suivant k ses oonci- 
toyens : . 

< Mes chers concitoyens, 

\\\ . ■ » Vendredi dernier, nous avons verse des larmes et invoque les 

benedictions du cielsur nosconcitoyens morts en combattant dans la 
lutte pour la liberie. Cet»it un besoin pour nos cceurs et 1'accomplisse- 
men t de notre premier devoir. 

• » Dimanche prochain 12 mars, nous ceicbrerons notre ti iomphe par 
des rejonissances publiques. 

» La Commission municipale veut concourir k cette manifestation de 
joie. Bile se propose de vous offrir un spectacle public gratuit, dans 
l'antiqne araphilhe&tre des Artaes. 

» Uneaffiche ulterieure donnera le programme ♦ 
• » J'aurais voulu biter le jour de cette solennite, mais il nTa &t& im- 



! i 



. 1 



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ANNftB 4SIS (i-tcmestre) Ul 

possible do le faire k cause def pr6paratifs indispensable* pour le rehdra 
digoe de son but. 

» Mes chert concitoyens, met amis, ayons coafiance dans notre 
nouveau gouvernement, dans leshomroes iminentsauxquelsle voeudu 
peuplea confix let destinies de la Prance; danscelui surtout qu'um 
bienfait de la Providence a plac6 \ la tetede notre dlpartement. 

» Montrons au monde le spectacle imposant d'un people fort et 
digne. Respect it 1'ordre public, i la liberty individuelle, it tout let 
droits legitimes acquis I demandont au travail, cette source pure de 
tout bien, des ressources pour le present et pourl'avenir 1 (Test notre 
devoir I c'est la loi de Dieu ! 

» Plus de dissensions politiques et religieuses, plus de distinctions 
sociales, nous sommes tons enfantt de la m6me patrie , comme da 
meme Dieu ; un seul battement de coeur, un squI cri de ralliement : 
Vive la R6publique. 

» Fait k l'Hdtei de Ville. le 4 mart 1848 ». 

En mdme temps, le president de la commission municipale prenait 
un arr£t£ en vue de la reorganisation de la Garde nation ale. II divisait 
laville en quatre sections. 

La PREMiiRE d£ter minto par Taxe de la ruedela Fruiterie, det 
Barquettes, dela Madeleine (rensemble de ces rues forme aujourd'hui 
la rue de la Madeleine), de la rue Neuve, et par l'axe de la rue des 
Lombards, des Pr£cheurs, ( ces deux rues n'en forment plus qu'une 
sous le uom de rue des Lombards), de la rue Robert et de la rue Porte 
d'Alais. 

La seconds, par l'axe de la rue des Lombards r Robert et Porte d'Alais, 
et par celui des rues Saint-Castor, de laCuraterie, et l'ancien chemin 
d' Avignon. 

La THOisiiif e, par cette derni&e ligne et par l'axe de la rue des 
Marchands 9 de la Tr&orerie , de la rue Regale et de r Avenue 
Feucb&res. 

La quatbieme, par cette derni&re ligne et par l'axe de la ruede la 
Madeleine et de la rue Neuve* 

Tous les ciloyensde viogti soixanteans, payant une contribution 
quelconque s'61evant it trois francs soixante-cinq centimes , devaient 
se faire inscrire pour etre enr&tes. 

A cet arrdt6 M. Causse ajoutait ce qui suit : 

• » Vous 6tes lout appells k (aire partie dela Garde nationale ; n'ouMiez 
jamais quel est le but de cette grande et belle institution : maintenir 



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/ *U * HISTOIRB DB NOIES — 

.,/ % " rob&ssance aox lois f conserverou retablir l'ordre et la pair publique, 

^••""'l d6fendre aa besoin l'ind£pendance de la France, etrint6grit£ de son 

territoire! Rendez-vous dignes de cette haute mission social e ; vos 

magistrals, les chefs que vousavez£lus t vous donneront l'exempledu 

• d£vouement aux int6r£ts de la patrie. 

» La Providence seconde visiblemont nos efforts, les agitations se 
calment; notre nouveau gouvernement seconsolide ; l'Burope enti&re 
admire et se tait. 

» RendonsgrAce k Die^u de ce qu'il a bien voulu b£nir la plus noble 
patrie de sesenfants sur cette terre ; rendons-nous de plus en plus 
dignes de sa protection par l'accbmplissement de tousnos devoirs et 
crions d'une voie unanime : 

» Vive la Bdpublique ! » 

Mais cette organisation provisoire dtait modifito par suite du d£cret 
du gouvernement provisoire relatif aux elections g6n6rales f et tout 
fran$ais &g£ de vingt et uu ans r&idant dans la commune depuis six 
mois, etnon judiciairement prive on suspendu de l'exercice de ses 
% droits cdviques, sans condition decens, fat astreint k fairo partie de la 
Garde nation*!*. 

En mftme temps paraissait le d&ret dn 5 mai 1848 instituant pour 
la premiere fois le suffrage universe!. Le gouvernement provisoire 
appelait le peuple dans ses cornices pour le 9avril. II fixait k 90© le 
nombre des deputes suivant un tableau de repartition annexe au 
d&ret. LedepartementduGard avait it nommer dix deputls. . 

L'eiection devait se (aire an scrutin de liste par departement et le 
vote devait avoir lieu au chef-lien de canton. L'assemblto nationale dite 
| constituante qni devait sortir de cette consultation du suffrage univer- 

sel et direct etait convoqu^e pour le 20 avril. 
Pendant que de nombrenx competiteurs allaient solliciter les suf- 
I f rages de leorsconcitoyens, le commissaire extraordinaire du Gouver- 

f • . nement poor le Gard recevait uno veritable avalanche de petitions et 

:■ m de demandes de tout genre. Reclamations etsurtout sollicitaiions 

1 d'emploi pleuvaient autour de lui. ' 

v :* _ Deborde t M. Teulon dutpubli^rTavis suivant: 

« Le Commissaire du Gouvernement provisoire, 
! » Convaincu que Amelioration des moaurs doit marcher avec celle 

r des institutions; 

'■[ . * Convaincu surtout qu'un peuple de solliciteurs ne saurait etro un 

j peuple vdriUblement republican! ; 



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ANNfcB 4 848(4- semesire) • *» 

» Convaincu, enfin, que let hommef lesplas capable* de bien remplir 
les places soot ceux qui ne les demandant pas 9 

» A l'honneur de pr£venir ses concitoyena qu'il ne sera donn6 aucune 
suite aux demandes d'emploi. 

E. Tbcloh. 
* Nimes le 6 mars 1848. 

Cette cur6e des places, seule preoccupation, on peut bien le dire, de 
l$t majeure partie des partisans de la nouvell* revolution, cur6e qui se 
produit encore de nos jours, £tait devenue telle qu'on assurait que le 
gouvernement, pour mettre, disait-il, terme k un abusdeveou la honte 
de notre Ipbque, avait r&olu de publier le nom des innombrables solli- 
citeurs qui sans tit re aucun assi^geaient le pouvoir. Du reste, celui- 
ci encorabrait les colonnes du Aloniieur d'arrfitls et de d^crets, parmi 
lesquels bon nombre assuraient aux amis des gouvernants des postes 
avantageux. Dans ^administration, la justice, les finances, tou tie per- 
sonnel 6tait change et, suivant l'expression actuelle, 6pur6. 

L'activit6du gouvernement provisoire neportait pas seulementsur 
les nominations h effectuer et les amis k pourvoir; il cr£aitun oomptoir 
d'escompte k Paris et encourageait ces sortes d'6tablissements en pro- 
vince; il altenait les diamante de la couronne et lesbiens de la liste 
civile ; se contentant de placer sous slquestre les biens priv£s de la 
famille d£chue; il rgtablissait le drapeau national tel qu'il avait 6t6 
fix£ pard£cretde la Convention du 27 pluvidse anil sur lesdessins 
du peintre David et tel que nous le voyons aujourd'hui (I); il 61evait A 
5 0/0 Finterfit de l'argent vers6 par les d£posantt aux caisses d'6par* 
gne ; il touchait, en un un mot, A toutes les branches de la chose 
publique, mais plus particuli&rement A ce qui regardait les finances et 
la crise ouvrifere. 

La revolution qui venaitde s'op£rer 6tait jusque-li exempte de tu- 
multe ecde sedition dans la rue. Bile avait parmi les bonndtes gens 
rencontr6 unconcours actif, puissant et prfcieux qui avait, k n'enpas 
doutor, 6vit<§ bien des spectacles lamentable*. Le clergS n'avait pas 
contribug pour pen k calmer les passions et apaiser toutes les irrita- 
tions. II 6tait vena spontan£ment mettre son immense influence au ser- 
vice de la cause de 1'ordre et de l'honnetet£. M* l'archeveque de Paris, 



(4) A vim celts dlcMon' le drapeso tricolors mil Urates set couloirs flottsntet, 
tfcsl-l-dire qu'elles dtaienl dispones horizontalement to lieu de Tftire vertical 
lemeat, .....*. .^ 



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\\-'~'\ «t HISTOIHB m NIMES — ' 

i qui fat plus tard une des viclimesde nos guerres civiles, avait donn6 

le signal de cette disposition d'esprit. 
T « Je ne viens pas faire une manifestation solennelle aupr&s de vous, 

disait le vertueux pr61at au gouvernement ; vous connaissez mes sen- 
timents, je les ai exprimSs dans des actes publics. Ce que jesuis 
heureux de vous dire, c'est que vous pouvez 6tre stirs du concours 
loyaldetoutleclergSdeParis.Ce n'est pasiciune protestation dont 
jene suis pas certain. J'ai vu sur tous les points de raon diocese les 
eccl&iastiquea manifester le d&ir le plus ardent de concourir it 1'ordre 
public autant que le permettront les fonctions dont ils sont charges. 

M 6 * Cart, 6v£que de Nimes t adressait de son c<H6 aux cur& du dio- 
cfese la lettre suivante : 

« Nimes, le 6 mars 1848. 

. * Monsieur le Cur£, 

» Au milieu des graves 6v&nements qui viennent de s v accomplir en 
France, nous aimons k vous annoncer que 1'ordre le plus parfaita 
constamment r£gn£ dans notre ch&re ville de Nimes et nous avons la 
douce confiance qu*il n'y sera jamais trouble, gr&ce k la sagesse, k 
l*£nergie et au ddvouement du premier magistrat du dgpartement, et 
i des personnes houorables de toutes les conditions dont p est environn£, 

] \ grace aussi au bon esprit de la population qui a comprisque son union 

| ferait sa force et sa gloire. 

I » Lesnouvelles qui nous sont par venues de difftrents points du 

] - diocese sont Igalement consolantes et nous espgrons que partoutla 

i haine etles divisions feront place k la Concorde et lacharit* qui doi- 

vent unir tous les coeurs dans un int6r6t g6n£ral. 
I > . » Les fid&les confils k votre sollicitude s'empresseront d'accueillir 

cordialement dans leurs rangs ceux de leurs fibres qui sont privds des 
consolations de notre foi, ou de se joindre k eux afin que le concours 
soit unanime pour maintenir la tranquillity publique et le respect dA 
j'. aux personnes et aux propri6t£s. 

jK » Nous n*avons jamais eu pour ces enfants 61oign6s de nous que des 

j • paroles amies. Cela ne nous a pas 6X6 difficile puisque nous en trou- 

jt vions les motifs dans notre coeur dep&re, aussi bien que dans notre 

h . devoir d*6vdque. Noussavons, Monsieur le Cur6, que vos sentiments 

} r : \ et vos actes sont conformes aux ndtres, il est done k croire que cet 

exemplesera suivi; il le faut d'ailleurs et surtoutdans ces circon*» 
tances imp6rieu*es oil tous les souvenirs p6nibles doivent disparaltre 
dans un d£vouement commun k la chose publique. » 

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ANNfcE 184l(l~semestre) *M 

On est frapp6 de ce langage plein do mansu&ude et de douceur, 
faisant appol k toutes les g6n6rosit£s da ooeur humain ot du patriote, 
ot eo le rapprochant de la circulaire imperative et mena^ante que le 
ministre de l'lnt&ieur venait do lancer en ce moment memo aux 
commissaires extraordinaires du Gouverneraent, on no pout so d£fen- 
dre d'une admiration legitime pour le caract&re du pr61at et d*une 
commiseration profonde pour le sectaire rgpublicain • 

Je sais que le gouvernement provisoire,6mu k juste titredu ton du 
ministre, s erapressa de lo dlsavouer ; dans un magnifique langage, 
Laniartine, s'adressaot k uoe deputation venue pour interroger le gou- 
verneraent sur ses intentions, s'effor^a de Sparer la faute du ministre 
de rintdrieur. Mais Ledru-Rollin avait dit dans le document auquel 
je fais allusion ceque nombre de republicans de P6cole jacobine se 
disaient entre.eux. 11 r£fl£tait une partie tie l'opinion r£publicaine k 
ce moment triomphante. 

Sans doute, disaient ces derniers, on varSunir une Gonstituante qui 
sera l'image du pays, gr&ce au suffrage universel, maiscette Gonsti- 
tuante ne devra pas perdre de vueque laMonarchie est morte it jamais 
et que la Gonstituante ne pourra constituer que la R6publique, 

Et Ledru-Rollin, persuade avec son 6cole que la R6publique allait 
fatalement sortir des urnes electorates recommandait k ses subordon- 
ner de ne point 6pargner dans le personnel plac£ sous leurs ordres les 
destitutions et les radiations, mdine ai» mgpris des droits acquis, du 
m£rite, des lumi&res et dela probity afin de n'avoir dans I'armfe 
administrative que des rgpublicains de la veille, l'opinion politique 
tenant lieu de toute experience et de toute science. Ledru-Rollin agia- 
sait, en un mot, suivant la tb£orie jacobine comme agissent sous nos 
yeux ses successeurset ses gl&ves. 

II est facile de comprendre ce qu'un tel langage devait soulever 
^apprehensions et de tempfttes dans le pays tout en tier. D'autre part, 
les tendances ties membres du gouvernement provisoire k flatter 
certains app£tits etcertaines passions dans, la population ouvri&re, au 
lieu d'une sage et prudente protection et d'une 6tude approfondie de 
leurs int£r6ts imm6diats, devait provoqner chez quelques-uns d'entre 
eux des impatiences, des d£sirs dont nous avons tons les jours des 
preuves. On no souflle pas impun6ment au peuple des idtes de haine 
et de defiance, et les masses out vite fait d'oublier les voix de la 
sagesse, de la conciliation, lorsqu'on excite leur colore. Les causes les 
' plus futi les peu vent eogendrer alorsles plus terrible* commotions, et 
amener des d&sastres irr^parables. 



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*5t HISTO1RB DB N1MBS "^ 

Pour ne parlor que do Nimes, le dimanche 19 mars, quelques enfants , 
de douze k quatorze ans se livr&rent, dans l'ancien cimeti&re attenant ao 
jeu da Mail, k une bataille en r&gTeen go lan^ant mutuellement des 
pierres. Mais bientdt les horomes accoururent so ripartissant dans . 
cbaquo camp et la bagarre mena$a de devenir s&rieuse. Tout le quartier 
fat vite en 6moi, et on eat toates les peines da monde k calmer ce 
commencement d'hostilite. 

Le soir m6me t M. Teulon, faisait afficher la proclamation sui- 
vanle : 

« Attendu qu'un rassemblement assez considerable d'enfants aea 
lieu bier k Kimes 9 au quartier de la Placette et do chemin de 
Montpellier; 

» Que cos enfants divis^s en deux troupes sesontbattusi coups de 
pierres; 

» Attendu que de parei lies habitudes son tcontraires iTesprit d'or- 
dre et de douceur qui doit a aimer les peuples civilises; 

» Qo'elles inquietent les habitants paisibles et pourraient donner lieu 
si elles se renouvelaient k de plus graves collisions ; 

» Toasattroupements ou reunions d'enfants sontprohiMs. — Lesp&res 
et mires de famille, les Fr&res des Ecoles chr&iennes etles maltres 
des 6coles de rEnseignement mutual son t invites ^ user de toatel'aa- 
torit6 qui leur appartient pour emptcher lean enfants et lours 
61&ves de se r4unir tumultueusement dans les rues et sur les places 
publiques. » 

tMalheureusement, lit ne se born&rent par les d&ordros qui avaient 
commence par une rixe d'enfants* 

Le lendemain lundi, jour du tirageau sort, des jeunes gens da 
1« canton excites par des libations copieuses, et pouss£s aussi par l'ar- 
deor exag&rte de lours opinions r6publicaines, parcoururent la ville 
avec des allures provocantes pour une partie de la population. Des cla- 
meurs, des vociferations, des gestes memo soulign&rent cette attitude 
imprudebte. .. 

Dans l'6tat d* irritation et de defiance ombrageuse ou se trouvaient les 
esprits, il n 9 en fallait pas dayantage pour amener une bataille dan- 
gereuse. 

Lalutte s'engagea au pontdelaBouquerie, ob quelques individus 
furent gri&vement blessds. Uncoup de feu fat mfime tirt et an dtoyen^ 
regat quelques plombsdans lesjambes. M. Teulon, commissaire ex- 
traordinaire, accourut sur les lieux *t s'effbr 5a de modfrer refferres- 
concede la Joule don t l'e*altatioi) ne d^vaJtbiontAt plus connaltre do 



f; v " • , . * - Digitized by 



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AllllfcE 4 tit (4- teoMtlrt) SBt 

bornes. Set efforts 6chou&rent, et en presence des provocations etdes 
coups dont elle venait d'fttre l*objet 9 une partie de la population to 
porta sur la Prefecture, ae massant dans la Grand'rue, bruyante et 
irrit£e. Elle rtclamait des armes pour assurer sa s6curit£. Elles lui 
furent cat£goriquement et energiquemeot refuses, et pour dissiper 
ces rassemblements tumultueuz I'autoritedut mander sur les lieux. 
uu r ort piquet de troupe et un d6tachement de hussanls. On put ainsi 
occuper toutes les avenues oooduisant k la Prefecture et surtout inter* 
copter toutes communications entre les assaillants de la Bouquerie 9 
et les attaques de la place des Casernes. Mais les rassemblements ne so 
dissip&rent pas et resterent denri&re les baionnette* 9 surexcites d v un 
cAte t anxieux de l'autre ." 

La nuit so passa assez tranquillement, chacun so contentant de ae 
tenirsur la defensive. Pen 4 pen toutrentra dans Tordre et la tran- 
quillity fit place aux agitations de la veille. Sur un seul pointse produi- 
sit un fait qui n'avait qu'une relation indirecte avec les evfenements 
r£cents. Un individu dans une altercation qu'il avait avec sa femme 
tint sur elle presque k bout portant un coup de fusil qui atteignit la 
malheureuse entre le sein et l'lpaule ; puis il so barricada chez lui et 
accaeillit par un coup de feu la force arta£e venue pour l'arrtter. Un 
soldat fut bless6 assez gridvement dans cette bagarre, mais on 
parvint k se rendre maltre de ce forcene qui fut conduit k la maison 
d'arrtt, au milieu des cris 9 des hu^es et des vociferations d'une foule 
que Ton avait peine k contenir. 

A la suite de ces seines tenibles, le Gommissaire extraordinaire da 
gouvernement faisait afficher la proclamation suivante : 



« Concitoyens, 

» Que sont devenus le calme etla paix dont nous etions si fiers T 

» L'agitation areparu sur la place publique, la tristesse etla defiance 
sont rentr6es dans les cceurs I 

» Quelques heures ontsuffipour opererce iatal changement. 

m Des faitscoupables sesont produits dans la journee d'hier ; des d-. 
toyens ont ete insultes et maltraites. Instruction est commencee ; elle 
se poursuit avec vigueur. Justice sera feitei Una ttcontre lout. 

» Mais la justice n'a jamais pris 9 quejesache, pourauxiliaire la tur- 
bulence et le desofdre 9 et le droit de petition lui-mdme perd son carae* 
tfere sacre, quand il se revftt des formes del'emeute* 
* 9 Quels sont done ces hommes qui orient : Viv* h Rijmbliquel etqui 
ne savent pas£tre republicainsT " 



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J54 - HISTOIRE DE NIMES 

" ' ! » Un mot historique a 6t6 prononc6 jadis : • Vous voulez 6tre libres, 

• • etvousnesavezpasdtrejustesl » 

» Et moi, je vousdis : Vous voulez atre libres, et vous ne savez pas 

etre calmes, mod&r&i, confiants, unis ! . 

» LaRgpubliquedeviendrait la risSe detoutesles monarchies, si elle 

. ' ne puisait pas dans le sentiment do sa force et de sa grandeur la rais- 

; sion d'apaiserdevieilles haines etde consommer l'oeuvre si desirable 

de la reconciliation des partis. 

» J'avais promts au nom de la Commission municipale, en mon nom 
personnel, au nom du Gouvernement, que la garde nationale serait 
proroptement organisSe et armle. 
» A qui done ai-je donn6 le droit de douter de ma parole ? 
» Mais, en presence des scenes turn ultue uses dont la Prefecture a 6i& 
hieret ce matin leth&tre, ily aurait faiblesse et l&chet6fc paraltre 
elder k 1'intimidation . 

» Que I'gmeute disparaisse ; que la paix revienne dans la cit6 et 
lous les vceux legitimes seront accueillis, tous les int£rdts seront pro-- 
tfgfc. 
"■"-*. • K. Teulon »• 

» Nimes, le2t mars 1848. , 

! ■ ' t • i 

La President de la Commission municipale tenait 4 ses concitoyens 
[/;--.- semblable langage* 

[. . » Mes chers Concitoyens, 

•' - » Une effervescence gr&ve s'est 61ev6e subitement dans notre cite. 

» Je vous engage k rentrer dans le calme, k maintenir Tordre et la 
!'- tranquillity dont nous avons eu le bonheur de jouir jusqu'it ce jour. 

I » La justice veille ; si des faits coupables ont 6t6 commis, les auteurs, 

quels qu'ils soient, seront recherch&et punis sgv&rement. 
? ■ \ » Rendons-nous dignes de la Liberty par notre ddvoflment k l'ordre, 

par notre respect pour les droits de tous I . 
{ . » B. Cjlcssb. 9 

| ■ . Un arret6 interdisait express&nent de former des grouped, de 

attroupements et de faire des promenades en chantant ouavecdes 
f ; drapeauz. 11 6tait Igalement intordit de se montrer en armes sur la 

I . yoiepubliqoe. 

1 t J 9 ai dit plus haut que le Gouvememont provisoire favorisait la cr6a- 

1y; ' tion de Comptoirs d'Escompte dans tous les dlpartements. A Nimes 



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Gjoqgle 



ANHftE 484S (4- semettre) «5 

cotle idle dljit lancte en 1845 et 1846 fut reprise k nouveau, noa 
plusavec ^initiative privte, mais sarles conseils m6meset a vec Tap- 
probation dnergique des pouvoirs public 

Ceax-ci adress&rent aux capitalistes, commercants et industriels de 
Nimes la cirqulaire suivante : 

t Toute commotion politique a poor r&ultat inevitable de causer an 
trouble momentand dans les transactions commercialese L*immense 
6v6nement qui vient de s'accomplir ne pouvait 6chapper k la loi 
commune* 

» Le Gou vernement provisoire,avec cette resolution qu'il apporte dans 
raccomplissement de la ticbe qui lui a 6X6 confine, s'est empressg de 
venir au secours du commerce et de l'industrie, en d£cr£tant l'&ablis- 
sement it Paris et dans les villes industrielles de la France dea 
comptoirs nationaux d'escompte, fond£s sur la triple base de 1'asso- 
ciation de 1'Etat, des communes et des particuliers. 

» Fournir au petit commerce et auxpetites industries les moyens 
d'6changer leurs valours contre de l'argent qui leur permette de faire 
bonneur k leurs engagements et de fournir k la population ouvri&re du 
travail, sans lequel elle ne peut se procurer le pain de cbaque jour : 
tel est lebutde cette patriotique institution. 

» L'urgence d'un pareil 6tablissemeht it Nimes est incontestable. 

» L'argent ne circule plus : dntraln& par une terreur panique que 
rien nejustifie 9 les capitaux se resserreot et cessent d'aliroeuter Findus- 
trie nimoise Encore quelques jours, et les fabricants ainsi que les 
autres industriels, pourrontse voir forces malgrg leur bonne volontf, 
de Termer leurs ateliers, faute de moyens de rgaliser les ressources de 
leur portefeuille. 

» Cest une situation qu'il depend de nous tous de faire cesser. 

» Un comptoir d'escompte va etra 6tabli 4 Mimes dans les mdmes con- 
ditions que celui vient d'etre cr66 k Paris, au capital de trois millions : 
un million sera fourni par les particuliers, un million par la ville en 
obligations, un million par TEtat en bons du Tr&or. 

» La ville et TEtat courent des chances de pertes et ne se r&ervent 
aucune part dans les b£n£fices qui appartiondront exclusivement aux 
actionnaires. 

» Le capital k fournir par ceux-ci sera divis6 en mille actions de 
mi He francs chacune. * 

» Aucun autre appel de fonds ne pourra 6tre fait* - 

» A l'osuvre donc t commergants t industriels, capitalistes, propri 6taires f 
fonctionnaires publics ! A Foeuvre tons, il s'agit du salut coramun 1 1 



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V$ H1ST01KB DB NUDES "^ 

Imm&iiatement s'ouvrit ea ville une souscription qui fat. rapidemont 
' + couverte et atteigoit d f un bond la somme qu'il eta»t ndcessaire do 

r£unir. M. Gaidan, negotiant, 6tait nomine diiecieur da nouvel 6ta* 
blissement financier pour la ville deNimes. 

Bienquedis son installation, le Commissaire extraordinaire se soit 
empress^ de nommer nne commission municipale avec nn president 
faisant fonction de maire, le Conseil municipal n v en 6tait pas moins 
debout encore et la municipality legale n'avait pas 6t£touch6e. Le 18 
mars, M. Teuton remSdia a cet gtatdechoses en rgvoquant M. Girard, 
maire de la ville, en dissolvant le Conseil municipal 61u,et en portant k 
trente-six le nombre des membres de la Commission munidpale.il 
appela 4 la Maine pour completer la nouvelle assemble : MM. Bolze, . 
avocat ; Bosc J .-J. fils aln6, negotiant ; Cauzid Emile ; Curnier L&mce; . 
Marquis Duluc 9 conseiller k la Cour d'Appel ; Eyssette , avocat ; 
Gu£rin Samuel, fabricant de lacets ; Grelleau Achilla ; Magna Charles: 
Mourier atu£ ; Penchinat LSon, avocat ; Petit Paulin 9 Spicier ; Peyron, 
m&lecin ; Valla t-Loche. - 

Quelques jours apr&s le 9 avril, M. Causse se d£mettait de ses fonc- - 
tions de president pourraisons de sant6, et M. Octavian Troupel 
membra de la Commission, le rempla$ait dans ses fonctions de Maire* 
M. Causse restait membra da la Commission. ? j 

Des changements avaient lieu aussi dans la haute administration. 
Le Gouvernement provisoire avait d£cid£ de crter par region, un 
Commissaire ggn&ral avec mission de surveiller les operations des com- 
missairas et sous-commissaires, les r£voquer, enlever leur pouvoir 
et au besoin les remplacer. 

Ce* fonctionnaires avaient toutes les autoritSs civiles et militaires 
sous leurs ordres qu'ils avaient le droit de requ&ir pour toutes les 
mesures de salut public 

lis avaient £galement k ex6cuter tout ce que les circonstances n£ces-. 
siteraiant lant pour le maintien de Tordre que pour le triomphe des 
principes r£publicains« Le gouvernement provisoire confia ces pouvoirs 
extraordinaires k M . Oscar Garvais pour les dlpartements de la Loztoe, 
du Gard, del*H6rault et de TAveyron. Le nouveau Commissaire g6n£- 
P ral adressa k sesadministrta la lettre suivanta : • x 

r . » Citoyens, la R6publique vient de me confier l'administration sup6- 

riaura de quatre dSparteraents. Sans calculer mas forces, je n 9 ai 6cout£ 
que mon z&le et j'ai accepts sans hesitation la t&che immense qui m'est 
imposte; je saurais la raraplir: j*ai deux gardes infaillibles : mon 
eoror qui veut le bien, et la volonW du peuple, cette voix de Dieu. qui 

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ANNfcB 4S4S (4- senettre) W1 

nous appelle k l'ordre et * la liberty par l'egalite et la fraternity ». 

Cette explosion inattenduede 1848 avait violemment second lEurope. 
Corame une trainee de poudre le feu avait pris partout 4 la fois et lea 
grandes capitales etaient le theatre d'insurrections sanglantes ou vio- 
lemment reprimees. 

A Vienne, k Berlin, k Milan, k Naples, le contre-coup des £ vfenements 
dont la France venait d'etre le th&tre, provoquait des soul&vements 
d'une incontestable gravity, errant an gouvernement fran$ais des 
difficultes extlrieures considerables. A l'interieur, ta situation s'em- 
brouillait chaqtfe jour davantage. Le gouvernement provisoire so 
scindait visiblement en deux. Apr&s avoir prodam4 quand m6me la 
R6publique, sous la pression des agitateurs, une partie des commis- 
saires ex£cutifs poussait Fardeur jusqu'A vouloir imposer k la pro- 
chain e assemble constituante cette forme de gouvernement. 

M. Ledru-Rollin qui administrait le departement de l'interieur, 
etait k la t£te de. ce mouveraent jacobin. II multipliait les instructions 
aux agents sous ses ordres , instructions imperatives disant nette* 
ment que le gouvernement entendait bien ne pas rester neutre pendant 
les Elections prochaines ; en un m6t» le suffrage universel auquel on 
avait fait appel au nom de principes liWraux absolus, he pouvait et ne 
devait exprimer que la volonte de Ledru-Rollin. 

Ce dernier, cependant, ne pouvait arriver k Cure cesser Us d£sordres 
et lei mutineries qui troublaient la France snr un grand nombre de 
points. La presence des commissaires extraordinaires n'£tait pas suffix 
sante pour arrGter l'effer vescence populaire qui allait croissant de tous 
c6tes k mesure qce les questions irritantes jse posaient devant le corps 
electoral, occupe It cbercher les -deputes qui indent le representor k 
TAasembieenationale. ANimes, Iqs disputes etaient incessantes, en 
particulier dans les ateliers cfees parlamunicipalite pour occuper la 
classe ouvrifere. Les discussions s v eievaient continuellement entre ces 
hommes, animes les uns et lesautres de passions politiques violemment 
surexcitees. 

Les 1 et 1 1 avril, cet etat de choses prit un caractfere de plus en plus 
alarmant, et le quartier de la Placette fut plus particul&rement le • 
thedtre de scenes deplorables. Sur le chemin de Montpellier, et 
surtout dans la rue de l'Hdtel-Dieu 9 snr la promenade do Cours- 
Neuf, des bandes de citoyens £changereot des coups de pierre. L'nn 
et * l'autre camp comptaient deji des blesses , grifevement atteints. 
La force armee, accourue, eut toute* les peines da monde pour separer 
les.combattanis. Ceux-ci re$urent plusieurs coups de baionnette, et - 

KmtMim LUrtl**, Turn t IS 

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*5S HIST01RB DB N1MBS : . ^ . 

o'est k ce prix seulement que l'ordre putetre r&abli, mais, h£las I pour 
pea do jours, 

Les Elections approchaient. Pr6c6demment fix&s au 9 avril, elles 
furent retard£es jusqu'au 23. Au milieu dos graves preoccupations qui 
asstegeaient la France, l'inconnu qui allait sortir do cetto consultation 
du pays n'6tait pas la moindre. 

Tout 6tait et pouvait etre ici matter© k surprise. Le mode de votation, 
l'adraission do tous les citoyensau droit de vote, le change men t des 
conditions d'61igibilit£, l'6tat incortain des esprits, et plus part iculiere-^ 
ment la propaganda communiste, qui trouvait un favorable accueil 
jusque dans les conseils du gouvcrnement, gtaient autant de raisoos, 
empdchnnt de .so rendre un coonpte exact de la Cbambre k venir. Nous 
avons vu que le gouvernement provisoire avait fix6 idix le nombre 
des d^put^s k 6lire par le d£partement du Gard. Des listes furent 61a- 
bor£es et pr&en t6es aux glecteurs. - ^ 

L'ancienne opposition parlementaire, qui dans sa lutte conlre le gou- 
vernement de Louis-Philippe n 'avait pas cru aller jusqu'fe une revolu- 
tion, pr&entait : 

MM. Emile Teuton, commissaire du Gouvernement dansle Gard. 

Ferdinand B6chard, ancien d£put£ de 1'oppositionL 

L£on Thourel, president A laCour d'appel. M. Thou r el rappelait 
qu'il avait servi dans la Garde imp6riale, com me volontaire. 

Octavien Troupel, maire deNimes. 

Ambroise Blachier, colonel de gendarmerie, qui n'omettait point de . 
souligner qu'il 6tait ancien officier de I'empire et qu'il 6tait rest6 d6- 
missionnaire de 1814 k 1830. . 

Gilly, maire de Remoulins et fils du g£n£ral Gilly, dont le noin est 
intimlment H6 aux 6v&nementsde 1815 iNimes etdaus le Gard. 

Bousquet, ancien depute de l'extrdme-gauche. 

Duclaux-Monteil, maire d'Alais. 

Almire Cavalier que nous avons. vu colonel de la Garde nationale de 
Nimes. . '.a 

DeLarcy. 

Une des fractions du parti republicain pr&entait la mdme liste 
moins M. Ferdinand B&hard, qui Stait remplacd par Adolphe Cr6* . 
mieux, ministre, etM.de Larcy par Gustavo Toulon. . 

Le Comity central reunite 12 aotttau Palais de Justice avait 61abor6 
la liste suivante: 

MM. Emile Teuton, Bousquet, Gustavo Teulon, Fuel, CrlmiQjur, 
Gilly, Favaud, Almire Cavalier, Licb&re, ouvrier; Jousseume, avocat. 

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ANNtB 4848 (4~ r mestre) 2S§ 

Enfin lea catholiques et llgitimistess'&aient arr6t£s au noms do : 

MM. B6chard, Bmile Teuton, Bousquet, Demians, avo at g6n6ral; de 
Rivifere, de Larcy, Carme de la Brugui&re, Chapot, avocat au Vigan ; 
J. Reboul, boulaoger; Combier on Favand. 

II n*6tait pas inutile de rapport erles dififerenteslistes au moment oh 
la lutte Electorate ya toucher 4 son terme e£ od le scrutin va s'ouvrir. 
C*estledimanche23 avril que d&s la premi&re heure commencferent 
les operations du vote. II a vait£t6 d£cid6 quecelui-ci aurait lieu au 
chef-lieu de canton. A midi et demi, les habitants de Milhaud 9 qoi 
.appartientau premier canton, arriverent en masse corapacte et par 
rangges de douze k quinze llecteurs. 

A la m6me heure r les habitants de Bouillargues et de Garons,ayant 
k leur tete le cur6 et le matre de la commune, firent leur eutr&r dans la 
ville et se rang&rent sur le boulevard du Viaduc. lis pr&entaient un 
total de neuf cents 61ecteurs disposes en rangset il no fallut pas plus de 
deux heures pour recueillir les bulletins de ces £Iecteurs. Le mode de 
votation n'6tait pas en effet tel qu'on lo pratique aujounfhui. Les 
noms des 61ecteurs Itaient inscrits sur une liste, et chaque 61ecteur 
devait attendre pour dlposer son bulletin dans l'uroe, d'etre appell 
par le president de la section Electorate. Celte prorate re operation devait 
avoir lieu le dimanche et le lendemain devait se faire un r&ppel, 
apres quoi le scrutin Etait d&1ar6 clos. Le recensement gEnfral 6tait 
fait devant les juges de pa:x de tous les cantons du dEpartement 
assjstEs de scrutateurs d6sign£s par le Commissaire du dEpartemenU 

Cette dernifcre operation cut lieu le jeudi 27 avril, dans une des salles 
de THdtel de Ville et deraanda deux stances de huit heures du soir k 
minuit. Les recenseurs arrtt&rent les suffrages pour vingt noms dont 
les dix premiers forra&rent la deputation du Oard k l'Assemblde 
rationale. 



MM. Emile Teuton qui obtint. 


• 


• 


• 


• 


92.523 


▼oix 


Favand, d'Alais. . . 


• 


"• 


• 


• 


v 


88.615 


— '. 


F. B6cbard. . • . 


• 


• 


• 


• 


.• 


55.418 


— .' 


De Larcy. . • .. . 


• 


• 


, • 


- • 


••• 


53.491 


— 


Aug. Demians; . - 


• 


• 


• • 


• 


• 


52.740 


— 


Roux-Carbonnel. . • 


• 


• 


• 


• 


• • 


51.548 


— ' 


Reboul, boulanger. . 


• 


•' 


• 


• 


t • 


51.470 


— 


Carme de Labruguiftre. 


• 


• 


• 


• • 


• 


51.404 


; 


Bousquet. '*• • • • 


■ • 


• 


• 


• 


• • 


50.540 


— •- 


Chapot . • . . . 


• 


• . 


• 


• 


• 


50.026 






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m HISTOIRE DB NIMES 

MM. Debeaunede Roquemaure. . . • . p 46.873 voix 

GillyAlbert. . 46.344 — 

Cavalier Almira. . 45.762 — 

Teulon Gustavo 41 .353 — 

Lichiro .......... 39.969 — 

Cr6mieux. 37.56V — 

Oct. Troupe). ........ 31,584 — 

Jousseume 29.904 — 

Coquerel. . ... . . . . . 16.389 — 

L6on Thourel .' ... 10.483 — - - . 

- Malheureusement la proclamation de ce* r&ultats fut accompa- 
gn£e en un point de la ville de d6sordres et d'exc&s des plus graves. 
A l'inspection de la liste Slue, on voit que Je Gard pouvait se teliciter 
du premier scrutin fait par le suffrage universal. La liste pr£sent£e par 
le. parti catholique et conservateur avait 6t£ con$ue dans un esprit 
assez large pour satisfairetoutes les exigences religieuses et politique* 
et rgpondait h la penste qui en avait dirig6 l'&losion. Le corps Elec- 
toral avait suffisamment prouv£ par le nombre des voix accord&s aux- 
candidats en quelle estime il les tenait to us. dtait un triomphe et 
assortment un triomphe 6clatant, et une vigoureuse r6ponse aux ma- 
nifestations jacobines et r&olutionnaires dont Paris avait et6 le th£&tre 
dans la journ£e du 16 avril et qui trouvait un refuge dans le gouver- 
nement lui-m6me t oil Ledru-Rollin, Louis Blanc, Flocon et Albert 
ftaient les chefs av£r£s du parti d£raagogique. 

II n'6tait pas Etonnantque les vainqueurs de la lutte 61ectorale ma- 
nifestassent leur joie de se sentir sinon d61ivr£s 9 du moins s£par6s de 
tons les meneurs de la Revolution et partant des craintes que pouvait 
faire .concevoir le regime terroriste dont 6tait menac£e la France. 
Aussi le jeudi 27 avril, quand la foule apprit ayec certitude que les 
candidats del'ordre&aient passes avec une Ecrasante majority, n'eut- 
elle qu'un d&ir; c£16brer son triomphe. Unefarandole,composfoen 
grande partie de femmes et d'enfants, avec des branches de laurier, 
et conduite par quelques citoyens dont deux portaient des drapeaux 
parcourut les boulevards. Mais si cette foule 6tait, pour les raisons que 
j 9 ai 6num6r6ei>, joyeuse, d'autrepart les vaincus du scrutin du 23 avril 
ienfrogn6s, boudeunv n'attendaient qu'une occasion pour se venger de 
cemfime suffrage universel dont ils auraient lou6 les decisions s'il leur 
avait donntla victoire. Lesd&nocratesavanc&nevoyaientpas sans, 
colore ces demonstrations et ces explosions d v une gaiety naturelle, 



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ANNftB <S4S(1~ semetlri) - ■ »«/ 

Rlunis k la place do la Bouquerie,au cafe Gibelin leur quartier general, 
ils ne pretendirent irien moins que d'arrdtci la farandole et la dispcr* 
ser par la force. " 

Tandis qae celle-ci se pr6sentait aa pont de la Bouquerie pour s'en- 
gager sur le boulevard de la Comedie, ces citoyens venus den quartiera 
republicans lui barrferent le chemin. lis avaienteu'la precaution de 
semunir de leurs armea et allaientau combat avec l'intention bien 
arr&tee de s'en servir. lis ne demandaient qu*un pretexte. Deux coups 
de pistolet parti des rangs des catholiques leur eu servirent Se preten- 
dant en etat de legitime defense, ils fireot sur cette fouleeo majeure, 
partie compos^e de femmes et d'enfants, agitant des branches de 
laurier pour toutearme offensive et defensive, une d&harge generate. 
On devine que si deux coups de pistolet furent tir6s,et 4cet egard les 
temoignages du temps sont contradictoires, ils ne le furent pas it coup 
sdr avec Tiutention de f rapper le groupe r£publicain masse aux alen- 
tours du cafe Gibelin. Nous savons assez quelles sont les habitudes de 
nos coocitoyens qui croient devoir en general temoigner de leur joie 
par des detonations bruyantes, detonations dont les republicans de nos 
jours abusent le plus souvent, pour comprendre que les deux coups de 
feu incrimines ne pouvaientetre qu'une simple demonstration inoffen- 
sive, et personne dans le groupe des republicans ne fut atteint ou 
m£me legerement contusionneVEn revanche, ceux-ci nese firentpa? 
faute de prodiguer k leurs concitoyens des d4charges meurtri&res qui 
firenten un instant beau coup de mal. Les catholiques furent pourauivis 
par ce^ forcen6s qui s'echelonnant sur le boulevard abandonne par la 
foule eperdue 9 vinrent se poster au debouche des rues qui conduisent 
aux Bourgades et de 14 ne cess&rent de (aire feu. sur les manifestants. 
CTest ce qui resulte du resle de la deposition du jeune Casimir Remy, 
qui dans cette journee fut frappe d'aneballe au bras. Le parti repu- 
blican* avait essaye de faire croire jque Bemy avait et6 blesse par les 
..siensen essayant d'arracher une femme k leur terocite. Mais Remy, k 
rhdpitalou il etait traite, maintintavec laderniere energie qu*il avait 
etait frappe vers quatre heures en rentrant chez lui, daus une rue 
aboulissant a u boulevard qu'il venait de quitter. 

Une des victimes de ce veritable guet-apens succomba quelques 
jours apr£s ces sanglants evfenements, des suites de sa blessure. Son 
enterrement eut lieu le vendredi 5 mai f k cinq heures du soir devant 
plus de dix mille person nes accourues pour rendre les demiers devoirs 
k cette victiine de nos guerres civile3. Les amis du jeune Igonny, vou- 
lurent eux-m£mes transporter sa depouille mortelle aucitnetifre Saint- 



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*:* *"^ * 






J6i; . ^ HISTOIBB UB NIMES \ ^ . ; ,. ; y * 

Baudile. L*abb6 Salignon, vicaire de Saint-Charles, dans une courte 
allocution, rappela que lejeune Igonny ayait pardonn6 4 sesmeur-* 
triers pendant le3 sou ffrance3 deTagonie. 

Pour faire cesser ces troubles sanglants, il fallut avoir recours k toute 
l'lnergique repression de l'autorite militaire, car l'autorite civile avait 
6t6 impuissante'd&s l'origine. A neuf heures du soir, 41a lueur des ' 
flambeaux, la proclamation suivante fut lue en different* points de. la 
voie publique et notamment dans les quartiers ennemis. 

# Habitants de la ville de Nimes, 

» Un arrets du citoyen Commissaire da gouvernement dans le d£- 
partement du Gard met la ville de Niraes en etat de siige. 

» Des faits d£plorables ont eu lieu ; l'autorite judiciaire informe sur . 
ces malheureux ev&nements. 

» Investi d*un pouvoir extraordinaire, j*en userai avec fermete et 
6nei£ie pour le maintien de l'ordre. 

» Les personnes qui seront trouv6es arntees sur la voie publique 
seront arrgteeset traduites devant les tribunaux.. . 

» II est defend ud'etablir desp stes, de fairedes patrouilles, la Garde 
nationale etlagarnison devant seules ox£cuter les mesures pour em- 
pteherle d£sordre. 

» Tous les attroupements et les reunions mdtne de cinq personnes 
son t defend us et seront dissip^s par la force. ; I 

» Le'g6u6ral compte surlepatriotismeet ledevo&ment ilaJtepu- 
blique des habitants de Nimes, pour esp£rer que Pordre et la tranquil- 
lit6 publique seront promptement r&ablis. 

Niraes, le 28 avriH848.. 

Le giniral commandant le diparlement du Gard, Dk Lusst* 

11 sembledu reste qu'aux fureurs de la veille avait succ£d6 un mo- 
ment de stupeur, gr4ce auquel l'autorite put ressaisir ses droits et 
r&ablir sinon la concorde, du moins l'ordre materiel. 11 Taut bien le 
reconnaltre, de tels actes coupables, commis de sang-froid, avec l'lntoa* 
tion bien arreteed'aller jusqu'au crime, perpltres avec une premedi- 
tation surlaquelle il nesaurait y avoir aucun doute, sont bien faits 
pour jeter chezceuxqui enontete lesvictimes des germes de ven- 
geance, et il faut une bien grande abnegation et une mansuetude 
d'&me toute cbr&ienne pour triompber de ce dernier sentiment dont 
Vexplosion quoique douloureuse parait d&s l'abord naturelle. Et ce 



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'•-/>. 



ANNftB 4S4S (I- semestrc) 



te3 



pendant faisantnnretour en arri&re toutes les fois que des atrocitts 
semblables ensanglaut&rent fcolre ville, elles no furent pas toujour* sui- 
vies des repr&ailles que Ton pouvait redouter. En remontant le cours 
des sifrcles, on trouve pour ainsi dire A Torigine des Spouvantable* guer- 
re* dites de religion deux faits principaux historiqiies pour notre cit6 ' 
et pour la France. 

L 9 un 9 qui est une des pages les plus sombres de notre bistoire locale a 
<H6 baptist, hi Alichctade parce qu'il se produisit les 29, 30 septembre 
et I** octobre 1567. Sans provocatfon aucune, avec un concert digue 
d'une meilleure cause, notre cite fut co jour-li vou6e au massacre et au 
pillage, et com me d'habitude, elle trouva les catholiques sans defense 
contre lenrs adversaires de la religion rgformte. Sous an des clochers 
de notre cath&lrale reposent en paix aujourd'hui les dlpouilles mor- 
telles de ceux qui succomb&rent sous les dagues et les baches des 
religionnaires. 

. ^ Comment ne pas se souvenir que quelques annles apr&s, le 24 aoiit 
1572, ces m£mes catholiques de Nimes qui tenaient, 4 ce moment, 
entre leurs mains la vie de leurs ennemis, qui pouvaient et 6taient 
mdme invites k i miter les massacres de la Saint-Barth6lemy 4 Paris, 
prot£geaiont dans cette ctrconstance les fibres de ceux-lfc mftme qui ^ 
a'6taient laiss£s aller aux atrocit6s de la Michelade ? II pourra se com- 
mettre sans nul doute des actes personnels de vengeance, mais ces 
agressions criminelles demeureront des faits individuels etdevront 
retomber sur lesindividus coupables au premier chef et non sur un 
parti tout en tier qui, pris dans son ensemble, n*a jamais £t£ quetrop 
faible et trop confiant. Ce que je viens de dire fait prgvoir que le guet- 
apens du 27 avril aura son corolla ire quelgues jours plus tard, et nous „ 
verrons quelle en fut la cause d6terminante. 

Nimes n'6tait pas la seule ville qui flt d£so!6e par ces luttes fr&tt- 
cides. Roueu se h^rissait de barricades qui ne devaient tomberTune 
apris 1'autre que sous une violente canonnade, Elbeuf avait elle aussi 
sa semaine sanglante, et a Limoges, les communistes 6vinc6s aux Elec- 
tions , s'emparaient violemment de l'Hdtel de Ville et de la Pre- 
fecture. 

(Test au milieu des ruines, accumutees par 1'esprit nltra-r6vblu- 
tionnairesur divers points de la France, au bruit de la fusillade dans 
les rues de quelques-unes de nos cit£s que, le4 mai, l*Assemblde na- 
tionalese rSuuissait pour la premiere fois au Palais- Bourbon. 

M. Kmile Teuton , commissaire du gouvernement dans le Gard, 
«tant nomm£ reprdsentant du pen pie 4 la rfcente Election. s'6tait rendu 



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«•!,*. HBTOIRB DB NIMBS \ 

it son posto it Paris, et n'avaitpu conserver les fonct ions qui lui etaient 
confines. Le commissaire general, Osear Gervais, le remplaga provisoi- 
rement par M. Napoleon Solignac* . 

A peine reuniet 1' Assemble avait declare que la revolution de fSvrier 
etait close et qu'elle allait confier le pouvoir executif k une delegation 
de cinq membres qui furent eius le 10 mai. Ce furent : Arago, Gamier- 
Pagfes, Marie, Lamartine et Ledru-Rollin. 

Imrnddiatement un miniature fut constitue et l'ad ministration pri- 
fettorale redevint ce qu'elle etait avant. En mfrne temps quo le poste 
de commissaire g6n6ral etait supprime, les pouvoirs de M. Napoleon 
Solignacprenaient fin f et le 13 mai, arrivait k la Prefecture de Nimes 
comme pr£fet, et avec les anciens pouvoirs attribu£s k ces fonctions, 
M. Henri Bonnias. — 

Le provisoire cessait , malheureusement le nouveau gouverne- 
.ment allait rencontrer k peine install^ la plus epouvantable des in- 
surrections fomentees par ceux-lim£me qui se targuaient deripubli- 
canisme excessif. Mais cette insurrection dont nous aurons k nous 
entretenir, avait une preface. Les revolution na ires tentirent les 15 et 
1 7 mai de s'emparer du pouvoir par la force . 

Violant le decret recent qui interdisait d'apporter des petitions k la 
barre de FAssembiee, les deiegues des clubs anarchiques, suivis d'une 
foule considerable se pntaentaient le 15 mai it mid;, devant les portes 
du Palais-Bourbon. En vain Lamartine essaie-t-il d'arrftter reian des 
perturbateurs, ceux-ci n'ecoutent rien et la foule brisant les portes mai 
defendues par un detacbement trop faible de Garde mobile, fait irrup- 
tion dans la salledes seances. Le parquet est envabi par deux colonnes 
pi-ecedeesdedrapeaux avec des inscriptions enl'konneurde laPologne. 
La tribune est envabie, et les deputes ont peine k repousser la foule qui 
veut les chasserde leurs bancs. 

Les ceiebres agitateurs Barbes et Blanqui demandent que. la France 
declare la guerre k la Russie, un impdt d'un milliard sur les riches, etc, 
etc., Puis les emeutiers declarent 1'Assembiee nationale dissouto et 
prodamentun nouveau gouverne ment dans lequel figurent tous les 
revolutionnaires du temps. 

Fort heureusement Lamartine et Ledru-Rollin montrant quelque 
decision se porterent sur l'Hdtel de Ville k la tete de detacbements em- 
prunt£s£l'arm£eet&la Garde nationale ; on s'empara de Barbfes au 
moment ou il redigeait une proclamation, et Blanqui fut arrdte sur le 
Pont-Neuf. L'insurrection 6tait ainsi coup6c h la r«icin<* mdme, et le 
calme assez promptementretabli. 



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ANNtB 4SI8 (1~ semeslre) . \ 2«5 ".-,. ' 

II est a remarquer que Nimes eat & ressentir le centre coup de ces 
graves et douloureux elements. La d£p£che teiegraphique suivante 
etait adressee, en effet, le 18 mai k M. Thourel, president de Cham- - • 
breila Cour d'appel de Nimes: 

». Le Ministre de l'Int6rieur arrtto : . i 

» Le citoyen Thourel est nomme commissaire provisoire du gouver-.- 
nement dans le dlpartement du Gard, en remplacement du citoyen 
Bonnias, revoqu£de ses fonctions. » - - . 

L'explication de cet strange amte se trou ve dans les lignes sui vantes - « 

empruntees au Mtssager. 

« Quelques journaux nous apprennent la nomination du citoyen 
Bonnias au poste de prefet duGard. Si la nouvelle est vrate, nous de- i 

vons croire que Tinfluence du citoyen Blanqui n*a pas cess6 d'avoir \ 

cours au ministfere de l'interieur ; car person ne n'ignore que M* Bon- ] 

nias etait 4 la fois vice-president dn dub Blanqui et du club Barb&» 
et ses declamations furibondes soit 4 la Cite-B^rg6re t soif au Palais- 
National avaient pour but Taringe que les clubistes affectent d'appeler 
la Garde bourgeoise. » . 

La proclamation de M. Thourel, moins explicite, laisse percer n^an- 
moins que la mesure administrative qui frappait M. Bonnias, 
etait dictee par ses opinions - nllra-revolutionnaires parfaitement 
connues. 

< Citoyens da Gard, disaitM. Thourel, un appel inattendu vient 
d'etre fait k mon devo&ment. Le Gouvernement de la R6publique me 
con fie provisoireroent l'administration de oe departement. 

»Je n'avais pas & cons'ulter roes forces, mais mon devoir, pour me 
decider k accepter une mission qui m'est donnee dans des circonstanoes 
aussi graves. ■;.."'■ 

> Le choix d'un magistral, ami de tons, vons est un stir garant 
d'une protection impartiale do tousvos interftts. 

* Lo choix d'un citoyen qui a hauteinent proclame son respect pour 
I'Assembiee nationale, c'est-4-dire, pour le peuple qui I'm uommee ; 

» La resolution de concourir de tous ses efforts a 1'aflermissement" 
de la Republiqae, 

» Etsonhorreur pour ledesordreet l 9 anarchie 9 

» Donnent 4 cet acte du Gouvernement une signification qui sera 
comprise par tons. » ., * 

II ne fut pas permis k M. Thourel de d6ployer ses qualites adminis- 
tratives. Quelques jours aprte, il devait cede* la prefecture . au not** 



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«66 H1ST0IRK DB N1MES 

veau titulaire, investides fonctions do Prtfet, M. Salivas qui arrivait 
&Nimesle9juio* 

D&sl'arrivie do cet adrainistraleur une question s'imposait .4 son 
attention. On avaitbien formula Garde nationale, mais alio n'6tait , 
pas arnica, et malgrg des reclamations incessantas n'avait pu obtenir 
qu'un nombre d6risoire de fusils, sons le prftexte que les arsenaux de 
France ne pouvaient saffire it ces exigences. En r6alit6 t il y avait h cat 
6gard une autre raison. 

Le gouvernement provisoira ayant appall au service de la Garde 
nationale tons les citoyens sans exception, il s'ensuivait qu'4 Nimes 
tout particuli&rement, cette institution militaire allait se trouver h fort 
peu pr&s coroposte de un tiers protestants et de deux tiers catholiquas. 
Cas malheureuses questions de religion qui', mftme avac le temps ne se 
sont jamais complement 6teintes, vdnaient de se rSveiller aussi ipres 
que par le pass6* * 

Les protestants en particulier 6taienteffray& de voir la population 
catholique tout enti&re en armes v ce qui devait les inettre en 6tat 
d*inf6riorit6 num&rique considerable. Les catholiquas de leur cAt£ , 
qui avaient les meilleures raisons du monde pour se d6fier de 
leurs adversaires, les 6vtaements tout recants du 27 avril en gtaient 
une preuve, r&lamaient, au contraire, l'armement integral, se confor- 
mant en cala du reste 4 1'intention nettement oxprimle des membres 
r£publicains du gouvernement provisoire. DSji, nous avons vu lors 
des troubles du 2 roar*, organises et con$us par le camp protestant, 
la population catholique, aflbl£e de se trouver sans defense, courir 
k la Prefecture et demander des armes que M. Teulon lui refusait ; 
aprfes les gpouvantables sc&nes du 27 avril, ce besoin de se prot& 
ger devint pour las catholiquas une veritable necessity, et ilsne se 
lass&rent pas die r&lamer ce droit 

Dans sa proclamation d'installation JI. Salivas, le nouveau prgfet, 
toucha k cette question importante antra toutes, et donnait satisfaction 
k d'aussi legitimes demandes. 

i . • . . D6j4 f avant de quitter Paris, je me sois occup£ de vos int&rftts, , 
disait le nouveau. pr£fet. D'accord avec vos repr&entant* j'ai obtenu 
ducitoyen ministre de l'intlrieur l'armement integral de la Garde na- 
tionale. Malheureusement les arsenaux de V6tat aasonl pas en mesa re - 
de rfpondre sur le champ it toutes les demandes ; un premier envoi 
de deux mille fusils est ordonnl. Rlpartis dans les divers arrondisse- 
ments, vous aurez h en faire vous m£me la distribution ult6rieure dans 
les rompagoies, ;ur tw <f&d»<m. Jeveillerai ice qu'un nouvel envoi 



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ANllftB 4S4S (fsesmtre)' / \ *•* 

suive deprte le premier, et ainsi suocessivement jusqu'4 ce qui! n'y 
ait plus un seal citoyen qui oe paisse contribaer do sa personne aa 
maintien de Tordre et de la defense de la R6publique. . . . » 

Ce laogage net et sans ambage troabla consid&ablement le camp 
protestantrgpublicainqui, sous lea administrateurs pr£c6dents, avait 
r6ussi k enterrer ou da mains k ajourner una mesure aussi sageet 
aussi juste. Deux documents prouvent rarabondamment l'6tat d'irrita- 
tion qui anima le parti rtpublicain protestant k la lecture de cea 
lignes. Le premier de ces documents est U09 lettre de Mil. Bousquet 
et Teuton, adressfeit un des journaux de la ville (1). 

a M. Salivas, pr6fet du Oard 9 a adress6 4 ses administr& une procla- 
roation dans laquelle se trouve la phrase suivanle : D' accord aoee vo$ 
reprtsentants t je vats m'eeeuper de Farmewunt iniigral de la Garde no* 
tioriale. 

» Nou* protestons contre les faits annonc6s dans cette phrase. 

* Dans une conference trfes longue qui eut lieu en presence de M. le 
ministre de l'int&rieur et dans son cabinet, il futlmisdi verses opinions 
sur la question relative k l'armement de la Garde nationals. 

» Nous n'avons pas k rappeler ce qui fut dit par divers de nos colli- 
gues, roais voici quel fut Pavis soutenu par les deux signataires de la 
pr&entelettre. 

» M. Bousquet d&Iara qu*£clair6 par le fait et par l'avis unanime de 
personnesconnaissantparfoitement la population de Niraes, et plac6es 
, dans des circonstances et sous des inspirations diverges, il n*h£sitait 
pas ii declarer que l'armement integral serait pour cette ville une cause 
permanente de d&ordre, une mesure (uneste k 1'ordre public, et aa 
reposdes citoyeos ; qu'il luiparaissait juste d'anner tout de suite las 
sous-officiers et caporaux et convenable de s'arreter U pour le moment; 
que Ton pourrait aussi distribuer dans les compagnies quelques armes, 
en ayant soin de les confier aux Homines les plus dignes, sans exception 
de parti ; quo du reste k son avis et dans la situation actuelle, le nombre 
des armes donates depuis fftvrier ou k donner encore, ne devait paa 
en totality d£passer deux mille k deux mille cinq cent ou trois milie 
an plus, en prenant la limite la plus Vendue possible, sans danger 
grave et imminent; et que pour son compte il repoussait Inergiqnement 
toutepart de responsabiliti directe ou indirecte dans un projet d'arme- 
menten dehors deces limites. 

» M Teulon d&lara it son tour que depuis la revolution de fevrier, 

(l)LtCourrier dm G*rd. 



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US HISTOIRE DB NIMES : „ r / 

et assez longtemps aprte, il avait et6 favorable au syst&me d f organi- 
sation et d'armemeat de la Garde nationale sur las bases les plus 
larges ; qu'il avait 4 diverses reprises manifesto son opinion k cet 
egard; mais qu'en presence de la reprobation energiqueet permanente 
que cette opinion avail rencontree dans une partie considerable de la po- 
pulation, il avait senti des doutes s'elever dans son esprit ; que ces 
dontes avaient acquis un plus haut degrg de gravity du jour oh il avait. 
vu 1'armement reclame par Israelite, la violence et Fenvahissement de 
la prefecture, et que dans l'agitation morale soulev6e par cette ques- 
tion, il croyait prudent do s'6clairer encore par une nouvelle etude des 
homines et des faitsetd'en ajourner les solutions. 

» Vous voyez monsieur, que ces paroles ne supposent pas V accord 
dont parle M. le Prffet dans sa proclamation. Recevez, etc. 

. *-K. Teulox, % » A. Bousqukt, 

» representant du Gard. » representant du Gard. » 

Ainsi done sur les dix representants qu'avait envoyes le Gard k l'As- 
serabl6e t deux seulement ne voulaient pas de 1'armement integral 
de la Garde nationale, et Ton ne peut avoir aucun doute sur la pres-' 
sion queleuTs coreligionnaires de Nimes avaient pu exercersur eux. 
Le Prefet, lui-mftme, avait ete dfes son arrivee mis en demeure de ne pas 
donner satisfaction aux reclamations des catholiques molestes, et 
m£me de se mettre en etat d'hostilite ouverte coctre eux, leur reti- 
rant ainsi l'appui etla protection que les autorites ont pour devoir 
d'accorderi tous 9 tant majorite que minorite. Heureusement, M. Sa- 
lives refusa d'en passer par ces exigences imperatives. N'avait-il pas 
dit dans sa proclamation : 

€ Politiquement, jerespecterai levoeudes majprites iegale.nent ex- 
prime. Seulement. je me reserve de les' avertir, si elle devenaient 
oppressives, et, au besoin d'employer tous les moyens dont je pourrai 
disposer, afin de les amener k 6tre genereuses et bienveillantes, c f est- 
4-dire avis£es en faisantla part des ininorites. * 

De telles dispositions devaient soulever dans le camp republicain 
et protestant une violente irritation contro cet administrateur im- 
partial. II le dit lui-radme dans une lettre qu'il adresse an Republicain 
du Gard. 

*«.... En entrant dans votre cite dontjeconnais les moeurselles 
passions de longue date, n'ai-je pas fait appel k tout le monde, i tous 
les hommes de bien 9 d'hocneur, de loyaute ? ■ 

» Trois routes s offraient k moi : m'appuyer exclusivement sur un 



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AWNtE 184S(l«semettre) 2«9 

parti etlesoutenirkoutrance ; louvoyer entre des pretentions incon- 
ciliables, au moyen de promesses et de concessions r6p6t6ea; me pla- 
cer franchement dans la droit coramun et appeler k moi tout ce qui 
m'apporterait an concours loyal pour I'ordre et la RSpublique. 

» Dans le premier caa, ce syst£me me menait droit aux barricades., 
Troisde mes pr&i&esseurs l'onttente : ilsont dureje crois, cinqk 
six jours chacun. ; 

» Essayerle second syst£me, c*eAt ete me mettre h la discretion des 
partis, tr6bucher i chaque pas et about ir 4" la guerre civile, 

» Le troisi£me moyen m'a paru le seul digned'un administra- 
tes eclaire, le seul propre k assurer le repos du pays, le seul praticable. 
Qu'est-ii arrive ? 

- » Vous le savez, les paroles de paix, de conciliation, de justice, de 
legalite que j'ai fait entendre, ont £t£ accueillies avec empressement 
d'un cdte, avec colore de 1'autre, et, le dirai-je ? la sainte devise de la 
R6publique : Libert*, Egalite, Fraternity, a 6t6 r£pudi£e par ceux-l& 
mSme quis'en proclament les defenseurs exclusife. 

» Des demonstrations mena^an tes ont ete tenths; on est venu me 
di/cndre d'armcr la Garde notional* ; on est venu me sommer, moi Prd* 
fet de la R6publique, c'est-k-dire de la forme politique la pjus juste, 
la plus legale, la plus largement protectrioe, de proclamer k moa d6but 
la violation de la loi et la negation des droits de tous.. . . » 

Ltprifcl duGard, Salives. 

Cette piece estdatee du20 juin 1848. Elle a ete ecrite au lende- 
main des troubles nouveaux qui ensanglant&rent noire cite dull au 
15 juin. U n'est pas difficile d'etre eclaire k la lecture de ces deux 
documents sur l'etat d'irritation profonde, d'exasp£ration meme dans 
lequel etait une partie de la population, celle qui s*appuyait avec une 
ardeur apparente sur lesprincipes republicains, dans le but reel de 
s'eroparer du pou voir, au detriment d'adversaires politiques et de s'y 
maintenir par les voies les plus arbitraires. Le Prefet lereconnatt... Le. 
parti protestant accueillit atee colire les paroles de paix et de legalite 
que le parti catholique salua, au contrairo avec empressement D£s 
lors on peut presumer k qui incombe la responsabilite des desordres 
dontnousallons parler. 

. Us commenc£rent par une rixe individuelle. Le 11 juin, vers neuf 
heures et deraie du soir, un teinturier, nomme Pierre Roumieux, Age 
de trente-six ans, revenait du Cours-Neuf od il etait alie rendro visite 
k sa mire* II passait sur la place de la Bouquerie lorsquo arrive do* 






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«70 BISTCHRE DH N1MES r 

vaDt la lithographic Roalle, il fut atteiut d 9 un coop violent qui la 
terrassa. I] se releva immddiatement, fit face h son aidversaire, mais il 
fut renvers6 de nouveau par an oonp qui lui fat applique sar Tcrnl . 
droit. L'agresseur d'apres lui, ttait le nomm£ Auguste Bieu, emballeur; . 
qui assurait avoir 6t£ insultg et frapp6 par Roumieux sans aucune pro- 
vocation et pendant qu'il se promenait avec sa femme. 

Plus tard t vers minuit, le nomml Martin Alexandre rentrait 4 son 
domicile, rue Richelieu, quand en passant sur le bouleverd du Petit- 
Cours, il fut 9 dit-on, entour6 par une vingtaine depersonnes qui lui 
cri&rent qu'on allait lui faire un mauvais parti parce qu'un de leurs co- 
religionnaireft avait 6t£ assailli 4 la Bouquerie. Martin fut frappg k -~ 
coups de poing; mais il parvintits'enfuirdu cdti de la Grand'rue. II 
affirmait avoir reconnu parmi sea agresseurs le fir&re de Tune des vie- 
times de la bagarre du 27 avril, le jeune Igonny . 

A la m£me heure et un pen plus loin, sur le boulevard des Casernes, 
Simon Paucltait saisi ethorriblement maltrait&par une bande nom- _ 
breuse etne devait son salutqu'A l'intervention de deux agents de 
police qui lui port&rent un secours efficace. 

Durant la journ£e du lundi, qui fut en apparence calme, on colporta 
le r£citdeces aggressions, lesaugmentant,les exag&raftt, allantjusqu'i 
dire pour semer )'6pou vante et exciter des repr&ailles, que les gens des 
boorgades avaient pr6m6dit6 ces actes de violences et que d6s l'avant- 
veille, ils avaient adroitement plac6 des pierres sur le boulevard, les 
dissimulant au moyen d'one couche de terre et de sable. 11 fut reconnu 
plus tard que c'6taitrautorit6 qui avait tout simplement fait 4 ce mo* . 
ment remblayer cette partie du boulevard et avait accumull en ce point 
des roatfriaux. Duresteapr&sl'&neote du 27 avril, les partis avaient 
renonc6 4 l'ancien mode de combat et s'6taient munis d'armes it fetu 
D&s le mardi matin, k la suite d'une collision entre un agent de la force 
publique et des groupes sortis des Bourgades, des coups de fusil furent 
tir&dans la partie de la ville qui s'gtend depuis la place de la Bon- ■' 
querie jusqu'i la place Saint-Charles. Cette premi&re collision 6veilla 
des craintes g£n6rales« On pouvait craindre nn combat semblable it 
celui des journtes d'avril ; k ooze fceuresle rappel futbattu en ville et 
les Gardes nationaux vinrent occuper des points d&ign& par l'autorit6. 
De fortes patrouillesde troupes deligne ne cessaient de parcourir le 
thfiAtre ordinaire de cessortes de rencontre, escortant leprtfet etle 
gfofral accourus dte le premier moment. 

Mais si le combat quia'ltait engagd it la Bouquerie avait cessd pat. 
suite del'attitude Inergiquede l'annfe, il reprit sur un autre point. 

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ANNftB 4S4S(f-seiatstrt) 271 

Lea republicains essayaient eo effet de tourner ce que Ton appelle les 
Bourgades, et dejk vers les haateurt de la Larop£ze ils apparaissaient 
en force, malgre la surveillance qu'exerfaient divert postes de chasseurs 
4 pied. Toute l'apr&s-midi, on tirailla de part et d'aatre dans cette 
direction. 

Le soir k sept heures 9 la Garde nationale qu'on avait era devoir 
renvoyer, etait convoqu£ede nouveau car des coups de feoprteipit&i 
se faisaiententendie au quartierde la Placette et dans les rues adjacen- 
tea. 11 en eiait de m£me an Cours-Neuf, it la Plate-forme et 1 la place 
de la Madeleine. On voit quels etaient ceux qui poavaient se livrer k 
cette fusillade incessante 9 et qui suivadt l'expression d 9 un journal de 
l^poque € voulaient faire naitre des craintes » f essayant de faire croire 
qu*il» etaient attaquds par des forces considerables descendues des 
Bourgades. Celle^-ci qui le matin s*etaient portees en avant pour se 
proteger contre le renouvellement dess^nes de meurtre pr6c6dentes, 
n'avaient garde de poursuivre les republicans dans leurs propres 
quartiers et restaient simplement sur la defensive. Ces desordrespri- 
reut fin d'eux-m£mes. Malheureusement le sang avait couie. Un 
cultivateur, nomme Jean Oros 9 fut trouve mort dans one vigne du 
quartier Saint-Bandtle, vigne oil il s'etait rendu pour travailler. 

II avait prfts de lui le sac contenant ses provisions de la journto et 
portait plusieurs blessures produites par des coups de feu et une par 
un coup de balonnette. Cet in fortune avait 6t6 evidemmerit assassin^ 
pendant son travail; Ton ne sauratt trop r^prouver de tela actes 
quelle que soit la main qui les accompli t. Mais ce n'etait Uqu'un fait 
isote, dont toute la responsabilite retombait soit sur son ou ses auteuro. 
(Tetait un crime^i Tactif d'un ou de plusieurs "indi vidua, mais qu'on 
ne pouvait imputer i aucun parti. Le malheureux Gros avait succora- 
b6 it une attaque individuelle, suscitte par des mobiles dont nous 
n'avons pas k rechercher la cause et n'avait pas et6 comme Ygonny 
atteint par une balle aveugle lancte au hasard sur des manifestants 
inoffensifs, par une troupe arm^e et oMissantau fanatisme religieux 
et politique. Gros ne saurait done pas 6tro represents comme une 
victime directe de nos discordes civile* bien qu'on en ait rendu res* 
ponsable tout le parti catholique. Gros fut enterre au cimettere pro* 
testant le lendemain i quatre heures. Plus de six milie personnes 
.assistferent k son convoL - 

Lesoirmftme deces deplorables elements, l'autorite prefectorale 
et Tautorite municipale £rent afficher, Tune un arrtte interdisant tout 
tttroupement arme ou non arme forme sur la voie publique} 



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^^mbhMi 






27*, IIIST01RE m NJMES 

l'autre la proclamation suivante signta p r laa trois vice-presidents de 
la Commission municipale, F. Fargeon, Maurire Roux et M. Eyssette. 

« Les scenes d£plorables dont la ville de Nimes est le th&tre, et qui. 
excitent rindignation de tous les citoyens honngtes, ne peuvent se pro- 
longer plus longtemps ; l'Autorite municipale a les moyens et la ferme 
volont6d'y mettreun terme. . 

» Toutefois, et avant de recourir aux moyens rigoureux que les lois 
mettent k sa disposition, et dont l'emploi est devenu indispensable/ 
elle doit 4 ses admin istrds un avertissement paternel. -_ 

*Les rassemblements arm&,motiv£s par desmefiancesoudesterreurs 
chim&riques, deviennent d'abord une cause d'effroi, et bientot une 
menace pour l'ord re public. 

» L'Autorite ne pent ni ne doit les toterer. Apres avoir t£moign6 sa 
gratitudo A la grande majority de la population qui, par son empres- 
sement et son attitude calme dans les rangs de la milice civique, lui a 
prdt6 un concours si efficace, elle doit un dernier avis aux quelques^ 
hommes qui, £gar£s par tears passions, n'ont pas craint de donner un 
signal de guerre civile: 

» II fautqu'ils le sichent : les coups de feu que les citoyens d'une ville 
s'adressent et se ren voient ne sont pas de la guerre ;' ce spnt des crimes 
et des crimes justiciables de la Cour d'assises ; d'autant plus que leur 
elletle plus ordinaire est d'attcindre des person nes inoffensives aux- 
quelles ilsn'&aient pas destines. 

» Nous TespSrons, Tordre se r£tablira de lui-mGme ; mais, s*il en 
6tait autrement, nos connaissons nos devoirs. 

» Magi st rats de la R6publique, qui ne peut vivre que par l'ordre et 
s'afferroir que parj'union, nous t rah iri oris sa cause si nous permettions 
k la re volte de m£connattre son autorite, et nous ne la trahirons pas. » • 

Chose curieuse, le bruit se r£pandit en memo temps que Louis- 
Napol&m Bonaparte avail 6t& proclame empereur. Lepr6fet crut de- ' 
voir publier un avis d&nentant cette nouvelle qui avait provoqu6 chez 
plasieurs groupes les cris de : Vive l'Empereur I Ces cris 6taientpoa*< 
g& avec enthousiasme par ceux-li mdme qui affichaient la. veille les 
sentiments republicans les plus violents et les plus faroucbes. 
. En fin ces d£sordres eurent un terrae etchacun rentra sons satente, 
r esprit diversement pr£occup£ de ces agitations et de ces d&ordres 
incessant* ; du reste la justice 6voquait devantla Cour rinstruction de 
ces p£nibles evenemenls. Void les principaux consid£rants de la deli- 
beration qui fut prise it ce sujet. 

% Attendu que des faits coupabtes et de nature k compromettre au — 



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ANlffcE 4848 (J" semestre) fft 

plus hint degr6 la tranquillitl publique, yiennent encore d'etre com- - 
mis k Nimes ; 

» Que, notamment, una foule d'indiyidus, aa m£pris des lois et des 
rtglements se sont montr& en armes sur divers points, et n'ont 6t6 
contenus que par un d6ploiement extraordinaire de la force armfe ; 
que des coups de fusils ont 6t6 tirds, qu'unhomme a 6t& tu6, et plusieurs 
autres grifevement blesses. 

» Que, dans detelles circonstances,il est nlcessaire que la Cour 9 afin 
de h&ter la repression de ces d£plorables excte, fasse proc6der eile- 
mfime k leur instruction, comma elle l'a fait pour ceux commis en anil 
et en mai dernier, 

• Par ces motifs, la Cour, vu les articles 235 et 236 du Code d'ins- 
truction criminelle. . 

» Par ces motifs la Cour 6voque Instruction des crimes et d£lits qui 
ont pu tHre commis dans les journtes des 11, 12, 13, 14, 15 et 16 
juin »• 

Les esprits 6taient k peine calm6s dans notre ville que 1e t£16grapbe 
apportait lanouvelle que des£y&nementsde la plus haute gravity se 
passaient k Paris. Le parti r£yolutionnaire se dressant contre la yolontf 
nationale et l'Assembltoqui en '6tait I'expression enfantait une 6meute 
terrible qui n'allait pas tenir moins do huit jours contre les forces lega- 
tes, accumulant les ruines et semant la mort parmi les personnes let 
plus illustres. Le23juiu 9 k cinqheuresdu matin, une foule tumul- 
tueuse mais cependant non agressive parcourait les diff&rentsquartiers 
de Paris et s'accroissait d'heure en heure dans des proportions alar- 
mantes. Le lendemain matin cette armte de l*6meute se retrancbait 
derri&re des barricades 61ev6es en toute hftte et que la Garde nationale 
aidfode la troupe ayait peine * enl ever. Une fusillade intense s'en- 
gageait entre les deux camps qui dura jusques bien ayant dans la nuit 
L* Assemble, en apprenant ces nouvelles se d&lara en permanence ; 
la Commission du pouyoir ex6cutif vint d6poser sa demission surle 
bureau de la Chambre , qui stance tenante adopta le d&ret ci- 
apr&s : 

Article 1*. L* Assemble nationale d61ib&re et reste en perma- 
nence* 

Article 2. Paris est misenltat de si6ge* 

Article 3. Tous les pouyoirs ex&utifs sont d£16gu6s an gfo&al 
Cayaignac. * 

Des lors la guerre dans la rue prit une. tournure plus yiolente, car le 
g6n£ral ayait k coeur de (aire cesser au plus tAtled&ordre Spouyanta- 

. XmttatUmIiM,Ita» L ' U 



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174 HISTOffiB DE NMBS 

blequirlgnaitdansls capitate. Les dispositions militaires les plus 
minutieuses furent prises pour h&ter lad&ivrance de Paris et prober 
l'Assemblta. Pea k pea l'armta de l'ordre sous le commandement de 
gta&aux de haute valeur put enfin d6gager les quartiers principaux 
de Paris et refouler les insures dans un 6troit espace. 

L'armta n'oplrait pas seule et la force n'6tait pas exclusivement em- 
ployee pour r&Luire les soldats de ranarchie. 

!£«* Afire, larchevdque de Paris, accompagng de ses quatre grands 
yicaires s'6taitspontan6ment rendu au prts du g6n6ral Cavaignac, k l*hA- 
tel de la pr&idence. II s'offrait k aller porter des paroles de paix aux 
insurggs, mettant au service de la Blpublique son d£vouement et 
celui de son - clergg. Le digne pr&at partit pour sa p6rilleuse mis- 
sion, emportant avec lui la derniire proclamation du chef du pouyoir 
ex&utif. 

Arrive & une barricade de la rue de la Boquette, M gr Afire, gravissant 
lespav&amoncetes vint parlementer avec ungroupe d f insurg6s. Pen- 
dant qu 9 il les encoorageait k mettre has les armes el k cesser lalutte 
fratricide qui ensanglantait Paris depuis quatre jours, an roalement 
de tambour se fit entendre et une doable d&harge eut lieu* L'arehevd- 
que venait de recevoir one balle dans les reins. ■ ■ \ % 

Le martyr de nos querelles civile* <§tait imm6diat$ment transports 
dans one maison de la rue Saint-Antoine et de Ik k I'archev6ch6, oft 
il expirait dans la soiree apr&s avoir 6t6 administr6. A son heure der- 
ni&re, le pr61at rtanissant son clergS autour de lui, lui avait adress6 
des paroles admirable* de charity de resignation et de patriotisms 

Nous verrons plus tard an autre h£ros chr&ien tomber lui aussi 
frapp6 par one balle fran$aise , et donner comme son pr£d6cesseur sur 
le sifege archtepiscopal de Paris l'exemple de ce que sont ces saints 
missionnaires de 1'Evangile et de la charity chritienne. 

Void la lettre que le g6n£ral Cavaignac adressa au premier grand- 
vicaire de Paris : 

c Paris, 28 join 4886/ 
* Monsieur le grand-vicaire, V \ 

* J*apprenda avec douleur la perte que nous venons de iaire dans 
la personnedenotre digne archevaque. 

» Depuis trois mois, le Clerg6 s'6tait associl h toutes les joies de la 
IWpublique ; il vient de s'assoder k sesdouleurs. 



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ANNftB 4818 (I* semestre) SIS. 

» L'archevdque a la doable gloire d'etre mort en bon citoyen et en 
martyr de la religion. Demandex k Dieu que selon la dernitoe parole • 
de son digne ministre, tee sang soitle dernier vers6» (1). 

La France avait malbeureusement k d6plorer d'aatres pertes et Tar- -.- 
m£e en particulier avait 6td s6rieusement 6proav6e. Plusiears g6n6- ' 
raux furent tuds k la t&e de leurs troupes, entre autre* le gdnteal de 
N^grier, repr&entant da peuple. Le g6ndral Brda qui sTdtait pr6sentd 
en parlementaire aoz barricades occupies par les insurgds k la barri&re 
de Fontainebleau, tomba dans an veritable gaet-apens et fat littdrale* 
ment massacre avec son aide de camp, le capitaine Maogin, dans one 
maison voisine* 

Parmi les morts de ces 6poavantables joarnfes qui trooveront plat 
tard des imitateors plus terribles encore, nous devons citer unnimois, . 
neveu de notre poftte Jules Canonge, et petit-neveu d'an eccl&iasti- 
que qui alaissd dans nne grande partie de la population les meflleurs 
souvenirs, M. 1'abbd Guimety, ancien cur6 de Saint-Paul. Charles 
Guimety fat tu£ k la barricade da boulevard Poissonniire. II ftait Ag6 
de vingt et on ans. 

Nous *oili arrives au milieu de cette annfe 1848, quelques mois 
k peine apr&s les journfes de ffivrier et nous voyons ce que cette 
revolution a d6j 4 coAtAdesanget de larmes k la France ; nous voyons 
les mines qa'elle a accumuldes, les d&astres dont elle est la cause, 
impuissante encore k rlparer le mal qa'elle a occasion^. En quelques 
semaines, se perdaient tons les progrts, toates lesressoarces que sous 
Ier&gnepr6c6dent notre Industrie et notre commerce avaient pa se 
order. La classe ouyriftre ne trouvait que des ateliers deserts ; les 
marches nationaux ou Strangers dtaient fermds. Partout le chdmage et 
l'arrdt des affaires, comme aujounThui. 

La France avait perdu le plus pur de son sang, les haines s*dtaient 
. aviv&s, la propaganda communistepoussaitrouvrier dansTanardiie, 
l'aatoritd n'6tait pas assise et l'ordre pr&aire, livrf k tons les hasards 
de la moindre surexcitation populaire. Tel ftait le spectacle que prd- 
sentait le pays tout entier et que Nimes n'6pronvait pas k on moindre 
dqgrd. Les dchauffourtes sanglantes dont notre ville avait 6U le 



(4) Deois-Aagnste Affre, archevdqoe de Paris , dtaift nd i Saint-Rome da Tare* 
ii dioctse de nodes , le IS aeptembre 4713. n svait did aramd arcbevtqee da 
Paris le M Jala 4840, prdeoaisd le 48 jifflet et nerd I Noire-Dime lo f soil de la 

mtoe 



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*7t 



HISTOIRB DE NIMES 



th&tre pendant ces quelques mois, avaient allum6 dans bien des 
coeurs la haine et I'esprit de vengeance, et notre population ouvridro 
gimiasaitdu manque absolu de travail. (Test que la revolution faite, 
le parti r6volationnaire avait vonln Comparer da pouvoiret ne cessait 
de comploter pour se saisir de l'aiitorit6 . 



V 



"V. *s- 



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CHAPITRE DIX-HUITIEME 

(AutftiSMl 

Dm 1- MB* am H 



SO MM AIRE 



GATAIGNAC, CHEF MI rOtWHB BXBCUTir. — L*kWQCETB SUB US JOGBJttSS Ml mm. r- LB 

bafpobt mi tmsnr Sautes. — La mAvromr mi cnifMifm u wE - ajmwjEiEua Tnouasu — 

PlftCES DO D06SIEB. — ELECTIONS MTOOdFALM. — ELECTIONS AU CONSUL C&tEBAL. — 
ElECTIONDC COLONEL DC LA OABBS KATKHCALS. — REVOCATION MI nifR 8ALITBS. — 

Cbanal, rmiFKT du Gab*. — Exictmo* cahtalb bs Boss JAOQumoVr. — 
nafoltel bokafabtb a l'assbmblbs jut|0naui.— nomination m la muhicihlitb. — 
Lbs banquets boutiques. — La constitution : sa pbobolbation solbmnbllb.— 

RbJUSB BBS DBAtftAOX B LA GABBB NATIONALS. — fiLBCTBON BO PSBSOBlfT BB LA 

• RSFUBUQUB. — NOUYEAO MM IS IEE E. — COUE B*A881SBS BB LA Db6mB I AfPAIBB IBM 

GbOS, ASSASSINS LB 44 JU1N IS4S, A 



L'6meute6tait Yaincue,etleg6n6r*l Cayaignac taut tenu, d6s que 
les dern&res dispositions en rue de Is tranquillity eurent 6t£ prises, 
dlposer entre les mains de l'Assemblfe les pouyoirs exceptionnels qu'il 
avait acceptfe. L'Assemblle natkmale, apris avoir remercil le dictateur, . 
contera par d£cret le pouvoir extaitif au vainqueur de rinsurreo 
tion aye; le fitr? de president da (bnsefl des miniftfts* 



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fit HETOmB DE NIMBS _ 

Le Cabinet fat doncainsi constiu6 : MM. Cavaignac, president sans 
portefeuiUe. — S6nard, ministre de I'int&rieur. — Bedeau, ministre 
des affaires ftrang&res. — Lamorici&re , ministre de la guerre. •— 
Ooudchaux, ministre des finances. — Bastide, ministre de la marine. 
— Bethmont, ministre dela justice. — Carnot, ministre de Instruction 
publique. — Recurt , ministre des travaux publics. — Tourret (de 
1'AllierJ, ministre de I'agriculture. 

Mais d la paix 6tait r&ablie, le gouvernement songeait aprfes la re- 
pression par les armes k user de p£nalit£s legates pour frapper les cou- 
pables. II votalait plus encore, il ne lui suffisait pas d f avoir saisi, pour 
ainsi dire les armes k la main, plusieurs milliers d'insurgta, iltenaitfc - 
remonter jusqu'aux auteurs responsables des sinistres journ6es qui 
n'ont trouv6 leurs pareilles qu'en 1871, sous la Commune. 

Et, ce n*6tait pas settlement* Paris, que Ton se proposait' de recher- 
cher les fituteurs de ces d£sordres ou leurs complices, mais aussi (dans 
la province. On supposait avec quelque apparence de raison que le . 
mouvement insurrectionnel avait des ramifications dans les depart- 
ments, ce dont il importait de s'assurer pour la s£curit6 du pays. Dne 
commission d'enqufite fut nommte et des commissaires sp&iaux furent ~ 
charges, dans toute l'ltengue du territoire, derecueillir toutcequ'ils 
auraient pu connaltre des relations existantentre les insurgta de Paris 
etles d&nocrates avancto de leur dlpartement* 1 | 

A Nimes, cetteenqu6te, k laquelle pr6sida M. Thourel, prenait une im- 
portance rtelle k cause du rapport suivant, adress6 par le prtfet Salives 
au gouvernement. Cette pi&ce curieuse k plus d'un titre, mlrite d'etre 
conservle dans notre histoire locale ; 6crite par un personnage officio! 
c'est un document qui jette sur nos discordes un jour tout particu- 
lier. • ^ 

€Nimes,le1 w jufllet1848. 

» Citoyen president, j'ai l'honneur de vous adresser, selon le voeu de 
votre lettre du 27 juin. 

• U Dix copies manuscrites des dlpftches t£l£graphiques que j'ai regues 
pendant les graves 6vinements qui viennent d'&later k Paris. Ces d6- 
pftches n'ont pas 6t6 afficWes. 

» 2* Six exemplaires de celles que j'ai Cotit afficher. 

» La plupart de celles que je n'ai pas fait afficher ont 6iA copies k la 
main, rtpandues en grand nombre dans le public, et envoyfes aux 
soua-prifets. 

» Parmi celles-d, vous vous 6tonneres peut-ttre que celles qui per* 



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ANN*! IS4S (* stmettrs) «f, 

tent les num6ros 1 at 7 n'aient pas ete affichees. Cast la prudencq 
quim'a imperieusementordonnede les tenir secretes. Lanr publicit* 
eftt probablemenl determine an soulfevement ; vous alloxan juger. 

» Nimes contient ana population d f environ 60.000 Ames, pour deux, 
tiara catholique, pour on tiers protestante. Gas danx populations, qui 
vivent dans das quartiers distincts at s6pares, sont presqua toujours 
pr£tes& en Tanir aux mains, mais surtout aux epoques de renovation 
politique. Vous oonnaissaz sans doute, citoyen president, las reactions . 
da 1815 at da 1830. J'ai deji adresse trois rapports detailies k M. la mi- 
nistra del'int6rieur, sur la constitution et les tendances de ces deux 
grands partis ; ils portent la data das 15, 16 et 22 juin 1848. II tous 
est facile d'en avoir communication, si tous le jugex k propos ; en tous 
en envoyant moi-mdme copie, je craindrais de d£passer las limites du 
rapport sommaire que tous me demandez. 

»Vous n'ignorezpasque, le27ayril dernier, la club Gibelin, quartier 
general et comite directeur des protestants, lira sur las catholiques, 
leur tua un homme, en blessa plusieurs, et amena la guerre civile, k 
laquelle on mit fin par retat de siAge. 

sA mon arrivSe, le 9 juinj'ai trouv6 laville tranquille an apparency 
mais les esprits profond&nent irrites ; la proclamation qna je publiai, 
at dont vous pouvez appretier l'esprit conciliant, par l'exemplaireque 
jotous adresse, fut le prltexte d'une veritable explosion de la part 
des protestants. Le club Gibelin m'adressa une nombreuse deputa- 
tion, pour protester contre l'armement de la garde nationale, et m'en 
demander la dissolution ; mon refus da c6der k de pareilles injonc- 
tions, lui fit jeter les hauts cris, et la guerre civile recommen$a la 14 
juin • — Je dois vous dire qu 9 au cafe (club Gibelin) stationnaiant cons- 
tamment 7 ou 800 hommes arm£s ; k 400 mfetres environ sur la mftme 
boulevard, devant le cafe Restouble, stationnait Sgalement un fortras- 
semblement do catholiquas ; les deux camps etaient toujours prfits k 
sTattaquar, et d&s qu'ils en venaient aux mains, la villa antiire prenait 
parti pour ou contra. 

» J'appelai sous les armes la garde nationale, je fis intervanir la gar* 
nison et je rStablis la paix. En outre, par mesure de precaution, car 
je voyaisbien que tout n'etait pas fini, je tirai des renforts da Mont- 
pettier et de Tarascon et j'attendis les evfenements. 

» La lendemain 15, vers huit heures du matin, une deputation dudub 
Gibelin, forte da 300 hommes, vint k la prefecture, reuouveler sesaom- 
mations. Malheureuaement pourelle, la population catholique s'emut 
et so porta mena$ante devant la prefecture. Les protestants ne durent 



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:- r% /i\ Ar-V- V:'^'.'-:. :"-^"* v . : "--•'- •• "- 



ttt HISTOIRB DB NDIES . — • 

qu'4 mon intervention et sax mesures, que je pris, de rentrer sains et 
saufe dans lenrs quartiers. Alors ils se rgunirent an caf6 Gibelin et en 
sortirentenarmes, enproclamant Napol6on. Ils se dirigferent meme * 
vers l'HAtel de Ville et la prefecture pour renverser l'autoritf de la 
B6publique. J'arr&tai le mouvement, en faisant publier sur le champ 
et afficher un avis que la nouvelle du couronnement de Napoldon II 
6tait controuvle et que Paris Stait tranquille. 

» Cependant l'dlan Stait donn6 ; on tirailla toute la journ£e et, com- 
me la veille, je n'en finis qu'4 l'aide des troupes. 

» Le calme r&abli, je pris les meaures de police et de surveillance les 
plus vigoureuses. 

» Depuis lors, les protestants n'ont plus bougg ; mais quand les 6v&- 
neraents de Marseille arrivferent, ils se tenaient prdts k en profiter. Bien 
plus, d&shuitou neuf heures du matin, le premier jour des 6v&nements, 
le bruit courait id que Marseille 6tait en feu, sans qu'aucune nouvelle 
positive ait pu arriver. II en a 6t6 de mfeme des 6v&nements de Paris. 
Oes 6v&nements Itaient pressentis quelques jours k l'avance. Le club 
Gibelin a constamment annonc6 un mouvement k Nimes pour le 2% 
le 23 ou le 24. Ils avaient leurs yeux sur Paris et c*6tait de Ik que de- 
vaitpartirle signal. 

» Settlement* le moment venu, ils n'ont pas os6, ceque je ne crams pas 
d'attribuer d*un cdtt aux mesures que j'avais prises, et qui ne leur . 
laissaient aucune chance de succis , de Tautre, k la prudence avec 
laquellej'ai public les nouvelles t£l£graphiques. Ainsi la d6p£che du 
25 juin, une heure et demiedu soir 9 annongant la demission de la com- 
mission executive, et cells du 25, neuf heures du matin ne furent pas 
porttes k la connaissance du public. Si elles l'avaient 6t&, i'insurrection 
Sclatait infailliblement ; seulement, 4 la reception de la seconde, je 
rgunis k 1'hAtel de la Prefecture les membres de la commission exe- 
cutive, les autorit£s militaires, le pr&ident de la cour d'appel et quel- 
ques citoyens des plus influents. Je leur fis part de la gravity des 
circonstances, etil demeura convenu que, dansle cas oil Tinsurection 
l'emporterait & Paris, nous proclamerions l'Assemblta nationale en 
quelque endroit qu'elle juge&t k propos de se retirer ; nous 6craserions 
let protestants s'ils se ralliaient aux insurgls et nous ferions un appel 
aux populations du Midi* * \ 

» Voilfc, citoyen president, le r£sum6 fiddle des 6vineroents auxquels 
je preside depuis unequinzaine do jours. Je ne doute pas, et personne 
ne donte icide la connivence da club Gibelin avec les insures de Paris. 
Les pretentions de ce dob, ses jactances, ses actes, tout le prouve. 



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ANNtE U48 (*• semwtre) . JSf - 

» On vous pr&entera peut-4tre lesprotettantsdeNimes oomme da 
vrais r6publicains, les catholiques comma des carlistas. J 9 ai consignd 
dans mes trois rapports, an miuistrede l'int&ieur, mon opinion sur 
1'6'tat rtel du pays ; mais ce dont je puis rlpondra k l'heure qu'il est, 
at ce que j'ai vu at bien vu, c'est la population protestanta mettant tout 
son espoir dans le triomphe de l'insurection k Paris, tandis qua la po- 
pulation catholique, remplia da crainta et d'anxi&6, sa groupait autour 
da moi at s'offrait de mourir Ames cAt£s pour l'Assemblee nationala 
et la cause da l'ordre. 

» On m'assure que Bonias, Ton de mes pr6d6cesseurs, vice-pr&ident 
du club Barb&s, est demeui-6 en correspondanca avec le citoyen Bres- 
son, r6dacteur en chef du Rtpubluain du Gard, qui repr&ente l'opinion 
extreme du cafiS Oibelin . 

» Salut et fraternity I 

» LePrifudu Gar<f, sign£SALivis. » 

Le plaidoyer da M. Thourel, en favour des rlpublicains, dont la pla- 
ce est toute naturelle dans cette histoira est absolument incolore. La 
r£sum6 de l'enqu&e ne dit rien qui infirme le rapport du pr£fet ; il sa 
d£gage en particulier de cette pi&ce qua l'ancien prtfet Bonnias, celui- 
U mdme qu'avait remplac£ M. Thourel, 6tait en communication avec 
les d&nocrates les plus . fougueux de la ville, lesquels ne d6daignaient 
pas de r6clamer k cet administrates des armes k rexclusion da tout 
autre et onsait pour quel usage. Lesvictiines du 27 avril pouyaient 
en dire quelquesmols. ' 

Void au surplus une adresse curieuso k plus d'un titre 6man6e d'un 
comity d^mocratique et r^publicain. 

« Citoyen, nous n'allons pas chez vous crainta da vous d&anger ; 
nous avons jugg que vous avezbesoin de tousvos instants, car vous 
avez consid&ablement k faire. - 

» Veuillez, citoyen, recevoir nos sinc&res remerciaments au sujetde 
la deputation que vous nous avez envoyte ; c'est la premiire fois qua 
nousapprouvonsla voixde l'autoritf; aussinous croyons approuver 
ses actes, carle brave citoyen Bresson, tant en votre nom qu'au rien, 
nous a expriml tout ce que nous pensons, et le but pour lequel nous 
agissons ; oui, citoyen, nous avons la mfime pensto,' nous voulons la 
R6publique la plus d^mocratique, una at indivisible, at vous offrons da 
la soutenir les armes k la main en combattant seft ennemis. ' 

» Mais, citoyen, venez k notre aide, car nos efforts seraient impuis- 



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nt. msTOflui db rams, — 

sants ; livrez-nous des armes, nous en avons besoin ; vous connaissez 
l'emploique nous Toulons en (aire; des armes I. . k nous des armes I r 
qui voulons servir la R6publique et non Henri V ; nous Tons jurons . 
d'avance qu'en les prenant tout comma en les rendant, notre cri sera : 
Vivela Rlpublique I 

» Nous sommes trois cents habitants, tons de la veflle, organises, et 
quiserons tous costumes en Mouse le jour ob nousaurodi des 
armes. 

* Vive la R£publique ! viTe Ledru-Rollin I vfre Bonnias I 

» Ia Prjsideni, Benoit ain6. 
» Nimes, le27 mai 1848. * 

On pent &bon droit £tre surpris de voir le pen de cas que M. Thou- 
rel fait de ce document historique dont l'importance ne pouvait 
&happer k un commissaire enqu&eur. II r&r&le en effet un 6tat d'es- 
pritpoussg&undegrd extreme de sareicitation et a une place toute 
sp&iale dans le dossier que j'ai rluni ici sur les affaires de Join. "~ 

Void la leltre de M. Thourel au president de la Commission d'en- 
qudte & Paris. \ , 

€ Nimes, le 27 juiflet J848. 

3 Citoyen president, j'ai 1'honneur de tous adresser le procfes-rerbtl 
auquel j'ai proc6d6 h Nimes, en vertu de la commission d'informer que 
vousm'avez transmis*. 

» Ne vous ftonnez pas, citoyen president, de 1'insignifianoe de cette 
information. Je savaisd'aTancequ'il me serait impossible d'arriveri 
un r&ultat de quelque importance. Selon moi t il frut s'en f&iciter, car 
celatient ice que l'OAment anarchique tient pea de place k Nimes et 
dans le reste da dlpartement da Gard. 

» Que de Paris, et avant la tentative du 15 mai, on ait t&tt no* popu- 
lations poor sTassurerde l'appui qu'elles pourraient etre disposes k 
prefer iun mouvement dgmagqgique, c'estcedoncje nesauiais don- 
ter, sans cependant en avoir la preuve mat6rielle< Je le d&Luis de cer- 
taines circonstances que je dois tous faire connaltre, puisqu'elles 
peuvent concourir k jeter quelque jour sur les questions que tous 
dierchesfclclairtir, 

» En prenant le .1$ mai, en Tartu d'une d6ptche t6l4graphique; Tab* 
ministration pro visoire do dlpartement du Gard, je le trouvai sour- 
dement agit$ par .dee manoeuvres d&nagogiques. Les rtpublicains 



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AWN*I IS41 (*,ssaMStte) flt» x 

amis do Fordre, qui forment nmmensemajorite de noi populations, 
eprouvaient una viva auriete at se defiaient baauooup da pouvoir ex£- 
cutif, dont ils croyaient las tendances opposees k collet da rAssembiee 
rationale* 

» La fraction peu nombreuaa desultra-democratee se donnaitpartout 
beaucoup demon vement. A lean d-marches, k l'audace da leurlan- 
gagtf, il etait facile de jugar qu'ils aa sentaient appuye*. 

» lis prgparaient, sur pluiieun points du departement, des demons- 
trations de nature k amener des oonflits antra las dtoyens. II sTagps- 
sait du projet forme par les montagnards 9 da plantar an grande : 
pompe dans certaines communes, at malgre l'autorite des maires, un 
drapeau, surmonte du bonnet rouge, k c6t6 du drapeaa r£publicaui 
offitiel. 

a Instruit, le vendredi, par qaelques maires de ce projet qui devait 
s'ex&uter le dimanche, jefis prendre par les maires etafficher dans lea 
communes d6rign6es des arrdtes mena^ant de poursuites s6v£res ceux 
qui tenteraient de mettre ce projet k execution. Ja fis parcourir las 
communes en question par des ordonnances de gendarmerie qui no 
faisaient que s*y montrer comma pour exercer una surveillance. Ces 
mesures suffirent pour que lop convocations quiauraient ^adrasstes 
k un grand nombre de cito yens, restassent sans r&ultat. — I/ordre na 
fat pas trouble. 

9 U m'etait permis de douter que, pendant son administration da 
niiAiniijMi innr« 9 mon predecesseur, qui avait des tendances commu- 
a device-president des dabs Blanqui at Bartes, n'euten* 
ion8trationsquiauraients6rieusementcompromislapaiz 
tentative de Paris avait un moment paralyse rautorite da 
ionale. 

attres adressees au prefet par las ultra-democratee, ap- 
ub Martin, et que la br usque revocation de mon pv6d6- 
bar entre mes mains, compiet&rent ma conviction k 
as d-indusivement una de ces lettres, dont les dernifc- 
n qu'un pan vagues, ont cependant un sens asses dair, 
onstances dans lesquelles elles ont <&te ecritas . Ce qu'il 
remarquer, c'estque le prefet avait lui-meme envoy6 k 
ssaire pour lui faire connaltre ses tendances et ses pro- 
ton informe sur cette lettra ; mais, d'aprts ce dont ja. 
je n'aurais absolumant rien obtenu, soit des dgnatai* 
oissaire, qui sonttous deddes k sa renfermer dans la 
lerve, sans qu'il soit possible de les forcer fcs'expliqi 



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184 MSTOIRE DE NIMES / ^ • 

» (Test done plutdt pour ajouter one luenr de plus aux lumiferes que 
vous avex deji recueillies sur tons les evtaements que poor Clever one 
• inculpation contra qui que ce soit que j'ai era devoir yous Cure connai* 
tre cos faits et vous adresser cette lettre. 

» Quant aux ev&nements de juin f bien que jo sois ordinairement assez 
bien inform* de ce qui so passe k Nimes, il n'est rien venu 4 ma con- 
naissance qui puisse me fairepenser que quelqu'un ici fdt do conni- 
vence avec les insurg6s de Paris ; d'ailleurs le calme parfait dans lequel 
nos populations ont attendu le r&ultat de oette lutte deplorable, 
semble exclure tout soupgon de cette nature. 

» Salut et respect, »L. Thoubrl*. 

» P.-S. Je m'enremetsfcvotre haute sagesse et k votre discretion 
pour l'usage que vous pourrez faire des renseignements que contient 
cette lettre et de la pi&ce qu'elle renferme. Je desire que vous regardiez 
ces communications comme confidentielles » . 

Rtsumi it Vcnqu&U it Nimes 

» L'enqudte n'etablit pasunseul fait duquelon puissq induire quel les 
membres du club Gibelin ont connu d'avance les evfenements de Paris, 
encore moins qu'ils aient ete de connivence avec les insurg6s de juin. 
Rile n'etablit pas davantage, soit cette prevision, soit cette connivence 
de la part des membres du club Martin, dont les tendances sont plus 
radicalement ddmocratiques que cellos du club Gibelin. II r&ulte de 
toutes les depositions, que, pendant les journtes des 23, 24, 25, 26 et 
27 juin dernier, il n'y a eu k Nimes aucune demonstration de nature h 
troubler l'ordre public. 

» Je dois declarer que,si jen'ai paspousse plus loin mes investigations 
sur les. points indiques dans les deux questions numerotees 7 et8, e'est 
qu'au moyen de renseignements puises par moi aux meilleures sources, 
je m'etais convaincu que de plus nombreuses depositions n'ajouteraient 
rien k ce que 1'enquftte ayait deji etaUi. 

» Cost surtout k prendre ces renseignements que mon temps a ete 
principalement employe depuis que j'ai 6te charge de cette informa- 
tion. 

» Salut et respect. 

* * • * 

» U President de la ckambre diUgu6, L. Taoca*L» t 



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ANNtE 1148 (2»sem«tre) • 2S» 

Au rapport qui pr&6de f il imports de joindre lalettre de M. Ph. 
Eyssette qui corrobore sur un point particulier le dire de M. Salivas, 
et donne 4 cette pifece nn caract&re tout particulier de y£racit6; 

» Nimesle31 aout1848. 
» Monsieur le rldacteur, 

» Vous me faites assister 4 un conciliabule politique quiaurait eu 
lieu 4 la prefecture le 24 juin dernier, entre lee diyerses autoritis de 
la yille de Nimes, k raison des 6y&nements de Paris. 

» Je.n'ai assists Monsieur, k aucun conciliabule ou reunion de cette 
nature. 

» Ayant rencontrf M. Fargeon, mon coll&gue, qui se rendaiti lit 
Prefecture le 24 juin au soir, pour y recevoir une communication de 
d£pdche,je l'yaccompagnaisur son invitation* 

» NoustrouyimesM. le Prtfetseul : it nous communiquales d£pd- 
chespar lesquelles le Gouyernement faisaitappel k l'6nergiedes Gardes 
nationales. 

» Nous crAmes prudent de suspendre jusqu'au lendemain la publi- 
cation de ces dlp&hes, et nous fames d'ayis de faire le lendemain, si le 
danger sTaggrayait, un appel g&ifral k la population amie de 
1'ordre. 

« Un rapport official de police arriva en ce moment mdme 4 M. le 
Pr6fet, annongant gour la nuit une tantatiye insurrectionnelle h 
Nimes. 

» Cette tirconstance qu'il 6tait impossible den^gliger, nous fit per- 
sister dans les mesures de prudence d4j4 adoptees, et rautoritl mili- 
taire fut invitee k se tenir sur ses gardes, 

» Je n'ai jamais eu I'honneur de me trourer, k raison de ces 6y4- 
nements, en relation ayec M. le general deLussy et M. le president de 
Trinquelagues, et je n'ai assists 4 une autre reunion que calle dont je 
yiens devousparler. 

» Agrtez, Monsieur, l'assurance domes sentiments distinguds. V 

» Ph. EYSSETTE. » 

II est cependant un fait qui appela quelques rectifications de la part 
de certaines autorit& de Nimes et l'lmpartialitf ezige que je cite ces 
darniferas. M. Saliyes par le dans son rapport d'une reunion de ces auto* 
rit6s au cours de laquelle on aurait pris la decision d'teraser le parti 
protastant s f il s'&ait mis du c6t6 de l'anarchie. U n'y eut pas h propre- 



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Mi. HBIOIRBDB HIKES' 

ttftnt parler de reunion et si le prtfet, ce qui est av£r& consuKa succes- . 
sivement les personnes investies d'une auterite quelconquo en yue 
d'un mouvement insurrectionnel, il nele fitqu'enparticulier groupant . 
ensuite les renseignements obtenus. 

Quantar&rasement da parti protestant, il n'en fat pas question, 
ainsi que I'affirme le gdndrml de Lussy ; mais le pr£fet savait pouvoir 
compter surle parti del'ordre qui aepr6parait en tout 6tat de cause It 
mourir poursoutenirrAssemblSe nationale etil 6taitassezrenseign6 
pourconnatyre les dispositions hostiles 9 sirion de tons, du moins d'une 
partie des protestants; et l'expression dont il s'est servi dans son rapport 
a simplement reflate cette pens£e qu'il dlveloppe du reste plus loin 
avec une singulitae nettetf depression. 

II im porta doncde lira les rectifications de M . Fargeon et du g6n6ral 
da Lussy qui ont leur valeur, surtout calla de M. Fargeon dont Tim- 
partiality etla v£racit6 ne sauraient fitre mises en doute et qui fixe avec 
une precision remarquable le rtoe rempli par I'autoritd munidpale dans, 
la journte du 24. T 

Les voicitoutos deux. 

Nimes, le 31 aoAt 4848. 
€ Monsieur le B&acteur, J J 

i 

» Void ma r6ponse aux interpellations que j'ai lues dans votre jour- 
nal. " 

» Lesamedi, 24 juin,jefusmand6 k la prefecture, k sept heures du 
aoir ; en m'y rendant, j'ai rencontre M. Eysette, mon coll&gue, qQe 
j'invitai k m'accompagner. 

» If. le pr^fet, que nous trouv&mes seul, me communiqua une ji6- 
pdche alarmante qu'il venaitde recevoir. Vu Vheure ayancfo, je lui 
coDseillai d'ensuspendre la publication; ellen'aurait pu atreaffichte 
qu'apr&s la chute du jour . 

» Ce point regie, nous dflmes nous entendre an sujet des tristes 
6ventualit& que pouvait nous preparer la journ£e. du lendemain ; la 
d6pCche suivante pouvait nous annoucar la nouvelle dutriomphede 
l'anarchie et nous apporter un gouvemement dp sa fa^on. 

• If. le prtfet nous manifesta l'intention de resistor h son 6tablisse- 
to<mt etdemaintanirdansla Gard 1'autorite de l'Assembtte; je lui. 
£romis mon concours et je cms pou voir lui garantir que l'ex£cutioa 
de cette resolution n^prouvarait pas de grands obstacles. Vous con* 
iUOstet lui dis-je, les dispositions des populations catholiquas ; celles 



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/ ANNtB itlt (TMatstrt) Wl 

de la trie grand* majority de la population protestante sont les memos* 
Do rerte, je tons en rfponds, et 9 li domain nous avons besoin de (aire 
unappelauxhonndtesgens, jeme charge d'aller chercher ces mes- 
sieurs et de vous les amener. 

a Telle est, Monsieur le r&lacteur, la simple et eirtttre v£rit6. Je n 9 ai 
done assists Aaucune assemble tenue en vue et en raison de ces 6v6- 
nements ; k ma connaissance, a n f y en a point en. La commission ex6- 
cutive, si par ces mots on a voulu designer la commission municipale 9 
n'a pas 6t6convoqu6e ; elle ne l 9 a 6t6 que mardi29 9 M. le prtfet seren- 
dit dans son sein, et elle vota ane adresse de felicitations k l'Assemblie. 
Mais alors tout 6taittermin6, et il nepouvaitdtre question de prendre 
des mesures contre le parti de l'anarchie qui 6tait bien dfeidlmant 
vaincn. 

a Quant an projet d'lcraser les protestants,— projet dont je necroirai 
dans ancun cas avoir le moindre besoin de me dAfendre, — permettez- 
moi de vous assurer que cette id£e n 9 est entrte dans latfttede per- . 
sonne. 

a Recevex, ete. » FiRGioif »• 



*t ■ -- 



VNimes 9 le31aoAH848. 
a Monsieur le r&lacteur. 

a Je ne me suis jamais trouv£& ane reunion, k la prefecture, oti Ton 
ait parte, devant moi, d'&raser undes deux partis qui divisentla vUle 
de Nimes. J'ai toujours pensl qu'il ne devait y avoir dans cette villa, 
ni oppresseurs , ni opprimSs ; que tons les citoyens, k quelque culte 
qu'ils apparlinssent , 6taient .£gaux devant la loi , et qu'ils 
devaient etre trails avec la memo justice 9 la mdme impar- 
tiality 

^Jesuis,et& 

» U gtntral d$ brigade, commandant UGardetVArdithe, 

a'fc. fe'LbssY*. " 



En attendant le vote de la nouvelle constitution * laquellel'i 
bide nationale allait travailler avec ardour, il fallait liquider la situa- 
tion douloureuse que les deraiemfr&nements avaient crtte it Paris et k 
la France. Dans tontes les £gliaes, dans tons les temples, despriteespu- 
bliques furentonlonnees par les ministresde la religion. , 

Lejeudi 6 juillet, un service fun6brefutcei6brt41acath4drileetau 



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le: : 



*8S HJSTOIRE DB KIMBS 

Grand Temple en rhonneur des nombreuses et infortun&s victimes 
tomb£es pendant cette semaine sanglante pour assurer le triomphe de 
l'ordre etde la liberty sur Tanarchie. 

Le service divin commenga k dix heores etdemie k la cath£drale, en 
presence d'une partie de l'6tat-major de la Garde nationals et de la 
troupe de ligne, de la oompagniedes corps judiciaires, du pr&et et de 
tous les haute f onctionnaires des difigrentes administrations. A Tissue 
de la messe, M** Cart voulut lui-m'eme donner l'ahsoute* 

Quelques jours avant, le dimanche 2 juillet, toute la Garde nationale 
se r6unissait sur le boulevard du Viaduc et 6tait passde en revue con- 
jointement avec la troupe par le g6n£ral, le pr&et et les fonctionnaires 
detout ordre. (76tait de la part dela population comme une protesta- 
tion contra les tenibles journtes de juin et une manifestation de sym- 
pathie pour le gouvernement rSgulier gtabli sur les ruines de la veille. 
Aussi M. Salives 9 le pr6fet, dans sa proclamation aux Gardes nationaux 
put-ildire: € Pendant deux jours, l'arm£e et la Garde nationale de 
Paris ont oombattu avec un courage hfroique ; mais rinsurrection se 
battait de son cfttt avec toute la fureur du d&espoir : le sang le plus 
pr&ieux ooulait de toutes parts ; lalutte menagait de se prolonger. 
L' Assembly nationale, douloureusement affectfe, mais calme, mais 
ferine, mais r&olue, mais digne en tout du grand peuple qu'ellere- 
pr&ente, s*est d£clar6e en permanence et a fait un appel Snergique 4 la 
France entifere. Vous connaissez, citoyens t avec quel flan la France a 
rgpondu. Les Gardes nationales qui avoisinent Paris se sont levies 
comme un seul homme et l'i nsurrection a 6\& vaincue. 

» Gardes nationaux de Nimes, vous n'avez pu prendre part k ces 
efforts gigantesques, trop 61oign6s du champ de bataille, vous n'avez 
puqu'une chose: t£moigner par votre attitude que vous 6tiezdignes, 
vous aussi, de r^pandre votre sang pour la cause de l'ordre et dela 
liberty. Moi qui vous ai vus pendant ces jours d'attente etd'anxi6l£, je 
sais les nobles resolutions qui fermentaient dans vos coeurs; si j'en avais 
dout£, si d'antiques souvenirs, si des malentendus irritants avaient pu 
me faire prendre le change k cet Igard, llmposante manifestation k la- 
quelle j'assiste, me rassurerait pleinement » 

n devenait nlcessaire de rentrer cependant dans les voies lSgales. La 
premi&re des questions qui's'imposaient itait le retour k une vie 
municipale rlguli&re. Les Commissions formes au lendemain de la 
revolution de ffivrier devaient disparattre et fitre remplac£es par des 
conseils Aus, car au milieu des agitations sanglantes qui venaient de 
se produire; la vie municipale avait 6t6 suspendue ; il fallait pourtant 



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ANNfcE itii (* semetlre) Mt 

bienqne les cites pnissent faire face k leurs engagements, poursuivre 
leurs travaux et reprendre leur vienormale. 

L'Assembiee venait d'adopter par un d£cret transitoire le suffrage 
oniversel poor refaction des consefllers mutiicipaux. Ella adoptait 
aussi l'eiection des maireset des adjoints par le corps municipal, sauf 
cependant dans les chefs-lieux de departementet d'arrondisseraentet 
dans les commune3de six mille Ames et au-dessus. On peut deviner que 
FAssembiee communale allait recevoir deprofondes modifications avec 
ce nouveau mode d'operer. f ." 

Les Elections etaient fixees an 10 aoAt. 

11 est assez curieox d'etudier I*accueil que le camp protectant fit k la 
nouvelle organisation des municipality en ce qui touche Nimej. 

II boudait et cela parceqne «les principes, d'aprfes lesquels vonts'effeo- 
tner les prochaines Elections, et les bases que la nouvelle legislation 
a poshes, ne permettant pas aux interets qu'ii repr&entait de conqu6rir 
par enx-m&nes la part qui leur est legitiment due, la reserve la plus 
absolue leur est impos£e« 

» Un fait capital Tient de s'aceomplir, disaient les chefs de ce parti : 
le nombre et par consequent la force ont passe brusquement d'un autre 
c6t6 et telles sont les difficult^ en presence desquelles les circonstances 
ont place la minorite qu'il ne lui reste qu'un seal parti 4 prendre: - 

» Laisserle champ libra aux nou relies ambitions qui convoitent et 
se disputent d6ji le pouvoir local ; assister, $an$ y prendre part, aux 
luttes et aux divisions pr£coces qui se manifestent dans des rangs hier 
encore etroitementserres... » 

En un mot, l'abstention presque absolue : je dis abstention et poor- 
tan t il fut r6dig£e une liste mitig£e dans laquelle lament catholique r, 
et protectant etait k pen prfes egal. Mais cette liste n'obtint aucun sue* • 
c4s, k cause dit une (euille pen suspecte de parti-pris, de la partiality de • 
sa preparation et de Vinsuffisance de ta composition. 

Au premier tour de scrutin 9.671 votants prirent part au vota Vingt- 
cinq candidats obtinrent la majorite absolue, sayoir : - 

MM. Charles de Sarville, proprietaire — Alphonse B6chard, avocat — 
Philippe Eysette, avocat — Laurent, jardinier — V. Leotard, capi- 
taine en retraite — Vachet, marchand de bois — Virgile D£mian^ 
proprietaire — Pleindoux alne, medecin — Paradan, avocat — L. 
Curnier fils, fabricant de chiles — Augnstin Bame, proprietaire — De 
Bochemore, ancien officier de cavalerie — Aubert, alne, entrepreneur 
de b&timents — Alphonse Boyer, avocat — Anselme Valat, avocat — • 
BarbierditMessin, ebeniste — Nourry-TrebouloD, banquier — Adol* 
i Umboa, Jmm L If 



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HO II1S70IRB UB NIMES — . . 

phe Blanchard, propri£taire — Philippe Baocel, apprdteur — Ulysse . 
Conte, notaire — Vidal-Pellet, propri6taire — Etienne Conle, propri6- 
taire, agriculteur — Bouchet nine, m&anicien — de Cabriferes p&re, 
propri£taire — Louvrier, conseiller k la Cour d'appel • 

Le second tour ne r£unit que 6.063 votants et eut lieu le 17 aoAt. La 
Coti8eil fut d& lors complete dela fagon suiv*nte : 

MM. Bernard, capitaine. — Bdzard, proprietaire. — deTessan, proprie- 
taire. — De Roussel-Correnson, propria taire. — Raison pire, m£decin. 
— Rouvifere, commandant. — Lamarque, fabricant. — Gamel, phar- 
macies — Charles Maurice, proprietaire. — Soustelle, imprimeur. — 
Gibert, proprietaire. 

Ces Elections constituaient pourlavilleun fait d'une tr&s haute giu- 
vit6. Les trente-six conseillers municipaux 61 us etaient tons calho- 
liques. Le suffrage univorsel, pour la premi&re fois consults, s'etait 
violemment porte k une manifestation significative, veritable legon k 
l'adresse de ceux qui avaient essays de le dinger k leur gr£ et suivant 
leurspropresdesseins. Car il faut le dire, dans les conseils da Gou- 
verneroent, k la Prefecture, et m6me parmi certains mandataires da 
peuple, on avait cru pouvoir imposer au corps Electoral, sinon des 
choix, tout au moins une certaine repartition du Conseil municipal. 
Sous prgtexte de rGserver les droits de la minority on avait de part et 
d'autre 6chang6 des promesses au nom des eiecteurs, cbmme si ceux-ct 
avaient invest! quiconque de traitor en leur nom et de souscrire k 
quelque engagement que ce soit. 

Get exc&s de naivet6 ne pent gufere s'expliquer que par la nouveaute 
du syst&me de votation 9 sur lequel nul n'avait encore de donates 
assises, par le souvenir des marchandages eiectoraux qui pouvaient 
avoir quelque succ&s k l'gpoque des censitaires ; on a quelque droit de 
s'etonner cependant que desespritss6rieux yaient pusonger. 

II faut bien cependant se rendre it revidence; il en fut ainsi. Et chose 
plus merveilleuse encore, le i&ultat de ce scrutin fut appete un manque 
defoi, par un des repr&entants de Nimes kY Assemble rationale, 
auxquels s'adjoignirent plusieurs deses colognes. 

C'est ici le lieu de donner la curieuse letlre 6crite a cette occasion par 
M. DemiaDS au redacteur en chef de la Liber U pour Una. 

Paris, 28aoAH848. 
t Monsieur le Bedacteur, 

» J'ai appris avant-hier seulement, k mon retour h Paris, apr£s 
quelques jours d'absence forego, ler6sultat des elections municipales 



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ANNtB IS48 (I- ssmestrs) t «M : 

do Nimes. Je crois qu'il est de moo devoir de faire comuttre publique- 
meot etsans detour moo impression k cet 6gard. La conduite des 6leo- 
teurs de la majority dan's cette circonstance me paralt etre un manque 
de foi et nne faute grate. 

» Je dis que c*est an manque de foi. — Ghacun sait, en effet, que 
plusieurs repr&entants du Gard, justementprgoccup6sde la tendance 
manifesto par le gouvornement k des mesures d'exception que sem- 
blaient r&lamer les intlrtts de la minority, pleins de oonfianoe dansle 
pr&6dent des Elections de la garde nationale, confiants aussi (qu'il me 
soit permis de ledire) dans les sentiments de leurs ooncitoyens k leur 
6gard, r&lam&rent avec in si stance du ministre le b£n£fico du scrutin 
de liste. La mesure fut prise k leur solicitation, non sansdlbats; 
maisen m&me temps, le ministre regut leur parole que les droits de 
la minority sentient religieusement respects. Les mandataires du 
dlpartement jug&rent qu*ils ne dlpassaient pas leur mandat en enga- 
geant leurs commettants sans leur concours, alors qu'ils d&endaient 
leurs plus chers int£r£ts, et qu'ils se portaient forts auprfes du gouvor- 
nement de tear moderation et de leur g£n6rosit6 ; r£v6nement leur a 
donn6 un dementi qu'ils ne devaient pas pr^voir. Je me rendis dans 
le dlpartement, d'accord avec la deputation et le gouvornement, pour 
expliquerla situation, personne ne Fa ignor6, j*ai 6t6 assez beureux 
gour obtenir un r&ultat satisfaisant dans unecitd voisine, oh Hrrita- 
tion 6tait plus vive qu'i Nimes et peut-fitre plus legitime. J'6tais loin 
de m'attendre, apr&s les assurances qui m*avaient 6t6donn6es, qu'au 
cbef-lieu du d£partement mes efforts sentient infructueux. 

c J'ai lu avec attention les feuilles de la locality, je me *uis inform* 
avec soin de tous les details de la situation ; et, je doisle dire, si cer- 
taines circoastances peuventattSnuer les torts de la population, elles 
ne sauraient la justifies Une decision souveraine, et qui, par cette 
raison, aurait dft demeurer k l'abri de la minority, la retraite de cer- 
tains candidats, n'effagaient pas les engagements pris par les repr6- 
sentants ; et oetle raison, ce me semble, devait tout dominer. II est 
facile decomprendre, en effet, qu'on les a places vis-i-vis du gouver- 
nement dans une situation p&iible, et quant k moi, cette situation 
me paralt telle que je n'hfoitorais pas k rlsigner mon mandat, si le 
poste que m'a assign* la con Banco de mes ooncitoyens ne pouvait 
etre encore lepostedu piril, et si, par cette raison, je ne devaisy 
demeorer enchatni. 

' * J'ai dit que la determination de la population catholique 6tait une 
faute grave. On ne saurait dtre surpris, en effet, que le gouvornement, 



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_._-— ^ ^ 



M 



JW UISTOIBB DB NIXES — 

trompl one premi&re fois dans son espoir, se d$fie des nouvelles assu- 
rances qui pourrontlui fttre donn&s, et sans doute, aussi, on doit 
6tre convaincu que les repr&ent ants n'auront garde do s*exposer k un 
nouveaud&neoli. Quant aux difficult^ locales cr&es par une situation 
violente et sans pr£c£dents parroi nous, il faut fitre aveuglg par la 
passion pour ne pas les pressentir. Aureste, d6ji cet incident porte ses 
fruits. Des mesuress&rieuses viennent d'etre prises par le Gouvernement, 
elles ne soot peut-fitre que le prelude de mesures plus graves, et que 
noussommes d&ormais impuissants k conjurer. Un intfret bien cher, 
qui nous a coAt£ bien des luttes, et qui avait traverse bien des obsta- * 
cles, est 9 en ce moment et pour toujours, gravement com prom is, Tela 
sont les premiers r&ultats de la determination irr6fl6chie de nos conci- 
toyens. * 

» II ne m'appartient pas, dans ces graves circonstances, de donner 
un conseil aux hommes honorables charges de la gestion des interets 
de la citi ; dans la situation difficile oil on les a places bien raalgr£ 
eux 9 ils ne prendront conseil que de leur patriotisme, je n'ai garde 
d'en douter ; mais s'il m*6tait permis, sans avoir 1* pretention de 
donner un conseil, d'exprimer mon sentiment sur la situation (et on 
jugera peut-etre que ma position m'y oblige), jedirais sans d&ourque 
je ne oomprends pas l'h&itation sur le parti . k prendre. Vous l'avez 
sagementconseilte, et honorable M.Pleindoux a dignement tracS la 
ligne k suivre. I/avenir, et un avenir prochain, je le crois, ne tardera pas 
k prouver qu'un Conseil municipal exclusivement catbolique est impos- 
sible k Nimes. — On sentira bieatdt les dangers decette situation. 

» J'ai exprimd fort librement mon avis. — II me sera peut-etre per- 
mis de rappeler que j'en ai acquis le droit. Mon d£vouement pour la 
population k laquelle je m'adresse 9 n'est, je pense, douteux pour per- 
sonne. Je l'ai servie au moment du danger, je crois la servir encore en 
lui disant la v6rit6 ; et en faisant ainsi, je demeure fid&le k mes dis- 
cours et k mes actes ; car, tandis que, je m'efFor$ais de lui inspirer le 
sentiment de ses droits trop longtemps m£connus, je n 9 ai cess6 de lui 
rappeler le sentiment deses devoirs, etj'aieu souvent occasion de 
lui dire, tout r6cemment encore, que, si je be la voulais point op- 
prim£e,je craindrais encore plus de la voir oppressive. One chacun 
occupeparmi nous sa place legitime, point d'oppression d'aucun cdt$, 
telle a 6t6 ma pensto le jour oh la confiance de mes ooncitoyens m 9 a 
ouvert la carri&re politique. J'y demeurerai fidfele, sans me prdoccuper 
du r&ultat* et c'est pour cela qu'aujourd'hui je viens dtfendre les 
droits mtaonnusde la minority 



-« » 



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ANlffcB 1S4S (T semestre) S9S 

» II est beau d'Atre le serviteur da People, vousl'avez dit avec rai- 
8oo, et c'est oo titre doot je mTfronore : mais j 9 y reooncerais sans 
regret, oo plutdt je le rgpudierais avec mgpris, le joor oil Too voudrait 
ne voir eo moi qo'oo vfl complaisant de sea passions. 

» Agrees, etc. 

» A. DlMUNI. » 

» Nous d&larons adbSrejaux sentiments exprim&i dans cette lettre. 

» R0UX-ClRB0!INCL. DB LlBROGOlfc*B. 

» J 'adhfere pleinement aux sentiments exprim&dans la lettre qoi 
pr£c&de ; mais, meplagant k on point de vue plusg6n6ral, je croisque 
Iota )es conseils municipaax 61us sons l'influence do principe exclasif, 
eussent bien fait de no point accepter on mandat conf<Sr6 de la 
sorte. 

» Comme habitant du Vigan, je soisheoreox d'avoir k fitticiter ici mes 

concitoyens de ce qu'ils ont g6n£reusement compris et respects le droit 

.des minority. 

» F. Chapot. » 

La lettre ci-dessus, dictto par nn incontestable sentiment d'honnd- 
tet$ politique pose nettement les termes de la question qoi,' on le pensa 
bien, passionnait la population k un hautdegrg. Mais, comme je l'ai dit 
plus haut, dire que les 61ecteurs avaient manqu£ de foi 6tait excessif, 
car les glecteurs n'avaient meme pas 616 consults. 

lis pouvaient avoir pris one determination impolitique, commis one 
faute grave, cela ne faisait ancon donte, mdmepour certains des plus 
* ardents du parti, mais on ne pouvait les taxer en quoi que ce soit de 
manquementfc la foi jurte. 

II est un passage de la lettre de M. Demians qui peut expliquer 
ailment etfaire comprendre quelle*, cause d6tarmina le corps 61eo- 
'Toral k ne choisir pour ses repr&entants municipaux que des homines 
appartenant k la majority. 

En premier lieu cette loi du nombre, la base meme du suffrage 
universal, le criterium des republicans eux-memes, qui, toutefois, il 
faut bien Fajouter, ne se rangent k ses decisions qu'autant que ses . 
decisions sont conformes k leursd&irset k leurs combinaisons. 

Je n'eo citerai qu'un exemple qui se passe sous nos yeux. La minority 
protestante n'a-t-elle pas envahi le Parlement oik elle compte troia 
s£nateurs et cinq d£put£s, laissant le sixi&me si&ge k un juif f N*a-t-elle 
pas envahi toutes les administrations dans notre d£partemeut oil la 
majority certes est catholique et devrait avoir una place preponderant* 
qu'on s'ingenie ft lui refuser T 



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SM fflSTOIRE DB NIMKS . 

Les torts do la minority, la retraite de certains candidate, ajoute 
If. Demians* 

Oui certes 9 les torts de la minority. On se demande, en effet com- 
ment au lendemain des journ£es d'avril et de celles do juin f an lende- 
main de ces lettres Veritas par des repr&entants de la minority k l'As- 
sembtee nationale oh Ton refusait syst£matiquement k la population 
catholique les moyensdese d£fendre contre des agresseurs de l'autre 
camp, quelques esprits ont pu supposer que dans la masse 61ectora1e # 
il no se prodnirait pas une reaction, toute pacifiquedu reste, qui pro* 
voquerait sur le terrain religieux exclusif, une union formidable dont 
la premiere victime serait cette minority turbulente et dangereuse 
dans ses exc&s. 

Comment la population catholique, dans un pays aussi excessif que 
le ndtre ne devait-elle pas avec sa masse, gcraser llgalement ceux-U 
m&me qui entretenaient au cafe Gibelin un poste avanc6 de sept £ huit 
cents hommes arm&>, menace perp&uelle pour les habitants des Bour- 
gades? 

II 6tait, je crois , difficile qu'il en fill autreraent. Les passions 
violemment surexcit6es par la faute de plusieurs, que tous les rapports 
s'accordent k appartenir au camp rgpublicain protestant devaient 
aboutir au scrutin des 40 et 4? aoAt 1848. / I 

II y aun autre motif: le premier tour de scrutin avait doufc6 sur 
9.671 votants one moyenne de 6.900 voix k vingt-ctnq catholiques. 
61us. Apr6s eux venaient les candidate suivants avec les suffrages 
obtenus. . 

Gaston Vincens, 4.380 — Maurice Boux, 4.313 — Mourier atn6, 
4.342 — Smile Causse, 1.911 — Gasimir Soulas, 2.311 —Jules 
Granier, 2.076 — Dombre, inggnienr 2.015 — Cqrdesse, 2.003 — Isaac 
Arnaud, 1 .991 — Ducros, 1 .992 — Seligman, 2.042 — Ducret, 4.1 12— 
Baizon, 4.084 — B6zard, 4.556 — Bernard 4,462 — Bouvtere, 4.423— 
de Tessan, 4. 376 — R6veil, 4.426 — Gibert, 4.119 — Soustelle, 4.377 
— Lamarqne 4.390 — De Roussel, 4.404— Charles, 4.382 — Trou- 
pe!, 2.474 — Grelleau, 2.370 — Liquier, -2.437 — Lyon, 2.212 — 
Marqu&s-Duluc, 2.362. ; 

II restait A nommer, au second tour, onzeconseillers.A supposer que 
le parti protestant ait 616 mis en possession de cesonze si&ges, la part 
qui lui 6!ait faite rgpondait largement k tous les besoins. Rien ne pou- 
Tait faire supposer aux candidate de ce parti, qui figuraient sur la listo 
llectorale avec la recommandation du Comitt central de la majority, 
que cette majority au second tour les mettrait de cdt£. Puisqu'ils de- 



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ANNtB 4141 (* MBCftrt) SSS 

mandaient k leurs adversaires des concessions, il* eussent pa faire an 
moioscelled'un vain amour-propre bleesd parcequele corps Electo- 
ral neles avait pas acclam6s aa premier tour. On a d&s lors peine 4 
s'expliqaerquequelqaes-ansd'entre eax aient era devoir signer la 
declaration suivante. 

Nimes f le 15 aoAt ,1848. 

c La fusion des opinions religieases dans la composition da Conseil 
municipal 6tait dans le vceu de tous les roars honndtes ; elle anrait 
exerc£ la plus lieu reuse influence sur l'avenir de notre citf ; nous 
devons des remerciements publics aux hommes honorables qui en out 
pris rinitiative, et nous nous estimions heureux d'avoir 616 d£sign6s 
pour accomplir cette ceavre de conciliation 1 

, » Le vote du 10 aoAt nous a ouvert lesyeux I Les pengges de fusion 
n'&aient pas dans tons les cceurs I 

» La majority fera, dit-on, un retoor sur elle-meme, mais ce retour 
6tant provoqug, conlraint en quelque sorte paruno mesure qui a ea 
an triste retentissement, par des actes fidts par Fautorite locale en 
dehors deses attributions, nous croyons devoir d£cliner toute candi- 
dature. 

» Notre determination nediminuera enrien nos sentiments d'tauma- 
nit£ envers nos fibres malheureux, k quelque religion qu'ils appar- 
tiennent. . * 

» E. Caussk; Jules Granikr; D. Motuuxm; 
Maurice Boux ; O. Vincens. » 

Ce retrait de toute candidature de la part des hommes charges de 
representor la minority laissait le champ libre 4 1'&ection des catholi- 
ques otTon aura it peine k s'expliquer, malgr6 ce qu'eu dit H« Demians 9 
qu'il pAt en fitre autrement. Le suffrage oniverselne saurait s*accom- 
moderdesubtilites, il voit les choses telles qa'elles lui sont presentees 
etrieo au del*. II restaitan second tourde scrotin onze conseillers k 
eiire : parmi eux auraien't pu figurar les signataires de la declaration 
d-dessus et d v autres aussi s'ils etaient Testes sur les rangs 9 et se 
fussent represents* aux suffrages de leurs concitoyens. Lear 
retraite, leur refus ab3olu mettait le corps Electoral dans l'obliga- 
tion de cboisir ailleurs ses mandataires et il ne le fit qu'avec hesitation 
pnisque sur les 6.063 votanls qui comprenaient vraisemblablement la 
* presque totality des eiecteurs catholique* les six dormers eius n'obtiu* 
rent que 3.780 voix en moyennot 



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1*. : HISTOIRB DB NIMES — 

La protestation des candidate da la minority fait allusion k deux faits : 

Le premier, mesare administrative, se rattache iodirectemeDt k nos 
disoordes civilei . On se souvient quale 20 mars 1848, et nous l'avons 
tu dans le chapitre precedent, un individu, demeurant chemin d f Avi- 
gnon, tira un coup de fusil sur sa femme et soutint ansuite un veritable 
si&ge contre la troupe, venue pour l'arreter. Get individu* nommg 
Boissier, passa devant la Cour d'assises du Gard le 8 abtlt, et il fut 
justifie aux debats, comme l'instruction 6crite l'avaitpresque dtSmontre, 
que Boissier avait dej4 donne des signes d'alignation mentale. Boissier 
fut doncacquitte. Mais le 11 aoftt, le Procureur general, faisant partde 
cet acquittement 4 l'autorite administrative, invitait cette dernifere k 
prendre toutes les mesures preventives qui lui paraltraient convena- 
bles pour qua cet insensg ne pAt i I'avenir faire aucun mal. En conse- 
quence le 14 aoAt, Boissier fut de nouveau arr6te par la gendarmerie k % 
Ners, pour fibre ensuite conduit k l'hospice des a\i6n6a. 

Le second fait n est autre qu'une proclamation adress^e par le prfifet 
du Gard, M. Salives, aux eiecteurs de la majority entre les deux tours 
de scrutin. II convient de rapport er id cette piece curieuse 4 plus d'un 
titre. 

t Vous avez proc£d£, jeudi 10 courant, aux elections municipales. 
Vingt-cinqnomsseulementsont sortis de l'urne electorate; tons ces 
noms vous appartiennent. Cependant, k Paris, vos reprfisentants 
avaient promis, en votre nom, au ministre de l'lnterieur 9 k Nimes, 
les hommes en qui vous avez le plus de confianca n'avaient promis k 
moi-m£me da faire k vos adversaires une part legitime autant que 
serieuse. A ce prix seulement, M. le ministre de l'lnterieur vous avait 
accordd la scrutin de liste que vous r^clamiez avec instance. 

» Je ne vous dirai point que vous avez manque k votre parole. Je 
connais et j'apprede les diverses causes qui, au moment du vote, ont 
seme Firritation parmi .vous, et among votre determination. Ja sais 
qu'il y.a au des torts mutuels , des incidents malheureux. Mais je vous 
dirai que vous avez commis une faute grave, que vous avez compromis 
k la fois vos int£r£ts politiques et vos interets matdriels. 

» Vous avez compromis vos intdrits politiques : Le GoUvernement com- 
men^ait k prendre confianceen vous ; il d£posait les preventions que 
de vieux et longs souvenirs devaient naturellement lui inspirer; il 
ajoutait foi 4 vos declarations; en un mot il songeait 4 asseoir large-: 
. mant sur vous ce syst&me de fraternity qui fait sa veritable base. 
N'est-il pas 4craindre qu'4 la nouvalle du resultat de jeudi dernier, il 
s'arr6ta at attende f 



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ANltftB msjpseoNstr*) Sf7 

• Vous avez cem p ntnisvosintfritsmaUriels: I/hiver approche, il pent 
Gtrerude, d&astreux. Les ressourcescommunales sont ipoisfes. Ob 
trouver les moyens de vous assurer du travail, cfest-4-diredu pain, da 
feu, des v6tements, si ee n'estdansleconcoursunanime de ceux qui 
poss&dent it la fois riofloence et les capitaux. Et comment voulez-vous 
que je l'obtienne, ce concours 9 si vous chassezune portion notable 
d'entre eux du Gonseil de la cit6? Quand j'irai la sommer, cette portion, 
de s'imposer des sacrifices d&risife pour soulager la mis&re publique ; 
quand je lui dirai que vous avez dim, que vous avez froid, que la 
maladie vous d&rore, elle me rlpondra sans doute : € Ce que vous me 
demandez 14, on le fait pour des fr&res, pour des amis. Adressez-Tous 
lleurs 6Ius, 4 ceux qu'ils ontinvestisde leur confiance 9 qu'ilsont61ev6s 
4 toutes les charges, 4 tous les honneurs. Nous, its nous on t repouss6s, 
ils nous ont trait£s en ennemis 9 nous ne leur donnons rien. » Kt mal- 
Tieureusement, ils auront raison, et je n'aurai pas mfime la satisfaction 
depouvoir les bl&mer. 

» Electeurs des Bourgades 9 de TEnclos-Bey et da chemin d # Avignon, 
ouvriers et artisans du cceur dela ville, quand j'ai proclam6 le droit 
coinmun, l'iafluence pour tous, quand je vous aiditqued&ormaisle 
r&gne de l'oppression 6tait pass6, vous avez applandi 4 mes paroles, tous 
m'avez entour6 de vos remerciements, vous m'avez apportS un concours 
empressg. N*6tait-ce done que pour devenir oppresseurs 4 votre tour? 
De deux choses Tune, ou vos adversaires ont en raison de tous oppri- 
mer pendant dix*huit ans comme vous l*affirmez v on vous ayez tort 
aujourd'hni de vouloir les opprimer. 

» Que si par le vote de jeudi tous avez settlement touIu constater 
votre force, vous devez etre satisfaits; l'exp&rience est complete ; elle 
est decisive. II est temps de reveni'r 4 la g6n6iosit6 9 4 la justice J tous 
le pouvez sans honte et sans crainte. . .. 

» Nimois de toutes Us opinions ctde Urns les cultes, teoutez ma voix. Ce 
n'est pas la d&uoion, le trouble, la discorde ; ce n'ert pas en formant 
deux camps s£par£s toujours prats 4 se ruer Tun surTautre, que tous 
ram&nerez dans votre belle, populeuseetinduslrieuse cit6, Ias6curit6 
et la confiance ; avec la s£curit6 et la confiance, les capitaux ; avec les 
capitaux, le commerce et le travail ; avec le commerce et le travail, 
1'aisance et le bien-6lre qui' Font la condition indispensable des soci6t6s 
modemes. . 

» Nimesle15aoAM848 9 LsprtfelduGard, 

» Salivas »• 



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tn . HISTOIRB DB NUIBS 

Ce document, comme le transfert de Boissier dans l'hospice d'ali6n&^ 
furent les deux principaux grie r s de la minority protestante, non-seu- 
lement centre la majority catholique, mais aussi, et surtout contre le 
pr6fetdu Gard. Cest contra cet administrateur que les haioes s'&e- 
vaient Apres et furieuses, et la d6claratiomdes candidats de la mino- 
rity le dit assez haut, et en termes assez clairs. C*6tait luiqu'on atta- 
quait, et il s'agissait plus d'amener son changement ou sa revocation 
que de conqufrir quelques sieges au Conseil municipal . 

c Est- il bien certain, disaieut les protestants, que M. Salivas soit 
ou puisse rosier pr6fet du Gard »• 

Toule Election municipale du mois d'aoAt 1848 est \k. On songeait 
que le chef de l'administration avait d&sson arriv^o dans le Gard pos6 
nettement la question et qu 9 il ne se laisserait en rien gouverner par 
des sectaire8 farouches, qu'ils appartinssent k un parti politique ou i 
une opinion religieuse. 

II fallait* K tout prix, que M . Salives fAt sacrifi£ et la proclamation 
de la minority protestante, 6cart6e au premier tour parce que les 
catholiques voulaient affirmer leur union at par suite leur force, n'atta- 
que gu&re qua lui. - # 

II 6tait poortant une autre cause h la mauvaise bumeur, 1 la colore, 
etirirritation des vaincusdu lOaoAt* ? i ' 

. ff&aitdisait un journal du temps (i) $ < la partiality desa preparation 
et Finsuffisance de sa composition »• 

Je ne me serai cartes pas permis de faire sur las 61us ou las candidats 
des Elections manicipales de 1848 semblable reflexion, mais, jecite cetta 
page d'une feuilleque l'onne'peut suspecter que de partiality k Pendroit 
du parti protestant. Le r6dacteur prend la peine d'expliquer da rate 
son opinion* 

t La direction da cette delicate affaire locale ayant 6t& abandonnle 
aux clubs dela majority qu'y a-t-il d'6tonnant que les bommes aux- 
quels la minority est accoutumte k accorder sa confiance n'aient pas 
mime 6t£ consults sur le choix de ses repr&entante, et que dis Ion 
Tacte d'impartialit6 auquel la force des choses las obligeait, ait revdtu 
les formes d'une concession d&obligeante qui ne devait exciter ni Tin- 
t£rfttque les forts attachent k une ceuvre s&rieuse, ni la sympathieque 
les faibles£prouvent pour un acta da justice inspire parle sentiment 
profond de leurs droits T 



(!) Le Cturritr im Gar*. 



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AlfNtB It4t(l* seoMtlre) ** v 

'» Quant au choixen eux-mdmes, ill ont, sans ancun douter, port* 
snr des noma tris honorables et dont certains nous plaisent infiniment; 
mais la v£rit6 nous presse do dire que Us intiriU de la mmorili on! /«*- 
gu'fct 4ftf defcndus par <f mitre* organes, at refinement justifie que lea 
prflendues impossibility ou iacompatibilitts que rintrigue et lamal- 
veillance se sont empressles de proclamer, ne sont pas encore admisea 
sana protestation et sans r6serve». 

Cflaitdonc avec un parti pris d'avance que les protesiants abor- 
daient le scrntin, et, avant de mettre en jeu la proclamation du prflet 
qu'ils nepbuvaient prtvoir; ou l'arrestation de Boissier sur laqaelle ill - 
ne oomptaient pas, ib se retranchaient derri&re la parHaUU des ehoix et 
leur imuffisames. 

Le r&ultat des Elections que j*ai fait connaltre d&s le dfl>ut en eequi 
coocernele Cod sail, futpourM. Salives une revocation ilaquelleil 
devait bien a'attendre, 6tant donnte* les haines qui Fentouraient et 
surtout les influences qui s'agitaient en haut lieu. Oette mesure admi- 
nistrative ne se fit pas attendre. Le 31 aoftt k cinq heures du aoir 9 une 
d£p£che notifiait k M. Salives l'arrivte prochaine de son succesaeur. 

ffflait M. Cfaanal, qui avait exerc6 les fonctions de commissaire 
extraordinaire dans les Hautes-Alpes et k Bouen. 

CTest k dessein que j*ai expos* en detail oette premiere flection mu- 

nieipale due au suffrage universel dans notre ville, aotant pour fixer la 

* position respective des partis k ce moment de notre histoire locale, 

que pour garder le souvenir de ces luttes pacifiques en regard de cellos 

qui avaient ensanglant* la rue. 

D'autres elections, au surplus, intflressaient aussi notre population 
et t avecelle, cellede toutle Oard. Undfcreten date du 3 juillet1848 
avait present le renon vellement integral des Conseils g£n6raux et d f ar- - 
rondissSknent dans toute f etendue du territoire de la R6puMique ; 
c'flaitapr&sles flections legislatives du 27 avril 9 la troisifeme consul- . 
tation que le Gouvernement adressait au pays. Nous avona successi- 
vement vu les r&ultats des flections legislatives et des flections muni- 
cipales pour ce qui regarde notre citfi, nous allons voir ce que produiai- * 
rent les flections dgpartementales. Celles-ci eurent lieu le 27 aofit pour 
le Conseil general et le 3 seplembre pour le Conseil d'arrondissement. 

Le premier canton de Nimes avait en presence MM. Jules Beigeron - 
et Noury-Treboulon. 

Le premier fut flu par 2.504 voix contre 2.491 accordfes k son con* 
current. 

tans le deuxiime canton la lutte se terminait par l'flection de 



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SOS H1ST01RB DE N1MES 

M. Alphonse Boyer avec 2.727 suffrages t alors quo son concurrent 
If. Grelleau, substitute enr6unissait 61 8 . 

• Bnfin dans le troisi&me canton, 2.386 voix assur&rent le triomphe 
de M. Charles de Surville sur M. Thourel, president, l'ex-commis* 
saire da Gouvernemeat qui p6niblement trouvait 206 votants. 

Les Elections d6partementalest6moignaient bien hantde la Constance 
da corps Sectoral, paisqoe les trois cantons rtanis donnaient au parti 
catholique 7.604 voix contre 3.328 accordles k lears adversaires. II y 
a lieu de fiure remarquer qu'alors comme aujourd'hai, le premier 
canton renfermait Milhaud f et le troisifeme Bouillargues etGarons. 
Un tel r&ultat devait autant que celui des Elections municipales 
inspirer dans le parti protestant des sentiments de col&re, mais il en . 
fat un qai souleva plus particuli&rement leur fureur, ce fut le sneers 
de M. Charles de Dions dans le canton de Saint-Chaptes. M. Charles 
de Dions avait£t6nomm6 k la place de M. de Daunant, depuis de 
longaes anntes en possession de ce si£ge. 

Les operations pour l'&ection des membres da conseil d'arrondisse* 
ment eurent lien dans les mfimes conditions , et MM. Grelleau 9 
substitute de Cabriires fils et de Vallongues furent nomm& par chacun 
des trois cantons de laville. 

II £tait dit, da reste, qae sar le terrain de la 16galit£, c'est-&-4ire 
derant le scrutio, le parti protestant devait succomber avec d'autant 
plus de force qu'ilavait an instant sem6 la terreur dans la rue. Le 
31 aoAt de cette m£me annto, lea bataillons de la Garde nationals 
avaienti £lireleur colonel etleur lieutenant- colonel. 

Impitoyables poor lears adversaires, le bulletin de vote k la main, 
comme ceux-ct avaient sn l'dtre pour eux le fusil au poing, les catho- 
liques, fortement anis 9 ne voulurent ni compromission, ni transaction. 
S'affirmant hautement dans one union <troite qui faisait et qai ferait 
toojoursleur force, s'il levoulaientbien f its 6cart&rent successivement 
du grade de colonel et da grade de lieutenant-colonel, M. Moynier de 
Cbamborandquela minoritf essayait, mais en vain, de faire passer 
soft k Tun soit k l'autre. 

Sar 5.024 votants, M. deRochemoreltait nommll la tete de la legion 
avec 4.276 suffrages, et M. Bernard-Brisse recevait de 4.251 voix le 
grade de lieutenant-colonel. 

Au milieu de ces flections successives qui donnaient enfin aux roua- 
ges politiques des allures r£gulitoes et une autoritft nouvelle, le Prifet 
installait le 23 aoAt le nbuveau Conseil municipal. Je note id le dis- 
cours qu'il pronon^a k cette occasion, d'abord parce qu'il pent fibre 



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ANNfeB 1118 (*temettn) 



J*t 



consider* comme lo testament politique d'un administrates plus . 
preoccupe d'etre juste et impartial que flatteur, ensuite parce qu v 3 aer- 
vira en quelque aorte d'^pilogue ice moo vement Electoral qni ne fat . 
pour le parti protestant qu'un dcbec dee plus douloureux. 

c Citoyens, disait M. Saliyes en s'adressant 4 la nouvelle Assembiee 
munitipale, le peuple, dans sa toute puissance electorate, le peuple, 
convoqu6 d'aprfes le systfeme le plus large qui ait jamais ete applique, 
vient de vous oonfier le mandat municipal ; vous pouvez, vous devez 
yous enorgueillir de son choix, car vous etes bien reellement sea 
eius, car rien n'a fauas6, rien n'a dissimuie l'expression de sa volenti 
souveraino. 

» Sans doute 9 il est 4 regretter que toutes les nuances de la popula- 
tion ne soient pas representees dans cette enceinte. Le concours una- 
nime de tons oeux qui, a quelque titre que ce soit, exercent une ac- 
tion puissante sur les masses, vous etit permis d'aborder avec plus d6 
confiance la ttche difficile qui vous est d6volue. 

» Mais parce que ce r6sultat n'a pas ete obtenu, parce que la per- 
s6v6rante loyavte de vos efforts, n 9 a pas faitp£netrer dans tons les 
esprits le d^sir de conciliation qui vous animait, est-ce un motif poor 
vous ddcourager ? Quant k moi, je suis loin de le penser , et j'ai la 
confiance qu'il n'en sera rien. Plus la situation se present* grosse de 
perils, plus vous trouverez dans votre patriptisme la resolution neces- 
saire pour l'aborder, etles moyens propres k ladominer. Plus la 
confiance de vos concitoyens a ete illimitee, plus vous tiendrez It hon- 
neurdelajustifier. . 

> Vous n'oublierezpas d'ailleurs que les difficultes administrative* 
les plus graves, les plus effrayantes en apparence, pen vent cider devant 
une volonteferme,undevouement8ansbornos, surtout devant runion 
despouvoirs publics. 

» Eh bien 1 cette union, dont vous avez eu le spectacle pendant trois 
mois, cette union, K laquelle je n*h6site pas h attribuer le calme, la 
paix, la confiance qui renaissent dans votre belle cite, nous la conti- 
nuerons ensemble. Votre concours m'environnera, j'ose l'esperor ; il 
appuiera les mesuresque medictera l'interet de la Republique, il 
prendre eu serieuse consideration cellos que je vous proposerai pour 
assurer le bien-etre de vos populations • 

» Citoyens, permettez-inoi de payer en terminant un tribut merite 
aux hommes que mon arrivee a trouvds revdtus des fonctions munid- 
pales et avec qui j'ai traverse des epreuves si difficiles. Permettez-moi 
de vous dire que jene meseparod'eux qu'avec un profond regret et 



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3W mSTOlRB M N1MES — 

quejesuisheureuxderetrouver fcvotre totel'tin d v eotre eux dont le 
z61e no fut pas le moins d£vou£, dont l'intervention ne fat pas la moins 
loyale et la moins 6nergique. » 

Lea pouvoirsdel'ancienne commission municipals cessant, cessaient 
aussi ceux du president et des vice-prfoidents de cette commission. Le 
Prgfet dut, en attendant que le gouvernement ait nomm6 la nouvelle 
municipality, en oonstituer une provisoire ainsi composge: M. Eyssette, 
maire, MM. de Surville, Boyer etNourry, adjoints ; M. Blauchard fut 
nomm£ secretaire pour la session. Peu aprte, d'ailleurs, le 27. septem- 
bre, un dfcret sign6 E. Cavaignac, ratifiaitle choix do M. Salives et 
nommait r£guli£rement aux fonctions de maire et d'adjoints les pr&6~ 
dents dans l'ordro oil les avait places Iepr6fetlui-m6me. ■ — — 
- Cost au milieu de cette fi&vre 61ectorale qu'eut lieu, pour la pre- 
miere fois depuis l'av&nement de la R6publique, une execution capi- 
tale. Rose Jacquemont, veuve Theyre, avait 6t6 condamnte k mort par 
laCourd'assises de l'Ard&che, comme coupable de sept empoiscmne- 
ments tantsurlespersonnesquil'avaient successivemeut prise k leur 
service, que sur cellos de son beau-pire et de son man. 

Mais le j ugement de la Courd'assises de l'Ard&che ayant 6t& cass6 pour 
un vice de forme, Faffaire revintdevant la Gourde Nimes oh apr&s des 
debate qui ne dur&rent pas moins de trois jours, le jury fipportait un 
verdict de culpability sans circonstances att6nuantes« C6tait la mort. 
A la lecture du verdict, l'accusto s'&ait 6vanouie et ce n est quele len- 
demain qu'elle eut connaissauce du terrible arr£t. . 

La coupable, qui 6tait all6e jusqu'i empoisonner son propre fils 
Ag6 de treize ans pour pou voir se livrer, sans contra inte, aux d6bor- 
dements les plus scandaleux d'une passion effrlnte qu'elle avait con$ue 
pour un autre tout jeune enfant de douze ans, ne m&itait aucune pitil - 
et son recours en gr&ce fut rejet&. ^ . 

Le samedi 19 aoAt, Rose Jacquemont appren ait qu'elle allait paraltre 
devant Dieu ; entourte de deux soeurs de charity et soutenue par la pa- 
role de l*abb6 Paut, aumdnier des prisons, elle assista avec beaucoup 
de recueillement aux pri&res supreme* dans la chapelle de la prison. 
Mais lorsqu'elle entendit le coup de cloche du bburreau, ses forces 
physiques rabandonn&rentcompl&tement et elle ne revint plus k elle. 

Sur la placodes Ar6nes oil 6tait dressl r&hafoud, s une foule com- 
pacte que les precaution* militaires suffisaient k peine k contenir, at- 
tendait depuis la premitoe heure du jour la fin de ce drame. 
. L'ex&uteur Cair6, avec ses aides, porta sur l*6chafaud le corps inani- 
m4.de Rose Jacquemont et n'exfcuta pour ainsi dire qu'un cadavre. 



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ANNfcE 184$ (* temettrt) ' ' W3 

II est 4 remarquer que les executions pr6c£dentes avaient toujour* ea • ■ 
lieu k ooze heores do matin et que celled eut lien icinq heures. 

Avant d'examiner lea diverse* mesures que la nouvelle munici- 
pality, objet de tant de convoitiseet d^col&re, a fait au lendemain da 
la terrible secousse qui emporta Louis-Philippe, succ6dant k une 6di- 
lit6 d&ireuse de bien faire, mais condamnte par avaoce fc employer les 
fonds communaux k apaiser les rancunes ou les app&its de la classe 
ouvriAreJe tiens Apoursuivre les Gaits historiques qui, soit en parti - 
culier soit en ggn&ral, int6ressent notre ville. 

J'ai d£jk dit plus haut que, ruin£ par les manoeuvres souterraines da 
parti protestant, d£nonc£, suspectl, M. Salives avait 6t6 r6voqu6 et 
que son successeur avait 6t6 M. Cbanal. Cest le 2 septembre que ce 
nouvel administrateur fit son entrte dans notre ville • II descendit 
d'abord k l'hdtel du Luxembourg et se rendit bientdt aprtakla Pr$- 
* fecture. Le lendemain, M» Chanalpassait en revue la Garde nationale 
dont les bataillons oocupaient sur l'avenue Feucb&res et le longdu 
Viaduc les positions que les officiers d'6tat-major lui avaient as-, 
signtes. 

Le nouveau colonel, M. de Rocbemore, 6tait k la tete de ses troupes. 
Une foule innombrable encombraitet encadrait la milioe nationale au 
point de gdner ses mouvements. Les batteries d'artillerie 6taient au 
grand complet et la ca Valerie convenablement montte faisait Tadmi- 
ration d$ tons. .^ 

C'6taient lit des debuts faciles, mais avant peu les ultra d&nocrates 
allaient prouver 4 M. Chanal que ses fonctions n'6taient pas tine sing- 
cure et qu'il fallait savoir v k l'occasion, dlployer k leur encontre une 
. fermet£ constante et une resolution de tons le3 instants. 

Ces incorrigibles ne cessaien t de profiter de la moindre circonstance 
pour provoquer quelque agitation et ce non-seulement k Nimes, mais 
dans la France enti&re. Se servant de ce fameux mot de reaction dont - 
nous les voyonsaujourd'hui abuser, ils ne cessaient de r&lamer une 
politique plus militante, plus rgpublicaine, et, disona-le, ils se procla- 
maient avant tout socialistes. 

Aussi lorsque le 1 4 octobre le minist&re fut remanil, amenant au pouvoir 
Dufaure et ses creatures, le parti rouge fut mfeontent et se chargea de 
t&noigner son mteontentement k la mani&re accoutumto. II lui im- 
portait peu que la representation du pays, l 9 Assemble nationale, 
issue du suffrage universel, etit salul ce nouveau minist&re de sa 
confiance. Dfcs lors que les Dufaure et consorts n'avaient pas ses 
suffrages et n'&aient pas des siens, ils ttaient condamnls tout comma 



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M\ HISTOIRB.DB NIMESV . -> . 

6tait condamnle l'Assemblle flue qui applaudissait h leur av&nement 
auz affaires/ 

La partie fut en consequence vite engagge et sur tous les points da 
territoire la resistance fut organise et le mot d'ordre fut donn6 de 
preparer des manifestations puissantes comme celles qui avaient amen6 
les journtes de ftvrier. A cette Spoque le levier principal de toute op- 
position d£mocratique, et cet usage s'est perp£tu6 dans ce parti, <§tait le 
banquet Cast par les banquets que Louis-Philippe avait 6t6 chass£ du 
trine, c'est paries banquets que lessocialistes de 1848 r&olurent d'6- 
conduire les riactumnaires issus du suffrage universal. 

Ce ne fut pas chose facile que de recruter un nombre d'adh&rents 
convenable, mais enfin on y arriva. Le caf<£ Gibelin d'une part, la 
Placette de Pautre fournirent leurs adherents et le 29octobre, les ban-* 
queteurs se r^unissaient enfin. Cesmdmes lib6raiix qui ne peuyent 
souffrir une procession, uniquement parce qu'elle encombre la voie 
publique, s'&aient empresses de prendre possession de la Plate-For- 
me (1) qui terminait lequai dela Fontaine dans la direction de la 
route d'Alais. 

Le maire, auquel ils avaient fait demander soit un des Edifices com- 
munaux soit une denos promenades, leur fit dire qu'il ne tol&rerait 
pas que le banquet eUt lieu dans I'int6rieur de la ville. 

Force fut done de chercher dans les champs un site convenable. Chose 
curieuse k constater, ce fut h l'ouest de la route d'Alais, au pied d'une 
colline, dans le lieu mftme oil les huguenots allaient jadis entendre les 
discours de leurs predicants, 14 mdme oil fut c6Ubr6 le c61&bre Jubil6 
dont nous parlerons plus tard, que les socialistes se r£unirent. 

Dfcs dix heures du matin les convives commenc&rent k arriver sur 
la place delaMai8on-Carr6eo5 6taitleurrendez-vous. Au pied de la 
colonnade du th&tre, l'autorit6 avait placfi un fort piquet de troupes. 
A deux heures le cortege s'6branlaau milieu d'une foule de curieux 
•accounts sur ce point. Les socialistes avaient pour se rendre sur le 
lieu du festin arbor&, en nombre assez considerable v des drapeaux 
tricolores, mais tous surmont£s du bonnet phrygien rouge ; de plus on 
voyait 6crit en lettres d f or sur Tun t socialistes » sur l'autro « mar- 
tyrs » : plusieurs Itaient fabriquls de telle fa$on que le bleu et leblanc 

■•■■ - : - . ■ • .•■■■■ .. • V \ • . . • 

(4) L'avenne actnelle dite de It Plate-Forme a eonservd Is toufenir de eeue cons- 
truction massive qni dominait Is dernier des bassins da canal dela Fontaine et an 
sommet de laqnelle on arrivait griee I plnaieora marches. Ce massif a dispara en 
487t etaservi I niveler le Conrs-Nenf prolong!. 



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AN/tftB 184$ (* tenMttre) : ; ^ \ 105 

n'occupant qu'une bande trts 6troite, la presque totality de la surface 
de l'&ofTe etait rouge et des lettres d'or etalaient au centre les noms de ' 
Ledru-Rollin, de Raspail, de Barb&s. Ne se dirait-on pas en presence 
da quelqu'une de ces processions anarchistes qni parfois oncombrent 
lei rues de Belleville k Paris et gravissent devant des agents de police 
indiffgrents par ordre, les avenues du P&re-Lachaise ? 

Aprte le repas et les nombreuz discours prononc£s k cette occasion 
devant une foule 6norme, les manifestants r&olurent de rentrer en - 
ville comme its en etaient sortis, mais ils trouv&rent sur la Plate- 
Forme le pr£fet et le maire, barrant la route k la tete de la force 
arm£e. Celle-ci re$ut ordre d'arracher les drapeaux, les bonnets rouges 
et les inscriptions iliegalea. 

Les socialistes firent un semblant de resistance et bientdtaprfes 
drapeaux et emblftmes etaient d6chir6s et jetts dans le canal dela Fon- 
taine. Ils n'en accompagn&rent pas moins M. Cbanal jusqu'fc 1'hdtel 
de la Prefecture, en le couvrant de sifDets et de bu£es. Le soir, ces d4- 
mocrates exalte* parcoururent une partie de la ville en cbantant et 
essayant de cr6er un pen de desordre, mais ils se continrent k la vue 
des piquets de troupe' echelonnls, par mesure de precaution sur les 
boulevards. 

A cette occasion, M. Chanal adressa au peuple nimois nne proda* 
raation qui fl£trissait les organisateuro,du banquet et les d6non$ait k 
1'indignation publique comme les pires ennemis de la Rlpublique et 
des perturbateurs sans consistance. Ce qui n'empecha pas les agitateurs 
du parti de recommencer le dimanche suivantan m£me lieu, mais en - 

ayant soin de dissimuler tous embldmes seditieux, 

LessociaHstes6taient-ils lea seuls k temoigner leur hostility contre 
l'autorite Ml est certain qu'ils le (aisaient le front haut, et si leurs doc- 
trines n'obtenaient pas, de la part de tous les citoyens, un accueil fa- 
vorable, il engagealent la lutte avec resolution. 

Mais dans notre ville, il etait un autre parti, moins bruyant, moins 
apparent, mais tout aussi hostile k l'autorite etablie, surtout l'autorite 
municipale, la bete noire depuis les derni£res elections ; tout lui etait 
bon pour entretenir dans les esprits rirritation et la defiance. La mau- 
vaisehumeur ne s'etait pas dissip^e, loin de 11, etelle edatatout 
d'abord au sujet de rubans rouges et bleus que des personnes appar- 
. tenant k reiement feminin protectant, s'avisirent de porter poor fcire 
ptece k ces messieurs de i'Hdtel de Ville. 

n n'en fallut pas davantage pour que des rixes se produisissent sur 
nos promenades publiques , notamment k l'Baplanade 9 malgre les 

PtattMUmlaoa.taML » ' 



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3<W- . . " H1ST01RB DB NUfES* J : 

conseils tpaternels* com me le disait irooiquement le Courtier du 
Gard, du maire de la ville. 

Cefut plus tard uue autre antienne. M. Ch. Byssette, maire de la 
ville t ayait fait afficher I'arr6t6 suivant ; 

t Nous, maire provisoire de la ville de Nimes, 

» Consid&rant que le premier devoir de l'administration municipale 
est de s'occuper de lout ce qui int6resse le bien-etre des classes po- 
pulates; 

» Arretons: 

» II 6st 6tabli, aupr&s de rautoritS municipale, une commission 
d'Dygiine populaire et charitable, cbargie de l'Sclairer sur tout ce quia 

rapport & l'alimentation, k 1' habitation et au bien-etredu peuple. 

. ». Celte commission, nommge par le maire, est ainsi composta. Les 
citoyeos abb6 de Tessan, chanoine ; Gardes, pasteur ; Pleindouz aln6, 
docteur en m&lecine ; Boileau de Castelnau, docteur en mldecine; 
de Suryille, membre du Conseil g£n£ral ; de Vallongues, membre du 
Conseil d'arrondissement ; Nicot, ancien recteur ; Raizon, conseiller 
municipal; Eoux Maurice, ancien adjoint k la Maine ; m Boyer Fer- 
dinand, avocat» •- 

- Naturellementla population ouvrifere sepressa autourdeces placards " 
qui avaient une port£e autrement pratique que toutesles declamations 
amphigouriques d'une certaine 6cole sur le sort du travailleur. On 
allait enfin s'occuper des malheureux etles promesses allaient pouvoir 
sinon se r&liser, du moins aurait-on l'espoir que dans un ayenir 
restreint il serai t fait quelqtfe chose en faveur de la classe ouvrifere. Cet 
excellent mouyement parti d 9 un maire catholique et d'une muni- 
cipality catholique n'avait aucune valeur pour ceux que le suffrage 
nniversel ayait ^conduits; c'6tait une yaine ostentation que cesaffiches 
au dire de ces opposants silencieux, plus dangereux parfois que les 
afcarchistes les plus remnants. 

Depqis que, par un vigoureux coup de main, le g£n6ral Cavaignac 
ayait musell l'insurrection parisienne et r6duit h n£ant toutes les esp6- 
rances d&nagogiques k Paris, la roe ayait recouyrS sa tranquillity 
effective, . \ v 

• De temps It autre, il se produisait Men de veritable* paniques, des 
annonces d'insqrrection, raais heurenaement tout restait dans lecal- 
' me, par suite de la disparition, quelle qu'en fAt la cause, de l'6tat major 
de Tlmeute. * 

: Les esprits 6taient d'ailleurs fortement prtoccupte et la province 

V: . ... ..... 



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ANN&E ISIS (* lemestre) 3S7 

suivait anxieuse ce mouvement, do la confection d*une constitution d£- 
Bnitive. V Assemble nationale, saisie de plusieurs projets, les disco- 
tait article par article . 

\ Plusieur* deputes, et an nombre d'entre eux nn de nos compatriotes, 
aoutenaient eioquemment devant le Parlement la n6cessite d'assurer 
dans la Constitution le principo de la decentralisation administrative. 
D'autres combattaient en favour de la dualite des Chambres. Mais le 
souvenir de la Convention hantait la majority et ni la decentralisation 
administrative ni la duality des Chambres ne fut adoptee. 

Cefutle4 novembre 1848 que la Constitution fut vot6e definitive- 
ment par l'Assembiee. II importe ici de rappeler le pr^ambule de cette 
nouvelle charte que se donna it le peuple. 

c En pr6sen cede Die u, etau nora du peuple Fran^ais, l'Assembiee natio- 
. naleproclame: La France s'est constitute en Republique.Enadoptantcet- 
teformedefinitivedegouvernement* elle s'estproposee poor but de mar* 
cher plus librement dans la voie du progr&s et de la civilisation, d'as- 
surerune repaitition.de plus en plus equitable des charges et des 
avantages de la spciet6, <Taugmcn!er l'aisance de chacun, par la reduc- 
tion graduelle des depenses publiques et des impdts, et de Cairo parve- 
nir tous les citoyens, sansnouveile commotion, par Taction successive 
et constante des lois et des institutions k un degre toujours plus eiev6 
do moralite, de lumiires et de bieo-gtre. 

»LaRepubliqueFran^aiseestdemocratique et indivisible. Bllere- 
connalt des droits et des devoiVs anterieurs et superieurs aux lois posi- 
tives. Ellea poor principes: La Liberte, l'Egalite et la Fraternite. 
EUo a pour bases : la famille, le travail, la propri6te, Fordre . 
public . 

» Elle respecte les nationalites etrangferes, com me elle entend faire ' 
respecter les siennes, n'entreprend aucune guerre d*ns des roes de 
cbnquete et n'emploie jamais ses forces contre la liberte d'aocon peo- 
ple. Des devoirs r£ciproques oblige nt les ci toy ens envers la R6publi«» 
que et la Republique envers les citoyens. 

» Les citoyens doivent aimer la patrie, servir la Republique, ladefen- 
dre au prix de leur vie, participer aux charges de I'Etat, en proportion 
deleur fortune ils doivent s ! assurer par le travail des moyens d'exis- 
tence v etpar la prevoyance des ressoorces pour l'avenir ; fls doivent 
concourir au bien-£tre common en s'entr'aidant fraternellement les 
uns les autres, et k Fordre general en observant les lois morales, 
et les loisecrites qui r^gissent la societe, la famille et Findivido* - 
» La Republique doit proteger le citoyen dans sa personne, sa famille, 



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3W - HISTOIRB DB X1MES ''_-<■ 

sa religion, sa propria, son travail et mettre k la port£e de chacun 
Finstructjon indispensable 4 loos les homines ; elle doit, par' une assis- 
tance fraternelle, assurer 1'existence des citoyens necessitous, soit en 
procnrant da travail dans les limites deses ressources, soit en donnant 
k d6faut de la famille, des seconrs k ceux qui sont hors d'&at de tra- 
vailler. * 

A part l'Assemblte unique chargtedu pouvoir 16gislatif, le pouvoir 
ex6cutif 6tait confi6 k un citoyen qui recevait le litre de President de 
la B6publique 61u pour quatre ans et qui ne pouvait etre r&ligible 
qu'aprte un intervalle de quatre anodes. 

Le president, disait Particle 46, est nommg au scrutin secret et k 
la majority absolue des votants par le suffrage direct de tous les £lec- 
teurs des dgpartements fran$ais et de l'Alggrie. L'61ection a lieu de 
plein droit le deuxi&me dimanche du mois de mai. 

Avant d'entrer en fonctions v le President devait prtter au sein de 
I' Assemble nationale le serment suivant : t Ea presence de Dieu et 
devant le peuple Fran^ais, represents par l'Assembl6e rationale, -je 
jure de rester fid&le k la R6publique d£mocratique una et indivisibe et. 
de remplir les devoirs que m'impose la constitution • » 

Telle 6tait dans son sens g£n£ral la nouvelle constitution que se 
donnait la France par l'entremise des repr&entant du peuple. 

Le 12 novembre la constitution 6tait lue solennellement sur la place 
de la Concorde k Paris, pendant njue I'archevfique chantait un Te 
Detank Nolre-Dame. A cette occasion, le'g&i&al Cavaignac adressa k 
tous les fonctionnaires civils et militaires une longue proclamation 
dans laquelle nous relevons les passages suivants : 

« Depuislemoisdef6vrierjusqu'i cejour le principe rgpublicain 
seal 6tait prodaml, mais la loi # la rfegle ferite qui en est la consecra- 
tion finale, manquait au principe ^ 

» La revolution n*6tant pas dlfinie, les esprits audacieux avaient 
pris carri&ro, et parce qu'un intervalle de temps nScessaire devait s f 6- 
couler entre la destruction de l'&Lifice monarchique et la reconstruction 
de 1'gdifice rlpublicain il semblait que tout f At k refaire et que de la 
soti&6 ancienne rien ne devait etreconservA* 

» Ces theories funestesdevaientproduire des fruits amers, des crises 
deplorable*.., etquand tous avez eu *y faire face, vous enaveztriom- 
ph6 moins par la force d f une rfegle Icriteque par les inspirations d*une 
conscience £clair6eetd'und£voQeraentsansbornes* vos devoirs en* 
vers la nation. 






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ANNfiB 

» Aujourd'huil'existencedelaRgpublique est intim6ment life aa 
maintien da bon ordre politique social *. 

. Et plus loin il ajoutait : « L'Assemblte nationale a voala que la reli- 
gion vlat oonsacrer cette nouvelle constitution. Le gouvernement 
s'6tait assocfc d'avance it cette pens6e. Vous trouverez chez tons les 
ministresdela religion un empressement patriotiqueir6pondre ivotre 
appel ; ils ont salu£ d 9 un sincere hommage l'&ablissement de la R6pu« 
blique. lis 6I&veront puissamment leur pens£e vers Dieu qui prot&ge 
la nation ; ils le remercieront de ses bienfaits et lui en demanderont de 
nouveaux pour la pat rie commune. » 

Ce message, plagant la nouvelle constitution sousune telle Egide et 
faisant appel nonseulement aux sentiments d*honn£;et6 et de dlvoue- 
ment de tous, mais aussi aux plus haute* penstes religieuses, produisit 
une profonde impression et prgparait dignement la fete de la pro- 
mulgation. 

Cette fete eut lieu dans toute la France lei 9 novembre. A Nimeselle 
se fit avec l'appareil accoutum£ de ces sortes de solennit6s officielles. 
On remarqua qu'aux prieres publiques, une foule 6norme se prossait- 
dans les temples des divers cultes. 

La lecture de la Constitution se fit aux Ar&nes. A I'extr6mit6 ouest 
de l'ellipse, on avait pr£par6 one grandoestrade sur le centre de laquelle 
8*61evait un dais 616gant« Yout k l'entour de longs raita portaient des 
banni&res aux couleurs nationales. A peine les portes furent-elles 
ouvertes que la population tout entifere envahit les gradins pour avia- 
tor k cette cer&nonie. Pendant la lecture faitei tour de rile parle 
Maire et le Pr6fet t Vartillerie de la Garde nationale tirait des salves 
de coups de canon. 

Ce n'6tait pas tout d f avoir une Constitution, il fallait la mettre en 
pratique et la pretni&redes operations 6tait 6videmment la nomination 
du President de la R6publique. 

Au mois deseptembre de cette mfime annle, il s*6tait pass6 un fait 
en apparence sans beaucoup d'importance mais en r£alit6 fort grave et 
qui allait decider du sort de la France. II ne s'agissait que d 9 une Elec- 
tion legislative k Paris.et la capitale»parmi les trois d£put£s qu'elle avait 
k envoyer k l'Assemblto, porta son choix sur le prince Lonis-Napol&m 
Bonaparte. Le 25 septembre le. nouveau depute arrivait k Paris et 
faisait son entree k la Chambre. A peine dans I'enceinte du Parle-- 
ment, le prince montait k la. tribune et prononjait les paroles sui- 
vantes: 

t Citoyens ropr&entants, il ne m'est pas permis de garder le silence 



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3lt . UISTOIRE Dfi NlilES 

apris les calomnies Jontj'ai et61'objet. J'ai besoia d'exposer ici baa- 
tementet dfes le premier jour od il m'est perrois desi&ger parmi vous, les 
vrais sentiments qui m'animent. Apr&s trente-quatreann£esde proscrip- 
tion et d'exil je retrouvo enfin ma patrie et tous mes droits de citoyen. - 

» LaR6publique m'afaitcebonheur. Qu'elle reQoivemon serment 
de reconnaissance ct de d^vouement et que los g£n6reux patriotes qui 
ni*ontport£dans cette enceinte soient certains que je m'efforcerai de 
justifier leurs suffrages en travaillant avec vous au maintien de la tran- 
quillity le premier besoia du pays, et au ddveloppemeut des institu- 
tions d^mocratiques que le peuple a droit de r£clamer. • - 

» Longtemps je n'ai pu consacrer h la France que les meditations 
de l'exil et de la captivite ; aujourd'hui, la carri&re oil vous marcfiez 
m'est ouverte. Recevez-moi dans vos rangs avec le m^rae sentiment 
d'aflectueuse confiance que j'y apporle. Ma conduile toujours inspirte 
par le devoir, toujours anim£e par le respect de la loi, ma oonduite 
prouvera k 1'encontre des passions qui ont essav£ do me noircir pour 
meproscrire eoc< re, que nul ici plus que moi n'est r£solu 4 se d^vouer 
k la defense de Tordre et k raffermissement de la R£publique.» 

II n'6tait pas inutile de rapporter ici cette declaration que la Prance 
enti&relut avec avidity faite par unhomme debutant dans la vie poli- 
tique de son pay s t etquo la destinde allait faire le chef do la nation, 
pendant de longues ann6es. i • 

. A lire les paroles du prince-d£put6, on sent germer d6jfc l'id6e qu'il 
ooncourra puissamment et le plus directement possible h asseoir Tor- 
dre et la tranquillity k gou verner le pays. Ce n'est pas uu discours pro* 
gramme, mais ce n'en est pas moins un discours oil perce d£ja la candi- 
dature 4 la pr&idence de la Republiqueou k la plus haute dignity de 
llStat, puisqu'au moment ou il pronon^ait cette declaration, la Consti- 
tution n'^tait pas vot^e en entier. r- 

Aussi lorsque la Constitution promulgufo, il s'agit de Election 
pr&identielle, on ne sera pas surpris de voir k cdt£ de Cavaignac, 
president du pouvoir ex&utif , caudidat naturellement d£sign£ 9 se 
dresser la candidature de Louis-Napolfon Ronapart?. Le pays, et par 
suite l'Assemblte nationale, se trouva bientdt divisgsur cette irritante 
question de personnes. Quel 6tait celui d'entreeux qui 1'emporterait 
et vers quel avenir marchait la France f Nul n'en savait rien. 

Louis-Napol&m Bonaparte avait pour lui le prestige d'un nom 
illustro, l'ascendant quo donne l'exil, des Etudes mal d6fiuies y mais 
connuo* par des ouvrages multiples unesouplesso extreme dans les 
meyens d'action, peul-£tro nigmo l'appui de l'Angleterro. 



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ANlftB IS4S(f temrstre) 314 

Cavaignac apparaissaitcomme le sauveurde la France auxfunestes 
jouro^es de juin, inais si c'etaitU soa seal titre, c'etait en mftme temps 
imearme ooatre sa candidature. 

Sansqu'on puisse s'expliquer si le parti k la tfite dnquel marchait 
Ledru-Rollin soatenait on non le prince, il est avere qu'il cherchait h 
dcarter Cavignac. A ce moment oil les competitions pour le fauteuil de 
president etaient les plus vivos, Ledru-Rollin lao$aitcontre le general 
une accusation des plus graves, dont un journal, La Prcsse, se faisait 
l'echo. Au dire de Tez-membre du gouvernement provisoire, le general 
Cavaignac etait seul responsable des journ^es sanglantes de juin, et 
dansces cruelles circonstances il aurait tenu, par un motif d'ambition, 
uneconduite criminelle. 

Une semblable Election devait, comme on pense, passionner notre 
population k un haut degre. Les repr^sentants du peuple crurent de* 
voir intervenir et donnerleur opinion. La lettre suivante signee de 
trois d'entre eux en e*t.une preuve. 

« Plusieurs denos com patriotes nous ont fait i'honneur de s'adres- 
ser k nous pour savoir noire pens£e sur 1'eiection du prochain president 
de la R^publique. Nouscroyons qu'ilest d 9 un bon exemple de faire 
connattre notre opinion avec la plus grande franchise et la.pl u 3 grande 
publicity. - 

» Depuis longtemps, cette question est 1'objet de nos preoccupations 
les plus vivos, et la reflexion n v a fait que fortifier le penchant qui nous 
porte k voter pour le general Cavaignac. 

» Par son origine, le general Cavaignac doit satisfaire les r£publi~ 
cains les plus ombrageux ; par la puretede savie, il sympathise avec 
les patriotes les plus aust&res ; par sa fermete et sa moderation, il r6- * 
pond ail besoin d'ordre et de liberty qui anime tous les bons 
citoyens. 

» Nous ajouterons qu'aprfes les grands services rendus an pays par la 
general Cavaignac, dans les fatales journ6es de juin, il y aurait un onbli 
voisin de l'ingratitude k ne pas appuyer cette candidature. 

» J5. Tbulon , E. Favant, A. Bocsqukt. » 

Pendant que les deputes repubUcain* avanc^s faisaient ainsi con* 
nattre k leurs amis leur preference, on lisaitdans toutes lescbairesdn 
d^partement une lettre pastorale de M gr Cart ordonnant des pri&res 
pour les elections du President de la Republique et pour Jo Pape. . 

Le prince Louis-Napoleon Bonaparte, s'adressaut de son c6t6 diree* 



J« 1 



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lit HBTOIRK DB NIMBS . 

tement aux llecteurs, sollicitait leurs suffrages dans une proclamation 
. devenue historique et que je reproduis ici : , 

« LOUIS-NAPOLfiON BONAPARTE, A SES CONCITOYENS. 

t Pour me rappeler de l'exil, vous m'avez nommi Repr&entant du 
peuple. A la veille d*61ire le premier magistral de la R£publique, mon 
nom se pr£sente 4 vous oomme symbole d'ordre et de s£curit& 

» Ces t6moignages d'une confiancesi honorable s'adressent, je le sais; 
bien plus k ce nom qu'i moi-mdme, qui n 9 ai rien fait encore pour mon 
pays ; mais plus la m&noirede l'Empereur me protege et inspire vos 
suffrages, plus je me sens oblig£ do vous faire connaltre mes sentiments 
et mes principes. II ne faut pas qu'il y ait d'6quivoque entre vous et 
moi. 

» Jene suis pas un ambitieux qui rtve tantdtlTSmpire et la guerre, 
tanttt rapplication de theories subversives. Elev6 dans dans des pays 
libres k l'6cole du malheur, je resterai toujours fid&le aux devoirs que 
nTimposeront vos suffrages et les volont&i de I'Assemblto. 

» Sij'6taisnomm6 pr6sident,jenereculerais devant aucun danger, 
devant aucun sacrifice, pour dgfendre la soti6l6 si audacieusement 
attaqu6e ; je me d6vouerais tout entier, sans arri&re-pens£e M'affer- 
missemeut d'une R6publique sage par ses lois, honnftte par ses inten- 
tion^ grande et forte par ses actes. 

» le mettrais mon houneur k laisser, an boutde quatre ans, k mon 
successeur, le pouvoir affermi , la liberty intacte', un progr&s riel 
accompli* 

» Quel que soit le r&ultat de l'&ection, je m'inclinerai devant la 
volontt du peuple, et mon concours est acquis d'avance k tout gouver- 
nementjusteetferme qui r&ablisse l'ordre.dans les esprits comme 
dans les choses; qui protege efficacement la religion, la famille, la 
propria, bases 6ternelles de toutEtat social; qui provoque les r6- 
formes possibles, calme les haines, r&ontilie les partis et permette 
ainsi k la partie inquire de compter sur un lendemain. 

> Rltablir l'ordre, c'est ramener la confiance, pourvoir par le credit 
k Tinsuffisance passag&redes ressources, restaurer les finances. 

» Prot6ger la religion et la famille, c est assurer la liberty des cultes 
. et la liberty de 1'enseignemenU 

» Proffer la propria, c'est maintenir l'inviolabilitf des produits 
de tousles travaux; c'est garantir I'indlpendance et la s£curit6 de la 
possession, fondements indispensables de la liberty civile. 



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ANNtB IS4S (jt semetlre) *U 

, » Quant max reformat possibles, yoici cellos qui meparaissent las 
plosurgentee: x 

» Admettretoutes les Economies qui, sans d£soiganiser les services 
publics, pennettentU diminution des impdts les plus on6reuxau pea-/ 
pie ;encouragerlesentreprises qui, en d£veloppant les. richesses de 
ragriculture, peuvent* en France et en Alg&rie, donner da travail aux 
bras inoccuppgs; poorvoir It la vieillesse des travailleurs par les insti- 
tutions depr^vojance; introdo ire dansnos lois indostrielles les amd- ;>> 
liorations qui tendent, noniruinerlericheaa profit da paavre, mais 
k fonder le bien-6tre de cbacan sar la prosp£rit£ detous. 

» Restreindre dans de jostes limites le nombre des emplois qui de- 
pendent da pouvoir.etquisouvent font d'unpeuple libra, an people 
do sol lid tears. 

» Eviteroette tendance foneste qui entratne l'Etat k extorter lui- 
m&ne ce que les particuliers peavent faire aussi bien et mieu^ que luL 
La centralisation des int6r£ts et des entreprises est dans la nature du 
despotism e. La nature de la R6publique repousse lemonopole. 

» Enfin v preserver la liberty de la presse des deux .excfes qui la 
compromettent toujoura : l'arbitraire et sa propre licence. 

» Avec la guerre, point de soulagement k nos maux. La paix serait 
done le plus cher de mes d£sirs. La France, lors de sa premi&re invo- 
lution, a6t£guerri&re, parce qu'on l'avait forcfe de l'&re. A l'in- 
vasion, elle r£pondit par laconqutte. Aujourd'hui qu'elle n'est pea 
provoqute, elle peut oonsacrer ses ressources aux ameliorations paci- 
fiques, sans renoncer k one politique loyale et.r&olue. Unegrande 
nation doit se taire, on ne jamais parler en vain. 

» Songer k la dignity rationale, e'est songer k Farmta, don tie pa- 
triotisme si noble et si d£sint£ress6 a 6t& souvent mteonnu . II faut toot - 
en maintenant les lois fondamentales qui sont la force de notre oiga- 
nisation militaire, alteger et non aggraver le fardean de la con- 
scription. II fautveiller au present et k l'avenir, non-seulemont des 
officiers, mais aussi des sous-ofBciers et soldats, et* preparer aux 
hommes qui ont servi longtemps sous les drapeaux una existence 
assurta. 

» La B6publique doit 6be g&n&rease et avoir foi dans son avenir: 
aussi, moi qui aiconnu-l'exil et la captivity, j 9 appelle detoas mes - . 

voeuxlejourohla patriepourra sans danger faire cesser toutes les 
proscriptions et effacer les dern&res traces de nos dtscordes 
civiles. - \ 

* Tellessont, mes chers concitoyens, les idles que j'apporterais 



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314 



H1ST01RB DB NIMES 



dans rexercice du pouvoir, si vous m'appeliez It la pr&idence do la 
Rlpublique. 

» La tAche est difficile, la mission immense, je le sais I Mais je no 
d&espirerais pas do l'accomplir, en conviant A l'ceuvre, sans distinction 
de partis, les homines que reoommandent k l'opinion publique, leur 
haute intelligence et leur probity. 

» D'ailleurs, quaod on a llionneur d'etre k la t6te du peuple Fran- 
$ais,* il y a un moyen infallible de faire le bien, c 9 est de le 
vouloir. 

» LOUIS-NAPOLEON BONAPARTE. 
» Paris, le 27 novembre 1848 *. 



2 # canton 



(Test le 10 d&embre qu'eut lieu le vote qui coramenga k septheures 
du matin. On distribuait les cartes 6Iectorales au Palais de Justice, salle 
de la cour d'assises. Les bureaux de vote gtaient ainsi rlpartis. 
i" canton 1 re section . Foyer du Th&tre, Ecole mutuelle de la rue 

desFlottes. 
Ecole mutuelle de la rue Pav6e, Ecole des 
sceurs de la rue des Saintes-Maries, Salle 
d'Asile de la rue de la PitU. I 
Ecole des fr&res de la rue Carr&erie, Embar- 
cadere do chemin de fer de Montpellier, 
sallen* i. 
Ecole des frferes de la rue Saint-Charles. 
Ancienne Salle d'Asile de la rue Robert. 
Ecole des (teres de. la rue de France, Ecole 
des sceurs da chemin de Beaucaire^ mai- 
sonAnmlras. 
Boole des soeurs de la rue Enclos-Rey. 
Palais de Justice , salle du tribunal civil, 
b&timent des casernes, bureau du com- 
mandant de place. m r 
Hdtel de ville , salle du conseil des pru- 
d'hommes, embarcad&re du chemin de fer 
de Montpellier, salle n # 2. . 
Palais de Justice, salle de la 3* chambre de 
la Cour d'appel. 
Le scrutin fut clos le lundi k deux heures de raprte-midi 9 et le 
recensement so fit imm^diatement apris. 



3* canton 



10» 


section 


♦ 




12- 


section 


2- 


section 


3* 


section 


5* 


section 


7- 


section 


* 


section 


8* section 



— II* section 



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\ 1 



ANNlB IS4$(f imaitre) 315 

Le r&ultat k Nimes fiit le suivant : 

I** cantos * canton 3* canton Total ' 
Louis-NapolSon Bonaparte. . . 2.634 2.282 2.574 7.490 

Cavaignac;.. 790 469 1.295 2.554 

Ledru-Bollin 1.136 443 408 1.987 

Dansces chiffros sont coraprte Milbaud et Saint-C&aire pour le pre- 
mier canton, Courbessac, Bouillargues et Garons pour le troisi&me. * 

Dans le d£partement du Card, 82.690 votants prireat part k I'&ection . i < < 

pour la prgsidence. 

Louis-Napolfon Bonaparte, obtint 39,390 voix. 

Eug&ne Cavaignac, » 29,839 — 

Ledru-Rollin » 12,217 — 

Voix diverges » 1 t 254 — 

Total 82,690 yoix. 

II y eut dans la France entire 7,326,345 votants. 

Les suffrages se r£partirent cotnme il suit : 

Louis-Napoleon Bonaparte 5,434,226 . 

Le g£n£ral Cavaignac 1,448,107 

Ledra-Rollin. ...... ....... 370,119 

Raspail % -.. 36,920 

Lamartine.. ! 17,910 * 

Le g£n£ral Changarnier % 4,790 

Voixperdues 12,690 

Le 26 d6cembre 1848, aquatre heures du soir, M. Waldeck-Rous- 
seau, represent ant du peuple, d£posait surle bureau de l'assemblge 
son rapport sur Election du president de la Rgpubliqae. La lecture 
du rapport terming, le g£n6ral Cavaignac monta k la tribune pour 
annoncer la demission des ministres et la sienne entre les mains de 
l'assembtee Le pr&ident proclama ensuite Charles-Louis-Napol&m 
Bonaparte, president de la R6publique fran$aise depuis ce jour jusqu'au 
I«mai1852. 
L'61u de la France pronon$a alors le di scours suivant : 

cCitoyens Repr6sentants, 

» Les suffrages d 3 la nation et le serment que jeviens de prtter, 
commandent ma conduit e future. Mon devoir est traofi, je le remplirai . \ 

en horn me d'honneur. 

» Je verrai les ennemis de la patrie dans tons ceux qui tenteraient de 
changer par des voies ill£gales ce que la France enti&re a 6tabli, 

» Entre vous et moi , citoyens repr&entants , il ne saurait y 



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avoir de veritable* dissentiments. Nbs volont£s, nos d&irs, feont les 
mdmes. 

» Je veux, comme vous, rasseoir la soti£t6 sur ses bases, affermir 
les institutions d6mocratiques et rechercher tous les moyeus propres 
k soulager les inaux de ce peupleg6n6reux et intelligent qui vient de 
me donner an t£moignage si 6clatant de sa con fiance* 

» La majority que j'ai obtenue, non-seulement me pgn&tre de re- 
connaissance, mais elle donnera au Gouvernement nouveau la force 
morale sans laquelle il n*y a pas d'au tori t£. 

» Avec la paix et l'ordre, notre pays pout se relever, gu&ir ses 
plaies, ramener les bommes 6gar6s et calmer les passion*. - 

» Anim6 de cet -esprit de conciliation, j'ai appe'e prts de moi des. 
hommes honnfites, capables et d£vou6s au pays, assure que, malgr6 les 
diversity d'origine politique, ils sont d 9 accord pour concourir avec 
vous k l'application de la Constitution, au perfectionnement des lois, . 
k lagloirede la R6publique. '"•""' 

» La nouvelle administration, en entrant aux affaires, doitremer- 
cierceUe qui la prgc&de des efforts qu'elle a faits pour transinettre le 
pouvoir intact; pour maintenir la tranquillity publique. ' 

» La conduite de l'honorable g6n£ral Cavaignac a 6t6 digne de la 
loyaut£ de son caractfere et de ce sentiment de devoir qui jest la pre- 
miere quality du cbefd'un Elat. ' * 

» Nous avons, citoyens repr£sentants, une grande mission k remplir 
c'est de fonder uneR6publique dans I'int6r6t detous, et un gouver- 
nement juste, ferme, qui % soit animS d*un sincere amour du progr&s, 
sans etre rgactionnaire ou utopiste. 

. » Soyonsles hommes du pays non les hommes d 9 un parti, et Dieu 
aidant, nous ferons du moins le bien si nous ne pouvons Cure de 
grandeschoses »• - 

. Le. nouveau president appelait au minist&re MM. Odilon Barrot, 
Drouyn de l'Huyg, JAoa de Malleville, le g6n£ral Rulhi&res, de Tracy, 
de Falloux, LfonFaucher, BixioetHippolytePassy. - 

L'apparition de la nouvelle administration, la consolidation appa- 
rente et r&guli&re da pouvoir 6taient cboses que la France, enti&re 
salaait avec joie, mettant toutesonespgrance k voir luired'autres jours, 
moins sombres, mois tourment6s que ceux dpnt elle avait eu le spec- 
tacle durant cettoannte extraordinaire del 848 od l'anarchie et le d6- 
sordre avaient riussi k imposer quelque temps leurs funestes lois. "• 

Peu k peu les divers rouages administratifs se reconstituaient et Ton 
allait pouvoir reprendre la vie morale, la vie rtelle sans laquelle une 



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ANNtB 4S4S (* semestre) 3IT 

nation n*a plus d'existence certaine. II n'y avait pas seulement k so 
prtoccuper de l'avenir de la France an point de vue des affaires int6- 
rieures, maisil fallait aussi surveiller attentivement lea affaires ext£- 
rieures* Celles^ s*6taient Itrangement compliqu£es depuis quelques 
mois et, pour ainsi dire, en dehors de notre patrie h peine maitresse 
d'elle-mdme danslarue. 

An moment oil la France, en possession en6ri d'un gouvernement 
stable et nettementd6fini, allait rentrer enfin dans le concert europ6en . 
et y peser du poids deson influence, nn 6v&nement grave venait deso 
prod u ire qui avait produit une legitime Amotion dans toutes les chan- 
celleries et avait douloureusement affects la majority du* peuple 
Fran^ais. 

La capitale du monde chr&ien 6tait aux mains de la Revolution et 
avec elle le meurtre et la proscription. Le chef du cabinet pontifical, 
ancien ambassadeur de France 4 Rome, le comte Rossi, 6tait l&chement 
assassin^ au moment 06 il se rendait k la Chambre. Aussitdt apr&s cet 
attentat criminel, une foule ameutte par les revolution naires, assi£geait 
les miniatures. C*4tait h grand'peine que la demeure de Saint'-P&re 
6fait pr&ervle d'un envahissement de cesforcen6s. 

Mais le parti d6magogique, 41a tdte duquel s'6tait mis un membre 
de la famille Bonaparte, le prince Canino; s'empara de toute 1'admi- 
nistration de la ville sainte, retenant le pape prisonnief au QuirinaL 
EnfingrAce 4 Intervention des ambassadeurs, S. S. Pie IX avait pu 
quitter Rome et se rendre k Gaete, dans le royaume de Naples. 

A la nouvelle de ces 6v&nements, une vive Amotion s'empara du pays 
enlier et de V Assemble nationale. II fut im mediate men t d6cid£ que 
quatre frigates it vapeur portant une brigade de 3.500 hommes 
sentient dirig&s sur Civita-Vecchia, et le gouvernement du g&n&ral 
Gavaignac, k ce moment an pouvoir, fit offrir au Saint-Pire un refuge 
sur le territoire de la RSpublique. L' Election du president de la R£pu« 
blique et le changement d'administration avait suspendu momenta* 
nlmentles prgparatife de cette expedition qui avaient lieu k Toulon. 
Nousaurons k y ravenir. L'ann6e 1848 se terminait avec une menace 
d'exp6ditionarm£e pour l'avenir, expedition qui nepouvait manqner 
d'exciter un vif enthousiasme dans notre population catholique. 

Elle se terminait aussi par la liquidation des jours funestes que 
Mimes avait traverses. On se souvient que , h deux reprises , le 27 
avril etle 14 juin 1848, le sang avait coute dans nos rues et qu'fl y 
avait eu des victimes des discordes civiles. LaCour avait 6voqu6 devant 
elle Tinstruction de ces pgnibles Iv&nements, Ala suite deson enquftto, 



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31* " H1ST0IRB UB NIMES V "^ 

plusieurs personnes furent arr£t6es et traduitos devant .la cour 
d'assises de la Drdme, la cour d'assises du Gard ayant 6t6 r£cus£e 
pour cause de suspicion legitime. 

Le crime du 27 avril qui avait amen6 la mort d'un jeune homme 
calholique, Igonny, tu6 dans les conditions que j'ai rapport6es, 6tait 
reproch£ i deux personnos contre Icsquelles, cependant, on ne put 
Clever que des charges insuffisantes, des pr&omptions contradictoires, 
aboutissant k un acquittement. 

Celui du 4 juin, dont fat victime un protestant Jean Gros, entratna 
la comparution sur le banc de3 assises de plusieurs individus et se 
termina par la candamnation de trois d'entre eux dont un par contu- 
mace. -- r- - 

Ainsi done, deux crimen que Ton ne saurait trop fl£trir se commirent 
k Nimes. Le premier, sans provocation aucune, en plein jour, en plein 
soleil, sur une place publique, devant une foule considerable ; les 
assaillants sortant d'un 6tablissement connu oud'aulres personnes se 
trouvaient avec eux ; ils y rentrentapr&s le crime. Tout semblait devoir 
les compromettre etlestrahir, tout semblait rendre TimpunitS impos- 
sible el I'expialion inevitable. Et cependant, il n'en fut rien. 

Le second crime fut commis au milieu du d£sor Jre et de la guerre 
civ ile qui r&gnaient dans la cit6 depuis la veille.Les esprits £taient aigris t 
les haines surexcit&s, les vengeances plus promptes quoique toujours 
inexcusables. Un homme avait 6t& assassin^ dans unlieu desert ; le mys- * 
tfcreje plus profond environnait les details dece dramesanglant. Et, ce- 
pendant la lumi&re fut faite, les coupables se Irouvferent, lesauteurs ou 
les complices furent arr6t&, et, gr&ce aux efforts d'une volont£ pers6v6- 
rante, le r&ultat fut obtenu, le but fut atteint, une condamnation fut 
prononc6e. 

Ce rapprochement, toute la ville le fit, et il 6tait impossible qu'il. ne 
fut point fait. Si Ton pouvait se ftliciter qu'un attentat criminel ait 
6t6 s£v6rement puni par la loi, il gtait k dgplorer qu'un autre coupable 
rest&t indemne et charg6 seulement des remordsde sa conscience. 

Le Conseil municipal de Nimes, i son arriv^e aux affaires, avait eu 
k se pr6occuper de plusieurs questions urgentes. La premiere d'entre 
elles regardait r Academic de Nimea. Un arr6t6du7septembre1848 
avait, par une nouvelle circonscription des Academies universitaires 
suf>prim6celle de Nimes. Cette derni&re remontait k la constitution 
m6me de r university, sous l'Empire, en 1807. 

Le Conseil prit k cette occasion 6nergiquement en mains la defense 
desintlrttsdela Till*. 



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.y . » • * O 



ANftftB IS4S (*iea*tre) M 

« On sffectetropgeneralement,dit la deliberation prise fccette oc- 
casion, deconsiderer la villa da Nimes com me une cite mercantile,, 
exclusivement livree aux operations de 1'industrie. Nimes est, il est 
vrai, le centre industriel da Midi de la France, raais est-ce nne raison 
pour ledesheriterdes institutions purement litteraires T 

» On centralise k Aix et k Montpdlierrenseignementsuperieur des 
focultes sous le vain pretexte qae ces etablissements s'appellent les- 
un* les aotres, et par uoe inconsequence des plus regrettables, quand 
il s r estagi decider la troisi£me 6oole des Arts-et-Metiers, les condi- 
tions toutes speciales de la ville de Nimes, sous le rapport du develop- 
pement des arts industrials et mecaniques, ont encore ete meconnues . 
au profit de la ville d'Aix. Cost un devoir pour la vilje de Nimes 
de reclamer contre ce partage in6gal de de 1'enseignemeot superieur. * 
» On peut d'ailleurs ' reprocher k la nouvelle circonscription des 
academies d'eioigner consideraUement certain departements de leur 
nouveau chef-lieu academique. » 

LeConseili&lamaitdoncinstamment par suite des considerations 
qui precedent le maintien de 1* Academic universitaire de Nimes, et 
proposait en consequence de modifier pour certains departements m6- 
ridibnaux, les dispositions de Tarrete du 7 septembre 1848, en don- 
nant k Y Academic de Nimes cinq departements : le Oard, rArdfahe, 
la Loz£re, Yaucluse et la DrAme. 

Une autre question s'imposait aussi d'urgence k l'examen du Consejl, 
celle des finances. La periode que la ville venait de traverser avait 
ete desastreuse pour sa caisse. En effet, si d'une part, il avait fallu (aire 
face k des depenses considerables pour entretenir pendant longtemps 
des ateliers de travail et donner ainsi k vivre k la population ouvridre, 
de l'autre la crise commercial industrielle pesait lourdement sur notre 
place ; les reven us divers dela ville ne rentraient qu'avec la plus, ex* 
treme difficulte ou ne rentraient pas du tout. 

De plus la municipality transitoire, nommee au lendemain des jour-, 
nees defevrier par lecommissaire extraordinaire de la Republique, 
avait d A faire face k une situation difficile. 

Par deliberation du 22 mars 1848 elle d£cida que pour subvenir *aux 
besoinsextrabrdinairesde 1848, il. y avait lieu de souscrire un em- 
pruntde 400.000 Cranes* 
La ville affectait au rembouraement de cet emprunt : 
1 # Une taxe sur leschantiersde construction. 
2* Une augmentation sur l'article relatif aux bois de service qui eq 
eie?erait le taux de 0.15 c. le myriagramme. 






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3*0- • ' HISTOIRB DE NIMES -^ 

3 # La perception de dix centimes additionnels sur les quatre contri- 
buttons directes 4 partir de Fannte 1849. . 

Ces dix ann&s correspondaient audllai demands par la ville poor 
ae lib&rer de Femprnnt. • 

Le Commi8saire extraordinaire de la R6pnblique, saisi offitiellement .' 
de la question, autorisa la realisation de Femprunt par des souscriptions 
volontaires, mais il demandait en mdme temps que, k d&aut de cellos- 
ci,ia caisse desdipdts et consignations flit autorisle k completer le reli- 
quat jusqu'4 concurrence de 400.000 fr. Le ministre des finances par 
d£p6che da 6 mai annon$ait mettre 41a disposition de la ville par 
Feptremise de de la caisse des d£p6ts et consignations une somme do 
100 4150.000 francs. _ 

' Les souscriptions r£alis£es s'&evaient alors k 270.000 fr . il fnt d6cid6 
d'&ever le chiffre de Femprunt k 450.000 fr. Mais le directeur dela 
caisse des d£p6ts et consignations, revenant sur les engagements 
du ministre des finances, annon$ait que la caisse ne pouvait prMer 
que 100.000 fr., remboursables dans nnd&aide cinq ann6es seule- 
ment. D4s lors la ville au lien de 450.000 fr. n'en avaitplus que 
370.000 4sa disposition. Encore faut-il ajouter que la somme offerte 
par lescapitanx priv&, ne rentrait qne difficilement et qu'il s 9 en fal- 
laitde beauconp qne la caisse mnnicipale pAt arriver an chiffre fix£ 
par Fancienne municipality . m t \ 

Qr 4 ce moment oil le Conseil, rtiguli&rement 61u, prenait les rftnes 
de Fadministration, 320.000 fr. 6taient d6j4 dlpensls alors qne Fhiver 
s'approchait difficile 4 franchiret que la situation commerciale 6tait 
plus qne compromise. 

En presence de cette situation, le Conseil,appuyantde tons ses voaux 
les diverses considerations quilui furent exposes par la commission 
des /inances, d&ib&a qne la ville acceptait d'ores et d6j4 le prfit de 
100.000 fr. offert par la Caisse des d6p6ts et consignations, mais sup- 
pliait le ministre des finances d'61evar ce prttau chifire maximum 
de 150.000 francs avec un dfflai de dix ans pour le rembourse* 
ment. 

La situation financj&re prfoocupait 4 tel point nos £diles qu'ila pri- 
rentau 21 octobre 1848 la deliberation suivante: l 

» Consid&ant que la ville da Nimes estmenaoSe d'une reduction 
considerable dans les recettesprivues par Fexercice 1848. 
» Que les revenus de Foctroi notamment pr&entent, an 1"octobre,une 

diminution de 54.000 fr. sur les provisions. Que les sources des reve- 
nuscommunaux, telle* que les penniade chasse et autres dont les 



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' ANlffcB iS4S(**s:mcstie)' .321 

• - * - . •*.>."' 

produits ne sont pasgarantis par unprix de ferme, pr6sentent les 
m£mes chances de diminution. 

» La villede Nimes sollicite pour 4848 le dlgr&vement del'iropdt 
extraordinaire des 45 centimes d6cr&6 par arrttS da Gouverne- 
ment. » " 

Oa sait ce qu'&ait cet impdt de 45 centimes, qui fut le pins impopu- . 
laire et le plus exorbitant detous. 

En fait, la caisse municipal© avait 4 faire face k des engagements 
considerables qui m£ritent d'fitre succinctement rappetes, car si nous 
avons vu les municipality sous la royaut6 constitutionnelle manier 
avec prudence les finances de la ville au mieux de ses int6rets, il im- 
porte de constater aussi quele Conseil 6lu en 1848 sut t au milieu 
d'6vcnements de la plus haute gravity des boulever3ements les plus 
Granges etles plus ruineux, preserver notre ville d'une ruine com- 
plete tout en r&ervant l'avenir dans une large proportion. 

Au 31 d&embre 1848, la dette couranta de la ville se composait 
comme il suit : 

Les grands travaux terminus on en cours d'exlcu- 
tion s'61evanli • . . . # ". ..- . • • . . 567.220 

Les acquisitions pour agrandissementf ou ain61iora- - 

tion d'&ablissements publics. . . . .... 188.894 18 

Les acquisitions pour percements on 61argissement 
des roes ot places publiques • • : • • . • • 393.955 26 

Les subventions extraordinaires et dlpenses diverses . 79.870 90 

A quoi il fallait ajouter le montant des dlpenses di- . ' 
verses et extraordinaires faites k la suite de la Revolu- 
tion de f^vrier . . . ... # .... . • .. 420.000 

Et enfin une r&erve pour faire face itoutes les 6ven- . 
tualitls de la mauvaise saison etdes crises de toute 
nature* . -. . . . . . . ••• . V ., . . 350.000 



Soit, au total, un passif de 2.000.000 

Pour faire face k ses engagements multiples la ville n'avait jusque- 
14 eu recours qu'A un impdt de 10 centimes surle principal des quatre 
contributions et encore cet impdt extraordinaire ne devait-il etre pet^a- 
que pendant dix ans et k dater du i- Janvier 1849. II 6tait sp&nale- 
ment dA i Fitat de arise provoqul par la Revolution de flvrier. 

11 fut done d6cid6, sans recourir 4 d'autres impdts extraordinaire*, 
d'op&er cette liquidation avec les seules ressources de la citf. On con-> 

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yiot pour payer ,les dlpenses ex6cut£es ou to m&rchds con- ^ 
clus et uon sold& et se montant 4 1.230.000 fr. do crier et d'lmet- 
tre des obligations de 500 fr. jusqu'lt concurrence de cetle somme, 
obligations remboursables parvoie de tirageau sort Itpartirde 1851, 
rapportant 5 0{0 d'int£r£ts, en plus de contractor un emprunt de _ 
350,000 fr. pour constituer un fonds de prgvoyance. 

La ville affectait k l'amortissement g£n£ral de sa dette un pr£l&ve- 
roent annuel de 200.000 fr. sur ses revenus, et demandait I'autorisa- 
tion de vendre l'ancienne 6glise Saint- Paul, l'ancien cimeti&re da che- 
min d'Uz&s, lesboisetgarriguescommunales. 

J*ai insists sur ces details financiers nn peu arides pour bieri faire 
comprendre la resolution aveclaquelle la nouvelle municipality abor- 
dait son oeuvre de restauration, car quelques mois de R6publique 
avaient suffipour jeter Kimes, comme la France enti&re, dans la. plus 
compliqute des situations Iconomiques, bouleversant toot et ruinant 
sans pitte ce que dix-huit ann&s d'une paix f&onde et d'un travail 
opini&tre avaient pu 61ever. 

Le Conseil s'occupait en memo temps d'augmenter les ressources que 
procure FOctroi en 6tendant le rayon de perception , dans le double 
but d'atteindre la firaude en facilitant la surveillance et da frapper 
tontes les exploitations qui cherchaientun privilege hprs de l'enceinte 
des rayons. Un plan fut dress6 k cet effet. 

La nouvelle circonscription annexait entre le Puech de la Orue 
jusqu'au chemin de la Rouquette, une mltaiiie avec jardin potager, 
qui servaitd'entrepdt k la tuerie clandestine des bestiaux, le four k 
chauxdeJapavairo, et unebuvette trfca fr£quent6e ctenue par un 
fraudeur, dit la deliberation du Conseil municipal, qui a subi plusieurs 
condamnations > . 

Au sud de la ville, il entrait dans la nouvelle circonscription quinze 
'jardins potagers avec bAtiments d'exploitation, deux ou trois de ces 
jardins abritaient des tueries clandestines et servaient d'asile k la 
fraude. 11 entrait £galement les entrepdts ftablis dans l'ancienne 
fabrique defaience.de Roux, et le four a ch*ux de Valentin. 

D^sce moment, la ligne d'enceinte reiifermait indistinctement tons 
les fours Achauxetcette disposition prdsentait. l'avantage de mettre 
fin aux discussions incessantes 61ev6es entre les chaufourniers de Tin- 
tlrieur et de l'dxt&ieur. 

Le Conseil approuvait 6galement la construction de deux petits pa- 
vilions sur la facade du nouveau marche aux bestiaux, rue du Mai), 
et celle de deux hangars aux extr£mit6s du marchd pour abriter les 



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ANNftE 1841 (t semcslre) 313 

bestiaax en cas de mauvais temp*. En joignant k oes travaux retablis- 
sement de murs de cldture, le Conseil rappelait dans sa deliberation 
que la ville n'avait pas k (aire les frais de premiere installation da 
march6, mais qu'elle en conc&derait la (erme grata i to k an entrepre- 
neur qai so chargerait d'ex&uter les constructions n^oessaires. 

Par one deliberation prise k la memo epoque, le Conseil, sur le vu 
d'une lettre du pr6fet da Gard, en date du 2 decembre 1848, acceptait 
avec reconnaissance Toffreque lui faisait le Gouvernement d'allouer 
on credit de 3.000 francs k la restauration de 1'amphitheitre romain 
et anesomme de 16.000 francs aux travaux de deblaiement et de res- 
tauration de la Porto- A uguste. 

En rotour,la ville prenait k sa charge les depenses accessoire? du pro- 
jet, et notamment cellos qui resulteraient de la necessite d'ouvrir one 
nouvelle issue k la caserne de gendarmerie, instaliee k celte epoque 
entre le Grand-Temple et la Porte-Auguste. CTest Tantiquaire Pelet qui 
iut charge de conduire cos travaux. sur lesquels nous anrons k re- 
venir. 

Au moment d'aborder laseconde ann6e de ce regime qui s*etait 
impose 4 la France, il estnaturel dejetersur I'annee memorable que 
nous venons d'examiner an coup d'oeil en arri&re. On reste confondu 
du tourbillon dans lequel la France afiolue fut emportee oontre son 
propre gr& 

En quelques heures 9 one royaute paraissant sAre d'elle-mdme avait 
succombe devant les masses d'insuiges jetees par le souffle revolution* 
naire dans la rue. Ce qui paraissait si fort, si enracine, s'evavouissait au 
milieu de la fumee d'ane bataille k peine engag£e et dans laquelle 
Tarmee elle- memo etait debord6e par des colonnes civiles mal orga- 
nise. Et pendant que le vieux Roi, entoure de sa famille et de ses 
amis, gagnait peniblement l'Angleterre k la favour d f un d^gaisement, 
les drames les plus sanglants desolaient le terriloire fran^ais bier si 
tranquilly les ruines s'accumulaient dans notre patrie hier si prospire 
et le pays marchait k sa perte prfit k sombrer sous les coups r^pet£s 
d'aneanarchie impitoyable. 

Pea k pea la Prance so ressaisissait elle-m&me et so sentant entral- 
nee aux ablmes par des mains coupables, faisait an violent effort en 
arri&re, gr&ce k cet instinct de la conservation qui anime aussi bien 
les nations que les individus. Elle avait soil desecurite, d'ordre, de 
protection, de vie, et sans marchander, sans peser aucune consequence 
de son acte irreflechi, elle so jetait nop dans les bras d f un homme, 
maisfcl'abri d'un nom qu'ellene pronon$ait encore qu'avec une sorte 



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HISTOIRB DB NIlfBS 



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d'enthousiasme. Etl'exite d'hier, k peine con mi, & peine entrevu, qui 
n'avait encore rien fait pour le pays, k peine sa patrie, qui avail orga- 
nist des lentatives romanesques, 6tait, d&s sa candidature po$6e,. hiss6 
k la premi&re magistrature de l'Etat par une sorte d'acclamation 
irresistible, qui doublait son prestige. 

La France avaitassez de ces inconnus ambitietuc, intrigants d'un 
jour, utopistes et rgveurs, qui avaient essay£ au lendemain de lad£b&» 
clede laroyaut6 constitutionnelle de la raettre en coupe rlglle sans 
autre souci que la satisfaction de leurs propres d&irs et l'assouvisse- 
ment de lears passions politiques. Lasse de ces personnalitls re- 
muantes, 61ev6essorle pavois d'une population malsaine, flottantdans 
le vide, dans Finconnu, sen tantses forces s'6puiser, elle avail abordS 
au premier port venu sans s'inqui6ter du lendemain. A la fin de cette 
annte 1848, elle revenait k peine de son dtonnement, de son yerlige et 
reprenait peu k peu le sentiment deson existence. 

Nousallonsla voir, tout heure use d'avoir 6chapp6 au naufrage, se 
mettre rapidement en mesure de porter remade k sa situation pr&ahre, 
et de panser ses blessures . 



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CHAPITRE DIX-NEUYlfiME 



(Aonee itif) 



SOMMAIRE 



I/Etat do pais es 1819. — Agitations axabcbiqves, — Lm euectobale. * Lit 

CoMITES BLECTOBAUI. — RAdllOH Dl LA BOB DB PoTTlBBS. — Lit ELECTKHCS LBGtt- 

latiybs a Nodes. — Lbs questions bocialbs ^ p*oposrno:t db M. Cubkibb. — . 

TbAYAUX BC GOXSEIL XCXICIPAL. — ETAT BBS DIFPBBE2ITS TBAYAUX COMMCftAUl. — 

La po.vtaccb Pbadibb. — Lbs decobatioss be l'bguse Saist-Paix. — Bxposmox. 

DBS BbACX-AbTS A NlMBS. — POUILLBS AU TEMPLB DE DlAXB. — RBSTAITBATtOJI DB LA 
POBTB-ACGCSTE. — fcCAITGUBATI02f DB L'BGUSE SaECT-PaGL. — LlACGCBATIO* BB LA 

status db Saint Loins a Aiguesxobtbs. — Lb cboleea a Nubs — Lbs texta-th e* 

AXABCHIQUES BB JCCf . — EXPEDITION DB ROME. — MOBT BB M. DeBEAIKCB, BEPBESESTAKT 

du pbuplb. — Appabjtmx db VOidium. — Gdcp b'ceil gexbbal sob la situathm 

DO PATS. ~ . . . 



Si la France avaitenfin recouvrS une tranquillity apparente, si la 
mteanisme gouveroemental pouvait fonctionner librement et rassurer 
les interets do tous, il restait beauconp k faire encore. I/enlrainement 
r&rolutionnaire 6tait, il est vrai, enray£; la revolution sociale toujour* 
prete 4 s'6lancer sur le pays, condamn6eaTimmobilit6; la Constitution 
Yot6e; mais des lois puissantes attandaient d'etre examinees, totdes 
et promulgates, les finances nationales mSritaient ane attention sou- 
tenue; lei relations extSrieures n'6taient rien moins que pacifiques, en 
un mot la nation devait reprendre sa t|o nonnale. 

Lepays estimait que ce travail de reoonstitution sociale, de restaur 



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SIS HIST01RB DB NIMES . • 

ration mat£rielle n'appartenait pas 4 ceux qui n'avaient rega pour 
mandatque de faire tine Constitution, d'6tablir un gouverriement r6- 
gulier et rien de plus. Un courant 6nergique se produisit, k la suite de 
Election du i d6cembre 1848 demandant la dissolution de l'Assembljge 
nationale pour faire place k une Assemble legislative. 

-Une fraction de Y Assemble constituante s'insurgea <5ontre cette doc- 
trine et, chose curieuse 4 constater, ce fut prdcis^ment dans cette partie 
de nos Parlemects oil sifegentd'ordinaire ceux qui se disent lib£raux, 
republicans, serviteurs de la democratic, sur la JUonfagne en un mot, 
que Ton trouva une hostility marquee contre la dissolution. 

La proposition Rateau qui tendait k ce r£sultat et que combattaient 
tous les Montagnards ayant k leur tete M. Grfvy, ne fut Yot6equ*& une 
faible majority grice k un remarquable discours de de Montalembert. 
Battu k la Chambre, le parti soi-disant d6mocratique n'hlsita pas. II 
eut recours k la rue et k ses ddsordres. 

€ L'ordre social vient d'etre menace encore une fois, disaitle minis- 
tre de rintArienr, L6on Faucher, dans une proclamation, par ces 
memos hommes qui l'attaqu&rent dans la journde dejuin. Les projets 
deces homm as n'ont pas change. Ce qu'ils veulent emp&her k tout 
prix, c'est le retablisseraent d'un gouvernement r£gulier et honnete. 
Ce qui leur faut f c'est un regime d'agitation perp&uelle, l'anarchie, 
la destruction de la propriety, le renversement de tous les principes. 
(Test le despotisme d'une minority qu'ils esp&rent fonder, en usur- 
pant comme un privilege la propriety commune, lenom sacrf de la 
R&publique... » 

Ce n'6tait pas seulement Paris que le mouvement anarchiste mena- 
$ait, c etait encore la province. A Marseille, k Lyon, k Chalons-sur- 
Sadne, k Macon, k Strasbourg, k Limoges, k Troyes etsurbien d'autres 
points des tentatives de d£sordre, des rassemblements . tumultueux, 
des manifestations viol en tes do rent 6 tre reprimees oucontenues par la 
force armte. 

Sur la frontiere du Nord-Est et sur celle de l'Est, on introdnisait 
clandestinement des munitions de guerre. Aux abords de la capitate 
des bandes nombreuses sillonnaient les routes, accourant k Tappet 
des chefs de remeute. On pouvait se croire k la veille des journtes 
dejuin. \ 

Dejoues une premi&re fois, les democrates profit&rent de la premiere 
occasion pour recommencer k nouveau. Tout leur 6tait preteite k trou- 
bles. Le 24. f6vrier so cei6bfaavec une certaine solennite i'anniver- 
sairedu24«vrieM848. 



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Qopgle 



ANNftB ISI9 m\ 

II n'en fallut pas davantage pour que plusieurs villes fussentmena- 
ceesd'une emeuterepublicaine.' Clamecy, Toulouse, Aach, Narbonne, 
tJzfes furentletheitre dedesordres graves. 

Nimes fut heureusement ezempte de cette agitation, et la c6r6monie 
dont nous Tenons de parler s'acooraplit an mflien da plus grand calme. 
Conform£ment k la proclamation du maire, M. Eyssette, des services 
religienx commemoratifs et d f actions de gr&ce farent c6Ubr6s k onze 
heures du matin k la cath£drale, dans le Grand Temple et 4 la Syna- 
gogue. Pendant ce temps, l'artilleriade la Garde nationale plac6e sor 
F Esplanade, exlcutaif une salve de vingt et an coups de canon. 

L'altitude de la majority qui avait conquis l'Hfttel de Ville k coup 
de bulletins de vote, etait d'ailleurs d'une correction parfaite. 

t II y a un an, disait son chef, premier magistrat de la cite, qu'i 
pareillegpoques'accomplissaientde graves etsolennels £v&nements. 
Tout un systfeme de monopole s'ecroulait aux cris de vive la R^forme, et 
la France eutrai ton possession d'une imp6rissable conquete, le suf- 
frage universe!. 

• Rallions-nous tons k ce grand principe, germe fecond de tout 
progr&s, noble sauvqgarde de l'ordre, de la vraie liberty, de la civili- 
sation. Demeuronsunis dans une m&me pensee de conciliation, de fra- 
ternity, de patriotisme, et le suffrage universe! donnera k la R6pu- 
blique des jours prospires et glorieux »*. 

tfetaitbien Ik le fidfele langage de la majority qui se ralliait k an 
gouvernement essentiellement conseryateur et respectueux des droits 
et des opinions. On pent se felieiter que spuscette administration toute 
catholique, pendant que tout autour de la ville les. d&ordres, les rixes, 
les emeutes ne cessaient de r£gner en maltres dans la rue, notre cite 
ait pa £tre pr&ervde de ces agitations dangereuses qui se transformed 
si ais^ment k Nimes en lutles fratricides. 

D'ailleurs, tons les partis suivaient attentivement les deliberations 
de l'Assemblte nationale qui avait enfin pris la resolution de se 
retirerapris reiaboration d*une lot electorate. 

Depuisle commencement de fevrier cette loi etait pendante devant 
F Assemble et avant sa promulgation se constituaieot de tons o6t£s 
des comites eiectoraux destines k pr6sider anx elections legislatives 
prochaines. A Nimes 9 'le premier pas etait fait par quelques citbyens 
oil Ton retrouve aisement le noyau qui pendant dix-huit ans avait 
soutenu la monarchic constitutionnelle. II estintlressantde consigner 
ici le programme general qu'ils adress&rent aux eiecteurs en vue d'6- 
tablirunComitedefinitif. - \ 



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HISTOIRB 1>E NIMES V ^ : 


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• V * V j\-_ . - t Nimes, le8 mars 1849; 


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» Monsieur et cherConcitoyen, . 






i L'61ection g£n6rale des membres do FAssembiee Legislative est 
prochaine, et chacun s'accorde A reconnaltre que la composition de 
cette Assemble doit ezercer une influence decisive sur les destinies 
denotre ch&re patrie. 

» La France, au grand prejudice de laquelle se sont agit£es tantde 
passions perverses, et qui a tant souffert dans ses int6r£ts moraux et ma- 
Uriels depuis un an 9 retombera-t-elle, par sa complicity ou par son iner- 
tie, entre les mains de ceux qui Font mise & deux doigts de sa perte?... 
Ou bien, renou velant le sublime effort qu'elle a fait dans Election du 
10 d&embre, en finira-t-elle, par une de ces declarations de Volont6 
auxquelles one grande nation ne supporte plus d'hostilite et de re- 
sistance, avec les hommes de l'anarchie et du despotisme d&nago- 
gique 7 # " '*"._-' 

» Telle est la question redoutable que les procbainas elections vont 
r&oudre. 

» Sa solution favorable doit exciter au plus haut degr£ les desirs, le 
zfcle et le. devouement de tous les bons citoyens. . . . Nous sommes de 
ceux qui ne veulent rien gpargner pour TobtenirJ | 

» Deux symptftmes, ou plutOt deux faits caract&ristiques et encoura- 
geants, nous paraissent destines k amener la realisation de nos esp£- 
rances.... Nous voulons parlor de Funion intime qui s'est retablie 
aujourdliui entre les anciennes nuances qui ont divise un moment le 
grand parti constitutional, et sqrtout, du rapprochement autrement 
significatif et providentiel qui s'opfere chaque jour entre tous les hom- 
mes debien t fc quelque ancien parti qu r ilsaientappartenu t et qui est 
destin^i faire cesser partout, au plus grand benefice de la" cause de 
Fordre et de la paix, des dissensions regrettables. 

» Cest principalement pour nos contrfes meridionales, et en particu- 
lier pour notre departement, que nous oousf&icitons de ces heureuses 
tendances, et nous avons pens£ qu'il nous etait reserve, 4 nous habitants . 
du chef-lieu , de prendre Finitiative du grand mouvement electoral 
qu'elles doivent prod ui re. ^ \ 

. m Rechercher, au point de vue des intlrftts g£n£raux du pays, des 
hommes capables et fermes, 6nergiquement disposes k preserver la 
R^publique des dangers auxquels l'exposoraient les doctrines qui vou- 
draient en faire une institution de violence et de spoliation! k aider de 



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tons lea efforts, deleur sympathie et de leor devoAment, VElu do la ' 
nation dans la noble ttche qu'il s'est impose, et k soutenir avec ri- 
gaeur le Goarernement act u el dans la lutte courageuse et digue qn'il 
8outient contre les passions antisodales ; 

• Au point de vue de la politique departemen tale, reconnattre et con- 
tribuer 4 faire consacrer par Election les droits de la majority de la 
population ; faire admettre, dans nne transaction Equitable, et lutter 
an besoin, avec tons les hommes impartiaux et jnstes pour faire res-, 
pecter les droits non moins certains d'nne minority considerable qui 
a des intents slrieux et importants k faire defendre dans la represen- 
tation locale ; 

» Travailler ainsi efficacementfc la conciliation des espritset kla 
consolidation de la R6pub1ique dans les voies de la moderation et de la 
probite ; ' - 

' » En un mot, r^aliser, dans le Gard, Tceuvre entreprise et poursuivie 
par la portion eminente et considerable de I'Assembiee rationale, 
connue sous le nom de reunion delaruede Poitiers, la realiser parmi 
nous au profit de la m£me cause et par les mdmes yoies ; 

» Tel est, Monsieur et cber Concitoyen, lebutque nous youdrions 
atteindre, telle est la mission k laquelle nous nous permettons de yous 
convier. : " ' 

. » Si. comme nous Tesperons, elleobtient votre sympathie, veuillez 
assister k une reunion generate qni aura lien k Nimes 9 le dimanche /* 
mars couranl, a midi, dans une salle da Peneionnai Normal, rue de* 
F bites, reunion k laquelle yous nous Yerrez entoures de tons nos 
amis nimois et des deiegues de tons les cantons, qui aura pour but 
d'organiser unComite departemental charge de mettre en ceuvre les 
moyens d'execution que les circonstances pourront indiquer. 

Veuillez agreer 9 etc. / 

Les membres de la Commission priparakrire : 
Mourikr atne, Cavaillom, Daunant atae, Cosrn Casimir, 

MfrANBLLB-VlNCKKT, AjCALRY Numa v DB LA FaRBLLI, 

Sagnikr-Tbulon , Valz Adolphe, CAzbing Auguste, 
Granier Jules, Michel Casimir. 

A ces noms furent ajoutes : MM. Emile Gausse, Coumert, de la Cor- 
J>i*re, Duminy, Aurivel Froment, Fabre Finiels t Mouret Engine. 
En mfime temps se formait k Paris an Comite de resistance sociale 



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33# . v HIST01RB DE NTMES ^ 

contra les anan&istesetlessocialistes. Co fat le c6tebre Comite do la 
rue do Poitiers dont le manifesto point la situation du pays, les pr6oc-" 
cupatipnsqui assiegeaient les esprits, les angoises do ravenir f 6tlo 
forme desir d'arracherla nation aux esp£rances cqupables d'nne poi- - 
gn6e d'agitateurs. 

» Paris, H mars 1849* 
» Aux Electeurs. 

» Bn presence dos graves dangers auxquels la France a et6 expose© 
dansces derniers temps, dos homines do toute opinion, do toute origin© 
so sont rdunis pour defendre en oommun la socieie menacfe. Ken que 
les unset les autres, ranges autrefois dans des partis diff&rents, so 
fussent longtemps et vivement combattus, ils ont oublie lours ancien- 
nes divisions pour s'unir oontre l'anarchie, et, s'ils n'ont pas toujours 
reussi k faire le bien, ils ont du moins contribue souvent k empecher 
lemal. Cette union toute spontanea s'est manifesto© partouti la fofs, 
dans les deliberations de 1* Assemble© constituaute, dans les Elections, 
dans rempressement des gardes nationales k conoourir avecnotre brave 
armeek la defense de l'ordre public. Loin devoir dans un pareil rap- 
prochement un abandon de principes, la France y a vu un noble d£- 
sinteressement des partis, pla$antbien au-dessus de tears predilections 
particuliferes l'inter£tde lasocieteen peril. BientAt elle a donne elle- 
memo un semblable exemple en a'unissant prosque tout enti&re dans 
reiection du 10 decembre, pour choisir entre les candidats que portait 
le parti moder6, celui dont le nom lui faisait espdrer raffermissement 
de l'ordre etdel'autorite. En cette occasion, comme dans les pr6c6- s 
dentes, le r^sultat a complement justifie le sentiment qui la faisait 
agir. 

• Le danger qui nous menace, pour etre aujourd'hui moins appa- 
rent, n'en est pas moins grave. La faction insenste qui a la pretention 
de changer toutes les conditions de la societe humaine, famille, pro* 
priete, religion, et qui, si elle pouvait reussir un seal jour, plonge- 
rait dans la misfere ce peuple qu'elle pretend'appeler an bien-etre, 
semble moins dispose© en ce moment k employer la force ouverte. 
Mais elle s'attache a miner redifice social qu'elle desesp&re de renver- 
ser violemment, et die y travaille sans rel&che par la plus constant©, 
la plus perfide propagation de doctrines anarchiques et subversives, 
Elle so flatte qu'en accordant an pays un calme raomentane, et laissant 
sa vigilance s'endormir un instant, elle reussira k le surprendre ou 



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• ANNfeB ISO , 131 

inattentif on divise. n faut done lui oppoeer les moyens qui nous out 
aide 4 traverser sans pdrir la plus affreuse tourmente, la Concorde 
etla perseverance. Unissons-nous autour du gouvernement qui vient 
de s'etablir au sein de la Republique, pour le soutenir, le seconder, Jo 
maintenir dans les voies oh il est oourageusement entri depuis son 
av&nement. L 9 Assemble oonstituante ayant assign^ un tenne 4 son 
mandat, et ordonn6 des Elections prochaines, attachons-nous k 61ire 
une nouvelle Assemble prudente, ferine, 6clair6e, qui use des immen- : 
80s prerogatives que la Constitution lui donne pour aider le pouvoir, 
non pour l'ebranler, qui suppiee par sa sagesse 4 oe qui manque 4nos 
institutions, qui s applique i les am&iorer par les voies legates, et 
rtussisse definitivement k sauverla Prance de lacrise effrayante dans 
laquelle elle se trouve engagee. 

. » Mais pour faire sortir du suffrage des eiecteurs une telle Assembiee 
il faut que l'union, qui nous a dej4 rendu de si grands services depuis 
one annte, continue 4 se maintenir. La reunion de la rue de Poitiers* 
qui a donn£ l'exemple de ce rapprochement de tons les anciens partis 
pour la defense de l'ordre social, a cm que c*6tait k elle k prendre 
l'initiative. Elle achoisi dans sonseinnne partie d'entre nous pour 
composer un comite Electoral k Paris. Bile ne s'en est pas tenne 14, et 
elle a voulu leur adjoindre, soit dags l'Assembiee rationale, soit hors 
de cette Assemble, les hommes dont le concours lui semblait u£ces- 
saire pour representor plus complement toutes les nuances de l'opi- 
nion mod6r£e* • 

» Le comite central qu v elle a ainsi forme, en s°adres«ant 41a France 
entifere, n'a pas la pretention de dieter, ou m&me de sugg£rer des choix 
aux departementsjustement jalouxde leor ind^pendance. CJette ind6- 
pendance est plus que jamais respectable et desirable, car elle doit 
apprendre 4 l'esprit de d&ordre que, vint-il 4triompher un moment 
sur un point du territoire, il n'aurait pas pour cela conquis la France. 
Mais nous avonsentendu partout expri merle desir de voir se former 
un centre commun oil Ton pAt trouver an besoin des informations, des 
conseils, des encouragements 4 l'union, et nous avons travailie 4 
I'etablir. Si quelque part les hommes sages, mod6r&, amis de Tor- 
dre, ne savaient pas immoler leurs divergences 4 rint£r£t pressant de 
la 8oci6t6, et que notre intervention amicale pAt les aider 4 s'entendre, 
nous serious heureux de la leur offrir, n'ayant d'autre pretention que 
d'etre utiles par notre exemple et nos oonseils 4 ceux qui voudraient 
y reoourir. N'oublions pas que sous la loi electorate actuelleles raino* 
rites peu vent prevaloir par la division des majority . Do recents et 



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GobgteT: 



• A . — . 



333 



HISTOIRB DB NIMBS 



raalheareux exemples l'ontassez prouv<§ depuis one annSe pour qu'ii 
nesoit pas besoin deles rappeler. Dans unesociete grande, morale, 
edairee commel'estla France, les esprits perverssont toujours en pe- 
tit nombre, et ne peuvent triompher que par la division des bons 
esprits. (Test pour prtvenir le malheurd'une telle division que nous 
nous sommes reunis, et que nous vous annongons la constitution de6- 
nitive du comite Electoral dont les membres ont sign6 la pr£sente 
declaration. » 

Parmi les signataires de oe manifesto, nous remarquons k cdte des 
Victor Hugo, des Thiers, des do BrogTie, des de Moutalembert, deux 
de nos compatriotes, repr^sentants du peuple : Do Larcy et B6chard. 

Si Ton remarque la composition du Comity dlpartemental dont je 
viens de parlor, on pourra voir que pour Nimes, il n'y a pas eu seule- 
ment l'idee de r£agir contre le socialisme et les idees anarchiques qui 
en dicta la formation, mais il y avait aussi le ddsir pour la minority 
vaincue par le suffrage untversel en 1848 de prendre largement sa re- 
vanche. Une autre remarque k faire c'est que pour ce mftme comite 
apparaissait la possibility d'unretouri la monarchic constitutionnelle 
dont les membres avaient 6t£ de fervents adherents. , 

Les elements de la majority etaient tenns k l'6oart .et l'exc&s de 
mau vaise humeur qui avait preside k r Election municipale comme nous 
l'avons vu dans le chapitre precedent explique ais6ment les calculs et 
les intentions de la minority protestante. Le choix des candidats, la pro* 
clamation du Comity les pr&entant aux suffrages de leurs condtoyens 
disent bien que l'entente etait de venue impossible; .impossible 
parce que dune part les exigences de la minority depassaient peut- 
etre oe qu'elle etait en droit d'obtenir, de l'autre parce que les incidents 
eiectoraux de l'annte pr6c6dente etaient encore presents k tons les 
esprits et partant entretenaient dans les deux camps des sentiments de 
m^fiance et de d£pit. Void dans quels termes le Comity departemental 
annon^a au corps Electoral la composition de la liste qu'il avait 
arr6tee. : ♦ 

. » ELECTEORS DU CARD V \ 

* Les i&ultats connus des deliberations de divers comites eiectoraux 
ont determine le Coraite departemental k arreter sans deiai la liste des 
candidats qu 9 il soumet k votre approbation. .- , '-, 



■* * 



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Gpogle 



* ANNtH 4*4* 133 

» Arant de (aire connaltre cettefiste, il doit rappeler, en pea de mots, 
let principes qui ont senri de base k ses propositions. 

9 Sod vobu to plus cher aurait 6\6 qu'une lfsle de fusion, de concert 
entretoates les nuances de l'opinion honndte et rood&rto, donn&t sa- 
tisfaction k ton? lea int£rete legitimes. On obtenait par 14 deux r&ul- 
tats £galemeot desirables, celni de r6concilierdes populations qu'au- 
can dissentiments&rieuxne s6pare, et celui d'assurer, par an concoars 
plas puissant, la nomination d'hommes devours Ala cause d'uue liber- 
ty fondle sur l'ordre etleslois. 

w Si, par des circonstances ind£pendantes peut-6tre des volont£s hu- 
maines, unepareille fusion n*a pu f cette fois ser&diser, ce n'ltait pas 
une raison pour to Com it* de renoncer aux principes sous lesqaels il 
s'ltait form*. Pour y roster fidfele, il devait, d'une part, exprimer 
d'une manifere non equivoque, par Ja composition mfime de sa liste, 
ces pens£es de Concorde destinies k so fortifier, k grandir et k triompher 
an jour des obstacles que lour opposent encore les passions et l'igno- 
rance ; il devait, d'autre part, n'y comprendre que des candidate qui 
dussent servir d'appui it la B6publique mod6r6e, representee en ce 
moment par to President de la R£pablique et son minist&re. 

w (Teat k vous, Electeurs du Gsrd, qu'il appartient de decider si nous 
avons bien compris vos int£r6te et *ros voeux. Lisez notreliste avec 
attention ; soumettez k un examen scrupuleux chacun des noma qu'elle - 
contient ; si ces noms sont ceux d'hommes honorables, amis constants 
de la paix etdu bion public, devours k la cause sacrde de la liberty de 
la propriety, de la religion et de la famille, decides k combattre les doc- 
trines funestes par lesquelles on attirerait sur notre pays la barbarie et 
la mis&re; si, en un mot,ils sont, comme nous en avons la conviction/ 
repression des sentiments que vous 6prouve%commenous, alors, 
nous vonsenconjurons.donnez itnos candidate non-seulement votre 
voix, mais encore Totre concoars to plus actif . Cf est It ce prix seal quo 
voas pouvez obtenir tour nomination* 

» Candidate prisenUs par leComiU dipartemenUdduGard: 

9 MM. Octavien Troupkl ; PiaouzB, maire de Saint-Gilles; Daunant 
aln£ ; Almir Cavalixb ; Pblbt de la Lozfere ; Roux-Caebonhil ; 
Mourieb atn6; Benoist, maltre de Forges • 

II existait d'un autre cfltt on Comite d6partemental compose Ele- 
ment d'hommes mod6r6s, devours k l'ordre public, It la grandeur de la 
patrie, mais qui., par cela mftme que leComitl de la rpe des Flottes 



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0. 



- *■ V \ " , ' v - 



334 HISTOIRB DB N1MES - 

poisait ses attaches dans le parti protestant, puisait les siennes dans le 
parti catholique. Les deux camps allaient do nouveau se troaver en 
pr&ence, lutUnt pour ainsi dire sur le mdme terrain politique. Le 
Ctomit6 catholique si^geait rue Siguier, dans i'ancien hdtel de l'Aca- 
d£mie. II choisit comme candidate; MM. de Larcy, repr&entant du 
peuple 7 BSchard, repr&entant du peuple 9 tons les denxfaisantpartie 
du Comit£ dela rue de Poitiers ; Benoist, ancien d6put6 ; Boux-Carbonnel 
repr&entant du peuple ; de Surville Charles, membre du Conseil 
g£n6ral du Gard ; de la Brugui&re, repr&entant du peuple ; Debeaune, 
propri&aire k Roquemaure ; Ghapot, repr&entant du peuple. 

On remarquera que deux noms figuraient it la fois sar les deux listes, 
celui de M. Beaoist, ancien d6put6 et raaitre de forges, et de M. Boux- 
Carbonuel, rapr&entant du peuple. 

Les deux listes sepr&entaientavecle rafime programme, la mdme 
formule politique. II faut ajouter, magnifique exemple de discipline 
qui devrait aujourd'huitrouverdesiroitateurs nombreux, qu'en cette 
circonstaoce chacun sut (aire son devoir avec une abnegation digne 
d'floges. 

One partie de la population, toujours fidfele it ses rois legitimes, 
s'6tait pr£occup£e de ce que certains noms de ceux qu'elle 6tait 
habitude k voir marcher k sa tSte ne figuraient pas snr la liste. Mais 
ces chefs eux-m6mes furent les premiers k venir non pas la ras- 
surer, mais surtout l'engager k allerau scrutin enrangs serrta, car, 
dans ce moment de p6ril social, il fallait savoir immoler au bien public 
ses affections etses preferences particuli&res pour sauvegarder la fa- 
mille, la liberty et la religion. 

Aussi ce futun mot d'ordre, spontan6ment adopts, dans le parti ca- 
tholique : « Union, toujours et quand mfime. » 

Ten trouve la preuve dans plusieurs documents de l'6poque qui ont 
leur -importance it ce moment d£licat de notre histoira locale. Le pre- 
mier de ceux-ci est une adh&ion de la society Saint-Charles-Bor- 
rom£e. . 

c Nous croyons devoir faire conhaltre la pensle de cette soci£t£ tout 
entiira relativement an* prochaines Elections. 

» Places entredes noms ^gajement honorables, et dont la significa- 
tion politique est abeolument la mfime, nous h&iterions peut-Gtre, 
si nous ne voulions, avant toui, le succte, et si nous ne savions que 
l'union de tous les bons citoyens peut seule l'assurer . 

» Union, union totyours et quand meme, telle est, telle doit 4tre k 
Nimeset dansle d6partement, notre devise 4 tons. 



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ANNftB 4 849 3S5 

» La soci&6 Saint-Cfoarles-Borromte, Totera done poor la liste rlgu- 
li&rement d6lib6f£e par lo Comit£ central, et elle forme les voaux les 
plus ardent* pour que les chances de pos adversaires ne s'accroisseot 
pas des Toix inutilement perdues par quelques-unsde nos fibres et de 
nosamis. 

» Bakcbl, apprdteur de chiles — Gas, cultivateur — 

Coulit, ouvrier en soie — Chausson, ouvrier en 

. soie'— BoasLLY, ouvrier en soie — DoffAs, ouvrier 

en soie — Louis Polgi, ouvrier en soie — Mbffrb- 

No*, ouvrier en soie. » 

Ce n'&ait pas en vain que ces honorables ouvriers, faisant le sacri- 
fice de leurs convictions legitimes serraient les rangs des dtfenseurs de . 
I'ordre menac£; les adversaires de la liste du Comit£ d£partementai 
catholique multipliaient les intrigues pour£vincer MM. de Surville 9 
B6chard, Chapotet Roux-Carbonnel, pourmettrei leur place quatre 
republicans rouges. 

Aussi les protestations d'union indissoluble s'accentuent-elles dans 
une telle occurence. Aprfts la soci6t6 Saint-Charles-Borromte, la*oci6t6 
philanthropique de Saint-Baudile manifesto hautement ses sentiments 
dans une proclamation chaleureuse. 

« Catholiques avant tout, disent les signataires decette pifece, amis, 
du principe et de Tordre, la soci6t6Saint-Baudilevotera comme un 
seul homme pour les noms sortis de Turne du Comit6 central Electo- 
ral, noma qui sont lous honorables etrepr&entent I'int6r6t de notre 

» Loind'elle une seule pensle de disunion 1...0hl s'il lui ftaitdon- 
n6 de voir tin & tin ses fr&res les ouvriers, elle leur dirait le cceur sur 
la main : « Fr&res, unissez-vous, car le temps presse ; si vous reste*d6- 
sunis, prenez garde k Dieu, qui voit tout et vous tiendra compte de 
vosactes. Quant 4 nous nous voterons la liste, rien que la liste, toute 
la liste. 

» -Goudit, oorrecteur d'imprimerio — Oob, impri- 

meur en caract&res — Ributob, marchand de 

' > ■ vin— Gaudibbrt, taffetassier — Laracin b, ma- 

(on — Lavir, ma^ou — Mouilladi, serrurier. 

De tons c6t6s f se multipliaient ces resolutions 6nergiques, presages k 



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3S6 I HIST01KE DB NIMES . 

pen prts certains do la victoire. Le parti mod£r6 catholique attirait k > 
lui les forces vives da parti 16gitimisteetleur union devait frapperun 
grand coup. C6tait la plus sAre barri&re contre la marte montante du 
socialisme devenu chaque jour plu3 audacieux, plus violent et plus me- • 
na^ant. 

Comma le disait dans un magnifiquelangage, Guizot, du fond de sa 
retraite de Brompton, en Angleterre. 

c .... Les £l£raents du parti de l'ordre existent en France. Trois 
gouvernements s6rieux et qui ont dur6, le Consulat devenu bientAt 
1'Empire, la Bestauration et la Monarchie de 1830, les ont l£gu£s au 
pays ; soitfaute de sagesse, ou de force, ou de durte, la R6publique ne 
compte point, 

» Dans des conditions fort diverse*, le Consulat et rEmpire, la Bes- 
tauration, la Monarchie de 1830 ont 6t6 des gouvernements essential- 
lament vou6s & l'ordre. Par les principes qu'ils professent, par les . 
habitudes qu'ils ont contractus, par les luttes qu'ils ont soutenues, les 
partisans de ces gouvernements sont naturellement des hommes^ 
d'ordre. 

. » Quand l'ordre est en p&ril, Talliance de ces hommes est done na- 
" turelle. Aujourd'hui elle estn&essaire, absolumentnteessaire ; divis£s 
etr&iuits chacun k ses propres forces, aucundes partis divers, qui 
sont les 616ments naturals du parti de l'ordre, n'est en etat dd vaincre 
k lui seul, les ennemis de l'ordre et de fonder son gouvernement. Cat 
enseignement est amer t et les partis ont - grand'peine 4 l'accepter. 
Pburtant il faut le r6p6ter ; tous les '616ments du parti de l'ordre, 
bonapartistes, lggitimistes, orteanistes, conservateurs de toute date 
et de toute nuance, tous ont besoin, absolument besoin les uns des 
autre*. ♦ Unis, ils auront beaucoup k faire pour vaincre, d&unis its so- 
roDtinfailliblementvaincus ». v -- 

Cest bien p£n6tr& de ces v6rit&, qu'on dirait Veritas dluer, tant 
elles sont encore dans toute leur force, que tous les 6l6ments du parti 
de l'ordre se rSunirent sur la liste du comit6 catholique, pendant 
que les forces du parti mod&6 protestant s'6miettaient sur plusieurs 
candidate 

Le parti anarchiste marchaitau scrutin ayec ,les x noms de Ledru- 
Rollin, Joigneaux, Jules Cazot, Tavernel, Larrey, Carle. 

Les flections eurent lieu le$13et 14 mai. Nimes poss&lait k ce_ 
moment dans ses trois cantons 16.567 flecteurs inscrits: II y eut 12.717 
votants. Le dlpartement comptait 120,889 inscrits* La liste du Oomit6 
catholique obtintle chiffrede voixsuivaot % r 



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ANNfeB 1849 ' " 337 

' «"«*i *«■*■ 9>cMi intli«yata«l 

tMl ati* . ; 

Benoist .. 2668 2933 2854 52.514* 

Boux-Carhonnel... 2674 .2941 2932 52.383 

De Larcy... ....... 2558 2857 2864 50.808 

F. B6chard 2561 2856 2855 50.740 . 

Chapot...., 2553 2867 2857 50.597 

Debeanne 2527 2841 2839 ' 50.032 

De Labruguifcre... 2531 2846' 2855 49.658 

DeSurville . 2558 2810 2303 49.510 

Derrifere eux, M. Almir Cavalier teoait la tete de la liste protestante 
avec 36.821 voix. Ledru-Rollia en r£unissait 24.314 etJales Cazot 
10.102. Ce dernier avait, dans le \" can too & Nimes, 2 voix, et dans 
cbacun des denx autres, 5 seulement. M. de Daunaot. an des chefs 
da parti protestant, n'avait que 5224 voix dans toutle d£partement. Ces 
chiffres peuvenl fournir Foccasion d'un curieux rapprochement avec 
les Elections olt&ieures et particuli&remeut avec celles qui le 4 etle 18 
octobre 1885 ont fat tressaillir la France. On peut voir que les forces 
du parti, rtollement conservateur, sont toujours intactes et que rien n 9 a 
pules entamerdepuis cette£poqae loin taine que nous 6tudionsdans 
cechapitre. % 

II m'6tait jlifficlle de ne pas analyser aussi qompleteraent que possi- 
ble le mouvement electoral qui, se dessinant en mars 1849, aboutit k la 
journta du 13 mai. L'histoire de Nimes est intim&nent lite par ce cAt6 
avec rhistoiredela France et j'aorai occasion derevenirsur les divers 
6v6nements qui roarqu&rent la politique g£n£rale du pays it laquello 
notre citA participait d'une fagon aussi active, et, disons-le 9 aussi 
pas3ionnde* . . > 

Mais il cpnvient, un moment, de jeter un coup d'oeil sur les fiuts intfi- 
rieursde la ville et d'examiner les travaux divers de notre Oonseil 
municipal qui, nous Vavons fait entrevoir an chapitre pr6c6dent, va 
reprendre ses travaux r6guliers et se faire l'intelligent successeur des 
Miles de la ville sous la monarchic constitutioonelle. Si Ton se souvient 
de la commission nommtepar M. Eyssette, le raaire, en vued*6tudier 
les besoinsdes classes ouvri&res, mesures dont se moqu&rent agrtable- 
ment les vaincus d'aoflt 1848 sur le terrain Electoral municipal, on doit 
se douter qu'un fort courant se dessinait parini cette municipality qui 
t£moignait d'une ardente sollicitude pour les classes d6sh6rit£es* Nous 
en avoos.une preuve dans une proposition soumise dans la stance 
du 11 juin par M. L6once Curnier au Conseil municipal, et je la 
ouftMUnalao*,VM»I. , » 



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Go&glerv 



ss- 



\V "--■ -v; >'.: -:" ..- . -V '-:'*' // 



338 HISTOIRK DB NIIIES 



cite car elle me servira de transition natorelle entre la politique g6nd- 
rale et la politique locale. Onremarquera que M. L£once Cornier cite 
M. B6chard. Get honorable repr&entant du people venait de faire pa- 
raltre on travail considerable sur I'am^lioration da sort des classes ou- 
vrteres, probl&me encorepos£denosjoursetdont la solution depend 
desouvrier* eux-mgmes s'ils ne se laissent s6duire par des flatteurs et 
des charlatans a ui les bercent de folles promesses et abusent de leor 
cr^dulit*. ; 

» Je vous propose , en consequence t Messieurs, disait M. Cornier, 
d'6mettre simplement le vdeu, puisquec'est id one affaire vraiment 
administrative et que nous devons respecter les attributions de l'admi-- 
nistration municipale, qu'ilsoit fait par section on recensement de la 
population pu ao moins de la population ouvrifere, industrielle et com- . 
merciale, dans lequel on lichera de recueillir les renseigneroents les 
plus exacts sur tout ce qui est 6num£r6 dans la loi de 1791 9 et que lors- 
que ce travail sera terming, il soit dress£ pour chaque profession un 
tableau contenant les noms de tous ceux qui Fexercent, avec toutes les 
indications qui concernent chacun d'eux, conform6ment aux prescript 
tions de cette loi, et celadans le plus bref d£lai possible. 

» M. B6chard (I) annonce qu'il dgveloppera les consequences 
pratiques de la mesure qu'il conseille ; je n v ai pas voulu atteudre 
que ces dlveloppements fussent connus pour faire ma proposition 
au Conseil municipal , parce qu'il s'agit id d'une chose dont Futility 
est 6vidente 9 parce qu'il n'est personne qui ne soit frapp6 des in- 
' convenient* quirdsultent de l'insuffisance des donnfes statistiques que 
nous poss^dons maintenant, parce qu'il n'est personne qui ne vote 
qu'aujourd'hui chacun se lance en aveugle dans lacarrifere qu'il embrasse 
et n'a d'autre guide que le hasard, qu'ao moment de choisir on 6tat 9 
nul n'est tant soit peo fix6 sor le nombre des concurrents contre les- 
quels il aura k latter, et n'est it meme de former one conjecture vala- 
•ble sur les occasions de travail qui poorront s'offrir k loi; enfin, 
Messieurs parce qoe le temps presse ; car le mal s'aggrave tousles 
joors davantage 9 les sooffrances des classes laborieuses doivent plus 
qoe jamais attirer I'attention des poovoirs publics; ils ne sauraient 
trop se hiter de traveller serieusement k alieger le fardeau des - 
misdresqui ptaentsur elles. Ceque je vpus propose serai t un premier 
pas dans lavoiedes ameliorations; ce premier pas nous conduirait 
infailliblement k des ameliorations veritables, qui sans cela nq poor- 

(I) Am eb«M# ouvrihu #» Fr*nc$ 9 par F. B&hard* rtpr&ealant da people 



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ANNftB ISIt * . 389 

raient 6tre r6alis£es. J'esp&ro done qoe. vous voudrez bien accueillir 
favorablement ma demande, et je ne doote pas qae l'administration 
municipale ne s'empresse de satisfaire au voeu que voas aorez expriml; - 
elle verra certainement dans l'honorable pr£c6dent qae M. B&hard se 
plait k titer, et qoe je crois devoir vous rappeler, un motif de plus pour 
elle de prendre l'initiative d'une pareille mesure. En 1809, lorsque 
Napoleon enjoignit aux oonseils de prud'hommes de tenir nn registre 
exact du nombre des metiers existants, et du nombre d'ouvriers de tout 
genre employes dans chaque fabrique, la ville deNimes fut la premi&re, 
la seulemdme, dit-on, qui ob&t* Aujourd'hui, l'exemple que donuerait 
noire administration municipale, ne serait pas assurgment perdu pour 
le pays ; car les enseignements que renferment les ^Tenements qui ont 
6branl6 le monde, ont une Eloquence capable de stimuler le z£le des 
plus indiffi&rents, et partout on comprehd que pour conjurer Forage qui 
gronde sur nos tfites, il ne faut rien n£gliger de ce que rddament jus- 
tement les int£rftts populaires ». * . 

Cette sollicitude pour les classes ouvri&res, qui se manifestait chezles 
mandataires du peuple, ne se contentait pas seulement de. declarations 
platoniques, mais recbercbait ausd les moyens pratiques d'arriver it un 
r&ultat. Sans doute il y avait des t&tonnements inevitables au d£but 
d'une science qui n'est pas de nos jours encore assise ; mais, on peut 
dire que ceux qui en faisaientl'objet d'une 6tudeassidue la faisaient con- 
sciencieusement, avec esprit de suite et de m£thode, tenant oompte des 
aspirations legitimes de ceux qui souffrent 9 ma^is leur rappelant aussi 
que, k cflt6 de ces droits qu'ils se prfoccupaient de conqudrir, il y avait 
des devoirs, des obligations sacr£e3, qui les ennoblissaientloraqu'ils 
savaient les accomplir. Ce n'6tait pas une vaiue popularity des accla- 
mations enthousiastes que cherchaieut ces homines, d&ireux d'6tr* 
utiles it leurs semblables; c 6tait la solution de ce probl&me ardu qui 
se posait k ce moment, il faut le dire, pressanl et ineluctable. 

A cAt£ des chercheurs et des penseurs, tons l'esprit tourn£ vers ces 
questions difficiles, d*autres, rev£tus par la religion d'un caractire 
auguste, s'occupaientde dinger versle bien, le droit et la justice les 
esprits troubles par des declamations d'utopistes et d'ambitieux. 

Nimesacompt6, k cette 6poquo, les uns et les autres. M«*Cart, 6vdqoe 
du dioc&se, dans un msndement remarquable parlait en effet en ces. 
termes :.'■■• 

c Parmi les symptdmes alarmants que pr&ente la soci6t£ actuelle, 
il en est deux surtout sur lesquels nous appelons votre attention : ce 
sont I'antagonisme, pour ne pas dire la guerre, qu'on cherche k 6tablir 



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V\; 3i# \ ■-., .*> - H1ST0IRBDB NIMES ./^ 

entroles di verses parties du corps social, et le mSpris dont on poursuit 
dis longtemps tout ce qui est pouvoir et autorit6. La raisoa de la char 
; . ritt ou, si on veut, de la fraternity et la raisoa de l'ob&ssance se soot 
alors Ivanouies, et iln'est rests que la jalousie et l'insubordination qui 
sont les dissol vants les plus actifs de toute soci£t6. 

* II y a dans l'ordre social aussi bien que dans l'ordre moral et 
physique des principes tellement invariables, des lois si rigoureuses, 
^ que vouloirs'en passer ou y substituer des id6es contraires c'est tout 

renverseret tout d&ruire. 

» Celui qui entrepreadraitde refairele monde en le constituant sur 
d'autres bases, celui qui essay erait de reconstruire le corps huroain en 
en bouleversant toute l'6conomie et tout le syst&ne, dans la pens£e,dans 
la folle esp&ance qu'il va crier un chef-d'oeuvre, et reformer les abus 
et les imperfections dont sa raison s'offusque,celui-lfc n'aborderaitpas un 
probl&me plus insoluble et plus ' ridicule que ceux qui pr&endent 
6tablir une sbci6t£ noa velle sur des fondements nouveaux, tailler toutes 
les pieces de cet Edifice sur un modele uniforme et les unir ensemble 
par un lien purementsy mpathique ou passionnel. 

» Non, l'in6galit£ qui se rencontre et qui, k certains Igards, se trou- 
veratoujours parmi leshommes, quoi qu'on imagine pour la faire 
disparaltre entiferement, n'est point un obstacle i la Tie et au bonheur 
de la soti&6 : c'est mdme la raison de son existence, et Ton ne con^oit 
pas une reunion d'hommes qui n'auraient rien k emprunter les uns 
aux antres.... * ; 

II fallait un grand courage pour 6crire ces lignes gloquentes, dirties 
par Vesprit v&itablement 6vang61ique, et combattre pour ainsi dire 
face it face certaines doctrines coupables et subversives dont la propa- 
gation constituait un immense danger pour la soti&6; mais en pro- 
clamant cesv£rit£s, le v6n&able pasteur de i'Eglisede Nimes accom- 
plissait un double devoir ; en rappelant k la raison les igaris, il 
prouvait que l'Eglise ne se d6sint6resse pas de ces probl&mes humains 
et sait les r&oudre ayec toute l'autoriti de la mission divine qui lui 
est confine. 

Le Conseil municipal s*agitait, on le voit, ad milieu des questions 
les plus complexes et les plus difficiles. Nousl'ayons yu aux prises 
avec une situation financi&re compromise ; nous Tenons de le voir 
s'occupant, dans la mesure de ses moyent, de soulager les in6galit£s 
., • sociales ; nous allons le voir liquidant au mieux des intlr&s de la ville 

les grands travaux entrepris sous le rigne pr6c6dent* 

L'un deceux~ci, le plus considerable, itait l'Eglise Saint-Paul; le 



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ANNtB til*? .841 

monument etait k pea prfes termia6et, nousle verrons dans ce chapi- 
tre m6me, bientdt ouvert auculte. CfeAt ete chose faite it la fin de 1848, 
si Nimes n'avait pas traverse la periode malheareuse dont soaffrit la 
France enti&re. II est interessant de jeter un coup d'ceil sur le chiffre 
total de la depense qu'entralna la construction de cat edifiee. Cet 
examen sera d'autant plus instructif que les pouvoirs publics aujour- 
d'hui sur des devis bien autrement restreints ne craignent pas d'accu- 
ser des augmentations scandaleuses qui atteignent par fois le 40 ou 
le50 0[0. m m + 

La d£pense prevue par les deliberations succes- 
sive du Conseil municipal avait ete fixSe A.... 467.093 fr. 32"c. 

Les travaux executes s'eievferent k la somrae 
de...... •..♦. 503.731 fr. 23c. 



Soitune difference de 36.637 fr. 91 c. 

Comme dans les chi fires precedents nesont oompris que les travaux 
degros oeuvreoudo detail, il oonviendrait d 9 y ajouter l'achat du mo- 
bilier, lespeintures ex6cut£es par H. Flandrin ettous les' accessoires 
d'ornementation ; mais ces diverses depenses furent engagees k forfait 
et n'eurent pas It subir par consequent de majoration, en sorte que 
sur un ensemble general de travaux de toute nature, atteignant un 
chiffre de prts de 700,000 francs, l'excedtfbt total n'atteignit que la som- 
me de 36,637 francs. Nous avons vu recemment un . mus^e provisoire, 
estime 28,000 francs au devis, atteindre 52,000 francs de depenses, et 
une ecole normale portee pour une somme primitive de 200 k 220,000 
francs atteindre celle de 326,000. 

On peut dire, avec raison, que Nimes s'enrichissait tout k la fois de 
plusieurs oeuvres d'art remarquables. L'eglise Saint- Paul, pour laquelle 
la ville avait fait des sacrifices si habilement calculus devait nous rester, 
non pas seulement comme un splendide morceau d'architecture roraa- * 
ne, mais encore comme un veritable musee od des hommesd'un talent 
indiscutable se sont com pi us it accumuler leurs chefs-d'oeuvre. Le pre- 
mier de tous est Flandrin, relive d'Ingres. Le traite passe entrela 
ville et cet artiste exigeaitqu'ilconsacr&t 41a decoration interieur* 
de redifice trente-cinq figures ou personnages et le prix etait regie sur 
le pied de 35,000 francs. ' 

Mais « la conscience genereuse de l'artiste se laissa entralner par 
reian de l'imagination et, dedaignant tout calcul de temps et d'argent, 
s'eieva k la hauteur de la mission que son genie lui imposait » (1 ). 

(!) Nolics sur VEglis4 S*int-Poul, par Jules Salle*. - • " ; • ; 



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313 HISTOlltB DB NIMBS \ ^ 

Flandria a donn6 en effet soixante-quatre figures. II n'en est point 
parmi nos concitoyens qui do lesait contempl6es etqui aitpu admirer ces 
peintures qui dScorent la coupole de la grande abside et celle des deux 
plus petites qui sont k droile et It gauche. La figure du Christ, le mor- . 
ceau capital, qui frappe les regards en entrant et paralt le centre me- 
mo de toute la conception artistique de l'autour, arrfete autant par la 
simplicity de la composition que par l'harmonio de l'ex&ution, L'im- 
pression que laissent les autressujets, le couronnementde la Vierge, le ra- 
vissement de saint Paul et les groupes admirablement 6tudi6s qui les 
accompagnent n'estpas moins profonde, et le regard s'arrftte avec com- 
plaisance sur cette thSorie de jeunes vierges qui « par la vari£t6 des 
attitudes, .la noble tournure, l'exquise silhouette des contours, le savant 
ajustement des voiles, font penser k cette procession de veslales que 
Phidias sculpta sur la (rise du Parthenon »(1). 

Flandrih exteuta ce travail avec Taide de son frere Paul, paysagiste 
distingug, mais qui avait d6but6 dans la carriere de Fart par 6tre 
peintred'histoire ; Baize, qui venait de passer six ann6es&Rome k 
copier les Stanza de Raphael , Louis Lamothe, uu 616ve de Flandrin col- 
labor&rent k cette oeuvre magistrate, une de3 plus riches et des plus 
grandioses de notre ville. 

Kos compatriotes onteu une bonne part dans les travaux d'art ex£cu- 
t& A Saint-Paul. A cdt£ des peiotures de Flandrin et des peintures 
d'ornement dues k Denuelle, il y a la sculpture, et le ciseau de Colin a 
r£ussi 4 doter le monument de nombreuses et £16gantes pieces qui font 
la meilleure figure dans l'ensemble. Les trois tympans de la facade 
dont Tun repr£sente les apdtres et est imitfi d*une frise de saint 
Trophyme sont remarquables k bien des Sgards. II faut en dire 
autant des sculptures des stalles et de la chaire. On ne saurait parler 
de ces morceaux sans signaler un autre compatriote, Hoen-Bernard, 
qui a accompli de v6ritables prodiges de menuiserie tant par Tas- 
semblage que par la coupe g£n£rale de sod oeuvre. 

La menuiserie, l'orgue et les vitraux coAtaient 162,981 fr. et cechiffre 
n*6tonnera certes pas ceux qui ont pu apprlcier la richesse d'bx&ution 
etles difficulty vaincues. Les vitraux, dus & Marshal etGrignon, sont 
de toute boaut6, et il est k regretter que l'auteur n'ait pas assez tenu 
compte del'6clat du soleil du Midi. On saitque la rosace du milieu an 
dessus de la porta d'entr£e represente Moise entourg des patriarches 
et des proph&tes, celle du transept sud, la Vierge avec la g£n£alogie do 

(1) Notice sur TBglUe Sainl-Paul, par Jtte Stiles, 



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▲NNtB IM'I SIS 

la Camilla de Jesse, et colle da transept nord, le Christ entour6des 
principaux martyrs. . ' 

- Le Conseil municipal de 1849 trouvait done toote prtparte one 
oea vre considerable congue et axfcutfe, il feu tie reconnattre, dans do 
largos etdo splendides proportions, et s'il n'en etait pas le promotenr, 
on doit lui savoir quelque gr6 d*avoir su op6rer son ach&vement, 
malgr6 la situation difficile dans laqnelle se trouvaient les finances 
municipales. A ce propos, d'ailleurs, la municipality avait affaire k des 
reclamations incessant&s qui se prodnisaient de la part des entrepre- 
neurs divers que la ville an temps de sa prop6rit6 avait pu fatilement 
ontretenir . Gr&ce A la sagesseet au z&ledes administratenrs del'epoque, 
nul intlret ne rests en souffrance et toot se liquida sans difficulty trop 
nombreuses. 

Le Conseil s'occupait du reste de tout : nous I'avons vn reculer les 
limites de Toctroi pour augmenter les resspnroes communales, ilassu- 
rait presqueen me.nj temps la s6curite de la banlieue eu r£organisant 
le corps des gardes champgtres. 

Parune deliberation en date da 6 Janvier 1849, il confiait le ser- 
vice k un chef des gardes charge de la surveillance generate, charge de 
transmettre les instructions de Fantorite k tout le personnel et de s'as* 
surer de la rigoureuse observation des details du service. Sons les 
ordres de ce dernier etaient trois brigadiers et'douze gardes. Le garde 
general etait monte ; cette organisation est encore celle qui eiiste de 
nos jours. 

La fontaine de l'Esplanade preoccupait it nn haut point les nouveaux 

ediles. Nousavons dejit vn qu'une deliberation de 1845 avait porter 

1 60.000 francs la depense pr6vue pooj rejection de cette . fontaine mo* 

numentale, par suite de l'emploi dn marbre pour la confection des cinq 

' statues colb3sales confiees an dseau de Prtdier. 

Questel, 1'architecte dn monument, avait,le 25 decembre I847 f signaie 
l'absolue necessite de changer la pierre destinee k f execution des 
quatregrandes vasques. La pierre de Lens, snr laqoelle il avait compte, 
pour cette partiedu monument, ne presentait pas de garanties suffi- 
santes i lageiee. La dimension des blocs It extraire de la carrifere etait 
un obstacle difficile k surmonter. 

Oblige d'aller chercher ailleurs les materiaux convenables, Questel 
s'etait arr^te k la pierre de Crussol (Ard£cheJ.C°etait une augmentation 
de 9.000 francs dans la depense. 

Le Conseil dedara dans sa deliberation qui approuve ce change- 
ment qu il y a utility k ne pas compromettre la dur£e d 9 un monument 



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Stt HISTOIRB DB NIMB5 ^ 

que la cooperation d'un artiste emiment rendra trfea pr^cieux pour la 
ville de Niraes. Que les modifications propos^es pr^senteat le double 
avantage d'assurer la conservation da monument et d'etablir un$ 
parfaite harmonic entrele marbre des statues et lapierre des parties 
accessoires: 

Dans une deliberation de 1848, tendant k r£gler la situation finan- 
cierede la commune, le Conseil avaitpris la decision d'aliener Tan-, 
cienne eglise Saint-Paul, Tancien cimetiere du chemin d Uzfts et les 
garrigues communales. 

Mais une partio de la population se montra hostile k la seconde par- 
tie de ces resolutions et t£moigna assez vivement son opposition lors de 
l'enqu&e touchant cet objet. LeConseil municipal dans sa stance da 
11 juinprit la deliberation sui van te : 

« A la suite de l'enquete provoqu.'e au sujetdu projet d'alUnation 
de l'ancien cimetiere du chemin d'Uzfes, le Conseil municipal main- 
tient le projet d' alienation malgr6 l'oppositipn d'une partie de la popu- 
lation. Cette opposition resulte, en effet, d'une (ausse appreciation 
des projets de la Title, relativement k la creation d'une promenade pur 
blique suria colline qui domine le chemin d'Uzfes* L'alienation de 
l'ancien cimetiere peut foitbien se concilier avec le voeu emis par 
une graride partie de la population du quartier,susdit» de voir adopter 
pour la colline des moulins k vent unsyst£me de plantation analogue 
icelui dumontd'Haussez. Le chemin d'Uz&s communique dej4 avec 
cette colline par un chemin de sept k huit metres de large. ' . 

» En eiargissant ce chemin, au moyen d'un emprunt fait k la surface 
de l'ancien cimetiere on peut le transformer en une belle avenue, 
bordee d'arbres, qui donnerait k l'acc&s de 1* promenade un aspect des 
plus satisfaisants. 

» D*ailleur8 9 la ville, en ali6nant le cimetiere, accomplit un enga- 
gement consacre parsa deliberation du 7 novembre, engagement ser- 
1 vant de base auz transactions k passer, soit avec des etablissements 
publics, soit ayecdes particuliers pour la realisation d*un emprunt 
considerable, et l'adminislration municipale ne saurait abaudonner au-/ 
cune desressources sur lesquelles est fonde ce* syst&me de rembourse- 
ment enonc6 dans la deliberation precitee sans 6branler la confiance 
publique. V. \ 

» D'un autre cAte,un grand nombre de personnesdeposantdans Ten- 
qu&te appuient le projet d'alienation, en vue de la creation surle 
terrain de l'ancien cimetiere d'un etablissement consacre k recueillir 
les jeunes gens au sortir des ecolo'. Le Conseil, etc., etc; t 



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ANNftB «S4t *3tt 

Ainsi on le voit, d'une part ferraete pour respecter les engagements 
pris k cause de la gravite de la situation qui les avait dictes., 
de Vautresoucijustifiedes int&rfttsde la ville, deson embellissement 
et de son developpement. Ce n'est du reste pas pour ces souls motifs que 
j'ai rapporte cette deliberation, mais aussi poor montrer que l'id£e 
d'une promenade publique aux Moulins-it-Vent, idee r^alis^e plus tard, 
datait de cette 6poque, pour prouver aussi que des esprils judicieux 
s'occupaientsans cesse de la jeouesse de nos ecoles, s'efforgant de la 
soustraire aux maovaises fr6quentations et aux dangereux exemples. 

Le Couseil municipal portait d'ailleurs sur tons les points son in- 
telligente sollicitude. (Test de son initiative que date la reorganisation 
des agents charges de la garde des bitiments communaux. II imposait 
k ces derniers une grande et une petite tenue, les mettait k la disposition 
des viriteurs, les rendait responsables des objets confies k leur garde, 
leur prescri vant de les tenir en etat constant de proprete, 

Le Oonseil demandait au Gouvernement l'etablissement k Nimes d'un 
coDCours de bestiaux avec prime/ k l'instar de ceux dePoissy, de 
Lyon et de Bordeaux. 

II prenait en consideration la proposition d'adopter pour la viande de 
boucherie un tarif analogue it celui qui existaii pour le prix du pain. 
II s'occupaitde laconvenancequ'ily auraiticr^er un casernementpour 
les agents de police* afin, disait-il dans sa deliberation, « que la disci- 
pline et la promptitude des secours fussent assurees et que i'ameiio- 
ration materielle de ces auxiliaires si utiles fftt complete. 

Preoccupe de ce que le gouvernement cherchait k soulager le sort 
des travailleurs en prenant des mesures pour venir en aide k ceux qui 
pourraient etre blesses ou contractor des maladies dans Texecution des 
travaux de I'Etat, le Conseil, otaissant k son desir de faire quelque 
chose pour laclasse ouvrfere, inyitait sa Commission des travaux publics . 
it lui rediger une proposition tendant it adopter de semblables me- 
sures dans Tinteret des ouvriers employes aux travaux communaux. 
Cost sous l'empirede la mftme pensee qu*il s'associait pleinement it 
une decision de I'administration des hospices qui avait pour but 
de foornir gratuitement des cercueils aux indigents decede* dans les 
hdpitaux. 

Encequitouche les fouilles entreprisea par le departement au- 
tour du temple de Diane, le Conseil sollicite d*y contribuer votait une 
somme de 6 .545 fr. k la condition que le sol sur lequel s'ex£cutaieut les 
fouilles deviendrait la propriete de la ville qui obtenait ainsi outre 
l'avantage de voir isoie un de ses monuments antiques' les plus reraar- 



■:-.* 






346 HISTOIRB fcB NIMES 

quables, uo agrandissement tris heureux de la promenade de la Fon- " 
taine. 

De tels travauxn'etaient certes point brayants, mais its r^pondaient it 
desbesoinsmultiplesetl'on nepouvaittrop feiiciterlesedilesde Tipoque 
d'y avoir consacre toute leur attention et toute leur energie. Cepen- 
dant; il £aut le dire, cette municipality, quelque bien quelle s'oc- 
cupAt de faire autour d'elle dans la limite de ses faibles ressour- 
ces, £taitattaqu£e ou supectee par ses adversaires politiques avec une 
animosity dont nous avons constats d£jfc la force. 

On ne pouvait lui reprocher le gaspillage des deniors communaux, 
elle avait an contraire sauvegarde les inter&ts de la ville avec un soin 
meticuleux. ~\ ~ 

On ne pouvait lui reprocher de raster insensible aux souff ranees 
des malheureux, elle ne perdait aucune occasion de leur venir en aide 
ou d'am&iorerjeur situation ; l'enseinble de ses travaux denotait un 
espritde suite remarquable, maisil fallaiti tout prix critiquer Ton 
quel con que de sesactes. Les vaincus de l'eiection municipale de 1848 
se r£pandirent en lamentations pour quelqnes revocations de gardes 
champ6traetd'employesd'octroi, revocations que le parti protectant 
trouvait « empreintes d'un caractere regrettable ». ) 

M. Eyssette, le maire de Kimes, r£pondit aux clameufa du parti par 
la lettre suivante adresste k ses journaux. 

« Monsieur le redacteur, je comprends votre repugnance k accreditor 
aupr&s de vos lecteurs les insinuations odieuses oontenues dans votre 
dernier numero etdirigees contre l'adminislralion municipale, dont 
j'ai rhonneur d'etre le chef. Je tiens k votre disposition tous les ren- 
seignementsralatifs au displacement de quelques-uns des concierges do 
oos monuments publics. Un fait aussi simple, justifie par des consi- 
derations de justice et de police, a souleve dans line partie de la 
presse locale, des recriminations passionnees que je ne puis ni ne dois 
discuter. 

» J 'excuse ces cralntes exagerees en songeant qu*on s'attendaitpeut- 
6tre k do tristesrepresailles. Oette crainte est une injure pour moi. 
La mission quej'aiaccepteeestcellederetablir parmi nous le rdgne 
de la justice et de 1'egalite. Maire, je disposerai de mes agents sous 
ma responsabilite, mais selon leurs services. Les qualifications reli- 
gieuses, quelles qu'elles soient, ne seront jamais pour moi un titre- 
d'exclusion, ni un brevet d'inviolabilite. La loi sera la memo pour 
tous. • \ ' ' . ,' ' • „ 

» Ch. BY8SIXTB, » 



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ANN* B 1*4 1 < Ul 

Une telle r£ponse, un tel langage, empreints d'uno ind£pendance 
absolue m6ritait d'etre rapportto dans notre histoire locale, alors que 
dans des occasions ult£rieures, nous verrons certaines de nos munici- 
pality accomplir cruelloment et avec toutes les rigueurs da parti-pris 
les hteatombes demodestes fonctionnaires, alorsqae de nos jours, un 
mot a 6t& m6me invents, l*6puration 1 1 , qui sert It designer ces series de 
revolutions de palais, oh services rendus, talents incontestable*, z61e 
incessant ne comptent poor rien si on ne se prosterne devant je ne sais 
quelle foraule abstraite et antireligieuse. 

II n'en 6tait pas moins vrai qu'avec les nouTeaux 6diles que Nimes 
s!6tait donn£s, la r£gularit£ r&pparaissaitdans tons les sendees et dans 
toates les branches administratives • Les expositions reprenaient le 
cours de leurs travaux. Profitant de ce que le Gouvernement avait 
envoy6 k la ville, pour etre temporairement mis sous les yeux des 
habitants, des produits de la Chine, le maire organisa le musfe chinois 
dans une des salles de l'HAtel de Ville. L'ouverture eut lieu le mer- 
credi 31 Janvier et, accomplie sans le moindre appareil de so- 
lennit£, n'en attira pas moins une foule 6norme de visiteurs, sollicit6s 
par la curiosity d'une part, et le d&ir de s'instruire de 1'autre. 

Le 15 Janvier decette mdme annte, la commission des Beaux-Arts, 
r£unie k THdtel de Ville, sous la pr6si<}eoce du maire, d&rfdait que la 
quatriime exposition de peinture de Nimes aurait lieu le 1" avril sui- 
vant. Les artistes de la region r£pondirent avec empressement k l'appel 
qui leur 6tait fait et Texposition eut lieu comme il £tait convenu, au 
Mus£e. Des noms nouveaux figur&rent dans cette exposition k cdt£ de 
ceux qui en £taient les fid&les. Melchior Doze obtenait une m^daille de 
bronze avec deux toiles, les Pilerins et YJntwcenc$proUgie. Mis en loterio 
ces deux tableaux 6churent Tun' k IL de Roussel, l'autre iM.de 



Nous trouvons 6galement d'autres noms fort connus k Nimes, tels 
que Dussap, aquarelliste ; Bosc, le statuaire que nous verrons plus 
tard laisser k Nimes des oeuvres empreintes d'un certain talent et qui 
exposait ce jour-14 une Sainte CicUe, devenue par le sort la propria de 
M. Balli vet, imprimeur. Coulange, Igalement de Nimes, avec Jules 
Salles, que nous aurons l'occasion de citer par la suite. Cette exposition 
gtait k peine close qu'un comit£ nomm£ ad hoe, rgunissait k la Maine, 
comme nous l'avons vu faire dans les ann&s pr£c6dentes, les produits 
ouvr£s et manufactures que le Gard se proposait d'envoyer 4-1'expo- 
aitionde l'industrie qui devait se tenir k Paris. La fabrique de Nimes 
avait tenu k honneur de figurer dignement k ce rendez«vous national 



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3*fr HKTOIRB DB NIMBS •■ ■ ••\ ; ^'.— : .'/. 

da commerce etde Tindiistrie. La distribution des recompenses eat x 
lieu avec an certain apparat le 11 novembre, sous lapr&idence du . 
president de la R6publique. 

•Le Moniteur du 13 novembre publia les nomsdes laurgats. Parmi . 
eux nous trouvons M. Curnier fils, fabricant de chiles, qui obtint la 
croix de chevalier de H Legion d'honneur. MM. Constant et fils furent c ~ 
recompenses par une m&laille d'or. Des m6dailles d'argent furent 
attributes h MM. Michel, fabricant de chiles, Bouvi&re-Cabane, 
Milhaud, Martin et Gril, tous trois fabricates d'£toffes pour tapis- 
series. - 

AcAt£ de ces solennitds destinies k r£compeos:r le travail sous • 
toutes ses formes, Nimes voyait se c616breravec unepoofrpe extraor- . 
dinaire, une autre solennit£d'uncaract&re plus grandiose, une de ces 
teles que la religion c£16bre &derares intervalles et qui sontle sujet 
demotions puissantes et'profondes. 

Nousavons vuaucours destravaux du Conseil municipal que 1'6- 
glise Saint-Paul 6tait pr&s d'etre achevge et livr£eau culte. Nous avons- - 
m£me 6num6r6 succinctement les richesses artistiques dont cet Edifice 
remarquable, le premier de Nimes moderne, avait 6t& dot£ par des 
artistes de talent. 

. La consecration eut lieu le 14 novembre au milieju dune affluence 
immense d'6trangers accourus pour meler leurs pri&fos et leurs actions 
de grace i celles de la population catholique de Nimes. 

Le 13 novembre, k cinq heuresdusoir, arrivirent k Nimes : MM** Far- 
cheveque d' Avignon et les 6v6ques de Viviers et Montpellier, invites k 
lac£r6monie. Une foule respectueuse se pressaitsurleur passage jus- 
qu'fc I'6v6ch6 ob ils descendirent. . 

Le lendemain, 4 cinq heures du matin, toute la Garde nationale, le . 
44* regiment de ligne, la gendarmerie furent mis sur pied- A sept " 
heures du matin, le bourdon de la cath&Lrale annon$ait la sortie du 
-cortege. II 6tait ainsi form6 : Vingt gendarmes k cheval, une batterie 
d'artillerie de la Garde nationale, la musique et les tambours de la 
Garde nationale, an dStachement d'infanterie, la croix du chapitre 
entourte des chantres et des officio rs capitulaires, les 616ves du Grand- 
S^minaire, le clerg6 dioc&sain et Stranger au nombre de trois cents 
prttres, les membres des divers chapitres de la Province, avec la vari&6 : 
de leur insignes canoniaux, les pr£lats enlourgs de leurs assistant*, 
chapelains et officiers pr£c£d& de la croix archtepiscopale. A la suite ~ 
venaient le Maire et les adjoints, le Conseil municipal, au sein duquel 
avaient pris place les anciens Maires de Nimes, les membres da . 



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ANNftB 4S4a -'. V - S4* 

Conseil g6n£ral 9 l'Btat major de la Garde nationAle t rUniversit6et 
toutes les autorit£s ou les soci6t£s publiques. • . . y, 

Ce cortege s'avanfait outre deux haies mobiles de sapeurs-pompiers 
et deux haies permanentes d'infanterie et de gardes natioaaux.il 
6tait fermd par un piquet du 44 # f une batterie d'artillerie, vingt 
gendarmes k cheval et l'escadron de la cavalerie de la Garde ni- 
tionala. 

Arrivd en face de FSglise neuve 9 le cort&ge s'arr£ta, formant un im- 
mense demi-cercle. A ce moment le coup d'oeil fut saisissant ; huit 
bataillons de Garde nationale, deux bataillons de ligne, trois batteries 
d'artillerie* deux escadrons de cavalerie <Haient mass& 9 autour du 
monument. Une immense multitude, immobile de respect, couvrait les 
toils, les terrasses, les balcons 9 les gchafaudages improvises, les arbres 
du boulevard et s'&endait depuis ramphith&tre, couronnd de curieux, - 
jusqu'4 la place quis'appelait 4 cette Ipoque placode rAbreuvoir, et que 
qous nommons aujourd'hui le square Antonin. Pas un cri n'est prof£r6, 
tous les fronts gtaient inclines, tous les cceurs palpitants. A ce mo- 
ment, au milieu des chants religieux 9 des fanfares guerri&res, les pri- 
lats so placferent sur les marches de l'lglise en face de la multitude, 
tous en mitre et crosse en main. 

Questel, l'architecte du monument savanna alors vers M. Kyssette, 
le maire, et lui pr&enta sur un plat d'argent les clefs de l'Sdifice* Le 
premier magistrat de la cite offrit It son tour les clefe k TEvftque, enlui 
adressant l'allocution suiyante : 

» Monseigoeur, 

> Je yiensau nom du Corps municipal, vous apporter les elds du mo- 
nument que la pi£t6 des habitants de cette ville a 61ey6 it Dieu, sous 
l'in vocation de saiot Paul. 

. » L'art a &6 appete, Monseigneur, 4 combiner les savantes proportions 
de cet Edifice, k lui donner ces formes graves et majestueuses, em- 
prunt£es 4 des si&cles de foi, 4 le dlcorer de brillantes peintures, de 
marbres prteieux. 

» II fallait qu'il en ffltainsi, Monseigneur ; Tart ostune&nanation de 
rintelligeoce cicatrice, le g&rie est un don de Dieu ; ii faut glorifier 
Dieu avecsesdons. 

t Puisse cette offrande, faite au nom de tout un peuple, etre 
pour la cite un gage, de paix, de concorde 9 de conciliation 1 
- t De m6me que ces pierres r£unies 9 par le ciment, 4 d'autres pienres, 
forment un tout harmonieuxet com plet qui *'6l6ve vers le Ciel, de 



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'380 BISTOIRB DB NWES 

mfime unit par les liens de la charite, ce divin ciment des &mes, puis- > 
seat les membres de cetto paroisse, de cette cite former unseul corps 
qui s'616ve, lui aussi, yerale Giel comme un temple vivant, oomme un 
hymne qui monte vers le Cr&teur. 

»Tel est le dernier voeu qu'exprime, once moment, Tad ministration 
municipale, en cedant It sa haute destination ce temple qui fut si 
longtempg l'objetde ses plus ch&res sollicitudes. 

t Prenez done possession, Monseigneur, au, nom . de Celui qui vous 
envoie, du Temple prepare pour Sa Majesty sainte I Le ciel et laterre 
sont attentifs; il va se passer ici quelque chose d'auguste et de solennel • 
Oes portes impatientes demandent & s'ouvrir devant le Roi de Gloire, 
devant celui qui dans cette circonstance, se fait appeler le Died fori d- 
puissant, leDi^i terrible dans les combats \ 

t A Lui done, au Dieu qui confond k ses pieds, dans une 6galit£ su- 
blime, le prince et l'esclave ; au Dieu verslequel les peuples tournent 
leurs regards au moment des grandes defaillances sociales ; au nom du 
peuple immense qui m'entoure et qui parle par ma voix, honneur^ 
respect, louange, adoration I 

» A Lui, a son venerable Ministre, ce syrabole de la propria et du . 
pouyoir ». . ] | 

• . ; i .. 

L'Evftque r6pondit qu'il acceptait avec joie les clefs de rEglise 
Saint-Paul des mains d'un magistral que la population avait place 4 sa 
tftte et parla en termes emus de cet autre magistral celui-14 mfime 
qui prit une si large part k la construction de l'6difice. En terminant 
M fr Cart declara que les premieres priferes qui s'eifeveraient k Dieu dans 
lenouveau sanctuaire, s'eifeveraient.pour la pair, la Concorde et la 
reconciliation. 

Lac^monie religieuse de la consecration commen$a immediate- 
taent aprfes. Le clerg* se rendit processionnellement k Vancienne 
6glise pour y chercher les reliques qui furent apportees en. grande 
pompe 4 la nouvelle 6glise. Lac6r6monie de la consecration termin^e, 
les portes s'ouvrirent et la premiere messe fut ceiebree devant la Gour 
d'appel en robes rouges, ayant k sa tdte M. Teuton, son premier presi- 
dent ; le Tribunal, le Prtfet 4 la t£te de tons les fonctionnaires de 
l'ordre ad ministratif, le general, entoure d'un brillant etat major etaient 
tous presents k cette imposante ceremonie. '•-- 

Le soir 9 M" ThiBaut, eveque de Montpellier, pronon$ait le sermon 
devant une foule immense qui etait massee jusque dans les moindres < 
recoins da ce vaisseau aux Tastes proportions* 



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ANlfftB ISIt SM 

Cette journle devait pn>fond6ment impressionner una population 
accessible 4 ces Amotions profondes que procurent les pompes reli- 
gieuses aooomplies dans oes conditions de grandeur at da s£v&re or- 
donnancement. H est 4 noter que parmi ces milliers despectateurs, 
anim6* de penstes difftrentes, il n 9 y eut ni un cri 9 ni une apparence de 
d&ordre. Lorsqu'on songa que quelques mois auparavant, surex- 
dt6s par des passions humaines, nos concitoyens se ruaient les uns sur 
les autres, que le sang coolait dans nos rues ot qu'& cette mSrae place 
oil se dgployait la majesty de la pompe catholique, des combats furieux 
s'6taient engages, on ne peut que reconnattre que ces splendides solen- 
nit£s jettent dans Time une paix, une tranquillity sereine que/ dans 
leur 6garement, certains hommes veulent fuir pour s'abandonner k 
toutes les consequences de leurs passions haineuses. On ne pent que 
g&nir sur un tel aveuglement. 

Le maire rendit hommage & cette paix profonde et k ce clame st 
extraordinaire qui avaient pr£sid6 k la solennit6 de ce jour. 

« Recevez, habitants de Nimes, disait-if dans une proclamation, les 
remerciements de vos magistrats pour I'attitude si belle que vous avei 
d£ploy6ehier dans unejournle Wniedu ciel. Nous remercions cette 
Gaidenationale, juste orgueil de la cit6 et dont les rangs n'avaient 
jamais 616 aussi nombreux. Nous remercions ces troupes de toutes 
armes, dont la gravity et la bonne tanua inspiraient le calme et le 
respect. , 

. » Nous remercions cette population enti&re, dont les sentiments re- 
ligieux et fraternels Iclataieot de toutes parts ; cette population dont 
la confiance nous est si chfaeetqueuous sommes fier d'administrer. 

» Habitants de Nimes, le souvenir de cebeau jour ne s'effacera 
jamais ; il vivra dans yos coeunret dansceux de vos enfants ; il vivra 
dans l'histoire dela cit6 et en sera Tune des plus glorieuses pages ; le 
bronze et l'argent vont le reproduire et le consaerer. 

On trouvera dans Y Illustration du 2 d£cembre 1849, sous les initiates 
J. S. (7ules SaUes), nn dessin reproduisant la principale sc&ne dela 
c£r6moniequejeviens de tracer k grands traits. 

Quelques jours aprta cette imposante consecration de la nourelle 
gglise, — le samedi 24 novembre — le maire proc6dait ^'adjudication 
de la vieille Iglise Saint-Paul, dlpendances, sol et raat&riaux, M. Nicolas 
Brouzet6taitd6dar6adjudicataire au prix de 83.600 francs. Le 10 
d&embre, on p£n6trait dans les caveaux de la vieille £glise. Plus vastes 
qu'on ne le pensait, ces caveaux occupaient au dessous des dalles, un 
espaceaussi large que Valise elle-mdme, lis contenaient plusieurs 



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j 



'■ * ■ \ - 



35T ~ '* HKTOIBB 1>B NIMES ^ ^ . ". '; 

ranges de cercueils superposes les uns sur les autres. Mais par l'effet * ' 
da temps eU'humiditS, les bteres s'6tdent affaiss^ sur elles-m£raes, 
cod fondant dansun tristo ama* les ddpouilles mortelles qu'elles conte~ 
paient. Apr&s une messe de mort change dans la nouveUe gglise, les 
ossements furent places sur on char iunibre et accdmpagn& par le 
maireet lesadjointsjusqu'aucimeti&re ok ilsfurent d6pos£s dans one " 
fosse commune. 

A quelques semaines deli avait eu lieu, non it Nimes mais k Aigues- 
mortes, uoe autre inauguration solennelle,. celle de la statue de saint 
Louis. Ila6t6 d6j&dit la partquela ville de Nimes et ses habitants 
avaient prise k l'6rection de ce monument, il est bon d'ajouter que la 
c6r6moniede Inauguration attira k Aiguesmortes non-seulement les . 
autorit£s d£partementales, mais la municipality nimoise tout enti&re 
et une bonne partiedela population. Un artiste, du reste, d£jk popu- 
lairedans notretitt, Pradier, 6taitl'auteur de la statue du saint Roi, 
etcertesilsesurpassa dans cette oeuvre qui sortait un pea du cadre 
ordinaire de ses travaux* t Le sculpteur et le fondeur, M, Simonet,^ 
m6ritenttous nos&oges, disaitun des principaux organes de la cri- 
tique parisienne, admis k visiter la statue de saint Louis. Cette statue 
est d'un caract&re plus calme que les oeuvres ordinaires de Pradier. 
Cestbien le Saint Louis, le roi tr&s ch&ien que vous conoaissez avec 
sa cotte de maille et son front inspirg ; comme toutes les creations de 
Pradier, celle-ci r£v&lela main du mattre*. 

(Test le 4 mars 1849 que le bronze de M. Simonetfutmis en place sur 
le socle en pierre de Crussol qui formaitle ptedestal. Ce n'est que le 
9 septembre qu'eut lieu Inauguration solennelle. 

Plusieurs trains spteiaux partis de Nimes transporterent k Lunel 
toute unefouled'invit&et decurieux. Laville d 9 Aiguesmortes 9 vers 
laquelleon se dirigeait de 14 en bateau ou en voiture s'gtait pour la dr- 
constance par^e d'arcs de triomphe en verdure, de guirlandes de 
feuillage, d'oriflammes, de transparents charges ^inscriptions enlTioa- 
neur de saint Loufc* L'entrSe de la halle au bte avait 6t6 transform^ 
en un autel splendidement d£cor6 surlequel M^ Cart, 6v6que de- 
Nimes, entourS d'uu Qombreux derg£, c616bra le saint sacrifice. Le 
pr61at Wnit ensuite' le monument et pronon$a une allocution dans 
laquelleil d6montra tout ce que Ton pouvait attendre pourlebien de 
la religion et de la morale, si l'esprit do saint roi remplissait les Ames 
de son feu divin. Le prtfet prit k son tour la parole et la c&ia ensuite 
AM. deLarcy, president du Conseil g&ilral qui, dansun discours 
d'unehaute&oquence produisit autourde lui une profonde impression. 



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GoDgle 



ANNtB <»4» '' *53 

Sa p&oraison futparticuli&roment remarquable, car l'orateur out l'heu- 
reuse idtode rappeler let dernieres paroles da saint Roi 9 mourant. 

t . • • On ne saarait trop le redire, s'&riait M. de Larcy, oe qui dis- 
tingne saint Louis, c'est cet amour du juste, oette exactitude morale, 
Fesprit Chretien, en un mot, que seul il a port* k ce degr£ dans le r&- 
glement des affaires publiques et qui en fait un horn me k part parmi 
tons ceux qui sous des noma divers ont jamais pr&id6 au gouverne? 
ment des nations. 

c II a'est peint lui-mdme toutentier dans cette touchante instruc- 
tion qu'il Icrivit pour son fils au lit de mort ; c'est tout un code de 
morale etde politique dont la civilisation dans sa marche incessante 
n'a jamais d£pass6 la merveilleuse 616vation. 

c Beau fils, la premiere chose que je f enseigne et commando 4 
garder, si est que de tout ton coeur tu aimes Dieu. 

» S'il t'envoie adversit£, regois-la b£nignement etlui en rends gri^ 
ces ;...• s'iite donne prqsp6rit£, si Ten remercie tr&s-humblement, et 
garde que, pour ce, tu n'en sois pire par orgueil ne autrement, car on 
ne doit pas guerroyer Dieu de ses dons. . * 

t Aies le coeur doux et piteux aux pauvres et les con forte et aide en 
ceque tu pourras*. 

» Ne boute pas sus trop grands taillesne subsides k ton peuple, 
si ce n'est par trop grande n£oessit6 pour tonroyaume dgfendre. . 

» Aimetonhonneur. 

» Ausai fais droiture et justice k chacun, tant an pauvre comme au 
riche. 

» Si tu es averti d'avoir aucune chose de l'autrui qui soit car- 
taine , soit par toi ou tes pr&i&esseurs , fais-la rendre incontinent 

t Maintiens les franchises et liberies fesquelles tes anciens le* 
ont maintenues et gardles et les tiens en favour et amour. 
; » Et te supply, mon enfant queen ma fin tu aies de moi souve- 
nance etde ma pauvr%4me... » 

€ Sans doute, il vous aura sembte que c'6tait acoomplir le voeu du 
saint Roi, donner Asa m6moire le meilleur Wmoignage de souvenance 
que de r6p£ter ici, dans leur sublime naivete, ces saintes paroles qui 
retentirent il y a six cents ans sur le rivage d'Afrique. On sen£ en les 
6coutant» comme le parfum d'une autre relation. La pensde chr6- 
tienne dans le coeur de saint Louis, c'est I'essence divine dans un vase 
digned'eUe. 

» Plaise k Dieu que ce testament du xiu* sifecle soit compris et accepts 
du xixM..* " • ; . . _ 

' Poirt*— Uratoos, 1mm l» U . 



' Digftizec by VjOSSWLC* 



'■■"V^V 



IM . fllSTOlRE DB OTMES .-• r- 

* » (Teat da moins an heureux pr&age, que oette solennelle assem- 
ble, ce concpurs unanime des populations au pied de catte statue. 
Bntrepri8 sous an gouverneraent qui n'est plus, inaugur£ sous an 
autre, t6rooin d£j& de plus d'une vicissitude, et toujours respects, ce 
monument, tout empreint des vieux insignes de lapatrie, devient com- 
ma le symbole de tolerance etd'unionqui confond tous les Fran$ais 
dans un m6me sentiment de reconnaissance nationala. % 

t Puisse l'accord de cette belle journ£e fttreaussi durable qu'il est 
sincere! que ce patriotiqua et religieux horn mage monte au del en 
pri&re pour en redescendre en benediction! Puissiez-vous, d saint 
Louis, faire pour nous un de ces miracles dont la foi de nos p&res vous 
attribuaitledon. Puisse le beau me de vos vertus Termer las plate 
et gu6rir lesmaux de cette France que vous avez tant aim£e I » . 

Ces paroles emprunt&s au saint Boi v l'accent &nu de l'orateur, sa 
conviction, sa chaleur impressionnaient profondement les assistants, 
que lecaract&re special de cette fete nationala avait d6jA transports. 
Et nous-meme, en nous important k cette solennelle inauguration; nous 
ne pouvons nous emp&her de faire un douloureux rapprochement 
antra ces expeditions que rappellent les inscriptions gravies sur le 
pi6destal (i) de la statue d'Aiguesmortes et celles qua nous voyons s'ac- 
complii de nos jours. Sur cette terra de Tunisia, ou le Roi allait lui- 
m&ne au devant de la mort accompagnant ses soldats, oil ily a six cents 
ans, flottait l'6tendard frangais abritant les projets les plus purs et les 
plus louables, inspires par la foi la plus vive, aujourd'hui nous voyons 
ce meme drapeau envahir ces mdmes rivages, trainant & sa suite tout 
un monde interlope de gens d'affaires tar£s, de banquiers v£reux qui 
ddshonorent et compromettent toujours la cause la plus juste, tandis 
que les inspirateurs de cette politique, rest68H'abri,s'enrichissent en< 
sp&ulant et en agiotant sur les fonds publics. ^ * 

Oh n'ltait pas en 1849 arriv£ fc ce degrade honteet de bassesse. De 



(I) Sur It face Nord da pildesla) on lit : A taint Louis — La villa d'Aigsesmortea — 
voolanl .perpllucr — lejriea glorieoi souvenir — da set annates— selerteeile 
elatoe — dans la lien — lemcia de rembarqnemenl —da ce be>oa ehrdliea — poor 
la T* et Yf croisadea, . \ 

Snr le Sod on lit HnscripUon aoivante : R. S. MDGCC XLIX — mcatum — ex snrs : 
TradaetiOB : Tan 1**9 de notre redemption, ee monnment a M e1evd par soaserip- 
flea. 

La grille qni entoire le monnment eat doe I aa aerriner de Natee, Marias 
Aaitiae. 



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ANWtB 4S49 |55 '*' 

nobles aspirations agitaient eocore les esprits ; cVStait encore l'epoque 
des genereuses resolutions auxqualless'associaitle gouvernement lui- 
m6me. Un des faita aaillantada moment fat l'expedition romaine : 
nous a von* d£jh vu dans un precedent cbapitre comment les dSraocrates 
romains avaient chassis le Saint-P&re dela villa Sterne lie. Continuant 
la comedie sinistra com mencee, cos agitnteurs avaient, Ie9f6vrier 1849, 
declare par ddcret la papaute ddchuedu gouvernement temporal des 
Etats romains, et avaient proclamS la R^publique, qui n f avait pas tarde 
k se transformer en une dictature mazzinienne. 

Cette nouvelle produisit dans la nation et dans notre cite une viva et 
doyloureuse impression. Tons les rang* de lasotietl catholique fa rant 
profondlment touches de I'attentat commis contre la Papaute. 

AaConseil municipal, M. L£once Curnier propoea de.rediger one 
adressei Pie IX. L'Assembiee, sur les conclusions de sa Commission 
des cultes, decida que le Conseil ne votarait auenne adresse au chef de 
l'Eglise, par ob&ssance pour la loi qui interdit aox Conseils muoicipaux 
toute deliberation portant sur des objets Strangers & sea attributions 
et « malgrg les sentiments de piet6 filiate, d'admiration et de respect 
qu'inspirent au monde entier les sublimes vertus d'on des plus grand* 
pontifes qui aienthonore l'Eglise et l'humanite. * ' - 

La France fremissante ne pouvait toller plus longtemps de telles 
folies et se souvenant k temps de son rdle de fille atnte de l'Eglise 
; s'empressait d'intervenir ; le 17 avril, l'Assembiee' rationale detidait 
d'envoyer k Givita-Veccbia une expedition, k la tetede laquelle etait 
place le general Ouditiot. t Le gouvernement, disait ce dernier, resolu 
k maintenir partout notre ancienne et legitime influence n 9 a pas vou- 
lu que les destinies du peuple italien fussent k la merci d'une puis- 
sance etrangire ou d'un parti en minority » Cetait bien 14, eneffet, 
it cdte de la pensee religieuse, la pensee politique du gouvernement 
qhi entrait ainsl r&olAment dans une voie salutaire dont nous le 
verrons pen k peu s'ecarter lorsque Bonaparte aura ceint sa tete de 
la couronne imperiale. 

Mais les re?olutionnaires, furieux de la decision du Parlement, tons 
de coeuretd'&me avec les mazziniens de Rome, crurant le moment 
venu de jeter le desordre dans le pays. lis demanddrent k I'Assembiee 
la mise en accusation du president de la R£publique et du minist£re, 
ce qui leur fut refuse k une enorme majorite. Un mois aprto, battus 
comme ils yenaient de Tdtre aux elections generates* et au moment oil 
le canon fran$ais ouvrait la brfiche dans les murailles de Rome, les 
memos fauteurs de desordre descendaient dans la rue, fomentant sur 



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356 . ' BISTOIRE DB NIMES / *^ 

plusieurs points de la France de3 d&ordres sanglants, notamment k 
, Paris et k Lyon* 

ANimes, hachtes et incomprehensible*, ces nonvelles arriv6es parle 
t£16graphe, apporttes par des rumeure sinistres, produisirent une im- 
pression d'inqui&ude et d'angoisse : Allait-on revoir les jours funes- 
tes de 1848?onpouyaitlecroire 9 car dans notre villa comme partout 
aillears so manifestaient les ramifications da complot dirig£ contre la 
R6publique. Les clubs se d&laraient en permanence et appelaient 
les citoyens aux armes. Les mGroes d£pdches simul6es, qui k Lyon 
donnaient le signal du combat, 6taient k la mfime henre colport£es 
k Kimes. On se ftlicitait hantement parmi les chefs da parti de Favfc- 
nement de la R6publique rouge, et on y dressait des listers de pros- 
cription. 

Les m6raes individus qui avaient par leurs declamations furibon- 
des compromis la paix publique de notre cit6 l*anu£e pr£c£dente, 
se r§pandaient dans la Vaunage, faisant appel i ces populations 
ardentes et fanatiques, revant de je ne sais quelle nouvelle Edition de la 
fameuse bagarre de Nimes; leurs coreligionnaires incendiaient les tours 
du ttllgraphe, t£moin celui de Villeneuve-le3-Avignon, organisaient 
des reunions ill£gales et terrifiaient les hommes d'ordre par leuis 
horribles provocations. ] j 

Legouvernementveillait heureusement, et la population respirgit, 
en voyant affichta sur les murs la c£l&bre proclamation suivante, 
dont une phrase en particalier a 6t& r£p£t£e it sati£t£ et dans bien des 
circonstances* 

t Le President de la R6publique aa peuple Fran$ais, 

» Quelques factieux osent encore lever l'6tendard de la rgvolte con- 
tre un gouvernement legitime, puisqu'il est le produit du suffrage 
universe!. lis m'accusent d'avoir viol6 la Constitution, moi qui ai sup- 
* port£ depuis six mois, sans Gtre &nu, leurs injures,' leurs calomnies, 
leurs provocations. La majority de l'Assembl6e elle-m£me est en butte 
k leurs outrages. L f accusation dont je suisl'objet n'est qu'un prgtexte, 
et la preuve, c'est que ceux qui m'attaquent me poursuivaientd£jiavec 
la mdme haine, la meme injustice, alors que le peuple de Paris me 
nommait Repr&entant, et le peuple de la France, President de la R£- 
publique. Ce syst&me d'agitation entretient dans lepays le malaise et 
la defiance qui engendrent la mis&re. Ilfautqu'il cesse. It isr tkmps 

QUI LBS BONS 8K BASSUftfcXT ET QUB LKS m£CHANT3 TRE1IBLXNT. La BSpU- 

bliqne n'a pas d'ennemis plus implacables que ces hommes qui per- 
pltuentled&ordre, nous forcenti changer la France en un camp, not 



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ANN*B«Stt -'/ v ; : * . 357J. 

idee* d ameliorations et de progrfesen pr^paratifs da lutte et de defense. 
Bio par la Nation 9 la cause que je defends estla v6tre # Cest oelle de 
tos families, de vos proprietes, celle da pauvre comma oelle du riche, 
celle de la civilisation. Je ne recalerai devant rien pour la Cure triom- 
pher. 

(Paris. 13 join 1849). a Louis-NAPOLtoN Bonapaetb. » 

L'emotion avait ete si vive, lea craiotes si grandes et l'inquietude si 
poigoante que leConseil municipal se r^unit com me au lendemain 
d'un de ces attentats qui inspirent Vhorreur et jettent reffroi dans la . 
8oci£t6 : il prit k l'unanimite la deliberation suiVante : 

» I/an 1849,et le 19 join, k l'heure ordinaire des stances, lesmembres 
du Conseil municipal de la ville de Nimes, etant reunis pour les tra- 
vauxdesa session, M. le Maire a expose au Conseil que, depuis sa 
derni&re stance, depraves evfenements s'etaient accomplis : Une mino- 
rity factieuse avait ose declarer hors la loi la majority de 1'Assembiee 
legislative, et attenter it la souverainete nationale en la personne de ses 
Representants. D6jou£e par l'accord des grands pouvoirs de l'Etat, par 
la loyaute de uotre valeureuse arm^e et le patriotisme des populations, ; 
Tinsurrection avait succombe sous sapropre impuissance. Ses compli- 
ces avaient ensanglante quelques points du territoire, et agite partout 
les ferments des mauvaise3 passions. La vigilance de l'autorite pu- 
blique et le bon esprit des citoyens n'ont point permis que Nimes f At 
trouble. Si le moindre peril eAt existe, le Maire se serai t empress^ de 
sentourer des membres du Conseil municipal, et aurait agi, de con- 
cert avec eux, pour le maintien de la paix publique et l'accomplisse- v 
ment des devoirs imposes par la Constitution. 

» Surquoi, le Conseil municipal, aprts avoir d6liWr£, a declare s f as- 
socier aux emotions et aux sentiments exprim&i par M. le Maire et 
se. feiiciter hautement avec lui da triomphe de Tordre et des lob. 

» II a remercie ce magistrat de Taction prudente et fermequ'ila . " 

exercee, durant ces jours d'anxiete, sur les manifestations pu- 
bliqnes. ■ ? - 

»Cest avec le plus vif empressement que les eius de la cite sentient J ~ \ 

venus se grouper autour de la magistrature populaireet lui offrir son * : . 

entier concours pour le maintien de la paix publique et de la Consti- 
tution. . . ^ :"; \ 

a Les devoirs du Conseil etaient traces d'avance. . '■■ > • ' 

a Chacun, dans la limite de ses droits et la mesnredeson action; doit _ : v' > 

seconrs et protection A la societe menacee. % 



. >* 



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Go&gle r ; 



' SM HISTODtE DE NIMES ^~ ; - ..;■'' 

• # * • * . * 

* L'accord de tous les pouyoirs publics, 4 tous les degr£s de la kierai 
chie, Tindissoluble union des gardes nationales et de rarm^e, I'entenl 
loyale at energiquede.tous lesbons citoyens seront toujours au mc 
ment de peril, le plus ferme rempart de la Republique, et seront so 
le cceur de la patrie, comma une 6gide impenetrable contra les trail 
d6sesp6r& des factions . 

» Qu'avec ce vastesyst&mede resistance nationala, qu'avec le concoui 
du grand citoyen dont six millions de suffrages ont consacre le poi 
voir, qu'avec l'appui d'un illustra capitaine dont le nomet F6p6e soi 
" le symbole de 1'ordre public, I'Assemblte legislative poursuive, calm 
et ferme, sa haute et providentielle mission 1 Qu*elle fonde, avac 1 
liberty, 1'ordre et la prosp6ril6 publique ! Ella aura bieri imtoiU < 
la pa trie et de la civilisation. 

» Le Conseil invite M. le Maire k Iransmettre k M. le President de '. 
Republique et k l'Assembiee legislative, I'hommage d'adheskra, c 
sympathie et de profond respect de la monicipalite et de la populatic 
nimoise. » 

Quelques jours apr&s le 28 juin, le prefet du Gard 9 M. Chanaf, eta 
appeie k Strasbourg et remplace par M. Lagarde venant de Seine 
Marne. On ne saurait douter que cette mutation fflt due auzdernie 
evfenements. En eflfet, tandis que dans un departement voisin, celui c 
THerault, l'autorite portait ila connaissance du public, et au fur et 
mesure de leur reception, les depeches qui annon$ant l'insurrectk 
anarchique, annon$aient aussi la repression du mouvement, le pref 
du Gard publiait una ligne en apparence insignifiante mais qui ouvra 
la porta aux suppositions les plus hasardees; ce qui permettait ai 
revolutionnaires de faire croire k Tarrestation des ministres, k la fui 
du president de la Republique, k l'av&nemeht de la Republique s 
ciale. Ajoutons que le gouvernement faisait officiellement connait 
.que le d£placeraent de M. Chanal etait pour ce (bnctionnaire i 
honneur et non une disgrace. De telles assurances couvrentparfois u 
verite contraire. Ce qui est certain, c'est que M. Chanal, absent 
Nimes, au moment de son changement, ne reparut plug k la Pr6fc 
ture. 

€ Je ne m'attendais pas k vous quitter si brusquement, 6crivit-il 
maire de Nimes, le 20 juillet 1849 de Strasbourg, et je ne croyais j 
quenosadieux etaientdefinitifs* Ce n'estqu'4 Paris quej'ai re$u i 
destination et regu Tordreen meme temps de m 9 y rendreimmedi 
tement »• 
A cdte des preoccupations politiques et sociales, des inquietudes q 



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ANWtB 4S49 369 '.. 

Ton pouvait concevoir pour la paix europ£enne, et qui k Niraes plus 
que partout ailleurs avaient trouv6 uo £cho attentif, Slant donn6 que 
ledrapeau fran^islutt ait en ce moment pour rendre au T. S. P6re 
son pouYoir tempore!, d'autres soucis asstegeaient U population. Le 
midi de la France Wait assailli par une invasion chol&ique d'uncarac- 
t&re au moins aussi grave que eel le de 1835. D£ji pendant le mois de 
juillet, la panique avait 6\6 k son comble dans notre cit6 et les craintes 
paraissaient justifies. Mais la maladie ne se d&Iara rdellement que 
le7 aoAt. Les debuts furent assez violent* et les quartiers les plus 
atteints furent en particulier les rues de VAgau, de la Ferrage, Saint- 
Baudile 9 des Lombards, le boulevard Petit-Cours, quartiers que le voi- 
sinage du canal de la Fontaine rendait essentiellement malsains. 
Cependant durant toute la pgriode 6pid6mique qui alia dSclinant jus* 
qu'au 28 octobre, date de sa disparition definitive, le cholera ne fit 
pas plus decent ringt-cinq victimos dans notre ville ; encore faut-il 
ajouter que beaucoup de ceux qui succomb&rent Itaient dfyk affaiblis 
par des maladies ant6rieures. II n'en fut malhenreusement pas de 
mftme dans toute les villes de la region donl plusieurs 9 Marseille 
notamment, furent v6ritablement ravages parte fl^au. 

D'autres gpreuves allaient'assaillir notre midi. La rteolte du vin f 
ce palladium de la richesse meridionals 6tait fortement menacte. D6)k 
l'ann£e prfc&lente on avait rencontre sur nos plants des symptAmes 
d'une maladie inconnue, et que rien ne pouvait faire disparattre. Ce 
n'6taient encore que des souches atteintes isolgment et la r&olto ne 
s v en ressentit pas outre mesure. Mais en 1849, il n'en 6tait plus de 
m6me et force fut de reconnaltre qu'on se trouvait en presence d'un 
autre fl^au pour lemoins aussi redoutable que le cholera et qui attei- 
gnait bien plus sArement la richesse publique que cette derni&re ma* 
ladie. La rteolte ne fut k peine que le tiers de celle de 1848, et d£j4 les 
habitants de nos campagnes, 6pouvant6s, se demandaient quelle serait 
I'&endue du d&astre qui les frappait. Cette maladie fut appelto 
1' Outturn, et, comme nous le verrons par la suite, combat tue Snergi- 
quement par nos viticulteurs. 

On le voit , de toutes parts la soci6t£ 6tait menacte et soumtse 
k des terreurs justifies. L'&at du pays, le progrts des doctrines com* 
munistes, l'audace de leurs adeptes, les orages parlementaires qui < 
serablaient prfcs d'an&ntir le gouvernement et qui amen&renf 
le president de la R6publique k tenir un langage d'une fermetS 
exceptionnelle , les craintes d'un coup d'Etat resultant de cette 
attitude nouvelle du prince Napoleon , le commerce languissant t 



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- -•/:";. *:~J-i> *-: 



s* 



36* HISTOIRB DB NIMES . 

les richesses agriooles menacees, tout so rSunissait pour jeter I'emoi 
dans le pays entier et en particulier k Nimes. 

Nos reprSsentants 4 1' Assemble legislative avaient tout k la. fois 4 
rteonforter le moral de leurs concitoyens et 4 tenir tete aux orages 
politiques qui surgissaient sans cesse k Paris. Nous sommes heureux 
de les voir s'associer 4 une mesure de haute politique et dehaute conve- 
nance qui denote les sentiments de justice etd'honnetete qui animaient 
la deputation du Gard. Les r&rolutionnaires de 1848 avaient eu l'id£e 
de supprimer le douairede la duchesse d'Orl&ins, la veuve de l'infor- 
tun 6 prince royal. Mais la droite de TAssemblta se* refusa 4 cette 
inique spoliation. Le document suivant, sign£ des repr^sentants du 
Gard, dit hautement 4 quel esprit de prudence et 4 quel sentiment 
d'6quit£ obeirent les bommes que le pays avait envoy£s singer au 
Parlement. 

. Paris, le 22 octobre 1849. . 

« Monsieur le Redacteur. . ~ — 

* Nous avons re^u, quatre jours apr&s celui ob a ete discute le 
douaire dela ducbessed'Orieans, des lettres deplusieursde nos amis 
de Nimes,. contenant des observations relatives 4 ceprojet de loi, Dans 
Timpossibilite ou nous sommes de r£pondre indiyiduellement 4 chacun 
d'eux, nous recourons 4 votre journal pour faire connaitre les motifs 
qui ont determine notre vote dans cette circonstance. 

» Cette question du douaire avaiteveilie toutes les preoccupations 
des repr^sentants de la droite, et dans des reunions sp6ciales, elle a 
£t6 examinee soustous ses aspects. De la vis des juriscon suites les plus 
eminents qui sifegent parmi eux,ily avait contrat formel selon les rfegles 
du droit civil et, par consequent, dettede l'Etat. 

» En roati£re d'engagements de cette sorte, il a toujours ete de prin- i 
cipequ'ilne fallait pas distiuguer entre les pouvoirs qui, 4 diverse* 
epoques, ontgouverne l'Etat, et qu'en agissant aiosi on. ne recon? 
naissait nullement la legitimite deces pouvoirs, *. 

» La Restauration a mis sa gloire et trouve.la puissance de son 
credit dans l'acquittement des dettes de l'Empire. La cbambre de 
1815 a et6 jusqu*4 payer les depenses faites par Napoleon au retour de 
Tile d'Elbe, et n*a pas entendu, pour cela, reconnattre le gouvernement 
des Cent-Jours. . . „ 

m > Nous n'avons done pas era que r adoption de ce projet pftt, 4 
aucun degre, etreconsidereeeomme la ratiflcation du fait de 1830 ; s*il 
en etaitainsi, nous n'y aurions jamais consent!. 



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ANlfftE 4*49 36fV 

» Cette opinion a 6t6celle de la g£n£ra1it£ de nos amis; il nous a 
paraqu'il&ait de notre devoir d'y adherer. Dan* les circonstancer 
actuelles, dont il est difficile d'appr&ier & distance toute la portte, ii 
ttait, d'ailleors, de la plus haute importance de no pas divisor la ma* 
jorite. La conscience et la raison se sont done trouv&s d f accord pour 
nousconseillerce vote, et nous ayons cru 9 en l'6mettant, foire une 
chose utile etremplir une obligation impgrieuse. 

» Veaillex agr&r, Monsieur le R6dacteur 9 l'assuraoce de nos senti- 
ments les plus d£vou6s. 

Ch. DK SUEVILLI, DB LlRCY, F # ChaPOT, 
~ AUGCSTB DbBEJLUNI 9 DE LABBCGUliRB , 

D. BbXOISTD'AzY, F, BiCHABD. 

t Absent au moment du vote, je declare m'associer k Topioion de 
mes honorablescolldgues. 

» RouT-CimBomi bl » . 

Un des signataires de cette lettre, M. Debeaune mourait quelqnes 
jours aprte k Paris, laissant vacante une place qui ne devait etre rem- 
plieque dans les premiers jours de l'annle 1850. 

Si cette annto 1849 se ferme sur le spectacle attristant des dangers 
extgrieura et intlrieurs que court la Ffance, et sur les d&ordres tou- 
jours croissants qui envahit les esprits d£tourn& des saines traditions 
de la religion et de l'ordre, il fut cependant pour Nimes et sa 
region un spectacle consolant qui devait provoquer parmi nos conci- 
toyens une Amotion salutaire et influer puissamment k leur donner le 
courage et la resignation devant les. d£sordres qui les meha^aient et 
les catamites qui les frappaient. . 

Le 8 d&embre s'ouvrait, en effet, it Avignon, un concfle provincial 
sous la j>r<Ssidence de l'Archevdque. L'6v£que de Nimes, M** Cart, 
venait prendre part aux travaux de cette reunion eccl&iastique aux 
c6t6s de tons les£v£ques de la province et de tons les d£16gu£s des 
anciennes villes gpiscopales. -* 

Cos .assemblies tenues sur divers points du territoire avaient 
une haute portge morale, au moment, oil la soci&A affblfe cher- 
chait un point d'appui pour 6chapper aux consequences d&as* 
treuses d'une propaganda anarcbiste effr6n6e. 

La pgriode qui va s'ouvrir nous montrera une politique exttrieure 
aveugle comme avait 6t6 aveugle la politique int6rieure de la monar- 
chic constitutionnelle. Celle-ti conduisit directement la France aux 
journfes sanglantes de 1848, pendant lesquelles les bases de notre 



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3W HISTOIRB DB NIMES ; 

soci£t6, 6branl6es paries assauts furieux dela revolution et da mat£- 
rialisrae, ne purent resistor au flot envahisseur et sombr^rent 
presquesaDS resistance. ; 

Celle-lk mettra le pays k deux doigts de sa perte et se terminera 
par V invasion 6trang&re de toutes la plus douloureuse. Subitement, 
presque sans lutte, la France Terra son glaive bris6 entre ses mains 
etdeux de ses provinces arrach£es de vive force. 

Singuli&re caractgristique de ces deux p&riodes do vingt amines : 
l'une. jelant noire nation dans la tourraente r6volutionnairepour avoir 
lai*s6 briser les assises traditionnelles qui avaicnt fait- dans les sid- 
cles passes sa grandeur etsa pro*p6rit6; l'autre, la met tan t aux prises 
avec les horreurs de l'iuvasion pour avoir m£connu le rdle roagnlfi- 
que de la France en Europe et ses devoirs de fille aln£e de lTSglise. 

F6cond rapprochement que la Providence ra^nagea au pays que ces 
deux chutes it l'intlrieur et k I'exterieur, op£r£es dans le m6me temps, 
dans des condition* analogues et qui toutes deux sont le produit 
direct de Tesprit rlvolutionnaire d£chatn6 sur le pays. 



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efie*a.tum: 



Page 97 9 lire : 44 volumes, au lieu de : 200 volumes. 

Page 97, lire : Aprt& Sigalon itait mart le president du Consis- 
toire, Samuel Vincent, au lieu de : Avant Sigalon itait mort le 
president du Consistoire, Alexandre Vincens. 

Page 229, lire : enfin le 17 novembre 1847, au lieu de : en fin' 
le 17 novembre 1848. 

Page 248, lire : En mime tenXps paraissait le dtcret du 5 
mars 1848, au lieu de : En mime temps, paraissait le dicret 
du 5 mai 1848. 



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TABLE DES MATlERES 



PoarasiT m l'Avteoti (ecu forte hors textej 
DfeDICACE. 

PltFACl « 






CHAPITRE PREMIER 
(Annee 1831) 



Coup <T«Bil for r^Ut da pays an commencement de 1831; mesures de police ; affaires de 
Janvier ; renrersement des croix de mission ; rempranl national de 130 millions ; la 
loi snr la Garde nationale ; croix de jnillet : Salnt-simonisme et Fourierisme ; le Jen de 
« bataillon » ; troubles d*octobre : installations des conrs publics ; les ecoles primaires ; 
les elections municipales ; les ateliers de secours ; les eVeneaisnts de Lyon ; Sigaloa. 
cberalier; mort deTrelis, membre de l*Acad6mie du Oard 11 



. CHAPITRE SECOND 
(Annee 1832) 

Installation de la municipality ; l*Etat-MaJor de la Garde nationale; premiers travanx du 
Conseil ; la M aison Centrals pourrait etre transformee en caserne; question des eaux; 

Erojet Talabot et Didion ; projet Vato et Fauquier ; les dames de Saint-Maur ; troubles a 
unel, a Grenoble , a Alais ; le cbemin de for d'Alais a Reaucaire est autorise ; 
telegraphe d*Avignon a Montpellier ; le cholera-morbus en France ; mesures de 
precautions; intendance sanltaire: troubles a Saint-Gilles; mort de Casimir Perier; 
troubles du 30 mai : passage de 8. A. R. le prince d*Orleans ; desordres du 14 aooft 
et jours suivants ; le cholera dans le Gard ; arrestation de Madame la dttchesse de 
Berry ; operations contre la Belgians ; eublissement d*une caisse d'epargne a Nimes ; 
I'attentat du 19 novembre contre le Roi ; capitulation de la citadelte d Anvers ; lisle de , 
souscription pour la ducnesse de Berry .....: 29 



^ CHAPITRE TROISlfeafE 

---".' (Annee 1833) 

Travauxdu Conseil municipal ; adjudication du cbemin de ter d'Alais a Beaucaire; ttte 
du Roi : accident aux Arenas ; adjudication de I'octroi j les dames de Saint-Maur sent 
chargees de donner gratuitement Unstruction aux fides fodigentes ; budget de 1834: 
instruction publique ; Sqncdus Glaucus peche a Aiguesmortes ; acceptation du projet . 
Valx pour l'adduction des eaux ; projet d'agrandissement du Palais de Justice ; elections 
departetnenlales du 19 novembre ; la nuit de Noel «.« 47 



CHAPITRE QOATRtftMB 
(Annee 1834) 

L'exposition generate de llndostrie a Paris;. les exposants, les taureato; le Conseil mu- 
nicipal, ses travaux; deliberation relative a la conservation de l*Ev6cb6 de Nimes; 
budget municipal : don an musee: recensement genera) de la population ; elections leghv 
latives du 22 fain; le marcbe des vins et spiritueux; llavention du chef d'ateuer 
Turion ; election legislative partielie ; changements de la garnbon ; tirage au sort des 
conseillers munJeipaux sortants; ministers du 10 novembre; ministers du 19 no* 



Dicjiti-zed'by 



Gobgle 






366,: HBI01RB DB NIMBS - . \ -^ ; 

vembre ; elections monicipales; Experiences publiques tar la combustion da gat 
Seiligue; le cholera a Marseille.... .....; 55 

CHAPITRE CINQUEfcMB . - 

(Annee 183S) ' 

Travao* du Cobseil municipal ; nonvelle municipality : le CromweL de Paul Delarocbe; 
la Halte tie* Bohi miens, de Colin; concours pour reglise Saint-Paul ; le legs Amoreux; 
attentat Ficschi ; le cholera a Nimes ; installation dun appareil SellLzoe derriere l*Es- 
planade ; ouverture d'uoe roe allant des Calquieres a la roe Notre-Damc ; exposition 
publiqoedes trenle projets envoyes poor le concoors de reglise Saint-Paul 67 

CHAPITRE BUJ&IE ^ 

(Annee 1836) . * 

Creation d'one ecole Indostrielle ; faflalreGent; les travaox da jory charge de joger le 
concoors de l'egllse Saint-Paol ; adoption doprojet Qoestel ; le Conseil municipal, affaires 
soomises ; la soci&e des mines de la Grand'Combc ; attentat do 25 loin sor le Roi: 
Alibaod, le meurtrier, est de Nimes ; agrandissement de radtei de Ville ; tremblement 
de terra ; tentative de grove parmi les oovriers de la fabrique ; decision definitive 
poor Pemplaceraentde I'eglise Saint-Paol ; mort do Roi Charles X: renouvcllement des 
AssembJees departementales ; noovel attentat sor Louis-Philippe. : 76 

CHAPITRE SEPTlfofE 

(Annee 1837) _ 

Organisation des ecoles de chant et de tissage { reconstruction do foyer et do vestibule do 
theatre ; epidemic de grippe ; mariage du due d'Orleans. heritier presomptlf de la cou- 
ronne ; ses largesses ; visile de ia princesse Helene de llecklemboorg a rocole des Arts 



theatre ; epidemic de grippe ; mariage do doc d'Orleans. heritier presomptlf de la 
ronne ; ses largesses ; visile de ia princesse Helene de llecklemboorg a rocole des Aits 
et Metiers de Chalons ; premier trait* d'eclairage ao gaz ; elections municipales: chemln 
de fer de If ontpeliier a Nimes : demande en concession : subvention de six millions a la 
compagnie d*Alais a Beaocaire ; mort de Sigalon ; les ecoles primalres a Nimes ; mort de 
M» deChaffoy ; elevation dell*' Cart a l'episcopat; elections legislative* 87 



CHAPITRE HUmtME 
(Annee 1838) 



;.i 



Les travaux <rinstaI!ation de Teclairage an gaz ^adjudication de realise Saint-Paol; area- 

* tion d'one ecole des Arts et Metiers dans le Midi ; deliberations do Conseil municipal ; 

plan <f alignement ; entree de M* Cart dans sa ville episcopate, naissance de MU le comte 

de Paris; travaox do Conseil municipal ; chemin de fer de Nimes a MonipeUier 105 

CHAPITRE NEUVltME 

(Annee 1839) ^ : 

Les decoovertes de fannee 1839; dissolution de la Chambre: elections legislatives; minis- ' ) 

tere Girod de TAin et Soult ; crime de Beaocaire, execution de Marthe Cootestin; 
affaires do 13 mai : complot et arrestations; Inauguration do busts de Sigalon ; voyage 
do due de Nemours et do doc de Joinville ; travaox do Conseil municipal ; inauguration 
solennelle du chemin defer de Nimes a Beaucaire : mort do baron J. Pieyre; elections ao 
Conseil general .^ . ,..«.. 113 

CHAPITRE DlXlfcMB 

(Annee 1840) ; : 

Affaire de Boulogne; translation descendres de ITmpereur; inondatrons ; sooscriptlon po- 
btique; ministere do 31 octobre; chemin de fer de Montpellier a Nimes; elections 
monicipales; inauguration do chemin de fer d'Alais a Nimes; attentat contra le roi: 
travaox do Conseil municipal...... 131 . 

x \ ' 

CHAPITRE ONZltMB 

(Annee 1841) / ' / " 

Lesprocescriminels;execotioo de LiUere ; tipositlon pubilque de condamnes; donations 
do marechaide campbaroa de Feucheres; bapteme do comte de Paris; troubles' 



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TABLE DBS MATlfeRES ' SCI 

de Toulouse; 1e ministre de ragriculture 4 Kimes; lei operations da reoensenent 
general ; attentat contre lei princes de ia malson royale ; raoctdent do doc de Bordeaux : 
travanx dn Conseil nonteipal ; creation del'A venue et question des eaux 159 

CaVPirRE DOOZlfeliE 

(Annee 1842) 

Ghemin de fer de Marseille jhj Bhone; alignement du quartier du chemin de fer; ca- 

' rre du Tiaduc et de la 
Chambre; elections 



tastrophe du cbemin de fer de la rive gauche ; pose de la premiere pierre du viaduc et de la 
care: mort du due d*Orleans; ses fanerallles; dissolution de la Chambre; elections 
legislatives; travanx du Conseil municipal; elections departementale* 155 



CHAPITRE TRETZlftME 

(Annee 1S43) 

Election departementale: depart deM.de Jessaint; II. Dorcy, prefet da Gard;M. le baron 
de Feucheres promu lieutenant-general ; ses adleux a la population ; elections i 



cipalea : les vols S Nines ; inondations ; la nouvelle municipality ; exposition des 
Beaux-Arts; les Carmelites a Nines t 171 

CHAPITRE QUATORZ1&ME 

(Annee 1S44) 

Election legislative a Uses ; la reine d*Espagne a Nines ; orage electrique ; reception de 
la vole de Nines a Montpellier ; adjudication de la ligne ; le Conseil municipal de Nines 
a Montpellier ; fetes donnees par le Conseil municipal de Nimes au Conseil municipal da 
Montpellier ; congres scientifique a Nimes ; fontalne de I'Esplanadc ; concours ; expo- 
sition industrielle a Paris ; recompenses ; affaires du Maroc et de TaYU ; indemnity Prit- 
chard ; voyage du roi en AngJelerre ; Alphonse de Seynes ; Frederic Boileau de Cas- - 
telnau ..- . » 119 ' 

CHAPITRE QClNZlfeME . 

(Annee 1845) 

nauguration du chenin de fer de Nines a Montpellier ; la place dn Marche ; la place de 
la Couronne ; le projet Dhonbre pour leseaux ; M. Girard, pair de France ; service 
fonebre en rhonneur du sergent Blandan ; greve des ouvriers ooulangers ; musees par- 
ticuliers ; crimes a la maison centrale ; travanx du Conseil municipal ; M» de BonaM a 
Nimes ; visite de M. Dumon, ministre des Travanx publics ; elections departementales. 19S 

CHAPITRE SEIZltME 

(Annee 184$)' 

'L'etatdu pays. Deux attentats snr le roi ; execution capitate; elections municipal** ; - 
elections legislatives ; mariage du due de Montpensier ; exposition des Beaux- Arts ; Inon-r 
dations a AJais ; la « PoHie ligire » de Pradier : travaux du Conseil municipal ; sta- 
tistique de la fabrique a Nimes ; denombrement ae la population ; elevation an pontl- 
flcat deS.S. PielX...... -. OT 

CHAPITRE DIX-SEPTliME 

(Annee 1847) ; 

Les troubles de juQIet a Nines; desordres dans In France ; les ateliers de charite; la 
statue de saint Louis a Afguesnortes ; le Jubile; creation de la succursale de la Banqne 
de France; inauguration au chenin de fer d'Avignon a Marseille; no* compatrlotes a 
Paris; mort deM. Cavalier, ancien maire.. 98. 

, ** " CHAPITRE DlX-HUlTlfchtB ; 

(Annie 1848) 

Dn I" Janvier am 80 /win 

Mortde la prfneesse Adelaide: reddUion d'Abd-eWCader ; mort de Beyer, avocat; JouJv 
nees de fevrier a Paris; abdication du roi et fuite do la frmille royale; gonver nt nfnl 



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■m\\ ; : ' ' histoirb ub nimbs; * :•; }^ : ^ X ' : : '-• ^ ! 

provisoire; Teuton, commissaire extraordinaire dans le Card; commissions departe-* ' 
mentales el rounicipales ; attitude de la population ; decret pour les elections legislati- 
ve! ; premiers symptomes d'agitation a Nimes; la revolution a ritranger; noovelle ^ 
commission municipale ; Gervais, commissaire extraordinaire dans le Gard ; desordres 
graves a Nimes ; lea listes de candidats ; echauffouree a Paris ; le vote du 23 mars a 
Mimes ; distribution des drapeaux a la Garde nationale et a 1'armee ; resultat des elec- 
tions ; troubles a Nimes ; troubles a Lyon, Rouen et sur divers points de la France ; 
obseques d'unc victime des troubles de Kimes; jgouvernement republicain ; ministere ;v" 
Bonnias, prefet du Gard : journees des 15 et 17 juln a Paris; revocation du prelet du 
Gard; la situation a Paris et a 1'Assemblee nationale; Salives, prefet du Gard; emeute 
sanglante a Nimes: empront municipal; insurrection a Paris; journees de juin ; eve* " 
nementa oe Marseille* ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••■•••••••••••••••••••••• 2kj# 

CHAPITRE DIX-HOTn&ME , 

. (Annee 1848) * . -. 

* Du l w juilUtau Sidieembre 

Cavalgnac, chef du pouvoirexecutif ; I'enqueie sur les journees de juin; le rapport du pr6- 
fet Salives ; le rapport du commissaire-enqu6teur Tnourel : pieces du dossier ; Elections 
monicipales; elections auConseil general: Election du colonel de la garde nationale ; 
revocation do prefet Salives ; Chanal, prefet du Gard ; execution capitate de Rose Jao- 
quemont ; Napoleon Bonaparte a rAssemblee nationale ; nomination de la municipality ; 
les banquets politiques ; la constitution : sa promulgation solennelle ; remise des dra- 
peaux a la Garde nationale ; Election du president de la Republique ; nouveau ministere: 
cour d'assises de la Drome : affaire Jean Gros, assessing le 14 juin 1848 a, Nimes... 277 

• _ CHAPITRE DlX-NEDVlfiliE '. ' _.';'- J 

•;*: (Annee 1M9) 

I/Etat du pays en 1S49: agitations anarchiques; Idi electorate; les Comites electoraux; reu> 
nion de la roe de Poitiers; les Elections legislatives a Nimes; les questions sociales : pro- 
position de If. Cornier; travaux du Conseil municipal: etat des differents travaux com- 
munaux; la fontaine Pradier; les decorations de reglise Saint-Paul; exposition des 
Beaux-Arts a Nimes; fouilles au temple de Diane; restauration de la Porte-Augusta; 
inauguration de reglise Saint-Paul ; inauguration de la statue de 1 Saint Louis, a Aiguesmor* 
les: le cholera a Nimes; les tentatives anarchiques de juin; expedition de Rome; mort 
de If. Debeaune, reprcsentant du peuple; apparition de VOfdium ; coup d'ceil general sur 
ia situation gq pays* ••••••••••••.•••••••••••••••••••••••••,••#••*••••••••••••••••• v*a 



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Klaus, — T^». Daaels, taprUnerie da Journal * JW.mBeraard-Aioa,! 



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C&rala Je Sll. \< 
I*e Capltalae JLafajelle* k -. 
L'ErMlUfe. 
OlUerte 4e Balat-C&allkea*. 
JLe nar^iili die lTalae»eat« - 

Se'eaelre iir Jeaa Sleet. - 
• La pelltleeje traeJtleaaelle* 




Prejeti «e lei et afeeewre a la 



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EN PREPARATION : 

HIST01RE DE LA VlLLE DE MIMES 

v . * depuu 1830 josqu'd oos jours, . .' <■ 

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