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HISTOIRE
DES
VÉGÉTAUX FOSSILES.
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HISTOIRE
DES
VÉGÉTAUX FOSSILES,
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RECHERCHES BOTANIQUES ET GÉOLOGIQUES
SUR LES VÉGÉTAUX RENFERMÉS DANS LES DIVERSES COUCHES DU GLOBE ;
PAR M. ADOLPHE BRONGNIART,
DOCTEUR EN MÉDECINE, AGRÉGÉ PRÈS LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE PARIS, MEMIRE DES SOCIÉTÉS
PHILOMATHIQUE, D'HISTOIRE NATURELLE ET D'HORTICULTURE DE PARIS, etc., etc.
TOME PREMIER.
À PARIS,
CHEZ G. DUFOUR ET ED. D'OCAGNE, LIBRAIRES-ÉDITEURS,
QUAI VOLTAIRE, N°. 13;
ET À AMSTERDAM,
MÊME MAISON DE COMMERCE, SUR LE ROCKIN, PRÈS LA BOURSE.
1828.
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Ad. Vbrouquiaut.
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PRÉFACE.
L’ouvrAce que je me hasarde à publier actuellement est
le résultat de recherches entreprises depuis dix ans, dans
le but d'arriver à une connaissance plus parfaite des végé-
taux qui ont successivement habité la surface de notre
globe. Une connaissance approfondie de la végétation de la
terre, aux époques de formation des diverses couches qui
composent son écorce, me paraissant propre à éclaircir
plusieurs des points les plus importans de lhistoire de
notre planète, je n’ai rien négligé pour arriver à des résul-
tats aussi exacts que le sujet le permettait ; et les nombreux
échantillons de plantes fossiles, provenant de formations
différentes et de pays éloignés, (que je suis parvenu à réunir,
joints à l’étude spéciale que j'ai faite des familles de végé-
taux auxquelles la plupart de ces fossiles appartiennent ,
me font espérer que je pourrai donner à ce travail plus de
précision qu’on ne l'a fait jusqu’à présent.
Personne néanmoins ne sent mieux que moi les difficultés
inhérentes à un tel sujet, et les imperfections , impossibles
à éviter, qui se trouveront dans ouvrage que je publie.
Cet ouvrage ne présentera qu’une ébauche de la végétation
9 . e. « L} e
de l’ancien monde ; mais il faudra encore bien des années
b.
viij ; . PRÉFACE.
avant qu’on puisse en tracer un tableau plus fini ; pour arriver
à ce but, il faudrait que les géologues et les botanistes-
voyageurs réunissent leurs efforts afin de ne négliger aucun
des objets propres à éclaircir un sujet aussi difficile.
Il serait à désirer. que les géologues, et surtout ceux qui
habitent des lieux rapprochés des mines de houille ou
d’autres gîtes riches en végétaux fossiles, non-seulement
réunissent tous les échantillons instructifs que ces forma-
tions contiennent , et les réunissent dans leur état d’inté-
grité le plus parfait, mais qu'ils conservassent aussi des
notes sur la position de ces échantillons dans la roche qui
les renfermait, sur la réunion dans les mêmes couches de
certaines espèces , enfin qu'ils ne négligeassent aucun des
documens qu'un échantillon conservé dans un cabinet ne
peut plus fournir.
Ce n’est que par ce moyen qu’on pourra parvenir à re-
composer avec quelque certitude les plantes dont les tiges,
les feuilles, les fruits sont dispersés, et cest un service
que les personnes qui dirigent des exploitations de mines
ou qui habitent près de ces mines, peuvent seules rendre
à la science.
Les botanistes, de leur côté, et surtout ceux qui parcou-
rent les régions éloignées du globe, peuvent concourir à
réunir des matériaux pour cette histoire de ancienne végé-
tation de la terre, en nous apportant des objets de com-
paraison , en ne sattachant pas uniquement à réunir des
[Re]
hs
| PRÉFACE. -
échantillons d’herbier, mais en conservant aussi les üges,
les racines et les autres parties non susceptibles de dessic-
cation. des plantes propres à ces régions ; telles que les
Palmiers , les Pandanus , les Cycas, les Zamia, les Fougères
en arbres, etc. |
Si cette histoire des végétaux fossiles, malgré ses imper-
fections, paraît à quelques naturalistes digne de leur at-
tention , c’est à un semblable concours des géologues ét des
botanistes-voyageurs qu’elle en sera redevable, et je dois
chercher à m’acquitter envers eux, en leur témoignant ici
ma reconnaissance pour les secours qu'ils n’ont fournis.
Leurs noms se trouveront cités à presque toutes les pages de
mon ouvrage; mais je dois des remercimens particuliers à
MM. Brochant, Cordier, Lefroy et Beudant, qui ont nus à
ma disposition, avec la plus grande obligeance, leurs coi-
lections particulières et les musées publics qui sont sous
leur direction ; à M. Woltz, qui a bien voulu me faire com-
muniquer les objets les plus précieux de la collection
publique de Strasbourg, collection très-riche en végétaux
fossiles de l'Est de la France et de l'Allemagne occidentale ; à
MM. de Bonnard, Héron de Villefosse, de Villiers du Terrage ,
Dufresnoy, Élie de Beaumont, C. Prevost, Desnoyers, Bertrand-
Geslin, qui m'ont permis d'étudier et de dessiner les objets
les plus remarquables qu'ils avaient réunis dans leurs voyages;
à MM. Brard, Fleuriau de Bellevue, Mougeot, Gaillardot,
Saint-Brice, d'Orbigny, Tournal, Dournay , Boblaye, Pomier,
x PRÉFACE. . |
Hérault, Mossier, de Gerville, de Laizer, Bertrand-Roux, Lecoq,
Graves, Soret, qui m'ont adressé beaucoup d'échantillons
intéressans , recueillis dans les contrées qu'ils habitent.
Je n'ai pas reçu des communications moins libérales de la
plupart des savans étrangers. En Angleterre, M. Buckland a
mis à ma disposition , avec la plus grande générosité, la
riche collection qu’il a formée dans le Muséum de l’univer-
sité d'Oxford ; M. Jameson n’a ouvert celui de l’université
d'Édimbourg ; la Société géologique m'a permis d’étudier les
nombreuses séries d'échantillons qu'elle a réunies ; la Société
philosophique d’York non-seulement m’a ouvert son Musée,
mais elle a bien voulu m'adresser une suite très-intéressante
des fossiles de Whitby et d’autres points du Yorkshire; M. le
professeur Sedgwick m’a communiqué plusieurs dessins re-
marquables que feu M. Taylor, médecin à Durham, destinait
à un ouvrage sur les végétaux fossiles de cette contrée; en-
fin, MM. Greenough , Webster, Mantell, Thomson, Hibbert,
Serle, Lyell, Stockes, Losh, Underwood, m'ont enrichi
d’une infinité d'objets intéressans de diverses localités de
l'Angleterre et de l'Écosse. À
En Belgique, plusieurs des directeurs des travaux des
mines de houille de Mons, de Charleroi et de Liége , ainsi que
MM. Bouesnel , Dethiers, Davreux , le docteur Sauveur , etc.,
m'ont remis des impressions de plantes recueillies dans ces
mines. Je dois à MM. Hœninghaus et Derschau de nombreux
échantillons des mines du pays de Berg et de Clèves ; M. de
PRÉFACE. x]
Schlotheïm a bien voulu détacher de sa belle collection quel-
ques doubles pleins d'intérêt pour mon ouvrage, tant par
les objets eux-mêmes qu’ils renferment, que par les déter-
minations qu'ils portent; MM. Grandin et Grawenhorst ont
ajouté à ma collection beaucoup de plantes fossiles des
terrains houillers de l'Allemagne; MM. Léopold de Buch et
Langsdorf m'ont adressé une suite considérable des végétaux
fossiles des lignites des environs de Francfort, et M. Merian
m'a envoyé des échantillons très-curieux des terrains secon-
daires des environs de Bâle, ainsi que des dessins parfaite-
ment exécutés de plusieurs des morceaux les plus remarqua-
bles de sa collection.
Jai obtenu des communications également instructives et
obligeantes de MM. Berzelius, Nilson et Agardh, pour les
plantes fossiles de Suède; de S. A. R. le prince Christian de
Danemark , pour celles de ce royaume ; de M. le comte Gazola,
pour les plantes de Monte-Bolca ; de MM. Breislach, Paretto
et Pentland , pour celles de diverses parties de Pltalie, et
de MM. Silliman, Cist, Wickham et Granger, pour les fos-
siles des terrains de houille et d’anthracite de l'Amérique du
nord; enfin M. Boué m'a communiqué des échantillons de
presque toutes les parties de l’Europe qu'il a parcourues, et
je dois à M. Decandolle, non-seulement une suite intéres-
sante des fossiles des mines d’Alais, mais surtout des indi-
cations précieuses sur les analogies des végétaux fossiles avec
les plantes actuellement existantes.
xij PRÉFACE.
Je me fais aussi un plaisir d'offrir ici mes remercimens à
MM. d'Urville, Lesson, Gaudichaud , Mollien , Ch. Duperrey
ingénieur -géographe , Parker, V. Jacquemont , qui, en en-
richissant mes collections botaniques des résultats de leurs
voyages, ont beaucoup contribué à me fournir des moyens
de comparaison , indispensables pour le travail que j'avais
entrepris.
C’est avec de semblables secours et avec les matériaux
réunis, soit par mon père, soit par moi ,.en France, en
Italie , en Allemagne, en Suède, en Écosse et en Angleterre,
que jose entreprendre d’esquisser cette flore de l’ancien
‘monde; sans la coopération bienveïllante des naturalistes
que je viens de citer cette tâche eût été impossible à rem-
plir, et j'espère qu'après mavoir donné les moyens de
commencer cet ouvrage , ils voudront bien m'aider à le rendre
moins imparfait, en continuant les communications instruc-
tives qu’ils m'ont déja faites.
HISTOIRE
DES
VÉGÉTAUX FOSSILES.
INTRODUCTION.
L'uisrotre des végétaux fossiles ne remonte pas à une époque bien
reculée ; on n’en trouve aucune trace dans les auteurs anciens, où
plutôt le peu de mots que Théophraste et Pline disent de quelques
bois fossiles ne nous permet pas de savoir s'ils ont voulu parler de
véritables boïs ou de quelques madrépores, si abondans dans les for-
mations calcaires qui composent une grande partie de la Grèce et
de l'Italie. Le silence des auteurs grecs et latins sur ce sujet ne doit
pas nous étonner quand nous voyons que les formations de charbon
fossile , si répandues dans l'Europe tempérée et septentrionale , man-
quent presque complétement dans les contrées que les Grecs et les Ro-
mains fréquentaient le plus , telles que la Grèce , l'Italie, l'Espagne,
le nord de l'Afrique ou l'Asie occidentale. Encore maintenant nous
ne connaissons dans ces divers pays qu’un seul lieu riche en fos-
siles végétaux , c’est le fameux Monte-Bolca près de Vérone.
L'Allemagne, la France, l'Angleterre, dont le sol renferme tant
de dépôts de charbons fossiles abondans en impressions de plantes,
étaient presque inconnues aux Grecs, et furent peu étudiées , sous
le rapport de leur histoire naturelle , par les Romains trop occupés
à y établir leur domination ; d’ailleurs cette partie de l'Europe , alors
ioute couverte de forêts, n’avait pas encore besoin de recourir aux
forêts de l’ancien monde , et l'étude des végétaux fossiles n’a réelle-
I. / 1
2 HISTOIRE
ment pris naissance que lorsque l'exploitation des mines de houille
a eu mis en évidence limmense quantité d'impressions de plantes
diverses qui accompagnent ces formations,
Lors de la renaissance des lettres vers le seizième siècle , les bois
fossiles , et surtout ces grands troncs d’arbres dispersés dans quel-
ques terrains , fixèrent seuls l'attention des observateurs , et ces ob-
Jets , ainsi que les impressions de feuilles et de fruits que quelques
naturalistes remarquèrent , furent plutôt l’objet de discussions Sys-
tématiques que de recherches exactes. Les savans furent partagés
sur l’origine de ces fossiles comme ils l’étaient sur celle des débris
d'animaux; cependant le règne végétal doit peut-être revendiquer
l'honneur d’avoir fait abandonner les idées ridicules qui attribuaient
ces débris de l’ancien monde à des jeux de la nature et à des forces
plastiques. En effet, déjà Agricola, Matthiole, Gesner, Imperati,
soutinrent l'opinion que les bois fossiles étaient des restes d'arbres
détruits par le déluge, et cette théorie, quoique combattue par quel-
ques naturalistes systématiques (1), finit par prévaloir ; mais il
fallut près d’un siècle pour qu’elle fût développée dans quelques
ouvrages spéciaux.
Dans le courant du dix-septième siéele , un petit nombre seule-
ment de notices sans importance furent publiées, Ge ne fut que
vers la fin de ce siècle et au commencement du dix-huitième que
les mémoires de La Hire (2), de Lister (3), de Scheuchzer (4),
le catalogue de Luid (5), et surtout l'ouvrage remarquable pour
cette époque de Scheuchzer (6), ramenèrent l'attention de presque
tous les savans vers ces sujets liés si intimement à l’histoire de la
(1) Aldrovandi, Gamerarius. 4
(2) Description d’un palmier fossile, em. acad.-sciences, 1692, p. 122.
(3)- A. Description of Stones fisured like plants, Trans. philos., vol. 8, n°. 190, p. 6181.
(4) De Dendritis, Æph. acad. nat. curios., dec. 3, ann. 5 et 6, p. 57-80.
(5) Lithophylacium britannicum , 1600.
(6) Herbarium diluvianum, 1709 CU 21720
(7) Acad, Scienc., 1706.
(8) Zbid., 1703.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 3
de Jussieu (1), les ouvrages de Mylius (2) et de Wolkmann (3)
firent connaître la présence de ces fossiles dans un grand nombre de
lieux de l’Europe et leur analogie avec certains végétaux vivans :
sous ce rapport, le mémoire de Bernard de Jussieu est trés-
remarquable pour cette époque, et si la théorie qu'il avait ima-
ginée pour expliquer le transport et la conservation de ces Re
ne s'accorde pas avec les observations plus récentes ; il n’en est
pas moins vrai qu'il fut un des premiers à bien établir la différence
qui existe entre les plantes du terrain houiller et celles de nos
contrées , ainsi que leur analogie avec les espèces dés régions plus
chaudes de notre globe.
Déjà cependant ces naturalistes et particulièrement Scheuchzer,
passant d’un système au système opposé, voulurent reconnaître dans
les impressions de plantes les plus vagues des analogues des végé-
taux vivans qu'ils connaissaient. Langius (4), Lehmann (5), McϾ-
ring (6), Davila, portèrent la crédulité plus loin, et virent dans
les empreintes les plus imparfaites et les moins distinctes , des épis
de blé ou de maïs, des fleurs de tulipe et d’aster, des fruits
d’ananas, etc.
À cette époque, cependant , quelques naturalistes publièrent des
figures assez exactes de plusieurs plantes fossiles, et discutèrent avec
plus de sagesse leurs analogies ; tels furent Mendez da Costa pour
les fossiles du terrain houiller d'Angleterre (7), et James Parsons
pour les fruits pétrifiés de l'ile de Shepey (8). Plus tard Knorr
(1) Acad. Scienc., 1708.
(2) Memorabilia Saxoniæ subterraneæ ; 1709-1718.
(3) Silesia subterranea, 1720.
(4) De Schisti indole cum descriptione duorum vegetabilium rariorum, Act. acäd. nat.
cur., vol. vi, app., p. 133, tab. 11 (1742).
(5) Sur les fleurs de l’Aster montanus, ete., Hist. de l'acad. de Berlin, 1756, p. 127.
Üntersuexhung derer sogenannter versteinerten kornarten von Frankenberg, in Hessen.
Berlin, 1760.
(6) Phytolithus zeæ Linnæi in schisto nigro, Act. acad. nat. curios., vol. 8, p. 448,
tab. vn, fig. 5 (1748).
(7) Trans. philos, , 1957, vol. 50, p. 228
(8) Zbid., vol. 5o, p. 306.
‘
4 j HISTOIRE
dans son grand ouvrage (1), fit connaître quelques échantillons
remarquables de ces fossiles, et Walch, dans le texte savant qu'il
y Joignit, présenta avec beauconp d’ér Ra Vhistoire de la science
et son état au moment où il écrivait. |
La fin de ce siècle n’ajouta presque rien à cette branche de l’his-
ioire naturelle : les brillantes découvertes qui chaque jour enrichis-
saient la physique et la chimie , occupaient alors tous les esprits, et
ce ne fut qu'au commencement du siécle actuel que les progrès de
la géologie , et la marche moins systématique que cette science adopta,
ramenérent l'attention vers l'étude des corps organisés fossiles.
M. de Schlotheim ouvrit cette nouvelle carrière en publiant le
premier cahier de sa Flore de l’ancien monde; et, quelques années
après, de nombreux mémoires ainsi que plusieurs ouvrages spé-
ciaux contribuerent à jeter une lumière toujours croissante sur un
sujet aussi difficile. Je ne puis dans cette introduction les indiquer
tous et encore moins les analyser tous se trouveront fréquemment
cités dans le courant de cet ouvrage (2). Je me contenterai de
rappeler ici les noms des savans dont les travaux ont le plus con-
tribué aux progrès de cette branche de l’histoire naturelle , tels que
MM. Parkinson, Steinhauer , Sternberg, Faujas de Saint - Fond,
Rhodes, Young et Bird, Allan, Noggerath, Agardh, Nilson,
Mantell, Artis, Lyell, Granger, Nau, Martius , etc. , etc.
Le plus grand nombre de ces naturalistes se contentèrent de décrire
avec plus ou moins de précision les diverses plantes fossiles qu'ils.
avaient observées ; quelques-uns s’occupèrent spécialement de leur
disposition dans les couches de la terre et de leur origine; enfin,
un bien petit nombre d’entre eux s’efforça d'établir parmi ces êtres
une classification rigoureuse , et de fixer les analogies qui les unissent
aux végétaux vivans.
(1) Recueil des monumens des catastrophes que le globe de la terre a essuyées , 3 vol.
fol. Nuremberg, 1995. \
(2) Je donnerai en outre, à la fin de cet ouvrage , une liste aussi complète que possible des
ouvrages et des mémoires publiés sur ce sujet, de manière à former une sorte de biblio-
graphie des végétaux fossiles.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. | 5
M. Steinhauer introduisit le premier dans cette branche des sciences
des noms systématiques et une terminologie semblable à celle adop-
tée pour le reste de l’histoire naturelle (1); mais sa classification,
presque entièrement conforme à celle des anciens auteurs , est encore
très-imparfaite ; plus récemment, M. de Siernberg d’un côté (2) et
moi-même de l’autre (3), presqu'à la même époque et sans avoir con-
naissance de nos travaux respectifs, nous cherchämes à établir de
véritables divisions génériques et spécifiques. Si les noms que nous
adoptâmes diffèrent dans ces ouvrages rédigés simultanément , les
coupes génériques sont du moins presque loujours les mêmes, ce
qui semble prouver la bonté de cette classification. Depuis la pu-
blication de ces deux essais, cette méthode a été perfectionnée , à
plusieurs égards, par M. Sternberg, dans la suite du même ouvrage,
et j'ai été porté également à admettre de grands changemens dans
la classification que j'avais suivie, quoique la plupart des genres établis
dans mon premier mémoire, aient été confirmés par de nouvelles
observations. Cependant les faits réunis depuis cette époque, m'ont
permis de les grouper plus naturellement entre eux ; et m'ont chligé
À subdiviser quelques-uns de ces genres. Cest la méthode que jai
adoptée et les bases sur lesquelles elle est fondée qu'il me reste main-
tenant à faire connaître. |
Mais je dois auparavant dire quelques mots des nouveaux genres
et des nouvelles dénominations introduites par MM. Martius et
Artis. M. Martius, auquel la botanique doit des travaux si IMpOr-
tans sur la végétation du Brésil, était peut-être plus à même que
personne , par les connaissances qu'il possède des grands végétaux des
régions équatoriales , d'établir une comparaison raisonnée entre Îles
(1) Trans. of the american philos. society , tom. I.
(2) Versuch einer Geognostich-Botanischen darstellune der flora der voravelt, 4 fase.
fol. Leipzig. 1820-1826. — M. le comte de Bray a publié une traduction de cet ouvrage
important, sous le titre d'Æssai d’un exposé géognostico-botanique de la flore du monde
primitif, accompagnée des mêmes planches que l'édition allemande ; je citerai de préférence
cette traduction.
(3) Sur la classification et la distribution des végétaux fossiles , Mém. du mns. d'hist.
aaturelle, tom. VIII.
6 HISTOIRE
végétaux vivans et fossiles ; mais il paraît avoir abordé ce sujet sans
avoir examiné avec toute l'attention nécessaire, et sous tous les états
où ils se présentent , les végétaux de l’ancien monde: de là sont ré-
sultées des analogies qui paraissent la plupart très-hasardées entre les
tiges des Palmiers , des Bambous ei de quelques nouveaux genres de
Composées et les Calamites et les Lepidodendrons (1); c'est ce que
nous montrerons lorsque nous étudierons spécialement ces genres de
végétaux fossiles. Quant aux dénominations nouvelles employées par
M. Artis (2), elles s'appliquent , à l'exception d’un petit nombre,
à des impressions imparfaites qui ne diffèrent de celles déjà connues
et rapportées à des genres créés précédemment, que par leur état
de conservation; la plupart, par conséquent, ne pourront être
conservées , et les plantes auxquelles il les avait appliquées devront
rentrer ae des genres déjà établis.
C'est ainsi qu'après n'avoir admis dans cette branche de l'histoire
naturelle aucune classification et aucune dénomination générique
ou spécifique, on a passé ensuite à un extrême opposé en multi-
pliant ces divisions , sans avoir fait préalablement un examen suffi-
sant des échantillons qui en sont l’objet. L
Lorsque nous cherchons à établir dans cette partie des sciences
une méthode régulièreet uniforme, nous voyons que les végétaux
fossiles distribués d’abord en genres fondés sur des analogies vagues
et sans caractères précis, peuvent être divisés, soit en genres arti-
ficiels, déterminés seulement d’après les caractères offerts par ces
fossiles eux-mêmes et classés entre eux uniquement d’après ces ca-
racières , sans s'appuyer sur l’analogie qui les unit aux végétaux
vivans , soit en genres fondés principalement sur l'étude comparative
des végétaux fossiles et vivans, aussi naturels par conséquent , et
aussi bien limités que la nature imparfaite de ces débris le permet ;
ces genres peuvent alors être distribués dans le même ordre que les
botanistes ont adopié pour les végétaux encore existans.
(1) De plantis nonnullis antediluvianis ope specierum inter tropicos nunc viventiun
illustrandis; auct. GC. F. P. de Manxrus. Ratisbonæ, 1822.
(2) M nicdileen Phytology, 1 vol. in-f°. Londres, 1825.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. ‘7
Cette dernière méthode, admise par. M. Sternberg, dans le tableau
abrégé qui termine le quatrième cahier de son ouvrage, est égale-
ment celle que , depuis plusieurs années , j'avais substituée à la mé-
thode artificielle que des connaissances encore trop imparfaites m’a-
vaient obligé d'adopter lors de la publication de mon premier essai.
Cette méthode, beaucoup plus propre à donner une idée exacte
des végétaux de l'ancien monde , est d’une application beaucoup plus
difficile et exigera , pour atteindre son plus haut degré de perfection,
des recherches nombreuses et continuéés pendant un long espace de
temps ; mais elle ira sans cesse en se perfectionnant , et déjà par une
étude approfondie et par une comparaison minutieuse de la structure
des végétaux fossiles et des végétaux vivaus , elle peut être appliquée
avec quelque succès. C’est cette méthode que nous suivrons dans
la description des végétaux fossiles.
Mais comment, au moyen d'organes le plus souvent séparés , par-
venir à reconnaître un genre, une famille , une classe même ? com-
ment S'assurer si une espèce est différente de toutes celles du même
genre qui existent encorë, Où Si elle peut se rapporter à l’une d’entre
elles ? La botanique , demandera-t-on , peut-elle, comme la zoologie, :
déterminer, d'apres la structure d’un seul organe, celle de tout
Vindividu , et fixer ainsi avec certitude la place qu'il doit occuper
dans nos classifications ? Il est nécessaire, avant de répondre, de dis-
tinguer divers cas : car il est tel organe qui peut conduire à ce résultat
tandis que tel autre ne le pourrait pas; il est telle classe de végétaux
dans laquelle on pourra arriver à une détermination précise au
moyen d'un organe, tandis que dans une autre classe la chose sera
impossible. Pour ne pas accumuler en même temps toutes les diffi-
cultés, supposons pour un moment que nous ayons à déterminer
des organes isolés de végétaux vivans dont nous puissions apprécier
tous les caractères, et non des végétaux fossiles qui, par suite de la
transformation qu'ils ont subie et de la compression qu ils ont
éprouvée , ont perdu une partie de ces caractères, ou sur lesquels
ces caractères sont devenns beaucoup moins évidens.
- Divisons d’abord ces organes en deux grandes classes , les organes
8 HISTOIRE
de la végétation et ceux de la fructification , et examinons Pimpor-
tance de ces organes dans les quatre grands groupes les plus tran-
chés du règne végétal, c’est-à-dire les agames, les cryptogames ,.
les monocotylédones et les dicotylédones.
Nous admettrons d’abord , ce que tout le monde nous accordera ,
je pense, qu'un botaniste un peu exercé pourra presque toujours
reconnaître au moyen d’un organe quelconque , auquel de ces quatre
groupes appartenait la plante dont il faisait partie; il ne nous reste
donc qu'à voir jusqu’à quel point ces divers organes peuvent nous
conduire dans chacune de ces classes à ha détermination des fa-
milles et des genres.
Parmi les agames les organes de la végétation sont quelquefois si
intimement unis à ceux de la fructification, qu’on ne peut pas les
considérer isolément. C’est ce qui a lieu dans le vaste groupe des
Champignons; mais parmi les autres familles, c’est-à-dire, parmi celles
qu'on avait comprises jusqu’à ces derniers temps sous les noms
de Conferves, d’Algues, de Lichens, les organes de la ‘végétation
suffiront toujours pour reconnaître la famille et très-souvent pour
distinguer le genre et l'espèce, quoique ces genres soient générale-
ment fondés sur des caractères tirés des organes de la fructification.
Ilexiste donc une liaison tellement intime entre ces deux systèmes
d'organes dans ces végétaux , que l’un ne peut pas subir de change-
ment sans en entraîner de notables dans l’autre.
Dans la seconde division qui comprend les familles des Hépatiques,
des Mousses, des Equisétacées , des Fougères, des Marsiléacées et
des Lycopodes, la détermination des familles est très-facile et ne
laisse, on peut dire, aucun doute; ainsi il n’est pas de naturaliste qui,
au moyen d’un organe quelconque d’une plante de cette classe, ne
puisse reconnaître facilement à quelle famille elle appartient. Mais
déjà dans beaucoup de cas nous ne pouvons point parvenir à la
détermination des genres, du moins dans les familles nombreuses.
Dans les familles des Mousses et des Fougères, par exemple, tous
les botanistes savent que dans beaucoup de cas on ne peut pas déter-
miner les genres lorsque la plante est dépourvue de fructification,
7
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 9
tandis que dans d’autres cas ces deux systèmes d'organes ont de tels
rapports entre eux, qu'il est facile de juger de la structure des uns par
celle des autres. Ainsi , parmi les Mousses on reconnaîtra sans peine
une tige stérile de Sphagnum, où de Polytric; parmi les Fou-
géres on ne saurait confondre une fronde stérile de Gleichenia, de
Lygodium, de Botrychium, de Meniscium, avec celles d'aucun autre
genre; mais ces cas sonl rares.
- Ce que je viens de dire des frondes peut s'appliquer également aux
tiges, autant du moins que nous les connaissons , c’est-à-dire qu’elles
nous conduiront toujours facilement à déterminer la famille, mais
trés-rarement à reconnaître le genre dont elles font partie.
Dans ces végétaux il existe donc déjà une union moins intime entre
les deux grands systèmes d’organes ; les modifications de l’un influent
d’une manière moins marquée sur l’autre, et au moyen des organes
de la végétation seule, nous ne pouvons généralement distinguer que
les familles.
Cette dépendance mutuelle des organes de la fructification et de la
végétation est encore moins marquée dans les monocotylédones.
- Nous retrouverons , il est vrai, presque sans exception, la même
Structure essentielle dans les organes de la végétation d’une même
famille ; mais cette même structure se présente sans différence bien
sensible dans des familles très-distinctes.
Ainsi, tandis que la forme et l’organisation des feuilles caractérisent
parfaitement les Palmiers et les Graminées, la même structure es-
sentielle au contraire se présente dans les Liliacées, les Asparagées,
les Amaryllidées et les Broméliacées , etc. , dans les Cypéracées , les
Juncées et les Restiacées, dans les Musacées et les Cannées, c’est-à-
dire qu'il existe souvent moins de différence entre les organes de la
végétation de deux plantes de familles différentes qu'entre ceux de
deux plantes de la même famille, quoique ces familles soient par-
fartement distinctes par leurs organes de la fructification.
Si nous passons aux plantes dicotylédones, nous trouverons qu’il
existe une liaison encore bien moins intime ou moins évidente entre
ces deux systèmes d'organes, car si dans beaucoup de familles
?
2
10 HISTOIRE
naturelles nous observons assez d’uniformité dans la structure des
organes de la végétation, d’un autre côté, nous voyons souvent: les
familles qui nous paraissent les plus rapprochées, différer sous ce
rapport, landis qu'une structure analogue se retrouve dans des
plantes que nos classifications placent à de grandes distances ; mais
nous devons observer, à cet égard, que la distribution des familles
naturelles , telle quelle est établie généralement , peut être regardée
comme très-artificielle. Nous ne devons donc pas nous étonner de
ces sortes d’aberrations ; peut-être lorsqu'on aura donné plus d’atten-
tion à la structure des organes de la végétation, et qu’on sera par-
venu à grouper les familles entre elles comme on a groupé les genres,
pourra-t-on faire ressortir des rapports d'organisation qui étaient
restés cachés jusqu’à présent.
Quoi qu'il en soit, il nous paraît très-douteux que parmi les
plantes dicotylédones on puisse arriver avec quelque certitude à
déterminer, au moyen des organes de la végétation isolés, la famille
à laquelle appartenaient les végétaux dont ces organes proviennent ,
à moins que cette famille ne présente de ces phénomènes singuliers,
de ces caractères insolites qui font des exceptions remarquables.
Parmi les plantes phanérogames, les organes de la végétation ne
pourront donc nous conduire à la détermination certaine de la fa-
mille dont ils proviennent, que dans un petit nombre de cas, et ce
ne sera que dans des cas encore plus rares que nous pourrons déter-
miner le genre dont ils faisaient partie.
Nous voyons, par conséquent, que les organes de la végétation
sont liés d'autant plus intimement à ceux de la fructification, que
nous les observons dans les classes les plus inférieures. Il en résulte
que ces organes isolés pourront d'autant plus facilement nous con-
duire à la détermination de la plante dont ils proviennent qu'ils
appartiennent à des végétaux plus imparfaits, puisque toutes les clas-
stfications établies ont été fondées sur les organes de la fructification.
Si nous examinons ces derniers indépendamment des premiers,
nous arriverons à un résultat inverse, c’est-à-dire que dans les
agames ces organes seuls ne pourront le plus souvent nous conduire
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. vi
qu'à reconnaître la famille à laquelle appartenait le végétal dont ils
proviennent ; en considérant toutefois ces organes indépendamment
de tout ce qu'on peut regarder comme accessoire et comme dé-
pendant des organes de la végétation.
Dans les cryptogames , la structure du fruit pourra quelque-
fois nous mettre à même de déterminer le genre dont il provient;
c’est ce qui a lieu parmi les Mousses; dans d’autres cas, au con-
traire cette structure est si uniforme, qu’on a été obligé de fonder
les genres sur le mode de distribution des organes de la fructifica-
tion, et que ces organes en eux-mêmes ne peuvent pas nous fournir
de signes propres à distinguer les genres; telle est la nombreuse
famille des Polypodiacées. |
Parmi lés phanérogames, au contraire , non-seulement l'ensemble
des organes de la fructification peut toujours conduire à la détermi-
nation de la famille, du genre et souvent de l'espèce ; mais dans
beaucoup de cas, des parties isolées de ces organes , telles que la
corolle, les étamines , les ovaires , le fruit ou même la graine seule,
nous fourniront des caractères suffisans pour reconnaître avec
certitude une famille et même un genre.
Les organes de la fructification isolés seront donc d'autant plus
propres à nous donner des notions précises sur l’ensemble des
caractères d’un végétal, que ce végétal appartiendra à une classe
plus parfaite.
Nous devrions maintenant examiner dans chaque système d’or-
ganes et dans chaque organe en particulier quels sont les caractères
qui ont le plus d'importance; ceux qui par conséquent doivent être
étudiés avec le plus de soin et dont les modifications paraissent liées
le plus intimement à l'organisation essentielle du végétal; mais
vouloir traiter ce sujet avec détail, ce serait embrasser toute l'or-
ganographie végétale et entrer dans la discussion de la subordination
des caractères , l’un des points les plus importans de la botanique ,
tant sous le rapport physiologique que sous celui de la méthode
naturelle. Malgré l'utilité de cette partie de la botanique pour le
sujet que nous traitons, nous sommes donc forcés d'indiquer seu-
2,
12 HISTOIRE
lement quelques principes généraux qui nous ont dirigés dans la valeur
plus ou moins grande que nous avons accordée à certains caractères.
: Tout le, monde admettra facilement que les caractères anatomi-
ques , ceux qui tiennent à l’organisation intime de la plante , ont plus
de valeur que les formes extérieures ; c’est donc à ces caractères
qu’on doit donner le plus d'importance lorsqu'on peut les observer ;
et, lorsqu'on ne le peut pas , on doit chercher à découvrir dans la
forme extérieure des organes quelques modifications qui soient pour
ainsi dire l’expression du caractère interne et qui puissent nous faire
apprécier ses modifications.
Les vaisseaux nourriciers, formant la irame qui détermine les
relations de position et même souvent la forme des organes, sont
évidemment plus importans que le parenchyme qui les entoure et qui
peut masquer les caractères les plus essentiels d’un organe. Le mode
de distribution des vaisseaux peut donc seul nous mettre sur la
voie des véritables affinités des végétaux. Leur disposition est
par conséquent la chose principale à observer dans chaque organe.
On a déjà reconnu combien cette disposition des vaisseaux dans la
tige était un caractère essentiel, puisqu'elle distingue les deux grandes
classes de végétaux phanérogames. Lorsque nous pourrons observer
la structure intérieure des tiges, nous donnerons donc une grande
attention à cette disposition; ais , lorsque nous nele pourrons pas,
le mode d’accroissement de la tige étant constamment lié à cette
structure ‘intérieure, et la forme extérieure de la tige dépendant de
son node d’accroissement, la forme d’une tige nous suflira pour
déterminer avec la plus grande probabilité sa structure interne.
Aprés la structure interne de la tige, le caractère le plus impor-
tant de cet organe est le mode d'insertion des feuilles à sa surface ,
et ce caractère est une dépendance nécessaire de la structure de la
tige et non de celle de kà feuille, puisque c’est la tige qui émet et
produit la feuille. Nous pouvons en dire autant de la disposition
des vaisseaux qui de la tige se rendent dans le pétiole; telles sont les
modifications de structure qui, dans les tiges, nous paraissent avoir
ie plus de valeur, qui doivent par conséquent fixer le plus notre
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 13
attention, et qui nous dirigeront pour déterminer les analogies qui
unissent les végétaux anciens aux végétaux modernes.
Dans les feuilles, la disposition des nervures, qui nous indique
la charpente proprement dite de ces organes, nous fournira les
signes les plus essentiels pour les distinguer entre elles et pour dé-
terminer les familles auxquelles elles appartiennent.
Nous ne dirons rien des caractéres auxquels on doit donner le
plus d’i Hapgnance dans la fleur, puisque cette partie ne se rencontre
presque jamais à l’état fossile. Quant au fruit, il est facile d'indiquer,
parmi les nombreuses variétés de structure qu'il présente, celles
qu'on doit considérer comme les plus essentielles et qui pourraient
nous conduire avec le plus de certitude’ à déterminer la famille et
même souvent le genre auquel il appartenait, si ces modifications
étaient possibles à reconnäître sur des fruits altérés par la transfor-
mation qu'ils ont subie. L’adhérence ou la non-adhérence au calice,
le nombre des loges et leur mode de déhiscence, le nombre et le
mode d'insertion des graines , seraient certainement des caractères
propres à faciliter la détermination de beaucoup de fruits; mais le
plus souvent tout ce qui a rapport à la structure interne des fruits
fossiles est tout-à-fait impossible à distinguer.
L’adhérence ou la non-adhérence est le caractère le plus facile -à
observer; le nombre des loges peut souvent aussi se présumer d’a-
près celui des côtes où des sillons longitudinaux du fruit ou par les
traces de la base des styles ; ces caractères et la forme générale du
fruit sont donc presque les seuls moyens de détermination que nous
possédions. Cetie détermination devient encore plus difficile pour
les graines isolées , et l’on ne peut donner aucune règle pour diriger
dans cette recherche.
Tels sont les principes que nous avons tâché de suivre pour ar-
river d’une manière plus précise à reconnaître les végétaux dont
pouvaient PNEU certains organes isolés, et pour ne pas nous
abandonner à des recherches vagues et sans règles qui souvent
portent à classer ces débris parmi des êtres dont ils différent par
des caractères très-essentiels, tandis qu’on néglige de les comparer
f
14 HISTOIRE
avec d'autres dont ils s’éloignent plus, il est vrai, au premier aspect,
mais dont ils se rapprochent par des caractères bien plus importans.
Cette marche serait facile et nous conduirait presque toujours à
des résultats certains ou du moins très-probables , si nous n’avions
pas à lutter contre un autre genre de difficultés souvent insurmonta-
bles, et qui dans tous les cas obligent à une grande attention pour ne
pas commettre d'erreurs , Je veux parler des modifications que le chan-
gentent de nature, la compression et les divers modes d'impression
et de contre-épreuve font éprouver à tous les organes des végétaux ;
modifications qui exigent une attention extrênie pour remonter,
lorsque cela est possible, de l'échantillon ainsi transformé à son type
primitif, c’est-à-dire à la forme que l'organe devait avoir durant sa
vie; et cependant cette opération est celle qui doit précéder toute
autre recherche! et sans laquelle on est conduit aux erreurs les plus
grossières.
Aïnsi, on doit d’abord s’assurer si l'échantillon qu’on examine
représente la plante elle-même, ou sa contre-épreuve dans la roche
environnante. Si c’est la plante elle-même on doit déterminer si elle
est parfaitement entière ou s’il lui manque quelques parties ; si, par
exemple, la surface de l'échantillon fossile présente bien la surface
externe de la plante avec son écorce (ordinairement transformée en
charbon dans les plantes du terrain houiller ), ou si cette surface est
dépourvue d’écorce et n’est par conséquent qu’une sorte de moule
ou de noyau intérieur. Si au contraire on ne possède que la contre-
épreuve de la plante dans la roche qui l’entourait , on doit également
examiner si cette Contre-épreuve est celle de la surface externe de
la plante ou celle de son noyau intérieur dépourvu d’écorce. Ces
quatre formes sous lesquelles la même plante peut se présenter,
ont causé des erreurs fréquentes et peuvent facilement conduire,
lorsqu'on n’y fait pas l'attention la plus grande , à multiplier les
genres et les espèces, ainsi que c’est arrivé à plusieurs auteurs.
La compression déforme aussi de la manière la plus étonnante
les plantes qui y ont été soumises, et il faut peut-être encore plus
d'attention pour apprécier ses effets que dans le cas précédent ; car
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 15
il est impossible, à moins d’avoir vu un grand nombre d’échan-
tillons de la même plante comprimés dans des sens différens, de
juger des changemens plus où moins grands qu’elle peut faire subir
à ces végétaux.
Nous avons donné la plus grande attention à toutes ces causes
d'erreurs , et si nous ne pouvons nous flatter de les avoir évitées
toutes , nous espérons cependant n’en avoir commis que peu d'im-
portantes. On conçoit en effet combien il est difficile d'arriver à des
déterminations exactes, et surtout à bien limiter les genres et les
espèces sur des fragmens ainsi modifiés ; nous devons donc indiquer,
avant d'exposer les résultats de ces déterminations, la marche que
nous avons suivie pour rapporter ces plantes fossiles aux familles
où aux genres connus dont elles font partie, ainsi que les règles
qui nous ont dirigé pour établir des genres nouveaux et pour
distinguer les espèces.
Chaque plante fossile séra rapportée , soit à une espèce encore exi-
stante, si son identité avec cette espèce est bien évidente, soit à
un genre connu parmi les plantes vivantes, si les caractères pro-
pres à déterminer ce genre existent encore dans la plante fossile , de
manière à Ce qu'on ne puisse conserver aucun doute sur sa position
dans ce genre.
* Si une plante fossile ne peut se rapporter avec certitude à un genre
connu, mais qu'ellé présente cependant une telle analogie avec les
espèces encore existantes de ce genre, qu’on puisse présumer qu’elle
n'en différait pas génériquement, nous la placerons à la suite de ce
genre , en changeant seulement la terminaison du nom de genre.
Ainsi nous donnons le nom de Chara, de Pinus, de Juglans, aux
fossiles que nous rapportons à ces genres , parce que les organes exi-
stant à l’état fossile sont ceux mêmes qui, dans les plantes vivantes,
caractérisent le mieux ces divers genres. Au contraire, nous dési-
gnerons par les noms génériques de Zamites, Thuytes, Zostérites,
des plantes qui ont de grands rapports avec les plantes des genres
Zamia, Thuya, Zostera, qui peut-être même ne différaient pas
génériquement de ces genres, mais dont les rapports ne peuvent
16 HISTOIRE
être établis que d’après des organes d’une moindre importance et
qui ne caractérisent pas essentiellement ces genres.
Lorsqu'une plante fossile ne pourra nise rapporter avec certitude
à un genre connu, ni se mettre en appendice à la suite d’un de ces
genres, soit parce qu’elle différera essentiellement de toutes les
plantes connues, soit parce que les caractères qu’elle présentera ne
permeltront'pas de déterminer celui des genres actuellement existans
dont elle devait faire partie, nous en formerons un genre particulier;
dans le premier cas, ce genre sera réellement un genre nouveau
puisqu'il différera essentiellement de tous ceux qui sont maintenant
connus sur la terre; tels sont les genres Zepidodendron, Astero-
phyllites, Sphænophyllites, Nilsonia, Pterophyllum , ete. Dans le
second cas, ces genres seront seulement des divisions artificielles ,
fondées sur des caractères différens de ceux qui servent à établir lés
genres parmi les plantes vivantes , mais dont les espèces rentreraïent
peut-être dans ces genres si elles étaient connues plus complétement.
Toutes les divisions génériques établies dans la famille des Fougères
sont dans ce cas, et nous avons cherché alors à adopter une termi-
naison uniforme pour tous ces genres que nous considérons plutôt
comme dessections d’une famille naturelle que comme de vrais genres.
Les genres ainsi établis peuvent se classer dans des familles de
plantes bien connues , ou bien leurs caractères peuvent être assez dif-
férens de ceux des végétaux encore existans, pour qu'ils ne puissent
se ranger dans aucune des familles établies ; dans le premier cas il
seront placés dans la famille avec laquelle ils ont les rapports les
plus intimes; dans le second ils seront rélégués à la fin de la grande
classe du règne végétal dont ils font partie.
Par cette méthode nous aurons l'avantage de rapprocher autant
que possible la classification des végétaux fossiles de celle des végé-
taux vivans , et par les détails de la structure des plantes vivantes
que nous joindrons à l’histoire de chaque famille, on pourra juger
facilement de l’analogie plus ou moins intime qui existe entre les
êtres des deux époques. !
En joignant à presque toutes les familles une histoire plus ou
DES VÉGÉTAUX FOSSILES.
17
moins détaillée, des végétaux qui. la composent actuellement, de
leur structure et de leur distribution géographique ; j'ai eu pour
but principal de réunir dans un même ouvrage toutes les connais-
sances qui peuvent intéresser les botanistes et les géologues qui
voudront s'occuper de ce sujet, d'éviter aux premiers des recher-
ches dans des ouvrages très-variés, «t:de donner aux seconds des
notions sur des objets souvent étrangers à leurs études; d’ailleurs,
on verra que la plupart des recherches que j'ai été obligé de faire
sur l’organisation de ces plantes, et particulièrement sur l’ana-
tomie de leurs organes de la végétation; n’existent Jusqu'à présent
dans auçun ouvrage de botanique.
D'un autre-côté, la distribution géographique des plantes vi-
vanies d’une. famille, comparée, à la distribution géologique des
plantes fossiles de cette même famille , fournira des résultats inté-
ressans , dont. la réunion nous conduira ensuite à des conséquences
importantes, dont les, bases se trouveront ainsi établies avéc
précision.
Telle sera la marche de la partie botanique de cette histoire des
végétaux fossiles, qui sera destinée à donner un Species aussi complet
que possible de tous les végétaux renfermés dans les diverses cou-
ches du globe , et à discuter leurs analogies avec les végétaux vivans.
Mais cette énumération méthodique réunissant dans le même genre ,
dans la même famille ou dans la même classe des végétaux qui appar-
tiennent à des couches du globe trés-différentes , et par conséquent à
des époques de formation très-éloignées, son ensemble ne donnera
aucune idée du caractère de la végétation à ces diverses époques , pas
. plus qu'une énumération de tous les végétaux qui croissent actuelle-
ment sur le globe, ne donne une idée de la végétation propre à une
région particulière.
De même que pour nous représenter l’aspect de la nature vivante
dans les diverses parties de notre globe, nous sommes obligés
de former des catalogues des animaux et des végétaux propres à
ces différentes contrées; de même, pour nous former une idée
juste de l'aspect du règne animal ou du règne végétal, aux époques
I. 3
18 HISTOIRE DES VÉGÉTAUX FOSSILES.
où. les, diverses couches du globe se sont déposées , il faut réunir dans
des flores où dans des faunes de l’ancien monde, tous les étres qui
existaient à une même-époque. C’est ce que nous présenterons dans
la seconde partie de cet ouvrage. Comparant alors ces flores des
diverses époques de formation de notre globe, avec lés flores des
diverses. régions de la surface actuelle de la terre, nous appré-
cierons, les rapports qui existent entre elles, et nous pourrons,
jusqu’à un certam point, en remontant des effets aux causes,
présumer quelle était la natüre, du climat sous l'influénice duquel .
ces anciens végétaux $e sont développés. Peut-être pourrons-nous ;
par cette étude , éclaircir plusieurs des points les plus importans de
l’histoire du globe, terrestreet donner une grande probabilité à des
théories, considérées: jusqu’à présent comme de simples hypothèses.
Les végétaux ; fixés aw sol , Qui ne peuvent jamais se soustraire à
l’action des, agens ‘extérieurs, ét dont la nature dépend ; par cette
raison , beaucoup. plus: que celle des animaux de toutes lés circon-
stances physiques qui les environnent et qui réagissent sur eux, nous
fourniront des données bien plus certaines sur l’état ‘du globe dans
les temps anciens que:les:animaux de ces époques reculées qui, par
suite de leur habitation au-sein des mers, ne peuvent nous donner
que des idées très-imparfaites sur ce même sujet.
0 PREMIÈRE PARTIE.
RECHERCHES BOTANIQUES
| Ter SUR
LES VÉGÉTAUX FOSSILES.
pt h}
LE caractères propres à distinguer les végétaux des animaux ,
lorsqu'ils sont vivans , sont nombreux et laissent rarement de doute
sur le règne auquel un être organisé appartient; ce n est que parmi
ces premières ébauches de l’organisation, pt ces êtres miCrosCO-
piques dont la structure intime échappe à tous nos moyens de
recherche, que le naturaliste peut hésiter sur Îles limites du règne
animal et ha règne végétal ; hors de ce véritable chaos que le mi-
croscope à fait découvrir, les bornes des deux règnes sont bien
tranchées. à ,
Quoique la destruction des êtres organisés et leur conservation
dans le sein de la terre leur aient fait perdre une partie de leurs ca-
ractères les plus importans, cependant il est si peu de cas où Von
puisse conserver des doutes sur, l’origine végétale ou animale d’un
fossile , que nous ne croyons pas devoir entrer dans la discussion
des caractères propres à établir la distinction de ces deux règnes.
-Nous ferons remarquer seulement que lorsque la forme générale des
objets n'indique pas immédiatement leur origine, la structure des
tissus lorsqu'ils sont conservés est un des indices les plus certains de
la nature animale ou végétale d’un fossile , le tissu des os , des co-
quilles et des autres parties solides des animaux étant tout-à-fait
différent de celui des parties ligneuses des végétaux. Enfin, la trans-
formation complète ou partielle des végétaux fossiles en charbon ,
3. ?
20 HISTOIRE
transformation qui a lieu dans la plupart des cas et qui ne se pré-
sente Jamais ou presque jamais dans les animaux > peut mettre sur
la voie pour fixer la place d’an COrps organisé inconnu.
Mais admetions qu'il n’existe pas de doute sur l’origine végétale
d’un corps fossile. Quels sont les caractères propres à nous faire
arriver à la connaissance de la classe ou de la famille à laquelle il
appartient? La méthode de détermination varie tellement suivant
les organes conservés et soumis à l'examen, qu'on ne peut pas éta-
blir de règle générale , et que la comparaison seule des-caractères
des diverses classes et des diverses familles, tels que nous les don-
nerons, peut conduire à ce résultat.
Tous les auteurs ne sont pas d’accord sur les divisions primaires
à établir dans le règne végétal; la plupart, fondant les premières
divisions de ce règne sur un seul caractère ; n’en établissent que trois,
les Acotylédones , les Monocotylédones et les Dicotylédones, ou les
végétaux celluleux , et les végétaux. vasculaires endogènes et.exogènes.
Si au contraire on fait attention à l’ensemble de tous les caractères ,
et si on veut former des groupes réellement naturels, on sera porté
à les multiplier davantage. Ce n’est pas ici le lieu de discuter les
bases de la classification du règne végétal; je vais seulement pré-
senter la division qui me paraît la plus naturelle, celle que je suivrai
dans cet ouvrage, où les grandes classes sont portées au nombre de
six ; le nombre des familles et des espèces renfermées dans ces classes
est très-différent; mais on sait que dans une classification naturelle
on ne doit donner aucune importance à cette irrégularité , dont il
y a tant d'exemples si on considère le nombre des espèces dans les
genres et celui dès genres dans les familles.
Ces grandes divisions peuvent se disposer ainsi :
Ï. Agames.
IL. Cryptogames celluleuses.
TT. vasculaires.
IV. Phanérogam es gymnospermes.
V.
VI.
angiospermes monocotylédones.
dicotylédones.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 21
Nous allons exposer rapidement les principaux caractères qui les
distmguent.
La première classe est: celle des Agames , en considérant toutefois
ce nom comme exprimant peut-être seulement notre ignorance.
Dans cette classe se trouvent les diverses familles confondues sous les
noms d’Algues et de Champignons, et les Lichens. Le caractère
commun à tous ces végétaux , est d’être entièrement formés de tissu
cellulaire ou plutôt de filamens tubuléux entrecroisés, sans vaisseaux
proprement dits; de ne présenter jamais de vraies feuilles et de
avoir pour organes de reproduction que des séminules très-fines ,
qui paraissent se développer sans fécondation , et qui sont renfermées
immédiatement dans des conceptacles membraneux analogues aux
filamens ou aux cellules du tissu qui compose l’ensemble de la plante.
Parmi les fossiles on ne connaît de cette classe que quelques Con-
ferves et plusieurs Algues.
La seconde classe ;ow celle des Crypiogames celluleuses, com-
prend les deux familles des Hépatiques et des Mousses ; les organes
de la végétation quoique uniquement composés de tissu cellulaire
offrent, dans la plupart des cas, des’ feuilles bien caractérisées par
leur forme, leur structure et leurs fonctions semblables À celles des
feuilles des végétaux plus parfaits. Les organes de la reproduction
présentent déjà une structure plus compliquée, il y a des organes
sexuels bien distincts et parfaitement décrits par Hedwig ; les sé-
minules sont contenues dans des concéptacles d’une organisation
très-complexe; en un mot, il n’y a rien de commun entre ces plantes
et les précédentes , que l'absence des vaisseaux. Je ne connais encore
qu'une seule plante fossile qui appartienne à cette classe.
La troisième classe, ou celle de Cryptogames vasculaires , ren-
ferme des végétaux dont les tissus plus variés renferment presque
toujours des vaisseaux bien distincts, le plus souvent des trachées
ou des fausses trachées , dont les Loan en général très-déve-
loppées , munies de pores corticaux, dont les tiges souvent très-
grandes et arborescentes ont quelque analogie par Ré structure avec
celles des Monocotylédones, enfiu dont je organes de la reproduc-
22 HISTOIRE
tion paraissent toujours consister en deux sexes distincts , qui produi-
sent des séminules ren fermées dans des conceptacles d’une organisation
assez compliquée : c’est à cette classequ’appartiennentles Équisétacées,
les Fougères , les Lycopodiacées , les Marsiléacées et les Characées (1).
Dans la quatrième classe, sous le nom de Phanérogames gymno-
spermes, nous réunissons les deux familles si remarquables des
Cycadées et des Coniféres., qu'on ne peut réellement confondre dans
aucune des autres classes avec des végétaux dont elles sont sidis-
üunctes par la structure de leurs organes de reproduction , puisque
leurs graines, dépourvues de capsules, recoivent directement l’action
de la substance fécondante , et dont elles s’éloignent aussi par l’or-
ganisation de leurs tiges, très-différentes à beaucoup d’égards , de
celles des vraies Dicotylédones.
Enfin, les cinquième et sixième classes sont formées des Mono-
cotylédones et des Dicotylédones phanérogames , telles qu’elles sont
définies par tous les botanistes ; nous en: retranchons seulement les
deux familles qui composent la classé précédente.
S'il existe peu d’uniformité, quant à l'étendue des six grandes
divisions primaires que nous venons d'indiquer ;, trois d’entre elles,
les Agames , les Monocotylédones et les Dicotylédones, renfermant
un nombre considérable de familles, de genres et d’espèces, tandis
que les trois autres, et surtout la quatrième, n’en comprennent qu'un |
nombre beaucoup plus limité ;:du moins on observe une-uniformité
plus essentielle dans l'importance des caractères , les groupes qu’on
obtient sont, très-naturels et ne présentent pas de ces disparates
choquantes qu’on ne peut éviter en divisant le règne végétal seule-
ment en trois grandes classes,
(1) L'absence des vaisseaux dans les Chara ne suffit pas pour éloigner cette famille‘ de la
classe où nous la plaçons ; car on sait que, même parmi des plantes phanérogames bien
caractérisées, les vaisseaux manquent dans des plantes qui croissent constamment sous
l’eau, telles que les VNayas ; ainsi la manière de se développer sous l’eau des Chara , explique
l’absence des vaisseaux, et ce dernier caractère ne nous oblige pas de les ranger dans une
des deux classes précédentes, avec lesquelles, ces plantes: n’ont aucun rapport par la struc-
ture de leurs organes reproducteurs qui indiquent au contraire leur place entre les Mar-
siléacées ct les Nayades.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 23
AAA RIRE AA AR AA LA A AA A A AR ER AL LR VU UE LA LAVE LEA MU MR LUE LE LRU LEE LAVE VAE ML VE VUE VEUVE EURE
‘AGAMES.
S1 l'absence des sexes , et par conséquent de la fécondation , dans
ces végétaux, n’est pas encore un problème complétement résolu,
cependant les recherches nombreuses dont ils ont été l'objet depuis
quelques années , doivent nous porter à penser que la reproduction
n’exige pas dans ces plantes le concours de deux ordres d'organes
différens, ou que cé concours, s'il a lieu, s'opère d’une manière
assez différente de la fécondation proprement dite, pour ne pas être
confondu avec ce phénomène. Le nom d’Agane exprime donc, où
l'absence réelle des sexes, ou une diversité telle dans la manière dont
la fécondation opère, que cet acte a échappé jusqu’à présent à
toutes les recherches des botanistes. Ces végétaux forment les chaî-
nons inférieurs de la série du règne végétal, ils nous offrent les
premières traces dé l’organisation propre à ce règne, et les premiers
degrés vérs une structure plus compliquée. gi
Dans léur structure la plus simple, les Agames ne consistent
qu'en petites vésicules simples, renfermant dans leur intérieur des
granules qui ne’sont que des vésicules plus petites destinées à répro-
duire les vésicules mères. Un peu plus développées ellés forment
des filamens simples, ou continus et sans diaphragmes, ou renfer-
mant dans leur intérieur une série d’utricules allongés qui par leur
juxta-position divisent le filament en autant d'articles ; dans le centre
de ces filamens se trouvent des globules, le plus souvent colorés en
vert, qui serviront à l’accroissement ét à la reproduetion de la
plante. Enfin , dans les êtres plus parfaits de cette même classe, ces
filamens tubuleux et continus, el ces utricules de formes variées,
en sunissant et s’entrecroisant de toutes sortes de manières, for-
ment des masses de tissu cellulaire ou plutôt des sortes de feutres
fibreux qui constituent le ’parenchyne des Agames plus grandes
24 HISTOIRE
et plus compliquées. Jamais dans ces plantes on ne découvre
de vaisséaux réguliers, comme ceux des plantes plus parfaites ;
jamais on ny voit, ni vaisseaux ponctués, ni tubes poreux, ni
trachées ; tout le tissu est homogène, ou varie peu dans sa nature,
et dans la plupart des cas, les divers élémens qui le composent
n’adoptent pas de disposition régulière, C’est ce qu’on observe dans
les plus grandes plantes de cette division , telles que les Champignons,
les Lycoperdacées , les Fucacées , les Lichens.
Lorsque ces végétaux présentent des expansions analogues pour
leur forme aux feuilles des plantes des autres classes, ces feuilles
différent, à beaucoup d’égards , de celles des végétaux plus élevés
dans la série organique ; elles sont rarement régulières et symétri-
ques , le plus souventce ne sont que des expansions irrégulièrement
lobées, comme dans les, Lichens et la plupart des Fucacées. Les
nervures qui les traversent, lorsqu'il en existe, ne sont produites
que par un simple épaississement du tissu général de la fronde sans
vaisseaux qui leur donnent cette netteté et cette distribution réguliére
des nervures des véritables feuilles; enfin, la surface de ces piantes ,
même lorsqu'elles croissent dans l'air, n’est pas couverte d’un épi-
derme percé de pores particuliers, comme celui des plantes plus
parfaites ; aussi leurs fonctions paraissent-elles s’opérer d’une manière
très-différente.
Quant à leurs organes de reproduction , ce sont de simples
globules sphériques ou ovoïdes , de grosseur variée , mais générale-
ment très-fins, tantôt dispersés dans toutes les parties du végétal ,
comme dans les Conferves et dans les Ulves, tantôt contenus dans
des conceptacles particuliers, comme on l’observe dans les Céra-
miaires , les Fucacées , les Champignons, les Lichens , etc. ; mais les
conceptacles qui contiennent immédiatement ces corpuscules .re-
producteurs sont toujours des utricules ou des filamens membra-
neux analogues à ceux qui composent le tissu même de la plante , et
on n’observe dans ces plantes rien d’analogue à la structure compliquée
des graines ou des fruits des végétaux cryptogames ou phanérogames.
Douze familles composent cette grande division des Agames, ce
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 25
sont les Chaodinées , les Arthrodiées , les Confervées , les Céramiai-
res (1), les Ulvacées , les Fucacées (2), les Urédinées , les Mucédi-
nées , les Lycoperdacées, les Champignons, les Hypoxylons (3) et les
Lichens. De ces douze familles, trois ou quatre seulement parais-
sent se trouver à l’état fossile, et nous sommes même obligés de les
réunir en deux groupes, faute de caractères propres à les déter-
miner dans cet état. Ainsi, nous ne pouvons distinguer à l’état
fossile les plantes appartenant aux quatre premières familles, et nous
sommes forcés de ne former qu’un seul groupe de tous ces végétaux,
sous le nom de Conferves, comme Linné l’avait fait anciennement
pour les plantes vivantes; mais le nombre des espèces fossiles de
ces familles est si peu considérable , que cette réunion n'aura pas
d'inconvémient. Îl en est de même des Ulvacées et des Fucacées ;
les caractères propres à les faire reconnaître ne persistant pas dans
les fossiles, ce ne serait que d’après des données très-vagues que
nous pourrions les distinguer. Nous préférons donc réunir toutes
les plantes Agames fossiles sous les deux titres de Conferves et
d’Algues,
(1) Voyez, pour prendre une idée de ces quatre familles, les articles de M. Bory de
Saint-Vincent dans le Dictionnaire classique d'histoire naturelle.
(2) Cette famille comprend les Dictyotées, les Floridées et les Fucacées de Lamouroux.
(3) Voyez, pour les cinq familles précédentes, mon Æssai d’une classification naturelle
des champignons. Levrault. 1895.
26 HISTOIRE
À OASIS AAAAA AAA MAA LAA AUE MA A M LE L AA PUL LULELE LUE
CONFERVES.
Nous appliquerons le nom de Conferves, comme Linné Pavait
fait, à tous les végétaux cryptogamies qui se présentent sous la forme
de filamens simples ou rameux, presque toujours distinctement arti-
culés, et qui croissent dans l’eau. Ils différent des Mucédinées par ce
dernivr caractère, par leur existence de plus longue durée , et par plu-
sieurs points de leur organisation, que nous ne pourrions essayer de
faire connaître sans nous éloigner beaucoup de notre but. La plupart
de ces caractères disparaissent en effet lorsque ces végétaux sont deve-
nus fossiles ; mais comme la consistance moile et l'existence passagère
des Moisissures ne leur permettraient pas de se conserver à l’état fos-
sile, nous pouvons à peine douter que les filamens qui se rencontrent
dans quelques cas dans des roches ne soient des débris de Conferves,
surtout lorsque nous pouvons y apercevoir des traces d’articulations.
Les botanistes modernes, en étudiant, avec le secours du mi-
croscope, l'organisation très-variée de ces singuliers végétaux, en
suivant leur développement et leur mode de reproduction, ont été
conduits non-seulement à établir un nombre infini de genres dans le
grand genre Conferva de Linné, mais ils ont même cru devoir en
former plusieurs familles qui diffèrent en effet beaucoup par leurs
caractères les plus essentiels. On conçoit que si, dans la plupart des.
cas , les caractères communs à tous les êtres de ces diverses familles
disparaissent en grande partie lorsque ces plantes se sont conservées |
à l’état fossile , à plus forte raison devons-nous renoncer à distinguer
les familles et les genres que l’observation microscopique, répétée aux
différentes époques de la vie de ces petits végétaux, a pu seule per-
mettre d'établir. Ce n’est donc que d’après l’analogie générale des
formes que nous pourrons indiquer quelques traits de ressemblance
entre les fossiles de cette famille et les espèces vivantes; et d’ailleurs
l
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 37
ces fossiles n’ont été jusqu’à présent observés que dans un si petit
nombre de cas, que ces plantes jouent un rôle bien peu important
dans la Flore de l’ancien monde,
On sait que les Conferves, en prenant ce mot dans son acception
la plus étendue , croissent également dans les eaux douces et dans la
mer. Cependant les espèces , et même souvent les genres qui crois-
sent dans l’un de ces milieux, ne peuvent se développer dans
l'autre. En général les espèces marines sont donées d’une texture
plus solide, leurs filamens sont plus gros et plus tenaces que ceux
des espèces d’eau douce ; aussi les espèces fossiles paraissent-elles se
rapprocher davantage des premières que des dernières. Quant à la
distribution géographique de ces plantes , on peut remarquer qu’elles
paraissent beaucoup plus fréquentes dans les mers tempérées que dans
les mers de la zone équinoxiale, tandis que le contraire s’observe
pour les Fucus et pour les autres plantes marines non articulées ; aussi
le petit nombre de Conferves fossiles que nous connaissons se trou-
vent-elles dans des terrains assez modernes, tandis qu’un grand
nombre de Fucus se rencontrent dans des couches plus anciennes.
Nous ne connaissons, par exemple, aucune espèce de Conferves dans
-le terrain houiller. Certains filamens rameux et sinueux qu’on distin-
gue quelquefois sur les schistes de cette formation pourraient bien,
au premier aspect, être pris pour des impressions de Conferves ; mais
ces empreintes sont plus larges que les tubes de la plupart des Con-
ferves, et ne présentent aucune trace des articulations qui caracté-
risent cette famille. Leur aspect ressemble davantage aux tubes
étroits et rameux de quelques variétés de l'Ulva compressa et de
l'Ulva clathrata; mais les échantillons de ces empreintes, que j'ai
observés , étaient dans un état trop imparfait pour qu'il me semble
possible de se former une opinion à leur égard. Il me paraît cependant
probable que ce sont plutôt des fragmens de plantes plus parfaites que
quelque cryptogame entière , et je serais porté à penser que ce sont
des radicelles aquatiques de quelques plantes analogues à celles que
M. Artis a publiées sous le nom de /ydatica et de Myriophyllites.
Les premières plantes, bien caractérisées pour appartenir à cette
4.
28 HISTOIRE
famille, se rencontrent dans la craie. Cest à Arnager, dans l’île
de Bornholm, dans un terrain qui paraît correspondre à la craie
tufau , qu’on a rencontré ces fossiles, qui constituent deux espèces
bien distinctes que je décrirai sous les noms de Confervites fasci-
culata et de Confervites ægagropiloides. Je ne connais rien de sem-
blable dans la craie des autres pays. Quelle que soit l'opinion qu’on se
forme sur le second de ces fossiles, l’origine marine de ces deux
plantes ne paraît pas douteuse , aucune de nos Conferves d’eau douce
n'ayant la raideur de la première de ces espèces, et la seconde se rap-
prochant peut-être plus des Ægagropiles marines formées par les
fibres des feuilles du Caulinia oceanica, que des Conferves d’eau
douce qui se groupent en forme .de sphère.
Le calcaire de Monte-Bolca , si riche en fossiles’ marins végétaux
et animaux, contient aussi quelques empreintes qui paraissent se
rapporter à la famille des Conferves, et se rapprocher surtout des
espèces marines les mieux caractérisées. C’est dans la collection de
M. le comte de Gazola , à Vérone, que J'ai pu étudier ces fossiles ; .
mais ces empreintes étaient malheureusement trop déliées et trop
peu nettes , pour qu’on püt les dessiner, en bien étudier la structure ,
et par conséquent en fixer les caractères spécifiques ; sur quelques-
unes cepéndant on voyait des traces bien évidentes d’articulations ,
et l’une d’entre elles portait, vérs l'extrémité des rameaux , des grains
noirs arrondis , semblables à ceux qui constituent les organes re-
producteurs des Céramiaires, famille de plantes confervoïdes en-
tièrement propre à la mer. On reconnaît facilement que ces fossiles
appartiennent à plusieurs espèces différentes; mais 1l faudrait un
grand nombre d'échantillons et un examen très-minutieux , que je
n’ai pu faire alors, pour pouvoir fixer leurs caracteres, et détermi-
ner avec quelque probabilité leurs analogies avec les espèces vivantes.
Toutes les espèces de cette localité que j'ai vues dans la collection de
M. Gazola se rapportent aux Céramiaires à filamens simples ou
dichotomes, que les algologues modernes ont distribuées dans les
genres Ceramium, Griffitsia et Hutchinsia ; aucunes ne présen-
taient des rameaux pinnés comme les Sphacelaria ou les Calli-
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 2
thamnium, ou des rameaux verticillés comme les Cladostephus
co
et quelques espèces de Ceraruium.
Depuis long-temps on a cru reconnaître des Conferves dans ces
filamens irréguliers qui remplissent les variétés d’Agates , auxquelles
on a donné le nom d’Agates mousseuses. Daubenton le premier a
fait connaître son opinion à cet égard (1); et, tout en admettant
pour de simples infiltrations les arborisations des Âgates , il crut dis-
tinguer dans certaines Agates mousseuses de véritables végétaux, et
particulièrement des Conferves et des Mousses. Les figures qu'il a
publiées de ces objets sont trop imparfaites pour qu’on puisse se for-
mer une idée des objets qu'il a voulu représenter, et Je mai pu
retrouver rien d’analogue à ses figures de Mousses parmi les échan-
tillons, soit de l’ancienne collection du Jardin des Plantes, soit de
celle de l'Académie des Sciences. Quant aux filamens confervoïdes,
un grand nombre d'échantillons en présentent qui ont l'aspect de
ceux figurés par Daubenton; mais nous verrons tout à l’heure
l'opinion qu’on doit se faire sur ces prétendues Conferves. Plus tard,
Blumenbach , dans une lettre au baron de Moll, dont un extrait est in-
séré dans les Annales de Philosophie(2), convint que, bien qu’il eût
jusqu'alors rejeté la présence des végétaux dans les Calcédoines , il
devait alors admettre que ces pierres contiennent quelquefois de
vrais végétaux probablement de la nature des Conferves. il dit en
avoir observé dans des échantillons d'Islande et de Catherinebourg.
Il ajoute que, dans une Agate qui avait appartenu à un prince
japonais, il avait reconnu la fructification d’une plante inconnue,
ressemblant assez à celle du Sparganium erectum. Cette opinion, à
laquelle le nom d’un savant aussi célèbre donnerait de l'autorité, n’a
malheureusement jamais été développée davantage par son auteur,
qui n’a publié ni description détaillée , ni figures des végétaux qu'il
croit avoir distingués dans ces Calcédoines.
: La même opinion a été soutenue par M. Macculloch (3), qui a
(1) Mémoires de l'Académie des sciences, 1782, p. 667.
(2) Annals of philosophy, 1814, tom. I, p. 217.
(8) Trans. géolog., 1'°. série , tom. IT, p. 510.
30 HISTOIRE
prétendu que les Calcédoines renfermaient des arborisations de deux
sortes : les unes , dues à de véritables végétaux; les autres formées par
des infiltrations minérales. Il assure que ces deux sortes peuvent être
distinguées tant par leurs caractères extérieurs que par leur nature
chimique , les premières devenant toujours noires lorsqu'on les fait
bouillir dans de l’acide sulfurique, tandis que les autres conservent
leur couleur primitive, et font une légère effervescence. Le même
naturaliste dit avoir observé quelquefois des articulations dans ces
filamens; mais malheureusement les figures qu’il a données de ces
objets ne sont pas assez grossies , et laissent par conséquent beau-
coup à désirer. Si on s’en rapportait à ces figures , l'est certain qu'on
aurait de la peine à se refuser à reconnaître dans quelques-unes d’entre
elles des portions de végétaux même plus compliqués que des Con-
ferves , tels que des Jungermannes. Mais ces infiltrations simulent
quelquefois tellement les formes extérieures d’un végétal , qu'il faut
bien connaître les plantes de ces familles pour ne pas s'y tromper.
Désirant par conséquent m’assurer par moi-même de la nature de
ces prétendus végétaux , Jai examiné un nombre assez considérable
d'Agates mousseuses, provenant soit des collections publiques, soit de
plusieurs collections particulières de Paris; je les ai observées non
avec une simple loupe, mais avec l’excellent microscope d’Amici, dont
je n’employais cependant que les faibles grossissemens compris entre
5o et 100 environ en diamètre. Dans la plupart des cas , la transpa-
rence de ces Agates m'a permis de bien observer, au moins dans
certains points , la disposition de ces filamens , et j'ai pu alors m’as-
surer non-seulement qu'ils n'avaient aucun des caractères des plantes
de la famille des Conferves, ou de toute autre plante, mais qu'ils
présentaient méme des caractères qui prouvaient que c'étaient de
simples infiltrations et non pas des végétaux. J’ai représenté dans
les Fig. 7 et 8 de la PI. 1, les deux formes sous lesquelles se pré-
sentent le plus fréquemment ces infiltrations. La Fig. 7 offre la dis-
position qu'adoptent en général les infiltrations brunes des Agates
mousseuses presqu’opaques; les filamens, très-irréguliers quant à
leur grosseur et à leur mode de division, somt diversement renflés ;
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 31
ils sont assez nettement limités, sans nébulosité autour d'eux, et
paraissent formés par une matière grumeleuse d’un brun noirâtre
qui-remplit de petits canaux filiformes et irréguliers , distribués sans
ordre dans la Calcédoine. Ces infiltrations sont très-souvent irrégu-
lièrement anastomosées, ce qui éloigne toute idée de plante confer-
voïde, puisque dans les seuls cas où de semblables anasiomoses
existent parmi les Conferves , elles donnent lieu à un réseau fort
régulier comme celui de l'Hydrodyction , où à un mode de réticula-
tion , irrégulier il est vrai, mais bien distinct de celui de ces infil-
trations, et tel qu’on l’observe dans les Conjugées , particulièrement
dans le Zyonema genuflexum. Je ne connais de plantes dont les
anastomoses irrégulières soient analogues, à quelques égards, à
celles que présentent ces infilirations, que dans le genre ÆArzo-
morpha , genre qui, sous tous les autres rapports, n’a aucune ana-
logie avec les infiltrations des Agates.
Ces infiltrations brunes, dont un petit rameau est représenté
Fig. 9, sont les plus fréquentes; mais les plus remarquables par
leur aspect agréable et par leur ressemblance au premier coup d'œil
avec des Conferves, sont les infiltrations vertes dont la Fig. 8 montre
quelques portions très-grossies. La matière qui les forme paraît
beaucoup plus ténue que celle des infiltrations brunes, de sorte
quelle a pour ainsi dire teint la Calcédoine à quelque distance des
petits canaux dans lesquelles infiltration s’est formée ; aussi voit-on
toujours dans le milieu des filamens une ligne plus opaque produite
par une matière d’un vert foncé. Cette ligne paraît représenter le pe-
tit canal lui-même qui traverse la Calcédoine ; elle est renflée irré-
gulièrement de distance en distance! et la nébulosité verdâtre formée
par l’infiltration de la substance colorante dans la pierre elle-même
a suivi toutes les irrégularités de ce canal.
La forme plus ou moins linéaire ou fortement mamelonnée de
ces infiltrations nébuleuses , leur plus où moins grande opacité,
paraissent dépendre de l'étendue de ces canaux et de la quantité de
substance colorante qui y était contenue; du reste, Vaspect de
ces infiltrations , les anastomioses fréquentes qu’elles forment , leur
32 HISTOIRE
irrégularité , éloignent toute idée d’origine végétale. Quelques plantes
gélatineuses et trémelloïdes , telles que les Linckia, Mesogloia, etc.,
ont bien un peu de cet aspect, mais jamais elles n’affectent cette
disposition filamenteuse et anastomosée, et l’examen microscopique
ue permet plus d'établir aucune analogie ; car, avec un grossissement
tel que celui que nous avons employé, ces plantes présenteraient des
caractères de structures qui les feraient reconnaître immédiatement.
Ces deux formes d’infiltrations sont celles qui se montrent le plus
ordimairement dans les Agates mousseuses; j'en ai observé une
autre , dans un coin d’une plaque remplie d’infiltrations brunes, qui
ine laisse quelques doutes sur son origine. Je l'ai représentée , Fig. 6
de la PI. TI. Elle offre une régularité dans les filamens qui la compo-
sent et dans leur mode de division , qui rappelle assez bien plusieurs
Conferves, et particulièrement quelques espèces du genre Bangia,
telles que le Bangia atrovirens (Lynove tent. hydroph. Danicæ,
tab. 25, Fig. B.) ; mais cependant il serait possible que ce ne fût
encore qu'une infiltration plus régulière, produite par des canaux
très-fins et ramifiés avec ordre. Ce qui me le ferait croire, c’est le
mode de distribution de la matière opaque, vers le centre des fila-
mens. Dans les plantes confervoïdes auxquelles on pourrait comparer
ces filamens , la matière opaque, granuleuse et colorée, remplit
toute la cavité d’un tube membraneux, mince; la partie transpa-
rente, dépourvue de cette matière granuleuse, ne forme donc sur les
bords qu'un liseré étroit, produit par l’épaisseur du tube. Ici, au
contraire, la matière opaque occupe une ligne centrale étroite, qui
paraît être le canal lui-même dans lequel la substance colorante a
pénétré, et tout autour de ce filet central se trouve une couche demi-
transparente, beaucoup plus épaisse que ne le serait un tube mem-
braneux , et qui paraît, comme dans les infiltrations vertes, être le
résultat de l’infiltration de la matière colorante dans la substance
même de la pierre. Malgré son apparence beaucoup plus analogue à
celle d’une plante, je crois donc encore que ce n’est qu’une infiltra-
tion plus régulière. Ainsi les recherches que j'ai faites n’ont pu
jusqu’à présent me faire reconnaître, dans les Calcédoines, des
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 33
plantes bien caractérisées , soit comme appartenant au groupe des
Conferves , soit comme se rapportant à une autre famille.
Quant au mode de formation de ces infiltrations dans l’intérieur
de la Calcédoine , il n’est pas du tout dans mon sujet de chercher à
l’expliquer ; je laisse aux minéralogistes à discuter la manière dont
les petits canaux que remplit la matière colorante se sont formés ,
l’état solide ou gélatineux de la silice dans ce moment, et la nature
de la matière qui sy est introduite. Mon seul but était de montrer
que dans la plupart des cas, si ce n’est dans tous , le règne végétal
n'entrait pour rien dans la cause de ces infiltrations, c’est-à-dire
qu'elles ne représentaient pas des végétaux, et que leur manière de
se-ramifier prouvait. même que les canaux qui occupaient leur axe,
ne devaient pas leur origine à des filaments confervoïdes, que ces
infiltrations auraient ensuite enveloppés et fait disparaître ; je sais
que l'existence de végétaux confervoïdes dans les eaux chaudes, qui
renferment la plupart du temps de la silice en dissolution , aurait
pu expliquer leur présence dans ces pierres ; mais les végétaux des
eaux thermales sont des oscillatoires , genre de Conferves qui, plus
que tout autre, s'éloigne des infiltrations des Calcédoines par ses
filaments toujours simples et le plus souvent droits ou peu flexueux.
Outre les prétendues Conferves fossiles des Agates mousseuses ,
on irouve encore trois espèces de Conferves indiquées comme
renfermées dans des roches assez anciennes.
Deux ont été figurées par M. de Schlotheim ; la première est com-
parée par lui au Conferva rutilans (1); M. Agardh la inséré dans
son $Systema, sous le nom de Conferva Schlotheimii (2), et l’a
considéré comme plus voisine du Conferva glomerata ; cependant
il me semble très-probable que ce n’est pas un véritable fossile,
- mais une Rhizomorphe ou des racines qui ont pénétré dans un
schiste superficiel ; son origine me paraît la même que celle de
l'Algacites crispiformis , dont je parlerai plus bas et qui se trouve
réuni avec celte plante dans les mêmes échantillons.
(1) Nachtrage zur petrefactenkunde , 1822, p. 48, tab. 7 fig. 1. b.
(2) Systema algarum, p. 122.
I. 6]
34 HISTOIRE
La seconde espèce (1) indiquée par le même. naturaliste ,: me
paraît également fort douteuse; ‘elle se présente sous forme de
faisceaux de filamens, rapprochés et parallèles, dans une marne
des environs de Kahla, dans l'Altenburg, marne qui appartient
à la formation du calcaire conchylien (Muschelkalk) de la Thuringe.
M. de Schlotheïm doute si c’est une Conferve ou une Coralline , et
d’après la figure, il est impossible de se former une idée précise
sur ce fossile.
Une troisième espèce de cette famille est décrite et figurée dans
un ouvrage récemment publié par M, Jæger,-sur les plantes fossiles
du grès à bâtir des environs de Stuttgard; il donne à celte espèce
le nom de Confervoides arenaceus (2); mais j'avoue qu'ilme paraît
difficile de reconnaître dans cette empreinte une Conferve ; il y a
dans le mode de division , et surtout dans la grosseur des filamens,
une irrégularité qu’on m’observe jamais dans les plantes de cette
famille et qui n’est même pas aussi marquée dans les Rivularta ,
Linckia, Mesogloia et autres genres gélatineux avec lesquels
M. Jæger compare cette espèce et qui seuls, en effet, ont quelque
analogie éloignée avec cette plante.
(D) dbid. tab. V, fig. 2.
(2) Uber die Pflanzenversteinerungen welche in dem Bausandstein von Stuttsard
vorkommen von D°. Georg. Fried. Jæger. Stuttgard , 1827, p. 34, tab. VII, fig. 2.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 35
CONFERVITES.
Filamenta simplicia vel ramosa, septis intersecta.
1. CONFERVITES FASCICULATA.
Filamenta simplicia, rigida, fasciculata, recta vel vix incurva,
externé lævia ; dissepimenta ? loculamenta , longitudine filamenti
latitudini æqualia, efformantia.
Gisémenr. Dans la craïe tufau,
Locirrré, Arnager dans l'ile dé Bornholm. (Coll. de S. A: R. le prince
Christian de Dancmarck.)
Cette plante se présente sous la forme de filamens simples fasci-
culés, raides ou légèrement arqués , très-fins , longs de 6 à 8 cent.,
dont la matière végétale ne paraît plus exister. Dans quelques en-
droits on peut distinguer dans ces petits tuyaux des cloisons qui lais-
. sent entre elles des espaces à peu près égaux au diamètre des filamens
eux-mêmes.
Quoiqu'il soït très-difficile, d’après ces caractères , de déterminer
les rapports de cette plante fossile avec les espèces vivantes, cepen-
dant ses filamens simples , assez raides, fasciculés , et la disposition
des articulations la rapprochent des Conferves simples marines,
voisines du Conferva Linum et surtout du Conferva ærea de
Lyngbye (Hydroph. Danica, tab. 51, A). Le Conferva Linum ,
qui est si commun sur nos côtes , en diffère surtout par ses filamens
beaucoup plus entre-croisés et moins raides. Le Conferva melago-
nium , dont l'aspect général se rapproche assez de celui de espèce
fossile , a les filamens plus gros et les articles plus allongés et plus
renflés. Le Conferva œrea, au contraire, se rapproche beaucoup
de la plante fossile par sa taille et sa manière de croître, par ses
filamens simples, raides et fasciculés , et par la disposition de ses
articulations,
HISTOIRE
[sù
[ep]
2. GONFERVITES? ÆGAGROPILOIDES.
Filamenta simplicia? recta, rigida, intertexta et sphæram effor-
mantia ; dissepimentorum vestigia nulla.
Gis. Dans la craie tufau.
Loc. Arnager dans l’ile de Bornholm. { Coll. de $. A. R. le prince Christian. )
Les rapports de cette plante ayec les espèces vivantes sont plus
douteux que ceux de l'espèce précédente; elle forme dans la craie
des taches arrondies , paraissant provenir d’une sphère comprimée ,
composées d’une infinité de filamens courts, raides, simples , entre-
croisés dans tous les sens. Il est impossible de distinguer aucune
trace d’articulations sur ces filamens.
Ainsi, cette empreinte diffère beaucoup de celle qui serait pro-
duite par le Conferva ægagropila, dont elle rappelle d’abord la
forme générale, mais dont les filamens rameux partent tous en
divergeant. d’un centre commun: Dans la plante que nous décri-
vons, les filamens raides et courts sont au contraire entre-croisés
dans tous les sens, et plutôt perpendiculairement aux rayons que
dans leur sens ; elle rappelle par-là tout-à-fait ces boules qu’on a
nommées ægagropiles marines, qu’on trouve fréquemment sur les
bords de la mer, particulièrement sur les côtes de la Méditerranée, et
qui sont formées par les fibres entre-croïisées des feuilles du Caulinia
oceanica ; il serait seulement difficile de comprendre comment des
masses aussi épaisses auraient pu être réduites à une lame aussi
mince que ces fossiles, sans perdre toute espèce de trace de leur
texture. Du reste, on peut concevoir la formation de ces boules
fibreuses dans l’ancien monde, aussi-bien qu'à présent, puisque
nous trouvons les feuilles de plusieurs espèces de Caulinia ou de
Zostera dans les lignites inférieurs à la craie, et que lAmphitoites pa-
risiensis nest qu’une tige de Cauliniæ dépourvue de feuilles. ( Voyez
l'article dela famille des Nayabss, et le Mémoire que jai publié sur
les Fucoïdes. Mém. Soc. hist. natur. de Paris, tom. I, p: 301.)
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 37
RAA AA AAA AA AAA SA USA AA AAA LR AE LUE LEA LA VAE LEE LE LA A LA LOL LAS LUEUR LS EE LULU LEA TELLE
ALGUES.
Nows réservons ce nom à toutes les Cryptogames aquatiques non
articulées qui forment les deux familles des Ulvacées et des Fuca-
cées (1), familles qu'il nous paraît difficile, dans beaucoup de cas,
de distinguer à l’état fossile, leur caractère résidant essentiellement
dans la disposition des corps reproductéurs et dans la nature du
tissu qui compose leurs frondes, caractères qui tous deux dispa-
raissent le plus souvent dans les plantes fossiles.
Ces plantes ont de commun leur manière de croître presque sans
exception dans les eaux salées , quelques Ulves seulement pouvant se
développer dans les eaux douces ; elles se présentent sous des aspects
si variés, qu'il est presque imposible de s’en former une idée juste
sans avoir jeté les yeux , soit sur les plantes élles-mêmes, soit sur les
figures qu'on en a publiées (2). Cependant elles offrent toujours une
fronde continue , d’une consistance molle et charnue dans la plupart
des Ulvacées et dans quelques Fucacées , coriaces mais flexibles dans
(1) Sousile nom de Fucacées nous réunissons les Fucacées et les Floridées de M. Agardh,
ou les Fucacées,, les Floridées et les Dictyotées de Lamouroux, qui sont des tribus fort
naturelles; mais qui ne jrésentent pas, à ce qu'il nous semble, de caractères assez tran-
chés pour les considérer comme des familles distinctes.
(2) Les meilleurs ouvrages à consulter sur ce sujet , et pour prendre une idée exacte des
plantes de cette famille, sont : Turner, Historia fucorum, 4 vol. in-{°. London ; 1802;
Lyngbye, Tentamen hydrophytologie Danicæ, 1 vol. in-{°. Hafniæ, 1819. On hénrtt
aussi d'excellentes figures de plusieurs espèces très-remarquables de cette famille dans la
partie botanique de la relation du voyage autour du monde, de la corvette Za Coquille ,
sous les ordres du capitaine Duperrey. Ces figures, dues à M. Bory de Saint-Vincent ,
surpassent tout ce qu'on a publié jusqu’à présent sur le même sujet. Les personnes qui
désireraient les étudier sur la nature même trouveront de fort beaux échantillons des
espèces de nos côtes , dans la collection des Algues de Normandie, publiée par M. Chauvin.
Enfin les mémoires de Lamouroux, insérés dans lés Annales du Muséum d'histoire
naturelle, renferment ce qu'on a de meilleur sur la structure et la classification de ces
plantes, ainsi que de bonnes figures de plusieurs d’entre elles.
38 HISTOIRE
presque toutes les Fucacées, d’un vert clair dans le plus grand
nombre des Ulvacées, d’un vert olive, d’un brun foncé, où d’un
rouge plus ou moins vif dans la plupart des Fucacées.
Quant à leur forme, tantôt elles ne présentent que des mem-
branes irrégulières, diversément lobées et repliéés, sans aucune
irace de nervures ; telles sont les Ulves’' proprement dites , plusieurs
Delesseria, Dictyota, Halymenia, etc., qui, à l’état fossile,
pourraient facilement être confondues avec les Ulves, quoiqu’elles
en différent beaucoup par la solidité du tissu de leurs frondes ,
et par leur mode de reproduction; taniôt ces membranes de
forme plus régulière sont parcourues par des nervures peu mar-
quées et qui ne se présentent que comme un épaississement de la
fronde , vague et mal limité; c’est ce qui a lieu dans beaucoup de
Delesseria:
Dans d’autres plantes de cette famille, la fronde extrémement
divisée ne représente plus une véritable membrane, mais plutôt une
tige aplatie, quelquefois entourée d’un rebord membraneux, et
dont les divisions sont cependant disposées dans un même plan,
comme si elles résultaient de la découpure d’une même membrane ;
telles sont les Delesséria alata et autres plantes de ce groupe,
ainsi que plusieurs Fucus. Enfin, d’autres Algues noffrent plus
qu’une vraie tige cylindrique plus ou moins ramifiée, tantôt nue,
tantôt couverte d’appendices auxquels on donne le nom de feuilles ,
mais qui diffèrent à beaucoup d’égards des véritables feuilles des
plantes plus parfaites. Ces feuilles sont quelquefois de simples tu-
bercules charnus, coniques, cylindriques ou renflés en massue,
insérés de toute part autour des tiges et des rameaux, comme les
feuilles des Sedum et de plusieurs autres plantes grasses, dont ces
plantes marines ont un peu l'aspect; c’est ce qu'on remarque parti-
culiérement dans certainés espèces de Caulerpa et dans le genre
Tanmnophora ; d'autres fois ces organes se présentent sous la forme
de véritables expansions membraneuses foliacées, dentelées sur leurs
bords , et traversées par des nervures assez bien limitées , quoique
moins nettes que dans les plantes vasculaires ; telles sont les feuilles
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 39
des S'argassum, qui composent le genre dont lorgamisation est la
. plus compliquée. |
La fructification de ces plantes affecte aussi des aspects très-
différens, tantôt ce sont des tubercules infiniment petits , presque
plongés dans la substance de la fronde , comme on l’observe dans les
Dictyota , tantôt elle forme des tubercules arrondis ; saillans, quel-
quefois pédicellés comme de petites perles, ainsi qu'on le voit dans les
Delesserie , et dans le grand genre $phærococcus ; enfin d’autres fois
ces tubercules de fructifications groupés ensemble, forment des
masses mamelonnées beaucoup plus considérables ; tels sont les or-
ganes reproducteurs des Fucus , des Cystoseira des Sargassur, etc.
Ce que nous venons de dire des formes des Algues suffit pour
montrer combien elles sont variées , et pour qu'on ne s'étonne pas
de trouver des espèces si différentes les unes des autres parmi les
fossiles de cette famille; on sent aussi combien il est diflicile, au
milieu decette variété de forme, de donner des caractères pour les
reconnaître à l’état-fossile où les formes seules peuvent nous diriger.
Cependant la continuité du tissu de la plante dans toutes ses parties,
l'absence de toute véritable articulation, et par conséquent de cica-
irices provenant de la chute des feuilles, l'absence mêmedes feuilles ,
ou , lorque ces organes existent , la disposition vague des nervures,
qui sont peu marquées et Jamais anastomosées, enfin le défaut
presque constant de symétrie dans les frondes, sont les caractères
les plus imporians , propres à définir ces plantes. +
Les Algues constituent une famille très-nombreuse. En ne com-
prenant sous ce nom que les plantes marines non articulées, on en
connaît plus de 500 espèces décrites, sans compter un grand nombre
d'espèces inédites que renferment les Herbiers (1). Ges plantes,
comme celles qui croissent dans l'air, sont soumises à linfluence des
(1) Lamouroux portait le nombre total des espèces existant dans les herbiers à 1,600, en
y comprenant toutes les plantes marines articulées et à tissu continu , et par un calcul de
proportion il arrivait à conclure qu’il en existait probablement 5 à 6,000 dans toutes les mevs
du globe; mais ce calcul n’est pas fondé sur des bases bien solides, car ces plantes varient
moins d’un lien à un autre .que les plantes phanérosames qui Jui ont servi de terme de cem-
paraison, et-dont en outre le nombre total est encore très-problématique.
et
40 HISTOIRE
climats, et varient beaucoup suivant la zone où on les observe ; cer-
lains genres même sont presque entièrement propres à une latitude
déterminée ou du moins présentent leur maximum sous cette latitude.
Lamouroux , qui avait fait une étude si approfondie de ces végé-
taux, et.qui en avait réuni une collection très-nombreuse, a le
premier jeté Les bases de la géographie botanique marine; et, sans
le suivre dans toutes les considérations intéressantes que ce sujet lui
a suggérées , nous puiserons dans son travail quelques données im-
portantes sur la distribution des formes végétales marines, suivant
les diverses zones du globe (1). Nous pourrons apprécier ainsi la
nature du climat nécessaire au développement de certains genres, et
par suite tirer de la présence des végétaux de cette famille propres
à certains terrains, quelques présomptions sur les circonstances
qui avaient présidé à leur développement.
Les mers des régions polaires boréales sont particulièrement ha-
bitées par d'immenses Laminaires beaucoup plus fréquentes dans ces
iners que dans celles des régions tempérées ; les vrais Fucus croiïssent
aussi en grand nombre sur ces côtes ; plusieurs espèces de Delesseria
et de quelques autres genres de Floridées s'étendent jusqu’à cette
latitude , quoiqu’elles y soient moins fréquentes que dans les climats
tempérés ; enfin, les Ulves abondent sur ces rivages plus que sur
aucun autre. Cette végétation circumpolaire paraît la même dans le
nord de l'Océan atlantique et sur les côtes du détroit de Béring
Dañs la zone polaire australe, à l'extrémité de l'Amérique et à la
terre de Diémen , les Laminaires qui avaient cessé d'exister dans les
régions tropicales reparaissent en grand nombre ; on y retrouve aussi
quelques Fucus, et le genre remarquable qu’on a désigné sous le nom
de Macrocystis, genre qui paraît propre à ces régions australes,
ainsi que les deux nouveaux genres établis par M. Bory de Saint-
Vincent, sous les noms de Durvillea et de Lessonia (2).
(1) Nous renverrons, pour plus de détails sur ce sujet, au Mémoire posthume de
Lamouroux sur la géographie des plantes marines, inséré dans les Annales des sciences
naturelles, tom. VII , p. 60.
(2) Voyez les excellentes figures de des plantes, que M. Bory de Saint-Vincent a
publiées dans l'Atlas du voyage autour du monde de la Coquille , Plus:
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 4
Dans les mers tempérées de l’Europe et de l'Amérique septen-
trionale, les vrais Fucus, les Cystoseira, les Délesseria , les Haly-
menia, les Gigartina, les Dictyota, et parmi les Ulvacées , les
Ulves elles-mêmes et les Bryopsis se montrent en abondance, et
déterminent le caractère de celte zone. La grande variété des es-
pèces, et la prédominance des Floridées sur les Laminaires et les
Fucus , distinguent cette végétation de celle des mers du Nord.
Dans les régions équatoriales, des formes nouvelles et très-diffé-
rentes des précédentes, viennent en grand nombre donner un ca-
ractère tout-à-fait particulier à la végétation des mers. Ce sont,
parmi les Fucacées , les Sargassum , dont les amas immenses for-
ment des îlès flottantes au milieu de l'Océan équatorial. Parmi les
espèces délicates, les Gelidium, dont les tiges gélatineuses sont
Vorigine des nids des salanganes ; les Zaurencia, les Hypnea, les
Acanthophora, les Tamnophora, les Amansia, sont propres à
cette région; et dans la famille des Ulvacées,, le genre singulier
des Caulerpa caractérise spécialement la zone équatoriale, ou les
mers tempérées australes des côtes de la Nouvelle-Hollande.
On voit que chaque zone a des genres propres et caractéristiques ,
et que pour indiquer ceux dont les formes remarquables sont les
plus faciles à distinguer, les Laminaires, les vrais Fucus et les
Macrocystes , ne sont propres qu'aux régions froides ou tempérées ;
les S'argassum , les Thammophora, les Amansia et les Caulerpa
ne croissent, à quelques exceptions près, qu'entre les tropiques :
les premiers de ces genres annoncent par conséquent un climat froid,
et les seconds un climat chaud.
Si nous, passons maintenant à l'examen de la distribution des
Algues fossiles dans les couches de la terre, nous verrons quelles
conséquences il nous est possible de déduire de ces remarques.
Les Fucus fossiles se trouvent Jusque dans les couches les plus
anciennes du globe, dans les terrains de iransition du nord de
l'Europe et de l'Amérique; ce sont les
Fucornrs DENTATUS.
- SERRA,
42 HISTOIRE
Fucornes ANTIQUUS.
CIRCINATUS.
Les deux premiers, trouvés dans le calcaire de transition du
Canada , quoique très-différens de toutes les espèces actuellement
existantes, paraissent se rapprocher , surtout parmi les plantes
vivantes , du genre Amansia, genre qui ne croît que dans les mers
des tropiques ; cependant cette analogie n’est pas assez certaine pour
qu'on puisse en déduire aucune conséquence.
Le Fucoides antiquus provient également du terrain de irans-
tion des environs de Christiania ; mais sa forme est trop peu
caractérisée pour qu'on puisse déterminer le genre auquel il a dû
appartenir; on peut seulement présumer que c'était un $phæro-
coccus d'Agardh , appartenant au genre Chondrus où Gelidium de
Lamouroux, genres qui se trouvent répandus dans presque touies
les mers. Nous pouvons en dire autant du Fucus fossile des grès de
transition du pied du Kinnekulle en Westrogothie, que nous dési-
gnons sous le nom de Fucordes circinatus. Sa structure est trop dou-
teuse pour qu'ou puisse discuter ses analogies avec les espèces vivantes.
Dans les terrains de sédiment inférieur , les schistes bitumineux
du pays de Mansfeld, et les mines de charbon fossile de Hæganaes
en Scanié, qui probablement appartiennent à peu près à cette épo-
que (x), sont les seules couches qui renferment des impressions de
Fucus. Ce sont les espèces suivantes :
(1) La position géologique des mines de Hæœganaes est très-diflicile à établir avec quelque
certitude, ces mines n'étant recouvertes par aucune autre formation, le terrain qui leur
sert de base n'étant pas connu, el la formation de charbon elle-même ne renfermant aucun
fossile très-caractéristique. Le charbon y est disposé en deux couches qui présentent plusieurs
failles et dérangemens, comme léé couches dé charbon ancien ; ces lits de charbon sont
séparés par des bancs de schiste argileux qui renferment quelques impressions de plantes ;
mais on n’y trouve aucun des genres qui caractérisent les formations houillères anciennes :
ni tiges, ni feuilles de Fougères, pas de Calamites ni de Lepidodendrons; aucune trace de
Sphénophyllites ou d'Asterophyllites. On n'y à jamais observé non plus de feuilles ou de fruits
dicotylédons qui puissent faire présumer que cette formation se rapporte aux lignites de
sédiment supérieur, Les seules plantes qu’on y a trouvées sont des feuilles à nervures parallèles
ressemblant à des feuilles de Graminées ou de Zostera; d’autres plus petites , que M. Agardh
a nommées Amphibolis septentrionalis ; et qui ressemblent à celles des Caulinia exotiques ;
DES VEGÉTAUX FOSSILES. 43
FucoipEs SEPTENTRIONALIS.
NILSONIANUS.
LYCOPODIOIDES.
SELAGINOTDES.
FRUMENTARIUS.
PECTINATUS. -
DIGITATUS.
La première , suivant l’opinion de M. Agardh, qui l’a observée en
assez bon état, est un S'argassum. Les quatre suivantes paraïssent
se rapporter au genre Caulerpa ; les deux dernières sont difficiles à
déterminer avec quelque probabilité. Ainsi, sur sept espèces, cinq
appartiennent , suivant toutes les apparences , à deux des genres qui
caractérisent le mieux la végétation marine des zones équatoriales.
Dans la longue série de terrains qui séparent les couches infé-
rieures du calcaire alpin de la craie, nous ne trouvons presque au-
cune trace de plantes marines. Le: calcaire de Solenhofen, près
d'Aichstaedt, en contient cependant deux espèces : les Fucoides
Srockii et encælioides , et les schistes calcaires de Stonesfield ont
présenté un fragment du Fucoides furcatus ; mais ces plantes n’ap-
partiennent pas à des formes caractéristiques d’une zone particulière.
Les Fucus deviennent plus fréquens dans les couches qui sépa-
rent le calcaire du Jura de la craie, et quelques espèces remarqua-
bles se trouvent dans ces terrains. Deux groupes de plantes sont
propres à cette époque : les unes se trouvent dans une couche dont
la position est bien déterminée ; je veux parler des lignites de l’île
d'Aix, près La Rochelle, et des couches analogues qui paraissent
enfin , les deux espèces de Fucus que nous indiquons ici. J'y ai vu aussi quelques petites
graines, mais elles étaient indéterminables. À Bosarp , près d’Hæœganaes, où on a également
exploité une couche de charbon, on a trouvé des fragmens de bois dicotylédons ainsi qu’un
poisson figuré par M. Nilson, et rapproché par lui des Labres, Tous ces caractères paraissent
distinguer cette formation des houilles anciennes et des lignites de sédiment supérieur ;
mais ils ne déterminent pas si on doit rapporter ces charbons fossiles à l'époque des schistes
bitumineux du calcaire alpin ou à celle des lignites marins inférieurs à la craie. La présence
de la galène, dans les roches arénacées qui accompagnent ce dépôt de charbon et les rapports
qui existent entre cette formation et celle de Hæœr, peuvent seulement faire présumer qu’elle
appartient, soit au grès bigarré, soit au lias.
6.
44 HISTOIRE
en être la suite à Pialpinson, sur les limites des départemens de la
Dordogne et de la Corrèze. Les autres se retrouvent dans des terrains
très-analogues par la nature de leurs roches , dans un grand nombre
de lieux très-éloignés les uns des autres : en France, à Bidache près
Bayonne ; en Jtalie, sur la côte occidentale de Gênes , près d'Oneille
et de San-Remo; et sur la côte orientale, près de Sarsane, ainsi
qu'aux environs mêmes de Gênes; à Vernasque , dans les environs de
Plaisance ; et à Sau-Dalmazio, dans le Modenais ; dans les collines de
Doccia, prés de Florence ; au Kahlenberg , à Sivering et à Kloster-
nenburg , près Vienne; à Lonka et à Marmarosch, en Transylvanie;
enfin , à Bignor, en Angleterre; et aux Voirons, près Genève.
Dans la plupart de ces localités, la position du terrain qui les ren-
ferme n’est pas encore bien déterminée; et les géologues diffèrent
d'opinion à ce sujet. Ainsi, M. Boué, qui ma communiqué les
échantillons de Transylvanie et des environs de Vienne, considé-
rait le terrain qui les contient-comime se rapportant aux formations
salifères du grès bigarré, opinion que M. de Sternberg paraît
également partager (x). M. Pentland , qui m'a remis les échantillons
des environs de Florence, y a joint une coupe du terrain dans
lequel le Æucoides Targionii se rencontre, et d’après laquelle ces
fossiles appartiendraient à des couches de macigno, dit Pietra
forte, inférieures aux roches de serpentine qui composent en partie
ces collines. M. Keferstein , dont les observations sur le gisement
de ces roches s'accordent avec celles que je viens de citer, est porté ;
d’après ces faits, à considérer les couches de macigno , qui en Toscane
renferment des Fucoïdes, comme appartenant à la formation du
lias (2). Enfin , dans les deux dernières localités , leur position
(1) M. de Sternberg (Ælore du monde primitif, 2°. cah., p. 11) dit que les Fucus du
Kahlenberg (Fucoides intricatus) se retrouvent dans les environs de Wieliczka, et en géné-
ral dans plusieurs points des formations salifères , depuis le pays de Salzburg jusqu’en Hongrie. ,
(2) M. Keferstein s'exprime ainsi : « D’après les recherches de M. Brongniart, dans son
Mémoire sur le gisement des ophiolithes , on ne peut presque pas douter que la grauwake
des Apennins (qui contient souvent des Fucus), n'appartient pas aux formations de transi-
tion; mais, d’après ses rapports avec le calcaire noir qui renferme des bélemnites, elle
répond probablement à la formation du lias, quoiqu’elle gise sous les serpentines et les
euphotides. » T'eutschl. Geol. Dargest, tom. IN, p. 591, 1827.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 45
paraît mieux déterminée. À Bignor, en Angleterre, c’est dans le
grès ferrugineux ( ferruginous-sand) que, ces fossiles se trouvent,
suivant M. Greenough, qui m'en a donné un échanullon; et aux
Voirons, d’après MM: Dufresnoy et Élie de Beaumont, qui ont
recueilli un grand nombre d'échantillons de ces fossiles , les cou-
ches qui les renferment appartiennent aux formations de grès vert
(green-sand ) qui séparent le calcaire jurassique de la craie.
Ainsi, en Angleterre et en Suisse leur position a été trouvée la
même, ét on est arrivé au même résultat sans le chercher. Ce qu'il
y a de plus remarquable à cet égard, c'est que le Fucoides Targionti
du macigno de Florence , qui diffère à quelques égards des Fucoïdes
des autres localités, est parfaitement identique avec les impressions
des Voirons. Je laisse aux géologues à approfondir cette question ,
qui mérite toute leur attention, puisque ces plantes, qui sembleraient :
annoncer une formation assez récente, se trouvent dans les terrains
des environs de Florence au-dessous de roches cristallines, consi-
dérées comme assez anciennes, même par les géologues qui les pre-
miers ont cherché à prouver que leur formation était postérieure à
celle des terrains de sédiment (1).
Considérant donc pour le moment ces Fucus fossiles comme ap-
partenant à une époque de formation voisine de celle des lignites
. marins inférieurs à la craie de l'ile d'Aix, nous avons la Flore sous-
marine suivante comme caractéristique de cette période :
1°. Dans les lignites de l'ile d'Aix, près La Rochelle. |
Fucorpes Branrptr.
ORBIGNIANUS.
STRICTUS.
TUBERCULOSUS.
2°. Dans le terrain de macigno, des Voirons, de la Toscane, etc.
Fucornes Tararontr.
ÆQUALIS.
DIFFORMIS.
(1) Alex. Brongniart, sur le gisement des Ophiolithes , ete., Ann. des mines, 1821.
46 | HISTOIRE
FucordEs INTRICATUS.
FURCATUS.
RECURVUS.
Parmi ces plantes, celles de la seconde localité, surtout les quatre
premiéres, ont, pour ainsi dire, un caractère de famille, qui ne per-
met pas de les séparer, et qui semble indiquer qu’elles appartenaient
à un méme genre. Ce genre paraïîtrait se rapporter aux Chondria
ou aux S$phærococcus d'Agardh, ou bien aux Laurencia ou aux
Gelidium de Lamouroux , genres qui, sans être propres à une zone
particulière, sont cependant beaucoup plus fréquens dans les ré-
gions chaudes du globe que dans les mers tempérées et surtout
que dans les mers du Nord. Mais les Fucoïdes de Pile d'Aix offrent
des caractères plus remarquables ; en effet parmi les quatre espèces
qui sy trouvent, les deux dernières présentent une organisation qui
les éloigne beaucoup de toutes les espèces actuellement existanies,
tandis que les deux premières paraissent se rapprocher surtout des
Caulerpa , genre propre uniquement aux régions équatoriales.
Ces plantes indiquent par conséquent une végétation sous-marine
fort différente de celle de nos côtes, ét se rapprochant plutôt de
celle des régions équatoriales que de celle de la zone polaire.
La craie elle-même n’a présenté jusqu'à pren qu'un seul vestige
très-peu net d’une plante de cette famille, c'est le Fucoines Lync-
gvanus, trouvé dans la craie tufau d’Arnager, dans l’île de
Bornholm , espèce qui paraîtrait encore se rapprocher des Caulerpa.
Si nous examinons maintenant les Algues des terrains de sédi-
ment supérieur, nous arriverons à un résultat fort différent. La
plupart de ces espèces ont été tr ouvées dans le terrain si célèbre de
Monte-Bolca, terrain qui a été rapporté par mon père aux lerrains
de sédiment supérieur (1) ; le Fucoides Sternbergii et le Fucoïdes
multifidus seuls Propiann de localités différentes qui appartien-
nent également à ces terrains.
-Les Algues de cette époque que nous connaissons sont les suivantes :
(x) Description des terrains calcaréo-trappéens du Vicentin; par M. Alex. Brongniart ;
in-/°. Paris, 1823.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. | 4
Fucoines STERNBERGIT.
AGARDHIANUS.
= — SPATHULATUS.-
—— Lamourouxrr.
= GAZOLANUS
2. BERTRANDI.
2. OBTUSUS.
— FLABELLARIS:
MULTIFLDUS.
A l’exception des deux premières espèces qui pataîtraient se rap-
porter aux genres S'argassuin et Caulerpa , toutes les autres semblent
annoncer des espèces de genres analogues à ceux qui vivent dans
nos ciimats, tels que les Delesseria, Chondria et Dictyota. À l'égard
des deux premiers, nous remarquerons même que leur détermina-
tion générique est assez douteuse, et qu'en ladmettant comme
exacte, les genres auxquels on les rapporte s'étendent quoiqu’en
petit nombre jusque dans la Méditerranée, L’analogie des autres
espèces , avec les trois genres européens que je viens de citer, est au
contraire frappante, et telle même qu'il ne nous est pas possible de
distinguer spécifiquement le Fucoides obtusus du Chondria obtusa
de nos côtes. ‘
Ainsi, la végétation marine, comme la végétation terrestre, se
rapproche d’autant plus de celle de nos climats qu’elle se trouve
enfouie dans des terrains d’une époque plus récente ; elle présente au
contraire des caractères d'autant plus analogues à ceux de la végé-
tation des climats équatoriaux qu’elle appartient à une époque de
formation plus ancienne.
Outre les espèces de Fucus fossiles dont je vais donner la descrip-
tion, M. Schlotheim en a figuré, dans le mémoire qu’il a publié
sur ces fossiles (x), plusieurs espèces qu'il est difficile jusqu’à présent
d'admettre comme faisant partie de cette famille ; parmi les plantes
qu'il a représentée, comme des Algaciles , cinq ont reçu de lui des
e Le Li einiger Versteinerten Tangarten, Wachtrage zur Petrefactenkunde |
1822, p. 38.
48 HISTOIRE
noms spécifiques, et deux d’entre elles me paraissent assez bien
caractérisées pour être rangées avec une grande probabilité dans
cette famille : ce sont les Æloacites frumentarius et orobiformis.
Un examen attentif me paraît au contraire en exclure les trois autres.
L’Algacites crispiformis ( Schloth. Nacht. , tab. 1v, fig. t, etc. ),
figuré par ce savant , d'après des échantillons trouvés dans les argiles
schisteuses qui accompagnent les lignites de Bohème , me parait se
représenter avec des caractères presque identiques dans lés schistes
bitumineux de Menat en Auvergne ; du moins Jai recu de M. Mossier,
propriétaire d’une des exploitations de ce schiste, des échantillons qui
ont une grande analogie avec la figure publiée par M. de Schlotheim ,
et qui surtout me rappellent parfaitement les échantillons que Jai
vus dans sa collection. [’examen de ces empreintes me fait beau-
coup douter que ce soient de vrais fossiles : il me paraîtrait plus
probable que ce sont des filamens d’une espèce de Rhizomorpha
qui se sont développés dans les joints de ce schiste; en effet, toutes
les parties un peu larges de ces empreintes sont formées par des
filamens accolés qui se séparent ensuite sans se ramifier réellement,
du moins dans la plupart des cas: Quelle que soit l’origine de ces
impressions , il me paraît à peu près certain qu’elles ne sont pas dues
à des plantes marines , et je ne crois pas devoir les inscrire parmi
les Fucoïdes.
La seconde espèce, figurée par M, de Schlotherm sous le nom
d'Aloacites granulatus (LL. c., tab., fig. x), n’a de ressemblance,
même éloignée , avec aucune espèce d’Algues que je connaisse ;
elle me paraît devoir rester parmi les espèces tellement douteuses ,
qu'on ne saurait les ranger dans cette famille.
Quant à l'Ælgacites filicoides (Scbloth. Nacht. , tab. rv, fig. 2),
les échantillons que j'ai reçus de M. Merian lui-même, provenant
de la localité citée par M. de Schlotheim, ne me laissent aucun
doute sur la place que cette plante doit occuper; c’est une espèce
de Cycadée voisine des Zamia, qu’on trouvera décrite sous le nom
de Zaimites Meriani.
Les fossiles figurés par le même auteur, tab. vr et vir du même
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 49
Mémoire, ont une origine encore plus douteuse, et n’ont pas recu
de noms spécifiques, nous ne saurions sans de nouveaux rensei-
gnemens les introduire parmi les espèces du genre Fucoïde.
Je m’empresse aussi de corriger ici une’ érreur que J'avais com-
mise dans mon premier travail sur ce sujet ; javais décrit et figuré,
d’après des dessins que M. Buckland m'avait fait l'amitié de me
communiquer , deux plantes de Stonesfield , sous les noms de Fu-
coides pennatula et de Fucoides elegans ; depuis, j'ai eu occasion
d'examiner les échantillons eux-mêmes dans la collection de l’uni-
versité d'Oxford , et J'ai pu m'assurer que la première était une
espèce de Cycadée qui sera décrite sous le nom de Zamites , et que
M. de- Siernberg avait considérée comme une Fougère à laquelle
il avait donné le nom de Polypodiolites pectiniformis (fase. 2,
p. 44), tandis que la seconde paraît appartenir à un genre de
Conifère voisin des Ifs et des Podocarpus.
_ Je ne dis rien ici de lindication vague donnée par M. Turner,
d’une impression du Æucus ligulatus, observée par le docteur
Scott, sur les basaltes siliceux de la Chaussée des Géans ; je n’ai eu
‘aucun moyen de la vérifier, mais il est probable que, si cette ob-
servation à pour objet une véritable empreinte de plante, c’est
dans les couches de calcaire noir et siliceux, sur lesquelles re-
pose le basalte de la Chaussée des Géans , et dans lesquelles on a
trouvé des Ammonites, que cette empreinte a été découverte, et
non dans le basalte lui-même.
Nous n'avons pas pu diviser cette famille en genres distincts,
parce que les caractères propres à définir exactement ces genres
sont trop rarement apparens pour qu'on puisse fonder sur eux une
classification précise; mais nous avons divisé le groupe général
des Aigues fossiles, auquel nous avons donné le nom de Fucoides,
en sections fondées sur la forme dé la fronde, sections qui souvent
correspondent assez exactement à un ou à plusieurs genres des
Algues vivantes.
50 HISTOIRE
FUCOIDES.
Fucoides STERNS. Algacites ScHLOTE.
Frons continua, nunquam articulata , plerumquè difformis
nec symetrica; aut subcylindrica, simplex vel sæpiüs
ramosa, nuda vel rarius folia sustinens ; , aut membra-
nacea, integra seu maglis minüsve lobata, nervis nullis vel
imperfecté notatis, vagè ramosis nec unqaum anasto-
mosantibus percursa. Fructificatio, dm exstat, puncti-
formis vel vesiculas sessiles aut pedicellatas efformans.
SI SARGASSITES.
Caulis foliis distinctis , membranaceis, sæpius nervosis, præditus.
1. FUCOIDES SEPTENTRIONALIS, PI IL, Fig. 24.
F. foliis sparsis, lanceolato-ellipticis, integris, vesiculis peduncu-
latis, subsphæricis , folia æquantibus.
Sargassum septentrionale, Agardh in Act. Acad. Holm., 1823, p. 108, tab. nr, fig. 5.
Gis. Epoque de formation mal déterminée, se rapportant probablement au
terrain de sédiment inférieur.
Loc. Dans les mines de charbon fossile de HoϾgannes, en Scanie. ( Mi/son.)
Cette espèce, suivant M. Agardh, qui l'a décrite dans les Actes
de l'académie des sciences de Stockholm , se rapproche particuliè-
rement du Sargassum lendigerum, où Fucus lendigerus, Linn.;
espèce qui, ainsi que tous les autres Sargassum , est propre main-
tenant aux mers des pays chauds. La figure que nous en donnons
est copiée d’après celle que M. Agardh en a publiée, car échantillon
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. bi
que nous avons vu dans la collection de Lund avait tellement
souflert par l’action de l'air, qu'il était presque impossible d’y
reconnaître les diverses parties que le savant botaniste que nous
venons de citer y avait observées lorsque la pierre était récemment
extraite de la mine.
On distingue sur cet échantillon une tige portant des feuilles
ovales , sessiles , assez courtes, et des vésicules sphériques , presque
aussi grosses que les feuilles, portées sur de courts pédicelles. Ces
caracteres mappartiennent qu’au genre Sargassum; mais il est
difficile d'assurer que l'espèce fossile diffère de toutes les espèces
vivantes , suriout lorsqu’on pense au mauvais état de la plante fos-
sile, au grand nombre des espèces vivantes déjà connues , et au
plus grand nombre encore qui ont probablement échappé aux re-
cherches des naturalistes Puisque ce genre est presque entièrement
exotique.
.
2. FUCOIDES STERNBERGII, PI. Ill, Fig. 1.
F. caule ramoso, foliis oblongis, obtusis , sessilibus, integerrimis ,
serlatim punctulatis, nervis non distinctis.
Algacites caulescens, Sternb. Flor. du Monde primitif, Fasc. 1, p. 4r,
tab. xxxvr, Fig. 3 ; Ed. Germ., p. 39.
Sargassum bohemicum. Agard 4h in Sternb. Flor. du monde prim. Ed. Gall.
Fasc. 111, p: 42.
Fucoides bohemicus, Stern. Flor. du Monde primitif, Fasc. 1v, p. vr.
Gis. Dans des marnes calcaires accompagnant des basaltes (terrain de
sédiment supérieur. )
Loc. Walsch en Bohème. (Sternbers.)
Cette plante , que M. de Sternberg avait d’abord regardée comme
analogue au Fucus caulescens de Gmelin , ou comme en étant du
moins très-voisine, en diffère cependant beaucoup; et c’est avec
raison que M. Agardh l’a rapprochée des Sargassum. C’est, en
effet, parmi les plantes marines, le seul genre auquel elle puisse
. 7e
23 ‘HISTOIRE
se rapporter; mais elle diffère cependant beaucoup de toutes les es-
pèces connues ; el, ne connaissant celte plante que d’après la figure
que M, de Sternberg en a publiée, je ne saurais avoir une Opinion
arrêtée sur la place qu’elle doit occuper dans le règne végétal.
Cependant, comme elle est remarquable par plusieurs de ses ca-
ractèrés , j'ai cru devoir reproduire la figure de M. de Sternberg.
$ IL FUCITES.
Frons subplana, coriacea , ramosa, nervo crasso peércursæ.
3. FUCOIDES STRICTUS, PI. Il, Fig. 1-5.
F. fronde linéari, pinnatim ramosä, coriaceà ; ramis erectis ;
fastigiatis, nérvo medio, lato, complanato, tuberculoso præditis,
margine undulaus.
Fucoides strictus, Ad. Brong., Class. vés. foss. , p. 37, tab. 11, Fig. 3. — Mém.
de la Soc. d’hist, nat. de Paris, tom. 1, p. 308, tab. x1x, Fig. 2. l
Sphærococeus, strictus. Ag. mss. :
Rhodomela diluwiana, Ag. Spec. alg. 1, 383. — Syst. p. 201.
Gs. Dans les lignites marins inférieurs, à la craie.
Loc. L'île d'Aix près La Rochelle( Flewriau de Bellevue, d'Orbigny.)
La tige est large à sa base d'environ 15 mill. Elle est composée
d’un axe comprimé, large de 8 à 10 mill., épais et solide, et d’une
membrane mince et lisse qui enveloppe cet axe et qui s'étend des deux
côtés en forme d'ailes. Cette membrane adhère 1rès-peu aux parties
inférieures de la tige, qui en sont presque toujours. dépouillées
(Fig. 2 ). Cette tige se divise en rameaux plusieurs fois bifurqués ,
redressés suriont vers les extrémités (Fig. 2). Dans les rameaux
de moyenne grosseur, laxe forme une sorte de nervure plate,
large , légèrement tuberculeuse , un peu ondulée (Fig 3 et 5). Les
dernières divisions des rameaux sont simples ; très-allongées , grêles ,
larges d'environ 2 mill. ; la nervure est étroite , moins plate ; ces
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 53
rameaux sont très-redressés , presque accolés parallèlement les uns
aux autres (Fig. 4).
Cette espèce ressemble beaucoup par sa forme générale au Fucus
obtusatus de M. Labillardière (Plant. Nov.-Holl. specim. tab. 255);
mais elle en diffère essentiellement par la nervure large et épaisse
qui traverse sa fronde et qui est plutôt une sorte d’axe solide qu’une
véritable nervure. Cette structure donne à l'espèce fossile un aspect
plus raide et plus fastigié. |
La disposition de cette nervure établit quelque analogie entre
cette plante et le Fucus alatus dont elle diffère cependant beaucoup
par son tissu plus dense, plus solide, par sa grandeur et par ses
rameaux moins nombreux , plus allongés et plus redressés, caractères
qui la rapprochent davantage des vrais Fucus, voisins du Fucus
ceranoïdes, auprès desquels nous pensons qu’on doit la placer,
quoiqu'elle en diffère essentiellement comme espèce par les carac-
tères que nous venons d'exposer. On doit aussi remarquer que sur
les échantillons nombreux qui remplissent le lignite de l’île d'Aix,
on wa jamais aperçu de trace de fructification, ni de vésicule , ce
qui semblerait l’éloigner des vrais Fucus, et pourrait rapprocher
cette plante des Rhodomela , dans lesquels la fructification ne forme
pas de masses aussi apparentes que sur les Fucus ; mais dans ce cas
cette plante se rapprocherait plutôt des RAodomela dont la fronde
dichotome est traversée par une forte nervure comme le ÆAod.
dentata, que du Rhod. obtusata dont elle n’a que le port.
Turner a figuré sous le nom de Æucus zosteroïdes, tab. 23x,
une plante, peu connue du reste, qui plus que toute autre paraît ,
d’après cette figure, se rapprocher de l'espèce fossile que nous ve-
nons de décrire; on ignore dans quel lieu elle croît, et ce n’est
qu'avec doute qu’on l’a rapportée au genre Cystoseira.
Quelle que soit l’opinion qu’on adopte à cet égard , il paraît du
moins bien certain que cette espèce diffère de toutes les plantes
vivantes que nous connaissons.
8 HISTOIRE
SIL LAMINARITES.
Frons membranacea, coriacea ; nervo simplici crasso seu nullo.
4. FUCOIDES TUBERGULOSUS, PI. VII, Fig. 5.
F. fronde, simplici, oblongâ, integrä, ad marginem crassiori ,
membranacea, coriaceà, subihs punctulato-tuberculosä. Nervo
medio simplici, lato, complanato, crasso, transversè ruguloso.
Gis. Dans les Hgnites marins inférieurs à la craie.
Loc. L'ile d'Aix près La Rochelle. ( Æeuriau de Bellevue.)
Cette plante diffère beaucoup de toutes les espèces fossiles à fronde
simple et entière, par le tissu beaucoup plus dense et plus solide de
cette fronde , qui est entourée d’un rebord plus épais, et traversée
par une nervure large et aplatie. On ne distingue aucune nervure
secondaire ; mais la surface inférieure est couverte de petits tuber-
cules nombreux , hémisphériques , glanduleux au sommet; la sur-
face supérieure est lisse.
Ce Fucus est bien distinct de toutes les espèces vivantes que nous
connaissons ; cependant son tissu paraïtrait se rapprocher surtout
des Laminaires , et la disposition de sa nervure moyenne lui donne
quelque analogie avec les Zaminaria esculenta et Agarum dont il
s'éloigne néanmoins beaucoup par la forme de la fronde et par le
rebord qui l’entoure.
Ainsi cette plante et la précédente, qui appartiennent toutes deux
au même terrain et à un terrain assez ancien, différent beaucoup
de toutes les espèces vivantes, et n’ont même pas d’analogie assez
intime avec quelques-unes d’entre elles, pour qu’on puisse déter-
iminer avec quelque probabilité le genre dont elles faisaient partie ;
tandis que les espèces des terrains plus modernes se rangent le”
plus souvent , ainsi que nous lavons déjà annoncé, dans des genres
bien connus et souvent près d'espèces encore existantes.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 55
! SIV. ENCOELITES.
Frons simplex, ventricosa, punctulata.
5. FUCOIDES, ENCOELIOIDES, PI. VI, Fig. 1 et 2
F. fronde simplici, brevi, cylindricà, apice paululum inflatä,
subclavatä, ad superficiem punctulatà , punctis subæqualibus,
rotundis , sparsis vel in seriebus transversis dispositis.
G1s. Dans la formation de calcaire jurassique.
Loc. À Solenhofen, près d'Aichstaedt. ( Collect. de M. S tockes.)
Cette plante a les plus grands rapports avec l’£ncælium bullosum,
Agardh, Spec. Alg.r, p. 146 (Asperococcus bullosus, Lam., Ess. ,
tab. vr, Fig. 5), Ulva rugosa, Dec. F1. re tom. I, p. 8, Gastri-
dium ovale, Lyngbye, Tent. hydr. dan. , tab. xvur, tellement qu'il
me paraît très-diflicile de l’en distinguer. Sa taille est la même , sa
forme générale ne diffère nullement de beaucoup d'échantillons
de cette plante, provenant des côtes de La Rochelle, que. J'ai
comparés avec elle ; enfin le caractère essentiel du genre se retrouve
dans les granulations qui couvrent sa surface et qui constituent les
organes reproducteurs de cette plante.
La plante fossile est fortement comprimée, cependant on voit
qu'elle a été cylindrique et elle est méme moins aplatie que la
- plante vivante analogue ne l’est dans les herbiers. Elle à environ un
décimètre de long sur un peu moins d’un centimètre de large, ce
qui rentre dans la taille moyenne de la plante de nos côtes. L’extré-
mité de ces deux espèces est également un peu renflée, celle de la
plante fossile est généralement plus conique que celle de lÆn-
cœlium bullosum qui est le plus souvent très-obtuse ; cepen-
dant j'ai vu des échantillons dont l'extrémité présentait exactement
la même forme. Enfin, dans la plante fossile, les granulations
m'ont paru quelquefois disposées en séries transversales, ce que
Je nai pas observé sur les échantillons vivants ; mais ce n’est pas
56 HISTOIRE
général dans tous les individus fossiles , et ce serait un caractère
distinctif bien léger.
_Gette plante présente l'exemple d’analogie le plus complet que
je connaisse dans un terrain aussi ancien ; et, ce qui est rare dans
des formations de ceite époque, la plante analogue croît dans nos
climats.
$ V. GIGARTINITES.
À
Frons ramosa, ramis subcylindricis, carnosis , nec membranaceis.
6. FUCOÏIDES TARGIONIFT, PL IV, Fig. 2 et 6.
F. fronde compressä, pinnatà vel bipinnatä, lacinüs elongatis ,
lHinearibus, æqualibus, magis minüsve angustis, integris vel rarius
furcatis, obtusis, nec incrassatis.
Gi1s. Dans le grès ferrugineux en Angleterre et dans les macignos schistoïdes
(Pietra serena et Pietra forte) de la Toscane.
Loc. Les environs de Florence , à la Doccia de Ginori, etc. (Pentland). Bignor
en Angleterre (Greenough ). Les Voirons près Genève (Dufrenoy, Coll.
des mines.)
Les plantes que nous réunissons ici paraîtraient au premier coup
d'œil devoir former plusieurs espèces distinctes; elles varient beau-
coup en effet par leur taille, par la largeur plus ou moins grande
de leurs divisions ; mais les passages entre ces diverses variétés sont
tellement nombreux, et se irouvent si souvent réunis dans les
mêmes échantillons, qu’on ne peut même pas en former des variétés
distinctes.
Le caractère commun à toutes ces plantes, celui qui les distingue
des espèces suivantes, c’est d’avoir la fronde une ou deux fois pin-
natilide, à divisions planes égales dans toute leur longueur , assez
larges, souvent obtuses, mais jamais renflées à leur extrémité,
quelquefois très-allongées et peu divisées, mais irrégulièrement
étalées ; elles ne sont pas raides et ouvertes comme dans le Fucoides
+
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 57
æqualis, ni fastigices et entremêlées comme dans le Æucoides
intricatus ; leur taille les distingue en outre de ces deux espèces.
Ce sont ces Fucus dont Targioni, suivant Brocchi, paraît avoir
figuré un grand nombre de variétés : les échantillons d’après lesquels
nos figures ont été faites viennent en partie de sa collection.
Parmi les espèces vivantes, aucune n’a de rapports très-intimes
avec cette plante. Le Gigartina acicularis a cependant assez d’ana-
logie avec les individus les plus petits et à rameaux grèles et étroits,
tels que celui figuré PI. IV, Fig. 6; mais il a en général un aspect
plus raïde , sa fronde est moins rameuse et ses rameaux plus étroits.
Les grandes variétés du Gigartina dasyphylla ont aussi quelques
rapports avec les échantillons les plus grêles de cette plante fossile.
Mais peut-être irouvera-t-on une analogie plus grande entre cette
espèce et les variétés très-rameuses du Gigartina confervoides,
Lamour. (Sphærococcus, Agardh ), surtout lorsque leurs rameaux
acquièrent un diamètre assez considérable. Sous ce rapport elle est
assez semblable au Sphærococcus durus d’Agardh , dont j'ai reçu
des variétés nombreuses de la Martinique , où elles ont été recueillies
par M. l'ingénieur Duperrey.
7- FUCOIDES DIFFORMIS, PI V, Fig. 5.
F. fronde compressä, irregulariter subbipinnatim ramosä; ramis
subrecurvis , alternis , linearibus, pinnatifidis , laciniis brevibus
apice rotundatis.
Fucoides difformis, Ad. Brong., Mém. de la Soc. d’hist. nat. de Paris , tom. I,
p. 310, PI. XIX, Fig. 6.
Gis. Dans des calcaires marneux inférieurs à la craie ?
Loc. Bidache près Bayonne.
Cette espèce a la fronde irréguliérement bipinnée, à divisions ’
comprimées , assez larges vers le bas: les divisions principales sont
allongées , recourbées vers leur extrémité; elles sont pinnatifides ,
JE 8
58 d HISTOIRE
à lobes assez courts, arrondis, de grandeuf inégale. Elle n’est
peut-être qu’une variété. de l'espèce suivante, dont elle diffère
pourtant, assez. au-premier aspect, mais dont lawar: flexilrs forme
pour. ainsi dire le passage entre les deux espèces; on ‘pourrait
la regarder. comme un individu mal développé, arrêté dans sa
croissance, etipourcainsi dire monstrueux. Les formes des espèces
vivantes de ce groupe varient tellement d’un lieu à un autre, et
dans.le même lieu, suivant mille circonstances , qu’il est difficile de
fixer. les, limites des espèces: fossiles, .dont. on ne possède pas en
général un grand: nombre d'échantillons.
8. FUCOIDES ÆQUALIS, PI V, fig. 4.
F. fronde filiformi, cylindricà, bi-tripinnatà, ramulis alternis,
erectiusculis, patentibus, subsimplicibus, elongatis, æqualibus,
obtusis. |
Fucoides æqualis, Ad. Brong., Mem. de la Soc. d’hist. nat. de Paris, tom. I,
p: 310, PE XIX,, Fig. 29. : l
Chondria æqualis, Ag., Spec. alg. I, 365;
Var. 8. flexilis, fronde magis ramosà, ramis deflexis, multifidis, acutiuseulis (PI. V, Fig.3.)
Gis. Dans les calcaires marneux inférieurs à la craie.
Loc. Vernasque dans le Plaisantin; San-Dalmazio dans le Modenais; Lonka
et Marmarosch en Transylvanie, Sivering près Vienne (Bouë); la Doccia de
Ginori près Florence ( Pentland) ; Fur. 8. Bidache près Bayonne,
Ce Fucus est remarquable par la ténuité.et.la régularité de ses
divisions : sa fronde est deux ou trois fois pinnée, à lobes filiformes, :
simples , très-grêles, droits, ouverts, allongés , un peu renflés à l’ex-
trémité. La variété 6. diffère par sa fronde beaucoup plus rameuse , à
rameaux souveat dichotomes, plus courts etsouvent un peu flexueux ;
néanmoins elle ressemble à la précédente par ses lobes filiformes
trés-gréles et-un:peu renflés à leur extrémité. Les espèces vivantes
qui ont-lesplus d'analogietavécce Fucus fossile sont les Cliondria
.dasyphylla: &ivtenuissina; cest ce! qui a déterminé: M: Agardh
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 59
à le ranger dans.son genre Chondria. Mais il a aussi beaucoup .de
ressemblance avec les Fucus acicularis, crinalis et plicaius de
Turner, qui appartiennent. au genre Sphærococcus du botaniste
suédois. Toutes ces. plantes sont réunies par Lamouroux , à ce qu'il
nous semble avec raison; dans son genre Gigartina.
Je dois sussi indiquer les rapports nombreux que cette espèce
fossile présente avec les variétés grêles et à rameaux allongés du
Gelidium corneum de Lamouroux, telles que le Sphærococcus cor-
neus, var. 9. d'Agardh (Fucus capillaceus , Gmel. , tab: 15, Fig. 1);
le Fucoides «æqualis se rapproche surtout de ces plantes par ses
rameaux raides et d’une largeur trés-uniforme , et par leur disposi-
tion régulière et ouverte.
9. FUCOIDES INTRICATUS, PI V, Fig..6, 7,8.
F. fronde filiformi, cylindricà, multifidà, subpinnatim divisà;
ramulis erectis, subfastigiatis, approximatis et intricatis.
Fucoides intricatus, Ad. Brong., Mém. de la Soc. d’hist. nat. de Paris, is I,
p« 311, PL XIX, Fig. 8. |
Gis. Dans les calcaires marneux inférieurs à la craie.
Loc. Oneille sur la côte occidentale de Gênes; Sarzane près la Spezia ; Bidache
près de Bayonne ; le Kahlenberg, Sivering et Klosternenburg près Vienne
(Boué); Ponte Ripardi et Castellina près Florence; Albaro près Gênes
( Pareto).
Cette plante diffère de toutes les espèces vivantes et fossiles , par
sa fronde divisée en lanières filiformes très-nombreuses , plusieurs
fois subdivisées, entrecroïsées , redressées ou quelquefois étalées dans
ious les sens ; ces divisions sont gréles , très-étroites , d’un diamètre
égal partout , et ne sont nullement renflées aux extrémités, comme
dans l’espèce précédente.
Quoiqu’aucune des espèces vivantes de la famille des Algues n’ait
une analogie parfaite avec. cette plante fossile, cependant celles aux-
quelles elle me paraît ressembler le plus sont le Fucus Griffitsiæ de
; :
60 HISTOIRE
Turner (tab. 57), (Sphærococcus Griffusiæ, Agardh); le Fucus
helminthocorton (Sphærococcus helminthocorton , Agardh) et Île
Fucus congestus, Turn., tab. 179; qui appartient également au
genre Sphærococcus d'Agardh , ou aux Gigartina de Lamouroux ;
elle a surtout des rapports très-intimes avec cette dernière espèce
qui est originaire des côtes de la Nouvelle-Hollande; d’un autre
côté , elle a beaucoup d’analogie avec les petites variétés à rameaux
nombreux, grêles, dressés et entre-croisés du Sphærococcus corneus
d’'Agardh , que Lamouroux a considérées comme des espèces distinc-
tes de son genre Gelidium , sous les noms de Gelidium clavatum ,
intricatum, setaceum, et que Turner a nommé Fucus pusillus ,
tab. 108 , et J'ucus crinalis, tab. 108.
Peut-être les rapports de l'espèce précédente avec d’autres variétés
du Gelidium corneum doivent-ils faire présumer que ce groupe
de plantes fossiles appartient plutôt à ce genre qu'aux Chondria.
Cette espèce paraît plus généralement répandue que les deux
précédentes , dans les formations calcaires et argileuses qui se
trouvent entre le calcaire du Jura et la craie; du moins c’est elle
qui annonce généralement celte formation de calcaire à Fucoïdes
dont le gisement n’est pas encore parfaitement déterminé , mais qui
paraît se rapporter à l'époque que je viens d'indiquer.
10. FUCOIDES OBTUSUS, PI. VII, Fig. 4.
F. fronde pinnatà , basi bipinnatä, ramulis brevibus , alternis ,
patulis, apice incrassatis.
Fucoides obtusus, Ad. Brong., Mém. de Ja Soc. d’hist. nat. de Paris, tom. ll,
p- 311, PI XX, Fig. 4.
Chondria obtusa, Var. fossilis, Ag., Spec. alg.r, 366.
Gis. Terrains de sédiment supérieur.
. Loc. Monte-Bolca près Vérone.
Ce Fucus ressemble tellement à quelques-unes des nombreuses
variétés du ucus obtusus (Chondria obtusa, Agardh), et parti-
culièrement à la var. :. d’Agardh, qu'il nous a paru impossible de
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 6x
Ven _ distinguer spécifiquement. Comme cette dernière, elle a la
fronde une ou deux fois pinnatifide; les dernières divisions sont
courtes, renflées au sommet et souvent trilobées.
On sait que cette plante croît actuellement dans les mers d'Eu-
rope, tant dans l'Océan que dans la Méditerranée, où elle est
très-fréquente.
11. FUCOIDES STOCKIT, PI. VI, Fig. 3,4.
F. fronde subcylindricà , irregulariter ramosâ, ramulis inæqua-
bus, pluries furcatis, patentibus, versus apicem quandoquè
incrassatis, rugosis, subtuberculosis. ( An fructificantibus ?)
Gis. Dans le calcaire jurassique.
Loc. Solenhofen près d’Aichstaedt. (Collection de M. Stockes.)
Ge Fucus fossile présente une fronde qui paraît avoir été charnue
et à peu prés cylindrique, quoiqu'aplatie par la compression ;
cette fronde se divise irrégulièrement en rameaux qui se bifurquent
plusieurs fois; ces rameaux allongés, étalés, sont d’un diamètre
inégal et se renflent irrégulièrement. Ceux des extrémités sont
quelquefois plus épais, recourbés , rugueux et comme tuberculeux ;
ils paraîtraient renfermer des corps reproducteurs.
Cette espèce diffère sensiblement de toutes les plantes vivantes
que J'ai pu lui comparer; elle me paraît cependant se rapprocher
surtout du Æucus spinosus, Turn. tab. 18, qui fait partie du
genre Gigartina de Lamouroux et des Sphærococcus d'Agardh ;
mais, quoique la plante fossile, que nous décrivons ici, semble se
ranger dans ce groupe de plantes, et auprès de l’espèce que nous
venons de citer, cependant elle diffère beaucoup de cette dernière
par ses rameaux plus divisés, plus réguliers et qui ne présentent pas
ces tuhercules pointus et comme épineux qui hérissent les rameaux
du Fucus spinosus. L'espèce fossile n’offre une surface inégale et
mamelonnée que vers les extrémités des rameaux , et les mamelons,
qui sont très-peu saillants , paraissent produits par la fructification.
62 HISTOIRE
12. FUCOIDES RECURVUS, PL V, Fig. 2.
F. fronde subpinnatim ramosà , ramis subsimplicibus, cylindricis ,
æqualibus, apice rotundatis subclavatis, supérioribus erectis ,
inferioribus recurvis.
Fucoides recurvus, Ad. Brong., Mém. de la Soc. QUE nat. de Paris, tom. I,
p. 309, PI. XIX , Fig. 4.
Chondria recurva, Ag. Spec. Alg. 1, 365.
Gis. Dans les calcaires marneux inférieurs à la craie.
“Loc. Vernasque dans le Plaisantin.
La fronde de cette espèce est pinnée, à rameaux étroits à la base,
renflés et arrondis au sommet , recourbés et quelquefois bifurqués ;
son tissu paraîtrait avoir été assez épais , et les rameaux étaient
probablement cylindriques.
Il serait possible que cette plante, dont nous/n’ayvons vu qu'un
seul échantillon, ne:füt qu’une variété ou une sorte de monstruosité
de l'espèce suivante.
Nous ne connaissons aucune plante vivante qui lui ressemble.
13. FUCOIDES RURGATUS, Blu igiirs
F. fronde compressa? Re vel: irregulariter bipinnata ,
ramis subæqualibus, patulis, subrecurvis , apice rotundatis
incrassatis.
Var. z. Ramis elongatis, apice incrassatis subclavatis, PI. V, Fig.
Fucoides furcatus , Ad. Brong., Mém. de la Soc. d’hist. nat. de Paris , tom. I,
p. 309, PI. XIX , Fig. 3. ,
Knorr, Pars. I, tab. vu, Fig. 4
Var. 8. Ramis majoribus brevioribus, apice vix incrassatis , PI. TITI, Fig. 2.
Gas. Var. «. dans les Caire marneux situés entre la craie et le calcaire du
Jura ; var. G. dans les calcaires oolithiques schisteux de Stonesfeld.
Loc. Var. z. près de Vernasque dans le Plaisantin ; aux environs de Sarzane ,
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 63
x Sant Francesco:diPaolohorsila Porta Romana, près: Florence ( Pentland );
à Albaro et. dansiles montagnes d’Antola près Gênes ( Pareto ); au N.-0. de
Vienne en Autriche. — Var 6. à Stonesfield près d'Oxford. (Coll. des mines.)
La tige est large, de 5 à 6 millimètres à sa base ; elle se divise en
rameaux, tantôt dichotomes, tantôt pinnés , étalés, d’une grosseur à
peu, près égale ; excepté vers l’extrémité qui est légèrement renflée
et arrondie, en forme de massue. Les rameaux inférieurs sont plus
rameux et recourhés vers leur extrémité. Cette plante, d’après son
aspect, devaitiêtre assez épaisse, d’une consistance charnue, et les
rameaux, étaient probablement presque cylindriques.
Nous ne connaissons aucune espèce vivante qui ait une structure
analogue à celle de ce Fucus.
Knorr, dont la, figure se rapporte assez bien à cette plante, la
considérait ayec doute comme une dendrite ou comme une coralline
voisine des Eschares ; il ne cite pas le lieu d’où provenait léchan-
tillon qu'il a figuré. |
La variété g., dont nous n'avons vu qu’un fragment incomplet,
différerait peut-être assez pour en faire une espèce distincte, si nous
la connaïssions dans un état plus -parfait ; ses rameaux sont plus
gros , divisés en lobes courts et arrondis. Le seul morceau que nous
avons examiné était remarquable en ce que la place occupée par
le, Fucus , au lieu, d’être vide où charbonnée , était remplie par une
oolithe à grains assez gros.et très-réguliers, tandis que le reste de
la roche était un calcaire assez compacte.
14. FUCOIDES ANTIQUUS, PL IV, Fig. 1.
F. fronde compressä, dichotomä , ramis planis æqualibus, patenti-
bus, apice subrotundis non incrassatis.
Gis! Dans le calcaire de transition.
Loc. Île: de Linoe dansla baie de :Christiania.
Le morceau très-incomplei de. cette, plante que nous possédons
64 HISTOIRE
n'offre qu'une portion de fronde qui a quelqu’analogie avec lespèce
précédente ; mais l'égalité de diamètre de la fronde dans toutes ses
parties , sa division dichotome régulière , la manière dont les divi-
sions s’écartent sous un angle très-ouvert , et la forme des rameaux
qui terminent la fronde, qui ne sont pas renflés comme dans le
Fucoides furcatus , nous paraissent distinguer suffisamment cette
espèce. Il est très-probable, en outre, que sa fronde était plane et
membraneuse ; elle semblerait se rapprocher surtout de quelques-
unes des nombreuses variétés du Sphærococcus crispus , ou Chon-
drus polymorphus de Lamouroux, dont ce savant a figuré un grand
. nombre dans sa dissertation sur plusieurs espèces de Fucus. Parmi
ces variétés elle ressemble surtout à celle qui a recu de plusieurs
auteurs le nom de Fucus norvegicus ,; Turner , tab. 41 (Sphæro-
coccus norvegicus, Agardh ); mais l'échantillon de la plante fossile
est trop incomplet pour qu’on puisse se former une opinion ar-
rêtée à ce sujet. |
$ VI DELESSERITES.
Frons membranacea , integra vel pinnatifido-lobata, nervosa.
15. FUCOIDES LAMOUROUXII, PL VIII, Fig. 2.
F. fronde simplici, oblongâ, obtusä, undulatä; nervo medio
simplici, ad apicem evanescente, nervulis subnullis.
Fucoides Lamourouxiü, Ad. Brong., Mém. de la Soc. d’hist. nat. de Paris,
tom. I, p. 312, PL, XX, Fig. 2.
Gas. Dans les terrains de sédiment supérieur.
Loc. Moute-Bolca près Vérone. (Coll. de M. Faujas de Saint-Fond.)
La fronde de ce Fucus est simple , très-mince , ondulée et plissée
sur le bord, qui est très-entier; elle est oblongue, arrondie à
l'extrémité ; la nervure qui la traverse est simple , assez large et ne
paraît pas émettre de nervures secondaires.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 65
Cette plante a la plus grande analogie avec le Fucus sanguineus ,
L. (Delesseria sanguinea , Lbamouroux et Agardh. ) Elle en diffère
cependant par sa fronde beaucoup plus obtuse, ondulée sur les
bords, et par l'absence des nervures secondaires ; caractères qui
pareïtraient la rapprocher davantage du Delesseria americana,
(Agardh, Spec. Ale. 1, p. 172), que je n'ai pas pu comparer avec elle.
16. FUCOIDES SPATHULATUS, PI VIT, Fig. 4.
F. fronde simplici membranaceà, oblongo-spatulatä, obtusä ; nervo
medio simplici, lato, vix distincto ; nervulis nullis.
Gis, Dans les terrains de sédimens supérieurs.
Loc. Monte-Bolca près Vérone, (Muséum d'hist. nat. de Paris.)
Sa fronde est mince , membraneuse , oblongue, rétrécie en pétiole
à la base, très-obtuse au sommet , parfaitement entière , parcourue
par une nervure simple, assez large et peu épaisse, qui disparaît :
vers le sommet; on ne voit aucune trace de nervures latérales,
Cette plante paraît se rapprocher des Delesseria ; mais je ne
connais aucune espèce qui lui ressemble par la forme de la fronde et
par la disposition de ses nervures. Son analogie avec les espèces sui-
vantes et la disposition de sa nervure moyenne ne laissent cependant
” aucun doute sur sa place dans la famille des Algues.
17. FUCOIDES BERTRANDI, PI. VII, Fig. 1, 2.
F. fronde simplici membranaceä , obovato-oblongà , acutâ, basi in
petiolo angustatà ; neryo medio simplici lato; nervulis pinnatis,
simplicibus , vix distinctis.
Gis. Dans les terrains de sédimens supérieurs.
Loc. Monte-Bolca près Vérone. (Muséum d'hist. nat. de Paris; Coll. de
M. Bertrand-Geslin.)
La fronde de cette plante est oblongue , rétrécie à sa base en un
pétiole assez long ; elle est élargie et cependant un peu aiguë au
T, 9
66 HISTOIRE
sommet; la nervure moyenne est assez marquée, large et peu
épaisse ; les nervures latérales sont obliques, peu marquées et pa-
raissent simples. ï
Cetle plante est presque intermédiaire entre le Æucoides spa-
thulatus et le Fucoides gazolanus, comme cès deux plantes , elle
ne peut se rapporter qu'au genre Delesseria , mais elle différe essen-
tiellement de toutes les espèces vivantes connues. Lorsqu'on consi-
dère les variations nombreuses dont une même espèce est suscep-
tible parmi les plantes vivantes de cette famille, on se sent même
porlé à regarder ces trois plantes comme une seule espèce; mais
cependant leur forme générale et la disposition des nervures m'ont
engagé à les distinguer ; des échantillons plus nombreux pourront
seuls fixer les limites de ces espèces.
La forme générale de la fronde et la disposition des nervures :
rappellent quelques feuilles de ‘plantes dicotylédones ; mais la pré-
sence de petits flustres qui sont fixés éur les frondes, dans les
échantillons du Muséum d’histoire naturelle, prouvent que cette
plante a vécu dans la mer. (Voyez PI. VIT, Fig. 3.)
18. FUCOIDES GAZOLANUS, PI. VIII, Fig: 3.
F. fronde simplici, membranaceä, oblongä , subspathulatä, obtusà,
sinuatà vel irregulariter lobata ; lobis dissimilibus, sæpiùs rotun-
datis; nervo medio simplici; nervulis pinnatis, vage ramosis,
apice evanescentibus.
Fucoides gazolanus ; Ad. Brono. , Mém. de la Soc. d’hist. nat. de Paris, tom. 1,
Do Pl, ie. 5 À
Gus. Dans les terrains de sédimens supérieurs.
Loc. Monte-Bolca près Vérone. ( Muséum d'hist. nat. de Paris; Coll. de
M. le comte Gazolu.)
La fronde est membraneuse, mince, rétrécie vers la base en un
pétiole assez court; élargie et obtuse au sommet ; ses bords sont
tantôt presque entiers ; tantôt profondément sinueux, à lobes ärré-
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. é
guhers et arrondis ; la nervuré moyenne est très-marquée , assez
étroite; elle donne naissance à des nervures secondaires, fines,
rameuses, obliques , qui disparaissent vers les bords.
Cette plante a tout-à-fait l'aspect des Delesseria, sans qu’on .
puisse cependant la rapporter à aucune des espèces connues de ce
genre; le Delesseria sinuosa de Lamouroux est l’espèce avec laquelle
ce fossile a le plus d’analogie; elle en diffère cependant d’une manière
bien marquée par la forme générale spatulée de sa fronde et par
les lobes qui divisent ses bords qui sont arrondis et obtus , tandis
que dans le Delesseria sinuosa ils sont le plus souvent aigus et irré-
gulièrement dentelés. La netteté et la finesse des nervures, ainsi que
leur mode de division , pourraient faire prendre cette plante pour
une feuille dicotylédone ; mais la disposition irrégulière de ses
lobes prouve qu’elle ne peut appartenir qu’à la famille des Algues,
$ VII DICTYOTITES.
Frons membranacea, flabellatim divisa, enervis.
19. FUCOIDES FLABELLARIS, PI VII, Fig. 5.
F. fronde planâ membranaceä, enervi nec zonatim punctatà , flabel-
latim divisàä ; lobis approximatis , oblongo-linearibus , integris
vel furcatis, obtusis. ;
. Fucoides flabellaris, Ad. Brong. , Mém. de la Soc. d’hist. nat. de Paris, tom. I,
DA, LAS XX, Fig. 5.
Gis. Dans les terrains de sédimens supérieurs.
Loc. Monte-Bolca près Vérone.
La fronde de cette espèce a environ 3 à 4 centimètres de long ,
elle paraît plane et membraneuse ; elle est divisée profondément en
plusieurs lobes étroits à la base, élargis et souvent bifides ou
irifides au sommet.
Elle a tout-à-fait l'aspect d’une Dictyota (Zonaria , Agardh) et
particulièrement des petites variétés du Dictyota zonata de Lamou-
9:
63 HISTOIRE
roux (Zonaria atomaria, Ag.) Mais on n’y voit aucune trace des
zones transversales qui caractérisent cette plante et les espèces
voisines.
20. FUCOIDES MULTIFIDUS, PI V, Fig. 9, 10.
F. fronde membranaceä, dichotomè multifidä; lacinüs linearibus
magis minusve elongatis , ad bifurcationes dilatatis, erestis vel
patente deflexis, enervibus.
Gis. Murnes schisteuses formant partie du terrain de sédiment supérieur.
Loc. Salcedo dans le Vicentin. ( Bertrand-Geslin, À. Bouë.)
La fronde, large de 3 à 4 millimètres à sa base sans aucune
nervure , se divise en segmens dichotomes plus ou moins al-
longés et plus ou moins étroits, qui vont successivement en dimi-
nuant de largeur jusqu'aux derniers qui ont environ 1 millimètre ;
ces segmens se divisent sous un angle très-ouvert , ils se redressent
ensuite et s’entre-croisent plus ou moins avec ceux des divisions
voisines ; tantôt ils sont presque tous redressés , tantôt ils s’écartent
et retombent presque vers leurs extrémités.
. Le tissu de cette plante paraît assez mince, homogène, sans
aucune nervure.
Cette espèce a une grande analogie avec quelques plantes du
genre Aictyota de Lamouroux ( Zonaria, Ag. ), tels que les Dic-
tyota dichotoma, linearis, intricata , multifida et fasciola ;
mais c'est du D, multifida qu’elle paraît se rapprocher le plus,
quoiqu’elle en diffère par sa fronde, moins régulièrement dicho-
tome. Toutes ces plantes appartiennent à nos mers d'Europe , mais
elles sont aussi très-fréquentes dans les mers des pays chauds, telles
que celles des Antilles.
Quoique cette plante‘me paraisse avoir lesrapporis les plus nom-
breux avec les espèces précédentes du genre Diciyota, cepen-
daut je dois indiquer aussi l’analogié remarquable qu’elle présente
avec quelques variétés du Chondrus polymorphus de Lamouroux,
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 69
et particulièrement avec celle que M. Agardh désigne sous le nom
de Sphærococcus crispus, var. incurvatus, dont Jai comparé de
très-bons échantillons avec la plante fossile.
*
21. FUCOIDES DIGITATUS, PI. IX, Fig. r.
F. fronde membranaceâ planà, digitata; lacintis angustis , linea-
ribus, rectis, æqualibus, integris, obtusis, subtruneatis.
Gas. Dans les schistes bitumineux du calcaire alpin.
Loc. Environs de Mansfeld.
Cette plante présente une fronde membraneuse plane, de 15 cen-
timètres environ de longueur , dont la forme générale est triangu-
laire ; sa base indivise est large de 7'à 8 millimètres, et se dilate peu
à peu en forme de coin; elle se divise bientôt en quatre à cinq lobes,
dont la plupart se partagent bientôt en deux ; ces lobes dressés, peu
divergens ; droits , sont allongés , linéaires et n’ont pas un centimètre
de large, ils sont tronqués ou à peine arrondis au sommet , et pa-
raissent tous. à peu près de la même longueur.
Cette espèce de Fucoïde se rapproche particulièrement des Dictyota,
elle ressemble surtout beaucoup à certains échantillons du PDictyota
dichotoma de nos côtes (Zonaria dichotoma, Ag. Ulya dichotonra,
Decand. fl. fr., tom. LE, p. 11. Engl. bot., n°. 774.) Mais cependant,
dans cette plante , les frondes sont plus régulièrement dichotomes ; les
divisions ont lieu à la même hauteur; les lobes sont plus divergens,
de manière à former un sinus arrondi entre chacun d’eux ; enfin , Ces
frondes se divisent un plus grand nombre de fois et ne se terminent
pas par des lobes simples et entiers , aussi allongés que ceux de la
plante fossile. Ces derniers caractères lui donneraient quelqu’analogie
avec les Delesseries à fronde palmée et sans nervures, tels que les
Delesseria palmetta et sarniensis de Lamouroux; elle ressemble
surtout dune manière frappante à quelques échantillons assez
grands de la première de ces espèces, dont les lobes très-entiers et
70 HISTOIRE
obtus ne différent de ceux de la plante fossile que par leur largeur
moins uniforme et leur extrémité plus arrondie.
S VIL. AMANSITES.
Frons membranacea, pinnatifido-dentata, enervis.
>, FUCOIDES DENTATUS, PI VI, Fig. 9-12.
F. fronde membranace , lineari (an simplici?), pinnatifido-dentata,
-enervi, dentibus triangularibus subacutis, apice obtuso.
Gis. Dans le calcaire de transition.
Loc. Pointe Levi près Québec dans le Canada. ( Coll. de M. Stockes.)
Nous ne connaissons que des fragmens de cette petite espèce de
Fucoïde; ce sont des portions , longues de 2 centimètres environ,
d’une fronde linéaire , d’une largeur très-uniforme et égale à peu
près à 2 ou 3 ados Ces frondes, qui paraissent minces et
membraneuses , sont profondément dentées sur les bords et presque
pinnatifides ; les lobes ou dentelures sont triangulaires, très-réguliers,
d’une forme aiguë, mais à pointe mousse.
Nous ne savons pas si ces fragmens font partie dre fronde ra-
meuse dont ce ne sont que des divisions, ou s'ils appartiennent à
une petite espèce à fronde simple. Quoi qu’il en soit , cette plante
diffère entièrement de toutes celles que nous connaissons dans les
mers actuelles , et elle présente des rapports éloignés avec-des plantes
appartenant à des genres très-difiérens.
Ainsi , les dentelures de sa fronde, par leur régularité , rappellent
celles de lAmansia multifida ; mais, dans cette plante, les dentelures |
sont des lobes plus allongés et plus espacés, la fronde est réellement
pinnatifide ; la largeur uniforme de cette portion de fronde fossile
la fait beancoup ressembler, au premier aspect, à une nouvelle
espèce de Rytiphlæa;, rapportée de la Martinique , par M. l'ingénieur
Duperrey, et à laquelle je donnerai le nom de ce jeune et zélé
botaniste ( R. Duperreyi). Mais les dentelures de cette plante sont
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 71
formées par un faisceau de petites pointes et non par une simple
-crénelure plane de la fronde. La forme des dentelures et la largeur
uniforme de la fronde s’accorderaient bien avec ce qu’on observe dans
“le Dictyoptéris serrulata de Lamouroux (Ann. Mus., tom. XX,
PI 17, Fig. 6); mais cette fronde est traversée par une nervure
moyenne , très-marquée , dont on ne voit aucun indice sur la plante
fossile ; le même caractère éloigne de notre plante fossile lOsmundartia
prolifera de Lamouroux (Ann. Mus., tom. XX, PI vir, Fig. 4),
qui lui ressemble par sa fronde lancéolée et presque linéaire, den-
telée sur les bords; enfin de toutes les plantes de cette famille,
cellequi a peut-être le plus d’analogie avec ce fossile ést le Splæro-
coccus pristoides d'Agardh (Æucus pristoides, Turn., tab. 3,
Delesseria pristoides , Liamouroux ). Les lobes de la fronde , à peu
près de la même largeur que ceux de lespèce fossile , sont linéaires ,
d’une largeur assez uniforme, denticulés sur leur bord , sans nervure
distincte; ce Fucus ne diffère réellement de l'espèce fossile que par
ses dentelures moins régulières et qui, au lieu d’être triangulaires ,
un peu obtuses et séparées par des sinus aigus, sont pointues et sé-
parées par des sinus arrondis, dont la forme se rapproche par consé-
quent en beaucoup plus petit de celle des dentelures de l'espèce fossile
suivante, si ce n’est que les dents sont moins longues et moins aiguës.
Il résulte de cette comparaison que cette espèce fossile ne peut être
rapprochée d'aucun des genres actuellement connus avec quelque
certitude.
23. FUCOIDES SERRA, PI. VI, Fig. 7-8.
F. caule filiformi vagè ramoso, partes frondis membranaceas susti-
nente , lineari-lanceolatas , falcatas , unilatere serratas , margirie
concavyä integrä, convexà serralà; dentibus rectis acuminatis.
G1s. Dans le calcaire de transition.
Loc. Pointe Levi près Québec au Canada. ( Coll. de M. Stockes. )
Gesingulier Fucus fossile ,dontnous ne connaissons qu’un fragment
72 HISTOIRE :
assez imparfait, présente une forme irrégulière difficile à décrire;
une Lige filiforme soutient des expansions membraneuses , lancéolées
et courbées en faux ; ces expansions sont fixées à la tige par une
de leurs extrémités , et souvent elles donnent naissance par l’autre
extrémité à une autre portion de tige, d’où sort une nouvelle
portion membraneuse; ces sortes de feuilles présentent aussi cette
singularité, que leur bord concave est entier, tandis que celui qui
est convexe est profondément denté; les dentelures ne sont pas
obliques, elles sont aiguës et se prolongent en une pointe assez
longue. Aucune espèce vivante n’a de rapports bien marqués avec
ce fucus fossile; la forme générale des parties membraneuses ,
leur courbure et leurs dentelures unilatérales rappellent le singulier
genre Claudea (Claudea elegans, Lamouroux, Ann. Mus., t. XX,
PL vur, Fig. 2.); mais on ne voit rien sur le fossile qui ressemble
à l’élégant réseau à jour que présente le tissu de la plante vivante.
L'Amansia semipennata (Lamouroux, 1. c., PL. xt, Fig. 4et5)
offre également des frondes dont les lobes allongés ne sont dentés
que d’un côté, mais le reste de l’organisation de cette plante est
très-différent.
SIX. CAULERPITES.
Caulis ramosus , folus vel ramulis imbricatis undiquè obtectus.
24. FUCOIDES LYCOPODIOIDES, PI. IX, LME p
F. caule pinnatim ramoso , foliis sparsis (subdistichis ?) linearibus,
enervibus , patentibus.
An Knorr. part. I, tab. vu, Fig. 6?
G1s. Dans les schistes bitumineux du calcaire alpin.
Loc. Pays de Mansfeld.
Cette espèce ne diffère de la suivante que par ses feuilles moins
rapprochées, plus étroites, plus ouvertes et moins nombreuses,
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. | 73
qui paraissent disposées presque sur deux rangs. Nous n’en avons
vu qu’un fragment assez incomplet. La figure de Knorr ne se rap-
porie pas parfaitement à cette plante, quoiqu'elle ait plus d’analogie
avec elle qu'avec aucune autre espèce que je connaisse; elle paraît
représenter un Fucus à rameaux courts , oblongs ; simples , régu-
lièrement pinnés et disposés sur deux rangs, comme les feuilles de
espèce que nous décrivons. On sait qu'entre les rameaux et les
feuilles des plantes de cette famille il w’y a presque aucune diffé-
rence ; ainsi il y a bien quelque analogie entre ces fossiles , autant
qu'on peut en juger d’après la figure de Knorr; le lieu d’où pro-
venait son échantillon n'est pas connu. Cette espèce a beaucoup
d’analogie avec les Caulerpes à feuilles distiques , telles que le Cau-
lerpa pennata de Lamouroux ( Fucus pinnatus, Turn., tab. 53),
et le Caulerpa myriophylla, Lamouroux ( Fucus taxifolius, Turn.,
. tab. 54 ); elle eu diffère surtout par ses feuilles moins régulièrement
disposées et beaucoup plus grandes. |
25. FUCOIDES SELAGINOIDES, PI IX, Fig. 2.
F. caule pinnatim ramoso, foliis sparsis numerosis , caulem undique
tegentibus, oblongo-linearibus, membranaceis? enervibus.
Knorr, tom. IT, & Fig. 3. — fig. 1 et 3. — y.
Gis. Dans les schistes bitumineux du calcaire alpin.
Loc. Pays de Mansfeld. ( Co/!. de l'école des mines.)
La tige est longue de 2 à 3 décimètres au moins , irrégulièrement
pinnée, à rameaux alternes plus ou moins ouverts, ou redressés ,
simples, de 6 à 8 millimètres de diamètre, à feuilles nombreuses,
insérées dans tous les sens et sans ordre, étalées, oblongues,
allongées, presque linéaires , obtuses (1). Ces feuilles sont minces ét
(1) En exécutant la figure qui représente cette plante, on a rendu les feuilles trop
pointues ; elles doivent être un peu plus arrondies à leur extrémité.
I. 10°
4 | HISTOIRE
paraîtraient avoir étésmembraneuses!, à moins: que ce me!soit un
effet de la compression, ce qui est probable, d’après l'analogie de
cette planteravec les Caulerpes dont les feuilles sont épaisses’et char-
nues, mais suceptibles de devenir très-minces par la compression ;
on ny voit aucune trace de nervures. Les figures très-nmparfaites
de Knorr ne représentent que la masse générale de ces fossiles;
mais il faut une grande attention, et des échantillons mieux conser-
vés qu'ils ne le sont la plupart du temps, pour y bien distinguer
les feuilles.
Walch compare ces fossiles à des éponges, et particulièrement
au. Spongia fluviatilis , ainsi qu'aux Ceraiophyllum. W suffit d’un
examen un peu attentif pour voir combien ces plantes diffèrent
de ces deux genres.
La présence de feuilles bien distinctes, l'insertion irrégulière
de ces feuilles, l'absence de nervures qui les parcourent, indiquent
au contraire leur analogie avec les Algues; et, parmitle genre Cau-
lerpa, il y a plusieurs espèces qui ont la plupart des mêmes carac-
ières : tels sont les Caulerpa «cupressoides, Selago ; hypnoides ,
dont les rameaux sont également couverts de feuilles oblongues ou
linéaires , sans nervures, disposées sans'ordre régulier, et qui, par
une forte compression, prendraient un aspect analogue à celui des
plantes fossiles qui nous occupent, Ces dernières différent surtout
des plantes vivantes par leurs feuilles plus longues, plus lâches ,
plus étalées, moins exactement imbriquées et par leur taille plus
grande ; cependant elles se rapprochent à beaucoup d’égards du
Caulerpa Selago (Fucus Selago Turn., tab. 55), qui a des feuilles
longues, linéaires, insérées en grand nombre autour de la tige, Il
nous manque des échantillons plus parfaits de ces plantes pour
pouvoir les bien étudier et nous former une opinion plus précise à
leur égard; mais il est bien certain que ces fossiles n’ont aucune
analogie avec les Fougères et qu'ils n’ont que des rapports très-peu
importans avec les Lycopodes auxquels ils ne ressemblent que par
leur aspect général, mais dont ils ne possèdent ni Îa régularité ni
l'apparence solide et ligneuse.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 5
26. FUCOIDES FRUMENTARIUS.
F. caule subsimplici , foltis turbinatis vel clavatis, carnosis , sparsis,
undiquè imbricatis, caulem obtesentibus.
Carpolithes frumentarius , Schloth. Petref. , P: 419, tab. xxvinr, Fig. 1.
Algacites frumentarius, Schloth. Nachtrage zur. Petref. , p. 43.
Gis. Dans les schistes bitumineux du calcaire alpio.
Loc. llmenau dans le pays de Mansfeld. (ScAlotheim.)
La tige paraît simple dans l'échantillon figuré par M. Schlo-
theïm , et que nous avons.vu dans la collection de ce savant. Elle
n'est nullement comprimée, ce qui tient peut-être à ce que ce
fossile est renfermé dans un nodule , et non dans des schistes comme
les autres échantillons du même terrain. Cette absence de com-
pression le fait paraître beaucoup plus différent des deux espèces
précédentes qu’il ne l'était probablement à L'état vivant; il en dif-
fre cependant spécifiquement par ses folioles renflées vers l’extré-
. mité, très-obtuses et presque claviformes , imbriquées dans tous
les sens. Il est probable que, comme les précédentes, cette plante
se rapprochait surtout des Caulerpa, quoiqu’elle diffère beaucoup
des espèces qui vivent dans les mers actuelles par sa taille beaucoup
plus considérable. Du reste, la forme des feuilles ou des rameaux,
comme on voudra les appeler, qui couvrent ces tiges, est trés-ana-
logue à celle des feuilles des Caulerpa ; elle est intermédiaire entre
la forme très-renflée qu’on remarque à ces mêmes organes dans
les Caulerpa clavifera, sedoides , cactoïdes , etc. ; et la forme
allongée des feuilles des Caulerpa Selago, cupressoides , erici-
folia, ete. IL est probable que les espèces précédentes , quoique
devenues parfaitement planes , par l'effet de la compression , avaient
comme celle-ci, des feuilles charnues et presque vésiculeuses à
“Vétat vivant. Par sa taille et sa forme générale:, l'espèce qui nous
occupe se rapproche surtout du Caulérpa cactoides, dont les
10,
76 HISTOIRE
feuilles sont cependant beaucoup plus renflées et plus vésiculeuses ;
mais en faisant abstraction de sa grandeur plus considérable , elle
a une analogie frappante avec le Fucus uvifer, Turn., tab. 230.
-( Caulerpa clavifera , var y. Agardh , spec. Alg. x, p. 437.)
27. FUCOIDES NILSONIANUS, PI IE, Fig. 22, 23.
F. caule subsimplici, foliis ovato-oblongis, obtusis , carnosis , un-
dique densè imbricatis.
Caulerpa septentrionalis, Agardh, Mém. acad. de Stockh., 1823, p. 110,
tab. 11, fig. 7.
Fucoides imbricatus, Sternberg, fase: 1v, p. vir.
Var. 8. Foliüis apice incrassatis subclavatis, Agardh, Z: c., Fig. 6.
Gis. Douteux, dans une formation qui se rapporte probablement aux terrains
de sédiment inférieur. 5 %
Loc. Mines de charbon de terre de Hæœganès en Scanie. (ÆVilson.)
Cette espèce, suivant M. Agardh , se rapproche particulièrement
des Caulerpa clavifera et sedoides ; elle ressemble, en effet, par
sa taille, la forme et la disposition de ses feuilles, à ces espèces.
Cependant les feuilles n’ont paru moins renflées, moins claviformes
que dans ces deux plantes , et se rapprocher davantage de la forme
qu’elles présentent dans les Caulerpa cupressoides et ericifolia.
Les feuilles paraissent surtout ressembler, par leur forme, à celles
du Caulerpa pennata de Lamouroux; mais ces feuilles ne sont pas
distiques comme dans l'espèce vivante que nous venons de citer.
Toutes les espèces de Caulerpa à feuilles imbriquées dont se
rapprochent les Fucus fossiles de cette section, ne croissent que
dans les mers des tropiques ou dans l'hémisphère austral sur les
côtes de la Nouvelle-Hollande.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES.
+
ST
28..FUCOIDES BRARDIT, PI IL, Fig. 8-r9.
F. caule simplici vel subpinnato, foliis ovatis vel ovato-oblongis ,
planis , subcarnosis ? multifariè imbricatis.
Var. &. Folis brevioribus obtusioribus.
Carpolithes kemlocinus ? Schloth. Petref., p. 414.
Gis. Dans les lignites inférieurs à la craie.
Loc. Lignites du col de Pialpinson sur la limite des départemens de {a
Dordogne etde la Corrèze. (Brard.) Var. 8. Le Frankenberg en Hesse.
} C2
Les échantillons du Frankenberg sont connus depuis long-iemps
et ont été comparés, soit à des fruits de Conifères, soit à des épis
de Graminées. Ces végétaux sont transformés dans ce lieu, en cuivre
sulfaré , qu’on a désigné sous le nom de cuivre sulfuré spiciforme (1).
M. Schlotheim les indique sous le nom de Carpolithes hemlocinus,
et les compare aux fruits du Pinus americana, Wild. Je ne puis
du moins douter, d’après la localité célèbre qu'il cite, que le fossile
qu’il désigne par ce nom ne soit le même que j'ai examiné. Îl faut
cependant convenir qu'il y a bien peu d'analogie entre cette plante
et un fruit de Conifère , et encore moins entre elle et un épi de
Graminée; on reconnaît, au contraire, par un examen un peu
attentif, une tige couverte de feuilles courtes; charnues , obtuses,
imbriquées comme dans quelques plantes grasses et comme dans les
Caulerpa. La ressemblance parfaite entre cette plante et celle de
Pialpinson , et l’analogie de celte espèce et de la suivante, ne
mé paraissent pas laisser de doute sur la place qu’elle doit occuper.
. En effet, l'espèce fossile, à l’exception de sa taille, beaucoup
plus considérable, ressemble extrêmement au Caulerpa ericifolia
( Fucus ericifolius , Turn. , tab. 56), et au Caulerpa cupressoides
(Æucus cupressoides, Turn, tab. 195})..Cette dernière plante
surtout, en faisant abstraction de sa petitesse, ressemble d'une
{1) BroncnrarT, Traité de minéralogie, tom. IL, p. 213.— Cuivre gris spiciforme, Faux.
78 HISTOIRE |
manière frappante aux échantiilons du Frankenberg , par la disposi-
tion régulière des feuilles, et par leur forme obtuse. La première
espèce est au contraire très-analogue , en plus petit, aux échantillons
de Pialpinson que, j'ai recus de M. Brard. Peut-être devrait-on
considérer ces deux variétés comine des espèces distinctes ; mais ,
avant de séparer des objets si voisins, il m’a semblé nécessaire
d'en voir un plus grand nombre d'échantillons.
29. FUCOIDES ORBIGNIANUS, PI. II Fig. 6, 7.
F. caule irregulariter pinnato , foliis minutis, subconicis, obtusis,
carnosis, subtrifariè imbricatis, caulem undique tegentibus.
Fucoides orbionianus, Ad. Brongs., Mém. de la Soc. d’hist, nat. de Paris ;
tom. I, p. 308, PI. XIX, Fig. 1.
Gis. Dans les lignites inférieurs à la craie.
Loc. L'ile d'Aix, près La Rochelle. (D'Orbigny , Fleuriau de Bellevue.)
Cette plante , que je connais plus complétement que les précé-
dentes , me paraît établir d’une manitre certaine l’analogie de tout
ce groupe de fossiles avec les Caulerpa ; sa tige est rameuse, à
rameaux pinnés à peu près distiques, mais sans régularité; ses
feuilles petites, charnues, courtes et presque coniques , obtuses,
s’insérent par une base assez large ; elles sont disposées sur trois
rangs d’une manière assez régulière.
La grandeur de cette plante, le mode de division de sa tige, la
forme et le mode d'insertion des feuilles ont la plus grande analogie
avec ce que Turner a figuré dans son l'ucus cupressoides, tab. 195
(Caulerpa cupressoides , Agardh ), si ce n’est que dans cette plante
les feuilles paraissent disposées sur cinq à six rangs.
Au premier aspect, cette plante ressemble aussi au genre
Thamnophora , et particulièrement au Thamnophora triangulartis ;
mais une comparaison plus attentive montre de grandes différences,
les feuilles ou tubercules de cette plante étant divisés à leur extré-
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 79
mité en trois où quatre pointes aiguës, tandis que les feuilles de
l'espèce fossile sont entières et obtuses au sommet.
L |
Ç X. Espèces qui ne peuvent se rapporter à aucune des sections
précédentes.
30. FUCOIDES AGARDHIANUS, PI VI, Fins G:
F. fronde simplici, oblongä, margine simuato-undulatà, transverse
et obliqué plicatä, frondem pinnatam pinnulis adhærentibus
simulante ; nervo medio crasso, ad apicem evanescente ; nervulis
nulhs.
Fucoides agardhianus, Ad. Brong., Mém. de la Soc. d’hist, nat. de Paris.
tom. TI, p. 312, PI. XXI, Fig. ets.
Gis. Dans les terrains de sédiment supérieur.
Loc. Monte-Bolca près Vérone. (Col. de MM. Faujas et Gazola.)
Cette plante paraît différer beaucoup de toutes les espèces con-
nues de la famille des Algues, cependant elle a encore plus d’ana-
logie avec le genre si varié des Caulerpa qu'avec aucun autre ;
elle a la fronde simple comme le Caulerpa prolifera de la Médi-
terranée, mais cette fronde n’est pas une simple expansion mem-
braneuse comme dans cette plante ; elle est iraversée par une forte
nervure large et épaisse, analogue à la tige principale des Caulerpes
pinnés , et les expansions membraneuses qui la garnissent des deux
côtés , sont plissées obliquement et paraîtraient plutôt représenter
une fronde pinnée dont les folioles seraient soudées ensemble ,
qu'une membrane continue ; caractères qui lui donnent beaucoup
de ressemblance avec le Caulerpa scalpelliformis , dont les lobes
latéraux sont trés-rapprochés et se croisent presque.
80 HISTOIRE
* Espèces douteuses.
31. FUCOIDES PECTINATUS.
F. caule simplici, recto, pinnatifido, pinnulis distantibus , arcuatis,
cylindrico-subulatis, aculeiformibus.
2
Carpolithes orobiformis? Schloth. Petref., p. 419, tab. xxvn, Fig. 2.
Algacites orobiformis , Schloth. Nacht. zur. Petref. , p. 43.
‘Gis. Dans les schistes bitumineux inférieurs au calcaire alpin.
Loc. [menau dans le pays de Mansfeld. ( Schlotheim.)
Cette espèce, considérée d’abord comme un fruit et ensuite
comme une ÂAlgue par M. de Schlotheim, est très-douteuse ; on
n’en connaît jusqu'à présent qu'un fragment trop incomplet pour
se former une opinion exacte à son égard.
J'avais d’abord cru pouvoir rapporter à la même espèce une
plante fossile remarquable, conservée dans la collection publique
de la ville du Mans, et dont M. Jules Desnoyers a eu la bonté de
me communiquer un croquis ; mais, malgré son analogie générale
avec la figure de.M. Schlothenn , n'ayant pas vu l'échantillon, je
n'ose établir leur identité spécifique. La disposition rayonnante que
présentent les sept tiges pinnées qui partent d’un même point, dans
cét échantillon de la collection du Mans, me ferait même présumer
que ce n’est pas un Fucus, mais que ce sont plutôt les feuilles
d'un Zamia encore réunies au sommet de la tige. On sait qu'il
est facile, d’après des dessins incomplets, de confondre ces plantes
comme je lavais fait dans mon premier mémoire, à l'égard des
Fucoides pennaiula et elesans, dont le premier est un Zarmia
et le second paraît une Conifère; c’est par cette raison que je
reste dans le doute jusqu'à ce que j'aie pu voir l'échantillon" lui-
même.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 8r
32. FUCOIDES TURBINATUS, PI. VIIL, Fig. 1.
F. caule simplici , erecto , elongato, ramulis subspicatis, brevibus,
nudis , turbinatis vel in disco obconico expansis.
Fucoides turbinatus, Ad. Brong., Mém. de la Soc. d’hist. nat. de Paris, tom.I,
p. 314, PI. XX, Fig. 1.
Scheuzer , Herb. diluv,, Tab. v, Fig. 6.
Gis. Dans les terrains de sédiment supérieur.
Loc. Monte-Bolca près Vérone. (Mus. d'hist. nat. de Paris.)
La position de cette plante dans la famille des Algues est très-
douteuse ; elle offre une tige simple, assez gréle, flexueuse, d’où
naissent des pédoncules courts, dressés, qui supportent des corps
turbinés ou en forme de cloche renversée, plus ou moins évasés ,
suivant qu'on les observe vers le bas où ils sont très-dilatés, ou
vers le haut, où ils ne représentent qu’un cône renversé, peu élargi.
… Est-ce un Fucus analogue aux Caulerpa clavifera, chemnitzia, etc.,
ou une plante phanérogame couverte de fleurs en têtes plus ou
moins épanouies ? La différence progressive de forme à diverses hau-
teurs ne s’observe pas ainsi sur les Caulerpa, dont les feuilles sont
en général plus rapprochées, plus arrondies et moins régulières ;
d’un autre côté , l'apparence de ces corps annonce une masse charnue
homogène et non une aggrégation de fleurs.
33. FUCOIDES DISCOPHORUS PI. VIII, Fig. 6.
F. caule difformi, ramoso, ramulis elongatis , squamulosis, apice
in disco subhemisphærico expansis.
Fucoides discophorus, Ad. Brong., Mém. de la Soc. d’hist. nat. de Paris,
tom. Î, p. 313, PI. XX, Fig. 6.
Gris. Dans les terrains de sédiment supérieur.
Loc. Monte-Bolca près Vérone. (Mus. d’hist. nat. de Paris.)
Cette espèce ne diffère de la précédente que par sa tige beaucoup
I.
11
82 | HISTOIRE
plus rameuse, se divisant en rameaux allongés , grêles, garnis de
petites écailles ou d’épines courtes , et terminés par un corps en
forme de cône très-déprimé et renversé, ou d’une sorte de disque ;
cette masse paraît homogène et charnue comme. dans la plante
précédente dont celle-ci diffère à peine. Les mêmes réflexions s’ap-
pliquent à toutes les deux, car elles appartiennent évidemment
au même genre, soit qu’elles restent dans la famille des Algues, ou
qu’elles doivent en sortir pour se ranger dans une autre famille,
34. FUCOIDES LYNGBIANUS, PI. II, Fig. 20, 2r.
F. caule simplici? folüs oblongis vel ellipticis vel. subrotundis ,
difformibus, crassis, enervibus, patentibus, undiquè insertis.
Gis. Dans là craie tufeau.
Loc: Arnager dans l'ile de Bornholm. ( Coll. de S. 4. R. le prince Christiar:
de Danemarck.)
L’impression de ce Fucus est si vague et si peu arrêtée, qu'il
est difficile d’en donner une description précise et de fixer ses
rapports avec les plantes de cette famille.
On distingue une tige simple autour de laquelle sont groupées sans
ordre des sortes de feuilles arrondies ou ovales qui paraissent avoir
été épaisses ou charnues , et dont une des plus nettes est représentée
Fig. 21; elle paraît être sans nervure et comme granuleuse ; ces
caractères font ressembler cette plante aux Caulerpa à feuilles
renflées et presque vésiculeuses, telles que les Caulerpa clavifera,
chemnitzia et sedoides , et l'éloignent des Sargassum dont elle-pré-
sente un peu l'aspect général ; il parait du moins certain que si l’état
imparfait de cet échantillon ne nous trompe pas, celte plante se
rapporte à un genre exotique des mers équatoriales ou australes.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 83
35, FUCOIDES?. CYLINDRICUS, PI III, Fig. 4.
F. fronde pinnatà ; ramis simplicibus , patentè erectis, crassis , sub-
cylindricis , obtusis.
Knorr, tom. 1, Tab. xxxiv, @, Fig. 2.
Fucoides ? cylindricus, Sternb. , Flore du monde primitif, p. vir, Tab, Lxvur,
Fig. r.
Gas: Dans le grès à bâtir. ( Quadersandstein. )
Loc. Teschen sur les bords de l'Elbe en Bohème. ( Sternberg. )
Cette espèce a quelqu’analogie, par la grandeur, l'épaisseur et
la formé de ses rameaux , avec Ja var. 6 du F'ucoides furcatus,
qui a été trouvée à Stonesfield ; mais elle en diffère par ses divisions
simples et qui ne paraissent jamais se bifurquer.
Je ne connais cette plante que par les deux figures de Knorr et
de M. de Sternberg , qui, malgré quelques différences dans la dispo-
sition des rameaux , me paraissent se rapporter à la même espèce.
Parmi les Fucus vivans, je n’en connais aucun qui ait quelque
ressemblance avec cette plante fossile.
36. FUCOIDES CIRCINATUS, PI III, Fig. 3.
F. fronde ramosàä, subpedali, ramulis elongatis, subsimplicibus,
cylindricis, arcuatis et eodem latere subcircinatim deflexis.
Gas. Dans un grès blanc inférieur aux schistes de transition qui renferment
des trilobites, etc.
Loc. Près du château de Raebeck , à la base du Kinnakulle, sur le bord du
lac Wenern en Suède.
Ces impressions , que j'ai vues en assez grand nombre dans les
P , que Jat V
grès de transition qui forment la base du Kinnakulle, ont toutes,
d'une manière plus où moins parfaite, la disposition représentée
11.
84 HISTOIRE
sur la figure, réduite au quart, que j'ai dessinée sur les lieux, les
blocs de grès qui les renferment étant trop gros pour qu’on püt
en détacher des échantillons entiers. Ce Fucus atteint près d’un
pied de haut, il est en général renfermé dans le grès perpendicu-
lairement aux couches et non pas parallèlement à ces couches,
comme la plupart des végétaux transportés et déposés dans le lieu
où la roche qui les renferme s’est formée. Cette plante paraît
rameuse dès la base; elle donne naissance à des rameaux très-
allongés , simples, cylindriques, à peu près gros comme le petit
doigt , tous dirigés et recourbés du même côté, absolument comme
une queue de coq.
Je ne connais aucun Fucus vivant qui se rapproche de cette
impression singulicre, et cependant elle ne paraît pas pouvoir se
rapporter à autre chose qu'à quelque plante de cette famille.
** Supplément aux familles des ALGUES (x) et des
CONFERVES.
25 bis. FUCOIDES HYPNOIDES, PI. IX bis, Fig. 1-2.
F. caule regulariter pinnato, rachi crasso ( squamuloso ? ); ramis
distichis, obliquis, approximatis, æqualibus ; foliis oblongis,
obtusis , sub-tri vel quadrifariè imsertis , imbricatis.
Gis. Inconnu.
Loc. Suisse. ( Coll. de M. le marquis de Dre.)
Cette espèce a l’analogie la plus frappante avec le Caulerpa hyp-
noïdes (Fucus hypnoides, Turn., Hist. Fuc.,t. 173.). La taille est
la même, la disposition des rameaux est tout-àrfait semblable; la
(1) J'avais cité le Fucoides Targionii observé à Bignor en Angleterre, comme ayant. été
trouvé dans des couches qui se rapportaient au grès ferrugineux (Ferruginous-sand , Iron-
sand'où Hastings-sand); d'après les rénséignemensqté M! Mantell'a bien voulu me com
muniquer , les couches qui renferment ces fossiles, à Bignor dans le Sussex, n’appartiennent
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 85
seule différence existe dans la forme des feuilles , celles de la plante
vivante étant plus tétroites, plus aiguës et disposées en plus grand
nombre et moins régulièrement autour des rameaux; cette espèce
croît dans les mers australes de la Nouvelle-Hollande.
La grosseur de la tige, la disposition des rameaux, et surtout
la forme et l'épaisseur des feuilles ne permettent pas de considérer
cette plante comme une Mousse ou comme un Lycopode:
Le lieu d’où provient cette plante remarquable ne nous est pas
exactement connu: son étiquette ne porte que le mot Suisse,
sans que nous puissions présumer le lieu précis où elle a été trouvée,
ni la formation à laquelle appartient le schiste noir un peu micacé
qui la renferme. D’après ses rapports botaniques avec les espèces
. entre lesquelles nous la plaçons , nous pourrions croire qu’elle ap-
PAEnt à des schistes bitumineux analogues à ceux du Mansfeld
où à des terrains contemporains du grès vert, comme ceux des
Voirons près Genève.
La belle collection dé M. de Dré, que nous navions pas pu étudier
lors de la publication de notre première livraison, nous a offert
également un très-bel échantillon du Fucoides selaginoides que nous
avons fait figurer, PL. o is, fig. 5. 11 montre er la diposition
pinnée des rameaux , la forme oblongue et obtuse des feuilles ainsi
que l’absence complète des nervures.
pas à cette formation , mais à la craie chloritée ou grès vert, formation nommée par les
géologues anglais, Férestone ou Upper Green-sand.
Malgré le rapprochement de ces couches , cette distinction n’est pas sans importance ; cette
dernière formation étant une dépendance de la craie, et tous ses fossiles, comme ceux de la
craie, annonçant une origine marine, tandis que les sables de Hasting, dont le grès de Tilgate
fait partie, paraissent s'être déposés sous les eaux douces, et ne renferment presque aucuns
fossiles marins. Nous remarquerons , en outre, que cette position des couches qui renferment
le-Fucoides Targioni, à Bignor, s'accorde complétement avec celle que M. Dufrenoy et
Élie de Han assignent aux roches qui contiennent les mêmes fossiles aux Voirons.
86 HISTOIRE
3. CONFERVITES THOREÆFORMIS, PI IX bis, Fig. 3-4.
C. filamentis simplicibus, flexuosis , continuis, pilis brevibus
tectis.
Gis. Terrain de sédiment supérieur.
Loc. Monte-Bolca près Vérone. (Coll. de M. de Dré.)
Cette plante, dont nous devonsla connaissance à lacommunication
bienveillante que M. le marquis de Dré nous a faite de sa collection,
est un des exemples les plus certains de Conferves fossiles ; elle
ressemble en effet complétement , ainsi que M. Leman l'avait re-
marqué, aux espèces du genre Thorea, et même à certains échan-
tillons du T'horea ramosissima de France , quoiqu’elle se rappro-
che peut-être plus par ses tiges simples du Thorea violacea, espèce
recueillie à l'ile de Bourbon, par M. Bory-Saint-Vincent. On
distingue sur cette tige simple et flexueuse des filamens courts,
souvent réunis en pinceaux, comme cela a lieu, lorsque ces fila-
mens se sèchent, et représentant parfaitement un rameau de Thorea
desséché. |
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 87
FORA SA BE RAA VE ELA LIVE ML RE AE LA EVE ELU ELA LEA EL TA VER VUE VERRE LELS LUE LEUR LE NA LE LUE LUE ULLA LE LAURE
CRYPTOGAMES |
CELLULEUSES.
“Cerre classe de végétaux présente déjà une organisation beaucoup
plus compliquée que la précédente : la reproduction s’opère au moyen
d'organes très-variés, d’une structure très-singuhère et qui parais-
sent destinés à opérer une véritable fécondation, quoique par des
moyens très-différens de ceux par lesquels cette fonction s'exécute
dans les plantes phanérogames. L'absence de véritables vaisseaux,
et particulièrement de trachées, celle des stomates à la surface des
feuilles distinguent ces végétaux de ceux qui composent la classe
suivante. l
On reconnait dans la plupart des plantes qui font partie de cette
classe une tige fixée par des racines , soit sur le sol, soit sur la tige
d’autres plantes, et supportant des feuilles colorées en vert, desti-
nées comme celles des végétaux plus parfaits à opérer la respiration.
Les organes de la végétation différent donc peu de ceux des végé-
taux des classes suivantes, et n’ont aucune analogie avec ceux des
Agames. Cette tige et ces feuilles sont, ilest vrai, dépourvues de
vaisseaux et de véritable épiderme ; ‘mais il est plusieurs plantes
phanérogames aquatiques qui en sont également privées; et lon
peut, à bien des égards, assimiler 14 manière de croître de la
plupart de ces plantes dans une atmosphère très-humide, à celle
des plantes plus parfaites qui végétent constamment sous l’eau.
Quant aux organes reproducteurs , dans toutes les plantes de cette
classe.qui ont été bien étudiées, on a reconnu des conceptacles ren-
fermant des séminules nombreuses, libres, sans aucune adhérence
avec les parois, et recouvertes par d’autres enveloppes membra-
neuses , qu'on a comparées successivement au calice, à l'ovaire, ou
88 HISTOIRE
aux membranes de l’ovule des plantes phanérogames. Ces concep-
tacles, d’une structure en général très-compliquée , s’ouvrent avec
régularité à la maturité des séminules , pour leur donner issue.
Outre ces organes femelles, on a observé dans, ces plantes des
petits sacs mémbraneux, fixés sur des points particuliers du végétal,
éclatant par l’action de l’eau comme les grains de pollen, et qu’on
considère assez généralement comme des organes mâles.
Telle est l’organisation essentielle des végétaux de cette classe,
qui ne constituent que deux familles : les Hépatiques et les Mousses.
On ne connaît jusqu'à présent aucune plante, fossile ‘qui puisse
se rapporter à la famille des Hépatiques , et deux espèces seulement
viennent se ranger dans celle des Mousses.
Daubenton avait cru, il est vrai, reconnaître des plantes de cette
famille dans des Agates mousseuses , et M. Macculloch a figuré de
prétendus végétaux, observés dans ces mêmes minéraux, végétaux
qu’il compare à des Jungermannia, et qui, d’après ses figures, en
ont en effet beaucoup l'aspect. Mais comme, malgré mes recherches ,
dans beaucoup de cabinets, je n’ai pu trouver un seul échantillon
d’Agate qui présentât un indice de Mousse ou de Jungermanne,
je reste dans le doute à cet égard, et je suis porté à penser que,
par un examen trop superficiel, on s’est laissé imposer par des
infiltrations de substances minérales qui imitent quelquefois assez
parfaitement des Mousses ou d’autres plantes analogues, pour qu’on
puisse s’y tromper, à moins d’un examen irès-attentif.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 89
AAA ELLE LA LUE A RL VERRE MA VUE LULU LEE EVE LRU MUR LUE LAVE WU LE VUE EU RURALE AR LUE
_ MOUSSES.
La famille des Mousses, aussi remarquable par la petitesse des
plantes qu’elle renferme, que par la structure compliquée de leurs
organes, offre cependant une grande uniformité dans l’organisation
de leurs parties essentielles.
Toutes les espèces qu’elle comprend, présentent une tige plus ou
moins distincte, plus ou moins étendue, fixée sur les corps qui lui
servent de support par des racines fines et nombreuses, analogues à des
filamens de conferves avec lesquelles on les a quelquefois confondues.
Cette tige, simple ou rameuse, supporte des feuilles généralement
assez nombreuses , rapprochées , insérées tout autour de ceite tige
et se recouvrant l’une l’autre; quelquefois ces feuilles sont distiques,
ou bien déjetées d’un seul côté. Leur forme, leur mode d’inser-
‘tion varient beaucoup et donnent quelquefois de bons caractères
pour reconnaître ces plantes, même lorsqu’elles sont dépourvues de
fructification.
Le mode de ramnification de la tige, et la disposition des feuilles
sur cette tige, sont particulièrement propres à caractériser cer-
tains genres ou quelques groupes dans les grands genres; la forme
des feuilles elles-mêmes, esten général un caractère constant dans
la même espèce. ui
On doit surtout donner attention aux nervures qui les traversent ;
dans beaucoup d’espèces, on n’en découvre aucune trace; dans
d’autres, on ne voit qu'une nervure moyenne qui parcourt une plus
ou moins grande partie de la feuille, et qui quelquefois s'étend au
delà de son extrémité sous la forme d’un filament blanc et transpa-
rent. Enfin , quelquefois on en observe trois partant de la base de
la feuille ; jamais ces nervures ne sont rameuses.
La structure des tiges et des feuilles, est un des caractères essen-
tiels de cette famille. On n’a jamais pu découvrir ni trachée, ni
J, 12
go HISTOIRE
aucune autre espèce de vaisseaux dans la tige de c°s plantes ; elle ne
paraît formée que de tissu fibreux , dont les fibres laissent probable-
ment entre elles des canaux intercellulaires pour le passage des fluides
nourriciers. Les feuilles également ne présentent Jamais de vais-
seaux ; elles sont formées le plus souvent par une seule couche, ou
par deux ou trois couches de cellules irès-régulières qui donnent à
cette membrane, lorsqu'on l’examine au microscope, une texture ré-
ticulée d’une régularité admirable ; les nervures ne sont formées que
par des fibres analogues à celles qui constituent la tige. Enfin, tous
ces organes ne sont pas enveloppés par un épiderme analogue à celui
des plantes vasculaires, c’est-à-dire, par une couche de cellules
transparentes et fortement adhérentes entre elles.
Les cellules, remplies de globules veris, s'étendent jusqu’à la
surface dans ces plantes comme dans la plupart des plantes aqua-
tiques à feuilles submergées , et par suite de cette absence de l'é-
piderme, les siomates, destinés à faire communiquer le paren-
chyme des feuilles avec l’air extérieur, manquent également.
Deux sortes d'organes, dont Hedwig a décrit la structure et le
développement avec une précision remarquable , concourent à la
reproduction.
Les uns sont des petits sacs oblongs ou elliptiques, fixés par un
court pédicelle, et réunis par groupes , soit à Vaisselle des feuilles,
soit à l'extrémité des tiges, où ils sont environnés de feuilles mo-
difiées, formant un involucre rayonnant.
Ces petits sacs, mis en contact avec de l’eau , se rompent par
l'extrémité opposée à leur point d'attache, et donnent issue à une
quantité de petits granules réunis en des sortes de nuages irréguliers.
Ce phénomène et la structure de ces petits sacs, les ont fait consi-
_dérer comme analogues à des grains de pollen fixés par un des
points de leur surface, et tout porte à penser qu’ils remplissent des
fonctions analogues, c’est-à-dire , qu’ils sont des organes fécondans.
Les organes qui contiennent les séminules , se présentent d’abord
sous la forme d’un petit corps subulé, fixé par'sa base et contenu
dans un sac membraneux qui s'allonge supérieurement en un
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 91
tube cylindrique un peu évasé au sommet, Ce prolongement tubu-
leux , qu’on à comparé.au stigmate, et qui a peut-être plus d’ana-
logie avec le prolongement des membranes de l’ovule qui entoure
souvent le micropyle , paraît destiné à recevoir le fluide fécondant.
Après la fécondation le petit corps subulé grossit, se gonfle et-
se change en une capsule contenant de petits corps reproducteurs ;
le sac qui l’enveloppait se détache à sa base, ilest soulevé par la
capsule dont le pedicelle s’allonge et forme la coiffe qui recouvre
cette capsule jusqu’à sa maturité. Suivant la manière dont cette
coiffe s'est détachée, elle est fendue latéralement ou coupée
transversalement, ou divisée en plusieurs lanières à sa base. La
capsule complétement développée est ovoïde ou cylindrique, drorie
ou inclinée; elle s'ouvre supérieurement par le moyen d’un oper-
cule qui se détache complétement.
L'ouverture qui en résulte est tantôt nue, tantôt entourée par
une membrane entière , ou le plus souvent par un ou deux rangs de
denis plus ou moins allongées, au nombre de 4, 8, 16 ou 32, et
formées quelquefois par la soudure de plusieurs dents entre elles.
C'est à ces parties qui entourent l’orifice de lurne qu’on donne le
nom de péristome. La membrane qui forme la capsule est double,
l'externe plus solide , lintérieure plus fine. Au milieu de la cavité
de cette capsule s'élève une colonne ou columelle plus où moins
allongée ; c’est autour de cette columelle que sont placées les sé-
minules. |
Ces petits corps réguliers, semblables entre eux, madhèrent par
aucun point à la capsule : mis sur la terre humide , ils se. dévelop-
pent sans présenter rien qu’on puisse comparer à de vrais cotylé-
dons, mais en donnant naissance à des filamens rameux, confer-
voïdes, analogues plutôt aux radicelles des Mousses.
Telle estla structure des petites plantes qui constituent cette famille;
les genres nombreux qu’on a formés parmi elles, sont fondés prin-
cipalement sur les caractères que fournissent la position axillaire ou
terminale des fleurs femelles , la forme de la coiffe, et la structure
du péristome. On connaît plus de huit cents espèces de Mousses,
12:
92 | HISTOIRE
réparties dans soixante genres environ. La distribution géogra-
phique de ces plantes exige des recherches plus étendues pour
fournir des résultats exacts; on sait cependant que quelques genres,
et un grand nombre d'espèces , sont propres à des climats parti-
culiers , tandis que d’autres espèces se retrouvént avec des caractères
parfaitement identiques sous les climats les plus différens , et dans
les lieux les plus éloignés du globe.
Jusqu'à présent ces plantes n’avaient pas été reconnues à l’état fos-
sile; je crois pouvoir maintenant en indiquer deux espèces trouvées
toutes deux dans des terrains d’eau douce assez récens. L'une, décou-
verte près de Narbonne par M. Fournal, ne laisse aucun doute sur
ses rapports avec la famille des Mousses ; l'autre , observée déjà depuis
assez long-temps dans les meulières de Lonjumeau , près Paris, avait
été indiquée sous le nom de Zycopodites squamatus , dans la de-
scription géologique des environs de Paris. Cette dernière diffère
beaucoup plus des espèces de Mousses que nous connaissons, et
ce n'est qu'avec quelque doute que nous la rangeons dans cette
famille. |
Il est assez remarquable que les recherches les plus attentives
n'aient pu faire découvrir jusqu'à présent aucun indice de ces
cryptogames dans les terrains houillers , dont la végétation paraîtrait
cependant analogue à celle des lieux où ces plantes croissent en
abondance.
Les fructifications n’existant pas dans les deux espèces fossiles
que nous allons décrire, on ne peut reconnaître les genres aux-
quels elles appartenaient, et nous les désignerons sous le nom
générique de Muscites.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 93
MUSCITES.
Yec. Caulis simplex vel ramosus, filiformis, foliis membra-
naceis vix nervosis, sessilibus vel amplexicaulibus, 1m-
bricatis vel subpatentibus , obtectus.
Frucr. Capsula ovata vel cylindrica, pedicellata vel rarits
subsessilis, operculata, calyptrà supernè vestita.
1. MUSCITES TOURNALII, PI. X, Fig. 1-2.
M, caule filiformi, subsimplici ( basi ramoso?), ramis elongatis,
* flexuosis, flagelliformibus ; foliis patentibus , vel laxé imbricatis,
subtrifariis, ovato-lanceolatis, obtusiusculis, integerrimis , sub-
concavyis, enervibus. Fructificatio ignota.
Gis. Dans une formation d’eau douce composée de marnes calcaires schisteuses,
faisant partie des terrains de sédiment supérieur, et qui renferme un grand
nombre de feuilles de plantes dicotylédones et de conifères (1).
Loc. Armissan près Narbonne. ( Tournal.)
Cette plante présente des rameaux très-allongés , flexueux , nais-
sant par touffes , et probablement d’une même souche; ces rameaux
irrégulièrement entremélés paraissent s'être étalés à la surface du
sol, ou avoir flotté dans l’eau ; ils sont couverts de feuilles assez
écartées et étalées vers la base où elles laissent voir la tige, rappro-
chées et imbriquées vers le sommet; elles paraissent insérées en
spirale sur trois rangs; leur forme est ovale-lanceolée , et se termine
en une pointe mousse. Elles sont parfaitement entières , légérement
(1) M. Tournal, auquel nous devons plusieurs autres plantes très-curieuses de cette
formation, se propose de faire connaître sa position géologique , dans un mémoire qui sera
publié incessamment dans les Annales des sciences naturelles. |
94 HISTOIRE
concaves, et complétement dépourvues de nervures. , On n’a pas
découvert jusqu'à présent de capsules; mais la disposition des
tiges et des feuilles, et la forme de ces dernières, placent presque
sans aucun doute cette plante dans la tribu des Hypnoïdes , et la
rapprochent surtout de quelques Æypnum ou Leskea. Cependant,
après l'avoir comparée avec attention aux espèces qui croissent en
Europe, on n’en trouve aucune qui lui soit parfaitement semblable ,
quoiqu’elle ait de l’analogie avec plusieurs d’entre elles.
Ses rameaux presque simples ou irréguliérement divisés , ses feuil-
les espacées, entières, la rapprochent surtout des Hypnum denticu-
latum et riparium (1); mais les feuilles ne paraissent pas aussi régu-
lièrement distiques que dans la première, et elles sont bien moins
allongées et aiguës que dans la seconde ; en outre elles paraissent
concaves et légèrement enroulées sur leur bord, ce qui peut-être
pourrait cacher de petites dentelures, et alors cetie espèce ressem-
blerait beaucoup à certaines variétés de lAypnum riparioïdes
Hedw. (Moug. et Nestl, Stirp. crypt. n°. 427), ou à l'Hypnum
cuspidatum dont les feuilles sont seulement beaucoup plus étalées
vers la base des rameaux.
Parmi les espèces exotiques que J'ai pu comparer avec elle, soit
d’après des échantillons, soit d’après de bonnes figures , la seule qui
offre quelque analogie est l’'Hypnum elegans de Hooker ( Musci
exot., Tom. I, tab. 9), espèce de la côte nord-ouest de l'Améri-
que , dont les tiges plus régulièrement rameuses portent des feuilles
légèrement recourbées et dentelées à l'extrémité.
= Pour discuter ces analogies avec plus de certitude, il faudrait
des échantillons plus nombreux que ceux que je possède, et surtout
connaître le fruit de cette espèce.
(x) Voyez la PL. X, Fig. 3-4, qui représente cette dernière plante de grandeur naturelle
et üri rameéau grossi.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 95
>. MUSCITES? SQUAMATUS, PI X, Fig. 5-7.
2
M. ramis simplicibus , foliis rhomboideis, obtusis, cauli arctè ap-
plicatis, nervo medio vix distincto percursis.
Lycopodites squanvatus, Ad. Brong. , in. Cuv. et Brong., Desc. géol. des env.
de Paris, p. 359, PI. XI, fig. 3.
Grs. Dans les meulières du terrain d’eau douce supérieur.
Loc. Lonjumeau près Paris.
Cette plante , dont on trouve les moules en creux dans la meu-
lière, se présente sous forme de tiges simples dont le diamètre
varie de 4 à 6 millimètres et dont on trouve des fragmens de 3
à A centimètres qui n'offrent aucune trace de ramifications ; les
feuilles courtes, obtuses , rhomboïdales, paraissent assez épaisses , et
sont exactement appliquées contre la tige qu’elles environnent de
toute part, et sur laquelle elles paraissent disposées en quinconce sur
quatre rangs, ou plutôt former des spirales montant de gauche à
droite ; elles sont légèrement carénées sur leur ligne moyenne, ce
qui semblerait indiquer qu’elles sont parcourues par une nérvure
médiane.
En comparant ces fragmens de plantes avec divers végétaux vi-
vans, on ne leur trouve quelque analogie qu'avec les Lycopodes,
les rameaux de quelques espèces de Genévriers et certaines espèces
de Mousses; ces tiges simples el toujours peu étendues ne ressem-
blent qu’à un petit nombre d'espèces de Lycopodes, leurs feuilles
courtes et obtuses ne rappellent pas non plus ces végétaux; enfin
ces fossiles , mélés dans les mêmes échantillons avec des tiges de
Nymphéa et des fragmens d’autres plantes aquatiques, semblent
devoir également se rapporter à des végétaux propres à ces mêmes
localités.
Les mêmes raisons les éloignent des Conifères, et en outre il
serait étonnant qu’on ne trouvât que des fragmens isolés de ces vé-
96 HISTOIRE
gétaux dont les rameaux ont un mode de division qui les fait
reconnaître facilement ; d’ailleurs , si on compare cette plante fossile
avec les rameaux des Genévriers, et particulièrement du Juniperus
phænicea, dont elle se rapproche le plus, on voit que dans les
Genévriers les feuilles opposées en croix sont disposées sur quatre
rangs parfaitement réguliers (PI. X, Fig. 9); tandis que sur
la plante fossile ces rangées ne sont pas, à beaucoup près, aussi
régulières, ce qui indique une insertion des feuilles en spirale ; cette
différence, qui dépend d’un point essentiel de l’organisation , nous
paraît suffisante pour éloigner ces plantes, malgré la ressemblance
qu’elles offrent au premuer aspect.
Parmi les Mousses, les Sphagnum surtout présentent beaucoup
d’analogie avec notre plante fossile, 1°. par leurs rameaux simples
4, iés sur une tige commune, dont ils se détachent très-facilement ;
. par leurs feuilles qui, dans plusieurs SRèss , Sont exactement
pe et d’une forme assez semblable à celles du Muscites
squamatus ; 3. par les lieux qu’ils habitent. La forme des feuilles
de l'espèce fossile se rapproche surtout de celle du Sphasnum com-
pactum (PI. X, Fig. 8), et dans quelques échantillons elles sem-
bleraient redressées vers l'extrémité, comme dans le Sphagnum
squarrosum ; mais ces feuilles présentent dans la plante fossile une
régularité dans leur forme et dans leur mode d'insertion qu’on n ’ob-
serve que rarement dans celles des Sphagnum.
Pour pouvoir établir ces comparaisons avec précision, il faut,
dans le creux laissé par le fossile, faire un modéle en cire; c’est
d’après de semblables moules que nos descriptions ont été faites ,
ainsi que les Fig. 6 et 7; ce qui leur a donné plus de précision qu'à
celles publiées dans la Description géologique des environs de Paris.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 97
SELS AE EVE LUE EVE AA EPA EEE LE ME UE LA LA AT LR LA LE AR A AE LA RL AA UE
CRYPTOGAMES
VASCULAIRES.
Les végétaux qui forment cette classe naturelle, étaient pres-
que tous réunis par Linné et par de Jussieu , sous le nom de Fou-
géres; mais ils constituent plusieurs familles bien distinctes, quoique
unies entre elles par des liens irès-intimes : ce sont les Équiséta-
cées, les Fougères, les Lycopodiacées, les Marsiléacées et les Cha-
racées. L'organisation de ces plantes est bien plus compliquée que
celle des végétaux qui font partie des classes précédentes; des tissus
irès-variés entrent dans la composition de leurs organes ; on y re-
trouve toutes les modifications des tissus cellulaires et fibreux qui
existent dans les végétaux phanérogames ; des vaisseaux particuliers
servent au passage des fluides nourriciers; mais il est encore dou-
teux sl existe dans ces plantes de véritables trachées. Dans toutes
celles que jai étudiées, je n’ai observé que de fausses trachées ét
spécialement la modification connue sous le nom de vaisseaux an-
nelés.
Ces vaisseaux et les tissus qui les accompagnent affectent des dis-
positions assez différentes dans chaque famille pour qu’on ne puisse
rien dire de général sur ce sujet. Ils manquent méme dans quel-
ques plantes de cette classe, mais c’est particulièrement dans celles
qui croissent sous l’eau ; et on sait que, dans ces circonstances .
plusieurs plantes phanérogames même en sont dépourvues.
Les organes de la fructification varient aussi beaucoup d’une fa-
mille à l’autre ; tantôt on y reconnaît assez facilement des organes
Qui caractérisent deux sexes différens, tantôt on n’a pu en décou-
vrir, avec quelque probabilité, qu’un seul.
Les Characées, les Marsiléacées , les Équisétacées et quelques Ly-
copodiacées sont dans le premier cas ; on y a découvert des parties
I. Ta
98 HISTOIRE
qui différent , il est vrai, à beaucoup d’égards, des anthères ou du
pollen des plantes phanérogames ; mais qui cependant paraissent
destinées à jouer un rôle semblable , c’est-à-dire à féconder les ovules.
Dans les Fougèresiet la plupart des Lycopodiacées , au contraire ,
les recherches faites jusqu’à ce jour n’ont pu faire distinguer qu’un
seul ordre d’organes : ce sont des séminules destinées à la reproduc-
tion de ces plantes.
Dans tous ces végétaux, l'embryon, qu'aucun observateur n’a
pu étudier avant la germination, paraît dépourvu de ces feuilles
particulières auxquelles on a donné le nom de cotylédons ; cependant
il donne naissance, au moment où il se développe, à des appendices
différens des véritables feuilles, et que quelques auteurs ont con-
sidérés comme des cotylédons; mais il est très-probable que ces
appendices m'existent pas avant la germination, caractère qui les
distingue des vrais cotylédons et qui les assimile plutôt aux filamens
confervoïdes que les Mousses développent au moment de leur
germination.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 99
AAA AA A A RAR RAA AT ABUS AAA BREL ARR SLAVE ERA LUE NRA VE LE LE LA AAA RAT LA OA A VA AAA LUS ERA ARR LA
ÉQUISÉTACÉES.
Un seul genre vivant, d’une structure très-singulière , constitue
cette famille : c’est le genre Prêle ou Equisetum.
Nous devons faire connaître avec détail son organisation, afin
de pouvoir la comparer avec précision à celle des plantes fossiles
que nous rangeons dans cette même famille.
Prenons pour exemple l’Æquisetum fluviatile, lune des plus
grandes espèces de notre climat, et l’une des plus convenables pour
cette étude. Une tige souterraine s'étend horizontalement et assez
profondément dans le sol des marais que cette plante habite (x); elle
rampe souvent à une profondeur de 4 à 5 pieds, d’autres fois plus près
de la surface du sol, suivant la nature du terrain : on a suivi quelques-
unes de ces tiges dans une étenduede 20 à 30 pieds. Cette tige fistuleuse,
noueuse et cloisonnée de distance en distance , porte encore des débris
de gaînes autour de ces nœuds. De ces mêmes nœuds naissent des
racines et, dans quelques cas, des rameaux qui se redressant verti-
calement forment les tiges que nous voyons s'élever au-dessus du sol.
On a observé aussi dans plusieurs espèces de ce genre et par-
ticulièrement dans les Æ. arvense, sylvaticum et variegatum (2),
des tubercules ovoïdes, tantôt uniques, tantôt placés plusieurs à la
suite les uns des autres en chapelet. Ces tubercules ne sont évidem-
ment que des rameaux dilatés dont le tissu est devenu compacte et
amylacé, comme cela a lieu pour les tubercules de la pomme-de-terre;
ces tubercules des Equisetum sont terminés par un petit bourgeon
(1) Gette tige a été décrite par presque tous les botanistes comme une racine; mais c’est
un véritable rhizome ou tige souterraine , dont la structure ne diffère presque en rien de
celle des tiges aériennes, et n’a rien de commun avec l’organisation des racines.
(2) M. Decandolle, dans le supplément de la Ælore française (p. 245), avait formé de la
variété tuberculeuse de cette plante, une espèce particulière sous le nom d’Z. tuberosum.
29e
100 HISTOIRE
entouré d’une gaîne imparfaite ; ce’ bourgeon, en se développant,
donne naissance à un rameau; et les tubercules , se séparant facile-
ment de la tige qui les porte, peuvent servir à la multiplication de
ces plantes. |
Ces tiges, dans leurs parties inférieures, donnent aussi naissance
à des racines verticillées, tantôt simples, cylindriques, tantôt
plus ou moins rameuses, qui sortent de la base des gaînes ou du
nœud de ces tiges (1); la manière dont ces radicelles naissent des
tiges est assez remarquable. Au bas de chacun des sillons qui
séparent deux des dents de la gaîne, se trouve un tubercule ellip-
tique (2), qu'on pourrait à certains égards comparer aux lenticelles
des tiges des plantes dicotylédones; de la surface de ce tubercule
on voit toujours sortir deux radicelles placées lune au-dessus de
l'autre ; quelquefois l'avortement de l’une d'elles les réduit à une
seule qui, dans ce cas, n’est pas placée au milieu du tubercule.
Entre ces tubercules et à la base de chacune des dents de la
gaine , on observe dans les nœuds les plus inférieurs , des sortes de
fosselies elliptiques entourées d’un rebord saïllant dont la disposition
est assez singulière , mais dont les usages sont tout-à-fait inconnus.
Ces racines sont les seules qu’on puisse observer dans ces plantes ;
car, comme dans tous les autres végétaux à tige rampante, la racine
prhmitive et véritable se détruit promptement , et la. plante n’est
plus alimentée que par les racines adventives qui naissent de la
tige. Les gaînes qui dans les Equisetum environnent les nœuds de
la tige, existent également dans la partie souterraine et dans la
partie aérienne de cet organe; mais elles n’acquièrent tout leur
développement que sur les tiges sorties de terre;. dans la partie
souterraine elles sont plus courtes et se détruisent én partie par
l'action de l’humidité.
La tige de ces plantes est toujours fistuleuse. Elle présente une
cavité centrale très-grande , et des lacunes allongées formant un dou-
(1) Voyez PI. XI, fig. 2 et 4.
(2) Zbid. , fig. 10
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 1ot
ble cercle autour de cette cavité centrale dans les parois de cette
sorte de tube; le cercle extérieur est formé de lacunes plus larges,
entourées de cellules grandes et régulières ( PI. XI, Fig. 8, n°. 2);
le cercle intérieur est composé de lacunes cylindriques plus étroites,
environnées de cellules beaucoup plus petites ( Zbid. , n°. 4), et c’est
sur les paroïs même de ces lacunes que sont placés les seuls vais-
seaux qu’on observe dans ces plantes (Ibid. , n°. 5) (x).
Ces vaisseaux, au nombre de deux ou trois autour de chaque la-
cune cylindrique, présentent la structure de cette modification par-
ticulière des fausses trachées ou vaisseaux lymphatiques à laquelle
on a donné le nom de vaisseaux annelés (2).
Les trois ordres de lacunes qu’on observe dans ces tiges sont in-
terrompus, de distance en distance , par des diaphragmes ou cloisons
formés par un tissu cellulaire assez lâche; ce sont ces cloisons qui
déterminent les nœuds ou articulations de la tige dont la disposition
mérite d’être examinée avec soin; dans ce point, les lacunes qui
sont disposées circulairement autour de la lacune centrale sont non-
seulement interrompues, mais elles ne se correspondent pas; c’est-
à-dire que celles qui sont placées au-dessus du nœud , correspondent
aux intervalles de celles qui se trouvent au-dessous ; il en résulte
aussi que les siries, plus ou moins marquées suivant les espèces,
que ces lacunes déterminent à la surface extérieure des tiges, alter-
nent également au-dessus et au-dessous des articulations (3).
En suivant les vaisseaux placés le long des parois des petites lacu-
nes, on voit qu à chaque nœud ces vaisseaux sont infléchis et peut-
être interrompus; les cellules allongées qui les accompagnent, et
probablement les vaisseaux eux-mêmes, se séparent en deux faisceaux
dont lun continue à monter dans la tige et dont l’autre se porte
dans la gaîne qui naît de cette articulation (4).
(1) Voyez PI. XI, Fig. 6, get 8.
(2) 1bid. Fig. 9. Cette figure est grossie considérablement au microscope.
(3) Lbid. Fig. 6.
(4) Lbid. Fig. 7. Cette coupe d’une portion d’articulation correspond supérieurement à
une des grandes lacunes extérieures (6), et inférieurement à la cloison qui les sépare (7); on
102 HISTOIRE
La surface extérieure dans cette espèce est dépourvue de stries
régulières , ou du moins elles sont à peine distinctes ; elle est lisse,
sans stomates et simplement couverte dans sa partie inférieure de
peüis tubercules glanduleux très-fins et très-nombreux, qui ne s’é-
tendent pas sur les gaïînes et qui sont peut-être l’origine de la cou-
leur plus foncée de la tige (x).
Les gaînes , qui entourent complétement la tige à chaque nœud,
paraissent formées par la réunion et la soudure intime d’un nom-
bre plus ou moins considérable d’appendices , analogues à de petites
feuilles , linéaires , subulés, exactement verticillés ; ces appendices,
libres supérieurement , forment autant de dents plus où moins
aiguës qui terminent la gaîne; ces dents se prolongent en général
en un filet subulé très-allongé, mais qui persiste rarement ; elles sont
bordées latéralement par une membrane plus mince, transparente,
qui les ünissait en partie avant le développement complet de la tige.
Des rameaux nombreux naissent autour des nœuds de cette tige ;
ces rameaux simples, plus ou moins allongés, sont en nombre égal à
celui des dents de la gaîne, c’est-à-dire de 24 à 30, à moins qu'une
partie d’entre eux ne se développe pas, ce qui a lieu souvent vers la
partie inférieure de la tige. Vers le haut, la tige principale diminue
insensiblement et se réduit à un petit rameau terminal presqu'égal
aux rameaux latéraux. Ges rameaux latéraux sont toujours insérés au
bas de la gaïîne en face de l'articulation, et correspondent comme
les racines aux sillons qui séparent les dents de la gaine (2). Un des
points remarquables de la structure des plantes de cette famille,
est ce mode d’origine de rameaux; car, si on considère les gaînes
comme une réunion d’appendices foliacés, verticillés et soudés entre
eux, ce qu'il est difficile de ne pas admettre, les rameaux, suivant
-le mode d'organisation le plus général, devraient naître au-dessus
voit à gauche la surface extérieure de la tige (5) , et la coupe de la gaîne qui s’en détache (4),
formée d’un tissu plus serré et plus opaque que le reste de la tige. On y distingue une por-
tion de la cloison celluleuse (r) et les vaisseaux accompagnés de tissu cellulaire allongé (2-3).
(1) Voyez PI. XI, Fig. 3 et 5.
(2) Ibid. Fig. 3.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 103
et dans l’aisselle de ces sortes de feuilles, tandis qu’au contraire ils
sortent de la tige entre les divisions de la gaîne et au-dessous de son
insertion : caractère qu'il est important de noter pour éclairer les
rapports de ces plantes et des végétaux fossiles.
Ces rameaux offrent en plus petit une structure analogue à celle
de la tige; mais ils ne sont pas traversés intérieurement par ces
grandes lacunes qui parcourent la tige principale, et leurs gaînes
beaucoup plus courtes n’ont que Æ à 5 dents.
Les diverses parties que nous venons de décrire dans l'Equi-
setum fluviatile, varient à certains égards dans les autres espèces,
quoique les traits essentiels de leur structure soient les mêmes.
Ainsi toutes présentent une tige souterraine rameuse et très-étendue
d’où naissent des radicelles et des tiges aériennes; toutes ont une
tige articulée traversée dans son centre par une grande cavilé, mais
les lacunes, disposées régulièrement vers la circonférence, ne forment
quelquefois qu’un seul cercle, quoique le plus souvent on en observe
deux.
Les vaisseaux , qui sont faciles à découvrir dans l’Æquisetum flu-
viatile et dans VE. limosum , sont beaucoup plus petits et plus dif-
ficiles à observer dans VE. hiemale.
Lasurface extérieure, quelquefois lisse, est le plus souvent marquée
de sillons longitudinaux très-profonds et très-réguliers, et recou-
verte d’un épiderme rugueux et trés-dur, percé de pores corticaux
dans les parties qui correspondent au fond des sïillons. Ces pores cor-
ticaux , disposés , en général, en lignes régulières (PI. XII, Fig. 5 ),
correspondent toujours à des parties du parenchymeé de la tige qui
sont colorées en vert, ce qui est facile à reconnaître sur la coupe
transversale. (Foy. PI. XII, Fig. 4, la coupe de lÆ. Aïemale).
Mais le caractère essentiel et constant des sillons de ces tiges, c’est
leur régularité parfaite et l'alternance qu’ils présentent au-dessus
et au-dessous des articulations.
Les gäînes varient beaucoup quant au nombre et à la forme des
dents, mais elles ne manquent Jamais et persistent aussi long-temps
que la tige qui les porte. Elles sont toujours exactement appliquées
104 HISTOIRE
contre la tige dans les individus stériles ; elles embrassent les tiges
fertiles moins étroitement, mais elles ne sont Jamais étalées. Quant
aux rameaux , ils manquent quelquefois complétement ou naissent en
petitnombre, isolés et sans régularité, des articulations de la tige (1).
Les organes de la reproduction forment dans ces plantes des épis
placés à l'extrémité des tiges principales, ou quelquefois à celle des
rameaux ( PI. XII, Fig. 6); tantôt ces épis se développent sur des
tiges couvertes de rameaux et en tout semblables à celles qui sont
dépourvues de fructification , tantôt ils terminent des tiges parti-
culières qui diffèrent des tiges stériles par leur brièveté, par l'absence
des rameaux, par la grandeur des gaïînes qui entouraient l’épi de
fructification avant son entier développement, enfin par leur cou-
leur jaunâtre ; mais que ces épis soient portés sur des tiges propres
ou sur les tiges ordinaires, leur structure est la même.
Ils sont formés par la réunion d’écailles peltées, disposées en
verticilles plus ou moins réguliers; ces écailles, d’abord très-
rapprochées, s’écartent lors de la maturité; elles représentent une
sorte de disque à peu près hexagonal, soutenu par un pédicelle
central plus ou moins allongé; sous ce disque sont fixés cinq,
six ou sept sacs membraneux plus ou moins allongés suivant les
espèces (PI. XII, Fig. 7); ces sacs s'ouvrent par une fente longi-
tudinale du côté qui correspond au pédicelle de lécaille (Fig. 8),
et renferment une poussière très-abondante dont Hedwig surtout a
bien fait connaître la structure singulière.
Elle est composée de grains verts sphériques, très-réguliers, pré-
sentant sur un des points de leur surface un petit mamelon peu
saillant , et donnant insertion, par le point opposé, à quatre filamens
renflés vers leur extrémité libre. Ces filamens, beaucoup plus longs
que le globule vert, se contournent en spirale autour de ce globule
par l'effet de l'humidité ( Fig. 9), se déroulent et s’étalent par lac-
tion de la sécheresse ( Fig. 10 ).
Hedwig considère le globule central conime un ovaire surmonté
(1) Voyez PI. XII, Fig. r et 2, une tige dÆg. hiemale portant un rameau.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 105
d’un stigmate très-court, et les filamens renflés à leur extrémité,
comme quatre anthères portées sur leurs filets. Peut-être serait-il plus
naturel, d’après ce que nous connaissons actuellement sur la structure
des organes reproducteurs des plantes Phanérogames, de considérer le
globule comme un ovule surmonté de son mamelon d’imprégnation , et
les quatre filamens renflés comme quatre grains de pollen réunis deux
à deux à la base de lovule; mais ce n’est pas ici le lieu de discuter
cette opinion.
Le genre que nous venons de décrire et dont l'organisation , au
moins dans ses traits essentiels, est très-uniforme, se retrouve
sur presque tous les points du globe, depuis les régions les plus
froides jusque sous la zone torride. On n’en connaît cependant pas
jusqu’à présent à la Nouvelle-Hollande ; mais le cap de Bonne-Es-
pérance , l'Asie et l'Amérique équatoriale en présentent plusieurs
espèces, et il est probable que des recherches attentives en feront con-
naître un plus grand nombre. Il est donc difficile d'établir des rap-
ports numériques entre les espèces de différentes zones; cependant
il est certain que ces végétaux deviennent plus rares lorsqu'on s’ap-
proche du pôle, et qu’ils manquent dans les régions élevées des Al pes,
car l'Équisetum sylvaticum , qui s'élève plus haut que les autres es-
pèces, ne croît, suivant M. Vaucher, que jusqu’à 3 à 400 toises, tan-
dis que le maximum des espèces connues existe dans les régions temi-
pérées. La différence de grandeur des plantes de ce genre, suivant les
climats où elles croissent, est encore plus marquée : ainsi les deux
plus petites espèces sont l’'Equisetum scirpoides Willd. etlÆ. r'ep-
tans Wahlenb. , qui croissent l’une dans le Canada et l’autre dans la
Laponie. L'espèce la plus élevée, au contraire, est l'E. giganteum ,
qui croît dans les Antilles et dont la tige atteint jusqu’à à pieds de haut.
On voit par ces exemples que ces végétaux prennent un développe-
ment d'autant plus considérable que la température est plus élevée.
On doit aussi remarquer que ces plantes croissent, en général, en
grand nombre dans les mêmes lieux; qu’elles couvrent souvent en-
tièrement de leurs tiges droites et touffues les lieux marécageux, où
elles forment des sortes de petites forêts ; enfin ces lieux sont le plus
I. 1
106 HISTOIRE
ordinairement des terrains profonds , froids et humides, quoique ra
rement inondés; on trouve souvent des tiges de ces plantes dans la
tourbe , quoique j'en aie rarement vu de vivantes dans les marais où
Von exploite cette substance.
Parmi les plantes fossiles, il en est quelques-unes qui offrent une
si grande analogie avec les Equisetum vivans, qu’il est difficile de
ne pas admettre que ces végétaux appartiennent au même genre; il
en est d’autres, au contraire, qui s’éloignent par plusieurs de leurs
caractères des vrais Equisetum , mais qui présentent néanmoins
plusieurs traits importans de la structure de ces plantes, et qui nous
paraissent constituer un genre particulier de la même famille.
Toutes ces plantes étant dépourvues de fructification, ce n’est que
d’après la structure de leurs organes de la végétation que nous pou-
vons établir ces analogies , et ce n’est même que d'après la forme
extérieure de ces organes, et non d’après leur structure interne qui a
toujours disparu.
La forme de la tige et des gaînes qu’elle porte, la disposition des
articulations et des stries qui couvrent sa surface, sont donc les seuls
caractères propres à faire reconnaître ces végétaux ; les gaînes surtout
offrent les traits distinctifs les plus précis.
Ainsi les végétaux dont la tige, d’un diamètre à peu près uniforme,
lisse ou régulièrement striée, est entourée de distance en distance
par des gaînes appliquées sur cette tige et terminées par des dents
régulières et toutes semblables entre elles, dont les rameaux lors-
qu'ils existent sont verticillés, ou naissent des articulations sans ré-
gularité dans leur position relative , nous présentent les caractères
les plus essentiels de la structure des tiges des Equisetum , caractères
qui ne se trouvent dans aucun autre genre vivant.
Quelques plantes de terrains fort différens , offrent cet ensemble
de caractères et viennent se ranger dans le genre Equisetum : lune
a été trouvée dans les terrains de sédiment supérieur ; deux espèces
ont été observées dans les terrains secondaires , et J'ai vu des fragmens
d’une espèce assez douteuse provenant de la formation houillère.
Mais il existe un autre groupe de végétaux fossiles dont les ca-
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 107
racières s’éloignent beaucoup plus de ceux des Equisetum, et qui
me paraissent pourtant se rapprocher davantage des plantes de cette
famille que d’aucun autre genre de végétaux vivans. Ces plantes,
dont nous ne connaissons que les tiges, avaient été comparées par
les anciens naturalistes à des roseaux, et décrits par celte raison
sous le nom de Calamites , nom généralement admis depuis et que
nous conserverons à cause de son ancienneté, malgré les rapports
inexacts qu'il nous paraît indiquer entre ces fossiles et les graminées
ou les palmiers du genre Calamus.
Ces tiges sont articulées ou plutôt elles présentent, comme celles
des Equisetum , des cloisons où diaphragmes intérieurs, qui quel-
quefois ne paraissent pas au de hors; lorsqu'elles sont en bon état,
leur surface extérieure est recouverte par. une couche de charbon
très-régulière, d’une épaisseur plus ou moins grande, mais très-uni-
forme, qui conserve tous les caractères de la plante. Cette couche
paraît correspondre où à l’épiderme seulement de la plante, ou peut-
être à toute l'épaisseur des parois d’une tige fistuleuse, dont la cavité
centrale aurait été remplie par la roche environnante ; la ténuité
extrême de cette couche dans quelques espèces, rendrait plus pro-
bable la première hypothèse; mais son épaisseur beaucoup plus con-
sidérable dans plusieurs auires (x), et la manière dont la tige a
quelquefois été déformée par la pression, dans les premières de ces
plantes (2), sembleraient au contraire indiquer que la tige de ces
végétaux n’offrait que des parois très-minces et très-flexibles.
Tantôt, cette écorce très-mince suit toutes les modifications de
forme du noyau sur lequel elle est appliquée, et dans ce cas les ca-
ractères de la plante sont à peu près les mêmes lorsqu'elle est dans
son état d’intésrité et recouverte de son écorce ,..ou lorsqu'elle ne
présente plus que le moule intérieur : c’est ce qu’on observe dans
les: Calamites Suckowit, Cistit, undulatus.
Tantôt, au contraire, l'écorce épaisse n’offre plus à. l'extérieur
(1) Voyez les Calamites pachyderma , nodosus et approximatus.
(2) Vez le Calamites Suckowi, PI. XVII:
1J 14.
108 HISTOIRE
les mêmes formes que le noyau qu’elle recouvre : elle est quelque-
fois parfaitement lisse ou à peine marquée de quelques légères ondu-
lations et ne présente aucun indice d’articulation, tandis que le
noyau, qui remplit probablement la cavité centrale de la tige, offre des
articulations très-nettes et des sillons longitudinaux plus ou moins
réguliers; on reconnaît facilement cette structure dans les Calamites
approximatus , nodosus et pachyderma.
Dans plusieurs de ces plantes la tige était donc parfaitement lisse
extérieurement, mais elle était creusée intérieurement d’une cavité
centrale, divisée par des diaphragmes transversaux qui correspondaient
aux articulations du noyau. Dans les espèces que je viens de citer
on ne voit sur la surface extérieure aucun indice d'insertion d’or-
ganes appendiculaires, point de cicatrices ni de tubercules, rien
qui annonce par conséquent des organes qui se seraient détachés ou
qui seraient restés rudimentaires; mais les sillons qui s'étendent
d'une articulation à l’autre sur le noyau intérieur alternent toujours
avec ceux de l’article voisin, comme cela a lieu dans les autres espèces
de ce genre et dans les Equisetum vivans.
Dans les espèces à écorce mince, au contraire, les sillons et les
articulations du noyau sont également bien distincts sur l'écorce
extérieure. Ces sillons alternent au-dessus et au-dessous de chacune
de ces articulations, caractère essentiel à toutes les plantesd ece
groupe, et en outre on observe souvent autour de ces mêmes arti-
culations , à l'extrémité de chacune des côtes qui séparent les sillons,
un petit tubercule , tantôt arrondi, tantôt elliptique : ces tubercules
mexistent quelquefois que d’un côté de l'articulation, maïs trés-
souvent ils existent en même temps au-dessus et au-dessous, et
des deux côtés ils se trouvent dans la même position , c’est-à-dire,
toujours entre les sillons.
J'avais considéré, autrefois, ces tubercules comme des cicatrices
laissées par la chute de gaînes caduques dont les faisceaux fibro-
vasculaires auraient produit ces marques arrondies; mais, en les
examinant avec plus d'attention et sur de meilleurs échantillons,
particulièrement sur le Calamites Suckowü, j'ai vu que l’épiderme
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 109
passait sans être interrompu sur ces tubercules , qu’il n’y avait dans
ce point aucune trace de ce changement de nature dans la surface
qu'on remarque lorsqu'on examine les cicatrices des bases des ferulles
sur les autres tiges fossiles , et qui annonce que le parenchyme a été
mis à nu et s’est desséché de manière à former un faux épiderme
qui n’a jamais l'aspect lisse et uni de lépiderme naturel. On doit
aussi observer que si ces tubercules étaient les cicatrices d’une véri-
table gaîne, on devrait, outre ces tubercules qui indiqueraient les
faisceaux fibreux qui se portent dans les dents, découvrir une trace
formée par la destruction de la membrane qui réunissait les fais-
ceaux fibreux de cette gaîne, ce que je n’ai jamais pu découvrir.
Ces observations me portent à penser que ces tubercules ne sont
pas l'indice d’autres organes qui auraient été insérés sur ces points
de la tige, mais qu’ils se sont toujours offerts sous cette forme , et
n'ont Jamais été que de simples tubercules qui représentaient à l’état
rudimentaire les dents des gaines et les tubercules radicellaires.
En effet, les tubercules qui sont placés au-dessous de larticula-
tion, correspondent par leur position, à l’origine des dents de la gaine;
ceux qui sont au-dessus terminent les sillons placés au-dessous , et
sont par conséquent analogues par leur situation aux tubercules d’où
naissent les racines ou au point d'insertion des rameaux.
On pourra demander, dans cette hypothèse, comment il se fait que
ces organes restent toujours à l’état rudimentaire et ne forment jamais
une véritable gaîne; mais on sait que souvent le développement
considérable d’un organe nuit à celui d’autrès parties; et, dans ce cas,
il est possible que l'accroissement de la tige se soit pour ainsi dire
formé aux dépens de la gaîne et des autres organes appendiculaires.
Enfin ce qui confirme l’analogie que je viens d'indiquer et la posi-
tion dans laquelle je range ces végétaux fossiles, c’est que dans un cas,
unique il est vrai, j'ai pu observer une espèce de ce même groupe
de végétaux dont les articulations sont pourvues d’une gaîne dentelée
bien caractérisée; cette espèce, à laquelle je donne le nom de Cala-
mites radiatus , provient comme les autres espèces de ce genre du
terrain houiller , et offre du reste tous les caracttres des autres Cala
110 HISTOIRE
mites; la gaîne qui entoure ces articulations, quoique ressemblant
par plusieurs de ses caractères à celledes Equisetum, puisqu'elle est
formée comme elle de dents nombreuses, égales, réunies par une
membrane commune, en diffère cependant par sa direction. Dans
tous les Equisetum la gaîne est dressée et s'applique plus ou moins
immédiatement sur la tige; dans la plante fossile, au contraire, elle
s'étend perpendiculairement à l'axe de la tige dans un même plan, la
partie membraneuse est moins étendue et les dents sont plus allongées.
Cet échantillon me paraît établir d’une manière incontestable Pa-
nalogie des Calamiies et des vrais Equisetum; mais on pourrait
penser que ces gaînes existent dans plusieurs autres espèces et n’ont
échappé à nos observations que par suite de leur prompte destruc-
tion. Cette hypothèse peut être vraie pour les espèces, en petit nom-
bre , dont nous ne connaissons que les noyaux intérieurs dépourvus
d’écorce; mais il me paraît difficile, d’après les raisons que j'ai déjà
exposées, de considérer les tubercules des espèces à écorce mince
comme des cicatrices des gaînes; et, dans les espèces à écorce
epaisse, il n’y a plus aucune trace ni d’articulation, ni de tubercules,
ni de rien qu’on puisse regarder comme des cicatrices d'organes ana-
logues à des gaînes. Ainsi, dans les Calamites, nous trouverions
tous les passages d’une structure très-analogue à celle des Equisetum
vivans, à une organisation qui en diffère beaucoup au premier
aspect; et cependant ces différences ne dependraient que de la dimi-
nution successive d’un organe accessoire, la gaîne, qui, très-dévelopée
dans les vrais Équisetum , l’est déjà moins dans le Calarmnites radiatus,
puisse réduit à de simples tubercules ,et disparaît enfin complétement.
Quelques autres caractères, les uns positifs, les autres négatifs ;
viennent encore confirmer cette analogie des Calamites avec les
Prèles, et combattre celle qu'on avait indiquée anciennement entre
ces végétaux et les Graminées ou les Palmiers.
Dans toutes les Calamites qui offrent des cicatrices indiquant l'o-
rigine de rameaux, ces rameaux sont verticillés comme dans le
Calamites cruciatus ; ou lorsqu'ils naissent isolément d’un côté de la
tige, c’est à la partie de la tige placée au-dessous de l'articulation
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. TI
ou sur l'articulation même, qu'ils s’insérent (r), et non au-dessus
comme dans les Graminées ; en outre, jamais on n’a observé ces
rameaux disposés régulièrement et alternativement sur les deux cô-
tés de la tige, comme cela a toujours lieu dans les Graminées ; enfin
on ne voit aucune trace de l'insertion des feuilles qui, dans les plan-
tes de cette famille ou dans les Calamus , embrassent complètement
la tige à chaque articulation, et produisent une cicatrice annulaire
facile à reconnaître.
Ainsi tous les faits observés depuis la publication de mon pre-
mier essai sur la classification des végétaux fossiles, me paraissent
confirmer l'opinion que J'avais émise alors sur l’analogie des Calamites
et des Equisetum, analogie qui a été admise depuis par M. Stern-
berg , et tout récemment par M. Bischof, dans l'ouvrage qu’il vient
de publier sur l’organisation des plantes cryptogames (2), ouvrage
qui renferme d’excellens détails anatomiques sur les Équisétacées ,
et dans lequel J'ai même puisé quelques-unes des figures dela PI. XI.
Jusqu'à présent on n’a rien trouvé parmi les plantes fossiles, qui
puisse se rapporter aux épis de fructification des végétaux de cette
famille. Souvent on a observé la terminaison des tiges ; mais n’ayant
Jamais eu de renseignemens exacts sur la position des échantillons,
qui présentaient ce caractère, dans le terrain qui les renfermait ,
nous ne savons pas si ces tiges arrondies , dont les articulations sont
plus rapprochées et dont les tubercules articulaires sont très-déve-
loppés, correspondent à la base ou à l’extrémité supérieure de ces
végétaux.
Il reste donc beaucoup à faire aux naturalistes qui habitent sur
les lieux mêmes où ces fossiles sont fréquens, pour éclaircir la
structure de ces végétaux singuliers ; mais lés points les plus inté-
ressans à rechercher sont : 1°. le mode de terminaison inférieure et
supérieure de ces tiges, et la présence ou l'absence de tiges ram-
pantes d’où naîtraient les tiges verticales ; »°. la disposition des ra-
(1) Voyez les PI. XVII, Fig. 5 et 6, et PI, XXVI, Fig. 5.
(2) Die Cryptogamische sewæchse organographisch, anatomisch , physiologisch und syste-
matisch beärbeitet ; von G.'W. Bischof, 1828.
112 | HISTOIRE
meaux isolés ou verticillés dont on ne peut apercevoir que les inser-
tions sur des échantillons détachés ; 3°. l'existence et la disposition des
gaines qu’on a observées si rarement dans ces plantes (il faudrait s’as-
surer si la même espèce ne peut pas offrir des caractères différens
sous ce rapport et sous celui de la disposition des stries et de l'écorce
dans les tiges principales et dans les rameaux) ; 4°. le mode de fruc-
tification des végétaux de ce genre, dont on n’a, jusqu’à présent,
découvert aucune trace.
Quant à la distribution géologique des espèces de cette famille,
elle offre, d’une manière frappante , un passage successif des carac-
ières propres aux espèces des terrains lés plus anciens à ceux des
espèces encore existantes. |
Ainsi , dans les terrains houillers et dans les couches d’anthracite
des Alpes , des Vosges , de l'Amérique du Nord et même de l’Inde , on
trouve partout de vraies Calamites présentant tous les caractères qui
les distinguent des Equisetum vivans, et remarquables par leur taille
considérable. C’est dans le terrain d’anthracite de Bischweiler ( val
Saint-Amarin, dépt. du Haut-Rhin), considéré par M. Voltz comme
uu terrain de transition , qu'on a trouvé le Calamites radiatus avec ses
gaînes étalées, espèce qui, du reste, ne diffère nullement des autres
Calamites ; ce même genre se retrouve en grande quantité dans le grès
bigarré des Vosges; mais dans tous les échantillons que J'ai vus de
ce terrain, l’écorce est complètement détruite , il ne reste que des
nôyaux intérieurs qui ne peuvent nous fournir que des données très-
imparfaites sur la structure de ces plantes. Dans les terrains plus ré-
cens, on ne trouve plus ces Calamites, mais de véritables Equi-
setum offrant tous les caractères de ce genre; cependant l’espèce la
plus ancienne, qui se trouve en grande abondance et en très-bon
état dans les grès qui accompagnent le charbon fossile sur la côte du
Yorkshire près de Whitby (dans un terrain qui correspond aux
couches inférieures de l’oolithe), diffère de tous nos Équisetum
vivans par sa tige beaucoup plus élevée et plus grosse, et par plu-
sieurs caractères peu importans qui lui donnent un aspect assez dif-
férent ; mais, néanmoins, c’est un véritable Equisetum gigantesque
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 113
Dans les terrains de sédiment supérieur , au contraire , les traces de ce
genre qu’on a découvertes indiquent des plantes semblables , à pres-
que tous les égards , à celles qui vivent encore sur la terre.
Nous voyons done que plus les fossiles de cette famille appar-
tiennent à des terrains anciens et plus ils s’éloignent par leurs carac-
tères essentiels des végétaux vivans de la même famille; plus ils
en différent également par leur taille, qui devient d'autant plus con-
sidérable qu’ils se rapportent à une époque plus reculée.
Le développement remarquable de ces végétaux pendant la premiere
période de végétation, et leur taille, moindre il est yrai, Mais encore
très-supérieure à celle des Prêles vivantes pendant la seconde période,
s'accordent avec beaucoup d’autres faits, fouruis par les végétaux des
autres familles, pour faire considérer le climat de la terre à ces
époques reculées comme plus chaud que celui des parties les plus
chaudes du globe; car nous avons déjà remarqué que la taille dos
Equiseium vivans allait toujours en croissant du pôle à léquateur.,
mais ne s’approchait jamais cependant de celle que présentent plu-
sieurs espèces de Calamites. L’habitation presque constante des
végétaux de cette famille dans les lieux humides et tourbeux est
un fait qu’il ne faut pas non plus négliger d'observer, et qui con-
courra ayec beaucoup d’autres à nous donner des idées assez justes
sur le mode de formation des terrains houillers.
Enfin la position verticale des tiges du Calamites pachyderma
dans les grès houillers de Saint-Étienne, et celle des tiges de l'Æ-
quisetum columnare dans les couches de grès supérieur au lias
près de Whithy, prouvent que ces végétaux, d'espèces bien diffé-
rentes, ont vécu les uns et les autres, quoiqu’à des époques très-
éloignées , dans les lieux mêmes où nous les trouvons; les différences
que nous observons dans la végétation de la terre en Europe à ces
diverses époques , ne sont donc pas dues au transport de ces végétaux
de régions plus ou moins éloignées dans celle que nous habitons,
114 HISTOIRE
EQUISETUM.
VEec. Caulis cylindricus, lævis vel striatus, fistulosus , arti-
culatus , simplex vel ramulos sæpius verticillatos circum
articulationes sustinens. Vaginæ erectæ, ar ticulationibus
insertæ , caulem arctè cingentes, see:
Frucr. Spicæ terminales, squamis peltatis , approximatis ,
subverticillatis, compositæ. Involucra membranacea 6-8,
infra squamas affixa , seminula granaque pollinis inclu-
dentia.
1. EQUISETUM BRACHYODON, PI. XII, Fig. 11-12.
E. ramulis articulatis, articulis approximatis , vaginis 4-5 dentatis,
supernè dilatatis, dentibus brevibus triangularibus.
Æquisetum brachyodon, Ad. Brong., in Cuv. et Brong., Descript. géol. des env.
de PAR p- 367, Tab. x, RE Es
Gas. Dar les terrains de sédiment supérieur.
Loc. Dans le calcaire grossier de la plaine de Mont-Rouge près Paris.— Dans
les marnes du terrain d’eau douce d’Armissan près Narbonne. ( Towrnal.)
Cette espèce, qui se rapproche beaucoup des espèces vivantes,
n’est malheureusement fondée que sur de irès-petits fragmens. Elle
diffère des rameaux des Equisetum indigènes par les dents de ses
gaînes qui sont plus courtes sans paraître tronquées.
Cette même espèce a été retrouvée par M. Tournal dans les mar-
nes d’eau douce du terrain gypseux d’Armissan près Narbonne ;
mais le seul échantillon de ce lieu n’est qu'un fragment, encore
plus incomplet que ceux des environs de Paris.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 115
2. EQUISETUM MERIANI, PI XII, Fig. 13.
E. caule striato, pennæ anserinæ æquali; ramulis 12-16 ad articula-
tiones caulis verticillatis, patentibus; vaginis vix distinctis, cauli
applicatis.
Gis. Dans les marnes irisées.
Loc. La Neuewelt près Bale. ( Werian.)
Cette plante, que je décris seulement d’après un dessin que M. Me-
rian a bien voulu me communiquer, ne me paraît cependant pas
pouvoir se rapporter à aucun autre genre qu’à celui des Equisetum.
On y aperçoit en effet une tige portant deux verticilles de rameaux
et l'indice d’une gaine qui entoure la tige au-dessus du verticille
inférieur ; les rameaux ne présentent que des indications vagues d’ar-
tculation ; la tige d’après ce dessin semble marquée de légers sillons
longitudinaux, comme cela s’observe sur beaucoup users
D’ après le gisement de cette plante, elle paraît appartenir à une
époque rapprochée de celle de l'espèce suivante.
3. EQUISETUM COLUMNARE, PI. XIU.
E. caule erecto, simplici, lævi, cylindrico, diametro 2-3 poll. æquali;
articulis versus basim approximatis, supernè distantibus; vaginis
erectis , Cauli arctè applicatis, multidentatis, dentibus brevibus,
sed in acumine filiformi caduco productiis.
Oncylogonatum carbonarium , Kœnig. , in Trans. geol. soc.; 2€, série, tom. IT,
p. 300, PI: xxxir, Fig. 1-6.
Gis. Dans les couches inférieures ou moyennes de la formation du calcaire
_ Jurassique ou oolithique au-dessus du lias.
Loc. Hayburne-Wyke et Whithby sur la côte du Yorkshire en Angleterre.
(Soc. philos. d'York; JT. Phillips.) Brora dans le Sutherlandshire en
Écosse. (Murchison. ) Balbronn, département du Bas-Rhin; Gemonval,
; = 6
116 HISTOIRE
département du Doubs; environs de Studtgard, Wurtemberg; Baldissero
en Piémont. (Wuséum de Strasbourg.) Corcelle, département de la Haute-
Saône: (Mougeot.)
Cette espèce ne s’est trouvée, à ma connaissance, en bon état
que dans les environs de Whithby en Yorkshire, et c’est sur les
échantillons de cette localité, dont la Société philosophique d’York
a bien voulu enrichir ma collection, que mes descriptions et mes
dessins (Fig. 1 à 4) ont été faits. À High-WVhitby près la ville de
Whithy sur la côte du Yorkshire, cette plante s’est présentée sous la
forme de tiges de 2 à 3 mètres et même plus de longueur , disposées
verticalement dans des couches de grès; les deux extrémités de ces
tiges n'étaient pas cependant dans leur état d’intégrité; on y remar-
quait que les articulations étaient beaucoup plus rapprochées vers
le bas, plus espacées au contraire vers la partie supérieure. Sur les
échantillons que j'ai vus , la tige est lisse ou ne présente que de faibles
sillons immédiatement au-dessous des articulations , sillons qui font
suite à ceux de-la gaîne , et qui disparaissent bientôt; les gaînes, bien
conservées sur plusieurs échantillons, sont très-régulières, elles
ont environ 2 centimètres de long et cachent presque complète-
ment Ja surface même de la tige dans la partie inférieure (1) où les
articulations sont espacées de 3 centimètres environ; vers la partie
supérieure, au contraire, elles laissent à découvert une grande partie
de la surface de la tige puisque les articulations sont à plus d’un
décimètre de distance les unes des autres (2). Ces gaïnes sont par-
courues par des sillons longitudinaux très-remarquables , qui les
partagent en un nombre considérable de côtes planes qui se termi-
nent chacune par une dent: ces dents triangulaires se prolongent
en un appendice filiforme , qui souvent s’est détruit en grande
partie, ce qui fait paraître les dents courtes et obtuses, tandis
qu’elles sont au contraire irès-acuminées.
Il est facile, quand on n’y fait pas une grande attention, de
(1) Voyez PI. XIIT, fig. 2.
(2) Jbid., Fig. r.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 117
prendre ces gaînes qui se superposent ainsi l’une sur l’autre, et dont
les sillons alternent, pour une tige continue et siriée comme celle
des Calamites ; mais un examen attentif, les accidens de’la roche
qui les environne , et surtout l'examen des échantillons à articula-
tions plus espacées, prouvent clairement que ces sillons sont tracés
à la surface d’une gaîne dentelée qui enveloppe la tige sans en faire
partie : c’est ce que montrent les figures 3 et 4 de la planche 13 qui
représentent des portions grossies de ces gaines.
Tous ces caractères sont ceux des Equisetum et ne nous permet-
tient même pas de distinguer cette plante génériquement des Prèles
actuelles, quoiqu’elle en diffère beaucoup spécifiquement; on a
même reconnu sur des échantillons, dont l’épiderme était mieux
conservé, la structure tuberculeuse que nous avons indiquée sur
l'Equisetum fluviatile, PL. XL, fig. 5 (x).
Nous ne saurions donc adopter l'opinion de M. Kænig, qui a fait
de cette plante un genre particulier, parce qu'il ne s’est pas apercu
que ce qu'il considérait comme un simple renflement de la tige
était une véritable gaîne analogue à celle des Prêles (2).
: Nous avons donc, dans ce cas, une véritable Prêle arborescente,
qui fait le passage des espèces vivantes aux Calamites du terrain
houiller. Il resterait à découvrir le mode de terminaison inférieure
et supérieure de ces tiges et leurs organes de la fructification ; nous
devons espérer qu'on y parviendra, car cette plante paraît très-
abondante dans le grès des environs de Whitby.
Quant au terrain qui renferme ce fossile remarquable , il paraît
bien déterminé par les recherches de MM. Sedgwik (3), Murchison(4)
et J. Phillips; et je dois particulièrement à ce dernier des rensei-
(1) Voyez la fig. 6 de la PI. XXXII du tom. El des Transactions géologiques, où
M. Murchison a fait figurer des fragmens vus à la loupe des gaînes de cette plante.
(2) M. Kœnig , qui a décrit cette plante comme un nouveau genre, dans le mémoire de
M. Murchison sur les terrains de Brora en Écosse, le définit ainsi : Oncylogonatum :
Caulis cylindricus, articulatus, articulis annulato-gibbosis, gibbis internodiüisque longitu-
dinaliter sulcatis, suleis acutis.
(3) Annals of philosophy, 1826
(4) Transactions géologiques, 9°. série, tom. II ; P. 295.
110 ds; HISTOIRE
seignemens inédits , très-détaillés, sur le gisement des fossiles végé-
taux de cette côte. Il èn résulte qu’il existe , aux environs de Whithy,
deux couches qui renferment des plantes fossiles; que ces deux
couchés dépendent d’un même système placé au-dessus du lias et
au-dessous des couches qu’on peut rapporter à largile d'Oxford ;
que, par leur position et par les fossiles animaux qui se trouvent
dans d’autres couches de ce même système, on doit le rapporter à
loolithe de Bath. Le mémoire de M: Murchison prouve que la
même plante se retrouve dans un état de conservation beaucoup
moins parfait dans les couches qui accompagnent le charbon de
Brora en Écosse. .
La position des couches dans lesquelles on a observé des fragmens
de cètte plante, en France et en Allemagne, n’est pas aussi bien dé-
terminée. M. Voltz, dans les notes qu'il a bien voulu me communi-
quer, rapporte les couches qui contiennent ce fossile , à Balbronn
et à Gemonval aux marnes irisées , et celles des environs de Studt-
gard, au quadersandstein. Enfin la position précise de la magnésiie
de Baldissero n’est pas encore bien fixée. Dans tous ces lieux, on
n’a trouvé que des fragmens de gaines de cette espèce d’Equisetum ;
mais , malgré l’imperfection des échantillons (1), je ne doute pas
de leur identité avec ceux de Whitby, et cette identité pourrait faire
présumer celle de l'époque de formation des terrains où on les ren-
contre; car en Angleterre, où les terrains secondaires ont été si
bien étudiés, on n’a trouvé jusqu’à présent aucun indice de cette
plante, ni dans le lias, ou dans les couches plus anciennes que lui, -
ni dans les formations analogues ou plus récentes que largile d'Ox-
ford ; ainsi rien, ni dans le calcaire de Stonesfield , ni dans les grès
de Tilgate, n’annonce la présence de cette plante, qu’on peut con-
sidérer comme caractérisant les couches inférieures du calcaire
Jurassique.
(1) Voyez PI. XIII, Fig. 5, une portion de gaîne contenue dans un échantillon de
Gemonval.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 119
4. EQUISETUM INFUNDIBULIFORME, PI. XIE, Fig. 16.
E. caule vaginis infandibuliformibus, sublævibus , profundè den-
tatis, imvoluto ; dentibus vagmarum oblôngis, acutis.
Æquisetum infundibuliforme , Bronn in Bischoff. Kryptog. Gewæchse. Deutschl.,
p. 52, Tab. iv, Fig. 4.
Gis. Terrain houiller.
Loc. Mines de Saarbruck.
Cette plante m'a été qu'indiquée et figurée par M. Bischoff,
dans son ouvrage sur la structure des Cryptogames de l'Allemagne;
cette figure nous, a cependant paru mériter d’être copiée , et c'est
d’après elle que nous avons établi le caractère de l’espèce. Est-ce un
véritable Equisetum ? ou serait-ce un Jeune rameau d’une Calamite
analogue au Calamites radiatus? C’est une question difficile à ré-
soudre. La disposition des gaînes est assez analogue à celle de ces or-
ganes sur les tiges fructifères des Prêles à tiges fertiles différentes des
Uges stériles; mais cependant ces gaînes paraissent encore plus éta-
lées et plus profondément dentées ; elles se rapprochent par ce carac-
tèrèe de celles du Calamites radiatus, et ces deux plantes devront
peut-être former un genre intermédiaire entre les vrais Equisetum
et les Calamites.
Le fragment présentant plusieurs gaines imbriquées, que j'avais
déjà figuré dans mon premier Essai sur la Classification des Végétaux
Fossiles, mais dont je donne une figure plus exacte (PI. XI,
Fig. 14-15), appartient peut-être à cette même espèce; la forme
des dents des gaînes pourrait le faire présumer , d'autant plus que
cet échantillon est également de Saarbruck. |
120 HISTOIRE
5. EQUISETUM DUBIUM, PL XII, Fig. 17-18.
E. ramulis elongatis, cylindricis; articulis approximatis ; vaginis im-
bricatis , vix suleatis, 6-8-dentatis , dentibus acutiusculis.
Gis. Terrain houiller.
Loc. Wigan dans le Lancashire en Angleterre. (Coll. du docteur Hibbert.)
Cette impression trés-peu nette m'a laissé quelques doutes sur sa
structure , que j'ai rendue le plus exactement possible dans la figure
qui la représente ; les rameaux n’offrent pas tout-à-fait la disposi-
tion des gaînes des vrais Equisetum et rappelleraient plutôt ceux des
Casuarina; mais il est difficile de se former une opinion sur ces
fragmens, que je me contente de signaler à l’attention des naturalistes,
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 121
CALAMITES.
Calamites , Suexkow, ScuLorx., Srerns, , Anti Jet!
VEG. Caulis subcylindricus, articulatus, sulcatus, cortice
magis minüsve crassà carbonaceà tectus. Articulationes
et sulci externè aliquandd vix ac ne vix quidem distincti ,
in caule decorticato semper manifesti; sulei regulares ,
paralleli, infra et supra articulationes alternantes ) quan-
doquè convergentes. |
Vaginæ, düm exstant, patentes, profundè multidentatæ ,
sæpiüs ver nullæ ; tuberculi infra articulationes , inter
sulcos , symetricè dispositi, vaginarum abortarum sæpis-
simè locum tenentes.
Frucr. Ignota,
La distinction des espèces de ce genre est très-difficile à établir
sur des caractères un peu précis, car nous ne pouvons déterminer
qu'avec doûte les modifications de structure qui, sur ces plantes à
l'état vivant, pouvaient fournir les signes distinctuifs les plus con-
stans; et en ouire leur état imparfait de conservation ne nous
permet pas toujours de bien apprécier ces caractères.
Sur les échantillons complets et bien conservés , la forme des côtes
et des sillons, tant à la surface externe de l'écorce que sur le noyau
intérieur , l'épaisseur et la disposition de cette écorce, paraissent
fournir les meilleurs caractères; mais souvent les échantillons sont
dépourvus de leur écorce et ne présentent qu'une partie de leurs
signes caractéristiques; alors la-détermination des espèces devient
nécessairement douteuse, et nous devons reconnaître que ce genre est
un de ceux où il reste le plus à faire sous le rapport de cette détermi-
nation. Les descriptions et les figures des espèces de Calamites
I, ; 16
122 HISTOIRE
publiées jusqu'à ce jour, sont la plupart si imparfaites que nous
avons été obligé de négliger presqu'éntièrement celles que nous ne
pouvions pas étudier sur la nature; à moins que les caractères de
ces espèces ne fussent bien tranchés, ce qui est assez rare. Nous
avons rejeté en appendice , à la fin de ce genre, les espèces indiquées
par divers auteurs, et sur lesquelles nous n'avons pas pu nous former
une opinion arrêtée, soit parce que ces auteurs n’ont pas publié de
figures, soit parce que ces figures ne représentent que des échantil-
lons incomplets. On est même étonné de voir que dans des ouvrages
récens ont ait publié des dessins si imparfaits de ces plantes , tandis
qu'il y a plus de quarante ans , Suckow avaït déjà donné de très-
bonnes figures de plusieurs d'entre elles.
1. CALAMITES RADIATUS, PI XXVI, Fig. 1-2.
C. caule cylindrico, diametro pollici æquali, cortice destituto ;
articulationibus æquidistantibus ; sulcis parallel, profundè no-
tatis; costis convexis, + lineä latioribus. Vagmæ articulationibus
inseriæ , patentè radiantes , profundè dentaiæ ; dentibus acutis,
partem integram æquantibus vel superantibus.
Gis. Dans le térrain de transition. (’ol£z. )
Loc. Bitschweiler dans le val Saint-Amarin, département du Haut-Rhin.
(Muséum de Strasbourg.)
Cette plante remarquable offre, lorsqu'on l'isole de la roche
environnante ; tous les caractères des tiges des Calamites dépourvues
d'écorce ; mais celte roche contient une portion de la gaîne qui cor-
respond à une des articulations. Cetté gaîne, analogue par son
organisation à celle des Équisetumt, en diffère par la manière dont
ellé est étalée dans un plan perpendiculaire à l’axe de la tige.
On pourrait présumer que dans les autres espèces de Calamites,
il existait de semblables gatnès qui se séraïent détruites, ou qui
seraient restées engagées dans la roche; mais on n'en à jainais vu
d'indice dans cette roche , et em outre on observeraït nécessairement
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 193
sur l'écorce, lorsqu'elle persiste, des traces de l'insertion de cette
gaine autour des articulations , ce qu'on n’a pas remarqué,
Ce ne serait donc.que dans les espèces qui n’ont été trouvées Jus-
qu'à présent que dépourvues d’écorce, qu'en pourrait présumer
l'existence d’une semblable gaîne.
Le terrain qui contient cette plante occupe, d’après les renser-
gmemens que M. Voltz a bien voulu me communiquer , les vallées
de Saint-Amarin, de Mazevaux, de Guebwiller, le fond de la
vallée de Munster et quelques autres parties. des Vosges; il est
composé de schistes de transition , de grauwake, de porphyre ; sa
stratification est presque verticale, il renferme aussi quelques
couches d’anthracite, de grès anthraciteux et d'un pétrosilex frag-
mentaire. L/échantillon de Calamites appartient à cette dernière
roche. |
2. CALAMITES DECORATUS, PL XIV, Fig. 1-5.
C. cortice tenui, æquali; articulationibus approximatis ; costis
planis, æqualibus, parallelis, lineam superantibus ; tuberculis
Subrotundis, prominentibus, vel uno vel utroque latere arti-
culationum notatis.
Calamites decoratus, Ad. Brong., Class. vég. foss., p. 17, PL I, Fig. 2. —
Artis, Antedil, Phytol., Tab, xxiv.
An Calamites decoratus, Schloth., Petref., p. 4o1? — Sternb., Flor. du
Mond. primit., Fasc. 1v, p. xxvur ?
An Calamites ornatus , Sternb. , L. c.?
Gis. Terrain houiller.
Loc. Mines de Lowmoor et de Lea-Brook dans le Yorkshire. (Gallois, Artis.)—
Mines de Mannebach et de Saarbrück en Allemagne. (Schlotheim, Sternberg.)
Les échantillons de cette espèce que nous possédons , sont assez
imparfaits ; mais ceux figurés par M. Artis, que nous avons re-
produits, PL. XIV, Fig. 1 et >, donnnent une idée plus exacte de
l'ensemble de la plante. Nous avons représenté cette plante et plu-
sieurs autres de ce genre, dans la position où on les place ordinai-
| 16.
124 HISTOIRE
rement, c’est-à-dire avec l'extrémité renflée et arrondie, qui les
termine quelquefois , placée en haut; nous présumons cependant
que cette partie devrait plutôt être considérée comme la base, et les
tubercules plus gros qui naissent de ces articulations , comme des
indices de l’insertion des racines; en effet, ces tubercules n’ont pas le
même aspect que ceux des autres parties de la tige, et paraîtraient de
véritables cicatrices ; on remarque aussi que les articulations sont
plus rapprochées vers cette extrémité, comme cela a lieu vers la
base des tiges des Equisetum vivans et de l'£quisetum columnare ;
lexirémité supérieure de la tige des Calamites, nous semblerait
plutôt se terminer em s’amincissant graduellement, comme on
lobserve sur le Calamites cannæformis ( PI. XXI, Fig. r ), et sur
le Calamites approximatus (PI. XV, Fig. 7-8 ).
MM. Schlotheim et Sternberg n'ayant pas publié de figure des
espèces citées, leurs synonymes ne peuvent pas être bien certains,
quoique leur description s'applique assez exactement à cette espèce.
3. CALAMITES SUCKOWIT, PI. XIV, Fig. 6; PI. XV, Fig. 1-6; PI XVI.
€. cortice ienuissimâ, sulcis longitudinalibus externè notatà;
articulationibus magis minüsve distantibus; costis planis, pa-
rallehs , æqualibus, latitudine lineam æquantibus vel paululim
superantibus; sulcis pauld profundis , distinctis. Costæ decor-
ticalæ , externis subsimiles, convexiores, vix striatæ ; tuberculi
magis minüsve distincti et repulares.
Calamites, Suckow, in Act. Acad. Theod. Palatinæ, tom. V, p. 357 et seqq. ;
Tab. xv, Fig. 1. Tab. xw, Fig. 2. Tab, xvur, Fig. n1. Tab. x1x, Fig. 8-9. — Ram:
juniores, Tab. xvr, Fig. 3-4.
An Calamites pseudo -bambusia , Sternb. , Fasc. 1, p. 22-24, Tab. xur, Fig. 3 ;
Fasc. 1v, p. xxvi (sed tuberculis destitutus) ; et Calamites ornatus, Fasc.1v,
p- xxvir (absque icone ) ?
Far. «. Articulationibus inæqualiter distantibus, internodüs diametro caulis sæpiüs
subæqualibus ; tuberculis subrotundis ; costis quandoquè eonfluentibus. (PI. XV , Fig. 1-4).
Var. 6. Articulationibus approximatis ; costis parallelis, tuberculis elongatis. (PI. XVI,
Fig. 2-4.)
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 125
Var. 4. Articulationibus distantibus ; costis subplanis ; tuberculis inferioribus (?) elongatis,
superioribus (?) subrotundis.
Var. 0. Articulationibus distantibus (internodiüis diametro caulis subæqualibus) ; costis
convexioribus non carinatis ; tuberculis vix distinctis aut sæpiüs nullis. (PI. XVI, Fig. 1.)
Var. s. Costis medio carinatis ; tuberculis elongatis. (PI. XV, Fig. 5 et 5.)
Gis. Terrain houiller.
Loc. far. «. Mines de Newcastle (Losh),. — Doutweiler près Saarbruck. —
Mines des environs de Liége (Davreux). — Anzin près Valenciennes. ( Coll.
de l’école des mines.)
Var. 6. Mines de Litry, département du Calvados.
Var. y. Wilkesbarre en Pensylvanie ( Cist.)
Var. 5. Mines de Richmond en Virginie.
Var. e. Puits Saint-Charles, à Anzin près Valenciennes.
Les cinq variétés que nous indiquons ici , s’éloignent assez les unes
des autres au premier aspect; mais cependant l’examen attentif de la
valeur des caractères par lesquels elles différent nous semble ne pas
permettre de les séparer ; ainsi l’irrégularité qu’on observe dans la
distance des articulations dans la var. +, prouve que ce caractère n’est
pas même constant dans les mêmes individus, et ne peut pas servir à
distinguer spécifiquement la var. 8. Peut-être la forme des tubercules
serait-elle plus essentielle ; cependant ce caractère manquant souvent
sur beaucoup d'échantillons , il est difficile d'apprécier l’importance
de ses variations, qui d’ailleurs ne paraît pas aussi grande qu’on
pourrait le penser, puisqu'on les voit, sur un même échantillon,
manquer sur une articulation et exister sur une autre, ou être
ronde sur l’une et ovale sur l’autre, comme je l'ai observé dans la
var. 7.
La forme des côtes paraît avoir plus de valeur comme caractère
distinctif. Cependant la carêne qui parcourt celles de la var. «, dis-
paraissant presque entièrement dans d’autres parties du même
échantillon, nous n'avons pas cru devoir distinguer cette variété
comme espèce, d’après ce seul caractère.
La var. y n’est fondée que sur un seul échantillon assez incomplet.
126 HISTOIRE
La var. 5, dont la surface externe est assez mal conservée, se
rapporte cependant à cette espèce par sa forme générale et par la
ténuité de MÉConSEe Les côtes sont seulement plus convexes, ce
qui peut tenir à une moindre compression ; car ces tiges , qui étaient
probablement verticales, paraissent avoir été comprimées dans le sens
de leur longueur, et présentent des replis nombreux qui semblent
indiquer combien leurs parois étaient minces et flexibles. _Get échan-
üllon est même fort remarquable sous ce rapport, et prouve que
ces tiges étaient fistuleuses comme celles des Equisetum vivans.
La fig. 6, PI. XIV, qui représente un échantillon de la col-
lection d'Oxford , est réduite environ à moitié de la grandeur na-
turelle. Cette plante, qui se rapporte à la var. +, paraît aussi avoir
été placée verticalement : elle offre des plis transversaux comme celle
que nous venons de décrire e; mais ces plis y sont moins marqués.
C'est surtout par la forme générale que cet échantillon me paraît
intéressant ; en effet, il nous offre d’une manière presque évidente
la partie inférieure d’une de ces tiges, et on voit que cette tige, vers
sa base, se dilate et présente des articulations beaucoup plus rap-
prochées, tandis que supérieurement ces articulations deviennent
plus distantes les unes des autres.
Nous avons rapporté avec doute à cette espèce les Calamites
pseudo-bambusia et ornata de M. de Siernberg. L'absence ou la
présence des tubercules autour des articulations, ne paraît pas
suffisante pour distinguer des espèces ; car, ainsi que nous l’avons
dit , on les voit souvent manquer à une articulation et exister sur
une autre. D'ailleurs, la figure de la première espèce paraît faite
sur un échantillon dépourvu d’écorce et non comprimé, et dans
ce cas les tubercules articulaires sont beaucoup moins visibles.
Quant au €. ornatus, sa description convient également bien
à cette espèce et à la précédente, et sans figure il est presque-impos-
sible d'établir une synonymie exacte dans une partie de l’histoire
naturelle aussi obscure,
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 12
1
4. GALAMITES UNDULATUS, PI. XVII, Fig. 1-4.
C. cortice tenuissimä , articulationibus distantibus; costis planis,
lævibus, medio subdepressis , sæpè undulatis, lineam diametro
æquantibus; sulcis profundis, rotundatis. Costæ decorticatæ ,
planæ , reticulatim rugosæ.
Calamites undulatus, Sternb., Fasc. rv, p. xxvi?
Gas. Terrain houiller.
Loc. Lowmioor dans le Yorkshire(Gallois).—Radnitz en Bohême (Sternberg)?
Cette espèce est surtout remarquable par ses côtes ondulées , dont
la surface, lorsqu'elle est dépourvue de son épiderme charbonneux,
présente des stries réunies par des lignes transversales formant un
réseau à mailles carrées, qui paraît produit par les cellules sous-
Jacentes.
Du reste, cette espèce , par la grandeur et la forme de ses côtes ,
ressemble beaucoup à la précédente, dont elle ne devrait peut-être
former qu'une variété.
5. CALAMITES RAMOSUS, PI XVIT, Fig. 5-6.
C. caule ramoso , articulationibus distantibus, costis decorticatis,
planis , lined latioribus; rami (non verticillati ? ) laterales, articu-
lationibus basi rotundà inserti.
Calamites ramosus, Artis , Antedil. Phytol., PL. 11.
Calamites nodosus, Sternb., Fasc. n, p. 27-32, Tab. xvr, Fig. 2; non Schloth.
Calamites carinatus, Sternb., Fasc. 1, p. 36-39, Tab. xxx, Fig
G1s. Terrain houiller.
Loc.Mines de Lea-Brook et d'El-Secar dans le Yorkshire (4rtis). —Mannebach
et Wettin en Allemagne ( Sternberg')?
Je n'ai vu aucun échantillon de ces plantes; mais il me paraît
très-probable que les trois synonymes cités ci-dessus se rapportent à
120 HISTOIRE
la même espèce ; il n’y a pas de véritable différence spécifique entre
le €. ramosus Artis, et le C. nodosus Sternb. ; ou du moins pour
en trouver 1l faudrait pouvoir comparer les échantillons. Quant au
C. carinatus , M. de Sternberg l’a je crois, établi d’après le même
dessin que j'ai figuré, PI. XVII, Fig. 6, et qui nv'avait été commu-
niqué par M. Buckland ; il me paraît difficile de fonder une espèce
sur un échantillon aussi incomplet et d'après lequel on ne peut pas.
bien juger de la disposition ni du mode d'insertion des rameaux.
M. Artis dit que la tige dont il a figuré un fragment (1), avait
8 à 9 pieds de long, et que plusieurs autres étaient d’une grande
longueur, et portaient les commencemens de plusieurs branches.
Sur cet échantillon, le mode d'insertion de la branche est bien
exprimé et ne ressemble en rien à celui des Graminées ; il est au
contraire tout-à-fait analogue à celui qu'on observe sur les Equi-
sétum à rameaux non verticillés.
6. CALAMITES CRUCIATUS, PI. XIX.
GC: cortice tenui, articulis approximatis, æqualiter distantibus.
Impressiones concavæ, hemisphæricæ, quincuncié dispositæ,
in articulationibus notatæ. Cosiæ planæ, angustæ, parallelæ vel
confluentes , sulcis paulo profundis distinctæ ; tuberculis nullis ?
Calamites cruciatus , Sternb., Fasc. 1v, p. xxv, Tab. xx, Fig. 5.
Calamites regularis? Ejusd., Tab. zx, Fig. r.
Gis. Terrain houiller.
Loc. Mines de Litry, département du Calvados. — Saarbruck ( S'ternberg ).
Cette plante ressemble, par l'épaisseur de son écorce, la régula-
rité et la forme des côtes et par le rapprochement des articulations,
au Calamites Suckowii, var. 8 ; elle en diffère surtout par des im-
pressions concaves , placées régulièrement, au nombre de dix à douze,
(1) Voyez PI. XVII, Fig. 5, la copie de la figure de M. Artis.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 129
sur chaque articulation, et de. telle sorte que celles de deux arti-
culations qui se suivent, alternent entre elles ; il en résulte que la
tige semble couverte d’impressions disposées en quinconce; entre
ces impressions grandes. et-très-marquées, il en existe de plus
petites, moins profondes, séparées par un espace égal à peu près à
la largeur de trois à quatre, côtes.
Cette disposition, très-distincte et très-régulière sur la face de
Véchantillon que j'ai figurée, l’est beaucoup moins de l’autre côté,
où toutes ces impressions sont presque également marquées; ce-
pendant, dans quelques endroits, on croit retrouver des indices de
la même structure, qui a peut-être disparu en partie par suite
de la conservation moins parfaite de ce côté de la tige.
Ces impressions sembleraient indiquer des insertions de rameaux
verticillés , comme dans les vrais Equisetum ; mais on ne peut for-
mer que des: conjectures à cet égard, aucune trace des rameaux
eux-mêmes n’existant sur l'échantillon.
Les deux espèces figurées par M. de Sternberg, ne me paraissent
différer de celle-ci, que par Pétat mcomplet des échantillons. Celui
que J'ai figuré , est au contraire très-entier et complétement isolé.
7. CALAMITES CISTII, PI XX.
C. cortice tenuissimà, vix striatà; articulationibus distantibus; costis
angustis , convexis, obtusè carinatis, sulcis rotundatis. Caudex
decorticatus conformis.
Gas. Terrain de houille et d'anthracite.
Loc. Mines d’anthracite de Wilkesbarre en Pensylvanie (Cist). — Mines de
houille de Silésie (Gravenhorst).—De Montrelais, département de la Loire-
Inférieure (Dubuisson ). — De Saarbruck (Coll. des mines). — Dans les
schistes qui accompagnent les anthracites de Puy-Ricard près Lamure, dé-
partement de l'Isère ( Ælie de Beaumont).
” Gette espèce, dont les tiges acquièrent souvent un grand volume ,
et dont les articulations et les stries sont très-régulieres , diffère
I. 17
130 HISTOIRE
surtout des espèces précédentes par ses côtes plus étroites, plus
convexes, en général un peu carénées, et par les sillons qui les sé-
parent, plus larges, moins profonds et moins aigus; son écorce,
qui manque souvent, surtout dans les terrains d’anthracite, est
très-mince ; on voit à la base des côtes, des tubercules peu saillans
et allongés, qui existent quelquefois des deux côtés de l'articulation.
Les échantillons des diverses localités que nous avons citées, sans
être parfaitement identiques, paraissent se rapporter à la même
espèce ; et ce fait est d'autant, plus curieux qu’ils proviennent non-
seulement de lieux très-éloignés , mais de terrains qui paraîtraient
appartenir à des époques de formation très-différentes , si l’on admet
opinion de M. Élie de Beaumont, suivant laquelle les anthracites
de la Savoie feraient partie de la formation du lias (1).
8. CALAMITES DUBIUS, PI. XVIIT, Fig. 1-3.
C. articulationibus distantibus ; costis parallelis , latitudine lineam
vix æquantibus, in caule coriice destituto convexis, lævibus ;
sulcis bistriatis , tuberculis ovatis.
Calamites dubius, Artis, Anted. Phytol., Tab. xur.
Gis. Terrain houiller.
Loc. De la mine de Leabrook près Wentworth, dans le Yorkshire ( #rtis ). —
Mines de Zanesville, dans l'état de l'Ohio-( Granger).
. Cette plante paraît différer des autres espèces du même genre,
par la forme des sillons qui séparent les côtes de la tige ; ces sillons
sont formés de deux stries profondes , séparées par une surface à
peu près plane; ils correspondent aux tubercules ovales qui termi-
nent les côtes placées de l’autre côté de Particulation.
Les échantillons que j'ai vus, et ceux figurés par M. Arts , sont
dépourvus de leur écorce; cette plante n’est donc connue qu'im-
parfaitement.
(1) Voyez les Annales des sciences naturelles. Juin 1828.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 134
Les Figures ret 2 de:la Planche XVIII sont copiées d’après celles
de M. Artis ; les échantillons que je possède étant moins cornplets :
ils présentent aussi, vers leur partie supérieure ; des rephis qui
indiquent le peu’ de solidité de ces ‘tiges.
Le détail, Fig:38,:est fait d’après un échantillon de Zanesville.
9 CALAMITES CANNÆFORMIS, PI. XXI.
: G: cortice tenui, #quali;articulationibus magis minusve distantibus
regularibus ; subéontractis costisque ‘externè distinctis ; costæ
convexæ, lineam ‘latitudine superantes ; tuberculi subrotundi
vel oblongi , in caule décorticato disuinctiores.
Calamites cannæfornus, Schloth., Petref., 398, Tab. xx, Fig. 1. — Sternb.,
Fasc, 1v, p. xxvr.
Calamites pseudo-bambusia, Artis, Antedil. Phytol.,
Fasc. 1, p. 22-24, Tab. xx, Fig. 3?
Knorr et Walch, suppl. I, II et III.
Steinhauer, Trans. Amer. phil. soc., tom. I, Tab. v, Fig. 2.
PI. vr. — Sternb. ;
Gis. Terrain houiller.
Loc. Dans les mines de Langeac, département de la Haute-Loire (Pomier).—
D’Alais ( Decandolle). — De Geislautérn (Grandin). = De Leabrook ‘en
Yorkshire (Artis ).— De Mannebach, de Wettin, de Radnitz en Allemagne
(S'ternberg).
Gette espèce diffère. du C: Suckowii , dont elle a la: grandeur et
la régularité ; par son épiderme-un peu plus épais, et surtout par
ses, côtes plus convexes, plus larges, moins aplaties , séparées par
des sillons moins profonds ; plus larges-et moins aigus : ce qui
rend ces: côtes beaucoup.moins distinctes extérieurement.
Cette plante se trouve souvent.en échantillons très-grands; ceux
de Langeac, que je dois à M. Pomier, professeur au collége de
Brioude , ont plus de 2 pieds de long : la Fig. 1 , PI. XX, en repré-
sente un réduit au tiers. M. Artis en cite de 5 pieds de long, et
remarque également la manière dont ils deviennent de plus.en plus
17.
132 HISTOIRE
étroits à leur partie supérieure. Mais on n’a jamais bien observé
cependant leur mode de terminaison aux deux extrémités.
Le synonyme du ©. pseudo-bambusia de M. Sternberg est fort
douteux ; en effet sa figure peut également bien se rapporter à cette
espèce et au €. Suckowtt , à l’article duquel nous l'avons déjà citée.
10. CALAMITES PACHYDERMA, PI XXII.
CG: cortice crassà , sublævi ; articulationibus remotis, costisque ex-
ternè vix distinctis; costæ in caule decorticato distinctæ , latitudine
lineas duas subæquantes, planæ vel paululum convexæ, inæquales,
quandoquè convergentes ; tuberculi subrotundi, vix notati.
Gis. Terrain houiller.
Loc. Mines de Saint-Étienne , département de la Loire. — Mines d'Irlande
(Serle ).*
Cette espèce est l’une des plus grandes de ce genre, ses tiges ont
presque > pouces de diamètre; et la distance des articulations doit
faire présumer qu’elles atteignent une grande longueur. A Saint-
Étienne, où les tiges traversent verticalement les couches qui re-
couvrent la houille de la mine du Treuil, elles ont jusqu'à 10 ou
12 pieds de long, et leurs extrémités ne sont pas entières, ce qui
doit faire supposer qu’elles atteignaient une taille encore plus
considérable (x).
Le caractère qui distingue essentiellement cette espèce de la
précédente , est l'épaisseur considérable de l'écorce. Du reste , elle
lui ressemble beaucoup par la forme et la proportion de ses diverses
parties , et lorsqu'elles sont dépourvues de cette écorce on peut faci-
lement les confondre. Sur les échantillons non COMpPrimes , les
côtes sont plus convexes que sur ceux qui ont été trouvés hori-
zontalement.
(1) Voyez le Mémoire de mon père, sur les tiges verticales du terrain houiller de Saint-
Etienne. Annales des mines, tom. VI, p. 357.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 133
Cette espèce et les suivantes, qui ont l'écorce également fort
épaisse , ne m'ont Jamais présenté les plis transversaux que J'ai figurés
sur le C. Suckowiü et sur le C. dubius , et qu’on remarque fréquem-
ment sur les espèces à écorce mince ; ce qui ferait présumer que ces
tiges fistuleuses devaient principalement leur solidité à cette écorce.
11 CALAMITES NODOSUS, PI XXIII, Fig 2 - 4.
C. cortice crassiusculà , externé lævi, articulationibus costisque vix
notatis ; caule decorticato distincté articulato , ad articulationes
sæpé inflato, nodoso, secundum longitudinem irregulariter et
levissimè siriato ; tuberculis nullis ?
Calamites nodosus, Schloth., Petref., p- 4o1, Tab. xx, Fig. 3. Non Sternb.
Calamites tumidus, Sternb. , Fasc. IV, P. XXVI.
: : à
Gis. Terrain houiller.
Loc. Mines de Newcastle (Losh). — De Lardin et de Mazubrier, département
de la Dordogne ( Brard),
On ne saurait confondre cette espèce avec les autres plantes de ce
genre , dont elle se distingue par son écorce assez épaisse ,.compléte-
ment dépourvue extérieurement de sillons et d’articulations , ou n’en
présentant que des indices très-vagues , et par l'irrégularité et le
peu de saillie des côtes qui sont marquées à la surface des tiges -
depouillées de leur écorce.
Elle se rapproche surtout de l'espèce précédente , par l'épaisseur
de son écorce; mais elle en différe par les côtes, beaucoup moins
distinctes et moins régulières sur les parties privées de cette écorce.
12, CALAMITES, APPROXIMATUS., PI. XXIV et PI. XW , Æig.,7 et.8.
“? ° A F : % À 4 È AN ÿ
G.,cortice crassä.,-articulationibus approximatis costisque. extérnè
vix ac ne vix quidem distinctis. Articulationes ; in. caudicibus
134 HISTOIRE
decorticatis, profundé notatæ , contraclæ ; cost convéxæ > spé
confluentes , sulcis profundis distinctæ ; tubéreuli null.
Calamites approximatus!) Sternb: s1Fasc:1vi} ps xx vi
Calamites ‘approximatus..et. €! interruptuss..Schloth. ; Petref.:, :p.. {064
Tab, xx, Fig. 2.
Calamites approximatus, Arts, Antedil. Phytol., PL 1
Par. «. Articulationibus magis approximatis, profundius notatis, contractis.
Var. £. Articulationibus remotioribus , minüs profundè notatis.
Var. 3: Minor articulationibus approximatis, costis angustissimis:
Gis: Terrain howillers::5ussen:
Loc. Var. «. Dans les mines d'Alais, département du Gard (1Decandülle): —
De Newcastle (Losh). — Dans les mines de cuivre d’ PÉRRENE: en
Russie (Coll. de l'école des mines )453 os
Var. 6. Mines des environs de Liége ( Davreux ). — De Kilkenny , en Irlande
(Mus. de l'université de Dublin ). 1
Var. y. Mines de Saint-Étienne, département de la Loire (Mus. de Strasbourg).
De toutes les plantes de ce genre, cette espèce est certainement la
plus distincte , et tous les auteurs l’ont déjà bien reconnue ; mais on
n'avait pas eu occasion d'observer aussi-bien la disposition de Pécorce
dont l'épaisseur considérable et la surface externe lisse sont des
caractères importans qui distinguent facilement cette plante du
Calamites decoratus, dont elle se rapproche un peu par ses arti-
culations rapprochées.
La Var. ; diffère beaucoup des deux autres , par sa petitesse et
par la finesse des stries qui sont marquées sur son noyau ; mais elle
a tous les autres caractères de cette espèce, ce qui nous a engagé à
ne pas la séparer.
On ne voit sur ces plantes aucune trace de tubercule sur la sur-
face externe de l'écorce , et-sur la plupart-des échantillons , on n’en
- voit même pas sur les parties dépouillées d’écorce ; mais sur ceux
de la Var. y, on remarque de très-petits talseec uses à Pextrémité
des côtes sur la tige privée de son écorce. ‘11
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 135
Les fig. et8;, PL. XV, sont copiées d’après l'ouvrage de M. Artis ;
elles font bien connaître la forme générale de cette plante.
13: CALAMITES STEINHAUERI, PI. XVII, Fig. 4.
C. caule decorticato , cylindrico, articulato ; articulationibus ap-
proximatis, valdè .notatis; costis latissimis, 3-4 lineas latitudine
: æquantibus, planis; tuberculis rotundis, maximis.
Steinhauer , Trans. Americ. philos. soc. , tom. 1, PI. v, Fig. :
Gis. Terrain houiller.
Loc. Mines du Yorkshire.
Je ne connais, cette espèce que par la figure remarquable que
M. Steinhauer en a publiée et que Je reproduis ici.
Comme espècé, cette plante paraît différer de toutes celles que
nous connaissons ; elle ne pourrait avoir quelqu’analogie qu’avec le
Calamites gigas , qui lui-même ne nous est connu que irès-impar-
faitement , et dont elle diffère par ses articulations très-rapprochées,
par ses côtes planes et par les larges tubercules arrondis qui sont
marqués autour des articulations.
Le mode de terminaison des Calamites, dont cette espèce nous
offre un exemple SE tUAuE » mériterait de fixer un moment notre
attention ; mais , à l’article du Calamites decoratus , J'ai déjà exposé
les raisons qui me font présumer que cette extrémité arrondie est
la base de ces tiges, et non la partie supérieure, comme les
auteurs qui se Sont occupés de ces plantes paraissent lavoir géné-
ralèment admis, et comme je lavais d’abord pensé moi-même.
La figure du Calamites Steinhaueri devrait, dans ce cas, être
placée dans une position inverse.
14. CALAMITES VOLTZII, PI XXV.
C. cortice crassiuscula, articulationibus distantibus, caule dif-
formi , superius coarctato , ad articulos nodoso , impressionibus-
136 HISTOIRE
que subrotundis sparsis notato ; costis latissimis, imperfecté
expressis.
Gis. Terrain d’anthracite de transition (Woltz) (x).
Loc. Zundsweïher, dans le grand-duché de Bade. (Mus. de Strasbourg.)
Cette espèce smgulière s'éloigne des autres plantes de ce genre,
par plusieurs caractères et surtout par son peu de régularité. La
tige diminue successivement à chaque articulation, de manière à
être formée d’une succession d'articles cylindriques de plus en plus
étroits ; les côtes sont larges et assez mal exprimées dans la plupart
des parties de cet échantillon ; enfin, on ne voit pas de tubercules
réguliers autour des articulations, mais des indications d'insertion
produites probablement par des rameaux où par des racines, et
disposées sans ordre.
_* Espèces imparfaitement connues.
15. CALAMITES GIGAS, PL XXVIL.
C, caule decorticato, articulato , diametro pedem subæquante ;
costis 4-5 lineas latitudine superantibus , convexis ; tuberculis
nullis.
Gis. Inconnu.
Loc. Inconnue.
Malgré son état imparfait, cette plante paraît bien appartenir à
ce genre : on voit distinctement sur les deux échantillons que Je
possède, une articulation semblable à celles des autres Calamites ;
mais sa taille considérable suffit pour la distinguer des autres espèces
de ce genre.
G)M. Voltz n'écrit: « Ge terrain est composé de schistes et de grès analogues à ceux du
terrain houiller et de quarz et de pétrosilex fragmentaire ; je le crois subordonné dans un
terpain de quarz et de gneiss. Il renferme des couches assez irrégulières et nombreuses ,
mais très-peu étendues, d’anthracites. »
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 137
16. CALAMITES MOUGEOTI. PI. XXV, fig, 4, 5.
C. articulis diametro caudicis subæqualibus, ramulo ad arucula-
tiones quandôque inserto; costis in caule decortitato parallelis ,
regularibus , lineà latioribus , planis.
Gis. Dans le grès bigarré.
Loc. Marmoutier, département du Bas-Rhin (Museum de Strasbourg).
Cette espèce et les deux suivantes ont tant de rapport entre elles,
soit par leurs caractères, soit par l'identité de leur gisement, que
peut-être devrait-on ne les considérer que comme des variétés d’une
même espèce. Cependant Les caractères du Calamites arenaceus m'ont
paru si constans sur un grand nombre d'échantillons, cette espèce
étant la plus commune des trois, que je n’ai pas pu m'empêcher d'en
distinguer les deux autres.
Toutes trois n’ont été trouvées que dans un état de conservation
assez imparfait, c’est-à-dire, sans écorce charbonneuse. On ne peut
pas supposer que cette écorce soit elle-même transformée en grès,
car, dans tous les autres végétaux fossiles du même terrain, les par-
ties qui répondent à la matière végétale se distinguent par la présence
d’une substance d’un brun foncé, ou du moins par une coloration
plus intense que celle de la roche environnante, et par l'aspect lisse
et uni de ces parties. L'absence de ces caractères dans ces trois espèces
de Calamites me fait penser que ce ne sont que des sortes de noyaux
intérieurs, comme beaucoup de tiges du terrain houiller.
Le Calamites Mougeotit ne nous est connu que par un petit nombre
d'échantillons ; il se distingue du Caturnites arenaceus par les côtes de
sa tige, au moins du double plus larges, ayant une ligne ou même un
peu plus d’une ligne de largeur, et par la forme aplatie de ces côtes.
Cette espèce n’a été trouvée que dans le grès bigarré des Vosges;
nous lui avons donné le nom d’un des naturalistes qui a le plus con-
tribué à faire connaître les productions végétales de cette chaîne de
js 18
138 ; HISTOIRE
moniagnes, et auquel nous devons les premiers échantillons de plantes
fossiles du grès bigarré.
17. CALAMITES ARENACEUS. PI. XX V, fig, r, et PL. XXVI, fig. 3, 4 et 5.
C. caudice cylindrico, vel subfusiformi , diametro inæquali , 1-2 pol-
lices rariüs excedente; articulis magis minusve distantibus; ramulo
ad articulationes quandôque affixo ; costis in caule decorticato
tenuissimis, lineâ angustioribus, parallelis, convexis.
Calamites arenaceus minor, JæGEr. Pflanzeyerteinerungen von Stuttgard.
p. 37, pl. UE, fig. 1, 2, 5, 4, 5, 6 et 7; pl. VI, fig. r.
Gis. Dans le grès bigarré et le keuper.
Loc. Wasseloneet Marmoutier, département du Bas-Rhin (Museum de Strasbourg).—
Dans les grès de construction des environs de Stuttgard (Jæger).
Cette Calamite paraît très-commune dans le grès bigarré et dans
le Keuper; nous n'avons pas pu trouver de caractères propres à
distinguer les échantillons provenant de ces deux formations , que
nous avons vus. Elle est toujours dans le même état de conserva-
tion que le C. Mougeotit, c'est-à-dire, toujours dépourvue de son
écorce charbonneuse, dont on voit seulement quelquefois des traces
sous la forme d’une poussière brune qui recouvre la surface des échan-
tillons.
Le Calamites arenaceus est le plus souvent cylindrique; son dia”
mètre est ordinairement d’un à deux pouces, rarement plus petit ou
plus gros; quelquefois la tige est renflée et presque fusiforme comme
dans l'échantillon pl. XXV, fig. 1 ; d’autres fois son volume parait
plus considérable, et cette tige semble se terminer en forme de
cône, comme nous l'avons observé sur un échantillon du Musée de
Strasbourg. Les articulations varient beaucoup, quant à la distance qui
les sépare; la plus considérable que j’aie observée est de 5 pouces et demi
(15 cent.). (PL XXVI, fig. 5.) Ces longs entre-nœuds appartiennent
probablement aux parties supérieures, et l’on voit sur ce même échan-
tillon qu'ils diminuent presque immédiatement au-dessous; leur lon-
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 136
gueur ordinaire est d'environ 2 pouces (5 cent.), et leur moindre
longueur égale 1 pouce: On voit sur les échantillons Cl. XXV, fig. r,
et pl. XXVE, fig. 5), la position et la forme de la cicatrice laissée par
un rameau latéral. Du moins on ne peut, je crois, attribuer à un
autre organe cette cicatrice arrondie. Le caractère essentiel qui dis-
üngue cette espèce de la précédente et de la suivante , est la finesse
des stries qui ont à peine une demi-ligne ( 1 mill.) de large.
18. CALAMITES REMOTUS PI. XXV, fig. 2.
C. caudice angusto , diametro semipollicari; articulationibus remotis-
simis; costis decortitatis lineam subæquantibus, convexis, sub-
carinatis.
Calamites remotus ? Scarors, Nachtr. zur Petref., p. 390.
Calamites distans ? Srerws., lent. Flor. prim. p. 26.
Gis. Grès bigarré.
Loc. Wasselonne, département du Bas-Rhin (Museum de Strasbourg).
C’est avec beaucoup de doute que je rapporte à cette espèce les sy-
nonymes de MM. de Schlotheïm et de Sternberg, car les plantes aux-
quelles ils ont donné les noms cités ont été trouvées par eux dans
le terrain houiller, et les échantillons, d’après lesquels notre descrip-
tion a été faite, sont tous du grès bigarré.
Ge sont des tiges très-grêles , ayant à peine 4 lignes (1 cent.) de
diamètre, dont les côtes sont cependant assez larges, et par conséquent
peu nombreuses, Ces côtes ont près d’une ligne (2 mill.), elles sont
très-régulières, légèrement carénées sur leur milieu ét non aplaties
comme celles du Calamites Mougeotit, Les articulations sont très-éloi-
_gnées les unes des autres, ce qui a fait donner à cette espèce le nom
qu'elle porte, mais nous n’avons jamais eu d'échantillons assez com
plets pour déterminer la distance de ces nœuds qui dépasse quelque-
fois 5 pouces (13 cent.); l'échantillon le plus complet que nous ayons
vu est figuré, pl. XX, fig. 2.
140 HISTOIRE
Observations additionnelles.
Depuis impression de la partie de cet ouvrage relative aux Cala-
mites, j'ai reçu plusieurs échantillons qui nécessiteront peut-être l’é-
tablissement de quelques nouvelles espèces; mais, afin de mieux fixer
leurs caractères, j’attendrai pour les faire connaître le supplément qui
terminera cel ouvrage.
Quelques échantillons du Keuper des environs de Stuttgard que
M. Woliz m'a communiqués, et d’autres dont M. Schœnlein , profes-
seur de clinique à Wurtzhourg, m'a envoyé de très-beaux dessins,
me semblent bien plus importans, en ce qu'ils indiquent l'existence
de deux espèces de véritables Æquisetum dans cette formation, et
peuvent faire présumer que les deux Calamites que nous avons dési-
gnés sous les noms de Calamites Mougeotii er de Calamites arenaceus
sont aussi de vraies Equisetum; cependant les portions de gaînes,
d’une assez grande taille et analogues à celles de l’'Equisetum colum-
nare, qui établissent l’existence de ce genre, appartiennent à des
espèces évidemment différentes de ces deux Calamites , et dont l’une
ne diffère peut-être pas de l’Equisetum columnare, tandis que l'autre ,
dont les gaines sont à dentelures beaucoup plus larges, et que nous
nommons Æquisetum platyodon, est complètement nouvelle. Ces
plantes seront décrites ‘et figurées dans notre Supplément.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. ” 141
VAR AA LI LT LIVES LELLLIE VELI LE VEU LEVULUE VUS SVEUVLELTR VVBULLUA LL LULU LUI S VEVULVIIUAVTIS RE VLLY
FOUGÈRES.
Cette famille est la plus nombreuse de la classe des cryptogames
vasculaires , tant parmi les plantes vivantes que parmi les fossiles;
elle constitue à elle seule la plus grande partie de la Flore des terrains .
anciens, et mérite par cette raison d’être étudiée avec plus de soin
qu'aucune autre sous le point de vue de la détermination des espèces
fossiles.
Son caractère le plus essentiel, celui qui est commun à toutes les
plantes de cette famille et qui la distingue des autres familles de la
même classe, c’est d’avoir toujours les fructifications portées sur les
feuilles, soit que ces feuilles n'aient point subi de modifications
essentielles dans leur forme, soit qu’elles aient perdu, par suite de
la présence des capsules, une partie de leurs caractères extérieurs ;
dans ce dernier cas, un examen plus attenüf fait cependant recon-
paître les parties qui portent les fructifications pour de vraies feuilles.
L'existence des organes fécondans dans ces végétaux est encore
entourée de beaucoup d’obscurité ; Hedwig a cru les reconnaitre dans
de petites vésicules pédicellées qui existent sur les jeunes feuilles, et
qui disparaissent lorsque les organes femelles continuent à se déve-
lopper ; les observations d'Hedwig n'avaient pas, à ce que je sache,
été répétées depuis lui; j'ai étudié sur plusieurs espèces indigènes la
structure et la disposition de ces peuits organes , et j’avoue que leur
examen me porte à regarder comme très vraisemblable l'opinion de
ce célèbre observateur ; il est certain du moins que leur analogie avec
les sacs polliniques des Mousses est complète.
Les capsules qui contiennent jes séminules varient, quant à leur
structure, dans les diverses plantes de cette grande famille, et ces mo-
difications ont servi de base à la division des Fougères en plusieurs
142 HISTOIRE
wibus auxquelles on a donné les noms de Polypodiacées, Hyméno-
phyllées, Gleicheniées, Parkériées, Marattiées, Osmundacées et Ophio-
glossées.
Mais comme les caractères qui distinguent ces tribus sont impos-
sibles à observer sur les espèces fossiles , même lorsqu'on y aperçoit
des indices de fructifications , nous les indiquerons seulement dans le
tableau méthodique que nous donnerons plus bas des genres de cette
famille.
Après la structure des capsules elles-mêmes, les caractères sur les-
quels on a fondé les genres sont la disposition de ces capsules en
groupes de formes diverses sur la surface inférieure des feuilles ; la
déformation de ces feuilles qui donne à l’ensemble des parties cou-
vertes de capsules l'aspect d’une grappe ou d’un épi; l'absence ou la
présence et la forme d'un tégument membraneux qui recouvre où
enveloppe les capsules.
C’est par la combinaison de ces divers caractères qu'ont été fondés
les différens genres que nous allons énumérer méthodiquement.
2
Tableau des genres de Fougères vivantes.
POLYPODIACÉES.
Capsules pédicellées, se rompant irrégulièrement , entourées d'un aneau élastique, étroit,
saillant , articulé, qui se continue avec le pédicelle.
Polybotrya, Humb. et Bonpl. Tœnitis, Swartz.
Acrostichum , L. Nothochlæna , R. Br.
Neuroplaticeros., Pal. Beauv. Adenophorus, Gaud., 1824. (Onychium
Hermionitis, Kaulf. Reinw., 1825.—Lecanopteris, Blume,
Antrophium, Kaulf. 1828).
Gymnogramma , Desv. Potypodium , Swartz.
Meniscium, Swartz. Cyclophorus , Desv. (Wiphobolus, Kaulf.\.
Notholæna, R. Br. Pleopeltis ,Humb. et Bonpl.
Ceterach, Willd. Aspidium, R. Br,
Grammitis, Swartz, Nephrodium , Mick.
Selliguea, Bory. Didymochlena , Des.
Monozramma, Schkuhr. Cistopteris, Desv. ( Aspidium, De C,
Xyphopteris, Kaulf. FI. Fr.).
Cochlidium , Kaulf. Aihiyrium , Roth.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 143
Darea, Juss. Lonchitis , L,
Asplenium , Swartz. Adianthum , Linn.
Diplazium, Swartz. Cassebeera , Kaulf.
Scolopendrium , Smith. Cheilanthes , Swartz.
Allantodia , R, Br. Lindsea, Dryand. (Schizoloma, Gaud.).
Stenogramma , Blume. _ Chnoophora, Kaulf.
IT'oodwardia , Smith. Diacalpe , Blume.
Doodia , R. Br. Toodsia, R. Br.
Sadleria , Kaulf. Arachnoïdes , Blume.
Blechnum, Linn. Hemitelia, R. Br.
Lomaria, Willd. Gymnosphæra , Blume.
Leptochy lus , Kaulf. Alsophila, R. Br.
Hymenolepis , Kaulf. Cyathea, R. Br.
Onychium , Kaulf. Pinonia, Gaud. (Cibotium, Kaulf.).
Cryptogramma, R. Br. Balantium , Kaulf.
Struthiopteris, Wild. Dicksonia , L'Hérit.
Onoclea, Linn. S'accoloma , Kaulf.
Vittaria, Smith. Davallia, Smith.
Pteris, Linn.
HYMENOPHYLLÉES.
Capsules sessiles, se déchirant irrégulièrement , entourées d'un anneau élastique complet, qui
ne correspond pas à l'insertion de la capsule,
Trichomanes ; L. Hymenophyllum, Smith,
PARKERIACÉES.
Capsules sessiles, s’ouvrant par une fente régulière; anneau incomplet, large et très-court ;
séminules peu nombreuses dans chaque capsule.
Ceratopteris, Ad. Brong. (Ellobocarpus, Parkeria, Hook.
Kaulf. — Teleozoma, R. Br.).
GLEICHENIÉES.
Capsules sessiles ou presque sessiles, s’ouvrant par une fente régulière; anneau élastique
complet, large, correspondant au point d'attache des capsules.
Gleichenia, R. Br. (Gleichenia et Merten- Platizoma , R. Br.
sia, Willd.)
144 HISTOIRE
OSMUNDACÉES.
Capsules presque sessiles, réticulées , S'euvrant en deux valves, anneau élastique réduit à une
plaque peu étendue, striée ou réticulée.
Osmunda, Willd. Todea , Willd.
LYGODIÉES.
Capsules sessiles, s’ouvrant par une fente longitudinale, anneau élastique formant une calotte
terminale à stries rayonnantes.
Anemia, Swartz. Schizea, Smith.
Mohria , Swartz. Lygodium , Swartz.
MARATTIÉES.
Capsules sessiles, coriaces, sans aucun anneau élastique, s’ouvrant par une fente longitudi-
nale, libres ou soudées en une capsule pluriloculaire.
Angiopteris , Hoffm. Marattia , Smith.
Kaulfussia, Blume. Danaea ,Smith.
OPHIOGLOSSÉES.
Capsules sans anneau élastique . sessiles , s’ouvrant en deux valves.
Ophioglossum , Linn. Helminthostachys, Kaulf.
Botrychium , Swartz.
On conçoit que les divers caractères sur lesquels on a fondé les
genres des Fougères doivent être très-difficiles, à reconnaître sur .les
plantes fossiles; mais ce qui oblige à chercher dans d’autres caractères
des moyens de classification, c’est l'absence très-ordinaire des fructifi-
cations sur les échantillons de Fougères fossiles.
Les seuls caractères sur lesquéls on puisse fonder cette division,
dans des plantes dont l’organisation est si simple, sont évidemment la
forme des feuilles et le mode de distribution des nervures de ces
organes.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 145
On pouvait même espérer trouver quelques rapports entre la struc-
ture et la disposition des CRE et la distribution des nervures qui
les portent ; cependant il n’y a rien de constant à cet égard, et s’il est
certains genres dans lesquels les caractères déduits de la fructification
et ceux tirés de la structure des feuilles s'accordent, il en est beaucoup
d’autres qui présentent presque toutes les sd ÉNoË possibles dans
la forme de leurs feuilles et dans la distribution de leurs nervures.
Il ne faut pas cependant en conclure qu'il est impossible de faire
accorder ces deux ordres de caractères, mais plutôt que quelques-
uns des genres de cette famille, tels qu'ils sont établis, ne sont pas
naturels, et devraient être subdivisés, soit en plusieurs genres, soit
en sections, fondés non sur le nombre des subdivisions des feuilles ,
caractère qui fournit rarement des groupes naturels, mais sur le mode
de ramification des nervures ; et qu’on ne croie pas que cette réforme
multiplierait beaucoup les genres , elle ne les angmenterait que peu,
parce qu’elle porterait seulement sur quelques genres très-nombreux,
très-variés , et dont l'étude difficile se trouverait facilitée par ce moyen.
Quant à leur mode général de subdivision, les feuilles des Fougères
sont quelquefois simples, mais le plus souvent une fois, deux fois
ou trois fois pinnatifides , à divisions plus ou moins profondes. a
ces dernières divisions auxquelles on donne le nom de pinnules ,
sont presque jamais articulées sur le pétiole commun, les fauillegin ne
sont donc pas dans la plupart des cas réellement OP ; les feuilles
réellement pinnées, bipinnées ou tripinnées, n’existent que dans un
très-petit nombre d'espèces, c’est-à-dire, dans quelques Polypodes et
Adianthum. Quant aux divers modes de distribution des nervures dans
les dernières divisions des feuilles ou pinnules, ceux qui, au premier
aspect , paraissent les plus distincts sont : les nervures pinnées à ner-
vules simples; les nervures pinnées à nervules dichotomes où double-
ment pinnées ; les nervures flabelliformes à nervules dichotomés , et
les nervures réticulées ; cependant toutes ces modifications passent
des unes aux autres, dans beaucoup de cas, par des nuances insen-
sibles ; ainsi les nervures simples sont souvent mêlées sur la même
feuille avec les nervures bifurquées qui, dans d’autres parties de la
I, 19
146 HISTOIRE |
même fronde, deviennent dichotomes; les nervules bifurquées passent
dans beaucoup d’autres cas aux nervures bipinnées, ainsi qu'on peut
le voir sur l'Aspidium mohrioides (pl. XXX,, lie. 4).
Les nervures pinnées passent aux nervures flabelliformes, graduel-
lement dans des espèces très-voisines où dans les diverses pinnules
d’une même plante, cetie dernière modification n'étant due dans
beaucoup de cas qu'à l'allongement des nervures inférieures qui de-
viennent égales à la nervure moyenne.
Enfin, les nervures réticulées ne sont dans certains cas que le ré-
sultat d’une dichotomure répétée assez souvent pour faire rapprocher
et réunir les dernières divisions des nervures.
Il est cependant quelques modes de réticulation des nervures qui
ne peuvent pas se rapporter à une simple modification des autres
modes de distribution des nervures.
Ce sont 1° les nervures réticulées toutes égales (nervi reticulati),
ne naissant pas d’une nervure moyenne, et ne présentant aucun
indice de dichotomuré; tels sont les nervures des Æemionitrs , des
Antrophium ex de quelques Acrostichum (pl. XXXIV, fig. 1,»2).
2° Les nervures que j’appellerai aréolées (rervz areolati ), qui se
recourbént de manière à former des aréoles irrégulières dans les—
quelles quelques-unes d’entre elles viennent se terminer librement et
souvent par un groupe de capsules. Cette disposition se voit dans beau-
coup de Polypodes et d’Acrostics (pl. XXXIV, fig. 4et 5, pl. XXXV,
fig. 1, 2, 3).
3° Les nervures en grillage (nervi clathrati), disposition très-rare
que je ne connais que dans quelques Polypodes (pl. XXX-V, fig. 6),
et à laquelle se rapporte parmi les fossiles le genre Clathropteris.
Malgré les passages fréquens qui existent entre les autres modes
de division des nervures, ces divers modes sont quelquefois assez
constans pour bien caractériser des groupes d'espèces, et pour nous
permettre de distribuer les Fougères vivantes appartenant à des genres
nombreux en sectious très-naturelles qui faciliteront les recherches
de détermination ou de rapprochement des espèces fossiles.
Ainsi, pour en citer un exemple, les Aspidium à frondes pinnées
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 147
ou bipinnées se divisent en deux groupes très-naturels (x); les uns
ont les nervures pinnées à nervules simples , portant les groupes des
capsules vers leur milieu, tels sont les A. unitum Wild (pl. XXVHT,
fig. 8), molle W., novæboracensé W., serr& W.; arbusculum W.,
riparium W., cyathoides Kaulf (pl XXVIT, fig. 7), pauciflorum
K., sulcatum Bory, etc. Les autres ont les nervures pinnées à ner-
vules bifurquées, et les groupes de capsules portés sur une des
bifurcations , de ce groupe sont les A. lonchitis SW. (pl XXX; fig. 1),
aculeatum Sw. (pl. XXX, fig. 2), lobatum Wilhd., proliférum R. Br.,
mohrioides Bory (pl. XXX, fig. 4)'etc.
On conçoit qu’en divisant ainsi tous les genres dont la structure
des feuilles présente des modifications importantes , où seulement
constantes et propres à former des groupes naturels, nous pourrons
ensuité réunir les genres et les diverses sections de genres d'après ces
caractères, et établir une classification des Fougères vivantes qui
pourra être en rapport avec celle que nous sommes obligés d'admettre
pour les Fougères fossiles. |
Outre le mode de division des nervures, il est un caractère de ces
organes , qui, quoique difficile à bien définir, détermine dans les
feuilles ne forme si particulière, lorsqu'il est porté à un haut degré,
qu’il devient nécessaire de l’employer pour le groupement des espèces;
d'autant plas qu'il est fréquemment en rapport avec les genres établis
dans cetté famille ce caractère consiste dans le décroissement très
rapide des nervures d'une subdivision de la feuille, décroissement
tel que les nervures inférieures et les lobes de la feuille auxquels
elles se distribuent , acquièrent une grandeur qui égale presque l’en-
semble des autres lobes terminaux, de sorte que la foliole semble
palmée , et que les nervures paraissent également päliées ou flabel-
liformes. On voit que cette forme de feuille et la distribution des
nervures qui sy rapporte ne sont qu'une modification des, nervures
pinnées ou bipinnées ; aussi trouve-t-0n ous les intermédiaires entre
les deux extrêmes qui sont cependant si différens que nous avons dû
(1) Je ne parle ici que des vrais Aspidium , et non des Nephrodium et À thyrium.
148 HISTOIRE |
en faire parmi les fossiles les deux groupes où genres des Pecopteris
et des Sphenoptertis ; la forme des pinnules propre à ce dernier groupe,
n’existant parmi les Fougères vivantes que dans un nombre de genres
assez limité, détermine avec plus de précision les rapports de ces
plantes fossiles avec Les vivantes.
Entre ces deux groupes , et comme pour les lier, se trouve celui
auquel nous avons donné, parini les fossiles, le nom de AVevropterts,
dans lequel la nervure moyenne surpasse à peine’ les nervures laté-
rales, et dont les nervures inférieures très-longues, plusieurs fois
dichotomes, s’épanouissent en se recourbant vers le bord de la feuille;
la disposition des nervures est presque la même que dans certain
Sphenopteris , mais la nervure moyenne est plus longue, et les pin-
nules sont entières.
Les vraies nervures flabelliformes sont extrêmement rares dans cette
famille; elles n'existent peut-être que dans quelques espèces à frondes
simples, telles que les Ædianthum reniforme et asarifolium, et les Tri-
chomanes reniforme (pl. XXXIL, fig. 1), membranaceum (pl. XXXII,
fig op 3)siete.
Toutes les autres sont des modifications plus ou moins notables dés
nervures pinnées, accompagnées de divisions plus ou moins profondes
des feuilles.
On peut donc classer les Fougères d’après la forme de leurs feuilles
et le mode de distribution de leurs nervures, ainsi qu'il suit:
I. Mervures pinnées , nervules non réticulées.
À. Nervules simples, bifurquées ou pinnées.
a. Fronde simple, nervules simples ou bifurquées (pl. XXVNT, fig. 2, 6). — Te-
niopieris.
b. Pinnules simples ou semipinnatifides à lobes égaux, nervules peu obliques sur la ner-
sure moyenne. — Pecoptéris.
1. Pinnules adhérentes par leur base.
* Nervules simples (pl. XXVIIE, fig. 5, 7, 8).
**_ Nervules bifurquées (pl, XXVUE, fig. 9, 10, 11).
X*X Nervules pinnées.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. - 149
2. Pinnules libres par leur base.
* Nervules simples (pl. XX VIE, fig. 1, 4).
** Nervules bifurquées (pl. XXX, fig: 2)-
*X* Nervules pinnées (pl. XXX, fig. 1, ). »
c. Pinnules profondément lobées, à lobes décroissans , divergens ; nervures bifurquées ou
bipinnées , obliques (pl. XXX , fig. 7 à 15). — Sphenopterts.
B. Nervules dichotomes, très-obliques sur sur la neryure moyenne.
a. Fronde simple. — Glossopteris.
b. Pinnules adhérentes par la base au rachis, nervules naissant de ce rachis, pas de ne:-
vure moyenne. — Odontopteris.
c. Pinnules non adhérentes au rachis.
1. Pinnules entières, symétriques (pl. XXXI, fig. 5,6, 7, 8). — evropteris.
2. Pinnules entières ou lobées, très-inéquilatérales, nervure principale presque mar-
ginale ( pl. XXXI, fig. 2, 5, 4). — Loxopteris.
5, Pinnules flabelliformes , lobées (pl. XXXT, fig. 1). — ZLeptopteris.
4. Pinnules palmées à nervures pinnées dans chaque lobe (pl. XXXI, fig. 9). — Chei-
ropleris.
U. Nervules flabelliformes , pas de nervure principale.
À. Nervules pédées (pl. XXXIT, fig. 1). — Cyclopteris.
B. Nervules fasciculées rayonnantes dichotomes. (pl. XXXIT, fig. 2, 3). — Æymenopteris.
C. Fronde profondément lobée, lobes uninerviés (pl. XXXIT, fig. 4). — Schizopteris.
IL. Vervures anastorosées.
A. Nervures secondaires toutes égales, réticulées, aucune nervure libre (pl. XXXIIT,
fig. 2-8. PI. XXXIV, fig. 1, 2, 6). — Lonchopteris.
B. Nervures principales formant un grillage carré, nervules réticulées, aucune libre,
(pl. XXXV, fig, 6). — Clathropteris.
C. Nervures inégales, aréolées, une partie d’entre elles se terminant librement dans les
aréoles (pl. XXXIV, Ge. 5, 4, 5. PL XXXV, fig. 1, 2,5). — Phlebopteris.
La plupart de ces groupes établis parmi les Fougères vivantes se
retrouvent à l’état fossile ; il en est cependant RRMREUNE qu'on n'y
a pas observé, et d’autres au contraire qui n'existent qu’à l’état fossile.
Outre ces caractères déduits de la forme des feuilles et du mode de
distribution des nervures, il en est quelques autres qui devraient,
150 HISTOIRE
même à l'état fossile, se faire reconnaître ; tels sont ceux que fournit
la disposition des organes reproducteurs lorsqu'ils existent; ces carac-
tères, lorsqu'on les observe, et l'absence de plusieurs tifhes de fruc-
Anis remarquables , Scrablen prouver que les genres de cette
famille étaient bien, moins nombreux dans les temps anciens qu'à
présent. Ainsi, parmi les Fougères du terrain houiller, on n’en con-
naît pas une qui présente des fructifications en grappes où en pani-
cules, comme celles des Osmundacées, des Lygodiées où des Ophio-
glossées, et la comparaison des feuilles fossiles avec les frondes
stériles de ces plantes, paraît confirmer l'absence des plantes de ces
groupes à cette époque.
On pourrait en dire autant des genres T'richomanes et Hymeno-
phy llum , aussi faciles à reconnaître par la forme et la délicatesse de
leur fronde que par la disposition de leurs fructifications; ce n’est
qu'avec beaucoup de doute qu’on peut rapprocher quelques espèces fos-
siles de ces genres. Le genre Gleichenia, si remarquable par sa fronde
dichotome, ne s’est pas encore présenté à l’état fossile. Rien ne semble
non plus annoncer la présence des Adianthum et Lindsea dans l’an-
cien monde, ou du moins les espèces qu’on peut rapprocher de ces
genres sont très-peu nombreuses.
Au contraire, Le plus grand nombre des espèces fossiles paraît voisin
des Aspidium, des Cyathea , des Blechnum, des Pteris , des Asple-
num, des Polypodium, et quelques-unes constituent probablement
des genres tout-à-fait différens de ceux qui existent actuellement;
telles sont les espèces de nos genres IN evproplerts et Odontopteris.
Nous venons d'examiner quels sont les caractères les plus-évidens
que présentent les feuilles des Fougères et:ceux qui peuvent le mieux
servir à distinguer les espèces les’ uneë des autres, mais nous dévons
aussi indiquer quelques points de la structure anatomique de ces
organes qui influent sur les caractères que nous venons d'indiquer,
et sur quelques-uns de ceux que nous aurons à étudier,
La netteté et la finesse des nervures des Fougères, la manière dont
elles sont parfaitement limitées du reste du parenchyme, et leur soli-
dité Les distinguent, même à l'œil nu, de celles de la plupart des autres
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. L5t
végétaux; mais l’examen anatomique de ces parties fait découvrir
facilement la cause de cet aspect. Les nervures dés feuilles des plantes
phanérogames sont ordinairement formées de trachées, de vaisseaux
ponctués, quelquefois de vaisseaux propres, le tout accompagné de
fibres allongées , fusiformes, et de cellules cylindriques , oblongues,
disposées en séries, qui se lient immédiatement, et d’une manière
presque insensible, au parenchyme de la feuille.
Les nervures des Fougères sont formées de moins d’élémens; elles
ne présentent qu'un faisceau de vaisseaux ponctués ou fausses tra -
chées, entourées de fibres allongées toutes semblables entre elles , le
tout renfermé dans une sorte de fourreau très-solide, formé d’une
couche de cellules brunes ou noirâtres très-serrées qui séparent les
fibres et les vaisseaux de la nervure du parenchyme de la feuille.
La même structure s’observe avec des dimensions plus considé-
rables dans les pétioles des feuilles, et même dans les tiges. ( Voy.
pl. XX XVI, la coupe d’un pétiole de l'Aspidium filix-mas ).
La finesse et Ja netteté des nervures des Fougères sont donc fondées
sur un caractère anatomique commun à toutes les plantes de cette
famille, et qui les distingue de tous les autres végétaux; on doit par
conséquent en conclure que cet aspect des nervures et leur mode
particulier de division qui ne paraîtraient pas d’abord très-importans,
deviennent réellement des caractères essentiels par leur connexion
avec.une structure interne remarquable.
Sous tous les autres rapports, l’organisation intérieure des feuilles
des Fougères présente les mêmes caractères que celle des autres végé-
taux, c’est-à-dire que le parenchyme et l’épiderme ont la même struc-
ture; la rigidité des nervures et la solidité de l’épiderme donne seule-
ment à toute la feuille une consistance sèche et ferme que n’ont pas
en général les feuilles aussi minces , et font résister ces feuilles à la
décomposition plus que celles de la plupart des plantes.
On voit par tout ce que nous venons de dire de la structure et de la.
forme des feuilles des Fougères, qu'elles se distinguent facilement par
ces caractères de celles de tous les autres végétaux.
Les feuilles des Fougères sont presque toujours portées sur un
152 . HISTOIRE
pétiole plus où moins long , il n’y a peut-être que quelques espèces
de Trichomanes qui fassent exception, et dans lesquelles le limbe
s’'insère directement sur la tige. (Voyez pl. XXXIT, fig. 2, le Tricho-
manes membranaceum. ) |
Ce péuole est rarement cylindrique, plus souvent aplau ou sil-
lonné sur sa face supérieure, très-rarement élargi et ailé sur ses
bords vers sa base; dans la plupart des cas, cette base par laquelle il
s’insère sur la tige est arrondie , elliptique ou rhomboïdale, et son
grand diamètre est vertical; presque jamais elle n’est élargie de
manière à embrasser la tige transversalement , et à laisser sur cette
tige des cicatrices en forme d’anneaux horizontaux incomplets (1).
Ï] résulte de cette forme des pétioles des Fougères vers leur base, que
les cicatrices que les pétioles laissent sur les tiges après [a chute des
feuilles se présentent presque toujours”sous la forme de disque,
quelquefois arrondis , plus souvent elliptiques où rhomboïdaux, dont
le grand axe est parallèle à l'axe de la tige, caractère qui distingue
facilement les tiges de ces plantes de celles de toutes les monocoty-
lédones arborescentes , dont les feuilles ou les pétioles sont amplexi-
caules et laissent sur la tige, après leur chute, des cicatrices très-
larges transversalement , très-étroites dans le sens longitudinal , et
formant ainsi des anneaux , tantôt complets, tantôt incomplets.
La structure intérieure des pétioles des Fougères fournit encore un
autre caractère propre à les faire reconnaître. Les faisceaux fibro-vas-
culaires, qui constituent les nervures des feuilles, en se réunissant pour
former les nervures principales, et ensuite en pénétrant dans le
pétiole, ne s’accolent pas simplement les uns contre les autres , mais
se confondent plusieurs ensemble en un seul faisceau réuni dans une
gaine commune, Dans le pétiole, ces faisceaux sont réduits à un nombre.
peu considérable, presque toujours déterminé, et sont placés avec une
grande symétrie des deux côtés de l'axe du pétiole ; il en résulte que la
\
(1) M. Gaudichaud m'a dit que cette structure se présentait dans le Cyathea mariana et
dans l’Angiopteris evecta ; mais toutes les autres Fougères en arbre dont il existe des tiges dans
les collections présentent des insertions arrondies.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 153
coupe de ces pétioles présente toujours un certain nombre de taches,
formées par la coupe de ces faisceaux fibro-vasculaires , et disposées
avec beaucoup de régularité; c’est à la disposition particulière de ces
faisceaux qu'est due l’apparence de la coupe du pétiole du Pteris
aquilina , semblable à un aigle à deux têtes. (PI. XX X/VIT, fig. 1.)
Le nombre et la disposition de ces faisceaux paraissent constans
dans la même espèce; mais on n’a pas encore de données précises
sur les rapports de ce caractère avec les coupes génériques admises
dans cette famille. MM. Bory-Saint-Vincent et Gaudichaud , sont,
je crois, les premiers qui aient considéré ce point de structure comme
pouvant fournir de bons caractères spécifiques, et M. Gaudichaud
paraît même porté à accorder plus d'importance à cette modification
de structure , et à croire qu’elle est constante dans le même genre.
On conçoit qu'il est difficile de vérifier sur des herbiers la valeur
de ce caractère, car il présente des modifications notables lorsqu'on
l’'observe sur des points différens du pétiole , et il est difficile de pou-
voir, sur un nombre suffisant d'espèces, l’étudier à la base du pétiole,
partie sur laquelle seule il serait intéressant de le reconnaitre, et qui
souvent manque dans les herbiers.
Mais, si jusqu’à présent nous ne pouvons pas employer ce caractère
pour distinguer les genres ou les espèces, il est du moins un des meil-
leurs pour distinguer les pétioles des Fougères, et par conséquent les
Insertions de ces organes sur les tiges, de celles des mêmes organes
dans les autres familles du règne végétal.
En effet, dans toutes les autres plantes, dont les tiges pourraient
se confondre avec celles des F ougères en arbres, dans les Palmiers, les
Cycadées, etc., les pétioles et leurs insertions présentent des faisceaux
fibro-vasculaires nombreux, distribués sans régularité, et qui ne lais-
sent pas, comme ceux des Fougères, des traces nettement limitées et
disposées avec symétrie.
Cette organisation des pétioles des Fougères est peut-être encore
plus sensible sur les espèces dont les feuilles sont peu développées ,
que sur celles qui acquièrent une taille considérable, telles que celles
des Fougères arborescentes actuelles.
E 20
154 HISTOIRE
En effet, dans ces plantes, les pétioles sont très-gros et renferment un
nombre considérable de faisceaux arrondis, distincts les uns des
autres, disposés avec beaucoup de symétrie , mais qui laissent sur
les cicatrices, produites par la chute des feuilles, des marques nom-
breuses séparées les unes des autres; dans les pétioles des Fougères à
fronde plus petites, telles, par exemple, que celles de nos climats,
les faisceaux fibro-vasculaires des pétioles sont beaucoup moins nom-
breux ; ils ne dépassent pas ordinairement trois à cinq, et on conçoit
que, si des pétioles d’une structure analogue s'étaient insérées sur une
tige arborescente, ils y auraient laissé des cicatrices plus petites, et ne
portant qu'un petit nombre de marques très-régulières, produites par
le passage de ces faisceaux.
Ce fait est important à noter pour se rendre compte de la structure
des tiges de Fougères arborescentes de l’ancien monde, et des diffé-
rences qui existent entre elles et les tiges des Fougères arborescentes
actuellement existantes.
Ce que nous venons de dire de la structure des pétioles des Fou-
gères , nous permettra de comprendre très-facilement l’organisation
des tiges de ces mêmes plantes.
La tige est formée, comme ces pétioles, d’un tissu cellulaire rempli
de fécule qui enveloppe des faisceaux fibro-vasculaires , semblables
pour leur structure à ceux des péuioles , mais beaucoup plus considé-
rables , chacun d'eux étant formé par la réunion des vaisseaux et des
fibres qui doivent se porter dans plusieurs pétioles.
Tantôt ces faisceaux fibro - vasculaires de la tige sont en petit
nombre, quelquefois même il n'en existe qu'un central et arrondi.
Tantôt la tige présente un nombre assez considérable de ces fais-
ceaux, disposés en cercle vers la circonférence ; dans le premier
cas, la tige grêle ne porte que des feuilles peu nombreuses, espacées,
et qui ne l’environnent pas de toute part; c’est ce qui a lieu dans
toutes les Fougères à tige grimpante , telles que les Lygodium ; et
dans celles à tige rampante sur les arbres et les rochers, où sous
terre, comme beaucoup d'espèces d'Acrostichum , Y Hemionitis , de
Polypodium , de Pteris, etc.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 155
Dans les Fougères dont la tige présente des faisceaux fibro-vascu-
laires nombreux et considérables, cette tige, beaucoup plus grosse,
porte des feuilles très-nombreuses, insérées tout attour d'elle, très-
rapprochées , et qui la recouvrent de toutes parts, soit que cette tige
rampe à la surface du sol comme dans plusieurs Fougères d'Europe
(Nephrodium filix-mas, Osmunda regalis, Athyrium filix-fœemina),
soit qu'elle s'élève verticalement à une hauteur plus où moins consi-
dérable, comme dans les Fougères réellement arborescentes des con-
trées tropicales. Dans les premières, les feuilles, quoïque insérées tout
autour dé la tige, sont toutes recourbées vers le côté supérieur. Dans
les secondes, elles s’étalent de tous les côtés en une large ombrelle,
analogue à ceile des Palmiers (x).
Les bases des pétioles persistent long-temps autour des tiges ram-
pantes., et les recouvrent de plusieurs sortes de tubercuies allongés,
nombreux, de manière que les feuilles, en se détruisant, ne laïssent
pas de cicatrices à la surface même de la tige.
Dans les Fougères arborescentes, au contraire , les pétioles se dé-
tachent par leur base et tombent tout entiers, en laissant sur la tige
des cicatrices dont la forme dépend de celle de-ces pétioles.
Les tiges des Fougères arborescentes différent done des tiges ram-
pantes , non-seulement par leur direction, mais aussi par la manière
dont les feuilles se détachent, et elles présentent seules les impressions
régulières, disposées avec tant de symétrie, qui les distinguent des
tiges de tous les autres arbres (2).
]
(1) Voyez les planches XXX VIII et XXXIX, qui représentent trois espèces de Fougères ar-
borescentes. PI. XX XVIII, &, Cyathea glauca, d'après un croquis que M. Bory-Saint-Vincent
a bien voulu me communiquer. PI. XXXIX, fig. 1°*, une espèce du Brésil, copiée d'après
l'atlas du Voyage de MM. Spix et Martius. PI. XXXIX., fig. 2, une espèce de l'ile Bourbon ,
copiée d’après l'album du Voyage de la Tugris par M. de La Thouane. La pl. XL représente
la partie inférieure et la partie supérieure avec l'origine des feuilles d’une tige du Cyathea
arborea de Haïti, que je dois à l’amitié de M. Mollien, consul de France au Cap Haïtien.
(2) Voyez les planches XL, XLI, XLII et XLIII. qui représentent diverses tiges de Fou-
gères en arbre, et la pl. XLIV, sur laquelle sont figurées les coupes de ces mêmes tiges. PI. XL,
Cyathea arborea. P\, XI; fig. 1, Pteris aculatea (Polypodium spinosum, L.) PL. XLT,
fig. 2,5, 4, Cyathea excelsa, Pl. XLII, fig. 1. Cyathea compta, Mart, ; fig. 2, Didy-
1956 HISTOIRE
Nous ävons déjà dit que la forme des cicatrices que ces uges por-
tent était déterminée par celle des bases des pétioles ; mais cette
identité de forme n’a lieu que dans le haut de la tige et pour les
cicatrices dont les feuilles viennent de tomber. L’accroissement des
tiges des Fougères est semblable à celui des tiges des monocotylé-
dones , sous ce rapport que ces tiges n’augmentent pas en diamètre
et s'élèvent en conservant une forme et une grosseur parfaitement
semblables à toutes les hauteurs; mais, à mesure que la plante s'accroît,
elle s'élève non-seulement par la formation de nouvelles parties résul-
tant du développement du bourgeon terminal, mais aussi par l'al-
longement des parties déjà formées , même très-anciennement. C’est
ce que prouve l'allongement des cicatrices des feuilles, et surtout leur
distance considérable dans le bas des tiges, comparés à leur grandeur
et à leur position rapprochée dans le haut de la même uge; un
très-bel échantillon d'une tige du Cyathea arborea provenant de
Haïti, et longue de 12 pieds environ, qui vient d'être adressé au
Muséum d'histoire naturelle, par M. Fouquier, établit ce changement
d'une manière évidente. La planche XL représente, fig. 1, la partie
supérieure, de cette tige, dessinée d’après un échantillon de la même
plante que M. Mollien, consul à Haïti, m'avait envoyé depuis plusieurs
années, et qui est parfaitement identique avec la partie supérieure de
l'échantillon du Muséum. La figure 2 montre la disposition et la forme
des cicatrices des feuilles dans le bas de cette même tige, sur laquelle
on observe tous les intermédiaires entre ces deux formes.
Cette différence entre la partie supérieure et inférieure des tiges
des Fougères en arbre est très-importante à remarquer pour la déter-
mination des espèces fossiles , afin de ne pas considérer comme des
espèces distinctes des parties différentes de la même tige.
Sous le point de vue physiologique, ce mode d’accroissement est
aussi digne d'attention; car dans la plupart, si ce n’est dans tous les
mochlæena sinuosa, Desv. PL. VLIIL, fig. 1, espèce indéterminée de l'ile Bourbon; fig. 2,
tièe de Fougères sans nom d'espèce ni de lieu. La plupart de ces tiges de Fou gères arbores-
centés sont conseryéés dans les galeries botaniques du Muséum d'Histoire naturelle de Paris.
| DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 157
autres végétaux arborescens , l'allongement des tiges cesse prompte-
ment d’avoir lieu dans les parties déjà complètement formées.
Outre les pétioles des feuilles , les tiges donnent encore naissance
à quelques parties moins importantes. Ce sont le plus ordinairement
des écailles scarieuses, semblables à celles qui couvrent la base des
pétioles ( pl. XL ); ces écailles de formes diverses, suivant les
genres et les espèces, tombent promptement et laissent sur la tige
des cicatrices plus ou moins distinctes qui en rendent la surface
comme rugueuse : nous verrons que ce caractère se retrouve dans les
tiges fossiles , quoique les écailles ne sy soient presque jamais
montrées.
Quelquefois ces tiges portent aussi des épines coniques et très-
dures , formées simplement par un développement particulier du
ussu de l'écorce. ( F’oyez pl. XLI, fig. 1, la tige du Pteris aculeata.)
Enfin, dans la plupart des tiges de Fougères arborescentes, on voit
naître de la surface de la tige, vers les parties inférieures, des fibrilles
radicales très-nombreuses, cylindriques, presque simples, qui, sortant
de la tige au-dessous de l'insertion des pétioles (peut-être des cica-
rrices laisséés par les écailles), descendent jusqu’à terre et envelop-
pent le bas des tiges d’un large cône formé par ces fibrilles super-
posées et fortement serrées les unes contre les autres. Une disposi-
tion analogue se retrouve dans les racines adventives de plusieurs
plantes monocotylédones; mais, dans aucune de ces plantes, ces
fibres n'ont, je crois, la finesse et l’uniformité de grosseur qu’on re-
marque dans celles qui naissent de la partie inférieure des tiges des
Fougères en arbre. On en voit un petit nombre qui commencent à
entourer les tiges représentées pl. XL, fig. 1; pl. XLI, fig. 1; et
pl. XLIT, fig. 1.
Dans quelques tiges conservées dans les collections, ces fibrilles
radicales forment à la base de la tige une masse conique qui en
double ou triple le diamètre et cache complètement sa surface.
Quelques tiges fossiles dont nous parlerons par la suite paraissent
présenter une disposition analogue.
Ce que nous venons de dire de la structure des Fougères vivantes
158 HISTOIRE
suffira pour qu’on puisse facilement reconnaître à l’état fossile toutes
les parties qui peuvent avoir appartenu à cette famille. Les feuilles
se distinguent par la forme de leurs découpures, disposées avec une
symétrie et une régularité remarquables, présentani un mode de sub-
division qui ne se reirouve dans presque aucun autre végétal, et sur-
tout par la finesse, l'égalité et le mode de distribution de leurs ner-
vures; lestiges, par leur forme cylindrique sans ramifications, et par la
disposition régulière et la forme particulière des cicatrices laissées par
les bases des pétioles.
Nous avons déjà vu que la forme des feuilles et les modifications
que présente la distribution des nervures permettaient de fonder sur
ces caractères plusieurs sections dans la famille des Fougères; nous
avons même indiqué les plus importantes de ces coupes et les noms
que nous leur avions appliqués. Ces coupes et ces noms deviendront
les genres que nous adopterons pour la classification des espèces fos-
siles; les caractères qui servent de base aux genres parmi les fougères
vivantes, n'étant visibles qu'une fois sur vingt tout au plus sur les
espèces fossiles, et ne pouvant même, lorsqu'ils existent, être étudiées
ue d’une manière très-superlicielle’, à cause de l’état imparfait de
ces traces de fructification.
Quant aux tiges, il nous a paru plus convenable de n’en former
qu'un seul groupe; les espèces en apparence les plus différentes par
leurs caractères, passant des unes aux autres par des nuances presque
insensibles, et ce que nous connaissons des tiges des Fougères vivantes
né paraissant pas annoncer des relations constantes entre la forme
des tiges et celles des feuilles ou des fructifications. Nous avons con-
servé à Ce groupe des tiges de Fougères fossiles le nom de Sigillaria,
que nous lui avons appliqué en premier dans notre Essai de classifica-
tion des végétaux fossiles.
La distribution géographique des Fougères, et celle des divers
genres qui composent celte famille, méritent de fixer notre attention,
la répartition des espèces de. cette famille étant fort différente de celle
de la plupart des autres végétaux, et pouvant nous fournir des données
intéressantes sur l’état ancien de notre globe.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 159
Le nombre total des espèces connues de Fougères, actuellement
existantes sur la surface du globe, s'élève entre 1,500 et 1,600 (1),
nombre qu'il est difficile de fixer avec précision, aucune recension
générale de cette famille n'ayant été faite avec soin depuis fong-temps,
les espèces nouvelles décrites tous les jours augmentant continuelle-
‘ment ce nombre, et les doubles emplois introduits par ces publications
isolées, devant au contraire porter à le réduire lorsqu'on fera une
bonne monographie générale de cette famille. ;
Quand on réfléchit au nombre considérable d'espèces encore non
décrites, qui existent dans les herbiers, provenant particulièrement
du Brésil et du reste de l'Amérique équatoriale , de la Nouvelle Zé-
lande, des Moluques, et de quelques parties de la Nouvelle Hollande,
on ne peut guère douter que le nombre total des espèces de cetie
famille ne soit au moins de 2,000.
En séparant ces espèces en woïis groupes, 1° celles propres à la
zone tempérée et froide boréale, au-delà du 30° ou du 35°; 2° Celles
de la zone tempérée australe, également au-delà du 30°; 3° Celles
qui croissent des deux côtés de l'équateur jusqu’au 30° ou 35° degré
de latitude, on a les résultats suivans.
Fuxopelges 13100 Se anoeepé.muas ul oh 5:64
Amérique septentrionale. :. . +: . . +. . 70
Taponël teur der aunc sind 28 pe Mémnirsents voix
Sibérie et Chine septentrionale. . + . … . 24
ADO PET A NT EN. ER NEO RE SRG)
Espèces communes à ces quatre régions. : . . 33
Total de l’hémisphère boréal. . . 144
En -S
(1) Le Nomenclator botanicus de Steudel en contient près de 1500 , parmi lesquelles il y à
certainement plusieurs doubles emplois, mais aussi des-omissions assez nombreuses d'espèces
décrites, soit à l’époque de la publication de cet ouvrage, en 1824, soit depuis ce moment, telles
que celles du Brésil publiées par Raddi, celles du Voyage de MM. Freycinet et Duperrey, décrites
pat MM. Gaudichaud et Bory-Saint-Vincent, celles figurées par MM. Hooker et Greville dans
160 HISTOIRE
Cap de Bonne Espérance. : . . . . , . 34
Nouvelle Hollande australe . . . . . . . 72
Néuvelle Zélndes eu, vu Watt: ter, l'ile Gé
Amérique australes PM UE en Glen ve
Total de l'hémisphère austral. . . . 140 (1).
Ces deux nombres sont presque égaux, mais il est probable que
tous deux, et surtout le dernier, devraient être augmentés, si plu-
sieurs des pays qui sont compris dans ces zones étaient mieux connus;
tels sont particulièrement, dans l'hémisphère boréal, la côte occiden-
tale de l'Amérique, le Japon, la Chine septentrionale et la Sibérie ;
dans l’hémisphère austral, la Nouvelle Zélande et l'Amérique aus-
trale.
Le reste des Fougères , 1,200 espèces au moins, sont propres à la
zone moyenne ou équinoxiale.
On voit déjà combien cette zone est plus riche en espèces de cette
famille que les zones tempérées et glaciales ; maïs cette différence de
proportion devient encore plus marquée si on compare un espace de
terrain à peu près semblable sous chacune de ces latitudes , beaucoup
d'espèces de la zone équatoriale se retrouvant également dans des
partes très-éloignées de cette zone; ainsi, il suffit de parcourir les
ouvrages descriptifs ou Les herbiers , pour voir que le Brésil, ou même
seulement la partie voisine de Rio-Janéiro , bien moins étendue que
l'Europe, produit au moins cinq à six fois autant d’espèces de Fou-
gères, quoiqu'il soit impossible pour le moment d'indiquer avec
quelque précision le nombre des espèces connues de ce pays, aucun
ouvrage ne contenant encore un recensement des espèces qui y ont
leurs /cones Filicum , d'où l’on peut conclure que le nombre des espèces décrites est au moins
de 1,500.
(1) Il existe quelques espèces communes à ces quatre régions , maïs elles sont peu nombreuses
parmi.celles qui sont décrites, et les espèces non décrites font plus que compenser ces doubles
emplois.
| DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 161
été découvertes par les derniers voyageurs qui ont parcouru cette
contrée. |
Mais il est un autre point de vue sous lequel on peut examiner la
distribution géographique des végétaux ; il consiste à comparer dans
diverses régions le nombre des plantes d’une tribu à la totalité des
plantes du même pays; cette méthode donne une idée plus juste, non
de l'abondance absolue de certains végétaux, maïs du rôle qu'ils
jouent dans l’ensemble dé la VÉgÉtatION.
Nous avons évalué à 1,500 le nombre des espèces connues de Fou-
gères, celui des espèces connues de plantes phanérogames peut être
évalué à 45,000 au moins (1), et peut-être lorsqu'il existera un tableau
bien complet des espèces de plantes existantes dans les collections ;
ce nombre dépassera-t-il 50,000.
Le rapport général des Fougères aux plantes phanérogames est donc
environ comme 7 : 30 (2).
Ce rapport numérique varie beaucoup d’un pays à l’autre, non-
seulement suivant la latitude, mais selon les différentes circonstances
locales dépendant de la nature du sol et du climat,
Les Fougères exigent presque toutes, pour se développer, des lieux
humides, frais et ombragés; mais en outre une température chaude
leur est favorable. Plus ces circonstances se trouvent complètement
réunies , et plus le nombre des espèces est considérable.
En Europe, le rapport de ces plantes aux phanérogames varie
depuis 1 : 35 jusqu’à 1 : 80, suivant les localités (3).
Mais si on avait un catalogue bien fait des plantes de toute lEu-
(1) Le Nomenclator de Steudel, publié en 1821, n'en contient que 59,684; mais de nom-
breuses additions auraient besoin d'y être faites pour le rendre complet ; il suffit, pour s’en
assurer, de comparer le nombre des espèces de quelques genres avec celui des espèces décrites
dans le Prodrome de M. de Candolle. :
(2) On remarquera que, dans tous ces rapports, je ne comprends que les vraies Fougeres,
sans les Lycopodes ni les Équisétacées. :
(5) Ce rapport devient encore plus faible dans les parties méridionales de l'Europe; mais les
Flores n’en sont pas assez complètement connues pour qu’on puisse regarder les chiffres comme
bien précis.
L. 21
162 | HISTOIRE
rope pour faire disparaitre les influences trop locales , la moyenne
serait probablement comme 1 : 60.
Entre les tropiques, ce rapport varie également , mais dans d’autres
limites; ainsi, d’après M. de Humboldt, dans l'Amérique équinoxiale,
cette relation est comme 1 : 36; tandis que, suivant M. R. Brown (2),
dans les parties des Continens intertropicaux les plus favorables au déve-
loppement de cette famille, ce rapport devient 1 : 20; dans d’autres cas
seulement 1:26,et il est encore beaucoup plus faible lorsque Les circons-
tances locales sont contraires à l’accroissement de ces plantes, c’est-à-
dire dans les lieux plats et découverts,'sans montagnes et sans fraicheur.
Alors le nombre de ces plantes peut ne former qu’à peine un cen-
tième des végétaux phanérogames. Mais le plus grand nombre de cir-
constances favorables au développement des. Fougères , se trouve
réuni dans les îles, et surtout dans les petites îles élevées et éloignées
des continens, car dans ces lieux l'air est constamment chargé d'hu-
midité qui se dépose sur le sommet des montagnes, et entretient la
fraicheur du sol, Autant ce climat humide est favorable à ces plantes,
autant il paraît contraire à beaucoup de plantes phanérogames , car le
nombre de ces dernières diminue considérablement dans ces îles,
beaucoup plus que ne le supposerait leur étendue, et il en résulte
une relation du nombre des Fougères à celui des phanérogames très-
différente de celle que nous avons indiquée pour Les autres contrées.'
Ainsi, à la Jamaïque, d’après la Flore de Swariz et d’après M. R.
Brown, les Fougères sont aux phanérogames comme 1 : 10,.et il est
probable que la même proportion existe dans les autres îles des An-
tilles , peut-être même est-elle encore plus favorable aux Fougères.
Les travaux des botanistes hollandais, et particulièrement de
M. Blume sur la Flore des Moluques, semblent y annoncer un rapport
à peu près semblable.
A Taiti, les recherches de Banks, et celles plus récentes de M. d'Ur-
ville, indiquent que les Fougères sont aux phanérogames comme 1 : 45
(x) Botany of Congo , page 42.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 163
proportion qui, suivant M. d'Urville, paraît se soutenir dans le réste
de la polynésie.
\
La Nouvelle-Zélande est encore un des lieux les plus riches en
plantes de cette famille, les collections de Banks ont donné le rap-
port de r à 6, et celles formées récemment par M. Lesson semblent
devoir confirmer ce résultat. À Sainte-Hélène , d’après Roxburgh, ce
rapport est comme 1:2; à l'ile Norfolk, comme 1 :3; et à Tristan
d'Acugna , d'après M. Dupetit-Thouars et le capitaine Carmichæl , il
s'élève à 2:3, c’està-dire qu'il y a presque égalité entre les Fougères
et les plantes phanérogames ; relation que M. d'Urville a également
retrouvée à l'ile de l’Ascension.
Le nombre des Fougères n’est pas la seule chose qui varie d’une
région à l’autre , ou d’un genre de localité à un autre, les formes de
ces végétaux présentent aussi des modifications en rapport avec les
lieux qu’ils habitent. Certains genres, et mêmes certaines tribus, sont
entièrement ou presque entièrement propres à des climats déterminés;
ainsi , les régions tempérées et froides ne produisent presque que des
Polypodiacées et quelques Ophioglossées. L’Osmunda regalis seul y
représente les Osmundacées et l'Hÿmenophyllum tunbridgense , les
Hÿménophyllées. Les autres tribus manquent complètement.
Dans l'hémisphère austral, la limite des tribus et des genres de la
zone équinoxiale est bien moins marquée ; mais cependant leur nom-
bre diminue toujours à mesure qu'on s'éloigne de l'équateur.
Îl'en est de même de la grandeur de ces plantes. Tout le monde
sait que les Fougères arborescentes ne croïissent pas dans la zône tem-
pérée de notre hémisphère , et qu'elles dépassent même à peine le tro-
pique de ce côté de l’équateur (x).
(1) M. Mertens, médecin et naturaliste du dernier voyage de découverte exécuté par les
Russes, parmi les nombreux travaux de zoologie et de botanique qu'il a exécutés, a recueilli
des matériaux très-importans pour’ la géographie botanique de plusieurs contrées qu'il a par-
Courues. Il à bien voulu, lors de son passage à Paris (juillet 1829), me communiquer quel-
ques-uns de ces résultats ; lun des plus remarquables est l'existence de Fougères arborescentes
d'une taille considérable ( jusqu’à 5o pieds), dans les {es Bonin, nouveau groupe d'îles à
peine connues avant ce voyage, et situées à l’est du Japon, sous le 28° de latitude Nord,
164. HISTOIRE
Dans l'hémisphère austral, au contraire, quelques-unes de ces
espèces s'étendent jusqu'au 45°. Il n’en est pas moins vrai cependant
qu’elles ne sont abondantes qu'entre les tropiques , où on en connait
un grand nombre, tandis que deux seulement ont été observées jusqu’à
présent à la Nouvelle-Hollande et à la Nouvelle-Zélande, hors des
tropiques.
J'ai insisté sur cette distribution géographique’des Fougères , parce
qu’elle peut jeter beaucoup de jour sur l’histoire de notre globe à des
époques plus anciennes, ainsi que nous le verrons lorsque nous con-
sidérerons l'ensemble de la végétation des diverses périodes géolo-
giqques.
Quant à la distribution des Fougères dans les diverses couches de
la terre, nous voyons au premier coup d'œil que ces plantes sont
beaucoup plus fréquentes dans les terrains anciens que dans les ter-
rains plus récens.
Ainsi, dans la formation houillère, nous connaissons environ 100
espèces de frondes de Fougères, sans compter les tiges du genre 15zg1/-
laria qui se rapportent probablement , au moïns pour la plupart, aux
mêmes plantes dont nous avons indiqué les frondes séparément ; ce
nombre est encore loin de nous indiquer la totalité des espèces de ce
térrain, et je ne doute pas qu'il ne s'élève bientôt au moins à 120 pour
les frondes seules, car il n’y a presque pas de localité qui, bien étudiées,
ne fournissent des espèces nouvelles.
La famille des Fougères forme, par conséquent , à elle seule près de
la moitié de la Flore du terrain houiller ; cependant, comme je l’aï déjà
remarqué , les espèces de ce terrain ne représentent qu’une petite partie
des formes diverses qui constituent actuellement cette famille, et tou-
tes,ou presque toutes, paraissent se rapporler à la tribu des Polypodia-
cées. Enfin, beaucoup se rapprochent par la forme de leurs feuilles des
genres qui renferment maintenant le plus grand nombre de Fougères
arborescentes, et la présence de beaucoup de grandes tiges qui ne
peuvent serapporter qu’à cette famille, prouve qu’en effet une grande
partie de ces espèces étaient des Fougères en arbre.
Le nombre considérable des espèces de cette famille, et l'élévation
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 165
de leurs tiges, établissent donc beaucoup de rapport entre cette vé-
gétation et celle des régions équinoxiales , et la proportion de ces
espèces, par rapport à celles des autres classes, rapproche surtout cette
végétation de celle des îles de ces régions.
Le nombre absolu et relatif des espèces de Fougères diminue dans
les terrains plus récens; ainsi, dans le grès bigarré, nous n'en COon-
naissons que six espèces, ces plantes ne formant que le tiers au plus
de cette petite flore.
Les mêmes proportions se maintiennent avec de légères différences
dans le lias et dans les terrains oolithiques. |
Mais dans les terrains supérieurs à la craie, les Fougères deviennent
si rares qu'on avait été long-temps sans en trouver, et qu'il n'y en a
encore que deux ou trois espèces de connues, tandis que les végétaux
des autres classes y sont très-nombreux. Le rapport des Fougères aux
phanérogames devient ainsi dans ces terrains à peu près le même que
dans les régions tempérées de la terre, et il ne faut pas s'étonner si
les échantillons de ces plantes sont plus rares que ceux des autres
végétaux, la plupart des plantes fossiles terrestres de ces terrains
ayant été évidemment transportées de la surface du sol sur lequel
elles croissaient dans les mers ou les lacs d’eau douce, dans lesquels
ces terrains se sont déposés, et les Fougères, par la nature de leur
fronde, et par la continuité de toutes leurs parties, devant plus difficile-
ment être arrachées au sol qui les portait, que les feuilles caduques
des plantes dicotylédones et surtout des arbres, ces feuilles, par leur
chute annuelle et par leur nombre considérable, présentant les
circonstances les plus favorables pour que quelques -unes d’entre
elles échappent à une destruction complète.
En parlant de la distribution des nervures dans les Fougères, nous
avons déjà indiqué les principales modifications qu’elle présente , et
les coupes qu’on peut fonder sur ce caractère dans cette vaste famille
(voyez le tableau, page 148), lorsqu'on est privé des caractères plus
importans que fournit la fructification; c’est le cas où nous nous
trouvons pour les Fougères fossiles et les coupes fondées sur la dis-
position des nervures et sur le mode de découpure de la fronde que
166 . HISTOIRE
nous avons déjà indiquées, deviendront pour nous des genres aux-
quels nous conserverons les mêmes noms que nous avons indiqués
dans le tableau.
Quelques-unes de ces formes ne se sont pas encore présentées à
l’état fossile ; quelques autres au contraire ne s'offrent qu'à l'état fos-
sile ou bien ne peuvent se rapporter avec certitude à ces diverses
coupes , surtout à cause de l'épaisseur des frondes qui ne laisse pas
bien juger de la disposition des nervures , et ne permet de les classer
que d’après la forme des frondes; tel est notre genre Pachypteris.
Le tableau que nous avons donné plus haut des groupes où genres
formées dans la famille des Fougères, d’après la disposition des ner—
vures et la forme des découpures des frondes, peut donc servir de table
analytique des genres de Fougères fossiles, dont nous allons mainte-
nant faire connaître les caractères et les espèces avec plus de détail.
PACHYPTERIS.
Vec. Foliæ pinnatæ vel bipinnatæ , pinnulis integris cOrIacels
enerviis vel uninerviis, basi constrictis nec rachi adnatis.
L'absence des nervures, ou plutôt leur immersion dans le paren-
chyme épais de la fronde , qui empêche de les voir extérieurement ,
ne-permet pas de classer ces espèces dans les genres suivans, elles dif-
fèrent en outre assez des plantes placées dans ces genres par leur forme
sénérale, pour que nous puissions présumer que les caractères fournis
par les nervures, combinés avec la forme des pinnules , devaient
les éloigner de tous les autres genres. |
La forme ovale ou lancéolée de ces pinnules et leur intégrité les
éloignentde tous les autres groupes de Fougères, ou ne les rapprochent
un peu que de quelques espèces de Nevropteris, dont l'épaisseur de
la fronde et l'absence complète de nervures secondaires les distinguent
suflisamment.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 167
La forme-et la consistance de ces feuilles rapprochent particu—
lièrement ces plantes de l’Æspidium coriaceum ; maïs des difté-
rences bien sensibles séparent cependant les deux espèces fossiles
de ce genre, de toutes les Fougères vivantes avec lesquelles nous
avons pu les comparer ; et l'absence de tout indice de fructifica-
tion nous laisse dans le doute sur leurs rapports avec les genres
actuellement existans. Ces deux espèces proviennent du même ter-
rain, je n’en ai vu qu'un petit nombre de fragmens trouvés à Whitby
en Yorkshire.
1. PACHYPTERIS LANCEOLATA. PI. XLV, fig. r.
P. foliüs profundè pinnatifidis vel bipinnatifidis? rachi plano, submar-
ginalo, pinnulis lanceolatis, obtusis, sursüm retusè unidentatis ;
nervo medio tenuissimo , vix notato.
Pachypteris lanceolata, An. Browc., Prod., p. 5o.
Sphenopteris lanceolota, Parures, illust. of geol. of Yorkshire, p. 155 ; pl. X, fig. 6.
G1s. Oolithe inférieure.
Loc. Whitby,sur la côte du Yorkshire (Muséum de la Société philosophique du York-
shire).
Les échantillons de cette plante que j’ai vus ne présentaient que des
porüons simplement pinnées : la fig. 1, pl. XLV, représente le plus
complet; mais on peut présumer que ce ne sont que des fragmens
d’une fronde bipinnée; l'espèce suivante, très - analogue à celle-ci,
ayant sa feuille bipinnée , donne de la probabilité à cette présomp-
tion.
Je ne connais aucune Fougère vivante analogue à cette espèce; la
disposition des pinnules dans un même plan, leur insertion sur les
bords d’an rachis aplati et presque ailé , prouve cependant bien que
c'est une feuille profondément pinnée, et non un rameau couvert
de feuilles lancéolées.
Ces pinnules sont lancéolées, obtuses , rétrécies à leur base, mais
insérées cependant par une assez large base ; elles présentent sur leur
168 HISTOIRE
bord supérieur, et près de l’extrémité , une légère crénelure très-obtuse
et peu marquée, mais qui se voit sur toutes Les pinnules lorsqu'on
les observe avec soin (voyez pl. XLV, fig. 1, à). Ges feuilles sont
très-lisses et leur tissu paraît épais et coriace.
2. PACHYPTERIS OVATA. PL XLV, fig. 2.
P. folüs profundè bipinnaufidis, rachi plano marginato; pionulis
ellipticis, obtusiusculis, basi constrictis, superioribus basi latio-
ribus, ovato-oblongis, terminali truncatà (?); nervo medio eva-
nescente.
Pachypteris ovata , An. Browc., Prod., p. 5o.
Nevropteris lœvigata, Panmrs, illust, of geol. of Yorkshire, p. 154; pl. X, fig. 9.
G15. Oolithe inférieure.
Loc. Whitby, sur la côte du Yorkshire (Muséum de la Société philosophique du Fork-
shire).
Cette espèce est moins grande que la précédente; elle est profon-
dément bipinnatifide; le rachis commun-est assez large et paraît plat;
le rachis des pinnes latérales est aussi aplati et bordé d’une expansion
membraneuse étroite, continue avec les pinnules , et plus large vers
l'extrémité des pinnes, où les pinnules sont moins profondément sé-
parées, Chaque pinnule est elliptique, légèrement arrondie à son extré-
mité; celles de la base sont très-rétrécies à leur partie inférieure ; celles
de l'extrémité sont moins rétrécies et d’une forme plus oblongue; la
pinnule terminale m'a paru tronquée naturellement dans le ‘seul échan-
tillon sur lequel je l'ai vue.
La nervure moyenne est peu marquée et disparaît vers l'extrémité
des pinnules dans le parenchyme épais de ces feuilles, dont la sur-
face est très-lisse.
Cette plante ressemble beaucoup, par la forme des feuilles et par
l'aspect de jeur tissu, à l’4spidium coriaceum , espèce qui habite la
Nouvelle-Hollande, et qui se retrouve au Chili, si je m'en rapporte
aux échantillons recueillis par M. d'Urville durant son premier voyage.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES, 169
SPHENOPTERIS.
Folia bi-tripinnatifida, pinnulis basi constrictis, rachi non ad-
natis, lobatis ; lobis inferioribus majoribus, divergentibus,
subpalmatis; nervis bipinnatis è basi subradiantibus.
La forme de ces feuilles ne diffère pas très-essentiellement de
celle du genre Pecopteris, quoique par leur aspect général on les
distingue au premier coup d'œil ; en effet, en comparant une pinnule
de Sphenopteris à une pinne entière de Pecopteris, et les lobes de
la pinnule des premières aux pinnules des secondes, on voit
qu'il ny a de différence que dans la rapidité du décroissement
des lobes des Sphenopteris, comparé à l'égalité presque parfaite des
pinnules des Pecopteris ; aussi, malgré la grande différence apparente
qui existe entre les extrèmes de ces deux formes, trouve-t-on des
passages entre elles, des formes presque intermédiaires qu'on peut
hésiter à placer dans l’un ou l’autre de ces genres.
Le décroissement rapide des lobes et leur divergence, qui donnent
le plus souvent à toute la pinnule la forme d’un coin, d'un éventail, ou
des doigts d’une main, sont done les caractères principaux de ce genre,
caractères qui paraissent avoir assez d'importance, puisque parmi les
plantes vivantes ils sont assez souvent en rapport avec les caractères
génériques, cette forme ne se présentant jamais dans certains genres,
tandis qu’elle est fréquente dans plusieurs autres. On voit des exemples
de cette forme des pinnules parmi les plantes vivantes, dans la plan-
che XXX, fig. 6 à 15, et le passage de cette même forme à celle
des Pecopteris, dans la même planche, fig. 3 et 4, les pinnules infé-
rieures étant lobées comme dans les Sphenopteris , et les autres étant
simples comme dans les Pecopterts.
Cette forme des Sphenopteris se retrouve parmi les plantes vivantes,
dans les genres Gymnogramma, Asplenium, Darea , Cherlanthes ,
I. 22
170 HISTOIRE
Adianthum, Lindsea, Woodsia, Dicksonia, Davallia ; Trichomanes,
Hymenophyllum, Anemia et Botrychium.
La disposition. des mervures de la plupart des Adianthum , des
Lindsea et des Anemia, diffère un peu de celle des vrais Spheno-
pteris, en ce que les nervules ou dernières divisions des nervures sont
très - longues, très-fines, et paraissent dichotomes, quoiqu’en réalité
leur mode de division ne soit qu'une modification des nervures
pinnées; mais ce caractère des nervures, combiné avec la forme des
lobes des pinnules qui sont peu profonds et ne sont pour ainsi dire
que des crénelures profondes, distingue ces feuilles et permettraie
d'en former un groupe distinct ( Lepropteris }, si on les retrouvait à
l’état fossile ; mais jusqu’à présent je n’en ai vu aucun indice certain.
Les Sphenopteris nervosa et distans sont les seuls qui, par la dispo-
siuon de leurs nervures, ressemblent assez à quelques Adianthum ;
mais on verra, à l’article de la première de ces espèces, qu’elle a encore
plus d’analogie avec des plantes de genres différens, et la seconde se
rapproche d’un Adianthum assez différent des espèces ordinaire de ce
genre.
1. SPHENOPTERIS MANTELLI. PI. XLV, fig. 3 - 7.
S. fobis bipinnatifidis, pinnis approximatis virgatis fastigiatis, pinnulis
obliquis, omnibus integris uninerviis, angustis, cuneatis, apice
obliquè truncatis et subemarginatis ; parte exteriori longiüs pro-
ductà.
Hymenopteris psilotoides, Manr. {Ulust.ofthe geol. of Sussex, p. 55, pl. I, fig. 5.
PI. IE, fig. 7. PL. IX, fig. 2. PL. XX, fig. 1, 2. — Geol. trans. new serie,
vol. 1%, p. 424.
Sphenopteris Mantelli, An. Browc., Prod., p. 50.
Gis. Dans le grès ferrugineux inférieur à la craie, Æasting's sand des géologues
anglais.
Loc. Dans les grès de la forêt de Tilgate, en Sussex (Manvezz. ).
Cette espèce s'éloigne du caractère générique des Sphenopteris,
par ses pinnules simples, non lobées, traversées par une seule nervure;
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. | 171
je l'ai rapportée à ce genre, à cause de ses pinnules élargies en forme
de coin, tronquées et presque bilobées à leur extrémité.
La fronde n’a toujours paru bipinnatifide; les pinnes sont rappro-
chées, grêles, allongées, irès-obliques et presque fastigiées ; les pin-
nules également très-obliques, étroites, légèrement décurrentes à leur ?
base, sont rétrécies vers leur point d’attache, élargies à leur extrémité,
- qui est tronquée obliquement de manière que le côté externe se pro-
longe plus que linterne. Une seule nervure traverse le milieu des
pinnules, et correspond à une légère échancrure de l'extrémité tron-
quée de ces pinnules.
Cette plante, sans avoir une analogie très-intime avec aucune
Fougère vivante que je connaisse, me parait se rapprocher surtout
de quelques espèces des genres Davallia et Darea.
Ainsi, au premier aspect, cette plante semble avoir une analogie
assez marquée avec le Darea prolifera ( Warxo. Spec. V, 299 ), et
surtout avec les extrémités des pinnes de cette Fougère ; mais les pin-
nules de cette plante, quoique d'une forme très-semblable, sont plus
profondément bilobées ; le lobe le plus grand.est au côté interne, et
la nervure est bifurquée dès la base, de sorte qu’une de ses branches
se porte dans chaque lobe : caractères qu’on n’observe pas dans la
plante fossile ; en outre, dans ce Darea, les pinnules inférieures sont
plus larges que les autres et trilobées ou quadrilobées.
Le Davallia gibberosa (pl. LIX, fig. 1 } a une affinité plus intime
avec notre espèce fossile par ses caractères les plus essentiels ; la
disposition et la forme des pinnules est presque la même; les pinnes
sont seulement moins grêles, moins allongées, plus étalées , et Les
pinnules inférieures commencent à être elles-mêmes pinnées, tandis
que dans la plante fossile toutes sont simples ; mais,en comparant les
extrémités des pinnes de la plante vivante avec celles de la plante
fossile, on voit que les pinnules sont également alternes, très-obliques,
linéaires, et légèrement cunéiformes, à deux lobes très-courts, dont
l'externe est le plus prolongé ; c’est entre ces deux lobes que se trouve,
dans la plante vivante, le groupe de capsules ; enfin, dans ce Davallia,
comme dans le Sphenopteris Mantelli, la pinnule n’est traversée
192 HISTOIRE
que par une seule nervure qui ne se bifurque que tout près de lex-
trémité, sous le groupe de capsules.
L’analogie entre cette espèce fossile et le Davallia tenuifolia, Var.
acuminata (pl. LIX, fig. 3), est peut-être encore plus frappante, si
on ne compare que les extrémités des pinnes, car dans la plante
fossile les pinnules inférieures sont toujours simples, tandis que dans
toutes les espèces vivantes elles sont pinnatifides.
Quant aux rapports entre cette plante et le genre Psilotum que
semblait indiquer le nom adopté par M. Mantell, j’avoue que je ne
puis les découvrir , le Psilotum offrant une vraie tige dichotome garnie
de petites feuilles distiques, réduites à des sortes de dents aigués.
2. SPHENOPTERIS ELEGANS. PI. LIIT, fig. 1, 2.
S, foliis bi-tripinnatis, oblongo-lanceolatis, pinnulis distantibus obli-
quis, inferioribus pinnatifidis, superioribus bi-trifidis, laciniis
oblongo-cuneatis, apice truncatis subcrenulatis ; rachi compresso
subalato, transversè rugoso; nervis vix distinctis, in parenchymate
coriaceo immersis ( 2-3 in qualibet lacinia).
Sphenopteris elegans, An.BroxG., Prod., p. 5o.—Srerxs. Tent. flor. prim., p. ro.
Filicites (Sphenopteris) elegans, An. Bronc., Class. des végétaux fossiles, p. 35,
pl. Il, fig. 2.
Filicites adianthoïdes ? Scazota., Flor. der Vorw. , tab. X, fig. 18, a( frons si-
nistra ), non ejusd. Nacht. , pl. XXI, fig..1.
. Acrostichum silesiacum, Sreans., tab. XXIIE, fig. 2.
G1s. Terrain houiller.
Loc. Mines de Waldenburg en Silésie (GrAVENRORST ), — Imenau (Srernserc.
La tige grêle de cette Fougère porte des pinnes assez courtes, obli-
ques , dont l’ensemble donne à la feuille une forme lancéolée, très-
allongée; le rachis des pinnes est.nu, étroit, et porte des pinnules
dont les inférieures sont profondément trilobées ou rarement à quatre
où cinq lobes oblongs, cunéiformes, tronqués ou légèrement émargi-
nés à leur extrémité. Les pinnules terminales sont simples , cunéi-
formes; la texture de ces feuilles paraît assez épaisse et coriace, on
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 173
peut à peine y distinguer les nervures qui paraissent cependant au
nombre de 2 où 3 dans chaque lobe.
La forme et la disposition de ces pinnules ressemble à celles de piu-
sieurs Davallia. Je w'ai pas pu comparer cette plante à toutes les espèces
de ce genre, mais parmi celles dont j'ai eu des échantillons à ma disposi-
tion, le Davallia tenuifolia de VIle de France est celui qui a le plus
de rapport avee cette plante fossile, en considérant toutefois la por-
tion de feuille, fig. 1, comme n'étant qu’une pinne latérale et non la
feuille tout entière ; cependant la plante vivante diffère sensiblement
parses pinnes secondaires plus allongées, ainsi que par ses pinnules, dont
les inférieures sont le plus souvent à quatre ou cinq lobes pinnées(1),
et non pas à trois lobes seulement, comme dans la plupart des pinnules
de la plante fossile ; cependant, dans la fig. 2, on voit déjà quelques
pinnules dont les lobes sont plus nombreux, et qui ressemblent davan-
tage à celles du Davallia tenuifolia. Dans la plante vivante, comme
dans l'espèce fossile, les nervures sont à peine distinctes, le tissu de
la feuille étant épais et assez coriace.
Une autre différence remarquable, entre cette feuille fossile et l’es-
pèce vivante que nous lui comparons, se trouve dans le mode d’inser-
tion des pinnules ; dans la plante fossile la pinnule de chaque pinne
secondaire la plus rapprochée du rachis des pinnes primaires corres-
pond à l'angle obtus formé par l'insertion des pinnes secondaires ou
au côté interne de la fronde, tandis que dans le Davallia tenurfolia
et dans toutes les autres espèces de Davallia, ainsi que dans la plu-
part des Fougères vivantes, la pinnule la plus rapprochée du rachis
correspond toujours à l'angle aigu ou au côté externe des pinnes se -
condaires.
Cette disposition des pinnules est presque générale dans les Fou-
gères vivantes, et m'a paru constante dans chaque espèce; tandis que
la disposition inverse est au contraire la plus fréquente parmi les
espèces fossiles, même lorsqu'elles ont une grande analogie avec des
espèces vivantes qui n’en diffèrent presque que par ce caractère , ainsi
qu'on le verra pour plusieurs des espèces suivantes.
(1) Voyez un fragment de la feuille de cette plante ( pl. LIX, fig. 2.
174 HISTOIRE
3. SPHENOPTERIS NERVOSA. PI. LVI, fig. 2.
S. foliis bipinnatis, rachi nudo, pinnulis obovato-cuneatis, subintegris
vel vix birilobatis, obtusissimis ; nervulis flabellatim dichotomis,
numerosis, approximatis, distinctissimis.
Sphenopteris nervosa, AD. Broxc., Prod., p. 5o.
Gis. Terrain houiller.
Loc. Inconnue.
Je ne connais cette espèce que par le petit fragment que j'ai figuré;
quoique trop incomplet pour la bien faire connaître , il suffit pour la
distinguer de toutes les autres espèces fossiles que je connais.
Les feuilles sont probablement bipinnées , leur rachis et celui des
pinnules latérales sont nus, assez épais, et paraissent très-raides ; les
pinnules inférieures sont obovales, arrondies au sommet et divisées en
trois lobes peu profonds; les pinnules plus rapprochées de l'extrémité
sontentières,cunéiformes, presque tronquées ou légèrement arrondies.
Les nervures qui se distribuent dans chaque lobe des pinnules in-
férieures ou dans chacune des pinnules supérieures sont nombreuses,
fasciculées, chacune une où deux fois bifurquées, très-fines, mais
très-marquées.
Ce mode de division des nervures est très-analogue à celui qu'on
observe dans plusieurs espèces d’Adianthum (pl. XXXI, fig. 1); mais
dans les Adianthum les folioles sont presque toujours pédicellées et
plus espacées, et leur texture est plus mince qu'elle ne le paraît dans
la plante fossile. La disposition et la forme des pinnules ressemblent au
contraire beaucoup plus à ce qu’on observe dans quelques 4splenium, et
particulièrement dans l'Asplenium furcatum (Scuxuur., F'üilic. tab. 79),
dont nous avons figuré une pinne (pl: LIX, fig. 4)qu'on peut comparer,
ainsi que la pinnule grossie , fig. 4, a, avec les fragmens de la plante
fossile. On verra qu'il y a une grande analogie entre ces deux plantes;
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 175
cependant les pinnes de la plante fossile sont plus obliques sur le
rachis, et la même différence que nous avons signalée dans l’article
précédent, dans l'insertion des pinnules inférieures, s’observe aussi
entre ces deux plantes ; enfin, les lobes des pinnules de la plante
fossile ne paraissent ni aussi profondément séparées ni dentelées ;
mais il se pourrait que cela tint à ce que les extrémités des pinniules
ont été cassées ayec la roche qui les renferme.
4. SPHENOPTERIS LINEARIS. PI. LIV, fig. r.
S. foliis bipinnatis, pinnis ascendentibus, rapidè decrescentibus,
pinnulis obliquis, tri-quadrilobis, lobis bi-trifidis, lacinüs truncatis
approximaus brevibus multinerviüs, nervulis dichotomis.
Sphenopteris linearis ? STERNS. Fasc. IV, p. XV, tab. XLII, fig. 4.
Gas. Terrain houiiler.
Loc. Mines de Swina en Bohème ( Srerns.) — Mine de houille d'Angleterre ( Coll. de
M. Hissert, d'Edimbourg ).
La forme de la feuille de cette Fougère, autant qu'on peut en juger
d’après l'extrémité représentée sur la planche LIV, seul échantillon
que j'aie vu, paraît être à peu près triangulaire comme celle des Da-
vallia pyxidata et canariensis.
Les pinnes et les pinnules sont très-obliques ; le rachis, quoique
assez étroit, paraît membraneux; les pinnules ont une forme générale
rhomboïdale ; elles sont pinnatifides, formées de trois à quatre lobes
principaux, oblongs, légèrement cunéiformes, divisés eux-mêmes à
leur extrémité en deux ou trois lobes courts, tronqués ; les nervures
sont fines et nombreuses, chaque sous-lobe en présente quatre à cinq;
elles sont dichotomes et presque parallèles.
Je ne connais aucune plante vivante qui ait une analogie bien
marquée avec cette espèce, quoiqu’elle semble avoir surtout de l’ana-
logie avec les Davallia.
176 HISTOIRE
C'est avec beaucoup de doute que je rapporte le synonyme de
M. de Sternberg à cette Fougère, l'échantillon qu'il a figuré ne donnant
qu’une idée très-imparfaite de la plante dont elle devait provenir.
5. SPHENOPTERIS ARTEMISIÆFOLIA. PI. LVI et LVIE, fig. reta.
S. folüs bipinnatifidis ( quandoque basi furcatis ), pinnulis oblongo-
cuneatis, basi confluentibus, apice crenulato-lobatis, multinerviüs ;
nervis tenuissimis, è basi divergentibus , subparallelis.
Sphenopteris artemisiæfolia, Srerns., Fasc. IV, p. 15, tab. LIV ; fig. 1.
Gas. Terrain houiller.
Loc. Newcastle dans le Northumberland ( Coll. du Prof. Trowson , de Glascow.—
STERNBERG ).
Je n’ai vu qu'un seul échantillon de cette espèce remarquable
(pl. XLVIL, fig. 2); les deux autres sont représentés d’après des
dessins qui m'ont été communiqués, l’un (pl. LXVI) par M. Taylor,
qui se proposait de publier ses recherches sur les fossiles du terrain
houiller d'Angleterre, mais que la mort a empêché d'exécuter l’ou-
vrage qu'il projetait; autre (pl. XLVIT, fig. 1) par le professeur
Buckland.
Malgré quelques différences entre ces trois plantes, je ne puis pas
m'empêcher de les considérer comme des variations individuelles
d'une même espèce; l'échantillon (pl. LXVE) paraît faire partie
d’une feuille plus grande, plus développée, et plus profondément
découpée ; les deux autres (pl. XLVII) proviennent sans doute de
feuilles plus petites, plus jeunes, et moins divisées ; elles ne diffèrent
peut-être que parce que le dessin , fig. 1, n’a pas été fait par quelqu'un
habitué à bien étudier les caractères de ces plantes.
Les pinnules plus ou moins grandes, et plus ou moins profondé-
ment séparées les unesdesautres sont très-obliques , allongées, cunéi-
formes , divisées à leur extrémité en lobes peu profonds, denticulées,
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 177
traversées par plusieurs nervures parallèles, divergeant légèrement de
la base des folioles, très-fines et peu marquées ; il n’y a pas de ner-
vure principale bien distincte. Le rachis est épais, et paraît avoir été
d’une texture molle.
Ces feuilles sont souvent accompagnées de fruits ovoïdes à deux .
cornes qui ne peuvent pas avoir appartenu à des Fougères, mais qui
ressemblent à ceux qu'on observe quelquefois sur les tiges d’Astero-
phyllites (1).
Quant aux rapports de cetté plante avec les espèces vivantes de
Fougères, j’avoue que je n’ai pu rien trouver de très-analogue ; mais
c'est avec le groupe d’Asplenium, auquel appartiennent les Asplenium
caudatum , Dareæfolium, japonicum, etc., que cette plante présente
le plus de rapports ; l'Æsplenium erosum , dont jai figuré une pinnule,
pl. LIX, fie. 5, est l'espèce la plus analogue à cette plantefossile quej'aie
vue, et cependant il suflit de comparer les figures de ces deux plantes
pour voir Les grandes différences qui existent entre elles.
6. SPHENOPTERIS WILLIAMSONIS. PI. XLIX, fig. 6, 7, 8.
S. foliis pinnatis vel bipinnatis, rachi compresso, angustè alato ;
pinnulis subconjugatis vel usque ad basim bifidis, magis minusve
obliquis, profundè pinnatifidis, laciniis subflabellatis, linearibus,
obtusis, divergentibus, apice sæpius bifurcatis vel bidentatis.
Sphenopteris digitata, Purzurs, Geol. of Yorkshire, p. 147, PL. VII, fig. 6, 7.
Gis. Oolithe inférieure , dans les argiles schisteuses qui accompagnent les stipites.
Loc. Scarborough sur la côte du Yorkshire, Angleterre ( WizzrAmsox ).
Je n'ai vu que des fragmens peu étendus de cette plante, mais
ils sont assez remarquables pour ne pouvoir être confondus avec
aucune des espèces voisines, dont cette plante diffère en outre beau-
(x) Voyez Prodrome d’une Histoire des végétaux fossiles, p. 157.
I. 23
178 HISTOIRE
coup par l’époque de formation du terrain qui la renferme. On
rencontre dans les mêmes échantillons deux formes différentes qui
paraisseni appartenir à la même espèce. Dans l’une (fig. 7, branche
gauche }, le rachis est raide, assez largement aiïlé; les pinnules plus
rapprochées, plus perpendiculaires sur le rachis, sont plus courtes et
plus larges ; le mode d’insertion et la direction des pinnules semblent
indiquer que ces fragmens appartiennent à une fronde simplement
pinnée.
Dans l’autre variété ( fig. 6 et 8, et branche droite de la fig. 7 ), le
rachis est flexueux, plus grêle, les pinnules plus espacées et plus
obliques, paraissent inégales des deux côtés de ce rachis, et tout
indique que ce sont des pinnes latérales isolées d’une feuille bipinnée,
Ces deux formes sont-elles des âges ou des états différens d'une
même espèce où deux espèces distinctes ? C’est ce que nous ne pou-
vons décider d’après les échantillons que nous possédons.
Dans ces deux variétés de forme les pinnules se ressemblent beau-
coup par leurs caractères essentiels ; elles sont généralement divisées
jusque près de leur base en deux lobes principaux quelquefois si
profonds (fig. 6 ), qu’ils paraissent former deux pinnules distinctes
rapprochées , mais l’ordre d’alternance de ces pinnules indique bien
| que ce sont deux lobes d’une même pinnule; chacun de ces deux
lobes est plus où moins profondément pinnatifide, divisé en lobes
principaux eux-mêmes sur- lobés. Ces divisions sont grêles, très-
obliques et presque disposées en éventail; les dernières subdivisions
sont linéaires, obtuses à leur extrémité, et parcourues par une seule
nervure très-fine. Ces lobes sont plus longs , plus grêles et plus pro-
fondément séparés dans la seconde variété ; plus courts et moins pro-
fondément séparés dans la première.
La forme et la disposition de ces pinnules a une assez grande
analogie avec celle des 7'richomanes pour qu'on puisse présumer que
cette plante appartenait à ce genre : on pourrait alors espérer de
trouver un jour des traces des fructifications si distinctes de ce genre.
La forme allongée et obtuse des lobes des pinnules donne surtout à
ces pinnules une grande ressemblance avec celles des Trichomanes ;
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 179
mais leur mode de division, la direction droite et divergente dès la
base des lobes et des nervures les fait ressembler beaucoup d’une
‘autre part à quelques formes d’Æsplenium, et comme je n’ai vu aucune
espèce vivante très- voisine, on ne peut que rester dans Le doute sur
ces analogies.
7. SPHENOPTERIS FURCATA. PI. XLIX, Gg. 4, 5.
S. foliis bipinnatifidis, rachi communi compresso vix alato, partialibus
angustè alatis, subperpendicularibus ; pinnulis obliquis profundè
pinvaüfidis, lobis bi-trifidis, inférioribus subpalmatim fissis, lacinitis
lineari-lanceolatis, obliquis, divergentibus, acutiusculis, planis.
“
Gris. Terrain houiller.
Loc. Newcastle ;, dans le Northumberland, en Angleterre ( Los ).— Charleroi , en
Belgique. — Saarbruck ( Muséum de Strasbourg ).
Les feuilles de cette espèce sont bipinnées, à pinnules très-pro-
fondément divisées ; le rachis commun est aplati, mais sans bord
membraneux distinct; les pinnules sont légèrement obliques, alternes,
assez rapprochées , de manière que les pinnules des deux pinnes voi-
sines s’entrecroisent ; leur rachis est bordé d’une aile membraneuse
assez large. a
Les pinnules sont alternes, très-obliques, presque bipinnatifides,
à lobes étroits, cunéiformes ; les supérieurs bifurqués ; les inférieurs
trifides ou palmés, à divisions bifurquées ; chacune des divisions est
lancéolée, assez aiguë ; toutes divergent en rayonnant : les nervures
sont divisées de la même manière que les pinnules , chaque dernière
division est uninerviée.
180 HISTOIRE
8. SPHENOPTERIS ALATA. PI. XLVIII, fig. 4.
S. foliis bipinnatifidis, rachibus alatis; pinnis perpendicularibus,
distantibus, suboppositis ; pinnulis subæqualibus, vix obliquis,
pinnatifidis ; lobis distantibus, oblongo-lanceolatis, infra subcon-
volutis, inferioribus bifidis vel trifidis.
Gis. Terrain houiller.
Loc. Mines de Geislautern près Saarbruck (Grawpin ).
Cette espèce diffère peu de la précédente avec laquelle je l'avais
confondue dans mon Prodrome ; cependant, après un examen attentif,
l'échantillon, pl. XLVHI, fig. 4, sur lequel elle est établie, m’a paru
différer trop de ceux du Sphenopteris furcata, pour n’en faire qu'une
simple variété.
Les pinnes sont presque opposées, beaucoup plus éloignées les unes
des autres, tout-à-fait perpendiculaires sur le rachis commun qui est
bien distinctement bordé d’une aile membraneuse. Les rachis secon-
daires sont aussi bordés d’une membrane plus large ; les pinnules
sont moins obliques, plus courtes, beaucoup moins profondément
divisées ; les lobes, moins nombreux, sont plus courts, plus larges,
moins aigus, et leurs bords paraissent bien sensiblement recourbés
en dessous.
Il suffira, du reste, de comparer les détails grossis et mis dans une
position analogue pour bien juger de la différence.
Ces deux espèces ressemblent assez par le mode de DEnn de
leurs feuilles, et par la forme de leurs pinnules dont les lobes sont
uninerviés, aux Ÿrichomanes et aux Hymenophyllum parmi les
plantes vivantes; mais aucune des espèces vivantes que j'ai examinées
ne présente cependant une analogie réelle dans les détails.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. i8r
9: SPHENOPTERIS TRIDACTYLITES. PI. L.
S. foliis bipinnaufidis, rachibus nudis rigidis ; pinnis subperpendi-
cularibus elongatis, linearibus ; pinnulis subæqualibus, vix obli-
quis, approximatis, ovatis, pinnatifidis, segmentis obtusissimis,
profundè distincts, superioribus simplicibus vel bilobis, inferio-
ribus cuneiformibus, obtusè trilobis ; nervis bipinnatis, lobis uni-
nerviis.
G1is. Terrain houiller.
Loc. Mines de Montrelais ? ( Muséum de la ville de Nantes.)
Cette Fougère appartient au même groupe que les deux précédentes,
dont elle diffère cependant bien sensiblement par la forme de ses
pinnules. Outre l'échantillon fort complet, figuré pl. L, j'en ai vu
quelques autres portions parfaitement identiques sur d’autres échan-
. tillons du même lieu,
Le rachis commun, et ceux qui portent les pinnules, sont plus
épais que dans les espèces précédentes, plus raides, et complètement
dépourvus de bords membraneux. Les pinnules sontrapprochées, d’une
longueur presque égale entre elles et très-nombreuses, ce qui donne
aux pinnes une forme très-allongée; ces pinnules sont ovales, obtuses,
profondément pinnatifides, à divisions très-rapprochées, cunéiformes,
très-obtuses et presque tronquées ; les segmens supérieurs sont sim-
ples, les moyens et les inférieurs sont à deux et plus souvent à trois
lobes très-courts, tronqués et légèrement arrondis; les nervures sont
très-nettes , bipinnées ; chaque lobe ne présente qu'une seule nervure.
Le mode de division de la feuille et des pinnules, et la forme
obtuse et presque tronquée des lobes, est tout-à-fait semblable à ce
qu’on observe dans les 7'richomanes et les Hymenophyllum, dont cette
plante fossile paraît encore se rapprocher par l'aspect mince et mem-
braneux du tissu de la feuille.
182 HISTOIRE
10. SPHENOPTERIS TRICHOMANOIDES. PI. XLVIIT, fig. 3.
S. foliis bipinnatifidis membranaceïs, rachibus secundariis alatis ;
pinnulis decompositis inæqualibus ; superioribus longioribus, rachi
subperpendicularibus ; inferioribus brevioribus, obliquis ; pinnulis
profundè pinnatifidis vel subbipinnatfidis, lobis integris vel bifidis,
trifidis autquadrifidis; laciniis divergentibus,oblongis, obtusis, sub-
truncatis, uninerviis ; nervis tenuissimis.
Gis. Terrain houiller.
Loc. Mines d’Anzin, près Valenciennes (Fée ).
Le petit fragment de cette plante, que je dois à l’obligeance de
M. Fée, suffit pour établir les caractères qui le distinguent des trois
espèces précédentes et de la suivante.
Ce fragment n’est évidemment qu'une pinne latérale, comme on
peut le voir à la grandeur et à la direction différente des pinnules des
deux côtés ; le rachis de cette pinne est bordé d’une membrane assez
large, continue avec celle des pinnules; ces dernières décroissent
assez rapidement de la base vers l'extrémité ; celles du côté supérieur
sont plus grandes et moins obliques que celles du côté inférieur. Les
pinnules rapprochées de l'extrémité sont pinnatifides ; celles de la base
sont bipinnatifides. Les lobes sont allongés, linéaires, très-obtus,
presque tronqués ; les inférieurs bifurqués où même trifurqués.
La ténuité que paraissait avoir la fronde, la finesse des nervures,
la forme des lobes qui sont oblongs, presque linéaires et très-obius
enfin, la manière dont les pinnules se divisent , établissent une grande
analogie entre cette planteet les Fougères des genres Jymenophy llum
et T'richomanes, et parmi ces derniers le 7richomanes radicans du
Brésil présente la ressemblance la plus complète lorsqu'on compare
des portions de fronde d’une grandeur et d’un développement ana-
logues, comme on peut s’en assurer par l'examen de la pinnule figu-
rée pl. LIX,, fig. 6.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 183
11. SPHENOPTERIS DISSECTA. PI. XLIX, fig. >, 3.
S. foliis bipinnatifidis, rachibus partialibus alatis ; pinnulis profundè
pinnatifidis, lacinis linearibus angustissimis, distantibus , usque ad
basim distinctis, uninervis, inferioribus bifurcatis vel trifurcatis,
lobis obtusis divergentibus.
Gais. Terrain houiller.
Loc. Mines de Saint-George-Chatelaison, département de Maine -et- Loire, et de
Montrelais , département de la Loire-Inférieure ( Vincer.— Collection de l'École
des Mines de Paris ). — Berghaupten , dans le grand duché de Bade ( Muséum de
Strasbourg ). — Saint-Hippolyte, dans les Vosges ( ibid. ).
La délicatesse des divisions des pinnules de cette Fougère la dis-
tingue immédiatement des autres espèces fossiles de ce genre avec
lesquelles, au reste, elle ne paraît jamais se trouver associée. En effet
son gisement offre ce fait remarquable qu'elle paraît propre, avec
un petit nombre d’autres espèces, aux couches du terrain houiller
qu'on pourrait regarder comme les plus anciennes, et qu’on a quel-
quefois considérées comme de transition. d
La disposition des pinnules est analogue à celle des trois espèces
précédentes ; la fronde est bipinnée, à rachis membraneux sur les
bords ; les pinnules, espacées et obliques, sont allongées , très-profon-
dément pinnatifides , à lobes éloignés les uns des autres, grêles,
linéaires, simples vers l'extrémité des pinnules, bifurqués ou à trois
divisions vers la base. |
Il y a une grande ressemblance entre cette plante et le Darea vivi-
para de lilé Maurice, ainsi qu’on peut s’en assurer en comparant
l'espèce fossile avec une pinnule grossie de cette plante, pl. XXX,,
fig. 13, mais cependant il n’y a pas identité ; les pinnules de la plante
fossile sont plus allongées, plus étroites , et Les lobes sont plus courts,
moins grêles ; le rachis, dans la plante vivante, est plus étroit et sans
rebord membraneux.
184 HISTOIRE .
12. SPHENOPTERIS MYRIOPHYLLUM. PI. LV, fig. 2.
S. foliis bipinnatis, rachi lato, pinnis linearibus elongatis, pinnulis
pinnatim decompositis, circonscriptione ovatâ obtusà, segmentis
dichotomis , filiformibus, ultimis furcatis.
Sphenopteris myriophyllum , An. Bronc., Prod., p- 51. Flore du grès bigarré, in
Ann. des Sc. nat., tom. XV, p. 442.
Gis. Grès bigarré.
Loc. Sultz-les-Bains, près Strasbourg ( Muséum de Strasbourg , N° Q, 346).
Cette jolie espèce pourrait d’abord être regardée comme tout-à-fait
étrangère à la famille qui nous occupe, et comme plus analogue à
quelques plantes aquatiques à feuilles très-décomposées ; mais on voit
cependant que toutes les divisions sont dans un même plan , comme
cela a lieu pour les découpures d’une seule feuille : en outre, on re-
connait que ces feuilles ont le même mode de subdivision que les
nervures des Fougères. On pourrait croire encore que ce n’est qu’une
sorte de squelette d'une feuille moins divisée; la régularité et la netteté
de ces divisions sufliraient cependant pour rendre cette supposition peu
probable, mais la comparaison avec quelques espèces vivantes de
Trichomanes montre lanalogie extrême qui existe entre ces espèces
et la plante qui nous occupe.
La fronde de plusieurs Trichomanes est en effet presque réduite
aux nervures, à peine bordées par un peu de parenchyme. J'ai repré-
senté, pl. LI, fig. 4, deux pinnules grossies du Zrichomanes am-
rufolium, DEsv., qui prouveront la grande analogie qui existe entre
ces plantes et notre espèce fossile. La grandeur naturelle et la dispo-
sion générale de ces pinnules n'offre pas non plus de différences
très-notables.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 185
13. SPHENOPTERIS DELICATULA. PI. LVII, fig. 4.
S. foliis bi vel tripinnatis, tenuissimis, rachi alato, pinnulis profundè
pinnatifidis, lacinis obliquis sæpè furcaus, linearibus, uninervüs,
parenchymate tenuissimè reticulato.
Sphenopteris delicatula ? Srenns., Fasc., IV, p. XVI, tab. XX VI, fig. 5. —
A». Browc., Prod., p. 50.
Gas. Terrain houiller.
Loc. Mines de Sarrebruck ( Coll. de l’École des mines de Paris ).
Cette petite Fougère ressemble, par la délicatesse des pinnules et
par la finesse de leurs divisions, à l'espèce précédente ; un examen at-
tentif montre cependant entre ces deuxplantes des différences bien
marquées.
Les pinnes paraissent beaucoup moins allongées et par conséquent
moins linéaires que dans le Spkenopteris myriophy llum ; les pinnules
sont plus obliques , très-profondément pinnatifides , à lobes bifides
ou trifides dont les divisions sont linéaires, très-étroites, mais cepen-
dant planes et évidemment membraneuses, marquées d’une nervure
bien distincte ; le parenchyme, qui forme le bord membraneux des
divisions des pinnules, est très-finement mais très-nettement réticulé,
et cette réticulation, qui les fait paraître à la loupe comme chagri-
nées, paraît produite, comme dans quelques Hymenophyllum , par le
réseau du tissu cellulaire de la feuille; sa finesse et sa forme semblent
indiquer du moins que ce ne peut pas être un réseau de nervures.
Cette forme et cette structure des pinnules indiquent évidemment
une plante du groupe des hyménophyllées; mais le fragment que
j'ai observé et que je figure est trop petit pour que j'essaie de rappro-
cher cette plante des nombreuses espèces de cette tribu.
186 HISTOIRE
14. SPHENOPTERIS TENELLA. PI. XLIX, fig. r.
S. foliis bipinnatis, rachibus nudis gracilibus; pinnulis obliquis, ovato-
oblongis, profundè pinnatifidis ; laciniüis obliquis, oblongis, obtusis.
Gis. Terrain houiller.
Loc. Mines du Yorkshire ( D'. Tayror).
Je ne connais cette petite espèce que par un dessin que M. le doc-
teur Taylor en avait fait faire, et que sa veuve a bien voulu me
communiquer , ainsi que quelques autres. Quoiqu'il laisse à désirer
quelque chose pour la précision des détails, il me paraît indiquer une
espèce bien distincte de toutes celles que j'ai figurées d’après nature,
et voisine surtout du Sphenopteris tridacty lites.
La ténuité des rachis, la petitesse des pinnules, leur forme étroite
et allongée, et par-dessus tout la régularité de leurs lobes, qui
sont presque égaux entre eux, sont les caractères qui, si le dessin
est bien exact, distinguent complètement cette espèce des autres du
même genre ; la disposition des lobes pourrait même la faire rap-
porter au genre Pecopteris ; mais il me paraît très-probable, d'après
la profondeur de ces lobes, que les inférieurs devaient être bilobés
ou même trilobés, comme dans les Sphenopteris à pinnules aussi
profondément découpées.
Je ne connais pas avec assez de certitude la forme des divisions de
cette feuille pour pouvoir la comparer à quelque espèce vivante; mais
c'est encore avec le groupe des hyménophyllées qu’elle me paraît
avoir le plus d’analogie.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 187
15. SPHENOPTERIS CRENULATA. PI. LVI, fig. 3.
S. foliis membranaceis bipinnaufidis (an tripinnatifidis? ), pinnis lan-
ceolatis rachi alato, pinnulis approximatis, basi confluentibus,
cuneatis, apice bi-trilobatis, crenulatis, nervulis bipinnatis tenuis-
simis.
Sphenopteris crenulata , An, Bronc., Prod., p. 50.
Gis. Formation jurassique.
Loc. Whitby, dans le Yorkshire (Muséum de la Société philosophique d’York ).
Cette espèce de Fougères paraît rare à Whithy, je n'en ai
vu que de petits fragmens dans le Musée d'York; mais ils sont assez
caractérisés pour ne pouvoir être confondus avec aucune autre es-
pèce. La fronde est probablement tripinnée ; car on peut présumer
que les deux rameaux de la figure 3 a, se rattachaient à un même
rachis commun, et que le fragment de feuillé à gauche, dont les
pinnules sont plus petites, appartenait à la partie de la feuille plus
voisine de l’extrémité.
Les pinnes secondaires, les seules que nous ayons vues entières, sont
lancéolées, alternes, assez obliques sur le rachis secondaire qui est
nu; elles sont profondément pinnatifides, et leur propre rachis est
bordé par une large membrane contintie avec les pinnules. Ces der-
nières, à peu près égales entre elles, sont obliques, cunéiformes, assez
courtes ; leur extrémité est élargie, presque tronquée, divisée en deux
ou trois lobes courts, qui sont eux-mêmes bi où tridentés, ce qui
fait paraître ces pinnules presque irrégulièrement crénelées à leur
extremite.
Je ne connais aucune plante vivante qui ait quelque analogie pour
la forme de ses pinnules avec cette espèce fossile ; la texture de la
fronde paraîtrait avoir été assez mince et analogue à celle des Zri-
chomanes; mais la forme des feuilles diffère totalement de celle des
plantes de ce genre que je connais.
158 HISTOIRE
16. SPHENOPTERIS DENTICULATA. PI LVI, 6g. r.
S. foliis bipinnatis, rachi pinnarum lato compresso, pinnulis ovatis
acutis, profundè pinnatifidis, lobis ovatis, subtruncatis, apice den-
ticulatis , nervulis pinnatis tenuissimis.
Gis. Dans la formation jurassique. 2
Loc. Scarborough, sur la côte du Yorkshire ( Wrrzramson ).
Quoique je n’aie vu que de petits fragmens de cette espèce, je ne
puis m'empêcher de la considérer comme distincte des autres espèces
du même genre, et particulièrement de celles déjà observées dans le
même terrain. j
La feuille est probablement bipinnée, peut-être même tripinnée ; les
rachis secondaires sont plats, mais ne paraissent pas d’une nature mem-
braneuse analogue à celle des pinnules : on n’y distingue pas de côte
moyenne ; les pinnules sont ovales - lancéolées, aiguës, profondément
pinnatifides , à lobes très-obliques, décroissant régulièrement, ob-
ovales ou presque quadrilatères, tronquées obliquement à leur sommet,
et présentant à cette extrémité, deux, trois ou quatre dents peu pro-
fondes. Les nervures partent presque parallèlement de la base de
chaque lobe et se terminent dans chacune des dentelures.
Cette plante , par la forme de ses pinnules et par l'apparence lisse
et épaisse de sa fronde, semblerait se rapprocher assez de quelques
espèces de Davallia , telles particulièrement que les Davallia pyxt-
difera et epiphylla.; mais elle diffère très-sensiblement de ces plantes
spécifiquement par la forme des lobes qui les terminent, les lobes
principaux des pinnules du Davallia epiphylla étant, il est vrai,
disposés comme dans la plante fossile, mais étant moins profonds et
presque entiers.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 189
17. SPHENOPTERIS HYMENOPHYLLOIDES. PI. LVI, fig. 4.
S. folis bipinnatis, tenuissimis, pinnis lineari-lanceolatis, rachi alato;
pinnulis approximatis, ovatis, pinnatifidis, lobis ovatis tridentatis,
inferiori et exteriori ( versus apicem pinnarum}) majori, pinna-
üfido; nervulis tenuissimis. ü
1 Sphenopteris hymenophylloides , An. Browc., Prod., p. 5o.
Fa Sphenopteris stipata. Paues, Illustr. of geol. of Yorkshire, p. 147 et 153,
PI. X, fig. 8.
G1s. Formation Jurassique.
Loc. Whitby, dans le Yorkshire ( Muséum de la Soc. philosophique d’York ).
Cette espèce paraît assez fréquente dans les couches qui accompa-
gnent le charbon fossile de Whätby, j'en ai vu des échantillons assez
nombreux et bien conservés. Les feuilles sont évidemment bipinnées ;
le rachis commun , assez épais, est nu, sans bords membraneux ; les
pinnes sont alternes , presque perpendiculaires au rachis, oblongues-
lancéolées, assez rapprochées ; leur rachis propre est garni d’un
rebord membraneux qui est continu avec les pinnules.
Les pinnules paraissent d’un tissu très-délicat ; elles sont ovales-
oblongues, d’une forme générale plutôt obtuse qu’aigué, assez pro-
fondément pinnatifides , à lobes eux-mêmes surlobés ; Le lobe inférieur
du côté de l'extrémité des pinnes est plus grand que les autres, oblong,
ordinairement trilobé, à lobes tridentés. Les autres lobes de chaque
pinnule sont larges, courts, rapprochés les uns des autres et divisés
vers leur extrémité en trois dents courtes et obtuses ; les ner-
vures suivent le mode de division que nous venons d'indiquer, c’est-
à-dire qu’elles sont bipinnées et presque tripinnées dans le lobe
inférieur.
L'aspect du tissu de ces feuilles, et leur mode de division, leur don-
nent une ressemblance assez marquée avec quelques espèces d'Hy-
ménophylles et de Trichomanes ; mais une comparaison plus minu-
190 HISTOIRE
üeuse montre une analogie plus parfaite entre cette plante et les
Dicksonia à feuilles minces et très-subdivisées, telles que les
Dicksonia rubiginosa, dissecta, cicutaria, etc.
Nous avons figuré, pl. LIX, fig. 1, une pinnule de la première de
ces espèces, l’une des plus analogues à l’espèce fossile : peut -être,
si nous avions pu comparer toutes les espèces de ce genre avec notre
espèce fossile, en aurions-nous trouvé une encore plus analogue; dans
toutes ces plantes, comme dans l'espèce fossile, les pinnules sont pro-
fondément pinnatifides, à lobes dentés, et le lobe inférieur externe
est plus long que les autres.
18. SPHENOPTERIS TENUIFOLIA, PI. XLVIIT, fig. 1.
S. foliis bipinnatifidis , circonscriptione oblongä, pinnis obliquis lan-
ceolatis, pinnulis lanceoiatis acutis profundè pinnatifidis , lobis
decrescentibus , inferioribus cuneatis, tri-quadrifidis, laciniis diver-
gentibus acutiusculis , uninervüs, superioribus oblongis, bidentatis
vel integris, obliquis.
G1s. Terrain houiller.
Loc. Mines de Saint-Georges-Châtellaison, département de Maine-et-Loire. (VinLer.)
Cette espèce, remarquable par la finesse des divisions de ses feuilles,
n'a été observée jusqu'à présent que dans une psammite assez gros-
sière qui permet rarement d'en bien observer tous les détails , ce qui
me laisse quelques doutes sur lexactitude des formes que j'ai repré-
sentées dans le détail fig. x a.
Le rachis commun est gros, aplati ; les rachis latéraux sont régu-
lièrement alternes, très-obliques, assez longs. Les pinnules sont très-
rapprochées, obliques, aussi longues que l'intervalle qui sépare les
pinnes ; elles décroissent lentement de la base à l'extrémité de chaque
pinne ; leur forme est lancéolée, très-aigué ; elles sont profondément
pinnatifides, à lobes assez distans les uns des autres, obliques et.
décroissant de grandeur rapidement de la base au sommet ; les infé-
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 191
rieurs sont cunéilormes, divisés à leurs extrémités en trois où quatre
dents profondes ; les supérieurs sont bidentés ou entiers, oblongs ;
les nervurés correspondent à chacune des dents.
Ce mode de division des feuilles fait ressembler cette plante à quel-
ques espèces de Trichomanes, et particulièrement au T'richomanes
rigida.
19. SPHENOPTERIS GRAVENHORSTII. PI. LV, fig. 3,
S. foliis tripimnatis, rachi lato complanato, pinnis primariis attenuatis
deflexis, pinnis secundarüs lanceolatis subequalibus obliquis , ra-
chibus rectis planis lævibus submarginatis ; pinnulis obliquis minutis,
ovatis, 3-0 lobis ; lobis brevibus bi-vel tridentatis ; nervis subpin-
natim divisis.
Filicites fragilis, Scnroru , Flor. der Vorw., tab. X, fig. 17.
Sphenopteris fragilis et Sphenopteris Gravenhorstit, An. Browc., Prod. , p. 5r.
Var. ? B Pinnis brevioribus, profundiùs pinnatis, rachi sinuoso, pinnulis profundiùs partitis,
lobis acutioribus,
G1s. Terrain houiller.
Loc. Mines de Silésie ? (Gravennonrsr) Breitenbach, en Silésie (ScaLornerm). —
Var. B. Mines de l’île d'Anglesea (Unnrrwoon).
Cette espèce, élégante par le nombre et la finesse de ses divisions,
n'a d'analogie parmi les fossiles qu'avec la précédente, dont elle se
rapproche un peu par la forme de ses pinnules , mais dont elle diffère
beaucoup par la forme générale de ses feuilles.
Le rachis est moins épais et cependant les pinnes primaires sont
plus grandes; au lieu d’être ascendantes elles sont perpendiculaires
sur le rachis et pendantes vers leur extrémité ; les pinnes secondaires
sont allongées, aiguës, rapprochées les unes des autres, et peu obliques
sur le rachis ; enfin les pinnules sont ovales ou arrondies, assez courtes,
oPtuses , confluentes par leur base et divisées en trois ou quatre
192 HISTOIRE
lobes qui sont eux-mêmes marqués de deux ou trois dents obtuses
et peu profondes. Les nervures de chaque pinnule sont pinnées ou
bipinnées dans les pinnules de la base ; chaque dernière division cor-
respond à une des dentelures des pinnules.
Cette plante ressemble assez au premier aspect à quelques espèces
de Dichsonia (1); mais deux caractères distinguent parfaitement ces
plantes : 1° les pinnes secondaires de ces Dichsonia sont oblongues ;
obtuses, et ne sont point allongées et aiguës comme celles de la plante
fossile ; 2° dans chacune de ces pinnes secondaires la pinnule la plus
inférieure et la plus grande se trouve du côté externe de la pinne,
tandis que dans la plante fossile elle est constamment du côté de Ia
pinne qui correspond au rachis commun.
Il est remarquable que cette dernière différence se retrouve entre
beaucoup d'espèces fossiles et vivantes , très - analogues sous
beaucoup d’autres rapports : on peut dire que généralement dans les
Fougères vivantes, et particulièrement dans celles qui présentent le
mode de division des feuilles qui caractérise les Spxenorrens, la
pinnule la plus inférieure des pinnes, soit secondaires soit primaires,
correspond au côté supérieur ou externe, tandis que dans les plantes
fossiles ‘elle répond au côté inférieur ou interne , et cependant ce
caractère m'a toujours paru constant dans les mêmes espèces soit
vivantes soit fossiles.
Je nai vu qu'un très-petit fragment de la variété B, de sorte que
je ne puis décider si c’est une simple variété ou une espèce disuncte;
elle diffère par les rachis de ses pinnes secondaires plus flexueux, par
les pinnules plus espacées , plus distinctes vers leur base, et dont les
lobes sont plus profonds et plus aigus.
(1) Voyez pl. LX , fig. 1.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 193
20. SPHENOPTERIS SCHLOTHEIMII. PI. LI.
S. folis tripinnatim decompositis, cireumscripuüone subtriangulari
acutà, pinnis patentibus, rachi non alato; pinnulis plus minüsve
profundè pinnatifidis, superioribus subtrilobis, inferioribus 5-7-9
lobis , lobis ovats acutiusculis uninervus.
Sphenopteris Schlotheimiü , Srenws., Tent. Flor. prim., p. XV. An. Browc.,
Prod., p. 51.
Filicites adianthoides, Sesxomu. Nacht. zur Petref., p.408, tab. 21, fig. 1.
(non Flor, der Vorw., t: 10, fig. 18.)
Gis. Terrain houiller.
Loc. Doutweiler, près Sarrebruck ( Muséum de Strasbourg, Coll. de l'École des
Mines de Paris ).
Un superbe échantillon de cette espèce, qui fait un des plus beaux
ornemens du Muséum de la ville de Strasbourg, a servi de type à la
figure et à la description que nous en donnons.
La feuille est tripinnée et presque quadripinnée dans la partie in
férieure. Sa forme générale est triangulaire, les pinnes primaires di-
minuant assez rapidement de longueur. Le rachis commun est assez
grêle pour une aussi grande plante; les rachis secondaires sont éga-
lement grêles et sans aucun appendice ou rebord membraneux ; ceux
des pinnes secondaires sont au contraire bordés par une membrane
étroite, faisant suite aux pinnules; les pinnes primaires sont allon-
gées , lancéolées , les pinnes secondaires ne diminuant que très-len-
tement , et les moyennes étant même plus longues que celles de la base.
Les pinnes du côté inférieur paraissent constamment plus grandes
que celles du côté supérieur. Ces pinnes secondaires varient beaucoup
quant à leur degré de subdivision , suivant les parties de la feuille
où on les observe ; dans le haut, elles sont à peine légèrement lobées ;
un peu plus bas (fig. A), elles sont pinnatifides et les pinnules sont
courtes et divisées seulement en trois , cinq ou sept lobes ; enfin, dans
JT 26
194 HISTOIRE
le bas de la feuille , les pinnules elles-mêmes, surtout celles de la base
(fig. B), sont profondément pinnatifides , à lobes quelquefoïs surlobés.
Toute la feuille est lisse, sans indice d’écailles ou de poils. Les ner-
vures suivent le mode de division que nous venons d'indiquer pour
le parenchyme de la fronde, c’est-à-dire que leurs dernières divisions
correspondent au milieu de chacun des lobes ou dentelures de la
feuille. |
On remarque dans cette plante, comme dans la précédente, que la
division la plus inférieure de chaque ordre correspond constamment
au côté inférieur ou intérieur de la feuille.
Les plantes vivantes qui m'ont paru présenter le plus d’analogie avec
cette espèce, sont le Poly podium adnatum et les Aspidium contifolium
et spectabile, qui font partie des belles collections de plantes sèches
de l'Inde de M. Wallich. Mais il suflit de les comparer avec un peu
d'attention pour découvrir entre ces plantes et l’espèce fossile de nom-
breuses différences.
Le Polypodium adnatum est celle de ces Fougères qui se rapproche
le plus de la plante fossile par la forme des découpures des feuilles, et
cependant , en mettant à côté l’un de l’autre les détails des pinnules du
Sphenopteris Schlotheimi et de ce Polypode (PL. LIX, fig. 8), on voit
tout de suite , 1° que les formes des lobes ne sont pas les mêmes , ceux
de la plante vivante présentant des crénelures plus petites et plus nom-
breuses ; 2° que la grandeur relative des lobes principaux est très-diffé-
rente ; car ces pinnules, qui sont prises dans une position semblable,
présentent leur plus grand lobe inférieur dans une position contraire,
les lobes les plus grands étant tournés du côté du rachis dans la plante
fossile, et du côté opposé dans la plante vivante. La même différence
existe quant à l’origine et à la grandeur relative des pinnules prin-
cipales ou pinnes secondaires par rapport au rachis commun ; la pnne
secondaire du côté supérieur étant toujours la plus rapprochée du
rachis dans la plante vivante, tandis que c’est la pinne ou pinnule
inférieure qui occupe cette place dans l'espèce fossile.
J'ai observé ces deux différences importantes dans toutes les Fou-
gères vivantes qui ont quelque analogie avec cette espèce fossile ; elles
| DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 195
sont encore plus marquées dans V’'Aspidium conitfolium ; qui en outre
a les lobes des feuilles terminés en pointe comme dans les Æspidium
spinulosum et dilatatum de nos climats. —[ Æspidium spectabile seul
présente quelquefois les pinnes et les pinnules insérées entre elles
comme dans l'espèce fossile, mais ces pinnules sont très-différentes
par leur forme.
On voit donc que cette belle Fougère fossile ne peut être identifiée
avec aucune espèce vivante, ni même être rapprochée très-intimement
d'aucune espèce connue.
21. SPHENOPTERIS DUBUISSONIS. PI. LIV, fig. 4.
S. foliis bipinnatis, rachibus nudis, rigidis, latis ; pinnis primartüs elon-
gatis, secundariis approximatis, parvis, oblongo-lanceolatis, profundè
pinnaufidis; pinnulis subæqualibus, basi connatis, brevibus, subro-
tundis, apice. tridentatis.
Sphenopteris Dubuissonis, An. Browc., Prod., p. Ga
Gris. Terrain houiller.
Loc. Mines de Montrelais, département de la Loire-Intérieure ( Muséum de Nantes).
Cette espèce et la suivante ont la plus grande analogie entre elles
et avec le Polypodium punctatum , Thunb. ( Willd. spec. N° 152 ).
Dans cette Fougère du Japon (pl. LIX, fig. 9), la partie supérieure de
la fronde est bipinnée, à pinnes secondaires (fig. 9.4) étroites, allongées,
profondément pinnatifides, à pinnules ovales, obtuses, marquées de
trois où quatre dents courtes et obiuses. La partie inférieure est au
contraire tripinnée ; les pinnes tertiaires qui se trouvent dans une posi-
üon perpendiculaire aux précédentes (pl. LIX, fig. 9.8), sont plus
courtes, oblongues, pinnatifides, et les pinnules moins nombreuses
ressemblent du reste à celles des pinnes supérieures : il suflit de com-
parer ces détails de deux parties différentes d’une même plante, avec
196 HISTOIRE
ceux des Sphenopteris Dubuissonis et gracilis, pour trouver une grande
analogie entre la première de ces espèces et la partie supérieure de la
feuille du Polypodium punctatum , et entre la seconde et la partie
inférieure des feuilles de cette même espèce , ce qui pourrait nous
engager à rapporter ces deux fossiles à une seule et même espèce :
cependant rien ne nous prouve que les échantillons du Sphenopteris
gracilis que nous possédons ne soient que des pinnes latérales et non
des portions d’une fronde entière ; il y a même entre les Sphenopterts
Dubuissonis et graculis des différences notables : 1° dans la grosseur
et la raideur des rachis de la première plante comparée à la ténuité
de ceux de la seconde ; 2° dans le rapprochement des pinnes dans la
première espèce et leur éloignement dans la seconde, différences qui
m'ont engagé à les considérer comme deux espèces voisines.
Quant à l’'analogie de chacune de ces espèces avec les Fougères
vivantes, celle entre le Sphenopteris gracilis et la partie inférieure
des frondes du Polypodium punctatum est beaucoup plus parfaite que
celle du Sphenopteris Dubuissonis et de la partie supérieure de la
même plante. Entre les deux premières je ne vois que cette seule
différence que les dents qui terminent les pinnules du Sphenopteris
gracilis sont plus profondes et plus constamment au nombre de trois
que dans la plante vivante.
Les pinnes supérieures du même Polypode sont au contraire beau-
coup plus différentes de celles du Sphenopteris Dubuissonis par leur
grand allongement et par la forme des pinnules.
En outre, la plante vivante diffère de l'espèce fossile par son aspect
général plus grêle, à folioles moins épaisses, moins raides, du moins
dans l'échantillon de Thunberg que j'ai chservé.
L'aspect général de la feuille du Sphenopteris Dubuissonis rappelle
beaucoup celle de certaines espèces de Dicksonia, particulièrement
celle de plusieurs espèces américaines de ce genre, mais une compa-
raison plus attentive démontre de grandes différences dans la forme
des pinnules, ainsi qu'on peut le voir en examinant une pinnule du
Dicksonia rubiginosa, Kaulf., espèce qui paraît la plus analogue : on
voit qu'il existe toujours dans ces pinnules une dent supérieure qui
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 197
répond au groupe de capsules, et que le lobe inférieur est beaucoup
plus long que les autres, caractères qui se retrouvent même plus pro-
noncés dans les autres Dicksonia de ce groupe. k
= Laformeetla disposition des pinnules de cette espèce la rapprochent
aussi beaucoup des 4thyrium et surtout de l'4thyrium angustum du
nord de l'Amérique ( PL. EX, fig. 2 }; mais dans ces plantes les pin-
nules ne sont réellement que des lobes beaucoup moins profoonds que
les pinnules de la plante fossile ; les dents de ces lobes, souvent au
nombre de deux seulement, sont moins profondes et le lobe inférieur
externe est toujours plus long que les autres, caractère que je n’ai pas
observé sur la plante fossile,
22. SPHENOPTERIS GRACILIS. Tab. LIV, fig. 2.
S. folüis bipinnatis , an tripinnatis? petiolo angusto subcylindrico gra-
cili; pinnis primariis distantibas, lanceolatis, rachi angusto subsi-
nuoso; pinnis secundariis pinnatifidis ; pinnulis superioribus con-
fluentibus, inferioribus distinctis subrotundis obtusis , apice triden-
tatis, nervis vix distinctis.
Sphenopteris gracilis, An. Bronc., Prod., p. 51.
Sphenopteris fragilis, tab. 54, hujusce operis ( errore ).
Gis. Terrain houiller.
Loc. Mines de Newcastle, sur la Tyne ( Losx. ).
Cette espèce se distingue de la précédente par ses rachis plus grêles,
plus flexueux, et par ses pinnes plus courtes et plus espacées.
J'aurai peu de chose à ajouter à ce que j'ai déjà dit de ses analogies
dans l’article précédent. Je rappellerai que sa ressemblance avec la
partie inférieure des feuilles du Polypodium punctatum, Thunb., est
très-frappante, mais que dans ce cas l'échantillon que nous avons
représenté ne serait qu’une pinne latérale. Les mêmes caractères dis-
198 HISTOIRE
unguent cette plante et la précédente des Dicksonia et des Athyrium,
et de plus son port n’est pas du tout celui du premier de ces genres.
Je dois ajouter que ces deux espèces ne présentent que très-impar-
faitement les caractères du genre Sphenopteris , et seraient peut-être
mieux placées parmi les Pecopteris, près du Pecopteris cristata qui
leur ressemble beaucoup : ce qui m’a décidé primitivement à les placer
dans le genre Sphenopteris, c’est la forme trilobée des pinnules et la
divergence de ces lobes; mais la disposition de ces Haies entre
elles, et la forme de la feuille en a est plutôt celle qu’on observe
parmi Les 4
Du reste, c’est un exemple du passage qui existe entre ces divers
groupes qui, bien tranchés dans leurs extrêmes, passent souvent des
uns aux autres presque insensiblement, ainsi que nous l'avons fait
remarquer en parlant de la forme des feuilles et de la disposition des
nervures dans cette famille.
23. SPHENOPTERIS DISTANS. PI. LIV, fig. 3.
S. folüs bi-tripinnatis, pinnis et pinnulis distantibus; pinnis secun-
dariüs brevibus subæqualibus ; pinnulis minutis plus minüsve pro-
fundè tri-quinquelobis, lobis cuneïformibus divergentibus , trun-
catis, bi-trinervüs.
Sphenopteris distans , Srenxs., Tent. Flor. primord., p. 16; — An. Broxc.,
Prod., p. 5r.
Filicites bermudensiformis, Scniozu., Flor. der Vorw., tab. 10, fig. 18 6,
Nacht. zur Petref., tab. 21, fig. 2
Gis. Terrain houiller.
Loc. Mines d'Ilmenau en Silésie.
Quoique je n’aie vu que des fragmens peu étendus de cette petite
Fougère, je ne doute presque pas que ces portions de feuille ne
soient les pinnes latérales d’une plus grande feuille qui était dans ce cas
tripinnée. Les pinnes et les pinnules sont assez espacées ; les rachis
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 199
sont grèles et flexueux, ceux des pinnes secondaires seuls paraissent
légèrement bordés ; les pinnes primaires sont longues et étroites, les
pinnes secondaires étant assez courtes et ne portant en général, du
moins dans cet échantillon , que sept à neuf pinnules au plus, et les
dernières seulement trois à cinq. Chaque pinnule est bilobée ou tri
lobée ; les lobes sont divergens, cunéiformes, tronqués à leur ex-
trémité, unis entre eux par leur base ; chaque lobe est ordinairement
traversé par trois nervures peu prononcées, caractère qui n'est pas
assez marqué sur le détail, pl. LIV, fig. 3, 2.
Par ces caractères cette Fougère se rapproche beaucoup de l’4dian-
thum aculeatum, Spreng. ( Davallia dumosa , Wild. —Plum., Foug.
PI. XCIV ) (1), dont nous avons représenté une pinne secondaire,
pl. LX, fig. 3. Cette plante diffère de l’espèce fossile , par ses pinnes
secondaires plus rapidement décroissantes, et par la forme des pin-
nules dont les lobes sont moins divergens ; il y a cependant une
analogie très-grande entre elles. |
24. SPHENOPTERIS HOENINGHAUSI. PI. LIT.
S. foliis tripinnatis, petiolo crassiori, paleis minutis obtecto; rachibus
crassis, paleaceis, pinnulis minutis; pinnis primarüis elon-
gatis linearibus approximatis , secundariis oblongo - linearibus
subæqualibus obtusis ; pinnulis minutis cuneato-subrotundis , apice
tri-quinquelobis, lobis rotundatis, nervis paucis, apprimè notatis,
è basi radiantibus furcatis , ad basim paleaceis.'
Gis. Terrain houiller.
Loc. Newcastle, sur la Tyne ( Losn ).—Mines de Werden (Horxinemaus). — Mines
d'Esweiler ( Fenussac ).
Cette espèce, et les trois suivantes, ont beaucoup d’aflinité entre
elles, et paraissent toutes quatre se rapprocher du genre Cheïlanthes,
(r) Cette plante est un véritable Adianthüum et non un Davallia, ainsi que la fructification
représentée par Plumier pouvait déjà le faire présumer, et comme je m'en suis assuré sur
des échantillons bien en fructification.
200 HISTOIRE
parmi les Fougères vivantes ; les feuilles sont bipinnées dans les Sn4e-
nopteris obtusiloba et trifoliolata , et wipinnées dans les Sphenopteris
rigida et Hæninshausi,maisla forme des pinnules appartient au même
type; dans toutes , ce sont des pinnules très-profondément trilobées,
où pinnatifides à cinq lobes : les lobes sont obtus, arrondis et non
pas tronqués , rétrécis près de leur base, et plus ou moins recourbés
en dessous vers leur bord. Leur tissu parait épais et coriace, ce qui
rend les nervures à peine visibles ou même complètement invisibles.
Enfin l'une de ces espèces, le Sph. Hæœninshausi, montre sur une
grande partie de la feuille des poils ou plutôt des écailles sétacées ,
comme on en observe sur la plupart des espèces de Cheilanthes.
Tous les caractères que nous venons d'indiquer s'accordent pour
rapprocher ces plantes fossiles du genre Cheilanthes ; mais, malgré
l'examen le plus scrupuleux d’un grand nombre d’espèces de ce
genre, je n'en ai trouvé aucune identique avec l’une des espèces fos-
siles : les unes diffèrent par le lobe moyen des pinnules, beaucoup
plus grand et plus allongé, ce sont les Cheilanthes voisins du fra-
grans ; d'autres ont les pinnules courtes et trilobées comme dans les
deux premières espèces fossiles, mais les lobes sont beaucoup plus
profonds et forment réellement autant de folioles distinctes; telles
sont plusieurs espèces voisines du Cheïlanthes dichotoma de Swartr.
La fronde du Sphenopteris Hæœninghausi edvait être longue de
trois à quatre décimètres au moins, d’une forme lancéolée ; elle est
iripinnée; son rachis commun est épais, raide, couvert de petites
écailles scarieuses, sétacées, qui laissent sur sa surface des tuber-
cules nombreux et réguliers. Les rachis secondaires sont assez grêles
et couverts également d’écailles piliformes. Les pinnes primaires et
secondaires sont allongées, étroites, et paraissent légèrement lancéo-
lées. Les pinnules sont très-petites , presque rondes et très-obtuses;
mais, en les examinant avec attention, on voit qu’elles sont divisées
en trois lobes qui ne sont pas séparés jusqu’à la base et qui sont très-
rapprochés les uns des autres; chacun de ces lobes est recourbé en
dessous vers son extrémité , et paraît traversé par deux ou trois ner-
vures assez marquées du côté inférieur. Les écailles en forme de poils
s'étendent jusqu'à la base de ces nervures.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 201
Le Sphenopteris Hœninghausi se rapproche d’une part du Checlan-
thes tenuifolia ( PI. LX, fig. 4 ), qui en diffère par son lobe terminal
presque lancéolé, et d’une autre part des Cheïlanthes elegans et mi-
crophylla , Desvaux (non Willd.), par la forme générale de la feuille,
la disposition et la forme des pinnes primaires et secondaires; elle
ressemble surtout à ces espèces du Pérou, qui diffèrent cependant de
la plante fossile par leurs pinnules à trois lobes tout-à-fait distincts
jusqu’à la base, obovales et sans nervures distinctes.
5. SPHENOPTERIS RIGIDA. PI. LIT, fig. 4.
S. folis tripinnatis, coriaceis, lævissimis; pinnis primariis et secunda-
riis patentibus rigidis, rapidè decrescenübus (foliis triangularibus),
rachibus crassis; pinnulis superioribus subrotundis , approximatis,
profundè trilobis, inferioribus pinnatifidis 5-7 lobis, lobis obovatis
obtusis subnerviis glaberrimis (paleïs nullis).
G1s. Terrain houiller.
Loc. Waldenburg en Silésie (Gnavenronsr ).
Cette espèce ressemble à la précédente par la grandeur de ses
pinnules , mais elle en diffère 1° par les rachis de ses pinnes primaires
et secondaires, beaucoup plus raides; 2° par le décroïssement rapide
de grandeur de ces mêmes pinnes, qui devait donner à toute la
feuille une forme triangulaire, ou du moins une largeur beaucoup
plus considérable par rapport à sa longueur; 3° par l’absence de
toute écaille sétacée; 4° par la forme et la nature plus épaisse des
pinnules.
Ces dernières sont trilobées dans la partie supérieure de la feuille,
mais les lobes sont beaucoup plus profondément séparés, plus rétré-
cis à leur base , et leur extrémité paraît légèrement crénelée ; dans la
partie inférieure, les pinnules sont profondément pinnatifides, à
I. 26
202 HISTOIRE
lobes espacés, obovales, au nombre de cinq ow de sept; le tissu de
ces pinnules paraît beaucoup plus épais et plus coriace que dans l'espèce
précédente, et ne laisse pas voir les nervures.
Cette espèce se rapproche plus que la précédente du groupe des
Cheïlanthes à pinnules profondément trilobées; mais je n'en ai vu
aucun qui soit réellement identique.
26. SPHENOPTERIS TRIFOLIOLATA. PI. LIT, fig. 3.
S. foliis bipinnatis (vel tripinnatis), Iævissimis , paleïs nullis ; super-
ficie superiore tenuissimè granulata, nervis non distinctis (in pa-
renchymato coriaceo immersis); pinnis elongatis sublinearibus
subæqualibus (circumscriptione folii oblongä ); pinnulis subæqua-
bus approximatis, profundè lobatis , superioribustrilobatis, inferio-
ribus pinnatis quinquelobis ; lobis rotundis, basiconstrictis, convexis,
margine revoluus. y
Filicites trifoliolatus, Arris, Antedil. Phytol., p. rr, tab. XL — Parkinson, Org.
Remains, tome E, pl. V, fig. 2.
Gas. Terrain houiller.
Loc. Mines d’Anzin, près. Valenciennes, département du. Nord. (Sanx-Brice). —
Mine d'El-se-car , en Yorkshire (Arris). — Silésie (GrayEnnoRsT).
On distingue, facilement ce Sphenopteris des deux précédens par la
grandeur beaucoup ‘plus considérable deses pinnules; par ses feuilles
qui me paraissent en général que deux fois pinnées; enfin il diffère du
Sphenopteris Hœninghaust par l'absence des écailles scarieuses séta-
cées et par son tissu épais qui ne laisse pas apercevoir les nervures, et
du Sphenopteris rigida par la forme oblongue de l’ensemble de la
FROPNOS 5
feuille ou des pinnes primaires qui résulte de l'égalité presque par-
P j n
faite des pinnes latérales dans une grande étendue.
P
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 203
L'échantillon représenté PL. LIL, fig. 3, paraitraït représenter une
portion assez étendue d'une feuille complète ; mais, d’après la figure
de l'ouvrage de M. Artis, cité ci-dessus, ce ne serait qu’une pinne
principale qui devrait s'insérer sur un pétiole commun très-consi-
dérable. Cette fronde devait alors être immense par rapport à celle
des Cheilanthes actuels, mais cependant son mode de division s’ac-
corde avec celui des deux espèces précédentes.
La feuille est évidemment très-allongée , assez étroite, et se rap-
proche par cette forme de celle du Sphenopteris Hœninghaust ; le ra-
chis est épais, un peu sirié, parfaitement glabre; les pinnes sont
presque semblables par leur longueur et la grandeur des pinnules ,
dans le bas et dans le haut de l'échantillon que je possède; elles sont
assez étalées, un peu recourbées en haut vers leur extrémité ; les
pinnules, très-régulièrement espacées, sont contiguës ; leur surface
supérieure est lisse ou très-fmement granulée, et ne montre l'appa-
rence d'aucune nervure; leur tissu paraît épais et coriace.
Les pinnules supérieures ou voisines de l'extrémité des pinnes sont
profondément trilobées , à lobe terminal un peu plus grand, légère—
ment oblong et divisé quelquefois en trois lobes très-peu marqués ;
les inférieurs sont plus allongées et paraissent pinnatifides, c'est-à-
dire que le lobe terminal, beaucoup plus grand, est divisé en trois
lobes plus distincts, mais toujours moins profondément séparés que
les deux inférieurs ; ces derniers sont arrondis, rétrécis à leur base,
mais ils ne sont jamais lobés, même peu profondément; ils m'ont
toujours paru parfaitement entiers. Chacun de ces lobes est un peu
convexe, comme la surface d’une lentille, et le bord parait recourbé
en dessous.
La forme des pinnules de cette plante est parfaitement celle de
quelques Cheïlanthes voisins du CL. fragrans ; mais je n’en ai vu aucune
qui présente la taille et la forme générale de cette feuille, réunies avec
la forme profondément découpée et à lobe terminal obtus de cette
Fougère fossile. Je ne puis donc douter que ce ne soit une espèce
perdue et gigantesque du genre Cheilanthes.
204 HISTOIRE
27. SPHENOPTERIS OBTUSILOBA. PI. LIII, fig. 2.
S. foliis bipinnatis glabris, rachibus subilexuosis; pinnis elongatis li-
veari-lanceolatis, rapide decrescentibus (circumscriptione folii trian-
gulari) ; pinnulis brevibus , latissimis , subtriangularibus , obtusis ,
profundè trilobatis, lobis subæqualibus obovatis subrotundis ad
marginem subtrilobatis; nervis distinctis furcatis, pluribus in quo-
libet lobo,
Gis. Terrain houiller.
Loc. Inconnue.
Gette espèce se distingue de la précédente par plusieurs caractères
qui m'ont paru assez importans pour n'en pas former une simple va-
riété : 1° la forme générale de la feuille ou des pinnes principales (car
Je ne sais pas si l'échantillon figuré 1ci est l'extrémité d’une fronde
entière ou d’une pinne latérale) est triangulaire et non pas oblongue,
ce qui résulte du décroissement rapide des pinnes latérales; 2° la tex-
ture de la feuille paraît plus mince, car les nervures sont assez dis-
tinctes ; 3° les pinnules ne sont pas oblongues, mais larges et arron-
dies, ou un peu triangulaires, divisées en trois lobes presque égaux,
et Les lobes inférieurs sont bilobés ou trilobés, comme le lobe terminal,
ce qui n'a jamais lieu dans l'espèce précédente.
Les rachis principaux et secondaires sont plus grêles que dans le
Sph. trifoliolata, et légèrement flexueux; on ne voit sur toute la
plante aucune trace d’écailles ou de poils.
Cette plante s'éloigne beaucoup plus que les précédentes du genre
Cheilanthes , mais je ne trouve aucune Fougère vivante qui ait avec
elle une analogie bien marquée ; l’Æspidium rutaceum, Wirxn., res-
semble beaucoup, d’après la figure de Plumier, à notre plante fossile
par la forme de ses pinnules; mais n'ayant pu voir la plante elle-même,
on ne peut considérer ce rapprochement que comme très-douteux.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 3
28. SPHENOPTERIS LATIFOLIA. PI. LVII, fg. 1, 2, 3, 4, 5.
S. foliis bipinnatis (infernè subtripinnatis }, pinnis rapidè decres-
centibus, attenuatis, obliquis ; pinnulis planis , ovatis, magis mi-
nusve profundè lobatis ; inferioribus profundè trilobatis'; lobis bi vel
trifidis; superioribus subintegris vel vix trilobatis ; lobis ovatis,
obtusis, nervis bipinnatis e basi subradiantibus, pluriès furcatis,
valdè notatis.
Sphenopteris latifolia, An. Browc., Prod. 5x.
Filicites muricatus , Scuxotu., XIL , fig. 25? an Pecopteris muricata, Srerxs., Vent.
Flor. prim. , p. XVIIE?
Var. B. Minor, pinnulis profundiüs lobatis , lobis basi contractis obovatis obtusis.
Gis. Terrain houiiler.
Loc. Var. À. Mines de Newcastle. ( Losx. )
— Var. B. Mines de Saarbruck. ( Coll. de l'École des mines de Paris. )
Cette espèce et la suivante sont extrêmement voisines; je les avais
même d’abord considérées comme ne constituant qu'une seule espèce ;
mais une comparaison plus attentive me porte à les regarder comme
deux espèces distinctes.
Celle qui nous occupe paraït assez fréquente dans les mines de
Newcastle : ses feuilles étaient probablement assez grandes et d’une
forme triangulaire, autant qu’on peut en juger par le développement
plus considérable des pinnes inférieures. Ces feuilles sont bipinnées,
à rachis étroit, glabre; les pinnes sont allongées, lancéolées; les pin-
nules , assez rapprochées les unes des autres, sont seulement trilo-
bées dans la partie supérieure de la feuille ; dans la partie moyenne,
elles sont pinnatifides ; les lobes sont ovales obtus, le terminal n’est
pas très-allongé, et les plus inférieurs sont bilobés ou trilobés. Les
206 HISTOIRE
pinnules de la partie inférieure de la feuille sont très-grandes, pro-
fondément pinnatifides, à lobes ovales assez grands, et légèrement
surlobées (voyez PI. LVIT, fig. 4 ). Les nervures sont très-marquées ,
doublement pinnées , et les nervules sont bifurquées vers leur milieu.
Cette espèce diffère surtout de la suivante par ses pinnules plus
larges, plus courtes, à lobes arrondis, et dont les inférieurs, beaucoup
plus grands, sont eux - mêmes légèrement lobés. Le détail, fig. 5,
est pris sur la partie moyenne de la feuille.
La variété B ne diffère de l’espèce que nous venons,de décrire que
par ses feuilles dont les divisions sont plus petites et plus grêles ; ses
pinnules sont plus profondément pinnatifides; les lobes, plus dis-
tinctement séparés les uns des autres , sont obovales, obtus , arrondis ;
leurs bords paraissent légèrement recourbés en dessous; les plus in-
férieurs de ces lobes sont eux-mêmes bilobés ou trilobés. Ce caractère
et la forme obtuse des lobes distinguent cette variété de l'espèce sui-
vante, dont elle se rapproche par la forme plus allongée de ses pinnules.
La forme arrondie des lobes et leur mode de subdivision la font
ressembler au Spenopteris obtusiloba, qui s'en distingue facilement
par ses pinnules plus courtes et plus larges.
La figure du Flora der Vorwelt de M. de Schlotheim, que j'ai
citée, et sur laquelle M, de Sternberg a fondé son Pecopteris muri-
cata , est si vague et représente un échantillon probablement, si im-
parfait, que je conserve beaucoup de doutes pour savoir si elle se
rapporte à la plante que j'ai décrite et figurée ici, ou. si elle repré-
sente quelques portions de la plante que j'ai nommée Pecopteris
nervosa ; il m'a cependant paru plus probable qu’elle avait été faite
d’après un échantillon de la partie moyenne des feuilles du Spkeno-
pteris latifolia, car il est facile de voir par nos figures, qui appartien-
nent à des portions différentes de ces feuilles, combien ces diverses
parties diffèrent les unes des autres.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 207
29. SPHENOPTERIS ACUTA. PI. LVIT, fig. 6, 7.
S. foliis bipinnatis vel subtripinnatis, rachibus gracilibus; pinnis obli-
quis , lanceolatis,, acutis ; pinnulis lanceolatis, acutis, pinnatifidis ,
sub:quinque vel septemlobis; lobis inferioribus ovatis acutis, ter-
minali lanceolato ; pinnula infima latiori, lobo inferiori majori;
pinnulis apicis pinnarum integris lanceolatis acutis; nervulis vix
distinetis.
Gis. Terrain houiller.
Loc. Mines de Werden sur la Ruhr (Hosninemaus).
La forme générale de cette Fougère est analogue à cellé dé l'espèce
précédente, elle paraît cependant plus allongée ; les pinnes sont plus
espacées, plus obliques, leur rachis est très-grêle; les pinnules diffèrent
surtout par leur forme beaucoup plus allongée, presque lancéolée,
beaucoup plus aiguë, et par leur mode d'insertion assez espacé. Ces
pinnules sont profondément pinnatifides ; le lobe terminal est assez
- grand, lancéolé, aigu; les lobes inférieurs sont presque égaux, ovales,
aigus, et ne m'ont jamais paru profondément lobés comme dans l’es-
pèce précédente.
Cette plante , par ses pinnules presque régulièrement pinnatifides,
semblerait devoir être placée parmi les Pecopteris ; mais elle est ex-
trêmement voisine de l’espèce précédente , qui, par la forme de ses
pinnules supérieures et la découpure des lobes inférieurs des pinnules
moyennes, se rattache aux Sphenopteris ;: ce qui prouve le passage
presque insensible de ces deux formes des feuilles de Fougères.
Quelques espèces d’Aspidium sont, parmi les Fougères vivantes,
celles qui semblent se rapprocher le plus de ces deux espèces fossiles ;
mais je n'en ai trouvé aucune qui présentât une analogie assez mar-
quée pour qu’elle méritât d’être citée.
208 HISTOIRE
30. SPHENOPTERIS STRICTA. PI. XLVIIT, fig. 2.
S. folis lanceolatis, bipinnatifidis , membranacéis ; rachi lato, plano,
marginato ; pinnis lanceolatis; pinnulis approximatis, basi decurren-
tibus, oblongo-cuneatis, inferioribus lobatis, su perioribus integris,
lobis truncatis apice crenulatis subtrinerviis , nervulis obliquissimis
subparallelis.
Sphenopteris stricta, Srerws. , Tent. Flor. prim., p. XV.— Flor. der Vorw.,
tab. 56, fig. 2.?— An. Broxc., Prod., p. 50.
Gis. Terrain houiller.
Loc. Mines des environs de Glascow (Collect. du Doct. Browx , de Glascow). Mines
du Northumberland (Srernsere,—Bucxrann).
La figure de cette plante que je publie est faite d’après l’échan-
üllon conservé dans la collection du docteur Brown ; la feuille paraît
presque entière; si on en juge d’après le décroissement des pinnes,
sa forme générale est lancéolée ; le rachis commun est large et parait
ailé sur.ses bords ; Les pinnes sont très-obliques, lanoéolées, profon-
dément pinnatifides ; la nervure moyenne est fine et peu marquée ;
les pinnules vont en décroissant insensiblement, elles sont très-obli-
ques sur la nervure moyenne; les inférieures sont elles-mêmes
pinnatifides, à lobes peu nombreux (3-5), presque palmés, peu
divergens, crénelés à leur extrémité ; les pinnules moyennes sont
souvent trilobées, celles qui approchent de l'extrémité sont entières,
cunélformes , à trois crénelures peu profondes, et marquées de trois
nervures parallèles. |
La forme de cette feuille, sans. ressembler exactement à celle
d'aucune espèce vivante que je connaisse, se rapproche surtout
de celle des Æsplenium et surtout: de l'Asplentum denticulatum ,
Gaud., dont une pinne est figurée pl. LX, fig. 5 ; mais dans la plante
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 209
LA
vivante les lobes sont moins profonds, moins réguliers, les inférieurs
ne sont pas pinnatifides, et la fronde a une consistance coriate que
ne paraît pas avoir la plante fossile ; ce n’est donc qu'un rapproche-
ment éloigné qu'on peut trouver entre ces deux plantes.
31. SPHENOPTERIS VIRLETII. PI. LVIIT, fig. x
S. folüs pinnatis (vel bipinnatis? } lanceolatis, apice attenuatis elon-
gatis; pinnulis alternis, valdè obliquis, lanceolatis, acuminatis, pin-
natifidis ; Lobis obliquis, oblongo-cuneatis subtruncatis, apice bi-tri-
crenatis; nervis loborum subparallelis vix areas ; superficiè
inferiore pinnularum squamulosà.
Sphenopteris Virletii An. Bronc., Prod., p. 5r.
Gis. Terrain houiller.
Loc. Mines de Saint-Georges-Chäâtellaison , près Doué, département de Maine-et-
Loire (Vircer )*.
Cette belle espèce, dont je ne connais que deux échantillons de la
localité que je viens de citer , n'a d’analogie qu'avec le Sphenopteris
stricta ; mais-elle en diffère bien sensiblement par la disposition de
ses pinnules , par le nombre de ses nervures et par la fronde qui paraît
plus épaisse, plus raide, et qui est évidemment recouverte de petites
écailles disposées comme les écailles scarieuses de beaucoup de Fou-
gères.
Je ne sais pas si les deux portions de fronde qui se trouvent sur
l'échantillon fig. 1 appartiennent à une même feuille ou à deux feuilles
distinctes. Leur position parallèle et le développement semblable de
leurs pinnules pourraient faire soupçonner que ce ne sont que deux
pinnes principales dépendant d’une même feuille; mais, d’un autre
côté, les rapports de cette plante avec quelques Fougères vivante
L. 27
210 HISTOIRE
nous font pencher à regarder ces deux portions de feuilles comme
distinctes , et la feuille de cette espèce comme une seule fois
pinnée.
Le rachis, assez épais vers la base, s’amincit insensiblement ; il en
est de même des pinnules, qui diminuent très-lentement vers l’ex-
trémité et donnent à l’ensemble de la fronde une forme lancéolée et
longuement acuminée.
Les pinnules paraissent habituellement alternes; elles sont sessiles,
lancéolées , étroites et aiguës, assez profondément pinnatifides ; les
lobes sont obliques, oblongs, un peu cunéiformes, divisés à leur ex-
trémité, qui est presque tronquée, en deux ou trois crénelures ou
lobes peu profonds.
Les nervures sont très-peu marquées; elles paraissent fines et assez
nombreuses , mais presque entièrement plongées dans le parenchyme
et cachées par des écailles scarieuses qui couvrent la surface infé-
rieure de la fronde et dont la présence est bien visible.
Tous ces caractères rapprochent beaucoup cette plante de quelques
Asplenium , et surtout de l Æsplenium denticulatum de Gaudichaud (1).
Cependant il y a des différences spécifiques bien sensibles qui con-
sistent surtout, 1° dans la forme générale des pinnules qui est beau-
coup plus étroite et plus allongée dans cette plante vivante que dans
lespèce fossile ; 2° dans la forme des lobes de ces pinnules qui, dans
Véspèce vivante, sont toutà-fait tronqués et présentent à leur extré-
mité des crénelures petites et aussi nombreuses que les dernières divi-
sions des nervures, tandis que dans la plante fossile les lobes des
pinnules n'offrent que deux ou trois crénélures assez larges, qui
correspondent probablement à plusieurs nervures ; 3° dans l’absence
des écailles scarieuses à la face inférieure des pinnules de l4splenium
denticulatum et des espèces voisines; dans ces plantes, ces écailles
sontrares, très-espacées, et n'existent généralement que sur le rachis
et les nervures principales.
Malgré ces différences, qui suffisent pour distinguer deux espèces,
(:) Voyez une pinnule de cette plante, PI. LX, fig, 5.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 211
on ne peut, je crois, douter de l’affinité de ces deux plantes,
et par suite de la po 50n de notre espèce fossile dans le genre Asple-
nium.
3». SPHENOPTERIS PALMETTA. PI. LV, fig.
S. foliis bipinnatis; pinnis oblongis acutiusculis profundè pinnatifidis,
pinnulis æqualibus approximatis, arcuatis, cuneïformibus, integer-
rimis, truncatis, nervis subparallelis ;'e rachi communi nascentibus,
dichotomis.
Sphenopteris palmetta, An. Browc., Prod., p. 51. — Flore du grès bigarré ;
Ann. des Scienc. nat., tom. XV, p. 441.
Gis. Grès bigarré.
Loc. Sultz-aux-Bains, près Strasbourg, département du Bas-Rhin (Muséum de la
ville de Strasbourg , n°Q , 283).
>:
Ce n'est qu'avec quelque doute que je rapporte à ce genre cette
espèce de Fougère , qui a beaucoup d’analogie par sa forme générale
avec le Nevropteris Voltzi (pl. LXV). On pourrait penser en effet
que la plante qui nous occupe n’est qu'un individu du Nevropteris
Voltzii , dont les pinnules ont été lacérées et divisées en lambeaux
qui forment les pinnules cunéiformes de ce Sphenopteris. La forme
générale de la fronde et la disposition des nervures appuieraient
cette supposition ; mais on-peut lui objecter, 1° la régularité de
ces divisions, qui n'ont pas l'air d’être accidentelles et qui diffèrent
beaucoup de celles que j'ai observées sur un individu du ÂVevropteris
Volizii , dont les pinnules avaient évidemment été déchirées par suite
où de leur âge ou de quelque accident ; 2° la forme des pinnes de
ce Sphenopteris, qui est beaucoup moins allongée que celle des pin-
nules entières du IVepropteris Poltzii, ce qui indiquerait au moins
une différence spécifique entre ces deux plantes, et la forme de sa
212 HISTOIRE
base qui ne n'a paru jamais présenter une sorte d’oreillette arrondie
comme dans ce ÂVevropteris.
Par la forme et la disposition des pinnules, cette espèce ressemble
à quelques plantes du genre Trichomanes, mais je n’ai trouvé au-
cune analogie assez intime pour qu’on puisse l'indiquer d’une manière
particulière.
* Espèces douteuses.
33. SPHENOPTERIS? MACROPHYLLA. PI. LVIIT, fig. 3.
S. foliis pinnatis , rachi plano (alaio? ); pinnulis alternis distantibus ;
maximis (tripollicaribus), inæquale pinnatifidis , lobis distantibus
linearibus obtusis uninerviis.
Sphenopteris macrophylla. An. Bronc., Prod., p. 5x.
G1s. Terrain jurassique schistoïde, Stonesfield-state des géologues anglais.
Loc. Stonesfield , près Oxford (Muséum de l'Universiié d'Oxford ).
Ce n’est qu'avec beaucoup de doute que je Tapporte cette espèce à
la famille des Fougères et au genre Sphenopteris ; le seul échantillon
que j'en ai vu, et d’après lequel est fait le dessin que je publie, existe
dans la collection de l’Université d'Oxford; il paraît provenir d’une
feuille profondément découpée, car tous les lobes semblent dans
le mème plan et n'être que des découpures d’une même feuille. Ces
lobes ressemblent beaucoup pour leur forme et leur disposition à
ceux de diverses espèces de Trichomanes et d'Hymenophyllum, si ce
n'est qu'aucune espèce connue de ces genres n’offre des feuilles à di-
visions aussi grandes.
Si cet échantillon ne présente qu’une seule feuille où une portion
de feuille découpée , on ne peut guère douter que ce ne soit une Fou-
| DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 213
gère voisine des genres que nous venons de citer ; mais il ne sera
pas impossible que ce qui paraît être les lobes d’une seule feuille
ne fût des feuilles linéaires distinctes insérées sur des rameaux al-
ternes et ramenées par la compression dans un même plan. Dans ce
cas, cette plante ressemblerait aux conifères du genre V’oftzia. L'étude
et le dessin que j'ai fait de cette plante, il y a quelques années, me
portent à admettre plutôt la première opinion. Mais un nouvel exa-
men serait nécessaire pour décider cette question.
34. SPHENOPTERIS LAXA.
S. fronde alternè bipinnatà, pinnolis cuneiformibus lobatis, lobis
linearibus truncatis, apice bitrilobis. Srerne.
Sphenopteris laxa. Srenns., Tent. Flor. prim., p. XV. — Flore du Monde primit.
fase. 3, p. 40, tab. XXXI, fig. 3.
Gis. Terrain houiller.
Loc. Mines de Durham en Angleterre ( Srerns. ).
Malgré la figure que M. de Siernberg a publiée de cette espèce, il est
difficile de décider si cette plante est une espèce distincte de nos
Sphenopteris elegans et linearis, ou un état différent et imparfait de
l’une de ces espèces ; nous conservons d’autant'plus de doute à cet
égard, que nous croyons que M. de Sternberg a établi cette espèce
d’après un dessin qui lui a été communiqué par M. Buckland et que
plusieurs de ces dessins que nous avons eu entre les mains nous avaient
paru trop imparfaits pour faire d’après eux des descriptions, sans avoir
pu étudier les empreintes elles-mêmes.
214 HISTOIRE
35. SPHENOPTERIS CONFERT À:
>
S. fronde bipinnatà, pinnulis minimis confertis cuneatis lobats, lobis
linearibus, nervis e basi recte adscendentibus. Srerns.
Sphenopteris conferta. Srerwe., Tent. Flor. prim., p. XVI.
Gis. Terrain houiller.
Loc. Weistein, près Waldenburg en Silésie (SrennsErc).
Cette espèce et la suivante n'étant pas figurées dans l’ouvrage de
M. de Sternberg , il nous est impossible, d'après la courte phrase spéci-
fique citée ci-dessus, de déterminer si cette plante se rapporte à l’une
des espèces que nous avons décrites précédemment ou si elle en est
complètement distincte.
36. SPHENOPTERIS ASPLENIOIDES.
S. fronde pinnatà, circumscriptione lanceolatà acuminatä ; pinnis pin-
natifidis 5-6 jugis terminalique cuneatis, lacinïis subtruncatis apice
inciso-dentatis. STERNB.
Sphenopteris asplenioides. Srerxs., Tent. Flor. prim., p. XVI.
Gis. Terrain houiller.
Loc. Radnitz, en Bohème (Srernsere).
M. de Sternberg ajoute à la phrase caractéristique citée ci-dessus
les observations suivantes : piënnulæ basi cuneatcæ , apice subrotundeæ
| DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 215
subtruncatæ , in tres plerumque lobos divisæ, lobis uno alterove dente
præditis ; facies AsPrenn.
Cette description me paraît bien indiquer une espèce distincte de
celles que j'ai décrites et figurées, mais une figure serait nécessaire
pour bien faire connaître son organisation.
CYCLOPTERIS.
Folia simplicia, integra, suborbiculata, nervis numerosis,
e basi radiantibus, dichotomis, æqualibus (nervo medio
nullo ).
Les feuilles de ces Fougères ressemblent beaucoup par leur forme
et la disposition de leurs nervures à celles des Z'richomanes rent-
forme (x) et des Adianthum reniforme et asarifolium.
La première espèce que nous décrivons montre surtout une ana-
logie frappante avec ces plantes par sa fronde symétrique et fortement
échancrée à sa base; les deux dernières espèces diffèrent beaucoup
plus des plantes vivantes que nous venons de citer, et de toutes les
Fougères que nous connaissons, par l’obliquité et l'inégalité de la base
de ces feuilles : caractère qui n'existe de cette manière que dans Îles
feuilles radicales de lAcrostichum alcicorne et du Polypodium quer-
cifolium ou des espèces voisines; mais dans ces plantes le mode de
nervation est tout-à-fait différent, tandis que dans nos Cyclopteris à
feuilles obliques les nervures sont disposées comme dans les espèces
symétriques et dans les Fougères vivantes dont celles-ci se rapprochent,
Nous devons donc présumer que ces feuilles appartiennent à des
Fougères à fructification marginale, comme les 4dianthum, les Lind-
sea et les T'richomanes, genres dans lesquels les nervures ont géné-
ralement la disposition qui existe dans les espèces fossiles.
(1) Voyez une des feuilles de cette plante, pl. XXXII, fig. 1.
216 HISTOIRE
* Foliis symetricis.
(I. CYCLOPTERIS RENIFORMIS. PI. LXI bis, fig. r.
C. foliis reniformibus symetricis subrotundis integerrimis, nervis dis-
tanubus dichotomis, e basi distinctis, arcuatis.
An Carpolithes umbonatus ? Sreux., Flor. der Vorw. Fasc. I, pl. IX, fig. 2.
Gis. Terrain houiller.
Loc. Plan de la tour, entre Fréjus et Sainte-Maxime » département du Var. (BrarD.)*
Cette espèce offre une analogie des plus frappantes avec le 7ricko-
manes reniforme de la Nouvelle-Zélande (voy. la pl. XXXII, fig. 1)
et avec l’Adianthum asarifolium de Ile-de-France (PI. XL, fig. 6 );
je ne vois inême pas de différence notable entre la plante fossile et
la dernière de ces deux plantes, et l’absence des fructifications , ainsi
que l’état incomplet des échantillons, laissent seuls des doutes sur
leur identité. La grandeur de la feuille, la forme de Véchancrure, au
milieu de laquelle s’insère le pétiole, sont tout-à-fait semblables, et
les nervures sont exactement disposées de même dans les deux plantes.
Le Trichomanes reniforme diffère très-peu par la forme de ses
feuilles et la disposition de ses nervures, soit de l’Adianthum asari-
Jolium, soit de notre plante fossile. Cependant les deux lobes infé-
rieurs de la feuille sont toujours plus écartés et moins arrondis, et le
pétiole se dilate supérieurement, de sorte que la feuille est presque
flabelliforme, et se rapproche un peu de la forme du Cyclopteris
Jflabellata.
Les rapports qui existent entre les formes et la structure des feuilles
des Fougères et leur mode de fructification semblent indiquer que
cetie plante, si elle n’appartenait pas à l’un des genres cités ci-dessus,
ne pourrait se ranger que parmi les Lindsea, dont aucune espèce ce-
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 217
pendant n’offre avec cette plante fossile une analogie aussi intime que
celles déjà citées.
>. CYCLOPTERIS TRICHOMANOIDES. PI. LXI bis, fig. 4.
C. folis symetricis orbiculatis integris, basi paululüm emarginatis
subcordatis, nervis tenuissimis, e basi radiantibus, non fascicula-
tis, dichotomis ; ad marginem frondis valdè approximatis.
Gis. Terrain houiller.
Loc. Saint-Etienne, département de la Haute-Loire.
La forme des feuilles de cette plante, et la disposition des ner-
vures, la distinguent bien de l'espèce précédente et de la suivante ;
elle n’est pas profondément échancrée à sa base comme le C. reni-
forms, ses nervures sont beaucoup plus fines et ne se réunissent pas
vers la base pour former des nervures principales aussi fortes que
dans cette espèce.
Elle ressemble davantage au C. flabellata par la finesse des ner-
vures et par la forme des feuilles; cependant les nervures vont en se
raccourcissant insensiblement vers les côtés , et les plus latérales ne
sont pas, comme dans le C. flabellata, presque aussi longues que les
autres, et parallèles au bord de la feuille; enfin, ces nervures ne sont
pas réunies à leur base en plusieurs faisceaux comme dans cette
espèce.
Cette plante paraît très-voisine du Trichomanes membranaceum ,
que nous avons figuré (pl. XXXIT, fig. 2, 3), et surtout des fron-
des stériles, fig. 2. La feuille fossile paraît aussi très-mince et sus-
ceptible de se déchirer facilement. |
218 HISTOIRE
3. CYCLOPTERIS FLABELLATA. P. LXI, fig. 4,5, 6.
G. foliis integerrimis flabelliformibus, apice rotundatis, subsemi-
orbicularibus, lateribus rectis nec cordatis; nervis tenuissimis rectis
dichotomis, basi fasciculatis.
Cyclopteris flabellata. An. Broxc., Prod., p. 52.
Gis. Terrain d’anthracite de transition. (Vozrz.)
Loc, Berghaupten dans le pays de Bade. (Muséum de Strasbourg, n° Q, 61, 62, 63.)
Gette jolie espèce a presque autant d’analogie avec le Trichomanes
reniforme que la première espèce du genre qui nous occupe en a avec
l'Adianthum asarifolium ; Va forme générale de la feuille est à peu
près la même , moins arrondie cependant , le diamètre transversal
étant plus considérable par rapport au diamètre longitudinal, et les
lobes inférieurs étant à peine prolongés inférieurement, maïs s’éten-
dant latéralement, de sorte que la feuille est moins réniforme et plus
en forme d’éventail. Du reste, le pétiole s’élargit également à sa partie
supérieure et se confond insensiblement avec le limbe; les nervures
très-fines et dichotomes!, réunies en plusieurs nervures principales,
se continuent de même dans la partie dilatée du pétiole , mais ces
nervures sont plus nombreuses , plus fines et plus rapprochées que
dans le Trichomanes reniforme. I y a donc très-grande analogie entre
ces deux plantes, mais non pas identité.
La forme générale de là feuille est semblable à celle de l'espèce
suivante; mais la feuille n’est jamais lobée, et les nervures sont fas-
ciculées à la base.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 219
4. CYCLOPTERIS DIGITATA. PI. LXI bis, fig. 2, 3.
C. foliis petolatis, semi-orbiculatis, flabelliformibus, ad marginem
lobatis, lobis contiguis cuneïformibus truncatis vel ad apicem si-
nuosis; nervis tenuissimis striæformibus, æqualibus.
Gis. Terrain oolithique.
Loc. Scarborough sur la côte du Yorkshire. (Murray.)
Cette espèce diffère de toutes celles de ce genre par ses feuilles
lobées; le resie de sa structure la rapporte cependant à ce genre, et
la rapproche même du C. flabellata. Sa forme générale est à peu
près la même, le pétiole se dilate supérieurement et se continue ainsi
avec le limbe, la texture de la feuille paraît coriace comme celle
du Trichomanes reniforme; les nervures ne sont pas réunies en fais-
ceaux comme dans le Cyclopteris flabellata, maïs, au contraire, elles
sont très-fines. yers la base, et disparaissent presque dans le paren-
chyme; elles sont droites, bifurquées de distance en distance, pres-
que parallèles, et pas plus espacées vers la base que près du bord.
Les lobes du bord de la feuille sont séparés plus où moins profon-
dément, et les scissures qui les séparent sont bien distinctes des déchi-
rures accidentelles, qu'on observe quelquefois, en ce que leur fond
est arrondi et bien limité; les lobes sont tout-à-fait contigus, et se
recouvrent même quelquefois un peu; leur extrémité est tronquée ,
sinueuse, où divisée en petits lobes irréguliers.
Je ne connais aucune Fougère. vivante analogue à cette espèce,
mais c’est encore parmi les 7'richomanes qu’on trouve les plantes les
plus voisines. |
220 HISTOIRE
** Foliis obliquis non symetricis.
5. CYCLOPTERIS ORBICULARIS. PI. LXI, fig. 1-2.
C. foliis suborbicularibus integerrimis subsymetricis , paràmper
obliquis, basi vix cordatis, nervis distantibus dichotomis maximè
notatis, obliquè inflexis.
Cyclopteris orbicularis, Av. Browc. Prod., p. 52.—Parkinson, Org. rem., tom. 1,
PIN EHE 0:
Gis. Terrain houiller.
Loc. Mines de Liége (Davreux) *. — Terrain houiller d'Angleterre (PI, LXT, fig. 2.
Muséum d'Oxford). — Localité ignorée (PI. LXT, fig. r. Muséum de Strasbourg ,
n° P. 4).
Cette espèce diffère du Cyclopteris reniformis par sa taille beaucoup
plus grande, par sa forme, le limbe de la feuille étant à peine échancré
à sa base, comme on le voit bien dans la fig. 1, et par l’obliquité ou le
défaut de symétrie de cette feuille, caractère qui pourrait néanmoins
dépendre de ce que l'échantillon ne serait pas complet, la partie
droite manquant ou étant cachée par la roche dans les deux échan-
tillons; cependant la manière dont les nervures se courbent du
même côté semblent bien indiquer un défaut de symétrie dans la
feuille, Cette absence de symétrie, encore plus marquée dans l’espèce
suivante, est un caractère fort singulier dans une feuille simple de
Fougère, et pourrait faire supposer que ce sont des folioles détachées
d’une feuille composée à folioles articulées, comme on l’observe dans
plusieurs Adianthum, si la taille considérable de ces feuilles ne sem-
blait s’y opposer.
Sans ce défaut de symétrie et sa taille plus grande, cette feuille res-
semblerait beaucoup par la forme de sa base d'insertion à l’Adianthum
reniforme de Ténériffe.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 221
6. CYCLOPTERIS OBLIQUA. PI. LXI, fig. 3.
C. foliis oblongis subellipticis obliquis, basi inæqualiter cordatis,
altero latere subauriculatis; nervis tenuissimis approximatis, e basi
dichotomis, inflexis.
Cyclopteris obliqua. An. Browe., Prod., p. 52. (Excl. synon.)
Cyclopteris auriculata. Ybid., p. 168.
Gis. Terrain houiller.
Loc. Mines du Yorkshire. (Greenoueux.) *
La forme singulière de cette feuille distingue cette espèce, non-
seulement des autres plantes que nous plaçons dans le genre Cyclop-
teris , mais de toutes les Fougères vivantes.
La feuille est évidemment non-symétrique, non-seulement d’après
sa forme extérieure qu’on pourrait attribuer à l'absence du lobe gauche,
mais d’après la position des nervures principales qui n'occupent pas le
milieu de la feuille; cette disposition pourrait faire supposer que cette
feuille n’est qu'une foliole d’une feuille composée assezanalogue à celles
de quelques Nevropteris, et particulièrement du IVevropteris auricu-
lata ; mais dans ces plantes ily a toujours une nervure unique et
moyenne vers la base de la foliole, tandis que dans l'espèce que nous
décrivons, les nervures paraissent toutes naître d'une manière distincte
de la base de la feuille.
La forme allongée et la finesse des nervures distinguent en
outre facilement, même sur des échantillons moins complets, cette
espèce de la précédente.
222 HISTOIRE
GLOSSOPTERIS.
Folia simplicia, integerrima, sublanceolata , basi sensim ang'us-
tata, nervo medio valido apice evanescente percursa; nervu-
lis obliquis arcuatis æqualibus, pluriès dichotomis vel basi
quanddque anastomosantibus et reticulatis.
Les plantes de ce genre se rapprochent des Fougères à feuillessimples
de plusieurs genres, sans avoir cependant avec aucune de celles que
je connais une affinité très-marquée. Les Acrostichum et les Hemio-
nitis à feuilles simples en diffèrent par leurs nervures réticulées qui ne
naissent pas d’une nervure moyenne (Voy. pl. XXXIV, fig. 1 et ».);
les Polypodium, par le mode singulier de réticulations des nervures
(pl. XXXIV, fig. 3, 4, 5); les Aspidium, les Scolopendrium et les
Æsplenium à feuilles simples s’en rapprochent davantage, mais leurs
nervures, une ou deux fois bifurquées , naissent moins obliquement
de la nervure moyenne ; elles ne sont jamais réticulées à leur base,
comme dans les deux premières espèces du genre fossile. Ce serait
cependant des Æspidium à feuilles simples que je croirais que ces plan-
tes se rapprochent le plus, car, outre la disposition des nervures qui est
assez analogue, on voit sur l’échantillon de la var. $ du Glossopteris
Browniana (fig. 2, pl. LXIT) des traces évidentes de l'insertion de
groupes arrondis de capsules vers l'extrémité de la feuille.
Les trois premières espèces sont évidemment des feuilles simples et
entières; la quatrième pourrait être une foliole isolée d’une feuille
pinnée.
se
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 99
1. GLOSSOPTERIS BROWNIANA. PI. LXIT.
G. foliïs lanceolatis vel subspathulatis obtusis (1-2 pollicibus latis);
nervo medio valido superne éanaliculato; nervulis basi obliquis
reticulatis, apice tantum simplicibus vel furcatis, marginique sub
perpendicularibus , vix obliquis.
Gossopteris Browniana. An. Broxc., Prod., p. 54.
Var. «a. Australasica foliis minoribus subspathulatis obtusis.
Var, 6. Zndica foliis majoribus lanceolatis acutiusculis,
Gis. Terrain houiller,
Loc. Var. «. Mines de houille de Hawskesbury-River , à dix milles au nord du Port-
Jackson, Nouvelle-Galles du sud. (Muséum de l’Université d'Oxford et de la Société
géologique.) *
Var. $. Des mines de Rana-Gunge, près Rajemabhl , Indes orientales septentrionales.
Cette plante parait être très-commune dans les mines de houille de
la Nouvelle-Hollande; M. Buckland l’a reçue abondamment de ce lieu,
et M. Lesson en a rapporté des échantillons nombreux qui sont dépo-
sés au Muséum d'histoire naturelle.
Ce sont ces mêmes empreintes que quelques voyageurs avaient con-
sidérées comme des feuilles d'Æucalyptus;mais un examen un peu plus
attentif montre que la disposition de leurs nervures est tout-à-fait
celle des Fougères, et ne ressemble en rien à celle des Eucalyptus.
Cette plante varie extrêmement par la taille des feuilles; j'ai réuni
sur la figure 1 les principales modifications de forme et de taille que
j'ai observées. Les petites feuilles sont plus lancéolées, les grandes plus
spathulées et plus obtuses. Ia manière dont la feuille se rétrécit insen-
siblement en pétiole à sa base distingue cetie plante de tous les 4spi-
dium à feuilles simples que je connais ; cette forme est au contraire
analogue à celle de quelques Acrostichum, mais la disposition des
224 : HISTOIRE
nervures et surtout l'indication des groupes de capsules marginaux
sur l'échantillon fig. 2, ne permet pas de rapprocher cette espèce fos-
sile des Acrostichum. :
Cette figure, qui représente un échantillon des mines de l’Inde, dont
la partie moyenne manque, annonce une plante beaucoup plus grande
et un peu différente par sa forme de celle de la Nouvelle-Hollande,
mais tellement voisine par sa structure qu’on ne peut douter que toutes
deux n’eussent le même mode de fructification et n’appartinssent ainsi
au même genre, surtout lorsqu'on observe d’aussi grandes variations de
taille et de forme dans les empreintes que renferment les mêmes mor-
ceaux de schiste de la Nouvelle-Hollande.
L’échantillon unique de l'Inde que j'ai figuré ne diffère de ceux
de la var. « que par sa taille plus grande, sa forme plus régulière-
ment lancéolée, et qui paraît devoir se terminer en une pointe plus
aiguë.
2. GLOSSOPTERIS ANGUSTIFOLIA. PI. LXIIL, fig. 1.
G. foliis angustis sublinearibus (sex-octo lineis latis); nervo medio
valido plano ; nervulis obliquis pluriès dichotomis, basique rariùs
anastomosantibus.
Gas. T'errain houiller.
Loc. Des mines de Rana-Gunge, près Rajemahl, Indes-Orientales. (Vorsex.) *
Le seul échantillon que je possède de cette plante ne renferme que
des feuilles très-incomplètes, puisque les deux extrémités manquent
dans toutes ; cependant leur forme linéaire , étroite, allongée , leurs
nervures plus obliques et à peine anastomosées à la base, les distinguent
_de toutes les empreintes si variées de taille et de forme de l'espèce
précédente, et d’un autre côté leur forme générale, la largeur de leur
nervure moyenne et la disposition des nervures secondaires les placent
sans aucun doute dans ce genre. :
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 2925
3. GLOSSOPTERIS PHILLIPSIT. PI. LXI bis, fig. 5. Pl. LXII, fig. 2.
G. foliis lineari-lanceolatis angustis, basi apiceque angustatis; nervulis
obliquis, dichotomis, laxis, vix distinctis, in parenchymate crasso
subimmersis.
Pecopteris longifolia. Pris. Illust. of geol. of Yorkshire, p. 189. PI. VIN, fig. 8.
Pecopteris paucifolia. Paurs. Ibid., p. 148.
G1s. Terrain oolitique moyen, dans les grès et schistes supérieurs.
Loc. De Gristhorpe-Cliff, près Scarboroug, Yorkshire. (Parzzres, Murray.) *
La fig. à, pl. LXIIE, est faite d'après un dessin que M. Phillips m'a
communiqué ; depuis lors, j'ai reçu de M. Murray un échantillon de
cette plante, qui est représenté pl. LXI Zrs, fig. 5. La disposition des
nervures et la forme des feuilles sont bien celles des plantes de ce
genre; mais les nervures sont plus éloignées, moins divisées, et irès-
peu apparentes, le parenchyme de la feuille paraissant fort épais;
ces feuilles ressemblent, sous ce rapport, à celles de plusieurs Gram-
mitis et Acrostichum dont cette empreinte offre aussi la forme.
4. GLOSSOPTERIS NILSONIANA. PI. LXIIT, fig. 3.
G. foliis lanceolatis acutis, nervo medio angusto arcuato, nervulis
inflexis dichotomis , non anastomosantibus.
Glossopteris nilsoniana. An. BrowcG., Prod., p. 54.
Filicites nilsoniana. An. Bronc., Ann. des Sc. nat.,t. IV, p.218. PI. XIE, fig. 1.
Nisox, Mém. de l’acad. de Stockholm , 1820, vol. 1, p. 115. Tab. V, fig. 2, 3.
* Gis. Arkose de la formation du Lias (grès du Lias).
Loc. Hœr en Scanie. (Muséum de l'Université de Lund.)
Cette feuille, dont j'ai vu un exemplaire complet et plusieurs frag-
mens dans le Muséum de Lund, avait été considérée par M. Nilson
I. 29
226 HISTOIRE + --.
comme une feuille de plante phanérogame, et l’un des échantillons,
sur lequel les nervures étaient moins marquées, comme une feuille
dicotylédone, peut-être d’un Capparis. L’examen des nervures prouve
que c’est une Fougère parfaitement caractérisée , et je puis dire la même
chose à l’égard de toutes les empreintes de feuilles de cette localité,
pas une n'appartient à une plante dicotylédone ; toutes sont des Fou-
gères ou des Cycadées.
Gelle-ci offre tous les caractères essentiels des Glossopteris ; cepen-
dant la manière dont la feuille est légèrement arquée, pourrait faire
présumer que c’est une foliole latérale d’une feuille pinnée qui aurait
alors beaucoup d'analogie avec celles de plusieurs Anemia, voisins de
l'anemia phyllitidis (pl. LX, fig. 8), sans étre cependant identique
avec aucun. Si c’est réellement une feuille simple et entière, ce que de
meilleurs échantillons pourront seuls décider, elle diffère des autres
espèces de ce genre par sa nervure moyenne plus fine, et par ses ner-
vures latérales peu divisées et jamais anastomosées.
NEVROPTERIEIS.
Fozra bipinnata, vel rariùs pinnata, pinnulis basi sæpius sub-
cordatis, nec inter se nec rachi basi integrà adnatis, sed parte
medià tantüm insertis; nervo medio apice evanescente; ner-
vulis obliquis arcuatis tenuissimis dichotomis.
FRUCTIFICATIO; capsularum aggregationes lanceolatæ læves
(tegumento tectæ), nervulis apicis pinnularum adnexæ,
sæpiusque in bifurcationibus positæ.
Ce genre de Fougères fossiles est peut-être le plus naturel de ceux que
nous avons pu établir parmi les espèces fossiles de cette famille, surtout
lorsqu'on considère Les espèces les mieux caractérisées et celles qui
formant le centre du genre en constituent le vrai type; telles sont par-
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 227
ticulièrement celles comprises des n°° 11 à 21.On ne peut guère douter
que ces plantes ne se ressemblassent autant par leur fructification que
par la forme et la structure de leurs feuilles.
Sous ces deux rapports elles paraissent aussi différer complètement
de toutes les Fougères vivantes. Par la forme et la structure de leurs
feuilles elles ont bien, il est vrai, quelque analogie avec lOsmunda
regalis et les espèces vivantes qui s’en rapprochent, mais une côm-
paraison rigoureuse montre déjà de nombreuses différences dans la
disposition des nervures. :
Le Nevpropteris macrophylla,qui présente l analogie la plus marquée
avec l'Osmunda regalis par la forme et la disposition de ses pinnules ,
en diffère cependant par ses nervures secondaires trois fois bifurquées,
tandis qu’elles le sont seulement deux fois dans la plante vivante.
Les autres espèces de MNepropteris diffèrent encore bien plus de
céite plante et des autres Osmunda par leuré nervures très-obliques ,
cour hées, trois ou quatre fois bifurquées , et par leur nervure moyenne
qui est bien moins marquée que dans ces Fougères.
Ces caractères déduits de la disposition des nervures et de Life
des pinnules sufliraient pour éloigner ces plantes fossiles de tous les
Osmunda connus et des autres Fougères vivantes que nous connais-
sons; mais les Osmunda étant encore, sous ce rapport, les plantes
les plus analogues à nos Nevropteris | on aurait pu présumer que ces
fossiles constituaient des espèces différentes, mais voisines des Os-,
munda actuellement existans. L'absence des fructifications en pani-
cules séparées si remarquable dans les Osmunda, malgré la fréquence
des feuilles de Vepropteris, était déjà une présomption que ces'plantes
appartenaient à un genre très-différent, Ë
L’examen‘de beaucoup de plantes de ce genre nva fait découvrir
sur plusieu rs feuilles des traces de fructificauon qui annoncent un
genre tout-à-fait différent de ceux que nous connaissons. J'ai repré-
senté (pl. LXV, fig. 3) ces fructifications très-grossies , telles que je les
ai observées sur une pinnule détachée d’un IVevropteris que je pré-.
sume être le flexuosa , ou le tenuifolia.
228 HISTOIRE
Je les ai observées aussi d’une manière moins distincte sur un
échantillon du ÂVepropteris angustifolia (pl. LXIV , fig. 4).
Ces fructifications forment de petits paquets allongés, appliqués le
long du bord des nervures au-dessus de leurs bifurcations et du côté
qui correspond à l'extrémité de la pinnule et à la nervure moyenne.
Ces groupes oblongs de capsules sont ainsi compris entre les deux
rameaux d'une nervure; ils diffèrent du reste de la fronde par leur
couleur blanche ou grise, et leur aspect lisse semble annoncer qu'ils
sont recouverts par une membrane où tégument qui serait attaché à
la nervüre et s’ouvrirait ainsi en dedans, disposition qui serait l’inverse
de ce qui a lieu dans les Zsplenium, dans lesquels les groupes de
capsules, au lieu d’être placés entre les nervures bifurquées, sont placés
en dehors de ces nervures, et dont le tégument s'ouvre toujours en
dehors par rapport à la nervure principale dont provient le rameau
qui donne insertion au tégument.
Ce qu’on peut reconnaître de l’organisation de la fracufication sur
la plante fossile indique donc un genre tout-à-fait distinct des genres
de Fougères actuellement existans, et nous avons vu que la structure
des feuilles était aussi tout-à-fait particulière à ces plantes.
La répartition des espèces de ce genre dans les divers terrains montre
également que ce sont des plantes qui étaient propres à la première
végétation du globe, et qui ont disparu promptement de sa surface.
Ainsi, sur 20 espèces, que le genre Nevropteris comprend actmeile-
ment, 22 sont propres au terrain houiller, deux se trouvent dans le grès
bigarré et une dans le calcaire conchylien (Muschelkalk ).
Aucune n’a été trouvée dans des terrains plus récens, quoique de
nombreuses Fougères aient été observées dans le Keuper et surtout
dans les formations oolithiques.
Je fais ici abstraction des singuliers terrains d’anthracite de la Savoie,
dont les fossiles végétaux sont tellement identiques avec ceux du
terrain houiller, et tellement différens de ceux du lias du reste de
l'Europe, qu'il me parait difficile de regarder comme définitive leur
position dans le lias. Ces terrains renferment, conne le terrain houil-
ler, plusieurs espèces de IVepropterts.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 229
1. NEVROPTERIS ACUMINATUS. PI. LXI, fig. 4.
N. foliüs pinnatis (an bipinnatis?), pinnulis alternis brevè petiolatis
auriculato-cordatis, symetricis, acuminatis, integerrimis.
Nevropteris acuminatus. An. Brox&., Prod., p. 53.
Nevropteris smilacifolia. Srenwe., Tent. flor. prim., p. 16 (exel. synon. Scheuchzeri).
— Flor. der Vorw., fase. 2, p. 29 et 33.
Filicites acuminatus. Seuzors., Nacht zur Petref., p. 412, tab, 16, fig. 4.
Gis. Terrain houiller.
Loc. Mines de Klein-Schmalkalden en Allemagne: (ScxLorarim.)
Cette espèce est parfaitement distincte de toutes les suivantes, et
particulièrement du NN. Scheuchzert, avec lequel M. Sternberg l'avait
réunie.
Nous ne la connaissons que par la figure de M. Schlotheim que
nous reproduisons 1ci.
La forme des pinnules ressemble beaucoup à celle de quelques
espèces de Lygodium , maïs il aurait fallu pouvoir établir une compa-
raison directe entre ces plantes et les échantillons fossiles pour savoir
ce qu'il y a de réel dans cette analogie.
2. NEVROPTERIS CORDATA. PI. LXIV, fig. 5.
N. foliis pinnatis? (an bipinnatis? an simplicibus?), pinnulis oblongis
acutis, basi profundè cordatis, lobis rotundatis; nervo medio
tenuissimo; nervulis arcuatis, distantibus, dichotomis.
+ G1s. Terrain houiller.
Loc. Mines d’Alais, département du Gard (collection de M. de Villiers du Terrage).
Mines de Saint-Étienne. (Vinzer.) *
Je n’ai jamais vu que des pinnules isolées de cette plante, mais
souvent réunies plusieurs dans le même morceau. Cette dernière cir-
230 HISTOIRE
constance me fait présumer que ce sont les fragmens détachés d’une
feuille pinnée ou bipinnée, car la symétrie parfaite de ces feuilles,
ainsi que la grosseur et la distance des nervures, pourraient faire pré-
sumer que ce sont des feuilles simples analogues, par leur structure,
à celles du Sco/opendrium sagittatum , et du Lindsea sagittata.
La forme de ces folioles et la disposition des nervures, qui sont très-
marquées et très-espacées, distinguent du reste parfaitement cette
espèce des autres Vepropteris ; elles ressemblent sous ce rapport aux
Cyclopteris reniformus et orbicularis.
3. NEVROPTERIS SCHEUCHZERI. PI. LXIIT, fig. 5.
N. foliis pinnatis (vel bipinnatis?), pinnulis lanceolatis, acutiusculis,
basi rotundatis (nec dilatato-iruncatis, nec cordatis); nervulis
tenuissimis, arcuatis, dichotomis, approximatis.
Phyllitis mineralis. Luiw., Lithoph. brit., p. 12, n° 190, PI. V.
Osmunda. Scheuchzer herb. diluv., p. 48, tab. 10, fig. 3.
Nevropteris Scheuchzeri. Horrmanx, Teutchl. geol. darst. von Kerersr. Vol. IV,
P'ALOIE HSE 2 RUE
G1s. T'errain houiller.
Loc. Mines de houille d'Angleterre. (Scaeucazer.) — Willekesbarre en Pensylvanie.
(Cisr.)*—Mines de houille de Piesberge et de Huggel, près d'Osnabruck. (Horrmanx.)
On trouve rarement les pinnules de cette Fougère encore insérées
sur le rachis; cependant Scheuchzer l’a figuré dans cet état. Je n'en
ai vu que des pinnules isolées, et les autres auteurs qui l’ont figuré
sont dans le même cas; c’est ce qui laisse du doute sur l'identité d’es-
pèce de cette plante et de la suivante. Ces deux espèces pourraient
w’être que des pinnules différentes de la même plante; car on sait
combien, dans les Fougères, ces parties varient de la base au sommet
de la feuille, L'identité des localités dans lesquelles elles ont été trou-
vées toutes deux, rend ce rapprochement assez probable; mais la
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 231
grande différence de iorme nous a engagé, pour le moment, à les con-
sidérer comme distinctes. La disposition et la finesse des nervures sont
semblables dans les deux plantes.
4. NEVROPTERIS ANGUSTIFOLIA. PI. LXIV, fig. 3, 4.
N: foliis pinnatis (vel bipinnatis? }, pinnulis linearibus vel lineari-lan-
ceolatis acutis, basi utroque latere rotundatis, non cordatis; nervulis
pluriès dichotomis, arcuatis, tenuissimis, approximatis.
Gis. Terrain houiller.
Loc. Camerton, près Bath en Angleterre. (BucxzanD.) * — Willekesbarre en Pensyl-
vanie. (Cisr.) * ;
Cette plante, dont nous n’avons vu que des pinnules isolées, n’est
peut-être qu’une variété de l’espèce précédente, ou peut-être n’est-elle
fondée que sur des folioles provenant de parties différentes de la même
feuille; leur structure est la même; mais les pinnules sont constamment
beaucoup plus étroites, quoique d’une longueur à peu près semblable.
J'ai observé sur un échanullon représenté fig. 4, des indices d’une
fructification semblable à celle du Vevropteris flexuosa, pl. LXV,
fig. 3, mais beaucoup moins distinctes, et qui peuvent seulement
contribuer à établir l'identité réellement générique de ces plantes.
5. NEVROPTERIS ACUTIFOLIA. PI. LXIV, fig. 6, 7.
N. foliis pinnatis ( vel bipinnatis?), pinnulis oblongo-lanceolatis acutis,
planis, sessilibus; basi altero latere truncaus, altero rotundatis, ner-
vulis arcuatis, pluriès dichotomis , tenuissimis, approximatis.
Gis. Terrain houiller,
Loc. Mines de Willekesbarre en Pensylvanie (Sizzrwan) * ; environs de Bath en An-
gleterre (Senze). *
Je n'ai vu que quelques folioles isolées de cette espèce ; mais elles
diffèrent bien évidemment des précédentes par leur forme plus aigué,
232 HISTOIRE
plus lancéolée, et par leur extrémité d'insertion tronquée du côté su-
périeur et arrondie du côté inférieur, forme qui ne se trouve que dans
le Vevropteris F'oltzit qui en diffère à beaucoup d’autres égards.
6. NEVROPTERIS VOLTZII. PI. LXVII.
N. folüs pinnatis, rachi crasso, pinnulis subperpendicularibus appro-
ximatis oblongo-linearibus obtusiusculis, basi sursûm rachi adnatis,
inferiüs liberis cordato-auriculatis; nervo medio valdè notato,
apice attenuato; nervulis obliquis, FH tenuissimis , ap-
proximatis.
Nevropteris Voltzii. Av. Bronc., Prod., p. 54. Flore du grès bigarré, Ann. des
Sc. nat., t. XV, p. 440.
Gis. Grès bigarré.
Loc. Sultz-les-Bains, près Strasbourg. (Muséum de la ville de Strasbourg , n° Q. 300,
348)0*
Parmi les espèces de evropteris du terrain houiller il n’y a que le
Nevropteris angustifolia qui ait quelque analogie avec rise propre
au grès bigarré que nous décrivons. Elle diffère cependant du Vevrop-
teris P’oltzi par ses pinnules plus droites, plus aiguës, et surtout par
la forme de leur base d'insertion qui est parfaitement symétrique.
On peut aussi remarquer que les pinnules du Wepropteris Foltzii
sont toujours planes et que leur nervure moyenne est très-marquée,
tandis que le Nevropteris angustifolia a les bords de la feuille courbés
en dessous, et la nervure moyenne plus fine. Par plusieurs de ces
caractères, l'espèce du grès bigarré ressemble au /Vevropteris acuti-
folia, mais ses pinnules sont toujours beaucoup plus étroites et
obtuses, et ses nervures sont moins fines.
Cette plante est par conséquent propre au grès bigarré; mais c’est
de toutes les plantes de ce terrain, celle qui se rapproche le plus de
quelques-unes des plantes du terrain houiller. Gependant, si les folioles
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 339
détachées de Nevropteris, avec lesquelles elle a des rapports de forme,
proviennent de feuilles bipinnées, comme celles des autres Vevropteris
du terrain houiller, il y aurait entre les Vepropteris du terrain houiller
et les trois espèces du grès bigarré, cette grande différence que les
premiers séraient tous bipinnés, et les seconds une seule fois pinnés.
À 7. NEVROPTERIS VILLIERSIT. PI. LXIV, fig. r.
N. foliis bipinnatis, pinnulis obliquis, altero latere pinnarum lon-
gioribus oblongo-lanceolatis acuüs, altero brevioribus obtusis
subrotundis, basi latà racki adnatis, nervo medio nullo, nervulis
numerosis dichotomis arcuatis, apice approximatis tenuissimis.
Nevropteris Villiersit. An. Bronc., Prod., p. 53.
G1is. Terrain houiller.
Loc. Mines d'Alais, département du Gard (collection de M. de Villiers du T'errage).
Quoique je m’aie vu que le petit fragment de cette plante qui est
figuré pl. LXIV, cependant cette espèce est une des plus distinctes et
des mieux caractérisées de ce genre.
L’inégalité et la différence de forme des pinnules des deux côtés du
rachis est un caractère que je ne connais que dans cette espèce; elle
indique d’une manière certaine que ce fragment n’est qu’une penne
secondaire.
La disposition des nervures est également très-caractéristique et
rapproche chacune des pinnules, prise isolément, des feuilles des Cy-
clopteris non symétriques. Il n’y a pas en effet de nervure moyenne
dans les pinnules, toutes les nervures partent en faisceau du point
ou plutôt de l’espace par lequel la pinnule adhère au rachis et s’éten-
dent ensuite en divergeant et en se dichotomant jusqu’au bord de la
feuille, comme le montre bien la fig. 1, À. — Enfin ces pinnules, au -
I. 30
234 HISTOIRE
lieu de n’être fixées au rachis que par un seul point, lui adhèrent dans
une assez grande étendue; maïs ce caractère n'existe peut-être que
dans les pinnules voisines de l'extrémité, sans cela, en le combinant
avec la disposition des nervures, il rapprocherait beaucoup cette
plante du genre Odontopterts.
8. NEVROPTERIS CRENULATA. PI. LXIV, fig. 2.
N. foliis pinnatis (vel bipinnatis), pinnulis alternis oblongis obtusis
basi contractis, non cordatis, margine suberenulatis; nervulis
dichotomis tenuibus distantibus.
An Nevropteris plicata? Srenns., Tent. flor. prim., p. 16.
Gas. Terrain houiller.
Loc. Saarbruck.
Cette-espèce est parfaitement distincte des précédentes, par ses pin-
nules oblongues obtuses, arrondies , mais non échancrées en cœur à
la base, enfin garnies de crénelures courtes et peu distinctes sur les
bords, crénelures qui ont été trop marquées sur la figure; les ner-
vures sont aussi beaucoup plus fines qu’elles ne sont indiquées sur le
détail, fig. 2, À. Mais elles sont peu nombreuses et assez espacées, ce
qui rapproche cette plante du Wevropteris cordata.
La forme des pinnules et la disposition des nervures dans cette
espèce, établit des rapports plus marqués entre cette plante et les
Lyconrun, qu'il ne semble en exister entre ce genre et les autres
espèces de NEvroprems; mais cependant il y à encore des différences
très-marquées, et le seul échanullon que nous connaissons est trop
peu complet pour établir une comparaison rigoureuse entre cetle es-
pèce et les plantes vivantes.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 235
9. NEVROPTERIS MACROPHYLLA. PI. LXV, fig. r.
N. foliis pinnatis vel bipinnatis, pinnulis distantibus oblongis obtusis,
basi dilatatis cordatis, angulo inferiore paululûm extenso; nervo
medio valde notato; nervulis dichotomis, e nervo medio nascentibus,
arcuatis.
Gis. Terrain houiller.
Loc. Dunkerton, Sommerset (Colleci. de la Soc. géol. de Londres).
Je ne connais que l'échantillon de cette espèce que j'ai figuré, et il
est difficile de juger d’après ce fragment si c'est une feuille simple-
ment pinnée ou une penne latérale d’une feuille bipinnée, comme
c'est plus probable, d’après analogie avec les espèces voisines.
De toutes les espèces de ce genre celle-ci est celle qui a la plus
grande analogie avec la feuille de l'Osmunda regalis et plus particu-
lièrement avec une variété ou une espèce voisine qui croît au Brésil,
et dont les pinnules sont plus en cœur à leur base; aussi cette espèce
diffère-elle beaucoup des autres Vevropteris par sa nervure moyenne
plus marquée, par ses nervures secondaires moins obliques et moins
arquées , plus réellement pinnées et moins subdivisées. Je ne serais
pas étonné que cette empreinte provint d’une plante différente généri-.
quement des autres Vevropteris et plus voisine des Osmunda.
L'analogie des caractères spécifiques et l'identité presque complète
de localité pourraient faire supposer que cette plante est la même que
le Vevropteris oblongata , Srzrs.; cependant elle en diffère par ses
pinnules, qui ne sont pas décurrentes inférieurement sur le rachis.
236 HISTOIRE
10. NEVROPTERIS AURICULATA. PI. LXVI.
N.foliis bipinnatis, pinnis alternis obliquis distantibus; pinnulis alternis
approximats subimbricatis oblongis obtusis , basi dilatato-cordatis ;
nervulis arcuatis, à basi radiantibus, dichotomis, tenuissimis; rachi
primario pinnulas sustinente difformes, breves, obtusas, subro-
tundas, inferiùs extensas et auriculæformes.
Gis. Terrain houiller.
Loc. Saint-Étienne, département de la Haute-Loire. (Feneon.) *
Cette belle espèce est tellement distincte qu’il est impossible de la
confondre, lorsqu'elle est complète, avec aucune autre espèce de ce,
genre; la manière dont les pennes sont décurrentes sur le rachis prin-
cipal, et la forme singulière des pinnules qui sont ainsi fixées sur
le rachis commun, suffit pour la bien caractériser.
Les pinnules ordinaires isolées seraient plus difficiles à reconnaître;
cependant leur grandeur , leur rapprochement qui fait qu’elles se re-
couvrent l’une l'autre, le grand nombre et la finesse des nervures, et
l'absence presque complète de la nervure moyenne distinguent ces
pinnules de celles des Vevropteris gigantea et flexuosa avec lesquelles
on pourrait seulement les confondre. L'insertion des pinnules sur le
rachis commun n'existe parmi les Fougères fossiles que dans quelques
espèces de Pecopteris et surtout dans le Pecopteris gigantea, et parmi
les Fougères vivantes dans quelques Pieris, qui diffèrent beaucoup par
la disposition des nervures des Nevropteris ; ce caractère s'accorde
donc avec ceux que nous avons déjà signalés, pour annoncer que les
Nevropteris différaient génériquemeni de toutes les Fougères vivantes.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 237
11. NEVROPTERIS GRANGERI. PL LXVIIT, fig. 1.
N. foliis bipinnatis, pinuis alternis elongatis rachi subperpendicula-
ribus, patentibus. vel subreflexis ; pinnulis alternis contiguis
oblongis obtusiusculis, basi inferiüs dilatatis; nervulis valde notatis
dichotomis arcuatis. à
Nevropteris Grangeri. An. Browc., Prod., p. 53.
Gis. Terrain houiller.
Loc. Mines de Zanesville, État de l'Ohio, Amérique septentrionale (GrAnGER). *
La grandeur des feuilles de cette espèce devait être très-considéra-
ble, si on en juge d’après la longueur des pennes et l'égalité de gran-
deur des pinnules dans l’échanullon que nous figurons. Sa forme
générale devait par là ressembler à celle du ÂVevropteris gigantea ; les
pinnules sont plus courtes, plus larges; les nervures sont moins nom-
breuses et plus grosses; ce caractère distingue cette espèce de toutes
les précédentes et la rapproche des deux suivantes. Je conserve même
quelques doutes sur la véritable distincüon de cette plante et du
IN. evropleris Cistit, qui cependant a les pinnules plus ovales, beaucoup
moins oblongues et plus espacées, et les nervures moins divisées; mais
ces caractères tiennent peut-être à la position différente des pennes
vers la base ou l'extrémité de la feuille.
Des échantillons plus complets du IVevropteris Cistii seront néces-
saires pour déterminer si ces plantes, que l'identité de pays rappro-
che encore, sont réellement distinctes.
238 HISTOIRE
12. NEVROPTERIS CISTII. PI. LXX, fig. 3.
N. pinnis elongatis; pinnulis distantibus, ovatis, basi cordatis; ner-
vulis valde notatis, distantibus, tantüm bis furcatis.
Nevropteris Cistü. An. Bronc., Prod., p. 53.
Gis. Terrain houiller.
Loc. Mines de Willekesbarre en Pensylvanie. (Crsr.) *
Nous avons déjà remarqué que cette espèce diffère très-peu de la
précédente ; la forme des pinnules est plus ovale et surtout l'angle
inférieur de leur base n’est pas prolongé, comme dans le AVevropteris
Grangerï; c'est au contraire l’angle supérieur qui est plus allongé que
l'autre; enfin les nervures ne sont que deux fois bifurquées, tandis
que dans le Nevropteris Grangeri elles le sont trois fois.
13. NEVROPTERIS ROTUNDIFOLIA. PI. LXX, fig. 1.
N. foliis bipinnatis, pinnulis approximatis imbricatis, ellipticis, subro-
tundis, obtusissimis, brevibus; nervulis arcuatis dichotomis tenui-
bus, valde notatis,
-Mevropteris rotundifolia. An. Bronc., Prod., p. 51.
Gis. Terrain houiller.
Loc. Mines du Plessis, département du Calvados. *
Peut-être cette plante ne doit-elle être considérée que comme une
simple variété de la suivante, dont elle se rapproche beaucoup par ses
pinnules qui se recouvrent l’une l’autre, qui sont très-obtuses et dont les
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 239
nervures sont subdivisées un grand nombre de fois et très-fines à leur
extrémité ; elle en diffère par ses pinnules plus courtes, presque ron-
des , encore plus obtuses, et par ses nervures beaucoup plus grosses à
leur base, caractères qui la rapprochent du WVevropteris Cistii.
14. NEVROPTERIS FLEXUOSA. PI. LXVIIT, fig. 2, et LXV, fig. 2, 3.
N. foliis bipinnatis, pinnis brevibus? pinnulis approximatis imbricatis
oblongis arcuatis obtusis, basi subcordatis , angulo inferiore magis
minusve extenso; pinnulà terminal magnà ovato-lanceolatà; ner-
vulis tenuissimis arcuatis dichotomis.
Nevropteris flexuosa. Stenxe., Tent. flor. primord., p. 16. (Excel. synon.)
Osmunda gigantea, var. €. Srene., Flor. der Vorw., fase. , p. 36 et 59,
tab. XXXII, fig. 2.
Gis. T'errain houiller.
Loc. Camerton, près Bath, Angleterre. (Senue ; BuckLanD.)*— Laroche-Macot, dans
la Tarentaise, (Sorer.) *
Gette espèce ressemble beaucoup au ÂVevropteris gigantea par la
forme des pinnules: celles-ci sont cependant plus élargies à leur base,
légèrement cordiformes, et leur angle inférieur est le plus souvent
prolongé en une sorte d'oreillette arrondie; mais ce qui distingue
cette plante au premier aspect du Nevropteris gigantea, c’est que les
pinnules, au lieu de laisser un petit espace entre elles, se recouvrent
toujours par leur bord.
C’est sur des pinnules détachées de cette espèce, ou peut-être de la
suivante, que j'ai le mieux observé la disposition particulière des fruc-
tilications de ces Fougères (voy. pl. LXV, fig. 3 de grandeur naturelle
et 3 À grossie.) — La fig. 3 B montre Ja manière dont les groupes
de capsules, probablement recouverts d’un tégument membraneux,
sont insérés contre les nervures, au-dessus de leur bifurcation.
240 HISTOIRE
15. NEVROPTERIS GIGANTEA. PI. LXIX.
N. foliis bipinnatis, pinnis patentibus elongatis, pinnulis vix contiguis
(nec imbricatis), oblongis obtusis, basi rotundatis (nec dilatato-cor-
datis) ; nervulis tenuissimis approximatis arcuatis dichotomis ; nervo
medio vix distincto evanescente.
Filicites linguarius. Scaroru, Nacht. zur Petref., p. {11.— Ejusd, Flor. der Vorw.,
tab. Il, fig 25.
Nevropteris gigantea. Srerxs., Tent. Flor. primord., p. 16, tab. XXII.
Osmunda gigantea. Ejusd. Flor. der Vorw., fasc. 3, p. 20, 33,
Nevropteris gigantea. An. Proxe., Prod., p. 54.
Gis. Terrain houiller.
Loc. Saarbruck,
Je ne connais cette espèce que par la belle figure que M. de Stern-
berg en a donné, et que je reproduis ici. J’y ai joint la figure, d’après
nature, d’un petit fragment que je crois pouvoir rapporter à la même
espèce. Getteespècese distingue du IVevropteris flexuosapar la longueur
des pennes et par l'éloignement des pinnules qui sont à peine conti-
guës. Elle se rapproche davantage du Vevropteris tenuifolia par la lon-
gueur des pennes; mais dans cette espèce les pinnules sont beaucoup
plus rapprochées, se recouvrant en partie Pune l'autre, et leur forme
est différente : elles se rétrécissent davantage vers l'extrémité, tandis
que leur base est échancrée en cœur.
La forme des pinnules et la disposition plus lâche des nervures
suffisent pour distinguer les Nevropteris Grangeri et Cisti.
Malgré l'étendue de l'échantillon figuré par M. de Sternberg, nous
ne voyons nulle part le mode de terminaison des pennes dont la pin-
nule terminale fournit souvent de bons caractères distinctifs.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 241
16. NEVROPTERIS TENUIFOLIA. PI. LXXII, fig. 3.
N. foliis bipinnatis, pinnis elongatis acutis; pinnulis approximatis
contiguis vel subimbricatis, oblongis, apice attenuatis obtusis , basi
cordatis, nervo medio valde notato, apice evanescente; nervulis
obliquis , arcuatis , dichotomis , approximatis , tenuissimis ; pinnulà
terminali lanceolatà acuminatà, basi cuneata sublobatà, lateralibus
triplo longiore.
Filicites tenuifolius. Scurortu., Nacht. zur Petref., p. {05 , tab. XXII, fig. r.
Mevropteris tenuifolia. Srernr., Tent. flor.*prim., p. 17. — An. Broxc., Prod.,
P. 95:
Gis. Terrain houiller.
Loc. Saarbruck. *
La longueur des pennes et la forme des pinnules rapprochent assez
cette espèce du ÂNepropteris gigantea; mais, outre Le plus grand rap-
prochement des pinnules, qui est tel que ces parties se recouvrent lé-
gèerement par leur base, la forme de chaque pinnule est assez diffé-
rente de celle qu'indique la figure donnée par M. de Sternberg de son
INevropteris gisantea et de celle que j’ai observée sur le petit échan-
tillon représenté pl. LXIX, fig. 2, pour qu'on ne puisse guère douter
que ces deux plantes ne soient différentes : en effet les pinnules du
INevropteris gigantea sont tout-à-fait oblongues et nullement élargies à
leur base ; celles du Mepropteris tenuifolia sont au contraire plus lar-
ges à leur base, et se rétrécissent insensiblement vers leur extrémité.
Enfin elles sont légèrement échancrées en cœur à leur base, de sorte
qu'elles recouvrent le rachis, qui paraît sinueux comme dans le JVe-
vropteris flexuosa, ce qui n’a pas lieu. dans le ÂVevropteris gigantea.
La forme des pinnules et surtout de la pinnule terminale distingue
complétement cette espèce du Vevropteris flexuosa; ce dernier carac-
L 31
242 HISTOIRE
tère la rapproche du Neoropteris heterophy lla dont elle diffère par la
forme beaucoup plus allongée des pinnules latérales.
17. NEVROPTERIS LOSHIT. PI. LXXIIT, LXXIT, fig. 1.
N.foliis bipinnatis, pinnis elongatis, approximatis, patentibus, flexuosis;
pinnulis alternis imbricatis vel contiguis, ovatis, obtusissimis , basi
subcordatis; nervulis tenuissimis, approximatis, dichotomis ; pinnulà
terminali subrhomboidali, bi-trilobâ, obtusà, cœterisque æquali
vel breviore. ;
Lithosmunda minor. Lumus, Lithoph. brit., p. 12, n°1809, pl. IV. — Scuevcrzer,
Herb. diluy., p. 20, pl. IV, fig. 3 (ex Luidii opere sumpta).
Nevropteris Loshii. An. Broxc., Prod., p. 53.
Gis. Terrain houiller.
Loc. Mines de Newcastle, Northumberland (Losu).* — Lowmoor, Yorkshire. * —
Geislautern (Grannin). * — Valenciennes (Dourxax).* — Charleroi, Liége (Da-
vreux). * — Willekesbarre en Pensylvanie ( Crsr). * — T'arentaise (Sorer). *
Cette plante, déjà bien figurée dans les anciens'ouvrages cités ci-
dessus, se rapproche par ses pinnules serrées et imbriquées des Veprop-
teris flexuosa et tenuifolia ; mais elle diffère de l’une et de l’autre par
ses pinnules ovales beaucoup plus courtes et plus larges et par le lobe
terminal très-court, ovale et souvent trilobé. Le rachis commun est
fort et strié; les nervures sont très-fines, mais un peu plus espacées et
plus marquées que dans les trois espèces précédentes. Sous ce rapport,
ainsi que par la forme des pinnules, cette espèce se rapproche un peu
du Nevropteris heterophylla; c’est surtout vers les extrémités des
frondes qu'on pourrait confondre ces deux espèces , car alors les pin-
nules deviennent très-petites et arrondies comme dans le /Vevropteris
heteropkylla: mais les pennes décroissent beaucoup plus rapide-
ment et la pinnule terminale, quoique plus grande que dans les parties
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 243
inférieures de la feuille, n’est pourtant pas aussi allongée et surtout
aussi aiguë que dans le Vevropteris heterophylla. La comparaison des
fig. r et 2 de la pl. LXXIT, dont la première représente une extrémité
de feuille du Vepropteris Loshii, et la seconde une extrémité semblable
du ÂVevropteris heterophylla, suffira pour faire ressortir ces différences.
18. NEVROPTERIS HETEROPHYLLA. PI. LXXI, LXXII, fig. 2.
N.foliis maximis tripinnatis, quandoque è basi bifurcatis, pinnis alter-
nis magis minusve elongatis, superioribus brevissimis; pinnulis
formà diversissimis, pinnarum inferiorum oblongis sublobatis, in-
termeciarum ovatis, superiorum subrotundis minimis paucioribus ;
terminalibus oblongo-lanceolatis, basi cuneatis, lateralibus multo
longioribus; omnibus basi cordatis, nervulis arcuatis tenuissimis.
Filicites (Nevropteris) heterophylla. An. Bronc., Class. Vég. foss., pl. II, fig. 6.
Nevropteris heterophylla. An. Browc., Prod., p. 53. — Srerws., T'ent. flor. prim.,
ot d
Pecopteris Dethiersiü. An. Browc., Prod., p. 56.
Gïs. Terrain houiller.
Loc. Charleroi (Dertatenrs ). * — Saarbruck. *
Au milieu des formes diverses qu’affectent les pinnules de cette
planie, suivant leur position dans la feuille, il devient très-difficile de
fixer les caractères qui la distinguent des espèces voisines et surtout
de l'espèce précédente.
On retrouve en effet sur le grand échantillon représenté pl. LXXI
des formes très-semblables à celles du Vevropteris Loshii; mais dans
cette espèce les pennes se succèdent sur le rachiscommun pendant'un
long espace, presque sans changer de forme et de grandeur; au con-
traire dans le N./eterophylla elles décroïssent rapidement et les pennes
et les pinnules offrent alors des formes très-différentes. Vers l’extré-
244 HISTOIRE
mité des pennes, au contraire, le décroissement est plus lent, la forme
générale est plus lancéolée, plus aigué, et les dernières pinnules la-
térales sont beaucoup plus allongées. Il serait possible cependant que
ces deux plantes ne fussent que des variétés d’une même espèce ; le
grand échantillon figuré pl. LXXI offre en effet une sorte de mons-
truosité assez fréquente sur les Fougères vivantes et qui n’est jamais
un caractère constant, mais qui peut avoir inflné sur la forme générale
de la feuille et sur celle des pinnules : c’est la bifurcation du pétiole
où plutôt du rachis commun vers la base de la feuille. Il serait donc
à désirer qu'on pôût comparer des échantillons, bien complets et régu-
liers, de cette espèce avecc eux du A. evropieris Loshit pour établir leurs
caractères distinctifs ou au contraire leur identité. La disposition et la
grosseur des nervures sont semblables dans ces deux espèces.
19. NEVROPTERIS SORETII, PI. LXX, fig. ».
N. foliis bipinnatis, pinnis patentibus distantibus ; pinnulis minoribus
ellipticis brevibus , obtusissimis, remotis ; nervulis tenuissimis vix
distincts ; pinnulâ terminali magnà oblongo-lanceolatà.
Nevropteris Soreti. An. Bronc., Prod., D'08!
-Gxs. Terrain d’anthracite de la Savoie.
Loc. La roche Macot, dans la Tarentaise, Savoie (Sorer). *
Cette plante me paraît bien distincte de toutes les espèces précé-
dentes de ce genre par la taille beaucoup moindre des pinnules, par
leur éloignement l’une de l'autre, ainsi que par la distance qui sépare
les pennes, par la grandeur de la pinnule terminale et sa forme obtuse,
enfin par la forme elliptique très-régulière des pinnules latérales. Les
nervules sont très-fines et peu apparentes; mais cela paraît dépendre
de l'état particulier de conservation de la plante qui est changée en talc,
comme Ja plupart des plantes de cette localité.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES 245
20. NEVROPTERIS MICROPHYLLA. PI. LXXIV, fig. 6.
N. foliis bipinnatis, pinnulis ellipticis obtusis minimis subenervibus,
vix contiguis, basi cordatis, terminali rhomboidali subtrilobä.
Gis. Terrain houiller.
Loc. Willekesbarre en Pensylvanie (Cisr ). *
Sans la grande différence de taille qui existe entre cette plante
et le Nevropteris Loshii, on pourrait les considérer comme une même
espèce; mais, dans celle-ci, les pinnules ont à peine le quart de la
longueur de celles de l’espèce que nous venons de citer ; la pinnule
terminale est aussi un peu plus grande par rapport aux autres ; enfin,
les nervures sont moins marquées. Je ne connais de cette plante que
l'échantillon que j’ai figuré.
21. NEVROPTERIS GAILLARDOTI. PI. LXXIV, fig. 3.
N. foliis pinnatis angustis, rachi lato plano, pinnulis approximatis
subimbricatis, subrotundis, obtusis, basi dilatatis ; nervis dichoto-
mis à basi radiantibus arcuatis.
Nevropteris Gaïllardoti. An. Broxc., Prod., p. 53.
Gis. Calcaire conchylien ( Muschelkalk).
Loc. Lunéville (Garzzarpor).*
Cette palnte est le seul exemple de Fougère que je connaisse dans
ce terrain. Je n’en ai vu que le fragment que je figure; mais il suffit
pour prouver que cette espèce est parfaitement distincte de toutes
celles que nous connaissons dans d’autres terrains. Elle paraît sim-
246 HISTOIRE
plement pinnée comme les IVevropteris Foltzit, Dufresnoi et elegans
du grès bigarré , caractère qui la rapproche de ces plantes et l'éloigne
beaucoup de tous les Vevropteris du terrain houiller qui paraissent
tous à feuilles bipinnées. Elle diffère beaucoup spécifiquement des
trois espèces que nous ayons citées plus haut, par ses pinnules larges et
courtes détachées du rachis par leur base, sans nervure moyenne dis-
tincte, et dont les nervures partent toutes, en rayonnant, du point
d'attache de la pinnule.
22. NEVROPTERIS DUFRESNOII. PI. LXXIV, fig. 4, 5.
N. foliis pinnatis, rachi crasso plano, pinnulis non contiguis, ellipticis,
obtusis, integerrimis, inferiùs paululum decurrentibus auriculatis ,
basi latà rachi adnatis; nervulis è basi radiantibus arcuatis dicho-
omis tenuissimis et apprimè notatis, nervo medio vix basi dis-
tincto.
Var « major, pinnulis pollicaribus oblongo-ellipticis PI, LXXIV, fig. 4.
Var f minor, pinnulis vix semi-pollicaribus , brevioribus subrotundis, PI. LXXIV,
fig. 5.
Gis. Terrain de grès bigarré.
Loc. Ardoisières de Lodèves, département de l'Hérault. (Durresnoy, Collect, de l'É-
cole des Mines.)
Cette belle espèce de Fougère se rapproche des deux Nevrorrers
déjà connus dans le grès bigarré par ses feuilles une seule fois pinnées ;
l’absence des pinnules le long de la partie inférieure du rachis dans
l'échantillon, pl. LXXIV, fig. 4, prouve bien évidemment que c’est un
pétiole, et que la feuille n’est qu’une fois pinnée. La forme des pin-
nules ‘est très-diflérente de celle da Vepropteris Voltzi, et se rap-
proche beaucoup de celle du Veoropteris auriculata; mais elles sont
plus courtes et plus décurrentes le long du pétiole ; les nervures sont
très-fines , très-rapprochées , mais très-marquées. Il n’y a réellement
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 545
pas de nervure médiane distincte des autres, toutes les nervures par-
tant presque isolément de la base des pinnules dans toute l'étendue
par laquelle elles adhèrent au rachis.
La variété B est peut-être une espèce distincte, La grande différence
de taille et la forme moins allongée des pinnules peut le faire présu-
mer; mais comme elle ressemble beaucoup au type de cette espèce
par la disposition des nervures et par le mode d'insertion des pinnules,
je n'ai pas voulu, d’après un fragment aussi incomplet, établir une
espèce qui, dans tous les cas, serait très-voisine de celle que nous dé-
crivons ici. Elle se rapproche par sa forme du ÂVesropteris Gaïllar-
dot.
* Espèces douteuses.
23. NEVROPTERIS ELEGANS. PI LXXIV, fig. r, 2.
N. foliis pinnatis, rachi lato plano, pinnulis oblongis obtusis, approxi-
matis, basi rachi pinnulisque contiguis adhærentibus, nervo medio
apice evanescente; nervulis obliquis, arcuatis, dichotomis:
- Nevropteris elegans. An. BronG., Prod., p. 54:
Gis. Grès bigarré.
Loc. Soultz-les-Bains , près Strasbourg (Muséum de la ville de Strasbourg. Q. 335 et
341).
La disposition des nervures rapproche iout-à-fait cette plante des
vrais Nevroprenis, et surtout du /Veoropteris Voltzi du même ter-
rain ; mais elle diffère de toutes les espèces de ce genre par ses pin-
nules adhérentes, par leur base, non-seulement au rachis, mais même
entre elles, caractère qui ne se retrouve dans aucune autre espèce de
ce genre, et qui rapprocherait cette plante des Pecopteris. Entre ces
deux caractères qui tendaient à faire classer cette espèce différemment,
j'ai accordé plus de valeur à la disposition des nervures et à l'affinité
générale de cette espèce avec le Vevropteris Voltz.
248 HISTOIRE
24. NEVROPTERIS PLICATA.
N. fronde pinnata, pinnis alternis sessilibus, oblongis obtusiusculis
integerrimis, margine plicatis, basi latiore subcordatis. Srerns.,
T'ent. for. prim., p. 16.
Gis. Terrain houiller.
Loc. Mireschoy en Bohème (Srernerre ).
Je ne connais cette espèce et les suivantes que d’après les phrases
caractéristiques que M. Sternberg en a publié, et que je rapporte ici;
ces phrases, sans figures. à l’appui, et sans description détaillée, ne
me paraissent pas suflire pour pouvoir les distinguer avec certitude des
espèces que j'ai décrites ci-dessus, ou pour établir leur identité. Je
doute même que quelques-unes d’entre elles fassent réellement partie
du genre ANevropteris , dont elles diffèrent essentiellement par leurs
pinnules décurrentes.
Cette espèce semble se rapprocher, par les caractères ci-dessus énon-
cés, de notre Vepropteris crenulata; mais il est impossible de.prononcer
sur leur identité.
25. NEVROPTERIS OBOVATA.
N. fronde bi-vel tripinnata, pinnulis subincumbentibus sessilibus
oblongo-obovatis integerrimis, basi subcordatis. Srenns., loc. cit.,
p. 16.
Gis. Terrain houiller.
Loc. Mireschow en Bohème (Srernserc).
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 249
26. NEVROPTERIS OBLONGATA.
N. fronde pinnata vel bipinnata, pinnis pinnulisve sessilibus oblongis,
basi inferiore decurrentibus, superiore liberis, integerrimis, supe-
‘rioribus confluentibus. Srerns., loc. cit., p. 17.
Gis. Terrain houiller.
Loc. Mines de Paulton et de Temsbury, dans le Sommersetshire (Srennsere).
Cette espèce et les suivantes diffèrent de tous les Nrvroprenis que
nous connaissons par leurs pinnules décurrentes, caractère qui les
rapproche de plusieurs Prcorrenis, et particulièrement du Pecopteris
obliqua. Peut-être sont-elles identiques avec quelques-unes des nom-
breuses espèces de ce genre; l'absence de figures et de détails sur la
disposition des nervures nous laisse dans le doute à cet égard.
27. NEVROPTERIS DECURRENS.
N. fronde bipinnata, pinnis distantibus uti videtur oppositis, pinnulis
ovatis obtusis integerrimis, inferioribus adnatis ab una pinna ad
alteram decurrentibus. Srerns., loc. cit., p. 17.
Gis. Terrain houiller.
Loc. Pays de Deux-Ponts (Srennsere).
28. NEVROPTERIS CONFERTA.
N. fronde bipinnata, pinnis suboppositis pinnulisque confertis imbri-
catis sessilibus, basi inæquilateris, latere inferiore decurrentibus.
STERNB., (OC. Ci. p. 17. *
Gis. Terrain houiller.
Loc. Dans le schiste calcaire noir d'Ottendorf, près Braunau en Silésie (Srennserre ).
1 32
-250 . HISTOIRE
28. NEVROPTERIS DISTANS.
N. fronde bipinnata pinnis pinnulisque distantibus, pinnulis lanceo-
las sessilibus, latere inferiore decurrentibus. Srrans., loc. cit.,
P: 17:
Gis. Terrain houillier.
Loc. Mines d'Eschweiler en Allemagne (Srernserc).
ODONTOPTERIS.
Forra bipinnata, pinnulis membranaceis tenuissimis, basi
integrà rachi adnatis, nervo mediô nullo vel vix Less
Re æqualibus nphpus vel furcatis, tenuissimis,
plerisque e rachi nascentibus.
FRUCTIFICATIONIS vestigia nulla.
Les plantes fossiles peu nombreuses qui constituent ce genre
diffèrent complétement de toutes les Fougères vivantes que nous
connaissons ; aucune de ces dernières ne présente ni cette forme de
pinnules, ni surtout cette disposition des nervures. La ténuité de la
fronde et la finesse des nervures se remarquent facilement sur la plu-
part des échantillons de Terrasson, dont les pinnules à peine char-
bonnées et encore membraneuses se détachent complétement de la
roche qui les renferme; ces caractères donnent à ces feuilles un peu
de l'aspect des TricHomanEs; mais aucung des espèces vivantes de ce
genre ne ressemble aux Ononrorreris, soit par la forme des feuilles,
soit par la disposition des nervures.
Par da forme générale des feuilles, et par la disposition et la forme
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 251
des pinnules, ces plantes ressemblent beaucoup au premier aspect aux
Osmunda cinnamomea et claytoniana de l'Amérique septentrionale ;
mais le mode de distribution des nervures est très-différent.
” On doit donc considérer ce genre comme un de ceux qui caracté-
risent le mieux la Flore des terrains houillers anciens, auxquels
toutes ses espèces appartiennent ; son gisement comme ses caractères
le rapproche ainsi des vrais Nevroprems des terrains houillers qui
paraissent tout-à-fait propres à ces terrains, et dont les feuilles, par
leurs nervures fines, arquées, toutes égales entre elles, ressemblent à
beaucoup d’égards à celles des Ononroprenis.
Sur les cinq espèces que nous admettons dans ce genre, il ny a
que les deux premières que nous connaissions bien complétement :
nous n'avons vu que des fragmens des deux suivantes, et la dernière
ne nous est connue que par la figure de M. de Schlotheim que nous
reproduisons.
Une chose remarquable, c’est la manière dont les espèces de ce
genre paraissent limitées à un petit nombre de localités.
Les quatre premières espèces viennent toutes des mines du Lardin,
près Terrasson,
La seconde seule a été retrouvée assez fréquemment dans quelques
localités de la France centrale.
La cinquième, que nous ne connaissons que par la figure de
M. de Schlotheim , est la seule qu’on ait observée en Allemagne ; aucune
des premières espèces n’a été trouvée jusqu'à présent ni en Angle-
terre, ni en Belgique, ni en Allema
centrale.
M. Sauveur, de Bruxelles, dans la liste des plantes fossiles des ter-
rains houillers de Belgique, qu'il a communiquée à M. Homalius
d'Halloy, et qui est insérée dans les É/émens de Géologie (x) de ce
savant, cite , il est vrai, une espèce nouvelle de ce genre, sous le nom
d'Odonitopteris appendiculata; mais cette espèce nous est compléte-
ment inconnue, et nous ne savons pas quels sont les caractères qui
la distinguent de celles que nous décrivons ici. ;
ane, ni même hors de la France
(1) Élémens de Géologie, par M. Homalius d’Halloy, p. 304.
252 HISTOIRE
1. ODONTOPTERIS BRARDII. PI. LXXV et LXX VI.
O. foliis bipedalibus ovato-lanceolatis bipinnatis, pinnis subæqualibus
sex-octo pollicaribus linearibus, pinnulis ovatis acuuusculis obli-
quis, infimà cujusque pinnæ cuneiformi oblique truncato-lobatà ,
nervis æqualibus tenuissimis furcatis.
Odontopteris Brardi, An. Bronc., Class. des végét. foss., tab. IT, fig. 5. Prod.
d'une Hist. des végét. foss., p. Go. — Srerxe., Tent. flor. prim., p. 21.
Gas. Terrain houiller.
Loc. Mines du Lardin, près T'errasson , département de la Dordogne. (Brarp.)*
Cette grande et belle Fougère nous est connue fort complétement
par les nombreuses communications que nous a faites M. Brard, lors-
qu'il dirigeait l'exploitation des mines du Lardin.
La planche LXXV est faite d’après un dessin exécuté sur les lieux,
qui nous a été communiqué par M. Brard, Il donne une idée exacte
de l’ensemble de ces feuilles et de leur mode de terminaison; mais
les folioles ne sont pas partout aussi bien conservées que dans l’é-
chantillon que nous avons représenté planche LXXVI, et dont le
dessin a été fait d’après nature sous nos yeux.
On voit que cette feuille est très-grande, et atteindrait probable-
ment deux à trois pieds si on l’avait parfaitement entière.
Le rachis commun est gros, léoèrement strié; les pennes sont très-
régulières, de six à huit pouces de long, presque perpendiculaires sur
le rachis, larges d’un pouce environ ; les pinnules sont rapprochées,
adhérentes par toute leur base au rachis secondaire; leur forme est
ovale, légèrement aiguë, oblique et un peu courbée en forme de S,
comme les dents d’une scie. Les nervures sont très-fines, peu appa-
rentes, toutes égales entre elles et partant du rachis. La pinnule
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 253
inférieure de chaque penne a une forme tout-à-fait différente des
autres ; elle est cunéiforme, fixée par une base étroite, d’où partent
en rayonnant plusieurs nervures dichotomes; son extrémité est tron-
quée obliquement, et divisée en quaire où cinq lobes arrondis et
peu profonds.
>. ODONTOPTERIS MINOR. PL LXXVIT. ,
O. foliis pedalibus lanceolatis acutis, bipinnaüis, pinnis angustis graci-
libus, longioribus tripollicaribus, pinnulis lanceolatis acuts arcuatis
obliquis, infimà cujusque pinnæ cuneiformi oblique iruneatà bi-
tridentata, nervis tenuibus, apprimè notatis, dichotomis vel furcatis,
e rachi et nervo medio nascentibus.
Odontopteris nunor, An. Broxc., Prod., Hist. des végét. foss., p. 60.
Gas. Terrain houiller.
Loc. Mines du Lardin , département de la Dordogne (Brarnp).*—St.-Etienne, Haute-
Loire. *— St.-Pierre-Lacour, département de la Mayenne (Azrou).*
Cette espèce diffère de la précédente, non-seulement par sa taille,
qui est tout au plus de moitié, mais encore par ses pinnules, qui sont
plus étroites, plus aiguës et plus séparées les unes des autres vers
leurs extrémités ; les nervures sont très-marquées, et se réunissent
vers La base pour former une nervure moyenne peu étendue. Il n’y a
que les nervures inférieures qui naissent directement du rachis ; elles
sont toutes une ou deux fois bifurquées. Cette plante paraît la plus
commune de ce genre; elle se trouve non-seulement dans les mines
du département de la Dordogne avec les autres espèces du même
genre, mais elle est aussi assez fréquente à Saint-Éuenne, et M. Allou
m'en à envoyé un échantillon des mines de Saint-Pierre-la-Cour dans
le département de la Mayenne.
254 HISTOIRE
3. ODONTOPTERIS CRENULATA. PL. LXXVIIL, fig. x et 2.
O. foliis bipinnatis , pinnulis maximis valde approximatis. apice atte-
P ; ,
nuats arcuatis, lobato-crenulatis, nervo medio vix notato ,nervulis
plerisque e rachi nascentibus dichotomis tenuissimis.
Odontopteris crenulata, Av. Bronc., Prod. d'une Hist. des végét. foss,, p. 60.
Gis. Terrain houiller.
Loc. Mines de Terrasson , département de la Dordogne (Brano). *
Je considère l'échantillon représenté planche LXXVIIT ; figure 2,
comme une espèce distincte de l'Odontopteris Brardiï , parce que les
pinnules les plus grandes de cette espèce que j'aie vues, et celles
qui appartiennent aux parties inférieures de la feuille figurée par
M. Brard sur le dessin que j'ai reproduit planche LXXV, ne m'ont
jamais offert ni une taille aussi considérable, ni une forme aussi aigite
et prolongée en languette, ni surtout aucune trace des crénelures
qu'on observe bien distinctement sur les bords des pinnules de l’é-
chantillon qui sert de type à cette nouvelle espèce.
Cet échantillon me paraît donc annoncer une espèce bien distincte
de ce genre remarquable, mais qui u’est encore connue que très-
incomplétement, et qui mérite d’être recherchée par les naturalistes
qui auront occasion de visiter les terrains houillers du département
de la Dordogne. |
Quant à l’échantillon représenté sur la figure r, je suis disposé à Le
considérer comme l'extrémité de la feuille de cette même espèce, à
cause des crénelures qu’on aperçoit déjà sur les pinnules de la penne
inférieure; il ne serait pas cependant impossible que ce fût l'extrémité
de l’Odontopteris Brardir.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 255
4. ODONTOPTERIS OBTUSA. PI. LXXVIIT, fig. 3, 4.
O. pinnulis ovato-oblongis rotundatis obtusis, ultimâ maximâ obtusis-
simâ ; nervulis tenuissimis vix notatis arcuatis dichotomis.
Odontopteris obtusa, An. Bronc., Prod. d’une Hist. des végét. foss., p. 60.
Grs. Terrain houiller.
Loc. Mines de Terrasson, département de la Dordogne (Brano). *
Je ne connais que de petits fragmens. de cette plante ; mais elle me
paraît suffisamment distincte des précédentes par la forme de ses
pinnules, qui sont oblongues, arrondies, très-obtuses, et sur lesquelles
les nervures sont quelquefois à peine distinctes, comme dans l’échan-
tillon figure 4, que je considère comme le véritable type de cette
espèce.
Le fragment représenté figure 3 pourrait peut-être être considéré
comme appartenant à une espèce différente; car les pinnules sont
beaucoup plus grandes et les nervures plus marquées, quoique très-
fines.
Mais je n’ai pas osé, d'après des échantillons aussi incomplets , mul-
tiplier trop les espèces, et ces deux plantes m'ont paru avoir assez
d’analogie pour les réunir sous le même nom, jusqu'à ce que des
échantillons plus étendus puissent prouver leur identité ou leur diffé-
rence spécifique.
Tous les deux viennent de la même localité. Un autre échantillon,
venant du col de l'Écuelle, près Chamouny, et trouvé dans les schistes
qui accompagnent les Anthracites de la Tarentaise, me paraît ne pas
différer sensiblement de l'échantillon figure 4, si ce n’est que les ner-
vures y sont plus distinctes. Elles sont disposées comme dans l’'Odon-
topteris Brardiï.
256 HISTOIRE
5. ODONTOPTERIS SCHLOTHEIMI. PI. LXXVIIL, fig. 5.
O. foliis bipinratis, pinnis subtripollicaribus apice attenuatis, pinnu-
lis subrotundis obtusissimis basi connatis; nervulis tenuissimis
æqualibus, omnibus e rachi nascentibus furcatis.
Filicites Osmundæformis , Scnrorm. , Petref. 412. Flor. der Vorw., tab. IL, fig. 5
et 6 a. (Nec. fig. 6, c.?)
Nevropteris rummularia, Srerws., Tent. flor. primord., p. 19.
P > , ;
Gis. Terrain houiller.
Loc. Mines de Manebach et de Vettin en Saxe (Scnzormerm).
Je n'ai vu aucun échantillon de cette espèce; mais ceux que M. de
Schiotheim a représentés, et.surtout celui dont je reproduis la figure,
ne me laissent aucun doute sur la position de cette plante dans le
genre Odontopteris et sur sa distinction comme espèce des diverses
plantes que je connais dans ce genre. Les nervures paraissent rendues
avec soin dans la planche de l'ouvrage que je viens de citer, et leur .
disposition est tout-à-fait celle des plantes de ce genre.
La forme obtuse des pinnules rapproche beaucoup cette espèce de
la précédente ; mais ces pinnules sont aussi larges que longues, presque
rondes, et réunies entre elles par leurs bases, tandis que celles de
l'Odontopteris obtusa sont oblongues et distinctes jusqu’à leur base.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES, 257
ANOMOPTERIS.
Fozra pinnata, pinnulis linearibus inteoris transversè ad ner-
P de S
vulos subplicatis, nervo medio notatis, nervulis simplicibus
perpendicularibus arcuatis.
Frucriricario nervulis affixa, quoad formam dubia, an punc-
tiformis medio nervulorum inserta ? an linearis nervulo toto
affixa nuda (ut in menisous) vel tegumento interiüs libero
tecta ? |
Ce genre paraît différer complétement par la structure des feuilles
de toutes les Fougères vivantes que nous connaissons, aussi bien que
des autres genres de cette famille que l’on trouve à l’état fossile. La
forme générale de ces feuilles le fait ressembler aux Brrcanum et
surtout aux Lomarra. Mais ses nervures secondaires simples, assez
espacées, très-marquées, et qui déterminent des plis transversaux dans
les pinnules, ainsi que les traces de fructification qu'on aperçoit, et
qui sont évidemment fixées isolément à chacune de ces nervures :
distinguent complétement ce genre des LowarrA et des Brecnuwr,
dont les nervures fines et rapprochées sont une ou deux fois bifur-
quées, et dont les fructifications constituent des lignes continues
parallèles au bord des pinnules.
La disposition des fructifications dans la variété représentée
pl. LXXXI semblerait rapprocher beaucoup plus cette plante de
quelques espèces d'Asrinium, telles que les Æspidium punctulatum Sw..
acuminatum Swv., et splendens W., qui ont aussi avec elle quelque
analogie par la forme de leurs feuilles, dont les pinnules sont étroites
et allongées ; maïs la forme de ces mêmes fructifications vers l’extré-
mité des pinnules annonce un genre particulier, et en outre le mode
d'insertion des pinnules sur le rachis est fort différent, puisque dans
L. 33
258 HISTOIRE
la plante fossile les pinnules sont prolongées supérieurement en une
oreillette arrondie, et sont décurrentes inférieurement, tandis que
leur base n'est prolongée ni supérieurement ni inférieurement dans
les plantes vivantes que je viens de nommer.
Ce genre, dont je ne connais qu’une seule espèce, est propre au
grès bigärré. IL diffère complétement de toutes les Fougères des ter-
rains plus anciens ou plus récents.
1. ANOMOPTERIS MOUGEOTII. PI. LXXIX, LXXX, LXXXI.
À, caudice arboreo, cicatricibus foliorum spiraliter dispositis, sub-
rotundis, approximatis nec contiguis; foliis bipedalibus et ultrà,
rachi lato maximo, pinnulis subæqualibus approximatis, rachi
subperpendicularibus, linearibus elongatis, apice paululûm angus-
tatis, margine sub crenulatis, basi membranâ connais? nervulis
transversalibus arcuatis, quandoquè valdè notatis.
Anomopteris Mougeoti, An. Bronc., Prod. d'une Hist. des végét. foss., [p. 60.
Ess. d’une Flor. du grès bigarré. Ann. sc. nat., t: XV, p. 430.
Gis. Terrain pœcilien ou de grès bigarré.
Loc. Carrière de Métendal, près Rambervillers, et de Granviller près Bruyères,
Vosges (Moucror). Carrières de Suliz-les-Bains et de Wasselonne, près Strasbourg
(Vozrz et Muséum de Strasbourg).
Les feuilles de cette belle Fougère paraissent assez fréquentes dans
le grès bigarré des environs de Strasbourg et des Vosges. Jai figuré
planche LXXIX l'échantillon le plus complet que j'aie vu; il fait
hais du Muséum d'histoire naturelle de la ville de Strasbourg, mu-
séum si riche en végétaux fossiles, et dont les directeurs ont bien
voulu me communiquer avec une rare obligeance tous les échantillons
les plus remarquables pour les publier dans cet ouvrage.
La portion de feuille renfermée dans ce morceau a près de cinq
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 259
décimètres, et il est facile de juger, d’après la grandeur des pinnules
à la base et près de l’extrémité , qu'elle est bien loin d’être entière ;
on peut donc présumer que les feuilles de cette plante dans leur état
d'intégrité devaient avoir près d’un mètre de long, sur environ trois
décimètres de large.
Le pétiole et le rachis commun paraissent avoir été très-gros, si on
en juge d’après quelques portions de feuilles sur lesquelles ce rachis
a près de deux centimètres de large; la partie moyenne paraissait for-
mer un axe solide, garni de deux bords plus ou moins membraneux
qui se continuaient avec les pinnules. À la partie supérieure il présen-
tait un sillon profond et étroit.
Les pinnules sont linéaires, elles n’ont pas un centimètre de large,
et sont un peu plus étroites vers leur extrémité qu'à leur base; elles
sont généralement perpendiculaires sur le rachis, maïs paraissent plus
obliques vers l’extrémité supérieure de la feuille. C’est ce qu'on peut
conclure du moins d’un échantillon (Q. 512 du Muséum de Stras-
bourg) qui semble appartenir à une partie voisine de lextrémité
d’une feuille, et dans lequel le rachis est plus étroit et les pinnules
plus courtes et plus obliques.
Ces pinnules ne sont pas en général séparées l’une de l’autre jus-
qu'au rachis, mais elles paraissent réunies inférieurement par une
membrane qui borde le rachis ; elles sont traversées par une nervure
moyenne très-marquée, d’où naissent des nervures latérales simples,
perpendiculaires à la nervure moyenne, assez marquées, courbées
de manière à présenter leur concavité vers la base des pinnules, et
déterminant sur ces parties des sortes de plis transversaux, quelquefois
très-sensibles (voy. le détail À, pl. LXXIX).
Le bord de ces pinnules paraït souvent presque droit ou légèrement
ondulé par suite du plissement transversal produit par les nervures ;
mais il y à quelques échantillons, tel que celui figuré pl. LXXXT,
sur lequel le bord paraît régulièrement crénelé.
On voit distinctement sur ces pinnules des traces de fructifications ;
mais il est très-difficile d'apprécier exactement les caractères que pré-
sentent ces parties.
260: HISTOIRE
On peut cependant bien reconnaître que les groupes de capsules
sont fixés sur chacune des nervures latérales, et que chacun d’eux est
complétement distinct des groupes suivans, ne formant pas ainsi des
lignes continues comme dans plusieurs Fougères vivantes à pinnules
très-allongées, telles que les Brecanux. Il est encore plus évident que
la fructification n’est pas marginale, comme dans les LomariA ou les
Pres. Enfin, on voit encore que chaque nervure porte un de ces
groupes de capsules, et n’en porte jamais qu'un seul. Il en résulie qu'ils
sont disposés avec beaucoup de symétrie des deux côtés des pinnules.
Il est plus difficile de déterminer la forme et l’organisation de ces
fructifications. Il y a des échantillons sur lesquels ces groupes de cap-
sules paraissent arrondis, comme dans les Porypopes ou les Asprnium.
1 y en a d'autres où ils paraissent former des lignes courbes le long
des nervures secondaires.
On remarque même que sur un échantillon mieux conservé que la
plupart des autres (pl. LXXXT), Les fructifications semblent former
des points arrondis vers la base des pinnules (figure 2) et des lignes
transversales vers leurs extrémités (figure 3). Je croirais que ces di-
_ verses forme dépendent d’un développement plus ou moins complet.
I résulte toutefois de cet examen que le mode de fructification de
cette belle Fougère est très-différent de celui de toutes les espèces vi-
vanies avec lesquelles elle a quelque analogie par la forme de ses
feuilles, et je suis disposé à croire aw’elle formait un genre réellement
distinct de toutes nos Fougères vivantes.
Une autre question difficile à résoudre, d’après les échantillons que
je connais, est de déterminer si toutes ces empreintes appartiennent
à une même espèce où à deux espèces distinctes, mais très-voisines ;
si les différences qu’on y remarque dépendent des modifications que
présente la feuille dans ses diverses parties ou constituent des carac-
ières spécifiques. .
Il est d'autant plus difficile de résoudre cette question, que les:
échantillons de ces fossiles sont conservés dans des grès assez gros-
siers, sur lesquels la netteté des contours et les détails de structure
ont en grande partie disparu. On y remarque cependant des diffé-
rences assez notables.
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 267
Ainsi l'échantillon figuré planche LXXIX, et plusieurs autres por-
tons de feuilles moins étendues, ont un rachis très-large, des pin-
nules presque perpendiculaires à ce rachis, réunies à leur base par
une membrane qui borde ce rachis, et dont les bords sont presque
entiers. L’échantillon pl. LXXXI a, au contraire ,un rachis beaucoup
plus étroit, des pinnules obliques, dont les bords paraissent régu-
lièrement crénelés, et qui sont séparées les unes des autres jusqu’à ce
rachis; elles paraissent même présenter supérieurement un bord ar-
rondi formant une sorte d’oreillette qui passerait sur le rachis. Les
deux premières modifications pourraient faire supposer que cet échan-
tillon appartient à l'extrémité d’une feuille de la même espèce que
les précédens ; mais le dernier caractère ne s'accorde pas avec cette
Supposition, car les pinnules sont généralement, et je crois qu’on peut
même dire constamment, moins profondément séparées vers l’extré-
mité des feuilles des Fougères que vers leur base, Fl est donc encore
douteux s'il n'existe pas deux espèces d’Anomcrrenis dans le grès bi-
garré des Vosges. .
J'ai considéré l'échantillon de tige figuré sur ses deux faces,
planche LXXX, comme provenant d’une plante de cette espèce,
parce que cette tige est évidemment celle d'une Fougère arborescente,
et qu'il n'y a parmi les espèces du grès bigarré que l’Anomopteris
Mougeotii qui, par sa taille et ses autres caractères , puisse s’accorder
avec cette üge. La forme et la disposition des bases des pétioles ne
laissent aucun doute sur les rapports de cette tige avec celles des
Fougères; elle ressemble même beaucoup plus par ses proportions aux
tiges des Fougères arborescentes actuelles que les tiges fossiles du ter-
rain houiller. On voit bien distinctement sur la coupe de quelques-unes
de ces bases de pétioles, les traces du faisceau unique de vaisseaux
qui traversait ce pétiole, et dont la coupe transversale est demi-
circulaire comme dans le pétiole de l’'Osmunda regalis (voyez
planche XXXVIT, figure 2), la convexité de l'espèce de demi-
cylindre que formait ce faisceau fibro-vasculaire étant également
dirigée inférieurement.
La grosseur de ces bases de pétioles, encore en partie persistantes
262 HISTOIRE
sur la tige, ne peut convenir parmi les Fougères que nous connaissons
dans le grès bigarré, qu'à l'Anomopteris Mougeotit. Toutes les autres
Fougères de ce terrain ont leur pétiole beaucoup plus petit. Le rachis
des parties inférieures des feuilles de cette espèce égale au contraire à
peu près ces bases de pétioles ; enfin, leur forme arrondie inférieure-
ment, et sillonnée supérieurement, paraît presque la même.
On doit en outre remarquer que lAnomorteris paraît commun
dans plusieurs localités du grès bigarré des Vosges et de l'Alsace, et
s'est trouvé dans les carrières mêmes d'Heiligenberg , où on a aussi
rencontré la tige jusqu'à présent unique qui nous occupe.
TÆNIOPTERIS.
Fozra simplicia integerrima, nervo medio crasso rigido , ner-
vulis perpendicularibus simplicibus vel basi furcatis.
Frucriricario punctiformis.
Ce genre se rapproche par la forme générale des feuilles des Gzos-
soprenis ; mais il en diffère beaucoup par la disposition des nervures,
qui ressemblent davantage à celles des Pecopreris. Ces nervures sont
en effet presque perpendiculaires à la nervüre moyenne, et sont sim-
ples ou peu subdivisées, tandis que dans les Grossorrenis elles sont
très-obliques , courbées, et plusieurs fois bifurquées. La forme de ces
feuilles, cette disposition des nervures, et les traces de groupes de cap-
sules arrondis, établissent beaucoup de rapport entre ces plantes et
quelques Asriprum à feuilles simples. En effet, il n'y a je crois que
les Aspiprum qui présentent en même temps des fructificauons en
groupes arrondis et des nervures presque perpendiculaires à la côte
moyenne, simples ou bifurqués, non réticulés ; les Aspreniuw à feuilles
simples qui ont à peu près la même structure par rapport aux ner-
vures, ont les capsules disposées en lignes le long de ces nervures;
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 263
les Porvrones, dont les capsules sont aussi en groupes arrondis, ont
les nervures réticulées et les groupes de capsules disposés sur plu-
sieurs rangs (voy. pl. XX XIV, fig. 3, 4). Il y a cependant quelques
Porxropes à feuilles bipinnées, dont les pinnules isolées ont assez
d’analogie avec les feuilles des Tænropreris, tel est le Poly podium
tænitis Kaulf ; mais il y a encore des différences bien sensibles dans
les nervures secondaires, et en outre il serait bien étonnant si nos
Tæemorreris étaient des pinnules d’une feuille bipinnée, qu'on ne les
eût jamais trouvé qu'isolées.
Aucune espèce de ce genre ne se trouve. dans les terrains houillers;
deux appartiennent aux couches secondaires, la troisième aux forma-
tions tertiaires.
1. TÆNIOPTERIS VITTATA. PI. LXXXIL, fig. 1,2, 3, 4.
T. foliis breve petiolatis linearibus, basi repente contractis nec sensim
angustatis, pollice latis, nervo medio crasso, nervulis sub sim-
plicibus.
Tæniopteris vittata, An. Browc., Prod. d’une Hist. des vég. foss., p. 62.
Scitarninearum. folium , Srerns., fasc. 5, p. 42, tab. XXX VII, fig. 2.
Filicites ? Srerwe., fase. { , in indice iconum.
Gis. Grès du Lias et marnes du calcaire oolithique.
Loc. Hoer en Scanie (Nicson).* — Whitby et Scarborough, sur la côte du Yorkshire
(Muséum de la Société Phil. d’York; Wicriamson ; Murray). * — La Neuewelt,
près Bàle (Merran).
Cette Fougère est une des plus communes dans les terrains juras-
siques, et peut être considérée comme une des plantes caractéristiques
de notre troisième période de végétation ; on voit en effet par les cita-
tions de localités qu’elle s’est déjà rencontrée dans des lieux très-éloi-
gnés, et elle est surtout très-abondante dans les marnes du terrain
oolithique de la côte du Yorkshire.
264 HISTOIRE
Elle varie assez par sa grandeuret par sa forme plus ou moins
allongée. L’échantillon fig. 1, qui vient de Whïtby, est le plus allongé
et le plus linéaire que j'aie observé; Péchantillon fig. 2 est le plus
large que je connaisse; il vient, ainsi que l'échantillon fis. 3, de
Scarborough ; ce dernier présente une feuille moyenne presque en-
tière et une des plus petites que j'aie vues. Enfin, le morceau repré-
senté fig. 4 est un fragment provenant du grès de Hoer.
Dans toutes ces plantes la feuille est portée sur un court pétiole, le
limbe est oblong, un peu rétréci à la base et à l'extrémité, et brus-
quement arrondi à sa base. L’extrémité libre était aussi probablement
arrondie et obtuse. La nervure moyenne est très-forte, canaliculée
supérieurement, très-saillante et presque carrée inférieurement. Les
nervures secondaires sont très-marquées, saillantes inférieurement,
presque perpendiculaires sur la nervure moyenne, tantôt simples,
tantôt une fois bifurquées, soit vers la base, soit au milieu, soit près
de lextrémité.
On voit sur quelques échantillons, et particulièrement sur celui
représenté fig. 2, des points déprimés, disposés avec assez de symé-
trie en deux lignes parallèles à la nervure moyenne, irrégulièrement
espacés, et qui paraissent indiquer l'insertion de groupes de capsules
arrondis comme dans les PorxPonxs où les Aspiprum. Ces divers ca-
ractères rapprochent cette plante de plusieurs Asrinium à feuilles
simples, et particulièrement de l'Aspidium articulatum, qui a les
nervures disposées d’une manière analogue.
On remarque parmi les échantillons de cette espèce, qui sont con-
servés dans les herbiers, deux formes différentes qui doivent peut-
être constituer deux espèces distinctes : la première, provenant des
Antilles , a les feuilles plus grandes, plus larges, rétrécies insensible-
ment à leur base, et longuement acuminées à leur extrémité; les ner-
vures sont très-fines, simples où quelquefois bifurquées ; la forme
générale des feuilles suflit pour distinguer ces échantillons de ceux
de notre plante fossile. [autre variété est originaire de TÎle-de-
France; sa forme générale et sa taille sont tout-à-fait celles de la
plante fossile; mais ses nervures sont presque toujours bifurquées,
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 265
quelquefois trifurquées, plus rarement simples; cette légère différence
seule ne suflirait peut-être pas pour distinguer ces deux plantes, si la
disposition des groupes de capsules dans les deux variétés de lA4spi-
dium articulatum n'était très-différente de celle des traces de fructifi-
cation qu'on aperçoit sur Ja plante fossile : dans la plante vivante, les
groupes de capsules sont beaucoup plus nombreux, très-rapprochés,
insérés sur presque toutes les nervures; tantôt à diverses distances
de la nervure moyenne, tantôt à une distance à peu près égale, et
formant alors ligne régulière de chaque côté de cette nervure:
elles sont alors presque contiguës; dans la plante fossile; les dépres-
sions qui indiquent les groupes de capsules sont beaucoup plus éloi-
gnées les unes des autres.
On retrouve parmi les espèces du genre Acrostichum plusieurs plan-
tes qui ont une analogie extrême, par la forme de leurs feuilles et la dis-
position de leurs nervures, avec la Fougère fossile qui nous occupe. Tels
sont les À, Jonpifolium Jacq., lanceum Desv., podotrichum Desv., etc.
Mais sur ces plantes il n’y a jamais ces points enfoncés qui annoncent
la position dés groupes de capsules. La même observation s'applique
aux Asplenium à feuilles simples et entières; enfin parmi les Poly podium
à feuilles simples, il y a plusieurs espèces dont les groupes de capsules,
peu nombreux et assez espacés, produisent des points déprimés, dis-
posés comme sur la plante fossile; mais dans ces plantes les nervures
sont toujours anastomosées et aréolées, et jamais elles ne sont paral-
lèles, simples on bifurquées, comme dans notre Tæniopteris vittata.
Cette comparaison de notre plante fossile avec les espèces vivantes
suffit pour montrer que, malgré leur extrême analogie, il y a encore
des différences sensibles entre elles,
. | 34
266 HISTOIRE
à. TÆNIOPTERIS LATIFOLIA. PL. LXXXII, fig: 6
“T. foliis duobus pollicibus latior, nervibus simplicibus vel furcatis.
Teniopteris latifolia, An. Baoxc., Prod. d'une Hist. des végét. foss., p. 62.
#
G1s:1 Terrain jurassitque-schistoïde.
Eoc.: Stonesfield, près Oxford (Muséum de l'Université d'Oxford).
Je n'ai vu qu'un très-petit fragment de cette feuille de Fougère ;
mais sa structure essentielle paraît la même que celle de l’espècé pré-
cédente ; la nervure moyenne est forte et saillante, mais cependant
un peu moins grosse proportionnellement que dans le T'æniopteris
vittata. Les nervures secondaires sont également perpendiculaires
sur la nervure moyenne ; mais elles sont plus souvent bifurquées.
Outre ces différences légères de structure, cette feuille était beau-
coup plus large que les plus grands te de l'espèce précédente,
Ces divers caractères réunis ne nous permettent guère de douter qu'elle
ne dût appartenir à une espèce distincte de ce même genre.
3. TÆNIOPTERIS BERTRANDI. PI. LXXXU, fig, 5.
T. foliis lineari-lanceolatis acutis, vix semi-pollice latis, nervo medio
angusto, valde notato, nervulis subperpendicularibus vel paulu-
lim obliquis, tenuissimis, basi furcatis, rariüs simplicibus.
Tæniopteris Bertrandi, An. Bronc., Prod. d’une Hist. des végét. foss., p. 62.
Gis. Terrain thalassique calcaréo-trappéen du Vicentin.
- Loc. Pugnello, près Chiampo, Vicentin (BErTRAND-GEsLIN). *
| DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 367
Cette plante estune des Fougères peu nombreuses qu'on a trouvées
jusqu’à présent dans lés terrains tertiaires. Au premier aspect on pour-
rait la prendre pour une feuille dicotylédone lancéolée, analogue à une
feuille de saule, comme on en rencontre si fréquemment dans les
couches tertiaires ; mais l'examen des nervures prouve que ‘c’est:une
feuille de Fougère simple , se rapportant par sa forme et la disposi-
tion de ses nervures à notre groupe des Tænroprens.
0
Sa grandeur, beaucoup moindre que celle de la première espèce, sa
forme légèrement lancéolée ; atténuée vers’ les: deux extrémités, la
finesse des nérvures’et leur légère obliquité ; enfin leur bifurcation
habituelle, distinguent au premier coup d'œil cette plante des deux
espèces précédentes.
On’’aperçoit sur ces feuilles aucune trace de fructification.
PECOPTERIS.
Frows piunatifida, vel bi-tripinnatifda ; pinnulis basi æquali
vel dilatata rachi adnatis vel. inter se unitis, rarissimè basi
contractis,nervomedio valde notato, nec apice evanescente,
nervulis rectiüsculis simplicibus, furcatis vel bis-furcatis,
rarissimè pinnatis, nunquam anastomosantibus reticulatis
vel areolatis.
Frucrrricarro plerumque ignota; dum distincte apparet, mar-
ginalis et contimua ut in Pteride, vel punctiformis ut in Poly-
podiüs, Aspidiis, et Cyatheïs.
Légroupe très nombreux des Pecopteris est celui qui présente la
structurela plushabituelleparmiiles Fougères vivantes; ele plus grand
nombre d'espèces qui se rapprochent assez intimement de Fougères
encore existantes pour qu'on puisse douter si ces plantes ne sont pas
réellement identiques. Ce groupé du reste présente des formes très-
268 >. HISTOIRE
variées Qui permettraient peut-être d'y établir quelques groupes secon-
daires quise rapprocheraient quelquefois assez exactement de certains
genres de Fougères vivantes.
Le caractère commun à tous les Pscopteris, c’est d’avoir la fronde
pinnatifide ou plusieurs fois pinnée à pennes pinnatifides; : les! pin-
nulesentières ou simplement dentées ou crénelées, adhérentes par leur
base au rachis et non retrécies'en pétioles; ce caractère du moins
ne souffre que peu d'exceptions; enfin, de présenter .dans.chaque pin-
nule-une nervureëmoyenne; très-marquée, qui s'étend d’une manière
bien: distincte jusqu'au sommet sans s’épanouir.en, une infinité de
nervules et disparaître comme dans. les N EVROPTERIS, et des nervures
secondaires (nervules), obliques où presque perpendiculaires.sur la
nervure moyenne, mais presque droites où à peine courbées à leur.base;
ces nervules sont quelquefois simples, le plus souvent bifurquées,
quelquefois deux fois bifurquées; enfin quelquefois elles sont pinnées
comme si elles correspondaïent àfautant de pinnules secondaires non
découpées. |
. Ces divers modes de division des nervures combinées avec la forme
des pinnules, et leur position respective, permettent d'établir plusieurs
sections assez naturellés dans ce grand genre. |
Enfin ;' on doit observer que cette forme etcettestructure de feuille
se retrouvent parmi les Fougères vivantes dans les tribus et les genres
les plus différens.
Ainsi, les Mararriées (Danaea, Marattia et Angiopteris) ont toutes
celte disposition des nervures, mais leurs pinnules, très-grandes, sont
retrécies et presque pétiolées à leur base.
Les Gleichenia ont parfaitement la structure des Pecopteris, tant
pour la forme de leurs pinnules que pour la disposition des nervures,
mais leurs pennes sont généralement dichotomes par suite de l’avor-
tement des extrémités des rachis primitifs et secondaires, ce qui! les
ferait facilement reconnaitre si ces plantes $e trouvaient à l’état fos-
sie. On n'en voit aucune trace, pas plus que de celles du groupe pré-
tédent. T
Parmi les Osvunnicées, quoique laforme des folioles et la disposi-
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 269
tion des nervures se rapprochent plutôt én général de cequ'on observe
dans nos Mevropteris , cependant il y a ét entnes de ces plantes
qi ont tous les caractères des Pecopteris, et qui même ont une ex-
trême analogie avec quelques-unes des espèces fossiles que nous con-
paissons. Tels sont le Todea africana et les Osmunda du groupe du
Cinnamomea.
Enfin, parmi les Porxroniacées, tribu la plus nombreuse des Fou-
gères, un grand nombre de genres présentent, soit dans la plupart de
leurs espèces, soit dans quelques-unes d’entre elles seulement, la forme
des Pecopteris.
Dans les Polypodiacées proprement dites, ou Polypodiacées à capsu-
les nues, la disposition la plus habituelle des nervures est de se pré-
senter ow réticulées ou aréolées (1), cette disposition est constante
dans les Hemionitis, et de beaucoup la plus fréquente parmi les 4cros-
tichum et les Polypodium. Cependant, parmi les Acrostichum il existe
beaucoup de feuilles simples dont les nervures sont analogues à cel-
les des Pecopteris, ét qui se rapprochent, par cette réunion de carac-
tères, de nos T'æniopteris, eton trouve aussi quelques espèces à feuilles
pinnées dont les pinnules diffèrent, il'est vrai, de celles des Pecopteris
en ce qu’elles sont retrécies à leur base en un court pétiole, mais dont
les nervures sont simples ou bifurquées comme dans les Pecopteris :
iel est l’Æcrostichum sorbifolium.
Dans l’immense genre Poly podium, on trouve pour ainsi dire réu-
niestoutes les formes’ de feuilles et toutes les dispositions de nervures;
(x) Je distingue dans les Fougères des nervures réticulées formant des mailles à peu
prés régulières , assez semblables à celles d’un filet ,.et résultant du rapprochement
et de l’anastomose de nervures qui sont souvent primitivement dichotomes ; il n’y a
jamais, dans ce cas , de nervules venant se terminer dans le milieu des mailles du réseau
(ex.: Hemionitis, Acrostichum aureum, etc.) (voy. pl. xxxtnr et pl. xxxrv, fig. 1,0,
6); et des nervures aréolées dont les rameaux, diversement recourbés, nullement
dichotomes , environnent des espaces ordinairement fort irréguliers et dissemblables ,
et dans lesquels viennent souvent aboutir les extrémités des nervules, qui se terminent
quelquefois par un groupe de capsules. C’est la disposition la plus habituelle des ner-
vures dans les Polypodes et dans quelques Acrostichum (voy. pl. xxxiv, fig. 3,4, 5
et pl. xxxv, fig. 1,2, 3).
?
270 HISTOIRE
cependant, toutes les-espèces à feuilles simples, et la plupart. de celles
à feuilles pinnatifides, ont. les nervures aréolées; mais parmi ces der-
nières, et parmi les espèces à feuilles bi-pinnatifides,, il ÿ en a un cer-
tain nombre qui ont la disposition des nevvtires des Pecopteris. Elles
se divisent en deux groupés, celles dont les nervules sont pinnées à
branches généralement peu nombreuses; telles sont les. 2. vulgare,
pellucidum, pectinatum Sxv., et celles dont Les nervules de chique
pinnule sont simples; exemples: PolypodiuimincisumSw., Paroulum
Willd., Scolopendrioïdes Sw., T'helypteroïdes Desv., Decussatum L.
Le petit nombre de vrais Polypodes à feuilles tripinnatifides ont
aussi les nervüles simples ou pinnées, et ces diverses espècés de Po-
lypodium à nervures non anastoniosées offrent des rapports plus où
moins intimes avéc plusieursiespèces fossiles, ainsi qu’on le verra lois-
que nous décrirons ces'espèces.
Legrandgenre 4spidium présente des modifications'aussinombreuses
dans la disposition de ses: nervures et la forme de ses pinnules. Les
espèces à feuilles une seule fois pinnées diffèrent de toutes les Fou-
gères du groupe des Pecopteris par leurs pinnules rétrécies à.leur base
en un court pétiole, où plutôt fixées: seulementipar la base de leur ner-
vure principale. Parmi celles à feuilles bipinnatifides, on peut distin-
guer deux groûpes qui se rangent parmi nos Pecopterts ; les unes ont
des pinnules plus où moins soudées par la base et'les nervures pin-
nées à rameaux. simples (Æ4sp. nymphale, molle ; unitum; etc.), ce
sont. toutes des espèces des pays chauds; les autres ont ces pinnules
_ distinctes dans presque toute leur étendue, et les nervules bifurquées.
Les Aspidium Filix-:mas, Oreopteris, etautres espèces de nos contrées,
appañtiennent à ce groupe. On voit que ce caractère des nervules sim-
ples où bifurquées est assez constant pour servir à caractériser non-
seulement des espèces, mais des groupes naturels d'espèces. .
Le genre: Cyathea, qui comprend le plus grand nombre des espè-
ce$!arborescentes de cette famille, appartient tout ‘entier au groupe
des Pécopterts;'er se disineué de la plupart dés Aspidium et dés Po-
b'Bodium de cette division par ses feuilles tripinnées, par sés pinnules
profondément séparées, enfin par ses nervules constamment bifur-
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 271
quées. On verra que beaucoup de Pecopteris fossiles ont une grande
analogie avec les plantes de ce genre. |
Les: Diplazium sont remarquables par leurs pinnules souvent réu-
nies jusque vers leurs extrémités, et par leurs nervures pinnées à ra-
meaux simples (rarement bifurquées dans quelques espèces à pinnu-
les très-grandes), et fortement courbées. Une espèce fossile paraïtrait
se’rapprocher de ce genre, quoique sa taille soit beaucoup moindre que
celle de toutes les plantes de ce genre (Voyez Pecopteris long/olia).
Les espèces à feuilles pinnées ou bipinnées, du genre Asplenium,
se reconnaissent presque toutes à ce que leurs pinnules sont non-seu-
lement rétrécies à leur base, mais sont très-inégales vers leur point
d'attache; caractèrequ'onn'observe dans aucun Pecopterts. Cette même
obliquité des pinnules se remarque encore dans la plupart des Dick-
sonia, des Adianthum et des Lindsea. Parmi les Asplentum 11 y a
cependant quelques espèces à pennes pinnatifides dont les pinnules
unies par leur base ont la disposition de nervures que nous indiquions
dans les Diplazium, ei se rangent par conséquent dans les Pecopteris à
nervules simples; tels sont les Asplenium striatum L., ambiguum
Raddi , etc.
Les Athyrium ont tout-à-fait les caractères des Pecopteris à nervu-
les bifurquées; leurs pinnules à bord doublement denté les distinguent
assez généralement.
Toutes les espèces de Blechnum et de Lomarta appartiennent, par
le mode de division de leurs nervures, au groupe des Pecopterts, mais
elles se distinguent par leur fronde une seule fois pinnée à pinnules
très-allongées, souvent contractées à leur base. Le Blechnum Desfon-
tainii de Gaudichaud est je crois la seule espèce à feuille bipinnati-
fide, et la seule aussi qui ait une analogie marquée avec quelques es-
pèces de Fougères fossiles.
Le genre Pteris est encore un de ceux qui renferment le plus d’es-
pèces analogues aux Pecopterts ; cependant ce genre, comme la plupart
de ceux nombreux en espèces, comprend des plantes assez différentes
par la disposition de leurs nervures. Il y a quelques Pteris à feuilles
simples, mais la plupart sont à feuilles pinnées, bipinnées ou même tripin-
272 HISTOIRE
nées. Parmi les espèces à feuilles pinnées, bipinnées ou tripinnées, il y
en à dont les nervures secondaires sont simples ; bifurquées ou dicho-
tomes (P£, longifolia, denticulata Sw.,biaurita L., arguta Li, aquilina
L., esculenta Forst., caudata L., etc.), et d’autres dont les nervures
sont réticulées (PL. aculeata Sw., brasiliensis Raddi, vespertilionis R.
Br. etc.); enfin, il ÿ en a à nervures dichotomes arquées, ressemblant
beaucoup aux Nevropteris (&. Pangulosa Willd., ovata Desv., atro-
Purpurea Mich., IC à
Les premières (particulièrement celles à feuilles bipinnées ou tripin-
nées) rentrent tout-à-fait dans notre groupe des Pecopteris et, ont une
analogie très-marquée avec plusieurs espèces dont, nous avons formé
la section des Pteroides. Mais on verra ; lorsque nous, étudierons cés
espèces, que cette division des. Pteris est encore susceptible d’être
partagée en trois groupes très-naturels.
Enfin, cette forme des Pecopteris se montre encore dans quelques
genres peu nombreux tels que les {/antodia, les Struthiopteris., les
Pinonia Gaud. (Cibotium Chamissor, Kaulf), dont. les pinnules ont
les nervures pinnées à nervules simples, tandis que. d’autres genres
n'en présentent pas d'exemples; telles sont les {danthum ; les Che-
lanthes,, les Lindsea, à nervures flabelliformes, les Æf'oodwardia ,
Onoclea, Lonchitis à nervures réticulées.
C'est donc particulièrement parmi les Cyathea , les Todea, et dans
quelques espèces des genres Osmunda 2 Polypodium, Aspidium, Di-
plazium,. Asplenium, Athyrium,. Blechum ex Piteris , que nous re-
trouvons en même temps la forme des pinnules et la disposition des
nervures qui caractérisent les Pecopteris. |
©
SI
Co
DES VÉGÉTAUX FOSSILES.
$ IL DIPLAZIOIDES.
Pinnulæ basi contractæ crenulatæ vel sinuatæ nervulis pinnatis.
+. PECOPTERIS LONGIFOLIA. PI. LXXXUI, fig. 2.
P. pinnulis (seu-pinnis ) oblongo-linearibus ;: 2 poil. longis, 3 lineis
latis , obtsis, basi coniractis cordato rotundatis, argine $inuätis
ét inferius inflexis, nervis bi-pinnatis:, nervo medio valde notato
apice attenuato, ‘nervis secundariis arcuauüs, subperpendiculari-
bus, medio lobulorum respondentibus ; nérvulis; e nervis secun-
dariis pinnatim exeuntibus, obliquis ,-aréuatis ,marginem frondis
attingentibus, nec inter se confluentibus; valde expressis
Pecopteris longifolia , An. Bnoxc., Prod. de l'Hist. des Vég. foss., p. 56.
mie)
,
Gis. Terrain houiller.
Loc. Incertaine, — Peut-être Saarbruck? (collect. de M. R£cïey).
Le’seul échantillon de cette plante que je connaisse ne porte pas
d'indication de localité, mais l'aspect de la roche et de quelques autres
fragmens de plantes qui y sont contenus, semblerait indiquer qu'il
provient des mines de Saarbruck.' | |
. La forme, des pinnules,, et. la disposition des nervures, exprimées
avec beaucoup de fidélité.sur la fig. 2, À, distinguent cette plante im-
médiatement de tous les Prcopreris fossiles que nous connaissons
jusqu'à présent, et oblige à en former une section à part qui pourrait
même un jour être considérée comme un genre distinct, La disposi-
tion des nervures qui caractérise spécialement cette plante, se retrouve
parmi les plantes vivantes dans plusieurs Dircazrum; une disposition
assez. analogue. se présente.il est vrai dans quelques .ASPLENIUM (A.
35
Hé HISTOIRE
striatum L., À. ambiguum Raddi), et dans plusieurs Asprium (4,
“nitum, A. molle, À. nymphale). Mais dans ces plantes, les ner-
vures secondaires doublement pinnées correspondent chacune à une
véritable pinnule distincte au moins dans la moitié de son étendue et
soudée seulement par sa moitié inférieure avec la pinnule voisine, de
sorte que la penne est évidemment pinnatifide, tandis qu'ici elle est
seulement sinueuse ; il'en résulte encore que, dans cette plante fossile
comme dans les Diplazium, les nervures sont obligées de se courber
et les inférieures de se. prolonger beaucoup pour atteindre le bord
libre de la feuille, tandis qu’elles sont plus égales et plus droites dans les
Asprenium et les Aspinium que nous avons.cités plus haut. Enfin, tous
les AsPinrum du groupe que j'ai indiqué ont les pennes beaucoup plus
longues, par rapport à leur largeur, que la plante fossilequi nous occupe,
et moins complètement détachées par leur base du rachis commun.
C'est donc avec les Dipraziuw que notre plantealle plus.de réssem-
blance; mais dans les espèces peu nombreuses de ce genre, on peut
encore distinguer deux modes un peu-différens de distribution des
nervures. — Dans les unes, comme dans l’espèce fossile qui nous oc-
cupe, les nervules inférieures de chaque lobule se recourbent forte-
ment de manière à atteindre le bord libre de la feuille sans s'unir soit
avec les nervules du lobule voisin, soit avec les nervules du même
lobule naissant plus près du bord (voy. pl. zxxxn, À, fig. 1). Dans les
autres, les nervules inférieures, au lieu de se courber et de se prolonger
librement jusqu’au bord de la feuillé, s'unissent avec celles du lobule
voisin par leur extrémité, et se prolongent de manière à s'unir avec
les nervures suivantes des deux mêmes lobules, et à former une sorte
de nervure principale correspondant non plus au milieu du lobule,
mais à la ligne de jonétion de deux lobules voisins (voy. pl: rxxxm,
À , fig. 2).
Les caractères que présentent les feuilles denotre Pecopteris longi-
folia semblent bien le rapporter à ce genre de Fougère,inais elle dif
fère spécifiquement de toutes les espèces que j'ai vu dans lestherbiers;,
ainsi, tous les Dipcazrum à feuilles une seule fois pinnées, ont leurs
pinnules beatcoup plus grandes que celles de notre plante fossile: —
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 275
Parmi les espèces à feuilles bipinnées ; 1e Diplasium. arborescens de
lIle-de-Bourbon a de l'analogie par la taille de ses pinnules, mais
non-seulement leur forme est-différente , ces.pinnules s’élargissant à
leur base.et se retrécissant.en une pointe dentée à leur extrémité, mais
encore léurs nérvures appartiennent à la seconde forme (pl zxxxir,
Aigsp)oer ils à | +.o! tinonil
S IL PTEROIDES.
Pinnulæ distants ;basi dilataté dècurrentes, nervulis nervo medio: sub-
perpendicularibus, vel furcatis ramis simplicibus vel dichotomis.
2. PECOPTERIS LONCHITICA. PI. LXX XIV, fig. 1-7.
P. foliüs bipmnatifidis (seu tripinnatifidis ), supernè tantum pinnats ;
pinnulis oblongis acutis, duobus lineis latis, inferioribus longio-
ribus ; süperioribus obliquis, basi decurrente unitis, rachim mar-
ginanubus, mediis paululüm decurrentibus nec basi inter se con-
natis, inferioribus subperpendicularibus basi contractis a rachi li-
beris subcordatis ; nervo medio risido usque ad apicem inferius
“valdè prominente; nervulis rachi subperpendicularibus, simplicibus
vel furcätis, tenuibus, approximatis.
ScnEuzEr, Herb, dilnvian., tab. 1, fig. 4.
L 3 Parkinson, Org. rem., vol. I, pl: IV, fig. r.
Filicités lonchiticus, Scurotu., Petref. . pl gr r 3 Flor: des Vorw:, +: XI, fig:22
(ex specimin. collect. Autoris.). É
Alethopteris lonchitidis, Srenne., fasc. 4, p.21,et Alethopteris vulgatior, Srerxe..
ibid., tab. LIT, fig. 2. .
Pecopieris lonchitica et Pecopteris Blechnoïdes, An. Bronc., Prod., p. 57 et 56.
Gis. Terrain houiller.
Loc. Mines de Silésie (ScxLorx.)"; 2. de Doutweiler, près Saarbruek (Muséum de
Strasbourg); — des environs de Namur (collect. de l’École des Mines) ; — de Neyy-
castle sur la Tyne (Losæ.)".
356 HISTOIRE
Quoique cette espèce paraisse commune dans plusieurs localités très
différentes, je n’en ai jamais éu que des fragmens peu étendus, comme
on peut lé remarquer d’après les figures réunies sur la planchezxxx1v;
les figures données par d’autres auteurs sont aussi incomplètes. Cette
absence de renseignemens sur ‘la forme générale dela feuille et sur
les modifications de forme des pinnules dans ses diverses parties,
laisse béaucoup de doutes sur ses rapports avec les Fougères vivantes;
cependant , si on admet-comme appartenant à la même plante tous
les fragmens réunis sur la planche Lxxxtv, la figure 1 représentant la
partie supérieure de la fronde; les figures 2, 3, 4, 5 des fragmens des
pennes latérales moyennes; et les figures 6, 7 des fragiens des PR
inférieures, comme semblent l'indiquer les passages successifs qu’on
observe entre ces diverses formes, et l'identité de structure des nervu-
res, on trouvera uneanalogie très-marquée entre cette plante etquelques
Preris du même groupe que le P. agwilina, tels particulièrement que
les Pteris caudata, esculenta et leurs variétés ou les formes voisines.
Ce n’est, en effet, que dans ce groupe de Fougères vivantes, qu'on
observe le Le de terminaison indiqué dans la. fig. 1, et.qu’on re-
trouvera dans les Pecopteris Mantelli, Dournaïsi et years mode
de: terminaison qui appartient-probablement à la ‘plupart des plantes
de notre groupe des Pecopteris pteroides, et qui consiste dans le pas-
sage insensible, quant à la longueur, des pinnules latérales simples
qui bordent Fe deux côtés de l'extrémité de la fronde aux pennes
pinnatifides qui se trouvent plus bas, et qui elles-mêmes diffèrent
entre elles par la longueur des lobes où pinnules, :suivant.qu’on les
considère vers l'extrémité supérieure ou vers la: base de la feuille.
Lorsque la feuille est iripinnatifide infériéürement, le méme mode
de terminaison s’observe à l'extrémité des pennes DANS. Dans
les autres Prenrs à feuilles bipinnées, les pennes latérales sont pres-
que semblables de la base au sommet, du moins quant à la grandeur
des pinnules, et l'extrémité de la Bo est bordée de pinnules-laté-
rales, à peine, plus grandes que,celles des pennes latérales,et dont les
infétieures ne S’allongent pas de manièreà mt en- lofigueur, les
premières pennes pinnatifides.
* DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 27
Le premier mode de terminaison est bien évident sur: la figure x,
où on voit supérieurement les deux pinnules inférieures simples de
l'extrémité de la fronde, puis des pinnules ou incomplètement pinna-
tifides ou à lobes assez courts; enfin, inférieurement les pinnules s’al-
longent, se séparent plus profondément, et sur des fragmens nom-
breux on voitle passage insensible de cette forme à celle des échan-
üllons, fig. 2,3, 4,5, dans lesquelles les pinnules sont très allongées,
encore unies par leur base dans les figures 2, 5; séparées jusqu'au |
rachis dans les figures 3, 4, mais cependant décurrentes sur ce ra-
chis, tandis que dans les échantillons semblables à celui fig. 6, ces
pinnules sont contractées à la base et n’adhèrent au rachis que par
leur partie moyenne. Enfin, vers la base de ces pinnules, près du ra-
chis principal, on observe quelques pinnules qui commencent à de-
venir pinnatifides, fig. 92 |
- Tous ces passages s'observeni sur les Prenis analogues au P.aquilina,
mais avec des formes diverses dans les pinnules, etd’uné manière plus
ou moins frappanté; c’est surtout sur les Pteris caudata, esculenta, et
sur quelques espèces voisines quineme paraissent pas décrites:, qu'on
observe le mieux cette disposition, les pinnules, dans ces espèces, étant
très allongées, comme dans la plante fossile. On remarque seulement
que, dans ces plantes, les pinnules ont une plus grande tendance à de-
venir pinnatifides , desorteque, dèsqueles pennes sontun peu étendues,
les pinnules inférieures sont elles-mêmes divisées , tandis qne dans la
plante fossile elles conservent la même forme dans presque toute l’é-
tendue de la penne. La pinnule terminale de ces pennes estaussi moins
allongée par rapport aux pinnules latérales (voy. fig. 5). Ges divers carac-
tères indiquent une’ fronde plus allongée, moins large et moins trian-
gulaire que dans ces espèces dé Prems; la disposition des nervures
est tout-à-fait la même, et la forme propre des pinnules a beaucoup
d'analogie ; cependant, dans les éspèces à pinnules aussi longues par
rapportäleurs largeurs, tels que le Pr. caudata,ces pinnules sont beau-
coup''plus éloignées les unes des autres, et moins nombreuses dans
la longueur d'une penne, Enfin, il ny a aucune espèce à pinnules aussi
grandes ‘et surtout aussi allongées. La plante La plus analogue que j'aie
558 HISTOIRE
vue dans les herbiers, a été rapportée de. Rio-Janeiro par M. Gaudi-
chaud, qui la rapproche du Pteris esculenta de la Nouvelle-Hollande ;
elle me paraît plus voisine du. Pteris caudata des Añulles, et se
rapporte probablement à l'espèce du même pays que Kaulfnss à dési-
gnée sous le nom de Pteris arachnoïdea. Quoïque ne pouvant pas être
considérée comme identique avec notre plante fossile , elle est: très-
analogue (voy. pl. zxxxu, 4, fig. 4),et se distingue en effet des autres
espèces vivantes de ce groupe par sa fronde, beaucoup plus étroite par
rapport à sa longueur. bed
4. PECOPTERIS MANTELLI. PI. LXXXIII, fig. 34.
P. folüs bipinnatifidis, supernè tantüm pinnatifidis: vel brevè bipin:
natifidis ; pinnulis angustis (vix lineà latioribus ), linearibus, obli-
quis, arcuatis, basi decurrente inter se connatis rachimque mem-
branâ angustà marginantibus; nervo medio’ valdè expresso, ner-
vulis simplicibus mediove furcatis approximatis, nervo medio
subperpendicularibus.
Pecopteris Mantelli, An, Broxc., Prod,, p.67.
Gris. Terrain houiller.
Loc. Newcastle sur la Tyne (Maxrezzr)*.
Cette: espèce est extrêmement voisine de la précédente, mais elle
me paraît suffisamment distincte par ses pinnules, moitié plus étroites
et:cependant-aussi longnies ou même plus longues, linéaires; toutes
décurrentes, et; proportionnellement plus espacées. Elle est, pour
ainsi dire, intermédiaire entre le Pteris caudata et le. Pteris arach-
noidea: — Elle se distingue de l’une: et de l’autre.par ses pinnules,
plus rapprochées, plus longues et plus étroites, par rapport à leur lar-
geur, plus obliques, et dont la partie décurrente ne forme pas un
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 25ÿ
angle aussi prononcé avec la pinnule elle-même. Le mode determi:
naison de la:fronde qu’on voit'surle:haut:de la fig. 3 s'accorde par-
faitement avec.celui. de ces Prerrs:
Onne peut doné-guère douter quetcette-plante fossile n’appartienne
à ce groupe du genre. Prems, mais n’y constitue une espèce bien
distincte de toutes les espèces vivantes que nous connaissons. :
4. PECOPTERIS DAVREUXII. PI. LXXXIX.
P foliis tripinnatis, pinnis primariis maximis, secundariis elongatis,
äpproximatis, rachi subperpendicularibus; pinnulis numerosis, sub-
similibus in eadem pinna, rachi vix obliquis, vel etiam recurvis,
proximis sed nôn contiguis, oblongo-linearibus obtusis, basi de-
currentibus et connatis, etiam in pinnulis infimis; inferioribus
“rachi proximis sinuatis vel subpinnaüfidis; nervulis nervo medio
wix obliquis , simplicibus vel furcatis. ?
Pecopteris Davreuxii, An. BroxG,, Prod., p.57 (excel. syn.). |
Gris, Terrain houiller.
Loc. Mines des environs de Liége (Davreux)*.
» Gette espèce a les rapports les plus intimes avec le Pecopteris lon-
chilica; on peut même douter si ce ne sont pas deux variétés de la
même plante où deux parties différentes de la même feuille. Ce-
pendant les considérations suivantes m'ont engagé à les conserver
comme: espèces distinctes. L’échantillon pl. Lxxxix, fig. 1, appartient
évidemment, d’après la grosseur du rachis commun, à la partie infé-
rieure de la feuille, et nous montre les parties inférieures des pennes
du premier ordre; cependant les pinnules de cette partie de la feuille
ne SOnt pas aussi grandes et surtout aussi allongées que celles du
260 HISTOIRE
Pecopteris lonchitica, plirxxxv fig. >, 3,4, et surtout ellés’ sont
toutes décurrentes et réunies par leur’base, tandis que dans les pennes
inférieures du Pecopteris lonchiticæ, les pinnules sont séparées jus-
qu'au rachis; et sont même le plus souvent retrécies à leur base, de
manière à n'adhérer au rachis que par leur nervure moyenne. Il
suflit de comparer la fig:7 de la pl: rxxxrv, et les parties des pennes
du Pecopteris Davreuxii, qui sont voisines du rachis commun, et
dont les pinnules commencent également à devenir pinnatifides (voy.
le détail, pl. xxxix, fig:12, 1), pour! saisir La différence de ces deux
plantes. Enfin, nous devons ajouter que nous ne savons pas si les
feuilles du Pecopteris lonchitica sont tripinnatifides, tandis quecelles
du Pecopteris Davreuxii Je sont évidemment, et que leurs fragmens
annoncent une feuille extrêmement grande,
On doit aussi remarquer que les pinnules du Pecopteris Davreuxii
sont généralement presque perpendiculaires sur le rachis, tandis que
celles du Pecopteris lonchitica sont rioujours assez obliques. Les ner-
vures de cette dernière espèce sont aussi plus fines.et plus serrées.que
celles de la plante que nous décrivons ici.
Les relations de cette plante avec les Fougères vivantes sont,
comme on doit bien-le penser, les mêmes que celles des deux espèces
précédentes; mais il n’y a pas plus d'identité spécifique parfaite entre
cette espèce et Les Preris vivans, que nous n'avons pu en trouverpour
les précédentes, — Nous pouvons même ajouter que la grandeurde sa
fronde, le nombre de ses subdivisions, le peu de différence de forme
et de grandeur des pinnules entre les pennes_ primaires et secondaires
qui se succèdent, annoncent une feuille plus grande; plus lancéolée et
plus découpée que celle d'aucune des. espèces qué. nous connaissons
actuellement.
Nous devons les échantillons de-cette plante à M, Davreux phar-
macien. et habile naturaliste de Liége, auquel nous sommes redeva-
bles de beaucoup d'objets intéressans des houillères de ce: pays:
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 284
5, PECOPTERIS HETEROPHYLLA.
P. foliis bipinnatifidis (an tripinnatifidis), pinnis superioribus inte-
gris oblongo-linearibus acutis, rachi perpendicularibus, distantibus,
inferioribus profundè pinnaufidis, Dhs oblongo-linearibus, apice
attenuatis, acutiusculis, obliquis, sæpiüs arcuatis, basi decurrente
connatis, nervulis, nervo medio as perpendieulari ibus, simpli—
cibus.
Pecopteris heterophylla , Luwozey, Foss. Flora, p. 113, pl. XX XVII.
Filicites decurrens ? Arris, Antedil. Phytol., p. 21, tab. XXT.
Gis. Terrain houiller.
Loc. Houillères de Felling ; Angleterre en
Ne connaissant cette plante que par la figure et la descripuon que
M. Lindley en a donné, je ne puis. mieux faire que de rapporter les
observations de cet habile botaniste :
« Cette espèce, dit M. Lindley, est si analogue au Pecopteri Is aqui-
lina figuré par Schlotheim, et provenant des mines de houille de Ma-
nebach et de Mardfleck, qu'on peut presque la considérer comme la
même; elle paraît cependant différer essentiellement par ses folioles
plus étroites, plus retrécies vers leur pointe, et beaucoup plus longues,
et aussi, autant qu'on peut en juger d’après nos échantillons, en ce
que cette espèce paraît avoir-été d’une taille plus gigantesque.
« Si on la compare avec les espèces actuelles, nous prononcerons
à la première vue que c’est un Prems, et même le Pferis caudata ,
plante qui occupe à présent, dans l'Amérique du nord, la même place
que le Pteris aguilina ent en Europe; et en comparant la plante fos-
sile avec la plante récente, cette idée se fortifie tellement, que nous ne
pouvons douter que leur nature ne fût la même. Cependant ici,
commie dans tous les cas semblables, on voit, après une comparaison
L - 36
282 HISTOIRE
attentive, qu'une ressemblance étroite n’entraîne pas une véritable
identité; car dans la plante fossile, les veines latérales sont toutes
simples, tandis que dans les Prens actuels qui lui ressemblent les
veines sont toutes dichotomes, » |
Ce dernier caractère, que nous n'avons observé dans aucune des es-
pèces de ce groupe que nous décrivons, suffit pour distinguer cette
plante, soit du Pecopteris Davreuxti, soit du Pecopteris aquilina ; ;-le
Filicites decurrens Arr. semble presque identique avec cette plante,
dont 1l représenterait les bases des pennes dépourvues de leurs ex-
trémités ; mais l’absence de détails suffisans ne permet pas de constater
leur identité.
6. PECOPTERIS DOURNAISIL. PI. LXXXIX.
P. foliis bipinnatifidis (an tripinnatifidis?) apice tantüm pinnatifidis ,
pinnulis integris, linearibus obtusis, basi decurrentibus; pinnis lae
teralibus profundè pinnatifidis, pinnulis oblongis, obtusis, apice de-
crescentibus rotundatis, distantibus, basi decurrente connatis, ter-
minali parvâ ovatà, acutà ; infimis paululüm longioribus et inferiori
rachi communi RE désurre nervulis basi furcatis, ramulis
iterüm furcatis alterove simplice.
15. Terrain houiller.
Loc. Mines d’Anzin, près Valenciennes (Dournay)*.
Ce n’est qu'avec quelque doute que nous distinguons la. plante
représentée sur notre planche du Fiicites aguilinus de Schlotheim;
la figure 7., planche 1v, de, cet, auteur, qui est conservée spécia-
lement par M. de Sternberg, comme type de cette espèce, a une res:
semblance très marquée ayec notre plante, mais elle en diffère cepen-
dant par quelques caractères assez prononcés, ;si toutefois ce ne sont
pas des incorrections du dessin.
Ainsi, dans l’échantillon que nous avons sous les yeux, les pinnules
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. | 283
simples terminales sont évidemment plus grandes ; les pinnules la-
térales sontplusobtuses, moins rapprochées les unes des autres, moins
profondément séparées, de sorte qu’elles sont réunies à leur base par
une foliacée qui va de l’une à l’autre , et borde le rachis.
Ces mêmes caractères distinguent cette plante di Pteris aquilina qui
paraitrait avoir plus d’analogie avecla plante figurée par: M. Schlo:
theim qu'avec la nôtre; l'aspect: général de la plante fossile et. de a
plante vivante , ainsi que la taille, sont assez semblables. Mais si on
compare entre elles notre échantillon et extrémité d’une des grandes
pennes latérales inférieures du Pteris aquilina; auquel il ressemble
surtout, on verra: 1° Que les pinnules simples de l'extrémité sont
beaucoup plus grandes et plus larges sur la plante fossile que sur la
plante vivante; qu’elles sont séparées jusqu’au rachis dans le Péeris
aquilina, tandis qu’elles sont décurrentes et bordent le rachis dans le
Pecopteris Dournaïsi.
2° Que les pennes latérales se terminent par une pinnule beaucoup
plus allongée dans la plante actuelle que dans l'espèce fossile.
3° Que les pinnules latérales de ces, mêmes pennes sont découpées
jusqu’au rachis, et élargies insensiblement: vers leur base, par suite
surtout de leur enroulement dans le Preris aquilina ; tandis que dans
notre plante ancienne, les Prnnies plus obtuses s’élar gissent subite-
ment vers la base, de manière à s'unir à sa pinnule voisine, et à former
ainsi un bord foliacé le long du rachis commun. Enfin, 4° on remar-
quera que dans la plante fossile, la pinnule inférieure de chaque penne
placée du côté supérieur est plus longue que les suivantes, tandis
que le contraire a lieu danslle Ptéris aquilina; et que la‘pinnule infé-
rieure du côté inférieur détces mêmes pennes adhère au rachis général
par une grande partie de sa base, sa nervure s'insérant dans l’angle
même de réunion du rachis commun et du rachis propre de chaque
penne, tandis que dans le Pteris vivant, cette même pinnule n’est
fixée que sur le rachis des pennes secondaires. On sentira facilement
ces différences en comparant la figure de notre plante fossile avec
l’esquisse de diverses portions de la feuille du -Pteris aquilina, repré-
senté pl. zxxxn 4, fig. 4.
284 HISTOIRE
IL est donc bien évident que cette plante fossile, malgré une ana-
logie assez marquée avec notre Pteris aquilina de France, en est spéci-
fiquement très-distinct. La plante figurée par M. Schlotheim, pl. 1v,
fig. 7, doit-elle être réunie à celle que le même auteur a figurée pl. v,
fig. 8, comme le pense ce savant, ou bien doit-on la rapporter à l’es-
pèce que nous décrivons ici? C'est, ce qu'une comparaison très-atten-
tive des échantillons eux-mêmes pourrait seule établir.
Parmi les Fougères vivantes exotiques, je n’en trouve aucune qui
ait une analogie plus marquée avec l'espèce fossile que le Pteris agui-
lina ; toutes au contraire semblent s’en éloigner davantage,
7. PECOPTERIS AQUILINA. PI: XC.:
P. foliis bipinnatifidis (an tripinnatifidis); pinnis inferioribus sex-pol-
licaribus, apice attenuatis acutis (nec caudatis), rachi perpendicu-
Jaribus ; pinnulis vix rachi obliquis subcontiguis, basi dilatatà pau-
lulüm decurrente connats vel (in pinnis inferioribus) usque ad ra-
chim discretis, oblongis, obtusis, convexis; terminali oblongä,
brevi, obtusà ; nervo medio rigido; nervulis bis furcatis vel ramulo
altero simplice, approximatis , valdè notatis.
Pecopteris aquilina, An. Broxc. rit > P- 86. STERNs., Lent. Flor. prim., p. 20.
Filicites aquilinus ? FETES ., Petref., p. 405. Flor. der Vorw., tab, IV, fig. 7,
tab. V, fig. 8.
Pecopteris Schlothemi., An, Broxc., Prod.,}p. 57:
Pecopteris affinis , Sterxs., Tent, Flor. prim., p, 20 (non Scarors.)..
Gas: Terrain houillér.
Loc. Geïslautern , près Saarbruck (GrAnpin)": —Houillères de Vettin et de Manebach,
Saxe Dot CRUE ). |
die espèce; comme la précédente ; à une grande analogie avec le
Pteris aguilina , quoiïqu’en étant, sans aucun doute;, différenté:spéci-
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 285
fiquement; ce n’est aussi qu'avec doute que nous luï rapportons les
figures citées de l'ouvrage de Schlotheim , car ces figures sont bien
imparfaites pour déterminer avec certitude des espèces dont les carac-
ières reposent sur de légères modifications de forme, et sur la dispo-
sition des nervures, qui est complètement négligée. Il faudrait avoir
entre les mains les deux échantillons figurés par M. Schlotheim pour
déterminer si, comme le pense ce savant, ils peuvent se rapporter à
des parties différentes de la même plante, et s'ils diffèrent spécifique-
ment de celui que j'ai représenté, et d’après lequel seul je puis fonder
les caractères de cette espèce et ses rapports. L'échantillon unique que
je possède, et qui est représenté pl. ex, provient probablement de la
partie moyenne ou inférieure d’une des grandes pennes latérales ; c’est
ce que semblent indiquer l'égalité et même l’accroissement de longueur
des pennes, et la comparaison de ce fragment avec les feuilles du Pteris
aquilina (voyez pl. 1xxxu À, fig, 4 d). En admettant ce rapport de
position , on voit que cette feuille devait être extrêmement grande,
au moins moitié en sus de notre espèce vivante ; outre cette différence
considérable dans la taille, les pinnules sont plus oblongues, plus
arrondies au sommet; celles qui sont près de l'extrémité des pennes
sont plus distantes l’une de l’autre, leur base étant lévèrementdécur-
rente, de manière à s’unir à celle de la pinnule placée immédiatement
au-dessous, et les pinnules inférieures elles-mêmes sont un peu sou-
dées entre elles:par leur base, immédiatement auprès du rachis, tandis
que dans le Pieris aquilina, les pinnules sont complètement dis-
tinctes , et quelquefois même légèrement écartées.
On voït doncque, malgré une très-grande analogie, il y à encore
entre ces deux plantes une différence considérable dans la grandeur, et
de légères différences dans la forme des pinnules, qui suffiraient pour
les distinguer à l’état vivant ,1et qui ne ‘permettent paside les:consi-
dérer comme identiques ; car c’est après avoir vu un grand nombre
d'échantillons très variés du Preris aquilina que je Ime1 suis asssuré
qu'aucun d'entre eux ne présentait les caractères essentiels du Pecop-
teris aquilina, et que la plupart d’entre:enx s'en éloignaient même
plus que ceux que je leur ai comparés.
286 HISTOIRE
On ne peut du moins douter que ces deux plantes ne fussent extré-
mement voisines; car, outre la grande analogie de forme, l'aspect des
pinnules très-convexes, à bords recourbés en dessous; :à nervure
: moyènné très-marquée et d’un tissu qui paraît épais et coriace, indique
encore une plante analogue par sa rigiditéraux Preris de cette seclion,
8. PECOPTERIS GRANDINI. PI. XCI, fg. 1-4.
P. foliis tripinnatifidis maximis, stipite pollice lato; pinnis approxi-
matis subimbricatis lineari-lanceolatis, apice obtusuisculo : pionu-
lis sub contiguis basi connais, sinubus rotandatis, valdè convexis,
dissimilibus ! pennaram superiorum bipimatarut ellipticis obtu-
sissimis Contiguis, inferiorum bipinnatorum vel superiorum &im-
plicè pinnatarum ‘oblongis obtusis distantioribas quandoque an-
gustioribus revolutis (fructiferis?); nervulis valdè notatis arcuatis
medio furcatis rarius bis-furcatis.
Pecopteris Grandint, An. Broxé:, Prod., p. £7.
Gi54 Terrain houiller
Loc. Gcislautern; près Saarbruck (Gnanpmm)*.
Au miliéu des modifications de formes remarquablesque présentent
les diverses parties de la même feuille dans les, Fougères du groupe
du Pteris aquilina ,ei.en général dans les Fougères à feuille triangu-
laire décomposée , je commence à douter si l'espèce que j'ai indiquée
sous le nom dé Pecoptéris Grandint ne serait pas une portion dela
même feuillé que je.viens de décrire précédemment sous le nom de
Pecopteris -aquilina:; Videntité d’origme. et d’aspect semblerait con:
lirmer cette opinion; cependant il y à quelques différences dans la:
forme des pinnules, qui nenïe:semblent pas s’accordér avec le genre
de modifications que -ces parties éprouvent successivement t'dans les
feuilles du Preris aguilina.etides espèces voisines,
Dans ces plantes, le pétiole formant lerachis commun de la feuille
DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 285
supporte des rachis secondaires, très-longs vers la base de la feuille,
et qui vont en dégradant rapidement vers l'extrémité de la feuille,
où ils ne forment plus que la nervure moyenne des pinnules térmi-
nées ; au-dessous de ces pinnules simples qui bordent l'extrémité de
la feuille (pl. zxxx 4, fig. 4 a), et qui sont fort allongées et d’une
longueur décroissant rapidement, on trouve, 1° des pénnes simple-
ment pinnatifides ; dont les pinnules vont en augmentant de longueur
et même de largeur d’une penne à l’autre, mais dont la forme et la
grandeur restent assez les mêmes dans chaque penne pour former des
pennes allongées et presque de même largeur dans toute leur étendue.
Ces pennes sont au nombre de sept à neuf dans les grandes feuilles
de Pteris aquilina (fig. 4 a, b); 2° des pennes bipinnatifides qui vont
en croissant rapidement de-longueur du sommet vers la base de la
feuille; ces pennes sont au nombre de cinq à six sur de grandes feuilles
de Pteris aquilina (fig. 4 c} d). La grandeur des pennes secondaires
et des pinnules qui les composent, va constamment en s’accroissant
dans le même rapport; mais en même temps leur forme change beau-
coup. Ainsi, dans les pennes supérieures, les pinnules sont non-seu-
lement plus petites, mais plus courtes, plus ovoïdes (fig. 4 c); dans
les pennes inférieures, elles sont plus grandes et en même temps
plus allongées et plus profondément séparées les unes des autres
(lg. 4 d), et ressemblent beaucoup aux pinnules des pennes simple-
ment pinnaufides de la partie supérieure de la feuille.
Enfin, dans les plus grandes de ces pennes bipinnatifides , les pin-
nules changent encore de grandeur et dé forme du sommet de la
-penne principale vers sa base, mais d’üne manière plus insensible qué
cela n’a eu lieu ‘en passant d’une penne principale à l’autre. Il serait
donc facile de faire, de chacune de ces pennes latérales, des espèces
distinctes, si on ne faisait une grande attention à retrouver, au milieu
de ces modifications de formes, quelques caractères communs qui ne
changent pas.
Ce sont les observations précédentes qui m'ont décidé à consi-
dérer comme des portions de la même plante les figures 1, 2 et 4 de
la planche xcr.
2838 HISTOIRE
Les figures 1 et 2 me paraissent appartenir aux pennes bipinnatifides
supérieures, et la fig, 4 soit aux pennes bipinnatifides inférieures. soit.
aux pennes simplement pinmapifdes de la partie supérieure dE la
feuille. “auf
La fig. 3 montre.en effet que cette feuille était tripinnatifide et
d’une UE bien supérieure à celle de tous les Preris de ce groupeque
nous connaissons, car Le rachis commun:est énorme; il'à environ-un
pouce de Lisnbtse les rachis secondaires sont gros commé. le doigt ,
et supportent enfin les pennes garnies de leurs pinnules; ces pinnules,.
qui paraissent appartenir à la partie moyenne de la feuille, sont plus
longues que, celles des fig 1.et .2,.et beaucoup moins allongées que
celles:de la fig. 4. 7
Ces pinnules ont ce caractère communt, de n'être jamais séparées
jusqu'au rachis même dans les parties 4 pennes qui sont le plus
rapprochées du rachis commun (fig: 2°), ou ‘dans les-pénnes dont les
pinnules sont les plus grandes et généralement le plus profondément
divisées (fig: 4). Ce caractère distingue cette plante du Pecopteris
aquilina, dont les pinnules sont séparées jusqu’au rachis vers le bas
des pennes, quoiqu’elles soient moins allongées et moins espacées que
celles du Pecopteris Grandini, fig. 4, ce qui annoncerait qu’elles ap-
partiennent à une partie moins inférieure de la feuille, et dans la-
quelle, par conséquent, les: pinnules devraient être EÉpaseee moins
profondément.
Les pinnules du Pecopteris Grandini sont séparées par des sinus
arrondis, et non par un bord décurrent.et anguleux. Ces pinnules
s'élargissent un peu dans leur milieu, soit dans les pinnules.ellipti-
ques de la partie moyenne de la feuille, soit dans les pinnules très-
oblongues de la partie inférieure; leur sommet est arrondi, très-obtus;
leur surface est généralement. très-convexe, leurs bords. étant re-
courbés en dessous; leur tissu parait avoir été coriace ; enfin Leurs
nervures sont légèrement arquées , et ne sont ordinairement .bifur-
quées qu’une fois vers leur milieu. Quelquefois elles le sont en. outre
vers leur base.
Le Pecopteris aquilina diffère de cette plante, non-seulement
HISTOIRE
DES
VÉGÉTAUX FOSSILES
OU
9
RECHERCHES BOTANIQUES ET GÉOLOGIQUES
SUR LES VÉGÉTAUX RENFERMÉS DANS LES DIVERSES COUCHES DU GLOBE;
PAR M. ADOLPHE BRONGNIART.
2 VOLUMES IN-4, ACCOMPAGNÉS DE PLANCHES.
| Progront
Deux livraisons de cet ouvrage étaient déjà publiées, lorsque des
circonstances étrangères à sa rédaction l’ont interrompu momenta-
nément, et ont obligé l’auteur à en confier la publication à un autre
éditeur. Il ne sera donc pas inutile, au moment où de nouvelles
livraisons vont paraître et se succéder avec toute la régularité et la
promptitude possibles , de mettre de nouveau sous les yeux du public
le plan de cet ouvrage, et de lui rappeler l'objet des recherches de
l’auteur et les principaux résultats auxquels elles l'ont conduit.
Nous nous permettrons avec d’autant plus de raison de revenir sur
ce sujet, que Les retards mêmes que la publication de cet ouvrage a
1
(2)
subis , ont permis à l’auteur de recevoir beaucoup de matériaux qui
ont étendu et complété les faits nombreux qu’il réunissait depuis dix
ans, et qui ont donné plus de solidité aux conséquences qu'il a pu
déduire de ses observations.
En effet, l'appel qu'il avait osé faireraux savans n’a pas été iffmme-
tueux ; Car non-Seuiement ceux qui avaient déjà bien voulu lenrichir
des résultats de leurs recherches ont contribué à lui fournir de nou-
veaux matériaux , qui deviennent tous les jours plus importans, pour
compléter les données imparfaites que nous possédons; mais, de
toutes parts, 1l lui est arrivé des échantillons de végétaux fossiles de
toutes les formations et de pays très-différens ; et, s’il reste encore de
nombreuses lacunes à remplir, le zèle des savans , et particulièrement
l'intérêt que les géologues accordent depuis quelques années à l'exa-
men de ces fossiles ; lui font espérer qu’elles pourront se combler peu
à peu, et que nos connaissances sur l’ancienne végétation du globe
pourront égaler celles que nous possédons sur les animaux qui l’ha-
bitaient.
Ces nombreuses communications ont non-seulement donné plus de
précision et de certitude à ce que nous savons déjà sur les végétaux
du terrain houiller, cette époque remarquable de la végétation de
notre globe; mais elles ont surtout beaucoup étendu nos connais-
sances sur les végétaux des époques postérieures au dépôt de ce ter-
rain qui sont renfermés dans les formations secondaires, végétaux qui
étaient complètement inconnus il y a seulement dix ans.
Ce ne sont pas seulement des espèces nouvelles que ces fossiles des
terrains secondaires ont ajoutées à celles qu'on connaissait depuis
long-temps dans les dépôts houillers et:dans les formations tertiaires;
ce sont des genres tout-à-fait insolites , des familles jusqu’à présent
inconnues à l’état fossile, et même peu nombreuses à l'état vivant,
qui sont venues se joindre à celles anciennement connues. Ainsi , aux
Fougères, aux Prêles et aux Lycopodes gigantesques, caractéristiques
des formations houillères, ont succédé les Conifères singulières du
_grès bigarré, et les Cycadées si nombreuses du Keuper, du Lias et des
formations oolithiques, qui elles-mêmes ont été remplacées par la
(3)
végétation contemporaine des terrains tertiaires , végétation presque
semblable à celle de notre époque.
L'examen et la comparaison d’un nombre déjà assez considérable
de fossiles de ces diverses époques de formation ont conduit l’au-
teur à reconnaître quatre périodes pendant chacune desquelles la vé-
gétation avait revêtu un aspect particulier, dû à la prédominance de
certaines familles et au grand développement des végétaux de ces
familles. |
Pendant la première de ces périodes , la terre était couverte de
forêts presque uniquement composées de Fougères et de Prêles arbo-
rescentes , plus grandes qu'aucune de celles qui existent actuellement,
et de ces singuliers Lépidodendrons, végétaux gigantesques participant
aux caractères des Lycopodes et des Conifères. C’est à ces forêts, si
différentes de celles de notre époque, que sont dues les couches
nombreuses de houille qui nous en présentent les débris.
Après cette première période, ces végétaux, si différens par leur
forme et par leur taille de ceux qui vivent encore sur la terre, paraïs-
sent avoir disparu de la surface du globe, ou du moins les régions
explorées par les savans n’en montrent plus de traces déposées régu-
lièrement dans les formations évidemment plus récentes.
: La seconde période est caractérisée par des formes végétales très-
différentes , dont un petit nombre seulement est parvenu jusqu'à pré-
sent à notre connaissance : ce sont particulièrement des Fougères
moins élevées que celles du terrain houiller et des Conifères d’une
structure très-singulière.
_ Les végétaux quicroissaient sur la terre pendant la troisième période
donnèrent aussi naïssance à quelques dépôts de charbon fossile, qui
sont souvent accompagnés d'impressions nombreuses de ces plantes.
Les Fougères et, plus encore, la singulière famille des Cycadées y
dominent à un tel point, que les espèces de cette dernière famille
qu’on a pu y reconnaître sont déjà plus nombreuses que celles qui
existent actuellement, et que ce petit groupe de végétaux, qui ne
forme pas la deux-millième partie des plantes vivantes, constituait la
moitié de la flore de cette époque.
(4)
La dernière période présente un ensemble de végétaux beaucoup
moins différent de ce qui existe encore à la surface du globe dans les
régions mêmes où ces plantes ont été déposées ; ainsi les mêmes fa-
milles et, le plus souvent, les mêmes genres qui habitent encore nos
climats, se retrouvent à l’état fossile dans les terrains tertiaires de
l'Europe ; mais, malgré l'analogie de cette végétation avec celle qui
couvre encore notre pays, l'étude de ces fossiles n’est pas moins digne
de fixer notre attention, et elle peut résoudre des questions d’un
grand intérêt pour l’histoire des derniers changemens que la surface
de notre globe à subis. ;
Cest pour les fossiles de cette époque que la comparaison la plus
minutieuse avec les espèces vivantes devient nécessaire, pour déter-
miner s’il y a identité ou différence spécifique entre les espèces vivantes
et fossiles , et décider si les plantes comme les animaux ont éprouvé
de grands changemens spécifiques pendant les dernières révolutions
auxquelles notre globe a été soumis, ou si la loi observée dans le
règne animal ne s'applique pas au règne végétal.
On voit combien de problèmes intéressans pour l’histoire de la for-
mation de l'écorce terrestre l’étude des débris végétanx de tous les
âges peut faire naître, problèmes qu’elle peut quelquefois résoudre
plus ou moins complètement.
La comparaison de ces changemens de la végétation ayec ceux que
le règne animal à subis aux mêmes époques, ne fournit pas des résul-
tats moins curieux, et les conséquences qu’on peut en déduire , avec
beaucoup de probabilité, sur l’état de notre planète et de son atmos-
phère durant ces périodes reculées, s’accordant avec tous les faits
connus , et n'étant contredit par aucun d'eux , peuvent être admises
comme faisant partie d’une théorie raisonnable de la formation de
notre globe.
Mais si ces conséquences géologiques résultent de la comparaison
de l’ensemble des végétaux qui couvraient la terre à diverses époques,
les caractères de ces périodes de végétation dépendent eux-mêmes de
la détermination exacte des débris, souvent incomplets et imparfaits,
des végétaux qui se rencontrent à l’état fossile dans les couches for-
(5)
mées pendant ces périodes, La détermination botanique exacte de ces
plantes est donc la base de tout l'édifice, et tous les résultats seraient
faux ou incertains, si ces détérminations n'étaient point exactes, au
moins pour le grand nombre.Avant de grouper les plantes par époques
et par période, et de chercher à déduire quelques résultats géologiques
de la succession de ces plantes, l’auteur a donc dû donner tous ses
soins pour parvenir à la détermination la plus précise de ces fossiles.
L'Hisrorre pes Vécéraux rossices est donc divisée en deux parties : La
première, Boraniqus , dans laquelle Les plantes, de quelque époque de
formation qu’elles soient , sont étudiées, déterminées et classées dans
un ordre botanique, et rapportées autant que possible aux familles na-
turelles dont elles devaient faire partie; la seconde, GÉOLOGIQuE, pré-
sentera des énumérations , par époques de formation , des végétaux
qui auront été décrits dans la première parte et les conséquences
générales qu’on peut déduire de leur mode de distribution et de
dépôt dans ces formations , soit pour nous faire connaître l’état de la
surface du globe à l’époque où ces végétaux vivaient, soit pour nous
expliquer la manière dont paraissent s'être formées les couches qui
en renferment les débris.
La partie botanique comprenant tous les faits de détail, les carac-
ières distinctifs, en latin, des genres et des espèces, la description
plus étendue et la discussion des affinités de toutes ces espèces, sera
nécessairement la plus considérable. En effet, l'exactitude des déter-
minations exige des recherches nombreuses sur les végétaux vivans
et des comparaisons minutieuses entre ces plantes et les espèces fos-
siles. L'auteur aurait pu ne présenter au public que les résultats de ces
recherches et de ces comparaisons, et supprimer les détails des faits
qui leur servent de base; mais il a préféré faire connaître les points
de l’organisation des végétaux vivans qui sont nécessaires pour établir
les rapports des plantes fossiles avec celles encore existantes, non-seu-
lement afin que chacun fût à même d'apprécier la valeur des faits et
des raisonnemens sur lesquels ces rapprochemens sont fondés, mais
aussi pour fournir d'avance aux naturalistes qui ne s'occupent pas
*
T
(6)
exclusivement de botanique, des points de comparaison pour les fos-
siles nouveaux qu’ils pourront découvrir par la suite.
Une autre cause l’a obligé aussi à donner d’assez grands dévelop-
pemens à l'histoire des végétaux vivans des mêmes familles auxquelles
apparüennent les espèces fossiles, c’est l'absence , dans les ouvrages
de botanique, de la plupart des détails d'organisation qui doivent
servir de base à la comparaison entre les végétaux fossiles et vivans.
Les organes conservés à l'état fossile ne sont pas , en général, les
mêmes que ceux qui servent à la classification des végétaux vivans ;
ces organes ont, par cette raison , été étudiés plus superficiellement ,
“et des observations plus précises, accompagnées de figures, étaient
nécessaires pour bien faire connaître leurs modifications de structure.
L'auteur espère donc que toutes les personnes qui se livreront à l'étude
des végétaux fossiles, apprécieront l'utilité des planches qu'il a con-
sacrées à mieux faire connaitre l’organisation des végétaux vivans.
Ces recherches, en fixant notre attention sur des parties des végé-
iaux qui ont été examinées jusqu’à présent avec peu de soin, ne seront
peut-être pas sans résultat pour l'anatomie comparée des plantes, ainsi
que pour la physiologie et la classification naturelle de ces êtres.
L’anatomie comparée est devenue la base de la classification et de
la physiologie des animaux , aussi bien que de la détermination des
espèces fossiles. Il en sera de même pour le règne végétal; mais les
difficultés que présente l'étude comparative des végétaux , lorsqu'on
ne veut pas se borner à leur organisation extérieure , ne peuvent être
bien senties qu’en réfléchissant que l'emploi de grossissemens plus
ou moins considérables est toujours nécessaire pour observer la struc-
ture interne des végétaux, et en pensant aux soins et au temps qu’exi-
gent de semblables recherches.
À cetie difficulté inhérente au sujet, on doit ajouter l'absence,
dans nos collections, de la plupart des matériaux nécessaires pour
cette étude comparative de l’organisation intérieure des végétaux, et
la peine qu'on éprouve à se procurer ceux qui proviennent des pays
éloignés. Les échantillons conservés dans nos herbiers ne sont le plus
(7)
souvent que des fragmens de grands végétaux dont les tiges nous sont
inconnues ; cependant ces tiges, tantôt arborescentes, tantôt rampantes
sous Le sol ou au fond des eaux, présentent très-souvent dans leur orga-
nisation extérieure et intérieure des caractères importans pour la classi-
fication naturelle des végétaux, et encore plus pour la détermination
des plantes fossiles ; car ces parties, si rarement recueillies dans nos
collections, sont peut-être les plus fréquentes à Pétat fossile. Com-
ment parvenir à la détermination des bois fossiles, si fréquens dans
les terrains tertiaires et secondaires, et des grandes tiges renfermées
dans les dépôts de houille, si nous ne pouvons les comparer aux bois
des arbres dicotylédons de toutes les régions du globe et aux tiges des
arbres monocotylédons de diverses familles ?
Ces moyens de comparaison manquent presque complètement dans
nos collections ; et, pour parvenir à la détermination des fossiles, l'au-
teur cherche à réunir toutes les portions de végétaux vivans néces-
saires pour ses travaux.
Il espère que ce Prospectus parviendra entre les mains de personnes
qui, prenant intérêt à ces recherches, voudront bien les rendre moins
imparfaites , en l’aidant par la communication d'échantillons, soit de
plantes vivantes, soit de plantes fossiles, propres à rendre son ouvrage
plus complet et plus exact. Confiant dans la bienveillance qu’on
lui a témoignée jusqu’à présent, et espérant qu'elle ne fera que s’ac-
croître en voyant la publication de son ouvrage déjà commencée, l’au-
teur se permettra de terminer ce Prospectus en appelant l'attention :
des naturalistes et des voyageurs sur les objets, soit vivans, soit fossiles,
qu'il serait le plus important de recueillir, et qu'il désirerait particu-
lièrement se procurer pour compléter son travail.
Parmi les végétaux vivans, il serait essentiel de réunir les parties
qui peuvent servir, par leur comparaison avec Les végétaux fossiles,
à déterminer ces derniers, telles sont les tiges des arbres exotiques, et
particulièrement des arbres monocotylédons, tels que Palmiers,
Dracæna, Pandanus, Yucca, etc.; des portions de tiges ou.de grosses
branches d'arbres dicotylédons; les tiges rampantes, souterraines ou
submergées de beaucoup de plantes vivaces; les fruits et les graines du
(8)
plus grand nombre possible de plantes exotiques; enfin des échantil-
lons' secs des plantes des familles les plus fréquentes à l’état fossile,
telles que les plantes marines, les Fougères, les Lycopodes, les
Prêles, les Cycadées, les Conifères, etc. (1).
Les végétaux fossiles que l’auteur désirerait surtout se procurer
doivent être propres à compléter nos connaissances sur ce sujet : tous
ceux qui proviennent de contrées éloignées, quelle que soit leur na-
ture, seraient très-intéressans sous ce rapport. Ainsi tout échantillon
bien conservé, venant d’un autre pays que la France, les Iles Britan-
niques, l'Allemagne ou l'Italie, sera important, ne fut-ce que par la
localité dont il provient; et plus cette localité sera éloïgnée, plus elle
appartiendra à des régions différentes par leur climat de celles dont
nous connaissons déjà les fossiles , et plus ces échantillons auront d’in-
térêt, en nous fournissant les moyens de généraliser les conséquences
que nous avons pu tirer de l'étude des fossiles de nos climats, sur la
nature de la végétation de la terre aux diverses époques géologiques
de sa formation.
Mais, parmi les fossiles végétaux que l'Europe renferme, il en est
encore beaucoup, sans aucun doute, qui nous sont inconnus ou que
nous ne connaissons qu'imparfaitement; ainsi tous les végétaux fos-
siles des terrains compris entre le dépôt houiller et les formations
tertiaires méritent d'être recherchés avec la plus grande attention, et
ces fossiles sont encore trop peu connus pour qu'on puisse craindre de
recueillir inutilement des objets vulgaires et peu importans pour la
science.
Les terrains houillers, malgré la connaissance plus étendue qu’on
possède de leurs fossiles, renferment encore certainement beaucoup
d'espèces nouvelles dont la réunion servirait à compléter la flore re-
marquable de cette époque; mais ce n’est pas seulement pour rendre
(1) ILest très-important que les portions de tiges et les graines portent un nom exact de
genre et d'espèce, ou que ces échantillons soient accompagnés d’un rameau avec des feuilles et
des fleurs ou des fruits, qui permettent de déterminer l'espèce dont ils proviennent ; il faudrait
que les échantillons de tiges eussent de 6 pouces à r ou 2 pieds de long , et que leur écorce fût
bien intacte.
Aer)
plus complète l’'énumération des espèces de cette époque qu'on doit
s'appliquer à réunir les nombreuses empreintes végétales dé ce ter-
rain, mais aussi pour perfectionner la connaissance que nous avons
des formes singulières des grands végétaux qui sy trouvent ; ainsi
déterminer le mode de terminaison inférieure et supérieure des
grandes tiges de Calamites, de Sigillaires et de Lépidodendrons que
contient ce terrain, observer leur mode de ramification, l'origine
des rameaux et des feuilles qu’elles portaient , sont des problèmes en
partie non résolus et pour la solution desquels on doit réunir tous les
échantillons qui peuvent tendre à les éclaircir.
La forme et la disposition des fructifications de la plupart de ces
plantes nous sont ou complètement inconnues, ou ne nous sont, du
moins, connues que très-imparfaitement ; tout échantillon de ce ter-
rain, renfermant des plantes avec leurs fructifications, ou même
des graines isolées , peut donc ajouter beaucoup à nos connaissances ,
enfin tous les échantillons dans un très-bon état de conservation , tels
que les feuilles de Fougères bien entières, et dont les contours et les
nervures sont bien nets, les tiges dont l'écorce charbonneuse et les
cicatrices extérieures sont bien intactes, contribueront à rendre plus
précise la détermination des espèces de cette flore.
Les végétaux fossiles des terrains tertiaires, malgré l’analogie frap-
pante qu'ils présentent avec les espèces encore existantes, méri-
tent d'être étudiés avec soin, pour s'assurer sil n’y a qu'une
simple analogie, ou s'il y a identité entre les espèces fossiles et
vivantes. Pour arriver à ce résultat intéressant , il est nécessaire de
recueillir tous les échantillons bien conservés de végétaux fossiles de
ces formations, et particulièrement les fruits, graines et fleurs,
dont les parties sont assez distinctes pour qu’on puisse espérer de
les déterminer, ainsi que les feuilles dont les contours sont bien en-
tiers et la distribution des nervures bien nette.
Les terrains les plus récens ne sont point sous ce rapport les moins
intéressans, et on ne doit pas négliger toutes les portions détermina-
bles de végétaux , telles que graines, fruits, tiges avec leur écorce, etc.
qu'on peut rencontrer dans les tourbières, leur examen pouvant résoudre
(1 102)
des questions importantes sur l'époque et le mode de formation de
ces dépôts.
L'auteur espère que intérêt qu'a paru inspirer à la plupart des
savans les recherches dont il s'occupe, engagera les personnes qui
posséderaient des échantillons, soit de végétaux fossiles, soit de por-
tions de plantes vivantes, propres à compléter et à perfectionner son
wavail , à les lui communiquer ; il s’est toujours fait une règle de citer
dans son ouvrage les naturalistes auxquels il a dû les échantillons qui
ont servi à ses observations, et il continuera à témoigner sa reconnais-
sance aux savans qui voudront bien lui faire de semblables commu-
nications, en indiquant ainsi l’origine des morceaux sur lesquels ses
recherches ont été fondées (x).
CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION.
L’Hisrorme Des Vécéraux rossires formera deux volumes in-4°,
grand papier. Elle paraîtra par livraison de quinze planches gravées
où lithographiées et de cinq à six feuilles de texte.
Les livraisons se succéderont régulièrement à deux ou trois mois
d'intervalle.
Prix de chaque livraison : 13 francs.
ON S'INSCRIT, SANS RIEN PAYER D'AVANCE,
À Paris, chez M. CROCHARD, Libraire, Éditeur des Annales des Sciences
Naturelles, rue du Cloitre-Saint-Benoît, n. 16.
À Bruxerres, au Dépôt de la Librairie médicale française, Marché aux
‘Poulets.
(1) M. Adolphe Brongniart prie les personnes qui auraient l'intention de lui faire part de
quelques échantillons de leurs collections, soit pour enrichir sa propre collection, soit en sim-
ple communication , de vouloir bien, avant de lui adresser ces objets, lui écrire pour lui faire
connaître la nature de ces échantillons, afin qu'il puisse juger s’il possède déjà des choses sem-
| rs)
ON SOUSCRIT AUSSI :
A Montpellier, chez Jevauce, 4 Londres, J.-B. Barrière, FreurrTeL
GABON ; et Wurrz, Durau et Compagnie ;
A Strasbourg, LEvRAULT ; A Milan, Dumorar» et Fils ;
A Perlin, Hirscawain ; A Moscou, GAUTHIER ;
A Dublin, Honces et Smirs ; A Padoue, ZABEGcARI ;
A Édimbourg, T. Crarck,Maczacu- 4 Palerme, Cu. Beur, PEnone, Murori;
LAN €t STEWART ; A Pétersbourg, Berrizarp et Comp. ;
A Genève, BARBEZAT et Comp. ; A Philadelphie, Carey et Léa ;
A Lausanne, Doy; A Turin, Joseph Bocca, Pic ;
A Leipsik, Bossancs père, Léoporn 4 Varsovie, GLuckSBERG ;
Voss, L. MicHELsEn ; À Wilna, Théoph. GLucksBERG.
N. B. Les livraisons 1, 2, 3 et 4 sont en en vente; la 5° paraïtra dans le
courant de janvier 1830.
blables , et pour éviter des frais de transport inutiles. Lorsqu'on pourra Joindre une esquisse
même grossière de ces objets dans la lettre, il sera plus facile d'apprécier leur importance et
leur nouveauté, — Les lettres et caisses doivent être adressées à M. Anorpne BronGNraRT, rue
S'aini-Dominique , n° 71, à Paris.
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