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Full text of "Histoire des végétaux fossiles, ou, Recherches botaniques et géologiques sur les végétaux renfermés dans les diverses couches du globe"

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HISTOIRE 


DES 


VÉGÉTAUX FOSSILES. 


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HISTOIRE 


DES 


VÉGÉTAUX FOSSILES, 


OÙ 


RECHERCHES BOTANIQUES ET GÉOLOGIQUES 


SUR LES VÉGÉTAUX RENFERMÉS DANS LES DIVERSES COUCHES DU GLOBE ; 


PAR M. ADOLPHE BRONGNIART, 


DOCTEUR EN MÉDECINE, AGRÉGÉ PRÈS LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE PARIS, MEMIRE DES SOCIÉTÉS 
PHILOMATHIQUE, D'HISTOIRE NATURELLE ET D'HORTICULTURE DE PARIS, etc., etc. 


TOME PREMIER. 


À PARIS, 
 CHEZ G. DUFOUR ET ED. D'OCAGNE, LIBRAIRES-ÉDITEURS, 


QUAI VOLTAIRE, N°. 13; 


ET À AMSTERDAM, 
MÊME MAISON DE COMMERCE, SUR LE ROCKIN, PRÈS LA BOURSE. 


1828. 


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ef bes-obehant Joueur, 


Ad. Vbrouquiaut. 


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PRÉFACE. 


L’ouvrAce que je me hasarde à publier actuellement est 
le résultat de recherches entreprises depuis dix ans, dans 
le but d'arriver à une connaissance plus parfaite des végé- 
taux qui ont successivement habité la surface de notre 
globe. Une connaissance approfondie de la végétation de la 
terre, aux époques de formation des diverses couches qui 
composent son écorce, me paraissant propre à éclaircir 
plusieurs des points les plus importans de lhistoire de 
notre planète, je n’ai rien négligé pour arriver à des résul- 
tats aussi exacts que le sujet le permettait ; et les nombreux 
échantillons de plantes fossiles, provenant de formations 
différentes et de pays éloignés, (que je suis parvenu à réunir, 
joints à l’étude spéciale que j'ai faite des familles de végé- 
taux auxquelles la plupart de ces fossiles appartiennent , 
me font espérer que je pourrai donner à ce travail plus de 
précision qu’on ne l'a fait jusqu’à présent. 

Personne néanmoins ne sent mieux que moi les difficultés 
inhérentes à un tel sujet, et les imperfections , impossibles 
à éviter, qui se trouveront dans ouvrage que je publie. 
Cet ouvrage ne présentera qu’une ébauche de la végétation 


9 . e. « L} e 
de l’ancien monde ; mais il faudra encore bien des années 
b. 


viij ; . PRÉFACE. 

avant qu’on puisse en tracer un tableau plus fini ; pour arriver 
à ce but, il faudrait que les géologues et les botanistes- 
voyageurs réunissent leurs efforts afin de ne négliger aucun 
des objets propres à éclaircir un sujet aussi difficile. 

Il serait à désirer. que les géologues, et surtout ceux qui 
habitent des lieux rapprochés des mines de houille ou 
d’autres gîtes riches en végétaux fossiles, non-seulement 
réunissent tous les échantillons instructifs que ces forma- 
tions contiennent , et les réunissent dans leur état d’inté- 
grité le plus parfait, mais qu'ils conservassent aussi des 
notes sur la position de ces échantillons dans la roche qui 
les renfermait, sur la réunion dans les mêmes couches de 
certaines espèces , enfin qu'ils ne négligeassent aucun des 
documens qu'un échantillon conservé dans un cabinet ne 
peut plus fournir. 

Ce n’est que par ce moyen qu’on pourra parvenir à re- 
composer avec quelque certitude les plantes dont les tiges, 
les feuilles, les fruits sont dispersés, et cest un service 
que les personnes qui dirigent des exploitations de mines 
ou qui habitent près de ces mines, peuvent seules rendre 
à la science. 

Les botanistes, de leur côté, et surtout ceux qui parcou- 
rent les régions éloignées du globe, peuvent concourir à 
réunir des matériaux pour cette histoire de ancienne végé- 
tation de la terre, en nous apportant des objets de com- 


paraison , en ne sattachant pas uniquement à réunir des 
[Re] 
hs 


| PRÉFACE. - 
échantillons d’herbier, mais en conservant aussi les üges, 
les racines et les autres parties non susceptibles de dessic- 
cation. des plantes propres à ces régions ; telles que les 
Palmiers , les Pandanus , les Cycas, les Zamia, les Fougères 
en arbres, etc. | 
Si cette histoire des végétaux fossiles, malgré ses imper- 
fections, paraît à quelques naturalistes digne de leur at- 
tention , c’est à un semblable concours des géologues ét des 
botanistes-voyageurs qu’elle en sera redevable, et je dois 
chercher à m’acquitter envers eux, en leur témoignant ici 
ma reconnaissance pour les secours qu'ils n’ont fournis. 
Leurs noms se trouveront cités à presque toutes les pages de 
mon ouvrage; mais je dois des remercimens particuliers à 
MM. Brochant, Cordier, Lefroy et Beudant, qui ont nus à 
ma disposition, avec la plus grande obligeance, leurs coi- 
lections particulières et les musées publics qui sont sous 
leur direction ; à M. Woltz, qui a bien voulu me faire com- 
muniquer les objets les plus précieux de la collection 
publique de Strasbourg, collection très-riche en végétaux 
fossiles de l'Est de la France et de l'Allemagne occidentale ; à 
MM. de Bonnard, Héron de Villefosse, de Villiers du Terrage , 
Dufresnoy, Élie de Beaumont, C. Prevost, Desnoyers, Bertrand- 
Geslin, qui m'ont permis d'étudier et de dessiner les objets 
les plus remarquables qu'ils avaient réunis dans leurs voyages; 
à MM. Brard, Fleuriau de Bellevue, Mougeot, Gaillardot, 


Saint-Brice, d'Orbigny, Tournal, Dournay , Boblaye, Pomier, 


x PRÉFACE. . | 
Hérault, Mossier, de Gerville, de Laizer, Bertrand-Roux, Lecoq, 
Graves, Soret, qui m'ont adressé beaucoup d'échantillons 
intéressans , recueillis dans les contrées qu'ils habitent. 

Je n'ai pas reçu des communications moins libérales de la 
plupart des savans étrangers. En Angleterre, M. Buckland a 
mis à ma disposition , avec la plus grande générosité, la 
riche collection qu’il a formée dans le Muséum de l’univer- 
sité d'Oxford ; M. Jameson n’a ouvert celui de l’université 
d'Édimbourg ; la Société géologique m'a permis d’étudier les 
nombreuses séries d'échantillons qu'elle a réunies ; la Société 
philosophique d’York non-seulement m’a ouvert son Musée, 
mais elle a bien voulu m'adresser une suite très-intéressante 
des fossiles de Whitby et d’autres points du Yorkshire; M. le 
professeur Sedgwick m’a communiqué plusieurs dessins re- 
marquables que feu M. Taylor, médecin à Durham, destinait 
à un ouvrage sur les végétaux fossiles de cette contrée; en- 
fin, MM. Greenough , Webster, Mantell, Thomson, Hibbert, 
Serle, Lyell, Stockes, Losh, Underwood, m'ont enrichi 
d’une infinité d'objets intéressans de diverses localités de 
l'Angleterre et de l'Écosse. À 

En Belgique, plusieurs des directeurs des travaux des 
mines de houille de Mons, de Charleroi et de Liége , ainsi que 
MM. Bouesnel , Dethiers, Davreux , le docteur Sauveur , etc., 
m'ont remis des impressions de plantes recueillies dans ces 
mines. Je dois à MM. Hœninghaus et Derschau de nombreux 


échantillons des mines du pays de Berg et de Clèves ; M. de 


PRÉFACE. x] 
Schlotheïm a bien voulu détacher de sa belle collection quel- 
ques doubles pleins d'intérêt pour mon ouvrage, tant par 
les objets eux-mêmes qu’ils renferment, que par les déter- 
minations qu'ils portent; MM. Grandin et Grawenhorst ont 
ajouté à ma collection beaucoup de plantes fossiles des 
terrains houillers de l'Allemagne; MM. Léopold de Buch et 
Langsdorf m'ont adressé une suite considérable des végétaux 
fossiles des lignites des environs de Francfort, et M. Merian 
m'a envoyé des échantillons très-curieux des terrains secon- 
daires des environs de Bâle, ainsi que des dessins parfaite- 
ment exécutés de plusieurs des morceaux les plus remarqua- 
bles de sa collection. 

Jai obtenu des communications également instructives et 
obligeantes de MM. Berzelius, Nilson et Agardh, pour les 
plantes fossiles de Suède; de S. A. R. le prince Christian de 
Danemark , pour celles de ce royaume ; de M. le comte Gazola, 
pour les plantes de Monte-Bolca ; de MM. Breislach, Paretto 
et Pentland , pour celles de diverses parties de Pltalie, et 
de MM. Silliman, Cist, Wickham et Granger, pour les fos- 
siles des terrains de houille et d’anthracite de l'Amérique du 
nord; enfin M. Boué m'a communiqué des échantillons de 
presque toutes les parties de l’Europe qu'il a parcourues, et 
je dois à M. Decandolle, non-seulement une suite intéres- 
sante des fossiles des mines d’Alais, mais surtout des indi- 
cations précieuses sur les analogies des végétaux fossiles avec 


les plantes actuellement existantes. 


xij PRÉFACE. 

Je me fais aussi un plaisir d'offrir ici mes remercimens à 
MM. d'Urville, Lesson, Gaudichaud , Mollien , Ch. Duperrey 
ingénieur -géographe , Parker, V. Jacquemont , qui, en en- 
richissant mes collections botaniques des résultats de leurs 
voyages, ont beaucoup contribué à me fournir des moyens 
de comparaison , indispensables pour le travail que j'avais 
entrepris. 

C’est avec de semblables secours et avec les matériaux 
réunis, soit par mon père, soit par moi ,.en France, en 
Italie , en Allemagne, en Suède, en Écosse et en Angleterre, 


que jose entreprendre d’esquisser cette flore de l’ancien 


‘monde; sans la coopération bienveïllante des naturalistes 


que je viens de citer cette tâche eût été impossible à rem- 
plir, et j'espère qu'après mavoir donné les moyens de 
commencer cet ouvrage , ils voudront bien m'aider à le rendre 
moins imparfait, en continuant les communications instruc- 


tives qu’ils m'ont déja faites. 


HISTOIRE 


DES 


VÉGÉTAUX FOSSILES. 


INTRODUCTION. 


L'uisrotre des végétaux fossiles ne remonte pas à une époque bien 
reculée ; on n’en trouve aucune trace dans les auteurs anciens, où 
plutôt le peu de mots que Théophraste et Pline disent de quelques 
bois fossiles ne nous permet pas de savoir s'ils ont voulu parler de 
véritables boïs ou de quelques madrépores, si abondans dans les for- 
mations calcaires qui composent une grande partie de la Grèce et 
de l'Italie. Le silence des auteurs grecs et latins sur ce sujet ne doit 
pas nous étonner quand nous voyons que les formations de charbon 
fossile , si répandues dans l'Europe tempérée et septentrionale , man- 
quent presque complétement dans les contrées que les Grecs et les Ro- 
mains fréquentaient le plus , telles que la Grèce , l'Italie, l'Espagne, 
le nord de l'Afrique ou l'Asie occidentale. Encore maintenant nous 
ne connaissons dans ces divers pays qu’un seul lieu riche en fos- 
siles végétaux , c’est le fameux Monte-Bolca près de Vérone. 
L'Allemagne, la France, l'Angleterre, dont le sol renferme tant 
de dépôts de charbons fossiles abondans en impressions de plantes, 
étaient presque inconnues aux Grecs, et furent peu étudiées , sous 
le rapport de leur histoire naturelle , par les Romains trop occupés 
à y établir leur domination ; d’ailleurs cette partie de l'Europe , alors 
ioute couverte de forêts, n’avait pas encore besoin de recourir aux 


forêts de l’ancien monde , et l'étude des végétaux fossiles n’a réelle- 
I. / 1 


2 HISTOIRE 


ment pris naissance que lorsque l'exploitation des mines de houille 
a eu mis en évidence limmense quantité d'impressions de plantes 
diverses qui accompagnent ces formations, 

Lors de la renaissance des lettres vers le seizième siècle , les bois 
fossiles , et surtout ces grands troncs d’arbres dispersés dans quel- 
ques terrains , fixèrent seuls l'attention des observateurs , et ces ob- 
Jets , ainsi que les impressions de feuilles et de fruits que quelques 
naturalistes remarquèrent , furent plutôt l’objet de discussions Sys- 
tématiques que de recherches exactes. Les savans furent partagés 
sur l’origine de ces fossiles comme ils l’étaient sur celle des débris 
d'animaux; cependant le règne végétal doit peut-être revendiquer 
l'honneur d’avoir fait abandonner les idées ridicules qui attribuaient 
ces débris de l’ancien monde à des jeux de la nature et à des forces 
plastiques. En effet, déjà Agricola, Matthiole, Gesner, Imperati, 
soutinrent l'opinion que les bois fossiles étaient des restes d'arbres 
détruits par le déluge, et cette théorie, quoique combattue par quel- 
ques naturalistes systématiques (1), finit par prévaloir ; mais il 
fallut près d’un siècle pour qu’elle fût développée dans quelques 
ouvrages spéciaux. 

Dans le courant du dix-septième siéele , un petit nombre seule- 
ment de notices sans importance furent publiées, Ge ne fut que 
vers la fin de ce siècle et au commencement du dix-huitième que 
les mémoires de La Hire (2), de Lister (3), de Scheuchzer (4), 
le catalogue de Luid (5), et surtout l'ouvrage remarquable pour 
cette époque de Scheuchzer (6), ramenèrent l'attention de presque 
tous les savans vers ces sujets liés si intimement à l’histoire de la 


(1) Aldrovandi, Gamerarius. 4 

(2) Description d’un palmier fossile, em. acad.-sciences, 1692, p. 122. 

(3)- A. Description of Stones fisured like plants, Trans. philos., vol. 8, n°. 190, p. 6181. 
(4) De Dendritis, Æph. acad. nat. curios., dec. 3, ann. 5 et 6, p. 57-80. 

(5) Lithophylacium britannicum , 1600. 

(6) Herbarium diluvianum, 1709 CU 21720 

(7) Acad, Scienc., 1706. 

(8) Zbid., 1703. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 3 
de Jussieu (1), les ouvrages de Mylius (2) et de Wolkmann (3) 


firent connaître la présence de ces fossiles dans un grand nombre de 
lieux de l’Europe et leur analogie avec certains végétaux vivans : 
sous ce rapport, le mémoire de Bernard de Jussieu est trés- 
remarquable pour cette époque, et si la théorie qu'il avait ima- 
ginée pour expliquer le transport et la conservation de ces Re 
ne s'accorde pas avec les observations plus récentes ; il n’en est 
pas moins vrai qu'il fut un des premiers à bien établir la différence 
qui existe entre les plantes du terrain houiller et celles de nos 
contrées , ainsi que leur analogie avec les espèces dés régions plus 
chaudes de notre globe. 

Déjà cependant ces naturalistes et particulièrement Scheuchzer, 
passant d’un système au système opposé, voulurent reconnaître dans 
les impressions de plantes les plus vagues des analogues des végé- 
taux vivans qu'ils connaissaient. Langius (4), Lehmann (5), McϾ- 
ring (6), Davila, portèrent la crédulité plus loin, et virent dans 
les empreintes les plus imparfaites et les moins distinctes , des épis 
de blé ou de maïs, des fleurs de tulipe et d’aster, des fruits 
d’ananas, etc. 

À cette époque, cependant , quelques naturalistes publièrent des 
figures assez exactes de plusieurs plantes fossiles, et discutèrent avec 
plus de sagesse leurs analogies ; tels furent Mendez da Costa pour 
les fossiles du terrain houiller d'Angleterre (7), et James Parsons 
pour les fruits pétrifiés de l'ile de Shepey (8). Plus tard Knorr 


(1) Acad. Scienc., 1708. 

(2) Memorabilia Saxoniæ subterraneæ ; 1709-1718. 

(3) Silesia subterranea, 1720. 

(4) De Schisti indole cum descriptione duorum vegetabilium rariorum, Act. acäd. nat. 
cur., vol. vi, app., p. 133, tab. 11 (1742). 

(5) Sur les fleurs de l’Aster montanus, ete., Hist. de l'acad. de Berlin, 1756, p. 127. 
Üntersuexhung derer sogenannter versteinerten kornarten von Frankenberg, in Hessen. 
Berlin, 1760. 

(6) Phytolithus zeæ Linnæi in schisto nigro, Act. acad. nat. curios., vol. 8, p. 448, 
tab. vn, fig. 5 (1748). 

(7) Trans. philos, , 1957, vol. 50, p. 228 

(8) Zbid., vol. 5o, p. 306. 


‘ 


4 j HISTOIRE 


dans son grand ouvrage (1), fit connaître quelques échantillons 
remarquables de ces fossiles, et Walch, dans le texte savant qu'il 
y Joignit, présenta avec beauconp d’ér Ra Vhistoire de la science 
et son état au moment où il écrivait. | 

La fin de ce siècle n’ajouta presque rien à cette branche de l’his- 
ioire naturelle : les brillantes découvertes qui chaque jour enrichis- 
saient la physique et la chimie , occupaient alors tous les esprits, et 
ce ne fut qu'au commencement du siécle actuel que les progrès de 
la géologie , et la marche moins systématique que cette science adopta, 
ramenérent l'attention vers l'étude des corps organisés fossiles. 

M. de Schlotheim ouvrit cette nouvelle carrière en publiant le 
premier cahier de sa Flore de l’ancien monde; et, quelques années 
après, de nombreux mémoires ainsi que plusieurs ouvrages spé- 
ciaux contribuerent à jeter une lumière toujours croissante sur un 
sujet aussi difficile. Je ne puis dans cette introduction les indiquer 
tous et encore moins les analyser tous se trouveront fréquemment 
cités dans le courant de cet ouvrage (2). Je me contenterai de 
rappeler ici les noms des savans dont les travaux ont le plus con- 
tribué aux progrès de cette branche de l’histoire naturelle , tels que 
MM. Parkinson, Steinhauer , Sternberg, Faujas de Saint - Fond, 
Rhodes, Young et Bird, Allan, Noggerath, Agardh, Nilson, 
Mantell, Artis, Lyell, Granger, Nau, Martius , etc. , etc. 

Le plus grand nombre de ces naturalistes se contentèrent de décrire 
avec plus ou moins de précision les diverses plantes fossiles qu'ils. 
avaient observées ; quelques-uns s’occupèrent spécialement de leur 
disposition dans les couches de la terre et de leur origine; enfin, 
un bien petit nombre d’entre eux s’efforça d'établir parmi ces êtres 
une classification rigoureuse , et de fixer les analogies qui les unissent 
aux végétaux vivans. 


(1) Recueil des monumens des catastrophes que le globe de la terre a essuyées , 3 vol. 
fol. Nuremberg, 1995. \ 

(2) Je donnerai en outre, à la fin de cet ouvrage , une liste aussi complète que possible des 
ouvrages et des mémoires publiés sur ce sujet, de manière à former une sorte de biblio- 
graphie des végétaux fossiles. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. | 5 


M. Steinhauer introduisit le premier dans cette branche des sciences 
des noms systématiques et une terminologie semblable à celle adop- 
tée pour le reste de l’histoire naturelle (1); mais sa classification, 
presque entièrement conforme à celle des anciens auteurs , est encore 
très-imparfaite ; plus récemment, M. de Siernberg d’un côté (2) et 
moi-même de l’autre (3), presqu'à la même époque et sans avoir con- 
naissance de nos travaux respectifs, nous cherchämes à établir de 
véritables divisions génériques et spécifiques. Si les noms que nous 
adoptâmes diffèrent dans ces ouvrages rédigés simultanément , les 
coupes génériques sont du moins presque loujours les mêmes, ce 
qui semble prouver la bonté de cette classification. Depuis la pu- 
blication de ces deux essais, cette méthode a été perfectionnée , à 
plusieurs égards, par M. Sternberg, dans la suite du même ouvrage, 
et j'ai été porté également à admettre de grands changemens dans 
la classification que j'avais suivie, quoique la plupart des genres établis 
dans mon premier mémoire, aient été confirmés par de nouvelles 
observations. Cependant les faits réunis depuis cette époque, m'ont 
permis de les grouper plus naturellement entre eux ; et m'ont chligé 
À subdiviser quelques-uns de ces genres. Cest la méthode que jai 
adoptée et les bases sur lesquelles elle est fondée qu'il me reste main- 
tenant à faire connaître. | 

Mais je dois auparavant dire quelques mots des nouveaux genres 
et des nouvelles dénominations introduites par MM. Martius et 
Artis. M. Martius, auquel la botanique doit des travaux si IMpOr- 
tans sur la végétation du Brésil, était peut-être plus à même que 
personne , par les connaissances qu'il possède des grands végétaux des 
régions équatoriales , d'établir une comparaison raisonnée entre Îles 


(1) Trans. of the american philos. society , tom. I. 

(2) Versuch einer Geognostich-Botanischen darstellune der flora der voravelt, 4 fase. 
fol. Leipzig. 1820-1826. — M. le comte de Bray a publié une traduction de cet ouvrage 
important, sous le titre d'Æssai d’un exposé géognostico-botanique de la flore du monde 
primitif, accompagnée des mêmes planches que l'édition allemande ; je citerai de préférence 
cette traduction. 

(3) Sur la classification et la distribution des végétaux fossiles , Mém. du mns. d'hist. 
aaturelle, tom. VIII. 


6 HISTOIRE 

végétaux vivans et fossiles ; mais il paraît avoir abordé ce sujet sans 
avoir examiné avec toute l'attention nécessaire, et sous tous les états 
où ils se présentent , les végétaux de l’ancien monde: de là sont ré- 
sultées des analogies qui paraissent la plupart très-hasardées entre les 
tiges des Palmiers , des Bambous ei de quelques nouveaux genres de 
Composées et les Calamites et les Lepidodendrons (1); c'est ce que 
nous montrerons lorsque nous étudierons spécialement ces genres de 
végétaux fossiles. Quant aux dénominations nouvelles employées par 
M. Artis (2), elles s'appliquent , à l'exception d’un petit nombre, 
à des impressions imparfaites qui ne diffèrent de celles déjà connues 
et rapportées à des genres créés précédemment, que par leur état 
de conservation; la plupart, par conséquent, ne pourront être 
conservées , et les plantes auxquelles il les avait appliquées devront 
rentrer ae des genres déjà établis. 

C'est ainsi qu'après n'avoir admis dans cette branche de l'histoire 
naturelle aucune classification et aucune dénomination générique 
ou spécifique, on a passé ensuite à un extrême opposé en multi- 
pliant ces divisions , sans avoir fait préalablement un examen suffi- 
sant des échantillons qui en sont l’objet. L 

Lorsque nous cherchons à établir dans cette partie des sciences 
une méthode régulièreet uniforme, nous voyons que les végétaux 
fossiles distribués d’abord en genres fondés sur des analogies vagues 
et sans caractères précis, peuvent être divisés, soit en genres arti- 
ficiels, déterminés seulement d’après les caractères offerts par ces 
fossiles eux-mêmes et classés entre eux uniquement d’après ces ca- 
racières , sans s'appuyer sur l’analogie qui les unit aux végétaux 
vivans , soit en genres fondés principalement sur l'étude comparative 
des végétaux fossiles et vivans, aussi naturels par conséquent , et 
aussi bien limités que la nature imparfaite de ces débris le permet ; 
ces genres peuvent alors être distribués dans le même ordre que les 
botanistes ont adopié pour les végétaux encore existans. 


(1) De plantis nonnullis antediluvianis ope specierum inter tropicos nunc viventiun 
illustrandis; auct. GC. F. P. de Manxrus. Ratisbonæ, 1822. 
(2) M nicdileen Phytology, 1 vol. in-f°. Londres, 1825. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. ‘7 

Cette dernière méthode, admise par. M. Sternberg, dans le tableau 
abrégé qui termine le quatrième cahier de son ouvrage, est égale- 
ment celle que , depuis plusieurs années , j'avais substituée à la mé- 
thode artificielle que des connaissances encore trop imparfaites m’a- 
vaient obligé d'adopter lors de la publication de mon premier essai. 
Cette méthode, beaucoup plus propre à donner une idée exacte 
des végétaux de l'ancien monde , est d’une application beaucoup plus 
difficile et exigera , pour atteindre son plus haut degré de perfection, 
des recherches nombreuses et continuéés pendant un long espace de 
temps ; mais elle ira sans cesse en se perfectionnant , et déjà par une 
étude approfondie et par une comparaison minutieuse de la structure 
des végétaux fossiles et des végétaux vivaus , elle peut être appliquée 
avec quelque succès. C’est cette méthode que nous suivrons dans 
la description des végétaux fossiles. 

Mais comment, au moyen d'organes le plus souvent séparés , par- 
venir à reconnaître un genre, une famille , une classe même ? com- 
ment S'assurer si une espèce est différente de toutes celles du même 
genre qui existent encorë, Où Si elle peut se rapporter à l’une d’entre 
elles ? La botanique , demandera-t-on , peut-elle, comme la zoologie, : 
déterminer, d'apres la structure d’un seul organe, celle de tout 
Vindividu , et fixer ainsi avec certitude la place qu'il doit occuper 
dans nos classifications ? Il est nécessaire, avant de répondre, de dis- 
tinguer divers cas : car il est tel organe qui peut conduire à ce résultat 
tandis que tel autre ne le pourrait pas; il est telle classe de végétaux 
dans laquelle on pourra arriver à une détermination précise au 
moyen d'un organe, tandis que dans une autre classe la chose sera 
impossible. Pour ne pas accumuler en même temps toutes les diffi- 
cultés, supposons pour un moment que nous ayons à déterminer 
des organes isolés de végétaux vivans dont nous puissions apprécier 
tous les caractères, et non des végétaux fossiles qui, par suite de la 
transformation qu'ils ont subie et de la compression qu ils ont 
éprouvée , ont perdu une partie de ces caractères, ou sur lesquels 
ces caractères sont devenns beaucoup moins évidens. 

- Divisons d’abord ces organes en deux grandes classes , les organes 


8 HISTOIRE 
de la végétation et ceux de la fructification , et examinons Pimpor- 
tance de ces organes dans les quatre grands groupes les plus tran- 
chés du règne végétal, c’est-à-dire les agames, les cryptogames ,. 
les monocotylédones et les dicotylédones. 

Nous admettrons d’abord , ce que tout le monde nous accordera , 
je pense, qu'un botaniste un peu exercé pourra presque toujours 
reconnaître au moyen d’un organe quelconque , auquel de ces quatre 
groupes appartenait la plante dont il faisait partie; il ne nous reste 
donc qu'à voir jusqu’à quel point ces divers organes peuvent nous 
conduire dans chacune de ces classes à ha détermination des fa- 
milles et des genres. 

Parmi les agames les organes de la végétation sont quelquefois si 
intimement unis à ceux de la fructification, qu’on ne peut pas les 
considérer isolément. C’est ce qui a lieu dans le vaste groupe des 
Champignons; mais parmi les autres familles, c’est-à-dire, parmi celles 
qu'on avait comprises jusqu’à ces derniers temps sous les noms 
de Conferves, d’Algues, de Lichens, les organes de la ‘végétation 
suffiront toujours pour reconnaître la famille et très-souvent pour 
distinguer le genre et l'espèce, quoique ces genres soient générale- 
ment fondés sur des caractères tirés des organes de la fructification. 
Ilexiste donc une liaison tellement intime entre ces deux systèmes 
d'organes dans ces végétaux , que l’un ne peut pas subir de change- 
ment sans en entraîner de notables dans l’autre. 

Dans la seconde division qui comprend les familles des Hépatiques, 
des Mousses, des Equisétacées , des Fougères, des Marsiléacées et 
des Lycopodes, la détermination des familles est très-facile et ne 
laisse, on peut dire, aucun doute; ainsi il n’est pas de naturaliste qui, 
au moyen d’un organe quelconque d’une plante de cette classe, ne 
puisse reconnaître facilement à quelle famille elle appartient. Mais 
déjà dans beaucoup de cas nous ne pouvons point parvenir à la 
détermination des genres, du moins dans les familles nombreuses. 
Dans les familles des Mousses et des Fougères, par exemple, tous 
les botanistes savent que dans beaucoup de cas on ne peut pas déter- 
miner les genres lorsque la plante est dépourvue de fructification, 


7 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 9 


tandis que dans d’autres cas ces deux systèmes d'organes ont de tels 
rapports entre eux, qu'il est facile de juger de la structure des uns par 
celle des autres. Ainsi , parmi les Mousses on reconnaîtra sans peine 
une tige stérile de Sphagnum, où de Polytric; parmi les Fou- 
géres on ne saurait confondre une fronde stérile de Gleichenia, de 
Lygodium, de Botrychium, de Meniscium, avec celles d'aucun autre 
genre; mais ces cas sonl rares. 

- Ce que je viens de dire des frondes peut s'appliquer également aux 
tiges, autant du moins que nous les connaissons , c’est-à-dire qu’elles 
nous conduiront toujours facilement à déterminer la famille, mais 
trés-rarement à reconnaître le genre dont elles font partie. 

Dans ces végétaux il existe donc déjà une union moins intime entre 
les deux grands systèmes d’organes ; les modifications de l’un influent 
d’une manière moins marquée sur l’autre, et au moyen des organes 
de la végétation seule, nous ne pouvons généralement distinguer que 
les familles. 

Cette dépendance mutuelle des organes de la fructification et de la 
végétation est encore moins marquée dans les monocotylédones. 


- Nous retrouverons , il est vrai, presque sans exception, la même 


Structure essentielle dans les organes de la végétation d’une même 
famille ; mais cette même structure se présente sans différence bien 
sensible dans des familles très-distinctes. 

Ainsi, tandis que la forme et l’organisation des feuilles caractérisent 
parfaitement les Palmiers et les Graminées, la même structure es- 
sentielle au contraire se présente dans les Liliacées, les Asparagées, 
les Amaryllidées et les Broméliacées , etc. , dans les Cypéracées , les 
Juncées et les Restiacées, dans les Musacées et les Cannées, c’est-à- 
dire qu'il existe souvent moins de différence entre les organes de la 
végétation de deux plantes de familles différentes qu'entre ceux de 
deux plantes de la même famille, quoique ces familles soient par- 
fartement distinctes par leurs organes de la fructification. 

Si nous passons aux plantes dicotylédones, nous trouverons qu’il 
existe une liaison encore bien moins intime ou moins évidente entre 
ces deux systèmes d'organes, car si dans beaucoup de familles 


? 


2 


10 HISTOIRE 

naturelles nous observons assez d’uniformité dans la structure des 
organes de la végétation, d’un autre côté, nous voyons souvent: les 
familles qui nous paraissent les plus rapprochées, différer sous ce 
rapport, landis qu'une structure analogue se retrouve dans des 
plantes que nos classifications placent à de grandes distances ; mais 
nous devons observer, à cet égard, que la distribution des familles 
naturelles , telle quelle est établie généralement , peut être regardée 
comme très-artificielle. Nous ne devons donc pas nous étonner de 
ces sortes d’aberrations ; peut-être lorsqu'on aura donné plus d’atten- 
tion à la structure des organes de la végétation, et qu’on sera par- 
venu à grouper les familles entre elles comme on a groupé les genres, 
pourra-t-on faire ressortir des rapports d'organisation qui étaient 
restés cachés jusqu’à présent. 

Quoi qu'il en soit, il nous paraît très-douteux que parmi les 
plantes dicotylédones on puisse arriver avec quelque certitude à 
déterminer, au moyen des organes de la végétation isolés, la famille 
à laquelle appartenaient les végétaux dont ces organes proviennent , 
à moins que cette famille ne présente de ces phénomènes singuliers, 
de ces caractères insolites qui font des exceptions remarquables. 

Parmi les plantes phanérogames, les organes de la végétation ne 
pourront donc nous conduire à la détermination certaine de la fa- 
mille dont ils proviennent, que dans un petit nombre de cas, et ce 
ne sera que dans des cas encore plus rares que nous pourrons déter- 
miner le genre dont ils faisaient partie. 

Nous voyons, par conséquent, que les organes de la végétation 
sont liés d'autant plus intimement à ceux de la fructification, que 
nous les observons dans les classes les plus inférieures. Il en résulte 
que ces organes isolés pourront d'autant plus facilement nous con- 
duire à la détermination de la plante dont ils proviennent qu'ils 
appartiennent à des végétaux plus imparfaits, puisque toutes les clas- 
stfications établies ont été fondées sur les organes de la fructification. 

Si nous examinons ces derniers indépendamment des premiers, 
nous arriverons à un résultat inverse, c’est-à-dire que dans les 
agames ces organes seuls ne pourront le plus souvent nous conduire 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. vi 


qu'à reconnaître la famille à laquelle appartenait le végétal dont ils 
proviennent ; en considérant toutefois ces organes indépendamment 
de tout ce qu'on peut regarder comme accessoire et comme dé- 
pendant des organes de la végétation. 

Dans les cryptogames , la structure du fruit pourra quelque- 
fois nous mettre à même de déterminer le genre dont il provient; 
c’est ce qui a lieu parmi les Mousses; dans d’autres cas, au con- 
traire cette structure est si uniforme, qu’on a été obligé de fonder 
les genres sur le mode de distribution des organes de la fructifica- 
tion, et que ces organes en eux-mêmes ne peuvent pas nous fournir 
de signes propres à distinguer les genres; telle est la nombreuse 
famille des Polypodiacées. | 

Parmi lés phanérogames, au contraire , non-seulement l'ensemble 
des organes de la fructification peut toujours conduire à la détermi- 
nation de la famille, du genre et souvent de l'espèce ; mais dans 
beaucoup de cas, des parties isolées de ces organes , telles que la 
corolle, les étamines , les ovaires , le fruit ou même la graine seule, 
nous fourniront des caractères suffisans pour reconnaître avec 
certitude une famille et même un genre. 

Les organes de la fructification isolés seront donc d'autant plus 
propres à nous donner des notions précises sur l’ensemble des 
caractères d’un végétal, que ce végétal appartiendra à une classe 
plus parfaite. 

Nous devrions maintenant examiner dans chaque système d’or- 
ganes et dans chaque organe en particulier quels sont les caractères 
qui ont le plus d'importance; ceux qui par conséquent doivent être 
étudiés avec le plus de soin et dont les modifications paraissent liées 
le plus intimement à l'organisation essentielle du végétal; mais 
vouloir traiter ce sujet avec détail, ce serait embrasser toute l'or- 
ganographie végétale et entrer dans la discussion de la subordination 
des caractères , l’un des points les plus importans de la botanique , 
tant sous le rapport physiologique que sous celui de la méthode 
naturelle. Malgré l'utilité de cette partie de la botanique pour le 


sujet que nous traitons, nous sommes donc forcés d'indiquer seu- 
2, 


12 HISTOIRE 


lement quelques principes généraux qui nous ont dirigés dans la valeur 
plus ou moins grande que nous avons accordée à certains caractères. 

: Tout le, monde admettra facilement que les caractères anatomi- 
ques , ceux qui tiennent à l’organisation intime de la plante , ont plus 
de valeur que les formes extérieures ; c’est donc à ces caractères 
qu’on doit donner le plus d'importance lorsqu'on peut les observer ; 
et, lorsqu'on ne le peut pas , on doit chercher à découvrir dans la 
forme extérieure des organes quelques modifications qui soient pour 
ainsi dire l’expression du caractère interne et qui puissent nous faire 
apprécier ses modifications. 

Les vaisseaux nourriciers, formant la irame qui détermine les 
relations de position et même souvent la forme des organes, sont 
évidemment plus importans que le parenchyme qui les entoure et qui 
peut masquer les caractères les plus essentiels d’un organe. Le mode 
de distribution des vaisseaux peut donc seul nous mettre sur la 
voie des véritables affinités des végétaux. Leur disposition est 
par conséquent la chose principale à observer dans chaque organe. 

On a déjà reconnu combien cette disposition des vaisseaux dans la 
tige était un caractère essentiel, puisqu'elle distingue les deux grandes 
classes de végétaux phanérogames. Lorsque nous pourrons observer 
la structure intérieure des tiges, nous donnerons donc une grande 
attention à cette disposition; ais , lorsque nous nele pourrons pas, 
le mode d’accroissement de la tige étant constamment lié à cette 
structure ‘intérieure, et la forme extérieure de la tige dépendant de 
son node d’accroissement, la forme d’une tige nous suflira pour 
déterminer avec la plus grande probabilité sa structure interne. 

Aprés la structure interne de la tige, le caractère le plus impor- 
tant de cet organe est le mode d'insertion des feuilles à sa surface , 
et ce caractère est une dépendance nécessaire de la structure de la 
tige et non de celle de kà feuille, puisque c’est la tige qui émet et 
produit la feuille. Nous pouvons en dire autant de la disposition 
des vaisseaux qui de la tige se rendent dans le pétiole; telles sont les 
modifications de structure qui, dans les tiges, nous paraissent avoir 
ie plus de valeur, qui doivent par conséquent fixer le plus notre 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 13 
attention, et qui nous dirigeront pour déterminer les analogies qui 
unissent les végétaux anciens aux végétaux modernes. 

Dans les feuilles, la disposition des nervures, qui nous indique 
la charpente proprement dite de ces organes, nous fournira les 
signes les plus essentiels pour les distinguer entre elles et pour dé- 
terminer les familles auxquelles elles appartiennent. 

Nous ne dirons rien des caractéres auxquels on doit donner le 
plus d’i Hapgnance dans la fleur, puisque cette partie ne se rencontre 
presque jamais à l’état fossile. Quant au fruit, il est facile d'indiquer, 
parmi les nombreuses variétés de structure qu'il présente, celles 
qu'on doit considérer comme les plus essentielles et qui pourraient 
nous conduire avec le plus de certitude’ à déterminer la famille et 
même souvent le genre auquel il appartenait, si ces modifications 
étaient possibles à reconnäître sur des fruits altérés par la transfor- 
mation qu'ils ont subie. L’adhérence ou la non-adhérence au calice, 
le nombre des loges et leur mode de déhiscence, le nombre et le 
mode d'insertion des graines , seraient certainement des caractères 
propres à faciliter la détermination de beaucoup de fruits; mais le 
plus souvent tout ce qui a rapport à la structure interne des fruits 
fossiles est tout-à-fait impossible à distinguer. 

L’adhérence ou la non-adhérence est le caractère le plus facile -à 
observer; le nombre des loges peut souvent aussi se présumer d’a- 
près celui des côtes où des sillons longitudinaux du fruit ou par les 
traces de la base des styles ; ces caractères et la forme générale du 
fruit sont donc presque les seuls moyens de détermination que nous 
possédions. Cetie détermination devient encore plus difficile pour 
les graines isolées , et l’on ne peut donner aucune règle pour diriger 
dans cette recherche. 

Tels sont les principes que nous avons tâché de suivre pour ar- 
river d’une manière plus précise à reconnaître les végétaux dont 
pouvaient PNEU certains organes isolés, et pour ne pas nous 
abandonner à des recherches vagues et sans règles qui souvent 
portent à classer ces débris parmi des êtres dont ils différent par 
des caractères très-essentiels, tandis qu’on néglige de les comparer 


f 


14 HISTOIRE 
avec d'autres dont ils s’éloignent plus, il est vrai, au premier aspect, 
mais dont ils se rapprochent par des caractères bien plus importans. 

Cette marche serait facile et nous conduirait presque toujours à 
des résultats certains ou du moins très-probables , si nous n’avions 
pas à lutter contre un autre genre de difficultés souvent insurmonta- 
bles, et qui dans tous les cas obligent à une grande attention pour ne 
pas commettre d'erreurs , Je veux parler des modifications que le chan- 
gentent de nature, la compression et les divers modes d'impression 
et de contre-épreuve font éprouver à tous les organes des végétaux ; 
modifications qui exigent une attention extrênie pour remonter, 
lorsque cela est possible, de l'échantillon ainsi transformé à son type 
primitif, c’est-à-dire à la forme que l'organe devait avoir durant sa 
vie; et cependant cette opération est celle qui doit précéder toute 
autre recherche! et sans laquelle on est conduit aux erreurs les plus 
grossières. 

Aïnsi, on doit d’abord s’assurer si l'échantillon qu’on examine 
représente la plante elle-même, ou sa contre-épreuve dans la roche 
environnante. Si c’est la plante elle-même on doit déterminer si elle 
est parfaitement entière ou s’il lui manque quelques parties ; si, par 
exemple, la surface de l'échantillon fossile présente bien la surface 
externe de la plante avec son écorce (ordinairement transformée en 
charbon dans les plantes du terrain houiller ), ou si cette surface est 
dépourvue d’écorce et n’est par conséquent qu’une sorte de moule 
ou de noyau intérieur. Si au contraire on ne possède que la contre- 
épreuve de la plante dans la roche qui l’entourait , on doit également 
examiner si cette Contre-épreuve est celle de la surface externe de 
la plante ou celle de son noyau intérieur dépourvu d’écorce. Ces 
quatre formes sous lesquelles la même plante peut se présenter, 
ont causé des erreurs fréquentes et peuvent facilement conduire, 
lorsqu'on n’y fait pas l'attention la plus grande , à multiplier les 
genres et les espèces, ainsi que c’est arrivé à plusieurs auteurs. 

La compression déforme aussi de la manière la plus étonnante 
les plantes qui y ont été soumises, et il faut peut-être encore plus 
d'attention pour apprécier ses effets que dans le cas précédent ; car 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 15 


il est impossible, à moins d’avoir vu un grand nombre d’échan- 
tillons de la même plante comprimés dans des sens différens, de 
juger des changemens plus où moins grands qu’elle peut faire subir 
à ces végétaux. 

Nous avons donné la plus grande attention à toutes ces causes 
d'erreurs , et si nous ne pouvons nous flatter de les avoir évitées 
toutes , nous espérons cependant n’en avoir commis que peu d'im- 
portantes. On conçoit en effet combien il est difficile d'arriver à des 
déterminations exactes, et surtout à bien limiter les genres et les 
espèces sur des fragmens ainsi modifiés ; nous devons donc indiquer, 
avant d'exposer les résultats de ces déterminations, la marche que 
nous avons suivie pour rapporter ces plantes fossiles aux familles 
où aux genres connus dont elles font partie, ainsi que les règles 
qui nous ont dirigé pour établir des genres nouveaux et pour 
distinguer les espèces. 

Chaque plante fossile séra rapportée , soit à une espèce encore exi- 
stante, si son identité avec cette espèce est bien évidente, soit à 
un genre connu parmi les plantes vivantes, si les caractères pro- 
pres à déterminer ce genre existent encore dans la plante fossile , de 


manière à Ce qu'on ne puisse conserver aucun doute sur sa position 
dans ce genre. 

* Si une plante fossile ne peut se rapporter avec certitude à un genre 
connu, mais qu'ellé présente cependant une telle analogie avec les 
espèces encore existantes de ce genre, qu’on puisse présumer qu’elle 
n'en différait pas génériquement, nous la placerons à la suite de ce 
genre , en changeant seulement la terminaison du nom de genre. 
Ainsi nous donnons le nom de Chara, de Pinus, de Juglans, aux 
fossiles que nous rapportons à ces genres , parce que les organes exi- 
stant à l’état fossile sont ceux mêmes qui, dans les plantes vivantes, 
caractérisent le mieux ces divers genres. Au contraire, nous dési- 
gnerons par les noms génériques de Zamites, Thuytes, Zostérites, 
des plantes qui ont de grands rapports avec les plantes des genres 
Zamia, Thuya, Zostera, qui peut-être même ne différaient pas 
génériquement de ces genres, mais dont les rapports ne peuvent 


16 HISTOIRE 


être établis que d’après des organes d’une moindre importance et 
qui ne caractérisent pas essentiellement ces genres. 

Lorsqu'une plante fossile ne pourra nise rapporter avec certitude 
à un genre connu, ni se mettre en appendice à la suite d’un de ces 
genres, soit parce qu’elle différera essentiellement de toutes les 
plantes connues, soit parce que les caractères qu’elle présentera ne 
permeltront'pas de déterminer celui des genres actuellement existans 
dont elle devait faire partie, nous en formerons un genre particulier; 
dans le premier cas, ce genre sera réellement un genre nouveau 
puisqu'il différera essentiellement de tous ceux qui sont maintenant 
connus sur la terre; tels sont les genres Zepidodendron, Astero- 
phyllites, Sphænophyllites, Nilsonia, Pterophyllum , ete. Dans le 
second cas, ces genres seront seulement des divisions artificielles , 
fondées sur des caractères différens de ceux qui servent à établir lés 
genres parmi les plantes vivantes , mais dont les espèces rentreraïent 
peut-être dans ces genres si elles étaient connues plus complétement. 
Toutes les divisions génériques établies dans la famille des Fougères 
sont dans ce cas, et nous avons cherché alors à adopter une termi- 
naison uniforme pour tous ces genres que nous considérons plutôt 
comme dessections d’une famille naturelle que comme de vrais genres. 

Les genres ainsi établis peuvent se classer dans des familles de 
plantes bien connues , ou bien leurs caractères peuvent être assez dif- 
férens de ceux des végétaux encore existans, pour qu'ils ne puissent 
se ranger dans aucune des familles établies ; dans le premier cas il 
seront placés dans la famille avec laquelle ils ont les rapports les 
plus intimes; dans le second ils seront rélégués à la fin de la grande 
classe du règne végétal dont ils font partie. 

Par cette méthode nous aurons l'avantage de rapprocher autant 
que possible la classification des végétaux fossiles de celle des végé- 
taux vivans , et par les détails de la structure des plantes vivantes 
que nous joindrons à l’histoire de chaque famille, on pourra juger 
facilement de l’analogie plus ou moins intime qui existe entre les 
êtres des deux époques. ! 

En joignant à presque toutes les familles une histoire plus ou 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 


17 
moins détaillée, des végétaux qui. la composent actuellement, de 


leur structure et de leur distribution géographique ; j'ai eu pour 
but principal de réunir dans un même ouvrage toutes les connais- 
sances qui peuvent intéresser les botanistes et les géologues qui 
voudront s'occuper de ce sujet, d'éviter aux premiers des recher- 
ches dans des ouvrages très-variés, «t:de donner aux seconds des 
notions sur des objets souvent étrangers à leurs études; d’ailleurs, 
on verra que la plupart des recherches que j'ai été obligé de faire 
sur l’organisation de ces plantes, et particulièrement sur l’ana- 
tomie de leurs organes de la végétation; n’existent Jusqu'à présent 
dans auçun ouvrage de botanique. 

D'un autre-côté, la distribution géographique des plantes vi- 
vanies d’une. famille, comparée, à la distribution géologique des 
plantes fossiles de cette même famille , fournira des résultats inté- 
ressans , dont. la réunion nous conduira ensuite à des conséquences 
importantes, dont les, bases se trouveront ainsi établies avéc 
précision. 

Telle sera la marche de la partie botanique de cette histoire des 
végétaux fossiles, qui sera destinée à donner un Species aussi complet 
que possible de tous les végétaux renfermés dans les diverses cou- 
ches du globe , et à discuter leurs analogies avec les végétaux vivans. 
Mais cette énumération méthodique réunissant dans le même genre , 
dans la même famille ou dans la même classe des végétaux qui appar- 
tiennent à des couches du globe trés-différentes , et par conséquent à 
des époques de formation très-éloignées, son ensemble ne donnera 
aucune idée du caractère de la végétation à ces diverses époques , pas 
. plus qu'une énumération de tous les végétaux qui croissent actuelle- 
ment sur le globe, ne donne une idée de la végétation propre à une 
région particulière. 

De même que pour nous représenter l’aspect de la nature vivante 
dans les diverses parties de notre globe, nous sommes obligés 
de former des catalogues des animaux et des végétaux propres à 
ces différentes contrées; de même, pour nous former une idée 


juste de l'aspect du règne animal ou du règne végétal, aux époques 
I. 3 


18 HISTOIRE DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 
où. les, diverses couches du globe se sont déposées , il faut réunir dans 
des flores où dans des faunes de l’ancien monde, tous les étres qui 
existaient à une même-époque. C’est ce que nous présenterons dans 
la seconde partie de cet ouvrage. Comparant alors ces flores des 
diverses époques de formation de notre globe, avec lés flores des 
diverses. régions de la surface actuelle de la terre, nous appré- 
cierons, les rapports qui existent entre elles, et nous pourrons, 
jusqu’à un certam point, en remontant des effets aux causes, 
présumer quelle était la natüre, du climat sous l'influénice duquel . 
ces anciens végétaux $e sont développés. Peut-être pourrons-nous ; 
par cette étude , éclaircir plusieurs des points les plus importans de 
l’histoire du globe, terrestreet donner une grande probabilité à des 
théories, considérées: jusqu’à présent comme de simples hypothèses. 
Les végétaux ; fixés aw sol , Qui ne peuvent jamais se soustraire à 
l’action des, agens ‘extérieurs, ét dont la nature dépend ; par cette 
raison , beaucoup. plus: que celle des animaux de toutes lés circon- 
stances physiques qui les environnent et qui réagissent sur eux, nous 
fourniront des données bien plus certaines sur l’état ‘du globe dans 
les temps anciens que:les:animaux de ces époques reculées qui, par 
suite de leur habitation au-sein des mers, ne peuvent nous donner 
que des idées très-imparfaites sur ce même sujet. 


0 PREMIÈRE PARTIE. 
RECHERCHES BOTANIQUES 

| Ter SUR 

LES VÉGÉTAUX FOSSILES. 


pt h} 


LE caractères propres à distinguer les végétaux des animaux , 
lorsqu'ils sont vivans , sont nombreux et laissent rarement de doute 
sur le règne auquel un être organisé appartient; ce n est que parmi 
ces premières ébauches de l’organisation, pt ces êtres miCrosCO- 
piques dont la structure intime échappe à tous nos moyens de 
recherche, que le naturaliste peut hésiter sur Îles limites du règne 
animal et ha règne végétal ; hors de ce véritable chaos que le mi- 
croscope à fait découvrir, les bornes des deux règnes sont bien 
tranchées. à , 

Quoique la destruction des êtres organisés et leur conservation 
dans le sein de la terre leur aient fait perdre une partie de leurs ca- 
ractères les plus importans, cependant il est si peu de cas où Von 
puisse conserver des doutes sur, l’origine végétale ou animale d’un 
fossile , que nous ne croyons pas devoir entrer dans la discussion 
des caractères propres à établir la distinction de ces deux règnes. 
-Nous ferons remarquer seulement que lorsque la forme générale des 
objets n'indique pas immédiatement leur origine, la structure des 
tissus lorsqu'ils sont conservés est un des indices les plus certains de 
la nature animale ou végétale d’un fossile , le tissu des os , des co- 
quilles et des autres parties solides des animaux étant tout-à-fait 
différent de celui des parties ligneuses des végétaux. Enfin, la trans- 


formation complète ou partielle des végétaux fossiles en charbon , 
3. ? 


20 HISTOIRE 


transformation qui a lieu dans la plupart des cas et qui ne se pré- 
sente Jamais ou presque jamais dans les animaux > peut mettre sur 
la voie pour fixer la place d’an COrps organisé inconnu. 

Mais admetions qu'il n’existe pas de doute sur l’origine végétale 
d’un corps fossile. Quels sont les caractères propres à nous faire 
arriver à la connaissance de la classe ou de la famille à laquelle il 
appartient? La méthode de détermination varie tellement suivant 
les organes conservés et soumis à l'examen, qu'on ne peut pas éta- 
blir de règle générale , et que la comparaison seule des-caractères 
des diverses classes et des diverses familles, tels que nous les don- 
nerons, peut conduire à ce résultat. 

Tous les auteurs ne sont pas d’accord sur les divisions primaires 
à établir dans le règne végétal; la plupart, fondant les premières 
divisions de ce règne sur un seul caractère ; n’en établissent que trois, 
les Acotylédones , les Monocotylédones et les Dicotylédones, ou les 
végétaux celluleux , et les végétaux. vasculaires endogènes et.exogènes. 
Si au contraire on fait attention à l’ensemble de tous les caractères , 
et si on veut former des groupes réellement naturels, on sera porté 
à les multiplier davantage. Ce n’est pas ici le lieu de discuter les 
bases de la classification du règne végétal; je vais seulement pré- 
senter la division qui me paraît la plus naturelle, celle que je suivrai 
dans cet ouvrage, où les grandes classes sont portées au nombre de 
six ; le nombre des familles et des espèces renfermées dans ces classes 
est très-différent; mais on sait que dans une classification naturelle 
on ne doit donner aucune importance à cette irrégularité , dont il 
y a tant d'exemples si on considère le nombre des espèces dans les 
genres et celui dès genres dans les familles. 

Ces grandes divisions peuvent se disposer ainsi : 


Ï. Agames. 
IL. Cryptogames celluleuses. 
TT. vasculaires. 


IV. Phanérogam es gymnospermes. 


V. 
VI. 


angiospermes monocotylédones. 
dicotylédones. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 21 

Nous allons exposer rapidement les principaux caractères qui les 
distmguent. 

La première classe est: celle des Agames , en considérant toutefois 
ce nom comme exprimant peut-être seulement notre ignorance. 
Dans cette classe se trouvent les diverses familles confondues sous les 
noms d’Algues et de Champignons, et les Lichens. Le caractère 
commun à tous ces végétaux , est d’être entièrement formés de tissu 
cellulaire ou plutôt de filamens tubuléux entrecroisés, sans vaisseaux 
proprement dits; de ne présenter jamais de vraies feuilles et de 
avoir pour organes de reproduction que des séminules très-fines , 
qui paraissent se développer sans fécondation , et qui sont renfermées 
immédiatement dans des conceptacles membraneux analogues aux 
filamens ou aux cellules du tissu qui compose l’ensemble de la plante. 
Parmi les fossiles on ne connaît de cette classe que quelques Con- 
ferves et plusieurs Algues. 

La seconde classe ;ow celle des Crypiogames celluleuses, com- 
prend les deux familles des Hépatiques et des Mousses ; les organes 
de la végétation quoique uniquement composés de tissu cellulaire 
offrent, dans la plupart des cas, des’ feuilles bien caractérisées par 
leur forme, leur structure et leurs fonctions semblables À celles des 
feuilles des végétaux plus parfaits. Les organes de la reproduction 
présentent déjà une structure plus compliquée, il y a des organes 
sexuels bien distincts et parfaitement décrits par Hedwig ; les sé- 
minules sont contenues dans des concéptacles d’une organisation 
très-complexe; en un mot, il n’y a rien de commun entre ces plantes 
et les précédentes , que l'absence des vaisseaux. Je ne connais encore 
qu'une seule plante fossile qui appartienne à cette classe. 

La troisième classe, ou celle de Cryptogames vasculaires , ren- 
ferme des végétaux dont les tissus plus variés renferment presque 
toujours des vaisseaux bien distincts, le plus souvent des trachées 
ou des fausses trachées , dont les Loan en général très-déve- 
loppées , munies de pores corticaux, dont les tiges souvent très- 
grandes et arborescentes ont quelque analogie par Ré structure avec 
celles des Monocotylédones, enfiu dont je organes de la reproduc- 


22 HISTOIRE 


tion paraissent toujours consister en deux sexes distincts , qui produi- 
sent des séminules ren fermées dans des conceptacles d’une organisation 
assez compliquée : c’est à cette classequ’appartiennentles Équisétacées, 
les Fougères , les Lycopodiacées , les Marsiléacées et les Characées (1). 

Dans la quatrième classe, sous le nom de Phanérogames gymno- 
spermes, nous réunissons les deux familles si remarquables des 
Cycadées et des Coniféres., qu'on ne peut réellement confondre dans 
aucune des autres classes avec des végétaux dont elles sont sidis- 
üunctes par la structure de leurs organes de reproduction , puisque 
leurs graines, dépourvues de capsules, recoivent directement l’action 
de la substance fécondante , et dont elles s’éloignent aussi par l’or- 
ganisation de leurs tiges, très-différentes à beaucoup d’égards , de 
celles des vraies Dicotylédones. 

Enfin, les cinquième et sixième classes sont formées des Mono- 
cotylédones et des Dicotylédones phanérogames , telles qu’elles sont 
définies par tous les botanistes ; nous en: retranchons seulement les 
deux familles qui composent la classé précédente. 

S'il existe peu d’uniformité, quant à l'étendue des six grandes 
divisions primaires que nous venons d'indiquer ;, trois d’entre elles, 
les Agames , les Monocotylédones et les Dicotylédones, renfermant 
un nombre considérable de familles, de genres et d’espèces, tandis 
que les trois autres, et surtout la quatrième, n’en comprennent qu'un | 
nombre beaucoup plus limité ;:du moins on observe une-uniformité 
plus essentielle dans l'importance des caractères , les groupes qu’on 
obtient sont, très-naturels et ne présentent pas de ces disparates 
choquantes qu’on ne peut éviter en divisant le règne végétal seule- 
ment en trois grandes classes, 


(1) L'absence des vaisseaux dans les Chara ne suffit pas pour éloigner cette famille‘ de la 
classe où nous la plaçons ; car on sait que, même parmi des plantes phanérogames bien 
caractérisées, les vaisseaux manquent dans des plantes qui croissent constamment sous 
l’eau, telles que les VNayas ; ainsi la manière de se développer sous l’eau des Chara , explique 
l’absence des vaisseaux, et ce dernier caractère ne nous oblige pas de les ranger dans une 
des deux classes précédentes, avec lesquelles, ces plantes: n’ont aucun rapport par la struc- 
ture de leurs organes reproducteurs qui indiquent au contraire leur place entre les Mar- 


siléacées ct les Nayades. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 23 


AAA RIRE AA AR AA LA A AA A A AR ER AL LR VU UE LA LAVE LEA MU MR LUE LE LRU LEE LAVE VAE ML VE VUE VEUVE EURE 


‘AGAMES. 


S1 l'absence des sexes , et par conséquent de la fécondation , dans 
ces végétaux, n’est pas encore un problème complétement résolu, 
cependant les recherches nombreuses dont ils ont été l'objet depuis 
quelques années , doivent nous porter à penser que la reproduction 
n’exige pas dans ces plantes le concours de deux ordres d'organes 
différens, ou que cé concours, s'il a lieu, s'opère d’une manière 
assez différente de la fécondation proprement dite, pour ne pas être 
confondu avec ce phénomène. Le nom d’Agane exprime donc, où 
l'absence réelle des sexes, ou une diversité telle dans la manière dont 
la fécondation opère, que cet acte a échappé jusqu’à présent à 
toutes les recherches des botanistes. Ces végétaux forment les chaî- 
nons inférieurs de la série du règne végétal, ils nous offrent les 
premières traces dé l’organisation propre à ce règne, et les premiers 
degrés vérs une structure plus compliquée. gi 

Dans léur structure la plus simple, les Agames ne consistent 
qu'en petites vésicules simples, renfermant dans leur intérieur des 
granules qui ne’sont que des vésicules plus petites destinées à répro- 
duire les vésicules mères. Un peu plus développées ellés forment 
des filamens simples, ou continus et sans diaphragmes, ou renfer- 
mant dans leur intérieur une série d’utricules allongés qui par leur 
juxta-position divisent le filament en autant d'articles ; dans le centre 
de ces filamens se trouvent des globules, le plus souvent colorés en 
vert, qui serviront à l’accroissement ét à la reproduetion de la 
plante. Enfin , dans les êtres plus parfaits de cette même classe, ces 
filamens tubuleux et continus, el ces utricules de formes variées, 
en sunissant et s’entrecroisant de toutes sortes de manières, for- 
ment des masses de tissu cellulaire ou plutôt des sortes de feutres 
fibreux qui constituent le ’parenchyne des Agames plus grandes 


24 HISTOIRE 


et plus compliquées. Jamais dans ces plantes on ne découvre 
de vaisséaux réguliers, comme ceux des plantes plus parfaites ; 
jamais on ny voit, ni vaisseaux ponctués, ni tubes poreux, ni 
trachées ; tout le tissu est homogène, ou varie peu dans sa nature, 
et dans la plupart des cas, les divers élémens qui le composent 
n’adoptent pas de disposition régulière, C’est ce qu’on observe dans 
les plus grandes plantes de cette division , telles que les Champignons, 
les Lycoperdacées , les Fucacées , les Lichens. 

Lorsque ces végétaux présentent des expansions analogues pour 
leur forme aux feuilles des plantes des autres classes, ces feuilles 
différent, à beaucoup d’égards , de celles des végétaux plus élevés 
dans la série organique ; elles sont rarement régulières et symétri- 
ques , le plus souventce ne sont que des expansions irrégulièrement 
lobées, comme dans les, Lichens et la plupart des Fucacées. Les 
nervures qui les traversent, lorsqu'il en existe, ne sont produites 
que par un simple épaississement du tissu général de la fronde sans 
vaisseaux qui leur donnent cette netteté et cette distribution réguliére 
des nervures des véritables feuilles; enfin, la surface de ces piantes , 
même lorsqu'elles croissent dans l'air, n’est pas couverte d’un épi- 
derme percé de pores particuliers, comme celui des plantes plus 
parfaites ; aussi leurs fonctions paraissent-elles s’opérer d’une manière 
très-différente. 

Quant à leurs organes de reproduction , ce sont de simples 
globules sphériques ou ovoïdes , de grosseur variée , mais générale- 
ment très-fins, tantôt dispersés dans toutes les parties du végétal , 
comme dans les Conferves et dans les Ulves, tantôt contenus dans 
des conceptacles particuliers, comme on l’observe dans les Céra- 
miaires , les Fucacées , les Champignons, les Lichens , etc. ; mais les 
conceptacles qui contiennent immédiatement ces corpuscules .re- 
producteurs sont toujours des utricules ou des filamens membra- 
neux analogues à ceux qui composent le tissu même de la plante , et 
on n’observe dans ces plantes rien d’analogue à la structure compliquée 
des graines ou des fruits des végétaux cryptogames ou phanérogames. 

Douze familles composent cette grande division des Agames, ce 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 25 


sont les Chaodinées , les Arthrodiées , les Confervées , les Céramiai- 
res (1), les Ulvacées , les Fucacées (2), les Urédinées , les Mucédi- 
nées , les Lycoperdacées, les Champignons, les Hypoxylons (3) et les 
Lichens. De ces douze familles, trois ou quatre seulement parais- 
sent se trouver à l’état fossile, et nous sommes même obligés de les 
réunir en deux groupes, faute de caractères propres à les déter- 
miner dans cet état. Ainsi, nous ne pouvons distinguer à l’état 
fossile les plantes appartenant aux quatre premières familles, et nous 
sommes forcés de ne former qu’un seul groupe de tous ces végétaux, 
sous le nom de Conferves, comme Linné l’avait fait anciennement 
pour les plantes vivantes; mais le nombre des espèces fossiles de 
ces familles est si peu considérable , que cette réunion n'aura pas 
d'inconvémient. Îl en est de même des Ulvacées et des Fucacées ; 
les caractères propres à les faire reconnaître ne persistant pas dans 
les fossiles, ce ne serait que d’après des données très-vagues que 
nous pourrions les distinguer. Nous préférons donc réunir toutes 
les plantes Agames fossiles sous les deux titres de Conferves et 


d’Algues, 


(1) Voyez, pour prendre une idée de ces quatre familles, les articles de M. Bory de 
Saint-Vincent dans le Dictionnaire classique d'histoire naturelle. 

(2) Cette famille comprend les Dictyotées, les Floridées et les Fucacées de Lamouroux. 

(3) Voyez, pour les cinq familles précédentes, mon Æssai d’une classification naturelle 
des champignons. Levrault. 1895. 


26 HISTOIRE 


À OASIS AAAAA AAA  MAA  LAA AUE MA A M LE L AA PUL LULELE LUE 


CONFERVES. 


Nous appliquerons le nom de Conferves, comme Linné Pavait 
fait, à tous les végétaux cryptogamies qui se présentent sous la forme 
de filamens simples ou rameux, presque toujours distinctement arti- 
culés, et qui croissent dans l’eau. Ils différent des Mucédinées par ce 
dernivr caractère, par leur existence de plus longue durée , et par plu- 
sieurs points de leur organisation, que nous ne pourrions essayer de 
faire connaître sans nous éloigner beaucoup de notre but. La plupart 
de ces caractères disparaissent en effet lorsque ces végétaux sont deve- 
nus fossiles ; mais comme la consistance moile et l'existence passagère 
des Moisissures ne leur permettraient pas de se conserver à l’état fos- 
sile, nous pouvons à peine douter que les filamens qui se rencontrent 
dans quelques cas dans des roches ne soient des débris de Conferves, 
surtout lorsque nous pouvons y apercevoir des traces d’articulations. 

Les botanistes modernes, en étudiant, avec le secours du mi- 
croscope, l'organisation très-variée de ces singuliers végétaux, en 
suivant leur développement et leur mode de reproduction, ont été 
conduits non-seulement à établir un nombre infini de genres dans le 
grand genre Conferva de Linné, mais ils ont même cru devoir en 
former plusieurs familles qui diffèrent en effet beaucoup par leurs 
caractères les plus essentiels. On conçoit que si, dans la plupart des. 
cas , les caractères communs à tous les êtres de ces diverses familles 
disparaissent en grande partie lorsque ces plantes se sont conservées | 
à l’état fossile , à plus forte raison devons-nous renoncer à distinguer 
les familles et les genres que l’observation microscopique, répétée aux 
différentes époques de la vie de ces petits végétaux, a pu seule per- 
mettre d'établir. Ce n’est donc que d’après l’analogie générale des 
formes que nous pourrons indiquer quelques traits de ressemblance 
entre les fossiles de cette famille et les espèces vivantes; et d’ailleurs 


l 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 37 


ces fossiles n’ont été jusqu’à présent observés que dans un si petit 
nombre de cas, que ces plantes jouent un rôle bien peu important 
dans la Flore de l’ancien monde, 

On sait que les Conferves, en prenant ce mot dans son acception 
la plus étendue , croissent également dans les eaux douces et dans la 
mer. Cependant les espèces , et même souvent les genres qui crois- 
sent dans l’un de ces milieux, ne peuvent se développer dans 
l'autre. En général les espèces marines sont donées d’une texture 
plus solide, leurs filamens sont plus gros et plus tenaces que ceux 
des espèces d’eau douce ; aussi les espèces fossiles paraissent-elles se 
rapprocher davantage des premières que des dernières. Quant à la 
distribution géographique de ces plantes , on peut remarquer qu’elles 
paraissent beaucoup plus fréquentes dans les mers tempérées que dans 
les mers de la zone équinoxiale, tandis que le contraire s’observe 
pour les Fucus et pour les autres plantes marines non articulées ; aussi 
le petit nombre de Conferves fossiles que nous connaissons se trou- 
vent-elles dans des terrains assez modernes, tandis qu’un grand 
nombre de Fucus se rencontrent dans des couches plus anciennes. 
Nous ne connaissons, par exemple, aucune espèce de Conferves dans 

-le terrain houiller. Certains filamens rameux et sinueux qu’on distin- 
gue quelquefois sur les schistes de cette formation pourraient bien, 
au premier aspect, être pris pour des impressions de Conferves ; mais 
ces empreintes sont plus larges que les tubes de la plupart des Con- 
ferves, et ne présentent aucune trace des articulations qui caracté- 
risent cette famille. Leur aspect ressemble davantage aux tubes 
étroits et rameux de quelques variétés de l'Ulva compressa et de 
l'Ulva clathrata; mais les échantillons de ces empreintes, que j'ai 
observés , étaient dans un état trop imparfait pour qu'il me semble 
possible de se former une opinion à leur égard. Il me paraît cependant 
probable que ce sont plutôt des fragmens de plantes plus parfaites que 
quelque cryptogame entière , et je serais porté à penser que ce sont 
des radicelles aquatiques de quelques plantes analogues à celles que 
M. Artis a publiées sous le nom de /ydatica et de Myriophyllites. 

Les premières plantes, bien caractérisées pour appartenir à cette 


4. 


28 HISTOIRE 

famille, se rencontrent dans la craie. Cest à Arnager, dans l’île 
de Bornholm, dans un terrain qui paraît correspondre à la craie 
tufau , qu’on a rencontré ces fossiles, qui constituent deux espèces 
bien distinctes que je décrirai sous les noms de Confervites fasci- 
culata et de Confervites ægagropiloides. Je ne connais rien de sem- 
blable dans la craie des autres pays. Quelle que soit l'opinion qu’on se 
forme sur le second de ces fossiles, l’origine marine de ces deux 
plantes ne paraît pas douteuse , aucune de nos Conferves d’eau douce 
n'ayant la raideur de la première de ces espèces, et la seconde se rap- 
prochant peut-être plus des Ægagropiles marines formées par les 
fibres des feuilles du Caulinia oceanica, que des Conferves d’eau 
douce qui se groupent en forme .de sphère. 

Le calcaire de Monte-Bolca , si riche en fossiles’ marins végétaux 
et animaux, contient aussi quelques empreintes qui paraissent se 
rapporter à la famille des Conferves, et se rapprocher surtout des 
espèces marines les mieux caractérisées. C’est dans la collection de 
M. le comte de Gazola , à Vérone, que J'ai pu étudier ces fossiles ; . 
mais ces empreintes étaient malheureusement trop déliées et trop 
peu nettes , pour qu’on püt les dessiner, en bien étudier la structure , 
et par conséquent en fixer les caractères spécifiques ; sur quelques- 
unes cepéndant on voyait des traces bien évidentes d’articulations , 
et l’une d’entre elles portait, vérs l'extrémité des rameaux , des grains 
noirs arrondis , semblables à ceux qui constituent les organes re- 
producteurs des Céramiaires, famille de plantes confervoïdes en- 
tièrement propre à la mer. On reconnaît facilement que ces fossiles 
appartiennent à plusieurs espèces différentes; mais 1l faudrait un 
grand nombre d'échantillons et un examen très-minutieux , que je 
n’ai pu faire alors, pour pouvoir fixer leurs caracteres, et détermi- 
ner avec quelque probabilité leurs analogies avec les espèces vivantes. 
Toutes les espèces de cette localité que j'ai vues dans la collection de 
M. Gazola se rapportent aux Céramiaires à filamens simples ou 
dichotomes, que les algologues modernes ont distribuées dans les 
genres Ceramium, Griffitsia et Hutchinsia ; aucunes ne présen- 
taient des rameaux pinnés comme les Sphacelaria ou les Calli- 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 2 


thamnium, ou des rameaux verticillés comme les Cladostephus 


co 


et quelques espèces de Ceraruium. 

Depuis long-temps on a cru reconnaître des Conferves dans ces 
filamens irréguliers qui remplissent les variétés d’Agates , auxquelles 
on a donné le nom d’Agates mousseuses. Daubenton le premier a 
fait connaître son opinion à cet égard (1); et, tout en admettant 
pour de simples infiltrations les arborisations des Âgates , il crut dis- 
tinguer dans certaines Agates mousseuses de véritables végétaux, et 
particulièrement des Conferves et des Mousses. Les figures qu'il a 
publiées de ces objets sont trop imparfaites pour qu’on puisse se for- 
mer une idée des objets qu'il a voulu représenter, et Je mai pu 
retrouver rien d’analogue à ses figures de Mousses parmi les échan- 
tillons, soit de l’ancienne collection du Jardin des Plantes, soit de 
celle de l'Académie des Sciences. Quant aux filamens confervoïdes, 
un grand nombre d'échantillons en présentent qui ont l'aspect de 
ceux figurés par Daubenton; mais nous verrons tout à l’heure 
l'opinion qu’on doit se faire sur ces prétendues Conferves. Plus tard, 
Blumenbach , dans une lettre au baron de Moll, dont un extrait est in- 
séré dans les Annales de Philosophie(2), convint que, bien qu’il eût 
jusqu'alors rejeté la présence des végétaux dans les Calcédoines , il 
devait alors admettre que ces pierres contiennent quelquefois de 
vrais végétaux probablement de la nature des Conferves. il dit en 
avoir observé dans des échantillons d'Islande et de Catherinebourg. 
Il ajoute que, dans une Agate qui avait appartenu à un prince 
japonais, il avait reconnu la fructification d’une plante inconnue, 
ressemblant assez à celle du Sparganium erectum. Cette opinion, à 
laquelle le nom d’un savant aussi célèbre donnerait de l'autorité, n’a 
malheureusement jamais été développée davantage par son auteur, 
qui n’a publié ni description détaillée , ni figures des végétaux qu'il 
croit avoir distingués dans ces Calcédoines. 

: La même opinion a été soutenue par M. Macculloch (3), qui a 


(1) Mémoires de l'Académie des sciences, 1782, p. 667. 
(2) Annals of philosophy, 1814, tom. I, p. 217. 
(8) Trans. géolog., 1'°. série , tom. IT, p. 510. 


30 HISTOIRE 


prétendu que les Calcédoines renfermaient des arborisations de deux 
sortes : les unes , dues à de véritables végétaux; les autres formées par 
des infiltrations minérales. Il assure que ces deux sortes peuvent être 
distinguées tant par leurs caractères extérieurs que par leur nature 
chimique , les premières devenant toujours noires lorsqu'on les fait 
bouillir dans de l’acide sulfurique, tandis que les autres conservent 
leur couleur primitive, et font une légère effervescence. Le même 
naturaliste dit avoir observé quelquefois des articulations dans ces 
filamens; mais malheureusement les figures qu’il a données de ces 
objets ne sont pas assez grossies , et laissent par conséquent beau- 
coup à désirer. Si on s’en rapportait à ces figures , l'est certain qu'on 
aurait de la peine à se refuser à reconnaître dans quelques-unes d’entre 
elles des portions de végétaux même plus compliqués que des Con- 
ferves , tels que des Jungermannes. Mais ces infiltrations simulent 
quelquefois tellement les formes extérieures d’un végétal , qu'il faut 
bien connaître les plantes de ces familles pour ne pas s'y tromper. 

Désirant par conséquent m’assurer par moi-même de la nature de 
ces prétendus végétaux , Jai examiné un nombre assez considérable 
d'Agates mousseuses, provenant soit des collections publiques, soit de 
plusieurs collections particulières de Paris; je les ai observées non 
avec une simple loupe, mais avec l’excellent microscope d’Amici, dont 
je n’employais cependant que les faibles grossissemens compris entre 
5o et 100 environ en diamètre. Dans la plupart des cas , la transpa- 
rence de ces Agates m'a permis de bien observer, au moins dans 
certains points , la disposition de ces filamens , et j'ai pu alors m’as- 
surer non-seulement qu'ils n'avaient aucun des caractères des plantes 
de la famille des Conferves, ou de toute autre plante, mais qu'ils 
présentaient méme des caractères qui prouvaient que c'étaient de 
simples infiltrations et non pas des végétaux. J’ai représenté dans 
les Fig. 7 et 8 de la PI. 1, les deux formes sous lesquelles se pré- 
sentent le plus fréquemment ces infiltrations. La Fig. 7 offre la dis- 
position qu'adoptent en général les infiltrations brunes des Agates 
mousseuses presqu’opaques; les filamens, très-irréguliers quant à 
leur grosseur et à leur mode de division, somt diversement renflés ; 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 31 


ils sont assez nettement limités, sans nébulosité autour d'eux, et 
paraissent formés par une matière grumeleuse d’un brun noirâtre 
qui-remplit de petits canaux filiformes et irréguliers , distribués sans 
ordre dans la Calcédoine. Ces infiltrations sont très-souvent irrégu- 
lièrement anastomosées, ce qui éloigne toute idée de plante confer- 
voïde, puisque dans les seuls cas où de semblables anasiomoses 
existent parmi les Conferves , elles donnent lieu à un réseau fort 
régulier comme celui de l'Hydrodyction , où à un mode de réticula- 
tion , irrégulier il est vrai, mais bien distinct de celui de ces infil- 
trations, et tel qu’on l’observe dans les Conjugées , particulièrement 
dans le Zyonema genuflexum. Je ne connais de plantes dont les 
anastomoses irrégulières soient analogues, à quelques égards, à 
celles que présentent ces infilirations, que dans le genre ÆArzo- 
morpha , genre qui, sous tous les autres rapports, n’a aucune ana- 
logie avec les infiltrations des Agates. 

Ces infiltrations brunes, dont un petit rameau est représenté 
Fig. 9, sont les plus fréquentes; mais les plus remarquables par 
leur aspect agréable et par leur ressemblance au premier coup d'œil 
avec des Conferves, sont les infiltrations vertes dont la Fig. 8 montre 
quelques portions très-grossies. La matière qui les forme paraît 
beaucoup plus ténue que celle des infiltrations brunes, de sorte 
quelle a pour ainsi dire teint la Calcédoine à quelque distance des 
petits canaux dans lesquelles infiltration s’est formée ; aussi voit-on 
toujours dans le milieu des filamens une ligne plus opaque produite 
par une matière d’un vert foncé. Cette ligne paraît représenter le pe- 
tit canal lui-même qui traverse la Calcédoine ; elle est renflée irré- 
gulièrement de distance en distance! et la nébulosité verdâtre formée 
par l’infiltration de la substance colorante dans la pierre elle-même 
a suivi toutes les irrégularités de ce canal. 

La forme plus ou moins linéaire ou fortement mamelonnée de 
ces infiltrations nébuleuses , leur plus où moins grande opacité, 
paraissent dépendre de l'étendue de ces canaux et de la quantité de 
substance colorante qui y était contenue; du reste, Vaspect de 
ces infiltrations , les anastomioses fréquentes qu’elles forment , leur 


32 HISTOIRE 
irrégularité , éloignent toute idée d’origine végétale. Quelques plantes 
gélatineuses et trémelloïdes , telles que les Linckia, Mesogloia, etc., 
ont bien un peu de cet aspect, mais jamais elles n’affectent cette 
disposition filamenteuse et anastomosée, et l’examen microscopique 
ue permet plus d'établir aucune analogie ; car, avec un grossissement 
tel que celui que nous avons employé, ces plantes présenteraient des 
caractères de structures qui les feraient reconnaître immédiatement. 
Ces deux formes d’infiltrations sont celles qui se montrent le plus 
ordimairement dans les Agates mousseuses; j'en ai observé une 
autre , dans un coin d’une plaque remplie d’infiltrations brunes, qui 
ine laisse quelques doutes sur son origine. Je l'ai représentée , Fig. 6 
de la PI. TI. Elle offre une régularité dans les filamens qui la compo- 
sent et dans leur mode de division , qui rappelle assez bien plusieurs 
Conferves, et particulièrement quelques espèces du genre Bangia, 
telles que le Bangia atrovirens (Lynove tent. hydroph. Danicæ, 
tab. 25, Fig. B.) ; mais cependant il serait possible que ce ne fût 
encore qu'une infiltration plus régulière, produite par des canaux 
très-fins et ramifiés avec ordre. Ce qui me le ferait croire, c’est le 
mode de distribution de la matière opaque, vers le centre des fila- 
mens. Dans les plantes confervoïdes auxquelles on pourrait comparer 
ces filamens , la matière opaque, granuleuse et colorée, remplit 
toute la cavité d’un tube membraneux, mince; la partie transpa- 
rente, dépourvue de cette matière granuleuse, ne forme donc sur les 
bords qu'un liseré étroit, produit par l’épaisseur du tube. Ici, au 
contraire, la matière opaque occupe une ligne centrale étroite, qui 
paraît être le canal lui-même dans lequel la substance colorante a 
pénétré, et tout autour de ce filet central se trouve une couche demi- 
transparente, beaucoup plus épaisse que ne le serait un tube mem- 
braneux , et qui paraît, comme dans les infiltrations vertes, être le 
résultat de l’infiltration de la matière colorante dans la substance 
même de la pierre. Malgré son apparence beaucoup plus analogue à 
celle d’une plante, je crois donc encore que ce n’est qu’une infiltra- 
tion plus régulière. Ainsi les recherches que j'ai faites n’ont pu 
jusqu’à présent me faire reconnaître, dans les Calcédoines, des 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 33 
plantes bien caractérisées , soit comme appartenant au groupe des 
Conferves , soit comme se rapportant à une autre famille. 

Quant au mode de formation de ces infiltrations dans l’intérieur 
de la Calcédoine , il n’est pas du tout dans mon sujet de chercher à 
l’expliquer ; je laisse aux minéralogistes à discuter la manière dont 
les petits canaux que remplit la matière colorante se sont formés , 
l’état solide ou gélatineux de la silice dans ce moment, et la nature 
de la matière qui sy est introduite. Mon seul but était de montrer 
que dans la plupart des cas, si ce n’est dans tous , le règne végétal 
n'entrait pour rien dans la cause de ces infiltrations, c’est-à-dire 
qu'elles ne représentaient pas des végétaux, et que leur manière de 
se-ramifier prouvait. même que les canaux qui occupaient leur axe, 
ne devaient pas leur origine à des filaments confervoïdes, que ces 
infiltrations auraient ensuite enveloppés et fait disparaître ; je sais 
que l'existence de végétaux confervoïdes dans les eaux chaudes, qui 
renferment la plupart du temps de la silice en dissolution , aurait 
pu expliquer leur présence dans ces pierres ; mais les végétaux des 
eaux thermales sont des oscillatoires , genre de Conferves qui, plus 

que tout autre, s'éloigne des infiltrations des Calcédoines par ses 
filaments toujours simples et le plus souvent droits ou peu flexueux. 

Outre les prétendues Conferves fossiles des Agates mousseuses , 
on irouve encore trois espèces de Conferves indiquées comme 
renfermées dans des roches assez anciennes. 

Deux ont été figurées par M. de Schlotheim ; la première est com- 
parée par lui au Conferva rutilans (1); M. Agardh la inséré dans 
son $Systema, sous le nom de Conferva Schlotheimii (2), et l’a 
considéré comme plus voisine du Conferva glomerata ; cependant 
il me semble très-probable que ce n’est pas un véritable fossile, 

- mais une Rhizomorphe ou des racines qui ont pénétré dans un 
schiste superficiel ; son origine me paraît la même que celle de 
l'Algacites crispiformis , dont je parlerai plus bas et qui se trouve 
réuni avec celte plante dans les mêmes échantillons. 


(1) Nachtrage zur petrefactenkunde , 1822, p. 48, tab. 7 fig. 1. b. 


(2) Systema algarum, p. 122. 


I. 6] 


34 HISTOIRE 

La seconde espèce (1) indiquée par le même. naturaliste ,: me 
paraît également fort douteuse; ‘elle se présente sous forme de 
faisceaux de filamens, rapprochés et parallèles, dans une marne 
des environs de Kahla, dans l'Altenburg, marne qui appartient 
à la formation du calcaire conchylien (Muschelkalk) de la Thuringe. 
M. de Schlotheïm doute si c’est une Conferve ou une Coralline , et 
d’après la figure, il est impossible de se former une idée précise 
sur ce fossile. 

Une troisième espèce de cette famille est décrite et figurée dans 
un ouvrage récemment publié par M, Jæger,-sur les plantes fossiles 
du grès à bâtir des environs de Stuttgard; il donne à celte espèce 
le nom de Confervoides arenaceus (2); mais j'avoue qu'ilme paraît 
difficile de reconnaître dans cette empreinte une Conferve ; il y a 
dans le mode de division , et surtout dans la grosseur des filamens, 
une irrégularité qu’on m’observe jamais dans les plantes de cette 
famille et qui n’est même pas aussi marquée dans les Rivularta , 
Linckia, Mesogloia et autres genres gélatineux avec lesquels 
M. Jæger compare cette espèce et qui seuls, en effet, ont quelque 
analogie éloignée avec cette plante. 


(D) dbid. tab. V, fig. 2. 
(2) Uber die Pflanzenversteinerungen welche in dem Bausandstein von Stuttsard 
vorkommen von D°. Georg. Fried. Jæger. Stuttgard , 1827, p. 34, tab. VII, fig. 2. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 35 


CONFERVITES. 


Filamenta simplicia vel ramosa, septis intersecta. 


1. CONFERVITES FASCICULATA. 


Filamenta simplicia, rigida, fasciculata, recta vel vix incurva, 
externé lævia ; dissepimenta ? loculamenta , longitudine filamenti 
latitudini æqualia, efformantia. 


Gisémenr. Dans la craïe tufau, 


Locirrré, Arnager dans l'ile dé Bornholm. (Coll. de S. A: R. le prince 
Christian de Dancmarck.) 


Cette plante se présente sous la forme de filamens simples fasci- 
culés, raides ou légèrement arqués , très-fins , longs de 6 à 8 cent., 
dont la matière végétale ne paraît plus exister. Dans quelques en- 
droits on peut distinguer dans ces petits tuyaux des cloisons qui lais- 
. sent entre elles des espaces à peu près égaux au diamètre des filamens 
eux-mêmes. 

Quoiqu'il soït très-difficile, d’après ces caractères , de déterminer 
les rapports de cette plante fossile avec les espèces vivantes, cepen- 
dant ses filamens simples , assez raides, fasciculés , et la disposition 
des articulations la rapprochent des Conferves simples marines, 
voisines du Conferva Linum et surtout du Conferva ærea de 
Lyngbye (Hydroph. Danica, tab. 51, A). Le Conferva Linum , 
qui est si commun sur nos côtes , en diffère surtout par ses filamens 
beaucoup plus entre-croisés et moins raides. Le Conferva melago- 
nium , dont l'aspect général se rapproche assez de celui de espèce 
fossile , a les filamens plus gros et les articles plus allongés et plus 
renflés. Le Conferva œrea, au contraire, se rapproche beaucoup 
de la plante fossile par sa taille et sa manière de croître, par ses 


filamens simples, raides et fasciculés , et par la disposition de ses 
articulations, 


HISTOIRE 


[sù 
[ep] 


2. GONFERVITES? ÆGAGROPILOIDES. 


Filamenta simplicia? recta, rigida, intertexta et sphæram effor- 
mantia ; dissepimentorum vestigia nulla. 


Gis. Dans la craie tufau. 


Loc. Arnager dans l’ile de Bornholm. { Coll. de $. A. R. le prince Christian. ) 


Les rapports de cette plante ayec les espèces vivantes sont plus 
douteux que ceux de l'espèce précédente; elle forme dans la craie 
des taches arrondies , paraissant provenir d’une sphère comprimée , 
composées d’une infinité de filamens courts, raides, simples , entre- 
croisés dans tous les sens. Il est impossible de distinguer aucune 
trace d’articulations sur ces filamens. 

Ainsi, cette empreinte diffère beaucoup de celle qui serait pro- 
duite par le Conferva ægagropila, dont elle rappelle d’abord la 
forme générale, mais dont les filamens rameux partent tous en 
divergeant. d’un centre commun: Dans la plante que nous décri- 
vons, les filamens raides et courts sont au contraire entre-croisés 
dans tous les sens, et plutôt perpendiculairement aux rayons que 
dans leur sens ; elle rappelle par-là tout-à-fait ces boules qu’on a 
nommées ægagropiles marines, qu’on trouve fréquemment sur les 
bords de la mer, particulièrement sur les côtes de la Méditerranée, et 
qui sont formées par les fibres entre-croïisées des feuilles du Caulinia 
oceanica ; il serait seulement difficile de comprendre comment des 
masses aussi épaisses auraient pu être réduites à une lame aussi 
mince que ces fossiles, sans perdre toute espèce de trace de leur 
texture. Du reste, on peut concevoir la formation de ces boules 
fibreuses dans l’ancien monde, aussi-bien qu'à présent, puisque 
nous trouvons les feuilles de plusieurs espèces de Caulinia ou de 
Zostera dans les lignites inférieurs à la craie, et que lAmphitoites pa- 
risiensis nest qu’une tige de Cauliniæ dépourvue de feuilles. ( Voyez 
l'article dela famille des Nayabss, et le Mémoire que jai publié sur 
les Fucoïdes. Mém. Soc. hist. natur. de Paris, tom. I, p: 301.) 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 37 


RAA AA AAA AA AAA SA USA AA AAA LR AE LUE LEA LA VAE LEE LE LA A LA LOL LAS LUEUR LS EE LULU LEA TELLE 


ALGUES. 


Nows réservons ce nom à toutes les Cryptogames aquatiques non 
articulées qui forment les deux familles des Ulvacées et des Fuca- 
cées (1), familles qu'il nous paraît difficile, dans beaucoup de cas, 
de distinguer à l’état fossile, leur caractère résidant essentiellement 
dans la disposition des corps reproductéurs et dans la nature du 
tissu qui compose leurs frondes, caractères qui tous deux dispa- 
raissent le plus souvent dans les plantes fossiles. 

Ces plantes ont de commun leur manière de croître presque sans 
exception dans les eaux salées , quelques Ulves seulement pouvant se 
développer dans les eaux douces ; elles se présentent sous des aspects 
si variés, qu'il est presque imposible de s’en former une idée juste 
sans avoir jeté les yeux , soit sur les plantes élles-mêmes, soit sur les 
figures qu'on en a publiées (2). Cependant elles offrent toujours une 
fronde continue , d’une consistance molle et charnue dans la plupart 
des Ulvacées et dans quelques Fucacées , coriaces mais flexibles dans 


(1) Sousile nom de Fucacées nous réunissons les Fucacées et les Floridées de M. Agardh, 
ou les Fucacées,, les Floridées et les Dictyotées de Lamouroux, qui sont des tribus fort 
naturelles; mais qui ne jrésentent pas, à ce qu'il nous semble, de caractères assez tran- 
chés pour les considérer comme des familles distinctes. 

(2) Les meilleurs ouvrages à consulter sur ce sujet , et pour prendre une idée exacte des 
plantes de cette famille, sont : Turner, Historia fucorum, 4 vol. in-{°. London ; 1802; 
Lyngbye, Tentamen hydrophytologie Danicæ, 1 vol. in-{°. Hafniæ, 1819. On hénrtt 
aussi d'excellentes figures de plusieurs espèces très-remarquables de cette famille dans la 
partie botanique de la relation du voyage autour du monde, de la corvette Za Coquille , 
sous les ordres du capitaine Duperrey. Ces figures, dues à M. Bory de Saint-Vincent , 
surpassent tout ce qu'on a publié jusqu’à présent sur le même sujet. Les personnes qui 
désireraient les étudier sur la nature même trouveront de fort beaux échantillons des 
espèces de nos côtes , dans la collection des Algues de Normandie, publiée par M. Chauvin. 
Enfin les mémoires de Lamouroux, insérés dans lés Annales du Muséum d'histoire 
naturelle, renferment ce qu'on a de meilleur sur la structure et la classification de ces 
plantes, ainsi que de bonnes figures de plusieurs d’entre elles. 


38 HISTOIRE 


presque toutes les Fucacées, d’un vert clair dans le plus grand 
nombre des Ulvacées, d’un vert olive, d’un brun foncé, où d’un 
rouge plus ou moins vif dans la plupart des Fucacées. 

Quant à leur forme, tantôt elles ne présentent que des mem- 
branes irrégulières, diversément lobées et repliéés, sans aucune 
irace de nervures ; telles sont les Ulves’' proprement dites , plusieurs 
Delesseria, Dictyota, Halymenia, etc., qui, à l’état fossile, 
pourraient facilement être confondues avec les Ulves, quoiqu’elles 
en différent beaucoup par la solidité du tissu de leurs frondes , 
et par leur mode de reproduction; taniôt ces membranes de 
forme plus régulière sont parcourues par des nervures peu mar- 
quées et qui ne se présentent que comme un épaississement de la 
fronde , vague et mal limité; c’est ce qui a lieu dans beaucoup de 
Delesseria: 

Dans d’autres plantes de cette famille, la fronde extrémement 
divisée ne représente plus une véritable membrane, mais plutôt une 


tige aplatie, quelquefois entourée d’un rebord membraneux, et 


dont les divisions sont cependant disposées dans un même plan, 
comme si elles résultaient de la découpure d’une même membrane ; 
telles sont les Delesséria alata et autres plantes de ce groupe, 
ainsi que plusieurs Fucus. Enfin, d’autres Algues noffrent plus 
qu’une vraie tige cylindrique plus ou moins ramifiée, tantôt nue, 
tantôt couverte d’appendices auxquels on donne le nom de feuilles , 
mais qui diffèrent à beaucoup d’égards des véritables feuilles des 
plantes plus parfaites. Ces feuilles sont quelquefois de simples tu- 
bercules charnus, coniques, cylindriques ou renflés en massue, 
insérés de toute part autour des tiges et des rameaux, comme les 
feuilles des Sedum et de plusieurs autres plantes grasses, dont ces 


plantes marines ont un peu l'aspect; c’est ce qu'on remarque parti- 


culiérement dans certainés espèces de Caulerpa et dans le genre 
Tanmnophora ; d'autres fois ces organes se présentent sous la forme 
de véritables expansions membraneuses foliacées, dentelées sur leurs 
bords , et traversées par des nervures assez bien limitées , quoique 
moins nettes que dans les plantes vasculaires ; telles sont les feuilles 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 39 


des S'argassum, qui composent le genre dont lorgamisation est la 
. plus compliquée. | 

La fructification de ces plantes affecte aussi des aspects très- 
différens, tantôt ce sont des tubercules infiniment petits , presque 
plongés dans la substance de la fronde , comme on l’observe dans les 
Dictyota , tantôt elle forme des tubercules arrondis ; saillans, quel- 
quefois pédicellés comme de petites perles, ainsi qu'on le voit dans les 
Delesserie , et dans le grand genre $phærococcus ; enfin d’autres fois 
ces tubercules de fructifications groupés ensemble, forment des 
masses mamelonnées beaucoup plus considérables ; tels sont les or- 
ganes reproducteurs des Fucus , des Cystoseira des Sargassur, etc. 

Ce que nous venons de dire des formes des Algues suffit pour 
montrer combien elles sont variées , et pour qu'on ne s'étonne pas 
de trouver des espèces si différentes les unes des autres parmi les 
fossiles de cette famille; on sent aussi combien il est diflicile, au 
milieu decette variété de forme, de donner des caractères pour les 
reconnaître à l’état-fossile où les formes seules peuvent nous diriger. 
Cependant la continuité du tissu de la plante dans toutes ses parties, 
l'absence de toute véritable articulation, et par conséquent de cica- 
irices provenant de la chute des feuilles, l'absence mêmedes feuilles , 
ou , lorque ces organes existent , la disposition vague des nervures, 
qui sont peu marquées et Jamais anastomosées, enfin le défaut 
presque constant de symétrie dans les frondes, sont les caractères 
les plus imporians , propres à définir ces plantes. + 

Les Algues constituent une famille très-nombreuse. En ne com- 
prenant sous ce nom que les plantes marines non articulées, on en 
connaît plus de 500 espèces décrites, sans compter un grand nombre 
d'espèces inédites que renferment les Herbiers (1). Ges plantes, 
comme celles qui croissent dans l'air, sont soumises à linfluence des 


(1) Lamouroux portait le nombre total des espèces existant dans les herbiers à 1,600, en 
y comprenant toutes les plantes marines articulées et à tissu continu , et par un calcul de 
proportion il arrivait à conclure qu’il en existait probablement 5 à 6,000 dans toutes les mevs 
du globe; mais ce calcul n’est pas fondé sur des bases bien solides, car ces plantes varient 
moins d’un lien à un autre .que les plantes phanérosames qui Jui ont servi de terme de cem- 


paraison, et-dont en outre le nombre total est encore très-problématique. 


et 


40 HISTOIRE 


climats, et varient beaucoup suivant la zone où on les observe ; cer- 
lains genres même sont presque entièrement propres à une latitude 
déterminée ou du moins présentent leur maximum sous cette latitude. 

Lamouroux , qui avait fait une étude si approfondie de ces végé- 
taux, et.qui en avait réuni une collection très-nombreuse, a le 
premier jeté Les bases de la géographie botanique marine; et, sans 
le suivre dans toutes les considérations intéressantes que ce sujet lui 
a suggérées , nous puiserons dans son travail quelques données im- 
portantes sur la distribution des formes végétales marines, suivant 
les diverses zones du globe (1). Nous pourrons apprécier ainsi la 
nature du climat nécessaire au développement de certains genres, et 
par suite tirer de la présence des végétaux de cette famille propres 
à certains terrains, quelques présomptions sur les circonstances 
qui avaient présidé à leur développement. 

Les mers des régions polaires boréales sont particulièrement ha- 
bitées par d'immenses Laminaires beaucoup plus fréquentes dans ces 
iners que dans celles des régions tempérées ; les vrais Fucus croiïssent 
aussi en grand nombre sur ces côtes ; plusieurs espèces de Delesseria 
et de quelques autres genres de Floridées s'étendent jusqu’à cette 
latitude , quoiqu’elles y soient moins fréquentes que dans les climats 
tempérés ; enfin, les Ulves abondent sur ces rivages plus que sur 
aucun autre. Cette végétation circumpolaire paraît la même dans le 
nord de l'Océan atlantique et sur les côtes du détroit de Béring 

Dañs la zone polaire australe, à l'extrémité de l'Amérique et à la 
terre de Diémen , les Laminaires qui avaient cessé d'exister dans les 
régions tropicales reparaissent en grand nombre ; on y retrouve aussi 
quelques Fucus, et le genre remarquable qu’on a désigné sous le nom 
de Macrocystis, genre qui paraît propre à ces régions australes, 
ainsi que les deux nouveaux genres établis par M. Bory de Saint- 
Vincent, sous les noms de Durvillea et de Lessonia (2). 


(1) Nous renverrons, pour plus de détails sur ce sujet, au Mémoire posthume de 
Lamouroux sur la géographie des plantes marines, inséré dans les Annales des sciences 
naturelles, tom. VII , p. 60. 

(2) Voyez les excellentes figures de des plantes, que M. Bory de Saint-Vincent a 
publiées dans l'Atlas du voyage autour du monde de la Coquille , Plus: 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 4 

Dans les mers tempérées de l’Europe et de l'Amérique septen- 
trionale, les vrais Fucus, les Cystoseira, les Délesseria , les Haly- 
menia, les Gigartina, les Dictyota, et parmi les Ulvacées , les 
Ulves elles-mêmes et les Bryopsis se montrent en abondance, et 
déterminent le caractère de celte zone. La grande variété des es- 
pèces, et la prédominance des Floridées sur les Laminaires et les 
Fucus , distinguent cette végétation de celle des mers du Nord. 

Dans les régions équatoriales, des formes nouvelles et très-diffé- 
rentes des précédentes, viennent en grand nombre donner un ca- 
ractère tout-à-fait particulier à la végétation des mers. Ce sont, 
parmi les Fucacées , les Sargassum , dont les amas immenses for- 
ment des îlès flottantes au milieu de l'Océan équatorial. Parmi les 
espèces délicates, les Gelidium, dont les tiges gélatineuses sont 
Vorigine des nids des salanganes ; les Zaurencia, les Hypnea, les 
Acanthophora, les Tamnophora, les Amansia, sont propres à 
cette région; et dans la famille des Ulvacées,, le genre singulier 
des Caulerpa caractérise spécialement la zone équatoriale, ou les 
mers tempérées australes des côtes de la Nouvelle-Hollande. 

On voit que chaque zone a des genres propres et caractéristiques , 
et que pour indiquer ceux dont les formes remarquables sont les 
plus faciles à distinguer, les Laminaires, les vrais Fucus et les 
Macrocystes , ne sont propres qu'aux régions froides ou tempérées ; 
les S'argassum , les Thammophora, les Amansia et les Caulerpa 
ne croissent, à quelques exceptions près, qu'entre les tropiques : 
les premiers de ces genres annoncent par conséquent un climat froid, 
et les seconds un climat chaud. 

Si nous, passons maintenant à l'examen de la distribution des 
Algues fossiles dans les couches de la terre, nous verrons quelles 
conséquences il nous est possible de déduire de ces remarques. 

Les Fucus fossiles se trouvent Jusque dans les couches les plus 
anciennes du globe, dans les terrains de iransition du nord de 
l'Europe et de l'Amérique; ce sont les 
Fucornrs DENTATUS. 


- SERRA, 


42 HISTOIRE 


Fucornes ANTIQUUS. 


CIRCINATUS. 

Les deux premiers, trouvés dans le calcaire de transition du 
Canada , quoique très-différens de toutes les espèces actuellement 
existantes, paraissent se rapprocher , surtout parmi les plantes 
vivantes , du genre Amansia, genre qui ne croît que dans les mers 
des tropiques ; cependant cette analogie n’est pas assez certaine pour 
qu'on puisse en déduire aucune conséquence. 

Le Fucoides antiquus provient également du terrain de irans- 
tion des environs de Christiania ; mais sa forme est trop peu 
caractérisée pour qu'on puisse déterminer le genre auquel il a dû 
appartenir; on peut seulement présumer que c'était un $phæro- 
coccus d'Agardh , appartenant au genre Chondrus où Gelidium de 
Lamouroux, genres qui se trouvent répandus dans presque touies 
les mers. Nous pouvons en dire autant du Fucus fossile des grès de 
transition du pied du Kinnekulle en Westrogothie, que nous dési- 
gnons sous le nom de Fucordes circinatus. Sa structure est trop dou- 
teuse pour qu'ou puisse discuter ses analogies avec les espèces vivantes. 

Dans les terrains de sédiment inférieur , les schistes bitumineux 
du pays de Mansfeld, et les mines de charbon fossile de Hæganaes 
en Scanié, qui probablement appartiennent à peu près à cette épo- 
que (x), sont les seules couches qui renferment des impressions de 


Fucus. Ce sont les espèces suivantes : 


(1) La position géologique des mines de Hæœganaes est très-diflicile à établir avec quelque 
certitude, ces mines n'étant recouvertes par aucune autre formation, le terrain qui leur 
sert de base n'étant pas connu, el la formation de charbon elle-même ne renfermant aucun 
fossile très-caractéristique. Le charbon y est disposé en deux couches qui présentent plusieurs 
failles et dérangemens, comme léé couches dé charbon ancien ; ces lits de charbon sont 
séparés par des bancs de schiste argileux qui renferment quelques impressions de plantes ; 
mais on n’y trouve aucun des genres qui caractérisent les formations houillères anciennes : 
ni tiges, ni feuilles de Fougères, pas de Calamites ni de Lepidodendrons; aucune trace de 

Sphénophyllites ou d'Asterophyllites. On n'y à jamais observé non plus de feuilles ou de fruits 
dicotylédons qui puissent faire présumer que cette formation se rapporte aux lignites de 
sédiment supérieur, Les seules plantes qu’on y a trouvées sont des feuilles à nervures parallèles 
ressemblant à des feuilles de Graminées ou de Zostera; d’autres plus petites , que M. Agardh 
a nommées Amphibolis septentrionalis ; et qui ressemblent à celles des Caulinia exotiques ; 


DES VEGÉTAUX FOSSILES. 43 


FucoipEs SEPTENTRIONALIS. 
NILSONIANUS. 
LYCOPODIOIDES. 
SELAGINOTDES. 
FRUMENTARIUS. 
PECTINATUS. - 
DIGITATUS. 

La première , suivant l’opinion de M. Agardh, qui l’a observée en 
assez bon état, est un S'argassum. Les quatre suivantes paraïssent 
se rapporter au genre Caulerpa ; les deux dernières sont difficiles à 
déterminer avec quelque probabilité. Ainsi, sur sept espèces, cinq 
appartiennent , suivant toutes les apparences , à deux des genres qui 
caractérisent le mieux la végétation marine des zones équatoriales. 

Dans la longue série de terrains qui séparent les couches infé- 
rieures du calcaire alpin de la craie, nous ne trouvons presque au- 
cune trace de plantes marines. Le: calcaire de Solenhofen, près 
d'Aichstaedt, en contient cependant deux espèces : les Fucoides 
Srockii et encælioides , et les schistes calcaires de Stonesfield ont 
présenté un fragment du Fucoides furcatus ; mais ces plantes n’ap- 
partiennent pas à des formes caractéristiques d’une zone particulière. 

Les Fucus deviennent plus fréquens dans les couches qui sépa- 
rent le calcaire du Jura de la craie, et quelques espèces remarqua- 
bles se trouvent dans ces terrains. Deux groupes de plantes sont 
propres à cette époque : les unes se trouvent dans une couche dont 
la position est bien déterminée ; je veux parler des lignites de l’île 
d'Aix, près La Rochelle, et des couches analogues qui paraissent 


enfin , les deux espèces de Fucus que nous indiquons ici. J'y ai vu aussi quelques petites 
graines, mais elles étaient indéterminables. À Bosarp , près d’Hæœganaes, où on a également 
exploité une couche de charbon, on a trouvé des fragmens de bois dicotylédons ainsi qu’un 
poisson figuré par M. Nilson, et rapproché par lui des Labres, Tous ces caractères paraissent 
distinguer cette formation des houilles anciennes et des lignites de sédiment supérieur ; 
mais ils ne déterminent pas si on doit rapporter ces charbons fossiles à l'époque des schistes 
bitumineux du calcaire alpin ou à celle des lignites marins inférieurs à la craie. La présence 
de la galène, dans les roches arénacées qui accompagnent ce dépôt de charbon et les rapports 
qui existent entre cette formation et celle de Hæœr, peuvent seulement faire présumer qu’elle 
appartient, soit au grès bigarré, soit au lias. 
6. 


44 HISTOIRE 


en être la suite à Pialpinson, sur les limites des départemens de la 
Dordogne et de la Corrèze. Les autres se retrouvent dans des terrains 
très-analogues par la nature de leurs roches , dans un grand nombre 
de lieux très-éloignés les uns des autres : en France, à Bidache près 
Bayonne ; en Jtalie, sur la côte occidentale de Gênes , près d'Oneille 
et de San-Remo; et sur la côte orientale, près de Sarsane, ainsi 
qu'aux environs mêmes de Gênes; à Vernasque , dans les environs de 
Plaisance ; et à Sau-Dalmazio, dans le Modenais ; dans les collines de 
Doccia, prés de Florence ; au Kahlenberg , à Sivering et à Kloster- 
nenburg , près Vienne; à Lonka et à Marmarosch, en Transylvanie; 
enfin , à Bignor, en Angleterre; et aux Voirons, près Genève. 
Dans la plupart de ces localités, la position du terrain qui les ren- 
ferme n’est pas encore bien déterminée; et les géologues diffèrent 
d'opinion à ce sujet. Ainsi, M. Boué, qui ma communiqué les 
échantillons de Transylvanie et des environs de Vienne, considé- 
rait le terrain qui les contient-comime se rapportant aux formations 
salifères du grès bigarré, opinion que M. de Sternberg paraît 
également partager (x). M. Pentland , qui m'a remis les échantillons 
des environs de Florence, y a joint une coupe du terrain dans 
lequel le Æucoides Targionii se rencontre, et d’après laquelle ces 
fossiles appartiendraient à des couches de macigno, dit Pietra 
forte, inférieures aux roches de serpentine qui composent en partie 
ces collines. M. Keferstein , dont les observations sur le gisement 
de ces roches s'accordent avec celles que je viens de citer, est porté ; 
d’après ces faits, à considérer les couches de macigno , qui en Toscane 
renferment des Fucoïdes, comme appartenant à la formation du 
lias (2). Enfin , dans les deux dernières localités , leur position 


(1) M. de Sternberg (Ælore du monde primitif, 2°. cah., p. 11) dit que les Fucus du 
Kahlenberg (Fucoides intricatus) se retrouvent dans les environs de Wieliczka, et en géné- 
ral dans plusieurs points des formations salifères , depuis le pays de Salzburg jusqu’en Hongrie. , 

(2) M. Keferstein s'exprime ainsi : « D’après les recherches de M. Brongniart, dans son 
Mémoire sur le gisement des ophiolithes , on ne peut presque pas douter que la grauwake 
des Apennins (qui contient souvent des Fucus), n'appartient pas aux formations de transi- 
tion; mais, d’après ses rapports avec le calcaire noir qui renferme des bélemnites, elle 
répond probablement à la formation du lias, quoiqu’elle gise sous les serpentines et les 
euphotides. » T'eutschl. Geol. Dargest, tom. IN, p. 591, 1827. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 45 
paraît mieux déterminée. À Bignor, en Angleterre, c’est dans le 
grès ferrugineux ( ferruginous-sand) que, ces fossiles se trouvent, 
suivant M. Greenough, qui m'en a donné un échanullon; et aux 
Voirons, d’après MM: Dufresnoy et Élie de Beaumont, qui ont 
recueilli un grand nombre d'échantillons de ces fossiles , les cou- 
ches qui les renferment appartiennent aux formations de grès vert 
(green-sand ) qui séparent le calcaire jurassique de la craie. 

Ainsi, en Angleterre et en Suisse leur position a été trouvée la 
même, ét on est arrivé au même résultat sans le chercher. Ce qu'il 
y a de plus remarquable à cet égard, c'est que le Fucoides Targionti 
du macigno de Florence , qui diffère à quelques égards des Fucoïdes 
des autres localités, est parfaitement identique avec les impressions 
des Voirons. Je laisse aux géologues à approfondir cette question , 
qui mérite toute leur attention, puisque ces plantes, qui sembleraient : 
annoncer une formation assez récente, se trouvent dans les terrains 
des environs de Florence au-dessous de roches cristallines, consi- 
dérées comme assez anciennes, même par les géologues qui les pre- 
miers ont cherché à prouver que leur formation était postérieure à 

celle des terrains de sédiment (1). 

Considérant donc pour le moment ces Fucus fossiles comme ap- 

partenant à une époque de formation voisine de celle des lignites 
. marins inférieurs à la craie de l'ile d'Aix, nous avons la Flore sous- 


marine suivante comme caractéristique de cette période : 


1°. Dans les lignites de l'ile d'Aix, près La Rochelle. | 


Fucorpes Branrptr. 
ORBIGNIANUS. 
STRICTUS. 
TUBERCULOSUS. 


2°. Dans le terrain de macigno, des Voirons, de la Toscane, etc. 


Fucornes Tararontr. 
ÆQUALIS. 
DIFFORMIS. 


(1) Alex. Brongniart, sur le gisement des Ophiolithes , ete., Ann. des mines, 1821. 


46 | HISTOIRE 


FucordEs INTRICATUS. 
FURCATUS. 
RECURVUS. 

Parmi ces plantes, celles de la seconde localité, surtout les quatre 
premiéres, ont, pour ainsi dire, un caractère de famille, qui ne per- 
met pas de les séparer, et qui semble indiquer qu’elles appartenaient 
à un méme genre. Ce genre paraïîtrait se rapporter aux Chondria 
ou aux S$phærococcus d'Agardh, ou bien aux Laurencia ou aux 
Gelidium de Lamouroux , genres qui, sans être propres à une zone 
particulière, sont cependant beaucoup plus fréquens dans les ré- 
gions chaudes du globe que dans les mers tempérées et surtout 
que dans les mers du Nord. Mais les Fucoïdes de Pile d'Aix offrent 
des caractères plus remarquables ; en effet parmi les quatre espèces 
qui sy trouvent, les deux dernières présentent une organisation qui 
les éloigne beaucoup de toutes les espèces actuellement existanies, 
tandis que les deux premières paraissent se rapprocher surtout des 
Caulerpa , genre propre uniquement aux régions équatoriales. 

Ces plantes indiquent par conséquent une végétation sous-marine 
fort différente de celle de nos côtes, ét se rapprochant plutôt de 
celle des régions équatoriales que de celle de la zone polaire. 

La craie elle-même n’a présenté jusqu'à pren qu'un seul vestige 
très-peu net d’une plante de cette famille, c'est le Fucoines Lync- 
gvanus, trouvé dans la craie tufau d’Arnager, dans l’île de 
Bornholm , espèce qui paraîtrait encore se rapprocher des Caulerpa. 

Si nous examinons maintenant les Algues des terrains de sédi- 
ment supérieur, nous arriverons à un résultat fort différent. La 
plupart de ces espèces ont été tr ouvées dans le terrain si célèbre de 
Monte-Bolca, terrain qui a été rapporté par mon père aux lerrains 
de sédiment supérieur (1) ; le Fucoides Sternbergii et le Fucoïdes 
multifidus seuls Propiann de localités différentes qui appartien- 
nent également à ces terrains. 

-Les Algues de cette époque que nous connaissons sont les suivantes : 


(x) Description des terrains calcaréo-trappéens du Vicentin; par M. Alex. Brongniart ; 


in-/°. Paris, 1823. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. | 4 


Fucoines STERNBERGIT. 


AGARDHIANUS. 
= — SPATHULATUS.- 
—— Lamourouxrr. 
= GAZOLANUS 
2. BERTRANDI. 
2. OBTUSUS. 
 — FLABELLARIS: 


MULTIFLDUS. 

A l’exception des deux premières espèces qui pataîtraient se rap- 
porter aux genres S'argassuin et Caulerpa , toutes les autres semblent 
annoncer des espèces de genres analogues à ceux qui vivent dans 
nos ciimats, tels que les Delesseria, Chondria et Dictyota. À l'égard 
des deux premiers, nous remarquerons même que leur détermina- 
tion générique est assez douteuse, et qu'en ladmettant comme 
exacte, les genres auxquels on les rapporte s'étendent quoiqu’en 
petit nombre jusque dans la Méditerranée, L’analogie des autres 
espèces , avec les trois genres européens que je viens de citer, est au 

contraire frappante, et telle même qu'il ne nous est pas possible de 
distinguer spécifiquement le Fucoides obtusus du Chondria obtusa 
de nos côtes. ‘ 

Ainsi, la végétation marine, comme la végétation terrestre, se 
rapproche d’autant plus de celle de nos climats qu’elle se trouve 
enfouie dans des terrains d’une époque plus récente ; elle présente au 
contraire des caractères d'autant plus analogues à ceux de la végé- 
tation des climats équatoriaux qu’elle appartient à une époque de 
formation plus ancienne. 

Outre les espèces de Fucus fossiles dont je vais donner la descrip- 
tion, M. Schlotheim en a figuré, dans le mémoire qu’il a publié 
sur ces fossiles (x), plusieurs espèces qu'il est difficile jusqu’à présent 
d'admettre comme faisant partie de cette famille ; parmi les plantes 
qu'il a représentée, comme des Algaciles , cinq ont reçu de lui des 


e Le Li einiger Versteinerten Tangarten, Wachtrage zur Petrefactenkunde | 
1822, p. 38. 


48 HISTOIRE 


noms spécifiques, et deux d’entre elles me paraissent assez bien 
caractérisées pour être rangées avec une grande probabilité dans 
cette famille : ce sont les Æloacites frumentarius et orobiformis. 
Un examen attentif me paraît au contraire en exclure les trois autres. 

L’Algacites crispiformis ( Schloth. Nacht. , tab. 1v, fig. t, etc. ), 
figuré par ce savant , d'après des échantillons trouvés dans les argiles 
schisteuses qui accompagnent les lignites de Bohème , me parait se 
représenter avec des caractères presque identiques dans lés schistes 
bitumineux de Menat en Auvergne ; du moins Jai recu de M. Mossier, 
propriétaire d’une des exploitations de ce schiste, des échantillons qui 
ont une grande analogie avec la figure publiée par M. de Schlotheim , 
et qui surtout me rappellent parfaitement les échantillons que Jai 
vus dans sa collection. [’examen de ces empreintes me fait beau- 
coup douter que ce soient de vrais fossiles : il me paraîtrait plus 
probable que ce sont des filamens d’une espèce de Rhizomorpha 
qui se sont développés dans les joints de ce schiste; en effet, toutes 
les parties un peu larges de ces empreintes sont formées par des 
filamens accolés qui se séparent ensuite sans se ramifier réellement, 
du moins dans la plupart des cas: Quelle que soit l’origine de ces 
impressions , il me paraît à peu près certain qu’elles ne sont pas dues 
à des plantes marines , et je ne crois pas devoir les inscrire parmi 
les Fucoïdes. 

La seconde espèce, figurée par M, de Schlotherm sous le nom 
d'Aloacites granulatus (LL. c., tab., fig. x), n’a de ressemblance, 
même éloignée , avec aucune espèce d’Algues que je connaisse ; 
elle me paraît devoir rester parmi les espèces tellement douteuses , 
qu'on ne saurait les ranger dans cette famille. 

Quant à l'Ælgacites filicoides (Scbloth. Nacht. , tab. rv, fig. 2), 
les échantillons que j'ai reçus de M. Merian lui-même, provenant 
de la localité citée par M. de Schlotheim, ne me laissent aucun 
doute sur la place que cette plante doit occuper; c’est une espèce 
de Cycadée voisine des Zamia, qu’on trouvera décrite sous le nom 
de Zaimites Meriani. 

Les fossiles figurés par le même auteur, tab. vr et vir du même 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 49 
Mémoire, ont une origine encore plus douteuse, et n’ont pas recu 
de noms spécifiques, nous ne saurions sans de nouveaux rensei- 
gnemens les introduire parmi les espèces du genre Fucoïde. 

Je m’empresse aussi de corriger ici une’ érreur que J'avais com- 

mise dans mon premier travail sur ce sujet ; javais décrit et figuré, 
d’après des dessins que M. Buckland m'avait fait l'amitié de me 
communiquer , deux plantes de Stonesfield , sous les noms de Fu- 
coides pennatula et de Fucoides elegans ; depuis, j'ai eu occasion 
d'examiner les échantillons eux-mêmes dans la collection de l’uni- 
versité d'Oxford , et J'ai pu m'assurer que la première était une 
espèce de Cycadée qui sera décrite sous le nom de Zamites , et que 
M. de- Siernberg avait considérée comme une Fougère à laquelle 
il avait donné le nom de Polypodiolites pectiniformis (fase. 2, 
p. 44), tandis que la seconde paraît appartenir à un genre de 
Conifère voisin des Ifs et des Podocarpus. 
_ Je ne dis rien ici de lindication vague donnée par M. Turner, 
d’une impression du Æucus ligulatus, observée par le docteur 
Scott, sur les basaltes siliceux de la Chaussée des Géans ; je n’ai eu 
‘aucun moyen de la vérifier, mais il est probable que, si cette ob- 
servation à pour objet une véritable empreinte de plante, c’est 
dans les couches de calcaire noir et siliceux, sur lesquelles re- 
pose le basalte de la Chaussée des Géans , et dans lesquelles on a 
trouvé des Ammonites, que cette empreinte a été découverte, et 
non dans le basalte lui-même. 

Nous n'avons pas pu diviser cette famille en genres distincts, 
parce que les caractères propres à définir exactement ces genres 
sont trop rarement apparens pour qu'on puisse fonder sur eux une 
classification précise; mais nous avons divisé le groupe général 
des Aigues fossiles, auquel nous avons donné le nom de Fucoides, 
en sections fondées sur la forme dé la fronde, sections qui souvent 
correspondent assez exactement à un ou à plusieurs genres des 
Algues vivantes. 


50 HISTOIRE 


FUCOIDES. 


Fucoides STERNS. Algacites ScHLOTE. 


Frons continua, nunquam articulata , plerumquè difformis 
nec symetrica; aut subcylindrica, simplex vel sæpiüs 
ramosa, nuda vel rarius folia sustinens ; , aut membra- 
nacea, integra seu maglis minüsve lobata, nervis nullis vel 
imperfecté notatis, vagè ramosis nec unqaum anasto- 
mosantibus percursa. Fructificatio, dm exstat, puncti- 
formis vel vesiculas sessiles aut pedicellatas efformans. 


SI SARGASSITES. 


Caulis foliis distinctis , membranaceis, sæpius nervosis, præditus. 
1. FUCOIDES SEPTENTRIONALIS, PI IL, Fig. 24. 


F. foliis sparsis, lanceolato-ellipticis, integris, vesiculis peduncu- 
latis, subsphæricis , folia æquantibus. 


Sargassum septentrionale, Agardh in Act. Acad. Holm., 1823, p. 108, tab. nr, fig. 5. 


Gis. Epoque de formation mal déterminée, se rapportant probablement au 
terrain de sédiment inférieur. 


Loc. Dans les mines de charbon fossile de HoϾgannes, en Scanie. ( Mi/son.) 


Cette espèce, suivant M. Agardh, qui l'a décrite dans les Actes 
de l'académie des sciences de Stockholm , se rapproche particuliè- 
rement du Sargassum lendigerum, où Fucus lendigerus, Linn.; 
espèce qui, ainsi que tous les autres Sargassum , est propre main- 
tenant aux mers des pays chauds. La figure que nous en donnons 
est copiée d’après celle que M. Agardh en a publiée, car échantillon 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. bi 


que nous avons vu dans la collection de Lund avait tellement 
souflert par l’action de l'air, qu'il était presque impossible d’y 
reconnaître les diverses parties que le savant botaniste que nous 
venons de citer y avait observées lorsque la pierre était récemment 
extraite de la mine. 

On distingue sur cet échantillon une tige portant des feuilles 
ovales , sessiles , assez courtes, et des vésicules sphériques , presque 
aussi grosses que les feuilles, portées sur de courts pédicelles. Ces 
caracteres mappartiennent qu’au genre Sargassum; mais il est 
difficile d'assurer que l'espèce fossile diffère de toutes les espèces 
vivantes , suriout lorsqu’on pense au mauvais état de la plante fos- 
sile, au grand nombre des espèces vivantes déjà connues , et au 
plus grand nombre encore qui ont probablement échappé aux re- 
cherches des naturalistes Puisque ce genre est presque entièrement 
exotique. 


. 


2. FUCOIDES STERNBERGII, PI. Ill, Fig. 1. 


F. caule ramoso, foliis oblongis, obtusis , sessilibus, integerrimis , 
serlatim punctulatis, nervis non distinctis. 


Algacites caulescens, Sternb. Flor. du Monde primitif, Fasc. 1, p. 4r, 
tab. xxxvr, Fig. 3 ; Ed. Germ., p. 39. 

Sargassum bohemicum. Agard 4h in Sternb. Flor. du monde prim. Ed. Gall. 
Fasc. 111, p: 42. 


Fucoides bohemicus, Stern. Flor. du Monde primitif, Fasc. 1v, p. vr. 


Gis. Dans des marnes calcaires accompagnant des basaltes (terrain de 
sédiment supérieur. ) 
Loc. Walsch en Bohème. (Sternbers.) 

Cette plante , que M. de Sternberg avait d’abord regardée comme 
analogue au Fucus caulescens de Gmelin , ou comme en étant du 
moins très-voisine, en diffère cependant beaucoup; et c’est avec 
raison que M. Agardh l’a rapprochée des Sargassum. C’est, en 
effet, parmi les plantes marines, le seul genre auquel elle puisse 

. 7e 


23 ‘HISTOIRE 

se rapporter; mais elle diffère cependant beaucoup de toutes les es- 
pèces connues ; el, ne connaissant celte plante que d’après la figure 
que M, de Sternberg en a publiée, je ne saurais avoir une Opinion 
arrêtée sur la place qu’elle doit occuper dans le règne végétal. 


Cependant, comme elle est remarquable par plusieurs de ses ca- 
ractèrés , j'ai cru devoir reproduire la figure de M. de Sternberg. 


$ IL FUCITES. 
Frons subplana, coriacea , ramosa, nervo crasso peércursæ. 


3. FUCOIDES STRICTUS, PI. Il, Fig. 1-5. 


F. fronde linéari, pinnatim ramosä, coriaceà ; ramis erectis ; 
fastigiatis, nérvo medio, lato, complanato, tuberculoso præditis, 
margine undulaus. 


Fucoides strictus, Ad. Brong., Class. vés. foss. , p. 37, tab. 11, Fig. 3. — Mém. 
de la Soc. d’hist, nat. de Paris, tom. 1, p. 308, tab. x1x, Fig. 2. l 

Sphærococeus, strictus. Ag. mss. : 

Rhodomela diluwiana, Ag. Spec. alg. 1, 383. — Syst. p. 201. 


Gs. Dans les lignites marins inférieurs, à la craie. 


Loc. L'île d'Aix près La Rochelle( Flewriau de Bellevue, d'Orbigny.) 


La tige est large à sa base d'environ 15 mill. Elle est composée 
d’un axe comprimé, large de 8 à 10 mill., épais et solide, et d’une 
membrane mince et lisse qui enveloppe cet axe et qui s'étend des deux 
côtés en forme d'ailes. Cette membrane adhère 1rès-peu aux parties 
inférieures de la tige, qui en sont presque toujours. dépouillées 
(Fig. 2 ). Cette tige se divise en rameaux plusieurs fois bifurqués , 
redressés suriont vers les extrémités (Fig. 2). Dans les rameaux 
de moyenne grosseur, laxe forme une sorte de nervure plate, 
large , légèrement tuberculeuse , un peu ondulée (Fig 3 et 5). Les 
dernières divisions des rameaux sont simples ; très-allongées , grêles , 
larges d'environ 2 mill. ; la nervure est étroite , moins plate ; ces 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 53 


rameaux sont très-redressés , presque accolés parallèlement les uns 
aux autres (Fig. 4). 

Cette espèce ressemble beaucoup par sa forme générale au Fucus 
obtusatus de M. Labillardière (Plant. Nov.-Holl. specim. tab. 255); 
mais elle en diffère essentiellement par la nervure large et épaisse 
qui traverse sa fronde et qui est plutôt une sorte d’axe solide qu’une 
véritable nervure. Cette structure donne à l'espèce fossile un aspect 
plus raide et plus fastigié. | 

La disposition de cette nervure établit quelque analogie entre 
cette plante et le Fucus alatus dont elle diffère cependant beaucoup 
par son tissu plus dense, plus solide, par sa grandeur et par ses 
rameaux moins nombreux , plus allongés et plus redressés, caractères 
qui la rapprochent davantage des vrais Fucus, voisins du Fucus 
ceranoïdes, auprès desquels nous pensons qu’on doit la placer, 
quoiqu'elle en diffère essentiellement comme espèce par les carac- 
tères que nous venons d'exposer. On doit aussi remarquer que sur 
les échantillons nombreux qui remplissent le lignite de l’île d'Aix, 
on wa jamais aperçu de trace de fructification, ni de vésicule , ce 
qui semblerait l’éloigner des vrais Fucus, et pourrait rapprocher 
cette plante des Rhodomela , dans lesquels la fructification ne forme 
pas de masses aussi apparentes que sur les Fucus ; mais dans ce cas 
cette plante se rapprocherait plutôt des RAodomela dont la fronde 
dichotome est traversée par une forte nervure comme le ÆAod. 
dentata, que du Rhod. obtusata dont elle n’a que le port. 

Turner a figuré sous le nom de Æucus zosteroïdes, tab. 23x, 
une plante, peu connue du reste, qui plus que toute autre paraît , 
d’après cette figure, se rapprocher de l'espèce fossile que nous ve- 
nons de décrire; on ignore dans quel lieu elle croît, et ce n’est 
qu'avec doute qu’on l’a rapportée au genre Cystoseira. 

Quelle que soit l’opinion qu’on adopte à cet égard , il paraît du 
moins bien certain que cette espèce diffère de toutes les plantes 
vivantes que nous connaissons. 


8 HISTOIRE 


SIL LAMINARITES. 


Frons membranacea, coriacea ; nervo simplici crasso seu nullo. 
4. FUCOIDES TUBERGULOSUS, PI. VII, Fig. 5. 


F. fronde, simplici, oblongâ, integrä, ad marginem crassiori , 
membranacea, coriaceà, subihs punctulato-tuberculosä. Nervo 
medio simplici, lato, complanato, crasso, transversè ruguloso. 


Gis. Dans les Hgnites marins inférieurs à la craie. 
Loc. L'ile d'Aix près La Rochelle. ( Æeuriau de Bellevue.) 


Cette plante diffère beaucoup de toutes les espèces fossiles à fronde 
simple et entière, par le tissu beaucoup plus dense et plus solide de 
cette fronde , qui est entourée d’un rebord plus épais, et traversée 
par une nervure large et aplatie. On ne distingue aucune nervure 
secondaire ; mais la surface inférieure est couverte de petits tuber- 
cules nombreux , hémisphériques , glanduleux au sommet; la sur- 
face supérieure est lisse. 

Ce Fucus est bien distinct de toutes les espèces vivantes que nous 
connaissons ; cependant son tissu paraïtrait se rapprocher surtout 
des Laminaires , et la disposition de sa nervure moyenne lui donne 
quelque analogie avec les Zaminaria esculenta et Agarum dont il 
s'éloigne néanmoins beaucoup par la forme de la fronde et par le 
rebord qui l’entoure. 

Ainsi cette plante et la précédente, qui appartiennent toutes deux 
au même terrain et à un terrain assez ancien, différent beaucoup 
de toutes les espèces vivantes, et n’ont même pas d’analogie assez 
intime avec quelques-unes d’entre elles, pour qu’on puisse déter- 
iminer avec quelque probabilité le genre dont elles faisaient partie ; 
tandis que les espèces des terrains plus modernes se rangent le” 
plus souvent , ainsi que nous lavons déjà annoncé, dans des genres 
bien connus et souvent près d'espèces encore existantes. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 55 


! SIV. ENCOELITES. 
Frons simplex, ventricosa, punctulata. 


5. FUCOIDES, ENCOELIOIDES, PI. VI, Fig. 1 et 2 


F. fronde simplici, brevi, cylindricà, apice paululum inflatä, 
subclavatä, ad superficiem punctulatà , punctis subæqualibus, 
rotundis , sparsis vel in seriebus transversis dispositis. 


G1s. Dans la formation de calcaire jurassique. 


Loc. À Solenhofen, près d'Aichstaedt. ( Collect. de M. S tockes.) 


Cette plante a les plus grands rapports avec l’£ncælium bullosum, 
Agardh, Spec. Alg.r, p. 146 (Asperococcus bullosus, Lam., Ess. , 
tab. vr, Fig. 5), Ulva rugosa, Dec. F1. re tom. I, p. 8, Gastri- 
dium ovale, Lyngbye, Tent. hydr. dan. , tab. xvur, tellement qu'il 
me paraît très-diflicile de l’en distinguer. Sa taille est la même , sa 
forme générale ne diffère nullement de beaucoup d'échantillons 
de cette plante, provenant des côtes de La Rochelle, que. J'ai 
comparés avec elle ; enfin le caractère essentiel du genre se retrouve 
dans les granulations qui couvrent sa surface et qui constituent les 
organes reproducteurs de cette plante. 

La plante fossile est fortement comprimée, cependant on voit 
qu'elle a été cylindrique et elle est méme moins aplatie que la 
- plante vivante analogue ne l’est dans les herbiers. Elle à environ un 
décimètre de long sur un peu moins d’un centimètre de large, ce 
qui rentre dans la taille moyenne de la plante de nos côtes. L’extré- 
mité de ces deux espèces est également un peu renflée, celle de la 
plante fossile est généralement plus conique que celle de lÆn- 
cœlium bullosum qui est le plus souvent très-obtuse ; cepen- 
dant j'ai vu des échantillons dont l'extrémité présentait exactement 
la même forme. Enfin, dans la plante fossile, les granulations 
m'ont paru quelquefois disposées en séries transversales, ce que 
Je nai pas observé sur les échantillons vivants ; mais ce n’est pas 


56 HISTOIRE 
général dans tous les individus fossiles , et ce serait un caractère 
distinctif bien léger. 

_Gette plante présente l'exemple d’analogie le plus complet que 
je connaisse dans un terrain aussi ancien ; et, ce qui est rare dans 
des formations de ceite époque, la plante analogue croît dans nos 
climats. 


$ V. GIGARTINITES. 


À 


Frons ramosa, ramis subcylindricis, carnosis , nec membranaceis. 
6. FUCOÏIDES TARGIONIFT, PL IV, Fig. 2 et 6. 


F. fronde compressä, pinnatà vel bipinnatä, lacinüs elongatis , 
lHinearibus, æqualibus, magis minüsve angustis, integris vel rarius 
furcatis, obtusis, nec incrassatis. 


Gi1s. Dans le grès ferrugineux en Angleterre et dans les macignos schistoïdes 
(Pietra serena et Pietra forte) de la Toscane. 

Loc. Les environs de Florence , à la Doccia de Ginori, etc. (Pentland). Bignor 
en Angleterre (Greenough ). Les Voirons près Genève (Dufrenoy, Coll. 
des mines.) 


Les plantes que nous réunissons ici paraîtraient au premier coup 
d'œil devoir former plusieurs espèces distinctes; elles varient beau- 
coup en effet par leur taille, par la largeur plus ou moins grande 
de leurs divisions ; mais les passages entre ces diverses variétés sont 
tellement nombreux, et se irouvent si souvent réunis dans les 
mêmes échantillons, qu’on ne peut même pas en former des variétés 
distinctes. 

Le caractère commun à toutes ces plantes, celui qui les distingue 
des espèces suivantes, c’est d’avoir la fronde une ou deux fois pin- 
natilide, à divisions planes égales dans toute leur longueur , assez 
larges, souvent obtuses, mais jamais renflées à leur extrémité, 
quelquefois très-allongées et peu divisées, mais irrégulièrement 
étalées ; elles ne sont pas raides et ouvertes comme dans le Fucoides 


+ 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 57 


æqualis, ni fastigices et entremêlées comme dans le Æucoides 
intricatus ; leur taille les distingue en outre de ces deux espèces. 

Ce sont ces Fucus dont Targioni, suivant Brocchi, paraît avoir 
figuré un grand nombre de variétés : les échantillons d’après lesquels 
nos figures ont été faites viennent en partie de sa collection. 

Parmi les espèces vivantes, aucune n’a de rapports très-intimes 
avec cette plante. Le Gigartina acicularis a cependant assez d’ana- 
logie avec les individus les plus petits et à rameaux grèles et étroits, 
tels que celui figuré PI. IV, Fig. 6; mais il a en général un aspect 
plus raïde , sa fronde est moins rameuse et ses rameaux plus étroits. 
Les grandes variétés du Gigartina dasyphylla ont aussi quelques 
rapports avec les échantillons les plus grêles de cette plante fossile. 
Mais peut-être irouvera-t-on une analogie plus grande entre cette 
espèce et les variétés très-rameuses du Gigartina confervoides, 
Lamour. (Sphærococcus, Agardh ), surtout lorsque leurs rameaux 
acquièrent un diamètre assez considérable. Sous ce rapport elle est 
assez semblable au Sphærococcus durus d’Agardh , dont j'ai reçu 
des variétés nombreuses de la Martinique , où elles ont été recueillies 
par M. l'ingénieur Duperrey. 


7- FUCOIDES DIFFORMIS, PI V, Fig. 5. 


F. fronde compressä, irregulariter subbipinnatim ramosä; ramis 


subrecurvis , alternis , linearibus, pinnatifidis , laciniis brevibus 
apice rotundatis. 


Fucoides difformis, Ad. Brong., Mém. de la Soc. d’hist. nat. de Paris , tom. I, 
p. 310, PI. XIX, Fig. 6. 


Gis. Dans des calcaires marneux inférieurs à la craie ? 
Loc. Bidache près Bayonne. 


Cette espèce a la fronde irréguliérement bipinnée, à divisions ’ 
comprimées , assez larges vers le bas: les divisions principales sont 
allongées , recourbées vers leur extrémité; elles sont pinnatifides , 

JE 8 


58 d HISTOIRE 


à lobes assez courts, arrondis, de grandeuf inégale. Elle n’est 
peut-être qu’une variété. de l'espèce suivante, dont elle diffère 
pourtant, assez. au-premier aspect, mais dont lawar: flexilrs forme 
pour. ainsi dire le passage entre les deux espèces; on ‘pourrait 
la regarder. comme un individu mal développé, arrêté dans sa 
croissance, etipourcainsi dire monstrueux. Les formes des espèces 
vivantes de ce groupe varient tellement d’un lieu à un autre, et 
dans.le même lieu, suivant mille circonstances , qu’il est difficile de 
fixer. les, limites des espèces: fossiles, .dont. on ne possède pas en 
général un grand: nombre d'échantillons. 


8. FUCOIDES ÆQUALIS, PI V, fig. 4. 


F. fronde filiformi, cylindricà, bi-tripinnatà, ramulis alternis, 
erectiusculis, patentibus, subsimplicibus, elongatis, æqualibus, 
obtusis. | 


Fucoides æqualis, Ad. Brong., Mem. de la Soc. d’hist. nat. de Paris, tom. I, 
p: 310, PE XIX,, Fig. 29. : l 
Chondria æqualis, Ag., Spec. alg. I, 365; 


Var. 8. flexilis, fronde magis ramosà, ramis deflexis, multifidis, acutiuseulis (PI. V, Fig.3.) 


Gis. Dans les calcaires marneux inférieurs à la craie. 

Loc. Vernasque dans le Plaisantin; San-Dalmazio dans le Modenais;  Lonka 
et Marmarosch en Transylvanie, Sivering près Vienne (Bouë); la Doccia de 
Ginori près Florence ( Pentland) ; Fur. 8. Bidache près Bayonne, 

Ce Fucus est remarquable par la ténuité.et.la régularité de ses 
divisions : sa fronde est deux ou trois fois pinnée, à lobes filiformes, : 
simples , très-grêles, droits, ouverts, allongés , un peu renflés à l’ex- 
trémité. La variété 6. diffère par sa fronde beaucoup plus rameuse , à 
rameaux souveat dichotomes, plus courts etsouvent un peu flexueux ; 
néanmoins elle ressemble à la précédente par ses lobes filiformes 
trés-gréles et-un:peu renflés à leur extrémité. Les espèces vivantes 
qui ont-lesplus d'analogietavécce Fucus fossile sont les Cliondria 


.dasyphylla: &ivtenuissina; cest ce! qui a déterminé: M: Agardh 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 59 


à le ranger dans.son genre Chondria. Mais il a aussi beaucoup .de 
ressemblance avec les Fucus acicularis, crinalis et plicaius de 
Turner, qui appartiennent. au genre Sphærococcus du botaniste 
suédois. Toutes ces. plantes sont réunies par Lamouroux , à ce qu'il 
nous semble avec raison; dans son genre Gigartina. 

Je dois sussi indiquer les rapports nombreux que cette espèce 
fossile présente avec les variétés grêles et à rameaux allongés du 
Gelidium corneum de Lamouroux, telles que le Sphærococcus cor- 
neus, var. 9. d'Agardh (Fucus capillaceus , Gmel. , tab: 15, Fig. 1); 
le Fucoides «æqualis se rapproche surtout de ces plantes par ses 
rameaux raides et d’une largeur trés-uniforme , et par leur disposi- 
tion régulière et ouverte. 


9. FUCOIDES INTRICATUS, PI V, Fig..6, 7,8. 


F. fronde filiformi, cylindricà, multifidà, subpinnatim divisà; 
ramulis erectis, subfastigiatis, approximatis et intricatis. 


Fucoides intricatus, Ad. Brong., Mém. de la Soc. d’hist. nat. de Paris, is I, 
p« 311, PL XIX, Fig. 8. | 


Gis. Dans les calcaires marneux inférieurs à la craie. 
Loc. Oneille sur la côte occidentale de Gênes; Sarzane près la Spezia ; Bidache 
près de Bayonne ; le Kahlenberg, Sivering et Klosternenburg près Vienne 


(Boué); Ponte Ripardi et Castellina près Florence; Albaro près Gênes 
( Pareto). 


Cette plante diffère de toutes les espèces vivantes et fossiles , par 
sa fronde divisée en lanières filiformes très-nombreuses , plusieurs 
fois subdivisées, entrecroïsées , redressées ou quelquefois étalées dans 
ious les sens ; ces divisions sont gréles , très-étroites , d’un diamètre 
égal partout , et ne sont nullement renflées aux extrémités, comme 
dans l’espèce précédente. 

Quoiqu’aucune des espèces vivantes de la famille des Algues n’ait 
une analogie parfaite avec. cette plante fossile, cependant celles aux- 


quelles elle me paraît ressembler le plus sont le Fucus Griffitsiæ de 
; : 


60 HISTOIRE 


Turner (tab. 57), (Sphærococcus Griffusiæ, Agardh); le Fucus 
helminthocorton (Sphærococcus helminthocorton , Agardh) et Île 
Fucus congestus, Turn., tab. 179; qui appartient également au 
genre Sphærococcus d'Agardh , ou aux Gigartina de Lamouroux ; 
elle a surtout des rapports très-intimes avec cette dernière espèce 
qui est originaire des côtes de la Nouvelle-Hollande; d’un autre 
côté , elle a beaucoup d’analogie avec les petites variétés à rameaux 
nombreux, grêles, dressés et entre-croisés du Sphærococcus corneus 
d’'Agardh , que Lamouroux a considérées comme des espèces distinc- 
tes de son genre Gelidium , sous les noms de Gelidium clavatum , 
intricatum, setaceum, et que Turner a nommé Fucus pusillus , 
tab. 108 , et J'ucus crinalis, tab. 108. 

Peut-être les rapports de l'espèce précédente avec d’autres variétés 
du Gelidium corneum doivent-ils faire présumer que ce groupe 
de plantes fossiles appartient plutôt à ce genre qu'aux Chondria. 

Cette espèce paraît plus généralement répandue que les deux 
précédentes , dans les formations calcaires et argileuses qui se 
trouvent entre le calcaire du Jura et la craie; du moins c’est elle 
qui annonce généralement celte formation de calcaire à Fucoïdes 
dont le gisement n’est pas encore parfaitement déterminé , mais qui 
paraît se rapporter à l'époque que je viens d'indiquer. 


10. FUCOIDES OBTUSUS, PI. VII, Fig. 4. 


F. fronde pinnatà , basi bipinnatä, ramulis brevibus , alternis , 
patulis, apice incrassatis. 
Fucoides obtusus, Ad. Brong., Mém. de Ja Soc. d’hist. nat. de Paris, tom. ll, 


p- 311, PI XX, Fig. 4. 
Chondria obtusa, Var. fossilis, Ag., Spec. alg.r, 366. 


Gis. Terrains de sédiment supérieur. 
. Loc. Monte-Bolca près Vérone. 


Ce Fucus ressemble tellement à quelques-unes des nombreuses 
variétés du ucus obtusus (Chondria obtusa, Agardh), et parti- 
culièrement à la var. :. d’Agardh, qu'il nous a paru impossible de 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 6x 


Ven _ distinguer spécifiquement. Comme cette dernière, elle a la 
fronde une ou deux fois pinnatifide; les dernières divisions sont 
courtes, renflées au sommet et souvent trilobées. 

On sait que cette plante croît actuellement dans les mers d'Eu- 
rope, tant dans l'Océan que dans la Méditerranée, où elle est 
très-fréquente. 


11. FUCOIDES STOCKIT, PI. VI, Fig. 3,4. 


F. fronde subcylindricà , irregulariter ramosâ, ramulis inæqua- 
bus, pluries furcatis, patentibus, versus apicem quandoquè 
incrassatis, rugosis, subtuberculosis. ( An fructificantibus ?) 


Gis. Dans le calcaire jurassique. 
Loc. Solenhofen près d’Aichstaedt. (Collection de M. Stockes.) 


Ge Fucus fossile présente une fronde qui paraît avoir été charnue 
et à peu prés cylindrique, quoiqu'aplatie par la compression ; 
cette fronde se divise irrégulièrement en rameaux qui se bifurquent 
plusieurs fois; ces rameaux allongés, étalés, sont d’un diamètre 
inégal et se renflent irrégulièrement. Ceux des extrémités sont 
quelquefois plus épais, recourbés , rugueux et comme tuberculeux ; 
ils paraîtraient renfermer des corps reproducteurs. 

Cette espèce diffère sensiblement de toutes les plantes vivantes 
que J'ai pu lui comparer; elle me paraît cependant se rapprocher 
surtout du Æucus spinosus, Turn. tab. 18, qui fait partie du 
genre Gigartina de Lamouroux et des Sphærococcus d'Agardh ; 
mais, quoique la plante fossile, que nous décrivons ici, semble se 
ranger dans ce groupe de plantes, et auprès de l’espèce que nous 
venons de citer, cependant elle diffère beaucoup de cette dernière 
par ses rameaux plus divisés, plus réguliers et qui ne présentent pas 
ces tuhercules pointus et comme épineux qui hérissent les rameaux 
du Fucus spinosus. L'espèce fossile n’offre une surface inégale et 
mamelonnée que vers les extrémités des rameaux , et les mamelons, 
qui sont très-peu saillants , paraissent produits par la fructification. 


62 HISTOIRE 


12. FUCOIDES RECURVUS, PL V, Fig. 2. 


F. fronde subpinnatim ramosà , ramis subsimplicibus, cylindricis , 
æqualibus, apice rotundatis subclavatis, supérioribus erectis , 
inferioribus recurvis. 


Fucoides recurvus, Ad. Brong., Mém. de la Soc. QUE nat. de Paris, tom. I, 
p. 309, PI. XIX , Fig. 4. 
Chondria recurva, Ag. Spec. Alg. 1, 365. 


Gis. Dans les calcaires marneux inférieurs à la craie. 
“Loc. Vernasque dans le Plaisantin. 


La fronde de cette espèce est pinnée, à rameaux étroits à la base, 
renflés et arrondis au sommet , recourbés et quelquefois bifurqués ; 
son tissu paraîtrait avoir été assez épais , et les rameaux étaient 
probablement cylindriques. 

Il serait possible que cette plante, dont nous/n’ayvons vu qu'un 
seul échantillon, ne:füt qu’une variété ou une sorte de monstruosité 
de l'espèce suivante. 

Nous ne connaissons aucune plante vivante qui lui ressemble. 


13. FUCOIDES RURGATUS, Blu igiirs 


F. fronde compressa? Re vel: irregulariter bipinnata , 
ramis subæqualibus, patulis, subrecurvis , apice rotundatis 


incrassatis. 


Var. z. Ramis elongatis, apice incrassatis subclavatis, PI. V, Fig. 
Fucoides furcatus , Ad. Brong., Mém. de la Soc. d’hist. nat. de Paris , tom. I, 
p. 309, PI. XIX , Fig. 3. , 
Knorr, Pars. I, tab. vu, Fig. 4 
Var. 8. Ramis majoribus brevioribus, apice vix incrassatis , PI. TITI, Fig. 2. 


Gas. Var. «. dans les Caire marneux situés entre la craie et le calcaire du 
Jura ; var. G. dans les calcaires oolithiques schisteux de Stonesfeld. 
Loc. Var. z. près de Vernasque dans le Plaisantin ; aux environs de Sarzane , 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 63 
x Sant Francesco:diPaolohorsila Porta Romana, près: Florence ( Pentland ); 
à Albaro et. dansiles montagnes d’Antola près Gênes ( Pareto ); au N.-0. de 
Vienne en Autriche. — Var 6. à Stonesfield près d'Oxford. (Coll. des mines.) 


La tige est large, de 5 à 6 millimètres à sa base ; elle se divise en 
rameaux, tantôt dichotomes, tantôt pinnés , étalés, d’une grosseur à 
peu, près égale ; excepté vers l’extrémité qui est légèrement renflée 
et arrondie, en forme de massue. Les rameaux inférieurs sont plus 
rameux et recourhés vers leur extrémité. Cette plante, d’après son 
aspect, devaitiêtre assez épaisse, d’une consistance charnue, et les 
rameaux, étaient probablement presque cylindriques. 

Nous ne connaissons aucune espèce vivante qui ait une structure 
analogue à celle de ce Fucus. 

Knorr, dont la, figure se rapporte assez bien à cette plante, la 
considérait ayec doute comme une dendrite ou comme une coralline 
voisine des Eschares ; il ne cite pas le lieu d’où provenait léchan- 
tillon qu'il a figuré. | 

La variété g., dont nous n'avons vu qu’un fragment incomplet, 

différerait peut-être assez pour en faire une espèce distincte, si nous 

la connaïssions dans un état plus -parfait ; ses rameaux sont plus 
gros , divisés en lobes courts et arrondis. Le seul morceau que nous 
avons examiné était remarquable en ce que la place occupée par 
le, Fucus , au lieu, d’être vide où charbonnée , était remplie par une 
oolithe à grains assez gros.et très-réguliers, tandis que le reste de 
la roche était un calcaire assez compacte. 


14. FUCOIDES ANTIQUUS, PL IV, Fig. 1. 


F. fronde compressä, dichotomä , ramis planis æqualibus, patenti- 
bus, apice subrotundis non incrassatis. 


Gis! Dans le calcaire de transition. 
Loc. Île: de Linoe dansla baie de :Christiania. 


Le morceau très-incomplei de. cette, plante que nous possédons 


64 HISTOIRE 

n'offre qu'une portion de fronde qui a quelqu’analogie avec lespèce 
précédente ; mais l'égalité de diamètre de la fronde dans toutes ses 
parties , sa division dichotome régulière , la manière dont les divi- 
sions s’écartent sous un angle très-ouvert , et la forme des rameaux 
qui terminent la fronde, qui ne sont pas renflés comme dans le 
Fucoides furcatus , nous paraissent distinguer suffisamment cette 
espèce. Il est très-probable, en outre, que sa fronde était plane et 
membraneuse ; elle semblerait se rapprocher surtout de quelques- 
unes des nombreuses variétés du Sphærococcus crispus , ou Chon- 
drus polymorphus de Lamouroux, dont ce savant a figuré un grand 
. nombre dans sa dissertation sur plusieurs espèces de Fucus. Parmi 
ces variétés elle ressemble surtout à celle qui a recu de plusieurs 
auteurs le nom de Fucus norvegicus ,; Turner , tab. 41 (Sphæro- 
coccus norvegicus, Agardh ); mais l'échantillon de la plante fossile 
est trop incomplet pour qu’on puisse se former une opinion ar- 
rêtée à ce sujet. | 


$ VI DELESSERITES. 


Frons membranacea , integra vel pinnatifido-lobata, nervosa. 


15. FUCOIDES LAMOUROUXII, PL VIII, Fig. 2. 


F. fronde simplici, oblongâ, obtusä, undulatä; nervo medio 
simplici, ad apicem evanescente, nervulis subnullis. 


Fucoides Lamourouxiü, Ad. Brong., Mém. de la Soc. d’hist. nat. de Paris, 
tom. I, p. 312, PL, XX, Fig. 2. 


Gas. Dans les terrains de sédiment supérieur. 


Loc. Moute-Bolca près Vérone. (Coll. de M. Faujas de Saint-Fond.) 


La fronde de ce Fucus est simple , très-mince , ondulée et plissée 
sur le bord, qui est très-entier; elle est oblongue, arrondie à 
l'extrémité ; la nervure qui la traverse est simple , assez large et ne 
paraît pas émettre de nervures secondaires. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 65 


Cette plante a la plus grande analogie avec le Fucus sanguineus , 
L. (Delesseria sanguinea , Lbamouroux et Agardh. ) Elle en diffère 
cependant par sa fronde beaucoup plus obtuse, ondulée sur les 
bords, et par l'absence des nervures secondaires ; caractères qui 
pareïtraient la rapprocher davantage du Delesseria americana, 


(Agardh, Spec. Ale. 1, p. 172), que je n'ai pas pu comparer avec elle. 


16. FUCOIDES SPATHULATUS, PI VIT, Fig. 4. 


F. fronde simplici membranaceà, oblongo-spatulatä, obtusä ; nervo 
medio simplici, lato, vix distincto ; nervulis nullis. 


Gis, Dans les terrains de sédimens supérieurs. 
Loc. Monte-Bolca près Vérone, (Muséum d'hist. nat. de Paris.) 


Sa fronde est mince , membraneuse , oblongue, rétrécie en pétiole 
à la base, très-obtuse au sommet , parfaitement entière , parcourue 
par une nervure simple, assez large et peu épaisse, qui disparaît : 
vers le sommet; on ne voit aucune trace de nervures latérales, 

Cette plante paraît se rapprocher des Delesseria ; mais je ne 
connais aucune espèce qui lui ressemble par la forme de la fronde et 
par la disposition de ses nervures. Son analogie avec les espèces sui- 

vantes et la disposition de sa nervure moyenne ne laissent cependant 
” aucun doute sur sa place dans la famille des Algues. 


17. FUCOIDES BERTRANDI, PI. VII, Fig. 1, 2. 


F. fronde simplici membranaceä , obovato-oblongà , acutâ, basi in 


petiolo angustatà ; neryo medio simplici lato; nervulis pinnatis, 
simplicibus , vix distinctis. 


Gis. Dans les terrains de sédimens supérieurs. 


Loc. Monte-Bolca près Vérone. (Muséum d'hist. nat. de Paris; Coll. de 
M. Bertrand-Geslin.) 


La fronde de cette plante est oblongue , rétrécie à sa base en un 
pétiole assez long ; elle est élargie et cependant un peu aiguë au 
T, 9 


66 HISTOIRE 
sommet; la nervure moyenne est assez marquée, large et peu 
épaisse ; les nervures latérales sont obliques, peu marquées et pa- 
raissent simples. ï 

Cetle plante est presque intermédiaire entre le Æucoides spa- 
thulatus et le Fucoides gazolanus, comme cès deux plantes , elle 
ne peut se rapporter qu'au genre Delesseria , mais elle différe essen- 


tiellement de toutes les espèces vivantes connues. Lorsqu'on consi- 


dère les variations nombreuses dont une même espèce est suscep- 
tible parmi les plantes vivantes de cette famille, on se sent même 
porlé à regarder ces trois plantes comme une seule espèce; mais 
cependant leur forme générale et la disposition des nervures m'ont 
engagé à les distinguer ; des échantillons plus nombreux pourront 


seuls fixer les limites de ces espèces. 


La forme générale de la fronde et la disposition des nervures : 


rappellent quelques feuilles de ‘plantes dicotylédones ; mais la pré- 
sence de petits flustres qui sont fixés éur les frondes, dans les 
échantillons du Muséum d’histoire naturelle, prouvent que cette 
plante a vécu dans la mer. (Voyez PI. VIT, Fig. 3.) 


18. FUCOIDES GAZOLANUS, PI. VIII, Fig: 3. 


F. fronde simplici, membranaceä, oblongä , subspathulatä, obtusà, 
sinuatà vel irregulariter lobata ; lobis dissimilibus, sæpiùs rotun- 
datis; nervo medio simplici; nervulis pinnatis, vage ramosis, 


apice evanescentibus. 


Fucoides gazolanus ; Ad. Brono. , Mém. de la Soc. d’hist. nat. de Paris, tom. 1, 
Do Pl, ie. 5 À 


Gus. Dans les terrains de sédimens supérieurs. 
Loc. Monte-Bolca près Vérone. ( Muséum d'hist. nat. de Paris; Coll. de 


M. le comte Gazolu.) 


La fronde est membraneuse, mince, rétrécie vers la base en un 
pétiole assez court; élargie et obtuse au sommet ; ses bords sont 
tantôt presque entiers ; tantôt profondément sinueux, à lobes ärré- 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. é 


guhers et arrondis ; la nervuré moyenne est très-marquée , assez 
étroite; elle donne naissance à des nervures secondaires, fines, 
rameuses, obliques , qui disparaissent vers les bords. 

Cette plante a tout-à-fait l'aspect des Delesseria, sans qu’on . 
puisse cependant la rapporter à aucune des espèces connues de ce 
genre; le Delesseria sinuosa de Lamouroux est l’espèce avec laquelle 
ce fossile a le plus d’analogie; elle en diffère cependant d’une manière 
bien marquée par la forme générale spatulée de sa fronde et par 
les lobes qui divisent ses bords qui sont arrondis et obtus , tandis 
que dans le Delesseria sinuosa ils sont le plus souvent aigus et irré- 
gulièrement dentelés. La netteté et la finesse des nervures, ainsi que 
leur mode de division , pourraient faire prendre cette plante pour 
une feuille dicotylédone ; mais la disposition irrégulière de ses 
lobes prouve qu’elle ne peut appartenir qu’à la famille des Algues, 


$ VII DICTYOTITES. 


Frons membranacea, flabellatim divisa, enervis. 


19. FUCOIDES FLABELLARIS, PI VII, Fig. 5. 


F. fronde planâ membranaceä, enervi nec zonatim punctatà , flabel- 
latim divisàä ; lobis approximatis , oblongo-linearibus , integris 
vel furcatis, obtusis. ; 


. Fucoides flabellaris, Ad. Brong. , Mém. de la Soc. d’hist. nat. de Paris, tom. I, 
DA, LAS XX, Fig. 5. 


Gis. Dans les terrains de sédimens supérieurs. 
Loc. Monte-Bolca près Vérone. 


La fronde de cette espèce a environ 3 à 4 centimètres de long , 
elle paraît plane et membraneuse ; elle est divisée profondément en 
plusieurs lobes étroits à la base, élargis et souvent bifides ou 
irifides au sommet. 

Elle a tout-à-fait l'aspect d’une Dictyota (Zonaria , Agardh) et 
particulièrement des petites variétés du Dictyota zonata de Lamou- 

9: 


63 HISTOIRE 


roux (Zonaria atomaria, Ag.) Mais on n’y voit aucune trace des 
zones transversales qui caractérisent cette plante et les espèces 
voisines. 


20. FUCOIDES MULTIFIDUS, PI V, Fig. 9, 10. 


F. fronde membranaceä, dichotomè multifidä; lacinüs linearibus 
magis minusve elongatis , ad bifurcationes dilatatis, erestis vel 
patente deflexis, enervibus. 


Gis. Murnes schisteuses formant partie du terrain de sédiment supérieur. 
Loc. Salcedo dans le Vicentin. ( Bertrand-Geslin, À. Bouë.) 


La fronde, large de 3 à 4 millimètres à sa base sans aucune 
nervure , se divise en segmens dichotomes plus ou moins al- 
longés et plus ou moins étroits, qui vont successivement en dimi- 
nuant de largeur jusqu'aux derniers qui ont environ 1 millimètre ; 
ces segmens se divisent sous un angle très-ouvert , ils se redressent 
ensuite et s’entre-croisent plus ou moins avec ceux des divisions 
voisines ; tantôt ils sont presque tous redressés , tantôt ils s’écartent 
et retombent presque vers leurs extrémités. 

. Le tissu de cette plante paraît assez mince, homogène, sans 
aucune nervure. 

Cette espèce a une grande analogie avec quelques plantes du 
genre Aictyota de Lamouroux ( Zonaria, Ag. ), tels que les Dic- 
tyota dichotoma, linearis, intricata , multifida et fasciola ; 
mais c'est du D, multifida qu’elle paraît se rapprocher le plus, 
quoiqu’elle en diffère par sa fronde, moins régulièrement dicho- 
tome. Toutes ces plantes appartiennent à nos mers d'Europe , mais 
elles sont aussi très-fréquentes dans les mers des pays chauds, telles 
que celles des Antilles. 

Quoique cette plante‘me paraisse avoir lesrapporis les plus nom- 
breux avec les espèces précédentes du genre Diciyota, cepen- 
daut je dois indiquer aussi l’analogié remarquable qu’elle présente 
avec quelques variétés du Chondrus polymorphus de Lamouroux, 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 69 
et particulièrement avec celle que M. Agardh désigne sous le nom 
de Sphærococcus crispus, var. incurvatus, dont Jai comparé de 
très-bons échantillons avec la plante fossile. 


* 


21. FUCOIDES DIGITATUS, PI. IX, Fig. r. 


F. fronde membranaceâ planà, digitata; lacintis angustis , linea- 
ribus, rectis, æqualibus, integris, obtusis, subtruneatis. 


Gas. Dans les schistes bitumineux du calcaire alpin. 
Loc. Environs de Mansfeld. 


Cette plante présente une fronde membraneuse plane, de 15 cen- 
timètres environ de longueur , dont la forme générale est triangu- 
laire ; sa base indivise est large de 7'à 8 millimètres, et se dilate peu 
à peu en forme de coin; elle se divise bientôt en quatre à cinq lobes, 
dont la plupart se partagent bientôt en deux ; ces lobes dressés, peu 
divergens ; droits , sont allongés , linéaires et n’ont pas un centimètre 
de large, ils sont tronqués ou à peine arrondis au sommet , et pa- 
raissent tous. à peu près de la même longueur. 

Cette espèce de Fucoïde se rapproche particulièrement des Dictyota, 
elle ressemble surtout beaucoup à certains échantillons du PDictyota 
dichotoma de nos côtes (Zonaria dichotoma, Ag. Ulya dichotonra, 
Decand. fl. fr., tom. LE, p. 11. Engl. bot., n°. 774.) Mais cependant, 
dans cette plante , les frondes sont plus régulièrement dichotomes ; les 
divisions ont lieu à la même hauteur; les lobes sont plus divergens, 
de manière à former un sinus arrondi entre chacun d’eux ; enfin , Ces 
frondes se divisent un plus grand nombre de fois et ne se terminent 


pas par des lobes simples et entiers , aussi allongés que ceux de la 


plante fossile. Ces derniers caractères lui donneraient quelqu’analogie 
avec les Delesseries à fronde palmée et sans nervures, tels que les 
Delesseria palmetta et sarniensis de Lamouroux; elle ressemble 
surtout dune manière frappante à quelques échantillons assez 
grands de la première de ces espèces, dont les lobes très-entiers et 


70 HISTOIRE 
obtus ne différent de ceux de la plante fossile que par leur largeur 


moins uniforme et leur extrémité plus arrondie. 
S VIL. AMANSITES. 


Frons membranacea, pinnatifido-dentata, enervis. 


>, FUCOIDES DENTATUS, PI VI, Fig. 9-12. 


F. fronde membranace , lineari (an simplici?), pinnatifido-dentata, 
-enervi, dentibus triangularibus subacutis, apice obtuso. 


Gis. Dans le calcaire de transition. 


Loc. Pointe Levi près Québec dans le Canada. ( Coll. de M. Stockes.) 


Nous ne connaissons que des fragmens de cette petite espèce de 
Fucoïde; ce sont des portions , longues de 2 centimètres environ, 
d’une fronde linéaire , d’une largeur très-uniforme et égale à peu 
près à 2 ou 3 ados Ces frondes, qui paraissent minces et 
membraneuses , sont profondément dentées sur les bords et presque 
pinnatifides ; les lobes ou dentelures sont triangulaires, très-réguliers, 
d’une forme aiguë, mais à pointe mousse. 

Nous ne savons pas si ces fragmens font partie dre fronde ra- 
meuse dont ce ne sont que des divisions, ou s'ils appartiennent à 
une petite espèce à fronde simple. Quoi qu’il en soit , cette plante 
diffère entièrement de toutes celles que nous connaissons dans les 
mers actuelles , et elle présente des rapports éloignés avec-des plantes 
appartenant à des genres très-difiérens. 

Ainsi , les dentelures de sa fronde, par leur régularité , rappellent 
celles de lAmansia multifida ; mais, dans cette plante, les dentelures | 
sont des lobes plus allongés et plus espacés, la fronde est réellement 
pinnatifide ; la largeur uniforme de cette portion de fronde fossile 
la fait beancoup ressembler, au premier aspect, à une nouvelle 
espèce de Rytiphlæa;, rapportée de la Martinique , par M. l'ingénieur 
Duperrey, et à laquelle je donnerai le nom de ce jeune et zélé 
botaniste ( R. Duperreyi). Mais les dentelures de cette plante sont 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 71 


formées par un faisceau de petites pointes et non par une simple 
-crénelure plane de la fronde. La forme des dentelures et la largeur 
uniforme de la fronde s’accorderaient bien avec ce qu’on observe dans 
“le Dictyoptéris serrulata de Lamouroux (Ann. Mus., tom. XX, 
PI 17, Fig. 6); mais cette fronde est traversée par une nervure 
moyenne , très-marquée , dont on ne voit aucun indice sur la plante 
fossile ; le même caractère éloigne de notre plante fossile lOsmundartia 
prolifera de Lamouroux (Ann. Mus., tom. XX, PI vir, Fig. 4), 
qui lui ressemble par sa fronde lancéolée et presque linéaire, den- 
telée sur les bords; enfin de toutes les plantes de cette famille, 
cellequi a peut-être le plus d’analogie avec ce fossile ést le Splæro- 
coccus pristoides d'Agardh (Æucus pristoides, Turn., tab. 3, 
Delesseria pristoides , Liamouroux ). Les lobes de la fronde , à peu 
près de la même largeur que ceux de lespèce fossile , sont linéaires , 
d’une largeur assez uniforme, denticulés sur leur bord , sans nervure 
distincte; ce Fucus ne diffère réellement de l'espèce fossile que par 
ses dentelures moins régulières et qui, au lieu d’être triangulaires , 
un peu obtuses et séparées par des sinus aigus, sont pointues et sé- 
parées par des sinus arrondis, dont la forme se rapproche par consé- 
quent en beaucoup plus petit de celle des dentelures de l'espèce fossile 
suivante, si ce n’est que les dents sont moins longues et moins aiguës. 
Il résulte de cette comparaison que cette espèce fossile ne peut être 
rapprochée d'aucun des genres actuellement connus avec quelque 


certitude. 


23. FUCOIDES SERRA, PI. VI, Fig. 7-8. 


F. caule filiformi vagè ramoso, partes frondis membranaceas susti- 
nente , lineari-lanceolatas , falcatas , unilatere serratas , margirie 
concavyä integrä, convexà serralà; dentibus rectis acuminatis. 


G1s. Dans le calcaire de transition. 


Loc. Pointe Levi près Québec au Canada. ( Coll. de M. Stockes. ) 


Gesingulier Fucus fossile ,dontnous ne connaissons qu’un fragment 


72 HISTOIRE : 

assez imparfait, présente une forme irrégulière difficile à décrire; 
une Lige filiforme soutient des expansions membraneuses , lancéolées 
et courbées en faux ; ces expansions sont fixées à la tige par une 
de leurs extrémités , et souvent elles donnent naissance par l’autre 
extrémité à une autre portion de tige, d’où sort une nouvelle 
portion membraneuse; ces sortes de feuilles présentent aussi cette 
singularité, que leur bord concave est entier, tandis que celui qui 
est convexe est profondément denté; les dentelures ne sont pas 
obliques, elles sont aiguës et se prolongent en une pointe assez 
longue. Aucune espèce vivante n’a de rapports bien marqués avec 
ce fucus fossile; la forme générale des parties membraneuses , 
leur courbure et leurs dentelures unilatérales rappellent le singulier 
genre Claudea (Claudea elegans, Lamouroux, Ann. Mus., t. XX, 
PL vur, Fig. 2.); mais on ne voit rien sur le fossile qui ressemble 
à l’élégant réseau à jour que présente le tissu de la plante vivante. 
L'Amansia semipennata (Lamouroux, 1. c., PL. xt, Fig. 4et5) 
offre également des frondes dont les lobes allongés ne sont dentés 
que d’un côté, mais le reste de l’organisation de cette plante est 
très-différent. 

SIX. CAULERPITES. 


Caulis ramosus , folus vel ramulis imbricatis undiquè obtectus. 


24. FUCOIDES LYCOPODIOIDES, PI. IX, LME p 


F. caule pinnatim ramoso , foliis sparsis (subdistichis ?) linearibus, 
enervibus , patentibus. 


An Knorr. part. I, tab. vu, Fig. 6? 


G1s. Dans les schistes bitumineux du calcaire alpin. 
Loc. Pays de Mansfeld. 


Cette espèce ne diffère de la suivante que par ses feuilles moins 
rapprochées, plus étroites, plus ouvertes et moins nombreuses, 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. | 73 


qui paraissent disposées presque sur deux rangs. Nous n’en avons 
vu qu’un fragment assez incomplet. La figure de Knorr ne se rap- 
porie pas parfaitement à cette plante, quoiqu'elle ait plus d’analogie 
avec elle qu'avec aucune autre espèce que je connaisse; elle paraît 
représenter un Fucus à rameaux courts , oblongs ; simples , régu- 
lièrement pinnés et disposés sur deux rangs, comme les feuilles de 
espèce que nous décrivons. On sait qu'entre les rameaux et les 
feuilles des plantes de cette famille il w’y a presque aucune diffé- 
rence ; ainsi il y a bien quelque analogie entre ces fossiles , autant 
qu'on peut en juger d’après la figure de Knorr; le lieu d’où pro- 


venait son échantillon n'est pas connu. Cette espèce a beaucoup 


d’analogie avec les Caulerpes à feuilles distiques , telles que le Cau- 
lerpa pennata de Lamouroux ( Fucus pinnatus, Turn., tab. 53), 
et le Caulerpa myriophylla, Lamouroux ( Fucus taxifolius, Turn., 
. tab. 54 ); elle eu diffère surtout par ses feuilles moins régulièrement 
disposées et beaucoup plus grandes. | 


25. FUCOIDES SELAGINOIDES, PI IX, Fig. 2. 


F. caule pinnatim ramoso, foliis sparsis numerosis , caulem undique 
tegentibus, oblongo-linearibus, membranaceis? enervibus. 


Knorr, tom. IT, & Fig. 3. — fig. 1 et 3. — y. 


Gis. Dans les schistes bitumineux du calcaire alpin. 


Loc. Pays de Mansfeld. ( Co/!. de l'école des mines.) 


La tige est longue de 2 à 3 décimètres au moins , irrégulièrement 
pinnée, à rameaux alternes plus ou moins ouverts, ou redressés , 
simples, de 6 à 8 millimètres de diamètre, à feuilles nombreuses, 
insérées dans tous les sens et sans ordre, étalées, oblongues, 
allongées, presque linéaires , obtuses (1). Ces feuilles sont minces ét 


(1) En exécutant la figure qui représente cette plante, on a rendu les feuilles trop 
pointues ; elles doivent être un peu plus arrondies à leur extrémité. 


I. 10° 


4 | HISTOIRE 

paraîtraient avoir étésmembraneuses!, à moins: que ce me!soit un 
effet de la compression, ce qui est probable, d’après l'analogie de 
cette planteravec les Caulerpes dont les feuilles sont épaisses’et char- 
nues, mais suceptibles de devenir très-minces par la compression ; 
on ny voit aucune trace de nervures. Les figures très-nmparfaites 
de Knorr ne représentent que la masse générale de ces fossiles; 
mais il faut une grande attention, et des échantillons mieux conser- 
vés qu'ils ne le sont la plupart du temps, pour y bien distinguer 
les feuilles. 

Walch compare ces fossiles à des éponges, et particulièrement 
au. Spongia fluviatilis , ainsi qu'aux Ceraiophyllum. W suffit d’un 
examen un peu attentif pour voir combien ces plantes diffèrent 
de ces deux genres. 

La présence de feuilles bien distinctes, l'insertion irrégulière 
de ces feuilles, l'absence de nervures qui les parcourent, indiquent 
au contraire leur analogie avec les Algues; et, parmitle genre Cau- 
lerpa, il y a plusieurs espèces qui ont la plupart des mêmes carac- 
ières : tels sont les Caulerpa «cupressoides, Selago ; hypnoides , 
dont les rameaux sont également couverts de feuilles oblongues ou 
linéaires , sans nervures, disposées sans'ordre régulier, et qui, par 
une forte compression, prendraient un aspect analogue à celui des 
plantes fossiles qui nous occupent, Ces dernières différent surtout 
des plantes vivantes par leurs feuilles plus longues, plus lâches , 
plus étalées, moins exactement imbriquées et par leur taille plus 
grande ; cependant elles se rapprochent à beaucoup d’égards du 
Caulerpa Selago (Fucus Selago Turn., tab. 55), qui a des feuilles 
longues, linéaires, insérées en grand nombre autour de la tige, Il 
nous manque des échantillons plus parfaits de ces plantes pour 
pouvoir les bien étudier et nous former une opinion plus précise à 
leur égard; mais il est bien certain que ces fossiles n’ont aucune 
analogie avec les Fougères et qu'ils n’ont que des rapports très-peu 
importans avec les Lycopodes auxquels ils ne ressemblent que par 
leur aspect général, mais dont ils ne possèdent ni Îa régularité ni 
l'apparence solide et ligneuse. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 5 


26. FUCOIDES FRUMENTARIUS. 


F. caule subsimplici , foltis turbinatis vel clavatis, carnosis , sparsis, 
undiquè imbricatis, caulem obtesentibus. 


Carpolithes frumentarius , Schloth. Petref. , P: 419, tab. xxvinr, Fig. 1. 
Algacites frumentarius, Schloth. Nachtrage zur. Petref. , p. 43. 


Gis. Dans les schistes bitumineux du calcaire alpio. 


Loc. llmenau dans le pays de Mansfeld. (ScAlotheim.) 


La tige paraît simple dans l'échantillon figuré par M. Schlo- 
theïm , et que nous avons.vu dans la collection de ce savant. Elle 
n'est nullement comprimée, ce qui tient peut-être à ce que ce 
fossile est renfermé dans un nodule , et non dans des schistes comme 
les autres échantillons du même terrain. Cette absence de com- 
pression le fait paraître beaucoup plus différent des deux espèces 
précédentes qu’il ne l'était probablement à L'état vivant; il en dif- 


fre cependant spécifiquement par ses folioles renflées vers l’extré- 


. mité, très-obtuses et presque claviformes , imbriquées dans tous 


les sens. Il est probable que, comme les précédentes, cette plante 
se rapprochait surtout des Caulerpa, quoiqu’elle diffère beaucoup 
des espèces qui vivent dans les mers actuelles par sa taille beaucoup 
plus considérable. Du reste, la forme des feuilles ou des rameaux, 
comme on voudra les appeler, qui couvrent ces tiges, est trés-ana- 
logue à celle des feuilles des Caulerpa ; elle est intermédiaire entre 
la forme très-renflée qu’on remarque à ces mêmes organes dans 
les Caulerpa clavifera, sedoides , cactoïdes , etc. ; et la forme 
allongée des feuilles des Caulerpa Selago, cupressoides , erici- 
folia, ete. IL est probable que les espèces précédentes , quoique 
devenues parfaitement planes , par l'effet de la compression , avaient 
comme celle-ci, des feuilles charnues et presque vésiculeuses à 
“Vétat vivant. Par sa taille et sa forme générale:, l'espèce qui nous 
occupe se rapproche surtout du Caulérpa cactoides, dont les 
10, 


76 HISTOIRE 

feuilles sont cependant beaucoup plus renflées et plus vésiculeuses ; 
mais en faisant abstraction de sa grandeur plus considérable , elle 
a une analogie frappante avec le Fucus uvifer, Turn., tab. 230. 


-( Caulerpa clavifera , var y. Agardh , spec. Alg. x, p. 437.) 


27. FUCOIDES NILSONIANUS, PI IE, Fig. 22, 23. 


F. caule subsimplici, foliis ovato-oblongis, obtusis , carnosis , un- 
dique densè imbricatis. 


Caulerpa septentrionalis, Agardh, Mém. acad. de Stockh., 1823, p. 110, 
tab. 11, fig. 7. 
Fucoides imbricatus, Sternberg, fase: 1v, p. vir. 
Var. 8. Foliüis apice incrassatis subclavatis, Agardh, Z: c., Fig. 6. 


Gis. Douteux, dans une formation qui se rapporte probablement aux terrains 
de sédiment inférieur. 5 % 
Loc. Mines de charbon de terre de Hæœganès en Scanie. (ÆVilson.) 


Cette espèce, suivant M. Agardh , se rapproche particulièrement 
des Caulerpa clavifera et sedoides ; elle ressemble, en effet, par 
sa taille, la forme et la disposition de ses feuilles, à ces espèces. 
Cependant les feuilles n’ont paru moins renflées, moins claviformes 
que dans ces deux plantes , et se rapprocher davantage de la forme 
qu’elles présentent dans les Caulerpa cupressoides et ericifolia. 
Les feuilles paraissent surtout ressembler, par leur forme, à celles 
du Caulerpa pennata de Lamouroux; mais ces feuilles ne sont pas 
distiques comme dans l'espèce vivante que nous venons de citer. 

Toutes les espèces de Caulerpa à feuilles imbriquées dont se 
rapprochent les Fucus fossiles de cette section, ne croissent que 
dans les mers des tropiques ou dans l'hémisphère austral sur les 
côtes de la Nouvelle-Hollande. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 


+ 
ST 


28..FUCOIDES BRARDIT, PI IL, Fig. 8-r9. 


F. caule simplici vel subpinnato, foliis ovatis vel ovato-oblongis , 
planis , subcarnosis ? multifariè imbricatis. 


Var. &. Folis brevioribus obtusioribus. 
Carpolithes kemlocinus ? Schloth. Petref., p. 414. 


Gis. Dans les lignites inférieurs à la craie. 
Loc. Lignites du col de Pialpinson sur la limite des départemens de {a 
Dordogne etde la Corrèze. (Brard.) Var. 8. Le Frankenberg en Hesse. 


} C2 


Les échantillons du Frankenberg sont connus depuis long-iemps 
et ont été comparés, soit à des fruits de Conifères, soit à des épis 
de Graminées. Ces végétaux sont transformés dans ce lieu, en cuivre 
sulfaré , qu’on a désigné sous le nom de cuivre sulfuré spiciforme (1). 
M. Schlotheim les indique sous le nom de Carpolithes hemlocinus, 
et les compare aux fruits du Pinus americana, Wild. Je ne puis 
du moins douter, d’après la localité célèbre qu'il cite, que le fossile 
qu’il désigne par ce nom ne soit le même que j'ai examiné. Îl faut 
cependant convenir qu'il y a bien peu d'analogie entre cette plante 
et un fruit de Conifère , et encore moins entre elle et un épi de 
Graminée; on reconnaît, au contraire, par un examen un peu 
attentif, une tige couverte de feuilles courtes; charnues , obtuses, 
imbriquées comme dans quelques plantes grasses et comme dans les 
Caulerpa. La ressemblance parfaite entre cette plante et celle de 
Pialpinson , et l’analogie de celte espèce et de la suivante, ne 
mé paraissent pas laisser de doute sur la place qu’elle doit occuper. 
. En effet, l'espèce fossile, à l’exception de sa taille, beaucoup 
plus considérable, ressemble extrêmement au Caulerpa ericifolia 
( Fucus ericifolius , Turn. , tab. 56), et au Caulerpa cupressoides 
(Æucus cupressoides, Turn, tab. 195})..Cette dernière plante 
surtout, en faisant abstraction de sa petitesse, ressemble d'une 


{1) BroncnrarT, Traité de minéralogie, tom. IL, p. 213.— Cuivre gris spiciforme, Faux. 


78 HISTOIRE | 
manière frappante aux échantiilons du Frankenberg , par la disposi- 
tion régulière des feuilles, et par leur forme obtuse. La première 
espèce est au contraire très-analogue , en plus petit, aux échantillons 
de Pialpinson que, j'ai recus de M. Brard. Peut-être devrait-on 
considérer ces deux variétés comine des espèces distinctes ; mais , 
avant de séparer des objets si voisins, il m’a semblé nécessaire 
d'en voir un plus grand nombre d'échantillons. 


29. FUCOIDES ORBIGNIANUS, PI. II Fig. 6, 7. 


F. caule irregulariter pinnato , foliis minutis, subconicis, obtusis, 
carnosis, subtrifariè imbricatis, caulem undique tegentibus. 


Fucoides orbionianus, Ad. Brongs., Mém. de la Soc. d’hist, nat. de Paris ; 


tom. I, p. 308, PI. XIX, Fig. 1. 


Gis. Dans les lignites inférieurs à la craie. 


Loc. L'ile d'Aix, près La Rochelle. (D'Orbigny , Fleuriau de Bellevue.) 


Cette plante , que je connais plus complétement que les précé- 
dentes , me paraît établir d’une manitre certaine l’analogie de tout 
ce groupe de fossiles avec les Caulerpa ; sa tige est rameuse, à 
rameaux pinnés à peu près distiques, mais sans régularité; ses 
feuilles petites, charnues, courtes et presque coniques , obtuses, 
s’insérent par une base assez large ; elles sont disposées sur trois 
rangs d’une manière assez régulière. 

La grandeur de cette plante, le mode de division de sa tige, la 
forme et le mode d'insertion des feuilles ont la plus grande analogie 
avec ce que Turner a figuré dans son l'ucus cupressoides, tab. 195 
(Caulerpa cupressoides , Agardh ), si ce n’est que dans cette plante 
les feuilles paraissent disposées sur cinq à six rangs. 

Au premier aspect, cette plante ressemble aussi au genre 
Thamnophora , et particulièrement au Thamnophora triangulartis ; 
mais une comparaison plus attentive montre de grandes différences, 
les feuilles ou tubercules de cette plante étant divisés à leur extré- 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 79 
mité en trois où quatre pointes aiguës, tandis que les feuilles de 
l'espèce fossile sont entières et obtuses au sommet. 


L | 
Ç X. Espèces qui ne peuvent se rapporter à aucune des sections 
précédentes. 


30. FUCOIDES AGARDHIANUS, PI VI, Fins G: 


F. fronde simplici, oblongä, margine simuato-undulatà, transverse 
et obliqué plicatä, frondem pinnatam pinnulis adhærentibus 
simulante ; nervo medio crasso, ad apicem evanescente ; nervulis 
nulhs. 


Fucoides agardhianus, Ad. Brong., Mém. de la Soc. d’hist, nat. de Paris. 
tom. TI, p. 312, PI. XXI, Fig. ets. 


Gis. Dans les terrains de sédiment supérieur. 
Loc. Monte-Bolca près Vérone. (Col. de MM. Faujas et Gazola.) 


Cette plante paraît différer beaucoup de toutes les espèces con- 
nues de la famille des Algues, cependant elle a encore plus d’ana- 
logie avec le genre si varié des Caulerpa qu'avec aucun autre ; 
elle a la fronde simple comme le Caulerpa prolifera de la Médi- 
terranée, mais cette fronde n’est pas une simple expansion mem- 
braneuse comme dans cette plante ; elle est iraversée par une forte 
nervure large et épaisse, analogue à la tige principale des Caulerpes 
pinnés , et les expansions membraneuses qui la garnissent des deux 
côtés , sont plissées obliquement et paraîtraient plutôt représenter 
une fronde pinnée dont les folioles seraient soudées ensemble , 
qu'une membrane continue ; caractères qui lui donnent beaucoup 
de ressemblance avec le Caulerpa scalpelliformis , dont les lobes 
latéraux sont trés-rapprochés et se croisent presque. 


80 HISTOIRE 
* Espèces douteuses. 


31. FUCOIDES PECTINATUS. 


F. caule simplici, recto, pinnatifido, pinnulis distantibus , arcuatis, 
cylindrico-subulatis, aculeiformibus. 


2 


Carpolithes orobiformis? Schloth. Petref., p. 419, tab. xxvn, Fig. 2. 
Algacites orobiformis , Schloth. Nacht. zur. Petref. , p. 43. 


‘Gis. Dans les schistes bitumineux inférieurs au calcaire alpin. 


Loc. [menau dans le pays de Mansfeld. ( Schlotheim.) 


Cette espèce, considérée d’abord comme un fruit et ensuite 
comme une ÂAlgue par M. de Schlotheim, est très-douteuse ; on 
n’en connaît jusqu'à présent qu'un fragment trop incomplet pour 
se former une opinion exacte à son égard. 

J'avais d’abord cru pouvoir rapporter à la même espèce une 
plante fossile remarquable, conservée dans la collection publique 
de la ville du Mans, et dont M. Jules Desnoyers a eu la bonté de 
me communiquer un croquis ; mais, malgré son analogie générale 
avec la figure de.M. Schlothenn , n'ayant pas vu l'échantillon, je 
n'ose établir leur identité spécifique. La disposition rayonnante que 
présentent les sept tiges pinnées qui partent d’un même point, dans 
cét échantillon de la collection du Mans, me ferait même présumer 
que ce n’est pas un Fucus, mais que ce sont plutôt les feuilles 
d'un Zamia encore réunies au sommet de la tige. On sait qu'il 
est facile, d’après des dessins incomplets, de confondre ces plantes 
comme je lavais fait dans mon premier mémoire, à l'égard des 
Fucoides pennaiula et elesans, dont le premier est un Zarmia 
et le second paraît une Conifère; c’est par cette raison que je 
reste dans le doute jusqu'à ce que j'aie pu voir l'échantillon" lui- 
même. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 8r 


32. FUCOIDES TURBINATUS, PI. VIIL, Fig. 1. 


F. caule simplici , erecto , elongato, ramulis subspicatis, brevibus, 
nudis , turbinatis vel in disco obconico expansis. 


Fucoides turbinatus, Ad. Brong., Mém. de la Soc. d’hist. nat. de Paris, tom.I, 
p. 314, PI. XX, Fig. 1. 
Scheuzer , Herb. diluv,, Tab. v, Fig. 6. 


Gis. Dans les terrains de sédiment supérieur. 
Loc. Monte-Bolca près Vérone. (Mus. d'hist. nat. de Paris.) 


La position de cette plante dans la famille des Algues est très- 
douteuse ; elle offre une tige simple, assez gréle, flexueuse, d’où 
naissent des pédoncules courts, dressés, qui supportent des corps 
turbinés ou en forme de cloche renversée, plus ou moins évasés , 
suivant qu'on les observe vers le bas où ils sont très-dilatés, ou 
vers le haut, où ils ne représentent qu’un cône renversé, peu élargi. 
… Est-ce un Fucus analogue aux Caulerpa clavifera, chemnitzia, etc., 
ou une plante phanérogame couverte de fleurs en têtes plus ou 
moins épanouies ? La différence progressive de forme à diverses hau- 
teurs ne s’observe pas ainsi sur les Caulerpa, dont les feuilles sont 
en général plus rapprochées, plus arrondies et moins régulières ; 
d’un autre côté , l'apparence de ces corps annonce une masse charnue 
homogène et non une aggrégation de fleurs. 


33. FUCOIDES DISCOPHORUS PI. VIII, Fig. 6. 


F. caule difformi, ramoso, ramulis elongatis , squamulosis, apice 
in disco subhemisphærico expansis. 


Fucoides discophorus, Ad. Brong., Mém. de la Soc. d’hist. nat. de Paris, 
tom. Î, p. 313, PI. XX, Fig. 6. 


Gris. Dans les terrains de sédiment supérieur. 
Loc. Monte-Bolca près Vérone. (Mus. d’hist. nat. de Paris.) 


Cette espèce ne diffère de la précédente que par sa tige beaucoup 
I. 


11 


82 | HISTOIRE 

plus rameuse, se divisant en rameaux allongés , grêles, garnis de 
petites écailles ou d’épines courtes , et terminés par un corps en 
forme de cône très-déprimé et renversé, ou d’une sorte de disque ; 
cette masse paraît homogène et charnue comme. dans la plante 
précédente dont celle-ci diffère à peine. Les mêmes réflexions s’ap- 
pliquent à toutes les deux, car elles appartiennent évidemment 
au même genre, soit qu’elles restent dans la famille des Algues, ou 
qu’elles doivent en sortir pour se ranger dans une autre famille, 


34. FUCOIDES LYNGBIANUS, PI. II, Fig. 20, 2r. 


F. caule simplici? folüs oblongis vel ellipticis vel. subrotundis , 
difformibus, crassis, enervibus, patentibus, undiquè insertis. 


Gis. Dans là craie tufeau. 
Loc: Arnager dans l'ile de Bornholm. ( Coll. de S. 4. R. le prince Christiar: 
de Danemarck.) 

L’impression de ce Fucus est si vague et si peu arrêtée, qu'il 
est difficile d’en donner une description précise et de fixer ses 
rapports avec les plantes de cette famille. 

On distingue une tige simple autour de laquelle sont groupées sans 
ordre des sortes de feuilles arrondies ou ovales qui paraissent avoir 
été épaisses ou charnues , et dont une des plus nettes est représentée 
Fig. 21; elle paraît être sans nervure et comme granuleuse ; ces 
caractères font ressembler cette plante aux Caulerpa à feuilles 
renflées et presque vésiculeuses, telles que les Caulerpa clavifera, 
chemnitzia et sedoides , et l'éloignent des Sargassum dont elle-pré- 
sente un peu l'aspect général ; il parait du moins certain que si l’état 
imparfait de cet échantillon ne nous trompe pas, celte plante se 
rapporte à un genre exotique des mers équatoriales ou australes. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 83 


35, FUCOIDES?. CYLINDRICUS, PI III, Fig. 4. 


F. fronde pinnatà ; ramis simplicibus , patentè erectis, crassis , sub- 
cylindricis , obtusis. 


Knorr, tom. 1, Tab. xxxiv, @, Fig. 2. 


Fucoides ? cylindricus, Sternb. , Flore du monde primitif, p. vir, Tab, Lxvur, 
Fig. r. 


Gas: Dans le grès à bâtir. ( Quadersandstein. ) 
Loc. Teschen sur les bords de l'Elbe en Bohème. ( Sternberg. ) 


Cette espèce a quelqu’analogie, par la grandeur, l'épaisseur et 
la formé de ses rameaux , avec Ja var. 6 du F'ucoides furcatus, 
qui a été trouvée à Stonesfield ; mais elle en diffère par ses divisions 
simples et qui ne paraissent jamais se bifurquer. 

Je ne connais cette plante que par les deux figures de Knorr et 
de M. de Sternberg , qui, malgré quelques différences dans la dispo- 
sition des rameaux , me paraissent se rapporter à la même espèce. 
Parmi les Fucus vivans, je n’en connais aucun qui ait quelque 
ressemblance avec cette plante fossile. 


36. FUCOIDES CIRCINATUS, PI III, Fig. 3. 


F. fronde ramosàä, subpedali, ramulis elongatis, subsimplicibus, 
cylindricis, arcuatis et eodem latere subcircinatim deflexis. 


Gas. Dans un grès blanc inférieur aux schistes de transition qui renferment 
des trilobites, etc. 

Loc. Près du château de Raebeck , à la base du Kinnakulle, sur le bord du 
lac Wenern en Suède. 


Ces impressions , que j'ai vues en assez grand nombre dans les 
P , que Jat V 

grès de transition qui forment la base du Kinnakulle, ont toutes, 

d'une manière plus où moins parfaite, la disposition représentée 


11. 


84 HISTOIRE 
sur la figure, réduite au quart, que j'ai dessinée sur les lieux, les 
blocs de grès qui les renferment étant trop gros pour qu’on püt 
en détacher des échantillons entiers. Ce Fucus atteint près d’un 
pied de haut, il est en général renfermé dans le grès perpendicu- 
lairement aux couches et non pas parallèlement à ces couches, 
comme la plupart des végétaux transportés et déposés dans le lieu 
où la roche qui les renferme s’est formée. Cette plante paraît 
rameuse dès la base; elle donne naissance à des rameaux très- 
allongés , simples, cylindriques, à peu près gros comme le petit 
doigt , tous dirigés et recourbés du même côté, absolument comme 
une queue de coq. 

Je ne connais aucun Fucus vivant qui se rapproche de cette 
impression singulicre, et cependant elle ne paraît pas pouvoir se 
rapporter à autre chose qu'à quelque plante de cette famille. 


** Supplément aux familles des ALGUES (x) et des 
CONFERVES. 


25 bis. FUCOIDES HYPNOIDES, PI. IX bis, Fig. 1-2. 


F. caule regulariter pinnato, rachi crasso ( squamuloso ? ); ramis 
distichis, obliquis, approximatis, æqualibus ; foliis oblongis, 
obtusis , sub-tri vel quadrifariè imsertis , imbricatis. 


Gis. Inconnu. 


Loc. Suisse. ( Coll. de M. le marquis de Dre.) 


Cette espèce a l’analogie la plus frappante avec le Caulerpa hyp- 
noïdes (Fucus hypnoides, Turn., Hist. Fuc.,t. 173.). La taille est 
la même, la disposition des rameaux est tout-àrfait semblable; la 


(1) J'avais cité le Fucoides Targionii observé à Bignor en Angleterre, comme ayant. été 
trouvé dans des couches qui se rapportaient au grès ferrugineux (Ferruginous-sand , Iron- 


sand'où Hastings-sand); d'après les rénséignemensqté M! Mantell'a bien voulu me com 
muniquer , les couches qui renferment ces fossiles, à Bignor dans le Sussex, n’appartiennent 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 85 


seule différence existe dans la forme des feuilles , celles de la plante 
vivante étant plus tétroites, plus aiguës et disposées en plus grand 
nombre et moins régulièrement autour des rameaux; cette espèce 
croît dans les mers australes de la Nouvelle-Hollande. 

La grosseur de la tige, la disposition des rameaux, et surtout 
la forme et l'épaisseur des feuilles ne permettent pas de considérer 
cette plante comme une Mousse ou comme un Lycopode: 

Le lieu d’où provient cette plante remarquable ne nous est pas 
exactement connu: son étiquette ne porte que le mot Suisse, 
sans que nous puissions présumer le lieu précis où elle a été trouvée, 
ni la formation à laquelle appartient le schiste noir un peu micacé 
qui la renferme. D’après ses rapports botaniques avec les espèces 
. entre lesquelles nous la plaçons , nous pourrions croire qu’elle ap- 
PAEnt à des schistes bitumineux analogues à ceux du Mansfeld 
où à des terrains contemporains du grès vert, comme ceux des 
Voirons près Genève. 

La belle collection dé M. de Dré, que nous navions pas pu étudier 
lors de la publication de notre première livraison, nous a offert 
également un très-bel échantillon du Fucoides selaginoides que nous 
avons fait figurer, PL. o is, fig. 5. 11 montre er la diposition 
pinnée des rameaux , la forme oblongue et obtuse des feuilles ainsi 
que l’absence complète des nervures. 


pas à cette formation , mais à la craie chloritée ou grès vert, formation nommée par les 
géologues anglais, Férestone ou Upper Green-sand. 

Malgré le rapprochement de ces couches , cette distinction n’est pas sans importance ; cette 
dernière formation étant une dépendance de la craie, et tous ses fossiles, comme ceux de la 
craie, annonçant une origine marine, tandis que les sables de Hasting, dont le grès de Tilgate 
fait partie, paraissent s'être déposés sous les eaux douces, et ne renferment presque aucuns 
fossiles marins. Nous remarquerons , en outre, que cette position des couches qui renferment 
le-Fucoides Targioni, à Bignor, s'accorde complétement avec celle que M. Dufrenoy et 
Élie de Han assignent aux roches qui contiennent les mêmes fossiles aux Voirons. 


86 HISTOIRE 


3. CONFERVITES THOREÆFORMIS, PI IX bis, Fig. 3-4. 


C. filamentis simplicibus, flexuosis , continuis, pilis brevibus 
tectis. 


Gis. Terrain de sédiment supérieur. 


Loc. Monte-Bolca près Vérone. (Coll. de M. de Dré.) 


Cette plante, dont nous devonsla connaissance à lacommunication 
bienveillante que M. le marquis de Dré nous a faite de sa collection, 
est un des exemples les plus certains de Conferves fossiles ; elle 
ressemble en effet complétement , ainsi que M. Leman l'avait re- 
marqué, aux espèces du genre Thorea, et même à certains échan- 
tillons du T'horea ramosissima de France , quoiqu’elle se rappro- 
che peut-être plus par ses tiges simples du Thorea violacea, espèce 
recueillie à l'ile de Bourbon, par M. Bory-Saint-Vincent. On 
distingue sur cette tige simple et flexueuse des filamens courts, 
souvent réunis en pinceaux, comme cela a lieu, lorsque ces fila- 
mens se sèchent, et représentant parfaitement un rameau de Thorea 
desséché. | 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 87 


FORA SA BE RAA VE ELA LIVE ML RE AE LA EVE ELU ELA LEA EL TA VER VUE VERRE LELS LUE LEUR LE NA LE LUE LUE ULLA LE LAURE 


CRYPTOGAMES | 


CELLULEUSES. 


“Cerre classe de végétaux présente déjà une organisation beaucoup 
plus compliquée que la précédente : la reproduction s’opère au moyen 
d'organes très-variés, d’une structure très-singuhère et qui parais- 
sent destinés à opérer une véritable fécondation, quoique par des 
moyens très-différens de ceux par lesquels cette fonction s'exécute 
dans les plantes phanérogames. L'absence de véritables vaisseaux, 
et particulièrement de trachées, celle des stomates à la surface des 
feuilles distinguent ces végétaux de ceux qui composent la classe 
suivante. l 

On reconnait dans la plupart des plantes qui font partie de cette 
classe une tige fixée par des racines , soit sur le sol, soit sur la tige 
d’autres plantes, et supportant des feuilles colorées en vert, desti- 
nées comme celles des végétaux plus parfaits à opérer la respiration. 
Les organes de la végétation différent donc peu de ceux des végé- 
taux des classes suivantes, et n’ont aucune analogie avec ceux des 
Agames. Cette tige et ces feuilles sont, ilest vrai, dépourvues de 
vaisseaux et de véritable épiderme ; ‘mais il est plusieurs plantes 
phanérogames aquatiques qui en sont également privées; et lon 
peut, à bien des égards, assimiler 14 manière de croître de la 
plupart de ces plantes dans une atmosphère très-humide, à celle 
des plantes plus parfaites qui végétent constamment sous l’eau. 

Quant aux organes reproducteurs , dans toutes les plantes de cette 
classe.qui ont été bien étudiées, on a reconnu des conceptacles ren- 
fermant des séminules nombreuses, libres, sans aucune adhérence 
avec les parois, et recouvertes par d’autres enveloppes membra- 
neuses , qu'on a comparées successivement au calice, à l'ovaire, ou 


88 HISTOIRE 


aux membranes de l’ovule des plantes phanérogames. Ces concep- 
tacles, d’une structure en général très-compliquée , s’ouvrent avec 
régularité à la maturité des séminules , pour leur donner issue. 

Outre ces organes femelles, on a observé dans, ces plantes des 
petits sacs mémbraneux, fixés sur des points particuliers du végétal, 
éclatant par l’action de l’eau comme les grains de pollen, et qu’on 
considère assez généralement comme des organes mâles. 

Telle est l’organisation essentielle des végétaux de cette classe, 
qui ne constituent que deux familles : les Hépatiques et les Mousses. 

On ne connaît jusqu'à présent aucune plante, fossile ‘qui puisse 
se rapporter à la famille des Hépatiques , et deux espèces seulement 
viennent se ranger dans celle des Mousses. 

Daubenton avait cru, il est vrai, reconnaître des plantes de cette 
famille dans des Agates mousseuses , et M. Macculloch a figuré de 
prétendus végétaux, observés dans ces mêmes minéraux, végétaux 
qu’il compare à des Jungermannia, et qui, d’après ses figures, en 
ont en effet beaucoup l'aspect. Mais comme, malgré mes recherches , 
dans beaucoup de cabinets, je n’ai pu trouver un seul échantillon 
d’Agate qui présentât un indice de Mousse ou de Jungermanne, 
je reste dans le doute à cet égard, et je suis porté à penser que, 
par un examen trop superficiel, on s’est laissé imposer par des 
infiltrations de substances minérales qui imitent quelquefois assez 
parfaitement des Mousses ou d’autres plantes analogues, pour qu’on 
puisse s’y tromper, à moins d’un examen irès-attentif. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 89 


AAA ELLE LA LUE A RL VERRE MA VUE LULU LEE EVE LRU MUR LUE LAVE WU LE VUE EU RURALE AR LUE 


_ MOUSSES. 


La famille des Mousses, aussi remarquable par la petitesse des 
plantes qu’elle renferme, que par la structure compliquée de leurs 
organes, offre cependant une grande uniformité dans l’organisation 
de leurs parties essentielles. 

Toutes les espèces qu’elle comprend, présentent une tige plus ou 
moins distincte, plus ou moins étendue, fixée sur les corps qui lui 
servent de support par des racines fines et nombreuses, analogues à des 
filamens de conferves avec lesquelles on les a quelquefois confondues. 
Cette tige, simple ou rameuse, supporte des feuilles généralement 
assez nombreuses , rapprochées , insérées tout autour de ceite tige 
et se recouvrant l’une l’autre; quelquefois ces feuilles sont distiques, 
ou bien déjetées d’un seul côté. Leur forme, leur mode d’inser- 
‘tion varient beaucoup et donnent quelquefois de bons caractères 
pour reconnaître ces plantes, même lorsqu’elles sont dépourvues de 
fructification. 

Le mode de ramnification de la tige, et la disposition des feuilles 
sur cette tige, sont particulièrement propres à caractériser cer- 
tains genres ou quelques groupes dans les grands genres; la forme 
des feuilles elles-mêmes, esten général un caractère constant dans 
la même espèce. ui 

On doit surtout donner attention aux nervures qui les traversent ; 
dans beaucoup d’espèces, on n’en découvre aucune trace; dans 
d’autres, on ne voit qu'une nervure moyenne qui parcourt une plus 
ou moins grande partie de la feuille, et qui quelquefois s'étend au 
delà de son extrémité sous la forme d’un filament blanc et transpa- 
rent. Enfin , quelquefois on en observe trois partant de la base de 
la feuille ; jamais ces nervures ne sont rameuses. 

La structure des tiges et des feuilles, est un des caractères essen- 


tiels de cette famille. On n’a jamais pu découvrir ni trachée, ni 
J, 12 


go HISTOIRE 


aucune autre espèce de vaisseaux dans la tige de c°s plantes ; elle ne 
paraît formée que de tissu fibreux , dont les fibres laissent probable- 
ment entre elles des canaux intercellulaires pour le passage des fluides 
nourriciers. Les feuilles également ne présentent Jamais de vais- 
seaux ; elles sont formées le plus souvent par une seule couche, ou 
par deux ou trois couches de cellules irès-régulières qui donnent à 
cette membrane, lorsqu'on l’examine au microscope, une texture ré- 
ticulée d’une régularité admirable ; les nervures ne sont formées que 
par des fibres analogues à celles qui constituent la tige. Enfin, tous 
ces organes ne sont pas enveloppés par un épiderme analogue à celui 
des plantes vasculaires, c’est-à-dire, par une couche de cellules 
transparentes et fortement adhérentes entre elles. 

Les cellules, remplies de globules veris, s'étendent jusqu’à la 
surface dans ces plantes comme dans la plupart des plantes aqua- 
tiques à feuilles submergées , et par suite de cette absence de l'é- 
piderme, les siomates, destinés à faire communiquer le paren- 
chyme des feuilles avec l’air extérieur, manquent également. 

Deux sortes d'organes, dont Hedwig a décrit la structure et le 
développement avec une précision remarquable , concourent à la 
reproduction. 

Les uns sont des petits sacs oblongs ou elliptiques, fixés par un 
court pédicelle, et réunis par groupes , soit à Vaisselle des feuilles, 
soit à l'extrémité des tiges, où ils sont environnés de feuilles mo- 
difiées, formant un involucre rayonnant. 

Ces petits sacs, mis en contact avec de l’eau , se rompent par 
l'extrémité opposée à leur point d'attache, et donnent issue à une 
quantité de petits granules réunis en des sortes de nuages irréguliers. 

Ce phénomène et la structure de ces petits sacs, les ont fait consi- 
_dérer comme analogues à des grains de pollen fixés par un des 
points de leur surface, et tout porte à penser qu’ils remplissent des 
fonctions analogues, c’est-à-dire , qu’ils sont des organes fécondans. 

Les organes qui contiennent les séminules , se présentent d’abord 
sous la forme d’un petit corps subulé, fixé par'sa base et contenu 
dans un sac membraneux qui s'allonge supérieurement en un 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 91 


tube cylindrique un peu évasé au sommet, Ce prolongement tubu- 
leux , qu’on à comparé.au stigmate, et qui a peut-être plus d’ana- 
logie avec le prolongement des membranes de l’ovule qui entoure 
souvent le micropyle , paraît destiné à recevoir le fluide fécondant. 

Après la fécondation le petit corps subulé grossit, se gonfle et- 
se change en une capsule contenant de petits corps reproducteurs ; 
le sac qui l’enveloppait se détache à sa base, ilest soulevé par la 
capsule dont le pedicelle s’allonge et forme la coiffe qui recouvre 
cette capsule jusqu’à sa maturité. Suivant la manière dont cette 
coiffe s'est détachée, elle est fendue latéralement ou coupée 
transversalement, ou divisée en plusieurs lanières à sa base. La 
capsule complétement développée est ovoïde ou cylindrique, drorie 
ou inclinée; elle s'ouvre supérieurement par le moyen d’un oper- 
cule qui se détache complétement. 

L'ouverture qui en résulte est tantôt nue, tantôt entourée par 
une membrane entière , ou le plus souvent par un ou deux rangs de 
denis plus ou moins allongées, au nombre de 4, 8, 16 ou 32, et 
formées quelquefois par la soudure de plusieurs dents entre elles. 
C'est à ces parties qui entourent l’orifice de lurne qu’on donne le 
nom de péristome. La membrane qui forme la capsule est double, 
l'externe plus solide , lintérieure plus fine. Au milieu de la cavité 
de cette capsule s'élève une colonne ou columelle plus où moins 
allongée ; c’est autour de cette columelle que sont placées les sé- 
minules. | 

Ces petits corps réguliers, semblables entre eux, madhèrent par 
aucun point à la capsule : mis sur la terre humide , ils se. dévelop- 
pent sans présenter rien qu’on puisse comparer à de vrais cotylé- 
dons, mais en donnant naissance à des filamens rameux, confer- 
voïdes, analogues plutôt aux radicelles des Mousses. 

Telle estla structure des petites plantes qui constituent cette famille; 
les genres nombreux qu’on a formés parmi elles, sont fondés prin- 
cipalement sur les caractères que fournissent la position axillaire ou 
terminale des fleurs femelles , la forme de la coiffe, et la structure 


du péristome. On connaît plus de huit cents espèces de Mousses, 
12: 


92 | HISTOIRE 
réparties dans soixante genres environ. La distribution géogra- 
phique de ces plantes exige des recherches plus étendues pour 
fournir des résultats exacts; on sait cependant que quelques genres, 
et un grand nombre d'espèces , sont propres à des climats parti- 
culiers , tandis que d’autres espèces se retrouvént avec des caractères 
parfaitement identiques sous les climats les plus différens , et dans 
les lieux les plus éloignés du globe. 

Jusqu'à présent ces plantes n’avaient pas été reconnues à l’état fos- 
sile; je crois pouvoir maintenant en indiquer deux espèces trouvées 
toutes deux dans des terrains d’eau douce assez récens. L'une, décou- 
verte près de Narbonne par M. Fournal, ne laisse aucun doute sur 
ses rapports avec la famille des Mousses ; l'autre , observée déjà depuis 
assez long-temps dans les meulières de Lonjumeau , près Paris, avait 
été indiquée sous le nom de Zycopodites squamatus , dans la de- 
scription géologique des environs de Paris. Cette dernière diffère 
beaucoup plus des espèces de Mousses que nous connaissons, et 
ce n'est qu'avec quelque doute que nous la rangeons dans cette 
famille. | 

Il est assez remarquable que les recherches les plus attentives 
n'aient pu faire découvrir jusqu'à présent aucun indice de ces 
cryptogames dans les terrains houillers , dont la végétation paraîtrait 
cependant analogue à celle des lieux où ces plantes croissent en 
abondance. 

Les fructifications n’existant pas dans les deux espèces fossiles 
que nous allons décrire, on ne peut reconnaître les genres aux- 
quels elles appartenaient, et nous les désignerons sous le nom 
générique de Muscites. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 93 


MUSCITES. 


Yec. Caulis simplex vel ramosus, filiformis, foliis membra- 
naceis vix nervosis, sessilibus vel amplexicaulibus, 1m- 
bricatis vel subpatentibus , obtectus. 


Frucr. Capsula ovata vel cylindrica, pedicellata vel rarits 
subsessilis, operculata, calyptrà supernè vestita. 


1. MUSCITES TOURNALII, PI. X, Fig. 1-2. 


M, caule filiformi, subsimplici ( basi ramoso?), ramis elongatis, 

* flexuosis, flagelliformibus ; foliis patentibus , vel laxé imbricatis, 
subtrifariis, ovato-lanceolatis, obtusiusculis, integerrimis , sub- 
concavyis, enervibus. Fructificatio ignota. 


Gis. Dans une formation d’eau douce composée de marnes calcaires schisteuses, 
faisant partie des terrains de sédiment supérieur, et qui renferme un grand 
nombre de feuilles de plantes dicotylédones et de conifères (1). 


Loc. Armissan près Narbonne. ( Tournal.) 


Cette plante présente des rameaux très-allongés , flexueux , nais- 
sant par touffes , et probablement d’une même souche; ces rameaux 
irrégulièrement entremélés paraissent s'être étalés à la surface du 
sol, ou avoir flotté dans l’eau ; ils sont couverts de feuilles assez 
écartées et étalées vers la base où elles laissent voir la tige, rappro- 
chées et imbriquées vers le sommet; elles paraissent insérées en 
spirale sur trois rangs; leur forme est ovale-lanceolée , et se termine 
en une pointe mousse. Elles sont parfaitement entières , légérement 


(1) M. Tournal, auquel nous devons plusieurs autres plantes très-curieuses de cette 
formation, se propose de faire connaître sa position géologique , dans un mémoire qui sera 
publié incessamment dans les Annales des sciences naturelles. | 


94 HISTOIRE 


concaves, et complétement dépourvues de nervures. , On n’a pas 
découvert jusqu'à présent de capsules; mais la disposition des 
tiges et des feuilles, et la forme de ces dernières, placent presque 
sans aucun doute cette plante dans la tribu des Hypnoïdes , et la 
rapprochent surtout de quelques Æypnum ou Leskea. Cependant, 
après l'avoir comparée avec attention aux espèces qui croissent en 
Europe, on n’en trouve aucune qui lui soit parfaitement semblable , 
quoiqu’elle ait de l’analogie avec plusieurs d’entre elles. 

Ses rameaux presque simples ou irréguliérement divisés , ses feuil- 
les espacées, entières, la rapprochent surtout des Hypnum denticu- 
latum et riparium (1); mais les feuilles ne paraissent pas aussi régu- 
lièrement distiques que dans la première, et elles sont bien moins 
allongées et aiguës que dans la seconde ; en outre elles paraissent 
concaves et légèrement enroulées sur leur bord, ce qui peut-être 
pourrait cacher de petites dentelures, et alors cetie espèce ressem- 
blerait beaucoup à certaines variétés de lAypnum riparioïdes 
Hedw. (Moug. et Nestl, Stirp. crypt. n°. 427), ou à l'Hypnum 
cuspidatum dont les feuilles sont seulement beaucoup plus étalées 
vers la base des rameaux. 

Parmi les espèces exotiques que J'ai pu comparer avec elle, soit 
d’après des échantillons, soit d’après de bonnes figures , la seule qui 
offre quelque analogie est l’'Hypnum elegans de Hooker ( Musci 
exot., Tom. I, tab. 9), espèce de la côte nord-ouest de l'Améri- 
que , dont les tiges plus régulièrement rameuses portent des feuilles 

légèrement recourbées et dentelées à l'extrémité. 
= Pour discuter ces analogies avec plus de certitude, il faudrait 
des échantillons plus nombreux que ceux que je possède, et surtout 
connaître le fruit de cette espèce. 


(x) Voyez la PL. X, Fig. 3-4, qui représente cette dernière plante de grandeur naturelle 
et üri rameéau grossi. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 95 


>. MUSCITES? SQUAMATUS, PI X, Fig. 5-7. 


2 


M. ramis simplicibus , foliis rhomboideis, obtusis, cauli arctè ap- 
plicatis, nervo medio vix distincto percursis. 


Lycopodites squanvatus, Ad. Brong. , in. Cuv. et Brong., Desc. géol. des env. 
de Paris, p. 359, PI. XI, fig. 3. 


Grs. Dans les meulières du terrain d’eau douce supérieur. 


Loc. Lonjumeau près Paris. 


Cette plante , dont on trouve les moules en creux dans la meu- 
lière, se présente sous forme de tiges simples dont le diamètre 
varie de 4 à 6 millimètres et dont on trouve des fragmens de 3 
à A centimètres qui n'offrent aucune trace de ramifications ; les 
feuilles courtes, obtuses , rhomboïdales, paraissent assez épaisses , et 
sont exactement appliquées contre la tige qu’elles environnent de 
toute part, et sur laquelle elles paraissent disposées en quinconce sur 
quatre rangs, ou plutôt former des spirales montant de gauche à 
droite ; elles sont légèrement carénées sur leur ligne moyenne, ce 
qui semblerait indiquer qu’elles sont parcourues par une nérvure 
médiane. 

En comparant ces fragmens de plantes avec divers végétaux vi- 
vans, on ne leur trouve quelque analogie qu'avec les Lycopodes, 
les rameaux de quelques espèces de Genévriers et certaines espèces 
de Mousses; ces tiges simples el toujours peu étendues ne ressem- 
blent qu’à un petit nombre d'espèces de Lycopodes, leurs feuilles 
courtes et obtuses ne rappellent pas non plus ces végétaux; enfin 


ces fossiles , mélés dans les mêmes échantillons avec des tiges de 


Nymphéa et des fragmens d’autres plantes aquatiques, semblent 
devoir également se rapporter à des végétaux propres à ces mêmes 
localités. 

Les mêmes raisons les éloignent des Conifères, et en outre il 
serait étonnant qu’on ne trouvât que des fragmens isolés de ces vé- 


96 HISTOIRE 


gétaux dont les rameaux ont un mode de division qui les fait 
reconnaître facilement ; d’ailleurs , si on compare cette plante fossile 
avec les rameaux des Genévriers, et particulièrement du Juniperus 
phænicea, dont elle se rapproche le plus, on voit que dans les 
Genévriers les feuilles opposées en croix sont disposées sur quatre 
rangs parfaitement réguliers (PI. X, Fig. 9); tandis que sur 
la plante fossile ces rangées ne sont pas, à beaucoup près, aussi 
régulières, ce qui indique une insertion des feuilles en spirale ; cette 
différence, qui dépend d’un point essentiel de l’organisation , nous 
paraît suffisante pour éloigner ces plantes, malgré la ressemblance 
qu’elles offrent au premuer aspect. 

Parmi les Mousses, les Sphagnum surtout présentent beaucoup 
d’analogie avec notre plante fossile, 1°. par leurs rameaux simples 
4, iés sur une tige commune, dont ils se détachent très-facilement ; 

. par leurs feuilles qui, dans plusieurs SRèss , Sont exactement 
pe et d’une forme assez semblable à celles du Muscites 
squamatus ; 3. par les lieux qu’ils habitent. La forme des feuilles 
de l'espèce fossile se rapproche surtout de celle du Sphasnum com- 
pactum (PI. X, Fig. 8), et dans quelques échantillons elles sem- 
bleraient redressées vers l'extrémité, comme dans le Sphagnum 
squarrosum ; mais ces feuilles présentent dans la plante fossile une 
régularité dans leur forme et dans leur mode d'insertion qu’on n ’ob- 
serve que rarement dans celles des Sphagnum. 

Pour pouvoir établir ces comparaisons avec précision, il faut, 
dans le creux laissé par le fossile, faire un modéle en cire; c’est 
d’après de semblables moules que nos descriptions ont été faites , 
ainsi que les Fig. 6 et 7; ce qui leur a donné plus de précision qu'à 
celles publiées dans la Description géologique des environs de Paris. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 97 


SELS AE EVE LUE EVE AA EPA EEE LE ME UE LA LA AT LR LA LE AR A AE LA RL AA UE 


CRYPTOGAMES 


VASCULAIRES. 


Les végétaux qui forment cette classe naturelle, étaient pres- 
que tous réunis par Linné et par de Jussieu , sous le nom de Fou- 
géres; mais ils constituent plusieurs familles bien distinctes, quoique 
unies entre elles par des liens irès-intimes : ce sont les Équiséta- 
cées, les Fougères, les Lycopodiacées, les Marsiléacées et les Cha- 
racées. L'organisation de ces plantes est bien plus compliquée que 
celle des végétaux qui font partie des classes précédentes; des tissus 
irès-variés entrent dans la composition de leurs organes ; on y re- 
trouve toutes les modifications des tissus cellulaires et fibreux qui 
existent dans les végétaux phanérogames ; des vaisseaux particuliers 

servent au passage des fluides nourriciers; mais il est encore dou- 

teux sl existe dans ces plantes de véritables trachées. Dans toutes 
celles que jai étudiées, je n’ai observé que de fausses trachées ét 
spécialement la modification connue sous le nom de vaisseaux an- 
nelés. 

Ces vaisseaux et les tissus qui les accompagnent affectent des dis- 
positions assez différentes dans chaque famille pour qu’on ne puisse 
rien dire de général sur ce sujet. Ils manquent méme dans quel- 
ques plantes de cette classe, mais c’est particulièrement dans celles 
qui croissent sous l’eau ; et on sait que, dans ces circonstances . 
plusieurs plantes phanérogames même en sont dépourvues. 

Les organes de la fructification varient aussi beaucoup d’une fa- 
mille à l’autre ; tantôt on y reconnaît assez facilement des organes 
Qui caractérisent deux sexes différens, tantôt on n’a pu en décou- 
vrir, avec quelque probabilité, qu’un seul. 

Les Characées, les Marsiléacées , les Équisétacées et quelques Ly- 


copodiacées sont dans le premier cas ; on y a découvert des parties 
I. Ta 


98 HISTOIRE 

qui différent , il est vrai, à beaucoup d’égards, des anthères ou du 
pollen des plantes phanérogames ; mais qui cependant paraissent 
destinées à jouer un rôle semblable , c’est-à-dire à féconder les ovules. 

Dans les Fougèresiet la plupart des Lycopodiacées , au contraire , 
les recherches faites jusqu’à ce jour n’ont pu faire distinguer qu’un 
seul ordre d’organes : ce sont des séminules destinées à la reproduc- 
tion de ces plantes. 

Dans tous ces végétaux, l'embryon, qu'aucun observateur n’a 
pu étudier avant la germination, paraît dépourvu de ces feuilles 
particulières auxquelles on a donné le nom de cotylédons ; cependant 
il donne naissance, au moment où il se développe, à des appendices 
différens des véritables feuilles, et que quelques auteurs ont con- 
sidérés comme des cotylédons; mais il est très-probable que ces 
appendices m'existent pas avant la germination, caractère qui les 
distingue des vrais cotylédons et qui les assimile plutôt aux filamens 
confervoïdes que les Mousses développent au moment de leur 
germination. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 99 


AAA AA A A RAR RAA AT ABUS AAA BREL ARR SLAVE ERA LUE NRA VE LE LE LA AAA RAT LA OA A VA AAA LUS ERA ARR LA 


ÉQUISÉTACÉES. 


Un seul genre vivant, d’une structure très-singulière , constitue 
cette famille : c’est le genre Prêle ou Equisetum. 

Nous devons faire connaître avec détail son organisation, afin 
de pouvoir la comparer avec précision à celle des plantes fossiles 
que nous rangeons dans cette même famille. 

Prenons pour exemple l’Æquisetum fluviatile, lune des plus 
grandes espèces de notre climat, et l’une des plus convenables pour 
cette étude. Une tige souterraine s'étend horizontalement et assez 
profondément dans le sol des marais que cette plante habite (x); elle 
rampe souvent à une profondeur de 4 à 5 pieds, d’autres fois plus près 
de la surface du sol, suivant la nature du terrain : on a suivi quelques- 
unes de ces tiges dans une étenduede 20 à 30 pieds. Cette tige fistuleuse, 
noueuse et cloisonnée de distance en distance , porte encore des débris 
de gaînes autour de ces nœuds. De ces mêmes nœuds naissent des 
racines et, dans quelques cas, des rameaux qui se redressant verti- 
calement forment les tiges que nous voyons s'élever au-dessus du sol. 

On a observé aussi dans plusieurs espèces de ce genre et par- 
ticulièrement dans les Æ. arvense, sylvaticum et variegatum (2), 
des tubercules ovoïdes, tantôt uniques, tantôt placés plusieurs à la 
suite les uns des autres en chapelet. Ces tubercules ne sont évidem- 
ment que des rameaux dilatés dont le tissu est devenu compacte et 
amylacé, comme cela a lieu pour les tubercules de la pomme-de-terre; 
ces tubercules des Equisetum sont terminés par un petit bourgeon 


(1) Gette tige a été décrite par presque tous les botanistes comme une racine; mais c’est 
un véritable rhizome ou tige souterraine , dont la structure ne diffère presque en rien de 
celle des tiges aériennes, et n’a rien de commun avec l’organisation des racines. 

(2) M. Decandolle, dans le supplément de la Ælore française (p. 245), avait formé de la 
variété tuberculeuse de cette plante, une espèce particulière sous le nom d’Z. tuberosum. 


29e 


100 HISTOIRE 
entouré d’une gaîne imparfaite ; ce’ bourgeon, en se développant, 
donne naissance à un rameau; et les tubercules , se séparant facile- 
ment de la tige qui les porte, peuvent servir à la multiplication de 
ces plantes. | 

Ces tiges, dans leurs parties inférieures, donnent aussi naissance 
à des racines verticillées, tantôt simples, cylindriques, tantôt 
plus ou moins rameuses, qui sortent de la base des gaînes ou du 
nœud de ces tiges (1); la manière dont ces radicelles naissent des 
tiges est assez remarquable. Au bas de chacun des sillons qui 
séparent deux des dents de la gaîne, se trouve un tubercule ellip- 
tique (2), qu'on pourrait à certains égards comparer aux lenticelles 
des tiges des plantes dicotylédones; de la surface de ce tubercule 
on voit toujours sortir deux radicelles placées lune au-dessus de 
l'autre ; quelquefois l'avortement de l’une d'elles les réduit à une 
seule qui, dans ce cas, n’est pas placée au milieu du tubercule. 
Entre ces tubercules et à la base de chacune des dents de la 
gaine , on observe dans les nœuds les plus inférieurs , des sortes de 
fosselies elliptiques entourées d’un rebord saïllant dont la disposition 
est assez singulière , mais dont les usages sont tout-à-fait inconnus. 

Ces racines sont les seules qu’on puisse observer dans ces plantes ; 
car, comme dans tous les autres végétaux à tige rampante, la racine 
prhmitive et véritable se détruit promptement , et la. plante n’est 
plus alimentée que par les racines adventives qui naissent de la 
tige. Les gaînes qui dans les Equisetum environnent les nœuds de 
la tige, existent également dans la partie souterraine et dans la 
partie aérienne de cet organe; mais elles n’acquièrent tout leur 
développement que sur les tiges sorties de terre;. dans la partie 
souterraine elles sont plus courtes et se détruisent én partie par 
l'action de l’humidité. 

La tige de ces plantes est toujours fistuleuse. Elle présente une 
cavité centrale très-grande , et des lacunes allongées formant un dou- 


(1) Voyez PI. XI, fig. 2 et 4. 
(2) Zbid. , fig. 10 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 1ot 


ble cercle autour de cette cavité centrale dans les parois de cette 
sorte de tube; le cercle extérieur est formé de lacunes plus larges, 
entourées de cellules grandes et régulières ( PI. XI, Fig. 8, n°. 2); 
le cercle intérieur est composé de lacunes cylindriques plus étroites, 
environnées de cellules beaucoup plus petites ( Zbid. , n°. 4), et c’est 
sur les paroïs même de ces lacunes que sont placés les seuls vais- 
seaux qu’on observe dans ces plantes (Ibid. , n°. 5) (x). 

Ces vaisseaux, au nombre de deux ou trois autour de chaque la- 
cune cylindrique, présentent la structure de cette modification par- 
ticulière des fausses trachées ou vaisseaux lymphatiques à laquelle 
on a donné le nom de vaisseaux annelés (2). 

Les trois ordres de lacunes qu’on observe dans ces tiges sont in- 
terrompus, de distance en distance , par des diaphragmes ou cloisons 
formés par un tissu cellulaire assez lâche; ce sont ces cloisons qui 
déterminent les nœuds ou articulations de la tige dont la disposition 
mérite d’être examinée avec soin; dans ce point, les lacunes qui 
sont disposées circulairement autour de la lacune centrale sont non- 
seulement interrompues, mais elles ne se correspondent pas; c’est- 
à-dire que celles qui sont placées au-dessus du nœud , correspondent 
aux intervalles de celles qui se trouvent au-dessous ; il en résulte 
aussi que les siries, plus ou moins marquées suivant les espèces, 
que ces lacunes déterminent à la surface extérieure des tiges, alter- 
nent également au-dessus et au-dessous des articulations (3). 

En suivant les vaisseaux placés le long des parois des petites lacu- 
nes, on voit qu à chaque nœud ces vaisseaux sont infléchis et peut- 
être interrompus; les cellules allongées qui les accompagnent, et 
probablement les vaisseaux eux-mêmes, se séparent en deux faisceaux 
dont lun continue à monter dans la tige et dont l’autre se porte 
dans la gaîne qui naît de cette articulation (4). 


(1) Voyez PI. XI, Fig. 6, get 8. 


(2) 1bid. Fig. 9. Cette figure est grossie considérablement au microscope. 
(3) Lbid. Fig. 6. 


(4) Lbid. Fig. 7. Cette coupe d’une portion d’articulation correspond supérieurement à 
une des grandes lacunes extérieures (6), et inférieurement à la cloison qui les sépare (7); on 


102 HISTOIRE 


La surface extérieure dans cette espèce est dépourvue de stries 
régulières , ou du moins elles sont à peine distinctes ; elle est lisse, 
sans stomates et simplement couverte dans sa partie inférieure de 
peüis tubercules glanduleux très-fins et très-nombreux, qui ne s’é- 
tendent pas sur les gaïînes et qui sont peut-être l’origine de la cou- 
leur plus foncée de la tige (x). 

Les gaînes , qui entourent complétement la tige à chaque nœud, 
paraissent formées par la réunion et la soudure intime d’un nom- 
bre plus ou moins considérable d’appendices , analogues à de petites 
feuilles , linéaires , subulés, exactement verticillés ; ces appendices, 
libres supérieurement , forment autant de dents plus où moins 
aiguës qui terminent la gaîne; ces dents se prolongent en général 
en un filet subulé très-allongé, mais qui persiste rarement ; elles sont 
bordées latéralement par une membrane plus mince, transparente, 
qui les ünissait en partie avant le développement complet de la tige. 

Des rameaux nombreux naissent autour des nœuds de cette tige ; 
ces rameaux simples, plus ou moins allongés, sont en nombre égal à 
celui des dents de la gaîne, c’est-à-dire de 24 à 30, à moins qu'une 
partie d’entre eux ne se développe pas, ce qui a lieu souvent vers la 
partie inférieure de la tige. Vers le haut, la tige principale diminue 
insensiblement et se réduit à un petit rameau terminal presqu'égal 
aux rameaux latéraux. Ges rameaux latéraux sont toujours insérés au 
bas de la gaïîne en face de l'articulation, et correspondent comme 
les racines aux sillons qui séparent les dents de la gaine (2). Un des 
points remarquables de la structure des plantes de cette famille, 
est ce mode d’origine de rameaux; car, si on considère les gaînes 
comme une réunion d’appendices foliacés, verticillés et soudés entre 
eux, ce qu'il est difficile de ne pas admettre, les rameaux, suivant 
-le mode d'organisation le plus général, devraient naître au-dessus 


voit à gauche la surface extérieure de la tige (5) , et la coupe de la gaîne qui s’en détache (4), 
formée d’un tissu plus serré et plus opaque que le reste de la tige. On y distingue une por- 
tion de la cloison celluleuse (r) et les vaisseaux accompagnés de tissu cellulaire allongé (2-3). 
(1) Voyez PI. XI, Fig. 3 et 5. 
(2) Ibid. Fig. 3. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 103 


et dans l’aisselle de ces sortes de feuilles, tandis qu’au contraire ils 
sortent de la tige entre les divisions de la gaîne et au-dessous de son 
insertion : caractère qu'il est important de noter pour éclairer les 
rapports de ces plantes et des végétaux fossiles. 

Ces rameaux offrent en plus petit une structure analogue à celle 
de la tige; mais ils ne sont pas traversés intérieurement par ces 
grandes lacunes qui parcourent la tige principale, et leurs gaînes 
beaucoup plus courtes n’ont que Æ à 5 dents. 

Les diverses parties que nous venons de décrire dans l'Equi- 
setum fluviatile, varient à certains égards dans les autres espèces, 
quoique les traits essentiels de leur structure soient les mêmes. 
Ainsi toutes présentent une tige souterraine rameuse et très-étendue 
d’où naissent des radicelles et des tiges aériennes; toutes ont une 
tige articulée traversée dans son centre par une grande cavilé, mais 
les lacunes, disposées régulièrement vers la circonférence, ne forment 
quelquefois qu’un seul cercle, quoique le plus souvent on en observe 
deux. 

Les vaisseaux , qui sont faciles à découvrir dans l’Æquisetum flu- 
viatile et dans VE. limosum , sont beaucoup plus petits et plus dif- 
ficiles à observer dans VE. hiemale. 

Lasurface extérieure, quelquefois lisse, est le plus souvent marquée 
de sillons longitudinaux très-profonds et très-réguliers, et recou- 
verte d’un épiderme rugueux et trés-dur, percé de pores corticaux 
dans les parties qui correspondent au fond des sïillons. Ces pores cor- 
ticaux , disposés , en général, en lignes régulières (PI. XII, Fig. 5 ), 
correspondent toujours à des parties du parenchymeé de la tige qui 
sont colorées en vert, ce qui est facile à reconnaître sur la coupe 
transversale. (Foy. PI. XII, Fig. 4, la coupe de lÆ. Aïemale). 
Mais le caractère essentiel et constant des sillons de ces tiges, c’est 
leur régularité parfaite et l'alternance qu’ils présentent au-dessus 
et au-dessous des articulations. 

Les gäînes varient beaucoup quant au nombre et à la forme des 
dents, mais elles ne manquent Jamais et persistent aussi long-temps 
que la tige qui les porte. Elles sont toujours exactement appliquées 


104 HISTOIRE 


contre la tige dans les individus stériles ; elles embrassent les tiges 
fertiles moins étroitement, mais elles ne sont Jamais étalées. Quant 
aux rameaux , ils manquent quelquefois complétement ou naissent en 
petitnombre, isolés et sans régularité, des articulations de la tige (1). 

Les organes de la reproduction forment dans ces plantes des épis 
placés à l'extrémité des tiges principales, ou quelquefois à celle des 
rameaux ( PI. XII, Fig. 6); tantôt ces épis se développent sur des 
tiges couvertes de rameaux et en tout semblables à celles qui sont 
dépourvues de fructification , tantôt ils terminent des tiges parti- 
culières qui diffèrent des tiges stériles par leur brièveté, par l'absence 
des rameaux, par la grandeur des gaïînes qui entouraient l’épi de 
fructification avant son entier développement, enfin par leur cou- 
leur jaunâtre ; mais que ces épis soient portés sur des tiges propres 
ou sur les tiges ordinaires, leur structure est la même. 

Ils sont formés par la réunion d’écailles peltées, disposées en 
verticilles plus ou moins réguliers; ces écailles, d’abord très- 
rapprochées, s’écartent lors de la maturité; elles représentent une 
sorte de disque à peu près hexagonal, soutenu par un pédicelle 
central plus ou moins allongé; sous ce disque sont fixés cinq, 
six ou sept sacs membraneux plus ou moins allongés suivant les 
espèces (PI. XII, Fig. 7); ces sacs s'ouvrent par une fente longi- 
tudinale du côté qui correspond au pédicelle de lécaille (Fig. 8), 
et renferment une poussière très-abondante dont Hedwig surtout a 
bien fait connaître la structure singulière. 

Elle est composée de grains verts sphériques, très-réguliers, pré- 
sentant sur un des points de leur surface un petit mamelon peu 
saillant , et donnant insertion, par le point opposé, à quatre filamens 
renflés vers leur extrémité libre. Ces filamens, beaucoup plus longs 
que le globule vert, se contournent en spirale autour de ce globule 
par l'effet de l'humidité ( Fig. 9), se déroulent et s’étalent par lac- 
tion de la sécheresse ( Fig. 10 ). 

Hedwig considère le globule central conime un ovaire surmonté 


(1) Voyez PI. XII, Fig. r et 2, une tige dÆg. hiemale portant un rameau. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 105 
d’un stigmate très-court, et les filamens renflés à leur extrémité, 
comme quatre anthères portées sur leurs filets. Peut-être serait-il plus 
naturel, d’après ce que nous connaissons actuellement sur la structure 
des organes reproducteurs des plantes Phanérogames, de considérer le 
globule comme un ovule surmonté de son mamelon d’imprégnation , et 
les quatre filamens renflés comme quatre grains de pollen réunis deux 
à deux à la base de lovule; mais ce n’est pas ici le lieu de discuter 
cette opinion. 

Le genre que nous venons de décrire et dont l'organisation , au 
moins dans ses traits essentiels, est très-uniforme, se retrouve 
sur presque tous les points du globe, depuis les régions les plus 
froides jusque sous la zone torride. On n’en connaît cependant pas 
jusqu’à présent à la Nouvelle-Hollande ; mais le cap de Bonne-Es- 
pérance , l'Asie et l'Amérique équatoriale en présentent plusieurs 
espèces, et il est probable que des recherches attentives en feront con- 
naître un plus grand nombre. Il est donc difficile d'établir des rap- 
ports numériques entre les espèces de différentes zones; cependant 
il est certain que ces végétaux deviennent plus rares lorsqu'on s’ap- 
proche du pôle, et qu’ils manquent dans les régions élevées des Al pes, 
car l'Équisetum sylvaticum , qui s'élève plus haut que les autres es- 
pèces, ne croît, suivant M. Vaucher, que jusqu’à 3 à 400 toises, tan- 
dis que le maximum des espèces connues existe dans les régions temi- 
pérées. La différence de grandeur des plantes de ce genre, suivant les 
climats où elles croissent, est encore plus marquée : ainsi les deux 
plus petites espèces sont l’'Equisetum scirpoides Willd. etlÆ. r'ep- 
tans Wahlenb. , qui croissent l’une dans le Canada et l’autre dans la 
Laponie. L'espèce la plus élevée, au contraire, est l'E. giganteum , 
qui croît dans les Antilles et dont la tige atteint jusqu’à à pieds de haut. 
On voit par ces exemples que ces végétaux prennent un développe- 
ment d'autant plus considérable que la température est plus élevée. 

On doit aussi remarquer que ces plantes croissent, en général, en 
grand nombre dans les mêmes lieux; qu’elles couvrent souvent en- 
tièrement de leurs tiges droites et touffues les lieux marécageux, où 
elles forment des sortes de petites forêts ; enfin ces lieux sont le plus 


I. 1 


106 HISTOIRE 


ordinairement des terrains profonds , froids et humides, quoique ra 
rement inondés; on trouve souvent des tiges de ces plantes dans la 
tourbe , quoique j'en aie rarement vu de vivantes dans les marais où 
Von exploite cette substance. 

Parmi les plantes fossiles, il en est quelques-unes qui offrent une 
si grande analogie avec les Equisetum vivans, qu’il est difficile de 
ne pas admettre que ces végétaux appartiennent au même genre; il 
en est d’autres, au contraire, qui s’éloignent par plusieurs de leurs 
caractères des vrais Equisetum , mais qui présentent néanmoins 
plusieurs traits importans de la structure de ces plantes, et qui nous 
paraissent constituer un genre particulier de la même famille. 

Toutes ces plantes étant dépourvues de fructification, ce n’est que 
d’après la structure de leurs organes de la végétation que nous pou- 
vons établir ces analogies , et ce n’est même que d'après la forme 
extérieure de ces organes, et non d’après leur structure interne qui a 
toujours disparu. 

La forme de la tige et des gaînes qu’elle porte, la disposition des 
articulations et des stries qui couvrent sa surface, sont donc les seuls 
caractères propres à faire reconnaître ces végétaux ; les gaînes surtout 
offrent les traits distinctifs les plus précis. 

Ainsi les végétaux dont la tige, d’un diamètre à peu près uniforme, 
lisse ou régulièrement striée, est entourée de distance en distance 
par des gaînes appliquées sur cette tige et terminées par des dents 
régulières et toutes semblables entre elles, dont les rameaux lors- 
qu'ils existent sont verticillés, ou naissent des articulations sans ré- 
gularité dans leur position relative , nous présentent les caractères 
les plus essentiels de la structure des tiges des Equisetum , caractères 
qui ne se trouvent dans aucun autre genre vivant. 

Quelques plantes de terrains fort différens , offrent cet ensemble 
de caractères et viennent se ranger dans le genre Equisetum : lune 
a été trouvée dans les terrains de sédiment supérieur ; deux espèces 
ont été observées dans les terrains secondaires , et J'ai vu des fragmens 
d’une espèce assez douteuse provenant de la formation houillère. 

Mais il existe un autre groupe de végétaux fossiles dont les ca- 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 107 


racières s’éloignent beaucoup plus de ceux des Equisetum, et qui 
me paraissent pourtant se rapprocher davantage des plantes de cette 
famille que d’aucun autre genre de végétaux vivans. Ces plantes, 
dont nous ne connaissons que les tiges, avaient été comparées par 
les anciens naturalistes à des roseaux, et décrits par celte raison 
sous le nom de Calamites , nom généralement admis depuis et que 
nous conserverons à cause de son ancienneté, malgré les rapports 
inexacts qu'il nous paraît indiquer entre ces fossiles et les graminées 
ou les palmiers du genre Calamus. 

Ces tiges sont articulées ou plutôt elles présentent, comme celles 
des Equisetum , des cloisons où diaphragmes intérieurs, qui quel- 
quefois ne paraissent pas au de hors; lorsqu'elles sont en bon état, 
leur surface extérieure est recouverte par. une couche de charbon 
très-régulière, d’une épaisseur plus ou moins grande, mais très-uni- 
forme, qui conserve tous les caractères de la plante. Cette couche 
paraît correspondre où à l’épiderme seulement de la plante, ou peut- 
être à toute l'épaisseur des parois d’une tige fistuleuse, dont la cavité 
centrale aurait été remplie par la roche environnante ; la ténuité 
extrême de cette couche dans quelques espèces, rendrait plus pro- 
bable la première hypothèse; mais son épaisseur beaucoup plus con- 
sidérable dans plusieurs auires (x), et la manière dont la tige a 
quelquefois été déformée par la pression, dans les premières de ces 
plantes (2), sembleraient au contraire indiquer que la tige de ces 
végétaux n’offrait que des parois très-minces et très-flexibles. 

Tantôt, cette écorce très-mince suit toutes les modifications de 
forme du noyau sur lequel elle est appliquée, et dans ce cas les ca- 
ractères de la plante sont à peu près les mêmes lorsqu'elle est dans 
son état d’intésrité et recouverte de son écorce ,..ou lorsqu'elle ne 
présente plus que le moule intérieur : c’est ce qu’on observe dans 
les: Calamites Suckowit, Cistit, undulatus. 

Tantôt, au contraire, l'écorce épaisse n’offre plus à. l'extérieur 


(1) Voyez les Calamites pachyderma , nodosus et approximatus. 
(2) Vez le Calamites Suckowi, PI. XVII: 
1J 14. 


108 HISTOIRE 


les mêmes formes que le noyau qu’elle recouvre : elle est quelque- 
fois parfaitement lisse ou à peine marquée de quelques légères ondu- 
lations et ne présente aucun indice d’articulation, tandis que le 
noyau, qui remplit probablement la cavité centrale de la tige, offre des 
articulations très-nettes et des sillons longitudinaux plus ou moins 
réguliers; on reconnaît facilement cette structure dans les Calamites 
approximatus , nodosus et pachyderma. 

Dans plusieurs de ces plantes la tige était donc parfaitement lisse 
extérieurement, mais elle était creusée intérieurement d’une cavité 
centrale, divisée par des diaphragmes transversaux qui correspondaient 
aux articulations du noyau. Dans les espèces que je viens de citer 
on ne voit sur la surface extérieure aucun indice d'insertion d’or- 
ganes appendiculaires, point de cicatrices ni de tubercules, rien 
qui annonce par conséquent des organes qui se seraient détachés ou 
qui seraient restés rudimentaires; mais les sillons qui s'étendent 
d'une articulation à l’autre sur le noyau intérieur alternent toujours 
avec ceux de l’article voisin, comme cela a lieu dans les autres espèces 
de ce genre et dans les Equisetum vivans. 

Dans les espèces à écorce mince, au contraire, les sillons et les 
articulations du noyau sont également bien distincts sur l'écorce 
extérieure. Ces sillons alternent au-dessus et au-dessous de chacune 
de ces articulations, caractère essentiel à toutes les plantesd ece 
groupe, et en outre on observe souvent autour de ces mêmes arti- 
culations , à l'extrémité de chacune des côtes qui séparent les sillons, 
un petit tubercule , tantôt arrondi, tantôt elliptique : ces tubercules 
mexistent quelquefois que d’un côté de l'articulation, maïs trés- 
souvent ils existent en même temps au-dessus et au-dessous, et 
des deux côtés ils se trouvent dans la même position , c’est-à-dire, 
toujours entre les sillons. 

J'avais considéré, autrefois, ces tubercules comme des cicatrices 
laissées par la chute de gaînes caduques dont les faisceaux fibro- 
vasculaires auraient produit ces marques arrondies; mais, en les 
examinant avec plus d'attention et sur de meilleurs échantillons, 
particulièrement sur le Calamites Suckowü, j'ai vu que l’épiderme 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 109 


passait sans être interrompu sur ces tubercules , qu’il n’y avait dans 
ce point aucune trace de ce changement de nature dans la surface 
qu'on remarque lorsqu'on examine les cicatrices des bases des ferulles 
sur les autres tiges fossiles , et qui annonce que le parenchyme a été 
mis à nu et s’est desséché de manière à former un faux épiderme 
qui n’a jamais l'aspect lisse et uni de lépiderme naturel. On doit 
aussi observer que si ces tubercules étaient les cicatrices d’une véri- 
table gaîne, on devrait, outre ces tubercules qui indiqueraient les 
faisceaux fibreux qui se portent dans les dents, découvrir une trace 
formée par la destruction de la membrane qui réunissait les fais- 
ceaux fibreux de cette gaîne, ce que je n’ai jamais pu découvrir. 

Ces observations me portent à penser que ces tubercules ne sont 
pas l'indice d’autres organes qui auraient été insérés sur ces points 
de la tige, mais qu’ils se sont toujours offerts sous cette forme , et 
n'ont Jamais été que de simples tubercules qui représentaient à l’état 
rudimentaire les dents des gaines et les tubercules radicellaires. 

En effet, les tubercules qui sont placés au-dessous de larticula- 
tion, correspondent par leur position, à l’origine des dents de la gaine; 
ceux qui sont au-dessus terminent les sillons placés au-dessous , et 
sont par conséquent analogues par leur situation aux tubercules d’où 
naissent les racines ou au point d'insertion des rameaux. 

On pourra demander, dans cette hypothèse, comment il se fait que 
ces organes restent toujours à l’état rudimentaire et ne forment jamais 
une véritable gaîne; mais on sait que souvent le développement 
considérable d’un organe nuit à celui d’autrès parties; et, dans ce cas, 
il est possible que l'accroissement de la tige se soit pour ainsi dire 
formé aux dépens de la gaîne et des autres organes appendiculaires. 

Enfin ce qui confirme l’analogie que je viens d'indiquer et la posi- 
tion dans laquelle je range ces végétaux fossiles, c’est que dans un cas, 
unique il est vrai, j'ai pu observer une espèce de ce même groupe 
de végétaux dont les articulations sont pourvues d’une gaîne dentelée 
bien caractérisée; cette espèce, à laquelle je donne le nom de Cala- 
mites radiatus , provient comme les autres espèces de ce genre du 
terrain houiller , et offre du reste tous les caracttres des autres Cala 


110 HISTOIRE 


mites; la gaîne qui entoure ces articulations, quoique ressemblant 
par plusieurs de ses caractères à celledes Equisetum, puisqu'elle est 
formée comme elle de dents nombreuses, égales, réunies par une 
membrane commune, en diffère cependant par sa direction. Dans 
tous les Equisetum la gaîne est dressée et s'applique plus ou moins 
immédiatement sur la tige; dans la plante fossile, au contraire, elle 
s'étend perpendiculairement à l'axe de la tige dans un même plan, la 
partie membraneuse est moins étendue et les dents sont plus allongées. 

Cet échantillon me paraît établir d’une manière incontestable Pa- 
nalogie des Calamiies et des vrais Equisetum; mais on pourrait 
penser que ces gaînes existent dans plusieurs autres espèces et n’ont 
échappé à nos observations que par suite de leur prompte destruc- 
tion. Cette hypothèse peut être vraie pour les espèces, en petit nom- 
bre , dont nous ne connaissons que les noyaux intérieurs dépourvus 
d’écorce; mais il me paraît difficile, d’après les raisons que j'ai déjà 
exposées, de considérer les tubercules des espèces à écorce mince 
comme des cicatrices des gaînes; et, dans les espèces à écorce 
epaisse, il n’y a plus aucune trace ni d’articulation, ni de tubercules, 
ni de rien qu’on puisse regarder comme des cicatrices d'organes ana- 
logues à des gaînes. Ainsi, dans les Calamites, nous trouverions 
tous les passages d’une structure très-analogue à celle des Equisetum 
vivans, à une organisation qui en diffère beaucoup au premier 
aspect; et cependant ces différences ne dependraient que de la dimi- 
nution successive d’un organe accessoire, la gaîne, qui, très-dévelopée 
dans les vrais Équisetum , l’est déjà moins dans le Calarmnites radiatus, 
puisse réduit à de simples tubercules ,et disparaît enfin complétement. 

Quelques autres caractères, les uns positifs, les autres négatifs ; 
viennent encore confirmer cette analogie des Calamites avec les 
Prèles, et combattre celle qu'on avait indiquée anciennement entre 
ces végétaux et les Graminées ou les Palmiers. 

Dans toutes les Calamites qui offrent des cicatrices indiquant l'o- 
rigine de rameaux, ces rameaux sont verticillés comme dans le 
Calamites cruciatus ; ou lorsqu'ils naissent isolément d’un côté de la 
tige, c’est à la partie de la tige placée au-dessous de l'articulation 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. TI 


ou sur l'articulation même, qu'ils s’insérent (r), et non au-dessus 
comme dans les Graminées ; en outre, jamais on n’a observé ces 
rameaux disposés régulièrement et alternativement sur les deux cô- 
tés de la tige, comme cela a toujours lieu dans les Graminées ; enfin 
on ne voit aucune trace de l'insertion des feuilles qui, dans les plan- 
tes de cette famille ou dans les Calamus , embrassent complètement 
la tige à chaque articulation, et produisent une cicatrice annulaire 
facile à reconnaître. 

Ainsi tous les faits observés depuis la publication de mon pre- 
mier essai sur la classification des végétaux fossiles, me paraissent 
confirmer l'opinion que J'avais émise alors sur l’analogie des Calamites 
et des Equisetum, analogie qui a été admise depuis par M. Stern- 
berg , et tout récemment par M. Bischof, dans l'ouvrage qu’il vient 
de publier sur l’organisation des plantes cryptogames (2), ouvrage 
qui renferme d’excellens détails anatomiques sur les Équisétacées , 
et dans lequel J'ai même puisé quelques-unes des figures dela PI. XI. 

Jusqu'à présent on n’a rien trouvé parmi les plantes fossiles, qui 
puisse se rapporter aux épis de fructification des végétaux de cette 
famille. Souvent on a observé la terminaison des tiges ; mais n’ayant 
Jamais eu de renseignemens exacts sur la position des échantillons, 
qui présentaient ce caractère, dans le terrain qui les renfermait , 
nous ne savons pas si ces tiges arrondies , dont les articulations sont 
plus rapprochées et dont les tubercules articulaires sont très-déve- 
loppés, correspondent à la base ou à l’extrémité supérieure de ces 
végétaux. 

Il reste donc beaucoup à faire aux naturalistes qui habitent sur 
les lieux mêmes où ces fossiles sont fréquens, pour éclaircir la 
structure de ces végétaux singuliers ; mais lés points les plus inté- 
ressans à rechercher sont : 1°. le mode de terminaison inférieure et 
supérieure de ces tiges, et la présence ou l'absence de tiges ram- 
pantes d’où naîtraient les tiges verticales ; »°. la disposition des ra- 


(1) Voyez les PI. XVII, Fig. 5 et 6, et PI, XXVI, Fig. 5. 
(2) Die Cryptogamische sewæchse organographisch, anatomisch , physiologisch und syste- 
matisch beärbeitet ; von G.'W. Bischof, 1828. 


112 | HISTOIRE 


meaux isolés ou verticillés dont on ne peut apercevoir que les inser- 
tions sur des échantillons détachés ; 3°. l'existence et la disposition des 
gaines qu’on a observées si rarement dans ces plantes (il faudrait s’as- 
surer si la même espèce ne peut pas offrir des caractères différens 
sous ce rapport et sous celui de la disposition des stries et de l'écorce 
dans les tiges principales et dans les rameaux) ; 4°. le mode de fruc- 
tification des végétaux de ce genre, dont on n’a, jusqu’à présent, 
découvert aucune trace. 

Quant à la distribution géologique des espèces de cette famille, 
elle offre, d’une manière frappante , un passage successif des carac- 
ières propres aux espèces des terrains lés plus anciens à ceux des 
espèces encore existantes. | 

Ainsi , dans les terrains houillers et dans les couches d’anthracite 
des Alpes , des Vosges , de l'Amérique du Nord et même de l’Inde , on 
trouve partout de vraies Calamites présentant tous les caractères qui 
les distinguent des Equisetum vivans, et remarquables par leur taille 
considérable. C’est dans le terrain d’anthracite de Bischweiler ( val 
Saint-Amarin, dépt. du Haut-Rhin), considéré par M. Voltz comme 
uu terrain de transition , qu'on a trouvé le Calamites radiatus avec ses 
gaînes étalées, espèce qui, du reste, ne diffère nullement des autres 
Calamites ; ce même genre se retrouve en grande quantité dans le grès 
bigarré des Vosges; mais dans tous les échantillons que J'ai vus de 
ce terrain, l’écorce est complètement détruite , il ne reste que des 
nôyaux intérieurs qui ne peuvent nous fournir que des données très- 
imparfaites sur la structure de ces plantes. Dans les terrains plus ré- 
cens, on ne trouve plus ces Calamites, mais de véritables Equi- 
setum offrant tous les caractères de ce genre; cependant l’espèce la 
plus ancienne, qui se trouve en grande abondance et en très-bon 
état dans les grès qui accompagnent le charbon fossile sur la côte du 
Yorkshire près de Whitby (dans un terrain qui correspond aux 
couches inférieures de l’oolithe), diffère de tous nos Équisetum 
vivans par sa tige beaucoup plus élevée et plus grosse, et par plu- 
sieurs caractères peu importans qui lui donnent un aspect assez dif- 
férent ; mais, néanmoins, c’est un véritable Equisetum gigantesque 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 113 


Dans les terrains de sédiment supérieur , au contraire , les traces de ce 
genre qu’on a découvertes indiquent des plantes semblables , à pres- 
que tous les égards , à celles qui vivent encore sur la terre. 

Nous voyons done que plus les fossiles de cette famille appar- 
tiennent à des terrains anciens et plus ils s’éloignent par leurs carac- 
tères essentiels des végétaux vivans de la même famille; plus ils 
en différent également par leur taille, qui devient d'autant plus con- 
sidérable qu’ils se rapportent à une époque plus reculée. 

Le développement remarquable de ces végétaux pendant la premiere 
période de végétation, et leur taille, moindre il est yrai, Mais encore 
très-supérieure à celle des Prêles vivantes pendant la seconde période, 
s'accordent avec beaucoup d’autres faits, fouruis par les végétaux des 
autres familles, pour faire considérer le climat de la terre à ces 
époques reculées comme plus chaud que celui des parties les plus 
chaudes du globe; car nous avons déjà remarqué que la taille dos 
Equiseium vivans allait toujours en croissant du pôle à léquateur., 
mais ne s’approchait jamais cependant de celle que présentent plu- 
sieurs espèces de Calamites. L’habitation presque constante des 
végétaux de cette famille dans les lieux humides et tourbeux est 
un fait qu’il ne faut pas non plus négliger d'observer, et qui con- 
courra ayec beaucoup d’autres à nous donner des idées assez justes 
sur le mode de formation des terrains houillers. 

Enfin la position verticale des tiges du Calamites pachyderma 
dans les grès houillers de Saint-Étienne, et celle des tiges de l'Æ- 
quisetum columnare dans les couches de grès supérieur au lias 
près de Whithy, prouvent que ces végétaux, d'espèces bien diffé- 
rentes, ont vécu les uns et les autres, quoiqu’à des époques très- 
éloignées , dans les lieux mêmes où nous les trouvons; les différences 
que nous observons dans la végétation de la terre en Europe à ces 
diverses époques , ne sont donc pas dues au transport de ces végétaux 
de régions plus ou moins éloignées dans celle que nous habitons, 


114 HISTOIRE 


EQUISETUM. 


VEec. Caulis cylindricus, lævis vel striatus, fistulosus , arti- 
culatus , simplex vel ramulos sæpius verticillatos circum 
articulationes sustinens. Vaginæ erectæ, ar ticulationibus 
insertæ , caulem arctè cingentes, see: 


Frucr. Spicæ terminales, squamis peltatis , approximatis , 
subverticillatis, compositæ. Involucra membranacea 6-8, 
infra squamas affixa , seminula granaque pollinis inclu- 
dentia. 


1. EQUISETUM BRACHYODON, PI. XII, Fig. 11-12. 


E. ramulis articulatis, articulis approximatis , vaginis 4-5 dentatis, 
supernè dilatatis, dentibus brevibus triangularibus. 


Æquisetum brachyodon, Ad. Brong., in Cuv. et Brong., Descript. géol. des env. 


de PAR p- 367, Tab. x, RE Es 


Gas. Dar les terrains de sédiment supérieur. 


Loc. Dans le calcaire grossier de la plaine de Mont-Rouge près Paris.— Dans 
les marnes du terrain d’eau douce d’Armissan près Narbonne. ( Towrnal.) 


Cette espèce, qui se rapproche beaucoup des espèces vivantes, 
n’est malheureusement fondée que sur de irès-petits fragmens. Elle 
diffère des rameaux des Equisetum indigènes par les dents de ses 
gaînes qui sont plus courtes sans paraître tronquées. 

Cette même espèce a été retrouvée par M. Tournal dans les mar- 
nes d’eau douce du terrain gypseux d’Armissan près Narbonne ; 
mais le seul échantillon de ce lieu n’est qu'un fragment, encore 


plus incomplet que ceux des environs de Paris. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 115 


2. EQUISETUM MERIANI, PI XII, Fig. 13. 


E. caule striato, pennæ anserinæ æquali; ramulis 12-16 ad articula- 
tiones caulis verticillatis, patentibus; vaginis vix distinctis, cauli 
applicatis. 


Gis. Dans les marnes irisées. 


Loc. La Neuewelt près Bale. ( Werian.) 


Cette plante, que je décris seulement d’après un dessin que M. Me- 
rian a bien voulu me communiquer, ne me paraît cependant pas 
pouvoir se rapporter à aucun autre genre qu’à celui des Equisetum. 
On y aperçoit en effet une tige portant deux verticilles de rameaux 
et l'indice d’une gaine qui entoure la tige au-dessus du verticille 
inférieur ; les rameaux ne présentent que des indications vagues d’ar- 
tculation ; la tige d’après ce dessin semble marquée de légers sillons 
longitudinaux, comme cela s’observe sur beaucoup users 
D’ après le gisement de cette plante, elle paraît appartenir à une 
époque rapprochée de celle de l'espèce suivante. 


3. EQUISETUM COLUMNARE, PI. XIU. 


E. caule erecto, simplici, lævi, cylindrico, diametro 2-3 poll. æquali; 
articulis versus basim approximatis, supernè distantibus; vaginis 
erectis , Cauli arctè applicatis, multidentatis, dentibus brevibus, 
sed in acumine filiformi caduco productiis. 


Oncylogonatum carbonarium , Kœnig. , in Trans. geol. soc.; 2€, série, tom. IT, 
p. 300, PI: xxxir, Fig. 1-6. 


Gis. Dans les couches inférieures ou moyennes de la formation du calcaire 

_ Jurassique ou oolithique au-dessus du lias. 

Loc. Hayburne-Wyke et Whithby sur la côte du Yorkshire en Angleterre. 
(Soc. philos. d'York; JT. Phillips.) Brora dans le Sutherlandshire en 


Écosse. (Murchison. ) Balbronn, département du Bas-Rhin; Gemonval, 
; = 6 


116 HISTOIRE 

département du Doubs; environs de Studtgard, Wurtemberg; Baldissero 

en Piémont. (Wuséum de Strasbourg.) Corcelle, département de la Haute- 

Saône: (Mougeot.) 

Cette espèce ne s’est trouvée, à ma connaissance, en bon état 
que dans les environs de Whithby en Yorkshire, et c’est sur les 
échantillons de cette localité, dont la Société philosophique d’York 
a bien voulu enrichir ma collection, que mes descriptions et mes 
dessins (Fig. 1 à 4) ont été faits. À High-WVhitby près la ville de 
Whithy sur la côte du Yorkshire, cette plante s’est présentée sous la 
forme de tiges de 2 à 3 mètres et même plus de longueur , disposées 
verticalement dans des couches de grès; les deux extrémités de ces 
tiges n'étaient pas cependant dans leur état d’intégrité; on y remar- 
quait que les articulations étaient beaucoup plus rapprochées vers 
le bas, plus espacées au contraire vers la partie supérieure. Sur les 
échantillons que j'ai vus , la tige est lisse ou ne présente que de faibles 
sillons immédiatement au-dessous des articulations , sillons qui font 
suite à ceux de-la gaîne , et qui disparaissent bientôt; les gaînes, bien 
conservées sur plusieurs échantillons, sont très-régulières, elles 
ont environ 2 centimètres de long et cachent presque complète- 
ment Ja surface même de la tige dans la partie inférieure (1) où les 
articulations sont espacées de 3 centimètres environ; vers la partie 
supérieure, au contraire, elles laissent à découvert une grande partie 
de la surface de la tige puisque les articulations sont à plus d’un 
décimètre de distance les unes des autres (2). Ces gaïnes sont par- 
courues par des sillons longitudinaux très-remarquables , qui les 
partagent en un nombre considérable de côtes planes qui se termi- 
nent chacune par une dent: ces dents triangulaires se prolongent 
en un appendice filiforme , qui souvent s’est détruit en grande 
partie, ce qui fait paraître les dents courtes et obtuses, tandis 
qu’elles sont au contraire irès-acuminées. 

Il est facile, quand on n’y fait pas une grande attention, de 


(1) Voyez PI. XIIT, fig. 2. 
(2) Jbid., Fig. r. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 117 


prendre ces gaînes qui se superposent ainsi l’une sur l’autre, et dont 
les sillons alternent, pour une tige continue et siriée comme celle 
des Calamites ; mais un examen attentif, les accidens de’la roche 
qui les environne , et surtout l'examen des échantillons à articula- 
tions plus espacées, prouvent clairement que ces sillons sont tracés 
à la surface d’une gaîne dentelée qui enveloppe la tige sans en faire 
partie : c’est ce que montrent les figures 3 et 4 de la planche 13 qui 
représentent des portions grossies de ces gaines. 

Tous ces caractères sont ceux des Equisetum et ne nous permet- 
tient même pas de distinguer cette plante génériquement des Prèles 
actuelles, quoiqu’elle en diffère beaucoup spécifiquement; on a 
même reconnu sur des échantillons, dont l’épiderme était mieux 
conservé, la structure tuberculeuse que nous avons indiquée sur 
l'Equisetum fluviatile, PL. XL, fig. 5 (x). 

Nous ne saurions donc adopter l'opinion de M. Kænig, qui a fait 
de cette plante un genre particulier, parce qu'il ne s’est pas apercu 
que ce qu'il considérait comme un simple renflement de la tige 
était une véritable gaîne analogue à celle des Prêles (2). 

: Nous avons donc, dans ce cas, une véritable Prêle arborescente, 
qui fait le passage des espèces vivantes aux Calamites du terrain 
houiller. Il resterait à découvrir le mode de terminaison inférieure 
et supérieure de ces tiges et leurs organes de la fructification ; nous 
devons espérer qu'on y parviendra, car cette plante paraît très- 
abondante dans le grès des environs de Whitby. 

Quant au terrain qui renferme ce fossile remarquable , il paraît 
bien déterminé par les recherches de MM. Sedgwik (3), Murchison(4) 
et J. Phillips; et je dois particulièrement à ce dernier des rensei- 


(1) Voyez la fig. 6 de la PI. XXXII du tom. El des Transactions géologiques, où 
M. Murchison a fait figurer des fragmens vus à la loupe des gaînes de cette plante. 

(2) M. Kœnig , qui a décrit cette plante comme un nouveau genre, dans le mémoire de 
M. Murchison sur les terrains de Brora en Écosse, le définit ainsi : Oncylogonatum : 
Caulis cylindricus, articulatus, articulis annulato-gibbosis, gibbis internodiüisque longitu- 
dinaliter sulcatis, suleis acutis. 

(3) Annals of philosophy, 1826 

(4) Transactions géologiques, 9°. série, tom. II ; P. 295. 


110 ds; HISTOIRE 

seignemens inédits , très-détaillés, sur le gisement des fossiles végé- 
taux de cette côte. Il èn résulte qu’il existe , aux environs de Whithy, 
deux couches qui renferment des plantes fossiles; que ces deux 
couchés dépendent d’un même système placé au-dessus du lias et 
au-dessous des couches qu’on peut rapporter à largile d'Oxford ; 
que, par leur position et par les fossiles animaux qui se trouvent 
dans d’autres couches de ce même système, on doit le rapporter à 
loolithe de Bath. Le mémoire de M: Murchison prouve que la 
même plante se retrouve dans un état de conservation beaucoup 
moins parfait dans les couches qui accompagnent le charbon de 
Brora en Écosse. . 

La position des couches dans lesquelles on a observé des fragmens 
de cètte plante, en France et en Allemagne, n’est pas aussi bien dé- 
terminée. M. Voltz, dans les notes qu'il a bien voulu me communi- 
quer, rapporte les couches qui contiennent ce fossile , à Balbronn 
et à Gemonval aux marnes irisées , et celles des environs de Studt- 
gard, au quadersandstein. Enfin la position précise de la magnésiie 
de Baldissero n’est pas encore bien fixée. Dans tous ces lieux, on 
n’a trouvé que des fragmens de gaines de cette espèce d’Equisetum ; 
mais , malgré l’imperfection des échantillons (1), je ne doute pas 
de leur identité avec ceux de Whitby, et cette identité pourrait faire 
présumer celle de l'époque de formation des terrains où on les ren- 
contre; car en Angleterre, où les terrains secondaires ont été si 
bien étudiés, on n’a trouvé jusqu’à présent aucun indice de cette 
plante, ni dans le lias, ou dans les couches plus anciennes que lui, - 
ni dans les formations analogues ou plus récentes que largile d'Ox- 
ford ; ainsi rien, ni dans le calcaire de Stonesfield , ni dans les grès 
de Tilgate, n’annonce la présence de cette plante, qu’on peut con- 
sidérer comme caractérisant les couches inférieures du calcaire 


Jurassique. 


(1) Voyez PI. XIII, Fig. 5, une portion de gaîne contenue dans un échantillon de 


Gemonval. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 119 


4. EQUISETUM INFUNDIBULIFORME, PI. XIE, Fig. 16. 


E. caule vaginis infandibuliformibus, sublævibus , profundè den- 
tatis, imvoluto ; dentibus vagmarum oblôngis, acutis. 


Æquisetum infundibuliforme , Bronn in Bischoff. Kryptog. Gewæchse. Deutschl., 
p. 52, Tab. iv, Fig. 4. 


Gis. Terrain houiller. 
Loc. Mines de Saarbruck. 


Cette plante m'a été qu'indiquée et figurée par M. Bischoff, 
dans son ouvrage sur la structure des Cryptogames de l'Allemagne; 
cette figure nous, a cependant paru mériter d’être copiée , et c'est 
d’après elle que nous avons établi le caractère de l’espèce. Est-ce un 
véritable Equisetum ? ou serait-ce un Jeune rameau d’une Calamite 
analogue au Calamites radiatus? C’est une question difficile à ré- 
soudre. La disposition des gaînes est assez analogue à celle de ces or- 
ganes sur les tiges fructifères des Prêles à tiges fertiles différentes des 
Uges stériles; mais cependant ces gaînes paraissent encore plus éta- 
lées et plus profondément dentées ; elles se rapprochent par ce carac- 


tèrèe de celles du Calamites radiatus, et ces deux plantes devront 


peut-être former un genre intermédiaire entre les vrais Equisetum 
et les Calamites. 

Le fragment présentant plusieurs gaines imbriquées, que j'avais 
déjà figuré dans mon premier Essai sur la Classification des Végétaux 
Fossiles, mais dont je donne une figure plus exacte (PI. XI, 
Fig. 14-15), appartient peut-être à cette même espèce; la forme 
des dents des gaînes pourrait le faire présumer , d'autant plus que 
cet échantillon est également de Saarbruck. | 


120 HISTOIRE 


5. EQUISETUM DUBIUM, PL XII, Fig. 17-18. 


E. ramulis elongatis, cylindricis; articulis approximatis ; vaginis im- 
bricatis , vix suleatis, 6-8-dentatis , dentibus acutiusculis. 


Gis. Terrain houiller. 
Loc. Wigan dans le Lancashire en Angleterre. (Coll. du docteur Hibbert.) 


Cette impression trés-peu nette m'a laissé quelques doutes sur sa 
structure , que j'ai rendue le plus exactement possible dans la figure 
qui la représente ; les rameaux n’offrent pas tout-à-fait la disposi- 
tion des gaînes des vrais Equisetum et rappelleraient plutôt ceux des 
Casuarina; mais il est difficile de se former une opinion sur ces 
fragmens, que je me contente de signaler à l’attention des naturalistes, 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 121 


CALAMITES. 


Calamites , Suexkow, ScuLorx., Srerns, , Anti Jet! 


VEG. Caulis subcylindricus, articulatus, sulcatus, cortice 
magis minüsve crassà carbonaceà tectus. Articulationes 
et sulci externè aliquandd vix ac ne vix quidem distincti , 
in caule decorticato semper manifesti; sulei regulares , 
paralleli, infra et supra articulationes alternantes ) quan- 
doquè convergentes. | 


Vaginæ, düm exstant, patentes, profundè multidentatæ , 
sæpiüs ver nullæ ; tuberculi infra articulationes , inter 
sulcos , symetricè dispositi, vaginarum abortarum sæpis- 
simè locum tenentes. 


Frucr. Ignota, 


La distinction des espèces de ce genre est très-difficile à établir 
sur des caractères un peu précis, car nous ne pouvons déterminer 
qu'avec doûte les modifications de structure qui, sur ces plantes à 
l'état vivant, pouvaient fournir les signes distinctuifs les plus con- 
stans; et en ouire leur état imparfait de conservation ne nous 
permet pas toujours de bien apprécier ces caractères. 

Sur les échantillons complets et bien conservés , la forme des côtes 
et des sillons, tant à la surface externe de l'écorce que sur le noyau 
intérieur , l'épaisseur et la disposition de cette écorce, paraissent 
fournir les meilleurs caractères; mais souvent les échantillons sont 
dépourvus de leur écorce et ne présentent qu'une partie de leurs 
signes caractéristiques; alors la-détermination des espèces devient 
nécessairement douteuse, et nous devons reconnaître que ce genre est 
un de ceux où il reste le plus à faire sous le rapport de cette détermi- 


nation. Les descriptions et les figures des espèces de Calamites 
I, ; 16 


122 HISTOIRE 


publiées jusqu'à ce jour, sont la plupart si imparfaites que nous 
avons été obligé de négliger presqu'éntièrement celles que nous ne 
pouvions pas étudier sur la nature; à moins que les caractères de 
ces espèces ne fussent bien tranchés, ce qui est assez rare. Nous 
avons rejeté en appendice , à la fin de ce genre, les espèces indiquées 
par divers auteurs, et sur lesquelles nous n'avons pas pu nous former 
une opinion arrêtée, soit parce que ces auteurs n’ont pas publié de 
figures, soit parce que ces figures ne représentent que des échantil- 
lons incomplets. On est même étonné de voir que dans des ouvrages 
récens ont ait publié des dessins si imparfaits de ces plantes , tandis 
qu'il y a plus de quarante ans , Suckow avaït déjà donné de très- 
bonnes figures de plusieurs d'entre elles. 


1. CALAMITES RADIATUS, PI XXVI, Fig. 1-2. 


C. caule cylindrico, diametro pollici æquali, cortice destituto ; 
articulationibus æquidistantibus ; sulcis parallel, profundè no- 
tatis; costis convexis, + lineä latioribus. Vagmæ articulationibus 
inseriæ , patentè radiantes , profundè dentaiæ ; dentibus acutis, 
partem integram æquantibus vel superantibus. 


Gis. Dans le térrain de transition. (’ol£z. ) 


Loc. Bitschweiler dans le val Saint-Amarin, département du Haut-Rhin. 


(Muséum de Strasbourg.) 


Cette plante remarquable offre, lorsqu'on l'isole de la roche 
environnante ; tous les caractères des tiges des Calamites dépourvues 
d'écorce ; mais celte roche contient une portion de la gaîne qui cor- 
respond à une des articulations. Cetté gaîne, analogue par son 
organisation à celle des Équisetumt, en diffère par la manière dont 
ellé est étalée dans un plan perpendiculaire à l’axe de la tige. 

On pourrait présumer que dans les autres espèces de Calamites, 
il existait de semblables gatnès qui se séraïent détruites, ou qui 
seraient restées engagées dans la roche; mais on n'en à jainais vu 
d'indice dans cette roche , et em outre on observeraït nécessairement 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 193 
sur l'écorce, lorsqu'elle persiste, des traces de l'insertion de cette 
gaine autour des articulations , ce qu'on n’a pas remarqué, 

Ce ne serait donc.que dans les espèces qui n’ont été trouvées Jus- 
qu'à présent que dépourvues d’écorce, qu'en pourrait présumer 
l'existence d’une semblable gaîne. 

Le terrain qui contient cette plante occupe, d’après les renser- 
gmemens que M. Voltz a bien voulu me communiquer , les vallées 
de Saint-Amarin, de Mazevaux, de Guebwiller, le fond de la 
vallée de Munster et quelques autres parties. des Vosges; il est 
composé de schistes de transition , de grauwake, de porphyre ; sa 
stratification est presque verticale, il renferme aussi quelques 
couches d’anthracite, de grès anthraciteux et d'un pétrosilex frag- 
mentaire. L/échantillon de Calamites appartient à cette dernière 
roche. | 


2. CALAMITES DECORATUS, PL XIV, Fig. 1-5. 


C. cortice tenui, æquali; articulationibus approximatis ; costis 
planis, æqualibus, parallelis, lineam superantibus ; tuberculis 
Subrotundis, prominentibus, vel uno vel utroque latere arti- 
culationum notatis. 


Calamites decoratus, Ad. Brong., Class. vég. foss., p. 17, PL I, Fig. 2. — 
Artis, Antedil, Phytol., Tab, xxiv. 


An Calamites decoratus, Schloth., Petref., p. 4o1? — Sternb., Flor. du 
Mond. primit., Fasc. 1v, p. xxvur ? 


An Calamites ornatus , Sternb. , L. c.? 


Gis. Terrain houiller. 
Loc. Mines de Lowmoor et de Lea-Brook dans le Yorkshire. (Gallois, Artis.)— 
Mines de Mannebach et de Saarbrück en Allemagne. (Schlotheim, Sternberg.) 


Les échantillons de cette espèce que nous possédons , sont assez 
imparfaits ; mais ceux figurés par M. Artis, que nous avons re- 
produits, PL. XIV, Fig. 1 et >, donnnent une idée plus exacte de 
l'ensemble de la plante. Nous avons représenté cette plante et plu- 


sieurs autres de ce genre, dans la position où on les place ordinai- 
| 16. 


124 HISTOIRE 
rement, c’est-à-dire avec l'extrémité renflée et arrondie, qui les 
termine quelquefois , placée en haut; nous présumons cependant 
que cette partie devrait plutôt être considérée comme la base, et les 
tubercules plus gros qui naissent de ces articulations , comme des 
indices de l’insertion des racines; en effet, ces tubercules n’ont pas le 
même aspect que ceux des autres parties de la tige, et paraîtraient de 
véritables cicatrices ; on remarque aussi que les articulations sont 
plus rapprochées vers cette extrémité, comme cela a lieu vers la 
base des tiges des Equisetum vivans et de l'£quisetum columnare ; 
lexirémité supérieure de la tige des Calamites, nous semblerait 
plutôt se terminer em s’amincissant graduellement, comme on 
lobserve sur le Calamites cannæformis ( PI. XXI, Fig. r ), et sur 
le Calamites approximatus (PI. XV, Fig. 7-8 ). 

MM. Schlotheim et Sternberg n'ayant pas publié de figure des 
espèces citées, leurs synonymes ne peuvent pas être bien certains, 
quoique leur description s'applique assez exactement à cette espèce. 


3. CALAMITES SUCKOWIT, PI. XIV, Fig. 6; PI. XV, Fig. 1-6; PI XVI. 


€. cortice ienuissimâ, sulcis longitudinalibus externè notatà; 
articulationibus magis minüsve distantibus; costis planis, pa- 
rallehs , æqualibus, latitudine lineam æquantibus vel paululim 
superantibus; sulcis pauld profundis , distinctis. Costæ decor- 
ticalæ , externis subsimiles, convexiores, vix striatæ ; tuberculi 
magis minüsve distincti et repulares. 


Calamites, Suckow, in Act. Acad. Theod. Palatinæ, tom. V, p. 357 et seqq. ; 
Tab. xv, Fig. 1. Tab. xw, Fig. 2. Tab, xvur, Fig. n1. Tab. x1x, Fig. 8-9. — Ram: 
juniores, Tab. xvr, Fig. 3-4. 

An Calamites pseudo -bambusia , Sternb. , Fasc. 1, p. 22-24, Tab. xur, Fig. 3 ; 

Fasc. 1v, p. xxvi (sed tuberculis destitutus) ; et Calamites ornatus, Fasc.1v, 


p- xxvir (absque icone ) ? 


Far. «. Articulationibus inæqualiter distantibus, internodüs diametro caulis sæpiüs 
subæqualibus ; tuberculis subrotundis ; costis quandoquè eonfluentibus. (PI. XV , Fig. 1-4). 
Var. 6. Articulationibus approximatis ; costis parallelis, tuberculis elongatis. (PI. XVI, 


Fig. 2-4.) 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 125 
Var. 4. Articulationibus distantibus ; costis subplanis ; tuberculis inferioribus (?) elongatis, 
superioribus (?) subrotundis. 
Var. 0. Articulationibus distantibus (internodiüis diametro caulis subæqualibus) ; costis 
convexioribus non carinatis ; tuberculis vix distinctis aut sæpiüs nullis. (PI. XVI, Fig. 1.) 
Var. s. Costis medio carinatis ; tuberculis elongatis. (PI. XV, Fig. 5 et 5.) 


Gis. Terrain houiller. 

Loc. far. «. Mines de Newcastle (Losh),. — Doutweiler près Saarbruck. — 
Mines des environs de Liége (Davreux). — Anzin près Valenciennes. ( Coll. 
de l’école des mines.) 

Var. 6. Mines de Litry, département du Calvados. 

Var. y. Wilkesbarre en Pensylvanie ( Cist.) 

Var. 5. Mines de Richmond en Virginie. 


Var. e. Puits Saint-Charles, à Anzin près Valenciennes. 


Les cinq variétés que nous indiquons ici , s’éloignent assez les unes 
des autres au premier aspect; mais cependant l’examen attentif de la 
valeur des caractères par lesquels elles différent nous semble ne pas 
permettre de les séparer ; ainsi l’irrégularité qu’on observe dans la 
distance des articulations dans la var. +, prouve que ce caractère n’est 
pas même constant dans les mêmes individus, et ne peut pas servir à 
distinguer spécifiquement la var. 8. Peut-être la forme des tubercules 
serait-elle plus essentielle ; cependant ce caractère manquant souvent 
sur beaucoup d'échantillons , il est difficile d'apprécier l’importance 
de ses variations, qui d’ailleurs ne paraît pas aussi grande qu’on 

pourrait le penser, puisqu'on les voit, sur un même échantillon, 

manquer sur une articulation et exister sur une autre, ou être 
ronde sur l’une et ovale sur l’autre, comme je l'ai observé dans la 
var. 7. 

La forme des côtes paraît avoir plus de valeur comme caractère 
distinctif. Cependant la carêne qui parcourt celles de la var. «, dis- 
paraissant presque entièrement dans d’autres parties du même 
échantillon, nous n'avons pas cru devoir distinguer cette variété 
comme espèce, d’après ce seul caractère. 

La var. y n’est fondée que sur un seul échantillon assez incomplet. 


126 HISTOIRE 


La var. 5, dont la surface externe est assez mal conservée, se 
rapporte cependant à cette espèce par sa forme générale et par la 
ténuité de MÉConSEe Les côtes sont seulement plus convexes, ce 
qui peut tenir à une moindre compression ; car ces tiges , qui étaient 
probablement verticales, paraissent avoir été comprimées dans le sens 
de leur longueur, et présentent des replis nombreux qui semblent 
indiquer combien leurs parois étaient minces et flexibles. _Get échan- 
üllon est même fort remarquable sous ce rapport, et prouve que 
ces tiges étaient fistuleuses comme celles des Equisetum vivans. 

La fig. 6, PI. XIV, qui représente un échantillon de la col- 
lection d'Oxford , est réduite environ à moitié de la grandeur na- 
turelle. Cette plante, qui se rapporte à la var. +, paraît aussi avoir 
été placée verticalement : elle offre des plis transversaux comme celle 
que nous venons de décrire e; mais ces plis y sont moins marqués. 
C'est surtout par la forme générale que cet échantillon me paraît 
intéressant ; en effet, il nous offre d’une manière presque évidente 
la partie inférieure d’une de ces tiges, et on voit que cette tige, vers 
sa base, se dilate et présente des articulations beaucoup plus rap- 
prochées, tandis que supérieurement ces articulations deviennent 
plus distantes les unes des autres. 

Nous avons rapporté avec doute à cette espèce les Calamites 
pseudo-bambusia et ornata de M. de Siernberg. L'absence ou la 
présence des tubercules autour des articulations, ne paraît pas 
suffisante pour distinguer des espèces ; car, ainsi que nous l’avons 
dit , on les voit souvent manquer à une articulation et exister sur 
une autre. D'ailleurs, la figure de la première espèce paraît faite 
sur un échantillon dépourvu d’écorce et non comprimé, et dans 
ce cas les tubercules articulaires sont beaucoup moins visibles. 

Quant au €. ornatus, sa description convient également bien 
à cette espèce et à la précédente, et sans figure il est presque-impos- 
sible d'établir une synonymie exacte dans une partie de l’histoire 
naturelle aussi obscure, 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 12 


1 


4. GALAMITES UNDULATUS, PI. XVII, Fig. 1-4. 


C. cortice tenuissimä , articulationibus distantibus; costis planis, 
lævibus, medio subdepressis , sæpè undulatis, lineam diametro 
æquantibus; sulcis profundis, rotundatis. Costæ decorticatæ , 


planæ , reticulatim rugosæ. 


Calamites undulatus, Sternb., Fasc. rv, p. xxvi? 


Gas. Terrain houiller. 
Loc. Lowmioor dans le Yorkshire(Gallois).—Radnitz en Bohême (Sternberg)? 


Cette espèce est surtout remarquable par ses côtes ondulées , dont 
la surface, lorsqu'elle est dépourvue de son épiderme charbonneux, 
présente des stries réunies par des lignes transversales formant un 
réseau à mailles carrées, qui paraît produit par les cellules sous- 
Jacentes. 

Du reste, cette espèce , par la grandeur et la forme de ses côtes , 
ressemble beaucoup à la précédente, dont elle ne devrait peut-être 


former qu'une variété. 
5. CALAMITES RAMOSUS, PI XVIT, Fig. 5-6. 


C. caule ramoso , articulationibus distantibus, costis decorticatis, 
planis , lined latioribus; rami (non verticillati ? ) laterales, articu- 
lationibus basi rotundà inserti. 


Calamites ramosus, Artis , Antedil. Phytol., PL. 11. 
Calamites nodosus, Sternb., Fasc. n, p. 27-32, Tab. xvr, Fig. 2; non Schloth. 
Calamites carinatus, Sternb., Fasc. 1, p. 36-39, Tab. xxx, Fig 


G1s. Terrain houiller. 
Loc.Mines de Lea-Brook et d'El-Secar dans le Yorkshire (4rtis). —Mannebach 
et Wettin en Allemagne ( Sternberg')? 


Je n'ai vu aucun échantillon de ces plantes; mais il me paraît 
très-probable que les trois synonymes cités ci-dessus se rapportent à 


120 HISTOIRE 
la même espèce ; il n’y a pas de véritable différence spécifique entre 
le €. ramosus Artis, et le C. nodosus Sternb. ; ou du moins pour 
en trouver 1l faudrait pouvoir comparer les échantillons. Quant au 
C. carinatus , M. de Sternberg l’a je crois, établi d’après le même 
dessin que j'ai figuré, PI. XVII, Fig. 6, et qui nv'avait été commu- 
niqué par M. Buckland ; il me paraît difficile de fonder une espèce 
sur un échantillon aussi incomplet et d'après lequel on ne peut pas. 
bien juger de la disposition ni du mode d'insertion des rameaux. 
M. Artis dit que la tige dont il a figuré un fragment (1), avait 
8 à 9 pieds de long, et que plusieurs autres étaient d’une grande 
longueur, et portaient les commencemens de plusieurs branches. 
Sur cet échantillon, le mode d'insertion de la branche est bien 
exprimé et ne ressemble en rien à celui des Graminées ; il est au 
contraire tout-à-fait analogue à celui qu'on observe sur les Equi- 
sétum à rameaux non verticillés. 


6. CALAMITES CRUCIATUS, PI. XIX. 


GC: cortice tenui, articulis approximatis, æqualiter distantibus. 
Impressiones concavæ, hemisphæricæ, quincuncié dispositæ, 
in articulationibus notatæ. Cosiæ planæ, angustæ, parallelæ vel 
confluentes , sulcis paulo profundis distinctæ ; tuberculis nullis ? 


Calamites cruciatus , Sternb., Fasc. 1v, p. xxv, Tab. xx, Fig. 5. 


Calamites regularis? Ejusd., Tab. zx, Fig. r. 


Gis. Terrain houiller. 
Loc. Mines de Litry, département du Calvados. — Saarbruck ( S'ternberg ). 


Cette plante ressemble, par l'épaisseur de son écorce, la régula- 
rité et la forme des côtes et par le rapprochement des articulations, 
au Calamites Suckowii, var. 8 ; elle en diffère surtout par des im- 
pressions concaves , placées régulièrement, au nombre de dix à douze, 


(1) Voyez PI. XVII, Fig. 5, la copie de la figure de M. Artis. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 129 


sur chaque articulation, et de. telle sorte que celles de deux arti- 
culations qui se suivent, alternent entre elles ; il en résulte que la 
tige semble couverte d’impressions disposées en quinconce; entre 
ces impressions grandes. et-très-marquées, il en existe de plus 
petites, moins profondes, séparées par un espace égal à peu près à 
la largeur de trois à quatre, côtes. 

Cette disposition, très-distincte et très-régulière sur la face de 
Véchantillon que j'ai figurée, l’est beaucoup moins de l’autre côté, 
où toutes ces impressions sont presque également marquées; ce- 
pendant, dans quelques endroits, on croit retrouver des indices de 
la même structure, qui a peut-être disparu en partie par suite 
de la conservation moins parfaite de ce côté de la tige. 

Ces impressions sembleraient indiquer des insertions de rameaux 
verticillés , comme dans les vrais Equisetum ; mais on ne peut for- 
mer que des: conjectures à cet égard, aucune trace des rameaux 
eux-mêmes n’existant sur l'échantillon. 

Les deux espèces figurées par M. de Sternberg, ne me paraissent 
différer de celle-ci, que par Pétat mcomplet des échantillons. Celui 
que J'ai figuré , est au contraire très-entier et complétement isolé. 


7. CALAMITES CISTII, PI XX. 


C. cortice tenuissimà, vix striatà; articulationibus distantibus; costis 
angustis , convexis, obtusè carinatis, sulcis rotundatis. Caudex 
decorticatus conformis. 


Gas. Terrain de houille et d'anthracite. 

Loc. Mines d’anthracite de Wilkesbarre en Pensylvanie (Cist). — Mines de 
houille de Silésie (Gravenhorst).—De Montrelais, département de la Loire- 
Inférieure (Dubuisson ). — De Saarbruck (Coll. des mines). — Dans les 
schistes qui accompagnent les anthracites de Puy-Ricard près Lamure, dé- 
partement de l'Isère ( Ælie de Beaumont). 


” Gette espèce, dont les tiges acquièrent souvent un grand volume , 


et dont les articulations et les stries sont très-régulieres , diffère 
I. 17 


130 HISTOIRE 
surtout des espèces précédentes par ses côtes plus étroites, plus 
convexes, en général un peu carénées, et par les sillons qui les sé- 
parent, plus larges, moins profonds et moins aigus; son écorce, 
qui manque souvent, surtout dans les terrains d’anthracite, est 
très-mince ; on voit à la base des côtes, des tubercules peu saillans 
et allongés, qui existent quelquefois des deux côtés de l'articulation. 
Les échantillons des diverses localités que nous avons citées, sans 
être parfaitement identiques, paraissent se rapporter à la même 
espèce ; et ce fait est d'autant, plus curieux qu’ils proviennent non- 
seulement de lieux très-éloignés , mais de terrains qui paraîtraient 
appartenir à des époques de formation très-différentes , si l’on admet 
opinion de M. Élie de Beaumont, suivant laquelle les anthracites 
de la Savoie feraient partie de la formation du lias (1). 


8. CALAMITES DUBIUS, PI. XVIIT, Fig. 1-3. 


C. articulationibus distantibus ; costis parallelis , latitudine lineam 
vix æquantibus, in caule coriice destituto convexis, lævibus ; 
sulcis bistriatis , tuberculis ovatis. 


Calamites dubius, Artis, Anted. Phytol., Tab. xur. 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. De la mine de Leabrook près Wentworth, dans le Yorkshire ( #rtis ). — 
Mines de Zanesville, dans l'état de l'Ohio-( Granger). 


. Cette plante paraît différer des autres espèces du même genre, 
par la forme des sillons qui séparent les côtes de la tige ; ces sillons 
sont formés de deux stries profondes , séparées par une surface à 
peu près plane; ils correspondent aux tubercules ovales qui termi- 
nent les côtes placées de l’autre côté de Particulation. 

Les échantillons que j'ai vus, et ceux figurés par M. Arts , sont 
dépourvus de leur écorce; cette plante n’est donc connue qu'im- 
parfaitement. 


(1) Voyez les Annales des sciences naturelles. Juin 1828. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 134 


Les Figures ret 2 de:la Planche XVIII sont copiées d’après celles 
de M. Artis ; les échantillons que je possède étant moins cornplets : 
ils présentent aussi, vers leur partie supérieure ; des rephis qui 


indiquent le peu’ de solidité de ces ‘tiges. 
Le détail, Fig:38,:est fait d’après un échantillon de Zanesville. 


9 CALAMITES CANNÆFORMIS, PI. XXI. 


: G: cortice tenui, #quali;articulationibus magis minusve distantibus 
regularibus ; subéontractis costisque ‘externè distinctis ; costæ 
convexæ, lineam ‘latitudine superantes ; tuberculi subrotundi 
vel oblongi , in caule décorticato disuinctiores. 


Calamites cannæfornus, Schloth., Petref., 398, Tab. xx, Fig. 1. — Sternb., 
Fasc, 1v, p. xxvr. 

Calamites pseudo-bambusia, Artis, Antedil. Phytol., 
Fasc. 1, p. 22-24, Tab. xx, Fig. 3? 

Knorr et Walch, suppl. I, II et III. 

Steinhauer, Trans. Amer. phil. soc., tom. I, Tab. v, Fig. 2. 


PI. vr. — Sternb. ; 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Dans les mines de Langeac, département de la Haute-Loire (Pomier).— 
D’Alais ( Decandolle). — De Geislautérn (Grandin). = De Leabrook ‘en 
Yorkshire (Artis ).— De Mannebach, de Wettin, de Radnitz en Allemagne 


(S'ternberg). 


Gette espèce diffère. du C: Suckowii , dont elle a la: grandeur et 
la régularité ; par son épiderme-un peu plus épais, et surtout par 
ses, côtes plus convexes, plus larges, moins aplaties , séparées par 
des sillons moins profonds ; plus larges-et moins aigus : ce qui 
rend ces: côtes beaucoup.moins distinctes extérieurement. 

Cette plante se trouve souvent.en échantillons très-grands; ceux 
de Langeac, que je dois à M. Pomier, professeur au collége de 
Brioude , ont plus de 2 pieds de long : la Fig. 1 , PI. XX, en repré- 
sente un réduit au tiers. M. Artis en cite de 5 pieds de long, et 
remarque également la manière dont ils deviennent de plus.en plus 


17. 


132 HISTOIRE 


étroits à leur partie supérieure. Mais on n’a jamais bien observé 
cependant leur mode de terminaison aux deux extrémités. 

Le synonyme du ©. pseudo-bambusia de M. Sternberg est fort 
douteux ; en effet sa figure peut également bien se rapporter à cette 
espèce et au €. Suckowtt , à l’article duquel nous l'avons déjà citée. 


10. CALAMITES PACHYDERMA, PI XXII. 


CG: cortice crassà , sublævi ; articulationibus remotis, costisque ex- 
ternè vix distinctis; costæ in caule decorticato distinctæ , latitudine 
lineas duas subæquantes, planæ vel paululum convexæ, inæquales, 
quandoquè convergentes ; tuberculi subrotundi, vix notati. 


Gis. Terrain houiller. 
Loc. Mines de Saint-Étienne , département de la Loire. — Mines d'Irlande 


(Serle ).* 


Cette espèce est l’une des plus grandes de ce genre, ses tiges ont 
presque > pouces de diamètre; et la distance des articulations doit 
faire présumer qu’elles atteignent une grande longueur. A Saint- 
Étienne, où les tiges traversent verticalement les couches qui re- 
couvrent la houille de la mine du Treuil, elles ont jusqu'à 10 ou 
12 pieds de long, et leurs extrémités ne sont pas entières, ce qui 
doit faire supposer qu’elles atteignaient une taille encore plus 
considérable (x). 

Le caractère qui distingue essentiellement cette espèce de la 
précédente , est l'épaisseur considérable de l'écorce. Du reste , elle 
lui ressemble beaucoup par la forme et la proportion de ses diverses 
parties , et lorsqu'elles sont dépourvues de cette écorce on peut faci- 
lement les confondre. Sur les échantillons non COMpPrimes , les 
côtes sont plus convexes que sur ceux qui ont été trouvés hori- 
zontalement. 


(1) Voyez le Mémoire de mon père, sur les tiges verticales du terrain houiller de Saint- 
Etienne. Annales des mines, tom. VI, p. 357. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 133 


Cette espèce et les suivantes, qui ont l'écorce également fort 
épaisse , ne m'ont Jamais présenté les plis transversaux que J'ai figurés 
sur le C. Suckowiü et sur le C. dubius , et qu’on remarque fréquem- 
ment sur les espèces à écorce mince ; ce qui ferait présumer que ces 
tiges fistuleuses devaient principalement leur solidité à cette écorce. 


11 CALAMITES NODOSUS, PI XXIII, Fig 2 - 4. 


C. cortice crassiusculà , externé lævi, articulationibus costisque vix 
notatis ; caule decorticato distincté articulato , ad articulationes 
sæpé inflato, nodoso, secundum longitudinem irregulariter et 
levissimè siriato ; tuberculis nullis ? 


Calamites nodosus, Schloth., Petref., p- 4o1, Tab. xx, Fig. 3. Non Sternb. 
Calamites tumidus, Sternb. , Fasc. IV, P. XXVI. 


: : à 
Gis. Terrain houiller. 


Loc. Mines de Newcastle (Losh). — De Lardin et de Mazubrier, département 
de la Dordogne ( Brard), 


On ne saurait confondre cette espèce avec les autres plantes de ce 
genre , dont elle se distingue par son écorce assez épaisse ,.compléte- 
ment dépourvue extérieurement de sillons et d’articulations , ou n’en 
présentant que des indices très-vagues , et par l'irrégularité et le 
peu de saillie des côtes qui sont marquées à la surface des tiges - 
depouillées de leur écorce. 

Elle se rapproche surtout de l'espèce précédente , par l'épaisseur 
de son écorce; mais elle en différe par les côtes, beaucoup moins 
distinctes et moins régulières sur les parties privées de cette écorce. 


12, CALAMITES, APPROXIMATUS., PI. XXIV et PI. XW , Æig.,7 et.8. 


“? ° A F : % À 4 È AN ÿ 
G.,cortice crassä.,-articulationibus approximatis costisque. extérnè 
vix ac ne vix quidem distinctis. Articulationes ; in. caudicibus 


134 HISTOIRE 
decorticatis, profundé notatæ , contraclæ ; cost convéxæ > spé 
confluentes , sulcis profundis distinctæ ; tubéreuli null. 


Calamites approximatus!) Sternb: s1Fasc:1vi} ps xx vi 

Calamites ‘approximatus..et. €! interruptuss..Schloth. ; Petref.:, :p.. {064 
Tab, xx, Fig. 2. 

Calamites approximatus, Arts, Antedil. Phytol., PL 1 


Par. «. Articulationibus magis approximatis, profundius notatis, contractis. 
Var. £. Articulationibus remotioribus , minüs profundè notatis. 
Var. 3: Minor articulationibus approximatis, costis angustissimis: 


Gis: Terrain howillers::5ussen: 
Loc. Var. «. Dans les mines d'Alais, département du Gard (1Decandülle): — 


De Newcastle (Losh). — Dans les mines de cuivre d’ PÉRRENE: en 
Russie (Coll. de l'école des mines )453 os 
Var. 6. Mines des environs de Liége ( Davreux ). — De Kilkenny , en Irlande 


(Mus. de l'université de Dublin ). 1 
Var. y. Mines de Saint-Étienne, département de la Loire (Mus. de Strasbourg). 


De toutes les plantes de ce genre, cette espèce est certainement la 
plus distincte , et tous les auteurs l’ont déjà bien reconnue ; mais on 
n'avait pas eu occasion d'observer aussi-bien la disposition de Pécorce 
dont l'épaisseur considérable et la surface externe lisse sont des 
caractères importans qui distinguent facilement cette plante du 
Calamites decoratus, dont elle se rapproche un peu par ses arti- 
culations rapprochées. 

La Var. ; diffère beaucoup des deux autres , par sa petitesse et 
par la finesse des stries qui sont marquées sur son noyau ; mais elle 
a tous les autres caractères de cette espèce, ce qui nous a engagé à 
ne pas la séparer. 

On ne voit sur ces plantes aucune trace de tubercule sur la sur- 
face externe de l'écorce , et-sur la plupart-des échantillons , on n’en 
- voit même pas sur les parties dépouillées d’écorce ; mais sur ceux 
de la Var. y, on remarque de très-petits talseec uses à Pextrémité 


des côtes sur la tige privée de son écorce. ‘11 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 135 
Les fig. et8;, PL. XV, sont copiées d’après l'ouvrage de M. Artis ; 


elles font bien connaître la forme générale de cette plante. 
13: CALAMITES STEINHAUERI, PI. XVII, Fig. 4. 


C. caule decorticato , cylindrico, articulato ; articulationibus ap- 
proximatis, valdè .notatis; costis latissimis, 3-4 lineas latitudine 
: æquantibus, planis; tuberculis rotundis, maximis. 


Steinhauer , Trans. Americ. philos. soc. , tom. 1, PI. v, Fig. : 


Gis. Terrain houiller. 
Loc. Mines du Yorkshire. 


Je ne connais, cette espèce que par la figure remarquable que 
M. Steinhauer en a publiée et que Je reproduis ici. 

Comme espècé, cette plante paraît différer de toutes celles que 
nous connaissons ; elle ne pourrait avoir quelqu’analogie qu’avec le 
Calamites gigas , qui lui-même ne nous est connu que irès-impar- 
faitement , et dont elle diffère par ses articulations très-rapprochées, 
par ses côtes planes et par les larges tubercules arrondis qui sont 
marqués autour des articulations. 

Le mode de terminaison des Calamites, dont cette espèce nous 
offre un exemple SE tUAuE » mériterait de fixer un moment notre 
attention ; mais , à l’article du Calamites decoratus , J'ai déjà exposé 
les raisons qui me font présumer que cette extrémité arrondie est 
la base de ces tiges, et non la partie supérieure, comme les 
auteurs qui se Sont occupés de ces plantes paraissent lavoir géné- 
ralèment admis, et comme je lavais d’abord pensé moi-même. 
La figure du Calamites Steinhaueri devrait, dans ce cas, être 
placée dans une position inverse. 


14. CALAMITES VOLTZII, PI XXV. 


C. cortice crassiuscula, articulationibus distantibus, caule dif- 
formi , superius coarctato , ad articulos nodoso , impressionibus- 


136 HISTOIRE 


que subrotundis sparsis notato ; costis latissimis, imperfecté 
expressis. 


Gis. Terrain d’anthracite de transition (Woltz) (x). 


Loc. Zundsweïher, dans le grand-duché de Bade. (Mus. de Strasbourg.) 


Cette espèce smgulière s'éloigne des autres plantes de ce genre, 
par plusieurs caractères et surtout par son peu de régularité. La 
tige diminue successivement à chaque articulation, de manière à 
être formée d’une succession d'articles cylindriques de plus en plus 
étroits ; les côtes sont larges et assez mal exprimées dans la plupart 
des parties de cet échantillon ; enfin, on ne voit pas de tubercules 
réguliers autour des articulations, mais des indications d'insertion 
produites probablement par des rameaux où par des racines, et 
disposées sans ordre. 


_* Espèces imparfaitement connues. 


15. CALAMITES GIGAS, PL XXVIL. 


C, caule decorticato, articulato , diametro pedem subæquante ; 
costis 4-5 lineas latitudine superantibus , convexis ; tuberculis 
nullis. 


Gis. Inconnu. 
Loc. Inconnue. 


Malgré son état imparfait, cette plante paraît bien appartenir à 
ce genre : on voit distinctement sur les deux échantillons que Je 
possède, une articulation semblable à celles des autres Calamites ; 
mais sa taille considérable suffit pour la distinguer des autres espèces 
de ce genre. 


G)M. Voltz n'écrit: « Ge terrain est composé de schistes et de grès analogues à ceux du 
terrain houiller et de quarz et de pétrosilex fragmentaire ; je le crois subordonné dans un 
terpain de quarz et de gneiss. Il renferme des couches assez irrégulières et nombreuses , 
mais très-peu étendues, d’anthracites. » 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 137 


16. CALAMITES MOUGEOTI. PI. XXV, fig, 4, 5. 


C. articulis diametro caudicis subæqualibus, ramulo ad arucula- 
tiones quandôque inserto; costis in caule decortitato parallelis , 
regularibus , lineà latioribus , planis. 


Gis. Dans le grès bigarré. 


Loc. Marmoutier, département du Bas-Rhin (Museum de Strasbourg). 


Cette espèce et les deux suivantes ont tant de rapport entre elles, 
soit par leurs caractères, soit par l'identité de leur gisement, que 
peut-être devrait-on ne les considérer que comme des variétés d’une 
même espèce. Cependant Les caractères du Calamites arenaceus m'ont 
paru si constans sur un grand nombre d'échantillons, cette espèce 
étant la plus commune des trois, que je n’ai pas pu m'empêcher d'en 
distinguer les deux autres. 

Toutes trois n’ont été trouvées que dans un état de conservation 
assez imparfait, c’est-à-dire, sans écorce charbonneuse. On ne peut 
pas supposer que cette écorce soit elle-même transformée en grès, 
car, dans tous les autres végétaux fossiles du même terrain, les par- 
ties qui répondent à la matière végétale se distinguent par la présence 

d’une substance d’un brun foncé, ou du moins par une coloration 
plus intense que celle de la roche environnante, et par l'aspect lisse 
et uni de ces parties. L'absence de ces caractères dans ces trois espèces 
de Calamites me fait penser que ce ne sont que des sortes de noyaux 
intérieurs, comme beaucoup de tiges du terrain houiller. 

Le Calamites Mougeotit ne nous est connu que par un petit nombre 
d'échantillons ; il se distingue du Caturnites arenaceus par les côtes de 
sa tige, au moins du double plus larges, ayant une ligne ou même un 
peu plus d’une ligne de largeur, et par la forme aplatie de ces côtes. 
Cette espèce n’a été trouvée que dans le grès bigarré des Vosges; 
nous lui avons donné le nom d’un des naturalistes qui a le plus con- 


tribué à faire connaître les productions végétales de cette chaîne de 
js 18 


138 ; HISTOIRE 


moniagnes, et auquel nous devons les premiers échantillons de plantes 
fossiles du grès bigarré. 


17. CALAMITES ARENACEUS. PI. XX V, fig, r, et PL. XXVI, fig. 3, 4 et 5. 


C. caudice cylindrico, vel subfusiformi , diametro inæquali , 1-2 pol- 
lices rariüs excedente; articulis magis minusve distantibus; ramulo 
ad articulationes quandôque affixo ; costis in caule decorticato 
tenuissimis, lineâ angustioribus, parallelis, convexis. 


Calamites arenaceus minor, JæGEr. Pflanzeyerteinerungen von Stuttgard. 
p. 37, pl. UE, fig. 1, 2, 5, 4, 5, 6 et 7; pl. VI, fig. r. 


Gis. Dans le grès bigarré et le keuper. 


Loc. Wasseloneet Marmoutier, département du Bas-Rhin (Museum de Strasbourg).— 
Dans les grès de construction des environs de Stuttgard (Jæger). 


Cette Calamite paraît très-commune dans le grès bigarré et dans 
le Keuper; nous n'avons pas pu trouver de caractères propres à 
distinguer les échantillons provenant de ces deux formations , que 
nous avons vus. Elle est toujours dans le même état de conserva- 
tion que le C. Mougeotit, c'est-à-dire, toujours dépourvue de son 
écorce charbonneuse, dont on voit seulement quelquefois des traces 
sous la forme d’une poussière brune qui recouvre la surface des échan- 
tillons. 

Le Calamites arenaceus est le plus souvent cylindrique; son dia” 
mètre est ordinairement d’un à deux pouces, rarement plus petit ou 
plus gros; quelquefois la tige est renflée et presque fusiforme comme 
dans l'échantillon pl. XXV, fig. 1 ; d’autres fois son volume parait 
plus considérable, et cette tige semble se terminer en forme de 
cône, comme nous l'avons observé sur un échantillon du Musée de 
Strasbourg. Les articulations varient beaucoup, quant à la distance qui 
les sépare; la plus considérable que j’aie observée est de 5 pouces et demi 
(15 cent.). (PL XXVI, fig. 5.) Ces longs entre-nœuds appartiennent 
probablement aux parties supérieures, et l’on voit sur ce même échan- 
tillon qu'ils diminuent presque immédiatement au-dessous; leur lon- 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 136 
gueur ordinaire est d'environ 2 pouces (5 cent.), et leur moindre 
longueur égale 1 pouce: On voit sur les échantillons Cl. XXV, fig. r, 
et pl. XXVE, fig. 5), la position et la forme de la cicatrice laissée par 
un rameau latéral. Du moins on ne peut, je crois, attribuer à un 
autre organe cette cicatrice arrondie. Le caractère essentiel qui dis- 
üngue cette espèce de la précédente et de la suivante , est la finesse 
des stries qui ont à peine une demi-ligne ( 1 mill.) de large. 


18. CALAMITES REMOTUS PI. XXV, fig. 2. 


C. caudice angusto , diametro semipollicari; articulationibus remotis- 
simis; costis decortitatis lineam subæquantibus, convexis, sub- 
carinatis. 


Calamites remotus ? Scarors, Nachtr. zur Petref., p. 390. 
Calamites distans ? Srerws., lent. Flor. prim. p. 26. 


Gis. Grès bigarré. 
Loc. Wasselonne, département du Bas-Rhin (Museum de Strasbourg). 


C’est avec beaucoup de doute que je rapporte à cette espèce les sy- 
nonymes de MM. de Schlotheïm et de Sternberg, car les plantes aux- 
quelles ils ont donné les noms cités ont été trouvées par eux dans 
le terrain houiller, et les échantillons, d’après lesquels notre descrip- 
tion a été faite, sont tous du grès bigarré. 

Ge sont des tiges très-grêles , ayant à peine 4 lignes (1 cent.) de 
diamètre, dont les côtes sont cependant assez larges, et par conséquent 
peu nombreuses, Ces côtes ont près d’une ligne (2 mill.), elles sont 
très-régulières, légèrement carénées sur leur milieu ét non aplaties 
comme celles du Calamites Mougeotit, Les articulations sont très-éloi- 

_gnées les unes des autres, ce qui a fait donner à cette espèce le nom 
qu'elle porte, mais nous n’avons jamais eu d'échantillons assez com 
plets pour déterminer la distance de ces nœuds qui dépasse quelque- 
fois 5 pouces (13 cent.); l'échantillon le plus complet que nous ayons 


vu est figuré, pl. XX, fig. 2. 


140 HISTOIRE 
Observations additionnelles. 


Depuis impression de la partie de cet ouvrage relative aux Cala- 
mites, j'ai reçu plusieurs échantillons qui nécessiteront peut-être l’é- 
tablissement de quelques nouvelles espèces; mais, afin de mieux fixer 
leurs caractères, j’attendrai pour les faire connaître le supplément qui 
terminera cel ouvrage. 

Quelques échantillons du Keuper des environs de Stuttgard que 
M. Woliz m'a communiqués, et d’autres dont M. Schœnlein , profes- 
seur de clinique à Wurtzhourg, m'a envoyé de très-beaux dessins, 
me semblent bien plus importans, en ce qu'ils indiquent l'existence 
de deux espèces de véritables Æquisetum dans cette formation, et 
peuvent faire présumer que les deux Calamites que nous avons dési- 
gnés sous les noms de Calamites Mougeotii er de Calamites arenaceus 
sont aussi de vraies Equisetum; cependant les portions de gaînes, 
d’une assez grande taille et analogues à celles de l’'Equisetum colum- 
nare, qui établissent l’existence de ce genre, appartiennent à des 
espèces évidemment différentes de ces deux Calamites , et dont l’une 
ne diffère peut-être pas de l’Equisetum columnare, tandis que l'autre , 
dont les gaines sont à dentelures beaucoup plus larges, et que nous 
nommons Æquisetum platyodon, est complètement nouvelle. Ces 
plantes seront décrites ‘et figurées dans notre Supplément. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. ” 141 


VAR AA LI LT LIVES LELLLIE VELI LE VEU LEVULUE VUS SVEUVLELTR VVBULLUA LL LULU LUI S VEVULVIIUAVTIS RE VLLY 


FOUGÈRES. 


Cette famille est la plus nombreuse de la classe des cryptogames 
vasculaires , tant parmi les plantes vivantes que parmi les fossiles; 
elle constitue à elle seule la plus grande partie de la Flore des terrains . 
anciens, et mérite par cette raison d’être étudiée avec plus de soin 
qu'aucune autre sous le point de vue de la détermination des espèces 
fossiles. 

Son caractère le plus essentiel, celui qui est commun à toutes les 
plantes de cette famille et qui la distingue des autres familles de la 
même classe, c’est d’avoir toujours les fructifications portées sur les 
feuilles, soit que ces feuilles n'aient point subi de modifications 
essentielles dans leur forme, soit qu’elles aient perdu, par suite de 
la présence des capsules, une partie de leurs caractères extérieurs ; 
dans ce dernier cas, un examen plus attenüf fait cependant recon- 
paître les parties qui portent les fructifications pour de vraies feuilles. 

L'existence des organes fécondans dans ces végétaux est encore 
entourée de beaucoup d’obscurité ; Hedwig a cru les reconnaitre dans 
de petites vésicules pédicellées qui existent sur les jeunes feuilles, et 
qui disparaissent lorsque les organes femelles continuent à se déve- 
lopper ; les observations d'Hedwig n'avaient pas, à ce que je sache, 
été répétées depuis lui; j'ai étudié sur plusieurs espèces indigènes la 
structure et la disposition de ces peuits organes , et j’avoue que leur 
examen me porte à regarder comme très vraisemblable l'opinion de 
ce célèbre observateur ; il est certain du moins que leur analogie avec 
les sacs polliniques des Mousses est complète. 

Les capsules qui contiennent jes séminules varient, quant à leur 
structure, dans les diverses plantes de cette grande famille, et ces mo- 
difications ont servi de base à la division des Fougères en plusieurs 


142 HISTOIRE 


wibus auxquelles on a donné les noms de Polypodiacées, Hyméno- 
phyllées, Gleicheniées, Parkériées, Marattiées, Osmundacées et Ophio- 
glossées. 

Mais comme les caractères qui distinguent ces tribus sont impos- 
sibles à observer sur les espèces fossiles , même lorsqu'on y aperçoit 
des indices de fructifications , nous les indiquerons seulement dans le 
tableau méthodique que nous donnerons plus bas des genres de cette 
famille. 

Après la structure des capsules elles-mêmes, les caractères sur les- 
quels on a fondé les genres sont la disposition de ces capsules en 
groupes de formes diverses sur la surface inférieure des feuilles ; la 
déformation de ces feuilles qui donne à l’ensemble des parties cou- 
vertes de capsules l'aspect d’une grappe ou d’un épi; l'absence ou la 
présence et la forme d'un tégument membraneux qui recouvre où 
enveloppe les capsules. 

C’est par la combinaison de ces divers caractères qu'ont été fondés 
les différens genres que nous allons énumérer méthodiquement. 


2 


Tableau des genres de Fougères vivantes. 
POLYPODIACÉES. 


Capsules pédicellées, se rompant irrégulièrement , entourées d'un aneau élastique, étroit, 
saillant , articulé, qui se continue avec le pédicelle. 


Polybotrya, Humb. et Bonpl. Tœnitis, Swartz. 

Acrostichum , L. Nothochlæna , R. Br. 

Neuroplaticeros., Pal. Beauv. Adenophorus, Gaud., 1824. (Onychium 
Hermionitis, Kaulf. Reinw., 1825.—Lecanopteris, Blume, 
Antrophium, Kaulf. 1828). 

Gymnogramma , Desv. Potypodium , Swartz. 

Meniscium, Swartz. Cyclophorus , Desv. (Wiphobolus, Kaulf.\. 
Notholæna, R. Br. Pleopeltis ,Humb. et Bonpl. 

Ceterach, Willd. Aspidium, R. Br, 

Grammitis, Swartz, Nephrodium , Mick. 

Selliguea, Bory. Didymochlena , Des. 

Monozramma, Schkuhr. Cistopteris, Desv. ( Aspidium, De C, 
Xyphopteris, Kaulf. FI. Fr.). 


Cochlidium , Kaulf. Aihiyrium , Roth. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 143 
Darea, Juss. Lonchitis , L, 
Asplenium , Swartz. Adianthum , Linn. 
Diplazium, Swartz. Cassebeera , Kaulf. 
Scolopendrium , Smith. Cheilanthes , Swartz. 
Allantodia , R, Br. Lindsea, Dryand. (Schizoloma, Gaud.). 
Stenogramma , Blume. _ Chnoophora, Kaulf. 
IT'oodwardia , Smith. Diacalpe , Blume. 
Doodia , R. Br. Toodsia, R. Br. 
Sadleria , Kaulf. Arachnoïdes , Blume. 
Blechnum, Linn. Hemitelia, R. Br. 
Lomaria, Willd. Gymnosphæra , Blume. 
Leptochy lus , Kaulf. Alsophila, R. Br. 
Hymenolepis , Kaulf. Cyathea, R. Br. 
Onychium , Kaulf. Pinonia, Gaud. (Cibotium, Kaulf.). 
Cryptogramma, R. Br. Balantium , Kaulf. 
Struthiopteris, Wild. Dicksonia , L'Hérit. 
Onoclea, Linn. S'accoloma , Kaulf. 
Vittaria, Smith. Davallia, Smith. 


Pteris, Linn. 
HYMENOPHYLLÉES. 


Capsules sessiles, se déchirant irrégulièrement , entourées d'un anneau élastique complet, qui 
ne correspond pas à l'insertion de la capsule, 


Trichomanes ; L. Hymenophyllum, Smith, 
PARKERIACÉES. 


Capsules sessiles, s’ouvrant par une fente régulière; anneau incomplet, large et très-court ; 
séminules peu nombreuses dans chaque capsule. 


Ceratopteris, Ad. Brong. (Ellobocarpus, Parkeria, Hook. 
Kaulf. — Teleozoma, R. Br.). 


GLEICHENIÉES. 


Capsules sessiles ou presque sessiles, s’ouvrant par une fente régulière; anneau élastique 
complet, large, correspondant au point d'attache des capsules. 


Gleichenia, R. Br. (Gleichenia et Merten- Platizoma , R. Br. 
sia, Willd.) 


144 HISTOIRE 


OSMUNDACÉES. 


Capsules presque sessiles, réticulées , S'euvrant en deux valves, anneau élastique réduit à une 
plaque peu étendue, striée ou réticulée. 


Osmunda, Willd. Todea , Willd. 
LYGODIÉES. 


Capsules sessiles, s’ouvrant par une fente longitudinale, anneau élastique formant une calotte 
terminale à stries rayonnantes. 


Anemia, Swartz. Schizea, Smith. 
Mohria , Swartz. Lygodium , Swartz. 
MARATTIÉES. 


Capsules sessiles, coriaces, sans aucun anneau élastique, s’ouvrant par une fente longitudi- 
nale, libres ou soudées en une capsule pluriloculaire. 


Angiopteris , Hoffm. Marattia , Smith. 
Kaulfussia, Blume. Danaea ,Smith. 
OPHIOGLOSSÉES. 


Capsules sans anneau élastique . sessiles , s’ouvrant en deux valves. 


Ophioglossum , Linn. Helminthostachys, Kaulf. 
Botrychium , Swartz. 


On conçoit que les divers caractères sur lesquels on a fondé les 
genres des Fougères doivent être très-difficiles, à reconnaître sur .les 
plantes fossiles; mais ce qui oblige à chercher dans d’autres caractères 
des moyens de classification, c’est l'absence très-ordinaire des fructifi- 
cations sur les échantillons de Fougères fossiles. 

Les seuls caractères sur lesquéls on puisse fonder cette division, 
dans des plantes dont l’organisation est si simple, sont évidemment la 
forme des feuilles et le mode de distribution des nervures de ces 
organes. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 145 

On pouvait même espérer trouver quelques rapports entre la struc- 
ture et la disposition des CRE et la distribution des nervures qui 
les portent ; cependant il n’y a rien de constant à cet égard, et s’il est 
certains genres dans lesquels les caractères déduits de la fructification 
et ceux tirés de la structure des feuilles s'accordent, il en est beaucoup 
d’autres qui présentent presque toutes les sd ÉNoË possibles dans 
la forme de leurs feuilles et dans la distribution de leurs nervures. 

Il ne faut pas cependant en conclure qu'il est impossible de faire 
accorder ces deux ordres de caractères, mais plutôt que quelques- 
uns des genres de cette famille, tels qu'ils sont établis, ne sont pas 
naturels, et devraient être subdivisés, soit en plusieurs genres, soit 
en sections, fondés non sur le nombre des subdivisions des feuilles , 
caractère qui fournit rarement des groupes naturels, mais sur le mode 
de ramification des nervures ; et qu’on ne croie pas que cette réforme 
multiplierait beaucoup les genres , elle ne les angmenterait que peu, 
parce qu’elle porterait seulement sur quelques genres très-nombreux, 
très-variés , et dont l'étude difficile se trouverait facilitée par ce moyen. 

Quant à leur mode général de subdivision, les feuilles des Fougères 
sont quelquefois simples, mais le plus souvent une fois, deux fois 
ou trois fois pinnatifides , à divisions plus ou moins profondes. a 
ces dernières divisions auxquelles on donne le nom de pinnules , 
sont presque jamais articulées sur le pétiole commun, les fauillegin ne 
sont donc pas dans la plupart des cas réellement OP ; les feuilles 
réellement pinnées, bipinnées ou tripinnées, n’existent que dans un 
très-petit nombre d'espèces, c’est-à-dire, dans quelques Polypodes et 
Adianthum. Quant aux divers modes de distribution des nervures dans 
les dernières divisions des feuilles ou pinnules, ceux qui, au premier 
aspect , paraissent les plus distincts sont : les nervures pinnées à ner- 
vules simples; les nervures pinnées à nervules dichotomes où double- 
ment pinnées ; les nervures flabelliformes à nervules dichotomés , et 
les nervures réticulées ; cependant toutes ces modifications passent 
des unes aux autres, dans beaucoup de cas, par des nuances insen- 
sibles ; ainsi les nervures simples sont souvent mêlées sur la même 
feuille avec les nervures bifurquées qui, dans d’autres parties de la 

I, 19 


146 HISTOIRE | 
même fronde, deviennent dichotomes; les nervules bifurquées passent 
dans beaucoup d’autres cas aux nervures bipinnées, ainsi qu'on peut 
le voir sur l'Aspidium mohrioides (pl. XXX,, lie. 4). 

Les nervures pinnées passent aux nervures flabelliformes, graduel- 
lement dans des espèces très-voisines où dans les diverses pinnules 
d’une même plante, cetie dernière modification n'étant due dans 
beaucoup de cas qu'à l'allongement des nervures inférieures qui de- 
viennent égales à la nervure moyenne. 

Enfin, les nervures réticulées ne sont dans certains cas que le ré- 
sultat d’une dichotomure répétée assez souvent pour faire rapprocher 
et réunir les dernières divisions des nervures. 

Il est cependant quelques modes de réticulation des nervures qui 
ne peuvent pas se rapporter à une simple modification des autres 
modes de distribution des nervures. 

Ce sont 1° les nervures réticulées toutes égales (nervi reticulati), 
ne naissant pas d’une nervure moyenne, et ne présentant aucun 
indice de dichotomuré; tels sont les nervures des Æemionitrs , des 
Antrophium ex de quelques Acrostichum (pl. XXXIV, fig. 1,»2). 

2° Les nervures que j’appellerai aréolées (rervz areolati ), qui se 
recourbént de manière à former des aréoles irrégulières dans les— 
quelles quelques-unes d’entre elles viennent se terminer librement et 
souvent par un groupe de capsules. Cette disposition se voit dans beau- 
coup de Polypodes et d’Acrostics (pl. XXXIV, fig. 4et 5, pl. XXXV, 
fig. 1, 2, 3). 

3° Les nervures en grillage (nervi clathrati), disposition très-rare 
que je ne connais que dans quelques Polypodes (pl. XXX-V, fig. 6), 
et à laquelle se rapporte parmi les fossiles le genre Clathropteris. 

Malgré les passages fréquens qui existent entre les autres modes 
de division des nervures, ces divers modes sont quelquefois assez 
constans pour bien caractériser des groupes d'espèces, et pour nous 
permettre de distribuer les Fougères vivantes appartenant à des genres 
nombreux en sectious très-naturelles qui faciliteront les recherches 
de détermination ou de rapprochement des espèces fossiles. 

Ainsi, pour en citer un exemple, les Aspidium à frondes pinnées 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 147 
ou bipinnées se divisent en deux groupes très-naturels (x); les uns 
ont les nervures pinnées à nervules simples , portant les groupes des 
capsules vers leur milieu, tels sont les A. unitum Wild (pl. XXVHT, 
fig. 8), molle W., novæboracensé W., serr& W.; arbusculum W., 
riparium W., cyathoides Kaulf (pl XXVIT, fig. 7), pauciflorum 
K., sulcatum Bory, etc. Les autres ont les nervures pinnées à ner- 
vules bifurquées, et les groupes de capsules portés sur une des 
bifurcations , de ce groupe sont les A. lonchitis SW. (pl XXX; fig. 1), 
aculeatum Sw. (pl. XXX, fig. 2), lobatum Wilhd., proliférum R. Br., 
mohrioides Bory (pl. XXX, fig. 4)'etc. 

On conçoit qu’en divisant ainsi tous les genres dont la structure 
des feuilles présente des modifications importantes , où seulement 
constantes et propres à former des groupes naturels, nous pourrons 
ensuité réunir les genres et les diverses sections de genres d'après ces 
caractères, et établir une classification des Fougères vivantes qui 
pourra être en rapport avec celle que nous sommes obligés d'admettre 
pour les Fougères fossiles. | 

Outre le mode de division des nervures, il est un caractère de ces 
organes , qui, quoique difficile à bien définir, détermine dans les 
feuilles ne forme si particulière, lorsqu'il est porté à un haut degré, 
qu’il devient nécessaire de l’employer pour le groupement des espèces; 
d'autant plas qu'il est fréquemment en rapport avec les genres établis 
dans cetté famille ce caractère consiste dans le décroissement très 
rapide des nervures d'une subdivision de la feuille, décroissement 
tel que les nervures inférieures et les lobes de la feuille auxquels 
elles se distribuent , acquièrent une grandeur qui égale presque l’en- 
semble des autres lobes terminaux, de sorte que la foliole semble 
palmée , et que les nervures paraissent également päliées ou flabel- 
liformes. On voit que cette forme de feuille et la distribution des 
nervures qui sy rapporte ne sont qu'une modification des, nervures 
pinnées ou bipinnées ; aussi trouve-t-0n ous les intermédiaires entre 
les deux extrêmes qui sont cependant si différens que nous avons dû 


(1) Je ne parle ici que des vrais Aspidium , et non des Nephrodium et À thyrium. 


148 HISTOIRE | 

en faire parmi les fossiles les deux groupes où genres des Pecopteris 
et des Sphenoptertis ; la forme des pinnules propre à ce dernier groupe, 
n’existant parmi les Fougères vivantes que dans un nombre de genres 
assez limité, détermine avec plus de précision les rapports de ces 
plantes fossiles avec Les vivantes. 

Entre ces deux groupes , et comme pour les lier, se trouve celui 
auquel nous avons donné, parini les fossiles, le nom de AVevropterts, 
dans lequel la nervure moyenne surpasse à peine’ les nervures laté- 
rales, et dont les nervures inférieures très-longues, plusieurs fois 
dichotomes, s’épanouissent en se recourbant vers le bord de la feuille; 
la disposition des nervures est presque la même que dans certain 
Sphenopteris , mais la nervure moyenne est plus longue, et les pin- 
nules sont entières. 

Les vraies nervures flabelliformes sont extrêmement rares dans cette 
famille; elles n'existent peut-être que dans quelques espèces à frondes 
simples, telles que les Ædianthum reniforme et asarifolium, et les Tri- 
chomanes reniforme (pl. XXXIL, fig. 1), membranaceum (pl. XXXII, 
fig op 3)siete. 

Toutes les autres sont des modifications plus ou moins notables dés 
nervures pinnées, accompagnées de divisions plus ou moins profondes 
des feuilles. 

On peut donc classer les Fougères d’après la forme de leurs feuilles 
et le mode de distribution de leurs nervures, ainsi qu'il suit: 


I. Mervures pinnées , nervules non réticulées. 


À. Nervules simples, bifurquées ou pinnées. 


a. Fronde simple, nervules simples ou bifurquées (pl. XXVNT, fig. 2, 6). — Te- 
niopieris. 
b. Pinnules simples ou semipinnatifides à lobes égaux, nervules peu obliques sur la ner- 
sure moyenne. — Pecoptéris. 
1. Pinnules adhérentes par leur base. 
* Nervules simples (pl. XXVIIE, fig. 5, 7, 8). 
**_ Nervules bifurquées (pl, XXVUE, fig. 9, 10, 11). 
X*X Nervules pinnées. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. - 149 
2. Pinnules libres par leur base. 


* Nervules simples (pl. XX VIE, fig. 1, 4). 
** Nervules bifurquées (pl. XXX, fig: 2)- 
*X* Nervules pinnées (pl. XXX, fig. 1, ). » 


c. Pinnules profondément lobées, à lobes décroissans , divergens ; nervures bifurquées ou 
bipinnées , obliques (pl. XXX , fig. 7 à 15). — Sphenopterts. 
B. Nervules dichotomes, très-obliques sur sur la neryure moyenne. 


a. Fronde simple. — Glossopteris. 


b. Pinnules adhérentes par la base au rachis, nervules naissant de ce rachis, pas de ne:- 
vure moyenne. — Odontopteris. 


c. Pinnules non adhérentes au rachis. 
1. Pinnules entières, symétriques (pl. XXXI, fig. 5,6, 7, 8). — evropteris. 
2. Pinnules entières ou lobées, très-inéquilatérales, nervure principale presque mar- 
ginale ( pl. XXXI, fig. 2, 5, 4). — Loxopteris. 
5, Pinnules flabelliformes , lobées (pl. XXXT, fig. 1). — ZLeptopteris. 


4. Pinnules palmées à nervures pinnées dans chaque lobe (pl. XXXI, fig. 9). — Chei- 
ropleris. 


U. Nervules flabelliformes , pas de nervure principale. 


À. Nervules pédées (pl. XXXIT, fig. 1). — Cyclopteris. 
B. Nervules fasciculées rayonnantes dichotomes. (pl. XXXIT, fig. 2, 3). — Æymenopteris. 
C. Fronde profondément lobée, lobes uninerviés (pl. XXXIT, fig. 4). — Schizopteris. 


IL. Vervures anastorosées. 


A. Nervures secondaires toutes égales, réticulées, aucune nervure libre (pl. XXXIIT, 


fig. 2-8. PI. XXXIV, fig. 1, 2, 6). — Lonchopteris. 


B. Nervures principales formant un grillage carré, nervules réticulées, aucune libre, 


(pl. XXXV, fig, 6). — Clathropteris. 


C. Nervures inégales, aréolées, une partie d’entre elles se terminant librement dans les 


aréoles (pl. XXXIV, Ge. 5, 4, 5. PL XXXV, fig. 1, 2,5). — Phlebopteris. 


La plupart de ces groupes établis parmi les Fougères vivantes se 
retrouvent à l’état fossile ; il en est cependant RRMREUNE qu'on n'y 
a pas observé, et d’autres au contraire qui n'existent qu’à l’état fossile. 

Outre ces caractères déduits de la forme des feuilles et du mode de 
distribution des nervures, il en est quelques autres qui devraient, 


150 HISTOIRE 

même à l'état fossile, se faire reconnaître ; tels sont ceux que fournit 
la disposition des organes reproducteurs lorsqu'ils existent; ces carac- 
tères, lorsqu'on les observe, et l'absence de plusieurs tifhes de fruc- 
Anis remarquables , Scrablen prouver que les genres de cette 
famille étaient bien, moins nombreux dans les temps anciens qu'à 
présent. Ainsi, parmi les Fougères du terrain houiller, on n’en con- 
naît pas une qui présente des fructifications en grappes où en pani- 
cules, comme celles des Osmundacées, des Lygodiées où des Ophio- 
glossées, et la comparaison des feuilles fossiles avec les frondes 
stériles de ces plantes, paraît confirmer l'absence des plantes de ces 
groupes à cette époque. 

On pourrait en dire autant des genres T'richomanes et Hymeno- 
phy llum , aussi faciles à reconnaître par la forme et la délicatesse de 
leur fronde que par la disposition de leurs fructifications; ce n’est 
qu'avec beaucoup de doute qu’on peut rapprocher quelques espèces fos- 
siles de ces genres. Le genre Gleichenia, si remarquable par sa fronde 
dichotome, ne s’est pas encore présenté à l’état fossile. Rien ne semble 
non plus annoncer la présence des Adianthum et Lindsea dans l’an- 
cien monde, ou du moins les espèces qu’on peut rapprocher de ces 
genres sont très-peu nombreuses. 

Au contraire, Le plus grand nombre des espèces fossiles paraît voisin 
des Aspidium, des Cyathea , des Blechnum, des Pteris , des Asple- 
num, des Polypodium, et quelques-unes constituent probablement 
des genres tout-à-fait différens de ceux qui existent actuellement; 
telles sont les espèces de nos genres IN evproplerts et Odontopteris. 

Nous venons d'examiner quels sont les caractères les plus-évidens 
que présentent les feuilles des Fougères et:ceux qui peuvent le mieux 
servir à distinguer les espèces les’ uneë des autres, mais nous dévons 
aussi indiquer quelques points de la structure anatomique de ces 
organes qui influent sur les caractères que nous venons d'indiquer, 
et sur quelques-uns de ceux que nous aurons à étudier, 

La netteté et la finesse des nervures des Fougères, la manière dont 
elles sont parfaitement limitées du reste du parenchyme, et leur soli- 
dité Les distinguent, même à l'œil nu, de celles de la plupart des autres 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. L5t 
végétaux; mais l’examen anatomique de ces parties fait découvrir 
facilement la cause de cet aspect. Les nervures dés feuilles des plantes 
phanérogames sont ordinairement formées de trachées, de vaisseaux 
ponctués, quelquefois de vaisseaux propres, le tout accompagné de 
fibres allongées , fusiformes, et de cellules cylindriques , oblongues, 
disposées en séries, qui se lient immédiatement, et d’une manière 
presque insensible, au parenchyme de la feuille. 

Les nervures des Fougères sont formées de moins d’élémens; elles 
ne présentent qu'un faisceau de vaisseaux ponctués ou fausses tra - 
chées, entourées de fibres allongées toutes semblables entre elles , le 
tout renfermé dans une sorte de fourreau très-solide, formé d’une 
couche de cellules brunes ou noirâtres très-serrées qui séparent les 
fibres et les vaisseaux de la nervure du parenchyme de la feuille. 

La même structure s’observe avec des dimensions plus considé- 
rables dans les pétioles des feuilles, et même dans les tiges. ( Voy. 
pl. XX XVI, la coupe d’un pétiole de l'Aspidium filix-mas ). 

La finesse et Ja netteté des nervures des Fougères sont donc fondées 
sur un caractère anatomique commun à toutes les plantes de cette 
famille, et qui les distingue de tous les autres végétaux; on doit par 
conséquent en conclure que cet aspect des nervures et leur mode 
particulier de division qui ne paraîtraient pas d’abord très-importans, 
deviennent réellement des caractères essentiels par leur connexion 
avec.une structure interne remarquable. 

Sous tous les autres rapports, l’organisation intérieure des feuilles 
des Fougères présente les mêmes caractères que celle des autres végé- 
taux, c’est-à-dire que le parenchyme et l’épiderme ont la même struc- 
ture; la rigidité des nervures et la solidité de l’épiderme donne seule- 
ment à toute la feuille une consistance sèche et ferme que n’ont pas 
en général les feuilles aussi minces , et font résister ces feuilles à la 
décomposition plus que celles de la plupart des plantes. 

On voit par tout ce que nous venons de dire de la structure et de la. 
forme des feuilles des Fougères, qu'elles se distinguent facilement par 
ces caractères de celles de tous les autres végétaux. 

Les feuilles des Fougères sont presque toujours portées sur un 


152 . HISTOIRE 

pétiole plus où moins long , il n’y a peut-être que quelques espèces 
de Trichomanes qui fassent exception, et dans lesquelles le limbe 
s’'insère directement sur la tige. (Voyez pl. XXXIT, fig. 2, le Tricho- 
manes membranaceum. ) | 

Ce péuole est rarement cylindrique, plus souvent aplau ou sil- 
lonné sur sa face supérieure, très-rarement élargi et ailé sur ses 
bords vers sa base; dans la plupart des cas, cette base par laquelle il 
s’insère sur la tige est arrondie , elliptique ou rhomboïdale, et son 
grand diamètre est vertical; presque jamais elle n’est élargie de 
manière à embrasser la tige transversalement , et à laisser sur cette 
tige des cicatrices en forme d’anneaux horizontaux incomplets (1). 

Ï] résulte de cette forme des pétioles des Fougères vers leur base, que 
les cicatrices que les pétioles laissent sur les tiges après [a chute des 
feuilles se présentent presque toujours”sous la forme de disque, 
quelquefois arrondis , plus souvent elliptiques où rhomboïdaux, dont 
le grand axe est parallèle à l'axe de la tige, caractère qui distingue 
facilement les tiges de ces plantes de celles de toutes les monocoty- 
lédones arborescentes , dont les feuilles ou les pétioles sont amplexi- 
caules et laissent sur la tige, après leur chute, des cicatrices très- 
larges transversalement , très-étroites dans le sens longitudinal , et 
formant ainsi des anneaux , tantôt complets, tantôt incomplets. 

La structure intérieure des pétioles des Fougères fournit encore un 
autre caractère propre à les faire reconnaître. Les faisceaux fibro-vas- 
culaires, qui constituent les nervures des feuilles, en se réunissant pour 
former les nervures principales, et ensuite en pénétrant dans le 
pétiole, ne s’accolent pas simplement les uns contre les autres , mais 
se confondent plusieurs ensemble en un seul faisceau réuni dans une 
gaine commune, Dans le pétiole, ces faisceaux sont réduits à un nombre. 
peu considérable, presque toujours déterminé, et sont placés avec une 
grande symétrie des deux côtés de l'axe du pétiole ; il en résulte que la 


\ 


(1) M. Gaudichaud m'a dit que cette structure se présentait dans le Cyathea mariana et 
dans l’Angiopteris evecta ; mais toutes les autres Fougères en arbre dont il existe des tiges dans 
les collections présentent des insertions arrondies. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 153 
coupe de ces pétioles présente toujours un certain nombre de taches, 
formées par la coupe de ces faisceaux fibro-vasculaires , et disposées 
avec beaucoup de régularité; c’est à la disposition particulière de ces 
faisceaux qu'est due l’apparence de la coupe du pétiole du Pteris 
aquilina , semblable à un aigle à deux têtes. (PI. XX X/VIT, fig. 1.) 

Le nombre et la disposition de ces faisceaux paraissent constans 
dans la même espèce; mais on n’a pas encore de données précises 
sur les rapports de ce caractère avec les coupes génériques admises 
dans cette famille. MM. Bory-Saint-Vincent et Gaudichaud , sont, 
je crois, les premiers qui aient considéré ce point de structure comme 
pouvant fournir de bons caractères spécifiques, et M. Gaudichaud 
paraît même porté à accorder plus d'importance à cette modification 
de structure , et à croire qu’elle est constante dans le même genre. 

On conçoit qu'il est difficile de vérifier sur des herbiers la valeur 
de ce caractère, car il présente des modifications notables lorsqu'on 
l’'observe sur des points différens du pétiole , et il est difficile de pou- 
voir, sur un nombre suffisant d'espèces, l’étudier à la base du pétiole, 
partie sur laquelle seule il serait intéressant de le reconnaitre, et qui 
souvent manque dans les herbiers. 

Mais, si jusqu’à présent nous ne pouvons pas employer ce caractère 
pour distinguer les genres ou les espèces, il est du moins un des meil- 
leurs pour distinguer les pétioles des Fougères, et par conséquent les 
Insertions de ces organes sur les tiges, de celles des mêmes organes 
dans les autres familles du règne végétal. 

En effet, dans toutes les autres plantes, dont les tiges pourraient 
se confondre avec celles des F ougères en arbres, dans les Palmiers, les 
Cycadées, etc., les pétioles et leurs insertions présentent des faisceaux 
fibro-vasculaires nombreux, distribués sans régularité, et qui ne lais- 
sent pas, comme ceux des Fougères, des traces nettement limitées et 
disposées avec symétrie. 

Cette organisation des pétioles des Fougères est peut-être encore 
plus sensible sur les espèces dont les feuilles sont peu développées , 
que sur celles qui acquièrent une taille considérable, telles que celles 
des Fougères arborescentes actuelles. 

E 20 


154 HISTOIRE 

En effet, dans ces plantes, les pétioles sont très-gros et renferment un 
nombre considérable de faisceaux arrondis, distincts les uns des 
autres, disposés avec beaucoup de symétrie , mais qui laissent sur 
les cicatrices, produites par la chute des feuilles, des marques nom- 
breuses séparées les unes des autres; dans les pétioles des Fougères à 
fronde plus petites, telles, par exemple, que celles de nos climats, 
les faisceaux fibro-vasculaires des pétioles sont beaucoup moins nom- 
breux ; ils ne dépassent pas ordinairement trois à cinq, et on conçoit 
que, si des pétioles d’une structure analogue s'étaient insérées sur une 
tige arborescente, ils y auraient laissé des cicatrices plus petites, et ne 
portant qu'un petit nombre de marques très-régulières, produites par 
le passage de ces faisceaux. 

Ce fait est important à noter pour se rendre compte de la structure 
des tiges de Fougères arborescentes de l’ancien monde, et des diffé- 
rences qui existent entre elles et les tiges des Fougères arborescentes 
actuellement existantes. 

Ce que nous venons de dire de la structure des pétioles des Fou- 
gères , nous permettra de comprendre très-facilement l’organisation 
des tiges de ces mêmes plantes. 

La tige est formée, comme ces pétioles, d’un tissu cellulaire rempli 
de fécule qui enveloppe des faisceaux fibro-vasculaires , semblables 
pour leur structure à ceux des péuioles , mais beaucoup plus considé- 
rables , chacun d'eux étant formé par la réunion des vaisseaux et des 
fibres qui doivent se porter dans plusieurs pétioles. 

Tantôt ces faisceaux fibro - vasculaires de la tige sont en petit 
nombre, quelquefois même il n'en existe qu'un central et arrondi. 
Tantôt la tige présente un nombre assez considérable de ces fais- 
ceaux, disposés en cercle vers la circonférence ; dans le premier 
cas, la tige grêle ne porte que des feuilles peu nombreuses, espacées, 
et qui ne l’environnent pas de toute part; c’est ce qui a lieu dans 
toutes les Fougères à tige grimpante , telles que les Lygodium ; et 
dans celles à tige rampante sur les arbres et les rochers, où sous 
terre, comme beaucoup d'espèces d'Acrostichum , Y Hemionitis , de 


Polypodium , de Pteris, etc. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 155 

Dans les Fougères dont la tige présente des faisceaux fibro-vascu- 
laires nombreux et considérables, cette tige, beaucoup plus grosse, 
porte des feuilles très-nombreuses, insérées tout attour d'elle, très- 
rapprochées , et qui la recouvrent de toutes parts, soit que cette tige 
rampe à la surface du sol comme dans plusieurs Fougères d'Europe 
(Nephrodium filix-mas, Osmunda regalis, Athyrium filix-fœemina), 
soit qu'elle s'élève verticalement à une hauteur plus où moins consi- 
dérable, comme dans les Fougères réellement arborescentes des con- 
trées tropicales. Dans les premières, les feuilles, quoïque insérées tout 
autour dé la tige, sont toutes recourbées vers le côté supérieur. Dans 
les secondes, elles s’étalent de tous les côtés en une large ombrelle, 
analogue à ceile des Palmiers (x). 

Les bases des pétioles persistent long-temps autour des tiges ram- 
pantes., et les recouvrent de plusieurs sortes de tubercuies allongés, 
nombreux, de manière que les feuilles, en se détruisant, ne laïssent 
pas de cicatrices à la surface même de la tige. 

Dans les Fougères arborescentes, au contraire , les pétioles se dé- 
tachent par leur base et tombent tout entiers, en laissant sur la tige 
des cicatrices dont la forme dépend de celle de-ces pétioles. 

Les tiges des Fougères arborescentes différent done des tiges ram- 
pantes , non-seulement par leur direction, mais aussi par la manière 
dont les feuilles se détachent, et elles présentent seules les impressions 


régulières, disposées avec tant de symétrie, qui les distinguent des 
tiges de tous les autres arbres (2). 


] 


(1) Voyez les planches XXX VIII et XXXIX, qui représentent trois espèces de Fougères ar- 
borescentes. PI. XX XVIII, &, Cyathea glauca, d'après un croquis que M. Bory-Saint-Vincent 
a bien voulu me communiquer. PI. XXXIX, fig. 1°*, une espèce du Brésil, copiée d'après 
l'atlas du Voyage de MM. Spix et Martius. PI. XXXIX., fig. 2, une espèce de l'ile Bourbon , 
copiée d’après l'album du Voyage de la Tugris par M. de La Thouane. La pl. XL représente 
la partie inférieure et la partie supérieure avec l'origine des feuilles d’une tige du Cyathea 
arborea de Haïti, que je dois à l’amitié de M. Mollien, consul de France au Cap Haïtien. 

(2) Voyez les planches XL, XLI, XLII et XLIII. qui représentent diverses tiges de Fou- 
gères en arbre, et la pl. XLIV, sur laquelle sont figurées les coupes de ces mêmes tiges. PI. XL, 
Cyathea arborea. P\, XI; fig. 1, Pteris aculatea (Polypodium spinosum, L.) PL. XLT, 
fig. 2,5, 4, Cyathea excelsa, Pl. XLII, fig. 1. Cyathea compta, Mart, ; fig. 2, Didy- 


1956 HISTOIRE 

Nous ävons déjà dit que la forme des cicatrices que ces uges por- 
tent était déterminée par celle des bases des pétioles ; mais cette 
identité de forme n’a lieu que dans le haut de la tige et pour les 
cicatrices dont les feuilles viennent de tomber. L’accroissement des 
tiges des Fougères est semblable à celui des tiges des monocotylé- 
dones , sous ce rapport que ces tiges n’augmentent pas en diamètre 
et s'élèvent en conservant une forme et une grosseur parfaitement 
semblables à toutes les hauteurs; mais, à mesure que la plante s'accroît, 
elle s'élève non-seulement par la formation de nouvelles parties résul- 
tant du développement du bourgeon terminal, mais aussi par l'al- 
longement des parties déjà formées , même très-anciennement. C’est 
ce que prouve l'allongement des cicatrices des feuilles, et surtout leur 
distance considérable dans le bas des tiges, comparés à leur grandeur 
et à leur position rapprochée dans le haut de la même uge; un 
très-bel échantillon d'une tige du Cyathea arborea provenant de 
Haïti, et longue de 12 pieds environ, qui vient d'être adressé au 
Muséum d'histoire naturelle, par M. Fouquier, établit ce changement 
d'une manière évidente. La planche XL représente, fig. 1, la partie 
supérieure, de cette tige, dessinée d’après un échantillon de la même 
plante que M. Mollien, consul à Haïti, m'avait envoyé depuis plusieurs 
années, et qui est parfaitement identique avec la partie supérieure de 
l'échantillon du Muséum. La figure 2 montre la disposition et la forme 
des cicatrices des feuilles dans le bas de cette même tige, sur laquelle 
on observe tous les intermédiaires entre ces deux formes. 

Cette différence entre la partie supérieure et inférieure des tiges 
des Fougères en arbre est très-importante à remarquer pour la déter- 
mination des espèces fossiles , afin de ne pas considérer comme des 
espèces distinctes des parties différentes de la même tige. 

Sous le point de vue physiologique, ce mode d’accroissement est 
aussi digne d'attention; car dans la plupart, si ce n’est dans tous les 


mochlæena sinuosa, Desv. PL. VLIIL, fig. 1, espèce indéterminée de l'ile Bourbon; fig. 2, 
tièe de Fougères sans nom d'espèce ni de lieu. La plupart de ces tiges de Fou gères arbores- 
centés sont conseryéés dans les galeries botaniques du Muséum d'Histoire naturelle de Paris. 


| DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 157 
autres végétaux arborescens , l'allongement des tiges cesse prompte- 
ment d’avoir lieu dans les parties déjà complètement formées. 

Outre les pétioles des feuilles , les tiges donnent encore naissance 
à quelques parties moins importantes. Ce sont le plus ordinairement 
des écailles scarieuses, semblables à celles qui couvrent la base des 
pétioles ( pl. XL ); ces écailles de formes diverses, suivant les 
genres et les espèces, tombent promptement et laissent sur la tige 
des cicatrices plus ou moins distinctes qui en rendent la surface 
comme rugueuse : nous verrons que ce caractère se retrouve dans les 
tiges fossiles , quoique les écailles ne sy soient presque jamais 
montrées. 

Quelquefois ces tiges portent aussi des épines coniques et très- 
dures , formées simplement par un développement particulier du 
ussu de l'écorce. ( F’oyez pl. XLI, fig. 1, la tige du Pteris aculeata.) 

Enfin, dans la plupart des tiges de Fougères arborescentes, on voit 
naître de la surface de la tige, vers les parties inférieures, des fibrilles 
radicales très-nombreuses, cylindriques, presque simples, qui, sortant 
de la tige au-dessous de l'insertion des pétioles (peut-être des cica- 
rrices laisséés par les écailles), descendent jusqu’à terre et envelop- 
pent le bas des tiges d’un large cône formé par ces fibrilles super- 
posées et fortement serrées les unes contre les autres. Une disposi- 
tion analogue se retrouve dans les racines adventives de plusieurs 
plantes monocotylédones; mais, dans aucune de ces plantes, ces 
fibres n'ont, je crois, la finesse et l’uniformité de grosseur qu’on re- 
marque dans celles qui naissent de la partie inférieure des tiges des 
Fougères en arbre. On en voit un petit nombre qui commencent à 
entourer les tiges représentées pl. XL, fig. 1; pl. XLI, fig. 1; et 
pl. XLIT, fig. 1. 

Dans quelques tiges conservées dans les collections, ces fibrilles 
radicales forment à la base de la tige une masse conique qui en 
double ou triple le diamètre et cache complètement sa surface. 

Quelques tiges fossiles dont nous parlerons par la suite paraissent 
présenter une disposition analogue. 

Ce que nous venons de dire de la structure des Fougères vivantes 


158 HISTOIRE 

suffira pour qu’on puisse facilement reconnaître à l’état fossile toutes 
les parties qui peuvent avoir appartenu à cette famille. Les feuilles 
se distinguent par la forme de leurs découpures, disposées avec une 
symétrie et une régularité remarquables, présentani un mode de sub- 
division qui ne se reirouve dans presque aucun autre végétal, et sur- 
tout par la finesse, l'égalité et le mode de distribution de leurs ner- 
vures; lestiges, par leur forme cylindrique sans ramifications, et par la 
disposition régulière et la forme particulière des cicatrices laissées par 
les bases des pétioles. 

Nous avons déjà vu que la forme des feuilles et les modifications 
que présente la distribution des nervures permettaient de fonder sur 
ces caractères plusieurs sections dans la famille des Fougères; nous 
avons même indiqué les plus importantes de ces coupes et les noms 
que nous leur avions appliqués. Ces coupes et ces noms deviendront 
les genres que nous adopterons pour la classification des espèces fos- 
siles; les caractères qui servent de base aux genres parmi les fougères 
vivantes, n'étant visibles qu'une fois sur vingt tout au plus sur les 
espèces fossiles, et ne pouvant même, lorsqu'ils existent, être étudiées 

ue d’une manière très-superlicielle’, à cause de l’état imparfait de 
ces traces de fructification. 

Quant aux tiges, il nous a paru plus convenable de n’en former 
qu'un seul groupe; les espèces en apparence les plus différentes par 
leurs caractères, passant des unes aux autres par des nuances presque 
insensibles, et ce que nous connaissons des tiges des Fougères vivantes 
né paraissant pas annoncer des relations constantes entre la forme 
des tiges et celles des feuilles ou des fructifications. Nous avons con- 
servé à Ce groupe des tiges de Fougères fossiles le nom de Sigillaria, 
que nous lui avons appliqué en premier dans notre Essai de classifica- 
tion des végétaux fossiles. 

La distribution géographique des Fougères, et celle des divers 
genres qui composent celte famille, méritent de fixer notre attention, 
la répartition des espèces de. cette famille étant fort différente de celle 
de la plupart des autres végétaux, et pouvant nous fournir des données 
intéressantes sur l’état ancien de notre globe. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 159 

Le nombre total des espèces connues de Fougères, actuellement 
existantes sur la surface du globe, s'élève entre 1,500 et 1,600 (1), 
nombre qu'il est difficile de fixer avec précision, aucune recension 
générale de cette famille n'ayant été faite avec soin depuis fong-temps, 
les espèces nouvelles décrites tous les jours augmentant continuelle- 
‘ment ce nombre, et les doubles emplois introduits par ces publications 
isolées, devant au contraire porter à le réduire lorsqu'on fera une 
bonne monographie générale de cette famille. ; 

Quand on réfléchit au nombre considérable d'espèces encore non 
décrites, qui existent dans les herbiers, provenant particulièrement 
du Brésil et du reste de l'Amérique équatoriale , de la Nouvelle Zé- 
lande, des Moluques, et de quelques parties de la Nouvelle Hollande, 
on ne peut guère douter que le nombre total des espèces de cetie 
famille ne soit au moins de 2,000. 

En séparant ces espèces en woïis groupes, 1° celles propres à la 
zone tempérée et froide boréale, au-delà du 30° ou du 35°; 2° Celles 
de la zone tempérée australe, également au-delà du 30°; 3° Celles 
qui croissent des deux côtés de l'équateur jusqu’au 30° ou 35° degré 
de latitude, on a les résultats suivans. 


Fuxopelges 13100 Se anoeepé.muas ul oh 5:64 


Amérique septentrionale. :. . +: . . +. . 70 
Taponël teur der aunc sind 28 pe Mémnirsents voix 
Sibérie et Chine septentrionale. . + . … . 24 
ADO PET A NT EN. ER NEO RE SRG) 
Espèces communes à ces quatre régions. : . . 33 
Total de l’hémisphère boréal. . . 144 

En  -S 


(1) Le Nomenclator botanicus de Steudel en contient près de 1500 , parmi lesquelles il y à 
certainement plusieurs doubles emplois, mais aussi des-omissions assez nombreuses d'espèces 
décrites, soit à l’époque de la publication de cet ouvrage, en 1824, soit depuis ce moment, telles 
que celles du Brésil publiées par Raddi, celles du Voyage de MM. Freycinet et Duperrey, décrites 
pat MM. Gaudichaud et Bory-Saint-Vincent, celles figurées par MM. Hooker et Greville dans 


160 HISTOIRE 
Cap de Bonne Espérance. : . . . . , . 34 


Nouvelle Hollande australe . . . . . . . 72 

Néuvelle Zélndes eu, vu Watt: ter, l'ile Gé 

Amérique australes PM UE en Glen ve 
Total de l'hémisphère austral. . . . 140 (1). 


Ces deux nombres sont presque égaux, mais il est probable que 
tous deux, et surtout le dernier, devraient être augmentés, si plu- 
sieurs des pays qui sont compris dans ces zones étaient mieux connus; 
tels sont particulièrement, dans l'hémisphère boréal, la côte occiden- 
tale de l'Amérique, le Japon, la Chine septentrionale et la Sibérie ; 
dans l’hémisphère austral, la Nouvelle Zélande et l'Amérique aus- 
trale. 

Le reste des Fougères , 1,200 espèces au moins, sont propres à la 
zone moyenne ou équinoxiale. 

On voit déjà combien cette zone est plus riche en espèces de cette 
famille que les zones tempérées et glaciales ; maïs cette différence de 
proportion devient encore plus marquée si on compare un espace de 
terrain à peu près semblable sous chacune de ces latitudes , beaucoup 
d'espèces de la zone équatoriale se retrouvant également dans des 
partes très-éloignées de cette zone; ainsi, il suffit de parcourir les 
ouvrages descriptifs ou Les herbiers , pour voir que le Brésil, ou même 
seulement la partie voisine de Rio-Janéiro , bien moins étendue que 
l'Europe, produit au moins cinq à six fois autant d’espèces de Fou- 
gères, quoiqu'il soit impossible pour le moment d'indiquer avec 
quelque précision le nombre des espèces connues de ce pays, aucun 
ouvrage ne contenant encore un recensement des espèces qui y ont 


leurs /cones Filicum , d'où l’on peut conclure que le nombre des espèces décrites est au moins 
de 1,500. 

(1) Il existe quelques espèces communes à ces quatre régions , maïs elles sont peu nombreuses 
parmi.celles qui sont décrites, et les espèces non décrites font plus que compenser ces doubles 
emplois. 


| DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 161 
été découvertes par les derniers voyageurs qui ont parcouru cette 
contrée. | 

Mais il est un autre point de vue sous lequel on peut examiner la 
distribution géographique des végétaux ; il consiste à comparer dans 
diverses régions le nombre des plantes d’une tribu à la totalité des 
plantes du même pays; cette méthode donne une idée plus juste, non 
de l'abondance absolue de certains végétaux, maïs du rôle qu'ils 
jouent dans l’ensemble dé la VÉgÉtatION. 

Nous avons évalué à 1,500 le nombre des espèces connues de Fou- 
gères, celui des espèces connues de plantes phanérogames peut être 
évalué à 45,000 au moins (1), et peut-être lorsqu'il existera un tableau 
bien complet des espèces de plantes existantes dans les collections ; 
ce nombre dépassera-t-il 50,000. 

Le rapport général des Fougères aux plantes phanérogames est donc 
environ comme 7 : 30 (2). 

Ce rapport numérique varie beaucoup d’un pays à l’autre, non- 
seulement suivant la latitude, mais selon les différentes circonstances 
locales dépendant de la nature du sol et du climat, 

Les Fougères exigent presque toutes, pour se développer, des lieux 
humides, frais et ombragés; mais en outre une température chaude 
leur est favorable. Plus ces circonstances se trouvent complètement 
réunies , et plus le nombre des espèces est considérable. 

En Europe, le rapport de ces plantes aux phanérogames varie 
depuis 1 : 35 jusqu’à 1 : 80, suivant les localités (3). 

Mais si on avait un catalogue bien fait des plantes de toute lEu- 


(1) Le Nomenclator de Steudel, publié en 1821, n'en contient que 59,684; mais de nom- 
breuses additions auraient besoin d'y être faites pour le rendre complet ; il suffit, pour s’en 
assurer, de comparer le nombre des espèces de quelques genres avec celui des espèces décrites 
dans le Prodrome de M. de Candolle. : 

(2) On remarquera que, dans tous ces rapports, je ne comprends que les vraies Fougeres, 
sans les Lycopodes ni les Équisétacées. : 

(5) Ce rapport devient encore plus faible dans les parties méridionales de l'Europe; mais les 
Flores n’en sont pas assez complètement connues pour qu’on puisse regarder les chiffres comme 
bien précis. 


L. 21 


162 | HISTOIRE 
rope pour faire disparaitre les influences trop locales , la moyenne 
serait probablement comme 1 : 60. 

Entre les tropiques, ce rapport varie également , mais dans d’autres 
limites; ainsi, d’après M. de Humboldt, dans l'Amérique équinoxiale, 
cette relation est comme 1 : 36; tandis que, suivant M. R. Brown (2), 
dans les parties des Continens intertropicaux les plus favorables au déve- 
loppement de cette famille, ce rapport devient 1 : 20; dans d’autres cas 
seulement 1:26,et il est encore beaucoup plus faible lorsque Les circons- 
tances locales sont contraires à l’accroissement de ces plantes, c’est-à- 
dire dans les lieux plats et découverts,'sans montagnes et sans fraicheur. 

Alors le nombre de ces plantes peut ne former qu’à peine un cen- 
tième des végétaux phanérogames. Mais le plus grand nombre de cir- 
constances favorables au développement des. Fougères , se trouve 
réuni dans les îles, et surtout dans les petites îles élevées et éloignées 
des continens, car dans ces lieux l'air est constamment chargé d'hu- 
midité qui se dépose sur le sommet des montagnes, et entretient la 
fraicheur du sol, Autant ce climat humide est favorable à ces plantes, 
autant il paraît contraire à beaucoup de plantes phanérogames , car le 
nombre de ces dernières diminue considérablement dans ces îles, 
beaucoup plus que ne le supposerait leur étendue, et il en résulte 
une relation du nombre des Fougères à celui des phanérogames très- 
différente de celle que nous avons indiquée pour Les autres contrées.' 

Ainsi, à la Jamaïque, d’après la Flore de Swariz et d’après M. R. 
Brown, les Fougères sont aux phanérogames comme 1 : 10,.et il est 
probable que la même proportion existe dans les autres îles des An- 
tilles , peut-être même est-elle encore plus favorable aux Fougères. 

Les travaux des botanistes hollandais, et particulièrement de 
M. Blume sur la Flore des Moluques, semblent y annoncer un rapport 
à peu près semblable. 

A Taiti, les recherches de Banks, et celles plus récentes de M. d'Ur- 
ville, indiquent que les Fougères sont aux phanérogames comme 1 : 45 


(x) Botany of Congo , page 42. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 163 


proportion qui, suivant M. d'Urville, paraît se soutenir dans le réste 
de la polynésie. 


\ 


La Nouvelle-Zélande est encore un des lieux les plus riches en 
plantes de cette famille, les collections de Banks ont donné le rap- 
port de r à 6, et celles formées récemment par M. Lesson semblent 
devoir confirmer ce résultat. À Sainte-Hélène , d’après Roxburgh, ce 
rapport est comme 1:2; à l'ile Norfolk, comme 1 :3; et à Tristan 
d'Acugna , d'après M. Dupetit-Thouars et le capitaine Carmichæl , il 
s'élève à 2:3, c’està-dire qu'il y a presque égalité entre les Fougères 
et les plantes phanérogames ; relation que M. d'Urville a également 
retrouvée à l'ile de l’Ascension. 

Le nombre des Fougères n’est pas la seule chose qui varie d’une 
région à l’autre , ou d’un genre de localité à un autre, les formes de 
ces végétaux présentent aussi des modifications en rapport avec les 
lieux qu’ils habitent. Certains genres, et mêmes certaines tribus, sont 
entièrement ou presque entièrement propres à des climats déterminés; 
ainsi , les régions tempérées et froides ne produisent presque que des 
Polypodiacées et quelques Ophioglossées. L’Osmunda regalis seul y 
représente les Osmundacées et l'Hÿmenophyllum tunbridgense , les 
Hÿménophyllées. Les autres tribus manquent complètement. 

Dans l'hémisphère austral, la limite des tribus et des genres de la 
zone équinoxiale est bien moins marquée ; mais cependant leur nom- 
bre diminue toujours à mesure qu'on s'éloigne de l'équateur. 

Îl'en est de même de la grandeur de ces plantes. Tout le monde 
sait que les Fougères arborescentes ne croïissent pas dans la zône tem- 
pérée de notre hémisphère , et qu'elles dépassent même à peine le tro- 
pique de ce côté de l’équateur (x). 


(1) M. Mertens, médecin et naturaliste du dernier voyage de découverte exécuté par les 
Russes, parmi les nombreux travaux de zoologie et de botanique qu'il a exécutés, a recueilli 
des matériaux très-importans pour’ la géographie botanique de plusieurs contrées qu'il a par- 
Courues. Il à bien voulu, lors de son passage à Paris (juillet 1829), me communiquer quel- 
ques-uns de ces résultats ; lun des plus remarquables est l'existence de Fougères arborescentes 
d'une taille considérable ( jusqu’à 5o pieds), dans les {es Bonin, nouveau groupe d'îles à 
peine connues avant ce voyage, et situées à l’est du Japon, sous le 28° de latitude Nord, 


164. HISTOIRE 

Dans l'hémisphère austral, au contraire, quelques-unes de ces 
espèces s'étendent jusqu'au 45°. Il n’en est pas moins vrai cependant 
qu’elles ne sont abondantes qu'entre les tropiques , où on en connait 
un grand nombre, tandis que deux seulement ont été observées jusqu’à 
présent à la Nouvelle-Hollande et à la Nouvelle-Zélande, hors des 
tropiques. 

J'ai insisté sur cette distribution géographique’des Fougères , parce 
qu’elle peut jeter beaucoup de jour sur l’histoire de notre globe à des 
époques plus anciennes, ainsi que nous le verrons lorsque nous con- 
sidérerons l'ensemble de la végétation des diverses périodes géolo- 
giqques. 

Quant à la distribution des Fougères dans les diverses couches de 
la terre, nous voyons au premier coup d'œil que ces plantes sont 
beaucoup plus fréquentes dans les terrains anciens que dans les ter- 
rains plus récens. 

Ainsi, dans la formation houillère, nous connaissons environ 100 
espèces de frondes de Fougères, sans compter les tiges du genre 15zg1/- 
laria qui se rapportent probablement , au moïns pour la plupart, aux 
mêmes plantes dont nous avons indiqué les frondes séparément ; ce 
nombre est encore loin de nous indiquer la totalité des espèces de ce 
térrain, et je ne doute pas qu'il ne s'élève bientôt au moins à 120 pour 
les frondes seules, car il n’y a presque pas de localité qui, bien étudiées, 
ne fournissent des espèces nouvelles. 

La famille des Fougères forme, par conséquent , à elle seule près de 
la moitié de la Flore du terrain houiller ; cependant, comme je l’aï déjà 
remarqué , les espèces de ce terrain ne représentent qu’une petite partie 
des formes diverses qui constituent actuellement cette famille, et tou- 
tes,ou presque toutes, paraissent se rapporler à la tribu des Polypodia- 
cées. Enfin, beaucoup se rapprochent par la forme de leurs feuilles des 
genres qui renferment maintenant le plus grand nombre de Fougères 
arborescentes, et la présence de beaucoup de grandes tiges qui ne 
peuvent serapporter qu’à cette famille, prouve qu’en effet une grande 
partie de ces espèces étaient des Fougères en arbre. 

Le nombre considérable des espèces de cette famille, et l'élévation 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 165 


de leurs tiges, établissent donc beaucoup de rapport entre cette vé- 
gétation et celle des régions équinoxiales , et la proportion de ces 
espèces, par rapport à celles des autres classes, rapproche surtout cette 
végétation de celle des îles de ces régions. 

Le nombre absolu et relatif des espèces de Fougères diminue dans 
les terrains plus récens; ainsi, dans le grès bigarré, nous n'en COon- 
naissons que six espèces, ces plantes ne formant que le tiers au plus 
de cette petite flore. 

Les mêmes proportions se maintiennent avec de légères différences 
dans le lias et dans les terrains oolithiques. | 

Mais dans les terrains supérieurs à la craie, les Fougères deviennent 
si rares qu'on avait été long-temps sans en trouver, et qu'il n'y en a 
encore que deux ou trois espèces de connues, tandis que les végétaux 
des autres classes y sont très-nombreux. Le rapport des Fougères aux 
phanérogames devient ainsi dans ces terrains à peu près le même que 
dans les régions tempérées de la terre, et il ne faut pas s'étonner si 
les échantillons de ces plantes sont plus rares que ceux des autres 
végétaux, la plupart des plantes fossiles terrestres de ces terrains 
ayant été évidemment transportées de la surface du sol sur lequel 
elles croissaient dans les mers ou les lacs d’eau douce, dans lesquels 
ces terrains se sont déposés, et les Fougères, par la nature de leur 
fronde, et par la continuité de toutes leurs parties, devant plus difficile- 
ment être arrachées au sol qui les portait, que les feuilles caduques 
des plantes dicotylédones et surtout des arbres, ces feuilles, par leur 
chute annuelle et par leur nombre considérable, présentant les 
circonstances les plus favorables pour que quelques -unes d’entre 
elles échappent à une destruction complète. 

En parlant de la distribution des nervures dans les Fougères, nous 
avons déjà indiqué les principales modifications qu’elle présente , et 
les coupes qu’on peut fonder sur ce caractère dans cette vaste famille 
(voyez le tableau, page 148), lorsqu'on est privé des caractères plus 
importans que fournit la fructification; c’est le cas où nous nous 
trouvons pour les Fougères fossiles et les coupes fondées sur la dis- 
position des nervures et sur le mode de découpure de la fronde que 


166 . HISTOIRE 

nous avons déjà indiquées, deviendront pour nous des genres aux- 
quels nous conserverons les mêmes noms que nous avons indiqués 
dans le tableau. 

Quelques-unes de ces formes ne se sont pas encore présentées à 
l’état fossile ; quelques autres au contraire ne s'offrent qu'à l'état fos- 
sile ou bien ne peuvent se rapporter avec certitude à ces diverses 
coupes , surtout à cause de l'épaisseur des frondes qui ne laisse pas 
bien juger de la disposition des nervures , et ne permet de les classer 
que d’après la forme des frondes; tel est notre genre Pachypteris. 

Le tableau que nous avons donné plus haut des groupes où genres 
formées dans la famille des Fougères, d’après la disposition des ner— 
vures et la forme des découpures des frondes, peut donc servir de table 
analytique des genres de Fougères fossiles, dont nous allons mainte- 
nant faire connaître les caractères et les espèces avec plus de détail. 


PACHYPTERIS. 


Vec. Foliæ pinnatæ vel bipinnatæ , pinnulis integris cOrIacels 
enerviis vel uninerviis, basi constrictis nec rachi adnatis. 


L'absence des nervures, ou plutôt leur immersion dans le paren- 
chyme épais de la fronde , qui empêche de les voir extérieurement , 
ne-permet pas de classer ces espèces dans les genres suivans, elles dif- 
fèrent en outre assez des plantes placées dans ces genres par leur forme 
sénérale, pour que nous puissions présumer que les caractères fournis 
par les nervures, combinés avec la forme des pinnules , devaient 
les éloigner de tous les autres genres. | 

La forme ovale ou lancéolée de ces pinnules et leur intégrité les 
éloignentde tous les autres groupes de Fougères, ou ne les rapprochent 
un peu que de quelques espèces de Nevropteris, dont l'épaisseur de 
la fronde et l'absence complète de nervures secondaires les distinguent 


suflisamment. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 167 

La forme-et la consistance de ces feuilles rapprochent particu— 
lièrement ces plantes de l’Æspidium coriaceum ; maïs des difté- 
rences bien sensibles séparent cependant les deux espèces fossiles 
de ce genre, de toutes les Fougères vivantes avec lesquelles nous 
avons pu les comparer ; et l'absence de tout indice de fructifica- 
tion nous laisse dans le doute sur leurs rapports avec les genres 
actuellement existans. Ces deux espèces proviennent du même ter- 


rain, je n’en ai vu qu'un petit nombre de fragmens trouvés à Whitby 
en Yorkshire. 


1. PACHYPTERIS LANCEOLATA. PI. XLV, fig. r. 


P. foliüs profundè pinnatifidis vel bipinnatifidis? rachi plano, submar- 
ginalo, pinnulis lanceolatis, obtusis, sursüm retusè unidentatis ; 
nervo medio tenuissimo , vix notato. 


Pachypteris lanceolata, An. Browc., Prod., p. 5o. 


Sphenopteris lanceolota, Parures, illust. of geol. of Yorkshire, p. 155 ; pl. X, fig. 6. 


G1s. Oolithe inférieure. 


Loc. Whitby,sur la côte du Yorkshire (Muséum de la Société philosophique du York- 


shire). 


Les échantillons de cette plante que j’ai vus ne présentaient que des 
porüons simplement pinnées : la fig. 1, pl. XLV, représente le plus 
complet; mais on peut présumer que ce ne sont que des fragmens 
d’une fronde bipinnée; l'espèce suivante, très - analogue à celle-ci, 
ayant sa feuille bipinnée , donne de la probabilité à cette présomp- 
tion. 

Je ne connais aucune Fougère vivante analogue à cette espèce; la 
disposition des pinnules dans un même plan, leur insertion sur les 
bords d’an rachis aplati et presque ailé , prouve cependant bien que 
c'est une feuille profondément pinnée, et non un rameau couvert 
de feuilles lancéolées. 

Ces pinnules sont lancéolées, obtuses , rétrécies à leur base, mais 
insérées cependant par une assez large base ; elles présentent sur leur 


168 HISTOIRE 

bord supérieur, et près de l’extrémité , une légère crénelure très-obtuse 
et peu marquée, mais qui se voit sur toutes Les pinnules lorsqu'on 
les observe avec soin (voyez pl. XLV, fig. 1, à). Ges feuilles sont 


très-lisses et leur tissu paraît épais et coriace. 
2. PACHYPTERIS OVATA. PL XLV, fig. 2. 


P. folüs profundè bipinnaufidis, rachi plano marginato; pionulis 
ellipticis, obtusiusculis, basi constrictis, superioribus basi latio- 
ribus, ovato-oblongis, terminali truncatà (?); nervo medio eva- 
nescente. 


Pachypteris ovata , An. Browc., Prod., p. 5o. 
Nevropteris lœvigata, Panmrs, illust, of geol. of Yorkshire, p. 154; pl. X, fig. 9. 


G15. Oolithe inférieure. 


Loc. Whitby, sur la côte du Yorkshire (Muséum de la Société philosophique du Fork- 
shire). 


Cette espèce est moins grande que la précédente; elle est profon- 
dément bipinnatifide; le rachis commun-est assez large et paraît plat; 
le rachis des pinnes latérales est aussi aplati et bordé d’une expansion 
membraneuse étroite, continue avec les pinnules , et plus large vers 
l'extrémité des pinnes, où les pinnules sont moins profondément sé- 
parées, Chaque pinnule est elliptique, légèrement arrondie à son extré- 
mité; celles de la base sont très-rétrécies à leur partie inférieure ; celles 
de l'extrémité sont moins rétrécies et d’une forme plus oblongue; la 
pinnule terminale m'a paru tronquée naturellement dans le ‘seul échan- 
tillon sur lequel je l'ai vue. 

La nervure moyenne est peu marquée et disparaît vers l'extrémité 
des pinnules dans le parenchyme épais de ces feuilles, dont la sur- 
face est très-lisse. 

Cette plante ressemble beaucoup, par la forme des feuilles et par 
l'aspect de jeur tissu, à l’4spidium coriaceum , espèce qui habite la 
Nouvelle-Hollande, et qui se retrouve au Chili, si je m'en rapporte 
aux échantillons recueillis par M. d'Urville durant son premier voyage. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES, 169 


SPHENOPTERIS. 


Folia bi-tripinnatifida, pinnulis basi constrictis, rachi non ad- 
natis, lobatis ; lobis inferioribus majoribus, divergentibus, 
subpalmatis; nervis bipinnatis è basi subradiantibus. 


La forme de ces feuilles ne diffère pas très-essentiellement de 
celle du genre Pecopteris, quoique par leur aspect général on les 
distingue au premier coup d'œil ; en effet, en comparant une pinnule 
de Sphenopteris à une pinne entière de Pecopteris, et les lobes de 
la pinnule des premières aux pinnules des secondes, on voit 
qu'il ny a de différence que dans la rapidité du décroissement 
des lobes des Sphenopteris, comparé à l'égalité presque parfaite des 
pinnules des Pecopteris ; aussi, malgré la grande différence apparente 
qui existe entre les extrèmes de ces deux formes, trouve-t-on des 
passages entre elles, des formes presque intermédiaires qu'on peut 
hésiter à placer dans l’un ou l’autre de ces genres. 

Le décroissement rapide des lobes et leur divergence, qui donnent 
le plus souvent à toute la pinnule la forme d’un coin, d'un éventail, ou 
des doigts d’une main, sont done les caractères principaux de ce genre, 
caractères qui paraissent avoir assez d'importance, puisque parmi les 
plantes vivantes ils sont assez souvent en rapport avec les caractères 
génériques, cette forme ne se présentant jamais dans certains genres, 
tandis qu’elle est fréquente dans plusieurs autres. On voit des exemples 
de cette forme des pinnules parmi les plantes vivantes, dans la plan- 
che XXX, fig. 6 à 15, et le passage de cette même forme à celle 
des Pecopteris, dans la même planche, fig. 3 et 4, les pinnules infé- 
rieures étant lobées comme dans les Sphenopteris , et les autres étant 
simples comme dans les Pecopterts. 

Cette forme des Sphenopteris se retrouve parmi les plantes vivantes, 
dans les genres Gymnogramma, Asplenium, Darea , Cherlanthes , 

I. 22 


170 HISTOIRE 
Adianthum, Lindsea, Woodsia, Dicksonia, Davallia ; Trichomanes, 
Hymenophyllum, Anemia et Botrychium. 

La disposition. des mervures de la plupart des Adianthum , des 
Lindsea et des Anemia, diffère un peu de celle des vrais Spheno- 
pteris, en ce que les nervules ou dernières divisions des nervures sont 
très - longues, très-fines, et paraissent dichotomes, quoiqu’en réalité 
leur mode de division ne soit qu'une modification des nervures 
pinnées; mais ce caractère des nervures, combiné avec la forme des 
lobes des pinnules qui sont peu profonds et ne sont pour ainsi dire 
que des crénelures profondes, distingue ces feuilles et permettraie 
d'en former un groupe distinct ( Lepropteris }, si on les retrouvait à 
l’état fossile ; mais jusqu’à présent je n’en ai vu aucun indice certain. 
Les Sphenopteris nervosa et distans sont les seuls qui, par la dispo- 
siuon de leurs nervures, ressemblent assez à quelques Adianthum ; 
mais on verra, à l’article de la première de ces espèces, qu’elle a encore 
plus d’analogie avec des plantes de genres différens, et la seconde se 
rapproche d’un Adianthum assez différent des espèces ordinaire de ce 
genre. 


1. SPHENOPTERIS MANTELLI. PI. XLV, fig. 3 - 7. 


S. fobis bipinnatifidis, pinnis approximatis virgatis fastigiatis, pinnulis 
obliquis, omnibus integris uninerviis, angustis, cuneatis, apice 
obliquè truncatis et subemarginatis ; parte exteriori longiüs pro- 
ductà. 


Hymenopteris psilotoides, Manr. {Ulust.ofthe geol. of Sussex, p. 55, pl. I, fig. 5. 
PI. IE, fig. 7. PL. IX, fig. 2. PL. XX, fig. 1, 2. — Geol. trans. new serie, 
vol. 1%, p. 424. 

Sphenopteris Mantelli, An. Browc., Prod., p. 50. 


Gis. Dans le grès ferrugineux inférieur à la craie, Æasting's sand des géologues 
anglais. 


Loc. Dans les grès de la forêt de Tilgate, en Sussex (Manvezz. ). 


Cette espèce s'éloigne du caractère générique des Sphenopteris, 
par ses pinnules simples, non lobées, traversées par une seule nervure; 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. | 171 
je l'ai rapportée à ce genre, à cause de ses pinnules élargies en forme 
de coin, tronquées et presque bilobées à leur extrémité. 

La fronde n’a toujours paru bipinnatifide; les pinnes sont rappro- 
chées, grêles, allongées, irès-obliques et presque fastigiées ; les pin- 
nules également très-obliques, étroites, légèrement décurrentes à leur ? 
base, sont rétrécies vers leur point d’attache, élargies à leur extrémité, 
- qui est tronquée obliquement de manière que le côté externe se pro- 
longe plus que linterne. Une seule nervure traverse le milieu des 
pinnules, et correspond à une légère échancrure de l'extrémité tron- 
quée de ces pinnules. 

Cette plante, sans avoir une analogie très-intime avec aucune 
Fougère vivante que je connaisse, me parait se rapprocher surtout 
de quelques espèces des genres Davallia et Darea. 

Ainsi, au premier aspect, cette plante semble avoir une analogie 
assez marquée avec le Darea prolifera ( Warxo. Spec. V, 299 ), et 
surtout avec les extrémités des pinnes de cette Fougère ; mais les pin- 
nules de cette plante, quoique d'une forme très-semblable, sont plus 
profondément bilobées ; le lobe le plus grand.est au côté interne, et 
la nervure est bifurquée dès la base, de sorte qu’une de ses branches 
se porte dans chaque lobe : caractères qu’on n’observe pas dans la 
plante fossile ; en outre, dans ce Darea, les pinnules inférieures sont 
plus larges que les autres et trilobées ou quadrilobées. 

Le Davallia gibberosa (pl. LIX, fig. 1 } a une affinité plus intime 
avec notre espèce fossile par ses caractères les plus essentiels ; la 
disposition et la forme des pinnules est presque la même; les pinnes 
sont seulement moins grêles, moins allongées, plus étalées , et Les 
pinnules inférieures commencent à être elles-mêmes pinnées, tandis 
que dans la plante fossile toutes sont simples ; mais,en comparant les 
extrémités des pinnes de la plante vivante avec celles de la plante 
fossile, on voit que les pinnules sont également alternes, très-obliques, 
linéaires, et légèrement cunéiformes, à deux lobes très-courts, dont 
l'externe est le plus prolongé ; c’est entre ces deux lobes que se trouve, 
dans la plante vivante, le groupe de capsules ; enfin, dans ce Davallia, 
comme dans le Sphenopteris Mantelli, la pinnule n’est traversée 


192 HISTOIRE 
que par une seule nervure qui ne se bifurque que tout près de lex- 
trémité, sous le groupe de capsules. 

L’analogie entre cette espèce fossile et le Davallia tenuifolia, Var. 
acuminata (pl. LIX, fig. 3), est peut-être encore plus frappante, si 
on ne compare que les extrémités des pinnes, car dans la plante 
fossile les pinnules inférieures sont toujours simples, tandis que dans 
toutes les espèces vivantes elles sont pinnatifides. 

Quant aux rapports entre cette plante et le genre Psilotum que 
semblait indiquer le nom adopté par M. Mantell, j’avoue que je ne 
puis les découvrir , le Psilotum offrant une vraie tige dichotome garnie 
de petites feuilles distiques, réduites à des sortes de dents aigués. 


2. SPHENOPTERIS ELEGANS. PI. LIIT, fig. 1, 2. 


S, foliis bi-tripinnatis, oblongo-lanceolatis, pinnulis distantibus obli- 
quis, inferioribus pinnatifidis, superioribus bi-trifidis, laciniis 
oblongo-cuneatis, apice truncatis subcrenulatis ; rachi compresso 
subalato, transversè rugoso; nervis vix distinctis, in parenchymate 
coriaceo immersis ( 2-3 in qualibet lacinia). 


Sphenopteris elegans, An.BroxG., Prod., p. 5o.—Srerxs. Tent. flor. prim., p. ro. 
Filicites (Sphenopteris) elegans, An. Bronc., Class. des végétaux fossiles, p. 35, 
pl. Il, fig. 2. 
Filicites adianthoïdes ? Scazota., Flor. der Vorw. , tab. X, fig. 18, a( frons si- 
nistra ), non ejusd. Nacht. , pl. XXI, fig..1. 
. Acrostichum silesiacum, Sreans., tab. XXIIE, fig. 2. 


G1s. Terrain houiller. 


Loc. Mines de Waldenburg en Silésie (GrAVENRORST ), — Imenau (Srernserc. 


La tige grêle de cette Fougère porte des pinnes assez courtes, obli- 
ques , dont l’ensemble donne à la feuille une forme lancéolée, très- 
allongée; le rachis des pinnes est.nu, étroit, et porte des pinnules 
dont les inférieures sont profondément trilobées ou rarement à quatre 
où cinq lobes oblongs, cunéiformes, tronqués ou légèrement émargi- 
nés à leur extrémité. Les pinnules terminales sont simples , cunéi- 
formes; la texture de ces feuilles paraît assez épaisse et coriace, on 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 173 
peut à peine y distinguer les nervures qui paraissent cependant au 
nombre de 2 où 3 dans chaque lobe. 

La forme et la disposition de ces pinnules ressemble à celles de piu- 
sieurs Davallia. Je w'ai pas pu comparer cette plante à toutes les espèces 
de ce genre, mais parmi celles dont j'ai eu des échantillons à ma disposi- 
tion, le Davallia tenuifolia de VIle de France est celui qui a le plus 
de rapport avee cette plante fossile, en considérant toutefois la por- 
tion de feuille, fig. 1, comme n'étant qu’une pinne latérale et non la 
feuille tout entière ; cependant la plante vivante diffère sensiblement 
parses pinnes secondaires plus allongées, ainsi que par ses pinnules, dont 
les inférieures sont le plus souvent à quatre ou cinq lobes pinnées(1), 
et non pas à trois lobes seulement, comme dans la plupart des pinnules 
de la plante fossile ; cependant, dans la fig. 2, on voit déjà quelques 
pinnules dont les lobes sont plus nombreux, et qui ressemblent davan- 
tage à celles du Davallia tenuifolia. Dans la plante vivante, comme 
dans l'espèce fossile, les nervures sont à peine distinctes, le tissu de 
la feuille étant épais et assez coriace. 

Une autre différence remarquable, entre cette feuille fossile et l’es- 
pèce vivante que nous lui comparons, se trouve dans le mode d’inser- 
tion des pinnules ; dans la plante fossile la pinnule de chaque pinne 
secondaire la plus rapprochée du rachis des pinnes primaires corres- 
pond à l'angle obtus formé par l'insertion des pinnes secondaires ou 
au côté interne de la fronde, tandis que dans le Davallia tenurfolia 
et dans toutes les autres espèces de Davallia, ainsi que dans la plu- 
part des Fougères vivantes, la pinnule la plus rapprochée du rachis 
correspond toujours à l'angle aigu ou au côté externe des pinnes se - 
condaires. 

Cette disposition des pinnules est presque générale dans les Fou- 
gères vivantes, et m'a paru constante dans chaque espèce; tandis que 
la disposition inverse est au contraire la plus fréquente parmi les 
espèces fossiles, même lorsqu'elles ont une grande analogie avec des 
espèces vivantes qui n’en diffèrent presque que par ce caractère , ainsi 
qu'on le verra pour plusieurs des espèces suivantes. 


(1) Voyez un fragment de la feuille de cette plante ( pl. LIX, fig. 2. 


174 HISTOIRE 
3. SPHENOPTERIS NERVOSA. PI. LVI, fig. 2. 


S. foliis bipinnatis, rachi nudo, pinnulis obovato-cuneatis, subintegris 
vel vix birilobatis, obtusissimis ; nervulis flabellatim dichotomis, 
numerosis, approximatis, distinctissimis. 


Sphenopteris nervosa, AD. Broxc., Prod., p. 5o. 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Inconnue. 


Je ne connais cette espèce que par le petit fragment que j'ai figuré; 
quoique trop incomplet pour la bien faire connaître , il suffit pour la 
distinguer de toutes les autres espèces fossiles que je connais. 

Les feuilles sont probablement bipinnées , leur rachis et celui des 
pinnules latérales sont nus, assez épais, et paraissent très-raides ; les 
pinnules inférieures sont obovales, arrondies au sommet et divisées en 
trois lobes peu profonds; les pinnules plus rapprochées de l'extrémité 
sontentières,cunéiformes, presque tronquées ou légèrement arrondies. 

Les nervures qui se distribuent dans chaque lobe des pinnules in- 
férieures ou dans chacune des pinnules supérieures sont nombreuses, 
fasciculées, chacune une où deux fois bifurquées, très-fines, mais 
très-marquées. 

Ce mode de division des nervures est très-analogue à celui qu'on 
observe dans plusieurs espèces d’Adianthum (pl. XXXI, fig. 1); mais 
dans les Adianthum les folioles sont presque toujours pédicellées et 
plus espacées, et leur texture est plus mince qu'elle ne le paraît dans 
la plante fossile. La disposition et la forme des pinnules ressemblent au 
contraire beaucoup plus à ce qu’on observe dans quelques 4splenium, et 
particulièrement dans l'Asplenium furcatum (Scuxuur., F'üilic. tab. 79), 
dont nous avons figuré une pinne (pl: LIX, fig. 4)qu'on peut comparer, 
ainsi que la pinnule grossie , fig. 4, a, avec les fragmens de la plante 
fossile. On verra qu'il y a une grande analogie entre ces deux plantes; 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 175 
cependant les pinnes de la plante fossile sont plus obliques sur le 
rachis, et la même différence que nous avons signalée dans l’article 
précédent, dans l'insertion des pinnules inférieures, s’observe aussi 
entre ces deux plantes ; enfin, les lobes des pinnules de la plante 
fossile ne paraissent ni aussi profondément séparées ni dentelées ; 
mais il se pourrait que cela tint à ce que les extrémités des pinniules 
ont été cassées ayec la roche qui les renferme. 


4. SPHENOPTERIS LINEARIS. PI. LIV, fig. r. 


S. foliis bipinnatis, pinnis ascendentibus, rapidè decrescentibus, 
pinnulis obliquis, tri-quadrilobis, lobis bi-trifidis, lacinüs truncatis 
approximaus brevibus multinerviüs, nervulis dichotomis. 


Sphenopteris linearis ? STERNS. Fasc. IV, p. XV, tab. XLII, fig. 4. 


Gas. Terrain houiiler. 


Loc. Mines de Swina en Bohème ( Srerns.) — Mine de houille d'Angleterre ( Coll. de 
M. Hissert, d'Edimbourg ). 


La forme de la feuille de cette Fougère, autant qu'on peut en juger 
d’après l'extrémité représentée sur la planche LIV, seul échantillon 
que j'aie vu, paraît être à peu près triangulaire comme celle des Da- 
vallia pyxidata et canariensis. 

Les pinnes et les pinnules sont très-obliques ; le rachis, quoique 
assez étroit, paraît membraneux; les pinnules ont une forme générale 
rhomboïdale ; elles sont pinnatifides, formées de trois à quatre lobes 
principaux, oblongs, légèrement cunéiformes, divisés eux-mêmes à 
leur extrémité en deux ou trois lobes courts, tronqués ; les nervures 
sont fines et nombreuses, chaque sous-lobe en présente quatre à cinq; 
elles sont dichotomes et presque parallèles. 

Je ne connais aucune plante vivante qui ait une analogie bien 
marquée avec cette espèce, quoiqu’elle semble avoir surtout de l’ana- 
logie avec les Davallia. 


176 HISTOIRE 

C'est avec beaucoup de doute que je rapporte le synonyme de 
M. de Sternberg à cette Fougère, l'échantillon qu'il a figuré ne donnant 
qu’une idée très-imparfaite de la plante dont elle devait provenir. 


5. SPHENOPTERIS ARTEMISIÆFOLIA. PI. LVI et LVIE, fig. reta. 


S. folüs bipinnatifidis ( quandoque basi furcatis ), pinnulis oblongo- 
cuneatis, basi confluentibus, apice crenulato-lobatis, multinerviüs ; 
nervis tenuissimis, è basi divergentibus , subparallelis. 


Sphenopteris artemisiæfolia, Srerns., Fasc. IV, p. 15, tab. LIV ; fig. 1. 


Gas. Terrain houiller. 


Loc. Newcastle dans le Northumberland ( Coll. du Prof. Trowson , de Glascow.— 
STERNBERG ). 


Je n’ai vu qu'un seul échantillon de cette espèce remarquable 
(pl. XLVIL, fig. 2); les deux autres sont représentés d’après des 
dessins qui m'ont été communiqués, l’un (pl. LXVI) par M. Taylor, 
qui se proposait de publier ses recherches sur les fossiles du terrain 
houiller d'Angleterre, mais que la mort a empêché d'exécuter l’ou- 
vrage qu'il projetait; autre (pl. XLVIT, fig. 1) par le professeur 
Buckland. 

Malgré quelques différences entre ces trois plantes, je ne puis pas 
m'empêcher de les considérer comme des variations individuelles 
d'une même espèce; l'échantillon (pl. LXVE) paraît faire partie 
d’une feuille plus grande, plus développée, et plus profondément 
découpée ; les deux autres (pl. XLVII) proviennent sans doute de 
feuilles plus petites, plus jeunes, et moins divisées ; elles ne diffèrent 
peut-être que parce que le dessin , fig. 1, n’a pas été fait par quelqu'un 
habitué à bien étudier les caractères de ces plantes. 

Les pinnules plus ou moins grandes, et plus ou moins profondé- 
ment séparées les unesdesautres sont très-obliques , allongées, cunéi- 
formes , divisées à leur extrémité en lobes peu profonds, denticulées, 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 177 
traversées par plusieurs nervures parallèles, divergeant légèrement de 
la base des folioles, très-fines et peu marquées ; il n’y a pas de ner- 
vure principale bien distincte. Le rachis est épais, et paraît avoir été 
d’une texture molle. 

Ces feuilles sont souvent accompagnées de fruits ovoïdes à deux . 
cornes qui ne peuvent pas avoir appartenu à des Fougères, mais qui 
ressemblent à ceux qu'on observe quelquefois sur les tiges d’Astero- 
phyllites (1). 

Quant aux rapports de cetté plante avec les espèces vivantes de 
Fougères, j’avoue que je n’ai pu rien trouver de très-analogue ; mais 
c'est avec le groupe d’Asplenium, auquel appartiennent les Asplenium 
caudatum , Dareæfolium, japonicum, etc., que cette plante présente 
le plus de rapports ; l'Æsplenium erosum , dont jai figuré une pinnule, 
pl. LIX, fie. 5, est l'espèce la plus analogue à cette plantefossile quej'aie 
vue, et cependant il suflit de comparer les figures de ces deux plantes 
pour voir Les grandes différences qui existent entre elles. 


6. SPHENOPTERIS WILLIAMSONIS. PI. XLIX, fig. 6, 7, 8. 


S. foliis pinnatis vel bipinnatis, rachi compresso, angustè alato ; 
pinnulis subconjugatis vel usque ad basim bifidis, magis minusve 
obliquis, profundè pinnatifidis, laciniis subflabellatis, linearibus, 
obtusis, divergentibus, apice sæpius bifurcatis vel bidentatis. 


Sphenopteris digitata, Purzurs, Geol. of Yorkshire, p. 147, PL. VII, fig. 6, 7. 


Gis. Oolithe inférieure , dans les argiles schisteuses qui accompagnent les stipites. 


Loc. Scarborough sur la côte du Yorkshire, Angleterre ( WizzrAmsox ). 


Je n'ai vu que des fragmens peu étendus de cette plante, mais 
ils sont assez remarquables pour ne pouvoir être confondus avec 
aucune des espèces voisines, dont cette plante diffère en outre beau- 


(x) Voyez Prodrome d’une Histoire des végétaux fossiles, p. 157. 
I. 23 


178 HISTOIRE 

coup par l’époque de formation du terrain qui la renferme. On 
rencontre dans les mêmes échantillons deux formes différentes qui 
paraisseni appartenir à la même espèce. Dans l’une (fig. 7, branche 
gauche }, le rachis est raide, assez largement aiïlé; les pinnules plus 
rapprochées, plus perpendiculaires sur le rachis, sont plus courtes et 
plus larges ; le mode d’insertion et la direction des pinnules semblent 
indiquer que ces fragmens appartiennent à une fronde simplement 
pinnée. 

Dans l’autre variété ( fig. 6 et 8, et branche droite de la fig. 7 ), le 
rachis est flexueux, plus grêle, les pinnules plus espacées et plus 
obliques, paraissent inégales des deux côtés de ce rachis, et tout 
indique que ce sont des pinnes latérales isolées d’une feuille bipinnée, 
Ces deux formes sont-elles des âges ou des états différens d'une 
même espèce où deux espèces distinctes ? C’est ce que nous ne pou- 
vons décider d’après les échantillons que nous possédons. 

Dans ces deux variétés de forme les pinnules se ressemblent beau- 
coup par leurs caractères essentiels ; elles sont généralement divisées 
jusque près de leur base en deux lobes principaux quelquefois si 
profonds (fig. 6 ), qu’ils paraissent former deux pinnules distinctes 

rapprochées , mais l’ordre d’alternance de ces pinnules indique bien 
| que ce sont deux lobes d’une même pinnule; chacun de ces deux 
lobes est plus où moins profondément pinnatifide, divisé en lobes 
principaux eux-mêmes sur- lobés. Ces divisions sont grêles, très- 
obliques et presque disposées en éventail; les dernières subdivisions 
sont linéaires, obtuses à leur extrémité, et parcourues par une seule 
nervure très-fine. Ces lobes sont plus longs , plus grêles et plus pro- 
fondément séparés dans la seconde variété ; plus courts et moins pro- 
fondément séparés dans la première. 

La forme et la disposition de ces pinnules a une assez grande 
analogie avec celle des 7'richomanes pour qu'on puisse présumer que 
cette plante appartenait à ce genre : on pourrait alors espérer de 
trouver un jour des traces des fructifications si distinctes de ce genre. 
La forme allongée et obtuse des lobes des pinnules donne surtout à 
ces pinnules une grande ressemblance avec celles des Trichomanes ; 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 179 
mais leur mode de division, la direction droite et divergente dès la 
base des lobes et des nervures les fait ressembler beaucoup d’une 
‘autre part à quelques formes d’Æsplenium, et comme je n’ai vu aucune 
espèce vivante très- voisine, on ne peut que rester dans Le doute sur 
ces analogies. 


7. SPHENOPTERIS FURCATA. PI. XLIX, Gg. 4, 5. 


S. foliis bipinnatifidis, rachi communi compresso vix alato, partialibus 
angustè alatis, subperpendicularibus ; pinnulis obliquis profundè 
pinvaüfidis, lobis bi-trifidis, inférioribus subpalmatim fissis, lacinitis 
lineari-lanceolatis, obliquis, divergentibus, acutiusculis, planis. 


“ 


Gris. Terrain houiller. 


Loc. Newcastle ;, dans le Northumberland, en Angleterre ( Los ).— Charleroi , en 
Belgique. — Saarbruck ( Muséum de Strasbourg ). 


Les feuilles de cette espèce sont bipinnées, à pinnules très-pro- 
fondément divisées ; le rachis commun est aplati, mais sans bord 
membraneux distinct; les pinnules sont légèrement obliques, alternes, 
assez rapprochées , de manière que les pinnules des deux pinnes voi- 
sines s’entrecroisent ; leur rachis est bordé d’une aile membraneuse 
assez large. a 

Les pinnules sont alternes, très-obliques, presque bipinnatifides, 
à lobes étroits, cunéiformes ; les supérieurs bifurqués ; les inférieurs 
trifides ou palmés, à divisions bifurquées ; chacune des divisions est 
lancéolée, assez aiguë ; toutes divergent en rayonnant : les nervures 
sont divisées de la même manière que les pinnules , chaque dernière 
division est uninerviée. 


180 HISTOIRE 


8. SPHENOPTERIS ALATA. PI. XLVIII, fig. 4. 


S. foliis bipinnatifidis, rachibus alatis; pinnis perpendicularibus, 
distantibus, suboppositis ; pinnulis subæqualibus, vix obliquis, 
pinnatifidis ; lobis distantibus, oblongo-lanceolatis, infra subcon- 
volutis, inferioribus bifidis vel trifidis. 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Mines de Geislautern près Saarbruck (Grawpin ). 


Cette espèce diffère peu de la précédente avec laquelle je l'avais 
confondue dans mon Prodrome ; cependant, après un examen attentif, 
l'échantillon, pl. XLVHI, fig. 4, sur lequel elle est établie, m’a paru 
différer trop de ceux du Sphenopteris furcata, pour n’en faire qu'une 
simple variété. 

Les pinnes sont presque opposées, beaucoup plus éloignées les unes 
des autres, tout-à-fait perpendiculaires sur le rachis commun qui est 
bien distinctement bordé d’une aile membraneuse. Les rachis secon- 
daires sont aussi bordés d’une membrane plus large ; les pinnules 
sont moins obliques, plus courtes, beaucoup moins profondément 
divisées ; les lobes, moins nombreux, sont plus courts, plus larges, 
moins aigus, et leurs bords paraissent bien sensiblement recourbés 
en dessous. 

Il suffira, du reste, de comparer les détails grossis et mis dans une 
position analogue pour bien juger de la différence. 

Ces deux espèces ressemblent assez par le mode de DEnn de 
leurs feuilles, et par la forme de leurs pinnules dont les lobes sont 
uninerviés, aux Ÿrichomanes et aux Hymenophyllum parmi les 
plantes vivantes; mais aucune des espèces vivantes que j'ai examinées 
ne présente cependant une analogie réelle dans les détails. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. i8r 


9: SPHENOPTERIS TRIDACTYLITES. PI. L. 


S. foliis bipinnaufidis, rachibus nudis rigidis ; pinnis subperpendi- 
cularibus elongatis, linearibus ; pinnulis subæqualibus, vix obli- 
quis, approximatis, ovatis, pinnatifidis, segmentis obtusissimis, 
profundè distincts, superioribus simplicibus vel bilobis, inferio- 
ribus cuneiformibus, obtusè trilobis ; nervis bipinnatis, lobis uni- 
nerviis. 


G1is. Terrain houiller. 


Loc. Mines de Montrelais ? ( Muséum de la ville de Nantes.) 


Cette Fougère appartient au même groupe que les deux précédentes, 
dont elle diffère cependant bien sensiblement par la forme de ses 
pinnules. Outre l'échantillon fort complet, figuré pl. L, j'en ai vu 
quelques autres portions parfaitement identiques sur d’autres échan- 
. tillons du même lieu, 

Le rachis commun, et ceux qui portent les pinnules, sont plus 
épais que dans les espèces précédentes, plus raides, et complètement 
dépourvus de bords membraneux. Les pinnules sontrapprochées, d’une 
longueur presque égale entre elles et très-nombreuses, ce qui donne 
aux pinnes une forme très-allongée; ces pinnules sont ovales, obtuses, 
profondément pinnatifides, à divisions très-rapprochées, cunéiformes, 
très-obtuses et presque tronquées ; les segmens supérieurs sont sim- 
ples, les moyens et les inférieurs sont à deux et plus souvent à trois 
lobes très-courts, tronqués et légèrement arrondis; les nervures sont 
très-nettes , bipinnées ; chaque lobe ne présente qu'une seule nervure. 

Le mode de division de la feuille et des pinnules, et la forme 
obtuse et presque tronquée des lobes, est tout-à-fait semblable à ce 
qu’on observe dans les 7'richomanes et les Hymenophyllum, dont cette 
plante fossile paraît encore se rapprocher par l'aspect mince et mem- 
braneux du tissu de la feuille. 


182 HISTOIRE 


10. SPHENOPTERIS TRICHOMANOIDES. PI. XLVIIT, fig. 3. 


S. foliis bipinnatifidis membranaceïs, rachibus secundariis alatis ; 
pinnulis decompositis inæqualibus ; superioribus longioribus, rachi 
subperpendicularibus ; inferioribus brevioribus, obliquis ; pinnulis 
profundè pinnatifidis vel subbipinnatfidis, lobis integris vel bifidis, 
trifidis autquadrifidis; laciniis divergentibus,oblongis, obtusis, sub- 
truncatis, uninerviis ; nervis tenuissimis. 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Mines d’Anzin, près Valenciennes (Fée ). 


Le petit fragment de cette plante, que je dois à l’obligeance de 
M. Fée, suffit pour établir les caractères qui le distinguent des trois 
espèces précédentes et de la suivante. 

Ce fragment n’est évidemment qu'une pinne latérale, comme on 
peut le voir à la grandeur et à la direction différente des pinnules des 
deux côtés ; le rachis de cette pinne est bordé d’une membrane assez 
large, continue avec celle des pinnules; ces dernières décroissent 
assez rapidement de la base vers l'extrémité ; celles du côté supérieur 
sont plus grandes et moins obliques que celles du côté inférieur. Les 
pinnules rapprochées de l'extrémité sont pinnatifides ; celles de la base 
sont bipinnatifides. Les lobes sont allongés, linéaires, très-obtus, 
presque tronqués ; les inférieurs bifurqués où même trifurqués. 

La ténuité que paraissait avoir la fronde, la finesse des nervures, 
la forme des lobes qui sont oblongs, presque linéaires et très-obius 
enfin, la manière dont les pinnules se divisent , établissent une grande 
analogie entre cette planteet les Fougères des genres Jymenophy llum 
et T'richomanes, et parmi ces derniers le 7richomanes radicans du 
Brésil présente la ressemblance la plus complète lorsqu'on compare 
des portions de fronde d’une grandeur et d’un développement ana- 
logues, comme on peut s’en assurer par l'examen de la pinnule figu- 


rée pl. LIX,, fig. 6. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 183 


11. SPHENOPTERIS DISSECTA. PI. XLIX, fig. >, 3. 


S. foliis bipinnatifidis, rachibus partialibus alatis ; pinnulis profundè 
pinnatifidis, lacinis linearibus angustissimis, distantibus , usque ad 
basim distinctis, uninervis, inferioribus bifurcatis vel trifurcatis, 
lobis obtusis divergentibus. 


Gais. Terrain houiller. 


Loc. Mines de Saint-George-Chatelaison, département de Maine -et- Loire, et de 
Montrelais , département de la Loire-Inférieure ( Vincer.— Collection de l'École 
des Mines de Paris ). — Berghaupten , dans le grand duché de Bade ( Muséum de 
Strasbourg ). — Saint-Hippolyte, dans les Vosges ( ibid. ). 


La délicatesse des divisions des pinnules de cette Fougère la dis- 
tingue immédiatement des autres espèces fossiles de ce genre avec 
lesquelles, au reste, elle ne paraît jamais se trouver associée. En effet 
son gisement offre ce fait remarquable qu'elle paraît propre, avec 
un petit nombre d’autres espèces, aux couches du terrain houiller 
qu'on pourrait regarder comme les plus anciennes, et qu’on a quel- 
quefois considérées comme de transition. d 

La disposition des pinnules est analogue à celle des trois espèces 
précédentes ; la fronde est bipinnée, à rachis membraneux sur les 
bords ; les pinnules, espacées et obliques, sont allongées , très-profon- 
dément pinnatifides , à lobes éloignés les uns des autres, grêles, 
linéaires, simples vers l'extrémité des pinnules, bifurqués ou à trois 
divisions vers la base. | 

Il y a une grande ressemblance entre cette plante et le Darea vivi- 
para de lilé Maurice, ainsi qu’on peut s’en assurer en comparant 
l'espèce fossile avec une pinnule grossie de cette plante, pl. XXX,, 
fig. 13, mais cependant il n’y a pas identité ; les pinnules de la plante 
fossile sont plus allongées, plus étroites , et Les lobes sont plus courts, 
moins grêles ; le rachis, dans la plante vivante, est plus étroit et sans 
rebord membraneux. 


184 HISTOIRE . 


12. SPHENOPTERIS MYRIOPHYLLUM. PI. LV, fig. 2. 


S. foliis bipinnatis, rachi lato, pinnis linearibus elongatis, pinnulis 
pinnatim decompositis, circonscriptione ovatâ obtusà, segmentis 
dichotomis , filiformibus, ultimis furcatis. 


Sphenopteris myriophyllum , An. Bronc., Prod., p- 51. Flore du grès bigarré, in 
Ann. des Sc. nat., tom. XV, p. 442. 


Gis. Grès bigarré. 
Loc. Sultz-les-Bains, près Strasbourg ( Muséum de Strasbourg , N° Q, 346). 


Cette jolie espèce pourrait d’abord être regardée comme tout-à-fait 
étrangère à la famille qui nous occupe, et comme plus analogue à 
quelques plantes aquatiques à feuilles très-décomposées ; mais on voit 
cependant que toutes les divisions sont dans un même plan , comme 
cela a lieu pour les découpures d’une seule feuille : en outre, on re- 
connait que ces feuilles ont le même mode de subdivision que les 
nervures des Fougères. On pourrait croire encore que ce n’est qu’une 
sorte de squelette d'une feuille moins divisée; la régularité et la netteté 
de ces divisions sufliraient cependant pour rendre cette supposition peu 
probable, mais la comparaison avec quelques espèces vivantes de 
Trichomanes montre lanalogie extrême qui existe entre ces espèces 
et la plante qui nous occupe. 

La fronde de plusieurs Trichomanes est en effet presque réduite 
aux nervures, à peine bordées par un peu de parenchyme. J'ai repré- 
senté, pl. LI, fig. 4, deux pinnules grossies du Zrichomanes am- 
rufolium, DEsv., qui prouveront la grande analogie qui existe entre 
ces plantes et notre espèce fossile. La grandeur naturelle et la dispo- 
sion générale de ces pinnules n'offre pas non plus de différences 
très-notables. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 185 


13. SPHENOPTERIS DELICATULA. PI. LVII, fig. 4. 


S. foliis bi vel tripinnatis, tenuissimis, rachi alato, pinnulis profundè 
pinnatifidis, lacinis obliquis sæpè furcaus, linearibus, uninervüs, 
parenchymate tenuissimè reticulato. 


Sphenopteris delicatula ? Srenns., Fasc., IV, p. XVI, tab. XX VI, fig. 5. — 
A». Browc., Prod., p. 50. 


Gas. Terrain houiller. 
Loc. Mines de Sarrebruck ( Coll. de l’École des mines de Paris ). 


Cette petite Fougère ressemble, par la délicatesse des pinnules et 
par la finesse de leurs divisions, à l'espèce précédente ; un examen at- 
tentif montre cependant entre ces deuxplantes des différences bien 
marquées. 

Les pinnes paraissent beaucoup moins allongées et par conséquent 
moins linéaires que dans le Spkenopteris myriophy llum ; les pinnules 
sont plus obliques , très-profondément pinnatifides , à lobes bifides 
ou trifides dont les divisions sont linéaires, très-étroites, mais cepen- 
dant planes et évidemment membraneuses, marquées d’une nervure 
bien distincte ; le parenchyme, qui forme le bord membraneux des 
divisions des pinnules, est très-finement mais très-nettement réticulé, 
et cette réticulation, qui les fait paraître à la loupe comme chagri- 
nées, paraît produite, comme dans quelques Hymenophyllum , par le 
réseau du tissu cellulaire de la feuille; sa finesse et sa forme semblent 
indiquer du moins que ce ne peut pas être un réseau de nervures. 

Cette forme et cette structure des pinnules indiquent évidemment 
une plante du groupe des hyménophyllées; mais le fragment que 
j'ai observé et que je figure est trop petit pour que j'essaie de rappro- 
cher cette plante des nombreuses espèces de cette tribu. 


186 HISTOIRE 


14. SPHENOPTERIS TENELLA. PI. XLIX, fig. r. 


S. foliis bipinnatis, rachibus nudis gracilibus; pinnulis obliquis, ovato- 
oblongis, profundè pinnatifidis ; laciniüis obliquis, oblongis, obtusis. 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Mines du Yorkshire ( D'. Tayror). 


Je ne connais cette petite espèce que par un dessin que M. le doc- 
teur Taylor en avait fait faire, et que sa veuve a bien voulu me 
communiquer , ainsi que quelques autres. Quoiqu'il laisse à désirer 
quelque chose pour la précision des détails, il me paraît indiquer une 
espèce bien distincte de toutes celles que j'ai figurées d’après nature, 
et voisine surtout du Sphenopteris tridacty lites. 

La ténuité des rachis, la petitesse des pinnules, leur forme étroite 
et allongée, et par-dessus tout la régularité de leurs lobes, qui 
sont presque égaux entre eux, sont les caractères qui, si le dessin 
est bien exact, distinguent complètement cette espèce des autres du 
même genre ; la disposition des lobes pourrait même la faire rap- 
porter au genre Pecopteris ; mais il me paraît très-probable, d'après 
la profondeur de ces lobes, que les inférieurs devaient être bilobés 
ou même trilobés, comme dans les Sphenopteris à pinnules aussi 
profondément découpées. 

Je ne connais pas avec assez de certitude la forme des divisions de 
cette feuille pour pouvoir la comparer à quelque espèce vivante; mais 
c'est encore avec le groupe des hyménophyllées qu’elle me paraît 
avoir le plus d’analogie. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 187 


15. SPHENOPTERIS CRENULATA. PI. LVI, fig. 3. 


S. foliis membranaceis bipinnaufidis (an tripinnatifidis? ), pinnis lan- 
ceolatis rachi alato, pinnulis approximatis, basi confluentibus, 
cuneatis, apice bi-trilobatis, crenulatis, nervulis bipinnatis tenuis- 
simis. 

Sphenopteris crenulata , An, Bronc., Prod., p. 50. 


Gis. Formation jurassique. 


Loc. Whitby, dans le Yorkshire (Muséum de la Société philosophique d’York ). 


Cette espèce de Fougères paraît rare à Whithy, je n'en ai 
vu que de petits fragmens dans le Musée d'York; mais ils sont assez 
caractérisés pour ne pouvoir être confondus avec aucune autre es- 
pèce. La fronde est probablement tripinnée ; car on peut présumer 
que les deux rameaux de la figure 3 a, se rattachaient à un même 
rachis commun, et que le fragment de feuillé à gauche, dont les 
pinnules sont plus petites, appartenait à la partie de la feuille plus 
voisine de l’extrémité. 

Les pinnes secondaires, les seules que nous ayons vues entières, sont 
lancéolées, alternes, assez obliques sur le rachis secondaire qui est 
nu; elles sont profondément pinnatifides, et leur propre rachis est 
bordé par une large membrane contintie avec les pinnules. Ces der- 
nières, à peu près égales entre elles, sont obliques, cunéiformes, assez 
courtes ; leur extrémité est élargie, presque tronquée, divisée en deux 
ou trois lobes courts, qui sont eux-mêmes bi où tridentés, ce qui 
fait paraître ces pinnules presque irrégulièrement crénelées à leur 
extremite. 

Je ne connais aucune plante vivante qui ait quelque analogie pour 
la forme de ses pinnules avec cette espèce fossile ; la texture de la 
fronde paraîtrait avoir été assez mince et analogue à celle des Zri- 
chomanes; mais la forme des feuilles diffère totalement de celle des 
plantes de ce genre que je connais. 


158 HISTOIRE 


16. SPHENOPTERIS DENTICULATA. PI LVI, 6g. r. 


S. foliis bipinnatis, rachi pinnarum lato compresso, pinnulis ovatis 
acutis, profundè pinnatifidis, lobis ovatis, subtruncatis, apice den- 
ticulatis , nervulis pinnatis tenuissimis. 


Gis. Dans la formation jurassique. 2 


Loc. Scarborough, sur la côte du Yorkshire ( Wrrzramson ). 


Quoique je n’aie vu que de petits fragmens de cette espèce, je ne 
puis m'empêcher de la considérer comme distincte des autres espèces 
du même genre, et particulièrement de celles déjà observées dans le 
même terrain. j 

La feuille est probablement bipinnée, peut-être même tripinnée ; les 
rachis secondaires sont plats, mais ne paraissent pas d’une nature mem- 
braneuse analogue à celle des pinnules : on n’y distingue pas de côte 
moyenne ; les pinnules sont ovales - lancéolées, aiguës, profondément 
pinnatifides , à lobes très-obliques, décroissant régulièrement, ob- 
ovales ou presque quadrilatères, tronquées obliquement à leur sommet, 
et présentant à cette extrémité, deux, trois ou quatre dents peu pro- 
fondes. Les nervures partent presque parallèlement de la base de 
chaque lobe et se terminent dans chacune des dentelures. 

Cette plante , par la forme de ses pinnules et par l'apparence lisse 
et épaisse de sa fronde, semblerait se rapprocher assez de quelques 
espèces de Davallia , telles particulièrement que les Davallia pyxt- 
difera et epiphylla.; mais elle diffère très-sensiblement de ces plantes 
spécifiquement par la forme des lobes qui les terminent, les lobes 
principaux des pinnules du Davallia epiphylla étant, il est vrai, 
disposés comme dans la plante fossile, mais étant moins profonds et 


presque entiers. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 189 


17. SPHENOPTERIS HYMENOPHYLLOIDES. PI. LVI, fig. 4. 


S. folis bipinnatis, tenuissimis, pinnis lineari-lanceolatis, rachi alato; 
pinnulis approximatis, ovatis, pinnatifidis, lobis ovatis tridentatis, 
inferiori et exteriori ( versus apicem pinnarum}) majori, pinna- 
üfido; nervulis tenuissimis. ü 


1 Sphenopteris hymenophylloides , An. Browc., Prod., p. 5o. 
Fa Sphenopteris stipata. Paues, Illustr. of geol. of Yorkshire, p. 147 et 153, 


PI. X, fig. 8. 


G1s. Formation Jurassique. 


Loc. Whitby, dans le Yorkshire ( Muséum de la Soc. philosophique d’York ). 


Cette espèce paraît assez fréquente dans les couches qui accompa- 
gnent le charbon fossile de Whätby, j'en ai vu des échantillons assez 
nombreux et bien conservés. Les feuilles sont évidemment bipinnées ; 
le rachis commun , assez épais, est nu, sans bords membraneux ; les 
pinnes sont alternes , presque perpendiculaires au rachis, oblongues- 
lancéolées, assez rapprochées ; leur rachis propre est garni d’un 
rebord membraneux qui est continu avec les pinnules. 

Les pinnules paraissent d’un tissu très-délicat ; elles sont ovales- 
oblongues, d’une forme générale plutôt obtuse qu’aigué, assez pro- 
fondément pinnatifides , à lobes eux-mêmes surlobés ; Le lobe inférieur 
du côté de l'extrémité des pinnes est plus grand que les autres, oblong, 
ordinairement trilobé, à lobes tridentés. Les autres lobes de chaque 
pinnule sont larges, courts, rapprochés les uns des autres et divisés 
vers leur extrémité en trois dents courtes et obtuses ; les ner- 
vures suivent le mode de division que nous venons d'indiquer, c’est- 
à-dire qu’elles sont bipinnées et presque tripinnées dans le lobe 
inférieur. 

L'aspect du tissu de ces feuilles, et leur mode de division, leur don- 
nent une ressemblance assez marquée avec quelques espèces d'Hy- 
ménophylles et de Trichomanes ; mais une comparaison plus minu- 


190 HISTOIRE 


üeuse montre une analogie plus parfaite entre cette plante et les 
Dicksonia à feuilles minces et très-subdivisées, telles que les 
Dicksonia rubiginosa, dissecta, cicutaria, etc. 

Nous avons figuré, pl. LIX, fig. 1, une pinnule de la première de 
ces espèces, l’une des plus analogues à l’espèce fossile : peut -être, 
si nous avions pu comparer toutes les espèces de ce genre avec notre 
espèce fossile, en aurions-nous trouvé une encore plus analogue; dans 
toutes ces plantes, comme dans l'espèce fossile, les pinnules sont pro- 
fondément pinnatifides, à lobes dentés, et le lobe inférieur externe 
est plus long que les autres. 


18. SPHENOPTERIS TENUIFOLIA, PI. XLVIIT, fig. 1. 


S. foliis bipinnatifidis , circonscriptione oblongä, pinnis obliquis lan- 
ceolatis, pinnulis lanceoiatis acutis profundè pinnatifidis , lobis 
decrescentibus , inferioribus cuneatis, tri-quadrifidis, laciniis diver- 
gentibus acutiusculis , uninervüs, superioribus oblongis, bidentatis 
vel integris, obliquis. 


G1s. Terrain houiller. 


Loc. Mines de Saint-Georges-Châtellaison, département de Maine-et-Loire. (VinLer.) 


Cette espèce, remarquable par la finesse des divisions de ses feuilles, 
n'a été observée jusqu'à présent que dans une psammite assez gros- 
sière qui permet rarement d'en bien observer tous les détails , ce qui 
me laisse quelques doutes sur lexactitude des formes que j'ai repré- 
sentées dans le détail fig. x a. 

Le rachis commun est gros, aplati ; les rachis latéraux sont régu- 
lièrement alternes, très-obliques, assez longs. Les pinnules sont très- 
rapprochées, obliques, aussi longues que l'intervalle qui sépare les 
pinnes ; elles décroissent lentement de la base à l'extrémité de chaque 
pinne ; leur forme est lancéolée, très-aigué ; elles sont profondément 
pinnatifides, à lobes assez distans les uns des autres, obliques et. 
décroissant de grandeur rapidement de la base au sommet ; les infé- 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 191 
rieurs sont cunéilormes, divisés à leurs extrémités en trois où quatre 
dents profondes ; les supérieurs sont bidentés ou entiers, oblongs ; 
les nervurés correspondent à chacune des dents. 

Ce mode de division des feuilles fait ressembler cette plante à quel- 
ques espèces de Trichomanes, et particulièrement au T'richomanes 
rigida. 


19. SPHENOPTERIS GRAVENHORSTII. PI. LV, fig. 3, 


S. foliis tripimnatis, rachi lato complanato, pinnis primariis attenuatis 
deflexis, pinnis secundarüs lanceolatis subequalibus obliquis , ra- 
chibus rectis planis lævibus submarginatis ; pinnulis obliquis minutis, 
ovatis, 3-0 lobis ; lobis brevibus bi-vel tridentatis ; nervis subpin- 
natim divisis. 


Filicites fragilis, Scnroru , Flor. der Vorw., tab. X, fig. 17. 
Sphenopteris fragilis et Sphenopteris Gravenhorstit, An. Browc., Prod. , p. 5r. 


Var. ? B Pinnis brevioribus, profundiùs pinnatis, rachi sinuoso, pinnulis profundiùs partitis, 
lobis acutioribus, 


G1s. Terrain houiller. 


Loc. Mines de Silésie ? (Gravennonrsr) Breitenbach, en Silésie (ScaLornerm). — 
Var. B. Mines de l’île d'Anglesea (Unnrrwoon). 


Cette espèce, élégante par le nombre et la finesse de ses divisions, 
n'a d'analogie parmi les fossiles qu'avec la précédente, dont elle se 
rapproche un peu par la forme de ses pinnules , mais dont elle diffère 
beaucoup par la forme générale de ses feuilles. 

Le rachis est moins épais et cependant les pinnes primaires sont 
plus grandes; au lieu d’être ascendantes elles sont perpendiculaires 
sur le rachis et pendantes vers leur extrémité ; les pinnes secondaires 
sont allongées, aiguës, rapprochées les unes des autres, et peu obliques 
sur le rachis ; enfin les pinnules sont ovales ou arrondies, assez courtes, 
oPtuses , confluentes par leur base et divisées en trois ou quatre 


192 HISTOIRE 

lobes qui sont eux-mêmes marqués de deux ou trois dents obtuses 
et peu profondes. Les nervures de chaque pinnule sont pinnées ou 
bipinnées dans les pinnules de la base ; chaque dernière division cor- 
respond à une des dentelures des pinnules. 

Cette plante ressemble assez au premier aspect à quelques espèces 
de Dichsonia (1); mais deux caractères distinguent parfaitement ces 
plantes : 1° les pinnes secondaires de ces Dichsonia sont oblongues ; 
obtuses, et ne sont point allongées et aiguës comme celles de la plante 
fossile ; 2° dans chacune de ces pinnes secondaires la pinnule la plus 
inférieure et la plus grande se trouve du côté externe de la pinne, 
tandis que dans la plante fossile elle est constamment du côté de Ia 
pinne qui correspond au rachis commun. 

Il est remarquable que cette dernière différence se retrouve entre 
beaucoup d'espèces fossiles et vivantes , très - analogues sous 
beaucoup d’autres rapports : on peut dire que généralement dans les 
Fougères vivantes, et particulièrement dans celles qui présentent le 
mode de division des feuilles qui caractérise les Spxenorrens, la 
pinnule la plus inférieure des pinnes, soit secondaires soit primaires, 
correspond au côté supérieur ou externe, tandis que dans les plantes 
fossiles ‘elle répond au côté inférieur ou interne , et cependant ce 
caractère m'a toujours paru constant dans les mêmes espèces soit 
vivantes soit fossiles. 

Je nai vu qu'un très-petit fragment de la variété B, de sorte que 
je ne puis décider si c’est une simple variété ou une espèce disuncte; 
elle diffère par les rachis de ses pinnes secondaires plus flexueux, par 
les pinnules plus espacées , plus distinctes vers leur base, et dont les 
lobes sont plus profonds et plus aigus. 


(1) Voyez pl. LX , fig. 1. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 193 
20. SPHENOPTERIS SCHLOTHEIMII. PI. LI. 


S. folis tripinnatim decompositis, cireumscripuüone subtriangulari 
acutà, pinnis patentibus, rachi non alato; pinnulis plus minüsve 
profundè pinnatifidis, superioribus subtrilobis, inferioribus 5-7-9 
lobis , lobis ovats acutiusculis uninervus. 


Sphenopteris Schlotheimiü , Srenws., Tent. Flor. prim., p. XV. An. Browc., 
Prod., p. 51. 


Filicites adianthoides, Sesxomu. Nacht. zur Petref., p.408, tab. 21, fig. 1. 
(non Flor, der Vorw., t: 10, fig. 18.) 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Doutweiler, près Sarrebruck ( Muséum de Strasbourg, Coll. de l'École des 
Mines de Paris ). 


Un superbe échantillon de cette espèce, qui fait un des plus beaux 
ornemens du Muséum de la ville de Strasbourg, a servi de type à la 
figure et à la description que nous en donnons. 

La feuille est tripinnée et presque quadripinnée dans la partie in 


férieure. Sa forme générale est triangulaire, les pinnes primaires di- 


minuant assez rapidement de longueur. Le rachis commun est assez 
grêle pour une aussi grande plante; les rachis secondaires sont éga- 
lement grêles et sans aucun appendice ou rebord membraneux ; ceux 
des pinnes secondaires sont au contraire bordés par une membrane 
étroite, faisant suite aux pinnules; les pinnes primaires sont allon- 
gées , lancéolées , les pinnes secondaires ne diminuant que très-len- 
tement , et les moyennes étant même plus longues que celles de la base. 

Les pinnes du côté inférieur paraissent constamment plus grandes 
que celles du côté supérieur. Ces pinnes secondaires varient beaucoup 
quant à leur degré de subdivision , suivant les parties de la feuille 
où on les observe ; dans le haut, elles sont à peine légèrement lobées ; 
un peu plus bas (fig. A), elles sont pinnatifides et les pinnules sont 
courtes et divisées seulement en trois , cinq ou sept lobes ; enfin, dans 

JT 26 


194 HISTOIRE 

le bas de la feuille , les pinnules elles-mêmes, surtout celles de la base 
(fig. B), sont profondément pinnatifides , à lobes quelquefoïs surlobés. 
Toute la feuille est lisse, sans indice d’écailles ou de poils. Les ner- 
vures suivent le mode de division que nous venons d'indiquer pour 
le parenchyme de la fronde, c’est-à-dire que leurs dernières divisions 
correspondent au milieu de chacun des lobes ou dentelures de la 
feuille. | 

On remarque dans cette plante, comme dans la précédente, que la 
division la plus inférieure de chaque ordre correspond constamment 
au côté inférieur ou intérieur de la feuille. 

Les plantes vivantes qui m'ont paru présenter le plus d’analogie avec 
cette espèce, sont le Poly podium adnatum et les Aspidium contifolium 
et spectabile, qui font partie des belles collections de plantes sèches 
de l'Inde de M. Wallich. Mais il suflit de les comparer avec un peu 
d'attention pour découvrir entre ces plantes et l’espèce fossile de nom- 
breuses différences. 

Le Polypodium adnatum est celle de ces Fougères qui se rapproche 
le plus de la plante fossile par la forme des découpures des feuilles, et 
cependant , en mettant à côté l’un de l’autre les détails des pinnules du 
Sphenopteris Schlotheimi et de ce Polypode (PL. LIX, fig. 8), on voit 
tout de suite , 1° que les formes des lobes ne sont pas les mêmes , ceux 
de la plante vivante présentant des crénelures plus petites et plus nom- 
breuses ; 2° que la grandeur relative des lobes principaux est très-diffé- 
rente ; car ces pinnules, qui sont prises dans une position semblable, 
présentent leur plus grand lobe inférieur dans une position contraire, 
les lobes les plus grands étant tournés du côté du rachis dans la plante 
fossile, et du côté opposé dans la plante vivante. La même différence 
existe quant à l’origine et à la grandeur relative des pinnules prin- 
cipales ou pinnes secondaires par rapport au rachis commun ; la pnne 
secondaire du côté supérieur étant toujours la plus rapprochée du 
rachis dans la plante vivante, tandis que c’est la pinne ou pinnule 
inférieure qui occupe cette place dans l'espèce fossile. 

J'ai observé ces deux différences importantes dans toutes les Fou- 
gères vivantes qui ont quelque analogie avec cette espèce fossile ; elles 


| DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 195 
sont encore plus marquées dans V’'Aspidium conitfolium ; qui en outre 
a les lobes des feuilles terminés en pointe comme dans les Æspidium 
spinulosum et dilatatum de nos climats. —[ Æspidium spectabile seul 
présente quelquefois les pinnes et les pinnules insérées entre elles 
comme dans l'espèce fossile, mais ces pinnules sont très-différentes 
par leur forme. 

On voit donc que cette belle Fougère fossile ne peut être identifiée 
avec aucune espèce vivante, ni même être rapprochée très-intimement 
d'aucune espèce connue. 


21. SPHENOPTERIS DUBUISSONIS. PI. LIV, fig. 4. 


S. foliis bipinnatis, rachibus nudis, rigidis, latis ; pinnis primartüs elon- 
gatis, secundariis approximatis, parvis, oblongo-lanceolatis, profundè 
pinnaufidis; pinnulis subæqualibus, basi connatis, brevibus, subro- 
tundis, apice. tridentatis. 


Sphenopteris Dubuissonis, An. Browc., Prod., p. Ga 


Gris. Terrain houiller. 


Loc. Mines de Montrelais, département de la Loire-Intérieure ( Muséum de Nantes). 


Cette espèce et la suivante ont la plus grande analogie entre elles 
et avec le Polypodium punctatum , Thunb. ( Willd. spec. N° 152 ). 
Dans cette Fougère du Japon (pl. LIX, fig. 9), la partie supérieure de 
la fronde est bipinnée, à pinnes secondaires (fig. 9.4) étroites, allongées, 
profondément pinnatifides, à pinnules ovales, obtuses, marquées de 
trois où quatre dents courtes et obiuses. La partie inférieure est au 
contraire tripinnée ; les pinnes tertiaires qui se trouvent dans une posi- 
üon perpendiculaire aux précédentes (pl. LIX, fig. 9.8), sont plus 
courtes, oblongues, pinnatifides, et les pinnules moins nombreuses 
ressemblent du reste à celles des pinnes supérieures : il suflit de com- 
parer ces détails de deux parties différentes d’une même plante, avec 


196 HISTOIRE 

ceux des Sphenopteris Dubuissonis et gracilis, pour trouver une grande 
analogie entre la première de ces espèces et la partie supérieure de la 
feuille du Polypodium punctatum , et entre la seconde et la partie 
inférieure des feuilles de cette même espèce , ce qui pourrait nous 
engager à rapporter ces deux fossiles à une seule et même espèce : 
cependant rien ne nous prouve que les échantillons du Sphenopteris 
gracilis que nous possédons ne soient que des pinnes latérales et non 
des portions d’une fronde entière ; il y a même entre les Sphenopterts 
Dubuissonis et graculis des différences notables : 1° dans la grosseur 
et la raideur des rachis de la première plante comparée à la ténuité 
de ceux de la seconde ; 2° dans le rapprochement des pinnes dans la 
première espèce et leur éloignement dans la seconde, différences qui 
m'ont engagé à les considérer comme deux espèces voisines. 

Quant à l’'analogie de chacune de ces espèces avec les Fougères 
vivantes, celle entre le Sphenopteris gracilis et la partie inférieure 
des frondes du Polypodium punctatum est beaucoup plus parfaite que 
celle du Sphenopteris Dubuissonis et de la partie supérieure de la 
même plante. Entre les deux premières je ne vois que cette seule 
différence que les dents qui terminent les pinnules du Sphenopteris 
gracilis sont plus profondes et plus constamment au nombre de trois 
que dans la plante vivante. 

Les pinnes supérieures du même Polypode sont au contraire beau- 
coup plus différentes de celles du Sphenopteris Dubuissonis par leur 
grand allongement et par la forme des pinnules. 

En outre, la plante vivante diffère de l'espèce fossile par son aspect 
général plus grêle, à folioles moins épaisses, moins raides, du moins 
dans l'échantillon de Thunberg que j'ai chservé. 

L'aspect général de la feuille du Sphenopteris Dubuissonis rappelle 
beaucoup celle de certaines espèces de Dicksonia, particulièrement 
celle de plusieurs espèces américaines de ce genre, mais une compa- 
raison plus attentive démontre de grandes différences dans la forme 
des pinnules, ainsi qu'on peut le voir en examinant une pinnule du 
Dicksonia rubiginosa, Kaulf., espèce qui paraît la plus analogue : on 
voit qu'il existe toujours dans ces pinnules une dent supérieure qui 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 197 


répond au groupe de capsules, et que le lobe inférieur est beaucoup 
plus long que les autres, caractères qui se retrouvent même plus pro- 

noncés dans les autres Dicksonia de ce groupe. k 
= Laformeetla disposition des pinnules de cette espèce la rapprochent 
aussi beaucoup des 4thyrium et surtout de l'4thyrium angustum du 
nord de l'Amérique ( PL. EX, fig. 2 }; mais dans ces plantes les pin- 
nules ne sont réellement que des lobes beaucoup moins profoonds que 
les pinnules de la plante fossile ; les dents de ces lobes, souvent au 
nombre de deux seulement, sont moins profondes et le lobe inférieur 
externe est toujours plus long que les autres, caractère que je n’ai pas 
observé sur la plante fossile, 


22. SPHENOPTERIS GRACILIS. Tab. LIV, fig. 2. 


S. folüis bipinnatis , an tripinnatis? petiolo angusto subcylindrico gra- 
cili; pinnis primariis distantibas, lanceolatis, rachi angusto subsi- 
nuoso; pinnis secundariis pinnatifidis ; pinnulis superioribus con- 
fluentibus, inferioribus distinctis subrotundis obtusis , apice triden- 
tatis, nervis vix distinctis. 


Sphenopteris gracilis, An. Bronc., Prod., p. 51. 


Sphenopteris fragilis, tab. 54, hujusce operis ( errore ). 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Mines de Newcastle, sur la Tyne ( Losx. ). 


Cette espèce se distingue de la précédente par ses rachis plus grêles, 
plus flexueux, et par ses pinnes plus courtes et plus espacées. 

J'aurai peu de chose à ajouter à ce que j'ai déjà dit de ses analogies 
dans l’article précédent. Je rappellerai que sa ressemblance avec la 
partie inférieure des feuilles du Polypodium punctatum, Thunb., est 
très-frappante, mais que dans ce cas l'échantillon que nous avons 
représenté ne serait qu’une pinne latérale. Les mêmes caractères dis- 


198 HISTOIRE 
unguent cette plante et la précédente des Dicksonia et des Athyrium, 
et de plus son port n’est pas du tout celui du premier de ces genres. 

Je dois ajouter que ces deux espèces ne présentent que très-impar- 
faitement les caractères du genre Sphenopteris , et seraient peut-être 
mieux placées parmi les Pecopteris, près du Pecopteris cristata qui 
leur ressemble beaucoup : ce qui m’a décidé primitivement à les placer 
dans le genre Sphenopteris, c’est la forme trilobée des pinnules et la 
divergence de ces lobes; mais la disposition de ces Haies entre 
elles, et la forme de la feuille en a est plutôt celle qu’on observe 
parmi Les 4 

Du reste, c’est un exemple du passage qui existe entre ces divers 
groupes qui, bien tranchés dans leurs extrêmes, passent souvent des 
uns aux autres presque insensiblement, ainsi que nous l'avons fait 
remarquer en parlant de la forme des feuilles et de la disposition des 
nervures dans cette famille. 


23. SPHENOPTERIS DISTANS. PI. LIV, fig. 3. 


S. folüs bi-tripinnatis, pinnis et pinnulis distantibus; pinnis secun- 
dariüs brevibus subæqualibus ; pinnulis minutis plus minüsve pro- 
fundè tri-quinquelobis, lobis cuneïformibus divergentibus , trun- 
catis, bi-trinervüs. 


Sphenopteris distans , Srenxs., Tent. Flor. primord., p. 16; — An. Broxc., 
Prod., p. 5r. 


Filicites bermudensiformis, Scniozu., Flor. der Vorw., tab. 10, fig. 18 6, 
Nacht. zur Petref., tab. 21, fig. 2 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Mines d'Ilmenau en Silésie. 


Quoique je n’aie vu que des fragmens peu étendus de cette petite 
Fougère, je ne doute presque pas que ces portions de feuille ne 
soient les pinnes latérales d’une plus grande feuille qui était dans ce cas 
tripinnée. Les pinnes et les pinnules sont assez espacées ; les rachis 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 199 
sont grèles et flexueux, ceux des pinnes secondaires seuls paraissent 
légèrement bordés ; les pinnes primaires sont longues et étroites, les 
pinnes secondaires étant assez courtes et ne portant en général, du 
moins dans cet échantillon , que sept à neuf pinnules au plus, et les 
dernières seulement trois à cinq. Chaque pinnule est bilobée ou tri 
lobée ; les lobes sont divergens, cunéiformes, tronqués à leur ex- 
trémité, unis entre eux par leur base ; chaque lobe est ordinairement 
traversé par trois nervures peu prononcées, caractère qui n'est pas 
assez marqué sur le détail, pl. LIV, fig. 3, 2. 

Par ces caractères cette Fougère se rapproche beaucoup de l’4dian- 
thum aculeatum, Spreng. ( Davallia dumosa , Wild. —Plum., Foug. 
PI. XCIV ) (1), dont nous avons représenté une pinne secondaire, 
pl. LX, fig. 3. Cette plante diffère de l’espèce fossile , par ses pinnes 
secondaires plus rapidement décroissantes, et par la forme des pin- 
nules dont les lobes sont moins divergens ; il y a cependant une 
analogie très-grande entre elles. | 


24. SPHENOPTERIS HOENINGHAUSI. PI. LIT. 


S. foliis tripinnatis, petiolo crassiori, paleis minutis obtecto; rachibus 
crassis, paleaceis, pinnulis minutis; pinnis primarüis elon- 
gatis linearibus approximatis , secundariis oblongo - linearibus 
subæqualibus obtusis ; pinnulis minutis cuneato-subrotundis , apice 
tri-quinquelobis, lobis rotundatis, nervis paucis, apprimè notatis, 
è basi radiantibus furcatis , ad basim paleaceis.' 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Newcastle, sur la Tyne ( Losn ).—Mines de Werden (Horxinemaus). — Mines 
d'Esweiler ( Fenussac ). 


Cette espèce, et les trois suivantes, ont beaucoup d’aflinité entre 
elles, et paraissent toutes quatre se rapprocher du genre Cheïlanthes, 


(r) Cette plante est un véritable Adianthüum et non un Davallia, ainsi que la fructification 
représentée par Plumier pouvait déjà le faire présumer, et comme je m'en suis assuré sur 
des échantillons bien en fructification. 


200 HISTOIRE 
parmi les Fougères vivantes ; les feuilles sont bipinnées dans les Sn4e- 
nopteris obtusiloba et trifoliolata , et wipinnées dans les Sphenopteris 
rigida et Hæninshausi,maisla forme des pinnules appartient au même 
type; dans toutes , ce sont des pinnules très-profondément trilobées, 
où pinnatifides à cinq lobes : les lobes sont obtus, arrondis et non 
pas tronqués , rétrécis près de leur base, et plus ou moins recourbés 
en dessous vers leur bord. Leur tissu parait épais et coriace, ce qui 
rend les nervures à peine visibles ou même complètement invisibles. 
Enfin l'une de ces espèces, le Sph. Hæœninshausi, montre sur une 
grande partie de la feuille des poils ou plutôt des écailles sétacées , 
comme on en observe sur la plupart des espèces de Cheilanthes. 
Tous les caractères que nous venons d'indiquer s'accordent pour 
rapprocher ces plantes fossiles du genre Cheilanthes ; mais, malgré 
l'examen le plus scrupuleux d’un grand nombre d’espèces de ce 
genre, je n'en ai trouvé aucune identique avec l’une des espèces fos- 
siles : les unes diffèrent par le lobe moyen des pinnules, beaucoup 
plus grand et plus allongé, ce sont les Cheilanthes voisins du fra- 
grans ; d'autres ont les pinnules courtes et trilobées comme dans les 
deux premières espèces fossiles, mais les lobes sont beaucoup plus 
profonds et forment réellement autant de folioles distinctes; telles 
sont plusieurs espèces voisines du Cheïlanthes dichotoma de Swartr. 
La fronde du Sphenopteris Hæœninghausi edvait être longue de 
trois à quatre décimètres au moins, d’une forme lancéolée ; elle est 
iripinnée; son rachis commun est épais, raide, couvert de petites 
écailles scarieuses, sétacées, qui laissent sur sa surface des tuber- 
cules nombreux et réguliers. Les rachis secondaires sont assez grêles 
et couverts également d’écailles piliformes. Les pinnes primaires et 
secondaires sont allongées, étroites, et paraissent légèrement lancéo- 
lées. Les pinnules sont très-petites , presque rondes et très-obtuses; 
mais, en les examinant avec attention, on voit qu’elles sont divisées 
en trois lobes qui ne sont pas séparés jusqu’à la base et qui sont très- 
rapprochés les uns des autres; chacun de ces lobes est recourbé en 
dessous vers son extrémité , et paraît traversé par deux ou trois ner- 
vures assez marquées du côté inférieur. Les écailles en forme de poils 
s'étendent jusqu'à la base de ces nervures. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 201 
Le Sphenopteris Hœninghausi se rapproche d’une part du Checlan- 
thes tenuifolia ( PI. LX, fig. 4 ), qui en diffère par son lobe terminal 
presque lancéolé, et d’une autre part des Cheïlanthes elegans et mi- 
crophylla , Desvaux (non Willd.), par la forme générale de la feuille, 
la disposition et la forme des pinnes primaires et secondaires; elle 
ressemble surtout à ces espèces du Pérou, qui diffèrent cependant de 
la plante fossile par leurs pinnules à trois lobes tout-à-fait distincts 
jusqu’à la base, obovales et sans nervures distinctes. 


5. SPHENOPTERIS RIGIDA. PI. LIT, fig. 4. 


S. folis tripinnatis, coriaceis, lævissimis; pinnis primariis et secunda- 
riis patentibus rigidis, rapidè decrescenübus (foliis triangularibus), 
rachibus crassis; pinnulis superioribus subrotundis , approximatis, 
profundè trilobis, inferioribus pinnatifidis 5-7 lobis, lobis obovatis 
obtusis subnerviis glaberrimis (paleïs nullis). 


G1s. Terrain houiller. 


Loc. Waldenburg en Silésie (Gnavenronsr ). 


Cette espèce ressemble à la précédente par la grandeur de ses 
pinnules , mais elle en diffère 1° par les rachis de ses pinnes primaires 
et secondaires, beaucoup plus raides; 2° par le décroïssement rapide 
de grandeur de ces mêmes pinnes, qui devait donner à toute la 
feuille une forme triangulaire, ou du moins une largeur beaucoup 
plus considérable par rapport à sa longueur; 3° par l’absence de 
toute écaille sétacée; 4° par la forme et la nature plus épaisse des 
pinnules. 

Ces dernières sont trilobées dans la partie supérieure de la feuille, 
mais les lobes sont beaucoup plus profondément séparés, plus rétré- 
cis à leur base , et leur extrémité paraît légèrement crénelée ; dans la 


partie inférieure, les pinnules sont profondément pinnatifides, à 
I. 26 


202 HISTOIRE 
lobes espacés, obovales, au nombre de cinq ow de sept; le tissu de 
ces pinnules paraît beaucoup plus épais et plus coriace que dans l'espèce 
précédente, et ne laisse pas voir les nervures. 

Cette espèce se rapproche plus que la précédente du groupe des 
Cheïlanthes à pinnules profondément trilobées; mais je n'en ai vu 
aucun qui soit réellement identique. 


26. SPHENOPTERIS TRIFOLIOLATA. PI. LIT, fig. 3. 


S. foliis bipinnatis (vel tripinnatis), Iævissimis , paleïs nullis ; super- 
ficie superiore tenuissimè granulata, nervis non distinctis (in pa- 
renchymato coriaceo immersis); pinnis elongatis sublinearibus 
subæqualibus (circumscriptione folii oblongä ); pinnulis subæqua- 
bus approximatis, profundè lobatis , superioribustrilobatis, inferio- 
ribus pinnatis quinquelobis ; lobis rotundis, basiconstrictis, convexis, 
margine revoluus. y 


Filicites trifoliolatus, Arris, Antedil. Phytol., p. rr, tab. XL — Parkinson, Org. 
Remains, tome E, pl. V, fig. 2. 


Gas. Terrain houiller. 


Loc. Mines d’Anzin, près. Valenciennes, département du. Nord. (Sanx-Brice). — 
Mine d'El-se-car , en Yorkshire (Arris). — Silésie (GrayEnnoRsT). 


On distingue, facilement ce Sphenopteris des deux précédens par la 
grandeur beaucoup ‘plus considérable deses pinnules; par ses feuilles 
qui me paraissent en général que deux fois pinnées; enfin il diffère du 
Sphenopteris Hœninghaust par l'absence des écailles scarieuses séta- 
cées et par son tissu épais qui ne laisse pas apercevoir les nervures, et 
du Sphenopteris rigida par la forme oblongue de l’ensemble de la 

FROPNOS 5 
feuille ou des pinnes primaires qui résulte de l'égalité presque par- 
P j n 
faite des pinnes latérales dans une grande étendue. 
P 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 203 

L'échantillon représenté PL. LIL, fig. 3, paraitraït représenter une 
portion assez étendue d'une feuille complète ; mais, d’après la figure 
de l'ouvrage de M. Artis, cité ci-dessus, ce ne serait qu’une pinne 
principale qui devrait s'insérer sur un pétiole commun très-consi- 
dérable. Cette fronde devait alors être immense par rapport à celle 
des Cheilanthes actuels, mais cependant son mode de division s’ac- 
corde avec celui des deux espèces précédentes. 

La feuille est évidemment très-allongée , assez étroite, et se rap- 
proche par cette forme de celle du Sphenopteris Hœninghaust ; le ra- 
chis est épais, un peu sirié, parfaitement glabre; les pinnes sont 
presque semblables par leur longueur et la grandeur des pinnules , 
dans le bas et dans le haut de l'échantillon que je possède; elles sont 
assez étalées, un peu recourbées en haut vers leur extrémité ; les 
pinnules, très-régulièrement espacées, sont contiguës ; leur surface 
supérieure est lisse ou très-fmement granulée, et ne montre l'appa- 
rence d'aucune nervure; leur tissu paraît épais et coriace. 

Les pinnules supérieures ou voisines de l'extrémité des pinnes sont 
profondément trilobées , à lobe terminal un peu plus grand, légère— 
ment oblong et divisé quelquefois en trois lobes très-peu marqués ; 
les inférieurs sont plus allongées et paraissent pinnatifides, c'est-à- 
dire que le lobe terminal, beaucoup plus grand, est divisé en trois 
lobes plus distincts, mais toujours moins profondément séparés que 
les deux inférieurs ; ces derniers sont arrondis, rétrécis à leur base, 
mais ils ne sont jamais lobés, même peu profondément; ils m'ont 
toujours paru parfaitement entiers. Chacun de ces lobes est un peu 
convexe, comme la surface d’une lentille, et le bord parait recourbé 
en dessous. 

La forme des pinnules de cette plante est parfaitement celle de 
quelques Cheïlanthes voisins du CL. fragrans ; mais je n’en ai vu aucune 
qui présente la taille et la forme générale de cette feuille, réunies avec 
la forme profondément découpée et à lobe terminal obtus de cette 
Fougère fossile. Je ne puis donc douter que ce ne soit une espèce 
perdue et gigantesque du genre Cheilanthes. 


204 HISTOIRE 


27. SPHENOPTERIS OBTUSILOBA. PI. LIII, fig. 2. 


S. foliis bipinnatis glabris, rachibus subilexuosis; pinnis elongatis li- 
veari-lanceolatis, rapide decrescentibus (circumscriptione folii trian- 
gulari) ; pinnulis brevibus , latissimis , subtriangularibus , obtusis , 
profundè trilobatis, lobis subæqualibus obovatis subrotundis ad 
marginem subtrilobatis; nervis distinctis furcatis, pluribus in quo- 
libet lobo, 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Inconnue. 


Gette espèce se distingue de la précédente par plusieurs caractères 
qui m'ont paru assez importans pour n'en pas former une simple va- 
riété : 1° la forme générale de la feuille ou des pinnes principales (car 
Je ne sais pas si l'échantillon figuré 1ci est l'extrémité d’une fronde 
entière ou d’une pinne latérale) est triangulaire et non pas oblongue, 
ce qui résulte du décroissement rapide des pinnes latérales; 2° la tex- 
ture de la feuille paraît plus mince, car les nervures sont assez dis- 
tinctes ; 3° les pinnules ne sont pas oblongues, mais larges et arron- 
dies, ou un peu triangulaires, divisées en trois lobes presque égaux, 
et Les lobes inférieurs sont bilobés ou trilobés, comme le lobe terminal, 
ce qui n'a jamais lieu dans l'espèce précédente. 

Les rachis principaux et secondaires sont plus grêles que dans le 
Sph. trifoliolata, et légèrement flexueux; on ne voit sur toute la 
plante aucune trace d’écailles ou de poils. 

Cette plante s'éloigne beaucoup plus que les précédentes du genre 
Cheilanthes , mais je ne trouve aucune Fougère vivante qui ait avec 
elle une analogie bien marquée ; l’Æspidium rutaceum, Wirxn., res- 
semble beaucoup, d’après la figure de Plumier, à notre plante fossile 
par la forme de ses pinnules; mais n'ayant pu voir la plante elle-même, 
on ne peut considérer ce rapprochement que comme très-douteux. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 3 


28. SPHENOPTERIS LATIFOLIA. PI. LVII, fg. 1, 2, 3, 4, 5. 


S. foliis bipinnatis (infernè subtripinnatis }, pinnis rapidè decres- 
centibus, attenuatis, obliquis ; pinnulis planis , ovatis, magis mi- 
nusve profundè lobatis ; inferioribus profundè trilobatis'; lobis bi vel 
trifidis; superioribus subintegris vel vix trilobatis ; lobis ovatis, 
obtusis, nervis bipinnatis e basi subradiantibus, pluriès furcatis, 
valdè notatis. 


Sphenopteris latifolia, An. Browc., Prod. 5x. 


Filicites muricatus , Scuxotu., XIL , fig. 25? an Pecopteris muricata, Srerxs., Vent. 
Flor. prim. , p. XVIIE? 


Var. B. Minor, pinnulis profundiüs lobatis , lobis basi contractis obovatis obtusis. 


Gis. Terrain houiiler. 


Loc. Var. À. Mines de Newcastle. ( Losx. ) 
— Var. B. Mines de Saarbruck. ( Coll. de l'École des mines de Paris. ) 


Cette espèce et la suivante sont extrêmement voisines; je les avais 
même d’abord considérées comme ne constituant qu'une seule espèce ; 
mais une comparaison plus attentive me porte à les regarder comme 
deux espèces distinctes. 

Celle qui nous occupe paraït assez fréquente dans les mines de 
Newcastle : ses feuilles étaient probablement assez grandes et d’une 
forme triangulaire, autant qu’on peut en juger par le développement 
plus considérable des pinnes inférieures. Ces feuilles sont bipinnées, 
à rachis étroit, glabre; les pinnes sont allongées, lancéolées; les pin- 
nules , assez rapprochées les unes des autres, sont seulement trilo- 
bées dans la partie supérieure de la feuille ; dans la partie moyenne, 
elles sont pinnatifides ; les lobes sont ovales obtus, le terminal n’est 


pas très-allongé, et les plus inférieurs sont bilobés ou trilobés. Les 


206 HISTOIRE 

pinnules de la partie inférieure de la feuille sont très-grandes, pro- 
fondément pinnatifides, à lobes ovales assez grands, et légèrement 
surlobées (voyez PI. LVIT, fig. 4 ). Les nervures sont très-marquées , 
doublement pinnées , et les nervules sont bifurquées vers leur milieu. 

Cette espèce diffère surtout de la suivante par ses pinnules plus 
larges, plus courtes, à lobes arrondis, et dont les inférieurs, beaucoup 
plus grands, sont eux - mêmes légèrement lobés. Le détail, fig. 5, 
est pris sur la partie moyenne de la feuille. 

La variété B ne diffère de l’espèce que nous venons,de décrire que 
par ses feuilles dont les divisions sont plus petites et plus grêles ; ses 
pinnules sont plus profondément pinnatifides; les lobes, plus dis- 
tinctement séparés les uns des autres , sont obovales, obtus , arrondis ; 
leurs bords paraissent légèrement recourbés en dessous; les plus in- 
férieurs de ces lobes sont eux-mêmes bilobés ou trilobés. Ce caractère 
et la forme obtuse des lobes distinguent cette variété de l'espèce sui- 
vante, dont elle se rapproche par la forme plus allongée de ses pinnules. 
La forme arrondie des lobes et leur mode de subdivision la font 
ressembler au Spenopteris obtusiloba, qui s'en distingue facilement 
par ses pinnules plus courtes et plus larges. 


La figure du Flora der Vorwelt de M. de Schlotheim, que j'ai 
citée, et sur laquelle M, de Sternberg a fondé son Pecopteris muri- 
cata , est si vague et représente un échantillon probablement, si im- 
parfait, que je conserve beaucoup de doutes pour savoir si elle se 
rapporte à la plante que j'ai décrite et figurée ici, ou. si elle repré- 
sente quelques portions de la plante que j'ai nommée Pecopteris 
nervosa ; il m'a cependant paru plus probable qu’elle avait été faite 
d’après un échantillon de la partie moyenne des feuilles du Spkeno- 
pteris latifolia, car il est facile de voir par nos figures, qui appartien- 
nent à des portions différentes de ces feuilles, combien ces diverses 
parties diffèrent les unes des autres. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 207 


29. SPHENOPTERIS ACUTA. PI. LVIT, fig. 6, 7. 


S. foliis bipinnatis vel subtripinnatis, rachibus gracilibus; pinnis obli- 
quis , lanceolatis,, acutis ; pinnulis lanceolatis, acutis, pinnatifidis , 
sub:quinque vel septemlobis; lobis inferioribus ovatis acutis, ter- 
minali lanceolato ; pinnula infima latiori, lobo inferiori majori; 
pinnulis apicis pinnarum integris lanceolatis acutis; nervulis vix 
distinetis. 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Mines de Werden sur la Ruhr (Hosninemaus). 


La forme générale de cette Fougère est analogue à cellé dé l'espèce 
précédente, elle paraît cependant plus allongée ; les pinnes sont plus 
espacées, plus obliques, leur rachis est très-grêle; les pinnules diffèrent 
surtout par leur forme beaucoup plus allongée, presque lancéolée, 
beaucoup plus aiguë, et par leur mode d'insertion assez espacé. Ces 
pinnules sont profondément pinnatifides ; le lobe terminal est assez 
- grand, lancéolé, aigu; les lobes inférieurs sont presque égaux, ovales, 
aigus, et ne m'ont jamais paru profondément lobés comme dans l’es- 
pèce précédente. 

Cette plante , par ses pinnules presque régulièrement pinnatifides, 
semblerait devoir être placée parmi les Pecopteris ; mais elle est ex- 
trêmement voisine de l’espèce précédente , qui, par la forme de ses 
pinnules supérieures et la découpure des lobes inférieurs des pinnules 
moyennes, se rattache aux Sphenopteris ;: ce qui prouve le passage 
presque insensible de ces deux formes des feuilles de Fougères. 

Quelques espèces d’Aspidium sont, parmi les Fougères vivantes, 
celles qui semblent se rapprocher le plus de ces deux espèces fossiles ; 


mais je n'en ai trouvé aucune qui présentât une analogie assez mar- 
quée pour qu’elle méritât d’être citée. 


208 HISTOIRE 
30. SPHENOPTERIS STRICTA. PI. XLVIIT, fig. 2. 


S. folis lanceolatis, bipinnatifidis , membranacéis ; rachi lato, plano, 
marginato ; pinnis lanceolatis; pinnulis approximatis, basi decurren- 
tibus, oblongo-cuneatis, inferioribus lobatis, su perioribus integris, 
lobis truncatis apice crenulatis subtrinerviis , nervulis obliquissimis 
subparallelis. 


Sphenopteris stricta, Srerws. , Tent. Flor. prim., p. XV.— Flor. der Vorw., 
tab. 56, fig. 2.?— An. Broxc., Prod., p. 50. 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Mines des environs de Glascow (Collect. du Doct. Browx , de Glascow). Mines 
du Northumberland (Srernsere,—Bucxrann). 


La figure de cette plante que je publie est faite d’après l’échan- 
üllon conservé dans la collection du docteur Brown ; la feuille paraît 
presque entière; si on en juge d’après le décroissement des pinnes, 
sa forme générale est lancéolée ; le rachis commun est large et parait 
ailé sur.ses bords ; Les pinnes sont très-obliques, lanoéolées, profon- 
dément pinnatifides ; la nervure moyenne est fine et peu marquée ; 
les pinnules vont en décroissant insensiblement, elles sont très-obli- 
ques sur la nervure moyenne; les inférieures sont elles-mêmes 
pinnatifides, à lobes peu nombreux (3-5), presque palmés, peu 
divergens, crénelés à leur extrémité ; les pinnules moyennes sont 
souvent trilobées, celles qui approchent de l'extrémité sont entières, 
cunélformes , à trois crénelures peu profondes, et marquées de trois 
nervures parallèles. | 

La forme de cette feuille, sans. ressembler exactement à celle 
d'aucune espèce vivante que je connaisse, se rapproche surtout 
de celle des Æsplenium et surtout: de l'Asplentum denticulatum , 
Gaud., dont une pinne est figurée pl. LX, fig. 5 ; mais dans la plante 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 209 


LA 


vivante les lobes sont moins profonds, moins réguliers, les inférieurs 
ne sont pas pinnatifides, et la fronde a une consistance coriate que 
ne paraît pas avoir la plante fossile ; ce n’est donc qu'un rapproche- 
ment éloigné qu'on peut trouver entre ces deux plantes. 


31. SPHENOPTERIS VIRLETII. PI. LVIIT, fig. x 


S. folüs pinnatis (vel bipinnatis? } lanceolatis, apice attenuatis elon- 
gatis; pinnulis alternis, valdè obliquis, lanceolatis, acuminatis, pin- 
natifidis ; Lobis obliquis, oblongo-cuneatis subtruncatis, apice bi-tri- 
crenatis; nervis loborum subparallelis vix areas ; superficiè 
inferiore pinnularum squamulosà. 


Sphenopteris Virletii An. Bronc., Prod., p. 5r. 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Mines de Saint-Georges-Chäâtellaison , près Doué, département de Maine-et- 
Loire (Vircer )*. 


Cette belle espèce, dont je ne connais que deux échantillons de la 
localité que je viens de citer , n'a d’analogie qu'avec le Sphenopteris 
stricta ; mais-elle en diffère bien sensiblement par la disposition de 
ses pinnules , par le nombre de ses nervures et par la fronde qui paraît 
plus épaisse, plus raide, et qui est évidemment recouverte de petites 
écailles disposées comme les écailles scarieuses de beaucoup de Fou- 
gères. 

Je ne sais pas si les deux portions de fronde qui se trouvent sur 
l'échantillon fig. 1 appartiennent à une même feuille ou à deux feuilles 
distinctes. Leur position parallèle et le développement semblable de 
leurs pinnules pourraient faire soupçonner que ce ne sont que deux 
pinnes principales dépendant d’une même feuille; mais, d’un autre 
côté, les rapports de cette plante avec quelques Fougères vivante 

L. 27 


210 HISTOIRE 


nous font pencher à regarder ces deux portions de feuilles comme 
distinctes , et la feuille de cette espèce comme une seule fois 
pinnée. 

Le rachis, assez épais vers la base, s’amincit insensiblement ; il en 
est de même des pinnules, qui diminuent très-lentement vers l’ex- 
trémité et donnent à l’ensemble de la fronde une forme lancéolée et 
longuement acuminée. 

Les pinnules paraissent habituellement alternes; elles sont sessiles, 
lancéolées , étroites et aiguës, assez profondément pinnatifides ; les 
lobes sont obliques, oblongs, un peu cunéiformes, divisés à leur ex- 
trémité, qui est presque tronquée, en deux ou trois crénelures ou 
lobes peu profonds. 

Les nervures sont très-peu marquées; elles paraissent fines et assez 
nombreuses , mais presque entièrement plongées dans le parenchyme 
et cachées par des écailles scarieuses qui couvrent la surface infé- 
rieure de la fronde et dont la présence est bien visible. 

Tous ces caractères rapprochent beaucoup cette plante de quelques 
Asplenium , et surtout de l Æsplenium denticulatum de Gaudichaud (1). 
Cependant il y a des différences spécifiques bien sensibles qui con- 
sistent surtout, 1° dans la forme générale des pinnules qui est beau- 
coup plus étroite et plus allongée dans cette plante vivante que dans 
lespèce fossile ; 2° dans la forme des lobes de ces pinnules qui, dans 
Véspèce vivante, sont toutà-fait tronqués et présentent à leur extré- 
mité des crénelures petites et aussi nombreuses que les dernières divi- 
sions des nervures, tandis que dans la plante fossile les lobes des 
pinnules n'offrent que deux ou trois crénélures assez larges, qui 
correspondent probablement à plusieurs nervures ; 3° dans l’absence 
des écailles scarieuses à la face inférieure des pinnules de l4splenium 
denticulatum et des espèces voisines; dans ces plantes, ces écailles 
sontrares, très-espacées, et n'existent généralement que sur le rachis 
et les nervures principales. 

Malgré ces différences, qui suffisent pour distinguer deux espèces, 


(:) Voyez une pinnule de cette plante, PI. LX, fig, 5. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 211 
on ne peut, je crois, douter de l’affinité de ces deux plantes, 


et par suite de la po 50n de notre espèce fossile dans le genre Asple- 
nium. 


3». SPHENOPTERIS PALMETTA. PI. LV, fig. 


S. foliis bipinnatis; pinnis oblongis acutiusculis profundè pinnatifidis, 
pinnulis æqualibus approximatis, arcuatis, cuneïformibus, integer- 
rimis, truncatis, nervis subparallelis ;'e rachi communi nascentibus, 
dichotomis. 


Sphenopteris palmetta, An. Browc., Prod., p. 51. — Flore du grès bigarré ; 
Ann. des Scienc. nat., tom. XV, p. 441. 


Gis. Grès bigarré. 


Loc. Sultz-aux-Bains, près Strasbourg, département du Bas-Rhin (Muséum de la 
ville de Strasbourg , n°Q , 283). 


>: 


Ce n'est qu'avec quelque doute que je rapporte à ce genre cette 
espèce de Fougère , qui a beaucoup d’analogie par sa forme générale 
avec le Nevropteris Voltzi (pl. LXV). On pourrait penser en effet 
que la plante qui nous occupe n’est qu'un individu du Nevropteris 
Voltzii , dont les pinnules ont été lacérées et divisées en lambeaux 
qui forment les pinnules cunéiformes de ce Sphenopteris. La forme 
générale de la fronde et la disposition des nervures appuieraient 
cette supposition ; mais on-peut lui objecter, 1° la régularité de 
ces divisions, qui n'ont pas l'air d’être accidentelles et qui diffèrent 
beaucoup de celles que j'ai observées sur un individu du ÂVevropteris 
Volizii , dont les pinnules avaient évidemment été déchirées par suite 
où de leur âge ou de quelque accident ; 2° la forme des pinnes de 
ce Sphenopteris, qui est beaucoup moins allongée que celle des pin- 
nules entières du IVepropteris Poltzii, ce qui indiquerait au moins 
une différence spécifique entre ces deux plantes, et la forme de sa 


212 HISTOIRE 


base qui ne n'a paru jamais présenter une sorte d’oreillette arrondie 
comme dans ce ÂVevropteris. 

Par la forme et la disposition des pinnules, cette espèce ressemble 
à quelques plantes du genre Trichomanes, mais je n’ai trouvé au- 
cune analogie assez intime pour qu’on puisse l'indiquer d’une manière 
particulière. 


* Espèces douteuses. 


33. SPHENOPTERIS? MACROPHYLLA. PI. LVIIT, fig. 3. 


S. foliis pinnatis , rachi plano (alaio? ); pinnulis alternis distantibus ; 
maximis (tripollicaribus), inæquale pinnatifidis , lobis distantibus 
linearibus obtusis uninerviis. 


Sphenopteris macrophylla. An. Bronc., Prod., p. 5x. 


G1s. Terrain jurassique schistoïde, Stonesfield-state des géologues anglais. 


Loc. Stonesfield , près Oxford (Muséum de l'Universiié d'Oxford ). 


Ce n’est qu'avec beaucoup de doute que je Tapporte cette espèce à 
la famille des Fougères et au genre Sphenopteris ; le seul échantillon 
que j'en ai vu, et d’après lequel est fait le dessin que je publie, existe 
dans la collection de l’Université d'Oxford; il paraît provenir d’une 
feuille profondément découpée, car tous les lobes semblent dans 
le mème plan et n'être que des découpures d’une même feuille. Ces 
lobes ressemblent beaucoup pour leur forme et leur disposition à 
ceux de diverses espèces de Trichomanes et d'Hymenophyllum, si ce 
n'est qu'aucune espèce connue de ces genres n’offre des feuilles à di- 
visions aussi grandes. 

Si cet échantillon ne présente qu’une seule feuille où une portion 
de feuille découpée , on ne peut guère douter que ce ne soit une Fou- 


| DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 213 
gère voisine des genres que nous venons de citer ; mais il ne sera 
pas impossible que ce qui paraît être les lobes d’une seule feuille 
ne fût des feuilles linéaires distinctes insérées sur des rameaux al- 
ternes et ramenées par la compression dans un même plan. Dans ce 
cas, cette plante ressemblerait aux conifères du genre V’oftzia. L'étude 
et le dessin que j'ai fait de cette plante, il y a quelques années, me 
portent à admettre plutôt la première opinion. Mais un nouvel exa- 
men serait nécessaire pour décider cette question. 


34. SPHENOPTERIS LAXA. 


S. fronde alternè bipinnatà, pinnolis cuneiformibus lobatis, lobis 
linearibus truncatis, apice bitrilobis. Srerne. 


Sphenopteris laxa. Srenns., Tent. Flor. prim., p. XV. — Flore du Monde primit. 
fase. 3, p. 40, tab. XXXI, fig. 3. 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Mines de Durham en Angleterre ( Srerns. ). 


Malgré la figure que M. de Siernberg a publiée de cette espèce, il est 
difficile de décider si cette plante est une espèce distincte de nos 
Sphenopteris elegans et linearis, ou un état différent et imparfait de 
l’une de ces espèces ; nous conservons d’autant'plus de doute à cet 
égard, que nous croyons que M. de Sternberg a établi cette espèce 
d’après un dessin qui lui a été communiqué par M. Buckland et que 
plusieurs de ces dessins que nous avons eu entre les mains nous avaient 
paru trop imparfaits pour faire d’après eux des descriptions, sans avoir 
pu étudier les empreintes elles-mêmes. 


214 HISTOIRE 


35. SPHENOPTERIS CONFERT À: 


> 


S. fronde bipinnatà, pinnulis minimis confertis cuneatis lobats, lobis 
linearibus, nervis e basi recte adscendentibus. Srerns. 


Sphenopteris conferta. Srerwe., Tent. Flor. prim., p. XVI. 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Weistein, près Waldenburg en Silésie (SrennsErc). 


Cette espèce et la suivante n'étant pas figurées dans l’ouvrage de 
M. de Sternberg , il nous est impossible, d'après la courte phrase spéci- 
fique citée ci-dessus, de déterminer si cette plante se rapporte à l’une 
des espèces que nous avons décrites précédemment ou si elle en est 


complètement distincte. 


36. SPHENOPTERIS ASPLENIOIDES. 


S. fronde pinnatà, circumscriptione lanceolatà acuminatä ; pinnis pin- 
natifidis 5-6 jugis terminalique cuneatis, lacinïis subtruncatis apice 


inciso-dentatis. STERNB. 


Sphenopteris asplenioides. Srerxs., Tent. Flor. prim., p. XVI. 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Radnitz, en Bohème (Srernsere). 


M. de Sternberg ajoute à la phrase caractéristique citée ci-dessus 
les observations suivantes : piënnulæ basi cuneatcæ , apice subrotundeæ 


| DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 215 
subtruncatæ , in tres plerumque lobos divisæ, lobis uno alterove dente 
præditis ; facies AsPrenn. 

Cette description me paraît bien indiquer une espèce distincte de 
celles que j'ai décrites et figurées, mais une figure serait nécessaire 
pour bien faire connaître son organisation. 


CYCLOPTERIS. 


Folia simplicia, integra, suborbiculata, nervis numerosis, 


e basi radiantibus, dichotomis, æqualibus (nervo medio 
nullo ). 


Les feuilles de ces Fougères ressemblent beaucoup par leur forme 
et la disposition de leurs nervures à celles des Z'richomanes rent- 
forme (x) et des Adianthum reniforme et asarifolium. 

La première espèce que nous décrivons montre surtout une ana- 
logie frappante avec ces plantes par sa fronde symétrique et fortement 
échancrée à sa base; les deux dernières espèces diffèrent beaucoup 
plus des plantes vivantes que nous venons de citer, et de toutes les 
Fougères que nous connaissons, par l’obliquité et l'inégalité de la base 
de ces feuilles : caractère qui n'existe de cette manière que dans Îles 
feuilles radicales de lAcrostichum alcicorne et du Polypodium quer- 
cifolium ou des espèces voisines; mais dans ces plantes le mode de 
nervation est tout-à-fait différent, tandis que dans nos Cyclopteris à 
feuilles obliques les nervures sont disposées comme dans les espèces 
symétriques et dans les Fougères vivantes dont celles-ci se rapprochent, 

Nous devons donc présumer que ces feuilles appartiennent à des 
Fougères à fructification marginale, comme les 4dianthum, les Lind- 
sea et les T'richomanes, genres dans lesquels les nervures ont géné- 
ralement la disposition qui existe dans les espèces fossiles. 


(1) Voyez une des feuilles de cette plante, pl. XXXII, fig. 1. 


216 HISTOIRE 


* Foliis symetricis. 
(I. CYCLOPTERIS RENIFORMIS. PI. LXI bis, fig. r. 


C. foliis reniformibus symetricis subrotundis integerrimis, nervis dis- 
tanubus dichotomis, e basi distinctis, arcuatis. 


An Carpolithes umbonatus ? Sreux., Flor. der Vorw. Fasc. I, pl. IX, fig. 2. 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Plan de la tour, entre Fréjus et Sainte-Maxime » département du Var. (BrarD.)* 


Cette espèce offre une analogie des plus frappantes avec le 7ricko- 
manes reniforme de la Nouvelle-Zélande (voy. la pl. XXXII, fig. 1) 
et avec l’Adianthum asarifolium de Ile-de-France (PI. XL, fig. 6 ); 
je ne vois inême pas de différence notable entre la plante fossile et 
la dernière de ces deux plantes, et l’absence des fructifications , ainsi 
que l’état incomplet des échantillons, laissent seuls des doutes sur 
leur identité. La grandeur de la feuille, la forme de Véchancrure, au 
milieu de laquelle s’insère le pétiole, sont tout-à-fait semblables, et 
les nervures sont exactement disposées de même dans les deux plantes. 

Le Trichomanes reniforme diffère très-peu par la forme de ses 
feuilles et la disposition de ses nervures, soit de l’Adianthum asari- 
Jolium, soit de notre plante fossile. Cependant les deux lobes infé- 
rieurs de la feuille sont toujours plus écartés et moins arrondis, et le 
pétiole se dilate supérieurement, de sorte que la feuille est presque 
flabelliforme, et se rapproche un peu de la forme du Cyclopteris 
Jflabellata. 

Les rapports qui existent entre les formes et la structure des feuilles 
des Fougères et leur mode de fructification semblent indiquer que 
cetie plante, si elle n’appartenait pas à l’un des genres cités ci-dessus, 
ne pourrait se ranger que parmi les Lindsea, dont aucune espèce ce- 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 217 


pendant n’offre avec cette plante fossile une analogie aussi intime que 
celles déjà citées. 


>. CYCLOPTERIS TRICHOMANOIDES. PI. LXI bis, fig. 4. 


C. folis symetricis orbiculatis integris, basi paululüm emarginatis 
subcordatis, nervis tenuissimis, e basi radiantibus, non fascicula- 
tis, dichotomis ; ad marginem frondis valdè approximatis. 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Saint-Etienne, département de la Haute-Loire. 


La forme des feuilles de cette plante, et la disposition des ner- 
vures, la distinguent bien de l'espèce précédente et de la suivante ; 
elle n’est pas profondément échancrée à sa base comme le C. reni- 
forms, ses nervures sont beaucoup plus fines et ne se réunissent pas 
vers la base pour former des nervures principales aussi fortes que 
dans cette espèce. 

Elle ressemble davantage au C. flabellata par la finesse des ner- 
vures et par la forme des feuilles; cependant les nervures vont en se 
raccourcissant insensiblement vers les côtés , et les plus latérales ne 
sont pas, comme dans le C. flabellata, presque aussi longues que les 
autres, et parallèles au bord de la feuille; enfin, ces nervures ne sont 
pas réunies à leur base en plusieurs faisceaux comme dans cette 
espèce. 

Cette plante paraît très-voisine du Trichomanes membranaceum , 
que nous avons figuré (pl. XXXIT, fig. 2, 3), et surtout des fron- 
des stériles, fig. 2. La feuille fossile paraît aussi très-mince et sus- 
ceptible de se déchirer facilement. | 


218 HISTOIRE 


3. CYCLOPTERIS FLABELLATA. P. LXI, fig. 4,5, 6. 


G. foliis integerrimis flabelliformibus, apice rotundatis, subsemi- 
orbicularibus, lateribus rectis nec cordatis; nervis tenuissimis rectis 
dichotomis, basi fasciculatis. 


Cyclopteris flabellata. An. Broxc., Prod., p. 52. 


Gis. Terrain d’anthracite de transition. (Vozrz.) 


Loc, Berghaupten dans le pays de Bade. (Muséum de Strasbourg, n° Q, 61, 62, 63.) 


Gette jolie espèce a presque autant d’analogie avec le Trichomanes 
reniforme que la première espèce du genre qui nous occupe en a avec 
l'Adianthum asarifolium ; Va forme générale de la feuille est à peu 
près la même , moins arrondie cependant , le diamètre transversal 
étant plus considérable par rapport au diamètre longitudinal, et les 
lobes inférieurs étant à peine prolongés inférieurement, maïs s’éten- 
dant latéralement, de sorte que la feuille est moins réniforme et plus 
en forme d’éventail. Du reste, le pétiole s’élargit également à sa partie 
supérieure et se confond insensiblement avec le limbe; les nervures 
très-fines et dichotomes!, réunies en plusieurs nervures principales, 
se continuent de même dans la partie dilatée du pétiole , mais ces 
nervures sont plus nombreuses , plus fines et plus rapprochées que 
dans le Trichomanes reniforme. I y a donc très-grande analogie entre 
ces deux plantes, mais non pas identité. 

La forme générale de là feuille est semblable à celle de l'espèce 
suivante; mais la feuille n’est jamais lobée, et les nervures sont fas- 
ciculées à la base. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 219 


4. CYCLOPTERIS DIGITATA. PI. LXI bis, fig. 2, 3. 


C. foliis petolatis, semi-orbiculatis, flabelliformibus, ad marginem 
lobatis, lobis contiguis cuneïformibus truncatis vel ad apicem si- 
nuosis; nervis tenuissimis striæformibus, æqualibus. 


Gis. Terrain oolithique. 


Loc. Scarborough sur la côte du Yorkshire. (Murray.) 


Cette espèce diffère de toutes celles de ce genre par ses feuilles 
lobées; le resie de sa structure la rapporte cependant à ce genre, et 
la rapproche même du C. flabellata. Sa forme générale est à peu 
près la même, le pétiole se dilate supérieurement et se continue ainsi 
avec le limbe, la texture de la feuille paraît coriace comme celle 
du Trichomanes reniforme; les nervures ne sont pas réunies en fais- 
ceaux comme dans le Cyclopteris flabellata, maïs, au contraire, elles 
sont très-fines. yers la base, et disparaissent presque dans le paren- 
chyme; elles sont droites, bifurquées de distance en distance, pres- 
que parallèles, et pas plus espacées vers la base que près du bord. 
Les lobes du bord de la feuille sont séparés plus où moins profon- 
dément, et les scissures qui les séparent sont bien distinctes des déchi- 
rures accidentelles, qu'on observe quelquefois, en ce que leur fond 
est arrondi et bien limité; les lobes sont tout-à-fait contigus, et se 
recouvrent même quelquefois un peu; leur extrémité est tronquée , 
sinueuse, où divisée en petits lobes irréguliers. 

Je ne connais aucune Fougère. vivante analogue à cette espèce, 
mais c’est encore parmi les 7'richomanes qu’on trouve les plantes les 
plus voisines. | 


220 HISTOIRE 
** Foliis obliquis non symetricis. 
5. CYCLOPTERIS ORBICULARIS. PI. LXI, fig. 1-2. 


C. foliis suborbicularibus integerrimis subsymetricis , paràmper 
obliquis, basi vix cordatis, nervis distantibus dichotomis maximè 


notatis, obliquè inflexis. 


Cyclopteris orbicularis, Av. Browc. Prod., p. 52.—Parkinson, Org. rem., tom. 1, 
PIN EHE 0: 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Mines de Liége (Davreux) *. — Terrain houiller d'Angleterre (PI, LXT, fig. 2. 
Muséum d'Oxford). — Localité ignorée (PI. LXT, fig. r. Muséum de Strasbourg , 


n° P. 4). 


Cette espèce diffère du Cyclopteris reniformis par sa taille beaucoup 
plus grande, par sa forme, le limbe de la feuille étant à peine échancré 
à sa base, comme on le voit bien dans la fig. 1, et par l’obliquité ou le 
défaut de symétrie de cette feuille, caractère qui pourrait néanmoins 
dépendre de ce que l'échantillon ne serait pas complet, la partie 
droite manquant ou étant cachée par la roche dans les deux échan- 
tillons; cependant la manière dont les nervures se courbent du 
même côté semblent bien indiquer un défaut de symétrie dans la 
feuille, Cette absence de symétrie, encore plus marquée dans l’espèce 
suivante, est un caractère fort singulier dans une feuille simple de 
Fougère, et pourrait faire supposer que ce sont des folioles détachées 
d’une feuille composée à folioles articulées, comme on l’observe dans 
plusieurs Adianthum, si la taille considérable de ces feuilles ne sem- 
blait s’y opposer. 

Sans ce défaut de symétrie et sa taille plus grande, cette feuille res- 
semblerait beaucoup par la forme de sa base d'insertion à l’Adianthum 
reniforme de Ténériffe. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 221 
6. CYCLOPTERIS OBLIQUA. PI. LXI, fig. 3. 


C. foliis oblongis subellipticis obliquis, basi inæqualiter cordatis, 
altero latere subauriculatis; nervis tenuissimis approximatis, e basi 
dichotomis, inflexis. 


Cyclopteris obliqua. An. Browe., Prod., p. 52. (Excl. synon.) 
Cyclopteris auriculata. Ybid., p. 168. 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Mines du Yorkshire. (Greenoueux.) * 


La forme singulière de cette feuille distingue cette espèce, non- 
seulement des autres plantes que nous plaçons dans le genre Cyclop- 
teris , mais de toutes les Fougères vivantes. 

La feuille est évidemment non-symétrique, non-seulement d’après 
sa forme extérieure qu’on pourrait attribuer à l'absence du lobe gauche, 
mais d’après la position des nervures principales qui n'occupent pas le 
milieu de la feuille; cette disposition pourrait faire supposer que cette 
feuille n’est qu'une foliole d’une feuille composée assezanalogue à celles 
de quelques Nevropteris, et particulièrement du IVevropteris auricu- 
lata ; mais dans ces plantes ily a toujours une nervure unique et 
moyenne vers la base de la foliole, tandis que dans l'espèce que nous 
décrivons, les nervures paraissent toutes naître d'une manière distincte 
de la base de la feuille. 

La forme allongée et la finesse des nervures distinguent en 
outre facilement, même sur des échantillons moins complets, cette 
espèce de la précédente. 


222 HISTOIRE 


GLOSSOPTERIS. 


Folia simplicia, integerrima, sublanceolata , basi sensim ang'us- 
tata, nervo medio valido apice evanescente percursa; nervu- 
lis obliquis arcuatis æqualibus, pluriès dichotomis vel basi 
quanddque anastomosantibus et reticulatis. 


Les plantes de ce genre se rapprochent des Fougères à feuillessimples 
de plusieurs genres, sans avoir cependant avec aucune de celles que 
je connais une affinité très-marquée. Les Acrostichum et les Hemio- 
nitis à feuilles simples en diffèrent par leurs nervures réticulées qui ne 
naissent pas d’une nervure moyenne (Voy. pl. XXXIV, fig. 1 et ».); 
les Polypodium, par le mode singulier de réticulations des nervures 
(pl. XXXIV, fig. 3, 4, 5); les Aspidium, les Scolopendrium et les 
Æsplenium à feuilles simples s’en rapprochent davantage, mais leurs 
nervures, une ou deux fois bifurquées , naissent moins obliquement 
de la nervure moyenne ; elles ne sont jamais réticulées à leur base, 
comme dans les deux premières espèces du genre fossile. Ce serait 
cependant des Æspidium à feuilles simples que je croirais que ces plan- 
tes se rapprochent le plus, car, outre la disposition des nervures qui est 
assez analogue, on voit sur l’échantillon de la var. $ du Glossopteris 
Browniana (fig. 2, pl. LXIT) des traces évidentes de l'insertion de 
groupes arrondis de capsules vers l'extrémité de la feuille. 

Les trois premières espèces sont évidemment des feuilles simples et 
entières; la quatrième pourrait être une foliole isolée d’une feuille 
pinnée. 


se 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 99 
1. GLOSSOPTERIS BROWNIANA. PI. LXIT. 


G. foliïs lanceolatis vel subspathulatis obtusis (1-2 pollicibus latis); 
nervo medio valido superne éanaliculato; nervulis basi obliquis 
reticulatis, apice tantum simplicibus vel furcatis, marginique sub 
perpendicularibus , vix obliquis. 


Gossopteris Browniana. An. Broxc., Prod., p. 54. 


Var. «a. Australasica foliis minoribus subspathulatis obtusis. 


Var, 6. Zndica foliis majoribus lanceolatis acutiusculis, 


Gis. Terrain houiller, 


Loc. Var. «. Mines de houille de Hawskesbury-River , à dix milles au nord du Port- 
Jackson, Nouvelle-Galles du sud. (Muséum de l’Université d'Oxford et de la Société 
géologique.) * 


Var. $. Des mines de Rana-Gunge, près Rajemabhl , Indes orientales septentrionales. 


Cette plante parait être très-commune dans les mines de houille de 
la Nouvelle-Hollande; M. Buckland l’a reçue abondamment de ce lieu, 
et M. Lesson en a rapporté des échantillons nombreux qui sont dépo- 
sés au Muséum d'histoire naturelle. 

Ce sont ces mêmes empreintes que quelques voyageurs avaient con- 
sidérées comme des feuilles d'Æucalyptus;mais un examen un peu plus 
attentif montre que la disposition de leurs nervures est tout-à-fait 
celle des Fougères, et ne ressemble en rien à celle des Eucalyptus. 
Cette plante varie extrêmement par la taille des feuilles; j'ai réuni 
sur la figure 1 les principales modifications de forme et de taille que 
j'ai observées. Les petites feuilles sont plus lancéolées, les grandes plus 
spathulées et plus obtuses. Ia manière dont la feuille se rétrécit insen- 
siblement en pétiole à sa base distingue cetie plante de tous les 4spi- 
dium à feuilles simples que je connais ; cette forme est au contraire 
analogue à celle de quelques Acrostichum, mais la disposition des 


224 : HISTOIRE 

nervures et surtout l'indication des groupes de capsules marginaux 
sur l'échantillon fig. 2, ne permet pas de rapprocher cette espèce fos- 
sile des Acrostichum. : 

Cette figure, qui représente un échantillon des mines de l’Inde, dont 
la partie moyenne manque, annonce une plante beaucoup plus grande 
et un peu différente par sa forme de celle de la Nouvelle-Hollande, 
mais tellement voisine par sa structure qu’on ne peut douter que toutes 
deux n’eussent le même mode de fructification et n’appartinssent ainsi 
au même genre, surtout lorsqu'on observe d’aussi grandes variations de 
taille et de forme dans les empreintes que renferment les mêmes mor- 
ceaux de schiste de la Nouvelle-Hollande. 

L’échantillon unique de l'Inde que j'ai figuré ne diffère de ceux 
de la var. « que par sa taille plus grande, sa forme plus régulière- 
ment lancéolée, et qui paraît devoir se terminer en une pointe plus 
aiguë. 


2. GLOSSOPTERIS ANGUSTIFOLIA. PI. LXIIL, fig. 1. 


G. foliis angustis sublinearibus (sex-octo lineis latis); nervo medio 
valido plano ; nervulis obliquis pluriès dichotomis, basique rariùs 
anastomosantibus. 


Gas. T'errain houiller. 


Loc. Des mines de Rana-Gunge, près Rajemahl, Indes-Orientales. (Vorsex.) * 


Le seul échantillon que je possède de cette plante ne renferme que 
des feuilles très-incomplètes, puisque les deux extrémités manquent 
dans toutes ; cependant leur forme linéaire , étroite, allongée , leurs 
nervures plus obliques et à peine anastomosées à la base, les distinguent 

_de toutes les empreintes si variées de taille et de forme de l'espèce 
précédente, et d’un autre côté leur forme générale, la largeur de leur 
nervure moyenne et la disposition des nervures secondaires les placent 
sans aucun doute dans ce genre. : 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 2925 
3. GLOSSOPTERIS PHILLIPSIT. PI. LXI bis, fig. 5. Pl. LXII, fig. 2. 


G. foliis lineari-lanceolatis angustis, basi apiceque angustatis; nervulis 
obliquis, dichotomis, laxis, vix distinctis, in parenchymate crasso 
subimmersis. 


Pecopteris longifolia. Pris. Illust. of geol. of Yorkshire, p. 189. PI. VIN, fig. 8. 
Pecopteris paucifolia. Paurs. Ibid., p. 148. 


G1s. Terrain oolitique moyen, dans les grès et schistes supérieurs. 


Loc. De Gristhorpe-Cliff, près Scarboroug, Yorkshire. (Parzzres, Murray.) * 


La fig. à, pl. LXIIE, est faite d'après un dessin que M. Phillips m'a 
communiqué ; depuis lors, j'ai reçu de M. Murray un échantillon de 
cette plante, qui est représenté pl. LXI Zrs, fig. 5. La disposition des 
nervures et la forme des feuilles sont bien celles des plantes de ce 
genre; mais les nervures sont plus éloignées, moins divisées, et irès- 
peu apparentes, le parenchyme de la feuille paraissant fort épais; 
ces feuilles ressemblent, sous ce rapport, à celles de plusieurs Gram- 
mitis et Acrostichum dont cette empreinte offre aussi la forme. 


4. GLOSSOPTERIS NILSONIANA. PI. LXIIT, fig. 3. 


G. foliis lanceolatis acutis, nervo medio angusto arcuato, nervulis 
inflexis dichotomis , non anastomosantibus. 


Glossopteris nilsoniana. An. BrowcG., Prod., p. 54. 
Filicites nilsoniana. An. Bronc., Ann. des Sc. nat.,t. IV, p.218. PI. XIE, fig. 1. 
Nisox, Mém. de l’acad. de Stockholm , 1820, vol. 1, p. 115. Tab. V, fig. 2, 3. 


* Gis. Arkose de la formation du Lias (grès du Lias). 


Loc. Hœr en Scanie. (Muséum de l'Université de Lund.) 


Cette feuille, dont j'ai vu un exemplaire complet et plusieurs frag- 
mens dans le Muséum de Lund, avait été considérée par M. Nilson 
I. 29 


226 HISTOIRE + --. 

comme une feuille de plante phanérogame, et l’un des échantillons, 
sur lequel les nervures étaient moins marquées, comme une feuille 
dicotylédone, peut-être d’un Capparis. L’examen des nervures prouve 
que c’est une Fougère parfaitement caractérisée , et je puis dire la même 
chose à l’égard de toutes les empreintes de feuilles de cette localité, 
pas une n'appartient à une plante dicotylédone ; toutes sont des Fou- 
gères ou des Cycadées. 

Gelle-ci offre tous les caractères essentiels des Glossopteris ; cepen- 
dant la manière dont la feuille est légèrement arquée, pourrait faire 
présumer que c’est une foliole latérale d’une feuille pinnée qui aurait 
alors beaucoup d'analogie avec celles de plusieurs Anemia, voisins de 
l'anemia phyllitidis (pl. LX, fig. 8), sans étre cependant identique 
avec aucun. Si c’est réellement une feuille simple et entière, ce que de 
meilleurs échantillons pourront seuls décider, elle diffère des autres 
espèces de ce genre par sa nervure moyenne plus fine, et par ses ner- 
vures latérales peu divisées et jamais anastomosées. 


NEVROPTERIEIS. 


Fozra bipinnata, vel rariùs pinnata, pinnulis basi sæpius sub- 
cordatis, nec inter se nec rachi basi integrà adnatis, sed parte 
medià tantüm insertis; nervo medio apice evanescente; ner- 
vulis obliquis arcuatis tenuissimis dichotomis. 


FRUCTIFICATIO; capsularum aggregationes lanceolatæ læves 
(tegumento tectæ), nervulis apicis pinnularum adnexæ, 


sæpiusque in bifurcationibus positæ. 


Ce genre de Fougères fossiles est peut-être le plus naturel de ceux que 
nous avons pu établir parmi les espèces fossiles de cette famille, surtout 
lorsqu'on considère Les espèces les mieux caractérisées et celles qui 
formant le centre du genre en constituent le vrai type; telles sont par- 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 227 


ticulièrement celles comprises des n°° 11 à 21.On ne peut guère douter 
que ces plantes ne se ressemblassent autant par leur fructification que 
par la forme et la structure de leurs feuilles. 

Sous ces deux rapports elles paraissent aussi différer complètement 
de toutes les Fougères vivantes. Par la forme et la structure de leurs 
feuilles elles ont bien, il est vrai, quelque analogie avec lOsmunda 
regalis et les espèces vivantes qui s’en rapprochent, mais une côm- 
paraison rigoureuse montre déjà de nombreuses différences dans la 
disposition des nervures. : 

Le Nevpropteris macrophylla,qui présente l analogie la plus marquée 
avec l'Osmunda regalis par la forme et la disposition de ses pinnules , 
en diffère cependant par ses nervures secondaires trois fois bifurquées, 
tandis qu’elles le sont seulement deux fois dans la plante vivante. 

Les autres espèces de MNepropteris diffèrent encore bien plus de 
céite plante et des autres Osmunda par leuré nervures très-obliques , 
cour hées, trois ou quatre fois bifurquées , et par leur nervure moyenne 
qui est bien moins marquée que dans ces Fougères. 

Ces caractères déduits de la disposition des nervures et de Life 
des pinnules sufliraient pour éloigner ces plantes fossiles de tous les 
Osmunda connus et des autres Fougères vivantes que nous connais- 

sons; mais les Osmunda étant encore, sous ce rapport, les plantes 
les plus analogues à nos Nevropteris | on aurait pu présumer que ces 
fossiles constituaient des espèces différentes, mais voisines des Os-, 
munda actuellement existans. L'absence des fructifications en pani- 
cules séparées si remarquable dans les Osmunda, malgré la fréquence 
des feuilles de Vepropteris, était déjà une présomption que ces'plantes 
appartenaient à un genre très-différent, Ë 

L’examen‘de beaucoup de plantes de ce genre nva fait découvrir 
sur plusieu rs feuilles des traces de fructificauon qui annoncent un 
genre tout-à-fait différent de ceux que nous connaissons. J'ai repré- 
senté (pl. LXV, fig. 3) ces fructifications très-grossies , telles que je les 
ai observées sur une pinnule détachée d’un IVevropteris que je pré-. 
sume être le flexuosa , ou le tenuifolia. 


228 HISTOIRE 

Je les ai observées aussi d’une manière moins distincte sur un 
échantillon du ÂVepropteris angustifolia (pl. LXIV , fig. 4). 

Ces fructifications forment de petits paquets allongés, appliqués le 
long du bord des nervures au-dessus de leurs bifurcations et du côté 
qui correspond à l'extrémité de la pinnule et à la nervure moyenne. 
Ces groupes oblongs de capsules sont ainsi compris entre les deux 
rameaux d'une nervure; ils diffèrent du reste de la fronde par leur 
couleur blanche ou grise, et leur aspect lisse semble annoncer qu'ils 
sont recouverts par une membrane où tégument qui serait attaché à 
la nervüre et s’ouvrirait ainsi en dedans, disposition qui serait l’inverse 
de ce qui a lieu dans les Zsplenium, dans lesquels les groupes de 
capsules, au lieu d’être placés entre les nervures bifurquées, sont placés 
en dehors de ces nervures, et dont le tégument s'ouvre toujours en 
dehors par rapport à la nervure principale dont provient le rameau 
qui donne insertion au tégument. 

Ce qu’on peut reconnaître de l’organisation de la fracufication sur 
la plante fossile indique donc un genre tout-à-fait distinct des genres 
de Fougères actuellement existans, et nous avons vu que la structure 
des feuilles était aussi tout-à-fait particulière à ces plantes. 

La répartition des espèces de ce genre dans les divers terrains montre 
également que ce sont des plantes qui étaient propres à la première 
végétation du globe, et qui ont disparu promptement de sa surface. 
Ainsi, sur 20 espèces, que le genre Nevropteris comprend actmeile- 
ment, 22 sont propres au terrain houiller, deux se trouvent dans le grès 
bigarré et une dans le calcaire conchylien (Muschelkalk ). 

Aucune n’a été trouvée dans des terrains plus récens, quoique de 
nombreuses Fougères aient été observées dans le Keuper et surtout 
dans les formations oolithiques. 

Je fais ici abstraction des singuliers terrains d’anthracite de la Savoie, 
dont les fossiles végétaux sont tellement identiques avec ceux du 
terrain houiller, et tellement différens de ceux du lias du reste de 
l'Europe, qu'il me parait difficile de regarder comme définitive leur 
position dans le lias. Ces terrains renferment, conne le terrain houil- 
ler, plusieurs espèces de IVepropterts. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 229 
1. NEVROPTERIS ACUMINATUS. PI. LXI, fig. 4. 


N. foliüs pinnatis (an bipinnatis?), pinnulis alternis brevè petiolatis 
auriculato-cordatis, symetricis, acuminatis, integerrimis. 


Nevropteris acuminatus. An. Brox&., Prod., p. 53. 


Nevropteris smilacifolia. Srenwe., Tent. flor. prim., p. 16 (exel. synon. Scheuchzeri). 
— Flor. der Vorw., fase. 2, p. 29 et 33. 


Filicites acuminatus. Seuzors., Nacht zur Petref., p. 412, tab, 16, fig. 4. 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Mines de Klein-Schmalkalden en Allemagne: (ScxLorarim.) 


Cette espèce est parfaitement distincte de toutes les suivantes, et 
particulièrement du NN. Scheuchzert, avec lequel M. Sternberg l'avait 
réunie. 

Nous ne la connaissons que par la figure de M. Schlotheim que 
nous reproduisons 1ci. 

La forme des pinnules ressemble beaucoup à celle de quelques 
espèces de Lygodium , maïs il aurait fallu pouvoir établir une compa- 
raison directe entre ces plantes et les échantillons fossiles pour savoir 
ce qu'il y a de réel dans cette analogie. 


2. NEVROPTERIS CORDATA. PI. LXIV, fig. 5. 


N. foliis pinnatis? (an bipinnatis? an simplicibus?), pinnulis oblongis 
acutis, basi profundè cordatis, lobis rotundatis; nervo medio 
tenuissimo; nervulis arcuatis, distantibus, dichotomis. 


+ G1s. Terrain houiller. 


Loc. Mines d’Alais, département du Gard (collection de M. de Villiers du Terrage). 
Mines de Saint-Étienne. (Vinzer.) * 


Je n’ai jamais vu que des pinnules isolées de cette plante, mais 
souvent réunies plusieurs dans le même morceau. Cette dernière cir- 


230 HISTOIRE 


constance me fait présumer que ce sont les fragmens détachés d’une 
feuille pinnée ou bipinnée, car la symétrie parfaite de ces feuilles, 
ainsi que la grosseur et la distance des nervures, pourraient faire pré- 
sumer que ce sont des feuilles simples analogues, par leur structure, 
à celles du Sco/opendrium sagittatum , et du Lindsea sagittata. 

La forme de ces folioles et la disposition des nervures, qui sont très- 
marquées et très-espacées, distinguent du reste parfaitement cette 
espèce des autres Vepropteris ; elles ressemblent sous ce rapport aux 
Cyclopteris reniformus et orbicularis. 


3. NEVROPTERIS SCHEUCHZERI. PI. LXIIT, fig. 5. 


N. foliis pinnatis (vel bipinnatis?), pinnulis lanceolatis, acutiusculis, 
basi rotundatis (nec dilatato-iruncatis, nec cordatis); nervulis 
tenuissimis, arcuatis, dichotomis, approximatis. 


Phyllitis mineralis. Luiw., Lithoph. brit., p. 12, n° 190, PI. V. 
Osmunda. Scheuchzer herb. diluv., p. 48, tab. 10, fig. 3. 


Nevropteris Scheuchzeri. Horrmanx, Teutchl. geol. darst. von Kerersr. Vol. IV, 


P'ALOIE HSE 2 RUE 


G1s. T'errain houiller. 


Loc. Mines de houille d'Angleterre. (Scaeucazer.) — Willekesbarre en Pensylvanie. 
(Cisr.)*—Mines de houille de Piesberge et de Huggel, près d'Osnabruck. (Horrmanx.) 


On trouve rarement les pinnules de cette Fougère encore insérées 
sur le rachis; cependant Scheuchzer l’a figuré dans cet état. Je n'en 
ai vu que des pinnules isolées, et les autres auteurs qui l’ont figuré 
sont dans le même cas; c’est ce qui laisse du doute sur l'identité d’es- 
pèce de cette plante et de la suivante. Ces deux espèces pourraient 
w’être que des pinnules différentes de la même plante; car on sait 
combien, dans les Fougères, ces parties varient de la base au sommet 
de la feuille, L'identité des localités dans lesquelles elles ont été trou- 
vées toutes deux, rend ce rapprochement assez probable; mais la 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 231 
grande différence de iorme nous a engagé, pour le moment, à les con- 
sidérer comme distinctes. La disposition et la finesse des nervures sont 
semblables dans les deux plantes. 


4. NEVROPTERIS ANGUSTIFOLIA. PI. LXIV, fig. 3, 4. 


N: foliis pinnatis (vel bipinnatis? }, pinnulis linearibus vel lineari-lan- 
ceolatis acutis, basi utroque latere rotundatis, non cordatis; nervulis 
pluriès dichotomis, arcuatis, tenuissimis, approximatis. 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Camerton, près Bath en Angleterre. (BucxzanD.) * — Willekesbarre en Pensyl- 
vanie. (Cisr.) * ; 


Cette plante, dont nous n’avons vu que des pinnules isolées, n’est 
peut-être qu’une variété de l’espèce précédente, ou peut-être n’est-elle 
fondée que sur des folioles provenant de parties différentes de la même 
feuille; leur structure est la même; mais les pinnules sont constamment 
beaucoup plus étroites, quoique d’une longueur à peu près semblable. 

J'ai observé sur un échanullon représenté fig. 4, des indices d’une 
fructification semblable à celle du Vevropteris flexuosa, pl. LXV, 
fig. 3, mais beaucoup moins distinctes, et qui peuvent seulement 
contribuer à établir l'identité réellement générique de ces plantes. 


5. NEVROPTERIS ACUTIFOLIA. PI. LXIV, fig. 6, 7. 


N. foliis pinnatis ( vel bipinnatis?), pinnulis oblongo-lanceolatis acutis, 
planis, sessilibus; basi altero latere truncaus, altero rotundatis, ner- 
vulis arcuatis, pluriès dichotomis , tenuissimis, approximatis. 


Gis. Terrain houiller, 


Loc. Mines de Willekesbarre en Pensylvanie (Sizzrwan) * ; environs de Bath en An- 
gleterre (Senze). * 


Je n'ai vu que quelques folioles isolées de cette espèce ; mais elles 
diffèrent bien évidemment des précédentes par leur forme plus aigué, 


232 HISTOIRE 

plus lancéolée, et par leur extrémité d'insertion tronquée du côté su- 
périeur et arrondie du côté inférieur, forme qui ne se trouve que dans 
le Vevropteris F'oltzit qui en diffère à beaucoup d’autres égards. 


6. NEVROPTERIS VOLTZII. PI. LXVII. 


N. folüs pinnatis, rachi crasso, pinnulis subperpendicularibus appro- 
ximatis oblongo-linearibus obtusiusculis, basi sursûm rachi adnatis, 
inferiüs liberis cordato-auriculatis; nervo medio valdè notato, 


apice attenuato; nervulis obliquis, FH tenuissimis , ap- 
proximatis. 


Nevropteris Voltzii. Av. Bronc., Prod., p. 54. Flore du grès bigarré, Ann. des 
Sc. nat., t. XV, p. 440. 


Gis. Grès bigarré. 


Loc. Sultz-les-Bains, près Strasbourg. (Muséum de la ville de Strasbourg , n° Q. 300, 


348)0* 


Parmi les espèces de evropteris du terrain houiller il n’y a que le 
Nevropteris angustifolia qui ait quelque analogie avec rise propre 
au grès bigarré que nous décrivons. Elle diffère cependant du Vevrop- 
teris P’oltzi par ses pinnules plus droites, plus aiguës, et surtout par 
la forme de leur base d'insertion qui est parfaitement symétrique. 

On peut aussi remarquer que les pinnules du Wepropteris Foltzii 
sont toujours planes et que leur nervure moyenne est très-marquée, 
tandis que le Nevropteris angustifolia a les bords de la feuille courbés 
en dessous, et la nervure moyenne plus fine. Par plusieurs de ces 
caractères, l'espèce du grès bigarré ressemble au /Vevropteris acuti- 
folia, mais ses pinnules sont toujours beaucoup plus étroites et 
obtuses, et ses nervures sont moins fines. 

Cette plante est par conséquent propre au grès bigarré; mais c’est 
de toutes les plantes de ce terrain, celle qui se rapproche le plus de 
quelques-unes des plantes du terrain houiller. Gependant, si les folioles 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 339 


détachées de Nevropteris, avec lesquelles elle a des rapports de forme, 
proviennent de feuilles bipinnées, comme celles des autres Vevropteris 
du terrain houiller, il y aurait entre les Vepropteris du terrain houiller 
et les trois espèces du grès bigarré, cette grande différence que les 
premiers séraient tous bipinnés, et les seconds une seule fois pinnés. 


À 7. NEVROPTERIS VILLIERSIT. PI. LXIV, fig. r. 


N. foliis bipinnatis, pinnulis obliquis, altero latere pinnarum lon- 
gioribus oblongo-lanceolatis acuüs, altero brevioribus obtusis 
subrotundis, basi latà racki adnatis, nervo medio nullo, nervulis 
numerosis dichotomis arcuatis, apice approximatis tenuissimis. 


Nevropteris Villiersit. An. Bronc., Prod., p. 53. 


G1is. Terrain houiller. 


Loc. Mines d'Alais, département du Gard (collection de M. de Villiers du T'errage). 


Quoique je m’aie vu que le petit fragment de cette plante qui est 
figuré pl. LXIV, cependant cette espèce est une des plus distinctes et 
des mieux caractérisées de ce genre. 

L’inégalité et la différence de forme des pinnules des deux côtés du 
rachis est un caractère que je ne connais que dans cette espèce; elle 
indique d’une manière certaine que ce fragment n’est qu’une penne 
secondaire. 

La disposition des nervures est également très-caractéristique et 
rapproche chacune des pinnules, prise isolément, des feuilles des Cy- 
clopteris non symétriques. Il n’y a pas en effet de nervure moyenne 
dans les pinnules, toutes les nervures partent en faisceau du point 
ou plutôt de l’espace par lequel la pinnule adhère au rachis et s’éten- 
dent ensuite en divergeant et en se dichotomant jusqu’au bord de la 
feuille, comme le montre bien la fig. 1, À. — Enfin ces pinnules, au - 


I. 30 


234 HISTOIRE 

lieu de n’être fixées au rachis que par un seul point, lui adhèrent dans 
une assez grande étendue; maïs ce caractère n'existe peut-être que 
dans les pinnules voisines de l'extrémité, sans cela, en le combinant 
avec la disposition des nervures, il rapprocherait beaucoup cette 
plante du genre Odontopterts. 


8. NEVROPTERIS CRENULATA. PI. LXIV, fig. 2. 


N. foliis pinnatis (vel bipinnatis), pinnulis alternis oblongis obtusis 
basi contractis, non cordatis, margine suberenulatis; nervulis 
dichotomis tenuibus distantibus. 


An Nevropteris plicata? Srenns., Tent. flor. prim., p. 16. 


Gas. Terrain houiller. 


Loc. Saarbruck. 


Cette-espèce est parfaitement distincte des précédentes, par ses pin- 
nules oblongues obtuses, arrondies , mais non échancrées en cœur à 
la base, enfin garnies de crénelures courtes et peu distinctes sur les 
bords, crénelures qui ont été trop marquées sur la figure; les ner- 
vures sont aussi beaucoup plus fines qu’elles ne sont indiquées sur le 
détail, fig. 2, À. Mais elles sont peu nombreuses et assez espacées, ce 
qui rapproche cette plante du Wevropteris cordata. 

La forme des pinnules et la disposition des nervures dans cette 
espèce, établit des rapports plus marqués entre cette plante et les 
Lyconrun, qu'il ne semble en exister entre ce genre et les autres 
espèces de NEvroprems; mais cependant il y à encore des différences 
très-marquées, et le seul échanullon que nous connaissons est trop 
peu complet pour établir une comparaison rigoureuse entre cetle es- 
pèce et les plantes vivantes. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 235 


9. NEVROPTERIS MACROPHYLLA. PI. LXV, fig. r. 


N. foliis pinnatis vel bipinnatis, pinnulis distantibus oblongis obtusis, 
basi dilatatis cordatis, angulo inferiore paululûm extenso; nervo 
medio valde notato; nervulis dichotomis, e nervo medio nascentibus, 
arcuatis. 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Dunkerton, Sommerset (Colleci. de la Soc. géol. de Londres). 


Je ne connais que l'échantillon de cette espèce que j'ai figuré, et il 
est difficile de juger d’après ce fragment si c'est une feuille simple- 
ment pinnée ou une penne latérale d’une feuille bipinnée, comme 
c'est plus probable, d’après analogie avec les espèces voisines. 

De toutes les espèces de ce genre celle-ci est celle qui a la plus 
grande analogie avec la feuille de l'Osmunda regalis et plus particu- 
lièrement avec une variété ou une espèce voisine qui croît au Brésil, 
et dont les pinnules sont plus en cœur à leur base; aussi cette espèce 
diffère-elle beaucoup des autres Vevropteris par sa nervure moyenne 
plus marquée, par ses nervures secondaires moins obliques et moins 
arquées , plus réellement pinnées et moins subdivisées. Je ne serais 
pas étonné que cette empreinte provint d’une plante différente généri-. 
quement des autres Vevropteris et plus voisine des Osmunda. 

L'analogie des caractères spécifiques et l'identité presque complète 
de localité pourraient faire supposer que cette plante est la même que 
le Vevropteris oblongata , Srzrs.; cependant elle en diffère par ses 
pinnules, qui ne sont pas décurrentes inférieurement sur le rachis. 


236 HISTOIRE 
10. NEVROPTERIS AURICULATA. PI. LXVI. 


N.foliis bipinnatis, pinnis alternis obliquis distantibus; pinnulis alternis 
approximats subimbricatis oblongis obtusis , basi dilatato-cordatis ; 
nervulis arcuatis, à basi radiantibus, dichotomis, tenuissimis; rachi 
primario pinnulas sustinente difformes, breves, obtusas, subro- 
tundas, inferiùs extensas et auriculæformes. 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Saint-Étienne, département de la Haute-Loire. (Feneon.) * 


Cette belle espèce est tellement distincte qu’il est impossible de la 
confondre, lorsqu'elle est complète, avec aucune autre espèce de ce, 
genre; la manière dont les pennes sont décurrentes sur le rachis prin- 
cipal, et la forme singulière des pinnules qui sont ainsi fixées sur 
le rachis commun, suffit pour la bien caractériser. 

Les pinnules ordinaires isolées seraient plus difficiles à reconnaître; 
cependant leur grandeur , leur rapprochement qui fait qu’elles se re- 
couvrent l’une l'autre, le grand nombre et la finesse des nervures, et 
l'absence presque complète de la nervure moyenne distinguent ces 
pinnules de celles des Vevropteris gigantea et flexuosa avec lesquelles 
on pourrait seulement les confondre. L'insertion des pinnules sur le 
rachis commun n'existe parmi les Fougères fossiles que dans quelques 
espèces de Pecopteris et surtout dans le Pecopteris gigantea, et parmi 
les Fougères vivantes dans quelques Pieris, qui diffèrent beaucoup par 
la disposition des nervures des Nevropteris ; ce caractère s'accorde 
donc avec ceux que nous avons déjà signalés, pour annoncer que les 
Nevropteris différaient génériquemeni de toutes les Fougères vivantes. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 237 
11. NEVROPTERIS GRANGERI. PL LXVIIT, fig. 1. 


N. foliis bipinnatis, pinuis alternis elongatis rachi subperpendicula- 
ribus, patentibus. vel subreflexis ; pinnulis alternis contiguis 
oblongis obtusiusculis, basi inferiüs dilatatis; nervulis valde notatis 
dichotomis arcuatis. à 


Nevropteris Grangeri. An. Browc., Prod., p. 53. 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Mines de Zanesville, État de l'Ohio, Amérique septentrionale (GrAnGER). * 


La grandeur des feuilles de cette espèce devait être très-considéra- 
ble, si on en juge d’après la longueur des pennes et l'égalité de gran- 
deur des pinnules dans l’échanullon que nous figurons. Sa forme 
générale devait par là ressembler à celle du ÂVevropteris gigantea ; les 
pinnules sont plus courtes, plus larges; les nervures sont moins nom- 
breuses et plus grosses; ce caractère distingue cette espèce de toutes 
les précédentes et la rapproche des deux suivantes. Je conserve même 
quelques doutes sur la véritable distincüon de cette plante et du 
IN. evropleris Cistit, qui cependant a les pinnules plus ovales, beaucoup 
moins oblongues et plus espacées, et les nervures moins divisées; mais 
ces caractères tiennent peut-être à la position différente des pennes 
vers la base ou l'extrémité de la feuille. 

Des échantillons plus complets du IVevropteris Cistii seront néces- 
saires pour déterminer si ces plantes, que l'identité de pays rappro- 
che encore, sont réellement distinctes. 


238 HISTOIRE 
12. NEVROPTERIS CISTII. PI. LXX, fig. 3. 


N. pinnis elongatis; pinnulis distantibus, ovatis, basi cordatis; ner- 
vulis valde notatis, distantibus, tantüm bis furcatis. 


Nevropteris Cistü. An. Bronc., Prod., p. 53. 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Mines de Willekesbarre en Pensylvanie. (Crsr.) * 


Nous avons déjà remarqué que cette espèce diffère très-peu de la 
précédente ; la forme des pinnules est plus ovale et surtout l'angle 
inférieur de leur base n’est pas prolongé, comme dans le AVevropteris 
Grangerï; c'est au contraire l’angle supérieur qui est plus allongé que 
l'autre; enfin les nervures ne sont que deux fois bifurquées, tandis 
que dans le Nevropteris Grangeri elles le sont trois fois. 


13. NEVROPTERIS ROTUNDIFOLIA. PI. LXX, fig. 1. 


N. foliis bipinnatis, pinnulis approximatis imbricatis, ellipticis, subro- 
tundis, obtusissimis, brevibus; nervulis arcuatis dichotomis tenui- 
bus, valde notatis, 


-Mevropteris rotundifolia. An. Bronc., Prod., p. 51. 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Mines du Plessis, département du Calvados. * 


Peut-être cette plante ne doit-elle être considérée que comme une 
simple variété de la suivante, dont elle se rapproche beaucoup par ses 
pinnules qui se recouvrent l’une l’autre, qui sont très-obtuses et dont les 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 239 
nervures sont subdivisées un grand nombre de fois et très-fines à leur 
extrémité ; elle en diffère par ses pinnules plus courtes, presque ron- 
des , encore plus obtuses, et par ses nervures beaucoup plus grosses à 
leur base, caractères qui la rapprochent du WVevropteris Cistii. 


14. NEVROPTERIS FLEXUOSA. PI. LXVIIT, fig. 2, et LXV, fig. 2, 3. 


N. foliis bipinnatis, pinnis brevibus? pinnulis approximatis imbricatis 
oblongis arcuatis obtusis, basi subcordatis , angulo inferiore magis 
minusve extenso; pinnulà terminal magnà ovato-lanceolatà; ner- 
vulis tenuissimis arcuatis dichotomis. 


Nevropteris flexuosa. Stenxe., Tent. flor. primord., p. 16. (Excel. synon.) 


Osmunda gigantea, var. €. Srene., Flor. der Vorw., fase. , p. 36 et 59, 
tab. XXXII, fig. 2. 


Gis. T'errain houiller. 


Loc. Camerton, près Bath, Angleterre. (Senue ; BuckLanD.)*— Laroche-Macot, dans 
la Tarentaise, (Sorer.) * 


Gette espèce ressemble beaucoup au ÂVevropteris gigantea par la 
forme des pinnules: celles-ci sont cependant plus élargies à leur base, 
légèrement cordiformes, et leur angle inférieur est le plus souvent 
prolongé en une sorte d'oreillette arrondie; mais ce qui distingue 
cette plante au premier aspect du Nevropteris gigantea, c’est que les 
pinnules, au lieu de laisser un petit espace entre elles, se recouvrent 
toujours par leur bord. 

C’est sur des pinnules détachées de cette espèce, ou peut-être de la 
suivante, que j'ai le mieux observé la disposition particulière des fruc- 
tilications de ces Fougères (voy. pl. LXV, fig. 3 de grandeur naturelle 
et 3 À grossie.) — La fig. 3 B montre Ja manière dont les groupes 
de capsules, probablement recouverts d’un tégument membraneux, 
sont insérés contre les nervures, au-dessus de leur bifurcation. 


240 HISTOIRE 


15. NEVROPTERIS GIGANTEA. PI. LXIX. 


N. foliis bipinnatis, pinnis patentibus elongatis, pinnulis vix contiguis 
(nec imbricatis), oblongis obtusis, basi rotundatis (nec dilatato-cor- 
datis) ; nervulis tenuissimis approximatis arcuatis dichotomis ; nervo 
medio vix distincto evanescente. 


Filicites linguarius. Scaroru, Nacht. zur Petref., p. {11.— Ejusd, Flor. der Vorw., 
tab. Il, fig 25. 


Nevropteris gigantea. Srerxs., Tent. Flor. primord., p. 16, tab. XXII. 
Osmunda gigantea. Ejusd. Flor. der Vorw., fasc. 3, p. 20, 33, 
Nevropteris gigantea. An. Proxe., Prod., p. 54. 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Saarbruck, 


Je ne connais cette espèce que par la belle figure que M. de Stern- 
berg en a donné, et que je reproduis ici. J’y ai joint la figure, d’après 
nature, d’un petit fragment que je crois pouvoir rapporter à la même 
espèce. Getteespècese distingue du IVevropteris flexuosapar la longueur 
des pennes et par l'éloignement des pinnules qui sont à peine conti- 
guës. Elle se rapproche davantage du Vevropteris tenuifolia par la lon- 
gueur des pennes; mais dans cette espèce les pinnules sont beaucoup 
plus rapprochées, se recouvrant en partie Pune l'autre, et leur forme 
est différente : elles se rétrécissent davantage vers l'extrémité, tandis 
que leur base est échancrée en cœur. 

La forme des pinnules et la disposition plus lâche des nervures 
suffisent pour distinguer les Nevropteris Grangeri et Cisti. 

Malgré l'étendue de l'échantillon figuré par M. de Sternberg, nous 
ne voyons nulle part le mode de terminaison des pennes dont la pin- 
nule terminale fournit souvent de bons caractères distinctifs. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 241 


16. NEVROPTERIS TENUIFOLIA. PI. LXXII, fig. 3. 


N. foliis bipinnatis, pinnis elongatis acutis; pinnulis approximatis 
contiguis vel subimbricatis, oblongis, apice attenuatis obtusis , basi 
cordatis, nervo medio valde notato, apice evanescente; nervulis 
obliquis , arcuatis , dichotomis , approximatis , tenuissimis ; pinnulà 
terminali lanceolatà acuminatà, basi cuneata sublobatà, lateralibus 
triplo longiore. 


Filicites tenuifolius. Scurortu., Nacht. zur Petref., p. {05 , tab. XXII, fig. r. 


Mevropteris tenuifolia. Srernr., Tent. flor.*prim., p. 17. — An. Broxc., Prod., 
P. 95: 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Saarbruck. * 


La longueur des pennes et la forme des pinnules rapprochent assez 
cette espèce du ÂNepropteris gigantea; mais, outre Le plus grand rap- 
prochement des pinnules, qui est tel que ces parties se recouvrent lé- 
gèerement par leur base, la forme de chaque pinnule est assez diffé- 
rente de celle qu'indique la figure donnée par M. de Sternberg de son 
INevropteris gisantea et de celle que j’ai observée sur le petit échan- 
tillon représenté pl. LXIX, fig. 2, pour qu'on ne puisse guère douter 
que ces deux plantes ne soient différentes : en effet les pinnules du 
INevropteris gigantea sont tout-à-fait oblongues et nullement élargies à 
leur base ; celles du Mepropteris tenuifolia sont au contraire plus lar- 
ges à leur base, et se rétrécissent insensiblement vers leur extrémité. 
Enfin elles sont légèrement échancrées en cœur à leur base, de sorte 
qu'elles recouvrent le rachis, qui paraît sinueux comme dans le JVe- 
vropteris flexuosa, ce qui n’a pas lieu. dans le ÂVevropteris gigantea. 
La forme des pinnules et surtout de la pinnule terminale distingue 
complétement cette espèce du Vevropteris flexuosa; ce dernier carac- 


L 31 


242 HISTOIRE 
tère la rapproche du Neoropteris heterophy lla dont elle diffère par la 
forme beaucoup plus allongée des pinnules latérales. 


17. NEVROPTERIS LOSHIT. PI. LXXIIT, LXXIT, fig. 1. 


N.foliis bipinnatis, pinnis elongatis, approximatis, patentibus, flexuosis; 
pinnulis alternis imbricatis vel contiguis, ovatis, obtusissimis , basi 
subcordatis; nervulis tenuissimis, approximatis, dichotomis ; pinnulà 
terminali subrhomboidali, bi-trilobâ, obtusà, cœterisque æquali 
vel breviore. ; 


Lithosmunda minor. Lumus, Lithoph. brit., p. 12, n°1809, pl. IV. — Scuevcrzer, 
Herb. diluy., p. 20, pl. IV, fig. 3 (ex Luidii opere sumpta). 


Nevropteris Loshii. An. Broxc., Prod., p. 53. 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Mines de Newcastle, Northumberland (Losu).* — Lowmoor, Yorkshire. * — 
Geislautern (Grannin). * — Valenciennes (Dourxax).* — Charleroi, Liége (Da- 
vreux). * — Willekesbarre en Pensylvanie ( Crsr). * — T'arentaise (Sorer). * 


Cette plante, déjà bien figurée dans les anciens'ouvrages cités ci- 
dessus, se rapproche par ses pinnules serrées et imbriquées des Veprop- 
teris flexuosa et tenuifolia ; mais elle diffère de l’une et de l’autre par 
ses pinnules ovales beaucoup plus courtes et plus larges et par le lobe 
terminal très-court, ovale et souvent trilobé. Le rachis commun est 
fort et strié; les nervures sont très-fines, mais un peu plus espacées et 
plus marquées que dans les trois espèces précédentes. Sous ce rapport, 
ainsi que par la forme des pinnules, cette espèce se rapproche un peu 
du Nevropteris heterophylla; c’est surtout vers les extrémités des 
frondes qu'on pourrait confondre ces deux espèces , car alors les pin- 
nules deviennent très-petites et arrondies comme dans le /Vevropteris 
heteropkylla: mais les pennes décroissent beaucoup plus rapide- 
ment et la pinnule terminale, quoique plus grande que dans les parties 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 243 
inférieures de la feuille, n’est pourtant pas aussi allongée et surtout 
aussi aiguë que dans le Vevropteris heterophylla. La comparaison des 
fig. r et 2 de la pl. LXXIT, dont la première représente une extrémité 
de feuille du Vepropteris Loshii, et la seconde une extrémité semblable 
du ÂVevropteris heterophylla, suffira pour faire ressortir ces différences. 


18. NEVROPTERIS HETEROPHYLLA. PI. LXXI, LXXII, fig. 2. 


N.foliis maximis tripinnatis, quandoque è basi bifurcatis, pinnis alter- 
nis magis minusve elongatis, superioribus brevissimis; pinnulis 
formà diversissimis, pinnarum inferiorum oblongis sublobatis, in- 
termeciarum ovatis, superiorum subrotundis minimis paucioribus ; 
terminalibus oblongo-lanceolatis, basi cuneatis, lateralibus multo 
longioribus; omnibus basi cordatis, nervulis arcuatis tenuissimis. 


Filicites (Nevropteris) heterophylla. An. Bronc., Class. Vég. foss., pl. II, fig. 6. 

Nevropteris heterophylla. An. Browc., Prod., p. 53. — Srerws., T'ent. flor. prim., 
ot d 

Pecopteris Dethiersiü. An. Browc., Prod., p. 56. 


Gïs. Terrain houiller. 


Loc. Charleroi (Dertatenrs ). * — Saarbruck. * 


Au milieu des formes diverses qu’affectent les pinnules de cette 
planie, suivant leur position dans la feuille, il devient très-difficile de 
fixer les caractères qui la distinguent des espèces voisines et surtout 
de l'espèce précédente. 

On retrouve en effet sur le grand échantillon représenté pl. LXXI 
des formes très-semblables à celles du Vevropteris Loshii; mais dans 
cette espèce les pennes se succèdent sur le rachiscommun pendant'un 
long espace, presque sans changer de forme et de grandeur; au con- 
traire dans le N./eterophylla elles décroïssent rapidement et les pennes 
et les pinnules offrent alors des formes très-différentes. Vers l’extré- 


244 HISTOIRE 

mité des pennes, au contraire, le décroissement est plus lent, la forme 
générale est plus lancéolée, plus aigué, et les dernières pinnules la- 
térales sont beaucoup plus allongées. Il serait possible cependant que 
ces deux plantes ne fussent que des variétés d’une même espèce ; le 
grand échantillon figuré pl. LXXI offre en effet une sorte de mons- 
truosité assez fréquente sur les Fougères vivantes et qui n’est jamais 
un caractère constant, mais qui peut avoir inflné sur la forme générale 
de la feuille et sur celle des pinnules : c’est la bifurcation du pétiole 
où plutôt du rachis commun vers la base de la feuille. Il serait donc 
à désirer qu'on pôût comparer des échantillons, bien complets et régu- 
liers, de cette espèce avecc eux du A. evropieris Loshit pour établir leurs 
caractères distinctifs ou au contraire leur identité. La disposition et la 
grosseur des nervures sont semblables dans ces deux espèces. 


19. NEVROPTERIS SORETII, PI. LXX, fig. ». 


N. foliis bipinnatis, pinnis patentibus distantibus ; pinnulis minoribus 
ellipticis brevibus , obtusissimis, remotis ; nervulis tenuissimis vix 
distincts ; pinnulâ terminali magnà oblongo-lanceolatà. 


Nevropteris Soreti. An. Bronc., Prod., D'08! 


-Gxs. Terrain d’anthracite de la Savoie. 


Loc. La roche Macot, dans la Tarentaise, Savoie (Sorer). * 


Cette plante me paraît bien distincte de toutes les espèces précé- 
dentes de ce genre par la taille beaucoup moindre des pinnules, par 
leur éloignement l’une de l'autre, ainsi que par la distance qui sépare 
les pennes, par la grandeur de la pinnule terminale et sa forme obtuse, 
enfin par la forme elliptique très-régulière des pinnules latérales. Les 
nervules sont très-fines et peu apparentes; mais cela paraît dépendre 
de l'état particulier de conservation de la plante qui est changée en talc, 
comme Ja plupart des plantes de cette localité. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES 245 
20. NEVROPTERIS MICROPHYLLA. PI. LXXIV, fig. 6. 


N. foliis bipinnatis, pinnulis ellipticis obtusis minimis subenervibus, 
vix contiguis, basi cordatis, terminali rhomboidali subtrilobä. 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Willekesbarre en Pensylvanie (Cisr ). * 


Sans la grande différence de taille qui existe entre cette plante 
et le Nevropteris Loshii, on pourrait les considérer comme une même 
espèce; mais, dans celle-ci, les pinnules ont à peine le quart de la 
longueur de celles de l’espèce que nous venons de citer ; la pinnule 
terminale est aussi un peu plus grande par rapport aux autres ; enfin, 
les nervures sont moins marquées. Je ne connais de cette plante que 
l'échantillon que j’ai figuré. 


21. NEVROPTERIS GAILLARDOTI. PI. LXXIV, fig. 3. 


N. foliis pinnatis angustis, rachi lato plano, pinnulis approximatis 
subimbricatis, subrotundis, obtusis, basi dilatatis ; nervis dichoto- 
mis à basi radiantibus arcuatis. 


Nevropteris Gaïllardoti. An. Broxc., Prod., p. 53. 


Gis. Calcaire conchylien ( Muschelkalk). 


Loc. Lunéville (Garzzarpor).* 


Cette palnte est le seul exemple de Fougère que je connaisse dans 
ce terrain. Je n’en ai vu que le fragment que je figure; mais il suffit 
pour prouver que cette espèce est parfaitement distincte de toutes 
celles que nous connaissons dans d’autres terrains. Elle paraît sim- 


246 HISTOIRE 


plement pinnée comme les IVevropteris Foltzit, Dufresnoi et elegans 
du grès bigarré , caractère qui la rapproche de ces plantes et l'éloigne 
beaucoup de tous les Vevropteris du terrain houiller qui paraissent 
tous à feuilles bipinnées. Elle diffère beaucoup spécifiquement des 
trois espèces que nous ayons citées plus haut, par ses pinnules larges et 
courtes détachées du rachis par leur base, sans nervure moyenne dis- 
tincte, et dont les nervures partent toutes, en rayonnant, du point 
d'attache de la pinnule. 


22. NEVROPTERIS DUFRESNOII. PI. LXXIV, fig. 4, 5. 


N. foliis pinnatis, rachi crasso plano, pinnulis non contiguis, ellipticis, 
obtusis, integerrimis, inferiùs paululum decurrentibus auriculatis , 
basi latà rachi adnatis; nervulis è basi radiantibus arcuatis dicho- 
omis tenuissimis et apprimè notatis, nervo medio vix basi dis- 
tincto. 


Var « major, pinnulis pollicaribus oblongo-ellipticis PI, LXXIV, fig. 4. 


Var f minor, pinnulis vix semi-pollicaribus , brevioribus subrotundis, PI. LXXIV, 


fig. 5. 


Gis. Terrain de grès bigarré. 


Loc. Ardoisières de Lodèves, département de l'Hérault. (Durresnoy, Collect, de l'É- 
cole des Mines.) 


Cette belle espèce de Fougère se rapproche des deux Nevrorrers 
déjà connus dans le grès bigarré par ses feuilles une seule fois pinnées ; 
l’absence des pinnules le long de la partie inférieure du rachis dans 
l'échantillon, pl. LXXIV, fig. 4, prouve bien évidemment que c’est un 
pétiole, et que la feuille n’est qu’une fois pinnée. La forme des pin- 
nules ‘est très-diflérente de celle da Vepropteris Voltzi, et se rap- 
proche beaucoup de celle du Veoropteris auriculata; mais elles sont 
plus courtes et plus décurrentes le long du pétiole ; les nervures sont 
très-fines , très-rapprochées , mais très-marquées. Il n’y a réellement 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 545 
pas de nervure médiane distincte des autres, toutes les nervures par- 
tant presque isolément de la base des pinnules dans toute l'étendue 
par laquelle elles adhèrent au rachis. 

La variété B est peut-être une espèce distincte, La grande différence 
de taille et la forme moins allongée des pinnules peut le faire présu- 
mer; mais comme elle ressemble beaucoup au type de cette espèce 
par la disposition des nervures et par le mode d'insertion des pinnules, 
je n'ai pas voulu, d’après un fragment aussi incomplet, établir une 
espèce qui, dans tous les cas, serait très-voisine de celle que nous dé- 
crivons ici. Elle se rapproche par sa forme du ÂVesropteris Gaïllar- 
dot. 


* Espèces douteuses. 
23. NEVROPTERIS ELEGANS. PI LXXIV, fig. r, 2. 


N. foliis pinnatis, rachi lato plano, pinnulis oblongis obtusis, approxi- 
matis, basi rachi pinnulisque contiguis adhærentibus, nervo medio 
apice evanescente; nervulis obliquis, arcuatis, dichotomis: 


- Nevropteris elegans. An. BronG., Prod., p. 54: 


Gis. Grès bigarré. 


Loc. Soultz-les-Bains , près Strasbourg (Muséum de la ville de Strasbourg. Q. 335 et 
341). 


La disposition des nervures rapproche iout-à-fait cette plante des 
vrais Nevroprenis, et surtout du /Veoropteris Voltzi du même ter- 
rain ; mais elle diffère de toutes les espèces de ce genre par ses pin- 
nules adhérentes, par leur base, non-seulement au rachis, mais même 
entre elles, caractère qui ne se retrouve dans aucune autre espèce de 
ce genre, et qui rapprocherait cette plante des Pecopteris. Entre ces 
deux caractères qui tendaient à faire classer cette espèce différemment, 
j'ai accordé plus de valeur à la disposition des nervures et à l'affinité 
générale de cette espèce avec le Vevropteris Voltz. 


248 HISTOIRE 


24. NEVROPTERIS PLICATA. 


N. fronde pinnata, pinnis alternis sessilibus, oblongis obtusiusculis 
integerrimis, margine plicatis, basi latiore subcordatis. Srerns., 
T'ent. for. prim., p. 16. 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Mireschoy en Bohème (Srernerre ). 


Je ne connais cette espèce et les suivantes que d’après les phrases 
caractéristiques que M. Sternberg en a publié, et que je rapporte ici; 
ces phrases, sans figures. à l’appui, et sans description détaillée, ne 
me paraissent pas suflire pour pouvoir les distinguer avec certitude des 
espèces que j'ai décrites ci-dessus, ou pour établir leur identité. Je 
doute même que quelques-unes d’entre elles fassent réellement partie 
du genre ANevropteris , dont elles diffèrent essentiellement par leurs 
pinnules décurrentes. 

Cette espèce semble se rapprocher, par les caractères ci-dessus énon- 
cés, de notre Vepropteris crenulata; mais il est impossible de.prononcer 
sur leur identité. 


25. NEVROPTERIS OBOVATA. 


N. fronde bi-vel tripinnata, pinnulis subincumbentibus sessilibus 
oblongo-obovatis integerrimis, basi subcordatis. Srenns., loc. cit., 


p. 16. 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Mireschow en Bohème (Srernserc). 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 249 
26. NEVROPTERIS OBLONGATA. 


N. fronde pinnata vel bipinnata, pinnis pinnulisve sessilibus oblongis, 
basi inferiore decurrentibus, superiore liberis, integerrimis, supe- 
‘rioribus confluentibus. Srerns., loc. cit., p. 17. 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Mines de Paulton et de Temsbury, dans le Sommersetshire (Srennsere). 


Cette espèce et les suivantes diffèrent de tous les Nrvroprenis que 
nous connaissons par leurs pinnules décurrentes, caractère qui les 
rapproche de plusieurs Prcorrenis, et particulièrement du Pecopteris 
obliqua. Peut-être sont-elles identiques avec quelques-unes des nom- 
breuses espèces de ce genre; l'absence de figures et de détails sur la 
disposition des nervures nous laisse dans le doute à cet égard. 


27. NEVROPTERIS DECURRENS. 


N. fronde bipinnata, pinnis distantibus uti videtur oppositis, pinnulis 
ovatis obtusis integerrimis, inferioribus adnatis ab una pinna ad 
alteram decurrentibus. Srerns., loc. cit., p. 17. 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Pays de Deux-Ponts (Srennsere). 
28. NEVROPTERIS CONFERTA. 


N. fronde bipinnata, pinnis suboppositis pinnulisque confertis imbri- 
catis sessilibus, basi inæquilateris, latere inferiore decurrentibus. 
STERNB., (OC. Ci. p. 17. * 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Dans le schiste calcaire noir d'Ottendorf, près Braunau en Silésie (Srennserre ). 
1 32 


-250 . HISTOIRE 
28. NEVROPTERIS DISTANS. 


N. fronde bipinnata pinnis pinnulisque distantibus, pinnulis lanceo- 
las sessilibus, latere inferiore decurrentibus. Srrans., loc. cit., 


P: 17: 


Gis. Terrain houillier. 


Loc. Mines d'Eschweiler en Allemagne (Srernserc). 


ODONTOPTERIS. 


Forra bipinnata, pinnulis membranaceis tenuissimis, basi 
integrà rachi adnatis, nervo mediô nullo vel vix Less 
Re æqualibus nphpus vel furcatis, tenuissimis, 
plerisque e rachi nascentibus. 


FRUCTIFICATIONIS vestigia nulla. 


Les plantes fossiles peu nombreuses qui constituent ce genre 
diffèrent complétement de toutes les Fougères vivantes que nous 
connaissons ; aucune de ces dernières ne présente ni cette forme de 
pinnules, ni surtout cette disposition des nervures. La ténuité de la 
fronde et la finesse des nervures se remarquent facilement sur la plu- 
part des échantillons de Terrasson, dont les pinnules à peine char- 
bonnées et encore membraneuses se détachent complétement de la 
roche qui les renferme; ces caractères donnent à ces feuilles un peu 
de l'aspect des TricHomanEs; mais aucung des espèces vivantes de ce 
genre ne ressemble aux Ononrorreris, soit par la forme des feuilles, 
soit par la disposition des nervures. 

Par da forme générale des feuilles, et par la disposition et la forme 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 251 


des pinnules, ces plantes ressemblent beaucoup au premier aspect aux 
Osmunda cinnamomea et claytoniana de l'Amérique septentrionale ; 
mais le mode de distribution des nervures est très-différent. 

” On doit donc considérer ce genre comme un de ceux qui caracté- 
risent le mieux la Flore des terrains houillers anciens, auxquels 
toutes ses espèces appartiennent ; son gisement comme ses caractères 
le rapproche ainsi des vrais Nevroprems des terrains houillers qui 
paraissent tout-à-fait propres à ces terrains, et dont les feuilles, par 
leurs nervures fines, arquées, toutes égales entre elles, ressemblent à 
beaucoup d’égards à celles des Ononroprenis. 

Sur les cinq espèces que nous admettons dans ce genre, il ny a 
que les deux premières que nous connaissions bien complétement : 
nous n'avons vu que des fragmens des deux suivantes, et la dernière 
ne nous est connue que par la figure de M. de Schlotheim que nous 
reproduisons. 

Une chose remarquable, c’est la manière dont les espèces de ce 
genre paraissent limitées à un petit nombre de localités. 

Les quatre premières espèces viennent toutes des mines du Lardin, 
près Terrasson, 

La seconde seule a été retrouvée assez fréquemment dans quelques 
localités de la France centrale. 

La cinquième, que nous ne connaissons que par la figure de 
M. de Schlotheim , est la seule qu’on ait observée en Allemagne ; aucune 
des premières espèces n’a été trouvée jusqu'à présent ni en Angle- 
terre, ni en Belgique, ni en Allema 
centrale. 

M. Sauveur, de Bruxelles, dans la liste des plantes fossiles des ter- 
rains houillers de Belgique, qu'il a communiquée à M. Homalius 
d'Halloy, et qui est insérée dans les É/émens de Géologie (x) de ce 
savant, cite , il est vrai, une espèce nouvelle de ce genre, sous le nom 
d'Odonitopteris appendiculata; mais cette espèce nous est compléte- 
ment inconnue, et nous ne savons pas quels sont les caractères qui 
la distinguent de celles que nous décrivons ici. ; 


ane, ni même hors de la France 


(1) Élémens de Géologie, par M. Homalius d’Halloy, p. 304. 


252 HISTOIRE 
1. ODONTOPTERIS BRARDII. PI. LXXV et LXX VI. 


O. foliis bipedalibus ovato-lanceolatis bipinnatis, pinnis subæqualibus 
sex-octo pollicaribus linearibus, pinnulis ovatis acuuusculis obli- 
quis, infimà cujusque pinnæ cuneiformi oblique truncato-lobatà , 
nervis æqualibus tenuissimis furcatis. 


Odontopteris Brardi, An. Bronc., Class. des végét. foss., tab. IT, fig. 5. Prod. 
d'une Hist. des végét. foss., p. Go. — Srerxe., Tent. flor. prim., p. 21. 


Gas. Terrain houiller. 


Loc. Mines du Lardin, près T'errasson , département de la Dordogne. (Brarp.)* 


Cette grande et belle Fougère nous est connue fort complétement 
par les nombreuses communications que nous a faites M. Brard, lors- 
qu'il dirigeait l'exploitation des mines du Lardin. 

La planche LXXV est faite d’après un dessin exécuté sur les lieux, 
qui nous a été communiqué par M. Brard, Il donne une idée exacte 
de l’ensemble de ces feuilles et de leur mode de terminaison; mais 
les folioles ne sont pas partout aussi bien conservées que dans l’é- 
chantillon que nous avons représenté planche LXXVI, et dont le 
dessin a été fait d’après nature sous nos yeux. 

On voit que cette feuille est très-grande, et atteindrait probable- 
ment deux à trois pieds si on l’avait parfaitement entière. 

Le rachis commun est gros, léoèrement strié; les pennes sont très- 
régulières, de six à huit pouces de long, presque perpendiculaires sur 
le rachis, larges d’un pouce environ ; les pinnules sont rapprochées, 
adhérentes par toute leur base au rachis secondaire; leur forme est 
ovale, légèrement aiguë, oblique et un peu courbée en forme de S, 
comme les dents d’une scie. Les nervures sont très-fines, peu appa- 
rentes, toutes égales entre elles et partant du rachis. La pinnule 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 253 
inférieure de chaque penne a une forme tout-à-fait différente des 
autres ; elle est cunéiforme, fixée par une base étroite, d’où partent 
en rayonnant plusieurs nervures dichotomes; son extrémité est tron- 
quée obliquement, et divisée en quaire où cinq lobes arrondis et 


peu profonds. 


>. ODONTOPTERIS MINOR. PL LXXVIT. , 


O. foliis pedalibus lanceolatis acutis, bipinnaüis, pinnis angustis graci- 
libus, longioribus tripollicaribus, pinnulis lanceolatis acuts arcuatis 
obliquis, infimà cujusque pinnæ cuneiformi oblique iruneatà bi- 
tridentata, nervis tenuibus, apprimè notatis, dichotomis vel furcatis, 
e rachi et nervo medio nascentibus. 


Odontopteris nunor, An. Broxc., Prod., Hist. des végét. foss., p. 60. 


Gas. Terrain houiller. 


Loc. Mines du Lardin , département de la Dordogne (Brarnp).*—St.-Etienne, Haute- 
Loire. *— St.-Pierre-Lacour, département de la Mayenne (Azrou).* 


Cette espèce diffère de la précédente, non-seulement par sa taille, 
qui est tout au plus de moitié, mais encore par ses pinnules, qui sont 
plus étroites, plus aiguës et plus séparées les unes des autres vers 
leurs extrémités ; les nervures sont très-marquées, et se réunissent 
vers La base pour former une nervure moyenne peu étendue. Il n’y a 
que les nervures inférieures qui naissent directement du rachis ; elles 

sont toutes une ou deux fois bifurquées. Cette plante paraît la plus 
commune de ce genre; elle se trouve non-seulement dans les mines 
du département de la Dordogne avec les autres espèces du même 
genre, mais elle est aussi assez fréquente à Saint-Éuenne, et M. Allou 
m'en à envoyé un échantillon des mines de Saint-Pierre-la-Cour dans 
le département de la Mayenne. 


254 HISTOIRE 
3. ODONTOPTERIS CRENULATA. PL. LXXVIIL, fig. x et 2. 


O. foliis bipinnatis , pinnulis maximis valde approximatis. apice atte- 
P ; , 
nuats arcuatis, lobato-crenulatis, nervo medio vix notato ,nervulis 
plerisque e rachi nascentibus dichotomis tenuissimis. 


Odontopteris crenulata, Av. Bronc., Prod. d'une Hist. des végét. foss,, p. 60. 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Mines de Terrasson , département de la Dordogne (Brano). * 


Je considère l'échantillon représenté planche LXXVIIT ; figure 2, 
comme une espèce distincte de l'Odontopteris Brardiï , parce que les 
pinnules les plus grandes de cette espèce que j'aie vues, et celles 
qui appartiennent aux parties inférieures de la feuille figurée par 
M. Brard sur le dessin que j'ai reproduit planche LXXV, ne m'ont 
jamais offert ni une taille aussi considérable, ni une forme aussi aigite 
et prolongée en languette, ni surtout aucune trace des crénelures 
qu'on observe bien distinctement sur les bords des pinnules de l’é- 
chantillon qui sert de type à cette nouvelle espèce. 

Cet échantillon me paraît donc annoncer une espèce bien distincte 
de ce genre remarquable, mais qui u’est encore connue que très- 
incomplétement, et qui mérite d’être recherchée par les naturalistes 
qui auront occasion de visiter les terrains houillers du département 
de la Dordogne. | 

Quant à l’échantillon représenté sur la figure r, je suis disposé à Le 
considérer comme l'extrémité de la feuille de cette même espèce, à 
cause des crénelures qu’on aperçoit déjà sur les pinnules de la penne 
inférieure; il ne serait pas cependant impossible que ce fût l'extrémité 


de l’Odontopteris Brardir. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 255 
4. ODONTOPTERIS OBTUSA. PI. LXXVIIT, fig. 3, 4. 


O. pinnulis ovato-oblongis rotundatis obtusis, ultimâ maximâ obtusis- 
simâ ; nervulis tenuissimis vix notatis arcuatis dichotomis. 


Odontopteris obtusa, An. Bronc., Prod. d’une Hist. des végét. foss., p. 60. 


Grs. Terrain houiller. 


Loc. Mines de Terrasson, département de la Dordogne (Brano). * 


Je ne connais que de petits fragmens. de cette plante ; mais elle me 
paraît suffisamment distincte des précédentes par la forme de ses 
pinnules, qui sont oblongues, arrondies, très-obtuses, et sur lesquelles 
les nervures sont quelquefois à peine distinctes, comme dans l’échan- 
tillon figure 4, que je considère comme le véritable type de cette 
espèce. 

Le fragment représenté figure 3 pourrait peut-être être considéré 
comme appartenant à une espèce différente; car les pinnules sont 
beaucoup plus grandes et les nervures plus marquées, quoique très- 
fines. 

Mais je n’ai pas osé, d'après des échantillons aussi incomplets , mul- 
tiplier trop les espèces, et ces deux plantes m'ont paru avoir assez 
d’analogie pour les réunir sous le même nom, jusqu'à ce que des 
échantillons plus étendus puissent prouver leur identité ou leur diffé- 
rence spécifique. 

Tous les deux viennent de la même localité. Un autre échantillon, 
venant du col de l'Écuelle, près Chamouny, et trouvé dans les schistes 
qui accompagnent les Anthracites de la Tarentaise, me paraît ne pas 
différer sensiblement de l'échantillon figure 4, si ce n’est que les ner- 
vures y sont plus distinctes. Elles sont disposées comme dans l’'Odon- 
topteris Brardiï. 


256 HISTOIRE 
5. ODONTOPTERIS SCHLOTHEIMI. PI. LXXVIIL, fig. 5. 


O. foliis bipinratis, pinnis subtripollicaribus apice attenuatis, pinnu- 
lis subrotundis obtusissimis basi connatis; nervulis tenuissimis 
æqualibus, omnibus e rachi nascentibus furcatis. 


Filicites Osmundæformis , Scnrorm. , Petref. 412. Flor. der Vorw., tab. IL, fig. 5 
et 6 a. (Nec. fig. 6, c.?) 


Nevropteris rummularia, Srerws., Tent. flor. primord., p. 19. 
P > , ; 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Mines de Manebach et de Vettin en Saxe (Scnzormerm). 


Je n'ai vu aucun échantillon de cette espèce; mais ceux que M. de 
Schiotheim a représentés, et.surtout celui dont je reproduis la figure, 
ne me laissent aucun doute sur la position de cette plante dans le 
genre Odontopteris et sur sa distinction comme espèce des diverses 
plantes que je connais dans ce genre. Les nervures paraissent rendues 
avec soin dans la planche de l'ouvrage que je viens de citer, et leur . 
disposition est tout-à-fait celle des plantes de ce genre. 

La forme obtuse des pinnules rapproche beaucoup cette espèce de 
la précédente ; mais ces pinnules sont aussi larges que longues, presque 
rondes, et réunies entre elles par leurs bases, tandis que celles de 
l'Odontopteris obtusa sont oblongues et distinctes jusqu’à leur base. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES, 257 


ANOMOPTERIS. 


Fozra pinnata, pinnulis linearibus inteoris transversè ad ner- 
P de S 
vulos subplicatis, nervo medio notatis, nervulis simplicibus 
perpendicularibus arcuatis. 


Frucriricario nervulis affixa, quoad formam dubia, an punc- 
tiformis medio nervulorum inserta ? an linearis nervulo toto 
affixa nuda (ut in menisous) vel tegumento interiüs libero 
tecta ? | 


Ce genre paraît différer complétement par la structure des feuilles 
de toutes les Fougères vivantes que nous connaissons, aussi bien que 
des autres genres de cette famille que l’on trouve à l’état fossile. La 
forme générale de ces feuilles le fait ressembler aux Brrcanum et 
surtout aux Lomarra. Mais ses nervures secondaires simples, assez 
espacées, très-marquées, et qui déterminent des plis transversaux dans 
les pinnules, ainsi que les traces de fructification qu'on aperçoit, et 
qui sont évidemment fixées isolément à chacune de ces nervures : 
distinguent complétement ce genre des LowarrA et des Brecnuwr, 
dont les nervures fines et rapprochées sont une ou deux fois bifur- 
quées, et dont les fructifications constituent des lignes continues 
parallèles au bord des pinnules. 

La disposition des fructifications dans la variété représentée 
pl. LXXXI semblerait rapprocher beaucoup plus cette plante de 
quelques espèces d'Asrinium, telles que les Æspidium punctulatum Sw.. 
acuminatum Swv., et splendens W., qui ont aussi avec elle quelque 
analogie par la forme de leurs feuilles, dont les pinnules sont étroites 
et allongées ; maïs la forme de ces mêmes fructifications vers l’extré- 
mité des pinnules annonce un genre particulier, et en outre le mode 
d'insertion des pinnules sur le rachis est fort différent, puisque dans 


L. 33 


258 HISTOIRE 
la plante fossile les pinnules sont prolongées supérieurement en une 
oreillette arrondie, et sont décurrentes inférieurement, tandis que 
leur base n'est prolongée ni supérieurement ni inférieurement dans 
les plantes vivantes que je viens de nommer. 

Ce genre, dont je ne connais qu’une seule espèce, est propre au 
grès bigärré. IL diffère complétement de toutes les Fougères des ter- 
rains plus anciens ou plus récents. 


1. ANOMOPTERIS MOUGEOTII. PI. LXXIX, LXXX, LXXXI. 


À, caudice arboreo, cicatricibus foliorum spiraliter dispositis, sub- 
rotundis, approximatis nec contiguis; foliis bipedalibus et ultrà, 
rachi lato maximo, pinnulis subæqualibus approximatis, rachi 
subperpendicularibus, linearibus elongatis, apice paululûm angus- 
tatis, margine sub crenulatis, basi membranâ connais? nervulis 
transversalibus arcuatis, quandoquè valdè notatis. 


Anomopteris Mougeoti, An. Bronc., Prod. d'une Hist. des végét. foss., [p. 60. 
Ess. d’une Flor. du grès bigarré. Ann. sc. nat., t: XV, p. 430. 


Gis. Terrain pœcilien ou de grès bigarré. 


Loc. Carrière de Métendal, près Rambervillers, et de Granviller près Bruyères, 
Vosges (Moucror). Carrières de Suliz-les-Bains et de Wasselonne, près Strasbourg 
(Vozrz et Muséum de Strasbourg). 


Les feuilles de cette belle Fougère paraissent assez fréquentes dans 
le grès bigarré des environs de Strasbourg et des Vosges. Jai figuré 
planche LXXIX l'échantillon le plus complet que j'aie vu; il fait 
hais du Muséum d'histoire naturelle de la ville de Strasbourg, mu- 
séum si riche en végétaux fossiles, et dont les directeurs ont bien 
voulu me communiquer avec une rare obligeance tous les échantillons 
les plus remarquables pour les publier dans cet ouvrage. 

La portion de feuille renfermée dans ce morceau a près de cinq 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 259 
décimètres, et il est facile de juger, d’après la grandeur des pinnules 
à la base et près de l’extrémité , qu'elle est bien loin d’être entière ; 
on peut donc présumer que les feuilles de cette plante dans leur état 
d'intégrité devaient avoir près d’un mètre de long, sur environ trois 
décimètres de large. 

Le pétiole et le rachis commun paraissent avoir été très-gros, si on 
en juge d’après quelques portions de feuilles sur lesquelles ce rachis 
a près de deux centimètres de large; la partie moyenne paraissait for- 
mer un axe solide, garni de deux bords plus ou moins membraneux 
qui se continuaient avec les pinnules. À la partie supérieure il présen- 
tait un sillon profond et étroit. 

Les pinnules sont linéaires, elles n’ont pas un centimètre de large, 
et sont un peu plus étroites vers leur extrémité qu'à leur base; elles 
sont généralement perpendiculaires sur le rachis, maïs paraissent plus 
obliques vers l’extrémité supérieure de la feuille. C’est ce qu'on peut 
conclure du moins d’un échantillon (Q. 512 du Muséum de Stras- 
bourg) qui semble appartenir à une partie voisine de lextrémité 
d’une feuille, et dans lequel le rachis est plus étroit et les pinnules 
plus courtes et plus obliques. 

Ces pinnules ne sont pas en général séparées l’une de l’autre jus- 
qu'au rachis, mais elles paraissent réunies inférieurement par une 
membrane qui borde le rachis ; elles sont traversées par une nervure 
moyenne très-marquée, d’où naissent des nervures latérales simples, 
perpendiculaires à la nervure moyenne, assez marquées, courbées 
de manière à présenter leur concavité vers la base des pinnules, et 
déterminant sur ces parties des sortes de plis transversaux, quelquefois 
très-sensibles (voy. le détail À, pl. LXXIX). 

Le bord de ces pinnules paraït souvent presque droit ou légèrement 
ondulé par suite du plissement transversal produit par les nervures ; 
mais il y à quelques échantillons, tel que celui figuré pl. LXXXT, 
sur lequel le bord paraît régulièrement crénelé. 

On voit distinctement sur ces pinnules des traces de fructifications ; 
mais il est très-difficile d'apprécier exactement les caractères que pré- 
sentent ces parties. 


260: HISTOIRE 


On peut cependant bien reconnaître que les groupes de capsules 
sont fixés sur chacune des nervures latérales, et que chacun d’eux est 
complétement distinct des groupes suivans, ne formant pas ainsi des 
lignes continues comme dans plusieurs Fougères vivantes à pinnules 
très-allongées, telles que les Brecanux. Il est encore plus évident que 
la fructification n’est pas marginale, comme dans les LomariA ou les 
Pres. Enfin, on voit encore que chaque nervure porte un de ces 
groupes de capsules, et n’en porte jamais qu'un seul. Il en résulie qu'ils 
sont disposés avec beaucoup de symétrie des deux côtés des pinnules. 

Il est plus difficile de déterminer la forme et l’organisation de ces 
fructifications. Il y a des échantillons sur lesquels ces groupes de cap- 
sules paraissent arrondis, comme dans les Porypopes ou les Asprnium. 
1 y en a d'autres où ils paraissent former des lignes courbes le long 
des nervures secondaires. 

On remarque même que sur un échantillon mieux conservé que la 
plupart des autres (pl. LXXXT), Les fructifications semblent former 
des points arrondis vers la base des pinnules (figure 2) et des lignes 

transversales vers leurs extrémités (figure 3). Je croirais que ces di- 
_ verses forme dépendent d’un développement plus ou moins complet. 

I résulte toutefois de cet examen que le mode de fructification de 
cette belle Fougère est très-différent de celui de toutes les espèces vi- 
vanies avec lesquelles elle a quelque analogie par la forme de ses 
feuilles, et je suis disposé à croire aw’elle formait un genre réellement 
distinct de toutes nos Fougères vivantes. 

Une autre question difficile à résoudre, d’après les échantillons que 
je connais, est de déterminer si toutes ces empreintes appartiennent 
à une même espèce où à deux espèces distinctes, mais très-voisines ; 
si les différences qu’on y remarque dépendent des modifications que 
présente la feuille dans ses diverses parties ou constituent des carac- 
ières spécifiques. . 

Il est d'autant plus difficile de résoudre cette question, que les: 
échantillons de ces fossiles sont conservés dans des grès assez gros- 
siers, sur lesquels la netteté des contours et les détails de structure 
ont en grande partie disparu. On y remarque cependant des diffé- 
rences assez notables. 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 267 

Ainsi l'échantillon figuré planche LXXIX, et plusieurs autres por- 
tons de feuilles moins étendues, ont un rachis très-large, des pin- 
nules presque perpendiculaires à ce rachis, réunies à leur base par 
une membrane qui borde ce rachis, et dont les bords sont presque 
entiers. L’échantillon pl. LXXXI a, au contraire ,un rachis beaucoup 
plus étroit, des pinnules obliques, dont les bords paraissent régu- 
lièrement crénelés, et qui sont séparées les unes des autres jusqu’à ce 
rachis; elles paraissent même présenter supérieurement un bord ar- 
rondi formant une sorte d’oreillette qui passerait sur le rachis. Les 
deux premières modifications pourraient faire supposer que cet échan- 
tillon appartient à l'extrémité d’une feuille de la même espèce que 
les précédens ; mais le dernier caractère ne s'accorde pas avec cette 
Supposition, car les pinnules sont généralement, et je crois qu’on peut 
même dire constamment, moins profondément séparées vers l’extré- 
mité des feuilles des Fougères que vers leur base, Fl est donc encore 
douteux s'il n'existe pas deux espèces d’Anomcrrenis dans le grès bi- 
garré des Vosges. . 

J'ai considéré l'échantillon de tige figuré sur ses deux faces, 
planche LXXX, comme provenant d’une plante de cette espèce, 
parce que cette tige est évidemment celle d'une Fougère arborescente, 
et qu'il n'y a parmi les espèces du grès bigarré que l’Anomopteris 
Mougeotii qui, par sa taille et ses autres caractères , puisse s’accorder 
avec cette üge. La forme et la disposition des bases des pétioles ne 
laissent aucun doute sur les rapports de cette tige avec celles des 
Fougères; elle ressemble même beaucoup plus par ses proportions aux 
tiges des Fougères arborescentes actuelles que les tiges fossiles du ter- 
rain houiller. On voit bien distinctement sur la coupe de quelques-unes 
de ces bases de pétioles, les traces du faisceau unique de vaisseaux 
qui traversait ce pétiole, et dont la coupe transversale est demi- 
circulaire comme dans le pétiole de l’'Osmunda regalis (voyez 
planche XXXVIT, figure 2), la convexité de l'espèce de demi- 
cylindre que formait ce faisceau fibro-vasculaire étant également 
dirigée inférieurement. 

La grosseur de ces bases de pétioles, encore en partie persistantes 


262 HISTOIRE 


sur la tige, ne peut convenir parmi les Fougères que nous connaissons 
dans le grès bigarré, qu'à l'Anomopteris Mougeotit. Toutes les autres 
Fougères de ce terrain ont leur pétiole beaucoup plus petit. Le rachis 
des parties inférieures des feuilles de cette espèce égale au contraire à 
peu près ces bases de pétioles ; enfin, leur forme arrondie inférieure- 
ment, et sillonnée supérieurement, paraît presque la même. 

On doit en outre remarquer que lAnomorteris paraît commun 
dans plusieurs localités du grès bigarré des Vosges et de l'Alsace, et 
s'est trouvé dans les carrières mêmes d'Heiligenberg , où on a aussi 
rencontré la tige jusqu'à présent unique qui nous occupe. 


TÆNIOPTERIS. 


Fozra simplicia integerrima, nervo medio crasso rigido , ner- 
vulis perpendicularibus simplicibus vel basi furcatis. 


Frucriricario punctiformis. 


Ce genre se rapproche par la forme générale des feuilles des Gzos- 
soprenis ; mais il en diffère beaucoup par la disposition des nervures, 
qui ressemblent davantage à celles des Pecopreris. Ces nervures sont 
en effet presque perpendiculaires à la nervüre moyenne, et sont sim- 
ples ou peu subdivisées, tandis que dans les Grossorrenis elles sont 
très-obliques , courbées, et plusieurs fois bifurquées. La forme de ces 
feuilles, cette disposition des nervures, et les traces de groupes de cap- 
sules arrondis, établissent beaucoup de rapport entre ces plantes et 
quelques Asriprum à feuilles simples. En effet, il n'y a je crois que 
les Aspiprum qui présentent en même temps des fructificauons en 
groupes arrondis et des nervures presque perpendiculaires à la côte 
moyenne, simples ou bifurqués, non réticulés ; les Aspreniuw à feuilles 
simples qui ont à peu près la même structure par rapport aux ner- 
vures, ont les capsules disposées en lignes le long de ces nervures; 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 263 
les Porvrones, dont les capsules sont aussi en groupes arrondis, ont 
les nervures réticulées et les groupes de capsules disposés sur plu- 
sieurs rangs (voy. pl. XX XIV, fig. 3, 4). Il y a cependant quelques 
Porxropes à feuilles bipinnées, dont les pinnules isolées ont assez 
d’analogie avec les feuilles des Tænropreris, tel est le Poly podium 
tænitis Kaulf ; mais il y a encore des différences bien sensibles dans 
les nervures secondaires, et en outre il serait bien étonnant si nos 
Tæemorreris étaient des pinnules d’une feuille bipinnée, qu'on ne les 
eût jamais trouvé qu'isolées. 

Aucune espèce de ce genre ne se trouve. dans les terrains houillers; 
deux appartiennent aux couches secondaires, la troisième aux forma- 
tions tertiaires. 


1. TÆNIOPTERIS VITTATA. PI. LXXXIL, fig. 1,2, 3, 4. 


T. foliis breve petiolatis linearibus, basi repente contractis nec sensim 
angustatis, pollice latis, nervo medio crasso, nervulis sub sim- 


plicibus. 


Tæniopteris vittata, An. Browc., Prod. d’une Hist. des vég. foss., p. 62. 
Scitarninearum. folium , Srerns., fasc. 5, p. 42, tab. XXX VII, fig. 2. 


Filicites ? Srerwe., fase. { , in indice iconum. 


Gis. Grès du Lias et marnes du calcaire oolithique. 


Loc. Hoer en Scanie (Nicson).* — Whitby et Scarborough, sur la côte du Yorkshire 
(Muséum de la Société Phil. d’York; Wicriamson ; Murray). * — La Neuewelt, 
près Bàle (Merran). 


Cette Fougère est une des plus communes dans les terrains juras- 
siques, et peut être considérée comme une des plantes caractéristiques 
de notre troisième période de végétation ; on voit en effet par les cita- 
tions de localités qu’elle s’est déjà rencontrée dans des lieux très-éloi- 
gnés, et elle est surtout très-abondante dans les marnes du terrain 
oolithique de la côte du Yorkshire. 


264 HISTOIRE 

Elle varie assez par sa grandeuret par sa forme plus ou moins 
allongée. L’échantillon fig. 1, qui vient de Whïtby, est le plus allongé 
et le plus linéaire que j'aie observé; Péchantillon fig. 2 est le plus 
large que je connaisse; il vient, ainsi que l'échantillon fis. 3, de 
Scarborough ; ce dernier présente une feuille moyenne presque en- 
tière et une des plus petites que j'aie vues. Enfin, le morceau repré- 
senté fig. 4 est un fragment provenant du grès de Hoer. 

Dans toutes ces plantes la feuille est portée sur un court pétiole, le 
limbe est oblong, un peu rétréci à la base et à l'extrémité, et brus- 
quement arrondi à sa base. L’extrémité libre était aussi probablement 
arrondie et obtuse. La nervure moyenne est très-forte, canaliculée 
supérieurement, très-saillante et presque carrée inférieurement. Les 
nervures secondaires sont très-marquées, saillantes inférieurement, 
presque perpendiculaires sur la nervure moyenne, tantôt simples, 
tantôt une fois bifurquées, soit vers la base, soit au milieu, soit près 
de lextrémité. 

On voit sur quelques échantillons, et particulièrement sur celui 
représenté fig. 2, des points déprimés, disposés avec assez de symé- 
trie en deux lignes parallèles à la nervure moyenne, irrégulièrement 
espacés, et qui paraissent indiquer l'insertion de groupes de capsules 
arrondis comme dans les PorxPonxs où les Aspiprum. Ces divers ca- 
ractères rapprochent cette plante de plusieurs Asrinium à feuilles 
simples, et particulièrement de l'Aspidium articulatum, qui a les 
nervures disposées d’une manière analogue. 

On remarque parmi les échantillons de cette espèce, qui sont con- 
servés dans les herbiers, deux formes différentes qui doivent peut- 
être constituer deux espèces distinctes : la première, provenant des 
Antilles , a les feuilles plus grandes, plus larges, rétrécies insensible- 
ment à leur base, et longuement acuminées à leur extrémité; les ner- 
vures sont très-fines, simples où quelquefois bifurquées ; la forme 
générale des feuilles suflit pour distinguer ces échantillons de ceux 
de notre plante fossile. [autre variété est originaire de TÎle-de- 
France; sa forme générale et sa taille sont tout-à-fait celles de la 
plante fossile; mais ses nervures sont presque toujours bifurquées, 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 265 
quelquefois trifurquées, plus rarement simples; cette légère différence 
seule ne suflirait peut-être pas pour distinguer ces deux plantes, si la 
disposition des groupes de capsules dans les deux variétés de lA4spi- 
dium articulatum n'était très-différente de celle des traces de fructifi- 
cation qu'on aperçoit sur Ja plante fossile : dans la plante vivante, les 
groupes de capsules sont beaucoup plus nombreux, très-rapprochés, 
insérés sur presque toutes les nervures; tantôt à diverses distances 
de la nervure moyenne, tantôt à une distance à peu près égale, et 
formant alors ligne régulière de chaque côté de cette nervure: 
elles sont alors presque contiguës; dans la plante fossile; les dépres- 
sions qui indiquent les groupes de capsules sont beaucoup plus éloi- 
gnées les unes des autres. 

On retrouve parmi les espèces du genre Acrostichum plusieurs plan- 
tes qui ont une analogie extrême, par la forme de leurs feuilles et la dis- 
position de leurs nervures, avec la Fougère fossile qui nous occupe. Tels 
sont les À, Jonpifolium Jacq., lanceum Desv., podotrichum Desv., etc. 
Mais sur ces plantes il n’y a jamais ces points enfoncés qui annoncent 
la position dés groupes de capsules. La même observation s'applique 
aux Asplenium à feuilles simples et entières; enfin parmi les Poly podium 
à feuilles simples, il y a plusieurs espèces dont les groupes de capsules, 
peu nombreux et assez espacés, produisent des points déprimés, dis- 
posés comme sur la plante fossile; mais dans ces plantes les nervures 
sont toujours anastomosées et aréolées, et jamais elles ne sont paral- 
lèles, simples on bifurquées, comme dans notre Tæniopteris vittata. 

Cette comparaison de notre plante fossile avec les espèces vivantes 
suffit pour montrer que, malgré leur extrême analogie, il y a encore 
des différences sensibles entre elles, 


. | 34 


266 HISTOIRE 


à. TÆNIOPTERIS LATIFOLIA. PL. LXXXII, fig: 6 


“T. foliis duobus pollicibus latior, nervibus simplicibus vel furcatis. 


Teniopteris latifolia, An. Baoxc., Prod. d'une Hist. des végét. foss., p. 62. 
# 


G1s:1 Terrain jurassitque-schistoïde. 
Eoc.: Stonesfield, près Oxford (Muséum de l'Université d'Oxford). 


Je n'ai vu qu'un très-petit fragment de cette feuille de Fougère ; 
mais sa structure essentielle paraît la même que celle de l’espècé pré- 
cédente ; la nervure moyenne est forte et saillante, mais cependant 
un peu moins grosse proportionnellement que dans le T'æniopteris 
vittata. Les nervures secondaires sont également perpendiculaires 
sur la nervure moyenne ; mais elles sont plus souvent bifurquées. 

Outre ces différences légères de structure, cette feuille était beau- 
coup plus large que les plus grands te de l'espèce précédente, 
Ces divers caractères réunis ne nous permettent guère de douter qu'elle 
ne dût appartenir à une espèce distincte de ce même genre. 


3. TÆNIOPTERIS BERTRANDI. PI. LXXXU, fig, 5. 


T. foliis lineari-lanceolatis acutis, vix semi-pollice latis, nervo medio 
angusto, valde notato, nervulis subperpendicularibus vel paulu- 
lim obliquis, tenuissimis, basi furcatis, rariüs simplicibus. 


Tæniopteris Bertrandi, An. Bronc., Prod. d’une Hist. des végét. foss., p. 62. 


Gis. Terrain thalassique calcaréo-trappéen du Vicentin. 
- Loc. Pugnello, près Chiampo, Vicentin (BErTRAND-GEsLIN). * 


| DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 367 
Cette plante estune des Fougères peu nombreuses qu'on a trouvées 
jusqu’à présent dans lés terrains tertiaires. Au premier aspect on pour- 
rait la prendre pour une feuille dicotylédone lancéolée, analogue à une 
feuille de saule, comme on en rencontre si fréquemment dans les 
couches tertiaires ; mais l'examen des nervures prouve que ‘c’est:une 
feuille de Fougère simple , se rapportant par sa forme et la disposi- 
tion de ses nervures à notre groupe des Tænroprens. 


0 


Sa grandeur, beaucoup moindre que celle de la première espèce, sa 
forme légèrement lancéolée ; atténuée vers’ les: deux extrémités, la 
finesse des nérvures’et leur légère obliquité ; enfin leur bifurcation 
habituelle, distinguent au premier coup d'œil cette plante des deux 
espèces précédentes. 

On’’aperçoit sur ces feuilles aucune trace de fructification. 


PECOPTERIS. 


Frows piunatifida, vel bi-tripinnatifda ; pinnulis basi æquali 
vel dilatata rachi adnatis vel. inter se unitis, rarissimè basi 
contractis,nervomedio valde notato, nec apice evanescente, 
nervulis rectiüsculis simplicibus, furcatis vel bis-furcatis, 
rarissimè pinnatis, nunquam anastomosantibus reticulatis 
vel areolatis. 

Frucrrricarro plerumque ignota; dum distincte apparet, mar- 
ginalis et contimua ut in Pteride, vel punctiformis ut in Poly- 


podiüs, Aspidiis, et Cyatheïs. 


Légroupe très nombreux des Pecopteris est celui qui présente la 
structurela plushabituelleparmiiles Fougères vivantes; ele plus grand 
nombre d'espèces qui se rapprochent assez intimement de Fougères 
encore existantes pour qu'on puisse douter si ces plantes ne sont pas 
réellement identiques. Ce groupé du reste présente des formes très- 


268 >. HISTOIRE 

variées Qui permettraient peut-être d'y établir quelques groupes secon- 
daires quise rapprocheraient quelquefois assez exactement de certains 
genres de Fougères vivantes. 

Le caractère commun à tous les Pscopteris, c’est d’avoir la fronde 
pinnatifide ou plusieurs fois pinnée à pennes pinnatifides; : les! pin- 
nulesentières ou simplement dentées ou crénelées, adhérentes par leur 
base au rachis et non retrécies'en pétioles; ce caractère du moins 
ne souffre que peu d'exceptions; enfin, de présenter .dans.chaque pin- 
nule-une nervureëmoyenne; très-marquée, qui s'étend d’une manière 
bien: distincte jusqu'au sommet sans s’épanouir.en, une infinité de 
nervules et disparaître comme dans. les N EVROPTERIS, et des nervures 
secondaires (nervules), obliques où presque perpendiculaires.sur la 
nervure moyenne, mais presque droites où à peine courbées à leur.base; 
ces nervules sont quelquefois simples, le plus souvent bifurquées, 
quelquefois deux fois bifurquées; enfin quelquefois elles sont pinnées 
comme si elles correspondaïent àfautant de pinnules secondaires non 
découpées. | 
. Ces divers modes de division des nervures combinées avec la forme 
des pinnules, et leur position respective, permettent d'établir plusieurs 
sections assez naturellés dans ce grand genre. | 

Enfin ;' on doit observer que cette forme etcettestructure de feuille 
se retrouvent parmi les Fougères vivantes dans les tribus et les genres 
les plus différens. 

Ainsi, les Mararriées (Danaea, Marattia et Angiopteris) ont toutes 
celte disposition des nervures, mais leurs pinnules, très-grandes, sont 
retrécies et presque pétiolées à leur base. 

Les Gleichenia ont parfaitement la structure des Pecopteris, tant 
pour la forme de leurs pinnules que pour la disposition des nervures, 
mais leurs pennes sont généralement dichotomes par suite de l’avor- 
tement des extrémités des rachis primitifs et secondaires, ce qui! les 
ferait facilement reconnaitre si ces plantes $e trouvaient à l’état fos- 
sie. On n'en voit aucune trace, pas plus que de celles du groupe pré- 
tédent. T 

Parmi les Osvunnicées, quoique laforme des folioles et la disposi- 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 269 
tion des nervures se rapprochent plutôt én général de cequ'on observe 
dans nos Mevropteris , cependant il y a ét entnes de ces plantes 
qi ont tous les caractères des Pecopteris, et qui même ont une ex- 
trême analogie avec quelques-unes des espèces fossiles que nous con- 
paissons. Tels sont le Todea africana et les Osmunda du groupe du 
Cinnamomea. 

Enfin, parmi les Porxroniacées, tribu la plus nombreuse des Fou- 
gères, un grand nombre de genres présentent, soit dans la plupart de 
leurs espèces, soit dans quelques-unes d’entre elles seulement, la forme 
des Pecopteris. 

Dans les Polypodiacées proprement dites, ou Polypodiacées à capsu- 
les nues, la disposition la plus habituelle des nervures est de se pré- 
senter ow réticulées ou aréolées (1), cette disposition est constante 
dans les Hemionitis, et de beaucoup la plus fréquente parmi les 4cros- 
tichum et les Polypodium. Cependant, parmi les Acrostichum il existe 
beaucoup de feuilles simples dont les nervures sont analogues à cel- 
les des Pecopteris, ét qui se rapprochent, par cette réunion de carac- 
tères, de nos T'æniopteris, eton trouve aussi quelques espèces à feuilles 
pinnées dont les pinnules diffèrent, il'est vrai, de celles des Pecopteris 
en ce qu’elles sont retrécies à leur base en un court pétiole, mais dont 
les nervures sont simples ou bifurquées comme dans les Pecopteris : 
iel est l’Æcrostichum sorbifolium. 

Dans l’immense genre Poly podium, on trouve pour ainsi dire réu- 
niestoutes les formes’ de feuilles et toutes les dispositions de nervures; 


(x) Je distingue dans les Fougères des nervures réticulées formant des mailles à peu 
prés régulières , assez semblables à celles d’un filet ,.et résultant du rapprochement 
et de l’anastomose de nervures qui sont souvent primitivement dichotomes ; il n’y a 
jamais, dans ce cas , de nervules venant se terminer dans le milieu des mailles du réseau 
(ex.: Hemionitis, Acrostichum aureum, etc.) (voy. pl. xxxtnr et pl. xxxrv, fig. 1,0, 
6); et des nervures aréolées dont les rameaux, diversement recourbés, nullement 
dichotomes , environnent des espaces ordinairement fort irréguliers et dissemblables , 
et dans lesquels viennent souvent aboutir les extrémités des nervules, qui se terminent 
quelquefois par un groupe de capsules. C’est la disposition la plus habituelle des ner- 
vures dans les Polypodes et dans quelques Acrostichum (voy. pl. xxxiv, fig. 3,4, 5 
et pl. xxxv, fig. 1,2, 3). 


? 


270 HISTOIRE 

cependant, toutes les-espèces à feuilles simples, et la plupart. de celles 
à feuilles pinnatifides, ont. les nervures aréolées; mais parmi ces der- 
nières, et parmi les espèces à feuilles bi-pinnatifides,, il ÿ en a un cer- 
tain nombre qui ont la disposition des nevvtires des Pecopteris. Elles 
se divisent en deux groupés, celles dont les nervules sont pinnées à 
branches généralement peu nombreuses; telles sont les. 2. vulgare, 
pellucidum, pectinatum Sxv., et celles dont Les nervules de chique 
pinnule sont simples; exemples: PolypodiuimincisumSw., Paroulum 
Willd., Scolopendrioïdes Sw., T'helypteroïdes Desv., Decussatum L. 

Le petit nombre de vrais Polypodes à feuilles tripinnatifides ont 
aussi les nervüles simples ou pinnées, et ces diverses espècés de Po- 
lypodium à nervures non anastoniosées offrent des rapports plus où 
moins intimes avéc plusieursiespèces fossiles, ainsi qu’on le verra lois- 
que nous décrirons ces'espèces. 

Legrandgenre 4spidium présente des modifications'aussinombreuses 
dans la disposition de ses: nervures et la forme de ses pinnules. Les 
espèces à feuilles une seule fois pinnées diffèrent de toutes les Fou- 
gères du groupe des Pecopteris par leurs pinnules rétrécies à.leur base 
en un court pétiole, où plutôt fixées: seulementipar la base de leur ner- 
vure principale. Parmi celles à feuilles bipinnatifides, on peut distin- 
guer deux groûpes qui se rangent parmi nos Pecopterts ; les unes ont 
des pinnules plus où moins soudées par la base et'les nervures pin- 
nées à rameaux. simples (Æ4sp. nymphale, molle ; unitum; etc.), ce 
sont. toutes des espèces des pays chauds; les autres ont ces pinnules 
_ distinctes dans presque toute leur étendue, et les nervules bifurquées. 
Les Aspidium Filix-:mas, Oreopteris, etautres espèces de nos contrées, 
appañtiennent à ce groupe. On voit que ce caractère des nervules sim- 
ples où bifurquées est assez constant pour servir à caractériser non- 
seulement des espèces, mais des groupes naturels d'espèces. . 

Le genre: Cyathea, qui comprend le plus grand nombre des espè- 
ce$!arborescentes de cette famille, appartient tout ‘entier au groupe 
des Pécopterts;'er se disineué de la plupart dés Aspidium et dés Po- 
b'Bodium de cette division par ses feuilles tripinnées, par sés pinnules 
profondément séparées, enfin par ses nervules constamment bifur- 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 271 
quées. On verra que beaucoup de Pecopteris fossiles ont une grande 
analogie avec les plantes de ce genre. | 

Les: Diplazium sont remarquables par leurs pinnules souvent réu- 
nies jusque vers leurs extrémités, et par leurs nervures pinnées à ra- 
meaux simples (rarement bifurquées dans quelques espèces à pinnu- 
les très-grandes), et fortement courbées. Une espèce fossile paraïtrait 
se’rapprocher de ce genre, quoique sa taille soit beaucoup moindre que 
celle de toutes les plantes de ce genre (Voyez Pecopteris long/olia). 

Les espèces à feuilles pinnées ou bipinnées, du genre Asplenium, 
se reconnaissent presque toutes à ce que leurs pinnules sont non-seu- 
lement rétrécies à leur base, mais sont très-inégales vers leur point 
d'attache; caractèrequ'onn'observe dans aucun Pecopterts. Cette même 
obliquité des pinnules se remarque encore dans la plupart des Dick- 
sonia, des Adianthum et des Lindsea. Parmi les Asplentum 11 y a 
cependant quelques espèces à pennes pinnatifides dont les pinnules 
unies par leur base ont la disposition de nervures que nous indiquions 
dans les Diplazium, ei se rangent par conséquent dans les Pecopteris à 
nervules simples; tels sont les Asplenium striatum L., ambiguum 
Raddi , etc. 

Les Athyrium ont tout-à-fait les caractères des Pecopteris à nervu- 
les bifurquées; leurs pinnules à bord doublement denté les distinguent 
assez généralement. 

Toutes les espèces de Blechnum et de Lomarta appartiennent, par 
le mode de division de leurs nervures, au groupe des Pecopterts, mais 
elles se distinguent par leur fronde une seule fois pinnée à pinnules 
très-allongées, souvent contractées à leur base. Le Blechnum Desfon- 
tainii de Gaudichaud est je crois la seule espèce à feuille bipinnati- 
fide, et la seule aussi qui ait une analogie marquée avec quelques es- 
pèces de Fougères fossiles. 

Le genre Pteris est encore un de ceux qui renferment le plus d’es- 
pèces analogues aux Pecopterts ; cependant ce genre, comme la plupart 
de ceux nombreux en espèces, comprend des plantes assez différentes 
par la disposition de leurs nervures. Il y a quelques Pteris à feuilles 
simples, mais la plupart sont à feuilles pinnées, bipinnées ou même tripin- 


272 HISTOIRE 

nées. Parmi les espèces à feuilles pinnées, bipinnées ou tripinnées, il y 
en à dont les nervures secondaires sont simples ; bifurquées ou dicho- 
tomes (P£, longifolia, denticulata Sw.,biaurita L., arguta Li, aquilina 
L., esculenta Forst., caudata L., etc.), et d’autres dont les nervures 
sont réticulées (PL. aculeata Sw., brasiliensis Raddi, vespertilionis R. 
Br. etc.); enfin, il ÿ en a à nervures dichotomes arquées, ressemblant 
beaucoup aux Nevropteris (&. Pangulosa Willd., ovata Desv., atro- 
Purpurea Mich., IC à 

Les premières (particulièrement celles à feuilles bipinnées ou tripin- 
nées) rentrent tout-à-fait dans notre groupe des Pecopteris et, ont une 
analogie très-marquée avec plusieurs espèces dont, nous avons formé 
la section des Pteroides. Mais on verra ; lorsque nous, étudierons cés 
espèces, que cette division des. Pteris est encore susceptible d’être 
partagée en trois groupes très-naturels. 

Enfin, cette forme des Pecopteris se montre encore dans quelques 
genres peu nombreux tels que les {/antodia, les Struthiopteris., les 
Pinonia Gaud. (Cibotium Chamissor, Kaulf), dont. les pinnules ont 
les nervures pinnées à nervules simples, tandis que. d’autres genres 
n'en présentent pas d'exemples; telles sont les {danthum ; les Che- 
lanthes,, les Lindsea, à nervures flabelliformes, les Æf'oodwardia , 
Onoclea, Lonchitis à nervures réticulées. 

C'est donc particulièrement parmi les Cyathea , les Todea, et dans 
quelques espèces des genres Osmunda 2 Polypodium, Aspidium, Di- 
plazium,. Asplenium, Athyrium,. Blechum ex Piteris , que nous re- 
trouvons en même temps la forme des pinnules et la disposition des 
nervures qui caractérisent les Pecopteris. | 


© 
SI 
Co 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 


$ IL DIPLAZIOIDES. 
Pinnulæ basi contractæ crenulatæ vel sinuatæ nervulis pinnatis. 


+. PECOPTERIS LONGIFOLIA. PI. LXXXUI, fig. 2. 


P. pinnulis (seu-pinnis ) oblongo-linearibus ;: 2 poil. longis, 3 lineis 
latis , obtsis, basi coniractis cordato rotundatis, argine $inuätis 
ét inferius inflexis, nervis bi-pinnatis:, nervo medio valde notato 
apice attenuato, ‘nervis secundariis arcuauüs, subperpendiculari- 
bus, medio lobulorum respondentibus ; nérvulis; e nervis secun- 
dariis pinnatim exeuntibus, obliquis ,-aréuatis ,marginem frondis 
attingentibus, nec inter se confluentibus; valde expressis 


Pecopteris longifolia , An. Bnoxc., Prod. de l'Hist. des Vég. foss., p. 56. 


mie) 


, 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Incertaine, — Peut-être Saarbruck? (collect. de M. R£cïey). 


Le’seul échantillon de cette plante que je connaisse ne porte pas 
d'indication de localité, mais l'aspect de la roche et de quelques autres 
fragmens de plantes qui y sont contenus, semblerait indiquer qu'il 
provient des mines de Saarbruck.' | | 
. La forme, des pinnules,, et. la disposition des nervures, exprimées 
avec beaucoup de fidélité.sur la fig. 2, À, distinguent cette plante im- 
médiatement de tous les Prcopreris fossiles que nous connaissons 
jusqu'à présent, et oblige à en former une section à part qui pourrait 
même un jour être considérée comme un genre distinct, La disposi- 
tion des nervures qui caractérise spécialement cette plante, se retrouve 
parmi les plantes vivantes dans plusieurs Dircazrum; une disposition 
assez. analogue. se présente.il est vrai dans quelques .ASPLENIUM (A. 


35 


Hé HISTOIRE 


striatum L., À. ambiguum Raddi), et dans plusieurs Asprium (4, 
“nitum, A. molle, À. nymphale). Mais dans ces plantes, les ner- 
vures secondaires doublement pinnées correspondent chacune à une 
véritable pinnule distincte au moins dans la moitié de son étendue et 
soudée seulement par sa moitié inférieure avec la pinnule voisine, de 
sorte que la penne est évidemment pinnatifide, tandis qu'ici elle est 
seulement sinueuse ; il'en résulte encore que, dans cette plante fossile 
comme dans les Diplazium, les nervures sont obligées de se courber 
et les inférieures de se. prolonger beaucoup pour atteindre le bord 
libre de la feuille, tandis qu’elles sont plus égales et plus droites dans les 
Asprenium et les Aspinium que nous avons.cités plus haut. Enfin, tous 
les AsPinrum du groupe que j'ai indiqué ont les pennes beaucoup plus 
longues, par rapport à leur largeur, que la plante fossilequi nous occupe, 
et moins complètement détachées par leur base du rachis commun. 
C'est donc avec les Dipraziuw que notre plantealle plus.de réssem- 
blance; mais dans les espèces peu nombreuses de ce genre, on peut 
encore distinguer deux modes un peu-différens de distribution des 
nervures. — Dans les unes, comme dans l’espèce fossile qui nous oc- 
cupe, les nervules inférieures de chaque lobule se recourbent forte- 
ment de manière à atteindre le bord libre de la feuille sans s'unir soit 
avec les nervules du lobule voisin, soit avec les nervules du même 
lobule naissant plus près du bord (voy. pl. zxxxn, À, fig. 1). Dans les 
autres, les nervules inférieures, au lieu de se courber et de se prolonger 
librement jusqu’au bord de la feuillé, s'unissent avec celles du lobule 
voisin par leur extrémité, et se prolongent de manière à s'unir avec 
les nervures suivantes des deux mêmes lobules, et à former une sorte 
de nervure principale correspondant non plus au milieu du lobule, 
mais à la ligne de jonétion de deux lobules voisins (voy. pl: rxxxm, 
À , fig. 2). 
Les caractères que présentent les feuilles denotre Pecopteris longi- 
folia semblent bien le rapporter à ce genre de Fougère,inais elle dif 
fère spécifiquement de toutes les espèces que j'ai vu dans lestherbiers;, 
ainsi, tous les Dipcazrum à feuilles une seule fois pinnées, ont leurs 
pinnules beatcoup plus grandes que celles de notre plante fossile: — 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 275 
Parmi les espèces à feuilles bipinnées ; 1e Diplasium. arborescens de 
lIle-de-Bourbon a de l'analogie par la taille de ses pinnules, mais 
non-seulement leur forme est-différente , ces.pinnules s’élargissant à 
leur base.et se retrécissant.en une pointe dentée à leur extrémité, mais 


encore léurs nérvures appartiennent à la seconde forme (pl zxxxir, 
Aigsp)oer ils à | +.o! tinonil 


S IL PTEROIDES. 


Pinnulæ distants ;basi dilataté dècurrentes, nervulis nervo medio: sub- 
perpendicularibus, vel furcatis ramis simplicibus vel dichotomis. 


2. PECOPTERIS LONCHITICA. PI. LXX XIV, fig. 1-7. 


P. foliüs bipmnatifidis (seu tripinnatifidis ), supernè tantum pinnats ; 
pinnulis oblongis acutis, duobus lineis latis, inferioribus longio- 
ribus ; süperioribus obliquis, basi decurrente unitis, rachim mar- 
ginanubus, mediis paululüm decurrentibus nec basi inter se con- 
natis, inferioribus subperpendicularibus basi contractis a rachi li- 
beris subcordatis ; nervo medio risido usque ad apicem inferius 
“valdè prominente; nervulis rachi subperpendicularibus, simplicibus 
vel furcätis, tenuibus, approximatis. 


ScnEuzEr, Herb, dilnvian., tab. 1, fig. 4. 
L 3 Parkinson, Org. rem., vol. I, pl: IV, fig. r. 
Filicités lonchiticus, Scurotu., Petref. . pl gr r 3 Flor: des Vorw:, +: XI, fig:22 
(ex specimin. collect. Autoris.). É 
Alethopteris lonchitidis, Srenne., fasc. 4, p.21,et Alethopteris vulgatior, Srerxe.. 
ibid., tab. LIT, fig. 2. . 
Pecopieris lonchitica et Pecopteris Blechnoïdes, An. Bronc., Prod., p. 57 et 56. 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Mines de Silésie (ScxLorx.)"; 2. de Doutweiler, près Saarbruek (Muséum de 
Strasbourg); — des environs de Namur (collect. de l’École des Mines) ; — de Neyy- 
castle sur la Tyne (Losæ.)". 


356 HISTOIRE 

Quoique cette espèce paraisse commune dans plusieurs localités très 
différentes, je n’en ai jamais éu que des fragmens peu étendus, comme 
on peut lé remarquer d’après les figures réunies sur la planchezxxx1v; 
les figures données par d’autres auteurs sont aussi incomplètes. Cette 
absence de renseignemens sur ‘la forme générale dela feuille et sur 
les modifications de forme des pinnules dans ses diverses parties, 
laisse béaucoup de doutes sur ses rapports avec les Fougères vivantes; 
cependant , si on admet-comme appartenant à la même plante tous 
les fragmens réunis sur la planche Lxxxtv, la figure 1 représentant la 
partie supérieure de la fronde; les figures 2, 3, 4, 5 des fragmens des 
pennes latérales moyennes; et les figures 6, 7 des fragiens des PR 
inférieures, comme semblent l'indiquer les passages successifs qu’on 
observe entre ces diverses formes, et l'identité de structure des nervu- 
res, on trouvera uneanalogie très-marquée entre cette plante etquelques 
Preris du même groupe que le P. agwilina, tels particulièrement que 
les Pteris caudata, esculenta et leurs variétés ou les formes voisines. 

Ce n’est, en effet, que dans ce groupe de Fougères vivantes, qu'on 
observe le Le de terminaison indiqué dans la. fig. 1, et.qu’on re- 
trouvera dans les Pecopteris Mantelli, Dournaïsi et years mode 
de: terminaison qui appartient-probablement à la ‘plupart des plantes 
de notre groupe des Pecopteris pteroides, et qui consiste dans le pas- 
sage insensible, quant à la longueur, des pinnules latérales simples 
qui bordent Fe deux côtés de l'extrémité de la fronde aux pennes 
pinnatifides qui se trouvent plus bas, et qui elles-mêmes diffèrent 
entre elles par la longueur des lobes où pinnules, :suivant.qu’on les 
considère vers l'extrémité supérieure ou vers la: base de la feuille. 
Lorsque la feuille est iripinnatifide infériéürement, le méme mode 
de terminaison s’observe à l'extrémité des pennes DANS. Dans 
les autres Prenrs à feuilles bipinnées, les pennes latérales sont pres- 
que semblables de la base au sommet, du moins quant à la grandeur 
des pinnules, et l'extrémité de la Bo est bordée de pinnules-laté- 
rales, à peine, plus grandes que,celles des pennes latérales,et dont les 
infétieures ne S’allongent pas de manièreà mt en- lofigueur, les 
premières pennes pinnatifides. 


* DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 27 
Le premier mode de terminaison est bien évident sur: la figure x, 
où on voit supérieurement les deux pinnules inférieures simples de 
l'extrémité de la fronde, puis des pinnules ou incomplètement pinna- 
tifides ou à lobes assez courts; enfin, inférieurement les pinnules s’al- 
longent, se séparent plus profondément, et sur des fragmens nom- 
breux on voitle passage insensible de cette forme à celle des échan- 
üllons, fig. 2,3, 4,5, dans lesquelles les pinnules sont très allongées, 
encore unies par leur base dans les figures 2, 5; séparées jusqu'au | 
rachis dans les figures 3, 4, mais cependant décurrentes sur ce ra- 
chis, tandis que dans les échantillons semblables à celui fig. 6, ces 
pinnules sont contractées à la base et n’adhèrent au rachis que par 
leur partie moyenne. Enfin, vers la base de ces pinnules, près du ra- 
chis principal, on observe quelques pinnules qui commencent à de- 
venir pinnatifides, fig. 92 | 
- Tous ces passages s'observeni sur les Prenis analogues au P.aquilina, 
mais avec des formes diverses dans les pinnules, etd’uné manière plus 
ou moins frappanté; c’est surtout sur les Pteris caudata, esculenta, et 
sur quelques espèces voisines quineme paraissent pas décrites:, qu'on 
observe le mieux cette disposition, les pinnules, dans ces espèces, étant 
très allongées, comme dans la plante fossile. On remarque seulement 
que, dans ces plantes, les pinnules ont une plus grande tendance à de- 
venir pinnatifides , desorteque, dèsqueles pennes sontun peu étendues, 
les pinnules inférieures sont elles-mêmes divisées , tandis qne dans la 
plante fossile elles conservent la même forme dans presque toute l’é- 
tendue de la penne. La pinnule terminale de ces pennes estaussi moins 
allongée par rapport aux pinnules latérales (voy. fig. 5). Ges divers carac- 
tères indiquent une’ fronde plus allongée, moins large et moins trian- 
gulaire que dans ces espèces dé Prems; la disposition des nervures 
est tout-à-fait la même, et la forme propre des pinnules a beaucoup 
d'analogie ; cependant, dans les éspèces à pinnules aussi longues par 
rapportäleurs largeurs, tels que le Pr. caudata,ces pinnules sont beau- 
coup''plus éloignées les unes des autres, et moins nombreuses dans 
la longueur d'une penne, Enfin, il ny a aucune espèce à pinnules aussi 
grandes ‘et surtout aussi allongées. La plante La plus analogue que j'aie 


558 HISTOIRE 
vue dans les herbiers, a été rapportée de. Rio-Janeiro par M. Gaudi- 
chaud, qui la rapproche du Pteris esculenta de la Nouvelle-Hollande ; 
elle me paraît plus voisine du. Pteris caudata des Añulles, et se 
rapporte probablement à l'espèce du même pays que Kaulfnss à dési- 
gnée sous le nom de Pteris arachnoïdea. Quoïque ne pouvant pas être 
considérée comme identique avec notre plante fossile , elle est: très- 
analogue (voy. pl. zxxxu, 4, fig. 4),et se distingue en effet des autres 
espèces vivantes de ce groupe par sa fronde, beaucoup plus étroite par 
rapport à sa longueur. bed 


4. PECOPTERIS MANTELLI. PI. LXXXIII, fig. 34. 


P. folüs bipinnatifidis, supernè tantüm pinnatifidis: vel brevè bipin: 
natifidis ; pinnulis angustis (vix lineà latioribus ), linearibus, obli- 
quis, arcuatis, basi decurrente inter se connatis rachimque mem- 
branâ angustà marginantibus; nervo medio’ valdè expresso, ner- 
vulis simplicibus mediove furcatis approximatis, nervo medio 
subperpendicularibus. 


Pecopteris Mantelli, An, Broxc., Prod,, p.67. 


Gris. Terrain houiller. 


Loc. Newcastle sur la Tyne (Maxrezzr)*. 


Cette: espèce est extrêmement voisine de la précédente, mais elle 
me paraît suffisamment distincte par ses pinnules, moitié plus étroites 
et:cependant-aussi longnies ou même plus longues, linéaires; toutes 
décurrentes, et; proportionnellement plus espacées. Elle est, pour 
ainsi dire, intermédiaire entre le Pteris caudata et le. Pteris arach- 
noidea: — Elle se distingue de l’une: et de l’autre.par ses pinnules, 
plus rapprochées, plus longues et plus étroites, par rapport à leur lar- 


geur, plus obliques, et dont la partie décurrente ne forme pas un 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 25ÿ 
angle aussi prononcé avec la pinnule elle-même. Le mode determi: 
naison de la:fronde qu’on voit'surle:haut:de la fig. 3 s'accorde par- 
faitement avec.celui. de ces Prerrs: 

Onne peut doné-guère douter quetcette-plante fossile n’appartienne 
à ce groupe du genre. Prems, mais n’y constitue une espèce bien 
distincte de toutes les espèces vivantes que nous connaissons. : 


4. PECOPTERIS DAVREUXII. PI. LXXXIX. 


P foliis tripinnatis, pinnis primariis maximis, secundariis elongatis, 
äpproximatis, rachi subperpendicularibus; pinnulis numerosis, sub- 
similibus in eadem pinna, rachi vix obliquis, vel etiam recurvis, 
proximis sed nôn contiguis, oblongo-linearibus obtusis, basi de- 
currentibus et connatis, etiam in pinnulis infimis; inferioribus 

“rachi proximis sinuatis vel subpinnaüfidis; nervulis nervo medio 
wix obliquis , simplicibus vel furcatis. ? 


Pecopteris Davreuxii, An. BroxG,, Prod., p.57 (excel. syn.). | 


Gris, Terrain houiller. 


Loc. Mines des environs de Liége (Davreux)*. 


» Gette espèce a les rapports les plus intimes avec le Pecopteris lon- 
chilica; on peut même douter si ce ne sont pas deux variétés de la 
même plante où deux parties différentes de la même feuille. Ce- 
pendant les considérations suivantes m'ont engagé à les conserver 
comme: espèces distinctes. L’échantillon pl. Lxxxix, fig. 1, appartient 
évidemment, d’après la grosseur du rachis commun, à la partie infé- 
rieure de la feuille, et nous montre les parties inférieures des pennes 
du premier ordre; cependant les pinnules de cette partie de la feuille 
ne SOnt pas aussi grandes et surtout aussi allongées que celles du 


260 HISTOIRE 


Pecopteris lonchitica, plirxxxv fig. >, 3,4, et surtout ellés’ sont 
toutes décurrentes et réunies par leur’base, tandis que dans les pennes 
inférieures du Pecopteris lonchiticæ, les pinnules sont séparées jus- 
qu'au rachis; et sont même le plus souvent retrécies à leur base, de 
manière à n'adhérer au rachis que par leur nervure moyenne. Il 
suflit de comparer la fig:7 de la pl: rxxxrv, et les parties des pennes 
du Pecopteris Davreuxii, qui sont voisines du rachis commun, et 
dont les pinnules commencent également à devenir pinnatifides (voy. 
le détail, pl. xxxix, fig:12, 1), pour! saisir La différence de ces deux 
plantes. Enfin, nous devons ajouter que nous ne savons pas si les 
feuilles du Pecopteris lonchitica sont tripinnatifides, tandis quecelles 
du Pecopteris Davreuxii Je sont évidemment, et que leurs fragmens 
annoncent une feuille extrêmement grande, 

On doit aussi remarquer que les pinnules du Pecopteris Davreuxii 
sont généralement presque perpendiculaires sur le rachis, tandis que 
celles du Pecopteris lonchitica sont rioujours assez obliques. Les ner- 
vures de cette dernière espèce sont aussi plus fines.et plus serrées.que 
celles de la plante que nous décrivons ici. 

Les relations de cette plante avec les Fougères vivantes sont, 
comme on doit bien-le penser, les mêmes que celles des deux espèces 
précédentes; mais il n’y a pas plus d'identité spécifique parfaite entre 
cette espèce et Les Preris vivans, que nous n'avons pu en trouverpour 
les précédentes, — Nous pouvons même ajouter que la grandeurde sa 
fronde, le nombre de ses subdivisions, le peu de différence de forme 
et de grandeur des pinnules entre les pennes_ primaires et secondaires 
qui se succèdent, annoncent une feuille plus grande; plus lancéolée et 
plus découpée que celle d'aucune des. espèces qué. nous connaissons 
actuellement. 

Nous devons les échantillons de-cette plante à M, Davreux phar- 
macien. et habile naturaliste de Liége, auquel nous sommes redeva- 
bles de beaucoup d'objets intéressans des houillères de ce: pays: 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 284 


5, PECOPTERIS HETEROPHYLLA. 


P. foliis bipinnatifidis (an tripinnatifidis), pinnis superioribus inte- 
gris oblongo-linearibus acutis, rachi perpendicularibus, distantibus, 
inferioribus profundè pinnaufidis, Dhs oblongo-linearibus, apice 
attenuatis, acutiusculis, obliquis, sæpiüs arcuatis, basi decurrente 
connatis, nervulis, nervo medio as perpendieulari ibus, simpli— 


cibus. 


Pecopteris heterophylla , Luwozey, Foss. Flora, p. 113, pl. XX XVII. 
Filicites decurrens ? Arris, Antedil. Phytol., p. 21, tab. XXT. 


Gis. Terrain houiller. 


Loc. Houillères de Felling ; Angleterre en 


Ne connaissant cette plante que par la figure et la descripuon que 
M. Lindley en a donné, je ne puis. mieux faire que de rapporter les 


observations de cet habile botaniste : 


« Cette espèce, dit M. Lindley, est si analogue au Pecopteri Is aqui- 
lina figuré par Schlotheim, et provenant des mines de houille de Ma- 
nebach et de Mardfleck, qu'on peut presque la considérer comme la 
même; elle paraît cependant différer essentiellement par ses folioles 
plus étroites, plus retrécies vers leur pointe, et beaucoup plus longues, 
et aussi, autant qu'on peut en juger d’après nos échantillons, en ce 
que cette espèce paraît avoir-été d’une taille plus gigantesque. 

« Si on la compare avec les espèces actuelles, nous prononcerons 
à la première vue que c’est un Prems, et même le Pferis caudata , 
plante qui occupe à présent, dans l'Amérique du nord, la même place 
que le Pteris aguilina ent en Europe; et en comparant la plante fos- 
sile avec la plante récente, cette idée se fortifie tellement, que nous ne 
pouvons douter que leur nature ne fût la même. Cependant ici, 
commie dans tous les cas semblables, on voit, après une comparaison 


L - 36 


282 HISTOIRE 
attentive, qu'une ressemblance étroite n’entraîne pas une véritable 
identité; car dans la plante fossile, les veines latérales sont toutes 
simples, tandis que dans les Prens actuels qui lui ressemblent les 
veines sont toutes dichotomes, » | 

Ce dernier caractère, que nous n'avons observé dans aucune des es- 
pèces de ce groupe que nous décrivons, suffit pour distinguer cette 
plante, soit du Pecopteris Davreuxti, soit du Pecopteris aquilina ; ;-le 
Filicites decurrens Arr. semble presque identique avec cette plante, 
dont 1l représenterait les bases des pennes dépourvues de leurs ex- 
trémités ; mais l’absence de détails suffisans ne permet pas de constater 
leur identité. 


6. PECOPTERIS DOURNAISIL. PI. LXXXIX. 


P. foliis bipinnatifidis (an tripinnatifidis?) apice tantüm pinnatifidis , 
pinnulis integris, linearibus obtusis, basi decurrentibus; pinnis lae 
teralibus profundè pinnatifidis, pinnulis oblongis, obtusis, apice de- 
crescentibus rotundatis, distantibus, basi decurrente connatis, ter- 
minali parvâ ovatà, acutà ; infimis paululüm longioribus et inferiori 
rachi communi RE désurre nervulis basi furcatis, ramulis 
iterüm furcatis alterove simplice. 


15. Terrain houiller. 


Loc. Mines d’Anzin, près Valenciennes (Dournay)*. 


Ce n’est qu'avec quelque doute que nous distinguons la. plante 
représentée sur notre planche du Fiicites aguilinus de Schlotheim; 
la figure 7., planche 1v, de, cet, auteur, qui est conservée spécia- 
lement par M. de Sternberg, comme type de cette espèce, a une res: 
semblance très marquée ayec notre plante, mais elle en diffère cepen- 
dant par quelques caractères assez prononcés, ;si toutefois ce ne sont 
pas des incorrections du dessin. 

Ainsi, dans l’échantillon que nous avons sous les yeux, les pinnules 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. | 283 


simples terminales sont évidemment plus grandes ; les pinnules la- 
térales sontplusobtuses, moins rapprochées les unes des autres, moins 
profondément séparées, de sorte qu’elles sont réunies à leur base par 
une foliacée qui va de l’une à l’autre , et borde le rachis. 
Ces mêmes caractères distinguent cette plante di Pteris aquilina qui 
paraitrait avoir plus d’analogie avecla plante figurée par: M. Schlo: 
theim qu'avec la nôtre; l'aspect: général de la plante fossile et. de a 
plante vivante , ainsi que la taille, sont assez semblables. Mais si on 
compare entre elles notre échantillon et extrémité d’une des grandes 
pennes latérales inférieures du Pteris aquilina; auquel il ressemble 
surtout, on verra: 1° Que les pinnules simples de l'extrémité sont 
beaucoup plus grandes et plus larges sur la plante fossile que sur la 
plante vivante; qu’elles sont séparées jusqu’au rachis dans le Péeris 
aquilina, tandis qu’elles sont décurrentes et bordent le rachis dans le 
Pecopteris Dournaïsi. 

2° Que les pennes latérales se terminent par une pinnule beaucoup 
plus allongée dans la plante actuelle que dans l'espèce fossile. 

3° Que les pinnules latérales de ces, mêmes pennes sont découpées 
jusqu’au rachis, et élargies insensiblement: vers leur base, par suite 
surtout de leur enroulement dans le Preris aquilina ; tandis que dans 
notre plante ancienne, les Prnnies plus obtuses s’élar gissent subite- 
ment vers la base, de manière à s'unir à sa pinnule voisine, et à former 
ainsi un bord foliacé le long du rachis commun. Enfin, 4° on remar- 
quera que dans la plante fossile, la pinnule inférieure de chaque penne 
placée du côté supérieur est plus longue que les suivantes, tandis 
que le contraire a lieu danslle Ptéris aquilina; et que la‘pinnule infé- 
rieure du côté inférieur détces mêmes pennes adhère au rachis général 
par une grande partie de sa base, sa nervure s'insérant dans l’angle 
même de réunion du rachis commun et du rachis propre de chaque 
penne, tandis que dans le Pteris vivant, cette même pinnule n’est 
fixée que sur le rachis des pennes secondaires. On sentira facilement 
ces différences en comparant la figure de notre plante fossile avec 
l’esquisse de diverses portions de la feuille du -Pteris aquilina, repré- 


senté pl. zxxxn 4, fig. 4. 


284 HISTOIRE 

IL est donc bien évident que cette plante fossile, malgré une ana- 
logie assez marquée avec notre Pteris aquilina de France, en est spéci- 
fiquement très-distinct. La plante figurée par M. Schlotheim, pl. 1v, 
fig. 7, doit-elle être réunie à celle que le même auteur a figurée pl. v, 
fig. 8, comme le pense ce savant, ou bien doit-on la rapporter à l’es- 
pèce que nous décrivons ici? C'est, ce qu'une comparaison très-atten- 
tive des échantillons eux-mêmes pourrait seule établir. 

Parmi les Fougères vivantes exotiques, je n’en trouve aucune qui 
ait une analogie plus marquée avec l'espèce fossile que le Pteris agui- 
lina ; toutes au contraire semblent s’en éloigner davantage, 


7. PECOPTERIS AQUILINA. PI: XC.: 


P. foliis bipinnatifidis (an tripinnatifidis); pinnis inferioribus sex-pol- 
licaribus, apice attenuatis acutis (nec caudatis), rachi perpendicu- 
Jaribus ; pinnulis vix rachi obliquis subcontiguis, basi dilatatà pau- 
lulüm decurrente connats vel (in pinnis inferioribus) usque ad ra- 
chim discretis, oblongis, obtusis, convexis; terminali oblongä, 
brevi, obtusà ; nervo medio rigido; nervulis bis furcatis vel ramulo 
altero simplice, approximatis , valdè notatis. 


Pecopteris aquilina, An. Broxc. rit > P- 86. STERNs., Lent. Flor. prim., p. 20. 
Filicites aquilinus ? FETES ., Petref., p. 405. Flor. der Vorw., tab, IV, fig. 7, 

tab. V, fig. 8. 
Pecopteris Schlothemi., An, Broxc., Prod.,}p. 57: 


Pecopteris affinis , Sterxs., Tent, Flor. prim., p, 20 (non Scarors.).. 


Gas: Terrain houillér. 
Loc. Geïslautern , près Saarbruck (GrAnpin)": —Houillères de Vettin et de Manebach, 
Saxe Dot CRUE ). | 


die espèce; comme la précédente ; à une grande analogie avec le 
Pteris aguilina , quoiïqu’en étant, sans aucun doute;, différenté:spéci- 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 285 


fiquement; ce n’est aussi qu'avec doute que nous luï rapportons les 
figures citées de l'ouvrage de Schlotheim , car ces figures sont bien 
imparfaites pour déterminer avec certitude des espèces dont les carac- 
ières reposent sur de légères modifications de forme, et sur la dispo- 
sition des nervures, qui est complètement négligée. Il faudrait avoir 
entre les mains les deux échantillons figurés par M. Schlotheim pour 
déterminer si, comme le pense ce savant, ils peuvent se rapporter à 
des parties différentes de la même plante, et s'ils diffèrent spécifique- 
ment de celui que j'ai représenté, et d’après lequel seul je puis fonder 
les caractères de cette espèce et ses rapports. L'échantillon unique que 
je possède, et qui est représenté pl. ex, provient probablement de la 
partie moyenne ou inférieure d’une des grandes pennes latérales ; c’est 
ce que semblent indiquer l'égalité et même l’accroissement de longueur 
des pennes, et la comparaison de ce fragment avec les feuilles du Pteris 
aquilina (voyez pl. 1xxxu À, fig, 4 d). En admettant ce rapport de 
position , on voit que cette feuille devait être extrêmement grande, 
au moins moitié en sus de notre espèce vivante ; outre cette différence 
considérable dans la taille, les pinnules sont plus oblongues, plus 
arrondies au sommet; celles qui sont près de l'extrémité des pennes 
sont plus distantes l’une de l’autre, leur base étant lévèrementdécur- 
rente, de manière à s’unir à celle de la pinnule placée immédiatement 
au-dessous, et les pinnules inférieures elles-mêmes sont un peu sou- 
dées entre elles:par leur base, immédiatement auprès du rachis, tandis 
que dans le Pieris aquilina, les pinnules sont complètement dis- 
tinctes , et quelquefois même légèrement écartées. 

On voït doncque, malgré une très-grande analogie, il y à encore 
entre ces deux plantes une différence considérable dans la grandeur, et 
de légères différences dans la forme des pinnules, qui suffiraient pour 
les distinguer à l’état vivant ,1et qui ne ‘permettent paside les:consi- 
dérer comme identiques ; car c’est après avoir vu un grand nombre 
d'échantillons très variés du Preris aquilina que je Ime1 suis asssuré 
qu'aucun d'entre eux ne présentait les caractères essentiels du Pecop- 
teris aquilina, et que la plupart d’entre:enx s'en éloignaient même 
plus que ceux que je leur ai comparés. 


286 HISTOIRE 


On ne peut du moins douter que ces deux plantes ne fussent extré- 
mement voisines; car, outre la grande analogie de forme, l'aspect des 
pinnules  très-convexes, à bords recourbés en dessous; :à nervure 
: moyènné très-marquée et d’un tissu qui paraît épais et coriace, indique 
encore une plante analogue par sa rigiditéraux Preris de cette seclion, 


8. PECOPTERIS GRANDINI. PI. XCI, fg. 1-4. 


P. foliis tripinnatifidis maximis, stipite pollice lato; pinnis approxi- 
matis subimbricatis lineari-lanceolatis, apice obtusuisculo : pionu- 
lis sub contiguis basi connais, sinubus rotandatis, valdè convexis, 
dissimilibus ! pennaram superiorum bipimatarut ellipticis obtu- 
sissimis Contiguis, inferiorum bipinnatorum vel superiorum &im- 
plicè pinnatarum ‘oblongis obtusis distantioribas quandoque an- 
gustioribus revolutis (fructiferis?); nervulis valdè notatis arcuatis 
medio furcatis rarius bis-furcatis. 


Pecopteris Grandint, An. Broxé:, Prod., p. £7. 


Gi54 Terrain houiller 


Loc. Gcislautern; près Saarbruck (Gnanpmm)*. 


Au miliéu des modifications de formes remarquablesque présentent 
les diverses parties de la même feuille dans les, Fougères du groupe 
du Pteris aquilina ,ei.en général dans les Fougères à feuille triangu- 
laire décomposée , je commence à douter si l'espèce que j'ai indiquée 
sous le nom dé Pecoptéris Grandint ne serait pas une portion dela 
même feuillé que je.viens de décrire précédemment sous le nom de 
Pecopteris -aquilina:; Videntité d’origme. et d’aspect semblerait con: 
lirmer cette opinion; cependant il y à quelques différences dans la: 
forme des pinnules, qui nenïe:semblent pas s’accordér avec le genre 
de modifications que -ces parties éprouvent successivement t'dans les 


feuilles du Preris aguilina.etides espèces voisines, 
Dans ces plantes, le pétiole formant lerachis commun de la feuille 


DES VÉGÉTAUX FOSSILES. 285 
supporte des rachis secondaires, très-longs vers la base de la feuille, 
et qui vont en dégradant rapidement vers l'extrémité de la feuille, 
où ils ne forment plus que la nervure moyenne des pinnules térmi- 
nées ; au-dessous de ces pinnules simples qui bordent l'extrémité de 
la feuille (pl. zxxx 4, fig. 4 a), et qui sont fort allongées et d’une 
longueur décroissant rapidement, on trouve, 1° des pénnes simple- 
ment pinnatifides ; dont les pinnules vont en augmentant de longueur 
et même de largeur d’une penne à l’autre, mais dont la forme et la 
grandeur restent assez les mêmes dans chaque penne pour former des 
pennes allongées et presque de même largeur dans toute leur étendue. 
Ces pennes sont au nombre de sept à neuf dans les grandes feuilles 
de Pteris aquilina (fig. 4 a, b); 2° des pennes bipinnatifides qui vont 
en croissant rapidement de-longueur du sommet vers la base de la 
feuille; ces pennes sont au nombre de cinq à six sur de grandes feuilles 
de Pteris aquilina (fig. 4 c} d). La grandeur des pennes secondaires 
et des pinnules qui les composent, va constamment en s’accroissant 
dans le même rapport; mais en même temps leur forme change beau- 
coup. Ainsi, dans les pennes supérieures, les pinnules sont non-seu- 
lement plus petites, mais plus courtes, plus ovoïdes (fig. 4 c); dans 
les pennes inférieures, elles sont plus grandes et en même temps 
plus allongées et plus profondément séparées les unes des autres 
(lg. 4 d), et ressemblent beaucoup aux pinnules des pennes simple- 
ment pinnaufides de la partie supérieure de la feuille. 

Enfin, dans les plus grandes de ces pennes bipinnatifides , les pin- 


nules changent encore de grandeur et dé forme du sommet de la 
-penne principale vers sa base, mais d’üne manière plus insensible qué 


cela n’a eu lieu ‘en passant d’une penne principale à l’autre. Il serait 
donc facile de faire, de chacune de ces pennes latérales, des espèces 


distinctes, si on ne faisait une grande attention à retrouver, au milieu 


de ces modifications de formes, quelques caractères communs qui ne 


changent pas. 


Ce sont les observations précédentes qui m'ont décidé à consi- 


dérer comme des portions de la même plante les figures 1, 2 et 4 de 
la planche xcr. 


2838 HISTOIRE 

Les figures 1 et 2 me paraissent appartenir aux pennes bipinnatifides 
supérieures, et la fig, 4 soit aux pennes bipinnatifides inférieures. soit. 
aux pennes simplement pinmapifdes de la partie supérieure dE la 
feuille. “auf 

La fig. 3 montre.en effet que cette feuille était tripinnatifide et 
d’une UE bien supérieure à celle de tous les Preris de ce groupeque 
nous connaissons, car Le rachis commun:est énorme; il'à environ-un 
pouce de Lisnbtse les rachis secondaires sont gros commé. le doigt , 
et supportent enfin les pennes garnies de leurs pinnules; ces pinnules,. 
qui paraissent appartenir à la partie moyenne de la feuille, sont plus 
longues que, celles des fig 1.et .2,.et beaucoup moins allongées que 
celles:de la fig. 4. 7 

Ces pinnules ont ce caractère communt, de n'être jamais séparées 
jusqu'au rachis même dans les parties 4 pennes qui sont le plus 
rapprochées du rachis commun (fig: 2°), ou ‘dans les-pénnes dont les 
pinnules sont les plus grandes et généralement le plus profondément 
divisées (fig: 4). Ce caractère distingue cette plante du Pecopteris 
aquilina, dont les pinnules sont séparées jusqu’au rachis vers le bas 
des pennes, quoiqu’elles soient moins allongées et moins espacées que 
celles du Pecopteris Grandini, fig. 4, ce qui annoncerait qu’elles ap- 
partiennent à une partie moins inférieure de la feuille, et dans la- 
quelle, par conséquent, les: pinnules devraient être EÉpaseee moins 
profondément. 

Les pinnules du Pecopteris Grandini sont séparées par des sinus 
arrondis, et non par un bord décurrent.et anguleux. Ces pinnules 
s'élargissent un peu dans leur milieu, soit dans les pinnules.ellipti- 
ques de la partie moyenne de la feuille, soit dans les pinnules très- 
oblongues de la partie inférieure; leur sommet est arrondi, très-obtus; 
leur surface est généralement. très-convexe, leurs bords. étant re- 
courbés en dessous; leur tissu parait avoir été coriace ; enfin Leurs 
nervures sont légèrement arquées , et ne sont ordinairement .bifur- 
quées qu’une fois vers leur milieu. Quelquefois elles le sont en. outre 
vers leur base. 

Le Pecopteris aquilina diffère de cette plante, non-seulement 


HISTOIRE 


DES 


VÉGÉTAUX FOSSILES 


OU 


9 


RECHERCHES BOTANIQUES ET GÉOLOGIQUES 


SUR LES VÉGÉTAUX RENFERMÉS DANS LES DIVERSES COUCHES DU GLOBE; 


PAR M. ADOLPHE BRONGNIART. 


2 VOLUMES IN-4, ACCOMPAGNÉS DE PLANCHES. 


| Progront 


Deux livraisons de cet ouvrage étaient déjà publiées, lorsque des 


circonstances étrangères à sa rédaction l’ont interrompu momenta- 
nément, et ont obligé l’auteur à en confier la publication à un autre 
éditeur. Il ne sera donc pas inutile, au moment où de nouvelles 
livraisons vont paraître et se succéder avec toute la régularité et la 
promptitude possibles , de mettre de nouveau sous les yeux du public 
le plan de cet ouvrage, et de lui rappeler l'objet des recherches de 


l’auteur et les principaux résultats auxquels elles l'ont conduit. 
Nous nous permettrons avec d’autant plus de raison de revenir sur 


ce sujet, que Les retards mêmes que la publication de cet ouvrage a 


1 


(2) 
subis , ont permis à l’auteur de recevoir beaucoup de matériaux qui 
ont étendu et complété les faits nombreux qu’il réunissait depuis dix 
ans, et qui ont donné plus de solidité aux conséquences qu'il a pu 
déduire de ses observations. 

En effet, l'appel qu'il avait osé faireraux savans n’a pas été iffmme- 
tueux ; Car non-Seuiement ceux qui avaient déjà bien voulu lenrichir 
des résultats de leurs recherches ont contribué à lui fournir de nou- 
veaux matériaux , qui deviennent tous les jours plus importans, pour 
compléter les données imparfaites que nous possédons; mais, de 
toutes parts, 1l lui est arrivé des échantillons de végétaux fossiles de 
toutes les formations et de pays très-différens ; et, s’il reste encore de 
nombreuses lacunes à remplir, le zèle des savans , et particulièrement 
l'intérêt que les géologues accordent depuis quelques années à l'exa- 
men de ces fossiles ; lui font espérer qu’elles pourront se combler peu 
à peu, et que nos connaissances sur l’ancienne végétation du globe 
pourront égaler celles que nous possédons sur les animaux qui l’ha- 
bitaient. 

Ces nombreuses communications ont non-seulement donné plus de 
précision et de certitude à ce que nous savons déjà sur les végétaux 
du terrain houiller, cette époque remarquable de la végétation de 
notre globe; mais elles ont surtout beaucoup étendu nos connais- 
sances sur les végétaux des époques postérieures au dépôt de ce ter- 
rain qui sont renfermés dans les formations secondaires, végétaux qui 
étaient complètement inconnus il y a seulement dix ans. 

Ce ne sont pas seulement des espèces nouvelles que ces fossiles des 
terrains secondaires ont ajoutées à celles qu'on connaissait depuis 
long-temps dans les dépôts houillers et:dans les formations tertiaires; 
ce sont des genres tout-à-fait insolites , des familles jusqu’à présent 
inconnues à l’état fossile, et même peu nombreuses à l'état vivant, 
qui sont venues se joindre à celles anciennement connues. Ainsi , aux 
Fougères, aux Prêles et aux Lycopodes gigantesques, caractéristiques 
des formations houillères, ont succédé les Conifères singulières du 

_grès bigarré, et les Cycadées si nombreuses du Keuper, du Lias et des 
formations oolithiques, qui elles-mêmes ont été remplacées par la 


(3) 
végétation contemporaine des terrains tertiaires , végétation presque 
semblable à celle de notre époque. 

L'examen et la comparaison d’un nombre déjà assez considérable 
de fossiles de ces diverses époques de formation ont conduit l’au- 
teur à reconnaître quatre périodes pendant chacune desquelles la vé- 
gétation avait revêtu un aspect particulier, dû à la prédominance de 
certaines familles et au grand développement des végétaux de ces 
familles. | 

Pendant la première de ces périodes , la terre était couverte de 
forêts presque uniquement composées de Fougères et de Prêles arbo- 
rescentes , plus grandes qu'aucune de celles qui existent actuellement, 
et de ces singuliers Lépidodendrons, végétaux gigantesques participant 
aux caractères des Lycopodes et des Conifères. C’est à ces forêts, si 
différentes de celles de notre époque, que sont dues les couches 
nombreuses de houille qui nous en présentent les débris. 

Après cette première période, ces végétaux, si différens par leur 
forme et par leur taille de ceux qui vivent encore sur la terre, paraïs- 
sent avoir disparu de la surface du globe, ou du moins les régions 
explorées par les savans n’en montrent plus de traces déposées régu- 
lièrement dans les formations évidemment plus récentes. 

: La seconde période est caractérisée par des formes végétales très- 
différentes , dont un petit nombre seulement est parvenu jusqu'à pré- 
sent à notre connaissance : ce sont particulièrement des Fougères 
moins élevées que celles du terrain houiller et des Conifères d’une 
structure très-singulière. 

_ Les végétaux quicroissaient sur la terre pendant la troisième période 
donnèrent aussi naïssance à quelques dépôts de charbon fossile, qui 
sont souvent accompagnés d'impressions nombreuses de ces plantes. 
Les Fougères et, plus encore, la singulière famille des Cycadées y 
dominent à un tel point, que les espèces de cette dernière famille 
qu’on a pu y reconnaître sont déjà plus nombreuses que celles qui 
existent actuellement, et que ce petit groupe de végétaux, qui ne 
forme pas la deux-millième partie des plantes vivantes, constituait la 
moitié de la flore de cette époque. 


(4) 


La dernière période présente un ensemble de végétaux beaucoup 
moins différent de ce qui existe encore à la surface du globe dans les 
régions mêmes où ces plantes ont été déposées ; ainsi les mêmes fa- 
milles et, le plus souvent, les mêmes genres qui habitent encore nos 
climats, se retrouvent à l’état fossile dans les terrains tertiaires de 
l'Europe ; mais, malgré l'analogie de cette végétation avec celle qui 
couvre encore notre pays, l'étude de ces fossiles n’est pas moins digne 
de fixer notre attention, et elle peut résoudre des questions d’un 
grand intérêt pour l’histoire des derniers changemens que la surface 
de notre globe à subis. ; 

Cest pour les fossiles de cette époque que la comparaison la plus 
minutieuse avec les espèces vivantes devient nécessaire, pour déter- 
miner s’il y a identité ou différence spécifique entre les espèces vivantes 
et fossiles , et décider si les plantes comme les animaux ont éprouvé 
de grands changemens spécifiques pendant les dernières révolutions 
auxquelles notre globe a été soumis, ou si la loi observée dans le 
règne animal ne s'applique pas au règne végétal. 

On voit combien de problèmes intéressans pour l’histoire de la for- 
mation de l'écorce terrestre l’étude des débris végétanx de tous les 
âges peut faire naître, problèmes qu’elle peut quelquefois résoudre 
plus ou moins complètement. 

La comparaison de ces changemens de la végétation ayec ceux que 
le règne animal à subis aux mêmes époques, ne fournit pas des résul- 
tats moins curieux, et les conséquences qu’on peut en déduire , avec 
beaucoup de probabilité, sur l’état de notre planète et de son atmos- 
phère durant ces périodes reculées, s’accordant avec tous les faits 
connus , et n'étant contredit par aucun d'eux , peuvent être admises 
comme faisant partie d’une théorie raisonnable de la formation de 
notre globe. 

Mais si ces conséquences géologiques résultent de la comparaison 
de l’ensemble des végétaux qui couvraient la terre à diverses époques, 
les caractères de ces périodes de végétation dépendent eux-mêmes de 
la détermination exacte des débris, souvent incomplets et imparfaits, 
des végétaux qui se rencontrent à l’état fossile dans les couches for- 


(5) 

mées pendant ces périodes, La détermination botanique exacte de ces 
plantes est donc la base de tout l'édifice, et tous les résultats seraient 
faux ou incertains, si ces détérminations n'étaient point exactes, au 
moins pour le grand nombre.Avant de grouper les plantes par époques 
et par période, et de chercher à déduire quelques résultats géologiques 
de la succession de ces plantes, l’auteur a donc dû donner tous ses 
soins pour parvenir à la détermination la plus précise de ces fossiles. 
L'Hisrorre pes Vécéraux rossices est donc divisée en deux parties : La 
première, Boraniqus , dans laquelle Les plantes, de quelque époque de 
formation qu’elles soient , sont étudiées, déterminées et classées dans 
un ordre botanique, et rapportées autant que possible aux familles na- 
turelles dont elles devaient faire partie; la seconde, GÉOLOGIQuE, pré- 
sentera des énumérations , par époques de formation , des végétaux 
qui auront été décrits dans la première parte et les conséquences 
générales qu’on peut déduire de leur mode de distribution et de 
dépôt dans ces formations , soit pour nous faire connaître l’état de la 
surface du globe à l’époque où ces végétaux vivaient, soit pour nous 
expliquer la manière dont paraissent s'être formées les couches qui 
en renferment les débris. 

La partie botanique comprenant tous les faits de détail, les carac- 
ières distinctifs, en latin, des genres et des espèces, la description 
plus étendue et la discussion des affinités de toutes ces espèces, sera 
nécessairement la plus considérable. En effet, l'exactitude des déter- 
minations exige des recherches nombreuses sur les végétaux vivans 
et des comparaisons minutieuses entre ces plantes et les espèces fos- 
siles. L'auteur aurait pu ne présenter au public que les résultats de ces 
recherches et de ces comparaisons, et supprimer les détails des faits 
qui leur servent de base; mais il a préféré faire connaître les points 
de l’organisation des végétaux vivans qui sont nécessaires pour établir 
les rapports des plantes fossiles avec celles encore existantes, non-seu- 
lement afin que chacun fût à même d'apprécier la valeur des faits et 
des raisonnemens sur lesquels ces rapprochemens sont fondés, mais 
aussi pour fournir d'avance aux naturalistes qui ne s'occupent pas 

* 


T 


(6) 
exclusivement de botanique, des points de comparaison pour les fos- 
siles nouveaux qu’ils pourront découvrir par la suite. 

Une autre cause l’a obligé aussi à donner d’assez grands dévelop- 
pemens à l'histoire des végétaux vivans des mêmes familles auxquelles 
apparüennent les espèces fossiles, c’est l'absence , dans les ouvrages 
de botanique, de la plupart des détails d'organisation qui doivent 
servir de base à la comparaison entre les végétaux fossiles et vivans. 
Les organes conservés à l'état fossile ne sont pas , en général, les 
mêmes que ceux qui servent à la classification des végétaux vivans ; 
ces organes ont, par cette raison , été étudiés plus superficiellement , 

“et des observations plus précises, accompagnées de figures, étaient 
nécessaires pour bien faire connaître leurs modifications de structure. 
L'auteur espère donc que toutes les personnes qui se livreront à l'étude 
des végétaux fossiles, apprécieront l'utilité des planches qu'il a con- 
sacrées à mieux faire connaitre l’organisation des végétaux vivans. 

Ces recherches, en fixant notre attention sur des parties des végé- 
iaux qui ont été examinées jusqu’à présent avec peu de soin, ne seront 
peut-être pas sans résultat pour l'anatomie comparée des plantes, ainsi 
que pour la physiologie et la classification naturelle de ces êtres. 

L’anatomie comparée est devenue la base de la classification et de 
la physiologie des animaux , aussi bien que de la détermination des 
espèces fossiles. Il en sera de même pour le règne végétal; mais les 
difficultés que présente l'étude comparative des végétaux , lorsqu'on 
ne veut pas se borner à leur organisation extérieure , ne peuvent être 
bien senties qu’en réfléchissant que l'emploi de grossissemens plus 
ou moins considérables est toujours nécessaire pour observer la struc- 
ture interne des végétaux, et en pensant aux soins et au temps qu’exi- 
gent de semblables recherches. 

À cetie difficulté inhérente au sujet, on doit ajouter l'absence, 
dans nos collections, de la plupart des matériaux nécessaires pour 
cette étude comparative de l’organisation intérieure des végétaux, et 
la peine qu'on éprouve à se procurer ceux qui proviennent des pays 
éloignés. Les échantillons conservés dans nos herbiers ne sont le plus 


(7) 

souvent que des fragmens de grands végétaux dont les tiges nous sont 
inconnues ; cependant ces tiges, tantôt arborescentes, tantôt rampantes 
sous Le sol ou au fond des eaux, présentent très-souvent dans leur orga- 
nisation extérieure et intérieure des caractères importans pour la classi- 
fication naturelle des végétaux, et encore plus pour la détermination 
des plantes fossiles ; car ces parties, si rarement recueillies dans nos 
collections, sont peut-être les plus fréquentes à Pétat fossile. Com- 
ment parvenir à la détermination des bois fossiles, si fréquens dans 
les terrains tertiaires et secondaires, et des grandes tiges renfermées 
dans les dépôts de houille, si nous ne pouvons les comparer aux bois 
des arbres dicotylédons de toutes les régions du globe et aux tiges des 
arbres monocotylédons de diverses familles ? 

Ces moyens de comparaison manquent presque complètement dans 
nos collections ; et, pour parvenir à la détermination des fossiles, l'au- 
teur cherche à réunir toutes les portions de végétaux vivans néces- 
saires pour ses travaux. 

Il espère que ce Prospectus parviendra entre les mains de personnes 
qui, prenant intérêt à ces recherches, voudront bien les rendre moins 
imparfaites , en l’aidant par la communication d'échantillons, soit de 
plantes vivantes, soit de plantes fossiles, propres à rendre son ouvrage 
plus complet et plus exact. Confiant dans la bienveillance qu’on 
lui a témoignée jusqu’à présent, et espérant qu'elle ne fera que s’ac- 
croître en voyant la publication de son ouvrage déjà commencée, l’au- 
teur se permettra de terminer ce Prospectus en appelant l'attention : 
des naturalistes et des voyageurs sur les objets, soit vivans, soit fossiles, 
qu'il serait le plus important de recueillir, et qu'il désirerait particu- 
lièrement se procurer pour compléter son travail. 

Parmi les végétaux vivans, il serait essentiel de réunir les parties 
qui peuvent servir, par leur comparaison avec Les végétaux fossiles, 
à déterminer ces derniers, telles sont les tiges des arbres exotiques, et 
particulièrement des arbres monocotylédons, tels que Palmiers, 
Dracæna, Pandanus, Yucca, etc.; des portions de tiges ou.de grosses 
branches d'arbres dicotylédons; les tiges rampantes, souterraines ou 
submergées de beaucoup de plantes vivaces; les fruits et les graines du 


(8) 
plus grand nombre possible de plantes exotiques; enfin des échantil- 
lons' secs des plantes des familles les plus fréquentes à l’état fossile, 
telles que les plantes marines, les Fougères, les Lycopodes, les 
Prêles, les Cycadées, les Conifères, etc. (1). 

Les végétaux fossiles que l’auteur désirerait surtout se procurer 
doivent être propres à compléter nos connaissances sur ce sujet : tous 
ceux qui proviennent de contrées éloignées, quelle que soit leur na- 
ture, seraient très-intéressans sous ce rapport. Ainsi tout échantillon 
bien conservé, venant d’un autre pays que la France, les Iles Britan- 
niques, l'Allemagne ou l'Italie, sera important, ne fut-ce que par la 
localité dont il provient; et plus cette localité sera éloïgnée, plus elle 
appartiendra à des régions différentes par leur climat de celles dont 
nous connaissons déjà les fossiles , et plus ces échantillons auront d’in- 
térêt, en nous fournissant les moyens de généraliser les conséquences 
que nous avons pu tirer de l'étude des fossiles de nos climats, sur la 
nature de la végétation de la terre aux diverses époques géologiques 
de sa formation. 

Mais, parmi les fossiles végétaux que l'Europe renferme, il en est 
encore beaucoup, sans aucun doute, qui nous sont inconnus ou que 
nous ne connaissons qu'imparfaitement; ainsi tous les végétaux fos- 
siles des terrains compris entre le dépôt houiller et les formations 
tertiaires méritent d'être recherchés avec la plus grande attention, et 
ces fossiles sont encore trop peu connus pour qu'on puisse craindre de 
recueillir inutilement des objets vulgaires et peu importans pour la 
science. 

Les terrains houillers, malgré la connaissance plus étendue qu’on 
possède de leurs fossiles, renferment encore certainement beaucoup 
d'espèces nouvelles dont la réunion servirait à compléter la flore re- 
marquable de cette époque; mais ce n’est pas seulement pour rendre 


(1) ILest très-important que les portions de tiges et les graines portent un nom exact de 
genre et d'espèce, ou que ces échantillons soient accompagnés d’un rameau avec des feuilles et 
des fleurs ou des fruits, qui permettent de déterminer l'espèce dont ils proviennent ; il faudrait 
que les échantillons de tiges eussent de 6 pouces à r ou 2 pieds de long , et que leur écorce fût 


bien intacte. 


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plus complète l’'énumération des espèces de cette époque qu'on doit 
s'appliquer à réunir les nombreuses empreintes végétales dé ce ter- 
rain, mais aussi pour perfectionner la connaissance que nous avons 
des formes singulières des grands végétaux qui sy trouvent ; ainsi 
déterminer le mode de terminaison inférieure et supérieure des 
grandes tiges de Calamites, de Sigillaires et de Lépidodendrons que 
contient ce terrain, observer leur mode de ramification, l'origine 
des rameaux et des feuilles qu’elles portaient , sont des problèmes en 
partie non résolus et pour la solution desquels on doit réunir tous les 
échantillons qui peuvent tendre à les éclaircir. 

La forme et la disposition des fructifications de la plupart de ces 
plantes nous sont ou complètement inconnues, ou ne nous sont, du 
moins, connues que très-imparfaitement ; tout échantillon de ce ter- 
rain, renfermant des plantes avec leurs fructifications, ou même 
des graines isolées , peut donc ajouter beaucoup à nos connaissances , 
enfin tous les échantillons dans un très-bon état de conservation , tels 
que les feuilles de Fougères bien entières, et dont les contours et les 
nervures sont bien nets, les tiges dont l'écorce charbonneuse et les 
cicatrices extérieures sont bien intactes, contribueront à rendre plus 
précise la détermination des espèces de cette flore. 

Les végétaux fossiles des terrains tertiaires, malgré l’analogie frap- 
pante qu'ils présentent avec les espèces encore existantes, méri- 
tent d'être étudiés avec soin, pour s'assurer sil n’y a qu'une 
simple analogie, ou s'il y a identité entre les espèces fossiles et 
vivantes. Pour arriver à ce résultat intéressant , il est nécessaire de 
recueillir tous les échantillons bien conservés de végétaux fossiles de 
ces formations, et particulièrement les fruits, graines et fleurs, 
dont les parties sont assez distinctes pour qu’on puisse espérer de 
les déterminer, ainsi que les feuilles dont les contours sont bien en- 
tiers et la distribution des nervures bien nette. 

Les terrains les plus récens ne sont point sous ce rapport les moins 
intéressans, et on ne doit pas négliger toutes les portions détermina- 
bles de végétaux , telles que graines, fruits, tiges avec leur écorce, etc. 
qu'on peut rencontrer dans les tourbières, leur examen pouvant résoudre 


(1 102) 
des questions importantes sur l'époque et le mode de formation de 
ces dépôts. 

L'auteur espère que intérêt qu'a paru inspirer à la plupart des 
savans les recherches dont il s'occupe, engagera les personnes qui 
posséderaient des échantillons, soit de végétaux fossiles, soit de por- 
tions de plantes vivantes, propres à compléter et à perfectionner son 
wavail , à les lui communiquer ; il s’est toujours fait une règle de citer 
dans son ouvrage les naturalistes auxquels il a dû les échantillons qui 
ont servi à ses observations, et il continuera à témoigner sa reconnais- 
sance aux savans qui voudront bien lui faire de semblables commu- 
nications, en indiquant ainsi l’origine des morceaux sur lesquels ses 
recherches ont été fondées (x). 


CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. 


L’Hisrorme Des Vécéraux rossires formera deux volumes in-4°, 
grand papier. Elle paraîtra par livraison de quinze planches gravées 
où lithographiées et de cinq à six feuilles de texte. 

Les livraisons se succéderont régulièrement à deux ou trois mois 
d'intervalle. 


Prix de chaque livraison : 13 francs. 


ON S'INSCRIT, SANS RIEN PAYER D'AVANCE, 


À Paris, chez M. CROCHARD, Libraire, Éditeur des Annales des Sciences 


Naturelles, rue du Cloitre-Saint-Benoît, n. 16. 


À Bruxerres, au Dépôt de la Librairie médicale française, Marché aux 
‘Poulets. 


(1) M. Adolphe Brongniart prie les personnes qui auraient l'intention de lui faire part de 
quelques échantillons de leurs collections, soit pour enrichir sa propre collection, soit en sim- 
ple communication , de vouloir bien, avant de lui adresser ces objets, lui écrire pour lui faire 
connaître la nature de ces échantillons, afin qu'il puisse juger s’il possède déjà des choses sem- 


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ON SOUSCRIT AUSSI : 


A Montpellier, chez Jevauce, 4 Londres, J.-B. Barrière, FreurrTeL 


GABON ; et Wurrz, Durau et Compagnie ; 
A Strasbourg, LEvRAULT ; A Milan, Dumorar» et Fils ; 
A Perlin, Hirscawain ; A Moscou, GAUTHIER ; 
A Dublin, Honces et Smirs ; A Padoue, ZABEGcARI ; 
A Édimbourg, T. Crarck,Maczacu- 4 Palerme, Cu. Beur, PEnone, Murori; 
LAN €t STEWART ; A Pétersbourg, Berrizarp et Comp. ; 
A Genève, BARBEZAT et Comp. ; A Philadelphie, Carey et Léa ; 
A Lausanne, Doy; A Turin, Joseph Bocca, Pic ; 
A Leipsik, Bossancs père, Léoporn 4 Varsovie, GLuckSBERG ; 
Voss, L. MicHELsEn ; À Wilna, Théoph. GLucksBERG. 


N. B. Les livraisons 1, 2, 3 et 4 sont en en vente; la 5° paraïtra dans le 
courant de janvier 1830. 


blables , et pour éviter des frais de transport inutiles. Lorsqu'on pourra Joindre une esquisse 
même grossière de ces objets dans la lettre, il sera plus facile d'apprécier leur importance et 
leur nouveauté, — Les lettres et caisses doivent être adressées à M. Anorpne BronGNraRT, rue 
S'aini-Dominique , n° 71, à Paris. 


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Æist, des Pegelaux-fossiles, Tome: 1 


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Histoire des Végétaux 1osstles Tom. 


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