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Full text of "Histoire naturelle des poissons"

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U. S. National Museum 


HISTOIRE NATURELLE 
DE S POISSONS, 


-. PAR LE CITOYEN LA CEPÉDE, 
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Membre du Sénat, et de l’Institut national de France ; l’un des 
Professeurs du Muséum d'Histoire naturelle; membre de l’Institut 
national de la République Cisalpine ; de la société d’Arragon; de 
celle des Curieux de la Nature, de Berlin; des sociétés d'Histoire 
naturelle, des Pharmaciens, Philotechnique, Philomatique, et des 
Observateurs de l’homme, de Paris; de celle d'Agriculture d'Agen ; 
de la société des Sciences et Arts de Montauban; du Lycée 
d’Alencon; de l’Athénée de Lyon, etc. 


TOME TROISIÈME. 


À PARIS, 


CHEZ PLASSAN,IMPRIMEUR-LIBRAIRE, 
Rue de Vaugirard, N° 1195. 


L’AN X DE LA RÉPUBLIQUE. 


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CONTENUS DANS CE VOLUME. 
ÂAverTis SEMENT, page 8. 
SUITE du Tableau des genres des poissons osseux, page 9. 
pu LÉDES els ide Part de l’homme sur la nature des poissons, 
page ]. 
LE scombre germon, page 1. = Le scombre maquereau , 24, 
Le scombre thazard, 9. Le scombre japonois , 45. 
Le scombre bonite , 14. Le scombre doré, 46. 


Le scombre alatunga, 21. 


Le scombre albacore, 48. 
Le scombre chinois, 23. 


TABLEAU des espèces du genre des scombéroiïdes, 50. 


Le scombéroïde noël, 5r. Le scombéroïde sauteur, 55. 
Le scombér. commersonnien, 53. 


TABLEAU des espèces du genre des caranx, 57. 


Le caranx trachure, 60. Le caranx daubenton, 7r. 
Le cäranx amie, et le caranx Le caranx très-beau , 72. 
queue-jaune, 64. Le caranx caravgue, 74.. 


Le caranx glauque, 66. Le caranx ferdau , le caranx gæss, 


Le. caranx blanc, et le caranx le caranx sansun, et le caranx 
queue-rouge , 68. korab , 75. 


Le caranx filamenteux , 70. 


TaBLEAU des espèces du genre des trachinotes, 78. 
Le trachinote faucheur, 79. 


TOME III. | | a 


2 TABLE 
TABLEAU des espèces du genre des caranxomores, 82. 
Le caranxomore pélagique, 83. Le caranxomore plumiérien, 84. 
TaBLeau des espèces du genre des cæsio, 85. 
Le cæsio azuror, 86. Le cæsio poulain, 90. 
TABLEAU des espèces du genre des cæsiomores, 92. 
Le cæsiomore baillon , 03. Le cæsiomore bloch, 05. 
TABLEAU des espèces du genre des coris, 96. 
Le coris aigrette, 07. Le coris anguleux, 99. 
TABLEAU des espèces du genre des gomphoses, 100. 
Le gomphose bleu, ror. Le gomphose varié, 104. | 
TABLEAU des espèces du genre des nasons, 105. 
Le nason lieornet, 106. Le nason loupe, 11r. 
TABLEAU des espèces du genre des kyphoses, 114. 
Le kyphose double-bosse, 115. 
MABLEAU des espèces du genre des osphronèmes, 116. 
L’osphronème goramy, 117. L’osphronème gal, 122. 
TABLEAU des espèces du genre des trichopodes, 125. 
Le trichopode mentonnier , 126. Le trichopode trichoptère , 129. 
TABLEAU des espèces du genre des monodactyles, 181. 
Le monodactyle falciforme, 132. 
TARLEAU des espèces du genre des. plectorhinques, 134. 


Le plectorhinque chétodonoïde , 135. 
FaBLEeAu des espèces du genre des pogonias, 197. 


Le pogonias fascé, 138. 


IDE SMART LE S. 3 
TABLEAU des espèces du genre des bostrÿches, 140. 
Le bostryche chinois, 141. Le bostryche tacheté, r43: 
TABLE AU des espèces du genre des bostrychoïdes, 144. 
Le bostrychoïde &iïllé, 145. 
TABLEAU des espèces du genre des échénéis, 146. 


L’échénéis rémora , 147. L’échénéis rayé, 167. 
L’échénéis naucrate, 162. 


TABLEAU des espèces du genre des macroures, 160. 
Le macroure berglax, 170. - 


TaBLEau des espèces du genre des cCorÿphènes, 173. 


Le coryphène hippurus ; 178. Le coryphène rasoir, 203. 
Le coryphene doradon, 184. Le coryphène perroquet, 205, 
Le coryphène chrysurus, 186. Le coryphène camus, 207, 
Le coryphène scombéroïde, 192. Le coryphène rayé, 208. 
Le coryphène ondé, 196. Le coryphène chinois, 209. 
‘ Le corÿphèné pompile, 198. _ Le coryphène pointu, 211. 
Le coryphène bleu, 200, Le coryphène verd ; et le. cory- 
Le coryphène plumier, 201. _ phène casqué , 272. 


TaBLEaAU des espèces du genre des hémiptéronotes, 214. 
L'hémiptéronote cinq-taches, 215. .: L’hémiptéronote gmelin, 218. 
TABLEAU des espèces du genre des coryphénoïdes 210. 
Le coryphénoïde hottuynien, 220. 
T'ABLEAU des espècés du genre des aspidophores, 227. 
L’aspidophore armé, 222. L’aspidophore lisiza, 225. 
| TABLEAU dès espèces du genre des aspidophoroïdes , 297, 


L’aspidophoroïde tranquebar, 228. 


4 TABLE 
TABLEAU des espèces du genre des cottes, 230. 


Le cotte grognant, 232. Le cotte insidiateur, 247. 
Le cotte scorpion, 236. Le cotte madégasse, 248. 
Le cotte quatre-cornes , 241. Le cotte noir, 250. 

Le cotte raboteux, 244. , Le cotte chabot , 252. 


Le cotte austral, 246. 


TABLEAU des espèces du genre des scorpènes, 258. 


La scorpène horrible, 267. La scorpène rascasse, 27h. 
La scorpène africaine, 266. La scorpène mahé, 278. 

La scorpène épineuse, 267. La scorpene truie, 280. 

La scorpène aïguillonnée, 268. La scorpène plumier, 282. 
La scorpène marseilloise, 269. La scorpène américaine , 284. 
La scorpène double-filament, 270. La scorpène didactyle, 285. 
La scorpène brachion, 272. La scorpene antennée, 287. 
La scorpène barbue, 274. La scorpène volante, 289. 


TABLEAU des espèces du genre des scombéromores, 292. 
Le scombéromore plumier, 293. 
TaBLEaAU des espèces du genre des gastérostées, 205. 


Le gastérostée épinoche, le gastérostée épinochette, et le gastérostée 


spinachie, 206. 
TABLEAU des espèces du. genre des centropodes ,' 303. 
Le centropode rhomboïdal , 304. 
TasLeaAU des espèces du genre des centrogastères, 306. 
Le centrogastère brunâtre , et le centrogastère argenté , 307. 


TaBLEeAU des espèces du genre des centronotes, 300. 


Le centronote pilote, 311. lyzan , 316. 

Le centronote acanthias, et le Le centronote carolinin, le cen- 
centronote glaycos, 315. tronote gardénien, et le centro-- 

Le centronote argenté, le centro- note vadiso, 318. 


note ovale , et le centronote 


DES ARTICLES. co) 

TABLEAU des espèces du genre des lépisacanthes, 320. 
Le lépisacanthe japonois, 321. 
TABLEAU des espèces du genre des. céphalacanthes, 32 *, 

Le céphalacanthe spinarelle , 324. 
TABLE AU des espèces du genre des dactyloptères, 329. 

Le dactyloptère pirapède, 326. _ Le dactyloptère japonois , 335. 
TABLEAU des espèces du genre des prionotes, 336. 

Le prionote volant, 337. 
TABLE AU des espèces du genre des trigles, 330. 


La trigle asiatique, 342. La trigle gurnau, et la trigle gron- 
La trigle lyre, 345. din, 358. 
La trigle caroline, la trigle ponc- La trigle milan, 362. 
tuée, et la trigle lastoviza, 340. La trigle menue, 365. 
La trigle hirondelle, 353. La trigle cavillone , 366. 


La trigle pin, 356. 
TABLEAU des espèces du genre des péristédions, 368. 


Le péristédion malarmat, 360. Le péristédion chabrontére, 373 


/ 


TaBLEAU des espèces du genre des istiophores, 374. 
L’istiophore porte-glaive, 375. ù 

TaBLEAU des espèces du genre des gymnètres, 370. 
Le gymnètre hawken, 380. 


TaABLEAU des espèces du genre des mulles, 382. 


Le mulle rouget , 385. cyclostome, le mulle trois-ban- 
Le mulle surmulet , 394. des, et le mulle macronème, 
Le mulle japonois, 309. | 404. Li 

Le mulle auriflamme, 400. Le mulle barberin , le mulle rou- 
Le mulle rayé, 407. sig geâtre, le mulle rougeor, et le 
Le mulle tacheté, 402. mulle cordon-jäune, 406, 


‘Le mulle deux-bandes, le mulle 


6 


F'AAPPEL 


E 


TABLEAU des espèces du genre des apogons, 4rr. 


L’apogon rouge, 412. 


TABLEAU des espèces du genre dés lonchures, 418. 


Le Jlonchure dianème, 414. 


TABLE AU des espèces du genre des macropodes, 416. 


Le macropode verd-doré, 417. 


NOMENCLATURE des labres, cheilines, cheilodiptères ; 
ophicéphales, hologymnoses, scares, ostorhinques, spares, 
diptérodons, lutjans, centropomes, bodians, tænianotes, 
sciènes, microptèeres, holocentres, et persèques : AIO. | 


TABLEAU des espèces di genre des ltbres, 424. 


Le labre hépate , 456. 

Le labre operculé, le labre aurite, 
le labre faucheur, le Fabre oyène, 
le labre sagittaire, le labre cap- 
pa, le labre lépisme, le labre 
unimaculé, le labre bohar, et le 
labre bossuw, 463: 

Le labre noir, le labre argenté, le 
labre nébuleux, le labre grisâtre, 
le labre armé, le labre chapelet, 


le labre long-museau, le labre 


thunberg, le labre grison , et le 
labre croissant , 467. 

Le labre fauve , Le labre ceylan , le 
labre deux-bandes, le labre mé- 
lagastre , le labre malaptére, le 
Jabre à demi rouge, le labre té- 
tracanthe, le labre demi-disque, 

le labre cerclé, et le labre hé- 
rissé, 472. 
Le labre fourche, le labre six- 


bandes, Je labre macrogastère, 
le labre filamenteux , lé labre 
anguleux, le labre huit-raies, 
le labre moucheté, le labre 
commersonnien , le labre lisse, 
et le labre macroptere , 477. 

Le labre quinze-épines, le labre 
macrocéphale , le labre plumié- 
rien, le labre gouan, le labre 
ennéacanthe, et le labre ronges- 
raies, 480. 


Le labre kasmira, 483. 


Le-labre paon, 484: 

Le labre bordé , le labre rouillé, le 
labre œillé, le labre mélops, le 
labre nil, le labre louche, le 
labre triple-tache , le labre cen- 
dré, le labre cornubien. le labre 
mêlé , et le labre jaunâtre, 487. 

Le labre merle , le labre rône , le 
labre fuligineux , le labre brun , 


Ces. 


DORE ASRNTMNO TEE “ 


le labre échiquier, le labre mar- 
bré, le labre laroe-quene, le 
labre girelle, le labre parotique, 
et le labre bergsnyltre, 4092. 
- Le labre guaze, le labre tancoïde, 
© le labre double-tache , le labre 
ponctué, le labre ossifage , le 
Jabre onite, le labre perroquet, 
le labre tourd, le labre cinq- 
épines, le labre chinois, et le 
labre japonois, bor. | 


Le labre linéaire , le labre lunulé, 


le labre varié, le labre maillé, 
le labre tacheté, le labre cock, 
le labre canude, le labre blan- 


ches-raies, le labre bleu, et le 


labre rayé, 508. 

Le labre ballan, le labre bergylte, 
le labre hassek , le labre aristé, 
le labre birayé, le labre grandes- 


EE le labre tête-bleue, ls 


labre à gouttes , le labre boisé, 
et le labre cinq-taches, 5x3. 


Le labre microlépidote, le labre 


vieille , le labre karut, le labre 
anéi , le labre ceinture , le labre 
digramme, le labre hololépi- 
dote, le labre tænioure, le labre 
parterre, le labre sparoïde, le 
labre léopard, et le labre ma- 
laptéronote , 517. 


Le labre diane, le labre macro- 


donte, le labre neustrien, le 
labre calops, le labre ensanglan- 
té, le labre perruche , le labre 
keslik , et le labre combre, 522, 


Le labre brasilien , le labre verd : 


le labre trilobé, le labre deux- 
croissans , le labre hébraïque, 
le labre large-raie, et le labre 
annelé, 526. 


TABLEAU des espèces du genre des gtiiee 029. 


Le cheiline scare, 530. 


Le cheilodiptère beptacanthe, le 
cheïlodiptère chrysoptère ,.-et le 
cheïlodiptère rayé., 542. 

Le cheïlodiptère maurice, 545. 

Le cheïlodiptère cyanoptère , le 


Le cheiïline trilobé, 537. 


TABLEAU des espèces du genre des ch elodiptères, 039. 


pililuéipese boops , et lé chei- 
)ladiptère acoupa , 546. 


Le, €heiïlodiptère macrolépidote, 
,€b le, cheilodiptère tacheté, 


549 + 


TABLEAU des espèces du genre des ophicéphales, Or. 
JL SÉRIE karruwey, et lV’ophicéphale wrah}, 552. 
TaBLEau des espèces du genre des holosymnoses, 536. 


L’hologymnose fascé, 5b7. 


AVERTISSEMENT 


Cr troisième volume de lHistoire des poissons renferme la 
description de deux cent quatre-vingt-dix-huit espèces, dont 
cent Sont encore inconnues. Elles sont réparties dans quarante- 
huit genres, parmi lesquels on devra en compter trente-quatre 
qu'aucun naturaliste n’avoit encore établis. 

Les trois premiers volumes de l'Histoire des poissons com- 
prennent donc des articles relatifs à six cent dix espèces, dont 
cent: cinquante-quatre n’avoient été décrites par aucun auteur, 
avant notre travail sur ces animaux, et que nous avons distri- 
buées dans quarante - neuf genres connus depuis long -temps, 
et dans soixante autres genres que nous avons formés. 

Le nombre des planches du troisième volume est moindre 
que nous ne lavions cru, parce que l'histoire de plusieurs 
espèces de poisson auxquelles ces planches sont relatives, ne 
paroîtra que dans le quatrième, ou dans le cinquième et der- 
nier volume. Elle a été ainsi reculée pour faire place à celle 
d’än grand nombre d’espèces qui devoient la précéder d’après 
l’ordre méthodique suivi dans cet ouvrage, et au sujet desquellés 
nous avons recu de nos correspondans des notes très-multipliées 
et tres-étendues, depuis lPimpression du second volume. 

Ce second volume renferme la figure d’une espèce décrite 
dans le troisième ; c’est celle du labre tétracanthe, représenté 
pl. XIIL, fig. 8. 

On trouvera dans le quatrième, dont l’impression est presque 
terminée, l’article relatif au /uwijan trilobé, dont on peut voir 
la figure au 7° 3 de la planche XNT du second volume. 


SUITE DUT AB LE A U 


DU DIX-NEUVIÈME ORDRE 


DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, 
où DU TROISIÈME ORDRE 


DE LA PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUXY*. 


_ Genres. 


78.  ÉCHÉNÉIS. 


Une plaque très-grande, ovale, composée 
de lames transversales, et placée sur la 


tête, qui est déprimée. 


k ne Deux nageoires sur le dos; la queue deux 
72 fois plus longue que le corps. 


Le sommet de la tête très - comprimé et 
comme tranchant par le haut, ou tres- 
élevé et finissant sur le devant par un 
plan presque vertical, ou terminé anté- 

80. CORYPHÈNE. rieurement par un quart de cercle, ou 
garni d’écailles semblables à celles du dos ; 
une seule nageoire dorsale, et cette na- 
geoire du dos presque aussi longue que le 
corps et la queue. 


(Le sommet de la tête très-comprimé, et 


Qr. HÉMIPTÉRONOTE. comme tranchant par le haut, ou très- 
élevé et finissant sur le devant par un plan 


\ er 


# Voyez le tableau qui est à la tête du premier volume, et celui qui est à la tête du second. . 


TOME III b 


FO 


Genres: 


81. 


82. 


09. 


84. 


82. 


86. 


HÉMIPTÉRONOTE. 


CORYPHÉNOIÏDE,. 


ASPIDOPHORE. 


ASPIDOPHOROÏDE. 


COTTE. 


SCORPÈENE: 


TrACBUE EE AD 


presque vertical, ou terminé antérieure- 
ment par un quart de cércle, ou garni 
d’écailles semblables à celles du dos; une 
seule nageoire dorsale, et la longueur de 
cette nageoire du dos ne surpassant pas 
ou surpassant à peine la moitié de la lon- 
gueur du corps et de la queue pris en- 
semble. 


comme tranchant par le haut, ou trés- 
élevé et finissant sur le devant par un 
plan presque vertical, ou terminé anté- 
rieurement par un quart de cercle, ou 
garni d’écailles semblables à celles du dos; 
une seule nageoire dorsale; l’ouverture 
des branchies ne consistant que dans une 
fente transversale. 


| sommet de Ja tête très-comprimé, et 


de cuirasse écailleuse ; deux nageoires sur 
le dos; moins de quatre rayons aux na- 


F corps et la queue couverts d’une sorte 


geoires thoracines, 


Le corps et la queue couverts d’une sorte 


| 


de cuirasse écailleuse ; une seule nageoire 
sur le dos; moins de quatre rayons aux 
nageoires thoraeines. 


a tête plus large que le corps; la forme 
générale un peu conique; deux nageoires 
sur le dos; des aiguillons ou des tuber- 
cules sur la tête ou sur les opercules des 
branchies ; plus de trois rayons aux na- 
geoires thoracines. 


rances ; ou de barbillons , et dépourvue de 
petites écailles ; une seule nageoire dor- 


| tête garnie d’aiguillons, ou de protubé- 


sale, 


T'DrESY E E NRA. IT 


Genres. Une seule nageoire dorsale ; de petites na- 


* 


87. s se Die Med geoires au- dessus et au-dessous de la 
e AS e 


queue ; point d’aiguillons isolés au- devant 
de la nageoire du dos. 


Une seule nageoire dorsale; des aiguillons 
isolés , ou presque isolés , au-devant de la 
nageoïre du dos; une carène longitudi- 


88. GASTÉROSTÉE,. NM 
- nale de chaque côté de la queue ; un ou 


x 


deux rayons au plus à chaque nageoire 
thoracine ; ces rayons aïguillonnés. 


Deux nageoires dorsales; un aiïguillon et 
cinq ou six rayons articulés très-petits à 
chaque nageoire thoracine ; point de pi- 

89. CENTROPODE. quans isolés au-devant des nageoires du 

dos, mais les rayons de la première dor- 
sale à peine réunis par une membrane; 
point de carène latérale à la queue, 

= D NUS CHE ES Quatre aïguillons et six rayons articulés à 

| chaque nageoire thoracine. 

Une seule nageoire dorsale; quatre rayons 
au moins à chaque thoracine ; des pi- 
quans isolés au-devant de la nageoiïre du 

RS Te NE dos; une saillie longitudinale sur chaque 

côté de la queue, ou deux aiguillons au- 


. devant de la nageoire de l’anus. 


Les écailles du dos, grandes, ciliées et ter- 
minées par un aiguillon ; les opercules den- 

92. LÉPISACANTHE. telés dans leur partie postérieure, et dé- 
nués de petites écailles ; des aiguillons 


isolés au-devant de la nageoire dorsale. 


Le derrière de la tête garni , de chaque côté, 
gd CÉPHALACANTHE de deux piquans dentelés et très-]longs ; 
point d’aiguillons isolés au-devant de la 


rageoire du dos. 


ER TAPBUL UE AU 


Genres: | Une petite nageoire composée de rayons 
94. DACTYLOPTÈRE, soutenus par une membrane, auprès de*la 


base de chaque nageoire pectorale. 
+: aiguillons dentelés, entre les deux na- 


$ geoires dorsales ; des rayons articulés et 
. PRIONOTE. 4 
9 non réunis par une membrane , auprès de 


chacune des nageoires pectorales, 


Point d’aiguillons dentelés entre les deux 


nageoires dorsales; des rayons articulés et 
96. TRIGLE. : F 
, non réunis par une membrane, auprès de 


sn, 


chacune des nageoires pectorales, 


Des rayons articulés et non réunis par une 

membrane, /auprès des nageoires pecto- 
À 4 rales ; une seule nageoire dorsale; point 
97° PÉRISTEDION. Fate L 
d’aiguillons dentelés sur le dos; une ou 
plusieurs plaques osseuses au-dessous du 


| corps. 


NT 


des nageoires pectorales, ni de plaques 

no RCE au-dessous du corps ; la première 
nageoire du dos, arrondie, très-longue , et 
d’une hauteur supérieure à celle du corps: 


deux rayons à chaque thoracine. 


è de rayons articulés et libres auprés 


Point de nageoire de l’anus; une seule na- 
99. GYMNÈTRE. geoire dorsale ; les rayons des nageoires: 
thoracines très-alongés. 


détachent aisément ; deux nageoires dor- 


Le corps couvert de grandes écailles qui se 
à LLE. : 4 k : 

UE Fan sales; plus d’un barbillon à la mâchoire 
inférieure. 


= 


{Les écailles grandes et faciles à détacher ; le 
sommet de la tête élevé ; deux nageoires. 
FQF 1), ARS CON dorsales; point de barbillons au-dessous 


de la mâchoire inférieure. 


ve 


Genres: 


102 LONCHURE. 


103, MACROPODE, 


104. LABRE. 


105. CHEILINE. 


106, CHEILODIPTÈRE. 


DES GENRES, 


L 


| 


19 


a nageoire de la queue lancéolée ; cette na 
geoire.et les pectorales aussi longues, au 
moins , que le quart de la longueur totale 
de l'animal ; la nageoire dorsale longue , et 
profondément échancrée; deux barbillons 
à la mâchoire inférieure. 


es thoracines au moins de la longueur du 
corps proprement dit ; la nageoïre caudale 
très-fourchue , et à peu près aussi longue 
que le tiers de la longueur totale de Pani- 
mel; la tête proprement dite et' les oper- 
cules reyêtus d’écailles semblables à celles 


du dos; l’ouverture de la bouche très- 
petite. 


dents incisives ou molaires ; les opercules 
des branchies, dénués de piquans et de 


dentelure; une seule nageoire dorsale; cette 


Ë lèvre supérieure extensible; point de 


nageoire du dos très-séparée dé celle de la 
queue , ou très-éloignée de la nuque, ou 
composée de rayons terminés par un fila- 
ment, 


des branchies dénués de piquans et de 
dentelure; une seulé nageoire dorsale; 
cette nageoire du dos très-séparée de 
celle de la queue, ou très-éloïgnée de 
la nuque, ou composée de rayons termi- 
nés par un fHilament; de grandes écailles 
ou des appendices placés sur la base de la 
nageoire caudale, ou sur les côtés de la 
queue. 


La lévre supérieure extensible; point de 


| lèvre supérieure extensible; les opercules 


dents incisives ni molaires; les opercules. 
des branchies dénués de piquans et de den- 
telure ; deux nageoires dorsales. 


14 TABLE AU 


Genres: 


107, OPHICÉPHALE. 


108. HOLOGYMNOSE. 


109. SCARE. 


110. OSTORHINQUE. 


IIIe SPARE. 


| | 
| 


Point de dents incisives ni molaires ; les oper- 


cules des branchies dénués de piquans et de 
dentelure; une seule nageoire dorsale ; la 
tête aplatie, arrondie par-deyant , sem- 
biable à celle d’un serpent, et couverte 
d’écailles polygones, plus grandes que 
celles du dos, et disposées à peu prés 
comme celles que l’on voit sur la tête de 
la plupart des couleuvres ; tous les rayons 
des nageoires articulés. 


Toute la surface de l’animal dénuée d’é- 


cailles facilement visibles; la queue re- 
présentant deux cônes tronqués , appliqués 
le sommet de l’un contre le sommet de 
Pautre , et inégaux en longueur ; la cau- 
dale très-courte ; chaque thoracine compo- 
sée d’un ou plusieurs rayons mous et réu- 
nis ou enveloppés de manière à imiter un 
barbillon charnu. 


Les mâchoires osseuses, très-avancées, et 


tenant lieu de véritables dents ; une seule 
nageoire dorsale. 


Les mâchoires osseuses, très-avancées , et 


tenant lieu de véritables dents ; deux na- 
geoires dorsales. 


Les lèvres supérieures peu extensibles, ou 


non extensibles ; ou des dents incisives, ou 
des dents molaires disposées sur un ou 
plusieurs rangs; point de piquans ni de 
dentelure aux opercules ; une seule na- 
geoire dorsale ; cette nageoire éloignée de 
celle de la queue, ou la plus grande hau- 
teur du corps proprement dit, supérieures 
ou égale , ou presque égale à la longueur 
de ce même corps. 


DÆ SG E NE ES, ; 15 


Genres. Les lèvres supérieures peu extensibles, ou 


112. DIPTÉRODON. 


313 LUTJAN. 


UC BODIAN. 


Un ou plusieurs aiguillons et point de den- 
116. TÆNIANOTE. - 


117. SCIÈNE. 


I14 GENTROPOME. | 


non extensibles ; ou des dents incisives, 
ou des dents molaires disposées sur un ou 
plusieurs rangs; point de piquans ni de 
dentelure aux opercules ; deux nageoires 
dorsales ; la seconde nageoiïre du dos éloi- 
gnée de celle de la queue, ou la plus 
grande hauteur du corps proprement dit, 
supérieure , ou égale, ou presque égale à 
la longueur de ce même corps. 


Une dentelure à une ou à plusieurs pièces 


de chaque opercule; point de piquans’ à 
ces pièces; une seule nageoire dorsale; 
un seul barbillon ou point de barbillons 
aux mâchoires. 


Une dentelure à une ou à plusieurs pièces de 


chaque opercule; point d’aiguillons à ces 
pièces ; un seul barbillon ou point de bar- 
billons aux mâchoires; deux nageoires 
dorsales. 


Un ou plusieurs aiguillons et point de den- 


telure aux opercules; un seul barbillon 
ou point de barbillons aux mâcloires; 
une seule naceoire dorsale. 


telure aux opercules; un seul barbillon ou 
point de barbillons aux mâchoires; une 
nägeoire dorsale étendue depuis l’entre- 
deux des yeux jusqu’à la nagcoire de la 
queue, ou très-longue et composée de plus 


! 


de quarante rayons. 


Un ou plusieurs aiguillons et point de den- 


telure aux opercules; un seul barbillon ou 
point de barbillons .aux mâchoires ; deux 
nageoires dorsales, 


16 TAB LÆEAU DL S:"CENRh-E-s; 


Genres. 


118 MICROPTÈRE. 


4 


‘119, HOLOCENTRE. 


‘120. PERSÈQUE, 


Un ou plusieurs aiguillons et point de den 


telure aux opercules ; un barbillon ou point 
de barbillons aux mâchoires; deux na- 
geoires dorsales ; la seconde très-basse , 
très-courte, ét comprenant au, plus cinq 


‘ 


Yayons 
rayons, 


Un ou plusieurs aiguillons et une dentelure 
aux opercules; un barbillon ou point de 
barbillons aux mâchoires ; une seule na- 
geoire dorsale. 


Un ou plusieurs aiguillons et une dentelure 


aux opercules; un barbillon ou point de 
. barbillons aux mâchoires ; deux nageoires 
CQrSAIeES 


2 


- HISTOIRE NATURELLE 


DES POISSONS. 


DES EFFETS DE L'ART DE L'HOMME 


SUR LA NATURE DES POISSONS. 


C’EsT un beau spectacle que celui de l'intelligence 
humaine, disposant des forces de la Nature, les divi- 
sant, les réunissant, les combinant, les dirigeant à son 
gré, et, par l'usage habile que l’expérience et l’obser- 
vation lui en ont appris, modifiant les substances, 
TOME II, A 


ij EFFETS DE L'ART DE L'HOMME. 
transformant les êtres , et rivalisant, pour ainsi dire; 
avec la puissance créatrice. 

L'amour propre, l'intérêt, le sentiment et la raison 
applaudissent sur-tout à ce noble spectacle , lorsqu'il 
nous montre le génie de l’homme exerçant son empire, 
non seulement sur la matière brute qui ne lui résiste 
que par sa masse, ou ne lui oppose que ce pouvoir 
des affinités qu'il lui suffit de connoître pour le mat- 
triser, mais encore sur la matière organisée et vive, 
sur les corps animés, sur les êtres sensibles, sur les 
propriétés des espèces, sur ces attributs intérieurs, ces 
facultés secrètes , ces qualités profondes qu'il Horse 
sans mème parvenir à dévoiler leur essence. 

De quelques êtres organisés et vivans que l’on veuille 
dessiner l’image, on voit presque toujours sur quel- 
ques uns de leurs traits l'empreinte de l’art de l’homme. 

Sans doute l'histoire de son industrie n'est pas celle 
de la Nature : mais comment ne pas en écrire quelques 
pages , lorsque le récit de ses procédés nous montre 
jusqu’à quel point la Nature peut être contrainte à 
agir sur elle-même, et que cette puissance admi- 

rable de l’homme s'applique à des objets d'une haute 
importance pour le bonheur public et pour la félicité 
privée? | 

Parmi ces objets si dignes de l'attention de l’économe 
privé et de l'économe public, comptons, avec les 
sages de l'antiquité, ou, pour mieux dire, avec ceux 
de tous les siècles qui ont le plus réuni l'amour de 


SUR LA NATURE DES POISSONS. ä) 
l'humanité à la connoissance des productions de la 
Nature, la possession des poissons les plus analogues 
aux besoins de l’homme. | 

Deux grands moyens peuvent procurer ces poissons 
que l’on a toujours recherchés, mais auxquels, dans 
certains siècles et dans certaines contrées, on a attaché 
un si grand prix. 

Le premier de ces moyens, résultat remarquable 
du perfectionnement de la navigation, multipliant 
chaque jour le nombre des marins audacieux, et 
accroissant les progrès de l’admirable industrie sans 
laquelle il n’auroit pas existé, obtiendra toujours les 
plus grands encouragemens des chefs des nations 
éclairées : il consiste dans ces grandes pèches auxquelles 
des hommes entreprenans et expérimentés vont se li- 
vrer sur des mers lointaines et orageuses. | 

Mais l'usage de ce moyen, limité par les vents, les 
courans et les frimas, et troublé fréquemment par 
Tes innombrables accidens de l'atmosphère ét des mers, 
exige sans cesse une association constante, prévoyante 
et puissante, une réunion difhcile d’instrumens variés, 
une sorte d'alliance entre un grand nombre d'hommes 
que l'on ne peut rencontrer que très-rarement et 
rapprocher qu'avec peine. Il ne -donne à nos ateliérs 
qu'une partie des produits que l’on pourroit retirer 
des animaux poursuivis dans ces pêches éloignées et 
fameuses, et ne procure pour la nourriture de l’homme 
que des préparations peu substantielles, peu agréables, 
ou peu salubres, 


iv EFFETS DE L'ART DE L'HOMME 

Le second moyen convient à tous les temps, à tous 
les lieux , à tous les hommes. Il ne demande que peu 
de précautions, -que peu d'efforts, que peu d’instans, 
que peu de dépenses. Il ne commande aucune absence 
du séjour que l'on affectionne, aucune interruption 
de ses habitudes, aucune suspension de ses affaires ; 
il se montre avec l'apparence d’un amusement varié, 
d'une distraction agréable, d'un jeu plutôt que d’un 
travail; et cette apparence n’est pas trompeuse. Il doit 
plaire à tous les âges; il ne peut être étranger à aucune 
condition. Il se compose des soins par lesquels on par- 
vient aisément à transporter dans les eaux que l’on veut 
rendre fertiles, les poissons que nos goûts ou nos 
besoins réclament, à les y acclimater , à les y conserver, 
à les y multiplier, à les y améliorer. 


Nous traiterons des grandes pêches dans un discours 


particulier. 

Occupons-nous dans celui-ci de cet ensemble de 
soins qui nous rappelle ceux que les Xénophon, les 
Oppien, les Varron, les Ovide, les Columelle, les 
Ausone, se plaisoient à proposer aux deux peuples les 
plus illustres de l'antiquité, que la sagesse de leurs 
préceptes , le charme de leur éloquence, la beauté de 
leur poésie et l'autorité de leur renommée inspiroient 
avec tant de facilité aux Grecs et aux Romains, et qui 
étoient en très-grand honneur chez ces vainqueurs de 


l'Asie et de l’Europe, que la gloire avoit couronnés de 


tant de lauriers. $ 


“ 


SUR LA NATURE DES POISSONS. V 


L'homme d'état doit les encourager, comme une 
seconde agriculture : l’homme des champs doit les 
adopter, comme une nouvelle source de richesses et 
de plaisirs. ; 

En rendant en effet les eaux plus productives que la 
terre, en répandant les semences d'une abondante et 
utile récolte , dans tous les lacs, dans les rivières, dans 
les ruisseaux, dans tous les endroits que la plus foible 
source arrose, où qui conservent sur leur surface le 
produit des rosées et des pluies, ces soins que nous 
allons tâcher d'indiquer, n’augmenteront-ils pas beau- 
coup cette surface fertile et nourricière du globe, de 
. laquelle nous tirons nos véritables trésors? et l’accrois- 
sement que nous devrons à ces procédés simples et 
peu nombreux, ne sera-t-il pas d'autant plus considé- 
rable, que ces eaux dans lesquelles on portera , en- 
trétiendra et multipliera le mouvement et la vie, 
offriront une profondeur bien plus grande que la 
couche sèche fécondée par la charrue, et à laquelle 
nous confions les graines des végétaux précieux ? 

Et dans ses momens de loisir, lorsque l’ami de la 
Nature et des champs portera ses espérances , ses sou-- 
venirs, ses douces rêveries , sa mélancolie même, sur 
les rives des lacs, des ruisseaux ou des fontaines, et 
que, moilement étendu sur une herbe fleurie, à l'ombre 
d'arbres élevés et touffus, il goûtera cette sorte d’ex- 
tase, cette quiétude touchante, cette volupté du repos, 
cet abandon de toute idée trop forte, cette absence 


v) EFFETS DE L’'ARTDE L'HOMME 

de toute affection trop vive, dont le charme est si 
grand pour une ame sensible, n’éprouvera-t-il pas 
une jouissance d'autant plus douce qu'il aura sous ses 
yeux, au lieu d'une onde stérile, déserte, inanimée, 
des eaux vivifiées, pour ainsi dire, et embellies par la 
légéreté des formes, la vivacité des couleurs, la variété 
des jeux, la rapidité des évolutions ? 

Voyons done comment on peut transporter, aceli- 
mater, multiplier et-perfectionner les poissons; ou, 
ce qui est la même chose, montrons comment l'art 
modifie leur nature. 

Tâchons d'éclairer la route élevée du physiologiste 
par les lumières de l'expérience, et de diriger l’expé- 
rience par les vues du physiologiste. 

Disons d’abord comment on transporte les poissons 
d’une eau dans une autre. 

De toutes les saisons, la plus favorable au transport 
de ces animaux est l'hiver, à moins que le froid ne 
soit très-rigoureux. Le priñtemps et l'automne le sont 
beaucoup moins que la saison des frimas; mais il faut 
toujours les préférer à l'été. La chaleur auroït bientôt 
fait périr des individus accoutumés à une température 
assez douce; et d'ailleurs ils ne résisteroient pas à 
l'influence funeste des orages qui règnent si fréquem- 
ment pendant l'été. | 

C'est en effet un beau sujet d'observation pour le 
physicien, que l’action de l'électricité de l'atmosphère 
sur les-habitans des eaux, action à laquelle ils sont 


SUR LA NATURE DES POISSONS. vi} 
soumis non seulement lorsqu'on les force à changer de 
séjour, mais encore lorsqu'ils vivent indépendans dans 
de larges fleuves, ou dans des lacs immenses, dont la 
profondeur ne peut les dérober à la puissance de ce 


- feu électrique. 


Il ne faut exposer aux dangers du transport que des 
poissons assez forts pour résister à la fatigue, à la 
contrainte, et aux autres inconvéniens de leur voyage. 
À un an, ces animaux seroient encore trop jeunes ; l’âge 
le plus convenable pour les faire passer d'une eau dans 
une autre, est celui de trois ou quatre ans. 

On ne remplira pas entièrement d’eau les tonneaux 
dans lesquels on les renfermera. Sans cette précaution, 
les poissons, montant avec rapidité vers la surface de 


Veau , blesseroient leur tête contre la partie supérieure 


du vaisseau dans lequel ils seront placés. Ces tonneaux 
devront d’ailleurs présenter un assez grand espace. 
Bloch, qui a écrit des observations très-utiles sur l'art 
d'élever les animaux dont nous nous occupons, demande 
qu'un tonneau destiné à transporter des poissons du 
poids de cinquante kilogrammes (cent livres, ou à peu 
près) contienne trois cent vingt litres ou pintes d'eau. | 

Il est même nécessaire que vers la fin du printemps, 
ou au comméncement de l'automne , c’est-à-dire, lors- 
que la chaleur est vive au moins pendant plusieurs 
heures du jour, cette quantité d’eau soit plus grande, 
et souvent double; et quelle que soit la température de 
l'air, il faut qu'il y ait toujours une communication 


Vij EFFETS DE L'ART DE L'HOMME 

libre entre l'atmosphère et l’intérieur du tonneau, soit 
pour procurer aux poissons , suivant l'opinion de quel- 
ques physiciens, l'air qui peut leur être nécessaire, 
soit pour laisser échapper les miasmes malfaisans et 
les gaz funestes qui, ainsi que nous l'avons déja dit 
dans cette histoire, se forment en abondance dans 
tous les endroits où les habitans des eaux sont réunis 
en très-grand nombre, même lorsque la chaleur n'est 
pas très-forte, et leur donnent la mort souvent dans 
un espace de temps extrêmement court. 

Mais comme ces soupiraux si nécessaires aux pois- 
sons que l'on fait voyager , pourroient, s'ils étoient 
faits sans attention, laisser à l’eau des mouyemens 
trop libres et trop violens qui la feroient jaillir, pous- 
seroient les poissons les uns contre les autres, les frois- 
seroient et les blesseroient mortellement, il sera bon 
de suivre, à cet égard, les conseils de Bloch, qui 
recommande de prévenir la trop grande agitation de 
l’eau par une couronne de paille ou de petites planches 
minces introduites dans le tonneau, ou en adaptant 
à lorifice qu'on laisse ouvert, un tuyau un peu long, 
terminé en pointe, et percé vers le haut de plusieurs 
trous qui établissent une communication sufhisante 
entre l'air extérieur et l’intérieur du vaisseau *. 

Toutes les fois que la distance le permettra, on 
emploiera aussi des bêtes de somme tranquilles, ou 


* Jnéroduction à l'histoire naturelle des poissons, par Bloch. 


SUR LA NATURE DES POISSONS. IX 


même des porteurs attentifs, plutôt que des voitures 
exposées à des cahots rudes et à des secousses brusques 
et fréquentes. | 

On prendra encore d’autres précautions, suivant les 
circonstances dans lesquelles on se trouvera, et les 
espèces dont on voudra porter des individus vivans à 
un assez grand éloignement de leur premier séjour. 

Si l’on veut, par exemple, conserver en vie, malgré 
un long trajet, des truites, des loches, ou d’autres 
poissons qui périssent facilement, et qui se plaisent au 
milieu d’une eau courante, on change souvent celle 
du tonneau dans lequel on les renferme, et on ne cesse 
de communiquer à celle dans laquelle on les tient 
- plongés , un mouvement doux, mais sensible, qui sub- 
siste lors même que la voiture qui les porte s'arrête, 
et qui, bien inférieur à une agitation dangereuse, 
représente les courans naturels des rivières ou des 
ruisseaux. | | 

Pour peu que l’on craigne les effets de la chaleur , 
on voyagera la nuit ; et l’on évitera avec le plus grand 
soin, en maniant les poissons, de les presser, de les 
froisser, de les heurter. 

Onne les laissera hors de l'eau que pendant le temps 
le plus court possible, sur-tout lorsqu'un soleil sans 
nuages pourroit, en desséchant promptement leurs 
organes et particulièrement leurs branchies, les faire 
périr très-promptement. Cependant, lorsque le temps 
sera froid, on pourra transporter des anguilles, des 

TOME 1:11 B. 


x EFFETS DE L'ART DE L'HOMME 


carpes, des brèmes, et d'autres poissons qui vivent assez 
long-temps hors de l'eau, sans employer ni tonneau 
ni voiture, en les enveloppant dans de la neige et dans 
des feuilles grandes, épaisses et fraîches, telles que 
celles du chou ou de la laitue. Un moyen presque sem- 
blable a réussi sur des brèmes que l’on a portées vi- 
vantes à plus de dix myriamètres (vingt lieues). On les 
avoit entourées de neige , et on avoit mis dans leur 
bouche un morceau de pain trempé dans de l’eau-de- 
vie. | 

C'est avec des précautions analogues que ‘dès le 
seizième siècle®on a-répandu dans plusieurs contrées 
de l’Europe, des ‘espèces précieuses de poisson, dont 
on y étoit privé. C’est en les employant, qu'il paroît 
que Maschal à introduit la carpe en Angleterre en 
4514; que Pierre Oxe l'a donnée au Danemarck en 1550; 
qu'à ‘une époque plus rapprochée on a naturalisé 
l’acipensère strelet en Suède, ainsi qu'en Poméranie, 
ét qu'on a peuplé de cyprins dorés de la Chine les eaux 
non seulement de France, mais encore d'Angleterre, 
de Hollande et d'Allemagne. 

Mais il est un procédé par le moyen duquel on par- 
vient à son but avec bien plus de sûreté, de facilité 
et d'économie, quoique beaucoup plus lentement. 

Il consiste à transporter le poisson, non pas déve- 
loppé’et parvenu à une taille plus ou moins grande, 
mais encore dans l’état d’embryon et renfermé dans 
son ‘œuf. Pour réussir plus aisément, on prend les 


SUR LA NATURE (DES: POHSSONS. is] 


herbes ou les pierres sur lesquellss les’ femelles :ont 
déposé leurs œufs, et les mâles deur laite, et on les 
porte dans un vase plein d'eau, jusqu'au lac, à l'étang, 
à la rivière, ou au bassin que lan: desire de peupler. 
On apprend facilement à distinguer les œufs fécondés, 
-d'avec ceux qui n'ont pas été arrosés de la liqueur pro- 
lifique du mâle, et que l'on doit rejeter: les premiers 
paroissent toujours plus jaunes, plus clairs ; plus dia- 
phanes. On remarque cette différence dès le premier 
jour de leur fécondation, si l’on se sert d’une loupe; 
et dès le troisième ou le quatrième jour on n’a plus 
besoin de cet instrument, pour voir que ceux qui 
n'ont pas été fécondés par le mâle, deviennent à 
chaque instant plus troubles, plus opaques, plus ternes: 
ils perdent tout leur éclat, s'altèrent, se décomposent; 
et dans cet état de demi-putréfaction, ils ont été com- 
parés à de petits grains de grêle qui commencent à 

se fondre *. | 
Pour pouvoir employer ce transport des œufs fécon- 
dés, d’une eau dans une autre, il faudra s'attacher à 
connoître dans chaque pays le véritable temps de la 
ponte de chaque espèce, et du passage des mâles au- 
dessus des œufs; et comme dans presque toutes les 
espèces de poissons on compte trois ou-quatre époques 
du frai, les jeunes individus pondant leurs œufs plus. 
tard que les femelles plus avancées en âge, et celles-ci 

| | 

* Bloch, Zrfroduction à Phistorre naturelle des poissons. 


x] EFFETS DE L'ART DE L'HOMME 

plus tard que d’autrés femelles plus âgées encore, que 
ces époques sont ordinairement séparées par un inter- 
valle de neuf ou dix jours, et que d’ailleurs il s'écoule 
toujours au moins près de neuf jours entre l'instant 
de la fécondation et celui où le fœtus brise sa coque et 
vient à la lumière, on pourra chaque année, pendant 
un mois ou environ, chercher avec succès des œufs 
Fécondés de l'espèce qu'on voudra introduire dans une 
eau qui ne l'aura pas encore nourrie. 

Si le trajet est long, on change souvent l’eau du 
vase dans lequel les œufs sont transportés. Cette pré- 
caution a paru nécessaire même dans les premiers 
jours de:la ponte, où l'embryon contenu dans l’œuf 
ne: peut. être supposé respirer en aucune manière, 
puisque, dans ces premiers jours, non seulement le 
petit animal est renfermé dans ses enveloppes et dans 
la membrane qui entoure l’œuf, mais encore montre 
au microscope le cours de son sang , dirigé de manière 
à circuler sans passer par des branchies qui ne sont ni 
développées ni visibles. Elle ne sert donc dans ce pre- 
mier temps qu'à préserver les œufs et les embryons, de 
l’action des gaz ou miasmes qui se produiroient dans 
une eau que l’on ne renouvelleroit pas, et qui, péné- 
trant au travers de la membrane de l'œuf, agiroient 
d'une manière funeste sur les nerfs ou sur d’autres 
organes encore extrêmement délicats des jeunes pois- 
sons. La nécessité de ce changement d’eau est donc une 
nouvelle preuve de ce que nous avons dit dans ce 


SUR LA NATURE DES POISSONS xl 
Discours , et dans celui que nous avons publié sur la 
nature des poissons, au sujet du besoin que l'on a 
pour conserver ces animaux en vie, d'entretenir une 
communication très-libre entre l’atmosphère et le fluide 
dans lequel ils sont plongés. 

On favorise le développement de l'œuf et la sortie 
du fœtus, en les plaçant après le transport dans un 
endroit éclairé par le soleil. On les hâte même par cette 
attention; et Bloch nous apprend dans l'introduction 
que nous avons déja citée, qu'ayant fait quatre paquets 
d'herbes chargées d'œufs de la même espèce, ayant 
exposé le premier au soleil du midi, le second au soleil 
levant, le troisième au couchant, et ayant fait mettre 
le quatrième à l'abri du soleil, les œufs du premier 
paquet furent ouverts par le fœtus deux jours avant 
ceux du quatrième, et les œufs du second et du troi- 
sième un jour plutôt que ceux du quatrième paquet, 
que la chaleur du soleil n'avoit pas pénétrés. 

‘Cependant les eaux dans lesquelles vivent les pois- 
sons, peuvent être salées ou douces, troubles ou lim- 
pides, chaudes ou froides, tranquilles ou agitées par 
des courans plus ou moins rapides, Elles doivent tou- 
jours présenter ces qualités combinées quatre à quatre, 
la même eau devant être nécessairement courante ou 
tranquille, froide ou chaude, claire ou limoneuse, 
douce ou salée. Mais ces huit modifications réunies 
quatre à quatre peuvent produire seize combinaisons : 
l'eau qui nourrit les poissons peut donc offrir seize 


XIV EFFETS DE L'ART DE L'HOMME 
manières d’être très-différentes l’une de l’autre, et 
très-faciles à distinguer. Nous en trouverions un nombre 
immense si nous voulions faire attention à toutes les 
nuances que chacune de ces modifications pêut mon- 
trer, et à toutes les combinaisons qui peuvent résulter 
du mélange de tous ces degrés. Néanmoins ne tenons 
compte que des seize caractères bien distincts qui 
peuvent appartenir à l'eau; et voyons l'influence de 
la nature des différentes eaux sur la conservation des 
poissons que l’on veut acclimater. 
- Ilest évident que si l’on jette les yeux au hasard sur 
une des seize combinaisons que nous venons d'indi- 
quer, on ne la verra pas séparée des Tee autres par 
un égal nombre de différences. | 

Que l’on dépose donc les poissons que l'on viendra 
de transporter, dans les eaux les plus analogues à celles 
dans lesquelles ils auront. vécu ; et lorsqu'on sera 
embarrassé pour trouver de ces éaux adaptées aux in- 
dividus que l’on voudra conserver, que lon préfère 
de les placer dans des lacs, où ils jouiront à leur vo- 
lonté des eaux courantes qui s'y jettent ou en sortent, 
et des eaux paisibles qui y séjournent, où ils ren- 
contreront des touffes de végétaux aquatiques et des 
rochers nuds, des fonds de sable et des terrains 
vaseux, où ils jouiront d’une température douce en 
s’enfonçant dans les endroits les plus profonds, et où 
ils pourront se réchauffer aux rayons du soleil en 
s’élevant vers la surface. è 


SUR LA NATURE DES POISSONS. XV 


Que l’on choisisse néanmoins les lacs dont les rives 

sont unies, plutôt que ceux dont les rivages sont très- 
-hauts; et si l’on est obligé de se servir de ces lacs à 
bords très-exhaussés, et où par conséquent les œufs 
déposés sur des fonds trop éloignés de l'atmosphère 
‘ne peuvent pas recevoir l'heureuse influence de la 
lumière et de la chaleur, qu’on supplée aux côtes 
basses et aux pentes douces , en faisant construire dans 
ces lacs et auprès de leurs bords des espèces de parcs 
ou de viviers en bois, qui présenteront des plans incli- 
_nés très-voisins de la surface de l’eau, et que l’on gar- 
nira, dans la saison convenable, de branches et de 
rameaux sur lesquels les femelles puissent frotter leur 
ventre et se débarrasser de leurs œufs. 

Aura-t-on à sa disposition des eaux thermales assez 
abondantes pour: remplir de vastes réservoirs, et y 
couler constamment en si grand volume, que dans 
toutes les saisons la chaleur y soit très-sensible? On 
en profitera pour acclimater des espèces étrangères, 
utiles par la bonté de leur chair, ou agréables aux 
yeux par la vivacité de leurs couleurs, la beauté de 
leurs formes et l'agilité de leurs mouvemens , et qui. 
n'auront vécu jusqu à ce moment que dans les contrées 
renfermées dañs la zone torride ou très-voisines des 
tropiques. 

Lorsque les poissons ne pr pas délicats , ils peuvent 
néanmoins supporter Ru le passage dune 
eau à une eau très-différente de la première. On l'a 


XV) EFFETS DE L'ART DE L'HOMME 
remarqué particulièrement sur l’anguille; et le citoyen 
De Septfontaines, observateur très-éclairé, que nous 
avons eu le plaisir de citer très-souvent dans nos ou- 
vrages, nous a écrit dans le temps, qu'il avoit fait 
transporter des anguilles d’une eau bourbeuse dans 
le vivier le plus limpide, d’une eau froide dans une 
eau tempérée , d'une eau tempérée dans uné eau froide, 
d'un vivier très-limpide dans une eau limoneuse, etc. ; 
qu’il avoit fait supporter-ces transmigrations à plus de 
trois cents individus ; qu'il les y avoit soumis dans 
différentes saisons ; qu’il n’en étoit pas mort la ving- 
tième partie; et que ceux qui avoient péri, n’avoient 
succombé qu'à la fatigue et à la gêne que leur avoit 
fait éprouver un séjour très -long dans des vaisseaux 
très-étroits. 

On pourroit croire, au premier coup d'œil; qu'une 
des habitudes les plus difficiles à donner aux poissons 
seroit celle de vivre dans l’eau douce après avoir vécu 
dans l’eau salée, ou celle de n'être entourés que d’eau 
salée après avoir été continuellement plongés dans de 
l'eau douce. | | 

Cependant on ne conservera pas long-temps cette 
opinion , si l’on considère qu'à la vérité l'eau salée, 
comme plus pesante, soutient davantage le poisson qui 
nage, et dès-lors lui donne, tout égal d’ailleurs, plus 
d'agilité et de vitesse dans ses mouvemens, mais que 
lorsqu'elle se décompose dans les branchies pour en- 
tretenir par son oxygène la circulation du sang, au 


SUR LA NATURE DES POISSONS  xvi) 
seulement dans. le canal intestinal pour servir par 
son hydrogène à la nourriture de l’animal, le sel dont 
elle est imprégnée, n’altère ni l’un ni l’autre produit 
de cette décomposition. L’oxygène et l'hydrogène reti- 
rés de l'eau salée, où obtenus par le moyen de l’eau 
douce, offrent les mêmes propriétés, produisent les 
mêmes effets. Si le poisson est plus gèné dans ses mou- 
vemens au milieu d'un lac d'eau douce que dans le 
sein de l'océan, il tire de l’eau de la mer et de celle du 
lac la même nourriture; et il peut, au milieu de l’eau 
douce, n'être privé que de cette sorte de modification 
qu'impriment la substance saline et peut-être une 
matière particulière bitumineuse ou de toute autre 
nature , contenues dans l'eau de l'océan, et qui l’envi- 
ronnant sans cesse, lorsqu'il vit dans la mer, peuvent 
traverser ses tégumens, pénétrer sa masse, et s’iden- 
tifier avec ses organes. 

De plus, un très-grand nombre de poissons ne 
passent-ils pas la moitié de l’année dans l'océan, et 
l'autre moitié dans les rivières ainsi que dans les 
ileuves? et ces poissons voyageurs ne paroissent-ils pas 
avoir absolument la même organisation que ceux qui, 
plus sédentaires, n’abandonnent dans aucune saison 
les rivières ou la mer? 

Quant à la température, les eaux, au moins les 
eaux profondes, présentent presque la même, dans 
quelque contrée qu’on les examine. D'ailleurs les ani- 
maux s accoutument beaucoup plus aisément qu'on ne 

TOME III. | C 


XVI] EFFETS DE L'ART DE L'HOMME 
le croit, à des températures très-différentes de celle à 
laquelle la Nature les avoit soumis. Ils s’y habituent 
même lorsque, vivant dans une très-grande indépen- 
dance, ils pourroient trouver dans des contrées plus 
chaudes ou plus froides que leur nouveau séjour, une 
sûreté aussi grande, un espace aussi libre, une habita- 
tion aussi adaptée à leur organisation, une nourriture 
aussi abondante. Nous en avons un exemple frappant 
dans l'espèce du cheval. Lors de la découverte de 
l'Amérique méridionale, plusieurs individus de cette 
espèce, amenés dans cette partie du nouveau conti- 
nent, furent abandonnés, ou s’échapptrent dans des 
contrées inhabitées voisines du rivage sur lequel on 
: les avoit débarqués : ils s'y multiplièrent; et de leur 
postérité sont descendues des troupes très-nombreuses 
de chevaux sauvages, qui se sont répandus à des dis= 
tances très-considérables de la mer, se sont très-éloignés 
de la ligne équinoxiale, sont parvenus très-près de 
l'extrémité australe de l'Amérique, y occupent de vastes 
déserts, n'y ont perdu aucun de leurs attributs, ont été 
plutôt améliorés qu'altérés par leur nouvelle manière 
de vivre, y sont exposés à un froid assez rigoureux 
pour qu'ils soient souvent obligés de chercher leur 
nourriture sous la neige qu'ils écartent avec leurs pieds; 
et néanmoins on ne peut guère disconvenir que le 
cheval ne soit originaire du climat brûlant de l’Arabie. 
Il n’y a que les animaux nés dans les environs des 
cercles polaires, qui ont dès leurs premières années 


| 
SUR LA NATURE DES POISSONS.  xix 
supporté le poids des hivers les plus rigoureux, et 
dont la nature, modifiée par les frimas, non seule- 
ment dans eux, mais encore dans plusieurs des géné- 
rations qui les ont précédés, est devenue, pour arnsi 
dire, analogue à tous les effets d’un froid extrême, 
qui ne paroïissent pas pouvoir résister à une tempéra- 
ture très-différente dé celle à laquelle ils ont toujours 
été exposés. Il semble que la raréfaction produite dans 
les solides et dans les liquides par une grande éléva- 
tion dans là température, est pour les animaux um 
changement bien plus dangereux que l’acéroissement 
de ton, d'irritabilité ét dé force, que les solides peuvent 
recevoir de l'augmentation du froid; et voilà pourquoi 
on n'a pas éncoré pu parvenir à faire vivre pendant 
long - temps dans le climat tempéré dé la France les 
rerines qu'on y avoit amenés des contrées boréales de 
PEuropé. » f CR 
On doit donc, tout égal d’ailleurs, essayer de trans< 
porter les poissons du midi das les laes ou les rivières 
du nord, plutôt qué ceux des contrées séptentrionaltes 
dans les eaux du midi. Lors même que les rivières où 
les lacs dans lésquels on aura transporté les poissons 
méridionadux, seront situés de manière à avoir leur sur- 
face glacée pendant: une partie plus où moins longue 
de l’année, ces animaux pourront ÿ vivre. Ils se tién: 
dront dans-le fond. de leurs habitations pendant que 
l'hiver règnera; et si dans cette retraite. profonde ils 
manquent d'une communication sufisante avec Fair 


xx EFFETS DE L'ART DE L'HOMME 


de l'atmosphère, ou si la gelée, pénétrant trop avant; 
leur fait subir son influence, descend jusqu’à eux et 
les saisit, ils tomberont dans cette torpeur plus ou 
moins prolongée, qui conservera leur existence en en 
ralentissant les principaux ressorts ‘. Combien d’indi- 
vidus et même combien d'espèces cet engourdisse- 
ment remarquable ne préserve-t-il pas de la destruc- 
tion en concentrant la vie dans l’intérieur de l'animal, 
en l’éloignant de la surface où elle seroit trop forte- 
ment attaquée, en la renfermant, pour ainsi dire, 
dans une enveloppe qui ne conserve de la vitalité que 
ce qu'il faut pour ne pas éprouver de grandes décom- 
positions, et en la réduisant, en quelque sorte, à une 
circulation si lente et si limitée, qu’elle peut être in- 
dépendante des objets extérieurs *! S'il ne répare pas, 
comme le sommeil journalier, des organes usés par 
la fatigue, il maintient ces organes; s'il ne donne 
pas de nouvelles forces, il garantit de l’anéantisse- 
ment; s'il ne ranime pas le souffle de la vie, il brise 
les traits de la mort. Quelles que soient la cause, la 
force ou la durée du sommeil , il est done toujours 
“un grand bienfait de la Nature; et pendant qu’il charme 
les ennuis de l'être pensant et sensible, non seulement 
il guérit ou suspend Îles douleurs, mais il prévient et 
écarte les maux de l'animal , qu , réduit à un instinct 
«+ Voyez l’article du scombre maqguerear. 


3 Voyez le Discours sur la nature des quadrupèdes OPÉpareS 


SUR LA NATURE DES POISSONS: xx) 


borné , n'existe que dans le présent, ne rappelle aucun 
‘souvenir , et ne conçoit aucun espoir. 

La qualité ét l'abondance de la nourriture, ces 
grandes causes des migrations volontaires de tous les 
animaux qui quittent leur pays, sont aussi les objets 
auxquels on doit faire le plus d'attention, lorsqu'on 
cherche à conserver des animaux en vie dans un autre 
séjour que leur pays natal, et par conséquent lorsqu'on 
veut acclimater des espèces de poisson. 

L’aliment auquel le poisson que l’on vient de dé- 
payser est le plus habitué, est celui qu'il faudra lui 
procurer ; il retrouvera sa patrie par-tout où il aura sa 
nourriture familière. Par le moyen d'herbes, de feuilles, 
d'amas de végétaux, de fumiers de toute sorte, on 
donnera un aliment très -convenable aux espèces qui 
se nourrissent de débris de corps organisés; on cher- 
chera , on rassemblera des larves et des vers pour celles 
qui les préfèrent ; et lorsqu'on aura transporté des bro- 
chets ou d’autres poissons voraces , il faudra mettre 
dans les eaux qui les auront reçus, ceux dont ils aiment 
à faire leur: proie, qui se plaisent dans les mêmes 
habitations que ces animaux carnassiers , ou qui sont 
peu recherchés par les pècheurs, comme des éperlans, 
des-cyÿprins goujons, des cyprins gibèles, des cyprins 
bordelières, etc: 

On trouvera , en parcourant les différens articles de 
cette histoire, un grand nombre d'espèces remarquables 
par leur beauté, par leur grandeur et par le goût exquis 


Xxi] EFFETS DE L'ART DE L'HOMME 


de leur chair, qui manquent aux eaux douces de notre 
patrie, et qu'on pourroit aisément acclimater en France, 
avec les précautions ou par les moyens que nous venons 
d'indiquer, ou en employant des procédés analogues à 
ceux que nous venons de décrire, et qu'on préféreroit 
d'après la longueur du trajet, la nature du voyage, le 
climat que les poissons auroient quitté, la saison que 
l'on auroit été obligé de choisir , et plusieurs autres 
circonstances. De ce nombre séroient, par exemple, 
le centropome sandat de la Prusse, lholocentre post 
des contrées septentrionales de FAllemagne ; et on ne 
devroit même pas être effrayé par la grandeur de la 
distance, sur-tout lorsque le transport pourroit avoir 
lieu par mer, ou par des rivières, ou des canaux. On peut 
en effet, lorsqu'on navigue sur Focéan, sur des canaux 
ou sur des fleuves, attacher à l'arrière du bâtiment 
une sorte de vaisseau, ou, pour mieux dire, de grande 
caisse, que lon rend assez pesante pour qu'elle soit 
presque entièrement plongée dans l'eau, et dont les 
parois sont percées de manière que les poissons qui y. 
sont renfermés recoivent tout le Auide qui leur est 
nécessaire, et communiquent avec l'atmosphère de la 
manière la plus avantageuse, sans pouvoir s'échapper 
et sans avoir rien à craindre de la dent des squales où 
des autres animaux aquatiques et féroces. Nous indi- 
quons donc à la suite du post et du sandat , et entre 
plusieurs autres que les bornes de ce discours ne nous 
permettent pas de rappeler ici, l'osphronème goramy, 


SUR LA NATURE DES POISSONS.  xxii} 


déja apporté de la Chine à l'Isle de France, le bodian 
aya des lacs du Brésil, et l’holocentre sogo des grandes 
Indes , de l'Afrique et des Antilles. 

Quand on n'aura pas une eau courante à donner à 
ces poissons arrivés d'une terre étrangère, et princei- 
palement lorsque ces nouveaux hôtes auront vécu, jus- 
qu'à leur migration, dans des fleuves ou des rivières, 
on compensera le renouvellement perpétuel du fluide 
environnant que le courant procure, par une grande 
étendue donnée à l'habitation. Ici, comme dans plu- 
sieurs autres phénomènes, un grand volume en repos 
tiendra lieu d’un petit volume en mouvement; et dans 
un espace de temps déterminé, l'animal jouira de la 
même quantité de molécules de fluide, différentes de 
celles dont il aura déja reçu l'influence. 

Sans cette précaution, les poissons que l’on voudroit 
acclimater éprouveroient les mêmes accidens que ceux 
de nos contrées que l’on enlève aux petites rivières, et 
particulièrement à la partie de ces rivières la plus voi- 
sine de la source, et qu'on veut conserver dans des 
vaisseaux ou même dans des bassins très-étroits. On ect 
obligé de renouveler très-souvent l’eau qui les entoure; 
sans cela , les diverses émanations de leur corps, et l’ef- 
fet nécessaire du rapprochement d’une grande quan- 
tité de substances animales, vicient l’eau, la corrompent 
par la production de gaz que l’on voit s'élever en 
petites bulles, et la rendent si faneste poureux, qu'ils 
périssent s'ils ne viennent pas à la surface chercher 


XX1V EFFETS DE L'ART DE L'HOMME 


le voisinage de l'atmosphère, et respirer, pour ainsi 
dire, des couches de fluide plus pures. 

Ces faits sont conformes à de belles expériences 
faites par mon confrère le citoyen Silvestre le fils, et 
à celles qui furent dans le temps communiquées à 
Buffon par une note que ce grand naturaliste me remit 
quelques années après, et qui avoient été tentées sur 
des gades lotes, des cottes chabots, des cyprins gou- 
jons, et d’autres cyprins , tels que des gardons, des 
vérons et des vaudoises. 

Les poissons que l’on veut acclimater sont plus ex= 
posés que les anciens habitans des eaux dans lesquelles 
on les a placés, non seulement aux altérations dont 
nous venons de parler, mais encore à {outes les ma- 
ladies auxquelles leurs diverses tribus sont sujettes. 

Ces maladies assaillent ces tribus aquatiques, même 
lorsque les individus sont encore renfermés dans l'œuf, 
On a observé que des embryons de saumon, de truite 
et de beaucoup d’autres espèces, périssoient lorsque 
des substances grasses, onctueuses, et celles que l'on 
désigne par le nom de saletés et d’ordures, s’attachoient 
à l'enveloppe qui les contenoit, et qu une eau courante 
ne nettoyoit pas promptement cette membrane. 

On suppléera facilement à cette eau courante par une 
attention soutenue et divers petits moyens que Îles cir- 
constances suggéreront. | 

Lorsque les poissons : sont vVIeUX, Fran épro ouvent sou- 
vent une altération particulière qui se manifeste à la 


SUR LA NATURE DES POISSONS. XXV 


surface de l'animal ; les canaux destinés à entretenir ou 
renouveler les écailles s’obstruent ou se déforment; les 
organes qui filtrent la substance nourricière et répa- 
ratrice de ces lames, s’oblitèrent ou se dérangent ; les 
écailles changent dans leurs dimensions ; la matière qui 
les compose n'a plus les mêmes propriétés ; elles ne 
sont plus ni aussi luisantes, ni aussi transparentes, ni 
aussi colorées ; elles sont clair-semées sur la peau de 
l'animal vieilli ; elles se détachent avec facilité ; elles ne 
sont pas remplacées par de nouvelles lames, ou elles 

cèdent la place, en tombant, à des excroissances dif- 

formes, produites par une matière écailleuse de mau- 

vaise qualité, mélangée avec des élémens hétérogènes, 
et mal élaborée dans des parties sans force, et dans des 

tuyaux qui ont perdu leur première figure. Cette alté- 

ration est sans remède ; il n’y a rien à opposer aux effets 

nécessaires d'un âge très-avancé, Si dans les poissons, 

comme dans les autres animaux, l’art peut reculer l’é- 

poque de la décomposition des fluides, de l'affoiblisse- 

ment des solides, de la diminution de la vitalité, ilne 

peut pas détruire l'influence de ces grands change- 

mens , lorsqu'ils ont été opérés. S'il peut retarder la 

rapidité du cours de la vie,ilne peut pas la faire remon- 

ter vers sa source 

Mais les maux irréparables de la vieillesse ne sont pas 

à craindre pour les poissons que l’on cherche à acclima- 

ter : dans la plupart des espèces de ces animaux, ils ne 

se font sentir qu'après des siècles, et l'éducation des 

TOME III D 


k 

XX) EFFETS DE L'ART DE L'HOMME 
individus que l’on transporte d’un pays dans un autre, | 
est terminée long-temps avant la fin déces nombreuses 
années. Leurs habitudes sont d'autant plus modifiées, 
leur nature est d'autant plus changée avant qu'ils ap- 
prochent du terme de leur existence, qu'on a com- 
mencé d'agir sur eux pendant qu'ils étoient encore très- 
jeunes. 

C'est d’autres maladies que celles de la décrépitude 
qu'il faut chercher à préserver ou à guérir les poissons 
que l'on élève. Et maintenant nous agrandissons le sujet 
de nos pensées ; et tout ce que nous allons dire doit 
s'appliquer non seulement aux poissons que l’on veut 
acclimater dans telle ou telle contrée, mais encore à 
tous ceux que la Nature fait naître sans le secours de 
Vart. 

Ces maladies qui rendent les poissons languissans et 
les conduisent à la mort, proviennent quelquefois de 
la mauvaise qualité des plantes aquatiques où des 
autres végétaux qui croissent près des bords des fleuves 
ou des lacs, et dont les feuilles, les fleurs ou les fruits 
sont saisis par l'animal qui se dresse, pour ainsi 
dire, sur la rive, ou tombent dans l’eau, y fottent, 
et vont ensuite former au fond du lac ou de la rivière 
un sédiment de débris de corps organisés. Ces plantes 
peuvent être, dans certaines saisons de l'année, viciées 
au point de ne fournir qu'une substance mel-saine, non 
seulement aux poissons qui en mangent, mais encore 
a ceux qui dévorent les petits animaux dont elles ont 


SUR LA NATURE DES POISSONS. xxvij 
composé la nourriture. On prévient ou on arréte les 
suites funestes de la décomposition de ces végétaux en | 
détruisant ces plantes auprès des rives de l'habitation 
des poissons , êt en les remplaçant par des herbes ou 
des fruits choisis que l’on jette dans l'eau peupléé dé 
ces animaux: 

La plus terrible des maladies dés poissons est celle 
qu'il faut rapporter aux miasmes produits dans le 
fluide qui les eñnvironne. 

C’est à ces miasmes qu'il faut attribuer la mottaz 
lité qui régna parmi ces animaux dans les grands et 
nombreux étangs des environs de Bourg, chef-lieu dü 
département de l’Aïn, lors de l'hiver rigoureux de la 
fin de 1766 ét du commencement de 1789, et dont 
lestimable Varenne de Fénille donna uné notice très 
bien faite dans le Journal de physique de noÿémbre 
1709. DÈs le 26 novémbre 1788, suivant ce très -boit 
observateur, la surface des étangs fut profondément 
gelée; la glace ne fondit qué vers li fin de janvier: 
Dans le moment du dégel, lés rives des étangs furètit 
couvertes d'une quantité prodigieuse de cadavres dé 
poissons, rejetés par les eaux. Pari dés animaux 
morts, on compta beaucoup plus de carpes que dé 
perchés, de brochets ét de tanches. Les étangs blancs, 
c'est-a-diré ceux dont les eaux reposoient sur uh s6l 
dur, ferme et aroilleux, n’offrirent qu'un petit nombre 
de signes de cette mortalité : ceux qu'on avoit récernz 
ment réparés et nettoyés, montrèrent aussi sur leurs . 


XXVI] EFFETS DE L'ART DE L'HOMME 
bords très-peu de victimes : mais presque tous les 
poissons renfermés dans des étangs vaseux, encombrés 
de joncs ou de roseaux, et surchargés de débris de 
végétaux, périrent pendant la gelée. Ce qui prouve 
évidemment que la mort de ces derniers animaux n’a 
pas été l'effet du défaut de l'air de l'atmosphère, 
comme le penseroient plusieurs physiciens , et qu’elle 
ne doit être rapportée qu à la production de gaz délé- 
tères qui n'ont pas pu séchapper au travers de la 
croûte de glace, c'est que la gelée a été aussi forte à 
la superficie des étangs blancs et des étangs nouvelle- 
ment nettoyés, qu'à celle des étangs vaseux. L'air de 
l'atmosphère n'a pas pu pénétrer plus aisément dans 
les premiers que dans les derniers; et cependant les 
poissons de ces étangs blancs ou récemment réparés 
ont vécu, parce que le fond de leur séjour, n'étant 
pas couvert de substances végétales, n'a pas pu pro= 
duire les gaz funestes qui se sont développés dans les 
étangs vaseux. Et ce qui achève, d'un autre côté, de 
prouver l'opinion que nous exposons à ce sujet, et qui 
est importante pour la physique des poissons, c'est 
que des oiseaux de proie, des loups, des chiens et 
des cochons mangèrent les restes des animaux rejetés 
après le dégel sur les rivages des étangs remplis de 
joncs, sans éprouver les inconvéniens auxquels ils 
auroient été exposés s'ils s'étoient nourris d'animaux 
morts d’une maladie véritablement pestilentielle. 

Ce sont encore ces gaz malfaisans que nous devons 


SUR LA NATURE DES POISSONS.  XXIX 


regarder comme la véritable origine d’une maladie 
épizootique |qui fit de grands ravages, en 1757, dans 
les environs de la forêt de Crécy. M. de Chaignebrun, 
qui a donné dans le temps un très-bon traité sur cette 
épizootie, rapporte qu’elle se manifesta sur tous les ani- 
maux; qu'elle atteignit les chiens, les poules, et s'éten- 
dit jusqu'aux poissons de plusieurs étangs. Il nomme 
cette maladie févre épidémique contagieuse, inflamima- 
toire, putride et. gangréneuse. Un médecin d’un excel- 
lent esprit, dont les connoissances sont très-variées', et 
qui sera bientôt célèbre par des ouvrages inportans, le: 
citoyen Chavassieu-Daudebert, lui donne, dans sa Vo 
sologie comparée, le nom de charbon syrnptomatique, Je 
pense que cette épizootie ne seroit pas parvenue Jus- 
qu'aux poissons, si elle n'avoit pas tiré son origineyde 
gaz délétères. Je crois, avec Aristote, que les poissons . 
revêtus d’écailles, se nourrissant presque toujours de 
substances lavées par de grands volumes d’eau, res- 
pirant par un organe particulier, se servant, pour ceé 
acte de la respiration, de l'oxygène de l’eau bien plus 
fréquemment que de celui de l'air, et toujours envi- 
ronnés du fluide le plus propre à arrêter la plupart 
des contagions, ne peuvent pas recevoir de maladie 
pestilentielle des animaux qui vivent dans l’atmo- 
sphère. Mais les poissons des environs de Crécy n'ont 
pas été à l'abri de lépizootie, au-dessous des couches 
d'eau qui les recouvroient, parce qu'en même temps 
que les marais voisins de La forêt exhaloient les 


XXX EFFETS DE LART DE L'HOMME 
miasmés qui donnoient la mort aux chiens, aux poules, 
et à d’autres espèces terrestres, le fond des étangs 
p'oduisoit des gaz aussi funestes que ces miasmes. Il 
n'ÿ à pas eu de communication de maladie; mais déux 
causes analogues, agissant en même temps, l'une sous 
Feau, et l'autre dans l'atmosphère, ont DR des 
éffets semblables. | 

On peut prévenir presque toutes ces mortalités que 
causent des gaz déstructeurs, en ne laissant pas dans 
le fond des étangs ou des rivières, des tas de corps 
organisés qui puissent, en se décomposant, produire 
dés émaänations péstilentielles , en les entraînant par 
de l'eau courante que l’on introduit dans ces étangs, 
et par de l'eau très-pure et très-rapide que l’on con: 
dt dans ces rivières pour en renouveler le fluide, 
de la même manière que l’on renouvelle celui des 
temples, des sallés de spectacle et d'autres grands 
édifices par lés courans d'air que l'on y dirige, ét 
énfin en brisant pendant l'hiver les glaces qui se 
forment sur la surface des étangs et des rivières, et 
qui retiendroïent les gaz pernicieux dans l'habitation 
des poissons. 

Il paroît qué lorsque la chaleur est très-orande, 
elle agit sur les poissons indépendamment des fer: 
mentations, des décompositions et des exhaälaisons 
qu’elle peut faire naître. Elle influe diréctement sur 
ces animaux, sur+tout lorsqu'ils sont renfernsés dans 
des réservoirs qui ne contiennent qu'uu pêtit volume 


4 


SUR LA NATURE DES POISSONS. xxx) 
d'eau. Elle parvient alors jusqu'au fond du réservoir, 
qu’elle pénètre , ainsi que les parois; et réfléchie en- 
suite par ce fond et ces parois très-échauffés, elle 
attaque de toutes parts les poissons, qui se trouvent 
dès-lors placés comme dans un foyer , et elle leur nuit 
au point de leur donner des maladies sraves. C’est 
ainsi qu’on a vu des anguilles mises pendant l'été dans 
des bassins trop peu étendus, gagner une maladie 
qu'elles se communiquoient, et qui se manifestoit par 
des taches blanches. On dit qu’on les a guéries par le 
moyen du sel, et de la plante nommée s/ratioïdes 
aloïdes. Mais quoi qu’il en soit, il vaut mieux empêcher 
cette maladie de naître, en préservant les poissons de 
l'excès de da chaleur, en pratiquant dans leur habita 
tion des endroits profonds où ils puissent trouver un 
abri contre les feux de l’astre du jour, en plantant 
sur une partie du rivage des arbres touffus qui leur 
donnent ‘une ombre salutaire. | 

Et comme il est très-rare que tous les extrêmes ne 
soient pas nuisibles, parce qu'ils sont le plus éloignés 
possible de la combinaison da plus commune et par 
conséquent la plus naturelle des forces et des résis= 
tances ; pendant que les eaux trop échaniffées ou trop 
impures donnent la mort à leurs habitans, eelles qui 
sont trop froides et trop vives les font aussi périr, ou 
du moins les soumettent à diverses incommocdités, et 
particulièrement les rendent aveugles. Nous trouvons à 
ce sujet, dans les Mémoires de l'Académie des sciences 


XXX]) EFFETS DE L'ART DE L'HOMME 


pour 1748, des observations curieuses du général 
Montalembert, faites sur des brochets ; et le comte 
d'Achard en adressa d’analogues à Buffon, en 1779, 
dans une lettre, dont mon illustre ami m'a remis dans 


le temps un extrait. « Dans une terre que jai en Nor- 


3 


>» 


» 


mandie, dit le comte d’Achard, il existe une fon- 
taine abondante dans les plus grandes sécheresses. 
Je suis parvenu, au moyen de canaux de terre cuite, 
à amener l’eau de cette source dans trois bassins que 


jai dans mon parterre, Ces bassins sont murés et 


pavés à chaux et à sable; mais on n’y a mis l’eau 
qu'après qu'ils ont été parfaitement secs. Après les 
avoir bien nettoyés et fait écouler la première eau, 
on y a laissé séjourner celle qui y est venue depuis, 
et qui coule continuellement. Dans les deux premiers 
bassins, j'ai mis des carpes de la plus grande beauté, 
avec des tanches; dans le troisième, des poissons de 
la Chine (des cyprins dorés) : tout cela existe depuis 
trois ans. Aujourd’hui les carpes , précieuses par leur 
beauté et leur grandeur vraiment prodigieuse, sont 
attaquées d’une maladie cruelle et dont elles meurent 


journellement. Elles se couvrent peu à peu d'un 


limon sur tout le corps, et sur-tout sur les yeux, où 
il ÿ à en sus une espèce de taie blanche qui se forme 
peu à peu, comme le limon, jusqu'à l'épaisseur de 
deux ou trois lignes. Elles perdent d’abord un œil, 
puis l’autre, et ensuite crèvent...... Les tanches et 
les poissons chinois ne sont pas attaqués de cette 


- SUR LA NATURE DES POISSONS. xxxii 
+ maladie. Est-elle particulière aux carpes ? quel en 
» est le remède? d'où cela peut-il venir? de la vivacité 
» de l’eau ? etc. etc. etc, » 

Cette dernière conjecture nous paroît très-fondée ; 
et ce que nous venons de dire devra faire trouver aisé- 
ment le moyen de garantir ces poissons de cette cécité 
que la mort suit souvent. 

Ces poissons sont aussi quelquefois menacés de 
périr, parce qu’un de leurs organes les plus essentiels 
est attaqué. Les branchies par lesquelles ils respirent, 
et que composent des membranes si délicates et des 
vaisseaux sanguins si nombreux et si déliés , peuvent 
être déchirées par des insectes ou-des vers aquatiques 
qui s'y attachent, et dont ils ne peuvent pas se débar- 
rasser. Peut-être, après avoir bien reconnu l'espèce de 
ces vers ou de ces insectes, parviendra-t-on a trouver 
un moyen d'en empêcher la multiplication dans les 
étangs, et dans plusieurs autres habitations des pois- 
sons que l’on voudra préserver de ce fléau. 

Les poissons étant presque tous revêtus d’écailles 
dures et placées en partie les unes au-dessus des 
autres, ou couverts d'une peau épaisse et visqueuse, 
ne sont sensibles que dans une très-petite étendue de 
leur surface. Mais lorsque quelque insecte, ou quelque 
ver, s'acharne contre la portion de cette surface qui 
n'est pas défendue , et qu'il s'y place et s’y accroche 
de manière que le poisson ne peut, en se frottant 
contre des végétaux, des pierres, du sable, ou de la 

HAQEMPENNCT IT, E 


‘ 
XXxiV EFFETS DE L'ART DE L'HOMME 

vase, l'écraser, ou le détacher et le faire tomber, la 
grandeur, la force, l'agilité, les dents du poisson , ne 
sont plus qu'un secours inutile. En vain il s’agite 
se secoue, se contourne, va, revient, s'échappe, s’en- 
fuit avec la rapidité de l'éclair; il porte toujours avec 
lui l'ennemi attaché à ses organes ; tous ses efforts 
sont impuissans; et le ver ou linsecte est pour lui 
au milieu des flots ce que la mouche du désert est 
dans les sables brülans de l'Afrique, non seulement 
pour la timide gazelle, mais encore pour le tigre 
sanguinaire et pour le fier lion, quelle perce, tour- 
mente et poursuit de son dard acéré, malgré leurs 
bonds violens, leurs mouvemens impétueux et leur 
rugissement terrible. 

Mais ce n’est pas assez pour l'intelligence humaine 
de conserver ce que la Nature produit : que, rivale de 
cette puissance admirable, elle ajoute à la fécondité 
ordinaire des espèces; qu'elle multiplie les ouvrages 
de la Nature. 

On a rema arqué que ; dans presque toutes les espèces 
de poissons, le nombre des mâles étoit plus grand et 
même quelquefois double de celui des femelles; et 
comme cependant un seul mâle peut féconder des 
millions d'œufs, et par conséquent le produit de la 
ponte de plusieurs femelles, il est évident que l'on 
favorisera beaucoup la multiplication des individus, SE 
on a le soin, lorsqu'on pêchera , de ne garder que les 
mâles , et de rendre à l’eau les femelles. On distinguera 


SUR LA NATURE DES POISSONS.  XXxv 


facilement, dans plusieurs espèces , les femelles des 
mâles , sans risquer de les blesser, ou de nuire à la 
reproduction, et sans chercher, par exemple, dans le 
temps voisin du frai, à faire sortir de leur corps quel- 
ques œufs plus ou moins avancés. En effet, dans ces 
espèces, les femelles sont plus grandes que les mâles; 
et d'ailleurs elles offrent dans les proportions de leurs 
parties, dans la disposition de leurs couleurs, ou dans 
la nuance de leurs teintes, des signes distinctifs qu’il 
faudra tâcher de bien connoître , et que nous ne né- 
gligerons jamais d'indiquer en écrivant l'histoire dé 
ces espèces particulières. 

Lorsqu'on ne voudra pas Radies à leur séjour natal 
toutes les femelles que l’on pêchera, on préférera de 
conserver pour la reproduction les plus longues et les 
plus grosses, commé pondant une plus grandé quan 
tité d'œufs. | | 

De plus, et si des circonstances impérieuses ne S'y 
opposent pas, qué l'on entoure les étangs ét les viviers 
de claïiés ou de filéts, qui, dans le temps du frai, 
retiennent les herbes ou les branchés chargées d'œufs, 
et les empêchent d’être entraînées hors de ces réservoirs 
par les débordemens fréquens à l’époque dé la ponte. 

Qué l'on éloigne , autant qu'on le pourra, les fri- 
ganes, et les autres insectes aquatiques voraces qui 
détruisent les œufs et les poissons qui viennent d’éclore. 

Que l’on construise quelquefois dans les viviers dif- 
férentes enceintes , l’une pour-les œufs, et-les autres 


XXXY) EFFETS DE L'ART DE L'HOMME 


pour les jeunes poissons, que l’on séparera en plusieurs 
bandes, formées d’après la diversité de leurs âges, et 
renfermées chacune dans un réservoir particulier. 

Il est des viviers et des étangs dans lesquels des 
poissons très-recherchés , et, par exemple, des truites, 
vivroient très-bien, et parviendroient à une grosseur. 
considérable : mais le fond de ces étangs étant très- 
vaseux, Cest en vain que les femelles le frottent avec 
leur ventre avant d'y déposer leurs œufs; la vase repa- 
roît bientôt, salit les œufs, les altère, les corrompt, et 
les fœtus périssent avant d’éclore. 

Cet inconvénient a fait imaginer une manière de 
faire venir à la lumière ces poissons, et particulière- 
ment les saumons et les truites, qui d’ailleurs ne ser- 
vira pas peu, dans beaucoup de circonstances, à multi- 
plier les individus des espèces les plus utiles ou les 
plus agréables. M. de Marolle, capitaine dans le régi- 
ment de la Marine, tempérant les austérités des camps 
par le charme de l'étude des sciences utiles à l'huma- 
nité, écrivit la description de ce procédé à Hameln en 
Allemagne, pendant la guerre de sept ans. Il rédigea 
cette description sur les mémoires de M. J.L. Jacobi, 
lieutenant des miliciens du comté de Lippe-Detmold, 
et l'envoya à Buffon, qui me la remit lorsqu'il voulut 
bien m'engager à continuer l'Histoire naturelle. 

_. On construit une grande caisse à laquelle on donne 
ordinairement quatre mètres de longueur, un demi- 
mètre de largeur, et seize centimètres de hauteur. 


SUR LA NATURE DES POISSONS. Xxxvi) 


À un bout de cette longue caisse, on pratique un 
trou carré, que l’on ferme avec un treillis de fer dont 
les fils sont éloignés les uns des autres de cinq ou Six 
millimètres. 

On ménage un trou à peu près semblable dans la 
planche du bout opposé, et vers le fond de la caïsse. 

Et enfin on en perce un troisième dans le couvercle 
de la caisse; et on le garnit, ainsi que le second, d’un 
treillis pareil à celui du premier. 

Ces trous servent et à soumettre les fœtus ou (ee 
jeunes poissons à l'influence des rayons du soleil, et 
à les préserver de gros insectes et de campagnols 
aquatiques, qui mangeroient et les œufs et les poissons 
éclos. 

Un petit tuyau fait entrer l’eau d’un ruisseau ou d’une 
source par le premier treillis ; et cette eau courante 
s'échappe par la seconde ouverture. 

On couvre tout le fond de la caisse d’un gravier bien 
lavé de la hauteur de deux ou trois centimètres , et on 
étend sur ce gravier de petits cailloux bien serrés, de 
dimensions semblables à celles d’une noisette , "et 
parmi lesquels on place d’autres cailloux de la grosseur 
d’une noix. 

A l’époque du frai de l'espèce dont on veut multi- 
plier les individus, on se procure un mâle et une femelle 
de cette espèce, et, par exemple, de celle du saumon. 

On prend un vase bien net, dans lequel on nret deux 
ou trois litres d'eau bien claire. On tient le saumon 


XXXVIIj EFFETS DE L'ART DE L'HOMME 


femelle dans une situation verticale, etla tête en haut 
au-dessus du vase. Si les œufs sont déja bien dévelop- 
pés, ou bien z24rs, ils coulent d'eux-mêmes ; sinon, ON 
facilite leur chûte en frottant le ventre de la femelle 
doucement de haut en bas, et avec la paume de la main. 
Dans plusieurs espèces de poissons, on peut voir un 
organe particulier que nous avons remarqué avec soin, 
qui na été observé que par un petit nombre de natu- 
ralistes , dont très-peu de zoologues ont connu lé véri- 
table usage, et que le savant Bloch a nommé zombril, 
Cet organe est une sorte d'appendice d’une forme alon- 
gée et un peu conique, et dont la place la plus ordinaire 
est auprès et au-delà de l'anus. Cet appendice creux et 
percé par les deux bouts, communique avec les réser= 
voirs de la laite dans les mâles, et les ovaires dans les 
femelles. Ce petit tuyau est le conduit par lequel les 
œufs sortent et la liqueur séminale s'échappe : nous le 
nommons en conséquence appendice génital. L’urine du 
poisson sort aussi par cet appendice; ce qui donne à cet 
organe une analogie de plus avec les parties sexuelles 
et extérieures des mammifères. Il ne peut pas servir à 
distinguer les sexes, puisqu'il appartient au mâle aussi- 
bien qu'à la femelle : mais sa présence ou son absence, 
et ensuite ses proportions et sa figure particulière, 
peuvent être employées avec beaucoup d'avantage pour 
établir une ligne de démarcation exacte et constante 
entre des espèces voisines, aimsi que nous le montre- 
rons dans la suite de l’histoiré que nous écrivons. 


SUR LA NATURE DES POISSONS. XXxIx 


C’est par cet appendice génital que, dans la méthode 
de reproduction, en quelque sorte artificielle, que nous 
décrivons, les femelles qui sont pourvues de cet organe 
extérieur, laissent couler leurs œufs. 

Lorsque les œufs sont tombés dans l’eau, on prend 
le mâle, on le tient verticalement au-dessus de ces 
œufs; et pour peu que cela soit nécessaire, on aide par 
un léger frottement l'épanchement de la liqueur pro- 
hfique , dont on peut arrêter l'écoulement au moment 
où l'eau est devenue blanchätre par son mélange avec 
cette liqueur spermatique. 

Il est des espèces de poissons, et notamment de 
Cyprins, comme le nase, le roethens, dans lesquelles 
on peut choisir avec facilité un mâle pour la fécondation 
des œufs que l’on a obtenus. Dans ces espèces, les mâles, 
sur-tout lorsqu'ils sont jeunes, présentent des taches, 
de petites protubérances , ou d’autres signes extérieurs 
qui annoncent qu'ils sont déja surchargés d’une laite 
abondante. 

On met dans la grande caisse les œufs fécondés ; on 
les y distribue de manière qu'ils soient toujours cou- 
verts par l’eau courante ; on empêche que Le mouve- 
ment de cette eau ne soit trop rapide, afin qu'il ne 
puisse pas entraîner les œufs. On écarte soigneusement 
avec des plumes, ou par tout autre moyen, les saletés, 
qui pourroient s'introduire dans la caisse; et au bout 
d'un temps qui varie suivant les espèces , la tempéra- 
ture de l'eau, et la chaleur de l'atmosphère, on voit 
éclore les poissons que l’on desiroit. 


xl EFFETS DE L'ART DE L'HOMME 


Au reste, la sorte de fécondation artificielle opérée 
avec succès par M. Jacobi, peut avoir lieu sans la pré- 
sence de la femelle: il suffit de ramasser les œufs qu’elle 
dépose dans son séjour naturel; il seroit même possible 
de connoître, à l'instant où on les recueilleroit, s'ils 
auroient été déja fécondés par le mâle, ou s'ils n’au- 
roient pas reçu sa liqueur prolifique. M. Jacobi assure 
en effet que lorsqu'on observe avec un bon microscope 
des œufs de poisson arrosés de la liqueur séminale du 
mâle, on peut appercevoir très-distinctement dans ces 
œufs une petite ouverture qui ne paroissoit presque 
pas, ou étoit presque insensible avant la fécondation, et 
dont il rapporte l'extension à l'introduction dans l’œuf 
d'une portion du fluide de la laite. 

Quoi qu'il en soit, on peut aussi, en suivant le pro- 
cédé de M. Jacobi, se passer de la présence du mâle. On 
peut n'employer la liqueur prolifique que quelque 
temps après sa sortie du corps de l'animal, pourvu 
qu’un froid excessif ou une chaleur violente ne des- 
sèchent pas promptement ce fluide vivifiant ; et même 
la mort du mâle, pourvu qu'elle soit récente, n’em- 
pêche pas de se servir de sa laite pour la fécondation des 
œufs. 

On a écrit que les digues par le moyen desquelles on 
retient les eaux des petites rivières, diminuoient la 
multiplication des poissons dans les contrées arrosées 
par ces eaux. Cela n’est vrai cependant que pour les 
poissons qui ont besoin, à certaines époques, de 


SUR LA NATURE DES POISSONS x} 
remonter dans les eaux courantes jusqu’à une distance 
très-grande des lacs ou de la mer, et qui ne peuvent 
pas, comme les saumons, s’élancer facilement à de 
grandes hauteurs, et franchir l'obstacle que les digues 
opposent à leur voyage périodique. Les chaussées trans- 
versales doivent, au contraire, être très-favorables à la 
multiplication des poissons sédentaires, qui se plaisent 
dans des eaux peu agitées. Au-dessus de chaque digue, 
la rivière forme naturellement une sorte de vivier ou de 
grand réservoir, dont l’eau tranquille, quoique sufli- 
samment renouvelée, pourra donner à un grand 
nombre d'individus d'espèces très-utiles le volume de 
fluide, l'abri, l'aliment et. la température le plus con- 
venables. 

Quelle est, en effet, la pièce d’eau que l’art ne puisse 
pas féconder et vivifier ? 

On a vu quelquefois des poissons remarquables par 
leur grosseur vivre dans de petites mares. Nous avons 
déja dit dans cet ouvrage * , que le citoyen De Sept- 
fontaines s'étoit assuré qu'une grande anguille avoit 
passé un temps assez long, sans perdre non seulement 
la vie, mais même une partie de sa graisse , dans une 
fosse qui ne contenoit pas une moitié de mètre cube 
d'eau ; et il est des contrées où des cyprins, et par- 
ticulièrement des carassins , réussissent assez bien 
dans de petits amas d’eau dormante, pour y donner 
RER NN ER RARE Dr Ç EPS Jen Led nager 16e 

* Article de larguille. 

TOME III, F 


xliÿ EFFETS DE L'ART DE L'HOMME 
une nourriture abondante aux habitans de la cam- 
pagne. 

On a bien senti les avantages de cette grande multi- 
plication des poissons utiles, dans presque tous les 
pays où le progrès des lumières a mis l'économie 
publique en honneur , et où les gouvernemens, profi- 
tant avec soin de tous les secours des sciences perfec- 
tionnées , ont cherché à faire fleurir toutes les bran- 
ches de l’industrie humaine. C'est principalement dans 
quelques états du nord de l'Europe , et notamment en 
Prusse et en Suède, qu'on s'est attaché à augmenter 
le nombre des individus dans ces espèces précieuses ; 
et: comme un gouvernement paternel ne néglige rien 
de ce qui peut accroitre la subsistance du peuple dont 
le bonheur luiest confié, et que les soins en apparence 
les plus minutieux prennent un grand caractère dès 
le moment où ils sont dirigés vers l'utilité publique, 
on a porté en Suède l'attention pour l'accroissement 
du nombre des poissons jusqu'à ne pas sonner les, clo- 
ches pendant le temps du frai des cyprins brèmes, qui 
y sont très-recherchés, parce qu'on avoit cru s'apper- 
cevoir que ces ANIMAUX, effrayés par le son de ces clo- 
ches, nese livroient pas d'une manière convenable aux 
opérations nécessaires à la reproduction de leur espèce. 
Aussi y a-t-on souvent recueilli de grands fruits de 
cette vigilance étendue aux plus petits détails, et, 
par exemple, en 1749, a-t-on pris d'un seul coup de 
filet, dans un lac voisin de Nordkiæping, cinquante 


— 


SUR LA NATURE DES POISSONS. xlii] 
mille brèmes , qui pesoient plus de neuf mille kilo- 
grammes, | 

Et comment n'auroit-on pas cherché, dans presque 
tous les temps et dans presque tous les pays civilisés , 
à multiplier des animaux si nécessaires aux jouissances 
du riche et aux besoins du pauvre, qu'il seroit plus 
aisé à l’homme de se passer de la classe entière des 
oiseaux, et d’une grande partie de celle des mammi- 
fères, que de la classe des poissons ? 

_ En effet, il n’est, pour ainsi dire, aucune espèce de 
ces habitans des eaux douces ou salées, dont la chair 
ne soit une nourriture saine et très-souvent copieuse. 
= Délicate et savoureuse lorsqu'elle est fraîche , cette 
chair, recherchée avec tant de raison, devient, lorsqu'elle 
est transformée en £arum , Un assaisonnement piquant ; 
fait les délices des tables somptueuses, même très-loin 
du rivage où le poisson a été pêché, quand elle a été 
marinée ; peut être transportée à de plus grandes 
distances, si on a eu le soin de l’imbiber d’une grande 
quantité de sel ; se conserve pendant un temps très- 
long, après qu'elle a été séchée, et, ainsi préparée , est 
la nourriture d'un très-grand nombre d'hommes peu 
fortunés , qui ne soutiennent leur existence que par 
cet aliment abondant et très-peu cher. 

Les œufs de ces mêmes habitans des eaux servent 
à faire ce caviar qui convient au goût de tant de 
nations; et les nageoires des espèces que l'on croiroit 
les moins propres à satisfaire un goût délicat, sont 


xlÜv EFFETS DE L'ART DE L'HOMME 


regardées à la Chine et dans d’autres contrées de l'Asie 
comme un mets des plus exquis? 

Sur plusieurs rivages peu fertiles , on ne peut com- 
pléter la nourriture de plusieurs animaux utiles, et, 
par exemple, celle des chiens du Kamtschatka que la 
nécessité force d’atteler à des traîneaux , ou des vaches 
de Norvège, destinées à fournir une grande quantité 
de lait, que par le moyen des vertèbres et des arêtes 
de plusieurs espèces de poissons. 

Avec les écailles des animaux dont nous nous occu- 
pons ; on donne le brillant de la nacre au ciment 
destiné à couvrir les murs des palais les plus magni- 
fiques , et on revêt des boules légères de verre, de 
l'éclat argentin des perles les plus belles de l'Orient. 

La peau des grandes espèces se métamorphose dans 
les ateliers en fortes lanières , en couvertures solides 
et presque imperméables à l'humidité, en garnitures 
agréables de bijoux donnés au luxe par le goût *. 

Les vessies natatoires et toutes les membranes des 
paissons peuvent être facilement converties, dans toutes 
les contrées, en cette colle précieuse sans laquelle les 
arts cesseroient de produire le plus grand nombre de 
leurs ouvrages les plus délicats. 

L'huile qu'on retire de ces animaux, assouplit, amé- 


1 Relation de l'ambassade de lord Macartrey à la Chine. 


+ 


a Voyez les articles de /a raïe sephen, du squale requir, du squale rous- 
sette , des acipensères ; etcs 


SUR LA NATURE DES POISSONS. xlv 


Hiore , et conserve dans presque toutes les manufac- 
tures , les substances les plus nécessaires aux produits 
qu’elles doivent fournir ; et dans ces contrées boréales 
où règnent de si longues nuits, entretenant seule la 
lampe du pauvre, prolongeant son travail au-delà de 
ces tristes jours qui fuient avec tant de rapidité, et lui 
donnant tout le temps que peuvent exiger les soins 
nécessaires à sa subsistance et à celle de sa famille, 
elle tempère pour lui l'horreur de ces climats téné- 
breux et gelés, et l’affranchit lui et ceux qui lui sont 
chers des horreurs plus grandes encore d'une extrême 
misère. 

Que l’on ne soit donc pas étonné que Bellon, parta- 
geant l'opinion de plusieurs auteurs recommandables, 
tant anciens que modernes , ait écrit que la Propontide 
étoit plus utile par ses poissons, que des champs fer- 
tiles et de gras pâturages d’une égale étendue ne pour- 
roient l'être par leurs fourrages et par leurs moissons. 

Et douteroit-on maintenant de l'influence pro- : 
digieuse d’une immense multiplication des poissons 
sur la population des empires ? On doit voir avec 
facilité comment cette merveilleuse multiplication 
soutient, par exemple, sur le territoire de la Chine, 
l'innombrable quantité d'habitans qui y sont, pour ainsi 
dire, entassés. Et si des temps présens on remonte aux 
témps anciens, on peut résoudre uh grand problème 
historique ; on explique comment l'antique Égypte 
nourrissoit la grande population sans laquelle les 


xIÿj EFFETS DE L'ART DE L'HOMME: 


admirables et immenses monumens qui ont résisté au 
ravage de tant de siècles, et subsistent encore sur cette 
terre célèbre , n’auroient pas pu être élevés , et sans 
laquelle Sésostris n'auroit conquis ni les bords de 
l’'Euphrate, du Tigre, de l’Indus et du Gange, ni les 
rives du Pont-Euxin, ni les monts de la Thrace. Nous 
connoissons l'étendue de l'Égypte : lorsque ses pyra- 
mides ont été construites, lorsque ses armées ont 
sourhis une grande partie de l'Asie, elle étoit bornée 
presque autant qu'à présent, par les déserts stériles qui 
la circonserivent à l’orient et à l'occident ; et néanmoins. 
nous apprenons de Diodore que dix-sept cents Égyp- 
tiens étoient nés le mème jour que Sésostris : on doit 
donc admettre en Égypte, à l'époque de la naissance 
de ce conquérant fameux, au moins trente-quatre mil- 
lions d'habitans. Mais quel grand nombre de poissons 
ne renfermoient pas alors et le fleuve et les canaux et 
les lacs d’une contrée où l'art de multiplier ces ani- 
maux étoit un des principaux objets de la sollicitude 
du gouvernement, et des soins de chaque famille? Il est 
aisé de calculer que le seul lac Myris où Mœæris pouvoit 
nourrir plus de dix-huit cent mille millions de poissons 
de plus d’un demi-mètre de longueur. 

Cependant, que l'homme ne se contente pas de trans- 
porter à son gré , d’acclimater, de conserver , de multi- 
plier les poissons qu'il préfère; que l’art prétende à de 
nouveaux succès ; qu'il se livre à de nouveaux efforts ; 
qu'il tente de remporter sur la Nature des victoires 


SUR L'A NATURE DES POISSONS: xlvi 


plus brillantes encore; qu’il perfectionne son ouvrage: 
qu'il améliore les individus qu'ilse sera soumis. 

On sait depuis long-temps que des poissons de 
la même espèce ne donnent pas dans toutes les eaux 
une chair également délicate. Plusieurs observations 
prouvent que, par exemple, dans les mêmes rivières, 
leur chair est très-saine et très-bonne au-dessus des 
villes ou des torrens fangeux , et au contraire insa- 
lubre et très-mauvaise au-dessous de ces torrens vaseux 
et des amas d’immondices, souvent inséparables des 
villes populeuses, Ces faits ont été remarqués par plu- 
sieurs auteurs, notamment par Rondelet, Qu'on pro- 
fite de ces résultats; qu'on recherche les qualités de 
l'eau les plus propres à donner un goût agréable ou des 
propriétés salutaires aux différentes espèces de pois- 
sons que l’on sera parvenu à multiplier ou à conserver. 

Qu'on n'oublie pas qu'il est des moyens faciles et 
peu dispendieux d'engraisser promptement plusieurs 
poissons , et particulièrement plusieurs cyprins. On 
augmente en très-peu de temps leur graisse, en leur 
donnant souvent du pain de chènevis, ou des fèves et 
des pois bouillis, ou du fumier , et notamment de celui 
de brebis. D'ailleurs une nourriture convenable et 
abondante développe les poissons avee rapidité, fait 
jouir beaucoup plutôt du fruit des soins que l'on a pris 
_deces animaux, et leur donne la faculté de pondre ef 
de féconder une très-grande quantité d'œufs pendant 
un très-vrand nombre d'années. 


xIviij EFFETS DE L'ART DE L'HOMME 

On a observé dans tous les temps que le reposetun ali- 
ment très-copieux engraissoient beaucoup les animaux. 
On s’est servi de ce moyen pour quelques poissons; et on 
l’a employé d’une manière remarquable pour les carpes: 
on les a suspendues hors de l’eau, de manière à leur 
interdire le plus foible mouvement de nageoires; et elles 
ont été enveloppées dans de la mousse épaisse qu’on a 
fréquemment arrosée. Par ce procédé, ces cyprins ont 
été non seulement réduits à un repos absolu, mais 
plongés perpétuellement dans une sorte d'humidité ou 
de fluide aqueux qui, parvenant très-divisé à leur sur- 
face, a été facilement pompé, absorbé, décomposé, 
combiné dans l'intérieur de l'animal , assimilé à sa 
substance , et métamorphosé par conséquent en nour- 
riture très-abondante. Aussi ces carpes maintenues en 
l'air, mais retenues au milieu d'une mousse humectée 
presque continuellement, ont-elles bientôt acquis une 
graisse copieuse, et de plus un goût très-agréable. 

Dès le temps de Willughby, et même de celui de 
Gesner, on savoit que l'on pouvoit ouvrir le ventre à 
certains poissons, et sur-tout au brochet et à quelques 
autres ésoces, sans qu'ils en périssent , et même sans 
qu'ils en parussent long-temps incommodés. Il sufht 
de séparer les muscles avec dextérité, de rapprocher 
les chairs et les tégumens avec adresse, et de les 
recoudre ayec précaution, pour qu'ils puissent plus 
facilement se réunir. Cette facilité a donné l’idée d'em- 
ployer, pour engraisser ces poissons , le même moyen 


SUR LA NATURE DES POISSONS. xlix 


dont on se sert pour donner un très-crand surcroît de 
graisse aux bœufs, aux moutons, aux chapons, aux 
poulardes , ete. On a essayé, avec beaucoup de succès, 
d'enlever aux femelles leurs ovaires, et aux mâles leurs 
laites. La soustraction de ces organes , faite avec habi- 
leté et avec beaucoup d'attention, n’a dérangé que pen- 
dant un temps très-court la santé des poissons qui l'ont 
éprouvée; et toute la partie de leur substance qui se 
portoit vers leurs laites ou vers leurs ovaires , et qui ÿ 
donnoit naissance ou à des centaines de milliers d'œufs, 
ou à une quantité très-considérable de liqueur fécon- 
dante , ne trouvant plus d’organe particulier pour l’éla- 
borer ni même pour la recevoir, a reflué vers les 
autres portions du corps, s'est jetée principalement 
dans le tissu cellulaire , et y a produit une graisse non 
seulement d'un goût exquis, mais encore d’un volume 
extraordinaire. | 

Mais que l’on ait sur-tout recours, pour l'amélioration 
des poissons , à ce moyen dont on a retiré de si grands 
avantages pour accroître les bonnes qualités et les 
belles formes de tant d’autres animaux utiles, et qui 
produit des phénomènes physiologiques dignes de 
toute l'attention du naturaliste : c’est le croisement des 
races , que nous recommandons. On sait que c’est par 
ce croisement que l'on est parvenu à perfectionner le 
belier, le bœuf, l'âne et le cheval. Les espèces de 
poisson, et principalement celles qui vivent très-près 
de nous, qui préfèrent à la haute mer les rivages de 

TOME IIL G 


l EFFETS DE L'ART DE L'HOMME 
l'océan, les fleuves, les rivières et les lacs et qui , par 
la nature de leur séjour, sont plus soumises à l’in- 
fluence de la nourriture, du climat, de la saison , ou 
de la qualité des eaux, présentent des races très-dis- 
tinctes,-et séparées l’une de l’autre, par leur grandeur, 
leur force , leurs propriétés ou la nature de leurs or- 
ganes. Qu'on les croise; c’est-à-dire, qu’on féconde Îles 
œufs de l'une avec la laite d’une autre. | 

Les individus qui proviennent du mélange de deux 
races , non seulement valent mieux que la race la moins 
bonne des deux qui ont concouru à les former, mais 
encore sont préférables à la meilleure de ces deux races 
quise sont réunies. C'est un fait très-remarquable, très- 
constaté, et dont on n’a donné jusqu’à présent aucune 
explication véritablement satisfaisante , parce qu'on ne 
l'avoit pas considéré dans la classe des poissons, dont 
l'acte de la génération est beaucoup plus soumis à 
l'examen dans quelques unes de ses circonstances, que 
celui des mammifères et des oiseaux qui avoient été 
les objets de l'étude et de la recherche des zoologues. 

Rapprochons done ce qu'on peut dire de ce curieux 
phénomène, | 

Premièrement, une race qui se réunit à une seconde, 
éprouve, relativement à l'influence qu'elle tend à exer- 
cer, une sorte derésistance que produisen t les disparités 
et les disconvenances de ces deux races : cette résistance 
est cependant vaineue, parce qu'elle est très-limitée. 
Et l’on ne peut plus ignorer en physiologie, qu'iln'en 


SUR LA NATURE DES POISSONS. b 


est pas des corps organisés et vivans comme de la 
matière brute et des substances mortes. Un obstacle 
tend les ressorts du corps organisé, de manière que 
son énergie vitale en est augmentée , au point que lors- 
que cet obstacle est écarté, non seulement la puis- 
sance du corps vivant est égale à ce qu'elle étoit avant 
la résistance, mais même qu'eile est supérieure à la 
force dont il jouissoit. Les, disconvenances de deux 
races qui se rapprochent, font donc naître un accrois- 
sement de vitalité, d'action et de développement, dans 
le produit de leur réunion. | 

Secondement, dans un mâle ét une Éfralle d’une 
race, il n’y a que certaines portions analogues les unes 
aux autres, qui agissent directement ou indirectement 
pour la reproduction de l'espèce. Lorsqu'une nouvelle 
race s'en PhoQER , elle met en mouvement d’autres 
portions qui, à cause de leur repos antérieur, doivent 
produire de plus g grands effets que les premières. 

Troisièmement, les deux races mèlées l’une avec 
l’autre ont entre elles des rapports desquels résulte un 
grand développement dans les fruits de leur union, 
parce que ce développement ne doit pas être considéré 
comme la somme de Faddition des qualités de l’une 
et de l’âutre des deux races, mais comme le produit 
d’une multiplication, et, ce qui est la même chose, 
comme l'effet d’une sorte d'intus-suseeption et de com- 
binaison intime, au lieu d'une simple Juxta-position 
et d'une jonction superficielle. 


li; EFFETS DE L'ART DE LHOMME 


C’est un fait semblable à celui qu'observent les chi- 
mistes, lorsque, par une suite d’une pénétration plus 
ou moins grande, le poids de deux substances qu'ils 
ont combinées l’une avec l’autre, est plus grand que 
la somme des poids de ces deux substances avant leur 
combinaison. | 

Le résultat du croisement de deux races n’est cepen- 
dant pas nécessairement, et dans toutes les circons- 
tances, le perfectionnement des espèces : il peut arriver 
et il arrive quelquefois que ce croisement les dété- 
riore au lieu de les améliorer. En effet, et indépen- 
damment d'autre raison, chacun des deux individus 
qui se rapprochent dans l’acte de la génération, peut 
être regardé comme imprimant la forme à l’être qui 
provient de leur union, ou comme fournissant la ma- 
tière qui doit être façonnée, ou comme influant à la 
fois sur le fond et sur la forme : mais nous ne pouvons 
avoir aucune raison de supposer qu'après la réunion 
de deux races, 1l y ait nécessairement entre la matière 
qui doit servir au développement et le moule dans 
lequel elle doit être figurée, plus de convenance qu'iln'y 
en avoit avant cette même réunion, dans les individus 
de chacune de ces deux races considérées séparément. 

Il y a donc dans l'éloignement des races l'une de 
l'autre, c'est-à-dire, dans le nombre des diflérences qui 
les séparent, une limite en deçà et au-delà de laquelle 
le croisement est par lui-même plus nuisible qu’avan- 
tageux. 


SUR LA NATURE DES POISSONS. li 
L'expérience seule peut faire connoître cette limite : 
mais on sera toujours sûr d'éviter tous les inconvéniens 
qui peuvent résulter du croisement considéré en lui- 
même, si dans cette opération on n'emploie jamais 
que les meilleures races, et si, par exemple, en mêlant 
les races des poissons , on ne cesse de rechercher celles 
qui offrent le plus de propriétés utiles, soit pour obte- 
nir les œufs que l’on voudra féconder, soit pour se 
procurer la liqueur active par le moyen de laquelle on 
desirera de vivifier ces œufs. 

Voilà à quoi se réduit ce que nous pouvons dire du 
croisement des races, après avoir réuni dans notre 
pensée les vérités déja publiées sur cette partie de la 
physiologie, les avoir dégagées de tout appareil scien- 
tifique, les avoir débarrassées de toute idée étrangère, 
les avoir comparées, et y avoir ajouté le résultat de. 
quelques réflexions et de AAA observations nou- 
velles. 

Considérons maintenant de plus haut ce que peut 
l'homme pour l'amélioration des poissons. Tâchons de 
voir dans toute son étendue l'influence qu’il peut exer- 
cer sur ces animaux par l'emploi des quatre grands 
moyens dont il s'est servi, toutes les fois qu'il a voulu 
modifier la Nature vivante. Ces quatre moyens si puis- 
sans sont, la nourriture abondante et convenable qu'il 
a donnée, l'abri quil a procuré, la contrainte qu'il a 
imposée, le choix qu'il a fait des mâles et des femelles 
pour la propagation de l'espèce. 


Liv EFFETS DE LART DE L'HOMME 


En réunissant ou en employant séparément ces 
quatre instrumens de son pouvoir, l’homme a modifié 
les poissons d'une manière bien plus profonde qu'on 
ne Île crofroit au premier coup d'œil. En rapprochant 
un grand nombre de germes, il à resserré dans un 
espace assez étroit les œufs de ces animaux, pour que 
plusieurs de ces œufs se soient collés l’un à l’autre, 
comprimés, pénétrés, entièrement réunis, et, pour 
ainsi dire, identifiés; ét de cette introduction d'un 
œuf dans un autre, si je puis parler ainsi, il est résulté 
une confusion si grande de deux fœtus, que l'on a vu 
éclore des poissons monstrueux, dont les uns avoient 
deux têtes et deux avant-corps, pendant que d'autres 
présentoient deux têtes, deux corps et deux queues liés 
ensemble par le ventre ou par un côté qui appartenoit 
aux deux corps, et attachés même quelquefois par cet 
organe commun, de manière à représenter une croix. 

Mais laissons ces écarts que la Nature contrainte 
d'obéir à l'art de l'homme pent présenter, comine 
lorsqu'indépendante: de cet art elle nest soumise 
qu'aux Hasards des accidens : les produits de cette 
sorte d’accouplement extraordinaire ne constituent 
aucune amélioration ni de l’espèce, ni même de lindi- 
vidu: ils ne se perpétuent pas par la générations ils 
n'ont en général qu'une courte existence ; ils sont 
étrangers à notre sujet. 

Æxaminons des effets bien différens de ces phéno- 
mènes, et par leur durée, et par leur essence, 


SUR LA NATURE DES POIS SO NS. lv 


Voicr tous les attributs des poissons que la domesti- 
cité a déja pu changer: | 
Les couleurs; elles ont été variées et dans leurs 


nuances et dans leur distribution. 

Les écailles; elles ont acquis ou perdu de leur épais- 
seur et de leur opacité; leur figure a été altérée ; leur 
surface étendue ou rétrécie; leur adhésion à la peau 
affoiblie ou fortifiée ; leur nombre diminué ou aug- 
menté. < 

Les dimensions générales ; elles ont été agrandies ou 
rapetissées. 

Les proportions des principales parties de la tête, du 
corps, ou de la queue ; elles ont montré de nouveaux 
rapports. | ÿe 

La nageoire dorsale; elle a disparu. 

La nageoire de la queue ; elle a offert une nouvelle 
forme, et de plus elle a été ou doublée ou triplée, 
comme on a pu le voir, par exemple, en exarminant 
les modifications que le cyprin doré a subies dans les 
bassins d'Europe, et sur-tout dans ceux de la Chine, 
où il est élevé avec soin depuis un grand nombre de 
siècles. 

L'art a donc déja remanié, pour ainsi dire, non seu- 
lement les técumens des poissons, et même un des 
plus : puissans instrüumens de leur natation, mais encore 
pis 1e tous leurs organes, puisqu'il en a changé les 
proportions ainsi que “Red ni 

par ces grandes modifications qu’il a produit 


1j EFFETS DE L'ART DE L'HOMME 
des variétés remarquables. A mesure que l'influence 
a été forte, que l'impression a été vive, qu'elle a pé- 
nétré plus avant, le changement a été plus profond 
et par conséquent plus durable. La nouvelle manière. 
d'être, produite par l'empire de l’homme, a été assez 
intérieure, assez empreinte dans tous les organes qui 
concourent à la génération, assez liée avec toutes les 
forces qui contribuent à cet acte, pour qu'elle ait été 
transmise, au moins en grande partie, aux indivi- 
dus provenus de mâles et de femelles déja modifiés. 
Les variétés sont devenues des races plus ou moins 
durables; et lorsque, par la constance des soins de 
l’homme, elles auront acquis tous les caractères de la 
stabilité, c'est-à-dire, lorsque toutes les parties de 
l'animal qui, par une suite de leur dépendance mu- 
tuelle, peuvent agir les unes sur les autres, auront 
recu une modification proportionnelle, et que par 
conséquent il n'existera plus de cause intérieure qui 
tende à ramener les variétés vers leur état primitif, 
ces mêmes variétés, au moins si elles sont séparées 
par d'assez grandes différences , de la souche dont 
elles auront été détachées, constitueront de véritables 
espèces permanentes et distinctes. | 

C’est alors que l’homme aura réellement exercé une 
puissance rivale de celle de la Nature, et qu'il aura 
conquis l'usage d'un mode nouveau et bien important 


d'améliorer les poissons. 
e e LI 0] 
Mais il peut déja avoir recours à ce mode, d'une 


SURVEA NATURE DES POISSONS vi} 
manière qui marquera moins la puissance de son art, 
mais qui sera bien plus courte et bien plus facile. 

Qu'il fasse pour les espèces ce.que nous avons dit 
qu’il devoit faire pour des races : qu'il mêle une espèce 
avec une autre; qu'il emploie la laite de l’une à fécon- 
der les œufs de l’autre. Il ne craindra dans ses tenta- 
tives aucun des obstacles que l'on a dû vaincre, toutes 
les fois qu'on a voulu tenter l’accouplement d'un mâle 
ou d’une femelle avec une femelle ou un mâle d’une 
espèce étrangère, et que l’on a choisi les objets de:ses 
essais parmi les mammifères, ou parmi les oiseaux. On 
dispose avec tant de facilité de la laite et des œufs! 
En renouvelant ses efforts, non seulement on 
obtiendra des mulets, mais des mulets féconds, et qui 
transmettront leurs qualités aux générations qui leur 
devront le jour. On aura des espèces métives, mais 
durables, distinctes , et existantes par elles-mêmes. 

On sait que la carpe produit facilement desmétis 
avec la gibèle, ou avec d’autres cyprins. Qu'on suive 
cette indication. 

Pour éprouver moins de difficultés, qu'on cherche 
d'abord à réunir deux espèces qui fraient dans le même 
temps, ou dont les époques du frai arrivent de manière 
que le commencement de l’une de ces deux époques 
se rencontre avec la fin de l’autre. 

Si l'on ne peut pas se procurer facilement de la 
liqueur séminale de l’une des deux espèces , et l'ob- 
+enir avant qu'elle n'ait perdu, en se desséchant ou en 
TOME III H 


Ivij EFFETS DE L'ART DE L'HOMME 
s'altérant, sa qualité vivifiante, qu’on place des œufs 
de la seconde à une profondeur convenable, et à une 
exposition favorable , dans les eaux fréquentées par les 
mâles de la première. Qu'on les y arrange de manière 
que léur odeur attire facilement ces mâles, et que 
leur position les invite, pour ainsi dire, à les arroser 
de leur fluide fécondant., Dans quelques circonstances, 
on pourroit les y contraindre, en quelque sorte, en 
détruisant autour de leur habitation ordinaire, et à 
une distance assez grande, les œufs de leurs propres 
femelles. Dans Fe circonstances, on pourroit 
essayer de les faire arriver en grand nombre au-dessus 
de:cès œufs étrangers. que l'on voudroit les voir vivi- 
fier, en mêlant à ces œufs une substance composée, 
factice et odorante, que plusieurs tentatives feroient 
découvrir, et qui , agissant sur leur odorat comme les 
œufs de leur espèce, les déterminéroit aussi effica- 
cement que ces derniers à se débarrasser de leur laite, 
et à la répandre abondamment. 

Voudra-t-on se livrer à des essais plus hasardeux, 
et réunir deux espèces de poissons dont les époques du 
frai sont séparées par un intervalle de quelques jours ? 
Que l’on garde des œufs de l'espèce qui fraie le plutôt; 
que l’on se souvienne que l'on peut les préserver du 
degré de décomposition qui s’opposeroit à leur fécon- 
dation ;:6t qu'on les répande, avec les précautions né- 
cessaires ; à la portée des mâles de la seconde espèce, 
lorsque ces derniers'sont arrivés au terme de la matu- 
rité de leur laite. 


SUR LA NATURE DES BOISSONS. lit 


Aureste., les soins, multipliés que l'on ARE dé 
se donner! pour faire réussir.ces unions.que; l'on pour: 
roit nommer artificielles , expliquent, poutquoi, des 

réunions analogues sont très-peu. fréquentes, dans: là 
Nature, et par conséquent pourquoi, ;cette. Nature; 
quelque puissante qu “’elle.soit,. ne, produit cependant 
que;très-rarement des espèces, nouÿellés;par,.le mé 
lange des :espèces, anciennes. Cependant, depuis qué 
l'on observe avec plus d'attention les poissons , ‘on 
remarque dans plusieurs genres de: ces animaux, des 
individus qui, présentant des: caractères de deux espèces 
différentes et, plus ou,moins. voisines, paroissent, ap- 
partenir,à ‘une race . intermédiaire que: lon. devra 
regarder comme une. espèce métive.et:distincte;:lors£ 
qu'on. l'aura vue se maintenir pendant un témps très- 
long avec toutes ses propriétés particulières:;:et:-duw 
moins avec ses attributs essentiels. Nous AYONS: Com 
mencé de, recueillir, des faits curieux aû sujet :derces 
espèces, pour ainsi dire, mi-parties, dans les:lettres 
_de plusieurs de nos savans correspondans:, et notam- 
ment du citoyen Noël de Rouen. Ce dernier naturaliste, 
pense, par exemple ,,que les nombreusés espèces de 
raies qui se rencontrent sur les rives françoises de la 
Manche, lors du temps.de la fécondation des œufs; 
doivent, en se mêlant ensemble ;: avoir donné -ow 
donner le jour à des espèces ou races nouvelles. Cette: 
opinion du citoyen Noël rappelle : celle des. anciens 
au sujet des monstres de l'Afrique. Ils croyoient que 


Lx EFFETS DE L'ART DE L'HOMMF 


les grands mammifères de cette partie du monde, qui 
habitent les environs des déserts, et que la chaleur 
et la soif dévorantes contraignent de se rassembler 
fréquemment en troupes très-nombreuses autour des 
amas d'eau qui résistent aux rayons ardens du soleil 
dans ces régions voisines des tropiques, doivent sou- 
vent s’accoupler les uns avec les autres ; et que de 
leur union résultent des mulets féconds où inféconds, 
qui, par le mélange extraordinaire de divérses formés 
remarquables et de différens attributs singuliers , mé- 
ritent cé nom imposant de monstres africains. 
‘Cependant ne céssons pas de nous occuper de ces 
poissons mulets ‘que l’art peut produire ou que la 
Nature fait naître chaque jour par l'union de la carpe 
avec la gibèle, ou par celle de plusieurs autres espèces, 
sans faire une réflexion importante relativement à la 
dde à à des animaux dont nous écrivons l'histoire; 
et même à celle der presque tous les animaux. 
Des auteurs d'une grande autorité ont écrit qué, dans 
la reproduction des poissons, la femelle exerçoit une 
si grande influence, que le fœtus étoit entièrement 
formé dans l'œuf avant l'émission de la laite du mâle; 
et que: la: liqueur séminale dont l'œuf étoit arrosé, 
imbibé -et pénétré, ne dévoit être considérée que 
comme une sorte de stimülus propre a donner le mou- 
vemeht:et la vie à l'embryon préexistant. | 
:1Gette: opinion æ&été étendue et généralisée au point 
de:devenir une théorie sur la génération des animaux, 


| 

SUR LA NATURE DES POISSONS. (x) 
ét même sur celle de l’homme. Mais l'existence des 
métis ne détruit-elle pas cette hypothèse? Ne doit-on 
pas voir que si la liqueur fécondante du mâle n'’étoit 
qu'un fluide excitateur, n’influoit en rien sur la forme 
du fœtus , ne donnoit aucune partie à l'embryon, les 
œufs de la même femelle, de quelque laite qu'ils 
fussent arrosés , feroient toujours naître des individus 
semblables ? le stimulus pourroit être plus où moins 
actif; l'embryon seroit plus fort ou plus foible; lé 
fœtus écloroit plutôt ou plus tard; l'animal jouiroit 
d'une vitalité plus ou moins grande; mais ses formes 
seroient toujours les mêmes ; le nombre de ses organes 
ne varieroit pas ; les dimensions pourroient être agran+ 
dies ou diminuées; mais les proportions, les attributs, 
les signes distinctifs, ne montreroient aucun change- 
ment, aucune modification; aucun individu ne présen- 
teroit en même temps et des traits du mâle et des 
traits de la femelle ; il ne pourroit, dans &ucune cir- 
constance, exister un véritable métis. 

Quoi qu'il en soit, les espèces que l’homme produira, 
soit par linfluence qu'il exercera sur les individus 
soumis à son empire, soit par les alliances qu'il établira 
entre des éspèces voisines ou éloignées, seront un 
grand moyen de comparaison pour juger de celles 
que la Nature a pu où pourra faire naître dans le 
cours des siècles. Les modifications que l'homme im- 
prime, serviront à déterminer celles que la Nature 
impose. La Connoissance que l’on aura du point où 


Ii] EFFETS DE L'ART DE L'HOMME 

aura commencé le développement des premières, et 
de celui où il.se sera arrêté, dévoiïlera l’origine et 
l'éteñdue des secondes. Les espèces artificielles seront 
la:mésure des espèces naturelles. On sait, par exemple, 
que le cyprin doré de la Chine perd dans la domes- 
ticité, non seulement des traits de son espèce par 
l'altération de. la forme de sa nageoire.caudale, mais 
encore des signes distinctifs du groupe principal ou du 
genre auquel ul appartient, puisque la nageoire du dos 
lui est ôtée par l'art, et même des caractères de la grande 
famille ou de l’ordre dans lequel, il doit être compris, 
puisque la main de l'homme le prive de ces nageoires 
inférieures dont la position ou l'absence IR QUEnE les 
ordres des poissons. | | 

À la vérité, l'action de sais n'a pas encore pé= 
nétré assez avant dans l'intérieur-de ce cyprin doré, 
pour. y changer ces proportions générales de l'estomac, 
des intestins, du foie, des reins, des ovaires, etc. 
qui constituent véritablement la diversité des ordres, 
pendant que l'absence ou la position des nageoires 
inférieures n'est qu'un signe extérieur qui, par ses 
relations avec la forme et les dimensions des organes 
internes, annonce ces ordres sans en produire la 
diversité. 

Mais que sont quelques biere d'années, pendant 
lesquels les Chinois ont manié, pour ainsi dire, leur 
cyprin doré , lorsqu'on les compare au temps dont la 
Nature dispose ? C’est cette lenteur dans le travail, c'est 


SUR LA NATURE DES POISSONS. Îxiij 


cette série infinie d'actions successives, c’est cette accu- 
imulation perpétuelle, d'eHorts dirigés dans le même 
sens , c'est cétte constance et dans l'intensité et dans la 
tendance de la force, c'est cet emploi de tous les instans 
dans une durée non interrompue de milliers de siècles , 
qui, survivant à tous les obstacles qu'elle n’a pu ni 
dissoudre ni écarter , est le véritable principe de la 
puissance irrésistible de la Nature.En ce sens, la Nature 
est le temps, quirègne sans contrainte sur la matière 
qu’elle façonne et sur l’espace dans lequel elle distribue 
les ouvrages de ses mains immortelles. 1 

Ce sera donc toujours bien au-delà de la limite äu 
pouvoir de l’homme, qu’il faudra placer celle de la force 
victorieuse qui appartient à la Nature. Mais les Juge- 
mens que nous porterons de cette force d’après 
l'étendue de l'art, n'en seront que plus fondés ; nous 
n'aurons que plus de raison de dire que les espèces 
artificielles, excellentes mesures des espèces naturelles 
produites dans la suite des âges, sont aussi le mètre 
d'après lequel nous pourrons évaluer avec précision 
le nombre des espèces perdues ;: le nombre de celles 
qui ont disparu avec les siècles. | 

Deux grandes manières de considérer l'univers 
animé sont dignes de toute l'attention du véritable 
naturaliste. 

D'un côté, on peut voir, dans les temps trèés-anciens, 
tous les animaux n’existant encore que dans quelques 
espèces primitives, qui, par des moyens analogues à ceux 


Ixivy EFFETS DE L'ART DE L'HOMME 


que l’art de l’homme peut employer, ont produit, par 
la force de la nature , des espèces secondaires, les- 
quelles par elles-mêmes, ou par leur union avec les 
primitives , ont fait naître des espèces tertiaires, etc. 
Chaque degré de cet accroissement successif offrant un 
plus grand nombre d'objets que le degré précédent, 
les a montrés séparés les uns des autres par des inter- 
valles plus petits, et distingués par des caractères moins 
sensibles ; et c'est ainsi que les produits animés de la 
création sont parvenus à cette multitude innombrable 
et à cette admirable variété qui étonnent et enchantent 
l'observateur. 

D’ un autre côté, on peut supposer que, dans les pre: 
miers âges, toutes les manières d’être ont été employées 
par la Nature, qu'elle a réalisé toutes les formes , déve- 
loppé tous les organes , mis en jeu toutes les facultés, 
donné le jour à tous les êtres vivans que l'imagination 
la plus bizarre peut concevoir ; que dans ce nombre 
infini d'espèces, celles qui n'avoient reçu que des moyens 
imparfaits de pourvoir à leur nourriture, à leur con- 
servation , à leur reproduction , sont tombées succes- 
sivement dans le néant ; et que tout s'est réduit enfin 
à Ces espèces majeures , à ces êtres mieux PÉPREFSE qui 
figurent encore sur le globe. 

Quelque opinion qu il faille préférer sur le point du 
départ de la Nature créatrice, sur cette multiplication 
croissante , ou sur cette réduction graduelle, l'état 
actuel des choses ne nous permet pas de ne pas consi- 


SUR LA NATURE DES POISSONS.  Îxv 


dérer la Nature vivante comme se balançant entre les 
deux grandes limites que lui opposeroient à une extré- 
mité un petit nombre d'espèces primitives, et à l’autre 
extrémité l'infinité de toutes les espèces que l’on peut 
imaginer. Elle tend continuellement vers l’une ou vers 
l'autre de ces deux limites, sans pouvoir maintenant en 
approcher, parce qu’elle obéit à des causes'qui agissent 
en sens contraire les unes des autres, et qui, tour-à- 
tour victorieuses et vaincues, ne cèdent lors de quel- 
ques époques, que pour reparoître ensuite avec leur 
première supériorité. 

Quel spectacle que celui de ces alternatives ! quelle 
étude que celle de ces phénomènes! quelle recherche 
que celle de ces causes! quelle histoire que celle de 
ces époques ! 

Et pour les bien décrire, ou plutôt pour les con- 
noître dans toute leur étendue, il faut les contempler 
sous les différens points de vue que donnent trois 
suppositions, parmi lesquelles le naturaliste doit choi- 
sir, lorsqu'il examine l’état passé, présent et futur du 
globe sur lequel s'opère ce balancement merveilleux. 

La température de la terre est-elle constante, comme 
on l’a cru pendant long-temps? ou Ia chaleur dont 
elle est pénétrée, va-t-elle en croissant, ainsi que quel- 
ques physiciens l'ont pensé? ou cette chaleur décroît- 
elle chaque jour, comme l'ont écrit de grands natu- 
ralistes et de grands géomètres, les Leibnitz, les 
Buffon, les Laplace ? 

TOME IIlL. I 


Ixvj EFFETS DE L'ART DE L'HOMME; etc. 


Présentons la question sous un aspect plus direct. 
La Nature vivante est-elle toujours animée par la 
même température? ou la chaleur, ce grand principe 
de son énergie, diminue-t-elle ou s’accroît-elle à me- 
sure que les siècles augmentent? 

Quels sujets sublimes pour la méditation du géo- 
—logue et du zoologiste! quelle immensité d'objets! 
quelle noble fierté l’homme devra ressentir, lorsqu’a- 
près les avoir contemplés, son génie les verra sans 
‘Nuage, les peindra sans erreur , et, mettant chaque 
événement à sa place, fera la part et des temps écoulés 
et des temps qui s’avancent! 


HISTOIRE 


HISTOIRE NATURELLE 


DES POISSONS. 


LE SCOMBRE GERMO N *. 


CETTE espèce de scombre a été jusqu’à présent con- 
fondue par les naturalistes, ainsi que par les marins, 
avec les autres espèces de son genre. Elle mérite 
cependant à beaucoup d'égards une attention particu- 
lière, et-nous allons tâcher de la faire connoître sous 
ses véritables traits, en présentant avec soin les belles 
observations manuscrites que Commerson nous a lais- 
sées au sujet de cet animal. 

_ Le germon, dont la grandeur approche de celle des 
thons , a communément plus d’un mètre de longueur ; 
et son poids presque toujours au-dessus d'un myria- 
gramme , s'étend quelquefois jusqu’à trois. Sa couleur 


æ 


*'Scomber germe. 

Scomber (germo) pinnis pectoralibus ultra anum productis, pinnulis 
dorsalibus novem, ventralibusque totidem. Manuscrits de Commerson, 
déja cités. 

Germon , par plusieurs navigateurs francois, 

Longue oreille, par d'autres navigateurse 


TOME LIT 4 


2 “ HISTOIRE NATURELLE 


est d'un bleu noirâtre sur le dos, d’un bleu très-pur et 
très-beau sur le haut des côtés, d’un bleu argenté sur 
le bas de ces mêmes côtés , et d’une teinte argentée 
sans mélange sur sa partie inférieure. On voit, sur le 
ventre de quelques individus , des bandes transversales; 
mais elles sont si fugitives , qu'elles disparoissent avee 
rapidité lorsque le scombre expire, et même lorsqu'il 
est hors de l'eau depuis quelques instans. L'animal 
est alongé et un peu conique à ses deux extrémités ; 
la tête revêtue de lames écailleuses, grandes et bril- . 
lantes ; le corps recouvert, ainsi que la queue, d’é- 
cailles petites , pentagones , ou plutôt presque arron- 
dies. | | 
Un seul rang de dents garnit chacune des deux 
mâchoires , dont l’inférieure est d’ailleurs plus avancée 
que la supérieure. 
L'intérieur de la bouche est noirâtre dans son con- 
tour ; la langue courte, un peu large , arrondie 
par-devant, cartilagineuse et rude ; le palais raboteux 
comme la langue ; louverture de chaque narine 
réduite à une sorte de fente ; chaque commissure 
marquée par une prolongation triangulaire de la 
mâchoire supérieure ; l'œil grand et un peu convexe; 
l’opercule branchial , composé de deux pièces dénuées 
d’écailles semblables à celles du dos, resplendissantes 
de l'éclat de l'argent, et dont la seconde s'étend en 
croissant autour de la première , et en borde le contour 


postérieur, 


DE ss: P'OUr & S © K S. d 


On peut voir au-dessous de cet opercule une mens 
brane branchiale blanchâtre dans sa circonférence , et 
noirâtre dans le reste de sa surface ; un double rang 
de franges compose chacune des quatre branchies : 
l'os demi-cireulaire du premier de ces organes respi- 
ratoires présente des dents longues et fortes , arran- 
gées comme celles d’un peigne ; l’os du second n'en 
offre que de moins grandes ; et l'arc du troisième ainsi 
que celui du quatrième , ne sont que raboteux *. 

Les nageoires pectorales ont une largeur égale au 
douzième , ou à peu près, de la largeur totale du 
scombre ; leur longueur est telle, qu'elles dépassent 
l'ouverture de l'anus , et parviennent jusqu'aux pre- 
mières petites nageoiïres du dessous de la queue. Elles 
sont de plus en forme de faux , fortes, roidés, et, ce 
qu'il faut sur-tout ne pas négliger d'observer , placées 
chacune au-dessus d’une fossette , ou d’une petite cavité 
imprimée sur le côté du poisson, de la même grandeur 
et de la même figure que cet instrument de natation, 
et dans laquelle cette nageoire est reçue en partie 
lorsqu'elle est en repos. Un appendice charnu occupe 


* À la membrane des branchies 7 rayons. 
à la première nageoire du dos 14 


à la seconde 12 
à chacune des pectorales 35 
à chacune des thoracines 7 
à celle de lanus 12 


à celle de la queue 30 


À HISTOIRE NATURELLE 
d’ailleurs , si je puis employer ce mot, l’aisselle supé- 
rieure de chaque pectorale, 

Une fossette analogue est, pour ainsi dire, gravée 
au-dessous du corps , pour loger les nageoires thora- 
eines, qui sont situées au-dessous des pectorales, et qut, 
presque brunes à l’intérieur, rééchissent à l'extérieur 
une belle couleur d'argent. 

La première nageoire dorsale s'élève au-dessus d'un 
sillon longitudinal dans lequel l'animal peut la cou- 
cher ; et elle s’avanee comme une faux vers la queue. 

La seconde, presque entièrement semblable à celle 
de l'anus, au-dessus de laquelle on. la voit , par sa 
rigidité , ses dimensions , sa figure et sa couleur, est 
petite et souvent rougeâtre ou dorée. 

Les petites nageoires du dessus et du dessous de la 
queue sont triangulaires, et au nombre de huit ou de 
neuf dans le-haut , ainsi que dans le bas. Ce nombre 
paroît être très-constant dans les individus de l'espèce 
que je décris, puisque Commerson assure l'avoir tou-. 
jours trouvé, et cependant avoir examiné plus de vingt 
germons, | 

La nageoire de la queue , découpée comme un crois-- 
sant , est assez grande pour que la distance, en ligne 
droite , d’une extrémité du croissant à l’autre , soit 
quelquefois égale au tiers de la longueur totale de 
l'animal. Le thon a également et de même que presque: 
tous les scombres, une nageoire caudale très-étendue ;: 
et nous ayons vu, dans l’article précédent, les effets très-- 


MDTE S LEP JO: 1.8 S ON S, b 


curieux qui résultent de ce développement peu ordi- 
naire du principal instrument de natation. 

La ligne latérale, fléchie én divers sens jusqu’au-des- 
sous de la seconde nageoire du dos ,:tend ensuite direc- 
tement vers le milieu de la nageoire caudale. 

On voit enfin ,; de chaque côté de la queue, la 
peau s'élever en forme de carène longitudinale ; et 
cette forme est donnée à ce tégument par un carti- 
lage qu'il recouvre , et qui ne contribue pas peu à la 
rapidité avec laquelle le germon s’élance au milieu 
ou à la surface des: eaux. | | 

Jetons maintenant un coup d'œil sur la conforma- 
tion intérieure de ce scombre. | 

Le cœur est triangulaire , rougeâtre , assez grand, à 
un seul mais très-petit ventricule ; l'oreillette grande 
et très-rouge ; le commencement de l’aorte-blanchâtre, 
et en forme de bulbe; le foie d'un rouge pâle, tra 
pézoïde , convexe sur une de ses surfaces ,: hérissé de 
pointes vers une extrémité , garni de lobules à l’extré- 
mité opposée, creusé à l’extérieur par plusieurs cise- 
lures , et composé à l’intérieur de tubes-vermiculaires, 
droits, parallèles les. uns-aux autres , et exhalant une 
humeur jaunâtre par dés conduits communs; la rate 
alongée comme une languette , noirâtre , et suspendue 
sous le côté droit du foie ; la vésicule du fiel eonformée 
presque comme un-lombric , plus grosse par un bout 
que par l'autre ; égale en. longueur au tiers de la 
longueur totale du poisson , appliquée contre la rate, 


6 HISTOIRE NATURELLE 


et remplie d'un suc très-verd ; l'estomac sillonné par 
des rides longitudinales ; le canal intestinal deux fois 
replié; le péritoine brunâtre ; et la vessie natatoire 
longue , large , attachée au dos et argentée. 

Commerson a observé le germon dans le grand 
Océan austral , improprement appelé #1er Pacifique , 
vers le vingt-septième degré de latitude méridionale, 
et le cent troisième de longitude. 

Il vit pour la première fois cette espèce de scombre 
‘dans le voyage qu'il fit sur cet océan , avec notre 
célèbre navigateur et mon savant confrère Bougain- 
ville. Une troupe très-nombreuse d'individus de cette 
espèce de scombre entoura le vaisseau que montoit 
Commerson ; et leur vue ne fut pas peu agréable à 
des matelots et à des passagers fatigués par l’ennui 
et les privations inséparables d’une longue naviga- 
tion. On tendit tout de suite des cordes garnies 
d'hameçons ; et on prit très-promptement un grand 
nombre de ces poissons , dont le plus petit pesoit plus 
d'un myriagramme , et le plus gros plus de trois. A 
peine ces thoracins étoient-ils hors de l'eawÿ qu'ils 
mouroient au milieu des tremblemens et des soubre- 
sauts. Les marins, rassasiés de l'aliment que ces ani- 
maux leur fournirent, cessèrent d'en prendre : mais 
les troupes de germons ; accompagnant toujours le 
vaisseau , furent, pendant les jours suivans, l’objet de 
nouvelles pêches, jusqu'a ce que, les matelots se dégoü- 

tant de cette sorte de nourriture, les pêcheurs man- 


DESIPOI1SSONS. 7 


queérent aux poissons, dit le voyageur naturaliste, mais 
non pas les poissons aux pêcheurs. Le goût de la chair 
des germons étoit très-agréable, et comparable à celui 
des thons et des bonites: et quoique les matelots en 
mangeassent jusqu'à satiété, aucun d'eux n’en éprouva 
l'incommodité la plus légère. 

Commerson ajoute à ce qu'il dit des germons, une 
observation générale que nous croyons utile de rap- 
porter ici. Il pense que tous les navires ne sont pas 
également suivis par des colonnes de scombres ou 
d'autres poissons analogues à ces lébions de germons 
dont nous venons de parler; il assure même qu'on a vu, 
lorsque deux ou plusieurs vaisseaux voguoient de con- 
serve, les poissons ne s'attacher qu'à un seul de ces bâti- 
mens, ne le jamais quitter pour aller vers les autres, et 
donner ainsi à ce bâtiment favorisé une sorte de privi- 
lége exclusif pour la pêche. Il croit que cette préférence 
des troupes de poissons pour un navire dépend du plus 
ou moins de subsistance qu'ils trouvent à la suite de 
ce vaisseau , et sur-tout de la saleté ou de l’état exté- 
rieur du bâtiment au-dessous de sa ligne de flottaison. 
Il lui a semblé que les navires préférés étoient ceux 
dont la carène avoit été réparée le plus anciennement, 
ou qui venoient de servir à de plus longues navigations: 
dans les voyages de long cours , il s'attache sous les 
vaisseaux, des fucus , des goémons , des corallines , 
des pinceaux de mer, et d’autres plantes ou animaux 
marins qui peuvent servir à nourrir les poissons ct 


ô HISTOIRE NATURELLE, 
doivent les attirer avec force. Au reste, Commerson 
remarque, ainsi que nous l'avons observé à l’article du 
thon, que parmi les eauses qui entraînent les poissons 
auprès d’un vaisseau , il faut compter l'ombre que le 
corps du bâtiment et sa voilure répandent sur la mer; 
et dans les climats très-chauds , on voit, dit-il, pen- 
dant la plus grande chaleur du jour , ces animaux se 
ranger dans la place plus ou moins étendue que le 
navire couvre de son ombre. 


LE SCOMBRE THAZARD*. 


CE nom de hazard à été donné à des ésoces, à 
des clupées , et à d’autres scombres que celui dont 
nous allons parler : mais nous avons cru devoir, ayec 
Commerson, ôter cette dénomination à toute espèce 
de scombre , excepté à celle que nous allons faire con- 
noître. La description de ce poisson n’a encore été 
publiée par aucun naturaliste. Nous avons trouvé dans 
les papiers du célèbre compagnon de Bougainville, 
ne figure de ce thazard, que nous avons fait graver, 
et une notice des formes et des habitudes de ce tho- 
racin , de laquelle nous nous sommes servis pour com- 
poser l'article que nous écrivons. 

La grandeur du thazard tient le milieu entre celle 
de la bonite et celle du maquereau ; mais son Corps, 
quoique très-musculeux, est plus comprimé que celui 
du maquereau, ou celui de la bonite. 

Sa couleur est d'un beau bleu sur la tête , le dos; 
et la portion supérieure des parties latérales ; elle se 
change en nuances argentées et dorées, mêlées de tons 


* Scomber thazard. 

Tazo. 

Tazard. 

Scomber immaculatus, pinnulis dorsalibus octo, ventralibus septem, 
pinnis pectoralibus ventrales vix excedentibus. Commerson, manuscrits 
déja cités. L 

TOME IIl. | 2 


FO: HISTOIRE NATURELLE 
fugitifs d'acier poli, sur les bas. côtés et le dessous. 
de l’animal. | 

Au-dessous de chaque œil, on voit une tache ovale, 
petite, mais remarquable, et d'un noir bleuître. 

Les nageoires pectorales et les thoracines sont noi- 
râtres dans leur partie supérieure, et argentées dans 
Vinférieure ; la première nageoïre du dos est d’un bleu 
brunâtre , et la seconde est presque brune*. - 

_ Au reste, on ne voit sur les côtés du thazard', ni 
bandes transversales , ni raies longitudinales. 

La tête, un peu conique , se termine insensiblement 
en un museau presque aigu. 

La mâchoire supérieure, solide et non extensible, 
est plus courte que linférieure , et paroît sur-tout 
moins alongée , lorsque la bouche est ouverte. Les. 
dents qui garnissent l’une et l’autre de ces deux mâ- 
choires , sont si petites , que le tact seul peut en: 
quelque sorte les distinguer. L'ouverture de la bouche 
est communément assez étroite pour ne pouvoir pas. 
admettre de proie plus. volumineuse que de’ petits. 
poissons volans, ou Jeunes exocets. 


P " 


* 6 rayons à la membrane des branchies.. 

9 à la.première dorsale. 

12 à la seconde dorsale, 
1. ou 2.aiguillons.et 22.ou 23 rayons articulés à chacune des pecto-- 

rales. 

x aiguillon et 5 rayons articulés à chacune des thoracines.. 

12 rayons à la nageoire de l'anus. 

39. à la nageoire de la queue. 


DIEASUE OMIS S ON 6: TT 


Les commissures sont noirâtres:; l’intérieur de la 
gueule est d’un brun argenté ; la langue , assez large, 
presque cartilagineuse , très-lisse, et arrondie par- 
devant , présente , dans la partie de sa circonférence qui 
est libre , deux bords dont l’un est relevé, et dont 
l'autre s'étend horizontalement ; deux faces qui se 
réunissent en formant un angle aigu , composent la 
voûte du palais , qui, d’ailleurs, est sans aucune aspé- 
rité. Chaque narine a deux orifices : l’antérieur est 
petit, et arrondi ; le postérieur plus visible et alongé, 
Les yeux sont très-grands et sans voile. 

L’opercule, composé de deux lames, recouvre quatre 
branchies, dont chacune comprend deux rangs de 
franges , et est soutenue par un os circulaire dont la 
partie concave offre des dents semblables à celles d’un 
peigne , très-longues dans le premier de ces organes, 
moins longues dans le second et le troisième , très- 
courtes dans le quatrième. 

La tête ni les opercules ne sont revètus d'aucune 
écaille proprement dite : on ne voit de ces écailles 
que sur la partie antérieure du dos et autour des 
nageoires pectorales ; et celles qui sont placées sur ces 
portions du scombre , sont petites et recouvertes par 
l'épiderme. La partie postérieure du dos, les côtés ; 
et la partie inférieure de l'animal, sont donc dénués 
d'écailles, au moins de celles que l’on peut apperce- 
voir facilement pendant la vie du poisson. 

Les pectorales , dont la longueur excède à peine celle 


12 HISTOIRE NATURELLE 


des thoracines , sont reçues chacune, à la volonté du 
thazard , dans une sorte de cavité imprimée sur le 
côté du scombre. 

Nous devons faire remarquer avec soin qu'entre les 
nageoires thoracines se montre un cartilage œiphoïde , 
ou en forme de lame , aussi long que ces nageoires, 
et sous lequel l'animal peut les plier et les cacher en 
partie. 

La première dorsale peut être couchée et comme 
renfermée dans une fossette longitudinale ; la caudale, 
ferme et roide , présente la forme d’un croissant très- 
alongé. 

Huit ou neuf petites nageoires triangulaires et peu 
flexibles sont placées entre cette caudale et la seconde 
dorsale ; on en compte sept entre cette mème caudale 
et la nageoire de l'anus. 

De chaque côté de la queue, la peau s'élève en carène 
demi-transparente, renfermée par-derrière entre deux 
lignes presque parallèles ; et la vigueur des muscles de 
cette portion du thazard, réunie avec la rigidité de la 
nageoiré caudale, indique bien clairement la force de 
la natation et la HE de la course de ce scombre. 

On ne commence à distinguer la ligne latérale qu'à 
endroit où les côtés cessent d'être garnis d’écailles 
proprement dites : composée vers son origine de petites 
écailles qui deviennent de plus en plus clair-semées, 
à mesure que son cours se prolonge, elle tend par de 
foibles ondulations , et toujours plus voisine du dos 


DURS NP MORT NS MOTO "NES! nes 


que de la partie inférieure du poisson, jusqu'à l'appen- 
dice cutané de la queue. 

L’individu de l'espèce du thazard, observé par Com- 
merson, avoit été pris, le 30 juin 1766, vers le septième : 
degré de latitude australe, auprès des rivages de la 
Nouvelle-Guinée, pendant que plusieurs autres scom- 
bres de la même espèce s'élancoient, à plusieurs re- 
prises, à la surface des eaux, et derrière le navire, 
pour y saisir les petits poissons qui suivoient ce bâ- 
timent. 

Le goût de cet individu parut à Commerson aussi 
agréable que celui de la bonite; mais la chair de la 
bonite est très-blanche, et celle de ce thazard étoit 
jaunâtre. Nous allons voir, dans l’article suivant, les 
grandes différences qui séparent ces deux espèces l'une 
de l’autre, 


LE SCOMBRE BONITE* 


La bonite a été aussi appelée pélamide; mais nous 
avons dû préférer la première dénomination. Plusieurs 
siècles avant Pline, les jeunes thons qui n’avoient pas 
encore atteint l’âge d’un an, étoient déja nommés pé- 
lamides; et il faut éviter tout ce: qui peut faire con- 
fondre une espèce avec une autre. D'ailleurs, ce mot 
pélamide employé par plusieurs des auteurs qui ont 
écrit sur l'histoire naturelle, est à peine connu des 
marins, tandis qu'il n'est presque aucun récit de 


oo 

* Scomber pelamides. 

Bonnet. 

Pélamide. 

Scomber pelamis. Zinné, édition de Gmelin. 

Scombre pélamide. Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

Scomber... lineis utrinque quatuor nigris. Læfl. It, 102. 

_Bonite. Valmont-Bomare, Dictionnaire d'histoire naturelle. 

Scomber pelamis, pinnulis superioribus octo, inferioribus septem , tæ- 
miis ventralibus longitudinalibus quatuor nigris. Commerson, manuscrits 
-déja cités. 

Scomber , 2, variet. 8. Artedi, gen. 3x, syn. 40. 

‘Scomber pulcher, sex bonite. Osbeck, Ie. 67. 

Pelamis Plinii. Belon. 

Pelamis Bellonii. Fllughby, p. 180. 

Raj. 9, p:908, 71.2. 

Pelamis cærulea. Aldrov. Ub, 3, cap. 18 , p. 315. 

Jonsion, tab, 3, fig. 3. l 


HISTOIRE NATUREELE. KE 
navigation lointaine dans lequel le nom de bonite ne: 
se retrouve fréquemment. Avec combien de sensations: 
agréables ou fortes cette expression n'est-elle donc pas 
Bée! Combien de fois n’a-t-elle pas frappé l'imagination 
du jeune homme avide de travaux, de découvertes et 
de gloire, assis sur un promontoire escarpé, dominant 
sur la vaste étendue des mers , parcourant l'immensité 
de l'Océan par sa pensée , et suivant autour du globe, 
par ses desirs enflammés, nos immortels navigateurs! 
Combien de fois la mémoire fidèle ne l'a-t-elle pas 
retracée au marin intrépide et fortuné, qui, forcé par 
Fâge de ne plus chercher la renommée sur les eaux. 
rentré dans le port paré de ses trophées, contemplant 
d'un rivage paisible l'empire des orages quil a si sou- 
vent affrontés, rappelle à son ame satisfaite le charme 
des espaces franchis, des fatigues supportées, des obs- 
tacles écartés, des périls surmontés, des plages décou- 
vertes , des vents enchaînés, des tempêtes domptées ! 
Combien de fois n’a-t-elle pas ému, dans le silence 
d'une retraite champêtre , le lecteur paisible, mais 
sensible, que le besoin heureux de s'instruire, ou 
l'envie de répandre les plaisirs variés de l’occupation 
de l'esprit sur la monotonie de la solitude, sur le calme 
du repos, sur l'ennui du désœuvrement, attachent, pour 
ainsi dire , et par une sorte d’enchantement irrésistible , 
sur les pas des. hardis voyageurs! Que de douces et 
de vives jouissances ! Et pourquoi laisser échapper un 
seul des moyens de les reproduire, de les multiplier, 


- 


16 HISTOIRE NATURELLE 


de les étendre, d'en embellir l'étude de la science que 
nous cultivons ? | 

Cette bonite dont le nom est si connu, est cependant 
encore assez mal connue elle-même : heureusement 
Commerson , qui l’a observée en habile naturaliste 
dans ses formes et dans ses habitudes, nous a laissé 
dans ses manuscrits de quoi compléter l’image de ce 
scombre. 

L'ensemble formé par le corps et la queue de la- 
nimal, musculeux, épais et pesant, finit par-derrière 
en cône. Le dessus de la tête, le dos, les nageoires 
supérieures, sont d'un bleu noirâtre ; les côtés sont 
bleus ; la partie inférieure est d'un blanc argentin: 
quatre raies longitudinales un peu larges, et d'un 
brun noirâtre , s'étendent de chaque côté au-dessous 
de la ligne latérale, et sur ce fond que nous venons 
d'indiquer comme argenté, et que Commerson a vu 
cependant brunâtre dans quelques individus ; les na- 
geoires thoracines sont brunes ; celle de l’anus est ar- 
gentée; l’intérieur de la gueule est noirâtre ; et ce qui 
est assez remarquable, c’est que l'iris, le dessous de la 
tête, et même la langue, paroïssent, suivant Com- 
merson , revêtus de l'éclat de l'or, 

Parlons maintenant des formes de la bonite. 

La tête, ayant un peu celle d’un cône, est d’ailleurs 
lisse, et dénuée d'écailles proprement dites. Un simple 
rang de dents très-petites garnit la mâchoire supérieure, 
qui n’est point extensible, et l’inférieure, qui est plus 


DES POISSONS. 17 
avancée que celle d’en-haut. L'ouverture de la bouche 
a la grandeur nécessaire pour que la bonite puisse avaler 
facilement un exocet. | 

La langue est petite, étroite ,/courte, maigre, demi- 
cartilagineuse, relevée dans ses bords ; la voûte du pa- 
las très-lisse ; l'orifice de chaque narine voisin de l’ œil, 
unique, et fait en forme de ligne longue très-étroite et 
verticale ; l'œil très-grand, ovale, peu convexe, sans 
voile; l’opercule branchial composé de deux lames 
arrondies par-derrière, dénuées de petites écailles, 
ét dont la postérieure embrasse celle de devant. 

Des dents arrangées comme celles d’un peigne gar- 
nissent l'intérieur des arcs osseux qui soutiennent les 
branchies ; elles sont très- “longues dans les arcs anté- 
rieurs. | 

Les écailles qui recouvrent le corps et la queue, sont 
petites, presque pentagones, et fortement attachées les 
unes au-dessus des autres. | 

Chacune des nageoires pectorales, dont la Iongueur 
est à peine égale à la moïtié de l'espace compris entre 
leur base et l'ouverture de l'anus, peut être reçue dans 
une cavité gravée, pour ainsi dire, sur la poitrine de 
l'animal, et dont la forme ainsi que la grandeur sont 
semblables à celles de la nageoire. ù 

On voit une fossette analogue propre à recevoir 
chacune des thoracines, au-dessous desquelles on peut 
reconnoître l'existence d’un cartilage caché par la peau. 


La nageoire de l'anus est la plus petite de toutes. La 
TOME III. | 3 


EG HISTOIRE NATURELLE 
première du dos, faite en forme de faux, et composée: 
uniquement de rayons non articulés, peutêtre couchée à: 
la volonté de la bonite, et, pour ainsi dire, entièrement 
cachée dans un sillon longitudinal: la seconde dorsale, 
placée presque au-dessus de celle de l'anus, est à peine 
plus avancée et plus. grande que cette Ars La 
nageoire de la queue paroit très-forte , et représente 
un croissant dont.les deux cornes sont seales et très-- 
écartées * 

Entre cette nageoire et la seconde du . on voit: 
huit petites nageoires; on. n’en. trouve. que sept au- 
dessous de.la queue : mais il faut observer que, dans. 
quelques individus , le dernier lobe de la seconde- 
dorsale , et celui de la nageoire de l'anus, ont pu être 
conformés de manière: à ressembler beaucoup à une 
petite nageoire.;: et voilà pourquoi on a cru. devoir: 
compter neuf. petites nageoires .au-dessus.et: huit au. 
dessous de la queue de la bonite. 

Les deux côtés de cette même queue présentent un: 
appendice: cartilagineux, un. peu diaphane, élevé en: 


* rayons à la membrane branchiale.. 
15 rayons non articulés à la première nageoire du dos. 
12 rayons à la seconde dorsale. 
r ou z.aiguillons, et 26 ou 27 rayons articulés à.chacune des pectos 
rales. 
raiguillon-et 5 rayons articulés à chacune des. thôracines.. 
32 rayons à celle de l'anus. 
30 rayous.à celle de la queues 


DES POISSONS, 19 
carène, et suivide deux stries longitudinales qui tendent 
à se rapprocher vers la nageoire caudale. 

La ligne latérale, à peine sensible dans son origine ; 
fléchie ensuite plus d’une fois, devient droite, et sa- 
vance vers l'extrémité de la queue. | | 

La bonite a presque toujours plus de six décimètres 
de longueur : elle se nourrit quelquefois de. plantes 
marines et d'animaux à coquille, dont Commerson à 
trouvé des fragmens dans l’intérieur de plusieurs indi- 
vidus de cette espèce qu'il a disséqués; le plus souvent 
néanmoins elle préfère des exocets ou des triures. On 
la rencontre dans le grand Océan, aussi-bien que dans 
l'Océanatlantique; maïs on ne la voitcommunément que 
dans les environs de la zone torride : elle y est la victime 
de plusieurs grands animaux marins; elle y périt aussi 
très-fréquemment dans les rêts des navigateurs, qui 
trouvent le goût de sa chair d'autant plus agréable, que, 
lorsqu'ils prennent ce scombre, ils ont été communé- 
ment privés depuis plusieurs jours de nourriture 
fraîche ; et, poisson misérable, pour employer l’expres- 
sion de Commerson, elle porte dans ses entrailles des 
ennemis très-nombreux ; ses intestins sont remplis de 
_ petits iænia et d’ascarides ; jusque sous sa plèvre et sous 
Son péritoeine, sont logés des vers cucurbitains très- 
blancs, très-petits et très-mous ; et son estomac ren- 
ferme d’autres animaux sans vertèbres, que Commerson 
a cru devoir comprendre dans le genre des sangsues. 

Avant de terminer cet article; nous croyons utile 


50 HISTOIRE NATURELLE, 
de bien faire connoître quelques-unes des principales 
différences qui séparent la bonite du thazard, avec: 
lequel on pourroit la confondre. Premièrement, la bo- 
nite a sur le ventre des raies noirâtres et longitudinales 
qui manquent sur le thazard. Deuxièmement, son corps 
est plus épais et moins arrondi. Troisièmement , elle 
n'a pas, comme le thazard, une tache bleue sous chaque: 
œil. Quatrièmement, elle est couverte, sur tout le corps: 
et la queue, d'écailles placées les unes au-dessus des 
autres : le thazard n’en montre d’analogues quesur le: 
dos et quelques autres-parties de sa surface. Cinquiè- 
mement, sa membrane branchiale est soutenue par 
sept rayons ; celle du thäzard n’en comprend que six. 
Sixièmement, le nombre des rayons est différent dans. 
les” pec torales ainsi que dans la première dorsale de a: 
bonite, et dans les pectorales ainsi que la première- 
dorsale du thazard. Septièmement, le cartilage situé: 
au-dessous des thoracines est caché par la peau dans: 
le thazard: il est à découvert dans Ja bonite. Huitième= 
ment, la queue est plus profondément échancrée dans. 
la bonite que-dans le thazard, Neuvièmement, la ligne: 
latérale diffère dans ces deux scombres, et par le lieu: 
de son origine ,. et par ses: sinuosités. Dixièmement + 
enfin la couleur-de la chair du thazard est jaunûâtre. 
Que l’on considère avec-Commerson qu'aucun deces: 
caractères ne dépend de l'âge ni du sexe, et l’on sera: 
convaincu avec ce naturaliste que la bonite-est une- 
espèce de scombre:très-différente de celle du thazard 
décrite pour la première fois par ce savant voyageur. 


è 


LE SCOMBRE ALATUNGA* 


- 


Cr scombre, dont les naturalistes doivent la première 
description au savant Cetti, auteur de l'Histoire des 
poissons et des amphibies de la Sardaigne, vit dans la 
Méditerranée comme le thon. On l'y voit, de même 
que ce dernier poisson, paroître régulièrement à cer= 
taines époques; et cette espèce se montre également 
en troupes nombreuses et bruyantes. Sa chair est 
. Blanche et agréable au goût. L’alatunga à d’ailleurs. 
beaucoup de rapports dans sa conformation avec le 
thon; mais il ne parvient ordinairement qu'au poids. 
de sept ou huit kilogrammes, Il n’a que sept petites: 
nageoires au-dessus et au-dessous de la queue; et ses. 
nageoires pectorales sont sialongées, qu'elles atteignent 
jusqu’à la seconde nageoire dorsale, Au reste, il est 
aisé de voir que presque tous ses traits, et particu= 
lièrement le dernier, le séparent de la bonite et du: 
thazard , aussi-bien que du thon; et la fongueur de ses 
pectorales ne peut le faire confondre dans aucune Cir- 
| constance avec le germon, puisque le BErmaR a huit 


eu neuf petites nageoires au-dessus ainsi qu'au-dessous 
Pen rennes mean one ann) 
* Scomber alatungas - 
Id. Linné, édition de Gmelin. . 
Ceiti, Pesc. e anf. di Sard. p. 198, 
Scombre alatunga. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 


pa) HISTOIRE NATURELLE. 
de la queue, pendant que l’alatunga n’en a que sept 
au-dessous et au-dessus de cette même partie. Il est 
figuré dans les peintures sur vélin que l’on possède 
au Muséum national d'histoire naturelle, etquiont été 
faites d’après les dessins de Plumier, sous le nom de 
thon de l'Océan (thynnus oceanicus), vulgairement ger- 
mon | 
_* Sa mâchoire inférieure est plus avancée que la supé- 
rieure , et sa ligne latérale tortuéuse. | 


LE SCOMBRE CHINOIS *. 


CE scombre n’a encore £té décrit par aucun natura-- 
liste européen. Nous en avons trouvé une image très- 
bien peinte dans le recueil chinois dont nous avons 
déja parlé plusieurs fois : il est d’un violet argenté: 
dans sa partie supérieure, et rougeâtre dans sa partie 
inférieure. Sept petites nageoires sont placées-entre la 
-eaudaleet-la seconde du.dos : on en voit sept autres: 
au-dessous de la queue.:Les pectorales sont courtes ; 
la caudale: est ‘très -échanerée. La ligne latérale ‘est 
saillante, sinueuse dans tout son’ COUTS : et indépen- 
damment de son ondulation générale, elle descend 
assez bas après avoir dépassé les pectorales, et se relève 
un peu ensuite. On n'apperçoit pas de raies longitudi- 
nales sur les côtés de l'animal. 


* Scomber sinensis. 


Der enes 


LE SCOMBRE MAQUEREA U*. 


Lorseus nous avons voulu parcourir, pour ainsi di res 
toutes les mers habitées par les légions nombreuses et 
rapides dé thens, de germons,.de thazards, de bonites, 
étdesautresscombres que nous venons d'examiner, nous 
n'avons eu besoin de nous élever, par la force de la 
pensée ,.qu'au-dessus des portions de l'Océan qu'envi- 


EEE 


* Scomber stombrus. 
“Auriol , -sur plusieurs côtes méridionales.de France. 

Verrat, zbid. 

Makrill, ez Suède. 

‘Id. en Danemarck. 

Makrel, ez Allemagne. 
--Macarel, er Angleterre. 

Macarello,.à Rome. 

‘Scombro, & Venise. 

Lacerto,.à Naples. 

Cavallo, en Espagne. 

Horreau , dans quelques contrées européennese 

-Scomber scomber. Linné, édition de Gmelin. | 

Scombre maquereau. Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

Id, Bonnuterre, planches de l’ Encyclopédie méthodique. 

Maquereau. Duhamel, Traité des pêches, part.2 ,sect.7, chap. +, pl.4, 

PCR E 

Bloch, pl. 54. 

.Scomber pinnulis .quinque. Faun. Suecic. 330. 

Mill, Prodrom. Zoolog. Danic. p. 47, n. 306. 

Scomber pinnulis quinque in extremo dorso, spinâ brevi ad anum. 

Artedi, gen. 30, spec. 68, syn, 48. 


HISTOIRE NATURELLE. 29 


ronnent les zones torride et tempérées. Pour connoître 
maintenant, observer et comparer tous les climats 
sous lesquels la Nature a placé le scombre maquereau, 
nous devons porter nos se bien plus loin encore. 
Que notre vue s'étende jusqu’au pole du globe, jusqu’à 
celui autour duquel scintillent les deux ourses. Quel 
spectacle nouveau, majestueux, terrible, va paroître 
à nos yeux! Des rivages couverts de frimas amoncelés 
et de glaces éternelles , unissent , sans les distinguer ; 


O° cxoubyos. Arist. Lib. 6, cap. 173 lib. 8, cap. 12, 
“Ælian. lib. 14, CAP+ T3 Pe 798. à 
Athen. Lib. 3, p. 121. 

Oppian. Halieut. Lib. x, fol. 108 et 100 ; et Lit. 3, 

Scomber. Ovid. Halieut. v. 94. 

Scomber. Columell. lib. 8, cap. 17. 

Scomber. Plin. lib. 9, cap. 15 ; lib. 31, cap. 83 et lib, 32, cap. 1x. 
Maquereau. Rondelet, part, x , Liv. 8, chap. 7. 

Scombrus. 74, ibid. | 

Scomber. Gesner, 841 , 10123 et ( germ.) fol, b7. 

Scombrus. Id. 

Schonev. p. 66. 

Aldro». lib. 2, cap. 53, p, 270. : | 

- Jonston, lib.x,tit. 3, cap. 3, a. x, punct. 6; p. 92, tab: 21 , fig. 9, 114 

VVillughby, p. 187. 

Mackrell. Raÿj. p. 58. 

Scomber, scombrus. Charlet. p. 147. 

Wotion, lib.8, cap. 188, p. 166, &, 

Salvian. fol. 230, b, 241, 242. 

Pelamis corpore castigato, etc. Klein, Miss. pise. 5, p. 12, n, ÿ 

tab. 4, fig. x. 
Gronov. Mus. x, p. 34, n. sh ei Zooph. p. 93, n. 304. 
Brit. Zoolog. 3, p.221, n,1. 


HOME TEL UN 4 


? 


26. HISTOIRE NATURELLE. 

une terre qui disparoît sous des couches épaisses de: 
neiges endurcies, à une mer immobile, froide, gelée, 
solide dans sa surface, et surchargée au loin d'énormes 
glacons entassés en montagnes sinueuses, ou élevés en. 
pics sourcilleux. Sur cet Océan endurci par le froid, 
chaque année ne voit régner qu’un seul jour; et pen- 
dant ce jour unique, dont la durée s'étend au-delà de 
six mois, le soleil, peu exhaussé au-dessus de la surface: 
des mers, mais paroissant tourner sans cesse autour de: 
l'axe du monde, éleyant ou abaissant perpétuellement 
ses orbes, mais enchaînant toujours ses circonvolutions,. 
commençant, toutes les fois-qu’il répond au même 
méridien, un nouveau tour de son immense spirale, ne: 
lançant que des rayons presque horizontaux et faci- 
lement réfléchis par les plans verticaux des éminences. 
de glace, illuminant de sa clarté mille fois répétée les. 
sommets. de ces monts en quelque sorte erystallins .. 
resplendissant sur leurs innombrables faces, et ne 
pénétrant qu'à peine dans les: cavités qui les séparent. 
rend plus sensible par le contraste frappant d’une lu-- 
mière éclatante et des ombres épaisses, cet étonnant 
assemblage de sommités escarpées et de sin où 
anfractuosités. 

Cependant la même année voit succéder une nuit 
presque égale à ce jour. Une clarté nouvelle en dissipe 
les trop noires ténèbres : les ondes congelées ren- 
voient, dispersent et multiplient dans l'atmosphère .. 
la lueur argentée de la lune, qui a pris la place du: 


DLE 15 (0P dONI SON S. 27 
soleil ; et la lumière boréale étalant, au plus haut des 
airs, des feux variés que n’efface ou ne ternit plus 
l'éclat radieux de l’astre du jour, répand au loin 
sés gerbes, ses faisceaux, ses flots enflammés, ses 
tourbillons rapides , et, dans une sorte de renverse- 
ment remarquable , montre dans. un ciel sans nuages 
toute l'agitation du mouvement, pendant que la mer 
présente toute l'inertie du repos. Une teinte extraor- 
dinaire paroît et dans l'air, et sur les eaux , et sur de 
lointains rivages ; un demi-jour, pour ainsi dire mys- 
térieux et magique, règne sur un vaste espace immo- 
bile et glacé. Quelle solitude profonde! tout se tait dans 
ce désert horrible. À peine, du moins , quelques échos 
funèbres ét sourds répètent-ils foiblement et dans le 
fond de l'étendue, les gémissemens rauques et sau- 
vages des oiseaux d'eau égarés dans la nuit , affoiblis 
par le froid, tourmentés par la faim. Ce théâtre du 
néant se resserre tout d’un coup; des brumes épaisses 
se reposent sur l'Océan ; et la vue est arrêtée par de 
lugubres ténèbres. Cependant la scène va changer en- 
core. Une tempête d’un nouveau genre se prépare. Une 
agitation intestine commence ; un mouvement violent 
vient de très-loin, se communique avec vitesse de 
proche en proche, s’accroît en s'étendant, soulève avec 
force les eaux des mers contre les voûtes qui les com- 
priment ; un craquement affreux se fait entendre; 
cest l'épouvantable tonnerre de ces lieux funestes ; 
les efforts des ondes bouleyersées redoublent; les monts 


326 HISTOIRE NATURELLE 

de glace se séparent , et, flottant sur l'Océan qui les 
repousse , errent, se choquent , s’entr'ouvrent, s’écrou- 
lent en ruines, ou se dispersent en débris. 

C'est dans le sein même de cet Océan polaire, dont fa 
surface vient de nous présenter l'effrayante image de la 
destruction et du chaos, que vivent, au moins pendant 
une saison assez longue, les troupes innombrables des 
scombres que nous allons décrire. Les diverses cohortes 
que forment leurs réunions, renferment dans ces mers 
arctiques d'autant plus d'individus, que, moins grands 
que les thons et d’autres poissons de leur genre, n'at- 
teignant guère qu'à une longueur de sept décimètres, 
et doués par conséquent d’une force moins considé- 
rable , ils sont moins excités à se livrer les uns aux 
autres des Combats meurtriers. Et ce n’est pas seule- 
ment dans ces mers hyperboréennes que leurs légions 
comprennent des milliers d'individus. 

On les trouve également et même plus nombreuses 
dans presque toutes les mers chaudes ou tempérées 
des quatre parties du monde, dans le grand Océan, 
auprès du pole antarctique , dans l'Atlantique, dans la 
Méditerranée , où leurs rassemblemens sont d'autant 
plus étendus, et leurs agrégations d'autant plus dura- 
bles , qu'ils paroissent obéir avec plus de constance que 
plusieurs autres poissons , aux diverses causes qui 
dirigent ou modifient les mouvemens des habitans des 
eaux. 

Les. évolutions de ces tribus marines sont rapides. 


DONS MELON ESS T O0 NE 2 


et leur natation est très- prompte , comme celle de 
presque tous les autres scombres. 

La grande vitesse qu'elles présentent lorsqu'elles se 
transportent d'une plage vers une autre, n'a pas peu 
contribué à l'opinion adoptée presque universellement 
jusqu'à nos jours, au sujet de leurs chañgemens pério- 
diques d'habitation. On a cru presque généralement 
d'après des relations de pêcheurs rapportées par 
Anderson dans son Histoire naturelle de l'Islande , que 
le maquereau étoit soumis à des migrations régulières; 
on a pensé que les individus de cette espèce qui pas- 
soient l'hiver dans un asyle plus ou moins sûr auprès 
des glaces polaires , voyageoient pendant le printemps 
ou l'été jusque dans la Méditerranée. Tirant de fausses 
conséquences de faits mal vus et mal eomparés , on 
a supposé la plus grande précision et pour les temps 
et pour les lieux, dans l'exécution de ce transport 
successif et périodique de myriades de maquereaux 
depuis le cercle polaire jusqu'aux environs du tro: 
pique. On a indiqué l'ordre de leur voyage ; on a tracé 
leur route sur les cartes ; et voici comment la plupart 
des naturalistes qui se sont occupés de ces animaux, 
les ont fait s’avancer de la zone glaciale vers la zone 
torride , et revenir ensuite auprès du pole, à leur habi- 
tation d'hiver. 

On a dit que, vers le printemps, la grande armée 
des maquereaux côtoie l'Islande , le Hittland', l'Écosse 
et l'Irlande, Parvenue auprès de cette dernière isle, 


20 HISTOIRE NATURELLE 
elle se divise en deux colonnes : l’une passe devant 
l'Espagne et le Portugal, pour se rendre dans la Médi- 
terranée, où il paroît qu’on croyoit qu’elle terminoit 
ses migrations ; l'autre paroissoit, vers le mois de 
floréal , auprès des rivages de France et d'Angleterre, 
s'enfonçoit dans la Manche , se montroit: en prairial 
devant la Hollande et la Frise, et arrivoit en messidor 
vers les côtes de Jutland. C'étoit dans cette dernière 
portion de l'Océan atlantique boréal que cette colonne 
se séparoit pour former deux grandes troupes voya- 
geuses : la première se jetoit dans la Baltique, d’où on 
navoit pas beaucoup songé à la faire sortir ; laseconde, 
moins déviée du grand cercle tracé pour la natation 
de l'espèce, voguoit devant la Norvége, et retournoit 
jusque dans les profondeurs ou près des rivages des 
mers polaires, chercher contre les rigueurs de l'hiver 
un abri qui lui étoit connu. | 
Bloch et le citoyen Noël ont très-bien prouvé qu’une 
route décrite avec tant de soin ne devoit cependant 
pas être considérée comme réellement parcourue ; 
qu’elle étoit inconciliable avec des observations sûres, 
précises ; rigoureuses et très-multipliées , avec les épo- 
ques auxquelles les maquereaux se montrent sur les 
divers rivages de l'Europe, avec les dimensions que 
présentent ces scombres auprès de ces mêmes rivages, 
avec les rapports qui lient quelques traits de la con- 
formation de ces animaux à la température qu'ils 
éprouvent, à la nourriture qu'ils trouvent, à la qualité 
de l'eau dans laquelle ils sont plongés. 


DEA SN GMT S 10 K (5: SE 

On doit être convaincu , ‘ainsi que nous l'avons: 
annoncé dans le Discours sur la nature des poissons, 
que les maquereaux { et nous en dirons autant, dans la: 
suite de cet ouvrage , des harengs , et des autres osseux: 
que l’on a considérés comme contraints de faire pério- 
diquement des voyages de long cours }, que les maque-- 
reaux, dis-je, passent l'hiver dans des fonds de la 
mer plus ou moins éloignés des côtes dont ils s'ap- 
prochent vers le printemps ; qu’au commencement de 
la belle saison, ils s’avancent vers le rivage qui leur 
convient le mieux , se montrent souvent, comme les: 
thons , à la surface de la mer, parcourent des chemins- 
plus ou moins directs, ou plus ou moins sinueUux ;: 
mais ne suivent point le cercle périodique auquel on: 
a voulu les attacher, ne montrent point ce concert 
régulier qu'on leur a attribué ,; n’obéissent pas à cet 
ordre de lieux et de temps auquel on les a dits assu- 
jettis. | 

On n'avoit que des idées vagues sur la manière dont 
les maquereaux étoient renfermés dans leur asyle sou- 
marin pendant la saison la plus-rigoureuse, et parti- 
culièrement auprès des contrées polaires. Nous allons 
remplacer ces conjectures par: des: notions précises. 
Nous devons cette connoissance certaine à l'observation 
suivante qui m'a été communiquée par mon respec- 
table collèoue , le brave et habile marin:, le sénateur et 
vice-amiral Pléville-le-Peley. Le fait qu'il a remarqué ,. 
est d'autant plus curieux , qu'il peut jeter un grand. 


99 HISTOIRE NATURELLE 


jour sur l’engourdissement que les poissons peuvent 
éprouver pendant le froid , et dont nous avons parlé 
dans notre premier Discours. Ce général nous apprend, 
dans une note manuscrite qu'il a bien voulu me 
remettre , qu'il a vérifié avec soin les faits qu’elle con- 
tient, le long des côtes du Groenland, dans la baie 
d'Hudson , auprès des rivages de Terre-Neuve, à l’'épo- 
que où les mers commencent à ÿ être navigables, 
c'est-à-dire, vers le tiers du printemps. On voit dans 
ces contrées boréales ; nous écrit le vice-amiral Plé- 
ville , des enfoncemens de la mer dans les terres, 
nommés barachouas , et tellement coupés par de petites 
pointes qui se croisent , que , dans tous les temps , les 
eaux y sont aussi calmes que dans le plus petit bassin. 
La profondeur de ces asyles diminue à raison de la 
proximité du rivage, et le fond en est généralement 
de vase molle et de plantes marines. C’est dans ce fond 
vaseux que les maquereaux cherchent à se cacher pen- 
dant l'hiver , et qu’ils enfoncent leur tête et la partie 
antérieure de-leur corps jusqu’à la longueur d'un 
décimètre ou environ , tenant leurs queues élevées 
verticalement au-dessus du limon. On en trouve des 
williers enterrés ainsi à demi dans chaque barachoua, 
hérissant, pour ainsi dire, de leurs queues redressées 
le fond de ces bassins, au point que des marins les 
appercevant pour la première fois auprès de la côte, 
ont craint d'approcher du rivage dans leur chaloupe, 
de peur de la briser contre une sorte particulière de 


DA SUD OM S 5 0: N x. 93 


banc ou d'écueil. Le citoyen Pléville ne doute pas que 
la surface des eaux de ces barachouas ne soit gelée 
pendant l'hiver, et que l'épaisseur de cette croûte de 
glace, ainsi que celle de la couche de neige qui s’amon- 
celle au-dessus , ne tempèrent beaucoup les effets de la 
rigueur de la saison sur les maquereaux enfouis à 
demi au-dessous de cette double couverture , et ne 
contribuent à conserver la vie de ces animaux. Ce n’est 
que vers messidor que ces poissons reprennent une 
partie de leur activité, sortent de leurs trous , s'élan- 
cent dans les flots, et parcourent les grands rivages. Il 
semble même que la stupeur ou l'engourdissement dans 
lequel ils doivent avoir été plongés pendant les très- 
grands froids, ne se dissipe que par degrés : leurs 
sens paroissent très =affoiblis pendant une vingtaine 
de jours ; leur vue est alors si débile, qu'on les croit 
aveugles, et qu'on les prend facilement au filet. Après 
ce temps de foiblesse , on est souvent forcé de renon-. 
cer à cette dernière manière de les pècher ; lès maque- 
reaux recouvrant entièrement l'usage de leurs yeux, 
ne peuvent plus en quelque sorte être pris qu’à l’hame- 
Con : mais comme ils sont encore très-maigres, et qu'ils 
se ressentent beaucoup de la longue diète qu'ils ont 
éprouvée , ils sont très-avides d’appâts, et on en fait 
une pêche très-abondante. 

C'est à peu près à la même époque qu'on recherche 
ces poissons sur un grand nombre de côtes plus ou 
moins tempérées de l'Europe occidentale. Ceux qui 

TOME Il | 5 


JA HISTOIRE NATURELLE 


paroissent sur les rivages de France , sont communé- 
ment parvenus à leur point de perfection en floréal 
et prairial ; ils portent le nom de chevillés, et sont 
moins estimés en thermidor et fructidor, lorsqu'ils ont 
jeté leur laite ou leurs œufs. 

Les pêcheurs des côtes nord-ouest et ouest de la 
France sont de tous les marins de l'Europe ceux qui 
s'occupent le plus de la recherche des maquereaux, et 
qui en prennent le plus grand nombre. Ils se servent, 
pour pêcher ces animaux, de haims, de libourets’, de 
mancls* faits d'un fil très-délié , et que l’on réunit 
quelquefois de manière à former avec ces filets une 
zessure de près de mille 2rasses ( deux mille cinq cents 
mètres } de longueur, Les temps orageux sont très- 

souvent ceux pendant lesquels on prend avec le plus. 
_ de facilité Les scombres maquereaux , qui, agités par la 
tempête , s’approchent beaucoup de la surface de la 
mer, etse jettent dans les filets tendus à une très-petite 
profondeur ; mais lorsque le ciel est serein et que 
l'océan est calme, il faut les chercher entre deux 
eaux , et la pêche en est beaucoup moins heureuse. 

C’est parmi les rochers que les femelles aiment à 
déposer leurs œufs ; et comme chacun de ces individus 
en renferme plusieurs centaines de mille, il n’est pas 
surprenant que les maquereaux forment des légions 


: Voyez l'explication du mot /bouret, à l’article du scombre 1hon. 


? L'article de la zrachine vive renferme une courte description du rrañet.… 


D'ELSUP OU S SON S. 90 


très-nombreuses. Lorsqu'on en prend une trop grande 
quantité pour la consommation des pays voisins du lieu 
de la pêche , on prépare. ceux que l’on veut conserver 
long-temps et envoyer à de grandes distances, en les 
vidant , en. les mettant dans du sel, et en les entassant 
ensuite, comme des harengs, dans des barils. 

La chair des maquereaux étant grasse et fondante, 
les anciens l’exprimoient, pour ainsi dire, de manière 
à former une sorte de substance liquide où de prépa- 
ration particulière, à laquelle on donnoit le nom de 
garum. Pline dit * combien ce garum étoit recherché 
non seulement comme un assaisonnement agréable de 
plusieurs mets, mais encore comme un remède efficace 
contre plusieurs maladies. On obtenoit du garum, dans 
le temps de Bellon et dans plusieurs endroits voisins 
des côtes de la Méditerranée, en se servant des intestins 
des maquereaux; et on en faisoit une grande consom- 
mation à Constantinople ainsi qu'a Rome, où ceux qui 
en vendoient, étoient nommés piscigaroles. 

C’est par une suite de cette nature de leur chair grasse 
et huileuse, que les maquereaux sont comptés parmi les 
poissons qui jouissent le plus de la faculté de répandre 
de la lumière dans les ténebres *. Ils luisent dans l’obscu- 
rité, lors même qu'ils sont tirés de l’eau depuis très-peu 


* Hist. mundi, lib. 81, cap. 8. 


UE" 
? Voyez la partie du Discours préliminaire relative à la phosphores- 
cence des poissons. 


\ 


00. HISTOIRE NATURELLE 


de temps; et on lit dans les Transactions philosophiques 
de Londres (an. 1666, pag. 116), qu’un cuisinier, en re- 
muant de l’eau dans laquelle ilavoit fait cuire quelques- 
uns de ces scombres, vit que ces poissons rayonnoient 
vivement, et que l'eau devenoit très-lumineuse. On. 
appercevoit une lueur phosphorique par-tout où on 
laissoit tomber des gouttes de cette eau, après lavoir 
agitée. Des enfans s'amusèrent.à transporter de ces 
gouttes qui ressembloient à autant de petits disques 
lumineux. On observa encore le lendemain, que, 
lorsqu'on imprimoit à l'eau un mouvement circulaire 
rapide, elle jetoit une lumière comparable à la clarté 
de la lune : cette lumière égaloit l'éclat de la Hamme, 
lorsque: la vitesse du mouvement de l’eau étoit très- 
accélérée ; et des. jets lumineux très-brillans sortoient 
alors du gosier et de plusieurs autres parties des ma- 
quereaux. | 

Mais avant de terminer cet article, montrons avee 
précision les formes du poisson dont nous venons d’in- 
diquer les principales habitudes. | 

En général, le maquereau a la tête alongée, l’ou- 
verture de la bouche assez grande, la langue lisse, 
pointue, et un peu libre dans ses mouvemens ;le palais 
garni dans son contour de dents petites , aiguës , et 
semblables à celles dont les deux mâchoires sont héris- 
sées : la mâchoire inférieure un peu plus longue que: 
la supérieure: la nuque large, l'ouverture des .bran- 
chies étendue , un opercule composé de trois pièces. 


DE S$ POISSON S. “ir 1 
le tronc comprimé; la ligne latérale voisine du dos, 
dont elle suit la courbure; l’anus.plus rapproché de la 

tête que de la queue; les nageoires petites, et celle de 
la queue fourchue *. | | 
elles sont les formes principales du scombre dont 
nous écrivons l'histoire : ses couleurs ne sont pas tout- 
à-fait aussi constantes. 

Le plus fréquemment, Îorsqu'on voit ce poisson: 
nager entre deux eaux, et présenter au travers.de la 
couche fluide qui le vernit, pour ainsi dire, toutes 
les nuances qu'il peut devoir à la rapidité de ses. mou- 
vemens et à la prompte et entière circulation des 
liquides qu’il recèle, il paroît d’une couleur de soufre, 
ou plutôt on le croiroit plus ou moins.doré sur.le dos: 
mais lorsqu'il est hors de l’eau ; sa partie supérieure 
n'offre qu'une couleur noirâtre ondulée de bleu; de 
grandes taches transversales, et d'une nuance bleuâtre 
sujette à varier, s'étendent de chaque côté du corps.et 
de la queue, dont la partie inférieure est argentée, 
ainsi que liris-et les opercules des branchies : presque 
toutes les nageoires sont grises ou blanchâtres. 

Plusieurs individus ne présentent pas de grandes 


* A Ja première nageoire dorsale 12 rayons. 


à la seconde nas 
à chacune des pectorales 20 
à chacune des thoracines 6 
à celle de l’anus 13 


à celle de la queue 30- 


90 HISTOIRE NATURELLE 


taches latérales ; ils forment une variété à laquelle on 
a donné le nom de rr7archais dans plusieurs pêcheries 
françoises , et qui est communément moins estimée 
pour la table que les maquereaux ordinaires. 

Au reste, toutes ces couleurs ou nuances sont pro- 
duites ou modifiées par des écailles petites, minces 
et molles. | 

Ajoutons que les vertèbres des scombres que nous 
décrivons, sont grandes, et au nombre de trente ou 
trente-une, et que l’on compte dans chacun des côtés 
de l'épine dorsale onze ou douze côtes attachées aux 
vertèbres par des cartilages. 

On peut voir par les détails dans lesquels nous venons 
d'entrer, que les formes ni les armes des maquereaux 
ne les rendent pas plus dangereux que leur taille, pour 
les autres habitans des mers. Cependant, comme leurs 
appétits sont très-violens, et que leur nombre leur 
inspire peut-être une sorte de confiance, ils sont 
voraces et même hardis : ils attaquent souvent des 
poissons plus gros et plus forts qu'eux; et on les a 
même vus quelquefois sè jeter avec une audace aveugle 
sur des pêcheurs qui vouloient Îles saisir, ou qui se 
baïgnoient dans les eaux de la mer. 

Mais s'ils cherchent à faire beaucoup de victimes, ils 
sont perpétuellement entourés de nombreux ennemis. 
Les grands habitans des mers les dévorent ; et des 
poissons en apparence assez foibles , tels que les 
murènes et les murénophis , les combattent avec 


. DUEN SYMPA GNT ASNST'ONNIS, 99 


avantage. Nous ne pouvons denc écrire presque aucune 
page de cette Histoire sans parler d'attaques et de 
défenses , de proie et de dévastateurs, d'actions et de 
réactions redoutables , d'armes, de sang, de carnage 
et de mort. Triste et horrible condition de tant de 
milliers d'espèces condamnées à ne subsister que par 
la destruction, à ne vivre que pour être immolées ou 
prévenir leurs tyrans , à n'exister qu'au milieu des 
angoisses du foible, des agitations du plus fort, des 
embarras de la fuite, des fatigues de la recherche, du 
trouble des combats, de la douleur des blessures, des 
inquiétudes de la victoire, des tourmens de la défaite ! 
Combien tous ces affreux malheurs se seroient sur-tout 
accumulés sur la foible espèce humaine, si la sensibilité 
éclairée par l'intelligence, et l'intelligence animée par 
la sensibilité, n’avoient pas, par un heureux accord, 
fait naître la société, la civilisation, la science, la vertu! 
Et combien ils peseront encore sur sa tête infortunée, 
jusqu'au moment où la lumière du génie, plus: géné- 
ralement répandue , éclairera un plus grand nombre 
d'hommies sur leurs véritables intérêts, et dissipera les 
illusions de leurs passions aveugles et funestes! 
C'est au maquereau que nous croyons devoir rap- 
__ porter le scombre qu’Aristote, Athénée, Aldrovande, 
Gesner et Willughby, ont désigné par le nom de co/jas”, 
ne 4 un ca Nllioéeh ti 


* Scomber colias, Linné, édition de Gmelin. 
Kouas. Aristot. Hist, anim. V, 9 ; VIII, 13; 64 IX , 2. 
Kd. Aihenœus, Derpnosoph, I, 118,120; VII, 3x. 


40 HISTOIRE NATURELLE 

que l’on pêche près des côtes de la Sardaigne, qui est 
souvent plus petit que le maquereau , qui en diffère 
quelquefois par les nuances qu'il offre, puisque ; sui- 
vant le naturaliste Cetti, il présente un »erd gai mêlé à 
de l’azur, mais qui d’ailleurs a les plus grands rapports 
avec le poisson que nous venons de décrire. Le profes- 
seur Gmelin lui-même, en l’inscrivant: à la suite du 
amaquereau, demande s’il ne faut pas le considérer 
comme ce dernier scombre encore jeune. 

Au reste, quelques auteurs, et particulièrement 
Rondelet *, ont appliqué cette dénomination de colus 
à d’autres scombres que l’on nomme coguoils auprès de 
Marseille, qui habitent dans la Méditerranée, qui s'y 
plaisent sur-tout, dans le voisinage des côtes d'Espagne, 
qui sont plus grands et plus épais que le maquéreau 
ordinaire, et que néanmoins Rondelet regarde comme 
n'étant qu'une variété de ce dernier poisson, avec 
Jequel on le confond en effet très-souvent. 

Peut-être est-ce plutôt aux copuoils-qu'aux maque- 
reaux verds et bleus: de Cetti, qu'il faut rapporter Les 
passages des anciens naturalistes ; et principalement 
celui d’'Athénée que nous venons de citer. 

Quoi qu'il en soit, les coguoils ont la chair plus gluante 


Colias. Aldrov. Pise. p. 274 

Gesn. Aquat. p.-256. 

JFillughby; Ichthyol, p.182. 

Lacertus. Klein, Miss. pisc, 5, p:122: 

Scomber lætè viridis etrazureus. Cetti, Pa D ang di Sard. p. 196. 


* Rondelet, première partie; Liv, 8, chap. 6. 


e. 


DUE JS WP DIT SSLONN S. AT 


et moins agréable que le maquereau ordinaire. Ils sont 
couverts d'écailles petites et tendres : une partie de leur 
tête est si transparente, Qu'on distingue, comme au 
travers d’un verre, les nerfs qui, du cerveau, abou- 
tissent aux deux organes de la vue. Rondelet ajoute 
que, vers le printemps, ils jettent du sang aussi res- 
_ plendissant que la liqueur de la pourpre. | 

Ce fait nous rappelie un phénomène analogue, qui 
nous a été attesté par un voyageur digne d'estime, et 
sur lequel nous croyons utile d appeler l'attention des 
observateurs. 

Le citoyen Charvet m'a instruit, par deux lettres, 
datées de Serrières, département de l’Ardèche, l’une 
le 19 vendémiaire, l’autre le 16 brumaire, de l’an IV 
de l'ère françoise , qu’en 1776 il étoit occupé dans 
lisle de la Guadeloupe , non seulement à faire une 
collection de dessins coloriés de plantes, qu’il destinoit 
pour le jardin et le cabinet d'histoire naturelle de Paris, 
et qui furent entièrement détruits par le fameux oura- 
gan de septembre de cette même année 1776, mais 
encore à terminer avec beaucoup de soin des dessins de 
différentes espèces de poissons pour M. Barbotteau , ha- 
bitant du Port-Louis , connu par un ouvrage intéressant 
sur les fourmis, et correspondant de Duhamel, qui 
publia plusieurs de ces dessins ichthyologiques dans 
le Traité général des péches. 

Les liaisons du citoyen Charvet avec les Caraibes : 
chez lesquels il trouvoit de l’ombrage et du repos 

TOME III 6 


e 


42 HISTOIRE NATURELLE 


lorsqu'il étoit fatigué de parcourir les rochers et les 


profondeurs des anses, lui procurérent, de la part de 
ces insulaires , des poissons assez rares. Ces Caraïbes 


le dirigèrent, dans une de ses courses, vers une partie 


“des rivages de l’isle, sauvage, pittoresque et mélanco- 


lique, appelée Porte d'enfer. Ce fut ne de cette 
côte qu'il trouva un poisson dont il m'a envoyé un 
dessin colorié. Cet animal avoit l'air si familier et si 
peu eflrayé des mouvemens du citoyen Charvet, qui se 
baignoit, que cet artiste fut tenté de le saisir. A peine 
le tenoit-il, qu'une fente placée sur le dos du poisson 
s’entr'ouvrit, et qu "il en sortit une liqueur d’un pourpre 
vif, assez abondante pour teindre l’eau environnante, 
en troubler la transparence, et donner à l'animal la 
facilité de s'échapper, au moment où l'étonnement du 
citoyen Charvet l’'empêcha de retenir le poisson qu'i 
avoit dans les mains. Cet artiste cependant prit de 
nouveau le poisson, qui répandit une seconde fois sa 
liqueur ; mais ce fluide étoit bien moins coloré et bien 


moins abondant qu’au premier jet, et cessa de couler; 


quoique l'animal continuât d'ouvrir et de fermer la 


fente dorsale, comme pour obéir à une grande irrita- 
tion. Le poisson, rendu à la liberté, ne parut pas très- 


affoibli. Un second individu de la même espèce , placé 
promptement sur une feuille de papier, la teignit de 


la même manière qu’une eau fortement colorée avec: 
de la laque; néanmoins après trois jours, la tache 


LE 


rouge étoit devenue jaune. Des affaires imprévues ; une 


DME S® P OTS S Oo NS. À 


maladie grave, les suites funestes du terrible ouragan 
de septembre 177684et l'obligation soudaine de repar- 
tir pour l'Europe , empêchèrent le citoyen Charvet de 
dessiner et même de décrire, pendant qu'il étoit encore 
à la Guadeloupe, le poisson à liqueur pourprée : mais 
sa mémoire, fortement frappée des traits, de l'allure et 
de la propriété de cet animal, lui a donné la facilité 
de faire en France une description et un dessin colorié 
de ce poisson, qu’il a eu la bonté de me faire parvenir. 

Les individus vus par ce voyageur avoient un peu 
plus de deux décimètres de longueur. Leurs nageoires 
pectorales étoient assez grandes. La nageoire dorsale 
étoit composée de deux portions longitudinales, char- 
nues à leur base, terminées dans le haut par des filamens 
qui les faisoient paroître frangées, et appliquées l’une 
contre l’autre de manière à ne former qu'un seul tout, 
lorsque l'animal vouloit tenir fermée la fente propre 
à laisser échapper la liqueur rouge ou violette. Cette 
fente, située à l’origine et au milieu de ces deux por- 
tions longitudinales de la nageoiïre dorsale, ne parois- 
soit pas s'étendre vers la queue aussi loin que cette 
même nageoire ; mais le fluide coloré, en sortant par 
cette ouverture, suivoit toute la longueur de la nageoïire 
du dos, et obéissoit à ses ondulations. 

La peau étoit visqueuse, couverte d'écailles petites et 
fortement adhérentes. La couleur d’un gris blanc plus 
ou moins clair faisoit ressortir un grand nombre de 
petits points jaunes, bleus, bruns, ou d’autres nuances. 


& 


44 HISTOIRE NATURELLE. 


L'ensemble des formes de ces poissons, et les teintes 
qu'ils présentoient, étoient agréables à la vue. Ils se 
nourrissoient de petits mollusques et de vers marins, 
qu'ils cherchoient avec beaucoup de soin parmi les 
pierres du fond de l’eau, sans se détourner ni dis- 
continuer leurs petites manœuvres avant l'instant où on 
vouloit les saisir; et la contraction qu'ils éprouvoient 
Jorsqu'ils faisoient jaillir leur liqueur pourprée , étoit 
apparente dans toute la Iongueur de leur corps, mais 
principalement vers l'insertion des nageoires pecto- 
rales. 

Ces zeinturiers de la Guadeloupe, car c’est ainsi que 
les nomme le citoyen Charvet, cherchent un asyle 
lorsque la tempête commence à bouleverser les flots : 
sans cette précaution, ils résisteroient d'autant moins 
aux agitations de la mer et aux secousses des vagues 
impétueuses qui les briseroient contre les rochers, que . 
leurs écailles sont fort tendres, leurs muscles très- 
délicats, et leurs tégumens de nature à se rider bien- 
tôt après leur mort. | 

Ces faits ne suffisent pas pour déterminer l'espëce 
ni le genre, ni même l’ordre de ces poissons. Plusieurs 
motifs doivent donc engager les naturalistes qui par- 
courent les rivages de la Guadeloupe, à chercher des 
individus de l'espèce observée par le citoyen Charvet, 
à reconnoiître leur conformation , à examiner leurs. 
habitudes, à constater leurs propriétés. 


LE SCOMBRE JAPONOIS:. 


s . 


C£ scombre n’est peut-être qu'une variété du maque- 
reau , ainsi que l’a soupçonné le professeur Gmelin. 
Nous ne l'en séparons que pour nous conformer à 
l'opinion de plusieurs naturalistes, en annonçant aux 
co notre doute à cet égard , et en les invitant 
à le résoudre par des ébbbrSatTe A8 

Ce poisson vit dans la mer du Japon. Sa longueur 
n’est quelquefois que de deux décimètres; ses mâchoires 
sont hérissées de petites dents ; sa couleur générale est 
d’un bleu clair ; sa tête brille de la couleur de l'argent ; 
ses écailles sont très-petites ; et l’on a comparé l’en- 
semble de sa conformation à celle du hareng *. | 

Houttuyn l'a fait connoître. 


? Scomber japonieus. 
Id. Zinné, édition de Gmelin.- 


Scomber cærulescens , pinnulis quinque spurüs. Houtruyn, Act. Haarl. 
POS 2LIPE DD Es is TO: 


Scombre du Japon. Bonnaterre, planches de PHneyclopédie méthodique. 


* À chacune des: deux nageoires dorsales 8 rayons. à 
à chacune des pectorales 18 
à chacune des thoracines- 6 
à celle de l’anus 


à celle de la queue 


IT 


LE SCOMBRE DORÉ* 


LE nom de ce poisson annonce la riche parure que 
la Nature lui a accordée, et la couleur éclatante dont 
il est revêtu. Il est en effet resplendissant d’or sur une 
très-grande partie de sa surface, et particulièrement 
sur son dos. Peut-être n'est-il qu’une variété du maque- 
reau. Le professeur Gmelin a témoigné de l'incer- 
titude au sujet de l'espèce de ce scombre , aussi-bien 
qu’à l'égard de celle du japonois. Le doré s'éloigne 
cependant du maquereau beaucoup plus que ce japo- 
nois, non seulement par ses nuances, mais encore par 
quelques détails de sa conformation , et notamment 
par le nombre des rayons de ses nageoires. 

Quoi qu'il en soit, on trouve le doré dans les mers 
voisines du Japon, ainsi quon y voit le scombre 
précédent ; et il a été également découvert par Hout- 
tuyn. à | | 

Il n’a au-dessus et au-dessous de la queue que cinq 
petites nageoires comme le japonois et le maquereau ; 


* Scomber aureus. 

Id. Fouttuyn, Act. Haarl. 20 — 2, p. 331, m4 19. 

Scomber auratus. Linné, édition de Gmelin. 

Scombre doré. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. 


A 


HISTOIRE NÂTURELLE. 47 


. Eb. LOHMe compte que six rayons à sa nageoire de 


11: SR 

Nous avons trouvé dans un des manuscrits de P/4- 
J1LET , déposés a la Bibliothèque nationale , la figure 
d'un scombre nommé, par ce naturaliste, très- - petit 
scombre d'Amérique fscomber minimus americanus), et’ 
qui tient, à beaucoup d’égards , le milieu entre le doré 
et le maquereau. Des raies ondulent en divers sens sur 
le dos de ce poisson. Il n’a que cinq petites nageoires 
au-dessus et au-dessous de la queue , onze rayons à la 
première dorsale, neuf à la seconde, et cinq à la pen 
de l'anus. L 


* À la première nageoire dorsale 9 rayons. 


à chacune des pectorales 18 
à chacune des thoracines: 6 
à celle de lPanus. 6. 


LE SCOMBRE ALBACORE* 


Le nom d’albacore ou d’albicore a été donné, ainsi 
que ceux de germon , de thazard , et de bonite ou péla- 
snide , à plusieurs espèces de scombres ; ce qui n’a pas 
jeté peu de confusion dans l’histoire de ces animaux. 
Nous l’appliquons exclusivement , pour éviter toute 
équivoque, à un poisson de la famille dont nous traï- 
tons, et dont Sloane a fait mention dans son Histoire 
de la Jamaïque. F 

Ce scombre , qui habite dans le bassin des Antilles ; 
est couvert de petites écailles. L'individu décrit par 
Sloane avoit seize décimètres de longueur, et un mètre. 
de circonférence à l'endroit le plus gros du corps. Ses 
mâchoires, longues de deux décimètres, ou environ, 
étoient garnies chacune d’une rangée de dents courtes 
et aiguës. On pouvoit voir, au-dessus des opercules, 
deux arêtes cachées en partie sous une peau luisante. On 
comptoit, au-dessus et au-dessous de la queue, plu- 
sieurs petites nageoires séparées l’une de l’autre par un 
intervalle de cinq centimètres ou à peu près. La na- 
geoire de l’anus se terminoit en pointe, et avoit trente- 


* Scomber albacorus. 

Sloane, Hist. of Jamaic. vol. 2, p. zx. 

Scombre albacore. Bonnaterre; planches de l'Encyclopédie méthodique. 
“Scomber albacares, 4, ibid. | 


x “HISTOIRE NATURELLE SEMO 
deus centimètres de long et huit centimètres de haut. 
Celle de l'anus étoit en croissant. Les deux saillies laté- 
rales et longitudinales de la queue avoiïent plus de deux 
centimètres d'élévation. Plusieurs parties de la surface 
de l'animal étoient blanches , les autres d'une couleur 
foncée. 


TOME III, ! CU Le. 


SOIXANTE-UNIÈME GENRE. 
LES SCOMBÉROÏDES. 


De petites nageoires au-dessus et au-dessous de la queueÿ 
une seule nageoire dorsale; plusieurs aiguillons au- 
devant de la nageoire du dos. 


ESPÈCES, CARACTÈRES. 


f. LE SCOMBÉROÏDE NOEL, 


Scomberoides Noeliz, j 
(Scomberoides Noelii.) - recourbés au-devant de la nageoïre du dos, 


L Douze petites nageoires au- dessus et au- 
A Ne D dessous de la queue; six aiguillons au- 
(Scomb. commersonnianus.) 


“devant de la nageoire du dos. 
3: LE SCOMBÉR. SAUTEUR. 


(Scomberoides saltator.) devant de Ja nageoire du dos: 


De petites nageoires au - dessus et quatorze: 
au-dessous de la queue; sept aiguillons 


Sept petites nageoires au-dessus et huit au-. 
dessous de la queue ; quatre aiguillons au 


ram" Dep L2 [7 COR 
|: etui ares EU 


ns 
« 


LE SCOMBÉROÏDE NOËL * 


Aucune des espèces que nous avons cru devoir com- 
prendre dans le genre dont nous allons nous occuper ; 
n'est encore connue des naturalistes. Nous avons donné 
x la famille qu’elles composent , le nom de scombt- 
roïde , pour désigner les rapports qui la lient avec les 
- scombres. Elle tient, à quelques égards , le milieu entre 
ces scombres , auxquels elle ressemble par les petites 
nageoires qu’elle montre au-dessus et au-dessous: de la 
queue , et entre les gastérostées, dont elle se rapproche 
par la série d’ aiguillons qui tiennent Heu d'une. pre- 
mière nageoire dorsale. 

Nous nommons scombéroïde \noël la première des 
trois espèces que nous ayons inscrites dans ce genre, 
pour donner üne marque solemnelle de reconnoissance 
et d'estime au citoyen Noël , de Rouen, qui mérite si 

bien chaque jour les remercimens des naturalistes par 
ses travaux, et dont les observations exactes ont enrichi 
tant de pages de l’histoire que nous écrivons. 

Nous l'avons décrite d’après un individu desséché et- 
bien conservé qui faisoit partie de la collection cédée 
à la France par la Hollande , et envoyée au Muséum 

d'histoire naturelle. 
NEVERS EU LE M ET PEN QE PART RO UE CRE 


* Scomheroïdes Noelii. 


\ 


59 HISTOIRE NATURELLF. 


Ce poisson avoit dix petites nageoires au-dessus de 
la queue , et quatorze au-dessous de cette même partie. 
Sept aiguillons recourbés en arrière et placés longitu- 
dinalement au-delà de la nuque , tenoient lieu de pre- 
mière nageoire du dos; deux aiguillons paroissoient au 
devant de la nageoire de l'anus. Six taches ou petites 
bandes transversales s’étendoient de chaque eôté de 
l'animal, et lui donnoient , ainsi que l’ensemble de sa 


conformation ; beaucoup de ressemblance avec le: 


maquereau. La naveoire de la queue étoit fourchue *. 
q 5 


* A la nageoire du dos 9 rayons. 
à chacune des pectorales 18 
à chacune desthoracines x rayon aiouillonné et 5 rayons articulés. 
à la nageoire de l’anus 26 
à celle de la queue 26 


4 


LE SCOMBÉR. COMMERSONNIEN :. 


CE scombéroïde , que nous avons décrit et fait oraver 
d'après Commerson, est un poisson d’un grand volume. 
Sa hauteur et son épaisseur , assez grandes relativement 
à sa longueur, doivent lui donner un poids considé- 
rable. On voit à la place d’une première nageoire 
dorsale, six aiguillons recourbés, pointus , et très- 
séparés l’un de l’autre. On compte douze petites na- 
geoires au-dessus et au-dessous de la queue *. La 
nageoire caudale est très-fourchue. Deux aiguillons 
très-distincts sont placés au-devant de la nageoire de 
l'anus ; chaque opercule est composé de deux pièces. 
Les deux mâchoires sont garnies de dents égales et 
aigués : l'inférieure est plus avancée que la supérieure, 
De chaque côté du dos, paroissent des taches d’une 


: Scomberoïdes commersonnianus. | 

Scomber pinnulis dorsi et ani duodecim circiter vix distinctis, spinis 
in anteriore dorso sex discretis, ponè anum duabus; — vel maeulis 
obicularibus supra lineam lateralem utrinque sex ad octo , cæruleis. Com- 


° mmerson, manuscrits déja cités. 


2 Ce nombre douze est expressément indiqué dans Ja description ma- 
nuscrite de Commerson, à laquelle nous avons dû conformer notre texte, 
plutôt qu’au dessin que ce naturaliste a laissé dans ses papiers, que nous 
avons fait graver, et d’après lequel on attribueroit au scombéroïde que 
nous faisons connoître , dix petites nageoires supérieures et treize petites 
mageoires inférieures, 


Ep SNS MIO NE ON AP EU PL Er 

nuance très-foncée , rondes , ordinairement au nombre 
de huit, et imégales en surface; la plus grande est le 
p'us souvent située au-dessous de la nageoire dorsale , : 
et le diamètre des autres est d'autant plus petit 
qu'elles sont plus rapprochées de la tête ou de la 
queue. Les nageoires pectorales ne sont guère plus 
étendues que les thoracines. On trouve le commer- 
sonnien dans la mer voisine du fort Dauphin de lisle . 
de Madagascar. 


LE SCOMBÉROÏDE SAUTEUR *, 


À Lx 


Nous avons trouvé dans les manuscrits de Plumier , 
que l’on conserve à la Bibliothèque nationale, un 
dessin de ce poisson , que nous avons fait graver, Ce 
naturaliste le nommoït petite pélamide ou petite bonite , 
vulgairement le sauteur. Nous avons conservé au scom- 
béroïde que nous décrivons , ce nom ‘distinctif ou spé- 
cifique de sauteur , parce qu’il indique la faculté de 
s'élancer au-dessus de la surface des eaux, et par 
conséquent une partie intéressante de ses habitudes. 

Cet animal a sept petites nageoires au-dessus de la 
queue ; et huit autres nageoires analogues sont placées 
au-dessous. La dernière de ces petites nageoires , tant 
des supérieures que des inférieures , est très- “longue, 
et faite en forme de faux. 

La ligne latérale est un peu ondulée dans tout son 
cours : elle descend d’ailleurs vers le ventre , lorsqu'elle 
est parvenue à peu près au-dessus des nageoires pec=. 
torales. Deux aiguillons réunis par une membrane 
sont situés au-devant de la nageoire de l’anus. Deux 
fames composent chaque opercule. La mâchoire infe- 
rieure s’ayance au-delà de la supérieure. On compte 


* Scomberoïdes saltator. 


Pelamis minima, vulod sauteur. Plumier, inanuscrits déposés à la Bi- 
Gliothèque nationale. 


56 HISTOIRE NATURELLE, 

neuf rayons à la nageoire du dos et à chacune des 
_pectorales *. Cette nageoire dorsale et celle de l'anus 
sont conformées de manière à représenter une faux. 
Au lieu d’une première nageoire du dos, on voit quatre 
aiguillons forts et recourbés qui ne sont pas réunis 
par une membrane commune de manière à composer 
une véritable nageoire, mais qui étant garnis chacun 
d'une petite membrane triangulaire qui les retient et 
les empêche d’être inclinés vers la tête, donnent à 
l'animal un nouveau rapport avec les scombres pro= 
prement dits. 


* À chacune des thoracines 7 rayons. 
à la nageoire de l'anus ‘13 


"70 


on mn 


SOIXANTE-DEUXIÈME GENRE. 


LES CARANX. 


Deux nageoires dorsales; point de petites nageoires au- 
dessus ni au-dessous de la queue; les côtés de la queue 
relevés longitudinalerment en carène, ow une petite: 
nageoire composée de deux aiguillons et d'une mem- 
brane, au-devant de la nageoire de l'anus. 


€ 


PREMIER SOUS-GENRK E. 


Point d'aisuillon isolé entre les deux nageoires dorsales. 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 


‘Trente-quatre rayons à la seconde nageoire 
du dos; trente rayons à la nageoire de 
anus; la ligne latérale garnie de petites 
plaques dont chacune est armée d’un ai- 


1. LE CARANX TRACHURE. 
(Caranx trachurus.) 


guillon. 
Trente-quatre rayons à la seconde nageoire 
2, LE CARANX AMIE. du dos; le dernierrayon de cette nageoire, 
(Caranx amia.) très-long; vingt-quatre rayons à la na- 


geoire de l’anus. 


Vingt-six rayons à la seconde nageoire dor- 

3. LE CAR. QUEUE-JAUNE.] sale; trente rayons à celle de Panus; de 

(Caranx chrystirus.) trés-petites dents, ou point de dents, aux 
mâchoires. 


TOME III 0 


58 HISTOIRE NATURELLE 


ESPÈCES, CARACTÈRES. 
Vingt-six rayons à la seconde nageoire dor- 
4. LE CARANX GLAUQUE. sale ; le second rayon de cette nageoire, 
(Caranx glaucus.) très-long; vingt-cinq rayons à la nageoire 
de l’änus, 


dos; vingt rayons à celle de l'anus; la 
queue non carenée latéralement ; la cou- 
leur générale blanche ; les côtés de la 
queue et la nageoïre caudale jaunes. 


b. LE CARANX BLANC. 
(Caranx albus.) 


Es rayons à la seconde nageoire du 


dos; quarante rayons à celle de l'anus; 
une tache noire sur la partie postérieure 
de chaque opereule. 


6. LE CAR. QUEUE-ROUGE. 


Vingt-deux rayons à la seconde nageoire du 
(Caranx erythrurus.) 


dos; dix-huit à celle de Panus; des fila- 


7e LE CAR. FILAMENTEUX. 
mens à la seconde nageoire du dos et à 


(Caranx filamentosus.) 


{Vinot-deux rayons à la seconde nageoiïire du 
£ Ni 
celle de l'anus, 


8, LE CARANX DAUBENTON.) dos; quatorze à celle de l’anus; les deux. 


(Caranx Daubentoni.) mâchoires également avancées ; la ligne 


Vingt-deux rayons à la seconde nageoire du 
latérale rude, tortueuse , et dorée. 


dix-sept rayous à celle #de l’anus; un: 
grand nombre de bandes transversales et 
noires sur un fond couleur d’or, 


9. LE CARANX TRÉS-BEAU. 


Vingt rayons à la seconde nageoire dorsale > 
(Caranx speciosus.) 


DIPELS DIPTO LISTE O NE" 09 


SECOND SOUS-GENRE. 


Un ou plusieurs aisuillons isolés entre les deux nageoires 
dorsales. 


ESPÈCES, CARACTÈRES, 
Trois aiguillons garnis chacun d’une petite 
10. LE CARANX CARANCGUE. 


(Caranxæ carangua.) 


membrane, et placés entre les deux na- 
geoires dorsales; les pectorales alongées 
jusqu’à la seconde nageoire du dos. 


dorsale ; vingt-quatre à celle de l’anus; la 
TI. LE CARANX FERDAU. 
(Caranx fergire ) 


couleur générale argentée ; des taches do- 
rées; cinq bandes transversales brunes ; 
un seul aiguillon isolé entre les deux na- 
geoires du dos. 


ue rayons à la seconde nageoire 


12. LE CARANX GÆZz7. 
(Caranx gæz2.) 


membrane luisante sur la nuque; la cou- 
leur générale bleuâtre ; des taches dorées ; 
un seul aiguillon isolé entre les deux na- 
geoires dorsales. 


Vingt-deux rayons à la seconde nageoire du 
dos ; seize à celle de l'anus; les carènes 


19. LE CARANX SANSUN. latérales de la queue, très-relevées; la 


(Caranx sansun.) 


couleur générale argentée, éclatante, et 
sans taches ; un seul aiguillon isolé entre 


Vingt-huit rayons à la seconde nageoire dor- 
sale; vingt-cinq à celle de l'anus; une 


les deux nageoires-du dos. 


| dix-sept à celle de anus; la couleur gé- 
14 LE CARANX KORAB, 


nérale argentée ; le dos bleuâtre ; un seul 
(Caranx korab.) 


aiguillon isolé entre les deux nageoires 


Vingt rayons à la seconde nageoire dorsale : 
| du dos, 


LE CARANX TRACHURE*. 


Les caranx sont très-voisins des scombres ; ils leur 
ressemblent par beaucoup de traits ; ils présentent 
presqué toutes leurs habitudes : ils ont été confondus 


%* Caranx trachurus. 

Saurel, dans plusieurs dépariemens méridionaux de France. 

Sieurel, zb1d. 

Sicurel, zbid. 

Gascon, sur plusieurs rivages de France. 

Gascanet , zbid. 

Chicharou , sur plusieurs côtes voisines de l'embouchure de la Garonne, 
et de eelle de la Charente... 

Maquereau bâtard, dans plusieurs départemens de France, 

Sauro, auv environs de Rome. 

Pesce di Spagna, dans la Ligurie. 

Paramia, zb:d. 

Strombolo , id. 

Scad , en Angleterre. 

Horse mackrell, 2024. 

Müseken, en Allemagne. 

Stocker, dans quelques contrées du Nord. 

Scomber trachurus. Zinné, édition de Gmelin. 

Scombre gascon. Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

Id. Ponnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique, 

Bloch, pl. 56. 

Sieurel, ow sicurel. Falmont-Bomare, Dictionnaire d'histoire naëw- 
relle. | 

Mus. Ad, Frid ï, p. 895 ét 2, p. go. 

Hasselquist, Te. 363 et 407, n. 84. 

Müll. Prodrom. Zoolog. Danic, p. 47, n. 397. 


HISTOIRE NATURELLE. Gr 


avec ces osseux, par le plus grand nombre des natu- 
ralistes ; et il est cependant très-aisé de les distinguer 
des poissons dont nous venons de nous occuper. Tous 
les scombres ont en effet de petites nageoires au-dessus 
et au-dessous de la queue : les caranx en sont entiè- 
rement privés. Nous leur avons conservé le nom géné- 
rique de caranx, qui leur a été donné par Commerson, 
et qui vient du mot grec xapæ, lequel signifie zéte. Ce 


L} 


Amaænit. academ. 4, p+ 249: 

Scomber lineâ laterali acuminatä, etc. Artedi, gen. 31, syn. bo. 

Tpayepose Athen. lib. 7 Pe 326. 

Id. Oppian. Hal. lib, 1, p. 5. 

Galen. class. 2, fol. 30, b. 

Saurus. P. Jov. c. 19, p. 86. 

Salyian. fol. 79, a. b. ad iconem. 

Lacertus, sive trachurus. Bellon. 

Lacertorum genus , quod trachurum Græci vocant , ete. Gesner, p. 467 
et 552. 

Trachurus, aut lacertus privatim. Zd. (germ.) fol. 56, b. 

Sieurel. Rondelet, première partie, li, 8, chap. 6. 

Trachurus. Schonev. p. 75. è 

Id. A/ldrov. lib. 2, cap. 52, p. 268. 

Id. Jonston, lib. x , tit. 3, c. 3, art. x, punct. b, tab. 21, fig. 8. 

Charlet. p. 143. 

Trachurus. Willughby, p. 290, tab. S, 12, 8, 22. 


Id. Raj. p. 92, n. 8. 

Scomber line4 laterali... omnino loricatâ, etc. Gronov. Mus.E,p. 34, 
n, 80; et Z'ooph. p. 94, 71° 308. 

Ara. Kæmpfer, Jap. x , tab. xt, fig. 

Marcgrav. Brasil. p. 150. 

Pis. Ind. p. 55. 

Brit Zoolog. 3, p.22b, n. 3. | 

Scomber... line laterali.. loricatä, etc, cs, Helyet. IF, p.264, n. 166. 


63 HISTOIRE NATURELLE 


voyageur les a nommés ainsi à cause de l'espèce de 
proéminence que présente leur tête, de la force de cette 
partie, de l'éclat dont elle brille, et d’ailleurs pour 
annoncer la sorte de puissance et de domination que 
plusieurs osseux de ce genre exercent sur un grand 
nombre de poissons qui fréquentent les rivages. | 

Parmi ces animaux voraces et dangereux pour ceux 
des habitans de la mer qui sont trop jeunes ou mal 
armés, on doit sur-tout remarquer le trachure. Sa 
dénomination, qui signifie queue aiguillonnée, vient 
du grand nombre de piquans dont sa ligne latérale est 
hérissée sur sa queue, aussi-bien que sur son corps : 
chacun de ces dards est recourbé en arrière , et attaché 
à une petite plaque écailleuse, que l'on a comparée, 
pour la forme , à une sorte de bouclier; et la série 
longitudinale de ces plaques recouvre et indique la 
ligne latérale. d 

Lorsque l'animal agite vivement sa queue, et en 
frappe violemment sa proie, non seulement il peut 
l'étourdir, l’'assommer, l'écraser sous ses coups redou- 
blés, mais encore la blésser avec ses pointes latérales, 
la déchirer profondément, lui faire perdre tout son 
sang. D'ailleurs ce caranx parvient à une grandeur 
assez considérable, quoiqu'il ne présente jamais une 
longueur égale à celle du thon: il n'est pas rare de le 
voir long d'un mètre. 

On le trouve dans l'Océan atlantique , dans le grand 
Océan ou mer Pacifique, dans la Méditerranée : par- 


4 
à 


DES POISSONS. 63 


tout il s'avance par grandes troupes, lorsqu'il s’ap- 
proche des rivages pour déposer ses œufs ou sa liqueur 
fécondante. Sa chair est bonne à manger, quoique moins 
tendre et moins agréable que celle du maquereau. Du 
temps de Bellon, les habitans de Constantinople recher- 
choient beaucoup le garum fait avec les intestins de ce 
poisson. | 

Les écailles qui couvrent le trachure, sont petites, 
rondes et molles. Sa couleur générale est argentée. 
Un bleu verdâtre règne sur sa partie supérieure. L’iris 
brille d’un blanc rougeûtre. Une tache noire est placée 
sur chaque opercule. Les nageoires sont blanches : et 
une teinte noire distingue les premiers rayons de la 
seconde dorsale *, 

La caudale est en croissant; l'ensemble de l'animal 
comprimé ; la tête grande ; la mâchoire inférieure 
recourbée vers le haut, plus longue que la supérieure, 
et garnie, ainsi que cette dernière, de dents aiguës ; 
le palais rude ; la langue lisse; chaque opercule com- 
posé de deux lames; et la nageoire de l'anus précédée 


d’unepetite nageoire composée de deux rayons.et d’une 


membrane. | 


* À la première nageoiïre du dos 8 rayons. 


à la seconde 34 
à chacune des pectorales 20 
à chacune des thoracines 6 
à celle de Panus 30: 


à celle de la queue 20 


LAC LR LA NO UC T, Hi 


E T 


LE CARANX QUEUE-JAUNE:. 


LE nombre des rayons que présentent les nageoires 
du caranx amie, peut servir à le distinguer des autres 
poissons de ce genre, indépendamment des caractères 


+ 


1 Caranx amia. 

Scomber amia. Linné, édition de Gmelin. 

Scomber dorso dipterygio, ossiculo ultimo pinnæ dorsalis secundæ 
prælongo. Artedi, gen. 31, syn: 5x. 

Scombre amie. Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

Id. PBonnaterre, planches de l’Encyclopédie méthodique. 
® Nota. Il est utile d'observer que les passages des auteurs et les figures 
des dessinateurs , rapportés par Artédi, et d’après lui par Daubenton, à 
leur scombre amie, sont relatifs, non pas à ce poisson , mais au caranx 
glauque, ou au centronote lyzan , ainsi que nous Pindiquerons en détail 
dans la synonymie des articles dans lesquels nous traiterons du glanque et 
du lyzan. Cette fausse application faite par Artédi, a trompé aussi le pre- 
fesseur Bonnaterre, qui a fait graver, pour son scombre amie, une figure | 
que Salvian a publiée pour un poisson nommé amia, mais qui cependant 


ne peut appartenir qu’à un centronote lyzan. 


2 Caranx chrysurus. 

Scomber chrysurus. Zinné, édition de Gmélins 

Yellow tail (queue jaune). Garden. 

Scombre queue jaune: Daubenton, Encyclopédie méthodique. 
Id, Bonnaierre, planches de l Encyclopédie méthodique. 


HISTOIRE NATURELLE 68 
particuliers a cette espèce que nous venons d d'exposer 
dans le tableau des caranx ?. 

La queue-jaune habite dans la Caroline; elle y a été 
observée par Garden. Son nom vient de ie couleur de 
sa queue, qui est d'un jaune plus ou moins doré, ainsi 
que quelques unes de ses nageoires. Ses dents sont très- 
petites, tres-dificiles à voir. On a même écrit que ses 
mâchoires étoient entièrement dénuées de dents. Une 
petite nageoire à deux rayons est placée au-devant de. 
celle de l'anus *. 


* À la première nageoire du dos du caranx amie, 5 rayons. 


à la seconde a 34 
à chacune des pectorales 20. 
à chacune des thoracines 6 
à celle de l’anus 24 


2 À la premiere nageoire dorsale du caranx queue-jaune y 9'Tayons. 


à la seconde 29 
à chacune des pectorales 19 
à chacune des thoracines - A 
à celle de lanus 30 
à celle de la queue UNS SE sis22 


TOME Ille - 9 


LE CARANX GLAUQUE* 


Ce poisson ; qu'Osbeck a vu dans l'Océan atlantique, 
auprès de l’isle de FAscension, a été observé par Conr- 
erson dans le grand Océan, vers les riväges de Mada- 
gascar, et particulièrement dans les environs du fort 
Dauphin élevé dans cette dernière isle. H habite aussi 
dans la Méditerranée , où il étoit très-connu du temps 
de Pline, et même de celui d’Aristote, qui avoit entendu 
dire que ce caranx se tenoit caché dans les profondeurs 


* Caranx glaucus. 

Leccia, sur les côtes de la Ligurie. 

Polanda, en esclaÿon, 

TAavxes ; €I1 QTECe 

Derbio , dans plusieurs départemens méridionaux de France 

Biche, ibid 

Cabrole, :B:d. 

Damo, zbid. 

Scomber glaucus. Zinné, édition de Gmelin. | 

Scombre glauque, Daubenton , Encyclopédie méthodique, 

Id. Bonnaterre, planches de l Encyclopédie méthodique. 

Scomber dorso dipterygio, ossiculo secundo pinnæ dorsalis altissimo. 
Artedi, gen. 32,Syn, 5x. 

Mus. Ad. Frid. 2, pe 89e 

Scomber Ascensionis. Osbeck, 11. 296. 

Derbio. Rondelet, première partie, liv. 8, chap. 15. 

Glaucus. Plin. lib. 9, cap. 16. 

Caranx lineâ laterali inermi, maculisque signaté quatuor nigris, ante- 
rioribus duabus majoribus. Commerson, manuscrits déja cités. 

Glaucus (derbio.) Fæ/mont-Bomare , Dictionnaire d'histoire naturelle. 


HISTOIRE NATURELLE. 67 


de la mer pendant les très-orandes chaleurs de l'été. 
La couleur générale de cet osseux est indiquée par le. 
nom qu'il porte : elle est en effet d’un bleu clair mêlé 
d'une teinte verdâtre; quelquefois cependant elle paroît 
d'un bleu foncé et semblable à celui que présente la 
mer agitée par un vent impétueux. La partie inférieure 
de l'animal est blanche. On voit souvent une tache noire 
à l'origine de la seconde nageoire dorsale et à celle de 
la nageoire de l'anus; et quatre autres taches noires, 
dont les deux premières sont les plus grandes, sont 
aussi placées ordinairement sur chaque ligne latérale. 

Le second rayon de la seconde nageoire du dos est 
très-haut, et le premier aiguillon de la première na- 
geoire dorsale est tourné, incliné, et même couché 
vers la tête. Une petite nageoire à deux rayons précède 
celle de l'anus *. | 

La chair du glauque est blanche, grasse, et commu- 
nément de bon goût. a 


* A la nageoire du dos | 7 rayons, 
à la seconde .26 
à chacune des pectorales | 20 
à chacune des thoracines 5 
à celle de l'anus 25 


à celle de la queue, qui est très-Fourchue, 20 


LE CARANX BLANC 
ET 


LE CARANX QUEUE-ROUGE: 


LA mer Rouge nourrit le caranx blanc, que Forskael a 
décrit le premier, et dont la couleur générale blanche 
ou argentée est relevée par le jaune qui règne sur les 
côtés de l'animal et sur la nageoire caudale. Un rang 
de petites dents garnit chaque mâchoire. Chäque ligne 
latérale ‘est révêtue, vers la queue, de petites pièces 
écailleuses. Les écailles proprement dites qui recou- 
vrent le caranx ; sont fortement attachées. La pre- 
mière nageoire du dos forme un triangle équilatéral*. 


— 


LI 


2 Caranx albus. 
Scomber albus. Linné, on de Gmelin. 
Forskael, Faun. Arab. p. 56, n. 75. 
* Scombre sufnok. Bonnaterre, Tree dé PPROFEOPEUE Herhvatnes 
2 Caranx erithrurus. | 
Scomber hippos. Zinné, édition de Gmelin. 
Scombre queue-rougé, Daubenton, Encyclopédie méthodique. 


Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 


3 À la membrane des branchies du caranx blanc, 8 raÿons. 


à la première nageoire dorsale | 8 
à la seconde 25 
à chacune des pectorales 22 
à chacune des thoracines 5 
à celle de l’anus 20: 


à celle de la queue 17 


PAPSÉIDO MR ETON AT U RE L LE: 6g 


On voit une petite nageoire composée de deux rayons 
au-devant de l'anus du blanc, aussi-bien qu'au-devant 
de l'anus du caränx queue-rouge. Ce dernier a été 
‘observé dans la Caroline par Garden, et à l’isle de 
Tahiti par Forster. Il montre une tache noire sur 
chacun de ses opercules. Sa seconde nageoire du dos 
est rouge, comme celle de la queue; les thoracines 
et l’anale sont jaunes. La partie postérieure de chaque 
ligne latérale est comme hérisséé de petites pointes. 
Les deux dents de devant sont, dans chaque michoie, 
plus grandes que les autres * 

RE —————— 


:* A Ja première nageoire dorsale du caranx queue-rouge, 7 rayons. 
à la seconde 


22 
à chacune des pectoralés | 22 
à chacune des thoracines 6 
à.celle de l'anus | 40 
à celle de la queue | 30 


LE CARANX FILAMENTEUX: 


C'EsT au célèbre Anglois Mungo Park que l'on doit 
la description de ce caranx, que l’on trouve en Asie, 
auprès des rivages de Sumatra. Le nom de f/amenteux 
que Mungo Park lui a donné , vient des filamens qui 
garnissent la seconde nageoire dorsale, ainsi que celle 
de lanus. La couleur générale de ce poisson est 
argentée, et son dos est bleuâtre ; ses écailles sont 
petites , mais fortement attachées. Le museau est 
arrondi ; l'œil grand ; Piris jaune; chaque mâchoire 
hérissée de dents courtes et serrées : chaque opercule 
formé de trois lames dénuées d’écailles semblables à 
celles du dos ; la nageoire caudale fourchue ; la petite 
nageoire qui précède celle de l'anus, composée de 
deux rayons, dont l'antérieur est le moins orand. Les 
pectorales sont en forme de faux ; la première du dos 
peut être reçue dans une fossette longitudinale :. 


# Caranx filamentosus. | A 


Scomber filamentosus. Munso Park, Transact. de la société linnéenne 
de Londres, vol. 3. 
8 À la membrane des branchies 7 rayons. 
‘à la première nageoïre dorsale 6 rayons aiguïllonnés, 
à la seconde nageoïire du dos 22 rayons. 


à chacune des pectorales 19 
à chacune des thoracines b 
à celle de l'anus | 18 


à celle de la queue 22 


be 


LE CARANX DAUBENTON: 


Nous consacrons à la mémoire de notre illustre ami 
Daubenton , ce beau caranx représenté d'après Plumier 
dans les peintures sur vélin du Muséum d'histoire 
haturelle. 

Ce caranx a ses deux nageoires dorsales très-rap= 
prochées : la première est triangulaire , et soutenue 
par six rayons aiguillonnés ; la seconde est très-alongée 
et un peu en forme de faux”. Deux aiguillons sont 
placés au-devant de la mageoire dé l'anus. Les deux 
mächoires sont également avancées. On voit, à chaque 
opercule branchial, au moins trois pieces ; dont les 
deux dernières sont découpées en pointe du côté de 
la queue. La ligne latérale est tortueuse , rude et 
dorée. Des taches couleur d’or sont répandues sur les 
nageoires. La partie supérieure E Corps est bleue , et 
l'inférieure argentée, 

AO Dont, 


Trachurus argento-cæruleus , aureis maculis notatus. Manuscrits de 
Plumier. 


* 8 rayons aiguillonnés et 19 rayons articulés à la seconde nageoire du dos. 


1 rayon aiguillonné et 13 rayons articulés à celle de Fanus, 
La nageoïire de la queue est fourehue. 


À 


LE CARANX TRÈS-BEAU“ 


CE poisson mérite son nom. Ses écailles, petites et 
foiblement attachées, brillent de l'éclat de l'or sur le 
dos , et de celui de l'argent sur sa partie inférieure. 
Ces deux riches nuances sont variées par des bandes _ 
transversales | ordinairement au nombre de sept, d'un 
beau noir, et dont chacune est communément suivie 
d'une autre bande également d’un beau noir et trans- 
versale, mais beaucoup plus étroite. Les nageoires du 
dos sont bleues, et les autres jaunes. 

Trois lames composent chaque opereule. Les ma- 
geoires pectorales, beaucoup plus longues que les 
thoracines , sont en forme de faux. Celle de la queue 
est fourchue. 

Forskael a vu ce caranx dans la mer Rouge. Com- 
merson , qui l'a observé dans la partie du grand Océan 
qui baigne l’isle de France et la côte orientale d’Afri- 
que, rapporte dans ses manuscrits, que les deux indi- 
vidus de cette espèce qu'il a examinés, n’avoient pas 


L] 


* Caranx speciosus. 

Scomber speciosus. Zinné, édition de Griie 

Forskael, Faun. Arab. p. 54,n.7o. 

Scombre rim. Bonnaterre, planches de l Eos méthodique. 

Caranx fasciis {ransversis nigris alternatim angustioribus, caudæ apici- 
bus atratis, Commerson, manuscrits déja cités, 


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HISTOIRE NATURELLE. 73 


plus de six ou sept pouces ( deux décimètres ) de lon- 
gueur, que les deux pointes de la nageoire caudale 
étoient très-noires , que les deux mâchoires étoient à 
peu près également avancées, et qu'on ne sentoit 
aucune dent le long de ces mâchoires. 
Indépendamment de ces particularités, dont je deux 
dernières ont été aussi indiquées par Forskael, Com- 
merson dit que la membrane branchiale étoit soutenue 
par sept rayons ; que la partie concave de l’arc osseux 
de la première branchie étoit dentée en forme de 
peigne ; que la partie analogue des autres trois arcs ne 
présentoit que deux rangs de tubercules assez courts; 
et que la ligne latérale étoit, vers la queue , hérissée de 
petits aiguillons , et bordée, pour ainsi dire, d'écailles 
plus grandes que celles du dos *. 


* À la première nageoire dorsale 7 rayons aiguillonnés. 
à la seconde nageoire dorsale 21 rayons; 
à chacune des pectorales | 22 
à chacune des thoracines 5 ou 6 
à celle de lPanus, qui est précédée d’une 
petite nageoïre à 2 rayons, 2x 
à celle de la queue 17 
1 
ARE 


TOME li 10 


LE CARANX CARANGUE* 


Nous avons conservé à ce caranx le nom spécifique 
de carangue , qu'il a porté à la Martinique , suivant 
Plumier. La première nageoiïre du dos est soutenue 
par sept ou huit aiguillons. Deux aiguillons paroissent 
au-devant de celle de l'anus. La ligne latérale est 
courbe et rude; la partie supérieure du poisson bleue ; 
l’inférieure argentée ; et presque toutes les nageoires 
resplendissent de l'éclat de l'or. 


* Caranx earangua. 
Carangue. Peintures sur vélin, faites d’après les dessins de Plumier, 


ei déja Citéese 


LE CARANX FERDAU: 


LE CARANX GAESS: 
HUE C'A RAIN X TSMUN SU N° 


ET LE CARANX KOR A8 t. 


Css quatre caranx composent un sous-genre parti- 
culier et distingué du premier sous-genre par la pré- 


sence d'un aiguillon isolé placé entre les deux nageoires 


dorsales. On les trouve tous les quatre dans la mer 
Rouge ou mer d'Arabie : ils y ont été observés par 


* Caranx ferdau. + 
Scomber ferdau. Zinné, édition de Gmelin. 

Forskael, Faun. Arabic, p. 55, n. 1. 

Scombre ferdau. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. 


# Caranx gæss. 

Scomber fulvo guttatus. Zinné, édition de Gmelin. 

Forskael, Faun. Arabic. p. 56, n. 73. 

Scombre gæss. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 


8 Caranx sansun. 

Scomber sansun. Zinné, édition de Gmelin. 

Forskael, Faun. Arab. p. 56, n. "74. 

Scombre bockos. Bonnaterre, planches de l Encyclopédie méthodique. 


# Caranx korab. 

Scomber ignobilis. Zinné, édition de Gmelin. 

Forskael, Faun,. Arabic.p. 55, n. m2. 

Scombre korab. Bonnaterre, planches de l’Encyclonédie méthodique. 


76 HISTOIRE NATURELLE 


Forskael. Le tableau méthodique du genre caranx 

* expose les différences qui les séparent l’un de l’autre ; 
il nous suffira maintenant d'ajouter quelques traits à 
ceux que présente ce tableau. 

Le ferdau montre un grand nombre de dents petites; 
déliées et flexibles ; le sommet de la tête est dénué 
d'écailles proprement dites , et osseux dans son milieu ; 
l’'opercule est écailleux ; la ligne latérale presque 
droite ; la nageoire caudale fourchue et glauque. Les 
pectorales, dont la forme ressemble à celle d’une faux, 
sont blanchâtres ; et une variété de l'espèce que nous 
décrivons , les a transparentes. On voit au-devant des 
narines un petit barbillon conique’. 

Le gæss , qui ressemble beaucoup au ferdau, a une 
petite cavité sur la tête ; il peut baisser et. renfermer 
dans une fossette longitudinale sa première nageoire 
dorsale ; sa nageoire caudale est très-fourchue ; et sa 
ligne latérale est courbe vers la tête et droite vers la 
queue ?. 

Le sansun, qui a beaucoup de rapports avec le gæss 
et avec le ferdau , présente des ramifications sur le 


* À la première nageoire dorsale 6 rayons aiguillonnés. 


à chacune des pectorales 21 raÿons. 
à chacune des thoracines x rayon aiguillonné et 5 ray. articulés, 
_à celle dela queue 15 ou 16 rayons. 
2 A la premiere nageoire dorsale 7 rayons aiguillonnés. 
à chacune des pectorales -I rayon aiguillonné et 20 ray. articulés. 
à chacune des thoracines x rayon aiguillonné et 6 ray. articulés, 


à celle de la queue 18 ou I9 rayons, 


AOPPE TON ET ONE ESS ESP OMNATSS Far 
sommet de la tête ; une rangée de dents arme chaque 
- mâchoire ; la mâchoire supérieure est d’ailleurs garnie 
d'une grande quantité de dentspetites ‘et flexibles , 
placées en seconde ligne. Les nageoires pectorales et 
les thoracines sont blanches ; celle de l’anus et le lobe 
inférieur de la caudale sont jaunes ; le lobe supérieur 
de cette même caudale est bran comme les dorsales, 
qui, d'ailleurs, sont bordées de noir *. 

Le korab a chaque mâchoire hérissée d’une rangée 
de dents courtes , et comme renflées ; la ligne latérale 
est ondulée vers la nuque, et droite ainsi que marquée 
par des écailles particulières auprès de la queue. Les 
nageoires pectorales et les thoracinés sont roussâtres ; 
les dorsales glauques ; l’'anale transparente et comme 
bordée de jaune ; le lobe inférieur de la eaudale jaune, 
et le supérieur d’un bleu verdâtre *. 


: À Ja première nageoïre dorsale du sansun, rayons aïguillonnés. 
, & 


à chacune des pectorales x rayon aiguillonné et 26 
rayons articulés. 

à chacune des thoracines E rayon aiguillonné et & 
rayons articulés. 

à celle de Ja queue 17 Où 18 rayons. 

* À la membrane branchiale du korab, 8 rayons. 

à la première nageoire dorsale 7 rayons aiguillonnés. 

à chacune des peetorales ? rayon aiguillonné et 26 
rayons articulés. 

à chacune des thoracines r rayon aiguillonné et 5 


rayons articulés. 
à celle de la queue F7 où I8 rayons. 


£a 


SOIXANTE-TROISIÈME GENRE. 


LES TRACHINOTES. 


Deux nageoires dorsales; point de petites nageoires au- 
dessus ni au-dessous de la queue; les côtés de la queue 
relevés longiludinalement en carène, ow une petite 
nageoire composée de deux aiguillons et d'une mem- 
brane , au-devant de la nageoire'de l'anus; des aiguil- 
lons cachés sous la peau, au- devant des nageoires 
dorsales. 0 


ESPÈCE, CARACTÈRES. 
LE TRACHIN. FAUCHEUR. pi seconde nageoire du dos, et celle de 


{ Trachinotus faleatus.) anus, représentant la forme d’une faux, 


LE TRACHINOTE FAUCHEUR* 


C’rsTr dans la mer d'Arabie qu’habite ce poisson, que 
Forskael , en le découvrant, crut devoir comprendre 


e n y ve / 
parmi les scombres, mais que l’état actuel de la science 


ichthyologique et nos principes de distribution métho- 
dique et régulière nous obligent à séparer de ces 
mêmes scombres, et à inscrire dans un genre parti- 
culier. Nous donnons à cet osseux le nom générique de 
trachinote , qui veut dire aiguillons sur le dos , pour 
désigner l’un des traits les plus distinctifs de sa coù- 
formation. Cet animal a toujours en effet auprès de la 
nuque, des aiguillons-cachés sous la peau, et au-devant 
desquels un piquant très-fort, couché horizontalement, 
est tourné vers le museau, et quelquefois recouvert 
par le tégument le plus extérieur du poisson. La pre- 
mière nageoire dorsale, dont la membrane n’est sou- 
tenue que par des rayons aiguillonnés , et dont la 
peau recouvre quelquefois le premier rayon, peut se 
baissef et se coucher dans une fossette. 


* Trachinotus faleatus. 

Scomber falcatus. Zinné, édition de Gmelin. 

Scomber rhomboïdalis, pinnä secundâ dorsi et ani, falcatis. ForskaeL, 
Fauna Arabic. p. 57, n. 76. 

Scombre hogel. Bonnaterre, planches de l Encyclopédie mé.hodique. 


00 HISTOIRE NATURELLE 


La seconde nageoire dorsale et celle de l’anus * ont 
la forme d’une sorte de faux; et voilà d'où vient le 
nom spécifique que nous avons conservé au trachinote 
que nous décrivons. | 
_ Ce faucheur, dont la hauteur égale souvent la moitié 
_ dela longueur, est revêtu, sur le corps et sur la queue, 
d’écailles minces et fortement attachées ; on ne voit 
pas d’écailles proprement dites sur les opercules ; on 
n'apperçoit pas de dents aux mâchoires , mais on 
remarque des aspérités à la mâchoire inférieure; la 
lèvre supérieure est extensible ; la ligne latérale est un 
peu ondulée ; les thoracines, plus longues que les pec- 
torales , sont comme tronquées obliquement ; il y 
a au - devant de l'anus une petite nageoire à deux 
rayons. 

La couleur générale de ce trachinote est argentée 
avec une teinte brune sur le dos. Une nuance jaunâtre 
paroît sur le front. La nageoire caudale est peinte de 
trois couleurs ; elle montre du brun, du glauque et 
du jaune : les thoracines sont blanchâtres en dedans, 
et dorées ou jaunâtres en dehors, ce qui s'accorde avec 
les principes que nous avons exposés au sujet des 
LR ES SRE SRE ARS SERRE UE RS ja snpe 


* À Ja première nageoire dorsale 5 rayons aiguillonnés. 


à la seconde x rayon aiguillonné et 19 ray: articulés, 
à chacune des pectorales 18 rayons. 
à chacune des thoracines 6 rayons. 
à celle de l’anus x rayon aiguillenné gt 17 ray. articulés, 


à celle de la queue, qui est 
fourchue, 6 rayons, 


DES “PO TS SO NS. GE 
couleurs des poissons et même du plus grand nombre 
d'animaux ; et les pectorales ne'présentent qu'une 
nuance brune. 

Il paroît par une note très-courte que j'ai trouvée 
dans les papiers de Commerson, que ce naturaliste 
avoit vu auprès du fort Dauphin de Madagascar, notre 
trachinote faucheur, qu'il regardoit comme un caranx, 
et auquel il attribuoit une longueur d’un demi-mètre. 


TOME III 11 


pue 


SOIXANTE-QUATRIÈME GENRE. 


LES CARANKOMORES. 


Une seule nageoiré dorsale; point de. petites nageoires 
au-dessus ni au-dessous de la queue; les côtés de la 
queué relevés lonsitudinalement en carène, ou une 
pelile nageoire composée de deux aiguillons et d'une 
inembrane au-deyant de la nagcoire de l'anus, on la 
nageoire dorsale très-prolongée vers celle de la queue: 
la lèvre supérieure très-peu extensible, ou non exten- 
sible; point d'aiguillons isolés au-devant de la nageoire. 


du dos. 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 


x. LE CARANX. PÉLAGIQUE. 


(Caranxæomorus pelagicus.) 
(l 


{Quarante rayons à la nageoire du dos. 


{Les pectorales nne fois plus longues que les: 


ù . PLUMIÉRIEN. ; 
2. LE CAR. PL F thoracines ; la dorsale et l’anale en forme 


ps F ETÉATIUS. 
( Caranxom. plumiert ) de Faux. 


— 


LE CARANXOMORE PÉLAGIQUE: 


Lxs caranxomores différent des caranx , en ce qu'ils 
n’ont qu’une seule nageoire dorsale ; ils leur.ressem- 
blent d’ailleurs par un très-grand nombre de traits, 
aiusi que leur nom l'indique. 

Le nombre des rayons de la nageoire >. du dos dis- 
tingue le pélagique, auquel on ne doit avoir donné le 
nom qu'il porte, que pour désigner l'habitude de se 
tenir fréquemment en pleine mer’. 


0 2 ED AO EN CINE ESS GRECE UNI RE ONE ETES ARE OEE 


: Caranxomorus pelagieus. \# 
Scomber pelagicus. Linné, édition de Gmelin. 

Mus. Ad, Frid. x t p. 72, tab. 30 , fig. 3. 

Scombre monoptère. Daubenton, Encyclopédie méthodique. 
-Id. Bonnaterre, planches de V Encyclopédie méthodique. 


3 À la nageoire dorsale du pélagique, .40 YayOns. 
à chacune des pectorales 19 
à chacune des thoracines | 5 
à celle de Panus 22 


à celle de la queue, qui est très-fourchue, 20 


LE CARANXOMORE PLUMIÉRIEN *. 


Parmi les peintures sur vélin du Muséum d'histoire 
naturelle , se trouve l'image de ce poisson , dont on 
doit le dessin au voyageur Plumier. Ce caranxomore 
parvient à une grandeur considérable, et n’est cou- 
vert que d’écailles très-petites. La nageoire dorsale ne 
commence que vers le milieu de la longueur totale de 
l'animal ; elle ressemble presque en tout à celle de 
l'anus, au-dessus de laquelle elle est située. La nuque 
présente un enfoncement qui rend le crâne convexe ; 
la ligne latéralé est courbe et rude ; trois lames com- 
posent chaque opercule ; les mâchoires sont aussi avan- 
cées l’une que l’autre ; le dessus du poisson est bleu , 
et le dessous d’un blanc argenté et mêlé de rougeâtre. 
CURE VERSER UT | aneliees LME An Lee 
* Caranxomorus plumierianus. : 
Trachurus maximus, squamis minutissimis, Manuscrits de Plumiers 


Le, 


SOIXANTE-CINQUIÈME GENRE. 
LES CÆSIO. 


Une seule nageoire dorsale; point de petites nageoires au- 
dessus ni au-dessous de la queue; les côtés de la queue 
relevés longitudinalement en carène, ou une petite na- 
geoire composée de deux aiguillons et d’une membrane 

au - devant de la nageoire de l'anus, ou la nageoire 

dorsale très-prolongée vers celle de la queue; la lèvre 
supérieure très-extensible; point d'aiguillons isolés au- 
devant de la nageoire du dos. 


ESPÈCES. CARACTÈRES, 
L’opercule branchial recouvert d’écailles 


1, LE CÆSIO AZUROR. 
semblables à celles du dos, et placées les: 


(Cæœsio cœrulaureus.) : 
unes au-dessus des autres. 
2. LE CÆs:0O PouLAIN.fUne fossette calleuse et une bosse osseuse: 
(Cæsio equulus.) au-devant des nageoires thoracines, 


LE CÆSIO AZUROR *. 


Czsto est le nom générique donné par Commerson 
au poisson que nous désignons par la dénomination 
spécifique d'azuror, laquelle annonce l'éclat de l'or et 
de l'azur dont il est revêtu. Le naturaliste voyageur a 
tiré ce nom de cæsio, de la couleur bleuâtre , en latin : 
cæsius , de l'animal qu’il avoit sous ses yeux. En recon- 
noissant les grands rapports qui lient les cæsio avec les 
scombres , il a cru cependant devoir les en séparer. Et 
c'est en adoptant son opinion que nous avons établi 
le genre particulier dont nous nous occupons, que 
nous avons cherché à eirconscrire dans des limites 
précises , et auquel nous avons cru devoir rapporter 
non seulement le cæsio azuror décrit par Commerson, 
Anais encore le poulain placé par Forskael, et d'après 
lui par Bonnaterre , au milieu des scombres, et inscrit 
par Gmelin parmi les centrogastères. 

L’azuror est très-beau. Le dessus de ce poisson est 
d'un bleu céleste des plus agréables à la vue , et qui, 
s'étendant sur les côtés de l’animal, y encadre , pour 
ainsi dire, une bande longitudinale d'un jaune doré 
LP DE LT NE A tt ee Re tt tn 1 Cr 

* Cæsio cærulaureus. | 

Cæsio dorso cæruleo, tæni lineæ laterali superductä, flavescente deau- 


ratâ, corpore subteriore argenteo, caudæ marginibus undique rubentibus. 
Commerson, manuscrits déja cités. 


HISTOIRE NATURELLE, O7 


qui règne au-dessus de la ligne latérale, suit sa 
courbure, et en parcourt toute l'étendue. La partie 
inférieure du cæsio est d’un blanc brillant et argenté. 

Une tache d’un noir très-pur est placée à la base 
de chaque nageoire pectorale, qui la cache:en partie, 
mais en laisse paroître une portion, laquelle pré- 
sente la forme que l’on désigne par le nom de cheyrom 
brisé. | ; 

La nagenire de la queue est brune, et bordée dans 
presque toute sa circonférence d’un rouge élégant. 
_ L'anale est peinte de la même nuance que cette bor- 
dure. On retrouve la même teinte au milieu du brun 
des pectorales ; la dorsale est brune , et les thoracines- 
sont blanchâtres. 

L'or, l'argent, le rouge, le bleu céleste, le noir , sont 
donc répandus avec variété et magnificénce sur le 
cæsio que nous considérons ; et des nuances brunes: 
sont distribuées aw milieu de ces couleurs brillantes. 
comme pour les faire ressortir, et terminer l'effet du 
tableau par des ombres. | 

Cette parure frappe d'autant plus les yeux de l’ob- 
servateur, qu’elle est réunie avec un volume un peu 
considérable , FPazuror étant à peu près de la grandeur 
du maquereau, avec lequel il a d’ailleurs plusieurs: 
rapports. | | 

Au reste , n'oublions pas de remarquer que cet éclat 
et cette diversité de couleurs que nous admirons en 


ete HISTOIRE NATURELLE 


tâchant de les peindre , appartiennent à un poisson 
qui vit dans l'archipel des grandes Indes , particulie- 
rement dans le voisinage des Moluques , et par consé- 
quent dans ces contrées où une heureuse combi- 
naison de la lumière , de la chaleur , de l'air , et des 
autres élémens de la coloration , donne aux perro- 
queis, aux oiseaux de paradis, aux quadrupèdes ovi- 
pares , aux serpens, aux fleurs des grands arbres , ef 
à celles des humbles végétaux, l'or resplendissant du 
soleil des tropiques , et les tons animés des sept cou- 
leurs de l’are céleste. | 

L’azuror brilloit parmi les poissons que les naturels 
des Moluques apportoient au vaisseau de Commerson; 
et le goût de sa chair étoit agréable. 

Le museau de ce cæsio est pointu; la lèvre supé- 
rieure très -extensible ; la mâchoire inférieure plus 
avancée que celle de dessus, lorsque la bouche est 
ouverte ; chaque mâchoire garnie de dents si petites, 
que le tact seul les fait distinguer ; la langue très-petite, 
cartilagineuse, lisse, et peu mobile; le palais aussi lisse 
que la langue ; l'œil ovale et très-grand ; chaque oper- 
cule composé de deux lames , recouvert de petites 
écailles, excepté sur ses bords , et comme ciselé par 
des rayons ou lignes convergentes ; la lame postérieure 
de cet opercule conformée en triangle ; cet opercule 
branchial placé au - dessus du rudiment d’une cin- 
quième branchie ; la concavité des arcs osseux qui sou= 


DÉS VP'O IS S ON'S. 09 
tiennent les branchies , dentée comme un peigne ; la 
nageoire dorsale très-longue ; et celle de la queue pro- 
fondément échancrée *. 


* À la membrane branchiale 7 rayons. 
à la nageoire du dos 9 rayons aiguillonnés et 15 ray. articulés. 


à chacune des pectorales 24 rayons. 
à chacune des thoracines 6 rayons. 
à celle de l’anus 2 rayons aiguillonnés et 13 ray. articulés. 


à celle de la queue 17 rayons. : 


TOME IIl 12 


LLC S TO AOEUPELA LE NT 


Ce poisson a une conformation peu commune. 

Sa tête est relevée par deux petites saillies alongées 
quiconvergent et se réunissent sur le front ; un ou deux 
aiguillons tournés vers la queue sont placés au-dessus 
de chaque œil; les dents sont menues, flexibles, et, 
pour ainsi dire, capillaires ou sétacées ; l'opercule est 
comme collé à la membrane branchiale ; on voit une 
dentelure à la pièce antérieure de ce même opercule ; 
une membrane lancéolée est attachée à la partie supé- 
rieure de chaque nageoire thoracine ; la dorsale et la 
nageoire de l'anus s'étendent jusqu'à celle de la queue, 
qui est divisée et présente deux lobes distincts ; et 
enfin , au-devant des nageoires thoracines , paroît une 
sorte de bosse ou de tubercule osseux, aigu, et suivi 
d'une petite cavité linéaire , et également osseuse ou 
calleuse. Ces deux callosités réunies, cette éminence, 
et cet enfoncement, ont été comparés à une selle de 
cheval ; on a cru qu'ils en rappeloient vaguement la 
forme ; et voilà d’où viennent Les noms de petit cheval, 


* Cæsio equulus. . 

Centrogaster equula. Zinné, édition de Gmelin. 

Forskael, Faun. Arabic. p. 58, 1.977. 

Scombre petite jument. Bonnaterre, planches de Encre métho- 


dique. 


HISTOIRE NATURELLE. Of 
de petite jument, de poulain et de pouline, donnés au 
poisson que nous examinons ‘. 

Au reste, ce cæsio est revêtu d’écailles très-petites , 
mais brillantes de l'éclat de l'argent. Il parvient à la 
longueur de deux décimètres. Forskael l’a vu dans la 
mer d'Arabie , où il a observé aussi d’autres poissons * 
presque entièrement semblables au poulain, qui nen 
différent d'une manière très-sensible que par un ou 
deux rayons de moins aux nageoires dorsale , pecto- 
rales et caudale, ainsi que par la couleur glauque et 
la bordure jaune de ces mêmes nageoires ,. des thora- 
cines, et de celle de l’anus , et que nous considérerons , 
quant à présent et de même que les naturalistes Gmelin 
et Bonnaterre , comme une simple variété de l'espèce 
que nous venons de décrire. : 


* A Ja membrane des branchies 4 rayons. 


à la nageoire du dos 8 rayons aiguillonnés et 16ray. articulés. 
à chacune des pectorales 18 rayons. 
à chacune des thoracines 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés; 
à celle de Panus 3 rayons aiguillonnés et 15 ray. articulés. 
à celle de la queue 17 rayons. 


? Scomber pinnis glaucis, margine flavis. Forskael, Faun. Arabic. p. 58; 
Scombre meïllet. Bonnaterre, planches de l’ Encyclopédie méthodique. 


SOIXANTE-SIXIÈME GENRE. 
LES CÆSIOMORES. 


Une seule nageoire dorsale; point de petites nageoires 
au-dessus ni au-dessous de la queue; point de carène 
latérale à la queue, ni de petite nageoire au-devant 
de celle de l'anus; des aiguillons isolés au-devant de la 
nageoire du dos. 


ESPÈCES, CARACTÈRES. | 
Deux aïguillons isolés au-devant de la na. 


1. LE CÆSIOMORE BAILLON. k 
geoïre dorsale ; le corps et la queue revétus 


(Cæsiomorus Baïllonii.) k À 
d’écailles assez grandes. 


Cinq aiguillons isolés au-devant de la na- 
geoire dorsale ; le corps et la queue dénués 
d’écailles facilement visibles, 


2. LE CÆSIOMORE BLOCH. 
{Cæsiomorus Blochii.) 


FF “Jourdan ub 


om nm 


LE CÆSIOMORE BAILLON*. 


N ous allons faire connoître deux cæsiomores : aucune 
de ces deux espèces n’a encore été décrite. Nous en 
avons trouvé la figure dans les manuscrits de Com- 
merson ; et elle a été gravée avec soin sous nos yeux. 
Nous dédions l’une de ces espèces au citoyen Baillon, 
l’un des plus zélés et des plus habiles correspondans 
du Muséum national d'histoire naturelle , qui rend 
chaque jour de nouveaux services à la science que 
nous cultivons , par ses recherches, ses observations, 
et les nombreux objets dont il enrichit les collections 
de la république, et dont Buffon a consigné le juste 
éloge dans tant de pages de cette Histoire naturelle. 
Nous consacrons l'autre espèce à la mémoire du 
savant et célèbre ichthyologiste le docteur Bloch de 
Berlin , comme un nouvel hommage de l'estime et de 
l'amitié qu'il nous avoit inspirées. 

Le cæsiomore baïllon a le corps et la queue couverts 
d'écailles assez grandes , arrondies, et placées les unes 
au-dessus des autres. On n’en voit pas de semblables 
sur fa tête ni sur les opercules, qui ne sont revêtus 
que de grandes lames. Des dents pointues et un peu 
séparées les unes des autres garnissent les deux 


* Cæsiomorus Baillonii. 


O4 HISTOIRE NATURELLE. 


mâchoires , dont l’inférieure est plus avancée que la 
supérieure. On voit le long de la ligne latérale, qui est 
courbe jusque vers le milieu de la longueur totale de 
l'animal, quatre taches presque rondes et d'une eou- 
leur très-foncée. Deux aiguillons forts, isolés, et tournés 
en arrière, paroissent au-devant de la nageoire du dos, 
laquelle ne commence qu'au-delà de l'endroit où le 
poisson montre la plus grande hauteur, et qui, con- 
formée comme une faux, s'étend presque jusqu'à la 
nageoire caudale. 

La nageoire de l’anus, placée au-dessous de la dor- 
sale , est à peu près de la même étendue et de la même 
forme que cette dernière, et précédée, de même, de 
deux aiguillons assez grands et tournés vers la queue. 

La nageoire caudale est très-fourchue ; Îles thora- 


cines sont beaucoup plus petites que les pectorales. 


‘ 


mm 


LE CÆSIOMORE BLOCH*. 


Ce poisson a beaucoup de ressemblance avec le baillon: 
la nageoire dorsale et celle de l'anus sont en forme de 
faux dans cette espèce , comme dans le cæsiomore dont 
nous venons de parler; deux aiguillons isolés hérissent 
le devant de la nageoire de l'anus ; la nageoire caudale 
est fourchue , et les thoracines sont moins grandes que 
les pectorales dans les deux espèces : mais les deux 
lobes de la nageoire caudale du bloch sont beau- 
coup plus écartés que ceux de la nageoire de la queue 
du baïllon ; la nageoire dorsale du bloch s'étend vers 
la tête jusqu'au-delà du plus grand diamètre vertical 
de l'animal ; cinq aiguillons isolés et très-forts sont 
placés au-devant de cette même nageoire du dos. La 
nuque est arrondie ; la tête grosse et relevée ; la 
mâchoire supérieure terminée en avant , comme l'infé- 
rieure, par une portion très-haute, très-peu courbée, 
et presque verticale ; deux lames au moins composent 
chaque opercule ; on ne voit pas de tache sur la ligne 
latérale , qui de plus est tortueuse; et enfin, les tégu- 
mens les plus extérieurs du bloch ne sont recouverts 
d'aucune écaille facilement visible. 

an ee OL ER VAN ERREUR 0e RTE (EN PIEN OR PEU 


# Cæsiomorus Blochii. 


SOIXANTE-SEPTIÈME GENRE. 
LES CORIS. 


La tête grosse et plus élevée que Le corps; le corps com- 
primé et très-alongé; le premier ou le second rayon de 
chacune des nageoires thoracines, une ou deux fois 

. plus alongé que les autres; point d’écailles semblables 
a celles du dos sur les opercules ni sur la tête, dont la 


couverture lamelleuse et d'une seule pièce représente 
ure sorte de casque. 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 
Le premier rayon de la nageoire du dos, 


x, LE CORIS AIGRETTE. . une ou deux fois plus long que les autres; 


(Coris aygula) l’opercule terminé par une ligne courbe ; 


une bosse au-dessus des yeux. 


Le premier rayon de la nageoire du dos un 
peu plus court que les autres, ou ne les 


| ANGULÉ. 
net ci surpassant pas en longueur ; l’opercule ter- 


<Coris angulatus. Ë F e 
(Coris ang ) miné par une ligne anguleuse; point de 


bosse au-dessus des yeux. 


LELGORIS AMERETTE* 


QuezLes obligations les naturalistes n’ont-ils pas 
au célèbre Commerson! Combien de genres de pois- 
sons dont ses manuscrits noûs ont présenté la des- 
cription ou la figure, et qui, sans les recherches 
multipliées auxquelles son zèle n’a cessé de se livrer, 
seroient inconnus des amis des scientes naturelles! Ii 
a donné à celui dont nous allons parler, le nom de 
coris, qui, en grec, signifie sommet, tête, étc., à cause 
de l'espèce de casque qui enveloppe et surmonte la tête 
des animaux CORRE dans cette famille. Cette sorte 
de casque, qui embrasse le haut, les côtés et le dessous 
du crâne, des yeux et des mâchoires, est formée d’une 
substance écaïlleuse, d'une grande lame, d’une seule 
pièce, qui même est réunie aux opercules, de manière 
à ne faire qu'un tout avec ces couvercles des organes 
respiratoires. L'ensemble que ce casque renferme, 
ou la tête proprement dite, s'élève plus haut que 
le dos de l'animal, dans tous les coris; mais dans 
l'espèce qui fait le sujet de cet article, il est un peu 
plus exhaussé encore : le sommet du crâne s'arrondit 
de manière à produire une bosse ou grosse loupe au- 
dessus des yeux; et le premier rayon de la nageoiré 
So om 
* Coris aygula. 
TOME III. 19 


98 . HISTOIRE NATURELLE. 
dorsale, une ou deux fois plus grand que les autres, 
étant placé précisément derrière cette loupe, paroit: 
comme une aigrette destinée à orner le casque du 
poisson. j 

Chaque opercule est terminé du côté de la queue- 
par une ligne courbe. La lèvre supérieure est double: 
da mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure ;: 
chacune des deux mâchoires, garnie d'un rang de 
dents fortes, pointues, triangulaires et inclinées. La: 
Hgne latérale suit de très - près la courbure du dos. 
Le premier rayon de chaque thoracine, qui en ren-- 
ferme sept, est une fois plus alongé que les autres. 
La nageoire dorsale est très-longue, très - basse, et: 
de la même hauteur, dans presque toute son étendue. 
Celle de l'anus présente des dunensions bien diffé 
rentes; elle est beaucoup plus courte que la dorsale :: 
ses rayons, plus longs que ceux de cette dernière, lui: 
donnent plus de largeur ; sa figure se rapproche de. 
celle d’un trapèze. Et enfin la nageoire caudale est: 
rectiligne, et ses rayons dépassent de beaucoup la. 
mermbrané.qui les réunit”. 


* À la nagcoire du dos 21 layOns. 
à-chacune des pectorales 11 
à chacune desthoracines 7. 
à celle de l’anus  : 
à-celle de la queue. 1@ 


LE CORIS ANGULEUX.: 


Cx coris diffère du précédent par six traits princet- 
paux : son Corps est beaucoup plus alongé que celui 
de l’aigrette ; le premier rayon de la nageoire dorsale 
ne dépasse pas les autres ; la ligne latérale ne suit pas 
dans toute son étendue la courbure du dos, elle se 
‘Héchit en en-bas, à une assez petite distance de: la 
nageoire caudale, et tend ensuite directement vers 
cette nageoire ; le sommet du crâne ne présente pas 
de loupe ou de bosse; chaque opercule se prolonge 
vers la queue, de manière à former un angle saillant, 


au lieu de n'offrir qu’un contour arrondi; et les deux 
mâchoires sont également avancées *. 


: Coris angulatus. 


2 À la nageoire du dos 20 rayons. 
à chacune des pectorales 15 
à la nageoire de l’anus 15 
à celle de la queue 10 


SOIXANTE-HUITIEME GENRE. 
LES COMPADOES. 


Le museau: alongé en forme de clou ou de masse, la tête: 
et les opercules dénués d'écailles semblables à celles du, 


dos. 


ESPÈCES: CARACTÈRES:, 
LE comPpHose BLEU./Toute la surfäce du poisson, d’une couleur- 


(Gomphosus cæruleus.) bleue foncée. 


2. LE GOMPHOSE vARTÉ. La couleur générale mélée de rouge, dé- 
(Gomphosus varius.) jaune-et de bleu. 


be-dére dal ER: LE EE  Vileey Rp 


LE GOMPHOSÉ BLEU" 


Commerson a laissé dans ses manuscrits la deserip- 
tion de ce poisson qu'il a observé dans ses voyages, 
que nous avons cru, ainsi que lui, devoir inscrire 
dans un genre particulier, mais auquel nous avons 
donné le nom générique de gomphos, plutôt que celui 
d elops, qui lui a été assigné par ce anis Le mot 
gomphos désigne , aussi-bien que celui d’elops, la forme 
du museau de ce poisson, qui représente une sorte 
de clou ; et en employant la dénomination que nous 
avons. préférée, on évite toute confusion du genre 
que nous décrivons, avec une petite famille d'abdo- 
minaux connue depuis long-temps sous le nom 
d’élops. 

Le gomphose bleu est, suivant Commerson, de la 
grandeur du cyprin tanche. Toute sa surface présente 
une couleur bleue sans tache, un peu foncée ou noi- 
râtre surles nageoires pectorales, et très-claire sur les 
autres nageoires. L’œil seul montre des nuances diffé 
rentes du bleu; la prunelle est bordée d'un cercle: 
blanc, autour duquel l'iris présente une belle ‘couleur 
d'émeraude ou d’aigue-marine. 


* Gomphosus cæruleus. 
Elops, totus intensè cæruleus;- rostro subulato, capite et operculis: 
branchiosteais, alepidotis. Comwnerson, manuscrits déja cités. 


O2 HIS IV ONURTE NPANT UCR E L'L'E 

Le corps est un peu arqué sur le dos, et beaucoup 
plus au-dessous du ventre. La tête, d'une grosseur 
médiocre, se termine en devant par une prolongation 
-dù museau, que Commerson a comparée à un clou, 
dont la longueur est égale au septième de la longueur 
totale de l'animal, et qui a quelques rapports avec le 
boutoir du sanglier. La mächoire supérieure est un 
peu extensible, et quelquefois un peu plus avancée 
que linférieure ; ce qui n'empêche pas que l'avant- 
bouche, dont l'ouverture est étroite, ne forme une 
sorte de tuyau. Chaque mâchoire est composée d’un 
os garni d'un seul rang de dents très-petites et très- 
serrées l'une contre l’autre ; et les deux dents les plus 
-avancées de la mâchoire d’en-haut sont aussi plus 
grandes que celles qui les suivent. 

Tout l’intérieur de la bouche est d’ailleurs lisse, et 
d'une couleur bleuâtre. 

Les yeux sont petits et très-proches des orifices des 
narines, qui sont doubles de chaque côté. 

On ne voit aucune écaille proprement dite, ou sem- 
‘blable à celles du dos , sur la tête ni sur les opercules 
du gomphose bleu. Ces opercules ne sont hérissés d’au- 
cun piquant. Deux lames les composent : la seconde 
de ces pièces s'avance vers la queue, en forme de 
pointe; et une partie de sa circonférence est bordée 
dune membrane. 

On voit quelques dentelures sur la partie concave 
des arcs osseux qui soutiennent les branchies, 


| GE 
DB SE CPUHOBESTS ON O9: 
La portion de la nageoire dorsale aui comprend des 
5 } Ï 

rayons aiguillonnés, est plus basse que la partie de 
cette nageoire dans laquelle on observe des rayons. 
articulés. La nageoire caudale forme un croissant dont 

les deux pointes sont très-alongées *. * 

Ï 
La ligue latérale, qui suit la A du dos : jusqu ‘a 
la fin de la nageoire dorsale, où elle se fléchit vers le- 
bas pour tendre ensuite directement vers la nageoire” 
caudale, a son cours marqué par une suite de petites: 
raies disposées de manière à. imiter des caractères chi-- 
nois, \ 

Les écailles qui recouvrent le corps et la queue du: 
gomphose bleu, sont assez larges ; et les petites lignes. 
qu elles montrent, les font D aroitre comme ciselées. 
PEN COR EN OP A TER OR BR SEE en PRE ER ER OR TETE 

x 6 rayons à la membrane des branchies. 

8 rayons aiguillonnés et 14 rayons articulés à.la nageoire du dos. 

14 rayons à chacune des pectorales. 

6 rayons à chacune des thoracines. ( Le second se prolonge en un doi 
ment.) 


2rayons aiguilonnés et 12 rayons articulés à la nageoire de l’anus.. 
r4 rayons à celle de la queue. | 


LE GOMPHOSE VARIÉ* 


A 
\ 


Sur Les bords charmans de la fameuse isle de Taïti, 
Commerson a observé une seconde espèce de gom- 
phose , bien digne, par la beauté ainsi que par l'éclat 
de ses couleurs, d’habiter ces rivages embellis avec 
tant de soin par la Nature. Elle est principalement 
distinguée de la première par ces riches nuances qui 
la décorent; elle montre un brillant et agréable mé- 
lange de rouge, de jaune et de bleu. Le jaune domine 
dans cette réunion de tons resplendissans ; mais l’azur 
y est assez marqué pour être un nouvel indice de la 
parenté du varié avec le gomphose bleu. 


* Gomphosus varius. 
Ælops rubro, cæruleo et flavo variegatus. Commerson, manuscrits déja 


Lilés. 


SOIXANTE:NEUVIÈME GENRE. 


LES NASONS. 


Une protubérance en forme de corne ou de 2rosse loupe 

sur le nez; deux plaques ou boucliers de chaque cÔLÉ 
de l'extrémité de la queue; le corps et la queue recou- 
verts d une peau rude et comme chagrinée. 


| ESPÈCES. CTARACTÈRES. 
( Une protubérance cylindrique, horizontale, 


1, LE,NASON LICORNET, 
t'en forme de corne au-devant des yeux; 


Naso fronticornis. ; RTÈE: 
L ) une ligne latérale très-sensible. 


Une proéminence en forme de grosse loupe, 
2, LE NASON LOUPE. 


au-dessus de la mâchoire supérieure ; 5 point 
si tuberosus. ) 


de ligne latérale visible. 


TOME IT. 44 


rm mm im 


LÉTNASON/LIGORNET* 


Sans les observations de l'infatigable Commerson , 
nous ne connoîtrions pas tous les traits de l'espèce du 
licornet, et nous ignorerions l'existence du poisson 
loupe, que nous avons cru, avec cet habile voyageur, 
devoir renfermer, ainsi que le licornet, dans un genre 
particulier, distingué par le nom de zason. 

La première de ces deux espèces frappe aisément 
les-regards par-la singularité de: la fotine dé sa tête; 
elle attire l'attention de ceux même qui s'occupent le 
moins des sciences naturelles. Aussi avoit-elle été très- 
remarquée par Les matelots de l'éxpédition dont Com- 
merson faisoit partie : . ils l'avoient examinée assez sou- 
vent pour lui donner un nom; et comme ils avoient 
facilement saisi un rapport He -marqué que présente 
son museau avec le front des animaux fabuleux aux- 
quels. Famour du merveilleux a depuis long-temps 
attaché la dénomination de licorne, ils lavoient appelée 


ES 


* Naso fronticornis. 

Naseus fronticornis fuscus. Commerson, manuscrits déja cités. 
Licornet des matelots. Id. 1bid. : 
Chætodoù unicornis. Linné, édition de Gmelin. 

Forskael, Faun. Arabic. p. 63, n. 88. 

Chétodon unicorne. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie métho-- 


#iques 


veuve Terdieu Je 


HS D OUR E N AIDIU RE LIBE, 1017 


la petite licorne, ou le licornet, “PORTER que j'ai cru 
devoir ver. 

En effet, de l’entre - deux des yeux de ce poisson 
part une protubérance presque cylindrique, renflée 
à son extrémité, dirigée horizontalement vers le bout 
du museau, et sta oHEL à da tête BOUPFERERE dite (ps 
une base assez large. 

C'est sur cette mème base que l’on voit. de chaque 
côté deux orifices de narines, dont l’antérieur est le 
plus grand. 

Les yeux sont assez gros. 

Le museau proprement dit est un peu pointu ; l’ou- 
verture de la bouche étroite ; la lèvre supérieure foi- 
blement extensible; la mâchoire d’en-haut un peu 
plus courte que celle d’en-bas, et garnie, comme cette 
dernière, de dents très-petites, aigués , et peu serrées 
les unes contre les autres. 

Des lames osseuses composent les opercules, au- 
dessous desquels des ares dentelés dans leur partie con- 
cave soutiennent de chaque côté les quatre branchies * 

Le corps ét la queue sont très-comprimés, carenés 
en haut, ainsi'qu’en bas, et recouverts d’une peau 


/ 


c10 67: rayons à la membrane des branchies. 
6 aiguillons et 30 rayons articulés à la nageoire du dos. 
17 rayons à chaque nageoire pectorale, | 
x aiguillon et 3 rayons articulés à chacune des thoracines. 
2 aiguillons et 30 rayons articulés à la nageoire de l'anus. 
20 rayons à la nageoiïre de la queue. 


108 ‘HISTOIRE NATURBLLE 
rüde, que l'of peut comparer à celle-de plusieurs ear-- 
tilagineux, et notamment de la plupart des Muales. 

La ‘couleur que présente la surface presque entière 
de l'animal, est d'un gris brun; mais la nageoire du 
dos, ainsi que celle’ de l'anus, sont agréablement 
variées par des raies Courbes, jaunés ou dorées. 

Cette même nageoire dorsale s'étend depuis la nuque 
jusqu’à une assez petite distance de: fa nageoire cau-- 
dale. | 

La ligne latérale est voisine du dos, dont elle suit 
la courbure ; l'anus est situé très-près de la base des: 
thoracines, et par conséquent plus éloigné de. la 
nageoire caudale que dé la gorge: 

La nageoire de l'anus est un: peu plus basse et 
presque aussi longue! que celle du des. 
| La caudale est auliancrée en forme de croissant, et 
les deux cornes qui la terminent sont composées de 
rayons si alongés, que lorsqu'ils se rapprochent, ils 
PP presque'un cércié parfait, au lieu de ne 
montrer qu un démiccerete. rot 

De plus, on voit auprès de la base de cette nageoire;. 
et de chaque côté dé la queue, deux plaques osseuses } 
que-Commerson-nonme. de-perits boucliers. dont.cha-. 
cune est grande, dit ce voyageur, comme l'ongle du: 
petit doigt de l'homme, et composée d'une: rl un. 
peu relevée en carène et échancrée par-dévant: 

On doit appercevoir d'autant plus aisément ces deux: 
pièces qui forment un caractère: remarquable, que la: 


DA ELSS qe GORE SE Su ON S2: 109 


Tongueur totale de. l'animal. n'excède. pas quelquefois 
trénte-cinq centimètres. Alors le plus grand diamètre 
vertical du corps proprement dit, celui que l'on peut 
mesurer au-dessus de: l'anus, est de dix ou onze cen- 
timètres ; la plus grande épaisseur, du poisson est de 
quatre centimètres; et la partie de la corne frontale 
et-horizontale, qui est entièrement dégagée du front, 
a un centimètre de longueur., | 
Commerson a vu le licornet auprès des rivages de 
l'isle de France; et si les dimensions que nous venons: 
d'indiquer d'après le manuscrit de ce naturaliste, 
sont celles que ce nason: présente-le plus souvent dans: 
les parages que ce voyageur a fréquentés , il faut que 
cette espèce soit bien plus favorisée pour son dévelop- 
pement dans la mer Rouge ou mer d'Arabie. En effet, 
Forskael, qui l’a décrite, et qui a cru devoir la placer 
parmi celles de la famille des chétodons, au milieu 
desquels elle a été faissée par le savant Gmelin et 
par le citoyen Bonnaterre, dit quelle parvient à la 
longueur de cent dix-huit centimètres (une aune ou: 
environ). Les licornets vont par troupes nombreuses. 
dans cette même mer d'Arabie: on en voit depuis deux. 
cents jusqu'à quatre cents ensemble ;:et l’on doit en: 
être d'autant moins surpris; que l'on assure qu'ils ne: 
se nourrissent que des plantes qu'ils peuvent rencon- 
trer sous les eaux. Quoiqu'ils n'aient le besoin ni l’ha- 
bitude d'attaquer une proie, ils usent avec courage: 
des avantages que leur donnent leur grandeur et la: 


| 
410 HISTOIRE NATURELLE. ; 


conformation de leur tête ; ils se défenderñt avec suc- 
cès contre des ennemis dangereux; des pêcheurs arabes 
ont même dit avoir vu une troupe de ces thoracins 
entourer avec audace un aigle qui s'étoit précipité sur 
ces poissons comme sur des animaux faciles à vaincre, 
opposer le nombre à la force, assaillir l'oiseau carnas- 
sier avec une sorte de concert, et le combattre avec 
assez de constance pour lui donner la mort. 


LE NASON LOUPE"*. 


Cerre espèce de nason, observée, décrite et dessi- 
née. comire la première, par Commerson, qui l'a vue 
dans les mêmes contrées, ressemble au licornet par la 
compression de son corps et de sa queue, et par la 
nature de sa peau rude et chagrinée ainsi que celle des 
squales. Sa couleur générale est d’un gris plus ou moins 
mêlé de brun, et par conséquent très-voisine de celle 
du licornet; mais on distingue sur 14 partie supérieure 
de l'animal, sur sa nageoire dorsale et sur la nageoire 
de la queue, un grand nombre de taches petites, len- 
ticulaires et noires. Celles de ces taches que l'on 
remarque auprès des nageoires pectorales, sont un 
peu plus larges que les autres; et entre ces mêmes 
nageoires et les orifices des branchies , on voit üne 
place noirâtre ét très-rude au toucher. 

_ La tête est plus grosse, à proportion du reste du 


æeorps, que celle du licornet. La protubérance nasale 
g. 


ne se‘ détache pas du museau autant que la corne de 
ce dernier nason : elle s'étend vers le haut ainsi que: 
vers les côtés ; elle représente une loupe ou véritable 


% Naso tuberosus. 
Licorne à loupe. Commerson, maruscrits.déja cités. 
Naseus,. naso ad rostrum connato , tuberiformi. 1d. ibid. 


112 HISTOIRE NATURELLE 


bosse. Un sillon particulier, dont la couleur est très- 
obscure, qui part de l'angle antérieur de Pœil, et qui 
._+ègne jusqu'à l'extrémité du museau, circonscrit cette 


grosse tubérosité; et c'est au-dessus de l’origine de ce 


sillon, et par conséquent très-près de l'œil, que sont 
situés, de chaque côté, deux orifices de narines, dont 


l'antérieur est le plus sensible. 

Les yeux sont grands et assez rapprochés du nitro 
de la tète; les lèvres sont coriaces ; la mâchoire supé- 
rieure est plus avancée que l’inférieure, la déborde, 
l'embrasse, n'est point du tout extensible, et montre, 
comme la mâchoire d’en-bas, un contour arrondi, et 


un seul rang de dents sncisives. 


Le palais et le gosier présentent des plaques héris- 

sées de petites dents. 
Chaque opercule est composé de deux ipéael 

Les ares des branchies sont tuberculeux et dentelés 
dans leur concavité. 

Les aiguillons de la nageoire du dos et des thora- 
cines sont très - rudes * UE premier: aiguillon de. la 
nageoire dorsale est On très- large à sa base ; : 
la nageoire caudale est en forme de croissant, mais 
peu échancrée. On n'appercoit pas de ligne latérale : 


* 4 rayons à la membrane des branchies. 
5 rayons aiguillonnés et 30 rayons articulés à la nageoire du dos. 
17 rayons à chacune des pectorales. 
2 aiguillons et 28 rayons articulés à la nageoire ?de l'anus. 
#6 rayons à la nageoïre de la queue. 


NET FENG DST D NS 113 


mas on trouve, de chaque côté de la queue, deux 
plaques ou boucliers analogues à ceux du licornet. 


Le nason loupe devient plus grand que le licornet ; 


ze e . 591 nm ° 
il parvient jusqu'à la longueur de cinquante centi- 


mètres, 


TOME III. 15 


SOIXANTEDIXIÈEME GENRE. 
LES KYPHOSES. 


Æe dos trés-élevé au-dessus d'une ligne tirée depuis le 
bout du museau jusqu'au milieu de la nageoire cau- 
dale; une bosse sur la nuque; des écailles semblables” 
ä celles du dos, sur la totalité ou une grande partie 


des opercules qui ne sont pas dentelés. 


ESPÈCE. CARACTÈRES, 


LE KYPHOSE Don bosse sur la nuque ; une bosse entre les: 


(Æyphosus bigibbus.) yeux; la nageoire de la queue fourehue.. 


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LE KYPHOSE DOUBLE-BOSSE!, 


Commerson nous a transmis Ë figure de cet animal. 
La bosse que ce poisson a sur la nuque, est grosse, 
arrondie, et placée sur une partie du corps tellement 
élevée, que si on tire une ligne droite du museau au 
milieu de la nageoire caudale , la hauteur du sommet 
de la bosse au- dessus de cette ligne horizontale est 
au moins égale au quart de la longueur totale de ce 
thoracin. La seconde bosse, qui nous a suggéré son 
nom spécifique, est conformée à peu près comme 
la première, mais moins grande, et située entre les 
yeux. La ligne latérale suit la courbure du dos , dont 
elle est très-voisine. Les nageoires pectorales sont 
alongées et terminées en pointe. La longueur de la 
nagcoire de l’'anüs n ‘égale que la moitié, ou environ, 
de celle de la nageoire dorsale. La nageoire-de la queue 
est tres-fourchue. Des écailles semblables à celles du 


dos recouvrent au moins une SR peste des oper- 
cules ‘. 


: Kyphosus bisibbus. 

Nota Le nom générique £yphose, KYPHosus, que nous avons donné à 
ce poisson, vient du mot £yphos , qui en grec signifie bosse, aussi-bien que 
kyrios, expression dont Bloch a fait dériver le nom d’un genre de jugu- 
laires, ainsi que nous l’avons vu. 

2 13 aiguillons et 12 rayons articulés à la nageoire dorsale. 

13 ou 14 rayons à chacune des pectorales. 
5 ou 6 rayons à chacune des thoracines. 
4 ou 15 à celle de l'anus. 


TOME 111, 4 0 


SOIXANTE-ONZIÈME GENRE. 
LES OSPHRONÈMES. 


Cinq ou six rayons à chaque nageoire 1horacine ; Le 
premier de ces rayons aiguillonné, et le second terminé 
par un filament très-long. 


ESPÈCES. CARACTÈRES, 


Ardenne CO En patme postémieure du dos PRAENTE Ja 
ligne latérale droite; la nageoire de la 


(Osphronemus goramy.) 4 
: _ queue, arrondie. - 


La levre inférieure plissée de chaque côté; 
les nageoires du dos et de l’anus très- 
basses ; celle de la queue, fourchue. | 


3, L’OSPHRONÈME GAL. 
(Osphronemus gallus.) 


L'OSPHRONÈME GORAMY:. 


Nous conservons à ce poisson le nom générique qui 
lui a été donné par Commerson, dans les manuscrits 
duquel nous avons trouvé la description et la figure 
de ce thoracin. | 

Cet osphronème est remarquable par sa forme, par 
sa grandeur, et par la bonté de sa chair. Il peut par- 
venir jusqu'a la longueur de deux mètres; et comnre 
sa hauteur est très-grande à proportion de ses autres 
dimensions , il fournit un aliment aussi Copieux qu'a- 
gréable. Commerson l’a observé dans l'Isle de France, 
en février 1770, par les soins de Seré, commandant 
des troupes nationales, Ce poisson y avoit été apporté 
de la Chine, où il est indigène, et de Batavia, où on 
le trouve aussi, selon l'estimable citoyen Cossigny*?. 


On l'avoit d’abord élevé dans des viviers; et il s’étoit 


: Osphronemus goramy. | 

Osphronemus olfax. Commerson, manuscrits déja cités. 

Poisson gouramie , ou gouramy. (Il faut observer que ce nom de poisson 
gouramie, ou gouramy, où goramy, à été aussi donné, dans le grand Otéan Fe 
au trichopode mentonnier.) 

* Devectus è Sina, educatus primüm in piscinis, etc. Manuscrits de 
Commerson. ‘ | 

« Le poisson n’est pas extrêmement commun dans le Bengale. y à 
» beaucoup: d’étangs dans le pays ; on pourroit en former des viviers, IX 
» seroit à propos d’y transplanter le goramy, cet excellent poisson que: 


119 HISTOIRE NATURELLE 


ensuite répandu dans les rivières, où il s’étoit multi- 
plié avec une grande facilité, et où il avoit assez 
conservé toutes ses qualités, pour être , dit Commer- 
_son, le plus recherché des poissons d’eau douce. Il 
seroit bien à desirer que quelque ami des sciences na- 
turelles, jaloux de favoriser l'accroissement des objets 
véritablement utiles, se donnât le peu de soins néces- 
saires pour le faire arriver en vie en France, tr accli- 
mater dans nos rivières , et procurer ainsi à notre 
patrie une nourriture peu chère, exquise, salubre, 
et très-abondante. 

Yayonsaqueile est la conformation -de cet osphro- 
nème goramy ”. 

Le corps est très- -comprimé € et Re Le dessous 
du ventre et de la queue et la partie postérieure du 
dos présentent une carène aiguë. Cette même extrémité 
postérieure du dos montre une sorte d'échancrure, 
qui diminue beaucoup la hauteur de l'animal, à une 
petite distance de la nageoïre caudale ; et- lorsqu'on 
n'a sous les yeux qu'un des côtés de cet osphronème, 


» nous avons transporté de Batavia à l'Isle de France, et qui sy est 
» naturalisé ». Woyage au Bengale, etc. par le citoyen Charpentier Cos- 
signy , éome Î, page 181. 
* 6 rayons à la membrane des branchies. 
13 aiguillons et 12 rayons articulés à la nageoire du dos. 
14 rayons à chacune des pectorales. 
1 aiguillon et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, 
IO 2 at et 20 rajons articulés à la nageoire de l'anus. 
16 rayons à celle de la queue, 


DE S :P OM &S ON s. [T9 


on voit facilement que: sa partie inférieure est plus 
arrondie, et s'étend au-dessous du diamètre longitu- 
dinal qui va du bout du museau à la fin de la queue, 
. beaucoup plus que sa partie supérieure ne s'élève au- 
dessus de ce même diamètre. 

* De larges écailles couvrent le corps, la.queue, les 
opercules et la tête ; et d’autres écailles plus petites 
revêtent une portion assez considérable des nageoires 
du dos et de l'anus. Le dessus de la tête, incliné vers 
le museau; offre d'ailleurs deux légers enfoncemens, 
La mâchoire supérieure est extensible; l'inférieure plus 
avancée que celle d'en-haut: toutes les deux sont gar- 
nies d'une double rangée de dents; le rang extérieur 
est composé de dents courtes et un peu recourbées en 
dedans; l’intérieur n’est formé que de dents plus petites: 
et plus serrées. | 

On appercçoit urre callosité au palais ; la langue est 
blanchâtre, retirée, pour ainsi dire, dans Île fond de 
la gueule , auquel elle est attachée; les orifices des. 
narines sont doubles ; chaque opercule est formé de 
deux lames, dont la première est excavée vers le bas. 
par deux ou:trois petites fossettes , et dont la seconde 
s'avance en pointe vers les nageoires pectorales , et de: 
plus est bordée d'une membrane. 

On apperçoit dans l'intérieur de la bouche, et au 
dessus des branclnies , une sorte d'os ethmoïde, laby- 
rinthiforme, pour employer l'expression de Comimersorr, 
et placé dans une cavité particulière. L'usage de cet os 


120 HISTOIRE NATURELTLE 

a paru au voyageur que nous venons de citer, très- 
digne d'être recherché, et nous nous en occuperons 
de nouveau dans notre Discours sur les parties solides 
des poissons. 

La nageoire du dos commence loin de la nuque, et 
s'élève ensuite à mesure qu'elle s'approche de la cau- 
dale, auprès de laquelle elle est très-arrondie. 

Chaque nageoire thoracine renferme six rayons. Le 
premier est un aiguillon très-fort; le second se termine 
par un filament qui s'étend jusqu'à l'extrémité de la 
nageoire de la queue, ce qui donne à l’osphronème 
un rapport très-marqué avec les trichopodes : mais 
dans ces derniers ce filament est la continuation d’un 
rayon unique , au lieu que, dans l'osphronème, chaque 
thoracine présente au moins cinq rayons. 

L’anus est deux fois plus près de la gorge que de 
l'extrémité de la queue: la nageoire qui le suit a une 
forme très-analogue à celle de la dorsale; mais, ce qui 
est particulièrement à remarquer , elle est beaucoup 
. plus étendue. 

On ne compte au-dessus ni au-dessous de la cau- 
-dale, qui est arrondie, aucun de ces rayons articulés, 
très-courts et inégaux, qu'on à nommés faux rayons; 
ou rayons bdtards, .et qui accompagnent la nageoire 
de la queue d’un si grand nombre de poissons. 

Enfin la ligne latérale, plus voisine du dos que du 
ventre, n'offre pas de courbure très-sensible. 

Au reste, le goramy est brun avec des teintes 


s plus claires. sur les nag 
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L'OSPHRONÈME GAL," 


ForskaEz a vu sur les côtes d'Arabie cet osphro- 
nème, qu'il a inscrit parmi les scares, et que le pro- 
fesseur Gmelin a ensuite transporté parmi les labres, 
mais dont la véritable place nous paroît être à côté 
du goramy. Ce poisson est regardé comme très-veni- 
meux par les habitans des rivages qu'il fréquente ; et 
dès-lors on peut présumer qu’il se nourrit de mol- 
lusques, de vers, et d'autres animaux marins, impré- 
gnés de sucs malfaisans ou même délétères pour 
l'homme. Mais s’il est dangereux de manger de la chair 
du gal, il doit être très-agréable de voir cet osphro- 
nème : il offre des nuances gracieuses, variées et bril- 
lantes; et ces humeurs funestes, dérobées aux regards 
par des écailles qui resplendissent des couleurs qui 
émaillent nos parterres, offrent une nouvelle image 
du poison que la Nature a si souvent placé sous des 
fleurs. 

Le gal est d’un verd foncé: et chacune de ses écailles 
étant marquée d’une petite ligne transversale violette 


* Osphronemus gallus. 
Scarus gallus. Forskael, Faun. Arab. p. 26, n. 11. 
Labrus gallus, Lérné, édition de Gmelin. 


HISTOIRE NATURELLE 129 


ou pourpre, l'osphronème paroît rayé de pourpre ou 
de violet sur presque toute sa surface. Deux bandes 
bleues règnent de plus sur son abdomen. Les nageoires 


du dos et de l’anus sont violettes à leur base, et bleues 


dans leur bord extérieur; les pectorales bleues et vio- 


lettes dans leur centre; les thoracines bleues ; la cau- 


dale est jaune et aurore dans le milieu, violette sur 
les côtés, bleue dans sa circonférence ; et l'iris est 


rouge autour de la prunelle, et verd dars le reste de 
son disque. 


Le rouge, l’orangé, le jaune, le verd, le bleu, le 
pourpre et le violet, c’est-à-dire, les sept couleurs 
que donne le prisme solaire, et que nous voyons briller 


dans l’arc-en-ciel, sont donc distribuées sur le gal , 


qui les montre d’ailleurs disposées avec goût, et 
fondues les unes dans les autres par des nuances très- 
douces *. 

Ajoutons, pour achever de donner une idée de cet 
osphronème, que sa lèvre inférieure est plissée de 
chaque côté; que ses dents ne forment qu’une rangée; 
que celles de devant sont plus grandes que celles qui 


* 5 rayons à la membrane des branchies. 


8 aiguillons et 14 rayons articulés à la nageoïre du dos. 
14 rayons à chacune des pectorales. 

x aïguillon et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 
3 aiguillons et 12 rayons articulés à celle de Panus. 

15 rayons à celle de la queue. 


194 HISTOIRE NATURELLE, 


les suivent, et un peu écartées l’une de l’autre; que 
la ligne latérale se courbe vers le bas, auprès de la 
fin de la nageoire dorsale; et que les écailles sont 
striées, foiblement attachées à l’animal, et membra- 
neuses dans une grande partie de leur contour. 


SOIXANTE-DOUZIÈME GENRE. 
LES’ TRICHOPODES. 


Un seul rayon beaucoup plus long que le corps, à chacune 
des nageoïres thoracines; une seule nageoire dorsale. 


ESPÈCES, CARACTÈRES, 

La bouche dans la partie supérieure de la 
tête ; la mâchoire inférieure avancée de 
manière à représenter une sorte de men- 


1. LE TRICHOPODE 
MENTONNIER. 
-(Trichopodus mentum.) 


ton. 
2. LE TRICHOPODE ! La tête couverte de petites écailles ; les 
TRICHOPTÈRE. rayons des nageoires pectorales prolongés 
(Trichopodus trichopterus.) en très-longs filamens. 


LE TRICHOPODE MENTONNIER : 


C’Esr encore le savant Commerson qui a observé ce 
poisson, dont nous avons trouvé un dessin fait avec 
beaucoup de soin et d’exactitude dans ses précieux 
manuscrits. 

La tête de cet animal est extrêmement remarquable ; 
elle est le produit bien plutôt singulier que bizarre 
d'une de ces combinaisons de formes plus rares qu’ex- 
traordinaires, que l'on est surpris de rencontrer, mais 
que l’on devroit être bien plus étonné de ne pas avoir 
fréquemment sous les ÿeux, et qui n'étant que de 
nouvelles preuves de ce grand principe que nous ne 
cessons de chercher à établir, tout ce qui peut être, existe, 
méritent néanmoins notre examen le plus attentif 
et nos réflexions les plus profondes. Elle présente 
d’une manière frappante les principaux caractères de 
la plus noble des espèces, les traits les plus recon- 
noissables de la face auguste du suprême dominateur 
des êtres; elle rappelle le chef-d'œuvre de la création ; 
elle montre en quelque sorte un exemplaire de la 
figure humaine. La conformation de la mâchoire in- 
férieure, qui s'avance, s’arrondit, se relève et se 
recourbe, pour représenter une sorte de menton; le 
TR LT ANT AU TP RATR AR. EL ne “orme 


* Trichopodus mentum. 
Gouramy, ow gouramie. 


HISTOIRE NATURELLE. 127 


léger enfoncement qui suit cette saillie ; la position 
de la bouche, et ses dimensions; la forme des lèvres ; la 
place des yeux, et leur diamètre ; des opercules à deux 
lames , que l’on est tenté de comparer à des joues; la 
convexité du front ; l'absence de toute écaille propre- 
ment dite de dessus l’ensemble de la face, qui, revêtue 
uniquement de grandes lames, paroît comme couverte 
d'une peau; toutes les parties de la tête du menton- 
nier se réunissent pour produire cette image du visage 
de l'homme, aux yeux de ceux sur-tout qui regardent 
ce trichopode de profil. Mais cette image n’est pas 
complète. Les principaux linéamens sont tracés : mais 
leur ensemble n’a pas recu de la justesse des propor- 
tions une véritable ressemblance ; ils ne produisent 
qu'une copie grotesque, qu'un portrait chargé de 
détails exagérés. Ce nest donc pas une tête humaine 
que l'imagination place au bout du corps du poisson 
mentonnier ; elle y suppose plutôt une tête de singe où 
de paresseux; et ce n'est même qu’un instant qu'elle 
peut être séduite par un commencement d’illusion. Le 
défaut de jeu dans cette tête qui la frappe, l'absence de 
toute physionomie, la privation de toute expression 
sensible d'un mouvement intérieur, font bientôt dispa- 
roître toute idée d’être privilégié , et ne laissent voir 
qu'un animal dont quelques portions de la face ont 
dans leurs dimensions les rapports peu communs que 
nous venons d'indiquer. C'est le plus saillant de ces 
rapports que j'ai cru devoir désigner par le nom 


\ 


128 HISTOIRE NATURELLE, 


spécifique de #7entonnier, de même que j'ai fait allusion 
par le mot #richopode (pieds en forme de filamens) au 
caractère de la famille particulière dans laquelle j'ai 
pensé qu'il falloit l’inscrire. | 

Chacune des nageoires thoracines des poissons de 
cette famille , et par conséquent du mentonnier, n’est 
composée en effet que d’un rayon où filament très- 
délié, Mais cette prolongation très-molle, au lieu d’être 
très-courte et à peine visible, comme dans les mono- 
dactyles, est si étendue, qu’elle surpasse ou du moins 
égale en longueur le corps et la queue réunis. 

Le mentonnier a d'ailleurs ce corps et cette queue 
très-comprimés, assez hauts vers le milieu de la lon- 
gueur totale de l'animal; la nageoire dorsale et celle 
de l'anus, basses, et presque ER l’une à l'autre; la 
caudale rectiligne; et les pectorales courtes, larges et 
arrondies *. 


* À la nageoire du dos 18 rayons. 
à chacune des thoracines + 
à la nageoire de lanus 18 


TT 


LE TRICHOPODE TRICHOPTÈRE * 


Ce trichopode est distingué du précédent par plu- 
sieurs traits que l’on saisira avec facilité en lisant la 
description suivante. 1l en diffère sur-tout par la forme 
de sa tête, qui ne présente pas cette sorte de masque 
que nous avons vu sur le mentonnier. Cette partie 
de l'animal est petite et couverte d’écailles semblables 
a celles du dos. L'ouverture de la bouche est étroite, 


-et située vers la portion supérieure du museau pro- 


prement dit. Les lèvres sont extensibles. La nageoire 
du dos est courte, pointue, ne commence qu’à l’en- 
droit où le corps a le plus de hauteur, et se termine 
à une grande distance de la nageoire de la queue. Il 
est à remarquer que celle de l’anus est, au contraire, 
très-longue ; qu’elle renferme, à très-peu près, quatre 
fois plus de rayons que la dorsale ; qu’elle touche pres- 
que la caudale; qu’elle s'étend beaucoup vers la tête, 
et que, par une suite de cette disposition , l’orifice de 
l'anus, qui la précède, est très-près de la base des tho- 
racines. 

oo 


* Trichopodus trichopterus. 
Labrus trichopterus. Linné, édition de Gmelin. 
Pallas, Spicil. zoolog. 8, p. 45. 
Sparus, etc. Xoe/reuter, Nov. Comm. Petrop. IX, p.452, n. 7, tab. 10, 
Labre crin. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 
TOME Il, | | 17 


180 HISTOIRE NATURELLE. 


Ces dernières nageoires ne consistent chacune que 
dans ün rayon ou filament plus long que le corps et 
la queue considérés ensemble *; et de plus, chaque 
pectorale, qui est très-étroite, se termine par un autre 

filament très-alongé, ce qui à fait donner au poisson 
dont nous parlons le nom de trichopiére, ou d’aile à 
Jilament. Nous lui avons conservé ce nom spécifique ; 
mais au lieu de le laisser dans le genre des labres ou 
des spares , nous avons cru, d’après les principes qui 
nous dirigent dans nos distributions méthodiques , 
devoir le comprendre dans une petite famille parti- 
culière, et le placer dans le même genre que le men- 
tonnier. 

Le trichoptère est ondé de diverses nuances de brun. 
On voit de chaque côté sur le corps et sur la queue, 
une tache ronde, noire, et bordée d’une couleur plus 
claire. Des taches brunes sont répandues sur la tête 
dont la teinte est, pour ainsi dire, livide ; et la nageoire 
de la queue, ainsi. que celle de l'anus, sont pointillées 
de blanc. | 

Ce trichopode ne parvient guère qu'a un décimètre 
de longueur, On le trouve dans la mer qui baigne les 
grandes Indes. | | 
AE MAL env A EN Re UE VS 

A aiguilloné et 7 rayons articulés à la nageoire du dos. 
9 rayons à chacune des pectorales. 

1 rayon à chacune des thoracines. 


4 rayons et 38 rayons articulés à la nageoire de l’anus. 
x6 rayons à celle de la queue, qui est fourchue, 


_(Monodactyÿlus falciformis.) 


SOIXANTE-TREIZIÈME GENRE. 
LES MONODACTYLES. 


Un seul laYOR trés-Court et à peine visible à chaque 
nageoire thoracine ; une seule rageoire dorsale. 


ESPÈCE. CARACTÈRES. 
Le MONOD. rALcIroRMr, (1: nageoire du dos, et celle de Panus, en 
forme de faux; celle de la queue en crois-: 
Sant. 


LE MONODACTYLE FALCIFORME*. 


Nous donnons ce nom à une espèce de poisson dont 
nous avons trouvé la description et la figure dans les 
manuscrits de Commerson. Nous l’avons placé dans un 
genre particulier que nous avons appelé zo10dactyle, 
c'est-à-dire, d& un seul doigt, parce que chacune de ses 
nageoires thoracines, qui représentent en quelque 
sorte ses pieds, n'a qu'un rayon très-court et aiguil- 
lonné, ou, pour parler le langage de plusieurs natu- 
ralistes, n’a qu’un doigt très-petit. Le nom spécifique 
par lequel nous avons cru devoir d’ailleurs distinguer 
cet animal, nous a été indiqué par la forme de ses 
nageoires du dos et de l’anus, dont la figure ressemble 
un peu à celle d'ine faux. Ces deux nageoires sont de 
plus assez égales en étendue, et touchent presque la 
nageoire de la queue, qui est en croissant. L’anus est 
presque au-dessous des nageoires pectorales , qui sont 
pointues. La ligne latérale suit la courbure du dos, 
dont elle est peu éloignée. L'opercule des branchies est 
composé de deux lames, dont la postérieure paroît 
irrégulièrement festonnée. Les yeux sont gros. L'ou- 
verture de la bouche est petite : la mâchoire supérieure 


* Monodactylus falciformis. | 
Psettus spinis pinnarum ventralium loco duabus. Commerson, manus- 
crits déja cités. 


HISTOIRE NATURELLE. 193 


présente une forme demi-cireulaire, et des dents 
courtes, aiguës et serrées; elle est d’ailleurs exten-. 
sible et embrasse l'inférieure. La langue est large, 
arrondie à son extrémité, amincie dans ses bords, 
rude sur presque toute sa surface. On voit, de chaque 
côté du museau, deux orifices de narines, dont l’anté- 
rieur est le plus petit et quelquefois le plus élevé. La 
concavité des arcs osseux qui soutiennent les bran- 
chies, présente des protubérances semblables à des 
dents, et plus sensibles dans les trois antérieurs. Le 
corps et la queue sont très-comprimés, couverts 
d'écailles petites, arrondies et lisses , que l’on retrouve 
avec des dimensions plus petites encore sur une par- 
tie des nageoires du dos et de l'anus, et resplendis- 
sans d’une couleur d'argent , mêlée sur le dos avec 
des teintes brunes. Ces mêmes nuances obscures se 
montrent aussi sur la portion antérieure de la nageoire 
de l’anus et de celle du dos, ainsi que sur les pecto- 
rales, qui néanmoins offrent souvent une couleur incar- 
nate. Le monodactyle falciforme ne parvient ordinai- 
rement qu’à une longueur de vingt-six centimètres * 


* 7 rayons à la membrane des branchies. 
33 rayons à la nageoire du dos. 
17 rayons à chacune des pectorales, 
1 rayon aiguillonné à chacune des thoracines, 
3 aiguillons et 30 rayons à celle de l'anus. 


SOIXANTE-QUATORZIÈME GENRE. 
LES PLECTORHINQUES. 


Une seule nageoire dorsale; point d'aisuillons isolés au- 
devant de la nageoire du-dos, de carène latérale, ni de 
petite nageoire au-devant de celle de l'anus; les lèvres 
plissées et contournées; une ou plusieurs lames de l’operz 
cule branchial, dentelces. 


ESPÈCE. CARACTÈRES 
Treize aiguillons à la nageoïre du dos; de 
LE PLECT. CHÉTODONOIDE. grandes taches irrégulières chargées de 
(Plectorhin. ui taches beaucoup plus foncées, inégales, et 
presque rondes. 


LE PLECTORH. CHÉTODONOIDE *. 


Le mot plectorhinque désigne les plis extraordinaires 
que présente le museau de ce poisson, et qui forment, 
avec la dentelure de ses opercules, un de ses principaux 
caractères génériques. Nous avons employé de plus, 
pour cet osseux, le nom spécifique de chétodonoïde, 
parce que l’ensemble de sa conformation lui donne de 
très-grands rapports avec les chérodons, dont l'histoire 
ne sera pas très-éloignée de la description du plecto- 
rhinque. Ce dernier animal leur ressemble d’ailleurs 
par la beauté de sa parure. Sur un fond d’une cou- 
leur très-foncée, paroïssent, en effet, de chaque côté, 
sept ou huit taches très-étendues , inégales, irrégu- 
lières, mais d’une nuance claire et très-éclatante , 
variées par leur contour, agréables par leur disposi- 
tion, relevées par des taches plus petites, foncées, 
et presque toutes arrondies, qu’elles renferment en 
nombre plus où moins grand. On peut voir aisément, 
par le moyen du dessin que nous avons fait graver, le 
bel effet qui résulte de leur figure, de leur ton, de 
leur distribution, d’autant plus qu’on appercoit des 
taches qui ont beaucoup d'analogie avec ces pre- 
mières, à l'extrémité de toutes les nageoires , et sur- 
1 BRONERRE, OLA NON COMENT 


* Plectorhinchus cnætodonoïdes. 


186 HISTOIRE NATURELLE. 


tout de la partie postérieure dela nageoire du dos. 

Cette nageoire dorsale montre une sorte d’échancrure 
arrondie qui la divise en deux portions très - conti- 
guês, mais faciles à distinguer, dont l’une est soutenue 
par 13 rayons aiguillonnés, et l’autre par 20 rayons 
articulés *. Les thoracines et la nageoire de l’anus pré- 
sentent à peu près la même forme et la même surface 
l’une que l’autre : les deux premiers rayons qu'elles 
comprennent, sont aiguillonnés : et le second de ces 
deux piquans est très-long et très-fort. 

La nageoire caudale est rectiligne ou arrondie. Il 
| n'y a pas de ligne latérale sensible. La tête est grosse, 
comprimée comme le corps et la queue, et revêtue, 
ainsi que ces dernières parties, d'écailles petites et 
placées les unes au-dessus des autres. Des écailles 
semblables recouvrent des appendices charnus aux- 
quels sont attachées les nageoires thoracines, les pec- 
torales, et celle de l’anus. 

L'œil est grand ; l'ouverture de la bouche petite; le 
museau un peu avancé, et comme caché dans les plis 
et les contours charnus ou membraneux des deux 
mâchoires. de 

Nous avons décrit cette espèce encore inconnue des 
naturalistes, d’après un individu de la collection hol- 
landoise donnée à la France. 


* 15 rayons à chacune des nageoires pectorales. 
2 rayons-aiguillonnés et 13 rayons articulés à celle de l’anus, 
18 rayons à celle de la queue, 


EE — 


SOIXANTE-QUINZIÈME GENRE. 
LES POGONIAS. 


Une seule nageoire dorsale; point d'aiguillons isolés au- 
devant de la nuseoire du dos, de carène latérale, ni de 
petite nageoire au-devant de celle de l'anus; un trés- 
grand nombre de petits barbillons à la méchoire infe- 


rieure. 

ESpÜCES us: LS CARACTÈRES. 

- Les opercules recouverts d’écailles sem- 

LE POGONIAS FASCÉ. blables à celles du dos; quatre bandes 
(Pogonias fasciatus.) transversales , et d’une couleur trèes-fon- 
. Cée ou trés-yive, 
12 = IEEE RSR ET 
TOME II M 


LE POGONIAS FASCE* 


Nous donnons ce nom de pogonias à un genre dont 
aucun individu n’a encore été connu des naturalistes. 
Cette dénomination signifie barbu, et désigne le grand 
nombre de barbillons qui garnissent la mâchoire infé- 
rieure, et, pour ainsi dire, le menton de l'animal. 


Nous avons décrit et fait figurer l'espèce que nous: 
distinguons par l’épithète de fascé, d'après un poisson 


très-bien conservé, qui faisoit partie de la collection 


du stathouder à la Haye, et qui se trouve maintenant 


dans celle du Muséum national d'histoire naturelle. 
Ce pogonias a la tête grosse; les yeux grands; læ 
bouche large ; les lèvres doubles ; les dents des deux. 


mâchoires aiguës, égales, et peu serrées; la mâchoire 
supérieure plus avancée que l’inférieure ; l'opercule: 


composé de deux lames et recouvert d’écailles arron- 
dies comme celles du dos, auxquelles elles ressemblent 


d'ailleurs en tout; la seconde lame de cet opercule 
branchial terminée en pointe ; la nageoire du dos. 


étendue depuis l'endroit le plus haut du corps jusqu’à. 


une distance assez petite de l'extrémité de la queue, 
et presque partagée en deux portions inégales par: 
une sorte d'échancrure cependant peu profonde ; ur 


EE GP ERP SRE + 


* Pogonias fasciatus.. 


HASTOTRE: DRAM M NCTEUR 159 


aiguillon presque détaché au-devant de cette nageoire 


dote et de celle de l'anus ; cette dernière nageoiré 
très-petite et inférieure même en surface aux thcra- 
cines, qui néanmoins sont moins grandes que les pec- 
torales ; la caudale rectiligne ou arrondie; les côtés 
dénués de ligne latérale ; la mâchoire inférieure gar- 
nie de plus de vingt filamens déliés, assez courts, 
rapprochés deux à deux, ou trois à moe et représen- 
tant assez bien une barbe naissante * 

Quatre bandes foncées ou vives ; ot mais très- 
distinctes, règnent de haut en bas de chaque côté du 
pogonias fascé; de petits points sont disséminés sur 
une grande partie de la surface de l'animal. | 
DIE AIR APE LENCO PONT ARE DST PRE RER SEE PROS PER 

* A la nageoire dorsale 33 rayons. 

à chacune des pectorales 13 
à chacune des thoracines 6 


à celle de l’anus 8 
à celle de la queue 19 


RS ————— 


SOIXANTE-SEIZIÈME GENRE. 
| LES SeO STOMIES, | 


Le corps alongé el serpentiforme; deux nagcoires dor- 
sales; la seconde séparée de celle de la queue; deux 
barbillons à la mdchoire supérieure; les yeux assez 


grands ef sans voile. 


ESPÈCES, | "UCARACTÈRES.. 
DUT BOT ER MCE CHINOIS ET leur brune, 
(Bostrychus sinensis.) 
2. LE BOSTRYCHE  : très- petites faches. vertes sur tout. le- 


(Bostrychus maculatus,) -K corps.. 


LE BOSTRYCHE CHINOIS: 


C’e$rT dans les dessins chinois dont nous avons déja: 
parlé, que nous avons trouvé la figure de ce bos- 


tryche , ainsi que celle du bostryche tacheté. Les bar- 


billons que ces poissons ont à la mâchoire supérieure, 
et qui nous ont indiqué fleur nom générique”, les: 
distingueroient seuls des gobies, des gobioïides, des. 
gobiomores et des gobiomoroïdes , avec lesquels ils 
ont cependant beaucoup de rapports par leur confor- 
mation générale. Nous ne doutons pas que ces osseux. 
n'aient des nageoires au-déssous du corps, et ne: 
doivent être compris parmi les thoracins, quoique la 
position dans laquelleils sont représentés ,ne permette: 
pas de distinguer ces nageoires. Au reste, si de nou-- 
velles observations apprenoient que les bostryches: 
n'ont pas de nageoires inférieures, ils: n'en devroient: 
pas moins former un genre séparé des autres genres: 
déja connus;:il sufhiroit de les retrancher de la colonne: 
des thoracins, et de les porter sur celle des apodes. On: 
les y rapprocheroit des murènes, dont il seroit néan- 
moins facile de les distinguer par la forme de leurs: 
yeux et les dimensions ainsi que la position de leurs: 


* Bostrychus sinensis. 


# Bostrychos. en grec veut dire /flument, barbillon, ete, 


42 HISTOIRE NATUREL LE. | 
nageoires. Ajoutons que cette remarque relative à 
l'absence de nageoires inférieures et au déplacement 
qui en seroït le seul résultat, s'applique au genre des 
bostrychoïdes dont nous allons parler. 

Le bostryche chinois est d’une couleur brune. On 
voit de chaque côté de la queue, et auprès de la 
nageoire qui termine cette partie, une belle tache 
bleue, entourée d'un cercle jaune vers le corps et 
rouge vers la nageoire. L'animal ne paroît revêtu 
d'aucune écaille facile à voir. Sa tête est grosse; l’ou- 
verture de sa bouche arrondie: l'osercule branchial 


d'une seule pièce ; la première nageoire dorsale très- 


courte relativement à la seconde; celle de l'anus, 


semblable et presque égale à la première dorsale , se 
montre au-dessous de la seconde nageoire du dos; 


celle de la queue est lancéolée. Les mouvemens et 
les habitudes du bostryche chinois doivent ressembler 
beaucoup à ceux des murènes. 


HP O SEEN CIRESTIACITE TE" 


Cr bostryche diffère du chinois par quelques unes de 
ses proportions, par plusieurs de ces traits vagues de 
conformation que l'œil saisit et que la parole rend 
difficilement, et par les nuances ainsi que la disposi- 
tion de ses couleurs. Il est, en effet, parsemé de très- 
petites taches vertes. | 


.  Ÿ Bostrychus maculatus.. 


SOIXANTE-DIX-SEPTIÈME GENRE 


LES BOSTRYCHOÏDES. 


Le corps alongé cb serpentiforme; une seule nageoire 
dorsale; celle de la queue séparée de celle du dos: deux 
: barbillons à la mâchoire supérieure; les yeux assez 
orands et sans voile. 


© 
ESPÈCE. CARACTÈRES, 
La nageoire de l’anns basse et longue; celle 
LE ROSTRYCHOÏDE ŒILLÉ. du dos, basse et tres-longue ; une tache 
(Bostrychoïdes oculatus.) verte entourée d’un cercle rouge, de chaque 


côté de l’extrémité de la queue, 


LE BOSTRYCHOIDE ŒILLÉ* 


C& poisson est figuré dans les dessins chinois arrivés 
par la Hollande au Muséum d'histoire naturelle de 
France. Sa tête, son corps ét sa queue sont couverts 
de petites écailles; sa tête est moins grosse que la 
partie antérieure du corps. Les nageoires pectorales 
sont petites et arrondies ; celle de la queue est lan- 
céolée. La couleur de l'animal est brune, avec des 
bandes transversales plus foncées, et un très-grand 
nombre de petites taches vertes. Une tache verte plus 
grande, placée dans un cercle rouge, et semblable à 
une prunelle entourée de son iris, paroît de chaque 
côté de l'extrémité de la queue. La conformation 
générale de ce poisson doit faire présumer que sa 
manière de vivre, ainsi que celle des bostryches, a 
beaucoup de rapports avec les habitudes des murènes. 


* Bostrychoïdes oculatus. 


TOME II . 19 


SOIXANTE-DIX-HUITIÈME GENRE. 
LES ÉCHÉNÉIS. 


Une plaque très-crande, ovale, composée de lames trans- 
versales, et placée sur la tête, qui est déprimée. 


ESPÈCES. CARACTÈRES. | 


1. L'ÉCHÉNÉIS RÉMORA. De de vingt et plus de seize paires de 


(Echeneis remora.) lames, à la IAE de la tête. 


2. L’ÉCHÉNÉIS NAUCRATE. ue de vingt - deux paires de lames à la 


(Echeneis naucrates.) plaque de la tête. 


3. L'ÉCHÉNÉIS RAYÉ. jo de douze, paires de lames à la plaque 


(Echeneis lineatu.) de la tête. 


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BE _—. —_—_— 


L'ÉCHÉNÉIS RÉMORA* 


L'HisToiRE de ce poisson présente un phénomène 
relatif à l'espèce humaine, et que la Rene ne 
dédaignera pas. 


* Echeneis remora. 
Rémore. 
Sucet. 
Arréte-nef. 
Pilote. 
Remeligo. 
Sucking fish, ez Angleterre. 
Sugger, sue plusieur s endroits de la Belgique et de la Hollande. 
Piexe pogador , 2 Portugal. 
Piexe pioltho , zbrd. 
Echeneis remora. Zinné, édition de Gmelin. 
Échène rémore. Daubenton, Encyclopédie méthodique. 
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 
Echeneis remora. Commerson, manuscrits déja cités. 
Id. Forskael, Faun. Arabic, p. 19. ‘ 
Bloch, pl. 172. 
Artedi, gen. 15, syn, 28. 
Sucet ourémore. Duhamel, Traité des pêches, seconde partie, quatrième 
section,-chap. 4, art. 6, p.56, pl. 4, fig. 5, 
Rémore ou rémora. Valmont-Bomare, Dictionnaire d'histoire naturelle. 
"Eyes. Arist. lib.:2, cap. 14. : 
Id. Ælian, lib. 2, cap. 17, p. 99. 
Id. Oppian. Hal. lib. x, p. 0. 
Echeneis. Plin. lib. 9, cap. 2h ; et lib. 32, cap. x. 
Id. Fouon, lib. 8, cap. 166, fol. 149, @ 
. Echineis. Cuba, lib. 3, cap. 24. 


148 HISTOIRE NATURELLE 

Depuis le temps d’Aristote jusqu'à nos jours, cet 
animal a été l’objet d’une attention constante; on l’a 
examiné dans ses formes, observé dans ses habitudes, 
considéré dans ses effeis : on ne s’est pas contenté de 
lui attribuer des propriétés merveilleuses, des facultés 
absurdes, des forces ridicules ; on l’a regardé comme 
un exemple frappant des qualités occultes départies : 
par la Nature à ses diverses productions; il a paru 
une preuve convaincante de l'existence. de ces qualités. 
secrètes dans leur -origine et inconnues dans leur 
essence. Il a figuré avec honneur dans les tableaux 
des poètes, dans les comparaisons des orateurs, dans 


_ 


ÂAchandes. Zd. lib. 3, cap.r , fol. 71, a. 

Echeneis. Gesner, Aquat. P- 440. 

Remora. A/drovand. lib. 8, cap. 22, p. 336. 

Id, Raj. p. 77. 

Id. Rondelet, Hist. des poissons, part. x, Lib. 15., chap. x7. 

Echeneis remora, Æppendix du Voyage à la Nouvelle-Galles méridionale, 
par Jean White, premier chirurgien de l’expédition commandée par le: 
capitaine Philipp, p. 296, pl. 64, fig. à | 

Willughby, Ichthyol, append. p. 5, tab. 9, fig. 2. 

Echeneis. Amœnit. academie. x, p. 605. 

Gronov. Mus.1,p.12,7. 333; et Zooph.p. 7b,, #. 256, 

Echeneis cærulescens, ore retuso. K/ein, Miss. pise. 4, p. bx, 7 1. 

Remora corpore tereti. Petiver, Gazoph. l. 44, tab, 12. 

Adam Olearii, Gottorfische kurstkammer, p. 42, tab. 25. 

Bellon, Aquat. p. 440. 

Sloan. Jamaic. x, p. 8. 

Catesb. Carolin. 2, tab. 26. 

Du. Terire, Antill, 2, p. 209, 222. 

Remora. Edwards, 1ab. 210, fig. infer.. 


D ES P'OIS S O N S. 149 


les récits des voyageurs, dans les descriptions des 
naturalistes; et cependant à peine, dans le moment 
où nous écrivons, l'image de ses traits, de ses mœurs, 
de ses effets, a-t-elle été tracée avec quelque fidélité. 
Écoutons , par exemple, au sujet de ce rémora, l’un 
des plus beaux génies de l'antiquité. « L'échénéis, dit 
Pline, est un petit poisson accoutumé à vivre au milieu 
des rochers : on croit que lorsqu'il s'attache à la carène 
des vaisseaux, il en retarde la marche; et de là vient le 
nom qu'il porte, et qui est formé de deux mots grecs, 
dont l’un signifie je retiens, et l’autre navire. Il sert à 
composer des poisons capables d'amortir et d’éteindre 
les feux de l'amour. Doué d’une puissance bien plus. 
étonnante, agissant par une faculté morale, il arrête 
l’action de la justice et la marche des tribunaux : 
compensant cependant ces qualités funestes par des 
propriétés utiles, il délivre les femmes enceintes des 
accidens qui pourroient trop hâter la naissance de 
leurs enfans ; et lorsqu'on le conserve dans du sel, 
son approche seule suflit pour retirer du fond des 
puits les plus profonds l'or qui peut y être tombé * ». 
Mais le naturaliste romain ajoute, avant la fin de la 
célèbre histoire qu'il a écrite, une peinture bien plus 
étonnante des attributs du rémora; et voyons comment 
il s'exprime au commencement de son trente-deuxième- 


livre: 


* Pline, Z9. 9, chap. 25. 


150 HISTOIRE NATURELLE 


« Nous voici parvenus au plus haut des forces de 
la Nature, au sommet de tous les exemples de son 
pouvoir. Une immense manifestation de sa puissance 
occulte se présente d'elle-même; ne cherchons rien 
au-delà, n'en espérons pas d’égale ni de semblable : 
ici la Nature se surmonte elle-même, et le déclare 
par des effets nombreux. Qu'y a-t-il de plus violent 
que la mer, les vents, les tourbillons et les tempêtes ? 
Quels plus grands auxiliaires le génie de l'homme 
s'est-il donnés que les voiles et les rames? Ajoutez 
la force inexprimable des flux alternatifs qui font un 
fleuve de tout l'Océan. Toutes ces puissances et toutes 
celles qui pourroient se réunir à leurs efforts, sont 
enchaînées par un seul et très- petit poisson qu'on 
nomme échénéis. Que les vents se précipitent, que 
les tempêtes bduleversent les flots, il commande à 
leurs fureurs, il brise leurs efforts, il contraint de 
rester immobiles des vaisseaux que n’auroit pu retenir 
aucune chaîne, aucune ancre précipitée dans la mer, 
et assez pesante pour ne pouvoir pas en être retirée. 
Il donne ainsi un frein à la violence, il dompte la rage 
des élémens, sans travail,-sans peine , sans chercher 
à retenir, et seulement en adhérant: il lui suffit, pour 
surmonter tant d'impétuosité, de défendre aux navires 
d'avancer. Cependant les flottes armées pour la guerre 
se chargent de tours et de remparts qui s'élèvent pour 
que l’on combatte au milieu des mers comme du haut 
des murs, O vanité humaine! un poisson très - petit 


* 


DES POISSONS. 1D1 


contient leurs éperons armés de fer et de bronze, et 
les tient enchaînées! On rapporte que, lors de la bataille 
d'Actium, ce fut un échénéis qui, arrêtant le navire 
d'Antoine au moment où il alloit parcourir les rangs 
de ses vaisseaux et exhorter les siens, donna à la flotte 
de César la supériorité de la vitesse et l'avantage d'une 
attaque impétueuse. Plus récemment , le bâtiment 
monté par Caïus lors de son retour d'Andura à Antium, 
s'arrêta sous l'effort d’un échénéis : et alors le rémora 
fut un augure ; car à peine cet empereur fut-il rentré 
dans Rome, qu'il périt sous les traits de ses propres 
soldats. Au reste, son étonnement ne fut pas long , 
lorsqu'il vit que, de toute sa flotte, son quinquérème 
seul n'avançoit pas : ceux qui s’élancèrent du vaisseau 
pour en rechercher la cause, trouvèrent l’échénéis 
adhérent au gouvernail, et le montrèrent au prince 
indigné qu'un tel animal eût pu l'emporter sur quatre 
cents rameurs, et très-surpris que ce poisson , qui dans: 
Ja mer avoit pu retenir son navire, n'eût plus de puis- 
sance jeté dans le vaisseau. Nous avons déja rapporté 
plusieurs opinions, continue Pline, au sujet du pouvoir 
de cet échénéis que quelques Latins ont nommé rem0ra. 
Quant à nous, nous ne doutons pas que tous les genres 
des habitans de la mer n'aient une faculté semblable. 
L'exemple célèbre et consacré dans le temple de Gnide. 
me permet pas de refuser la même puissance à des. 
eonques marines”. Et de quelque manière que tous ces: 


a 


* Voyez, au sujet de ces coquilles, le chap. 25 du Liv. 9 de Pline. 


152 HISTOIRE NATURELLE 


effets aient lieu, ajoute plus bas l'éloquent naturaliste 
que nous citons , quel est celui qui, après cet exemple 
de la faculté de retenir des navires, pourra douter du 
pouvoir qu'exerce la Nature par tant d'effets spontanées 
et de phénomènes extraordinaires? » 

Combien de fables et d'erreurs accumulées dans ces 
passages, qui d'ailleurs sont des chefs - d'œuvre de 
style! Accréditées par un des Romains dont on a Île 
plus admiré la supériorité de l'esprit, la variété des 
connoissances et la beauté du talent, elles ont été 
presque universellement accueillies pendant un grand 
nombre de siècles. Mais l’on n'attend pas de nous 
une mythologie; c'est l’histoire de la Nature que nous 
devons tâcher d'écrire. Cherchons donc uniquement 
à faire connoître les véritables formes et les habitudes 
du rémora. Nous allons réunir, pour y parvenir, les 
observations que nous avons faites sur un grand 
nombre d'individus conservés dans des collections, 
avec celles dont des individus vivans avoient été l’objet, 
et que Commerson a consignées dans les manuscrits 
qui nous ont été confiés dans le temps par Buffon. 

La longueur totale de l'animal égale très-rarement 
trois décimètres. Sa couleur est brune et sans tache; 
et ce qu'il faut remarquer avec soin, la teinte en est 
la même sur la partie inférieure et sur la partie supé- 
rieure de l'animal. Ce fait est une nouvelle preuve 
de ce que nous avons dit au sujet des couleurs des 
poissons ; dans notre Discours sur la nature de ces 


DES POISSONS. 153 


animaux.: en effet, nous allons voir, vers la fin de cet 
article, que, par une suite des habitudes du rémora, 
-et de la manière dont cet échénéis s'attache aux rochers, 
aux Vaisseaux ou aux grands poissons, son ventre doit 
être aussi souvent exposé que son “es aux rayons de 
la lumière. | 

Les nageoires. préséntent. quelques nuances de 
bleuâtre. L'iris est. brun , et montre d’ailleurs un 
cercle doré. 

Une variété que l’on rencontre assez fréquemment, 
suivant Commerson., et que l’on voit souvent attachée 
au même poisson, et, par exemple, au même squale 
que les individus bruns , est distinguée par sa couleur 
blanchâtre. 

Le corps et la queue sont couverts de peau molle 
et visqueuse , sur laquelle on ne peut appercevoir 
aucune parcelle écailleuse qu'après la mort de l'animal, 
et lorsque les tégumens sont desséchés ; et l’ensemble 
formé par la queue et le corps proprement dit, est 
d'ailleurs très-alongé et presque conique. 

La tête est très-volumineuse, très-aplatie, et chargée 
dans sa partie supérieure d’une sorte de bouclier ou 
de grande plaque. | 

Cette plaque est alongée, ovale, amincie et mem- 
braneuse dans ses bords. Son disque est garni ou plutôt 
armé de petites lames placées transversalement étattas 
chées des deux côtés d'une arête ou saillie longitudinale 
qui partage. le disque en deux. Ces lames transversales 

TOME LI. | 20 


194 HISTOIRE NATURÉÈLLE 


et arrangées ainsi par paires, sont ordinairement au 
nombre de trente-six, ou de dix-huit paires : leur lon- 
gueur diminue d'autant plus qu’elles sont situées plus 
près de l’une ou de l’autre des deux extrémités du bou- 
clier ovale. De plus, ces lames sont solides, osseuses, 
presque parallèles les unes aux autres, très-aplaties, 
couchées obliquement, susceptibles d’être un peu rele- 
vées, hérissées, comme une scie, de très-petites dents, 
et retenues par une sorte de clou articulé. | 

Le museau est très-arrondi, et la mâchoire infé- 
rieure beaucoup plus avancée que celle d'en-haut, 
qui d’ailleurs est simple, et ne peut pas s’alonger à la 
volonté de l'animal : l’une et l’autre ressemblent à une 
lime, à cause d’un grand nombre de rangs de dents 
très-petites qui y sont attachées: 

D'autres dents également très-petites sont placées 
autour du gosier, sur une éminence osseuse faite en 
forme de fer à cheval et attachée au palais, et sur la 
langue, qui est courte, large, arrondie par-devant, 
dure , à demi cartilagineuse, et retenue en dessous 
par un frein assez court. 

Au reste, l'intérieur de la bouche est d’un incarnat 
communément très-vif, et l'ouverture de cet organe a 
beaucoup de rapports, par sa forme et par sa grandeur 
proportionnelle , avec l'ouverture de la bouche de la 
lophie baudroïe. 

_ L'orifice des narines est double de chaque côté. 
Les yeux, placés sur les côtés de la tête, et séparés 


DIE $ LU P OT Si 8 ON $ 155 


par toute la largeur dubouclier, nesontini voilés ni 


très-saillans. 


Deux lames composent chaque: opercule ‘des Mie 
chies, et une peau légère le recouvre. 
La RARES de est soutenue par neut 
rayons *. | | 

Les branchies sont au nombre de-quatre: “à chaque: 
côté,.et la partie concave de leurs.arcs est denticélée. 


Les nageoires thoracines offrent. la même longueur, 


mais non pas la mème largeur, que les pectorales: 


elles comprennent chacune six rayons ; le plus extérieur 
cependant touche de:si près le rayon voisin, qu’ilest 
très-dificile de Pappercevoir. 

La nageoire du dos et celle-de bass Héson tonte 
peu près la mème figure, la même étendue et le même 
décroissement en hauteur, à mesure qu’elles sont plus 
près de celle de la queue, quiest fourchué. | 

L'orifice de l'anus consiste dans une fente dont les 
bords sont blanchâtres. 

La ligne latérale est composée d'une série de points 
saillans; elle part de la base des nageoires pectorales, 
s'élève vers le das , descend auprès du milieu du COrpPS ; 


* À la nageoire du dos . 22 TayOns. + 
à chacune des pectorales 25 FAN ERER DOTE 
. À chacune des thoracines Gi 
à celle de l’anus | 22 
à celle de la queue fi 17 


Vertèbres dorsales , Den 7e 
21 Yertèbres caudales, 15. 


1900 HISMOIRE NATURELLE 


et: tend ‘ensuite directement vers la nageoire de la 
queue. % | 

Telle est: la figure di rémora , ‘tracée d’après ile 
vivant par Commerson, et dont Jai pu vérifier les: 
traits principaux, en examinant un grand nombre 
d'individus de cette espèce conservés avec soin dans: 
diverses collections. Pre 

Ce poisson présente les mêmes formes dans les 
diverses parties ; non:seulement de la Méditerranée , 
mais encore de l'Océan , soit qu'on l’observe à des 
latitudes élevées, ou dans les portions de cet Océan 
comprises entre les deux tropiques. 

Il s'attache souvent aux cétacées et aux poissons 
d'une très-grande taille, tels que les:squales , et par- 
ticulièrement le squale requin.:1ly adhère très-forte- 
ment) par le moyen des lames de son bouclier, dont 
les petites dents lui servent, comme autant:dé cro= 
chetsy à settenir cramponné. Ces dents, qui hérissent 
le bord de toutes les lames, sont si nombreuses. ;ret 
multiplient à -unitél ‘degré:les :points de contact et 
d'adhésion: du rémora, que:toute laforce d’un homme 
très-vigoureux nelpeut pas suflire pour arracher ce 
petit. poisson du côté” da squater sur dequet ni s'est 


accroché, tant qu'on veut l'en séparer dans un. sens: 


opposé à la direction des lames. Ce.n’est: que Jorsqu' on 
cherche à suivre cette direction et à s’aïdéer de Pineli- 
naison de ces mêmes lames, qu'on parvient aisément 
à détacher l’échénéis du squale, ou plutôt.äile. faire 


= 


D, IE S 1 P OI $ S O N°5. 197 


glisser sur la surface du requin, et à l'en écarter 


ensuite. 


Commerson ra pporte * 


qu'ayant voulu approcher 
son pouce du bouclier d'un rémora vivant qu’il obser- 
voit, 1] éprouva une force de cohésion si grande, 
qu'une stupeur remarquable et même une sorte de 
paralysie saisit son doigt, et ne se dissipa que long- 
temps après qu'il'eut cessé de toucher l’échénéis. 

Le même naturaliste ajoute, avec raison, que, dans 
cette adhésion du rémora au squale, le premier de 
ces deux poissons n’opère aucune succion, comme on 
lavoit-pensé ; et la cohérence de l'échénéis ne lui sert 
pes immédiatement à se nourrir, puisqu'il n'ya aucune 
communication proprement dite entre les lames de la 
plaque ovale et l'intérieur de la-bouche ou du canal 
alimentaire ; ainsi que je m'en suis assuré, après Com 
merson, par la dissection attentive de plusieurs indi- 
vidus. Le rémora ne s'attache, par:le moyen des nom- 
breux érochets ‘qui hérissent son bouclier, que ‘pour 
naviguer sans peine, profiter, dans ses déplacemens, de: 
mouvenrens étrangers , et se nourrir des restes de la 
proie du requin , comme presque tous les marins le: 
disènt, et comme Commerson luismême l'a cru vrai 
semblable, Au reste, il demeure ‘collé avec tant de 
constance à son conducteur, que lorsque le requin est 
prissiet que ce‘squale, avant d'être jeté sur le pont: 


KiMunuscrits déja cité 


156 HISTOIRE NATURELLE 


éprouve des frottemens violens contre les bords du 
vaisseau , il arrive très-souvent que le rémora ne 
cherche pas à s'échapper, mais qu’il demeure cramponné 
au corps de son terrible compagnon jusqu’à la mort de 
ce dernier et redoutable animal. 

Commerson dit aussi que lorsqu'on met un rémora 
dans un récipient rempli d’eau de mer plusieurs fois 
renouvelée en très-peu de temps, on peut le conserver 
en vie pendant quelques heures, et que l'on voit pres- 
que toujours cet échénéis privé de soutien et de corps 
étranger auquel il puisse adhérer, se tenir renversé sur 
le dos, et ne nager que dans cette position très-extraor- 
dinaire. On doit conclure de ce fait très-curieux, et 
qui a été observé par un naturaliste des plus habiles 
et des plus dignes de foi, que lorsque le rémora change 
de place au milieu de l'Océan par le seul effet de ses 
propres forces, qu’il se meut sans appui, qu’il n’est pas 
transporté par un squale, par un cétacée ou par tout 
autre moteur analogue , et qu'il nage véritablement, 
il s'avance le plus souvent couché sur son dos, et par 
conséquent dans une position contraire à celle que 
presque tous les poissons présentent dans leurs mou- 
yemenus. L’inspection de la figure générale des rémora, 
et particulièrement la considération de la grandeur, 
de la forme, de la nature et de la situation de leur 
bouclier, doivent faire présumer que leur centre de 
gravité est placé de telle sorte qu'il les détermine à 
voguer sur le dos plutôt que sur le ventre; et c'estainsi 


DES POISSON S. 159 
que leur partie inférieure étant très - fréquemment 
exposée, pendant leur natation,.à une quantité de 
lumière plus considérable que leur partie supérieure, 
et d’ailleurs recevant également un très-grand nombre 
de rayons lumineux, lorsque l'animal est attaché par 
son bouclier à un squale ou à un cétacée, il n'est pas 
surprenant que le dessous du corps de ces échénéis 
présente une nuance aussi foncée que le dessus de ces 
poissons. 

Lorsque les rémora ne sont pas à portée de se coller 
contre quelque grand habitant des eaux, ils s’accrochent 
à la carène des vaisseaux; et c’est de cette habitude 


que sont nés tous les contes que l’antiquité a imacinés 
q q 8 


sur ces animaux, et qui ont été transmis avec beaucoup 
de soin, ainsi que tant d'autres absurdités, au travers 
des siècles d'ignorance. 

Du milieu de ces HET ra cuite , il jaillit 
cependant,une vérité : c'est que dans les instans où la 
carène d'un vaisseau est hérissée, pour ainsi dire, d'un 
très-orand nombre d'échénéis, elle éprouve, en cinglant 
au milieu des eaux, une résistance semblable a celle 
que feroient naître des animaux à coquille très-nom- 
breux et attachés également à sa surface , qu'elle 
glisse avec moins de Écilité au travers d’un fluide que 
choquent des aspérités, et qu'elle ne présente plus la 


même vitesse. Et il ne faut pas croire que les circons- 


tances où les échénéis se trouvent ainsi accumulés 
contre la charpente extérieure d'un navire ; soient | 


160 HISTOIRE NATURELLE 


extrêmement rares dans tous les parages : il est des 
mers où l'on a vu ces poissons nager en grand nombre. 
autour des vaisseaux, et les suivre ainsi en troupes 
pour saisir les matières animales que l’on jette hors 
du bâtiment, pour se nourrir des substances corrom- 
pues dont on se débarrasse, et même pour recueillir 
jusqu'aux excrémens. C'est ce qu'on a observé particu- 
lièrement dans le golfe de Guinée ; et voilà pourquoi , 
suivant Barbot', les Hollandois qui fréquentent la côte 
occidentale d'Afrique, ont nommé les rémora poissons 
d'ordures. Des rassemblemens semblables de ces éché- 
néis ont été apperçus quelquefois autour des grands 
squales, etsur-tout des requins, qu’ils paroissent suivre, 
enviropner et précéder sans crainte, et dont on dit 
qu'ils sont alors les pilotes; soit que ces poissons redou- 
tables aient, ainsi qu'on l’a écrit, une sorte d'antipathie 
contre le goût ou l'odeur de leur chair, et dès-lors ne 
cherchent pas à les dévorer; soit que les rémora aient 
assez d'agilité, d'adresse ou de ruse, pour échapper 
aux dents meurtrières des squales, en cherchant, par 
exemple, un asyle sur la surface même de cés grands 
animaux, à laquelle ils peuvent se coller dans les instans 
de leur plus grand danger, aussi-bien que dans les 
momens de leur plus grande fatigue. Ce sont encore 
des réunions analogues et par conséquent nombreuses 
de ces échénéis , que l’on a remarquées sur des rochers 


* Hist. générale des voyages, liv. 3, p. 242. 


D ea TPS 
y é 


à 


DIVÉ S''ENOMT St S D NS)! 161 

auxquels ils adhéroient comme sur la carène d’un 

- vaisseau , ou le corps d’un requin, sur-tout lorsque 

l'orage avoit bouleversé la mer, qu’ils craignoient de 

se livrer à la fureur des ondes, et que d’ailleurs la 
tempête avoit déja brisé leurs forces. 


TOME IIfr, 21 


L'ÉCHÉNÉIS NAUCRATE". 


/ 


ON trouve, dans presque toutes Îles mers, et particu- 
fièrement dans celles qui sont comprises entre les 
deux tropiques, cette espèce d'échénéis, qui ressemble 
beaucoup au rémora, et qui en différe cependant nom 
seulement par sa grandeur, mais encore par le nombre 
des paires de lames que son bouclier comprend, et par 
quelques autres traits de sa conformation. On lui a 
donné le nom de rzaucrate, où de naucrates , qui en 
grec signifie pilote, ou conducteur de vaisseau. Les, 


* Echeneis naucrates. 
* Id. Zinné, édition de Gmelin. 

Échène succet. Daubenton , Encyclopédie méthodique: 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

Bloch, pl. 17x. 

Echeneis caudä integré, striis capitis viginti-quatuor. Æ/asselquise. It. 
Palest. 324, n. 68. 

Gronov. Zooph, p.7b,.n. 2b25et Mus. 1, p. 13, n. 34, 

Echeneis fuseus, pinnis posterioribus albo marginatis. Brown. Jamaic. 
pe 44% 

Echeneis, capite striis viginti quinque, etc. Commerson, manuscrits. 
déja cités. 

Echeneis in extremo subrotunda. Seba, Mus. 3, 1ab 33, fig. 2. 

Echeneis vel remora. “Jdrovand. de Piscib. p. 336. 

Jonst. de Piscibus, p. 16, tab. 4, fig. 3. 

Éperuquiba , et piraquiba, Marcgrav. Brasil. p. 180. 

Willughby, Ichthyol. p. 119, tab. G, 8, fig. 2. 

Remora imperati. Raj. Pise. p. 7,n. 12. 

Rerora, Petis,. Gazoph, tab, 44, fig. x2, 


HISTOIRE NÂTURELUF ‘163 


individus qui la composent, parviennent quelquefois 
jusqu’à la longueur de vingt-trois décimètres , suivant 
des mémoires manuscrits cités par le professeur Bloch, 
et rédigés par le prince Maurice de Nassau, qui avoit 
fait quelque séjour dans plusieurs contrées maritimes 
de l'Amérique méridionale. Le bouclier placé au-dessus. 
de leur tête présente toujours plus de vingt - deux et 
quelquefois vingt-six paires de lames transversales et 
dentelées. D'ailleurs la nageoire de la queue du nau- 
crate, au lieu d'être fourchue comme celle du rémora, 
est arrondie ou rectiligne. De plus, les nageoires du 
dos et de l'anus, plus longues à proportion que sur le 
rémora, montrent un peu la forme d’une faux *, 

La figure de l’une de ces deux nageoires est sem- 
blable à celle de l’autre. L'ouverture de l'anus est 
alongée , et située, à peu près, vers le milieu de la 
Jongueur totale de l'échénéis ; et la ligne latérale, com- 
posée de points très-peu sensibles, s'approche d’abord 
du dos, change ensuite de direction, et tend vers la 
queue, à l'extrémité de laquelle elle parvient. 

Le naucrate offre des habitudes très-analogues à 
celles du rémora; on le rencontre de même en assez 
TPE EU + TA Et CS 2 OU PAR CL UP CR ENSRE EE 


* À la membrane des branchies 9 rayons. 


à la nageoire du dos 40 
à chacune des pectorales 20 
à chacune des thoracines 4 ou b 
à celle de l’anus 40 


à celle de la queue 16 


164 HISTOIRE NATURELLE 

grand nombre autour des requins. Ses mouvemens ne 
sont pas toujours faciles : mais comme il est plus grand 
et plus fort que Le rémora, il se nourrit quelquefois 
d'animaux à coquille et de crabes; et lorsqu'il adhère 
à un Corps vivant ou inanimé, il faut des efforts bien 
plus grands pour l’en détacher que pour séparer un 
rémora de son appui. 

Commerson, qui l’a observé sur les rivages de l'isle 
de France, a écrit que ce poisson fréquentoit très- 
souvent la côte de Mozambique, et qu’auprès de cette 
côte on employoit pour la pèche des tortues marines, 
et d’une manière bien remarquable, la facilité de se 
cramponner , dont jouit cet échénéis. Nous croyons 
devoir rapporter iei ce que Commerson a recueilli au 
sujet de ce fait très-curieux, le seul du même genre: 
que l’on ait encore observé. 

On attache à la queue d'un naucrate vivant, un 
anneau d'un diamètre assez large pour ne pas incom- 
moder le poisson, et assez étroit pour être retenu par 
la nageoire caudale. Une corde très-longue tient à cet 
anneau. Lorsque l’échénéis est ainsi préparé, on le 
renferme dans un vase plein d’eau salée, qu’on renou- 
velle très -souvent ; et les pêcheurs mettent le vase. 
dans leur barque. Ils voguent ensuite vers les parages. 
fréquentés par les tortues marines. Ces tortues ont 
Fhabirvude de dormir souvent à la surface de l'eau sur 
laquelle elles’ flottent; et leur sommeil est alors si 
léger, que l'approche la moins bruyante d’un bateau 


D. E S7 TP LS S O NS. 165 
pêcheur suffiroit pour les réveiller et les faire fuir à 
de grandes distances, ou plonger à de grandes pro- 
fondeurs.: Mais voici le piége que l’on tend de loin à 
la première tortue que l’on appercoit endormie. On 
remet dans la mer le naucrate garni de sa longue 
corde : l'animal, délivré en partie de sa captivité, 
cherche à s'échapper en nageant de tous les côtés. On 
lui lâche une longueur de corde égale à la distance 
qui sépare la tortue marine, de la barque des pêcheurs. 
Le naucrate, retenu par ce lien, fait d'abord de nou- 
veaux efforts pour se soustraire à la main qui le maî- 
trise ; sentant bientôt cependant qu'il s’agite en vain, 
et qu'il ne peut se dégager, il parcourt tout le cercle 
dont la corde est en quelque sorte le rayon, pour 
rencontrer un point d'adhésion, et par conséquent un 
peu de repos. Il trouve cette sorte d’asyle sous le plas- 
tron de la tortue flottante, s'y attache fortement par 
le moyen de son bouclier, et donne ainsi aux pêcheurs, 
auxquels il sert de crampon, le moyen de tirer à eux 
la tortue , en retirant la corde. 

On voit tout de suite la différence remarquable qui 
sépare cet emploi du naucrate, de l'usage analogue 
auquel on fait servir plusieurs oiseaux d’eau ou de 
rivage, et particulièrement des cormorans , des hérons 
et des butors. Dans la pêche des tortues faite par le 
moyen d'un échénéis, on n’a sous les yeux qu'un 
poisson contraint dans ses mouvemens, mais Conser- 
vant la même tendance, faisant les mêmes efforts, 


1206 : : HISTOIRE NATURE ML E; 

répétant les mêmes actes que lorsqu’il nage en liberté, 
et n'étant qu’un prisonnier. qui cherche à briser ses 
chaînes , tandis que les oiseaux élevés pour la pèche 
sont altérés dans leurs habitudes, et modifiés par 
l'art de l'homme , au point de servir en esclaves vo- 
lontaires ses caprices et ses besoins. On a pu entrevoir 
dans deux de nos Discours généraux *, la cause de 
cette différence, qui mérite toute l'attention des phy- 


siciens. 


X Discours sur la nature des poissons, et Discours sur la durée des 


ESPÈCES. 


L'ÉCH CN ÉT SR AY É* 


LE naturaliste anglois Archibald Menzies a donné, 
dans le premier volume des Transactions de la société 
linnéenne de Londres, la description de ce poisson, qui 
diffère des deux échénéis dont nous venons de parler, 
par le nombre des lames qui composent sa plaque 
ovale. En effet, cet osseux n'a que dix paires de stries 
transversales, dans Fespèce de bouclier dont sa tête 
est couverte. D'ailleurs sa nageoire caudale, au lieu 
d'être fourchue comme celle du rémora, ou rectiligne, 
ou arrondie comme celle du naucrate, se termine en: 


pointe. Sa mâchoire inférieure est plus longue que la 


supérieure. Les dents des deux mâchoires sont petites, 
ainsi que les écailles qui revêtent l'animal. La cou- 
leur générale est d'un brun foncé, et relevée de 
chaque côté par deux raies blanches qui s'étendent 
depuis les yeux jusque vers le bout de la queue, 
L'échénéis rayé se trouve dans le grand Océan, connu 
sous le nom de 1er Pacifique :on l'y a vu adhérer à 


. 


7 
* Echeneis lineata.. 
Id. Archibald Menzies, Transact. de lu société linnéenne de: Londres, 
pol, +, 


168 HISTOIRE NATURELLE. 
des tortues. L'individu décrit par l’auteur anglois 
avoit treize centimètres de long *. 


* À la membrane branchiale 10 rayons. 
à la nageoire dorsale 33 
à chacune des pectorales . 18 
à chacune des thoracines 5 
à celle de l'anus 33 


à celle de la queue : : 14 


3 


SOIXANTE-DIX-NEUVIÈME GENRE. 
LES MACROURES. 


Deux nageoires sur le dos; la queue deux fois plus longue 
| que le corps. 


ESPÈCE. CARACTÈRES. 

Le premier rayon de la première nageoire 
dorsale, dentelé par-devant; les écailles 

_aiguillonnées , et relevées en carène. 


LE MACROURE BERGLAX, 
(Macrourus berglax.) 


2 
2 


TOME III. 


LE MACROURE BERGLAX* 


Auprès des rivages du Groenland et de l'Islande, 
habite ce macroure que Bloch et Gunner ont cru, avec 
raison, devoir placer dans un genre particulier. La 
longueur de sa queue sépare sa forme de celle des 
autres poissons thoracins, et donne un caractère 
particulier à ses habitudes , en accroissant l'étendue 
de son principal instrument de natation, et en douant 
cet osseux d’une force particulière pour se mouvoir 
avec vitesse au milieu des mers hyperboréennes. Long 
d’un mètre, ou environ, il fournit un aliment utile 
et quelquefois même abondant aux peuplades de ces 
côtes groenlandoises et islandoises, si peu favorisées. 
par la Nature, et condamnées pendant une si grande 
partie de l’année à tous les effets funestes d’un froid 
ess Son nom de berolax vient des rapports qu'il 

à paru présenter. avec a saumon que Fon nomme 


* Macrourus berglax. 

Macrourus rupestris. Bloch, pl. 177. 

Coryphænoïdes rupestris. Gunner, Act. Nidros, 3, p. 43, tab, 3, fig. x. 
Müller, Prodrom. Zoolog. Danic. p.43, n. 363, 

Coryphæna rupestris. Linné , bo. de Gmelin. 

Id. Or. Fabric. Faun. Groenland. p. se He LTES 

Ingmingoak. 14. 1bid. 

Fiskligen brosme, 

Ingminniset. Cranz, Groenland, p. 140. 

Berglax. Sérom. Sondm. 1 ,1p. 267. 


€ Hauror) Jeupl F 


/ 


HISTOIRE NATURELLE. 171 


lachs, ou lax, dans plusieurs langues du Nord, et des 
rochers au milieu desquels il séjourne fréquemment. 
Sa tête est grande et large; ses yeux sont ronds et 
saillans; les ouvertures des narines doubles de chaque 
côté; et les deux mâchoires proprement dites, à peu 
près égales. Cependant le museau est très-avancé au” 
dessus de la mâchoire supérieure, qui est armée ordis 
nairement de cinq rangées de dents; et la mâchoire 
inférieure, qui n'en montre quetrois rangées, est gar- 
nie d'un filament ou barbillon semblable, par sa 
forme, sa nature et sa longueur, à celui de plusieurs 
gades. La langue est courte, épaisse, cartilagineuse, 
blanche, et lisse comme le palais. Un opercule d’une 
seule pièce couvre une grande ouverture branchiale. 
L’anus est plus près de la tête que de l'extrémité de la 
queue. La ligne latérale se rapproche du haut du corps, 
dans une grande partie de sa direction. Deux nageoires 
s'élèvent sur le dos; la seconde est réunie avec celle 
de la queue, qui touche aussi celle de l'anus *; et les 
écailles qui recouvrent ce macroure, Où , ce qui est la 
même chose, ce poisson g longue queue, sont relevées 
par une arête qui se termine en pointe ou en aiguillon. 


EE 


* À la membrane des branchies 6 rayons. 


, à la premiére nageoire du dos 11 
à la seconde 124 
à chacune des pectorales 19 
à chacune des thoracines 7 


à celle de l’anus 148 


172 HISTOIRE NATURELLE. 


Présentant d’ailleurs un éclat argentin, ces écailles 
donnent une teinte très-brillante au berglax, dont la 
partie supérieure montre néanmoins une couleur plus 
foncée ou plus bleuâtre que l’inférieure ; et les na- 
geoires ajoutent quelquefois à la parure de l'animal, 
en offrant une nuance d'un assez beau jaune, et une 
bordure bleue qui fait ressortir ce fond presque doré. 

Le berglax fraye assez tard. On le pêche avec des 
lignes de fond * : lorsqu'il est pris, il se débat violem- 
ment, agite avec force sa longue queue, anime ses 
gros yeux, etse gonfle d'une manière assez analogue 
à celle que nous avons abservée en parlant des tétro- 
dons. k 


* Voyez ce que nous ayons dit des lignes de-fond, dans l’histoire de. 
MUTÈNE CONSTE. 


QUATRE-VINGTIÈME GENRE. 
LES CORYPHÈNES. due 


Le sommet de la tête trés-comprimé et come tranchant 
par le haut, ou très-éleyé et finissant sur le devant par 
un plan presque vertical, ou Lerniiné antérieurement par 
un quart de cercle, ou garni d’écailles semblables à 

celles du dos; une seule nageoire dorsale, et cette 
nageoire du dos presque ‘aussi longue que le corps et 
la queue. 


PREMIER SOUS-GENRE. 
La nageoire de la queue, fourchue. 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 
‘Soixante rayons, ou environ , à la nageoire du: 
dos ; plus de six rayons à la membrane des: 
branchies ; plus d’un rang de dents à 
chaque mâchoire; une seule lame à chaque 
opercule; des taches sur la plus grande: 
partie du corps et de la queue. 


T- LE coRYPEH. HIPPURUS. 
(Coryphæna hippurus.) 


Cinquante rayons , ou environ, à la nageoire 
du dos; six rayons à la membrane bran- 
chiale ; des taches sur la partie supérieure: 
du corps et de la queue, 


2. LE CORYPH. DORADON. 
(Coryphæna aurata.) 


174 HISTOIRE NATURELLE 


ESPÈCES. CARACTÈRES. £ 


Cinquante-huit rayons à la nageoire du dos: 
six rayons à la membrane des branchies ; 
Ja langue osseuse dans le milieu , et car- 
3. LE CORYPH. CHRYSURUS./ tilagineuse dans les bords; un seul rang 
{Coryphæna chrysurus.) de dents à chaque mâchoire; deux lames 
à chaque opercule; des taches sur la 
plus grande partie du corps et de la 

queue, 


Cinquante-cinq rayons, ou ehviron , à la na. 
geoire du dos ; cette nageoire dorsale trés- 


L Lt festonnée au-dessus de la queue; la langue 
4. LE COR. SCOMBÉROÏDE. 


{ Coryphæna scomberoides.) | 


bisanguleuse par-devant , osseuse dans son 
milieu, et cartilagineuse dans ses bordé; 
point de dents sur le devant du palais; 
point de taches sur le corps nisur la queue. 


nageoire du dos ; la ligne latérale droite ; 
5, LE CORYPHÈNE ONDÉ. des bandes transversales placées sur la 
(Coryphæna undulata.) nageoïire dorsale, et s’étendant sur le dos 
et les côtés, où elles ondulent et se réu- 


nissent les unes aux autres. 
Trente-cinq rayons, ou environ, à la nageoire 
6. LE CORYPH. POMPILE, 
(Coryphæna pompilus ) 


du dos; la mâchoire inférieure plus avan- 
cée que la supérieure; la ligne latérale 
courbe; des bandestransversaleset étroites. 


EE rayons, ou environ, à la 


. 


DNLE 15 4 U PR OM SE SOON 5, 175 


SECOND SOUS-GENRE. 


La nageoire de la queue en Croissant, 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 


Dix-neuf rayons, ou environ, à la nageoire 
du dos ; les écailles grandes ; toute la sur 
face du poisson, d’une couleur bleue. 


7. LE CORYPHÈNE BLEG. 
(Coryphæna cœrulea.) 


Quatre-vingts rayons, ou environ, à la na- 
geoire du dos ; un grand nombre de raies 


étroites, courbes et bleues, situées sur le 
dos. 


8. LE CORYPH, PLUMIER. 
( Coryphæœna Plumieri. ) 


TROISIÈME SOUS-GENRE. 


La nageoire de la queue rectilione. 


ESPÈCES, EARACTÈRES. 

: La partie supérieure terminée par une arête 
g. LE CORYPHÈNE RASOrR. Re : TA 
aigue; des raies bleuâtres , et croisées sur 


(CCEYPRE RS »0aree,) la tête et sur les nageoires. 


‘La nageoire dorsale commençant à l’occi- 
put, composée de trente rayons, ou en- 
viron, et très-basse, ainsi que celle de 
l'anus; la ligne latérale interrompue ; des: 


raies longitudinales et vivement colorées. 
sur les nageoires. 


30. LE CORYPH.PERROQUET. } 
(Coryphæna psitiacus.) 


{Trente-deux rayons à la nageoire du dos ; 
la lèvre inférieure plus avancée que 
supérieure. 


17. LE CORYPHÈNE CAMUS, 
(£oryphæna sima.) 


176  HISTOÏRE NATURELLE. 


QU'A TE R DEME 60 USÈGENRE. 
La nageoire de la queue arrondie. 


CARACTÈRES. 
(L’extrémité antérieure de chaque mâchoire 
garnie de deux dents aiguës, très-longues, 
et écartées une de l’autre ; les écailles 
grandes ; la tête dénuée d’écailles sem- 
blables à celles du dos, et présentant plu- 
sieurs bandes transversales, 


12. LE CORYPHÈNE RAYÉ. 
(Coryphæœna lineata.) 


La nageoire du dos très-longue; celle de 


Panus assez courte ; la mâchoire inférieure 


x3. LE CORYPH. CHINOIS. plus avancée que la supérieure, et relevée; 
(Coryphœna sinensis.) À de grandes écailles sur le corps et sur les 
opercules ; la couleur générale d’un verd 

argentin. 


CINQUIÈME SOUS-GENRE. 


La nagcoire de la queue lancéolée, 


ESPÈCE. | CARACTÈRES, 
1. 


14. LE CORYPH. POINTU. iQ rayons à la nageoiïre du dos; 


(Coryphæna acuta.) la ligne latérale courbe, 


D'E SUP'OTSS D N S77 177 


Æspéces dont la forme de la nageoire de la queue n'est 
pas encore connue. 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 

La nageoire du dos, celle de l’anus , et les 
thoracines, garnies chacune d’un long fila- 
ment. | 


29. LE CORYPHÈNE VERD. 
(Coryphæœna viridis.) 


46. LE CORYPH. CASQUÉ, Rs rayons à la nageoire du dos; 


(Coryphœna galeata.) une lame osseuse sur le sommet de la tête. 


TOME th 29 


LE CORYPHÈNE HIPPURUS*. 


D£ tous les poissons quihabitent la haute mer; aucun 
ne paroît avoir recu de parure plus magnifique que 
les coryphènes. Revêtus d’écailles grandes et polies, 
réfléchissant avec vivacité les rayons du soleil, bril- 
lant des couleurs les plus variées, couverts d'or, pour 
; ainsi dire, et resplendissant de tous les feux du dia- 
mant et des pierres orientales les plus précieuses, 
ils ajoutent d'autant plus, ces coryphènes privilégiés, 
à la beauté du spectacle de l'Océan, lorsque, sous un 
ciel sans nuages, de légers zéphyrs commandent seuls. 
aux ondes, qu'ils nagent fréquemment à la surface 


* Coryphæna hippurus. 

Dorade, 

Rondanino, sur la côte de Gênes. 

Eampugo, en Espagne. 

Dolphin, en Angleterre. 

Dorado, dans plusieurs autres endroits de l'Europe. 
Coryphæna hippurus. Zinné , édition de Gmelin. 
Bloch, pl 174. 

Coryphène dofin. Daubenton, Encyclopédie méthodique:. 
Id. Bonnaierre, planches. de l'Encyclopédie méthodique. 
Osbeck, It. 307. Ep 

Coryphæna caudâ-bifurc , etc. Ariedi, gen. 15, syn. 28, 
l'omse@.. Arist. lib. 8, cap. 15, 

Id. Oppian. lib. x, p. 8: 

Ld.. Aihen. lib. 7, p. 304. 


HISTOIRE NATURELLE, 179 


des eaux, qu'on les voit, en quelque sorte , sur le som- 
met des vagues, que leurs mouvemens très-agiles et 
très- -répétés multiplient sans cesse les aspects sous 
lesquels on les considère , ainsi que les reflets éclatans 
qui les décorent, et que, voraces et audacieux, ils en- 
tourent en grandes troupes les vaisseaux qu'ils ren- 
contrent, et s’en approchent d'assez près pour ne rien 
dérober à l'œil du spectateur, de la variété ni de la 
richesse des nuances qu'ils étalent. C'est pour indiquer 
cette prééminence des coryphènes dans l'éclat et dans 
la diversité de leurs couleurs, ainsi que dans la vélocité 
de leur course et la rapidité de leurs évolutions, et 
pour faire allusion d’ailleurs à la hauteur à laquelle 
_ils se plaisent à nager, que, suivant plusieurs écri- 
‘ vains, ils ont reçu le nom générique qu'ils portent, et 
qui vient de deux mots grecs, dont l’un, xopuOn; VEUÉ 


Hippurus. Ovid. v. 05. 
Id. Plin. lib. 9, cap. 16; et lib. 32, cap. IT. 
Lampugo. rire , première partie, liv, 8, chap: 18, édition de Lyon, 
1558. 
Hippurus. 1d. ibid. 
Id. Gesner, p. 5ox et 423, (Germ. NY. 44 ,&- — Don. animal. p. 7 
Aldrov. lib. 3, cap. 17, p. 306. 
Jonston. lib. x, tit. 4,.caps x, a6,, tab: x, 
Charlet. p.124. 
TFillughby , MENU p.213, tab. O,7, fig 5 
Raj. p.100, M. Ie 
Equisele. Gaz. Arist. lib. 4, cap. 105 et V4 8, cap. 15. 
Equiselis. Zd. ibid, 
Hippurus pinnis branchialibus deauratis, etc, Ælcin, Miss pise. D 
pe 5,1 Z, 2. - 


100 HISTOIRE NATURELLE 


dire sommet, et l’autre , vw, signifie je rage. On a éga- 
lement prétendu que la dénomination de coryphène, 
employée dès le temps des anciens naturalistes, dési- 
 gnoït une des formes les plus remarquables des pois- 
sons dont nous parlons, c'est-à-dire , la position de leur 
nageoire dorsale, qui commence très-près du haut de 
la tête. Quelque opinion que l’on adopte à cet égard ; 
on ne peut pas douter que le nom particulier d’Aip- 
purus, où de queue de cheval, donné à l’une des plus 
belles espèces de coryphène, ne vienne de la confor- 
mation de cette même nageoire, dorsale, dont les - 
rayons très-nombreux ont quelques rapports avec les 
crins du cheval. Cet hippurus, qui est l’objet de cet 
article, parvient quelquefois jusqu'a une longueur 
d’un mètre et demi. Son corps est comprimé aussi-bien 
que sa tête; l'ouverture de sa bouthe très-grande; sa 
langue courte; ses lèvres sont épaisses; ses mâchoires 
garnies de quatre rangs de dents aiguës et recourbées 
en arrière. Un opercule composé d’une seule pièce 
couvre une large ouverture branchiale; la ligne laté- 
rale est fléchie vers la poitrine , et droite ensuite jus- 
qu’à la nageoire caudale, qui est fourchue "; les écailles 
sont minces, mais fortement attachées. 


* À la membrane des branchies 10 rayons, 


à Ja nageoire du dos 60 
à chacune des pectorales 20 
à chacune des thoracines 6 
à celle de Panus 26. 


à celle de la queue 20 


DES POISSONS. 104 

À l'indication des formes.-ajoutons l'exposition des 
nuances, pour achever de donner une idée de ce 
superbe coryphène. Lorsqu'il est vivant, dans l’eau , et 
en mouvement, il brille sur le dos d’une couleur d'or 
très-éclatante, mêlée à une belle teinte de bleu où de 
verd de mer, que relèvent des taches dorées et le 
jaune doré de la ligne latérale. Le dessous du corps 
est argenté. Les nageoires pectorales et thoracines 
présentent un jaune très-vif, à la splendeur duquel 
ajoute la teinte brune de leur base; la nageoire cau- 
dale, qui offre la même nuance de jaune, est d'ailleurs 
bordée de verd; celle de l'anus est dorée; et une 
dorure des plus riches fait remarquer les nombreux 
rayons de la nageoïre dorsale, au milieu de La mem- 
brane d’un bleu céleste qui les réunit. 

C'est ce magnifique assortiment de couleurs d’or et 
d'azur qui trahit de loin le coryphène hippurus, lors- 
que, cédant à sa yoracité naturelle , if poursuit sans 
relâche les trigles et les exocets, dont il aime à se 
nourrir, Contraint ces poissons volans à s'élancer hors 
de l’eau, les suit d’un regard assuré, pendant que ces 
animaux effrayés parcourent dans l'air leur demi-cercle, 
et les reçoit, pour ainsi dire, dans sa gueule, à l’ins- 
tant où, fatigués d’agiter leurs nageoires pectorales, et 
ne pouvant plus soutenir dans l'atmosphère leur corps 
trop pesant, ils retombent au milieu de leur fluide 
_ natal sans pouvoir y trouver un asyle. 

Non seulement les hippurus cherchent ainsi à satis- 


182  HISTOÏRE NATURELLE 


faire le besoin impérieux de la faim qui les presse ; 
au milieu des bandes nombreuses de poissons moins 
grands et plus foibles qu'eux; mais encore, peu diffi- 
ciles dans le choix de leurs alimens, ils voguent en 
grandes troupes autour des vaisseaux, les accom- 
pagnent avec constance, et saisissent avec tant d'avi- 
dité tout ce que les passagers jettent dans la mer, 
qu'on à trouvé dans l'estomac d’un dé ces poissons 
jusqu’à quatre clous de fer, dont un avoit plus de 
quinze centimètres de longueur. 

-On profite d'autant plus dé leur gloutonnerie pour 
les préndre, que leur éhaïr est férme:, et très-agréable 
au goût. Peñdant Ie témps de leur frai, c'est-à-dire, 
dans le prititemps ét dans l'automne, où les pêche avec 
des filets auprès des rivages, vers lesquels ils vont 
déposer ou féconder leurs œùf:: et dans lés autres 
saisons, où ils préfèrent la‘häute mer, où se sert de 
lignes de fond”"-que la voracité de ces coryphènes 
rénd très-dangere usés pour ces animaux. Ce qui fait 
d'ailleurs qué leur recherche est facile et avantageuse 4 
c'est qu'ils Sont (en très-grand nombre dans les parties : 
dé Tamer qui leur conviennent, parte qu'indépendam- 
ment de leur fécondité, ils croissent si vîte ; qu on les 
voit grandir d'une manière très-prompte dans les 
nasses où on les renferme après les avoir pris en vie! 


x Voyez, sur les lignes de fond, l’article de la raie bouclée, et celui de 
la murène congre. 


+ 


Pis-E Gen OMS GONE Sale eee OA 

Ils vivent dans presque toutes les mers chaudes ec 

même tempérées. On les trouve non seulement dans 

le grand Océan équatorial, improprement appelé 1er 

Pacifique, mais encore dans üñe grande portion de: 
l'Océan atlähtique, et jusque dans la Méditerranée. 


LE CORYPHEÈNE DORADON*. 


Nous conservons ce nom de doradon à un coryphène 
qui a plusieurs traits communs avec l’hippurus, mais 
qui en diffère par plusieurs autres. Il en est séparé par 
le nombre des rayons de la nageoire dorsale, qui n'en 
renferme que cinquante ou environ, par celui des 
rayons de la membrane des branchies, qui n'en com- 
prend que six, pendant que la membrane branchiale 
de l’hippurus en présente sept et quelquefois dix, et de 
plus par la disposition des taches couleur d'or qui ne 
sont disséminées que sur la partie supérieure du corps 
et de la queue. D'ailleurs, en jetant les yeux sur une 
peinture exécutée d’après les dessins coloriés et origi- 
naux du -célébre Plumier, laquelle fait partie de Îa 
belle collection de peintures sur vélin déposées dans 
le Muséum d'histoire naturelle, et qui représente avec 
autant d'exactitude que de vivacité les brillantes 


* Coryphæna aurata. 


Coryphæna equiselis, Linné, édition de Gmelin. 

Coryphène doradon. Daubenion, Encyclopédie méthodique. 
Id. Bonnaterre, planches de l’ Encyclopédie mélloique, 
Dorado. Osbeck, Tt. 308. 

Guaracapema. Marcgrav. Brasil. p. 160. 

Id. Piso, Ind. p. 160. 

VVillughbs, Ichihyol. p. 214. 

Raj. Pise. p, 100, 7. 2. 


__. 


- H IS T O-LR-Es.N À T.UR-E IXL FE. 185 


nuances du doradon, on ne peut pas douter que ce: 
dernier coryphène n'ait chacun des opercules de ses 
branchies composé de deux lames, pendant que l’oper- 
cule de l’hippurus est formé d’une seule pièce. On 
pourra s'en assurer, en examinant la copie de cette 


peinture, que nous avoss cru devoir faire graver“. Au 


reste, l’agilité, la voracité et les autres qualités du 


_doradon, ainsi que les diverses habitudes de ce pois- 


son, sont à peu près les mêmes que celles de l'hip- 
purus; et on le trouve également dans un grand 


nombre de mers chaudes ou tempérées. 


* A la membrane des branchies 6 rayons. 


à la nageoire dorsale 53 
à chacune des pectorales 19 
à chacune des thoracines 6 
à celle de l'anus 23 
à celle de la queue 20 


TOME IIL 24 


LE CORYPHÈNE CHRYSURUS*. 


C'Esr dans la mer Pacifique, ou plutôt dans le: 
grand Océan équatorial, que ce superbe coryphène a 
été vu par Commerson, qui accompagnoit alors notre: 
célèbre navigateur Bougainville. Il l’a observé sur la 
fin d'avril de 1768, vers le 16° degré de latitüde aus- 
trale, et le 170° de longitude. Au premier coup d'œif, 
on croiroit devoir le rapporter à la même espèce que 
lhippurus; mais en le décrivant d'après Commerson ;. 
nous allons montrer aisément qu'il en: diffère par un: 
grand nombre de caractères. | 

Toute la surface de ce coryphène et particulière- 
ment sa queue brillent d'une couleur d’or très-écla- 
tante. Quelques nuances d'argent sont seulement 
répandues sur la gorge et la poitrine; et quelques 
teintes d’un bleu céleste jouent, pour ainsi dire, aw 
milieu des reflets dorés du sommet du dos. Une belle 
couleur d'azur paroît aussi sur les nageoires, princi- 
palement sur celle du dos et sur les pectorales : elle- 
est relevée sur les thoracines par le jaune d'une partie 
Sn oh 2 à 0 ac a Eng AREA 
1% Coryphæna chrysurus. 

Coryphus chrysurus. — Undique deauratus; dorso, pinnis, guttulisque 


Jateralibus, cæruleis, caudä ex auro flayescente. Commerson, manuscrits: 


déja cités. 
Dorat de la mer du Sud. Id. id 


HISTOIRE NATURELLE. 107 
des rayons, et sur celle de l'anus, par les teintes 
dorées avec lesquelles elle y est mêlée; mais elle ne 
se montre sur la nageoire de la queue que pour y 
former un léger liséré, et pour y encadrer, en quelque 
sorte, l'or resplendissant qui la recouvre, et qui a 
indiqué le nom du coryphène *,. 

Ajoutons, pour achever de peindre la magnifique 
parure du chrysurus , que des taches bleues et lenti- 
culaires sont répandues sans ordre sur le dos, les 
côtés et la partie inférieure du poisson, et scintillent 
au milieu de l'or, comme autant de saphirs enchâssés 
dans le plus riche des métaux. 

L’admirable vêtement que la Nature a donné au 
chrysurus , est donc assez différent de celui de l'hip- 
purus, pour qu'on ne se presse pas de les confondre 
dans la même espèce. Nous allons les voir séparés par 
des çaractères encore plus constans et plus remar- 
quables. 

Le corps du chrysurus, très-alongé et très-compri- 
mé , est, terminé dans le haut par une sorte de carène 
aiguë qui s'étend depuis la tête jusqu'à la nageoire de 
la queue; et une semblable carène règne en-dessous, 
depuis cette même nageoire caudale jusqu'à l'anus. 

La partie antérieure et supérieure de la tête repré- 
sente assez exactement un quart de cercle, et se 
termine dans le haut par une sorte d'arète aiguë. 


* Chrysurus signifie queue d’or. 


168 HISTOIRE NATURELLE 


La mâchoire inférieure, qui se relève vers la supé- 
rieure, est un peu plus longue que cette dernière: 
Toutes les deux sont composées d’un 0s qu'hérissent 
des dents très-petites, très-courtes, très-aiguês, assez 


écartées l’une de l’autre, placées comme celles d’un. 


peigne , et très-différentes, par leur forme, leur nombre 
et leur disposition, de celles de Fhippurus. 

On voit d’ailleurs deux tubercules garnis de dents 
très-menues et-très-serrées auprès de Fangle inté- 
rieur de la mâchoire supérieurè, trois autres tuber- 
cules presque semblables vers le milieu du palais, et 
un sixième tubercule très-analogue presque au-dessus 
du gosier., 


La langue est large, courte, arrondie par-devant, ; 


osseuse dans son milieu, et cartilagineuse dans ses 
bords. L'ouverture de la bouche est peu étendue : on 
compte de chaque côté deux orifices des narines; une 
sorte d'anneau membraneux entoure l’antérieur. Les 
opercules des branchies sont, comme la tête, dénués 
de petites écaïlles ; ils sont de plus assez grands, et 
composés chacun de deux pièces, dont celle de devant 
est arrondie vers la queue, et dont celle de derrière 
se prolonge également vers la queue, en appendice 
quelquefois un peu recourbé. 

Six rayons aplatis soutiennent de chaque côté une 
membrane branchiale, au-dessous de laquelle sont 


placées quatre branchies très-rouges, formées chacune 
de deux rangées de filamens alongés : la partie concave: 


DRE SU 2 CG MCSE-ST OUNtT _ 109 


de l'arc de cercle osseux de la première et de la 
seconde est garnie de longues dents arrangées comnre 
celles d'un peigne; la concavité de l'arc de la troisième 
et de la quatrième ne présente que des aspérités. 

La nageoire du dos, qui commence au-dessus des 
yeux, et s'étend presque jusqu'à celle de la queue, 
comprend cinquante-huit rayons * : les huit premiers 
sont d'autant pluslongs qu'ils sont situés plus loin de 
la tête; et la longueur des autres est au contraire d’au- 
tant moindre, quoiqu'avec des différences peu sen- 
sibles, qu'ils sont plus près de la nageoire caudale. 

_ L'anus est placé vers le milieu de la longueur totale 
de l'animal ; et lon voit entre cet orifice et la base des 
nageoires thoracines , un petit sillon longitudinal. 

La nageoire de la queue est fourchue, comme celle 
de tous les coryphènes du premier sous-genre; la ligue 
latérale serpente depuis le haut de l'ouverture bran- 
chiale, où elle prend son origine, jusqu'auprès de l’ex- 
trémité des nageoires pectorales, et atteint ensuite la 
nageoire de la queue en ne se fléchissant que par de 
légères ondulations; et enfin les écailles qui recouvrent 
le poisson, sont alongées , arrondies à leur sommet, 


lisses, et fortement attachées: 
* À Ja membrane des branchies 6 rayons. 


à la nageoïre du dos: 58 
à chacune des pectorales : 20- 
X chacune des thoracines 5 
à la nageoire de Panus 28 


à.celle de la queue 15 


190 HISTOIRE NATURELLE 


On a donc pu remarquer sept traits principaux par 
‘lesquels le chrysurus diffère de l’'hippurus: première- 
ment, le nombre des rayons n’est pas le même dans la 
plupart des nageoires de ces deux corÿyphènes ; secon- 
dement, la membrane branchiale du chrysurus ne ren- 
ferme que six rayons, il y en a toujours depuis sept jus- 
qu'à dix à celle de l’hippurus ; troisièmement, le dos du 
premier est carené, celui du second est convexe; qua- 
trièmement, l'ouverture de la bouche est peu étendue 
dans le chrysurus, elle est très-grande dans l'hippurus; 
einquièmement, les dents du chrysurus sont confor- 
imées et placées bien différemment que celles de l'hip- 
purus; sixièmement, l’opercule branchial du chrysu-. 
rus comprend deux lames, on ne voit qu'une pièce 
dans celui de lhippurus; et septièmement, nous avons 
déja montré une distribution de couleurs bien peu 
semblable sur l’un et sur l’aûtre de ces deux cory- 
phènes. Ils doivent donc constituer deux espèces dif- 
férentes , dont une, c’est-à-dire , celle que nous décri- 
vons, est encore inconnue des naturalistes; car elle 
est aussi très- distincte du coryphène doradon, ainsi 
qu'on peut facilement s'en convaincre, en comparant 
les formes du doradon et celles du chrysurus. 

Au reste, les habitudes du coryphène qui fait le 
sujet de cet article, doivent se rapprocher beaucoup 
de celles de l’hippurus. En effet, Commerson ayant 
ouvert un chrysurus qui avoit plus de sept décimètres 
de longueur, il trouva son estomac, qui étoit alongé 


D ES D OMS S ON SE. TOI 


et membraneux, rempli de petits poissons volans, et 
d’autres poissons très-peu volumineux. 

Il vit aussi s’agiter au milieu de cet estomac, et 
dans une sorte de pâte ou de chyme, plusieurs vers 
fiiformes, et de la longueur de deux ou trois centi- 
mètres. : 

Ce voyageur rapporte d’ailleurs dans les manuscrits 
qui mont été confiés dans le temps par Buflon, que 
lorsque les matelots exercés à la pêche ont pris un 
chrysurus, ils l’attachent à une corde, et le suspendent 
à la proue du vaisseau , de manière que l'animal paroît 
être encore en vie et nager à la surface de la mer. Ils 
attirent et réunissemt, par ce procédé » Un assez grand: 
nombre d’autres chrysurus, qu'ils peuvent alors percer 
facilement avec une jouine *, ùE 

Commerson ajoute que les. chrysurus l'emportent 
sur presque tous les poissons de mer par le bon voût 
de leur chair, que l’on prépare de plusieurs manières 2 
et particulièrement avec du beurre et des câpres. 
A ——— 

* La fouine est un peigne de fer attaché à un long manche, On donne’ 
aussi ce nom, ainsi que celui de foène et de fouanne, à une broche” 
terminée par un dard. Quelquefois on ajuste ensemble deux, trois ou 
un plus grand nombre de James, pour former une Jouanne, ou foène,. 
ou fouine. D’autres fois an emploie ces noms pour désigner une simple” 
fourche. On attache Pinstrument au bout d’une perche, et l’on s’en sert: 


pour percer les poissons que l’on apperçoit au fond de l’eau, .où qui sont: 
cachés dans la vase, les enfiler et les retirer. 


LE CORYPHÈNE SCOMBÉROIÏDE *. 


Nous avons trouvé dans les manuscrits de Commer- 
son la description de cette espèce de coryphène, que 
ce savant voyageur avoit vue, au mois de mars 1700, 
dans la mer du Sud, ou, pour mieux dire, dans Île 
grand Océan équatorial, vers le 18° degré de latitude 
australe, et le 134° degré de longitude, et par consé- 
quent à une distance de la ligne très-peu différente 
de celle où il observa, un ou deux mois après , le 
cory phène chrysurus. 

Le scombéroïde est d’une longueur intermédiaire 
entre celle du scombre maquereau et celle du hareng. 
Sa couleur totale est argentée et brillante; mais elle 
n’est pure que sur les côtés et sur le ventre. Une 
teinte brune mêlée de bleu céleste est répandue sur 
le dos ; cette teinte s'étend aussi sur le sommet de ia 
tête, où elle est plus foncée, plus noirâtre, et mêlée 
avec des reflets dorés que l’on voit également autour 
des yeux et sur les lames des opercules. 


* Coryphæna scomberoïdes. 
Coryphus argenteus. — Coryphus pinnâ dorsali Jonoissimâ radiorum 


quinquaginta quinque, osse quadratulo : in media lingua. — Æ4 coryphus 
argenteus , immaculatus, pinnis fuscis, dorsali radiorum quinquaginta 
quinque ,-anali viginti quinque, caudé bifurcâ fuscescente. Commerson, 
manuscrits déja cités. 
“Osteoglossus, ostéoglosse, ox languosséux de la mer du Sud, Id. ibid, 
Petite dorade. Zd. ibid. 


HISTOIRE NATURELLE, 195 


Toutes les nageoires sont entièrement brunes, ex- 
cepté les thoracines, dont la partie extérieure est 
blanche, et les pectorales, qui sont un peu dorées. 

La mâchoire supérieure est plus courte que l'infé- 
rieure. Les os qui composent l’une et l’autre, sont 
hérissés d'un si grand nombre de petites dents tour- 
nées en arrière, qu'ils montrent la surface d’une lime, 
et qu'ils tiennent l'animal facilement suspendu à un 
doigt, par exemple , que l’on introduit dans la cavité 
de la bouche. 

La langue a une figure remarquable ; elle ressemble 
en quelque sorte à un ongle humain : elle est large, 
un peu arrondie par-devant, et néanmoins terminée 
par un angle à chaque bout de son arc antérieur; de 
plus, elle présente dans son milieu un os presque 
carré, et couvert de petites aspérités dirigées vers le 
gosier ; sa circonférence est formée par un cartilage 
qui s’amincit vers le bord; et un frein large et épais 
la retient par-dessous. 

La voûte du palais est entièrement lisse, excepté 
l'endroit le plus voisin du gosier, où l’on voit de 
petites élévations osseuses et denticulées. 

Deux lames arrondies par-derrière, grandes et lisses, 
composent chaque opercule ; six rayons soutiennent 
la membrane branchiale ; et les branchies sont assez 
semblables, par leur nombre et par leur conformation, 


à celles du chrysurus. 


La ligne latérale offre plusieurs sinuosités qui 
TOME Il 29 


104 HISTOIRE NATURELLE 
décroissent à mesure qu’elles sont plus voisines de læ 
nagéoire caudale. 

Les nageoires thoracines sont réunies à leur base 
par une membrane qui tient aussi à um sillon longt- 
tudinal placé sous le ventre , et dans lequel le poisson 


eut coucher à volonté ces mêmes nageoires. Elles. 
8 


renferment chacune cinq ou six rayons. 
Le dessous. de la queue est terminé par une carène 


très-aigu e.. 


" £ = LOT x 5 . 2 
La nageoire dorsale règne depuis loceiput jusque 


vers l'extrémité de la queue; elle est festonnée dans: 
sa partie postérieure, de manière à imiter les très- 
petites nageoires que l'on voit sur la queue des 
scombres : la nageoire de l'anus offre une conforma- 
tion analogue; et ces traits particuliers au poisson 
que nous décrivons, ne servant pas peu à le rappro- 
cher des scombres , avec lesquels d’ailleurs on peut 
voir, dans cette histoire , que les coryphènes ont beau- 
coup de rapports, j'ai cru devoir nommer scombéroïde, 
Fespèce que nous cherchons, dans cet article, à faire: 
connoître des naturalistes *. 


- Commerson vit des milliers de ces scombéroïdes. 


ei eq seen ET 2 DS LU ET a TU ee 


* À la membrane des branchies. 6-rayons.. 
à la nageoire du dos 55 
à chacune des pectorales 18 
à chacune des thoracinés 6: 


à celle de l'anus 25: 
à celle de la queue, qui est fourchue,. 1à. 


D 'E SUBIOIRS SO NS. 105 


suivre les vaisseaux françois avec assiduité, et pendant 
plusieurs jours. Ils vivoient de très-jeunes ou très- 
petits poissons volans, qui, pendant ce temps, volti- 
geoient autour des navires comme des nuées de pa- 
pillons qu'ils ne surpassoient guère en grosseur ;' et 
c'est à cause de la petitesse de leurs dimensions, qu'ils 
pouvoient servir de proie aux scombéroïdes, dont la 
bouche étroite n’auroit pas pu admettre des animaux 
plus gros. En effet, l’un des plus grands de ces cory- 
phènes observés par Commerson n’avoit qu'environ 
trois décimètres de longueur. Cet individu étoit cepen- 
dant adulte et femelle. À 

Au reste, les ovaires de cette femelle, qui avoient 
une forme alongée, occupoient la plus grande partie 
de l’intérieur du ventre, comme dans les cyprins, et 
contenoient une quantité innombrable d'œufs; ce qui 
prouve ce que nous avons déja dit au sujet de la 
grande fécondité des coryphènes. 


LE CORYPHÈNE ONDÉ*. 


Parras a décrit le premier cette espèce de cory- 
phène. L’individu qu'il a observé et qui avoit été pêché 
dans les eaux de l’isle d'Amboine, n’étoit long que de 
cinq centimètres ou environ. Les formes et les .cou- 
feurs de cet animal étoient élégantes : très-alongé et 
un peu comprimé, il montroit sur la plus grande 
partie de sa surface une teinte agréable qui réunissoit 
la blancheur du lait à l'éclat de l'argent; une nuance 
grise varioit son dos ; la nageoire dorsale et celle de 
l'anus étoient distinguées par de petites bandes trans- 
versales brunes; les -bandelettes de la première de ces 
deux nageoires s'étendoient sur la partie supérieure 
de l'animal, y onduloient, pour ainsi dire, s'ÿ réu- 
nissoient les unes aux autres, disparoissoient vers la 
partie inférieure du poisson; et la nageoire de la 
queue, qui étoit fourchue, présentoit un croissant 
très-brun. | 

D'ailleurs ce coryphène avoit des yeux assez grands; 
louverture de sa bouche, étant très-large, laissoit voir 


* Coryphænra undulata, 

Coryphæna fasciolata. Linné, édition de Gmelin. 

Pallas, Spicil. zoolog. 8, p.23, tab. 3, fig. 2. | 

Coryphène ondoyant. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie métho- 
dique. 


HISTOIRE NATURELLE. 107 


facilement une langue lisse, et arrondie par-devant ; 
un opercule composé de deux lames non découpées 
couvroit de chaque côté un grand orifice branchial ; 
la ligne latérale étoit droite et peu proéminente *. 

PR A OO 


* À la membrane des branchies 6 rayons. 


à la nageoire du dos b4 
à chacune des pectorales . 19 
à chacune des thoracines 5 
à celle de l’anus 27 
à celle de la queue 37 DRE 


LE CORYPHENE POMPILE*. 


DE tous les coryphènes du premier sous-genre, le 
pompile est celui dont la nageoire caudale est la moins 
fourchue; et voilà pourquoi quelques naturalistes, et 
particulièrement Artedi, le comparant sans doute à 
l'hippurus, ont écrit que cette nageoire de la queue 
n’étoit pas échancrée. Cependant, lorsqu'on a sous les 
yeux un individu de cette espèce, non altéré, on s'ap- 
perçoit aisément que sa nageoire eaudale présente à 
son extrémité un angle rentrant. Les anciens ont 
nommé pompile, le coryphène dont nous traitons dans 


* Coryphæna pompilus. 
Id. Linné, édition de Gmelin. 

Coryphène lampuge. Daubenton, Encyclopédie méthodique. 
id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 
Coryphæna....lineâ laterali curvâ. Ariedé, gen. 16, syn. 29. 
Tours. Ælian. lib. 2, cap. 15; et lib. x5, cap. 23. 

Id. Athen. lib.m, p. 282, 283 et 284. 

Id. Oppiar. Hal. lib.x, p. 8. 

Pompilus. Orid. 

Pompilus. Plin. Hist. mundi, lib. 32, cap. x. 

Pompile. Rondelet, première parlie, liv.8, chap. 13. 
Xpuoogpue , par plusieurs anciens, auteurs. 

dGesner, p. 88r, 753 ; et (germ.) fol. 60. a, b. 
Aldrovand. lib. 3, cap. 19, p. 326. 

Jonston, lib. 1, til. 1, cap. 2, a.12, 1ab.3, fig. Ë. 
 Charlet. p. 124. 

PFillughby, p. 218. 

Aaj: p. 197. 


HISTOIRE NATURELLE. 199% 
cet article, parce que se rapprochant beaucoup par 
ses habitudes de l’hippurus et du doradon, on diroit 
qu’il se plaît à accompagner les vaisseaux, et que 
pompe signifie en grec pompe, ou cortége. Au reste, il 
ne faut pas être étonné qu'ils aient assez bien connu 
Ja manière de vivre de ce poisson osseux, puisqu'il 
habite dans la Méditerranée, aussi-bien que dans plu- 
sieurs portions chaudes ou tempérées de l'Océan atlan- 
tique et du grand Océan. 

L'ouverture de la bouche du pompile est très-grande; 
sa mâchoire inférieure plus avancée que la supé- 
rieure, et un peu relevée; les côtés de la tête pré- 
sentent des dentelures et des enfoncemens ; la ligne 
latérale est courbe; les nageoires pectorales sont poin- 
tues *“; des bandes transversales, étroites, et commu- 
nément jaunes, règnent sur les côtés. La dorure qui 
distingue un si grand nombre de coryphènes, se ma- 
nifeste sur le pompile, au-dessus de chaque œil; et 
voilà pourquoi on l’a nommé sozurcil d'or, en grec 


HPUTOPPUE* 
* À la nageoire dorsale 35 rayons. 
à chacune des pectorales 14 
à chacune des thoracines 6 
à celle de l'anus 24 


à celle de la queue 16: 


LE CORYPHENE BLEU: 


L'or, l'argent et l’azur brillent sur les coryphènes 
que nous venons d'examiner; la parure de celui que 
nous décrivons est plus simple , mais élégante. Il ne 
présente ni argent ni or; mais toute sa surface est 
d’un bleu nuancé par des teintes agréablement diver- 
sifiées , et fondues par de douces dégradations de clarté. 
On le trouve dans les mers tempérées ou chaudes qui 
baignent les rivages orientaux de lAmérique. Ses 
écailles sont grandes ; celles qui revêtent le dessus et 
les côtés de sa tête, sont assez semblables aux écailles 
du dos. Une seule lame compose l'opercule des bran- 
chies, dont l'ouverture est très-large; la ligne latérale 
est plus proche du dos que de la partie inférieure de 
l'animal; les yeux sont ronds et grands ; et une rangée 
de dents fortes et pointues garnit chaque mâchoire ?, 

3 RL EARS PRA L  EO  OR  E  PEE SRAEE Re SEO ST. MONT 7e 8 


: Coryphæna cærulca. 
Id. Zinné, édition de Gmelin. 


Bloch, pl. 176. | 
Noyacula cærulea. Catesby, Carol. tab. 16. 


Coryphène rasoir bleu. 


3 À la membrane des branchies 4 rayons. 


à la nageoire du dos 19 
à chacune des pectorales 14 
à chacune des thoracines 5 
à celle de l’anus IT 


à celle de la quene 19 


LE CORYPHÈNE PLUMIER* 


CE coryphène, que le docteur Bloch a fait connoître, 
et qu'il a décrit d’après un manuscrit de Plumier, 
habite à peu près dans les mêmes mers que le bleu : 
on le trouve particulièrement, ainsi que le bleu, dans 
le bassin des Antilles. Mais combien il diffère de ce 
dernier poisson par la magnificence et la variété des 
couleurs dont il est revêtu! C’est un des plus beaux 
habitans de l'Océan. Tâchons de peindre son portrait 
avec fidélité. 

Son dos est brun; et sur ce fond que la Nature 
semble avoir préparé pour faire mieux ressortir les 
nuances qu'elle y a distribuées ; on voit un grand 
nombre de petites raies bleues serpenter, s'éloigner 
les unes des autres , et se réunir dans quelques points. 
Cette espèce de dessin est comme encadré dans l'or qui 
resplendit sur les côtés du poisson, et quise change en 
argent éclatant sur la partie inférieure du coryphène. 
La tête est brune ; mais chaque œil est situé au-dessous 
d’une sorte de tache jaune, au-dessus d'une plaque 


* Coryphæna Plumieri. 
Id. Zinné, édition de Gmelin. 
Bloch, pl. 175. | 
Coryphèene paon de mer, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé- 
thodique. 
TOME II * 26 


20% HISTOIRE NATURELLE. 


argentée, et au centre de petits rayons d'azur. Une 


bordure grise fait ressortir le jaune des nageoires. 


pectorales et thoracines. La nageoire de la queue, qui 
est jaune comme celle de l'anus, présente de plus des 
teintes rouges et un liséré bleu; et enfin une longue 
nageoire violette règne sur la partie supérieure du 
corps et de la queue“. Le coryphène plumier est 
d’ailleurs couvert de petites écailles ; il n’a qu’une lame 
à chacun de ses opercules; il parvient ordinairement à 


la longueur d’un demi-mètre; et sa nageoire caudale 


est en croissant, comme celle du bleu. 


* A la membrane des branchies 4 rayons. 


à la nageoire du dos 77 
à chacune des pectorales xt 
à chacune des thoracines 6: 
à celle de l’anus - 55 
à celle de la queue 16. 


ELEC 


LE CORYPHÈNE RASOIR*. 


Ce poisson a sa partie supérieure terminée par une 
arête assez aiguë, pour qu'on n'ait pas balancé à lui 
donner le nom que nous avons cru devoir lui con- 
server. Il habite dans la Méditerranée ; et voilà pour- 
quoi il a été connu des anciens, et particulièrement 
de. Pline. Il est très-beau; on voit sur sa tête et sur 
plusieurs de ses nageoires, des raies qui se croisent 
en différens sens, et qui montrent cette couleur bleue 
que nous avons déja observée sur les coryphènes : mais 
il est le premier poisson de son genre qui nous pré- 
sente des nuances rouges éclatantes, et relevées par 


* Coryphæna novacula. 

Pesce pettine, sur les côtes de la Ligurie. 

Rason, sur plusieurs côtes d'Espagne. 

Coryphæna novacula. Linné, édition de Gmelin. 

Coryphène rason. Daubenton, Encyclopédie méthodique, 

Id. Bonnaterre, planches de P Encyclopédie méthodique. 

Coryphæna palmaris pulchré varia , dorso acuto. 4riedi, gen. 15,53. 20. 
Novacula piscis. Plin. Hist, mundi, lib. 32, cap. 2. 

Rason. Rondelet, première partie, liv. 5, chap. 17. | 

Novacula. Gesner, p. 628 , 629 et 7213 et (germ.) fol. 32, a 

Pesce pettine. Salvian. fol. 217. 

Pecten Romæ, novacula Rondeletii. A/drovand. lib. 2, cap, 27, p. 205, 
Pecten Romanorum. Jonston, lib. 1, fit. 3, cap. 1, à. 15. 

Pesce pettine Salviani, novacula Rondelet. Gesner, Paralipom. p. 24: 
Willughby, Ichthyol, p. 214. 

Raj.p. 101, 


204 HISTOIRE NÂTURELLE. 

des teintes dorées. Ce rouge resplendissant est répandu 
sur la plus grande partie de la surface de l'animal: et 
il y est réfléchi par-des écailles très-grandes. La chair 
du rasoir est tendre, délicate , et assez recherchée sur 
plusieurs rivages de la Méditerranée. Sa ligne latérale 
suit à peu-près la courbure du: dos, dont elle est très- 
voisine ; chacun de ses opercules est composé de deux 
lames ; et sa nageoire caudale étant rectiligne , nous 
l'avons placé dans le second sous-cenre des coryphènes. 
Au reste, l'histoire de ce poisson nous fournit um: 
exemple remarquable de l'influence des mots. On l’a 
nommé rasoir long-temps avant le siècle de Pline : à 
cette époque, où les sciences physiques étoient extrê- 
mement peu avancées, cette dénomination a suffi pour 
faire attribuer à cet animal plusieurs des propriétés 
d'un véritable rasoir, et même pour faire croire, ainsi. 
que le rapporte le naturaliste romain, que ce COry- 
phène donnoit un goût métallique et particulièrement 
un goût de fer à tout ce qu'il touchoit. 


mn 


LE CORYPHÈNE PERROQUET 


La forme rectiligne que présente la nageoire caudale 
de ce poisson, détermine sa place dans le troisième 
sous-genre des coryphènes. Sa ligne latérale est inter- 
| rompue ; et sa nagcoire dorsale, assez basse et com- 
posée de trente rayons, ou environ, commence à 
Focciput*. 
. I a été observé par le docteur Garden dans les 
gaux de la Caroline. La beauté des couleurs dont il 
brille , lorsqu'il est animé par la chaleur de la vie, 
ainsi que par les feux du soleil, a mérité qu'on le 
comparât aux oiseaux les plus distingués par la variété 
de leurs teintes, la vivacité de leurs nuances, la ma- 
gnificence de leur parure, et particulièrement aux 
perroquets. Les lames qui recouvrent sa tête, montrent 
la diversité des reflets des métaux polis et des pierres: 
précieuses ; soniris, couleur de feu, est bordé d'azur ; 

: Coryphæna psittacus. | 

Ed. Linné, édition de Gmelin. 

Coryphene perroquet. Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

Ïd. Bonnaterre, planches de l’ Encyclopédie méthodique. 


À la nageoiïre du dos 30 rayons, 
à chacune des pectorales xx 
à chacune des thoracines 6 
à celle de l’anus 16 


à celle de ja queue T4 


DOG MU SMONPRTE OC ANTONIN DD ES 


des raies longitudinales relèvent le fond des nageoires; 
et l'on appercoit vers le dos, au milieu du tronc, 
une tache remarquable par ses couleurs aussi - bien 
que par sa forme, faite en losange, et présentant, en | 
quelque sorte, toutes les teintes de l'arc-en-ciel, puis- 
qu'elle offre du rouge, du j Panée du verd, du bleu et 
du pourpre. 


On” 


a) 


LE CORYPHÈNE CAMUS: 


LE nombre des rayons de la nageoire dorsale, et la 
prolongation dé la mâchoire inférieure plus avancée 
que la supérieure, servent à distinguer ce coryphène, 
qui habite dans les mers de l’Asie, et qui, par la forme 
rectiligne de sa nageoire caudale, appartient au troi- 


sième sous-genre des poissons que nous considérons *. 


Dent cms 


 * Coryphæna sima. 
Id. Zinné, édition de Gmelin. 
Coryphène rechigné. Bonnaterre, planches de l’Encyclopédie métho= 
dique. 

+ À la nageoire dorsale 32 rayons. 
à chacune despectorales 16 
à chacune des thoracines 6 5 
à celle de Panus 9 
à celle de la queue 16. 


À 


LE CORYPHÈNE RAYÉ: 


Le docteur Garden a fait connoître ce poisson, qui 
babite dans les eaux de la Caroline. Ce coryphène a 
la tête rayée transversalement de couleurs assez vives: 
d’autres raies très-petites paroissent sur la nageoire 
du dos , ainsi que sur celle de l'anus *. Les écailles qui 
revêtent le corps et la queue, sont très-grandes. La 
tête n’en présente pas de semblables ; elle n’est cou- 
verte que de grandes lames. L’extrémité antérieure de 
chaque mâchoire est garnie de deux dents aiguës, très- 
longues, et écartées l'une de l’autre; et la forme de la 
nageoire caudale, qui est arrondie, place le rayé dans 
le quatrième sous-genre des corÿphènes. 


3 Coryphæna Jineata. 
Id. Zinné, édition de Gmelin. 
Coryphène rayé. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique, 


h 21 rayons. 


2 À a nageoiïre du dos 
à chacune des pectorales xx 
_ à chacune des thoracines 6 
à celle de l’anus 15 


à celle de la queue 12 


LE CORYPHÈNE CHINOIS*. 


Ce coryphène n’a pas encore été décrit. Nous en 
avons trouvé une figure coloriée et faite avec beaucoup 
de soin, dans ce recueil de peintures chinoises qui 
fait partie des collections du Muséum d'histoire natu- 
relle, et que nous avons déja cité plusieurs fois. Nous 
lui avons donné le nom de coryphène chirioïs, pour 
désigner les rivages auprès desquels on le trouve, et 
l'ouvrage précieux auquel nous en devons la connois- 
sance. Sa parure est riche, et en même temps simple, 
élégante et gracieuse. Sa couleur est d’un verd plus 
où moins clair, suivant les parties du corps sur les- 
quelles il paroît ; mais ces nuances agréables et douces 
sont mêlées avec des reflets élaiads et argentins. 
Au reste, il n'est pas inutile de remarquer qu’en 
rapprochant par la pensée les diverses peintures chi- 
noises que l'on peut connoître en Europe, de ce qu'on 
a appris au sujet des soins que les Chinois se donnent 
pour l'éducation des animaux, on se convaincra aisé- 
ment que ce peuple n'a accordé une certaine atten- 
tion, soit dans ses occupations économiques, soit dans 
les productions de ses beaux arts, qu'aux animaux 
utiles à la nourriture de l’homme, ou propres à 


(= 
* Coryphæna sinensis. | 
TOME 11L | 27 


20 HISTOIRE NÂTURELLE. 
charmer ses yeux par la beauté de leurs couleurs. Ce 
trait de caractère d’une nation si digne de l’observa- 
tion du philosophe, ne devoit-1l pas être indiqué, 
même aux naturalistes? | 
-Le beau coryphène chinois montre une très-longue- | 
nageoire dorsale ; mais celle de l’anus est assez courte. 
La nageoire caudale est arrondie. De grandes écailles 
couvrent le corps, la queue et les opercules. La mâ- 
choire inférieure est relevée et plus avancée que la 
supérieure; ce qui ajoute aux rapports du chinois 
avec le coryphène camus. 


té 


LE CORYPHÈNE POINTU: 


LE nom de pointu, que Linné a donné à ce coryphène, 
vient de la forme lancéolée de la nageoire caudale de 


ce poisson; et c'est à cause de cette même forme , que. 


nous avons placé cet osseux dans un cinquième sous- 
genre. Cet animal, qui habite dans les mers de l'Asie, 
a quarante-cinq rayons à la nageoire du dos, et sa 
ligne latérale est courbe *. 


2 


: Coryphæna acuta. 

Id. Linné, édition de Gmelin. 

Coryphene pointue. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthe = 
dique. 


2 A la nageoïre du dos 45 rayons. 
à chacune des pectorales 16 
à chacune des thoracines 6 
à celle de l’anus 16 
à celle de la queue I4 


LE CORYPHÈNE VERD\; 
ET 


LE CORYPHENE CASQUÉ: 


Nous avons divisé le genre que nous examinons, em 
cinq sous-genres; et nous avons placé les coryphènes 
dans l’un où l’autre de ces groupes, suivant le degré 
détendue relative, et par conséquent de force pro- 
portionnelle , donnée à leur nageoire caudale, ou, ce 
qui est la même chose, à un de leurs principaux ins- 
trumens de natation, par la forme de cette même 
nageoire,.ou fourchue, ou en croissant, ou rectiligne, 
ou arrondie , ou pointue. Nous n'avons vu aucun indi- 
vidu de l'espèce du coryphène verd, ni de celle du 
coryphène casqué ; aucun naturaliste n’a décrit ou 
figuré la forme de la nageoire caudale de l’un ni 
de l’autre de ces deux poissons : nous avons donc été 
obligés. de les présenter séparés des cinq sous-genres 


1 Coryphæna viridis. 

Coryphæna virens. Linné, édition de Gmelin. 

Coryphène verte. Bonnaterre, planches de Encyclopédie méthodique: 

2 Coryphæna galeata. 

Coryphæna clypeata. Linné, édition de Gmelin. 

Coryphène à bouclier. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie métho- 
dique. 


HISTOIRE NATURELLE ©I9 


que nous avons établis; et de nouvelles observations. 
pourront seules Îles faire rapporter à celle de ces 
petites sections à laquelle ils doivent appartenir. Tous 
les deux vivent dans les mers de l'Asie; et tous les 
deux sont faciles à distinguer des autres coryphènes: 
le premier, par un long filament que présente chacune 
des nageoires du dos et de l’anus , ainsi que des tho- 
racines ‘; et le second, par une lame osseuse située 
au-dessus des yeux, et que l’on a comparée à une 
sorte de bouclier, ou plutôt de casque. On ignore la 
couleur du casqué; celle du verd est indiquée par le 
nom de ce coryphène”. 


# À la naçeoire du dos 26 rayons. 
à chacune des pectorales 13 
à chacune desthoracines 6 


à celle de Panus 13 É 
à celle de la queue 16 
2 À la nageoire du dos 32 


à chacune des pectorales 14 
à chacune des thoracines 5 
à celie de l'anus 12. : 


te 


QUATRE-VINGT-UNIÈME GENRE. 


LES HÉMIPTÉRONOTES. 


Le sommet de la tête trés-comprimé, et comme tranchant 


par le haut, ou très-élevé et finissant sur le devant 
par un plan presque vertical, où terminé antérieure- 
nent par un quart de cercle, ou garni d’écailles sem- 
blables à celles du dos; une seule nageoire dorsale; et 
Lo. sueur de cette nageoire du dos ne surpassant pas, 


Ou surpassant à peine, ” moitié de la longueur du cor ps 
et de la queue pris ensemble. 


ESPÈCES. CARACTÈRES, 

Vingt rayons, ou environ, à la nageoire 
du dos; l’opercule branchial composé de 
deux lames ; cinq taches de chaque côté. 


1. L'HÉMIPT. CINQ-TACHES. 


(emipt.quinque-maculatus.) 


2, L'HÉMIPTÉRON. GMELIN-] Quatorze rayons à la nagtoire du dos ; huit 
( Hemipieronotus Gmelini.) rayons à chacune des thoracines. 


mn 
- = 


L'HÉMIPTÉRONOTE CINQ-TACHES", 


LA briéveté de la nageoire dorsale et sa position à 
une assez grande distance de l’occiput, distinguent le 
einq-taches , et les autres poissons qui appartiennent 
au genre que nous décrivons, des coryphènes propre- 
ment dits. Le nom générique d'Aémiptéronote* désigne 
ce peu de longueur de la nageoire dorsale, et son 
rapport avec la nageoire du dos des coryphènes, qui 


1 Hemipteronotus quinque-maculatus, 
Ceryphæna pentadactyla. Linné, édition de’ Gmelin. 
Coryphène cinq-taches. Daubenion, Encyclopédie méthodique. 
Id. Bonnaterre, planches de l Encyclopédie méthodique. 
Coryphæna caudâæquali, pinnâ dorsi, radiis uno et viginti, Bloch, pl. 173. 
Blennius, maculis quinque utrinque versäs caput nigris, cz, Stock. 
1740, p. 460, tab. 3, fig. 2. 
kan bandan jang swangi. Valent. Amboin. 5, p. 308, fig. 67. 
Bandasche cacatoeha. 24. 1bid. p. 388 , fig. 123, 
Ricvier dolfyn. /d. zbid. p. 43b., fig. 292. 
Oianje visch met vier vlakken. Renard, Pise, x, p. 23. 
Banda. 7d. x, 1ab. 14, fig. 84. 
Xcan banda. /d, 2, tab. 2, fig. 6. 
- can potou banda, 1d, tab. 23, fig. 112: 
Tcan banda. Ruysch, Theat. animal. p.40, n..8, 1ab. 20, fig. 8: 
Viif venger visch,: id ess, piscis pentadactylos, Æilugnby, Append.- 
P: 7, lab. 8, fig. 2: 
Raj. Pise 150 , n. 23. 


? Hémiptéronote Vient de trois mots grecs qui signifient moirié, #a- 
geotre,.et dos. 


SU6 HTSTOLRE  N À TIURIELEEÉ 


est presque toujours une fois plus étendue. Les osseux 
‘que nous examinons maintenant , ressemblent d'ail- 
leurs, par beaucoup de formes et d’habitudes, à ces 
mêmes coryphènes avec lesquels on les a confondus 
jusqu'à présent. Le cinq-taches, le poisson le plus 
connu des hémiptéronotes , habite dans les fleuves de 
la Chine, des Moluques et de quelques autres isles de 
l'archipel indien. IL y parvient communément a Ha 
longueur de six décimètres; sa tête est grande; ses 
yeux sont rapprochés l’un de l'autre, et par consé- 
quent placés sur le sommet de la tête; l'ouverture de 
la bouche est médiocre ; les deux mâchoires sont gar- 
nies d’une rangée de dents aiguës, et présentent deux 
dents crochues plus longues que les autres ; l'orifice 
branchial, qui est très-grand, est couvert par un oper- 
cule composé de deux lames ; la ligne latérale s'éloigne 
moins du dos que du ventre; l'anus est plus près de 
la gorge que de la nageoire caudale , qui est fourchue *; 
des écailles très-petites couvrent les joues, et d’autres 
écailles assez grandes revêtent presque tout le reste 
de la surface du einq-taches. 

Voici maintenant les couleurs dont la Nature a peint 


ces diverses formes. 4S 34 
* À la membrane des branchies 4 rayons. 


à la nagcoire du dos 21. 
à chacune des pectorales 13 
à chacune des thoracines =  6G 
à celle de Panus 15 


à celle de la queue 12 


DORE SOMMES S ON rs; 217 


La partie supérieure de l’animal est brune; les côtés 


sont blancs ainsi que la partie inférieure; une raïe 


bleue règne sur la tête; l'iris est jaune : des cinq taches 


qui paroissent de chaque côté du corps, la première 


est noire, bordée de jaune, et ronde ; la seconde est 
noire , bordée de jaune, et ovale ; les trois autres 
sont bleues et plus petites. Une belle couleur d'azur 
distingue la nageoire caudale et celle du dos, qui 
d’ailleurs montre un liséré orangé; et deux taches 
blanches sont situées à la base des nageoires thoracines, 
lesquelles sont, comme les pectorales et comme celle 


de l'anus, orangées , et bordées de violet ou de pourpre. 


Du brun, du blanc, du bleu, du jaune, du noir, 


de l’orangé, et du pourpre ou du violet, composent 
8€ 5 POSE 


donc l’assortiment de nuances qui caractérise le cinq- 
taches, et qui est d'autant plus brillant qu'il est ani- 
mé par le poli et le luisant argentin des écailles. Mais 


cette espèce est aussi féconde que belle; aussi va-t-elle 


par très-grandes troupes ; et comme d’ailleurs sa chair- 
est agréable au goût, on la pèche avec soin ; on en 
prend même un si grand nombre d'individus, qu'on 
ne peut pas les consommer tous auprès des eaux qu'ils 
habitent. On prépare de diverses manières ces indi- 
vidus surabondans ; on les fait sécher ou saler; on 
les emporte au loin; et ils forment, dans plusieurs 
contrées orientales, une branche de commerce assez 
analogue à celle que fournit le gade morue dans les 
régions septentrionales de l'Europe et de l'Amérique. 
TOME III. | 20 


L'HÉMIPTÉRONOTE GMELIN*. 


Cér hémiptéronote a [a nageoire dorsale encore plus: 
courte que le cinq-taches ; ses mâchoires sont d’ailleurs 
à peu près également avancées. On le pêche dans les 
mers d'Asie; et nous avons cru devoir lui donner un 
nom qui rappelât la reconnoissance des naturalistes. 
envers le savant Gmelin,auquelils ont obligation de la 
treizième édition du Systéme de la Nature par Linné. 


* Hemipteronotus Gmelini: 

Coryphæna hemiptera. Zinné, édition de Gmelin. 

Coryphène à demi-nageoire, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie - 
méthodique. 


. QUATRE-VINGT-DEUXIÈME GENRE. 


LES CORYPHÉNOÏDES. 
Le sommet de la tête trés-comprimé, et comme tranchant 
par le haut, ou trés-élevé et finissant sur le devant par 
un plan presque vertical, ou terminé antérieurement 
par un quart de cercle, ou garni d'écailles semblables 
. à celles du dos; une seule nageoire dorsale; l'ouverture 


des branchies ne consistant que dans une fente trans- 
versale. 


ESPÈCE. CARACTÈRE, 


LE CORYPH. HOTTUYNIEN, 


Ro PAL TAUE {Vingt-quaire rayons à Ja nageoire du dos, 
7 diu e. ; 


Do ee ee 


LE CORYPHÉN. HOTTUYNIEN: 


Ox trouve dans la mer du Japon, et dans d’autres 
mers de l'Asie, ce poisson que l’on a inscrit parmi les. 
coryphènes, mais qu'il faut en séparer, du cause de: 
plusieurs différences essentielles, et particulièrement 
à cause de la forme .de ses ouvertures branchiales, qui 
ne consistent chacune que dans une fente transver- 
sale. Nous le nommons coryphénoïde pour désigner les. 
rapports de conformation qui cependant le lient avec 
les coryphènes proprement dits; et nous lui donnons 
le nom spécifique d'hottuynien, parce que le natura- 
liste Hottuyn n'a -pas peu contribué à le faire connoître. 
Il n'a communément que deux décimètres de lon-- 
gueur ; les écailles qui le revêtent sont minces; sa. 
couleur tire sur le jaune *. = 


2 Coryphænoïdes Fottuynii.. 

Coryphæna branchiostega. Linné, édition de Gmelins 

Coryphæna japonica. Zbid.. 

Hoituyn. Att, Faarl. 20,2, p. 315. 

Coryphène branchiostege. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie més- 
ihodique. | 


2 À la nageoire du dos: : 24 TayONS:. 
à chacune des pectorales 14 
- à chacune desthoracines 6: 


_ à celle de l’anus 10: 
a.celle de la queue 16: 


ne 


QUATRE-VINGT-TROISIÈME GENRE. 
| LES ASPIDOPHORES. 
Le corps et la queue couverts d'une sorte de cuirasse: 


écaillense ; deux nageoires sur le dos; moins de quatre” 
rayons aux nageoires thoracines. 


PREMIER SOUS-GENR E. 


Un ou plusieurs barbillons. à la mächoire inférieure. 
ESPÈCE, CARACTÈRES: 
ne, ,. {Plusieurs barbillons à la mâchoire inférieures: 
I L’ASPIDOPHORE ARMÉ. | 
(Aspidophorus armatus.) 


la cuirasse à huit pans; deux verrues: 
échancrées sur le museau. 


SE CON DAS OU SCIE NER TE: 


Point de: barbillons à la méchoire inférieure. 


ESPÈCE. CARACTÈRES: 
2, L’ASPIDOPHORE Lis1ZA. (La cuirasse à huit ou plusieurs pans, et gar- 
(Æspidophorus lisiza.) nie d’aiguillons, 


L'ASPIDOPHORE ARMÉ* 


Nous avons séparé des cottes, les poissons osseux et 
thoracins dont le corps et la queue sont couverts de 
plaques ou boucliers très-durs disposés de manière à 
former un grand nombre d’anneaux solides, et dont 
l'ensemble compose une sorte de cuirasse, où de 


J 


* Aspidophorus armatus. 

À pogge , dans le.nord de Angleterre. 

Cottus cataphractus. Linné, édition de Gmelin. 

‘Cotte armé. Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 
Block, pl. 38, fig, 8 et 4. 


Cottus cirris plurimis, corpore octogono. Ariedi, gen. 49, spec. 87, 


#8Y 71. 77 
-Cottus cataphractus. Schoner, p, 80. 
Jonsion, dib.2,1if. 1, cap. 9, tab. 46 , fig. b et 6, 
«Charlet. Onom. p. 152. 
Willughby, Ichihyolog. p. 21x. 
Raji p.77. 
Faun. Suecic. 324. 
Brinn, Pisc. Massil. p. 3x, n. 438. 
Mill. Prodrom. Zooloz. Danic. p. 44, n. 43. 
G. T'abric. Faun. Groenland. p. 155, n.112. 
Mus. Adol. Fr. x, p. 70. 
Gronos. Mus. x, p. 46, n. 10; et Zooph. p. 79, n. 277. 
Act. Helv. 4, p. 262, n. 140. 
Cottus cataphractus, rostro resimo, etc. Âein, Miss. pisc. 4, p. 42» 
ne Le 
Cottus cataphractus. Seba, Mus. 3, p.81, tab. 28, fig. 6. 
Pogge. Pennant, Brit. Zoolog. 3, p. 178, n. 2, tab. 1x. 


HISTOIRE NATURELLE: 839 


fourreau à plusieurs faces longitudinales. Nous leur 
avons donné le nom générique d'aspidophore, qui veut 
dire porté-bouclier, et qui désigne leur conformation 
extérieure. Ils ont beaucoup de rapports, par les traits 
extérieurs qui les distinguent, avec les syngnathes et 
les pégases. Nous ne connoissons encore que deux 
espèces dans le genre qu'ils forment; et la plus an- 
ciennement ainsi que la plus généralement connue 
des deux, est celle à laquelle nous conservons le nom 
spécifique d'urmé, et qui se trouve dans l'Océan atlan- 
tique. Elle:y habite au milieu des rochers voisins des. 
sables du rivage ; elle y dépose ou féconde ses œufs. 
vers le printemps; et c’est le plus souvent d'insectes. 
marins, de mollusques ou de vers, et particulière- 
ment de crabes, qu'elle cherche à faire sa nourriture. 
La couleur générale de l’armé est brune par - dessus: 
et blanche par-dessous, On voit plusieurs taches noi- 
râtres sur le dos ou sur les côtés ; d’autres taches. 
noires et presque carrées sont répandues sur les deux 
nageoires du dos, dont le fond est gris; les nageoires: 
pectorales sont blanchâtres et tachetées de noir: et 
cette même teinte noire occupe la base de la nageoire 
de l'anus. < 

Une sorte de bouclier ou de casque très-solide., 
écailleux, et même presque osseux, creusé en petites: 
cavités irrégulières et relevé par des pointes ou des. 
tubercules, garantit le dessus de la tête. Les deux: 
mâchoires et le palais sont hérissés de plusieurs rangs 


29 À HISTOIRE NATURELLE. 

de dents petites et aiguës; un grand nombre de‘bar- 
billons garnissent le contour arrondi de la mâchoire 
inférieure, qui est plus courte que la supérieure ; 
l'opercule branchial n'est composé que d’une seule 
lame; un piquant recourbé termine chaque pièce des 
anneaux solides dont se forme la cuirasse générale de 
l'animal; cette même cuirasse présente huit pans lon- 
situdinaux , qui se réduisent à six autour de la partie 
postérieure de la queue; la ligne latérale est droite ; 
l'anus situé à peu près au-dessous de la première 
nageoire du dos; la nageoire caudale arrondie ; les 
pectorales sont PROS et les thoracines longues et 
étroites *. | 

L’aspidophore armé parvient comaunéraent à une 
longueur de deux ou trois décimètres. 

Nous pensons que l’on doit rapporter à cette espèce 
ie poisson auquel Olaffen et Müller ont donné le nom 
de cotte brodame*,-et qui ne paroît différer par aucun 
trait important, du thoracin qui fait le sujet de cet 


article. 


3 5 rayons non articulés.à la première nageoire du dos. , 
7 rayons articulés à la seconde. 
15 rayons à chacune des pectorales. 


3 L à chacune des thoracines. 
6 à celle de Panus. - 
10 . à celle de la queue. 


: Cottus brodamus. Oluffen, Isl. tom.x1, p. 589. 
2 KA Mill. Zoolog. Danic. Prodrom. 
£otte brodame. Bonnaterre , planches de Rite méthodiques 


L’'ASPIDOPHORE LISIZA* 


Parras a fait connoître ce poisson, qui vit auprès du 
Japon et des isles Kuriles, et qui a beaucoup de br 
ports avec l'armé. 

La tête de cet aspidophore est alongée, comprimée, 
et aplatie dans sa partie supérieure, qui présente d’ail- 
leurs une sorte de gouttière longitudinale. De chaque 
côté du museau, qui est obtus, et partagé en deux 
lobes , on voit une lame à deux ou trois échancrures, 
et garnie sur'le devant d’un petit barbillon. Les bords 
des mächoires sont hérissés d’un grand nombre de 
dents ; les yeux situés assez près de l'extrémité du. 
museau, et surmontés chacun par une sorte de petite 
corne ou de protubérance osseuse ; et les opercules 
dentelés ou découpés. 

Une pointe ou épine relève presque toutes les pièces 
dont se composent les anneaux et par conséquent 
l'ensemble de [a cuirasse, dans lesquels le corps et [a 
queue sont renfermés. Ces pièces offrent d’ailleurs des 
stries disposées comme des rayons autour d’un centre: 

* Aspidophorus lisiza. 

Cottus japonicus. Pallas, Spicileg. zoolog. 7, p. 30. 

Id. Linné, édition de Gmelin. 


Cotte lisiza. Daubenton, Encyclopédie méthodique. 
Id. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. 


TOME Iil. 29 


326 HISTOIRE NATURELLE. 


et les anneaux sont conformés de manière à donner à 
la cuirasse ou à l’étui général une très-grande ressem- 
blance avec une pyramide à huit faces, où à un plus 
osrand nombre de côtés, qui se réduisent à cinq, six, 
ou sept, vers le sommet de la pyramide. 

La première nageoire du dos correspond, à peu 
près, aux pectorales et aux thoracines, et la seconde 
à celle de l'anus. Chacune des thoracines ne comprend 
que deux rayons ; ceux de toutes les nageoires sont, 
en général, forts et non articulés ; et l’orifice de l'anus. 
est un peu plus près de la gorge que de la nageoire 
eaudale *. 


Le fond de la couleur de l'aspidophère que nous 


décrivons, est d’un blanc jaunâtré ; mais le dos; plu- 


sieurs petites raies placées sur les nageoires, une 
grande tache raÿyonnante située auprès de la nuque , 
et des bandes. distribuées transversalement ou dans 
d’autres directions sur le corps ou sur la queue , offrent 
une teinte brunâtre. | 

La longueur ordinaire du lisiza est de trois ou 
quatre décimètres. 


* À la membrane des branchies : 6'rayons. 
àla première nageoire du dos 6: 
à la seconde nageoire dorsale 7 
à chacune des nageoires pectorales 12 
à chacune des thoracines. rte 
à celle de l’anus 8 
à celle de la queue | 72. 


L ee 


QUATRE-VINGT-QUATRIÈME GENRE. 


LES ASPIDOPHOROIÏDES. 


Le corps et la queue couverts d'une sorte de cuirasse 
écailleuse; une seule nageoire sur le dos; moins de 
quatre rayons aux nageoires thoracines. 


ESPÈCE. (PÉASR MP CUDENSE À 
RS A NU rayons à chacune des nageoires pec- 
{Æspidophor. tranquebar.) LU torales, et deux à chacune des thoracines, 


L'ASPIDOPHOROÏDE TRANQUEBAR : 


Les aspidophoroïdes sont séparés des aspidophores 
par plusieurs caractères, et particulièrement par 
l'unité de la nageoire dorsale. Ils ont cependant beau- 
coup de rapports avec ces derniers; et ce sont ces 
ressemblances que leur nom générique indique. Le 
tranquebar est d’ailleurs remarquable par le très-petit. 
nombre de rayons que renferment ses diverses na- 
geoires ; et ce trait de la conformation de ce poisson 
est si sensible, que tous Les rayons de la nageoire du 
dos, de celle de l’anus, de celle de la queue, des deux 
pectorales, et des deux thoracines, ne montent en- 
semble qu'a trente-deux :. 

Cet aspidophoroïde vit dans les eaux de Tranquebar, 
ainsi que l'annonce son nom spécifique. Sa nourriture 


s Aspidophoroïdes tranquebar. 

Bloch, pl. 178, fig. 1 et 2. 

Cottus monopterygius. Linné, édition de Ginelin. 

Cotte, chabot de l’Inde. Bonnaterre, planches de l Encyclopédie métho- 


dique. 
3 À Ja membrane des branchies 6 rayons, 
à da nageoire du dos q 5 
à chacune des pectorales 14 


à chacune des thoracines 2 
à celle dé l'anus LS 
6 


HISTOIRE NATURELLE, 229 


ordinaire est composée de jeunes cancres, et de petits 
mollusques, ou vers aquatiques. Il est brun par-dessus, 
gris sur les côtés ; et l’on voit sur ces mêmes côtés 
des bandes transversales et des points bruns, ainsi que 
des taches blanches sur la partie inférieure de l’ani- 
mal, et dés taches brunes sur la nageoire de la queue 
et sur les pectorales. 

Sa cuirasse est à huit pans longitudinaux, qui se 
réunissent de manière à n'en former que six vers la 
nageoire caudale; les yeux sont rapprochés du som- 
met de la tête; la mâchoire supérieure, plus longue 
que l'inférieure, présente deux piquans recourbés en 
arrière ; une seule lame compose l’opercule des bran- 
chies, dont l'ouverture est très-grande; on apperçoit 
sur le dos une sorte de petite excavation longitudi- 
nale ; la nageoire dorsale est au-dessus de celle de 
l'anus, et celle de la queue est arrondie, 


QUATRE-VINGT-CINQUIÈME GENRE. 
LES COMPÉS. 


La tête plus large que le corps; la forme générale un peu 
conique ; ee nageoires sur le dos; des aiguillons ou 
des tubercules sur tête ou sur Les Aa des bran- 
chies; plus de trois rayons aux nageoires thoracines. 


PREMIER SOUS-GENRE. 
Des barbillons à la mächoire inférieure. 


ESPÈCE. CARACTÈRES, 
Plusieurs barbillons à la mâchoire inférieures 


x. LE COTTE GROGNANT, NE [10 
cette mâchoire plus avancée que la supé- 


(Cottus grunniens.) : 
rieure, 


SECOND SOUS-GENRE. 
Point de barbillons à la mächoire inférieure. 


ESPÈCES, CARACTÈRES. 


2. LE COTTE SCORPION. he aiguillons sur la tête ; le corps par- 


(Cottus scorprus.) semé de petites verrues épineuses. 


8. LE COT. QUATRE-CORNES. HUE protubérances osseuses sur le som- 


(Cotius quadricornis.) met de la tête. 


4. LE cOTTE Na 


(e ? {La Len atérale garnie d’aiguillons, 
OLIUS SCAbEr. 


HISTOIRE NATURELLE. 291 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 
5. LE COTTE AUSTRAL. pe aiguillons sur la tête; des bandes trans- 


(Cottus australis.) versales , et des raies longitudinales. 


6. LE COTTE en aiguillons de chaque côté de la têtes 


(Cottus insidiator.) des stries sur cette même partie de l’animal, 


Deux aiguillons recourbés de chaque côté de 
7. LE COTTE MADÉGASSE. la tête; un sillon longitudinal, large et 
L(Cortus madagascariensis.) profond , entre les yeux ; des écailles assez 


grandes sur le Corps et sur la queue. 


Un aiguillon de chaque côté de la tété; la 


mâchoire inférieure plus avancée que la 
& LE COTTE Norr. 


: supérieure ; le corps couvert d’écailles. 
(Coitus niger.) 


rudes ; la couleur générale noire, ou noi- 

râtre. 

Deux aiguillons recourbés sur chaque oper- 
cule ; le corps couvert d’écailles à peine: 
visibles. 


g. LE COTTE CHABOT. 
(Cottus gobio.) 


L EMCOTT T ELCRO'CNEUN TA 


Presque tous les cottes ne présentent que des cou- 
leurs ternes , des nuances obscures, des teintes mono- 
tones. Enduits d’une liqueur onctueuse qui retient sur 
leur surface le sable et le limon, couverts le plus 
souvent de vase et de boue, dé figurés par cette couche 
sale et irrégulière , aussi peu agréables par leurs pro- 
portions apparentes que par leurs tégumens , qu’ils dif. 
fèrent, dans leurs attributs extérieurs, de ces magni- 
fiques coryphènes sur lesquels les feux des diamans, 
de l'or, des rubis et des saphirs, scintillent de toutes 
parts , et auprès desquels on diroit que la Nature les 
a placés, pour qu’ils fissent mieux ressortir l’éclatante 
parure de ces poissons privilégiés! On pourroit être 


_* Cottus grunniens. 

Yd. Zinné, édition de Gmelin. 

Block, pl. x70. 

Cotte grognard. Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaierre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

Mus. Adolph. Frid. 2, p. 65. 

Gronov. Mus. x, p. 46, n. 106; et Zooph. p. 70; n. 269+ 

Seba, Mus.3, p, 80,74, tab. 23, fig. 4. 

Corystion capite crasso, .ore ranæ amplo, etc. Klein, Miss, pisc. 49 

p. 46, n. 8. 
Marcgr. Brasil. p. 78. 
JVillughby, Ichthyol, p. 289, tab. S,x1, fig. 15 SE p.34 tab. LL 


fige 1. 
Nigui. Raj. Pisc. p.923 1.73 6b pe 190 Te Ta 


HISTOIRE NATURELLE 999 
tenté de croire que s'ils ont été:si peu favorisés lors- 
que leur vêtement leur a été départi, ils en sont, 
pour ainsi dire, dédommagés par une faculté remar- 
quable et qui n’a été accordée qu'à un petit nombre 
d'habitans des eaux, par celle de proférer des sons. 
Et en effet, plusieurs cottes, comme quelques balistes , 
des zées, des trigles et des cobites, font entendre, 
au milieu de certains de leurs moüuvemens, une sorte 
de bruit particulier. Qu'il y a loin cependant d'un 
simple bruissement assez foible , très-monotone , très- 
court, et fréquemment involontaire, non seulement 
à ces sons articulés dont les nuances variées et légères 
ne peuvent être produites que par un organe vocal 
très-composé , ni saisies que par une oreille très- 
délicate, mais encore à ces accens expressifs et si 
diversifiés qui appartiennent à un si grand nombre 
d'oiseaux, et même à quelques mammiféres! Ce n’est. 
qu'un frôlement que les cottes, les cobites, les trigles, 
les zées, les balistes, font naître. Ce n’est que lorsque, 
saisis de crainte, ou agités par quelque autre affection 
vive, ils se contractent avec force , resserrent subite- 
ment leurs cavités intérieures, chassent avec violence 
les différens gaz renfermés dans ces cavités, que ces: 
vapeurs sortant avec vitesse, et s'échappant principa- 
lement par les ouvertures branchiales, en froissent 
les opercules élastiques , et, par ce frottement toujours 
peu soutenu, font naître des sons, dont le degré 
d'élévation est inappréciable , et qui par conséquent, 

TOME Il, 30 


2934 HISTOIRE NATURELLE 


n'étant pas une voix, et ne formant qu'un véritable 
bruit, sont même au-dessous du sifflement des reptiles”. 

Parmi les cottes, l’un de ceux qui jouissent. le plus 
de cette faculté de frôler et de bruire, a été nommé 
grognant, parce que l'envie de rapprocher les êtres 
sans discernement et d'après les rapports les plus 
vagues, qui l'a si souvent emporté sur l'utilité de 
comparer leurs propriétés avec conyenance, a fait 
dire qu'il y avoit quelque analogie entre le grogne- 
ment du cochon et le bruissement un peu grave du 
coite. Ce poisson est celui que nous allons décrire 
dans cet article. 

On le trouve dans les eaux de l'Amérique méridio- 
nale, ainsi que dans celles des Indes orientales. Il est 
brun sur le dos, et mêlé de brun et de blanc sur les 
côtés. Des taches brunes sont répandues sur ses na- 
geoires , qui sont grises, excepté les pectorales et les 
thoracines, sur lesquelles on apperçoit une teinte 
rougeâtre . | 

La surface du grognant est parsemée de pores d’où 
découle cette humeur visqueuse et abondante dont il 
est enduit, comme presque tous les autres cottes. 
Gale Abies he 0 Re AT ra à DUR MERS CE ae l ane AL Lame ut 

? Voyez le Discours sur lu nature des poissons. 

2 À Ja première nageoire du dos: Ç 3 rayons. 

à la seconde YE 20 
à chacune des nageoires pectorales 22. 


à chacune des thoracines Fr 4 
à celle de lanus E6: 


DES MPPDMIOS SON 5: 239 


Malgré la quantité de cette matière gluante dont il 
est imprégné, sa chair est agréable au goût; on ne la 
dédaigne pas:on ne redoute que le foie, qui est regardé 
comme très-malfaisant, que l'on considère même 
comme une espèce de poison; et nest-il pas à &emar- 
quer que, dans tous les poissons, ce viscère est la por- 
tion de l'animal dans laquelle les substances huileuses 
abondent le plus ? 

La tête est grande, et les yeux sont petits. L'ouver- 
ture de la bouche est très-large ; la langue lisse, ainsi 
que le palais; la mâchoire inférieure plus avancée que 
Ja supérieure, et hérissée d'un grand nombre de bar- 
billons, de mème que les côtés de la tête ; les lèvres 
_sont fortes ; les dents aiguës, recourbées, éloignées 
l’une de l’autre, et disposées sur plusieurs rangs. Les 
opercules, composés d’une seule lame, et garnis chacun 
de quatre aiguillons, recouvrent -des orifices très- 
étendus. L’anus est à une distance presque égale de la 
gorge et de la nageoire caudale, qui est arrondie. 


LR MOO TTL SCOR ETON 


C'esr dans l'Océan atlantique, et à des distances plus: 


ou moins grandes du cercle polaire, que l’on trouve ce 
cotte remarquable par ses armes, par sa force, par 
son agilité. Il poursuit avec une grande rapidité, et 

* Cottüs scorpius. 

Caramassou , à l’embouchure de la Seirie., 

Scorpion de mer , dans plusieurs départemens de France. 

Rotsimpa, er Suède. | 

Skrabba, 16:14. 
+ -Skjalryta, zbid. 

Skialryta , ibid. 

Skiolrista, bd. 

Pinulka, z0:d. 

Fisksymp, en Norpége. 

Vid-kieft, rb:d. 

Soë scorpion , z01d. 

Kaniok kanininak, dans le: Groenland. 

Kurhahn, dans la Pomérante. 

Donner krote, dans la Livouie. 

Kamtscha, dars la Sibérie. 

Ulk, er Danemarck. 


Ulka , zid. 
Wulk, dans quelques contrées du nord de l’Europe. 


Donderpad, ex Hollande. 

Posthoest, dans la Belgique. 

Posthoofdt, z0:d. 

Father-lasher, sur plusieurs côtes d’ Angleterre. 
Scolping, à Terre-Neuve. 

Coftus scorpius. Lunné, édition de Gmelin. 


Es 


HISTOIRE NATURELLE. 297 


par conséquent avec un grand avantage, la proie qui 
fuit devant lui à la surface de la mer. Doué d’une 
vigueur très-digne d'attention dans ses muscles cau- 
daux, pourvu par: cet attribut d’un excellent instru- 
ment de natation, s'élançant comme un trait, très- 
vorace, hardi, audacieux même, il attaque avec 
promptitude des blennies, des gades, des clupées , des 
saumons ; il les combat avec acharnement, les frappe 


Cotte scorpion de mer. Daubenion, Encyclopédie méthodique. 
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 
- Autre espèce de scorpion marin, Valmont-Bomare, Dictionnaire d'hus- 
toire naturelle. 
Faun. Suecic. 323. 
Ulka. Zi. Scan. 32b. | 
Cottus alepidotus, capite polyacantho, etc. Mus. Adolph. Frid. x, p. 70, 
Cottus alepidotus , capite polyacantho, etc. 4riedi, gen. 49, spec. 86. 
SYT 77e 
Scorpio marinus, ve/ scorpius nostras. Schonev. p. 67. 
Scorpius marinus. Jonsi6n, tab. 47, fig. 4 et 5. 
Cottus scorpænæ Bellonii similis. Willughby, p. 1383 et Append, p. 2, 
tab. X, 15. 
Id. et scorpius virginius. Raj. p. 145, n. 125 € I42, 7%. à 
Aldrovand. lib. 2 , cap. 27 (pro 25), p. 202, 
Gronov. Mus. 1 ,p. 46,n. 1043 Act, Helyetic. 4, p. 262, n. 1395 et 
Zooph. p. 78, n. 268. 
Bloch, pl. 30. 
Corystion capite maximo, et aculeis valde horrido. Klein, Miss. pise. 
45 P- 47» 11, 4ab. 13, fige 2 et 3, 
Fisk sympen. 4er. Nidros. 2, p. 345, tab.13, 14. 
Sea-scorpion. Edw. Glean. 1ab. 284. | 
Seba, Mus. 3, p. 81, tab. 28, fig. 5 
Father-lasher, Brit. Zoolog. 3, p. 179, n. 3, SPA 


230 HISTOIRE NATURELLE 


vivement avec les piquans de sa tête, les aiguillons 
de ses hageoires, les tubercules aigus répandus sur 
son corps, et en triomphe le plus souvent avec d'autant 
plus de facilité, qu’il joint une assez grande taille à l’im- 
pétuosité de ses mouvemens , au nombre de ses dards 
et à la supériorité de sa hardiesse, En effet, nous 
devons croire, en comparant tous les témoignages, 
et malgré l'opinion de plusieurs habiles naturalistes, 
que dans les mers où il est le plus à l'abri de ses 
ennemis, le" cotte scorpion peut parvenir à une lon- 
gueur de plus de deux mètres : ce n’est qu’auprès des 
côtes fréquentées par des animaux marins dangereux 
pour ce poisson, qu'il ne montre presque jamais des 
dimensions très-considérables. L'homme ne nuit guère 
à son entier développement, en le faisant périr avant 
le terme naturel de sa vie. La chair de ce cotte, peu 
agréable au goût et à l’odorat, n’est pas recherchée par 
les pêcheurs; ce ne sont que les habitans peu délicats 
du Groenland, ainsi que de quelques autres froides 
et sauvages contrées du Nord, qui en font quelquefois 
leur nourriture ; et tout au plus tire-t-on parti de son 
foie pour en faire de l'huile, dans les endroits où, 
comme en Norvége, par exemple, il est très-répandu. 
Si d'ailleurs ce poisson est jeté par quelque accident 
sur la grève, et que le retour des vagues , le reflux 
de la marée, ou ses propres efforts, ne le ramènent 
pas promptement au milieu du fluide nécessaire à son 
‘existence, il peut résister pendant assez long - temps 


D'ES POISSONS.. 239 


au défaut d'eau , la nature et la conformation de ses 
opercules et de ses membranes branchiales lui don- 
nant la faculté de clore presque entièrement les orifices 
de ses organes respiratoires, d'en interdire le contact 
à l'air de Fatmosphère, et de garantir ainsi ces organes. 
essentiels et délicats de l'influence trop active, trop 
desséchäante, et par conséquent trop dangereuse, de ce 
même fluide atmosphérique. 

C’est pendant l'été que la plupart des cottes scor- 
pions commencent à s'approcher des rivages de la mer; 
mais communément l'hiver est déja avancé, lorsqu'ils 
déposent leurs œufs , dont la couleur est rougeâtre. 

Tout leur corps est parsemé de petites verrues en 
quelque sorte épineuses, et beaucoup moins sensibles: 
dans les femelles que dans les mâles. | 

La couleur de leur partie supérieure varie; elle est 
ordinairement brune avec des raies et des points 
blancs : leur partie inférieure est aussi très-fréquem- 
ment mêlée de blanc et de brun. Les nageoires sont 
rouges avec des taches blanches ; on distingue quel- 
quefois les femelles par les nuances de ces mêmes 
nageoires, qui sont alors blanches et rayées de noir, 
et par le blanc assez pur du dessous de leur corps. 

La tête du scorpion est garnie de tubercules et d’ai- 
suillons ; les yeux sont grands, alongés, rapprochés: 
l’un de l'autre, et placés sur le sommet de la tête: les 
mâchoires sont extensibles, et hérissées, comme le 
palais, de dents aiguës ; la langue est épaisse, courte, 


4 


240 HISTOIRE NATURELLE, 


et dure; l'ouverture branchiale très-large ; l'opercule 
composé de deux lames; la lignée latérale droite, for- 


mée communément d’une suite de petits corps écail- 


leux faciles à distinguer malgré la peau qui les 
recouvre, et placée le plus souvent au-dessous d’une 
seconde ligne produite par les pointes de petites arêtes: 
la nageoire caudale est arrondie, et chacune des tho- 
racines assez longue *. 

gi 8 qi. LE ag RE GER ES MENT RQ A COS 


* A la première nageoire du dos 10 rayons. 


à la seconde 16 
à chacune des pectorales 17 
à chacune des thoracines 4 
à celle del’anus 12 
. à celle de la queue 18 


Vertébres dorsales, 8. 
Vertèbres lombaires, 2. 
Vertèbres caudales, 15. 


LE COTTE QUATRE-CORNES*. 


Qu ATRE tubercules osseux , rudes , poreux, s'élèvent 
et forment un carré sur le sommet de la tête de ce 
cotte ; ils y représentent , en quelque sorte, quatre 
cornes, dont les deux situées le plus près du museau 
sont plus hautes et plus arrondies que les deux pos- 
térieures. 

Plus de vingt apophyses osseuses et piquantes, mais 
recouvertes par une légère pellicule , se font aussi 
remarquer sur différentes portions de la tête ou du 
corps: on en distingue sur-tout deux au-dessus de la 
membrane des branchies , trois de chaque côté du 
carré formé par les cornes, deux auprès des narines, 
deux sur la nuque, et une au-dessus de chaque na- 
geoire pectorale. | 

Le quatre-cornes ressemble d’ailleurs par un très- 


* Cottus quadricornis. 

Horn simpa, er Suède. | 

Cottus quadricornis. Zinné, édition de Gmelin. 

Cottus scaber tuberculis quatuor corniformibus, etc. Artedi, gen. 48, 
spec. 84. 

Cotte quatre-cornes. Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

Faun. Suecic. 321. * 

Mus. Adolph. Frid. x, p. 7e, tab. 32, fig. 4. 

Cottus scorpioïdes. O1. Fabrice. Fun, Groenland. p. 157, n. 114, 


TOME III 31 


249 : HISTOIRE NATURELLE 

grand nombre de traits au cotte scorpion: il présente 
presque toutes les habitudes de ce dernier ; il habite 
de même dans l'Océan atlantique septentrional , et 
particulièrement dans la Baltique et auprès du Groen- 
land; également armé, fort, vorace , audacieux, impru- 
dent, il nage avec d'autant plus de rapidité, qu'il a 
de très-grandes nageoires pectorales *, et qu’il les remue 
très-vivement : il se tient quelquefois en embuscade au 
milieu des fucus et des autres plantes marines , où if 
dépose des œufs d’une couleur-assez pâle; et dans cer- 
taines saisons 1] remonte les fleuves pour y trouver avec 
plus de facilité les vers, les insectes aquatiques et les 
jeunes poissons dont il aime à se nourrir. 

On dit, au reste, que sa chair est plus agréable à 
manger que celle du scorpion; il ne parvient pas à une 
grandeur aussi considérable que ce dernier cotte ; et 
les couleurs brunes et nuageuses que présente le dos: 
du quatre-cornes, sont plus foncées, sur-tout lorsque 
Fanimal est femelle, que les nuances distribuées sur 
la partie supérieure du scorpion. Le dessous du corps 
du cotte que nous décrivons , est d'un brun jaunätre. 

Lorsqu'on ouvre un individu de cette espèce, on 


* À la première nageoire dersale oTayons.. 
à la seconde T4. 
à chacune des pectorales 17 
à chacune des thoracines 4 
à celle de Panus F4 


à celle de la queue, qui est arrondie, 12: 


ü DO ST PONTS S OUN 243 
voit sept appendices où cæcum auprès du pylore ; 
quarante vertèbres à l'épine dorsale ; un foie grand, 
jaunâtre, non divisé en lobes , situé du côté gauche 
plus que du côté droit, et adhérent à la vésicule du 
fiel qu'il recouvre ; un canal intestinal récourbé deux 
fois ; un péritoine noirâtre : et les poches membra- 
neuses des œufs sont de la même couleur. 


LB COMTE RÉ BOML EUX” 


Cx poisson habite dans le grand Océan, et particu- 
lièrement auprès des rivages des Indes orientales , où 
il vit de mollusques et de crabes. C’est un des cottes 
dont les couleurs sont le moins obscures et le moins 
monotones: du bleuâtre règne sur son dos; ses côtés 
sont argentés ; six ou sept bandes rougeâtres forment 
comme autant de ceintures autour de son corps ; ses 


nageoires sont bleues ; on voit trois bandes jaunes sur 


les thoracines *; et les pectorales présentent à leur 
base la même nuance jaune. 

Les écailles sont petites, mais fortement attachées, 
dures et dentelées ; la ligne latérale offre une rangée 
longitudinale d’aiguillons recourbés en arrière ; quatre 
piquans également recourbés paroissent sur la tête ; 


: Cottus scaber. 
Id. Zinné, édition de Gmelin. 
Cotte raboteux. Daubenton, Encyclopédie méthodique. 


Id. Bonnaterre, planches de l Encyclopédie méthodique. 
Bloch, pl. 160. 


a À la membrane des branchies 6 TayONS + 
à la première nageoire du dos 8 


à la seconde 12 
à chacune des pectorales 18 
à chacune des thoracines 6 
à celle de l’anus 12 


à celle de la queue 16, 


HISTOIRE NATURELLE, 945 


et indépendamment des rayons aiguillonnés ou non 
articulés qui soutiennent la première nageoire dorsale, 
voilà de quoi justifier l’épithète de raboieux donnée au 
cotte qui fait le sujet de cet article. | 
D'ailleurs la tête est alongée , la mâchoire inférieure 
plus avancée que la supérieure , la langue mince, l’ou- 


verture de la bouche très-grande , et l’orifice branchial 
très-large. | 


LE "COPTE AU STR AL, 


Nous placons ici la notice d’un cotte observé dans le 
grand Océan équinoxial NBE auquel nous conservons 
le nom spécifique d'austral , qui lui a été donné dans 
l’'Appendix du Voyage de l’Anglois Jean White à la Nou- 
velle-Galles méridionale. Ce poisson est blanchätre ; il 
présente des bandes transversales d'une couleur livide, 
et des raies longitudinales jaunâtres ; sa tête est armée 
d’aiguillons. L’individu de cette espèce dont on a donné 
la figure dans le Voyage que nous venons de citer, 
n'avoit guère qu'un décimètre de longueur. 

x Cottus australis. HE 

Id. Appendix du Voyage à la Nouvelle-Galles méridionale, par Jean 
YVhite, premier chirurgien de l'expédition commandée par le capitaine 


 Phalipp, p. 265, pl. 52, fig. 1 


LE COTTE INSIDIATEUR: 


C£ cotte se couche dans le sable; il s'y tient en embus- 
cade pour saisir avec plus de facilité les poissons 
dont il veut faire sa proie ; et de Ïà vient le nom qu’il 
porte. On le trouve en Arabie ; il y a été observé par 
Forskael, et ily parvient quelquefois jusqu’à la longueur 
de six ou sept décimètres. Sa tête présente des stries 
relevées , et deux aiguillons de chaque côté. Il est gris 
par-dessus et blanc par-dessous ; la queue est blanche : 
l'on voit d’ailleurs sur cette même portion de l'animal 
uue tache jaune et échancrée , ainsi que deux raies iné- 
gales, obliques et noires; et de plus le dos est parsemé 
de taches et de points bruns * 
Smic à Le 

* Cottus insidiator. L. 

Id. Zinné, édition de Gmelin. | 


Forskacl, Faun. Arab, p. 25, n. 8. 
Cotte raked. Bonnaterre, planches de PEncyclopédie méthodique. 


? A la membrane des branchies & Tayons. 
à la première nageoire dorsale 8 


à la seconde 13 
à chacune des pectorales 19 
à chacune des thoracines 6 
à celle de l’anus 14 
à celle de la queue 1h 


LE COMTE M À D EG AIS SET 


La description de ce cotte n’a point encore été 
publiée ; nous en avons tronvé'une courte notice dans 
les manuscrits de Commerson, qui l’a observé auprès 
du fort Dauphin de l’isle de Madagascar , et qui nous 
en a laissé deux dessins très-exacts , l'un représentant 
l'animal vu par-dessus, et l’autre le montrant vu par- 
dessous. | 

Ce poisson, qui parvient à quatre décimètres ou 
environ de longueur , a la tête armée, de chaque côté, 
de deux aiguillons recourbés. De plus, cette tête, qui 
est aplatie de haut en bas, présente dans sa partie 
supérieure un sillon profond et très-large, qui s'étend 
longitudinalement entre les yeux ; et continue de 
s’'avancer entre les deux opercules , en s’y rétrécissant 
cependant. Ce trait seul sufliroit pour séparer le ma- 
dégasse des autres cottes. 

D'ailleurs son corps est couvert d’écailles assez 
grandes ; son museau arrondi , et la mâchoire infé- 
rieure plus avancée que la supérieure. Les yeux, très- 
rapprochés l’un de l’autre, sont situés dans la partie 
supérieure de la tête ; les opercules sont pointillés ; 


* Cottus spinis quatuor lateralibus retroversis, caudâ variegatä; ve 
capite retrorsum tetracantho, sulco inter oculos longitudinalilato et pro- 


fundo. Commerson, manuscrits déja cités. 


RE —— 


me m7 777 
De cte ‘de 172 gs 


HISTOIRE NATURELLE. 9249 
la première nageoire du dos est triangulaire * ; l'anus 
plus proche de la gorge que de la nageoire ce ; 
et cette dernière 1 nageoire paroît, dans les deux Ne 
du madégasse réunies aux manuscrits de Commerson, 
et que nous avons fait graver , paroît, dis-je, dou- 
blement échancrée, c’est-à-dire, divisée en trois lobes 
arrondis ; ce qui donneroit une conformation extrè- 


mement rare parmi celles des poissons non élevés en 


domesticité. 


* 8 rayons aiguillonnés à la première nageoire du dos. 
13 rayons articulés à la seconde. 
12 à chacune des pectorales, 
5ou6 à chacune des thoracines. 
La nageoire de l’anus est très-étroite. 


TOME HIT 32 


LUE UOTE ES UNPONENER 


Vorci le précis de ce que nous avons trouvé dans les 
manuscrits de Commerson au sujet de ce eotte, qu'il 
a observé , et qu'il ne faut confondre ayec aucune des 
espèces déja connues des naturalistes. | 

La grandeur et le port de ce poisson sont assez 
semblables à ceux du gobie noir; sa longueur ne va 
pas à deux décimètres. La couleur générale est noire, 
ou d'un brun noirâtre : la seconde nageoire du dos, 
celle de l'anus et celle de la queue sont bordées d’un 
liséré plus foncé, ou pointillées de noir ; la première 
nageoire dorsale présente plusieurs nuances de jaune, 
et deux bandes longitudinales noirâtres ; et le noir 
ou le noirâtre se retrouve encore sur l'iris. 

La tête épaisse, plus large par-derrière que la partie 
antérieure du corps, et armée d'un petit aiguillon de: 
chaque côté , paroît comme sonfiée à cause des dimen- 
sions et de la figure des muscles situés sur les joues, 
c’est-à-dire , au-dessus de la région des branchies. Le 
museau est arrondi ; l’ouverture de la bouche très- 
grande ; la mâchoire inférieure plus avancée que la 
DÉSERT in PRE ARRET RATE ARE RE CR UE ERA" ur 2° 0 


* Cottus niger. 

Le petit cabot noir. | 

Cottus nigricans, squamosus, scaber, aculeo obscuro in capite utrin- 
que. Commerson, manuscrits déja citéss. 


HLS NO TRE ON AT UR EE LE ““oby 


supérieure ; celle-ci facilement extensible ; chacune de 
ces deux mâchoires garnie de dents courtes, serrées, et 
semblables à celles que l’on voit sur deux éminences 
osseuses placées auprès du . gosier ; le palais très- 
lisse , et tout le corps revêtu, de même que la queue, 
d'écailles très-rudes au toucher. k 


LÉ COTTE CHABOT" 


Ox trouve ce cotte dans presque tous les fleuves et 
tous les ruisseaux dei ‘Europe et de l'Asie septentrionale 
dont le fond est pierreux ou sablonneux. Il y Pate 


* Cottus gobio. 

Sten simpa, er Suède. 

Sten lake, brad, 

Bull-head, en Angleterre. 

Millers thumb, zbëd. 

Messore , dans plusieurs contrées de l'Italie. 

Capo grosso, 1bëd. | 

Tête d’âne , dans plusieurs départemens méridionaux de France. 

Ane, 1bid. 

Cottus gobio. Linné, édition de Grèlins 

Cotte chabot. Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de M or méthodique. 

Bloch, pl. 38, fig. x et 2. 

Mull. Prodrom. Zoolog. Danic. p.44, n. 368, 

Ot. Fabric. Faun. Groenland. p.159, n. 116. 

Cottus alepidotus , glaber, capite diacantho. Artedi, gen. 48, spec. 82; 
syn 76. 

Boroc, EL #oiToc. Arist. lib, 4> CAP. 8. 

Cottus, Gaza, Arist. 

Chabot. Rondelei, des poissons Le rivière, chap. 22. 

Cottus, seu gobio fluviatilis capitatus. Gesn. p. 400, 403; et 4773 er 
{germ.) fol, 162, a. 

Capitatus auctorum. Cuba, lib. 3, cap. 38, fol. 79, b 

Citus. Salvian. Aquat. fol. 216. 

WVillughby, p. 137, tab. H, 3, fig. 3. 

Gobius fluviatilis, sive capitatus. AZrovand. lib, 5, cap. 28, p. 613. 


HISTOÏRE NATURELLE. 253 


jusqu'à la longueur de deux décimètres *, Il s’y tient 
souvent caché parmi les pierres, ou dans une espèce 
de petit terrier ; et lorsqu'il sort de cet asyle ou de 
cette embuscade , c’est avec une très-grande rapidité 
qu'il nage , soit pour atteindre la petite proie qu'il pré- 
fere, soit pour échapper à ses nombreux ennemis. Il 
aime à se nourrir de très-jeunes poissons, ainsi que de 
vers et d'insectes aquatiques ; et lorsque cet aliment 
Jui manque , il se jette sur les œufs des diverses espèces 
d'animaux qui habitent dans les eaux qu'il fréquente. 
IL est très-vorace ; mais la vivacité de ses appétits est 
trop éloignée de pouvoir compenser les effets de la 
petitesse de sa taille, de ses mauvaises armes et de 


Gobius fluyiatilis Gesneri. Raj. p. 76., n. A. ne 

Gobius capitatus. Jonsion, lib. 3, tit. 1, cap. 10, a. 2, tab. 20, fig. 1x. 

Gobio capitatus. Charl. p. 157. 

Chabot. Falmont-Bomare, Dictionnaire d'histoire naturelle. 

-Cottus alepidotus , capite plagioplateo , lato, obtuso , ete. Gronov. Mus, 
2, P. 14, 71 166. | 

Percis capite lævi, et brevis , etc. Æ/ein, Miss. Pise. p.43, n. 17. 

Gobius fluviatilis alter. Bellon, Aquat. p. 32. 

Gobio fluviatilis capitatus. Marsigli, Danub. 4, p. 73, tab. 24, fig, 2. 

Bull-head. Brit. Zoolog. 3, p.177, 4.117. 

Rotz kolbe. Meyer, Thierb.2, p. 4, tab. 1x2, 


* À la membrane des branchies 4 rayons. 
à la première nageoire dorsale 7 


à la seconde 17 
à chacune des pectorales 14 
à chacune des thoracines #4 
à celle de l'anus | 12 


à celle de la queue 13 


254 HISTOIRE NATURELLE 


son peu de force ; et il succombe fréquemment sous 
la dent des perches , des saumons, et sur-tout des 
brochets. La bonté et la salubrité de sa chair, qui 
devient rouge par la cuisson comme celle du saumon 
et de plusieurs autres poissons délicats ou agréables 
au goût, lui donnent aussi l’homme pour ennemi. Dès 
le temps d'Aristote , on savoit que pour le prendre 
avec plus de facilité, il falloit frapper sur les pierres 
qui lui servoient d'abri, quà l'instant il sortoit de.sa 
retraite, et que souvent il venoit, tout étourdi par le 
coup, se livrer luismême à la main ou au filet du 
pêcheur. Le plus souvent ce dernier emploie la zasse*, 
pour être plus sûr d'empêcher le chabot de s'échapper. 
Il faut saisir ce cotte avec précaution lorsqu'on veut 
le retenir avec la main: sa peau très-visqueuse lui 
donne en effet la faculté de glisser rapidement entre 
les doigts. Cependant, malgré tous les piéges qu'on lui 
tend, et le grand nombre d’ennemis qui le pour- 
suivent, on le trouve fréquemment dans plusieurs 
rivières. Cette espèce est très-féconde. La femelle, plus 
grosse que le mâle, ainsi que celles de tant d'autres 
espèces de poissons, paroît comme gonflée dans le temps 
où ses œufs sont près d’être pondus. Les protubérances 
formées par les deux ovaires, qui se tuméfient, pour 
ainsi dire , à cette époque, en se remplissant d'un 

x Voyez la description de la nasse dans l’article du pétromyzon lam- 


VOLE. 
pProt ‘ 


DES POISSONS. 255 
très-grand nombre d'œufs, sont assez élevées et assez 
arrondies pour qu'on les ait comparées à des ma- 
melles ; et comme une comparaison peu exacte conduit 
souvent à une idée exagérée, et une idée exagérée à 
une erreur, de célèbres naturalistes ont écrit que la 
femelle du chabot avoit non seulement un rapport de 
forme , mais encore un rapport d'habitude, avec les. 
animaux à mamelles , qu’elle couvoit ses œufs , et 
qu'elle perdoit plutôt la vie que de les abandonner. 
Pour peu qu'on veuille rappeler ce que nous avons 
écrit” sur la manière dont les poissons se reproduisent, 
on verra aisément combien on s’est mépris sur le but 
de quelques actes accidentels d’un petit nombre d’in- 
dividus soumis. à l'influence de circonstances pas- 
sagères et très - particulières. On a pu observer des 
chabots femelles et même des chahots mâles se retirer, 
se presser , se cacher dans le même endroit où des. 
œufs de leur espèce avoient été pondus , les couvrir 
dans cette attitude, et conserver leur position malgré 
un grand nombre d'efforts pour la leur faire quitter. 
Mais ces manœuvres n'ont point été des soins attentifs. 
pour les embryons qu'ils avoient pu produire ; elles 
se réduisent à des signes de crainte, à des précautions. 
pour leur sûreté ; et peut-être même ces individus 
auxquels on a cru devoir attribuer une tendresse 
constante et courageuse, n'ont-ils été surpris qué prêts. 


* Voyezle Discours sur la nature des poissons. 


‘256 HISTOIRE NATURELLE 


à dévorer ces mêmes œufs qu'ils paroissoient vouloir 
réchauffer, garantir et défendre. | 

Au reste , les écailles dont la peau muqueuse du 
chabot est revêtue , ne sont un peu sensibles que par 
le moyen de quelques procédés ou dans certaines 
circonstances : mais si la matière écailleuse ne s’étend 
pas sur son corps en lames brillantes et facilement 
visibles , elle s’y réunit en petits tubercules ou verrues 
arrondies. Le dessous de son corps est blanc : le mâle 
est, dans sa partie supérieure , gris avec des taches 
brunes : etla femelle brune avec des taches noires. Les 
nageoires sont le plus souvent bleuâtres et tachetées de 
noir ; les thoracines de la femelle sont communément 
variées de jaune et de brun. | 

Les yeux sont très-rapprochés l’un de l'autre. Des 
dents aiguës hérissent les mâchoires , le palais et le 
gosier ; mais la langue est lisse. Chaque opercule ne 
présente qu’une seule pièce et deux aiguillons recour- 
bés. La nageoire caudale est arrondie. 

On voit de chaque côté les deux branchies intermé- 
diaires garnies, dans leur partie concave, de deux rangs 
de tubercules. Le foie est grand, non divisé, Jau- 
nâtre, et situé en grande partie du côté gauche de 
l'animal ; l'estomac est vaste. Auprès du pylore sont 
attachés quatre cæœcum ou appendices intestinaux ; le 
canal intestinal n’est plié que deux fois ; les deux laites 
des mâles et les deux ovaires des femelles se réunissent 
yers l'anus , et sont contenus dans une membrane 


4 


ente-une vertèbres ; ; et il 


QUATRE-VINGT-SIXIÈME GENRE. 
LES SCORPÉNES. 


La tête garnie d'aiguillons, où de protubérances, ou de 
barbillons, et dépourvue de petites écailles ; une seule 
nageoire dorsale. 


PREMIER SOUS-GENRE. 
Point de barbillons. 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 
1. LA SCORPÈNE HORRIBLE. 


1 Le corps garni de tubercules gros et calieux. 
(Scorpæna horrida.) { PS8 5 


2. LA SCORPÈNE En aiguillons auprès de chaque œil; la 
(Scorpæna africana.) nageoire de la queue presque rectiligne. 
3, LA SCORPÈNE ÉPINEUSE. AE à à 
; j {Des aiguillons le Jong de la ligne latérale. 
 (Scorpæna spinosa.) 
. {Quatre aiguillons recourbés et très-forts au- 
4. LA SCORP. 1 GUILLONNÉE. | 


dessous des yeux; les deux lames de chaque 
(Scorpæna aculeata.) 


opercule garnies de piquans. 
5, La scorp. RE aiguillons sur la tête; un sillon ou 


(Scorpæna massiliensis.) enfoncement entre les yeux. 


La mâchoire inférieure repliée sur la mä- 

6. LA S. DOUBLE-FILAMENT.| choire supérieure; un filament double et 

(Scorpæna bicirrata.) très-long, à l’origine de la nageoire dor- 
sale. 


HISTOIRE NATURELLE. 259 
ESPÈCE. ; CARACTÉÈRES.. 


La mâchoire inférieure repliée sur la supé- 


7. LA SCORPÈNE BRACHION rieure ; point de filament ; les nageoires 


(Scorpœæna brachion.) pectorales basses, mais très-larges , atta- 


chées à une grande prolongation charnue, 
et composées de vingt-deux rayons. 


SECOND SOUS-GENRE. 


Des barbillons. 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 
Deux barbillons à la mâchoire inférieure; 


Tia RPÈNE x ; 
3. LA SCORPÈNE BARRUE des élévations et des enfoncemens sur la 


(Scorpæna barbata.) tête 


9. LA SCORPÈNE Ne rs barbillons auprès des narines et des yeux ; 


(Scorpæna rascassa.) la langue lisse. 


xo, LA SCORPÈNE MAHÉ.) es ou six barbillons à la mâchoire supé- 
(Scorpæœna mahe.) rieure ; deux barbillons à chaque opercule. 

Des barbillons à la mâchoire inférieure , et 
le long de chaque ligne latérale ; la Due 


hérissée de petites dents. 


| uatre barbillons frangés à la mâchoire su: 


11. LA SCORPÈNE TRUIE. 
(Scorpæna scrofa.) 


12. LA SCORPÈNE PLUMIER, périeure ; quatre autres entre les yeux ; 


(Scorpæna Plumiert) d’autres encore le long de chaque ligne 


latérale; des piquans triangulaires sur la 
tête et les opercules. 


Deux barbillons à la mâchoire supérieure ; ; 
cinq ou six à l’inférieure ; la partie pos- 
térieure de la nageoïire du dos, la nageoire 
de J’anus, celle de la queue, et les pec- 
torales, très-arrondies. 


x3, LA SCORP. AMÉRICAINE. 
(Scorpæna americana.) 


xd LA SCORP. DIDACTYLE. cn rayons séparés l’un de autre, aupres 
{Scorpæna didacty la.) de chaque nageoire pectorale. 


260 HISTOIRE NATURELLE. 


ESPÈCES. CARACTÉÈRES. 


Des appendices articulés, placés auprès des 


15. LA SCORP. ANTENNÉE. rte : 
yeux ; les rayons des nageoires pectorales, 


Scorpæna antennala. 
(: NéPrennetr) de la longueur du corps et de la queue. 


10. LA SCORPÈNE ER OU nageoires pectorales plus longues que Îe 


(Scorpœna volitans.) corps. 


f 2: 


… 


ss 


LA SCORPÈNE HORRIBLE"* 


Ox diroit que c’est dans les formes très-composées, 
singulières, bizarres en apparence, monstrueuses ; 
horribles, et, pour ainsi dire, menaçantes, de læ plu- 
part des scorpènes, que les poètes , les romanciers, les 
mythologues et les peintres ont cherché les modèles 
des êtres fantastiques, des larves, des ombres évoquées 
et des démons, dont ils ont environné leurs sages 
enchanteurs , leurs magiciens redoutables et leurs 
sorciers ridicules ; ce n’est même qu'avec une sorte de 
peine que l'imagination paroît être parvenue à sur- 
passer ces modèles, à placer ses productions menson- 


gères au-dessus de ces réalités, et à s'étonner encore 


pl des résultats de ses jeux que des combinaisons 
par lesquelles la Nature a donné naissance au genre 
que nous examinons. Mais si en faconnant les scorpènes 
la Nature a donné un HE remarquable de l’infinie 


* Scorpæna horrida. 

Scorpæna horrida. Zinné, édition de Gmelin. 

Bloch, pl. 183. | 

Scorpène crapaud. Daubenton, Encyclopédie méthodique, 

Ed. PBonnaterre, planches de P Encyclopédie méthodique. 

Perca alepidota , dorso monopterygio , capite eavernato tuberculato, etc 
Gronov. Zooph. p. 88, 11. 292, 1ub.1T , 12, 13, fig. 1. 

Ikan swangi bezar, de groote tov ervisch. Zalent. Ina, 3 1 P 309; Lg. 770%: 
_ Ikan swangi touwa. Renurd, Poëss.x, pl. 30, fig. 190. 


262 HISTOIRE NATURELLE 


variété que ses ouvràäges peuvent présenter, elle a 
montré d'une manière bien plus frappante combien 
sa manière de procéder est toujours supérieure à celle 
de l’art; elle a imprimé d’une manière éclatante sur 
ces scorpènes, Comme sur tant d’autres produits de sa 
puissance créatrice , le sceau de sa prééminence sur 
l'intelligence humaine : et cette considération n'est-elle 
pas d’une haüte importance pour le philosophe? Le 
génie de l’homme rapproche ou sépare, réunit ou 
divise, anéantit, pour ainsi dire, ou reproduit tout ce 
qu'il conçoit : mais de quelque manière qu’il place à 
côté les uns des autres ces êtres qu’il transporte à son 
gré, il ne peut pas les lier complétement par cette 
série infinie de nuances insensibles, analogues etinter- 
médiaires, qui ne dépendent que dela Nature; le grand 
art des transitions appartient par excellence à cette na- 
ture féconde et merveilleuse. Lors même qu’elle associe 
les formes que la première vue considère comme les 
plus disparates, soit qu'elle en revête ces monstruosités 
passagères auxquelles elle refuse le droit de se repro- 
duire, soit qu'elle les applique à des sujets constans qui 
se multiplient et se perpétuent sans manifester de 
changement sensible, elle les coordonne, les grouppe 
et les modifie d'une telle manière, qu’elles montrent 
facilement à une attention un peu soutenue une sorte 
d'air général de famille, et que d'habiles dégrada- 
tious ne laissent que des rapports qui s’attirent, à la 
place de nombreuses disconvenances qui se repousse 
roient. | 


DES SUFAMOIMLSE ST OU NS: 263 


La scorpène horrible offre une preuve de cette mar 
nière d'opérer, qui est un des grands secrets de Ja 
Nature. On s’en convaincera aisément, en examinané 
la description et la figure de cet animal remarquable. 

Sa tête est très-orande et très-inégale dans sa sur- 
face : creusée par de profonds sinus, relevée en d’autres 
endroits par des protubérances très-saillantes, hérissée 
d'aiguillons, elle est d'ailleurs parsemée, sur les côtés, 
de tubercules ou de callosités un peu arrondies, et 
cependant irrégulières et très-inégales en grosseur. 
Deux des plus grands enfoncemens qu’elle présente, 
sont séparés, par une cloison très-inclinée, en deux creux 
inégaux et irréguliers, et sont placés au-dessous des 
yèux, qui d’ailleurs sont très-pelits, et situés chacun : 
dans une proéminence très-relevée et un peu arrondie 
par le haut; sur la nuque s'élèvent deux autres protu- 
bérances comprimées dans leur partie supérieure , an- 
guleuses » et qui montrent sur leur côté extérieur une 
cavité assez profonde ; et ces deux éminences réunies 
avec celles des yeux, forment, sur la srande tête de 
l'horrible, quatre sortes de cornes très-irrégulières, 
très-frappantes, et, pour ainsi dire , hideuses. : 

Les deux mâchoires sont articulées de manière que 
lorsque la bouche est fermée, elles s'élèvent presque 
verticalement, au lieu de s'étendre horizontalement: 
la mâchoire inférieure ne peut clore la bouche qu'en 
se relevant comme un battant ou comme une sorte 
de pont-levis, et en dépassant même quelquefois en 


264 HISTOIRE NATURELLE 


arrière la ligne verticale, afin de s'appliquer plus exac- 
tement contre la mâchoire supérieure; et quand elle 
“est dans cette position, et qu’on la regarde par-devant, 
elle ressemble assez à un fer-à-cheval : ces deux mâ- 
choires sont garnies d’un grand nombre de très-petites 
dents, ainsi que le gosier. Le palais et la langue sont 
lisses; cette dernière est, de plus, large, arrondie, et 
assez libre. On la découvre aisément, pour peu que 
la scorpène rabatte sa mâchoire inférieure et ouvre 
sa grande gueule; l'orifice branchial est aussi très-large. 

Les trois ou quatre premiers rayons de la nageoire 
du dos, très-gros, très-difflormes, très-séparés l’un de 
l’autre, très-inégaux, très-irréguliers , très-dénués 
d'une véritable membrane, ressemblent moins à des 
piquans de nageoire qu'a des tubérosités branchues, 
dont le sommet néanmoins laisse dépasser la pointe de 
l’aiguillon *; la ligne latérale suit la courbure du dos. 

Le corps et la queue sont garnis de tubercules calleux 
semblables à ceux qui sont répandus sur la tête ; et 
l’on en voit d’analogues, mais plus petits, non seule- 
ment sur les nageoires pectorales, qui sont très-longues, 
mais encore sur la membrane qui réunit les rayons 
de la nageoire dorsale. | 


* 5 rayons à la membrane des branchies, 
13 rayons non articulés et sept rayons articulés à la nageoire du dos, 
16 rayons à chacune des pectorales. 
6 rayons à chacune des thoracines. 
3 rayons non articulés et 6 articulés à celle de l’anus. 
2 rayons à celle de la queue. 


E 


DES POISSONS. 265 


La nageoire de la queue est arrondie et rayée; la 
couleur générale de l’animal est variée de brun et de 
blanc; et c’est dans les Indes orientales que lon ren- 
contre cette espèce, qui se nourrit de crabes et de 
mollusques, sur laquelle, au milieu de rapprochemens 
bizarres en apparence et cependant merveilleusement 
concertés, des formes très-disparates au premier COUP 


d'œil se liant par des dégradations intermédiaires et 


bien ménagées, montrant des parties semblables où 
l’on n’avoit d’abord soupçonné que des portions très- 


différentes, paroissent avoir été bien plutôt préparées 


les unes pour les autres que placées'de manière à se 
heurter, pour ainsi dire, avec violence, mais dont l’en- 
semble, malgré ces sortes de précautions, repousse 
tellement le premier regard, qu'on n’a pas cru la 
dégrader en la nommant Lorrible, en l'appelant de plus 
crapaud de mer, et en lui donnant ainsi le nom d’un 
des animaux les plus hideux. | À Fc 


TOME IL 94 


LA SCORPÈNE AFRICAINE. 


à 


Ox rencontre. auprès du cap de Bonne-Espérance et 
de quelques autres contrées de l'Afrique, cette scorpène 
dont la longueur ordinaire est de quatre décimètres ; 
elle est revêtue d’écailles petites, rudes, et placées les 
unes au-dessus des autres comme les ardoises des toits. 
Les yeux sont situés sur les côtés de la tête, qui est 
grande et convexe; une prolongation de l’épiderme les 
couvre comme un voile transparent; l'ouverture de 
la bouche est très-large; les deux mâchoires sont 
également avancées ; deux lames composent chaque 
opercule ; quatre pointes garnissent la supérieure ; 
l'inférieure se termine en pointe du côté de la queue; 
et le dos est arqué ainsi que carené 
Dot pa Eee dr AE UPESE DUO RM sue sa tee nn re den ose a te LUE 
1 Scorpæna africana. 


Scorpæna capensis. Linné, édition de Gmelin. 
Gronor. Zooph. p. 88 , 71. 293 


? 6 rayons à la membrane des branchies. 
14 rayons non articulés et 12 rayons articulés à la nageoire du dos. 
18 rayons à chacune des pectorales. 
1 rayon non articulé et 5 rayons articulés à chacune des hoticines 
3 rayons non articulés et 6 rayons articulés à celle de Panus. 


12 rayons à celle de la queue. 


LA SCORPÈNE ÉPINEUSE"*. 


LE corps de ce poisson est comprimé; des aiguillons 
paroissent sur sa tête; sa ligne latérale est d’ailleurs 
hérissée de pointes, et sa nageoire dorsale, plus étendue 
encore que celle de la plupart des scorpènes, règne 
dépuis l’entre-deux des yeux jusqu'à la nageoire cau- 


dale. 


oo 
* Scorpæna spinosa. 


Id. Linné, édition de Gmelin. 
nd. Mus. Linck. +, Pe 4te 


LA SCORPÈNE AIGUILLONNÉE". 


La description de cette espèce n’a encore été publiée 
par aucun auteur; nous en avons vu des individus 
dans la collection de poissons secs que renferme le 
Muséum national d'histoire naturelle. Quatre aiguil- 
lons recourbés vers le bas et en arrière paroissent au- 
dessous des yeux; ces pointes sont d’ailleurs très-fortes, 
sur-tout la première et la troisième; des piquans 
garnissent les deux lames de chaque opercule : la 
partie des nageoires du dos et de l'anus, que des rayons 
articulés soutiennent, est plus élevée que l'autre por- 
tion ; elle est de plus arrondie comme les pectorales , 
et comme la nageoire de la queue *. 


1 Scorpæna aculeata. 


? ro rayons non articulés et 18 rayons articulés à la nageoiïre dorsale. 
17 rayons à chacune des pectorales. 
x rayon non articulé et 5 rayons articulés à chacune des thoracines.. 
2 rayons non articulés et 14 rayons articulés à celle de l’anus.. 
x6 rayons à celle de la queue. | 


een Eur “Re 


LA SCORPÈNE MARSEILLOISE 


CE poisson a beaucoup de rapports avec les cottes, 
parmi lesquels il.a mème été inserit, quoiqu'il n'offre 
pas tous les caractères essentiels de ces derniers, et 
quil présente tous ceux qui servent à distinguer les 
scorpènes. Il ressemble particulièrement au cotte scor= 
pion, dont il diffère néanmoins par plusieurs traits, 
et notamment par l'unité de la nageoire dorsale, qui 
est double au contraire sur le scorpion. 

La tête du marseillois est armée de plusieurs piquans; 
un sillon est creusé entre ses deux yeux, €t son nom 
indique la contrée arrosée par la mer dans laquelle 
on le trouve *. 

RP R LE be 1e LU RENE OA TE PS PRST IE MON QUES SPP ETAT E NES 4 

1 Scorpæna massiliensis. 


Cottus massiliensis. Ziné, édition de Gmelin, 


* 12 rayons non articulés et ro rayons articulés à. la nageoire dorsale, 
17 rayons à chacune des nageoires pectorales. 
r rayon non articulé et 5 rayons articulés à chacune des nageoires: 
thoracines. 
3 rayons non articulés et 6 rayons articulés à celle de l’anus.. 
32 rayons à la nageoire de la queue. 


LA SCORPENE DOUBLE-FILAMENT *. 


Nous devons la connoissance de ce poisson au voya- 
geur Commerson, qui nous en a laissé une figure 
‘très-exacte que nous avons cru devoir faire graver. 
Cet animal est couvert d’'écailles si petites, que l’on 
ne peut les voir que très-difficilement. La tête est 
grosse, un peu aplatie par-dessus, garnie de protubé- 
rances; et la mâchoire inférieure est tellement relevée, 
repliée et appliquée contre la supérieure, qu'elle 
dépasse beaucoup la ligne verticale, et s’avance di 
côté de la queue au-delà de cette ligne, lorsque la 
bouche est fermée. Au reste, ces deux mâchoires sont 
arrondies dans leur contour. Les yeux sont extrême- 
ment petits et très-rapprochés; les nageoires pectorales 
très-larges , et assez longues pour atteindre Jusque 
vers le milieu de la longueur totale de Îa scorpène. 
La nageoire de la queue est arrondie; celle de l'anus 
l'est aussi, et d’ailleurs elle est à peu près semblable 
à la portion de la nageoire du dos au-dessous de 
laquelle elle est située, et qui est composée de rayons 
articulés. Les autres rayons de la nageoire dorsale sont 
au nombre de treize, et comme tres-séparés les uns 
des autres, parce que la membrane qui les réunit est 


* Scorpæna bicirrata. 


HISTOIRE NATURELLE. "27E 


profondément échancrée entre chacun de ces aiguil- 
Jons, qui, par une suite de cette conformation, pa- 
roissent lobés ou lancéolés. Au-dessus de la nuque 
on voit s'élever et partir du même point deux filamens 
très-déliés, d'une si grande longueur qu'ils dépassent 
la nageoire caudale , et c'est de ce trait particulier 
que j'ai cru devoir tirer le nom spécifique de la scor- 
pène que je viens de décrire *. 
* 13 rayons aiguillonnés et 7 rayons articulés à la nageoire du dos. 
x7 rayons à chacune des pectorales. 


7 à celle de l'anus. 
4 |" à celle de la queue. 


LA SCORPÈNE BRACHION*. 


Nous allons décrire cette scorpène d’après un dessin 
très-exact trouvé dans les papiers de Commerson, et 
que nous avons fait graver; elle ressemble beaucoup 
à la scorpène double-filament par la forme générale 
de la tête, la petitesse et la position des yeux, la 
conformation des mâchoires, la place de l'ouverture 
de la bouche, la situation de la mâchoire inférieure 
qui se relève et s'applique contre la supérieure de 
manière à dépasser du côté de la queue la ligne ver- 
ticale, la nature des tégumens qui ne présentent pas 

‘écailles facilement visibles, et l'arrondissement de 
la nageoire caudale. Mais elle en diffère par plusieurs 
caractères, et notamment par les traits suivans : pre- 
mièrement, elle n’a sur la nuque aueuneé sorte de fila- 
ment; secondement, l’'échancrure que montre la mem- 
brane de la nageoire du dos, à côté de chacun des 
rayons aiguillonnés qui composent cette nageoire, est 
très-peu sensible relativement aux échancrures ane 
logues que l'on voit sur la scorpène à laquelle nous 
comparons le brachion ; troisièmement, chacune des 
nageoires pectorales forme comme une bande qui 
s'étend depuis le dessous de la partie antérieure de 


* Scorpæna brachion. 


HISTOIRE NATURELLE. 273 
l'opercule branchial j jusqu'auprès de l'anus; et qui, de 
plus, est attachée à une prolongation Mate et lon- 
gitudinale , assez-semblable -à-la prolongation qui 
soutient les nageoires pectorales de plusieurs gobies ; 
et cest de cette sorte de bras que nouûs avons tiré le 
nom spécifique du poisson dos fait es Su) jét de cet 
article ”. | 46 

h 1 [} Ji "3 1 | Ë . 35 DE, ÉEFFE À 

* 12 rayons RcinR et 7 rayons atticnél à à la EH ERARS du dos. 


22 rayons à Chaque nägeoire pectorale. 
9 rayons à la nageoire de l'anus. 


TOME HI | NES 


pra mn unes chere 


s$ 


LA!SCORPÈNE BARBUE: 


La téte de ce poisson est relevée par des protubé- 
r'ances , et creusée dans d’autres endroits, de manière 
à présenter des cavités assez grandes. Deux barbillons 
garnissent la mâchoire inférieure; les nageoires thora- 
cines sont réunies l’une à l’autre par une petite mem- 
brane ; la nageoire caudale est presque rectiligne 


: Scorpæna barbata. 

Scorpène barbue. Bonnaterre , planches de l’Encyc’opédie méthodique. 

Scorpæna capite cavernoso , cirris geminis in maxilla inferiore. Grouop. 
Mus, ichthyolog. 1, p. 46. 


3 12 rayons aiguillonnés et 10 rayons articulés à la nageoïre du dos. 
15 rayons à chacune des pectorales, 
6 rayons à celle de l’anus. 
13 rayons à celle de la queue. 


LA SCORPÈNE RASCASSE*. 


LA rascasse habite dans la Méditerranée et dans 
plusieurs autres mers. On l'y trouve auprès des rivages, 
où elle se met en embuscade sous les fucus et Les autres 
plantes marines, pour saisir avec plus de facilité les 
poissons plus foibles ou moins armés qu'elle ; et lors- 
que sa ruse est inutile, que son attente est trompée, 
et que. les poissons se dérobent à ses coups, elle se 
jette sur les cancres, qui ont bien moins de force, 


* Scorpæna rascassa. 

Scrofanello, dans plusieurs contrées de l’Tialie. 

Scorpæna porcus. Linné, édition de Gmelin. 

Scorpène rascasse. Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

Bloch, pl, 181. 

Zeus cirris supra oculos et nares. Mus. Adolph. Frid. 1, p. 68. 

Scorpæna pinnulis ad oculos et nares. Artedi, gen. 47, sys mo. 

O onwm@. Aristot. lib. 2, cap. 173etlib. 5, cap.o,103et lib. 8, cap. 32. 

Id. Athen. lib. 7, p. 320. 

Scorpeno. Rozdelet, première partie, liv. 6 , chap. ro, éd. de Lyon, 1558: 

Scorpius Rondeletii. 4/Zrovand. lib. 2, cap. 24, p. 196. 

Scorpius minor. Jorston, De piscibus, p.74, tab. 10, fig. 10. 

Scorpius minor. Villushby, Ichthyolog. p. 33%, tab. X, 13, fig. 1. 
“ Scorpæna. /d. 

Raj. p. 142, 7,7. 

Scorpæna. P. Jov. p.23, p. 01. 

Sälvian. fol. 2o1 ad iconem, et fol. 203. 

Scorpænua. Plin. lib. 32, cap. 11. 


Scorpio. Cuba, lib.3, cap. 85, fol. go, a 


276 HISTOIRE NATURELLE 


d’agilité et de vitesse pour échapper à sa poursuite. 
Si dans ses attaques elle trouve de la résistance, si 
elle est obligée de se défendre contre un ennemi supé- 
rieur, si elle veut empêcher la main du pêcheur de la 
retenir, elle se contracte, déploie et étend vivementses 
nageoires, que de. nombreux aiguillons rendent des 
armes un peu dangereuses, ajoute par ses.eMorts à l'é- 
nergie de ses muscles, présente ses dards, s’en hérisse, 
pour ainsi dire, et frappant avec rapidité, fait péné- 
trer ses piquans assez avant pour produire quelque- 
fois des blessures fâcheuses, et du moins faire éprouver 
une douleur aiguë. Sa chair est agréable au goût, mais 
ordinairement un peu dure. Sa longueur ne dépasse 
guère quatre décimètres. Les écailles qui la recouvrent 
sont rudes et petites. Rare 

La couleur de sa partie supérieure est brune, avec 
quelques taches noires ; du blanc mêlé de rougeâtre 
est répandu sur sa partie inférieure. Les nageoires sont 
d'un rouge ou d’un jaune foible et tacheté de brun, 
(a on  L T EC du CS fe M MA : mere 


Wotton, lib. 8 , cap. 178 , fol. 158, b. 

Scorpio, vel scorpis, vel scorpæna , id est, scorpius minor. Gesner, 
ps 847 1018, et (germ.) fol. 45. 

Scorpides, seu scorpæna. Charlet. p. 142. 

Scorpène, ow scorpion de mer, ow rascasse, Valmont-Bomare , Die- 
tionnaire d'histoire naturelle. 

Hasselquist. It. 330. 

Scorpæna.. cirris ad oculos naresque. Briünn. Pise, Massil, D. 220. 44. 

Corystion sordidè flavescens, etc. Klein, Miss. pise, 4, p. 47, mr 

Scorpæna, Bellon, Aquat. p. 148, 


D'IEUST INPI OLIS SFS"O NS: 277 


“excepté les thoracines, qui ne présentent pas de fiche, 
et les pectorales, qui sont grises. 

La tête est grosse; les yeux sont grands et très- 
rapprochés ; l'iris est doré et rouge; l'ouverture de la 
bouche très-large; chaque mâchoire hérissée , ainsi que 
le palais, de plusieurs rangs de dents petites et aiguës; 
la langue courte et lisse; l’opercule branchial garni 
d’aiguillons et de filamens; et la partie antérieure de 
la nageoire dorsale, soutenue par douze piquans très- 
forts et courbés en arrière *: | 

Huit appendices intestinaux: sont placés auprès du 
pylore; l'estomac est vaste ; le foie blanc; la vésicule 
du fiel, verte; le tube nue large. 

Du temps de Rondelet, on croyoit encore, avec plu- 
sieurs auteurs anciens, à la grande vertu médicinale 
du vin dans lequel on avoit fait mourir une rascasse ; 
et l’on ne paroïissoit pas douter que ce vin ne produisit 
des effets très-salutaires contre les douleurs du foie et 
la pierre de la vessie. 


* 12 aiguillons et Q rayons articulés à la nageoire du dos. 
- 16 rayons à chacune des pectorales. . 
x rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à Cooine de thoracines. 
3 rayons aïguillonnés et 5 rayons articulés à celle de l’anus, 
18 rayons à la nageoire de la queue. 


LA SCORPÈNE MAHÉ *. 


CommEeRrsoN a laissé dans ses manuscrits une des- 
cription de ce poisson. Toutes les nageoires de cette 
scorpène sont variées de plusieurs nuances; et le corps 
ainsi que la queue présentent des bandes transver- 
sales, qui ont paru à Commerson jaunes et brunes, 
sur l'individu que ce voyageur a observé. Mais cet 
individu étoit mort depuis trop long-temps pour que 
Commerson ait cru pouvoir déterminer avec précision - 
les couleurs de ees bandes transversales. 

Le mahé.est revêtu d'écailles petites, finement den- 
telées du côté de la nageoire caudale, serrées et 
placées les unes au-dessus des autres, comme les 
ardoises qui recouvrent les toits. La tête est grande 
et garnie d’un grand nombre d'aiguillons. Les orbites : 
relevées et dentelées forment comme deux crêtes au 
milieu desquelles s'étend un sillon longitudinal assez 
profond, | 
_ Les deux mâchoires ne sont pas parfaitement égales ; 
l’inférieure est plus avancée que la supérieure, qui est 
extensible à la volonté de l'animal, et.de chaque côté 
ge laquelle on voit pendre trois ou quatre barbillons 


Gp 


* Scorpæna mahe. | 
Scorpæna cirris pluribus ori circumpositis, corpore transyersim fasciato, 
pinuis omnibus variegatis, Commerson, mantscrits déja cités, 


HISTOIRE NATUREL LE. 279 


ou filamens mollasses. Des dents très-petites ct très- 
rapprochées les unes des autres donnent d’ailleurs 
aux deux mâchoires la forme d’une lime. Un filament 
marque, pour ainsi dire, la place de chaque narine. 

L'opercule branchial est composé de deux lames : la 
première de ces deux pièces montre vers sa partie 
inférieure deux barbillons, et dans son bord posté- 
rieur, deux ou trois piquans ; la seconde lame est 
triangulaire, et son angle postérieur est très-prolongé. 

Le dos est arqué et carené; la ligne latérale se 
courbe vers le bas. | 

La nageoire dorsale présente des largeurs très-iné- 
sales dans les diverses parties de sa longueur. Les 
pectorales sont assez longues pour atteindre jusqu'à 
l'extrémité de cette nageoire dorsale. Celle de la queue 
ést arrondie *. 

Commerson a vu cette scorpène dans les environs 
des isles Mahé, dont nous avons cru devoir donner le 
nom à ce poisson; et cest vers la fin de 1768 qu'il l'a 
observée. 


* rayons à la membrane des branchies. a) 
13 rayons aiguillonnés et 11 rayons articulés à la nageoire du dos. 
17 rayons à chacune des pectorales. 
x aiguillon et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, 
3 aiguillons et 9 rayons articulés à celle de l’anus. 
12 rayons à celle de la queue. 


LA SCORPÈNE TRUIE* 


: CerTe scorpène est beaucoup plus grande que la 
rascasse ; elle parvient quelquefois jusqu'à une lon- 
gueur de plus de quatre mètres : aussi attaque-t-elle 
avec avantage non seulement des poissons assez forts, 


# Scorpæna scrofa. 
. Crabe de Biaritz. 
Bezugo, dans la Ligurie. 
Pesce cappone , bid. 
Scrofano , dans d'autres contrées de l'Italie. 
Seorpæna scrofa. Linné , édition de Gmelin. 
Scorpène truie, Daubenton , Encyclopédie méthodique. 
Id. Ponnaterre, planches de l’Encyclopédie méthodique. 
Scorpæna tota rubens , cirris plurimis ad os. Artedi, gen. 47 3 SYH, 70. 
Scorpio , escorpio marinus. Salvian. fol. 197, a. ad iconem, et fol. 199, 
200. 
_ Scorpius major. Gesner, (germ.) fol. 44 be 
Id. 77äillughbhy, pe JO 
Id: Raj. pe 1423 N 2. 
Scorpio. Charlet. p. 142. 
Bloch, pl. 182. 
Autre scorpion de mer, etc, Vaimont-Bomare , Dictionnaire d'histoire 


naturelle. 


Perca dorso mouopterygio, capite subeavernoso , aculeato, alepidoto , 


etc. Gronov. Zooph, p- 87, 1. 297. 
Scorpæna corpore rubro , etc. Brünn. Pise. Massil. p. 32, n. 4b. 
Trigla subfusca nebulata, ete. Brown, damaïc. p.454, n. 3 
Cottus squamosus, varius, etc. Seba, Mus. 3,p. 79, n. 2; tab. 28, 


fig. 2. 


Scorpius major, Jonston, De piscibus, p. 74, tab. 19, .fI8: 9e 


HISTOIRE NATURELLE.  S©8I 
mais des oiseaux d’eau foibles et jeunes, qu'elle saisit 
avec facilité par leurs pieds palmés, dans les momens 
où ils nagent au-dessus de la surface des eaux qu'elle 
habite, On la trouve dans l'Océan atlantique et dans 
d'autres mers, particulièrement dans la Méditerranée, 
sur les bords de laquelle elle est assez recherchée. Les 
écailles qui la couvrent sont assez grandes; elle présente 
une couleur d'un rouge blanchâtre, plus foncée et 
même presque brune sur le dos, et lg isue d’ailleurs 
par des bandes brunes et transversales. La membrane 
des nageoires est bleue, et soutenue par des rayons 
jaunes et bruns. 

La tête est grande; les yeux sont gros: l'ouverture 
de la bouche est très-large; des dents petites, aiguës 
et recourbées , hérissent la langue , le palais, le gosier, 
et les deux mâchoires, qui sont également avancées ; 
des barbillons garnissent les environs des yeux, les 
joues, la mächoire inférieure , et la ligne latérale, qu 
suit la courbure du dos; deux. grands aiguillons et 
plusieurs petits piquans arment, pour ainsi dire, 
chaque opèrcule; et l'anus est plus près de la nageoire 
caudale que de la gorge * 

EE A NE ER CE TE NE PSE SRE PTT AT PER 

* 6 rayons à la membrane des branchies. 

12 aiguillons et 10 rayons articulés à la nageoïire du dos. 

19 rayons à chacune des pectorales. 

x aiguillon et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, 


3 aiguillons et 5 rayons articulés à la nageoire de l'anus. 
12 rayons à celle de la queue. 


TOME Li 36 


LA SCORPÈNE PLUMIER: 


Les manuscrits de Plumier, que l’on conserve dans la 
Bibliothèque nationale de France, renferment un dessin 
fait avec soin de cette scorpène , à laquelle j'ai cru 
devoir donner un nom spécifique qui rappelât celui 
du savant voyageur auquel on en devra la connois- 
sance. Le dessus et les côtés de la tête sont garnis, 
ainsi qué les opercuies , de piquans triangulaires , 
plats et aigus. Quatre barbillons ou appendices frangés 
s'élèvent entre les yeux ; quatre autres barbillons d’une 
forme semblable , mais un peu plus petits, paroissent 
au-dessus de la lèvre supérieure : un grand nombre 
d’appendices également frangés sont placés le long 
de la ligne latérale ; les écailles ne présentent qu'une 
grandeur médiocre. La première partie de la nageoire 
dorsale * est soutenue par des rayons non articulés, et 
un peu arrondie dans son contour supérieur ; celle de 


RE ARE EUR PU PA RUEN NE MSN AT ENS MEN VOTE TR D'RULIPLE QE A PSS Re] 
: Scorpæna Plumieri. 
Scorpius niger cornutus. Manuscrits de Plumier, déposés à la Biblio= 
thèque nationale. | 
* x2 rayons aiguillonnés et 7 rayons articulés à la nageoire du dos. 
9 rayons. à chacune des pectorales. 
5.ou 6 rayons à chacune des thoracines. 
2 aiguillons et 5 rayons articulés à la nageoire de Panus.. 
10 rayons à celle de la queue. 


HISTOIRE NATURELLE 989 


la queue est aussi arrondie ; on voit quelques taches 
pétites et rondes sur les thoracines. La couleur générale 
est d’un brun presque noir, et dont la nuance est à 
peu près la même sur tout l'animal. 


LA SCORPÈNE AMÉRICAINE: 


La tête de ce poisson présente des protubérances et 
des piquans ; d’ailleurs on voit deux barbillons à la 
mâchoire supérieure , et cinq ou six à la mâchoire 
inférieure. Les quinze derniers rayons de la na- 
geoire dorsale forment une portion plus élevée que 
la partie antérieure de cette même nageoire ; cette 
portion est, de plus, très-arrondie, semblable par la 
figure ainsi qu'égale par l'étendue à la nageoire de 
lanus, et située précisément au-dessus de ce dernier 
instrument de natation. Les nageoires pectorales et la 
caudale sont aussi très-arrondies. Lorsque la femelle 
est pleine, son ventre paroît très - gros ; et c'est une 
suite du grand nombre d'œufs que l’on compte dans 
cette espèce, qui est très-féconde , ainsi que presque 
toutes les autres scorpènes *. 


* Scorpæna americana. 
Diable de mer. Duhamel, Traité des pêches, 2, 3 > Part. 2 y P: 995 2e 7 


pl. 2, fig. à. 


? A Ia nageoire dorsale 33 rayons. 
à chacune des pectorales 13 
à celle de Panus 16 
à celle de la queue 13 


LA SCORPÈNE DIDACTYLE* 


La tête de cet animal, que Pallas a très-bien décrit, 
présente les formes les plus singulières que l’on ait 
encore observées dans les poissons; elle-ressemble bien 
plus à celle de ces animaux fantastiques dont l’image 
fait partie des décorations bizarres auxquelles on à 
donné le nom d'arabesques, qu’à un ouvrage régulier 
de la sage Nature. Les yeux gros ; ovales et:saillans , 
sont placés au sommet de'deux protubérances. très- 
rapprochées ; on voit deux fossettes creusées entre ces 
éminences et le bout du museau: des rugosités an- 
guleusés paroissent auprès de, ce museau et de la base 
des opercules, :;; | id 
Des barbillons charnus, découpés ; EE ‘et assez 
larges , sont dispersés sur plusieurs points de la surface 
de cette tête, que l'on,est tenté de considérer comme 
un produit de l’art ; deux,de ces filamens, beaucoup 
plus grands que les-autres ,-pendent , l'un à la droite, 
et l’autre à la gauche de la mâchoire inférieure: cette 
mâchoire est plus avancée.que celle d'en-haut; l’une 


* Scorpæna didactyla,! , 

Pallas, Spicileg. zoolog. 7, p. . sb EN Enfdu 

Scorpæna didactyla. Zinné , édition de Gmelin. 

Scorpène à deux doigts. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé- 


thodique. 


3006 HISTOIRE NATURELLE, 


et l’autre sontgamnies de dents, ainsi que le devant du 
palais et le fond du gosier ; la langue montre des raies 
noires et de petits grains jaunes : on apperçoit de 
plus , auprès de chaque nagéoire pectorale , c'est-à- 
dire , de chacune de ces nageoires que l’on a com- 
parées à des bras, deux rayons articulés $ très-longs, 
dénués de membranes , dans lesquels on a trouvé 
quelque analogie avec des doigts ; et voilà pourquoi 
la scorpène dont nous parlons , a été nommée à deux 
doigts, ou didactyle. La nageoirede la queue est arrondie; 
toutes les autres sont grandes ; celle du dos règne le 
long d'une ligne très-étendue; plusieurs de ses rayons 
dépassent la membrane proprement dite, et sont garnis 
de lambeaux melnbranèux et déchirés ou découpés. 

La peau de ce poisson, dénuée d’écailles facilement 
visibles, est enduite d'une humeur visqueuse. Cette 
scorpène parvient d’ailleurs à une longueur de trois 
ou quatre décimètres. Elle est brune avec des raies 
jaunes sur le dos, et des taches de la même couleur sur 
les côtés , ainsi que sur sa partie inférieure. Des bandes 
noires sont distribuées sur. la nageoire de la queue , 
ainsi qué'sur les pectoralés. Cet animal remarquable 
habite dans la‘mer des Indes * 


* 16 rayons-aiguillonnés et 8 rayons articulés à la nageoire du dos, 
19 rayons à chacune des pectorales: Lg 
6 rayons à chacune-des thoracines. 
12 rayons à celle de Panus: 
x 2 rayons à celle de Ja queue. 


sr + 


(LA SCORPÈNE ANTENNÉE* 


Ox pêche dans les eaux douces de l’île d’Amboine, 
une scorpène dont Bloch a publié la description, et 
dont voici les principaux caractères. 

La tête est hérissée de filamens, et de piquans de 
diverses grandeurs ; au-dessus des yeux, quisontgrands 
et rapprochés, s'élèvent deux barbillons cylindriques, 
renflés dans quatre portions de leur longueur par une 
sorte de bourrelet très-sensible , et qui, paroissant 
articulés et ayant beaucoup de rapports avec les an- 
tennes de plusieurs insectes , ont fait donner à l’animal 
dont nous parlons , le nom de scorpène aniennée. Au- 
dessous de chacun des organes de la vue , on compte 
communément deux rangées de petits aiguillons. 
Chaque narine a deux ouvertures situées très-près des: 
yeux. Les mâchoires, avancées l’une autant que l'autre, 
sont garnies de dents petites et aiguës. Des écailles 
semblables à celles du dos revêtent les opercules. Les 
onze ou douze premiers rayons de la nageoire du dos. 
sont aiguillonnés , très-longs, et réunis uniquement 


* Scorpæna antennata.. 

Bloch, pl. 105. 

Scorpæna antennata. Linné, édition de Gmelin.. L 

Scorpène à antennes. Bonnaterre ; planches de l'Encyclopédie méiho-- 


dique. 


1] 


288 HISTOIRE NATURELLE. 


près de leur base, par une membrane très-basse, qui 
s'étend obliquement de l’un à l'autre, s'élève un peu 
contre la partie postérieure de ces grands aiguillons, 
et s’abaisse auprès de leur partie antérieure. La mem- 
brane des nageoires pectorales ne s'étend pas jusqu’au 
bord antérieur de la nageoire de l’anus ; mais les rayons 
qui la soutiennent, la dépassent , et se prolongent la 
plupart jusqu'à l'extrémité de la nageoiïre caudale, qui . 
est arrondie. | 

Une raie très -foncée traverse obliquement le globe 
de l’œil. On voit d’ailleurs des taches assez grandes 
et irrégulières sur la tête, de petites taches sur les 
rayons des nageoires, et des bandes transversales sur 
le corps, ainsi que sur la queue. | 

La scorpène antennée vit communément de poissons 
jeunes ou foibles. Le goût de sa chair est exquis *. 

* 6 rayons à la stsbiite des branchies. 

12 aiguillons et 12 rayons articulés à la nageoire du dos. 
17 rayons à chacune des pectorales. 
6 rayons à chacune des thoracines. 


3 aiguillons et 7 rayons articulés à la nageoire de Panus, 
x2 rayons à la nageoire de la queue, 


LA SCORPÈNE VOLANTE*. 


CeTre scorpène est presque le seul poisson d'eau 
douce qui ait des nageoires pectorales étendues ou 
conformées de manière à lui donner la faculté de 
s'élever à quelques mètres dans l'atmosphère , à s’y 
soutenir pendant quelques instans , et à ne retomber 
dans son fluide natal qu’en parcourant une courbe très- 
longue. Ces nageoires pectorales sont assez grandes 
dans la scorpène volante pour dépasser la longueur 
du corps ; et d'ailleurs la membrane qui en réunit 
les rayons , est assez large et assez souple entre chacun 
de ces longs cylindres, pour qu'ils puissent être écartés 
= et rapprochés l’un de l’autre très-sensiblement ; que 


* Scorpæna volitans. 

Id. Zinné, édition de Gmelin. 
Scorpene volante. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique, 
Gasterosteus volitans. Linn. System. naturæœ, XIT, x, p. 491, n. 0. 
Bloch, pl.184 

Gronov. Mus. 2, p.33 j n. 1913 e& Zooph. 1, p. 89, n. 294. 
Pseudopterus, etc. Klein, Miss. pise. 5, p.76, n. 1. 

Cottus squamosus rostro bifido, Seba, Mus. 3, p. 79, tab. 28, fig. r. 
Tkan svangi. Ruysch, Theatr., anatomic. x , p. 4, n. 1; tab. 3, fig. 1. 
Louw. Renard, Poissons, x, pl. 6, fig. 41, p.123 pl, 43, n. 215. 
Kalkoeven visch. Vulent. Ind. 3, p. 41h, fig. 213. 

Amboynsche visch. Neuk. Tnd. 2,p. 268, fig. 4. 

WVillughby, Ichihyolog. append. p. 1, tab. 2, fig. 3. 

Perca amboinensis. Raj. Pise. p. 98, 1. 26, 


290 HISTOIRE NATURELLE 
l’ensemble de la nageoire qu'ils composent, s’'étende ow 
se rétrécisse à la volonté de l'animal; que Île poisson 
puisse agir sur l'air par une surface très-ample ou très- 
resserrée ; qu'indépendamment de l'inégalité des efforts. 

de ses muscles , la scorpène emploie une sorte d’aile 
_ plus développée, lorsqu'elle frappe en arrière contre 
les couches atmosphériques , que lorsque, ramenant en 
avant sa nageoire pour donner un nouveau coup d’aile 
ou de rame, elle comprime également en avant une 
païtie des couches qu'elle traverse ; qu’il y ait une su- 
périorité très-marquée du point d'appui qu’elle trouve 
dans la première de ces deux manœuvres, à la résis- 
tance qu'elle éprouve dans la seconde ; et qu'ainsi elle: 
jouisse d'une des conditions les plus nécessaires au vol 
des animaux. Mais si la facilité de voltiger dont est 
douée la scorpène que nous décrivons , lui fait éviter: 
quelquefois la dent meurtrière des gros poissons qui 
la poursuivent, elle ne peut pas la mettre à l'abri des, 
pêcheurs qui la recherchent , et qui s'efforcent d'autant 
plus de la saisir, que sa chair est délicieuse ; elle la 
livre même quelquefois entre leurs mains , en la faisant 
donner dans leurs piéges , ou tomber dans leurs filets, 
lorsqu'attaquée avec trop d'avantage, ou menacée de 
trop grands dangers au milieu de l’eau , elle s’élance: 
du sein de ce fluide dans celui de l'atmosphère. 

* C’est dans les rivières du Japon et dans celles d’Am- 
boine que l’on a particulièrement observé ses précau- 
tions heureuses ou funestes, et ses. autres habitudes. 


DES TRAOUMNS"S À NS 20T 

il paroît qu’elle ne se nourrit communément que de 
poissons très-jeunes , ou peu redoutables pour elle. 

Sa peau est revêtue de petites écailles placées avec 
ordre les unes au-dessus des autres. Elle présente, 
d’ailleurs, des bandes transversales alternativement 
orangées et blanches , et dont les unes sont larges et les 
autres étroites. Les rayons aiguillonnés de la nageoire 
dorsale sont variés de jaune et de brun ; les autres 
rayons de la même nageoire, noirs et tachés de jaune *; 
et les pectorales et les thoracines, violettes et tachetées 
de blanc. Des points blancs marquent le cours de la 
ligne latérale. L’iris présente des rayons bleus et des 
rayons noirs. Et quant aux formes de la scorpène vo- 
lante, il sufhira de remarquer que la tête, très-large par- 
devant , est garnie de barbillons et d'aiguillons ; que 
les deux mâchoires, également avancées, sont armées de 
dents petites et aiguës ; que les lèvres sont extensibles : 
que la langue est petite , pointue , et un peu libre dans 
ses mouvemens; que de petites écailles sont placées sur 
les opercules ; et que la membrane qui réunit les 
rayons aiguillonnés de la nageoire du dos, est très- 
basse, comme la membrane analogue de la scorpène 
antennée. 

* 6 rayons à la membrane des branchies. 
x2 aiguillons et 12 rayons articulés à la nageoire dorsale, 
 x4 rayons à chacune des pectorales. 
6 rayons à chacune des thoracines. 


3 rayons aiguillonnés et 7 rayons articulés à la nageoire de l'anus. 
x2 rayons à la nageoire de la queue, qui est arrondie. 


QUATRE-VINGT-SEPTIÈME GENRE. 
LES SCOMBÉROMORES. | 


Une seule nagseoire dorsale: de petites nageoires ‘au- 
5 ) P £' | 
dessus et au-dessous de la queue: point d'aisuillons 
| q DU 5 
isolés au-devant de la nageoïre du dos. 


ESPÈCE. CARACTÈRES. 

Huit petites nageoires au-dessus et au-des- 
sous de la queue; les deux mâchoires éga- 
lement avancées. 


LE SCOMBÉROM. PLUMIER. 
(Scomberomorus Plumieri.) 


LE SCOMBÉROMORE PLUMIER *. 


Les peintures sur vélin qui font partie de la collec- 
tion du Muséum d'histoire naturelle, renferment la 
figure d'un poisson représenté d’après un dessin de 
Plumier, et qui paroît avoir beaucoup de rapports avec 
la bonite. Le savant voyageur que nous venons de citer, 
l’'avoit même appelé bonite ou pélamis, petite et tachetée, 
vulgairement zézard. Mais les caractères génériques 
que montrent les vrais scombres, et particulièrement 
la bonite, ne se retrouvant pas sur le poisson plumier, 
nous avons dû le séparer de cette famille. Les principes 
de distribution méthodique que nous suivons, nous 
ont même engagés à l’inscrire dans un genre particulier 
que nous avons nommé scombéromore, pour désigner 
les ressemblances qui le lient avec celui des scombres, 
et dont nous aurions placé la notice à la suite de lhis- 
toire de ces derniers, si quelques circonstances ne s’y 
étoient opposées. 

Le scombéromore plumier vit dans les eaux de la 
Martinique. Sa nageoire dorsale présente deux portions 
si distinctes par leurs figures, que l’on croiroit avoir 
sous Îles yeux deux nageoires dorsales très-rappro- 
chées. La première de ces portions est triangulaire, et 


ASE 


= # Scomberomorus Plumieri. 


204 HISTOIRE NATURELLE. 


composée de vingt rayons aiguillonnés ; la seconde 
est placée au-dessus de celle de lanus, à laquelle elle 
ressemble par son étendue, ainsi que par sa forme 
comparable à celle d'une faux. Huit petites nageoires 
paroissent au-dessus et au-dessous de la queue. Les 
couleurs de Fanimal sont d'ailleurs magnifiques : l’azur 
de son dos, et l’argenté de sa partie inférieure, sont 
relevés par les teintes brillantes de ses nageoires, et 
par l'éclat d’une bande dorée qui s'étend le long de la 
ligne latérale , et règne entre deux rangées longitudi- 
nales de taches irrégulières et d’un jaune doré. 


QUATRE-VINGT-HUITIÈME GENRE. 


LES GASTÉROSTÉES. 


Une seule nageoïre dorsale; des aiguillons isolés, ou presque 
isolés, au-devant de la nageoire du dos; une carène lon- 
gitudinale de chaque côté de la queue; un ou deux 
rayons au plus à chaque nageoire thoracine; ces rayons. 


atouillonnés. 
ESPÈCES. CARACTÈRES 
2. LE GASTÉR. D AUS ie aiguillons au-devant de la nageoire du 
(Gasterosteus teraculeatus.) dos. 


2. LE. ne aiguillons au-devant de la nageoire du 
dos. 


3. LE GASTÉR. SPINACHIE. ARR aiguillons au-devant de la nageoire 
du dos. 


(Gusterosteus pungitius.) 


(Gasterosieus spinachia.) 


LE GASTÉROSTÉE ÉPINOCHE;, 


LE GASTÉROSTEN ÉPIANOCHEÉTTE;, 


ET.LE GASTÉROSTÉE SPINACHIE:. 


C'EesT.dans les eaux douces-de l’Europe que vit l’épi- 
noche. Ce gastérostée est un des plus petits poissons 


: Gasterosteus teraculeatus, ; 

Skittspige, en Suède. 

Skittbär den stôrre, zb1d. 

Steckle back, ex Angleterre. 

Banslickle, z0:d. 

Sbarpling, zbid. 

Épinarde, dans quelques départemens DA HE de France. 

Gastré trois épines. Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. 

Bloch, pl. 53, fig. 3 

Gasterosteus aculeatus.Zinné, édition de Gmelin. 

Faun. Suecic. 336. | 

Gasterosteus in dorso tribus. Æriedi, gen. b2, spec. 26, syn, 80. 

Müller, Prodrom. Zoolog. Danic. p.47, n. 3. 

Gronov. Mus. 1, p. 49, n. 1115; Zooph. p. 134, n: 405. 

Centriscus duobus in dorso armato aculeis, totidem in ventre. Klein, 
Miss. pisc. 4, p. 48, n. 2, tab. 14, fig. 4 ét 5. 

Spinarellae Bellon, Aquat. p. 327. 

Brit. Zoolog. 3, p. 217, n. I: 

IFillughby, Ichthyol. 347. 

Raj. Pise. 145. 

Épinoche. Rondelet, Des poissons de rivière, chap. 27. 

Stüichling es stachelfiseh. Wulf, Ichkthyolog. 

Épinoche. ’almont-Bomare , Dictionnaire d'histoire naturel'e, 


HISTOIRE NATURELLE. 297 


que l’on connoisse ; à peine parvient-il à la longueur 
d'un décimètre : aussi a-t-on voulu qu'il occupât dans 


* Gasterosteus pungitius. 

Skittspigg den mindre, ez Suède, 

The lesser stickleback, e7 Angleterre. 

The lesser sharpling, zbid. 

Gasterosteus pungitius. Linné, édition de Gmelin. 

Gastré épinoche. Daubenton, Encyclopédie méthodique, 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

Bloch, pl. 53, fig. 4 

Faun. Suscic. 337. 

 Gasterosteus aculeïs in dorso tribus. Arfedi, gen. 2, spec. 97, syn. 80. 
Gronov. Mus.1,p. bo, n.1123 Zooph. p.134, n. 406. 

Centriscus spinis decem vel undecim, etc. Klein, Miss. PISC+ 4,p.48, 1. 4. 
Spinarella pusillus. Bellon, Aquat. p. 227. 

Gesner, Aqua. p. 8; lcon. anim. p. 2843 Thierb.p. 160, @ 
Pungitius, alterum genus. A/drov. Pise. p. 628. 

Raj. Pisc. p.145 ,n. 4. 

Lessler stickleback. #7z/lughby, Ichthyolog. p. ap 

Ten spined stickleback. Brir. Zoolog. 3, p. 219, n. 2. 


3 Gasterosteus spinachia, 

Steinbicker, dans plusieurs contrées de l’ Allemagne. 

Ersskraper, dans plusieurs pays du Nord. 

Gastré quinze-épines. Daubenton , Encyclopédie méthodique. 

Id. Fonnaterre, planches de l Encyclopédie méthodique. 

Gasterosteus spinachia. Linné , édition de Gmelin. 

Faun. Suecic. 338, 

Gronov. Mus. 1, p. do, n.113; Zooph. p. 134, n. 407. 

Bloch, pl. 53, fig. 1. 

Gasterosteus pentagonus. Mus. Ad. Frid. p. 34. 

Centriscus aculeis quindeeim in dorso. Klein, Miss. pisc. 4 pe 48, : Hole 

Aculeatus ve! pungitius marinus longus. Willughby, Ickthyol. p. 340, 
tab. X,13, fig, 2; Append. p. 23. 

Raj. Pise. p.145, n.715. 4 

Fifteen spined stickleback. Brit. Zoolog. 3, p. 220, n. 3, 

TOME ui, 38 


298 HISTOIRE NATURELLE, 


l'échelle de la durée une place aussi éloignée des pois- 
sons les plus favorisés, que sur celle des grandeurs. 
On a écrit qu'il ne vivoit tout au plus que trois ans. 
Quelque sûres qu’aient pu paroître les observations 
sur lesquelles on a fondé cette assertion, nous croyons 
qu'elles ont porté sur des accidens individuels plutôt 
que sur des faits généraux; et nous regardons comme 
bien peu vraisemblable une aussi grande briéveté dans 
la vie d’un animal qui, dans ses formes, dans ses qua- 
lités, dans son séjour, dans ses mouvemens, dans ses 
autres actes, dans sa nourriture, ne présente aucune 
différence très-marquée avec des poissons qui vivent 
pendant un très-erand nombre d’années. Et d’ailleurs 
ne reconnoît-on pas dans l'épinoche la présence ou 
l'influence de toutes les causes que nous avons assignées 
à la longueur très-remarquable de la vie des habitans 
des eaux, et particulièrement dés poissons considérés 
en général ? | : 

C'est dans le printemps que ce petit osseux dépose 
ses œufs sur les plantes aquatiques , qui les main- 
tiennent à une assez grande proximité de la surface 
des lacs ou des rivières, pour que la chaleur du soleil 
favorise leur développement. Il se nourrit de vers, de 
chrysalides, d'insectes que les bords des eaux peuvent 
lui présenter, d'œufs de poissons; et, malgré sa foi- 
blesse, 1l attaque quelquefois des poissons, à la vérité, 
extrêmement jeunes, et venant, pour ainsi dire, d'éclore. 
Les aiguillons dont son dos est armé, et Le bouclier 


D'ES POISSONS. 29% 


ainsi que les lames-dont son corps est revêtu , le dé- 
fendent mieux qu’on ne le croiroit au premier coup 
d'œil, de l’attaque de plusieurs des animaux qui vivent 
das les mêmes eaux que lui : mais ils ne le garantissent 
pas de vers intestinaux dont il est fréquemment la vic- 
time ; ils ne le préservent pas non plus de la recherche 
des pêcheurs. On ne le prend pas cependant, au moins 
le plus souvent, pour la nourriture de l’homme, parce 
que son goût est rarement très-agréable : mais comme 
cette espèce est grasse et féconde en individus, il est 
plusieurs contrées où l’on répand les épinoches par 
milliers dans les champs, sur lesquels elles forment 
en se corrompant un excellent fumier ; ou bien on les 
emploie à engraisser dans les basses-cours voisines des 
lacs qui leur ont servi d'habitation, des canards, des 
cochons, et d’autres animaux utiles dans l’économie 
domestique. 

On peut aussi exprimer de milliers d’épinoches une 
assez grande quantité d'huile bonne à brüler; et nous 
ne devons pas Oublier de faire remarquer qu'il est un 
grand nombre d'espèces de poissons, dédaignées à cause 
du goût peu agréable de leur chair, dont on pourroit 
tirer, comme de l'épinoche, un aliment convenable à 
plusieurs animaux, un engrais très-propre à fertiliser 
nos campagnes, ou une huile très-utile à plusieurs 
arts. | | 
Les yeux de l'épinoche sont saillans, et ses mâ- 
choires presque ‘aussi avancées l’une que l’autre : 


— 


SOC HISTOIRE NATURELLE 


chaque ligne latérale est marquée ou recouverte par 
des plaques osseuses placées transversalement, plus 


petites vers la tête ainsi que vers la queue, et qui, 


au nombre de vingt-cinq, de vingt-six ou de vingt-sept, 
forment une sorte de cuirasse assez solide. Deux os alon- 
gés , durs, et affermis antérieurement par un troisième , 
couvrent le ventre comme un bouclier; et de là vient 
le nom générique de gastérostée que porte l’épinoche. 
Chaque thoracine est composée de deux rayons : Île 
premier, orand, pointu, et presque toujours dentelé, 
frappe aisément la vue; le second, blanc, très-court, 
très-mou, est difficilement apperçu. 

Trois aiguillons alongés, et séparés l’un de l'autre, 
s'élèvent au-devant de la nageoire du dos : les deux 
premiers sont dentelés des deux côtés ; le troisième 
l’est quelquefois, mais il est presque toujours moins 
haut que les deux premiers. 

On compte trois lobes au foie, qui est très-étendu, 
et dont le lobe droit est particulièrement très-long. 
On ne voit pas de cœcum auprès du pylore; et le 
canal intestinal se recourbe à peine vers la tête, avant 
de s’avancer en ligne droite vers l'anus, ce qui doit 
faire présumer que les sucs digestifs de l'épinoche 
sont très-actifs. 

La vésicule natatoire est épaisse, simple, grande, et 
attachée à l’épine du dos, dont cependant on peut la 


séparer avec facilité. 
Au reste, l'iris, l'opercule branchial et les côtés de 


- 


DES POISSONS. dOI 
l'épinoche brillent de léclat de l'argent; ses nageoires 
de celui de l'or; et sa gorge, ainsi que sa poitrine, 
montrent souvent celui du rubis”. 

L'épinochette vit en troupes nombreuses dans les 
lacs et dans les mers de l'Europe; on la voit pendant 
le printemps auprès des embouchures des fleuves ; 
et suivant le citoyen Noël, on la pêche dans la Seine, 
jusqu’au-dessus de Quillebœuf. La spinachie ne se 
trouve ordinairement que dans la mer. Elle est plus 
grande du double, ou environ, que l’épinoche , pen- 
dant que l’épinochette ne parvient communément qu’à 
la longueur d’un demi-décimètre. Cette épinochette 
est d'ailleurs dénuée de lames osseuses et même d'é- 
cailles facilement visibles; sa couleur est jaune sur 
son dos, et blanche ou argentée sur sa partie infé- 
rieure ‘. | 

La spinachie offre à peu près le même ton et la même 


: À la membrane des branchies de l’épinoche, 3 rayons. 


à la nageoire du dos : 12 
à chacune des pectorales 10 
à chacune des thoracines 2 
à celle de anus 
à celle de la queue, quiest rectiligne,  x2 
? A la nageoire du dos de l’épinochette, II rayons, 
à chacune des pectorales 10 
à chacune des thoracines, dont la mem- 
brane est très-blanche, 2 
à celle de l’anus II 


à celle de la queue 13 


309 HIS TODRE NA PUR ELÉ E. 


disposition dans ses nuances que l'épinochette ; mais 


ses côtés sont garnis de lames dures. Elle a de plus le 


museau avancé en forme de tube, l'ouverture de la 
bouche petite, et l'opercule ciselé en rayons *. 


* A la nageoire du dos de la spinachie, 6 ou 7 rayons. 


à chacune des pectorales 10 
à chacune des thoracines 2 
à celle de l’anus 6Gou” 


à celle de la queue, qui est arrondie, 12 


ee —— 


QUATRE-VINGT-N EUVIÈME GENRE. 


24 


LES CENTROPODES. 


Deux nageoires dorsales; un aïguillon et cing ou six rayons 
articulés très-petits à chaque nageoire thoracine:; point 
de piquans isolés au-devant des nageoires du dos, mais 
les rayons de la première dorsale à peine réunis par 
une membrane; point de carëne latérale à la queue. 


| ESPÈCE. CARACTÈRE, 
LE CENTROP. RHOMBOÏDAL 


Le reyêtu de petites écailles. 
(Centropodus rhombeus.) { corps revecu de petites L 


LE CENTROPODE RHOMBOÏDAL ‘ 


LA conformation de ce poisson nous oblige : à le placer 
dans un genre particulier. Il a été observé par Fors- 
kael dans la mer Rouge. Les petites écailles {dont il 
est revêtu, brillent comme des lames d'argent. Les 
nageoires sont blanches, excepté celle de la queue, qui 
est d’un verd bleuâtre; et la seconde dorsale est noire 
dans sa partie la plus élevée. Cette seconde nageoire 
du dos est d'ailleurs triangulaire et écailleuse dans sa 
partie antérieure, comme celle de l'anus, et basse, ainsi 
que transparente, dans le reste de son étendre. Les cinq 
rayons articulés qui, réunis avec un aiguillon, com- 
posent chacune des nageoires thoracines , sont à peine 
visibles, Une membrane assez peu large soutient les 
quatre ou cinq piquans qui forment la première dor- 


‘ Centropodus rhombeus. 

Forskael, Faun. Arab. p. 58, n. 70. 

Centrogaster. Linné, édition de Gmelin. 

Scombre tabak. Bonnaterre , HENRI de l Encyclop édie méthodique. 


2 À Ja membrane des branchies 6 rayons. 
à la première nageoire du dos 4 où 
à la seconde 32 
ächacune des pectorales 15 
à chacuve des thoracines 6 
à celle de l'anus 34 


à celle de la queue, qui est un peu arrondie, 16 


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QUATRE-VINGT-DIXIÈME GENRE, 
LES CENTROGASTÈRES. | 


Quatre aiguillons et six rayons articulés à chaque nageoiré 
thoracine. j 


ESPÈCES. _ CARACTÈRES. ; 
Fa nageotre dorsale très-longue; celle de la 


1,LECE 1 TRE. 
CR EROE PSS queue très-peu fourchue; la couleur du 


(Centrogaster fuscescens.) 
# dessus du corps, brune. 


2. LE CENTROG. ARGENTÉ. fLa nageoire de la queue, fourchue ; la cou- 
(Centrogaster argentatus.) leur du dessus du corps ; argentée. 


J CUS 


LE CENTROGASTÈRE BRUNATRE!, 


ET 


LE CENTROGASTÈRE ARGENTE®.: 


L 


Les mers qui arrosent le Japon , nourrissent ces deux 
centrogastères , dont on doit la connoissance au savant 
Houttuyn, et dont le nom générique vient des aiguil- 
lons que l’on voit au-dessous de leur corps, et qui com- 
posent une partie de leurs nageoires inférieures. Ces 
poissons ne parviennent qu'a une longueur très-peu 
considérable : le brunâtre n’a pas ordinairement deux 
décimètres de long , et l’argenté n’en a qu'un. La 
mâchoire supérieure du premier est garnie de dents 
aiguës ; le second a sur la nuque une grande tache 
brune, et communément arrondie. Les notes suivantes * 


: Centrogaster fuscescens. 
Id. Linné, édition de Gmelin. 
Houttuyn, Act. Haarl. XX, 2,p.333, n. 21. 


: Centrogaster argentatus. 
Id. Linné , édition de'Gmelin. 
Houituyn, Act. Haarl. XX, 2,p. 334, n. 22. 


3 13 aiguillons et 1x rayons articulés à la nageoïre du dos du branätre. 
16 rayons à chacune des pectorales. 

7 aiguillons et 9 rayons articulés à la nageoire de l'anus. 
20 rayons à la nageoire de la queue. 


traits principaux. 


Le x 1! Er à 


LMD aishilons Die partie antérieure de a nageoire ‘dorsale de argenté. 


dre # | 2 aiguillons et 12 rayons à ls nage sie pus. RARES 


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QUATRE-VINGT-ONZIÈME GENRE. 
LES CENTRONOTES. 


Une seule nageoire dorsale; quatre rayons au moins à 
chaque thoracine ; des piquans isolés au-devant de la 
nageoire du dos; une saillie longitudinale sur chaque 
côté de la queue, ou deux aiguillons au-deyant de la 

- nageoire de L anus. 


ESPÈCES. CARACTÈRES, 


1. LE CENTRONOTE PILOTE.) du dos; sept rayons à la Eee des 


(Centronotus conductor.) branchies ; vingt-sept rayons au moins à 


la nageoire dorsale, 


ste aiguillons au-devant de la nageoire 


2. LE CENTR. ACANTHIAS. 


(Centronotus acanthias.) 


Quatre aiguillons au-devant de la nageoire 
dorsale; trois rayons à la membrane des 


branchies. 
« Cinq aiguillons au-devant de la nageoïire du 
3, LE CENTRON. GLAYCOS. dos; le premier tourné vers le museau, et 


(Centronotus glay cos) les autres inclinés vers la queue; la ligne 


latérale ondulée par petits traits. 


4- LE CENTRON. ARGENTÉ. [Sept aiguillons au-devant de la nageoire du 
(Centronotus argenteus.) dos ; onze rayons à cette nageoire. 


FAR ; Sept aiguillons au-devant de la nageoire du 

ENTRONOTE ALE, ' le , x 

2 ne je | dos; vingt rayons à cette nageoire ; six 
eriTOnOiuS 0Pa 15.) 


rayons à la membrane des branchies. 
‘{Sept aiguillons au-devant de la nageoire du 
6. LE CENTRONOTE LYZAN.) os; vingt-un rayons à cette nageoire ; 

(Centronotus lyzan.) huit rayons à la membrane des branchies, 


810 HISTOIRE NATURELLE 


ESPÈCES, CARACTÈRES, 
Huit aiguillons au-devant de la nageoïre du 
7. LE CENTR. CAROLININ. MU AA ; 
dos ; vingt-six rayons à cette nageolre dor- 


(Centronotus roues) He laioe ter ael dite: 


Huit aiguillons au-devant de la nageoire du 
dos ; trente-trois rayons à cette nageoire 

ti dorsale; point d’aiguillons au-devant de 
(Centronotus Gardenii.) ; : 

celle de lanus; deux rayons seulement à. 


chacune des pectoraies. 


8. LE CENTR. GARDÉNIEN. 


Huit aiguillons au-devant de la nageoire du 
dos ; plus de deux rayons à chacune des 
pectorales ; la ligne latérale tortueuse. 


9. LE CENTRONOTE VADIGO. 
(Centronotus vadigo.) 


LE CENTRONOTE PILOTE" 


PRESQUE toutes les espèces du genre des centronotes, 
ainsi que celui des gastérostées et celui des centro- 
podes, ne renferment que d’assez petits individus. Le 
centronote dont nous traitons dans cet article, parvient 
très-rarement à la longueur de deux décimètres. Mal- 
gré les dards dont quelques parties de son corps sont 
hérissées, il ne pourroit donc se défendre avec succès 
que contre des ennemis bien peu redoutables, ni 
attaquer avec avantage qu’une proie presque invisible, 
Son espèce n’existeroit donc plus depuis long-temps, 


* Centronotus conductor. 

Gasterosteus conductor. Linné, édition de Ginelin. 

Gastré pilote. Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnäterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

Mus. Ad. Frid. 2, p. 88, * 

Pilot fish. 'ilughby, Ichthyol. tab. append. 8 , fig. 2. 

Glaucus aculeatus, fasciatus, ete. K/eën, Miss. pisc. 5, p. 31, n. b. 

Le pilote. Duhamel, Traité des péches, part: 2 ,sect.4, chap. 4, art. à, 
p.05, pl.4, fig: 4, et pl 0, fig. 3 

Scomber ductor. Hasselquist, It. 336. 

Osbeck, Ir. 73, tab. 12, fig. 2; et Act. Siockh. 1755, p. 7T. 

Scomber fasciis quatuor cæruleo-argenteis, aculeis quatuor ante pinnam 
dorsalem. Zæfl.:16, 

Scomber dorso monopterygio ; pinnulis nullis , etc. Gronor. Zooph. 300. 

Pilote piscis. Raj. Pise. 156. 

Loôtsmanuekens. Brünn, 11. 325, tab, 190 


912 HISTOIRE NATURELLE 

s'il n’avoit recu l’agilité en partage : il se soustrait par 
des mouvemens rapides aux dangers qui peuvent le 
menacer. D'ailleurs sa petitesse fait sa sûreté, et com- 
pense sa foiblesse. Il n’est recherché ni par les pêcheurs, 
ni par les grands habitans des mers; l’exiguité de ses 
membres le dérobe souvent à leur vue; le peu de 
nourriture qu'il, peut fournir , empêche - qu'il ne soit 
l'objet des desirs des marins, ou des appétits des 
squales. Il en est résulté pour cette espèce, cette sorte 
de sécurité qui dédommage le foible de tant de pri- 
vations. Pressée par la faim, ne trouvant pas facile- 
ment à certaines distances des rivages les œufs, les 
vers, les insectes, les mollusques qu’elle pourroit saisir, 
elle ne fuit ni le voisinage des vaisseaux, ni même la 
présence des squales, ou des autres tyrans des mers ; 
elle s'en approche sans défiance et sans crainte; elle 
joue au-devant des bâtimens, ou au milieu des ter- 
ribles poissons qui la dédaignent ; elle trouve dans 
les alimens corrompus que l’on rejette des navires, 
ou dans les restes des victimes immolées par le féroce 
requin, des fragmens appropriés par leur ténuité à 
la petitesse de ses organes ; elle précède ou suit avec 
‘constance la proue qui fend les ondes, ou des troupes 
carnassières de grands squales ; et frappant vivement 
l'imagination par la tranquillité avec laquelle elle 
habite son singulier asyle , elle a été bientôt douée, 
par les amis du merveilleux, d’une intelligence parti- 
culière ; on lui a attribué un instinct éclairé , une 


DES POISSONS. 919 


prévoyance remarquable, un attachement courageux; 
on l’a reyêtue de fonctions très-extraordinaires ; et on 
ne s’est arrêté qu'après avoir voulu qu'elle partageât 
avec les échénéis, le titre de conducteur du requin, de 
pilote des vaisseaux. Nous ayons été bien aises de rap- 
peler cette opinion bizarre par le nom spécifique que 
nous avons conservé à ce centronote avec le plus grand 
nombre des auteurs modernes. Celui qui écrit l’his- 
toire de la Nature, doit marquer les écueils de la 
raison, comme l'hydrographe trace sur ses cartes ceux 
où ont péri les navigateurs. 

On voit sur le dos de ce petit animal, dont on a 
voulu faire le directeur de la route des énormes 
requins, ces aiguillons qui appartiennent à tous les 
poissons compris dans le quatre-vingt-onzième genre, 
et dont la présence et la position sont indiquées par 
le nom de centronote * que nous avons cru devoir leur 
donner : mais on n’en compte que quatre au-devant de 
la nageoire dorsale du pilote. Les côtés de la queue de 
ce poisson sont relevés longitudinalement en carène. 
La ligne latérale est droite. Plusieurs bandes transver- 
sales et noires font ressortir la couleur de sa partie 
supérieure , qui présente des teintes brunes et des 
reflets dorés. Il paroît que le nombre de ces bandes 
varie depuis quatre jusqu'a sept. Les mâchoires, la 


*Kerpor, .en grec, signifie azguillon ; et wro;, signifie dos. 


TOME IIL 40 


O1A HS MONTRE NA EIU IR ENLIQUE 
langue, et la partie antérieure du palais, sont garnies 
de très-petites dents *. 


* À Ja nageoire du dos 28 rayons. 
à chacune des pectorales 20 
à chacune dés thoracines 6 
à celle de l'anus 17 


—_ LL = 
À 


LE CENTRONOTE ACANTHIAS’, 


ET 


LE CENTRONOTE GLAYCOS:: 


Les mers qui arrosent le Danemarck, nourrissent ; 
selon Pontoppidan, l’acanthias; et la Méditerranée est 
la patrie du glaycos. Nous avons conservé ce nom grec 


glaycos, qui veut dire glauque (d'un bleu de mer), à 


un centronote décrit et figuré par Rondelet, et auquel, 
suivant ce naturaliste, les anciens avoient donné cette 
dénomination. Cette espèce a le corps alongé, les 
dents très-pointues , la ligne latérale ondée à petits 
traits ; la partie supérieure du corps d’un bleu obscur, 
l'inférieure très - blanche; la chair grasse, ferme, et 
de bon goût. 


#* Centronotus acanthias. 
Pontoppid. Naturg. Danaem. p. 188, Te 3: 
Gasterosteus acanthias. Zinné, édition de Gmelin. 


£ Centronotus glaycos. 
Troisième espèce de glaucus. Rondelet, Des poissons, Liv. 8, chap. 17. 


mt sn pq 4 à em bi nan 


LE CENTRONOTE ARGENTÉ, 
LE CENTRONOTE OVALE”, 


ET LE CENTRONOTE LYZAN* 


OK pêche auprès des côtes de l'Amérique équinoxiale , 
l’argenté, dont la couleur est désignée par le nom 
spécifique que nous avons cru devoir lui donner * 


: Centronotus argenteus. 

Gasterosteus occidentalis. Zinné, édition de Gmelin.… 
Gastré saure. Daubenton, Encyclopédie méthodique. 
Id. Bonnaterre, planclies de l’Encycelopédie méthodique. 


Saurus argenteus caudâ longitudinaliter striatâ. Brown, Jam. 462, 1ab.. 


46 , Hier 


2 Centronotus ovalis. 

Gasterosteus ovatus. Linné, édition de Gmelin. 

Gastré ovale. Duubenton, Encyclopédie méthodique. 

Ed. Bonnaterre, planches de |’ Encyclopédie méthodique: 


3 Centronotus lyzan. 

Gasterosteus lyzan. Linné, édition de Gmelin. 

Scombre lyzan. Bonnaterre, pl lanehes de l'Encyclopédie méthodique. 
Amia. Salyian, fol. T2, 122 

Forskæel, Faun. Arabic. p. b4, n. 69. 


# rayons à chacune des nageoires pectorales de l’argenté: 
6 rayons à chacune des thoracines. 
2 aiguillons au-devant de la nageoire de Panus, 
x aiguillon et 6 rayons articulés à la nageoire anale, 


x6 rayons à la nageoire de la queue, f 


HISTOIRE NATURELLE. 917 
pendant que c'est dans les mers de l'Asie que vit 
l'ovale, dont l'aiguillon dorsal le plus antérieur est 
couché vers la tête, dont les mâchoires sont hérissées 
de petites dents, et dont le corps très -comprimé , 
comme celui des chétodons, a indiqué par sa figure 
la dénomination spécifique de ce centronote , 

Forskael a vu le lÿzan sur les côtes de l'Arabie, Ce 
poisson est couvert d'écailles petites, lancéolées, et 
resplendissantes comme des lames d’argent; ses lignes 
latérales sont ondées vers l’opercule et droites auprès 
de la queue; son dos est d’un brun mêlé de bleu éL 


2 16 rayons à chacune des nageoires pectorales de l’oyale. 


6 rayons à chacune des thoracines. 
2 aiguillons au-devant de la nageoire anale. 
z aiguillon et 16 rayons à la nageoire de anus, 
20 rayons à la nageoire caudale, 
2 17 rayons à chacune des pectorales du lyzan. 
Tr aiguillon et 5 rayons à chacune des thoracines, 
2 aiguillons au-devant de la nageoire de l’anus. 


1 aiguillon et 18 rayons à cette même nageoïre de l'anus. 


4 


LE CENTRONOTE CAROLININ" 


LE CENTRONOTE GARDÉNIEN?, 


ET LE CENTRONOTE VADIG O4 


Le carolinin et le gardénien habitent la Caroline : le 
nom du premier indique leur pays; celui du second, 
l'observateur qui les a fait connoître. C’est en effet le 
docteur Garden qui en envoya, dans le témps, la 
description à Linné. Ces deux-poissons, et le vadigo, 
qui se trouve dans la Méditerranée, se ressemblent 
par la forme de leurs nageoires du dos et de l'anus, 
qui présentent la figure d'une faux, et par celle de 
la nageoire de la queue, qui. est fourchue: mais, 


* Centronotus carolinus. 

Gasterosteus carolinus. Zinné, édition de Gmelin, 

Gastré crevalle. Daubenton, Encyclopédie méthodique, 
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 


2 Centronotus Gardenii. 
Gasterosteus canadus. Zinrné, édition de Gmelin. 
à \ 
Gastré canade. Daubenton, Encyclopédie méthodique. 


Id. Bonnaterré, planches de l'Encyclopédie méthodique. 


3 Centronotus vadigo. 

Liche, duns plusieurs départemens méridionaux de France. 

Pélamide , #bid, | 

Liche, ou seconde espèce de glaucus, Rondelet, Des poissons, part.t, 
iv, 8, chap, 16. x 


HISTOIRE NATURELLE. 919 
indépendamment des dissemblances que nous n'avons 
pas besoin d'énumérer, le carolinin n'a que vingt-six 
rayons à la nageoire du dos, et le gardénien y en a 
trente-trois”; celui-ci n’a que deux rayons à chacune 
des pectorales, et le vadigo ÿ en présente un nombre 
bien plus grand, pendant que ses lignes latérales sont 
tortueuses et courbées vers le bas, au lieu d'être droites 
comme celles du carolinin. Au reste, l’aiguillon dorsal 
le plus antérieur du vadigo est incliné vers le museau. 


* 18 rayons à chacune des pectorales du carolinin. 
5 rayons à chacune des thoracines. 
3 aiguillons et 24 rayons articulés à la nageoire de l'anus, 
27 rayons à celle de la queue, 


2 7 rayons à la membrane des branchies du gardénien. 


2 à chacune des nageoires pectorales. 
7 - à chacune des thoracines. 
26 à la nageoire de l’anus, 


2Q à celle de la queue. 


QUATRE-VINGT-DOUZIÈME GENRE. 


LES LÉPISACANTHES. 


Les écailles du dos, grandes, ciliées, et terminées par un 
aiguillon; les opercules dentelés dans leur partie posté- 
rieure, eb dénués de petites écailles; des aiguillons 
isolés au-devant de la nageoire dorsale. 


CARLA CUT ÉLRLE. 


ESPÈCE. 
LE LÉPISACANTHE JAPONOIS.fQuatre aiguillons au-devant de la n2- 
(Lepisacanthus japonicus.) geoire du dos, 


LE LÉPISACANTHE JAPONOIS: 


LE nom générique de cet animal désigne la forme 
particulière de ses écailles *; et sa dénomination spé- 
cifique , les mers dans lesquelles on l’a vu. Houttuyn 
l’a fait connoître , et nous avons cru devoir le séparer 
des centronotes, et des autres poissons avec lesquels 
on l’avoit placé dans le genre des centrogastères, afin 
être fidèles aux principes de distribution métho- 
dique que nous avons préférés. Le museau de cet 
osseux est arrondi; ses mâchoires sont hérissées de 
petites aspérités, plutôt que garnies de dents propre- 
ment dites. Une fossette longitudinale recoit et cache, 
a la volonté de l'animal, les piquans épais, forts, iné- 
gaux et isolés , que lon voit au-devant de la nageoire 
du dos. Les rayons de chacune des thoracines sont 
réunis et alongés de manière à former un aiguillon peu 
mobile, rude, et égal en longueur aux trois dixièmes, 
ou à peu près, de la longueur totale du poisson. Le 
Japonois ne parvient d’ailleurs qu'à de très-petites 
RQ ns AM eh lan à et AU 
* Lepisacanthus japonicus. 


Gasterosteus japonicus. Zinné, édition de Gmelin. 


Gastré du Japon. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique, 
Houttuyn, Act, Haarl. XX, 2, p. 320. 


* Aer signifie écaille , et axavdes, aiguillon. 


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QUATRE-VINGT-TREIZIÈME GENRE. 


LES CÉPHALACANTHES. 


Le derrière de la tête garni, de chaque côté, de deux. 
piquans dentelés et très-lonss ; point d aiguillons isolés 


au-devant de la Hageoëre . dos. fé 


ARE LS CARACTÈRE, 


LE CÉPHALAC. SPINARELLE. 
Quatre ue à | chacune de thoracines, 
{Cephalacanthus spinarella.) 


LE CÉPHALACANTHE SPINARELLE": 


5 VA À 


CE céphalacanthe ne présente qu’une petite longueur. 
Sa tête, plus large que le corps, est striée sur toute sa 

surface, et garnie par derrière de quatre grands aiguil- 
lons. Les deux supérieurs sont. plus dentelés, ne 
larges et plus courts que les deux inférieurs. La spi- 
narelle, qui yit dans l'Inde, a été placée dans le même 
genre que les gastérostées et les centronotes : mais elle 
en diffère par trop de traits pour que nous n’ayoss 
pas dû l'en séparer. L'absence d’aiguillons isolés au- 
devant de la nageoire dorsale auroit suffi pour l'éloi- 
gner de ces osseux. Nous l'avons donc inscrite dans un 
genre particulier qui précède immédiatement celui des 
dactyloptères, parmi lesquels on compte la pirapède 
dont la tête ressemble beaucoup à celle de la spina- 
relle *. 


: Cephalacanthus spinarella, ( Nota. K:Paro;s veut dire 1éte, et axes, 
aiguillon ou piquant.) 

Gasterosteus spinarella. Zinné , dote de Gimelin. 

Pungitius pusillus.. Mus. Adolph. Frid. x, p.74, tab. 32, fig. b. 

Gastré spinarelle. Daubenion, Encyclopédie méthodique. 

Id. Ponnaterre, planches de P Encyclopédie méthodique. 


5 À la membrane des branchies 3 rayons. 


à la nageoïire du dos 16 
à chacune des pectorales 20 
à chacune des thoracines 4 


à celle de l'anus 8, 


= 


QUATRE-VINGT-QUATORZIÈME GENRE. 
LES DACTYLOPTÈRES. 


Une petite nageoire composée de rayons soutenus par 
P 5 P 7 4 
une membrane, auprés de la base de chaque nageoire 
pectorale. 


ESPÈCES. | CARACTÈRES. 
1: LE DACTYLOP. PIRAPÈDE. le rayons réunis par une membrane auprès 


(Dactylopierus pirapeda.) de chaque nageoire pectorale. 


2. LE-DACTYLOP. nt rayons réunis par une membrane au 


(Dacrylopterus japonicus.) | près de chaque nageoire pectorale. 


LE DACTYLOPTÈRE. PIRAPÈDE* 


Parmi les traits remarquables qui distinguent ce 
grand poisson volant et les autres osseux qui doivent 
appartenir au même genre, il faut compter particu- 
lièrement les dimensions de ses nageoires pectorales. 
Elles sont assez étendues pour qu'on ait dû les dési- 
gner par le nom d'ailes ; et ces instrumens de nata: 
tion, et principalement de vol, étant composés d’une 

R 


* Dactylopterus pirapeda. 

Volodor, en Espagne. 

Rondire, aux environs de Re 

Rondola, ox rondela, sur les bords de l Adriarique. 

Falcone, à Malte et en Sicile. 

Flygande fisk, ex Suède, 

Swallow fish, ex Angleterre. 

Kite fish, zocid. | 

Arondelle, dans plusieurs départemens méridionaux de France. 

Rondole, z6rd. 

Chauve-souris, 1bid. 

Ratepenade, z%id. 

Trigla volitaus. Zinné, édition de Gmelin. 
 Trigle pirapède. Daubenton et aüy, Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. 

Bloch, pl. DO. 

Trigla capite parhm aculeato, pinnulâ singulari ad pinnas ventrales: 
Ariedi, gen, 44, syn, 7à 

Gronov, Mus.x, 1. 102, 

Trigla capite quatuor spondylis armato, Brown, Jam. 453. 

cha, Mus. 3, 1ab, 28, fig. 7 


HISTOIRE NATURELLE. 927 


large membrane soutenue par de longs rayons arti- 
culés que l’on a comparés à des doigts comme les 
rayons des pectorales de tous les poissons , les ailes 
de la pirapède ont beaucoup de rapports dans Jeur 
conformation avee celles des chauve-souris, dont on 
leur a donné le nom dans plusieurs s contrées; et nous 
avons cru devoir leur a appliquer la dénomination géné- 
rique de dactyloptére, qui a été souvent employée pour 
ces chauve-souris, aussi-bien que celle de cheiropiere, 


et qui signifie aile atlachée aux doigts, ou _Jormée par 


les D à 
0 + | 

Milivipira, ef pirabelle, Marcgr. Hist. Prasil. lib. 4; CAP. 11, pe 162. 

Hirundo. Phin. Fist. mundi, lib. 9, cap. 43, édit. de Deux- Ponts. 

Milvus cirratus. S/oan. Jamaic. vol. 2, p. 288. 

Mugil alatus Rondeletii. Jacob. Mus.reg.p.x, fi9.8, De piscib. parag 
39; tab. 2, n. 30. 

Uligende vise. Zalen!. Amboin. pise. tom. 3, tab. 52, E. 

Omopteros, Klein, Miss. pise. 4, p. #4; Heat 

Hirundo aquatica. Bout. Ind, orient. p. 78. 

Hirundo Plinii. Worm. Mus. x, p. 266. 

Gesner, p. 434, 514 3 (germ.) fol. (He 

Fellon, Aquat. 192. 

Salvian. fol. 187. 

Aldrovand. lib. 2, cap. 5, A T4Te 

Jonston, lib. z , rit. 3, CHENE 3) tab, 173 JIS. 12. 

Willughby, p. 283, 1ab2S, fig. 6. 

Raj. p. 89.. 

Xeudu. Arist. lib. 4, cap. ge 

Arondelle de mer. Rondelet, première partie, liv. 10, chap. x, 

Hirondelle de mer, ou rondole. Yalmont-Bomare, Dictionnaire Dhs 


$oire naiurelle. 


* Auxrvos Veut dire dozgt, et npar, ailes 


9028 HISTOIRE NATURELLE 


La pectorale des pirapèdes est d’ailleurs double, et 
présente par conséquent un caractère que nous n'avons 
encore vu que dans le lépadogastère gouan. A la base 
de cette aile, on voit en effet un assemblage de six 
rayons articulés réunis par une membrane, et compo- 
sant par conséquent une véritable nageoire qu’il est 
impossible de ne pas considérer comme pectorale. 

De plus, l'aile des poissons que nous examinons 
offre une grande surface; elle montre, lorsqu'elle est 
déployée, une figure assez semblable à celle d’un 
disque, et elle atteint le plus souvent au-delà de la 
nageoire de l'anus et très-près de celle de la queue: 
Les rayons qu’elle renferme étant assez écartés l’un de 
l’autre lorsqu'elle est étendue, et n'étant liés ensemble 
que par une membrane souple qui permet facilement 
leur rapprochement, il n’est pas surprenant que Pani- 
mal puisse donner aisément et rapidement à la surface 
de ces ailes, cette alternative d'épanouissement et de 
contraction, ces inégalités successives, qui, produisant 
des efforts alternativement inégaux contre l'air de 
l'atmosphère, et le frappant dans un sens plus violem- 
ment que dans un autre, font changer de place à 
l'animal lancé et suspendu, pour àinsi dire, dans ce 
fluide, et le douent véritablement de la faculté de 
voler *. | 

Voilà pourquoi la pirapède peut s'élever au-dessus 


* Voyez le Discours sur l& nature des poissons, 


DES POISSONS. 329 


de la mer, à une assez grande hauteur, pour que la 
courbe qu'elle décrit dans l'air ne la ramène dans les 
flots que lorsqu'elle a franchi un intervalle égal, sui- 
vant quelques observateurs, au moins à une trentaine 
de mètres ; et voila pourquoi encore, depuis Aristote 
jusqu’à nous , elle a porté le nom de jaucon de la mer;. 
et sur-tout d’Airondelle marine. 

Elle traverseroit au milieu de l'atmosphère des 
espaces bien plus grands encore , si la membrane de 
ses ailes pouvoit conserver sa souplesse au milieu de 
l'air chaud et quelquefois même brûlant des contrées 
où on la trouve : mais le fluide qu’elle frappe avec ses 
grandes nageoires , les a bientôt desséchées, au point 
de rendre très-dificiles le rapprochement et l’écarte- 
ment alternatifs des rayons; et alors le poisson que 
nous décrivons, perdant rapidement sa faculté dis- 
tinctive , retombe vers les ondes au-dessus desquelles 
il s’étoit soutenu, et ne peut plus s’élancer de nouveau 
dans l'atmosphère que lorsqu'il a plongé ses ailes 
dans une eau réparatrice , et que, retrouvant ses attri- 
buts par son immersion dans son fluide natal, il offre 
une sorte de petite image de cet Antée que la mytho- 
logie grecque nous représente comme perdant ses 
forces dans l'air, et ne les retrouvant qu'en touchant 
de nouveau la terre qui l’avoit nourri. 

Les pirapèdes usent d'autant plus souvent du pou- 
voir de voler qui leur a été départi, qu’elles sont, 
poursuivies dans le sein des eaux par un grand nombre 

TOME Ill | 42 


330 HIS POUKE cNATUREÉLLE 


d’ennemis. Plusieurs gros poissons, et particuliere- 
ment les dorades et les scombres, cherchent à les 
dévorer; et telle est la malheureuse destinée de ces 
animaux qui, poissons et oiseaux, sembleroient avoir 
ün double asÿle, qu'ils ne trouvent de sûreté nulle 
part, qu'ils n'échappent aux périls de la mer que: 
pour être exposés à ceux de l'atmosphère, et qu'ils 
n'évitent la dent des habitans des eaux que pour 
être saisis par le redoutable bec des frégates, des 
phaétons, des mauves, et de plusieurs autres oiseaux. 
marins. 

Lorsque des circonstances favorables éloignent de Ia 
partie de l'atmosphère qu'elles traversent, des ennemis. 
dangereux, on les voit offrir au-dessus de la mer un 
spectacle assez agréable. Ayant quelquefois un demi- 
mètre de longueur, agitant vivement dans l'air de 
larges et longues nageoires, elles. attirent d’ailleurs 
Pattention par leur nombre, qui souvent est de plus 
de mille. Mues par la même crainte, cédant au même 
besoin de se soustraire à une mort inévitable dans. 
l'Océan, elles s’envolent en grandes troupes ; et lors- 
qu'elles se sont confiées ainsi à leurs ailes au milieu 
d’une nuit obscure, on les a vues briller d’une lumière: 
phosphorique , semblable à celle dont resplendissent 
plusieurs autres poissons , et à l'éclat que jettent, pen- 
dant les belles nuits des pays méridionaux, les insectes. 
auxquels le vulgaire a donné le nom de vers luisans. 
Si la mer est alors calme et silencieuse, on entend le: 


D ES" BAD 8 $ Oo N S. do 


petit bruit que font naître le mouvement rapide de 
leurs ‘ailes et le choc de ces instrumens contre les 
couches de l'air; et on distingue aussi quelquefois un 
bruissement d’une autre nature, produit au travers 
des ouvertures branchiales par la sortie accélérée 
du gaz que l’animal exprime, pour ainsi dire, de 
diverses cavités intérieures de son corps, en rappro- 
chant vivement leurs paroïs. Ce bruissement a lieu 
d'autant plus facilement , que ces ouvertures bran- 
chiales étant très-étroites, donnent lieu à un frôlement 
plus considérable ; et c'est parce que ces orifices sont 
tres-petits, que les pirapèdes, moins exposées à un 
desséchement subit de leurs organes respiratoires, 
peuvent vivre assez long-temps hors de l’eau *. 

On rencontre ces poissons dans la Méditerranée 
et dans presque toutes les mers des climats tempérés; 
mais c’est principalement auprès des tropiques qu'ils 
habitent, C'est sur-tout auprès de ces tropiques qu’on 
a pu contempler leurs manœuvres et observer leurs 
évolutions. Aussi leur nom et leur histoire ne sont- 
ils jamais entendus avec indifférence par ces voya- 
geurs courageux qui, loin de l'Europe, ont affronté 
les tempêtes de l'Océan, et ses calmes souvent plus 
funestes encore. Ils retracent-à leur souvenir leurs 
peines, leurs plaisirs, leurs dangers, leurs succès. Ils 
nous ramènent, nous qui tâchons de dessiner leurs 


* Discours sur la nature des poissons, 


389 HISTOIRE NATURELLE 


traits, vers ces compagnons de nos travaux, qui, 
dévoués à la gloire de leur pays, animés par un ardent 
amour de la science, dirigés par un chef habile, con- | 
duits par le brave navigateur Baudin, et réunis par 
les liens d’une amitié touchante ainsi que d'une 
estime mutuelle, quittent, dans le moment même où 
mon cœur s'épanche vers eux, les rivages de leur 
patrie, se séparent de tout ce qu'ils ont de plus cher, 
et vont braver sur des mers lointaines la rigueur des 
climats et la fureur des ondes, pour ajouter à la pros- 
périté publique par accroissement des connoissances 
humaines. Noble dévouement, généreux sacrifices! la 
reconnoissance des hommes éclairés, les applaudisse- 
mens de l’Europe, les lauriers de la gloire, les em- 
brassemens de l'amitié, seront leur douce et brillante 
récompense. 

Cependant quelles sont les formes de ees poissons 
ailés dont l’image rappelle des objets si chers, des 
entreprises si utiles, des efforts si dignes d’éloges? 

La tête de la pirapède ressemble un peu à celle du 
céphalaçcanthe spinarelle. Elle est arrondie par-devant, 
et comme renfermée dans une sorte de casque ou d'en- 
veloppe osseuse à quatre faces, terminée par quatre 
aiguillons larges et alongés, et chargée de petits points 
arrondis et disposés en rayons. La mâchoire supé- 
rieure est plus avancée que l'inférieure. Plusieurs 
rangs de dents très - petites garnissent l’une et l’autre 
de ces deux mâchoires; et l'ouverture de la bouche: 


D ES POISSONS. 399 
est très-large, ce qui donne à la pirapède un rapport 
de ‘plus avec une hirondelle. La langue est courte, 
épaisse , et lisse comme le palais. Le dessous du corps 
présente uue surface presque plate. Les écailles qui 
couvrent le dos et les côtés, sont relevées par une 
arête longitudinale *. | 

Le rougeâtre domine sur la partie supérieure de 
l'animal, le violet sur la tête, le bleu céleste sur la 
première nageoire du dos et sur celle de la queue, le 
verd sur la seconde nageoire dorsale; et pour ajouter 
à cet élégant assortiment de bleu très-clair, de violet, 
de verd et de rouge, les grandes ailes ou nageoires 
pectorales de la pirapède sont couleur d'olive, et par- 
semées de taches rondes et bleues, qui brilient, pour 
ainsi dire, comme autant de saphirs, lorsque les 
rayons du soleil des tropiques sont vivement réfléchis 
par ces larges ailes étendues avec force et agitées avec 
vitesse. | à 

On compte plusieurs appendices où cœcums auprés 
du pylore; et les œufs que renferment les doubles 


: om : 


* A Ja membrane branchiale 7 rayons. 
à la première nageoire du dos 6 
à la seconde 8 
à chacune des grandes nageoires pectorales 20 
à chacune des petites 6 
à chacune des thoracines 6 
à celle de l’anus II 


à celle de la queue 12 


994 HISTOIRE NATURELLE. 

ovaires des femelles, sont ordinairement très-rouges: 
La chair des pirapèdes est maigre; elle est aussi un 

peu dure , à moins qu'on ne puisse la conserver pen- 

dant quelques jours. 


LE DACTYLOPTÈRE JAPONOIS: 


On trouve dans les mers du Japon ce dactyloptère, 
qui, de même que la pirapède, a été inscrit jusqu'à 
présent dans le genre. des trigles. Il a été décrit par: 
Houttuyn. Il ne parvient guère qu'à la longueur d’un 
décimètre et demi. On voit deux aiguillons longs et 
aigus à sa mâchoire inférieure et au bord postérieur 


de ses opercules. On compte onze rayons à chacune de 


sés petites nageoires pectorales ?. 


* Dactylopterus japonicus. 
Houtiuyn, Act. Faarl. XX, 2, p. 336, n. 25, 
Trigla alata. Linné, édition de Gmelin. 


2 À la premiere nageoire du dos 7 râyons. 
à chacune des petites nageoires pectorales 11 
à chacune des thoracines 6 
à celle de Panus T4 
à celle de la queue T4. 


a 


EE 


QUATRE-VINGT-QUINZIÈME GENRE. 
LES PRIONOTES. 


Des aisuillons dentelés, entre les deux nageoires dorsales; 
des rayons articulés et non réunis par une membrane, 
auprès de chacune des nageoires pectorales. 


ESPÈCE. CARACTÈRE. 
Trois rayons articulés et non réunis par une 


LE PRIONOTE VOLANT, à et 
sd membrane, aüprès de chacune des næ 


(Prionotus cvolans.) ; | 
geoires pectorales. 


ÎLE PRIONOTE VOLANT: 


EN comparant les caractères génériques des dacty- 
loptères et des prionotes, on voit qu'ils diffèrent assez 
les uns des autres pour que nous ayons dû les séparer; 
et cependant ils se ressemblent assez pour qu'on ait 
placé les prionotes, ainsi que les dactyloptères, parmi 
les trigles dont nous allons nous occuper. Ils sont liés 
particulièrement par la forme de leur tête et par une 
habitude remarquable. Le prionote que nous décri- 
vons, a la surface de sa tête ciselée de manière à repré- 
senter des rayons; et de plus il a la faculté de s'élever 
dans l'atmosphère , et de s'y soutenir pendant quelque 
temps, comme les dactyloptères. C’est cette dernière 
faculté qui lui a fait donner le nom spécifique de 
yolant; et nous avons cru d'autant plus devoir le dési- 
gner par le nom générique de prionote*, qu'indépen- 
damment de trois aiguillons dentelés qui. s'élèvent 
entre les deux nageoires de son dos, le premier rayon | 
de la seconde dorsale et les deux premiers de la pre- 


: Prionotus evolans. 

Trigla volitans minor. Brown, Jamaic. 453, tab. 47, fig. 3. 
Trigla evolans. Linné, édition de Gmelin. 

Trigle le volant. Daubenton, Encyclopédie méthodique. 
Id, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 


? Hyw signifie scie, et vuros veut dire dos. 
TOME It | 43 


238 HISMOIRE N À PU RELIE. 

mière sont un peu dentelés par-devant. Les pectorales 
sont assez longues pour atteindre à la moitié de la 
longueur du corps; et étant d'ailleurs très-larges, elles 
forment des ailes un peu étendues, que leur couleur 
noire fait souvent distinguer à une grande distance. 

La nageoire de la queue est fourchue ”. 
A tt EE IR UN ls Pie 


* A la membrane des branchies 8 rayons. 


à la première nageoire du dos 8 


à la seconde : LEE 
à chacune des pectorales 13 
à chacune des thoracines _6 
à celle de l'anus II 
à celle de la queue 13 


QUATRE-VINGT-SEIZIÈME GENRE: 
LES TRIGLES.:. 


Point d'aiguillons dentelés entre les deux nageoires dor- 
sales; des rayons articulés et non réunis par une mem- 
brane, auprès de chacune des nageoires pectorales. 


PREMIER SOUS-GENR E. 


Plus de trois rayons articulés, auprès de chaque naseoire 
1e p g 8 
pectorale. 


ESPÈCE. ; CARACTÈRE, 


1. LA TRIGLE ee rayons articulés, auprès de chaque 


 (Zrigla asiatica.) nageoire pectorale, 


SECOND SOUS-GENRE. 


Trois rayons articulés , auprés de chaque nageoire 
pectorale. 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 


Les nageoires pectorales longues; la m4- 


e ire supérieure prolongée en deux 
RÉ Rl n ana D ne choire supérieure prolongée en deux lobes 


re dentelés ; les orifices des narines tubuleux; 


la nageoire de la queue un peu en crois- 
sant, 


- 


340 HISTOIRE NATURELLE 


ESPÈCES. CARACTÈRES. - 
Les nageoires pectorales longues ; onze 
rayons à celle de l’anus ; celle de la quete 


arrondie; six rayons à la membrane des. 
branchies. 


3. LA TRIGLE CAROLINE. 


Tyrola carolina. 
le] 


Les nageoires pectorales longues ; celle de 
la queue arrondie; la tête alongte; le 
corps parsemé de petites taches rouges. 


4. LA TRIGLE PONCTUÉE. 
(Trigla punctata. ) 


Les nageoires pectorales longues ; les écailles 
5. LA TRIGLE LASTOVIZA.Ÿ} qui garnissent le corps, disposées en ran- 
(Trigla lastoviza.) gées transversales; la ligne latérale garnie 


d’aiguillons à deux pointes. 


ee nageoires pectorales larges; quatorze 
6. LA 'TRIGLE _— rayons à la nageoire de l’anus.; celle de la 
(Lrigla hirundo.) queue fourchue, ou en croissant ; la ligne 


latérale garnie d’aiguillons. 


7. LA TRIGLE PIN. 


chées le long de la ligne latérale; la na- 
(Trigla pinr.) 


LE ames ou feuilles minces et étroites atta- 
: geoire de la queue en croissant, 


8. LA TRIGLE GURNAU. queue fourchue; la ligne latérale large, et 


(Trigla gurnardus.) garnie d” none ; des taches noires , et 


L: nageoires pectorales courtes; eelle de la 


des taches rouges sur le dos. 


{ Les nageoires pectorales courtes ; celle de la 
queue fourchue; la ligne latérale dénuée 


_de larges écailles. 


LA TRIGLE GRONDIN. 
(Trigla grunniens. ) 


me nageoires pectorales courtes : > celle de la 
queue fourchue; la ligne latérale divisée: 


Triola milrus. : 
te ) en deux vers la nageoire caudale. 


10. LA TRIGLE MILAN. 
La nageoire de la queue, arrondie; deux, 
| arêtes ou saillies longitudinales sur le dos; 
&I, LA TRIGLE MENUE. les nageoires pectorales et thoracines tres- 
(Trigla minuta.) pointues ; huit rayons à chacune de ces 
nageoires pectorales; vingt-quatre à la 

seconde nageoire du dos. 


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LALTRICLE ASEATLQUE 


Les tableaux génériques montrent les différences qui 
séparent les trigles des prionotes et des dactyloptères. 
Mais si leurs formes extérieures ressemblent assez peu 
à celles de ces deux derniers genres, pour que nous 
ayons dü les en séparer, elles s’en rapprochent beau- 
coup par leurs habitudes ; et presque toutes ont, 
comme la pirapède, le pouvoir de voler dans l’atmo- 
sphère, lorsque la mer ne leur offre pas un asyle assez 
sûr. Elles sont d'ailleurs, comme les dactyloptères et 
les prionotes, extrêmement fécondes : elles pondent 
souvent jusqu'à trois fois dans la même année; et c’est. 
cette reproduction remarquable que plusieurs anciens 
Grecs ant voulu désigner par le nom de ra, rphe, 
FRiYAIS » FpiY 06 ; COTTOMPU de Teiyovos, el latin cer pariens 
(qui produit trois fois) *. De même que les pirapèdes, 
elles volent et nagent en troupes nombreuses; elles 
montrent une réunion constante; et quoique la simul- 
tanéité des mouvemens et des manœuvres de milliers 
d'individus ne soit pour ces animaux que le produit 
d’un danger redouté à la fois par tous, ou d’un besoin 


1 Trigla asiatica. 
Id. Linné, édition de Gmelin. 


2 Voyez Oppien, 1, 590; et Élien, X > Chap, 3. 


HISTOIRE NATURELLE 340 


agissant sur tous dans les mêmes momens , elles n'en 
présentent pas moins l'apparence de cette société tou- 
chante et fidèle, qu’un sentiment mutuel fait naître ct 
conserve. Peintes d’ailleurs de couleurs tres-vives , très- 
variées, très-agréables. elles répandent souvent l'éclat 
du phosphore. Resplendissantes dans leurs tégumens, . 
brillantes dans leur parure, rapides dans leur natation, 
agiles dans léur vol, vivant ensemble sans se combattre 
pouvant s'aider sans se nuire, on croiroit devoir fe 
comprendre parmi les êtres sur lesquels la Nature a 
répandu le plus de faveurs. Mais les dons qu'elles ont 
reçus ne sont presque tous que des dons funestes; 
et comme si elles avoient été destinées à donner à 
l’homme des lecons de sagesse et de modération, leur 
éclat les trahit et les perd ; la magnificence de leur 
parure les empèche de se RE à la recherche active 
de leurs ennemis; leur grand nombre les décèle lors- 
qu'elles fendent en troupes Île sein des eaux salées; 
leur vol les livre plus facilement à l'oiseau de proie ; 
et leurs attributs les plus frappans auroient bientôt 
amené la destruction de leurs espèces, si une fécon- 
dité extraordinaire ne réparoit sans cesse, par la pro- 
duction de nouveaux individus, la perte de ceux qui 
prie victimes des tyrans des mers, ou de ceux de 
l’'atm sosphère. 

La premiere de ces trigles APE A par la Nature 
à tant de périls, à tant d'agitations ant de traverses, 
est, dans l'ordre que nous nous sommes prescrit, celle 


944 HISTOIRE NATURELLE, 
à laquelle j'ai donné avec Linné le nom d’asiatique. 

On la trouve en général dans l'Océan, mais particu- | 
lièrement dans les mers de l'Asie, Son corps est mince; 
sa couleur argentée; son museau proéminent; l'inté- 
rieur de sa bouche hérissé d’aspérités ; la première 
pièce de l'opereule branchial, dentelée ; et chaque na- 
geoire pectorale conformée comme une sorte de faux”. 


*X A Ja première nageoire du dos 7 rayons. 


à la seconde 16 
à chacune des pectorales 18 
à chacune des thoracines tee 0 
à celle de l’anus 17 
à celle de la queue 18 


J 


A2 D RL 


Feureux nom que celui qui rappelle et le beau ciel 
et les beaux jours de la Grèce, et sa riante mythologie, 
et sa poésie enchanteresse, et l'instrument favori du 
dieu du génie, et cet Homère à qui le dieu avoit remis 
sa lyre pour chanter la Nature! Non, je ne supprime- 
rai pas ce nom magique, qui fait naître tant d'idées 


* Trigla lyra. 
- Gronau, dans plusieurs départemens de France. 
Rouget , zbid. 
Boureau, sur les rivages voisins des Pyrénées occidentales, 
Organie, à Gènes. 
Pesce organo, à Naples, 
Piper, ez Angleterre. " 
Meer leyer | ou see leyer, er Allemagne. 
Trigla lyra. Linné, édition de Gmelin. 
Trigle gronau. Daubenton, Encyclopédie méthodique. 
Id. Bonnaterre, planches de l’ Encyclopédie méthodiques 
Trigla rostro longo diacantho, naribus tubulosis. Artedi, gen. 40, Syrie 74 
Gronau et lyre. Rondelet, première partie, liv.x0, chap. 8. 
Gésner, p. 5163 et (germ.) fol. 20, b. 
Jonston, lib. x tit. 3, cap.r,a. 3. 
Lyra prior Rondelet, A/drovand. lib. 2, cap." , p. x46: 
Piper. Raj. p. 89e 
Bloch, pl. 350. 
Fillughby, Ichthyol. p. 282. 


. Brit. Zoolog:3 , p.234, n. 3, tab. 14. 
Gronau , ow grognaut. Valmont-Bomare, Dictionnaire d'histoire Las 


relle. 


TOME Ill - A4 


346 HISTOIRE NATURELLE 

élevées, qui retrace tant de doux souvenirs, pour le 
remplacer par un nom barbare. Le dieu qui inspire 
le poète est aussi celui des amans de la Nature; et 
son emblème ne peut jamais leur être étranger. Une 
réssemblañcé bien foible, je le sais, a déterminé les 
naturalistes grécs à décorer de ce nom l'être que nous 
allons décrire; mais toutes les fois que la sévérité de 
l'histoire le permet, me nous refusons pas au charme : 
de leur imagination agréable et féconde. Et d'ailleurs 
le poisson que nous voulons continuer d'appeler /yre, 
a été revêtu de nuances assez belles pour mériter de 
paroître à jamais consacré, par sa dénomination, pour 
ainsi dire, mythologique, au dispensateur de la lu- 
mière qui colore en même temps qu'elle éclaire et 
vivifie. 

Un rouge assez vif règne en effet sur tout Île corps 
de la trigle que nous desirons de faire connoître; il 
se diversifñe dans la partie inférieure de l’animal, en 
se mêlant à des teintes blanches ou argentées; la sorte 
de dorure qui distingue les rayons par lesquels la 
membrane des nageoires est soutenue, ajoute à l'éclat 
de ce rouge que font ressortir d'ailleurs quelques 
nuances de verd ou de noir répandues sur ces mêmes 
nageoires ; et ainsi les couleurs les plus brillantes, 
celles dont la poésie a orné le char radieux du dieu 
des arts et de la lumière , resplendissent Sur le poisson 
que l’ingénieuse Grèce appela du nom de l'instrument 
qui fut cher à ce dieu, 


. 


DES POISSONS. . d47 

Au bout du museau de la trigle que nous examinons, 
s'avancent deux lames osseuses, triangulaires et den- 
telées ou plutôt découpées, de manière à montrer une 
image vague de cordes tendues sur une lyre antique. 

La tête proprement dite est d’ailleurs arrondie et 
comme emboîtée dans une enveloppe lamelleuse, qui 
se termine par-derrière par quatre ou six aiguillons 
longs , pointus et très - forts, qui présente d’autres 
piquans au-dessus des yeux, ainsi qu'à la pièce, anté- 
rieure de chaque opercule, et dont presque toute la 
surface est ciselée et agréablement rayonnée.. 

De petites dents hérissent le devant du palais, et les 
deux mâchoires, dont l’inférieure est la plus courte. Le 
corps et la queue sont couverts de petites écailles ; 
et des aiguillons courts et courbés vers l'arrière gar- 
nissent les deux côtés de la fossette longitudinale dans 
laquelle l'animal peut coucher ses nageoires dorsales *. 

La trigle lyre habite dans l'Océan atlantique, aussi- 
bien que dans la Méditerranée, Elle y parvient quel- 
quefois à la longueur de six ou sept décimètres. Sa 
chair est trop dure et trop maigre pour qu’elle soit 
très-recherchée. On la pèche cependant de temps en 


* A la membrane des annee 7 YayOnse 


à la première dorsale 9 
à la seconde - 16 
« 

à chacune des pectorales 12 
à chacune des thoracines 6 
à celle de l’anus . 16 


à celle de la queue 19 


948 + HISTOIRE NATURELLE, 


temps; et lorsqu'elle est prise, elle fait entendre, par 
un mécanisme semblable à celui que nous avons exposé 
en traitant de plusieurs poissons , une sorte de bruis- 
sement que l’on a comparé à un sifflement proprement 
dit, et qui l’a fait nommer dans plusieurs pays, et par- 
ticulièrement sur quelques côtes d'Angleterre, poisson 


siffleur (the piper, the fish piper) *. 


:# La vessie natatoire est longue et simple, 


LA TRIGLE CAROLINE" 
L À TRIGLE PONCTUÉE;, 


‘ET LA TRIGLE LASTOVIZA:. 


CEs trois trigles ont les nageoires pectorales très- 
longues et assez grandes pour s'élever au-dessus de la 
surface des eaux. Nous devons donc les inscrire parmi 


: Trigla carolina, 

The smaller flying fish, dans quelques contrées angloïises. 

Trigla carolina. Linné, édition de Ginelin. ‘ 

Trigle caroline, Bonnaterre, planches de l’ Encyclopédie Ro ones 


Trigle carolin , ox caroline. Bloch, pl, 352, . 


2 Trigla punctata. 
Rubio volador, ex espagnol. 
Trigle ponctuée. Bloch, pl. 353. 
Lyra alata. Plumier, peinturès sur yélin du Me d'histoire natu- 


relle. 


3 Trigla lastoviza. 

Trigla adriatica. Zinné, édition de Gmelin. 

Trigla Jineata. Ta, 

Prin. Pisc. Massil. p, 90. 

Trigle lastoviza. Bonnaterre, planches de l’Encyclonédie méthodique. 
Brit. Zoolog. 3, p.236, n. 5, 

Raï. Pise. p. 165, f. T4. 

Imbriago. Bloch, pl. 354. 

Autre espèce de surmulet-imbriaco, Rondelet, première partie, Liv. 10 ;; 


chap. 4 


900 HISTOIRE NATURELLE 


les véritables poissons volans. Voyons rapidement leurs 
traits principaux. | 

Dans ces trois espèces, la tête est comme ciselée, 
et parsemée de figures étoilées ou rayonnantes qui 
ont un peu de relief. L’enveloppe lamelleuse qui la 
recouvre, montre, dans la caroline, deux petits pi- 
quans dentelés au-dessus de chaque œil, deux plus 
grands à la nuque, trois ou quatre à chaque opercule, 
et un à chaque os claviculaire. Les écailles qui revêtent 
le dos, sont petites et dentelées. La ligne latérale est 
droite et lisse ; et le sillon longitudinal dans lequel 
l'animal peut coucher ses nageoires dorsales, est bordé, 
de chaque côté, d'aiguillons recourbés. 

Une tache noïrâtre qui occupe la moitié supérieure 
de l'œil, donne à cet organe une apparence singu- 
lière. Une autre tache noirâtre paroît vers le haut dela 
première nageoire dorsale. Le corps et la quêue sont 
jaunâtres avec de petites taches violettes, et les na- 
geoires pectorales sont violettes ayec quatre bandes 
transversales brunes et arquées *. 

On trouve cette trigle, dont la chair est dure et 
maigre, et la longueur d’un ou deux décimètres, aux 


x À Ja membrane branchiale de la caroline, 6 rayons. 


à la première nageoire dudos 9 
à la seconde | ° 12 
à chacune des pectorales 13 
à chacune des thoracines 6 
à celle de l’anus à: 


à celle de la queue rÿ 


Di EN MR RID Rés OS JDE 
environs de la Caroline et des Antilles. C’est dans les 
mêmes mers qu'habite la ponctuée, dont les couleurs 
sont plus vives, plus variées et plus gaies. Nous décri- 
vons ces nuances d'après une peinture qui fait partie 
de celles du Muséum d'histoire naturelle, et dont on 
a dû à Plumier le dessin original. La partie supérieure 
de l’animal est d’un rouge clair, et Ja partie inférieure 
d'un beau jaune. Les côtés et Le dos sont parsemés de 
taches rondes, petites, et d’un rouge foncé, Ces mêmes 
taches rouges se montrent sur les nageoires du dos et 
de l’anus, qui sont lilas ; sur celle de la queue, qui est 
bleue à sa base et jaune à son extrémité; et sur les 
ailes, qui sont également jaunes à leur extrémité et 
bleues à leur base. | 

La tête de la ponctuée est plus alongée que celle de 
la caroline *. 4 

Quant à la trigle lastoviza, elle.est rouge par-dessus 
et blanchâtre par-dessous, avec des taches et des bandes 
couleur de sang, ou noirâtres, placées sur le dos. Les 
ailes offrent souvent par-dessus quelques taches brunes, 
et par-dessous une bordure et des points bleus sur un 
fond noir. Les thoracines et l’anale sont blanches, et 
quelquefois noires à leur sommet. Au reste , la ligne 
latérale de ce poisson est hérissée de piquans à deux 
pointes ; la mâchoire supérieure presque aussi ayancée 


* À chacune des nageoires pectorales de la ponctuée, 13 rayons. 
à chacune des thoracines 6 


à celle de la queue 12 


902 HISTOIRE NATURELLE. 


que l'inférieure ; le dessus des yeux garni de petites 
pointes ; la nuque hérissée de deux aiguillons dente- 
lés ; chaque opercule armé de deux aiguillons sem- 
blables ; l'os claviculaire étendu , pour ainsi dire, en 
épine également dentelée, et, de plus, longue , aiguë à 
son sommet et large à sa base; et la fossette dorsale 
bordée, de chaque côté, de piquans à trois ou quatre 
pointes. | 

_ Ce beau poisson parvient quelquefois à la longueur 
d'un demi- mètre, et habite dans la Méditerranée et 


dans l'Océan atlantique ae 


* 10 rayons aîguillonnés à la première nageoire dorsale de la trigle 
lastoviza. 
r7 rayons à la seconde. 
10 rayons à chacune des pectorales. 
r aiguillon et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, 
36 rayons à celle de lanus. 
13 rayons à celle de la queue, 


LA TRIGLE HIRONDELLE* 


La partie supérieure de ce poisson est d'un violet 
mêlé de brun, et l’inférieure d’un blanc plus ou moins 
pur et argentin. Il vit dans la Méditerranée, et dans 


* Trigla hirundo. 
- Cabote, en France. 

Galline, ibid. 

Gallinette, id. 

Linette, 161d, 

Perlon , #b1d. 

Grondin, ibid. 

Tigiega, à Malte. 

Corsano , et corsavo, dans la Ligurie. 

€Capone, à Rome. 

Tub fish, en Angleterre. 

Sappbhirine gurnard, #:d, 

Kaurr-hahn, ez Allemagne, 

Soe-hane, ow knurr-hane , ez Danemarck 

Riot, ouskarriot, knorrsoehane, soekok, ex Norvései 

Knorrhane , knoding , knot, où schmed, en Suède. 

Trigla oe Linné, Léibn de Cmelin. 

Trigle hirondelle de mer. Daubenton, Encyclopédie RANCE E 
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique: 

Mus. Ad. Frid, 2, p. 93 *. 

Müll. Prodrom. Zoolog. Danic. p. 47, n. 400. 

Faun. Suectc. 340 *. 

I, Wgoth. p. 176. 

Trigla capite aculeato , appendicibus utrinque tribus, ete, Artedi, geir, 

#4) SJ 7: 
HOME IE 45 


854 HISTOIRE NATURELLE 


les eaux de l'Océan. Il y devient assez grand, puisque 
sa longueur surpasse quelquefois deux tiers de mètre. 
- Il nage avec une grande rapidité, ses pectorales pou- : 
vant lui servir de rames puissantes. Comme il habite 
les fonds de la pleine mer pendant une grande partie 
de l’année, on le prend ordinairement avec des lignes 
de fond ; et quoique sa chair soit dure, il est assez 
recherché dans plusieurs pays du Nord, et particu- 
Tièrement sur les rivages du Danemarck, où on le 
sale et le sèche à l'air pour l’approvisionnement des 
vaisseaux *. 


Le bruissement qu'il fait entendre lorsqu on le 


Kopaë. Aihen. lib. 1, fol. 177. 

Hirundo prior. 4ldrovand. lib. 2, cap. 3, p. 13. 

Hirundo. Willughby, p. 280. 

Raj. Pise. p. 88. 

Corvus. Plin. lib. 32, cap. 11. 

Salyian. fol. 194, 195. 

Perlon, Bloch, pl. 60. 

Corystion ventricosus. K/ein, Miss. pisce. 4, p. 45, n. 3. 
Corax. Gesner, Aquat. p.299; Thierb.p, 2x. 

Brit. Zoolog. 3, p.235, n, 4 | Fr 
Corbeau de mer. Rondelet, première partie, lis. 10, chap. 6% 


* À la membrane des branchies 7 rayons, 
à la première nagcoire du dos 8 


à la seconde 15 
à chacune des pectorales 12 

à chacune des thoracines 6 
5 , 

à celle de Panus 14 


à celle de la queue 19 


de mer, 


DE SP PINS S'ONN E 255 
touche , a paru aux anciens naturalistes grecs et ro- 
mains avoir quelque rapport avec le croassement des 
corbeaux; et voilà pourquoi ils l'ont nommé corbeau 


HR ER, HUSDAR ADR 


Les lames ou feuilles minces, étroites, et semblables: 
a des feuilles de pin, qui garnissent les deux côtés 
de chaque ligne latérale, ont suggéré à Bloch le nom 
spécifique qu'il a donné à cette trigle, lorsqu'il l’a fait 
connoître. Le museau de ce poisson est un peu échan- 
cré et terminé par plusieurs aiguillons ordinairement 
au nombre de six ou de huit. De petites dents hérissent 
les mâchoires. On appercçoit un os transversal et rude 
sur le devant du palais, et quatre os rudes et ovales. 
auprès du gosier. On voit un piquant au-dessus de 
chaque œil, ou à la pièce antérieure de chaque oper- 
cule, deux à la pièce postérieure , et un aiguillon 
presque triangulaire et dentelé à chaque os clavicu- 
laire. La fossette longitudinale. du dos est bordée 
d’épines inclinées vers la queue *. Les écailles sont très- 


3: Trigla pini. 
Id. Bloch, pl. 365. 


# À la membrane des branchies. "7 rayons. 
à la première nageoire dorsale 9. 


à la seconde 19 
à chaque nageoire pectorale to. 
à chacune des thoracines 6 
à celle de l’anus 16 


à celle de la queue 18: 


HISTOIRE NATURELLE 97 
petites ; et toute ‘la surface de l'animal réfléchit un 
rouge un peu foncé, excepté le dessous du corps et dé 
la queue, qui est jaunâtre,, et les nageoires du dos, 
de la poitrine, de la queue et de l'anus, qui sont 
d'un verd tirant sur le bleu. 


LA TRIGLE GURNAU; 


ET 


LA TRIGLE GRONDIN:. 


L,4 première de ces trigles présente une faculté sem- 
blable à celle que nous avons remarquée dans la lyre. 
Elle peut faire entendre un bruissement tres-sensible 


: Trigla gurnardus. 
- Bellicant , dans plusieurs contrées de France. 

Gourneau, 1bid. 

Schmiedknecht ; dans le Holstein. 

See-hahn , ox kurre, ou kurre-fish, à Æeiligeland, 

Knorhaan, en Hollande. 

Tigiega , à Malte. 

Kirlanidsi-baluck , ez Turquie. 

Trigla gurnardus. Linné, édition Je Gmelin. 

Trigle grondin. Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

Trigle grondeur. Bonnaterre, planches de l Encyclopédie méthodique: 

Trigla varia, rostro diacantho , aculeis geminis ad utrumque oculum, 
Artedi, gen. 46,syn.74. | 

Gronov. Mus.+,p.44,n. 101; Zooph. p. 84, n. 283, 

Brinn. Pisc. Massil. p. 74, n. 90. 

Gurneau. Bloch, pl. b6. 

Charlet. Onom. p. 139. 

Corystion gracilis griseus , etc. Æleën, Miss. pise. 4, p. 40, n. à, 1ab. 
14, fige 3. 

Coccyx alter. Bellon, Aquat. p. 204. 

Grey gurnard. Brit. Zoolog. 3,p. 231, n. x. 

IVillughby, Ichthyol. p. 279, tab. 8, 2, fig. 7. 

Raj. Pise. p. 86. 


HISTOIRE NATURELLE, 959 
par le frôlement de ses opercules , que les gaz de l’in- 
térieur de son corps font, pour ainsi dire, vibrer, en 
s'échappant avec violence lorsque l’animal com prime 
mm qu tm a mp no mn M 

? Trigla grunniens. 
Morrude, dans plusieurs départemens de France, 
Rouget , :bid, 
Rounget grondin , 104. 
Perlon, :hrd. 
Galline, zh. 
 Rondela » tbid, 
-Hunchem , dans le nord de la France, 
Sehe-hanen , dans plusieurs contrées du nord de l'Europe. 
The red gurnard , en Angleterre. 
Rot chet, ibid, 
Cocchou , aux environs de Naples. 
Cabriggia, dans la Ligurie. 
Organt, sur plusieurs côtes de l'Adriatique. 
Trigla cuculus. Linné, édition de Gmelin. 
Trigle perlon. Daubenton, Encyclopédie méthodique, 
Id. Ponnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 
Mus. Adolph. Frid: 2, p.93 *. a 
Trigla tota rubens, rostro param bicoïni > Operculis branchiarum striatis. 
Arted:, gen. 45, syn, m4. Arr 
Rouget, ei rouget grondin. Boca, pl. bo. 
O' roux Ë. Arist. lib. 4, cap. 03 et lib. 8 > CAP, 18 
Ælian. lib. 10, Cap, 11: 
Oppian. lib.1,p.5. 
Athen, lib. 7, p. 300. 
Cuculus, Gaz. Aristor, 
Morrude , on rouget. Rondelet, première partie Ë 
Gesner, p. 305 et 306, ‘et (germ.) fol. 17, à, 
Ældrovand. lib, 2, cap. 4, p. 130. 
Jonsion, Pise. p. 64, 1ab. 17 > JS. 15. 
FVillughby, p. 28. 
Ray. p. 89. 


div, 10, chap. 2. 


900 HISTOIRE NATURELLE 


ses organes internes ; et voilà d’où lui vient le nom de 
curnau qu'elle porte. Ce gurnau a d'ailleurs plusieurs 
rapports de conformation avec la lÿre, et, de plus, ïl 
ressemble beaucoup au grondin, qui est doué, comme 
la lyre, de la faculté de siffler ou de bruire. Mais, indé- 
pendamment des différences indiquées sur le tableau 
du genre des trigles, et qui séparent le grondin du 
gurnau , le grondin a la tête et l'ouverture de la bouche 
pus petites que celles du gurnau: celui-ci peut parvenir 
à la UE d'un mètre’; celui-là n'atteint ordinai- 
rement qu’à celle de trois ou quatre décimètres*. Les 
écailles qui revêtent le gurnau, sont blanches ou grises, 
et bordées de noir; des taches rouges et noires sont 
Cuculus minor. Bellon, Aquat. p.104: 


Cuculus lyræ species. Schoney. p. 32. 


Lyra. Charlet. p. 139: 
Corystion capite conico, etc. Klein, Miss. pise. 4, p. 46,7. 6,1ab.4, 


Jige 4 


4. gurnard. Brit, Zoolog.3, p. 233 3 1102 


: À la première nageoire dorsale du gurnau, 7 rayons. 


à la seconde 19 


à chacune des pectorales 10 
à chacune des thoracines 6 
à celle de l’anus 17 
à celle de la queue 9 - 


# À Ja première nageoire dorsale du grondin, 10 rayons, 
à la seconde ; 18 

à chacune des pectorales 

à chacune des thoracines 4 

à celle de l’anus 12 


à celle de la queue 5 


1 à 


D'EVPO T'AS O NS. GO! 


souvent répandues sur son dos; ses nageoires de la 
poitrine et de la queue offrent une teinte noirâtre ; 
celles de l'anus et du dos sont d’un gris rougeâtre ; la 
première dorsale est parsemée de taches blanches ; les 
lames épaisses et larges qui recouvrent la ligne laté- 
rale, sont noires et bordées de blane. Le grondin a les 
lames de ses lignes latérales blanches et bordées de 
noir ; la partie supérieure de son corps et de sa queue, 
rouge et pointillée de blanc; la partie inférieure 
argentée ; les nageoires caudale et pectorales, rou- 
geâtres ; celle de l’anus, blanche; et les deux dorsales, 
blanches et pointillées d'orangé. 

Au reste, le gurnau et le grondin ont tous les deux 
les thoracines blanches. Leur chair est tres-agréable au 
goût : celle du grondin est même quelquefois exquise. 
Ils habitent dans la Méditerranée ; on les trouve aussi 
dans l'Océan atlantique, particulièrement auprès de: 
l'Angleterre ; et c'est vers le commencement ou la 
fin du printemps que l'un et l’autre s'avancent et se 
préssent, pour ainsi dire, près des rivages, pour ÿ 
déposer leurs œufs , ou les arroser de la liqueur fécon- 
dante que la laite renferme *. 


* On voit deux aiguillons aupres de chaque œil du grondin, 


TOME {LL A6 


ET A PAPE RG LR MNT" CLEAN RE 


Pausreurs trigles ont recu des noms d'oiseaux ; on 
les a appelées Lirondelle , coucou, milan, etc. Il étoit 
en effet assez naturel de donner à des poissons ailés 
qui s'élèvent dans l'atmosphère, des dénominations 
qui rappelassent les rapports de conformation, de 
facultés et d'habitudes, qui les lient avec les habitans 
de l'air. Aussi ces noms spécifiques ont-ils été imposés 
par des observateurs et adoptés assez généralement, 
même dès le témps des anciens naturalistes; et voilà 


ES 


*'Trigla milvus. 

Belugo, c’est-à-dire, étincelle, dans plusieurs dépar temens méridionaux 
de France. 

Galline, cbr. 

Organo , dans la Ligurie. 

Cocco, dans les deux Siciles. 

Trigla lucerna. Linné, édition de Gmelin. 

Trigle milan. Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l Encyclopédie méthodique. 

Trigla rostro parüm bifido, lineä laterali, ad caudam bifurcä. Arteds, 
gen. 4b, sy. 73. 

Milan marin. Rondelet, première partie, lis. 10, chbe. 7. 

Aldrov. lib. 2, cap. 58, p. 276. 

Lucerna, tee et milvago. Gesner, p. 497 ; et (germ.) Foi. 17, &o 

Lucerna Venetorum. 71llughby, p, 28x. 

Raj. p. 88. 

Cuculus. Sa/vian. fol. 190, 191. 

Gronov. Mus. 13 2. 1005 Zooph, p, 84, n, 284. 


HISTOIRE NATURELLE. 3693 


pourquoi nous avons cru devoir en conserver deux. 
La trigle milan a été aussi appelée, et même par plu- 
sieurs célèbres naturalistes, /anterne, ou fanal, parce 
qu'elle offre d’une manière assez remarquable la pro- 
priété de luire dans les ténèbres, qui appartient non 
seulement aux poissons morts dont les chairs com- 
mencent à s'altérer et à se décomposer, mais encore à 
un nombre assez grand d’osseux et de cartilagineux 
vivans *. C’est principalement la tête du milan, et par- 
ticulièrement l’intérieur de sa bouche, et sur-tout son 
palais, qui brillent dans l’obscurité, de l'éclat doux et 
tranquille que répandent, pendant les belles nuits de 
l'été des contrées méridionales, tant de substances 
phosphoriques vivantes ou inanimées. Lorsque dans 
un temps calme, et après le coucher du soleil, plu- 
sieurs centaines de trigles milans, exposées au même 
danger , saisies du même effroi, emportées hors de 
leur fluide par la même nécessité d'échapper à un 
ennemi redoutable, s’élancent dans les couches les 
plus basses de l'air et s'ÿ maintiennent perdant quel- 
ques instans, en agitant leurs ailes membraneuses, 
courtes à la vérité, mais mues par des muscles puis- 
sans, c'est un spectacle assez curieux que celui de ces 
lumières paisibles qui montant avec vitesse au-dessus 
des ondes, s'ayvançcant, retombant dans les flots, des- 
sinant dans l'atmosphère des routes de feu qui se 
un TOR LE 0 JE 1 à 7 Re PA AA fe 


* Voyez le Déscours sur la nature des poissons. 


964 HISTOIRE NATURELLE. 


croisent, se séparent, se réunissent , ajoutent une illu- 
mination aérienne , mobile, et perpétuellement variée, 
à celle qui repose, pour ainsi dire, sur la surface phos- 
phorique de la mer. Au reste, les milans volant ou 
nageant en troupes, offrent pendant le jour un coup 
d'œil moins singulier, mais cependant agréable par 
la vivacité, da disposition et l'harmonie de leurs cou- 
leurs. Le rouge domine fréquemment sur leur partie 
supérieure; et l’on voit souvent de belles taches noires, 
bleues ou jaunes, sur leurs grandes nageoires pecto- 
rales. Leur ligne latérale est garnie d’aiguillons, et 
divisée en deux vers la queue. On les trouve dans 
l'Océan atlantique, aussi-bien que dans la Méditerra- 
née. Leur chair est presque toujours dure et sèche ”; 
et il se pourroit que ces milans ne fussent qu’une 
variété des trigles hirondelles. 


# À la première nageoire du dos 1o rayons. 


à la seconde 17 
à chacune des pectorales O0, 
à chacune des thoracines 6: 128 
à celle de P’anus 15 


LAPPETN TG D BEMIEN Din. 


LE nom de cette trigle désigne sa petitesse : sa lon- 
gueur négale ordinairement que celle du doigt. Les 
deux saillies longitudinales qui forment la fossette 
propre à recevoir les nageoires du dos lorsque l'ani- 
mal les incline et les plie, sont composées dé petites 
lames un peu redressées et piquantes. Le museau est 
échancré et dentelé. On compte deux aiguillons au- 
dessus des yeux ; deux autres aiguillons, et deux 
piquans plus forts que ces quatre premiers, auprès 
de l'occiput; et une épine assez grande à proportion 
des dimensions de l'animal, garnit la partie postérieure 
de chaque opercule *. 
On trouve la trigle menue dans les mers de l'Inde: 


? Trigla minuta. 
Id. Linné, édition &e Gmelin. 
La petite trigle. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique, 


? 5 rayons aiguillonnés à la première nageoire du dos. 
24 rayons à la seconde. 


8 à chacune des pectorales. 
6 à chacune des thoracines. 
14 à celle de l’anus. 


10 à celle de la queue. 


SEE REPDERE ED ENTRER 


L'AWTRIGLE CAVILLONE: 


RonDELET a décrit cette trigle, dont il a aussi publié 
une figure gravée. N'ayant que deux rayons articulés 
et isolés à chaque nageoire pectorale, non seulement 
elle est séparée des espèces que nous venons de décrire, 
mais elle appartient même à un sous-genre particulier. 
On l'a appelée cavillone dans plusieurs départemens 
françois voisins de la Méditerranée, à cause de sa 
ressemblance avec une cheville, que l’on y nomme ca- 
ville. L'animal est en effet beaucoup plus gros vers la 
tête que vers la nageoire de la queue. IL est couvert 
d’écailles petites, mais dentelées, äpres et dures. La 
ligne latérale est très-droite et très-voisine du dos. On 
voit un piquant au-dessus de chaque œil , et six aiguil- 
lons très-grands et un peu aplatis à la partie posté- 
rieure de cette sorte de casque ou d’enveloppe lamel- 
leuse et ciselée, qui défend la tête. 

La cavillone est d'un très-beau rouge, lequel fait 
ressortir la couleur de ses ailes, qui sont blanches 
par-dessus , et d'un verd noirâtre par-dessous *. Ses 
A AR DL pa PT ADI LE LE HIS a AE ep note eue PU L  SReS 


1 Trigla cavillone. 
Autre espèce de surmulet, dite cavillone. Rondelet, première partie, 


lv. 10, chap. 5. 
Mullus asperus. 74, :hid. 


# mrayons aiguillonnés à la première nageoire du dos, qui est triangulaire, 


HISTOIRE NATURELLE. 367 


dimensions sont ordinairement aussi petites que celles 
de la menue. Son foie est très-long ; mais son estornaé 
est peu étendu, et son pylore garni d’un petit nombre 
d'appendices ou cœcums. La chair de cette trigle est 
dure , et peu agréable au goût. 


(] 


QUATRE-VINGT-DIX-SEPTIÈME GENRE. 


LES PERISTÉDIONS. 


Des rayons articulés et non réunis par une membrane, 


auprés des nageoires pectorales; une seule nageoire 
dorsale; point d'aiguillon dentelé sur le dos; une ow 
plusieurs plaques osseuses au-dessous du corps. 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 
x. LE PÉRIST. MALARMAT. 
(Peristedion malarmat.) 


2. LE PÉR. CHABRONTÈRE. ya plaques osseuses garnissant le dessous 


{Tout le corps cuirassé. 


{Peristedion chabronteru.) du corps. 


LE PÉRISTÉDION MALARMAT *. 


Les plaques osseuses qui garnissent le dessous du 
corps des péristédions, et y forment une sorte de 


* Peristedion malarmat. 

Pesce capone, ez lLialie. 

Pesce furca , zbid. 

Forchato , 10id. 

Pesce forcha , zbid. 

Scala feno, dans la Ligurie. 

Gabel fisch, ex Allemagne. 

Panzerhalm, id. 

Roode duyvel visch, ez Hollande. 

Rochet, ez Angleterre. 

Ikan seytan mera, es ikan paring, dans les Indes orientakes. 

Onortors EN STEC. 

Trigla cataphracta. Linné, édition de Gmelin. 

Bloch, pl. 349. fai 

Trigle malarmat. Daubenion , Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l’ Encyclopédie méthodique. 

Mus. Adolp. Fr. 2, p. 92 *. 

Trigla... corpore octogono. Artedi, gen. 46, syn. 75. 

Lyra altera Rondeletit. Æ/drov. lib. 2, cap. 7, p. 147. 

Id. illughby, p. 283. 

Id. Ray. p. 89. 

Lyra. Salvian. fol. 192, b, ad iconem, et 193. 

Malarmat. Rondelet, première partie, liv. 10, chap. 9. 

Gesner, p. 17, 610; et (germ.) fol. 20, b. 

Gronov. Mus. t, n. 96. 

Malarmat. Duhamel, Traité des pêches, part. 2, sect. 5, chap. 5, 
Ps 119, Pl. 9) fig. T et 2. 

{d. Falmont-Bomare, Dictionnaire d'histoire naturelle. 


TOME IIL | 47 


970 HISTOIRE NATURELLE 


plastron, séparent ces poissons dés trigles proprement 
dites, et nous ont suggéré le nom générique que nous 
leur donnons *. Cette cuirasse est très-étendue sur 
la partie inférieure du malarmat; elle la couvre en 
entier; elle se réunit avec celle qui défend la partie 
supérieure; ou, pour mieux dire, la totalité du corps 
et de la queue de cet osseux est renfermée dans une 
sorte de gaine composée de huit rangs de lames, qui la 
font paroître octogone. Chacune de ces lames est plus 
large que longue, irrégulièrement hexagone, et relevée 
dans son milieu par un piquant recourbé vers l'arrière. 
Ces plaques ou lames dures sont d'autant moins grandes 
qu'elles sont placées plus près de la queue, et l’on 
compte quelquefois plus de quarante pièces à chacune 
des rangées longitudinales de ces lames aiguillonnées. 

La tête est renfermée, comme celle de presque toutes 
les trigles, dans une enveloppe à quatre faces, dure, 
un peu osseuse, relevée par des arêtes longitudinales, 
et parsemée de piquans dans sa partie supérieure. Le 
museau se termine en deux os longs et plats, dont 
l’ensemble ressemble assez à celui d’une feurche. - 

Les mâchoires sont dépourvues de dents proprement 
dites ; le palais et la langue sont lisses. On voit à la 
mâchoire inférieure plusieurs barbillons très-courts, 
et-deux autres barbillons longs et ramifiés. 

Chaque opercule est composé d'une seule lame, et 


* Hensno , en grec, signifie pectoral, plastron. 


D'LEN STMMP OMIS SON N'IS: 371 
terminé en pointe. L’anus est plus près du museau que 
de la nageoire caudale, qui est en croissant; et on ne 
compte auprès de chaque nageoire pectorale que deux 
rayons articulés et libres, ce qui donne au malarmat 
un rapport de plus avec la trigle cavillone * 

Presque tout l'animal est d’un rouge päle, comme 
plusieurs trigles ; les thoracines:sont grises, etles pec- 
torales noirâtres. 

Le malarmat habite non seulement dans la mer 
Méditerranée, mais encore dans celle qui baigne les 
Moluques. Il ne parvient guère qu'à la longueur de six 
ou sept décimètres. Et l'on doit croire que si le pois- 
son nommé cornuta par Pline est le malarmat, il faut 
lire dans cet auteur, et avec Rondelet, que les cornes 
ou appendices du museau de cet osseux ont un demi- 
pied (cornua serripedalia), et non pas un pied et demi 
(sesquipedalia). Nous devons même ajouter qu'il y 
auroit encore de l’exagération dans cette évaluation 
des appendices du malarmat, et que des corres de deux 
décimètres de. longueur supposeroient, dans les di- 
mensions générales de ce poisson, une grandeur bien 
au-dessus de la réalité. 


* 7 rayons à la membrane branchiale, 


7 à la premiere partie de la nageoïre du dos, dont la mem 
brane est plus basse que ces mêmes rayons. 
26 à la seconde partie de cette même nagcoire. 
12 à chaque pectorale. 
20 à celle de l'anus. 


13 à celle de la queue. 


872 HISTOIRE NATURELLE. * 

Le péristédion que nous décrivons, se nourrit de mol- 
lusques , de vers marins et de plantes marines. Il se 
tient souvent au fond de la mer; et quoique sa chair 
soit dure et maigre, on le pèche dans beaucoup d’en- 
droits pendant toute l’année, particulièrement pen- 
dant le printemps. On le prend communément avec 
des filets. Il nage avec beaucoup de rapidité; et comme 
il est très-vif dans ses mouvemens, il brise fréquem- 
ment ses appendices contre les rochers ou d’autres 
corps durs. | | 

La vessie natatoire est grande; ce qui ajoute à la 
facilité avec laquelle le malarmat peut se soutenir dans 
l'eau, malgré la pesanteur de sa cuirasse. Le pylore est 
entouré de six petits cœcums. 


LE PÉRISTÉDION CHABRONTÈRE:. 


LA chabrontère n’a » comme le malarmat, que deux 
rayous libres et articulés, auprès de chaque nageoire 
pectorale. Son museau est fourchu, comme celui du 
malarmat ; mais elle n’est päs renfermée dans üne gaine 
octogone. Deux plaques osseuses défendent cependant 
la partie inférieure de son corps : elles s'étendent depuis 
la poitrine jusqu’à l'anus. On compte plusieurs aiguil- 
lons droits ou recourbés au-dessus du museau; et on 
en voit trois au-dessus et trois autres au-dessous de la 
queue. Toutes les nageoires, excepté la caudale, sont 
très-longues, et d’un rouge éclatant”, 
On trouve la chabrontère dans la Méditerranée. 


* Peristedion chabrontera. 
O:beck, Fragm. ichihyol. Hispan. 
Trigle chabrontère. Bornaterre, planches de  Encyelopédie méthodique, 


? À la membrane des branchies 7 rayons. 


à la nageoire du dos 26 
à chacune des thoracines 6 
à celle de Panus 20 


QUATRE-VINGT-DIX-HUITIÈME GENRE. 
LES ISTIOPHORES. 


Point de rayons articulés et libres, auprès des nageoires 
pectorales, ni de plaques osseuses au-dessous du corps; 
la première nageoire du dos, arrondie, très-longue, et 
d 3 ; LPC : 

une liauteur supérieure à celle du corps; deux rayons 


a chaque thoracine. 


ESPÈCE. CARACTÈRES, 
L’isTIorxH. RARE TEUEEE mâchoire supérieure prolongée en forme 


{Istiophorus gladifer,) de lame d'épée; deux nageoires de l’anus. 


L del 


L'ISTIOPHORE PORTE-GLAIVE* 


NTarceRaAvE, Pison, Willughby, Ray, Jonston, Ruysch, 
mon savant confrère Broussonnet, et feu le céltbre 
Bloch, ont parlé dé ce poisson très-remarquable par 
sa forme, sa grandeur et ses habitudes. En effet, sa 
tête ressemble beaucoup à celle des xiphias; il par- 
vient, comme cés derniers, à une longueur de plus de 
trois mètres : comme ces derniers encore, il jouit d’une 
grande force, d'une grande agilité, d'une grande 
audace; il attaque avec courage, et souvent avec 
avantage, des énnemis très-dangereux. Cependant les 
xiphias appartiennent à l’ordre des apodes de la cin- 
quième division; et le porte-glaive doit être inscrit 
dans la même division, à la vérité, mais dans l’ordre 
des thoracins. 

La mâchoire supérieure de l’istiophore que nous 
CS 

* Istiophorius gladifer. 

Voilier, par plusieurs auteurs ou voyageurs francois. 

Brochet volant, id. 

Bécasse de mer, 21. 

Schwerdt-makrebe, par les Allemands. 

Ola, et sword-fish, par Les Anglois. 

Zeyl-visch , par les Hollandois des Indes orientales. 

Layer, :d. 

Zee-snipp, id. 

Tkan tsjabelang jang terbang , aux Indes orientales. 


Voilier, scomber gladius, Bloch, pl, 345, 


376 HISTOIRE NATURELLE 


décrivons, est trois fois plus avancée que l’inférieure : 
très-étroite, très-longue, convexe par-dessus, et poin- 
tue, elle ressemble à une épée, et a indiqué le nom 
spécifique de l'animal. Elle est garnie, ainsi que le 
palais et la mâchoire inférieure, de dents très-petites 
dont on ne trouve aucun vestige sur la langue. La tête 
est menue ; chaque opercule composé de deux lames; 
le corps alongé, épais, et garni, ainsi que la queue, 
d'écailles difficiles à voir au-dessous de la membrane 
qui les couvre; la ligne latérale courbe , et terminée 
par une saillie longue et dure; le dos noir; chaque 
côté bleu; Le dessous du corps et de la queue, argen- 
tin; la couleur des pectorales et de lanale, noire; et 
celle de la première nageoire dorsale, d'un bleu céleste 
parsemé de taches petites et d'un rouge brun”. 

Les pectorales sont pointues ; la caudale est four- 
chue; chaque nageoire thoracine ne présente que deux 
rayons longs, larges et un peu courbés : on compte 
deux nageoires de l'anus ; elles sont toutes les deux 
triangulaires , et à peu près de la même surface que 


* À la membrane branchiale 7 rayons. 
à la premiére nageoire dorsale 45 
à la seconde | 7 
à chaque pectorale 1 
à chaque thoracine 2 
à ‘la premiere de l'anus 9 
à la seconde de l’anus 5 


à celle de la queue CES 


DTETS MP PAOME SE à 62 € Cr 


la seconde dorsale, au-dessous de laquelle la seconde. 
nageoire de l'anus se trouve placée. 

Quant à la première dorsale, sa forme et ses dimen- 
sions sont très-dignes d'attention. Elle s'étend depuis 
la nuque jusqu’à une petite distance de l'extrémité de 
la queue : elle est donc très-longue. Elle est aussi très- 
haute, sa hauteur surpassant la moitié de sa longueur. 
Son contour est arrondi; et elle s'élève comme un 
demi-disque, ou plutôt comme une voile, qui a fait 
nommer l'animal, voilier, et d’après laquelle nous lui 
avons donné le nom générique de porte-voile (istio- 
phorus, istiophore *). 

Le porte-glaive nage souvent à la surface de 
l'eau, au- -dessus de laquelle sa nageoire dorsale paroît 
d'assez loin, et présente une porc de quinze ou 
seize décimètres de long, sur huit ou neuf de haut, 
Il habite les mers chaudes des Indes orientales aussi- 
bien que des occidentales. Le célèbre chevalier Banks 
l'a vu à Madagascar et à l'Isle de France. Il a pris à 
Surate un individu de cette espèce, qui avoit plus de 
trois mètres de longueur, dont le plus grand diamètre 
du corps étoit d’un quart de mètre, et qui pesoit dix 
myriagrammes. 

Dans sa natation rapide, l'istiophore porte-glaive 
s’avance sans crainte, se jette sur de très-gros pois- 
sons, ne recule pas devant l’homme, et se précipite 
ER NE À 2 ES EE MT RME rs EP vraie M PER 

* lv, en grec, siguifie voile de navires j ; 


TOME lil 48 


070 HISTOIRE NATURELLE. 


contre les vaisseaux, dans le bordage désquels il 
laisse quelquefois des tronçons de son arme brisée 
par la violence du choc, Il lutte avec facilité contre 
les ondes agitéés, ne se cache pas à l'approche dés 
orages, paroît même rechercher les tempêtes, pour 
saisir plus promptement une proie troublée, fatiguée, 
et, pour aipsi dire, à demi vaincue par le boulever- 
sement des flots ; et voilà pourquoi son apparition sur 
| l'Océan a été regardée par des navigateurs comme le 
présage d'un ouragan. | 

Il avale tout entiers dés poissons longs de trois ou 
quatre décimètres. Lorsqu'encore jeune il ne pré- 
sente qu'une longueur d’un mètre, ou environ, sa 
chair n'est pas assez imbibée de graisse pour être 
indigeste ; et de plus elle est très-agréable au goût. 


QUATRE-VINGT-DIX-NEUVIÈME GENRE. 


LES GYMNETRES. 
Point de nageoire de l'anus; une seule nageoire dorsale; 
Les rayons des nageoires thoracines trés-alongés. 
ESPÈCE, CARACTÈRE. 


LE GYMNÈTRE HAWKEN. ë : ; 
, ; Deux rayons à chaque nageoire thoracine, 
(Gymnetrus Hawkenir.) 


LE GYMNÈTRE HAWKEN* 


Les poissons renfermés dans ce genre n’ayant pas 
de nageoire de l'anus, nous aurions inscrit les gym- 
nètres à la tête des thoracins de la cinquième divi- 
sion, Si l'espérance de recueillir de nouveaux rensei- 
gnemens au sujet de ces animaux ne m'avoit fait dif- 
férer jusqu'à ce moment l'impression de cet article. 

‘Les gymnètres ont beaucoup de rapports avec: les 
régalecs ; mais indépendamment de plusieurs diffé- 
rences qu’il est aisé d'appercevoir, et sans considérer, 
par exemple, que les régalecs ont deux nageoires 
dorsales, et que les gymnètres n’en ont qu’une, ces 
derniers appartiennent à l’ordre des thoracins, et les. 
régalecs à celui des apodes. 

Le hawken a été ainsi nommé par reconnoissance 
pour l'ami des sciences naturelles (M. Hawken) qui a 
envoyé dans le temps -un individu de cette espèce à 
Bloch de Berlin. 

Chaque nageoire thoracine de ce poisson est com- 
posée de deux rayons séparés l’un de l’autre, et pro- 
longés en forme de filament jusque vers le milieu de 
la longueur totale de l'animal. À son extrémité, chacun. 


* Gymnetrus Hawkenii.. 
Ed. Block, pl. 423. 


HISTOIRE NATURELLE OO 
de ces rayons s’épanouit, s’élargit, se divise en-six ow 
sept petits rayons réunis par une membrane, et forme 
comme une petite palette arrondie. 

L'ensemble du hawken est d’ailleurs serpentiforme, 
mais un peu comprimé ; la mâchoire inférieure dépasse 
la supérieure ; l'ouverture branchiale est grande ; on 
voit un petit enfoncement au-devant des yeux; la 
nageoire dorsale commence au-dessus de ces derniers 
organes , et s'étend jusqu'à la caudale, comme une 
bande à peu près également élevée dans tous ses points; 
la caudale est en croissant; toutes les nageoires sont 
couleur de sang ; le corps et la queue sont d’un gris 
bleu avec des taches et de petites bandes brunes, 
disposées assez régulièrement. 

L'individu décrit par Bloch avoit été pris auprès 
de Goa. Il avoit plus de huit décimètres de long, et 
pesoit près de cinq kilogrammes. 


CENTIÈME GENRE. 
LES MULLES. 


Le corps couvert de grandes écailles qui se détachent 
aisément; deux nageoires dorsales; plus d'un barbillon 
à la mächoire inférieure. 


ESPÈCES, CARACTÈRES. 


a LE MULLE ROUGET. 


sont dénués d’écailles; point de raies lon- 
(Mullus ruber.) 


Le corps et la queue rouges, même lorsqu'ils 
gitudinales ; les deux mâchoires également 


avancées. 
Le corps et la queue rouges; des raies lon- 
2. LE MULLE SURMULET. P T ges; 3 


itudinales jaunes; la mâchoire supérieure 
(Mullus surmuletus.) 8 1 P 


un peu plus avancée que l’inférieure. 


3, LE MULLE JAPONOIS. 
(Mullus japonicus. ) 


Le corps et la queue jaunes ; point de raies 
longitudinales. 


nale large et rousse, de chaque coté de 
4. LE MULLE AURIFLAMME.) l’animal ; une tache noire vers l’extrémité 
(Muilus auriflamma.) de la ligne latérale; la pageoire de la 
queue , jaune et sans tache ; les barbillons 


blancs ; des dents petites et nombreuses, 


Blanchâtre ; cinq raies longitudinales de 


8. chaque côté, deux brunes et trois jaunes; 
$. LE MULLE RAY la nageoire de la queue rayée obliquement 


(Mullus vittatus.) de brun; les barbillons de la longueur des 


ÉnaleE les écailles légèrement dentées, 


dos comme bronzé; une raie longitudi- 


HISTOIRE NATURELLE: 389: 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 
La. tête, le corps, la queue et les nageoires: 


rouges ; trois taches grandes resque 
6. LE MULLE TACHETÉ. Es 5 5 > presq 


rondes , et noires ,: de chaque côté du: 
(Mullus maculatus.) 


corps; huit-rayons à la première nageoire- 
du dos ; dix à celle de l'anus. 


Une bande très-foncée, transversale, et ter- 

minée en pointe, à l’origine de la pre- 

7. LE MULLE DEUX mière nageoire du dos ; une bande presque: 
BANDES. 


(Mullus bifasciatus.) 


semblable vers l’origine de la queue ; la 
nageoire caudale divisée en deux lobes- 
très-distincts ; la tête couverte d’écailles: 
semblables à celles du dos; les barbillons- 
| épais à leur base , et déliés à leur extrémité. 


Point de raies , de bandes ni de taches ; l’ex-- 

trémité des tes atteignant à l’origine 

8. LE MULLE CYGLOSTOME. 
Cr à HN a de 


des thoracines ; l’ouverture de la bouche- 
représentant une trés-grande portion de: 
cercle ; la ligne latérale, parallèle au dos; 
huit rayons à la première dorsale. 


9: LE MULLE TROIS-) cées, et finissant en pointe ; la tête cou- 
B AN D-ES. 


(Mullus trifasciatus.) 


verte d’écailles semblables à celles du dos : 
l'extrémité des barbillons atteignant à l’ex-- 


À bandes transversales, larges, très-fon-- 


trémité des nageoires thoracines. 


corps; une tache noire vers l’extrémité de 
xo. LE MULLE MACRONÈME. 
(Mullus macronemus) 


la ligne latérale ; sept rayons à la premiere- 
dorsale ; l’extrémité des barbillons attei- 
gnant à l’extrémité des nageoires thora- 


. raie longitudinale de chaque côté du 


cines, 


z1. LE MULLE BARBERIN. 
(Mullus barberinus.) 


corps; une tache noire vers l’extrémité de: 
la ligne latérale ; huit rayons à la première 


E raie longitudinale de chaque côté du: 


dorsale ;. l’extrémité des barbillons n’attei: 


ESPÈCES. 


11. LE MULLE BARBERIN. 
(Mullus barberinus.) 


12. LE MULLE ROUGÉATRE. 
(Mullus rubescens.) 


13. LE MULLE ROUGEOR. 
(Mullus chryserydros.) 


34. LE MULLE CORDON- 
JAUNE. 
(Mullus Jlayolineatus.) 


804 HISTOIRE NATURELLE. 


CARACTÈRES. 
gnant que jusqu’à la seconde pièce des 
opercules ; cette seconde piece garnie d’un 
piquant recourbé. | 


Le corps et la queue rougeâtres ; une tache 


noire vers l’extrémité de la ligne latérale ; 
la seconde dorsale parsemée , ainsi que 
la nageoire de l’anus et celle de la queue, 
de taches brunes et faites en forme de 
lentilles. 


Le corps et la queue rouges; une grande 


tache dorée entre les nageoires dorsales 
et celle de la queue ; des rayons dorés 
aboutissant à l’œil comme à un centre; les 
opercules dénués de piquans , êt non d’é- 
cailles semblables à celles du dos; les bar- 
billons atteignant jusqu’à la base des tho- 
racines, et se recourbant ensuite ; ; quatre 
rayons à la membrane des Pi 


Le dos bleuâtre; une raie latérale et lon- 


gitudinale, dorée; la nageoire de la queue 
et le soinmet de celles du dos, jaunâtres; 
trois pièces à chaque opercule; un petit 
piquant à la seconde pièce operculaire ; les 
opercules dénués d’écailles semblables à 
celles du dos ; quatre rayons à la mem- 
brane des branchies ; les barbillons recour- 
bés , et n’atteignant pas tout-à-fait jusqu’à 
la base des nageoires thoracines, 


LE MULLE ROUGET"* 


Avec quelle magnificence la Nature n'a-t-elle pas 
décoré ce poisson ! Quels souvenirs ne réveille pas ce 
mulle dont le nom se trouve dans les écrits de tant 


* Mullus ruber, 
_ Barbet, dans plusieurs contrées de France. 

Petit surmulet, 614. 

Red surmulet, en Angleterre. 

Smaller red-beard, ibid. 

Der kleine roth-bart, en Allemagne. 

Die rothe see barbe, i6:a. 

Nagarey, par les Taimules. 

Tekir, par les Turos. 

Triglia, ex Italie. 

‘Triglia verace, sur les rivages de la Ligurie. 
- Barboni, à Venise. 

Barbarin, en Portugal, 

Maullus barbatus. Zinné, édition de Gmelin. 

Mus. Adolph. Frid. 2, p. or *. 

Bloch, pl. 348, fig. 2. 

Mulet rouget. Daubenton et Haiüy, Encyclopédie méthodique. | 

Id. Bonnaterre, planches de l’ Encyclopédie méthodique. 

Trigla capite glabro, cirris geminis in maxilla inferiore. 4rtedi, gen. 43, 
syne 73. 

H° mpyre. Aristot, lib. 2, cap. 173 lib. 4, cap. 113 lib. 5, cap. 9; lib. 6, | 
cap. 173 lib. 8, cap. 2,13; ec lib.0, cap. 2, 37. 

Tyan. Ælian, lib. 2, cap. 41, p. 118 ; lib. 9, cap 51,6D,p. 5b7; et lib, 
10, Cap. 2. | 

Athen. lib. 7, p. 324, 325. 

Oppian. lib. x, p. b, 6. 


TOME IIlL 49 


386 HISTOIRE NATURELLE 

d'auteurs célèbres de la Grèce et de Rome! De quelles 
réflexions, de quels mouvemens , de quelles images 
son histoire n’a-t-eile pas enrichi la morale, l’éloquence 
et la poésie ! C’est à sa brillante parure qu'il a dû sa 
célébrité. Et en effet, non seulement un rouge éclatant 
le colore en se mêlant à des teintes argentines sur ses 
côtés et sur son ventre, non seulement ses nageoires 
resplendissent des divers reflets de Por, mais encore le 
rouge dont il est peint, appartenant au corps propre- 
ment dit du poisson, et paroissant au travers des écailles 
très-transparentes qui revêtent l'animal, recoit par sa 
transmission et le passage que lui livre une substance 
diaphane, polie et luisante, toute la vivacité que l'art 
peut donner aux nuances qu'il emploie , par le moyen 
d’un vernis habilement préparé.Voilà pourquoi le rou- 


Plin. lib. 9, cap. 17,18, 6x; et Wib. 32, cap. 10, 11. 

Wotion, lib. 8, cap. 169, fol. 155, &. 

P. Jov. cap. 18, p. 83. 

Mullus minor. Salyian. 

Schone». p.47. 

Willughby, p.28b. 

Mullus. Raj. p. 00. 

Mulus, vel mullus. Cuba, lib, 3, cap. 6o, fol. 84, b. 

Mullus barbatus. Farron, Rustio, Lib, 3, cap. 17. 

Rondelet, première partie, liv. 10, chap. 3. 

Mullus barbatus. Gesner, quai. p. 565. 

Maullus Gesneri, qui minor Salviani dicitur. 4/drovand. lib. 2, CAPE 
TOR 

Bellon, Pisc. p. 170. 

Red surmulet. Brz1. Zoolog. 3, p. 227, n. 7. 

Surmulet, Falmont-Bomare , Dictionnaire d'histoire naturelle, 


DES POISSONS. 387 


get montre encore la teinte qui le distingue lorsqu'il est 
dépouillé de ses écailles ; et voilà pourquoi encore les 
Romains du temps de Varron, gardoient les rougets 
dans leurs viviers, comme un ornement qui devint 
bientôt si recherché , que Cicéron reproche à ses com- 
patriotes l'orgueil insensé auquel ils se livroient, lors- 
qu'ils pouvoient montrer de beaux mulles dans les eaux 
de leurs habitations favorites. 

La beauté a donc été l’origine de la captivité de 
ces mulles ; elle a donc été pour eux, comme pour 
tant d’autres êtres dignes d’un intérêt bien plus vif, 
une cause de contrainte, de gêne et de malheur. Mais 
élle leur a été bien plus funeste encore par un effet 
bien éloigné de ceux qu’elle fait naître le plus souvent; 
elle les a condamnés à toutes les angoisses d'une mort 
lente et douloureuse ; elle a produit dans l'ame de 
leurs possesseurs une cruauté d'autant plus révoltante 
qu'elle étoit froide et vaine. Sénèque et Pline rapportent 
que les Romains fameux par leurs richesses, et abrutis 
par leurs débauches , méloient à leurs dégoütantes 
orgies le barbare plaisir de faire expirer entre leurs 
mains un des mulles rougéts, afin de jouir de la variété 
des nuances pourpres, violettes ou bleues, qui se suc- 
cédoient depuis le rouge du cinabre jusqu'au blane 
le plus pâle, à mesure que l'animal passant par tous 
les degrés de la diminution de la vie, et perdant peu 
à peu les forces nécessaires pour faire -circuler dans 
les ramifications les plus extérieures de ses vaisseaux 


908 HISTOIRE NATURFLLE 


le fluide auquel il avoit dû ses couleurs en même 
temps que son existence *, parvenoit enfin au terme 
de ses souffrances longuement prolongées. Des mou- 
vemens convulsifs marquoient seuls, avec les dégra- 
dations des teintes, l'approche de la fin des tourmens 
du rouget. Aucun son, aucun cri plaintif , aucune 
sorte d’aceent touchant, n’annoncoient ni la vivacité 
des douleurs, ni la mort qui alloït les faire cesser. Les 
mulles sont muets comme les autres poissons ; et nous 
aimons à croire pour l’honneur de l'espèce humaine, 
que ces Romains, malgré leur avidité pour de nouvelles 
jouissances qui échappoient sans cesse à ‘leurs sens 
émoussés par l'excès des plaisirs, n’auroient pu résister 
à la plainte la plus foible de leur malheureuse victime: 
mais ses tourmens n’en étoient pas moins réels; ils n’en 
étoient pas moins les précurseurs de la mort. Et cepen- 
dant le goût de ce spectacle cruel ajouta une telle 
fureur pour la possession des mulles au desir rai- 
sonnable , s'il eût été modéré , de voir ces animaux 
animer par leurs mouvemens et embellir par leur 
éclat les étangs et les viviers , que leur prix devint 
bientôt excessif : on donnoit quelquefois de ces osseux 
leur poids en argent”. Le Calliodore , objet d’une des 
satires de Juvénal , dépensa quatre cents sesterces pour 


: Voyez le Discours sur la nature des poissons. 


2 Des rougets ont pesé deux kilogrammes. Le Kilogramme d'argent vaut 
à peu près 200 francs. 


D ESS N PMOMMS SEONùN 151 1 | 88 
quatre de ces mulles. L'empereur Tibère vendit 4000 
sesterces un rouget du poids de deux kilogrammes, 
dont on lui avoit fait présent. Un ancien consul 
nommé Célère en paya un 8000 sesterces ; et selon 
Suétone , trois mulles furent vendus 30,000 sesterces. 
Les Apicius épuisèrent les ressources de leur art pour 
parvenir à trouver la meilleure manière d’assaisonner 
les mulles rougets ; et c'est au sujet de ces animaux 
que Pline s'écrie : « On s’est plaint de voir des cuisiniers 
» évalués à des sommes excessives. Maintenant c'est 
» au prix des triomphes qu'on achète et les cuisiniers et 
» les poissons qu'ils doivent préparer ». Et que ce luxe 
absurde , ces plaisirs féroces , cette prodigalité folle ; 
ces abus sans reproduction , cette ostentation sans 
goût, ces jouissances sans délicatesse , cette vile dé- 
bauche , cette plate recherche, ces appétits de brute, 
qui se sont engendrés mutuellement , qui n'existent 
presque jamais l'un sans l'autre , et que nous rap 
pellent les traits que nous venons de citer, ne nous 
étonnent point. De Rome républicaine il ne restoit que 
le nom ; toute idée libérale avoit disparu ; la servitude 
avoit brisé tous les ressorts de l'ame ; les sentimens 
généreux s'étoient éteints : la vertu , qui nest que la 
force de lame, n’existoit plus ; le goût, qui ne consiste 
que dans la perception délicate de convenances que 
la tyrannie abhorre, chaque jour se dépravoit ; les arts, 
qui ne prospérent que par l'élévation de la pensée, 
la pureté du goût, la chaleur du sentiment, éteignoient 


990 HISTOIRE NATURELLE 


leurs flambeaux ; la science ne convenoit plus à des 
esclaves dont elle ne pouvoit éclairer que les fers; 
des joies fausses, mais bruyantes et qui étourdissent , 
des plaisirs grossiers qui enivrent , des jouissances sen- 
suelles qui amènent tout oubli du passé, toute con- 
sidération du présent, toutecrainte de l'avenir, des 
représentations vaines de Cés trésors trompeurs en- 
tassés à la place des vrais biens que l'on avoit perdus, 
plusieurs recherches barbares , tristes symptômes de la 
férocité, dernier terme d’un courage abâtardi, devoient 
donc convenir à des Romains avilis, à des citoyens 
dégradés, à des hommes abrutis. Quelques philosophes 
dignes des respects de la postérité s'élevoient encore 
au milieu de cette tourbe asservie : mais plusieurs 
furent immolés par le despotisme ; et dans leur lutte 
trop inégale contre une corruption trop générale, ils 
éternisèrent par leurs écrits la honte de leurs contem- 
porains, Sans pouvoir corriger leurs vices funestes et 
contagieux. 

Les poissons dont le nom se trouve lié avec l'histoire 
de ces Romains dégénérés, ont fixé l'attention de plu- 
sieurs écrivains : mais comme la plupart de ces auteurs 
étoient peu versés dans les sciences naturelles, comme 
d’ailleurs le surmulet a été, ainsi que le rouget , l'objet 
de la recherche prodigue et de la curiosité cruelle que 
nous venons de retracer ,et comme ces deux osseux ont 
les mêmes habitudes, et assez de formes et de qualités 
communes pour qu'on ait souvent appliqué les mêmes 


DS PR O1 SS ON Ss. 391 


dénominations à l’un et à l’autre, on est tombé dans 
une telle confusion d'idées au sujet de ces deux mulles, 
que d'illustres naturalistes très-récens les ont rapportés 
à la même espèce, sans supposer même qu'ils formassent 
deux variétés distinctes. | 

En comparant néanmoins cet article avec celui qui 
suit , il sera aisé de voir que le’rouget et le mulet sont 
différens l’un de l’autre. 

Le devant de la tête du rouget paroît comme tronqué, 
ou , pour mieux dire, le sommet de la tête de cet osseux | 
est très-élevé. Les deux mâchoires , également avancées, 
sont, de plus, garnies d’une grande quantité de petites 
dents. De très-petites aspérités hérissent le devant du 
palais, et quatre os placés auprès du gosier. Deux bar- 
billons assez longs pour atteindre à l’extrémité des 
opercules , pendent au-dessous du museau. Chaque 
narine n'a qu'une ouverture. Deux pièces composent 
chèqne opercule, au-dessous duquel la membrane 
branchiale peut être cachée presque en entier *. La 
ligne latérale est voisine du dos ; l'anus plus éloigné de 
la tète que de la nageoire de la queue , qui est fourchue: 


PO OUR JOCQURE CA ES DC tm 


* À la membrane branchiale 3 rayons. 
à la première nageoire dudos 7 
à la seconde 9 
à chacune des pectorales 15 
à chacune des thoracines _ 6 
à celle de lanus 7 


à celle de la queue 17. 


992 HISTOIRE NATURELLE 


et tous les rayons de la première dorsale, ainsi que le 
premier des pectorales , de l’anale et des thoracines É 
sont aiguillonnés. 

Les écailles qui recouvrent la tête, le corps et la 
queue, se détachent facilement *. 

Le rouget vit souvent de crustacées. Il n'entre que 
rarement dans les rivières ; et il est des contrées où on 
le prend dans toutes les saisons. On le pêche non seu- 
lement à la ligne, mais encore au filet. On ne devine 
pas pourquoi un des plus célèbres interprètes d’Aris- 
tote, Alexandre d’Aphrodisée , a écrit que ceux qui 
tenoient ce mulle dans la main, étoient à l’abri de 
la secousse violente que la raie torpille peut faire 
éprouver *. 

On trouve le rouget dans plusieurs mers , dans le 
canal de la Manche, dans la Baltique près du Dane- 
marck , dans la mer d'Allemagne. vers la Hollande, 
dans l'Océan atlantique auprès des côtes du Portugal, 
de l'Espagne , de la France, et particulièrement à une 
petite distance de l'embouchure de la Gironde, dans 
la Méditerranée aux environs de la Sardaigne, de 
Malte, du Tibre et de l'Hellespont, et dans les eaux qui 
baignent les rivages des isles Moluques. 


: [estomac est composé d’une membrane mince ; vingt-six cœcums sont 
placés auprés du pylore; le foie est divisé en deux lobes, et la vésicule 
du fiel petite. 

2 Voyez l'Histoire naturelle et ltiéraire des poissons, par le savant 
professeur Schneider, page 111, 


DES POISSONS. 399 


Quoique nous ayons vu que l’empereur Tibère ven- 
dit un rouget du poids de deux kilogrammes, ce mulle 
ne parvient ordinairement qu'à la longueur de trois 
décimètres. Il a la chair blanche, ferme, et de très- 
bon goût, particulièrement lorsqu'il vit dans la partie 
de l'Océan qui recoit les eaux réunies de la Garonne 
et de la Dordogne. 


TOME Iile 8Q 


LE MULLE SURMULET* 


Des raies dorées et longitudinales servent à distin- 
gœuer ce poisson du rouget. Elles s'étendent non seu- 
lement sur le corps et sur la queue, mais encore sur la 
tête, où elles se marient, d’une manière très-agréable 
à l'œil, avec le rouge argentin qui fait le fond de la 


%* Mullus surmuletus. 

Barbarin, dans plusieurs contrées de France. 

Rouget barbé, é2:d. 

Mulet barbé, z6rd. 

Tekvyr, ez Turquie. | 

Rothbärt, ex Allemagne. 

Peter mænnchen, dans le Holsteir. 

Goldecken , 2b1d. 

Schmerbuiten, es baguntken, près d'Eckernfærde. 

Konig van de haaring, ex Hollande. | 

Byenaneque , eé baart-mannetje, dans les Moluques hollændoises. 

Ikan tamar, à la Chine. ’ 

Mullus surmuletus. Linné, édition de Gmelin. 

Mulet surmulet. Bonnaterre , planches de l’ Encyclopédie méthodique. 

Bloch, pl. 57. 

Trigla capite glabro, lineis utrinque quatuor luteis, etc. Aréedi, gen. 
43, SY1 72e 

Mullus major. Salvian. 

Mullus major ex Hispania missus. Dire lib. 2, cap. 1, p. 123. 

Mullus major noster et Salviani, Willug chbY, p. 285, tab. S, 7, fige Ye 

Raj. POI, 12 2. 

Brinn. Pise. Massil. p. 7 > + O8. 

Surmulet. Bellon, Aquat. p. 176. 

Striped surmulet. Brit. Zoolog, 3, p. 229, n. 2, 1ab, 18. 


LA 


7 


HISTOIRE NATURELLE, d0b 


couleur de cette partie. Il paroît que ces nuances dis- 
posées en raies appartiennent aux écailles, et par 
conséquent s’évanouissent par la chûte de ces lames, 
tandis que le rouge sur lequel elles sont dessinées, 
provenant de da distribution des vaisseaux sanguins 
près de la surface de l'animal , subsiste dans tout son 
éclat, lors même que le poisson est entièrement dé- 
pouillé de son tégument écailleux. Le brillant de l'or 
resplendit d'ailleurs sur les nageoires; et c’est ainsi que 
les teintes les plus riches se réunissent sur le surmulet, 
comme sur le rouget, mais combinées dans d’autres 
proportions, et disposées d'après un dessin différent. 

L'ouverture de la bouche est petite; la mâchoire 
supérieure un peu plus avancée que l’inférieure ; et la 
ligne latérale parallèle au dos, excepté vers la nageoire 
caudale. Les deux barbillons sont un peu plus longs à 
proportion que ceux du rouget”. 

Le surmulet vit non seulement dans la Méditerra- 
née et dans l'Océan atlantique boréal, mais encore 
dans la Baltique, auprès des rivages des Antilles, et 
dans les eaux de la Chine. Il y varie dans sa longueur 


* 3 rayons à la membrane des branchies. 
7 rayons aiguillonnés à la première nageoire dorsale. 
9 rayons à la seconde. 
19 à chacune des pectorales. 
6 à chacune des thoracines. 
à celle de l'anus. 


4 I 


à celle de la queue. 


996 HISTOIRE NATURELLE 

depuis deux jusqu'a cinq décimètres ; et quoique 
Juvénal. ait écrit qu'un mulle qui paroît devoir être 
rapporté à la même espèce que notre surmulet, a pesé 
trois kilogrammes , on ne peut pas attribuer à un sur- 
mulet, ni à aucun autre mulle, le poids de quarante 
kilogrammes, assigné par Pline à un poisson de la mer 
Rouge , que ce grand écrivain regarde comme un 
mulle , mais qu'il faut plutôt inscrire parmi ces silures 
si communs dans les eaux de l'Égypte, dont plusieurs 
deviennent très-grands, et qui, de même que les 
mulles, ont leur museau garni de très-longs bar- 
billons. 

Le mulle surmulet a la chair blanche, un peu feuil- 
 letée, ferme, très-agréable‘au goût, et, malgré l’au- 
torité de Galien, facile à digérer, quand elle n’est pas 
très-grasse. Nous avons vu dans l’article précédent, 
qu'il étoit, comme le rouget , pour les Romains qui 
vivoient sous les premiers empereurs, un objet de 
recherche et de jouissance insensées. Aussi ce poisson 
avoit-il donné lieu au proverbe, Ve le mange pas qui | 
le prend. Les morceaux que l’on en estimoit le plus:, 
étoient la tête et le foie. 

Il se nourrit ordinairement de poissons très-jeunes, 
de cancres, et d'animaux à coquille. Galien a écrit 
que l'odeur de ce poisson étoit désagréable, quand il 
avoit mangé des cancres ; et suivant Pline, il répand 
cette mauvaise odeur, quand il a préféré des animaux 
à coquille. Au reste, comme le surmulet est vorace, il 


; 
DES POISSONS. 397 


se Jette souvent sur des cadavres, soit d'hommes, soit 
d'animaux. Les Grecs croyoient même quil poursuivoit 
et parvenoit à tuer des poissons dangereux ; et le 
regardant comme une sorte de chasseur utile, ils 
l'avoient consacré à Diane. | 

Les surmulets vont par troupes, sortent, vers le . 
commencement du printemps, des profondeurs de la 
mer, font alors leur première ponte auprès des em- 
bouchures des rivières, et, selon Aristote, pondent 
trois fois dans la même année, comme d’autres mulles, 
et de même que plusieurs trigles. 

On les pêche avec des filets, des louves *, des nasses, 
et sur-tout à l’hamecon; et dans plusieurs contrées, 
lorsqu'on veut pouvoir les envoyer au loin sans qu'ils 
se gâtent, on les fait bouillir dans de l’eau de mer 
aussitôt après quils ont été pris, on les saupoudre de 
farine, et on les entoure d'une pâte qui les garantit de 
tout contact de l'air. 

Nous ne rapporterons pas le conte adopté par 
Athénée, au sujet de la prétendue stérilité des sur- 
mulets femelles, causée par de petits vers qui s'en- : 
gendrent dans leur corps lorsqu'elles ont produit 
trois fois. Nous ne réfuterons pas l'opinion de quel- 
ques auteurs anciens qui ont écrit que du vin dans 
lequel on avoit fait mourir des surmulets, rendoit 
incapable d'engendrer, et que ces animaux attachés. 


EEE EEE EEE RER EEE ESS RER 


* Voyez, relativement à la Jouve, l’article du pétromyzon lamproie: 


398 HISTOIRE NATURELLE. 
cruds sur une partie du corps, guérissoient de la jau- 
nisse ; et nous terminerons cet article en disant que 


ces poissons ont le canal intestinal assez court, et 
vingt-six cœcums auprès du pylore. 


LE MUILLE JAPONOI,S : 


Ces 


GE poisson qu'Houttuyn a fait connoître, ressemble 
beaucoup au rouget et au surmulet; mais il en diffère 
par la petitesse des dents dont ses mâchoires sont gar- 
nies, si même elles n'en sont pas entièrement dénuées : 
et d'ailleurs il ne présente pas de ‘raies longitudi- 
nales; et sa couleur est jaune, au lieu d'être rouge. Il 
habite dans les eaux du Japon, ainsi que l'indique son 
nom spécifique ‘ 


5 Mallus japonicus. 
Id. Linné, édition de Gmelin. 
Houttuyn, Act. Haarl. XX, 2,p. 334, m 23 


* À la première nageoire du dos 7 rayons. 
à la seconde s) 


LE MULLE AURIFLAMME: 


ForskAEL a vu ce poisson dans la mer d'Arabie: 
Ajoutons à ce que nous en avons dit dans le tableau 
de son genre, que les côtés de sa tête sont tachés de 
jaune; que deux raies jaunes ou couleur d'or sont 
placées au-dessous de sa queue ; que la même nuance 
distingue ses dorsales ; que ses pectorales, son anale 
et ses thoracines sont blanchâtres; et enfin que les 
écailles dont il est revêtu, sont ne dans 
une partie de leur circonférence *. 

Un des dessins de Commerson, que nous avons fait 
graver, présente une variété de l’auriflamme. 


: Mullus auriflamma, 

Id. Zinné, édition de Gmelin. 

Forskael, Faun. Arab. p. 30, n. 19. 

Mulet ambir. Bonnaterre , planches de l’ née Doned méthodique, 


# 3 rayons à la membrane des branchies. 
7 rayons aiguillonnés à la première nageoire du dos. 
1 rayon aïiguillonné et 9 rayons articulés à la ice dorsale, 
x7 rayons à chaque pectorale. 
6 rayons à chaque thoracine, 
2 rayons aiguillonnés et 7 rayons articulés à celle de l’anus, 
go rayons à celle de la queue, 


Marg . Renow Jeup ; 


= 


} 


e Jeve del. 


Pl ) 
ja PA 


<a. 


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à 


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—— 


LE MULLE RAYÉ: 


Les petites dents qui garnissent les mâchoires de ce 
mulle, sont serrées les unes contre les autres. Ses 
nageoires pectorales, thoracines , et anale, sont blan- 
châtres ; les dorsales présentent des raies noires sur un 
fond blanc. On peut voir les autres traits du rayé, dans 
le tableau de son genre. Ce poisson habite la mer 


d'Arabie =. 


* Mullus vittatus. 

Id. Zinné , édition de Gmelin. 

Forskael, Faun. Arabic.p.31 , n. 20. 

Mulet rayé. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique, 


. 2.3 rayons à la membrane des branchies. 
7 rayons aiguillonnés à la première nageoire du dos. 
z rayon aiguillonné et 9 rayons articulés à la seconde. 


TOME Ill AB E 


LE D 1 es es PE dan an à 8 9 D 


Marcerave, Pison, Ruysch, Klein,'et le prince 
Maurice de Nassau, cité par Bloch, ont parlé de ce 
mulle, que le professeur Gmelin ne regarde que comme 
une variété du surmulet. On trouve le tacheté dans la 
mer des Antilles ; et on le pêche aussi dans les Jacs 
que le Brésil renferme. Ce poisson a dans certaines 
eaux, et particulièrement dans celles qui sont peu 
agitées, la chair tendre, grasse et succulente. Les 
deux mâchoires sont également avancées ; l'ouverture 
de l’anus* est placée vers le milieu de la longueur 
totale; une belle couleur rouge répandue sur pres- 
que tout l’animal est relevée par la teinte dorée ou 


? Mullus maculatus. 

Salmoneta , en Espagne et en Portugal. 

Pirametara, au Présil. 

Bloch, pl. 348, fig. x. 

Mullus surmuletus, var. 8. Linné, édition de Gmelin. 
Marcgr. Prasil. 1871. 

Piso. Ind. p. 60. 


* À Ja première nageoire du dos 8 rayons. 


à la seconde 10 
à chaque peetorale 15 
à chaque thoracine 6 
à celle de l'anus 10 


à celle de la queue 19 


HISTOIRE NATURELLE 409 
_jaune des barbillons, ainsi que du bord de la nageoire 
caudale, et par trois taches noires, presque rondes 


et assez grandes, que l'on voit de chaque côté sur la 
ligne latérale. 


LE MULLE DEUX-BANDES; 
LE MULLE CYCLOSTOME», | 


LE MULLE TROIS-BANDES*. 


ET LE MULLE MACRONEME* 


C'EsT d’après les observations manuscrites de Com- 
merson, qui m'ont été remises dans le temps par 
Buffon, que j'ai inscrit parmi les mulles ces quatre 
espèces encore inconnues des naturalistes, et dont j'ai 
fait graver les dessins exécutés sous les yeux de ce 
célèbre voyageur. 

Le tableau des mulles présente les traits principaux . 
de ces quatre poissons : disons uniquement dans cet 
article , que le deux-bandes a les écailles de sa partie 
supérieure tachées vers leur base, et ses mâchoires. 
garnies de petites dents‘; que le cyclostome® a sa 


: Mullus bifasciatus. 
? Mullus cyclostomus.. 
3 Mullus trifasciatus. 
# Mullus macronemus. 
5 7 rayons aiguillonnés à la première dorsale du mulle deux-bandes.. 
x rayon aiguillonné et 9 rayons articulés à la seconde. 
6 ou 7 rayons à celle de l’anus. 
6 La dénomination de cyclostome désigne la forme de la bouche : xvxaos. 


signifie cercle; et roux. bouches. 


ee = 
Me Deseue cflius del 


] dlerey ; Jul | 


(5 


HISTOIRE NATURELLÉ. 465 
nageoire caudale non seulement fourchue comme celle 
de presque tous les mulles, maïs encore très-grande, 
et de petites dents à ses deux mâchoires ; que les 
opercules du trois - bandes sont composés chacun de 
deux pièces, et ses deux nageoires dorsales très-rap- 
prochées*; que le macronème? a les thoracines beau- 
coup plus petites que les pectorales, et une bande 
longitudinale et très-foncée sur la base de la seconde 
dorsale ‘; et enfin que de petites dents arment les 


-mâchoires du macronème et du trois-bandes, qui l’un 


et l’autre ont, comme le cyclostome, la mâchoire 
inférieure plus avancée que la supérieure. 


1 8 rayons aiguillonnés à la première dorsale du cyclostome. 
x rayon aiguillonné et 8 rayons articulés à la seconde. 
7 ou 8 rayons à celle de l’anus. 
# 7 rayons aiguillonnés à la première dorsale du trois-bandes. 
rayons à la seconde. 
gra | 
6 où: 7 rayons à celle de Panus. 
3 Mars veut dire long; et ma, fil, filament, barbillon. 


# 7 rayons aiguillonnés à la première dorsale du macronème. 
8 où 9 rayons à la seconde. 
7 ou 8 rayons à celle de Panus. 


LE MULLE BARBERIN; 
LE MULLE ROUGEATRE: 
LE MULLE ROUGEOR:, 


ET LE MULLE CORDON-JAUNE#. 


Voici quatre autres espèces de mulles, encore incon- 
nues des naturalistes, et dont nous devons la descrip- 
tion à Commerson. 

Le barberin parvient jusqu’à la longueur de quatre 
ou cinq décimètres. Sa partie supérieure est d'un verd 


5 Mullus barberinus. 
Mullus binis in mento cirris, tæniâ longitudivali nigrâ , ocelloque cauds 


utrinque nigricante , etc. Commerson, manuscrits déja cités, 


? Mullus rubescens. 

Surmulet, Commerson, manuscrits déja cités. 

Mullus rubescens, maculâ supra caudæ basin nigrâ, pinnâ dorsi secundä, 
anali , et caudà fuscä , lenticulatis, Id. ibid, 


8 Mullus chryserydros. \ 

Maullus rubens, dorso inter pinnam cogrominem et caudæ basin flaves- 
cente , Jineis aureis circa oculos radiatis, Commerson, manuscrits déja 
c'éés. i 

# Mullus flavo lineatus. 

Mullus lineâ laterali flayo deauratâ, caudA apicibusque pinnarum 


superiorum sublutescentibus. Commerson, manuscrits déja cités, 


HISTOIRE NATURELLE. 4077 
foncé, mêlé de quelques teintes jaunes; du rougeâtre 
et du brun règnent sur la portion la plus élevée de 
la tête et du dos; une raie longitudinale et noire s'étend 
de chaque côté de l'animal, dont la partie inférieure 
est blanchâtre; une tache noire, presque ronde, et 
assez grande, paroît vers l'extrémité de chaque ligne 
latérale ; et une couleur incarnate distingue les 
nageoires *. 

La mâchoire supérieure extensible, et un peu plus 
avancée que l'inférieure, est garnie, comme celle-ci, 
de dents aiguës, très-courtes et clair -semées; la 
langue est cartilagineuse et dure; quelques éeailles 
semblables à celles du dos sont répandies sur les 
opercules, au-dessous de chacun desquels Commerson 
a vu le rudiment d'une cinquième branchie; la ligne 
latérale qui suit la courbure du dos, dont elle est vai- 
sine, est composée, comme celle de plusieurs mulles, 
d'une série de petits traits ramifiés du côté du dos, et 
semblables aux rais d’une demi-étoile ; et enfin, les 
écailles qui revêtent le corps et la queue, sont striées 
en rayons vers leur base, et finement dentelées à leur 
extrémité, de manière à donner la même sensation 


rayons à la membrane des branchies, 
à la premiere naseoire du dos. 
à la seconde {le dernier est beaucoup plus long que les autres). 
à chacune des pectorales. 
à chacune des thoracines, 
à celle de l’anus. 


Lei 
©CtaY AJ © TJ Lo 


à celle de la queue, qui est tres-fourchue. 


Je 


408 HISTOIRE NATURELLE | 
qu’une substance assez rude, à ceux qui frottent le 
poisson avec la main, en la conduisant de la queue 
vers la tête. | 

Le barberin habite la mer voisine des Moluques, 
dont les-habitans apportoient dans leurs barques un 
grand nombre d'individus de cette espèce au vaisseau 
sur lequel Commerson naviguoit en septembre 17606. 

Le rougeâtre, dont les principaux caractères sont 
exposés dans le tableau générique des mulles, parvient 
communément, selon Commerson, à la longueur de 
trois décimètres eu environ. 

nil paroif que le rongeor ne présente pas ordinaire- 
ment des dimensions aussi étendues que celles du 
rougeâtre, et que sa longueur ne dépasse guère deux 
décimètres. On le trouve pendant presque toutes les 
saisons, mais cependant assez rarement, auprès des 
rivages de l'Isle de France, où Commerson l’a observé 
en février 1770. Ses couleurs brillantes sont indiquées 
par son nom. Il resplendit de l'éclat de l'or, et de 
celui du rubis ou de l’améthyste. Un rouge foncé et 
nssez semblable à celui de la lie du vin paroît sur 
presque toute sa surface. Une tache très - grande, 
très-remarquable , très-dorée, s'étend entre les na- 
geoires dorsales et celle de la queue, descend des deux 
côtés du mulle, et représente une sorte de selle ma- 
gnifique placée sur la queue de l'animal. Les yeux 
sont d’ailleurs entourés de rayons dorés et assez longs; 
et des raies jaunes ou dorées sont situées obliquement 


DE 8 016 SES o NE IH. oo 
sur la seconde dorsale et sur la nageoire de l'anus *. 
La mâchoire supérieure est extensible, et un peu 
plus longue que l’inférieure; les deux mâchoires sont 
garnies de dents courtes, mousses, disposées sur un 
seul rang, et séparées l’une de l’autre; la langue est 
attachée à la bouche dans tout son contour; des dents 
semblables à celles d'un peigne :garnissent le côté 
concave de l'arc osseux de la première branchie; à la 
place de ces dents, on voit.des stries dans la concavité 
des arcs osseux des autres trois organes respiratoires. 
Sa chair est d’un goût agréable; mais celle du cordon- 


jaune est sur-tout très-recherchée. 


Ce dernier mulle paroît dans différentes saisons de 
l'année. Sa grandeur est à peu près égale à celle du 


rougeor. Sa partie supérieure est d'un bleu mêlé de 


brun, sa partie inférieure d’un blanc argentin; et ces 
nuances sont animées par un cordon ou raie longitu- 
dinale d'un jaune doré, qui règne de chaque côté de 
l'animal. 

Ajoutons que le sommet des deux nageoires dorsales 
présente des teintes jaunâtres; qu'on voit quelquefois 


# 4 rayons à la membrane des branchies du rougeor (le quatriémä 
est très-éloigné des autres ). 


7 à la première nageoire dorsale. 
19 à la seconde. 
16 à chacune des pectorales. 

6 à chacune des thoracines. 

8 à celle de l’anus. 
1 à celle de la queue, qui est très-fourchue. 


Uv 
(a 


TOME lil. 


4IO HISTOIRE NATURELLE. 


au-devant des yeux une ou deux raies obliques jaunes: 
ou dorées; et que lorsque les écailles ont été détachées 
du poisson par quelque accident, les muscles montrent 
un rouge plus ou moins vif. 

Les formes du .cordon-jaune ont beaucoup de rap- 
ports avec celles du rougeor; mais ses dents sont beau 
coup plus petites, et même à peine visibles *. 


* A la membrane des branchies du cordon-jaune, 


4 rayons, 
à la première nageoire dorsale Lo 
à la seconde : 8 
à chaque pectorale T6 
à chaque thoracine 6 
à celle delPanus . 8 
à celle de la queue, qui est fourchue, 15 


CENT UNIÈME GENRE. 


BE ST A POTCONS: 


Les écailles grandes et faciles à détacher; le sommet de 
la 1ête élevé; deux nageoires dorsales; point de bar- 
billons au-dessous de la mächoire inférieure. 


ESPÈCE. . CARACTÈRE. 


L’APOGON ROUGE. fSix rayons aiguillonnés à la première na- 
: (Apogon ruber.) geoire dorsale. 


LAPOGON ROUGE: 


CE poisson vit dans les eaux qui baignent les rochers 
de Malte. Il est remarquable par sa belle couleur rouge. 

L'ouverture de sa bouche est grande : son PIRE et ses 
deux mâchoires sont hérissés d’ aspérités *. On ignore 
pourquoi on l'a nommé roi des mulles, des trigles, ou 


des rougets*. 


* Apogon ruber. 
Re ditriglia, à Walie. 
Mullus imberbis, Zirné, édition de Gmelin. 
Maulet, roi des rougets. Daubenton , Encyclopédie méthodique. 
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 
Trigla capite glabro, tota rubens, cirris carens, Artedi, gen. 43, 
SY7s 72. 
Mullus imberbis, sive rex ste Willughby, p. 286. 
Raj. p. 91. 
z 6 rayons à la première dorsale. 
2 rayons aiguillonnés et 8 rayons articulés à la seconde. 
12 rayons à chaque pectorale. 
6 rayons à chaque thoracine. - 
2 rayons aiguillonnés et 8 rayons articulés à la nageoire de l’anus.. 
20 rayons à ul de la queue, qui est échancrée. 


S’Aruyur signifie ëmberbe, Sans barbe, sans barbillons. 


CENT DEUXIÈME GENRE. 


LES LONCHURES. 

La nageoire de la queue lancéolée; cette nageoire et les 
pectorales aussi longues, au ÿnoins, que le quart de la 
longueur totale de l'animal; la nageoire dorsale longue, 
et profondément échancrée; deux barbillons à la md- 
choire inférieure. | | 


ESPÈCE. 
LE LONCHURE DIANÈME. { 
(Lonchurus dianema.) 


CARACTÈRE. 
Le premier rayon de chaque thoracine ter 
miné par un long filament, 


LÉ LONCHURE DIANÈME: 


C’EesT Bloch qui a fait connoître ce genre de poisson, 
auquel nous n'avons eu besoin que d'assigner des 
caractères précis, véritablement distinctifs, et ana- 
Jogues à nos principes de distribution méthodique. 
La seule espèce que l’on ait encore inscrite parmi ces 
lonchures, ou poissons à longue queue, est remarquable 
par la longueur du filament qui termine le premier 
rayon de chaque thoracine*; et voilà pourquoi nous 
l'avons nommée dianème, qui veut dire deux Jils ou 
deux filamens. L'individu que Bloch a vu, lui avoit été 
envoyé de Surinam. Le museau étoit avancé au-dessus 
de la mâchoire d'en-haut; la tête comprimée et cou- 
verte en entier d'écailles semblables à celles du dos; 
la mâchoire supérieure égale à l'inférieure, et garnie, 
comme cette dernière, de dents petites et pointues ; 
EE PEUR EN PONT ARRETE R A ER Re R EPP ER ER EURE 

: Lonchurus flianema. 

Lonchurus barbatus. Bloch, pl. 360. 


z Ala membrane branchiale 5 rayons. 
à la nageoire dorsale 46 
à chacune des pectorales 15 
à chacune des thoracines 6 
à celle de lanus 
à celle de la queue zô 


F ‘antérieure 2 le Pre ne 1 de 


; pe latérale, voisine du dos; et presque | toute la ee de 
l'animal, di une couleur brune mêlée de rongeñtre. : 


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CENT TROISIÈME GENRE. 
LES MACROPODES. | 


Les thoracines au moins de la longueur du corps propre- 

_ ment dit; la nageoire caudale très-fourchue, et. à peu 
prés aussi longue que le tiers de la longueur totale de 
l'animal; la tête proprement dite et les opercules revêtus 
d'écailles semblables à celles du dos; l'ouverture de la 
bouche très-petite. | 


_ ESPÈCE, CARACTÈRES. 
Les écailles variées d’or et de verd ; toutes les 


LE MACROPODE VERD-DORÉ. . À ? 
“ nageoires rouges; une petite tache noire 


Macropadus viridi-auratus. 
{ P “ ) sur chaque opercule. 


LE MACROPODE VERD-DORÉ*. 


Ls verd-doré ne parvient qu’à de petites dimensions : 
il n’a ordinairement qu'un ou deux décimètres de long : 
mais il est très-agréable à voir; ses couleurs sont 
magnifiques, ses mouyemens légers, ses évolutions 
variées; il anime et pare d'une manière charmante 
l'eau limpide des lacs; et il n’est pas surprenant que 
les Chinois, qui cultivent les beaux poissons comme 
les belles fleurs, et qui aiment, pour ainsi dire, à faire 
de leurs pièces d'eau, éclairées par un soleil brillant, 
autant de parterres vivans, mobiles, et émaillés de 
toutes les nuances de l'iris, se plaisent à le nourrir, à 
le multiplier, et à multiplier aussi son image par une 
peinture fidèle. 

Les petits tableaux ou peintures sur papier, exécutés 
à la Chine avec beaucoup de soin, qui représentent 
la Nature avec vérité, qui ont été cédés à la France 
par la république batave, et que l'on conserve dans 
le Muséum national d'histoire naturelle, renferment 
l’image du verd-doré vu dans quatre positions, ou plutôt 
dans quatre mouvemens différens. Le nom spécifique 
de ce poisson indique l'or et le verd fondus sur sa 
surface et relevés par le rouge des nageoires. Ce 


* Macropodus viridi-auratus. 
TOME Ill #3 


ÂAS. “HIS MOÏRE NATURELLE 


rouge ajoute d'autant plus à la parure de l'animal; 
que ses instrumens de natation présentent de grandes 
dimensions, particulièrement la nageoire caudale et 
les thoracines ; et la longueur de ces thoracines, qui 
sont comme les pieds du poisson, est le trait qui nous 
a suggéré le nom générique de macropode, lequel 
signifie {ong pied. 

Au reste, le verd-doré n’a pas de dents, ou n’a que 
des dents très-petites. Chaque opercule n’est composé 
que d'une pièce; et sur la surface de cette pièce on voit 
une tache petite, ronde, très-foncée, faisant de loin 
l'effet d'un vide ou d’un trou, et imitant l’orifice de 
l'organe de l'ouie d’un grand nombre de quadrupèdes 
ovipares. | Mi 


NOMENCLATURE 


Des LABRES, CHEILINES, CHEILODIPTÈRES, 
OPHICÉPHALES, HOLOGYMNOSES, SCARES, 
OSTORHINQUES, SPARES, DIPTÉRODONS, 
LUTJANS, CENTROPOMES, BODIANS, 
TÆNIANOTES, SCIÈNES, MICROPTÈRES, 
HOLOCENTRES, ET PERSÈQUES. 


Les poissons renfermés dans les dix-sept genres que 
nous venons de nommer, forment bien plus de deux 
cents espèces, et composent par leur réunion une 
tribu, à l'examen, à la description, à l’histoire de 
laquelle nous avons dû apporter une attention toute 
particulière. En effet, les caractères généraux par les- 
. quels on pourroit chercher à la distinguer, se rap- 
prochent beaucoup de ceux des tribus ou des genres 
voisins. De plus, les espèces qu'elle comprend, ne sont 
séparées l’une de l’autre que par des traits peu pro- 
noncés , de manière que depuis le genre qui précéde- 
roit cette grande et nombreuse tribu en la touchant 
immédiatement dans l'ordre le plus naturel, jusqu'à 
_ celui qui la suivroit dans ce même ordre en lui étant 
aussi immédiatement contigu, on peut aller d'espèce 
en espèce en ne parcourant que des nuances très- 
rapprochées. Et coment ne s’ayanceroit-on pas ainsi, 


42©0 HISTOIRE NATURELLE 


en ne rencontrant que des différences très-peu sen- 
sibles, puisque les deux extrêmes de cette série se 
ressemblent beaucoup , sont placés, par conséquent, 
à une petite élévation l’un au-dessus de l’autre, et 
cependant communiquent ensemble, si je puis em- 
ployer cette expression, par plus de deux cents degrés ? 

Les divisions que l’on peut former dans cette longue 
série, ne peuvent donc être déterminées qu'après beau- 
coup de soins, de recherches et de comparaisons; et 
voilà pourquoi presque tous les naturalistes, même les 
plus habiles, n'ayant pas eu à leur disposition assez 
de temps, ou des collections assez nombreuses, ont 
établi pour cette tribu, des genres caractérisés d'une 
manière si foible, si vague, si peu constante, ou si 
erronée , que, malgré des efforts pénibles et une 
patience soutenue, il étoit quelquefois impossible, en 
adoptant leur méthode distributive, d'inscrire un indi- 
vidu de cette tribu, que l’on avoit sous les yeux, dans 
un genre plutôt que dans un autre, de le rapporter à 
sa véritable espèce, ou, ce qui est la même chose, d'en 
reconnoitre la nature. 

Bloch avoit senti une partie des difficultés que je 
viens d'exposer; il a proposé, en conséquence, pour les 
espèces de cette grande famille, plusieurs nouveaux 
genres, dont J'ai adopté quelques uns : mais son tra- 
vail à l'égard de ces animaux m'a paru d'autant plus 
insuffisant, qu'il n’a pas traité de toutes les espèces de 
cette tribu connues de son temps ; qu'il n’avoit pas à 


DiÉE St ŒETIGH)SUSE ON. S: A2 


classer les espèces dont je vais publier, le premier, 
la description; que les caractères génériques qu'il a 
choisis, ne sont pas tous aussi importans qu'ils doivent 
l'être pour produire de bonnes associations géné- 
riques ; et enfin, qu'ayant composé plusieurs genres 
pour la tribu qui nous occupe, long-temps après avoir 
formé pour cette même famille un assez grand nombre 
d’autres genres , sans prévoir, en quelque sorte, le 
besoin d'un supplément de grouppes, il avoit déja 
placé dans ses anciens genres, des espèces qu'il devoit 
rapporter aux nouveaux genres qu'il vouloit fonder. 
Profitant donc des travaux de mes prédécesseurs, 
de l'avantage de pouvoir examiner d'immenses collec- 
tions , des observations nombreuses que plusieurs 
naturalistes ont bien voulu me communiquer, et de: 
l'expérience que j'ai acquise par plusieurs années 
d'étude et par les différens cours que j'ai donnés, 
j'ai considéré dans leur ensemble toutes les espèces 
de la tribu que nous avons dans ce moment sous les 
yeux ;, je l'ai distribuée en nouveaux grouppes ; et 
recevant certains genres de Linné et de Bloch, mo- 
difiant les autres ou les rejetant, y ajoutant de nou- 
veaux genres, dont quelques uns avoient été indiqués 
par moi dans mes cours et adoptés par mon savant 
ami et. confrère le citoyen Cuvier dans ses Élémens 
d'histoire naturelle, donnant enfin à toutes ces sections, 
des caractères précis, constans et distincts, j'ai terminé 
l'arrangement méthodique dont on va voir le résultat. 


422 HISTOIRE NATURELLE 

J'ai employé et circonscrit d’une manière nouvelle 
et rigoureuse les genres des labres, des scares, des 
spares, des lutjans, des bodians, des holocentres , et 
des persèques. J'ai introduit parmi ces associations 
particulières le genre des ophicéphales, proposé récem- 
ment par Bloch. Séparant dans chaque réunion les 
poissons à deux nageoires dorsales, de ceux qui n'en 
offrent qu'une, j'ai fait naître le genre des cheilodip- 
tères dans le voisinage des labres, celui des diptéro- 
dons auprès des spares, celui des centropomes à la 
suite des lutjans, celui des véritables sciènes, que l’on 
a eu jusqu'ici tant de peine à reconnoitre, à une petite 
distance des bodians. J'ai placé entre ces sciènes et les 
bodians, le nouveau genre des {œnianotes, qui forme 
un passage naturel des unes aux autres ; j'ai inscrit le 
nouveau grouppe des cheïlines entre les labres et les 
cheilodiptères, celui des Aologymnoses entre les ophicé- 
phales et les scares, celui des ostorhinques entre les 
sçares et les spares, celui des zzicroptéres entre les 
sciènes et les holocentres ; et j'ai distribué parmi les 
labres, parmi les lutjans, ou parmi les holocentres 
les espèces appliquées par Bloch à ses genres des 
johnius, des anthias, des épinéphéles, et des £gyrnnocé- 
phales, qui m'ont paru caractérisés par des traits spé- 
cifiques plutôt que par des caractères génériques, et 
que, par conséquent , je n'ai pas cru devoir admettre 
sur mon tableau général des poissons. 

Toutes ces opérations ont produit les dix-sept genres 


DANS M MEMONTIANS OÙ NS 423 
des /abres, des cheilines, des cheïilodipières, des ophicé- 
phales, des holosymnoses, des scares, des ostorhinques,. 
des spares, des diptérodons, des lutjans, des CERLOPOINES,. 
des odians, des 1ænianotes, des sciènes, des mmicroptéres, 
des holocentres, et des persèques, dont nous allons: 
tâcher de présenter les formes et les habitudes. 


CENT QUATRIÈME GENRE. 
LES LABRES. 


La lèvre supérieure extensible; point de dents incisives ni 
molaires; les opercules des branchies, dénués de piquans 
et de dentelure; une seule nageoire dorsale; cette na- 
geoire du dos très-séparée de celle de la queue, ou très- 
éloïonée de la nuque, ou composée de rayons terminés 
par un flament. 


PREMIER SOUS-GENRE. 
La nageoire de la queue, fourchue, ou en croissant. 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 


Dix aiguillons et onze rayons articulés à la 

nageoire du dos; la mâchoire inférieure 

1. LE LABRE HÉPATE. plus avancée que la supérieure; une tache 
(Labrus }patus.) noire vers le milieu de la longueur de la 
nageoire. dorsale; des bandes transversales 


noires. 


Treize aiguillons et sept rayons articulés à 
2. LE LABRE OPERCULÉ, la nageoire du dos; une tache sur chaque 
(Labrus operculatus.) opercule, et neuf ou dix bandes transver- 


L" 


sales brunes. 


Chaque opercule prolongé par une membrane 
3. LE LABRE AURITE, 


alongée , arrondie à son extrémité et noi- 
{Labrus auritus.) à 


râtre. 


HISTOIRE NATURELLE. 425 


ESPÈCES, CARACTÈRES. 


2 Sept aiguillons à la nageoire dorsale; les 
4. LE LABRE FAUCHEUR. premiersrayons articulés de cette nageoire, 
(Labrus falcatus.) et de celle de anus, prolongés de manière 

à leur donner la forme d’une faux. 


Neuf aiguillons et dix rayons articulés à la 
5. LE LABRE OYÈNE. 
(Labrus oyena.) 


nageoire du dos ; les deux lobes de Ja na- 
geoire caudale, lancéolés; les deux mâ- 
choires égales; la couleur argentée. 


thoracines réunies l’une à l’autre par une 
6. LE LABRE SAGITTAIRE. 


membrane; Ja mâchoire inférieure plus 
(Labrus jaculairix.) 


avancée que la supérieure; cinq bandes 
transversales. 


k nageoire du dos éloignée de a puque ; les 


7. LE LABRE CAPPA. 


(Labrus cappa.) 


Onze aïguillons et douze rayons articulés à 
la nvageoire du dos; un double rang d’é- 


cailles sur les côtés de la tête. 


Re acer) pageoire du dos; une pièce ou feuille 


(Labrus lepisma.) 


écailleuse , de chaque côté du sillon lon- 
gitudinal, dans lequel cette nageoire peut 


E aiguillons et neuf rayons articulés à la 


être couchée. 


Onze aiguillons et dix rayons articulés à.la 


{ 

rc hpud 

@. LE LABRE UNIMACULÉ.} als. 
| | nageoire du dos ; une tache brune sur 


Labrus unimaculatus. ed : 

( ) chaque côté de l'animal. 

Dix aiguillons et quinze rayons articulés à la 
nageoire dorsale ; les thoracines réunies 


luve à Pautre par une membrane ; deux 
30. LE LABRE BOHAR. 


dents de la mâchoire supérieure assez 
(Labrus bohar.) \ | 


longues pour dépasser Pinférieure ; la cou- 
leur rougeûtre , avec des raies et des 
taches irrégulières blanchâtres. 


TOME El, | ô4 


ÂA26 HISTOIRE NATURELLE 


ESPÈCES, CARACTÈRES. 
é Le dos élevé en bosse ; les écailles rouges à 
11. LE LABRE BOSSU.. leur base, et blanches à leur sommet; 
(Labrus gibbus.) deux dents de la mâchoire supérieure une 


fois plus longues que les autres. 


ns ; | A 
(Läbris nécer.) rales falciformes, et plus longues que les 
thoracines ; la pièce antérieure de chaque 


opercule at éieaé échancrée. 


Dix rayons aïguillonnés et quatorze rayons 


à rti È ire do : syr 
RER PRE PA ne articulés à la nageoire dorsale ; la lèvre 


ñ - 
(Labrus argentatus.) 


Dix rayons aiguillonnés et point de rayons 

mr one - articulés à la nageoire du dos; les pecto- 
inférieure plus longue que la supérieure ; la 

pièce postérieure de chaque opercule an- 


guleuse du côté de la queue. 


Dix rayons. aiguillonnés et dix rayons arti- 


culés à la nageoiïire dorsale; trois rayons 
14. LE LABRE NÉBULEUX. lés $8 Y 


(Labrus nebulosus.) aiguillonnés et sept rayons ar Re à celle 


F de l’anus ; les rayons des nageoires terminés 
par des filamens. 
{Onze rayons aiguillonnés et douze rayons 
- articulés à la nageoire du dos; cette na- 
ED: LE LABRE GRISATRE, ; : 
geoire et celle de l’anus, prolongées et 
(Labrus cinerascense) ) 
anguleuses vers la caudale; une seule 
rangée de dents très-menues. 

(Un aiguillon couché horizontalement vers la 
16, LE LABRE ÂRMÉ “| 


tête, au-deyant de la nageoire du dos; la 
(Labrus armatus.) 


ligne latérale droite; la couleur argentée. 


articulés à la nageoire du dos; la mâ- 
choire inférieure plus avancée que la su-. 


. LE LABRE CHAPELET, Be ; : 
périeure ; huit séries de taches tres-petites, 


noPL catenula.) { k Fe 
rondes et égales, sur chaque côté de l’ani- 


mal ; deux bandes transversales sur la tête 


de rayons aiguillonnés et treize rayons 


ou la nuque; le dos élevé. 


É HÉSITER ES HO NAS 427 


ESPÈCES. CARACTÈRES 


x 


18, LE LABRE LONG- culés à la nageoire dorsale ; le museau 
MUSEAU. 


(Labrus longirostris.) 


très-avancé; chaque opercule composé de 
deux pièces dénuées d’écailles semblables 
à celles du dos. 


Eee aiguillonnés et dix rayons arti- 


rayons plus hauts que la membrane; la 
19. LE LABRE THUNBERG. mâchoire inférieure un peu plus avancée 
(Labrus Thunberg.) que la supérieure ; la courbure du dos, et 
celle de la partie inférieure dè l’animal, 
diminuant à la fin de la nageoire dorsale 


et de celle de lanus. 


Onze rayons aïguillonnés et douze rayons 


articulés à la nageoire du dos; celle de la 
20. LE LABRE GRISON. 


(Labrus griseus.) 


queue en croissant tres-peu échancré; deux 
grandes dents à chaque mâchoire ; la cou- 


Douze rayons aiguillonnés et onze rayons 
5 articulés à la nageoiïre dorsale; tous ces 


leur orisâtre. 


Huit rayons aïiguillonnés et quinze rayons 
21, LE LABRE CROISSANT. 
(Labrus lunaris,) 


articulés à la nageoire du dos; celle de la 
queue en croissant ; une teinte violette sur 
plusieurs parties de l’animal. 


22, LE LABRE FAUVE. 
(Labrus rufus.) 


douze à celle de lParns; celle de la queue 
en croissant; tout le poisson d’une cou- 
leur fauve ou jaune. à 


Neuf rayons aiguillonnés et‘treize fayÿons ar: 
ticulés à la nageoire dorsale; celle de la 
23. LE LABRE CEYLAN, 


(Labrus zeylanicus.) 


queueen croissant ; la couleur générale de 
l'animal verte par-dessus , et d’un pourpre 
blanchâtre par-dessous ; des raies pourpres 
sur chaque opercule, 


tar rayons à la nageoire du doss 


426 HISTOIRE NATURELLE 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 
E rayons aiguillonnés et douze rayons 


articulés à la dorsale ; trois rayons aiguil- 
24 LE LABRE DEUX- 3 } SPP er 


BANDES. 
(Labrus bifusciatus.) 


lonnés et onze rayons -riiculés à celle de 
anus; la caudale en croissant; deux bandes 
brunes et, transversales sur le corps pro 
prewent dit. 

Quinze rayons aiguillonnés et dix rayons 


articulés à la nageoire du dos; les thoïra- 
25. LE LABRE MÉLAGASTRE. 


cines alongées ; la pièce antérieure de 
(Labrus melagaster.) A 5 


L l’opercule seule garnie d’écailles semblables 
à celles du dos. 
LE rayons articulés et point de rayons 


aiguillonnés à la nageoire dorsale ; douze 
26. LE LARRE MALAPTÈRE. 


rayons articulés à celle de fase la tête 
(Labrus malapterus.) 


dénuée d’écailles semblables à celles du 


dos 


; Jus lon ue les autres; la base de Ja 
27. LE LABRE A DEMI . 8 1 i 


ROU GE. 
{(Labrus semiruber.) 


partie postérieure de la dorsale, garnie 
d’écaifles; quatre dents plus grandes que 
les autres à la mâchoire supérieure ; la 
partie antérieure de l’animal, rouge, et 
Ja postérieure jaune. 

Quatre rayons aiguillonnés et vingt-un rayons 
articulés à la nageoire dorsale ; la lèvre. 
supérieure large, épaisse et plissée; dix- 
huit rayons articulés à celle de Panus; ces 


derniers rayons, et les rayons articulés 
28, LE LABRE 3 Ÿ 


TÉTRACANTHE. 
(Laërus tetracanthus,) 


de la dorsale , terminés par des filamens ; 
trois rangées longitudinales de points 
noif$ sur Ja dorsale ; une rangée de points 
semblables sur la partie postéricure de 
la nageoire de l’anus; la caudale en crois- 


Douze rayons aiguillonnés et onze rayons 
| articulés à la nageoïre du dos ; le sixième 
rayon articulé de la dorsale , beaucoup 
sant, 


D ES 


ESPÈCES. 


29. LE LABRE DEMI-DISQUE. 
(Lubrus semidiscus.) 


30. LE LABRE CERCLÉ. 
(Labrus doliatus.) 


31. LE LABRE HÉRISSÉ. 
(Labrus hirsutus.) 


32, LE LABRE FOURCHE. 
(Labrus furca.) 


POISSON S. 42 


| 


CARACTÈRES, 


Vingt-un rayons à la nageoire dorsale ; cette 


nageoire festonnée , ainsi que celle de l’a- 
nus ; la tête et les opercules dénués 
d’écailles semblables à celles du dos ; la 
seconde pièce de chaque opercule , angu- 
leuse; dix-neuf bandes transversales de 
chaque côté de l’animal ; une tache d’une 
puance trés-claire, et en forme de demi- 
disque, à l’extrémité de la nageoire cau- 
dale , qui est en croissant, 


Neuf rayons aïguillonnés et treize rayons 


articulés à la nageoire du dos; la tête et 
les opercules dénués d’écailles semblables 
à celles du dos; la seconde pièce de chaque 
opercule , anguleuse ; la caudale en crois- 
sant; vingt-trois bandes transversales , de 
chaque côté de Panimal. 


Onze rayons aïguillonnés et douze rayons 


articulés à la dorsale ; la nageoire en crois- 
sant; six grandes dents à la mâchoire 
supérieure ; la ligne latérale hérissée de 
petits piquans; douze raies longitudinales 
de chaque côté du poisson ; quatre autreg 
raies longitudinales sur la nuque; le dos 
parsemé de points. 


Neuf rayons aiguillonnés et dix rayons arti- 


culés à la nageoire du dos; le dernier rayon 
de la dorsale ct le dernier rayon de l’anale 
très longs; les deux lobes de la caudale 
pointus et très-prolongés ;. la mâchoire in- 
férieure plus avancée que la supérieure ;, 
de très-petites dents à chaque mâchoire, 


490 


ESPÈCES. 


33. LE LABRE SIX-BANDES, 
(Labrus sexfasciatus.) 


34. LE LABRE MACROGASTÈRE. 


(Labrus macrogaster.) 


35, LE LABRE FILAMENTEUX. 


(Labrus filamentosus.) 


36, LE LABRE ANGULEUX. 
(Labrus angulosus.) 


37. LE LABRE HUIT-RAIES, 
(Labrus octo-vittatus.) 


| 
| 


HISTOIRE NATURELLE 


CARACTÉÈRES, 


Treize rayons aiguillonnés et dix rayons 


la dorsale ; le museau avancé; 
l'ouverture de la Porè très-petite; la 
mâchoire inférieure plus longue que la 


articulés à 


supérieure ; six bandes “transversales ; ; la 


caudale fourchue. 


Treize rayons aïguillonnés et quinze rayons 


articulés à la dorsale ; le ventre très-gros ; 
des écailles semblables à celles du dos, sur 
la tête et les opercules; la caudale en 
croissant ; six bandes transversales. 


Quinze rayons aiguillonnés et garnis chacun 


d’un filament, et neuf rayons articulés, à 
la dorsale; l’ouverture de l4 bouche , en 
forme de demi-cercle vertical ; quatre ou 


cinq bandes transversales sur le dos. 


Douze rayons aiguillonnés et neuf rayons 


articulés à la dorsale ; les rayons articulés 
de cette dorsale beaucoup plus longs que 
les aiguillonnés de cette même nageoire; 
les lèvres larges et épaisses ;. des lignes et 
des points représentant un réseau sur la 
premiére pièce de l’opercule ; la seconde 
pièce échancrée et anguleuse; cinq ou six 
rangées longitudinales de petits points de 
chaque côté de l'animal. 


Onze rayons aiguillonnés et douze rayons ar- 


ticulés à la dorsale ; trois rayons aiguïllon- 
nés et sept rayons articulés à la nageoire 
de Janus ; la caudale en croissant; les 
dents de la mâchoire supérieure beaucoup 


DM ENS DÉMOMUST Se ON 51 ASE 
ESPÈCES. CARACTÈRES. | 
| plus longues que celles de l’inférieure ; læ 


piece postérieure de l’opercule, angu- 
37. Le ne HUIT-RATES leuse; la tête et les opercules dénués 


S | A'ÉES Ë ] à les du dos; 
(Labrus octo-vittatus.) d’écailles | semblables . celles dos 3 
quatre rates un peu obliques, de chaque 


côté du poisson, 


Treize rayons aiouillonnés à la dorsale, qui 
est très-longue; cette dorsale, l’anale et 
les thoracines, pointues; la caudale en 
croissant ; la mâchoire inférieure plus 

38. Le rABRE Moucneré, avancée que la supérieure ; l'ouverture de 

(Labrus punctulatus.) la bouche , très-orande ; cinq ou six 
grandes dents à la mâclioire d’en-bas, et 
deux dents également grandes à celle d’en- 
haut ; toute la surface du poisson parsemée 
de petites taches rondes. 


HET 


culés à la nageoire du dos; les dents des 
30. Le LABRrE deux mâchoires presque ‘égales; un rayon 
COMMERSONNIEN, aiguillonné et dix-sept rayons articulés à 
(Labrus Commersonnii.) la nageoire de l’anus; le dos et une grande 
| partie des côtés du poisson, parsemés de 


tackes égales, rondes et petites. 


Quinze rayons aiguillonnés et treize rayons. 
articulés à la dorsale ; les rayons articulés 
de cette nageoire, plus longs que les 
aiguillonnés ; la mâchoire inférieure un 
peu plus avancée que la supérieure ; les. 


40. LE LABRE LIssE. 
dents grandes, recourbées et égales; la 


ABUN RES Ë rayons aiguillonnés et seize rayons arti- 
(Labrus lœvis.) 


ligne latérale presque droite; la caudale - 
un peu en croissant ; les écailles très-difi- 
cilement visibles ; cinq grandes taches. où: 
bandes transversales. 


432 HISTOIRE NATURELLE 


ESPÈCES, CAR'ACTÈRES. 


Vingt-huit rayons à la dorsale; vingt-un à 
l’anale; presque tous les rayons de ces 
deux nageoires, longs , et garnis de fila- 

41. LE LABRE MACROPTÈRE, mens; la caudale en croissant ; une tache 
(Labrus macropterus.) noire sur l’angle postérieur des opereules, 

qui sont couverts, ainsi que la tête, d’é- 
cailles semblables à celles du dos. 


articulés à la nageoire dorsale; trois rayons 

42. LE LABRE QUINZE-ÉPINES, 

{Labrus quindecim-aculea- 
tus.) 


aiguillonnés et neufrayons articulés à celle 
de lPanus; la mâchoire supérieure plus 
avancée que Pinférieure ; les dents petites 
et égales ; l’opercule anguleux ; six bandes 


rayons aiguillonnés et neuf rayons 


transversales sur le dos et la nuque. 


tête grosse ; la nuque et l’entre-deux des 
43.LELAPRE MACROCÉPHALEF. } yeux , très-élevés; Ja mâchoire inférieure 
(Labrus macrocephalus.) plus avancée que la supérieure; les dents 
crochues, égales, et très-séparées l’une de 
autre ; la nageoire de la queue divisée en 
deux lobes un peu arrondis ; les pectorales 


ayant la forme d’un trapèze. 


Dix rayons aiguillonnés et onze rayons arti- 
culés à la dorsale; ur-rayon aiguillonné et 
neuf rayons articulés à la nageoire de 

44. LE LABRE PLUMIÉRIEN. l'anus ; des raies bleues sur la tête ; le 


(Labrus Plumierii.) 


corps argenté et parsemé de taches bleues 
et de taches couleur d’or; les nageoires 
dorées ; une bande transversale et courbée 


Ore rayons aiguillonnés et neuf rayons arti- 
culés à la dorsale ; ; trois rayons aiguillon- 
nés et neuf rayons articulés à Panale; la 


sur la caudale, 


D E S 
ESPÈCES. 
# 
45. LE LABRE couAN. 


(Labrus Gouanii.) 


46. LE LABRE ENNÉACANTHE. 


(Labrus enneacanthus.) 


47. LE LAPRE ROUGES-RAIES. 


{Labrus rubro lineatus.) 


TOME 


III, 


POISSONS. 439 


CARACTÈRES. 


.[ Huit rayons aiguillonnés et onze rayons arti- 


culés à la dorsale; trois rayons aiguillon- 
nés et treize rayons articulés à la nageoire 
de l’anus; chaque opercule composé de 
trois pièces dénuées d’écailles semblables 
à celles du dos, et terminé par une 
prolongation large et arrondie; la ligne 
latérale insensible; un appendice pointu 
entre les thoracines ; la caudale en crois- 
sant. | 


Li 


Neuf rayons aïguillonnés et dix rayons arti- 


culés à la dorsale; la ligne latérale inter- 
rompue; six bandes transversales; deux 
autres bandes transversales sur la caudale, 
qui est en croissant; deux ou quatre dents 
grandes, fortes et crochues, à l’extré- 
mité de chaque mâchoire ; les écailles 
grandes, 


| Douze rayons aiguillonnés et onze rayons 


articulés à la nageoire du dos; trois rayons 
aiguillonnés et douze rayons articulés à 
celle de Panus ; les dents du bord de chaque 
mâchoire, alongées , séparées l’une de 


l’autre, et seulement au nombre de quatre: 
2 ? 


la mâchoire supérieure un peu plus avan- 
cée: que l’inférieure; onze ou douze raies 
rouges et longitudinales de chaque côté 
du poisson; une tache œillée à l’origine 
de la dorsale ; une autre tache tres-grande 
à la base de la caudale qui est un peu en 
croissant. 


89 


4934 HISTOIRE NATURELLE 


ESPÈCES, CARACTÈRES, 


Dix rayons aiguillonnés et quinze rayons 
articulés à la dorsale ; trois rayons aiguil- 
lonnés et neuf rayons articulés à l’anale ; 
la lèvre inférieure plus courte que la 

49. LE LABRE KASMIRA. supérieure; les dents coniques; la pièce 
(Labrus Kkasimira.) antérieure des opercules , échancrée ; Ja 
caudale en croissant ; sept raies petites et 
bleues sur chaque côté de la tête; quatre 
raies plus grandes et bleues, le long de 

chaque côté du corps. 


SRE: CO NID: SO DU SCCUELN. RE. 


La nageoire de la queue rectiligne, ou arrondie, ou 


lancéotée. 


ESPÈCES. « CARACTÉÈRES.. 


Quinze rayons aiguillonnés et dix-sept rayons 
articulés à la dorsale; le corps et la queue 
d’un verd mélé de jaune, et parsemé, 

49. LE LABRE PAON. ainsi que les opercules et la nageoire cau- 
(Labrus pavo.)  dale, de taches rouges et de taches bleues; 
une grande tache brune auprès de chaque 
pectorale , et une tache presque semblable 
de chaque côté de la queue. 


Deux rayons aiguillonnés et vingt - deux 
PR RE PE NE Men rayons articulés à la nageoire du dos; la 


(Labrus marginalis.) couleur générale brune ; la dorsale et l’a- 
nale bordées de roux. 


Deux rayons aïguillonnés et vingt-six rayons 
articulés à la nageoire du dos; trois aiguil- 
lons et quatorze rayons articulés à celle 


de lanus ; le corps et la queue couleur 
de rouille et sans tache, 


br. LE LABRE ROUILLÉ, 


(Labrus ferrugineus.) 


€ 
DEP UBIGAT IS SION NX 5: A3 


ESPÈCES, CARACTÈRES. 


1 rayons aiguillonnés et dix rayons 


articulés à la dorsale; trois rayons aiguil- 
1 lonnés et dix rayons articulés à l’anale ; 
b2, LE LABRE OILLÉ. ; 
les dents égales ; les rayons de la nageoire 
du dos, terminés par un filament; une 
tache bordée, fu de la nageoïire cau- 


dale. 


(Labrus. ocellaris.) 


Seize rayons aiguillonnés et neuf rayons 
articulés à la nageoire du dos ; les oper- 


53, LE LABRE MÉLOPS. cules ciliés ; l’anale panachée de différentes 


(Labrus melops.) couleurs ; un croissant brun derrière les 


eux: des filamens aux rayons de la na- 
yeux; des | 
geoire du dos. 


articulés à la dorsale; les dents très-petites 
54, LE LABRE NIt. 


(Z abrus niloticus.) 


et échancrées; la couleur générale blan- 
châtre ; la dorsale, l’anale et la caudale, 
nuageuses. 

Dix-huit rayons aiguillonnés et treize rayons 


articulés à la dorsale ; trois rayons aiouil- 
55. LE LABRE LOUCHPF. 


(lubrus lusce us 


lonnés et onze rayons articulés à l’anale; 
le dessus de l'œil, noir ; toutes les na- 


LE rayons aiguillonnés et treize rayons 


geoires jaunes ou dorées. 


articulés à la nageoire du dos; trois aiguil- 
66. Lx rasre srirce-TACHr, | Jons çt neuf rayons articulés à celle de 
(Labrus trimaculatus.) l’anus ; le corps et la queue rouges et 
couverts de grandes écailles ; trois grandes 


taches. 


Quatorze rayons aiguillonnés et onze rayons 
b7. LE LABRE CENDR Ée articulés à la dorsale; trois rayons aiguil- 


(Labrus cinereus.) lonnés et dix rayons articulés à la nageoire 


È rayons aiguillonnés et treize rayons 


de l’anus ; l’ouverture de la bouche étroite ; 


436 HISTOIRE NATURELLE 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 
"à les dents petites; celles de devant plus 


57. LE LABRE cENDRÉ, longues ; des raies bleues sur les côtés de 
(Zabrus cinereus.) la tête; une tache noire auprès de la cau- 


dale. 
Seize rayons diguillonnés et neufrayons arti- 
culés à la nageoire du dos; trois rayons 
aiguilonnés et huit rayons articulés à celle 


58. LE LABRE CORNUBIEN. el 

(Labrus cornubius.) de l'anus ; le museau en forme de boutoir; 

les premiers rayons de la dorsale tachetés 

de noir; une tache noire sur la queue, 
dont la nageoïre est rectiligne. 

La partie inférieure de l’animal , jaune; la 


A LA 
bg. LE LABRE MÉFÉ. . supérieure bleue, avec des nuances brunes 


(Labrus mixtus.) ou jaunes; les dents antérieures plus 


grandes que les autres. 


L'ouverture de la bouche large; trois ou 
quatre grosses dents à l’extrémité de la 
mâchoire supérieure ; de petites dents au 
6o. LE LABRE TAUNATRE, palais ; la mâchoire inférieure plus avan- 
(Zabrus fulvus.) cée que la supérieure, et garnie.d’une 
double rangée de petites dents ; un fort 
aiguillon à la caudale ; les écailles minces; 

la couleur fauve au orangée. | 
Dix rayons aiguillonnés et garnis d’un fila- 
ment, et quinze rayons articulés à la 
dorsale; la caudale rectiligne ; l’ouver- 
61. LE LABRE MERLE. ture de la bouche médiocre; les dents 
{Labrus merula.) grandes et recourbées ; les mâchoires ésa- 
lement avancées; les écailles grandes ; la 
couleur générale d’un bleu tirant sur le 

noir. 


Seize rayons aiguillonnés et neuf fayons arti- 
62. LE LABRE RÔNE, 


(Labrus rone.) 


culés à la nageoire du dos ; trois rayons 
aiguillonnés et six rayons articulés à celle 
de lPanus; la caudale rectiligne ; la na- 


DINENS 


ESPÈCES. 


62. Le LABRE RÔNT. 
(Labrus rone.) 


63. LE LABRE FULIGINEUX. 
- (ZLabrus fuliginosus.) 


e 


64. LE LABRE BRUN. 


 (Labdrus fuscus.) 


65. LE LABRE ÉCHIQUIER, 


(Labrus centiquadrus.) 


GDS YO ANR SU © 407 


CARACTÉRES, 


 geoire du dos s’étendant depuis la nuque 


jusqu’à une petite distance de la caudale ; 
les rayons de cette nageoiïre garnis d’un 
ou deux filamens ; la partie supérieure du 
poisson , d’un rouge foncé, avec des taches 
et. des raies vertes; la partie inférieure 


d’un rouge mélé de jaune. 


/ Neuf rayons aiguillonnés et onze rayons ar- 
j 8 


ticulés à la dorsale; deux rayons aiguil- 
lonnés et neuf rayons articulés à Panale ; 
la mâchoire supérieure un peu plus courte 
que l’inférieure ; les deux premières dents 
de chaque mâchoire, plus alongées que 
les autres; la tête variée de verd, de rouge 
et de jaune ; quatre ou cinq bandes trans 


versales. 


Sept rayons aiguillonnés et filamenteux et 


treize rayons articulés à la dorsale; deux 
rayons aiguillonnés et onze rayons arti- 
culés à l’anale; les deux dents de devant 
de chaque mâchoire, plus longués que les 
autres; des rugosités disposées en rayons, 
aupres des yeux ; deux raies vertes, larges 
et longitudinales de chaque côté du corps; 
des écailles sur une partie de la caudale, 
qui est rectiligne ; des traits colorés et 
semblables à des lettres chinoises , le long 
de la ligne latérale. 


Neuf rayons aïguillonnés et filamenteux et 


treize rayons articulés à la dorsale ;- deux 
rayons aiguillonnés et douze rayons arti- 
culés à la nageoire de Panus; les quatre 
dents antérieures de la mâchoire supé- 
rieure et les deux de devant de la mä- 
choire inférieure, plus alongées que les 


4530: ! HS TOR E NN'AMTURIENNL 


ESPÈCES. 


65. LE LABRE ÉCHIQUIER. 
(Zabrus centiquadrus.) 


66. Lr LABRE MARBRÉ. 


(Labrus marmoratus.) 


67. LE LABRE LARGE-QUEUE, 


(Labrus macrourrs.) 


68. LE LABRE GIRELLE. 
(Labrus julis.) 


CARACTÈRES. 
autres ; la tête variée de rouge; toute la 
surface du corps et de la queue, peinte 
en petits espaces alternativement -blan- 
châtres et d’un noir pourpré. 


Dix rayons aiguillonnés, et treize rayons arti- 


culés plus longs que les aïguillonnés, à la 
dorsale ; deux rayons aïguillonnés et six 
rayons articulés à l’anale;-les dents égales 
et écartées l’une de l’autre; la nageoire 
caudale rectiligne; la tête et les opercules 
dénués d’écailles semblables à celles du 
dos ; presque toute la surface de Panimal 
parsemée de petiles taches foncées, et de 
taches moins petites et blanchâtres, de 
manière à paroître marbrée. 


fVingt-six rayons à la nageoire du dos; dix- 


neuf à celle de l'anus; le museau petit 
et avancé ; les dents grandes , fortes et 
triangulaires ; “dix rayons divisés chacun 
en quatre ou cinq ramifications, à la cau- 


‘dale , qui est rectiligne et très-large , ainsi 


que très-longue, relativement aux autres 

nageoires; un grand nombre de petites 

raies longitudinales sur le dos ; une tache 

sur la dorsale, à son origine; presque 

toute la queue , anale, et l’extrémité de 

la nageoire du dos, d’une couleur foncée, 
8 0 


Neuf rayons aiguillonnés et douze rayons 


articulés à la dorsale ; les deux dents de 
devant de la mâchoire supérieure, plus 
grandes que les autres; une large raie lon. 
gitudinale , dentelée, et d’un blanc jau- 
nâtre, de chaque côté du corps; le plus 


souvent, une raie bleue, étroite et lon- 


gitudinale, au-dessous de la raie dentelée ; 
la caudale arrondie. 


D ES 


ESPÈCES. 


(Zabrus paroticus.) 


69. Le LABRE parorIQuE. E 


70. LE LABRE BERGSNYITRE, 
(Labrus ber, gsrylr us.) 


7I. LE LABRE GUAZEK, 
(Labrus guaza.) 


(Zabrus tancoides.) 


72: Le LABRE 


73. LE LABRE DOUBLE-TACHE.. 


(Labrus bimaculatus.) 


PHOSTISÉSIOUNNESE HO 


CARACTÈRES. 


Neuf rayons aiguilonnés et douze rayons: 


articulés à la dorsale ; les dents de devant 
plus grandes que les autres ; les napeoires 
rousses ; une tache d’un beau bleu sur 
chaque opercule, : 


Neuf rayons aiguillonnés et huit rayons arti- 


culés à la nageoire du dos ;, trois rayons. 
aiguillonnés et sept rayons articulés à celle 
de l’anus; les rayons de la dorsale garnis 
_ de filamens; une tache noire sur la queue. 


Onze rayons aiguillonnés et seize rayons: 


articulés à la dorsale ; la caudale arron- 
die, et composée de rayons plus longs 


que la membrane quiles réunit ; la couleur 
brune. 


Quinze rayons aiguillonnés. et onze rayons 


articulés à la dorsale ; trois rayons aiguil-" 
Jonnés et dix rayons AAA à l’anale ; le: 
museau recourbé vers le haut; Ja Ce 
arrondie ; la couleur générale d’un rouge: 
nuageux, Ou desraies nombreuses, rouges , 
_ bleues et jaunes. 


Quinze Tayons aiguillonnés et onze rayons. 


articulés à la dorsale ; quatre rayons ai. 
guillonnés et huit rayons articulés à lanale: 
des filamens aux rayons de la nageoire du: 
dos, et aux deux premiers rayons de chaque: 
thoracine ; l’anale lancéolée ; l'extrémité: 
de la dorsale en forme de faux ; une grande- 
tache sur: chaque côté du corps et sur 
chaque côté de la queue de l’animal,. 


« 


440 (HISTOIRE NATURELLE 


ESPÉCES, x CARACTÈRES. 


Quinze rayons aiguillonnés et dix rayons 
articulés à la nageoire du dos; quatre 
rayons aiguillonnés et huit rayons articu- 
lés à celle de l’anus ; toutes les nageoires 
pointues, excepté la caudale, qui est arron- 
die; la piéce postérieure de chaque oper- 

cule couverte d’écailles semblables par 
74. LE LABRE ponctué.) leur forme, et égales par leur grandeur, 
(Labrus punctatus.) ‘ \ à celles du dos; la ligne latérale interrom- 
pue; de petites écailles sur une partie de 
la dorsale et de l’anale ; plusieurs rayons 
articulés de la dorsale beaucoup plus 
alongés que les aiguillons de cette na- 
geoire; un grand nombre de points , neuf 
raies longitudinales, et trois taches rondes, 
sur chaque côté du poisson. 


Dix-sept rayons aiguillonnés et quatorze 
75. Le LABRE OSSIFAGE. rayons articulés à la dorsale ; trois rayons 
(Labrus ossifagus.) aiguillonnés et dix rayons articulés à la 


‘ nageoire de l’anus. 


Dix-sept rayons aïguillonnés et dix rayons 
articulés à la dorsale ; trois rayons aiguil- 
lonnés et huit rayons articulés à l’anale; 


le rayons aiguillonnés et douze rayons 


70. LE LABRE ONITE, 


À: la caudale arrondie et jaune; la couleur 
(Labrus onttis.) : DURE 
générale brune ; la partie inférieure de 


animal tachetée de gris et de brun; des 
filamens aux rayons de la nageoire dorsale. 


articulés à la dorsale; trois rayons aiguil- 


< I Aus lonnés et dix rayons articulés à la nageoire 
#7, LE LABRE PERROQUET. PRE 
1 (Lab 7 ) de l’anus ; la couleur générale verte; le 
(labrus psiltacus. 


dessous du corps jaune ; une raie longitu- 
dinale bleue, de chaque côté du corps; 
quelquefois des taches bleues sur le ventre,- 


r 


DIE SU ANO NDS SOUN SE: AAÂT 
ESPÈCES, CARACTÈRES, 
Dix-buit rayons aïguillonnés et quinze rayons 
articulés à la nageoire du dos; trois rayons 
aïguillonnés et douze rayons articulés à 


"8. LE RABRE ToUrRD. 
{Labrus turdus.) 


Panale ; le corps et la queue alongés; la 
partie supérieure de Panimal jaune-, avec 
des taches blanches ou vertes, et quel- 
quefois avec des taches blanches et bor- 
dées d’or au-dessous du museau. 


Dix-neufrayons aiguillonnés et six rayons arti- 
culés à la dorsale ; cinq rayons aiguillonnés 


LE LAPRE cINO-ÉrINES. 
IDR 8 ‘et huit rayons articulés à l’anale; des fila- 


Labrus pentäcanthus.) : 
(£abrus pentacanthus mens aux rayons de la nageoire du dos; le 


corps et la queue bleus, ou rayés de bleu. 


articulés à la dorsale; cinq rayons aiguil- 
80. LE LABRE CHiINots. lonnés et sept rayons articulés à l’anale; 
(labrus chinensis.) des filamens aux rayons de la nageoire du 
dos ; le sommet de la tête très-obtus; la 


ï -neuf rayons aiguillounés et cinq rayons 


couleur livide. 


Dix rayons aiguillonnés ce onze rayons arti- 
culés à la dorsale ; trois rayons aiguillonnés 
et cinq rayons articulés à la nageoire de 

&8r. LE LABRE sAPoNors l'anus; des filamens aux rayons de la 
(Zabrus japonicus.) pageoire du dos; les opercules couverts. 
d’écailles semblables à celles du corps; 
des dents petites et aiguës aux mâchoires ; 
la couleur jaune. ” 

Vingt rayons aiguillonnés et un rayon arti- 
DE | culé à la nageoïre du dos; quinze rayons 
à celle de Panus; la dorsale très-lonoue ; : 
(Labrus linearis.) | | à PAUME . : 
e corps alongé; la tête, comprimée; la 


couleur blanche ou blanchâtre. 


TOME III | 56 


442 HISTOIRE NATUREÏILE 


ESPÈCES. 


83. LE LABRE LUNULÉ. 
(Zabrus lunulatus.) 


84, LE LABRE VARIÉ, 


(Labrus variegatus.) 


85, LE LALRE MAILLE, 


(Labrus rericulatus.) 


/ 
_ 


CAR CETRES. 


Neuf rayons aiguillonnés et onze rayons arti- 
culés à la dorsale; trois rayons aiguillon- 
nés et neuf rayons articulés à la nageoire 
de Panus; les écailles larges et striées en 
creux ; les pectorales et la caudale arron- 
dies; la ligne latérale interrompue ; la cou- 
leur générale d’un brun verdâtre , avec des 
bandes transversales plus foncées ; le plus. 
souvent. un croissant jaune et bordé de 
noir, sur le bord postérieur de chaque. 
opercule; deux taches jaunes sur la mem- 
brane branchiale, qui est verte. 


Dix-sept rayons aiguillonnés et treize rayons 

| articulés à la dorsale ; trois rayons aiguil- 
lonnés et douze rayons articulés à l’anale ; 
les levres larges et doubles ; la caudale un 
peu arrondie; le corps et la queue alongés; 
la couleur générale rouge; quatre raies 
longitudinales olivâtres, et quatre autres 
bleues, de chaque côté du poisson; la 
dorsale bleue à son origine, ensuite 
blanche , ensuite rouge ; la caudale bleue. 
en haut, et jaune en bas. 


Quinze rayons aiguillonnés et dix rayons: 
articulés à la nageoire du dos; trois rayons 
aiguillonnés et neuf rayons articulés à celle: 
de Panus; l’ensemble du poisson compri- 
mé et ovale; la couleur verte avec un. 
réseau rouge ; une tache noire sur chaque 
opercule et sur la dorsale; des bandes. 
et des filamens rouges, à la nageoire du: 
dos. 


DES POISSONS. 443 
ESPÈCES. CARACTÈRES. | 


Quinze rayons aiguillonnés et douze rayons 
articulés à la dorsale ; trois rayons aiguil- 
n. lonnés et onze rayons articulés à l’anale : 
86, LE LABRE TACHETÉ. 

la couleur générale rougeâtre; un EAU 

(Labrus guttatus.) 
nombre de points blancs disposés avec 
. ordre; des taches noires; une tache au 


milieu de la base de la caudale, 


87. LE LABRE cocx. 
7 (Lab nuancée de- pourpre et de bleu foncé ; 
GOTUS COQUUS: 

7 linférieure d’un beau jaune. 


Des rayons aïguillonnés à la dorsale, qui 
ARE DR s’étend depuis la nuque jusqu’à la caudale ; 


(Labrus cinœdus.) la gueule petite ; les dents crénelées, ou 


lobées ; la couleur générale jaune; le dos 


l' caudale arrondie; la partie supérieure 


d’un rouge pourpre. 


{ Neuf rayons aiguillonnés et onze rayons arti- 
1 culés à la dorsale ; trois rayons aiguillon- 
nés et dix rayons articulés à l’anale ; une 
seule rangée de dents petites et aiguës à 


chaque mâchoire ; les lèvres très-épaisses ; 
89. LELABREBLANCHES-RAIES, 


] ‘ps alongé ; la couleur générale jau- 
(Zabrus alborittatus.) SIURE 8e; 8 J 


nâtre ; deux raies longitudinales blanches 
et très-longues, et une troisième raie 
supérieure semblable aux deux premières, 
mais plus courte, de chaque côté de l’a- 


nimal ; la caudale arrondie. 


Dix-sept rayons aiguillonnés et douze rayons 
articulés à la nageoire du dos; deux rayons 


O LE LABRE BL E U. 
Lo) 


nageoire de l’anus; la couleur générale 
{Labrus cœruleus.) - 


bleue, avec des taches jaunes ‘et des raies 
bleuâtres; une orande tache bleue sur 
. le devant de la dorsale ; les thoracines, 


# 


444 HISTOIRE NATURELLE 


ESPÈCES, 


90. LE LABRE BLEU. 


(Z'abrus cœruleus.) 


92: LE LABRE BALIAN, 


(Labrus ballan.) 


01. LE IABRE RAYÉ. 
(Labrus lineatus.) 


CARACTÈRES. 


Panale et la caudale, bordées de la même 
couleur ; les dents de devant plus longues 
que les autres. 


, Le . ° 7 ° 
Dix-sept rayons aiguillonnés et treize rayons 


articulés à la dorsale; trois rayons aiguil- 
lonnés et douze rayons articulés à l’anale; 
les dents de devant plus longues que les 
autres; le museau long ; la nuque un peu 
relevée et convexe ; le corps alongé; la 
caudale arrondie; le dos rougeâtre; les 
côtés bleus ; la poitrine jaune; le ventre 
d’un bleu pâle; quatre raies vertes et lon- 
gitudinales de éhaque côté du poisson. 


Vingt rayons aiguillonnés et onze rayons 


articulés à la dorsale ; trois rayons aiguil- 
lonnés et neuf rayons articulés à l’anale; 
la caudale arrondie; un sillon sur la tête; 
“une petite cavité rayonnée sur chaque 
opercule ; la couleur jaune, avec des taches 


couleur d'orange. 


Vingt rayons aiguillonnés et douze rayons 


+99: LE LABRE BERGYLTE, 


(Labrus bergylia.) 


P 
94. LE LABRE HASSEK, 
(Labrus hassek.) 


articulés à la dorsale; troïs rayons aiguil- 
lonnés et six rayons articulés à l’anale ; la 
caudale arrondie ; la tête alongée; les 
écailles grandes; les derniers rayons de la 
dorsale et de l’anale , beaucoup plus longs 
que les autres ; des taches sur les nageoires; 
des raies brunes et bleues, disposées alter- 
nativement sur la poitrine. 


oint de rayons aiguillonnés aux nageoires : 
le corps très -alongé; la ligne. latérale 
droite, ou presque droite; une raie lon- 
gitudinale et mouchetée de noir, de 
chaque côté de l'animal 


D ES 


ESPÈCES. 


9. LE TABRE ARISTÉ. 
(Labrus aristatus.) 


96. LE LABRE BIRAYÉ. 
(Labrus bivitiatus.) 


97: LE LABRE GRANDES- 
HICA LD ILES. 


(Labrus macrolepidotus. } 


98. LE LABRE TÉTE-BLEUE. 


(Labrus cyanocephalus.) 


| 
| 
À 


PO ST S ON Si. - 445 


CARACTÈRES,. 


Trente-deux rayons à la dorsale; vingt- -cinq 


à l’anale ; le corps comprimé et ovale ; les” 
écailles courtes, et relevées chacune par 
deux arêtes ; les dents éloignées l’une de 
Pautre; les deux de devant de la mâchoire 
inférieure , plus avancées que les autres. 


euf rayons aiguillonnés et douze rayons 
articulés à la dorsale ; trois rayons aiguil. 
Jlonnés et onze rayons articulés à l’anale ; 
toutes les nageoires pointues, excepté 
celle de la queue, qui est arrondie; le dos 
rouge ; les côtés jaunes; deux raies longi- 
tudinales et brunes, de chaque côté du 
poisson ; la supérieure placée sur l’œil ; 
des taches jaunes sur la caudale, qui est 
violette ; le ventre rougeûtre. 


Neuf rayons aiguillonnés et treize rayons 
articulés à la nageoire du dos; trois rayons 
aiguiHonnés et treize rayons articulés à 
celle de l'anus ; les écailles grandes et 
lisses ; les mâchoires aussi avancées l’une 
que Pautre ; la tête courte et comprimée; 
deux demi-cercles de pores muqueux au- 
dessous des yeux ; la caudale arrondie; 
la couleur générale jaune. 

Neuf rayons aiguillonnés et onze rayons 
articulés à Ja nageoire du dos ; deux rayons 
aiguillonnés et douze rayons articulés à 
celle de lanus; la caudale arrondie; la 
ligne latérale interrompue ; les écailles 
grandes, rondes et minces ; les opercules 
terminés en pointe du côté de la queue ; 
le dos bleu; les côtés argentés; la tête 
bleue. | 


| 440 


ESPÈCES. 


99. LE LABRE A GOUTTES. 
(Labrus guttulatus.) 


100, LE LABRE BOISÉ. 


(Labrus tessellatus.) 


TOI. LE LABRE CINQ-TACHES. 


{ Labrus guinque-maculatus.) 


HISTOIRE NATURELLE 


CARACTÈRES, 


Point de rayons aiguillonnés; dix - neuf 


rayons à la dorsale, neuf à l’anales la 
caudale arrondie ; les écailles dures et 
couvertes d’une membrane; le dos brun; 
les côtés bleus ;-le dessous blanchâtre ; la 
tête blèue; des taches argentées sur la 
tête, les côtés et l’anale ; des taches jaunes 
sur la nageoire du dos. 


Dix-sept rayons aiguillonnés et onze rayons 


articulés à la dorsale; trois rayons aiguil- 
lonnés et neufrayons articulés à la nageoire 
de lPanus; la tête et les opercules presque 
entièrement dénués d’écailles semblables 
à celles du dos, excepté dans une petite 
place auprès des yeux; les deux mâchoires 
également avancées ; plusieurs pores mu- 
queux au-dessous des narines; quatre 
rayons à la membrane branchiale, qui est 


étroite; les écailles petites et molles; le 


corps alongé; la caudale arrondie ; le dos 
violet ; les côtés argentés; des taches 
imitant des compartimens de boiserie. 


Quinze rayons aiguillonnés et dix rayons 


articulés à la dorsale ; trois rayons aiguil- 
lonnés et neuf rayons articulés à l’anale; 
la tête garnie d’écailles semblables à celles 
du dos; un demi-cercle de pores mu- 
queux au-dessous de chaque harine; la 
couleur générale d’un jaune mêlé de vio- 
let; une tache sur le nez ; une tache sur 
l’opercule; deux taches sur la dorsale, et 
une cinquième sur la nageoire de l’anus, 


DES POISSONS. 447 
ESPÈCES, CARACGTÈRES, 


{ Dix-sept rayons aïguillonnés et {reize rayons: 


articulés à la nageoire du dos; trois rayons. 
l aiguillonnés et dix fayons articulés à la 
#02 LE LABRE F ù l à 
nageoire de lanus; les opercules garnis 
d’écailles semblables à celles du dos; les. 
écailles trés-petites; la partie supérieure 
de Panimal ‘d’un jaune brun et sans 


MICROLÉPIDOTE. 
(Labrus microlepidouis.) 


tache ; l’inférieure argentée ; la caudale 
arrondie. 


(Seize rayons aïiguillonnés et treize rayons: 
| articulés à la dorsale; trois rayons aiguil- 
lonnés et onze rayons articulés à l’anale ; 
six rayons à la membrane branchiale ; le 
museau dénué d’écailles semblables à celles. 
du dos; de petites écailles sur la caudale, 
qui est arrondie ; la tête rougeâtre ; le dos. 
couleur de plomb; les côtés jaunes et ta- 
chés ; les thoracines , l’anale et la caudale 
bleuâtres et bordées de noir; des taches. 
arrondies et petites sur l’anale, la cau-- 


503. LE LABRE VIEILLE. 
(Labrus vetula.) 


dale et la dorsale. 


Onze rayons aïguillonnés et vingt - neuf 
rayons articulés à la dorsale, qui pré- 


_. | sente deux parties trés-distinctes ; toute 
xo4e LE LABRE KARUT. 


; la tête couverte d’écailles semblables à. 
(Zabrus carutta.) 


celles du dos; la caudale arrondie; la 
partie supérieure du museau plus avancée 
que l’inférieure.. 


Neuf rayons aiguillonnés et vingt-quatre- 

rayons articulés à la dorsale, qui présente- 

no$ LE LABRE ANEK . deux parties très-distinctes ; toute la tête- 
(Labrus aneus.) F couverte d’écailles semblables à celles du: 

< ; dos ; la caudale arrondie; la mâchoire 
inférieure plus avancée que la supérieures. 


44S HISTOIRE NATURELLE 


ESPÈCES. 


106. LE LABRE CEINTURE. 


(Labrus cingulum.) 


307, Le LAnRE picramur, 


Labrus digramma. 
- (el 


1 


| 


: } 
x08. LELABREHOLOLÉPIDOTE, 


{Labrus hololepidotus.) 


+ 


00. LE LABRC TAENIOURE, 


k Tabrus iæniourus.) 


CARACTERES. 


Neuf rayons aiguillonnés et treize rayons 


articulés à la nageoire du dos; seize rayons 
à celle de Panus ; les deux dents de devant : 
de chaque mâchoire, plus grandes que les 
autres ; le museau pointu ; la partie anté- 
rieure de l'animal livide,; la postérieure 
brune ; ces deux portions séparées par une 
bande ou ceinture blanchâtre; des taches 
petites, lenticulaires, et d’un noir pour- 
pré, sur la tête, la dorsale, l’anale , et Ja 
caudale , qui est arrondie. 


Onze rayons aiguillonnés et huit rayons arti- 


culés à la nageoire du dos; un rayon, 
aiguillonné et dix rayons articulés à celle 
de l’anus; la mâchoire inférieure un peu 
plus ayancée que la supérieure ; les deux 
dents de devant plus grandes que les 
autres ; deux ligues latérales; la supérieure 
se terminant un peu au-delà de Ja dorsale, 
et s’y réunissant à la latérale opposée; 
Pinférieure commençant à peu près au- 
dessous du milieu de la dorsale, et allant 
jusqu’à la caudale, qui est arrondie. 


Onze rayons aiguillonnés et vinot-sept rayons 


articulés à la dorsale ; deux rayons aiguil= 
Jonnés et dix rayons articulés à lanale ; 
les dents de la mâchoire inférieure à peu 
pres égales; la tête et les opercules garnis 
d’écailles semblables à celles du. dos ; 
chaque opercule terminé en pointe; la 
caudale très-arrondie, 


Vingt rayons à la nageoire du dos; trois 


rayons aiguillonnés et onze rayons articulés 


à la nageoire de l'anus; les dents des deux 


D ES 


ESPÈCES, 


109. LE LABRE TAENIOURE. | 
(Labrus tœniourus.) 


(Labrus hortulanus.) 


I11. LE LABRE SPAROÏDE, 
(Labrus sparoides.) 


” « _Æ 
TOME LIL, 


# 


PO EL. SES: OÙ NS: 449 


CARACTÈRES. 


mâchoires, grandes et séparées ; Ja tête et 
les opercules dénués d’écailles semblables 
à celles du dos; les écailles grandes et 
bordées d’une couleur foncée; point de 
ligne latérale facilement visible ; une bande 
transversale à la base de la caudale, qui 
est arrondie. 


articulés à la dorsale, qui est basse; deux 
rayons aiguillonnés et onze rayons articulés 
à l’anale ; le museau avancé; les dents de 
la mâchoire supérieure, presque horizon- 
tales ; deux lignes latérales se réunissant en 


7 Cinq rayons aiguillonnés et quinze rayons 
"io. LE LABRE PARTERRE, 


une vers le milieu de la nageoire du dos; 
la caudale arrondie; des taches sur la tête 
et les opercules, qui sont dénués d’écailles 
semblables à celles du dos; une ou deux 
taches à côté de chaque rayon de la dorsale 
et de l’anale; la surface du corps et de la 
queue, divisée par des raies obliques, en 
losanges dont le milieu présente une tache. 


Dix rayons aiguillonnés et douze rayons arti- 


culés à la dorsale ; dix rayons aiguillonnés 
et seize rayons articulés à l’anale, qui est 
très-grande; la hauteur du corps égale, 
ou à-peu prés, à la longueur du corps et 
de la queue pris ensemble ; une concavité 
au-dessus des yeux ; la mâchoire inférieure 
plus avancée que la supérieure ; la tête et 
les opercules garnis d’écailles semblables 


à celles du dos ; la caudale arrondie; des 


taches irrégulières , ou en croissant , ou en 


: larmes, répandues sans ordre, sur chaque 


côté de l'animal, 


57 


{ 


400 HISTOIRE NATURELLE 


ESPÈCES, 


412, LE LABRE LÉOPARD. 


(Labrus leopardus). 


11%, LE LABRE 
MALAPTÉRONOTE. 


(Labrus malapteronotus.) 


ITA, LE 'LABRE! DIANE. 


(Labrus diana.) 


CARACTÈRES. 


Neuf rayons aïguillonnés et quatorze rayons: 


articulés à la nageoire du dos; deux rayons: 
aiguillonnés et dix rayons articulés à la 
pageoire de l'anus; l’ouverture de la 
bouche assez grande; les deux dents de: 
devant de chaque mâchoire, plus grandes. 
que les autres ; deux pièces à chaque oper- 
cule ; la caudale et les pectorales arron- 
dies; les rayons aiguillonnés de la dor- 
sale plus hauts que la membrane; point 


‘d’écailles facilement visibles; une raie 


noire s'étendant depuis l’œil jusqu’à la 
pointe postérieure de l’opercule ; une 
bande très-foncée placée sur la caudale ; 
destaches composées de taches pluspetites,, 
et répandues sur la tête, le corps, la 
queue , la dorsale et l’anale, de manière 
à imiter les couleurs du léopard. 


Vingt-un rayons articulés à la nageoire du 


dos; treize rayons à celle de l’anus; la 
mâchoire inférieure un peu plus avancée 
que la supérieure; les dents de devant de 
la mâchoire inférieure inclinées en avant; 
la tête et les opereules dénués d’écailles. 
semblables à celles du dos; une tache fon- 
cée sur la pointe postérieure de l’opercule; 
la ligne latérale fléchie en en-bas, et for- 
mant ensuite un angle, pour se diriger 
vers la caudale, qui est arrondie; trois. 
bandes blanchâtres de chaque côté du: 
poisson. 


E A .. 
Douze rayons aiguillonnés et dix rayons: 


articulés à la dorsale ; deux rayons aiguil- 
lonnés et treize rayons articulés à la na 
geoire de l’anus ; la nageoire dorsale pré- 

& 


D ES 


ESPÈCES. 


II4 LE LABRE DIANE. 
(Labrus diana.) 


115. Le LABRE 
MACRODONTE, 


(Labrus macrodontus.) 


116. LE LABRE NEUSTRIEN, 
(Labrus Neustriæ.) 


117. LE CLABRE CALOPS. 
‘(Labrus calops.) 


RS A1 


| 


CARACTERES, 


sentant trois portions distinctes; la PE 
arrondie; la tête et les opercules dénués 
d’écailles semblables à celles du dos ; 
quatre grandes dents au bout de la mâ- 
choire supérieure; deux grandes dents au 
bout de la mâchoire inférieure ; une dent 
grande et tournée en avant, à Aus coin 
de l’ouverture de la bouche; un petit 
croissant d’une couleur foncée sur chaque 
écaille. 


Treize rayons aïguillonnés et huit rayons 
articulés à la nageoire du dos; trois rayons 
aiguillonnés et neuf rayons articulés à Îa 
vageoire de l’anus ; la caudale arrondie ; 
les derniers rayons de la dorsale et de 
anale, plus longs que les premiers; les 
écailles assez grandes ; la partie postérieure 
de la tête relevée; quatre dents fortes et 
crochues, à l’extrémité de chaque mâ- 
choire ; une dent forte, crochue, et tour- 
née en avant, auprès de chaque coin de 
l’ouverture de la bouche. 


Vingt rayons aiguillonnés et onze rayons 
articulés à la nageoire du dos; trois rayons 
aiguillonnés et sept rayons articulés à celle 
de J’anus; sept rayons à la membrane 
branchiale ; la caudale arrondie ; les dents 
égales, fortes et séparées l’une de l’autre ; 
le dos marbré d’aurore, de brun et de 
verdâtre; les côtés marbrés d’aurore, de 
brun et de blanc. 


articulés à la dorsale ; treize rayons à 


La rayons aiguillonnés et huit rayons 


l’anale ; le premier et le dernier des rayons 


‘ 
k 


452 HISTOIRE NATURELLE. 
ESPÈCES, CARACTÈRES, 


de la nageoire de l’anus articulés ; l’œik 
très-grand et très-brillant ; la ligne laté- 
rale droïte ; les écailles fortes et larges; la 
tête dénuée d’écailles semblables à celles 


du dos; une tache grande et brune au- 


117. Lx LABRE CALOPS, 
(Labrus calops.) 


x . # s ÿ 
delà maïs auprès de chaque nageoire pec- 
torale. 


Neuf rayons aiguillonnés et quinze rayons 
articulés à la nageoïre du dos; les dents 
courtes, égales et séparées l’une de l’autre; 

la mâchoire inférieure plus avancée que la 

supérieure ; l’œil tres-grand; la ligne laté- 


318. LE LABRE ENSANGLANTÉ, rale très-voisine du dos ; la hauteur de: 


(apras peer) Pextrémité de la queue, très-inférieure à 
celle de sa partie antérieure; la caudale 
arrondie; la couleur générale argentée, 
avec des taches très-crandes , irrégulières, 
et couleur de sang, 


Dix-huit rayons à la dorsale, qui est très- 


basse, et à peu près de la même hauteur 
dans toute sa longueur ; l’ouverture de la 
bouche tres-petite; les deux mâchoires. 
presque égales ; le corps alongé ; la caudale. 
L arrondie ; la couleur générale verte ; trois 
110. LE LABRE PERRUONE, raies longitudinales et rouges de chaque 
(Labrus psittaculus.) côté de l'animal ; une raie rouge et longi- 
tudinale sur la dorsale, qui est jaune; ure 
bande noire sur chaque œil; une bande 
rouge et bordée de bleu , de l’œil à lori- 
gine de la dorsale, et sur le bord posté- 
rieur de chacune des deux pièces de l’oper- 


cule. 


D'E $ PO: SSONS. 4553 
ESPÈCES. CARACTÈRES. 

Huit rayons aiguillonnés et treize rayons arti- 
culés à la nageoire du dos; trois rayons 
aiguillonnés et douze rayons articulés à la 
nageoire de VPanus ; la caudale rectiligne ; 


Popercule terminé par une prolongation 
120. LE LABRE KRESLIK. 


arrondie à son extrémité ; la ligne longi- 
(Labrus keslik.) 


tudinale qui termine le dos, droite, ou 

presque droite ; des raies longitudinales 

jaunâtres, et souvent festonnées; une 

= tache bleue auprès de la base de chaque 
| pectorale. 


Vingt rayons aiguillonnés et onze rayons 
articulés à là dorsale ; trois rayons aiguil- 
lonnés et quatre rayons articulés à l’anale; 


I2T, MBRE. ë 
ÉRREE A ERES la caudale lancéolée; lopercule terminé 


Labr : ; a 
Œuirus comber.) par une prolongation arrondie à son extré- 
mité ; le dos rouge ; une raie longitudinale 


et argentée de chaque côté de l’animal. 
TROISIÈME SOUS-GENRE. 


La nageoire de la queue divisée en trois lobes. 
ESPÈCES. « EARACTÈRES, 

Neuf rayons aiguillonnés et quatorze rayons 
_articulés à la nageoïire du dos; trois rayons 
aiguillonnés et vingt-deux rayons articulés 
à là nageoire de l’anus; le premier et le 
222: LE LABRE BRASILIEN, dernier rayon de la caudale, prolongés en. 
(Labrus brasiliensis.) arrière ; deux dents recourbées et plus 
longues que les autres, à la mâchoire 
supérieure; quatre dents semblables à Ja 
mâchoire inférieure; deux ou trois lignes 

longitudinales à la dorsale et à l’anale.. 


A54 HISTOIRE NATURELLE 


ESPÈCES. CAB ACTEÈR ES. 


Huit rayons aiguillonnés et douze. rayons 
articulés à la dorsale; treize rayons à 
lanale; le premier et le dernier rayon de 
la caudale très-prolongés en arrière; les 
deux dents de devant de chaque mâchoire 
plus longues que les autres; les écailles 
vertes et bordées de jaune; presque toutes 
les nageoires jaunes, et le plus souvent 

. bordées ou rayées de verd. 


123. LE LABRE VERD. 
(Labrus viridis.) 


Vingt-neuf rayons à la nageoire du dos; 
dix-sept à celle de l’anus ; la dorsale longue 
et basse; les dents grandes, fortes, et 


? presque égales les unes aux autres ; la tête 
124. LE LABRE TRILORE. 


> s 57 ‘ Us 
(Labrus érilobatus.) et les opercules dénués d’écailles sem 


blables à celles du dos; la ligne latérale 
ramifée , droite, fléchie ensuite vers le 
bas, et enfin droite jusqu’à la caudale ; 
des taches nuageuses. 


(avé rayons aiguillonnés et treize rayons 

articulés à la dorsale, qui présente deux 

portions distinctes ; la tête dénuée d’é- 

cailles semblables à celles du dos ; quatre 

129. LE Lagre grandes dents à chaque mâchoire ; la mâ- 

DEUX-CROISSANS. choire inférieure un peu plus avancée que 

la supérieure; une petite tache sur un 

grand nombre d’écailles ; une grande tache 

de chaque côté de l'animal, auprès de 
extrémité de la dorsale. 


(Zabrus bilunulatus.) 


Vingt-un rayons articulés à la nageoire du 
ENT dos ; treize rayons à la nageoire de lanus; 
LEGER Qt des raies imitant des caractères hébraï- 
ques ou orientaux , sur la tête et les oper- 


cules, qui sont dénués d’écailles sem- 


{Labrus hebraïcus.) 


D ES 


ESPÈCES. 


126. LE LABRE HÉBRAÏQUE. 


(Labrus hebraicus.) 


227, LE LABRE LARGE-RArE. 
CÉGEr us latoyittatuss) 


228. LE LABRE ANNELÉ. 
(Labrus annulatus.) 


POISSONS. 455 


| 
| 
| 


’CARACTÈRES. 


blables à celles du dos; une petite tache 
à la base d’un trés-grand nombre d’é- 
cailles ; les pectorales d’une couleur très- 
claire ou très-vive, ainsi qu’une bande: 
transversale située auprès de chaque oper-. 
cule. 


uarante-deux rayons presque tous articu- 
lés à la dorsale ; quarante-un rayons arti- 
culés à l’anale ; la dorsale et l’anale trés 
longues; le corps alongé; la tête très- 
alongée , et dénuée, ainsi que les oper-- 
cules, d’écailles semblables à celles dw 
dos; un grand nombre de dents très- 
petites et égales; une raie longitudinale 
sur la base de la nageoire du dos; une raie. 
longitudinale, large et droite , depuis la 
base de chaque pectorale jusqu’à la cau- 
dale. 


ingt-un rayons à la nageoire du dos; 
quinze rayons à celle de l'anus ; les dents 
petites et égales; l’opercule terminé un: 
peu en pointe; les écailles très - difficiles: 
à voir; dix-neuf bandes transversales ;: 
étroites, régulières , semblables, et placées. 
de chaque côté du poisson, de manière à: 
se réunir avec les bandes analogues. du 
côté opposé. 


LE LABRE HÉPATE"* 


1,4 Nature n’a accordé aux labres ni la grandeur, ni 
la force, ni la puissance. Ils ne règnent pas au milieu 
des ondes en tyrans redoutables. Des formes singu- 
lières, des habitudes extraordinaires, des facultés ter- 
ribles, ou, pour ainsi dire, merveilleuses, un goût 
exquis, une qualité particulière dans leur chair, n’ont 
point lié leur histoire avec celle des navigations loin- 
taines, des expéditions hardies, des pêches fameuses, 
du commerce des peuples, des usages et des mœurs 
des différens siècles. Ils n’ont point eu de fastueuse 
célébrité. Mais ils ont reçu des proportions agréables, 
des mouvemens agiles, des rames rapides. Mais toutes 
les couleurs de l'arc céleste leur ont été données 
pour leur parure. Les nuances les plus variées, les 
tons les plus vifs, leur ont été prodigués. Le feu du 
diamant, du rubis, de la topaze, de l’'émeraude, du 
saphir, de l'améthyste, du grenat, scintille sur leurs 
écailles polies ; il brille sur ieur surface en gouttes, en 


* Labrus hepatus. 

Id. Zinné , édition de Gimelin. 

Labre hépate. Daubenton et Haïy, Encyclopédie méthodique. G 

Id. Bonnaiterre , planches de l Encyclopédie méthodique. 

Labrus maxill inferiore longiore, candà bifurc4, etc. Artedi, gen. 35, 
EYH 99h | 


HISTOIRE NATURELLE 407 


croissans, en raies, en bandes, en anneaux, en cein- 
tures, en zones, en ondes ; il se mêle à l'éclat de l'or 
et de l'argent qui y resplendit sur de grandes places, 


ou il relève les reflets plus doux, les teintes obscures, 


les aires pâles, et, pour ainsi dire, décolorées. Quel 
spectacle enchanteur ne présenteroient-ils pas, si 
appelés, de toutes les mers qu’ils habitent, et réunis 
dans une de ces vastes plages équatoriales, où un 
océan de lumière tombe de l’atmosphère qu'il inonde, 
sur les flots qu'il pénètre, illumine, dore et rougit, 


ils pressoient, mêloient, confondoient leurs .grouppes: 


nombreux, émaillés et éclatans, faisoient jaillir au 
travers du crystal des eaux et de dessus les facettes 
si multipliées de leur surface luisante , les rayons 
“abondans d'un soleil sans nuages, et présentoient 
dans toute la vivacité de leurs couleurs , avec toute la 
magie d'une variété presque infinie, et par le pouvoir 
le plus étendu des contrastes, la richesse de leurs 
vêtemens, la magnificence de leurs décorations , et le 
charme de leur parure! | 
C'est en les voyant ainsi rassemblés, que l’ami de 
la Nature, que le chantre des êtres créés, rappelant 
dans son ame émue toutes les jouissances que peut 


faire naître la contemplation des superbes habitans des 


eaux, etenvironné, par les prestiges d'une imagination 
animée, de toutes les images riantes que la mythologie 
répandit sur les bords fortunés de l'antique Grèce, 
voudroit entonner de nouveau-un hymne à la beauté. 
TOME HILL 50 


Î Le 


458 HISTOYRE NATURELLE 


Une philosophie plus calme et plus touchante suspen: - 
droit cependant son essor poétique. Un présent bien: 
plus précieux, diroit-elle à son cœur, a été fait par la 
bienfaisante Nature à ces animaux dont la splendeur: 
et l'élégance plaisent à vos yeux. Ils ont plus que de 
l'éclat, ils ont.le repos; lhomme du moins ne leur 
déclare presque jamais la guerre; et si leur asyle, otr 
ils ont si peu souvent à craindre les filets ou les lignes 
des pêcheurs, est quelquefois troublé par la tempête, 
ils peuvent facilement échapper à l'agitation des vagues, 
et aller chercher dans d'autres plages, des eaux plus: 
tranquilles et un séjour plus paisible. Tous les climats: 
peuvent en effet leur convenir. IL n’est aucune partie 
du globe où on ne trouve ung ou plusieurs espèces de: 
labres ; ils vivent dans les eaux douces des rivières du: 
Nord, et dans les fleuves voisins de l'équateur et des tro- 
piques. On les rencontre auprès des glaces amoncelées 
de la Norvége ou du Groenland, et auprès des rivages. 
brûlans de Surinam ou des Indes orientales; dans la 
haute mer, et à une petite distance des embouchures. 
des rivières; non loin de la Caroline, et dans les eaux. 
qui baignent la Chine et le Japon; dans le grand Océan, 
et dans les mers intérieures , la Méditerranée, le: 
golfe de Syrie, l'Adriatique, la Propontide ; le Pont- 
Euxin, l’Arabique; dans la mer si souvent courroucée: 
d'Écosse, et dans celle que les ouragans soulèvent: 
contre les promontoires austraux de l'Asie et de: 


FAfrique.. 


DES MEMOMTUST SI ON S 459 

De cette dissémination de ces animaux sur le globe, 
de cette diversité de leurs séjours, de cette analogie de 
tant de climats différens avec leur bien-être, il résulte 
une vérité très-importante pour le naturaliste, et que 
nous avons déja plusieurs fois indiquée : c’est que les 
oppositions d’un climat à un autre sont presque nulles 
pour les habitans des eaux; que l'influence de l’atmo- 
sphère s'arrête, pour ainsi dire, à la surface des mers; 
qu'à une très-petite distance de cette même surface 
et des rivages qui contiennent les ondes, l’intérieur 
de l'océan présente à peu près dans toutes les saisons 
et sous tous les degrés d’élévation du pole, une tem- 
pérature presque uniforme, dans laquelle les poissons 
plongent à volonté et vont chercher, toutes les fois 
qu'ils le desirent, ce qu’on pourroit appeler leur prin- 
temps éternel; qu'ils peuvent, dans cet abri plus ou 
moins écarté et séparé de linconstante atmosphere, 
braver et les ardeurs du soleil des tropiques, et le froid 
rigoureux qui règne autour des montagnes congelées 
et entassées sur les océans polaires; qu'il est possible 
que les animaux marins aient des retraites tempérées 
au-dessous même de ces amas énormes de monts de 
glace flottans ou immobiles; et que les grandes diver- 
sités que les mers et les fleuves présentent relativement 
aux besoins des poissons, consistent principalement 
dans le défaut ou l'abondance d’une nourriture néces- 
saire, dans la convenance du fond , et dans les qualités 
de l'eau salée ou douce, trouble où limpide , pesante 


460 HISTOIRE NATURELLE 


ou légère, privée de mouvement ou courante, presque 
toujours paisible ou fréquemment bouleversée par 
d'horribles tempêtes. 

Il ne faut pas conclure néanmoins de ce que nous 
venous de dire, que toutes les espèces de labres aient 
absolument la même organisation : les unes ont le dos 
élevé, et une hauteur remarquable relativement à leur 
longueur, pendant que d’autres, dont le corps et la 
queue sont très-alongés, présentent dans cette même 
queue une rame plus longue, plus étendue en surface, 
plus susceptible de mouvemens alternatifs et préci- 
pités. La longueur, la largeur et la figure des nageoires 
offrent aussi de grandes différences, lorsqu'on les con- 
sidère dans diverses espèces de labres. D'ailleurs 
plusieurs de ces poissons ont les yeux beaucoup plus 
gros que ceux de leurs congénères, et conformés de 
manière à leur donner une vue plus fine, ou plus 
forte, ou plus délicate, et plus exposée à être altérée 
par la vive lumière des régions polaires, ou par les 
rayons plus éblouissans encore que le soleil répand 
dans les contrées voisines des tropiques. De plus, la 
forme, les dimensions, le nombre et la disposition des 
dents varient beaucoup dans les labres, suivant leurs 
différentes espèces. Ceux-ci ont des dents très-srandes, 
et ceux-là des dents très-petites; dans quelques espèces 
ces armes sont égales entre elles, et dans d’autres 
très-inégales ; et enfin, lorsqu'on examine successive 
ment tous les labres déja connus, on voit ces mêmes 


DE SP © I1SSO NS. 461 
dents tantôt presque droites et tantôt très-crochues, 
souvent implantées perpendiculairement dans les os 
des mâchoires, et souvent inclinées dans un sens très- 
oblique. Il n’est donc pas surprenant quil y ait aussi 
de la diversité dans les alimens des différentes espèces 
que nous allons décrire rapidement; et voilà pourquoi, 
tandis que la plupart des labres se nourrissent d'œufs, 
de vers, de mollusques, d'insectes marins, de poissons 
très-jeunes ou très-petits, quelques uns de ces osseux, 
et particulièrement le tancoïde, qui vit dans la mer 
Britannique, préfèrent des crustacées ou des animaux 
a coquille, dont ils peuvent briser la croûte, ou con- 
casser l’écaille. w 

Au reste, si les naturalistes qui nous ont précédés, 
ont bien observé les couleurs et les formes d’un assez 
grand nombre de véritables labres, ils se sont peu 
attachés à connoître leurs habitudes générales, qui ne 
présentant rien de différent de la manière de vivre de 
plusieurs genres de thoracins osseux, n'ont piqué leur 
curiosité par aucun phénomène particulier et remar- 
quable. Nous n'avons donc pu tirer de la diversité des 
mœurs de ces poissons, qu'un petit nombre d’indica- 
tions pour parvenir à distinguer les espèces auxquelles, 
ils appartiennent. Mais en combinant les traïîts de la 
conformation extérieure avec les tons et les distri- 
butions des couleurs ; nous avons obtenu des carac… 
tères spécifiques d'autant plus propres à faire éviter 
toute équivoque, que la nuance et sur-tout les dis 


162 HISTOIRE NATURELLE, 


positions de ces mêmes couleurs m'ont paru cons- 
tantes dans les diverses espèces de labres, malgré les 
différences d'âge, de sexe et de pays natal, que les 
individus mont présentées dans les nombreux exa- 
mens que j'ai été à portée d'en faire; et c'est ainsi que 
nous avons pu composer un tableau sur lequel on dis- 
tinguera sans peine les signes caractéristiques des cent 
vingt-huit espèces de véritables labres que l'on devra 
compter d’après les recherches que j'ai eu le bonheur 
de faire. 

La première de ces cent vingt-huit espèces qui se 
présente sur le tableau méthodique de leur genre, est 
“hépate. Ajoutons à ce que nous en avons dit dans ce 
tableau, que l’on trouve ce poisson dans la Méditer- 
ranée, et dans quelques rivières qui portent leurs eaux 
au fond de l’Adriatique, que son museau est pointu, 
que son palais montre un espace triangulaire hérissé 
d’aspérités, et que ses mâchoires sont garnies de petites 
dents *. | 
226 DE LA Dose LE ALU LR AAC LS LUE QI LPS L'ÉTE Cé ht = 

* 13 rayons à chaque pectorale. 


1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 
3 rayons aiguilonnés et 6 rayons articulés à la nageoire de l’anus. 


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LE L'ABRE OPERCULÉ, 


LE LABRE AURITE;, 


LE LABRE FAUCHEUR* LE LABRE OYÈNE # 


LE LABRE SAGITTAIRE", LE LABRE CAPPAS6, 


LE LABRE LÉPISME”, LE LABRE UNIMACULÉ?, 


LE LABRE BOHAR*, rt LE LABRE BOSSU *. 


L'orsrcuLÉ et le sagittaire habitent les mers qui 
baignent l'Asie, et particulièrement le grand golfe 


de l'Inde; la mer d'Arabie nourrit l’oyène, le bohar 


? Labrus operculatus. 

Id. Linné ; édition de Gmelin.. 

Amænil. academie. 4 y P. 240: 

Labre mouche. Datubenton et Haiy, Encyclopédie méthodique. 
Id. Bonnaterre, planches de l Encyclopédie méthodique. 


2? Labrus auritus, 

Id. Zinné, édition de Gmelin: 

Labre aurite. Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. 
Id. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. 


3 Labrus falcatus- 

Ïd. Linné, édition de Gmelih. 

Labre faucheur. Daubenton ét Haïy, Encyclopédie méthodique. 
Id: Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 


# Labrus oyena. 
Id. Linné , édition de. Gmelin. 
Forskael, Faun. Arab. Ps 90911. 203 
- Labre oyène. Bonnaterre; planches de l'Encyclopédie méthodique. 


464 HISTOIRE NATURELLE 


et le bossu; la Méditerranée est le: séjour du cappa 
et de l’unimaculé ; et c’est dans les eaux douces ou 
dans les eaux salées de l'Amérique septentrionale 
que vivent l'aurite et le faucheur. Les dents du fau- 
cheur sont aiguës; celles de l’oyène nombreuses et 
très-courtes ; lunimaculé a quatre dents à la mâchoire 


5 Labrus jaculatrix. 
Sciène sagittaire. Bonnaterre, planches de l Encyclopédie méthodique. 
Zransact. philosoph. vol. 56, p. 187. 


6 Labrus cappa. 

Sciæna cappa. Zinné, édition de Gmelin. 

Mus. Ad, Frid. 2, p. 81, *. 

Sciène daine. Bonnaterre, planches de l’ Encyclopédie méthodique. 
Id. Daubenton et Haiiy, Encyclopédie méthodique. 


7 Labrus lepisma. 

Sciæna lepiséma. Zinné, édition de Gmelin, 

Sciène lépisme. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique, 
Id. Daubenton ei Hay, Encyclopédie méthodique. 


8 Labrus unimaculatus. , 

Sciæna unimaculata. Linné, édition de Gmelin. 

Sciene mouche. Fonnaierre, planches de l'Encyclopédie méthodique, 
Id. Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. | 


9 Labrus bohar. 

Sciæna bohar. Linné, édition de Gmelin. 

Forskael, Faun. Arab. p. 46, n. 47. 

Sciene bohar. Bonnaterre, planches de P Encyclopédie méthodique. 


2 Labrus gibbus. 

Sciæna gibba. Zinné, édition de Gmelrin. 

Forskacl, Faun: Arab. p. 46, n. 48. 

Sciene nagil. Bonnaterre, planches de l Encyclopédie méthodique. 


DIE 1: DA O! ES 810: N 52 11, . 2465 


d'en-haut, et six dents un peu grandes, ainsi que 
quelques autres plus petites, à la mâchoire d’en-bas. 
D'ailleurs l'operculé” présente de petites taches noires 
sur le derrière de la tête; le faucheur, une couleur: 
argentée; l'oyène, des nageoires d’un verd de mer, et 


* 16 rayons à chaque nageoire pectorale de l’operculé, 
Tr rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 
15 rayons aiguillonnés et 13 rayons articulés à la nageoïre de l’anus. 
16 rayons à celle de la queue. 


10 rayons aïguillonnés et rx rayons articulés à la FSU dorsale de 
l’aurite. 
19 rayons à chacune des pectorales. - 
6 rayons à chacune des thoracines. 
3 rayons aiguillonnés et 10 rayons articulés à l’anale. 


17 rayons à la caudale. 


20 rayons articulés à la nageoiïre dorsale du faucheur. 
17 rayons à chacune des pectorales. 

5 rayons à chacune des thoracines. 

3 rayons aiguillonnés et 17 rayons articulés à l’anale. 
20 rayons à la caudale. 


1) rayons à chacune des pectorales de Poyène. 
x rayon aiguillonné et 9 rayons articulés à chacune des thoracines. 
3 rayons aiguillonnés et 7 rayons articulés à l’anale. 

16 rayons à la caudale. 


4 rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la nageoire dorsale 
du sagitftaire. 
12 rayons à chacune des pectorales. 
1 rayon aigüillonné et à rayons articulés à chacune dés ete 
3 rayons aiguillonnés et 15 rayons articulés à l’anale. 
17 rayons à la caudale. « 


ÆOME Ill, 29 


466 HISTOIRE NATURELLE. 


quelquefois des raies FO et le Sagittaire , des 
nuances d'un jaune doré 


* 16 rayons à chacune des pectorales du cappa. 
x rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, 
3 rayons aiguillonnés et 10 rayons articulés à Panale. 
17 rayons à la caudale. 


11 rayons à chaque nageoire pectorale du lépisme. 

1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 
3 rayons äiguillonnés et 8 rayons articulés à l’anale. 

13 rayons à la caudale. 


15 rayons à chacune des nageoires pectorales de l’unimaculé, 

T rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 
3 rayons aiguillonnés et 9 rayons articulés à l’anale. 

17 rayons à la caudale. 


7 rayons à la membrane branchiale du bohar. 
16 rayons à chacune des pectorales. 

x rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, 
3 rayons aiguillonnés et 9 rayons articulés à l’anale, 
17 rayons à la caudale. 


6 rayons à la membrane branchiale du bossu. 
10 rayons aiguillonnés et 5 rayons articulés à la nageoire du dos. 
16 rayons à chacune des pectorales. 

x rayon aiouillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 
3 rayons aiguillonnés et 9 rayons articulés à l’anale, 

17 rayons à la caudale. 


HE VERSER Pure 
AREAS 


ras s 
y Pt 


# 


TT 


D ELA BMRMELN OT À 


LE LABRE ARGENTÉ;:, 

LE LABRE NÉBULEUX:, LE LABRE GRISATRE!#, 
LE LABRE ARMÉS, LE LABRE CHAPELET4, 
LE LABRE LONG-MUSEAU’, LE LABRE 
THUNBERG", LE LABRE GRISON’, sr LE 
LABRE CROISSANT*.. 


ON peut remarquer aisément que l'extrémité de 
chaque mâchoire du labre noir est dépourvue de 
dents, et queétson gosier est garni d’un très-grand 


F Labrus niger. 
Sciæna nigra. Linné, édition de Gm:lin. 
Torskael, Faun. Arab p. 47, n. 40. 


Sciène gatie..Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 


2 Labrus argentatus. 
Sciæna argentata. {inné, édition de Gmelin. 
Forskael, Faun. Arab. p: 47, n. bo. 


Sciène schaafen. Bornaterre, planches de l Encyclopédie méthodique. 


3 Labrus nebulosus. \ 

Sciæna nebulosa. Linné, édition de Gmelin. 

Forskael Faun. Arab. p. 52,7. 61 

Sciène bonkose, Fonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 
# Labrus cinerascens. 

Sciæna cinerascens. Linrié, édilion de Gmelin. 

Forskae/, Faun. Arab. p. 53, n. 66. 


ss 1 2 ; 2,7 ; L 
Sciène tahme!, lonnalterre , planches de PEncyclopédie méthodique. 
\ 


468 HISTOIRE NATURELLE 


nombre de dents petites et eflilées; dans l’argenté, 
les dents sont d'autant plus grandes qu’elles sont 


plus éloignées du bout du museau ; six grandes dents . 


arment la mâchoire supérieure du chapelet; et les 
deux mâchoires du thunberg en présentent chacune 
quatre plus grandes que les autres. La ligne latérale 
du croissant n'est courbe que jusqu'à la fin de la 
nageoire du dos. L’armé montre un aiguillon presque 
horizontal, tourné en avant, et situé entre la tête et 
la dorsale; ce qui lui donne un rapport assez grand 
avec les cæsiomores, dont il diffère néanmoins par 


5 Labrus armatus. 

Sciæna armata. Linné, édition de Ginelin. 
Forskael, Faun. Arab. p. 53, n. 68. +7 
Sciène galenfish. Bonnaterre, planches de l’ Encyclopédie méthodique. 


6 Labrus catenula. 
7 Labrus longirostris. 


* 8 Labrus Thunbers. 
Sciæna fusca. Thunberg, Voyage au Japon. 


9 Labrus griseus. 

Id. 5, Linné, édition de Gmeliz. 

Catesb. Carolin, 2, p. 0, tab. 0. 

Labre grison. Daubenion et Haüy, Encyclopédie méthodique, 
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 


*0 Labrus lunaris. 

Id. Linné, édition de Gmelin. 

Gronov. Mus.2,n. 180, tab. 6, fig. 2. 

Labre croissant. Daubenton et Haïüy, Encyclopédie méthodique. 
Id. Bounaterre, planches de l’Encyclopédie méthodique. 


DES POISSONS. 469 


plusieurs traits, et avec lesquels il seroit iaoistile 


de 


le confondre, par cela seul que les cæsiomores 


ont au moins deux piquans. entre la dorsale et le 
derrière de la tête * 


* 


7 rayons à la membrane branchiale du labre noir. 

16 rayons à chaque nageoire pectorale. | 
1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, 
3 rayons aiguillonnés et 9 rayons articulés à l’anale. 

17 rayons à la caudale, 

7 rayons à la membrane branchiale de Var genté. 

17 rayons à chaque nageoire pectorale, 

x rayon aiguillonné et b.rayons articulés à chacune des thoracines. 
3 rayons aiguillonnés et 9 rayons articulés à l’anale, 
18 rayons à la caudale. 


13 rayons à chaque nageoire pectorale du nébuleux. 
1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 
17 rayons à la caudale. 


7 rayons à la membrane branchiale du grisâtre. 


si 


18 rayons à chaque nageoire pectorale. 
I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 
3 rayons aiguillonnés et 11 rayons articulés à l’anale, 


15 rayons à la caudale. 


3 rayons aïguillonnés et 7 rayons articulés à la nageoire de l’anus du 
long-museau. 


# 


6 rayons à la membrane branchiale du thunberg. 

15 rayons à chaque nageoire pectorale. 
x rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune dE thoracines: 
3 rayons Hetillontée et 8 rayons articulés à l’anale, 

x9 rayons à la caudale. | 


17 rayons à chaque nageoire pectorale du croissant. 
6 rayons à chacune des thoracines. 
3 rayons aiguillonnés et 14 rayons articulés à l’anale: 
16 rayons à la caudale. 


470 HISTOIRE NATURELLE 


Au reste, complétons ce.que nous ävons à faire 
connoître relativement aux couleurs des dix labres 
nommés dans cet article, en disant que le noir tire 
son nom dun noir ordinairement foncé qui règne 
sur sa partie supérieure, et dont on voit des teintes 
au milieu des nuances blanchätres et brunes dé son 
ventre; que les écailles de l’argenté sont brunâtres 
et bordées d'argent, et qu’une bandelette bleue paroît 
au-dessous de chaque œil de ce poisson ; que le 
nébuleux offre des taches nuageuses bleues et jau- 
nâtres, et quelquefois des raies longitudinales inégales 
en largeur, et de diverses nuances dé rouge ou de 
violet; que Île grisâtre est d'un gris tirant sur le verd, 
avec des raies longitudinales jaunes, et un liséré blanc 
autour des pectorales; que la dorsale et l'anale de 
l'armé sont blanches et bordées de noir, pendant que 
sa caudale est brune et lisérée de blanc; que l’on peut 
compter, sur chaque côté du long-museau , quatre ou 
cinq petites raies longitudinales, et trois ou quatre 
séries de taches très-petites et éloignées l’une de 
l'autre; et enfin, qu'une couleur brune, ainsi qu'une 
bordure blanche, distinguent les écailles du thunberp. 

De ces dix labres, il emftest deux, le chapeles et le 
long-museau, quine sont pas encore connus des natu- 
ralistes, et dont nous avons fait graver la figure 
d'après des dessins de Commerson. On les trouve dans 
le grand golfe de l'Inde et dans les mers voisines de 
ce golfe. C'est aussi dans ces mêmes mers, et particu- 


D ES POISSONS. A7 1 


lièrement dans celle d'Arabie, qu'habitent le noir, 
l'argenté, le nébuleux, le grisâtre et l'armé ; Les eaux 
salées qui mugissent si souvent autour des rivages 
orageux du Japon, nourrissent le shunbers, auquel 
nous avons cru devoir, par reconnoissance , donner 
le nom de l’habile voyageur qui l’a observé et décrit : 
le grison vit dans l'Amérique septentrionale; et le 
croissant préfére les eaux de l'Amérique méridionale, 
ainsi que celles des grandes Indes. 


LE LA B Re A U V ES 


= 


1 FE LE LABRE CEYLAN:, 


LE LABRE DEUX-BANDES*, LE LABRE 
MÉLAGASTRE* LE LABRE MALAPTÈRE;, 
LE LABRE A DEMI ROUGES LE LABRE 
TÉTRACANTHE’, LE LABRE DEMI-DISQUE", 
LE LABRE CERCLÉ?, er LE LABRE HÉRISSÉ *. 


Le fauve, qui parvient communément à la longueur 
de trois ou quatre décimètres, est, sur toute sa surface, 
d'un roux plus ou moins mêlé de jaune ou d’orangé. 


1 Labrus rufus. 

Id. Zinné, édition de Gmelin. 

Catesby, Carol. 2, p. 11, tab. 17. 

Labre fauve, Daubenion et Haüy, Encyclopédie mêèthodique,. 
Id, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 


3 Labrus zeylanicus. - 
Dschirau-malû, par les Chingulaïs. 
Papegaay-visch, à Batavia. 
Id. Linné, édition de Gmelin. 
x. J. R. Forster, Ind. zoolog. tab. 13, fig. à. 


3 Tabrus bifasciatus. 
Labre à deux bandes. Bloch, pl. 263. 
#4 Labrus melagaster. 


Labre mélagastre, Block, pl, 206, fig. +, 


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HISTOIRE NATURELLE 479 


Le ceylan, dont les dimensions sont ordinairement 
plus grandes que celles du fauve, à la tête bleue, la 
dorsale et l’anale violettes et bordées de verd, et la: 
caudale jaune, rayée de rouge, et bleue à la base. La 
partie supérieure du labre deux-bandes est grise; sa 
tête violette ; sa poitrine blanche; sa dorsale rougeâtre 
et bordée de bleu, ainsi que son anale ; chacune de 
ses pettorales jaune, de même que les thoracines; et 
la caudale- brune avec une grande tache bleue. Les 
écailles qui recouvrent le mélagastre, sont variées de 
brun et de noir, excepté celles qui revèêtent le ventre, 
et qui sont noires comme les nageoires. La couleur 
générale du malaptère est d’un blanc bleuâtre , avec 
cinq taches noirâtres de chaque côté, et les Dageoires 
nuancées de jaune et de bleu. Quatre rangées de taches 
presque rondes, à peu près égales, et très-rapprochées 
l'une de l'autre, paroissent sur chaque côté du tétra- 
canthe, qui d’ailleurs a des points noirs répandus sur 


5 Labrus malapterus. 
Labre à nageoires molles. BJoc4, pl. 206, fie. 2. 


6 Labrus semiruber. | 
Labrus semiruber , semiflavus. Commerson, manuscrits déja cités. 
Labrus hemichrysus. 27. 5brd. 


7 Labrus tetracanthus, 
8 Eabrus semidiseus, 
3 Labrus doliatus. 


‘0 Eabrus hirsutus. 


L TOME If, 6e 


474 HISTOIRE NATURELLE 


sa caudale. Le hérissé montre sur sa queue une large 
bande transversale. 

Voilà ce que nous devions ajouter au tableau géné- 
rique, pour bien faire connoître les couleurs des dix 
labres que nous considérons maintenant. 

Les trois derniers de ces labres, c’est-à-dire, le 
hérissé, le cerclé et le demi-disque, dont nous avons 
fait graver la figure d'après les dessins de Commerson, 
et dont la description n'avoit pas encore été publiée, 
habitent dans le grand golfe de l'Inde ou dans les mers 
qui communiquent avec ce golfe. Nous ignorons la 
patrie du tétracanthe, que nous avons fait dessiner 
d’après un individu conservé dans de l'alcool, et qui 
faisoit partie de la collection cédée par la Hollande à 
la France. Le demi-rouge, dont nous avons trouvé une 
description étendue dans les manuscrits de Commer- 
son, fut vu par Ce voyageur, en juin 1767, dans le 
marché au poisson de la capitale du Brésil. Surinam 
est la patrie du mélagastre; la Caroline, et eh général 

l'Amérique septentrionale, celle du fauve; Ceylan, celle 

du labre qui porte le nom de cette grande isie, et 
que l'on dit bon à manger; les eaux des grandes Indes 
nourrissent le labre deux-bandes, et celles du Japon 
le malaptère”. 


* x7 rayons à chaque nageoire pectorale du labre fauve. 
6 rayons à chaque thoracine. 
x6 rayons à la caudale, 


D:FÉP SUN POIL SET ON FE 47 


Finissons cet article en parlant de quelques traits 
de la conformation de ces animaux, que nous n'avons 
pas encore indiqués. 

La mâchoire inférieure du fauve est cp lorgue que 
la supérieure; les dents antérieures de la mâchoire d'en 
haut sont plus longues que les autres, dans ce même 
poisson, dans le deux-bandes*, dans le/ malaptère ; 

*__ 5 rayons à la brie branchiale du labre deux-bandes. 

12 rayons à chaque nageoire pectorale. 


1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 
13 rayons à la caudale. 


$ rayons à la membrane branchiale du mélagastre. 
12 rayons à chaque nageoire pectorale. 
1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 
3 rayons aiguillonnés et 7 rayons articulés à l’anale. 
19 rayons à la caudale. 
12 rayons à chaque nageoire pectorale du malaptére. 
6 rayons à chaque thoracine. 
16 rayons à la caudale. 


5 rayons à la membrane branchiale du labre à demi rouge. 
16 rayons à chaque nagcoire pectorale. 
x rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 
3 rayons aiguillonnés et 13 rayons articulés à l’anale. 
14 rayons à la caudale.  - 
18 rayons articulés à la nageoire “ Panus du tétracanthe. 
r4 rayons à la nageoire de l’anus du demi-disque. 
13 rayons à la caudale. 
14 rayons à la nagecire de l’anus du cerclé. 
11 rayons à la caudale. 
VONT E dial rondes en bancore ann 
4 rayons aiguillonnés et 9 rayons articulés à la nageoire de l’anus da 
hérissé. L 


13 rayons à la caudale. 


476 HISTOIRE NATURELLE. 


les dents des deux mâchoires sont presque égales les 
unes aux autres en longueur et en grosseur, dans 
le mélag gastre, dans le demi-disque, dans le cerclé. La 
ligne latérale du mélagastre est interrompue; celle du 
tétracanthe est peu sensible; celle du cerclé très-droite 
pendant la plus grande partie de sa longueur; et la 
base de la nageoire de l'anus du labre à demi rouge 
est revêtue d’écailles, comme une EE de La base de 
la nageoire du dos de ce même poisson *, 


7 


* Commerson , dans la description manuscrite et latine que nous avons 
sous les yeux, dit que lPopercule du demi-rouge est composé de deux 
\pièces, et que le bord de la pièce antérieure est très lésérement dentelé. 
Les différentes comparaisons que nous avons été à même de faire des 
expressions employées par ce voyageur dans son manuscrit latin, aÿec les 
dessins exécutés sous sa direction, ou avec des individus des espèces qu’il 
avoit décrites, nous ont portés à croire que ce naturaliste n’avoit pas 
voulu indiquer autour de la lame antérieure de l’opercule du demi-rouge, 
une dentelure proprement dite et telle que celle qui caractérise le genre 
de nos lutjans. Si cependant des observations ultérieures faisoient recon- 
noître dans ce poisson mi-parti de rouge et de jaune une véritable den- 
telure operculaire, il seroit facile de le retrancher du genre de nos labres, 
et de le transporter dans celui des lutjans, dont nous nous 9ccuperons 
bientôt. 


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LE LABRE ROURCHE, 
LE LABRE SIX-BANDES:. 


LE LABRE MACROGASTÉÈÉRES LE LABRE 
_FILAMENTEUX®#,LE LABRE ANGULEUX;, 
LE LABRE HUIT-RAIES* LE LABRE 
MOUCHETÉ’, LE LABRE COMMERSONNIEN?, 
LE LABRE LISSE”*, sr LÉ LABRE MACRO- 
_PTÈRE” | | | 


L 


Awucun de ces dix labres n’est encore connu des 
naturalistes; nous en avons fait graver la figure 
d’après des dessins trouvés parmi les manuscrits de 
Commerson , que Buflon nous remit lorsqu'il nous 


3 Labrus furca. 

2 E.abrus sexfasciatus. 

3 Labrus macrogaster. 

4 Labrus neue 

5 Labrus angulosus. 

6 Labrus octovittatus. 

7 Labrus punctulatus. 

5 Labrus Commersonnii. 
9 Labrus lævis. 


7° Labrus macropterus, 


470 HISTOIRE NATURELLE 


engagea à continuer l'Histoire naturelle; et voilà pour- 
quoi nous avons donné à l’un de ces poissons le nom 
de labre commersonnién. La patrie de ces dix espèces est 
le grand golfe de l'Inde ; et on peut aussi les trouver 
dans la partie du grand Océan qui est comprise entre 
Ja Nouvelle-Hollande et le continent de l'Amérique , 
ainsi que dans cette mer si souvent bouleversée par 
les tempêtes, et qui bat la côte sud-est de l'Afrique 
et les rives de Madagascar, Leur forme et leurs carac- 
tères distinctifs sont trop bien représentés dans les 
planches que nous joignons à cette Histoire, pour que 
-nous ayons besoin d'ajouter beaucoup de détails à ceux 
que renferme le tableau générique. On peut voir 
aisément que le macroptère, qui tire son nom de la 
grandeur de ses nageoires du dos et de l’anus', a la 
mâchoire inférieure un peu plus avancée que la supé- 
rieure, et vraisemblablement garnie, ainsi que cette 
dernière, de dents ‘très-petites ; que l’anguleux et le 
six-bandes doivent avoir des dents très-fines; que 
celles du filamenteux et du macrogastère sont très- 
courtes et presque égales les unes aux autres ; que la 
ligne latérale de ce même macrogastère * est inter- 
rompue; qu'une tache irrégulière et foncée, et cinq 
ou six petits points blancs, sont placés sur chaque 
RE NN ERA Due LOL EN MTL Re "TON TT 17 
E Maxsos veut dire long ou grand; et mkjo , aile ou rageoire. 


* Easias Siguifie ventre, On peut voir sur le tableau générique, que le 


maäcrogastère a gn cffet le ventre très-gros, 


DES PRQUE SL OC NS 470 


côté de la nageoire dorsale de l'anguleux; et que la 
dorsale du huit-raies est bordée de noir ou de brun ”. 


* 2 rayons aiguillonnés et 10 rayons articulés à la nageoire de l'anus 


du labre fourche. 


12 rayons à chaque pectorale du six-bandes. 
10 rayons à l’anale. 


10 rayons à chaque nageoire pectorale du macrogastère, 
14 rayons à l’anale. 
11 rayons à la caudale, 


15 rayons à la nageoire caudale du filamenteux. 
6 ou 7 rayons un peu éloignés l’un de Pautre à chaque nageoire 
pectorale de l’anguleux. 
3 rayons aiguillonnés et 6 rayons articulés à l’anale. 
14 rayons à la caudale. - 


16 rayons à la nageoïire caudale du huïit-raies. 
12 ou 13 rayons à la nageoire caudale du moucheté. 


12 rayons à chaque nageoire pectorale du lisse. 
11 rayons à l’anale. 
16 ou 17 rayons à la caudale. 


LD mnt ot 0 me À 


LE LABRE QUINZE-ÉPINES: 
LE LABRE MACROCÉPHALE 


LE LABRE PLUMIÉRIEN®, LE LABRE GOUAN# 
LE LABRE ENNÉACANTHE;, gr LE LABRE 
ROUGES-RAIESS 


%, 


à 


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ns. 


Ces six labres sont encore inconnus des naturalistes ; 
le premier sous-genre de la famille des véritables 
labrés en renferme donc, sur quarante-huit espèces, 
vingt-trois dont La description n’a pas encore été 
publiée. C'est une nouvelle preuve de ce que nous 
avons dit dans l’article intitulé, De la nomenclature des 
labres, des cheilines, des cheïilodiptéres, etc. 


: Labrus quindecim-aculeatus. 


2 Labrus macrocephalus, 


3 Labrus Plumierii, 
Turdus aureo-cæruleus. 7lumier, peintures sur vélin, conservées dans 
Le Muséum d’hisioire naturelle. 


# Labrus Gouanii. (Un individu de cette espèce, conservé dans de 
Palcool , faisoit partie de la collection hollandoise donnée à la France.) 


5 Labrus-enneacanthus, 

6 Labrus rubro lineatus. 

Labrus lineis lateralibus plurimis rubris variegatus, ocelio pianæ dor- 
salis, latissimoque ad basim eaudæ, cingulo, nigris, Commerson, manus- 


gris déja cités, 


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HISTOIRE NATURELLE AI 


Le rouges-raies, que Commerson a décrit avec beau- 
coup de soin dans son recueil latin et manuscrit, 
habite au milieu des syrtes et des rochers de corail 
qui environnent les isles de Madagascar et de la Réu- 
nion. Nous ignorons la patrie de l’ennéacanthe * et du 
gouan, que nous faisons connoître d’après des indivi- 
dus de la collection hollandoise cédée à la France. Le 
plumiérien vit en Amérique; et le macrocéphale”, ainsi 
que le quinze-épines, représentés dans nos planches 
d’après les dessins de Commerson, se trouvent vrai- 
semblablement dans le grand golfe de l'Inde, et auprès 
des isles dites de la mer du Sud. 

Les dents du labre gouan sont crochues, et d'autant 
moins longues que leur place est plus éloignée du bout 
du museau. | 

La ligne latérale est interrompue dans le quinze- 
épines *, dorée dans le plumiérien, et garnie, vers la 


: Ennéacanthe désigne les neuf aïiguillons de la dorsale, Fe veut dire 
neuf. 


2? Maxpos signifie long ou grand, et xipaar veut dire réte. 
3 12 rayons à la nageoire caudale du labre quinze-épines. 
8 rayons à chaque nageoire pectorale du macrocéphale. 


6 ou 7 rayons à la membrane branchiale du plumiérien. 


5 rayons à la membrane branchiale du gouan. 


12 rayons à chaque nageoire pectorale. 

1 rayon aïguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 
14 rayons à la caudale. - 

TOME I1L1 | 61 


483 HISTOIRE NATURELLE. 


tête, de petites ramifications dans le rouges- raies, ÊE 
dernier labre a le fond de ses couleurs d’un brun plus 
ou moins foncé, et ses nageoires pectorales d’un rouge 
incarnat ; et la caudale du macrocéphale est bordée, à 


son extrémité, d’un liséré d’une nuance vive ou très- 
claire *. | 


ce rayons à chaque nageoiïre pectorale du labre ennéacanthe. 
x rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 
3 rayons aiguillonnés et 9 rayons articulés à l’anale, 
15 rayons à la caudale, 


6 rayons à chacune des thoracines du rouges-raies. 


LE LABRE KASMIRA: 


Ce beau poisson a le sommet de la tête blanc, et la 
couleur générale jaune, Quelquefois sa queue montre 
de chaque côté une tache grande et brune. Il vit dans 
la mer Rouge, auprès des rivages de l'Arabie”. 


* Labrus kasmira. 
Sciæna kasmira. Linné , édition de Gmelin. 
Forskael, Faun. Arab. p. 46, n. 46. 
Sciéne tyrki. Bonnaterre, planches de l Encyclopédie neo 
# rayons à la membrane branchiale. 
16 rayons à chaque nageoire pectorale. 
1 rayou aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 


17 rayons à la caudale. RE 


LE PABRERAON 


C& labre habite dans la Méditerranée, et particulière- 


ment auprès des côtes de Syrie. À l'époque où on 


commenca à l’examiner, à le distinguer, à le désigner 
par un nom particulier, l'histoire naturelle avoit fait 
peu de progrès; le nombre des animaux déja connus 
n'étoit pas encore très-grand ; on n'avoit pas décou- 
vert la plupart de ces poissons richement colorés 
qui vivent dans les mers de l'Asie ou de l'Amérique 
méridionale : le labre paon dut par conséquent frapper 
les observateurs par la magnificence de sa parure ; et 
il n’est pas surprenant qu'on lui ait donné le nom de- 


* Labrus pavo. 

Papagallo, dans plusieurs contrées de l'Italie. 

Labrus pavo. Linné, édition de Gmelin. 

Labre paou. Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique, 

Id. Bonnaterre, planches de l’ Encyclopédie méthodique. 

Labrus pulchre varius, ete. Artedi, gen. 34, syn. 55. 

Pavo. Salvian. fol. 223, a. ad iconem, et fol. 94 et 234. 

Id. Aldrovand. lib. x, cap. 4, p. 29. 

Id. Jonston. lib.1 tif. 2, CUP. TI) @ 3, L. 13, D T2: 

Charlet. p: 132. 

Seconde espèce de tourd, nommée paon. Rondelet, première partis, 
Ziv. 6, chap. 6. 

Turdus secundus pavo, etc. Gesner, pe TOT6. 

Turdus pabella dictus, etc. Willughby, Ichthyol. p. 822. 

Raj. p: 137. 

Eabrus payo. Hasselquist, It. 344; 7 77e 


HISTOIRE NATURELLE 408 
l'oiseau que l’on regardoit comme émaillé des nuances 
les plus vives et les plus variées. Ce labre présente en 
effet presque toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, que 
Fon se plaît à retrouver étalées avec tant de pompe 
sur la belle queue de l'oiseau paon; et d’ailleurs le 
poli de ses écailles, le contraste éclatant de plusieurs 
des tons dont il brille, et les dégradations multipliées 
par lesquelles ses autres nuances s’éteignent les unes 
dans les autres, où s'animent pour se séparer et res- 


plendir plus vivement, imitent les reflets rapides qui 


se jouent, pour ainsi dire, sur les plumes chatoyantes 
du paon, et les feux que l'on croiroit en voir 
jaillir. Lorsque le soleil éclaire et dore la surface de 
la Méditerranée, que les vents se taisent, que les 
ondes sont paisibles, et que le labre paon nage sans 
s’'agiter au-dessous d’une couche d’eau mince et lim- 
pide, qui le revêt, pour ainsi dire, d’un vernis 
transparent, on admire le verd mêlé de jaune que 
montre sa surface supérieure , et au milieu duquel 
des taches rouges et des taches bleues scintillent . 
en quelque sorte, comme les rubis et les saphirs de 
l'oiseau de Junon. Des taches plus petites, mais égale- 
ment bleues ou rouges, sont répandues sur les oper- 
cules, sur la nageoire de la queue, et sur celle de 
l'anus , qui est violette ou indigo ; et un bleu mêlé de 
pourpre distingue le devant de la nageoire dorsale . 
pendant que deux belles taches brunes sont placées, 
sur chaque côté du poisson, que les thoracines offrent 


486 HISTOIRE NATURELLE. 


un rouge {rès-vif, et. que des teintes d’or, d'argent; 
rouges , orangées et jaunes, éblouissantes ou gra- 
cieuses, constantes ou fugitives, étendues sur de 
grandes places, ou disséminées en traits légers, com- 
plètent un des assortimens de couleurs Les plus splen- 
dides et les plus agréables. 

Au reste, ces beaux reflets se déploient sur un corps 
et sur une queue alongés et comprimés ; il n’y a qu’un 
seul rang de dents aux mâchoires ; les nageoires pec- 
torales sont arrondies; les rayons de la dorsale et de 
la nageoire de l'anus ont une longueur plus considé-. 
rable, à mesure qu'ils sont placés plus loin de la tête; 
et communément le labre paon a trois « ou quatre déci- 
mètres de longueur totale *. 


* 5 rayons à la membrane branchiale du labre paon, 
14 rayons à chaque nageoire pectorale. 
x rayon aiguillonné et à rayons articulés à chacune des thoracines. 
3 rayons NOUS et xx rayons articulés à l’anale. 
z3 rayons à la caudale. 


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LE LABRE BORDÉ 


LE LABRE ROUILLE, 


LE LABRE ŒILLÉ®, LE LABRE MÉLOPS# 
LE LABRE NIL' LE LABRE LOUCHES, LE 
LABRE TRIPLE-TACHE?, LE LABRE CENDRÉ:, 
LE LABRE CORNUBIEN?, LE LABRE MÉLÉ”, 
gr LE LABRE JAUNATRE”", 


LA couleur générale du louche est jaunâtre; la dor- 
sale, l'anale et-la caudale du triple-tache sont quel- 
quefois lisérées de bleu. La nourriture ordinaire de 


* Labrus maroinalis. 

Id. Linné, édition de Gmelin. 

Labre bordé. Daubenion et Haüy ; Encyclopédie méthodique. : 
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

Lofl. IE. 103. 


# Labrus ferrugineus. 

Id. Linné, édition de Gmelin. 

Labre rouillé. Daubenton et. Haïy, Encyclopédie méthodique. 
Id, Bonnaterre, planches de l Encyclopédie méthodique. 


5 Labrus ocellaris. 

Id. Zinné, édition de Gmelin. 

Mus. Ad. Frid, 2, p.78 *. 

Labre œillé. Daubènion et Haïy, Eneyclopédie méthodique. 
Id. Bounaterre, planches de l Encyclopédie méthodique. 


AB. HISTOMRE, NATURELLE. 


ce dernier labre, dont les écailles réfléchissent diffé- 
rentes nuances d’un beau rouge , consiste dans des 
animaux à coquille, dont il brise l'enveloppe calcaire 
par le moyen de ses dents antérieures, plus longues 
et plus fortes que les autres; nouvel exemple de ces 
rapports de la qualité des alimens avec la vivacité des 
couleurs, que nous avons fait remarquer dans notre 


# Labrus melops. 

Id. Zinné, édition de Gmelin. 

Mus. Ad. Frid, 2, p. 78 *. 

Labre mélope. Daubenton et Haüy, Encyciopédie méthodique. 
Id. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. 


5 Labrus niloticus. 

Id. Zinné, édition de Gmelin. 

Mus. Ad. Frid. 2 ,"p. 79 *. 

Labrus niloticus. Masselquist, It. p. 346, n. 78. 

Labre nébuleux. Daubenton et Haïüy, Encyclopédie méthodique. 
Id. Bonnaterre, planches de P Encyclopédie méthodique. 


6 Labrus luseus. 

Id. Linné, édition de Gmelin. 

Mus. Ad. Frid. 2, p. 80 * 

Labre louche. Daubenton et Haiiy, Encyclopédie méthodique. 
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 


7 Labrus trimaculatus. 

Sudernaal, en Norvége. 

Red wrasse, en Angleterre. 

Id. Zinné, édition de Gmelin. 

Labre triple-tache. Bonnaterre, planches de 1 OR méthodique. 
Paon rouge, labrus carneus. Bloch, pl. 280. 

Labrus ruber, ve/ carneus. Ascagne, 2 cah. p. 6, pl. 13. 

Trimaculated wrasse. Pennant, Brit. Zoolog. 3. p. 206 , n. 3. 


OA ONE TES 


DI-BAS$ JPNO: A SHS1 OS. 499 
Discours sur la nature des poissons, qu’il ne faut jamais 
négliger d'observer, et qui ont été très-bien saisis par 
le naturaliste Ascagne. Le cendré a sa partie supérieure 
grise et pointillée d'un gris plus foncé, et les nageoires 
rougeâtres avec des taches d’un jaune obscur. La tête 
du mêlé et la partie supérieure de sa caudale sont 
d'un beau bleu. Ce labre mêlé habite dans la Médi- 
terranée , ainsi que le cendré ; le jaunâtre vit dans 


8 Labrus cinereus. 

Labrus griseus. 

Id, 64. Linné, édition de Gmelin. (Nota. Le nom spécifique de griseus a 
été employé par Gmelin pour son cinquieme et pour son soixante-quatrième 
labre.) 

Brünn. Pise. Massil. p. 58, n. 75. 

Labre cendré. Bonnaterre, planches de l’ Encyclopédie méthodique. 


? Labrus cornubius. 

Id. Zinné, édition de Gmelin. 

Labre goldsinny. Pornnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 
Goldsinny Cornubiensium. Pennant, Brit. Zoolog. 3, p. 209, n. 6. 
Raj, Pisc.p. 103, fig. 3 


10 Labrus mixtus. 

Id. Linné, édition de Gmelin. 

Labrus ex flayo et cæruleo varius, delguus anterloribus majoribus. 
Ariedi, gen. 34, syn. b7. 

Turdus major varius præcedenti similis. Æé/lughby, p. 322. 

Raÿ.p. 137: 

Labre mélangé. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 


31 Labrus fulvus. 

Id. ZLinné, édition de Gmelin. 

Catesby, Carol. 23 p. 10, tab. To, fig. 

Labre jaunâtre. Daubenton et Haüy, Rad he méthodique. 
Id. Bonnaterre, planches de l’ Encyclopédie méthodique. 


TOME 11! | as 62 


496 HISTOIRE NATURELLE 


l'Amérique septentrionale; le rouillé, dans les Indes; 
le mélops, dans l'Europe australe; le nil, en Égypte; 
le triple-tache, en Norvége; le cornubien, dans la 
mer Britannique : on ignore la véritable patrie du 
bordé, de l’œillé, et du louche *. 


* 17 rayons à chaque nageoire pectorale du labre bordé. 
6 rayons à chaque thoracine, 
3 rayons aiguillonnés et 9 rayons articulés à Panale, 
17 rayons à la caudale. 


16 rayons à chaque nageoire pectorale du rouillé. 
1 rayon alguillonné et à rayons articulés à chaque thoracine. 
17 rayons à la caudale. 


5 rayons à la membrane branchiale de l’œillé, 
15 rayons à chaque nageoire pectorale. 

r rayon aïiguillonné et à rayons articulés à chaque thoracine. 
13 rayons à la caudale. 


6 rayons à la membrane branchiale du mélops. 

13 rayons à chaque nageoire pectorale, 

x rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 
3 rayons aiguillonnés et 10 rayons articulés à l’anale. 

12 rayons à la caudale. 


15 rayons à chaque nageoire pectorale du nil. 

1 rayon aïguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 
3 rayons aiguillonnés et 9 rayons articulés à l’anale. 
20 rayons à la caudale. 


14 rayons à chaque nageoire pectorale du louche. 
1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 
14 rayons à la caudale. 


6 rayons à la membrane branchiale du triple-tache. 
15 rayons à chaque nageoire pectorale. ? 
1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 


DESTIN OT EST SO PNTSE 49 
Que devrions-nous ajouter maintenant à ce que nous 


disons dans les notes ou dans le tableau générique, 
au sujet des onze labres renfermés dans cet article”? 


_* 5 rayons à la membrane branchiale du cendré. 
13 rayons à chaque nageoire pectorale. 
1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 
13 rayons à la caudale. | 


14 rayons à chaque nageoire pectorale du cornubien, 
6 rayons à chaque thoracine. 


LE LABRE MERLE;, 
LE LABRE RONE: 


LE LABRE FULIGINEUX:', LE LABRE BRUN#, 
LE LABRE ÉCHIQUIER;, LE LABRE MARBRÉS, 
LE LABRE LARGE-QUEUE’, LE LABRE 
GIRELLE®‘, LE LABRE PAROTIQUE?, £r LE 
LABRE PNEU ER 


Le noir bleuâtre que présente le labre merle, lui à 
fait donner, dès le temps d’Aristote, le ñom spécifique 
qu’il porte. Il offre en effet les mêmes nuances et les. 


* Labrus merula. 

Tordo d’Alga, dans la Ligurie. 
“Labrus merula. Linné, édition de Gmelin. 

Labre merle. Daubenton et Haïy, Encyclopédie méthodique. 
Ed. Bonnaterre, planches de l’Encyclopédie méthodique. 
Labrus cæruleo-nigricans. Artedi. 

‘O xorrupos. Arist. lib. 8, cap. 15 et 30. 

Id. Athen. Hb. 7, fol. 1b2, 35. 

Id. Oppian. lib. 1, p. 19, et Lib. 4. 

Æilian, lib. x, cap. 14. 

Merula. Cciumell. lib. 8, cap: 7” 

Id. Plin. lib. 9, cap. 15 ; et lib. 32, eap: xr. 

Ed. Jov. cap. 20, p. 87, 8. 

Merle. Rondelet, première partie, liv. 6, chap. b, 

Merula. Salvian. fol. 220: b. ad iconem, 87; et 223 , b. 224 a. 
Id, Gesner, p. 243, et (germ.) fol, 8 L. 


HISTOIRE NATURELLE 409 : 
mêmes reflets que l'oiseau si commun en Europe et 


connu sous le nom de wzerle ; et il n’est pas indifférent 
de faire remarquer que les premiers observateurs, 


Id. Jonston, lib. 1, tit.2, Cap. 1,a.4,t F4 2 

Id. Charlet. p. 133, | 
Aldrovand. lib.1, cap. 6, p. 35. s 
Turdus niger, merula Salviani et Rondeletii. illu1ghby, p. 320. 

Ray. P° 137. 

Merle où merlot. Palinoni-Bomare, Dictionnaire d'histoire naturelle. 
# Labrus rone. 

Strand karasse en Danemarck. 

ÆAscagne, cah. 2, p. 6, pl. 14 

Müll. Zoolog. Danic. Prodrom. p. 46. 

Labre rône. Bonnaterre, planches de l Encyclopédie méthodique. 


$ Labrus fulisinosus. 

Id. capite ex viridi, rubro, luteoque, variegato ; fasciis transyersis QUA= 
tuor vel quinque , è fusco decoloribus. Commerson, manuscrits déja cités. 

# Labrus fuscus. 

Td. tæniis utrinque duabus, longitudinalibus, pinnarumque margini- 
bus extimis viridibus. Commerson, manuscrits déja cités, 

$ Labrus centiquadrus. 


Id. capite et pinnis posterioribus rubro variegatis, toto corpore areolis: 
atro-purpureis et exalbidis tessellato. Commerson, manuscrits déja cités. 


6 Labrus marmoratus, AAA 7 K À Durs P LA 3 
4 H Ë D É 
F & s F0 "7 


7 Labrus macrourus. 


8 Labrus julis, 

Donzella, duns la Ligurie. 

Zigorella , :bid.. 

Jurella ow jula, dans plusieurs contrées d'Italie. 
Donzellina , 5h14. 

Menchina dire, bd. 


404 HISTOIRE NATURELLE 

frappés des grands rapports qu'ils trouvoient entre les 
écailles et les plumes, la parure des oiseaux et le vête- 
ment des poissons, les ailes des premiers et les nageoires 
des seconds, le vol des habitans de l'atmosphère et la 
natation des habitans des eaux, aimoiïent à indiquer 


Ziüllo, dans l’isle de Rhodes. 

Afdelles, dans l’isle de Candie. 

Dovella , dans quelques départemens méridionaux de France. 

Haruza, à Malle. 

Arusa, en Arabie. 

See fraulein, meerjunker, ez regenbogenfisch, ex Allemagne. 

Sea junkerlin es rainbow fish , ez Angleterre. 

Jonkervisch, ez Æollande. 

Labrus julis. Zinné, édition de Gmelin. 

Mus Ad Frid2, p.78 A ULE 

Bloch, pl, 287, fig. 1. 

Labre girelle, Daubenton et Haïy, Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l Encyclopédie méthodique. 

Labrus palmaris varius, dentibus duobus majoribus maxillæ superioris, 
Art. gen. 34, SYn BD. 

‘H'Iounuc, Arist. lib. 9 CAP. 2, - 

Id, Aihen. lib. 7, cap. 304. 

“jus. AElian. lib. 2, cap. 44, p. 123. 

Id. Oppian. lib. 1, p. 65 et lib. 2, fol. x27, 36. 

Id. Galen. class. 2 , fol. 29, D, E. 

Julia ou julis. Salvian. fol. 217, ad iconem, et fol. 219. 

Julis. Plin. lib. 32, cap. 0. h 

Girella. Rondelet, seconde partie, liv. 6, chap. 7. 

Julis. Gesner, p. 464 et 549; et (germ.) fol. 14, & 

Aldrov. lib, x, cap. 7; p. 39. 

Jonston, lib. Dette cap L Es LOT Tdi UT 0 

Willughby, Ichthyolog. p. 324. 

Raï. p. 138. 

Girelle. Yalmont-Bomare, Dictionnaire d'histoire naturelle. 


met MEME LS ON NES 495 
ces ressemblances curieuses par des noms d'oiseaux 
donnés à des poissons. Cette intention adoptée par 
plusieurs naturalistes modernes, leur a fait employer 
les noms de zerle et de tourd ou de grive, pour le 
genre des labres, dont cependant ils connoissoient à 
peine quelques espèces; et comme, lorsqu'on a fait 
valoir une ressemblance, on aime à l’étendre de même 
que si elle étoit devenue son propre ouvrage, on a 
voulu trouver des individus blancs parmi les merles 


—labres, comme on en voit quelquefois parmi les merles 


oiseaux. On est ensuite allé plus loin. On a prétendu 
que ce passage du noir au blanc étoit régulier, pério- 
dique, annuel, et commun à toute l’espèce pour le 
labre qui nous occupe, tandis que, pour le merle 
oiseau, il est irrégulier, fortuit, très-peu fréquent, 
et propre à quelques individus de la couvée dans 
laquelle on compte d'autres individus qui ne présen- 
tent en rien cette sorte de métamorphose. Aristote a 
RS AR NT EN ELC ART TRUE 5 LORS AN RER RER BE PQ ve LED LOUE 28 à 

* Labrus paroticus. 

Ed. Zinné, édition de Gmelin. 

Mus. Ad. Frid. 2, p.76 *. 


Labre parot. Daubenton, Encyclopédie méthodique. 
Id. Bonnaterre, planehes de l'Encyclopédie méthodique. 


# Labrus bergsnyltrus. 

Labrus suillus. Zinné, édition de Ginelin. 

Labre bergsnyltre. Daubenton et Haïy, Encyclopédie méthodique. 
Id. Bonnaïerre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

J'aun. Suecic. 330, , 

Sparus bergsnyltra, 7, Fgo1h. 179. 


496 HISTOIRE NATURELLE 


écrit que les merles, ainsi que lestourds, se montroient 
au printemps, après avoir passé l'hiver dans les pro- 
fondeurs des rochers des rivages marins, qu'ils étoient 
alors revêtus de leur beau noir chatoyant en bleu, 
et que pendant le reste de l'année ils étoient blancs. 
Il faut tout au plus croire que, dans certaines contrées, 
le défaut d’aliment, la qualité de la nourriture, la 
nature de l'eau, la température de ce fluide, ou toute 
autre cause semblable, affoiblissent l'éclat des écailles 
du labre merle, en ternissent les nuances, en altèrent 
les tons, au point de les rendre plutôt pâles et un peu 
blanchâtres que d’un bleu foncé et presque noir. Quoi 
qu’il en soit, il ne faut pas passer sous silence une autre 
assertion d’Aristote, analogue à des idées que nous 
exposerons dans un des diseours que doit offrir encore 
l’histoire que nous écrivons. Ce philosophe a dit que les 
merles poissons fécondoient les œufs d’autres espèces 
de labres, et que ces autres labres rendoient féconds 
les œufs des poissons merles. Ce fait n’est pas impos- 
sible : mais il en a été de cette remarque comme de 
beaucoup d'apperçus d'homme de génie; l'idée d’Aris- 
tote a été dénaturée, et Oppien, par exemple, l’a 
altérée jusqu’à écrire que les merles n'étoient que les 
mâles des tourds. Au reste, l'iris du merle labre est 
d’un beau rouge, comme celui de plusieurs oiseaux 
dont le plumage est d’un noir plus ou moins foncé. 
L'iris n’est pas rouge dans le labre fuligineux, mais 
d'un jaune doré. Ce fuligineux a d'ailleurs la dorsale 


D Hit} P JOÙI $ 5 OùN $. 497 


d'un pourpre noir avec quelques points bleuâtres ; les 
pectorales rougeâtres avec une tache noire à leur base; 
les thoracines variées de: bleu, de pourpre, de noir 
et de verdâtre: l’anale, d'un noir tirant sur le bleu; 
la caudale, d’un verd mêlé de brun; et une petite 
tache noire à l'extrémité de chaque ligne latérale. 

Le nom du labre brun vient de'la teinte de son dos 
et de sa tête, qui est brune; sa dorsale, son anale et 
sa caudale sont bordées de verd, ses thoracines lége- 
“rément verdâtres, et ses pectorales jaunes à leur base, 
et brunes à leur extrémité. | 

Nous n'avons besoin d'ajouter à ce que nous avons 
dit, dans le tableau générique, des couleurs du labre 
échiquier, que quelques mots relatifs aux nuances de 
ses nageoires. On voit des points et des bgnes rouges 
sur la dorsale et sur l'anale; une tache noire paroît 
sur chacune des pectorales ; et la caudale est jaunâtre. 

Une couleur bleuâtre ou d’un verd foncé, répandue 
sur la partie supérieure de la girelle, relève avec tant 
de grace les raies larges et longitudinales que le tableau 
générique nous montre sur chacun des côtés de ce 
labre, qu'il n’est pas surprenant qu’on le regarde comme 
un des poissons de l'Europe dont la parure est la plus 
belle et la plus agréable. La dorsale et l’anale offrent 
une bande jaune, une bande rouge et une bande bleue 
placées l’une au-dessus de l’autre, et l’on croit que les 
mâles sont distingués par deux taches, dont la supé- 
rieure est rouge et l'inférieure noire, et que l’on voit 

TOME LIL 63 


498 HISTOIRE NATURELLE 
‘en effet ainsi disposées sur les premiers rayons de la 
nageoire du dos de plusieurs individus. Une variété de 
cètte espèce à sa partie supérieure rouge, l'inférieure 
“blanche, 'la caudale verte, et le bout des opercules 
bleu. Des couleurs vives, gracieuses , brillantes, va- 
riées , et distribuées de manière à se faire ressortir 
sans aucune dureté dans les tons, appartiennent donc 
à tous les individus que l’on peut compter dans cette 
espèce de la girelle. | 
Ce labre vit souvent par troupes, etse plaît parmi les 
rochers. Élien a écrit que ces troupes nombreuses atta- 
quoient quelquefois lès hommes qui nageoient auprès 
d'elles, et es mordoient avec plus où moins de force, 
[l'est possible que quelques accidens particuliers aient 
donné lieu à cette opinion, que Rondelet a confirmée 
par un témoignage formel; mais lorsqu' Élien ajoute 
que leur bouche, pleine de venin, infecte toutes les 
substances alimentaires qu'elles rencontrent dans la 
mer, et les rend nuisibles à l'homme , il faut relé- 
guer son assertion parmi les erreurs de son siècle; et 
tout aû plus, doit-on croire que, dans quelques cir- 
constances de temps ou de lieu, des girelles auront pu 
avaler des mollusques ou des vers marins vénéneuxs. 
et avoir été ensuite funestes à ceux qui s'en seront 
nourris sans précaution * Ra peut-être sans les : avoir 
ÿ sh: | 
* Voyez le savant ouvrage de J. G. Schneider, RUE Petri Artedi 
Synonyinia piscium, etc. pe 82% 


DES POISSONS. : 409 
vidées avec soin. Passons aux couleurs du parotique. 
Ce labre a le dos gris et le ventre blanchâtre., 

Le violet paroît être la couleur dominante du berg- 
snyltre, dont la mâchoire inférieure et les pectorales 
sont quelquefois d'un beau jaune. | 

Quant aux formes principales des dix labres nommés 
dans cet article, nous ne pouvons que renvoyer au 
tableau générique. Le merle *, le premier de: ces dix 

labres , habite dans les mers de l'Europe; le rône 
_ se trouve particulièrement dans celle de } Norvége; le: 
fuligineux , le brun et l'échiquier vivent parmi les 
rochers qui environnent les isles de Madagascar, de 


* 1 rayon aiguillonné et à rayons articulés à chaque thoracine du labre 
merle. | 


ÿ rayons à la membrane branchiale du rône. 
14 rayons à chaque nageoire pectorale. 


1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à je thoracine. 
14 es à la caudale. 


14 rayons à chaque nageoire pectorale du fuligineux. 
x rayon aiguillonné et 5irayons articulés à chaque thoraéine, 
14 rayons à la caudale. 


16 rayons à chaque nageoire pectorale du à Drum 
6 rayons à chaque thoracine. 


32 ou 14 rayons à la caudale. 


14 rayons à chaque nageoire pectorale de Péchiquier, 
6 rayons à chaque thoracine. 
12 rayons à la caudale. 
8 
13 rayons à chaque nageoire pectorale du marbré. 
6 rayons à chaque thoracine. 
15 rayons à la caudale. 


boo HISTOIRE NATURELLE. 


France et de la Réunion; le marbré et le large-queue 
appartiennent au grand Océan équatorial : ces cinq der- 
niers labres ont été observés par Commerson, auquel 
nous devons les descriptions ‘et'les figures de ces ani- 
maux, que nous publions aujourd'hui, et qui sont 
encore inconnues des naturalistes, On pèche la girelle 
dans la Méditerranée, ainsi que dans la mer Rouge ; 
les Indes sont la patrie du parotique; et le bergsnyltre 
paroît préférer l'Océan atlantique boréal *. 


* 14 rayons à chaque nageoire pectorale du large-queue. 


6 rayons à la membrane branchiale du girelle. 
13 rayons à chaque pers pectorale. 

x rayon aiguillonné et à rayons articulés à l’anale. 
13 rayons à l’anale. 
12 rayons à la caudale. 


12 rayons à chaque nageoire pectorale du parotique, 
6 rayons à chaque thoracine, LR té 

14 rayons à l’anale. 

14 D à la caudalé, 


13 rayons à Frans nageoïire Recto gé bergsnyltre. 


I rayon HRDIRE et 5 rayons articulés à chaque PE thoracine. 
1x4 rayons à la caudale, 


LE LABRE GUU'A 7 ES 
LE LABRE TANCOIDE,, 


LE LABRE DOUBLEÉ-TACHE®, LE LABRE 
PONCTUÉ"*, LE LABRE OSSIFAGE: LE 
LABRE ONITES, LE LABRE PERROQUET", 
LE LABRE TOURD!, LE LABRE CINQ-ÉPINES?, 
LE LABRE CHINOIS*, sr LE LABRE JAPO- 
NOIS", | 


Le guaze et l’onite vivent dans les hautes mers; l'ossi- 
fage et le tourd, dans l'Océan atlantique ou dans la 
Méditerranée; le perroquet se troûve dans cette même 
* Labrus guaza. 
Id. Zinné, édition de Gmelin. 
Lœÿfl. It, 104. 3 
Labre guaze. Daubenion et Haïy, Encyclopédie méthodique. 
Id. Bornaterre , planches de l Encyclopédie méthodique. : 
2 Labrus tancoïdes. | | 
Wrasse, old wife, e/gwrach, ex Angleterre. 
Labrus tinca. Jinné, édition de Gmelin. 
Labre tanche de mer. Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique, 
© Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique, 
Labrus rostro sursum reflexo , caudâ in extremo circulari, 4 
33 9 SY 12. 56. Ë ] 
Turdus vulfatissimus ; tinca marina Venetis. Willughby, p.319. 
The wrasse. Pennant, Brit. Zoolog. 4.3, p. 203. 


Tanche de mer. Zximont-Bomare, Dictionnaire d'histoire naturelle. 


tedi, gens 


509. HISTOIRE NATURELLE 


Méditerranée, où l’on pêche également le labre double- 
tache, qu'on a observé aussi dans les eaux salées qui 


3 Labrus bimaculatus. 

Id. Linné , édition de Gmelin. 

Labre double-tache. Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. 
Id. Bonnaierre, planches de P Encyclopédie méthodique. 


Sciæna maculâ fuscâ in medio corporis et supra basim caudæ. Mus. Ad, 
Frid. 1, p. 66. 


Brit. Zoolog. 3, p. 205, n. 2. 


4 Labrus punctatus. 

Prick snylta, en Suède. 

Labrus punctatus. Linné, édition de Gmelin. 

Labre ponctué. Daubenion et Haïy, Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

Sciæna lineis longitudinalibus plurimis fusco punctatis. Mus, Ad, Frid. 7, 
pe 66. 

Gronov. Mus. x, 1.87. 

Bloch, pl. 205, fig. x. 

5 Labrus ossiphagus. 

Id. Zinné, édition de Gmelin. 

Labre ossifage. Daubenton et Haïy, Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

6 Labrus ohitis. PPS TT 

Id. Zinné, édition de Gmelin. 

Mus. Ad. Frid. 2 , pe 70. 

Labre onite. Daubenion et Haïüy, Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, plariches de l Encyclopédie méthodique. 

7 Labrus psittacus. | 

Labrus viridis. Linné, édition de Gmelin. 

Labrus viridis, lineâ utrinque cæruleâ. Arredi, gen: 34. 

Dixième espèce de tourd. Rondelet, première partie, liv. 6 ; chap::6, 

Turdus viridis, sex decimus Rondeletii. #/illughby, Iclthyol. p+ 320, 

Labre perroquet. Daubenion et Haïy, Encyclopédie méthodique, 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique, 


ps” 


D Ji Si UMP OUT 15.51 0 NS: 505 
entourent la Grande-Bretagne; le tancoïde habite pen- 
dant une grande partie de l’année dans les profondes 
anfractuosités des rochers qui ceignent les rivages bri- 
tanniques, ou qui sont peu éloignés de ces rivages ; 
le cinq-épines a été rencontré dans cette mer si sou- 
vent hérissée de montagnes de glace, et qui sépare la 


8 Labrus turdus. 

Id. Linré, édition de Gmelin. 

Labrus oblongus viridis, iride luteâ, Artedi, gen. 34, syn. br. 

Turdus viridis major. zllughby, p. 322. 

Turdusoblongus, fuscus, maculosus. 14. p. 323. 
RAP: 297e 

Labre tourd. Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. 

Id. Bornaterre , planches de l’ Encyclopédie méthodique. 

Labrus oblongus, viridescens, maculatus, etc. Brünn. Pise, Massil, 
p. 1, 72: 67. 


9 Labrus pentacanthus. 

Labrus exoletus. Linné, édition de Gmelin. 

Faun. Suecic. 331. 

Mill. Prodrom. Zoolog. Dañice. 386. 

Ot. Fabric. Faun. Groenland. p. 166, n. 120. 

Strom: Sondm. 267, n. 3. 

Labre cinq-épines. Daubenton eë Haïüy, Encyclopédie méthodique. 
Id. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. 


1 Labrus chinensis. 

Id. Zinné, édition de Gmlin. 

Labre livide. Daubenton et Haïy, Encyclopédie méthodique. 
Id. Bonnaterre, planches de l’Encyclopédie méthodique. . 


31 Labrus japonicus, 
Id. Linné, édition de Gmelin. : 
Houttuyn, Act. Haarl. XX, 2, p. 324 
- Labre du Japon. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique, 


Ho4 HISTOIRE NATURELLE 


Norvége du Groenland; les eaux de la mer équatoriale 
qui baigne Surinam, paroissent au contraire préférées 
par le ponctué; le chinois a été vu près des côtes de la 
Chine; et Houttuyn a découvert le japonois auprès de 
celles du Japon. | 

Nous croyons que quelquesnaturalistesontété induits 
en erreur par des accidens ou des altérations que leur 
ont présentés des individus de l'espèce du tancoïde, 
lorsqu'ils ont écrit que la lame supérieure de l’opercule 
de ce labre étoit dentelée; nous pensons que la confor- 
mation qu'ils ont apperçue dans l’opercule de ces indi- 
vidus, étoit une sorte d'érosion plus ou moins irrégu- 
Bière, et bien différente de la véritable dentelure, que 
nous regardons comme un des principaux earactères du 
genre des lutjans : mais si notre opinion se trouvoit 
détruite par des observations constantes et nombreuses, 
il seroit bien aisé de transporter le tancoïde dans ce 
genre des lutjans, et de l'y inscrire dans le second sous- 
DEATÉNIE | | 

Les dents antérieures du tourd sont plus grandes que 
les autres. Il est facile de voir, en parcourant le tableau 
générique, que ce labre tourd peut présenter, relati- 
vement à ses couleurs, trois variétés plus ou moins 
permanentes. Lorsqu'il est jaune avec des taches blan- 
ches, sa tête montre communément, et indépencam- 
ment des taches blanches, quelques taches noires vers 
son sommet, et quelques filets rouges sur ses côtés; 
son ventre est alors argenté avec des veines rouges ; 


'D'RUMIEIOM ÉSLOON Een 505 


et ses nageoires dorsale, thoracines, anale et caudale, 
sont rouges et tachées de blanc. Si ce même tourd a 
sa couleur générale verte, ses pectorales sont d’un 
jaune pâle, ses thoracines bleuâtres, et sa longueur 
est un peu moins grande que lorsqu'il offre une autre 
variété de nuances. Et enfin, quand il a des taches 
dorées ou bordées d'or au-dessous du museau, avec la 
partie supérieure verte, il parvient aux dimensions 
ordinaires de son espèce, il est long de trois décimètres 
ou environ; il a le ventre jaunâtre et parsemé de taches 
blanches, irrégulières, bordées de rouge; une raie 
formée de points blancs et rougeâtres règne avec la 
ligne latérale, et est placée au-dessus de plusieurs 
autres raies longitudinales, composées de petites taches 
blanches et vertes *. 


* 16 rayons à chaque nageoire pectorale du labre guaze, 
6 rayons à chaque thoracine. 
‘13 rayons à l’anale. 
15 rayons à la caudale. 


5 rayons à la membrane branchiale du tancoïde. 
14 rayons à chaque nageoire pectorale. 

6 rayons à chaque thoracine. 

13 rayons à la caudale. 


6 rayons à la membrane branchiale du double-tache. 
15 rayons à chaque nageoire pectorale. 
T rayon aïguillonné et cinq rayons articulés à chaque thoracine. 


6 rayons à la membrane branchiale du ponctué. 
z5 rayons à chaque nageoire pectorale, 
Tr rayon aiguillonné et à rayons articulés à chaque thoracine. 
8 rayons à la caudale. 
TOME IL | 64 


= 


506 HISTOIRE NATURELLE 


Quelle différence de ces couleurs variées et vives 
qui grivèlent, pour ainsi dire, le tourd, et lui ont fait 
donner le nom spécifique qu’il porte, avec les nuances 
sombres et peu nombreuses du ponctué! Ce dernier 
labre est brun, et cette teinte obscure n’est relevée 
que par des points d'un gris très-foncé ou noirâtres, 
qui composent les raies longitudinales indiquées dans 
le tableau générique, et par d’autres taches, ou points, 


15 rayons à chaque nageoire pectorale de l’ossifage, 
1 rayon aiguillonné et à rayons articulés à chaque thoracine. 
13 rayons à la caudale. 


15 rayons à chaque nageoire pectorale de l’onite, 
© x rayon aïiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 
14 rayons à la caudale. | 
14 rayons à chaque nageoïre pectorale du perroquet, 
6 rayons à chaque thoracine. 
14 rayons à la caudale. 


5 rayons à la membrane branchiale du tourd. 
14 rayons à chaque nageoire pectorale. 

x rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 
13 rayons à la caudale, 
13 rayons à chaque nageoire pectorale du cinq-épines. 

x rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 
18 rayons à la caudale. 
13 rayons à chaque nageoire pectorale du chinois. 

r rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 
12 rayons à la caudale. : 


6 rayons à la membrane branchiale du japonois. 
16 rayons à chaque pectorale. 

1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 
18 rayons à la caudale, 


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ERUNDABRE DLINCAIRE: 
LE LABRE LUNULES 


LE LABRE VARIÉS: LE LABRE MAILLÉ*# LE 
LABRE TACHETÉ:, LE LABRE COCK‘ LE 
LABRE CANUDE’ LE LABRE BLANCHES- 
RAIES®, LE LABRE BLEU”, sr LE LABRE 
RAYVÉ®, 


LE linéaire a, comme plusieurs autres labres , et 
particulièrement comme le bleu et le rayé, les dents 
de devant plus grandes que les autres; le lunulé a la 


* Labrus linearis. 

Id. Zinné, édition de Gmelin. 

ÆAmaæn, acader. 1; p. 315. 

Labre linéaire. Daubenion et Hay, Encyclopédie méthodique. 
Id. Bornaterre, planches de l’Encyclopédie méthodique. 


? Labrus lunulatus. 

Id. Zinné , édition de Gmelin. 

Forskael, Faun. Arab. p. 37, n. 34. 

Labre lunulé. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 


3 Labrus variegatus. 
Id, Zinné , édition de Gmelin. 
Striped wrasse. Brit. Zoolog. 3, p.207, n. 4. 


4 Labrus reticulatus. 

Labrus venosus, Linné, édition de Gmelin. 

Brünn, Pise. Massil. p. 58, n.74. 

Labre maillé, Bonnaterre, planches de l Encyclopédie méthodique. 


k 
HISTOIRE NATURELLE. 509 


tête et la poitrine parsemées de taches rouges, les pec- 
torales jaunes, les autres nageoires vertes avec des 


RER 


_$ Labrus guttatus. 
Id. Linné, édition de Gmelin. 
Briünn. Pise. Massil. p.59, n. 76. 
Labre tacheté., Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 


5 Labrus coquus. 

Id. Zinné, édition de Gmelin. 

Cock Cornubiensium. Brir. Zoolog. BL 210, 71: 0° 
Raj. Pise. p. 163, f. 4. 


7 Labrus cinædus. 

Rochau, dans plusieurs départemens méridionaux de France. 

Canus, bd. 

Canudo, 1bid. 

Rosa, dans la Tigurtre. 

Labrus cinædus. Z£inné, édition de Gmelin. 

Labrus luteus, dorso purpureo, piunâ à capite ad caudam continué. 
Artedi, syn. 56. 

"AnQuret. Athen. lib. 7, cap. 287. 

Cinædus, PZn. 

Canus. Rondelet, première partie, lis. 6, chap. 4. 

Cinædus Rondeletii. 4/4rovand. lib. x, cap. 14, p. 67: 

Jonsion, lib. T, tit, 2, cap. 1, @. 10, tab. 15,17. 7: 

Alphestes, vez cinædus. Gesner, p. 36,40, ec (germ.) fol. 15, 
. Alphestes. Charlet. p. 135. 

Alphestes, sive cinædus. He: p. 328. 

Raj.p. 137- 

Labre canude, Daubenton et Fe Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l’ Ha méthodique. 


8 Labrus albo vittatus. 

Labre rayé de blanc. Ponnaterre, planches de 'Eheyélopedié méitho 
dique. 

Koelreuter, Nov. Com. Petrop. 1om.9, p. 4b8.. 


-bro HISTOIRE NATURELLE 


taches rouges ou rougeâtres, et quelquefois des rayons 
rouges autour des yeux. Les opercules du varié sont 
gris et rayés de jaune; ses pectorales tachées d’olivâtre 
à leur base; et ses thoracines, ainsi que son anale, 
bleues à leur sommet. Le rayé présente un liséré bleu 
au bout des thoracines, de l’anale et de la caudale ; 
les rayons de cette dernière nageoire sont jaunes à 
leur base, et une tache bleue est placée sur la partié 
antérieure de la dorsale. 

Ce labre rayé vit dans les mers de la Grande-Bre- 
tagne, ainsi que le bleu, qui fréquente aussi les rives 
de la Norvége et du Danemarck, le cock et le varié, 
que l’on rencontre particulièrement près des isles 
Skerry; le linéaire se trouve dans les Indes et près des 
rivages de l'Amérique méridionale ; le lunulé, près 
des côtes de l'Arabie; et le maillé, le tacheté et le 
canude sont pêchés dans la Méditerranée, où ce canude 
étoit connu dès le temps d’Athénée et même de celui 
d’Aristote, et où on l’avoit nommé a/phestas et cinædus, 
parce qu'on voyoit presque toujours les individus de 
cette espèce nager deux à deux à la queue l’un de 


® Labrus cæruleus. 

Blaastaal ec blaustak, en Danemarck. 

Paon bleu. Ascagne, cah. 2,p. 5, pl, 12. 

Labre bleu. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 


1 Labrus lineatus. 
Pennant, Brit. Zoolog.3, p. 240. 
Labre rayé. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique, 


HS EMEMRMRMO NET EST OURS. DIE 
l’autre *. La chair de ces canudes présente les même 
qualités que celle ‘de la plupart des autres poissons 
qui vivent au milieu des rochers, et qu'on a nommés 
saxatiles; elle est, suivant Rondelet, molle, tendre, 


* 6 rayons à la membrane branchiale du labre linéaire. 
12 rayons à chaque nageoire pectorale. 
6 rayons à chaque thoracine, 
12 rayons à la caudale. 


5 rayons à la membrane branchiale du funulé. 
12 rayons à chaque nageoire pectorale. 
x rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 
33 rayons à la caudale. 

5 rayons à la membrane branchiale du varié. 


15 rayons à chaque nageoire pectorale. 
x rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 


5 rayons à la membrane branchiale du maillé. 
13 rayons à chaque nageoire pectorale. 


L rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 
13 rayons à la caudale. 


5 rayons à la membrane branchiale du tacheté, 
14 rayons à chaque nageoire pectorale. 

1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 
37 rayons à la caudale. 


15 rayons à chaque nageoire pectorale du blanches-raies, 
6 rayons à chaque thoracine. 
12 rayons à la caudale. 


5 rayons à la membrane branchiale du bleu. 
14 rayons à chaque nageoire pectorale. 

1 rayon aïiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 
14 rayons à la caudale. 


C3 


Br9 HISTOIRE NATURELLE. 


friable , facile à digérer, et fournit une nourriture 
convenable aux malades ou aux convalescens. 


5 rayons à la membrane branchiale du rayé, 
15 rayons à chaque nageoire pectorale. 
1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 


 


DO LA RIAD LAN 
LE LABRE BERGYLTE’, 


LE LABRE HASSEK®, LE LABRE ARISTÉ#, 
LE LABRE BIRAYÉ’, LE LABRE GRANDES- 
ÉCAILLESS, LE LABRE TÉTE-BLEUE’, 
LE LABRE À GOUTTES", LE LABRE BOISÉ?, 
gr LE LABRE CINQ-TACHES?*. | 


UELLES nuances devons-nous décrire encore, pour 
compléter l'idée que nous donne le tableau générique 
des couleurs de ces labres ? La teinte générale du 
PCR ERE ET M TRAIT Een OUR ER ENT ENT LR ET RAA RTL PRES LU SEAT MN PIARERE" 

: Labrus ballan. 


Pennant, Brit. Zoolog. 3, p. 246. 
Labre ballan, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodiques 


? Labrus bergylta. 
Berg-galt, ez Norvége. 
| Berg-gylte, ibid. 
Sea-aborne, zbid. 
See carpe (carpe de mer), ex Danemarck. 
Labrus bergylta. Ascagne, pl. x. 
Labre tacheté. Bloch, pl. 294. 
Labre bergylte. Bonnaterre, planches de l’ Encyclopédie méthodique: 


5 Labrus hassek. | 

Labre hassek. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 
Labrus inermis. Zd. ibid. 

Forskael, Descript. animal. p. 34 


TOME Ill À METTES 


B14 HISTOIRE NÂTUREEËLE 


bergylte est brune, et ce brun est mêlé de jaune sur les 
opercules; le hassek est verd, avec le dos brun, et des 
taches blanchâtres sur les côtés ; presque toutes les 
nageoires du birayé sont d'un violet mêlé de jaune; 
le labre grandes-écailles présente des nageoires colo- 
rées de même, des taches violettes sur ses opercules, 
et quelques taches bleues à l’origine de la dorsale ; un 
gris tirant sur le verd distingue les nageoires du labre 
tète-bleue; presque toutes les taches que l’on voit sur 
le labre à gouttes, sont ordinairement rondes comme 
des gouttes de pluie; le boisé a les thoracines noires, 
les pectorales et la caudale bleues, la dorsale et l'anale 
variées de bleu, de jaune et de brun; et le cinq-taches 


# Labrus aristatus. 
Labre aristé. Bonnaterre, planches de l’ Encyclopédie méthodique. 
Sparmann, Amœn.academ. vol. 7, p. 5oë, 


5 Labrus bivittatus. 
Bloch, pl. 284, fig. ze ‘ 


6 Labrus macrolepidotus. 
Bloch, pl. 284, fig. 2. 


7 Labrus cyanocephalus, 
Bloch, pl. 286. 


8 Labrus guttulatus. 
Bloch, pl. 287, fig: 2. 


9 Labrus tessellatus. 

Bloch, pl. 2971, fig. 2. 

1 Labrus quinque-maculatus, 
Bloch, pl. 291, fig. 1. 


DES POISSONS. 515 


a les nageoires jaunes, bordées de violet. Nous devons 
à Bloch la connoissance des six derniers labres que nous 
venons de nommer, et nous savons par ce naturaliste 
que le cinq-taches vit, ainsi que le boisé, dans la mer 
de Norvége, d'où M. Spengler, de Stockholm, avoit recu 
des individus de ces deux espèces. C'est dans les mers 
de la Grande-Bretagne, ou à une distance assez peu 
considérable de la Norvége, que l'on trouve le bergÿlte 
et le ballan *. On pêche le hassek dans la mer d'Arabie; 


* 4 rayons à la membrane branchiale du labre ballan. 
14 rayons à chaque nageoire pectorale. 
1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 


5 rayons à la membrane branchiale du bergylte. 

14 rayons à chaque nageoire pectorale. 

1 rayou aiguillonné et 4 rayons articulés à chaque thoracine, 
18 rayons à la caudale. 


12 rayons à chaque nageoire pectorale de laristé. 
6 rayons à chaque thoracine. 


5 rayons à la membrane branchiale du birayé. 

14 rayons à chaque nageoire pectorale. 
x rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 
13 rayons à la caudale. 


5 rayons à la membrane branchiale du grandes-écailles. 
12 rayons à chaque nageoire pectorale. 
* 6 rayons à chaque thoracine. 
19 rayons à la caudale. 


5 rayons’ à la membrane branchiale du tête-bleue. 
12 rayons à chaque nageoire pectorale. 

1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 
12 rayons à la caudale. 


$SI16 HISTOIRE NATURELLE, 


et M. Sparmann dit que le Au aristé a pour patrie 
les eaux de la Chine. 

Les mâchoires du labre grandes-écailles n’offrent 
qu'un seul rang de dents, dont les antérieures sont 
les plus longues; la ligne latérale de ce poisson est 
interrompue ; une seule rangée de dents petites et 
aiguës garnit les deux mâchoires du labre’ boisé, 


13 rayons à chaque nageoire pectorale du labre à gouttes, 
6 rayons à chaque thoracine. 
16 rayons à la caudale. 


4 rayons à la membrane branchiale du boisé, 
16 rayons à chaque nageoire pectorale. 

1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 
16 rayons à la caudale. 


5 rayons à la membrane branchiale du einq-taches. 
‘15 rayons à chaque nageoire pectorale. | 

1 rayon aiguillonnéet 5 rayons articulés à chaque thoracine. 
16 rayons à la caudale. 


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LE LABRE MICROLÉPIDOTE: 


LE LABRE VIEILLE”, 


LE LABRE KARUT:, LE LABRE ANÉI* LE 
LABRE CÉINTURE", LE LABRE DIGRAMME:, 
LE LABRE HOLOLÉPIDOTE?, LE'LABRE 
TÆNIOURE’, LE LABRE PARTERRE?, LE 
LABRE SPAROIDE", LE LABRE LÉOPARD"*, 
ET LE LABRE MALAPTÉRONOTE", 


Brocr, qui le premier a publié la description du 
microlépidote, du labre vieille, du karut et de l’anéi, 
ignoroit quelle est la patrie du microlépidote. Le labre 
vieille est pêché près des côtes de Norvége, d’où on 


en 
# Labras microlepidotus. 
Bloch, pl. 292. 


2 Labras vetula. * 
Carpe de mer, sur quelques côtes occidentales de France 
Bloch, pl. 293. 


2 Labrus karut. 
Johnius carut. Block, pl, 356. 


# Labrus aneus. 
Anéi kattalei, par les Malars. 
Johnius aneus. Bloch, pl. 357. 


5 Labrus cingulum. 


Labrus saturnio anticâ medietate lividus , posticä fuscus, cingulo inter 


medio exalbido, punctis atro-purpureis capiti. inspersis. Commerson, ma= 
nuscrèts déja cités: 


D10 HISTOIRE NATURELLE 


avoit fait parvenir des individus de cette espèce à 
M. Spengler; on le trouve aussi auprès des rivages 
occidentaux de France. Le karut et l’anéi, que Bloch 
avoit cru pouvoir comprendre dans un genre parti- 
culier, qu'il avoit consacré à son ami John, voyageur 
et missionnaire dans les Indes, en donnant à ce grouppe 
le nom de Johnius, nous ont paru devoir être inscrits 
avec les véritables labres, d’après les principes de dis- 
tribution méthodique que nous suivons; et, en effet, 
ils n'offrent aucun caractère qu’on ne retrouve dans 
une ou plusieurs espèces, considérées, par presque 
tous les naturalistes. et par Bloch lui-même, comme 
des labres proprement dits. Ce karut et cet anéi vivent 
dans les eaux salées des Indes orientales, et particu- 
lièrement dans celles qui baignent la grande presqu'isle 
de l'Inde, tant au levant qu'au couchant de cette 
immense péninsule, 

Quant aux autres huit labres nommés dans cet ar- 
ticle, nous en donnons les premiers la description, 
, | ES 


6 Labrus digramma, 
7 Labrus hololepidotus. 
8 Labrus tæniourus. M 


3 Labrus hortulanus, Â k 


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 Labrus sparoïdes. - \ 
# Labrus leopardus. = 


F* Labrus malapteronotus.- 


DEMSN PL OM S'ISTOTNTS! Ô19 


d'après les manuscrits de Commerson ou les dessins 
qui faisoient partie de ces manuscrits, et que nous 
avons fait graver. Ces huit labres habitent le grand 
Océan équatorial, ou les mers qui en sont voisines ; 
et le labre ceinture a été observé particulièrement 
auprès de l'Isle de France. 

Les deux mâchoires du microlépidote et du labre 
vieille sont aussi longues l’une que l’autre ; elles sont 
de plus garnies de dents pointues et peu serrées; et 
le karut et l'anéi n'offrent que des dents petites et 
pointues. 

Disons encore quelques mots des couleurs des douze 
labres que nous examinons. 

La dorsale du microlépidote * est presque entière- 
ment brune ; ses autres nageoires sont blanchâtres. 
Le dos et les flancs du karut réfléchissent un bleu 
d'acier; une nuance d’un beau jaune distingue son 
ventre et ses lignes latérales; ses nageoires offrent un 
brun rougeâtre, excepté la dorsale et la caudale, qui 
sont bleues. L’anéi a le dos noirâtre, les côtés blancs, 
les pectorales et les thoracines rougeâtres; la partie 
postérieure de la dorsale, l’anale et la caudale rouges 


©, 


* Microlépidote désigne les petites écailles, digramme la double ligne 
latérale, hololépidote les écailles placées sur toute la surface de l'animal 
tænioure le ruban ou la bande que l’on voit sur la nageoire‘caudale, et 
malaptéronote les rayons mous qui composent seuls la nageoire dorsale. 
Muxpos signifie petit, Aems écaille, di deux fois, ypaupa ligne, ohos entier, 


Taie ruban Où bande, évpa queue, pañuxos mou, wepor nageoire, et w7es dos 


8% 


520 HISTOIRE NATURELLE 


à leur base et bleuâtres à leur sommet. Le bord de la 
dorsale et de l’anale du labre ceinture est souvent 
blanchâtre *, et l’on voit ordinairement sur l'angle 
postérieur de l’opercule de ce poisson une tache noire, 


* 12 rayons à chaque nageoire pectorale du labre microlépidote. 
T rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 
18 rayons à la caudale, 


14 rayons à chaque nageoire pectorale de la vieille. 
x rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 


16 rayons à la caudale. 


5 rayons à la membrane branchiale du karut. 

16 rayons à chaque nageoire-pectorale. 
x rayon aïiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 
2 rayons aiguillonnés et 7 rayons articulés à l’anale. 

18 rayons à la caudale. 


5-rayons à la membrane branchiale de l’anéi. 

x4 rayons à chaque nageoire pectorale. 
r rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 
2 rayons aiguiHonnés et 7 rayons articulés à l’anale. 

16 rayons à la caudale, 


13 rayons à chaque nageoire pectorale de la ceinture, 
6 rayons à chaque thoracine; 
r4 rayons à la caudale, : 2 | 


11 rayons à chaque nageoire pectorale du digramme, 
6 rayons à chaque thoracine, 
12 rayons à la caudale, 


20 rayous à la caudale du labre hololépidote. 
13 rayons à la caudale du tænioure, 


12 rayons à chaque nageoiïre pectorale du paiterre, 
z6 rayons à la caudale, 


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LE LABRE MACRODONTE:, 


LE LABRE NEUSTRIEN* LE LABRE CALOPS#, 
LE LABRE ENSANGLANTÉ"S LE LABRE 
PERRUCHES,LE LABRE KESLIK’, Er LE 
LABRE COMBRE*. 


LA description comparée des six premiers de ces huit 
labres n’a encore été publiée par aucun naturaliste. 
Suivant le citoyen Noël, qui nous a fait parvenir des. 
notes manuscrites au sujet du labre neustrien et du 

? Labrus diana. 

2 JLabrus macrodontus. 

3 Labrus Neustriæ. 
‘ Grande vieille, auprès de Fécamp. 

Bandoulière marbrée. ( Note manuscrite communiquée par le citoyen 
Noël de Rouen.) 


4 Labrus calops. 
La brune, par les pécheurs de Dieppe. 
Bandoulière brune. ( Note manuscrite communiquée par le citoyer 


Noël de Rouen. ), 


5 Labrus cruentatus.. 

Lupus minimus, argenteus, maculis purpureis tessellatus. Peiztures sur 
vélin faites d'après les dessins de Plumier, et déposées dans la biblio-- 
ihèque du Muséum national d'histoire naturelles. 


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HISTOIRE NATURELLE. 593 


calops, ce dernier poisson a les deux mâchoires gar- 
nies d'une rangée de dents doubles et pointues. La 
dorsale du neustrieh présente des nuances et une 
disposition de couleurs assez semblables à celles que 
l'on voit sur les côtés de cet animal, et les pectorales, 
les thoracines, l’anale et la caudale, offrent des tons 
et une distribution de teintes pareils à ceux que montre 
le dos. L'iris du calops, qui est très-grand, ainsi que 
l'œil considéré dans son ensemble, est d'un noir si 
éclatant, que jai cru devoir tirer de ce-trait de la 
physionomie de ce labre le nom spécifique de calops 
que j'ai donné à ce poisson, et qui signifie el æil', Le 
dos du labre calops est brunâtre; mais cet osseux est 
revêtu sur toute sa surface, excepté.celle.de sa tête, 
d'écailles fortes, larges et très-brillantes *. L’éclat des 


5 Labrus psittaculus. 
Turdus marinus varius, vulgd petit perroquet. Peintures sur vélir faites 


d'après Les dessins de Plumier, et déja citées. 


7 Labrus keslik. 
Labrus perdica. Zinné, édition de, Gmelin. 


Forskael, Descript. anim. p. 34 , n. 26. 
Labre keslik. Bonniaterre , planches de Encyclopédie bb 


5 Labrus comber. 
Id. Linné, édition de Gmedlin. 
Labre combre. Bonnaterre, planches de l’Encyclopédie Hepodue 


Comber. Brit, Zoolog.3, p.210, n, 7. 
Raj. Pise. p. 163, fig. à 


: Kaños veut dire beau, et 4 œil. 


* Le citoyen Noël, qui a disséqué le calops , nous écrit que ce po'sson 


594 HISTOIRE NATURELLE 


diamans et des rubis, qui charme les yeux des obser- 
vateurs sur l’ensanglanté, est relevé par les nuances 
des nageoires, qui sont toutes dorées. L’amale du labre 
perruche est jaune avec une bordure rouge, et sa cau- 
dale est également jaune, avec quatre ou cinq bandes 
courbes, concentriques, ‘inégales en largeur, et alter- 
ndtivement rouges et OS Le keslik a la tête brune, 
ét la dorsale, ainsi que l’anale, rouges. Le combre 4 
souvent le ventre d'un jaune clair, et les mageaires 
rougeâtres : il habite dans les mers britanniques ; le 
keslik, dans celle qui baigne les murs de Constanti- 
nople; les beaux labrés ensanglanté et perruche vivent 
dans l'Amérique, où ils ont été dessinés et observés 
avec soin par Plumier; le neustrien.et le calops, près 
des rives de l'ancienne Neustrie; et le labre diane”, 
dont nous devons la figure à Commerson, se trouve 


EE ES 


n’a point d’appendices ou cœcums-auprès du pylore; que la vessie nata- 
toire est d’une grande capacité ;-qu’elle est située au-dessous de l’épine 
dorsale ; que cette épine est composée de vingt- deux vertèbres, dont dix 
répondent à la capacité du ventre, et que la chair de cet animal est 
blanche, et ferme comme celle d’une jeune morue. , 


* r2 rayons à la caudale du labre diane. 


5 rayons à la membrane branchiale du labre macrodonte.. 
15 rayons à chacune des pectorales. 
x rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines: 
14 rayons à la caudale. | 
7 rayons à la membrane branchiale du neustrien. 
15 rayons à chacune des pectorales. 
x rayon aiguillonné et à rayons articulés à chacupe des thoracines. 
15 rayons à la caudale.: 


DE SANBIO NE IS IS O0 NS 5925 
dans le grand Océan équatorial : quant au macrodonte, 
que nous avons décrit d’après des individus de la col- 
lection cédée à la France par la Hoïlande, nous ignorons 
sa patrie. 


4 rayons à la membrane branchiale du calops, 
17 rayons à chacune des pectorales. 
x rayon aïguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines.. 


22 rayons à la caudale. 
12 rayons à la nageoire de l’anus de la perruche. 
12 rayons à la caudale, 


44 rayons à chacune des pectorales du keslik, 


I rayon aiguillonné et à rayons articulés à chacune des thoracines:. 
14 rayons à la caudale. 


14rayons à chacune des pectorales du combre: 
© rayons à chacune des thoracines.. 


LE LABRE BRASILIEN, 
LE LABRE VERD), 
LE LABRE TRILOBÉ®, LE LABRE DEUX- 
CROISSANS‘ LE LABRE HÉBRAIQUE;, 


LE LABRE LARGE-RAIE*‘, rr LE LABRE 
ANNELÉT. | 


BLocx a publié la description et la figure des deux 

premiers de ces labres°; nous allons faire connoître 

les cinq autres, dont nous avons trouvé des dessins 
Es. | 


: Labrus brasiliensis. 
Tetimixira, au Brésil, 
Bloch, pl. 280. 


2 Labrus viridis. 
Bloch, pl. 282. 

8 Labrus trilobatus. 
#4 Labrus Cr 
5 Labrus bebraïcus. 

6 Labrus latovittatus. 
7 Labrus annulatus. 


#& La belle gravure enlunünée du brasilien, que l’on trouve dans l’ou- 
_ vrage de Bloch, me paroît donner une fausse idée de la caudale de ce 
poisson, en ne la représentant pas comme trilobée. Si mon opinion à cet 
égard r’étoit pas fondée, il faudroit ôter le brasilien du troisième sous 


genre des labres, et le placer dans le premier. 


HISTOIRE NATURELLE 997 
parmi les manuscrits de Commerson. La ligne latérale 
des deux derniers de ces cinq labres, c'est-à-dire, du 
labre large-raie et de l’annelé, est courbe à son origine, 
et droite vers la nageoire caudale : une grande tache, 
ayant à peu près la forme d'un eroissant, est d’ailleurs 
placée sur la base de la caudale de ce labre annelé, 
et occupe presque toute la surface de cette nageoire; 
on voit de plus une ou deux raies longitudinales sur 
_Fanale de ce même poisson, et une raie oblique passe 
au-dessus de chacun de ses yeux. La dorsale et l’anale 
du trilobé sont bordées d’une couleur vive ou foncée. 
Le brasilien brille *, sur presque toute sa surface, de 
l'éclat de l'or, et cette dorure est relevée par quelques 


* xx rayons à chacune des nageoïres pectorales du labre brasilien. 
-x rayon aïguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines 
18 rayons à la caudale. 


12 rayons à chacune des pectorales du labre verd.. 
6 rayons à chacune des thoracines. 
x4 rayons à la caudale. 


13 rayons à chacune des pectorales du trilobé. 
x3 rayons à la caudale, 


r3 rayons à chacune des pectorales du labre deux-croissans: 
15 rayons à l’anale.. 
9 rayons à la caudale.. 


ro rayons à chacune des pectorales du labre hébraïque: 
16 rayons à ka caudale. 


x1 rayons à la caudale du large-raie. 


7 rayons à chacune des pectorales de l’annelé.. 
x3 rayons à.la caudale.. 


598 HISTOIRE NATURELLE. 


traits bleus, par le bleu des raies longitudinales qui 
s'étendent sur la dorsale et sur l’anale, et par la cou- 
leur également bleue des pectorales, des thoracines 
et de la caudale : ce beau poisson vit dans les eaux 
du Brésil ; il est recherché à cause de la bonté de sa 
chair, et sa longueur excède quelquefois un tiers de 
mètre. Le verd habite dans les eaux du Japon; Île 
trilobé, le deux-croissans, l'hébraïque, le large-raie 
et l’'annelé ont été vus dans le grand Océan équa- 


torial. 


CENT CINQUIÈME GENRE. 
LES CHEILINES. 


La lèvre supérieure extensible ; les opercules des bran- 
chies dénués de piquans et de dentelure; une seule 
nageoire dorsale; cette nageoire du dos très-séparée de 
celle de la queue, ou très-éloignée de la nuque, ou 
composée de rayons terminés par un filament; de 
grandes écailles ou des appendices placées sur la base 

de la nageoïire caudale, ou sur les côtés de la queue. 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 


x. LE CHEILINE SCARE. 


di r les côtés de 1 2 
ét) {Des appendices sur les côtés de la queue 


_ 2. LE CHEILINE TRILOBÉ. lignes latérales ; la nageoire caudale 
(Cheilinus trilobatus.) trilobée. 


TOME Il. | 67 


LE CHEILINE SCARE: 


ÎL est peu de poissons, et même d'animaux, qui aient 
été, pour les premiers peuples civilisés de l'Europe, 
l'objet de plus de recherches, d'attention et d'éloges, 
que le scare dont nous allons parler. Nous ayons cru 
devoir le séparer des labres proprement dits, et le 
mettre à la tête d'un genre particulier dont le nom 
cheiline* indique la conformation des lèvres, qui 


t Cheïlinus scarus. 

Sargo, dans le midi de l'Europe. 
Cantheno, bid, 

Denté, dans quelques départemens méridionaux de France. 
Labrus scarus. Zinné, édition de Gmelin. à 
Labre scare. Daubenton et Haïiy, Encyclopédie méthodique. 


_— 


Id. Bonnaterre, planches de l’ Encyclopédie méthodique. 
Scarus autorum. Artedi, syn. d4, 

O° oxapos. Aristot. lib. 2, cap.17; lib. 8 , cap. 25 et lib. 9, cap. 37: 
Id.Zlian. lib. x, cap. 2, p. à; et lib. 2, cap. 54. 

Oppian. lib. 1, p.5, 6; et lib. 2, p.53. 

Aihen. lib. 7, p. 319. 

Scarus. Plin. lib. 9, cap. 17. 

Aldrovand, lib, x, cap. 2, p.7. 

Scare. Rondelet, première partie, liv. 6, chap. 2. 

Jonsion, Ub.t, til. 2, Cap.1,@ Tyt. 13. 

Scarus piscis. Joy. cap. 1: Pr 7e 

Willughby, p. 306. 

Raj. pe 129. 

Scarus. Petri Artedi Syn. piscitum, auctore J. G. Schneider, p. 85 et 328, 
Scare. V’almont-Bomare, Dictionnaire d'histoire naturelle. 


2 yaños signifie /èpre.. 


HISTOIRE NATURELLE DO 


rapproche des labres cette petite famille, pendant 
qu'elle s'en éloigne par d'autres caractères. Mais il ne 
faut pas sur-tout le confondre avec les osseux connus 
des naturalistes modernes sous le nom de scares, qui 
forment un genre trèes-distinct de tous les autres, et 
qui différent de notre cheiline par des traits très- 
remarquables , quoique plusieurs de ces animaux 
habitent dans la Méditerranée , comme le poisson dont 
_nous écrivons l'histoire. La dénomination de scare est 
générique pour tous ces osseux qui composent une 
famille particulière ; il est spécifique pour celui qué 
nous décrivons. Nous aurions cependant, pour éviter 
toute équivoque , supprimé ou ce nom générique où 
ce nom spécifique , si le premier n’avoit été générale 
ment adopté par tous les naturalistes récens, et si lé 
second n’avoit été consacré et par tous les écrivains 
anciens, et par tous les auteurs modernes qui ont 
traité du cheiline que nous examinons. 

Ce poisson non seulement habite dans la Méditerra- 
née, ainsi que nous venons de le dire, mais encore vit 
dans les eaux qui baignent ét la Sicile , et la Grèce, ét 
les isles répandues aupres des rivages fortunés de 
cette Grèce si fameuse. Il n’est donc pas surprenant 
que les premiers naturalistes grecs aient pu observer 
cet osseux avec facilité. Ce cheiline est d’une couleur 
blanchâtre ou livide mêlée de rouge, Il ne parvient 
guère qu'à la longueur de deux ou trois décimètres. 
Les écailles qui le recouvrent sont grandes et très 


539 HISTOIRE NAÂATURELVE 


transparentes. Il montre, sur les côtés de sa queue, des 
appendices transversales, dont la forme et la position 
ont frappé les observateurs. La conformation de ses 
dents n'a pas été moins remarquée : elles sont émous- 
sées, au lieu d'être pointues, et par conséquent très- 
propres à couper ou arracher les algues et les autres 
plantes marines que le scare trouve sur les rochers 
qu'il fréquente. Ces végétaux marins paroissent être 
l'aliment préféré par ce chéiline, et cette singularité 
n'a: pas échappé aux naturalistes d'Europe les plus 
anciens. Mais ils ne se sont pas contentés de rechercher 
les rapports que présente le scare entre la forme de 
ses dents, les dimensions de son canal intestinal, la 
qualité de ses sucs digestifs, et la nature de sa nour- 
riture très-différente de celle qui convient au plus 
grand nombre de poissons : ils ont considéré le scare 
comme occupant parmi ces poissons carnassiers la 
même place que les animaux ruminaäns qui ne vivent 
que de plantes, parmi les mammifères qui ne se nour- 
rissent que de proie ; exagérant ce parallèle, étendant 
les ressemblances, et tombant dans une erreur qu’il 
auroit été cependant facile d'éviter, ils sont allés 
jusqu’à diré que le scare ruminoit ; et voilà pourquoi, 
suivant Aristote, plusieurs Grecs l'ont appelé umnpuxar. 
Les individus de cette espèce vivent en troupes; et 
le poète grec Oppien, qui a cru devoir chanter leur 
affection mutuelle , dit que lorsqu'un scare a été pris 
à l'hamecon, un de ses compagnons accourt, et coupe 


D'EUSI : POI SP OU NS: 539 


la corde qui retient le crochet et l'animal, avec ces 
dents obtuses dont il est accoutumé à se servir pour 
arracher ou scier l'herbe qui tapisse le fond des mer”; 
il ajoute que si un scare enfermé dans une nasse 
cherche à en sortir la queue la première, ces mêmes 
compagnons l’aident dans ses efforts en le saisissant 
avec leur gueule par cette queue qui se présente à 
eux, et en la tirant avec force et constance; et enfin, 
pour ne refuser à l'espèce dont nous nous occupons, 
aucune nuance d’attachement, il nous montre les 
mâles accourant vers une femelle retenue dans une 
nasse ou par un hamecon , et s'exposant, pour l'amour 
d'elle, à tous les dangers dont les pêcheurs les me- 
nacent. Mais je n’ai pas besoin de faire remarquer que 
c’est un poète qui parle; et combien le naturaliste, 
plus sévère que le poète, n'est-il pas forcé de réduire 
à quelques faits peu extraordinaires, des habitudes si 
touchantes, et que la sensibilité voudroit conserver 
comme autant d'exemples utiles et d'heureux souve- 
nirs ! 

Le scare s’avancoit, lors des premiers siècles de l'ère 
vulgaire, dans l’Archipel et dans la mer dite alors de 
Carpathie, jusqu'au premier promontoire de la Troade. : 
C'est de ces parages que, sous l'empire de Tibère 
Claude, le commandant d’une flotte romaine, nommé 
Optatus Elipertius ou ÆElipartius, apporta plusieurs 
scares vivans qu'il répandit le long du rivage d'Ostie 
et de la Campanie. Pendant cinq ans, on eut le soin 


D934 HISTOIRE NATURELLE 


de rendre à la mer ceux de ces poissons que les 
pêcheurs preñoient avec leurs lignes ou dans leurs 
filets; et par cette attention bjen facile et bien simple, 
mais soutenue, les scares multiplièrent promptement 
et devinrent très-communs auprès des côtes italiques, 
dans le voisinage desquelles on n'en avoit jamais vu 
auparavant. Ce fait est plus important qu’on ne le croit, 
et pourroit nous servir à prouver ce que nous dirons, 
avant de terminer cette histoire, au sujet de l’accli- 
matation des poissons, à ceux qui s'intéressent à la 
prospérité des peuples. 

Le commentateur d’Aristote, l'Égyptien Philoponus, 
a écrit vers la fin du sixième siècle, ou au commen- 
cement du septième, que les scares produisoient quel- 
que son, lorsque, placés à la surface de la mer, et 
élevant la tête au-dessus des ondes, ils faisoient jaillir 
l'eau de leur bouche avec rapidité. Peut-être en effet 
faudra-t-il attribuer à ces cheilines la faculté de faire 
entendre quelque bruissement analogue, et par sa 
nature, et par sa cause, à celui que font naître plu- 
sieurs trigles et d’autres espèces de poissons cartilagi- 
neux ou osseux, dont nous avons déja parlé F4 

Dans le temps du grand luxe des Romains, le scare 
étoit très-recherché. Le poète latin Martial nous 
apprend que ce poisson faisoit les délices des tables 
les plus délicates et les plus somptueuses; que son foie 


# Voyez le Discours sur la nature des poissons. 


DES POISSONS. 53 
étoit la partie de ce poisson que l’on préféroit ; et que 
même l’on mangeoit ses intestins sans les vider, ce qui 
doit moins étonner lorsqu'on pense que cet osseux ne 
vit que de végétaux, que de voir nos gourmets mo- 
dernes manger également sans les vider, des oiseaux 
dont l'aliment composé de substances animales est 
sujet à une véritable corruption. Dans le siècle de 
Rondelet, ce goût pour le scare, et même pour ses 
intestins, étoit encore très- vif: ce naturaliste a écrit 
que cet osseux devoit être regardé comme le premier 
entre les poissons qui vivent au milieu des rochers y 
que sa chair étoit légère, friable, facile à digérer, 
très-agréable, et que ses boyaux, qu'il ne falloit pas 
jeter, sentoient la violétte. Mais le prix que l'on don- 
noit du seare, à l’époque où Rondelet a publié son 
Histoire des poissons, étoit bien inférieur à celui qu’on 
en offroit à Rome quelque temps avant que Pline ne 
mit au jour son immortel ouvrage. Ce poisson entroit 
dans la composition de ces mets fameux pour lesquels 
on réunissoit les objets les plus rares, et que l’on 
servoit à Vitellius dans un plat qui, à cause de sa 
grandeur, avoit été appelé /e bouclier de Minerve, Les. 
entrailles du scare paroissoient dans ce plat avec des 
cervelles de faisans et de paons, des langues de phé- 
nicoptères, et des laites du poisson que Îles anciens. 
appeloient znurène, et que nous nommons murénophis. 

Au reste, ce ne sont pas seulement les plantes ma- 
rines qui conviennent au scare :il se nourrit aussi de: 


536 HISTOIRE NATURELLE. 


végétaux terrestres ; et voilà pourquoi, lorsqu'on a 
voulu le pêcher, on a souvent employé avec succès, 
pour amorce, des feuilles de pois, de féves, ou d’autres 
plantes analogues à ces dernières *, | | 
A EE PE D 2 en A an à 
* Le scare a le cœur anguleux, le foie divisé en trois lobes, l’estomac 
petit, le pylore entouré de quatre ou cinq cœcums, et le canal intestinal 


sourbé plus d’une fois. 


\ 


L'ÉVCHETLINENTEITLORBE" 


SuIvanT Commerson, dans les papiers duquel nous 
avons trouvé une note très-étendue sur ce cheiline 
encore inconnu dès naturalistes, le trilobé a la gTan- 
deur et une partie des proportions d’une carpe ordi- 
naire. La couleur générale de ce poisson est d’un brun 
bleuâtre relevé sur la tête, la nuque et les opercules, 
par des traits, des taches ou des points rouges, 
blancs et jaunes. Ses pectorales sont jaunes, particuliè- 
rement à leur base ; et ses thoracines variées de rouge. 
La tête et le corps du trilobé sont d'ailleurs hauts et 
épais. Presque toute sa surface est revêtue d'écailles 
arrondies, grandes et lisses. Les deux dents antérietres 
de chaque mâchoire sont plus longues que les autres. 
Deux lames composent chaque opercule. Indépendam- 
ment de la forme trilobée et de la surface très-étendue 
de la caudale, cette nageoire est recouverte à sa base 
et de chaque côté par trois ou quatre appendices 
presque membraneuses, semblables par leur forme à 
des écailles longues , larges et pointues, et qui flottent, 
pour ainsi dire, sur cette même base, à laquelle elles 


* Cheïlinus trilobatus. 
Labrus capite guttato, caudâ tricuspidatâ, squamis membranaceis ad 


basiim imbricatis. Commerson, manuscrits déja cités. 


TOME/III. À 68 


538 HISTOTRE NATURELLE. 

ne tiennent que par une petite portion de leur con- 
tour. La dorsale et l'anale se prolongent en pointe 
vers la caudale. Les deux lignes latérales sont très- 
droites : la supérieure règne depuis l'opercule jusque 
vers la fin de la dorsale; la seconde va depuis le point 
correspondant au milieu de la longueur de l’anale, 
jusqu'aux appendices de la nageoire de la queue; et 
chacune paroît composée de petites raies qui, par leur 
figure et leur position, imitent une suite de caractères 
chinois. Commerson a observé le trilobé, en 1769, dans 
la mer qui baigne les côtes de l'Isle de la Réunion, de 
celle de France, et de celle de Madagascar ”. | 


/ 


* 9 rayons aiguillonnés et 10 rayons articulés à la nageoire du dos. 
12 rayons à chacune des pectorales. 
6 rayons à chacune des thoracines. 
3 rayons aiguillonnés et 9 rayons articulés à l’anale. 
_12 rayons à la nageoire de la queue, 


. CENT SIXIÈME GENRE. 


L'ESMGHELLOGDIPTEÈRES. 


La lévre supérieure extensible; point de dents incisives, 
ni molaires; les opercules des branchies, dénués de 
piquans et de dentelure; deux nageoires dorsales. 


PREMIER SOUS-GENR E. 


La nageoire de la queue, fourchue, ou en croissant. 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 
Sept rayons aiguillonnés et plus longs que la 
r. LE CHEILODIPTÈRE membrane, à la première nageoire du dos; 
HEPTACANTHE. la caudale fourchue ; la mâchoire infé- 
( Cheilodipterus  hepiacan-| rieure plus avancée que la supérieure ; les 
thus.) opercules couverts d’écailles semblables à 


« célles du dos, 


Neuf rayons aiguillonnés à la première dor- 
2, LE CHEILODIPTÈRE sale, qui est arrondie; la caudale en crois- 
CHRYSOPTÈRE. sant ; les deux mâchoires à peu près aussi 


( Cheilodipterus chrysopte= longues l’une que l’autre; la seconde dor- 


TUS.) sale, l’anale, la caudale et les thoracines 

dorées. 

9. LE CHFILODIPTÈRE Neuf rayons aiguillonnés à la première dor- 
RAYÉ. 

{Cheilodipterus lincatus.) 


sale ; la caudale en croissant ; la mâchoire 
inférieure un peu plus avancée que la su- 
périeure ; les dents longues, crochues, et 


D4O HISTOIRE NATURELLE 
ESPÈCES. CARACTÈRES, 
séparées l’une de l’autre ; une bande trans- 


3. LE CHEILODIPTÈRE 
versale ; large et courbe , auprés de la 


RAYVÉ, 


_. RE caudale ; huit raies longitudinales de 
(Cheilodipterus lineatus.) e À 
chaque côté du corps. 


Neuf rayons aiguillonnés à la première na- 
; geoïre du dos; quatorze rayons à celle de 
4. LE CHEILODIPTÈRE 


MAURICE. 
(Cheilodipterus Mauritii.) 


lPanus ; la caudale en croissant ; la tête et 
les opercules dénués d’écailles semblables 
à celles du dos ; la couleur générale argen- 
tée, sans Dane , Sans raies et sans taches. 


S'E CON D SO US:GENR.E. 
La nageoire de la queue, rectilivne, où arrondie. 


ESPÈCES. - CARACTÈRES. 


? Neuf rayons aiguillonnés à la première na- 
5. LE CHEILODIPTÈRE 


CYANOPTÈRE, 
( Cheilodipterus cyanopie- 


geoire du dos; les deux dorsales et la cau- 
dale bleues; la caudale rectiligne; la mâ- 
choire supérieure plus avancée que l’infé- 


VUS 5 : . . 
rieure, qui est garnie d’un barbillon. 


6. LE CHEILODIPTÈRE 
BOOPS. 
{Cheilodipterus boops.) 


Cinq rayons aiguillonnés à la premiere dor- 
sale ; les yeux très-gros ; la:mâchoire infé- 
rieure plus avancée que la supérieure.- 


7. LE CHEILODIPTÈRE 
ACOUPA. 
(Cheilodipterus acoupa.) 


férieure plus avancée que la supérieure ; 
plusieurs rangs de dents crochues et iné- 
gales; plusieurs rayons de la seconde dor- 
sale terminés par des filamens. 


G, LE CHEILODIPTÈRE Sept rayons aiguillonnés à la premiere na- 
MACROLÉPIDOTE. 
( Cheilodipterus macrolept- 


dotus.) 


geoire du dos; la caudale arrondie; la 
mâchoire inférieure un peu plus avancée 


Dix rayons aiguillonnés à la première dor- 
sale ; la caudale arrondie ; la mâchoire in- 


_ que la supérieure; l’entre-deux des yeux. 


errors 1 
| LA Us CHEILODIPT 
Nat NA CROLÉPIDO 

| (Cheilodipterus 

| 


FACE ST … écailles. 


PC 


Sr rayons aiguillonnés | à la première 1 na: 


_ geoire du dos; la caudale Jancéolée ; les. 
: mâchoires He de petites taches sur les: 
1e deux dorsales , la caudale, et la Dei 
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CORRE D LS CAS < : LU MALE ET er 


LE CHEILODIPTÈRE HEPTACANTHE , 
LE CHEILODIPTÈRE CHRYSOPTÈRE", 


ET LE CHEILODIPTÈRE RAYÉ:. 


Le premier de ces trois cheilodiptères a été dessiné 
sous les yeux de Commerson, qui la vu dans le grand 
Océan équatorial. Nous lui avons donné le nom d’Aep- 
tacanihe*, pour indiquer les sept rayons aiguillonnés, 
forts et longs, que présen(e la première nageoire du 
dos, et à la suite desquels on apperçoit un huitième 
rayon très-petit. La seconde dorsale est un peu en 
forme de faux‘. Nous n'avons pas besoin de faire 
observer que le nom générique chcilodiprère désigne 
la forme des lèvres, semblable à celle que présentent 


Et 
: Cheilodipterus beptacanthus. 


2 Cheilodipterus chrysopterus. 
Cheloniger ex auro et argentea virgatus. Peintures sur vélin, re les 


dessins de Plumier. 
3 Chelodipterus lineatus. 
4 ‘Erve signifie sept, et éxaŸa piquant, épine, aiguillon. 


5 24 rayons à la seconde dorsale de Pheptacanthe, 
13 rayons à l’anale. 


35 rayons à la caudale. 


è 


veuvelardien Je 


HISTOIRE NATURELLE D43 


les lèvres des labres, et les deux nageoires que l’on 
voit sur le dos de l'heptacanthe et des autres poissons 
compris dans le genre que nous examinons. 

La seconde espèce de ce genre, celle que nous appe- 
lons /e chrysoptére ", est encore inconnue des natura- 
listes, de même que l'heptacanthe, le rayé, le cya- 
noptère et l’acoupa. Cet osseux chrysoptère vit dans 
les eaux de l'Amérique méridionale, où Plumier l'a 
dessiné. Ses couleurs sont très-belles. Indépendamment 
de celle qu'indique le tableau générique, 1} présente 
le ton et l'éclat de l'argent sur une trés-grande partie 
de sa surface. Une nuance d'un noir rougeâtre ou 
violet est répandue sur le dos, sur les côtés, où elle 
forme, à la droite ainsi qu'a la gauche de l'animal, neuf 
grandes taches ou bandes transversales, un peu trian- 
gulaires et inégales, sur le premier rayon de l’anale, 
et sur le premier et le dernier rayon de la nageoire de 
la queue. Quatre raies longitudinales et dorées régnent 
d’ailleurs de chaque côté du chrysoptère, dont l'iris 

brille comme une ‘topaze*. 
Le rayé”, dont nous avons fait graver la ffeure 


 T ypuoës veut dire o7, et mregor nageoire. 


2 10 rayons à la seconde dorsale du chrysoptère, 


11 rayons à l’anale. 


5 10 rayons à la seconde dorsale dn rayé, 
8 rayons à chaque pectorale. 
12 rayons à l’anale. 
15 rayons à la caudale, 


merson, ba F comme ga PH. neles Sand 
w Océan équatorial. Ses yeux sont gross très ie e 
entourés d'un cercle dont la nuan ci est très-é 7e 


LE CHEILODIPTÈRE MAURICE. 


Nous rapportons au premier sous-genre des cheilo- 
diptères ce poisson, que Bloch a compris parmi les 
thoracins auxquels il a donné le nom de sciènes. Mais 
nous avons déja vu les raisons d’après lesquelles nous 
avons dû adopter une distribution méthodique diffé- 
rente de celle de ce célèbre ichthyologiste. Cet habile 
naturaliste a décrit cette espèce d'après un dessin et 
un manuscrit du prince J. Maurice de Nassau -Siegen, 
| qui, dans le commencement du dix-septième siècle, 
gouverna une partie du Brésil, et dont il a donné le 
nom à ce thoracin, pour rendre durable le témoi- 
guage de la reconnoissance des hommes instruits 
envers un ami éclairé des sciences et des arts. Le chei- 
lodiptère maurice vit dans les eaux du Brésil, où il 
parvient à la grandeur de la perche. Sa ligne laté- 
rale est dorée; ses nageoires présentent des teintes 
couleur d’or mêlées à des nuances bleuâtres ; et ce 
même bleu règne sur le dos du poisson *. 


mm 
* Cheïlodipterus Mauritii. 
Guaru, au Brésil. | ; 
Sciæna Mauritii. Bloch, pl. 307, fig. à. 


* 2 rayons aiguillonnés et 15 rayons articulés à la seconde dorsale. 


10 rayons à chacune des pectorales. 
I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 
3-rayous aiguillonnés et 11 rayons articulés à la nageoire de l’anus. 
17 rayons à celle de la queue, 
TOME Ii 69 


LE CHEILODIPTÈRE CYANOPTÈRE: 
LE CHEILODIPTÈRE BOOPS:, 


ET LE CHEILODIPTERE ACOUPA3:. 


LE cyanoptère et l’acoupa n’ont pas encore été dé- 
crits. Nous faisons connoître le premier d’après un 
dessin de Plumier, et le second d’après un individu 
femelle qui m'a été adressé des environs dé Cayenne 
par le citoyen le Blond, que j'ai déja eu occasion 
de citer avec gratitude dans cet ouvrage. Ces deux 
espèces vivent dans l'Amérique méridionale, ou dans 
la partie de l'Amérique comprise entre les tropiques. 
Quant au boops, il se trouve dans les eaux du Japon. Le 
nom spécifique de ce dernier, qui veut dire æi/ de bœuf, 


* Cheilodipterus cyanopterus. 

Gry-gry. 

Gro-oro. 

Chromis, seu tembra aureo-cærulea, linuris fuscis variegata. Peintures 
sur vélin d'après les dessins de Plumier. 


2 Cheilodipterus boops. 

Labrus boops. Zinné, édition de Gmelin. 

Houttuyn, Mém. de Haarl. vol, XX, p. 326. 
 Labre grand-œil. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 


3 Cheilodipterus acoupa. 


HISTOIRE NATURELLE. DAT 


désigne la grandeur du diamètre de ses yeux, qui, par 
une suite de leurs dimensions, sont très-rapprochés 
l'un de l’autre, et occupent presque la totalité de la 
partie supérieure de la tête. Ses opercules sont garnis 
d'écailles semblables à celles du dos. Ceux de l'acoupa 
sont composés chacun de deux pièces. On compte une 
pièce de plus dans l'opercule du cyanñoptère; et cette 
troisième pièce est échancrée du côté de la queue, 
assez profondément pour y présenter deux saillies ou 
prolongations, dont la supérieure a le bout un peu 
arrondi, et l'inférieure l'extrémité très-aigue. L’acoupa 
montre une ligne latérale prolongée jusqu'à la fin de 
la nageoire caudale. La ligne latérale du cyanoptère” 
divise d'une manière très -tranchée les couleurs de la 
partie supérieure de l'animal et celles de la partie 
inférieure *, Au-dessus de cette ligne, le cyanoptère est 


T Komewç signifie Dleu, et cyanopière désigne la couleur bleue des dorsales 
et de la caudale du poisson auquel nous ayons cru devoir donner ce nom 
spécifique. : 

2 x rayon aiguillonné et 18 rayons articulés à la seconde dorsale du 

cyanoptère. Ë 
11 Ou 12 rayons à chacune des pectorales. 
x rayon aïiguillonné et 6 rayons articulés à chacune des thoracines. 
‘12 rayons à la caudale. | 


12 rayons à la seconde dorsale du boops. 
14 rayons à chacune des pectorales. 
1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, 
11 rayons à l’anale. r 
22 rayons à la caudale. 


548 HISTOIRE NATURELLE. 


varié de nuances dorées, vertes et rouges, disposées 
par bandes étroites, inégales, ondulées, et inclinées 
vers la caudale, tandis qu'au-dessous de cette même 
latérale on voit des bandes plus irrégulières, plus : 
sinueuses, plus inclinées, et qui n’offrent guère que 
des teintes vertes et brunes. Au reste, les pectorales, 
les thoracines et l’anale du cyanoptère réfléchissent 
l'éclat de l'or. | 


6 rayons à la membrane des branchies de l’acoupa. 
x rayon aiguillonné et 18 rayons articulés à la seconde nageoire du 
dos. | 
17 rayons à chacune des pectorales. 
x rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 
1 rayon aiguillonné et 7 rayons articulés à l’anale. 
20 rayons à la caudale, 


Mary “At. Reno à Cadprte 


DeJeve Det. 


LE CHEILODIPTÈRE MACROLÉPIDOTE ; 
ET 


LE CHEILODIPTÈRE TACHETÉ: 


LE macrolépidote et le tacheté ont été décrits par 
Bloch. Le premier vit dans les Indes, suivant cet 
ichthyologiste. Les deux mâchoires de ce cheilodiptère 
sont hérissées de dents petites, aiguës et égales. Ses 
écailles sont grandes, mais unies et tendres. Sa couleur 
générale est d’un jaune doré avec six où sept bandes 
transversales violettes. Les pectorales sont d’un jaune 
clair; les thoracines d’un rouge couleur de brique; les 
dorsales , l’anale, et la nageoiïre de la quete, jaunes 
dans la plus grande partie de leur surface, bleuâtres à 
leur base, et marquées de plusieurs rangs de taches 
petites, arrondies et brunes *. 


: Cheïlodipterus macrolepidotus. 
Sciène à grandes écailles. Bloch, pl. 298. 


2: Cheïlodipterus maculatus. 
Sciæna maculata, umbre tachetée. Bloch, pl. 209 , fig. 2. 


8 ro rayons à la seconde dorsale du macrolépidote. 
13 à chaque pectorale. 
6 à chaque thoracine. 
1 rayon nice et 19 rayons iles à la nageoire. de lPanus. 
18 rayons à la caudale. 


B5O ITISTOLRET NATUREL DES 


Les taches que l’on voit sur la caudale, l’anale et 
les. dorsales du cheilodiptère tacheté, sont d’une 
nuance plus foncée, maïs d’ailleurs presque sem- 
blables à celles du macrolépidote , et disposées de 
même. Les nageoires du tacheté présentent aussi des 
couleurs générales de la même teinte que celles de ce 
dernier cheilodiptère : mais ses thoracines sont jaunes, 
et non pas rouges ; et de plus, au lieu de bandes vio- 
lettes sur un fond d'un jaune doré , le corps et la queue 
offrent des taches brunes, grandes et irrégulières , 
placées sur un fond jaune. Le -devant de la tête est, 
en outre, dénué d’'écailles semblables à celles du dos ; 
la langue lisse et un peu libre; et chaque mâchoire 
garnie de dents courtes, pointues, et séparées les unes 


des autres *. 


* 4 rayons à la membrane branchiale du tacheté. 
9 rayons à la seconde nageoire du dos. 


- 12 rayons à chaque pectorale. 
x rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 


x rayon aiguillonné et:7 rayons articulés à.la nageoire de Panus. 


15 rayons à celle de la queue. 


esse 


CENT SEPTIÈME GENRE. 
LES OPHICÉPHALES. 


Point de dents incisives ni molaires; les opercules des 
branchies dénués de piquans et de dentelure; une seule 
nageoire dorsale; la tête aplatie, arrondie par-devanit, 
semblable à celle dun serpent, et couverte d'écailles 
polygones, plus grandes que celles du dos, et disposées 
d peu près comme celles que l’on voit sur la tête de la 
plupart des couleuvres; 1ous les rayons des nageoires 
articulés. | 


ESPÈCES. CARACTÈRES, 


I L’OPHICÉPHALE 
KARRUWEY. 
(Ophicephalus karruwey..) . 


Trente-un rayons à la nageoire du dos; tout 
le corps parsemé de points noirs. 


è  Quar -troi Ë Ï es 
STORE ae à Quarante-trois rayons à la nageoire dorsale ; 


oo ne) un grand nombre de bandes étroites , trans- 


versales et irrégulières. 


L'OPHICÉPHALE KARRUWEY , 
ET 


L'OPHICÉPHALE WRAHL:. 


À, naturaliste Bloch a fait connoître le premier ce 
genre de poissons, qui mérite l'attention des physi- 
ciens et par ses formes et par ses habitudes. Indépen- 
damment de la conformation particulière de leur tête, 
. que nous venons de décrire dans le tableau générique, 

et qui leur a fait donner par Bloch le nom d’ophicé- 
phale,; lequel veut dire 1éce de serpent”, les osseux 
compris dans cette petite famille sont remarquables * 
par la forme des écailles qui recouvrent leurs oper- 
eules, leur corps et leur queue. Ces écailles, au lieu 
d’être ou lisses, ou rayonnées, ou relevées par une 
arête, sont parsemées , dans la portion de leur surface 
qui est découverte, de petits grains ou de petites élé- 
vations arrondies qui les rendent rudes au toucher. 
mm 

* Ophicephalus karruwey. 

Ophicephalus punctatus. Bloch, pl. 358. 

2 Ophicephalus striatus. Bloch, pl. 359. 


> 1 A D « Br Po 
$ OPes signifie serpent; et #sPanr, 10tes 


HISTOIRE NATURELLE. 553 


Les eaux des rivières et des lacs de la côte de Coro- 
mandel, et particulièrement du Tranquebar, nour- 
rissent ces animaux ; ils s’y tiennent dans la vase, et 
ils peuvent même s’enfoncer dans le limon d'autant 
plus profondément, que la pièce postérieure de cha- 
cun de leurs opercules est garnie intérieurement 
d'une sorte de lame osseuse, perpendiculaire à ce 
même opereule , et qui, en se rapprochant de la lame 
opposée, ne laisse pas de passage à la bourbe ou terre 
délayée, et ne s'oppose pas cependant à l'entrée de 
l'eau nécessaire à la respiration de l'ophicéphale. Le 
côté concave des arcs des branchies est d’ailleurs garni 
d’un grand nombre de petites élévations hérissées de 
pointes, et qui contribuent à arrèter le limon que 
l'eau entraîneroit dans la cavité branchiale, lorsque 
l'animal soulève ses opercules pour faire arriver au- 
près de ses organes respiratoires le fluide sans lequel 
il cesseroit de vivre. | 

On ne compte encore que deux espèces d’ophicé- 
phales:le karruwey, auquel nous avons conservé le nom 
que lui donnent les Tamules; et le #rah{, auquel nous 
avons cru devoir laïsser la dénomination employée par 
les Malais pour le désigner. Le premier de ces ophicé- 
phales a l’ouverture de la bouche médiocre, les deux 
mâchoires aussi longues l’une que l’autre et garnies de 
dents petites et pointues, le palais rude, la [langue 
lisse, l'orifice branchial assez large , la membrane 
branchiale cachée sous l’opercule, le ventre court, la 

. TOME Hil 70 


O4 HISTOIRE NATURELLE 


ligne latérale droite, le corps et la queue alongés, la 
caudale arrondie, la couleur générale d’un blane sale, 
l'extrémité des nageoires noire, et presque toute la 
surface parsemée de points noirs *. C’est un de ces 
poissons que l’on trouve dans les rivières de la partie 
orientale de la presqu'isle de lInde, et particulière- 
ment du Kaiveri, lorsque, vers le commencement de 
été et dans la saison des pluies, les eaux découlant 
abondamment des montagnes de Gate, les fleuves 
et les lacs sont gonflés, et les campagnes arrosées 
ou inondées. Il présente communément une longueur 
de deux ou trois décimètres, est recherché à cause de 
la salubrité et du bon goût de sa chair, se nourrit de. 
racines d'algue , et fraie dans les lacs vers la fin du 
printemps , ou le milieu de l'été. Le missionnaire John 
avoit envoyé des renseignemens sur cette espèce à son 
ami Bloch, en lui faisant parvenir aussi un individu 
de l'espèce du wrahl. 

Ce second ophicéphale a sa partie supérieure d’un 
verd noirâtre, sa partie inférieure d’un jaune blan- 
châtre, et ses bandes transversales jaunes et brunes. Il 
parvient quelquefois à la longueur de douze ou treize 
décimètres. Sa chair est agréable et saine ; et comme 


* A la membrane branchiale du karruwey, 5 rayons. 


à chacune de ses pectorales 16. 
à chaque thoracine 6 
à l’anale 22. 


à la nageoïre de la queue T4: 


D'AÉES" FPMO LS SO! N°. 555 
il se tient le plus souvent dans la vase, on ne cherche 
pas à le prendre avec des filets, mais avec des bires 
ou paniers d'osier, ronds, hauts de six ou sept déci- 
mètres, larges vers le bas de quarante-cinq ou cin- 
quante centimètres, plus étroits vers le haut, et ouverts 
dans leur partie supérieure. On enfonce ces paniers 
en différens endroits plus ou moins limoneux; on 
, sonde, pour ainsi dire; et le mouvement du poisson 
avertit de sa présence dans la bire le pêcheur atten- 
tif, qui s'empresse de passer son bras par l’orifice su- 
périeur du panier, et de saisir Fophicéphale *. 


* A la membrane branchiale du wrahl, 5 rayons, 


à chaque pectorale 17 
à chaque thoracine 6 
à la nageoire de lanus 26 
à la caudale, qui est arrondie, 17 


CENT HUITIÈME GENRE. 
LES. -HOTOGWMNOS ESS 


Toute la surface de l'animal dénuée d'écailles faciles 
ment visibles; la queue. représentant deux cônes tron- 
qués, appliqués le sommet de l'un contre le sommet de 
l'autre, et inégaux en longueur; la caudale très-courte; 
chaque thoracine composée d'un ou plusieurs rayons 
11OUS €f réunis ou enveloppés de maniere à ümniter un 

 barbillon charnu. 


ESPÈCE. CARACTÈRES,. 


Dix-huit rayons à la nageoire du dos, qui est 
longue et basse; quatorze bandes trans 
versales, étroites, régulières et inégales, 
et trois raies très-courtes et longitudisales, 
de chaque côté de Ja queue. 


L’HOLOGYMNOSE FASCÉ. 
(Hologymnosus fasciatus.) 


L'HOLOGYMNOSE FASCÉ: 


Aucun auteur n’a encore parlé de ce genre dont le 
nom kologymnose (entièrement nud°) désigne l'un de 
ses principaux Caractères distinctifs, son dénuement de 
toute écaille facilement visible. Nous ne comptons 
encore dans ce genre particulier qu'une espèce, dont 
nous avons fait graver la figure d'après un dessin de 
Commerson , et que nous avons nommée / holog yInnose 
fascé, à cause du grand nombre de ses bandes trans- 
versales. La forme de sa queue, qui va en s'élargissant 
à une certaine distance de la nageoire caudale, est 
très-remarquable, ainsi que la briéveté de cette cau- 
dale , qui est presque rectiligne. Les deux mâchoires 
sont à peu près égales et garnies de dents petites et 
aiguës. La doreieue pièce de chaque opercule se ter- 
mine par une prolongation un peu arrondie à son 
extrémité. L’anale est moins longue, mais aussi étroite 
que la dorsale. Cette dernière offre, avant chacun des 
dix derniers rayons qui la composent, une tache sin- 
gulière qui, en imitant un petit segment de cercle dont 
la corde s’appuieroit sur le dos du poisson, présente une 
couleur vive ou très-claire, et montre dans sa partie 


: Hologymnosus fasciatus, : 


2 Dax veut dire erztier, et yuwoc signifie 74d.. 
3. 04 5 


558 HISTOIRE NATURELLE, 


supérieure une première bordure foncée, et une 
seconde bordure plus foncée encore. Les quatorze 
bandes que l'on voit sur chaque côté de la queue, 
n’aboutissent ni au bord supérieur ni au bord infé- 
rieur du poisson. Les trois raies qui les suivent ne 
touchent pas non plus à la caudale. On distingue une 
raie étroite et quelques taches irrégulières sur l’anale, 
et d'autres taches nuageuses paroissent sur la tête et 
sur les opercules”. L'hologymnose fascé vit dans le 
grand Océan équatorial. Nous ignorons Aa sont les 
qualités de sa chair. 


* 16 rayons à lanale. 
10 à la caudale. 


FIN DU TOME TROISIÈME. 


DE L'IMPRIMERIE DE PLASSAN. 


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